mù^ '.'■■y ; V: ai: ■. '^''"'^"""""•' WHITNEY LIBRARY, HARVARD UNIVBRSITY THE GIFT OF J. I). AVniTNEY, Sturtjis Hoopev Professor MUSEUM OF COMPARATIVE Z00L06Y OlfitevY^W'^vlYl W\ .^ -M'^^AApr wnr 7>AA COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. PARIS. — IMPRIMERIE DE GAUTHIER-VILLARS, RUE DE SEINE-SAINT-GERMAIN, lo, PRES LINSTITl T. COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES PUBLIÉS CONFORMÉMENT A UNE DÉCISION DE L'ACADÉMIE PAR MM. LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS TOME SOIXANTIÈaiE. JANVIER — JUIN 1863. PARIS, GAUTHIER- VILLARS , IMPRIMEUR-LIBRAIRE DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES, SUCCESSEUR DE MALLET-BACHELIER, Quai des Augustins, 55. 1865 ÉTAT DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES Al 1'" JANVIER 1865. SCIENCES MATHE3IAT1QUES Section V". — Géométrie. Messieurs : Lamé (Gabriel) (o. ^). Chasles (Michel) (o. ^). Bertrand (Joseph-Louis-François) ^. Hermite (Charles) ®. Serret (Joseph-Alfred) ^. Bonnet (Pierre-Ossian) ^. Section EL. — Mécanique. Le Baron Dupin (Charles) (g. C.^). Poncelet (Jean-Victor) (c.o.^). Piobert (Guillaume) (g. o. ^). Morin (Arthur-Jules) (c^). Combes (Charles-Pierre-Mathieu) (c. ^). N Section III. — Astronomie. Mathieu (Claude-Louis) (c.^). LiouviLLE (Joseph) (o. S). Laugier (Paul-Auguste-Ernest) (o. ^). Le Verrier (Urbain-Jean-Joseph) (G. o. ®). Faye (Hervé-Auguste-Étienne-Albans) (o. ^). Delaunay (Charles-Eugène) ^. Section IV. — Géographie et Navigation. Duperrey (Louis-Isidore) (o.^). De Tessan (Louis-Urbain Dortet) (g. ^). Le Contre-Amiral Paris (François-Edmond) (c.^). ÉTAT DE L ACADEMIE DES SCIENCES. Section V. — Physique générale. Messieurs : Becquerel (Antoine-César) (o.^). PouiLLET (Claude-Servais-Mathias) (o.^). Babiinet (Jacques) ^. Duhamel (Jean-Marie-Constant ) (o. ^). Fizeau (Armancl-Hippolyte-Louis) ^. Becquerel (Alexandre-Edmond) ^. SCIENCES PHYSIQUES. Section W. — Chimie. Chevreul (Michel-Eugène) (c.^). Dumas (Jean-Baptiste) (ce.®). Pelouze (Théophile-Jules) (c. ^). Regnault (Henri-Victor) (c.®). Balard (Antoine-Jérôme) (c. ®). Fremy (Edmond) (o. ®). Section VII. — Minera luqie. Delafosse (Gabriel) (o CO- Le Vicomte d'Archiac (Étienne-Jules-Adolphe Desmier de Saikt- Simon) ®. Sainte-Claire Deville (Charles-Joseph) (o. ®). Daurrée (Gabriel- Auguste) (o. ^). Sainte-Claire Deville (Étienne-Henri) (o. ^). Pasteur (Louis) (o. ^). Section VIII. — Botan ue. '7 Brongniart (Adolphe-Théodore) (c.®). Montagne (Jean-François-Camille) (o. ®). TuLASNE (Louis-René) ®. Gay (Claude) ®. Duchartre (Pierre-Étienne-Simon) ^. Naudin (Charles-Victo»-). ÉTAT DE l'académie DES SCIEiNCES. n Section IX. — Economie rurale. Messieurs : BoussiNGAULT ( Jean-Baptiste-Joseph-Dieudonné) (c^). Payen (Anselme) (c.^). Rayer (Pierre-Francois-Olive) ( G. o. ^). Decaisne (Joseph) (o. ^). Peligot (Eugène-Melchior) (o. ^). Le Baron Thenard ( Arnould-Paul-Eclmond ) ^. Section X. — Anatomie et Zoologie. Edwards (Henri-Milne) (c.^). Valenciennes (Achille) ^. Coste (Jean-Jacques-Marie-Cyprieu-Viclor) ^. Quatrefages de Bréau ( Jean-Louis-Arniand de) (o. ^]. LoNGET (François-Achille) (c. ^). Blanchard (Charles-Emile) ^. Section XI. — Médecine et Chirurgie. Serres (Étienne-Renaud-Augustin) (c. #). Andral (Gabriel) (C. ^■). Velpeau (Alfred-Armand-Louis-Marie) [c.^]. Bernard (Claude) {o.^). Cloquet (Jules-Germain) (c.^). JOBERT DE Lamballe (Antoiue-Joseph) (c. ©). SECRÉTAIRES PERPÉTUELS. Élie de Beaumont ( Jean-Baptiste-Armand-Louis-Léonce) ( G. o. ^ . pour les Sciences Mathématiques. Flourens (Marie-Jean-Pierre) (g.O. ^), pour les Sciences Physiques ÉTAT DE l'académie DES SCIENCES. ACADÉmCIENS LffiRES. Messieurs : Le Baron Séguier (Armand-Pierre) (o.^). CiviALE (Jean) (o.®). BUSSY (Antoine-Alexandre-Brutus) (o. ®). Delessert (François-Marie) (o. ^). BiENAYMÉ (Irénée-Jules) (o.^). Le Maréchal Vaillant (Jean-Bapliste-Philibert) (o.c.^). Verneuil (Philippe-Edouard Poulletier de) ^. PaSSY (Antoine-François) (c.^). Le Comte Jadbert (Hippolyte-François) (o. ^). N ASSOCIÉS ÏTTRAIVGERS. Faraday (Michel) (c. ®), à Londres. Brewster (Sir David) (o. ^), à Saint-Andrew, en Ecosse. Herschel (Sir John William), à Londres. Owen (Richard) (O. ^), à Londres. Ehrenberg, à Berlin. Le Baron DE LiEBiG (Justus) (o. ^), à Munich. WÔHLER (Frédéric) (o. ^), à Gottingue. De la Rive (Auguste) ^, à Genève. N , COMESPONDANTS. SoTA. U règlement du 6 juin 1808 donne à chaque Section le nombre de Correspondants suivant. SCIEIVCES MATHÉMATIQUES. Section I™. — Géométrie (6). Hamilton (Sir William-Rowan), à Dublin. Le Besgue ®, à Bordeaux, Gironde. Tchébychef, à Saint-Pétersbourg. Kummer, à Berlin. Neumann, à Kœnigsberg. Sylvester, à Woolwich. ÉTAT DE l'académie DES SCIENCES. 9 Section U. — Mécanique (6). Messieurs : BuRDiN ^, à Clermont-Ferrand, Piiy-de-Dàme. Seguin aîné (Marc) ^, à Montbard, Côle-d'Or. MosELEY, à Londres. Fairbairn (William) ^, à Manchester. Bernard (c. ^), à Saint-Benoit-du-Saulx, Indre. N !.. Section ni, — Jstronomie {i&). Encke, à Berlin. Valz ®, à Marseille, Bouches -du- Rhône. AiRY (Biddell)^, à Greenwich. L'Amiral Smyth, à Londres. Petit ^, à Toulouse, Haute-Garonne. Hansen, à Gotha. Santini, à Padoue. Argelander. à Bonn, Prusse Rhénane. HiND, à Londres. Pëters, à Altona. Adams (J.-C), à Cambridge, Jnglelerre. Le Père Secchi, à Piome. Çayley, à Cambridge, ^aij/e/erre. Mac-Lear, au Cap de Bonne-Espérance. N N Section IV. — Géographie et Navigation [8). Le Prince Anatole deDémidoff, à Saint-Pétersbourg. D'Abbadie (Antoine-Thomson)^, àUrrugne, prèsSaint-Jean-de-Luz, Basses-P/rénées. L'Amiral de Wrangell, à Saint-Pétersbourg. GiVRY (O. ®), au Goulet près Gaillon, Eure. L'Amiral LÙtke, à Saint-Pétersbourg. Bâche Dallas, à Washington. De Tchihatchef (c. ^), à Sainl-Pétersbourg. Le Contre-Amiral Fitz-Roy. c. R., i865, I" Semeslre. (T. LX, N» 1.) -^ lO ÉTAT DE l'académie DES SCIENCES. Section V. — Ph/sique générale (9). Messieurs : HansteÉN, à christiania. Mariakini, à Modène. Forées (James-David), à Edimbourg. Wheatstoke ^, à Londres. Plateau, à Gand. Delezenne @, à Lille, Nord. Matteucci, à Pise. Magnus, à Berlin. N SCIENCES PHYSIQUES. Section W. — Chimie (9). BÉRARD ^, à Montpellier, Hérault. Graham, à Londres. Bunsen (o. ®), à Heidelberg. Malaguti (o. ^), à Bennes, llle-el-Vilaine. HoFMANN, à Londres. Schoenbein , à Bâle. Favre ®, à Marseille. N. . N Section ATI. — Minéralogie {8). Rose (Gustave), à Berlin. d'Omalius d'Halloy, près de Ciney, Belgique. MURCHISON (Sir Roderick Impey) ^, à Londres. Fournet ^, à Lyon, Rhône. Haidinger, à Vienne. Sedgwick, à Cambridge, Angleterre. liYELL, à Londres. Damour (o. @), à Villemoisson, Seine-et-Oise. ÉTAT DE l'académie DES SCIENCES. I l Section \'111. — Botanique (lo). Messieurs ; De Martius, à Munich. MOHL (Hugo), à Tùbingue. Lestiboudois (Gaspard- Thémistocle) ^, à Lille, Nord. Candolle (Alphonse de) ^, à Genève. SCHIMPER^, à Strasbourg, Bas-Rhin. H00K.ER (Sir William), à Kew, Angleterre. Thuret, à Antibes, Far. Lecoq ^, à Clermont-Ferrand, Piiy-de-Dàme. N N Section IX. — Economie rurale[io). GiRARDiN (o.^), à Lille, Nord. RuHLMANN (o.^), à Lille, Nord. J. Lindley, à Londres. Pierre (Isidore)^, à Caen, Calvados. Chevandier ^, à Cirey, Meurthe. Reiset (Jules) ^, à Écorchebœuf, Seine-Inférieure. Le Marquis CosiMO Ridolfi, à Florence. Martins ^, à Montpellier, Hérault. De Vibraye , à Ctieverny, Loir-et-Cher. N Section X. — Anatomie et Zoologie (lo). DuFOUR (Léon) ^, à Saint-Sever, Landes. Quoy(c.^), à Brest, Finistère. AgaSSIZ (o. ^), à Boston, États-Unis. EuDES-DESLOîiGCUAMPS ^, à Cacn, Calvados, POUCHET ^, à Rouen, Seine- Inférieure. Von Baer, à Saint-Pétersbourg. Carus, à Dresde. NORDMANN, à Helsingfors, Russie. Purkinje, à Breslau, Prusse. Gervais (Paul) es à Montpellier, Hérault. 2., 12 ÉTAT DE L ACADÉMIE DES SCIENCES. Section XI. — Médecine et Chirurgie (8). Messieurs : Panizza, à Pavip. SÉDiLLOT (c.^), à Strasbourg, Bas-Rhin. GuYON (c.®:), à Alger. Dk Virchow (Rodolphe), à Berlin. BouissoN ^, à Montpellier. EiiRMANN (o. ^), à Strasbourg. Lawrence, à Londres. GiNTRAC (Éiie) ^, à Bordeaux. Commission pour administrer les propriétés et fonds particuliers de l'Académie. Chevreul. Chas LES. Et les Membres composant le Bureau. Conservateur des Collections de d Académie des Sciences. Becquerel. Changements survenus dans le cours de l'année 1864. (Voir à la page i4 de ce volume.) COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADËMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 2 JANVIER 1865. PRÉSIDENCE DE M. DECAISNE. RENOUVELLEMENT ANNUEL DU BUREAU ET DE LA COMMISSION ADMINISTRATIVE. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un Vice- Président qui, cette année, doit être pris parmi les Membres des Sections de Sciences mathématiques. Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 54 : M. Ladgier obtient Sg suffrages. M. Bertrand 12 u M. CllASLES I » M. DeLAUNAY I 1) Il y a une voix perdue, donnée par erreur à un Membre appartenant aux Sections de Sciences naturelles. M. Laugier, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est pro- clamé Vice-Président pour Tannée i865. Conformément au Règlement, le Président sortant de fonctions doit, avant de quitter le Rureau, faire connaître à l'Académie l'état où se trouve l'impression des Recueils qu'elle publie et les changements arrivés parmi les Membres et les Correspondants de l'Académie dans le cours de l'année. M. MoRi\, Président pendant l'année 1864, donne à cet égard les rensei- gnements suivants : ( '4) État de i impression des Recueils de l' Académie au \" janvier i865. Volumes publiés. « Mémoires de f Académie. — Les tomes XXXII et XXXIV ont paru dans le courant de l'année 1864. » Mémoires des Savants étrangers. — Aucun volume n'a paru dans le cou- rant de l'année 1864. » Comptes rendus de l'Jcndémie. — Le tome LVII [2^ semestre i863) a été mis en distrihution avec sa table. I Volumes en cours île publication. » Mémoires de l'Académie. — Le tome XXIX, qui est affecté au travail de M. Delaunay, a vingt-deux feuilles tirées et douze feuilles à tirer. — Le tome XXXV, qui est affecté aux Recherches de M. Becquerel, a vingt-trois feuilles tirées. » Mémoires des Savants étrangers. — Le tome XVIII a seize feuilles tirées pour le Mémoire de M. Doyère, douze pour le Mémoire de M. Phillips, onze pour le Mémoire de M. Hesse, quatorze pour le Mémoire de M. Rolland, quatre feuilles en épreuves pour le Mémoire de M. Delesse, et deux feuilles en épreuves pour le Mémoire de M. Bouché. Il reste en copie à l'impri- merie, pour terminer le volume, la valeur de deux feuilles environ. — Le tome XIX a, pour le Mémoire de M. Bazin, quarante-trois feuilles tirées, cinq à tirer, deux en épreuves et vingt environ en copie. » Comptes rendus de l'Académie. — Le tome LVIII (i" semestre 1864) paraîtra prochainement avec sa table. Les numéros ont paru, chaque semaine, avec leur exactitude habituelle. Changements arrivés parmi les Membres depuis le \" janvier 1864. Membres décèdes, » Associé étranger : M. le baron Pj.a.v.\, à Turin, le ao janvier 1864. » Section de Mécanique : M. Clapeyuox, le 28 janvier 1864. » Académicien libre : M. le Vice-Amiral du Pi.tit-Tiiouars, le iG mars 1864. ( '5 ) Membres élus. » Section d'Economie rurale : M. le Baron Thenard, le i 5 février 1864, en remplacement de feu M. le Comte de Gasparix. » Associés étrangers : M. Wohler, à Gôttingne, le 20 juin 1864, en rem- placement de feu M. Mitscherlich, à Berlin; M. de la Rive, à Genève, le T I juillet 1864, en remplacement de feu M. le Baron Plana, à Turin. Membres à remplacer. » Section de Mécanique : M. Clapeyron. » Académicien libre : M. le Vice-Amiral du Petit-Thouars. Changements arrivés parmi les Correspondants depuis le 1" janvier 1864. Corrcspondanls décédés, » Section de Botanique: M. Blume, à Leyde (Pays-Bas), le 3 février 1862; M. Treviraxl's, à Bonn (Prusse Bhénane) , le G mai 1864. » Section de Chimie: M. Rose(Hexri), à Berlin, le 28 janvier 1864. » Section d' Astronomie : M. Struve, à Pulkowa. » Section d' Economie rurale: M. Parade, à Nancy. Correspondants élus. » Section d'Economie rurale : M. Parade, à Nancy, le aS janvier 1864, en remplacement de feu M. Rexault, à Maisons-Alfort (Seine). » Section de Médecine et de Chirurgie: M. Gixtrac, à Bordeaux, le 23 mai 1864, en remplacement de feu M. Dexis (de Commercy), à Toul. » Section de Physique générale .M. RÏagxus, à Berlin, le 1 3 juin 1864, en remplacement de feu M. Barlow, à Woolwich. Correspondants h remplacer. )) Section de Mécanique : M. Eytelwein^ à Berlin, décédé le 18 août i84q. Il Section d'Astronomie : M. Carlixi, à Milan, décédé le 29 août 1862; M. Struve, à Pulkowa, décédé. » Section de Physique générale: M. de la Rive, à Genève, élu Associé étranger le 11 juillet i864- » Section de Chimie : ^l. Rose (Hexri), à Berlin, décédé le 28 janvier 1864 ; M. Wohler, à Gottingue, élu Associé étranger le 20 juin ]864. » Section de Botanique : M. Blume, à Leyde (Pays-Bas), décédé le 3 fé- vrier 18G2; M. Treviraxus, à Bonn (Prusse Rhénane), décédé le 6 mai 1864. » Section d'Economie rurale: 91, Parade, à Nancy, décédé. » ( '6) « En quittant le fauteuil de la présidence, le Général Morix, après avoir remercié l'Académie de la bienveillance qu'il a trouvée dans ses confrères, fait connaître l'état fâcheux des bureaux du Secrétariat dont les employés, trop peu nombreux pour les besoins du service, sont réiribués avec une parcimonie qui est en désaccord avec les exigences actuelles de la vie. u II croit devoir appeler sur ce sujet l'attention de la Commission admi- nistrative, afin qu'elle réclame de M. le Ministre de l'Instruction publique les ressources nécessaires pour augmenter le personnel des bureaux et améliorer la position des employés. » NOMINATION DE LA COMMISSION ADMINISTRATIVE. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination de deux Membres appelés à faire partie de la Commission centrale administrative. Sur 56 voiants, M. Chasi.es obtient ... 55 suffrages. » M. Chevbecl ôa » SIM. CHASLEset Chevrecl, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, sont déclarés élus. MÉMOIRES ET COMi^lUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. PHYSIOLOGIE COMPARÉE. — Stir les (iccideuls prodidls sur les animaux à sany chaud, Monimifèresel Oiseaux, par te venin des Scorpions; par M. Gutox. « Disons d'i'bord, avjnt d'aller plus loin, que, pour nous, le venin des Scorpions, comme celui des Serpents, est ideniique dans son action sur l'homme et sur les animaux, opinion que nous établissons : » 1° Sur des (liqùres chez l'homme, observées parnou:iaux Antilles, et faites par les deux Scorpions de ces îles, le grand ou le no'w {Scorpio pi- ceus), et le peiii ou le gris [Scorpio obscurus), observations publiées en i8Gi, dans la Gazelle médicale de Parti (i); » 2" Sur des piqûres également chez l'homme, observées par nous en Algérie, et faites par le Scorpion de la cote ou du littoral (Jndroclonus oc- citanus), et par celui de l'intérieur ou des contrées méridionales, le grand Scorpion [Androclonus funeslus)^ ainsi que sur des expériences faites sur des (i) Au nombre de quatre, savoir : une fournie par le grand Scorpion ou Scorpion noir, à Sainte-Lucie, sur une négresse, et trois fournies par le petit Scorpion ou le Scorpion gris, à la Martinique, sur des militaires. ( '7 ) Mammifères et des Oiseaux, avec le venin de ces insectes, auquel j'ajou- terai celui du Bullms palmatiis, autre Scorpion de l'Algérie, bien que je n'aie pu en faire qu'iuie seule expérience sur un Cahiai. » Comme le venin des Serpents, celui des Scorpions a plus d'action sur les petits animaux que sur les grands, et sur les animaux à sang chaud que sur ceux à sang froid, chez lesquels son action serait assez faible si on pouvait en juger d'après deux seules de nos expériences, l'une sur un Cé- raste, et l'autre sur un Caméléon. » Sans doute, l'action du venin des Scorpions doit être, comme celle du venin des Serpents, en raison de la quantité du venin introduit dans la plaie; mais cette quantité, comme on le pense bien, est toujours inappré- ciable pour l'un comme pour l'autre venin. » On croit généralement que l'action de ces deux sortes de venin varie- rail selon la saison, et qu'elle serait ainsi plus grande l'été que l'hiver. Des faits sembleraient venir à l'appui de cette opinion; mais d'autres faits, si on voulait bien en faire la recherche, ne manqueraient sans doute pas pour en faire ressortir le peu de fondement. Qu'il nous suffise de rappeler, pour les Reptiles, le fait qui s'est présenté à Rouen, dans l'hiver de 1827, sur l'Anglais Drake, exhibiteur de Serpents. Cet homme, comme on sait, mou- rut en moins de neuf heures (8''45'") de la morsure d'un Crotale qu'il avait pris avec la main, le croyant mort; il n'était qu'engourdi par le froid. Ceci se passait à la date du 8 février, et feu Constant Duméril en a fait le sujet d'un Rapport à l'Académie, le 9 du mois suivant. » D'un bon nombre de faits observés, soit de piqûres de Scorpions, soit de morsures de Serpents, il nous semblerait résulter que l'intensité, l'acuité des accidents qui sont la suite de ces deux ordres de lésions, tiendrait moins à la différence des saisons qu'à l'accumulation dans les réservoirs qui lui sont propres, non moins qu'à la concentration des éléments qui le constituent, du venin des animaux dont nous parlons, après une abstinence plusou moins prolongée. Or, cet état physiologique est celui où ils se trou- vent dans leur état de torpeur ou de sommeil, c'est-à-dire pendant l'hiver. C'était le cas du Crotale qui doinia une mort si rapide à Drake, comme celui de deux faits dont nous avons été témoin dans un voyage d'Alger à Laghouat, en iSSy. » Premier fait. — Il s'agit d'un Céraste qu'on m'avait donné au cara- vansérail de Sidi-jMakhlouf, et qui était dans une bouteille ordinaire très- hermétiquement fermée. Cet état de choses existait depuis cinq à six se- maines, de telle sorte que, depuis la même époque par conséquent, l'animal G. R., i865, i»T Semestre. (T. LX, N° 1.) 3 ( '8 ) était absolument sans air; il était en même temps sans mouvement, car il emplissait entièrement la bouteille, où ou n'avait pu le faire entrer qu'avec peine. Aussi, vu à travers la transparence du verre, pouvait-on le croire mort. Quoi qu'il en soit, rendu à la liberté, il n'en donna pas moins une mort prompte, et dans le court intervalle de douze jours, savoir : le i 5 juillet, à une forte Poule, qui mourut instantanément (je la tenais encore par les pattes, la présentant au ReptUe, la tète en bas, pour la faire mordre); 1<- 19 suivant, à une autre Poule non moins forte, qui mourut eu trois mi- nutes; le 27 même mois, à un Pigeon qui mourut en quinze minutes. Quelques jours après, le 8 août, il tuait encore un Moineau dans l'espace de deux minutes. » Second fait. — Il a pour sujet un Scorpion qui , lors de mon passage à Aïn-el-Ibel, autre caravansérail de la route précitée, avait été pris depuis quelque temps, et qu'on conservait dans une fiole bien fermée. Cet insecte, dés sa mise en liberté, frappa de mort, coup sur coup, un Pigeon ramier et deux Moineaux. Le premier survécut trois heures quarante-cinq minutes à sa piqûre; mais la mort, chez les Moineaux, fut bien plus rapide : elle s'accomplit en deux minutes chez l'un, et en une seule chez l'autre. » Les accidents produits par le venin du Scorpion sont d'abord la pi- qûre elle-même, dont la douleur, chez les animaux connue chez l'homme, est toujours des plus vives, à en juger et par leurs mouvements, et par leurs sauts, et par leurs cris à l'instant même de leurs piqûres; elle est également accompagnée, comme chez l'homme, d'une démangeaison irrésistible. Aussi, après la frayeur qui succède à la piqûre, voit-on l'Oiseau se porter sur celle-ci des coups de bec énergiques et répétés, et le Mammifère se la mordre avec force et se la lécher ensuite. Ainsi, nous avons vu une Gerboise piquée au museau, et ne pouvant par conséquent ni se mordre ni se lécher la piqûre, se l'égratigner profondément avec ses griffes de devant. Après quoi, s'étant enfoncé la tète dans un monceau de sable sur lequel nous étions, elle s'y frottait avec la plus grande vivacité dans tous les sens, ne cessant cet exercice que poiu- revenir au premier, et ainsi de suite, alterna- tivement, pendant un assez long temps. » A la douleur et à la démangeaison qui l'accompagne peuvent se borner les accidents produits par la piqûre du Scorpion; le plus souvent, au con- traire, viennent s'en joindre d'autres, et dans la |)artie blessée, et dans I cn- .semble de l'organisme. Ces accidents sont donc de deux ordres, locaux et généraux. « Accidents locaux. — Avec la démangeaison qui succède à la piqûre apparaît ordinairement, sur le point même de celle-ci, nue rougeur qui ( >9 ) s'étend plus ou moins dans son pourtour, et peut se transformer en une phlyctène de mêaie étendue. Alors, les parties sous-jacentcs sont plus ou II. oins tiuiiéfiées, et cette tunu'faction peut s'étendre à toute l'épaisseur et à toute la longueur du membre blessé; elle est toujours plus considérable chez les Herbivores, tels cpie le Lapin et le Cabiai, que chez les Carnivores, tels que le Chien et le Chat. C'est le produit des extravasations sanguines qui se font et dans les inserstices des libres musculaires, et dans les espaces intermusculaires, et dans le tissu cellulaiie sous-cutané, ces dernières rap- pelant quelquefois, par leur abondance, celles qui s'observent après cer- taines morsures de Reptiles. » accidents cjénérnux. — Ce sont d'abord, et presque aussitôt la frajeur dissipée, des tremblements nerveux, des matières glaireuses rendues parle haut (gueule, narines, bec), des vomissements, des selles, une prostration des plus grandes, etc., tous phénomènes accoutumés, à moins d'une mort rapide. Viennent ensuite une respiiation accélérée, courte, anxieuse, par- fois de la toux, avec ou sans expuination sanguine; de l'assoupissement, du coma, avec dilatation de la pupille; des contractions fibrillaires perçues à travers les téguments recouvrant les muscles qui eu sont le siège; des con- tractions de certains muscles, ou du tronc, ou des membres; des extensions tétaniques, soit seulement des membres postérieurs, soit aussi des membres antérieurs, soit encore de tout le corps en même temps (i); élongation du membre génital persistant après la mort, rougeur et gonflement de la vulve; mucus sanguinolent s'échappant ou |)ar la gueule, ou par les narines, et provenant des voies aériennes; urine sanguinolente, parfois abondance d'urine (2), parfois aussi emphysème ou seulement partiel, ou général. (i) Ces extensions tétaniques se sont généralement présentées dans mes expériences, tant sur les Oiseaux que sur les Mammifères. La plus fréquente est celle des membres posté- rieurs, déjà implicitement sij^nalée par de Maupertuis, lorsqu'il dit, parlant du Chien qu'il avait fait piquer à Montpellier par un Scorpion du ])ays [Jndmctonus uccitaniis) : « Il mordit » la terre, se traîna sur les pieds de devant, elc. « [Histoire de L'Académie royale des Sciences, année 1731, p. iiZ.) (7.) Cette abondance d'urine, que j'ai souvent observée chez les Herbivores (Lapin, Ca- biai), constitue une sorte de crise de l'empoisonnement. Il en est de même, soit dit en pas- sant, dans l'empoisonnement juridiquement ordonné à la côte occidentale d'Afrique, sous le nom Ae jugement de Dieu. « Il arrive quelquefois, dit M. Touchard , (|u'une abondante » émission d'urine termine la première partie de cette scène; elle est alors un signe certain • de l'innocence du malheureux soumis à l'épreuve. » [Rivière du Gabon et ses maladies, thèse soutenue à Montpellier, le 6 mars 1864, par M. Touchard, chirurgien de 1" classe de la marine.) 3.. ( 20) » Après la mort, souvent teinte plus ou moins sombre de tous les or- sanes, de tous les tissus, et ressortant surtout des membranes séreuses et synoviales; sang toujours fluide dans le cœur et les gros vaisseaux, alors qu'on l'examine peu après la mort (i); cœur continuant de battre après son entière vacuité; parfois mucosités sanguinolentes dans les voies pulmo- naires; vessie vide, parfois avec un reste d'urine sanguinolente. » Tout ce que nous venons de dire sur l'état des organes après la mort, comme tout ce qui |>récède sur les accidents locaux et généraux, est déduit de nos expériences, au nombre de vingt-huit, sur les animaux précédem- ment indiqués. Pour ceux de ces animaux qui ont succombé, nous allons donner deux tableaux indiquant le laps de temps écoulé entre la piqûre et la mort. De ces deux tableaux, l'un est pour les animaux qui ont été piqués par V Androilonus ocfiUimis, et l'autre pour ceux qui l'ont été par Wîndro- clonus funeblus. Les uns et les auti-es s'élèvent ensemble au nombre de vingt. Picfûres de /'Androctonus occilanus sur des animaux a sang chaud. Mammifères et Oiseaux, à Alger, avec indication du laps de temps écoulé entre la piqtlrc et la mort. ANIMAUX PIQLÉS. NOMBRE ET SIÈGE DES PIQURES. DURÉE des ACCIDENTS. Cabîai Il ni 0. ,, o.2.i o.3o 0 3o 1 3o 3.00 0. 1 0. I I .20 2.00 Cabiai Cabiai femelle Chien du poids de 20 livres Piqûres aux pattes «jauches . P iqûres à la fesse et à la jambe du même côté Lapin mâle du poids de i livre... Rossignol Trois piqûres par un Scorpion en état de gestation. . . Deux ou trois piqûres par le Scorpion précédent. . . . Plusieurs piqûres dans les membranes interdii;itaires. Hirondelle de rivage Goéland ; *. .... » Jnnolcilion. — Dans l'expérience de Maupertuis, citée dans une note précédente, le Chien survécut cinq heures à ses piqûres, qui avaient eu lieu au nombre de trois ou de quatre, dans la partie du ventre dégarnie de poil. » C'est à cette expérience de Maupertuis, l'une des plus détaillées que nous possédions, qu'Adanson faisait allusion lorsqu'il disait, dans le cours ( I ) Il peut pourtant arriver qu'on renconlre un peu de sang coagulé dans le cœur, alors que le sang est encore chaud, comme il peut arriver aussi qu'on y rencontre un peu de sang fluide, alors que le sang est déjà refroidi. ( -' ) qu'il professait: « On a vu des Chiens en mourir au bout de cinq heines, » après une enflure générale, des vomissements et des convulsions qui leur » faisaient mordre la terre. « (Cours d'Histoire naturelle J ait en 1772, par Michel Adanson, p. 219; Paris, i845.) Piqûres de /'Androctonus funestus sur des animaux ii sang chaud. Mammifères et Oisiau.i:, sur différents points de l'Algérie, avec indication du laps de temps écouté entre la piqûre et la mort. ANIMAUX PIQUÉS. NOMBRE ET SIÈGE DES PIQURES. DURliE des accidf:nts. Gerboise Une piqûre „ . , Une piqûre à la cuisse, après plusieurs autres impu Rossignol i . „. . J nement laites par un occtlanus I Moineau I A l'aile gauche, articulation huniéro-cubitale Autre Moineau J A l'aile droite, articulation humcro-thoraciquo 1 j Deux piqûres, l'une à la cuisse, et l'autre h la jambe du J Verdier < , ,,. V J même cote j Au tarse Au tarse Plusieurs piqiires Plusieurs piqûres Piqûres au bas de la jambe droite Oiseau plus petit qu'un Moineau Pigeon ramier Oiseau plus gros qu'un Moineau. Pigeon ramier Pigeon ramier b tu 3 .2T O. 3 0.25 o./|5 ^.!^:. 3.00 3 4,'. » Annotations. — Quatre Pigeons sauvages que Redi fit piquera Florence, par quatre Scorpions de l'espèce dont il est question (ils venaient de Tunis), Mioururent tous quatre en peu d'heures. Ils avaient été piqués dans la partie la plus charnue du thorax. I) Un Chapon et un Cochon d'Inde, que Redi fit également piquer par la même espèce de Scorpion, survécurent aux piqûres, à savoir : le premier sept heures, et le dernier dix-huit. (Voyez FiiANCisil Redi Opusculorum pars secunda, sive Expérimenta circa varias res naturales, etc., p. i3-i4; Lugduni Batavorum, 1729.) » Deux voyageuis français, MM. Leynadier et Ciausel, qui parcoururent la régence de Tunis il n'y a pas longtemps, disent qu'il existe à Zerbis « des Scorpions dont la piqûre donne ime mort instantanée. « Ils disent encore en avoir vu un individu qui mesurait quarante-deux lignes de lon- gueur, et qu'un Chien qu'il piqua mourut en sept secondes. « Dans » ce court intervalle, ajoutent les voyageurs, son corps enfla tellement, » qu'il doubla de volume. Les yeux et les parties charnues de son museau ( 22 ) ;i se colorèrent imiiiédiatement d'une leinle janne-bleiiâlre qui se nuança » de rouge, puis de vert, qui devint la couleur dominante. « (Histoire de r Algérie Jrai)caisi\ de; Paris, i848.) » Nous pourrions ne pas faire remarquer que le Scorpion de Zerbis, dans la régence (ic Timis, n'est autre que celui dont nous parlons. » MÉMOIRES PRÉSENTÉS. niÉiiAPEUTlQUE. — Sur C emploi de l'ncide j)héiiicjHe en médecine ; ' j)ar M. Déclat. (Couunissaires, MiM. Andral, Rayer, Jobert de Lainballe.) L'auteur eu terminant son Mémoire le résume dans les conclusions suivantes : « 1° Dès 1861 j'ai arrêté la gangrène avec l'acide pliénique, notammeni dans un cas de gangrène générale consécutive à une fracture de la colonne vertébrale avec déchirure de la moelle, et cela en présence des docteurs Gros, Maisonneuve et autres confrères ; depuis ce fait, l'acide phénique a fait son chemin, d'abord à l'IIôtel-Dieu, puis dans d'autres hôpitaux où il a contribué puissamment à hâter la cicatrisation des plaies trauma- tiques de toute nature et à en prévenir les complications fâcheuses. » 2° Dans les affections infectieuses, l'acide phénique exerce une action avantageuse à la fois sur l'infection et sur l'état local; dans ces affections aussi bien que dans les suppurations sim|)les, cet acide contribue à tarir la source de suj)pur,ition. » 3° Les effets ci-dessus indiqués ont été obtenus directement dans la vessie par des injections qu'on aurait [)u croire dangereuses au premier abord. » L'acide phénique paraît appelé à rendre de grands services dans le traitement de certaines affections des organes génito-urinaires. » 4° Dans un cas d'engorgement mal déterminé de la langue avec ulcé- ration, épillu'lioma ulcéré datant de quatre ans, reconnu par plusieiu's médecins, MM. J. I^emairc, Ed. Langlebert, et dont le dessin à l'aqua- relle pris au milieu du traitement sera mis sous les yeux de l'Académie, les applications phéuiques et l'usage de cet acide à l'intérieur ont amené en moins de trois mois une amélioration, presque une guérison des plus remarquables. (f,e malade continue son traitement et consent à se laisser ( 23 ) visiter par ceux de nos confrères que ce cas remarquable pourrait inté- resser.) ') 5" L'acide phénique appliqué en lotions a guéri avec une promptitude admirable des eczémas rebelles. » Les essais de M. le D"' Sirnos, de Lisbonne, et les miens font con- cevoir les espérances les plus heureuses et les plus fondées sur les ap- plicatioïis de l'acide phénique au traitement des maladies de la peau en général. » 6° L'acide phénique paraît devoir rendre de grands services dans les affeclions contagieuses au contact et à distance; il paraît devoir produire surtout d'excellents réstdtats clans les cas d'épidémie, d'endémies, dans les camps, dans les hôpitaux, les cliniques d'accouchement, etc. » Malgré ses propriétés caustiques très-prononcées, j'ai pu administrer l'acide phénique à l'iiitérieiu-, dans les cas de très-grandes maladies orga- niques ou infectieuses, avec des avantages très-marqués dans quelques cas, sans inconvénients dans tous. Les résultats obtenus doivent encourager de nouveaux essais. » Parmi les maladies de cette catégorie, traitées le plus heureusement, nous devons rappeler deux cas de diphthérite (angine couenneusej contre lesquels l'action heureuse et puissante de l'acide phénique a été des plus frappantes. » Tels sont les termes dans lesquels il nous est permis de résumer aujour- d'hui nos recherches; nous espérons pouvoir dans quelque temps leur don- ner un utile développement, et nous nous ferons un devoir de soumettre notre travail plus complet à l'Académie. » M. MoRiN (J.) soumet au jugement de l'Académie une Note concernant un appareil qu'il a imaginé en poursuivant les recherches sur les indica- teurs automatiques dont il a déjà fait l'objet d'une récente communication (séance du -26 décembre 1864). Il s'est proposé de construire un appareil propre à enregistrer par l'intermédiaire de l'électricité les indications suc- cessives d'un baromètre, et il a voulu que cet appareil piit servir au baro- mètre Fortin considéré comme type de l'exactitude en ce genre, quoique se prêtant moins facilement que tout aulre peut-être à l'application du système dont il avait déjà fait Tisage. (Commissaires, MM. Pouillet, Fizeau.) (. ^^l ) M. Carrère présente une « Nouvelle théorie du pendule conique dans le cas des oscillations d'une petite amplitude ». L'auteur, dans la Lettre qui accompagne sa Note, prie l' Académie de vouloir bien hâter le travail de la Commission à l'examen de laquelle avait été renvoyé un Mémoire, présenté par lui le 8 août dernier, sur certains points de la Géométrie analytique. (Renvoi aux Commissaires précédemment nommés : MM. Serret, Bonnet.) M. MouLi.\E adresse de Vais (Ardéche) une « Note sur une expérience destinée à déterminer l'équivalent mécanique de la chaleur ». Une Note envoyée ultérieurement indique deux corrections à faire dans son premier écrit. Les deux pièces sont renvoyées à l'examen d'une Commission composée de MM. Regnaiilt et H. Sainte-Claire Deville. M. Poulet soumet au jugement de l'Académie deux Mémoires, l'un « sur les causes de la maladie des pommes de terre et de la vigne », I autre « sur le mouvement de la sève ». (Commissaires, MiVL Brongniart, Boussingault, Duchartre.) CORRESPONDANCE . M. LE Ministre de la Guerre annonce que MM. Le Verrier ci Combes sont maintenus Membres du Conseil de perfectionnement de l'École Poly- technique pour i865, au titre de l'Académie des Sciences. M. LE Secrétaire perpétuel présente au nom de l'auteur, M. P. Topi- nard, un ouvrage ayant pour titre : « De l'ataxie locomotrice et en parti- culier de la maladie appelée ataxie locomotrice progressive. » « Si je ne savais que cet ouvrage a déjà été couronné par rAcadèmic de Médecine, je n'hésiterais pas, dit M. Flourens, à proposer de le comprendre parmi ceux qui seront soumis à la Commission chargée de décerner les prix de la fondation Montyon pour i865. » M. LE PiiÉsiDE.vr présente au riom de M. Ticjri deux opuscules sur la transformation du sang en substance grasse, et une Lettre écrite également ( 25) en italien, clans laquelle le savant anatomiste fait connaître quelques nou- veaux résultats de ses recherches sur l'existence des bactéries clans le samj des personnes mortes de la fièvre typhoïde. Dans de précédentes communications l'auteur avait annoncé que ces \n- ftisoires se montraient surtout dans le système artériel ; depuis, il a constaté que quand les bactéries manquaient dans les artères périphériques, on les trouvait encore, et en grande quantité, dans l'appareil circidatoire pneumo- cardiaque gauche. Dans un cas, du reste, il a fallu pousser l'investigation jusqu'au poumon même, et c'est seulement en plaçant sous le microscope de minces tranches de l'organe prises dans les points qui étaient le siège d'apoplexies pulmonaires partielles, que la présence des bactéries a été rendue évidente. La Lettre et les deux opuscules sont renvoyés à l'examen de la Commis, sion déjà nommée pour diverses communications concernant les bactéries, Commission qui se compose de MM. Audral, Velpeau, Rayer et Bernard. M. Richard (du Cantal) prie l'Académie de vouloir bien le comprendre dans le nombre des candidats pour la place de Correspondant de la Section d'Économie rurale, devenue vacante par suite du décès de M. Parade. (Renvoi à la Section d'Economie rurale.) ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur la formule de Lagrange. Note de M. H. L.4urf.nt, présentée par M. Liouville. « Considérons l'équation de Lagrange sous la forme (l) Z — JC — tzô[z) =^ o. C'est la forme employée par Cauchy dans son Mémoire inséré dans le tome VIII des Mémoires de V Académie des Sciences. Dans ce Mémoire, il arrive à une forme du reste, qui suppose que l'on connaît la racine, au moins approximativement. Dans un autre Mémoire inséré dans ses Nouveaux Exercices., le même auteur arrive à cette conclusion que la formule de Lagrange peut être employée quand il est possible de trouver un contour fermé contenant le point jc le long duquel mod — i-^ < I . Z X C. R., iSC5, 1" Scmesirc. (T. LX, ^<' 1.) 4 (a6) Cette condition, si simple eu apparence, est au fond très-compliqui'e dans les applications. Au surplus, si dans le premier Mémoire dont j';ii parlé on ne cherche pas le reste, on arrive à la même conclusion. p Voici comment on pourrait, il me semble, présenter la théorie en question. " Supposons la fonction zs{z) syuectique au point x, ainsi que la fonc- tion F(z). On aura » |F(^)[.-^^'(3)](^ le résidu devant être pris à l'intérieur d'un contour contenant le point x, la seule racine Ç, et pas de points pour lesquels ct(z) et F(z) cessent d'être synectiques; cette condition pourra toujours être remplie par un certain contour convenablement choisi quand on fera t = o, et en vertu du théo- rème de M. Puiseux, inséré dans le tome XV (i'* série] du Journal de Malhé- maliques, Ç sera fonction monodrome, monogène, finie et continue à l'inté- rieur de ce contour, pourvu qu'il ne contienne pas d'autre racine que Ç et pas d'infini de 7s{z). Cette condition que doit remplir le contour peut être exprimée analytiquement à l'aide du théorème de Cauchy sur la séparation des racines ; en effet, le long de ce contour l'argument de z — a- — t-as{z) ne devra varier que de 27: quand z fera un tour complet, ce qui conduit à la condition (3) mod — ^— - < I, Quand t sera très-petit, cette condition pourra toujours être satisfaite pour un contour suffisamment petit décrit autour du point jc, assez petit j)our que cy(z) reste synectique dans son intérieur. » Ceci posé : u En différcntiant n fois l'équation (2), on trouve DrF(Ç) = CJF(z)D^; pour ^ = o, cette équation donne ta ■ JC t T3 X — tvs) 1.2. .71. (4) n Dr=„F(Ç) = .JF(z)[^^-^-^]|...: = D;[F(.r)cr«(x)] — Dr"[F(.r)î3'i;x)t3"-'(.r)].// =:Dr-[F'(.r)t5"(x)]; ( ^7) donc, en vertu du théorème de Cauchy sur la formule de Mac Laurin^ la formule t" {^) F(Ç) = F(aO + ... -t--j-^— ^Dr'[F'(x)z."(x)]+... sera vraie pour des valeurs de t voisines de zéro, pourvu que la condi- tion (3) puisse être satisfaite. Voilà la formule de Lagrange établie avec sa condition d'existence sine fjitd non. Mais cette condition peut être trans- formée. » Faisons d'abord F(Ç) =Ç : nous obtenons (6) ç = . r + /^(x) + ... + -^-^ Dr- [^"(•^)] -+-•••• » Nous allons prouver que cette série peut être employée toutes les fois qu'elle est convergente. ïi En effet, en vertu de la formule (4)? elle peut s'écrire (7) Ç = Ç„ + ç;^ + ... + Çr7£^ + .... » Ensuite la série zô{jc) + t[rs'{x)z:!{x)] -\- . . . -\ D"" [s'(.r) 5j"(.r)] -h- . . . peut s'écrire, toujours en vertu de la formule (4), mais elle peut aussi s'écrire (8) rz{œ)-h — D,.v!'{.T)+...-\- _ d^st"-*-' (x)] + . . . , H ^ ' ^ 1.2 -^ ^ ' I .7. . . . (« H- I) L \ I -I ' ; c'est-à-dire qu'elle est convergente en même temps que (6); donc enfin elle représente w(s)- Reste à prouver que 'Ç satisfait à l'équation (i); en substituant à la place de z et z? (z), dans (i), les séries (6) et (8), la vérifi- cation a lieu effectivement » Si actuellement on considère la formule (5), cette formule sera vraie quand t variera à Tintérieur d'un cercle sur la circonférence duquel F(^) ^esse d'être fonction synectique de t décrit de l'origine comme centre. » Or Ç, en vertu de la formule (6), reste fonction synectique de ^ à l'in- 4-. ( 28 ) térieur d'un cercle décrit de l'origine comme centre, el dont le rayon t est tel, que 19) limmod^ — n D" "-' -3" ' la quantité sous le signe mod est le rapport d'un ternie au j)récédent dans la série (6), dans lequel t est remplacé par son module). On tirera alors - de l'équation (9), et, cela fait, on cherchera comment varie Ç quand t décrit le cercle de rayon t. Soit (A) le contour décrit par Ç dans cette circonstance, (B) le contour à l'intérieur duquel F(z) reste synectique par rapport à z : la partie commune aux aires des contours (A) et (B) cot)- tiendra les valeurs de Ç pour lesquelles on pourra appliquer la formule (5), valeurs parmi lesquelles on devra encore faire un choix. » Ainsi, étanl donnée une valeur t, de t pour voir si tajorinule ( 5 ) est appli- i.nhle à l'équalion (i), on cherchera la limite du rapport I Dr'a"fx) « Dr'o'-^x) et l'on multipliera le module du résultat par le module de <, ; le produit devra être moindre que r, sinon il faudrait renoncer à la formule (5). On calculera Ç, dans cette hypotlièse, approximativement par la formule (6), et l'on verra si, pour la valeur trouvée et les valeurs dont le module est moindre, F (z) reste spiectique. » Cette recherche laborieuse se simplifiera considérablement quand F{z) sera monodrome et monogène dans toute l'étendue du plan. En effet, la formule (5) coïncide avec la formule de Mac Laurin ; elle ne cessera d'èlre applicable que quand F(Ç) deviendra infini, c'est-à-dire quand elle de- viendra divergente, à la condition toutefois que Ç reste synectique. On peut (Jonc énoncer le théorème suivant, qui sera le seul réellement bien nécessaire dans les applications : » La formule (5) est apj)licable toutes les fois que, sj (s) étant synectique au point jc, et F (z) étanl monodrome et monogène dans toute l'étendue du plan, on aura à la fois hm mod ^— i- < i , hm niod ^—^ — —^ < i - «Dr'=i"-'(x) " Dr F'(.r)n''-'(.r) c'est-à-dire quand les séries [5) et (6) seront à la fois convergentes. » L'équalion du mouvement des planètes, sur laqiu'llc on (ait l'applicaliou ( ^9) de la formule (5), devient focile à discuter, parce que les fonctions de la racine que l'on développe sont trigonométriques directes, et par conséquent monodromes et nionogènes dans toute 1 étendue du plan. » CHIMIE ORGAMQUE. — Sur la Jermenlation alcoolique. Extrait d'une Lettre adressée à M. H. Sainte-Claire Deville; par M. Berthelot. « Je vous demande la permission de profiter de l'attention éveillée par vos recherches sur les densités de vapeur et sur les dissociations, pour rectifier une citation inexacte qui m'est échappée dans le dernier Mémoire que j'ai présenté à l'Académie [Comptes rendus., t. LIX, p. 904). En citant les remarques importantes faites par M. Pasteur sur le dégagement de chaleur qui accompagne les fermentations (même volume, p. 689), j'ai rappelé les expériences d'un autre savant sur celte même question (Comptes rendus, t. XLII, p. 94^; i856). Ce savant n'est pas M. Kuhlmann, comme je l'ai écrit par erreur, mais M. Dubrunfaiit: il a particulièrement insisté sur certaines conséquences mécaniques des phénomènes qu'il a observés. n IjCS résultats de cette nature sont fort intéressants, alors qu'on se borne à envisager le dédoublement immédiat du sucre en alcool et acide car- bonique, comme l'ont fait les deux savants que je viens de nommer. Mais ils le deviendront sans doute bien davantage, le jour où l'on connaîtra toute la série des phénomènes calorifiques qui se passent, soit dans la |)ro- duction du sucre au moyen des éléments, soit dans sa transformation com- plète en eau et acide carbonique. Pour me borner à cette dernière méta- morphose, elle donne lieu à des conséquences bien différentes, suivant la manière dont on envisage le mode de formation, encore inconnu, de la molécule sucrée. » En effet, les corps dont la décomposition est accompagnée par un dégagement de chaleur doivent être, à mon avis, distingués en deux caté- gories tout à fait distinctes, savoir : ceux dont la formation, envisagée in- dépendamment de tout autre phénomène, a été accompagnée par un travail positif (en général, dégagement de chaleur), et ceux dont la formation a été accompagnée par un travail négatif (en général, absorption de cha- leur). » Il est facile de concevoir l'existence des premiers composés, ceux dont la formation, aussi bien que la destruction spontanée, est accompagnée par une suite de dégagements de chaleur, c'est-à-dire résulte entièrement de travaux positifs; mais il est difficile d'eu citer des exemples incontestables. ( 3o) parce que les déterminations expérimentales relatives aux corps de cette catégorie sont trop peu nombreuses pour permettre de raisonner sans la- cune, depuis un système initial constitué par les éléments libres, jusqu'à un système final constitué par ces mêmes éléments, soit libres, soit engagés dans des combinaisons telles que l'eau et l'acide carbonique, dont la chaleur de formation est complètement connue. B Cependant je pense qu'un grand nombre de composés dérivés de l'a- cide azotique, tels que l'azotate d'ammoniaque, le gaz des marais nitré, le phénol trinitré (acide picriquel, etc., appartiennent à cette catégorie. Sans qu'il soit nécessaire d'entrer dans des hypothèses spéciales, il est permis d'admettre que la chaleur produite au moment de leur décomposition est due principalement à une combustion interne, c'est-à-dire à la réunion de l'oxygène, qui tire son origine de l'acide azotique, avec l'hydrogène ou le carbone, qui tirent leur origine de l'autre substance (gaz des marais, ammo- niaque, phénol). La constitution des composés explosifs de cette nature, pour me servir de votre expression, ne présente en réalité rien d'exceptionnel. » Il en est tout autrement des seconds composés, c'est-à-dire des corps ' explosifs formés par suite d'une absorption de chaleur, telle que nous sommes obligés de l'admettre dans la formation des composés binaires ré- solubles en leurs éléments (protoxyde d'azote, acide hypochloreux et autres, chlorure d'azote, etc.), comme aussi dans la formation des composés résolubles en leurs générateurs, ou en des corps équivalant à ces généra- teurs au point de vue calorifique (eau oxygénée, acide formique, etc.). Dans la plupart des cas, la formation des corps de cette espèce n'a lieu qu'à la condition de produire en même temps un composé complémentaire (eau, chlorure alcalin, acide chlorhydrique, sulfate de baryte, etc.), sus- ceptible de fournir, au moment où il prend naissance, le travail, c'est-à- dire la chaleur nécessaire à la constitution du composé explosif. J'ai insisté ailleurs sur cette circonstance fondamentale, qui joue un si grand rôle en Chimie organique. La dissociation des corps ex|)losifsde cette catégorie ne résulte pas d'une combustion interne : c'est une décomposition d'une nature bien différente. » Or il s'agit de savoir si les sucres appartiennent à la première catégorie (corps formés avec travail positif), ou bien à la seconde (corps formés avec travail négatif). » La solution de cette question dépend de là manière dont les sucres peuvent être formés au moyen de leurs éléments, cette formation étant envisagée en elle-même et indépendamment des autres réactions qui peu- (3i ) veut l'accompagner. C'est ce qu'il est facile de montrer en groupant les élé- ments de diverses manières. Je citerai seulement les suivantes, en partant de la formule de la glucose, C'-H'-O'^, et du poids de i8o grammes qui lui correspond, pour plus de simplicité. Chaleur Groupement Je combustion des éléments. correspondante (i). Carbone et eau C"H-H"0" 576 Aoiile carbonique et gaz des marais. 3C'0' 4- 3C'H* 63o Acide carbonique et alcool aC'O' + 2C*H*0^ 652 Oxyde de carbone et hydrogène. . 6C'0' + 6H' 8o4 Acide formique et hydrogène 6C'H=0' + 6H= — 6W0' 980 » D'autre part, je calcule que la chaleur de combustion du sucre doit être voisine de 726 calories, d'après les nombres donnés par M. Dubruu- faut pour la chaleur dégagée dans la fermentation alcoolique, et ceux donnés par MM. Favre et Silbermann pour la combustion de l'alcool. » Il s'agit maintenant de savoir si le sucre résulte de l'association du carbone avec les éléments de l'eau ou de l'association des éléments de l'alcool avec ceux de l'acide carbonique, auxquels cas la fermentation alcoolique serait comparable à la destruction de l'eau oxygénée et de l'a- cide formique. Mais le sucre peut égaleiuent dériver de l'association de l'hy- drogène avec les élémenls de l'oxyde de carbone ou de l'acide fortnique; et cette dernière opinion me paraît la plus vraisemblable, parce que je pense que l'effet de la lumière dans la respiration végétale, première origine de la formation des sucres, est de décomposer à la fois l'acide carbonique et l'eau. S'il en était ainsi, la fermentation alcoolique consisterait essentielle- ment dans une combustion véritable, donnant naissance à de l'acide carbo- nique en vertu d'une réaction interne comparable à la combustion du car- bone libre par l'oxygène libre. La quantité de chaleur dégagée, au moment de la formation de l'acide carboniqne aux dépens du carbone et de l'oxy- gène cond^inés dans le sucre, est égale aux deux cinquièmes environ de la chaleur que produirait la formation delà même quantité d'aciile carbonique aux dépens de l'oxygène libre et du carbone libre, résultat qu il est utile de mettre en évidence pour la théorie de la chaleur animale. » Quoi qu'il en soit, le chiffre 'J26 mesure (en sens inverse) le travail dépensé par la liunière solaire pour transformer l'eau et l'acide carbonique en sucre. La différence entre ce même chiffre et la chaleur de combustion (i) On prend ici comme unité la quantité de chaleur capable d'élever de zéro à 1 degré la température de i kilogramme d'eau. ( 32 ) de l'alcool, c'pst-à-dire le nombre 74? donne la mesure approchée du tra- vail qu'il faudrait dépenser ])our reconstituer le sucre en réunissant l'acide carbonique et l'alcool, ou plus exactement, en réunissant les produits de la fermentation alcoolique. » CHIMIE ORGANIQUE. — Action des aldcliydes skî/cs nmine.v; par M. Hl'goSchiff. « Un mélange d'amylamine sec avec de l'aldéhyde œnanihique ou beii- zoïque étant chauffé, de l'eau s'élimine et l'on obtient des diamides, ana- logues aux composés phéniques que nous avons décrits dans quelques Notes jirécédentes. » Les deux nouvelles amides, la diœnamhYliclène-diamylamine N' ) G'H'* = G^H'TS' 2€'H" imy et la ditoluydène-diamylamine N' ' €'H« =€"H"N', sont (les liquides huiIeu.K, insolubles dans l'eau et exempts de propriétés basiques. A une température élevée ils brunissent et distillent sous légère décomposition. » La coniinc se chauffe à peine avec les aldéhydes, mais il y a élimination d'eau. Avec les aldéhydes acétique, acrylique et œnanthique, on obtient des liquides très-denses, qui ne se combinent pas avec les acides. Les dérivés acétique et acrylique forment des chloroplatinates. » Les aldéhydes aromatiques, traités par l'ammoniaque, font naître les hydramides, qui sont considérées comme les diamides tertiaires de la série aldéhydique, et l'on sait que Bertagnini, en les exposant à une température élevée, a réussi à les transformer en diamines tertiaires de la série glyco- lique (amarine, anisine). Si l'on traite l'œnanthol par l'ammoniaque sèche, il se manifeste un dégagement considérable de chaleur, une grande quantité d'eau est éliminée et l'on obtient un liquide huileux qui est la ( G'H" iriœuanlhylidènc-diamide N' | G''H'*= €"H"N'. li Otte amidc ne se combine ni avec les acides, ni avec les chlorures métal- liques. Elle est d'une stabilité remarquable, puisqu'elle distille sans décom- (33) position à une température de plus de 4oo degrés. Elle brunit à cette tem- pérature, mais elle ne se transforme pas en une base analogue à l'amarine. La réaction est analogue avec l'aldéhyde valérique. » Nous avons soumis encore d'autres aminés à l'action des aldéhydes, et il résulte de ces recherches que toujours l'hydrogène typique des bases est entièrement enlevé par l'oxygène des aldéhydes et remplacé par les résidus bialomiques de ces derniers. De cette manière les aldéhydes offrent un moyen nouveau et bien commode pour déterminer le nombre des équiva- lents d'hydrogène typique. Cette réaction est préférable à l'action des éthers iodhydriques ou bromhydriques, parce que ces derniers exigent un nou- veau traitement pour chaque équivalent d'hydrogène, tandis qu'une seule expérience suffit avec les aldéhydes. Dans beaucovip de cas on pourra même trouver le nombre des équivalents d'hydrogène typique par un simple essai volumétrique, si l'on se sert d'œnanlhol par et d'une burette divisée en vingtièmes de centimètre cube. On ajoute de l'œnanthol àla base légèrement chauffée, jusqu'à ce qu'il n'y ait plus élimination d'eau. » CHIMIE ORGANIQUE. — Sur le cyanure de cuivre ammoniacal ; par MM. H. Schiff e(E. Rechi. « Dans une Note insérée dans les Comptes rendus, t. LVIII, p. 75o, M. Lallemand décrit un sel violet, qui s'était formé à la longue dans un bain de cuivrage obtenu en dissolvant du cyanure de cuivre dans un excès de cyanure, potassique. M. Lallemand admet la fornuile NH*Cy, 2 CuCy pour ce sel ; selon lui le sel serait blanc à l'état de pureté et la coloration serait due à une petite quantité de cyanoferrure de cuivre, qu'on peut en séparer par l'acide nitrique. » Nous avons eu l'occasion d'examiner ce sel violet de même provenance, et nous avons obtenu des résultats différents de ceux de M. Lallemand. La matière colorante du sel ne peut pas être du cyanoferrure de cuivre, parce que ce dernier est insoluble dans l'acide nitrique. La solution acide con- tient du cuivre et de l'ammoniaque, mais elle ne donne pas la moindre réaction avec les sels de fer. I^e résidu blanc n'est rien d'autre que du cya- nure cuivreux pur. Le sel violet cristallise sans altération de la solution ammoniacale chaude, tandis que le ferrocyanure de cuivre devrait être dé- composé par l'ammoniaque. Enfin la couleur du sel n'a pas la moindre res- semblance avec le ferrocyanure de cuivre. » Pour reproduire le violet artificiellement, nous avons étudié l'action de C. R., i865, !'"■ ScmcstiQ. (T. LX, N» 1.) 5 ( 34 ) l'ammoniaque sur le cyanure cuivreux. Le cyanure sec absorbe le gaz sec en se chauffant. La poudre blanche qui en résuite est le (H' 1 cyanure de cuprosonium J^ ) r \ Cy. » Le sel, insoluble clans l'eau, donne une solution incolore avec l'am- moniaque chaude et privée d'air ; cette solution dépose de longues aiguilles blanches de cyanure ammoniacal. Ou obtient le même sel en faisant bouillir le cyanure cuivreux avec l'ammoniaque dans une atmosphère privée d'oxy- gène. A l'état sec, le sel ne s'altère pas au contact de l'air ; mouillé d'eau ou d'ammoniaque, il se colore bientôt en violet. » Si l'on fait bouillir le cyanure cuivreux avec l'ammoniaque au contact de l'air, l'oxygène est absorbé. On laisse refroidir quand le liquide bleu se couvre de cristaux; des feuillets brillants d'un beau violet, ressemblant au perchlorure chromique, ne tardent pas à remplir le liquide. Ils peuvent être lavés et séchés au contact de l'air sans altération. Ce sel consiste poiu' la plupart en cyanure de cuprosonium mélangé à une petite quantité de ( ^""1 cyanure de cupriconium ÎS* ? H' | Cv'- I H' ) » Décomposé par la potasse, le sel fournit du protoxyde de cuivre jaune, à peine un peu noirci par du deutoxyde. Les différentes préparations nous ont fourni des sels d'une couleur plus ou moins saturée et dont la compo- sition variait entre ]N«H«€uCy%2oNH'GuCy et N' H«euCy%8NH'€uCy. Le sel d'un violet foncé qui s'était déposé de notre bain de cuivrage cor- respondait sensiblement à celte dernière limite. C'est sans doute une dé- composition partielle de l'acide cyanhydrique qui a fourni l'ammoniaque. » Nous penchons à croire que tous ces sels violets sont des mélanges des deux cyanures. Une composition chimique des deux sels se dépose en beaux prismes rectangulaires, si l'on fait refroidir la solution bleu foncé, que l'on obtient par une ébullition prolongée du cyanure cuivreux avec l'am- moniaque au contact de l'air. Les cristaux vert foncé, qui réfléchissent fortement la lumière, ont la composition iN'H«GuCy%4NH'GuCy. » En même temps, il se forme ordinairement un sel bleu qui ne peut pas (35) être séché sans décomposition. Il perd de l'ammoniaque, devient opaque, et le résidu, d'un bleu sale, correspond à peu près à la formule N^H''€uCy%2NH'euCy. » Décomposes par la potasse, ces deux sels donnent un mélange de prot- oxyde et de deutoxyde de enivre. » Nous avons trouvé la composition KaCy, aGuCy + H^Ô pour un sel blanc, insoluble, cristallisé en prismes monoclines tronqués de plusieurs millimètres de longueur, qui s'étaient formés dans le même bain de cuivrage qui nous a fonrni le sel violet. >> MÉTALLURGIE. — Cémentation du fer; remarques à l'occasion d'une communi- cation récente de M. Margiieritte. Extrait d'une Lettre de M. Jdi.lieiv. « Ce n'est qu'aujourd'hui que j'ai eu connaissance de la Note de M. Mar- gueritte me concernant [Comptes rendus, n" 25, p. io44)- Je m'empresse d'y répondre en quelques mots. » M. H. Sainte-Claire Deville ayant démontré que l'oxyde de carbone [Comptes rendus, n" 22, p. SyS) est, comme l'ammoniaque, décomposable par la température seule, je reconnais qu'il est possible que le fer se cé- mente au simple contact d'un courant d'oxyde de carbone à haute tempé- rature. Ce que je prétends, c'est que les composés que forment entre eux le fer et le carbone ne sont pas des combinaisons, mais de simples disso- lutions. j> La cémentation du fer pai* les gaz n'est active que parce que : » 1° Ces gaz sont décomposés par la température; » 2° Le carbone se trouve en contact avec le métal à l'état de noir de fumée, c'est-à-dire presque à l'état de vapeur. » M. Meillet annonce avoir découvert depuis deux mois, dans les envi- rons de Châtellerault, plusieurs ateliers de fabrication d'armes et d'instru- ments en silex, ateliers qui témoignent d'une activité non moins grande que celui de Pressigny dont l'Académie a été plus d'une fois entretenue, mais qui indiquent, par la perfection du travail, un art plus avancé. Cette Lettre est renvoyée, à titre de renseignement, à l'examen de la Commission nommée pour diverses communications relatives à des ques- tions de paléontologie anthropologique. 5.. (36) M. Francisque annonce l'intention de soumettre au jugement de l'Aca- démie un travail qu'il vient de terminer -( sur la véritable base théorique de l'harmonie ». Quand le travail de M. Francisque sera parvenu à l'Académie une Com- mission sera chargée de l'examiner et réclamera, s'il y a lieu, l'adjonction de quelques Membres de l'Académie des Beaux-Arts. M. Mathieu Silhol envoie une Note relative à une question particu- lière de la théorie des nombres, dont il avait déjà fait l'objet d'une commu- nication. (Renvoi, comme la première Note, à l'examen de M. Serret.) A 4 heures un quart l'Académie se forme en comité secret. La séance est levée à 5 heures et demie. F. BULLETIN bibliographique. L'Académie a reçu dans la séance du a janvier i865 les ouvrages dont voici les titres : De ialaxie locomotrice et en particulier de, la maladie appelée ataxie loco- motrice progressive; par le D"^ P. TOPINARD; Paris, 1864 ; in-8°. Manuel du défrichement des forêts ; par A. d'Arbois de Jubainvile. Paris, i865;in-8°. Traité du lever des plans et de l'arpentage; par P. BRETON (de Champ). Paris, i865; in-8". Présenté, au nom de l'auteur, par M. Le Verrier. Des herborisations au Bousquet d'Orb et au Ca/lar [Hérault) en 1864, avec des considérations sur la flore de Montpellier ; par M. Henri LORET. (Extrait des Mémoires de C Académie des Sciences et Lettres de Montpellier, année i 864, t. VL) Montpellier; in-4°. Géologie des environs de Rome; par Gabriel DE MORTILLET. (Extrait des Atti délia Società italinna di Scienze naturali, vol. VL) Milan, 1864 ; in-8". Annales de l'Association philomathiquc voi/éso-rhénane faisant suite à la Flore d'Alsace de M. F. KiRSGHr.EGER ; 'S" hvraison. Strasbourg, 1864 ; in-12. (37 ) . Sulla. . . Sur la transformation du sang en substance grasse; par le D"^ A. TlGRi. Turin, 1864 ; iu-8°. Présenté, au nom de l'auteur, par M. Morin. Intorno... Élude sur la rectification et sur les propriétés des caustiques se- condaires; parle proL Angelo Genogchi. {Extnxit des Jnnali di Matematica puraed applicata, t. VI, 11° 3.) Rome, i864; in-4''. PUBLICATIONS PERIODIQUES REÇUES PAR l'aCADÉMIE PENDANT LE MOIS DE DÉCEMBRE 1864. Comptes rendus hebdomadaires des séances de l' Académie des Sciences; 2° se- mestre 1864, n"' 22 à 26; in-4''. Annales de Chimie cl de Physique; par MM. Chevreul, DuMàS, Pelouze, BoussiNGAULT, Regnault ; avec la collaboration de MM. WuRTZ et Verdet; 4" série, octobre et novembre i864; in-8°. Annales de V Agriculture française ; t. XXIII, n"' 21 et 22; in-S". Annales forestières cl métallurgiques; t. III, novembre 1864 ; in-8°. Annales médico-psychologiques; 22'' année, t. III; novembre i864; in-8°. Annales de la Société d'hydrologie médicale de Paris; comptes rendus des séances; t. XI, i" livraison; in-8". Annales des Conducteurs des Ponts et Chaussées; 8" année; septembre i864; in-8°. Atti délia Società ilaliana di Scienze naturali; vol. VI, octobre 1864- Milan; in-8°. Atti delPimp. reg. Istituto Veneto di Scienze, Lettere ed Arti; t. IX, 3* série, part. 8 et 9. Venise; in-S". Bulletinde Li Société Géologique de France ;\., XXI, octobre 1 864; in-8° (*). Bulletin de V Académie impériale de Médecine; t. XXX, n°* 2, 3, 4 et 5; in-8°. Bulletin de l'Académie royale de Médecine de Belgique ; t. VII, n° 9; in-8**. Bulletin des séances de la Société impériale et centrale d Agriculture de France; t. XVIII, n° 11; in-8». Bulletin de l' Académie rojale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique; t. XVII, n« 11; in-8''. . (*) C'est par erreur que ce Bulletin a été porté dans le Compte rendu n° 22 du 28 no- vembre dernier, p. gig, g" ligne. ( 38 ) Bulletin de la Société de Géographie; 5* série, t. \I, octobre i864; in-8°. Biblioflièque universelle et Revue suisse; n°' 82 et 83. Genève; in-8°. Bullettino meteorolocjico delt Osservatorio det Collegio Romano; vol. III, n"* 8, 9, 10 et 1 1, Rome; in-4°. Rulletin de la Société d Encouragement pour l'industrie nationale; t. X, 2' série, septembre et octobre i864; in-4°. Bulletin international de l'Observatoire impérial de Paris; n°' du 18 août et du 27 novembre au 10 décembre i8G4; feuilles aulographiées; in-folio. Catalogue des Rrevels d'invention, i864; n° 8; in-8°. Cosmos. Revue encj'clopcdique hebdomadaire des progrès des Sciences et de leurs applications aux Arts et à l' Industrie ; iS" année, t. XXV, u°' 22 à 25; in-S". Gazette des Hôpitaux; 37* année, n°' 129 à i5o; in-8''. Gazette médicale de Paris; 34* année, t. XIX, n°' 47 à Sa ; in-4°. Gazelle médicale d'Orient; octobre 1864, avec la table des matières pour les livraisons de la 7* année, 1 863- 1864 ; •in-4°. Journal d' Agriculture pratique ; 28° année, 1864, n°' 23 et 24; in-8°. Journal de Chimie médicale, de Pharmacie et de Toxicologie;] t. X, 4* série, décembre 1864, in-8°. Journal de la Société impériale et centrale d'Horticulture ; t. X, novembre i864;in-8°. Journal de Pharmacie et de Chimie; 23* année, décembre i864; in-8°. Journal des Connaissances médicales et pharmaceutiques; 3i* année, i864, n"' 33 et 34; in-8°. Journal de Mathématiques pures et appliquées ; août 1864; in-4°. Journal de la Section de Médecine de la Société académique du département de la Loire-Inférieure; vol. XL, 21 3* et 214* livraison; in-8°. Journal desjabricants de sucre; 5* année, n"* 34 à 37; in-4°. Journal de Médecine vétérinaire militaire; décembre 1864 ; in-8°. Kaiserliche... Académie impériale des Sciences we Vienne; année 1864, n°' 23 à 27; I feuille d'impression in-8°. L'Abeille médicale; 21* année, n°' 48 à 5i; in-4''. L Agriculteur praticien; 2" série, t. V, n"' 22 et 23; in-8*'. La Médecine contemporaine ; 6* année, n°' 23 et 24; in-4''. L'Art dentaire; 8* année, novembre i864; in- [2. LArt médical; cf année, t. XVII, décembre i864; in-8°. La Science pittoresque ; cf année; n°' 3i à 34; in-4''. La Science pour tous; 10* année; n"' i à 4; in-4''. ( 39) Le Courrier des Sciences et de l'Industrie; 3* année; t. III, u°* 7.5 à 26; in- 8°. Le Moniteur delà Photographie; 5^ année, n°' 18 et 19; in-4". Le Gaz; 8" année, n° 10; in-4°. Le Technologisle ; 3.5* année; décembre 1864 ; in-8°. Les Mondes. . . Revue hebdomadaire des Sciences et de leurs applications aux Arts et à VIndustrie; 2* année, t. VI, livr. i4 à 17; in-8°. Leopoldina... Organe officiel de l'Académie des Curieux de la nature^ pu- blié par son président, le D' C.-Gust. Carus; novembre 1864; in-4'*. Magasin pittoresque ; Sa* année ; décembre i864; in-4°. Montpellier médical: Journal mensuel de Médecine, 7* année; décembre 1864; in-8°. Montbly.. . Notices mensuelles de la Sociétéroyale d' Astronomie de Londres; vol. XXV, n'' i; in- 12. Nachrichten. . . Nouvelles de l'Université de Gœttingue; i864; n" 14; in-i2. Nouvelles Annales de Mathématiques ; novembre et décembre i864; in-8°. Presse scientifique des Deux Mondes; année 1864, t. II, n°' 10, 11 et 12; in-8°. Pharmaceutical Journal and Transactions; vol. VI, n°' 5 et 6; in-S". Répertoire de Pharmacie; t. XX, novembre 1864 ; in-S". Revue maritime et coloniale; t. X, novembre et décembre 1864 ; in-8''. Revue de Thérapeutique médico-chirurgicale; 3i* année, i8G4; n"* 22 et 24; in-S". The American Journal of Science and Arts; vol. XXXVII 1, novembre j864; in-8°. The Antluopological Review and Journal of the Anthropological Society of London; n° 6, août 1864; n° 7, novembre i864; in-S". The Mining and Smelting Magazine ; vol. VI, décembre 1864. Londres; in-8°. The Reader; yol. IV, n°' loi à io4; in-4". IV COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 9 JANVIER 1863. PRÉSIDENCE DE M. DECAISNE. MEMOIRES ET COMAIUMCATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. M. LE Secrétaike perpétuel présente un exemplaire du tome LVIII des Comptes rendue, et annonce que ce volume est en distribution au Secrétariat. MÉTÉOROLOGIE. — Sur la quantité de pluie tombée au J trdin des Plantes de Montpellier en décembre i864; par^V. Ch. Martins. « La quantité de pluie mesurée eu décembre 1864 au Jardin des Plantes de Montpellier par deux pluviomètres, dont l'iui présente un mètre carré de surface, a été tellement extraordinaire, que je crois devoir la signaler à l'Académie. » Après un printemps et un été remarquablement secs, puisque la somme totale de la pluie tombée dans ces deux saisons ne s'est élevée qu'à 201 mil- limètres, l'automne s'annonçait comme devant être peu pluvieux, car la terre ne reçut en septembre que 26 millimètres d'eau; en octobre il en tomba 360 millimètres, en novembre f\i millimètres; en somme, pendant les trois mois d'automne, 428 millimètres. » L'hiver, à Montpellier, est ordinairement une saison sèche; aussi n'est-ce pas sans étonnement que j'assistai, du 10 au \l\ décembre, à des pluies torrentielles amenées par le vent de sud-est, et le i5 par celui de C. R., iSf;5, 1" Semestre. (T. I X, No 2.) 6 ( 4^ ) iior !-ost. La (jiiautifé totale de pluie tombi'e pendant ces six jours a été de 26i luillimètres. En vingt-qualre heures, du i4 au i5, les deux pluviomètres avaient reçu chacun 87 millimètres d'eau. La pluie reprit le 18, et enfin le 27, mais avec moins d'intensité. F,n résumé, si la quantité d'eau tombée du ciel en décembre 1864 était restée à la surface du sol, elle aurait formé une couche de 3ii millimètres d'épaisseur. Ajoulon?, comme point de comp:ir.\ison, qu'à Paris, si l'on additionne les pluies de toute l'anm'e, cette couche n'atteint en moyenne que l'épaisseur de 546 millimètres. » Depuis treize ans que j'observe à Montpellier, le mois de décembre le plus pluvieux avait été celui de i853 où il est tombé 126 millimètres d'eau. Dans le relevé fait par M. Marié-Davy des cinquante-six années d'ob-erva- tions des deux Poitevin père et fds et de Junius C.astelnau comprises de 1 767 à 1 8 1 2 et de 1 835 à r 85o, je ne trouve que les mois de décembre 1 767 ^ 176861 1772 où Poitevin père a noté 322 nullimétres, 32 i millimètres et 329 millimètres, quantités supérieures à celle de 1 864- Dans toutes les autres années, au nombre de soixante six, où la pluie a été mesurée à Montpellier, la quantité est moindre qu'en 1864. Soixante-neuf années d'obseï vation nous donnent 83 millimètres pour la moyenne de pluie du mois de décembre; elle montre que ce mois doit être rangé parmi les mois secs, mais elle ne saurait guider le cultivateur dans ses opérations agricoles à cause des écarts énormes entre lesquels oscille celte quantité, les deux termes extrêmes étant une sécheresse absolue (i836) et 329 millimètres ( 1772). L'écart moyen, calculé pour les soixante-neuf ans, est encore de 67 millimètres. La somme totale des pluies tombées en i86'j, nu Jardin des Plantas de Montpellier, a été de i™,o32. » MÉ^IOIRES PRÉSENTÉS. MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Complément au Mémoire lu le 10 aoiH 1857 sur l'imijulsion transversale et la résistance vive des barres, verges ou j outres élastiques; par M. de Saixt-Vexaxt. (Extrait.) (Commissaires précédemment nommés : MM. Poncelet, Lamé, Bertrand, Hermite.) a Dans le Mémoire sur l'uiipulsion transversale que j'ai lu le 10 août i 857 (t.XLV, p. 2o4), je commençais par reproduire le raisonnement et l'analyse de Navier, complétés par M. Poncelet, sur l'impulsion longitudinale, en sup- posant, avec ces savants, qu'à l'instant du choc de la barre par une masse étrangère, la section transversale heurtée prenait instantanément la vitesse ( 43 ) initiale de cette masse, les autres sections transversales de la barre n'ayant encore aucune vitesse; et je faisais une supposition analogue pour arrivera traiter le cas, non moins important, de l'impulsion transversale. » Puis ensuite, pour partir d'une hypothèse conforme à ce qui se passe en réalité (vu que la niasse heurtante est compressible elle-même), je sup- posais qu'au moment où la vitesse de la section heurtée est devenue égale à celle du centre de gravité de cette masse, une portion très-petite de la barre participait déjà au mouvement, et les sections de cette portion possédaient des vitesses décroissantes, suivant une loi inconnue, depuis la section heur- tée jusqu'à l'extrémilé, non encore ébranlée, de la même petite poition de la barre. » Mais, à ce moment, il est clair que la vitesse de la masse heurtante doit être déjà devenue un peu moindre que sa vitesse d'arrivée, car sa quantité de mouvement a dû se partager avec la petite portion en question. )) Je tiens compte, dans mon Mémoire complémentaire, de cette petite diminution Cela fait évanouir toute difficulté, ou tout doute sur le résultat; car on trouve qu'il y a destruction mutuelle des termes affectés de la première puissance de la longueur très-petite de la portion déjà ébranlée de la barre, et il n'y a plus qu'à effacer son carré, ce qui est permis, pour rendre le résultat indépendant de cette longueur indéterminée, et de la loi inconnue de la distribution de ses vitesses. Ce résultat est absolument le même qu'en sup- posant cette longueur nulle, comme ont fait pour le choc longitudinal Navier et M. Poncelet, dont la supposition, étendue même au choc transversal, doinie ainsi des expressions à l'abri de toute objection. » En iSjy, je ne traitais que le cas: » 1° Où la barre, heurtée transversalement au milieu, avait ses deux extrémités simplement appuyées. » xiujourd'hui j'en)brasse ceux : » 1° D'une barre ou poutre encastrée à ses deux extrémités, et heurtée toujours au milieu. » 3° D'une barre encastrée à une extrémité, et heurtée transversalement à l'autre. » 4° D'une barre libre aux deux extrémités, ou, si l'on veut, suspendue par l'une d'elles à un long fil, et heurtée à l'autre. » Tous ces cas sont résolus par des intégrales en séries de sinus, tant cir- culaires qu'hyperboliques, de la forme m-t ( 4.1 ) » ) représenlant, au bout du temps /, le petit déplacement transversal de la barre, à la distance jc d'une extrémité non beurtée; » T un petit temps égal tantôt '^\/Tr~ËÎ' '^"'"' ^V/tëî' "^ ' *^''P'*^^*'°" duquel P est le poids de la barre; a tantôt la moitié, tantôt la totalité de sa longueur; 1 le moment d'inertie de sa section; E le module d'élasticité longitudinale de sa matière; g la gravité; « y étant une somme relative à toutes les racines réelles et positives;/!, en nombre infini, d'une équation transcendante qui est, en désignant par sih et cob les sinus et cosinus byperboliques, ou en faisant = sui/«, = colim, 2 2 et en nommant Q le poids du corps beurtant : /sinm sih^\ ^ ^ P jg ,er ^^^ (harre appuyée), nin I Q ' m \cos/w coh; j — cosTO coh m m. m . sin m coh m -4- cos m sih m Q sin m coh m — cos m sih m pour le 2" cas (encastrée aux deux bouts), — = - pour le 3* cas (encastrée à un bout), icosm _ cohm\ ^ _^ ,p ^e ^^^ (libre aux deux bouts, l'un beurté) ; \sinTO sih/« / aQ '^ le cas où, libre aux deuxbouts, elle serait heurtée au milieu, rentre dans le premier; » Enfin, X étant une fonction de x et de m, de ces formes : . mx ni.v Sin — sili - — - X = i — pour le i" cas, cos m coh m ' . mx ., mx mx mx sin sih — cos coh — X = — H r-^ ri — — pour le a' cas, cas /« — coh m sin m + sih m . mx ., mx mx mx sin sih — cos coh — X = - - ^-^ pour le y cas, sin »2 + sih m cos m -j- coli m ' ., mx iih — ., pour le 4' cas- sih m * . mx ., mx sin — sih ■ a sin m (45) » Quant aux coefficients C,„, astreints à satisfaire à l'état initial de la barre, dont on peut d'abord supposer généralement que les sections aux distances x étaient animées de vitesses transversales J = ^(x) pour t = o, il faut, pour les déterminer, modifier les procédés connus, car en multi- pliant par Xd.v et intégrant de o à «, tous les termes de la série ne s'annulent pas hors un seul, comme dans les diverses questions traitées par Fourier et Poisson ; ou l'on n'a pas i /•o XX' dx = o, X' étant la valeur de X pour une racine m' différente de la racine m entrant dans X; mais l'on trouve, soit par une intégration directe et longue, soit, bien plus simplement, au moyen d'un raisonnement présenté il y a long- temps par MM. Sturm et Liouville, et, aussi, de considérations dues à M. Poisson, Il m'a donc fallu, pour éliminer tous les termes de la série hois un, com- biner ce qui résulte de l'intégration de l'équation 2'^C,„X = ^(x) multipliée par Xdx\, avec une particularisation de cette même équation pourx =; a, en l'écrivant — UX^ + > — (-„.X,= iK« , où V est relatif à toutes les racines hors w; genre d'artifice que j'ai reconnu ensuite avoir été employé par M. Duhamel dans une autre question [Jour- (46) tialdc iEtole Poljtechnique^ t. XVII ou 29^ cahier). 11 en est résulté ^'rn — * T «^0 f X^dx-h"-S^! où le premier ternie du dénominateur n'est point égal au second, au signe près, et doit être calcnlé pour les diverses expressions de X, car l'expression précédente de / XX'^jr n'est vraie que pour m' diflérpul de m. En particu- larisant <^{jc-) comme on a dit au commencement de cet extrait, l'on a, à cela près d'une quantité d'ordre négligeable, la même chose que si, à l'imi- tation de Navier, l'on faisait ({> (a) =:= la vitesse d'impulsion, et ^(x)nu! pour foute autre valeur de JT que a, ou £ X<\>{.r)cix — o. 1) Il eu résulte que les déplacements tiansversaux sont proportionnels à la vitesse d'impulsion. Mais leurs valeurs varient, du reste, suivant des lois fort compliquées, soit avec le temps t, soit avec la distance x à une extré- mité, à cause de l'influence des divers termes de la série infinie V? dont chacun donne une des diverses vibrations simples qui se composent en- semble. Il On arrive, il est vrai, en se bornant au premier tel me (répondant à la plus petite racine de l'équation transcendante) qui est relatif à la vibra- tion principale ou de premier ordre, à une expression moins composée, qu on peut même développer en série entière susceptible d'être boiiiée à un petit nombre de termes quand la masse de la barre n'est pas plus forte que la masse heurtante; expression qui donne, alors, pour \k\ flcclte totale de flexion, une valeur assez approchée, à laquelle on peut arriver directe- ment par diverses considérations. Mais on n'a point, ainsi, même api roxi- malivcmeiil, les courbures prises par la barre, courbures d'où dépendent les plus grandes dilatations âesfihres et par conséquent les conditions de résis- tance, car ces courbures dépendent, elles-mêmes, plus des vibrations de deuxième et de troisième ordre que des vibrations principales ou de pre- mier ordre. ( 47 ) » Généralement, les séries entières ne peuvent donner, dans les questions de résnlnnce vive des pièces, que des indications erronées, et il faut recourir aux séries transcendantes, comme celles que fournissent les solutions ci- dessus, les seules exactes qui aient été données jusqu'à présent de cas de flexion transversale déterminée par l'arrivée d'une masse étrangère animée fi'vme certaine vitesse. « OPTiQUiî. — Théorèmes sur la réflexion c.ristnlline. Note de 31. A. Conxu, présentée par M. Fizeau. (Commissaires, MM. Chasles, Pouillet, Fizeau.) « J'ai eu riiouneur, il y a deux ans, de présenter à l'Académie un théorème sur la relation qui existe entre les plans de polarisation des rayons incident, réfléchi et réfracté dans les milieux isotropes. » En étendant ces recherches aux milieux cristallisés, j'ai été assez heu- reux pour démêler, dans la complication du phénomène, quelques propo- sitions géométriques qui me semblent jeter un grand jour sur le problème si difficile de la réflexion cristalline. » Je me bornerai aux énoncés principaux. » § I. — Eu appelant avec Mac-Cnilagh, dont nous adoptons les idées, plan polaire d'un rayon polarisé le plan mené par le rayon et par sa vibra- tion, on arrive aux théorèmes suivants qui s'appliquent à la réflexion de la lumière polarisée siu' une surface plane d'un milieu quelconque (on néglige les perturbations qui rendent la polarisation elliptique) . » Théorème I. — Les plans menés normalement aux plans polaires des rayons incident et réfléchi, et passant par ces rayons, se déplacent simultanément de manière que leur droite commune décrive un cane du second degré, [inci- dence et le plan de réflexion restant les mêmes. » C'est ime application à la physique des théories de M. Chasles sur les faisceaux de plans homoyraphiques. » Ce cône a évidemment son sommet au point d'incidence et passe par les rayons incident et réfléchi. » Trois autres génératrices achèvent de le définir : ce sont les normales au polygone des vibrations dans les trois cas où ce polygone est plan, à savoir : quand il se réduit à un triangle par l'extinction de l'un ou l'autre des rayons réfractés; quand la vibration incidente est dans le plan des vibrations réfractées. ( 48 j )» Mac-Cullagh a ilonné des formules très-simples pour calculer ces élé- nienls. » Hemarque I. — Si l'on désigne par a, [j les azimuts des plans polaires jiar rapport an plan d'incidence des rayons incident et réfléchi, leur rela- tion analytique sera tang(a — g') _ ^ tang(p-p') a', |S', k étant des constantes. )i Ou reconnaît aisément fiue a = a', a= «'h — sont les i\e\\\ azimuts rectangulaires du plan polaire incident qui correspondent aux {\en\ azi- muts rectangulaires du plan polaire réfléchi /3=/3', |Sr=jS'4--- » Les trois coefficients se calculent à l'aide du théorème précédent. » Il est inutile d'insister sur l'importance de cette proposition qui, outre sou élégance géométrique, réduit la détermination de l'azimut du plan de polarisation du rayon réfléchi à un calcul élémentaire de Trigonométrie sphérique. » Reinanjue II. — [.es incidences de polarisation complète correspondent au cas particulier où le cône du second degré se réduit à deux plans qui passent respectivement par l'un des rayons incident ou réfléchi. Cette con- dition est nécessaire mais n'est pas suffisante : d y a d'autres cas où le cône se rédint à un système de plans; la iliscussion en est très-simple. » Nous remarquerons seulement que les incidences de polarisation com- plète sont contenues dans les solutions de A =: o. B Les valeurs de a' et |3' représentent les constantes du phénomène connu sous le nom de déviation. » § IL — Si l'on fait varier l'incidence /, /', /"... en même temps qu'on change le milieu extérieur de manière que les indices n,ri\ /?",..., soient liés par la relation les divers rayons incidents correspondent tous aux mêmes rayons réfractés. L'étiide de la variation des cônes du second degré dans ce cas conduit à im théorème fort remarquahle. )i ThiîORÈMIî IL — Les cônes correspondant (lu \- incidences qui donnent les )nénies rnyo>is réfractés se coupent suivant (ptatre w > n' > ',>' > II". » Ce théorème donne une vue d'ensemble sur les phénomènes de pola- risation observés dans la réflexion au milieu des liquides, entre autres des grandes déviations observées pour la première fois par MM. Leebeck et Brewster. Mais ce qui le rend encore plus remarquable, c'est d'être com- plètement indépendant de la surface de l'onde, et par suite de circonscrire les hypothèses dans un cercle plus étroit. » Toutes ces propositions sont déduites géométriquement de la théorie de Mac-Cullagh; l'expérience, au moins pour les derniers résultats, ne leur a pas encore donné sa sanction. Les mesures, en effet, nécessitent une pré- cision extrême et des calculs très-laborieux quand on se sert des appareils ordinaires. » Un appareil spécial destiné à simplifier ces vérifications par l'observa- tion directe des coefficients a, a', k est actuellement en construction. J'espère être bientôt en état de développer dans un Mémoire plus étendu ces recherches théoriques et expérimentales sur la réflexion cristalline. » PHYSIQUE APPLiQi:ÉE. — Sur un nouveau système d' électro-aimant à fil découvert, imaginé par M. Carlier. Note de M. Tu. DuMoxcel. (Commissaires précédemment nommés : MM. Pouillet, Regnault en rem- placement de feu M. Despretz.) « Un électro-aimant dans son principe se compose d'un cylindre de fer recouvert d'une hélice de fil métallique à travers laquelle passe un courant électrique. Jusqu'à présent on a cru qu'il était indispensable, pour obtenir G. R., i865, I" Semestre. (T. LX, N" 2.) 7 (5o) un effet caractérisé, d'isoler les unes des autres les différentes spires de cette hélice, et dans cette conviction on s'est trouvé conduit à recouvrir le fil destiné à la constituer d'une enveloppe isolante, soit en soie, soit en coton, soit en gutta-percha, soit avec un vernis pins ou moins isolant. Plusieurs expériences ayant fait entrevoir à M. Carlier (mécanicien) que cette isola- tion pouvait bien ne pas être aussi utile au développement de la force ma- gnétique qu'on le pensait généralement, il a essayé d'employer pour la construction des hélices magnétisantes du fil métallique complètement dé- pourvu de toute couverture isolante, et il est arrivé à des résultats tellement extraordinaires, que si je n'avais pas par moi-même expérimenté ces sortes d'électro-aimants, je n'aurais jamais cru à leur réalité. En effet, non-seule- ment ces électro aimants ont pu produire tous les effets d'attraction des électro-aimants à hélice isolée, mais ces effets ont été dans plusieurs cir- constances plus que doublés, et ils ont de plus présenté i'inimensc avantage de ne fournir qu'un extra-courant à peine sensible. L'unique condition pour obtenir ces effets est que les différentes couches de spires soient séparées les luiesdes autres par des enveloppes de papier, et que les bobines soient en bois ou en cuivre garni intérieurement d'une couverture isolante. » Les avantages de ce système sont faciles à saisir : d'abord, on réalise une économie considérable dans la fabrication des électro-aimants, puisque toute la couverture en soie dont les fils des hélices sont recouverts est sup- primée. En second lieu, les effets étant beaucoup plus énergiques, on peut employer des organes de plus petites dimensions, ce qui rend plus prompts les effets électro-magnétiques. Enfin, en raison de la suppression de l'extra- couraut, ces électro-aimants ne présentent plus de fortes étincelles aux inter- rupteurs, permettent un mouvement plus prompt des armatures, et peuvent avoir un emploi plus efficace dans les bobines d'induction électro-magné- tiques. Dans les appareils télégraphiques, ils présentent de plus l'avantage de ne pas être détériorés par suite dun foudroiement de la ligne. D Pour qu'on puisse se faire ime idée de la force de ces électro-aimarjts, il me suffira de dire qu'un élecfro-aimant ayant des noyaux de fer de 4 "l centimètres de longueur sur 7 millimètres de diamètre, et ne portant qu'une seule rangée de spires en fil fin de o™'°,2'77 de diamètre, le tout fournissant io3 spires, a pu soutenir, sous l'influence de deux éléments BiiDsen (petit modèle), un poids de 3'''',900, alors que le même électro- aimant recouvert de fil isolé n'a pu soutenir dans les mêmes conditions que 2''", 4oo. Il est vrai qu'en raison du ])lus grand diamètre du fil recou- vert le nombre des spires dans ce dernier cas n'a pu être que de 77. ( 5i ) » Un second électro-aimant ayant des noyaux de 5 ^ centimèlres de lon- gueur sur 8 millimètres de diamètre, portant sur chacune des bobines douze rangées de fil de o""°, 368 de diamètre constituant 98 spires, a pu porter avec urie pile de Danicll de vingt éléments un poids de 940 grammes, alors qu'un pareil électro-aimant avec fil recouvert de soie, placé dans les mêmes conditions, sauf le nombre des spires qui ne se trouvait être que de 78 par rangée, n'.i pu soutenir un poids supérieur à S/jo grammes (1). M Les effets d'attraction à distance ont été encore plus favorables aux éleclro-aimants à fil découvert. A i millimètre d'écarlement de l'armature et avec une pile Daniell de 28 éléments mal chargés, on a obtenu : Pourl'élcclro-aimant Po ur l'cleclro-aimant Avec lin cirruit de à fil découvert. 3 fil recouvert. 0 kilomètre. 33 grammes. 12 grammes. 10 kilomètres. 12 » 3 .. 20 » 4 » 0 » » J'ai cherché à me rendre compte de l'effet électrique produit dans ces sortes d'appareils, et je suis arrivé à des conséquences assez curieuses. » J'ai d'abord reconnu que, conformément à ce qui se passe dans les condixcteurs discontinus réunis par simple contact, tels que limailles mé- talliques, poussières charbonnées, etc., la conductibilité directe établie entre les spires juxtaposées d'un bout à l'autre d'une hélice magnétique est très- réduite, et celle-ci peut en définitive fournir une résistance assez notable, bien que n'ayant aucun isolement. En mesurant à une boussole des sinus de 24 tours l'intensité du courant fourni par un élément de Daniell pas- sant à travers un circuit de 10 kilomètres de résistance (en fil télégraphique de 4 millimètres) et l'électro-aimant à fil découvert dont nous avons parlé précédemment et qui avait 2352 spires, j'ai trouvé pour intensité 26°8'. En procédant de la même manière avec l'électro-aimant semblable portant le fil recouvert, l'intensité s'est trouvée réduite à 18° 35'. Sans l'intermédiaire de l'un ou l'autre de ces électro-aimants l'intensité du courau t était de 3 1 ° i o' . u Ainsi la résistance de l'électro-aimant non isolé a pu faire tomber de 5°2' l'intensité du courant, alors que l'électro-aimant isolé ne l'avait fait tomber que de la^aS'. (i) La longueur totale du fil du premier électro-aimant était 5ç) mètres, soit 984 de fil télégraphique, et le nombre total des spires était 2352. La longueur du fil du second était 47 mètres, soit 784 mètres de fil télégraphique avec 1872 spires. 7- ( 52 ) » J'ai cherché ensuite à reconnaître l'effet produit par une liaison plus (hrecte des spires les unes aux autres, et j'ai pour cela enveloppé un élec- Iro-aimant à fil découvert d'une chemise métallique en papier d'étain ; Tin- tensité électrique s'est trouvée alors bien voisine de celle produite sans l'in- teriiiédiaire de l'élcclro-aimant ; mais l'attraction s'est trouvée réduite dans le rapport de 4 à i pour un électro-aimant à une seule rangée de spires. » Quant au mode de liaison des spires entre elles, il paraît n'avoir qu'une faible influence; ainsi, j'ai coupé le fil d'un électro-aimant à fil découvert à plusieurs endroits dans le corps de l'hélice, en faisant même dépasser les bouts en dehors de la bobine, et 1 attraction restait toujours à peu près la même, quand toutefois les spires étaient serrées les unes contre les autres ; elle s'arrêtait ou devenait moindre quand le contact cessait ou devenait im- parfait entre les tronçons séparés. J'ai également fait communiquer sans in- convénient les deux bobines par l'intermédiaire de la culasse de l'électro- aimant. » Si l'on considère maintenant que, dans les électro-aimants à fil dé- couvert, la surface de contact des spires entre elles représente par le fait une spirale linéaire dont les points sont appelés à fournir des dérivations, on comprend aisément que les flux électriques provoqués par ces dérivations ne peuvent se produire qu'en fournissant une série de courants superposés cir- culant à travers tous les plis de l'hélice métallique, en raison des résistances au passage d'une spire à l'autre. Or, si le courant primitif circulant dans l'hélice se trouve d'un côté affaibli par le fait des dérivations, il se trouve d'un autre côté renforcé par ces courants dérivés superposés, lesquels, en surexcitant la pile, fournissent en définitive un courant beaucoup plus énergique. D'un autre côté, il ne faut pas perdre de vue que le courant direct qui résulte des dérivations, et qui passe à travers les spires dans le sens de l'axe de l'hélice, doit à son tour se dériver à travers celles-ci; et comme il ne se trouve pas alors affaibli par la résistance de l'hélice, il doit contribuer encore à augmenter l'intensité du courant qui parcourt celle-ci. Enfin, comme avec le fil découvert le uombre des spires enroulées est for- cément plus considérable qu'avec le fil recouvert, il doit en résulter en- core une augmentation de force magnétique. Ces considérations doivent suffire, ce me semble, pour rendre compte de la force considérablement plus grande des électro-aimants à fil découvert et de leur affaiblissement immédiat quand on recouvre les rangées de spires d'une enveloppe métal- lique, ou qu'on néglige de séparer les couches de spires les unes des autres par une feuille de papier. D;uis ce dernier cas, en effet, la dérivation devient (53) si peu résistante d'une rangée à l'autre, que le courant passe directement à travers la niasse du fil sans contourner les spires, et le même effet se produit avec l'enveloppe métallique quand elle recouvre les couches de spires dans l'expérience dont nous avons parlé. » Quant à l'absence presque complète des courants induits, elle s'ex- plique facilement dès lors qu'on réfléchit que, l'isolement n'existant plus entre les spires, l'induction ou la condensation ne peut plus se faire. » PHYSIQUE APPLIQUÉE. — Analyse speclrale simplifiée; par M. l'abbé Laborde. (Extrait.) (Commissaires, MM. Fizeau, Faye, Edin. Becquerel.) (( ... En demandant à l'analyse beaucoup moins que ce qu'elle peut donner, j'en ai obtenu tout ce qu'il faut pour reconnaître facilement et promptement la plupart des métaux, et les radicaux d'un grand nombre de sels. Une machine d'induction ordinaire animée par un ou deux couples Bunsen, et un petit spectroscope de poche dans lequel je n'ai consulté que la partie la plus visible du spectre, m'ont suffi pour ces recherches. Je vais décrire les moyens qui, en permettant de se contenter d'aussi faibles res- sources, mettent le procédé à la portée d'un plus grand nombre. » Condensateur variable. — Il se compose d'un carreau fulminant fixé verticalement; l'une des armatures est mobile; à l'aide d'une crémaillère et d'un pignon on peut la faire glisser le long de la surface du verre contre laquelle elle est pressée par des ressorts, jusqu'à ce que son bord inférieur corresponde au bord supérieur de l'autre armature; on peut ainsi aug- menter ou diminuer progressivement les surfaces agissantes. » On n'obtiendrait pas un effet aussi régulier en éloignant et en rappro- chant du verre l'armature mobile, car le condensateur produit presque subitement tout son effet au moment où l'armature s'applique sur le verre. Il est important que cet effet soit progressif, comme on le comprendra par les expériences suivantes. Je suppose que l'étincelle éclate entre deux fils d'argent : le spectroscope y fait voir deux raies principales qui suffisent pour caractériser ce métal; mais incertain sur la place qu'elles occupent, un œil peu exercé ne saura pas y reconnaître l'argent. Si l'on introduit un con- densateur ordinaire dans le courant induit, ces raies deviennent plus écla- tantes; mais en même temps paraissent une foule d'autres raies étrangères à l'argent, tout aussi brillantes, et produites par l'air que l'étincelle traverse. ( 54 ) 11 en résulte une confusion nu milieu de laquelle il est encore plus difficile de distinguer les raies caractéristiques du métal. Si alors on diminue l'éten- due des surfaces agissantes, les raies de l'air deviennent moins nombreuses; elles perdent de leur éclat, et, à un moment donné, au lieu d'être un obstacle, elles deviennent des repères très-précieux. Comme elles occupent invariablement les uiêmes places, et qu'on peut toujoins leiu" donner la même apparence à l'aide du condensateur variable, l'œil qui s'y est habitué s'en sert pour reconnaître promptenieiit et sans hésitation la véritable posi- tion des raies métalliques : cela est d'autant plus facile, que leur éclat dimi- nue moins promptement que celui des raies de l'air. » On a cherché souvent à faire connaître un métal par la couleur de ses raies : c'est un moyen très-incertain, et, au lieu de consulter la couleur, si l'o!) assigne j)arfaitement la position, deux ou trois raies de première visi- bilité suffisent largement pour caractériser un métal. J'emploie cette expres- sion de première visibilité, car dans l'analyse spectrale on peut distinguer pour chaque métal des raies de première, de seconde, de troisième visibilité, de même que dans chaque constellation on reconnaît des étoiles de pre- mière, de seconde, de troisième, etc., grandeur. Les raies de première visi- bilité paraissent ordinairement sans le secours du condensateur, et à mesure que l'on augmente les surfaces condensantes, les raies de seconde, de troi- sième visibilité se présentent successivement; on peut y avoir recours si l'on tient à un contrôle plus sévère. Pour distinguer plus facilement dans la description les raies produites par l'air, je les nommerai, en raison de leur forme un peu estompée, bandes aériennes. J'ai cru devoir fixer leur nombre à six dans la partie la plus visible du spectre de D à F de Fraûnhofer. » On croira peut-être qu'il serait préférable d'avoir à sa disposition un condensateur à armatures fixes, dont les surfaces condensantes essayées d'avance feraient paraître de prime abord les six bandes aériennes; mais je ferai remarquer que l'étincelle a non-seulement une teinte différente, mais encore un pouvoir éclairant bien différent pour chacun des métaux. » Les six bandes aériennes ne paraissent pas toutes à la fois : la deuxième et la cinquième se montrent les premières, et lorsque la troisième plus faible que les autres commence à paraître, on s'en tient là pour fixer la position des raies de première visibilité. La raie D du sodium se voit dans presque toutes les expériences. )) Juxlaposition des spectres. Contrôleur mélalticpie. — Il est souvent important de comparer deux spectres différents en les mettant en regard l'un de l'autre. On a recoiu-s alors à deux sources de lumière différentes, ( 55 ) et tout est disposé de telle sorte, que l'une des deux lumières passe par la moitié supérieure de la fente verticale du spectroscope, et l'autre par la moitié inférieure. J'ai trouvé un moyen plus facile à mettre en pratique; il est fondé sur une observation qui n'aura pas échappé à d'autres physiciens : quand on examine au spectroscope l'étincelle qui éclate entre deux métaux de même nature, on voit leurs raies traverser toute la largeur du spectre; en les observant attentivement, on s'aperçoit qu'elles sont plus brillantes vers les bords du spectre qu'au milieu. Si l'on diminue progressivement la force du courant, le milieu perd son éclat, les raies se disjoignent et n'exis- tent plus que vers les bords : il est alors évident cjue chaque électrode fournit ses raies, et que l'on a sous les yeux deux spectres séparés et paral- lèles. Ces raies, qui, selon la force du courant ou l'étendue du condensateur, n'occupent que le quart, le tiers ou la moitié du spectre, se distinguent par là très-facilement des bandes aériennes qui toujours s'étendent uniformé- ment d'un boi'd à l'autre, et il f;uit généralement s'entourer des conditions qui les fractionnent ainsi pour les étudier à son aise. )> J'ai construit d'après ces données un petit instrument que je nomme conlrôteur métallique, parce qu'il offre le moyen le plus certain de recon- naître la nature d'un métal. Il se compose d'un disque de cuivre sur le con- tour duquel on frxe le plus grand nombre de métaux différents que l'on peut se procurer. Ces métaux doivent être à l'état de fils ou de petits lingots que l'on façonne aisément en aspirant le métal fondu par un petit tube de verre que l'on brise ensuite avec précaution. Ces métaux, placés parallèle- ment aux rayons, dépassent tous de la même longueur le contour du disque, qui présente l'aspect d'une roue dentée dont chaque dent serait formée d'un métal différent. Cette roue placée verticalement est montée sur ini axe qui tourne à frottement, et qui est mis en relation avec l'un des fils induits; l'autre fil se termine par le métal inconnu, que l'on place au-dessous du contrôleur à la distance explosive; un mouvement de crémaillère permet de modifier à volonté cette distance. L'étincelle passant entre les deux mé- taux mis en regard présente dans le spectroscope leurs spectres juxtaposés. On fiit tourner la roue jusqu'à ce que l'on rencontre un métal dont les raies correspondent à celles du métal incoinni ; puis on augmente la surface du condensateur variable : les raies grandissent alors, elles se pénètrent, s'iden- tifient, et, pour connaître le métal cherché, il suffit de lire sur le contrôleur le nom de celui qui lui est opposé. J'ose dire qu'aucun autre procédé n'offre un contrôle aussi certain. » Cet instrument est précieux pour certains alliages : en lui soumettant (56) du laiton, par exemple, on a bientôt reconnu que le cuivre et le zinc sont les métaux qui présentent des raies correspondantes. Il offre aussi un excel- lent moyen d'étude lorsqu'on veut fixer dans sa mémoire la forme des dif- férents spectres : on lui oppose alors un métal dont les raies soient peu sensibles, le platine par exemple, dont le spectre paraît à peu près continu ; on fait passer à plusieurs reprises tous les métaux du contrôleur, et, après quelque temps d'exercice, on peut les rommer sans avoir recours à l'éti- quette. » Certains métaux, comme le fer, le nickel, l'aluminium, exigent un courant plus fort pour montrer leur raies : un moyen très-efficace pour les rendre visibles consiste à mettre un peu d'acide sur une petite lame de verre, l'acide chlorbydrique de préférence ; on secoue le verre pour amincir la couche, et on l'applique sur l'extrémité du métal; cependant il faut en user avec circonspection, car le chlorure est parfois entraîné par l'étincelle sur le métal opposé, qui donne alors pendant quelque temps des raies qui lui sont étrangères. 0 Le pôle négatif produit des raies plus intenses que le pôle positif; il est utile de pouvoir transmettre cet avantage à l'un ou à l'autre métal, et d'avoir un commutateur dans le courant de la pile. » La Note est terminée par l'indication des procédés employés par l'auteur pour soumettre à l'analyse spectrale un certain nombre de sels. THÉRAPEUTIQUE. — Emploi de l'acide jiliëniqiie en médecine. Réclamation de priorité adressée à l'occasion d'une communication récente; par M. Lemaire. (Extrait.) (Commissaires, MINL Andral, Rayer, Jobcrt de Lamballe.) H Dans la séance de l'Académie du 2 janvier i86f, M. le D"' Déclat a communiqué un Mémoire sur l'emploi de l'acide phénique en médecine et en chirurgie.... Pour que l'Académie puisse juger la juste part qui revient à M. Déclat dans cette question, je me bornerai à rappeler les dates de son travail et celles de mes publications sur ce sujet. L'ordre des temps veut que je commence par les miennes. » 8 septembre 1839. — Note à l'Académie de Médecine sur l'emploi du coaltar saponiné dans les plaies gangreneuses et autres de mauvaise nature. ■ Juin 18G0. — Du coaltar saponiné et de ses applications. Ce tra- vail contient près de quatre-vingts observations, recueillies sur l'homme et les animaux, parmi lesquelles se trouvent une quinzaine de cas de ( 57 ) , gangrène où l'action de ce médicament a l'té des plus rem;irquables. J'y rapporte l'analyse de ce médicament et j'étudie comparativement l'action de ses composants pour déterminer auquel il doit les remarquables pro- priétés que j'ai observées. Mes expériences démontrent son mode d'action, et que c'est principalement à l'acide pliénique que ses effets sont dus. 1) 4 mars i86i. — Note communiquée à l'Académie sur les applications de l'acide phéniquo à l'hygiène et à la thérapeutique. Ce travail a été publié tlans les journaux rinslitul et le Cosmos. » Mai et août i86i. — Nouvelles observations sur les applications (\u coaltar saponiiié à la thérapeutique, publiées dans le Moniteur des Sciences médicnles. Ce travail contient vingt-six observations diverses, dont dix de gangrène où les effets de ce médicament ont été des plus remarquables. » 8 octobre i86i. — Depuis la fin de i86o, ayant fait à l'hôpital Saint- Louis, dans celui de M. Bourrel, vétérinaire, et ailleurs, un grand nombre d'expériences avec l'acide phétùque, je commençai dans le Moniteur ries Sciences médicnles la publication d'un long Mémoire sur cet acide. La publi- cation (le ce travail, qui occupe luie large place dans six de ses numéros, a été forcément interrompue parce que ce journal a cessé de paraître. Dans une longue introduction, je donne un résumé des applications importantes que j'ai faites du coaltar, et je dis que le but de ce travail est de rempla- cer cette substance par l'acide phénique pour des motifs que j'y développe. Le dernier numéro est du i6 novembre. « 1 5 octobre 1862. — La publication du travail précédent, qui avait été interrompue parce que le Moniteur des sciences médicales avait cessé de pa- raître, est reprise dans le Moniteur scientifique du D'" Quesneville et achevée pendant l'année suivante. Les expériences nombreuses que j'avais faites v sont rapportées pour démontrer l'action de cet acide sur les végétaux, les animaux, les ferments, les venins, les virus et les miasmes. Un grand nombre d'applications de cet acide sont consignées dans ce Mémoire. » i863. — Je résume toutes mes recherches sur le coaltar et l'acide phé- nique dans un volume de 432 pages. Il est intitulé : De l'acide phénique et de ses (ipjiHcations à l'industrie, ci l'hjijiène, aux sciences anatomiques et ci In thérapeutique. Recherches de M. Déclat. « C'est seulement le 3o novembre 1860 que M. Déclat dit avoir appliqué l'acide phénique pour la premièie fois. 0. R., i865, I" Semesire. (T. LX, N» 2.) ^ ( 58) » i865. — C'est le 2 janvier de cette année que M. Déclat coiiiiiience à ])ublier ses recherches. Son Mémoire ne conlieiit rien que je n'aie pubhé avant lui, si ce n'est une application à un engorgement de la langue. » PATHOLOGIE. — Note sw un cas de scorbut observé chez te Gorille. Note de M. CÉREXGER-FÉRAtJD, présentée par M. Bernard. (Extrait.) (Commissaires précédemment nommés: MM. Rayer, Peligot, Bernard.) « Pendant un voyage que j'ai fait sur les côtes occidentales d'Afrique, j'ai eu l'occasion d'observer un jeune Gorille qui présenta, à un certain moment où nous manquions de vivres frais, les symptômes d'un scorbut bien caractérisé (i). L'animal, qui jusque-là avait été agile et gai, paraissant supporter très-bien la captivité puisqu'il jouissait d'un excellent embonpoint et qu'il était d'un caractère doux et sociable, devint peu à peu triste, dor- meur et paresseux. Il maigrit, son poil devint roide, sec et cassant; sa peau, de couleur naturellement plombée, prit une teinte terne et se desquamma par petites pellicules comme dans le pityriasis. B Les muqueu.ses nasale, labiale et préputiale se décolorèrent, tandis que les gencives devinrent rouges, livides, botu-souflées et présentèrent bientôt des ulcérations pultacées qui s'étendirent et ébranlèrent les dents. J'entrepris de cautériser ces ulcérations avec le nitrate d'argent, avec les acides citrique, chlorhydrique, etc., mais l'amélioration locale, très-diffi- cile à obtenir, ne se manifestait que lentement. Bientôt des hémorragies passives par la bouche et par le nez se firent jour, mettant l'animal dans un état de débilité si grand, qu'on pouvait prévon- qu'il succomberait avant peu. » La coloration de la peau n'a pas permis de constater irrécusablement les pétéchies et les ecchymoses; cependant, à l'aspect plus terreux de cer- taines portions des membres, surtout vers la région poplitée, je suis porté à croire qu'il y avait bien réellement extravasation du sang dans le tissu cellulaire. » L'état général était au plus mal quand nous pijmes nous procurer des légumes frais et des fruits acides ou sucrés. Sous leur influence, comme sous l'action des toniques, le jeune Gorille reprit des forces et revint peu à ( 1) A ce moment l'équipage du navire sur lequel nous étions présentait une véritable épi- démie de scorbut. ( 59) peu à la sauté coiiiplèle jusqu'iui moment où, le navire remontant vers des latitudes plus froides, il succomba à la phthisie si fréquente chez le Singe en captivité. » M. Tellier soumet au jugement de l'Académie une Note sur une nou- velle application du gaz anunoniac. « La possibilité d'emmagasiner la force motrice et de la distribuer dans de bonnes conditions a été, dit l'auteur, l'objet de nombreuses études res- tées jusqu'ici sans succès. Le gaz ammoniac, par ses propriétés spéciales, permet d'atteindre ce but. C'est sur cette application que j'ai l'honneur d'appeler l'attention de l'Académie. » (Renvoi à l'examen des Commissaires nommés pour une conmuniication récente sur le même sujet : MM. Piobert et Combes.) M. Babactt adresse d'Angerville (Seine-et-Oise) un Mémoire sur la pus- tule maligne. « Les médecins des grandes villes, dit M. Babauty, ayant rarement oc- casion d'observer cette maladie, j'ai pensé qu'il était du devoir des prati- ciens qui exercent la médecine dans des contrées où ce fléau sévit habituel- lement, d'apporter le tribut de leur expérience; je suis dans ce cas^ puisque j'habite depuis vingt ans une petite ville située au milieu de la Beauce, dont les immenses plaines sont couvertes de moutons sujets à ces affections charbonneuses qui sont l'origine de la pustule maligne chez l'homme. » (Commissaires, MAI. Velpeau, Rayer.) M. B. ScHXEPP soumet au jugement de l'Académie utie Note ayant pour titre: « La phthisie est une maladie iibiquitaire, mais elle devient rare à cer- taines altitudes ». (Commissaires, MM. Rayer, Bernard, Cloquet.) M. Pons, en adressant une Note sur les fonctions de la rate, annonce que ses recherches sur ce point lui p;iraissent de nature à jeter du jour sur la nature et le traitement du choléra; il demande en conséquence que son travail soit considéré comme pièce de concours pour le prix du legs Bréant. (Renvoi à l'examen de la Section de Médecine, constituée en Commission spéciale pour ce concours.) 8.. ( 6o ) M. Yekdeii, adresse mie Note sur une expérience qui se rattaclie à celle dont il avait fait, au mois de septembre dernier, l'objet d'une précédente communication. Cette Note est renvoyée, comme l'avait été la première, à l'examen de M. Delaunay. CORRESPOiVDAiVCE. M. LE BiBLinniÉcAiRE EX CHEF DU British Mcsecm remercie l'Académie pour l'etivoi de plusieurs volumes de ses publications. La Société des Ahchitectes de Madrid remercie également l'Académie pour un semblable envoi. M. LE Directeur ex chef du Relevé géologique de la Suède adresse, pour la Bibliothèque de l'Institut, les livraisons 6 à i3 de la Carte géologique de ce pays, livraisons dont chacune est accompagnée des renseignements écrits qui s'y rattachent. La Carte elles documents écrits sont publiés par les or- dres et aux frais du Gouvernement. ASTHO^OMIE. — Observation il' une nouvelle comète. Lettre de M. Chacorxac à M. Elie de Beaumont. a J'apprends à l'instant par la voie des journaux que M. Respighi, de Bologne, a découvert une comète dans la constellation de l'Aigle. » Ayant observé la même comète les 19 et i3 du même mois aux envi- rons des étoiles a et â de la constellation d'Antinous, j'ai cru que c'était la comète de MM. Donati et Toussaint qui avait passé à son périhélie le i i oc- tobre dernier. Dépourvu de cartes célestes et de catalogues qui puissent me faire reconnaître les étoiles auxquelles je l'ai comparée ces deux jours, je ne puis vous communiquer ces observations réduites. o Le 19, à 6 heures 3o minutes du soir, elle précédait de 9 secondes eu ascension droite une étoile de 9* à 10" grandeur, située très-près de l'équa- leiu', et |)ar 288 degrés environ d'ascension droite. Sur lUie droite qui passe par les étoiles «et â tl'Antinous, la déclinaison était 7 minutes d'arc plus australe que celle de cette étoile, dont j'espère vous communiquer posté- rieurement la position exacte. » A celte date du 19 décembre, la comète était à l'équatenr même, for- mant un triaiigleéquilatèreavect?d'Aulinoiisetôdu Taureau de Poiiiatowski. ( 6. ) • » r>e 2'3 cléceiiibre elle était devenue centrale, se mouvant sensiblenienl sur un parallèle à l'équaleur. A 5 heures Sa minutes, temps moyen de Lyon, elle avait une même ascension droite qu'une petite étoile de 10*= grandeur, et était plus australe que cette étoile de 6 minutes d'arc. Elle était environ dans le même vertical que /^ d'Antinoiis. Les configurations que j'en ai prises me permettront aux premières belles soirées de reconnaître la position de ces étoiles. » Le 23, le ciel étant d'une grande pureté, il était visible que la comète offrait un rudiment de queue, situé à l'opposé du Soleil, dont l'étendue était de 6 à 7 minutes d'arc. Le noyau était assez lumineux et nettement défini. Elle offrait l'éclat d'une étoile nébuleuse de 8^ grandeur. » ASTRONOMIE. — Sur la forme qu affectent les groupes de tacites solaires; Note de M. Chacornac (i). (I En récapitulant la majeure partie des dessins que j'ai pris des appa- rences qu'ont présentées les taches du Soleil depuis le mois de mars 1849 jusqu'au 20 décembre 1864, je trouve 49^ groupes différents, dont la configuration est ainsi disposée : » Une tache que l'on peut considérer comme centre primitif d'éruption (car dans plusieurs groupes je l'ai vue apparaître la première) précède, dans le sens du mouvement de rotation du Soleil, toutes celles du même groupe. C'est ordinairement celle dont le noyau est le plus grand, le plus noir, le plus actif, et celui qui persiste le plus longtemps de tous ceux des taches de ce groupe. Configurtitian des groupes de tacites solaires tels qu'ils se présentent ordinairement, » Quant à celles-ci, elles sont géné- ralement échelonnées le long des signes . ^'i ^^"^ ^^^ dislocation qui rayonnent du côté à0^..''''^^-*%i--/^''^ Ma^^ oriental de la première tache. Cependant ^A*'^^^--"'^'- -X'P-^j^^Àf'^^- ^"^s sont plus spécialement groupées. ■10 avril 1SÔ2. ,-' ■ ^ elles sont plus spécialement groupées, comme le montrent les figures ci-contre, à l'extrémité orientale de ces lignes, ce qui donne ordinairement au groupe deux (i) M le Secrétaire perpétuel annonce, en présentant cette IN'otc, que ce n'est point celle dont il a parlé dans une précédente séance, mais une nouvellelNoto cpie lui a adressée l'auteur, en dalc du ?. i déceuibre, pour être substituée à la première. ( 6a ) centres principaux d'éruption : l'un dont le noyau est noir, large, offrant des contours assez réguliers et bordé de toute part de sa pénombre; l'autre II novembre i85S. '■*. mr •è^^i^. -'■>/ 27 octobre iS ^■^-: t oujours composé de plusieurs noyaux à formes irrégulieres enveloppés géné- ralement d'une seule et même pé- nombre irrégulière. » L'étendue d'un groupe est ordi- nairement proportionnée aux dimen sions des centres principaux d'érup- tion ; cependant cette remarque n'est pas aussi générale que celles qui vien- nent d'être signalées. >' Rarementun seul groupe dépasse en étendue un ^ du diamètre solaire, ■'3* ' et dans ce cas le centre primitif d'é- ruption offre une large ouverture sombre. I^a plus grande activité de ces centres d'éruption se manifeste peu après la formation du groupe de taches. » Durant une seconde réapparition du groupe, le centre primitif est sou- vent la seule tache qui |)ersiste, n'offrant à sa suite qu'une traînée de facules occupant la place des taches refermées. M II résulte de cette configuration des taches solaires que chaque groupe présente une forme allongée analogue aux chaînes volcaniques terrestres telles que les a décrites M. Léopold de Buch (i), avec cette différence cependant qu'à la surface du Soleil les vapeurs, s'échappant par les lignes de fracture de la croiite du corps central en dissolvant la matière pbotosphérique qui recouvre celui-ci, rendent ces ligues visibles sur toute leur étendue, tandis (]u'à la surface de la Terre les grandes failles sont souvent masquées dans la majeure partie de leur étendue par des terrains déposés postérieurement (i) Les analogies que les confîguralions des taches solaires peuvent |>i'ésenter avec cer- taines configurations orograpliiqiies ne doivent pas faire ])er(lrc de vue l'énorme disjiropor- tion qui existe entre les grandeurs de ces objets. Peu de chaînes volcaniques atteignent 1000 kilomèlres de longueur. Elles sont donc bien loin d'avoir des longueurs égales à j du dia- mètre de la Terre, qui serait d'environ 18000 kilomètres, et bien plus loin encore d'atteindre la grandeur de ^ du diamètre solaire, qui est environ 109 fois plus grande, et égale par conséquent à près de deu.r millions de kilomètres. Les groupes de taches solaires ont des dimensions plus de 2000 fois supérieures à celles des groupes de volcans terrestres, dont elles peuvent rappeler la configuration. É. D. B. ( 63 ) à la formation de celles-ci. Aussi l'étude de cette paiticularité des taches solaires est-elle intéressante pour cette branche de la Géologie. » L'orientation de ces groupes est toujours dirigée à peu près suivant un parallèle à l'équateur solaire. )) Quand deux centres d'éruption sont rapprochés, les lignes de dislo- cation qui les relient sont toujours des diagonales coupant les parallèles a l'équateur solaire sous des angles minimum. » D'après l'ensemble des formes observées sin* ce nombre de groupes, et surtout celles qu'ont présentées les groupes que j'ai vus naître et se déve- lopper sur l'hémisphère visible de l'astre, il semblerait qu'un centre primitif d'éruption déterminerait dans le corps central du Soleil des ruptures de son écorce dont les lignes de dislocation s'étendraient seulement dans le sens opposé au mouvement de rotation de l'astre. A une certaine distance de ce centre initial ces hgnes de fracture en s'entre-croisant donneraient lieu à d'autres centres éruptifs irréguliers et rapprochés les uns des autres. » Dans ces derniers soupiraux par lesquels il se dégage évidemment des vapeurs, on aperçoit presque toujours le corps central du Soleil vivement illuminé par la photosphère, tandis que dans le centre primitif il est diffi- cile de le voir, tellement le noyau de la tache parait obscur. La cavité for- mée en cet endroit du globe solaire apparaît profonde, la distance qui sépare le fond du cratère de la région de la photosphère semble considé- rable. Au contraire, dans les grandes failles situées à l'extrémité orientale du groupe, le corps central semble être en contact avec certaine portion de la photosphère, et c'est à cette dernière circonstance qu'il faut attribuer la croyance que j'avais d'apercevoir des strates nombreuses de cette pho- tosphère se succéder dans les régions inférieures des taches. Ce sont des cristaux photospliériques qui se déposent sur certaines portions protubé- rantes du corps central qui donnent lieu à cette apparence de strates su- perposées. « Le centre primitif d'éruption est ordinairement terminé du côté occi- dental par un contour circulaire, tandis que du côté opposé il se termine en fractures allongées d'où partent une ou plusieurs lignes de rupture. La configuration de ces taches est tout à fait analogue au dessin que M. Henri de la Bêche a donné dans son ouvrage sur les théories géognosliques, à propos (les cratères de soulèvement déterminant des hgnes de dislocation dans l'écorce du globe terrestre. » On trouve encore, dans le Mémoire de M. P. Scrope sur la formation des cônes volcaniques, une figure tout à fait semblable aux formes qu'af- (64 ) feclent ces premières taches d'un groupe: c'est celle du cône ouvert observé par M. Ahicli à la surface d'un courant de lave du Vésuve lors de l'érup- tion de 1834. » La région la plus profonde de la cavité qui forme le noyau de ce genre de tache est souvent correspondante au côté terminé circidairement, tandis que du côté terminé en pointe on aperçoit le corps ceniral plus rapproché de la |)hotosphère, ce qui donne à l'ensemble de sou aspect une certaine ressemblance avec un four. » Lorsque deux groupes de taches sont rapprochés et disposés parallèle- ment entre eux sur des parallèles à l'équateur solaire, des ligues de dislo- cation à formes sinueuses, i).u tant de divers centres d'éruption, les relient l'un à l'autre. Dans ces sortes d'agglomérations de taches, de larges portions du corps central apparaissent souvent à découvert par la dispersion des strates photosphériques comprises entre deux centres actifs d'éruption. » Les deux derniers groupes qui disparaissent aujourd'hui de l'hémi- sphère visible du Soleil ayant offert de pareilles surfaces dénudées du corps central, j'ai pu m'assurer, les i4» i5, 17, 18, 19 décembre, que les princi- pales raies du spectre sont visibles dans la hunière que ce corps réfléchit ou rayonne vers la Terre. » MIÎTÉOROLOGIE. — Sur l'inDerdon diurne et nocturne de la temjjérature jusqu'aux limites de l'atmosphère et sa répartition de lliorizon au zénith. Lettre de M. A. Poey à M. Élie de Beaumonr. « Le but de ce travail est d'établir, par une méthode exacte, le fait de l'inversion diurne et nocturne de la température, depuis la tranche d'air au contact même du sol jusqu'aux couches qui limitent l'atmosphère. La pre- mière recherche approchant de celle-ci, et dont je n'ai eu que plus tard con- naissance, hit faite de 1778 à 1781 par Marc-Âug. Pictet(i), avec des thermo- mètres suspendus; c'est donc à lui que revient la découverte de cet te inversion, toutefois dans les limites de 5 à 5o pieds de hauteur au-dessus du sol. Ensuite Six, Cantorbery, Marcet, Bravais, IjOttin, Rozet, Martins et autres ont véri- fié l'énoncé de Pictet. Au début, je fus fort embarrassé, faute d'un appareil adapté à ce genre d'observations, mais j'eus bientôt l'heureuse idée de faire usage du galvanomètre et de la pile thermo-électricpie. Une nouvelle diffi- cidlé vint cependant me dérouter, c'était que la teuq)éralure variait constam- (1) Essai sur le feu; GcikHc, 1790, |). i-t). (65) iiietit sur chaque parallèle en latitude et en longitude. Je pris alors trois hau- teurs principales et équidistantes vers le pôle nord : l'horizon, 45 de£;rés et le zénith. Mon galvanomètre, construit par un habile artiste, feu M. Gour- gon, est d'une extrême sensibilité, ainsi que la pile thermo-élecirique à double cône de M. Ruhmkorff. Cette pile est montée sur un pied parallac- tique. Voici maintenant les conclusions auxquelles je suis arrivé durant deux années d'observations, de 1862 à 1864 : » i" Dans une journée et une nuit calmes et sereines, l'aiguille du gal- vanomètre se maintient le jour vers les degrés de chaleur, et le soir vers ceux du froid. » 2" Le matin il y a donc inversion de température du froid au chaud, et le soir une seconde inversion en sens contraire du chaud au froid. » 3° Celte inversion n'a lieu aux heures précises du lever et du coucher du soleil que quand le ciel est entièrement découvert, et l'état atmosphé- rique normal. Hors cette condition, l'heure de l'inversion anticipe ou suit l'apparition et la disparition du soleil d'une manière très-variable. » 4° L'inversion s'effectue de proche en proche, d'un parallèle à l'autre, à parlir de l'horizon jusqu'à atteindre le zénith; le matin, c'est la région de l'horizon qui passe la première du froid au chaud, ensuite vient celle située à 45 degrés de latitude, puis celle du zénith; le soir, c'est encore l'horizon qui repasse du chaud au froid, puis 45 degrés et enfin le zénith. )) 5° Avant et après le lever et le coucher du soleil, et antérieurement à l'inversion, il y a un instant d'équilibre génénd dans toute l'étendue du ciel, de Ihorizon jusqu'au zénith, équilibre difficile à saisir par les causes midtiples de {lerturbations locales, principalement dues à la vapeur d'eau eu suspension dans l'atmosphère, aux températiu-es accidentelles, et à l'in- tensilé variable du vent. » G" Après l'établissement définitif de l'inversion, on observe une nou- velle marche régulière de la température, laquelle est toujours plus chaude à l'horizon, moins à 45 degrés et inférieure encore au zénith; sauf toutefois lorsque le soleil à midi atteint ce point ; alors cette région jusqu'aux 45 de- grés est plus chaude que l'horizon. Durant la nuit, la même relation est conservée vers le froid, c'est-à-dire moins froid à l'horizon, plus à 45 de- grés, et plus froid encore au zénith. » 7° Sous ces conditions, plus l'azur du ciel est pur et fortement polarisé, l'air sec, la pression barométrique haute, le vent au nord, et |)lus aussi l'aiguille a une tendance vers le froid, quelle que soit sa position d'équilibre G. R., i8C5, i'=r Scmc5<;e. (T. LX, NOS.} 9 (66) le jour ou la nuit; dans des conditions atmosphériques inverses elle se porte vers la chaleur. » 8° Il y a cependant certaines circonstances qu'il faut savoir saisir : si, le ciel étant pur, par exemple, il survient une espèce de vapeur élastique ou vésiculaire qui le recouvre d'un voile plus ou moins épais, alors l'aiguille oscille du froid au chaud ; mais si un instant après, comme c'est toujours le cas, cette vapeur donne naissance à des cirrus légers et transparents, dans ce cas l'aiguille retourne au froid. » 9° L'estimation des variations de température que les nuages éprouvent d'après la hauteur de la couche qu'ils occupent et leur constitution phy- sique est dés lors parfaitement appréciable comme il suit : les cumulus proprement dits et les cumulo-stratus d'été sont les nuages les plus chauds; viennent ensuite lesfracto-cumulus, excepté lorsqu'ils se montrent après une pluie d'orage, qu'ds sont blanchâtres, très-rapides et à bords déchirés; alors ils participent de la basse température répandue dans l'atmosphère, et ils peuvent être tout aussi froids que les cirrus. Les cirro-cumulus sont ensuite plus froids que les cumulus, et enfin les cirrus encore plus froids. » Le 20 mars 1862, à 2 heures du soir, je fis mie observation très- curieuse : j'assistais à la formation des cirrus, prenant la nature pour ainsi dire sur le fait. Le ciel était parfaitement clair, mais sur différents points, surtout vers l'est, la vapeur élastique se réduisait tout à coup à l'état vésicu- laire et se congelait ensuite en aiguillettes formant un petit cirrus; eh bien, durant cette transformation rapide l'aiguille du galvanomètre me signala trois degrés divers de température : la partie azurée était froide, mais, lors- qu'elle se couvrit de vapeurs vésiculaires, elle fut plus chaude; et enfin, quand cette vapeur se congela, elle redevint bien plus froide que sur l'azur du ciel. » 10° Le maximum de déviation que j'ai observé vers la chaleur ou vers le froid a été de 60 degrés de l'aiguille galvanométrique. Ces observations furent répétées sous des conditions météorologiques très-diverses à la ville et en pleine campagne. La distribution de la température dans le sens de la latitude de l'horizon au zénith paraîtrait suivre une progression arithmé- tique, tandis que dans le sens vertical du sol au zénith la progression serait géométrique. La nébulosiîé du disque solaire et du ciel influe d'une ma- nière prodigieuse sur l'élat thermique des couches inférieures et supé- rieures de l'atmosphère, à tel point que l'on obtient instantanément des dé- viations de leinj)érature considérables. Le passage d'un nuage, par exemple, sur le disque du soleil, la partie du ciel visée étant claire, fiit toujours (67) baisser la feniférature et souvent de 20 à Go degrés. vSi le mi;ige passe de- vant le cône de la pile, la température s'éiève ou s'abaisse suivant la condi- tion des vésicules aqueuses ou congelées qui le constitue. Sous un ciel orageux ou uniCorinément couvert, par une grande humidité ou un ijrouil- iard, rai2;uille demeure à zéro sur toute l'étendue du ciel. » Ces faits prouveraient combien sont oiseux les calculs basés sur des dixièmes, des centièmes, des millièmes de degré. Les lignes isothermes, isochiménes et isollières du globe laissent encore beaucoup à désirer, et il en sera toujours ainsi, malgré le perfectionnement des méthodes et des thermomètres, tant qu'on ne tiendra pas compte non-seulement de la nébu- losité du ciel, mais aussi de celle du disque solaire. C'est à quoi l'on a eu égard à l'observatoire de la Havane. ■» Peut-on admettre pour l'année entière que la température moyenne des jours sereins soit sensibleuient la même que celle des jours nuageux ou couverts? Cette supposition est-elle encore admissible relativement à l'état hvgroscopique de l'atmosphère qui détermine la chaleur sèche ou humide? En est-il de même pour les différentes propriétés des vents? On pourrait facilement concevoir, et les observatious paraissent le démontrer jusqu'à un certain point, ini équilibre, une compensation entre toutes les forces de la nature agissant à l'équateur et aux pôles, mais cet équilibre subsiste-t-il dans le cours d'une année sous tous les parallèles intermédiaires en latitude et en longitude? C'est, à ce qu'il nous semble, ce que l'on ne saurait décider à priori. » Bacon (1) et autres observateurs modernes avaient aussi remarqué l'élé- vation de la température par le passage d'un nuage au zénith, et son abaisse- ment par sa disparition. Pierre Prévost explique ce fait disant que l'air le plus dense des plaines est perméable à la chaleur rayormante, que l'air des régions supérieures de l'atmosphère l'est encore davantage ou plutôt Imnsca- loreiix, mais que l'eau ne l'est pas ni la vapeur vésiculaire; ainsi, les nuages seraient d'après lui opaques pour la chaleur comme pour la lumière (2). On voit donc que dès 1809 Prévost, de même qu'aujoud'hni M. Tyndall (3) attribuait à la vapeur vésiculaire un pouvoir absorbant et rayonnant pour la chaleur bien plus considérable que celui de l'air, et surtout lorsqu'il (1) 1 Noctes illustres stellis, neque illunes, frigidiores sunt noctibus nubilis. » [Syh\ Srlv., cent. IX, S. 866.) (2) Du calorique rayonnant; Paris et Genève, i8of), p. 383. (3) Hcat considcrcd as a mode 0/ motion; Loiiclon, i863, ou la tratluction française de M. l'abbé IMoigno, Paris, 1864. 9- (68) pst sec, opinion que ne partage point M. Magnus (i). C'est surtout à la Havane et sons la zone torride que l'on serait à même de vérifier ce fait dans les conditions les plus favorables à la production naturelle de la va- peur d'eau, là où le soleil élève de 1 Océan des quantités prodigieuses de vapeurs qui vont déborder dans les liantes régions de l'atmosphère de part et d'autre des tropiques jusqu'aux pôles du monde. M. Tyndall soutient que l'air peut être chargé de vapeur d'eau vésiculaire ou ébstique sans que l'azur du ciel en soit altéré et devienne moins pur, de sorte qu'une grande transparence pour la lumière serait parfaitement compatible avec une grande opacité pour la chaleur, et la radiation terrestre serait alors in- terceptée malgré la transparence parfaite de l'air (2). Cependant, dans mes expériences galvanométriques sur la température des hautes régions de l'at- mosphère et dans mes études sur la formation des nuages et la polarisation atmosphérique, je suis arrivé à des conclusions diamétralement opposées. J'ai toujours observé, par exemple, que plus l'air est sec et plus aussi la température est basse, la pression barométrique est plus haute, l'azur du ciel plus intense, la polarisation plus forte, l'atmosphère plus dégagé de nuages. Dans cette condition la première annonce d'un changement de temps ou d'une pluie prochaine est une espèce de voile de vapeur qui re- couvre le ciel, fait mouler le thermomètre et baisser le baromètre, qui ternit l'azur du firmament et affaiblit la polarisation de la lumière. M. Glaisher a observé ce manteau de vapeur dans ses ascensions aérostatiques. » MATHÉMATIQUES. — Sur une propriété des Courbes d'ordre n, à — points doubles. Note de M. Ci-ebsch (deGiessen), présentée par M. Chasies. « Les courbes du degré n, à — points doubles, jouissent d'une pro- priété remarquable qui est une généralisation d'un théorème très-connu sur les courbes du troisième ordre. Ce théorème est dîi à M. Salmon, et il con- siste en ce que le rapport anharmonique des quatre tangentes qu'on peut mener à une courbe du troisième ordre, d'un point de la courbe même, est indépendant de la situation spéciale de ce point sur la courbe. En voici la généralisation que j'ai trouvée. » Toutes les courbes du [n — i)'""" degré qui passent par les — ^ points ( I ) Poggendoijfs Annalcn j)oiir i8(J3 et 1864. (n) Ouvrage elle, p. 3ijo de l'éclition anglaise et 385 de la trauiictioii française. doubles d'une courbe du degré ?i k— points doubles, et par 2n — i points choisis arbitrairement sur la courbe, forment un faisceau du(rt — i)""" ordre. Ce faisceau ne contient que quatre courbes qui ont un contact simple avec la courbe donnée. Menons les tangentes, dans un des points fixes, à ces quatre courbes; alors le rapport anharmonique de ces quatre tangentes sera indépendant de la situation spéciale des an — a points choisis arbi- trairement. » Lorsque n de ces points sont situés sur une droite, les autres 7i — 2 et les points doubles ne déterminent plus qu'un faisceau de l'ordre n — a. Relativement à ce faisceau, le théorème continue de subsister. » Encore le théorème a lieu, lorsque ces n — a points et un des points doubles sont situés sur une droite. Alors les autres points doubles déter- minent un faisceau de l'ordre n. )) Ces théorèmas sont dans une liaison intime avec les applications de la théorie des fonctions abéliennes à la Géométrie, que j'ai publiées dans le LXIIl" volume du journal de M. Borchardt. Pour les courbes dont il s'agit, les fonctions abéliennes se réduisent à des fonctions elliptiques dont le mo- dule est donné par la valeur constante du rapport anharmonique, pendant que les points doubles déterminent les arguments de quelques intégrale;- de troisième espèce, qui deviennent de la seconde espèce lorsque le point double correspondant dégénère en un point de rebroussement. » En partant de ces principes on parvient à généraliser beaucoup les ré- sultats que j'ai donnés dans le volume cité sur les courbes du troisième de- gré, et sur l'interprétation géométrique de la multiplication des intégrales elliptiques. Ailleurs j'en déduirai un grand nombre d'autres résultais nou- veaux. » Les théorèmes énoncés ci-dessus m'ont conduit en même temps à i;i solution générale d'un problème algébrique que M. Aronhold a résolu pour les courbes du troisième ordre. Ce problème consiste en ce que les variables d'une équation homogène /{x,,^^-,^^) = o, qui représente une courbe du degré n à — points doubles, seront représentées en fonc- tions d'un paramètre Z à l'aide des équations lj..r, =(p, yZ, -+- (f', \/Z\, p.Xj = Çj v'Z, + f\ v'Z'o» fi.r^ = Ça v'Zj -(- 93 vZ'3. Dans ces équations, les fondions Z, Z' sont respeclivement du degré k et A' ( />: H- k' =^ 4)> et l*^s fonctions ç, ©' seront respeclivement dn degré — — et Ce problème a une infinité de solutions, dans lesquelles le pro- duit ZZ' est toujours une fonction parfaitement définie du quatrième degré. C'est cette fonction même qui se trouve sous le radical des intégrales ellip- tiques, desquelles dépend la théorie de ces courbes. » GÉOMÉTRIE. — Théorèmes généraux sur les courbes planes alcjébriques. Note de M. Lagi'erre, présentée par M. Chasles. n l. On appelle en généraiyo^er d'une courbe plane un point tel, que deux des tangentes menées de ce point à la coiu'be rencontrent la droite de l'infini aux deux points î et J communs à tous les cercles tracés dans le plan (i). M Soit une courbe plane réelle de degré n et de classe p., et supposons d'abord qu'elle ne |)asse |)as par les points I et J dont je viens de parler. » Par le point I on pourra mener [j. tangentes à la courbe; par le point J passera également un fiiscean de [x tangentes. Les intersections de ces deux faisceaux fourniront les [j? foyers de la courbe; ^a d'entre eux seront réels et suffiront pour déterminer tous les autres. Nous nommerons ces points foyers ordinaires^ ou simplement foyers lorsqu'il n'y aura lieu de craindre aucune ambiguïté. » Si la courbe donnée passe par les points I et .T, soit / le nombre d^s branches de la courbe qui passent par chacun de ces deux points. Les faisceaux do tangentes menées à la courbe par les points 1 et J formeront deux groupes bien distincts. Le premier groupe, composé des tangentes qui touchent la courbe en un point autre que les ombilics, foiunira {[J. — a/) foyers réels ordinaires, entièrement analogues à ceux dont nous avons parlé ci-dessus. L'autre groupe, formé des tangentes ayant leur point (i) Il serait nécessaire, vu l'inipnrtanre de ces points et lenr fréquent usage en Géomé- trie, de leur assigner un nom spécial. On pourrait les appeler nnibitins du plan ; ils jouent en effet, par rapport aux courbes tracées dans le plan, le même rôle que les ombilics situés à l'inlini sur un ellipsoïde par rapport aux courbes tracées sur celte surface. Toutes les sphères ont en commun une courbe plane du second ordre située ù liniini. On pourrait l'appeler courbe ombilicale ou simplement ombilicale. Il est clair que les ombi- lics d'un plan quelconque sont les points d'intersection de ce plan avec l'ombilicale. ( 7M de contact en un des points I et J sur la droite de l'infini, fournira /• foyers réels que l'on doit considérer comme doubles et que nous appellerons foyers singuliers. » Les foyers ordinaires et les foyers singuliers jouent le plus souvent un rôle très-différent dans la Géométrie des courbes planes. Les courbes du quatrième ordre, ayant pour points douljles à rinfiiu les points I et J et étudiées par M. Moutard sous le nom d'anallag matiques du (juatiième ordre, nous offrent un exemple simple de ces deux espèces de foyers et de leur rôle divers. On sait que ces courbes peuvent être considérées de quatre manières différentes comme l'enveloppe de cercles coupant ortliogonale- nieiit u\y cercle directeur fixe et ayant leurs centres sin- une conique. Une auallagmatique a deux foyers singuliers réels, qui sont les deux foyers réels communs aux quatre coniques qui peuvent servir à la desci-iption de la courbe, et seize foyers ordinaires, dont c[uatre réels, situés respectivement quatre par quatre sur les quatre cercles directeurs correspondants aux quatre coniques homofocales déjà mentionnées. » Dans tout ce qui suit nous supposerons essentiellen)ent que les courbes considérées ne passent pas par les points 1 et J, et par conséquent qu'elles n'ont pas de foyers singuliers. » De nos théorèmes généraux, il sera d'ailleurs facile dans chaque cas de défluire les théorèmes particuliers cjui doivent leur être substitués lors- que la courbe a des foyers singuliers. » Pour éviter des répétitions inutiles, dans tous les théorèmes énoncés ci- dessous nous conviendrons de désigner constamment par n et par ^ le degré et la classe des courbes considérées. M n. Soit y (x, j) = o l'équation d'une courbe plane algébrique, et soit M un point de son plan dont les coordonnées soient S, et >j; la valeur de la fonction f {x,j)., quand on y substitue les coordonnées Ç et y; du point M, savoir f (£, vj), ne dépend que de la position du point M par rap- port à la courbe. Elle est nulle pour tous les points de la courbe, qui dans son plan sépare les régions où cette fonction a u!ie valeur positive des ré- gions où elle a luie valeiu' négative. Dans les théorèmes qui suivent, nous ne considérerons que sa valeur absolue. Kous l'appellerons la /Ji«s5«»ce du point M relativement à la courbe, en nous servant d'une dénomination déjà employée par Steiner pour le cercle. » La puissance d'un point n'est jusqu'à présent définie qu'à une con- stante arbitraire près; nous achèverons de la déterminer au moyen du [ire- mier des théorèmes suivants. ( 7- ) » ThéOUÈME I. — Si par un point M, pris dans le plan d'une courbe plane, on mène un cercle quelconque, le produit des distances de ce point aux i n points d' intersection de ce cercle et de la courbe est égal à la puissance du point M j}ar rapj)ort à la courbe, înultipliée par la n''"" puissaïue du rayon. » On peut supposer, dans ce théorème, que le cercle se réduise à une droite quelconcpie passant par le point M et à la droite de l'infini; on obtient ainsi un théorème connu dont on déduit facilement les théorèmes de Newton et deCarnot. Nous n'insisterons pas sur ces faciles déductions, non plus que sur le cas où le point jM se trouve sur la courbe elle-même. » Théorème II. — Si un cercle est tracé dans le plan d'une courbe plane, la demi-somme des angles que font avec une direction fixe arbitraire les i ?i rayons du cercle aboutissant aux points d'intersection, est égale, à un multiple près de t^, à la somme des angles que font les 7i asymptotes avec cette mcmc directioit. » Relativement aux coniques, le théorème précédent se réduit à cette pro- priété bien connue : quand un cercle coupe une conique, les bissectrices des angles formés par les cordes communes sont parallèles aux axes. » Théorème III. — Si par un point M, pris dans le plan d'une courbe, on mène les a ->rn droites qui la coupent sous un anr/le donné V, le jiroduil de toutes les longueurs comprises entre le point M et les pieds de ces droites est égal au pro- duit des distances du point M aux p. foyers réels de la courbe, multiplié par la puissance du point M, le tout divisé par (^2 ah^Y)". I) Le produit considéré devient évidemment minimum, cpiand les droites sont normales à la courbe; en d'autres termes, quand sin V ^ i. )■ On a dans ce cas le théorème suivant : «Théorème IV. — Si par un point M, pris dans le plan d'une courbe, on mène les (p. + n) normales à la courbe, le produit des longueurs comprises entre le po'inl M et les pieds des normales est égal au produit des distances du point M aux u. foyers réels, multiplié par la puissance du point M, le tout divisé par 2". » Lorsque dans le théorèuic III on suppose V = o, on obtient pour le produit des (p. + n) longueurs une ^aleur infinie; ce qui tloit être, car le groupe des droites passant par le point M et rencontrant la courbe sous un angle nul comprend, outre les p. tangentes passant par ce point, les n paral- lèles aux asymptotes. Le produit des tangentes est donné j)ar le théori'iiie suivant : » Théorème V. — Si j)(U' un jmint M, jiris dans le plan d'une courbe, on mène les tangentes à cette courbe, le jtrndnit des lon(iucurs comprises sur les tatigetites entre le point M et les points de contact est égal au produit des distances du jioint M aux [J. foyers réels, multiplié par la j)uissance du point M, le tout divisé ( 73 ^ par 2" el par le produit des distances de ce point aux asymptotes de la courbe. « Des ihéorènips IV et V on déduit la proposition suivante : » Théorème VI. — Si])ar un point M, pris dans le plan d'une courbe, on mène les tangentes et les normales à celte courbe, le produit des longueurs comprises sur les tangentes entre le point M et les points de contact, multiplié par le produit des distances de ce point aux asjniptotes, est égal au produit des longueurs com- prises entre le point M et les pieds des normales. » TllÉonÈMl!; VII. — Par un point M, pris dans le plan d'une couibe plane, menons les [x H- n droites qui la coupent sous un angle donné \. Soient l,, Xj,.--» \ ^ lesangles cpie font ces droites avec un axe fixe arbitraire; soient J,,J^,..., f les angles cpie font avec le même axe les droites joignant le point M aux p. foyers réels, et^„^.,..., Ç,, /es angles de cet axe avec les asymptotes de la courbe. Tous ces angles sont reliés entre eux par la relation suivante, (pii doit être vérifiée à un multiple près de n. 2>-2:?=2:/- jiY. » Remarque. — Le second membre de l'équation précédente ne dépen- dant qne de l'angle V et de la position relative du point M et des foyers de la courbe, la propriété exprimée par cette équation constitue une proi)riété générale des courbes de même classe ayant les mêmes foyers. » Si, dans le théorème précédent, on suppose V — o, les angles des asymptotes avec l'axe fixe disparaissent d'eux-mêmes de la relation donnée ci-dossus, et l'on obtient le théoi'ème suivant : » TllÉOUÈME VIII. — Si par un point M, pris dans le plan d'une courbe, on mène tes tangentes à cette courbe, la somme des angles que font ces tangentes avec une direction fixe arbitraire est égale à la somme des angles que font avec cette même direction les droites joignant le point M auxfojers réels de la courbe. » Remarque. -^ Relativement aux coniques,- cette proposition donne ce théorème bien connu de M. Poncelet : Les tangentes menées d'un point à une conique sont également inclinées sur les droites joignant ce point aux foyers. » La considération des courbes tracées sur la sphère conduit à des théo- rèmes généraux analogues aux théorèmes énoncés dans cette Note relative- ment aux courbes planes. Nous nous contenterons ici de cette mention, sans entrer dans^ de plus longs détails à ce sujet. 1) Lorsqu'une courbe est tangente à la droite de l'infini, elle admet pour C. n., iS65, 1" Semestre. (T. LX, N» 2.) ^O ( 74) loyers les divers points où elle la touche; dans l'application des théorèmes énoncés ci-dessus, il est nécessaire de tenir compte de ces foyers situés à l'infini. )) EMBlîYOGÉNin:. — Recherches sur le dcvcloppcincnt de l'embryon de la poule à des températures relativement basses; par M. C Daueste. « J'ai fait l'année dernière un grand nombre d'expériences pour déter- miner l'influence qu'exerce sur le développement de l'embryon de la poule une température inférieure à celle que l'on considère comme la température normale de l'incubation. Voici les principaux résultats de ces expériences : » 1° La température la plus basse qui ait déterminé la production de l'embryon est la température de 3o degrés centigrades. » 2° Les embryons qui se sont formés sous l'influence d'une température de 3o à 34 degrés se sont développés avec une très-grande lenteur. » 3° Ils ont tous péri de très-bonne heure dans l'intérieur de la coquille, les uns plus tôt, les autres plus tard, mais aucun d'eux n'a pu atteindre l'époque où l'embryon se retourne sur le vitellus. » 4° Beaucoup de ces embryons étaient monstrueux : les uns présen- taient des anomalies de la tête, dans lesquelles j'ai cru reconnaître des cy- clopies en voie de formation; les autres avaient deux cœurs, représentés par deux anses cardiaques situées à droite et à gauche de la tète. Ces deux sortes d'anomalies étaient souvent associées sur le même sujet. » LMBRYOGÉNlE COMPARÉE. — Métamorphoses des Crustacés marins. Deuxième Note de M. Z. Gerbe, présentée par M. .Coste. « L'organisation interne des Phyllosomes étant à peu près inconnue, je mettrai successivement en rehef les particularités les plus remarquables cpie présentent chez eux, et comparativemeiu lorsqu'il y aura lieu, chez les larves des autres Crustacés marins, les appareils digestif, vasculaire et nerveux. » L'appareil digestif des Phyllosomes se compose, comme chez tous les C'.rnstacés, d'ime bouche, d'un œsophage, d'un estomac, d'iui intestin et de glandes spéciales annexées à cet intestin ; mais ces diverses parties n'ont pas ici les dispositions qu'elles affectent chez l'adulte, ni même chez d'autres larves, soit de Macroures, soit de Brachyures. » La bouche, située vers le tiers poslérieiu* et inférieur du bouclier (75 ) côplialiqne, est circonscrite par une languette et im labre bifide et par i\i'n\ mandibules. Deux paires de mâchoires et trois paires de pieds-nuichoires, placées sur deux ligues latérales divergentes, font suite, en arrière, aux pièces qui entourent immédiatement la bouche. Les appendices représentan! la première paire de pieds-niàclioires sont réduits à un tubercule à peine visible et presque confondu avec la base des secondes mâchoires; ceux de la troisième paire au contraire, très-développés et pourvus d'appendices fla- gelliformes, fonctionnent actuellement comme les pieds natatoires (futurs pieds proprement dits), dont ils ont toute l'organisation. » L'œsophage, qui fait suite à la bouche, court, cylindrique, dirigé obli- quement d'arrière en avant, comnuiuique avec l'extrémité antérieure de l'estomac par un ouverture en X, que forme ime lèvre triangulaire mue par deux muscles très-longs et très-grèles, qui vont s'implanter près des pédon- cules oculaires. Cette disposition ne paraît propre qu'aux Phyllosomes : les larves de Crabes, de JVÎaïas, de Porcellanes, de Palésnons, etc., ne m'ont rien offert de semblable. L'œsophage de ces larves, dans le point où il s'abouche à l'estomac, au lieu d'une lèvre mobile, ne présente qu'une sorte d'étranglement, qui se dilate et se réduit sous l'action de muscles circulaires. » Eu outre, dans toutes ces larves, l'estomac touche presque par sa face antérieure aux pédoncules oculaires, comme il le fait chez les individus adultes, et n'occupe qu'un fort petit espace de la région céphalique. Sa forme générale est celle d'une amande : il est donc plus comprimé que globuleux, et présente deux extrémités inégales : ime antérieure, assez large ; une postérieure, plus étroite. Sous ce premier état sa structure est déjà très-compliquée, notamment chez les embryons du Homard, des Porcel- lanes, des Palémons. Ainsi, sa double paroi musculaire et muqueuse est soutenue par plusieurs pièces cartilagineuses d'une transparence extrême. Deux des pièces qui forment ie plancher inférieur, articulées l'une à l'autre, mobiles et saillantes à l'intérieur, sont héri.ssées de soies roides, régulière- ment disposées par rangées, comme les poils d'une brosse. D'autres cils, plus grands, plus flexibles, garnissent, les uns le plafond de l'organe, les autres les appendices pyloriques. Enfin sa cavité peut se décomposer en deux compartiments bien distincts : l'un court, assez étroit, presque cylin- drique, fait immédiatement suite à l'œsophage; l'autre, plus vaste, anfrac- tueux, communique avec l'interstice par une ouverture circulaire, contrac- tile et entourée de languettes pyramidales saillautes et ciliées. Ainsi, sauf la forme et le volume, l'estomac des embryons de la plupart des Bracliyurcs lo.. (76) et lies Macroures est à peu près, quant à sa structure et au lieu qu'il occupe, ce qu'il sera dans l'animal parvenu à son complet développement. » Chez les Pliyllosomes, l'estomac est relativement plus petit, plus allongé, plus comprimé. Au lieu d'être au voisinage des pédoncules ocu- laires, dans la partie antérieure de la tète, il en est au contraire fort éloigné et occupe le tiers postérieur du bouclier céplialiqiie. L'artère médiane ou ophtlialmique est la seule partie qui le sépare de la lame supérieure de ce bouclier; ses faces latérales sont à peu près libres, et sa face inlérienre repose en partie sur l'œsoplinge. Aucun repli, aucun étranglement ne divise sa cavité, et ses parois, formées d'une couclie musculeuse et d'uiie couche muqueuse, ne sont soutenues que par des lames cartilagineuses d'une extrême simplicité. Mais on retrouve dans cet estomac les soies roides qui garnissent les plaques saillantes des Zoés, des jeunes Porcellanes, des jeunes Homards, et les cils vibratiles qui impriment aux molécules organiques dont l'animal se nourrit des mouvements incessants de rotation. On y retrouve aussi les six languettes pyramidales villeuses qui entourent l'ou- verture pvlorique et font saillie dans le tube intestinal. Cette organisation du pylore, à de très- légères différences de forme près, est du reste com- mune à toutes les larves de Décapodes que j'ai étudiées. » Le caractère de simplicité relative que présente l'estomac des Pliyllo- somes se manifeste aussi dans l'intestin. Cet organe, étendu en ligne droite du pylore à l'anus, est grêle, à parois un peu plus épaisses que celles de l'estomac, à peu près partout de même volume et divisé, par un rétrécisse- ment valvulaire, en deux portions distinctes : l'une antérieure, fort longue, représente le duodénum; l'autre postérieure, fort courte, correspond au rectum. Celle-ci se termine par une ouverture anale oblongue, oblique et pourvue de deux, lèvres que meuvent de nombreux et puissants muscles, ayant leiw point d'attache sur les côtés du dernier anneau. » Chez les Brachyuresetchez quelques IMacroures, l'intestin, dès la nais- sance et même pendant l'évolution ovarienne de la larve, présente déjà à la région pylorique et à l'extrémité de la portion duodénale de petites am- poules creuses que le développement convertira en ces longs appendices membraneux, annexés au tube intestinal des adultes. Les Pliyllosomes n'offrent rien de semblable, et le foie est le seul organe de sécrétion de l'appareil digestif. » Dans les larves dont l'évolution n'est pas très-avancée, cet organe consiste en deux cœcums simples et courts qui naissent de la région pylo- ( 77 ) rique de l'intestin, dans le point où s'ouvre le doid^le conduit vitel laire de la vésicule ombilicale, et se portent, chacun de leur côlé, sur les parties latérales et antérieures du bouclier céplialic]ue. Par ie progrès du développement, ces cœcums, d'abord simples, ne tardent pas à se bifur- cjuer vers le souunet, et les deux canaux qui résultent de ce travail s'en- gagent parallèlement entre les lames du bouclier antérieur. Le canal interne, à mesure qu'il grandit, se ddate en forme de massue; le canal externe devient le siège de modifications plus profondes. Bientôt, en effet, du bord extérieur surgit une série de cœcums secondaires qui, en s'allon- geant, se divisent et se subdivisent à leur tour, et dont l'ensemble finit par représenter une double palme creuse à troncs légèrement flexueux, comme les branches d'une lyre. » Telle est, au moment de l'éclosion, la disposition qu'affecte le foie des Langoustes, et telle est aussi l'origine des nombreux lobules dont l'agglo- méi ation constitue l'appareil biliaire des individus parfaits. Quant à l'orga- nisation de ce foie primitif, elle paraît des plus simples : les parois des nonjbreux tubes qui le composent sont minces, transparentes, formées de deux couches analogues à celles de l'intestin, et ont, comme elles, la pro- priété de se contracter et de se dilater en totalité ou en partie. » Le foie des larves des autres Crustacés, s'il n'offre pas la même dispo- sition, n'en a pas moins la même origine et la même organisation, et je l'ai vu, chez toutes les es|)èces dont j'ai pu suivre les métamorphoses, passer alter- nativement d'une dilatation extrême à une extrême contraction. Les Mysis et les Porcellaues sont surtout remarquables sous ce rapport. o Le foie est doue manifestement ici un diverticulum, un appendice du tube intestinal, et ces deux organes ont entre eux à ce moment des com- munications si larges, que les molécules nutritives versées par la vésicule ombilicale dans la cavité intestinale passent librement de celte cavité dans les futurs conduits biliaires, et réciproquement de ceux-ci dans l'intestin lorsque les contractions de l'un ou l'autre organe s'exercent sur elles. » Il est difficile de dire si à ce degré d'organisation le foie verse déjà dans l'intestin des produits de sécrétion. Si ces produits existent soit dans les cœcums de la glande, soit dans le tube intestinal, ils sont si peu abondants et tellement incolores, qu'il est impossible de les apprécier. » ( 78) PFIYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Rapports des vaisseaux du latex avec le système fibro-vasciilaire . Ouvertures entre les taticifères et les fibres ligneuses ou les vaisseaux. Note de 31. A. TnÉcfL, présenlée par M. Decaisiie. « En 1857, j'ai annoncé, d'une part, qu'il peut exister naturellement du latex dans les vaisseaux ponctués, rayés, etc., des plantes lactescentes; d'autre part, que plusieurs de ces plantes offrent des points de contact entre les laticiferes et les vaisseaux du corps ligneux. En établissant cette comparaison, je n'eus point l'idée de faire croire à une identité anatomique et physiologique parfaite entre les organes des animaux et ceux des végétaux, .l'avais espéré par ces recherches de ramener sur les laticiferes l'attention des botanistes. Ce but fut atteint, puisque l'Académie des Sciences de Pans et la Société royale des Sciences de Harlem jugèrent à propos de mettre cette question au concours. Des deux qui répondirent à l'appel de l'Aca- démie, l'im (M. Dippel) affirma qu'il n'existe aucun rapport entre les latici- feres et les vaisseaux du corps ligneux, l'autre (M. Hanstein) répondit que dans quelques végétaux rares il y a exceptionnellement des points de .contact entre ces deux sortes d'organes. Pourtant, dès 1860, j'en avais mul- tiplié les exemples. Ils sont de nalure à démontrer que ces pomts de con- tact ne sont ni exceptionnels, ni accidentels, puisque dans le Vasconcella (juercifolia, par exemple, les laticiferes sont tellement mêlés aux vaisseaux ponctués, cpie ceux-ci en sont quelquefois pour ainsi dire enlacés. Dans quelques Euphorbes, ils décrivent aussi parfois des sinuosités, en suivant un plan radial à travers le bois. » Depuis cette époque, le nombre de mes observations s'est encore accru. Les Apocynées, dans le Beaumoidia (jrandiflora, m'en ont donné un bel exemple. On trouve fréquemment dans l'écorce interne de cette plante, comme dans celle des Figuiers, etc., des laticiferes verticaux émettant laté- ralement des branches qui pénètrent dans le corps ligneux, et qui le tra- versent tout à fait à la faveur des rayons médullaires, côtovant ainsi les éléments du bois sur toute l'épaisseur de celui-ci. Arrivées dans la moelle, ces branches s'anastomosent avec les vaisseaux du latex de cette partie du végétal. J'ai même dessiné un lalicifère qui, abandonnant le rayon médul- laire, se jetait de côté dans le corps ligneux, où il prenait une direction verticale. » Les Euphorbes charnus [Euphorbia (jlobosa, hciicothcle, dendroides, ne- ( 79 ) riifolia, capul Medusœ, cœnilescens), et les Dorslenia ceralosanthes et ramosu m'ont aussi fourni de beaux exemples de laticifères passant de l'écorce dans la moelle, en traversant les faisceaux fibro-vasculaires ou les rayons médul- laires. Mais les observations les plus intéressantes m'ont été données par les Lobéliacées. Dans certains Lobelia, je n'ai trouvé que très-rarement le bois traversé par les laticifères. J'ai observé beauconp plus souvent ce phéno- mène dans les Lobelia syphililica et laxiflora. Dans les Tiipa satlcijolia, Feiiillei, Ghiesbregldii, dans VIsoloma longijlora, le Ctnttopogon suiinamensis, les Siphocampylus inanelliœflonts, microsloma, etc., il est très-frécpient. » Chez les plantes de cette famille, les laticifères sont extrêmement nom- breux dans l'écorce interne, près de la couche génératrice. Ils forment là nn très-beau réseau à mailles plus ou moins longues, souvent très courtes et toujours fort étroites. Il y a même parfois trois ou quatre laticifères à côté les uns des autres, tout à fait contigus, et ils communiquent entre eux si fréquemment, que leurs anastomoses peuvent occuper plus de place que les cloisons de séparation. De ce réseau interne partent des ramifications qui se répandent d'un côté dans l'écorce, de l'autre dans le corps ligneux. Celles qui vont dans l'écorce s'y étendent dans toutes les directions et s'y anastomosent ou non les unes avec les autres. Il y en a au contact même de l'épiderme. Tantôt elles sont couchées sur la face interne de celui-ci, tantôt elles y appliquent seuleaient leur extrémité. Dans le Siphocampylus maniel- tœjlorus, cette extrémité pénètre même l'épiderme et parvient jusqu'à la sur- face. Là elle simule une petite bouche arrondie ou elliptique, ou bien le laticifère se prolonge plus ou moins, couché à la limite externe des cellules. D'autres fois, abandonnant la surface de l'épiderme, il s'élève un peu, sous la forme d'une papille ou d'un poil très-court, ordinairement incliné. » Les branches que le réseau des laticifères envoie dans le bois peuvent suivre les rayons médullaires; mais, dans beaucoup de cas, elles sont en contact seulement avec les fibres ligueuses et les vaisseaux. Ces branches sont quelquefois très-rapprochées. De ïlsoloma loncjiflora j'ai obtenu une coupe radiale qui présentait onze de ces laticifères sur un espace qui n'avait qu'environ \ de millimètre. Partant de l'écorce, aucun d'eux n'at- teignait la moelle, et tous étaient anastomosés dans le corps ligneux. Les trois plus longues branches aboutissaient à un vaisseau ponctué. » Chez ces Lobéliacées se retrouvent des exemples nombreux d'un phé- nomène que j'ai déjà décrit en 18G0. Je veux parler de l'inclinaison des éléments du bois à la surface des laticifères. Certaiiies fibres ligneuses y ( 8o ) sont même quelquefois couchées sur une partie de leur longueur. J'ai figuré des vaisseaux ponctués et des vaisseaux spiraux, qui, à l'arrivée de ces iati- cifères dans la moelle, se courbent avec eux au point de former un véri- table crociiet [Tiipn Gliies' reglitii). Dans tous les cas, la pointe des cellules ou dfs fibres infléchies est tournée vers la moelle, comme s'il résidait dans les laticifères une force qui attirât dans cette direction les fibres ligneuses, les vaisseaux ou les cellules des rayons tnédullaires. » Tous ces exemples prouvent que ces points de contact ne sont pas excej)tionnels, et les derniers faits tendent à démontrer qu'il existe des rap- ports physiologiques entre ces laticifères et les éléments Cbro-vasculaires du bois. » Voici maintenant un autre ordre de phénomènes qui achèvera cette démonstration. Dans plusieurs Lobéliacées, je n'ai pas observé seulement des points de contact entre ces divers organes; j'ai trouvé aussi de véritables ouvertures qui établissent des communications directes entre les laticifères et les fibres ligneuses ou les vaisseaux. Ces ouvertures seront très-facile- ment aperçues dans le Centropoijon siirinamensis. Je conserve des prépara- tions de cette plante, dans lesquelles on voit un grand nombre de ces ou- vertures. Entre les fibres ligneuses et les laticifères on les observe surtout quand les fibres viennent aboutir par une de leurs extrémités à la surface du vaisseau du latex. Alors, l'épaisse membrane des fibres ligneuses est traversée par des pertuis plus ou moins larges, qui font communiquer di- rectement la cavité de ces fibres avec la cavité du hiticifère. Aucune mem- brane obturatrice n'est visible du côté de ce vaisseau du latex. Les mêmes préparations font voir de telles ouvertures qui constituent de véritables fentes allongées suivant l'axe du laticifère. Elles se montrent principalement quand les cellules fibreuses ou vasculaires du bois sont appliquées par le côté contre le lalicifière, au lieu de l'être par une de leurs extrémités. » Un autre exemple, que je conserve aussi, obtenu du Lohclia laxiflora, tire une grande importance d'un accident de la préparation. Un vaisseau à larges ponctuations était en contact avec un laticifère. La coupe enleva la partie de ce vaisseau contiguë à ce laticifère, laissant ce dernier tout à fait intact et dénudé. Eh bien, six larges [)ores, en tout semblables à ceux du vaisseau jionctué, existent dans la membrane du laticifère. Celui-ci présente encore beaucoup d'autres perforations qui le font communiquer avec la cavité des fibres ligneuses. Quelques-unes de ces perforations sont incom- plètes, et à cause de cela elles méritent la plus grande considération, parce ( 8i ) que le perlais est ouvert du côté du laticifere, tandis qu'il est fermé du côté de la fibre ligneuse. Il est impossible dans ce cas, même à l'esprit le plus prévenu, de ne pas reconnaître la vérité. Au reste, quand même la mem- brane du laticifere serait toujours intacte (ce qui n'est pas) vis-à-vis des per- forations des fibres ligneuses et des vaisseaux du bois, l'existence de ces perforations ne serait-elle pas suffisante pour attester les rapports physio- logiques des laticifères et des éléments du corps ligneux? » De semblables rapports paraissent exister aussi pour certains canaux à suc laiteux dépourvus de membrane propre, tels qu'en possèdent un grand nombre de plantes. C'est, du moins, ce que porte à croire l'observation suivante. Connue celles de beaucoup de Guttiféres, la i'euiWe du Cnlophyl- luni Calaba a les nervures secondaires très-nombreuses, très-rapprochées les unes des autres, et non saillantes. Vers le milieu de l'intervalle paren- chyiuateux qui sépare deux nervures est un large canal à suc laiteux, bordé de cellides étroites et oblongues, suivant la structure ordinaire à ces ca- naux ; mais il y a en outre, de chaque côté de chacun de ces laticifères, dans toute leur longueur, un faisceau trachéen qui s'étale même quelquefois sur une grande partie de leur pourtour. Ce faisceau, composé d'éléments dé- roidables, est relié de distance eu distance avec les nervures secondaires, par des fascicules de trachées semblables, qui peuvent envoyer aussi des ramifications pour s'unir les uns aux autres. Cette structure frappe tout d'abord par sa singularité; mais elle mérite encore considération par cela que bon nombre de ces trachées sont pleines d'une matière brune qui rap- pelle le latex vu sous le microscope. Il y aurait à décider si cette substance est empruntée au latex, ou si elle lui est apportée. Si elle est prise au latex, elle a subi déjà une élaboration dans ces vaisseaux spiraux, attendu qu'elle n'est pas aussi soluble que lui dans l'alcool. » Voilà assurément un fait bien digne des méditations des physiologistes. Quand même il serait isolé, il n'en est pas moins évident que les vaisseaux ainsi disposés sur les côtés de ces canaux à suc laiteux établissent une rela- tion intime entie ceux-ci et le système fibro-vasculaire. Si cette disposition est un cas particulier, là où elle manque, ne sei'ait-il |)as possible que la connexion entre les deux systènu's frit effectuée par un moyen qui nous échappe? » Quoi qu'il en soit, cette observation dénote un nouveau degré de res- semblance entre les canaux à suc laileux sa»is membrane propre et les lati- cifères qui eu sont pourvus. Elle vient, par conséquent, appuyer l'opinion C, R., i865, i" Se/nMirc. (T. LX, N» 2) II ( 8. ) que j'ai émise en 1862 (voir l'Instilul, i3 août), que c'est à tort que la plu- part des anatoniistes modernes considèrent ces deux sortes de canaux comme des organes de nature tout à fait différente. » PFtYSlOLOGiE. — Expériences propres à faire connaître le moment oii Jonc- lionne la raie. Note de MM. A. Esron et C. Saixtpif.rre , présentée par M. Bernard. « Depuis les belles recherches de M. Cl. Bernard, les physiologistes sa\eut que le fonctionnement des glandes coïncide avec une accélération du cours du sang. Poursuivant nos recherches sur les gaz du sang, nous avons pensé que la rutilance et l'oxygénation du sang veineux pouvaient nous guider pour la détermination de l'instant où fonctionnent certaines glandes dont la physiologie est encore obscure. C'est d'après ce principe que nous avons entrepris, au sujet de la rate, les expériences suivantes. » Nos expériences ont été faites d'après la méthode de M. Cl. Ber- nard, en déplaçant les gaz du sang par l'oxyde de carbone. Nous avons employé des canidés en T pour éviter la stase sanguine, avec les précau- tions que nous avons signalées dans nn travail antérieur (voir Journal de Physioîogie,']\n\\e\. i864). Nous nous sommes toujours servis de notre nou- vel appareil à doser les gaz du sang, dont nous avons donné la description dans une précédente Note. Nos résultats sont corrigés de la température et de la pression. » Les expériences consignées dans notre Mémoire ont porté succes- sivement sur le sang artériel et sur le sang veineux de la rate, chez des chiens tantôt en digestion, tantôt à jeun, et nous sommes arrivés à ce ré- sultat que, tandis que la quantité d'oxygène contenue dans le sang artériel splénique est sensiblement constante, la quantité d'oxygène contenu dans le sang veineux splénique varie du simple au double. « INous avons même réussi à varier l'expérience sur nn même ani- mal, c'est-à-dire que, après avoir trouvé 11,69 d'oxygène dans le sang de la veine splénique d'un chien à jeun depuis vingt heures, nous avons in- jecté du lait dans l'estomac. Aussitôt après l'injection, nous avons constaté, outre les modifications de volume, de couleur et de consistance de la rate, (pie le sang de la veine splénique ne contenait plus que 7,26 d'oxygène. ( 83 •) Quantités d'oxygfjic trouvées clans le sang des vaisseau.t- spléniques. EXPÉRIENCES. SANG ARTÉRIEL. SANG VEINEUX. OBSERVATIONS. EN DIUESTIOS. A JEUN. 1 2 3 4 5.. G 14,70 l3,20 l5,24 6,66 4,74 11,90 II ,00 11,69 Eli (]ii;estion. Moyennes. . i4,38 5,70 11,53 I- Des recherches consignées dans notre Mémoire, nous couchions : » 1° Les .principes posés par i\l. Cl. Bernard sur k^s quaUlés différentes du .sang veineux des glandes, à l'état de fonctionnement ou de repos, peu- vent servir à déterminer l'instant où fonctionnent les glandes dont la phy- siologie est encore à faire. " a° Nous avons vu dans nos expériences les quantités d'oxygène con- tenues dans le sang veineux de la rate augmenter du simple au douhie pen- dant l'abstinence. » Nous concluons donc que la rate fonctionne en alternant avec l'es- tomac. « ANCIENNES RACES d'europe. — Instruments en pierre. Haehes en néphrite de la Suisse. Note de M. Gabriel de Mortillet, présentée parM. de Quatrefages. « Parmi les nombreux instruments de pierre qu'on recueille dans les stations lacustres de la Suisse, on en rencontre quelques-uns, fort rares, qui sont formés d'une pierre très-tenace, très-dure, rayant le verre, pre- nant un beau poli et un tranchant très-vif, de couleur gris cendré avec des teintes opalines et nuageuses, translucide sur les bords minces des tran- chants. On a donné à cette pierre le nom de néphrite, la comparant à la néphrite d'Orient, et comme on ne connaissait pas son gisement en Suisse, on a généralement admis qu'elle était le produit d'un commerce lointain. » J'ai étudié avec soin cette pierre. Je viens de faire un voyage en Suisse dans ce seul but. J'ai vu de ces prétendues néphrites orientales dans les M .. . ( 84 ) belles collections de MM. Desor à Neuchâtel, le colonel Schwab à Bieniie, le D'' Uhlmann à Mùiichenbuchsée, et Troyon à Lausanne. J'ai recoiimi que ces néphrites n'étaient que des fragments de petites veines siliceuses qui se trouvent d;uis les serpentines. Lorsque je rédigeais ma Minéralocjie et Géologie de la Savoie, j'ai pu constater l'existence de ces veines dans le massif serpentineux de la haute I\îaurienne, entre lîessans et Bonneval. On a ouvert une carrière dans ce massif, près du hameau de Villaron, pour extraire des blocs destinés à la marbrerie; mais ce commencement d'exploi- tation, repris par deux fois, n'a jamais eu de suite, les blocs se trouvant fréquemment traversés en divers sens par des veines de serpentine noble trop tendre, qui rend les plaques cassantes, ou par des veines de ce quartz laiteux, cendré, talqueux, trop dur, ce qui use les scies et renchérit par trop le polissage. » Chez M. le D' Uhlmann j'ai pu m'assurer que la néphrite suisse n'était bien que des veines quartzeuses des serpentines. J'ai vu dans sa collection une hache en néphrite cassée ; on reconnaît très-bien à l'intérieur des parcelles talqueuses, et le toucher est savonneux comme celui des roches serpenliiieuses. La même collection contient un autre échantillon encore plus concluant, c'est une hache intacte presque entièrement en prétendue néphrite, sauf un des côtés où il est resté une petite portion de la salbande serpentineuse de la veine. Seulement, cette serpentine, aussi très-imprégnée de silice, est également très-dure. » Ces veines gris cendré, opalines, doivent se trouver dans les serpentines du Valais, car les instruments qui en sont fabriqués se rencontrent dans la région de l'ancien glacier du Rhône qui, comme on le sait, s'étendait jusque près de Berne. » A Robenhausen, près de Zurich, dans la région du glacier du Rhin, on trouve aussi des haches dites en néphrite. Sur ce point la prétendue néphrite est plus verte, plus savonneuse : c'est tout simplement de la ser- pentine fortement imprégnée de silice, comme j'ai pu m'en assurer à Genève dans la série de haches en pierre que M. le professeur Vogt a réunie au cabinet de géologie. 1) Les serpentines de l'Apennin contiennent égalemeni de ces quartz cendrés, talqueux, qui ont été recherches par les populations de l'âge de la pierre. Au musée de Florence existe une hache de ce quartz, trouvée par M. le professeur Cocchi dans la vallée de la Magra. » Dans la vallée du Réno (Bolonais) en amont de Porretta, sur la rive droite de la rivière, on voit un petit massif de serpentine qui ne saurait laisser aucun doute au sujet de ces veines ou petits filons de quartz. Là les ( 85 ) fentes n'ont pas été entièrement remplies par la matière siliceuse, de sorte <]|iril y a eu cristallisation, et l'on trouve de fort jolis cristaux de quartz très-réguliers, bien entiers, bipyrauiidés, qui sont pourtant tout nébuleux et gris verdàtre, par suite de l'empâtement de particules talqueuses. C'est évidemment l'état de cristallisation de la prétendue néphiite suisse. » ANCIENNES liACES d'europe. — Habitants des cavernes et des cités lacustres. Instruments divers. Note de M. Ïjiov, présentée par M. de Quatrefages. « Dans la province de Viceuce (Vénétie), je viens de découvrir les vestiges de ces peuplades autochthones qui peuplaient l'Europe sauvage avant les immigrations des Aryas. Dans la caverne de Lumignano, ayant fait balayer et ôter à coups de pic les stalagmites et la brèche rougeâtre, à lo pieds de profondeur, je trouvai des flèches en silex très-ressemblantes à celles des cavernes du Périgord, des débris de poterie très-grossière, un os perforé comme une aiguille, un petit objet rond perforé en terre glaise. Dans une grotte très-voisine, à la même profondeur, on rencontra des dents, des mâchoires et des ossements du grand Ours fossile, péle-mèle avec des débris de silex travaillé; les os longs sont ordinairement fendus. » J'ai exploré aussi avec succès le lac deXrinon, où se trouvent les restes d'un de ces grands villages de l'âge de la pierre qu'on nomme Steinbergs. Les habitations, si on observe la direction des pieux, devaient être de forme arrondie, longues de 4 i mètres, larges de 3 | mètres ; on voit dans le fond des ais grossièrement taillés et des amas de fougères {Pteris acjuilina) qui probablement composaient les parois des cabanes. Les pieux n'ont pas de pointe; ils sont gros de aS à 3o centimètres. Dans le sédiment archéolo- gique on ne trouve aucune trace de métaux, mais des armes, des outils et des objets d'ornement en silex et en os. » Les flèches sont grossières, ressemblant à celles du Férigord et de Lumi- gnano ; très-communs sont les petits couteaux, les grattoirs, les poinçons, les aiguilles, les pierres de fronde, les marteaux, les casse-tètes. On voit des andouillers de Cerf avec la pointe acérée et un trou large d'un doigt dans l'extrémité plus grosse; on voit de petits cailloux aplatis et perforés, des fusées de terre glaise, et une plaque d'argile avec un dessin qui aurait quelque analogie avec la figure d'un phallus. Très-riche et variée est la col- lection que j'ai pu faire de poteries tres-grossiéres, mais à formes singu- lières et curieuses. J'en publierai bientôt la description et les dessins dans les Mémoires de l'Institut de Fenise. » La pomone du vUlage lacustre n'est composée que de noisettes, glands (86) et Cornm mai,; la iaune : Sus scroja férus, deux autres variétés de Sus, Bos urus, Ccrvus claphus^ Cervus capreolus, Cauis vulpes, Emys lutaria. Les os à cavité médullaire sont tous Tendus. J'ai trouvé aussi les débris d'une pirogue composée d'un tronc de Quenus roliui: >i liemarques de M. de Qitatrefages à r occasion de celle commutiicalion. « M. de Quatrefages fait remarquer l'intérêt croissant qui s'attache aux découvertes de plus en plus nombreuses faites en Italie de vestiges des popu- lations primitives de l'Europe. La présence de l'Ours fossile au milieu des restes de l'industrie humaine lui semble appeler un nouvel examen. La nature de la faune, et quelques détails qu'a bien voulu lui communiquer M. de Mortillet, paraissent justifier des doutes sérieux sur la contempora- néité de cet Ours et des populations humaines dont on a retrouvé la trace. M. de Quatrefages appelle aussi l'attention sur la multiplicité des formes se rattachant au genre Sus. Il ne pense pas qu'il s'agisse ici de véritables espèces, mais bien de races. L'idée de race, jusqu'ici trop étrangère à la paléontologie, doit, paraît-il, être prise en très-grande considération, surtout quand il s'a- git d'animaux ayant vécu à côté de l'homme, et plus ou moins domestiqués.» M. Zaliwski adresse une nouvelle démonstration du théorème du carré de r hypoténuse. « Comlruclion. — On 'prolonge un des côtés de l'angle droit d'une quantité égale à l'autre côté; on construit sur cette ligne un carré, et à chaque angle on fait un triangle égal au triangle proposé, soit (juatre triangles égaux, et de plus ainsi un carré sur l'hypoténuse. ^ » Démonslralion. — Un des côtés du grand carré étant la somme de deux lignes, on a CD' = cl' -r ÂD + 2 CA X AD. Or, les rectangles 2 CA X AD sont évidemment formés par les quatre triangles pris deux à deux. Le carré AFGB, étant alors le reste du carré total, con- tient forcément les deux autres parties CA -+- AD ; en remplaçant AD par son égal CB, on a, ce qu'il fallait démontrer, le carré construit sur l'IiNpo- té.nuse égal à la somme des carrés construits sur les deux autres côtés. » M. IIeichexbach prie l'Académie de vouloir bien hâter le travail de la Commission à l'examen de laquelle a été renvoyée sa Note ayant pour titre : { 87 ) '< Un chapitre de la morphologie de la Terre », et une deuxième Note qui lait suite à celle-ci. (Renvoi aux Commissaires désignés dans la séance du i i avril dernier : MM. d'Archiac, H. Sainte-Claire Deville, Daubrée.) M. Ed. Fixardi adresse une semblable demande relative à sa commu- nication sur un moteur pour chemins de fer. (Renvoi à M. Séguier, chargé de prendre connaissance de cette communication.) L'auteur de plusieurs Notes précédemment reçues par l'Académie, con- cernant la démonstration du théorème de Fermât, adresse une démonstra- tion de ce théorème pour le cas de l'exposant impair. (Renvoi à la Commission précédemment nommée.) A 4 heures un quart, l'Académie se forme en comité secret. COMITÉ SECRET. La Section de Mécanique présente la liste suivante de candidats pour la place vacante par suite du décès de M. Clapeyron : En première ligue M. Phillips. En deuxième lighe M. Rolland. A la suite de deux scrutins successifs, l'Académie adjoint à cette liste les noms de M. Favé, M. Foucault. Les titres de ces candidats sont discutés. L'élection aura lieu dans la prochaine séance. La séance est levée à 6 heures. É. D. B. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu dans la séance du 9 janvier i86.5 les ouvrages dont voici les titres : Comptes rendus hebdomadaires des séances de i'Jeadéniie des Sciences, t. LVIII (janvier à juin 1864). Paris, i8G4; vol. in-4°. Slalislique de In France : population; 2^ série, t. XIIL Strasbourg, 1864 ; vol. ni- 4". Matéri(uix pour la paléontologie suisse, ou Recueil de monographies sur h^sjoi- (88 ) sxles du Jura et des Alpes, publié par F.-J. PiCTET; 4* série, novembre 1864. Genève; in-4°. Discussion sur riiygièiie des hôpitaux. Discours prononcé à la Société de Chirurgie clans la séance du 23 novembre 1864, par M. H. baron Larrey. Paris, i864; br. in-B". 2 exemplaires. (Présenté, au nom de l'auteur, par M. Velpeau.) Mémoires de la Société des Sciences physiques et naturelles de Bordeaux, t. III, i"cahier. Paris et Bordeaux, i864; in-8°. Actes de l' Académie impériale des Sciences. Belles-Lettres et Arts de Bor- deaux; 3*" série, 26* année; 11S64, 2" trimestre. Paris, i864; in-8". 2 exem- plaires. Recueil des publications de la Société Havraise d'études diverses de la 3o* an- née i863, et séance publique liu 10 juillet 1864. Havre, i8()4; in-8°. Compte rendu des travaux de la Société des Sciences mélicales de Paris, séante à l'Hôtel-de-Ville pendant l'année i863, rédigé par le D"^ E. Alix. Paris, 1864 ; br. in-8". De l'atrésie des voies génitales de In femme; par le D'' Albert PuEcn. Paris, i864; in-4". Présenté, au nom de l'auteur, par M. Coste, et renvoyé, sur sa demande, au concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie. Du coaltar saponiiié, desinfectant énergique arrêtant les fermentations. De ses applications à riiygiène, à la tliér/ipeutique, à l'histoire naturelle; par J. Le- MAiRE. Paris, 1860; in-8". De V acide phénique; de son action sur les végétaux, les animaux, les ferments, les venins, les virus, les miasmes, et de ses applications à l'industrie, à l'hygiène, aux sciences anatomiques età la thérapeutique; par le même. Paris, 1 863 ; in- 12. Ces deux volumes sont renvoyés, à litre de renseignements, à la Coinmis- sion nommée poiu- l'examen d'un Mémoire de M. Déclat d'une réclamation à laquelle elle a donné lieu de la part de M. Lemaire. Mémoires de l'Académie impérirde des Sciences de Saint- Pétershourg , 7' série, t. V, n" 2 à 9, et I. VI, n"' i à 12. Saint-Pétersbourg; in-4". Bulletin de l' Académie impériale des Sciences de Saint-Pétersbourg, t. V, n"' 3 à 8, t. VI, n"' i à 5, et t. Vil, n"' 1 et 2. Saint-Pétersbourg; in-4''. Sveriges... Carte géologique de la Suède, publiée aux frais tie l'Iitat, sous la direction de M. A. Ekdmann ; livraisons 6 à i3, avec 8 feuilles formai atlas, chacune accompagnée d'un texte écrit contenant les renseignements néces- saires et formant 8 livraisons in-8". Stockholm, 1 8G3 et 1864. Soienni... Séances annuelles de l'Institut rojal Lombard des Sciences et Lettres et distribution des pri.r, séance du 7 août 1 864 Milan, 1 864 î l^''- in-B". COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 16 JANVIER 1865. PRÉSIDENCE DE M. DECAISNE. MEMOIRES ET C03IMUNICATIOIVS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. ASTRONOMIE. — Sur la constUution physique du Soleil; par M. Faye. (Première partie.) « Depuis la découverte des taches du Soleil, c'est-à-dire depuis deux siècles et demi, la question soulevée par ces phénomènes n'est pas sortie du domaine des conjectures ; c'est encore dans ce domaine-là qu'il faut ranger une théorie récente qui se rattache à lune des plus brillantes con- quêtes scientifiques de notre époque. >) Cependant ces conjectures n'ont pas été inutiles; elles ont guidé les observateurs, éveillé leur attention, soutenu leur persévérance. Les faits se sont ainsi accumulés, tandis que le progrès général des sciences nous fami- liarisait peu à peu avec cette idée que les phénomènes du monde physique doivent dépendre tous des mêmes lois. Le moment paraît donc venu d'abandonner la voie conjecturale et de chercher, non plus à deviner comment les choses doivent se passer à 38 millions de lieues de nous, mais à rattacher l'ensemble des phénomènes à quelques lois générales, de telle sorte que les faits paraissent être de simples déductions logiques de ces lois. » Quant à la forme de cet écrit, je ferai remarquer que les phénomènes G. R., i865, i« Semeslre. (,T. LX, N» ô.) • '^ ( 9° ) ont été souvent décrits, que la question a été complètement popularisée dans le sens accepté aujourd'hui pour ce mot : il est donc permis de réduire la partie historique au strict nécessaire, et de se horner à la simple indi- cation des conjectures ou des faits. Toutefois, comme ces conjectures ren- ferment un fond de vérité qu'il importe de dégager, je consacrerai la pre- mière partie de mon travad à cette discussion préparatoire ; dans la seconde partie, j'essayerai de suivre moi-même la voie que je viens de conseiller. » Ce qu'on voulait expliquer, vers la fin du dernier siècle, se réduisait aux trois points suivants. Il y a trois étages à distinguer dans une taciie solaire : i° le fond brillant général sur lequel !a tache apparaît, c'est-à-dire la photosphère; 2° le second pian, moins lumineux, nommé pénombre; '5° le troisième plan, sombre, presque noir, appelé noyau de la tache. Le caractère général de ces trois teintes, c'est qu'elles ne se fondent pas l'une dans l'autre par degrés insensibles; leurs séparations sont nettes et leurs contours tranchés. » Le D'^Wilson, de Glascow, que ne gênait et ne guidait aucune de nos idées actuelles sur les lois du monde physique, traduisit littéralement, dans sa conjecture, ces trois impressions si nettes, en composant le Soleil d'uii globe central solide, obscur, relativement froid, pour représenter le noyau noir des taches, et d'une enveloppe brillante, afin de figurer la photo- sphère. Cette enveloppe aurait la consistance d'un brouillard lumineux excessivement mobile, à travers lequel des éruptions gazeuses, parties çà et là du globe central, produiraient des éclaircies, des excavations dont les parois inclinées donneraient lieu à la pénombre, et dont le lond, je veux dire le noyau opaque et froid du Soleil, formerait la jiartie noire de la tache. » Herschel 1 adopta cette hypothèse ; il trouva seulement qu'elle ne rendait pas bien compte de l'aspect de la pénombre. Pour la compléter ou la corriger, il imagina, entre le noyau obscur du Soleil et les nuages bril- lants de la photosphère, une seconde enveloppe nuageuse capable de réflé- chir la lumière comme nos nuages terrestres, mais non d'en émettre pour son propre compte. L'éruption gazeuse de Wilson , partie de quelque volcan du globe central, devait trouer à la fois les deux enveloppes pour produire une tache complète. » On voit par là qu'Herschel, plus encoi''e que Wilson, aimait à se re- présenter le Soleil sons les traits de notre propre globe. Il alla même chercher jusque dans les lueurs de nos aurores boréales une image affai- blie de l'éclatante photosphère du Soleil. Aussi croyait-il que le Soleil (o- ) pouvait être habité, car, pour protéger le sol du noyau obscur contre les ardeurs de la dernière enveloppe, il suffisait que les nuages de la première fussent doués d'un pouvoir réflecteur absolu. » Pourtant le côté faible de la conjecture de Wilson était bien moins l'ex- plication delapénombrequecette idée singulière d'un globe central opaque, obscur et froid qui lui avait été suggérée par l'aspect si étrange de ces trous noirs dans une nappe de feu, qu'on appelle les taches dit Soleil. Wilson avait compris du moins et mis en pleine évidence deux choses capitales : i° les taches sont des cavités; i" la photosphère n'est ni solide ni liquide, mais d'une contexture nébuleuse et gazéiforme. » C'est là la part de vérité dont je parlais tout à l'heure, vérité que tous les travaux ultérieurs des astronomes ont confirmée; mais, comme cette part a été niée récemment au nom de l'analyse spectrale, il me sera permis de la réJablir ici. » Commençons parle premier point. Sans aucun doute, luie tache noire sur un fond blanc peut produire l'illusion d'une cavité; mais Wilson ne s'en est pas tenu à une simple impression, son raisonnement est basé sur les règles les plus simples et les moins contestables de la perspective. Si les taches se réduisaient à un phénomène superficiel, comme le voulait La Hire, les contours d'ombre et de pénombre, supposés circulaires et con- centriques au milieu du disque^ deviendraient des ellipses concentriques lorsque la rotation solaire aurait amené la tache plus près du bord. Si les taches étaient des saillies, comme le voulait Lalande, la partie noire se projetterait excentriquement du côté du bord. Si ce sont des cavités, le noyau noir de la tache se projettera encore excentriquement, mais du côté du centre. I^a question étant ramenée à des termes si simples, la solution ne rencontrait d'autres difficultés que les changements de figure subis par la tache elle-même pendant le laps de temps des observations, variations indépendantes des effets de la perspective et fort capables de les masquer. Mais, toutes les fois que les astronomes ont rencontré une tache bien régu- lière et bien stable, l'expérience a. confirmé l'idée de Wilson, et comme elle est aujourd'hui à la portée de tout le monde, ou s'étonne de voir surgir des doutes et même des affirmations contraires. J'ai dit que cette expérience est aujourd'hui à la portée de tout le monde: j'aurais dû ajouter qu'elle n'exige même plus l'emploi d'une lunette ou d'un télescope, car il suffit, pour se convaincre de visu, d'introduire dans un stéréoscope deux images d'une même tache prises à deux jours d'intervalle afin d'assurer l'effet stéréosco- pique. Cette remarquable expérience est due au président actuel de la la.. ( 9^ ) Société royale Astronomique de Londres, M. de la Rue, dont j'ai eu l'hon- neur de présenter à l'Académie les belles applications de la stéréoscopie aux planètes principales. A la vérité l'effet stéréoscopique n'est ici qu'une illus- tration de la loi de perspective citée plus haut; mais ce curieux procédé a le double avantage de convaincre à la fois les yeux et l'esprit, et d'éviter toute difficulté relative aux changements de figure des taches, car le défaut de coïncidence des deux images suffirait déjà pour avertir le spectateur. )> Le second point, déjà mis en pleine évidence par Wilson, mieux for- nuilé encore par les deux Herschel et confirmé par tous les astronomes, c'est cette idée plus ou moins nette que la photosphère consiste en lui vaste amas de nuages lumineux, flottant dans un milieu fluide, et formant autour du Soleil une enveloppe continue où s'opèrent çà et là des déchirures (les taches) et des dénivellations (les facules). Toutefois, il faut le reconnaître, les astronomes se sont uniquement basés sur leurs observations télesco|ii- ques; ils auraient pu invoquer d'antres arguments tirés de l'énorme chaleur du Soleil et de la faiblesse de sa densité moyenne, mais ils n'y ont pas même pensé, parce qu'ils n'eussent pu les concilier avec leur bizarre idée d'un globe central, opaque, obscur, froid et même habitable. Ils devaient donc désirer quelque autre preuve tirée d'un nouvel ordre de considérations, lorsque Arago, appliquant pour la prerpière fois l'analyse de la lumière à la constitution physique du Soleil, produisit la célèbre expérience qui vint confirmer l'hypothèse de la fluidité gazéiforme de la photosphère. » Plusieurs objections ont été faites à ce nouvel argument. Les unes avaient pour but de mettre en relief la dislance qui sépare nécessairement une expérience de cabinet de ce qui se passe dans les régions célestes. Les autres sont des négations complètes et absolues; celles-là, il faut bien les discuter si l'on veut savoir ce que valent en réalité les conclusions du sa- vant français. » Sir J. Herschel fait observer que la surface de la photosphère étant pro- digieusement accidentée, les rayons qui nous viennent d'une portion quel- conque des bords n'émergent pas nécessairement sous une incidence ra- .sante; il en vient d'une multitude de facettes ayant toutes les inclinaisons imaginables sur la direction visuelle. Il est tout sim|)le, dès lors, que les rayonnenienis des bords ne présentent que de la lumière naturelle, résul- tant du mélange de rayons polarisés dans tous les sens; et cela doit avoir lieu quel que soit l'état phvsique du corps observé, c'est-à-diro du Soleil. 1 /absence de polarisation sur les bords ne permet donc pas de prononcer sur cet élat physique. Si l'illustre secrétaire perpéttiel vivait encore, il ré- (93 ) poudrait, je crois, qu'à la distance où nous sommes une région de quelque étendue, prise sur les bords, affecte, malgré les accidents les plus variés, une direction générale qui coïncide avec la surface moyenne à laquelle est dû le contour apparent du Soleil. De là une prédominance générale d'obli- quité, en un sens déterminé, pour l'ensemble des rayons admis dans le po- lariscope ; par suite les rayons devront présenter une certaine proportion de lumière polarisée perpendiculairement au plan d'émergence, si le corps rayonnant est solide ou liquide. D'ailleurs les expériences d'Arago n'ont pas été faites, je pense, sur des globes polis : je les ai répétées, pour mon instruction particulière, avec une boule d'argent mat dont les aspérités n'ont pas empêché la polarisation de se manifester largement vers les bords, et même en des régions beaucoup plus rapprochées du centre. » La seconde objection est encore plus grave. On sait, par les travaux de M. Angstrom, que les gaz et les vapeurs absorbent d'une manière élec- tive les rayons d'une réfrangibilité identique à celle de la lumière que ces vapeurs émettraient elles-mêmes si elles étaient portées à l'incandescence. En partant de ce principe, MM. Bunsen et Rirchhoff ont montré que l'on reproduit artificiellement les principales raies du spectre solaire en inter- posant la vapeur de divers métaux sur le trajet de la lumière émanée d'une source à spectre continu. M. Kirchhoff a transporté conjecturalement au Soleil lui-même cette admirable combinaison de laboratoire; il lui faut une source de lumière continue: ce sera la photosphère; il lui faut des vapeurs métalliques interposées : elles formeront l'atmosphère invisible du Soleil. La nature de ces vapeurs sera d'ailleurs déterminée par celle des raies so- laires. Mais les solides et les liquides incandescents donnent seuls un spectre continu, tandis que les gaz ou les vapeurs ne fournissent qu'un spectre réduit à quelques raies brillantes : donc la photosphère, loin d'être gazeuse, comme nous le pensions et comme Arago croyait l'avoir démontre expérimentalement, serait une croûte solide ou tout au plus liquide. Ainsi ces deux célèbres expériences seraient contradictoires; l'analyse polari- scopique dit oui, l'analyse spectrale dit non, et beaucoup de physiciens, oubliant l'expérience si applaudie naguère d'Arago, ont accepté d'emblée la négation. Quant aux astronomes, bien que leur opinion se soit formée depuis Wilson d'après l'observation directe des faits, et non sur des analo- gies bien rarement complètes entre des expériences de cabinet et les phé- nomènes les moins accessibles du ciel, ils doivent désirer que des don- nées physiques d'une si haute importance cessent d'être contradictoires et conspirent au contraire à mieux établir la vérité. Je crois être en me- ( 9n . sure de montrer, dans la seconde partie de ce Mémoire, que la con- tradiction n'est qn'apparente, qu'elle réside uniquement dans le sens trop absolu ou trop restreint qu'on a donné à certains termes, à certains détails des deux expériences. En attendant, il est aisé de faire voir que la concep- tion de M. Kirchhoff, prise dans son expression actuelle, ne saurait être conforme à la réalité. » Dés que la photosphère est considérée comme une enveloppe solide ou liquide, au pied de la lettre, il faut chercher hors d'elle la cause des taches, et c'est aussi ce que M. Kirchhoff a fait. Il s'est trouvé conduit à reprendre l'idée première de Galilée, qui essaya tout d'abord d'expliquer les taches par l'interposition de nuages accidentellement formés dans l'at- mosphère invisible du Soleil. Mais Galilée ne tarda pas à reconnaître l'erreur de sa conjecture. Voici son observation et son raisonnement. Con- sidérez deux taches voisines, séparées, lorsqu'elles sont près du centre du Soleil, par un intervalle lumineux un peu étroit. Si les taches étaient pro- duites par des protubérances quelconques, ce filet de lumière diminuerait à mesure que les taches se rapprocheraient des bords et ne tarderait pas à disparaître, parce que l'une des protubérances se projetterait sur lui et fini- rait par le masquer complètement. Or l'observation montre que cet uiter- valle lumineux subsiste jusqu'au bord du disque, et ne diminue, en général, que dans la pro])ortion exigée par la perspective. Il y a deux siècles et demi que les astronomes contemplent et mesurent ces phénomènes sans trouver en défaut la remarque de Galilée. Il est inutile de répéter ici que l'argument de Wilson, inconnu à Galilée, achève de fixer les idées sur la figure des taches (i). » Jusqu'ici nous n'avons considéré les taches que dans leur configiu-a- tion. Les astronomes s'en étaient tenus là jusqu'au second Herschel, qui le premier introduisit dans cette étude une considération nouvelle. On sait, depuis Fabricius, Galilée et le P. Scheiner, que les taches sont presque toutes confinées dans une zone comprise entre les denx parallèles de 3o ou 35 degrés de latitude boréale et australe, sauf une zone équatoriale de quelques degrés d(î largeur où elles apparaissent rarement; elles sont donc en relation étroite avec la rotation du Soleil, relation qui ne doit pas être négligée lorsqu'il s'agit d'expliquer la constitution physique de cet astre. Gette dépendance de certains accidents superficiels vis-à-vis du mouve- (i) Je laisse de côté une foule d'arguments; il n'est peut-être pas de détail des taches fl des facnles qui n'en fournisse un contre cette conjecture. ( 95 ) ment de rotation n'est pas particulière an Soleil : les grosses planètes, ani- mées d'une rotation très-rapide, nous présentent des traits analogues dans leurs bandes parallèles à l'équateur; la Terre elle-même, vue de loin, offrirait quelque ressemblance avec ces dispositions dans ses zones soumises au régime des vents alizés et la zone intermédiaire des calmes. Delà le raison- nement suivant, où il est inutile de faire ressortir le fd de l'analogie. Si, comme sur nos planètes, les régions polaires du Soleil étaient moins chaudes que la zone équatoriale, il se produirait dans son atmosphère (l'hypothèse du noyau opaque étant toujours admise) des courants analogues à nos vents alizés, et par suite des cyclones ou tourbillons capables de déchirer la pho- tosphère et même de pénétrer jusqu'au noyau obscur à travers la seconde couche, celle des nuages réflecteurs imaginée par Herschel I. On se ren- drait compte ainsi des limites étroites où les taches sont confinées d'ordi- naire, par analogie avec la région des alizés et des moussons terrestres, laquelle est aussi la région habituelle des cyclones. Ainsi les taches seraient produites par des tourbillons descendants, et non par des éruptions ascen- dantes comme le voulaient Wilson et Herschel T. Mais d'où pourrait provenir la différence de température entre les pôles et l'équateur, différence qui sert de base à l'hypothèse? Ici notre célèbreCorrespondant admet qu'en vertu de la rotation du Soleil, l'atmosphère invisible qui entoure la photosphère doit être aplatie aux pôles et renflée à l'équateur: aux pôles, donc, elle opposerait moins de résistance au flux de chaleur solaire, le refroidissement y ferait plus de progrès que dans les régions équatoriales. On aurait ainsi sur le Soleil l'équivalent des différences constantes de température auxquelles est dû sur Terre le régime des vents alizés. Cette brillante conjecture est digne d'attention en ce qu'elle fait sortir la théorie des taches du domaine restreint de la perspective, pour la faire rentrer dans celui de la dynamique; mais la cause assignée par sir J. Herschel et les grands mouvements latéraux ou superficiels qu'il suppose dans la photosphère ne paraissent pas admissibles, car, en premier lieu, le mouvement de rotation du Soleil est trop lent pour produire dans cette atmosphère un aplatissement sensible (i); en second lieu, (i) Celte atmosplière invisible ne saurait (Mre énorme, comme plusieurs l'ont conjecturé d'après l'aspect de l'auréole des éclipses totales : elle nr pourrait, en aucun cas, atteindre une tiauteur de 3 minutes, excès de la distance périhélie de la grande comète de i843 sur le rayon de la pliotosplière, car, si cette comète avait pénétré dans l'atmosplière du Soleil, elle y aurait eu le sort des étoiles filantes qui pénètrent dans les couches les plus élevées et les plus rares (le la nôtre. (96) les taches affecteraient, comme les nuages transportés par nos vents alizés, nne vitesse commune de translation dirigée des pôles vers Téquatenr, que les observations les plus récentes ne confirment pas. » Je rappellerai, en terminant, une autre conception mécanique d'un caractère grandiose qui se rattache aux idées modernes d'équivalence entre le travail et la chaleur. Mayer, puis M. Waterston, ont tenté d'expli- quer l'énorme provision de chaleur que le Soleil dépense chaque année, par le choc de matières cosmiques tombant incessamment de tous les points de l'espace sur le Soleil, avec l'énorme vitesse due à son attraction. Un éminent physicien, concitoyen de Wilson, AT. Thompson, avait donné à cette ébauche une consistance scientifique; mais il reconnut lui-même dans ces derniers temps que sa théorie était contredite par certains faits bien constatés. Néanmoins cette tentative aura porté des fruits : elle nous a fait comprendre, eu premier lieu, que les mouvements célestes sont im vaste réservoir d'énergie calorifique eu puissance (et même en acte dans les phé- nomènes relatifs aux étoiles filantes et aux aérolithes). Toute grande masse pouvant être considérée comme résultant de l'agglomération successive de matériaux éparpillés dans l'espace, la destruction de la force vive de ces' matériaux a dû y développer une chaleur considérable, ce qui répond au fait le plus général de l'univers stellaire. Telle serait aussi la chaleur d'ori- gine de notre Soleil, dont il est impossible de rendre compte par des actions chimiques ou électriques, et qui constitue le premier à priori de Laplace dans sa mémorable hypothèse cosmogonique. D'autre part, les recherches entreprises dans cette voie par M. Thompson, d'après les belles mesures de M. Pouillet sur l'intensité de la chaleur émise par le Soleil, ont élargi le cercle des idées actuelles et définitivement banni de la science l'idée d'un noyau solaire opaque et froid, à laquelle yjresque tous les astronomes adhé- raient encore il y a peu d'années. » Dans la deuxième partie, je signalerai rapidement les principaux résul- tats des travaux modernes sur le Soleil, puis je tâcherai de les coordonner en partant de l'idée du refroidissement progressif d'ime masse énorme, animée d'un mouvement de rotation, et dont la température excessive maintient tous les éléments dans le chaos d'une dissociation complète, sauf à la limite qui sépare cette masse du vide el du froid des espaces célestes. » ( 97 ) OSTÉOGÉNIE. — De l'iiiflnenre des causes mécaniques sur In J orme et le déve- loppement des os; moulage de ces organes par des matières solidifiables injectées dans leur gaîne périostée; par M. C. Sédillot. (( Nous avons étudié, clans notre dernière communication à TAcadémie (27 septembre 1864), l'influence des fonctions sur la structure et la forme des organes et plus particulièrement sur le volume et la consistance des os; nous présenterons aujourd'hui quelques nouvelles remarques sur d'autres causes, purement mécaniqties, des conditions d'ossification, à la suite des fractures, delà nécrose, des résections et de l'évidement sous-périosté. )) Les os ont été de tout temps décrits comme des organes distincts, dont le développement était réglé par les lois de leur propre vitalité; mais les expériences de Duhamel, de Troja, de Heine, de l'ilhistre secrétaire per- pétuel de l'Académie, M. Flourens, et celles de beaucoup d'autres observa- teurs, parmi lesquels nous tenons à honneur de nous ranger, ont conduit à une appréciation plus profonde de ce phénomène, en montrant que les os n'étaient pas seulement et toujours le produit d'un ou de plusieurs germes, mais qu'ils avaient pour origine une active proligération de cellules cpii, nées d'une foule innombrable de points différents, au moins dans l'état pathologique, s'incrustent de matières calcaires, s'accumulent, se tassent, s'unissent et se moulent dans leur ensemble sur les parties en contact, dont elles reçoivent leur forme. n Les résections sous-périostées entreprises sur les animaux, dans le but d'étudier le mécanisme et la puissance des régénérations osseuses, ne laissent aucun doute à ce sujet. Dès le huitième jour et même plus tôt, les gahies périostées laissées en place et ménagées autant que possible pendant l'extrac- tion des os, et affrontées demanièreà prévenir toute inflammation, deviennent le siège d'une mTdtitudede points d'ossification, cà et là disséminés, arrondis ou allongés en trahiées filiformes et en îlots très-minces et irréguliers. Plus tard, ces ossifications représentent des mamelons, des lamelles, des grains ovalaires tantôt juxtaposés en chapelets, tantôt réunis, et avec le temps ces ramifications osseuses acquièrent une plus grande épaisseur, se joignent et finissent par produire un os continu et solide, dans le cas surtout où l'animal est jeune et où le périoste a été bien conservé. Si cette dernière membrane a été déchirée et rompue, les cellules osléogènes, particulièrement foiu'nies par les bords de ces solutions de continuité, se répandent de proche en c. R., i865, 1" Semestre. (T. LX, N» 5.) l3 ( 98 ) proche dans leurs intervalles et y déterminent des jetées et des lames osseuses susceptibles d'assez grandes dimensions. (Voyez De ta régénénition des os, obs. IV, Gazette médicale de Strasbourg, mai 1864.) La consolidation des IracliM'es, avec écartcment des fragments, s'opère par le même mécanisme. La proligération des cellules périostées s'étciul d'une des extrémités frac- turées à l'autre et amène ces cals volumineux et difformes dont on ne ren- contre que trop d'exemples. » La reconstitution des extrémités articulaires présente une série de phénomènes identiques des plus curieux. La matière osseuse, après avoir régénéré plus ou moins complètement les diaphyses, pénètre, par défaut de résistance, dans les cavités articulaires, s'y moule et peut ainsi reproduire fort exactement la forme et le vohmie de l'os réséqué. Nous avons rappelé, parmi les pièces de la collection de Heine à Wurzbourg [De la régénérnlion (les os, obs. I, Gazette médicale de Strasbourg, mai 1864), l'exemple d'un scapulum dont la cavité glénoïde avait été remarquablement rétablie. La sub;.tance osseuse, arrivée ;iu contact de la tête humérale, avait dû néces- sairement se mouler sur elle par une concavité correspondante, à bords limités par la capsule articulaire et parles muscles sus et sous-épineux, petit, rond et sous-scajndaire. » L'extrémité supérieure de l'humérus ayant été enlevée tout entière dans une de nos ex[)ériences, la matière osseuse poussée en haut, par le fait même de son développement, avait en partie rempli la cavité glénoïde et offrait en conséquence une convexité régulière et normale. La ressemblance de la nouvelle extrémité articulaire avec l'ancienne avait été portée plus loin encore par l'existence d'un véritable collet résultant de la pression du rebord glénoïdien, pendant les mouvements du bras, sur le pourtour de la fête humérale régénérée, et l'on peut ainsi s'expliquer la loi d'identité qui préside à la persistance des formes et qui se résout ici en influences de contact et de rap|)orts. » Dans les résections sans conservation du périoste, l'ossification s'opère encore, mais avec moins de régularité, dans la gaîne fibro-musculaire qui marque les limites et les formes des parties enlevées. Si l'on ne rencontre pas plus souvent de prolongements osseux entre les muscles, c'est parce ' (pi'ils ne peuvent s'y produire en raison des mouvements et des pressions qu'ils y auraient à subir, et leur existence exceptionnelle indique que, par une certaine cause quelconque, le membre a été maintenu dans une certaine immobilité. » Les mêmes observations s'appliquent aux ossifications pathologiques du ( 99 ) périoste, sans extraction des os subjacents, et à celles qui se font à l'iiitc- rienr des os évidés. Dans ce cas, les nonvelies couclies osseuses r.e moulent sur les os en contact, et c'est ainsi qu'en cas de nécrose les ligaments, les tendons, les vaisseaux, les nerfs et les saillies musculaires marquent leur empreinte et se trouvent comme gravés en creux sur le nouvel os régénéré. On comprend dès lors comment un bandage trop serré peut retarder ou empêcher la formation du cal, et ce fait anciennement signalé et toujours remis en doute ne devra plus être contesté. » Heine avait constaté dans ses expériences que les ossifications étaient plus abondantes et pins régulières lorsqu'il avait laissé l'os dans sa gaîne périostée, et sa remarque témoigne de l'utilité d'une sorte de moule et de support pour la régularité des reproductions osseuses. » J'ai répété depuis longtemps les mêmes observations au sujet des sé- questres. Loin de les extraire avant qu'ils soient devenus isolés et mobiles, comme on l'a proposé de nos jours, il est essentiel, à moins de contre-indi- cations toutes spéciales, de les laisser en place conformément aux anciens préceptes de l'art, jusqu'au moment où le nouvel os a acquis assez de force pour soutenir le membre, lui conserver ses formes et sa longueur et résister aux contractions musculaires. Nous avons vu im séquestre s'entourer dans une grande étendue, malgré la destruction du périoste, d'ossifications enva- ginantes, et nous comptons étudier dans un autre travail ce fait si nouveau et d'un si grand intérêt pour l'histoire de la nécrose. » La doctrine générale de l'influence des causes mécaniques sur les con- ditions ostéogéniques nous paraît trouver une nouvelle et curieuse confir- mation dans l'expérience suivante. » Si l'on enlève un os en ménageant le périoste, et qu'on injecte du plâtre liquide dans l'intérieur de cette membrane, après en avoir rapproché les bords par une suture à surjet, on reproduit fort exactement les formes et les dimensions de l'os réséqué. L'empreinte des tendons, la saillie des apophyses, des tubérosités, et même les extrémités articulaires sont re- présentées avec une remarquable précision, et le degré de ressemblance entre l'os enlevé et son épreuve plâtrée est en raison de liniêgrité et de la consistance de la gaîne périostée et des surfaces d'erahoilement de la jointure. » On obtient ainsi en quelques minutes des résultats presque identiques- à ceux des régénérations osseuses entreprises sur les animaux. » Au bras et à la cuisse, où le périoste est par places à peine visible, en raison de sa ténuité, et ne peut être complètement conservé, on a des épreuves i3.. ( loo ) plâtrées fort irrégulieres. Les os sont courts, plus ou moins courbés et hé- rissés d'aspérités. » A l'avant-bras et à la jambe, la résection d'un des os n'altérant pas la longueur du membre, et le périoste étant généralement plus épais et plus résistant, les épieuves sont plus nettes et le tibia nous a paru présenter, sous ce rapport, les conditions de moulage les plus favorables. » West-il pas intéressant de rappeler que les rares succès de résections sous-périosiées entreprises sur l'homme, par suite d'erreurs de diagnostic et d'indications curatives fort hasardées, ont été fournis par cet os, et n'y a-t-il pas dans cette double réussite une sorte de preuve des influences mé- caniques dont nous cherchons à démontrer l'importance? » J'ai l'honneur de pLicer sous les yeux de l'Académie la moitié inférieure d'un tibia gauche moulé en plâtre sur la gaine du périoste et l'articulation péronéo-astragalienne. On voit sur sa surface interne les traces de la suture périostée. La malléole tibiale, les surfaces articulaires correspondant à l'as- tragale et au péroné, les sillons du jambier postérieur et du grand fléchis- seur des orteils, sont très-nettement représentés. La diaphyse a conservé ses formes et ses diamètres, et, afin de lever tous les doutes, j'ai joint à cette épreuve l'os réséqué pour servir de terme de comparaison. » Nous pouvons conclure de ces faits que le succès des régénérations osseuses dépend de deux causes principales : » 1° L'intégrité du périoste; » 2° La régularité et l'immobilité des surfaces, gaines ou moules où se produit la matière osseuse. » On s'explique dès lors la rapidité ou les lenteurs de l'ostéogénie par les divers degrés d'altération et de destruction du périoste (traumatismes, inflam- mations, ulcérations, suppuration, gangrène), et l'immobilité et la régularité des surfaces où se multiplient, se déposent et s'agglomèrent les cellules osseuses, servent à comprendre toute la supériorité de la méthode de l'évi- dement sur celle des résections sous-périostées, puisque dans le premier cas le moule est régulier, immobile, invariable, et le périoste intact, tandis que dans le second celle dernière membrane est toujours plus ou moins alté- rée, parfois détruite, et le moule incomplet, mobde et irrégulier. » M. LE Secrétaire perpétuel présente, au nom de M. Tf. Haidiiujcr, une liste imprimée des « météorites existant au i^' janvier i865 au Cabinet impérial minéralogique de Vienne », donnant pour chacune la date de la chute, le pays, le poids du spécimen principal, etc. ( loi ) I\03IIXAT10NS. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un Membre qui occupera, dans la Section de Mécanique, la place laissée va- cante par le décès de M. Clape/ron. Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 6i, M. Favé obtient. ... 3o suffrages. M. Foucault 20 M. Phillips. ..... 10 M. Rolland i Aucun des candidats n'ayant réuni la majorité absolue, il est procédé à un deuxième tour de scrutin. Le nombre des votants étant encore 61, M. Foucault obtient. . 3o suffrages. M. Favé 2g M. Phillips 3 Aucun des candidats n'ayant encore réuni la majorité absolue des suf- frages, l'Académie procède à un troisième tour de scrutin, qui, cette fois, est un scrutin de ballottage Le nombre des votants étant encore 61, M. Favé obtient. . . . ' 3o suffrages. M. Foucault 3o Il y a un billet nul. . Les deux candidats ayant réuni un nombre égal de suffrages, l'Académie, conformément à un article formel de son Règlement, renvoie l'élection à la prochaine séance. MEMOIRES PRÉSENTÉS. M. Dupiiv présente au nom de l'auteur, M. de Guigné, un Mémoire ayant pour titre : « Description d'une nouvelle machine à calcul ». (Renvoi à l'examen d'une Commission composée de MM. Mathieu, Chasles et Bertrand. ) ( I02 ) PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Les Jeuillcs des plnnlcs exhalenl-elles de l'oxyde de carbone? par M. B. CoRExwixDEit. (Extrait par l'auteur. ) (Commissaires, MM. Boussingault, Brongniarl, Duchartre.) <( J'ai imaginé un appareil bien simple qui permet de doser l'oxyde de carbone avec exactitude, même lorsqu'il ne s'en trouve qu'une faible pro- portion dans une masse d'air quelconque. Il consiste en quelques éprou- vettes et un tube disposés convenablement à la suite les uns des autres, à travers lesquels on fait circuler, à l'aide d'un aspirateur, le g;iz qu'on veut analyser. 1) L'air passe d'abord dans une ou deux éprouveltes renfermant de la potasse caustique qui le dépouille de tout l'acide carboni(pie qu'il peut contenir. Il traverse ensuite lentement un tube horizontal dans lequel on a placé des fragments de pierre ponce et de l'oxyde de cuivre. Ce tube est chauffé au rouge sombre. r> Au contact de l'oxyde de cuivre, l'oxyde de carbone (ou d'autres gaz combustibles) se transforme en acide carbonique qu'on reçoit dans une cprouvttte contenant de labrfryte concentrée. » Je me suis assuré par des expériences spéciales qu'on retrouve dans le carbonate de baryte tout l'oxyde de carbone qui passe ainsi sur de l'oxyde de cuivre. Il faut avoir soin, bien entendu, de faire les corrections de pres- sion et de température du gaz. » A l'aide de cet appareil, je suis arrivé à constater positivement : » 1° Qu'il n'y a pas sensiblement d'oxyde de carbone ni d'autres gaz combustibles dans l'atmosphère ; » 2" Que le fumier ou les engrais, en se putréfiant à Voir, n'en exhalent pas de traces; » 3" Qu'on n'en trouve pas davantage dans les produits gazeux qui émanent des fleurs même les plus odoriférantes ; » 4° Q"e les feuilles des plantes n'expirent jamais de gaz combustibles ni pendant la nuit, ni pendant le jour, à l'ombre ou au soleil ; » 5" Enfin que, lorsqu'on soumet un végétal à l'action du soleil, eu présence d'une proportion notable d'acide carbonique, cet acide est ab- sorbé avec rapidité, mais les feuilles n'expirent pas de traces d'oxyde de carbone. » Ces dernières expériences n'ont pas été faites sur des tronçons de vé- ( io3 ) gélaux nuililés. Elles ont eu lieu à la campagne, dans mon jardin, sur des plantes vivant à l'état normal, en pleine terre ou d.ms des pots à fleurs, 1) P. S. Mes recherches sur les feuilles confirment les résultats obtenus par MM. Boussingault et Cloëz, qui ont étudié le même sujet par une mé- thode différente de la mienne. » Voici la conclusion que M. Boussingault a tirée de ses recherches : » Les feuilles et même les branches des végétaux, en fonctionnant dans des conditions aussi semblables que possible aux conditions naturelles, émettent de l'oxygène qui ne présente pas d'indices de gaz combustible. [Comples rendus de l'Académie des Sciences^ t. LVII, p. 4'3-) " ANATOMIE COMPAiiÉE. — Sur les j'eux de /'Asteracanthion ruberis (Mûll. et Tros); par M. S. Joukdaix (Extrait.) (Commissaires, MM. de Quatrefages, Blanchard.) « Quand on étudie les formes variées de l'organe de la vision chez les Invertébrés, on reconnaît qu'elles se rattachent à deux types distincts et fondamentaux : i" les yeux que nous proposons d'appeler idoscopiques, c'est-à-dire fournissant des images; 2° les yeux pholoscopiqucs, c'est-à-dire aptes à donner seulement la sensation générale de la lumière et de l'obs- ciu'ité. » Les premiers, qu'on rencontre plus particulièrement dans les J\îol- lusques, les Insectes et les Crustacés, sont caractérisés par un épanouissement d'un nerf de sensibilité spéciale, sur lequel les rayons lumineux sont isolés en faisceaux déliés en passant par une ouverture très-petite, ou le plus souvent concentrés par une lentille convergente. Dans tous les cas l'image obtenue est lenversée. » Les seconds, méconnus ou négligés par bon nombre d'anatomistes, se composent essentiellement d'un pigment noirâtre ou rougeâîre, d'une struc- ture bien déhnie, impressionnable aux rayons lumineux et en rapport immé- diat avec le système nerveux dans les animaux pourvus de ce dernier. Ce pigment sensibilisable n'occupe point nécessairement un point de la surface externe du corps; les fonctions très-simples qui lui sont assignées peuvent encore s'exercer quand le pigment est séparé du milieu extérieur par des corps translucides, le tégument externe, par exemple. Telle est la dispo- sition que j'ai rencontrée chez les Siponclrs, et qui a été signalée chez cei- tains Annéliiles, les lîermelles en particulier, où leur nattu'e a été bien saisie par M. de Quatrefages. [ io4 ) » Ainsi constilués, c'est-à-dire réduits à un amas de cellules pigmen- taires en relation avec l'appareil nerveux, ou, plus bas dans lechelle, avec le tissu sarcodique seulement, et recevant médiatement ou immédiatement l'impression des rayons lumineux, ils représentent la forme la plus simple de l'organe de la vision dans la série animale. C'est avec cette simplicité qu'ils ont été décrits par Rathke dans le genre Lycoris et qu'on les retrouve dans beaucoup d'autres. D En étudiant récemment la composition des taches pigmentaires, bien connues des naturalistes, qui occupent les extrémités des rayons de l'^s/er- acauthion rubens, nous avons découvert un perfectionnement organique des yeux photoscopiques qui paraît avoir échappé à l'attention des zootomistes. 1) Les yeux pigmentaires de VJsleracantlnon sont situés à une petite distance de l'extrémité terminale des rayons^ dans les sillons interambula- craux. Ils occupent une petite papille ou tubercule gemmiforme, qui reçoit un filet des troncs nerveux ambulacraux, filet qui se renfle en ganglion en pénétrant dans la papille. Les prolongements calcaires spiniformes qui ter- minent les branches de l'Astérie entourent la papille comme une sorte de calice, ouvert cependant ai^ niveau du sillon interambulacral. Quand, par l'action des muscles, ces prolongements sont écartés les mis des autres, l'or- gane oculaire se trouve à découvert et reçoit sans obstacles les rayons lumi- neux. Quand, par la contraction de muscles antagonistes, ces mêmes pro- longements viennent à se rapprocher et à s'appliquer les uns contre les autres, le calice se ferme et emprisonne la papille oculifère : les rayons lumineux n'y peuvent plus arriver et, qu'on me passe l'expression, les yeux sont fermés. L'Astérie peut donc à son gré exercer ou suspendre l'acte de la vision et défendre efficacement l'organe de la vue de l'atteinte nuisible des objets extérieurs. » Quand on soumet la papille oculifère à l'examen microscopique, on découvre sans peine la présence du pigment rougeâtre dont nous avons parlé, et on remarque en outre que ce pigment ne recouvre pas d'une couche uniforme la surface de la papille, mais qu'il y est distribué par groupes nettement limites et régidiérenient répartis. Si, pour se rendre un compte plus exact de la nature de ces groupes pigmentaires, on emploie un grossissement ■ de 3oo à 4oo diamètres, on arrive à reconnaître que la papille oculifère est creusée d'un grand nombre de cavités, qu'on peut comparer pour la forme à un dé à coudre. Chaciuie de ces dépressions est tapissée par le pii:;ment caractéristique, et de plus eu rapport par son fond avec le ganglion nerveux qui occupe le centre de la papille et en forme comme le noyau. Les dépres- ( io5 ) sions sont remplies par une malière gélatiniforme, Irès-transparente, faisant une légère saillie à la surface du tubercule oculifère et terminée par une portion convexe, comme la cornée des animaux supérieurs. Par l'action de la glycérine, cette matière réfringente se gonfle, et la saillie dont nous par- lons devient plus marquée. » D'après la description que nous venons de donner, quelques physiolo- gistes seront sans doute portés à rattacher l'organe oculaire des Asterncan- tliion à la grande division des yeux idoscopiques. Malgré la présence d'un corps réfringent qui milite en faveur de cette assimilation, nous rapporte- rons cependant cet organe aux yeux photoscopiques. Comme dans ces der- niers, en effet, les cellules pigmentaires recouvrent l'élément nerveux : elles constituent l'écran que viennent frapper les rayons lumineux. Quel serait donc le rôle de la substance réfringente analogue à l'humeur vitrée qui remplit la cupule oculaire? Elle servirait à rassembler et à concentrer les rayons lumineux sur le pigment impressionnable, et à rendre par con- séquent plus intense et plus parfaite la perception de la lumière et de ses différents degrés. » Nous trouvons donc dans V Asteracanihion une spécialisation de fonc- tions qui représente sans doute le type le plus élevé d'organisation des yeux photoscopiques, et un nouvel exemple de ces tendances auxquelles la na- ture paraît obéir dans le perfectionnement des organes, tendances dont un éminent physiologiste de nos jours a tiré de si lumineuses déductions. >< ANTHROPOLOGIE. — Etude sur les mariages entre consanguins dans la commune de Batz {près le Croisic, Loire-Injérieure) ; par M. Aug. Voisin. « Les faits sur lesquels j'ai l'honneur d'appeler l'attention de l'Académie ont trait à la question si controversée des mariages entre consanguins. Tandis, en effet, que les mis regardent la consanguinité comme n'étant nullement préjudiciable, lorsque les parents n'ont pas de maladie hérédi- taire, la plupart la considèrent comme étant toujours nuisible par elle- même, et comme déterminant des maladies, des dégénérescences et des vices de conformation tels que la folie, l'épilepsie, l'idiotie, le crétinisme, la surdi- mutité, la cécité par rétinite pigmentaire, l'albinisme, la stérilité, les avor- tements. » Pensant que pour être bien étudiée, la consanguinité doit être observée au milieu de populations peu nombreuses, dans des familles, plutôt qu'avec C. R., i865, \" Semés ire. (T. LX,N"ô) '4 ( >o6 ) (Jes statistiques porlant sur l'ensemble de la population d'un |).iss cl d une grande ville, j'ai passé l'année dernière un mois dans le bourg de Batz (Loire-Inférieure), dont les habitants ont l'habitude, depuis plusieurs siècles, de ces sortes de mariages et vivent à peu près isolés des pays environnants, dont ils semblent mépriser la fré(pientation. » J'y ai étudié les ménages entre consanguins qui s'y trouvent actuellement et qui sont au nombre de /jG ; j'ai interrogé les antécédents du mari et de la feriune; je les ai examinés, eux et leurs enfants, aux poinisde vue phy- sique et intellectuel ; je me suis renseigné auprès du maire, du curé et des anciens du pays, et j'ai dressé avec ces éléments connus et tangibles des tableaux desquels il résulte que la consanguinité n'a amené aucune maladie, aucime dégénérescence, aucun vice de conformation, et que la race est restée très-belle et très-pure. » Je crois pouvoir attribuer ce résultat aux conditions climatériques tt topograpliiques exceptionnelles du pays, à l'hygiène, aux habitudes, à la moralité des habitants et à l'absence de loute hérédité morbide. Voici, tlu reste, un résumé des faits que j'ai observés. » La commune de Batz, près le Croisic, est située dans une presqu'île bordée d'un coté de rochers baignant dans la mer, et de l'autre de marais salants. L'air y est très-vif, les vents les plus fréquents sont nord, nord-est et nord-ouest. Le nombre des habitants est 33oo. Leurs rapports avec le reste du département sont assez limités, leur travail consistant surtout à recueillir le sel, et leurs habitudes, non moins que leurs goûts, les attachant au sol de leur pays. » J.,eur intelligence est très-développée ; tous les adultes savent lire. » Leur tenue vis-à-vis de l'étranger est réservée, presque sauvage; chez eux la vie de famille est observée dans loute sa plénitude; après les travaux de la journée, chacun s'assied au foyer paternel. » Jj'ivrognerie est rare, la prostitution n'existe pas, et la débauche est des plus exceptionnelles. Le concubinage est inconnu. » Le vol, l'assassinat et toute espèce de crimes sont inconnus dans la commune d'après le témoignage des autorités et des anciens ilu |)ays. )) Les enfants sont tous allaités par leurs mères pendant i ari à i5 mois. » L'alimeiitation est presque entièrement composée de féculents, de lai- tages, de viande de porc et de vin. » r.es maladies les plus fréquentes sont les catarrhes pulmonaires aigus, les rhumatismes, l'hydropisie par albuminurie, les apoplexies cérébrales foudrovanles. Le cancer est inconnu, les alfections tuberculeuses et scrofu- ( '07 ) leuses sjOijI excessivement rares (une seule jeune fille en ce inoinent en est atteinte). La rougeole est souvent meurtrière chez les enfants, et le cho- léra a été très-violent en i832. » T-es vices de conformation, les maladies mentales., l'idiotie, le créti- nismo, la surdi-mutité, l'albinisme, la cécité par réiinite pigmentaire n'exis- tent chez aucun individu, issu ou non de parents consanguins. « Les accouchements prématurés sont assez fréquents, et sont attribués par la sage-femme du pays aux rudes travaux de ces femmes, qui les obligent à aller pieds nus dans les marais aussi bien la nuit que le jour, et à soulever jusque sur leurs tètes de lourdes écuelles pleines de sel. Dans les unions entre consanguins, 5 femmes seulement (dont 4 parentes au 3^ degré avec leurs maris, et une autre au 4*) ont fait chacune une fausse couche. M II existe dans ce moment, dans la commune de Batz, 46 unions entre consanguins à ini proche degré, 5 entre cousins germains, 3i entre cousins issus de germains, ro entre cousins au 4* degré; 5 mariages entre cousins germains ont produit 23 enfants dont aucun n'est infirme de naissance. Il en est mort 2 de maladies cacidcntelles. » 3i mariages entre cousins issus de germains ont produit 120 enfants dont aucun n'est atteint d'affection congénitale, ni d'infirmité; 24 ont suc- combé à des maladies aiguës; 10 mariages entre cousins au If degré ont donné naissance à 29 enfants, tous bien portants, sauf 3 qui sont morts de maladies aiguës. )i La santé du père et de la mère de ces individus est ou était très-bonne, et exempte de toute diathèse. Celle aussi de ces individus eux-mêmes et de leurs enfants est excellente. Leur stature est très-élevée pour la plupart, et la configuration de leur tète correspond chez la majorité à un type unique. Le costume est à peu d'exceptions près le même qu'il y a plusieurs siècles. Le costume des paludiers et des paludières m'aparu être parfaitement approprié à leurs travaux qui les exposent soit à un soleil ardent, en même temps qu'a des brises des plus froides, soit à la fraîcheur des nuits, et semble être des- tiné à les protéger contre les maladies qui sont la conséquence de ces excès opposés de température. " La stérilité n'existe que dans 2 ménages sur les 46 que j'ai étudiés f les époux sont parents au 3" degré). i> Les 45 autres ont donné naissar.ee à 1 74 enfants, parmi lesquels 29 sont moi'ts. » Ces faits me semblent prouver que dans les conditions dites de bonne sélection, la consanguinité ne nuit en ancime façon au produit et à la race, 14.. ( io8 ) mais, an contraire, exalte les qualités comme elle ferait les défauts et les causes de dégénérescence. » (Renvoi à l'examen des Commissaires désignés pour les diverses commu- nications concernant les alliances consanguines : MM. Andral, Rayer, Bernard, Bienaymé.) THÉRAPEUTIQUE. — Sur l'action du goudron de houille et de ses dérivés; par M. Edm. Corxe. (Commissaires, MM. Andral, Rayer, Jobert de Lamballe.) « Au moment où l'attention de l'Académie a été de nouveau appelée sur l'application de l'acide phénique à la thérapeutique des plaies gangre- neuses ou de mauvaise nature, il me sera peut-être permis de rappeler que j'ai été le premier, en iSSg, à pro[)oser pour cet usage l'emploi du coaltar, qui doit ses proj^riétés antiputrides à cet acide et à quelques autres des prin- cipes immédiats qui y sont contenus. C'est l'observation de ces propriétés, en faisant des recherches dans une autre voie, qui m'y avait conduit. A la suite du retentissement qu'eurent, à celte époque, les essais faits à Paris et à l'armée d'Italie avec la poudre désinfectante à laquelle mon nom est resté attaché, de nombreuses recherches furent entreprises pour tirer parti du principe que j'avais posé. Il en est résulté divers perfectionnements dans l'emploi des propriétés modificatrices du goudron de houille sur les plaies, propriétés dont j'avais le premier constaté l'heureuse action. Je suis bien loin de méconnaître l'importance et le mérite de tous ces efforts, dont l'ef- ficacité ne peut plus être contestée maintenant; mais j'ai le droit, ce me semble, de les considérer comme une conséquence de mes travaux, comme des pas faits sur la voie que j'ai ouverte à la thérapeutique. » De mon côté, je ne suis point resté inactif sur cette même voie. Après avoir constaté les effets du coaltar appliqué sur les plaies au moyen des divers véhicules que je lui avais trouvés dans mes recherches antérieures, j'ai voulu me rendre compte de l'action de ses composants pris isolément, et le principal objet de cette courte Note est de signaler les bons effets de l'un d'eux, qui ont été mécoimus. Je veux parler de la benzine, à titre d'agent antiseptique et modificatciu' des plaies ou trajets fistuleux de mau- vaise natiu'e. » Dans un ouvrage récent sur l'acide phénique, à propos des dérivés du coaltar qui pourraient être choisis, il est dit ceci : « La benzine est à peu « près insoluble dans l'eau. Son odeur est pénétrante. Elle est très-irritante ( I09 ) 1) et d'un maniement difficile. Ce n'est donc pas elle qu'il faut prendre. » Des observations, qui remontent à plusieurs années, m'ont appris que, mélangée aux huiles fixes en diverses proportions, la benzine exerce au contraire une action antiseptique très-énergique et devient très- facile à manier. » Dans lui Mémoire ultérieur, je ferai connaître ces proportions et le mode d'emploi du mélange d'huile et de benzine, en appuyant son efficacité sur des observations dont plusieurs, d'après mes indications, ont été re- cueillies par mon voisin, M. le D'Gipoulon. » THÉRAPEUTIQUE. — Emploi de l'acide phénique. Lettre de M. Déclat à l'occasion d'une réclamation de priorité soulevée par M. Lemaire. (Commissaires précédemment nommés : MM. Andral, Rayer, Jobert de Lamballe.) « M. J. I-emaire a adressé à l'Académie le 9 courant une réclamation de priorité sur moi. Si avant d'écrire sa Lettre il avait lu mon Mémoire, il y aurait vu que je rends justice à ses travaux et que je ne songe pas plus à me les attribuer qu'il ne songe à s'approprier ceux d'autrui. M. Lemaire a pu- blié des recherches remarquables sur le coaltar sapouiné et sur l'acide phé- nique, mais est-ce lui qui a découvert soit le coaltar saponiné, soit l'acide phénique? Non, il n'a pas même découvert leurs propriétés, il les a éten- dues. Dans ma communication du 2 janvier à l'Académie, j'ai voulu signaler de nouvelles applications de l'acide phénique et surfout son emploi et son dosage à l'intérieur dans des cas de maladies organiques et infectieuses, et cela avec des avantages très-marqués et toujours sans inconvénients, con- trairement à l'opinion de quelques praticiens et de M. Lemaire en parti- culier. ■> M. Lemaire m'accorde d'avoir le premier appliqué l'acide phénique pour un cas d'engorgement mal dénommé de la langue avec ulcérations et datant de quatre ans, que lui-même a considéré comme un épilhélioma grave. J'espère qu'il m'accordera aussi d'avoir le premier employé cet acide dans les affections des voies urinaires, en injections à l'intérieur, et d'avoir le premier institué un traitement phénique contre les accidents putrides et infectieux de la fièvre typhoïde, du croup, des maladies éruptives, des abcès profonds, des épithéliomas graves et même ulcérés, » ( 'lo ) PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Etablissement des formules Jondamcntales de rélertro-dyimmique dans L' hypothèse d'un seul fluide. Extrait dune Note de M. Renard, présenté par i\l. Lamé. (Commissaires, MM. Lioiiville, Lamé, Duhamel.) « Dans un travail précédent, l'auteur a émis, il y a quelques années déjà, l'opinion que les phénomènes électriques et magnétiques pourraient bien être produits par les vibrations longitudinales de l'éther, opinion qui a l'avantage de rattacher à iine même cause les phénomènes de chaleur, de lumière et d'électricité. Il revient aujourd'liui sur cette idée. Il remarque, qu'en partant des formules de l'élasticité, on peut substituer le mot coitlinc- tion ou dilatation au mot tension de l'électricité positive ou négative, et le mot action au motjlux. Après avoir fait observer que, dans cette nouvelle ma- nière de voir, on arrive tout aussi bien que dans les idées de Laplace et de Fourier aux lois de Ohm sur les courants et aux lois de la distribution de l'électricité dans les conducteurs ordinaires, il en fait l'application à l'éta- blissement des formules fondamentales de l'électro-dynamique, qui est l'objet principal de son travail. » M. Leci.erc adresse la description d'un appareil qu'il désigne sous le nom de lunette perspective, et dont il avait déjà fait l'objet d'iuie précédente communication. (Renvoi à l'examen d'une Commission composée de MM. Pouillel, Fizeau et Faye. ) CORRESPO^^DAIVCE. M. i.E Ministre oe l'Ivstrlxtiox publique approuve l'emploi pioposé |)ar l'Académie pour une somme prise sur les fonds restés disponibles et applicable aux frais de gravure et de tirage des planches d'un tiavail (|ui doit paraître dans le tome XXXV des Mémoires de l'Jcadémie. yi. LE MixisTUE nE l'Agriculture, du Co.m.merci: et des Travaux publics adresse, ])our la Bibliothèque de l'Instilut, le n° f) du Catalogue des B.'-evets d'invenlion pris tlans l'année i86'|. M. l'Inspecteur général de la Navigation et des Ports adresse le tableau des crues et diminulions de la Seine observées chatpie jour au pont de la Tournelleet au pont Royal pendant l'année i8G/|. ( MI ) M. LE Secrétaire perpétuel présente au nom de l'auteur, M. Bertlioud, un volume intitulé : « Petites Chroniques de la Science », 4^ année. M. le Secrétaire perpétuel lit l'extrait suivant d'une Lettre que lui adresse de Toul M. Himon, déjà connu de l'Académie par diverses commu- nications concernant les cavernes à ossements : 0 Désirant m'occuper d'une nouvelle Note sur nos cavernes à ossements, oserai-je, Monsieur, soumettre à votre appréciation : » 1° Deux luâclioires humaines (évidenunent distinctes), ])our savoir à quel type les rapporter; w 2" Et quelques ossements d'animaux? » Dans le cas où vous voudriez bien accéder à ma demande, je m'em- presserais de vous adresser lesdits objets. » M. Husson sera invité à envoyer les pièces annoncées, qui seront sou- mises à l'examen de la Commission nommée pour ses précédentes commu- nie.itions. MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Sur i appUcntiou du palier glissant aux tou- rillons d'un volant de laminoir pesant 35 ooo kilogrammes. Note de .^!. L.-D. Girard, présentée par ^I. Combes. « J'ai eu précédemment l'honneur de communiquer à l'Académie les résultais que j'avais obtenus tles expériences sur les surfaces glissantes de mon chemin de fer hydraulique appliquées aux tourillons, résultats que je ci'ois devoir rappeler ici. » I"" Pour les tourillons entourés d'eau, sans pression de soulèvement, le coefficient s'est trouvé être de 5o pour loo. » -i" Lorsque les surfaces étaient parfaitement graissées à l'huile, le cocf- ficieiit s'est trouvé de lo pour lOo. » 3° Quand l'eau est admise à pression sous les tourillons, et que le sou- lèvement permet à l'eau de s'échapper de toutes parts à travers les deux surfaces, ce coefficient n'est plus que de o,ooi . )) Le premier et le dernier de ces résultats paraissent excessifs aux per- sonnes qui se sont spécialement occupées du frottement des corps les uns sur les autres; mais il faut bien se rendre à l'évidence, quand elle est confirmée par un fait expérimental que tout le monde peut voir et toucher du doigt. )i Ces expériences, que j'avais réalisées sous des pressions d'eau assez ( .12 ) faibles (i atmosphère), el sur des tourillons de i5 centimètres, viennent d'être faites, en ces derniers temps, sous une |)ression de lo atmosphères, et sur des tourillons de {\o centimètres de diamètre supportant un poids total de 35ooo kilogrammes. C'est donc un fait aujourd'hui accompli et ac- quis à linduslrie, car le système fonctionne depuis quatre mois, à la grande satisfaction delà Société des usines de Biache-Saint-Vaast (Pas de-Calais). >' Cette première application du palier glissant a été hardiment tentée, sur une grande échelle, par le directeur des laminoirs de Biache, dont je dois inscrire ici le nom (I\I. Mesdach); car si l'inventeur, par des expé- riences sérieuses, démontre l'eRicacité et l'utilité de sa découverte, il ne lui faut pas moins trouver des personnes qui veuillent bien l'employer indus- triellement, vu que ce n'est qu'à ce moment que l'invention cesse d'être une utopie vis-à-vis de beaucoup d'autres personnes. » Je ne dois pas omettre^ dans cette Note, de dire le bienveillant accueil que meut M. Dupuy de Lôme, directeur général du matériel de la Marine, dans la présentation que je lui fis d'iui projet d'essai du palier glissant, au commencement de i863, pour supporter, presque sans frottement, les gros arbres et porte-hélices des bateaux à vapeur de l'État. Il en comprit si vite les avantages, qu'il s empressa de faiie appi'ouver mon projet par le Conseil des travaux de la Marine, et je recevais, quelque temps après, à la date du i4 mai i863, une Lettre deJM. le Ministre de la Marine, dont voici l'extrait : « Après avoir consulté le Conseil des travaux, j'ai reconnu que vos pro- » positions étaient susceptibles d'être accueillies, et j'ai décidé que votre » système serait appliqué, à litre d'essai, sur le remorqueur i'Elorn, au port » de Brest; je donne avis de cette décision à M. le Préfet maritime du » y.^ arrondissement, etc. » » Par celte Lettre, on peut voir que le Gouvernement a été le premier à prendre une décision pour la qiise en pratique des paliers glissants, et que si l'indiislrie privée a pris le devant sur la Marine de l'État, il n'en est pas moins vrai que la décision ministérielle du l 'j mai i863 a eu pour consé- quence d'établir une certaine confiance dans le système, par l'approbation du Conseil des travaux de la Marine. Enfin, grâce à l'intelligence et au bon \ouloir du directeur des laminoirs de Biache, des expériences décisives viennent d'être faites en grand, qui ont complètement réussi. » Quant à l'utilité du palier glissant pour supporter de grandes masses animées de mouvements rapides, il me suffit de dire qu'on ne fait plus tourner le volant des laminoirs de Biache sans le système hydraulique. » A ce sujet, je pourrais dire que les effets qu'on observe sont trop frap- ( ..3 pants pour qu il eu soit autrement, et je crois utile d eu donner ici quelques explications. » Au moment de la mise eu train des laminoirs, les paliers ne sont pas encore soumis à la pression hydraulique, mais simplement graissés à la Hianiere ordinaire qui, d'après les expériences précitées, donne un coeffi- cient de lo pour loo, pour la résistance au frottement. - L'ensemble des appareils prend une vitesse d'origine qui ne peut s'ac- célérer, malgré une dépense considérable de force motrice fournie par le moteur qui les met en action ; mais, à mesure que la pression commence à se faire dans un réservoir d'air qui sert de régulateur de pression, on voit le mouvement s'accroître, et avec d'autant plus de rapidité que la pression elle-même augmente dans le réservoir à air. Et il faut, avant même que la pression soit complète, retirer de la puissance motrice, si l'on ne veut pas faire éclater le volant. i> Il est fort probable que le coefficient de résistance, quand la pression atteint ip atmosphères dans le réservoir à air, moment où les tourillons sont entièrement soulevés, descenti, comme les expériences le prouvent, à 0,00 1 ; mais, à cause des engrenages qui transmettent la force variable aux laminoirs mêmes, j'admettrais volontiers que ce coefficient se trouvât triplé : soit o,oo3. » Pour faire la comparaison dans les deux cas, nous devons réduire à 3o centimètres les tourillons supportant le poids (35ooo kilogrammes) du volant, au lieu de 40 centimètres qu'on leur a donnés, pour diminuer autant que possible la pression de l'eau. » Le volant faisant environ 60 tours par minute, on aura le travail résis- tant du frottement, dans les conditions ordinaires de graissage, par T = -^ X 35ooo X ^^-^-4 — = lili"^ ('nombre rond). 1000 75 ->-• / » Dans le cas de la pression hydraulique, et en prenant o,oo3 pour coef- ficient, au lieu de 0,001, on aura T = X 35ooo X — p- = I ,75. 1000 75 ' M Pour le travail du refoulement de la pompe, en compt;uit un rendement de 70 pour 100, le volume d'eau refoulé étant de 2 litres environ, sous une pression moyenne de 100 mètres, hauteur de la colonne d'eau, on a T=i>i^:75 = ,3^8,. G. R., i865, I" Semestre. (T. LX, N» 3.) l5 ( ii4 ) » Les deux travaux sont donc de 1,75-+- 3, 81 = 5'^'', 56, et l'économie de44-5,56 = 38^S44. » Ce résultat, qui est atteint avec une résistance admise trois fois plus grande que celle donnée par l'expérience, serait encore de 34'^'', G4, en sup- posant cette résistance dix fois plus grande, au lieu de trois fois. » Cette première application du palier glissant fera certainement réfléchir les maîtres de forge et les administrations de bateaux à vapeur à liélice : en effet, ces deux industries possèdent de gros mouvements à vitesse rapide qui constituent de vraies usines de frottement entretenues à très-grands frais. » ASTRO^'OMlE. — Observalion de l' éclipse annulaire du Soleil du 3o oiiobreiSG^, à Sainte-Catherine [Brésil). Note de M. E. Mouchez, présentée par M. l'A- miral Paris. de la caséine insoluble, notamment par l'action de l'acide phosphorique, une odetir infecte qui rappelle la sueur et la giaisse rance. D'ailleurs, c'ist là un jioint de l'histoire du lait et de la caserne que nous examinerons à part. ( Ï2I ) quelques millièmes de matière minérale provenant de la soude employée; mais cette interposition minime, dont il est facile de tenir compte, affecte à peine le dosage du carbone et de l'hydrogène, et ne laisse aucun doute sur la composition élémentaire de la caséine. » On prépare encore très-bien quelques composés caséiques sans passer pav l'intermédiaire des alcalis; nous avons mis à profit pour cela la solubi- lité variable de la caséine dans quelques acides, suivant leur degré de di- lution ; tel est le cas des acides hydrochlorique et snlfurique. Mais comme ce n'est point là une méthode générale de préparation, nous n'v insistons pas en ce moment. Ce procédé sera décrit lorsque nous examinerons en dé- tail la relation de la caséine avec les divers acides. » Nous aurions encore à signaler d'autres dispositions fort importantes qui s'observent dans les relations des acides avec la caséine ; mais nous pré- férons dans cette première communication ne pas accumuler trop de faits et nous borner aux généralités précédentes. Elles s'appliquent à lui groupe de combinaisons parfaitement définies qu'il nous reste à indiquer et dont la connaissance introduira d'abord dans l'histoire de la caséine une vue nou- velle et fondamentale. » Nous nous contenterons, pour abréger, de transcrire les principales formules : » Caséine hydrochlorique : C'^'H" Az'^O", HCl. » Caséine chloroplatinique : C'°«H" Az'*0-%Pt Cl^ « Caséinehydrochloriqueetchloroplatinique:C"''H''Az"0=%HCl,PtCl^ » Caséine azotique : C'"'H"Az'*0-% AzO% 8HO. Elle perd 6 équiva- lents d'eau à ii5 degrés, 7 équivalents à i3o degrés, et 8 équivalents à 160 degrés. » Caséine oxalique : C'o^H" Az"0", C" O', 5H0. Elle perd 3 équiva- lents d'eau à + ii5 degrés, 4 équivalents à i 3o degrés, et 5 équivalents à 1 5o degrés. » Caséine phosphorique : C'^'H»' Az'* 0^% PhO=, 4H0. Les 4 équiva- lents d'eau sont enlevés à i3o degrés. » Caséine arsénique : C""H" Az'^O'», AsO',8 HO. Les 8 équivalents d'eau sont enlevés à + i3o degrés. » Caséine sulfurique : C'^'H" Az'*0=% S0% 4 HO. Elle perd 3 équiva- lents d'eau à + i3o degrés. » Caséine chromique : C""H" Az'* 0=^CrO^ 8H0. » Ce qui donne un intérêt particulier à la composition organique de la C. R., i865, 1" Semestre. (T. LX, N" 5.) i 6 ( 122 ) oaséine, c'est que les nombres que nous avons adoptés se traduisent par delà tyrosine et de la leucine, qui se seraient unies à de l'ammoniaque en éliminant de l'eau : C'=H**Az*0** -hC"'H''A7/0'= + 7AZII'- 7110= C'^l^Âz'^O". 4 équivalents 3 équivalenls Caséine, de tyrosine. de leucine. » En d'autres termes, la caséine serait une amide de tyrosine et de leucine. » Il est inutile de rappeler l'apparition incessante de la tyrosine et de la leucine dans les réactions qui détruisent la caséine; il serait préférable de démontrer que ce dédoublement se fait nettement et régulièrement par des réactifs appropriés; nous ne désespérons pas d'y parvenir, u HYGIÈNE PUBLIQUE, — Du canal de Marseille el de son limon, dans leurs rapports avec la Crau et les marais qui bordent cette plaine; par M. G. Gui.M.irD, de Caux. « J'ai signalé la nécessité de donner an limon de la Durance une bonne direction, lorsqu'on aura favorisé son dépôt d'une façon quelconque. (Voir Comptes rendus, t. LIX, p. 609.) Au moyen d'une distribution rationnelle et systématique, on peut assainir une contrée importante et donner à l'agri- culture un espace de terrain considérable tout à fliit inculte aujourd'hui. >> De quelque façon que l'on sépare ce limoo, la difficulté reste la même. Soit qu'on le force à se déposer en faisant séjourner l'eau dans ce grand bassin de 76 hectares mentionné dans ma Note du 8 août dernier, Note antérieure aux études locales dont j'ai eu l'honneur de rendre compte à l'Académie, soit qu'on poursuive le même résultat en modérant la vitesse de l'eau dans le canal lui-même, ainsi que je l'ai proposé après lesdites études, on ne peut pas laisser le limon surplace, il faut l'emporter. » Dans le système du grand bassin, ou pousserait le dépôt dans le ravin de la Mérindolle en faisant agir des courants artificiels. La Mérindolle mène à l'Arc, et l'Arc va déboucher dans l'étang de Bcrres. Un pareil mode d'éva- cuation n'est pas chose indifférente, et quand, dans ma Note du 10 octobre, j'ai exprimé l'opinion que ce moyen pourrait influer sur le régime de l'étang, je n'ai pas mis en avant une théorie, je me suis fondé sur l'expérience, et sur une expérience qui se continue depuis plusieurs siècles avec un succès égal. ( >^3 ) » Les Vénitiens, en effet, travaillèrent pendant trois cents ans à défendre leur lagune contre les alterrissements des cours d'eau venant des Alpes de C.adore, de Feltre, de Bellune, etc. Au moyen d'un canal de ceinture qui rejette aux extrémités tous les affluents de terre ferme, ils parvinrent enfui à fixer la conlerminnzione délia Incjuna, connne ils disent. A cela ils dépen- sèrent des millions, et, l'œuvre accomplie, ils déclarèrent sacrilège et ennemi de la patrie quiconque porterait dommage à ces travaux (i). » Or, si on n'avait pas exécuté ces travaux, la lagune serait depuis long- temps recouverte de flaques d'eau stagnante, transformée en marécages et infectée de miasmes pestilentiels. « Eh bien! voilà ce qu'il faudrait craindre pour l'étang de Berres et pour ses environs, si on dirigeait sur ses bords les limons déposés tous les ans dans un bassin de 75 hectares. Ceci est facile à démontrer. » Sous le pont de Roquefavour, l'Arc n'a guère moins de 90 mètres d'al- titude. Or, de là à l'étang de Berres, il y a, par le fait d'un parcours sinueux, i5 000 mètres de distance : c'est près de 4 mètres de pente par kilomètre. Ij'Arc entraînera donc les boues du bassin jusqu'à l'étang, cela ne fiiit pas de doute. Mais là que deviendront-elles? De l'avis des hommes de l'art les plus distingués, s' éclairant de la connaissance de ce qui a lieu partout dans des circonstances semblables, ces boues détermineront la formation d'une barre à l'embouchure, et la contrée se transformera peu à peu en un marécage insalubre, qui s'étendra de plus en plus par le fait des nou- veaux limons incessamment amenés. (i; Cela résulte d'une inscription gravée sur les murs du palais du Magistrato délie acque, « quando eravamo nazione, » dit Filiasi, qui me la fournit. En voici le texte : Ut aquarum imperiutn atque acstuaria liaec libertatis sacro-sanclae sedes, Urbis veluti sacra mœnia conserventur, eere publico curatum. Diligentia et severitate amnes eliminati , coerciti, divisi, alio tradueti Et voici quelle était la pénalité. L'inscription ajoutait : Quisquis igitur quoquo modo publicis aquis inferre detrimentum ausus fuerit, hostis patriœ judicetur nec minori pœna plectatur quam si sanctos muros patriœ violasset. 16.. ( '24 ) » Les déversoirs ou vannes de chasse permettent de diriger les limons soit dans la Diirance elle-même, soit, par la Touloubre, vers la Cran. Dans ce dernier cas, les boues du canal iirocureront un immense bienfait, loin de créer le moindre dommage. » La Touloubre, au pont de Valmousse, est à ']5 mètres au-dessus de Merle, point hydraulique central, à 8 kilomètres d'Entressen, faisant fonc- tion de bassin de partage pour les eaux de Crapoiuic. Merle est à ai kilo- mètres du pont de Valmousse : il y a donc là une pente analogue à celle que nous avons reconnue pour l'Arc. » Ici, le rôle des boues du canal est tout tracé. Devant ce bassin de Merle se développe en triangle une plaine de 36 ooo hectares, dont la superficie, sur une épaisseur moyenne de 3o centimètres, est occupée par une couche de cailloux détachés des roches de la région supérieure de la Durance. Ces cailloux, mêlés d'une faible quantité de terre végétale, repo- sent sur un banc de poudingue siliceux très-dur, épais de 5o à 8o centi- mètres, et s'étalant sur des sables fins et sur des graviers. » L'inclinaison de ce triangle vers le Rhône et la mer permet d'y ouvrir, dans tous les sens, des dérivations, même à forte pente. Il est évident qu'il suffira d'une couche de limon de 3o centimètres d'épaisseur, facile à obtenir en |)eu de temps par voie de colmatage, pour livrer immédiatement ce grand triangle à l'agriculture et en faire un centre de population. Telle est la des- tination bienfaisante qu'il faut donner au limon du canal de Marseille. M J'arrive à la question d'assainissement. » Le sud-ouest de ce triangle de la Crau vers le Rhône est entièrement occupé par des marais qui se dessèchent, à divers degrés, plusieurs fois dans l'année; et les effluves de ces marais, emportés par les vents, infectent de fièvres paludéennes tous les environs habités. Sur la ligne de Lyon à la Méditerranée, qui coupe la Crau par le milieu, les stations de Raphèle, .Saint-Martin, Entressen en souffrent, au point que l'administration du chemin de fer est astreinte à des mesures particulières dans l'intérêt de la santé de ses employés. Au sommet du triangle, du côté de la nier, il y a le village de Fos , sur une légère éminence, avec une populalion de 700 habitants. Au mois d'août i8G3, on y comptait plus de l\:)0 cas de fièvre intermittente, c'est-à-dire que, dans l'espace de deux mois et demi, plus des deux tieis de la population avaient payé tribut à l'épidémie. Or, vu les causes patentes et avérées du mal, il en doit être ainsi à peu près tous les ans. (Voyez les Marais de Fos, par le IV' Bourguet, chuurgieii de l'hô- pital d'Aix.) ( ,.5 ) » Aussi, lorsque j'ai appris, dans la contrée, que des études fort avancées déjà avaient été entreprises pour appliquer à cette plaine inculte le système si efficace des colmates de la Toscane, j'ai vu là, pour le canal de Marseille, le plus heureux et le plus utile en)ploi de ses limons. Les eaux de Craponne, qui traversent cette plaine, peuvent être employées au colmatage à l'époque de l'année seulement où les concessionnaires de ces eaux n'en ont pas besoin pour leurs irrigations. En toute saison, laTouloubre pourra charrier les limons du canal de Marseille. » Heureuse conjoncture, en vérité, et d'une efficacité incontestable pour rendre à l'œuvre de M. de Montricher cette faveur publique dont elle a joui tout d'abord, la conservant jusqu'au moment où, par la force des choses, les difficultés présentes n'ont plus été regardées comme passagères et ont dû être abordées sérieusement. » Ce colmatage de la Crau s'effectuera donc tôt ou tard, il n'est pas permis d'en douter; car l'œuvre n'est pas seulement possible, elle est facile, et les merveilles opérées en Toscane peuvent seules donner tuie idée des avantages qui y sont attachés. Aussi, je ne crains pas de l'affirmer, est-il réservé une belle place, dans le souvenir de la postérité, à l'administration sous l'empire de laquelle il aura été fait au pays un si grand bien. » PHYSIQUE APPLIQUÉE. — EJfels des électro-aimcints à fil découvert par rapport à la disposition de la pile; par M. Th. Dp Mo\cel. « Dans ma Note du 9 janvier, j'ai annoncé qu'en constituant l'hélice ma- gnétisante des électro-aimants avec du fil complètement dépoiuvu de cou- verture isolante, non-seulement on obtenait tous les effets desélectro-aimanis ordinaires, mais que ces effets pouvaient dans certains cas être plus que doublés. J'expliquais ce phénomène en montrant que les spires d'un électro- aimant réunies par simple contact pouvaient présenter, comme les limailles métalliques et autres corps conducteurs ayant entre eux des contacts im- parfaits, une très-grande résistance dans le sens de l'axe de l'hélice, et que les dérivations peu intenses, mais nombreuses, qui s'opéraient à travers ces spires juxtaposées, loin de nuire à la force de l'électro-aimant, contri- buaient puissamment à l'augmenter, en provoquant une similitude de flux électriques superposés empruntés à la pile et forcés, parla disposition même de la ligne des contacts des spires, de passer à travers l'hélice elle-uiême. De nouvelles expériences que je viens d'entreprendre, non-seulement jus- tifient cette manière de voir, mais m'ont permis de préciser nettement les ( «26) conditions électriques nécessaires pour que le phénomène puisse se pro- duire. » J'ai d'abord reconnu que plus le fil des électro-aimants était fin et long, plus grand devenait l'isolement de ceux-ci ; j'ai même constaté que pour le fil n" 33 ayant environ un dixième et demi de millimètre de diamètre, deux électro-aimants de 27 000 spires chacun fournissaient au galvanomètre différentiel la même résistance. Dans de pareilles conditions, le fil isolé et le fil non isolé devaient se comporter exactement de la même manière, tant |)our la force électro-magnétique développée, que pour les effets d'induction, et c'est en effet ce que l'expérience a tlémontré, comme l'indiquent les chiffres suivants : ÉI.ECTRO-AIMANT A FIL DÉCOUVEr.T. ÉLECTP.O■AIM*^T A FIL COLVERT. AltractioD à i millimèlre. Âttraclion à i millimètre. Avec un circuit de o kiloni. 36o Avec un circuit de o kilom. 355 > 100 » loi » 100 » io5 » 200 i> 49 » 200 » 49 » • 3oo » 29 » 3oo » 29 » 3^0 » 22 » 370 » 22 I) Par contre, avec du gros fil de 3 millimètres de diamètre parfaite- ment décapé et les spires fortement serrées les unes contre les autres, les effets magnétiques ont pu dans certains cas devenir nuls, » Il résulte de ces effets que c'est de la résistance au contact des spires entre elles et des dérivations qui en sont la conséquence, que dépendent les effets électro-magnétiques si particuliers des électro-aimants à fil découvert. Or, nous allons démontrer que suivant que la pile est disposée pour favo- riser ou non ces dérivations, et cette disposition doit dépendre du nombre des spires des électro-aimants, les effets peuvent se trouver augmentés ou diminués dans des proportions souvent extraordinaires. » Four ne pas compliquer la question, nous considérerons d'abord un électro-aimant composé de deux bobines munies seulement d'une rangée de spires; le même fer servira pour les bobines à fil découvert et à fil recou- vert. Les premières auront i5o spires sur chaque bobine, la seconde 104. Le fil est d'ailleurs du même numéro. )) Avec un élément Bunsen de moyenne grandeur, l'électro-aimant à fil découvert, on a eu une force attractive : A I millimètre, de 169 grammes. A 2 niilliinètres, de 3o » A 3 millimètres, de i4 " ( 127 ) « Avec une résistance de lo kilomètres interposés dans le circuit on na pu obtenir aucun résultat. » L'électro-aimant à fil recouvert, dans les mêmes conditions, na pu fournir, à i millimètre, qu'une attraction de 9 grammes ! 11 est vrai que l'attraction au contact était relativement assez grande. » En employant une pile de Daniell de 28 éléments, les forces des deux électro-aimants se sont presque équilibrées. Ainsi, l'électro-aimant à fil décou- vert a fourni une force, au contact, de 287 grammes, et, à i millimètre de distance, de 2 grammes, alors que l'électro-aimant à fil couvert avait fourni une force de 260 grammes au contact, et de 2 grammes à i mUlimètre de distance. Il est vrai qu'avec 20 éléments le premier de ces électro-aimants avait repris sa supériorité et avait fourni une force de 375 grammes au cou- tact, et de 3 grammes à i millimètre; l'autre électro-aimant, au contraire, s'était affaibli et ne fournissait plus que iG5 grammes au contact, 2 grammes à I millimètre. Avec 10 éléments, la force du premier électro-aimant s'est encore maintenue à 370 grammes et 3 grammes, tandis que celle de l'autre s'est trouvée réduite à laS grammes et i gramme. » En réunissant en quantité 7 des éléments de la pile de Daniell dont nous avons parlé, et les appliquant successivement aux électro-aimants précédents, j'ai obtenus les résultats suivants: » Avec l'électro-aimant à fil découvert, la force attractive à i millimètre a été 17 grammes, et la force portante (à travers une épaisseur de papier) 5oo granunes. Dans les mêmes conditions, l'électro-aimant k fil recouvert n'a fourni qu'une force attractive de i ^ gramme, et une force portante de 45 grammes. i4 éléments réunis en quantité ont donné comme force attrac- tive, à 1 millimètre, 23 grammes pour l'électro-aiuiant à fil découvert, I gramme pour l'électro-aimant à fil recouvert, avec ime force portante pour celui-ci de 39 grammes. 21 éléments réunis en quantité ont donné pour l'éleclro-aimant à fil découvert 29 grammes de furce attractive à I millimètre, sans augmenter en quoi que ce soit la force de l'antre électro- aimant. « Enfin, en disposant la pile en séries composées chacune de 7 éléments réunis en quantité, les forces des deux électro-aimants sont restées à peu près les mêmes qu'avec une seule série de 7 éléments. Ainsi, pour deux séries, la force de l'électro-aimant à fil découvert a été 16 grammes, et celle de l'autre électro-aimant i |^ gramme (avec une force portante de 44 grammes pour ce dernier). B Avec trois séries nous trouvons pour le premier de ces électro-aimants ( '28 ) encore i6 grammes, et pour le second 2 grammes et 45 grammes de force portante. » On voit donc que quand la pile est disposée de manière à fournir faci- lement des dérivations, et c'est le cas de la pile de Bunsen et de la pile de Daniell disposée en quantité, l'électro-aimaiit à fd découvert devient d'une force relativement énorme. Au contraire, quand la pile est disposée de ma- nière à ne pouvoir dériver facilement le courant, les avantages de cet électro-aimant deviennent moindres, et d'autant moindres que sa résistance est elle-même plus grande. » Dans ma précédente Note, j'ai dit que l'exlra-couiant était considé- rablement diminué dans les électro-aimants à fd découvert; celte as- sertion ne peut être généralisée et ne s'applique qu'aux électro-aimants à gros fil animés par des éléments de Bunsen. Dans ce cas, l'étincelle se trouve extrêmement réduite, et même tellement réduite, qu'on la distingue difficilement de celle de la pile. Avec les électro-aimanls à fil fin non isolé, l'induction est à peu près la même qu'avec les électro-aimants ordinaires. » Il résulte de toutes ces expériences que ce sont des courants de quan- tité qui conviennent particulièrement aux électro-aimants à fil découvert, et que les effets les plus marqués que ceux-ci puissent produire se mani- festent quand l'isolement des bobines n'est pas par trop grand, et que les piles ont leur surface en rapport avec le nombre des spires. » CiliiMlE APPLIQUÉE. — Des altérations spontanées que la poudre-coton est suiceptible d'éprouver. Note de M. Ch. Blondeau, présentée par M. Pelouze. (Extrait.) « Nous avons opéré, dans trois condifions différentes, sur des poudres qui avaient toutes été préparées par le même procédé, desséchées de la même manière, et qui présentaient la même composition. Elles furent ren- feimées dans des flacons de verre à large ouverture, fermée par un bouchon de liège. Un papier de tournesol était fixé au bouchon, afin de faire con- naître l'instant |Mécis où la décomposition commencerait à se produire. » Quelqucs-iuis des fiacons ainsi préparés furent mis à l'abri de la lu- mière en les enfermant dans une armoire de bois, les autres furent placés sur les étagères du laboratoire et demeurèrent ainsi exposés à l'action d'iuie Itunière diffuse; d'autres enfin furent soumis à l'action directe des rayons lumineux. » Le coton-poudre renfermé dans les armoires, et soustrait ainsi à l'ac- ( 1^9 ) tion de la lumière, ne commença à donner des marques d'altération qu'au bout de {leux mois. Ce fut seulement alors que nous remarquâmes que le papier de tournesol avait rougi. Au bout de trois mois, la décomposition était beaucoup plus manifeste; le bouchon présentait des traces évidentes de corrosion, et une odeui* nitreuse se faisait sentir dans l'inlérieur des flacons. Jusqu'alors le coton-poudre avait conservé sa forme filamenteuse, l'altération ne paraissait pas profonde; mais, à partir du quatrième mois, la poudre-coton commença à se contracter très-fortement, elle s'abaissait de plus en plus dans l'intérieur du flacon, et, un peu plus tard, elle prenait la forme d'un champignon recouvert, sur toutes ses parties, d'une substance gommeuse. I>e dégagement dos vapeurs nitreuses avait continué à se pro- duire, car le bouchon était devenu complètement jaune et corrodé, au point de se réduire en fragments qui se détachaient peu à peu. Après avoir renouvelé le bouchon, nous remarquâmes que, à partir du sixième mois, le dégagement des vapeurs acides était moins abondant, et, à cette époque, les gaz qui se dégageaient restaientemprisoniiés dans la masse, qui se boui- souflait de plus en plus et prenait un aspect caverneux. Cette dernière res- sembla bientôt à une éponge formée d'une matière peu consistante, qui se brisait sous les doigts. Au bout d'une année, la poudre modifiée avait con- servé la même forme et paraissait être arrivée au terme de sa décompo- sition. )) La poudre qui avait servi à nos expériences avait été préparée en em- ployant le mélange cotnposé de i volume d'acide azotique et de i volumes d'acide sulfurique. Le coton cardé avait été soumis à un lavage préalable à l'alcool et à l'éther, pour le débarrasser de toute matière grasse, puis lavé à grande eau, et enfin desséché au soleil. » Le premier effet de la décomposition de cette poudre s'est manifesté par un dégagement d'acide azotique, et le pyroxyle, en perdant une partie de son acide, s'est transformé en colon azotique, ainsi que nous l'a appris l'observation suivante. Le coton-poudre qui a séjourné pendant quatre mois dans l'intérieur d'un flacon présente le même aspect filamenteux qu'il possédait à l'origine de l'expérience, setdement il est devenu fortement acide. Après l'avoir dépouillé de son acidité par un lavage à l'eau distillée, on ne trouve dans ce liquide aucune trace d'acide organique. Le coton résidu, après avoir été desséché, ne détone plus; il fuse comme le coton azotique, et ainsi que lui il se dissout dans l'acide acétique et dans un mé- lange d'alcool et d'éther. C, R. i865, 1" Semestre. (T. LX, N» 3 ) ^ 7 ( '^^o ) ') D'après Dotre analyse, on paraît en droit tle conclure que la première modification spontanée qu'éprouve le coton-poudre, c'est son changement en coton azotique, en laissant dégager une certaine quantité d'acide azotique. » L'altération du pjroxyle ne s'arrête pas à ce terme, et, lorsque la pondre-coton a séjouiné pendant six mois à l'abri de la hunièie, elle forme une masse gommeuse, cohérente, qui traitée par l'eau ne se dissout qu en partie dans ce liquide. La masse non dissoute est formée de xyloidine. Dans le liquide évaporé, on trouve une certaine quantité d'un acide siru- peux, que l'on parvient diflicilement à dessécher, et que nous avons reconnu être de Vacide oxalliydri(jiie. )) D'après cela, nous voyons que la seconde modification qu'éprouve le coton-poudre consiste dans la transformation du coton azotique en xyloi- dine, laquelle est produite, ainsi que nous l'avons établi précédemment, par une simple hydratation du coton azotique, suivie immédiatement de la trans- formation de cette tlernière en acide oxalhydrique. » La transformation de la xyloïdine en acide oxalhydrique se produit avec dégagement de deutoxyde d'azote, et c'est ce gaz qui, demeurant em- prisonné dans la masse, lui connnunique une apparence caverneuse. » Arrivée à ce terme, la masse subit encore quelques modifications; car, examinée im peu plus tard, on trouve dans son intérieur du glucose et de l'acide oxalique. » L'existence du glucose dans les produits de la décomposition de la poudre-coton ne saurait être révoquée en doute; car nous sorauies parvenu à séparer le glucose de l'acide oxalhydrique au moyen de l'alcool absolu, qui dissout l'acide sans attaquer la matière sucrée. Cette dernière réduit facilement la liqueur de Fromherz; mise en contact avec de la levure de bière, elle donne naissance aux phénomènes de fermentation alcoolique et possède, eu outre, une saveur sucrée qui ne laisse aucun doute sur sa na- ture. Sur 3o grammes de coton-poudre qui avaient été renfermés à l'origine dans un flacon, nous pûmes eu retirer '3b%5 de sucre parfaitement cris- tallisé. " D'après Tensemble de ces recherches, on voit que la poudre-coton se dik'ompose spontanément, en laissant dégager de l'acide azotique pour se transformer en coton azotique, qui lui-même, en s'hydratant, passe à l'état de xyloïdiric. Cette (iernière se cliange bientôt eu acide oxalhydrique et glu- cose, l'acide oxalhydrique tendant lui-même à devenir de l'acide oxalique. Cette succession de changements est la même que celle que nous avons observée ou étudiant l'action de l'acide azotique sur la cellulose. Il n'y a ( t3i ) qu'une différence, qui consiste dans la présence du glucose, que nous n'avions pas encore observée, et qui provient sans doute du remplacement des 2 équivalents d'acide azotique de la xyloïdine par 2 équivalents d'eau, ainsi que l'exprime l'équation suivante : C'*H"'0"'(AzO»)- + 8nO=r C'^H'°0"'(HO)--+- 2AzO=4-6HO. » Nous avons pu constater, dans les flacons qui avaient été soumis ,1 l'action d'une lumière diffuse, la série de transformations que nous avons précédemment mentionnées; mais elles se produisent avec beaucoup plus de rapidité, car, au bout de quelques jours, on conunence à observer le dégagement de vapeurs acides qui colorent en rouge le papier de tour- nesol. Le dégagement de vapeurs va en augmentant; bientôt la masse se contracte et prend un aspect gommeux, un boursouflement se manifeste dans l'intérieur du produit, et au bout de quatre à cinq mois la transfor- mation paraît être complète. M Sous l'influence d'une vive lumière, les modifications qu'éprouve le coton-poudre changent complètement de nature. La masse prend tine teinte jaune foncé et devient complètement soluble dans l'eau. Lorsque cette dis- solution est traitée à chaud par la potasse, elle dégage de l'ammoniaque. Sous l'uifluence de la lumière, le éléments de l'acide azotique contenus dans le pyroxyle se transforment en ammoniaque, qui se combine à la por- tion de poudre-coton non décomposée et forme un produit de nature toute spéciale, sur lequel nous nous proposons de revenir lorsque nous traiterons de l'action de la chaleur sur la poudre-colon, car nous le verrons encore se former sous l'influence d'une température de 100 degrés. >> ANATOMIE. — Etude microscopique plioto-auiographiée d'après des lotipcs transversales et longitudinales des ganglions sympathiques cervicaux de V homme à l'état normal. Extrait d'une Note (!e i^î. Duchenne, de lîou- logne, présenté par M. Bernard. « Rèsiunant les faits principaux mis en lumière par des conpes longi- tudinales et transversales que j'ai faites sur des ganglions cervicaux de l'homme, comme on en voit des spécimens dans les figures contenues dans mes planches, je me borne pour le moment à faire remarquer : » 1° Que très-peu de cellules sont a polaires; » 1" Qu'elles communiquent en général latéralement, deux à deux, par un prolongement ; '7- ( >32 ) » 3° Que vues longitudinalement, elles sont multipolaires, la plupart bipolaires ; » 4° Qu^i dans la coupe longitudinale, ou voit les cellules des différents groupes communiquer en général entre elles par les prolongements qui émanent de leurs extrémités, de manière à former des petits centres com- posés de cellules solidaires les unes des autres; » 5° Que les prolongements des cellides sont enfermés dans une gaine ; » 6° Que les coupes transversales montrent des masses de tubes nerveux rassemblés en fascicules nombreux, siégeant principalement au niveau du bord externe du ganglion, où ils forment une bande occupant quelquefois plus du tiers de la circonférence des ganglions ; » 7" Qu'entre les cellules on voit aussi un très-grand nombre de tubes nerveux offrant des caractères anatomiques semblables à ceux des tubes nerveux dont il vient d'èlre question; » 8° Que tous ces tubes nerveux ont de o'"™, ooi à o""",o36 de diamè- tre, et que, dans les plus petits comme dans les plus grands, on distingue parfaitement le cylindre axis séparé du contour par la myéline ; I) 9" Que le ganglion cervical supérieur et les ganglions cervicaux infé- rieur et moyen paraissent offrir dans leur structure les caractères différen- tiels suivants : » A. Les cellules des ganglions inférieur et moyen ne présentent en gé- néral, dans leur contenu, qu'un noyau à peu près central avec nucléole. Quelques-unes ont en outre un à deux novaux plus petits. Toutes sont pigmentaires à des degrés divers, dans un ou plusieurs points rapprocliés de la circonférence du contenu, et quelquefois envahissent la cellule en- tière. Quand elles en offrent, on en voit seulement un ou deux; leurs pro- longements ont les caractères du cylindre axis et ne sont pas interrompus par des noyaux. Le tissu au milieu duquel les cellules sont disséminées est également simple. Ainsi, dans les coupes transversales, les fibres ner- veuses se montrent avec leur cylindre axis et leur myéline ; dans les coupes longitudinales, on reconnaît encore les caractères ordinaires des fibres ner- veuses. » B. La structure du ganglion cervical supérieur est beaucoup j^lus com- plexe, surtout à cause de la quantité considérable des noyaux arrondis ou allongés qui envahissent les éléments nerveux. Le contenu des cellules pos- sède, comme celui des ganglions inférieur et moyen, un noyau avec nu- cléole, mais ce novau est entouré en général par un grand nondjre de petits noyaux qui envaiiisscnt même les gaines des cellules qui rem|)i;icent !a ( i33 ) pigmentation ou la uiasqueiit ordinairement. Les prolongements de ces cellules ont l'aspect de chaînes formées par des petits noyaux. Enfin, le fond au milieu duquel les cellules sont disséminées est constitué par une quan- tité considérable de lignes qui ont à peu près la même apparence que les prolongcuieiits de cellules, en raison de la présence d'une foule de noyaux ovalaires pour la plupart, lignes qui semblent aussi former de petites chaînes. » CHIMIE APPLIQUÉE. — Nouveaux faits jiour servir à l'histoire de r huile d'olive. Note de M. A. Lailler, présentée par M. Balard. « Action de l'acide chromique sur les huiles grasses. — — L'acide chro- mique en solution concentrée, agité avec les huiles grasses, donne lieu à un dégagement de chaleur intense. Le mélange se charbonne, devient noir, et acquiert une consistance pâteuse; il est insoluble dans l'eau. Si on étend d'eau la solution d'acide chromique, on obtient des résultais bien diffé- rents; il doit en être ainsi, l'acide ayant perdu par la dilution une partie de son énergie. Les expériences nombreuses résumées dans les tableaux joints à cette Note, et exécutées sur des huiles d'olive provenant de diffé- rentes localités et récoltées dans des conditions diverses de maturité, de fabrication, etc., permettent d'affirmer que 8 grammes d'huile d'olive, dite de belle qualité, ayant été mêlés dans un tube avec 2 grammes d'acide chro- mique à -g, l'huile est falsifiée si le réactif, vingt-quatre heures après la séparation, est opaque à la lumière du joiu-, soit que l'opérateur place le tube entre' son œil et la lumière directe, soit qu'il se place entre la lumière directe et le tube. )i Action, sur les huiles grasses, d'un mélange de 2 parties d'acide chro- miqne à ~ et de i jiartie d'acide azotique à /jo degrés. — Les expériences nombreuses résumées dans un autre tableau permettent d'affirmer : i" que 3 grammes dece mélange agités dans un tube à essai avec 8 grammes d'iuiile d'olive non rance, quelles que soient la provenance et la qualité, ne produi- sent pas de dégagement de calorique, mais déterminent, au bout de quarante- huit heures au plus, xni commencement de concrétion ; 2" que cette concié- tion devient en quelques jours complète, qu'elle est suivie de l'absorption entière du réactif par l'huile d'olive, et de la coloration en bleu de cette der- nière; 3" que les autres huiles grasses échappent pour la plupart à ces phéno- mènes; 4" que toute huile d'olive qui ne les présente pas complètement doit être considérée connue étant de Ihuile d'olive lalsifiêe. » ( '34 ) M. A. CoMMAiLLE adresse d'Alger l'analyse d'une scorie antique qu'il a trouvée à Rome dans les ruines d'une fabricjue. (Renvoi à l'examen de M. Delafosse.) M. DtPt'is adresse une Note sur un moyen qu'il a imaginé pour rendre plus facile l'ascension des escaliers. (Renvoi à l'examen de M. Séguier. ) M. Stamm, en adressant de Berlin la première partie d'un ouvrage qu'il a publié sur Yexlinction des maladies éjndémiijues, et où il a spécialement traité de \a fièvre jaune, annonce qu'il présente cet ouvrage comme pièce de concours pour un prix qu'il suppose proposé par l'Académie des Sciences sur cette maladie. L'Académie n'a point mis au concours la question de la fièvre jaune; mais M. Stamm, quoique ayant donné à cette maladie qu'il a eu occasion d'étudier dans plusieurs localités diverses une attention plus spéciale, traite aussi des épidémies en généial ; son livre, par conséquent, rentre dans la classe de ceux qui peuvent être soumis à l'examen de la Commission du legs Bréant. A 4 heures un quart, l'Académie se forme en comité secret. La séance est levée à 5 heures trois quarts. F. BULLETIN BIBLIOCRAPIIIQUE. L'Académie a reçu dans la séance du i6 janvier j 865 les ouvrages dont voici les titres : Théorie mécanique de la chaleur, i"' partie : exposition analytique et ex- périmentale;/^((/' G. -A. HinN. 2* édition. Paris, i865. (Présenté, au nom de l'auteur, par M. Combes.) De l'endoscope el de ses nj)pUcalions au diagnostic et au traitement des affec- tions de l'urètre el de la vessie. Leçons faites à l'hôpital Necker par A.-J. Des- ORMEAUX. Paris, i865; in-8". ( i35 ) Recherches sur la disposition des fibres nnixculnires de r utérus développé par la c/rossesse; par Th. Hélie. Paris, 1864 ; in-8° avec atlas in-folio de 10 plan- ches dessinées par M. Chenantais. (Présenté, au nom de l'auteur, par M. Velpeau.) Les petites chronicjues de la Science; par S. Henry Berthoud; 4* année. Paris, i865; iii-12. (Présenté, au nom de l'auteur, par M. Flourens.) Statistique des mines de l'Espagne; par M. Grégoire DE Balliano. (Extrait du Journal des Travaux publics.) Paris, i865; in-4". Matériaux pour l'histoire positive et philosophique de l'homme ; par Gabriel DE JMOUTILLET ; i''^ année, décembre 1864. Paris; in-8". j4nnuaire du Cosmos, 7'' année. Paris, i865 ; in- 12. (Présenté par M. Faye.) Agriculture progressive; vacances de i864; connaissances usuelles; expé- riences; observations ; conseils; choix de notions pratiques et de faits; par P. Vidal. Foix, i864;in-i2. Nosophthorie... Théorie de iexlinclion des maladies e'pidémiques ; par A. -T. Stamm, i'" partie. Leipsig, 1862; in-8". (Destiné au Concours pour le prix du legs Bréant.) I ditteri... Les diptères distribués selon une nouvelle méthode naturelle; par P. LiOY. Venise, i864; iii-8°. Memoria... Mémoire sur la préparation, l'emploi et l'efficacité d'un sirop astringent préparé par M. G. deBenedETTI. Voghera, 1861 ; in-8''. SuUa libertà... Considérations sur ta liberté de l'exercice de la pharmacie ; par M. G. deBenedetti. Voghera, i864; in-12. Annaes... Annales de l'Observatoire de l'infant don Luiz, vol. 11 (i863- 1864), n°^ I, 2 el 3. Lisbonne, i864; 3 livraisons in-folio. Relatorio... Compte rendu du service de l'Observatoire de l'infant don Luiz pendant l'année météorologique àa i863à i 864- Lisbonne, 1 864; in-8*'. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SEANCE DU LUNDI 25 JANVIER 1863. PRÉSIDENCE DE M. DECAISNE. MEMOIRES ET COMMUIVICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. PROCÈS-VERBAL. A l'occasion du procès- verbal, M. Pocillet présente les observations suivantes : « Les scrutins de la dernière séance m'ayant placé dans une situation exceptionnelle et peut-être sans exemple dans nos annales, je crois qu'il est de mon devoir de donner à mes confrères un mot d explication. » Je viens donc déclarer que je ne prendrai aucune part à la lutte dans laquelle l'Académie se trouve maintenant engagée pour élire un successeur à notre très-regrettable confrère M. Clapeyron. 1) Tout en professant depuis longtemps une grande estime pour la per- sonne des deux candidats qui sont parvenus à se partager les suffrages dans la dernière séance; tout en reconnaissant qu'ils ont l'un et l'autre rendu aux sciences des services éminents, mais d'une nature différente et j)€ii comparables; tout en faisant des vœux sincères pour qu'ils appar- tiennent l'un et l'autre à l'Académie le plus tôt possible, je reste dans la profonde conviction que, dans l'intérêt de la science et dans l'intérêt de l'Académie, leurs places étaient marquées en dehors de la Section de Méca- nique, comme j'ai eu l'honneur de le dire à chacun d'eux. » C. B., i865, i'-"- Srmesire. (T. LX. N» -S.) ï8 ( .38 ) ASTRONOMIE. — Sur la constitution )>lirsique du Soleil; par M. Faye. (Deuxième partie.) '< Je vais maintenant indiquer les découvertes modernes à partir d'Arago. Elles peuvent être rangées sous les titres suivants : i° étude physique des lâches, des lacules et de la surface générale de la photosphère ; 2° mouve- ment de rotation ; 3° phénomènes extérieurs à la photosphère observés pendant les éclipses totales. » Les phénomènes entrevus pendant la courte durée des éclipses totales offrent assurément un vif intérêt. Les mesures que M. Airy a fait exécuter en Espagne, à l'occasion de l'éclipse du 18 juillet 1860, d'après un nouveau plan, et les opérations photographiques si bien réussies de MAL de la Rue, Secchi, Aguilar, sont bien faites pour ébranler l'opinion de ceux qui, comme moi-même, ne voulaient voir dans ces apparitions que des phénomènes subjectifs. Évidemment les éclipses peuvent nous révéler des détails exté- rieurs à la photosphère, invisibles pour nous dans toute autre circonstance; mais par cela même elles ne nous apprennent rien sur la photosphère, qui est ici le principal but de cette étude. Je me trompe, elles ont prouvé que les taches ne sont pas dues à des nuages. On a d'abord dit des protubé- rances : ce sont des montagnes; puis : ce sont des nuages. Dès lors il était naturel de revenir à la conjecture de Galilée et d'examiner s'il n'y aurait pas correspondance entre les nuages et les taches. C'est pour cela que beaucoup d'astronomes se donnaient la peine, avant chaque éclipse, d'ob- server les taches qui devaient, par l'eftèt de la rotation, être amenées sur le bord même du disque à l'instant de l'éclipse, et, après l'éclipse, ils guet- taient soigneusement l'apparition de taches là où les nuages, vus à gauche pendant l'éclipse, devaient se projeter plus tard sur le disque solaire. Qu'est-il advenu de toutes ces recherches? Un résultat complètement négatif. On a réussi seulement à constater qu'il n'y avait auciuie coïncidence entre ces nuages et les taches. Cela était aisé à prévoir, car les protubérances, ou si l'on veut les nuages lumineux des éclipses, apparaissent indifféremment dans toutes les régions du disque solaire, aux pôles aussi bien qu'à l'équa- teur, tandis que les taches ne se produisent que dans deux zones très- limitées, et ne se voient jamais dans les régions polaires. Ce sont donc la deux phénomènes com[)létcment distincts. » Il en est autrement des recherches sur les taches et sur la rotation : celles-Ia vont directement au but, puisqu'elles se rapportent à la photo- ( i39 ) sphère elle-même ; les phénomènes qu'elles comprennent, cent fois revus et étudiés dans les circonstances les plus variées, sont entièrement dégagés de toute cause d'illusion; elles offrent donc au raisonnement une base solide; elles peuvent conduire à autre chose que des négations. » Je citerai en première ligne l'importante découverte de M. Schwabe sur la périodicité des taches dont la fréquence présente des maxima et des minima bien caractérisés, à des intervalles de cinq à six ans. Ce phénomène a fait ranger le Soleil dans la classe tles étoiles périodiquement variables. La distribution des taches sur le disque solaire se rattache à cette périodi- cité, car elle paraît subir, à l'époque des minima, un changement marqué que M. Carrington a effectivement observé en i856. )) L'étude assidue des taches a montré qu'elles ont une tendance visible à former des groupes allongés dans le sens des parallèles qu'elles décrivfut. Des taches isolées présentent quelquefois des indices d'un mouvement gira- toire autour de la pnrtie la plus noire de leur noyau; mais cette lente gyration, découverte par le Rév. Dawes, n'offre qu'une analogie bien éloi- gnée avec le tourbillonnement des cyclones ou des trombes terrestres. » Faute d'espace, je me borne à rappeler une foule de détails sur la for- mation et la disparition des taches, leurs changements souvent si rapides de figure, l'apparition de filets de lumière qui forment comme des ponts brillants d'un bord à l'autre des grandes taches en voie de destruction, la structure si curieuse des pénombres et de leurs dentelures, etc. Tons ces phénomènes viennent confirmer d'une manière plus ou moins directe la part de vérité que j'ai voulu tout d'abord dégager du milieu des conjec- tures régnantes. » Quant aux facules, dont la liaison avec les taches est depuis longtemps connue, les observations délicates de MM. Dawes et Secchi, jointes aux épreuves stéréoscopiques de M. de la Rue, ont établi que ces accidents ne diffèrent pas seulement du reste du disque solaire par l'absence de pores, ou plutôt de ces délinéaments réliculaires dont les traits sombres, quelque- fois noirs, donnent aux parties brillantes l'aspect de feuilles de saule juxta- posées ou de grains allongés, mais aussi par le niveau plus élevé où elles se maintiennent au-dessus du niveau général delà photosphère. Pour ceux qui admettent la liquidité dé la photo.«phère, il doit être assez difficile de comprendre comment des vagues de plus de loo lieues de hauteur peuvent se former et surtout se maintenir, sur place, des jours entiers, dans un océan liquide. i8. ( '40) » En exaininaiil les épreuves obtenues à l'Observatoire de Kew, où de- puis cinq lins l'observation photographique du Soleil est organisée sur une grande échelle, M. Stewart a remarqué que les facules se trouvent constam- ment à gauche des taches: sur i85 taches accompagnées de facules, 6 seu- lement faisaient exception et avaient leurs facules adroite; 21 avaient des facules des deux côtés; i58 les avaient à gauche. Le mouvement de rota- tion, vu de la Terre, ayant lieu de gauche à droite, il résulte de la remarque de M. Stewart que les facules sont en retard sur les taches. • » M. Chacornac a fait sur le même sujet, à l'Observatoire de Paris, des observations suivies dont il formule le résultat en ces termes : « Les taches » disposées en groupes parallèles à l'équateur solaire sont envahies suc- » cessivement par les facules placées en arrière, de telle sorte que la tache » la plus avancée dans le sens de la rotation disparaît la dernière; c'est » aussi celle dont le noyau est le plus noir et le plus régulier. » » Quant à la photosphère elle-même, dont j'ai indiqué plus haut d'une manière incidente la structure générale, tous les observateurs ont été frap- pés de l'agitation continuelle dont elle est le théâtre, et dont la production des lâches |)araît être un cas particulier. Ces phénomènes ont inspiré à sir J. Herschel des lignes caractéristiques que je regrette de ne pouvoir citer ici textuellement. » Passons au troisième litre de recherches, la rotation. Tout le monde sait que les anciens astronomes ont cherché en vain pendant deux siècles à déterminer exactement la durée de la rotation solaire. De guerre lasse, Delambre déclarait que ces recherches ne valaient pas la peine qu'on s'en occupât davantage. On attribuait un échec si prolongé aux modi- fications rapides que les taches subissent dans leur figure. C'était une erreur. M. Laugier a montré, dès i84i, que chaque tache donne pour ainsi dire une valeur différente pour la rotation. Les durées obtenues par l'obser- vation de 29 taches ont présenté des valeurs très-diverses comprises entre les limites de 24 et de 26 jours, et il a été établi ainsi que ces différences, très-supérieures à l'incertitude des mesures, tenaient cà l'essence même du phénomène. Les mouvements propres des taches présentaient d'ailleurs un caractère marqué de simultanéité, bien que le sens n'en ait pu èlre déter- miné. Ces résultats inattendus ouvraient une voie nouvelle, mais ils ne pou- vaient être complétés qu'au prix de longues années d'observation exclu- sivement consacrées à cette œuvre unique, et à l'aide d'une méthode d'observation, non pas plus précise, mais moins dangereuse pour la vue. ( '4i ) C'est à ce labeur que M. Carrington s'est dévoué pendant sept ans et demi ; il a recueilli ainsi Sago positions complètes des taches solaires, avec les nombreux dessins nécessaires pour diriger la discussion. Le calcul de cette masse d'observations a prouvé que la vitesse angulaire de rotation varie d'une tache à l'autre avec la latitude, d'une manière parfaitement continue et régulière, ainsi qu'on peut le voir par le tableau suivant, dans lequel la remarquable symétrie du phénomène par rapport à l'équateur m'a permis de condenser, en une seule série moyenne, les résultats obtenus isolément pour chaque hémisphère. Latitude !\Ioavement Rotation Mouvement héliocenlr. diurne. conclue. en latitude (1). Poids. 0 O 861' 25,09 -6' I Hémis]: (hère austral. I 847 25, 5o 0 2 Id. 2 834 25,90 -H 9 2 Id. 3 857 25,20 — t i3 Moyen ne des deu\ hém. 4 867 24,91 0 9 Id. 5 881 24,52 + 6 6 Id. 6 862 25,06 — 2 •9 Hémisi (hère boréal. 7 862 25,06 — I 6g Moyenne des deux hém . 8 860 25,12 + I 109 Id. 9 ■ 862 25,06 — t 56 Id. 10 854 25,29 0 44 Id. ( I 856 25,23 0 56 Id. 12 854 25,29 — I ii5 Id. i3 849 25,44 — 2 26 Id. 4 847 25, 5o — I 58 Id. i5 847 25, 5o -t- 1 68 Id. i6 846 25,53 -f- I 26 Id. '7 84 1 25,68 0 4: Id. i8 845 25,56 0 5i Id. '9 839 25,74 0 65 Id. 20 84o 25,71 + 2 69 Id. 21 835 25,87 + 2 6i Id. 22 838 25,78 0 io5 Id. 23 832 25,96 -+- 1 4" Id. 24 832 25,96 + 3 37 Id. 25 832 25,96 4- 3 3i Id. 26 828 26 , 09 — I 60 Id. (i) Pour les deux hémisphères le signe -+- désigne un mouvement dirigé vers le jiôle, le signe — indique un mouvement vers l'équateur. ( -42 ) Latitude Mouvonient Rotation Mouvement héliocentr. diurne. conclue. en latitude. Poids. 0 27 818 26! 41 i -+- I 22 Moyenne des deux héni 28 820 26,34 + 5 43 Id. =9 816 26,47 H- 2 4o Id. 3o 824 26,21 + 2 24 Id. 3i 83o 26,02 + 5 i5 Hémisphère boréal. 32 810 26,67 - 3 4 Moycnue des deux hem 33 817 26,44 + I 6 Id. 34 807 26,77 + I 27 Id. 35 » t> )> » a 36 801 26,97 -h 6 2 Hémisphère austral. 37 785 27,52 -17 2 Hémisphère boréal. 45 7% 28,46 - 8 2 Hémisphère austral. 5o 787 27,45 + 11 1 Hémisphère boréal. )) Dans l'unique but de faire re.ssortir la continuité de ces résultats, M. Carrington a cherché à relier les mouvements angulaires par la formule empirique 7. Mouvement diurne = 865'— i65'sin* l. La troisième colonne nous révèle un autre fait capital. Les déplacements des taches en latitude, c'est-à-dire dans le sens perpendiculaire au mouve- ment diiu'ne, sont très-faibles, presque de l'ordre même des crreiu-s de l'ob- servation. Il n'y a donc pas, stu" le Soleil, de ces grands courants qui, sur notre globe, transportent des inasses d'air des pôles à l'équafeur, en rasant la surface solide des continents ou la siuface liquide des mers. C'est là une des olîjections que j'opposais, dans la première partie, aux idées de sir J. Her- schel; elle compte pareillement poiu' celles de M. Kirchhoff. En effet des nuages ou des îouibillons ne peuvent marcher en sens inverse delà rotation, avec ime vitesse de 2000 lieues par jour (vers le 35^ degré de latitude), qu'à la condition d'arriver du pôle vers l'équateur avec luie vitesse comparable à celle de leur mouvement en longitude. Or, si les observations considérées de près, dans leius minimes résidus, témoignent d'un mouvement en latitude appréciable à partir du i5* degré, ce mouvement a lieu de l'équateur vers les pôles, c'est-à-dire dans le sens précisément opposé à ces hypothèses. » N'avais-je pas raison de dire au début que quand la science possède de pareilles données, il est temps de renoncer aux conjectures et de tenter la voie do l'explication ratioiuielle? )) Commençons par chercher un point de départ . ( i43 ) » Rien ne distingue notre Soleil de la multitude d'étoiles qui brillent au ciel; les astronomes admettent volontiers que le Soleil est une étoile de moyenne grandeur, dune lumière à |3eu près blanche, avec un caractère très-peu marqué de variabilité [lériodique. Nous sommes donc en face d'un phénomène très considérable sans doule pour nous, mais très-commun, Irès-ordiiiaire dans l'univers étoile. Il convient donc aussi de partir de l'idée la plus simple, la plus générale, la plus applicable à l'ensemble des étoiles, et cette idée sera, sauf erreur de formule, la réunion successive de la matière en vastes amas, sous l'empire de l'attraction , de matériaux primitivement disséminés dans l'espace. » De là deux conséquences immédiates : i° la destruction d'une énorme quantité de force vive remplacée parun énorme développement de chaleur, 2° un mouvement de rotation plus ou moins lent pour la masse entière. Le calcul de la chaleur d'origine ainsi développée dans l'acte de formation du Soleil a été fait par M. Helmholtz, à l'aide de diverses suppositions plau- sibles sur les éléments numériques de la question : ce calcul montre qu il est aisé de rendre compte ainsi d'une durée de plusieurs millions d'années, tandis que les actions chimiques ne fourniraient pas à la dépense actuelle de chaleur pendant la moitié de la période historique (3ooo ans) (i). » Cette chaleur interne, quand il s'agit de masses si considérables, dé- passe de beaucoup la température où les actions chimiques commencent à s'exercer; mais le refroidissement va déterminer dans cette masse de gaz et de vapeurs mélangés des phases successives que nous allons examiner. Par suite dé ce refroidissement, où la conductibilité directe ne saurait jouer qu'un rôle insignifiant, il doit s'établir bientôt, par des mouvements inté- rieurs, un équilibre stable entre les couches successives, analogue à celui de notre atmosphère où les déplacements d'une couche à l'autre ne sont dus qu'à l'action de causes extérieures qui n'existent pas ici. Or, quelle que soit la température d'une telle masse gazeuse homogène , son pouvoir émissif doit être très-faible, ses radiations doivent être toutes superficielles, puisque chaque couche jouit d'un pouvoir absorbant spécial pour les rayons émis par les couches inférieures. Sa conductibilité étant d'ailleurs très-faible, l'équilibre de la masse entière ne subira cjue de lentes modifications, et, à moins de circonstances nouvelles, on ne voit pas comment cette masse poin-- rait émettre cette énorme quantité de chaleur qui ne semble subir aucun (i) Thompson, On the âge of the Sun^s heat, Macmillan's Magasine, march 186'/. ( '44 ) aftaiblissement clans le cours des siècles. Voici, sur ce point, mon raison- nement : En fait, la température à la surface du Soleil est loin d'èlre aussi élevée que cette température interne de dissociation universelle dont nous parlions tout à l'heure. Des mesures de M. Pouillet sur l'inteusilé actuelle de la ra- diation solaire, M. Thompson déduit que la chaleur émise n'est que de i5 à 45 fois supérieure à la chaleur engendrée dans le foyer de nos locomotives. Ainsi la température superficielle ne doit pas dépasser énormément celle que nous savons produire dans nos laboratoires, température suffisante pour produire la dissociation d'un grand nombre de corps (1), mais à laquelle résistent encore les composés les plus stables. La comparaison de la lumière i]u Soleil avec celle de nos sources artificielles les plus puissantes vient corroborer cette déduction. » 11 résulte de là que, si l'action des forces moléculaires et atomiques de la cohésion et de l'affinité disparaît dans la masse interne, elle commence à reparaître à la surface; là, dans un mélange gazeux des éléments les plus variés, lejeu de ces forces donnera naissanceà desprécipitations (Herschel), à des nuages (Wilson) de particules non gazeuses susceptibles d'incandescence, dont nos flammes brillantes nous offrent tant d'exemples (2). Bientôt ces particules, sollicitées parla gravité, gagneront en tombant les couches infé- rieures, où elles finiront par retrouver la température de dissociation, et seront remplacées, dans les couches superficielles, par des masses gazeuses ascendantes, qui viendront y subir le même sort. L'équilibre général sera donc ainsi troublé dans le sens vertical seulement, par lui échange incessant de l'intérieur à la superficie qui eût été impossible dans la phase précédente, et, comme la masse interne ainsi mise en rapport avec l'extérieur est énorme, on conçoit que l'émission superficielle, puisant incessamment dans le vaste réservoir de la chaleur centrale, constitue une phase de très-longue durée et d'une grande constance. » Ainsi la formation d'une photosphère, limite apparente du Soleil, est une simple conséquence du refroidissement, et, comme le point de départ (i) J'emprunte ce terme [étrillée correspondante aux beaux travaux de M. H. Sainte- Claire Deville sur la décomposition spontanée des corps à de hautes températures. (2) L'action chimique peut naître de deux manières dans un mélange gazeux : par le re- froidissement, si le mélange est à la température de dissociation ; parla chaleur, si le mélange est à nos températures habituelles. ( >45 ) s'applique à tous les astres analogues, le même phénomène doit rxister ou avoir existé potn- toutes les étoiles. » A ce point de vue, les belles expériences d'Arago et de M. Kirchhoff cessent d'être contradictoires. Le terme de gnz incandescent n'a pas été pris par Arago dans le sens qu'on lui attribue aujourd'hui ; la flamme dont il s'est servi était celle du gaz d'éclairage et non la flamme ohsciire d'un brûleur de Bunsen ou d'un gaz simple. De même les nombreux savants qui admettent aujour- d'hui, sur l'autorité d'un nom justement illustre, que le Soleil et les étoiles ont une photospiière liquide, n'ont peut-être pas pris garde que dos molécules incandescentes, diffusées dans un milieu gazeux porté lui-même à une haute température, donneraient un spectre continu, à l'exception des raies noires dues à l'absorpliou de ce milieu (i). D'un côté, l'expérience d'Arago con- duit à une conclusion exacte; car la limiière émanée de particules incan- descentes, flottant isolément dans un milieu gazeux, ne sarn-ait étie que de la lumière naturelle, de quelque profondeur qu'elle émane, parce qu'elle n'éprouve, sous aucune incidence, de réfraction sensible de la part du milieu ambiant; d'un autre côté, ce milieu exerce son action absorbante et détermine, dans le .spectre continu de ces nuages incandescents, le sys- tème de raies qui est propre à sa nature complexe. Avec cette manière de voir, on comprend que le spectre des bords soit identique à celui du centre (fait avancé d'abord par Forbes, et récemment confirmé par M. Jans- sen d'après une étude beaucoup plus approfondie), ce qui n'aurait cer- tainement pas lieu si toutes les raies noires du spectre solaire provenaient exclusivement de l'interposition des couches gazeuses du milieu général qui peuvent dépasser la photosphère jusqu'à une hauteur encore inconnue (2). » La formation de la photosphère va nous permettre de rendre compte des taches et de leurs mouvements. Nous avons vu que les couches succes- sives étaient constamment parcourues par des courants verticaux ascendants et descendants. Dans cette agitation incessante, on comprendra aisément que là où les courants ascendants prendront plus d'intensité, la matière lumineuse de la photosphère soit momentanément dissipée. A travers cette (i) J'ose croire que M. Kirchtioff ne repoussera pas celte manière d'interpréter son expé- rience; il semble en indiquer lui-même la possibilité dans une lettre adressée à l'un de nos jeunes chimistes les plus distingués, à l'occasion d'une expérience de M. Fizeau sur la com- bustion du sodium (Revue des Sciences et de V Industrie, 1862, par L. Grandeauet A. Laugel). (■2) Comptes rendus, t. XLIX, p. yoS; iSSg. C. IL, iSnS, i" Semestre. ;T. IX, N» -5.) '9 ( i46 ) sorle d'éclaircie, ce n'est pas le noyau solide, froid et noir du Soleil que l'on apercevra, mais la masse gazeuse ambiante et interne, dont le pouvoir émissif, à l:i température de la plus vive incandescence, est tellement faible, par rapport à celui des nuages lumineux de particules non gazeuses, que la différence de ces pouvoirs suffit à cxplicjuer le contraste si frappant des deux teintes observées avec nos verres obscurcissants. J'ai vu, il y a quel- ques jours, dans une correspondance du P. Secchi, qui a trop étudié le Soleil pour partager les idées régnantes aujourd'luii sur la liquidité de la photosphère, que notre savant Correspondant est arrivé de son côté à une explication dos taches fondée sur le même principe (i). Rien ici, d'ailleurs, qui contredise les mesures thermo-électriques par lesquelles le P. Secchi a montré que le noyau des taches est moins chaud que la photosphère, car Ja différence qui existe pour la lumière entre les deux pouvoirs émissifs existe aussi pour la chaleur. » Mais le phénomène capital, c'est assurément celui qui ressort avec tant d'évidence des travaux de MM. Laugier et Carrington. Tâchons de suivre encore le même raisonnement. De l'échange continuel qui s'opère entre les couches profondes et la surface, au moyen de courants verticaux, il faut conclure que les lois ordinaires de la rotation dans une masse fluide en équilibre doivent être singulièrement altérées, puisque cet équilibre est con- stamment troublé dans le sens vertical (2). Les masses ascendantes, parties d'une grande profondeur, arrivent en haut avec une vitesse linéaire de rota- tion moindre que celle de la siu'face, parce que les couches d'où elles partent ont uii moindre rayon. De là un ralentissement général dans le mouvement de la photosphère, bien que ce retard doive être compensé, pour la masse totale, par les courants descendants, de manière que la loi fondamentale des aires soit satisfaite. De même noire atmosphère ne suit pas exactement les lois de la rotation d'une masse en équilibre, mais les effets sont tout différents parce qu'elle repose sur un globe solide ou liquide. » Si la photosphère est en retard sur la rotation générale, les couches pro- fondes devront par compensation se trouver en avance sur ce mouvement. De cette opposition il résulte que, taudis que la photosphère aura une faible tendance à se rap])rocher de l'axe de rotation, en coulant superficiellement vers les pôles, la tendance contraire se manifestera dans les couches infé- (i) Les Mondes, livr. du 22 tléicnibrc 1864, p. 706. (2) Néanmoins la direction de l'axe peut rester invariable per.dant toutes les phases que nous aurons à considérer. ( '47 ) rieiMcs qui se porteront vers l'équateur. Les choses se passeront comme si les points de départ des courants verticaux se trouvaient sur une surface interne plus éloignée des pôles que de l'équateur ; et si cette surface idéale d'émission était sphéroïdale, par exemple, sa profondeur, et par suite le retard des zones successives de la photosphère, varierait à peu près comme le carré du sinus de la latitude. Or c'est ce que donnerait la formule empi- rique deM. Carrington si on la corrigeait du défaiU de continuité qui lui a été objecté avec raison par M. Babinet, en remplaçant la puissance j du sinus par la puissance paire ^) ou 2 (i). Je trouve en effet que les observa- tions sont aussi bien représentées par la formule Mouvement diurne = 862'— 186' sin- /. )i Mais ici les faits cessent de nous guider; au fond la loi de ces varia- tions n'est pas réellement connue; la rareté des taches dans les f) premiers degrés de la zone éqiiatoriale et dans la zone polaire qui commence au 35* degré ne permet pas encore de déterminer la forme algébrique de cette variation (2). Voilà donc le problème que M. Carrington nous lègue et qu'il faut attaquer désormais avec toutes les ressources de la science. C'est à cette partie de la théorie que se rattacheront plus tard la répartition des taches, le y)hénomènede leur périodicité et la légère différence de tempé- rature qui paraît exister entre les pôles et l'équateur. Espérons que les observations photographiques que j'ai si souvent recommandées depuis seize ans, et dont j'ai eu l'honneur de présenter à l'Académie de magnifiques spécimens dès le mois de mars i858, viendront enfin combler cette lacune. Vouloir aujourd'hui suppléer au silence des observations, ce serait reporter dans le domaine des formules l'esprit de conjecture que je voudrais bannir ici de la question physique. » Quant aux facules, sorte de rides lumineuses dont l'apparition fait pré- sager, presque à coup sûr, la prochaine formation d'une tache, elles sont évidemment dues comme les taches aux courants ascendants. La photo- sphère n'est pas une surface de niveau dans le sens mathématique; c'est la limite à laquelle les courants ascendants portent, dans la masse fluide géné- (i) Comptes rendus, 12 septembre 1864, p- 4^1. (2) Les observations faites vers le 45' et le 5o' degré sembleraient indiquer un niinimiiin (le vitesse angulaire vers 45 degrés et non vers les pôles, mais la faiblesse des poids montre qu'il n'y a pas beaucoup ii compter sur elles. 19.. ( -48) lalc, les phénomènes physiques ou chimiques de l'incandescence. Mais, bien (juele phénomène dans son ensembFe affecte une remarquable régularité, puisque la surface brillante nous a])para!t parfaitement sphéi iqne, on con- çoit qu'un afflux local plus rapide puisse dépasser celte limite et porter un peu plus liant les nuages lumineux. De là les inégalités citées par sir J. Iler- schel dans son objection à l'expérience d'Arago, inégalités confinées comme les taches en certaines régions. Par cela seul que les facules s'élèvent plus haut dans le milieu général, leur mouvement doit être un pou en retard sur la zone correspondante de la photosphère; de là une tendance à se placer tout d'abord en arrière des taches, c'est-à-dire à gauche, i)uisàse déverser dans CCS taches lorscpie l'uiipulsion du coiuant local a cessé et laisse les taches elles mêmes disparaître sous l'envahissement rapide des nuages in- candescents. » Restent d'intéressants mais minutieux détails sur les pénondjrcs, les nuances des noyaux des taches, le pointillé de la surface générale, etc., cpie je ne puis espérer de faire rentrer dans cette première ébauche. Bornons- nous ici aux traits généraux que je vais, pour terminer, résumer théori- quement. » En dehors des époques cosmogoniques dont nous n'avons pas à nous occuper, il y a trois phases à considérer dans le refroidissement d'une masse fluide isolée dans l'espace, animée d'un mouvement de rotation, et portée à une température bien supérieure aux forces d'association physique et chi- mique des molécules ou des atomes. » i" La phase do complète dissociation (nébuleuses planétaires?), où la chaleur va en décroissant du centre à la périphérie. Cet état est susceptible d'un équilibre particulier; le pouvoir émissif est très-faible; la lumière est purement supeificielle, puisque celle des couches profondes j)eut être absor- bée entièrement par les couches superhcielles. Le spectre est probablement réduit à de nombreuses raies brillantes séparées par de larges intervalles obscurs. » i" Refroidissement des couches externes au point où le jeu de certaines affinités moléculaires devient po.ssible. Formation d'une photosphère, espèce de laboratoire superficiel qui détermine les contours ajjparents de la masse. Pouvoir émissif considérable pour la chaleur et la lumière. La lumière émise vient d'une profondeur considérable de la photosphère (i). Le spectre de la (i) Cette profondeur est sensiblement la mùmc aux bords et au contre, [l'oir un article sur le spectre de l'auréole des éclipses dans les Comptes rendus, I. \Al\, p. G79-683; 1861.) ( '49 ) phase précédente est interverti. La lumière n'est sensiblement polarisée sous aucun angle d'émergence. » L'énorme flux de chaleur émané de la photosphère est entretenu aux dépens de la masse entière par le jeu des courants ascendants et descendants qui s'établissent entre les couches profondes et la périphérie, courants impossibles dans la phase précédente. La deuxième phase doit donc oc- cuper un laps de temps considérable et présenter dans ses phénomènes une grande fixité. » Si la photosphère vient à se dissiper localement, la lumière et la cha- leur émise se réduisent en ce point dans le rapport des pouvoirs émissifs de la photosphère à celui du milieu gazeux général. » Le mouvement de rotation ne s'exécute pas tout d'une pièce comme dans la phase précédente où la masse fluide s'écarte peu des conditions de l'équilibre : la surface est en retard sur le mouvement de la masse entière; sous l'antagonisme des forces qui troublent cet équilibre, les phénomènes superficiels peuvent revêtir le caractère de l'intermittence. » 3° Lorsque, par les progrès du refroidissement, les courants verticaux commencent à se ralentir, lorsque la masse entière successivement con- tractée a une densité moyenne suffisante (i), la photosphère devenue très- épaisse prend à la surface une consistance liquide ou pâteuse et finale- ment solide. Alors la communication avec la masse centrale est inter- ceptée; le refroidissement de cette masse ne s'opère plus guère que par la simple conductibilité d'un liquide plus ou moins pâteux; celui de la croûte liquide ou solide fait des progrès rapides à la superficie; la rotation qui s'est accélérée se régularise; les phénomènes des taches et des facnles ont disparu, et la figure est celle qui convient à une masse fluide en équi- libre sous l'action des forces intérieures. L'intensité de la radiation baisse rapidement; la lumière émise obliquement est fortement polarisée, le spectre précédent ne change pas essentiellement d'aspect, mais il ne pré- sente que les laies noires dues à la couche atmosphérique, laquelle est désormais distincte du corps même de l'astre; le spectre des bords diffère notablement du spectre central par le nombre et l'obscurité des raies. Puis viennent les phénomènes de l'extinction définitive. C'est là la phase géologique. » Ce tableau ne serait-il pas la première ébauche, encore bien grossière sans doute, d'une réponse rationnelle à cette question franchement posée (i) A laquelte le Soleil est loin d'être parvenu. ( i-'io ) par M. Carrington : fFlial is tite Sun:' ou à cette autre plus générale : Jf'lial is a slar? V Arrètoiis-nons un instant au début de la troisième phase, c'est-à-dire à la période de liquidité. Celte période est purement transitoire; elle ne sau- rait avoir une longue durée, tandis que la deuxième phase, pendant laquelle j)resque toute la masse contribue à l'émission de lumière et de chaleur qui s'effectue par la photosphère, peut durer des millions d'années si la masse est considérable comme celle de notre Soleil. Il paraît donc physiquement impossible que les étoiles, eussent-elles été formées au même instant, soient aujourd'hui parvenues toutes à la fois à cette période très-particulière de liquidité si voisine de l'extinction définitive. Dieu merci la création entière n'est pas menacée dune fin si prochaine. » Communication de M. Payen. '( J'ai l'honneur d'offrir à l'Académie la quatrième édition du Précis théorique clpraticjue des Substances alimentaires. » Le cadre de l'ouvrage a été agrandi afin de pouvoir y comprendre l'examen des produits dont il était utile de connaître et de comparer la composition immédiate, les propriétés chimiques et organolcptiques, ainsi que l'importance sous le rapport de la consommation générale. » Cette édition renferme un assez grand nouibre de faits nouveaux et les résultats concluants d'expériences entreprises en vue d'élucider ou de résoudre plusieurs questions scientifiques débattues dans ces derniers temps. » On sait que Berzélius, Schutz et M. Liebig, en donnant l'analyse de cer- taines parties comestibles de la chair des animaux, n'indiquaient pas ces matières grasses au nombre des principes immédiats contenus dans ces tissus (i). » Une vérification attentive, dont j'expose tous les éléments, démontre Hvec évidence que ces portions de la chair musculaire, telles qu'on les emploie pour la nourriture de l'homme, et lors même que les tissus adi- |)eux interposés ne sont pas discernables à l'œil nu, contiennent cependant des proportions de substances grasses qui sont loin d'être négligeables. » Cette erreur des savants analystes a peut-être la même origine que celle (i) .Schutz n'indiquait aucune quantité de matière grasse dans la cliair de la carpe ; de niL-me que Limpricht [Annalcn cler Clicmic und Pluinnncic, août i863) ne signalait pas la picsence de ces matières dans son analyse de la chair du t;ardon, qui cependant en contient i l'i'tat frais 0,1 3 et à l'état sec o,45. (.5i) relative à la composition des tendons el de l'ichtliyocolle, présentée par Berzélius et soutenue par Gmelin; erreur dont M. Chevrcul a sign;dé la véritable cause en montrant le passage, au travers des filtres, des globules adipeux en suspension dans les solutions aqueuses de ces tendons convertis en gélatine par l'eau bouillante. » Une autre question non moins digne d'intérêt au point de vue scien- tifique ne pouvait manquer de fixer mon attention; elle m'a décidé à entre- prendre toute une série de vérifications, puis à consacrer un chapitre entier à la préparation et à la composition immédiate des fromages, dont j'avais à peine abordé l'étude dans les éditions précédentes : il s'agissait de savoir si les végétaux cryptogamiques, très-abondants parfois à la superficie de ces produits de l'industrie rurale dans certaiiies périodes de leur fabrication, étaient la source réelle de la formation des acides gras aux dépens de la matière caséeuse ou de toute autre substance organique. Les résultats de mes expériences sur divers produits de ce genre prouvent que telle n'est pas la principale influence exercée par ces végétations soit superficielles, soit internes, car la proportion des acides gras et des composés qu'ils forment s'est constamment montrée en relation évidente avec les quantités primi- tives de la substance butyreuse neutre contenue dans le lait ou la crème employés. Je fais voir dans quelles conditions les fromages se maintiennent doués d'une réaction acide ou peuvent, au contraire, sous l'influence des végétations cryptogamiques, développer une réaction alcaline : les expé- riences ont porté sur dix espèces distinctes de fromages commerciaux (i). » Un des résultats curieux de mes recherches montre que l'eau des huîtres n'est pas, comme on l'avait supposé, simplement l'eau delà mer, car le liquide dans lequel baignent ces mollusques, tels qu'ils nous arrivent, contient une substance albuminoïde dont j'ai démontré la présence, les pro- priétés et les proportions. {Foyez aussi le Bttlletin des séances de la Société impériale et centrale d' Jcfriculture de France, i° série, t. XIII, p. 45, 46^ 49; i857-i858.) » Parmi les nouveaux flùts analytiques on remarquera peut-être aussi les proportions considérables des substances neutres azotées contenues dans certains fruits oléagineux; outre ces substances nutritives, la présence et le siège de la substance amylacée dans l'amande du fruit d'iui conifère. le Pinuspinea. (i) Les principaux résultais de ces analyses comparées ont élé communiiiiiés à la Société impériale et centrale d'Agriculture de France, dans sa séance du 3i août i864' ( «S-i ) » Une comparaison eulre les anciennes analyses des fruits cliarnu» sucrés, et plusieurs résultats nouveaux que j'ai obtenus ou recueillis, m'ont permis de compléter à cet égard la composition immédiate de quel- ques-uns de ces produits. » Quant à l'ensemble des données expérimentales consignées dans cet ouvrage sur l'alimentalion et sur la théoi'ie générale que l'on en peut déduire, il me sera permis d'ajouter que ces observations théoriques et pratiques ont trouvé une consécration précieuse dans l'assentiment qu'elles ont reçu à l'occasion des importants travaux du Comité consultatif d'hy- giène et du service médical des hôpitaux. J'ai été heureux de pouvoir reproduire les conclusions adoptées par ce Comité très-compétent, en expo- sant de nouveau les bases scientifiques sur lesquelles repose le régime ali- mentaire des hommes à l'état de santé et aux différents âges de la vie. » "e"- Remarques présentées à l'occasion de celle commitnicalion ; par M. lîOUSSIXGAULT. « A l'occasion de la présentation de cet ouvrage, M. Bonssingault dit que M. Payen apprendra certainement avec satisfaclion qu'un élève du laboratoire de Chimie agricole du Conservatoire impérial des Arts et Métiers, M. Brassier, vient de terminer un travail sur ce que l'on nomme la fermentation caséique. L'un des résultats de ce ti'avail s'accorde avec le fait énoncé par notre confrère sur la matière grasse des fromages. M. Bras- sier a suivi les modifications que subit le fromage frais, en vieillissant dans le cellier, et il a pu conslaler par l'analyse que non-seulement la matière grasse n'augmente pas, mais qu'elle diminue graduellement, et que!) défini- tive il y a moins de corps gras dans le fromage fait qu'il n'y en avait dans le fromage fi'ais. ■» ZOOLOGIE. — Sur les métamorphoses subies par certains Poissons avant de prendre la forme jiropre à C adulte. Note de M. Agassiz. '( .T'ai observé dernièrement chez les Poissons des métamorphoses aussi considérables que celles que l'on connaît chez les Reptiles. Aujourd'hui que l'on s'occiqîc de pisciculture avec tant de succès et sur une si grande échelle, il est surprenant que ce fait n'ait pas été remarqué depuis longtemps. Peut-être faut-il l'attribuer à cette circonstance que ces métamorphoses commencent ordinairement après l'éclosion des petits, à une époque où ils ( «53 ) meurent rapidement lorsqii'ori les retient en captivité. A cet Age, ils sont du reste pour la plupart trop petits pour être facilement étudiés dans leur élément naturel. Néanmoins, cette période est la plus importante de leur accroissement lorsqu'il s'agit d'étudier leurs affinités naturelles. Je me pro- pose prochainement de faire voir comment certains petits Poissons ressem- blant d'abord à des Gadoïdes ou à des Blennioides passent graduellement au type des Labroïdes et des Lophioïdes. Je pourrai également montrer comment certains embryons semblables à des têtards de Grenouille ou de Crapaud prennent peu à peu la forme de Cyprinodontes ; comment certains Apodes se transforment en Jugulaires ou en Abdominaux, et certains Mala- coptérygiens en Acanthoptérygiens; et enfin comment on pourra fonder ime classification naturelle des Poissons sur la correspondance qui existe entre leur développement embryonique et la complication de leur structure à l'état adulte. » Tout récemment je viens de découvrir que les métamorphoses de cer- tains membres de la famille des Scombéroides sont encore plus inattendues peut-être que toutes celles que j'ai observées antérieurement. Voici le fait. Tous les ichthyologistes connaissent les caractères génériques de la Dorée ou Poisson Saint-Pierre (Zews Faber, L.) et les particularités d'obseivation qui rattachent ce Poisson à la famille des Scombéroides. Un autre Poisson moins connu, mais des plus curieux, qui habile également la Méditerranée, connu sous le nom à' Anjyropelecm liemigymnus{Cocco),A été généralement rapporté à la famille des Salmones, ou rapproché des Salmones comme sous-famille. Les auteurs systématiques ont généralement considéré les Scombéroides et les Salmones comme des Poissons très-différents, les premiers étant rapportés à l'ordre des Acanthoptérygiens et les seconds à l'ordre des Malacoptéry- giens : eh bien! V Arçiyropelecwi liemigymnus n'est cependant pas autre chose que le jeune, âge du Zens Fahcr. » Je m'attends à ce que tous les ichthyologistes repoussent cette asser- tion comme erronée. Rien n'est cependant plus vrai; aussi, loin de chercher à le prouver par de longs arguments, je me bornerai, pour le moment, à inviter mes confrères à se procurer de petits' exemplaires de la Dorée, de 8 à lo centimètres de longueur, et à les comparer à des exemplaires authentiques de ï Arcjyropelecus, certain que je suis qu'ils admettront l'iden- tité des deux Poissons, dès qu'ils en auront ftiit la comparaison^ » C. R., iS65, i«r Semestre. (T. LX, N» 4.) 20 ( '54 ) NOMINATIONS. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un Membre de la Section de Mécanique en remplacement de feu M. Clapejron. Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 60, M. Foucault obtient. ... 3( suffrages. M. Favé 28 » Il y a un billet blanc. M. FoicAULT, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est pro- clamé élu. Sa nomination sera soumise à l'approbation de l'Empereur. MÉMOIRES PRÉSENTÉS. CHIMIE APPLIQUÉE. — Recherches chimiques sur la betterave; par M. B. Core.\wi.\deu. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Brongniart, Boussingauit, Peligot.) c( Quoique la betterave ait acquis une importance considérable à cause du développement immense qu'elle a imprimé à l'industrie nationale et à l'agriculture, on a fait peu de recherches sur sa constitution chimique. On n'ignore pas que celle-ci varie en raison des circonstances, mais on ne pos- sède pas d'éléments suffisants pour apprécier les limites de ces variations. On n'a que des indices vagues sur les modifications que la nature du sol, les engrais, impriment à la composition chimique des éléments minéraux (pie cette racine renferme; je crois même qu'il n'existe dans la science qu'une seule analyse des cendres de la betterave, laquelle a été faite par MM. Boussingauit et Payen. » Ayant été conduit, par les intérêts de mon industrie, à me livrer depuis plusieurs années à des recherches siu' ce sujet, je pense qu'il peut être utile de faire connaître quelques-unes de mes analyses, celles au moins qui pré- sentent les caractères les plus significatifs. ( -55 ) u Q U5 M se Q z z o H «s PS ■soiqniosui ssugiivn 'S3)jdd ta apnos 9p aiTHilSOHd ■mn|po9 gp aunHOiHD ■mnissBiod ap auauoiiiD ■ossBlod ep aivjTas '9pnos op aiVKoauva ■assBiod 9p 3IY!C0a>IVD o o « " ■= "^ s u -s Si w H H C en Si < z ■saiBiouim saHaiivw ■319 *99ainil93 m C^ 1^- o o (S in (M C LO M l-^ Irt co o ce M O r^ O cr. C75 co o o i"^ i-T — m (O " " LJ-l o iiTi ^_ o G es O C9 IT) -Tï O l^ lo u-j c:* co ce 00 00 oo ÛO o: 00 co '"* ^ -C ■OJ 13 o > 5 C C tj 3 (C ~ 2 03 « S 3 — S 3 ^3 3 — S "^ 20,. ( '56) )) Ces analyses sont intéressantes à plusieurs titres : » 1° Pour la physiologie végétale : elles montrent dans quelles limites peuvent varier les éléments d'une même plante, car ces variations ne sont pas spéciales à la betterave, elles se présentent pour les autres racines et même pour les fruits des pays tempérés et ceux des régions tropicales. » 2° Pour le fabricant de sucre : il ne doit pas ignorer combien la propor- tion de sucre est différente d'une betterave à une autre. J'ai eu l'occasion d'en examiner cpii ne contenaient que 2 à 3 pour loo de sucre; au contraire il m'est arrivé, notamment en Allemagne, d'en trouver qui avaient une richesse saccharine de i5 à i8 pour lOo. » On voit par ces exemples combien il importe, avant de construire une usine dans une localité, de se préoccuper de la richesse en matière sucrée que la betterave peut y acquérir. M 3° Pour le raffineur de potasse et le fabricant de salpêtre : il leur est utile de connaître les localités où les salins de betteraves sont riches en sels de potasse. C'est pourquoi j'ai représenté les matières salines dans l'état où elles se séparent par la cristallisation. u Les personnes qui n'ont pas eu l'occasion d'analyser des salins de betteraves seront étonnées de voir l'énorme différence qui existe entre les cendres de diverses localités, au point de vue du carbonate de potasse qu'on peut en extraire. On ne manquera pas d'observer que lorsque le carbonate de potasse est en abondance, le carbonate de soude diminue. Aussi les ma- nufacturiers qui exploitent les salins de betteraves savent-ils qu'il importe, dans leur évaluation, de ne pas se contenter du titre alcalimétrique des po- tasses brutes du commerce, mais qu'il faut en faire une analyse complète pour connaîtie leur teneur en sels de potasse. » Je développe dans mon Alémoire les considérations qu'on peut tirer de mes analyses au point de vue de l'agriculture. » i i ÉCONOMIE RURALE. — De la production du fumier par les bêles à laine, i Riipporl entre iemjrais produit et la nourriture (onsoniméc. Mémoire de 31. H. M.4RÈS, présenté par M. Peligot. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Boussingault, Peligot, Thenard.) * « Le but de ce Mémoire est la recherche des rapports qui permettent d'apprécier la quantité et la qualité des fumiers qu'on peut retirer des matières alimentaires consommées par les bêtes à laine. ( '57 ) » Les expériences exposées dans ce travail ont porté sur trois lots d'an- tennaises de race Larzac, composés chacun de six bétes. » L'alimentation de ces trois lots dans la bergerie, et pendant cinquante- sept jours consécutifs, du i3 janvier au 1 1 mars, l'un i)ar la luzerne seule, les deux autres par un mélange de luzerne et de marc de raisin, de feuilles de mûrier d'automne sécliées à l'air et de marc de raisin, ont donné des résultais dont la comparaison, basée d'une part sur l'analyse et le poids de chaque espèce d'aliment consommé, d'autre part sur la composition des fumiers recueillis pour chaque lot, a conduit aux conclusions suivantes : » 1° Le rapport entre le poids de l'azote du fumier et celui des aliments consommés a été, pour les trois lots, ainsi qu'il suit : )i Pour l'alimentation par la luzerne seule :: 82,40: 100 )) Pour l'alimentation par la luzerne et le marc de raisin. ;: 78,75 : 100 » Pour l'alimentation par la feuille de miirier et le marc de raisin '.'. 89,50 : 100 )> La moyenne des trois expériences donne 83,55, coefficient qui exprime le rapport entre l'azote du fumier et celui des aliments pour des bétes à laine nourries dans les conditions décrites plus haut (i). » 2" Le fumier en poids, produit par les bétes à laine, a varié selon le volume et l'humidité des aliments qui com|)osent leur nourriture. Ainsi dans le cas actuel et dans les mêmes conditions de température (2) et de repos, la proportion du fumier au poids de la nourriture solide a varié entre 70 et laS centièmes, soit presque du simple au double. )) 3° Le poids du premier produit a été sensiblement proportionnel au poids de la matière sèche contenue dans les aliments. En effet, dans les trois lots, cette proportion a varié de i38 à i44 ('4i)25 en moyenne) de fumier pour 100 de nourriture sèche, malgré les différences considérables de com- position que présentent les aliments consommés et les quantités d'eau très- variables absorbées par chaque lot. Dans des conditions d'alimentation analogues à celles des bétes ovines dont il est ici question, on peut donc calculer la quantité de fumier que les bétes à laine sont susceptibles de (i) Des expériences sur le même sujet ont été faites en juillet 1849 par M. Barrai, et rapportées dans sa Statique chimique êtes nnimau.r, jï. 3i i . loir les expériences de M. Jurgensen [Economie rurale de M. Boussingault, t. Il, p. 63q) ; expériences de M. Reisel [Comptes rendus de l'Académie des Sciences, t. LVI, p. 5^5^ . (2) La température de la bergerie a varié, pendant la durée des expériences, entre 8 et 10 degrés du thermomètre centigrade. ( «58 ) loiirnir, en roiinaissant soiileiiieiit l'eau de composition de leurs aliinenls. Cette opération est toujours lai ile, puisqu'elle n'exige qu'une simple des- siccation. » 4° I-*^ poids du fumier recueilli a été proportionnel à la somme en poids de la nourriture solide et de l'eau consommée. Ce poids a varié de 45 à 5o pour 100 de la nourriture et de l'eau réunies. Ce dernier résultat paraîtrait indiquer que la respiration et la transpiration cutanée, unies a la quantité de viande et de graisse formée par les bétes à laine, ont con- sommé environ la moitié en poids des aliments solides et liquides ingérés dans leur estomac. » 5" Lorsqu'on nourrit les bêtes ovines avec des fourrages contenant^ à l'état normal, de i4 à 16 pour 100 d'eau, tels que la luzerne et le foin normal, le fumier produit par ces animaux excède en poids, de 20 à 2.6 pour 100 environ, celui de la nourriture solide consommée. » Il est bien entendu que le poids des litières reste en dehors de ces données, et qu'il s'ajoute à celui des déjections; que les résultats signalés s'appliquent à des animaux nourris d'aliments solides dont la proportion d eau de composition n'est pas trop élevée, et qui ne sortent pas de la ber- gerie. L'alimentation des bêtes à laine au moyen de fourrage vert, ou avec de fortes proportions de racines et de pulpes aqueuses, pourrait peut-être modifier les coefficients auxquels je suis arrivé. Ce fait n'aurait rien de sur- prenant, car, dans les questions complexes concernant l'entretien et la consommation du bétail, on sait que les rapports déduits soit de l'expé- rience, soit de l'analyse et de l'observation, n'ont rien d'absolu et ne com- portent que les cas analogues à ceux dont ils ont été déduits. » Néanmoins, ceux que j'ai indiqués dans la première et la troisième con- clusion, exprimant, l'un la richesse de l'azote du fumier, l'autre son poids relativement à la nourriture consommée, permettent, dans un grand nombre de cas, d'apprécier assez exactement et à l'avance la qualité et la quantité de l'engrais qu'on obtiendra par les bètes à laine des aliments qu'on letu fera consommer. » Il n'est pas nécessaire d'insister sur l'utilité que présente la détermi- nation de pareilles données, soit pour estimer à sa valeur l'engrais d'une exploitation rurale sur laquelle vivent des bêtes ovines, soit pour en faire la répartition sur les cultures. » Dans un nouveau travail j'examinerai la quantité et la valeur de l'en- grais fourni par les bêtes à laine nourries sur les landes et les pâtures qu'on désigne vulgairement dans le midi de la France sous le nom deguarriçiucs. » ( i59) CHIMIE APPLIQUÉE. — Théorie des fontes et aciers : faits ndiiveaiux. Extrait d'une Note de M. Jullien. (Commissaires précédemment nommés : MM. Boussingault, Fremy, H. Sainte-Claire Deville.) « Karsten écrivait, le i" mars 181G, en tète de sa première édition : rt Cet ouvrage est le fruit de douze années d'observations et d'essais » que j'ai faits dans les usines on vertu de mon emploi. » Si donc l'obser- vation a fait défaut à quelqu'un, on peut dire que, en tous cas, ce n'est pas à Karsten. Depuis quinze ans je m'occupe de la théorie des fontes et aciers. Sur ces quinze années, j'en ai passé dix dans les forges et aciéries, en qualité d'ingénieur chef de fabrication, et, à ce titre, exclusivement chargé des observations et essais. On peut également dire que l'observation ne m'a pas fait défaut. Eh bien, j'affirme que, à de très-rares exceptions près, tous les faits consignés dans la première partie du Manuel de mé- tallurgie de Karsten sont de la plus scrupuleuse exactitude. » En outre, Karsten dit (§ SaS) : « Le fer carburé (la fonte ou l'acier) )) doit être considéré comme un alliage de deux métaux, qui est toujours » homogène à l'état liquide, puisque cette homogénéité subsiste après un » prompt refroidissement. » Je partage entièrement cette manière de voir. Doù vient cependant que, par la théorie de Karsten, on n'explique aucun des phénomènes de la métallurgie du fer, tandis que par celle donc j'ai adressé le premier Mémoire à l'Académie des Sciences en avril 1802, et que depuis cette époque j'ai développée dans six Mémoires imprimés, on explique non-seulement tous les phénomènes de la métallurgie du fer, mais encore la trempe de l'acier, de la fonte, du verre, des roches ignées, du bronze, du soufre et du phosphore? Cela tient exclusivement à ce que Karsten, comme Berzélius et tous les savants qui ont éciit sur la Chimie, considère les métaux comme susceptibles déformer entre eux des combi- naisons, tandis que je prétends, et le démontre, que les métaux ne se com- binent pas et que les composés qu'ils forment entre eux sont de simples dissolutions. » Le Mémoire très-long dont j'extrais cette Note a pour but de démon- trer que : » 1° Les métaux ne se combinent [)as entre eux; » 1" Le fer ne se combine ni avec le carbone, ni avec le silicium, ni avec l'azote. ( i6o ) » 3° La chaux éteinte et le sulfate de soude hydraté sec accusent tous les caractères de la dissolution et aucun de ceux de la combinaison. Que si leau solide et pure est toujours cristallisée, elle peut être amorphe à l'état de dissokilion. » Ces principes sont en opposition avec les principes admis, mais cela ne prouve pas qu'ils sont faux. Mon Mémoire discuté peut seul me donner tort. Maintenant, voici quelles sont les conséquences de ma théorie, en ce qui concerne les fontes et aciers : >i i" L'acier chauffé au rouge cerise est une dissolution de carbone liquide dans le fer, soit amorphe, comme quand il a été fondu et coulé en lingotière mince, soit cristallisé, comme quand il sort de la caisse à cé- menter. » 2° L'acier trempé et la fonte blanche sont des dissolutions de carbone cristallisé dans le fer amorphe; ces deux composés ne diffèrent entre eux que par la proportion de carbone qu'ils renferment. i> 3° L'acier doux est une dissolution de carbone amorphe, soit dans le fer amorphe, soit dans le fer cristallisé. )) 4° La tonte liquide est une dissolution de carbone liquide dans le fer liquide. » 5° La fonte grise, obtenue par la coulée de la fonte liquide en lingo- tière chaude ou en sable vert, est un mélange de graphite et d'acier dont les composants, fer et carbone, sont tous deux à l'état amorphe. » G'^ La fonte grise, obtenue par coulée de la fonte liquide en sable d'étain épais, est un mélange de graphite et d'acier dont le carbone est amorphe et le fer cristallisé. » ']" La fonte grise, chauffée au rouge cerise et trempée dans l'eau fraîche, est un mélange de graphite et d'acier trempé. » 8° La fonte cémentée dans un oxyde métallique et devenue mal- léable est de l'acier d'abord, puis du fer si la réaction est suffisamment prolongée. » 9" La fonte blanche recuite au rouge est, froide, de la fonte grise. M 10° La température de solidification de la fonte grise est d'autant plus basse que sa température de fusion est plus élevée. » 11° Les ampoules des fers cémentés et les soufflures des fers en fabri- cation sont le résultat de la réaction du carbone en dissolution sur l'oxyde en suspension. » 12° Le graphite, étant du carbone amorphe, ne peut pas cristalliser sans être du diamant. Le graphite que l'on considère comme cristallisé en ( -ei ) hexaèdres est du giaplutc moulé dans le calcaire hexaédrique où on le trouve. » Voici quelles sont les conséquences de la même théorie en ce qui concerne les verres, roches ignées, bronze, soufre et phosphore : » 1° Le verre liquide est une dissolution, dans un silicate neutre, de l'un de ses composants. » 2° Le verre à vitres est une dissolution de silice amorphe dans le sili- cate neutre cristallisé. » 3° Le verre à bouteilles, foncé en couleur, est le plus souvent une dissolution d'oxydes amorphes dans le silicate neutre cristallisé. » 4" Le verre recuit est un mélange de silice ou d'oxj'de, amorphe ou cristallisé, suivant la durée du recuit, et de silicate neutre amorphe. » 5° Le granit est un verre liquide refroidi lentement. B 6° La lave, de même composition, est un verre liquide refroidi brus- quement. » 7° Le bronze, solidifié lentement, sest une dissolution d'élain cristallisé dans le cuivre amorphe. » 8" Le bronze, chauffé au rouge et trempé dans l'eau fraîche, dit bronze mou, est une dissolution d'étain amorphe dans le cuivre amorphe. » 9° Le soufre liquide, refroidi lentement, est cristallisé; refroidi brus- quement, il est amorphe. 1) io° Le phosphore liquide, refroidi lentement, est cristallisé, incolore et transparent ; refroidi brusquement, il est amorphe, opaque et noir. » II" Le phosphore devenu blanc dans l'eau est une dissolution, dans le phosphore cristallisé, soit d'eau solide amorphe, soit d'eau liquide. » Le sucre fondu et exposé à l'humidité de l'air devient terne, de trans- parent qu'il était; c'est, comme ci-dessus, une dissolution, dans le sucre cristallisé, d'eau solide amorphe. Ici le doute n'est pas possible. » 12° Le phosphore rouge est l'état amorphe d'un état allotropique du phosphore dont on ne connaît pas encore l'état cristallin. » Quel que soit l'état physique d'un composé, il est combinaison quand ses composants sotit en proportions constantes et exactes : ses propriétés sont celles de ses éléments composés et non celles des éléments compo- sants; dissolution, au contraire, quand les composants sont en toutes pro- portions, avec ou sans maximum de saturation : ses propriétés participent de celles de ses composants. » La combinaison, en proportions indéfinies, sous l'influence de l'affinité capillaire, n'est ai.tre chose qu'une simple dissolution solide. » C. R., i865, i"- Semestre. (T. LX, N" 4.) 2' ( 'G2 ) lico^JOMlE RURALE. — Nolc sur un nouveau sous-qenre de. Bombycide producteur de soie, et sur les études entreprises pour essayer d'en faire i objet d'une culture avantageuse dans notre colonie; par M. F.-E. Giérin-Méneviixe. (Commissaires, MM. Milne Edwards, Blanchard.) « Pendant les glorieuses expéditions militaires faites an Sénégal par M. le général Faidlierbe, on a trouvé, dans l'intérieur du pays, un ver à soie dont les cocons, extrêmement abondants sur plusieurs espèces de Juju- biers sauvages, pourraient donner à l'industrie une matière textile très- utile. Comprenant l'importance de cette découverte, M. le Gouverneur a lionne des ordres pour que des études fussent entreprises sur cet insecte, afin de savoir s'il ne pourrait pas devenir l'objet d'une industrie agricole fructueuse. En conséquence, M. le D"' Bancal, chef du bureau de l'intérieur a Saint-Louis, s'est appliqué à étudier cette question, et il m'a fait l'hon- neur de ra'écrire, le 27 novembre 1864, pour faire appel à mon expérience dans ces matières, pensant que mon concours pourrait être utHe au succès d'une entreprise qui semble avoir luie importance réelle pour la colonie. » Pour me mettre à même d'étudier aussi la question, et peut-être d'in- Iroduire l'espèce en France et en Algérie, M. Bancal a joint à sa lettre, déjà pleine de précieux renseignements, douze cocons vivants du Bomby- cide en question, ce qui me permet d'observer de nouveau cette magnifique espèce, d'apprécier la lichesse en soie de ses cocons, et de rédiger un Mé- moire, dont la présente Note n'est qu'un Irès-court extrait. » Je montre, dans ce travail, que le Bombycide du Sénégal appartient a une espèce que j'ai fait connaître pour la première fois en i838, eu la figu- rant dans mon Iconocjraphie du Règne animal de Cuvier, el en la décrivatit ensuite, en i844î dans le texte de cet ouvrage, sous le nom de Saturnin Bauliiniœ. M En raison de caractères propres à sa chenille et à l'insecte parfait, et dont le plus saillant est, dans le papUlon, d'avoir les antennes également plumeuses et larges chez les deux sexes, tandis que celles des femelles sont très-différentes et beaucoup plus étroites chez les vraies Saturnies (dont le grand Paon d'Europe est le type), il y a lieu de créer, pour cette espèce et pour celles qui offriront les mêmes caractères, un sous-genre que je pro- pose de désigner parle nom de Faidherhie qui rappelle celui de M. le gou- verneur du Sénégal. " Les œufs de la Faiilhcrbia Bauliiniœ sont entièrement blancs, légère- ( i63 ) ment aplatis et ovalaires, et à peu près de la giosseiii- de ceii\ du Bombyx cyntliia. » M. Lécart, jardinier en chef de la pépinière de laTaouey, à qui l'on doit des essais d'éducation très-bien conduits, a publié une description de ia chenille observée à ses divers âges. Noire en sortant de l'œuf, grise au second âge, d'un blanc d'argent brillant au troisième, elle passe enfin à la couleur verte, et elle a le corps couvert de petits pinceaux de poils rouges et bleus vers la tète, et rouges et blancs en arrière. " La chrysalide est brune avec une matière cireuse et pulvérulente grise sur la partie dorsale, et un tubercule en forme de tète de clou à l'extrémité postérieure, auquel est fixé le petit paquet formé par la dernière peau de l;i chenille. Elle n'a pas, sur la tète, le réservoir de liqueur, destiné à ramollir la soie, que j'ai découvert chez les espèces à cocons complètement fermés. » Le cocon, de forme ovalaire, entièrement blanc et lustré à l'extérieur, est composé de deux enveloppes dont l'interne est Ibrmée d'une soie blonde. Il a luie ouverture en nasse très-serrée, et il est attaché aux branches, comme celui du Bombyx cynlhia, par un cordon plat. » Le papillon, dont je m'abstiens de répéter ici la longue description, et qui a été figuré deux fois déjà, exhale en éclosant, ainsi que je l'ai observé en i855, une forte odeur de musc. La femelle contient près de 5oo oeufs qj]i éclosent six à huit jours après la ponte. » Un avait cru d'abord que ces chenilles se nourrissaient sur l'arbre appelé Nguigiii {Baiiliinia reliculala), mais on a reconnu, ainsi que je l'avais déjà remarqué en i855, que leur véritable nourriture se compose des feuilles de divers arbrissaux du genre Jujubier, dont le principal est connu au Sénégal sous le rtom de Siddem [ Zizypims orthacantha). » Comme toutes les espèces de Lépidoptères, celle-ci est attaquée par un assez grand Ichneumonide inédit que je figure et décris sous le nom de Cryplus leucopygus. " Pour déterminer approximativement ia richesse "u soie de ces cocons, j'ai fait quelques pesées qui m'ont donné les résultats suivants : >) Les neuf cocons restés vivants (sur les douze) pèsent 27 grammes; le poids moyen de chacun est donc de 3 grammes, tandis que celui des cocons du Mûrier est de 2 grammes. ' Ayant ouvert trois de ces cocons pour peser séparément la soie et les chrysalides, j'ai trouvé que, sur un poids total de 9^% 10, il y avait i^^gode matière soyeuse ou 19,30. pour 100 de soie, tandis qu'il n'y en a que r i à i4 pour 100 dans les cocons du Mûrier. 21.. ( '64 ) » Ces mêmes pesées montrent qn il y a, en moyenne, dans chaque cocon, 633 milligrammes de soie quand il n'y en a que 290 dans les cocons du Mûrier, 255 dans ceux de 1 Allante, et 1 yS dans ceux du Ricin. » La soie de la Faidlierbia Bauhiniœ, quoique un peu colorée de gris de lin, doit être beaucoup plus pâle que celle de l'Ailante. Il paraît qu'on a pu très-facilement tirer de la soie grêge de ces cocons, car M. iîancal m'an- nonce qu'il y a quelques échantillons de celte soie dévidée, dans une vilrine qui va figurer à l'exposition de Sierra-Leone, le i 5 février prochain. » CHIMIE ORGANIQUE. — Sur les sucrâtes de chaux. Note MM. Boivix et LoiSEAU, présentée par M. Pelouze. (Commissaires précédemment nommés : MM. Pelouze, Payen, Fremy.) « Dans son Rapport sur notre travail relatif aux sucrâtes de chaux, M. Pelouze indique qu'il a constaté le dédoublement du sucrate bibasique en sucrate tribasique et en sucre libre. Les sérieuses objections qu'il a |)ré- senlées d'autre part, relativement à la préexistence du sucrate bibasique de chaux dans les dissolutions obtenues en mettant la chaux hydratée ou le sucrate tribasique au contact de l'eau sucrée, nous ont engagés à chercher un moyen de préparer le sucrate bibasique pur directement (sans faire intervenir l'alcool), et un mode de dédoublement de ce corps qui ne fût douteux pour personne. » Le moyen simple que nous avons découvert pour préparer directement le sucrate bibasique de chaux consiste à verser rapidement un excès de chaux éteinte et tamisée dans une dissolution d'eau sucrée, en opérant à la températiue ordinaire, dans un vase fermé, pour éviter l'action de l'acide carbonique. Après l'avoir agité quelque temps, le mélange est jeté sur un filtre pour enlever l'excès de chaux, et le liquide filtré est placé dans un bain de glace pour en abaisser la température. Au bout d'un temps qui varie avec la quantité de chaux dissoute, un trouble se manifeste d'abord, et il se forme peu à peu un dépôt plus ou moins abondant et d'aspect cristallin. Ce corps est du sucrate bibasique de chaux que l'on sépare de ses eaux mères par filtration, et que l'on purifie par des lavages abondants avec de l'eau distillée froide, exempte d'acide carbonique. Le moyen qui nous a le mieux réussi pour effectuer ces lavages con.'iiste à détacher le sucrate de son lillre et à l'agiter avec de l'eau dans un vase fermé. On sépare alors la première eau de lavage par filtration ; le précipité est de nouveau soumis a des lavages semblables jusqu'à ce que les dernières eaux contiennent des quantités de ( -65 ) sucre et de chaux correspontlanl au siicrate bibasique. Les analyses faites sur ce corps montrent qu'il renferme 24,6 pour 100 de chaux. » La solubilité du sucrate bibasique de chaux dans l'eau est faible : elle est d'environ 3 pour 100 du poids de l'eau employée; mais il est très-soluble dans les dissolutions sucrées; il se redissout entièrement dans ses eaux mères vers 35 degrés centigrades. » La précipitation du sucrate bibasique par abaissement de température dans le milieu qui l'a produit explique un phénomène déjà signalé. Plusieurs chimistes avaient eu effet constaté que lorsqu'on verse de la chaux éteinte et tamisée dans une dissolution sucrée concentrée, il se formait un composé solide qui, retenant un excès de chaux impossible à séparer, n'avait pu être analysé. Nous avons reconnu que la masse solidifiée pouvait redevenir fluide si on la chauffait légèrement. Nous pensons que l'on peut attribuer ce phé- nomène à la |)récipitation du sucrate bibasique, formé en abondance, et qui, étant soluble dans ses eaux mères vers 35 degrés, s'y redissout si l'on chauffe légèrement le mélange. » Nous devons signaler ici un fait remarquable : c'est que toutes les dis- solutions, quelles que soient leurs densités, maintenues à la température de G degré jusqu'à ce que la précipitation du sucrate bibasique soit complète- ment terminée, fournissent une eau mère qui parait renfermer un sucrate contenant 19 à 20 pour 100 de chaux. D'un autre côté, nous avons re- marqué que lorsque l'on versait ra|)idement un excès de chaux hydratée dans des dissolutions sucrées à 5, ro, i5, 20 pour 100, la quantité de chaux, immédiatement dissoute, semble correspondre également à un sucrate con- tenant ig à 20 pour 100 de chaux. L'ensemble de ces faits peut faire croire à l'existence d'un sucrate sesquibasique , déjà signalé par Wondecke et Soubeiran; mais il nous semble que la faible solubilité du sucrate biba- sique dans l'eau rend peu probable l'existence d'un composé voisin aussi soluble. » Les dissolutions de sucre saturées de sucrate tribasique à la température ordinaire et plongées dans un bain de glace donnent des dépôts dont les analyses nous occupent en ce moment. » Le sucrate bibasique de chaux étant peu soluble dans l'eau, et M. Pe- louze ayant repoussé, à juste titre, l'emploi de dissolutions faibles, nous avons imaginé d'opérer le dédoublement sur du sucrate bibasique pur en suspension dans l'eau. Sous l'influence de l'eau à 100 degrés, à laquelle il était mélangé, le sucrate a changé notablement d'aspect pour prendre celui qu'affecte le sucrate tribasique. Si, après quelque temps d'ébullition, on ( >66 ) fillie, on reconnaît que le précipité bien lavé est en effet du sucrate triba- sique, tandis que le liciuide filtré à loo degrés renferme du sucre avec une quantité de chaux inférieure à celle qu'exige la formule C"H"0", C^aO; il ne se forme donc pas de sucrate monobasique, comme nous l'avions cru d'abord. » En opérant directement sur le sucrate hibasique, nous croyons avon-, les premiers, démontré d'une façon rigoiu'euse le dédoublement du sucrate bibasique en sucrate tribasique et en sucre. » En présence de cette réaction si nette cl si rigoureuse, nous avons dû chercher la cause d'erreur qui nous av.ut fait admettre la formation du sucrate monobasique. Cette cause, nous l'avons trouvée dans l'action de l'acide carbonique de l'air sur nos dissolutions. Dans nos premiers essais, afin de dissoudre le plus de chaux possible, nous repassions les liquides un grand nombre de fois siu' de grands excès de chaux ; mais, malgré tous les soins apportés à clore les vases et les entonnoirs, un peu d'acide carbonique était absorbé, et le carbonate de chaux, soluble dans le sucrate, venait aug- menter le titre de nos dissolutions. Lorsque l'on opère le dédoublement d'une pareille dissolution, le carbonate de chaux ne se précipite pas avec le sucrate tribasique : il reste dissous et empêche la coagulation d'une partie du sucrate. Voici l'expérience que nous avons effectuée pour nous éclairer sur ce point : 1) Dans une dissolution de sucrate renfermant 20 pour 1 00 de chaux, nous avons fait passer un courant d'acide carbonique jusqu'à ce que le précipité de carbonate de chaux se manifestât; ce liquide fut porté à l'ébuUition et même évaporé sans se coaguler. » Nous rappellerons ici que M. Pelouze a depuis longteiups signalé l'in- fluence de l'acide carbonique de l'air sur les dissolutions de sucrâtes dans lesquelles il a constaté la formation d'un carbonate de chaux à 5 équivalents d'eau. Nous savions d'autre part que M. Barrcswil avait signalé, en i85t, la solubilité du carbonate de chaux dans le sucrate, et que, dans les sucreries qui emploient les procédés de saturation par l'acide carbonique, on avait remarqué que le dépôt de carbonate de chaux n'apparaissait que quelque temps après le commencement de l'opération Le fait nouveau que nous venons de signaler, et qui consiste dans une modification profonde, laquelle se manifeste par l'absence de coagulation dans les sucrâtes incomplètement carbonates, mérite de fixer l'attention des fabricants de sucre : il démontre l'importance d'une carbonatation complète. u Nous rappellerons à l'Académie que c'est en recherchant à quel état se ( '6? ) trouvait la chaux dans les jus sucrés bouillants ijue nous avions élé con- duits à admettre l'existence du sucra te monobasique de chaux à loo degrés ; mais s'il n'existe pas dans ces conditions, nous venons d'indiquer que les dissolutions sucrées bouillantes peuvent contenir une quantité de chaux considérable sous l'influence de l'acide carbonique. Nous espérons avoir bientôt l'honneur de présenter à l'Académie le résultat de nos nouvelles recherches sur la nature de ce phénomène. » M. DE Pietra-Santa adresse, à l'occasion d'une conniiunication récente de M. Scimepp concernant l'influence des altitudes sur la phlhisie pulmo- naire, mie réclamation de priorité. » Les recherches que je poursuis depuis plusieurs années aux Eaux- Bonnes mêmes, dit M. de Pietra-Santa, m'ont permis d'élucider avant M. Schnepp cette importante question. Les Notes que j'ai présentées à l'Académie en font foi. (Voir les Comptes rendus des séances des 29 avril 1 861, 29 janvier et 20 octobre 1862, 20 juin 1864.) » Cette réclamation est renvoyée à l'examen des Commissaires désignés pour la communication de M. Schnepp : MM. Rayer, Bernard, Cloquet. M. Jacquart, qui avait précédemment présenté au concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie un Mémoire sur la valeur de l'os épaclal, comme caractère de race en anthropologie, adresse, pour se conformer à une des conditions du concours, une indication de ce qu'il considère comme neuf dans son travail. (Renvoi à la Commission des prix de Médecine et de Chirurgie). M. Josat adresse une Note concernant le résidtat de ses recherches « sur la marche décroissante de la fièvre typhoïde à Paris », recherches dont ses fonctions d'inspecteur du service de la vérification des décès lui faisaient un devoir. (Renvoi à l'examen d'une Commission composée de MM. Serres, Rayer, Cloquet. ) { .68 ) CORRESPOND AIN CE . L^ Académie iioyale des Sciences de Suède envoie trois volumes de ses (leniières pulilications. La Commission chargée de recueillir les souscriptions pour la statue qui doit être élevée à Dupuylren annonce qu'afin de donner à cette manifesta- tion iMi caractère plus imposant, elle a décidé qu'un appel serait particu- lièrement adressé à tons les corps savants. L'ne liste sera ouverte à cet effet au Secrétariat de l'Institut, et les sommes recueillies seront transmises à la personne indiquée dans cette circidaire comme remplissant les fonctions de trésorier. 33. LE Secrétaire perpétuel présente, au nom de M. Marcoii, une Note imprimée « sur les gisements des lentilles trilobitifères taconiques de la pointe Lévis, au Canada ». M. LE Secrétaire perpétuel signale encore parmi les pièces imprimées de la Correspondance : » i" Deux opuscules adressés j)ar M. Valérins, professeur à l'Université de Gand, l'un « siu" un nouveau chronoscope électrique à cylindre tour- nant, fondé sur l'emploi du diapason », l'autre « sur les vibrations de fils de verre attachés par une de leurs extrémités à un corps vibrant, et libres de l'autre ». » 2° Un opuscule italien de M. Zantedeschi sur les lois du climat de Milan et sur l'origine de la rosée et de la gelée blanche. 31, Flax«ri!v demande l'ouverture d'un paquet cacheté déposé par lui le 25 juillet 1864. Le paquet ouvert en séance renferme la Note suivante relative à l'emploi du gaz ammoniac : a Tout le monde connaît la grande solubilité du gaz ammoniac dans l'eau. On sait aussi que dans le vide l'eau abandonne ce gaz. C'est sur ces deux principes qu'est basée mon invention. Au lieu de vapeur d'eau j'envoie dans le cylindre du gaz ammoniac comprimé dans un réservoir, de façon ( '%) qu'il fasse fout juste équilibre à la pressiou atuiosj-hérique. Quand le pis- ton est arrivé au bout de sa course, le gaz se trouve mis en rapport avec un condensateur plein d'eau, et la pression atmosphérique refoule le piston dans sa position première. » On voit que sur deux coups de piston il n'y en a qu'un qui soit utile. En d'autres termes, nous avons ainsi une machine à simple effet avec une pression d'une atmosphère. Je dis une pression d'une atmosphère, sauf, bien entendu, à tenir compte dans la pratique de la pression réelle, qui seia un peu inférieure. « Le vase qui sert de condensateur augmentera de poids à mesure qu il dissoudra du gaz. Sur ce fait, nous baserons un système qui nous permettra de remplacer ce premier vase par un second, et de recueillir le liquide am- moniacal dans un réceptacle commun sans le mettre en rapport avec l'air extérieur. » Une machine pneumatique ad hoc puisera le gaz dans ce réceptacle pour le condenser de nouveau dans le vase qui fournit à la consommation du cylindre. Il est facile de voir que (théoriquement du moins) la force em- ployée à condenser le gaz sera précisément égale à celle produite par l'action de ce même gaz sur le cylindre. L'eau privée de gaz servira de nouveau à fournir le condensateur. » Je n'ai pas encore combiné l'arrangement de tout cet ensemble, mais je ne crois pas qu'il puisse être un obstacle, et je vais m'en occuper incessam- ment. Je supprime de cette façon tout combustible. Je ne consomme de gaz ammoniac que ce que comporte l'imperfection d'une machine. Une seule chose est augmentée, c'est le prix des machines, dans lesquelles, vu la faible pression dont je dispose, je serai forcé de multiplier le nombre des cylindres. » Il est facile de calculer qu'avec une machine à 4 cylindres, dont la cour.-e est de o°',6o et le diamètre de o™,4o, j'arrive, en estimant à | l'absorption de force par la machine, et à | la différence entre une atmosphère et la pres- sion réelle, j'arrive, dis-je, à disposer d'iuie force de 4o chevaux. » Le condensateur, qui doit être supprimé pour la vapeur dans les loco- motives, peut être employé dans ce cas, eu égard à la petite quantité d'eau dépensée. » (Renvoi à l'examen des Commissaires désignés pour les communications àc M. Buret et de M. Tellier : M.\L F'iobert et Combes.) G. B., 1865, i" Semestre. (T. LX, N» 4.) 2a ( 170 ) ASTRONOMH:. — Seconde Noie de M. Chacoiin.ac sur la constilution physiijiie du Soleil. '( Afin d'éviter le reproche d'énoncer dogmatiquement les conclusions contenues dans la Noie précédente, je vais tâcher d'étayer, par le raisonne- ment et l'exposé d'autres faits, les conséquences qui en découlent. » L'enveloppe resplendissante qui hmite les contours du disque solaire n'est pas une enveloppe continue environnant le corps central, c'est un ré- seau à maille subelliptique, ou plus certainement à forme diversement ma- melonnée, offrant presque autant d'espaces vides que d'espaces pleins. » Les plus petits espaces visibles formant les interstices de ce réseau lumineux ayant un diamètre de 160 lieues, on ne peut considérer le corps central du Soleil comme placé dans une enceinte fermée ,et dès lors il serait possible déjà d'admettre que la température de l'écorce du globe soit infé- rieure à celle de la photosphère proprement dite. Mais avant de passer a cette question, examinons la région atmosphérique qui peut être envisagée comme un milieu incandescent. » La couronne solaire qui se montre constamment autour de l'astre éclipsé par la T^une réfléchit la lumière de la photosphère, ainsi que l'indi- quent nettement la proportion de lumière polarisée qu'elle rayonne et la direction du plan de polarisation. D'autre part, son éclat est faible, certai- nen)ent inférieur à jTriïôTnr ^^^ l'intensité de la photosphère, puisque l'inten- sité lumineuse des protubérances obsei'vées à Moncayo, en 1860, était en- viron cinquante fois plus grande que l'éclat de la couronne à ses limites, et qu'enfin les pr6lul)érances ne sont pas visibles quand la lumière atmosphé- rique, dans la portion tangente au limbe solaire, est réduite à T-j^j^j-y de l'intensité du disque. Sa constitution n'offre rien, du reste, qui puisse l'as- similer à un corps en ignilion, à un gaz enflanuué : ses apparences sont celles d'un nnlieu nébuleux, cométaire, violemment projeté par des effluves vol- caniques s'étendant jusque dans les couches extrêmes de sa sphère rayon- née. La traduction physique de l'aspect de cette auréole pourrait se définir par la conception d'une multitude de comètes en partie plongées dans le Soleil, et dont on supposerait les noyaux très-voisins de la surface de la photosphère et les queues étalées en rayons divergents, suivant des directions plus ou moins normales à la périphérie de l'astre. » Justpic-là, rien ne légitimerait donc la supposition ingénieuse de l'illustre Directeur de l'Observatoire du Collège romain, à savoir, que les cristaux de la matière photosphérique sont plongés dans un gaz incandescent. ( '7' ) » Mais si l'on considère cette zone continue de couleur rose immédiate- nient en contact avec la photosphère et qui s'élève en montagne conique en certains points de la péripiiérie solaire; si l'on a égard à sa nature incan- descente, terminée de tonte part par des flammes s'élevant en tourbillons; si l'on examine que ces protubérances roses offrent l'aspect d'iui milieu vaporeux incandescent, accumulé en gerbes siu'plombantes, on trouvera vme grande probabilité que ce milieu en ignition entretient la puissance ca- lorifique des cristaux photosphériques. u En effet, la lumière des protubérances n'est pas polarisée; la constitu- tion de celles-ci leur donne tous les caractères d'un corps gazéiforme en- flammé. 11 La grande protubérance qui s'est montrée dans l'éclipsé du \S juillet 1860, immédiatement après la disparition du bord solaire au sud-est du limbe, c'est-à-dire par i aS degrés environ d'angle de position, m'est apparue comme un champ de flammes longues, effilées à leur extrémité et confondues à leur base, ayant tout à fait l'apparence que présentent les flammes d'un vaste incendie dont le foyer incandescent aurait été masqué par le bord lunaire. Ce champ de flamme présentait vers le milieu de son étendue une ouver- ture analogue à celle que produirait un jet d'air lancé normalement à la surfiue de l'astre et tendant à séparer ces flammes en se dilatant, comme un bouquet d'artifice. u Toutes les apparences de ce nnlieu et des flammes qui surmontent les surfaces limites de ces contours concourent, je le répète, à le désigner comme le fluide en ignition visible à la surface extérieure de l'astre éclipsé. C'est sur lui que les astronomes physiciens peuvent reporter toute leur attention, c'est à l'examen de son spectre que les raffinements de la science moderne doivent consacrer toute lems ressources. » Ainsi, la matière photosphérique n'étant alors qu'un élément contenu dans les couches inférieures de ratmos|)hère solaire, comme la vapeur d'eau dans l'air, lorsque ces vapeurs, métalliques peut-être, répandues à l'état vési- culaire dans les couches inférieures et très-denses de l'atmosphère, cédant à l'énorme pression qu'elles éprouvent, passent à l'état fluide et solide presque simultanément; alors, les cristaux photosphériques plongés dans le gaz incandescent, suivant la loi de M. Magnus, rayonneraient infiniment plus de lumière et de chaleur que le mdieu en ignition et imparfaitement diaphane au sein duquel ils seraient immergés. Telle serait la conséquence qui résulterait des observations. 22.. ( '72 ) » Mais il ne faut pas oublier que la zone brillante d'un aspect analogue à un brouillard lumineux, apparaissant immédiatement en contact avec la photosphère, et qui voile d'un vif éclat la zone rouge enflammée, doit être considérée, dans Cftte hypothèse, comme ces vapeurs à l'état vésiculaire réfléchissant une très-grande quantité de la lumière photosphérique. Car il n'est pas douteux que cette atmosphère d'aspect cométaire, nébuleux, n'offre, avant la réapparition du Soleil dans les éclipses totales, une inten- sité considérablement supérieure à celle des protubérances ronges. » Reste la question de i'écorce solide ou demi-fluide du corps central, laquelle est enveloppée par la zone ronge enflammée et qui, malgré son état solide ou semi-fluide, ne rayonne pas, d'après les observations du P. Secchi, autant de chaleur que cette photosphère, et qui, d'après tousles astronomes, est relativement Irès-sombre par rapport à cette enveloppe éclatante. » Suivant les travaux de M. Edm. Becquerel, on pourrait supposer que les pouvoirs de radiation lumineuse et calorifique ne sont pas les mêmes pour ces deux corps de nature différente, à un état différent et plongés dans un milieu gazeux à une énorme température » ASTRONOMIE, — Rectification à une communication de M. Mouchez sur /'ec///>i«' de Soleil du 3o octobre iSG4; par M. Emai. Liais. « Dans le Compte rendu du i6 janvier i 865 est publiée une observation de l'éclipsé annulaire de Soleil du 3o octobre 1864 par M. Mouchez, dans laquelle je lis avec surprise le passage suivant : « Contrairement au résultat auquel est arrivé en i858 M. Liais, qui » trouvait que poiu- faire concorder le calcul avec l'observation il fallait » faire le demi-diamètre de la Lune beaucoup plus petit que celui des » Tables (de 7 à 8 secondes, je crois), nous avons trouvé que l'observation » et le calcul avaient donné, à 1 ou 3 secondes près de temps, la même durée » pour le passage de la Lune sur le disque du Soleil. M. Liais avait trouvé » une différence de 72 secondes de temps entre le calcul et l'observation. » Dans notre éclipse, le calcul nous a donné 5 minutes 3o secondes poiu- » celte durée, et l'observation 5 minutes aS secondes. » » Dieu loin d'avoir trouvé que dans l'éclipsé du 7 septembre i858 il fallait diminuer le demi-diamètre de la Lune de 7 à 8 secondes pour accor- der ie calcul et l'observation, j'ai au contraire reconnu qu'il fallait aug- menter ce demi-diamètre d'une très-petite quantité «",52, comme on peut le voir dans ma communication sur les longitudes de divers points de ( '73 ) l'Amérique du Sud, du 29 juillet 1861, insérée dans le Compte rendu de celte séance. » Quant à la différence de 72 secondes de temps entre le calcul et l'ob- servation dont parle M. Mouchez, je ne sais ce qu'il veut dire et je n'ai rien trouvé de pareil. » M. Mouchez voudrait-il faire allusion à la différence de 3o secondes pour le deuxième contact intérieur, trouvée pendant cette éclipse par M. d'Azambuja? Mais, d'abord, celte observation n'est pas de moi; ensuite il s'agiî de 3o secondes, et non de 72. » J'ai au reste moi-même, dans ma communication déjà citée, fait remar- quer quemes photographies du Soleil écHpsé ne s'accordaient pas avec l'ob- servation de M. d'Azambuja, cl que la personne qui lisait son chronomètre a dû faire une erreur de lecture de 3o secondes. D'ailleurs, dans la division du travail entre les divers membres de la Commission scientifique, l'observa- tion des contacts ne m'était pas dévolue. On Ut, en effet, dans le R.;ipport de cette Commission : « M. Liais, plus spécialement chargé des obs• Je me bornerai aujourd'hui à quelques observations sur les chaleurs spécifiques. » Ne pouvant dans cette Note ni citer ni critiquer les opinions émises par les savants qui se sont occupés de ce sujet, je dirai une fois pour toutes que les considérations qui vont sui\ re n'ont pas la prélention dune origi- nalité parfaite. Je crois cependant qu'on trouvera, à côté de quelques con- clusions qui me paraissent nouvelles, la forme du raisonnement im peu dif- férente, et peut-être les idées mêmes légèrement modifiées. » La chaleur spécifique se compose de deux parties, c'est-cà-dire que le mouven)ent calorifique en agissant siu' la matière [si on ne considère que les cas où il n'y a ni changement de l'état physique, ni phénomène chimique (changement de la composition atomique des molécules)] produit deux effets différents. Une partie augmente la force vive du mouvement des molécules comme telles ; une autre produit un travail dans l'intérieur des molécules, elle augmente la force vive des mou%'ements atomiques qui ont lieu dans l'intérieur des systèmes atomiques (molécules). La première partie produit les phénomènes physiques [température, tension, dilatation, etc. (i)]; la seconrle disparaît pour l'observation physique, elle augmente le véritable mouvement chimique, et elle provoque dans de certaines limites les phéno- mènes chimiques. » De certaines considérations générales nous sommes conduitsà conclure que, pour les gaz, la partie de la chaleur spécifique employée à accélérer le mouvement inoléculaire est indépendante de la nature et du poids des molécules, et par suite identique pour toutes les molécules gazeuses. Ou peut admettre de même (jusqu'à preuve du contraire) que l'autre partie, celle qui sert à accélérer les mouvements atomiques, est indépendante des ;i) Il n'y a donc pas, à proprement parler, de chaleur latente de dilatation. ( >76) poids atomiques et identique pour tous les atomes; elle sera donc en rapport direct avec le nombre des atomes qui constituent la molécule, el on pourra exprimer la chaleur moléculaire des gaz par cil. m. = M + nA, ;/ étant le nombre des atomes, M la quantité de force vive absorbée par la molécule, A la chaleur absorbée par chaque atome; M est la constante connue o,4f; A se déduit des expériences = o,5, ou à peu près. » Cette équation indique la chaleur moléculaire (chaleurs spécifiques de volumes égaux) à pression constante; pour les chaleurs spécifiques à vo- lume constant, on élimine la valeur de M, et l'équation devient ch . m . = » A . C'est, quant à la forme, la même loi que celle que MM. Clausius et Buff ont déjà indiquée, et le tableau donné par le premier de ces savants montre clairement jusqu'à quel point les chiffres calculés s'accordent avec ceux que M. Regnault a déterminés par ses expériences classiques. » Le même raisonnement et par suite la même formule doivent s'appli- quer aux corps liquides et aux corps solides; seulement la valeur de M nous est inconnue jusqu'à présent, et nous ne savons pas même si elle est con- stante ou si elle varie avec la température, si elle dépend des poids des mo- lécules, de leur composition atomique, etc. Aucune conclusion rationnelle ne peut être tirée des chaleurs spécifiques des éléments seuls; mais si l'on voit que la plupart des corps composés solides possèdent des chaleurs mo- léculaires (chaleur spécifique multipliée par le poids moléculaire) telles, qu'en les divisant par le nombre des atomes contenus dans la molécule on arrive toujours sensiblement au même chiffre, on peut en conclure que pour les solides M se rapproche de zéro, ce qui revient à dire que la partie du mouvement calorifique employée à augmenter la force vive des mouvements moléculaires est très-petite (non pas infiniment petite) par rapport à l'autre partie qui augmente la force vive des mouvements atomiques. » En a|)pliquant le principe ainsi acquis aux éléments, on voit que la loi 'le Dulong et Petit, qui sans ce raisonnement n'est qu'une loi empirique, doit être approximativement vraie. On voit encore que les chaleurs spéci- fiques ne conduisent pas aux poids moléculaires, qu'elles n'indiquent pas le nombre des atomes contenus dans la molécule, et qu'elles ne prouvent pas niêinc- q'ie les molécules des différents éléments soient formées par le même nombre d'atomes. Ue plus, rien ne paraît de prime abord s'opposer à l'hy- ( '77 ) pothèse qu'il y ait des molécules formées par lui atome seuleinei;!, comme presque tous les chimistes, en se basant sur les densités des vajjcurs, l'ad- mettent actuellement pour le me!'cure,le cadmium, etc. Cependant, si on se rappelle ce que c'est que la chaleur spécifique, on d^oit admet Ire que ces corps aussi couticiuient, à l'état solide au moins, plusieurs atomes dans la molécule. » C'est donc au passage à l'état gazeux seulement que les atomes de ces corps se séparent pour jouer le rôle de molécules; et de ce point de vue il paraît d'un grand intéi-ét de déterminer par l'expérience les chaleurs spéci- fiques de ces éléments à l'état de vapeur. Si les hypothèses données plus haut sont exactes, les chaleurs spécifiques de ces gaz doivent être égales à o,/i i (à peu près), ce qui reviendrait à dire que la chaleur spécifique à volume constant serait égale à zéro (i). » Quant au carbone, on serait, en admettant le raisonnement que je viens d'exposer, forcé de faire l'hypothèse qu'il y ait dans la molécule des groupes, formés chacun de trois atomes chimiques, soudés ensemble d'une manière tellement intime, que le groupe comme tel se comporte vis-à-visdu mouvement calorifique comme atome physique (2). » CHIMIE APPLIQUÉE. — Jiialjse cF un bronze, ctune pierre ferntgiiieiise paraissant avoir été taillée, et d'un minerai de fer trouvés dans les cavernes à ossements du Péricjord. Note de M. A. Terreil, présentée par M. Daubrée. « Les .analyses que j'ai l'honneur de soumettre à l'Académie des Sciences ont été faites sur un bronze, une pierre ferrugineuse qui paraît avoir été taillée, et un minerai de fer, trouvés par MiVI. Lartet et Christy dans les cavernes à ossements du Périgord. » L'échantillon de bronze soumis à l'analyse a été trouvé dans la grotte de Laugerie (Dordogne). 11 se présente avec une forme tout à fait irn gu- lière, et ressemble à ces fragments métalliques qvxi s'échappent des creusets ou des moules au moment des coulées; il est recouvert d'une patine d'en- viron \ millimètre d'épaisseur qui se sépare facilement sous le choc; cette patine, comme ou le verra plus loin, pos^ède une composition assez com- plexe (i) Et que ces gaz seraient parfaitement diathermanes. (2) Cf. A. WuRTZ, Leçons de philosophie chimique, p. 48. C. R., i865, i^f Simestrc. (T. LX, N" 4 ) 2 3 ( '7« ) )) Le bronze séparé de sa patine a une densité égale à SjiSgà +24 degrés; il a donné à l'analyse la composition suivante : Cuivre 85,98 Étain 1 2 ,64 Plomb ' ) 09 Zinc o,5i Fer traces 100,23 » Cet alliage est d'un gris jaunâtre, il ressemble beaucoup à l'ancien métal des cloches. " La patine qui recouvre le métal est verte à sa surface externe, sa partie interne est d'un rouge sombre qui rappelle la couleur du protoxyde de cuivre; soumise à l'action de la chaleur, elle dégage de l'eau, puis des va- peurs de chlorure de cuivre. Cette patine a présenté à l'analyse la compo- sition suivante : Cuivre ^7 > 27 Étain 8 ,40 Plomb 1 ,02 Zinc o »4*^ Fer I ,61 Chaux o , 1 3 Chlore 5,35 Acide carbonique 4.^^ Argile micacée 9>86 Eau 4 !4o Oxygène 7 » 25 ? 100,00 » La pierre ferrugineuse qui paraît avoir été taillée, et qu'on suppose avoir servi au tatouage, a été trouvée dans la grotte des Eyzies (Dordogne); elle est ronge et laisse des traces de même couleur quand on la frotte sur la peau ; sa forme est prismatique sans être régulière, sa surface porte des stries parallèles comme si on l'avait grattée ou limée dans le sens de sa longueiu'; à l'analyse elle a présenté la composition suivante : Peroxyde de fer , 49; 8' Alumine solubie dans l'acide chlorliydrique. i 1 , i5 Silice et argile micacée 34 ,5-] Eau , 4 >45 99.98 ( '79 J » Le minerai de fer vient également de la grotte des Eyzies; il est rouge - brun foncé; son aspect est argileux; il est composé comme il suit : Peroxyde de fer *^7 i77 Peroxyde de manj^anèse i ,00 Alumine 6,5o Chaux 3,13, Magnésie o ,65 Potasse 0,40 Sulfates et chlorures traces Acide phosphorique 2,28 Silice i4,oo Matières organiques traces Eau 4»7^ ioo,5o » PALÉONTOLOGIE. — Recherches sur les os de /'Epiornis maximus. Note de M. BiANcoM, présentée par M. Milne Edwards. « Une étude de l'os tarso-métatarsien dans les principatix types d'Oi- seaux m'a conduit, relativement k VEpioniis maximus, à reconnaître la famille à laquelle appartenait ce gigantesque Oiseau. » La poulie du condyle médian de l'os tarso-métatarsien de l'Épiornis ne saïu'ait, en raison de la brièveté de la portion antérieure de son canal, être la poulie d'un Brévipenne ou d'un Oiseau coureur quelconque; au contraire, l'extension de la partie postérieure du même canal, et la forme aplatie des deux cordons de la même poulie, signalent une autre famille ornithologique. » En effet, lorsqu'on considère la forme des deux condyles latéraux, ou bien (à la face antérieure de l'os) le grand évasement de la fosse destinée à contenir les tendons et les muscles élévateurs des doigts et l'adducteur du doigt externe, la légère disparité des deux crêtes latérales de celle fosse; et, de plus (à la face postérieure de l'os) la grande dépression qu'on voit au côté du doigt externe, dépression presque identique à celle qui reçoit le muscle abducteur du doigt externe dans le Vullur papa et dans le Condor; la dépression de l'autre côté, qui, dans l'os de ces mêmes Oiseaux, repré- sente l'aire d'adhérence de l'épiphyse pollicaire et celle du muscle abducteur de l'index ; et lorsqu'on prend en considération plusieurs autres particula- rités, on est amené à mettre l'Épiornis tout près du Condor; seulement, l'os a3.. ( i8o ) (Je celui-là semble, en proportion, plus raccourci que celui du grand Vau- tour des Andes. » "Une circonslance qui, au premier coup d'œil, déguise les ressemblances enlre les os de l'Épiornis et du Condor, c'est la grande profondeur de l'es- pace qui s'interpose entre le condyle médian et l'externe. On ne trouve pas à ce côté de l'os de lÉpiornis \e fornmeu intercondyloideum qu'on observe sur l'universalité des Oiseaux, excepté toutefois l'Autruche. C'est que dans ces deux Oiseaux (les géants de la classe) n'existe point le pont osseux sous lequel passe une partie de la continuité du tendon adducteur du doigt externe. Mais il est clair que, dans les deux cas cités, la nature y a suppléé par les deux protubérances intercondyloïdiennes, qui forment une partie du frénule transverse destiné à maintenir le tendon à sa place, frénule sans doute complélé dans le vivant par des fdires ligamenteuses. Une fois qu'on rétablit par la pensée ce pont osseux, la ressemblance entre le Condor et l'Épiornis est rendue plus complète ; mais les rapports essentiels entre les deux Oiseaux sont établis indépendamment de cette su|)position-là. Ajou- tons que, du moment où l'on considère ces inductions conmie exactes, on doit espérer que les futures découvertes mettront au jour des parties plus caractéristiques du grand Vautoiu" qui habitait Madagascar et l'Afrique méridionale. n Un intérêt particulier m'a conduit vers ces recherches. Marco Polo, dans ses Voyages, dit que l'Oiseau gigantesque de Madagascar, le Rue, était semblable à un Aigle inunense. On a rejeté celte relation comme une mé- prise ou comme une fiction; car on a généralement regardé les restes de l'Épiornis comme appartenant à lui Brévipenne. Il semble, au contraire, trés-probaMe que le voyageur vénitien nous a encore, sur ce point comme sur les autres, donné une relation véiilable. « PHYSIQUE. — Recherches sur t électricité : expériences concernant le pouvoir des pointes. Extrait d'une Noie de M. Pekrot. « ... Première expérience. — Au conducteur d'une machine électrique nnniie d'un électroscope à cadran, j'ai fixé unt; tige conique de Go centi- mètres de longueur. » Chargée par un loin- du plateau, la machine s'est déchargée on y se- condes par l'action de ce cône. » Deuxième expérience. — Afin de déterminer quelle était dans ce résultat l'action particulière de la pointe seule, j'ai passé celte pointe dans le centre ( >8. ) d'un flisque mince de caoutchouc de i5 centimètres de diamètre, en taisant saillir la pointe de près de i millimètre. » Il me paraît évident que ce disque ne pouvait avoir, dans la théorie admise, aucune influence atténuante sur la force répulsive du fluide élec- trique de la pointe, puisque, ainsi que l'air qui l'entourait dans l'expérience précédente, ce disque n'est pas conducteur de l'électricité. » Cependant, ainsi disposé, le cône a mis 200 fois plus de temps à dé- charger la machine que dans la première expérience, environ 1 5oo secondes. » Quand, au lieu de faire saillir-un peu la pointe sur la surface du disque, je la mettais à niveau, le temps de la décharge était encore plus considé- rable... » M. Verrier prie l'Académie de vouloir bien lui désigner des Commis- saires auxquels il soumettra ses procédés pour le redressement des courbures de la colonne vertébrale. M. Vei.peau, désigné avec M. Jobert de Lamballe comme Membre de celte Commission, demande que l'auteur fasse, au préalable, connaître ses procédés dans un Mémoire suffisamment détaillé. L'Académie reçoit d'un auteur qui lui a déjà adressé plusieurs communi- cations concernant le dernier théorème de Fermât une Note annoncée comme une nouvelle démonstration de ce théorème. (Renvoi à l'examen de M. Lioiiville.) A 4 heures trois quarts l'Académie se forme en comité secret. I^a séance est levée à 5 heures et demie. É. D. B. Bl'LLETIN BIRMOGRAPHIOUE. L'Académie a reçu dans la séance du 23 janvier i865 les ouvrages dont voici les titres : Précis théorique et pratique des substances alimentaires et des moyens de les ainéliorer, de les conserver et d 'en reconnaître les altcrntions; par M. A . Payen ; 4° édition. Paris, 186 j; m-S". ( i8» ) Notice sur te& gisements des lentilles tritobitifèies laconiques de la pointe Lévis, au Canada; par M. Jules Marcou. (Extrait du Bulletin de la Société Géoto' (ficfue de France.) Paris, 1^64; in-8°. Mémoire sur les vibrations de fils de verre attachés par une de leurs extrémités à un corps vibrant, et libres à l'autre; par M. H. Valérius. (Extrait du t. XVII des Mémoires de l'Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux- Arts de J5e/(y(>/»e.) Bruxelles; in-8". Sur un nouveau clironoscope électrique à cylindre tournant, fondé sur l'em- ploi du diapason ; par le même. (Extrait du même recueil.) Bruxelles; in-S". Philosopliical Transactions... Transactions plnlosopliiques de la Société Boyale de Londres pour l'aimée i864; vol. CLIV, part, i et 2. Londres, i864;in-4". Mémoirs... Mémoires de la Société royale Astronomique de Londres; vol. XXXII (correspondant à l'exercice 1862-1863). Londres, i864; in-4°. Astronouiiciil observations... Observations astronomiques faites à l'Obser- vatoire royal de Greenuncli pendant l'année 1862, sous la direction de G. Biddell Airy, astronome royal, ouvrage publié par ordre de l'Amirauté (1" partie des Observations de Greenwich pour l'année 1862). Londres, i8ô4; vol. in-4°. Astronouiical observations... Observations astronomiques faites à l'Obser- vatoire de Cambridrjc; parle Rév. James (>HALL1S; vol. XX, pour les années i855 à 1860. Cambridge, i864; vol. in-4°. Abstracts... Résumés des observations météorologiques faites à l'Observatoire magnétique de Toronto [Canada occidental) depuis i85li jusque ^85g inclusi- vement. Toronto, i864;in-4*'. Results... Piésnltais des observations météorologiques faites à l Observatoire magnétique de Toronto [Canada occidental) pendant les années 1860, 1861 et 1862. Toronto, i864; in-4°. Abstracts... Résumés des observations magnétiques faites à l'Observatoire magnétique de Toronto [Canada occidental) pendant les amiées i856 à 18G2 in- clusivement et pendant quelques parties des années 1 853, 1 854 e/ 1 855. Toronto, i863; in-4''. Rongliga Svenska... Mémoires de l'Académie royale des Sciences de Suède; nouvelle série, IV^ volume, partie 2. 18G2. Meteorologiska... Observations météorologiques en Suède, publiées par l'Académie royale des Sciences de Suède, sous la direction de E.-R. Edlund; IV* volume, 1862. Stockbolm, i864; in-4''. ( i83 ) Ofversigt.. . Résumé des travaux de l'Académie royale des Sciences de Suède ; 20^ année (i863). Stockholm, 1864 ; in-S". Om de geologiske... Observations géologiques faites sur le litloral de ta préfecture de Bergenhm du Nord; par MM. Irgens et HioiiTDAHL, avec une carte, une planche de profils et des dessins. Christiania, 1864; in-4°. Om sneebraeen... Sur le champ de neige perpétuelle du Folqcfon et ses gla- ciers; par S. -k. Sexe. Christiania, i864; in-4° avec une carte. Forhandlinger... Transactions de la Société royale des Sciences de Christia- nia pour i863. Christiania, 1864; in-8°. Index scholarum in Universitate regia Fredericiana centesimo tertio ejus se- mestri anno MDCCCLXIF ab augusto mcnse ineunte habciidarum. Christiania, i864; in-4°. Index scholarum in Universitate regia Fredericiana centesimo secundo ejusse- mestri anno MDCCCLIF ab a. D. XFII kalendas februarias habendarum. Christiania, i864;in-4°. Det kongelige... Université rojale norvégienne de Frédéric (année 1862]; Rapport parle secrétaire de l'Université; 4^ chapitre. Tn-8°. Leggi... Lois du climat de Milan et origine de la rosée et de la gelée blanche; parle prof. Francesco Zantedeschi. Brescia, 1864 ; br. in-8°. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SEANCE DU LUNDI 50 JANVIER 1865. PRÉSIDENCE DE M. DECAISNE. MEMOIRES ET COMMUNICATIOIVS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. M. LE Ministre de l'Instruction publique transmet lampliafion du dé- cret impérial qui approuve la nomination de M. Foucault à la place restée vacante dans la Section de Mécanique, par suite du décès de M. Clapeyron. Il est donné lecture de ce décret. Sur l'invitation de M. le Président, M. Foucault vient prendre place parmi ses confrères. Note de M. Poncelet accompagnant la présentation de la nouvelle édition de son Traité des propriétés projectives des figures. n En déposant sur le bureau de l'Académie la deuxième édition du Traité des Propriétés projectives des figures, dont la première a paru en 1822, M. Poncelet fait observer que le long retard éprouvé par cette nouvelle publication est dû à des causes diverses, politiques, administratives, scien- tifiques même, complètement indépendantes de sa volonté et énumérées dans l'avertissement placé en tête de ce volume. » Cette édition, exactement conforme à la précédente, est terminée par des annotations nouvelles relatives à certains passages du livre qui touchent à l'histoire et aux doctrines de la Géométrie moderne, à laquelle elles pour- ront apporter des éclaircissements utiles, sinon tout à fait indispensables. C. R., i865, I" Semestre. (T. LX, N" S.) ^4 ( i86) » M. Poncelet rappelle à cette occasion qu'il a publié, en 1862 et 1864, sous le titre d' Applications d Analyse el de Géométrie, deux volumes in-8° qui contiennent des développements élémentaires et philosophiques relatifs aux principales doctj'ines du Traité in-4° des Propriétés projectives. » M. d'Archiac fait hommage à l'Académie de ses Leçons sur la Faune quaternaire. MÉTÉOROLOGIE. — De la température de ta terre depuis i mètre jusqu'à 36 mètres au-dessous du sol, et de celle de l'air jusqu'à 2i™,25 au- dessus; par M. Becquerel. (Extrait.) « La distribution de la chaleur dans l'écorce terrestre ne saurait être soumise à une loi sans variations, vu le défaut d'homogénéité des couches qui la composent et qui sont plus ou moins perméables à l'eau; d'un autre côté, les soulèvements et autres cataclysmes qui ont eu lieu à diverses épo- ques ont dîi briser cette croûte dans tous les sens et produire d'innom- brables fissures, au travers desquelles les eaux venant des couches supé- rieures s'infdtrent et modifient probablement la température des régions qu'elles traversent jusqu'à de grandes profondeurs. Ces variations ne peu- vent être appréciées qu'à l'aide d'observations suivies faites avec des appa- reils d'une grande sensibilité et placés fixement à diverses profondeurs, tels que les thermomètres électriques. » On a reconnu effectivement depuis longtemps une grande irrégularité dans l'accroissement de température, sous les mêmes latitudes, dans diverses localités; suivant la nature du terrain, on a trouvé tantôt un accroissement de I degré de température par 36 mètres, tantôt par 19 mètres, par i5 et même par 10 mètres, comme M. Daubrée l'a observé dans un puits foré du Wurtemberg; on est convenu toutefois de prendre 3o mètres en moyenne pour le nombre de mètres dont il faut s'abaisser au-dessous du sol pour avoir un accroissement de i degré; mais cette moyenne, qui est tout à fait arbitraire, ne saurait donner luie idée exacte du phénomène. n On observe ordinairement l'accroissement de température avec des thermomètres à maxima que l'on descend dans des puits forés plus ou moins remplis d'eau, en les y laissant le temps nécessaire pour qu'ils se mettent en équilibre de température avec les terrains ambiants. Ce mode d'observation a lieu seulement pendant le forage, de sorle qu'il n'est pas possible de suivre, dans le cours de l'année, les variations qu'éprouve la ( '87 ) chaleur terrestre; les thermomètres éleclriqucs ont cet avantage, et permet- tront de reconnaître les changements que peut éprouver la chaleur ter- restre avec le temps, question d'une grande importance pour la physique terrestre et qui se rattache à celle de la constance ou de la variabilité des climats. Le thermomètre ordinaire, qui sert à indiquer l'égalité de tempéra- ture des deux soudures, quand elle est établie, et par suite la température cherchée, à telle approximation que 1 on veut, permet de donner à la mé- thode une grande précision. » Nous avons réuni, dans le Mémoire que nous présentons aujourd'hui à l'Académie, les observations recueillies sous le sol de 5 en 5 mètres, jus- qu'à 36 mètres, avec le thermomètre électrique établi comme spécimen au Jardin des Plantes, ainsi que celles faites dans l'air à 6 et 9 heures du matin, 3 et 9 heures du soir : le tout forme^im ensemble de a^ooo ob- servations, du i" décembre 1861 au i" décembre 1864. » Les observations au-dessous du sol n'ont conunencé toutefois que le i" juillet (863, et n'ont pas cessé d'être relevées tous les deux jours; elles conduisent aux conséquences suivantes : » La température moyenne va en augmentant depuis i mètre jusqu'à 36 mètres au-dessous du sol, à une seule exception près, à 1 1 mètres, où la température a été supérieure de 0°, 102 à celle que l'on a obtenue à 16 mètres. Cette anomalie ne saurait provenir d'une cause géologique, attendu que la soudure se trouve au milieu du remblai d'un puits à parois maçonnées, au fond duquel le forage a commencé; on n'a pu remonter à la cause de cette anomalie, qui est évidemment accidentelle. » L'accroissement de température est très-faible à la vérité, mais il est dans les limites des observations recueillies jusqu'ici sur l'accroissement de température avec la profondeur; il ne suit pas une marche uniforme, ce qui semble résulter de ce que la nature du terrain que traverse le câble n'est pas partout la même. On a, en prenant la moyenne, un accroissement de 0°, 27a par 5 mètres; mais si l'on ne prend l'accroissement moyen qu'à partir de 16 mètres où a lieu l'anomalie, l'accroissement est seulement de 0°, 1 02 par 5 mètres, soit 0'', 6 1 2 par 3o mètres, au lieu de 1 degré que l'on est convenu d'admettre, quelle que soit la nature du terrain. » A I mètre, la température moyenne étant de 10°, 480 et celle à 36 mètres de 12°, 436, on a donc une différence de i'',956 entre les températures des deux stations. Indépendamment de cet accroissement de température, on a trouvé à chacune des stations des variations mensuelles, tantôt régulières, tantôt irréguhères, que nous allons indiquer : a4.. ( «88 ) a A 36 mètres, la variation est de o^iOg^ et sa marche irréguliere. » A 3i mètres, la variation est également irrégulière, et son étendue est de o",o87. » A 26 mètres, la variation est régulière et égale o°,62i; les maxima et les minima ont lieu aux mêmes époques que dans l'air. » A 21 mètres, la variation a été de o'',i58, sans qu'on ait observé aucune régularité dans les époques des maxima et des minima. » A 16 mètres, la variation a été de o°,494; les maxima et les minima ont eu lieu aux mêmes époques que dans l'air. M A 1 1 mètres, la variation a été de 0°, 899; les maxima et les minima se sont montrés à des époques inverses de celles dans l'air. » A 6 mètres, variation 2°, 253; inversion dans les époques des maxima et des minima. » A I mètre, variation 10°, 702; époques des maxima et des minima, a peu près comme dans l'air. )) D'où peut donc provenir un tel état de choses? Les époques des maxima et des minima ayant lieu à 26 mètres et à 16 mètres comme dans l'air, à des profondeurs telles où la température de l'air ne peut exercer aucune influence, vu la mauvaise conductibilité des terrains, il faut donc admettre que cette influence est due aux infiltrations provenant des cours d'eau venus des régions supérieures et qui mettent en relation calorifique l'air avec les couches terrestres. M On voit donc que depuis i jusqu'à 36 mètres au-dessous du sol il n'y a aucun point où la température soit réellement constante. )> Nous ferons remarquer que M. Arago a reconnu, avec un ther- momètre construit par M. Gay-Lussac, que la température des caves de l'Observatoire à 28 mètres de profondeur était de u", 70G en 1817, au moment où l'on venait de placer l'instrument et alors que le déplacement du zéro n'avait pas encore eu lieu.- A cette même profondeur, nous avons trouvé 12", 321 ; différence en plus avec la précédente, o^.GiS. » Les observations de température dans l'air ont donné les moyennes suivantes pour 1861, 1862, i863et 1864: o A i'",33 , 10,542 A lô", 2 10,975. A 21 mètres, au sommet d'un marronnier. . . 11 ,556 » On trouve dans ces moyennes une nouvelle preuve que la tempéra- ( '89) ture moyenne va en augmentant en s'élevant au-dessus du sol, jusqu'à 21 mètres au moins. » Il y a donc pour ainsi dire, dans chaque lieu, deux températures moyennes : l'une réelle qui est indépendante du rayonnement terrestre, l'autre qui en est dépendante et que l'on peut appeler cliinatériqiie, parer qu'elle sert à caractériser le climat sous le rapport de la température. » La première, qui est dépendante de la latitude, s'obtient en plaçant les appareils à une hauteur où ils sont à l'abri du rayonnement terrestre; la seconde, en observant, comme on le fait ordinairement au nord, à i",3?) au-dessus du sol. Mais quand le sol n'est pas partout le même, il faut observer sur différents points et prendre la moyenne. » En comparant ensemble les températures moyennes déduites des tem- pératures maxima et minima faites à l'Observatoire impérial et au Jardin des Plantes, on a pour les années 1861, 1862, i863 et 1864 : o A l'Observatoire 1 o , 949 Au Jardin des Plantes 10,879 Différence 0,070 w Les deux moyennes peuvent donc être considérées comme égales. » Dans notre précédent Mémoire [Mémoires de l' Académie des Sciences, t. XXXII, p. i5), nous avons annoncé à l'Académie que 6 heures du matin était une heure critique, attendu qu'aux quatre stations chaque jour la température était sensiblement la même, mais variable d'un jour à l'autre, ainsi que dans le cours de la joiuniée; nous en avons tiré la conséquence qu'il existait probableiTient une relation entre la température moyenne annuelle et celle de l'air à 6 heures du matin. » Or, cette égalité dans les températures observées aux quatre stations, au nord et au midi, à i™,33 au-dessus du sol, à 16™, aS et à 21 mètres, ayant lieu quelle que soit la saison, que le Soleil soit au-dessus ou au-dessous de l'horizon, il faut admettre qu'à 6 heures du matin, un peu avant, un peu après le lever du Soleil, il y a une compensation entre le rayonnement céle-ste et le rayonnement terrestre, compensation qui est assez prolongé*- pour que la présence du Soleil au-dessus ou au-dessous de l'horizon n'ait aucune influence sensible sur le phénomène. L'heure critique se trouverait donc comprise entre le moment où cesse le refroidissement dû au rayon- nement céleste et celui où commence réchauffement de l'air par l'effet du rayonnement solaire. On conçoit, d'après cela, comment il se fait que la ( '90 ) température de l'air, à 6 heures du matin, participe de la chaleur de la veille et du refroidissement de la nuit. » Pendant les années 1861, 1862, i863 et 1864, les moyennes à 6 heures du matin ont été : o A 1 ■", 33 au-dessus du sol 7 > 72 A 1"°, 33, au midi 7 ,82 A iG^.aS 7)72 A 21 mètres 7 162 » L;i différence maximum ne dépasse pas o", i. La moyenne aux quatre stations est do 7°,7i5 : si ou la compare à la température moyenne diurne, qui est de io°,54o, on en déduit le rapport i,36i, qui est le coefficient à l'aide duquel on peut calculer la moyenne du jour, quand on connaît celle à 6 heures du matin. On trouve alors, pour les trois premières années, des nombres qui ne diffèrent en plus ou en moins des moyennes réelles que de o*^, i à 0°, 2; si le coefficient avait été calculé avec les moyennes de 6 heures du matin, obtenues pendant lui plus grand nombre d'années, on aurait eu une plus grande approximation. n Nous appelons l'attention des météorologistes sur les observations de 6 heures du matin considérées comme un moment critique. » Les faits que l'on vient de rapporter et les conséquences qui s'en dé- duisent montrent de quelle utilité peuvent être les thermomètres électriques pour l'étude du mouvement de la chaleur dans la croûte terrestre, et celle des variations de température dans l'air à des hauteurs où les thermomètres ordinaires ne peuvent être établis de manière à pouvoir en faire facilement la lecture. 1) Eu terminant, nous exprimons de nouveau le désir qu'un nouveau son- dage soit fait au Jardin des Plantes jusqu'à 200 mètres au moins de profon- deur, afin de montrer par un spécimen comment, à l'aide de cette méthode, on pourrait déterminer i-igoureusement les irrégularités qui ont lieu dans la répartition de la chaleur terrestre provenant de causes géologiques ou autres, e,n y plaçant d'une manière stable des appareils thermo-électriques, dont les fils métalliques, suffisamment garantis, ne puissent éprouver aucune altération de la part des eaux ; on pourrait vérifier ainsi à diverses époques plus ou moins éloignées si la température, à la surface du sol et à diverses profondeurs, éprouve avec le temps des changements qui modifient les climats. » ( '9' ) MÉCANIQUE CÉLESTE. — Recherches supplémentaires sur les inégalités de la longitude de la Lune dues à l'action perturbatrice du Soleil; par M. Delauxay. « Dans la détermination analytique des inégalités d'un astre dues aux actions perturbatrices auxquelles cet astre est soumis, on s'efforce toujours de pousser l'approximation assez loin pour que les valeurs numériques qui en résultent pour ces inégalités aient toute la précision nécessaire aux com- |>araisous que l'on doit faire ensuite de la théorie avec les observations. Mais en ce qui concerne les inégalités de la longitude de la Lune, malgré les travaux considérables entrepris et exécutés par divers savants, on n'est pas encore parvenu à atteindre complètement ce but. La grandeur de l'action perturbatrice du Soleil fait que les séries par lesquelles les coefficients des diverses inégalités lunaires sont représentés n'offrent, en général, qu'une faible convergence ; et bien que, pour les plus importantes de ces inégalités, on ait déterminé analytiquement un assez grand nombre de termes des séries dont nous venons de parler, on reconnaît, en calculant les valeurs numé- riques de ces termes, que, parmi ceux qui les suivent immédiatement et que l'on n'a pas déterminés, il doit y en avoir quelques-uns dont la valeur ne soit pas négligeable. Pour tenir compte autant que possible de ces termes que l'on ne connaît pas et dont on soupçonne la légère importance, sans entreprendre les calculs considérables qui pourraient en faire connaître la vraie valeur, on a recours à un procédé très-simple qui a le défaut d'altérer le caractère d'exactitude des recherches théoriques qu'il est destiné à com- pléter. Voici en quoi il consiste. Dans chaque série représentant le coeffi- cient d'une inégalité, on range les divers termes que l'on a déterminés, d'après l'ordre analytique de chacun d'eux, en commençant par ceux de l'ordre le moins élevé, qui seront par exemple de l'ordre n; on a ainsi un groupe de termes de l'ordre n, puis un groupe de termes de l'ordre ?* + i, ensuite un groupe de termes de l'ordre n -{- 2, etc. En calculant la valent numérique de chacun de ces groupes, on obtient une suite de nombres dont les derniers an moins vont en décroissant; on suppose alors que le dé- croissement observé dans ces nombres se prolonge au delà du point où l'on s'est arrêté dans la détermination des termes de la série, et, en se fondant sur cette hypothèse, on assigne par induction une certaine valeur à l'ensemble des termes que l'on n'a pas calculés (i). (i) Voir le grand ouvrage de Plana intitulé ; Théorie du mouvement de la Lune, t. I, p. 6o5. ( '9^ ) » C'est en grande partie pour faire disparaître ce complément par induc- tion que je me suis décidé à reprendre complètement la théorie de la Lune en poussant les approximations assez loin pour que les diverses inégalités soient déterminées entièrement et exclusivement par le calcul rigoureux de tous ceux de leurs termes qui ne sont pas négligeaMes. Dans le grand tra- vail dont j'ai annoncé le complet achèvement en mai i858, et dont l'im- pression touche à sa fin, je me suis proposé de déterininer toutes les inéga- lités lunaires dues à l'action perturbatrice du Soleil jusqu'aux qu.nntités du septième ordre inclusivement, me réservant de pousser ultérieurement l'ap- proximation plus loin encore, partout oiijen reconnaîtrais la nécessité. {Théorie du mouvement de la Lune, préface, p. xxvi.) » Je me suis occupé activement, dans ces derniers temps, d'effectuer les recherches supplémentaires dont j'avais pressenti la nécessité, et je viens aujourd'hui en rendre compte à l'Académie. En réduisant en nombres les résultats de mon premier travail, j'ai reconnu que, en ce qui concerne la longitude de la Lune, l'approximation à laquelle je me suis arrêté n'est pas suffisante pour certaines inégalités, pour lesquelles il est nécessaire de cal- culer encore les quantités du huitième ordre et même celles du neuvième. J'ai donc entrepris d'ajouter ces deux nouveaux ordres à ceux que j'avais déjà déterminés, mais seulement dans les parties de la longitude où cela pouvait être de quelque utilité. J'ai remarqué d'abord que cette nouvelle approximation n'était nécessaire que pour les termes qui sont indépendants (le l'inclinaison de l'orbite de la Lune, et qui contiennent au plus la pre- mière puissance de l'excentricité de l'orbite de la Terre. En me conformant à cette restriction, j'ai repris successivement les diverses opérations dont l'ensemble constitue la méthode que j'ai adoptée pour intégrer les équations différentielles du mouvement de la Lune; et, dans chacune d'elles, j'ai poussé l'approximation de manière à obtenir tous les termes, jusqu'au neu- vième ordre inclusivement, dans les inégalités de la longitude de la Lune. En outre, après avoir ainsi complété les formidcs fournies par ces différentes opérations, j'ai arrêté, pour chacune des inégalités de la longitude de la jjune, le cadre des divers calculs de détail à effectuer pour obtenir les termes des huitième et neuvième ordres qui entrent dans le coefficient de cette inégalité. Je suis donc en mesure maintenant d'effectuer directement et en peu de temps, pour telle inégalité que je voudrai, la nouvelle approximation que j'avais en vue, ce qui me permettra d'obtenir iï7;j5 induction les valeurs numériques de toutes les inégalités lunaires dues à l'action perturbatrice du Soleil. ( '93 ) » Dans la théorie de la Lmie, les déterminations les plus simples en ap- parence exigent des calculs immenses et un temps considérable, et cela est vrai surtout des recherches supplémentaires qui ont pour objet de pousser les approximations au delà du terme déjà éloigné où l'on s'était arrêté une première (ois. Aussi, bien que j'aie mis de côté tous les termes dépendant de l'inclinaison de l'orbite de la Lune ou d'une puissance de l'excentricité de l'orbite de la Terre supérieure à la première, les calculs que j'avais à effectuer pour pousser l'approximation jusqu'aux quantités du neuvième ordre sont-ils extrêmement longs : il ne m'a pa* fallu moins de dix-huit mois d'un travail assidu pour faire tous les calculs préparatoires dont je viens de parler. » Il s'est déjà écoulé plus de quatre ans depuis que le premier volume de ma Théorie du mouvement de la Lune a été publié. Quoique mon manu- scrit fût prêt depuis longtemps, on n'a pu entreprendre l'impression du se- cond volume que dans le courant de l'année 1864. Ce long retard, que j'ai beaucoup regretté, aura du moins son bon côté: il me permettra de publier le résultat de mes nouvelles recherches sur la longitude de la Lune immé- diatement après les formules que j'avais d'abord obtenues et où je m'étais arrêté aux quantités du septième ordre. » STATlSTU^UE. — Aperçu sur l' instruetion publique au Chili; par M. Gay. « J'ai l'honneur de présentera l'Académie, et de la part du gouvernement chilien, un très-grand nombre de livres publiés dans ce pays, et tous rela- tifs à son histoire, sa géographie, sa statistique et à toutes les sciences phy- siques et naturelles en général. Je profiterai de cette occasion pour donner à l'Académie un léger aperçu sur l'étaî prospère de cette République, du moins pour ce qui a rapport à l'instruction publique. » Lorsqu'en 1829 j'arrivai pour la première fois au Chili, ce pays se res- sentait encore des fortes secousses qu'il venait d'éprouver par suite des guerres de l'indépendance. L'instruction publique y était très-arriérée, l'industrie à peu près nulle, et les presses, nouvellement introduites, n'étaient guère occupées qu'à unprimer des journaux dont le seul but était de sou- tenir un parti ou de le combattre. » Sans doute les hommes de talent n'y faisaient pas défaut; mais, vu le grand changement qui venait de s'opérer dans toutes les branches de la législation et de l'ordre social, leur intelligence était absorbée par des de- C. R., iS65, 1" Semestre. (T. LX, N» S.) 3 5 ( '94) voirs plus pressants et |)liis impérieux. Au lieu de viser au luxe de la civili- sation que le temps et la tranquillité pouvaient seuls leur fiire espérer, ils s occupèrent à rétablir le pouvoir politique fortement ébranlé, et à consti- tuer une nouvelle société, qui, d'espagnole qu'elle était, allait devenir tout à fait américaine. <• Ce fut donc à ces travaux de reconstitution que les bommes de talent se vouèrent, et tous y toucbèrent avec cet esprit d'activité et d'application que cet état d'interrègne exigeait. Car babitués à un système colonial et nul- lement initiés, et encore moins préparés, au mécanisme compliqué d'un gouvernement libre et indépendant, ils ne s'y livraient que par des essais et à tâtons, route toujours vicieuse et qui ne pouvait eu aucune manière convenir à l'impatience d'un peuple violemment agité. Heureusement et grâce à leur bon sens, ils surent vaincre et aplanir cette roule, et arrivèrent à cet état de prospérité relativement bien supérieur à celui des autres répu- bliques, tourmentées encore par tant d'éléments d'anarchie. » Mais au milieu de tons ces pressants travaux les hommes d'État n ou- bliaient point l'instruction jiublique, qu'ils regardaient avec raison conune la base d'un avenir de progrès. Déjà sous le gouvernement du général Pinto, les établissements reçurent quelques améliorations; celles-ci furent bien plus grandes encore sous celui plus tranquille du général Prieto, mais ce ne fut que sous le gouvernement du général Bulnes, et grâce à l'inspira- tion intelligente d'un de ses ministres, don Manuel Montl, que ces éta- blissements prirent ce merveilleux développement qui les mit aussitôt au rang de nos grands collèges publics. Dès ce moment, toute la pensée minis- térielle fut, en effet, dirigée vers ce but. Les collèges furent mieux orga- nisés, et chaque province posséda bientôt le sien, dirigé par des professeurs instruits sortis du grand collège de Santiago. On midtiplia considéra- blement aussi les écoles primaires, et pour donner à leur enseignement une marche tout à la fois éclairée et régulière on institua, même avant les États-Unis, une École normale d'abord pour hommes et puis pour femmes, qui devinrent une pépinière de personnes habiles, capables de porter dans les écoles provinciales une direction et un esprit de méthode jusqu'alors peu connus. Aujourd'hui on compte gSS de ces écoles, coûtant en moyenne 25oo francs chaque, et le nombre, d'après la dernière loi, doit s'élever à 1670. Elles sont sous la surveillance d'inspecteurs spéciaux, et un inspecteur général est chargé de passer chaque mois au gouvernement un état de leurs progrès ou de leur insuffisance. Ces Rap- ports sont publiés dans le Monilor de. lus Escuclas, revue mensuelle entière- (' igS ) ment destinée à l'avancement et à la pédagogie de l'instruction primaire. » Malhenreusement, l'état social du Chili ne permet guère à ces écoles d'être fréquentées avec ce même dévouement que met le gouvernement à les protéger. Les habitants pauvres des provinces vivent eu général dans de vastes campagnes où les entants ne peuvent facilement se réunir dans un centre commun. Les grands propriétaires s'efforcent bien d'ouvrir quelques- unes de ces écoles à leurs frais; mais leurs fermes sont tellement grandes et les jeunes gens tellement dispersés, que beaucoup d'entre eux ne peuvent profiter de ce bienfait, malgré l'empressement généreux de ces propriétaires et la bonne volonté des parents. Cependant le nombre des élevés qui fré- quentent ces écoles s'élève aujourd'hui à 47 7 '7» et avec les nouvelles que l'on ouvre tous les jours les dépenses atteindront bientôt à 5 millions de trancs. Ces chiffres sont déjà de quelque importance pour un pays naguère si délaissé et qui compte à peine 1700000 âmes et un budget de 37 millions de francs. D'après la dernière statistique, le Chili, comptait pour les hommes i individu siu' 4'55 qui sût lire et i sur 5, 90 qui sût écrire; pour les femmes c'était i sur 8,a) a" Le chlorure de baryum acidulé par l'acide chlorhydrique ne donnait aucun trouble dans la solution de crème de tartre pure. Au contraire^ l'ad- dition de ce réactif dans le liquide filtré y a déterminé la formation d'iui abondant précipité de sulfate de baryte. Le poids de ce précipité, après la- vage et calcination, a été de iS'',22g, correspondant ainsi à o^,520 d'acide sulfurique mouohydraté, SO*HO. Or, il est à remarquer que cette quantité d'acide sulfurique est précisément celle qui existait dans la totalité du sul- fate de chaux mis en expérience. Ainsi, après l'action du sulfate de chaux, (i) Cette solution avait été préparée avec la soude raustique. Elle était tellement faite, que 200 divisions 011 dixièmes de centimètre cube correspondaient exactementà o^'', i55 SO^HO. ( 203 ) tout l'acide suif inique entrant dans /« composition de ce sel était passé dans te liquide, et le dépôt n'en devait renfermer aucune trace. » Examen du dépôt. — Le poids du dépôt, après dessiccation complète à + loo degrés, était, ainsi que nous l'avons dit, de oS'",c)g'y. » i" Une portion de ce dépôt a été traitée, à l'ébullition, par du carbo- nate de potasse bien pur et bien exempt de sulfale. La solution, sursaturée par l'acide chlorhydrique, n'a donné aucun trouble par le chlorure de ba- ryum. Le dépôt ne renfermait donc pas d'acide sutfurique. » 2° Une autre portion a été affectée au dosage de la chaux ou plutôt à la détermination de l'état de combinaison dans lequel elle se trouvait. La calcinatiou en vase clos montrait clairement qu'elle était à l'état de tartrate; mais il restait à savoir en quelles proportions l'acide tartrique et la chaux s'y trouvaient combinés. » On admet deux tartrates de chaux : le tartrate neutre qui a pour for- mule C^H^O'" 2 CaO, 8 HO, et qui renferme 2 ! ,5 pour 100 de chaux, et le tar- trate acide qui a pour formule C'H*0'°CaO, HO, et qui ne renferme que 16,5 pour 100 de chaux. ■) Or, en calcinant au rouge blanc le dépôt obtenu dans l'opération pré- cédente, nous avons obtenu un résidu pesant o^'',2i2 que nous avons re- coniui pour de ta chaux caustique, CaO. Ces 212 milligrammes de résidu, transformés en sulfate par l'addition de l'acide sulfurique, ont absorbé la quantité de cet acide indiquée par la théorie, et ont fourni, après une seconde calcinatiou, oS%5i6 de sulfate de chaux anhydre, SO'CaO, L'hypothèse d'un tartrate neutre eût exigé 0,214 pour le poids de chaux laissé par la calcinatiou du résidu, et oS'^,519 pour le poids du sulfate après l'action de l'acide sulfurique. Ces nombres théoriques sont assez rapprochés de ceux qu'a fournis l'expérience pour permettre de conclure que le dépôt est réelle- ment et uniquement constitué par du tartrate neutre de chaux. C'est, d'ailleurs la conclusion à laquelle on se trouvait déjà amené par l'examen du liquiiK' filtré. Car la capacité de saturation de ce liquide s'étant maintenue la même après la réaction, et l'expérience ayant montré que tout l'acide sulfurique du sulfate de chaux existait dans la liqueur, il fallait bien que la chaux eut pris en combinaison une quantité d'acide tartrique équivalente à celle de l'acide sulfurique qu'elle avait perdue. >' Il est à remarquer, toutefois, que la chaux existant dans le dépôt est loin de représenter toute celle qui avait été introduite dans l'expérience à l'état de sulfate. Le calcul indique qu'elle en représente un peu moins des trois quarts; et en effet l'essai de la liqueur par l'oxalate d'ammoniaque 26.. ( 204 ) lions a permis d'y retrouver la quantité de chaux complémentaire, c'est-à- dire qS"', 084. Tout porte à croire qu'elle s'y trouve elle-même à l'état de lartrate neutre; car, en faisant évaporer une certaine quantité de liquide, calcinant le résidu de l'évaporation, et reprenant ce résidu par l'eau distillée, on obtient une véritable eau de cliaux, une solution de cliaux caustique ayant la propriété d'absorber l'acide carbonique de l'air, et de se recouvrir d'iuie crème de carbonate de chaux. Ce tartrate se trouverait alors maintenu on dissolution par l'acidité du liquide. » En |)ortant maintenant notre attention stn- les données de l'expérience, nous reconnaissons facilement que, puisque les deux sels ont été pris dans le rapport de leurs équivalents, la chaux n'a pu prendre, pour passer à l'état de tartrate neutre, que la moitié de l'acide tartrique existant dans la crème de tartre. Quant à l'acide sulfurique que celte chaux a abandonné, si l'expé- rience montre qu'il se retrouve tout entier dans le liquide filtré, elle ne dit rien de l'état de liberté ou de combinaison sous lequel il y existe. En dehors du tartrate neutre de chaux que la réaction produit d'une manière incon- testable, il n'y a et ne peut y avoir dans la dissolution que i équivalent de potasse, t équivalent d'acide sulfurique et i équivalent d'acide tartrique. Comment ces trois éléments s'y trouvent-ils combinés? » Pour nous éclairer sur ce point, nous avons répété l'opération précé- dente, la décomposition de la crème de tartre par le sulfate de chaux; et, après avoir séparé par le filtre le tartrate neutre de chaux provenant de la réaction, nous avons concentré la liqueur jusqu'à ce qu'elle fût réduite au poids de i5 grammes. Nous l'avons traitée alors par l'alcool absolu, de ma- nière à compléter i5o centimètres cubes de mélange. L'addition de l'alcool a donné lieu à un dépôt salin très-abondant. Nous avons recueilli séparé- ment le liquide et le dépôt, et chacun d'eux a été l'objet d'un examen par- ticulier. » Nous avons reconnu d'abord que l'un et l'autre étaient acides; et, en éva- luant le titre de chacun à l'aide de la liqueur normale alcaline, nous avons vu que l'acidité primitive de la crème de tartre se trouvait représentée par .oç) centièmes dans le dépôt, et par /|i centièmes dans le liquide. » Le liquide alcoolique, évaporé à une très-douce chaleur dans une petite capside de platine, a laissé un résidu coloré, de consistance huileuse, ren- fermant l'acide tartiique, dont une portion a pu être retirée à l'état de cristaux. » L'eau mère, séparée de ces cristaux, présentait tous les caractères de l'acide sulfurique: concentrée, elle était éminemment caustique, carbonisait ( 205 ) le papier, s'échauffait au contact de l'eau, répandixit vers 3oo degrés des fumées blanches très-épaisses et très-acides, donnait enfin, par le chlorure de baryum, un précipité de sulfate de baryte, complètement insoluble dans l'acide nitrique. » Le liquide alcoolique renfermait donc tout à la fois de l'acide snlfu- riqne et de l'acide tartrique, et, comme il ne laissait aucune trace de résidu par la calcination, on doit admettre que ces deux acides s'y trouvaient à l'état libre. » Quant au dépôt, l'alcool ayant éliminé tout ce qu'il pouvait renfermer d'acide libre, on ne pouvait attribuer l'acidité qu'il conservait encore qu'à des sels acides, tels que le bitartrate et le bisulflite de potasse. C'est ce qu'un examen plus approfondi nous a permis de vérifier. Du reste, l'exis- tence du bisulfate de potasse dans ce dépôt n'a rien qui doive surprendre. On admet, il est vrai, que le bisulfate de potasse, au contact de l'alcool, se dédouble en acide sulfurique et en sulfate neutre de potasse; mais, dans les conditions où nous avons opéré, la séparation n'est jamais complète.* Pour nous en convaincre, nous avons pris i équivalent de bisulfate de po- tasse dont nous avons vérifié le titre acide; et, après avoir concentré sa disso- lution au degré de l'opération précédente, nous l'avons traitée par une égaie quantité du même alcool. Dans ces conditions, la solution alcoolique ne nous a représenté que deux tiers d'équivalent d'acide sulfurique, l'autre tiers étant resté dans le dépôt à l'état de bisulfate. » L'opération dont nous venons de rapporter le détail et qui consiste à traiter [)ar l'alcool le résidu de la concentration du liquide au sein duquel s'est opérée la réaction du sulfate de chaux et de la crème de tartre, a été répétée un grand nombre de fois ; et bien que nous ayons observé quelques différences dans les nombres obtenus, le résultat général a toujours été le même : toujours la solution alcoolique a renfermé un mélange d'acide sulfurique et d'acide tartrique; toujours nous avons trouvé dans le dépôt du bitartrate et du bisulfate de potasse. » En ajoutant l'acide sulfurique éliminé par l'alcool à celui qui, dans le dépôt, se trouvait en excès par rapport au sulfate neutre, nous avons pu reconnaître que la proportion en était variable selon les circonstances de l'opération; mais jamais cette proportion n'est allée jusqu'à excéder les 5o centièmes de l'acide sulfurique abandonné par la chaux. Ce résultat pou- vait être prévu : dans une dissolution qui renferme i équivalent de potasse, I équivalent d'acide sulfurique et i équivalent d'acide tartrique correspon- ( 206 ) (lant a ^ équivalent de bitartrate et ^ équivalent de bisulfate de potasse, il était naturel de supposer que l'alcool ne pouvait séparer plus de | équivalent d'acide sulfurique, l'autre -k équivalent restant nécessairement combiné à la potasse sous forme de sulfate neutre. » Une question se présente naturellement à l'esprit quand on réfléchit au résultat général que nous venons d'exposer et au procédé que nous avons suivi pour l'obtenir. L'acide sulfurique, que l'alcool a éliminé du mélange préalablement concentré, existait-il réellement à l'étal de liberté dans la liqueur primitive, ou a-t-il été mis à nu par le fait même des opéra- tions pratiquées sur cette liqueur? » Nous avons admis que l'acide sulfurique obtenu provenait de la décom- position du bisulfate de potasse par l'alcool, et que, par conséquent, l'acide sulfurique existait réellement dans la dissolution primitive à l'état de bisul- fate de potasse, et l'acide tartriqiie à l'état de bitartrate. Cette supposition est celle que nous regardons comme la plus probable. » Mais on pourrait, à la rigueur, supposer que, dans l'état de dilution où se trouvent les liqueurs primitives, l'acide sulfiuique y existe à l'état de sulfate neutre de potasse en présence alors île i équivalent d'acide tar- trique libre, et que c'est par l'effet de la concentration que l'acide tar- trique, réagissant sur le sulfate neutre, produit du bisulfate de potasse, et, par suite, de l'acide sulfurique par l'action ultérieure de l'alcool sur ce der- nier sel. » Pour savoir jusqu'à quel point l'expérience pouvait confirmer cette supposition, nous avons fait un mélange de i équivalent de sulfate neutre de i)otasse et de i équivalent d'acide tartrique dans l'état de dilution où ils étaient supposés exister dans la liqueur primitive, et nous avons traité direc- tement ce mélange par 4 volumes d'alcool à 90 degrés centésimaux. Au bout de quelque temps, nous avons vu se former un dépôt que nous avons reconnu pour de la crème de tartre. Or, la crème de tartre n'a pu se produire et se déposer sans qu'il se soit formé une quantité correspondante de bisulfate. » Ce dernier sel peut donc prendre naissance en dehors de toute influence de la chaleur ou de la concentration, et, par suite, céder de l'acide sulfu- rique à l'alcool rectifié, lors même que ses éléments auraient été introduits dans le liquide primitif à l'état de sulfate neutre en présence de l'acide tar- trique. Il est bien certain, toutefois, que l'arrangement que nous supposons, consistant à admettre que les éléments, acide sulfurique, potasse et acide !, 207 ) tartrique, sont groupés de manière à former du bisulfate et du bitarfrale de potasse, peut, comme cela a lieu dans tous les mélanges salins, être modifié suivant les conditions de température et de dilution. » Il est probable, en effet, que, sous rinfluence de la chaleur on d'une forte concentration, l'acide sulfurique du bisulfate peut éluniner une quan- tité variable d'acide tartrique, et que telle est l'origine de celui que nous avons obtenu dans nos expériences. . « On sait, d'ailleurs, qu'en poussant à sa dernière limite cette réaction des deux sels l'un sur l'autre, en chauffant, par exemple, un mélange à équiva- lents égaux de bisulfate et de bitartrate de potasse, on obtient, par la calci- nation, 2 équivalents de sulfate neutre. Limite de faction chimique qui s'exerce entre la crème de tartre et le sulfate de chaux. » Dans les expériences dont nous avons jusqu'ici rapporté les détails, le bitartrate de potasse et le sulfate de chaux ont toujours été pris dans le rapport de leurs équivalents; mais rien ne prouve que ce soit là le terme exact de l'action chimique qui s'établit entre les deux sels. Il était impor- tant de savoir ce qui arriverait en augmentant la proportion de sulfate de chaux. » Après avoir préparé dix solutions contenant chacune 2 grammes de crème de tartre pour 5o centimètres cubes d'alcool et 45o centimètres cubes d'eau, nous avons introduit dans ces solutions des quantités de sulfate de chaux successivement croissantes depuis oS'^,915, correspondant à"i équiva- lent de ce sel, jusqu'à 3^% 660, correspondant à 4 équivalents. Comme dans les opérations rapportées plus haut, nous avons prolongé le contact pendant vingt-quatre heures, en agitant fréquemment; et, au bout de ce temps, nous avons filtré pour séparer les liquides de leurs dépôts. » Nous avons pu remarquer d'abord que tous les liquides avaient la même capacité de saturation vis-à-vis de la liqueur normale alcaline, et que le nombre de divisions employées était précisément le même que celui qu'avait exigé la solution de crème de tartre avant l'addition du sulfate de chaux. La conséquence qu'il faut tirer de cette première observation est que le dépôt resté sur les filtres se trouve, dans tous les cas, constitué par un sel neutre, et que les quantités d'acide tartrique entraînées dans ces dépôts à l'état de tartrate neutre de chaux doivent être remplacées, dans la liqueur, par des quantités rigoureusement équivalentes d'acide sulfurique provenant du sulfate employé. Les opérations de dosage que nous allons rapporter, ( 208 ) en même temps qu'elles vérifient cette double conclusion, vont nous éclairer sur la véritable limite de l'action chimique. » 1° Dosage de f acide sulfurique dans les tiijucui s filtrées. — Ce dosage a été effectué en traitant a5o centimètres cubes de chacune de ces liqueurs par un excès de chlorure de baryum acidulé par l'acide chlorhydrique. Le précipité de sulfate de baryte a été recueilli avec soin, lavé et séché. La proportion d'acide sulfurique a été déduite de la composition bien connue do ce sel, et rapportée ensuite aux 5oo centimètres cubes de liquide sur lesquels avait porté chaque opération. Le tableau suivant met en regard les quantités d acide sulfurique SO'HO contenues dans le sulfate de chaux employé, et celles que le dosage a fournies pour chacun des liquides en par- tiniiier : Équivalents SO'HO SO'HO de introduit à l'éiat de trouvé sulfate de chaux. sulfate de chaux. dans les liquides. i équivalent o,52i o,520 1 \ équivalent o,65i o,645 I I équivalent 0,694 0,700 1 y équivalent o ,781 0,^65 1 I équivalent 0,91a 0,760 2 équivalents i ,042 0,764 2 i- équivalents i,3o2 0,768 3 équivalents i,563 0,763 3 ~ équivalents i ,823 0,762 4 équivalents 2,084 0,765 » On voit, par ce tableau, que la proportion d'acide sulfurique trouvée dans les liqueurs augmente progressivement, tant que la quantité de sulfate de chaux mise en expérience n'atteint jjas 1 | équivalent pour un seul équi- valent de crème de tartre. On voit de plus qu'à partir de ce terme cette proportion d'acide sulfinique devient sensiblement constante, quelle que soit, d'ailleurs, la quantité de sel calcaire que l'on fasse intervenir dans l'opération. » 2" Dosage de la chaux dans les liqueurs fdlrêcs. — Ce dosage a été pratiqué en traitant aSo centimètres cubes de chaque liquide par un excès d'oxalale d'ammoniaque et en ayant soin d'ajouter assez d'ammoniaque pour rendre la liqueur alcaline. Le précipité, lavé et séché, a été calciné et sulfatisé. La proportion de chaux caustique, CaO, a été déduite du poids de sulfate de chaux fourni par expérience. Voici les nombres obtenus : - ( 209 ) Équivalents CaO CaO de introduit à l'état de trouvé dans les liqueiiis sulfate de cliam. sulfate de chaux. filtrées. I équivalent 01297 0,084 I I équivalent 0,371 o , 1 87 I I équivalent o , 896 o , i44 I i équivalent. . . 0,44^ o, i54 1 I équivalent o,5ig o,i52 2 équivalents 0,594 o,i44 2 j équivalents 0,742 o, i56 3 équivalents .... 0,891 0,1 47 3 -j- équivalents i ,o3g o, i47 4 équivalents i,i88 0,1 53 » Ici encore, la proportion tie chaux trouvée à l'état de ilissolutioii d;iiis les liqueurs augmente progressivement, tant que la quantité de snlfjtte de chaux employé n'excède pas 1 ^ équivalent. A partir de ce terme, elle de- vient sensiblement constante. » Il semble donc, d'après ces deux séries de résultats, que l'action chi- mique dont nous cherchons à connaître les limites s'établisse cuire i équi- valent de crème de tartre et i | équivalent de sulfate de chaux. Mais il est une circonstance dont il faut tenir compte dans l'appréciation de ces nombres et dans la conséquence qu'on peut en déduire, c'est la solubilité propre du sulfate de chaux. L'expérience nous a tuontréque, même dans l'eau con- tenant jjj de son volume d'alcool, cette solubilité était encore as.^ez sensible pour ne pouvoir être négligée. » Nous avons pris o^',9i5 de sulfate de chaux (quantité qui, dans les expériences précédentes, correspondait à i équivalent de ce sel), et nous les avons délayés dans 5oo cenlimètres cubes d'eau alcoolisée à -p^. Après vingt-quatre heures de contact et d'agitation, nous avons fdtré, puis nous avons soumis à l'évaporation le liquide limpide provenant de cette filtration. Le poids du résidu séché à 100 degrés s'est élevé à 0,408. ^) Telle est donc la quantité de sulfate de chaux qui, dans les opérations précédentes, a pu se dissoudre directement et en dehors de toute réaction chimique. On voit qu'elle approche beaucoup du chiffre qui représente ^ équivalent de ce sel. " D'après cela, on se trouve porté à conclure que la véritable limite de la réaction entre la crème de tartre et le sidfate de chaux est celle qui cor- respond à des équivalents égaux de ces deux sels. Nous avons cherché à vérifier celte conclusion par l'examen comparé des dix dépôts. C. R., iSeS, i" Semestre. (T. LX, K" 3.) 27 ( 210 ) » 3° Poids comparé des dix dépôts. Proportion de lartrate neutre de citati.x rjui sy trouve contenu. — I^es dépôts obtenus après la réaction du sulfate de chaux stu' la crème de tartre ont été recueillis avec soin et sèches complète- ment à la température de loo degrés. Leur poids a été déterminé très-exac- tement. » Quant à la proportion du tartrate neutre de chaux, nous avons suivi, pour la déterminer, le procédé déjà indiqué au commencement de ce Mé- moire. Nous ajouterons que, lorsqu'on calcine un mélange de tartrate et de sulfate de chaux, le résidu contient d'autant plus de chaux caustique que la proportion de tartrate était elle-même plus considérable. Si l'on prend le poids exact de ce résidu, et si l'on note avec soin l'augmentation qu'il a subie après qu'il a été changé en sulfate, l'augmentation de poids fait con- naître la proportion de chaux caustique qui existait dans le mélange, et par suite celle du tartrate neutre auquel elle correspond. » Le tableau suivant présente en regard le poids des dix dépôts sèches a ICO degrés, et la composition comparée de chacun de ces dépôts. L'une des colonnes affectées à la composition des dépôts exprime le poids de tartrate neutre de chaux C'H* 0"'2CaO, 8H0 ; l'autre colonne représente le poids de sulfate de chaux S0'Ca0,2H0, qui s'y trouve mêlé : COMPOSITION DES DÉPÔTS. Equivalents .- -™^ '- ^ de Poids Tartrale neutre Sulfate sulfate de cbaus. des dcpdts. de chaux. de chaux. I équivalent 0,997 o>997 " I -j- équivalent OjDO*^ ''jQQ^ " I i- équivalent 0)999 0,99g " 1 5 équivalent i,ii3 > )047 0,066 i| équivalent i ,3o5 i ,o45 0,260 2 équivalents 1,535 i ,o5i 0)4^4 2^ équivalents i i955 ' io49 0,906 3 équivalents 2,394 i ,o53 i)34i 3 1 équivalents 2,83i i )044 ''7^7 4 équivalents 3,337 ' ,o47 2,290 » La comparaison de ces nombres confirme de tout point la conclusion précédemment exprimée; on voit en effet : <■ Que, jusqu'à i i équivalent du sulfate de chaux, le poids du dépôt demeure constant, et que ce dépôt est exclusivement formé de tartrate neutre de chaux, sans mélange de sulfate; » Qu'à partir de i { équivalent le poids de dépôt augmente dans une progression rapide, mais que la proportion de tartrate de chaux demeure l 2ir ) sensiblement la même, l'accroissement de poids étant entièrement dû à du sulfate de chaux qui n'a pas pris part à la réaction. » On peut donc dire, d'après cela, que, quelle que soit la quantité de sulfate de chaux que l'on mette en présence de i équivalent de crème de îartre, l'action chimique s'arrête toujours à i équivalent de ce sel, et que par conséquent l'acide sulfurique que l'on peut trouver en excès sur le sulfate neutre se trouve limité lui-même à -| équivalent. ' » Les conséquences qui se dégagent des expériences exposées plus haut sont les suivantes : « 1° Dans les conditions où nous avons opéré, c'est-à-dire en agissant au sein d'un liquide formé d'eau et d'alcool dans les proportions qui rap- pellent la composition moyenne du vin, le sulfate de chaux décompose la crème de tartre, sans que le degré d'acidité de la dissolution soit modifié, I équivalent d'acide sulfurique remplaçant i équivalent d'acide tartrique dans celle dissolution. » 2° La réaction a lieu entre i équivalent de crème de tartre et i équi- valent de sulfate de chaux. Si l'on ajoute une plus forte proportion de ce dernier sel , l'excès ne prend aucune part à la réaction : on le retrouve inal- téré, partie à l'état de solution dans le liquide, partie à l'état insoluble dans le dépôt. » 3° L'équivalent de sulfate de chaux qui prend part à la réaction est en- tièrement décomposé : toute sa chaux est changée en tartrate neutre, dont la plus grande partie se précipite; tout son acide sulfurique passe en disso- lution dans la liqueur. » 4° Après la réaction des deux sels, la liqueur renferme i équivalent de potasse, i équivalent d'acide sulfurique et i équivalent d'acide tar- trique, c'est-à-dire les éléments de ^ équivalent de crème de tartre et de ^ équivalent de bisulfate de potasse. En d'autres termes, la crème de tartre perd la moitié de son acide tartrique, remplacé par une quantité équiva- lente d'acide sulfurique. Cet acide sulfurique paraît exister dans la liqueur à l'état de bisulfate de potasse représentant \ équivalent de sulfate neutre plus \ équivalent d'acide sulfurique. » 5° Dans le plâtrage du vin, soit à la cuve, soit sur le vin lui-même, on est autorisé à penser que les ch»ses se passent d'une manière analogue entre la crème de tartre du vin et le sulfate de chaux ajouté, sous la réserve, toutefois, des modifications que peut introduire dans les résultats la pureté plus ou moins grande des matériaux employés. 27.. ( -^-I'- ) » Ainsi , avec du sulfate de chaux chargé de carbonate, comme le plâtre de Paris, on saturerait nécessairement une portion des acides libres du vin, of , en poussant le plâtrage à l'excès, ou n'atuait dans la liqueur que du sidfate neutre de potasse; mais un semblable liquide, dépourvu de toute acidité, ne saurait plus être considéré comme du vin, » Enfin, il y aurait aussi à examiner l'influence que peuvent exercer cer- tains éléments du vin lui-même, la matière colorante, les acides libres, etc. Insister davantage en ce moment serait excéder le cadre que nous nous sommes tracé, qui était d'examiner la réaction eu elle-même, dégagée de tout ce qui pourrait la compliquer dans son application pratique au plâ- trage du vin. « CHIMIE APPLIQUÉE. —Sur les lésuUats obtenus par M. Gorini d'un procédé de son invention pour la conservntion des cadavres. Extrait d'une Lettre de M. .^Satteucci. « L'Académie des Sciences de Turin a approuvé tout dernièrement un Rapport qui lui a été fait sur un travail de M. Gorini, de Lodi, Rapport rédigé, au nom d'une Con)iîiission, par le professeur de Filippi, à la suite d'expé- riences et d'études comparatives qui ont duré depuis le commencement de l'été jusqu'au mois de novembre. » Il s'agit d'un do ces procédés de conservation et momification de ca- davres. » Ce qui a particidièremenl intéressé la Commission et qui forme pour elle une véritable découverte susceptible d'une application utile à l'étude (le l'anatomie pratique, c'est la conservation des cadavres à cet usage. Je traduis uu paragraphe du Rapport de la Commission : << Les cadavres conservés par le procédé Gorini restent pendant quelques " mois avec la consistance naturelle, n'ayant d'autre odeur quc-celle qu'ils » avaient au moment de la préparation. Dans cet état ils peuvent toujours » servir pour la dissection anatomique. Après quelque temps, au lieu de se » putréfier, ils se dessèchent et se momifient; mais, même dans cet état, il » n'y a qu'à les plonger pendant quelque temps dans un bain d'eau pour les » voir reprendre !a mollesse primitive. J>es viscères, les vaisseaux sanguins, )i les muscles, les nerfs se conservent très- bien, et ou peut les isoler jusque » dans leurs dernières ramifications. Ces cadavres ainsi ramollis peuvent <> enicore se dessécher en les remettant à l'air, et après reprendre les qualités (2i3) » primitives, étant plongés de nouveau dans un bain d'eau ordinaire. Ces » alternatives, peuvent se répéter autant de fois qu'on veut sans que jamais » la putréfaction se manifeste. » MEMOIRES PRESENTES. PHYSIQUE DU GLOBE. — Mémoire sur les raies telluriques dit spectre solaire. Extrait d'une Note de M. J. Jaxssev, présentée par M. Fizeau. (Commissaires précédemment nommés : MM. Pouillet, Le Verrier, Paye, Fizeau.) « Le Mémoire que j'ai aujoiu'd'hui l'honneiu' de soumettre au jugement de l'Académie contient l'exposé et la discussion des observations faites dans un récent voyage aux Alpes. Voici le résumé des résultats obtenus : » Sur le Faulliorn (Oberland bernois, a683 mètres d'altitude), j'ai con- staté une diminution générale de tous les groupes de raies telluriques du spectre solaire, résultat qui était une conséquence de l'altitude du lieu, et qui démontre l'origine atmosphérique terrestre de ces lignes. » Au contraire, j'ai pu remarquer que les lignes d'origine solaire con- servaient leur intensité et gagnaient même en netteté. L'observation de M. Glaishair, qui, après une récente ascension aérostatique, a annoncé avoir vu IfS raies du spectre solaire diminuer de plus en plus à mesure que l'aé- rostat s.'élevait davantage, est pour moi tout à fait contrau-e à la réalité des faits. » Stu- les hautes montagnes, les raies du spectre solaire qui prennent leur origine dans notre atmosphère éprouvent, pendant le cours d'une joiu-- née, des variations d'intensité beaucoup plus marquées que dans la plaine; sur le Faulhorn, j'ai pu reconnaître ainsi l'origine tellurique de groupes importants, et pour lesquels la distinction était restée jusqu'ici douteuse. » Ces groupes, qui appartiennent à l'extrémité rouge du spectre, sont les suivants : » i'^ Une portion au moins de la raie B de Fraunhofer, celle qui est la moins rétrangible ; l'intensité de la raie qui forme l'autre portion ne permet pas de se prononcer. « 2° Les groupes qui sont situés entre B et n sont formés de raies pres- que exclusivement telluriques. M 3" Le groupe a est tellurique, c'est-à-dire que l'extrémité rouge du ( 2>4 ) speclre depuis B jusqu'à A est sillonnée de raies qui sont a peu près toutes d'origine atmos[)hénque terrestre. Là l'importance du phénomène tellurique est plus que décuple de celle du phénomèue solaire. » Je ferai remarquer ici que les cartes de M. Kirchlioff ne présentent pour toute la région de A à B aucune coïncidence entre les raies du spectre so- laire et celles des métaux étudiés par cet éminent physicien. La découverte de l'origine tellurique des groupes de cette région donne l'explication de cette circonstance, et elle y trouve une confirmation de son exactitude. >» Si nous jetons maintenant un coup d'œil sur la distribution générale des groupes telluriques dans le spectre solaire, nous voyons que ces grou- pes sont d'autant plus importants et plus nombreux que l'on considère une portion moins réfangible du spectre; c'est précisément le contraire pour les raies d'origine solaire. » Le Mémoire contient encore la relation d'une expérience faite sur le lac de Genève, entre Nyon et Genève, et dans laquelle j'ai pu constater la pro- duction des groupes telluriques dans le spectre d'une flamme qui, à petite distance, n'en présentait aucun. Cette expérience démontre directement faction d'absorption élective de notre atmosphère. » A la suite de mes premières communications sur les raies telluriques, le P. Secchi, s'occupant de mon sujet, a annoncé avoir remarqué une augmen- tation d'intensité dans les bandes telluriques les jours nébuleux, ou quand latmosphère est blanchâtre et vaporeuse, ou bien encore quand on ob- serve la Lune, voilée par l'effet des vapeurs (i). Le P. Secchi concluait de cette observation rapprochée de celle du spectre des planètes, à l'existence très-probable de la vapeur d'eau dans les atmosphères de ces astres. » J'ai fait remarquer à cette occasion que les résultats donnés par l'ana- lyse de la lumière des nuages étaient en général trop complexes pour servir à élucider une question de ce genre. '1 Lorsque l'atmosphère est légèrement voilée de nuages blancs, un point » déterminé du ciel envoie à l'œil une quantité de lumière beaucoup plus » grande que quand le ciel est pur, et cette lumière provient des réflexions » multipliées qui ont lieu sur les particules aqueuses. Dans ces conditions, » le spectre qu'on obtient est plus lumineux; en outre, il tst formé de » rayons qui ont, par le fait de leurs réflexions nombreuses, traversé de » grandes épaisseurs d'atmosphère; ces deux conditions expliquent |)aifai- (i) Comptes rendus, i3 juillet i8G3, p. ^3. ( 2.5 ) » tement la vision plus facile et plus marquée des bandes telluriques qui a » lieu alors. » Ici, la vapeur du nuage n'a servi que de réflecteur pour faire parvenir » à l'instrument des rayons qui ont traversé de grandes épaisseurs d'atmo- »> sphère ; mais on ne serait aucunement en droit d'attribuer à cette vapeur B elle-même la présence des bandes telluriques. » Il résulte donc de tout ceci que la vapeur d'eau, dans cet état physique » particulier où elle constitue les nuages et les vapeurs atmosphériques, » ne saurait être invoquée comme la cause des raies telluriques du spectre » solaire, et dès lors les conclusions que le P. Secchi en tire relativement » à la constitution de l'atmosphère des planètes ne peuvent être considérées " comme fondées (i). » )) Plus tard, dans une communication sur le spectre de Jupiter, le P. Sec- chi maintient ses premières conclusions. « A cette occasion , dit-il , j'ai constaté de nouveau l'influence des 1) brumes ou caligines sur les raies atmosphériques terrestres (2). » » Quant à moi, j'ai continué une longue suite d'observations dans les circonstances atmosphériques les plus diverses , mais en ayant soin de ne me servir que de la lumière directe du Soleil, afin de ne pas compliquer la question de ces circonstances de réflexions étrangères, difficiles à apprécier, et qui jettent une confusion regrettable dans les observations du P. Secchi. » Cet ensemble d'observations m'a démontré que la vapeur d'eau , à l'état de nuage ou de vapeur atmosphérique, ne paraît point agir (3), mais que c'est la vapeur d'eau à l'état de jhiide élaslique qui a une part impor- tante dans la production des raies telluriques du spectre solaire. » Par exemple, le 5 juillet 1864, le temps étant beau, pur et chaud, un groupe tellurique mesuré à nos échelles fut trouvé d'intensité i5, le Soleil étant à 4°3o' sur l'horizon; tandis que le 27 décembre i8fi4i pour une même hauteur du Soleil, le temps également pur, mais si sec, que le point de rosée était à 8 degrés au-dessous de zéro, le même groupe tellurique n'a- vait plus, aux mêmes échelles, qu'une intensité égale à 4- (i) Comptes rendus, i8G3, t. LVII, p. 3i5. (2) Comptes rendus, 25 juillet 1864, t. LIX, p. i84- (3) La lumière solaire ayant traversé un nuage ou un brouillard ne m'a pas donné de raies telluriques plus intenses que lorsque le ciel était pur avec un point de rosée aussi élevé, les autres circonstances étant les mêmes (le point de rosée était détermine avec l'Iiygioniètre à condensation de M. Recnault.) (..6) » Une expérience pour la vérification direcle de ce point important vient d'être faite à l'atelier central des phares du gonverneuient ; elle a donné un résultat qui s'annonce comme confirmatif ; je compte l'exécuter sur une échelle encore plus considérable, où le phénomène pourra être étudié comme il mérite de l'être. » Il y a deux années, en publiant mes premières études spectrales sur l'atmosphère de la Terre, j'ai émis la pensée que cette étude conduirait plus tard à la connaissance des atmosphères des planètes (i). Aujourd'huij j'ai la satisfaction de voir que cette prévision se réalise de plus en plus ; car, indépendanimenl des faits ra]iportés ci-tlessus, les résultats récents obtenus par MM. Huggins et Miller, qui ont vu dans les spectres des planètes des raies nouvelles, sont luie confirmation de ces idées. » PHYSIQUE APPLIQUÉE. — Recherches sur ta combustion de la houille el du coke d'ins les foyers des locomotives et des chaudières fixes. Note de M. de Commines de M.4RSILI.Y, pré-sentée pir M. Combes. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Pelouze, Combes, Regnault, Morin.) « J'ai fait un grand nombre d'analyses de gaz provenant de la combus- tion du coke et de la houille dans les foyers des locomotives el des chau- dières fixes ; j'ai déduit de ces analyses la manière dont s'opérait la com- bustion. Je considère d'abord la combustion du coke dans le foyer d'une locomotive. » Quand la machine est placée en tête d'un train qui va partir, il n'y a point d'autre tirage que celui de la cheminée ; il est faible, la combustion est incomplète ; on trouve dans les gaz de la combustion de l'acide carbo- nique, pas d'oxygène, beaucoup d'oxyde de carbone et de l'azote. Aussitôt que le train se met en marche, sous l'influence d'un fort tirage, sur loo par- ties d'oxygène qui traversent la grille, il en arrive une quantité plus grande que précédemment dans la chambre du foyer; elle est généralement suffi- sante pour brûler l'oxyde de carbone qu'il y trouve ; les gaz de la combus- tion se composent d'acide carbonique, d'oxygène et d'azote ; l'oxyde de carbone a disparu ou considérablement diminué. )) Au bout de peu de temps, la locomotive a acquis toute sa vitesse, le tirage toute son énergie ; toute la masse de coke devient incandescente, la température s'élève de plus en plus ; la zone de combustion se rétrécit comme cela a lieu dans les hauts fourneaux. Par suite, l'oxygène se combine (l) Comptes rendus, xi mars i863, t. LVI, p. 54o. ( 217 ) plus facilement avec le caibone, et l'acitle carbonique, en traversant la couche de coke, se transforme plus rapidement en oxyde de carbone. Pour loo parties d'oxygèns traversant la grille : i° la quantité d'oxyde de car- bone arrivant dans la chambre du foyer va en croissant; %" la quantité d'oxygène arrivant dans la chambre du foyer va en diminuant. Si dans les premiers moments qui suivent le départ les gaz de la condiustion renfer- ment de l'oxygène et point d'oxyde de carbone, l'oxygène ira en décroissant graduellement et disparaîtra bientôt pour faire place a l'oxyde de carbone qui va en croissant. S'il y avait de l'oxyde de carbone, la quantité n'en fera que croître. » Quand on laisse tomber la charge, il arrive un moment où, les accès d'air étant plus faciles, l'épaisseur de coke à traverser moindre, linverse de ce qui se passait précédemment se produit : pour loo parties d'oxygène traversant la grille, la quantité d'oxygène arrivant dans la chambre du foyer augmente et la quantité d'oxyde de carbone diminue. Les gaz de la combustion renferment à partir de ce moment des quantités décroissantes d'oxyde de carbone; ce gaz disparait ensuite pour faire place à l'oxygène qui va en croissante mesure que se réduit l'épaisseur de la couche de coke. 'I Ainsi, il y a deux périodes bien distinctes dans la combustion continue d'une masse de coke dont l'épaisseur à l'origine est de o'",6o à i mètre, et qui brûle jusqu'à ce qu'elle soit complètement consommée. >> Les analyses de gaz qui suivent montrent l'existence de la première période ; celle de la seconde se déduit du raisonnement. Machine Engcrtli. — T'itesse de 3o (i 4o kilomètres. GAZ RECUEILLI. POUR 100 PARTIES DE GAZ. ACIDE carbonique. OXYCÊSE. OXYDE de carbone. AZOTE. I** 6 minutes après le départ .5,34 11,76 17,70 4,76 2,94 0,00 8,00 0,00 1,90 7i),9o 85, 3o 80,40 2° Q minutes après le départ 3° lo minutes aorès le dènart » Ce n'est que quand il est au moment d'arriver au dépôt que le méca- nicien laisse tomber le feu; en marche il maintient la hauteur du coke entre de certaines limites par des chargements faits à intervalles successifs. » Un chargement augmente l'épaisseur du combustible et diminue les 0. R., iS65, 1" Semestre. (T. LX, N" Jî.) 28 ( ^i8 ) accès d'air, ce qui tend à augmenter la production d'oxyde de carbone. Mais il refroidit la masse de coke incandescente, ce qui a pour rtsultat de diminuer la production d'oxyde de carbone et d'augmenter la quantité d'oxygène qui pénètre dans la chambre du foyer. Aussi, après un charge- ment, l'oxygène apparaît-il dans les gaz de la combustion et l'oxyde de car- bone disparaît-il, ou, si ce dernier gaz persiste à l'exclusion du premier, se trouve- t-il en quantité moindre. Machine Engerth, — Vitesse de 4o iiloniètres. GAZ RECUEILLI. ACIDE carbonique. OXÏGESt. ÛXÏDE de carbone. AZOTE. 17,70 13,09 12,41 10,76 10, 3o 0,00 2,98 2,06 I ,60 0,60 1,90 0,00 0,00 0,00 0,00 80, 4" 1 83,<)3 i 85,53 85,64 89,10 26 minutes après le départ (chargement). . . 3i minutes iiurès le ilénart . . 38 minutes après le départ a.\ minutes anrés le dénart . • . . . » Les analyses suivantes mettent ces faits en relief. -> Plus la vitesse est grande, plus le tirage est actif et plus la température de la masse de coke est élevée : moindre, par suite, pour 100 parties d'oxy- gène traversant la grille, est la quantité d'oxygène pénétrant dans la chambre du foyer, et plus grande la quantité d'oxyde de carbone y arrivant. Ou doit donc trouver, toutes choses égales d'ailleurs, plus d'oxyde de carbone dans les gaz de la combustion avec les machines marchant à grande vitesse qu'avec les autres : c'est ce que montrent les analyses des gaz recueillis sur une machine Crampton marchant à une vitesse de 80 kilomètres à l'heure, et dont les dimensions du foyer sont à peu près les mêmes que celles de la machine Engerth ci-dessus; les accès d'air étaient plus grands. Machine Crampton. — Fitesse de 80 kilomètres en marche. GAZ RECCEILLI. ACIDE carbonique. OXYGKXE. OXYDE de carbone. AZOTt. 5 minutes anrès le dénart 14,10 14, 3o 12, 60 2,45 0,00 1 ,5o 5,i5 8,40 8,80 78,30 77, 3o 77,10 10 minutes après le départ ii ( 219 ) » L'impureté et la porosité chi coke sont des causes de production d'oxyde de carbone. » La combustion de la houille est beaucoup plus compliquée que celle du coke : la houille, en effet, sous l'action de la chaleur, donne deux pro- duits bien distincts, le carbone fixe et les matières volatiles. Ces deux pro- duits se forment simultanément et se combinent d'une manière distincte avec l'oxygène; il y a donc à considérer deux combustions simultanées, celle du coke et celle des produits volatils. Or la nature et la quantité du coke, comme la nature et la quantité des matières volatiles, dépendent de l'espèce de houille; il est donc de la plus haute importance de tenir conipte de l'espèce de houille que l'on brùie. " J'examine successivement la combustion de la houille dans les foyers des locomotives et dans les foyers des chaudières fixes. » Quand une locomotive avec son foyer chargé de houille est placée en tète d'un train, avant le départ le tirage est faible, sa combustion est fort incomplète. Aussitôt que le train se met en marche, le tirage devient actif, la quantité d'oxygène qui traverse la grille dans l'unité de temps augmente considérablement, et ce qui en pénètre dans la chambre du foyer suffit pour opérer la combustion complète des matières volatiles et de l'oxyde de car- bone. S'il ne suffit pas, il diminue beaucoup du moins la proportion de gaz non brûlés. C'est ce que prouvent les résultats des analyses de gaz recueillis peu de temps après le départ sur diverses machines. NATURE DE LA HOUILLE. Houille grasse Centre Belge. Houille crasse Denain. . . . TEMPS llCOULF. depuis le ilcpart. f deminute. 2 minutes. ACIDE carbo- nique. l4,20 i4,oo 0,00 2,6o CAZ des 2,8o o,oo oxyDE de car- bone. o,oo o ,oo H\DI10 - CÈNE. 2,8o O,0O bJ,00 83, 4o 1) Au bout de quelques minutes, le train a sa vitesse normale, le tirage toute son activité, la température du coke formé s'élève, la décomposition du charbon sous l'action de la chaleur marche rapidement, et le dégagement des matières volatiles devient fort abondant; puis ce dégagement se régula- rise; enfin il diminue beaucoup et consiste presque uniquement en hydro- gène, et pour une faible partie en oxyde de carbone et gaz hydrogène proto- carboné. 11 résulte de là que la coml)ustion complète des produits volatils 28.» ( 220 "> dans l'unité de temps prend des quantités d'oxygène décroissantes. D'autre ])art, la combustion du coke, ainsi que nous l'avons vu plus haut, prend une partie de plus en plus grande de l'oxygène qui traverse la grille dans l'unité de temps, et la quantité d'oxyde de carbone arrivant dans la chambre du foyer est de plus en plus grande. Il y a donc là deux phénomènes qui se combattent : l'un, la diminution progressive de produits volatils, est favorable à une combustion complète; l'autre, la combustion du coke à une température de plus en plus élevée, favorise la production d'oxyde de carbone. » J'ai établi ce qui se passe avec chaque espèce de houille. » Je me borne dans ce court résumé à montrer comment la combustion s'opère avec une houille grasse du Centre Belge se rapprochant du demi- gras (machine à marchandises Creuzot). ACIDE GAZ OXVDli GAZ RECUEILLI. carbfi- OXYCÉNE. des d.- HYDROGKNE. ,47.0TE. ni(]ue. marais. carbone. 4 minutes avant le départ. . . . I 3 , 1 0 1> 2,22 4,46 5 ,02 75,20 i5 secondes a])i-ès le départ. . . l4,20 » " 2,80 » 83, 00 1 q minutes après le départ . . . I 1 ,25 b I ,00 8,2,5 4,65 74,85 i6 minutes après le départ. . . . 13,70 » .,.4 4,70 0,86 79,60 20 minutes après le départ . . . 17,04 " >. 1,40 a 81, 56 23 minutes après le départ .... i5,8o " fi >. » 36 minutes après le départ. . . . i5,o8 n " 2,3o '• 82,62 )i Ce qui est remarquable, c'est que les houilles demi-grasses et que beaucotq) de houilles grasses maréchales à courte et à longue flamme bru- lent sans fumée, quoique l'oxygène de l'air ne soit pas en excès, et qu'on trouve de l'oxyde de carbone en forte proportion dans les gaz de la com- bustion. » L'oxygène se porte, de préférence à l'oxyde de carbone et même à l'hy- drogène libre, sur l'hydrogène des composés hydrogénés, et en sépare le- carbone, avec lequel il se combine sous l'influence d'une température très- élevée. Il est possible et même trè.s-probable que le carbone, au sortir de sa cond)inaison, s'il ne trouve pas d'oxygène, transforme l'acide carbo- nique (lu milieu dans lequel il se trouve en oxyde de carbone, grâce à la température élevée qui existe. ( 221 ) » Nous arrivons maintenant à la combuslion de la houille dans le foyer des chaudières fixes. Là nous trouvons un tirage beaucoup moins actif que précédemment; déplus, la couche de combustible n'a qne i5 à ao centi- mètres d'épaisseur, au lieu de 60 centimètres à i mètre. » Il en résulte que l'oxygène de l'air arrive en plus grande proportion dans la chambre du foyer et qu'il en passe une quantité notable parmi les saz de la combustion, comme le montre le tableau suivant : Mélange de houille anglaise el de Mans (Grand-Hoina]. GAZ RECUEILLI. ACIDE carbonique. OXVI.l NE. A/OTL. 10,10 10,81 4,39. 5,o5 7,56 I2,f)7 1 84,85 81 ,63 82,71 (\ niiniilps nnrès 1p cliar'^Pinont . . . . ...... 1 1 minutes après le chargement. . )) Cependant la ftuiiée est abondante. C'est que pour une combustion complète il faut trois conditions : i" de l'oxygène en quantité suffisante poiu'se combiner avec les éléments des matières volatiles et l'oxyde de car- bone; 2° un mélange intime de l'oxygène et du gaz; 3° une température, élevée. Ces deux dernières conditions sont remplies dans les foyers des lo- comotives; elles ne le sont qu'imparfaitement dans ceux des chaudières: fixes. I) J'arrive en définitive à la conclusion suivante : qu'un tirage très- actif, combiné dans certains cas avec une introduction d'air très-divisé dans la chambre du foyer, permet seul d'opérer la combustion complète sans excès d'air et sans fumée. » CHIMIE APPLIQUÉE. — Des difficuUés généralement signalées dans la fabrication du sucre den§lterave, pendant la campar/ne de i863 à i864; pnr MM. Leplay el Cuisixieu. (Extrait par les auteurs,) (Commissaires, MM. Pelouze, Payen, Peligot. ) H La fabrication du sucre de betterave présente dans certaines années, et presque chaque année dans le dernier mois de la fabrication, des diffi- cultés que l'on désigne sous le nom de cuite difficile ou impossible et de fei- //ien/rtao». Chaque fois que ces difficultés se produisent, elles entravent la ( -212 ) fabrication et contribuent à diminuer la quantité et la qualité du sucre fabriqué dans ces conditions. Pendant la campagne de i86'3 à 1864 ces dif- ticultés ont pris un caractère de gt^néralité qui no s'était pas encore produit. Ces circonstances exceptionnelles nous ont permis d'en faire une étude spéciale et complète, dans 1 usine même; d'ensuivre toutes les phases, d'en déterminer les causes, de chercher les moyens de les éviter et d'en annuler les mauvais effets. » Tout ce qui a été écrit jusqu'à présent concernant la fabrication du sucre jette peu de luii;ière sur ces questions, Les études chimiques que nous avons faites de ces deux difficidtés nous permettent de conclure que : )> 1" L'altération désignée sous le nom de fermentation est produite par- ticulièrement par la décomposition spontanée des matières azotées, qui ont échappé à tous les moyens d'épuration euiployés dans la fabrication. » -i" En faisant bouillir les jus et sirops de betteraves, pendant un temps plus ou moins prolongé, en présence des alcalis caustiques, potasse, soude et chaux, ces matières azotées sont décomposées, et il résulte de cette dé- composition : de l'ammoniaque qui se dégage, du carbonate de chaux qui se précipite, et une épuration plus complète que celle que l'on produit par les moyens ordinairement employés, tels que saturation par l'acide carbo- nique, filtration sur le noir animal en grain, qui laissent une partie de ces matières azotées en dissolution dans le sirop. » 3" Ces alcalis, potasse, soude et chaux, existent pour ainsi dire natu- rellement dans le jus déféqué, et il suffitde faire bouillir ce jus avant toute opération, pour produire cette épuration. » 4" 1-6 pli's souvent aussi la potasse et la soude n'existent pas, dans le jus de betteraves déféqué, en suffisante quantité pour |)roduire la décom- position de ces matières, et alors on augmente l'effet épurant de l'ébullitioii en ajoutant au jus une nouvelle quantité de ces alcalis. » 5" La difficulté dans la fabrication du sucre de betteraves, désignée sous le nom de difficulté ou impossibilité de cuite, n'est point due seulement, comme on le croit généralement, à la présence de la chaux libre ou du su- crate de chaux, mais il la présence de sels de chaux neutres, sur lesquels le noir animal révivifié est sans action, et sur lesquels le noir neuf n'a qu'une action tres-limitée. » 6" En décomposant ces sels neutres de chaux par un sel soluble dont 1 acide est susceptible de donner une combinaison insoluble avec.la chaux , la décomposition du sel neutre de chaux a toujours lieu ; dans ce cas, la cuite est toujours facile, rapide et complète. ( 223 ) » 7° Nous avons .signalé comme opérant cette décomposition certains sels de potasse et de soude, et nous avons accordé une préférence particu- lière aux carbonates et phosphates de ces bases. » 8"^ Nous avons reconnu également que pour produire ces deux effets. di faciliter la cuite des sirops et d'en rendre la fermentation impossible, il est de beaucoup préférable d'unir ces produits chimiques, soit isolément, soit ensemble, à du noir animal en pondre qui a pour résultat d'agglo- mérer les sels de chaux insolubles qui s^î forment par l'addition de ces produits, d'en empêcher l'adhérence sur les serpentins d'évaporation, et d'en opérer la séparation complète. » 9° Tous ces faits nous ont conduits à préparer un noir fin en pondre, auquel nous avons donné le nom de noir épurant, qui a siu'tout pour effet, ajouté à Li chaudière d'évaporation, non-seulement de rendre la cuite tou- jours facile, rapide et complète et d'empêcher la fermentation, mais encore de produire une épuration plus complète que les moyens généralement em- ployés, et qui se manifeste immédiatement dans le cristallisoir par une plus grande quantité de sucre et par un grain plus sec, plus dur et plus ner- veux, quel que soit le procédé de fabrication eniployé. » io° Nous avons reconnu en outre que si l'on emploie ce noir à ime dose suffisante et dans certaines conditions, on peut arriver à supprimer la filtration des jus et sirops sur le noir en grain, et par suite à supprimer l'emploi du noir en grain lui-même dans la fabrication du sncre de lietterave. )> 11° Les sirops épurés par cette méthode sans l'emploi du noir en grain, quoique plus colorés, peuvent donner des snci'es d'une nuance aussi élevée qu'avec l'emploi du noir en grain, pourvu que ces sirops, avant la cuite, aient été soumis à la clarification, à une bonne filtration mécanique cpii en sépare le noir fin et les matières insohdiles qui se sont précipitées pendant l'évaporation du jus. » 12° La cause qui produit la coloration des sucres bruts réside surtout dans la précipitation d'une matière insoltible qui se forme pendant la cuite du sirop et qui fixe la matière colorante dans le cristal du sucre. Quand l'épuration a été suffisante dans la première période de l'évaporation, il se forme plus de précipité dans la deuxième période, c'est-à-dire pendant la cuite. » i3° La quantité d'ammoniaque qui se dégage, surtout dans les pre- miers temps de l'évaporation du jus, en présence de ce noir épurant, est con- sidérable et pourrait être parfaitement recueillie. Des expériences directes ( 224 ) nous ont démontré qu'une fabrique de sucre produisant looo hectolitres de jus par jour était susceptible de donner jusqu'à 3oo kilogrammes de sulfate d'ammoniaque par jour. )> Ces nombreuses observations nous ont conduits à un nouveau procédé de fabrication du sucre do betterave ayant pour résultat d'éviter les incon- vénients connus sous le nom de cuite difficile ou impossible et de fermenta- tion^ et de supprimer la filtration sur le noir en grain et le noir en grain lui-même, et qui peut se résumer ainsi , tout en produisant le sucre de qualité supérieure : » 1° Défécation à la méthode ordinaire au moyen de la chaux ; » a" Ébuilitiou immédiate du jus déféqué jusqu'à réduction à moitié du volume du jus, préalablement à tout moyeu d'épuration; î' 3° Traitement du jus ainsi évaporé par le noir fin épurant ; » 4° Evaporation du jus jusqu'à l'état de sirop à aS degrés Baume en présence du noir épurant; » 5° Clarification ordinaire et filtration mécanique à travers un filtre en coton des sirops à aS degrés; :> 6° Cuite par les moyens ordinaires; » 7*^ Cristallisation ; « 8° Disposition spéciale pour recueillir l'ammoniaque dégagée pendant les premiers temps de l'évaporation du jus. » M. Kexault (Bernard) adresse de Dijon le résumé d'un travail sur la vérificalion de In réciproque des lois de Faraday relatives aiux équivalents chi- miques. (Commissaires, iNIM. Dumas, Regnault, H. Sainte-Claire Deville.) MM. Mené et Coi'rrat adressent de I.yon une Note sur l'analyse de quel- ques mine7'ais de plomb provenant des mines de Pontgibaud (Puy-de- Dôme). ' (Renvoi à l'examen de MM. Daubrée, H. Sainte-Claire Deville.) M. DE Lacroix présente un Mémoire sur une application nouvelle de sou appareil respiratoire pour les cas d'incendies et de sauvetages à opérer dans les milieux irrespirables. (Réservé pour la future Commission du prix des Arts insalubres de i865.) ( 225 ) M. Boi-RGUET, à l'occasion d'une communication récente sur l'utilisation du limon de certaines eaux pour l'assainissement des marais, adresse une Note manuscrite et un Mémoire imprimé « sur le colmatage au point de vue de l'hygiène et de l'agriculture ». (Commissaires, MM. Boussingault, Cloquet.) COllRESPONDAIVCE. M. LE MiivisTRE DE l'Instui'ctioiv pi'BUQiE approuve le jour proposé par l'Académie pour sa séance publique annuelle, qui aura lieu le lundi 6 février. M. LE Mlmstre de l'Ixstructiox publique, par une Lettre en date du 28 janvier, autorise l'Académie à prélever sur les fonds disponibles la somme demandée pour compléter le montant des deux prix de Physiologie expéri- mentale de 1864. PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Du tannin dans les Légumineuses. Note de M. A. Tréccl, présentée par M. Decaisne. « Depuis longtemps déjà on sait que VJpios luberosacontlenldii suc lai- teux. J'ai trouvé un suc semblable dans un Sesbariia et dans les jeunes pousses des Vicjna glabra, Mimosa sensitiva, prostraia etjloribunda. o En cherchant le suc laiteux dans les Légumineuses, je laissai acciden- tellement sur le rasoir, pendant quelques minutes, des coupes transversales minces d'un jeune scion vigoureux de Robinia pseudoacacia. Les ayant en- suite placées sous le microscope, je remarquai qu'à des places déterminées certaines cellules avaient bleui. Je mis aussitôt de semblables coupes dans une solution de sulfate de fer, et je pus voir que plusieurs des cellules sous- libériennes, et d'autres groupées autour de la moelle vis-à-vis les faisceaux vasculaires, contenaient du tannin (i). J'étudiai ainsi, en les faisant macérer (1) En 1857 [Monatsberichte dcr lôn. Preuss. Alt ad. der JFissenschaftcn zu Berlin), M. H. Karstcn signala la présence du tannin dans divers orjjanes élémentaires des végétaux et en particulier dans quelques vaisseaux du latex et dans certaines séries longitudinales de cellules analogues à celles que je décris ici [Musa, Aroïdées , etc.); mais aucune Légunii- neuse n'est mentionnée parmi les quelques plantes qu'il nomme. C. R., iS65, I" Semestre. (T. IX, N ' S ) 2g . ( 226 ) par tronçons dans la soliilion ferrugineuse, environ cinq cents Légumineuses cultivées au Jardin des Plantes de Paris, et je reconnus que beaucoup con- tiennent du tannin, tandis que les autres en sont dépourvues. Celles qui en possèdent ne le présentent pas à la même place. Les unes n'en offrent que dans l'écorce, les autres au pourtour de la moelle seulement, d'autres enfin en renferment à la fois dans l'écorce et dans la moelle. » Quand les cellules à tannin sont dans l'écorce, elles peuvent être : i"" extra-libériennes seulement [Dalea laxiflorn, jjlante sèclie); i° ou bien une ou deux séries existent sur chacun des côtés des faisceaux du liber [Lotus peregrinus, oniitliopodioides, crelicus, edulis, jacobœus, Gebelia) ; 3" ou en- core elles sontéparses ou groupées sous les faisceaux du liber [Uraria picta; Dolichos fiinarius ; Psoralea rnacroslacliya, glandulosa, lathyrijolia, acaulis, Bourcierii, biluininosa, inicrocepliala, rùjida, aculeala,pinnaia,aphyU(i, palœs- tina et veirucosa ) . » QLiand les cellules à tannin subsistent dans la moelle seulement, elles sont: £"opposées aux faisceaux vasculaires (Paroc/je(u.f major; Piscidia car- thaginensis ; Nissolia frulicosa ; Arachis hypogea; Jdesmia muricala ; AnlhylUs tetraph/lla; Zornia ihymifoUa, Coronilla Einarus, etc.) ; 2" ou entre la partie des faisceaux vasculaires saillante dans la moelle, soit sur les côtés de ces faisceaux, soit vers le milieu de l'espace qui les sépdve [BonaoLiia coiojiilla; Securigeia allantica; Hippocvepis mullisilùpiosa, unisiUquosa, ciliala; Coronilla varia, crelica^ rostrala, jiincea, valentina, itipiilaris, elegans, montana, glauca, penlaphylld ; Arlhrolobium scorpioïdes). » Quand les cellules à tannin existent à la fois dans l'écorce et dans la moelle, tous les modes précédents peuvent se combiner et donner des ca- ractères que l'espace ne me permet pas d'indiquer ici. Je signalerai seule- ment les quatre dispositions principales. J-,es cellules à tannin peuvent être en même temps : i"dans la région exira-libérienne et autour de la moelle, souvent opposées aux faisceaux vasculaires [Calophaca volgarica ; Dalea alo- pecuroïdes ; Scorpiurus sulcata., subvillosa, vermlculata; Dolichos liynosus ; Ery- thrina crista-galli, laurifolia ; Adesmia viscosa; Stytosantlies elalior; Hosackia Purshiana ; Dalbergia latisecta, etc.) ; 2° ou bien les cellules à tannin sont de chaque côté des faisceaux du liber et dans la moelle, opposées aux faisceaux \asculaires [Telragonolobus parpureuS) Giissonii, iijlonis, siliipiosus, conjugu- tits, etc.; Dorjcnium lalifotiurn, lierbaceum, suffrulicositin, liirsiilnin; lledysa- ruin flexuosum, canitatum ; Orrdtfiopiis salivas, perpusillus; Onobrychis saliva., petrœa, saxnlilis, crisla-galli, caput-galli, arenarin); 3° les cellules à tannin sont à la fois de chaque côté des faisciaux du liber, sous le liber et au pourtour ( 227 ) de la moelle [Ornilhopus compressus ; Hedysaruin caucasicum, elonrjalum, obs- curum; clans Y Onobrycliis vaginatis elles sont rares sous le liber); /j" les cel- lules à tannin sont situées sous le liber et autour de la moelle, opposées aux faisceaux (les Phaseolus; Lablab vuhjaris ; Kennedya ovata, lungijolia, rubi- lunda, bimaculata, etc.; Dioclea glycinoides; Jmphicorpœa monoïca ; Dnu- benlonia punicea, loinjifolia ; Eysenliarlia amorphdides ; Robinia viscosa ; Des- modiuin gyrans, podocarpum, cnnadense, marylandkum. Dans bon r.ombre de plantes de cette section, il y a en outre des cellules à tannin épaises dans la moelle: Robinia hispida, psetidoocacia ; Jmorpha glabrci, fruticosa; Glycyrrhiza fœdda, echinala, gtahia; Cercis siliquaslrum, canadensis; Fagelia hituminosa; Rhynchosia caribœn, minima; TVisleria sinetïsis, fnitescens, bar- kansiana). » Toutes ces dispositions des cellules à tannin sont biep caractérisées ; mais certaines de ces plantes présentent encore du tannin dans les cellules de l'épiderme et dans celles du collench} me. Néanmoins, il y a quelques Lé- gumineuses dans lesquelles le tannin n'est pas aussi bien localisé. Je ne citerai dans ce résumé que les deux plus remarquables. Ce sont hsScliotia speciosa et latifolia, dans les tiès-jeunes pousses desquels toutes les cellules parencbymateuses de l'écorce et de la moelle bleuissent par la macération dans le sulfate de fer. Ija quantité de tannin diminue graduellement dans ces cellules à mesure que le rameau avance en âge. En sortant de la macé- ration les tronçons de ce rameau ne sont souvent que peu teintés, mais leurs cellules bleuissent ou noircissent avec intensité par une courte expo- sition à l'air. B Les cellules à tannin placées à côté des faisceaux du liber, sous ces faisceaux, ou au pourtour de la moelle, sont superposées en séries longitu- dinales, de manière à constituer des sortes de vaisseaux à tannin, dont les cellules, toutefois, ne sont ordinairement pas perforées. De plus, ces cellules sont toujours plus longues que celles du parenchyme voisin, et elles ont sou- vent une grande longueur. Ce sont celles qui, dans le Sesbanin cité plus haut, contiennent le suc laiteux. Dans le Mimosa sensiliva, le suc laiteux, qui est renfermé dans des vaisseaux sous-libériens semblables, se salit quel- quefois de noirâtre par la macération dans le sidfate de fer; mais le suc lai- teux ne se colore pas dans les Mimosa prostrata et floribumla. Chez le Mimosa pudica, les mêmes vaisseaux existent, bien que le suc ne soit ni laiteux ni tannifère. » Dans quelques plantes appartenant à d'autres familles [Sambuciis, Can- nabis, Hii:uuhis). les longues cellules du suc propre contiennent aussi du 29.. ( 228 ) tannin. Celles des Musa représentent précisément les vaisseaux propres dé- crits dès 1812 par Moldcnhavver. Il est donc évident que les séries de cellules à tannin des Légumineuses se relient à ce qui a été appelé jusqu'à ce jour vaisseaux du latex. Les anatomisles reconnaissent pour laticiferes les cellules à suc laiteux de VJpios tuberosa. Eh bien, ce suc laiteux ne con- tient pas de tannin, et cependant les organes qui le renferment occupent sous le liber la même place que celles qui enserrent le suc tannifère de beau- coup des plantes nommées précédemment. » Maintenant, puisqu'il parait démontré, par les exemples qui viennent d'être cités, que les cellules à tannin non laiteuses sous-libériennes sont les analogues des cellules à suc laiteux de ï'Àpios et des Mimosa désignés ici, il devient manifeste que les cellules à tannin qui sont autour de la moelle doivent aussi être de même nature physiologique. Ce qui existe dans les Sambucus s'ajoute à ce que l'on observe dans les Légumineuses pour ap- puyer cette assertion; car, dans les Sainlnicus nicjra et Ebulus, les cellules à suc propre ocracé, tannifère, sont réparties au pourtour de la moelle et sous le liber, ou dans son voisinage, comme dans beaucoup de Légumi- neuses. Le Sesbania dont j'ai parlé a des vaisseaux laiteux tannifères dans l'écorce externe, sous le liber et autour de la moelle; mais dans V/^pios tuberosa, le suc est laiteux seulement dans les cellules ou vaisseaux sous- libériens, comme je viens de le dire; tandis qu'il est seulement tannifère dans ceux qui sont à la périphérie de la moelle, ainsi que dans d'autres cellules éparses au milieu de cette moelle et dans l'écorce extra-libérienne. » Dun autre côté, les cellules à tannin éparses dans la moelle et dans l'écorce de bon nombre de Légumineuses ont leurs analogues chez les plantes à latex proprement dit. Ainsi, dans le Saïu/uinaria caijadcnsis, le rhizome, comme je l'ai fait observer en 1862 (voyez ilnstitut du i3 août), possède (outre ses laticiferes composés de séries de cellules dont le suc rouge contient de gros globules incolores, comme ceux des Musa et du Sambucus Ebulus) une multitude de cellules isolées, qui renferment le même suc rouge avec des globules semblables. Cette plante ayant de plus des la- ticiferes tidjuleux dans les pétioles et dans les pédoncules, achève la tran- sition des cellules isolées aux laticiferes lubuleux continus. » D'autre part, il paraît bien établi que le tannin est une substance assi- milable comme le sucre et l'amidon. Les vaisseaux propres qui le renfer- ment ne peuvent donc élre pris pour des réservoirs de matières rejetées à jamais hors de la circulation. Par conséquent, les laticiferes, auxquels ils se ( 229 ) rattachent, et qui d'ailleurs peuvent renfermer de l'amidon, ne doivent pas être regardées commodes excipients de substances inutiles à la végéta- tion. » ÉCONOMIE RURALE. — Production, au moyen de In fécondation croisée, d'une série de cépages à suc coloré. Note de M. lîofsr.iiET, présentée par M. Duchartre. « Les expériences dont je crois devoir faire connaître les résultats ont été entreprises, en 1828, par mon père, et continuées par moi, sur notre domaine delà Calmette, commune de Maiiguio, |)rès Montpellier. Elles ont eu pour objet d'obtenir des Vignes à jus coloré au moyen de la fécondation de nos cépages à suc incolore par le Teinturier, dont le jus est rouge natu- rellement. Le réstdtat en a été tel que nous le désirions, puisque nous avons obtenu, à force d'expériences et de temps, une série de cépages qui joignent aux qualités de nos Vignes méridionales le mérite que nous désirions em- prunter au Teinturier. En outre, nos expériences nous ont montré ini phénomène physiologique tout à fait inattendu et qui est en opposition formelle avec les idées admises jusqu'à ce jour en matière de fécondation croisée. » En 1829, mon père expérimenta sur trois de nos plus importants cépages méridionaux : l'Arainon, la Carignane et le Grenache (Alicant de l'Hérault). Il éprouva d'abord une difficulté sérieuse lorsqu'il voulut féconder ces trois cépages par le Teinturier, qui fleurit huit ou dix jours plus tôt qu'eux ; mais il parvint à retarder la floraison de ce dernier à l'aide de moyens artificiels, et quand ces diverses Vignes furent en fleur, il en entremêla les grappes fleuries les unes aux autres pour que la fécondation pût s'opérer entre elles. » Lorsque les grappes ainsi traitées eurent atteint leur maturité, elles offrirent un fait entièrement inattendu. Sur chacune d'elles un certain nombre de grains donnèrent un jus coloré comme l'est naturellement celui du Teinturier, bien que celui des autres grains fût resté incolore. De là découlait cette conséquence, bien faite pour étonner, que la fécondation croisée avait exercé son influence même sur la pulpe qui environne les pépins, c'est-à-dire sur le péricarpe qui entoure et protège les graines. Le même fait fut constaté encore par mon père, en i83o, et moi-même, en répétant ces fécondations croisées, je l'ai observé un grand nombre de fois, ( 23o ) de manière a poiiV(jir eu affirinei" sans hésitation l'incontestable réalité. » Il restait à constater que nos fécondations de cépages méridionaux par le Teinturier avaient réussi. Dans ce but, mon père d'abord, et moi ensuite, nous avons recueilli les pépins des grains de raisin dont le jus avait été reconnu coloré. Les jeunes pieds de Vigne nés du semis de ces graines ont été cultivés avec soin; puis, pour ;ibréger le long espace de temps pendant lequel il faut attendre la première fructification des jeunes pieds de Vigne, nous les avons greffés sur des ceps déjà formés. Ce fut pour la première fois en I H36 qu'un de ces métis, après avoir été greffé sur un cep vigoureux, donna son premier fruit. Ce n'était encore qu'un grappillon; mais ses grains, à leur complet développement, avaient une grosseur moyenne; le pédoncule était long et herbacé, tandis que le feuillage présentait tous les caractères du Teinturier, quoique la jeune Vigne provînt d'un pépin d'Aramon fécondé. Ce qui acheva de démontrer que c'était bien là un métis de l'Aramon et du Teinturier, c'est que le jus du petit nombre de grains qui composaient ce grappillon était rouge comme celui du Teinturier. Le succès n'était donc [)as douteux. " L'année suivante, plusieurs de nos Vignes greffées donnèrent des raisins. Quelques-unes nous parurent remarquables : une entre autres produisit des grappes bien garnies de grains presque aussi gros que ceux de l'Aramon, et le suc en était coloré! » La greffe fut pour nous un moyen rapide de propagation de ces métis, et déjà, en i84o, nous possédions plus de i loo pieds d'un seul d'entre eux que nous avions plus particuliérernetit multiplié. Dès ce moment, il nous devint possible d'étendre cette culture, et d'en faire, quelques années plus tard, une plantation de plusieurs hectares. )) Naturellement associé aux travaux de mou père, j'ai cherché à mon tour à améliorer les cépages à suc rouge qu'il avait obtenus, et opérant la fécondation des Vignes du midi avec des pieds métis à suc rouge, j'ai obtenu par le semis une collection de métis du second degré qui a compté bientôt plus de 700 jeunes ceps obtenus de i855 à iSSg. Aujourd'hui, après trente- cinq années d'expériences et d'études, après de nombreux sacrifices, je me trouve en possession d'une collection nombreuse composée de types nou- veaux, la plupart à suc coloré, d'autres moins remarquables et à suc incolore. J'ai fait lui choix parmi les meilleurs tyjies à suc coloré, et main- tenant je crois pouvoir ilire que l'adoption de ces Vignes métisses est destinée à faire subir à la viticulture (l'importantes modifications. Leur maturité ( ^3. ) précoce, qui permettra toujours de vendauger au mois d'août dans le midi ( i), la coloration rouge et intense de leur vin, dont une faible partie peut colorer des quantités considérables de vins légers, la qunlité remarquable du vin provenant de quelques-uns de ces cépages, dont l'un entre autres donne un vin à bouquet distingué, entièrement différent des vins du midi : tels sont les mérites qui me semblent recommander les variétés nouvelles que mon père et moi nous sommes parvenus à obtenir. Je crois aussi que les départements plus avancés vers le nord pourront trouver quelque avantage à s'approprier des cépages pour lesquels la précocité doit assurer la bonne qualité des produits. » PHYSIQUE APPLIQUÉE. — Nouvelles expériences sur les électro-aimants à fil découvert; par ^I.T^h. Dd Moxcel. « Les expériences que j'ai rapportées dans mes deux dernières Notes à l'Académie ont été faites avec des fds fonrnis par M. Carlier, mais dont la provenance n'avait pas été bien constatée. Il était d'ailleurs supposable, d'après les chiffres 91, gS, 86, 'jo que M. Edra. Becquerel avait fixés comme représentant les conductibilités du cuivre du commerce, que les petites dif- férences de résistance qui auraient pu exister entre les fils des électro-ai- mants couverts et des électro-aimants découverts ne pourraient expliquer les effets si extraordinaires que j'ai signalés; toutefois, l'énormité même de ces effets qui avaient fini par avoir pour résultat d'attribuer à un électro-ai- mant à fil nu de 5^44 spires une force de 38o grammes, alors que son sem- blable avec fil recouvert ne pouvait attirer dans les mêmes conditions que 27 grammes, m'a fait rechercher la |3art que pouvait avoir la différence des conductibilités dans ces phénomènes, et je suis arrivé à cet autre résultat non moins étonnant, que la résistance des fils du même numéro que l'on achète chez les différents marchands de fil à Paris peut varier de i à 4- » J'ai donc dû, pour me garder des perturbations résultant de cette dif- férence de conductibilité, opérer désormais avec des fils que je faisais recouvrir de soie après les avoir détachés du rouleau même où je prenais mes fils sans couverture; j'ai choisi comme type le fil Mouchel qui est le plus pur qu'on trouve à Paris. Cette fois, les résultats ont été beaucoup plus concordants et n'ont plus rien présenté que de très-naturel. (1) Une de ces Vignes, qui produisait celte année pour la première fois, a donné des raisins mûrs le 26 juillet, tandis que des Pinots de Bourgogne n'ont mûri que dans la pre- mière quinzaine d'août. { 232 ) » Le fait le plus important qui est ressorti de mes nouvelles expériences est que, quelle que soit la grosseur du fil, si la longueur de celui-ci reste la même et que la source électrique ait peu de tension, la résistance des hélices magnétisantes reste à peu prés constante, que le fil soit isolé ou non. I) J'avais déjà observé cet effet sur le fil fin, mais j'avais supposé que ce n'était qu'un cas particulier dépendant de la grosseur du fil, tandis que c'est un fait général. » Comment cx])liquer une pareille action? C'est ce que je vais essayer d'entreprendre en faisant toutefois observer à l'Académie que dans des phénomènes si nouveaux, où entrent tant d'éléments variables, il est difficile de donner autre chose qu'une simple hypothèse. Je commencerai d'abord par dire que l'état de décapage du fil et le serrage plus ou moins grand des spires les unes contre les autres ne paraissent pas influer d'une manière très-notable sur le phénomène; il n'y a que quand il y a adhérence intime, comme par exemple quand le fil a été amalgamé, que tout phénomène d'aimantation cesse. )i Dans la juxtaposition ordinaire des spires les unes contre les autres, il faut donc admettre une résistance au passage très-marquée. Cependant, il est évident qu'elle ne peut pas expliquer à elle seule un isolement aussi parfait des hélices, car si l'on réunit dans un large faisceau un grand nombre de fils sans couverture et que l'un d'eux soit mis en rapport avec un circuit voltaïque, la résistance de celui-ci se trouve grandement dimi- nuée par suite de l'accroissement du diamètre du circuit. Toutefois, si nous considérons la manière dont doivent se produire les dérivations dans une hélice à fil nu parcourue par un courant, on voit que les conditions de pro- pagation sont tout à fait particulières, car les courants dérivés, si tant est qu'il puisse s'en produire, se trouveraient, par rapport à celui circulant dans les plis de l'hélice, dans des du'cctions perpendiculaires, et devraient en conséquence être soumis à une action analogue à celle des courants croisés; or, on sait que dans ces conditions celui des deux courants qui est mobile est sollicité à se coucher sur le courant fixe, de manière à marcher parallèlement avec lui, et cette action dans le cas qui nous occupe est d'autant plus énergique, que le courant fixe est multiple et aidé dans cet effet par le courant magnétique du fer. Il en résulte donc que quand la résistance à la dérivation est suffisante et que la pile a peu de tension, les courants dérivés (dans le sens de l'hélice), soiunis à deux tendances con- traires, peuvent ne pas sortir de l'hélice métallique, et celle-ci se comporte des lors comme si elle était isolée. Si l'on considère avec quelle énergie ( 233 ) une réaction semblable se produit sur l'atmosphère de l'étincelle de l'appa- reil de Rulimkorff, ainsi que je l'ai démontré il y a cinq ans, on comprendra aisément que le phénomène puisse élre expliqué par cette seule considéra- tion. J'avais exposé, il y a quelque temps, cette théorie dans un paquet cacheté déposé à la Société Philomathique; mais à cette époque, n'ayant pas constaté le phénomène de l'isolation d'une manière générale, je n'avais pas osé la présenter au monde savant. » De l'isolation complète de l'hélice des électro-aimants à fil nu devait résulter la conséquence suivante : c'est que les phénomènes d'attraction pour une tension convenable de la pile devaient être les mêmes avec les élec- tro-aimants à fil nu et avec les électro-aimants à fil couvert, et c'est en effet ce que l'expérience a démontré, dès lors que les fils de ces élec- tro-aimants se sont trouvés avoir la même conductibilité et ont pu présen- ter le même nombre de spires. » On pourra en juger par les chiffres suivants : 1) Electro-aimant à fil nu; une seule rangée de i8G spires; n° 20, pile de i4 éléments en deux séries de 7 éléments; » Attraction à i millimètre sans résistance extérieure introduite dans le circuit, 34 grammes; » Electro -aimant semblable en fil couvert, 1 56 spires; » Attraction à i millimètre, 29 grammes. » Si l'on tient compte de la différence des nombres de tours de spires, on trouve que ces deux forces sont à peu près les mêmes. » Il en est de même de l'expérience avec les deux électro-aimants à une seule rangée de spires qui donnaient les résultats si étonnants que j'ai rapportés dans ma précédente communication. w Quand ces deux électro-aimants étaient introduits à la fois dans le circuit, l'électro-aimant à fil nu, qui attirait à lui seul 169 grammes, n'en attirait plus que 6; et l'autre, qui n'en attirait que 6, en attirait encore 3 dans les mêmes conditions. Or, si l'on prend les rapports des carrés des nombres de spires de ces deux électro-aimants, on trouve que d'après les lois de Lenz et de Jacobi l'électro-aimant à fil nu devrait avoir une attraction double de celle de l'électro-aimant à fil couvert, pour être dans les mêmes conditions de force, et c'est précisément ce que l'expérience montre. n II n'est pas jusqu'aux chiffres si incroyables de 38o grammes et 27 grammes que nous avons rapportés en commençant qui ne puissent être expliqués de cette manière. En effet, en admettant le rapport 3,7 pour celui C. R., i8G5, i" Semestre. (T. LX, N» 3.) 3o , ( a34 ) des conductibilités des deux fils, ce que l'expérience a du reste démontré, la force de l'électro-aimant à fil nu devrait être égale à celle de l'éleclro-ai- uiant à fil couvert (c'est-à-dire 27) multipliée par le carré de 3,7. En effec- tuant le calcul, on trouve 369 grammes. » Maintenant, l'absence de l'extra-courant s'explique aisément, dés lors que l'on considère qu'en raison de sa tension il franchit facilement les résis- tances qui lui sont opposées dans le sens de l'axe de l'hélice. « CHIMIE. — Sur tes combinaisons hyponiobiques. Note de M. C. Makigxac, présentée par M. Dumas. « Bien que l'étude des combinaisons du niobium ait été l'objet de lon- gues recherches de l'illustre H. Rose, elle présente encore bien des points douteux. En particulier, la constitution atomique de l'acide hyponiobique et de l'acide niobique, considérés par ce savant comme appartenant aux groupes des sesquidxydes et des bioxydes, ne peut être adoptée que comme une hypothèse probable, mais qui ne s'appuie encore sur aucun fait. De plus, le poids atomique 97,6 (H = i, O = 16), admis par lui d'après l'ana- lyse du chlorure niobique, ne s'accorde point avec celle du chlorure hypo- niobique. D'ailleurs, ses recherches sur les sels formés par l'acide niobique et par l'acide hyponiobique semblent indiquer que ces acides peuvent, comme l'acide silicique et l'acide stannique, se combiner avec les bases dans des proportions assez variées, de telle sorte que l'étude de ces .sels ne conduit pas sûrement à une notion précise sur leur constitution ato- mique. » Des recherches antérieures m'ayant prouvé que, dans des cas pareils, l'étude des fluorures doubles peut conduire à des résultats aussi nets et aussi décisifs que ceux que fournit pour d'autres éléments l'étude de leurs sels oxygénés, j'ai commencé quelques recherches sur ce sujet. « Je ne suis encore qu'au début de ce travail, mes expériences n'ont en- core porté que sur les combinaisons du fluorure hyponiobique avec divers fluorures basiques. Elles m'ont conduit cependant à quelques résultats im- portants et que je considère dès à présent comme établis avec une certi- tude suffisante pour que j'ose les signaler à l'Acadéuiie. » Le fluorure hyponiobique forme avec les fluorures basiques des coin- posés très-variés, fort bien cristallisés, présentant entre eux des rapports de composition très-simples. L'étude de ces rapports montre que ce fluorure renferme bien 3 atomes de fluor. ( a35 ) » L'analyse d'un grand nombre de ces seis, et surtout de ceux de po- tasse, me force d'admettre pour l'acide hyponiobique un équivalent notable- ment plus élevé que celui que lui avait attribué H. Rose, savoir : environ 266, au lieu de 243,2. » Mais c'est surtout l'étude cristallographique de ces fluorures doubles qui conduit à des résultats inattendus et intéressants. Ils offrent en effet l'isomorphisme le plus parfait avec les fluostannates et les fluotitanates. L'identité des formes, constatée déjà dans un grand nombre de cas, est telle, qu'il est impossible de l'attribuer au hasard. D'ailleurs, cette identité correspond dans tous les casa un même rapport dans la constitution chi- mique. Partout, la molécule du fluorure hyponiobique HnbF' remplace exactement une molécule de fluorure stannique SnF* ou titanique TiF*. » L isomorphisme, dans de telles conditions, serait le renversement complet de la loi fondamentale découverte "par Mitscherlich, à moins que l'on n'admette l'une des deux hypothèses suivantes : n Si le radical du fluorure hyponiobique, si l'hyponiobium est bien, comme l'a cru H. Rose, un corps simple, modification allotropique du niobium, il faut supposer que les sous-fluorures inconnus SuF, Ti F sont des radicaux composés jouant le rôle d'éléments métalliques, comme l'am- monium remplace le potassium. Cette supposition ne me paraît présenter aucune probabilité. » Ou bien, l'hyponiobium n'est point un corps simple; il renferme un atome métallique et un atome d'un métalloïde susceptible de remplacer le fluor comjne élément isomorphe. » Quant à la nature de ce composé, elle nous est indiquée par cette se- conde observation, que les fluohyponiobates sont isomorphes, non-seule- ment avec les fluotitanates, mais aussi avec les fluoxy tuugstates, et il est facile de voir que tous ces composés prennent des formules atomiques analogues, si l'on admet que l'hyponiobium n'est autre chose qu'un oxyde de nio- bium NbO. Les fluohyponiobates ou fluoxyniobates offrent alors, en effet, une composition précisément intermédiaire entre celles des fluotitanates et des fluoxytungstates, comme on peut le voir par la comparaison des for- mules des sels isomorphes suivants : Sels de potasse. . . TiK-'F", H^O; NbK^F'O, H^O; WR-F^OS H'O Sels de cuivre.. . . TiCuF«, 4H^0; NbCuF='0, 4H^0; WCuF) 5° Examinant ensuite sur quels points du fleuve est puisée l'eau des- tinée aux services publics, je ferai remarquer que les anciennes ma- chines du Pont-Neuf et du pont au Change, aujourd'hui disparues, étaient établies sur le courant de la rive droite, et que la pompe à feu de Chaillot puise elle-même dans ce courant; d'où l'on conclut nécessairement que l'eau distribuée jadis par ces machines, et celle qu'élève encore la machine de. Chaillot, n'était et n'est autre que de l'eau de la Marne, mêlée d'une faible proportion d'eau de la Seine. ■ 6° Ti'élablissement des eaux clarifiées du quai des Célestins, qui prend son eau dans le petit bras de la rive droite, n'opère que sur de l'eau de la Marne presque pure. » L'épreuve hydrotimétrique appliquée à ces différentes eaux ne laisse aucun doute à cet égard. >■ Du reste, l'expérience, qui dure depuis si longtemps, de l'usage do cette éau, permet d'affirmer que l'eau de la Marne n'est pas moins bonne que celle de la Seine, et que c'est bien à tort qu'on voudrait s'appuyer sur des différences de quelques degrés hydrotimétriques, pour attribuer à l'une d'elles des qualités ou des défauts que n'aurait pas l'autre. » F.LECTKO-CHIMIE. — Sur l'éleclricité développée dans les eaux sulfureuses (le liagnères-de-Luchon. Note de M. E. La.mbro.v, présentée par M. Edm. Becquerel. '< Par suite d'expériences nombreuses auxquelles je me suis livré, depuis huit mois, pour rechercher s'il se développait de l'électricité dans les eaux minérales de Luchon, je crois être arrivé à des résultats intéressants nui ouvrent une voie nouvelle à l'étude de ces eaux. » Il pourrait y avoir intérêt pour la science à démontrer qu'un courant électrique se produit toutes les fois que les eaux minérales sont mises eu rapport soit avec le sol, soit avec un autre liquide, c'est-à-dire toutes les ( 239 ) fois qu'on forme avec elles, ainsi qu'on l'a exclusivement fait jusqu'ici, un véritable couple coinposé. Mais ce qui importait le plus était de savoir s'il se développe de l'électricité dans le sein même de ces eaux, indépendamment de tout contact avec un milieu quelconque, autrement dit, dans les condi- tions mêmes où elles sont employées. C'est le but que je me suis proposé, er voici les résultats auxquels j'ai été conduit : » 1° De l'eau sulfureuse, reçue dans im vase en verre ou dans une bai- gnoire, présente un excès d'éleclriciié /;ojj/;ve dans ses couches supérieures soumises à des transformations chimiques incessantes sous l'influence de l'air et de l'acide carbonique qu'il contient, et dans ses couches profondes, moins altérées, un excès d'électricité négative. On s'en assure en plaçant une lame de platine non polarisée et bien isolée au fond du vase, et une seconde lame semblable et d'égale surface dans les couches superficielles, puis en fermant le circuit après avoir placé au milieu un galvanomètre. La déviation de l'aiguille indique qu'un courant électrique circule dans ce circuit exténeuî des couches superficielles vers les couches profondes. - B 2° La durée de ce courant paraît éphémère, parce que les lames se pola- risent assez vite; mais on constate sa persistance pendant même plusieurs jours, tant que les eaux n'ont pas perdu entièrement leur principe sulfu- reux, si l'on a soin de dépolariser les lames ou d'en prendre de nouvelles à chaque essai expérimental. » 3° Uintensité du courant n'est pas en corrélation rigoureuse avec le degré de température des eaux des différentes sources, mais il est en rap- port direct avec leur richesse sulfureuse. » 4° La décroissance de l'intensité du courant ne présente pas une maiciie semblable dans toutes les eaux; elle n'est pas proportionnelle à leur richesse sulfureuse et au temps écoulé, mais au plus ou au moins de rapidité avec laquelle les eaux s'altèrent sous l'influence de l'action de l'air. » 5° Lorsqu'une personne est dans \\n bain, les parties plongées dans les couches profondes se chargent d'électricité négative, et les parties bai- gnées par les couches superficielles, ainsi que les parties complètement émergées, d'électricité positive. On le constate avec des lames de platine dis- posées comme ci-dessus, et appliquées réciproquement sur les différents points du corps. » Lès eaux sulfureuses forment donc à elles seules un couple simple, par suite de la superposition de couches liquides qui s'altèrent inégalement. Lorsque le corps est plongé dans le bain, il ferme le circuit interpolaire a la manière des lames métalliques des appareils simples employés par Bucholz ( 240 ) ainsi que par M. Becquerel. Un bain, dans ces conditions, forme par conisé- quent un vérilable appareil électro-chimique simple. » G° Lorsqu'on applique les eaux sulfureuses en tlouchc, la ])artie du corps frappée est nécjalive, et les autres parties sont /)osi/ii;es. Si l'on donne a la fois deux douches de température différente, la partie qui reçoit la plus chaude est négative et l'autre positive. » 7° Les eaux sulfureuses transportées donnent des résultats à peu près semblables. Leurs effets électriques offrent également une assez longue durée, en rapport du reste avec le temps nécessaire à leur complète désnl- furation; seulement, les courants ont beaucoup moins d'intensité. Ces eaux présentent en outre cette particularité, que la plus grande intensité du cou- rant ne se montre pas aussitôt qu'elles sont versées dans mi vase et exposées à l'air, mais quelques instants après, lorsque les décompositions et recompo- sitions chimiques opérées sous l'influence de l'air sont en pleine activité. Avec les eaux observées à la source, au contraire, la plus grande intensité du courant a lieu aussitôt leur arrivée à l'air, comme si, à cet état naissant, leurs éléments minéraux étaient plus aptes aux transformations chimiques. » 8° Il y a lieu de croire que les courants électro-chimiques des eaux sid- fureuses ne sont pas sans avoir une certaine action sur l'économie humaine : c'est ce qu'il faudra démontrer, actuellement que leur existence est bien con- statée. J'aurai, du reste, l'honneur de soumettre au jugement de l'Acadé- mie le travail complet que je prépare sur ces études expérimentales, n PHYSIQUE. — Machine électrique à plateau en soufre. Note de M. Richek, présentée par M. Edm. Becquerel. « On sait que M. Ch. Sainte-Claire Deville a trouvé que si l'on fond du soufre à plusieurs reprises et qu'on le refroidisse brusquement, il se change en soufre rouge. J'ai de plus remarqué qu'en coulant du soufre qui a ainsi cristallisé plusieurs fois dans des circonstances particulières de refroidissement, il prend une sorte de trempe, et que cet état molécu- laire semble permanent. J'ai pu obtenir des plaques ou des disques en soufre de 2 à 3 centimètres d'épaisseur et de plus de i mètre de diamètre. Ces disques offrent une certaine ténacité et sont un peu plus fragiles que le verre; mais n'étant pas hygroscopiques et pouvant être obtenus à très-bas prix, ils peuvent être employés avantageusement dans la construction des machines électriques à frottement. Plusieurs de ces machines sont con- struites depuis plus d'un au et fonctionnent très-régulièrement. » ( 2/il ) Une de ces iDachines est mise sons les yeux de l'Acadéniie [)ai' M. Bec- querel, ainsi qu'un fiisque isolé qui se prête mieux à l'examen. M. Ch. Sainte-Claire Devii.le rappelle à ce sujet cpie M. Dietzenbacher (Comptes rendus, t. LVI, p. Sg) a aiuioucé qu'une Irès-l'aiblc proportion d'iode, de brome ou de chlore communique au soufre préparé de cette ma- nière une plasticité très-grande et très persistante. M. BÉCHA.MP adresse, à l'occasion de qtielcpies communications faites l'an passé à l'Académie, une Note sur le dégagement de la chaleur comme produit de la fermentation alcoolique. Après avoir rappelé dans lui lésumé historique qui ne peut être reproduit ici les recherches les plus récentes faites par quelques chimistes. relativement à cette question, l'auteur [Xjursuit dans ces termes : « Je prie l'Académie de m'accorder la permissioh de citer le passage sui- vant de mes Leçons, où je crois avoir démontré que la fermentation alcoo- lique, ramenée à ses deux termes les plus essentiels, le sucre et le ferment, développe de ia chaleur. Je cite textuellement en abrégeant : « Pendant la vie du ferment dans l'eau sucrée, il se dégage et il doit se » dégager de la chaleur. Dans l'expérience qui fonctionne sous vos yeux, il » y a en fermentation 9 kilogrammes de sucre, 36 kilogrammes il'cau et » 2260 grammes de levure de bière en pâte (environ 4oo gramiiies de » levure séchée à 100 degrés). I.a température du mélange était dt> 18 de- » grés au moment où il a été introduit dans l'appareil ; la température » ambiante était de 25 degrés. Douze heures après, dans cette petite masse. » malgré la perle de chaleur due au rayonnement, nous remarquons aue )i la température, prise à l'aide d'un thermomètre à maxima très-sensible, » s'est élevée à 33 degrés, pendant que la température de la salle, en ce » moment, n'est encore que de aS degrés : la différence est de 8 degrés ; » mais la température s'élèvera encore et atteindra certainement 35 à 36 de- » grés (la température maxima a été trouvée de 35'',5 : différence, 10", 5). « Ce dégagement de chaleur est nécessaire et pouvait être prévu, car, pen- » dant la vie du ferment alcoolique au sein de l'eau sucrée, comme pen- » dant l'existence normale de tous les êtres organisés vivant dans un milieu » naturel, il y a réactior. chimique manifestée par des phénomènes appa- » rents, par les produits qui prennent naissance et par un dégagement » corrélatif de chaleur. » C. R., i865, ler S'jmestrc. (T. XX, K" S) 3 I ( 2/,2 ) )> Si j'ai rappelé cette expérience, c'était pour inoiitrcr que j'avais été conduit par le raisonnement à l'entrepreudre. Ce dégagement de chaleur était donc pour moi lui phénomène l^iologique simple et prévu. )) Je continue cette étude en forçant la levure de vivre dans dis milieux variables, à des températures et sous des pressions variables aussi. Des e.xpériences commencées me permettront sans doute de nie prononcer pro- chaiueîTieut sur la manière dont se comportent à cet égard la diastase et les autres zymases. » M. Zaliwski présente une Noie ayant pour titre : « Eltulc de la pile; procédé nouveau ». (Renvoi à l'examen de M. Edm. Becquerel, qui jugera si cette Note est de nature à devenir l'objet d'un Rapport, j M. GcYON demande et obtient l'autorisation de reprendre une Note sur une machine à filer le chanvre. Note qu'il avait précédemment présentée et qui n'a pas été jugée de nature à devenir l'objet d'un Rapport. La séance est levée à .5 heures. F Bl'LLETIX BIBMOGRAPIUQUE. L'Académie a reçu dans la séance du 3o janvier r8G.5 les cnn rages dont voici les titres : Traité des propriétés projertives des figures, ouvrage utile à ceux qui s'ut- cupent des applications de la Géométrie descriptive et d'opérations géométriques sur le terrain; par J.-V. PONCELET; t. 1", 2* édition. Paris, i865; vol. in-4" avec planches. Paléontologie stratigmphique. Leçons sur la faune quaternaire, professées au Muséum fl'Histoire naturelle; par A. d'Ahchiac. Paris, iH6j;in-8°. Rapport sur les travaux des Commissions de publication de r Académie des In- scriptions et Belles- Lettres pendant le 2* semestre de l'année i864; par M. Gui- GNIAUT, secrétaire perpétuel de cette Académie. Paris; i feuille in-4". Gouvernement général de l'Algérie. Tableau de la situation des établisse- ments français dans l'Algérie, i863. Paris, 1864; vol. grand in-4°. Roj^aume de Belgique, ministère de l'intérieur. Bulletin du Congrès interna- ( 243 ) lio/ial d'IiorlicnlUire à Bruxelles, les 24, 25 el 26 avril 1864. Gand , 1864; in-8°. Études de pisciculture faites dans le département de l'Hérault pemlnnt l'an- née 1864-, par M. Paul Gervais. (Extrait dn Rapport de M. le Préfet de l'Hé- rault au Conseil général, session de 1864I Montpellier; quart de feuille iv.-S". Leçons de philosophie chvnique; par Adolphe WuRTZ. Paris, 1864 ; in-8". (Présenté, au nom de l'auteur, par I\I. Dumas.) Causeries scientifiques, découvertes et inventions, prorjrès de la science et de l'industrie; par Henri de Parville; 4* année. Paris, i865; in-12. (Présenté, au nom de l'auteur, par M. Fremy.) Paléontologie française, ou Description des animaux invertébrés fossiles de la France, continuée par une réunion de paléontologistes sous la direction d'iui comité spécial. Terrain jurassique; 6^ livraison, décembre 1864. Paris; in-S" avec planches. (Présenté, au nom de l'auteur, par M. d'Archiac.) Discussion sur l'hygiène et la salubrité des hôpitaux à la Société de Chi- rurgie de Paris, octobre 1864 (publiée conformément à la décision prise par la Société dans sa séance du i4 décembre). Paris, i865; in-8°. Recherches sur la composition chimique et (es propriétés qu'on doit exiger des eaux potables; par M. F. HuGUENY. Paris et Strasbourg, i865; in-8°. Recherches sur la quantité' d'éther contenue dans les liquides; par M. HOEK et A. -G. OuDEMANS. AdditioH à la première livraison des Recherches astro- nomiques de l'Observatoire d'Utrecht. I.a Haye, i864; iu-4''. Recherches astronomiques de l' Observatoire d' Utrecld, publiées par M. HOEK, directeur de l'Observatoire et professeur à l'Université d'Utrecht. 2*" livrai- son : Perturbations de Proserpine, dépendantes de la première puissance de In masse pet turbntrice de Jupiter. La Haye, i864; in-4°. Sur les contractions dans les mélanges de liquides; par M. HOEK et A.-C. Ou- DEMANS. La Haye, i864; in-4°. Mémoire sur le bassin considéré dans les races humaines; par le D"" JoULlN. (Extrait des Archives générales de Médecine, numéro de juillet 1864.) Paris, i864; br. in-8°. (Présenté, au nom de l'auteur, par M. Velpeau.) Recherches organographiques et organogéniques sur le Coffea arabica, L.; par L. Marchand. Paris, 1864 ; br. in-8". (Présenté, au nom de l'auteur, par M. Velpeau.) Les marais de Fos. Etude sur le colmatage, la submersion et le dessèchement des marais au point devuede l'hygiène publiipic ; par le D"^ E. BOURGUET. Aix, 1864; br. in-8''. 2 exemplaires. ( 244 ) Cliinalologie des stalions Itivcrnales du midi de la France {Pau, .4méUe-les- Bains, Hjères, Cannes, Nice, Menton); juir le D"^ Tli. DE Valcourt. Paris, iH65; iii-8". (Présenté, au nom de l'auteur, par M. Coste.) Rapport fail par M. TuouesSart bur un ouvraqe intitulé : Discussions sur les pruicipes de la physique, par M. Coyteux, et Réponse de M. Coyteux. Poi- tiers, i864; br. in-8". Société des Sciences médicales de l'arrondissement de Gannat [Allier). Compte rendu des travcux de l'année i863-iH64, lirésenté, dans la séance du i*"' juin |8(J4, par M. le D*^ Séuac. 18" année. Gannat, 1864; br. in-8°. Bulletin de la Société médicale du Panthéon de Paris. Extrait de ses li'avaux de l'année i863, et précédé d'un historique de la Société; par M. A. Do- MEKC. Paris, i864; ni-8°. List . . . Liste des membres de la Société Géolocjicjue de Londres au i " novembre ]8G4;br. m-8°. Die J^ehre... Théorie de la tonalité comme cause phj^sique de la théorie île la tnusiquc ; par H. Helmholtz, professeur de philosophie à l'Université. Brunswick, 1 865; vol. 50-8". Natuurkundige... Mémoires d'Histoire naturelle de la Société hoHandane des Sciences de Harlem; 2" recueil, \if partie et 21* partie, i"^*" livraison. Harleni, i864; 2 livraisons in-4^. Proposta... Pioposilion d'une nouvelle ynéthode pour r observation des étoiles filantes ; par le prof. LuviKi. (Extrait du Bulletin de l' Académie royale des Sciences de Turin, classe des Sciences physiques et mathénialiques.) Denà- feuille in-8". COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 6 PÉVRIER 1865. PRÉSIDENCE DE M. MORIN. PRIX DÉCERNÉS PODR l'année 1864. SCIENCES MATHÉMATIQUES. GRAND PRIX DE MATHÉMATIQUES. QUESTION PROPOSÉE EN 186S PODR 1864. RAPPORT SUR LE CONCOURS DE L'ANNÉE 1864. (Commissaires, MM. Serret, Duhamel, Chasles, Ossian Bonnet, Bertrand rapporteur.) L'Académie avait proposé pour le grand prix de Mathématiques, en 1 864, la question suivante : « Donner une théorie rigoureuse et complète de la stabilité de l'équilibre des )^ corps flottants. » Cinq Mémoires ont été envoyés au Concours. Trois d'entre eux ont particulièrement attiré l'attention de la Commis- sion. T^e Mémoire inscrit sous le n° 2 , avec celte devise : Ce sont les systèmes C. R., i865, 1" Scm«(;-e. (T. LX, >o G) 3a ( 246 ) lie coordonnées qui caractérisent les étapes de la science, monli-e chez son auteur une connaissance approfondie de la théorie des surfaces et une grande habileté à manier les formules matliématiqnes. Mais quelques inadvertances, dues sans doute à la rapidité de la rédaction, et l'emploi de méthodes un peu trop détournées pour traiter des questions faciles à aborder ])ar des procédés ])lus directs et plus simples, ont fuit écarter ce travail, malgré toute l'estime qu'il doit faire concevoir pour les talents de son auteur. Les Mémoires inscrits sous les n"* i et 5 se recommandent par des qua- lités diverses. Le premier, ayant |iour devise : La science de la Staticjuc doit être enseignée avant celle de la Dynamique, contient une exposition complète de la question et de la plupart des théories qui s'y rattachent. L'auteur dis- cute ces difficiles problèmes dans leurs plus minutieux détails. Mais les démonstrations de quelques points importants qui apporteraient un pro- grès réel à cette théorie n'ont pas paru à l'abri de toute difficulté. Le Mémoire inscrit sous le n° j, ayant pour devise : Illain ter fluctns ibidem Toiquet agens circiiin et rapidiis voiat œquoie vortex, est, au contraire, net et concis. La théorie y est moins coniplétetiient expo- sée et la question délicate de l'influence du mouvement du liquide complè- tement passée sous silence. La méthode élégante et nouvelle de ratitetir ne le coudtiit d'ailleiu's qu'aux résultats anciennement connus. Malgré les mérites très-réels dont les concurrents ont fait preuve, la Com- mission n'a pas cru pouvoir décerner le jirix ; elle propose de partager la somme de trois mille francs, à titre d'encouragement, entre les auteurs des Mémoires inscrits sous les n°' i et 5, en attribuant à chacun une somme égale de quinze cents francs. L'Académie adopte la proposition de la Commission. J/auteur du Mémoire inscrit sous le n" i est 31. F. IIeecii, Directeiw de l'École impériale du Génie maritime. L'auteur du Mémoire inscrit sous le n" 5 est M. C. Jordax, h)génieur des Mines, à Chalon-sur-Saône. { 247 ) PRIX EXTRAORDINAIRE DE SIX MILLE FRAXCS SUR l'application de la vapeuk a la marine militaire. QUESTION PROPOSÉE POUR 1837, REMISE A 18S9, PROROGÉE A 18G2, ET REMISE DE NOUVEAU A 18G4. (Commissaires, MM. Paris, Duperrey, Combes, Poiiillet. le Baron Ch. Diipin rapporteur.) Ce prix n'est pas décerné, et le Concours est prorogé jii-iqu";i l'an- née 1866. [Voyez p. 288 du présent Compte vendu.) PRIX D'ASTRONOMIE, FONDATION LALANDE. RAPPORT SUR LE CONCOURS DE U' ANNÉE 1864. (Commissaires, MM. Madiieu, Liouville, Delannay, Le Verrier, Laugier rapporteur.) L'étude de la constitution physique du Soleil, l'observation des taches dont sa surface est souvent parsemée, ont donné lieu à des travaux remar- quables qui ont jeté une vive lumière sur cette question difficile, et aujour- d'hui encore si controversée. Tout récemment, un astronome distingué de l'Angleterre, M. Richard Carrington, qui a fait construire à ses frais un observatoire astronomique dans les environs de Londres, à Redhill, a publié sur ce sujet un travail fort étendu, et qui a exigé de la part de I auteur luie grande persévérance et beaucoup d'habileté. On y trouve une des plus belles séries d'observations des taches solaires qui aient été publiées; elle embrasse une période de sept années consécutives, de i854à 1861. Durant cette période, M. Carrington a observé 954 taches ou groupes de taches, dont il donne les configurations successives sur une centaine de planches dessinées avec soin. En outre, il a dressé des tableaux où les taches sont représentées sur leurs parallèles solaires suivant l'ordre chronologique de leur apparition, de telle soi te que d'un coup d'œil on peut suivre, dans certains cas, la même tache durant plusieurs rotations successives du Soleil. L'intelligente disposition adoptée par l'auteur pora- mettre en tables, dans leurs aspects variés, les taches solaires qu'il a observées, a l'avantage J2.. ( 248 ) de faire assister en quelque sorte le lecteur à ses observations; et les astro- nomes trouveront dans ce recueil un grand nombre de documents qui pour- ront être utilisés par des recherclies ultérieures. Leur discussion a conduit M. R. Carrington à plusieurs résultats intéressants dont quelques-uns avaient été soupçonnés par ses devanciers : il a établi entre autres par de nom- breuses observations le fait d'une rotation plus rapide à l'équateur que dans les hantes latitudes. L'auteur aborde aussi avec une juste réserve les belles questions relatives à l'origine des taches solaires, aux causes qui modifient leur apparence, et à celles qui ramènent périodiquement les époques de leur plus grande fréquence. Si l'on touche au moment où ces questions dé- licates doivent recevoir leur solution, on le devra aux travaux tels que celui dont M. Carrington vient d'enrichir l'astronomie physique. Conclusions : La Commission propose à l'Académie de décerner le prix d'Astronomie de la fondation Lalande à M. Richard Carrixgtox, pour le travail intitulé : n Ohservations des taches solaires depuis le c) novembre ï853 jusqu'au 24 '»'" » 1861, » publié à la fin de i863. L'Académie adopte les conclusions de la Commission. PRIX DE MÉCAMQUE, FONDÉ PAR M. DE MONTYON. (Commissaires, MM. Poncelet, Combes, Diipin, Piobert. Morin rapporteur.) La Commission du prix de Mécanique de la fondation Montyon déclare qu'il n'y a pas lieu cette année de décerner le prix. PRIX DE STATISnQUE, FONDÉ PAR M. DE MONTYON. RAPPORT SUR LE CONCOURS DE L'ANNÉE 1864. (Commissaires, MM. Mathieu, Dupin, Passy, Boussingault, Bicnaymé rapporteur.) Lorsqu'on vient à penser au grand nombre des questions statistiques c|ui n'ont pas encore reçu de solution sérieuse, ou qui n'ont pas même été effleurées, on est surpris de voir les connaissances si bornées sur tant ( ^49) de points que de simples collections de faits suffiraient à élucider. Mais rétouneraent cesse bientôt quand on essaye soi-même de recuedlir les faits nécessaires à l'éclaircissement d'une seule de ces questions. Ce sont des observations minutieuses qu'il faut saisir dans des circonstances favorables, précises : ce ne sont pas des expériences qu'on puisse renouveler à volonté. Ces observations doivent presque toujours être guidées par un examen très-attentif et très-profond des conditions à remplir, et surtout elles doivent être trèsmultipliées; de sorte que le temps et les peines qu'elles exigent, avant d'obtenir un résultat définitif, effrayent les plus intrépides. Les recherches incomplètes sont alors suppléées par des interpolations, par des estimations, par des conjectures même; et un travail très-intéressant à d'autres points de vne demeure imparfait au point de vue de la statistique véritable et réellement scientifique. Aussi les Commissions à qui l'Académie confie le jugement du Concours de Statistique fondé par M. de JMontyon sont-elles obligées fréquemment d'apporter des restrictions ])his ou moins sévères aux éloges qu'elles voudraient donner sans réserve à des ouvrages considérables qu'elles n'hésitent cependant pas à couronner. C'est là ce qui arrive cette année encore à votre Commission, bien qu'elle ait reçu de très- bons Mémoires, qui lui permettent de décerner les deux prix dont elle pou- vait disposer. Le travail qui a principalement attiré son attention est une Statistique agricole du canton de Beiifetd, département du Bas-Rhin. L'auteur, M. Gué- rin, avait déjà obtenu une mention honorable pour une Statistique de l'agriculture du même canton pendant les cinq années finissant en iSSa. Les tableaux qui composent presque entièrement son nouveau Mémoire s'appliquent aux dix années de i853 à 1862. lien ressort pour le canton de Benfeld, qui compte 17G05 habitants sur i5 012 hectares, un produit brut agricole d'environ c) millions de francs, dans lesquels SSgô hectares de bois n'entrent que pour 129000 francs; mais en revanche 552 hectares plantés en tabac produisent plus de 640000 francs. L'auteur a justifié autant que possible les totaux qui lui ont fourni ces moyennes, par des relevés extraits des mercuriales des mar- chés de Schlestadt et de Benfeld, par le détail des cultures annuelles de chacune des quinze communes qui composent le canton. Mais quelque soin qu'il ait pu prendre pour relier les prix probablement assez exacts de ces marchés avec les documents certains du cadastre, qui, corrigés des changements survenus, servent de base à ses recherches; de quelques pré- cautions qu'il ait pu s'entourer, il est bien clair que la plupart des renser- ( a5o ) gnements qui louchent au lendcmontdes terres en nature n'ont pu reposer que sur des évaluations. 11 suffit do citer en exemple les produits du labac. Les sommes pavées par l'Etat sont exactement connues; de sorte qu'en laissant de côté certains produits des plantations de tabac qui peuvent avoir été négligés, le total doit approcher de la vérité bien plus exactement que |iour toute autre culture. Et cependant, il se trouve en résumé que le cultivateur qui lait pour ii64 francs de frais par hectare n'obtiendrait en bénéfice que 9'] francs. Il est juste d'ajouter que dans les frais le loyer de la terre est compris pour 170 francs. Il convient de citer encore'le prix d'un bœuf qui n'est évalué qu'à 200 francs, celui d'une vache à i5o francs seulement. JMais i! est inutile d'étendre ces observations qui prouvent seu- lement combien il sera difficile de parvenir même à une approximation en fait d'agriculture. Il faut recoiuiaître que l'agriculteur, propriétaire ou fer- mier, ne dira jamais le dernier mot de son industrie. Il faudra donc tou- joius se contenter en cette matière de lenseignements assez peu certains. Il semble néanmoins que cette Statistique décennale du canton deBenfeld est bien supérieure à celle qui l'avait précédée^ il y a neuf ans. On n'y voit plus l'année moyenne en perte pour aucune branche de culture. Si la publication de ce Mémoire a lieu, il est permis d'espérer que les rectifications qu'il pro- voquera sans doute n'en altéreront pas le fonds essentiellement. L'auteur fait d'aillein-s connaître sur la situation générale et la tO|)ographie du canton de nombreux détails qui rendent son travail plus clair et plus piécieux. On peut y remarquer les petits tableaux qui portent à Sgo francs les gages annuels d'un journalier vivant seul, et à SsS francs ceux d'une famille composée du père, de la mère et de trois enfants. Naturellement, les dépenses absorbent ces sommes si faibles encore. On voit par là néanmoins que le i)aysan actuel est bien loin de l'homme aux quarante écus. Aussi M. Guéiin dit-il que la population se nourrit généralement bien et que le paupérisme est inconnu dans son sein. Mais il existe malheureusement des crétins et des goitreux dans les habitations voisines du Rhin. Votre Commission a décerné à M. Gikri.v le prix de 18G4. Elle s'est trouvée heureuse de pouvoir donner le prix réservé de i863 à un Mémoire d'un genre bien différent, qui contient des recherches sur Véva- poralion de l'ani à l'air libre. L'auteur, M. Collin, a pom- but de mettre en évidencel'inexactilude d'une règle attribuée à Halley, d'après laquelle l'éva- poration d'une masse d'eau serait proportionnelle à la quantité de pluie, de neige, tondx'e dans la contrée qui renferme cette masse d'eau. Quoique l'on ne coiniaisse encore que d'une manière impai faite les quantités de pluie. ( ^5. ) comme on ignore le plus sonvent la grandeur de l'évaporalion, il sérail très-commoile de déduire celte dernière de la première, en la multipliant par un focteur constant. La règle dite de Halley fixerait aux | de la hauteur de la pluie annuelle la hauteur de la tranche d'eau évaporée annuellement aussi. Il est à propos de diro que cette prétendue règle est rapportée par Gauthey, inspecteur général des Ponts et Chaussées, dont feu M. Navier a rassemblé les œuvres en trois volumes in-4° {voir t. IH, p. 17/)). Gauthey, en citant l'illustre astronome, n'indique pas duquel de ses ouvrages il a tiré la règle en question, et M. Collin ne le fait pas connaître davantage. On trouve, à la vérité, dans les Transactions philosophiques (july and august 1694, p. i83), deux pages de Halley qui présentait à la Société Royale les résultats journaliers d'observations sur l'évaporalion qu'il avait fait faire depuis le 1 1 novembre 1692 jusqu'au 10 novembre 169^ par Ilunt, attachéà cette savante Société avec le titre d'operalor. La surface du vase rempli d'eau mis en expérience n'était que de 8 pouces carrés. Halley conclut du poids de l'eau évaporée que la hauteur de la tranche annuelle avait été de 8 pouces anglais à fort peu près, environ 2 décimètres. Il s'étonne de la médiocrité de cette hauteur, comparée aux 19 pouces de pluie constatés annuellement à Paris, et aux 4° pouces reconnus dans le comté de Lancastre. Mais il n'en tire aucune conséquence. Un peu plus loin seulement, il fait observer que si le vase avait été exposé à l'air complètement libre, le vent aurait pu tri- pler l'évaporation et le soleil la doubler. S'il n'exisie pas d'autres recherches de Halley sur ce sujet, il faudrait reporter à Gauthey la fabrication du facteur f, et ne plus l'imputer à l'ingénieux observateur anglais (i). Quel que soit, au surplus, l'auteur de la règle, le Mémoire consciencieux de M. Collin ne permet plus de la considérer comme applicable dans tous les pays. Il semblerait même qu'en France le rapport de 5 à 3 entre l'éva- poration et la pluie ne puisse se rencontrer qu'accidentellement. En effet, dans les dix-neuf séries d'observations qui font la base du Mémoire, les dix-neuf rapports moyens sont compris entre les extrêmes de o,54 et 1,46, et les rapports annuels ne s'en écartent pas souvent. Cependant quatre séries d'observations ont duré chacune 20 ans, et une (1) Halley ne paraît pas avoir en connaissance des observations que Sédilleau faisait en France un peu auparavant par ordre de Louvois, pour l'aménagement des eau.\ de Ver- sailles, avec un instrument de dimensions bien plus considérables, à peu prés de 63 déci- mètres carrés (observations citées par M. Collin). ( 252 ) cinquième a duré lo ans. Les quatorze aulres n'ont eu que des durées beaucoup moins longues, de 4 à 7 ans. Les stations où l'on observait sont très-éloignées les unes des aulres: 5 sont situées sur le parcours du canal de Bourgogne, 3 sur le canal de la Marne au Rhin, 4 dans le bassin de la Garonne, 7 sur le canal du Niver- nais. Inutile de dire que les atmidomètres, ou vases dans lesquels on place l'eau dont l'évaporation doit être observée, avaient des dimensions bien plus considérables que le petit vase de Halley, ou même celui de Sédilleau. Us offraient des surfaces de plus de 6 mètres carrés. Toutes les précautions désirables étaient prises pour que l'eau ne sortît de ces vases que par l'éva- poration. Aussi les résultats moyens ont-ils un degré d'uniformité qui n'est troublé que par la différence de situation des dix-neuf stations. Voici ces résultats, où l'on peut remarquer que le rapport maximum i ,46 s'est pré- senté à Montrejeau, et le minimum o,54 à Gondrexanges, presque aux deux extrémités de la France, Saint-Jean-de-Losne de i83i à i85o Dijon de i83i h i85o Pouilly de i83i à i85o Monibard de i83i à i85o La Roche-sur- Yonne de i84i à i85o Bar-le-Duc de i854 à 1859 Chantereine de i856 à 1869 Gondrexanges de i856 à 1859 Montrejeau de i858 à i863 Agen de i858 à i863 Langon de 1 858 à 1 863 Cadillac de i855 à i863 Decize de i853 à 1869 Baye de 1 853 à 1 85g Panetière de i853 à i85g Clamecy de i853 à 1869 Auxerre de i853 ;\ i858 Jcigny de i853 ;"i 1859 Sens de 1 855 à 1 859 MOÏEJINES ANNUELLES. Pluie lonibce. Évaporaliol m 0,782 0^658 0,703 0,772 0,691 0,570 0,667 0,569 0,589 o,55i 0,775 0,714 0,757 o,53i 0,629 0,409 0,844 0,683 I,23l o,833 o,635 0,582 0,680 0,848 0,763 0,754 0,913 0.497 o,6oi o,663 0,705 0,657 0,633 0,692 0,557 o,638 0,582 0,808 ( 2^3 ) S'il a paru indispensable d'extraire ces nombres des tableaux du Mé- moire, ce n'était pas seulement pour motiver la principale conclusion de l'auteur contre le rapport f énoncé par Gauthey comme d'une applica- tion générale. Votre Commission n'a point éprouvé de doute à cet égard. Elle croit avec M. CoUin que les faits rassemblés anciennement ou récem- ment prouvent sans réplique l'inexactilnde de ce rapport; elle pense que toutes les données actuelles sont complètement insuffisantes pour prononcer d'une manière générale sur l'évaporation qui peut se produire dans telle ou telle partie de la France, et elle ne peut qu'encourager par ses voeux de nouvelles recherches sur les différents problèmes qu'offre le phénomène de l'évaporation à la surface des eaux. C'est d'après ces considérations qu'elle accorde un prix au Mémoire de M. CoUin. Mais elle a dû rapporter les nombres ci dessus parce qu'elle ne peut approuver une autre conclusion de l'auteur, qui tendrait à substituer au rapport |= 1,67 un nouveau rap- port déduit des dix-neuf résultats moyens précédents, par une sorte de cote mal taillée, et qui donnerait à la hauteiu" de l'évaporation 92 pour 100 de celle de la pluie tombée. Il suffit de jeter les yeux sur les dix-neuf résul- tais pour reconnaître que les variations d'un point de pays à l'autre ne permettent pas d'espérer qu'il existe réellement un rapport uniforme. En outre, quelle espèce de moyenne pourrait-on tirer de quelques stations isolées? Quel coefficient convient-il d'appliquer à telle ou telle station pour en faire entrer les résultats dans cette sorte d'alliage, sans en altérer le titre? Mais d'après les termes mêmes du Mémoire de M. Coliin, il y a lieu de penser qu'il a envisagé du même point de vue que la Commission cette seconde conclusion, et qu'il n'y attache quelque intérêt que comme à un résumé, pour ainsi dire, des arguments solides qui établissent la pre- mière. Avant de quitter cet excellent Mémoire, il est juste d'ajouter que les précieux renseignements dont M. CoUin a tiré un si bon parti sont dus aux ingénieurs des Ponts et Chaussées qui ont dirigé les travaux importants de la canalisation de la France. M. CoUin a participé lui-même aux observations effectuées pendant si longtemps pour le canal de Bourgogne, en qualité d'ingénieur des Ponts et Chaussées attaché au service de cette grande artère commerciale. Il a pu surveiller une partie très-étendue des observations faites aux cinq premières stations citées précédemment, et, par là, mieux juger des données expé- rimentales. C. R., i8G5, l'i- Scmeilre. (T. LX, IN» 6.) 33 ( 254 ) Voire Commission n'a pu donner qu'une mention honorable à un ouvrage qui a clù coûter de giandes recherches à l'auteur. Ce sont les six volumes aujourd'hui achevés par M. Champion sur 1rs Inondations en France ilejjuis /e VI'" siècle. Mais les recherches sont ici bien pkitôt archéologiques que sla- listiques, et il n'est pas permis de l'oublier dans ce Concours, pour ne s'ar- rêter qu'à l'utilité de louvrage présenté. Déjà, les quatre premiers volumes de M. Champion avaient paru dignes d'une mention honorable en 1862. Les deux derniers en méritent une toute spéciale, car ils contiennent les résumés et les tables qui donnent à ce travail la seule forme statistique qu'il semble pouvoir admettre. A ce point de vue, on y trouve un résidtat d'un grand Hitérèt, et cpxe sans doute les riverains des fleuves ne peuvent ignorer. Sur i35 inondations de la Seine, dont l'auteur a pu constater les dates, io4, ou 77 sur 100, arrivent dans les mois de décembre, janvier, février et mars. Pour la Loire, de 126 inondations, 8r, ou 64 sur 100, surviennent en octobre, novembre, décembre, janvier et février. Pour le Rhône, deux mois seuls, octobre et novembre, comptent 40 inon- dations sur 97, soit 4i sur 100. Ce sont là sans doute des renseignements utdes; mais il faudrait pouvoir y réunir les époques de grandes eaux et les ])hénomènes qui accompagnent ou qui précèdent les inondations dont le passage est un fléau. Ce sont ces dernières seules dont s'est occupé M. Champion. "Votre Commission a cru devoir reconnaître encore dans un manuscrit assez étendu, portant le titre de Statistique des prix Montyon, une première ébauche des comparaisons de statistique morale, qu'un joiu' peut-être il de- viendra possible de baser sur les dossiers nombreux des prix de vertu décernés par l'Académie Française. L'auteur de ce travail n'a guère con- sidéré les 732 prix ou médailles accordés de 1S20 à 1862 que par rapport à la répartition territoriale. Comme le département de la Seine en a reçu na- turellement un très-grand nombre, 149, les autres départements se trouvent en obtenir de si petits nombres, qu'il n'y a, quant à présent du moins, auciHie conclusion statistique à tirer des rapports que ces nombres peuvent avoir avec la population, etc. On y remarque surtout que les femmes ont renqjorté 532 récompenses et les hommes seulement 200. Il semble que, sauf cette différence prononcée, la facilité des communications a dû décider du nombre des récompenses parmi telle ou telle population, philôt que toute autre cause. Tel qu'il est cependant, ce manuscrit offre des Tables curieuses des Livrets que public l'Académie Française sur les prix qu'elle ( 255 ) apporte tant de soins consciencieux à distribuer chaque année. Il con- vient de rappeler que l'auteur, M. Deniay, a été mentionné plus d'ime fois dans les Concours de Statistique. Si la statistique de la vertu est possible, il en aura fait la première tentative : malheureusement sans beaucoup de succès. Votre Commission a donc accordé : i" Le prix de 1864, à M. Guérin, pour son Mémoire intitulé : Slalisùqur agricole du canton de Benjeld [Bm-Pdiin]; 2° Le prix disponible de i863, à M. Colun, pour son Mémoire intitulé : Recherches expérimentales sur l' évapora tion; 3° Une mention trés-honorable à M. Maurice Champiox, pour les six volumes de son ouvrage intitulé : tes Inondations en France; 4" Une mention honorable à M. De>iay, pour son essai intitulé : Forces de la vertu pauvre en France, ou Statistique des prix Montyon décernés par V Académie Française de 1820 à 1862. PRIX BORDIN. (Commissaires, MM, Pouillet, Regnault, Edm. Becquerel, Babinet, Fizeau rapporteur.) QUESTION PROPOSÉE POUR I8G2 ET PROROGÉE A 1864. « Etude d'une question laissée au choix des concurrents et relative à la » théorie des phénomènes optiques. » Ce prix n'est pas décerné. Le Concours est prorogé jusqu'à l'année pro- chaine, i865. {Vojez p. 289 du présent Compte rendu.) PRIX BORDIN. (Commissaires, MM. Pouillet, Combes, Duhamel, Fizeau, Regnault rapporteur.) QUESTION PROPOSÉE EN 1862 POUR 1864. « Apporter un perfectionnement notable à la théorie mécanique de ta » chcdeur. » Ce prix n'est pas décerné. Le Concours est prorogé jusqu'à l'année pro- chaine, i865. [Voyez p. 290 du présent Compte rendu.) 33.. ( 356 ) PRIX TRÉMONT. RAPPORT SUR LE CONCOURS DE L'ANNÉE 1864. (Comniissaires, MM. Pouillet, Chevreul, Combes, RegnauU , Recquerel rapporleur.) Qiiatre concurrents se sont présentés pour obtenir ce prix : M. Rarechaert, pour une locomotive articulée à douze roues; M. Chaubart, pour des vannes autorégulatrices; M. Legï^l , pour le laçage des fdets; M. Delcambre, pour une macliine à composer à l'usage de 1 impri- merie. D'un autre côté, plusieurs Membres de la Commission ont présenté d'au- tres concurrents très-méritants par leurs découvertes. La Commission, après avoir examiné tous les travaux rpii lui étaient soumis, a distingué particu- lièrement ceux de M. Poitevin. Peu après la découverte de Daguerre, M. Poitevin en comprit toute l'im- portance et employa le peu d'instants que lui laissaient ses fonctions d'in- génieur dans un établissement industriel, à chercher les moyens de repro- duire les images photographiques par la gravure ou la litho- photographie. Chercheur infatigable, cet habile chimiste praticien soumit à l'action de la lumière les substances qu'il pensait devoir être influencées par elle, en étu- diant en même temps la nature des réactions produites. En abordant ainsi méthodiquement la question, il devait réussir; aussi le succès a-t-il répondu à son attente. Les préoccupations résultant de ces recherches devinrent telles alors, qu'il résilia lui-même, en i855, les fonctions lucratives qu'il remplissait depuis douze ans dans cet établissement, afin de se livrer exclu- sivement à l'art auquel les travaux dont nous allons parler venaient de donner une giaiule impulsion. Nous citerons brièvement les principaux résultais qui le recommandent à la bienveillance de l'Académie : d'abord un procédé de gravure photo- graphique, qui lui mérita en 1848 une médaille d'argent de la Société d'En- couragement, puis un autre procédé, appelé liélioplaslie, employé en Angle- terre, en Allemagne et même en France; il découvrait en même temps le procédé de litho-photographie qui est aujourd'hui en usage. Rien que des tentatives eussent été faites pour transporter sur la pierre lithographique les images photographiques, les procédés emi)loyés n'étaient pas usuels et ne ( 257 ) permettaient pas de considérer cette application comme pratique. M. Poi- tevin, partant de la réaction remarquable qu'éprouve sous l'influence de la lumière un mélange de bichromate de potasse et d'une matière organique, trouva que le mélange, en vertu de cette réaction, peut devenir insoluble et apte alors à retenir les substances en poudre qu'on y ajoute, et même l'encre grasse dont on la recouvre. Utilisant cette propriété, il est parvenu à fixer l'encre d'impression dans les parties influencées par la lumière; dès lors, la solution du problème de la litho-photographie a pu être consi- dérée comme acquise aux arts et à l'industrie. Cet important résultat a été une nouvelle ère pour la photographie, puis- qu'il a permis de multiplier rapidement les épreuves, tout en les rendant inaltérables. On doit cependant remarquer que, si les épreuves d'une pierre laissent à désirer quelquefois, l'artiste peut la retoucher et faire disparaître ce qu'il y a de défectueux •, mais le mérite de la découverte appartient bien à l'homme de science. Les principes sur lesquels est fondé ce procédé de litho-photographie ont permis à M. Poitevin de fixer sur des surfaces quelconques (papier, porcelaine, etc.), à l'aide de substances impressionnables à la lumière et rendues hygrométriques après l'insolation, des corps inertes en poudres im- palpables, comme le charbon, des oxydes métalliques, etc.; de là les épreuves dites au charbon. Cette dernière application a valu, en 1861 , à M. Poitevin, de la part de la Société de Photographie, un prix que M. de Luynes avait fondé pour le tirage des épreuves positives inaltérables, et en 18G2, lors de l'Exposition universelle de Londres, de hautes récompenses honorifiques. M. Poitevin a pu se servir des mêmes principes et de la propriété, dé- couverte par lui, que possède le mélange d'acide tartriqiie et de perchlorure de fer, de devenir hygroscopique sous l'influence de la lumière, pour fixer à la surface des plaques émaillées des oxydes métalliques, afin de transformer en émaux les images photographiques; cette transformation se fait avec une facilité et une exactitude très-remarquahles, et les résultats obtenus sont dignes de toute attention. L'ensemble des travaux dont nous venons de rendre compte doit oc- cuper une place élevée dans l'histoire de la photographie, car ils ont été le point de départ des recherches faites depuis une dizaine d'années, en vue de substituer des corps inaltérables aux composés d'argent formant les images photographiques, et aux composés d'or qui les recouvraient habituellement pour les conserver. Nous pensons, en outre, que ces tra- ( 258 ) vaux sont appelés a exercer une grande influence sur le i)erfectionne- inent des méthodes d'opération en usage pour la formation des épreuves dites posilives. Tels sont les motifs qui ont engagé la Commission à proposer à l'Aca- démie de décerner à M. Poitevin le prix Trémont, et de lui en donner la jouissance pendant deux ans, pour ses découvertes photographiques, et atin de l'aider à continuer des recherches qui ont été un vrai progrés pour la science et l'industrie. L'Académie adopte la proposition de la Commission. PRIX FONDÉ PAR M"' la Marquise DE LAPLACE. Une ordonnance royale ayant autorisé l'Académie des Sciences à accepter la donation, qui lui a été faite par Madame la Marquise de Laplace, d'une rente pour la fondation à perpétuité d'un prix consistant dans la collection complète des ouvrages de Laplace, prix qui devra être décerné chaque année au premier élève sortant de l'École Polytechnique, Le Président remet les cinq volumes de la Mécanique céleste, VExpositton du Système du Monde et le Traité des Probabilités, à M. Lévy (Auguste- Michel), né le 7 août i844 à Paris, sorti cette année le premier de l'École Polytechnique, et classé dans le service des Mines. ( 259 ) SCIEJNCES PHYSIQUES. GRAND PRIX DES SCIENCES PHYSIQUES QUESTION PROPOSÉE EN J8S9 POUE 18C2, ET REMISE A 1865. (Commissaires, MM. Valenciennes, Coste, Flourens, de Ouatrefages, Milne Edwards rapporteur.) « Jnalomie comparée du système nerveux des Poissons. » Ce prix n'est pas décerné et le Concours est prorogé jusqu'à l'année pro- chaine, i865. [Foyezp. 295 du présent Compte rendu.) PRIX DE PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE, FONDÉ PAR M. DE MONTYON. RAPPORT SUR LE CONCOURS DE L'ANNÉE 1864. (Commissaires, MM. Bernard, Flourens, Brongniart, Longet , Coste rapporteur.) M. Balbiaxi, dont l'Académie a couronné les travaux relatifs à la géné- ration sexuelle des animaux infusoires, présente aujourd'hui au Concours un ensemble de Recherches sur la constitution du germe dans l'œuf animal, avant la fécondation . Dans ce nouveau travail, l'auteur établit, par des observations précises, faites dans tontes les classes, que, contrairement aux idées les plus géné- ralement admises, l'élément gerniinatif se forme autour d'une vésicule dif- férente de celle que l'on connaît sous le nom de vésicule germinative ou de Purixinje. MM. Siebold de Wittich, V. Carus, avaient bien entrevu dans l'œuf de l'Araignée un corpuscule particulier, distinct de la vésicule prétendue ger- minative; mais personne n'avait cherché à faire de cette observation le point de départ d'une doctrine fondamentale. La démonstration généralisée de l'existence d'un foyer distinct de la vésicule germinative, autour duquel se groupent les premiers matériaux du germe, modifie donc profondément nos connaissances sur la manière ( 200 ) dont se constitue k- nidimeiil des organismes. Elle ouvre, par conséquent, la voie à des études qui permettent de pénétrer i)lus avant vers l'origine des êtres vivants. Par ce motif, la Commission décerne à l'auteur de cet important liavaii un prix de Physiologie expérimentale de la valeur de mille francs. Parmi les découvertes dont la science de l'organisation s'est enrichie da ns ces derniers temps, la Commission a distingué celle qu'a faite M. Gehbe, aide-naturaliste au Collège de France, touchant la reproduction des Kol- podes. Cet expérimentateur, auquel l'Académie a déjà accordé un encoura- gement pour ses intéressantes recherches sur le développement des em- bryons des Crustacés marins, a vu les Kolpodes se souder par couples à la manière des Conferves que l'on a désignées sous le nom de conjuguées. Puis, suivant toutes les phases de cette conjugaison, dont on n'avait jusque-là observé aucun exemple dans le règne animal, il a constaté qu'au sein de la gangue conunune formée par la fusion des deux individus de chaque couple, l'organe reproducteur de chacun de ces individus se segmente en deux, en sorte que, après ce dédoublement, quatre ovules destinés à multiplier l'espèce se trouvent constitués" dans cette gangue que la vie aban- donne. Ces germes oviformes se dégagent bientôt de la substance morte qui les entoure, pour se convertir en Kolpodes libres et mouvants, comme se dé- gage la nouvelle Coiiferve de l'intérieur des articles caducs où elle prend naissance (i). Le mérite de cette découverte ne réside donc pas seulement dans la conquête d'un fait imprévu, mais il consiste surtout dans la révélation d'une analogie de plus entre la génération des animaux et celle des plantes. La Commission décerne à son auteur un autre prix de Physiologie expéri- mentale de la valeur de mille francs. M, Sappey, chef des travaux anatomiques à la Faculté de Médecine de Paris, a envoyé au Concours un Mémoire intitulé : Recherches sur la struc- ture de l'ovaire, particulièrcnient sur le siège el le nombre des ovules. L'auteur démontre dans ce Mémoire que, chez la femme, la couche cor- ticale ou albuginée de l'ovaire constitue la partie essentielle de l'organe, (i) Comptes rendus des séances de l'Jcadcmie des Sciences, t. LIX, p. 36?.. ( ^6. ) l'appareil producteur des ovules, ce qui, pour les Mammifères, avait déjà été mis en évidence par les recherches de M. Otto Sthrun et de M. Pflùgei-, professeur de physiologie à Bonn. Mais M. Sappey établit, en outre, qu'il y a, dans l'épaisseur de cette couche corticale ou albugiiiée de l'ovaire de la femme une aussi abondante quantité d'ovules ([ue dans celle des ani- maux les plus prolifi(]Ucs, et que ces ovules étant étouffés en grand nombre à chaque menstruation, il arrive un moment où il n'en reste plus un seul, ce qui coïncide avec l'époque de la cessation des règles. En un mot, l'histoire de l'évolution de cette membrane devient celle de la vie génératrice de la femme, et son atrophie aux approches de l'âge cri- tique l'explication de sa stérilité. L'ensemble de ces observations paraît à la Commission digne d'une récompense; elle accorde à l'auteur un encouragement de cinq centsfrancs. M. Knoch, de Saint-Pétersbourg, a fait des Pœclierches intéressantes sw le Bolliriocéphale lavtje. 11 a vu la larve de cet HelmiiUhe sortir de l'œuf; il a constaté que cette larve, pourvue d'un tégument cilié, nage rapidement à l'aide de cet appareil, jusqu'à ce que, celte enveloppe venant à se rompre, le ver s'en échappe armé de ses six crochets. Mais ses observations ne ré- solvent [)as suftisamment la principale question, qui est celle de savoir si l'embryon se change directement en Bothriocéphale adulte, ou si, pour arriver à ce dernier état, il ne subit pas d'autres métamorphoses. Avant de formuler son jugement définitif sur ce travail, la Commission souhaite que l'auteur le complète par de nouvelles recherches. En attendant, elle lui accorde luie mention honorable. La Commission n'aurait pas hésité à décerner un prix au grand ouvrage d« M. Léon Dufour sur VAnatomie des Lépidoplèves ; mais les recherches que cette belle monographie renferme ayant déjà été couronnées, elle ne peut que continuer à rendre hommage au mérite de l'auteur, en proclamant l'importance qu'elle attache à ses travaux, et en proposant leur publication dans le Recueil des Savants étrangers. La Commission demande donc un supplément de treize cents francs, pour élever chacun des deux prix qu'elle décerne à mille francs, et pour accorder un encouragement de cinq cents francs à M. Sappey. L'Académie adopte les propositions de la Commission. C. R., iS65, 1" Semestre. (T. LX, N» G.) 34 ( 202 ) PRIX DE MÉDECEVE ET CHIRURGIE, FONDÉ PAR M. DE MONTYON. RAPPORT SUR LE CONCOURS DE L'ANNÉE 1864. (Commissaires, MM. Rayer, J. Cloqiiet, Jobert de T^amballe, Velpean, Floti- reiis, Longet, Serres, Miliie Edwards, Claude P)eriiard rapporteur.) Tons les ans, la Commission des prix de Médecine et de Chirurgie reçoit et examine un très-grand nombre d'onvrages et de Mémoires. Outre que ces Concours ainuiels sont utiles aux progrès delà Médecine en stimulant par des récompenses le zèle des travailleurs, ils présentent encore pour la Commission un intérêt particulier et une sorte d'enseignement. On com- prend.ra en effet que le choix des questions et des sujets de travaux envoyés chaque année au Concours étant libre et spontané, la nature même de ces travaux et la manière dont ils sont traités puissent, jusqu'à un certain point, indiquer la direction actuelle de la Médecine et refléter ses tendances. Or, il est facile de voir que les diverses parties de la science médicale, la phy- siologie, la pathologie et la thérapeutique, plus séparées et plus isolées à leur début, tendent, à mesure qu'elles se développent et s'accroissent, à se rapprocher de plus en plus de manière à se prêter un mutuel appui dans une conception scientifique commune. Aujourd'hui, plus qu a aucune autre époque, on traite la plupart des questions de pathologie daiis la Médecine humaine en les éclairant par la pathologie comparée et en les analysant au moyen d'expériences faites sur les animaux. La grande majorité des tra- vaux que votre Commission a eu à récompenser cette année, et sur lesquels elle va avoir l'honneur de vous faire im Rapport, présente en effet ce caractère; et la Commission s'en félicite, parce que c'est seulement au moyen de ces études analytiques expérimentales que la Médecine, la plus tlitficile et la plus complexe de toutes les sciences, pourra sortir peu à peu du do- maine de l'empirisme et entrer graduellement dans la méthode expérimen- tale qui est la seule voie commune à toutes les sciences physiques et natu- relles. Cette année, la Commission a décerné trois prix : 1° A M. Zenker, pour ses recherches siu' la maladie trichinaire; a° A M. Marey, pour son ouvrage sur la physiologie médicale de la circulation ; ( 263 ) 3*- A MM. Ferdinand Martix et Colliîveai: pour leur Mémoii': sur la coxalgie. M. Zexker a adressé au Concours pour les piix de Médecine et de Chi- rurgie un Mémoire sur une maladie parasitique qui s'est révélée subitement aux médecins dans ces dernières années, bien qu'il ne soit pas douteux qu'elle existât de tout teuqis. En effet, nous avons autour de nous une multitude tie phénomènes que nous voyons, mais que nous ignorons ce- pendant, [)arce que nous ne les comprenons pas. Puis tout à coup survient un concours de circonstances qui fait jaillir la lumière, c'est-à-dire qui fait naître l'idée féconde et lumineuse qui à la fois éclaire les observations du passé et pousse l'expérimentation dans une voie sûre d'où se dégage bientôt la vérité. Tel est le cas qui s'est présenté pour la maladie trichiuaire qui va nous occuper. Vers i835, on observa en An^eterre, dans les muscles de quelques ca- davres, des petits vers microscopiques enroulés sur eux-mêmes et renfermés chacun dans une petite poche ou kyste. IMotre illustre Associé, M. Richard Owen, qui étudia l'organisation de ces vers, les rangea parmi les Néma- toïdes et leur donna le nom de Iikhina spiralis. De semblables observations furent bientôt reproduites en Angleterre, en Allemagne, en Danemark, en France, en Amérique, et il fut établi que les trichines, qui sont des vers de I à 2 millimètres de longueur renfermés dans un kyste à peine visible a l'œil nu, peuvent se rencontrer chez un certain nombre d'espèces animales de même que chez l'homme. On constata en outre que ces vers ont pour siège exclusif les muscles striés et qu'ils peuvent exister parfois en nombre immense, de manière à envahir tout le système musculaire. Mais d'où ve- naient ces trichines et comment arrivaient-elles dans les muscles? Ces vers ne devaient pas se reproduire sur place, car la trichine musculaire est dé- pourvue d'organes sexuels. Il n'y avait plus à faire intervenir des hypo- thèses de génération spontanée, car l'helininthologie venait d'entrer dans la voie féconde de l'expérimentation, et l'on savait déjà que beaucoup de vers parasites naissent souvent dans d'autres lieux que ceux où on les rencontre et qu'ils doivent, à cause de cela, faire des migrations et subir paifois de singuliers changements de formes dans une succession de générations alternantes. La méthode expérimentale était donc celle qu'il fallait suivre |)0ur essayer de remonter à l'origine de la trichine musculaire de l'homme. M. Herbst, de Gœttingue, en i85o, entra dans cette voie en faisant manger à trois jeunes chiens de la chair d'un blaireau contenant des tri- ( 264 ) chines, il constata la transmissibilité trichinaire, car les muscles des chiens nourris avec celte viande montrèrent plus tard des trichines dans leur tissu. Mais M. Herbst ne découvrit rien qui pût le mettre sur la voie du méca- nisme de cette transmission, car les trichines des nuiscles des chiens étaient (également dépourvues de sexe. En 1839, notre célèbre Correspondant de Berlin, M. le professeur Virchow, s'occupa de la question et lui fit faire un pas important. Après avoir donné à manger à un chien des muscles d'homme envahis par des trichines, il trouva, trois jours après, dans l'intestin grêle de cet animal, des vers très-semblables aux trichines mus- culaires, mais plus grands et contenant des ovules reconnaissables. M. Vir- chow pensa que ces vers étaient des trichines adultes ayant acquis des or- ganes génitaux, mais il ne donna pas de détermination générique et il ne poussa pas plus loin ses investigations pour établir son idée. C'est ce qui fit que, quelques mois après, M. Leuckart crut avoir complété et expliqué l'expérience de M. Virchow en annonçant qu'il avait nourri un jeune co- chon avec de la chair trichinée et qu'à la suite il avait trouvé des milliers de trichocéphales sexués dans l'intestin de cet animal, d'où il tira cette con- clusion^ aujourd'hui reconnue erronée, que la trichine de l'homme est la larve du trichocéphale disjmv. Les choses en étaient là et la question réduite à un simple problème d'histoiie naturelle, quand, en 18G0, M. Zeidcer apporta dans la science un fait dont la signification lumineuse éclaira subitement la transmission de la trichine chez l'homme, transmission qui devint dès lors une question de pathologie et d'hygiène des plus importantes. Voici dans quelles circon- tances se sont produits les faits, et tels que M. Zenker les raconte dans son Mémoire. Le 12 janvier 18G0, il entrai l'hôpital de Dresde, dans le service de M. Walthcr, une jeune fille avec des symptômes graves qu'on ne put rap- porter qu'à ceux d'une fièvre typhoïde; cependant le gonflement do la raie et les taches lenticulaires manquaient à ce cortège de symptômes. La jeune fille mourut le 27 janvier, et ]\L Zenker fit son autopsie pour y rechercher des lésions musculaires typhiques qu'il avait trouvées antérieurement sur d'autres cadavres, et dont il a d'ailleurs fait part à l'Académie. Mais quel ne fui pas l'étonnement de M. Zenker quand, au lieu de rencontrer cette fois les lésions nuisculaircs propres à la fièvre typhoïde qu'il cherchait, il trouva des milliers de trichines non sexuées, à i' clal libre àimiXii tissu musculaire, et non encore enkystées, ce qui est un point très-important pour montrer que l'importation de ces trichines était toute récente. De plus, M. Zenker ( 265 ) trouva dans rintestin grêle une grande quantité de trichines adultes et sexuées; il distingua les mâles des femelles, et vit le corps de ces dernières rempli d'embryons vivants qui ressemblaient aux trichines sans sexe trou- vées dans les inuscles de la même jeune fille. Donc, pour la première fois, M. Zenker constata que chez le même individu il peut exister des trichines adultes sexuées dans l'intestin et des trichines larves sans sexe dans les mus- cles. De telle sorte qu'en perçant les parois de l'intestin, ces larves pouvaient émigrer dans le tissu musculaire strié, soit par une migration directe, soit par le chyle et par le sang. A la suite de cette autopsie, M. Zenker arriva à cette conclusion, que cette jeune fille n'était point morte d'une fièvre typhoïde; car il ne trouva pas dans l'intestin les caractères anatomiques pathognomoniques de cette affection. 11 pensa en outre qu'elle devait avoir succombé à une infection Irichineuse récente, par suite d'une alimentation avec de la viande conte- nant de ces vers. C'est alors que M. Zenker commença une enquête sur les antécédents de la jeune fille, avant son entrée à l'hôpital, le 1 1 janvier 1860. 11 apprit que le fermier chez lequel la jeune fille avait été servante avait tué un cochon le 21 décembre 1859; il sut, en outre, que la fermière et le boucher qui avaient mangé de la viande de ce porc avaient également été malades, avec les mêmes symptômes et dans le même temps que la jeune fille; mais que seulement ils s'étaient rétablis, le boucher pins difficilement, parce qu'il avait été plus malade. M. Zenker demanda qu'on lui remh de la viande de ce porc, et il constata qu'elle était remplie de trichines. De tout cet ensemble, qui montrait si clairement la relation des faits, M. Zenker admit qu'il existe chez l'homme une maladie qui résulte de l'im- migration des trichines de l'intestin dans les muscles, et que cette maladie devient mortelle quand, après l'ingestion d'une grande quantité de viande trichinée, l'immigration est trop considérable. Cette observation de M. Zenker fonda l'histoire padiologique de la maladie tricbinaire et ouvrit une ère nouvelle pour les recherches expéri- mentales. M. Zenker lui-même entreprit des expériences sur fes animaux avec les muscles trichines de la jeune servante, et en même temps il envoya des morceaux des mêmes muscles à MM. Leuckart et Virchow, en leur demandant de vouloir bien faire parallèlementdesexpérienceset des recher- ches semblables. Entre les mains d'observateurs et d'expérimentateins au.ssi éminents, la question fit des pas de géant. En peu de temps les expériences de ces savants se répandirent partout; en France elles furent répélécs, con- firmées et étendues par M. Davaine. D'autre part, les observations d'infection ( ^-66 ) trichineiisese iniiltiplièrent particulièrement en Allemagne, dans les pays où l'on fait usage dans raUnientation de la viande de porc crue. Cette maladie, inconnue jusqu'à I\I. Zenker, se compta bientôt par centaines de cas, dont un grand nombre mortels. On observa des épidémies de cette infection parasitique, sévissant sur des familles ou dans des pays entiers, quand de la viande de porc trichinée avait été livrée à la consommation. Enfin, tout récemment, I\I. Virchow, avec l'autorité d'un nom qui est à la tète de la médecine scientifique en Allemagne, a appelé l'attention sur les mesures préventives à employer contre cette nouvelle maladie contagieuse. Les gou- vernements s'en préoccupent, et c'est dans ce moment une question de médecine et d'hygiène publique à l'ordre du jour. La Commission doit s'arrêter dans cette histoire, parce cjue maintenant son rôle est fini. Il lui suffit d'avoir montré à l'Académie, par le résumé historique très-succinct qui précède, que M. Zenker a été le véritable pro- moteur de la maladie trichinaire parmi tous ceux qui ont contribué à la faire bien connaître. En conséquence, la Commission décerne à M. Zexker d'Er- langen (ci-devant à Dresde) un prix de Médecine de deux mille citicj cents francs. M. Marey a adressé au Concours des prix de Médecine et de Chirurgie un ouvrage 5i«r la pti/siologie médicale de la circulation. Ce livre est le fruit de plusieurs années de recherches ingénieuses et persévérantes. Déjà des Rapports favorables ont été faits à l'Académie sur des points importants qui se retrouvent dans le livre de M. Marey, ce qui permettra à la Commis- sion d'être plus brève dans sou Rapport, de se borner seulement à caracté- riser l'esprit général de l'ouvrage. M. Marey a eu pour but constant, dan^ces recherches tout expérimen- tales, d'opérer le rapprochement le plus intime possible entre les phéno- mènes physiologiques et pathologiques de la circulation du sang. 11 a voulu ainsi simplifier la pathologie et l'expliquer par la physiologie. M. Marey divise son ouvrage en deux parties : une première partie physiologique, une deuxième pathologique ou médicale. Dans la première partie l'auteur a analysé expérimentalement tous les phénomènes simples de la circulation, qu'il a cherché à reconstituer ensuite synthétiquemeni ; mais ce qui carac- térise surtout cette première moitié de l'ouvrage, c'est le soin extrême a|)purté i)ar l'auteur à imaginer tout ce qui peut perfectionner les procédés graphiques ou einegistreurs des mouvements circulatoires. Telle est l'in- vention d'un sphygmographe nouveau et la construction, en commun avec M. Chauveau, d'apj)areils spéciaux de sondes et d'ampoules pour retracer ( 267 ) les divers temps de la circulation cardiaque. Sans doute M. Marey a eu dans cette voie de nombreux prédécesseurs, mais il n'en a que pins de mérite d'avoir pu encore ajouter et améliorer. M. Marey possède un esprit ingénieux et inventif, qui lui a permis de porter cette partie hémométrique de la physiologie à un degré de perfection qu'on n'avait pas atteint avant lui. Dans la deuxième partie de son livre, M. Marey s'occupe d'abord de la fièvre et de l'algidite ; il cherche naturellement à en trouver l'explication dans ce que la physiologie moderne a appris sur les raodiBcations impri- mées par le système nerveux à la circulation dans les vaisseaux capillaires. Dans les chapitres suivants, M. Marey se livre à des études physiologico-cli- niques du pouls. A l'aide de son sphygmographe, il a retracé les formes diverses du pouls dans les fièvres, dans l'altération sénile des artères, dans les oblitérations artérielles, dans les anévrismes artériels, dans les maladies du cœur, etc., etc. Sans entrer dans les détails de toutes ces applications, qu'il nous est impossible d'aborder ici, nous dirons d'une manière générale que cette analyse sphygmographique des phénomènes morbides de la cir- culation est une voie difficile dans laquelle M. Marey a réussi plus d'une fois à donner des caractères précieux pour juger avec plus de précision des questions litigieuses de pathologie. Sans doute, à l'aide de ces moyens graphiques et objectifs qui sont évi- demment supérieurs en précision aux moyens subjectifs qu'emploie et qu'emploiera toujours le clinicien, M. Marey n'a pas encore résolu autant de questions qu'on aurait pu le désirer; peut-être cela tient-il à ce qu'il est allé synthétiquement de la physiologie à la pathologie, au lieu de descendre analytiquement du phénomène pathologique à son étude expérimentale. Mais cela n'empêche pas que les essais de M. Marey ne soient une heureuse tentative accomplie dans une voie expérimentale et progressive. On lui doit déjà des acquisitions très-réelles faites pour la pathologie expérimen- tale et au profit de la solidarité étroite que l'on doit chercher à établir entre la physiologie et la médecine. En conséquence, la Commission décerne à M. Marey un prix de Méde- cine de deux mille cinq cents francs. MM. Ferdinand Martin et Collineau. La coxalgie ou maladie de l'arti- culation coxo-fémorale est une affection grave qui a occupé les chirurgiens de tous les temps et qui se trouve décrite dans tous les traités classiques de Chirurgie. On comprend qu'il soit difficile de faire des découvertes dans des sujets tant explorés; aussi la description de la coxalgie donnée par MM. Mar- ( a68 ) tin etCollineau clans le Mémoire qu'ils ont adressé au Concours des prix de Médecine et de Chirurgie n'offre-t-elle rien qui soit absolument nouveau, l^esauteurs divisent la coxalgie en coxalgie capsulaireet en coxalgie osseuse; ils examini-ut et discutent successivement les causes, le mécanisme et la signification du raccourcissement ou de l'allongement du membre, de même que de la luxation spontanée. Ils terminent par le diagnostic différentiel et le traitement. La Commission a remarqué le Mémoire de MM. Martin et CoUineau à cause de la sage critique que les auteurs ont apjiortée dans cette étude de la coxalgie et particulièrement dans ce qui concerne le traitement de cette longue et grave maladie. Eu effet, les auteurs ont examiné avec dé- tail et comparativement les diverses méthodes ou procédés employés pour arriver à la guérison quand elle est possible; ils les ont jugés en s'appuyant toujours sur des raisons sérieusement motivées par les faits et en traçant avec soin les diverses indications qu'il convient de suivre dans les différents cas. En outre, MM. Martin et Collineau ont imaginé un appareil propre à remplir ces diverses indications, et ils ont accompagné la description de cet appareil d'un grand nombre d'observations propres à démontrer son efficacité. Ces observations ont paru concluantes à la Connnission, et elle s'est décidée à récompenser ce travail tout pratique parce qu'elle n'a pas oublié que le fondateur des prix de Médecine et de Chirurgie a surtout voulu encourager tous les perfectionnements apportés dans l'art de guérir. En conséquence, la Commission décerne à MM. Feiidixaxd Maktix et CoLMXEAU un prix de Médecine de deux initie cinq cents Jrancs. Outre les trois prix dont il vient d'être question, la Commission a accordé les mentions qui suivent : A M. Oluvieu, pour ses recherches expérimentales et cliniques sur l'albu- minurie saturnine; A M. Lemattre, pour ses recherches expérimentales et cliniques sur les propriétés de l'atropine et de la daturine ; A M. W^iLLEMix, pour ses recherches expérimentales sur l'absorption cu- tanée dans les bains; A M. Laxcereaux, pour ses recherches anatomo-pathologiques sur la trombose et l'embolie cérébrales; A M. Fai're, pour ses recherches expérimentales sur les caillots fibn- neux du cœur; A M. Grimaii) (de Cauxj, pour ses études sur Ihygiéne appliquée et en particulier siu' l'aménagement des eaux. M. Oluvier. En soumettant des animaux aux conditions mêmes dans ( 269) lesquelles sont placés les ouvriers qui travaillent aux préparations de plomb, c'est-à-dire en leur faisant respirer du blanc de céruse en poussière ou bien en in)|)régnant leurs aliments de cette substance, M. Ollivier a observé qu'outre les autres phénomènes d'empoisonnement, il se produisai! une albuminin'ie qu'il a .appelée albuminurie saturnine. L'urine albumineuse des animaux contenait du plomb, ainsi que le tissu des reins qui présentaient les altérations de la maladie de Brigbt, c'est-à-dire les lésions de l'albumi- nurie ordinaire ]jar inflammation du tissu rénal. Le Mémoire de M. Ollivier est un travail de pathologie expérimentale clair et bien fait. L'auteur a prouvé le rapport qui existe entre la présence de l'albumine dans l'urine et le passage du plomb dans le rein, eu montrant que l'albumine apparaît quand le plomb arrive et que l'albumine disparaît quand le j)lomb cesse d'être éliminé. De sorte que l'albuminurie saturnine est une albuminurie l)assagère, à moins que l'élimination du plomb trop longtemps prolongée n'ait amené une néphrite chronique. Au moyen de ces expériences, on a pu donner une signification précise aux altérations du rein ou aux albuminu- ries passagères parfois observées chez l'homme dans l'empoisonnement pai- le plomb. C'est donc un progrès réel accompli dans la pathologie. En con- séquence, la Commission accorde à M. Oi-livier une mention avec la somme de mille francs. M. Lemattue. Voici les conclusions de l'auteur relativement aux pro- priétés de la belladone, du dalura, de la jusquiame, et des alcaloïdes at!o- pine et daturiue. A dose thérapeuticpie, il y a souvent altération de la sensibilité, fourmillements et tremblements dans les membres inférieurs. Appliqués localement, les agents cités plus haut font dis|)araîtie la douleur et étendent à une certaine sphère leur action anesthésique. La pupille est toujours dilatée, le plus souvent la vision se trouble et l'acconmiodation de l'œil est atteinte. La sécheresse de la bouche et de la gorge est un sym- ptôme aussi constant que la mydriase oculaire. A dose toxique, les sub- stances citées ci-dessus amènent des troubles des facultés intellectuelles, hallucination de la vue, délire spécial dessolanées, troubles delà sensibilité, hypéresthésie ou anesthésie, abolition de la vue. Les troubles de la myotilité consistent en des mouvements s'exerçant fatalement dans un sens déterminé et sous forme de mouvements de manège. Enfin arrive la mort, avec des convulsions générales ou partielles, toniques ou cloniques. M. Lematire a fait un grand nombre d'expériences sur les animaux pour analyser expérimentalement tous les phénomènes observés sur l'homme, et reproduits chez les animaux eux-mêmes. Nous ne pouvons pas suivre ici C. R., iS65, 1" Semestre. {T. LX, ?J» 6) 35 ( 270 ) l'auleur dans tontes ses expériences; nous nous bornerons à dire que le travail de M. Lcmattre est un travail expérimental très-considérable exé- cuté dans une bonne direction et tout à fait digne d'être récompensé. En conséquence, la Conniiission accorde à M. Lemattke une mention avec la somme de mille francs. JII. WiLLEMix. Il est des questions de médecine et de physiologie qui portent sur des sujets si complexes et si difficiles, qu'il faut du courage et du dévouement scientifique pour les aborder, parce que jamais les résultats ne peuvent récompenser suffisamment de la peine et du travail qu'ils ont coûtés. Tel est le sujet de l'absorption cutanée dans les bains, traité par M. Willemin dans deux Mémoires considérables qu'il a adressés au Con- cours. M. Willemin a exécuté plusieurs séries de nombreuses expériences faites sur lui ou sur d'autres personnes saines ou malades, d'après lesquelles il conclut que l'absorption par la peau dans les bains simples ou diverse- ment minéralisés est incontestable. En admettant toutes les expériences de l'auteur, parce qu'elles sont fort bien instituées, le f;iit de l'absorption cutanée n'en ressort pourtant pas comme un fait d'une importance capitale. En effet, M. Willemin lui-même dit que cette absorplion n'a lieu que dans des limites très-restreintes, et, tout en reconnaissant qu'il peut passer dans l'urine des traces d'un iodure dissous en forte proportion dans un bain, cela constitue des cas si exceptionnels, qu'il serait difficile par des faits de ce genre d'expliquer l'action médicamenteuse des bains minéraux. Ajou- tons encore que ces conclusions relatives à l'absorption de l'eau tiède par la peau sont déduites de la comparaison des pertes de poids que le corps éprouve dans le même temps, exposé comparativement dans l'air ou dans un bain. Or, les fonctions de la peau sont encore si obscures, l'action d'un bain peut être si complexe, qu'd importe en pareille occurrence de garder toujours les plus grandes réserves et de ne pas aller au delà des faits. Toutefois, la Commission n'en apprécie pas moins le travail de IM. Wil- lemin; elle considère que ces expériences constitueront des matériaux tres- précieux pour l'histoire des fonctions de la peau et de l'action des bains. Elle lui accorde, en conséquence, une mention avec la somme de millv francs. M. Lancereai!x. Quand le sang cesse d'arriver dar s un tissu quelconque par suite de l'oblitération des artères, on conçoit qui; la nutrition de ce tissu venant à cesser ou à être profondément modifiée, il en résulte des altérations de structine ( t des troubles de fonctions. M. Lancereaux a étu- dié les altérations microscopiques qui surviennent d.ins le cerveau a|)rès ( 27' ) la trombose ou l'embolie qui ont pour eftel d'obsliuer les iirtères céré- brales. Il a observé des ramollissements à formes distinctes, mais ne con- stituant cependant tians leur ensemble que les degrés d'un même processus pathologique. 11 propose déclasser ainsi ces ramollissements : i" ramollisse- ment par occlusion vasculaire; 2° ramollissement inflammatoire (encépha- lite aiguë ou chronique); 3° ramollissement mécanique (traumatisme et tumeurs). M. Lancereaux a encore envoyé au Concours d'autres Mémoires, savoir : sur les hémorragies méningées dans leurs rapports avec les fausses membranes de la dure-mère; sur l'amaurose liée à la dégénérescence des nerfs optiques dans le cas d'altération des hémisphères cérébraux ; sur l'endo- cardite ulcéreuse; sur l'infection par produits septiques internes; sur l'alté- ration des nerfs et des uuisclcs dans l'intoxication saturnine; sur la dégé- nérescence graisseuse des éléments du foie, du rein et des muscles de la vie animale dans l'empoisonnement par le phosphore. Les résultats impor- tants que renferment tous ces Mémoires, que nous ne pouvons ici que citer, ont fait placer M. Lancereaux au rang des jeunes médecuis anatomo-pa- thologistes les plus distingués et les plus laborieux La Commission juge ses travaux très-dignes d'être récompensés. En conséquence, elle accorde à M. Lancereaux une mention avec la somme de mille jrancs. M. Faure. a l'aide de l'expérimentation sur les animaux, M. Faure a cherché à déterminer quelles sont les conditions qui favorisent pendant la vie la formation spontanée des caillots fibrineux dans le cœur. Les résultats de ses expériences montrent qu'il est très-difficile, sinon impossible, de produire ces caillots pendant la vie. En faisant l'autopsie aussitôt après la mort, on ne trouve généralement pas de caillots fibrineux dans le cœur par les divers genres de mort auxquels on fait succomber les chiens. Cependant M. Faure a remarqué que dans la mort par suite de la blessure du cerveau il se rencontrait plus souvent des caillots fibrineux dans le cœur; on en con- state alors environ quatre fois sur dix. Cela tient sans aucun doute à ce que, dans ces cas, l'animal se refroidit, et à ce que la circulation se ralentit très- graduellement et très-lentement. Les expériences de M. Faure sont faites avec soin, et elles offrent beaucoup d'intérêt pour les médecins. En effet, aujourd'hui que la doctrine des embolies par formation de caillots sur place et par migration de caillots formés dans un lieu éloigné a acquis un grand retentissement, il devient de plus en plus nécessaire, pour éviter les erreurs, de bien faire connaître les caractères des caillots et de bien dé- terminer le mécanisme et les conditions de leur formation. 35.. ( •-•■72 ) La Commission a donc jugé ces sortes de recherches comme très-dignes de récompense. En conséquence, elle accorde à M. Faire une mention avec luie somme de mille francs. M. GniMAFD (de Caux) a adressé an Concours les divers travaux d'iiv- giene appliquée dont les titres suivent : i** Base et principes de construction d'une carte hygiénique de la France; 2° Du climat et en particulier des lieux de Venise; 3" De la Seine et des égouts de Paris; sur les moyens de purifier la Seine à Paris et d'en tirer tous les services que les cours d'eau rendent aux populations établies sur leurs rives; 4° Des rivières et de leurs rappoi ts avec l'industrie et l'hygiène des populations; 5" Notes relatives au canal de Marseille et à l'influence des eaux de la Durance sur le climat de cette ville. Les travaux d'hygiène appliquée sont, en raison de leur importance, au premier rang parmi ceux que la Commission des prix de Médecine est appe- lée à récompenser. Les études que M. Grimaud [de Caux) a publiées dans cette voie sont le résultat d'une expérience de trente années appliquée à des laits que l'auteur est souvent allé vérifier au moyen de voyages et de dé- placements difficiles et onéreux. IjU Commission a jugé ces études dignes de récompense : en conséquence, elle accorde à M. Grimaud (de Caux) une mention avec la somme de quinze cents francs. En terminant, la Commission doit encore citer un certain nombre d'au- teurs dont les travaux importants ont fixé son attention : M. Pétrequin, pour son Mémoire sur une nouvelle méthode de guérisoii des anévrismes au moyen de la galvano-puncture. Cet auteur a ouvert la voie relativement aux diverses méthodes qui ont été proposées dans ces derniers temps pour guérir les anévrismes en supprimant l'opération san- glante de la ligature. M. Abeille, pour son Traité des maladies à urines uthiinuneuses et sucrées et du diabète sucré dans leurs rapports avec les maladies. M. Deliocx de Savignac, pour son Traité de la dysenterie. lîl. CouKTV, pour son Mémoire sur les Substitutions or(j(mi(jues. M. FoLEV, pour son Mémoire sur le Travail cLnis T air comprimé. ■ , m. Millet, pour son Traité de la diplitltérite du larjnx. M. Jacquart, |iour son travail Sur la valeur de l'existence de l'os éjjactal commg caractère de race. M. SciiXEPP, pour son ouvrage Du climat de l' Egypte, de sa valeur dans les affections de la poitrine comme station hibernale. ( 273 ) PRIX DIT DES iUlTS INSALUBRES, FOINDÉ PAR M. DK MOMYON. RAPPORT SUR LE CONCOURS DE L'ANNÉE 1864. (Commissaires, MM. Boiissingault, Rayer, Combes, Payen, Chevreul rapporteur.) La Commission des Arts insalubres a l'honneur de proposer 'a l'Académie: i"* Un encouragemenl de mille francs à M. l'ingénieur Dumas et M. le D"^ Bexoit, à Privas (Ardèche), pour l'application de la lumière électrique à l'éclairage des galeries de mines, infestées degaz inflammables ou impropres à l'entretien de la combustion, dans lesquelles il faut quelquefois séjourner accidentellement pour secourir des ouvriers, ou exécuter des travaux d'aé- rage ou d'assainissement. 2° Un encouragement de cinq cenls francs à M. Chambox-Lamioisaoe, pour fourneaux et appareils de chauffage de fers à repasser. L'Académie adopte les propositions de la Commission. PRIX DE MÉDECINE. RAPPORT SUR LE CONCOURS DE L'ANNÉE 1864. (Commissaires, MM. Cl. Bernard, Velpeau, J. Cloquet, Serres, Rayer rapporteur.) L'Académie a proposé comme sujet d'un prix de Médecine à décerner en 1864 la question suivante : Fane l'histoire de ta pellagre. On croyait, il n'y a pas très-longtemps encore, que la pellagre était con- tinée à l'Italie. Aujourd'hui, il n'est plus douteux que le mal qui afflige les Asturies, en Espagne, est la pellagre, et qu'elle règne dans plusieurs dépar- tements du sud-ouest de la France. ^On croyait qu'elle était une endémie dont les conditions locales étaient seules responsables en Italie; mais la présence du fléau dans des contrées très-éloignées les unes des autres, et certains faits qui se produisirent tirent penser que d'autres causes que des causes locales agissaient dans le dévelop- pement de cette funeste maladie. ( ^74 ) EnBii vint se jeter a la traverse l'opinion que la pellagre, si elle «hait en- démique, était sporadique aussi, comme l'est une pneumonie. Ces faits, ces dires, ces opinions montrèrent à l'Académie qu'il v avait là ime'grande question d'hygiène, et elle voulut, par une récompense solen- nelle, exciter les travailleurs déjà excités par l'intérêt du sujet, par la diversité des opinions et par la vivacité des discussions. Les travailleurs, en effet, accoururent : c'est M. Roussel (Théophile) avec un Traité très-étendu et très-complet sur la pellagre, lui qui, le premier, en 1842 et en i8/|5, appela en France l'attention sur cetlemaladie; c'est INI. Cos- tallat (Arnaud), dont les investigations ont pour point de départ l'émotion douloureuse ressentie à la vue de grandes calamités; c'est M. Henri Gintrac, l'historien de la pellagre de la Gironde ;c'estM. Landouzy (H.) qui découvre, en Champagne et ailleurs, la pellagre s[)oradique, et qui, de la clinique de Reims, se fait un argument contre la cluiiqiie de Milan et celle des Pyré- nées; c'est M. Biliod (Ed.), et après lui M. Erunet (Daniel), qui rattachent à la folie une sorte de pellagre, tandis que jusque-là la pathologie rattachait à la pellagre une sorte de folie; enfin, c'est M. Bouchard (Ch.), qui voit dans la pellagre une modalité spéciale imprimée à im état cachectique par diverses causes, et plus particulièrement par la misère et l'insolation. Ces hommes ont, pour la plupart, voyagé; ils ont recueilli sur place des faits et des documents. Ils ont écrit des Mémoires importants, des livres con- sidérables, et ce n'a pas été une tâche petite pour votre Commission que de prendre connaissance de tous ces travaux. L'intérêt du Concours ouvert par l'Académie se concentre dans la question de la nature de la pellagre. Ces questions de nature, tout abstraites qu elles peuvent paraître, ont poLirtant beaucoup de valeui' et une grande portée. Quand il s'est élevé entre les médecins la mémorable discussion sur la na- ture de la fièvre jaune, à savoir si elle était contagieuse ou si elle ne l'était pas, il s'agissait ou de faire tomber, si elle n'était pas contagieuse, des barrières et des retards qui entravaient le commerce et les correspondances, ou, si elle était contagieuse, de préserver, comme à Saint-Nazaire, les popu- lations de l'invasion d'un redoutable fléau, et de trouver la limite où l'on conciliait avec le plus de justesse la sécurité des riverains de la mer et la liberté des transactions commerciales. Il n'en va certainement pas de moins dans l:i (piestion de la nalure de la pellagre. Si elle est due, comme quelques-uns le prétendent, à un empoi- sonnement lent par un épiphyte délétère, on a le moyen de la guérir ou de la prévenir, et de faire disparaître une endén)ie (jui afflige d'une façon ( 275 ) cruelle de beaux pays. Si, au contraire, cet emjjoisonnement n'est qu'une hypothèse (pie les faits détruisent, ri faut renoncer à d'ambitieuses espé- rances et rentrer dans une ignorance qui vaut mieux qu'une fausse science. Dans le Concours dont votre Commission est chargée de vous faire le Rapport, quatre opinions sur la nature de la pellagre sont en présence, opi- nions qui se combattent et qui sont exclusives les unes des autres. Suivant une première opinion, la pellagre est une maladie spécifique pro- duite par un agent toxique, à savoir le verdet ou verdeiaine, parasite épiphy- tique qui se développe sur le mais altéré ; empoisonnement lent qui, renou- velé chaque fois qu'une nouvelle récolte de grains altérés entre dans la con- sommation, finit par causer la mort des malades. C'est l'opinion de M. Rous- sel et de M. Costallat. Suivant une seconde opinion, qui est celle de M. Henri Gintrac, la pel- lagre est une affection générale qui, abandonnée à elle-même, marche il'une manière lente et insidieuse, et entraîne un dépérissement progressif. Les conditions qui influent le plus sur le développement de cette maladie sont l'hérédité, certaines professions, une alimentation mauvaise ou insuffisante, et la misère. M. Bouchard se rapproche de cette manière de voir, seulement il précise plus que M. Gintrac; pour lui, la pellagre est une cachexie qui, déterminée par toutes les espèces de misères, reçoit son caractère spécial de l'inso- lation. D'après M. Landouzy, la pellagre ne connaît pas les limites que lui tracent MM. Gintrac et Bouchard ; non-seulement elle atteint tous les tempéraments, toutes les constitutions, toutes les conditions, mais encore elle peut se ma- nifester chez les personnes qui sont en dehors de la misère, qui vivent dans l'aisance, qui jouissent de bonnes conditions hygiéniques. En consé- quence, il déclare que la cause de la pellagre est inconnue; seulement il nomme comme la principale cause occasionnelle l'insolation , et comme |)rincipales causes prédisposantes l'hérédité, la misère, l'usage d'une ali- mentation altérée ou insuffisante, l'aliénation mentale, et particulièrement la lypémanie. Enfin, M. Billod nie que la pellagre existe; il n'y voit qu'ime combinaison factice, une réunion de symptômes faite par les pathologistes et non par la nature. « L'entité pathologique, dit-il, désignée sous le nom de i>el(agre, » n'est pas, comme on l'a cru jusqu'à ce jour, une maladie caractérisée » par des symptômes cutanés, digestifs et nerveux, mais un état, une habi- » tude du corps disposant à des maladies de la peau, de rap|:;areil digestif » et du système nerveux. En tant ([ue maladie de la peau, la pellagre se ( ^76) » résume dans un effet de l'insolation sur le corps débilité en des condi- » tiens données. » Ainsi , suivant cette hypothèse, tout cachectique peut être atteint d'un érythème solaire, de troubles digestifs et de troubles ner- veux, soit isolés, soit combinés deux à deux, soit combinés trois à trois. sans qu'il y ait, derrière cette cachexie et ces divers accidents, le lien d'une cause unique qui les ench:iîne. M. Brunet nie aussi l'existence de la pellagre : la triade symptomatique, lésions de la peau, lésions des voies digestives, lésions du système nerveux, à laquelle on a donné le nom de pellagre, ne constitue pas une individualité morbide distincte. L'insolation est la seule cause des faits qu'on attribue à la diathèse pellagreuse. Les trois espèces de symptômes cutanés, digestifs et nerveux, bien que pouvant être produits par une même cause, l'insolation, n'ont entre eux aucun lien direct; leur marche est complètement indépen- dante, et la guérison des uns n'influe en rien sur celle des autres. Avant d'aller plus loin, il faut dire quel est le domaine attribué à la pellagre; sans cela on ne pourrait comprendre ni les arguments pour, ni les arguments contre les diverses théories. La pellagre règne endémiquement dans la haute Italie, dans le sud-ouest delà France, dans le nord de l'Espagne, dans la Hongrie le long du Danube, et, dans ces pays, elle sévit presque exclusivement sur les populations ru- rales. Une maladie sporadique qu'on a nommée pellagre a été observée dans diverses localités, à Reims surtout, où M. Landouzy en a recueilli un bon nombre de cas. Quelques médecins des hôpitaux ont aussi recueilli des ob- servations semblables, à Paris, à Rouen et ailleurs. Enfin, une maladie qu'on a nommée aussi pellagre a été signalée dans les maisons d'aliénés, par M. Billod ; après l'avoir reconnue dans l'élablisse- ment de Sainte-Gemmes, qu'il dirige, il l'a suivie dans unefoule d'autres éta . blissements, et rien n'est moins rare que cette espèce de pellagre dans cette sorte d'asiles. Il y a un fait constant dans l'histoire de la pellagre endémique : c'est que, quand la maladie n'est pas parvenue à ses derniers stades, on la guérit en changeant le régime des pellagreux, c'est-à-dire en substituant une bonne et solide alimentation à raliinenfation cliélive dont ils faisaient usage. L'ex- périence de (). Cerri est capitale : chargé, en !79'5, par le gouvernement de Milan, de recherches sur la cause de la pellagre, il fit nourrir pendant un an dix pellagreux, dans un élat de maladie bien caractérisé, avec de bons aliments empruntés en partie au régne animal, et avec de bon pain au lieu ( 277 ) du pain de maïs et de la polenta dont ces individus se nourrissaient aupa- ravant : il vit leur état s'améliorer rapidement, et l'année suivante l'érup- tion cutanée et les autres accidents ne reparurent pas. Cette expérience, faite à dessein, a été répétée sans dessein et avec une efficacité semblable, en beaucoup de cas où les habitants de certaines localités furent obligés par une cause quelconque de renoncer à lein^ aliment habituel, le maïs; on peut voir ces cas rapportés dans l'ouvrage de M. Roussel. Ainsi on a re- marqué que les gens qui, devenant domestiques, entrent dans de bonnes maisons, guérissent de la pellagre; on a remarqué encore que les conscrits pellagreux regagnent la santé au régiment; il faut noter surtout que l'ad- ministration militaire a cessé de voir dans la pellagre une cause d'exemp- tion ; ce qu'elle n'aurait point fait, elle qui n'a point de théorie sur la cause, si l'observation ne lui avait enseigné la certitude de la guérison par le chan- gement de régime. Ces cas, qui appartiennent à l'endémie italienne, ont la plus haute im- portance, car ils sont décisifs. Ils prouvent péremptoirement que celte endé- • mie n'a sa cause ni dans l'air, ni dans l'eau, ni dans le logement, ni dans le vêtement, mais qu'elle l'a dans l'alimentation. Ils changent donc le champ vaste de l'endémie en un champ restreint et circonscrivent la recherche. Il est possible de la circonscrire encore davantage. Dans tous ces cas où le changement de régime de mauvais en bon a été suivi de la guérison de la pellagre, on trouve que ce mauvais régime était constitué par l'usage con- tinuel et presque exclusif de la farine de maïs. Le maïs est donc lié d'une façon quelconque à la production de la pellagre. Les données historiques et géographiques confirment ce fait ; nous disons ronfirmenl , car c'est une confirmation qu'elles apportent : la preuve, comme on le voit, est fournie directement. On peut donc, avec assurance, accepter lés dires qui assignent à la pellagre une origine récente et concomitante de l'introduction du maïs comme aliment usuel de populations entières; dires qui d'ailleurs se fondent sur de bons documents et qui n'ont jainais été contredits que par des allé- gations du genre de celle-ci : que la pellagre avs-it existé de tout temps, mais qu'elle avait été méconnue jusqu'au xviii^ siècle. On peut voir, en effet, dans M. Roussel, le résumé historique fort bien fait qui montre que pour l'Italie et pour l'Espagne, le mais ne commençant à figurer parmi les grandes cultures qu'à partir de la fin du xvii^ siècle, la pellagre n'est trouvée que dans la première moitié du xviu^ siècle; que pour la France, le maïs n'ayant pris de l'importance parmi les cultures du midi, et produit une révolution ali- mentaire que dans le courant du xviii^ siècle, c'est dans ce même xviu* siècle C. R., iSG5, i<'r Semeslre . (T. LX, N" 6.) 36 ( 278) que les plus anciens faits de pellagre sont relatés. Quant à la géographie, la pellagre règne clans certaines contrées d'Italie, d'Espagne, de France, de Hongrie, toutes contrées où la population rurale se nourrit principalement de maïs. A la vérité, on fait remarquer que l.i Bourgogne et la Franche- Comté, qui, elles aussi, usent largement du maïs, ne sont pas sujettes à la pellagre. Mais ce fait, qui, négatif, no peut détruire un fait positif, s'ex- plique soit parce que les populations bourguignoiu)es et franc-comtoises luiissent à l'usage du maïs de meilleures conditions alimentaires, soit parce qu'elles desséchent le maïs eu le passant au four, avant de l'employer, et préviennent ainsi le déveIo|)pempnt du verdet ; pratique conseillée par MM. Lodovico Balardini et Roussel, et sur la nécessité de laquelle M. Cos- tallat insiste pour les pays à pellagre. Laquelle des deux explications est la véritable? On sent que, résolue, cette question entraînerait la solution relativement à la cause de la pellagre. Cette cause, des faits incontestables, cités plus haut, l'ont circonscrite dans l'alimentation, puis l'ont liée au maïs. De là résulte une tendance puissante à la circonscrire plus étroiten)ent et à la rattacher à la mauvaise qualité du maïs. Déjà la remarque s'est présentée à plus d'un esprit, qu'ailleurs il y avait des misères aussi poignanles que celles de l'Italie, du nord de l'Espagne ou du sud-ouest de la France, qui produisaient tous les maux de la misère, mais non la pellagre. Il y avait donc lieu de chercher dans le maïs quelque chose de particulier qui transformait eu pellagre celte misère. C'est ce qu'a fait M. le D"^ Lodovico Balardini, qui a assigné comme cause spécifique de la pel- lagre un champignon, veidcrame en italien, verdet en français, qui attaque le maïs. Et ce n'est pas par une pure hypothèse, par in.e conception d(! l'esprit qu'il en est venu à choisir ainsi, dans le mais, un maïs particulier. Non, un fait considérable l'a frappé, c'est que toutes les fois que le verdet abonde davantage, la pellagre a des recrudescences. A cette doctrine ainsi trou- vée, M. le D"' Coslallat, il nous l'apprend lui-même, a été converti de la même façon. En iSS^, dans la contréequ'il habile, au pied des Pyrénées, la récolte avait été mauvaise ; pour subvenir aux besoins, il se fit une lar^e importation de maïs venant des prf)vinces danubiennes, à la suite de quoi la pellagre sévit avec fin-eur ; mais le grain imporlé était avarié et eu proie au verdet. L'année suivante, la récolte fut bonne et la pellagre rentra dans ses limites accoutumées. Dès lors, M. Costallat soutint, sans s'élre jamais laissé ébranler par aucune objection ni apparence, que le verdet est la cause de la pellagre, et qu'en supprimant le verdet on supprimerait la pellagre. Faut-il faire comme lui et passer du cù(é de Balardini ? Sans doute, les expériences ( '^79 ) de ce genre qui se sont produiifsplusictirs fuis et en plusieurs lieux rendent très-probable l'explication de la pellagre par le veidet; mais pour la rendre certaine, il faut la contre-expérience, c'est-à-dire des cas bien observés où la pellagre déjà contractée se guérisse, tout en continuant l'usage du mais, mais d'un maïs sain et non infesté de verdet. Tant que cette contre-expé- rience n'est pas faite, on peut objecter avec plus ou moins de vraisemblance que ce n'est pas le verdet qui produit la pellagre, c'est l'insuffisance alimen- taire du maïs, rendu encore plus insuffisant par le verdet qui le vicie. Ces conclusions, on a cru les frapper de néant en objectant qu'il y avait des jiellagres indépendamment de l'usage du maïs; mais ces affections pel- lagriformes, quelle qu'en soil la nature, n'empêchent pas qu'il y ait une ca- tégorie de pellagres que l'on guérit quand, à temps, on change le régime alimentaire. M. Laiidouzy, frappé des cas d'érylhème, de trotd)les digestifs et de troubles nerveux qu'il eut occasion d'observer à la clinique de Reims, a soutenu la cause des pellagres sans maïs, déclarant que ce c[u'il avait sous les yeux était semblable, non-seulement aux descriptions contenues dans les livres, mais encore aux pellagres incontestées qu'il alla, pour satisfaire à son besoin de certitude, voir dans les lieux mêmes où règne l'endémie. M. Roussel a employé un chapitre de son ouvrage à montrer que cette res-' semblance est plus apparente que réelle; par exemple, pour ne citer rien autre, la pellagre de M. Landouzy ne présente pas les accidents nerveux qui forment le début constant de la pellagre endémique avant l'apparition de l'érytliènie. Sans entrer dans une discussion nosographique, il suffit de rappeler ce fait bien établi que la pellagre endémique guérit, dans ses pre- mières périodes, par le changement de régime alimentaire et la suppression du mais. 11 faut insister sur ce point essentiel : dans la pellagre endémique on a l'épreuve (la liaison avec le maïs) et la contre-épreuve (la guérison en cessant l'usage de cette farine ). Dans la pellagre décrite par M. Landouzy, on n'a ni l'épreuve (puisque de son pro])re aveu elle n'est liée à aucune condition), ni la contre épreuve (puisqu'elle n'a auciui mode assuré de gué- rison). C'est pour cela que la pellagre sans maïs de M. Landouzy ne peut exercer aucune influence sur la doctrine étiologique de la pellagre endé- mique. L'argument employé contre la pellagre sporadique de M. Landouzy s'ap- plique avec autant de force à la pellagre des aliénés. Il résulte des observa- tions de M. Billod et de M. Brunet que celte pellagre (il faut laisser aux faits les noms que les auteurs leur ont donnés) survient chez des individus dont 3G.. ( 28o ) le régime alimentaire n'est pas mauvais, et ne se guérit pas par le change- ment de régime. Ajoutons, ce qui est également décisif-, que la marche de la pellagre des aliénés et celle de la pellagre endémique sont totalement dif- férentes. Dans la première, l'érythème survient à la folie; dans la seconde, la folie survient à lérythéme et aux troubles digestifs. Une inversion aussi complète témoigne qu'il s'agit de faits pntliologiques distincts, et elle nous fait comprendre counnent MM. Billod et Brunet ont été amenés à soutenir (ju'il n'y avait point de pellagre, et que ce qui restait ne représentait que tiois groupes de symptômes associés indifféremment deux à deux ou trois à trois. En effet, en partant chez les aliénés de l'élat de folie pour y grouper soit l'érythème solaire, soit des troubles digestifs, on ne pouvait arriver à une autre conclusion. D'après ce qui précède, il est permis d'écarter de la (piestioud'étiologic la pellagre sporadique et la pellagre des aliénés. Mais il n'en est pas de même d'une complication que les recherches suscitées ont mise en Uunière. M. le D''Costallat, partisan déterminé delà doctrine de Balardini (Lodovico), lut averti par des médecins espagnols qu'il existait dans leur pays, la Vieille- Castille et l'Aragon, luie pellagre complètement étrangère an maïs. La VieilIeCastille et l'Aragon se nourrissent non de maïs, mais de blé. La pel- lagre dont il s'agit y est connue sous le nom dejlenia salada; il faut noter qu'en Asturie, où règne la pellagre, dite là le mal de la rose, on vit de maïs. M. Costallat s'empressa de se rendre sur les lieux, et il trouva, en effet, une maladie très-semblable à la pellagre qu'il a sous les yeux dans le dépar- tement des Hautes-Pyrénées qu'il habite. Néanmoins, l'identité ne lui parut pas complète, et il essaya de noter des différences à l'aide tlesquelles il crut pouvoir rapprocher la flcinn salada de l'acrodynie de Paris des années 1828 et 1829, et l'attribua à la carie, parasite commun dans le pain u)al préparé dont usent les gens de ce pays-là. Ainsi averti, M. Roussel s'est montré disposé à se ranger à l'avis de M. Costallat sur la flema salada. De plus, il s'est demandé si l'on ne poiu- rait pas rattacher à une altération soit du millet, soit d'une autre céi'éalc, les cas de j)ellagrc sans usage du maïs rapportés par M. Gintrac. Ce sont là des faits importants à étudier, des vues à poursuivre dans le groupe des mala- dies dues aux altérations des céréales. Mais ces faits, quels qu'ils soient et quelque inlnprétalion qu'on veuille leur donner, n'entament pas les faits relatifs au mais et les liaisons de celte alimentation avec la pellagre. Tout ce qui jjeut être allégué pour ou contre la liaison de la pellagre avec le maïs, pour ou contre l'intoxication par le verdct, vient d'être résumé, ( ^8' ) condensé dans l'exposé ainsi soumis à l'Académie. Maintenant, que faut-il conclure? Dire que l'intoxication n'est pas certaine par le maïs altéré, ce serait aller contre des faits bien établis et fort importants; dire qu'elle est la source unique de la pellagre, comme ])>iraît le penserM. Roussel, ce serait outre-pa.sser les conditions de la certitude scientifique. Que reste-t-il donc à faire? Conseiller fortement aux médecins et à l'administration l'expérience que M. le D'' Costallat a eu le mérite de proposer, et qui, réduite à sa plus simple expression, consiste en ceci : « Ne changer dans le régime des pella- greux qu'iuie seule chose, la farine de maïs avarié, à laquelle on substituera la farine de maïs en bon état. » De celle façon, la solution delà c{uestion est ramenée à la sûreté d'une expérience dans le laboratoire. Si avec la bonne farine la pellagre persiste, le verdet n'en est pas la cause; si elle guérit, le verdet en est la cause; car il n'y a de changé dans les t(îrmesdu problème que la qualité de la farine. C'est la contre-épreuve nécessaire pour donner la certitude à l'épreuve. C'est sous la léserve de l'expérience proposée que la Commission formule son appréciation du Concours et des ouvrages qu'il a suscités. Le problème de la iicllagre n'est pas comme une expérience de physique ou de chimie qu'on peut répéter dans le laboratoire et juger à l'aide d'une vérification. C'est une de ces maladies confinées en certains lieux et qu'il faut aller voir sur place. Votre Commission n'hésite pas à déclarer que la connaissance de la pellagre autrement que par les livres et par les documents lui fait défaut. Elle a donc dû se bornera un rôle de critique, c'est-à-dire à celui de l'éru- dit, de l'iiistorien, qui, avec des pièces en main, cherche à déterminer la réalité d'un fait, la certitude d'un événement. Ce procédé, qui reste seul ouvert quand la vérification directe est impossible, a ses règles aux- quelles nous nous sommes efforcés de ne pas manquer. Si elle eîit pu, la Commission aurait fait l'expérience de M. Costallat et apporté, au lieu d'une réserve, une décision à l'Académie. Les principes du jugement qu'il s'agit de porter étant ainsi posés, il n'y a plus qu'à les appliquer. M. Winternitz a envoyé un Mémoire trop peu achevé pour qu'il soit né- cessaire de faire autre chose que le mentionner. Son opinion est que la pellagre n'existe pas, et n'est qu'un assemblage de symptômes variables dans leur association, chez des individus atteints de maladies chroniques diverses. M. Benvenisti (M.) croit que la pellagre est une transformation de la lèpre ( 282 ) (lu moyen âge, conclut il'uii cerlaiii nombre d'autopsies de folies pcllagreiises que la lésion essentielle réside dans la faux du cerveau et dans le sinus Ion- flitudinal, fait de cette double lésion la cause organique de toute folie et se trouve ainsi conduit à ranger la pellagre parmi les aliénations. Nous ne pouvons suivre l'auteur dans une pareille manière de voir, et nous accep- tons la ciitiipu^ détaillée et motivée qu'en a faite M. Roussel. Une Note de M. le D'Legrand du Saulle ap|)elle l'attention des médecins légistes sur la folie des pellagreux. Elle ne remplit pas l'objet du Concours ouvert par l'Académie. M. Leudel (E.) a envo\é trois observations : elles rentrent dans la caté- gorie des pellagres sporadiques de M. Landouzy. Dans la voie de ceux qui nient que la pellagre soit liée au mais, l'œuvre de M. Landouzy est la plus considérable. Les cas qu'il a recueillis forment une catégorie de faits dont la nature indéterminée pourra être éclairée par de nouvelles recherches. Le mérite de M. Landouzy sera d'avoir, en signa- lant cette catégorie, rendu un véritable service à l'étude de la pellagre. C'est un témoignage du même genre, et non moins mérité, que la Con\- mission accorde à M. Billod. Lui aussi a signalé des faits qui étaient restés inaperçus, et ajouté un chapitre aux investigations pathologiques. Ses ob- servations et son enquête resteront ; mais, dans l'opinion de la Comniission, ce qu'il a nommé pellagre des aliénés n'a pas de rapport avec la maladie qui, sous forme endémique, ravage plusieurs contrées. A l'ouvrage de M. Billod se rattachent : le Mémoire de M. Brunet qui, ajoutant de nouvelles observations, se range à la même doctrine; et la Note de MM. Labitte et Pain, qui affirment la fréquence des accidents |>ellagri- formes dans les asiles d'aliénés et qui les regardent, lors même que le ré- gime est aussi bon que possible, comme une des terminaisons de la folie. Rentrons dans la pellagre pro[)iement dite. I\L Bouchard (Ch.) est un esprit net et distingué, qui met ses qualités dans ses écrits; mais, plus frappé des ressemblances nosographiques que des conditions étiologiques, il crée une modalité cachectique, d'origine très-diverse, dont le carractèreest de se révé- ler par le coup de soleil; et il n'apprécie pas à leiu' juste valeur certains faits positifs et acquis, relatifs à l'action du mais altéré. M. Henri Gintrac, cpii a remis une histoire de fa pellagre du département de la Gironde, est sur son terrain. Il a visité les communes, vu les malades et compté les cas; son livre est sans doute un bon document, mais il n'ajoute pas à ce que nous savons par les médecins italiens qui ont écrit ( 283 ) sur ce sujet. ;\.verli par les dires de Halardini, de Roussel, de Costallat, M. Ginfrac s'est enquis de l'usage du maïs; beaucoup de ses malades n'en avaient jam:iis mangé. C'est un fait important à rauger peut-être à côté de lajlenia salada de la Vieilie-Castille et de l'Aragon. Restent deux personnes que la Commission croit dignes de récompense : MM. Costallat et Roussel. Le mérite de M. Costallat est d'avoir lutté avec autant d'ardeur que de persévérance contre les pseudo-pellagres; d'avoir signalé à l'attention, comme analogues à la pellagre et à l'acrodynie, une maladie qui, dans cer- taines parties de l'Espagne, règne sons le nom de Jlema salada, en même temps que la carie affecte le blé, et d'avoir proposé luie expérience décisive. M. Roussel, dans son ouvrage, qui est très-étenlu et qui est le fruit de grandes lectures, de voyages, d'observations personnelles et de commutu- cations dues aux observateurs, a réuni une description complète de la pellagre, où l'on remarque la mise en lumière des accidents nerveux du début, des documents de toute espèce, une critique des opinions de Lan- douzy, de Billod, de Benvenisti, un historique précieux, une discussion ap|)rofondie des liaisons de la pellagre avec le mais et le verdct, et une opi- nion fermement arrêtée sur la cause toxique qui préside au développement de la pellagre endémique; en un mot, son livre est une encyclopédie de la pellagre qui répond d'une manière satisfaisante aux exigences du pro- gramme de l'Académie. En conséquence, la Commission a l'honneur de proposer à l'Académie de décerner le prix (rùu/ inille Jrancs) à M. Roussel (Théophile) et d'accorder un accessit de deux mille francs à M. Costallat (Arnaud). L'Académie adopte la proposition de la Commission. PRIX BRÉANT. (Commissaires, MM. Andral, Velpeau, Cl. Bernard, J. Cloquet, Jobert de Lamballe, Serres rapporteur.) La Section de Médecine et de Chirurgie, instituée en Commission pour le prix du choléra, a décidé qu'il n'y a lieu de décerner cette année ni le prix, ni des encouragements. ( ^84 ) PRIX JECKER. RAPPORT SUR LE CONCOURS DE L'ANNÉE 1864. (Commissaires, MM. Dumas, Pelouze, Regiiaiilt, Balard, Fremy, Chevreul rapporteur.) A l'unanimité, la Section de Chimie décerne le prix Jecker à M. Wprtz, pour ses derniers travaux sur les alcools. PRIX BARBIER. (Commissaires, MM. Velpeau, Cl. Bernard, Serres, J. Cloquet, Rayer rapporteur.) La Commission du prix Barbier déclare qu'il n'y a pas lieu celte année de décerner le prix. ( a85 ) PRIX PROPOSÉS POUR LES ANNÉES i06S, 48C6 ET 1875. SCIENCES MATHÉMATIQUES. GRiVND pris: de MATHÉMATIQUES, A DÉCERNER EN 1803. QUESTION PROPOSÉE POUR lOali, RtMlSE A 1339, PROPOSEE DE NOUVEAU, APRÈS MODIFICATION, POUR 1862, ET REMISE A 1868. RAPPORT SUR LE CONCOURS DE L'ANNÉE 1862. (Commissaires, MM. Lioiiville, Mathieu, Laugier, Duperiey, Delaiinay rapporteur.) L'Académie avait proposé comme sujet de prix pour i85G, puis remis au Coucours pour iSSg, le perfectionnement de la théorie mathématique des marées. Le prix n'ayant pas été décerné, l'Académie a remis au Concours, pour 1862, la question des marées, en en modifiant l'énoncé de la manière suivante : « Discuter avec soin et comparer à la théorie les observations des marées )' faites dans les principaux ports de France. » Une seule pièce a été reçue au Secrétariat. L'auteur de cette |)ièce explique nettement coauneut il entend que la question doit être traitée; mais il n'a pu se procurer les observations faites dans nos ports assez à temps pour en faire la discussion complète. Le plan de l'auteur a paru à la Commission reposer sur des bases assez solides pour qu'il y ait lieu d'espérer qu'en ac- cordant un nouveau délai, l'Académie voie enfin la question dont il s'agit traitée d'une manière digne de fixer son attention. En conséquence, la Commission propose de remettre encore au Concours pour l'année i865 la question des marées, en conservant l'énoncé qui vient d'être rappelé. L'Académie adopte la proposition de la Coaunission. Le prix consistera en une médaille d'or de la valeur de trois mille francs. C. R., i865, !" Scmeslre. (T. LX, N» C } S^ ( a86 ) Les Mémoires devront être déposés, francs de port, au Secrétariat de riiislilut, avant le i" juin i865, terme de rù/ucur. Les noms des auteurs seront contenus dans des billets cachetés, qu'on n'ouvrira que si la pièce est couronnée. GRAND PRIX DE MATHÉ»IATIQUES, A DÉCERNER EN 186S. QUESTION SUBSTITUÉE EN 1863 A CELLE DES POLYÈDRES. (Commissaires, MM. Bertrand, Chasles, Ossian Bonnet, Hermite, Serret rapporteur. ) L'Académie propose la question suivante : « Perfectionner en quelque point important la partie de V Analyse uialhè- 1) matique qui se j'apporte à V intégration des équations aux dérivées partielles » du deuxième ordre. » Le prix consistera en une médaille d'or de la valeur de trois mille francs. Les Mémoires devront être déposés, francs de port, au Secrétariat de l'Institut, avant le i" juillet i865, terme de rigueur. Les noms des auteurs seront contenus dans des billets cachetés, qu'on n'ouvrira que si la pièce est couronnée. GRAND PRIX DE aiATHÉMATIQUES, A DÉCERNER EN 186S. QUESTION PROPOSÉE POUR 18S5, REMPLACÉE PAR UNE AUTRE POUR I86J , REMISE A 18C5, PUIS A 186o. RAPPORT SUR LE CONCOURS DE L'ANNÉE 1863. (Commissaires, MM. Liouville, Lamé, Chasles, Serret, Bertrand rapporteur.) L'Académie avait proposé pour sujet du prix de Mathématiques la (jues- tion suivante : « Trouver quel doit être l'étal calorifique d'un'corps solide homogène indé- » fini, pour quun système de lignes isothermes, à un instant donné, reste » isotherme après un temps quelconfjue, de telle sorte que In température d'un ( 287 ) » jjuinl puisse s'exprimer en fonction du temps et de deux autres variables indé- » pendantes. » Celle question, proposée pour le Concours de 1861, avait été traitée par deux concurrents qui tous deux avaient fait preuve de beaucoup de science et (Je talent; mais leurs IMémoires, dont l'un renfermait une grave inexacti- tude, et dont l'autre portait les traces d'une trop grande précipitation, n'avaient pas paru mériter le prix. La question, remise an Concours pour cette année, n'a donné lieu à auciui travail nouveau, et nous proposons, en conséquence, de remettre la question au Concours pour i865. Le prix consistera en une médaille d'or de la valeur de trois mille francs. Les Mémoires nouveaux, ou les suppléments aux Mémoires déjà envoyés, devront être déposés, f-ancs de port, au Secrétariat de l'Institut, avant le i'^' juillet i865, terme de rigueur. Les noms des auteurs seront contenus dans des billets cachetés, qu'on n'ouvrira que si la pièce est couronnée. GRAND PRIX DE MATHÉSIATIQUES, A DÉCERNER EN 18GG. QUESTION PROPOSÉE EN 1864 POUR 1866. (Commissaires, MM. Bertrand, Liouville, Chasles, Hermite,Serret, auxquels ont été adjoints MM. Pouillet, Fizeau, Becquerel et Delavmay rapporteur.) L'Académie propose pour 1866 la question suivante : E NOUVEAU A 1806. RAPPORT SUR LE CONCOURS DE L'ANNÉE 1864. (Commissaires, MM. Paris, Duperrey, Combes, Pouillot, le Baron Charles Diipin rapporteur.) Au milieu des expériences prodigieuses que présentent les constructions, les mécanismes et l'armement des navires de guerre qui surpassent les limites auxquelles on s'était précédemment arrêté, il est vraiment regret- table que l'Académie n'ait pas reçu de Mémoire qui donnât les éléments et la démonstration d'un seul perfectionnement nouveau et considérable. En conséquence, nous sommes obligés de déclarer qu'il y a lieu de re- mettre à l'année 1866 le prix fondé par le Ministère de la Marine. Les Mémoires, plans et devis devront être adressés au Secrétariat de l'Institut avant le i^''juin. Nous avons l'espoir qu'alors l'Académie pourra décerner le prix pour quelque progrès digne de notre époque. PRIX D'ASTRONOMIE, FONDÉ PAR M. DE LALANDE, A DÉCERNER EN 1803. La médaille fondée par M. de Lalande, pour être accordée annuellement à la personne qui, en France ou ailleurs (les Membres de l'Institut excep- tés), aura fait l'observation la plus intéressante, le Mémoire ou le travail le plus utile au progrès de l'astronomie, sera décernée dans la prochaine séance publique de i865. PRIX DE MÉCANIQUE, FONDÉ PAR M. DE MONTYON, A DÉCERNER EN 1803. M. de Monlyon a offert une rente sur l'Élat, jjour la fondation d'un prix ( 289 ) annuel en faveur de celui qui, au jugement de l'Académie des Sciences, s'en sera rendu le plus digne en inventant ou en perfectionnant des instru- ments utiles au progrès de l'agriculture, des arts mécaniques ou des sciences. Ce prix consistera en une médaille d'or de la valeur de f/ua• l'avancement de ta paléontologie française, soit en faisant mieux connaître » les caractères anatomiqiies d'un ou de plusieurs types de vertébrés et en jour- » nissant ainsi des éléments importants pour l'étude de nos Jaunes tertiaires, soif » en traitant d'une manière approfondie des fossiles qui appartiennent à l'ime » des classes les moins bien connues de ce grand embranchement du règne •> animal. » L'Académie adopte cette proposition. Le prix consistera en une valeur de tiois millejrancs. ( 298 ) Les ouvrages devront être remis au Secrétariat de l'IiistitLit avant le i" novembre i8G5. Les noms des auteurs seront contenus dans des billets cachetés, qui ne seront ouverts que si la pièce est couronnée. PRIX DE PHYSIOLOGIE EXPÉMMEIVTALE , FONDÉ PAR M. DE MONTYON, A DÉCERNER EN 186iî. Feu M. de Monlyon ayant offert une somme à l'Académie des Sciences, avec l'intention que le revenu en fût affecté à un j3rix de Physiologie expé- rimentale à décerner chaque année, et le Gouvernement ayant autorisé cette fondation par une ordonnance en date du 22 juillet 1818, L'Académie annonce qu'elle adjugera une médaille d'or de la valeur de Iniil cent cinq francs à l'ouvrage, imprimé ou manuscrit, qui lui paraîtra avoir le plus contribué aux progrès de la physiologie expérimentale. ■ Le prix sera décerné dans la prochaine séance publique. Les ouvrages ou Mémoires présentés par les auteurs doivent être envoyés, francs de port, au Secrétariat de l'Institut, avant le i""' juin de chaque année, terme de rigueur. PRIX DE RIÉDECIXE ET CHIRURGIE ET PRIX DIT DES ARTS ENSALLRRES, FONDÉS PAR M. DE MONTYON, A oéCERNEK EN 186S. Conformément au testament de feu M. Anget de Monlyon, et aux ordon- nances du 29 juillet 1821, du 1 juin 1824 et du 23 août 1829, il sera dé- cerné un ou plusieurs prix aux auteurs des ouvrages ou des découvertes qui seront jugées les plus utiles à Varl de guérir, et à ceux qui auront trouvé les moyens de rendre un art ou un jnétier moins insalubre. L'Académie a jugé nécessaire de faire remarquer que les prix dont il s'agit ont expressément pour objet des découvertes et inventions propres à perfectionner la médecine ou la chirurgie, ou qui diminueraient les dangers des diverses professions ou arts mécaniques. ( 299 ) Les pièces admises au Concours n'auront droit aux prix qu'autant qu'elles contiendront une découverte parfaitement délenpiiiée. Si la pièce a été produite par l'auteur, il devra indiquer la partie de son travail où cette découverte se trouve exprimée : dans tous les cas, la Com- mission chargée de l'examen du Concours fera connaître que c'est à la dé- couverte dont il s'agit que le prix est donné. Les sommes qui seront mises à la disposition des auteurs des découvertes ou des ouvrages couronnés ne peuvent être indiquées d'avance avec préci- sion, parce que le nombre des prix n'est pas déterminé; mais la libéralité du fondateur a donné à l'Académie les moyens d'élever ces prix à une valeur considérable, en sorte que les auteurs soient dédommagés des expériences ou recherches dispendieuses qu'ils auraient entreprises, et reçoivent des récompenses proportionnées aux services qu'ils auraient rendus, soit en prévenant ou diminuant beaucoup l'insalubrité de certaines professions, soit en perfectionnant les sciences médicales. Conformément à l'ordonnance du 23 août, outre les prix annoncés ci- dessus, il sera aussi décerné des prix aux meilleurs résultats des recherches entreprises sur les questions proposées par l'Académie, conséquemment aux vues du fondateur. Les ouvrages ou Mémoires présentés par les auteurs doivent être envoyés, francs de pnrt, au Secrétariat de l'Instilut, avant le i" juin de chaque année, terme de ligueur. Les noms des auteurs seront contenus dans des billets cachetés, qui ne seront ouverts que si la pièce est couronnée. PRIX DE MÉDECINE ET DE CHIRURGIE POUR L' ANNÉE 1866 (Reproduction du Programme des années précédentes.) L'Académie propose comme sujet d'un prix de Médecine et de Chirurgie à décerner en i8G6 la question suivante : De l'application de l'électricité à la thérapeutique. Les concurrents devront : 1° Indiquer les appareils électriques employés, décrire leur mode d'ap- plication et leurs effets physiologiques; 1° Rassembler et discuter les faits publiés sur l'application de l'électricité au traitement des maladies, et en particulier au traitement des affections des systèmes nerveux, musculaire, vasculaire et lymphatique; vérifier et compléter par de nouvelles études les résultats de ces observations, et ( 3oo ) déterminer les cas dans lesquels il convient de recourir^ soit à l'action des courants intermittents, soit à4'action des courants continus. Le prix sera de la somme de cinq mille Jraitcs. Les ouvrages seront écrits en français et devront être parveiuis au Secré- tariat de l'Institut avant le i" juin 1866. GRAND PRIX DE CHIRURGIE POUR L'ANNÉE 1866. (Reproduction du Programme de l'année précédente.) (Comaiissaires, MM. Velpeau, Claude Bernard, Jobertde Lamballe, Serres, Andral, Jules Cloquet, Rayer, Miliie Edwards, Flourens rapporteur.) Des faits nombreux de physiologie ont prouvé que le périoste a la faculté de produire l'os. Déjà même quelques faits remarquables de chirurgie ont montré, sur l'homme, que des portions d'os très-étendues ont pu être repro- duites par le périoste conservé. Le moment semble donc venu d'appeler l'attention des chirurgiens vers une grande et nouvelle étude, qui intéresse à la fois la science et l'humanité. En conséquence, l'Académie met au Concours la question de la conser- vation des membres par la consenjalion du périoste. Les concurrents ne sauraient oublier qu'il s'agit d'un ouvrage pratique, qu il s'agit de l'homme, et que par conséquent on ne compte pas moins sur leur respect pour l'humanité que sur leur intelligence. L'Académie, voulant marquer par une distinction notable l'importance qu'elle attache à la question proposée, a décidé que le prix serait de dix millefrancs. Informé de cette décision, et appréciant tout ce que peut amener de bien- faits un si grand progrès de la chirurgie, l'Empereur a fait immédiatement écrire à l'Académie qu'il doublait le prix. Le prix sera donc de vingt millefrancs. Les pièces devront être parvenues au Secrétariat de l'Institut avant le 1" juin 1866. Elles devront être écrites en français. U est essentiel que les concurrents fassent connaître leur nom. ( 3o, ) PRIX CUVIER, A DÉCERNER EN 18G6. (Reproduction du Programme de l'année précédente.) La Commission des sonscri[)tems pour la statue de Georges Cuvier ayant offert à l'Académie une somme résultant des fonds de la souscription restés libres, avec l'intention que le produit en fût affecté à un prix qui porterait le nom de Prix Cuvier, et qui serait décerné tous les trois ans à l'ouvrage le plus remarquable, soit sur le règne animal, soit sur la géologie, et le Gou- vernement ayant autorisé celle fondation par une ordonnance en date du f) aoîit 1839, L'Académie annonce qu'elle décernera, dans la séance publique de 1866, im prix (sous le nom de Prix Cuvier) à l'ouvrage qui sera jugé le plus remar- quable entre tous ceux qui aiu-ont paru depuis le 1" janvier i863 jusqu'au 3r décembre i865, soit sur le règne anima!, soit sur la géologie. Ce prix consistera en une médaille d'or de la valeur de quinze cents francs. PRIX RORDIN, A DÉCERNER EN I8G6. QUESTION PROPOSÉE EN 1861 POUR 18G5, ET REMISE A 18G6. RAPPORT SUR LE CONCOURS DE L'ANNÉE 1863. (Commissaires, MM. ]\Iontagne, Ducliartre, Brongniart, Decaisne, Tulasne rapporteur.) S'il est vrai qu'il n'y ait rien de nécessaire, philosophiquement parlant, dans les objets de la création, chacun d'eux considéré en lui-même a ce- pendant pour nous, dans une très-large mesure, un caractère absolu, non- seulement en ce sens qu'il est forcément ce qu'il doit être d'après le plan du Créateur, mais encore parce que les limites entre lesquelles il lui est permis de varier, bien qu'elles nous soient inconnues, ne peuvent être con- çues indéfiniment étendues. Cette réflexion justifie la recherche des types spécifiques aussi bien que celle des types d'un ordre plus élevé qui peuvent être pris à divers titres pour des abstractions. La plupart de ces types, parmi les êtres organisés, se reconnaissent tout d'abord à leurs caractères exté- rieurs, et l'expérience quotidienne des naturalistes luoiitre une telle corres- C. R., iSG5, i«r Scmt^stie. (T. LX, N<^ 6 ) 3c) ( 302 ) pondance, un tel accord, entre ces caractères et la structure interne de l'être qui les présente, que les dehors nous autorisent généralement à juger de ce qui demeure caché à nos regards. Toutefois cette conclusion n'est pas tellement rigoureuse, quelle dispense l'aiiatomiste de l'étayer par l'obser- vation directe des faits; aussi les types organiques ne sont-ils, ajuste titre, réputés suffisamment connus et ne peuvent-ils être réellement appréciés que lorsque le scalpel et le microscope ont été heureusement appliqués à leur étude. Les recherches de cette nature dans le règne végétal paraissent avoir démontré que les types anatomiques, s'il est permis de parler ainsi, sont bien moins nombreux que les types organiques proprement dits, de telle sorte que chacun des premiers peut justement embrasser un nombre plus ou moins considérable des seconds. Ce résultat pouvait être prévu d'avance. Si variés que soient les éléments constitutifs des tissus végétaux dans leurs formes, leurs dimensions, leurs rapports mutuels et leur distribution au sein de la plante, il n'en saurait évidemment résulter une diversité égale à celle que présente l'infinie multitude des formes végétales. D'un autre côté, si dans une même plante ou le même organe d'une plante donnée des cel- lules, en apparence identiques, contiennent ou sécrètent les matières les plus dissemblables, des liquides sucrés ou albumineux, des gommes, de la fécule, du ligneux, etc., on conçoit que cet organe élémentaire puisse se rencontrer avec des fonctions identiques chez des végétaux très-différents les uns des autres, ou remplir, au contraire, des fonctions variées en des plantes très- analogues entre elles. Quoi qu'il en soit de cette inégalité numérique des types anatomiques comparés aux types organiques, la recherche des premiers offre évidem- ment un grand intérêt et promet d'accroître la science des végétaux de notions qui lui font encore défaut à l'heure présente. Ce n'est pas cepen- dant que les vœux des botanistes n'aient appelé depuis longtemps des con- naissances moins incomplètes que celles qu'ils possèdent sur le sujet en question. Il n'avait point échappé à Desfontaines, lors de ses éludes sur l'organisation comparée des Dicotylédones et des Monocotylédones, qu'il ne serait sans doute pas impossible de trouver dans les organes intérieurs des plantes qui composent les grandes familles naturelles, telles que celles des Ond)elliféres, des Oucifères, des Comj)osées ou des lit'gumineuses, des caractères comunuis et particuliers à chacune d'elles; que peut-être arri- verait-on même à distinguer les genres et les espèces si la structure inté- rieure obtenait des botanistes toute l'attention qu'elle mérite; que les ( 3o3 ) parties extérieures des plantes ne sont en quelque fyçon qu'un développe- ment des organes intérieurs, et que si les premières présentent des dif- férences de caractères remarquables, il en existe probablement d'analogues dans les autres [vo/ez les Mémoires de t'iiistiliit national, t. I [1796-1797J, p. 5oi). Depuis, l'un de vos Commissaires n'a pas craint d'affirmer que « ce sont les modifications de disposition et d'organisation du tissu vasculaire qui contribuent essentiellement à caractériser les divers groupes des végétaux, » et il fait d'ailleurs la judicieuse remarque qu'il faut se garder d'attribuer à toute une famille végétale, surtout lorsqu'elle est nombreuse et variée, la structure de quelques-uns de ses genres, et que l'étude attentive, tant des modifications qui s'opèrent dans ces familles que des caractères qui y restent constants, permettra lui jour d'apprécier la valeur relative des caractères anatomiques. (Ad. Brongnuut, Archives du Muséum, t. I [iSSgJ, p. 409 et 439.) Jusqu'ici les botanistes se seraient peut-être bornés à souhaiter qu'un type anatomique au moins correspondit à chacune des familles les mieux définies du règne végétal, afin qu'étant donné un rameau dépouillé de feuilles et de fleurs on pût, par le seul examen de son organisation interne, reconnaître à quel ordre de végétaux il eût été emprunté. Mais cette ambi- tion, si modeste qu'elle paraisse, n'a pu encore être satisfaite, et nous aurions peut-être tort d'en être surpris. De même, eu effet, que des familles végétales bien distinctes par leurs appareils reproducteurs peuvent se res- sembler extrêmement par les caractères de la végétation, de mèine aussi ces mêmes familles doivent-elles généralement présenter des dissemblances inappréciables si l'on descend à l'examen de leur histologie, puisque celle-ci appartient également, pour la plus grande part, au domaine des organes de la nutrition et de la végétation. Mais, d'un autre côté, si le même type anatomique se retrouve presque identique dans plusieurs familles végétales, quelques-unes de celles-ci en offrent évidemment plus d'un seul. Certaines grandes familles, très-natu- relles d'ailleurs, telles que les Rosacées, les Légumineuses, les Bignoniées, les Malpighiacées, les Sa[)indacées, etc., renferment à la fois des herbes annuelles, bisannuelles ou vivaces, droites ou volubiles, aériennes ou aqua- tiques sinon submergées, des arbrisseaux, des nrbres, des lianes, etc., et à chacune de ces manières d'être du végétal correspond une structure anato- mique plus ou moins spéciale. Cette structure, cependant, admet-elle une communauté soit d'éléments histologiques, soit de circonstances anato- 39.. ( 3o4 ) iniques particulières, qui caractérise un type analomique déterminé et tou- jours reconnaissable? C'est là ce qui ne semble pas avoir été suffisamment étudié. S'il existe, par exemple, des caractères histologiques propres aux Légumineuses, se trouvent-ils à la fois dans la tige herbacée d'un Trèfle, le tronc droit du Robinier et les rameaux tordus et anfractueux de la Clv- cine ou des Bauhinia? Le signalement histologique de plusieurs familles végétales a déjà été dressé avec soin par divers botanistes, et c'est avec l'intention de solliciter de nouvelles études dans cette voie de recherclies que vos Commissaires avaient proposé pour le prix Bordin à décerner cette année (i) une ques- tion ainsi conçue : « Dcleriiiiiier par des recherches annlomiques s il existe dans la strurttire des X liges des vécjélaux des caractères propres aux grandes familles naturelles et » concordant ainsi avec ceux déduits des organes de la reproduction. » » Il n'a été reçu au Secrél;iriat de l'Académie qu'un seul Mémoire ayant pour épigr.iphe l'adage connu : « Natura non facil saltus. « L'auteur de ce travail est « fort éloigné, dil-il, d'avoir parcouru le vaste cercle d'observa- tions qu'il aspiiait à décrire, » et dans le fait il ne traite avec quelque étendue que d'une dizaine de familles végétales appartenant presque toutes au groupe des plantes dicotylédones. Néanmoins, il s'estime fondé à con- clure de ses recherches, continuées pendant près de trente ans, que parmi tous les ordres de plantes qu'il a examinés il n'en est pas deux qui offrent exactement les mêmes traits ou caractères anatomiques, et il ne craint pas d'avancer que l'ensemble de ces traits compose toujouis une physionomie particulière qui assigne la place de chaque plante non-seulement dans sa famille naturelle, mais encore dans le groupe générique déjà indiqué par ses caractères extérieurs. C'est sans doute parce que l'étude histologique et anatomique des plantes n'a pas jusqu'à présent conduit en général à des ré- sultats aussi satisfaisants que Tauteiu' du IMémoire en question croit pou- voir dire que c'est à peine si « t'anatomie végétale est encore inventée. » V^otre Commission ne partage pas tant de scepticisme; mais en proposant pour sujet de prix la question de botanique dont il s'agit, elle a suffisam- nieut montré cpi'eile voit aussi les lacunes de la science et rpTelle convie les observateurs à les combler. Elle rend volontiers hommage au savoir que témoigne dans son auteur le Mémoire présenté, m;iis il ne lui semble pas (i) Voyez les Comptes rendus de l'Académie, t. LUI, 1861, p. ii85, et t. LV, 1862, p. 1007. ( 3o5 ) que ce travail ait irponcUi assez conipléteinent à la question posée, pour mériter le prix offert par l'Académie. Pour ce motif, votre Commission vous propose de maintenir au Concours la même question d'anatomie végétale; seulement elle serait d'avis d'ajouter au programme qu'elle admellra à concourir tout travail consciencieux qui aurait iiour objet spécial l'étude anatomique comparée d'un ou plusieurs genres de tiges, et notamment l'examen des lianes et tiges grimpantes ou volubiles, étudiées comparativement avec les autres sortes de liges dans les mêmes familles végétales; de plus, ayant égard aux difficultés inhérentes à de pareilles recherches et au tem|)s qu'elles exigent, voire Commission propose encore d'accorder aux concurrents jusqu'au i'"^ juin i 86G pour l'envoi de leurs Mémoires. L'Académie adopte les propositions de la Coiumission. Le prix consistera en une médaille d'or de la valeur de trois mille Jrancs. Ces Mémoires (manuscrits) devront donc être déposés, francs de port, au Secrétariat de l'Institut, avant le l'^'juin 186G, terme de rigueur. Les noms des autetu-s seront contenus dans des billets cachetés qui ne seront ouverts que si la pièce est coui onuée. PRIX BORDIN, A DÉCERXFR EN ISCiî. QUESTION PROPOSÉE EN 1865 POUR I8CS. (Conmiissaires, MM. Milne Edwards, Claude Bernard, Flourens, Decaisue, Brougniart rapporteur. ) « Déterminer expérimentalement les causes de l'inégalité de C absorption par » des végétaux dijjérents des dissolutions salines de diverses natures que con- » tient le sol, et reconnaître par l'étude anatomique des racines les rapports qui » peuvent exister entre les tissus qui les Constituent et les matières ipi'elles ab- » sorbent ou qu elles excrètent. » Les plantes ne puisent pas dans le sol les mêmes éléments minéralogi- ques; par exemple, le trèfle et le froment, végétant sur la même terre, en tirent des principes différents. Les plantes aquatiques, non plus, n'absorbent pas indifféremment toutes les matières salines dissoutes dans l'eau qui les baigne; de même que les plantes terrestres, elles choisissent celles qui leur sont appropriées et sans lesquelles elles ne pourraient pas vivre ou parcou- rir le cycle entier de leur végétation. { 3o6 ) A quelle cause doit-on attribuer cette éjection de matières servant à l'ali- iiientation des végétaux? Dépend-elle directement d'une structure ou d'une composition particulière des tissus des racines et des autres parties de la plante, ou bien est-elle la conséquence d'actions physiologiques inté- rieures ? Comment se produisent les altérations que les végétaux aquatiques font éprouver à l'eau qui les entoure et au sol dans lequel plongent leurs ra- cines, altérations si fortement accusées par l'insalubrité des lieux maréca- geux et les gaz qui s'échappent ilu sol sous-jacent ? Le prix consistera en une médaille d'or de la valeur de trois mille francs. Les Mémoires devront être déposés, jrancs de port, au Secrétariat de l'Institut, avant le i'"' septembre i865, termede rigueur. Les noms des auteurs seront contenus dans des billets cachetés, qu'on n'ouvrira que si la pièce est couronnée. PRIX MOROGUES, A DÉCEBNER EN 1815. (Reproduction du Programme des années précédentes.) Feu M. de Morogues a légué, par son testament en date du aS oc- tobre i834, une somme de dix mille francs, placée en rentes sur l'État, pour faire l'objet d'un prix à décerner tous les cinq ans, alternativement : par l'Académie des Sciences Physiques et Mathématiques, à Youvrage qui aura fait faire le plus grand progrès à l'agriculture en France, et par l'Académie des Sciences Morales et Politiques, au meilleur ouvrage sur l'état 'du paupé- risme en France, et le moyen d'j remédier. Une ordonnance en date du 26 mars 1842 a autorisé l'Académie des Sciences à accepter ce legs. L'Académie annonce qu'elle décernera ce prix, en 1873, à l'ouvrage remplissant les conditions prescrites" par le donatein-. Les ouvrages, imprimés et écrits en français, devront être déposés, francs déport, au Secrétariat de l'Institut, avant le i*^"^ juin 1873, terme de rigueur. PRIX BRÉANT, A DÉCEnNEB EN iSOS. Par son testament en date du 28 août 1849, feu M. Bréant a légué à l'Académie des Sciences une somme de cent mille francs pour la fondation ( 3o7 ) d'im prix à décerner « à celui qui aura trouvé le moyen de guérir du cho- léra asiatique ou qui aura découvert les causes (i) de ce terrible fléau. » Prévoyant que ce prix de cent mille francs ne sera pas décerné tout de suite, le ff)ndateur a voulu, jusqu'à ce que ce prix soit gngné, que l'intérêt (lu capital fut donné à la personne qui aura fait avancer la science sur la question du choléra ou de toute autre maladie épidémique, ou enfin que ce prix pût être gagné par celui qui indiquera le moyen de guérir radicale- ment les dartres ou ce qui les occasionne. Les concurrents devront satisfaire aux conditions suivantes : i" Pour remporter le |)rix de cent mille Jrancs, il faudra : " Tromier une médication qui guérisse le choléra asiatique dans l'immense « majorité des cas; » Ou >• Indiquer d'une manière incontestable les causes du choléra asiatique, de » Jaçoii qu'en amenant la suppression de ces causes on fasse cesser l'épi- n demie; » On enfin « Découvrir une prophylaxie certaine, et aussi évidente que l'est, par •' exemple, celle de la vaccine pour la variole. » a° Pour obtenir le prix annuel, il faudra, par des procédés rigoureux, avoir démontré dans l'atmosphère l'existence de matières pouvant jouer (i) Il paraît convenable de reproduire ici les propres termes du fondateur : « Dans l'etai » actuel de la science, je pense qu'il y a encoi'e beaucoup de choses à trouver dans la coin- » position de l'air et dans les fluides qu'il contient : en effet, rien n'a encore été découvert » au sujet de l'action qu'exercent sur l'économie animale les fluides électriques, magnétiques » ou autres; rien n'a été découvert également sur les animalcules qui sont répandus en o nombre infini dans l'atmosphère, et qui sont peut-être la cause ou une des causes de cette » cruelle maladie. » Je n'ai pas connaissance d'appareils aptes, ainsi que cela a lieu pour les liquides, à » reconnaître l'existence dans l'air d'animalcules aussi petits que ceux que l'on ajierçoit dans » l'eau en se servant des instruments microscopiques que la science met à la disposition de " ceux qui se livrent à cette étude. a Comme il est probable que le prix de cent mille francs, institué comme je l'ai expliqué "i plus haut, ne sera pas décerné de suite, je veux, jusqu'à ce que ce prix soit gagné, que » l'intérêt dudit capital soit donné par l'Institut à la personne qui aura fait avancer la » science sur la question du choléra ou de toute autre maladie épidémique, soit en donnant ■■ de meilleures analyses de l'air, en y démontrant un élément morbide, soit en trouvant un a procédé propre à connaître et à étudier les animalcules qui jusqu'à présent ont échappé » A l'œil du savant, et qui pourraient bien être la cause ou une des causes de la maladie. • ( 3o8 ) un rôle ilaus la production ou l;i proj)r'igalion des maladies épidémiqiies. Dans le cas où les conditions précédentes n'auraient pas été remplies, le |)rix annuel pourra, aux termes du testament, èire accordé à celui qui aura trouvé le moyen de guérir radicalement les dartres, ou qui aura éclairé leur éliologie. Les Mémoires, imprimés ou manuscrits, devront être parvenus, francs (le jiort, au Secrétariaî de rinstitut avant le i" juin i8G5 : ce terme est de rif/ucur. I^'Académie croit devoir mettre sous les yeux des concin-rent s le Rapport suivant sur le Concours de l'année i8f)3 : La Section de Médecine et de Chirin-gie, instituée en Conunission perma- nente pour le prix Bréant, vient déclarer à l'Académie qu'aucune des condi- tions de ce Concours n'a été remplie dans les dix pièces qui ont été sou- mises cette année à son examen. Cinq de ces pièces sont relatives au clioléra, et la Commission ne peut s'empêcher d'exprimer le regret qu'elle éprouve de voir que les concurrents ne se pénètrent ni des vues du testateur, ni des commentaires que l'Aca- démie en a faits dans son programme, afin d'en définir hs termes avec quelque précision et de les rendre accessibles à l'observation et à l'expé- rience. Il est évident, en effet, que la volonté du testateur est de donner un prix de cent mille francs à la personne qui, selon les termes du testament, aura trouvé le moyen de guérir le choléra asiatique. Mais il est clair que, par cette expression : guérir du clioléra asiatique, le testateur n'entend pas dési- gner luie méthode de traitement analogue à celles aujourd'hui mises eu usage et qui comptent en lein- faveur une proportion plus ou moins notable de succès; il veut qu'on trouve une médication d'un effet incontestable, qui guérisse le choléra dans l'immense majorité des cas d'une manière aussi sûre que le quinquina, par exemple, guérit la fièvre intermittente. A cette condition le testateur ajoute que la somme de cent mille frams pourra également être accordée à la personne qui aura découvert les causes de ce terrible fléau. La Section de Médecine et de Chirurgie a déjà fait re- marquer à l'Académie que l'esprit du Concours Bréant avait une tendance à reporter la médecine vers la recherche des causes occultes des maladies, recherches qui, imprimant à la science une direction fâcheuse, ont si long- temps entravé sa marche. ( 3o9 ) Néanmoins, les termes par lesquels le testateur exprime sa pensée prou- vent de la manière' la plus évidente qu'il veut attirer ici rattcntion des médecins et des savants sur de nouvelles analyses de l'air, spécialement entreprises pour la recherche des matières qui pourraient s'y rencontrer, et qui, par leur nature, seraient capables de jouer un rôle plus ou moins actif dans la production ou la propagation des maladies é|)idéraiques en général, et de celle en particulier du choléra. Cette vue n'est pas nouvelle, et, depuis longtemps, des essais infruc- tueux en ont fait délaisser l'étude par les médecins. Toutefois, en considérant jusqu'à quel degré de précision a été poussée dans ces derniers temps la connaissance des éléments inorganiques de l'air, M. Bréant a ])ensé que, d'après cette perfection des procédés physiques et chimiques, on pouvait entreprendre aujourd'hui des recherches sur les principes organiques morbifiques, ou, selon son expression, sur les animal- cules contenus dans l'atmosphère, principes ou animalcules que l'on de- vrait chercher à isoler sans les altérer, afin de pouvoir étudier leur action sur les êtres vivants. Le simple énoncé de cette vue du testateur en indique toutes les diffi- cultés, difficultés déjà très-grandes pour les physiciens et les chimistes chargés de rechercher et d'isoler les principes morbifiques contenus dans l'air, et qui deviendraient plus grandes encore pour le médecin physio- logiste qui devrait en constater les effets délétères sur les animaux et l'homme. Comme on le voit, c'est un programme de découvertes à taire que M. Bréant a tracé dans son testament. Mais, prévoyant avec raison que leur réalisation serait lointaine, il a institué accessoirement un prix annuel représentant la rente du capital, et destiné à récompenser soit des travaux qui auraient fait avancer la question du choléra asiatique ou des autres maladies épidémiques, soit ceux qui indiqueraient le moyen de guérir radi- calement les dartres ou ce qui les occasionne, en faisant connaître l'animal- cule qui, dans sa pensée, donne naissance à cette maladie, ou en démon- trant d'une manière positive la cause qui la produit. Des cinq pièces concernant les affections dartreuses qui ont été envoyées au Concours, nulle d'entre elles n'envisageant la question sous le point de vue indiqué par M. Bréant, et ne renfermant d'ailleurs rien qui ne soit déjà connu, ont dû être écartées du Concours. En terminant, la Section de Médecine et de Chirurgie croit devoir in- former l'Académie qu'elle suit avec la plus grande attention les travaux qui C. R., i865, 1" Semestre. (T. LX, N» 6.) 4o (3,o) se font présentement sur la pathologie parasitaire des maladies de la peau, et qu'elle espère en voir sortir prochainement des résultats qui éclaireront l'étiologie et le traitement des dartres. En résumé, la Commission du Concours Bréant propose à l'Académie de n'accorder cette année ni prix ni récompense, et elle croit devoir rappeler de nou\eau que, i° pour remporter le prix de ccnl mille francs, il faudra : « Trouver une médication qui guérisse le choléra asiatique dans [immense » majorité des cas; » Ou « Indiquer d'une manière incontestable les causes du choléra asiatique, de » façon quen amenant la suppression de ces causes onjasse cesser l épidémie; » Ou bien a Découvrir une proplijlaxie certaine et aussi évidente que l'est, pat » exemple, celle de la vaccine pour la variole. » 2° Pour obtenir le prix annuel, il faudra, par des procédés rigoureux, avoir démontré dans l'atmosphère l'existence de matières pouvant jouer un rôle dans la production ou la propagation des maladies épidémiques. Enfin, dans le cas où les conditions précédentes n'auraient pas été rem- plies, le prix annuel pourra, aux termes du testament, être accordé à celui qui aura trouvé le moyen de guérir radicalement les dartres ou qui aura éclairé leur éliologie. PRIX JECRER, A DÉCERNER EN 1863, Par un testament, en date du i3 mars i85i, feu M. le D' Jeckcr a fait à l'Académie un legs destiné à accélérer les progrès de la chimie organique. En conséquence l'Académie annonce qu'elle décernera, dans sa séance publique de i865, im ou plusieurs prix aux travaux qu'elle jugera les plus propres à hâter le progrès de cette branche de la chimie. PRIX BARBIER, A décerneu en 1003. Feu M. Barbier, ancien Chirurgien en chef de I hôpital du Val-de-Gràce, a légué à l'Académie des Sciences une rente de deux mille francs, destinée à la fondation irmi prix ainuiel « pour celui qui fera une découverte pré- » cieuse dans les sciences chirurgicale, médicale, pharmaceutique, et dans » la botanique ayant rapport à l'art de guérir. « (3..) Les Mémoires devront être remis, francs de porl, au Secrétariat de l'Institut, avant le i" juin i865 : ce terme est de rigueur. PRIX GODARD, A DÉCEBNER EN 186S. Par an testament, en date du 4 septembre 1862, feu M. le D"' Godard a légué à l'Académie des Sciences « le capital d'une rente de ntilte francs, » trois pour cent, pour fonder un prix qui, chaque année, sera donné au » meilleur Mémoire sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie des » organes génito-urinaires. Aucun sujet de prix ne sera proposé. » Dans le cas où une année le prix ne serait pas donné, il serait ajouté » au prix de l'année suivante. » En conséquence, l'Académie annonce que ce prix sera décerné, pour la première fois, en i865, au travail qui remplira les conditions prescrites par le donateur. Les Mémoires devront être parvenus, francs de port, au Secrétariat de l'Institut, avant le i" juin 1 865, terme de rigueur. PRIX SAVIGNY, FONDÉ PAR M'^'^'^ LETELLIER. Un décret impérial, en date du 20 avril 1864, a autorisé l'Académie des Sciences à accepter la donation qui lui a été faite par M"* Letellier, au nom de Savigny, d'une somme de vingt mille francs pour la fondation d'un prix en faveur des jeunes zoologistes voyageurs. « Voulant, dit la testatrice, perpétuer, autant qu'il est en mon pouvoir » de le faire, le souvenir d'un martyr de lu science et de l'honneur, je lègue » à l'Institut de France, Académie des Sciences, Section de Zoologie, » vingt mille francs au nom de Marie-Jules-César Le Lorgne de Savigny, » ancien Membre de l'Institut d'Egypte et de l'Institut de France, pour » l'inlérêt de cette somme de vingt mille francs être en)ployé à aider les « jeunes zoologistes voyageiu's qui ne recevront pas de subvention du » Gouvernement et qui s'occuperont plus spécialement des animaux sans » vertèbres de l'Egypte et de la Syrie. » Eu conséquence, l'Académie annonce que ce prix sera décerné à partir de l'année i866. (3l2) CONDITIONS COMMUNES A TOUS LES CONCOURS. Les concurrents, pour tous les prix, sont prévenus que l'Académie ne rendra aucun des ouvrages envoyés aux Concours; les auteurs auront la liberté d'en faire prendre des copies au Secrétariat de l'Institut. Par une mesure générale, l'Académie a décidé que dorénavant la clôture des Concours pour les prix qu'elle propose serait fixée au premier iuin de chaque année. Cette mesure, qui ne doit pas avoir d'effet rétroactif, est applicable seulement aux prix proposés pour la première fois, prorogés, ou remis au Concours dans la séance actuelle qui correspond à l'année 1864. LECTURE. M. Eue de Beaumont lit l'Eloge historique de M. Auguste Bravais. É. D. B. et F. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES SÉANCE DU LUNDI 13 FÉVRIER 1865. PRÉSIDENCE DE M. DECAISNE. MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. PHYSIQUE. — Nouvelles piles thermo-électriques formées avec les sulfures métalliques; par M. Edkiond Becquerel. « Dans ses premières recherches, faites en 1827 (i), sur le développemeiil des courants thermo-électriques dans les circuits métalliques, mon père avait remarqué qu'iui fil de cuivre recouvert de sulfure est fortement positif par rapport au cuivre ordinaire, et il était parvenu à former avec deux fils de ce métal, dont l'un est sulfuré à la surface, un couple thermo-éléctrique capable de fonctionner pendant longtemps et de donner, par une élévation de température ne dépassant pas 200 ou 3oo degrés, des décompositions électro-chimiques telles cjue celles du sulfate de cuivre, du nitrate d'argent, etc. Le courant thermo-électrique obtenu dans cette circonstance est même plus énergique que celui qui se produit en se ser- vant de circuits composés d'avitres métaux, ou bien dans lesquels entrent du persulfure de fer, du peroxyde de manganèse ou d'autres substances minérales, comme cela résulte également de ses recherches (2). » Cette expérience curieuse, qui est répétée dans les cours publics de- puis cette époque, m'avait fait penser qu'on pourrait former avec le sulfure de cuivre fondu des couples thermo-électriques d'une force électromotrice assez élevée relativement à celles des autres couples habituellement en (i) Annales de Chimie et de Physique, i" série, t. XXXIV, p. i57 (182';). (2) Becquerel et Ed. Becquerel, Traité d'Électricité en 3 volumes, t. I, p. iS^ (i855). G. R., i8G5, i" Semesire. (T. LX, N» 7.) 4' ( 3.4) usage. L'étude que j'ai faite à cette occasion m'a conduit à comparer le intensités des courants électriques développés par l'action de la chaleur dans un grand nombre de circuits; n'ayant pas complètement terminé mes recherches, je n'aurais pas encore parlé des résidtats auxquels je suis déjà parvenu sans la publication récente d'une Note de M. Bunsen (i) relative au dégagement des courants thermo-électriques dans des circuits où se trouve la pyrite cuivreuse naturelle et la pyrolusite (peroxyde de manga- nèse\ J'ai donc cru devoir, dès aujourd'hui, faire connaître quelques-uns des résultats auxquels je suis parvenu, en attendant le travail plus complet que je publierai plus tard. » Le soufré est une des substances qui modifient le plus profondément le pouvoir thermo-électrique des métaux, soit en les rendant plus positifs ou plus négatifs. Les sulfures d'argent, d'antimoine, de fer, de zinc ne pré- sentent aucune action bien énergique; mais le sulfure de bismuth se com- porte comme assez fortement négatif, et cela à un degré supérieur au bis- muth lui-même. Les barreaux ou les plaques formés avec ce sulfure fondu sont assez fragiles; mais comme cette matière se mélange par la fusion en toutes proportions avec le bismuth, il est facile d'obtenir des conducteurs assez résistants par un mélange de ces deux substances; il est même remar- quable que du bismuth qui contient une certaine quantité de sulfure est aussi négatif que ce dernier. Le mélange dont j'ai fait généralement usage est composé de parties égales de ces matières. » Un couple thermo-électrique formé par le bismuth ainsi sulfuré et le cuivre a une force électromotrice plus de trois fois supérieure à celle du couple ordinaire bismuth-cuivre dans les mêmes conditions de température et de conductibilité électrique. Je pense donc que ces couples pourront être employés avec avantage dans l'étude du rayonnement calorifique. •I Le protosulfure de cuivre fondu est éminemment positif par élévation de température par rapport aux autres substances minérales et métalliques; mais cette matière exige pour cela un état moléculaire sans lequel ces effets électriques ne peuvent être observés. On lui donne cet état particulier en la fondant à une température peu supérieure à son point de fusion, et eu la coulant dans des moules de façon à ce que les barreaux et les plaques pré- sentent une cassure fibreuse ainsi que des bulles répandues çà et là dans la masse. Si on la fond à plusieurs reprises à une haute température et qu'on la coule en masses parfaitement homogènes, son pouvoir thermo-électrique (i) Annales de Poggendorff", novembre i864, p. 5o5. ( 3,5 ) est presque détruit. Je m'occupe actuellement des effets que l'on poiurait obtenir avec le sulfure de cuivre aggloméré par compression. >< Ce résultat curieux explique peut-être le motif pour lequel M. Bunsen a trouvé que la pyrile cuivreuse naturelle fondue perd en grande partie son pouvoir thermo-électrique ; car cette substance, quand on la fond, présente une homogénéité qui, en général, est contraire au développement des cou- rants thermo-électriques; on sait, en effet, depuis longtemps, que les corps conducteurs à cassure cristalline sont ceux qui présentent sous ce rapport les actions les plus vives. » Ces effets thermo-électriques différents produits par une même sub- stance sont très-remarquables; il est possible qu'ils soient dus à des modi- fications du même genre que celles qui se produisent par la trempe, l'écrouissage, etc., lesquelles changent les conditions thermo-électriques des corps (i). '1 Le pouvoir thermo-électrique du protosulfure de cuivre fondu , pré- paré comme il vient d'élre dit par une seule fusion, est tel, qu'entre o et loo degrés un couple formé par cette substance et le cuivre, a une force électromotrice qui est environ dix fois supérieure à celle d'un couple bismuth-cuivre, à égalité de conductibilité et dans les mêmes circonstances de température. Ce nombre n'est donné que d'une manière approximative, car le protosulfure de cuivre est difficilement obtenu toujours identique à lui-même. Des échantillons de peroxyde de manganèse m'ont paru moins positifs que le sulfure de cuivre; cette matière doit donc être placée entre le sulfure de cuivre et l'antimoine. » La pyrite cuivreuse naturelle (double sulfure de cuivre et de fer) est au contraire fortement négative, comme cela résulte du reste de l'observation de M. Bunsen, et son pouvoir thermo-électrique est tel, qu'un couple pyrite cui- vreuse et cuivre a une force électromotrice moindre que celle donnée par un couple sulfure de cuivre fondu et cuivre (a). » Le protosulfure de cuivre et la pyrite cuivreuse naturelle sont donc deux substances qui sont placées vers les limites opposées de l'échelle (i) Becquerel, Résumé de l'histoire de l'électricité, p. i56 et t5n. (2) Dans le couple pyrite de cuivre-cuivre, le cuivre est positif, tandis qu'avec le sulfure de cuivre il est négatif par élévation de température. Il est probable, d'après ce qui a été dit plus haut, que l'état moléculaire de la pyrite cui- vreuse naturelle influe sur l'intensité du courant thermo-électrique produit, et qu'avec des échantillons différents de cette matière on peut obtenir des effets plus ou moins éner- 4i.. ( 3.6) thermo-électrique des corps, la première étant éminemment positive et la seconde éminemment négative par élévation de température; quant à pré- sent, ce sont celles qui ont présenté les effets les plus énergiques. On devrait rlonc penser qu'en associant ces deux corps on pourrait construire des piles thermo-électriques assez puissantes. Mais si l'on remarque que l'on n'a pas toujours à sa disposition des échantillons de pyrite cuivreuse assez volu- mineux et qu'on ne peut les travailler avec facilité, mais qu'au contraire \\ est facile de donner par la fusion toute sorte de formes au sulfure de cuivre, on doit en conclure qu'il est préférable de construire simplement les piles thermo-électriques en associant le protosuif tire de cuivre au cuivre, quitte à leur donner un nombre d'éléments un peu plus grand pour compenser la substitution du cuivre à la pyrite comme substance négative par élévation de température. » Une des difficultés que l'on rencontre dans l'emploi du sulfure de cuivre obtenu dans l'état particulier dont il a été fait mention pins haut, c'est son faible pouvoir conducteur; cependant, à mesure que la tempéra- ture s'élève, ce pouvoir conducteur augmente, et du reste l'on peut donner aux plaques ou aux barreaux de sulfure des dimensions suffisantes pour compenser leur défaut de conductibilité; d'un autre côté, les piles thermo- électriques en raison de cela donnent des courants qui franchissent plus facilement les circuits résistants. " Pour donner une idée des effets que l'on peut obtenir avec des piles thermo-électriques de cette nouvelle forme, je citerai les résultats suivants : » J'ai disposé une pile thermo-électrique de lo éléments dont chaque couple était formé par un barreau cylindrique de sulfure de cuivre fondu de lo centimètres de longueur sur i centimètre de diamètre, portant un fil de cuivre rouge enroulé à chaque extrémité et placé dans une petite éprouvette en verre. L'extrémité inférieure de ces couples plongeait dans une petite auge en cuivre formant bain de sable, de sorte que, les couples étant placés près l'un de l'autre, on pouvait porter simultanément une de leurs extrémités à une température de 3oo à 4oo degrés environ; l'extré- mité supérieure est restée dans l'air. Le bain de sable ayant été échauffé giques; car, avec une plaque (]ue j'ai eue à ma disposition, j':ii obtenu des nombres moindres que ceux qui sont cités par M. Bunsen pour exprimer le ])oiivoir tlicruio-cleciriijup de cette matière. Ce qui peut le faire supi)oser, c'est que l'clat moléculaire particulier que possède la pyrite cuivreuse, et qui lui donne son pouvoir thermo-électrique négatilélevé, se perd en i^randf parlic par la fusion, comme on l'a vu précédemment. ( 3'7 ) an moyen d'un petit fourneau longitudinal à gaz, on a en uu cuurant électrique qui est devenu bientôt constant et a présenté une force électro- motrice à peu près égale à celle d'un élément de pile à sulfate de cuivre. On a pu s'en servir pour décomposer rapidement une dissolution de sulfate de cuivre et pour faire fonctionner le relais d'un appareil télégraphique, c'est-à-dire absolument comme on l'aurait fait dans les mêmes condi- tions avec un élément hydro-électrique de même résistance et de même force électromotrice. » Cette pile ne pouvait donner le maximum d'effet, parce que la dispo- sition longitudinale des barreaux et leur peu de longueur n'ont pas permis de refroidir les extrémités laissées dans l'air. Il est préférable de construire chaque couple de sorte que l'une de ses exli'émités puisse être refroidie ou maintenue à la température ordinaire. On jjeut les disposer alors, comme l'a fait M. Ruhmkorff pour les couples que je présente à l'Académie, au moyen de plaques de sulfure de cuivre de 9 centimètres de longueur sur 4 de largeur et 8 millimètres d'épaisseur, encastrées à leurs extrémités par des montants en cuivre rouge qui sont en relation avec des tiges massives de même métal. Les tiges en rapport avec les extrémités des couples qui doivent être échauffées sont horizontales, et en élevant leur température à l'aide de la flamme du gaz, on échauffe par conductibilité l'extrémité cor- respondante de la plaque de sulfure. Les autres tiges sont verticales, et plon- geant dans de l'eau à la température ordinaire ou dans de la glace, servent à maintenir la seconde extrémité des plaques à une basse température. » J'ai voulu seulement communiquer aujourd'hui quelques-uns des résultats que j'ai obtenus en étudiant le dégagement de l'électricité par l'action de la chaleur, et surtout faire connaître la nouvelle pile thermo- électrique indiquée plus haut. Je me réserve de présenter plus tard à l'Aca- démie des piles thermo-électriques d'un certain nombre d'éléments con- struites d'après ces principes, ainsi que le travail complet que j'ai fait sur ce sujet, travail qui est relatif aux intensités des courants électriques déve- loppés dans un certain nombre de circuits mixtes par des différences déter- minées de température de leurs points de jonction. » PHYSIQUE. — Dissociation de l'oxyde de carbone^ des acides sulfureux, chlor- Itydrique et carbonique; décomposition de l ammoniaque; par M. H. S-4i.\te- C1.AIRE Deville. port sur te Mémoire de MM. H. Tresca et C. Laboitlave, inlilulé : Recherches expérimentales sur la théorie mécanique de la chaleur. (Commissaires, MM. Regnault, Piobert, Combes, Bertrand, Morin rapporteur.) « L'Académie nous a chargés d'examiner le Mémoire qui lui a été pré- senté, dans la séance du 22 février 1864, par MM. H. Tresca et Laboulaye, et qui a pour objet la discussion des résultats d'expériences nouvelles, rela- tives à la théorie mécanique de la chaleur, exécutées au Conservatoire des Arts et Métiers. » Depuis 1834, époque à laquelle Sadi Carnot, capitaine du Génie, publia ses Réflexions sur la puissance du Jeu et appela sur la production de travail mécanique due à la chaleur l'attention des physiciens et des mécaniciens, de nombreux Mémoires ont été écrits ou publiés, des expériences multi- pliées ont été faites pour établir le véritable rapport entre le travail méca- nique et les quantités de chaleur qui lui correspondent. » Tous les mécaniciens éclairés ont admis comme un principe incontes- table que la chaleur est une source de travail, et qu'il devait exister, entre les quantités de chaleur développées ou consommées et le travail mécanique produit, des relations qui liaient ensemble ces deux phénomènes, regardés jusqu'alors comme à peu près distincts et d'ordres différents. » Mais Sadi Carnot, esprit spéculatif plutôt qu'observateur, n'avait pas soumis ses idées et ses conclusions au creuset de l'expérience, et, poussant trop loin ses déductions, il était tombé dans une erreur grave, qui semblait conduire à admettre que le travail mécanique pouvait être produit sans consommation ou sans disparition d'une certaine quantité de chaleur. » Carnot se trompait, en effet, quand il disait (p. 10 et 1 1) : " La production de la puissance motrice est due, dans les machines à )> vapeur, non à une consommation réelle du calorique, mais à son transport » d'un corps chaud à un corps froid, c'est-à-dire à son rétablissement d'é- » quilibre, équilibre supposé rompu par quelque cause que ce soit. « )i Cette conclusion est inexacte et démentie par foutes les expériences modernes. 11 convient même d'ajouter qu'en ce qui concerne la machine à ( 3-7) vapeur, le raisonnement de l'auteur n'est pas plus vrai pour les machines à pleine pression que pour les machines à détente, et qu'il y a seulement à étahlir entre elles cette diftérence que, pendant la période de détente, la communication avec la chaudière, source continue de la chaleur motrice, étant interrompue, l'abaissement de température et la transformation de la chaleur eu travail sont aussi évidents que quand il s'agit d'un gaz qui se dilate, tandis que, pendant la période d'admission à pleine pression, la vapeur, qui parcourt les conduits et sert de véhicule à la chaleur, est en conuiiuuication constante avec la chaudière qui, par son intermé- diaire, remplace incessamment dans le cylindre la chaleur transforuiée en travail. » Selon que les proportions des passages et la vitesse du piston le per- mettent, cette restitution de chaleur et le maintien de la pression motrice dans le cylindre qui en est la conséquence sont plus ou moins complets. C'est ainsi que, dans les machines fixes bien proportionnées et dont le piston marche à des vitesses modérées, la pression dans le cylindre pendant la période d'admission ne diffère pas sensiblement de celle de la chaudière, tandis que, dans les machines locomotives, malgré la grandeur des lumières d'admission, la pression dans le cylindre par suite de la vitesse du piston est toujours très-inférieure à celle de la chaudière. » Si quelques expérimentateurs ont cru trouver dans les machines à basse pression une égalité entre la chaleur contenue dans la vapeur formée dans la chaudière et celle que renferme l'eau sortie du condenseur, cela ne peut être qu'une erreur d'observation, que les considérations précédentes ne per- mettent pas d'accepter. » C'est une erreur d'appréciation du même ordre qui a conduit certains ingénieurs à admettre pendant quelque temps que le travail utile d'appareils mus par une machine à haute pression, dont la vapeur d'échappenient était employée à des chauffages, pouvait en réalité être obtenu sans dépense de combustible. » Ces observations sur le point de vue incomplet qui domine dans l'o- puscule si remarquable de Carnot expliquent pourquoi les idées qu'd avait émises ont eu peine à prendre cours dans la science. Il ne lui en restera pas moins la gloire d'avoir posé la question et d'avoir ainsi provoqué les nombreuses études auxquelles elle a donné lieu. » Nous nous abstiendrons, dans ce Rapport, de rechercher la suite his- torique de ces études, auxquelles bien îles physiciens se sont livrés, et nous nous bornerons à faire connaître les procédés d'observation mis en œuvre ( 328 ) par MM. Tresca et I.abowlaye, ainsi que les résultats auxquels ils sont par- venus. » Leur but était de fournir à la science de l'ingénieur une justification simple et nouvelle du principe fondamental de la théorie de l'équivalent mécanique de la chalenr, et d'en déterniincr la valeur dans des conditions jilns variées et pour des limites plus étendues que celles que l'on avait ob- servées jnsipi'à ce jour. » Cependant il ne sera pas inutile d'appeler l'altenlion sur certaines con- séquences peu exactes que l'on a tirées du principe de l'équivalent méca- nique de la clialeur et du travail. » 11 n'est pas rare, en effet, que des faits nouveaux, des doctrines qui, par leur originalité imprévue, vieiuicnt éclairer l'esprit humain, le conduisent à des exagérations, à des conclusions qui dépassent les limites de la vérité. Aussi est-il arrivé que des physiciens distingués ont cru trouver dans ces doctrines et dans les conséquences auxquelles elles donnaient lieu à une contradiction avec les principes et les règles de la Mécanique. Il importe de montrer en quelques mots qu'il n'en est rien. » Les physiciens qui ont regardé les phénomènes mécaniques qui déter- minent ou accompagnent le développement de la chalenr comme une sorte de contradiction des principes qui fervent de liase à la théorie des macbines, ont particulièrement insisté sur les circonstances que présente la consom- mation de travail ol;servée dans le frottement des organes. Mais en contestant que la considération directe de la résistance développée dans ce cas puisse conduire à rendre un compte exact de la différence cpii existe toujours dans une machine entre le travail moteur et le travail utile et en cherch;uit ex- clusivement rexplication des différences observées dans le développement de chaleur qui se produit alors, ils n'ont j)as fait attention que le frottement n'est que la consk|uence et l'indice de l'altération des surfaces ou des en- duits. Cela est si vrai, qu'à mesiu'e que les corps sont plus jiolis on jibis durs, que les enduits soiit plus fluides ou ])lus également renouvelés, l'in- tensité du frottement et le développement de chaleur qui l'accompagne diminuent simultanément. » A l'inverse, quand l'enduit vient à manquer, quand les pressions de- viennent tro|) fortes, le frottement augmente en même temps que la cha- leur, l'altération des surfaces s'accroît, et la chaleur dévelojipée peut s'éle- ver jusqu'à produire la fusion des coussinets ou des boîtes de roues. » Sans doute, si l'on pouvait, dans chaque cas, calculer ou délerminei par expérience la quantité de chaleur qui a été développée dans le glisse- ( 3^9 ) ment d'un corps sur un auîre, et si l'on connaissait bien définitivement la quantité qu'on nomme l'équivalent mécanique de la chaleur, on pourrait, sans se préoccuper de l'intensité des pressions, de la nature des enduits, de leur renouvellement plus on moins régulier, en déduire la quantité de travail qui constitue la différence du travail utile au travail moteur. 1) Mais cette mesure de la chaleur développée, si délicate et si difficile déjà dans les appareils simples des cabinets de physique, ne saurait être réalisée pratiquement quand il s'agit des machines, tandis que les expé- riences spéciales qui ont servi à déterminer les lois approximatives que suit le frottement de glissement dans les différents cas permettent de calculer directement la quantité de travail qui a été absorbée par l'action de cette résistance. » Par suite de la relation que les expériences récentes ont conduit à recon- naîtreentre la quantité dechaleur développée, et celle transmise aux organes des machines et plus ou moins dispersée dans l'espace sans profit industriel, la considération directe du frottement comme résistance passive propre n'apparaît plus, il est vrai, que comme un moyen intermédiaire d'évalua- tion du travail correspondant à cette quantité de chaleur, mais elle n'en constitue pas moins un moyen logique suffisamment exact, approximatif et commode de se rendre compte de la disparition apparente du travail mo- teur, disparition qui n'est en réalité qu'une transformation en chaleur non utilisable dans la grantle généralité des cas. » L'emploi de cette sorte de considération intermédiaire entre le travail correspondant ou équivalent à la quantité de chaleur développée est ici tout à fait analogue au rôle que joue le frottement dans les expériences faites avec le frein de Prony pour mesurer l'effet utile ou ce qu'on nomme le rendement d'un récepteur de travail moteur. Le frottement exercé à la cir- conférence du collier du frein n'entre pour rien dans le calcul des résultats définitifs des expériences, mais il fait équilibre, d'une part à la puissance, et de l'autre à la résistance, et sert à établir l'égalité du travail utilisé par le récepteur et du travail correspondant à l'élévation fictive de la charge du frein. Ce que nous venons de dire du frottement de glissement s'applique également au roulement des corps les uns sur les autres, soit qu il y ait dans cette action broiement, séparation des molécules des corps, ou simple altération de leur élasticité, soit même que leur élasticité reste intacte après le passage des corps roulants. » Dans tous ces cas, la détermination directe de la résistance et du fra- C. R., i865, I" Semestre. (T. LX, N" 7.) 43 ( 33o ) vail qu'elle consomme est la seule mesure possible des effets des phénomènes plus ou moins complexes qui s'accomplissent et qui sont accompagnés d'un développement de chaleur inconnu. » Enfin, lors même que l'élasticité n'est pas altérée au moment du con- tact, comme les éléments des corps roulnnts et ceux de la voie pai'coiunie ne reprennent leur forme et leur température primitive qu'après le passage, la puissance motrice n'en a pas moins consommé une certaine quantité de travail non utilisée pour produire les compressions et les développements de chaleur qui en sont la conséquence et qui constituent le déficit de tra- vail occasionné par le roulement. » Pareille chose peut encore être dite des consommations de travail cau- sées par les chocs, et qui se manifestent à la suite des compressions, des allongements, des flexions qu'ils déterminent. Par la considéiation des pertes de force vive qui se produisent alors, le calcul permet de déterminer les consommations de travail qui en sont la conséquence, et qui ont été transformées en quantités de chaleur non utilisées, et qu'on ne peut mesurer dans les machines. M Ajoutons enfin qu'il n'existe dans la nature, ni corps parfaitement polis et incompressibles, qui, après avoir été soumis à des pressions accom- pagnées de glissement ou de roulement, soient inaltérés dans leurs surfaces ou dans leurs formes, ni enduits parfaitement fluides, et que le travail mo- léculaire qui résulte de ces efforts ne peut jamais être considéré comme nul, sans qu'il en soit de même des quantités de chaleur cpii en seraient l'équi- valent. » Les considérations basées sur de semblables hypothèses, en contradic- tion manifeste avec les conditions de la constitution des corps de toute na- ture, loin de jeter du jour sur la question, ne peuvent servir qu'à rendre obscur le principe que toutes les exjiériences tendent à rendre évident et incontestable, à savoir : que toute production de travail est la conséquence d'une consommation de chaleur qui en est l'équivalent, et que toute con- sommation apparente ou latente de travail est la conséquence du dévelop- pement d'une quantité de chaleur qui lui est également proporlioiuielle; les léciproques de ces propositions fondamentales étant également vraies. •) C'est ainsi que l'idée de l'équivalent mécanique de la chaleur, en s'af- firmant de plus en plus, ne modifie en rien ni les principes, ni les lois, ni les formules de la dynamique. » Mais si le |)rincipe est aujourd'hui corroboré par de nouvelles et ingé- nieuses expériences faites par d'autres physiciens, et s'il est généralement ( 33i ) admis qu'il existe entre les quantités de chaleur dépensées ou dévelop.pées, et le travail qui leur correspond, un rapport constant que l'on nomme l'é- quivalent mécanique de la chaleur, la diffictdté que présente la détermina- tion de ce rapport n'a pas encore permis d'en fixer la valeur d'une manière certaine et tout à fait incontestée. » Les expériences de cette nature sont en effet fort délicates, et tons les corps ne se prêtent pas également à leur exécution. » Dans les solides, le développement de la chaleur est toujours accom- pagné de mouvements, de déplacements, et par suite d'actions moléculaires qui absorbent, sous le nom de travail intérieur, une portion notable et inconnue jusqu'ici du travail correspondant à la quantité de chaleur mise enjeu, et dès lors le rapport entre cette quantité de chaleur et le travail, cal- culé d'après le changement de la forme extérieure, ne peut être déterminé avec exactitude. Aussi, toutes les expériences exécutées sur les déformations des solides et les calculs directs que l'on peut établir à l'aide de la connais- sance de leur coefficient d'élasticité, de leur dilatation et de leur chaleur spécifique, ne sauraient-ils conduire à des résultats exacts. » Des effets analogues se produisent, quoique à un degré sensiblement pli\s faible, lorsque l'on opère sur des liquides, parce que les résistances mo- léculaires qui sont mises en jeu dans leurs déformations ont une intensité bien inférieure à celle des solides. Mais il n'en résulte pas moins une réelle incertitude sur les résultats obtenus en opérant sur l'eau et sur le mer- cure. » Les résultats des expériences nombreuses qu'un savant et persévérant ingénieur a faites sur des machines à vapeur, en cherchant à déterminer la quantité de chaleur qui se transforme en travail moteur dans les parcours de la vapeur, depuis la chaudière jusqu'au condenseur, sont aussi, malgré tous les soins de l'auteur, sujettes à une incertitude analogue. Une partie ^ très-notable du travail de la chaleur est absorbée par les frottements, par les ébranlements de l'appareil, en même temps qu'iuie portion non moins im- portante de la chaleur introduite par la vapeur est dissipée dans l'espace. Ce sont là des causes d'incertitude et d'erreur auxquelles tout le talent et toutes les précautions de l'observateur le plus habile ne sauraient échapper com- plètement. » Les gaz, par suite de la mobilité de leui s éléments, se prêtent beaucoup mieux aux observations dont il s'agit, et leur emploi permet d'étendre les expériences à des quantités de chaleur et de travail considérables, ce qui peut assurer aux évaluations une plus grande exactitude. 43.. u ( 332 ) » Mais pour montrer aux ingénieurs que les résultats des expériences Faites dans les cabinets de physique peuvent être étendus aux phénomènes que présentent les grands appareils de l'industrie, il était nécessaire que la détermination de l'équivalent mécanique de la chaleur fût faite à l'aide d'expériences où les températures, les quantités de chaleur développées aient varié dans des limites beaucoup plus étendues que celles qui ont été obtenues jusqu'à ce jour, afin de donner à cette valeur un degré de certitude et de précision que ne pouvaient fournir celles qui étaient déjà connues. « Si l'on se reporte, en effet, aux expériences du savant physicien auquel on doit les premières déterminations de l'équivalent mécanique de la cha- leur, l'on voit que les différences de températures observées ont été dans les expériences : Degrés centigrades. Sur le frottement de l'eau contre une roue à palettes, — — — — par M. Joule (1845 et iSSy), en moyenne, de o,32o Sur le froitenient du mercure contre une roue à palettes, -• par M. Joule (i85o), en moyenne, de o,5o8 à i,34o Sur le frottement du fer sur le fer dans le mercure, par M. Joule (i85o), en moyenne, de 2,87 et 0,84 » Or, en considérant dans quelles limites restreintes cet habile physicien a opéré, et en songeant à toute la délicatesse de ces expériences, on se de- mande ce que l'on doit le plus admirer de l'ingéniosité dos recherches ou de la hardiesse avec laquelle leur auteur a osé, par une sorte d intuition, baser sur des observations si restreintes la généralité de la loi et la valeur mérae de l'équivalent mécanique de l'unité de chaleur. » Cette remarque n'a nullement pour but d'atténuer le mérite des belles recherches de M. Joule, auquel revient incontestablement, selon nous, rhonneur d'avoir le premier assigné une valeur très-probablement voisine de l'exactitude à cet équivalent mécanique de l'unité de chaleur ; mais elle justifie ce que nous venons de dire de l'utilité d'expériences failes sur une échelle plus grande ou sur des variations de température bien plus éten- dues, afin de donner à la démonstration plus de généralité, et à la détermi- nation expérimentale plus de certitude. » Il convient en effet de remarquer que dans ces recherches où la valeur de l'équivalent mécanique de la chaleur est donnée par le rapport du tra- vail développé, toujours facile à déterminer et généralement assez grand, a une variation de température ordinairement assez faible, de légères erreurs d'observation sur cette dernière quantité peuvent jeter beaucoup d'incerti- tude sur la valeur cherchée. ( 333 ) a Les variations de jDression et de température qui se produisent lorsque de l'air ou un gaz quelconque, soumis dnns un récipient à une pression plus ou moins considérable, s'écoule dans l'atmosphère, ont depuis longtemps appelé l'attention des physiciens. Les observations ont eu dans l'origme pour principal but de déterminer les valeurs absolues et le rapport de la capacité des gaz pour la chaleur quand ils sont maintenus à pression con- stante, ou qu'ils conservent un volume constant. » Clément Desormes entreprit à ce sujet, à la demande de M. de Laplace, des recherches dont les résultats ont été présentés à l'Institut en 1812, et dans lesquelles il opéra avec un récipient qui n'avait qu'ime capacité de 10 litres. « MM. Gay-Lussac et Welter renouvelèrent l'expérience et parvinrent à une appréciation plus exacte du rapport de ces capacités. » Plus récemment M. Cazin, professeur de Physique, a repris celte re- cherche, et, pour échapper, autant qu'il le pouvait, aux difficultés que les dimensions, forcément trop restreintes, des appareils ordinaires de phvsique apportent à la détermination exacte des résultats, et aux perturbations dont il est souvent impossible d'apprécier la cause, d a opéré à l'aide de réci- pients contenant 60 litres de gaz. Mais malgré tous ses soins et l'ingéniosité de ses moyens d'observation, il n'a pu complètement éviter ces incertitudes, par suite de la grandeur relative de l'orifice d'écoulement de son appareil et de quelques autres circonstances. )) Plus favorisés par les moyens dont ils disposaient au Conservatoire des Arts et Métiers, MM. Tresca et Laboulaye ont pu opérer avec des récipients de plus de 3ooo litres de capacité, et, par conséquent, bien plus considéra- bles que tous ceux qu'on avait employés avant eus; et en produisant l'écou- lement de l'air par un orifice relativement très-petit, ils ont rendu le mou- vement de détente opéré dans leur récipient tellement lent, que son influence sur les résultats est devenue à peine sensible. » Des expériences ayant aussi pour objet la détermination des deux ca- pacités des gaz pour la chaleur en la déduisant d'observations faites sur la vitesse du son, et qui ont été poursuivies avec persévérance sur une grande échelle par notre confrère, M. Regnault, conduiront sans doute à des dé- terminations précises que les amis de la science accueilleront avec le plus grand intérêt. » Placés à un autre pouit de vue, les auteurs dont nous avons dû exami- ner le travail, désireux de propager parmi les ingénieurs, et à l'aide d'expé- riences où les phénomènes mécaniques ordinaires jouent le principal rôle, ( 334) la doctrine nouvelle et si imporlaiito des rapports cpii lient la chaleur et le travail mécanique, ont cru devoir suivre la direction déjà adoptée par quel- ques-uDs de leurs prédécesseius, en modifiant les procédés d'observation et le mode de discussion des résultats. » Par la grandeur des volumes mis en jeu, par les limites étendues de pression et de variations de températures dans lesquelles ils ont opéré, ils ont éclia|ipé eu partie aux difficultés que nous avons signalées, et par le soin qu'ils ont apporté à tenir compte de toutes les circonstances essentielles des phénomènes observés, ils ont pu parvenir à des déterminations qui, en étendant le champ de la vérification de la loi de Physique mécanique qu'ils étudiaient, ont en même temps fourni une valeur très-approchée de la quantité cherchée, et montré sa constance. » La description du procédé d'expérimentation adopté par les auteurs nous entraînerait au delà des limites d'un Rapport ; on la trouvera d'ailleurs complète dans le Mémoire et dans les dessins qui l'accompagnent, et nous nous bornerons à dire en termes généraux qu'il consistait à comprimer à l'avance jusqu'à plusieurs atmosphères de l'air desséché à la chaux dans un réservoir cylindrique, à bases hémi-sphériques, en forte tôle et de 3'"'^,2o8 de capacité. » Lorsque la tenqwratiu'e était devenue invariable, en ouvrant rapide- ment, et pendant 5 secondes ordinairement, un robinet placé dans l'axe du cylindre, ou laissait échapper une certaine quantité d'air. La température de l'intérieur du réservoir s'abaissant, on pouvait déduire de sa connais- sance une relation entre les variations des températures et des pressions de l'air contenu dans le réservoir qui conduisait à la valeru- cherchée de l'équi- valent mécanique. » Pour échapper à la difficulté et aux incertitudes de la mesure directe des tenqjératures variables de l'air dans le réservoir, les auteurs y ont sub- stitué celle des pressions, au moyen d'un tube barométrique à siphon dans lequel on observait les hauteurs des colonnes de mercure à l'aide de deux calhétomètres. Ce tube était muni d'un flotteur et d'un contre-poids porteur d'un style, qui traçait sur luie glace enfumée, animée d'un mouvement uni- forme connu, une courbe qui doiuiait la valeur et la loi de la variation de la prtssiou. Puis, à l'aide de la loi de Gay-Lussac combinée avec celle de ÏNlariotte, oii en déduisait ensuite facilement celle des températures. » Immédiatement après la fermeture du robinet, la température et la pression intérieiue du réservoir croissaient, leur marche était de même indi- quée par le style du tube barométrique, et quand elles étaient levcnues à ( 335 ) un état stable correspondant à la températnre primitive, mais à une pression moindre, on faisait immédiatement une nouvelle expérience, dans laquelle la pression initiale était précisément la pression finale de l'expérience pré- cédente. » Ces observations répt'tées se succédaient avec assez de rapidité à des intervalles de temps égaux pour que, dans une même séance, avec des con- ditions identiques de pression atmosphérique et de température extérieure, on ait pu en exécuter dix en faisant varier la pression intérieure du réser- voir de 2''"",9g4 à i atmosphère environ, et produire des abaissements suc- cessifs de température qui, ajoutés ensemble, donnaient un abaissement total de io2°,i3, auquel correspondait le développement de 220 calories ou unités ce chaleur. Quant au travail de délente de l'air pendant ces séries d'observations, il s'est élevé à qSooo kilogranmiètres. » Mais si, après chaque expérience, la température intérieure du réser- voir revenait à celle de l'air extérieur par suite de la conductibilité des pa- rois, il était évident que, pendant la durée de chaque période d'écoule- ment, si courte qu'elle ait été, cette paroi devait restituer à l'air intérieur une portion delà chaleur transformée en travail ])our produire la détente du gaz. Il était donc indispensable de tenir compte de cette restitution et d'en connaître la loi. » C'est ce que le mode d'expérimentation adopté permettait de faire, puis- que chaque péiiode d'écoulement était suivie d'une période de réchauffe- ment assez longue pendant laquelle l'équilibre de température se rétablis- sait et dont la loi géométrique était donnée par une courbe tracée par l'appareil lui-même. » Pour procéder avec plus de sûreté et se baser sur une loi plus générale, les auteurs ont fait des observations spéciales dans lesquelles ils ont pro- longé la durée de l'écoulement et du refroidissement, en observant ensuite la marche du réchauffement, ce qui les a conduits à constater que la loi indiquée par Newton sur la proportionnalité de la chaleur transmise et de la différence des températures intérieure et extérieure était d'une exactitude suffisante^ au moins dans les limites des données de leurs expériences. n Cette vérification, intéressante au point de vue de la théorie de la cha- leur, fait l'objet d'une Note annexée à leur Mémoire. « C'est d'ailleurs pour rendre la correction à faire aux résultats immé- diats de chacune des expériences partielles encore plus voisine de l'exacti- tude, que les auteurs ont limité la durée de chaque écoulement à quelques ( 336 ) secondes, et ont eu soin de laisser chaque fois l'équilibre de température se rétablir, avant de procéder à une nouvelle observation. » En réfléchissant à la marche générale des expériences, on voit que 1 air contenu à l'origine de chacune d'elles peut être considéré comme partagé, par le fait de l'écoulement, en deux parties : l'une, la principale et de beau- coup la plus considérable, qui a éprouvé un refroidissement et une détente correspondant à l'expulsion de l'autre. Cette dernière, bien moindre, s'est détendue, s'est refroidie, à son passage dans l'atmosphère, suivant des lois dont on ne se préoccupe pas, les seuls effets qu'on étudie étant ceux qui se manifestent dans la première. )) Celle-ci, en se détendant, a certainement éprouvé des mouvements moléculaires, des résistances de la part des parois, mais tous ces mouve- ments ont eu si peu d'amplitude et de vitesse, par suite de la grandeur de Ja section du réservoir par rapport à celle de l'orifice, qu'on a cru pouvoir négliger ces pertes dans le mode de calcul employé. » A l'aide des précautions et des corrections que nous venons d'indi- quer, les auteurs sont parvenus à déduire de leurs expériences pour la va- leur de la quantité de travail équivalente à chaque unité de chaleur dépen- sée le nombre 433. I) Il n'est pas inutile peut-être de remarquer que, si cette valeur est un peu supérieure à celle queM. Joule a déduite de ses expériences sur la chaleur développée par le frottement dans les liquides, cela pourrait peut-être être attribué à ce que ce savant physicien a dû, comme nos auteurs, faire abs- traction du travail consommé par les résistances moléculaires pour les li- quides, lequel est nécessairement bien supérieur à celui que consomme l'air atmosphérique. 1) La partie mathématique du Mémoire de MM. Tresca et I.aboulaye re- pose sur l'hypothèse même de l'équivalence entre les quantités correspon- dantes de chaleur et de travail. L'expression qu'ils en déduisent pour la va- leur de l'équivalent mécanique de la chaleur conduit dans chaque cas à des valeurs numériques très-peu différentes les unes des autres. » La formule à laquelle ils sont conduits par leur hypothèse peut être ramenée à une autre formule connue que Poisson avait établie dans sa théorie de l'écoulement des gaz, à une époque bien antérieure à celle où la notion de l'équivalent mécanique de la chaleur commençait à s'introduire dans la science. » Il est remarquable cependant que la recherche de la différence de va- ( 337 ) leur de la capacité des gaz pour la chaleur lorsqu'ils sont maintenus à pression constante avec un volume variable, et de leur capacité lorsque leur pression varie et que leur volume reste le même; il est remarquable, disons-nous, que celte question, qui contenait implicitement toute la théorie nouvelle de l'équivalent mécanique de la chaleur, ainsi que l'a montré depuis d'une manière si claire M. Masson, dans son Mémoire de i858, n'ait pas conduit immédiatement des physiciens et des géomètres comme M. de LapJace et M. Poisson à cette tliéorie si importante au point de vue phi- losophique de la science. Aussi, ne saurait-on vraiment trop admirer cette puissance d'investigation qui a permis à l'illustre géomètre de devancer ainsi les découvertes expérimentales , et qui fait aujourd'hui utiliser ses formules jusque dans la solution d'une question qu'il n'avait même pu en- trevoir. Cette réflexion nous ramène à notre point de départ, et nous montre avec une nouvelle évidence que les méthodes de la Mécanique ra- tionnelle conservent loute leur autorité, même lorsqu'on veut considérer les phénomènes au point de vue de la nouvelle théorie. » En résumé, les procédés ingénieux d'expérimentation employés parles auteurs du Mémoire que nous examinons, en présentant un nouvel exemple de l'utilité des tracés graphiques pour de semblables recherches, les ont conduits à des conclurions dont les principales sont : I) 1° Une vérification, entre des limites beaucoup plus étendues que celles qui avaient été atteintes jusqu'à ce jour, de la théorie de l'équivalent mécanique de la chaleur ; » 2° Une vérification de la loi de Newton, relative à la transmission de la chaleur à travers des parois exposées de part et d'autre à des températures différentes; » 3° Une méthode directe et nouvelle d'établir la relation hyperbolique trouvée par Poisson entre la pression et le volume des gaz, en tenant compte de la différence des capacités pour la chaleur. » Non contents de ces premières recherches déjà fort remarquables, les au- teurs se proposent de les continuer en les étendant et en letu- donnant un nouveau degré de précision. Mais leur travail actuel, par l'originalité des moyens d'observation, par l'étendue des données, présente déjà, pour la théorie mécanique de la chaleur, une assez grande importance pour que nous proposions à l'Académie d'en ordonner l'insertion dans le Recueil des Savaiits étrangers. » L'Académie ne saurait, en effet, trop encourager de semblables re- C. R., iS65, i" Semestre. (T. LX, N" 7.) ^^ ( 338 ) cherches, qui, en jetant la lumière certaine de l'expérience sur les phéno- mènes qui lient les transformations réciproques du travail et de la chaleur, manifestent de plus en plus cette grande loi do la nature, que rien dans les œuvres de la création ne se perd ni ne se détruit; que le mouvement, le travail mécanique, la force vive, la chaleur, de même que la matière, ne disparaissent à nos faibles yeux, n'échappent à nos moyens de mesure que par suite de l'impossibilité où nous sommes de saisir ou de constater leurs transformations, mais qu'au contraire ils sont éternels comme leur éternel auteur. » Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. MÉMOIRES PRÉSENTÉS. M. Cloquet présente, au nom de M. Letellier, médecin à Taverny, un travail ayant pour titre : « Expériences nouvelles sur les champignons vé- néneux, sur leurs poisons et leurs contre-poisons ». Ce Mémoire est destiné au concours pour les prix de Médecine et de Chi- rurgie de i865. M. Flandrin adresse la description détaillée et uti dessin complet d'un moteur nouveau fonctionnant à l'aide du gaz ammoniac, moteur dont il avait, pour prendre date, fait l'objet d'une communication antérieure. Ces pièces sont renvoyées à l'examen des Commissaires déjà dési- gnés : MM. Regnault, Morin, Combes. M. Ch. Tellier présente une Note intitulée : « Application industrielle de l'ammoniaque à la production du vide ». Il annonce que cette pièce est la reproduction de celle qu'il avait adressée, le 3o janvier, sous pli cacheté, en demandant que ce pli fût ouvert dans la séance du 6 février. Ce jour était celui de la séance publique. L'auteur pouvait l'ignorer; mais il était tenu de renouveler sa demande dans la séance où il désirait que son paquet ca- cheté fût ouvert. La nouvelle Note, qui a pour objet l'emploi du vide dans des ques- tions d'hygiène publique, est renvoyée à l'examen de MM. Boussingaull et Payen. M. Francisque, qui avait annoncé l'intention de soumettre au jugement ( 339) de l'Académie un nouveau système d'harmonie, adresse aujourd'hui un Mémoire très-étendu intitulé : « le Secret de Pythagore dévoilé, ou Ij Clef de la science musicale ». (Renvoi à l'examen de MM. Duhamel et Edm. Becquerel.) I^'Académie des Beaux-Arts sera invitée à adjoindre à cette Commission un ou plusieurs de ses Membres. PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Mémoire sur les chaleurs latentes ; par M. A. Dupré. ( Commissaires précédemment nommés : MM. Regnault, Bertrand.) « Le Mémoire que j'ai l'honneur de soumettre au jugement de l'Acadé- miej dit l'auteur dans son introduction, se compose de trois parties. » Dans la première, je donne les lois de première approximation que je compare avec les résultats dus à M. Regnault; elles sont fort simples et se vérifient aussi bien que les lois de Mariotte et de Gay-Lussac sur les- quelles leurs démonstrations reposent. Les différences relatives entre les valeurs observées et les valeurs calculées vont même rarement jusqu'à o,i, comme cela arrive pour la loi de Mariotte appliquée à l'acide carbonique sous de hautes pressions. » Dans la deuxième partie, je procède à une seconde approximation, ce qui exige le remplacement des lois de Mariotte et de Gay-Lussac par la loi des covolumes. Au moyen des chaleurs latentes à deux températures con- venablement choisies, on détermine pour chaque substance le covolume et le coefficient de dilatation, après quoi on peut calculer les chaleurs latentes aux diverses températures et les comparer avec les nombres que donne M. Regnault. Les différences peuvent être attribuées aux erreurs d'expé- riences, et, pour compléter les vérifications souhaitables, il reste seulement à regretter que la science ne possède point de mesures directes des covo- lumes et des coefficients de dilatation par les forces élastiques à volume constant. » La troisième partie renferme les réflexions générales et des consé- quences déduites des calculs contenus dans les deux premières. » 44- ( 34o ) GÉOMÉTRIE. — Sur tes surfaces à courbure constante négative, et sur celles applicables sur les surfaces à aire minima. Note de M. Ulysse Dixi. (CoiDinissaiies, MM. Bertrand, Serret, Bonnet.) « Dans la Note (jiie j'ai l'honneur de présenter aujourd'hui à l'Acadé- mie, je réunis les résultats les plus remarquables de quelques-unes de mes études sur les surfaces à courbure constante, et sur celles applicables sur les surfaces à aire minima. Ces résultats sont les suivants ; » 1° Parmi les hélicoïdes à courbure constante négative ;> il y en a dont le profil générateur est une courbe aux tangentes de longueur con- stante y n} — ^, h étant le pas coinmun des hélices décrites par les dif- férents poinis du profd. Les hélicoïdes correspondant à toutes les valeurs (le h comprises entre o et 27:^7, qui sont par conséquent en nombre infini, ont tous la même courbure ;» et sont tous applicables sur celui qui correspond à h = o, et qui n'est que la surface de révolution trouvée par M. Liouville. « On parvient à ce théorème en cherchant à réduire l'élément linéaire des siu'faces hélicoïdales à la forme de l'élément linéaire des surfaces à coin- bure constante négative. « 2° La classe des surfaces applicables sur celles à aire minima est con- stituée par les surfaces développées de celles à courbure constante négative et par les surfaces gauches dont l'élément linéaire peut se réduire à la forme cls^ = dit" ^ [a- ^ a-) dv- . M Ce théorème se déduit de celui de M. Weingarten sur les surfaces applicables. (Voyez Journal de Crelle, t. LIX.) » 3° Parmi les surfaces gauches applicables sur les surfaces à aire mi- nima, il y a les hélicoïdes engendrés par une droite qui se meut en s'ap- puyant sur une hélice et en faisant un angle droit avec elle et un angle quelconque constant avec les arêtes du cylindre sur lequel celte hélice est tracée. » On démontre ce théorème en cherchant la forme de l'élément linéaire de ces hélicoïdes. » 4" T'^^s hélicoïdes du ihéorème précédent peuvent être considérés 1 341 ) comme les surfaces lieux des normales à uu hélicoïde quelconque suivant une même hélice. * « Cette propriété résulte de l'observation que les surfaces à un hélicoïde quelconque suivant une même hélice font im angle constant avec les arêtes du cylindre sur lequel l'hélice est tracée. « Ce théorème me conduit au suivant : " 5° Les hélicoïdes développables sont les seuls qui jouissent de la pro- priété que les surfaces lieux de leurs normales suivant chacune des hélices soient applicables sur le même hélicoïde gauche à plan directeur, et par conséquent applicables l'une sur l'autre. » ÉCONOMIE RURALE. — Filature de la soie du nouveau Bomb/cide sénégalais. Extrait d'une Note de M. Gcérin-Méxeville. (Commissaires, MM. Milne Edwards, Blanchard.) « J'ai présenté le mois dernier à l'Académie une Note sur ce nouveau Bombycide : j'ai montré que le poids de trois de ses cocons équivaut à celui de sept cocons du Mûrier, et j'ai ajouté qu'ils poiu-raient être dévidés en soie grége ou continue, comme les cocons naturellement ouverts de l'Ai- lante, du Ricin, etc. Aujourd'hui j'apporte la réalisation pratique de ce dévidage en plaçant sur le bureau de l'Académie un échantillon de belle soie obtenue de ces cocons par M. le D'' Forgemol, inventeur d'une mé- thode de dévidage de toutes les espèces de cocons ouverts, dont la fdature ordinaire ne peut tirer aucun parti. » Grâce à la bienveillance de M. le directeur et créateur de l'Exposition permanente des productions de nos colonies, qui a mis à ma disposition quelques cocons du nouveau Bombycide du Sénégal, j'ai pu en remettre seize à M. le D"' Forgemol qui en a obtenu une soie grége aussi belle, saut la couleur, que celle du ver à soie ordinaire, et semblable à celle que l'on obtient, en Chine et dans l'Inde, des vers à soie du Chêne, de l'Ailante, etc. » Voici quelques extraits de la Lettre que M. Forgemol m'a écrite en m'adressant cet échantillon : » Ces cocons, envoyés à Lyon, n'ont pu y être dévidés, m'avez-vous dit ; » eh bien, je vous envoie un échantillon de soie grége retirée par mon pro- .. cédé. C'est la preuve la plus convaincante qu'cà Lyon on s'est parfaite- )) ment trompé. La soie que je vous adresse est fdée à cinq brins ; elle est » brillante et (rès-solide. Cependant, en la dévidant, on reconnaît que les ( 34^ ) >' brins sont gros, La meilleure soie se trouve, dans ces cocons comme » darts tous les autres, dans la partie moyenne. Les seize cocons vides que » vous m'avez remis pesaient g^'^j^S; l'écheveau de soie pèse 2 grammes; il >) y a 6'^',75 de décliot, dont la plus grande partie pourra être utilisée M comme bourre. » » Je ne saurais trop le répéter, il est fort à désirer que les études faites au Sénégal dans le but de chercher à y développer la production de cette ma- tière textile soient couronnées de succès, car, depuis que la crise coton- nière et l'épidémie des vers à soie ordinaires ont amené une disette de ma- tières textiles, nos fabricants appellent de tous leurs vœux la production de ces nouvelles soies. M Qu'il me soit permis, en terminant, d'ajouter que de louables efforts sont faits tous les jours pour ramener la prospérité dans noire belle indus- trie de la soie par l'introduction de graines saines du ver à soie ordinaire, que l'on va chercher au Japon. Environ 800 onces de ces œufs, venus de Yoko-hama, vont être distribuées par M. Renard, qui désire ainsi, comme la Société impériale d'Acclimatation, venir en aide à nos sériciculteurs, presque complètement privés de récoltes depuis près de quinze ans. » 31. Netter adresse de Strasbourg trois nouvelles observations se ratta- chant à sa communication du 19 décembre dernier « sur l'importance de l'élément buccal dans la fièvre typhoïde... ». (Commissaires précédemment nommés : MM. Rayer, Bernard, Cloquet.) -M. Garrère présente une Note intitulée : « Création d'un nouveau trièdre beaucoup plus parfait que le trièdre supplémentaire ». M. Serret est invité à prendre connaissance de cette Note et à faire savoii à l'Académie s'il y a lieu de la soumettre à l'examen d'une Commission. M. Millet communique quelques détails concernant des œufs qui étaient fixés sur un morceau de cercle de barrique trouvé en mer par M. le capi- taine Fremont, et envoyés par lui au Jardin d'Acclimatation. Les œufs, plongés dans l'eau de mer, ont repris leur forme, et on a pu voir qu'ils étaient portés par des fils élastiques enveloppant tout le morceau de bois, et représentant une sorte de feutre que M. Millet suppose produit par le poisson qui a pondu les œufs. ( 343 ) Ces œufs ont été trouvés par i4°'5' latitude Nord et 20°3o' longitude Ouest. MM. Valenciennes et Coste sont invités à prendre connaissance de ce spécimen et de la Lettre qui l'accompagne. CORRESPONDANCE. M. LE Ministre de la Guerre adresse pour la Bibliothèque de l'Institut le XIV^ volume du « Recueil de Mémoires et observations sur l'hygiène et la médecine vétérinaires militaires ». M. LE Ministre de l'Agriculture, du Commerce et des Travaux publics adresse le n° lo des Brevets d'invention pris dans l'année 1864. M. LE Secrétaire perpétuel fait hommage à l'Académie, au nom de M. Figuier, d'un exemplaire de « l'Année scientifique et industrielle » ; Et au nom de M. Fock, d'un opuscule sur le taenia et sur un moyen in- faillible de s'en débarrasser au moyen de l'écorce de racine de grenadier convenablement administrée. L'auteur désire que ce Mémoire jniisse être admis au concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie de i865, et, afin de faciliter le travail de ses juges, il offre d'en envoyer en temps opportun une traduction française. M. Vergnette de Lamotte prie l'Académie de vouloir bien le comprendre dans le nombre des candidats pour la place de Correspondant de la Sec- tion d'Economie rurale vacante par suite du décès de M. Parade. (Renvoi à la Section d'Économie rurale.) L'Académie reçoit des lettres de remercîments adressées par plusieurs des auteurs qui ont obtenu des prix dans la dernière séance annuelle, savoir : de M. Gerbe., prix de Physiologie expérimentale; de M. Zenker, prix de Méde- cine ; de M. TVurlz, prix Jecker ; de MM. Martin et Cotlinenu ; de MM. Dumas et Benoit, encouragement décerné par la Commission du prix dit des Arts insalubres. ( 344 ) MÉTALLURGIE. — Analyse des gnz renfermés dans les caisses de cémentation . Note de M. L. Caili.etet, présentée par M. II. Sainte-Claire Deville. « En examinant les nombrenses expériences qui ont été entreprises pour expliquer la conversion du fer en acier, j'ai pensé qu'il ne serait peut-être pas sans intérêt d'étudier au point de vue chimique les phénomènes qui s'accomplissent dans les caisses de cémenlation. » En effet, dans ces appareils, les réactions s'opèrent sur une vaste échelle, et les corps actifs qui peuvent échapper aux recherches du labo- ratoire sont saisis avec facilité. » Après divers essais entrepris aux forges de Drambon (Côte-d'Or), grâce à l'obligeance de MM. Guenard et C'^, je me suis bientôt aperçu qu'il était indispensable de rendre mes expériences complètement indépendantes des exigences d'une opération industrielle, et j'ai été amené à faire établir dans nos usines une caisse à cémenter qui, par son installation spéciale, me laissait entièrement maître de l'opération. Cette caisse est en fonte mince, d'un volume de 35o litres environ. Au milieu de sa paroi antérieure et afin de pouvoir recueillir les gaz qui se dégagent pendant la cémentation, j'ai fait pratiquer une ouverture dans laquelle est mastiqué tni tid^e de jjorce- laine. » Une des extrémités de ce tube plonge d'environ [\o centimètres dans la caisse, tandis que l'extrémité située bors du fourneau est réunie à un tube de verre par un obturateur métallique scellé au mastic. Les gaz tra- versent ensuite un appareil à boules et vont se rassembler dans un aspira- teur déforme spéciale où ils sont recueillis pour l'analyse. » Dans les nombreuses expériences que j'ai faites, la caisse à cémenter contenait environ 3oo kilogrammes de fer fin affiné au bois et forgé en barres de i centimètre d'épaisseur. Les barres étaient disposées en lits horizontaux séparés entre eux par du charbon de bois broyé, dont les plus gros fragments pouvaient passer dans des mailles carrées de 2 centimètres de côté. » Le charbon se composait d'iui mélange de \ chêne et | essences di- verses, tel qu'on l'emploie dans plnsieius hauts fourneaux de la Côte-d'Or. y) La caisse était fermée par de la terre réfractaire fortement tassée au moyen d'un pilon, ainsi que cela se fait dans les aciéries. » Cinq heures après la mise à feu, on a fait fonctionner l'aspirateur; les ( 3/,6 ) gaz recueillis ont été analysés par In niélhode si simple et si précise donnée par M. Peligot. » Voici la composition du mélange gazeux recueilli après linit heures de chauffe : !\loycnnc de deux analyses. Acide carbonique 20,06 Oxyde de carbone i5,55 • HjnJrogcne 26,60 Azote 37,79 100,00 » La température de l'appareil n'était pas alors assez élevée, et quelques fils de fer minces, placés comme témoins, n'étaient pas encore cémentés, même superficiellement. Après seize heures, le charbon contenu dans la caisse était porté au rouge clair. » La moyenne de la composition des gaz recueillis était : Après Après 32 heures Co heures de chauffe. de chauffe. Hydrogène... 39,80 27,76 Oxyde de carbone i5,3o 16,82' Acide carbonique 00, oa 00,00 Azote 44 )90 45 )92 100,00 100,00 » Le fourneau a été alors abandonné à lui-même et s'est refroidi lente- ment; à l'ouverture de la caisse, le fera été trouvé fortement cémenté, et deux tubes de fer aplatis et soudés aux extrémités s'étaient gonflés en con- densant des gaz dans leur intérieur. » Plusieurs lames de tôle épaisses, recouvertes de terre réfractaire afin d'empêcher le contact du métal avec le charbon, étaient également aciérées. » L'eau contenue dans l'appareil à boules, et qui avait servi à laver 70 litres de gaz aspirés pendant l'opération, était légèrement jaunie, |jeul- étre par du goudron provenant des fragments de bois incomplètement car- bonisés. L'analyse de cette eau ne constatait aucune trace de cyanure, l'examen des tubes n'indiquait pas non plus la présence de cyanures vo- latils. » G. R., i8G5, I"- .S,/7.|.j(,(- T. IX, N 7) 45 ( 346 ) CHIMIE. — Sur l'action du brome sur l'alcool isopropylique et sur l'iodure flisopropyle. Note de M. C. Fuiedei,, présentée par M. H. Sainte- Claire Deville. « Le numéro de janvier des Annalen der Chenue und Pharmacie renferme une Note préalable de M. Linnemann, dans laquelle ce chimisfe annonce qu'il a fait réagir le brome sur l'alcool propylique dérivé de l'acétone, et qu'il a obtenu, dans cette réaction, du bromure de j>ropyle, du bromo- forme, et des produits bromes dérivés de l'acétone qu'il ne décrit pas autre- ment. La Note de M. Linnemann ne contient aucune indication relative à la manière dont il a purifié l'alcnol qu'il a employé, ce qui est pourtant w\ point capital dans luie pareille élude, la présence d'une certaine quantité d'acétone, ou même d'eau pouvant contribuer à régénérer de l'acétone par l'oxydation de l'alcool isopropylique, étant de nature à changer la réaction. J'ai cru nécessaire do répéter cette expérience avec ini alcool isopropylique de la piu'eté duquel je fusse sûr, d'autant que je n'ai nullement renoncé, ainsi que paraît le croire INL Linnemaim, à étudier ce produit que j'ai fait connaître et qui me semble constituer le type d'une série particulière d'al- cools. Si je n'ai pas publié les essais que j'ai déjà tentés et parmi lesquels je citerai l'action du brome et celle de l'acide azotique, c'est que je me suis attaché à préparer une grande quantité d'alcool isopropylique dans un état de pureté parfaite, en transformant l'alcool brut en iodure pur, puis en acétate, en saponifiant celui-ci par la potasse, et en distillant l'alcool obtenu à plusieurs reprises sur le sodium. » Le brome agit as.sez doucement sur l'alcool isopropylique refroidi; on voit se dégager quelques fumées d'acide bromhydriquc. Lorsque le liquide reste assez fortement coloré par le brome, ou le chauffe doucement.il s'est, à ce moment, séparé en deux couches, dont l'une est formée d'eau chargée d'acide bromhydrique, et renfermant en outre une petite quantité d'alcool isopropylique non attaqué, qu'on a pu séparer à l'aide du carbonate de ))otasse et par distillation. » La couche inférieure, formée de bronunes, desséchée avec du chlorure de calcium, s'est séparée à la distillation en un produit bouillant de 60 à 63 dcgiés et en un corps qui noircit lorsqu'on élève la température, mais ([ui peut être distillé dans le vide, et qui a passé de i3o à i5o degrés, sous une pression de 2 centimètres de mercure. » L'analyse a montré que le premier liquide est du bromure d'isopropy le ( 347 ) et que le second a la composilioii d'un mélange d'acétone tribromée et d'acé- tone tétrabromée. On n'a pas trouvé de bromoforme ; ce corps, qui, coiniiie on sait, prend naissance lorsque le bi'ome réagit sur l'acétone en présence de la potasse, a pu se former dans l'expérience de M. Linnemann par une action oxydante, si l'alcool qu'il a employé renfermait de l'eau et de l'acé- tone. Dans l'expérience que j'ai faite, il est resté de l'alcool isopropylique non attaqué; il n'y a donc pas eu d'action oxydante. » Ainsi le brome réagit sur l'alcool isopropylique en hii enlevant d'abord simplement 2 H pour le transformer en acétone. I/acétone s'empare d'une autre portion de brome pour former des produits de substitution, et l'acide bromhydrique mis en liberté convertit une partie de l'alcool isopropylique en bromure d'isopropyle Cette réaction est analogue à celle qui se passe lorsqu'on fait agir le clilore ou le brome sur l'alcool viniqne. On sait que, diUis ce cas, il se produit du chloral ou du bromal. Or, l'acétone pouvant être considérée comme l'ai- déhyde de l'alcool isopropylique, l'acétone tribromée correspond exacte- ment au bromal. » L'alcool isopropylique est rap])roclié par là des alcools proprement dits et éloigné en même temps des hydrates d'hydrocarbures on pseudo- alcools, qui, comme l'a fait voir M. Wurtz (i), sont transformés par le brome principalement en bromures G"H'"Br' avec élimination d'eau. » L'action du brome sur l'iodure d'isopropyle conduit à des conclusions analogues. Elle s'exerce avec urie grande énergie, et chaqtie goutte de brome qui tombe dans l'iodure produit un bruit pareil à celui d'nn fer chaud. Il se dégage des vapeurs brondiydriques, et il y a au sein du liquide une cristallisation abondante d'iode. Lorsque la réaction est lermiiiée, on lave le produit avec de la potasse étendue, on le dessèche et on distille. Il se sé- pare nettement, après deux distillations, en bromure d'isopropyle formant !a très-grande masse du produit, et en un corps bouillant entre i3oet i5o de- grés, dont la composition répond à la formule G'H''Br% et dont on n'a pas encore obtenu une quantité assez considérable pour s'assurer si c'est du bro- mure de propylène ou du bromure de propyle brome. » L'iodure d'éthyle est attaqué par le brome aussi vivement que l'iodure d'isopropyle, mais il ne se dégage pas sensiblement d'acide bromhydrique. (i) Annales de Chimie et de Physifjiie, 4° séiie, t. III, p. i4o. ( 348) Tout l'iodure est transformé en bromure, et en distillant le produit, qui commence à bouillir à /41 degrés, à 5o degrés tout a passé. » On sait, d'un autre côté, queJM. de T.uynes (1), en traitant par le brome l'iodhydrate de buljléne, n'a obtenu que du bromure de bnlyléne G'ti'Bi*. « D'après ces faits, l'alcool isopropylique, et probablement les autres alcools dérivés des acétones, viennent se placer entre les alcools proprement dits et. les hydrates dbydrocarbures. Ils se rapprochent des premiers par leur manière de se comporter vis-à-vis du brome, et des seconds par la propriété qu'ils ont de fournir par oxydation des aldéhydes non susceptibles d'être transformées en acides (acétones). « Ces conclusions sont assez importantes pour mériter d'être appuyées sur un plus grant! nombre de faits; j'espère trouver ceux ci dans l'étude plus complète de l'alcool isopropylique, et dans celle de quelques autres alcools dérivés d'acétones d'un ordre plus élevé, études que je me réserve. » CHIMIE APPLlQuÉlî. — Nouveau mode de dosaje des sulfures. Extrait d'iuie Note de M. Verstraet, présenté par M. Pelouze. « Nous avons l'honneur de présentera l'.A.cadémie un nouveau mode de dosage des sulfures par l'azot.ite de cuivre ammoniacal. >) Le dosage des snlfiu'es alcalins est important à connaître dans une foule d'opérations industrielles et commerciales; celle comiaissance n'est pas moins nécessaire au consommateur qu'au fabricant. » Ainsi, dans l'achat des potasses brutes indigènes résultant de la calci- nation des vinasses de betteraves, il est nécessaire que le raffmeur ait à sa disposition lui moyen rapide de dosage des sulfures, afin de s'assiu-cr que ce produit, qu'il achète d'après sa richesse alcaline mesurée par l'alcali- mètre, est bien dn carbonate et non du sulfure potassique. Le salpétrier est dans le même cas. » Dans la fabrication du carbonate de soude parle procédé de Leblanc, la comiaissance exacte de la cpiantité des sulfures contenus dans les diffé- rentes opérations est imlispensable à chaque instant, pour bien diriger le travail; car la qualité et la blancheur des sels dépendent presque toujours de la quantité plus ou moins consiilérable des sulfures contenus dans la soude brute, ou qui se sont développés pendant la lixiviation, sous l'in- fluence de la température et du temps plus ou moins prolongé pendant le- (1) Annales ri,' Chimie et de Pliysifjiie, 4' série, t. II, p. .{12. ( 349 ) quel la soude est restée en contnct avec le dissolvant. T.a connaissance exacte des sulfures est donc ici d'une nôcessilé absolue. » Mais une des conditions indis|iensables pour que le dosage du sulfure puisse se faire avantageusement dans les fabriques, c'est que le procodé soit simple, facile et rapide, et surtout à la portée des siu-veillants, toutes l'>s usines n'ayant pas à leur disposition des cliimistes expérimentés, » Plusieurs systèmes ont été déjà proposés -, un des plus rapides est celui de M. I.estelle, qui dose les sulfures à l'aide du nitrate d'argent annnoniacal et en présence d'une qualité d'AzH' assez grande pour retenir en dissolu- tion tous les sels d'argent autres que le sulfure. Ce procédé, quoique ra- pide, a cependant encore de légers inconvénients : c'est que d'abord il est assez difficile, dans le commer'ce, de se procurer de l'argent fin, et qu'il n'y a pas dans toutes les usines de cliimiste capable d'en préparer; en second lieu, ce sont les filtrations successives, nécessaires à la tin de l'opération pour juger exactement des dernières traces de sulfure. Il est impossible que dans des mains inexpérimentées on n'éprouve pas quelques pertes pendant ces diverses filtrations. » Nous avons cherché à éviter tous ces inconvénients afin de mettre le procédé à la portée de tous les surveillants et de tous les conire-maîtres, et nous espérons avoir atteint le but que nous nous étions proposé. » Pour la préparation de la liqueur normale nous avons remplacé l'ar- gent par le cuivre. La quantité de cuivre nécessaire au dosage du sulfure variera évidemment suivant la nature du sulfure que l'on voudra doser. Mais nous supposerons qu'il s'agit du dosage du sulfure de sodium. » Ainsi que M. Pelouzel'a démontré dans son Mémoire sui" le nyadededo- sage SI simple et si exact du cuivre par inie dissolution de sulfure de so- diiun, le sulfure de cuivre qui se produit par la double décomposition qui s'opère quand on fiit réagir unedissoluîion de sulfure de sodium sur ime au- tre dissolution d'azotate decuivre ammoniacal, aux températures comprises entre 5o et 90 degrés, n'est pas le sulfure Cu S, correspondant au monosui- fure de sodium NaS, mais bien un oxysulfure CuO, 5 CuS. Pour obtenir un dosage exact il sera donc nécessaire d'opérer toujours entre les températures deSo à85 degrés; on obtiendra facilement ce résultat, même pendant l'ébul- lilion des liqueurs, en ayant soin tle remp'acer de temps en temps l'am- moniaque qui s'est dégagée. Si la liqueur est toujours anunoniacale, l.i température ne dépassera pas le ternie de ^5 degrés. 11 sera facile de s'en assurer en plongeant ime ou deux fois le thermomètre dans le liquide. » Avant de préparer la liqueur normale il faut avoir soin de s'assurer de la ( 35o ) |)ureté des niafières qui doivent entrer dans sa composition. La liqiienr nor- male so prépare en dissolvant 9''''^,737 de cuivre dans environ 4o grammes d'acide nitrique. I^a dissolution débarrassée par rébnllition de l'acide hvpo- nitrique, est mêlée avec i8a à 200 grammes d'ammoniacpie et on y ajoute de l'eau de manière à obtenir exactement un litre de liqueur. » Le cuivre doit être exempt de métaux étrangers; il doit se dissoudre complètement dans l'acide azotique, ne donner aucun précipité avec l'am- moniaque, et comme l'indique encore M. Pelouze, le précipité d'oxysul- iure CuO,5CuS, qui se forme quand on fait réagir à chaud une'dissolntion d'azotate de enivre sur une dissolution de sulfure de sodium, doit être sans action sur une petite quantité de nitrate de cuivre ammoniacal ; s'il décolo- rait la liqueur, ce serait un indice de la présence dans le cuivre de métaux étrangers. » Essai d une matière contenant du sulfure de sodium. — La quantité de niatière à prendre pour faire l'essai doit nécessairement varier suivant la (uiantité elle-même de sulfiu-c que cette matière contient, et l'on doit au- tant que possible, pour obtenir une détermination rigoureuse, la ramener à une quantité telle, que sous un volume donné de dissolution elle ne con- tienne pas au delà de o^^ioà oS%20 de sulfure. B Supposons qu'il s'agit de la détermination du sulfure dans une soude brute : on prend pour l'essai 10 grammes de soude que l'on pulvérise gros- sièrement et que l'on traite par aSo centimètres cubes d'eau; on laisse en digestion pendant une heure environ en agitant de temps à antre, pour activer et favoriser la dissolution des matières solub'.es. On filtre pour sépa- rer le rési^lu insoluble, et l'on prend pour l'essai 5o centimètres cubes de la liqueur fdlrée représentant 2 grammes de soude brute. )) On introduit ces 5o centimètres cubes de dissolution dans un petit ballon rond d'une capacité de i5o centimètres cubes environ, et l'on ajoute 25 à 3o grammes d'ammoniaque pure. On chauffe le ballon sur une lampe à alcool jusqu'à l'ébullition qui, à l'ainmouiaque, se manifeste entre 5o et 60 deerés. On verse alors dans la dissolution bouillante, et à l'aide d'une burette graduée divisée en dixièmes de centimètre cube, la dissolution normale d'azotate de cuivre ammoniacal. On agite et l'on fait bouillir de temps en temps pour faciliter le rassendilement du dépôt d'oxysnlftne de enivre. Vers la fin de l'opération, on ne verse plus la liqueur normale que goutte à goirtte et en chauffuit après chaque addition. On aperçoit alors de légers nuages, d'abord noirs, puis jaunâtres, qui s'élèvent du fond du ballon pour se répandre dans la masse du liquide. Plus on approche du ( 35. ) terme de l'opération, ])liis ces petits nuages sont légers et moins co- lorés, par suite île la moindre quantité de sulfure de cuivre qu'ils ren- ferment. Aussitôt que ces petits nuages ont complètement disparu, la dissolution, sous l'influence d'une goutle de liqueur normale de cuivre, prend une légère teinte bleue qui est l'indice de la fin de l'opération. Il n'y a plus qu'à lire alors sur la burette le nombre de divisions de li- queur normale employée, pour connaître exactement la quantité de sulfure contenu dans la soude brute. Supposons qu'il ait fallu G*'*', 5; comme cha- que centimètre cube représente o^^oi de monosulfure pur et sec, les 6'^'',5, ou les 5o centimètres cubes de dissolution de soude représentant 2 grammes de matières, renfermeront oS'^,o65 de sulfure, équivalant à 3,'j.5 pour 100. Jamais les bonnes soudes ne renferment au delà de 0,2 à 0,4 de sulfure. » On s'aperçoit facilement que l'essai louche à sa fin, car la dissolution, qui après l'addition des premières portions de la liqueur normale avait pris une coloration verte sale et qui restait trouble par suite de la suspension dans le liquide du précipité d'oxysulfure de cuivre, s'éclaircit aussitôt ; le sulfure se dépose plusfacilement et se rassemble au fond du ballon en légers flocons noirs. « Avec un peu d'habitude on arrive facilement à saisir et à doser des quantités de sulfure excessivement minimes, soit à oS'',ooi près. Un essai dure environ 8 à 10 minutes. » Pour simplifier encore le procédé et le rendre plus rapide, nous avons préparé une liqueur normale de sulfure de sodium, de manière qu'un litre de cette seconde liqueur sature exactement un litre de liqueur normale de cuivre. De cette façon, si, dans un essai quelconque de sulfure de sodium, on a outre-passé le terme de la précipitation en ajoutant trop de liqueur de cuivre, il est toujours facile de revenir à la déterminat.ion exacte et de cor- riger l'essai, sans être obligé de la recommencer en entier. » Dosage du sulfure de potassium. — Le dosage du sulfure de potassium se fait de la même nianière que le dosage du sulfure de sodium. Mais au lieu d'employer pour la préparation de la liqueur normale de cuivre (f',']'^'] de cuivre pur, on n'en emploiera que 6°%88o. « Mi!;tÉ0R0L0G1E. — Sur In quautité d'eau tombée annuellement à Saint-Omer,- par M. CozE. « D'après les perturbations atmosphériques qui existent dans différentes contrées de l'Europe, il peut être utile et intéressant de connaître ce qui ( 352 ) se passe dans le nord de la France relativement à la qnantité d'eau qui est tombée chaque année dans la ville de Saint-Omer, depuis neuf ans et demi que j'ai mesiu'é cliaque jour de pluie le nombre de niillimèlres d'eau. On verra que nous habitons un pays privilégié, que les pluies torrentielles du Midi nous sont incoinuies, (pie les inondations sont raies et peu à redouter; la dernière a eu lieu en i84i, après la fonte d'une grande quantité de neige; elle n'a causé que des pertes minimes, sa durée n'a été que de trois jours. )i Depuis vingt ans, je liens note chaque jour (trois fois) de l'état du ciel, du baromètre et de la température; mais ce relevé est trop long à faire et n'intéresserait que peu de personnes, tandis que la quanlilé d'eau (pii tombe dans un pays est la cause principale de sa fertilité et touche les uttcrèls de toute la population. » Le tableau suivant donnera inie idée exacte de la quantité d'eau tombée chaque mois, et, les douze mois réunis, on voit la quantité d'eau tombée dans l'année à Saint-Omer, situé à l\o kilomètres de la mer. Nombre de millimèlies {/'ciiii tombes h Saint-Omer pendant les années suivantes . z i < «-5 ]> à. > es -s s _3 "-s u 40 < 39 Si r- •Xi 5 si 0 •J O 89 ce a: s > 0 z 20 ce c RÉSUMÉ. 1855 6 En 6 mois il est tombé 199 millim. d'eau. 185G 28 33 5 67 44 ■ 5 25 47 83 '7 56 36 En 1 2 mois il est tonilié 455 ■> » 1857 56 0 12 3i 63 '9 12 65 80 44 i5 5 En 1 1 mois il est tombé 402 • » 1858 i5 25 21 23 35 10 35 V- 24 33 3i 5o En 1 2 mois il est tombé 374 ° " 1859 47 1968 45 65 68 5 56 85 88 94 63 En 12 mois il est tombé 703 » » 1860 84 48 59 5o 68 49 37 7' 65 90 45 49 En 12 mois il est tombé 7 i5 >• » 18G1 '9 2256 18 29 65 42 18 4i 7 i4o 23 En 12 mois il est tombé 480 » » 1862 28 3 Ô2 39 37 4i 35 f)4 27 75 25 44 En 12 moisit est tombé 5io " 1863 42 1 1 j5 24 47 29 •4 42 74 57 45 65 En 1 2 mois il est tombé 465 » » 186i 18 32 40 4 36 39 4 48 42 20 45 7|En 12 moisit est tombé 335 - » 1865 80 1 » » u u " " II u ( 353 ) CHIMIE. — Sur une propriélé du soufre. Noie do MM. Moutier et DiETZEMUACHER, présentée par M. Ch. Saiiite-(jlMire Deville. « L'un de nous a déjà fait voir(i) que le soufre chauffé avec f^,j d'iode devient, par le refroidissement, mou, plastique et en grande |)artieinsohîbie dans le sulfure de carhone. Nous venons de reconnaître que plusieurs sub- stances organiques, la naphtaline, la paraffine, la créosote, le camphre, l'essence de térébenthine, modifient le soufre de la même manière cpie l'iode. Le soufre a été chauffé avec un poids de ces différentes substances variant de -—^ à —^ et coulé en couche mince sur une plaque de porce^ laine ou de verre. On obtient après le refroidissement une pâte noire molle, plastique, ductile, qui passe très-lentement à l'état ordinaire du soufre dur et cassant. Des traces de camphre opèrent facilement cette modification du soufre. Si faible que soit la proportion de camphre employée, le soufre en retient beaucoup moins encore; une partie du camphre se vaporise pendant l'expérience. Ce soufre traité par le sulfure de carbone, laisse lui résidu insoluble dont le poids peut s'élever aux deux tiers du poids du soufre, el abandonne des octaèdres d'une couleur rouge foncé. )) L'huile et la cire fournissent au contraire un soufre mou entièrement soluble dans le sulfure de carbone. « La température à laquelle il faut porter le soufre pour obtenir ces modifications varie avec la nature des substances que l'on y ajoute : le camphre produit cette modification du soufre à une température de 23o degrés. Cette température a été mesurée en plaçant le ballon dans un bain d'huile; la naphtaline, l'essence de térébenthine ne produisent cette modification qu'à une température beaucoup plus élevée, que nous n'avons pas pu mesurer. » Nous avons pensé que le carbone de la matière organique jouait le rôle principal dans cette modification du soufre, et nous avons examiné l'action du noir de fumée du charbon de sucre et du charbon de bois sur le soufre en chauffant i partie de charbon avec looo parties de soufre. Le résultat est le mêuie que dans les expériences précédentes : mollesse et plas- ticité, insolubilité partielle dans le sulfure de carbone. Le carbone disséminé (i) Comptes rendus des séances de V Académie des Sciences, t. LVI, p. 89. G. R., i865, 1" Semestre. (T. LX, N" 7.) 4^* ( 354) clans la masse du soufre lui communique une couleur bleu-noirâtre ou entièrement noire : si la quantité de carbone est un peu considérable, le refroidissement du soufre est très-lent. » Le carbone modifie les propriétés du soufre à une température de 270 degrés. En chauffant à cette température dans le même bain d'huile le soufre seul et le soufre additionné de carbone, on observe une différence très-sensible : le soufre seul est à l'état visqueux, tandis que le soufre con- tenant du carbone acquiert une grande fluidité. Lorsqu'on chauffe à diverses reprises le soufre ainsi modifié par le carbone, en le laissant chaque fois refroidir, les qualités physiques particulières à cette modification du soufre deviennent beaucoup plus sensibles. » I^e carbone, les matières organiques riches en carbone, l'iode et les corps de la même famille qui se disséminent avec la plus grande facilité dans le soufre fondu, à la suite de la trempe, abandonnent-ils lentement de la chaleur au soufre, et ce dernier corps acquiert-il ainsi des propriétés physiques particulières qui persistent pendant un temps assez long? » D'après cette manière de voir, on pourrait comparer cette action a celle du carbone à l'égard du fer dans les fontes et les aciers, voir dans ces modi- fications du soufre des fontes ou des aciers de soufre, et dans le carbone, l'iode et les corps analogues, les matières aciérantes du soufre. » GÉOLOGIE. — Exilait dune Lettre adressée à M. Ch. Sainte-Claire Deville par M. A. LoNGOBARDO, vice-consul de France à Catane. « Calane, i" février i865. » L'Etna a fait éruption hier dans la nuit, sur le versant oriental de la montagne, entre Zaffarana et Giarre, à quatre milles de ce dernier village, et dans une contrée riche en vignobles. J'en ai entendu les détonations, et M. Jules Dubar, voyageur français, a pu observer cette nuit, de l'hôtel de la Couronne, les matières incandescentes. » Le 22 décembre, des colonnes incessantes de vapeurs étaient lancées à tuie grande hauteur par la bouche du cratère supérieur, et, la nuit du deinier jour de l'an, nous avions éprouvé une légère secousse. « « M. Eue de Beai'.moxt fait remarquer que la nouvelle éruption a eu lieu en lui point à peu près aussi éloigné du centre de l'Etna et aussi peu élevé, au-dessus delà mer, que le point voisin de Nicolosi où a eu lieu la { 355 ) célèbre éruption de 16G9, dont la lave faillit ensevelir Catane, et qu'elle est venue troubler une région où il n'y avait pas eu d'éruptions depuis très- longtemps. » M. Gagxage prie l'Académie de vouloir bien se faire rendre compte d'un ensemble de Notes qu'il lui a adressées successivement depuis i856, et qui ont toutes pour objet principal l'assainissement des grands centres de population par un euiploi des boues et limons aux besoins de l'agriculture. (Commissaires, MM. Chevrenl, Boussingault, Cloquet.) M. Jacqcart demande et obtient l'autorisation de reprendre les figures qu'il avait jointes à son Mémoire sur l'os épactal considéré comme caractère de race. A 4 heures un quart, l'Académie se forme en comité secret. COMITÉ SECRET. M. BocssiNGACLT, doyeu de la Section d'Économie rurale, présente la liste suivante de candidats pour la place de Correspondant vacante par suite du décès de M. Parade : ( M. 0E Vergnette-Lamothe, à Beaune. En première liane, ex sequo. . ,„ n, , , ,, ,,. '^ -^ * (M. Mares, a Montpellier. En deuxième ligne. ...... M. Corinwinder, à Lille. Les titres des candidats sont discutés. L'élection aura lieu dans la prochaine séance. La séance est levée à 5 heures. F. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu dans la séance du i3 février i865 les ouvrages dont voici les titres : Recueil de Mémoires et observations sur l'hygiène et la médecine vétérinaires militaires, t. XIV. Paris, i864; in-S". 46.. ( 356 ) . Annales de la Sociélé acndémique de Nantes et du déparlemenl de ta Loire- tn/eiieuie: iSt]l\, i" semestre. Nantes, i86/| ; iii-8°. Les statues de Lapeyronie et de Baithez à Montjjellier. Détails pour serinr à Ihisloire de la Faculté de Médecine de celte ville : par E.-F. BouiSSON. iMoiit- pellior, i8()5; iii-8". L'Année pharmaceutique; par L. Parisel. Paris, i 865 ; in-8°. Matériaux pour servir à l'histoire des métaux de la cérite et de la gadoli- nite; par M. M. L.\FOiNTAi!SE. (Extrait de la Bibliothèque universelle et Revue suisse; I. XXII, janvier i865.) Genève; in-8''. Tablettes de r inventeur et du breveté; par Ch.TmniOti. Paris, i 865 ; in-8". Lampes de sûreté de J.-G.-J. DE MARTEAU; 2* édition. Anvers, i865; hr. in-8''. E.^sai sur les institutions scientifiques de la Grande-Brelayne et de l'Irlande; /jr Ed. ;\!aili. Y. Bruxelles, i865;in-i2. De la culture et de la production du coton en Si' ile ; par M. A. LONGOBARDO. Catane, i864". in-4"- iine visite aux pépinières de .M. André Leroy, à Angers; /;«/ Aristide 1)U- PUlS (Extrait du journal la Patrie.) Paris, i865; in-8f. Die fossilen... Les Mollusques fossiles du terrain tertiaire de Fienne; par le D"^ M. HoRNES; II* volume, n"' 5 et 6 des Mémoires de bi Société Géoto- f/iquede Fienne. In-/)". Die Galvanokaiislik. . . Ln cjalvanocaustique .\S PÉKIOOIQUES flEÇUES PAR l'aCADÉ-MIE PE\i)AXT I.E .MOIS DE JANVIER l«fi.1. ('oinptes rendif) hebdomadi lires des séani:es de lAca'lémic des .Sciences; i" semestre i865, n"' i à 5 ; ui-4". Annales le Chimie et de Physique; pu M.M. Chevreul,*Du.via.S, Pelouze, Bous.SiNGAULT, BeGvNault ; avec l.i ct)llab:jralion de MiVI. WuR rz et Verdet; 4" série, décembre t864; in-8". ( 357 ) Annales de i AqricuUure française; t. XXIV, 11°' 23 et i[\, el t. XXV, n" i; in-8". Annales forestières el inélalhinjiques , t. III, décembre i864; 111-8°. Annales (le la Société d'hydrologie médicale de Paris; comptes rendus des séances; t. XI, 2" et 3' livraisons; in-8". Annales télégraphiques; t. VII, novembre et décembre 1864; t. VIII, janvier et février i865; in-8". Annides des Conducteurs des Ponts et Chaussées; 8" année, novembre 186/,; in-S". Annales delà Propagation de la foi; janvier i865, n" 218; in- 12. Annuaire de la Société Météorologique de France; t. XII, décembre 1864; in- 8°. Atti deil' Accademia pontificia de Nuovi Lincei; i& année, 5® session. Rome; in-4". Bulletin de la Société Géologique de France; t. XXI, décembre 1 864: in-S*^. Bulletin de V Académie impériale de Médecine; t. XXX, n™ 6 et 7 ; in-8''. Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse ; septembre et octobre 1864 ; Hl-8''. Bulletin de la Sociétéde Géographie; 5^ série, t. VI, novembre i864; ni-S". Bibliothèque universelle et Revue suisse; n° 84- Genève; in-8°. Bullettino meteorologico deW Osservatorio del Collegio Romano; vol. III, n" 12, Rome; in-4"- Bulletin de la Société académique d'Agriculture, Belles-Lettres, Sciences et Arts de Poitiers ; n°' 89 à 92 ; in-8''. Bulletin de la Société d'Encouragement pour l'industrie nationale; t. XI, novembre el décembre iSG'j; in-4°- Bulletin de la Société d'Anthropologie de Paris; t. V, juillet et août i864; in-8°. Bulletin international de l'Observatoire impérial de Paris; n°' du i 1 dé- cembre 1864 au 21 janvier i865; feuilles aulographiées; in-folio. Catalogue des Brevets d'invention, i864; n° 9; in-8°. Cosmos. Revue encyclopédique hebdomadane des progrès des Sciences et de leurs applications aux Arts et à l' Industrie ; t. XXV, n° 26, et 2*^ série, t. 1, 11"' I à 4; iii-8". Gazette des Hôpitaux ; "^-f année, n°' 1 5 1 et i 52, avec la table des matières pour les niunérosde l'année 1864, el 38* année, 11°' i a 12; in-8°. Gazette médicale de Paris; 34' année, t. XIX, n" 53, et 36* année, n°* r à 4 ; in-4''. ( 358 ) Gnzelte médicale d' Orient ; 8" année, novembre et décembre i864; in-4°. Journal d' AqricuUure jirati De celte manière chaque idée s'introduira sans pouvoir donner lieu à la moindre obscurité. Les géiiéralisnlimis succe.ssives se feront à mesure que le besoin s'en fera sentir; et les moyens de les obtenir étant créés par nous ne poiuiont offrir aucune difficulté si nous les donnons pour ce qu'ils sont, sans mystère, et avec la plus complète sincérité. Quant à l'interprétation des résultats, quels qu'ils soient, il faudrait avoir bien peu compris les raison- nements qui y ont conduit, poiu" éprouver de la difticulté à reconnaître à la lin ce que l'on a soi-même introduit au commencement. « Les méthodes que nous considérerons les premières sont celles qui sont les plus générales, qui se retrouvent dans la résolution de toutes les questions; c'est Vanal/se et la synthèse. Nous nous attacherons particulière- ( 363 ) nu'iit à faire reconnailre partout l(Mir caiploi, surtout dans les premières théories que nous exposerons, et même avec une insistance qui pourra sembler exagérée. Nous ferons connaître ensuite d'autres méthodes géné- rales, mais qui ne s'ajjpliquent qu'à certaines classes de questions, comme par exemple la méthode des limites, et même la méthode infinitésimale, que nous regardons comme faisant partie des éléments. Chacune de ces diverses méthodes s'introduira quand elle sera nati'.rellement amenée par la marche de la science; on saura quelle question elle est destinée à résoudre, et aucun nuage n'obscurcira son origine et son objet. » Mais ces études, faites d'abord en vue des sciences mathématiques, se sont naturellement étendues à toutes les sciences de raisonnement, quelle que soit la nature des choses dont elles traitent. C'est ainsi que nous avons été conduit à présenter, comme une sorte d'introduction à notre ouvrage, l'étude des méthodes qui sont communes à toutes les sciences de raisonne- ment; qui se retrouvent souvent même dans la résolution de questions qui n'appartiennent à aucune science; qui sont faites, en un mot, pour venir en aide à l'homme dans sa vie de tous les jours, et sont au service de l'ignorant aussi bien que du savant. » C'est cette première partie de notre ouvrage que nous publions aujour- d'hui. Elle traite du raisonnement et des méthodes générales à suivre pour la résolution des questions qui peuvent se présenter dans toutes les sciences où l'on part de notions admises comme évidentes et de principes regardés comme certains. Elle constituerait donc un véritable traité de loijique, si l'on donnait ce nom à l'art de raisonner, en écartant toute dissertation sur l'àme et sur l'origine des idées. a Mais cette logique diffère beaucoup de toutes celles qui ont été publiées jusqu'à ce jour. La plus célèbre et la plus ancienne est celle d'Aristote. La première partie de ce grand ouvrage est intitulée : Premiers analytiques^ et sou objet est la théorie du syllogisme. Il en considère une multitude d'es- pèces et de formes différentes, et discute les divers cas dans lesquels il est possible ou impossible de tirer une conséquence des propositions admises. Ces discussions ingénieuses ont été servilement reproduites pendant des siè- cles, et ont fait la base de l'enseignement de l'art de raisonner, en perdant même une partie de la rigueur c[u'Aristote y avait mise. » C'est à un grand géomètre, c'est à Euler qu'on doit une exposition claire et rigoureuse de tous les ingénieux théorèmes établis par ce grand homme dans ses Premiers analytiques. Mais, malgré cet hommage rendu au créateur de la logique, nous ne croyons pas qu'il soit bon de rester daiis 47- (364 ) ces anciens errements, et de faire entrer comme partie essentielle de la doc- trine l'examen minutieux de toutes les variétés de circonstances où la dé- duction peut avoir lieu. Nous croyons surtout qu'il serait contraire à la raison de chercher des règles nécessaires et suffisantes pour reconnaître la justesse ou la fausseté des raisonnements; ne fût-ce que par celte raison que, pour démontrer ces règles, il faudrait raisonnner sans leur secours, ce qui ne pourrait conduire, d'après l'hypothèse, qu'à des résultats incer- taii'is. )) Mais si nous repoussons l'imitation servile d'Aristote, nous n'en pro- fessons pas moins la plus haute admiration pour ce grand homme. Et ce- pendant nous ne pouvons nous empêcher de penser qu'on aurait eu le droit d'attendre quelque chose de plus d'un disciple de Platon, qui devait con- naître la méthode analytique inventée par son maître, méthode qu'il aurait dû reconnaître applicable non-seulement aux Mathématiques, mais à la résolution de toutes les questions de raisonnement. Comment se fait-il qu'il ne la mentionne même pas, et qu'il ne s'occupe que des moyens de prévenir les fausses déductions^ qui sont si peu à craindre, au lieu de dire comment il faut diriger les déductions poiu' parvenir, soit à la démonstration de la proposition énoncée, soit à la sol ul ion de la question proposée? » Malheureusement, les philosophes qui se sont attachés à la doctrine d'Aristote ont négligé l'étude des sciences mathématiques, si recommandée par Platon. Ce grand homme avait écrit sur les nnirs de son école : Que mit n entre ici, s'il n'est cjéonxètre. Sans doute, sa haute intelligence voyait dans la déduction la même opération de l'esprit, quelle que fût la nature des don- nées; et la méthode analytique, dont il est regardé comme l'inventeur, était destinée à la résolution de toutes les questions de raisonnement. Mais comme les doimées primitives, qui sont la base des sciences mathématiques, sont jilus simples et plus claires que dans toute autre branche des connaissances humaines, on ne risque pas de s'égarer dans ces sciences, quelque loin qu'on pousse les déductions. Elles offrent donc la meilleure a|)plication des méthodes de démonstration et de recherche; et c'est pour cela que Platon repoussait comme indigne de |)rendre part aux discussions philosophiques, celui qui ne s'y était pas préparé par l'étude approfondie de la Géométrie. » Les choses ont bien changé après lui. La séparation de la science et de la philosophie est devenue de plus en plus marquée. Les géomètres ont conservé leurs méthodes; les piiilosophes ne les oui plus connues. L'analyse de Platon s'est appelée l'analyse des géomètres, comme si la nature du rai- sonnement variait avec la matière : l'analyse des logiciens purs est devenue ( 365 ) une simple décomposition d'un tout en ses parties. Ils ne la considèrent pas encore autrement aujourd'hui. Condillac l'a ;iinsi définie, et n'a pas été contredit; et, ce qui est plus singulier, il a été jusqu'à croire que cette analyse était celle des géomètres; montrant ainsi qu'il n'avait pas assez suivi le précepte de Platon, et que peut-éire même il ne connaissait pas la mé- thode analytique de ce grand homme. » Pour nous, nous ne reconnaissons qu'une seule analyse, une seule synthèse. La déduction est la même opération de l'esprit et doit être diri- gée de la même manière, soit qu'elle s'applique à des quanlités géomé- triques, soit à des nombres, soit à foute autre espèce de choses. Cette pre- mière partie de notre ouvrage est donc destinée, non pas seulement à ceux qui cultivent les sciences maihématiques, mais à tous ceux qui veulent étu- dier les procédés que l'esprit humain doit employer pour la résolution des questions de raisonnement, quelle que soit la natnre des objets auxquels il s'applique. » Nous terminerons cet exposé en faisant connaître l'opinion de quel- ques illustres philosophes moilernes, s.u- l'insuffisance de la logique sco- lastique. » L'aviteur de la célèbre Locji(iiie de Pori-Eoyal commence par recon- naître l'inutilité des règles pour la déduction. Toutefois, il admet que leur discussion peut offrir un exercice utile à l'esprit; et, cédant à des préjugés qui avaient encore de la puissance, il expose la théorie du syllogisme a\ec presque autant de détails qu'Aristote : réservant probablement ses forces pour les luttes où sa conscience religieuse était intéressée. S'il avait eu le courage de secouer le joug de la scolastique, il en aurait pour toujours débarrassé l'enseignement, et nous ne verrions pas présenter, aujourd'hui encore, cet échafaudage de règles comme la base de l'art de raisonner. » Condillac, novateur plus hardi, n'en a pas même parlé; et nous l'imi- terons en cela, mais en cela seulement : on verra, par la critique que nous ferons de sa logique, combien nous sommes loin d'avoir la même doctrine. )) Bacon, qui a précédé ces deux philosophes, s'est exprimé avec m\e grande véhémence contre la méthode de son temps. « Dans la logique M vulgaire, dit-il, tout le travail a pour objet le syllogisme. Quant à l'in- » duction, à peine les dialecticieiis paraissent-ils y avoir pensé sérieuse- " ment; ils ne font que toucher ce sujet en passant, se hâtant d'arriver aux » formules qui servent dans la dispute Quant à nous, nous rejetons toute » démonstralion qui procède par la voie du syllogisme, parce qu'elle ne » produit que la confusion, et fait que la nature nous échappe des mains. ( 366 ) i: Eli effet, quoiqu'il soit hors de cloute que deux choses qui s'accordent 1. dans le mojen ternie s'accordent entre elles, cependant il y a ici de la î. supercherie, en ce que le syllogisme est coniposi'î de propositions, les )i proposilions de mots, et que les mots sont les signes et comme les éti- » quettes des notions. Si donc les notions mêmes de l'esprit, qui sont comme » l'âme des mois, et comme la base de tout l'édifice, sont vagues, extraites i^ des choses au hasard, ou par une fausse méthode, si elles ne sont pas ) bien déterminées et sutfisainment circonscrites, si enfin elles pèchent de )■ mille manières, dès lors croule tout l'édifice. Ainsi nciis rejetons le syl- » los;isme; et cela non-seulement quant aux principes, par rapport aux- )i quels eux-mêmes n'en font aucun usage, mais même quant aux proposi- t. tious moyennes, que le syllogisme parvient sans contretlit à déduire et y enfanler bien ou mal, mais qui sont tout à fait stériles en œuvres éloi- . gnées de la pratique, et incompétentes quant à la partie active des » sciences. » » Enfin Di'scartes, qui a suivi de près Bacon, s'exprime ainsi dans son Discours sur la inélhode : (< J'avais un peu étudié étant plus jeune, entre les parties de la pliiloso- ij phie, à la logique; et entre les mathémaliques, à l'analyse des géomètres li et à l'algèbre : trois arts ou sciences qui semblaient devoir contribuer » quelque chose à mon dessein. Mais en les examinant, je pris garde que, >• pour la logique, les syllogismes et la plupart de ses autres instructions » servent plutôt à expliquer à autrui les choses qu'on sait, ou même, comme . l'art de Lulle, à parler sans jugement de celles qu'on ignore, qu'à les » ap|)ien(lre; et bien qu'elle contienne en effet beaucoup de préceptes « très-vrais et très-bons, il y en a toutefois tant d'autres mêlés parmi, qui » sont ou nuisibles ou superflus, qu'il est presque aussi malaisé de les en » séparer que de tirer une Diane ou une Minerve hors d'un bloc de marbre u qui n'est point encore ébauché. » » Il ajoute un peu plus loin : « Au lieu de ce grand nombre de préceptes dont la logique est composée, » je crus que j'aurais assez des quatre suivants, pourvu que je prisse une » ferme et constante résolution de ne manquer pas une seule fois de les » observer. » Le premier était de ne recevoir jamais aucune chose pour vraie que » je ne la connusse évidemment être telle, et de ne conqirendre rien de » plus eu mes jugements que ce qui se présenterait si clairement et si dis- )) linctement à mon esprit, que je n'eusse aucune occasion de le mettre en » doute » (367 ) « Ce précepte qu'il substitue à tous ceux de la logique, et qui nous paraît aujourd'hui si simple, a été à cette époque un immense progrès. En apprenant à chaque homm.e qu'il a en lui tout ce qui est nécessaire pour reconnaître la vérité, il a rendu la liberté à l'esprit humain ; il l'a affranchi (lu joug des théories imposées, et lui a donné en même temps un guide sûr qui l'empêchera de s'égarer, s'il veut lui être toujours fidèle, et ne pas se prononcer sur des matières où le sentiment de l'évidence lui fera défaut. Car Descartes admet et proclame hautement ce principe, que Dieu n'a pas voulu que l'homme fût le jouet d'illusions perpétuelles, et qu'il lui a donné les moyens de connaître les choses telles qu'elles sont, au moins dans les limites circonscrites où il a permis qu'elles lui fussent accessibles. » D'où il suit que la libre discussion de la vérité ne jieut avoir pour résultat final une anarchie pire que le despotisme, mais l'assentiment una- nime des esprits aux vérités auxquelles il a été donné à l'homme de pou- voir être initié. » GÉOMÉTRIE. — M. Cil ASLEs présente un ouvrage qu'il vient de faire pa- raître, et s'exprime ainsi : « J'ai l'honneur de présenter à l'Académie un volume qui forme la pre- mière partie d'un Traite des Si'ctious coniques. » L'étude des Sections coniques est tellement ancienne et a été le sujet d'un si grand nombre d'écrits, surtout depuis que l'on s'y sert de la Géo- métrie de Descartes, qui date de plus de deux siècles, que je dois justifier cette présentation en faisant connaître succinctement à l'Académie les points principaux qui distinguent essentiellement l'ouvrage actuel. » Cet ouvrage fait suite au Trailê de Géoméliie supérieure; c'est-à-dire qu'il est une application constante des théories de pure Géométrie exposées dans ce Traité. A cet égard, on le conçoit, il diffère des ouvrages de Géo- métrie analytique ; mais il en diffère aussi, et considérablement, par les matières, soit nouvelles, soit plus étendues, qu'il renferme. Car, on ne peut se le dissimuler, les Traités analytiques des Sections coniques doivent être considérés bien plutôt comme des éléments et des exercices de Géométrie analytique que comme de véritables Traités des Sections coniques. Comme tels, en effet, ils seraient infiniment trop incomplets et insuffisants pour les applications théoriques auxquelles est destinée la Géométrie îles Coniques. Toutefois il faut convenir que quelques ouvrages modernes, dont les auteius n'avaient point à se préoccuper de programmes réglementaires trop circon- ( 368 ) scrits, se distinguent par un usage varié de tontes les ressources les plus récentes de l'Analyse, associées même souvent à des considérations de pure Géométrie. Ces ouvrages [dont le plus important émane de l'Université de Dublin (*)] auront une très-heureuse influence sur la direction des études mathématiques. » Néanmoins, les progrès qu'a faits la théorie des Coniques depuis un demi-siècle sont dus tous à la méthode géométrique proprement dite. Ces progrès, préparés principalement par les ouvrages de Carnot, la Géométrie fie position et la Tlie'orie fies transversales, se sont annoncés dans plusieurs écrits de jeunes géomètres sortis de l'École Polytechnique, à la tète desquels se présente l'illustre auteur des Développements et des Applications de Géomé- trie (**). fiicntôt après ils ont pris une marche plus accentuée et systématique dans le grand Traité fies propriétés projectives fies figures (***). Cet ouvrage a pour objet le développement de deux méthodes puissantes, dont une sert à généraliser, par voie de perspective ou projection centrale, des théorèmes connus dans des cas simples; et l'autre, fondée sur la théorie des polaires réciproques, sert à transformer un théorème quelconque en un théorème très-différent. « Ces deux procédés de déformation et de transformation des figures, très-habilement exposés et mis en usage par Tilhistre auteur, enrichirent la science d'une foule de théorèmes nouveaux, qui furent l'origine de recher- ches ultérieures, et contribuèrent même au perfectionnement des procédés analytiques par les efforts que demandait leur démonstration directe. )) Parmi les géomètres qui, sans s'astreindre à l'usage systématique des deux méthodes de transformation, ont traité avec le plus grand succès une foule de questions, soit de la théorie des Coniques, soit de celle des courbes d'ordre quelconque, par le seul secours de la Géométrie, il faut nommer surtout notre très-regretté Correspondant, l'éminent et profond Steiner, dont la mort à été une grande perte pour la Géométrie. Le Traité des pro- priétés projectives, les beaux Mémoires de M. Steiner, et beaucoup d'autres que je ne puis rappeler dans cette Note succincte, ont contribué grandement aux progrès de la science. Mais dans aucim l'auteur n'a eu en vue un Traité des Sections coniques. (*) J Trenlise on conic sections, containing an account of sonic of the most important mndern algcbniic and géométrie methnds. Bv tlie Rev. George Salmon. (**) Ch. Dupin; i8i5 et 1822. (***) Porcelet; 1822. ( 369) » Ainsi, à pari l'ouvrage grec d'Apollonius et ceux qu'on a faits à son imitation (parmi lesquels se distingue surtout ct'Iui de De la Tlire, paru en 168?), in-folio), il n'existe aucun Traité des Coniques purement géomé- trique, c'est-à-vlire reposant sur un enchaînement continu de considéra- tions de Géométrie pure, et affranchi de tout secours de la Géométrie ana- lytique. )) Ce sont ces deux conditions que je me suis imposées dans l'ouvrage dont j'ai Ihonneur d'offrir à l'Académie le premier volume. Cet ouvrage n'exige d'autres connaissances que les trois théories du rapport anhar- moniqiie, des divisions liomograpliicjites et de l'involiilion, qui servent de base au volume intitulé Traité de Géométrie supérieure, conformément au titre de la chaire fondée à la Faculté des Sciences en 1846. » Ces trois théories primordiales s'appliqneut avec inie extrême îacilité à toutes les recherches concernant les Sections coniques, reclierches qui deviennent !e point de départ indispensable dans l'étude des courbes d'iui ordre supérieur. » Elles doivent cette facdité, je puis dire cette puissance incontestable, à deux causes principales. Premièrement, ces théories comportent une application constante du principe des signes, qui leur donne, dans cet ordre d'idées, toute la généralité qui semblait être le privilège exclusif de la Géo- métrie analytique. Secondement, elles ont un caractère propre qui manque à l'Analyse, et qui leur assure un avantage considérable. C'est cpi'elles s'ap- pliquent, avec une égale facilité, aux deux genres de propriétés des Coni- ques, et des courbes en général, savoir : aux propriétés relatives aux points, et aux propriétés relatives aux droites et aux tangentes. » Cette dualité provient de deux propositions fondamentales qui se prêtent, au même titre et avec la même fécondité, aux deux genres de pro- positions et de déductions qui forment une théorie complète des Sections coniques. » Ces deux propositions fondamentales dérivent elles-mêmes, comme conséquence immédiate, d'un théorème unique, qui sera donc la base de toute notre théorie des Sections coniques. >) Que l'Académie veuille bien me permettre, en terminant ce court exposé, d'énoncer ici le théorème dont il s'agit, et les iXi^wa. propositiosis (jui s'en déduisent. 11 Les droites menées de rpiatre points a, b, c, d d une (oni(jue, à un cinquième point qiiclcomjue, oui un rapport anharmnnique e'ijnl à celui des tpinire points G. R., iSGô, i-"- SirneKe. (T. LX, N 8) 48 ( 'iio ) dans lesquels les tangentes en ti, b, c, d rencontrent une cinquième lan [a-,r,---, n) — A]. Tels sont les éléments algébriques qui serviront de point de départ à nos recherches; nous nous bornerons toutefois à deux variables et au cas le 1373 ) plus simple où l'on suppose (p (rt, h) = a'- -h b'', ce qui conduit aux quantités : I — injc — 2bj + à^ -\- b^, [i — ax — bjY — (fl- + è^) (x* -+- j-^ — I ) = 1 — 2 ax — '>.bj + fi- \ — y) + 2 (ibxy -\~ b- {i — .r- ) . Cela posé, les fonctions dont nous allons étudier les développements sont i<'s suivantes que nous réunissons en deux groupes, savoir : (i — laœ—iby -ha"^ -+- h-y^ I [ I — 2 r7x — 1 by + a- ( ' — 7'^ ) + "xabxj 4- è" ( t — x'^ )J -, et eu second lieu (\ —inx — 2.bj + a- + b-) =, (i — x'- — J'') "[ i — 2(7X — 1 by + a- (i — J') + labxj -\-b'- (i — .r-)]~'. Leur analogie avec les fonctions d'une variable qu'elles comprennent comme cas particulier en supposant i:= o et ^• = o, se rapporte donc à la fois aux polynômes de Legendre, et aux formules pour la nudtiplication des arcs dans la théorie des fonctions circulaires. II. » Soit en premier lieu (i - %ax-ibj + a? + b-y = 2"'" ^'" V'". "■ On reconnaîtra immédiatement que V,„ „est un polynôme entier en x et y, du degré ni +Tt, mais ayant x"' j" pour seul cl unique terme de ce degré. On aura par exemple : Vo.o = ' . Vo.o=2J-, Va.o = f\X--- (, V,,, =.^xj, ( 374 ) v„., = /ir=-i, Vg.o = 8x' — 4jr, V,,, =24jr') — 4j, V,,.j = ■i[\xj- — l{.r, \\„ = \Ç>x'' — ï-?.x^ + I, V3 , = 64j:'j— 34,rj, Vo.s == ^&x- y- — i2.r- — \-î y -h'î, v,,3 = 64 ^j'' ~ •^4-5^^1 Réciproquement on pourra exprimer x"" j" en fonction linéaire de V,„ „ et des polynômes du degré moindre, de sorte que la formide "Va V représentera, en déterminant convenablement les constantes, tout polvnoinc entier en x et j. Voici maintenant leur propriété fondamentale. » Considérons l'intégrale double A = / / rlyHy[\ — srt.r — a/^r + rt- + Z'-)~' (i — -la! x — ih') -4- rt''--l-ft')~' , les variables étant limitées par la condition x--+f — . de sorte que t doit disparaître dans l'intégrale ( 375 ) Cela exige que l'on ait j cfxf/ry,„,„Y,,, = o, entre les limites x'- -h y- "S i lorsque les degrés m-hn et |u, + v sont différenls. Cette proposition met sur la voie d'un développement tel que y A,„,„ V,„,„ pour toute fonction I* (-^'j j)-: 'es variables étant assujetties à la condition jc'- +■ /'"Si- iille ne suffit pas toutefois pour la détermination des coefficients, et c'est en ce moment qu'il est nécessaire de considérer la seconde fonction dont nous avons parlé, à savoir : [i — 2ajc— 'ih) +a'^ [i — j-)-\-7.hxj -\- h'^ [\ — jl-- )'\ K III. )) Désignons par U,„_„ les polynômes entiers en x et /, du degré /« -t-/i, ayant pour origine le développement [i — lax — 2bj + à\i — y'-) -v- 2ab.vj + h- {i — x'^)] ^= ^a"'h"\j,„^„, et dont voici les premiers : Uo,o=i, . U,.o = ^^5j:» + 3a'j-'' — 3jl), 1^1.0 = -^. ÏJV.. =-(3x^^ + 7" -j), ll,,„ = i(3.r-+j-^- i), U„,3 =^(57'^ + ix'j- 5jj, U,,, =.rj, [^'intégrale double, prise coinine précédenimetU entre les limites j:^ -^J^'^^^ ( 37G ) savoir : B = r Cf/xcly { I — 2fl'x - 2b'} -h a'^ + h'^ j"' I X [\ — 2ax — 2b)-ha^(i — )'-) -h^nba-j-hb^ ( i —JC^ )] ', va nous donner leur propriété fondamentale. On trouve en effet valeur qui ne change pas en y remplaçant a, b, n\ b', par rt/, /;//. -, — • Il en résulte qu'on a généralement //' si les indices /;/ et p., « et v ne sont pas égaux en même temps; el dans l'Inpo- thése contraire, on obtient j j djC(/jY,„_„\],„_„ Ai -f- I . « + 2 . . . /? -\-m m -j- n -\- i i .2 ... ni >: Nous pouvons donc déterminer maintenant par la méthode ordmaiic les coefficients du développement considéré plus haut, savoir on trouve ainsi // dxdy f [x, y) \j,„ „ = A, •^ ' n/^n-^i 1.1. ..m ' lintegrale étant pi it,e entre les limites x- -i- j' < i ; et c'est dans l'obligafioii d'introduire le lacteiu- l],„ „ différent de V,„_„, que cons^iste d'une manière générale, nous pensons, à l'égard des fonctions de plusieurs varialiles, l.i modification caractéristique dont nous avons par lé en conuneiuant. Un poui'rait également |)oser r [X.y = ^^ i'm.ii ^'m.n-! mais c'est au |)r(nii(M' développemeiit (iiie nous nous attachons de pn- férence, l;i naluic du pol_\nùi!i(' U„;,„ permettant de reconnaître innniiliate- ( 377 ) ment que la valeur de A,„ „ tend vers zéro quand m et n anguientent. Cela résulte effectivement, comme nous le verrons, de l'expression suivante d'"+''[x^-\- y'' — 1)"+" "'" I .2... m . i.2...«.2'"-* que nous allons établir. « dx"'dy" THÉORIE DES NOMBRES. — Complément de la Noie du 5 décembre 1864, p. 941; par M. F.-V.-A. Le Besgue. " Théorème. — Si les nombres positifs impairs a qX h [a '> b) sont pre- miers entre eux, on peut former la suite de nombres impairs décroissants (0 a,b, ±c, ±d,..., ±l,± i. qui jouissent de cette propriété que deux termes consécutifs sont premiers entre eux; pour cela il faut poser a = lab =h c, 2ah étant l'un des deux multiples consécutifs de b, [mh et {m -+- i)b], entre lesquels lombes; si m = 2 a, cdoit prendre le signe +,sim -t- i = 2a, c doit prendre le signe — , et ainsi de suite jusqu'au terme ±: i . » Cela posé, si l'on indique par ?i combien, parmi les nombres a,b,c,d,...J,i, il y en a de la forme 49 + ^ e* immédiatement suivis d'un nombre de la même forme ; si l'on indique par 7i' combien dans la suite ( 1) il y a de termes négatifs précédés immédiatement d'un nombre de la forme 47+3, on aura 1° f{a,b)^n-{-n', mod. 2; . =(-0" d'où il résulte » Remarque. (5) = '-)""'- Gauss représente par y (rt, 6) la somme ib c. R., i865, i" Senu-siie. (T. LX, N" 8.) (!) •b 49 ( 378) en indiquant par (^) l'entier immédiatemenl inférieur à— • a » Legentlre représente par / - J) dans le cas de a premier impair, m étant pair pour b résidu quadratique de rt, m étant impair pour b non résidu quadratique de a. r> Jacobi représente par (-|»rtétant un nombre composéimpair,^z=/)9rj..., les nombres p, r/, r, s,... étant premiers, le produit » Il suit de là que l'on a, d'après (2) et (3), / j'\?(PÎ"...,a)__ / jS?{;',a) + 9(V, a)-+-... et, par conséquent, (j>[pqrs...,a)^f{p,a)-\-rp{(],a)... mod. 2, théorème énoncé, mais non démontré, dans ma Note du 5 décembre 1864. » Quant à la démonstration de l'équation (2), elle résulte de la comparai- son d'un Mémoire de Gauss (181 7, Sur les 5* et 6* démonstrations du théo- rème fondamental de la théorie des résidus quadratiques), et d'une Note d'Eisenstein (1844? Journal de Crelle, t. XXYII). Gauss a trouvé 9 {a, b) s^r mod. 2, et Eisenstein Si l'on ne voit pas immédiatement que l'on a i~ r' mod. 2, et, par suite, (:) = (-)*". { 379) c'est parce que Gauss et Eisensfein n'ont pas pris les mêmes équations pour exprimer que a et b sont premiers entre eux. » Eu modifiant le calcul de Gauss, on voit facilement que Ion a r ^ /■' mod. 2. » Voici une application numérique. » Soient rt = io5 = 3.5.7, i = 79; !a suite (i) devient * „ * io5,79 — 53, 27 — 1. 79 et 27 sont les seuls nombres de la forme 47 + 3, ils ne sont pas suivis de nombres de cette forme, ainsi 7i = o. Les nombres négatifs — 53 et — i sont l'un et l'autre précédés d'un nombre de la forme 4^-+- 3, ainsi 7i' = 2. On a donc 9(105,79)^2^0 mod, 2, !)=(-)• = ■■ C'est ce que l'on vérifie de suite par la loi de réciprocité de Legendre : (^)=(f)(ï)(?)=G)(i)œ=-— ASTRONOMIE. — Sur l injluence de l'almosphère sur les raies du spectre et sur la constitution du Soleil ; par le P. Secchi. K Rome, 21 janvier i865. 1) Dans ma communication sur les spectres planétaires, insérée dans les Comptes rendus, t. LVII, p. 73, je disais que, pour l'absorption lumineusi' de l'atmosphère terrestre, l'agent principal était la vapeur aqueuse. Les preuves de cette proposition ne parurent pas concluantes à plusieurs savants très-respectables, et on remarquait surtout l'insuffisance de l'appareil em- ployé, qui consistait dans un simple speciroscope de poche. Après ce temps-là, j'ai pu revenir sur cette étude en employant un speciroscope ex- cellent de M. Secrctan, qui est muni de cinq prismes, lesquels, avec l'emploi de la réflexion, sont équivalents à neuf. Des particularités de la construc- 49- ( 38o ) tioii de l'appareil, jusqu'ici ne m'ont permis que d'examiner l'espace du spectre entre les raies B et E, mais cette portion est plus que suffisante pour mon but. J'ai même dû limiter l'espace étudié avec détail aux environs de la raie 1^. Celte raie, dans l'instrument et près de l'horizon, se voit quintu|)le, c est-à-dire que, outre les deux du sodium D',D", on en voit trois autres à l'intérieur desquelles une seulement est dans la Table de Rircbhoff . Le manque de ces deux raies dans un travail si soigné me fit soupçonner qu'elles étaient dues réellement à l'atmosphère. Au delà de D', du côté du vert, on voit encore sept autres raies qui ne sont pas dans la figure de Rirchhoff. Les raies additionnelles sont o, b, c, d, d' et le groupe des quatre e, dont la première est un peu plus forte que les autres. » La variabilité dans la visibilité de ces raies me parut devoir donner un critère d'étude dans la question qui nous occupe. Lorsque le Soleil est assez haut, on le voit à peine, et le groupe des e s'évanouit presque complète- ment; au contraire, près de l'horizon, elles deviennent très-foncées et égalent presque en largeur la raie D'. Cependant, même dans ce cas, elles sont toujours très-mal terminées, ou, comme on dirait, nébuleuses, et paraissent comme des figures arrondies, comme on peint ime file de colonnes. Cette nébulosité est plus tranchante en la comparant à D', qui se conserve tou- jours tranchante. Le cas n'est pas le même pour D", qui acquiert un peu de nébulosité. » Pour examiner l'influence de la vapeur atmosphérique sur ces raies, j'ai fait une suite comparative d'observations près du méridien dans des jours de forte tramontane et de ciel bleu foncé, et dans des jours de sirocco ou vent du sud, dans lesquels l'humidité était très-grande. Le lésultat a été que, dans les jours secs et froids, on ne voyait pas au méridien ces lignes secondaires abcdd'e, pendant que, dans les autres jours, on les voyait avec la plus grande facilité, quoique le Soleil fût même un j)eu plus haut que dans les jours d'observations antérieures. » La saison d'hiver paraît après cela plus avantageuse pour reconnaître lesquelles de ces raies dépendent de la vapeur d'eau, car c'est la saison dans laquelle on a des jours dans lesquels la quantité de vapeurs est un minimum. » Dans le cours de ces observations, j'ai encore noté une autre particu- larité importante. » Lorsque le Soleil est près de l'horizon, outre les véritables raies, on peut voir de larges bandes plus sombres, qui ne paraissent pas formées de véritables raies, mais dues plutôt à une absorption générale de la lumière. ( 38. ) J'ai trouvé jusqu'ici assez remarquable la bande qui se forme dans le vert entre les n°' 206 et 116 de M. Kircbhoff, qui correspondent à la ré- gion â (delta) de Brewsler. Une autre bande plus étroite se forme près de la raie C° de Brewster ou 80,9 de Kircbhoff, et plusieurs autres près de C et de B. J'ai examiné avec soin l'heure à laquelle ces bandes commençaient a paraître le soir, ou finissaient de paraître le matin. Les deux premières surtout ont été soigneusement étudiées, et de trente jours d'observations il résulte que, dans les jours vaporeux et de sirocco, quoique l'atmosphère soit se- reine, les bandes paraissent environ 10 minutes de temps plus tôt que dans les jours de tramontane. Dans un jour très-sec et très-bleu, le retard a été d'environ 20 minutes sur l'heure ordinaire, et ne parurent que très-près de l'horizon. « Ces études finissent nécessairement avec le grand spectroscope lorsque le Soleil se cache; mais si on a soin de faire les observations comparatives entre celui-ci et le spectroscope de poche, on peut suivre ces phénomènes même après le coucher du Soleil, et les conclusions ne changent pas. Seu- lement alors, à cause de la faiblesse de l'instrument ( le seul employable), les raies ne se trouvent pas toutes séparées, mais les bandes nébuleuses restent. J'ai dit que ces bandes nébuleuses ne sont pas décomposables en raies sé- parées, cependant il faut remarquer que dans ces places du spectre existe réellement une multitude de petites raies, et il est bien probable que l'élar- gissement de chaque raie, faite de la manière que nous avons dit pour les raies abcdd'e, produit cette nébulosité générale. Ces résultats s'accordent avec les derniers obtenus par M. Janssen, et sans doute on ne pourrait ob- jecter sérieusement que ces raies ne sont pas produites par des colonnes artificielles de vapeur, car la longueur de ces colonnes et la quantité de va- peur absorbante contenue eu elles est toujours minime et non comparable avec celles de l'atmosphère entière. » On peut maintenant se demander encore si dans tous les pays et sous tous les climats ces raies sont les mêmes, en parlant toujours des raies secon- daires. Il serait intéressant de faire des observations comparatives avec de très-puissants instruuients en difféi'ents chmats. Cette absorption |)ourrait devenir un moyen précieux d'analyse atmosphérique dans les différents pays. Mais on ne peut pas espérer cela des raies principales du spectre, mais seulement des secondaires. » Je finirai cette matière avec une remarque. Lorsqu'on observe le Soled avec la présence de cirrus dans l'atmosphère, on voit effectivement plusieurs fois, dans le moment d'approche, une augmentation dans l'intensité de la ( 382 ) nébulosité, mais pas toujours. Cependant, dans les jours nuageux, les raies sont confuses, troublées et difficiles à démêler. Cela même prouve une action de la vapeur d'eau sur les raies, mais il me reste encore à étudier les cir- constantes les plus influentes. » Ces phénomènes d'absorption lumineuse sont bien d'accord avec la grande force d'absorption thermique que possède la vapeur d'eau, laquelle, si elle pouvait rester douteuse après les délicates expériences de Tj'ndall et iVIagnus, ne pouvait plus être contestée après que j'ai fait voir qu'à pareille hauteur du Soleil par un ciel serein, le thermomètre exposé au Soleil monte presque le double en hiver plus qu'en été, ce qui ne pourrait s'expliquer que par la quantité plus grande de la vapeur d'eau dans la dernière saison. » Puisque nous parlons du Soleil, j'ajouterai deux mots sur ses taches. Vous connaissez la nouvelle dénomination qu'on a introduite dans la description de la photosphère, en disant avec M. Nashmylh qu'elle était faite k feuilles de saule [willow lenf); d'autres ont préféré la forme à grain de riz; les autres disent tout simplement granulation. La source de ces dé- nominations a été l'introduction de l'oculaire à réflexion pour diminuer la lumière solaire au lieu du verre noir habituel, moyen avec lequel on peut employer les grandes ouvertures des instruments. Ayant eu, par l'obli- geance de M. W. de la Rue, un de ces oculaires appliqués au grand réfrac- taire de Merz, j'ai pu observer le Soleil avec lapleine ouverture de 9 pouces, sans aucun inconvénient, ni sentir l'œil gêné par la chaleur. La lumière dans nos climats est encore un peu plus forte et demande l'emploi d'un verre obscurcissant, mais celui-ci peut être très-faible et ne se brise jamais par la chaleur. En effet, la vision avec cet oculaire est excellente et bien moins fatigante qu'avec l'ancien système; il sera adopté, je crois, par tous les observateurs. ■ Pour ce qui regarde le fond de la question sur la structure solaire, les choses principales qui se voient sont les suivantes : i" le fond lumineux du Soleil se voit comme un véritable réseau semé d'une foule de points blancs plus ou moins allongés et séparés par une maille plus sombre, et les nœuds de cette maille paraissent des trous minimes noirs; 2° les pénom- bres des taches sont plus remarquables: on voit surtout une grande quan- tité de corps blancs allongés, qui se plaçant à la suite les uns des autres produisent connue des fdaments, et c'étaient ceux-ci que j'avais nommés courants dans mes observations antérieures. Cette configuration cependant n'est pas constante, et les corps blancs ne sont pas toujours séparés dans les pénombres. Il est difficile de trouver un objet auquel les comparer : je ( 383 ) les comparerai à des amas de coton allongés de toutes formes imaginables, quelquefois enchevêtrés les unes dans les autres, quelquefois aussi dispersés et isolés. Quelquefois ces amas sont très-bien terminés et nettement tranchés, quelquefois sont épanouis et mal terminés. Leur tète est en général tournée vers le centre du noyau. Ils ressemblent à de gros coups de pinceau, d'un blanc très-fort à la tète et décroissant vers la queue. Le fond général sin- lequel sont dispersés ces corps est une faible lumière qui constitue la pé- nombre. Cette faible lumière se prolonge en traînées très-épanouies et tient toute l'apparence de nos cirrus dans l'atmosphère, comme les autres parties ressemblent aux cumulus. Le contour de la tache générale est lui-même formé par les têtes de ces corps blancs qui lui donnent l'aspect d'une cré- maillère à dents proéminentes. » La tache qu'on voyait hier montrait tous ces phénomènes d'une ma- nière étonnante, et l'air était superbe. La grande traînée qui suivait cette tache (traînée qui a été si bien décrite et remarquée par M. Chacornac) paraissait parfaitement une portion de ciel comme nous l'avions alors, semée de cumulus^ cirrus et stratus. I) Il est difficile de dire quelles sont les phases de ces corps blancs et leur origine, mais on peut risquer l'hypothèse qu'ils sont des amas de nuages lumineux qui se précipitent dans l'intérieur du noyau en flottant dans l'atmosphère solaire transparente. Certainement ces nuages ne sont pas de vapeur d'eau, mais ils pourraient bien être d'une autre substance, qui à la température très-élevée du Soleil pourrait se précipiter en forme de nuages comme fait ici siu' la Terre la vapeur d'eau. Une hypothèse quelconque peut servir à relier ces formes bizarres de la photosphère so- laire et des détails des pénombres, et c'est seulement sous ce rapport que je l'ai indiquée ici. » P. -S. Dans ma dernière communication sur l'aqueduc d'Alatri, je vous disais qu'on soupçonnait que le tube était en bronze ou en plomb. Mais après ce temps-là j'ai trouvé près de la place la plus basse de l'aqueduc de gros tubes en terre cuite de o™,35 de diamètre, de o"^,o65 d'épaisseur, légè- rement couvertes de sédiment à l'intérieur, et qui avaient une langue longue de o", i3 pour s'emboucher l'un dans l'autre. Ces tubes sont en terre très- compacte et comprimée, de sorte qu'ils devaient présenter une grande résistance, et avec le mur qui les environnait pouvaient sans doute sou- tenir la pression des lo atmosphères que supportait l'aqueduc au point plus bas. » ( 384 ) « M. MiLXE Edwards offre à l'Académie la seconde partie du VHP vo- lume de son ouvrage sur la Physiologie et V Annlomie comparée de l homme et des animaux. Daus ce fascicule, l'auteur discute les questions générales relatives à l.i multiplication des êtres animés et traite de la structure des organes de la reproduction chez les Vertébrés ovipares. » " M. Ch. Saixte-Claire Deville, en communiquant, dans la dernière séance, l'extrait d'une Lettre de M. A. Longobardo, relative à la nouvelle éruption de l'Etna, avait ajouté qu'il y aurait un grand intérêt à ce que cette éruption, qui a atteint une région fort basse et très-accessible, pût être étudiée par un savant compétent. Le même Membre annonce aujourd'hui que son vœu a été rempli, M. le Ministre de l'Instruction publique ayant bien voulu confier cette mission à M. Ferdinand Fouqué. M. Fouqué a dû quitter Marseille hier et sera rendu en Sicile le 21 février, nuuii de tous les appareils nécessaires pour constater les phénomènes physiques et chimiques do la lave et de ses émanations. On se rappelle que ce jeune savant avait ac- compagné M. Ch. Sainte-Claire Deville au Vésuve, en décembre 1861 , et qu'il l'y a puissamment aidé à remplir la mission qui lui avait été confiée par l'Académie. » RAPPOUTS. PHYSIOLOGIE. — Rapport sur tes expériences relatives à In cjénération spontanée. (Commissaires, MM. Floureiis, Dumas, Brongniart, Milne Edwards, Balard rapporteiu'). « La culture des sciences d'observation soulève des questions qui ne peuvent jamais recevoir de l'expérience une solution absolue, et de ce nombre se trouve celle de la génération spontanée. L'idée qu'un être vivant peut, dans les conditions actuelles, prendre naissance sans l'existence an- térieure d'un antre être, vivant aussi, qui en a fourni le germe, a été dé- battue dans tous les temps, et comme rien n'abonde à l'égal des observa- tions vagues et sans précision, les raisons déduites, en ap[)arence du moins, de l'expérience directe n'ont jamais manqué pour soutenir cette doctrine. Mais une étude plus sévère vient montrer que ces faits ont été mal observés, et les cas nouveaux où la matière semblait s'organiser d'elle-même rentrant alors dans la classe de ceu.\ où l'exisience d un germe antérieur est évidente, la question semble disparaître de l'arène scientifique. Bientôt cependant elle ( 385 ) se représei)te appuyée encore en apparence sur l'observation, mais portant cette fois sur des êtres de dimensions de plus en plus petites, et pour les- quelles nos moyens d'investigation sont incertains. Mais, d'un côté, l'habileté plus grande des observateurs; de l'autre, les progrès dans la construction du microscope, font encore rentrer ces nouveaux faits dans la série des faits connus et ordinaires. )i On conçoit qu'en procédant ainsi, la science doit fatalement arriver à un point où l'exiguïté des organismes observés devenue extrême, et le pou- voir grossissant de nos microscopes, dont nous sommes bien près d'avoir atteint la limite, étant à peine suffisant pour montrer dans leur état de plus grand développement les êtres sur lesquels on discute, nous resterons dans l'impuissance de voir les corps reproducteurs plus exigus qui peuvent leur avoir donné naissance; et à moins que la science ne s'enrichisse de moyens plus puissants d'observation tout nouveaux, et dont nous ne pou- vons avoir aujourd'hui l'idée, la question arrivée à ce terme sortira du domaine des faits pour entrer dans celui de la discussion pure. Les uns, guidés par l'induction scientifique, concluront que la nature, toujours d'ac- cord avec elle-même {semper sihi consotui), procèfle dans ces organismes inconnus comme elle le fait pour ceux que nous pouvons observer; d'autres, se fondant sur ce qu'à l'origine des choses la matière a été organisée sans germes antérieurs, penseront que cette puissance créatrice peut manifester encore ses effets dans les régions de l'infiniment petit dont l'accès nous est interdit, et qu'une opposition absolue dans leur mode de production sépare les êtres qu'il novis est possible d'étudier de ceux cjue l'exiguïté de leurs dimensions soustrait pour toujours à nos observations. De là des discus- sions qui, aussi vieilles que le monde, doivent évidemment rester éternelles, et des opinions radicalement opposées, entre lesquelles l'Académie n'est pas appelée à faire de choix. Sa mission n a jamais consisté à adopter telle ou telle doctrine, mais à contrôler les faits sur lesquels s'appuient les opi- nions diverses, et quand il s'en trouve d'une importance capitale qui, affir- més par les uns, sont niés par les autres, elle doit vérifier entre ces asser- tions opposées quelles sont celles qui, conformes à la vérité, méritent seules de servir d'élément à une discussion sérieuse. » Or, parmi les expériences dont les résultats sont présentés comme favorables ou contraires à la doctrine des générations spontanées, il en esi une dont l'importance a frappé tous les esprits, et qui, d'un accord una- nime, est regardée comme capitale. C K., i865, \" Sanestrc. (T. LX, N" 8.) 5o ( 386 ) I) Dans le Mémoire publié par M. Pasteur, ce savant affirme qu'il est (oti- jottrs possible de prélever, en un lieu déterminé, un volume noUihle d'air ordi- naire nnyanl subi aucune modification physique ou chimique, et tout à fait impropre néanmoins à provoquer une altération quelconque dans une liqueui éminemment putrescible. » ^lAT. Pouchet, Joly et Mnsset ont écrit à l'Académie que ce résidtnt est erroné. » M. Pasteur a porté à ces messieurs le défi de donner la preuve expé- rimentale de leurs assertions. » Ce défi a été accepté par MM. Pouchet, Joly et Musset, dans les termes que voici : Si un seul de nos ballons demeure inaltéré, disent MM. Joly et ilusset, nous avouer'ons loyalement noire défaite (i). M M. Pouchet a accepté le même défi dans les termes suivants : J'atteste que sur quelque lieu du globe oit je prendrai un décimètre cube d'air, dès que je mettrai celui-ci en contact avec une liqueur putrescible renfermée dans des ma- Iras hermétiquement clos, CONSTAMMENT ceux-ci se rempliront d' organismes vi- vants (2). » L'Académie, acceptant la mission dévider la questionposée en ces ternies, a nommé, dans sa séance du 4 janvier, luie Commission chargée de faire ré- péter en sa présence les expériences dont les résultats sont invoqués conune favorables ou contraires à la doctrine de la génération spontanée. 1) La Commission, vers la fin de février, s'est donc mise en communica- tion avec MM. Pouchet, Joly et Musset, en indiquant les premiers jours de mars comme ceux où pourraient commencer les expériences. Mais cette époque de l'année ne parut pas convenable à ces savants, qui soutiennent ce qu'on appelle généralement la doctrine de l'hétérogénie. Ils deman- dèrent que les expériences fussent remises aux jours chauds de l'été, la température encore faible du mois de mars et les variations qu'elle subit pouvant devenir une cause d'insuccès pour la manifestation des faits qu'ils se proposaient de reproduire devant la Commission. Celle-ci n'attribuait certes aucune influence mystérieuse à la chaleur naturelle, la seule que MM. Ponchet, Joly et Musset voulaient employer : elle pensait qu'une étuve chauffée par une source artificielle de chaleur présentait plus de garantie d'obtenir telle température qui serait nécessaire et de la maintenir constante pendant longtemps, mais elle crnt devoir obtempérer au désir de MM. Pou- (l) Comptes rendus, t. LVII, p. 845. [i] Comptes rendus, t. LVII, p. ()02. ( 387 )■ chet, Joly et Musset et ajourner les expériences projetées au mois de juin suivant. » Le i6 juin une première séance préparatoire réunit les membres de la Commission, ainsi que M. Pasteuret MM. Pouchet, Joly et Musset; mais au bout de quelques instants il fut facile de s'assurer qu'elle ne pourrait ame- ner aucun résultat; car, priés par la Commission d'indiquer ce qui était nécessaire pour répéter les expériences en vases clos qu'ils opposaient à celles de M. Pasteur, les trois savants partisans de l'hétérogéuie déclarèrent qu'ils ne s'étaient pas déplacés pour faire les expériences de M. Pasteur, mais les leurs propres. » Aux demandes de la Commission poin- savoir quelles étaient parmi ces expériences celles qui leur paraissaient les plus importantes et qui, dans leur pensée, étaient tout à fait décisives, cruciales en un mot, selon l'expres- sion consacrée, ils répondirent par un programme d'observations et d'ex- périences rangées par ordre d'importance. Il a été lu à l'Académie, qui a \u que l'expérience capitale dont nous avons parlé, et sur le résultat de la- quelle ces savants avaient porlé un jugement si précis, ne figurait qu'au dernier rang. « La Commission, convaincue qu'en suivant cette voie elle ne trouverait, au bout de laborieuses recherches, que des faits vagues et mal déterminés, source nouvelle de doutes et de discussions ; résolue, pour répondre au vœu de l'Académie, de rester dans le domaine de ceux qui sont observables avec certitude et dont le plus important avait donné lieu au débat, fit parvenir à MM. Pouchet, Joly et Musset une Note indiquant la marche qu'elle préten- dait suivre, et qui fut communiquée à l'Académie dans la séance d'après. On lisait dans cette Note : » L'Académie^ en nommant, dans sa séance du 4 janvier^ une Commission j)Our répéter en sa présence les expériences dont les résultats soiit invoqués comme favorables ou contraires à la doctrine des générations spontanées, a eu surtout pour but de connaître la vérité entre les deux assertions précises et contradic- toires qui ont été émises devant elle. Cest aussi celles que la Commission désire élucider en premier lieu. Décidée à procéder dans cette élude, expériences par EXPÉRIENCES BIEN CARACTÉRISÉES, en faisant successivement connaître à l'Aca- démie les résultats quelle aura constatés, elle désire répéter d'abord celle qui, devenue propre aux deux parties qui l'ont exécutée l'une et l'autre avec des ré- sultats différents, est réputée par chacune d'elles comme également probante. Suivaient ensuite quelques observations indiquant que les expériences se- raient faites au laboratoire de Chimie du Muséum d'Histoire naturelle; que 5o.. ( 388 ) chacune des parties opérerait avec trois séries de vingt billions chacune, M. Pasteur avec hi hqueur dont il a coutume de faire usage, MM. Pouchet, Joly et Musset avec l'infusion de foin liquide dont ils s'étaient servis dans letus expériences faites à Toulouse et sur la Maladetta, pourvu qu'il fût établi que cette infusion conservait sa limjjidité absolue et ne pouvait, par im phénomène d'oxydation chimique, donner lieu à la formation d'un pré- cipité susceptible de rendre les observations microscopiques moins probantes. » Comme MM. Pouchet, Joly et jMusset avaient répondu à cette Note en présentant à l'Académie leur propre programme, dans la voie duquel aucun Membre de la Commission n'aurait voulu s'engager, le regardant comme tout à fait incapable d'amener un résultat net et à l'abri de la dis- cussion, elle fut agréablement surprise en voyant- les trois savants partisans de l'hétérogénie exacts au rendez-vous qui avait été donné au Muséum d'Fîistoire naturelle pour le mardi suivant, le aa juin. » M. Pasteur présenta d'abord à la Commission et à ses antagonistes trois ballons remplis d'air en 1860 sur le Montanvert et contenant de l'eau de levure, liqueur ferraentescible sur laquelle il opère ordmaîrement. De l'aveu de tous, la transparence était parfaite et rien d'organique ne s'était développé. Mais ces ballons contenaient-ils de l'oxygène? La pointe de l'un d'eux fut cassée sous le mercure, et l'analyse de l'air qu'il contenait, faite par l'introduction de la potasse d'abord et de l'acide pyrogallique ensuite, montrait la fois qu'il ne contenait pas d'acide carbonique, et qu'il renfer- maitj comme l'air normal, 21 pour 100 d'oxygène. Dès lors, le liquide tèrmentescible qu'il contenait était resté près de quatre ans au contact de l'air, sans absorber une quantité appréciable fl'oxygène. » Il n'était rentré dans ce ballon que du mercure provenant du fond de la cuve, et la liqueur en est restée inaltérée. Un autre ballon, non ouvert, qui est sous les yeux de l'Académie, conserve sa limpidité parfaite. Un troisième ballon fut cassé à son goulot, de manière que son col maintenu vertical présentât à l'air une ouverture moindre que i centimètre carré. Le samedi aS il s'y manifestait déjà cinq flocons d'un mycélium lâche qui s'est considérablement développé plus tard. » Ainsi, pour terminer ce qui est relatif à cette expérience, en admettant que les ballons présentés par M. Pasteur ont été remplis d'air en 1860, ce qui n'est l'objet d'un doute pour personne, il est bien établi que l'eau de levure peut rester près de quatre ans en contact avec l'oxygène de l'air, a une température d'environ aS degrés maintenue constante, sans qu'il s'y développe le moindre organisme, et sans que l'air avec lequel cette ma- ( 389 ) tière organique est en contact éprouve la moindre altération. A ce ballon unique, que MM. Joly et Musset regardaient comme suffisant |)our les con- vaincre, M. Pasteur en aurait pu ajouter bien d'autres, car les ^3 vases de ce genre qu'il a rapportés du Montanvert et du Jura lui ont permis, tout en expérimentant lui-même sur un grand nombre d'entre eux, d'en réser- ver pour les observations ultérieures un nombre plus grand encore, qui, comme celui que nous avons l'honneur de présenter à l'Académie, sont aussi restés inaltérés. i> M. Pasteur, en présence des Membres de la Conmiission et de MM. Pou- chet, Joly et Musset, se mit ensuite en mesure de remplir les 60 ballons sur lesquels devaient porter ses propres expériences, de la liqueur fér- mentescible qu'il avait préparée en faisant une décoction de 100 grammes de levure par litre d'eau. Chacun de ces ballons, de 260 à 3oo centimètres cubes, fut rempli, au tiers environ, de ce liquide limpide contenu dans un grand flacon, dont le maniement seul donnait lieu à une fréquente agitation. Le col de ces ballons fut étiré à la lampe en tube très-étroit, et le liquide qu'ils contenaient maintenu à l'ébullition pendant un temps sensiblement égal^ deux minutes environ, après quoi chacun d'eux fut immédiatement fermé à la lampe. Il en resta 56 ayant résisté sans se casser à ces différentes opérations. Quatre autres ballons furent remplis du même liquide, mais leur col fut effilé, contourné et laissé ouvert; ces ballons furent aussi soinnis a l'ébullition pendant deux minutes et abandonnés à eux-mêmes. I) Dans le cas où MM. Pouchet, Joly et Musset n'auraient pas été con- vaincus par l'examen fait sous leurs yeux des ballons provenant du Mon- tanvert, la Commission pensait qu'ils s'étaient mis en mesure d'ooérer parallèlement avec le liquide fermentescible dont ils avaient coutume de se servir. Cependant, le temps qu'elle voulait n'employer qu'à l'observation des faits, ce qu'elle regardait comme la seule mission qu'elle eût à remplir, s'écoulait en discussions générales et vaines sm- le programme suivi et sur la convenance, que la Commission ne pouvait admettre, d'adopter pour ces expériences l'ordre indiqué par MM. Pouchet, Joly et Musset. Cet ordre, il est nécessaire de le rappeler, écartant l'objet du débat dont l'Académie nous avait saisis, plaçait au premier rang, des expériences telles que celles-ci : analyse microscopique de l'air de l'amphithéâtre où nous opérions, ana- lyse microscopique d'un litre de bière, etc., études dont il suffit d'énoncer l'indication pour que les personnes accoutumées au maniement du micro- scope en comprennent l'insoluble difficulté. Aussi la Commission se ( 390 ) refusa-t-elle de nouveau à les suivre sur un terrani qui ne pouvait fournir aucun résultat. Pressés de conclure, ces messieurs, après s'être retirés (t concertés ensemble, déclarèrent à la Commission cpie puisqu'elle ne voulait faire quune expérience, ils se retiraient du ilébat. En vain votre Commission, à plusieurs reprises, s'en référant au texte de sa Note, essaya-t-elle de mon- trer qu'eu déclarant qu'elle voulait procéder exj)ériences par expériences hicn caractérisées, elle n'avait pas annoncé l'intention de se borner à une seule, mais que ne pouvant les exécuter toutes à la fois, forcée d'adopter un ordre et de faire un choix, elle avait naturellement assigné le premier rang à celle que l'Académie avait en vue en nommant la Conmiission, qui con- stituait l'objet même du dissentiment, et qui d'ailleurs lui paraissait la plus importante. Le reproche adressé à la Commission, de ne vouloir faire qu'une expérience, ayant été, malgré nos affirmations contraires, reproduit à plu- sieurs reprises, et la réponse réitérée et de plus en plus accentuée de la Com- mission étant restée sans effet, elle fut obligée d'admettre qu'on était décidé a ne pas la comprendre. Toute discussion cessa. MM. Fouchet, Joly et Musset, renonçant à exécuter les expériences pour lesquelles surtout ils avaient été invités à se rendre à Paris, se retirèrent, et celle qui était com- mencée dut être continuée par M. Pasteur en présence des Membres seuls de la Commission. « Le col des ballons préparés fut brisé par M. Pasteur avec toutes les précautions qu'il a recouunaiulées comme indispensables, et qui plus d'une fois ont dû être négligées par d'antres expérimentateurs comme excessives et inutiles, telles que chauffage à la flamme de la partie effdée des ballons, chauffage des pinces qui servent à leur rupture, éloignement aussi grand que possible du corps de l'opérateur, etc., etc. " On y fit ainsi entrer de l'air pris à l'intérieur du grand auqihithéâtre du Muséum, sur les gradins élevés, et les tubes effilés furent ensuite fermés avec lèolipyle. On constata que le vase portant le n" 19 ne fît pas entendre le sifflement annonçant que l'air y rentrait avec une grande vitesse, ce qui indiquait qu'il avait été mal fermé en premier lieu. Il a été laissé dans cet état, sans le fermer de nouveau. Nous désignerons ces premiers vases par le nom de ballons de la première série. Dix- neuf autres de ces ballons furent ouverts à l'extérieur, sur le point le plus élevé du dôme de l'amphithéâtre, et fermés de nouveau comme les précédents. Ces ballons ont été désignés sous le nom collectif de ballons de la deuxième série. » Comme, pendant l'ouverture de ces ballons, lèvent était fort et tra- ( 391 ) versait Paris, la Commission, pour varier Fes conditions de fa prise d'air, et convaincue d'ailleurs qu'on ne se fait pas une idée juste de la dissémination des séminules organisées dans l'air pris au milieu des villes et dans l'air récolté au voisinage des végétaux vivants ou de leurs débris, crut conve- nable d'opérer à la campagne. Dix-huit ballons constituant la troisième série furent ouverts et fermés à Bellevue, au milieu d'un gazon, sous un massif de grands j>eupliers de l'habitation de l'un de nous. » Ces trois séries de ballons furent alors placées dans une armoire du Muséiun fermée par un simple grillage, de telle sorte que les résultats géné- raux de l'expérience pouvaient ainsi être appréciés par tous ceux qui y avaient accès. I) On plaça dans les mêmes conditions les quatre ballons à col etfilé, con- tourné et ouvert, ainsi que trois verres à expérience remplis de la liqueur limpide qu'avait employée M. Pasteur. » Dès le lendemain, le liquide de ces trois verres, déjà troublé, mdi- qiiait la présence de mvriades de Bactéries. L'observation au microscope en démontra l'existence à la Commission trois jours plus tard. L'aspect louche de la liqueur contrastait, le 23 juin, avec la transparence parfaite du liquide contenu dans les ballons. » L'examen de ces ballons fut fait par la Commission à différentes époques; les tableaux suivants résument d'une manière synoptique les changements qu'elle a constatés : ( ^9^ CD 00-j cr> f ►»■ oif-s — ot^oo-J 3 - 5» __ ^ *-■ •< — - *-< ri c n ~' -' "' S t-o 3 3 = = 5 1= ,^ ; ; „ , ; ; ; ; ; ; ; ; : : ^ r* p: c 5^^55 = 55 P B o B B o o 393) 1 I 1 , — « c c c n P^ es n C3 r3 -O T3 T3 aï C 1 ^ c c C O O o o 0 ^ Câ ^ J3 -a -Q :ï e= n C 3 C3 es =a U3 0) .- ^ — B- t. O 73 O 3 3 3 rt ^ 3 en tn tn s '^ o ■" ^-s o -^ H S Q S S s 1 - 1 CD s ■? "C E-* n b. très- •Qï taJ va bJ »J (U CM ;s s t ; ; ï £ £ £ £ £ ï £ £ ï ssure ssures pées. £ 5 a o c^ o oisi oisi Ion T3 O «i; S 3 rt -0 ^ g w 4d •0) tu ^ TS 3 c 6 £ î t s £ £ £ £ £ £ £ £ £ £ "H. 5 £ £ o iâ S lO S a ? a o u • rt ^^ >-. / a ^ •4^ 'rt -â •^ a 5 £ ï t £ £ £ £ £ £ £ £ £ £ £ £ £ Ux § S a C-* s « >-. »< s a ca n cO ■a S !> s ^ "• £ £ £ £ £ £ £ £ £ £ £ £ £ £ (U oo w cr< .q o co +J ta ■*-> "3 w ■o ca 2 £ £ î £ £ £ £ £ £ ; £ £ £ t £ £ £ £ £ O ÏN i "^ es en o ■M QJ j 5= T3 j — ' c--< CO -=?* ira z6 tr^ 00 CTi O •— (r< CO -y ira to f- aô c; :— < « o O ft- • ro- 2; 2; « S ffi- CD; 2; £: tf S u c' "" ' ts a c P ~ ~ c ~ c c CD 3 3 3 S o 3 CL u 3 3 3 3 3 OC i. w en CD* 2 S 3 H r 3 S 3 S t«ï *-<3 »- 1 •-s "o o crq" ^- ^ <* CD- CD- & 0 o T? C:) o o o o cr ^ =3 CQ CD c c (X. (p. c c c c S- = C5. CD- o ^" »• tt>. s £1 = < 5' c; E £ s =t tr r , =, •* , p U >.D ^_ fû o a> fT (T fû S « » - -. cT » O P m ■ 2 ■ < o' ' s 5" < < o a en 5 r' CD n 2. 3 3 co 1° Symétrie par rotation et retournement et 3" symétrie par retourne- ment. C. R., iS65, l" Semestre. (T. LX, N» 8.) Sa ( 402 ) » 4" Symétrie par rotation et renversement. — Ces solides piéseiitetit : 1° deux éléments pareils E, E', seuls de leur espèce, et doués d'une symétrie de rotation d'ordre k; 2" deux autres systèmes d'éléments ou d'arêtes remar- quables, composés chacun soit de k éléments doués de symétrie de rotation binaire, soit de À" arêtes douées de la symétrie de retournement. Tous les autres éléments ou arêtes sont 2 A" fois lépétés n 5° Dans le cas particulier où A- = 2, les éléments extrêmes E, E' peu- vent être remplacés par deux arêtes pareilles. Si en outre chacun des deux autres systèmes remarquables est formé par des arêtes douées de symétrie par retournement, nous avons un genre spécial de symétrie auquel nous pourrons donner le nom de symétrie par retournement et renversement. Les solides doués de cette symétrie sont pareils à eux-mêmes sous quatre aspects différents : ds présentent trois systèmes de deux arêtes pareilles entre elles, toutes les autres arêtes et tous les éléments étant quatre fois répétés. » En dehors des types précédents, il en existe trois autres, dérivés fies po- lyèdres réguliers par le procédé suivant : » Prenons un polyèdre pareil à l'un des polyèdres réguliers; remplaçons ses arêtes par des lignes polygonales quelconques, ou plus généralement par des fuseaux à facettes polyédriques, pareils entre eux et présentant une symétrie de rotation binaire autour d'un de leurs éléments, ou une symétrie de retournement autour d'une de leurs arêtes : remplaçons de même ses faces par des calottes polyédriques pareilles entre elles et présentant autour d'un de leurs éléments une symétrie par rotation dont l'ordre soit égal au nombre des côtés de la face (ces calottes peuvent se réduire à de simples points); nous aurons reconstitué ainsi, ou les polyèdres cherchés, ou leurs polaires. » On obtient ainsi trois types différents : » 6° Symétrie létraédritpie . — Ces solides, ou leurs polaires, peuvent être considérés comme dérivés de deux tétraèdres différents. Ils présentent douze aspects semblables : deux systèmes d'éléments d'espèce quadruple, et un sys- tème d'éléments ou d'arêtes d'espèce sextuple. Tous les autres éléments ou arêtes sont douze fois répétés. » 7° Symétrie cuboctaédricpie . — Ces solides, ou leurs polaires, peuvent être considérés à volonté comme dérivés, soit d'un polyèdre pareil au cube, soit d\\\\ polyèdre pareil à l'octaèdre régulier. Ils présentent vingt-quatre aspects semblables : un système d'éléments d'espèce sextuple, un autre d'es- pèce octuple, et un système d'éléments ou d'arêtes d'espèce dodécuple; tous les autres éléments ou arêtes sont vingt-quatre fois répétés. ( 4o3 ) » 8° Symétrit icosidodécaëdrique. — Ces solides, ou leiii's polaires, peu- vent être considérés comme dérivés, soit d'un icosaèdre pareil au régulier, soit d'un dodécaèdre pareil au régulier. Us présentent soixante aspects sem- blables: un système d'éléments d'espèce dodécuple, un système d'éléments vingt fois répétés, enfin un système d'éléments ou d'arêtes trente fois répétés; tous les autres éléments ou arêtes sont soixante fois répétés. » Les considérations qui précèdent permettent de partager les polyèdres en classes, suivant le degré de symétrie qu'ils présentent. Il y aura en tout neuf classes, en y comprenant celle qui est entièrement dissymétrique. )> CHIMIE. — Deujcième Mémoire sur Célal moléculaire des corps, servant dintroduclion à une théorie générale des composés cf origine organique ; par M. Persoz. (Renvoi à la Commission précédemment nommée.) L'auteur, après avoir brièvement lappelé ses travaux antérieurs sur le même sujet, continue ainsi : » Depuis lors, nous n'avons cessé de poursuivre, à notre point de vue, cette étude de la constitution moléculaire des corps, qui a suscité dans ces dernières années, de la part d'éminents chimistes, des théories si diverses et qu'il serait peut-être utile à la science de voir concilier par l'explication des faits çontiadictoires en apparence, sur lesquels s'appuient les deux doc- trines dualistique et unitaire. » Il ne nous appartient pas île dire jusqu'à quel point le travail de longue haleine dont nous commençons aujourd'hui la lecture pourra contribuer à ce résultat si désirable ; quoi qu'il en soit, nous croyons avoir réuni assez de faits et suffisamment étudié notre sujet pour être à même de présenter à l'Académie des conclusions expérimentales de quelque intérêt sur les relations qui existent entre les propriétés chimiques des corps et lem- constitution moléculaire. '> On comprendra aisément, qu'il y avait pour nous nécessité de con- naître exactement la densité d'un grand nombre de corps dont on peut difficilement déterminer le volume par les méthodes ordinaires; c'est ainsi que nous avons été conduit à imaginer un nouvel appareil pour prendre la densité des corps solides de natures les plus diverses. 52.. ( 4o4 ) » Notre Mémoire se divise en plusieurs parties comprenant : » 1° Une nouvelle méthode pour prendre la densité des corps solides; » 2° La combustion et les phénomènes physiques et chimiques qui s'y rattachent; M 3" Les variations qu'éprouve le volume des corps solides, liquides ou gazeux, selon les diverses circonstances où ils se trouvent placés; le vo- lume que prennent les liquides portés à leur point d'ébullition; la loi qui semble régir ce volume et le point d'ébullition même; » 4" La capacité de saturation des acides et des bases; la loi de composi- tion des corps; la forme mathématique simple sous laquelle elle semble pouvoir s'énoncer; » 5° La loi de solubilité des corps en général et spécialement des com- posés salins; les causes qui déterminent les doubles décompositions : [a] par voie sèche; (/j) par voie humide; » 6" La détermination, par le calcul, de la chaleur spécifique des corps composés ; » 7" La constitution des matières organiques déduite des réactions diverses auxquelles elles peuvent donner lieu, et permettant d'expliquer : » La génération des composés les plus élevés par les éléments les plus sinqiles, et, réciproquement, le mode de dédoublement de composés d'un ordre élevé en éléments d'ordre inférieur; M Les caractères particuliers qui distinguent, au point de vue molécidaire, les corps qui influencent la lumière polarisée de ceux qui sont sur elle sans action; les composés qui servent de matières alimentaires de ceux qui sont impropres à la nutrition ; les substances alcalines toxiques de celles qui sont inolfensives; les produits carbonés dont les radicaux sont la base des ma- tières colorantes naturelles ou artificielles ; » 8° La théorie générale de la combustion. )) En terminant ce court exposé, nous éprouvons le besoin de remercier du bieriveillant concours qu'elles nous ont prêté plusieurs personnes dévouées aux intérêts de la science. » L'Académie a bien voulu accepter, à la date du 3o mars 1 8G3, n" 2 1 1 3, lui pli cacheté renfermant la description de notre méthode pour prendre la densité des corps; nous lui serions bien reconnaissant aujourd'hui si elle voulait bien en prononcer l'ouverture et l'insertion dans ses Comptes rendtcs. ( 4o5 ) La publication de ce pli cacheté fera momentanéaient la matière de ce chapitre, que nous compléterons au furet à mesure que l'occasion s'en présentera, dans le cours de ce Mémoire. » PHYSIQUE. — Nouvelle méthode pour déterminer la pesanteur spécifique des corps solides; par M. J. Persoz. <( J'ignore si la méthode dont la description fait l'objet de ce dépôt, et qui a pour but d'établir la densité des corps solides, quels qu'ils soient, a déjà été pratiquée : toujours est-il qu'il n'en est point fait mention dans les ouvrages classiques que j'ai consultés à cette occasion. » Comme cette, méthode, à laquelle je ne suis pas arrivé d'ailleurs tout d'abord, m'a rendu de grands services, en me permettant de résoudre des questions assez délicates sur la constitution moléculaire des corps, et qu'ap- pliquée à propos elle peut faire entrer la Chimie dans une voie expérimen- tale nouvelle, je viens aujourd'hui^garantir, s'il y a lieu, mes droits de priorité, en indiquant sommairement le principe sur lequel est fondée cette méthode, assez analogue à celle dite du flacon. » Un poids connu P d'un corps dont on veut trouver la densité est uitro- duit dans un vase rempli d'air et de capacité connue V. Le volume du corps serait donné par celui de l'air qu'il a déplacé, mais cette évaluation directe offrirait de grandes difBcultés; on détermine donc le volume de l'air restant dans le vase après l'introduction du corps. A cet effet on déplace cet air par l'eau, OU' tout autre liquide convenablement choisi, suivant les cas, et on le fait arriver dans une cloche graduée pour le mesurer exactement. Le volume trouvé V, retranché de la capacité V du vase, donnera précisément le volume du corps, et la densité sera P D = V— c PHYSIOLOGIE. — De i influence de la section du grand sympathique sur la com- position de l'air de la vessie natatoire ; pctr M. Aumaxd 3Ioreac. (Commissaires, MM. Rayer, Bernard, Balard.) « L'air de la vessie natatoire est composé, comme on lésait, d'oxygène, d'azote et d'une très-petite quantité d'acide carbonique. » Après avoir montré, dans les communications du 6 juillet et du i6 no- (4a6) vembre i863, que dans un poisson la proportion de l'oxygène augiuente de plus en plus à mesure que l'activité fonctionnelle de l'organe est plus pro- noncée, je me suis proposé dans une nouvelle série d'études de chercher les causes prochaines de ces variations. )i Parmi les expériences que j'ai faites, je citerai la suivante, qui m'a mis sur la voie du résultat nouveau que je communique aujourd'hui à l'Aca- démie. M J avais lié le conduit aérien sur une Tanche (C Tinca). Le poisson sur- vécut à l'opération et fut sacrifié au bout de quinze jours. L'analys»' de I air contenu dans la vessie natatoire fournit une proportion d'oxygène supérieure à la proportion qui existe normalement dans cette espèce de poisson. )i Je supposai que cette augmentation était due à la ligature des filets nerveux qui accompagnent le conduit aérien et se portent à la vessie nata- tone; mais comme ces filets ne proviennent pas d'une source tuiique, il fallait trouver par des dissections un point où les nerfs allant à la vessie natatoire pussent être distingués entre eux et soumis séparément à l'expéri- mentation. » Les rapports anatomiques utiles à connaître et les précautions à prendre en employant les procédés opératoires qui m'ont réussi seront exposés avec tout le détail nécessaire à la clarté dans un travail ultérieur. Je me borne ici a ce qu'il est indispensable desavoir pour répéter ces expériences. » L'artère cœliaco-mésentérique qui fournit le sang à la vessie natatoire est enveloppée par un réseau nerveux formé par les anastomoses inextri- cables du grand sympathique et du pneumogastrique. Le nerf qui apporte à ce plexus les éléments du pneumogastrique est une division du raaieati intestinal, division qui vient se jeter sur J'artére en un point tel que l'opé- rateur qui l'atteint peut agir séparément sur l'une ou l'autre des origines nerveuses du plexus. Je vais indiquer la situation de ce point. Celui qiu considère un squelette de Cyprin voit une grande apophyse partant de la colonne vertébrale, et formant avec la première côte un angle aigu. Cette apophyse donne insertion à un tendon s'élargissant aussitôt et formant un plan a|)onévrotique qui se porte sur la face inférieure de la vessie natatoire. Ce tendon élargi est le principal point de repère dans l'opération actuell«; en effet, l'artère cœliaco-mésentérique est perpendicidaire au plan de cette aponévrose qu'elle traverse. Au-dessus de ce plan, elle est entourée par le ganglion et les nerfs sympathiques seuls. Au-dessous et à quelques milli mètres du même plan, elle reçoit les filets nerveux provenant i\u ramenn intestinal du pneumogastrique. ( 4o7 ) <) Voici comment j'opère : au niveau de l'arliculation des cotes à la colonne vertébrale et parallèlement à l'axe du corps, j'incise, depuis la pre- mière côte jusqu'à la ceinture osseuse, les téguments et les tissus sous-ja- cents; puis, à l'aide de deux incisions menées parallèlement aux côtes et partant des extrémités de la première incision, je forme un lambeau que je rabats pour mettre à découvert les viscères situés en avant de la vessie natatoire. Le rein est alors sous les yeux. J'incise le lobe cachant l'aponé- vrose qui sert de point de repère. Tels sont les premiers temps de l'opé- ration. » Si je veux agir sur le sympathique, j'écarte un nouveau lobe du rein placé au-dessus de cette aponévrose et qui cache l'artère; celle-ci étant mise à nu, j'enlève le ganglion qui est translucide et les filets sympathiques qui l'accompagnent. » Si je veux agir sur le pneumogastrique, j'écarte la portion du rein placé au-dessous de l'aponévrose, j'incise une lame fibreuse qui recouvre le foie, je soulève le foie avec précaution pour ne pas rompre un sinus volumineux, et j'aperçois l'artère et les filets du pneumogastrique qui viemient se jeter sur elle. Je résèque ces filets nerveux avant leur accole- ment à l'artère. » Je remets ensuite les organes en place et recouds le lambeau avec le plus grand soin. Ces opérations peuvent durer plus d'une heure sans que la tanche soit en danger de périr. » J'ai opéré une tanche et j'ai coupé les filets sympathiques et le gan- glion au lieu d'élection. Cinq jours après, cette tanche sacrifiée avait lo pour loo d'oxygène dans sa vessie natatoire. )) Une autre, opérée de même et sacrifiée au bout de quinze jours, offrit 12 pour loo d'oxygène. » Une autre au bout de dix-sept jours offrait 17 pour 100 d'oxygène. " Une autre au bout de vingt-six jours 27 pour 100 d'oxygène. » Ces expériences montrent que la section du nerf sympathique accolé aux artères allant à la vessie natatoire détermine des modifications qui amè- nent une augmentation de l'oxygène contenu dans la vessie natatoire. Cette conclusion me paraît mise hors de doute quand on considère que l'opération longue et grave nécessaire pour mettre à découvert les filets et le ganglion sympathique ne produit rien si l'on ne touche à ces organes, et que la section des filets du nerf pneumogastrique qui se portent sur la même artère ne produit pas non plus l'augmentation de l'oxygène. Voici en effet des expériences comparatives : ( 4o8 ) » Une tanche qui n'avait subi aucune opération vécut dans le même ])assin que les tanches opérées. Sacrifiée, au bout d'un mois elle offrit 4,5 pour loo d'oxygène. » Une autre tanche, à laquelle je fis subir toute l'opération décrite pour la section du sympathique en m'abstenant de couper les nerfs et le ganglion mis à découvert, fut sacrifiée au bout de dix jours et offrit 5 pour loo d'oxy- gène. » L'opération par elle-même n'avait donc pas fait varier la proportion de ce gaz d'une quantité supérieure à celle que peuvent donner les varia- lions individuelles. » J'ai pratiqué sur une tanche la section du rameau du nerf pneumo- gastrique suivant le procédé décrit. L'air de la vessie natatoire offrait, au bout de onze jours, 5 pour loo d'oxygène. )) Une autre tanche subit de la même manière la section du pneumo- gastrique, et au bout de vingt-cinq jours elle offrait i pour loo d'oxygène. » On ne peut supposer que c'est par la diminution de l'azote qu'augmente la proportion de l'oxygène; car, s'il en était ainsi, on trouverait la vessie natatoire flasque et presque vidée, tandis qu'elle est toujours pleine et tendue. C'est donc en quantité absolue que l'oxygène augmente en uième temps qu'en proportion relative. )) Il est donc établi que la section du nerf sympathique amène l'augmen- tation de l'oxygène contenu dans l'air de la vessie natatoire. » En terminant cette communication, je ferai remarquer que la chaleur qui se développe dans l'oreille du lapin, d'après l'expérience célèbre de M. Cl. Bernard, et le gaz oxvgène qui arrive ici dans la vessie natatoire de la tanche, sont deux phénomènes déterminés par la même condition phy- siologique, la section du nerf sympathique. Des recherches analytiques nouvelles sont nécessaires pour expliquer comment des phénomènes aussi différenis peuvent dépendre d'une même cause, m CHIMIE. — De ViiiJJuencc du plâtrage sur la composition des t)ins; par M. G. CiiANCEL. (Commissaires, MM. Balard, Payen.) « Une Commission dont je faisais partie fut chargée en i854, par la Chambre de commerce de Montpellier, d'étudier l'inqjortante question du plâtrage des vins. Les résultats de nos recherches ont fait l'objet d'un Rap- ( 4o9 ) port reiiclii public (i), et nos conclusions viennent d'être reproduites, en ce qu'elles ont d'essentiel, dans un travail récemment communiqué à l'Aca- démie par MM. Bussy et Biiignet (2). Ces travaux ayant eu pour unique objet l'examen de l'action du plâtre sur le vin ou sur de l'eau alcoolisée saturée de tartre, à la température ordinaire, sont loin de suffire pour expli- quer comment les choses se passent en réalité, dans la pratique : là, en effet, le plâtre est ajouté à la vendange en saupoudrant le raisin au moment du foulage et se trouve ainsi appelé à réagir pendant toutes les phases de la fermentation. » Je poursuis depuis plusieurs années des recherches sur la constitution chimique des vins et les phénomènes de la vinification. Je crois devoir en extraire, aujourd'hui, à cause de leur actualité, quelques résultats relatifs à • la question du plâtrage. » Le plâtre agit sur les vins de diverses manières ; il importe de ne pas oublier qu'il exerce sur eux une action purement physique de défécation. Mais je me bornerai ici à citer celles de mes expériences qui démontrent à quels résultats erronés on serait conduit si l'on voulait juger la question du plâtrage, tel qu'il est pratiqué, d'après les données fournies par l'étude de l'action du plâtre sur les vins ou sur l'eau alcoolisée. M L'expérience démontre que la quantité de raisins du Midi qui donne r litre de vin contient environ 8 ou g grammes de tartre. Le vin obtenu ne renferme cependant que 2 grammes à 2^% 5 de ce sel par litre. Une grande ijuanlité de bitartrate reste donc dans le marc. M Pour me rendre compte des causes qui pouvaient déterminer cette différence, j'ai étudié la solubilité du bitartrate à diverses températures et tians diverses conditions. Le tableau suivant fait connaître, en grammes, la quantité de bitartrate de potasse que dissolvent par litre l'eau pure et l'eau alcoolisée à 10, 5 pour 100. éralure. l£au pure. Enivalcooli 0 0 2,44 8.- i,4i 5 3,00 1,75 0 3,70 2,12 5 4,53 2,53 (1) Rapport adressé à la Cliambre de commerce de Montpellier, par MM. Berard, Chance i-t Cauvy. (2} Comptes rendus de l'Académie des Sciences, t. LX, p. 200. C. R., i8C5, \" Semestre. (T. LX, N" 8.) ^'^ (4to) Température. Eau pure. Eau 1 alcoolisée. 0 20 5,53 er 3,o5 25 6,70 3.72 3o 8,o5 4,60 35 9,60 5,70 4o II ,3o 7,00 » La solubilité clans l'eau contenant une plus grande proportion d'alcool est encore plus faible. J'ajouterai que la présence dans l'eau pure d'une ipianlilé considérable de glucose ne change pas sensiblement la solubilité tlu tartre. M II est à remarquer que la quantité de bitartr.ite enlevé par le vin ne |)eut correspondre qu'à la solubilité de ce sel à la température du soutirage, laquelle est toujours inférieure à celle de 35 degrés atteinte pendant la fer- mentation ; le vin n'en contient en effet, à ce moment, que 3^% 5 environ. » Quand on met le plâtre en contact avec le vin, on le fait réagir sur un liquide simplement saturé de bitartrate de potasse; ce sel est alors trans- formé en tartrate neutre de chaux qui se précipite, et l'acide tartrique libre reste en dissohition, ainsi que toute la potasse à l'état de sulfate. Lorsqu'au contraire on ajoute le plâtre à la vendange, on le fait réagir sur une dissolu- tion qui, à mesure que la réaction précédente s'effectue, peut puiser dans le marc de nouvelles quantités de tartre. 11 est donc évident que les deux résultats ne sauraient être identiques. Pour me rendre compte des effets qui peuvent se produire dans des conditions si différentes, j'ai entrepris une série d'expériences directes. J'ai fait réagir un excès de sulfate de chaux sur des liquides alcoolisés saturés de bitartrate et en présence d'iui excès de ce sel. Ainsi, de l'eau contenant 10 | pour 100 d'alcool a été maintenue pen- dant trois jours à la température de 35 degrés, en présence d'un excès de sulfate de chaux et de bitartrate de potasse, puis abandonnée à 11 degrés jusqu'à ce qu'elle ceasât.de déposer des cristaux. Cette liqueur renfermait alors une quantité d'acide tartrique égide à s^^ii par litre. Lorsqu'au lieu d'opérer de cette manière je me suis borné à faire réagir le plâtre sur une solution simplement saturée de tartre à la température de 12 degrés, j'ai obtenu une liqueur qui ne contenait plus que o^^97 d'acide tartrique libre. La potasse étant toujours équivalente à iî'acide tartrique mis en liberté, les quantités de sulfate de potasse que contiennent ces deux dissolutions se trouvent nécessairement dans le même rapport que les nombres donnés pour l'acide tartrique libre. On voit que les deux conditions dans les- quelles je me suis placé ne font que reproduire, l'une le plâtrage à la cuve, (4m) l'autre le plâtrage du vin fait et dépouillé. Aussi ces résultats sont-ils plei- nement confirmés par les expériences suivantes. En analysant du vin dont U fermentation s'était accomplie en présence d'un excès déplâtre (i kilo- gramme par hectolitre), j'ai trouvé 2^'', 17 de potasse à l'état de sulfate et 3^%5o d'acide tartrique libre. Le vin provenant des mêmes raisins fermen- tes sans addition de plâtre ne contenait que o^', 585 de potasse à l'état de bitartrate, ce qui correspond à iS'', 86 seulement d'acide tartrique supposé libre. Si ce dernier vin était ultérieurement soumis à l'action du plâtre, on éliminerait la moitié de cet acide, et par conséquent le vin n'en contien- drait plus que o^'', 93 par litre. » Les nombres ci-dessus démontrent que l'addition d'une quantité suf- fisante de plâtre a pour effet de faire passer dans le vin la presque totalité de la potasse contenue dans le raisin à l'état de tartre, et d'augmenter ainsi la richesse de ce liquide en acide tartrique. Il n'est donc pas étonnant que le vin plâtré puisse laisser déposer dans les tonneaux des quantités de tartre au moins égales à celles qu'abandonnent les vins ordinaires. » Il en résulte aussi que les marcs des vins plâtrés à haute dose doivent perdre une quantité très-considérable de potasse, conclusion qui explique ce fait, qui n'avait pas échappé à la sagacité de M. H. Mares, que ces marcs ont une bien moindre valeur comme engrais que ceux des vins peu ou point plâtrés. « Le tableau des solubilités donné plus haut ne suffit pas pour indiquer la quantité de tartre qui peut se trouver dans les vins; il faut en effet tenir compte de ce fait important que la majeure partie du bitartrate est retenue dans la pulpe du raisin, qui ne l'abandonne au liquide qu'après avoir été désagrégée ou détruite par la fermentation. L'analyse des vins blancs et des vins rosés, c'est-à-dire précisément de ceux qui n'ont point fermenté sur le marc, démontre qu'ils ne contiennent que la moitié environ du bitartrate que renferment les vins rouges restés au contact du marc pendant toute la durée de la fermentation, la comparaison portant sur des vins obtenus des mêmes raisins. » En résumé, on peut conclure que le plâtre, tel qu'il est employé dans la pratique, produit les effets suivants : » 1° Il fait passer du marc dans le vin la moitié de l'acide tartrique qui sans son intervention resterait dans le marc à l'état de tartre. » a° U augmente le degré acidimétrique du vin, en avive la couleur et en assure la stabilité. 53.. ( 4i^ ) » 3° Il introduit (hiiis le vin, sous forme de sulfate, la majeure partie de la potasse qui se trouve dans le marc à l'état de bitartrate. » Dans le Mémoire que je me propose de publier prochainement, on trouvera le détail de nos expériences et un grand nombre d'observations sur lesquelles sont fondées les conclusions que je viens de formuler. » PHYSIQUE. — Note sur le pouvoir des pointes; par M. Moxtigny. (Commissaires, MM. Fizeau, E. Becquerel.) « Dans une des dernières séances de l'Académie, M. Perrot, de Rouen, a communiqué les résultats d'une expérience d'après laquelle une pointe métallique perçant le centre d'un disque mince de caoutchouc, de i 5 cen- timètres (le diamètre, et fiusant saillie de près de i millimètre sur le plan du disque, perd la propriété connue sous le nom de pouvoir des pointes. D'a- près ce fait, ce physicien pense que la tension électrique à la pointe d'un cône est excessivement faible au lieu d'être infinie, comme le veut la théo- rie mathématique établie par Poisson. Le fait intéressant observé par M. Perrot n'est pas de nature, me paraît-il, à infirmer aucunement les con- séquences de la théorie de cet illustre géomètre, théorie qui concorde, d'ailleurs, avec les expériences de Coulomb sur la distribution de l'électricité à la surface des corps. » Il est à remarquer que l'état de la tension électrique à la pointe d'un cône ne résulte pas seulement de l'état du fluide en ce lieu même, mais de l'action répulsive qui est exercée par l'ensemble de la couche électrique répandue à la surface du cône, que nous supposons en libre communication avec le sommet. Quand on interpose entre celui-ci et le reste de la surface un disque très-largo, mauvais conducteur comme le caoutchouc, et sur lequel la pointe de la tige effilée fasse à peine saillie, les actions réciproques entre les couches électriques à la pointe et sur le reste du cône, séparées de la sorte, ne sont plus dans les conditions des couches électriques que la théorie mathématique suppose absolument libres. La différence des condi- tions est surtout manifeste dans l'expérience de M. Perrot; car ici un disque large et mauvais conducteur forme obstacle à l'écoulement libre et contitui du fluide, de la base au sommet de la surface conique, que ce disque enserre près du sommet. Il est présumable que si, au lieu de se trouver eu contact immédiat avec ce large collet isolant, la pointe passait librement à travers une petite ouverture pratiquée au centre du disque, convenable- ment soutenu d'ailleurs, mais sans que la pointe touchât les bords de l'on- (4i3) verlure, le pouvoir de la pointe ne serait guère diminué, et que l'écoulement du fluide s'effectuerait à peu près comme si elle était tout à fait isolée dans l'air au-dessous de son sommet. » Si la pointe foruiait saillie sur un disque bon conducteur, tel que le cuivre, en communication avec la pointe, son pouvoir émissif serait proba- blement supérieur à celui delà même pointe dépourvue du disque conduc- teur, c'est-à-dire que, dans un temps donné, la perte serait plus grande que celle qui aurait lieu sans le disque. Ce qui me permet de présumer lui accroissement du pouvoir de la pointe munie d'un disque conducteur, c'est l'action répulsive qui serait exercée par la couche de fluide répandue à la surface tlu disque, sur le fluide de même nom qui tend à s'écouler par la pointe. Des expériences délicates réussiront probablement à mettre en évi- dence le fait ici supposé, si elles sont essayées avec une puissante ma- chine. » Je ne réclamerais certainement pas l'honneur de présenter à l'Académie luie Note simplement critique, sans l'avoir appuyée par de nouvelles expé- riences, si je n'avais à indiquer ici un fait qui n'a pas été signalé jusque maintenant, je pense, et qui se rattache à la question de l'influence exercée par une surface mauvaise conductrice de l'électricité sur le pouvoir d'une pointe, que cette surface entoure à distance. » Lorsqu'une pointe métallique en communication avec le conducteur d'une machine électrique est recouverte par une cloche en verre très-sèche, de i5 à 20 centimètres ou moins de diamètre intérieur, à l'instanl la pointe perd son pouvoir d'émission diijluide. Cette suspension totale de perle du fluide a lieu sans que la pointe touche les parois intérieures de la cloche; elle persiste aussi longtemps que la pointe est entourée de cette enveloppe non conductrice, qui l'isole de l'air extérieur. Il suffit que la pointe suppo- sée verticale et dirigée vers le haut se trouve à peu près à la hauteur du plan de l'ouvertui e de la cloche, quand on abaisse lentement celle-ci siu- la pointe, pour que l'électromètre adapté au conducteur de la machine, qui accusait une perte de moins en moins rapide, devieiuie stalionnairc, autant que le permettent les pertes par les autres parties de l'appareil. Le système semble être alors dans les mêmes conditions que si la pointe avait été subi- tement recouverte par une boule métallique. » En général, la déperdition parla pointe cesse ou diminue notablement quand elle est placée à l'intérieur d'un vase en verre sec, de forme quel- conque. Ainsi la déperdition est loin de s'effectuer comme dans l'air libre, lorsque la pointe est introduite dans le globe allongé d'un œuf électrique. ( 4.4) ouvert à ses doux bouts, mais dégarni de ses armatures à vis eu cuivre. Il eu est de même quand la pointe est placée dans un cylindre en vorre plus ou moins large et ouvert aux deux bouts. Dans les deux cas, l'écoulement semble cesser tout à fait; mais il redevient sensible dans le cylindre lors- qu'on api)roche la pointe de l'ouvertiu-e supérieure. Dans un cône creux de verre où la pointe pénètre par le sommet ouvert et dirigé vers le bas, l'é- mission cesse aussi; mais elle reprend également quand, par l'abaissement du cône, la pointe se trouve à peu près à la bauteur de l'ouverture évasée. M Pour que les expériences réussissent, il faut que l'intérieur des vases en verre soit sec et propre. Si l'on mouille l'intérieur de la cloche en verre dont il a été d'abord question, et que l'on mette sa surface niouillée en communication avec le sol, la pointe placée à l'intérieur de la surface ren- due bonne conductrice reprend ses propriétés ordinaires de déperdition. Il en est de même lorsque la cloche est remplacée par un hémisphère métal- lique communiquant avec le sol. 1. L'explication résultant de l'ensemble des expériences précédentes me paraît être celle-ci, jusqu'à preuve du contraire : l'écoulement de l'électri- cité parla pointe cesse à cause de l'action répulsive exercée, sur le fluide qui tend à s'en échapper, par l'électricité de même nature qui s'est déposée, aii premier instant, à l'intérieur de la surface non conductrice, quand celle-ci enveloppe la totalité ou une grande partie du milieu gazeux dans lequel la pointe est plongée. )) Je me borne à indiquer ici les particularités les plus générales concer- nant un fait curieux que je n'ai trouvé mentionné nulle part, et que j'ai observé, il y a déjà certain temps, en faisant des recherches sur le rôle de la pointe des paratonnerres. Il reste à varier les expériences et à rechercher quelle est l'influence précise de la forme, des dimensions et de la position du vase en verre sur la cessation complète ou partielle de l'écoulement de l'électricité par la pointe placée à son intérieur. » CORRESPONDANCE . MM. Cariiington, Collin, Ralbiam et Oluvier, dont les travaux ont été couronnés dans la dernière séance publique annuelle, adressent leurs re- mercîments à l'Académie. M. Hanstein remercie également r.\cadémie qui, après lui avoir décerné je prix Bordin dans la séance du 28 décembre i863, l'a autorisé à repren- (4i5 ) tire les planches de son Mémoire. 11 annonce l'envoi d'un exemplaire de son travail, actuellement publié. M. l'Inspecteur général des Ponts et Chaussées Léonce Retnaud adresse à l'Académie, de la part de S. Exe. le Ministre de l'Agriculture, du Commerce et des Travaux publics, un exemplaire d'un Mémoire « sur l'éclai- rncje et le balisage des côtes de France » dont il est l'autoiu" et qui vient d'être publié par ordre du Ministre. M. LE Secrétaire perpétuel présente une nouvelle Note de M. Cltncornac « sur la constitution pbysiqne du Soleil. « Le dessin qui l'accompagne ne pouvant être reproduit dans le courant de la semaine, la publication de la Note aura lieu dans le ComjHe rendu de la prochaine séance. M. Elie de Beaumont fait hommage à l'Académie, au nom de M. Roulin, d'un ouvrage publié récemment par lui sous le titre d'Histoire naturelle et Sotivenirs de voyage. Ce volume est composé d'une série d'articles relatifs à différentes parties de l'Histoire naturelle qui servent de cadre aux observa- tions pleines d'intérêt que M. Roulin a faites autrefois dans son voyage en Colombie. Elles y sont accompagnées de remarques du même genre re- cueillies par l'auteur en Europe, et de celles que lui a foin-uies l'étude d'un grand nombre d'auteurs anciens ou modernes. Quelques articles sont même exclusivement conîposés de notes prises dans différents ouvrages sou- vent rares ou peu connus. Ce petit livré, dans lequel une immense érudition se cache sous les formes attrayantes d'une rédaction aussi facile que spiri- tuelle, sera lu avec intérêt par toutes les personnes qui aimeraient à voir le tableau des aspects et des productions les plus variés de la nature dégagé de tout appareil scientifique, et approfondi cependant avec une rare sagacité. (c M. BiENATMÉ offre à l'Académie, au nom de l'auteur, M. le général Didion, une brochure sur le Calcul des ])ensions dans les Sociétés de pré- voyance. » C'est, dit M. Bienaymé, un travail que poturont consulter avec fruit toutes les Sociétés de ce genre. Malheureusement les personnes qui dirigent ces établissements si dignes d'intérêt ont parfois trop négligé les indications de la science, et cette négligence a eu des conséquences graves qu'il importe de ne pas voir se renouveler. Les ouvrages comme celui de M. le général Didion contribueront à ce résultat en éclairant les esprits des associés, des fondateurs, et du public qui s'intéresse à leur succès. » (4.6) M. Regxaclt présente au nom de l'auteur, M. Michèle Trêves, un oiivrage en italien intitulé : « Percement mécanique des tunnels pour les chemins de fer, el en particulier sur le percement des Alpes. » RI. BoussixGACLT présente au nom de l'auteur, M. Àlvaro Rcjnoso, un ouvrage en espagnol relatif à la canne à sucre. M. Boussingault est chargé de présenter sur cet ouvrage un Rapport verbal. M. ViRKY communique la description d'un baromètre très-portatif et peu (lis])cndieux qu'il a construit, et qui présente, suivant lui, les mêmes avantages que ceux de Gay-Lussac et de Fortin. Cet instrumeiU, dans lequel il n'existe pas de cuvette, est analogue au baromètre à siphon, dont il dif- fère en ce que, lors des variations dépression, le mercure delà petite bran- che se meut dans un tube horizontal sans qu'il y ait de correction àfiire subir au zéro. (Renvoyé à l'examen de M. Regiiault.) M. DE i.A RoQiTETTE fait lioiumage à l'Académie d'un ouvrage consacré à la correspondance scientifique et littéraire de M. de Ilumboldt dont il vient d'achever la publication. Ce volume, orné de deux portraits de l'il- lustre voyageur, dessinés l'un en i8i4 et l'autre en 1867, contient une No- tice sur sa vie et ses ouvrages, rédigée par M. de la Roquette. M. HuGUEiW, professeur au lycée de Strasbourg, fait hommage à l'Aca- démie de deux brochures, l'une intitulée : Recherches expérimentales sur la darde' des corps; l'antre : Sur la comf)ositiou chimique et les propriéte's quon doit exi(jcr des eaux potables. Conformcu.ent au vœu exprimé par l'auteur, ce dernier opuscule sera renvoyé à la Commission du prix des Arts insalubres. PHYSIQUE. — Formules pour déterminer la température d un milieu ambiant sans l'observer. Note de 31. P. Volpicelli. « La teuq)érature t d'un corps diius un ambiant change toujours, jusqu'à ce qu'il arrive à celle jc de l'ambiant même. Adoptant l'hypothèse connue de Newton, on aura (1) t — x^cb-', ou t représente le temps, la constante b devant être > i, et l'autre c posi- tive ou négative, selon que la température de l'ambiant sera plus ou moins (4i7 ) élevée que celle du corps. Que l'on ait trois temps t,, t.^, t^ inégalement distants entre eux, et correspondants respectivement aux trois tempéra- tures observées t,, Tj, t, ; de là (i) nous aurons les (a) r, — a: = cb"'', z. -^ x = ch~'% -^ — .r = ch'~'% d'où X ' et faisant t.— t, n on aura f 3) (t, - a-)'" {7, ^ jt)" = (t, - x)'"-^", équation du degré m -\- n — i, qui fournira la valeur cherchée. » Corollaire. — Que l'on ait 2J (4) fi-i, = f3- (2 nous aurons m = n, et par conséquent d'après l'équation (3) on aura (t, — .r)(T3 — ^) = (-2 — .r)=; conséquemment (5) ^=_lJ.^IiI^=:,^_ili^l!KZi=I^. ^ 2T; T, — T3 T, T2 (t. —Ta) » Donc, pour avoir la température d'un ambiant, au moyen de trois autres observées à des temps équidistants, il faut diminuer la température médiane Tj du quotient obtenu, en divisant le produit des premières diffé- rences par la seconde. Cette formule, que nous venons de démontrer en général, a été arithmétiquement déjà pratiquée par le savant physicien de Lausanne, M. Dufour (*). » Nous avertissons qu'aux erreurs inévitables d'observations faites sur un thermomètre qui monte ou descend, s'ajoute une conductibilité impar- faite, et en outre la facile variation de température de l'ambiant pendant la durée de l'observation. Donc, pour avoir un accord entre la théorie et l'expérience, il faut apporter à celle-ci la plus scrupuleuse exactitude. Par (*) Comptes rendus, t. LIX, p. loog, 1. g. G. R., i865, i" Semeslre. (,T. LX, J(" 8.) 5/\ ( 4>8 ) conséquent, l'équafion (5), seulement quand on opère avec toutes les pré- cautions, fournira un autre moyen de vérifier riiypolhésè relatée de Newton. » L'équation (5)s'obticnI aussi, ou en résolvant réquiquotient (6) li^iJf = îi:::±\ qui représente cette même hypothèse; ou bien moyennant le théorème re- connu par M. Dufotu' dans les progressions géométriques (*), puisque, eu l'appliquant algébriquement au cas actuel, nous aurons T, — j— (t, — .r) — [ti — x — (tj — j:)] - qui nous donne promptement la valeur de l'équation (5). » Dans le corollaire actuel, des équations (a) combinées avec l'équa- tion (()), nous aurons T.. X T3 X et substituant dans celle-ci la valeur trouvée de x, on aura ;,) *=(?:-'■'""'■ • En outre, de la première des équations (2) ou liie f = (t, — .r) b''; par conséquent. (8) ,.=. Jli-^iLè'., et, moyennant les équations (5), (7), (8), l'éipialion (1) se réduira a ^1 2r, - ■T, T;, 2T2— T, — T., \ T, — r,/ par laquelle, étant donné le temps <, on connailra la température corres- pondante T du corps, et vice versa. {') Comptes rendus, t. LIX, p. 1008, I. ig. (4<9) » En différeiitianl réqualioii (i), nous aurons (9) d-=-{-~x)\ogb.dt, ou logé représente le coefficient k de la déperdition calorifique. Pourtant d'après les équations (2) nous aurons Si la température de l'ambiant est zéro, d'après l'équation (10) nous obtien- drons (11) ^.^^log^ = ^|ogp, formide qui s'applique aussi en électrostatique. Effectivement les physiciens, avec Coulomb et d'autres (*), admettent que la déperdition de l'électricité est proportionnelle à chaque moment à la densité ou à la tension électrique, ce qui conduit à l'équation (i i). La condition x= o simplifie beaucoup les formules précédentes. » Pour déterminer l'erreur dx résultant de celle qui existe dans les trois observations, en différentiant l'équation (5), nous aurons I ^ ^1^ _ (t, — T3)'^/t — 2 (7, — tQ (t, — Tj) rf7; + (t, — T,)V/t3 ^ ' (2T,-T, — T,)^ » Supposons, par exemple, l'équation (i 2) se réduira à dx = 5,06 .d■:^ — i4,6 . dz^-h io.ô.c/tj. Pourtant, si l'erreur est de 0,1 de degré, et si elle affecte seulement la se- conde des trois observations, on aura dxi = d-:^ == o, dz^ =: o, i , et conséquemment par approximation djc ^—14. dz2 = — I ",4 ; donc l'erreur sur la température de l'ambiant aurait été, dans notre hypo- thèse, d'environ i°,5. » (* ) Histoire de l'Jcadrmie royale des Sciences, année 1 785, p. 618, 1. 8 en montant. — Rif.ss, Électroita tique, vol. I, p. 108. — Jamin, Cours de Physique, i858, t. I, p. 366, 1. i^. 54.. ( 420 ) PHYSIQUE, — A^ote sur la cristaltisadon de l'eau; par M. Vioxxois. « La cristallisation de l'eau est connue; cette dernière se forme en aiguilles |)rismatiques qui s'implartent les unes sur les autres sous un angle de 60 degrés en tous sens; elle rappelle dans ses dessins la feuille de fou- gère. Mais ce mode n'est pas le seul et il en est un autre qui, bien que rarement mentionné, doit être fréquent dans la nntnre. Remarqué pour la première fois dans les Pyrénées avant 1840, on l'a vu se reproduire plusieurs années de suite aux environs d'Épinal; usais son plus beau déve- loppement a été observé le i3 janvier 1847 entre Bussang et la vallée du Sechenat (Vosges). On va le décrire. Tous les gisements étaient analogues : une paroi fortement inclinée, argileuse, humide, exposée au nord. n Une prairie humide, d'une pente rapide, exposée au nord, avait été dénudée de sa terre végétale pour y asseoir le pied des remblais d'une route neuve. Sa surface était argileuse, lisse, humectée en quelques places par le suintement de quelques sources peu perceptibles. Quelques cailloux y avaient été jetés çà et là. Par suite des froids elle était recouverte par place d'une couche de glace d'épaisseur variable atteignant jusqu'à 16 centi- mètres. Cette couche était subdivisée en tranches d'épaisseur inégale, de T à 4 centimètres, séparées par quelques débris terreux. Sur la face supérieure de la première tranche reposaient des débris terreux et des cail- loux. Chaque tranche était formée par l'agrégation de prismes droits, nor- maux à ses faces supérieure et inférieure. Celte structure était facile à recon- naître, soit latéralement, soit par la cassure. Les sommets des prismes étaient très-apparents à la face supérieure où ils ra|ipeiaient la disposition des rayons de miel. On croit que ces prismes avaient pour base un triangle équiangle, sans pouvoir l'affirmer. Il est à observer que là où les eaux étaient abondantes elles présentaient leur congélation ordinaire et formaient des nappes de glace. p La formation de cotte glace s'explique très-naturellement. La mince couche d'eau répandue sur la surface, saisie par le froid^ s'est cristallisée; mais les prismes, au lieu de recouvrir de leurs aiguilles la surface humide, faute de liquide sans doute, s'y sont implantés normalement et se sont accrus par leur base au moyen de l'eau affluente. Chaque tranche était le ré.sultat d'un abaissement de température. Les plus fortes correspondaient en effet aux nuits précédentes les plus froides. De cette explication il ré- sulte qu'en se formant les cristaux chassent par leur sommet les cailloux ( 421 ) et débris terreux gisant au lieu de formation. De là la présence, à la surface de la couche, des cailloux et débris terreux qui recouvraient avant les froids l.i surface du sol ; de là l'existence, entre les tranches, de matières terreuses détachées du terrain naturel à l'origine de chaque formation. Cette nature de glace présente dans sa formation une espèce de végétation, car partant du sol elle s'élève graduellement par de nouvelle glace qui s'ajoute à sa base, les cristaux restant nonuaiix à cette base. B Le phénomène que l'on vient de décrire, et que l'on appellera cristalli- sation p/ismalique, doit se produire toutes les fois que la couche d'eau est suffisanuuent mince. Il explique très-bien l'action désagrégeante delà gelée sur les matières humides, les pierres, etc., sa force pour les faire éclater et eu chasser les débris. » M. Elie DE Beaumoxt, en présentant la Note de M. Vionnois, rappelle que M. Clere, Ingénieur en chef des Mines, a fait anciennement des obser- vations du même genre dans les Ardennes, et les a décrites dans le Journal des Mines. Il ajoute que beaucoup d'observateurs ont signalé des faits sem- blables qui cependant sont encore trop peu connus en France, et que lui- même, en montant à certains cols des Alpes, à la suite de nuits sereines, a quelquefois remarqué, comme M. Vionnois, des couches de glace, fibreuses transversalement, et portant sur leur surface du sable et de petites pierres. GÉOLOGIE. — Note sur un gisement exploitable d'émeri découvert à Chester (Massachusetts). Extrait d'une Lettre de M. le D'^ Charles T. Jackson à M. Elle de Beaumont. « Boston, le aj ôclobre 18G4. » J'ai découvert un banc inépuisable du meilleur émeri dans le territoire de la ville de Chester, comté d'Hampden, au milieu de l'État de Massa- chusetts. On exploitait ce banc depuis plus de deux ans, dans la persuasion que c'était un banc de minerai de fer magnétique; mais on trouvait le mi- nerai extrait trop réfractaire pour être fondu seid, et on le mélangeait avec du carbonate de fer et de l'hématite. Ayant eu l'occasion de faire l'examen de cette mine, pour le compte de M. B. Taft, de Boston, et de ses associés, et ayant trouvé un grand nombre de veines de margarite et d'émeriliite, je remarquai que les couches étaient semblables à celles de Naxos et d'Éphése, je conseillai de faire des recherches pour l'émeri, et je donnai les indications nécessaires à M. le D'' Lucas, de Chester. Il en résulta que, au bout de peu de semaines, M. le D' Lucas m'envoya des échantillons ( 422 j (luil pensait être de J'émeri, et en effet, d'après l'analyse chimique et Texa- iiien mécanique et microscopique, cet émeri fut reconnu comme étant d'ex- cellente qualité et comme constituant 73 pour 100 de la masse. » Je tus, en conséquence, invité par M. Taft à visiter de nouveau cette localité et à faire à la fois une étude complète de l'émeri et des minerais de fer. Le résultat de cette étude a été que l'un des grands bancs du prétendu minerai de fer magnétique était principalement composé d'émeri, qui était la cause de ses qualités réfractaires dans le foninoau. L'épaisseur de ce banc varie de 3 à 10 pieds, et son épaisseur moyenne n'est pas inférieure à 4 pieds. Il affleure sur la montagne méridionale, près de sa base, et on le suit d'une manière continue jusque près du sommet, dont la hauteur perpendiculaire au-dessus de la base est de ySo pieds. Il coupe aussi la montagne septen- trionale, où il présente une puissance moyenne de 6 pieds et un grain cris- tallin assez gros, comme le corindon massif ou granulaire. Ce gr.uul banc a été suivi sur une longueur de 4 milles, dans la direction N. 20° E. -S. 20" O.; d plonge du côté de l'est, avec une inclinaison inférieure à 70 degrés, de même que les couches du terrain, qui présentent une légère courbure. Le terrain est formé de roches primitives ou complètement métamorphiques, composées de micaschiste, schiste amphibolique, schiste talqueux et schiste chloritique. Le micaschiste, en couches fortement contournées, domine, à l'est, sur une étendue de plusieurs milles; un schiste amphiholique non- brillant occupe à l'ouest une étendue de plusieurs milles. Des cri.staux noirs de tourmaline se montrent dans le schiste amphibolique, dans le schiste tal- queux et dans le schiste chloritique. Un ravin profond, dans lequel passe une branche de la rivière de Westfield, sépare la montagne du sud de celle du nord. En gravissant cette dernière montagne, on voit la position du banc d'émeri, ou de corindon, se dessiner très-distinctement, par son relief proéminent, an-dessus des couches moins résistantes; mais il est digne de remarque que les phénomènes diluviens ont poli aussi la surface du corin- don. L'émeri de la montagne du nord n'est pas mélangé de minerai de fer el est plus |iur qu'aucun des échantillons de Naxos et de l'Asie Mineure que j'ai examinés; sa pesanteur spécifique est de 3,75 à 3, 80; celle de l'émeri de la montagne du sud, qui est toujours mélangé d'un peu déminerai de fer, est de 4,02 à 4i'8. La pesanteur spécifique du meilleur émeri de Naxos est de 3,71 à 3,72. Après avoir été mis en digestion dans l'acide chlorhydrique, des échantillons d'émeri de Chesler pulvérisé ont été soumis à un examen mi- croscopique comparativement à l'émeri de Naxos. Ils paraissent exacte- temcnt semblables; les grains sont de la même forme et également transpa- ( 423 ) rents. Des essais faits pour user une face d'un cristal de quartz ont prouvé que l'émeri de Chester ne le cède en rien à l'émeri de Naxos. « La fusion, plusieurs fois répétée avec le bisulfate de potasse, rend le minéral soluble sous forme d'alun, et le carbonate d'ammoniaque précipite de l'alumine de la dissolution, après qu'elle a été débarrassée de l'oxyde de fer. L'analyse n'a pas donné de silice. Le minéral avait été préalablement réduit en poudre dans un mortier d'acier. » L'émeri de Chester appliqué au polissage de l'acier a donné un résultat supérieur à celui de l'émeri de Naxos dans la proportion de 20 à i5. Le gisement nouvellement découvert est situé près d'une manufacture d'armes, où il rendra de grands services. Il mettra fin au monopole exercé par la Compagnie anglaise qui possède les gisements de Naxos et de l'Asie IMi- neure, les seuls connus jusqu'à présent. » MÉTÉOROLOGIE. — Sur les observations d étoiles filantes pour Vannée i864; par M. CoLLviER Gravier. '( Nous avons l'honneur de mettre sous les yeux de l'Académie des Sciences les résultats météoriques de l'année 1864. » Les courbes d'étoiles filantes, celles des perturbations éprouvées par ces météores dans le parcours de leurs trajectoires, ainsi que la courbe des vents du i" janvier au 1" mai 1864, que nous avons présentées à l'Acadé- mie dans sa séance du 2 mai dernier, montraient une influence des cou- rants de l'est. w L'Académie se souvient, sans aucun doute, de l'album météorique que nous lui avons également présenté en i863 dans sa séance du lundi 2j févrief . Dans cet album, nous avons inséré des courbes établies à l'aide des météores filants observés pendant les périodes de sécheresse, montrant la résultante de ces météores avoisinant le plus près possible l'est. Le même résultat se retrouve pour les courbes des perturbations. » Nous avons opéré de la même manière pour les périodes de pluie, et nous avons trouvé, au contraire, que la résultante de ces météores et de leurs perturbations avoisinait le plus près possible le sud-ouest. D'où il résulte clairement que l'humidité et la sécheresse des années se trouvaient parfaite- ment indiquées par la position azimutale de ces résultantes. » Lorsque nous avons présenté nos courbes au mois de mai dernier, ou pouvait pressentir, d'après les lois que nous avons données, qu'en général l'année i Sô'i serait plus sèche qu'humide. Et comme les perturbations accu- ( 424 ) saieiit une prédilection des courants atmosphériques de la région de l'est aw nord plutôt que de l'est au sud, la clialeur de l'année devait être plutôt modérée qu'autrement. » Les fiiits météoriques de l'année 18G4 sont venus donner une fois de plus raison aux lois que nous avons foit connaître, soit dans nos conununi- cations à l'Académie, soit dans nos publications. » En effet, le niveau moyen de l'élévation des eaux de la Seine, relevé au Pont-Royal, que nous avons prisa dessein, ainsi que l'Académie le sait, comme point de comparaison, n'a atteint pour toute l'année que o™,74- Au con- traire, dans les années pluvieuses, ce niveau atteint jusqu'à 2™, 26; ce qui fait une différence pour 1864 de i^iSa. » La balance en faveur des jours de beau temps sur les jours de pluie a été de 62. La chaleur, au lieu d'atteindre, en moyenne générale, jusqu'à un peu plus de 12 degrés, connue dans les aimées les plus chaudes, ne s'est pas même élevée au chiffre de 1 1 degrés. 1) L'Académie, par les résultats que nous lui soumettons, verra que nous avons satisfait à ses désirs consignés dans le Rap[)ort dont elle a adopté les conclusions au mois de mars dernier. On nous demandait, en effet, de for- tifier par de nouvelles preuves l'exactitude des résultats que nous lui avons fait connaître. » L'année 1864 est une des très-rares années où le niveau moyen des eaux de la Seine se trouve aussi peu élevé. De plus, la résultante des per- turbations éprouvées par les étoiles fdantes se trouve placée à 10 degrés en- viron du nord-est. Nous trouvons ensuite la direction moyenne des vents observés du troisième au quatrième jour après l'apparition de ces pertur- bations placée entre le nord et le nord-nord-est, résultat parfaitement con- forme aux lois que nous avons établies. Car ces résultantes coïncideraient évidemment, si nous avions plus d'observations, c'est-à-dire si nous avions les moyens d'exécution qui nous manquent. » La résultante générale seule des étoiles filantes qui, du i*'' mai jus- qu'au 1'='^ septembre, était remontée du sud-sud-est le plus près possible de l'est, a, dans les quatre derniers mois, rétrogradé jusqu'entre le sud-sud-est et le sud; tandis que les perturbations ont conservé leur influence des ré- gions du nord. Il en est résulté, en effet, que le nord n'a eu que des pluies presque insignifiantes. Nous avons fait connaître également que, pour que les i)roduils météoriques soient complets, et sévissent sur une grande sur- face, il fallait un accord presque parfait entre la résultante des étoiles filantes et celle des perturbations. ( 425 j ■ L'Académie sentira, non-seulemei)l après tout ce que nous lui avons fait connaître jusqu'à présent, mais aussi par notre communication d'au- jourd'hui, combien il serait iinporlant pour la science d'avoir, quand ce ne serait d'abord qu'une nouvelle station connne elle l'a demandé, pour y établir des observations continues et combinées avec les observations faites au Luxembourg. Car si, avec les faibles ressources que nous avons à notre disposition, nous avons pu obtenir de tels résultats, ne doit-on pas espérer arriver à des données bien plus importantes encore, à l'aide d'un champ plus vaste d'observations. » TECHNOLOGIE. — Nole sur les Jaunes neptuniennes ; par M. Gaunage. (Commissaires, MM. Brongniart, Payen. ) L'auteur croit à la possibilité et à l'utilité d'employer pour la fabrication du papier certaines plantes marines, dont quelques échantillons accompa- gnent son Mémoire. M. DE Paravey adresse une Note sur quelques erreurs qu'il croit avoir rencontrées dans le Cosmos de M. de Humboldt. M. Mater présente une Note sur une nouvelle méthode d'embaumement. (Renvoi à l'examen de M. Payen.) La séance est levée à 5 heures et demie. É. D. B. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu dans la séance du 20 février i865 les ouvrages dont voici les titres : Traité des Sections coniques, faisant suite au Traité de Géométrie supérieure ; par M. Chasles; i" partie. Paris, i865; vol. in-8°, avec planches. Des méthodes dans les sciences de raisonnement; par M. J.-M.-C. Duhamel. Paris, i865; in-8°. Histoire naturelle et Souvenirs de voyage; par M. F. ROULIN. Paris; vol. in-i2. (Présenté, au noui de l'auteur, par M. Élie de Beaumont.) Mén\oire sur l'éclairage et le balisage des côtes de France; par M. Léonce Reynaud; publié par ordre de S. Exe. M. Armand Béhic, Ministre de l'A- C. R., 186S, 1" Semesire, (T. LX, N» 8.) 55 ( 42G ) i;iicultmv, du (iommerce et des Travaux publics. Paris, i864; vol. in-4" avec atlas in-folio. Hu.viBOLDT. Correspondance svienlifiqiic ci littéraire recueillie, pithtiée et précédée d'une notice el d'une introduction par M. de la Roquette. Paris, i86S; in- 8". Note suritn nouveau scintïllomètre ; par M. C. MONTlGNY. (Extrait des Bul- letins dç i Académie royale de Belgique; 2® série, t. XVII, n° 3.) Bruxelles; br. in-8°. Beclierchcs expérimentales sur cette question posée par Aracjo : « fa scintilla- tion d'une étoile est-elle la même pour lea observateurs diversement placés '^ » p(.r) «= tPFHx)'l>(xj / ^(x +az)dz=F{x)^la:)-\ ^' ' -] r. . [ -^ .... En différentiant par rapport à jc, on en conclura et en simplifiant dz\ ., , ^, , adF(.r)].{a:) , Mais l'équation en z étant maintenant z — F{x + rtz) = o, ( 433 ) on en tire clz I d.v i—a¥'{x-\-az] de sorte qu'en posant g[z) = z — ¥ {x + az), il viendra en dernier lieu S'(z) ^v-' / ^ , dx 1.2 dx » Sous cette forme nouvelle, on peut appliquer à la série de Lagrange le procédé qu'on emploie dans les éléments pour étendre aux fonctions de plusieurs variables la série de Taylor F(j: + h) = F(a-) + ^ r[x] + ^'^"{x) +.... » Ainsi on fera d'abord jf = o, a = i, se servant de ce cas particulier pour y introduire, au lieu de F(z) et $(z), les fonctions F( x + nz, j -{- bz), (x -^ az, j + l>z), et l'on parviendra à ce développement où l'on a mis, pour abréger, F et dans le second membre au lieu de F(^,jr), 0(.r,>), savoir : — i ■ . • '- = $ + <7 1 1- . . . ^' (z) . dx I . a dx- + b —, !- nb OU bien dy dx dy b- c/2FM> 1.2 dy'' ■ ^k j 27 §' (z ) ^^ 1.2 . . /« . 1 . 2 . . . « dx'"dy" l'équation en z étant §[z') = z — F(x -f- nz, y + bz) = o. » Cette conséquence de la formule de Lagrange donne le théorème que nous avions en vue d'établir; supposant en effet F{x,j)^x--hf'-i, $(x, j) = i, ( m ) cl remplaçant a et 6 p;ir -, -, l'équation devient 2 3 nz\ - bzV On en tire I ;î'(z.) = [, _ 2rtx -2^7 + n^(i -j^-) + -xabxj-^b''{\ - .r-)]% et, par suite, 1 I 1 - -lax - ibj-ha'iï -j'') + iab.Tj + b-[i - x'')] ' a"'b'' d"'+" ( x' + >'= — I )'"+" ~ ,iiw I .2. . .m. I .2. . .n.i'"-^" d.ïfdy" ). Voici ce qui résulte de cette expression pour les polynômes U,„.„. V. » En premier lieu, on a comme pour V,„,„ la relation j jdxdjr, U,„,„U„^,,= o, avec Id condition x'^ + j'^'S^-, quand m -H n n'est pas égal à p. 4- v. Nous le déduirons de la formule sui- vante : qui donne en supposant que a et 6 annulent (.r) et ses « - i premières dérivées. Considérons, en effet, l'intégrale double jJ'l.rdjF{x,j) \,^.„,^„ \m+'i avec la condition a:'-f-7'"' = ^i cette limite supérieure fort simple de A,„„, savoir : "m.fi ^C . 2 . . . /« -\- n .7."' » En supposant donc que -^^ ne dépasse jamais une certaine constante k, les termes du développement considéré 2a„,„V,„„ ne dépas- seront pas non plus ceux de la série suivante : kS -^ V représentant la fonction k{\ — lax — ibj -(- a" -t- h'^)~\ dans l'hypothèse rt = - et h — - ■?. ■> Mais d'autres propriétés du polynôme U,„,, vont encore nous montrer, et indépendamment de la transformation précédente, que la valeur de A,„ „ di- miinie quand les indices augmentent. VI. » On sait que la fonction X„ de Legendre reste, quel que soit //, luunén- quement moindre que l'unité lorsqu'on fait varier j:' de — i à + i, et que l'équation X„=: oadmet entre ces mêmes limites « racines réelles et inégales. P;u' conséquent, dans l'intégrale x: F {x)X„djc, F(.r) se trouve multiplié par un facteur qui change « + i de signe entre les limites, et sans dépasser l'unité. Or, aux infiniment petits près du second ( 437 ) ordre, une fonction prend des valeurs égales et de signes contraires avant et après son passage par zéro, la fonction F [x) variant alors infiniment peu, on voit que le facteur X„ a pour effet d'amener dans le voisinage de ses ra- cines des éléments de l'intégrale infiniment peu différents et de signes con- traires, d'où résulte que l'intégrale diminue de valeur quand le nombre de ces racines augmente. Des considérations semblables s'appliquent à l'inté- grale double ff' dont les limites sont déterminées par la condition et reposent sur les propriétés suivantes du polynôme Um,„. » Supposons que les variables x et ^ représentent des coordonnées rec- tangulaires, la courbe donnée par l'équation U„_„ = o, abstraction faite du facteur .r ou ^, suivant les cas, sera toute comprise dans l'intérieur du cercle x^ + ^- = i; déplus, elle sera rencontrée en m points par une paral- lèle à l'axe des abscisses, et en n points par une parallèle à l'axe des ordon- nées. Ce sont les changements de signe du facteur Um,n, résultant de ces in- tersections, qui amèneront dans les intégrations relatives à x ou à j- les mêmes conséquences et la même conclusion que précédemment (*). M Le premier point résulte d'une forme de développement de l'expression T [i— 2nx— -ibj + rt* (i — J-) + aabxr -h b^ {\ — x^)] ", qui s'obtient de la manière suivante. Soit pour un instant I — ax — by ' elle pourra s'écrire ainsi : u [i - (a- -h b^ ) [x^ 4- 7=" - i) «=]' ■', ■ ■^■-..11 , — ■ ■ , ^ ^^_ .-^ (*) Je dois faire remarquer toutefois une différence en ce qui concerne te maximum lie Um,„, égal à jl'unité lorsque l'un des indices est supposé nul, et dont l'expression géné- rale est l .2. , .m -\- n n I \m ■+- n I I .2. . .m. 1.2. . ./j \/« ■ C. R., i865, i" Semestre. (T. LX, N" 9.) ^7 ( 438 ) ce qui donnera la série u-h^ {a^ -h b^) {X- -f- j- -')«' + 77 («' + ^')' {^' + 7' - 0" «' 2.4.b. . . 2n ^ ' ^ ■'^ Faisant encore rtj: -+- bf = z, de manière à avoir I u = et, par suite; du I tPu 1.2 (/"m I.2.../Î :V5 OU bien en remplaçant les puissances de m par les dérivées, cette série deviendra 1 . a 6?3' 2 ^ ^ "^ I . 2 . 3 . 4 -^Z 2 . 4 ^ » Cela posé, nous en déduirons l'ensemble homogène des ternies de de- gré ^ en a et b, en développant, suivant les puissances de z, la quantité ainsi que ses dérivées Par là on obtiendra cette expression dont la loi est manifeste : rj^iitzl}.Lia'+b')(x^-hr'-i)z''-' 1.2.3.4 2.4 De sorte qu'en mettant au lieu de z sa valeur a.ï' + />j, on sera conduit à ( 439 la relation suivante : [ajc m^o in^i in^o in^ I n^o n^EO n^ I 71^1 Aor-oii:^Hlzi3) .14(^2+ h- y- Ix^ + v= - , )» (ax + bj]'-' -f- . . . . ^ 1.2.3.4 2.4^ ' ^ -^ ' ^ *" » Elle met immédiatement ce fait en évidence, que pour des valeurs posi- tives des coordonnées, rendant positive la fonction x'^ + j^ — i , toutes les quantités Ua,o, UA-,.f,"., U,.a_,, Uq.a, seront également positives. Or U,„,„ suivant ces quatre cas, savoir : (mod. a), n^o n^i n^i j ayant pour expression Y[x\j% x¥{x\j% jY[x\j% xr¥[x\r% ne pourra par conséquent jamais s'annuler, quel que soit le signe des coordonnées, abstraction faite du facteur x ou j, qu'en supposant x"^ -\-j- — I < o, ce qui démontre notre proposition. B Pour en donner un exemple, considérons la courbe U,„o = o; on véri- fiera aisément qu'elle est composée, suivant que m est pair ou impair, de - ou ellipses ayant pour équations — +^^ = I, où p est une des ra- cines du polynôme X,„ de Legendre. Ces racines étant moindres que l'unité, les diverses ellipses sont bien effectivement comprises dans le cercle X^ + jr-^ \. ■ù Démontrons en dernier lieu qu'une parallèle à l'axe des )\ par exemple, rencontre en n points la courbe Um,„=o, et remarquons à cet effet qu'on peut poser en désignant parZ une fonction entière en x etj". Il en résultera "••" I . 2 ... m . 1 . 2 ... « . 2"'+" dy" ' 57.. ( 44o ) et sous cette forme le théorème de Rolle suffit pour montrer que, par rap- port à j', l'équation Um,„^o admet n racines réelles, comprises entre les limites — y i — x^, + y i — x'. Notre couibe est donc effectivement rencon- trée en n points par l'une quelconque des ordonnées du cercle x^ + j"^ = i. » La même démonstration s'appliquera d'ailleurs à une parallèle à l'axe des X. » NOMIIVATIOIVS. L'Académie procède, par la voie du scrulin, à la nomination d'une Com- mission chargée de décerner le grand prix de Mathématiques (question des marées). MM. Mathieu, Delaunay, deTessan, Laugier, Paris, sont élus Membres de cette Commission. L'Académie nomme également une Commission chargée de décerner le grand prix de Mathématiques (intégration des équations différentielles par- tielles du second ordre). MM. Hermile, Serret, Bertrand, Chasles et Liouville sont élus Membres de cette Commission. MÉMOIRES LLS géométrie: analytique. — Mémoire sur la résohdion numérique des équations du cinquième degré, et de quelques autres équalionsj parM. Henry Montucci. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Chasles, Hermite.) « J'ai l'honneur d'appeler l'attention de l'Académie sur les types de cal- cul qui se trouvent à la suite de ce Mémoire, où elle trouvera des équations du cinquième degré résolues numériquement par un moyen aussi sûr qu'il est simple et facile. M Ce moyen, le voici : j'ai pris une courbe dont certaines fonctions four- nissent des équations du cinquième degré; j'ai calculé les valeurs de ces fonctions dans l'hypothèse du demi-axe égal à l'unité; les équations données par la courbe ont pu servir de types pour la résolution de toute proposée d'une forme semblable. » La courbe dont je me suis servi n'est pas nouvelle : c'est l'hypocycloide ayant pour équation .rs -f- 7 » = ),3, où ). représente le demi-axe. La véritable ( 44i ) nature de cette courbe ne pouvait se connaître qu'à l'aide des théorèmes que j'ai eu l'honneur de soumettre à l'Académie le i3 avril 1857, théorèmes que, pour abréger, j'ai réunis sous le nom de cubo-rectaiigle, et qui rédui- sent cette courbe transcendante à l'état d'une simple courbe algébrique. » Afin de distinguer des autres cette hypocycloïde qui rend aujourd'hui un si éminent service, j'ai cru pouvoir lui donner le nom de cubo-cyclouie, à cause de sa relation intime avec le cubo-rectangle. » J'aurai l'honneur, dans un prochain Mémoire, de compléter le sujet, en donnant entreautres des solutions numériques de certains types d'équa- tions du septième degré. » ZOOLOGIE. — Note sur un cas nouveau de reproduction par bourgeonnement, observé sur une Annélide de la rade de Suez; par M. L. Vaillant. (Commissaires, MM. Milne Edwards, de Quatrefages, Blanchard.) « Depuis que parles recherches de M. de Quatrefages (i843), reprenant et complétant le fait observé par Othon-Frédérick Muller, la génération par bourgeons chez les Annélides a été mise hors de doute, un grand nom- bre d'observateurs ont ajouté de nouvelles preuves à ce phénomène en le généralisant. Dès i844j M. Milne Edwards montra chez la Myrianida fas- ciala une complication plus grande qui permettait d'établir avec précision le point où se formait le bourgeon ; enfin, dans ces dernières années, M. Pa- genstecher (1862) est venu apporter un fait très-différent des précédents par le lieu où se produit le phénomène. En effet, tandis que dans les cas observés jusqu'alors c'était lavant-dernier anneau qui en était le siège, chez V Exocjone cjemmifera décrite par cet observateur, c'est la face dorsale d'un certain nombre des anneaux du corps qui porte de chaque côté un bourgeon. M La nouvelle observation qu'il nous a été donné de faire dans la baie de Suez présente des modifications très-singulières, qui nous paraissent la dif- férencier notablement des précédentes. » L'animal qui en fait le sujet et qu'il ne nous est pas possible de déter- miner, même génériquement, bien qu'il doive être rapproché sans aucun doute des Syllidiens, a été rencontré libre dans une vacuole d'une éponge. Sa longueur n'est que d'un peu plus de quatre millimètres ; il présente huit segments distincts portant chaciui une paire de r;^mes garnies de huit à dix soies lisses sur les deux tiers de leur longueur, hérissées de petites épines ( 44c« ) verticillées dans le tiers terminal. En avant existe, sur le côté qui nous pa- raît être le côté dorsal, un prolongement en feuille arrondie, en dessous duquel se trouvent un faisceau de tentacules et l'ouverture buccale. » C'est l'anneau où se trouve celle-ci qui présente les modifications les plus importantes. Il est beaucoup plus large que le reste du corps et forme une sorte de coupe ou d'entonnoir comprimé du côté ventral au côté dor- sal, i)résentant ainsi deux espèces de lèvres épaisses ; au fond est la bouche. De ces lèvres, l'inférieiu-e est lisse et simple, la supérieure ou dorsale est au contraire couverte par un noml^re énorme de bourgeons, si serrés les uns contre les autres, qu'on en rencontre sur tous les points de la surface ; leurs insertions sont assez régulièrement disposées en quinconce. )) Ces bourgeons ont une forme très-remarquable qui rappelle celle de certains Annelés inférieurs voisins des Menertes ou des Planaires. Leurcorps est très-contractile, sa longueur à peu près égale à celle de l'Annélide sou- che; il est aplati, obtusément terminé à sa partie libre qui présente deux ou quatre petits points oculiformes noirs. La structure n'offre rien de bien net, sauf un tégument annelé et pourvu en certains points de noyaux de cellules distincts chez les individus qui paraissent être les plus avancés en dévelop- pement. Vers le point d'attache le corps se rétrécit en un pédicule allongé. Si l'on vient à briser celui-ci, le petit être se meut librement dans l'eau par les mouvements de son corps; nous n'avons pu y voir d'appareil vibratile. » Deux objections nous paraissent pouvoir être faites à notre manière de voir : l'une, qui tendrait à regarder ces têtes comme autant de parasites, ne nous paraît pas fondée, à cause de la continuité évidente des tissus; l'autre, plus sérieuse, qui consisterait à n'y voir qu'une espèce particulière de ten- tacules oculiféres. Nous nous bornerons à faire remarquer, sans parler de l'inégalité de développement, que jusqu'ici la mobilité des yeux se trouve liée à leur [letit nombre par une raison physiologique qui paraît facile à saisir, et qu'il n'est pas ordinaire de voir chez un animal un seul tentacule supporter plusieurs points oculaires. » Ce fait nous paraît curieux et assez différent de ceux qu'on a observés jusqu'ici : » 1° Par la présence, en quelque sorte, d'un organe spécial destiné à supporter et à produire les bourgeons; » 1° Par la forme même de ces bourgeons, qui s'éloignent plus de la forme mère que dans les cas rappelés plus haut. » Ces particularités nous ont déterminé à donner connais.sance de cette ( 443 ) observation, quelque imparfaite qu'elle soit, espérant que d'autres naturalis- tes, ayant leur attention éveillée sur ce point, pourront la revoir et la com- pléter s'ils se trouvent dans des conditions favorables. » HYGIÈNE. — Sur le nouvel Hôtel-Dieu et l'hjcjiène hospitalière; par M. Bataillé. (Commissaires, MM. Velpeau, Andral, Rayer.) MÉMOIRES PRÉSENTÉS. CHIMIE. — Sur la transformation de ioxjde nitreux [proloxyde d'azote, en acide nitrique et en ammoniacpie (les composés binaires qui lui ont donné naissance); par M. J. Persoz. (Extrait.) (Commissaires, MM. Pelouze, Fretny.) Avant de passer à la lecture du deuxième chapitre de son Mémoire sur l'état moléculaire des corps, l'auteur présente à l'Académie une Note sur la transformation de l'oxyde nitreux. Après avoir rappelé en quelques mots les propriétés anormales qui carac- térisent ce corps, il continue ainsi : « De ces faits ne faut-il pas conclure que la molécule de l'oxyde nitreux est plus complexe qu'on ne l'a admis jusqu'ici, et qu'elle doit renfermer, outre la chaleur latente qui la maintient à l'état de gaz, une certaine quan- tité de chaleur accumulée dans la molécvde, laquelle donne à celle-ci, en partie du moins, les propriétés qui caractérisent l'eau oxygénée, certains oxydes et suroxydes, et enfin plusieurs acides {voir V Introduction à l'étude de ta Chimie; Strasbourg, iSSS-iSSg, p. 880), qui, dans leurs mouvements moléculaires, dégagent des quantités surabondantes de chaleur dont la théorie ne peut pas toujours préciser la cause? » Sa molécule doublée WO'' devient, en effet, comparable à celle de beau- coup de ces composés. Or, comme elle représente alors tous les éléments du nitrate ammonique, moins 4 équivalents d'eau, nous devions en con- clure que, s'il était possible de faire réagir l'eau, dans des circonstances convenables, sur cette molécule, nous arriverions à régénérer l'acide ni- trique et l'ammoniaque, de même que M. Pelouze, dans sa belle expérience sur l'acide hydrocyanique, a transformé ce corps en formiate d'ammoniaque, et vice versa. u L'expérience suivante nous semble pleinement justifier cette opinion. ( 444 ) » On a pris une cornue d'environ i25 centimètres cubes de capacité, pour y introduire à peu près 5o grammes de nitrate amnionique fondu; au col de celte cornue on a ajusté un petit récipient tubulé, destiné à con- denser la majeure partie de l'eau provenant de la décomposition du sel, et, à l'aide d'un tube, ce petit condensateur a été mis en communication avec un tube à analyser légèrement recourbé au centre, pour maintenir la matière en fusion dans cette partie du tube. On a rempli ce dernier, dans- une longueur de i5 à 20 centimètres, d'un mélange d'bydrate potassique et de chaux vive concassée, pour donner plus facilement accès au gaz. Ce tube a élé porté à une température voisine du rouge sombre, et c'est alors qu'on a fait arriver le gaz produit par la décomposition du nitrate amnio- nique, qui n'était autre que du gaz oxjde nilreux chargé de vapeur d'eau. Le courant de gaz étant établi et le tube chauffé graduellement, il arrive un moment où se manifeste un dégagement abondant d'ammoniaque, recon- naissable à son odeur et à son action sur les papiers colorés. M Si, après avoir provoqué et entretenu pendant un certain temps le dé- gagement d'ammoniaque, on met fin à l'expérience, qu'on lessive à l'eau la masse saline restée dans le tube, qu'on sature cette liqueur par de l'acide chromique pour l'évaporer ensuite à siccité, qu'on chauffe enfin au rouge, dans un appareil disfillaloire, le résidu mélangé à deux fois son poids de bichromate potassique, il se dégagera d'abondantes vapeurs nitreuses qui indiqueront la présence de l'acide nitrique. Ce résultat ne laisse donc aucun doute sur la possibilité de ti'ansformer l'oxyde nitreux (protoxyde d'azote) en ammoniaque et en acide nitrique. » AGRICDLTUKE. — Sur le plàlracje des terres arables; par M.. Dehéraix. (Commissaires, MM. Boussingault, Fremy, Thenard.) « Dans cette Note, M. Dehérain apporte de nouveaux faits à l'appui de la conclusion qu'il avait tiréede sa première communication, à savoir: que sous riiifluence du plâtre, la potasse habituellement retenue dans la terre arable par les matières argileuses est mobilisée, devient plus soluble et se trouve plus complètement à la disposition des plantes. D II démontre de plus que le plâtre produit un effet semblable sur l'am- moniaque du sol. » Il attribue ces effets à la transformation des carbonates de potasse et d'ammoniaque, retenus très-complètement dans le sol par les matières ar- ( 445 ) gileiises, en sulfates que ces matières ne retiennent plus avec I;i même énergie. » Il en conclut que le plâtre, favorisant l'introduction des alcalis dans les couches profondes du sol, doit favoriser la végétation des légumineuses qui enfoncent leurs racines profondémciit, tandis qu'il ne peut produire au- cun effet sur la culture des céréales, dont les racines restent étalées dans les couches superficielles. » M. Dehérain explique l'absence de l'acide sulfurique dans les cendres des plantes par la réduction qu'éprouvent les sulfates après qu'ils ont péné- tré dans les couches profondes de la terre arable. » CORRESPONDANCE. M. LE MlXlSTRE DE l' AGRICULTURE, DU CoM.MERCE ET DES TrAVAUX PUBLICS transmet à l'Académie une copie du procès-verbal de la séance du 20 oc- tobre 1864, dans laquelle le Conseil général des Ponts et Chaussées a dé- claré qu'il adhérait aux dispositions dictées par feu M. Dalmont et adoplées par l'Académie des Sciences, au sujet d'un legs de 3oooo francs. M. LE 3I1NISTRE DE LA Guerre adresse, pour la Bibliothèque de l'Insti- tut, le tome XII des Mémoires de Chirurgie et de Pharmacie militaires. M. le D"^ Marey, à qui l'Académie, dans sa dernière séance publique, a décerné un prix de Médecine, adresse ses remercîments. M. Vergxette de Lamotte, nommé Correspondant dans la Section d'É- conomie rurale, adresse également ses remercîments à l'Académie. M. LE Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces de la Correspon- dance, une très-belle Carte de la République du Pérou, dressée par ordre du Libérateur grand Maréchal Président constitutionnel Ramon Casiilla, par O. Mariano-Felipe Paz-Soldaii, Conseiller à la Cour supérieure de Lima et Directeur des travaux pidjlics. Celte Carte avait été présentée déjà dans la séance du 12 septembre 1864, et l'auteur avait été autorisé à la retirei pour la faire graver. PHYSIOLOGIE. — Sur la matière albu m innïde- ferment de tiirine. Recherches sur la fonction du rein; pnrJiil. A. Réchamp. a Les physiologistes connaissent déjà plusieurs ferments solubles d'ori- C. R., i865, i"' Semestre . (T. IX, No 9.) - 58 ( 446 ) gine animale. Mes recherches sur les ferments du même ordre m'ont amené à me demander si le rein n'aurait pas pour fonction de produire une matière albumino'ùle-ferment, tout connue d'autres glandes, et si l'urine ne con- tiendrait pas une partie de ce ferment. L'hypothèse s'est vérihée. L'urine normale, physiologique des personnes bien portantes contient, en effet, une substance de nature protéique qui est capable de fluidifier Icmpois de fécule et de saccharifier cette matière. » Pour obtenir ce ferment, il suffit d'ajouter à l'urine (i) d'une personne bien portante, préalablement et soigneusement filtrée, de deux à trois vo- lumes d'alcool au litre de 88 à 90 degrés centésimaux. Un précipité flocon- neux apparaît bientôt et se rassemble lentement. Ce précipité, recueilli sur un filtre et lavé avec de l'alcool plus faible (75 degrés centésimaux), est formé d'un mélange de matière albuminoide et de phosphates terreux. Ce mélange contient, pour 1000 centimètres cubes d'urine, de o^',3 à o^',65 de cette matière albuminoide. La quantité de cette matière organique paraît varier suivant l'âge, le sexe et le régime de la personne et aussi suivant l'époque de la journée où l'urine est émise. Sur ce point mes recherches se conti- nuent. » La matière albuminoide que contient le précipité est soluble dans l'eau. Il suffit, lorsque l'alcool qui l'imprègne est presque totalement éva- poré, de le reprendre par l'eau, pour redissoudre la presque totalité de la matière organique qu'il contient. La dissolution évaporée laisse un résidu qui, quand on l'incinère, répand fodeur de corne brûlée; les cendres, résidu de l'incinération, sont alcalines. La même dissolution, traitée par le réactif de M. JMillon (nitrate et nitrite mercureux), donne un précipité floconneux blanc, qui devient, peu à peu, rouge comme toutes les matières albuminoïdes. Mais, mieux que ces caractères, sa fonction établit sa véri- table nature. La partie organique soluble du précipité formé par l'alcool dans l'urine est un ferment soluble. Pour le démontrer, on se procure le précipité fourni par iBo centimètres cubes d'urine; après l'avoir bien lavé à l'alcool et laissé évaporer la majeure partie de celui-ci, on le délaye dans environ 3o centimètres cubes d'eau distillée et on fdtre de nouveau. De la nouvelle liqueur on fait deux parts : » a. L'une est ajoutée à l'empois de fécule formé en portant à l'ébuUition 2 grammes de cette substance délayée dans 4o centimètres cubes d'eau. Le (i) Il faut s'assurer auparavant que l'urine employée n'est pas accidentellement albumi- neuse. ( 447 ) mélange étant effectué, on le porte dans un bain-marie chauffé à 60-70 degrés. Dans peu d'instants l'empois est liquéfié, et au bout de quelques heures on trouve que la fécule est en partie transformée en glucose. » b. L'autre partie est portée à rébullition et ajoutée pareillement dans l'empois formé comme pour (n). Les conditions de l'expérience étant d'ail- leurs les mêmes, la fluidification de l'empois n'a plus lieu et la fécule n'est plus saccharifiée. » Mais pour démontrer que l'urine contient un ferment soluble, il n'est pas besoin d'isoler ce ferment. Si l'on ajoute 10 centimètres cubes d'urine, directement émise et filtrée, à l'empois préparé comme ci-dessus, et si l'on chauffe le mélange à 60-70 degrés, on voit l'empois se fluidifier très-rapi- dement et se saccharifier au bout de quelques heures, si la température est maintenue à 60 degrés. La preuve que cette fluidification et saccharification doivent être attribuées au ferment que j'ai isolé et non pas aux acides libres que l'urine peut contenir, la voici : si, avant d'ajouter l'urine à l'empois, on la chauffe jusqu'à l'ébullition, on annihile l'action du ferment qu'elle contient et l'empois ne se fluidifie plus, la fécule n'est plus transformée en glucose, même après une action de douze heures à la température de 60 degrés. » L'urine humaine n'est pas la seule qui possède la propriété d'agir sur l'empois d'amidon : celle du chien et celle du lapin la possèdent à un aussi haut degré, parce qu'elles contiennent le même principe que l'alcool en peut séparer. 1) Je nomme néfrozjrmase ce nouveau ferment soluble. Il est beaucoup moins actif que celui de la salive mixte et que la diastase : il lui faut au moins, à poids égal, trente-six fois plus de temps qu'à ceux-ci pour opérer la transformation de la même quantité de fécule. Comme la diastase et la sialozymase, il est sans action sur le sucre de canne, et c'est là ce qui explique, sans doute, pourquoi le sucre de canne, injecté dans le système vasculaire, se retrouve intact dans les urines, ainsi que M. Cl. Bernard l'affirme. » Des expériences commencées me font espérer de pouvoir fournir la démonstration que la néfrozymase se forme, dans le rein, aux dépens de l'une des matières albuminoïdes du sang. D'autres essais ont également déjà été tentés sur des urines pathologiques, qui m'ont prouvé que la néfrozy- mase, ou une matière albuminoide différente de l'albumine des urines albumineuses, peut souvent singulièrement augmenter et d'autres fois sin- gulièrement diminuer dans les urines de certaines maladies. » 58.. ( 448 ) PHYSIOLOGIE. — Note sominaite sur un fail iV Inberncilion des animaux articulés; par M. F.-E. Guérin-Méneville. « Je désire seulement ajouter au trop petit nombre de faits observés jusqu'ici, lui fait a[)partc'nanl aux animaux inférieurs et qui vient mon- trer que pendant l'hibernation certains Insectes semblent tendre momen- tanément à un état rétrograde en reprenant les caractères d'une phase an- térieure de leur vie, de leur état de chrysalide ou nymphe. » Un fait analogue, sous ce nouveau point de vue de la question, a été observé chez plusieurs Mammifères en état d'hibernation, et l'on sait que beaucoup, sinon tous, se pelotonnent à peu près comme était leur fœtus dans le sein maternel, ce que l'on observe aussi chez les jeunes animaux livrés an sommeil quotidien et surtout chez l'enfant. B Le sujet démon observation est la femelle fécondée (i) de la Guêpe vulgaire, passant l'hiver dans l'engourdissement pour perpétuer l'espèce en fondant des colonies au printemps. » Vers le milieu d'octobre i863, en rangeant, dans mon laboratoire de sériciculture comparée de la ferme impériale de Vincennes, des cocons qui devaient y passer l'hiver dans un panier, je recevais à la main droite une pi- qûre très-douloureuse analogue à celle que font les Abeilles. Voulant me rendre compte de la cause de cette douleur, je ne tardai pas à trouver, au milieu de ces cocons, une grosse Guêpe femelle qui avait pénétré dans le pa- nier et s'y était installée pour attendre le printemps. » Cette Guêpe ne faisait aucun mouvement, et.elle offrait une physionomie très- différente de celle que présentent ces Insectes à l'état parfait, car on n'apercevait plus ses ailes en dessus, et elle ressemblait à un Insecte aptère. » En l'examinant avec attention, je reconnus que cette singulière physio- nomie tenait à ce que ses ailes (pliées- longitudinalement connue dans tous lesautresdiploptères) étaient repliées sousle corps en passant sous les pattes, également repliées ainsi que les antennes, et que le tout était exactensent dans la position où se trouvent ces organes sous la mince peau de la chry- salide. Ayant touché et retourné col Insecte à plusieurs reprises, je ne par- vins pas à !e réveiller, mais je vis que lorsque je le tourmentais trop, il fai- (i) f'oir Lacokhairk, Intrnductinn h l' Entomologie, t. II, p. 5o5. — A la page 56 1 il «lit : " La principiile caiist; de l'hibernalion de ces espèces (Coléoplèrcs) paraît être qu'elles ne se sont pas accouplées avant l'arrivée de l'hiver. » Nous examinerons cette question ailleurs. ( 449 ) sait sortir son «iard venimeux comme pour se défendre, et qu'il pouvait même imprimer assez de mouvement à ses pattes pour s'accrocher aux objets sur lesquels il se trouvail. » J'ai gardé cette Guêpe ainsi engourdie, pendant tout l'hiver. J'ai pu la montrer aux membres de la Société Entomoiogique de France, dans sa séance du i3 janvier 1864, et à plusieurs savants qui l'ont observée chez moi" mais ayant eu le tort de la laisser dans mon cabinet échauffé, elle s'est réveillée au commencement d'avril, ce que j'ai reconnu en voyant que ses ailes avaient repris leur position normale et recouvraient son dos pen- dant le repos. A partir de ce moment elle s'est agitée dans le bocal impar- faitement fermé où je la conservais et n'a pas tardé à mourir de faim dans sa prison. » L'année dernière, je n'ai pas laissé au hasard le soin de nie fournir un nouveau sujet d'observation, et j'ai pu prendre, le 24 septembre et en- core dans le même laboratoire, une grosse femelle entrée certainement là pour y chercher une cachette et s'y endormir. J'ai placé ce sujet très-actif, volant et marchant parfaitement, dans une boîte, et, le 27 novembre, je l'ai trouvé endormi et accroché dans sa boîte, ayant les antennes, les pattes et les ailes repliées sous sa tête et sou corps, et dans un état complet d'im- mobilité. » Depuis ce moment je tiens cette boîte dans une pièce où l'on ne fait pas de feu. Je l'ouvre souvent pour montrer le fait, en la laissant quelque- fois pendant plusieurs heures dans mon cabinet chauffé. Je l'ai portée, le 22 février, à la Société Entomoiogique, sans que la Guêpe ait bougé, et je la dépose aujourd'hui sur le bureau de l'Académie pour que l'on puisse s'as- surer de la réalité du sommeil hibernal de cet Insecte et surtout de la posi- tion de ses organes, ce qui lui donne l'aspect d'une nymphe. » Ce fait vient encore montrer que l'engourdissement des animaux en état d'hibernation varie beaucoup dans son intensité. S'il prive les uns de tout mouvement volontaire et involontaire, il laisse aux autres l'exercice plus ou moins limité de ces mouvements. La sensibilité et l'aptitude des muscles à se contracter par le fait d'excitations mécaniques persiste et permet à quel- ques-uns, comme cela a lieu chez la Guêpe que j'observe, d'exécuter des mouvements instinctifs tendant à la conservation de l'individu, de se dé- fendre avec l'arme que la nature lui a donnée, sans avoir le pouvoir de se soustraire au danger par la marche ou par le vol. » 11 y aurait une foule d'expériences à entreprendre pour étudier ce que sont devenues les principales fonctions de la vie organique et de la vie ani- ( 45o ) maie dans ces Insectes imparfaitement engourdis, et il faudrait pouvoir com- parer leurs résultats avec ceux des recherches faites sur certains animaux supérieurs. En faisant connaître la faciHtéavec laquelle on peut se procm-er des Guêpes femelles ainsi engourdies, j'espère donner aux physiologistes un nouveau moyen de reculer les limites de nos connaissances sur la diffi- cile question de l'hibernation. » PHYSIQUE. — Sur le pouvoir des pointes. Note de M. Perrot, présentée par M. Dumas. « Les expériences que je fais depuis plus de trois ans sur les actions électriques des corps conducteurs immergés dans un liquide non conduc- teur ont constamment manifesté les phénomènes suivants : » Si au sein de ce liquide isolé on présente un cône communiquant au sol, à une sphère en relation avec le conducteur d'une machine électrique, aussitôt qu'on électrise la machine on constate ce qui suit : 1) 1° Le cône attire vivement le liquide environnant ; 1) 2° Le liquide attiré s'écoule le long du cône avec une vitesse accélérée jusqu'à la pointe; » 3° A partir de cette pointe, le courant liquide se dirige, en s'élargissant, vers la sphère, avec une vitesse décroissante, jusqu'à la rencontre d'un cou- rant liquide d'origine semblable, émanant en sens contraire de la sphère; » 4° '^ lei^"' rencontre, |les deux courants liquides inverses semblent se neutraliser; ils s'arrêtent et s'écoulent latéralement. Pendant ces phéno- mènes, ce qu'on est convenu d'appeler le courant électrique s'établit, et la machine électrique se décharge. » Ces observations me semblent prouver que le cône et la sphère ne se déchargent l'un sur l'autre de leur électricité que par le transport des molécules conductrices du liquide, qui, à la manière des balles de moelle de sureau entre deux corps électrisés, sont attirées par le corps le plus voisin, et se chargent à ses dépens d'une électricité qu'elles transportent vers l'autre corps électrise différemment. » Je crois devoir ajouter que les gaz et les liquides non conducteurs me semblent devoir être composés de molécules conductrices nageant à distance au sein d'un milieu non conducteur, le vide ou l'éther. » La mobilité des molécules électrisées différemment leur permettrait de transporter les unes vers les autres leurs électricités, comme dans l'expé- rience du cône immergé. ( 45i ) « Dans les solides non conducteurs, tels que le verre et la gomme laque, le milieu non conducteur étant solide, aucun transport d'électricité ne pourrait avoir lieu d'une molécule conductrice électrisée à l'autre, si ce n'est lors d'une surcharge, par une explosion qui briserait le milieu solide inter- médiaire. u Je reviens à l'expérience du cône immergé. )) Le courant électrique ne s'établissant que lorsque les courants liquides existent, il était naturel de penser qu'en arrêtant, par un disque non con- ducteur, le courant liquide restreint émanant du cène, on arrêterait le cou- rant électrique. C'est ce qu'a confirmé complètement l'expérience men- tionnée dans ma dernière communication à l'Académie, expérience qui a fait voir qu'U suffit d'armer d'un disque la pointe d'un cône électrisé, pour arrêter le courant d'air qu'il a électrisé, et rendre à peu près nul le pouvoir émissif de ce cône. » Quant au pouvoir émissif particulier de la pointe du cône, j'espère prouver plus loin qu'il doit être nul. » Avant de discuter les phénomènes du cône immergé, je demande à l'Académie la permission de lui soumettre quelques considérations relatives aux illusions que peut faire naître la recherche des causes des attractions et des répulsions. '» Une sphère métallique étant en contact avec une balle de moelle de sureau suspendue librement, aussitôt qu'on les électrisé on voit la balle de sureau fuir la sphère et s'en tenir à distance. » De ce phénomène on a conclu que les corps chargés de la même élec- tricité se repoussent. » Il me semble que cette conclusion est trop absolue, et qu'un corps peut s'éloigner spontanément d'un autre corps sans en être repoussé. » En effet, un aérostat s'éloigne du sol, et cependant il n'en est pas repoussé; au contraire, il en est attiré. » On sait que l'aéroslat s'éloigne du sol, parce qu'il en est moins attiré qu'un égal volume d'air ambiant. » Voilà donc une répulsion apparente qui n'a d'autre cause que la diffé- rence de deux attractions. » On peut par conséquent expliquer de la même manière la répulsion de la sphère et de la balle de sureau. 11 suffit d'admettre qu'il n'y a pas plus de répulsion entre ces deux corps qu'entre le sol et l'aérostat, mais que la sphère électrisée exerce une attraction plus forte sur l'air ambiant que sur la balle de sureau. ( 4^2 ) » Les phénomènes d'attraction et de répulsion électriques sont encore plus complexes que ceux que présente l'ascension de l'aérostat. En effet, on sait aujourd'hui que l'état électrique d'un corps n'est pas, ainsi que le supposaient Coulomb, Laplaceet Poisson, un état absolu, mais seulement relatif; qu'un corps ne manifeste aucune électricité, si un autre corps en présence ne s'électrise d'une manière égale et contraire. » La balle de sureau qui s'éloigne de la sphère qni l'a électrisée pourrait donc n'en être nullement repoussée, mais tout simplement obéir à l'attrac- tion d'un autre corps électrisé différemment par induction. C'est ce que j'espère mettre en évidence. )) En effet, à quelle force obéit le courant liquide électrisé lorsqu'U se meut le long de la surf.ice du cône en allant vers la pointe? M Dans son célèbre Mémoire de i8i i, admettant, suivant l'opinion reçue, une force répulsive électrique, et l'attribuant à l'action d'une couche de fluide électrique existant à la surface de tout corps électrisé, Poisson prouve que cette force répulsive agit suivant la normale, qu'elle est inversement proportionnelle au carré de cette normale, et que son action tangentielle est nulle. » Mais l'expérience du cône montre que le courant liquide électrisé, au lieu de se mouvoir suivant la normale, où la force répulsive théorique doit être au maximum, marche dans la direction tengentielle au cône, là où cette force répulsive tangentielle théorique est nulle. )) Il me semble donc logique de tirer de là les conclusions qui sui- vent : n 1° Contrairement à la théorie admise, un corps électrisé ne repousse pas les molécules qu'il a électrisées ; les corps chargés de la même électricité n'exercent les uns sur les autres aucune action répulsive. » 2° Puisque le courant liquide électrisé par le cône se porte directement vers la sphère et vers le courant qui émane d'elle, il est évidemment attiré par la sphère et par son courant. » 3° Les phénomènes d'attraction et de répulsion électriques peuvent s'expliquer par une seule force : l'altraction mutuelle des corfis éleclrisés diffé- rentmcnl. » ( 453 ) TOXICOLOGIE. — De la dialyse et de son application à la recherche des sub- stances toxiques. De l'emploi de l'iodure de mercure et de potassium pour la recherche des alcalis organiques. Extrait d'un ^Mémoire de i»S. O. Réveil, présenté par M. Bussy. (Renvoyé à la Commission des prix Montyon.) Ce travail se résume en partie dans les conclusions suivantes : « 1° La dialyse, c'est-à-dire la séparation des substances cristalloïdes d'avec les colloïdes au moyen d'une membrane ou de vases poreux, peut être appliquée, dans quelques cas, avec avantage a la recherche des poi- sons, et à leur séparation d'avec les matières organiques. » 2° La présence des matières grasses est un obstacle à la séparation, mais cet obstacle n'est pas absolu ; il est d'autant phis grand que leur pro- portion est plus considérable et qu'elles sont plus divisées (émulsionnées). » 3° La séparation des colloïdes des. cristalloïdes est d'autant plus rapide qu'il existe une plus grande différence de teinpérature entre les deux liquides, celui du dialyseur et celui du récipient, quoique l'équilibre ne tarde pas à s'établir. M 4° La présence des substances albumineuses est un obstacle beaucoup plus puissant lorsqu'il s'agit de poisons qui peuvent contracter avec elles des combinaisons insolubles; tels sont- les sels de cuivre, de mercure, de fer, de plomb, d'étain, etc. Il faut dans ces cas, et lorsque la dialyse aura donné des résultats négatifs, porter le liquide à l'ebuUition en présence d'un acide (nitrique, chlorhydrique), séparer le coagulum, le diviser, le faire bouillir avec de l'eau acidulée par le même acide, recueillir les liquides, les réunir et les soumettre au dialyseur. " 5° La présence des substances albumineuses n'est pas aussi nuisible avec les substances non capables de se combiner avec elles; tels sont les alcalis organiques, les acides arsénieux et arsénique, les arsénites, les arsé- niates et les cyanures alcalins, etc. Toutefois la dialyse s'effectue mieux, et plus rapidement, lorsqu'on opère la sépamtion préalable par l'eau aci- dulée et l'ébuilifion; il faut dans tous les cas agir sur les résidus coagulés. » 6° Quelles que soient les précautions prises dans les opérations, la séparation des matières toxiques cristalloïdes n'est jamais assez absolue pour qu'on puisse agir directement sur le produit dialyse au moyen des réactifs ordinaires. C. H., i865, I" Semestre. (T. LX, N" 9.) Sg ( /|5/i ) » 7° La séparation des alcalis organiques tenus eu dissolution dans les liquides d'origine animale (lait, urine, sang, bouillon, bile, etc.) se fait lentement et d'une manière spéciale pour chacun d'eux. Le passage se continue quelquefois pendant cinq à dix jours; on hâte celte séparation en changeant l'eau du vase inférieur et la membrane du septum toutes les vingt-quatre heures. » 8" La présence des alcalis organiques peut èlre constatée dans le liquide dialyse au moyen de l'iodure double de mercure et de potassium ; et lors- qu'on agit sur un liquide incolore, on peut opérer directement sur le pré- cipité pour caractériser l'alcaloïde qui le constitue. » 9° Certains alcalis organiques, tels que l'atropine, l'aconitine, la datu- rine, la solanine, la vératrine, et parmi les corps neutres la digitaline, ne sont pas suffisamment caractérisés chimiquement; et pour pouvoir affirmer leur présence dans des matières suspectes et en justice, il faut absoliunent avoir recours à l'expérimentation physiologique. » io° La même expérimentation sera indispensable, dans tous les cas ou les alcaloïdes mieux caractérisés, comme la morphine, la strychnine, la brucine, etc., auraient été isolés impurs et mélangés avec les matières étrangères qui en modifient ou en masquent les réactions. » CHIMIE. — Sur les sucrâtes de plomb. Note de MM. E. Boivin et D. Loiseau, présentée par M. Pelouze. « Nous avons l'honneur de présenter à l'Académie le résultat de nos recherches sur les combinaisons du sucre avec le plomb. I) Nous sommes parvenus à préparer, par plusieurs méthodes, un nou- veau sucrate de plomb renfermant 3 équivalents d'oxyde de plomb; ce sel correspond au sucrate tribasique de chaux. On l'obtient en faisant réagir, à froid ou à chaud, la soude ou la potasse sur une dissolution d'acétate neutre de plomb, en présence du sucre. Le précipité blanc qui se produit est soluble dans un excès des trois réactifs. Lavé rapidement, puis séché dans le vide, il ne perd plus de poids, quand on élève sa température jus- qu'à I 20 degrés. L'analyse de ce corps démontre qu'il renferme 70 pour 100 d'oxyde de plomb; il correspond à la formule CHPO», 3PbO. » Nous proposons d'appeler acide sucrique le radical C' = H*0». ( 455 ) » La formule du sucre cristallisé sera C' = H«0«, 3H0: c'est un sucrate tribasique d eau. ). On voit que le sucrate tribasique de plomb C'-H'O', 3PbO corres- pond au sucrate tribasique d'eau C'-H'O*, 3 HO, dans lequel les 3 équiva- lents d'eau ont été remplacés par 3 équivalents d'oxyde de plomb. » On sait que M. Peligot a proposé, pour le sucrate bibasique de plomb, la formule C'^H'0% aPbO; nous croyons qu'il conviendrait maintenant de l'écrire C' = H*0% HO, 2PbO. Ce sel correspond au sucre cristallisé dans lequel i équivalents d'eau seule- ment ont été remplacés par 2 équivalents d'oxyde de plomb. » En considérant le sucre cristallisé C'^H'O", 3 HO comme le type des sucrâtes, il est facile de les ramener tous à la forme C' = H»0% 3 MO, en admettant que chaque équivalent de base remplace i équivalent d'eau. Pour les sucrâtes de baryte et de chaux, si on tient compte de la grande affi- nité de ces bases pour l'eau, il convient, ainsi que l'a fait remarquer M. Pe- ligot, pour le sucrate de baryte, de considérer leurs hydrates comme jouant le rôle de bases. Les formules de ces sucrâtes deviendront alors : .Sucrate tribasique d'eau et de baryte... C'-H»0% 2HO (BaO, HO). Sucrate tribasique d'eau et de chaux... C'H^O», HO, 2(CaO, HO). Sucrate tribasique de chaux C'^H^O», 3(CaO, HO). » Tous les sucrâtes sont donc tribasiques. » Nous avons encore obtenu le sucrate tribasique de plomb par les pro- cédés suivants : » I" Par la réaction de l'alcool concentré sur les dissolutions d'oxyde de plomb dans l'eau sucrée; )i 2° En faisant réagir à lébullition, sur l'acétate neutre de plomb, la chaux ou ses sucrâtes en dissolution dans l'eau sucrée; » 3° Par le contact de l'eau sucrée et de l'acétate sexbasique de plomb; » 4° Par la réaction de l'acétate de plomb ammoniacal sur l'eau sucrée. » Le sucrate tribasique de plomb est insoluble dans l'eau froide, très-peu Dg.. ( 456 ) soliible clans l'eau bouillante, mais il est très-soluble dans l'eau sucrée. Cette dissolution laisse déposer peu à peu, à l'état de sucrate bibasique cristallisé, tout le plomb qu'elle renferme. Cette réaction permet de distin- guer le sucrate Iribasique de plomb du sucrate bibasiqtie, celui-ci étant insoluble dans l'eau sucrée. » Nous terminons ei! rappelant à l'Académie que nous avons indiqué, dans notre dernière Note, que les dissolutions sucrées, saturées de sucrate tribasique de chaux, et soumises à un refroidissement convenable, laissaient déposer un corps crislallin. Depuis, nous avons fait l'analyse de ce com- posé : il lenferme 2/4,6 pour 100 de chaux; c'est donc du sucrate bibasique de chaux. » Jx»s oxydes et les sucrâtes tribasiques, par la manière dont ils se com- portent avec les dissolutions sucrées, présentent, du moins pour la chaux et l'oxyde de plomb, une analogie frappante; ils se dissolvent d'abord dans l'eau sucrée pour former ensuite du sucrate bibasique. Cette formation semble subordonnée à la solubilité des sels de ces bases. Ainsi, tandis que le sucrate bibasique de plomb paraît se mieux former à la température de l'ébullition, le sucrate bibasique de chaux exige au contraire une basse température. » CHlMIK. — Sur un nouveau mode de préparation de l'acide benzoïque. Note de MM. P. et E. Depoclly, présentée par M. H. Sainte Claire Deville. « Ce procédé est basé sur la transformation de l'acide phtalique en acide benzoïque. » Le dédoublement de l'acide phtalique en acides benzoïque et carbo- nique avait été prévu par Gerhardt; quand il a placé l'acide phtalique et la naphtaline dans la série benzoïque, il considérait que cet acide était à l'acide benzoïque ce que l'acide oxalique est à l'acide formique (Gerhardt, Chimie orcjrinique, t. III, p. /|i3). 1) M. Berthelot {Chimie onjnnique fondée sur la synlhèse, t. 1, p. 348), à propos du dédoublement complet de l'acide phtalique en benzine et acide carbonique, s'exprime ainsi dans une note : « Si l'on réussissait à » arrêter la décomposition à moitié chemin, on obtiendrait sans doute » l'acide benzoïque. » » Depuis, M. Dusart a essayé d'opérer ce dédoublement : il n'a pas réussi; mais en distillant un mélange de phtalate de soude, d'oxalate et de chaux, il a obtenu entre- autres produits de petites quantités d'hydrure de ( 457 ) benzoïle {Comptes rendus de CJcadémie des Sciences, 1862, t. LV, p. 44^)- » Nous préparons l'acide phtaliqiie au moyen tle la naphtaline, et le transformons en sel de chaux. » Un équivalent de phtalate neutre de chaux (phtalate bicalcique) est mélangé avec un équivalent de chaux hydratée, et maintenu pendant quelques heures à une température de 33o à 35o degrés, à l'abri d'une trop grande quantité d'air. M Ce sel se trouve alors entièrement transfoi-mé en benzoate et carbo- nate de chaux, suivant l'équation COH^CaO* + CaO.HO = C'^H'CaO* + aCaO.CO*. » On extrait le benzoate de chaux par l'eau, on concentre les liqueurs, et on précipite l'acide benzoïque. » MÉTÉOROLOGIE. — Note siii' un météore observé par M. Viu.iers nu Terrage. « Le 17 février dernier, vers 5''4o" du soir, j'étais à Auteuil sur un point élevé. Une des personnes qui m'accompagnaient s'écria : Voilà du Jeu! en re- gardant du côté du nord. Je me retournai et je vis trés-distmctement, dans la région du nord, une étoile Blante. L'apparition ne dura pour moi qu'un instant, mais M. Jaquot, conducteur des Ponts et Chaussées, qui m'accom- pagnait, en avait vu le commencement, et il en estime la durée à une ou deux secondes. » La trajectoire était sensiblement parallèle à l'horizon, et elle resta vi- sible pendant quelques minutes après la disparition du météore. Elle était marquée dans le ciel par une traînée lumineuse tout à fait semblable à la trace que les fusées laissent sur leur route. Cette trace avait une longueur apparente que j'estime à 8 ou 10 diamètres de la lune. D'abord mince et brillante, elle s'élargit en s'affaiblissant progressivement jusqu'à sa dispa- rition complète. J'ai remarqué en outre, à l'extrémité et vers le milieu de cet arc lumineux, deux petits nuages sphériques et de grandeur variable rappelant les nuages de fumée qui accompagnent la décharge des pièces d'artillerie. » La lumière de ce météore était légèrement rougeâtre. Elle devait être assez vive pour être perceptible un quart d'heure seulement après le cou- cher du soleil et par un ciel très-clair. Il faisait en effet encore grand jour. » J'estime que cette apparition s'est produite à 35 degrés au-dessus de l'horizon et dans la région du nord, nord-nord-est. Le mouvement était di- rigé du sud vers le nord. » ( 458 ) MÉTÉOROLOGIE. — Observation du bolide du 17 février (communication de M. DiMAs). « M. Robert, chef des ateliers de peinture à la Manufacture impériale de Sèvres, se trouvant le 17 février à 5''4o™ à la station du chemin de fer de Bellevue, vit tout à coup dans le ciel une traînée de vapeur blanche, très- brillante, parcourant l'espace du sud au nord avec la rapidité apparente et l'aspect même d'iuie fusée lancée en plein jour. Le mouvement cessa ^out a coup; l'extréiuilé nord de la traînée s'arrondit sous forme d'une boule nuageuse, se dessinant en blanc sur le ciel bleu, comme la fumée au sortir d'une bouche à feu. Au bout de dix minutes tout avait disparu; mais .i deux reprises de vrais nuages glissant au-dessous du météore lui avaient fait subir une éclipse momentanée, ce qui indique au moins, quant à la hauteur du bolide, que la scène se passait au-dessus de la région des nuages. » M. lÎRoxGXiART présente, au nom de l'auteur M le D'' de Grosourdy, un ouviage intitulé : El Medico botanico criollo, comprenant dans sa première partie la flore médicale et usuelle des Aiitilles et des parties voisines du continent américain, et dans sa seconde partie un compendium de théra- peutique végétale des mêmes contrées. (Renvoi à la Commission du prix Barbier.) PHYSIQUE. — Note sur la réflexion du i^on; par M. Vioxxois. « Étant au champ de manœuvre, à Nancy, dans une plaine étendue, on a entendu très-distiucttment l'écho des feux de la troupe; seulement, au lieu d'être sec, il était légèrement confus et prolongé. Les arbres d'un jar- din anglais séparé du champ de manoeuvre par un chen)in pouvaient seuls produire ce phénomène; les feuilles étaient donc les surfaces réfléchissantes. Ce fait permet de comprendre comment l'explosion de Tétincelle électrique peut être réfléchie par la vapeur vésiculaire des nuages et le bruit en être adouci et considérablement prolongé par suite de l'inégalité des distances et des réflexions successives. » M. Di'CHEMix présente une Note relative à un perfectionnement apporté par lui à la pile de Bunsen, et qui consiste à remplacer l'acide azotique par le perchlorure de fer. (Renvoyé à l'examen de I\I. E. Becquerel.) [ 459 ) M. AcG. GuioT adresse une Note sur une transformation qu'il propose pour le télégraplie Caselli. Cette Note sera examinée par MM. Pouillet etFizeau. M. Gagnage adresse une Note intitulée « Assainissement des populations au profit de l'industrie, de l'agricultine et du commerce ». M. L. Amiot adresse im projet de nouvelle pile thermo- électrique. M. Catalax, nommé professeur à l'Université de Liège, demande et ob- tient l'autorisation de reprendre, avant de quitter la France, un Mémoire présenté à l'Académie dans le courant de l'année dernière. M. Ferdixaxd Thomas adresse une Note sur l'analyse des chlorures d'or. A 4 heures et demie l'Académie se forme en comité secret. COMITE SECRET. La Commission qui avait été nommée à cet effet, présente la liste sui- vante des candidats à la place d'Académicien libre vacante par suite du décès de M. du Petit-Tliouars : En première ligne M. Roulix. ,^ ... , ( M. BOLRGOIS. Ln seconde ligne , et par ordre ) «, ^ alphabétique m» ^i -r ■ r ^ [M. lUICHEL LeVY. Les titres de ces candidats sont discutés. L'élection aura lieu dans la prochaine séance. La séance est levée à 5 heures trois quart.s. É. 1) B. ( 46o ) BILLETIX BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu dans la séance du 27 février i865 les ouvrages dont voici les titres : Recueil de Mémoires de Médecine, de Chirurgie et de Pharmacie militaires, rédigé sous la surveillance du Conseil de santé; par MM. BoUDlN, Grellois et Langlois. Publié par ordre du Ministre de la Guerre, 3^ série, t. XII. Paris, 1864; vol. iu-8". Mémoires de la Société d'Anthropologie de Paris; t. II, 2* fascicule. Paris, i865; iu-8^ Bulletin de la Société impériale de Médecine, Chirurgie et Pharmacie de Tou- louse; ô'^ année. Toulouse, i864; in-8°. Table alphabétique de tous les travaux insérés dans les différents recueils pu- bliés par la Société impériale de Médecine, Chirurgie et Pharmacie de Toulouse, depuis sa constitution (1 8o4) jusqu'en i863 inclusivement, sniviede la Table des auteurs et du Tcdjleau général des membres honoraires, résidants et correspon- dants. Toulouse, i864; in-8°. Mapa. . . Curte du Pérou, dressée par ordre du Président Ramon Castilla ; jmr Mariano-Felipe P.vz-SOLDAN. Format in-plano. Musée Tejler. Catalogue systématicpie de la collection paléontologvpie ; ])ar T. G. WiKKLEU, 2^ livraison. Harlem, i86Zi; in-8°. Propagation de l'électricité. Note sur la réponse de M. Guillemin aux obser- vations de M. Gounelle; par E.-E. Blavier. Nancy, i865; in-8°. Erpétologie, malacologie et paléontologie des environs du Mont-Blanc ; par M. Venance Payot. Lyon, i864; in-8°. Ah-Indisclie... L'accouchement dans V Inde ancienne. Eclaircissement his- toricjue et critique; par\e D'' Méd. ASCHER. Berlin; br. in-8°. Sulla perforazione... Sur le percement mécanique des tunnels pour les che- mins de fer, et en ])articulier sur le percement gigantesque des Alj>es Cottienncs, r/i7 percement du mont Cenis. Essai historique et descriptif par l'ingénieur Michèle Trêves. Venise, i865; in-8° avec deux |ilanches. (Présenté par M. Regnault dans la séance précédente, 20 février.) El medico... Le médecin botaniste créole; parB. Renato DE Grosourdy; i''^ partie, t. 1 et 11; 2*= j^artie, t. I etil. Paris, i864; 4 vol. in-8*. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SEANCE DU LUNDI 6 MARS 1865. PRÉSIDENCE DE M. DECAISNE. MEMOIRES ET C03IMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. SCIENCK HISTORIQUE. — ISole historique sur les manières diverses dont l'air a été envisagé dans ses relations avec la composition des corps ; par M. E. Chevreul. (Suite.) II'' Section. — Àir envisagé comme corps complexe. La lecture sera terminée dans la prochaine séance. ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur cjuilriues développements en série de fonctions de plusieurs variables; par M. Hekmite. (Suite.) VIL « Nous avons cherché à montrer dans ce qui précède l'analogie des poly- nômes à deux variables U,„,„ avec les fonctions de Legendre, et sous ce point de vue le fait le plus caractéristique s'est trouvé dans la relation I rf-^+n (a?' + /=— I )"'+'■ '"'" I . 2 . . . CT . I . 2 . . . /z . 3"'+" djfdy" ' si semblable à l'expression donnée par Jacobi, _ I ^/'.(.r^-i)" A„ — 1.2. . .11.1" dx" » Maintenant nous devons considérer les fonctions ayant pour origine le G. R., l865, 1" Semestre. (T. LX, M" 10.) 60 ( 462 ) développement des quantités 3 (i — 2<7X — 2 br 4- a- -4- b^) '\ I (i — X- — j-)''[\. — o.ax — :ibj -\- a- [\ — J' ) -\- -mbxj + /'"(i — J^";]"N et que nous définirons ainsi : (i - 2ax -2bj-ha^ + b-f ^ = 2 rt'"^" ■<',„,„, I — x^ — yf'[i— iax — iby-\-a''[\—y--)-\-iabxy 4- i'(i — x^i]-' = ^ «"è-'t)™.,.. » L'équation suivante, que nous établirons bientôt, , 1 i.i...m-\-n (— iy"+"('»; + « -I- i) (£"•+" [i — x^ — y^) ^ '"■" I .2. . ./w. I .2. . .« i .3.5. . 2(/« -(-//) -H I d.T^dy" rapproche par la similitude de forme analytique ces fonctions de deux va- riables des expressions qui donnent le sinus du multiple d'un arc au moyen du cosinus de cet arc. C'est ce que rend manifeste ce beau résultat clù en- core à Jacobi, savoir : . r, s 1 (— l]"(« + l) r/"(l — .r')""*"^ sm (n + I jarc cos.r = — 5— r -— ^r- '-^ ' J 1 . 3.5. . .2rt + I ax" » Nous aurons d'ailleurs pour V,„.„ et ©,„,„ des propriétés entièrement semblables aux précédentes, et comme elles s'établissent de la mémo ma- nière, il suffira d'indiquer rapidement les plus importantes. » Voici en premier lieu leurs valeurs dans les cas les plus simples : i5 %.i = 3 r, ^''4.0 = -g- ( 2 1 a:' - I /i x-.^ I ), \:),_o = - [Sx^ — I ,', V;j., = -î^; 3.r')- — xr), V,^^^ \ Sxy, \''o.2 = j ( 2 I x= j- - 7 .ï - - 77- -4- I '. 2 v'î.i = V(7-^'/-r^' ( 463 ) et en posant, pour abréger, P = \l\ — x^ — r-, t\,0 = 2pjr, l\_^ = 4 p (2j' H- .T-f -J-), Vo., = 2 |3 J, V^_o = p{l6.x'•+\ IX -J- +J>-* — I 2X^ — aj" -\- 1 ), ^■'2.o = |3(4^r-H- J-- i), ©3., = 2op(2.r=j + .r;-^- xy), v,^, — 6 pxj, T32_2 = 2 p(6x' -(- 27.1 -j° + 6;-'' — rx- — 7;-- + I ), ^\.2 = P(4j^ + ■*■" - 0» 0,,3 = 20|:>(2Xj' + .r^/ - Xj), ^'3,0 ^Acls-f^+^J""— Jr), t3o,4 = K'6j*+ I 2.v-j'''+j:*— I2J'^— 2.r-4-i), l'a., = 4p(4.ï-7'-^j'— j)' » Cela posé, les intégrations étant toujours entre les limites déterminées par la condition on aura JJdxdj<>,„_„ ';, que nous écrirons ainsi : C= I fiIçrh{i — o.r'B + r'^-)~Z{i — ?'— „')i [(i — /xosO: — rsinQ»,)^— r'(Ç= + »j'— i)]"' » Ce résultat conduit à intégrer en premier lieu par rapport à y), c'est- à-dire à l'expression *J qu'on peut décomposer de cette manière : ~ \di){\ — ;'cos9^ — /'sinô/j — r\^^- -^rî^ — i)~' r /fl?Jj(i — rcosô^ — /'sin^yj + /V?' + •/j" — 1 ) • En faisant ï5 = v/i — l^cosip, on devra, d'après les limites de /j, faire croître l'angle ç de zéro à tî, et si l'on pose L = I — /'cosô^, M= rsinô^i — ?% { 465 ) ces intégrales deviendront v't — ?' T" sin(frf(p y I — V Ç~ %m-:idiif 2 ir J^ L — M cos (f — /N sinij) 2 ir J^ L — M coS(p -I- îN sin » ce qui peut être évidenunent réduit à l'intégrale unique 7-: L — M cos (f — ( N sin (S Introduisant en dernier lieu la variable e''' = z, nous serons conduit à inté- grer, le long d'un cercle ayant son centre à l'origine et son rayon égal à l'unité, la fraction rationnelle z[2Lz — M[z'-hi) — N(z^— 1)] dont il n'y a plus dès lors qu'à déterminer les résidus. » A cet effet, nous supposerons /' et r' moindres que l'unité, restriclion permise, puisque l'intégrale doit être développée suivant les puissances ascendantes des quantités a, b, a', h' . Sous cette condition, l'équation aLz- M(2=+i) -N(==- ij =0 admet une racine inférieure à l'unité, car le premier membre prend pour z = i la valeur positive 2L — 2M = 2(1 — rcos5^ — rm\Q \ji — ^-), et pour z ^ — I la valeur négative — 2L — 2M = — 2 (i — /-cosS^ + l'ûnQ V — ?^)- Or, le résidu de la fraction proposée, relatif à cette racine, a pour expres- sion I — rcosSÇ sin 6 rcos'9 V^i — Ë^ \ \Ji — 2rcos6|+ T-^cos^Ê en l'ajoutant au résidu relatif à la racine z = o, savoir : r(i — sin9) V"! — Ç' ( 466 ) on trouve l'inlégrale de la fraction rationnelle (l— --)(/: _ 2/ff / _ I — rcos6Ç \ z[ihz-M{z' + i) — îi{z'- I)] ~rcos'6v/7=T' V ~ V^' - 2rcose5+'/-'cos'6 j' et par conséquent \ 1 — r r"*''' siny^/y 7r / I — rcose? \ a"- J_^ L — Mcosy— /Nsiny ~/-=cos=e\^' ~ 7", _ 2rcosêï + r' cos'6 j ' ce qui réduit l'intégrale double proposée à Maintenant le calcul s'achève par les procédés élémentaires, et l'on obtient ^, T^ / 1 I I I + v''"''' cossX "~ rr' cos6 \^ i — /r' cus9 a y',r' cos 9 °° \ — \j7?~^l^ ) ' de sorte qu'il vient en définitive, en remplaçant rr' cos 5 par sa valeur, Q -_ ^ / I I I 1 + v'n«'-t- bb'\ et on en conclut immédiatement la proposition énoncée sur l'intégrale j j dxdj V T) prise entre les limites déterminées par la condition x" -^ j'^'S t . » ASTRONOMIE. — Lettre à M. Faye sur la constitution du Soleil; par le P. Sfxchi. « Rome, 21 février i865. » Je viens de lire votre bel article dans le journal les Mondes sur la con- stitution du Soleil, article dans lequel vous me faites l'honneur d'espérer mon approbation. Je vous remercie de ce gracieux compliment, mais vout pouvez bien être sûr que nous sonunes d'accord. Dans le luiméro de novembre 1864 ilu Bullclino meteorologico, il y avait déjà luie idée sur ce sujet qui est en base votre même théorie. Tout dernièrement, dans un cours (467 ) de lectures que j'ai commencé sur la constitution physique du Soleil dans la classe d'astronomie, j'étais engagé à développer des idées parfaitement semblables aux vôtres. La découverte de Carrington suggérait naturelle- ment la conviction que le Soleil tout entier, ou au moins à une grande profondeur, est fluide, bien plus profondément qu'on ne peut le déduire de la ténuité de la couche photosphérique. De plus, au lieu de recourir à la pluie météorique sur le Soleil (i), ayant égard à l'énorme c|iiantité de chaleur latente qui doit se dégager dans le passage de l'état élasiique à l'état vésiculaire ou cristallin, nous avions déjà une source assez forte de chaleur permanente, bien autre que les combustions. Mais si nous ajoi;- fons les calories de dissociation, nous aurons une quantité énorme de cha- leur qui doit se produire à l'extérieur pour le passage h l'état de combi- naison solide ou liquide d'une petite portion de la masse solaire, et il ne serait pas difficile d'en calculer la quantité nécessaire, du moins d'après les calories de dissociation qui sont connues dans cjuelques substances. » Je conviens avec vous que la couche d'atmosphère transparente doit être assez minime, mais je crois qu'on ne peut négliger sa force réfringente. J'ai examiné les figures de M. Carrington, et dans la marche des taches près des bords se manifestent des variations systématiques et des déviations en sens contraire près des deux bords, que je crois dues à l'effet de la réfrac- tion solaire. » Mais il y a encore à se faire une idée plus nette de ce que sont ces feuilles de saule, dont l'existence ne peut pas se nier. Nous n'avons sur la Terre aucun phénomène bien semblable. Dans ces derniers joiu's, je viens de les observer très-nettement avec ]e dia/jonnl e/e pièce, et ces feuilles de saule occupent réellement toute la surface du Soleil; seulement on les trouve plusépar|iillées, et rangées avec une direction convergente vers le centre du noyau, dans les contours de la pénombre et dans l'inlérieur de la pénombre elle-même, près du noyau. De là l'aspect à scie des bords du noyau et de la pénombre. De là aussi les têtes des cournnis que j'avais signalées il y a plus de dix ans. J'ai vu dans ces derniers jours une grande ligne blanche vive, qui coupait en deux un noyau, s'éparpiller pour ainsi dire en ses éléments de feuille de saule, sur le fond gris de la pénombre. Sans doute, vues dans le Soleil, ces feuilles doivent avoir des dimensions énormes, bien plus grandes (i) Le P. Secchi fait ici allusion à la brillante hypothèse de Mayer et do Waterston per- fectionnée plus tai-il par M. Thomson, laquelle a pour Lut de rendre compte de l'intensité et de la permanence de la radiation solaire. (Note de JI. Paye.) ( 468 ) que les cumuli qui nagent dans notre atn)osphere. ftlais nos cunnili sont ronds, et cette forme allongée prédominante, d'où vient-elle? Serait-elle l'effet du transport vers le centre du noyau, et de la tendance à reuqjlir ce chasine? " La théorie physique du Soleil peut faire quelques pas par l'étude des autres corps célestes et des nébuleuses surtout. Je viens de vérifier dans la nébuleuse d'Oriou la singulière propriété d'avoir une lumière monochroma- tique. Et! regardant avec le spectromètre cette nébuleuse, on voit son spec- tre réduit à une ligne argentée à la place du bleu clair. Cela est plus éton- nant après les spectres des petites étoiles dont elle est parsemée, qui ilonnent un spectre étalé comme d'ordinaire. IMais ce qui est curieux dans les parties mixtes de nébulosité et d'étoiles, c'est de voir les deux spectres si différents : celui de l'étoile qui fait une ligne colorée par exemple horizontale, et la nébuleuse qui fait une bande unique transversale et très-forte, plus même que l'étoile. En plaçant hors du champ l'étoile, il ne reste plus que la bande de la nébuleuse. Donc, dans les nébuleuses , nous avons affaire, comme l'observe M. Huggins, à une matière dans un état diflérent de celle des étoiles. La nébuleuse d'Andromède donne une faible lumière comme les étoiles, mais elle est placée trop bas à présent. 11 faudra l'examiner plus fard. >■ ASTRONOMIE. — Remarques sur la Lettre du P. Secchi et sur les recherches récemment présentées à la Société Royale de Londres au sujet de la constitu- tion physique du Soleil; par M. Faye. o Je prie l'Académie de me permettre d'ajouter quelques réflexions et quelques développements à la Lettre qu'elle vient d'entendre. Cette Lettre montre que nous suivions en même temps, le P. Secchi et moi, un courant d'idées toutes semblables; elle montre aussi, et je m'en applaudis, que notre savant Correspondant, dont la haute compétence dans cet ordre de questions est universellement reconnue, accueille dans son ensemble la théorie que j'ai exposée devant vous le mois dernier, et jusqu'à ce mol de dissociation que j'ai emprunté à I\I. H. Deville, tout en le détournant un peu, à toi t je le crains, de sa véritable signification. » Quant aux analogies que le P. Secchi signale avec raison entre ses idées et les mieiuies, des coïncidences de ce genre n'ont rien qui puisse surprendre : il tend à s'en produire de pareilles toutes lis fois qu'une ques- tion est mûre et touche à sa solution. C'est ainsi qu'à Londres, presque au même instant où je lisais à l'Académie la seconde partie de mon Mé- ( 469 ) moire, les astronomes de Rew présentaient de leur côté à la Société Royale les résultats de leurs recherches sur le même sujet, résultats importants dont je vais- tâcher de donner une idée d'après nn excellent article qu'une Revue anglaise a bien voulu consacrer à l'analyse de mon travail (i). » MM. de la Rue, Stewart et Loevy ont relevé minutieusement sur les > bien hardie. De même que, dans notre atmosphère refroidie à un certain » point, il existe une substance capable de se transformer eu une poussière » fine et de former des nuées en suspension (l'eau se ti'ansformant en va- » peurs dites vésictdaires nu en petits glaçons solides), de même, dans » l'atmosphère enflammée du Soleil, il pourrait bien y avoir une grande •) quantité de matières capables d'un état pareil à une température très- » élevée. Ces corpuscules, en quantité immense, formeraient une couche » presque continue de véritables nuées suspendues dans l'atmosphère » transparente qui enveloppe le Soleil, et, étant comparables à des corps » solides suspendus dans un gaz, ils pourraient avoir une puissance de 1) rayonnement calorifique et lumineux plus grande que le gaz même dans ; hv ) « lequel ils sont suspendus (i). On i)oiurait ainsi expliquer pourquoi les » taches (qui sont les endroits on ces nuées sont déchirées) manifestent » moim de lumière et moins de chaleur, quoique la température soit la I. même. Les beaux résultats obtenus par Magnns, qui a pi ouvé qu'un » solide plongé dans un gaz incandescent rayonne plus de chaleur et de )i lumière que le gaz lui-même, semblent venir à l'appui de cette hypo- » thèse, qui concilie d'ailleurs les autres phénomènes connus du Soleil. » I) Afin de compléter cette exposition des idées et des recherches qui ont fait leiu- apparition presque simultanément dans le court espace d'un ou deux mois sur la question du Soleil, il me reste à citer les beaux travaux de M. Hugginssur un sujet qui s'y rattache indirectement, l'analyse spec- trale des nébuleuses. Ces travaux, ainsi que la remarque précédente du P. Secchi, ont été connus en France avant mon Mémoire. Je demanderai à ce sujet la permission d'indiquer rapidement ici la marche de mes re- cherches parce qu'elles aboutissent au même sujet. J'avais pensé, il y a quatre ans (2), que si les raies du specire solaire étaient dues exclusivement, comme le croyait M. Rirchhoff^ à l'absorption de couches invisibles exté- rieures à la photosphère, et formant autour du Soleil une atmosphère énorme, le specire propre de ces couches devrait présenter, dans les éclipses totales où il serait possible de l'étudier isolément, l'exacte inver- sion du spectre solaire. Or il se trouvait qu'en 18/42, à l'occasion de la cé- lèbre éclipse totale de cette année, un physicien distingué, M. Fusinieri, avait précisément observé avec soin le spectre de cette auréole, et avait constaté que la place ordinairement occupée par le vert y était complète- ment obscure. Le spectre de l'auréole, à en juger par cette intéressante- observation, faite vingt ans avant les merveilleuses applications de l'ana- lyse spectrale, était donc discontinu, à la manière des gaz ou des vapeurs incandescentes, mais il n'était nullement le renversement exact du spectre solaire, puisqu'il y manquait certaines raies caractéristiques, la triple (i) Il est juste de noter que M. Huggins avait déjà tiré parti de cette différence entre les pouvoirs émissifs des gaz et des solides : « The sreall brillancy of the nebulae, nothwistanding the considérable angle wich in niost cases thcy subtend, is in accordance wilh the very in- ferior splendour of glowinggaz as compared witli incandescent solid or liqiiid niatter t [Procee- riings of the R. Society; coraraunication du 8 septembre dernier). (2) Comptes rendus, t. LUI, p. 679 et suivantes; 1861 : « Sur le spectre de l'auréole dos éclipses totales ». 61.. ( 472 ) raie b du magnésium, par exemple, dont M. Kirchhoff avait constaté la présence dans la masse solaire par l'examen des raies du spectre du Soleil dans la région du vert. J'en concluais que ces dernières étaient produites, non par l'absorption d'une vaste atmosphère extérieure à la photosphère, mais plutôt par le milieu ambiant dans lequel la matière lumineuse de la photosphère était suspendue, ce qui exigeait seulement que la Iwmière solaire n'émanât pas de la surface seule, mais encore d'une cer- taine protondeur de la photosphère (i). Étant arrivé plus tard à l'idée que l'état actuel avait pu être précédé d'une phase où la photosphère n'existait pas encore, il était naturel d'en conclure que le spectre de cette phase pre- mière devait présenter le caractère distinctif des gaz et des vapeurs portés à une température élevée. Si donc le ciel nous offrait des mondes stellaires ou solaires à tous les états possibles de leur formation, on devait sans doute y rencontrer aussi des types de celte première phase qui précède l'appari- tion du phénomène chimique de la photosphère, et dont le spectre se ré- duit à quelques raies brillantes, tandis que les astres parvenus à la deuxième époque, c'est-à-dire les étoiles, donnent des spectres intervertis. Mais il m'aurait été impossible de désigner ces corps; je devais croire même que leur lumière serait trop faible pour les rendre visibles à l'énorme distance qui nous sépare d'eux, lorsque j'appris que M. Huggins venait de découvrir ces spectres discontinus dans la lumière des nébuleuses planétaires, (les nébuleuses si énigmatiques, auxquelles j'étais loin de penser, seraient-elles donc des spécimens de cette phase première? Les dessins de lord Rosse ne paraissant pas très-favorables à cette supposition, je me suis borné à ajou- ter à ma première rédaction ces mots : « nébuleuses planétaires? » pour rappeler l'importante découverte de M. Huggins. Je n'entends nullement la signaler comme une preuve sérieuse de ma théorie, mais comme une raison de croire que l'idée d'une phase antérieure à la formation de la photosphère pourra trouver place dans ce genre tout nouveau de recherches. « Le spectre de la nébuleuse d'Orion, que le P. Secchi vient de décrire (i) Il resterait à distinguer, parmi les raies solaires, celles qui pourraient provenir de l'in- terposition des couches invisibles extérieures à la photosphère, de celles qui sont ducs à l'ab- sorption du milieu où cette photosphère vient se former. Le procédé, analogue à celui qui sert à déterminer les raies telluriques dues à notre propre atmosphère, consiste évidemment à comparer le spectre des bords avec celui du centre. J'ai déjà dit (aS janvier) que M. Jans- sen s'occupe de cette comparaison, qui ne lui a jusqu'ici laissé apercevoir aucune différence sensible entre les deux spectres. ( 473) dans sa Lettre (i), nous présente la question sous une plus grande géné- ralité, puisqu'il ne s'agit plus ici d'une catégorie d'astres très-restreinte, qui ne compte guère que aS ou 3o individus. Rien de plus curieux que ce mélange de la lumière stellaire avec la lumière monochrome du fond nébuleux, mélange que l'analyse spectrale décompose d'une manière si frappante. Il semblerait, à mon point de vue, que celte immense agglomé- ration de points brillants et de nébidosités irréductibles présente simidta- nément toutes les phases successives de la formation stellaira. » Je hasarde maintenant une réflexion. Les travaux de M. Huggins, inspirés par la féconde impulsion de M. Kirchhoff, la remarcjne (hi P. Secchi siu la possibilité d'expliquer l'apparence des taches solaires par la simple diffé- rence des pouvoirs émissifs des nuages lumineux de Wilson et du milieu ambiant, les conclusions des astronomes de Rew sur la figure des taches et leur merveilleuse relation avec les facules, enfin les conséquences que l'on s'efforce de tirer, en Angleterre, de la loi de M. Carrington, tout cet ensem- ble d'efforts isolés, mais concourant an même but, n'imprime-t-il pas le cachet de l'opportunité au travail où j'ai tâché, de mon côté, de coordonner les faits antérieurement connus, en rattachant la formation, l'entretien, les acciderjts et le mode de rotation de la photosphère à un point de départ commun à tous les astres qui brillent au ciel. » Le P. Secchi soulève dans sa [jCltre une question fort délicate : il vou- drait une explication nette de'ces amas lumineux en feuilles de saule {ivilloxv lenves) qui semblent constituer la surface entière du Soleil, et qu'il est par- venu à observer lui-même à l'aide d'un oculaire diagonal qui lui a été en- voyé d'Angleterre. Par sa généralité et sa constance, ce phénomène doit tenir à ce qu'il y a de plus essentiel dans la constitution de la photosphère. Désireux d'écarter toute conjecture, je me suis borné, dans la seconde par- lie de mon Mémoire, à faire remarqtier que la surface visible du Soleil ne saurait être une surface de niveau, mais bien la limite très-accidentée à la- quelle s'élèvent, dans le milieu général, les courants ascendants qui ali- mentent la photosphère; là doit être aussi le point de départ des courants descendants, et comme ces deux ordres de courants juxtaposés doivent ré- gner uniformément par toute la sphère, aux pôles aussi bien qu'à l'équa- teur, les accidents qu'ils impriment à la surface limite doivent aussi se mon- trer, en général, sur toute cette surface. Pour répondre au vœu du P. Sec- (i) .l'apprends à l'instant que IM. Hiiggins était déjà arrivé aux mêmes résultats sur cette nébuleuse. ( 474 ) chi, je vais tâcher de faire un pas de plus, au risque de faire à mon (our une excursion dans le domaine des conjectiu-es. » Les courants ascendants affectant une certaine obliquité par rapport à la surface, en sens inverse de la rotation, les nuages de matière incandes- cente qu'ils produisent peuvent offrir une forme un peu allongée; cet al- longement aurait lieu uniformément dans le sens des parallèles, si d'autres causes difficiles à analyser n'intervenaient pour troubler celte tendance. De là la forme de grains de riz que paraissent affecter les petites masses limii- neuses de la photosphère, séparées par des points et des déliuéaments presque noirs. Mais, dans les facules, sur les bords des taches et dans les pénombres qui nous offrent des espèces de coupes dans l'épaisseur de la photosphère, cette apparence générale doit éprouver de profondes modifi- cations. En fait, toute apparence réliculaire disparaît dans les facules; sur les bords des taches, les grains de riz deviennent des feuilles de saule; dans les pénombres ce ne sont plus que des filaments allongés, tortueux, que M. Dawes compare à des brins de paille juxtaposés, et que le P. Secchi assimilait lui-même à des courants. Chose remarquable, ces accidents af- fectent alors une direction à peu près convergente (vers le milieu de la tache). On dirait que l'on voit ainsi, à travers le milieu ambiant momenta- nément dépouillé de la matière lumineuse de la photosphère, les longues perspectives des courants descendants qui pénètrent jusqu'à de grandes profondeurs dans les couches plus chaudes de la masse interne. )) Mais c'est déjà trop hasarder sur un pareil sujet, alors que les observa- teurs qui ont le plus étudié ces détails sont encore bien loin d'élre d'ac- cord. L'important aujourd'hui, c'est moins d'expliquer que d'étudier les faits d'une manière plus approfondie en s'aidant provisoirement de quelques indications théoriques. Ce qui me paraîtrait le plus digne d'intérêt, ce serait de savoir si, en dehors des taches et des facules, à une époque de tranquil- lité relative comme celle que le Soleil ne tardera pas à atteindre (en i865 et en 1866), il n'y aurait pas dans ces grains de riz quelque tendance à une orientation quelconque, par exemple dans le sens des parallèles, comme je viens de l'indiquer. Je sais bien qu'on n'a rien noté de semblable jus- qu'ici, mais j'imagine que l'observation visuelle est ici trop difficile, trop fugitive pour mettre l'astronome en état de se prononcer. Des observations photographiques à grande échelle, faites avec des soins particuliers, se- raient seules décisives si on parvenait à y fixer les détails qui nous occupent, et à ce sujet je prendrai la liberté de soumettre aux savants anglais des ob- servatoires photographiques d'Ely et de Rew certaines précautions qui ( 475 ) m'ont été suggérées par les essais que MM, Porro, Quinet et moi avons faits en i858, à l'aide d'une grande lunette de i5 mètres de longueur fo- cale, laquelle nous a donné de magnifiques épreuves instantanées de l'éclipsé partielle du i5 mars, et de très-beaux spécimens de taches et de facules : » 1° S'assurer par des épreuves préalables que le coliodion est absolu- ment exempt de stries, car les moindres défauts de ce genre peuvent faire naître dans les clichés un aspect réticulaire qui masquerait cehii du Soleil. « 2° Disposer l'appareil de manière que l'objectif ne soit découvert qu'au moment même où l'on fait jouer l'obturateur mobile placé en avant de la plaque sensible, afin d'éviter les effets de l'échauffement de l'air renfermé dans la lunette. )) 3° Présenter au Soleil l'envers et non l'endroit de la plaque de verre collodionnée. Dans la position qu'on lui donne ordinairement, le coliodion en avant, la lumière traverse d'abord la co\iche sensible dont la transpa- rence n'est pas aussi parfaite que celle du verre; cette hmiière légèrement diffusée frappe ensuite la face postérieure de la glace et revient attaquer la couche sensible par derrière; de là superposition de deux images d'inégale netteté. » 4° Placer en arrière de la plaque sensible une feuille de carton recou- verte de noir de fumée, afin d'éviter la réflexion plus ou moins diffuse qui s'opérerait par toute autre surface. C'est à cette réflexion irrégulière que j'ai attribué certains défauts que nos épreuves solaires nous ont présentés en i858(i). » 5° Opérer avec la plus grande rapidité possible (avec l'ouverture entière de la lunette) et aux seuls instants où une lunette voisine donne l'image nette de ce qu'on veut reproduire. )) Si, à l'aide de ces précautions, et grâce à l'habileté éprouvée des astro- nomes de Kew, on parvenait à obtenir, à plusieurs époques successives, l'empreinte des feuilles de saule ou des grains de riz, nul doute que l'étude de leur orientation, de leur distribution et de leurs mouvements propres ne conduisît à d'importants résultats. Tant que de pareils documents nous feront défaut, il serait peu prudent d'avancer des conjectures ou d'essayer des théories. » (i) Comptes rendus, t. XLVI, p. 707; i858. ( 476 ) XOJILXATIOINS. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un Acadé- micien libre qui remplisse la place laissée vacante par le décès de M. Du Petit- Thounrs. Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant de 64, M. Rouliu obtient 4i suffrages. M. Michel Lévy ic) » M. Bourgois 2 » M. Cap 2 » M. RoruN, ayant obtenu la majorité absolue des suffrages, est déclaré élu. Sa nomination sera soumise à l'approbation de l'Empereur. L'Académie procède à la nomination d une Commission chargée de dé- cerner le grand prix de Mathématiques (question des lignes isothermes). MM. Liouville, Bertrand, Duhamel, Hermite , Chasles, composeront cette Commission. L'Académie nomme une seconde Commission, chargée de décerner le prix d'Astronomie (fondation Lalande). MM. Mathieu, Laugier, Faye, Delaunay, Liouville, composeront cette Commission. MEMOIRES LUS ( PHYSIQUE DU GLOBE. — Mémoire sur les pressions baroinélrkjues du globe ter- restre résultant des observations faites à la mer pendant levoyacje d'explora- tion des corvettes l'Astrolabe et la Zélée, de iSS^ à 1840, sous le comman- dement de Dumont d'Urville; par M. le Contre-Amiral Cocpve\t des Rois. (Commissaires, MM. Mathieu, Pouillet, Laugier, de Tessan.) « Les physiciens avaient déjà reconnu que sur les continents les varia- tions horaires du baromètre allaient en diminuant de l'équateur vers les pôles. n Mes observations faites à la mer font connaître qu'une loi analogue régit les variations horaires sur toute la surface des océans depuis l'équa- teur jusqu'à 65 degrés de latitude sud, où la variation horaire devient presque insensible. ( 477 ) » Les hauteurs horaires moyennes pour sept zones qui comprennent toutes les latitudes de o degré à 65 degrés, déduites de mes observations, donnent la loi de ces variations. HAUTEURS BAROMÉTRIQUES MOYENNES. | LATITUDES LIMITES. LATITUDES MOYENNES. 9*" DU MATIN. MIDI. 3 UECKES. 9'' DD SOIR. O 0 o à 5 o 1 2.40 757,90 756,90 755,50 757,24 5 à lo 6.57 757,90 757,02 755,63 757,42 lO à 20 14. 12 760,58 759,68 758,79 760,36 2o à 3o 21 .5o 762,61 761,90 761,3a 762 , I 3 3o à 4o 35.14 761,81 761,77 761,27 761,94 4o à 55 47. 2 755,10 755,21 754,57 755,15 55 à 65 60.52 744,61 745,00 744,88 744,28 » Le nombre des observations qui ont servi à conclure chacune de ces moyennes varie entre 70 et i iG. » On conclut de ce tableau les variations horaires suivantes du baro- mètre aux différentes heures de la journée. LATITUDES LIMITES-. VARLATIONS HORAIRES DU BAROMÈTRE. oh DD MATIN. MIDI. 3 HEURES. 9'' DU SOIR. 0 0 0 à 5 5 à 10 10 à 20 20 à 3o 3o à 4o 40 à 55 55 à 65 m III 2,4o 2,27 '>79 1,29 0,54 0,53 0,27 Dim i,4o 1,39 0,89 o,58 o,5o 0,64 0,12 0,00 0,00 0,00 0,00 0,00 0,00 0,00 moi ï)74 '.79 1,57 0,81 o,58 o,58 0,02 » Cette loi générale des variations horaires constatée, ou a cherché si elles étaient les mêmes au nord et au sud de i'équateur, dans les régions équinoxiales; le résultat des moyennes a donné des variations horaires un peu plus fortes au sud qu'au nord de I'équateur. La question reste entière C. R., i865, I" Semestre. (T. LX, N» 10.) ^2 (478) pour les latitudes plus élevées, faute d'un nombre d'observations suffisant dans les hautes latitudes de riiémisplière nord. » Variations horaires en hngilude. — Les variations horaires entre o degré et 20 degrés de latitude ont été comparées dans cinq zones diffé- rentes: la première zone est l'océan Atlantique, les quatre autres compren- nent le grand Océan et sont rangées en partant de l'Amérique vers l'Asie. » On a conclu que les variations horaires sur l'Atlantique sont plus faibles que sur l'océan Pacifique dans le rapport envirfui de 3 à 4- » Dans l'océan Pacifique elles sont plus faibles sur le méridien opposé à celui de Paris; elles augmentent quand on se rapproche soit de l'Amérique, soit de l'Asie. » Variation des hauteurs barométriques moyennes avec la latitude. — Si dans le premier tableau on fixe son attention sur les hauteurs barométri- ques de midi qui peuvent être considérées comme les moyennes du jour, ou reconnaît une loi bien régulière en fonction de la latitude. » Ainsi la hauteur barométrique moyenne, qui est de 757 millimètres près de l'équateur, atteint un maximum vers les tropiques où elle est de 762 millimètres, pour diminuer ensuite régulièrement vers les régions polaires, et elle tombe à 745 millimètres par 60 degrés de latitude. » Variation des hauteurs barométriques moyemies avec la longitude. — Si l'on considère la double zone comprise entre l'équateiu' et 20 degrés de latitude nord ou sud, et si on la partage en neuf parties correspondantes aux neuf méridiens approximatifs suivants : » (Sa degrés longitude O.) océan Atlantique, » (i3o degrés O.) océan Pacifique, » (i 53 degrés O.) îles de la Société, » (175 degrés O.) îles des Navigateurs, » (174 degrés E.) îles Viti, » (i63 degrés E.) Nouvelle-Calédonie, » (i38 degrés E.) ouest du détroit deTorres^ » (i3o degrés E.) îles Arrow, » (95 degrés E.) mer des Indes, on arrive à ce résultat singulier, que la plus grande pression aurait lieu sur le méridien des îles de la Société, et le plus faible sur le méridien de la pointe ouest de la Nouvelle-Guinée : la courbe des variations de la pression est très-régulière, le maximum de pression tombe juste au milieu de l'océan Pacifique, et un nouveau maximum paraît s'annoncer lorsqu'on s'avance dans la mer des Indes. ( 479 ) y> La variation totale atteint le chiffre de 8 millimètres et demi, supérieur aux variations diurnes et accidentelles dans cette zone, ce qui donne lieu de croire que cette distribution de pression est un phénomène général indé- pendant des saisons et des circonstances particulières dans lesquelles ont pu se trouver les observateurs. » Farialions accidentelles de In pression barométrique en fonction de la latitude. — L'amplitude des variations accidentelles de la pression baromé- trique a été déterminée pour chaque zone de latitude considérée plus haut, en prenant la somme des pressions plus fortes que la moyenne et la somme des pressions plus faibles, et divisant l'une et l'autre par le nombre corres- pondant d'observations. » La différence entre ce moyen maximum et ce moyen minimum n'est que de i'"'°,8 entre o degré et lo degrés de latitude, mais entre 5o et 60 de- grés de latitude, il atteint le chiffre de i5 millimètres. » Aux observations qui viennent d'être discutées sont jointes celles de MM. Montravel et Gaillard, faites avec le même instrument, du 2 janvier au 3i octobre i84o. Quoiqu'elles présentent un assez grand nombre de lacunes et que leur précision n'aille pas au delà d'un demi-millimètre, elles donnent des résultats complètement analogues pour la loi des variations horaires et des hauteurs moyennes en fonction de la latitude. » Faites dans d'autres régions que les précédentes, elles confirment com- plètement la généralité de ces résultats, u PHYSIOLOGIE. — Étude des nutritions locales. Formation nutritive du ferment pancréatique. Les peptones gastriques absorbées pur l'estomac amènent à titre de matériaux premiers cette formation d'une utilité considérable pour l'ac- complissement de la digestion intestinale; parM. L. Corvisart. (Commissaires, MM. Milne Edwards, Bernard, Longet.) MÉMOIRES PRÉSEXTÉS. CHIMIE. — Sur l existence du bichlorure de manganèse et ses cot^génères du brome et de l'iode; par M. J. Nicklès. (Commissaires, MM. Fremy, H. Sainte-Claire Deville.) « En traitant du peroxyde de manganèse par de l'acide chlorhydrique, on obtient du chlore libre en vertu de l'équation {,) MnO-H-2ClH = 2HO + MnCl-+-Cl. 62.. ( 48o ) D'habitude, en donnant cette équation, les Traités ajoutent que la moitié du chlore se dégage, parce que le composé correspondant au peroxyde de manganèse, c'est-à-dire le perchlorure MnCP, n'existe pas, car s'il existait on aurait l'équation (2) ]Mn0"- + 2Cln = 2H0 + MnCl-, et, par conséquent, point de chlore libre. » Le but de ce travail est de faire voir que ce perchlorure peut être obtenu réellement et qu'il en est de même de ses congénères du brome et de l'iode, sinon du fluor. » Ayant reconnu antérieurement que si l'eau détruit sans peine certains perchlorures, perbromures, etc., l'éther, au contraire, leur donne de la stabilité, j'ai vu dans ce fait la possibilité de combler, dans le groupe des chloroïdes, une lacune que la théorie a à peine essayé de remplir. » On peut y arriver de deux manières, soit en traitant par un courant de chlore sec le protochlorure de manganèse placé dans de l'élher, un alcool ou tout autre liquide anhydre capable de dissoudre le composé que l'on veut obtenir, soit en attaquant par du gaz chlorhydrique sec le peroxyde de manganèse en présence de l'un des liquides mentionnés. » Le procédé par le gaz chlorhydrique est le plus simple et donne les résultats les plus nets. Il suffit même d'agiter dans un tube un peu de peroxyde de manganèse en poudre avec de l'éther anhydre satin-é de gaz chlorhydrique, pour obtenir, à l'instant même, un liquide d'un beau vert contenant le composé en question. )i C'est une expérience de cours. Elle réussit dans tous les cas et surtout quand on a soin de refroidir le vase; de l'eau fraîche suffit pour cela, bien que la glace soit préférable. Mais veut-on avoir une certaine quantité de ce perchlorure, il convient de faire arriver du gaz chlorhydrique sec dans le mélange de peroxyde et d'éther convenablement refroidi. )' Le produit, de couleur verte, est très-altérable et émet du gaz chlor- hydrique. Soluble en toute proportion dans l'éther, il est insoluble dans le sulfure de carbone. Le phosphore le décolore en formant du protochlorurc de manganèse, de même aussi la limaille de fer ou celle de zinc, l'antimoine en poudre ou le sulfure d'antimoine; ce dernier occasionne de plus un déga- gement d'hydrogène sulfuré; le sulfure de plomb donne du soufre libre, les iodures alcalins abandonnent de l'iode, et les matières colorantes orga- niques, telles que l'indigo, en sont rapidetnent anéanties. L'eau le décom- ( 48r ) pose; toutefois son action est moins prompte en présence de l'acide chlor- hydrique. » Je donne dans mon Mémoire les précautions à suivre pour analyser ce composé si altérable. Sa composition s'accorde avec la formule MnCP + i2(C'H50) + 2HO. » Bien que ce composé soit soUible dans l'éther anhydre, il n'y forme pas deux couches distinctes comme le font les éthers halo-métalliques dont il a été précédemment question [Comptes rendus, t. LV, p. 537); je ne le considère pas moins comme défini. En effet, ce ne peut être une simple dissolution dans l'éther, car si on traite du peroxyde de manganèse par de l'eau saturée d'acide chlorhydrique, on obtient un liquide brun qui verdit en présence de l'éther anhydre, engendrant ainsi un produit semblable au précédent. » Le perbromure de manganèse s'obtient de la même manière que le perchlorure; toutefois, il est moins stable que lui et se réduit facilement en sesquibromure Mn^ Br^ » Le periodure de manganèse donne lieu à des remarques analogues. Tous ces composés sont d'un vert plus ou moins foncé. » Telle est encore la couleur des composés donnés par le sesquioxyde Mn-O^ avec les gaz chlorhydrique, bromhydrique, iodhydrique, l'éther ou un alcool anhydre. Les combinaisons éthérées m'ont paru plus stables que celles obtenues avec des alcools. L'oxyde employé est le composé Mn'O' obtenu par calcination du carbonate de manganèse exempt de fer. » Ces faits permettent de prévoir l'existence d'un grand nombre de com- posés haloïdes qui n'ont pu être obtenus jusqu'ici; de ce nombre, les com- binaisons correspondantes aux oxydes Ni^O' et Co^O'. Je me suis assuré aussi de la possibilité de préparer le sesquiiodure de fer Fe- 1'', dont l'exis- tence était révoquée en doute (Gmelin, Traité, t. III, p. 2'J5). Cet iodure, il est vrai, est très-peu stable. Enfin, j'ai pu réaliser un rêve tant poursuivi par H. Rose [Annales de Pocjcjendorff, i858, t. CV, p. Sya), en préparant au moyen de l'éther et du gaz chlorhydrique sec l'acide chloro-arsénique AsCl^, qui jusqu'à ce jour s'était montré rebelle à tous les autres pro- cédés de préparation (i). (i) Le nouvel acide se trouve à l'état de combinaison étbérée; celle-ci est peu stable et se réduit facilement en éther chloro-arsénieiix. Moins dense que ce dernier et non miscible à lui, l'éther chloro-arsénique se sépare spontanément et peut être recueilli par simple décantation. Avec l'eau, il donne instantanément de l'acide arsénique. ( 482 ) » Pen d'oxydes supérieurs résistent à la chlorurafion ou à la broinura- tion par les moyens consignés dans cette Noie. Comme ces oxydes se trans- forment alors dans le chlorure ou le bromure correspondant, l'Académie reconnaîtra qu'il s'agit ici d'un procédé général lequel, convenablement employé, conduira à ce lait, savoir : que chaque degré d'oxydation d'un métal a son représentant dans le groupe des chloroïdes. » C'est ce que j'espère jiouvuir démontrer par l'expérience. » GÉODÉSIE. — Note sur les figures partielles du sphéroïde terrestre; par M. Folet-Salxeuve. (Commissaires, MM. Mathieu, Laugier, Faye, Delaunay.) i< La précessiou deséquinoxeset les perturbations lunaires ont appris que si la Terre est un ellipsoïde de révolution, l'ellipse qui l'engendre doit avoir un aplatissement égal ^'v"?' ^^^'^ o" "^ déterminé ainsi que l'équivalent fies ménisques, sans pouvoir certifier que la forme de ces ménisques est celle qui répond à la figure terrestre supposée. u Pour chaque portion de la surface du globe, il semble résulter de l'en- semble des travaux géodésiques l'existence d'une différence notable avec cet ellipsoïde moyen qui représente les phénomènes dans leur ensemble. » La présente Note a pour but de rechercher le moyen d'obtenir en chaque point géodésic|ue important la correction qu'il faut faire subir à la forme de l'ellipsoïde général pour rentrer dans la réalité. » ASTROiNOMlE. — Sur les reliefs de la surface lunaire; par M. P. Moxtani. (Extrait d'une Lettre à M. Élie de Beaumont.) (Commissaires, MM. Élie de Beaumont, Faye, Daubrée.) « La photographie, grâce à l'admirable précision du rendu des objets, est appelée à porter un grand secours pour le rapide jîrogrès de la science. i> Eu examinant des photographies de la Lune par M. Warren de la Rue, j'ai reconnu la loi qui régit la configiu'ation du lelief de cet astre. » Vous, Monsieur Élie de Beaumont, vous avez découvert la loi par la- quelle les prolongements dans la direction des chaînes de montagnes s'en- tre-croisent à la surface de la Terre. Il était important de voir si la loi ob- servée sur la Terre étnit une loi cosmique, s'ai)pliquanl aux différents corps solides du cortège du Soleil ou des planètes. J'ai la satisfaction de vous. i5o 75 i35 67 3o' 127 3o' 60 120 45 9° 3730 ( 483 ) annoncer que la loi est vraie aussi pour la Lune, il n'y a que la valeur des angles qui se modifie. " J'ai trouvé que les reliefs de la surface de la Lune prolongés se coupent sous les angles suivants : 00 o 3o 21 3o' i5 7 3o » Avec des angles de cette nature, il en résulte des figures hexagonales, caractéristiques du relief lunaire. » En preuve de l'exposé, j'ai l'honneur de vous soumettre trois déve- loppements de certaines j)arties de la surface lunaire; ce sont le Mare Serenitalis, le Mare Humorum et le mont Copernic. Les longitudes et latitudes lunaires ont été indiquées pour les deux premiers; pour le mont Copernic, je ne les ai pas indiquées, car la figure représente un calque d'une photographie due à M. Warren de la Rue. » Il me semble que votre loi généralisée s'applique parfaitement à la Lune; par conséquent, j'ose espérer que cela vous fera plaisir. Je vous laisse, Monsieur, le soin d'en tirer les conclusions que vous croirez oppor- tunes; pour moi, je me limite à exposer le fait. Si vous jugez que la chose le mérite, je vous prie d'en donner communication à l'Académie. En tout cas, je serais bien flatté si j'avais l'honneur d'avoir votre opinion personnelle à ce sujet. » Votre loi, que vous formulerez comme vous l'entendez, car elle vous appartient, ne peut que recevoir plus d'éclat par le fait que je viens d'avoir l'honneur de vous exposer. Nous ne pouvons préjuger sur l'avenir, et qui sait les développements que cette loi peut recevoir un jour? Par conséquent j'espère que vous prendrez quelque intérêt à une chose qui vous touche de si près. » Les gravures que j'ai l'honneur de vous soumettre sont à rebours; comme le papier est très-mince, on peut observer les dessins parfaitement sur l'envers, de manière qu'on peut les comparer aisément aux cartes de la Lune qu'on possède. » Les figures jointes à la Lettre de M. Montani ne sont pas susceptibles d'être reproduites dans le Compte rendu; elles seront soumises à l'examen de la Commission. ( 484 ) GÉOMÉTRIE DE POSITION. — Mémoire relatif au problème du cavalier-; par M. A. Geynet. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Chasies, Serret, Maréchal Vaillant.) « L'objet du Mémoire est une solution générale et géométrique du pro- blème du cavalier. » Cette solution donne le moyen de tracer immédiatement sur l'échi- quier le parcours du cavalier, en le taisant partir d'une case (iésignée et l'assujettissant à terminer son parcours sur une autre case désignée. » L'indétermination du problème peut même être restreinte, c'est-à-dire que l'on peut y insérer les conditions que le cavalier soit sur une case dési- gnée d'avance, au m'^""" saut par exemple, sur telle autre au n''"'^, sur telle autre au p'^*"*, etc., les numéros de ces cases devant, bien entendu, satis- faire eux-mêmes à certaines conditions. >) Cette solution est basée sur celle d'un intéressant problème de Géo- métrie qui fait l'objet du deuxième chapitre du Mémoire. « Dans tous les cas, la solution donne immédiatement lui nombre consi- dérable de tracés, quelles que soient les conditions auxquelles puisse être assujetti le cavalier. » Un appendice annexé au Mémoire montre la manière de calculer le nombre de tracés donné par la solution, dans chaque cas. )) Plusieurs exemples y sont donnés, et il est curieux d'y reconnaître combien varie le nombre de tracés d'un cas à l'autre, suivant que le cavalier est assujetti à une ou plusieurs stations désignées. » Ainsi, dans un cas (§ 69) où la case de départ seule est donnée, le nom- bre de tracés est de plus de i 700000. » Dans un cas (§68) où les cases de départ et de fin sont désignées, on trouve plus 3ooooo tracés. » Dans un cas (§ 70) où l'on a imposé au cavalier les cases de départ et de fin, et trois stations intermédiaires devant se faire à certains coups, siu- certaines cases désignées d'avance, on trouve i536 tracés. » CORllESPONDAIVCE. L'Académie des Beaux-Aiits informe l'Académie des Sciences qu'elle a désigné MM. A. Thomas et Reber pour qu'ils se réunissent à MM. Didiamel et E. Becquerel dans le but d'examiner un Mémoire de M. Francisque intitulé : « le Secret de Pythagore dévoilé ». ( 485 ) M. LE Grand Référexdaiiie or Sé.vat tlomaudeà l'Académie l'envoi de ceux des volumes publiés par elle qui manquent à la Bibliotlièque du Sénat. La lettre de i\I. le Grand Référendaire sera renvoyée à la Commission admi- nistrative. M. LE Secrétaire de la Société D''EDniBouRG remercie l'Académie poui- l'envoi tlu tome XXVI de ses Mémoires et des Comptes remliis de l'année 1 863. CHIMIE GîilNÉRALE — Sttr les pliéiiomèiies cnlorifiques tjui accompcu/nent la for- mation fies combinaisons onjauiqiies; par M. Berthelot. (Première Lettie k M. H. Sainte-Cian-e Deville.) « Je me propose de reclierclier quels sont les phénomènes calorifiques qui président à la formation des composés organiques; en d'autres termes, quelle est la nature et la grandeur du travail nécessaire à leur synthèse : ce sont là des données fonil.uuciitales, aussi bien pour la Chimie que pom- la Physiologie. "Voici le résumé des résultats auxquels je suis arrivé eu passant en revue les principales classes de composés organiques et leur formation, telle qu'elle résulte, non de vues à priori, mais d'expériences réalisées. En général, mes raisonnements reposent sur le principe des forces vives : ils consistent à conqiarer deux systèmes équivalents suscep- tibles, d'une part, d'être transformés l'un dans l'autre, et, d'autre part, de foiunir par leur combustion complète les mêmes quantités d'eau et d'acide carbonique (i). J'exposerai d'ailleurs l'idée générale de ces rapprochements sous une forme Irès-arrêtée, quelles que soient les réserves qu'il convienne de faire sur plusieurs points et sur lesquelles je reviendrai. >) 1. Carbures d'It/drogène. — Rappelons d'abord quelques faits sur les- quels nous aurons besoin de nous appuyer, en en précisant le sens par de nouvelles interprétations. » i'^' Les carbures C-"H^" conservent, à peu de chose près, l'énergie calo- rifique de leurs éléments. Ainsi la combustion du gaz oléfiant, C''H% produit 334 calories, celle de ses éléments 326 (•2); la combustion de l'amylène, (i) DaDs les lalciils, ju m'appuie sur les chaleurs de combustion déterminées par Uulonj et surtout par MM. Favre et Silberninnn, à qui nous devons de si précieuses données. (2) C^=.94;H==r69. C. R., iS65, i" Semestre. (T. LX, N» 10.) 03 ( 48G ) C'"!!'", jjroduil 8o4,et celle de ses élémeiUs, Hi j. Ces nombres son l aussi voi- sins que possible ; leurs légères différences peuvent être attribuées aux chan- gemenls d'états et d'arrangements physiques. D'ailleurs la discussion com- parée des expériences de Dulong, de M. Andrews et de celles de iMM. Favre et Silbermann prouve que l'on ne saurait raisonner avec certitude sur des différences qui ne dépassent jias -z ou 3 centièmes des quantités principales. Ce[)endant la chaleur de combustion de réthalène, C^'H'-, étant inférieure de -^ à celle de ses éléments, il est permis de regarder cette dilférence comme représentant la chaleur dégagée lors de la formation d'un carbiu-e aussi condensé et aussi peu volatil. » 2° En général, on peut calculer, à peu de chose près, la chaleur de com- bustion d'un carbure C-"IP", d'un alcool, d'un étlier, d'un acide, en ajou- tant à celle d'un corps homologue qui en diffère par 7iC^H-, le nombre /^ X i55. Comme C- + H- répond à i63, le nombre 8 exprime le travail moyen dépensé lors de la transformation d'un corps dans son homologue ( i ) : c'est le ■— de la chaleur produite par la combustion des éléments que l'on ajoute (ou retranche) au corps homologue. » 5" La chaleur de combustion des essences de térébenthine et de citron , carbures C^°H'* doués du pouvoir rotatoire, diffère peu de celle des élé- ments; mais celle du térébène, carbure privé du pouvoir rotatoire et qui résulte de la transformation des précédents par une méthode due a M. H. Deville, est plus faible de ^i '• "" corps optiquement actif changé en son isomère inactif donne lieu à un dégagement de chaleur. » 4° La transformation d'un carbure dans son polymère donne lieu à un dégagement de chaleur. Ce dégagement s'observe en effet directement et sans complication étrangère, lors de la transformation (•o)iij>lète du lerében- thène en polymères, sous l'influence d'une trace de fluorure de bore. On peut encore citer à l'appui les nombres 8o4 et 3o6o, relatifs à la combus- tion de l'atnylène, C'°H'*', et du tétramylène (C'H"')*. » Cette perte de chaleur est corrélative avec un accroissement de point d'ébullitioii et de densité. » Tandis que l'équivalent et la densité de vapeur doublent dans les poly- mères, la chaleur spécifique change à peine (a) : circonstance fort importante pour la discussion des poids atomiques des cor|)s simples ou composés. (i) Un asti risque in(ti(|iicia les chiffres ciilriiU'S à l'aide de celle reljition. ( 2) A'o/r noiammciit les nombres donnés par M. Regnaiilt pour le léiébentliènc, C'"H'% et le pétrolène, C"H", dans son grand travail sur la chaleui' (t. II). ( 487 ) Elle prouve que ceux-ci ne sauraient èlre déterminés d'une manière absolue et autrement qu à un multiple près, par les chaleurs spécifiques. « 5° Le type des carbures formés avec dégagement de chaleur est le for- mène, ou gaz des marais, C" fl'. Sa combustion produit i lo calories, et celle de ses éléments 'iZi : d'où il suit que la production du formène dans sou élat actuel dégage 22 calories; c'est à peu près la même quantité de chaleur qui répond à la formation du même volume de gaz ammoniac, x\zH% ou de gaz chlorhydrique, H Cl, le tiers de celle relative à H-O". » 6° La comparaison suivante me paraît mériter quelque attention. Siqi- posons que la chaleur de combustion des carbures forméniqiies, C""!!-""^^, puisse être calculée en ajoutant «xi55 à celle du formène, suivant la loi observée dans diverses séries homologues de carbures, d'alcools, d'acides, etc., etc. ; nous savons d'ailleurs qu'entre les carbures éthy léniques, C-"H*", et les carbures forméniques, C'"T1-""^-, il existe des relations d'ana- lyse et de synthèse expérimentales. Il s'agit de prévoir les effets calorifiques qui accompagnent ces métamorphoses réciproques. » Or le système C*H*-i-IF |)roduit en brûlant 334 -+- (ÏQ = 4o3 calories; le système CM^' produirait 210+ 1 55 = * 365 calories. » L'union d'un carbure éthylénique avec l'hydrogène pour former un hydrure donnerait donc lieu à un dégagement de chaleur, et la transfor- mation inverse à une absorption. Il est facile de montrer que ces conclu- sions sont conformes à la production de l'hyilrure d'éthylène, dans la réac- tion de l'eau sur l'iodure d'éthylène. » Les carbures C-" H'" d^'gagent de la chaleur, non-seulement en s'unissant à l'hydrogène. H-, mais aussi à l'oxygène, O*, comme je le prouverai bien- tôt; au chlore, au brome, Br', comme il est fticile de le vérifier; aux hydra- cides, comme je l'ai observé pour l'amylène. Cette circonstance et la con- servation de l'énergie calorifique de leuis éléments prouvent que ce sont les vrais radicaux des combinaisons organiques. 1) IL alcools. — En fixant les éléments de l'eau sur le gaz oléfiaiit, j'ai obtenu l'alcool ordinaire; en oxydant le gaz des marais, j'ai obtenu l'alcool méthylique : examinons quels phénomènes calorifiques répondent à ces deux méthodes générales de synthèse. « 1° I^a formation de l'alcool ordinaire, C^H'O", par hydratation ne semble répondre qu'à lui léger dégagement de chaleur, car la chaleur de combustion de l'alcool, 32 i (moyenne de Duloiig, Andrews, Favre et Sil- berraann), est moindre que celle 33/| du système équivalent C'W -+- HH)=. » Des relations analogues existent entre l'amylène et l'alcool amylique 63.. ( 488 ) ordinaire: la chaleur qui se dégagerait en changeant le carbure en alcool serait égale à -gij de la chaleur de combustion du caihuro. Ces différences sont assez faibles pour laisser prise au doute. Elles prouvent que le caibiu-e, lors de la décomposition de l'alcool en eau et carbure, ou l'alcool, lors de la synthèse inverse, conserve à peu |irès intégralement l'énergie calorifique du système initial. » 2° La méthode d'oxydation produit des effets plus caractérisés. Soient les deux systèmes exprimés |)ar l'équation : C^H^ + 0^ = C»II'0*. l.;i combustion du [iremier donne 210 calories, celle du second 170; d'où il résidfe que la transformation du gaz des marais en alcool méthyliqne rférjnrje 4o calories. C'est la moitié environ de la (juanlité de chaleur qui résulterait de l'iuiion de l'hydrogène avec le même volume cFoxygèue. » Les relations entre les corps homologues semblent permettre de géné- raliser ces f.iits. Peut-être même doit-on les appliquer aux alcools polyato- miques. Tclh' serait la transformation analogue du carbure C'-TI'- en glu- cose C'-fJ'- ()'-, c'est-à-dire en alcool polyatomique C' = ir^- + ()0= = C'ni'-0'^ C'"!!'" |)rodnit * Ç)5q calories; C'-II'-0'-,726; la différence l'^'^iG^ jCj. La formation des sucres rentrerait ainsi dans la loi générale des alcools. » Reportons-nous aux réactions successives à l'aide desquelles on change exiiérimentalement le forméne en alcool méihylique, et comparons-les aux réactions minérales semblables exécutées sur l'hydrogène : C=H' + Cl^ = C^'irCl -+- H Cl, 11- + CP = HCl + II Cl, Cni'Cl + KO . HO = KCl + C- IV O-, II Cl -+- KO . HO = KCl + H- 0-. » Comme la transformation du gaz des marais en alcool produit moins de chaleur que celle de l'hydrogène en eau, on peut conclure de ce qui précède que les réactions minérales qui iiUer\ iciuient dans le cas (\u gaz des marais, c'est-à-dire la métamorphose finale d.i chlore et de la potasse en acide chlorhydrique et chlorure de potassium, n'ont pas dégagé la même quantité de chaleur que si elles s'étaient exercées eutie le chlore, l'hydro- gène libre et la potasse : une partie de la chaleur de formation de l'acide clilorhydritpie et du chlorure de potassium est absorbée dans la syntlièse de l'alcool métliylique. » Dans une prochaine comnninication, j'examinerai la formation des aldéhydes, des acides, des éthers, des amitiés, etc. » ( 489 ) CHIMIE. — Nouvelle méthode d'analyse quantilnlive apjilicable aux différent alliages; ]>ar M. B. Rexaui.t. « Si je réunis deux couples voltaïques par leurs pôles de noms contraires, le cour.uitqui en résulte a la même énergie quelle que soil la portion du cir- cuit considérée- De plus, la quantité d'électricité fournie par mi métal qui se dissout dépend de la quantité de l'élément électro-nrgatif électrolysé qui dans la pile se condjitie avec le métal. h Comme i éqiùvalent de métalloïde peut se combinei' avec i ou 2 éqtiiva- lentsdii n:étal et fournir la même quantité d'électricité, il faut, pour déduire de la cpiantité de métal dissous la quantité d'électricité produite, ou inverse- ment de la quantité d électricité fournie le poids du métal attaqué, con- naître la formule chimique du composé formé lois de V élevlrolysallon du liquide en contact avec le métal. Les procédés ordiiiaires de la Chimie con- duisent facilement à ce résultat. Ceci posé, je prends un cylindre plein en zinc, amalgamé avec soin et débarrassé de tout excès de mercure; je le plonge plus ou moins, au moyen d'uiie pince mobile de platine, dans de l'eau salée renfermée dans la tète de |3ipc d'un petit élément de Grove, et extérieure- ment à la tète de pipe se trouve de l'acide chlorliydrique étendu de deux fois son \olume fl'eau dans lerjuel plonge un cylindre de platine qui servira de pôle positif. » Je suppose niaintenaut tpie je veuille faire l'analyse d'un alliage d'ar- gent et de cuivre, d'une pièce de monnaie, par exemple: dans la tète de pipe d'un deuxième couple, je verse de l'acide azotique à 1\q degrés,'étendu de cinq fois son volume d'eau : c'est ce liquide qui attacjuera l'alliage d'argent ; extérieurement à la tète de pipe je mets de l'acide azotique pur, dans lequel plonge une lame de platine; l'alliage sera le pôle négatif de ce couple que je réunis au premier par les pôles de noms contraires. » J'ai vérifié que l'èta! d'alliage de deux métaux ne modifiait pas la quan- tité d'électricité fournie dans leur dissolution chimique. )) La quantité d'électricité Iburnie par l'alliage est égale à celle fournie par le zinc dissous dans le même temps, et comme les sels formés, dans !e premier couple, sont de l'azotate d'argent et de bioxyde de cuivre^ sels qui donnent i équivalent d'électricité pour i équivalent de métal dissous, on obtiendra facilement l'égalilé suivante : /;'.o,o3o534 — /j.o, 00925 0,02221 ( 490 ) dans laquelle p' = le poiJs du zinc, /j ^ le poids de ralli;\ge, o,()3o534. 0,00920 et o,o3i46 sont les qnantilés d'électricité fournies par la dissolu- tion de S^^ooi de zinc, d'argent et de cuivre; J" = le jjoids du cuivre de l'alliage. Si on applique cette formule aux résultats suivants : l'oids flu zinc dissous. P.,i ■Js (le l'alliage. 0,945 y%2,?> 0,286 0,674 0,423 0,998 on trouve pour leur titre 834, 833, 833,0. II. Poids du zinc. Poids de Talliagi 0,339 0,900 0,27b 0,741 0,222 0,590 I.ps titres déduits sont 898, 900, 899. 1» Ces résultats, quoique moins précis que ceux qui sont obteiuis journel- lement par d'autres procédés, permettent d'attribuer cependant quelque va- leur à celte nouvelle méthode, car chaque analyse se réduit à deux pesées pour chaque métal ; elle se fait sans avoir besoin de recourir aux nondjreuses et délicates manipulations chimiques ordinaires, et dans l'espace de quelques minutes. De plus, les liqueurs recueillies renfermant les métaux dissous, se prêtent facilement aux recherches habituelles, et permettent de diriger les opérations en se basant sur cette première approximation. » J'insisterai aussi sur la facilité avec laquelle les alliages d'or, d'argent, de cuivre, etc., entrent en combinaison dans des liquides qui ne les atta- quent pas ordinairement, quand ils forment les pôles négatifs de couples. l>'acide chlorhydrique et les chlorures peuvent être pris comme dissolvants de l'or, mais tous ne réussissent pas au même degré. » Je citerai encore, parmi les nombreuses analyses d'alliages que j'ai faites par ce procédé, celle d'un laiton ayant servi à la fabrication d'iui métré : Loilon dissous. /itic dissous. o,4o3 0,280 >i l.a formule qui sert dans ce cas est (/; — /.»') o,o3o534 0,014804 ( 49' ) 1) p = le poids de l'alliage dissous; .) p'^= celui du zinc; » o,o3o534 = la quantité d'électricité fournie par oS'^,001 de zinc ; >) 0,01573 = la quantité d'éleclricité fournie par oS'',ooi de cuivre. » On obtient pour le poids du cuivre, en centièmes, 63, 5, et 3'j , 5 de zinc. Le liquide que j'ai employé dans la tète de pipe pour attaquer le laiton était du sulfate d'ammoniaque mélangé à de l'ammoniaque; extérieurement se trouvait de l'acide azotique. Dans ce cas il se forme un protosel de cuivre, par conséquent le cuivre ne fournit que \ équivalent d'électricité pour I équivalent de métal dissous. » Il eu est de même dans le cas suivant : Bronze d^alumintiiiii. Zinc dissous. 0,724 OiSgô » Le liquide qui attaquait le bronze et qui se trouvait dans la tète de pipe était de l'acide cblorliydrique à 20 degrés étendu de quatre fois sou volume d'eau, et dans lequel j'avais tlissous de lazotate de potasse. Le pro- lochlorure Cu^CI formé se détacbe par flocons, grâce à la présence de l'azo- tate de potasse, de sorte que la surface du métal essuyée est paifaitement nette. Je trouve par ce procédé 899,2 de cuivre sur jooo parties. » Dans quelque temps je ferai connaître divers résultats curieux rela- tifs aux alliages de cuivre et étain, étain et antimoine. » M, Rediolot adresse une « Notice statistique sur Ic^ résultats des ma- riages consanguins dans le bourg de Batz ». .^I. Oletto Pietro annonce qu'il a construit une horloge luni-soi,iire représentant le mouvement de la Lune, et demande à être admis au concours relatif à la théorie des marées. La Lettre de M. Olelto sera renvoyée à la Commission chargée de décerner le prix. M. Gagnaue adresse une nouvelle Note sur l'emploi de la cellulose des varechs. (Commissaires, M\L Brongniart, Payen.) M. le Contre-Amiral Jcrien de la Graviers fait honunage à l'Académie de dix caries hydrographiques et de sept volumes publiés par lui. ( 492 ) M. J. Cloquet présente de la part de M. le D' /Jrmieux un opuscule sur les marais souterrains. « M. le D'' Armieux prouve que, dans certaines conditions géologiques, lorsque des nappes d'eau gisent près de la surface du sol, étendues sur un sous-sol imperméable, il se développe, sous l'infliience de la chaleur, des miasmes qui ont une origine semblable à ceux des marais découverts et qui produisent les mêmes maladies. » Ces marais souterrains, dont il décrit la formation, les conditions d'exis- tence, de nocuité, les moyens de les détruire, de les atténuer, ont été cons- tatés en Algérie, en Italie; en France, dans les Landes et la Sologne, etc. » Leur introduction dans la science permet de ramener l'invasion des fièvres intermittentes à une cause unique, le miasme palustre; elle explique l'uisalubrité des pays où on ne voit pas de marais à la surface du sol, elle ruine les théories qui nient le miasme et ne font dépendre les pyrexies pério- diques que des seides irifluences météoriques on climalériqiies. » (Renvoyé à la Commission des prix Montyon.) <( M. Elie dk Beaumoxt fait honnnage à l'Académie, au nom de l'auteur, dune Noie imprimée de M. A. Sismoxda sur un gneiss avec einjneinle f/'Equisi tum. » Des dessins et des photographies de l'empreinte qui a été l'occasion de celte Note ont été soumis à l'examen de M. Adolphe Brongniart, pt lui ont permis Ae la rapporter à une espèce très-analogue à VEcjuiscUun infumli- huliforme des terrains houillers, dont elle diffère cependant assez d'après i'illustre botaniste pour méiiter de recevoir un nom spécifique différent, Equisetum Sismondœ, et pom- pouvoir ajipartenir aussi bien à un Equiseluui de l'époque triassique qu'à une espèce d'une époque plus ancienne. » Cette empreinte existe, dans le Musée de Turin, sur un fragment de gneiss tiré d'tm bloc erratique, originaire suivant tonte apparence de la Valteline, et provenant évidemment de la grande niasse de roches cristal- lines formant le subslralum général des dépôts sédimentaires des Alpes, que M. Sismonda désigne sous le nom de (jroujxi iujrnliassiqne. « An premier abord, dit M. Sismonda, j'ai pris celte empreinte jjoiir un » pur accident de cristallisation; j'ai cru aussi que c'était une dendrite. Ce- n pendant je soumis à quelques expériences la poussière noire dont elle est » légèrement recouverte. J'en mis un peu sur une feuille de platine chauffée ( 4orre il gruppo infialiassico concorra il ter- rano carbonifero. Coofinandolo cosi nella zona infraliassica, il teireno anlracitoso che ^li sla sopra si dovrii csclusivanifnte giiidicare dai fossili animali. Le plante non perlante pcrdono alcun che délia loro impoitanza scientilica, ma se ne cambia la naliira. Esse inveco di live- larci un determinato periodo geologico, in questo spéciale caso ci provano che, ncjn estante le catastiofi geologiche avvenute dopo l'epoca carbonifna , le condizioni cliniateiiche in alcune localilà persislcttei-o tuttavia propizie alla loro esistcnza e propayazione. Facciamo délie Alpi un' isola lanibiata da una gran corrente, conie il gid/suponi, e le nostre asserzioni picndono poste tra le verità. C. R., i«(i,î, i" S,m,-ii,,-. (T. LX, N" 10.) ^'4 { 49i ) )i période carbonifère, les conditions climatériques propices à leur exis- » [ence et à leur propagation se sont perpétuées dans quelques localités. » Faisons des Alpes une île léchée par un grand courant, comme le (jiilf- )) stream, et nos assertions prendront place parmi les vérités, n .M. Dauhrée est invité à faire à l'Académie un Rapport verbal sui- l'o|)uscuie de M. Sisiiionda, qui est imprimé en italien. " M. LE Président présente à l'Académio un exemplaire de la première |)artie du Rapport de la Commission nommée |)ar S. Exe. M. le Ministre de la Maison de l'Empereur, pour l'examen des procédés de culture et de fé- condation artificielle des végétaux préconisés par M. Daniel Hooïbrenk. Ce premier Rapport, rédigé par M. le Maréchal Vaillant, a poni- objet d'expo- ser le résultat des expériences faites sur les céréales, soit dans les fermes impériales, soit dans quelques établissements particuliers; le résultat de cette enquête n'a pas répondu aux espérances qu'avait fait naîlre rannonce du système de M. Hooïbrenk. » M le Président rappelle à ce sujet que l'Académie a nommé en i863 une Commission chargée d'examiner le système de M. Tliury, qui con- siste à faire naître à volonté chez nos animaux domesticpies des mâles ou des femelles, et prie la Commission de vouloir bien taire connaître, le plus tôt qu'elle le pourra, le résultat de ses expériences. » MM. BoiTssiNGAULT ct Raver, Membres de la Conunission, font observer que les expériences qu'ils ont faites n'ont pas été assez significatives pour leur permettre de formuler dès à présent leur opinion devant l'Académie. M. Chati.v fait hommage à l'Académie de la 13*^ livraison île sou k Ana- lomie comparée des végétaux ». M. le ]y Deviixe fait hommage à l'Académie d'un Rapj)ort adressé à M. le Préfet de la Seine sur la mortalité de la ville de Paris pendant vingt- quatre années. M. Julien adresse à l'Académie plusieurs exemi)laires de son septième Mémoire sur la théorie de la trempe. E' Académie reçoit unv conuuunicalion relative à la (écoudalion des œufs. ( 495 ) l.'autcnir désii'ant garder ranoiiyme, l'Acadéaiie, d'après un usage constaut, ne peut s'occuper de son travail. La séance est levée à 5 heures. E. 1) B. BULLETIX BIBMOtiliAPIIIOUE. L'Académie a reçu dans la séance du G mars i865 les omrages dont voici les titres : Le Jardinfruitier du Muséum; par 3. Decaisne; ■j'j^ livraison. Paris, i 865; in-4° avec planches. Rapport à S. Exe. le Ministre de l' Agriculture, du Commerce et des Travau.x publics, sur le résultat des expériences de culture et de fécondation artificielle faites d'après les procédés de M. Daniel Hooibrenk; par M. le Maréchal Vaillant, i" partie : Fécondation artificielle des céréales. Paris, i865; in-ff. Anatomie comparée des végétaux ; par G.- A.. CnxTm; i3^ livraison. Paris; in-8°avec planches. Souvenirs d\in Amiral ; par \e Vice-Amiral JuRiE?» de la GUAViÈRt:; t. I et IL Paris, i86o; 2 vol. in- 12. Foyageen Chine pendant les années 1847, i8/|8, 1849, i85o; par le même; a* édition, t. I et IL Paris, i864; 2 vol. iu-12. Guerres maritimes sous la République et l'Empire; par \e même; If édition, I. let IL Paris, i865; 2 vol. in-12 avec plans et cartes. La Marine d'autrefois, Souvenirs d'un marin d'aujourd'hui. La Sardaigne en 1842; /jf/r le même. Paris, i865; i vol. in-[2. Outre les volumes qui précèdent, M. le Vice-Amiral JuRlEN DE la Gka- viÈRE a présenté les cartes suivantes : Carte générale de la côte méridionale de l'île de Sardaigne, depuis le caj) Altano dans l'ouest, jusqu'au cap Ferrato dans Lest. Carte particulière du canal de San-Pietro, cotes méridionales de Sardaigne. Carte particulière de la baie de Palmas, côtes méridionales de Sardaigne. Carte particulière de la côte méridionale de Sardaigne, depuis le caji l'eulada jusqu'à la tour de Pula; baie de l'ile Rousse. Carte particulière de la côte méridionale de Sardaigne, depuis la tour de l'ida jusqu'au cap Saint-Élie ; partie occidentale du golfe de Cagliari. Carte particulière de la côte méridionale de Sardaigne, depuis le cap ( 49G ) Saint-Élie jusqu'à la tour de Capo-Boi; baie de Quartu et partie orientale du golfe de Cagliari. Carte particulière de la côte orientale de Sardaigne, depuis la tour de Capo-Boï jusqu'au cap Ferrato; baie de Carbouara. Recherches de la roche présumée au sud-sud-est, à la distance de i 5 milles environ du Tauieau, côte sud de Sardaigne. Étal actuel du banc qui a succédé à l'île Julia. Croquis du groupe nord des îles Bashees ; Mouillage de Batou-Guédé (île Timor); Ile vue par la Bnyonnaise le 3i mai i85o. Cours (l'Jslronoinie; ouvrage destiné aux officiers de la Marine impériale, aux élèves de 1 Ecole Polytechnique, de l'Ecole Normale, de l'École Cen- trale, etc., et aux licenciés es sciences; par Edmond Dubois; 2^ édition. Paris; vol. in-8° avec planches et de nombreuses figures intercalées dans le texte. Sur les figures d hoinnies et d' animaux des poteries rougedlres antiques; par M. le ly Eugène Robeut. Paris, i865; demi-feuille d'impression in-B". Annexeau Traité théorique et pratique de la métallurgie du fer ; par C.-E. JuL- LIEN. Théorie de la trempe; '7* Mémoire. Paris et Liège, i8G5; in-4''. Eludes cliniques sur le traitement de iétianglement herniaire par le taxis, et en particulier par le taxis forcé et prolongé; par L. GOSSELIN. (Extrait de la Gazette hebdomadaire de Médecine et de Chirurgie.) Paris, iSSg; in-B". Leçons sur les hernies abdominales, Jailes à la Faculté de Médecine de Paris; parle professeur L. Gosselin, recueillies, rédigées et publiées par le D'' Léon Labbé, et revues par le professeur. Paris, iB65; vol. in-8°. Destiné, avec le précédent, au concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie de i865. Travaux de l' Académie impériale de Reims ; t. XXXVIIl, année 1B62-1863, ir'i et 4. Reims, i864; in-B". Etudes de pisciculiure Jaites dans le département de riféraidt pendant l'an- née 1864 ; par M. Paul Gekvais. (Extrait du Rap[)ort de M. le Préfet de l'Hérault au Conseil général, session de 1864.) Montpellier; quart de feuille d'impiession in-8". Mémoire présenté ù M. le Sénateur Préfet de la Seine par MM. les Inspec- teurs de ht Kérification des décès, sur la morlalité dans Pans pendant vingt quatic ans, de 1840 (i 1 8G3. Paris, i8G4; in-4"- COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 15 MARS 1865. PRÉSIDENCE DE M. DECAISNE. 3IEM0mES ET COÎSIMIJIXICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. M. Flocrens présente à l'Académie un ouvrage qu'il vient de publier et qui a pour titre : De l Unité de composition. « C'est l'histoire du débat qui s'éleva sur cette grande question, dit M. Flourens, en i83o, dans le sein de l'Académie. » SCIENCE HISTORIQUE. — Note historique sur les manières diverses dont l'air a été envisagé dans ses relations avec la composition des corj^s; par^l. E. Chevreul. (Suite et fin.) IP Section. — Jir envisagé comme corps complexe. « Je ne dirai pas, en commençant cette Section, que le livre de Jean Mayow, publié en 1674, renferme une démonstration de la composition de l'air, mais j'affirmerai, sans craindre la contradiction, qu'on y trouve des propositions si bien déduites de faits précis et incontestables pour faire ad- mettre la nature complexe de l'air, qu'on a lieu de s'étonner que cette vérité n'ait été établie qu'un siècle après les recherches de J. Mayow. » Cet homme célèbre, mort à trente-quatre ans, démontre, par l'expé- rience, c\nun volume dair limité ne peut servir en totalité à la combustion, et que la partie qui / sert s unit avec le corps combustible; il prouve en outre qu'e//e est indispensable à la vie animale, et il l'appelle esprit iijno-aérien en faisant allusion à la part qu'elle preiul à la combustion, ou esprit nitro-aéricn C. R., i865, i^r Sen«?f(re. (T. LX,N» H.) 65 ( 49» J (oxygène), en faisant allnsion à ce qu'elle concourt a la torination de V esprit acide du nilre (acide azotique) et à celle du nitre (azotate de potasse). « Il prouve encore que l'antimoine chauffé dans l'air augmente de poids, pprce que le mêlai s'unit avec Vespiit igno-aérien, et que l'antimoine ainsi brillé ne diffère pas de l'antimoine soumis à l'action de l'acide azotique. " Le soufre ne brûle pas dans le vide parce que la présence de Vespnt i(jno-aérien est indispensable à sa combustion; mais le mélange de soufre et de nitre y brûle à cause de I'esprit nitro-aérien que renferme le sel. Enfin, !. Mayow, en cliauffant le soufre avec I'esprit acide de nitre (acide azo- tique), a produit de l'acide sulftirique. En admettant que le soufre s'acidifie quand il se combine ayec Vesprit igno-aérien (oxygène), J. Mayow a énoncé une vérité que Stahl a méconnue, puisque, dans la théorie du phlogistique, l'acide sulfureux ou sulfurique est du soufre moins du phlogistique. M J. Mayow a parfaitement vu que dans les vitriols {sulfates) le soufre est à l'état d'acide sulfurique et que les métaux ne se combinent à cet acide qu'après s'être unis à l'esprit igno-aérien. » Tels sont les faits dont Lavoisier a établi l'exactitude par les raisonne- ments les plus rigoureux déduits des expériences les plus précises. » Mais ne voulant pas sortir du vrai, je conviens que J. Mayow n'a rien dit de précis sur la partie de l'air qui ne sert ni à la combustion ni à la res- piration. Conséquemment, malgré l'exactitude et l'importance de ses re- cherches, on ne serait pas fondé à lui attribuer le mérite d'avoir démontré que deux gaz, l'oxygène et l'azote^ forment l'air : quoi qu'il en soit, cette réflexion n'affaiblira pas la gloire attachée au nom de Mayow, car la démons- tration de la composition de l'air repose sur l'ensemble des travaux de Priestley, de Scheele et de Lavoisier, accomplis, je le répète, un siècle après lui. » (^e serait commettre une grande erreur de croire qu'il est facile d'ex- poser, dans la découverte de la composition de l'air, la part de ces trois hommes qui se nomment Priestley, Scheele et Lavoisier. Après de longues réflexions, faites pour arriver à une estimation équitable de leiu's travaux, l'ai été conduit à les examiner respectivement, d'abord au point de vue des faits mis en hunière, ensuite au point de vue théorique ou philosophique de l interprétation de ces mêmes faits. a. Priestley considéré au point de vue de la découverte des faits. » De l'avis de tous, Priestley découvrit le gaz o.xygènc, le i*"' d'août 1774; il en reconnut l'activité tlans la combustion d'une bougie; il l'obtint du ( 499) précipité per se quelques mois après queBajen avait eu démontré que la chaleur réduit ce précipité en mercure et en un Jliiide élaslUpie qu'il ne dis- tingua pas de l'air atmosphérique. A Priestley se rattache donc la décou- verte d'un des corps les plus importants de la nature. Croit-on que l'ilhiiitre Anglais reconnut au gaz oxygène, qu'il appelait air déphlocjistiqué, la pro- priété d'entretenir la respiration des animaux en même temps qu'il en dé- montrait l'énergie comburante? On se tromperait étrangement, car lui-même nous apprend qu'il ne reconnut cette propriété organoleptique à t'air dé- pldoçfisliqué que le i" de mars 1775, c'est-à-dire sept mois après sa première découverte. Il paraît donc avoir mis plus de temps que Mayow à aper- cevoir la connexion des deux propriétés qui rendent le gaz oxygène si re- marquable dans notre globe, où les êtres vivants sont à la fois en contact avec 1 atmosphère, les eaux et la partie solide superficielle de notre planète. » L'intervalle de temps qui sépare la découverte de l'activité comburante de l'oxygène d'avec celle de ses propriétés organoleptiques, a d'autant plus lieu de surprendre, qu'il paraît tout à fait en opposition avec le genre d'esprit qui avait présidé aux recherches accomplies par le même savant antérieurement aux deux découvertes capitales dont je parle. r Priestley cultivait les sciences physico-chimiques, non pour satisfaire aux devoirs d'une profession, mais par délassement, par distraction de ce qu'il appelait les occupations sérieuses de sa vie, à savoir la théologie, la métaphysique. Il cultivait les sciences en amateur, lui-même le dit, et peut- être a-t-il exagéré l'expression do sa pensée réelle. Rien de plus instructif, au reste, que la lecture de ses écrits antérieurs à la découverte du gaz oxy- gène (i^d'aoiit 1774)- » La carrière scientifique de Priestley commence à la fin de juin 1767, lorsqu'après avoir quitté ^J^arington pour habiter à Leed, dans le Yorkshire, il se trouve près d'une brasserie, alors que la curiosité de son esprit^ vive- ment excitée par la lecture d'un Mémoire du D"^ Brownrigg sur l'eau deSpa, lidée lui vient de soumettre à des expériences l'air fixe (acide carbonique) qui couvre le moût de bière en fermentation dans la cuve du brasseur, son voisin. > Priestley, avant de découvrir le gaz oxygène, avait signfiié : i** le gaz nxrde de carbone, en distillant le carbonate de chaux avec le fer; 2" le proloxyde d'azote, et avait obtenu à l'état gazeux : » 1° Z/"acic/e mann (gaz chlorhydrique); )i 2° X'ammo/î/a^ue (gaz ammoniac); » 3° L'f/r/f/e .s«//i/re(ix (gaz acide sulfureux); 65.. ( 5oo ) » 4° iV//r «i7rei/.v (deiiloxyde d'azote); » 5° L'air pltlofjisli(iué {^az Azoie) : mais en le distingiianl des autres gaz impropres à la combustion et à la respiration, on ne peut dire qu'il l'ait fait connaître comme espèce; il eu est de même de l'oxyde de carbone et du protoxyde d'azote. » Enfin, Priestley, avant la découverte de l'oxygène, employa Vair iiitreiix pour évaluer l'intensité de la propriété respirable du gaz; il est donc l'inventeur de V eudiomélrie . « Bien d'autres faits ont été découverts par Priestley ; mais je me bornerai à en citer un seul à cause de son extrême liaison avec mon sujet : c'est la purification de l'air vicié d'abord par la respiration de l'homme et des ani- maux, et ensuite par la combustion des matières carburées opérée pour nous procurer la chaleur et la lumière dont nous avons un besoin incessant dans nos habitations comme dans nos usines et nos locomotives. Ce fait est considérable, puisqu'il explique comment l'air, incessamment altéré par la respiration et la combustion, est incessamment purifié par la cause dont on doit la connaissance à Priestley. Le 17 d'août j^^i il découvrit que les vo- lumes limités d'air vicié par la respiration ou par la combustion des bou- gies recouvrent leur pureté au moyen des plantes qu'on y fait végéter. La m.édailie de Copley, que lui décerna en 1773 la Société Rovale de Londres, témoigna de l'estime du monde savant pour cette grande découverte. « Quoiqu'en 1775 il eût appris que, conformément à ses observations, un aubergiste de Harwich avait remarqué la conservation de l'eau où végé- tait la petite plante connue depuis sous le nom de matière verle, sa convic- tion s'affaiblit en 1778, lorsqu'il eut appris que Scheele n'avait pas amélioré un air vicié en y faisant végéter des pois, et que lui, Priestley, eut répété, la même année, sans succès, ses anciennes expériences; et à cette occasion se manifeste de la manière la plus éclatante le caractère de l'homme qui, pré- tendant ne se livrer à l'expérience scientifique que par pure distraction de sciences qualifiées à son sens de sérieuses, se montre complètement satisfait d'une publication rapide, parce qu'il n'attache aucune iniportance à des explications données pour de simples hypothèses (1). b. Priestley considéré au point de vue de rinlerprélation des faits. » En réfléchissant, d'une part, à ce que je viens de dire de l'esprit qui dirigeait Priestley dans ses recherches expérimentales, et d'une autre part à ( ) ) Journal des Savants. ( Soi ) toutes les difficnltés que présentait la démonstration de la composition de l'air, surtout après rassentiment donné bien sincèrement à la doctrine du phlogistique, on acquiert bientôt la conviction q\ie Priesiley n'a jamais pu avoir la moindre prétention à fonder une théorie chimique; et lorsque Cuvier a dit que Priestley est un des pères de la chimie moderne, « mais, » ajoute-t-il, c'est un père qui ne voulut jamais reconnaître sa fille, » il a énoncé une vérité. SCHEEt.E. » Scheeie m'a toujours apparu comme Je type du chimiste pur, Vesjint d analyse ne lui a jamais manqué. Dans toute matière soumise à son expé- rience, où se trouvaient des corps inconnus, il les a découverts et signalés a la science comme des espèces chimiques, et il a donné un grand exemple en montrant que le chimiste n'atteint son but eu soumettant la matière a l'analyse, qu'en réduisanl un même échantillon en toutes les espèces de corps ijui le constituaient. )) Bergmann, en présentant au monde savant, le 1 3 de juillet 1777, le Traité chimique de l'air et du feu de Scheeie, dit : « Enfin je dois encore ob- » server que cet ouvrage, fait de main de maître, est fini depuis près de M deux, ans, quoique, par plusieurs motifs qu'il est inutile d'alléguer » ainsi, il ne paraisse qu'à présent. Il en est résulté que M. Priestley, sans )) avoir connaissance du travail de M. Scheeie, a décrit avant lui différentes » nouvelles propriétés de l'air; mais elles sont retracées ici d'une autre » manière et dans un ordre absolument différent, y )» Je copie ce passage pour prolester d'avance contre rintention qu'on nu; supposerait de vouloir diminuer la gloire de Scheeie ou celle de Priestley, en mettant en avant des priorités de découvertes à l'avantage de l'un ou au détriment de l'autre. Il est plus conforme à la justice, et bien plus instructif au point de vue de l'histoire de l'esprit humain, de suivre ces grands hommes dans les voies diverses qui les ont conduits à un but commun, et de voir l'humble pharmacien de la petite ville suédoise de Kœpping suivre sans dis- traction un travail où toutes les questions les plus élevées de l'histoire des propriétés de l'air, de la chaleur et de la lumière sont traitées d'une ma- nière continue, et de voir que si les interprétations manquent quelquefois de justesse, l'esprit de suite de l'illustre savant, quoique toujours modeste, fait connaître la chaleur rnjonnuile et la propriété réductive de la lumière variable d'intensité dans les rayons diversement colorés qui la constituent. J02 I Enfin, tout s enchaîne sans discontinuité dans cet admirable écrit, et quand l'interprétation n'est pas juste, une grande découverte apparaît pour justi- fier l'esprit d'investigation de l'auteur, et pour montrer au monde savant comment on arrive aux plus grandes découvertes en poursuivant un même sujet dans l'intention d'en approfondir l'étude. a. ScHEELK au point de vue de la découverte des faits proprement dits. 1) Scheele reconnaît avant tout que l'atmosphère renferme de l'^n , de la vapeur d'eau, de \ acide aérien (carbonique), et des émanations très-subliles que les rayons du soleil rendent à peine visibles. » Il entend par une espèce d'aii\, un fluide élastique dilatable par la cha- leur et condensable par le froid sans perdre son élasticité. » Il définit ïair commun par les cinq propriétés suivantes : » Il entretient le feu; » Si la combustion ne développe pas de fluide élastique, Idir diminue de | a 7, de son volume; » // ne s'unit pus à leau ; •• FI entretient la vie ; i> // est nécessaire à la germination ; » L'ai.»' rommî■ le 16 mai 1777. » Pour être exact, n'oublions point que les expériences de Bayen sur la distillation du peroxyde de mercure sont des premiers mois de 1774) et que la découverte du gaz oxygène (air déphlogistiqué) par Priestley date du 1" d'août de la même année. Le Mémoire sur la calcinalion de l'élain est donc postérieiu" aux recherches de Bayen et de Priestley. Quoi qu'il eu soit, Lavoisier conclut sans citer ni Bayen ni Priestley : » 1° Qu'on ne peut calciner qu'une quantité déterminée d'étain dans une quantité donnée d'air; a a° Que l'augmeu talion de poids de l'étain calciné représente bien la portion de l'air qui s'unit au métal; M 3" Que contrairement à l'opinion de Robert Boyle, il a observé qu'en calcinant de l'étain au suin de l'air contenu dans une cornue fermée hcrmé- tiquemeut, le poids de la cornue est le même avant et après l'opération. Or, si, comme Robert Boyle le croyait, il fallait rapporter à la chaleiu- ou plutôt au feu la cause de l'augmentation de poids des métaux par la calcinalion, Lavoisier n'aurait pas constaté un fait contraire à cette opinion. » On trouve dans les Mémoires de V Académie des Sciences de l'année 1 773, publiés en 1778, un Mémoire intitidé : Sur la nature du principe qui se com- bine avec les métaux pendant leur calcinalion et qui en augmente le poids, avec cette mention : Lu à la rentrée publique de Pâques 1773, relu le 8 août 1778. ( 5o7) « Celles (les expériences) sur le mercure précipité perse ont été tentées au » verre ardent dans le mois de novembre i 774 et faites ensuite avec toutes » les précautions et les soins nécessaires dans le laboratoire de Montigny, » conjointement avec M. Trudaine, les 28 février, 1" et 2 mars de cette » année (1773). » » En reconnaissant que Bayen a précédé Lavoisier dans la conclusion que le précipité per se se résout par la chaleur en mercure et en air dont les poids égalent le poids du précipité per se distillé, contrairement à l'hypo- thèse du phlogistique; en outre, qu'à Priesfley appartient la découverte du gaz oxygène, si mon désir eût été que le Mémoire fît mention de ces deux noms, je ne puis méconnaître en Lavoisier une puissance de l'esprit scien- tifique tout à fait supérieure dans l'intervention de l'enchaînement des idées sous l'influence desquelles ses expériences furent instituées et exé- cutées. )) En effet, des phlogisticiens avaient prétendu que le précipité per 5e n'étant point une chaux déjihlogisticjuée, la conclusion de Bayen contre la théorie du phlogistique manquait d'exactitude. Pour répondre à cette objection, Lavoi- sier, avant d'étudier le gaz oxygène provenant de la distillation du préci- pité per se, établit parfaitement que puisque le précipité per se est réduit par le charbon comme le minium, c'est-à-dire en donnant le même fluide élastique, Voir fixe (gaz acide carbonique), il faut nécessairement recon- naître que ce précipité est déphlogistiqué, en admettant, bien entendu, l'hy- pothèse du phlogistique; qu'en conséquence l'objection des phlogisticiens à l'expérience de Bayen n'est pas fondée. n Lavoisier, en distillant ensuite le précipité perse sans charbon, constate que le gaz a les propriétés suivantes : » 1° Il est insoluble dans l'eau; » 2° Il ne trouble pas l'eau de chaux ; » 3° Il ne s'unit pas aux alcalis; » 4° Il ne diminue pas leur causticité; » 5° Il sert à la calcirialion des métaux; » 6" Il est plus comburant et plus propre à la respiration que l'air. n D'où Lavoisier conclut que la combustion est l'union du gaz oxygène avec les combustibles, et en outre que l'air fixe obtenu de la réduction des chaux métalliques par le charbon est la combinaison du charbon jnir avec l'oxygène, élément des chaux métalliques. » Si nous passons au Mémoire de Lavoisier sur Vexistence de Pair dans 66.. ( 5o8 ) l'acide nilreux (i) (azotique et hypoazotique), nous verrons l'illustre auteur, après avoir cherché la composition de cet acide dans la réaction de ce corps avec le mercure, conclure qu'il est formé de 2 volumes d'air nitreux (deu- loxyde d'azote) et de 2,o5 de gaz oxygène, que l'air atmosphérique est essentiellement formé de 20 à 25 d'oxygène et de 80 à 75 de gaz azote, et que le premier seul sert à la combustion et à la respiration des animaux. » 11 distingue parfaitement le gaz azote du gaz acide carbonique^ et il at- tribue à l'oxygène du saljjètre la propriété comburante de ce sel. » Lavoisier reconnaît ici ce qu'il doit à Priestley, tout en le combattant, puisque le savant anglais avait admis que l'air commun était formé d'acide nitreux et de terre. Je rappellerai que lVi;r nitreux (gaz nitreux) est formé de I volume d'oxygène et de i volume d'azote. » Lavoisier, dans un Mémoire sur la combustion du phosphore de Kunckel, lu le 16 d'avril, revint sur la partie de l'air qui ne sert pas à la combustion du phosphore (azote); il la caractérisa comme espèce chimique et lui donna le nom de mofette atmosphérique. » En le mêlant au gaz oxygène en proportion convenable, il reproduisit l'air atmosphérique, de sorte qu'il établit la composition de ce fluide mixte par l'analyse et la synthèse. » Dans des expériences sur la respiration des animaux et sur Les changements qui arrivent à l'air en passant par leurs poumons, il constata que l'oxygène seul sert à la respiration, qu'il colore le sang en rouge en produisant de l'acide carbonique, et y rapporta la cause de la chaleur animale. » C'est dans ce Mémoire qu'il décrit l'analyse de l'air par le mercure chauffé convenablement au sein d'un volume défini de ce fluide élastique, et qu'ensuite, en dégageant par la chaleur le gaz oxygène qui s'était fixé au mercure, il reproduit l'air en réunissant ce gaz à l'azote de la première expérience. » Et c'est un bel exemple à citer dans la vie scientifique de Lavoisier (j,ue cette démonstrat'ion de la complexité de l'air qui repose sur l'analyse con- trôlée par la synthèse. a II examine dans un autre Mémoire la combustion des chandelles ou bougies dans i air atmosphérique et l'air éminemment respir-able [oxygène] ; il remarque que l'air ne diminue pas autant de volume par la combustion des bougies ( I ) Mémoires de l' Académie des Sciences de l 'année 1 7 7G, publics en 1 780. Lu le 20 avril 1776, remis en décembre 1777. ( 5o9) qu'on l'a dit généralement; qu'il se produit de l'acide carbonique (-pô du volinne), et qu'après l'avoir absorbé il reste de l'oxygène et de l'azote. » Lavoisier montre dans ce Mémoire l'erreur que commettait Priestley lorsqu'il prenait l'azote pour de l'air devenu irrespirable par le phlogistique auquel il était inii. La preuve du contraire, que donne Lavoisier, est posi- tive. Effectivement, quand on fait brûler des bougies dans de l'oxygène pur, on n'obtient que de l'acide carbonique (et de l'eau) sans gaz azote. C'est donc bien du carbone qui en s'unissant au gaz oxygène le rend irrespirable, et ce n'est donc point par le fait d'une combinaison quel- conque que le gaz azote de l'air est impropre à la respiration, comme Priestley le prétendait : c'est en vertu de sa nature spécifique. B Lavoisier, dans une Note spéciale (i), définit ce qu'il entend par ma- tière du feu, matière de ta lumière; il l'appelle ^/dù/e igné. A l'état libre, il est sensible comme chaleur ou comme lumière; à l'état latent ou de combi- naison, il ne l'est pas. » Tous les gaz sont formés d'une matière pondérable unie au fluide igné. Dès lors il comprend ainsi la combustion (2) sans l'intervention du phlo- gistique. » A une certaine température un combustible brvile en se combinant avec un poids déterminé d'oxygène, lequel s'ajoute au poids du combustible. Tout le feu produit dans la combustion, ou la plus grande partie, provient du gaz oxygène. Si le composé brûlé est gazeux, il retient moins de fluide igné que n'en contenait le gaz oxygène. D'où Lavoisier conclut que dans la combustion le combustible, loin de perdre quelque chose, comme Stahl le suppose, entre en combinaison avec l'oxygène qui est indispensable à toute combustion. 1) Tout ce que Lavoisier dit de la combustion produite par l'union de l'oxygène avec un combustible est d'une exactitude parfaite. Seulement il est démontré qu'il était allé trop loin en considérant l'oxygène comme le seul corps propre à former les composés acides. b. Lavoisier considéré au point de vue de l'interprétation des faits. » Si les Mémoires de Lavoisier ne présentent pas les faits nombreux et variés qui rendent le Traité de l'air et du feu de Scheele si remarquable; si on n'y trouve pas, d'une autre part, la découverte des nombreux fluides élastiques obtenus par Priestley, ils présentent des résultats d'expériences d'une exactitude inconnue jusque-là, à cause de l'usage d'instruments de précision employés concurremment poiu- mesurer le poids des corps, les (5,o) volumes des gaz, la température et la pression de l'atmosphère. On doit donc à Lavoisier d'avoir joint l'exemple au précepte pour arriver à des conclusions incontestables au moyen d'expériences aussi bien exécutées que parfaitement instituées, conclusions qui sont les fondements de la Chimie à laquelle il a attaché son nom, et qu'avec raison il a réclamée auprès de la postérité conune œuvre sienne. » Le jugement que je porte devient inattaquable quand on passe en revue successivement l'interprétation des mêmes faits par Priestley, Scheele et enfin par Lavoisier. M Lorsque Priestley considère le combustible, à l'instar de Stahl, comme formé de phlogistique et d'un corps combustible (acide, terre ou chaux), il s'éloigne absolument de la théorie du phlogistique en admettant que la combustion s'opère par la combinaison du phlogistique avec de l'air qui était dépourvu de ce phlogistique; car je rappelle que Stahl n'admet pas l'union du phlogistique avec l'air; il dit bien que celui-ci agit dans la com- bustion, mais c'est mécaniquement, pour isoler, mettre le phlogistique en mouvement, et, suivant que ce mouvement est plus ou moins rapide, pro- duire la chaleur ou la lumière. » Non-seulement Priestley est en opposition avec Stahl en admettant l'union du phlogistique avec l'air xléj)hlogistiqué, mais il laisse une lacune profonde au point de vue de la philosophie en ne parlant pas de l'augmen- tation de poids du corps brûlé. » Lavoisier a donc bien raison de reprocher celte omission à Priestley, mais il va bien plus loin encore en montrant l'impossibilité d'admettre son assertion : que le phlogistique s'unit à de l'air déphlogistiqué. » Si Scheele a porté une précision extrême en établissant par l'expérience, dès son point de départ, que l'air proprement dit est formé d'une petite quan- tité d'acide aérien et de deux autres fluides, Voir du feu (oxygène) et Vair corrompu (azote), et si, comme Priestley, il admet que l'air du feu (oxygène) s'unit au phlogistique, il s'éloigne ensuite autant de Priestley que de Stahl, en considérant que de celte union de l'air du feu avec le phlogistique, il résulte : » 1° De la chaleur ordinaire, de l'ardeur rayonnante et de la lumière; u 2° Que la chaleur ordinaire, produite d'abord par l'air du feu et le phlogistique qui avec ini corps a formait le combustible, s'unit ensuite avec \ti corps a pour produire un acide, une chaux, une terre, etc.; » 3° Que de cette union de la clialeur avec le corps brûlé résulte l'aug- mentation de poids du produit de la combustion. ( 5.1 ) j) Ces trois conclusions seraient admissibles si Scheele eût prouvé que le poids de /'niV du feu qui a pris part à la combustion se retrouve exac- tement : 1° clans le corps brûlé; 2" clans l'ardeur rayonnante; 3° dans la lumière. » Lavoisier ayant démontré cjue le poids du combustible et celui de l'oxygène représentent exactement le produit pondérable des corps qui ont pris part à la combustion, il n'est plus possible d'admettre avec Scheele que l'air du feu est un élément de la chaleur ordinaire, de l'ardeur rayonnante et de la lumière. Et en comparant l'explication de la combustion par La- voisier à celle de Scheele, il est impossible de se refuser d'admettre celle du chimiste français, à l'exclusion absolue de celle de Scheele. » Lavoisier considère l'oxygène et l'azote de l'atmosphère comme deux corps pesants qui doivent leur état aériforme avijluide igné, représentant, selon lui, la chaleur et la lumière, quand cejiuide est libre de toute combi- naison. » Dans la combustion, la base pondérable du gaz oxygène s'unit au com- bustible, et ce composé n'absorbant pas tout le fluide igné du gaz, celui-ci devient sensible sous la forme de feu ou de chaleur et de lumière. Lavoi- sier admet que le corps combustible peut perdre du fluide igné dans la combustion, mais il <:n perd beaucoup moins que le gaz oxygène. » La théorie de la combustion de Lavoisier diffère donc de celle de Stahl : » 1° En ce qu'elle repose sur une combinaison, celle de l'oxygène com- burant avec un corps combustible, et non sur une séparation, celle d'un corps, le phlogistique, d'avec un autre corps, le corps combustible; » 2° Que Lavoisier attribue la cause de la combustion à l'affinité mu- tuelle de deux corps, tandis que Stahl prétend que l'air agit connue corps simple, non pour former un composé, mais pour donner au phlogistique un mouvement tellement rapide, que celui-ci, quoicjue solide, soit ainsi mécaniquement séparé d'un corps dont il faisait partie intégrante. Et une consécpience encore de ce mouvement rapide était la chaleur et la lumière des particules excessivement ténues du phlogistique. Il est donc évident que l'hypothèse de Stahl n'explique pas l'augmentation de poids du corps brûlé, comme l'explique si bien la théorie de Lavoisier. » D'une autre part, si la manifestation du feu attribuée par Lavoisier an fluide igné n'est pas une opinion démontrée, comme l'est le produit pondéral de la combustion, cela tient à l'extrême difficulté du sujet, et sous ce rapport on ne peut ici tirer une conclusion défavorable à la gloire de ( 5l2 ) Lavoisier, puisque aujourd'hui nous ne pouvons rien y changer avec cer- titude. Conclusion. y> On a vu que Lavoisier, dans les Mémoires dont j'ai parlé, en se propo- sant de connaître la composition de lair et la théorie de la combustion, arrive à lui résultat bien différent de celui auquel conduit l'examen des travaux de Priestley et ceux de Scheele, quand on tient compte du degré de certitude des conclusions déduites de leurs expériences respectives; car Lavoisier seulement nous a offert des expériences précises avec des conclu- sions toujours conformes au raisonnement le plus rigoureux. » Si aujourd'hui les conclusions du savant français paraissent si simples, n'oublions pas que durant une dizaine d'années il avançait vers son but sans jamais s'en écarter, sans jamais rétrograder, et que pendant ce temps aucun chimiste ne l'appuya, ne le soutint de son assentiment, et cependant quand Macquer, Priestley, Scheele, Bergmann, Rirwan et Berthollet ne soutenaient pas explicitement la théorie phlogistique de Stahl, loin de la rejeter comme erronée, ils cherchaient à la maintenir en la modifiant. » ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur quelques développemenls en série de fonctions de plusieurs variables; par M. Hermite. (Suite et fin.) IX. o Nous allons considérer maintenant le développement suivant les puis- sances ascendantes de a et è de la fonction I afin d'établir l'expression déjà donnée du polynôme ©,„ „. » Soit à cet effet I ' P = ax -h bj -h {a^ -i- b^y [x- -t- j^ - i)% I 1^ q^nx + hy - [a" -+- b^f [x^ + r' - if; on voit aisément qu'on pourra écrire 1 (i _ a:2_j2)^[i — lax - iby -H a'(i - ;') 4- labxj + A'(i — x')]-' = -=p[(>-P)-'-('-Q)-'^ (5i3) de sorte que l'ensemble homogène des termes de degré k dans ce dévelop- pement sera ii \Ja- -f- é' et voici comment on parvient à leur expression. » Revenons à la formule {x-+-az,r-hbz)_'^ a"- h" d'"+" ¥"'+" * ,f'(z) -^ 1 .7.. . .m . I .2. . .n dx^dy" où z est une racine de l'équation i(z) — z — F(x + rtz, j- -)- bz) = o, en y changeant, comme plus haut, a e\. b en -» -• Si l'on prend on retrouvera d'abord la même équation en z, savoir : ^Gz^-Hz + K = o, 4 en faisant, pour abréger, G = a- -\-P , H = I — ax — bj; Nous en tirerons H — v/h'— GK z=. ^^ , de sorte qu'ayant évidemment on en conclura par un calcul facile /GK) ■^-(H + y/GR) ^J , az bz\ ^ _, 2 ■' ' 2 / l/s 1 / -'■ (2) v/H^ — GK v^G C. R., i8G5, i" Semestre. (_T. LX, N° 11.) ^7 ( 5i4 ) Mais d'après les valeurs de G, H, K, cette expression est précisément (,_pf^_(,_Qf ^ el l'ensemble homogène des termes de degré k en a al h sera donné par le développement des puissances fractionnaires sous cette forme I ■ 3 ■ 5 ■ ■ . 2 ^ -+- 1 p*+' — Q*+' •2 4.6 . .2/!- 4-2 y flî + bi de sorte qu'en posant A = ni -\- ri, on a 1 , - m -t- n H I .3.5.. .2X- + I P*+' — Q'+' .^ ■ a'"b'' • d-+"{x'-h)^—t) - Stti 2.4.6. . .2^ -+-2 J„i_^l)2 ^ i .1. . .m.i .7.. . .n.l"'^" dafdy" et, par conséquent, ce résultat auquel nous voulions parvenir, p*+' — Q*+ 1 „ ;? 4- I . « -I- 2 . . .i) + rn{m-i-n-\-\)i — i )"■•*-" a"' 6" rf"+",' 1 — y- — r -) - = 5:' M ^ ■j.iyja^'+b^ ■^ !.?....« I .3.5. . .2(/» 4-«)-t-i tlr"'dy'< On en tire, pour le coefficient de a'"h'' dans le développement de la fonction proposée, l'expression du polynôme t),„,„ qu'il s'agissait de démontrer, savoir : r n + I .« -+- 2. . .« -h ;« («/-+-« -I- i)(— i)"-^" r = on en cléduit d'où résulte que les nouvelles variables pourront s'étendre de — oo à -H oo , et on est amené par là à rechercher ce que deviennent en fonction de S, et y; les polynômes Um,n et V,„,„. Si l'on fait m H- n on voit tout d'abord que les quantités Rm.„, S,„,„ sont rationnelles, entières et du degré m ■+- n en ^ et yj ; ainsi on aura Ro.o=i, R3.o = -;(2|»-3?), R..0-?, R,.. =^(3rYî--/î), ■} K, = -n, R.,, = ^(3-^=?-§), 67.. ( 5.6) H,,o=i(22-- i), Ro,3=:5-(2-/;^'— 3rj), !!,..= 2?-/3, K„,,= ^(^r,= -0, ■'o.o ^^ I, ^1,0 ^^ 2|, So,, = 2/3, ^2,0 =^ 3?^--/:— r, S,., = 8£v;, ^0,2 ^^ 3>3- — ?■--!, R,.„=i(8|*-24?^+3), S,., =4(5^*7 -rr-Yl). s,., = 4(5-/:=? -S'-?), So.3 = 4(-'3^ — Sï?-— ■/;), S^o = 5S* — io|-y]- +•//*— io|- + 2/3= >i Mais pour en reconnaître la nature, revenons aux équations de défi- nition I fi — aajf - ibj + a'{i —j-) + lab.rr + b-{\ —x^)] - = ^a'" h"L,n,,n (i - 2rt^- - ^by + a- + b-)-' = ^a'"b"Y,„, „. » En posant dans la première v/i + ^^ + >i' VI- rt = ay'i + £2 + y;-, (^ — |3 y I + ?' + >;", elle prendra cette forme : I par conséquent, R,„,„, comme on le reconnaît aisément, ne contient que le seul terme ?'"/3" du degré m -t- n\ c'est la propriété caractéristique de V,„.„ qui a été transportée ainsi par le changement de variables au poly- nôme U,„.„. » Faisons dans la seconde équation X ^ -=:= 1 y =: - — ' /? = b = , = \ 1-+-?'+.:^ \/i -t- ?'+»•■ ( -^17 ) elle deviendra (. + r + ■/?')[• + (I - «)' -t- {-n - i5)1-' = 2«'"/5"^'«."^' + ?' + ■/, V".-"'. et on en conclut cette expression, qui nous rapproche de la forme analy- tique de Um_„, savoir : ( 1 + ?= -t- r, ')»■+"+' f/'"+"( I -1-4'+ -ri' Y ' » En posant . 2 ... « ir/|'" f/>-," ■m, Il — Om,n\* ~^ Ç on obtiendra semblablement Hi H- n -i- - m+n ( (- 0" . 2 ... 772 . I . a ... n rfç'" drt" » A l'aide de cette forme, en raisonnant comme je l'ai fait précédem- ment, on établit que les équations admettent toujours m racines réelles considérées par rapport à ^ et /^ ra- cines réelles par rapport à yj. Sous la condition Ç > cot -, l'équation S,„_,( = o a même toutes ses racines réelles par rapport à yj. Mais je ne m'ar- rêterai pas à l'étude des polynômes R,„,„, S„_„, ayant voulu seulemeni indiquer encore un exemple du genre d'expression donné par Jacobi aux fonctions de Legendre. C'est en 1826, dans le second volume du Journal de Crelle, que ce grand géomètre a établi la relation I d"(.T'— i)" x„ = 1 .2. . .n.j." d.r" Mais bien avant, et dès 181 5, un homme du mérite le plus distingué el dont la mémoire est restée chère à ses nombreux amis, M. Olinde Rodri- gues, y était parvenu dans une Thèse sur l'attraction des sphéroïdes, pré- .sentée à la Faculté des Sciences de Paris. Cette Thèse contient encore la relation remarquable i d'"-l'[x- — i)"' [j:'-—\)p d"'+P{x-—i]'" 1 .7 ... ni — j) dx'"~P 1.2 . .m -\- p dx'" donnée également par Jacobi dans le même Mémoire, et qui joue un rôle (5.8) important dans la théorie des fonctions Y„. A l'égard des polynômes U,„.„ la propriété analogue n'a pas une forme aussi simple. On l'obtiendrait en parlant de l'équation suivante, facile à démontrer, 1.2... n — p .1.2../» — q d.T''~P dy-^-l I .1. . m -hp.i .2. . ./i -h q djc^+P df-^1 et remplaçant les quantités x et j par x -^ J\ — \ , x — j\ — i ; mais ce rliangement de variables donnerait un résultat un peu compliqué, et je ne m'y arrêterai pas. » Exlrnil dhine Lettre de M. Matteucci à M. le Secrétaire perpétuel. « J'ai un bien triste devoir à remplir. » Le marquis Ridolfi, Correspondant de l'Académie, est mort d'apoplexie foudroyante dimanclie 5 mars, à Florence. Notre Collègue n'était pas seule- ment un savant distingué dont le nom est rappelé encore dans les Traités fie Pliysiquek propos de la découverte de l'aimantation produite par l'étin- celle de la machine, et un agronome très-distingué qui avait fondé des fermes modèles et exercé une grande influence sur l'agriculture en Italie: la vie de Ridolfi est en outre l'œuvre constante pendant cinquante ans d'un homme de bien pour être utile en toute chose à son pays. C'est lui qui a fondé les Asiles, les Caisses d'épargne, les Écoles d'agriculture, \eJournat d' Agriculture de Florence. Sa perte a été une grande calamité et une douleur profonde pour ses amis. » NOMINATIONS. L'Académie procède, par voie de scrutin, à la nomination d'une Com- mission chargée de décerner le prix de Mécanique, fondation Montyon. MM. Morin, Combes, Piobert, Poncelet, Foucault réunissent la majorité des suffrages. L'Académie nomme également une Commission chargée de décerner le prix de Statistique. MM. Bienaymé, Dupin, Mathieu, Passy et Boussingault composeront cette Commission. ( 5t9 ) MÉMOIRES LUS. CHIRURGIE. — Nouveau perfectionnement apporté aux appareils de lilltotritie ; par M. Maisonnecve. (Commissaires, MM. Velpeau, Cloqiiet, Civiale. j L'instrument décrit et présenté par M. Maisonneuve permet d'introduire à volonté dans la vessie, pendant l'opération, telle quantité de liquide ou de ^az que l'on juge convenable. M. le D"^ Maisonneuve a eu plusieurs lois l'occasion de faire usage de cet appareil, et l'expérience a confirmé de tout point ses prévisions. HYGIÈNE. — Elude sur la digestion et r alimentation ; par^l. Sandras. (Commissaires, MM. Bernard, Edwards, Andral.) MÉMOIRES PRÉSENTÉS. ANALYSE M.A.THÉMATIQUE. — Elwle sur les fondions différentielles ; par M. V. GnÉRiN. (Commissaires, MM. Bertrand, Serret, Bonnet.) « Une fonction différentielle ¥{y)df étant donnée, qu'elle soit inté- grable ou non, on peut se proposer de résoudre la question suivante : » Trouver entre n variables a, /3, y,. .., À,^a., dont n — i doivent être considérées comme indépendantes, une relation algébrique satisfaisant à l'équation différentielle (i) F («) f/a + F (/3) f^/3 + F (7) r/y -4-. . . + F (X) f/X + F (^) dp. = r/V, en désignant par V une fonction des n variables ci-dessus, déterniinable, soit algébriquement, soit par logarithmes ou par arcs de cercle. M Le procédé que je suivrai pour résoudre cette question générale pré- sentera, quant au. principe essentiel sur lequel je me fonderai, une très- grande analogie avec celui quun géomètre anglais, M. Talbot, a déjà fait connaître en i836 et 1837, dans deux Mémoires publiés dans le recueil des Transactions philosophicpies de la Société Royale de Londres; mais l'auteur que je cite n'a appliqué sa méthode qu'à des cas particuliers et ne l'a nulle- ment dirigée de manière à pouvoir en déduire la solution complète de ia question qui vient d'être posée. ( 520 ) » Je me propose donc de combler cette lacune en restituant au principe dont M. Talbot a fait usage le caractère de généralité qui lui manque, el mon but sera atteint si l'on reconnaît que j'ai pu contribuer à le faire sortir de l'oubli peu concevable dans lequel il est resté jusqu'à présent. >. Revenons, maintenant, à notre question. 1 En désignant par [y) une fonction rationnelle de y et par .r une seconde variable, nous poserons 12) F (j) = ic. $(;■), F (j) étant, comme nous l'avons déjà vu, la fonction donnée que je suppose algébrique. » Si, par les moyens connus, on fait disparaître de la relation (2) ci- dessus les radicaux et les diviseurs qu'elle peut contenir, elle pourra se mettre sous la forme suivante : ( 3 ) 7 " + l\r"-' + Qj"-' + Rj"-' + . . . = o, les coefficients P, Q, R,..., étant des fonctions rationnelles de x et des constantes arbitraires qui peuvent se trouver dans la fonction $ ( 7 ). » Désignons par a, /3, y, . . . , X, fji les n racines de l'équation précédente (jue nous ne supposons résolue que pour le besoin de notre démonstration, et substituons-les successivement à j- dans l'équation primitive (2) multipliée par dy ; nous aurons alors cette suite de résultats : F {c()da = x.\a)dci, F(|3)^/3 = x.$(|3)^//3, F {y)dy =jc.(^{-^ydy, . F(X)r/X = .r,cD(X)^>., F{iJ.)dp.= x.<^{ii]dp.. ' En ajoutant toutes ces équations membre à membre, nous |)ourrons écrire (4) l¥[y)dx = oc.l<^{j)dr. » Avant d'aller plus loin, disons quelles doivent être les conditions d'après lesquelles la fonction rationnelle $ ij^) doit être déterminée. > 1" Il faut faire en sorte que l'équation résultante (3) s'élève au degré niarqiié par n [n étant donné). ( 521 ) » Il est important de remarquer qu'il n'est pas toujours indispensable que le degré de cette équation soit précisément égal à n\ il arrivera souvent, au contraire, qu'il sera préférable que l'équalion dont il s'agit se présente sous la forme k étant un nombre entier. n 2° 11 est nécessaire d'introduire dans la fonction '^{j) nn nombre n — I d'indéterminées (y compris x) dont on pourra disposer librement pins tard, afin de pouvoir considérer les « — i variables a, /3, y, . . ., X comme indépendantes. » En admettant que ces conditions soient remplies, poursuivons notre raisonnement. » Puisque la fonction {j) est rationnelle, il est évident que l'expres- sion 2'^[y)d)- sera une fonction symétrique des racines de l'équation (3), déterminable, par conséquent, au moyen des coefficients de cette équation, lesquels, comme nous l'avons déjà dit, sont fonctions de x et des indéter- minées introduites dans la fonction 0 ( f); donc Jo- 2$ (^')r/^' = V se ré- duira toujours à une quadrature en x déterminable, soit algébriquement, soit par logarithmes ou par arcs de cercle. )) Si nous considérons les coefficients de l'équation (3), nous |)ourron5 poser (5) P = -Za, Q = 2a/3, R=-2«/37.... » En éliminant entre ces n équations les n — i indéterminées (y com- pris x) que doivent contenir les coefficients P, Q, R,..., on obtiendra entre toutes les variables a, /3, y,. .., X, p. la relation algébrique satisfaisant à l'équation différentielle proposée. » Il ne restera plus, pour compléter notre solution, qu'à remplacer, dans la fonction V déterminée précédemment, x et les autres indéterminées qu'elle peut contenir, par leurs valeurs en a, /3, y, . . . données par la com- binaison des équations (5) ci-dessus. n Ces dernières opérations seront souvent simplifiées en combinant les équations (5) avec celles que l'on formera en attribuant successivement kj, dans l'équation primitive (2), les ti — i valeurs arbitraires a, ^, y,.. ., ).; on formera ainsi un deuxième système d'équations dans lesquelles les quantités à éliminer ne seront jamais qu'au premier degré. G. R., i865, 1" Semestre. (T. LX, N" !1.) G8 ( :y2i ) » T.es principes généraux qui viennent d'être exposés sont appliqués, dans mon Mémoire, à plusieurs exemples qui m'ont pei'mis de re[ roduire les théorèmes fondamentaux concei'iKUit les fonctions elliptiques. » PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Des taticifères dans les Papavéracées ; par M. A. Trécci.. Renvoi ;i la Commission précédemment nommée.) .' Il existe deux types de structure et de distribution des laticifères dans les Papavéracées. D'.iprés le premier type, les laticifères sont répartis sur- tout au pourtour des faisceaux fjbro-vasculaires des tiges aériennes et des feuilles [Chetidoniuin, Macleja, Sancjuinaria, etc.). D'api'ès le second type, les laticifères existent seulement dans le tissu sous-libérien des faisceaux fibro-vasculaires des mêmes organes. » Tous les auteurs qui ont parlé des Papavéracées en général ont attribué à leurs laticifères la distribution qui convient au premier type. D'autres ont cru que le latex était renfermé dans toutes les fibres du liber. Ayant d'ailleurs à signaler quelques particularités très-importantes au point de vue de la théorie générale des laticifères, je vais esquisser rapidement, dans ce résumé, la constitution des laticifères de quelques-uns des genres de cette famille. » Dans le rhizome du Suntjuinaria cnnadensis, ils sont formés de cellules superposées, réparties à travers le parenchyme. Ces séries de cellules sont reliées entre elles par d'autres séries, de manière à donner lieu à un réseau. M. Unger a décrit cette structure en i855, mais il n'a pas noté qu'outre ces laticifères il v a encore une multitude de cellules éparses isolément qui contiennent le même latex rouge, avec ses gros globules nacrés pendant la période de végétation, cellules que j'ai déjà mentionnées en 1862. Dans les pétioles, au contraire, les laticifères peuvent former des tubes continus : les uns sont autour des faisceaux, les autres sous le liber. Il y a encore dans le pétiole du Snncjuinaria des laticifères distribués suivant un cercle dans l'écorce externe, et quelques autres dans l'écorce moyeiuie. )' Dans la souche des Chetidonhtm, les laticifères de l'écorce sont disposes par petits groupes sur des cercles concentriques formant un réseau, soit qu'on les examine sur des cou[)es tangentielles, soit sur des coupes radiales. Ces cellules constituantes, de même forme et de même dimension que les cellules environnantes, sont plus ou moins longues suivant la partie que les laticifères traversenl. Elles sont souvent très-courtes tout près de la siuTace ( 523) tie l'écorce el dans les parties où s'épanouissent et finissent les rayons mé- dullaires, dont les cellules peuvent aussi prendre part à la protluction des laticifères. Dans la souche du Chdidomum majits, on trouve aussi des cellules à latex jaune superposées entre les vaisseaux du corps ligneux. Autour de l'insertion des racines advenlives, de ces celluli's en séries peuvent égale- ment être mêlées aux vaisseaux. Dans la tige aérienne et dans les pétioles de la même plante, les laticifères, qui sont distribués à la surface des faisceaux et dans le tissu sous-libérien (ce qu'avait déjà vu Moldenhawer en 1812), font Ires-bien voir aussi qu'ils sont composés d'éléments divers, suivant la nature des cellules au milieu desquelles ils sont placés. Ceux([ui sont au con- tact du liber ou enclavés en lui ont les tell ules très-longues; ceux qui sont sous le liber ont aussi des cellules allongées et grêles. Au contraire, ceux qui sont au pourtour de la partie vasculaire des faisceaux sont lormés de cellules moins longues, souvent très-courtes, comme celles du parenchyme cortical contigu. » Cette tlisposition me rappelle un phénomène fort remarquable, qui montre avec quelle facilité ces cellules parenchyniateuses sont ici transfor- mées en laticifères. Voici en quoi il consiste. Quand les laticifères sont lésés par une cause quelconque, leur suc brunit et ils cessent de fonctionner. Alors, et cela paraît s'accomplir dans un bref délai (sur les plantes rompues dans la boite à herboriser), alors, dis-je, les cellules du parenchyme voisin modifient la nature de leur suc, qui devient graduellement jaune pâle et finement gramdeux, puis jaune foncé, comme le latex ordinaire de ce vé- gétal. Ce fait ne semble-t-il pas prouver que le rôle du latex a une grande importance, et qu'il n'est pas une simple excrétion, comme le croient beau- coup d'anatomistes? Les séries de cellules à latex des tiges et des pétioles du Cheiidonium sont très-propres à montrer le deuxième degré de perfection des laticifères, j)uisque l'on trouve souvent perforées les parois transversales qui séparent les cellules constituantes. » Dans les Glaucium Jlavum etfalvuin, il n'existe pas de suc coloré dans les parties aériennes de la plante adulte. Pourtant on remarque à la siu'face du liber, ou parmi ses fibres externes, des cellules un peu plus larges, à parois minces, qui rappellent les laticifères du Chelidonnim, etc., par leur position. Un peu de matière granuleuse brune se voit quelquefois seulement au pointour de ces cellules, qui, du reste, s'observent aussi sur les cotés des faisceaux. Dans la souche des mêmes Glaucium, il n'y a pas de latici- fères composés de cellules en séries continues, répandues dans toute l'épais- seur de l'écorce. On ne trouve dans la masse de celle-ci, et entre les vais- 68.. ( 5a4 ) seaux du corps ligneux, que des cellules éparses qui contiennent un suc jaune. Cependant, à la surface de la racine, parmi les cellules les plus figées, sous les cellules briuiies de la péripiiérie, il existe quelques séries de cel- lules à latex semblables à celles du Clielidonhim; et là, elles peuvent même donner lieu à des tubes continus, quelquefois aussi réunis en réseau, comme pour attester que les cellules jaunes isolées de l'écorce plus interne sont bien de la nature des laticiferes. » Dans la souche du Mnclcya cordala^ des cellules jaunes, orangées ou même rouges, sont aussi éparses dans l'écorce, dans les rayons médullaires et entre les vaisseaux du cor[)S ligneux. Il y a aussi de ces cellules jaunes et isolées jusque dans l'écorce et entre les vaisseaux de la base de la tige aérienne. Plus haut, les laticiferes de celte tige et des pétioles ont une struc- ture et une distribution analogues à celles qui existent dans le Clielidonium. Us sont répartis autour des faisceaux vasculaires. Ces laticiferes contiennent un suc jaune, un peu rougeâtre, qui disparaît à mesure que la plante avance en âge, de manière qu'd n'y en a plus vers la base de cette tige quand les rameaux supérieurs en renferment encore. A la fin, les péricarpes eu pré- sentent presque seuls quarid les fruits approchent de la maturité. Ce suc y est renfermé dans des cellules, la plupart fort allongées et à parois minces. » Pendant que le suc disparaît dans la tige, les cellult>s qui le renferment au contact tlu liber, ou qui sont mêlées à ses fibres, entourées par elles, s'épaississent, quoique plus tardivement, absolument connue ces fibres libériennes, dont \\ est impossible de les distinguer, quand le latex a entière- ment disparu et que l'épaississement est achevé. Cette observation, que n'eussent pas manqué d'invoquer, s'ils l'eussent connue, les partisans de la théorie qui assimile le liber atix laticiferes, démontre seulement que ces laticiferes sont composés d'éléments cellulaires primitifs semblables aux cellules des tissris qu'ils tra%'ersent. » J'arrive maintenant au second type de laticiferes des Papavéracées. Dans les Papaver Rliœus, somuiferum^ bracteatuni, etc., dans les Argemone grnndiflora, ochrolcnca, etc., les laticiferes sont placés dans le tissu sous- hbérien. Us consistent en tubes parfaitement continus, assez fréquemment anastomosés dans la tige du l'apnver Rhœas, mais plus rarement dans celle du Papaver somniferum. Dans les sépales et dans les capsules de ces Pavots, les laticiferes forment au contraire un réseau extrêmement compliqué. » J'ai retrouvé quelquefois des traces de la constitution élémentaire dans les lactifères de la tige des jJrgeinone ; mais, dans la racine de ces plantes, il est facile de suivre la transformation des séries de cellules en ( 525 ) tubes continus et anastomosés. Ces séries de cellules, pleines d'un beaiî suc jaune, et trois à cinq fois plus longues que larges, accompagnent des groupes de cellules de même dimension, qui ont la disposition réticulée des faisceaux libériens. Ue là aussi la réticulation de ces séries primitives de cellules à latex. Un peu plus tard, les parois transversales qui séparent les cellules superposées se perforent; elles disparaissent même entièrement pendant que la fusion des parois latérales s'accomplit pour la transforma- tion des laticifères en tttbes parfaits. » Arrivés à cet état, les laticifères des Jnjemone présentent deux phé- nomènes bien dignes d'intérêt. L'un, qui a été observé pour la première fois par M. Unger dans les Chicoracées, se montre principalement à la périphérie des racines. Les laticifères voisins, et même des laticifères éloi- gnés les uns des autres, envoient des ramifications latérales qui se rencon- trent par leurs soaunets, se fusionnent et réunissent ainsi des laticifères d'abord séparés. )) Je crois utile de faire remarquer ici que dans les Cliicoracées [Lnctitca scariola, Podospermum lucinialum, etc.) aussi bien que dans les yIrfjemom% c'est à la surface de la racine, parmi les cellules déjà brunies par 1 1 désor- ganisation, auprès d'elles, c'est-à-dire là où l'on s'attendrait à trouver le moins de vitalité, que ces laticifères en manifestent le plus. C'est seule- ment là que, dans la souche des GtiuK iuni, sont des laticifères tiibuleux ou même réticulés. J'insiste sur cette exubérance de végétation à la péri* phérie des racines, parce qiu'elle n'a pas été signalée par M. Ungcr, non plus que par ]\ljVL Schacht et Hanstein. » Le second phénomène que j'ai annoncé dans les Argemone s'accomplit ordinairement dans les laticifères voisins du collet, vers la base de la tige et au sommet de la racine. Là, ces laticifères s'épaississent, mais nu lieu de le faire en couches régulières, comme ceux que j'ai mentionnés dans le Macleya, ils ne produisent que des bourrelets plus ou moins rapprochés et plus ou moins régulièrement espacés, qui, dans Y Arcjemone ocliroleuca, sinudent quelquefois des spires irrégulières. Le pliis souvent ils constituent des mailles larges et inégales. Dans Wlrgemone grnndijlorn^ j'en ai trouvé d'assez rapprochés pour figurer des fentes, ou même de larges ponctua- tions. » Je terminerai cette Note par un autre fait non moins intéressant. J'ai déclaré, en 1857, qu'il existe normalement du latex dans certains vaisseaux du corps ligneux. J'ai déclaré de plus qu'il y a fréquemment des points de ( 526 ) contact entre les laticifères et les vaisseaux ponctués, rayés el spiraux. J ai été conduit par là à supposer que le latex passe des laticifères dans les vaisseaux du bois. Celte hypothèse send>le encore appuvée par 1 observation que j'ai faite d'ouvertures directes entre les laticifères et les vaisseaux ponctués, etc. (uoj'rles Comptes rendus ûu 9 janvier 1 865). Cependant je n'ai jamais vu s'effectuer le passage du latex d'un ordre de vaisseaux dans l'autre. Voici un fait qui tend à prouver que si un tel passage a lieu, tout le latex, du moins, contenu dans les v;dsseaux du boi.s, n'a pas une telle origine, et ([u'd peut être sécrété dans les vaisseaux rayés, ponctués ou spiraux eux-mêmes. C'est VArcjemone grandijlora qui ma donné cette observation. Quand on étudie des coupes transversales de jeunes individus vigoureux, on lemarqne souvent siu' la ])aroi interne des vaisseaux ponc- tués, etc., des j)rotubérances jaunes, finement granuleuses comme le latex, et lin.itées par une membrane très- délicate. Ces protubérances sont d'idjord fort petites et incolores. Peu à peu elles prennent une teinte jaune qui se fonce comme le latex ordinaire de cette plante. Ces productions couvrent une portion plus ou moins grande du pourtour du vaisseau, et, jjlusieiu-s se développant dans le voisinage les unes des autres, tout ce pourtour peut en êtie revêtu. En s'accrois>ant, ces proéminences se joignent au centre de l'organe, se fusionnent quelquefois, et le vaisseau est obstrué. Par l'examen de coupes longitudinales, j'ai pu voir, dans quelques vaisseaux, jusqu'à une vingtaine de ces obstructions assez régulièrement espacées. Chacune d'elles n'avait que peu d'étendue longitudinale, mais dans quelques cas le latex, produit sans doute par la réunion de plusieurs de ces centres de sé- crétion, occupait une assez grande étendue. .) En est-il de même dans le CItelidoniiim ? Je ne l'ai pas vérifié, non plus que dans les autres plantes où j'ai observé un tel latex. » Quoi qu'd en soit de ce phénomène, la communication directe des laticifères avec les éléments fibro-vasculaires est un (ait désormais acquis à la science, et toutes les circonstances anatomiques tendent à prouver que le transport des éléments cédés a lieu des laticifères aux élémenls tin bois. Il reste à s'assurer quelle est la nature des éléments ainsi concédés, si ce sont tous les éléments du latex, ou seulement une partie, comme le liquide limpide qui contient les globules en suspension. » Voilà donc encore un beau champ d'observations ouvert à l'activité des pliytotomistes. » ( 527 ) MÉDECINE. — Sur le ténia ou ver solitaire et te moyen de s'en délxn initier ; j)ar M. FocK. /Commissaires, MM. Rnyer, de Quatrefages, Blanchard.) CORRESPONDANCE. M . LE Directeur général des Douanes et des Contributions indirectes adresse à l'Académie le tableau général des mouvements de cabotageen 1 863, qui forme la suite et le complément du tableau général du commerce de la France pendant la rnéme année et qui vient d'être publié par l'Administra- tion. L'Académie des Sciences de Rerlix adresse le premier volume de ses Mé- moires pour l'année i863. CHIMIE GÉNÉRALE. — Sur les phénomènes calorifiques qui accompuijnent la formation des combinaisons organiques; par M. Berthelot. (Deuxième Lettre à M. H. Sainte-Claire Deville.) « 111. aldéhydes. — Que la transi'ormation des alcools en aldéhydes par oxydation donne lieu à un dégagement de chaleur, c'est ce que lobserva- lion confirme chaque jour; mais je ne connais qu'une seule mesure appli- cable à cette réaction. L'acétone représente l'aldéhyde de l'alcool propy- lique d'hydratation C^H«0=-f-0- = C^H«0'+H''0^ Or, la combustion du deuxième système produit 4^4 calories, celle du premier doit en produire * [\'](i. La chaleur dégagée dans la transforma- tion de cet alcool en aldéhyde est donc égale à 52 : elle est moindre d'un quart que la chaleur dégagée j)ar !a formation de la même quantité d'eau avec riiydrogèiie libre (69). La réaction inverse, changement d'acétone en alcool propylique, dégagerait 17 calories. » IV. Acides. — Passons en revue les principales réactions applicables à la formation des acides organiques. ( 528 ) » i" Oxjdalion des alcools. — L';)cide îicétiqiie, avec l'alcool ordinaire : C*H<'0= + 0^ = C*H^0*4-II-0\ Chaleur dégagée, iii. » Acide valérianiqiie, C'°II"'0% avec l'alcool amylique, i3i. » Acide fonniqiie, C-IPO', avec l'alcool ti)éthyliqiie, 'j[\. Ce dernier chiffre est plus faible que tous les autres, en raison de l'anoiuahe que j'ai signalée relativement à l'acide formique. » On voit que la chaleur dégagée par l'union de 4 équivalents d'oxygène avec les alcools ordinaire et amylique est à peine moindre que la chaleur dégagée par l'union de la même quantité d'oxygène avec l'hydrogène libre (i38). I) Les nombres cités représentent également le travail nécessaire pour changer lui acide en alcool, par voie de réduction. » La chaleur dégagée dans la formation des acides, au moyen des alcools, résulte de deux effets successifs : combustion d'hydrogène (aldéhyde), addi- tion d'oxygène (acide). Ces deux effets dégageraient à peu près l,i même quantité de chaleur, s'il était prouvé que la formation de l'aldéhyde éthy- lique répond au nombre 52, trouvé pour l'acétone. » Les nombres ci-dessus peuvent également être rapportés à l'oxydation des carbures éthyléniques : CMl* + O^ = 65 (?), C*n^ + 0* = i24; ou l>ien à celle des carbures forméniques : C*H» + ()» = C*H*0' + 11= 0= = * 1 55. « O* fixé sur Cni" dégagerait le triple de O^ fixé sur C* M'O' (52). » Une oxydation plus profonde des alcools engendre les acides à 8 équi- valents d'oxygène. Acide oxalique : cMi^o-H- o'° = c'H'o''-}-2I^o^ C-haleur dégagée = 264; -f-^ = 53 répond à O^. )i On peut rapporter cette oxydation au carbure forraénique : C*H«+ O'^ = CMFO«+ 2lI=0'=*3o5, — = i52. 2 » On voit que les deux phases successives et symétriques, qui doiuienl naissance l'une à l'acide acétique, l'autre à l'acide oxalique, au moyen du ( 529 ) même carbure forménique, dégageraient à peu près la même quantité de chaleur. » 2° Fixation de l'oxjdc de carbone sur les alcools (i). Acide acétique. . . . C^H'O^ + C^O- = Cni'O'. Chaleur dégagée = 29, Acide propionique. . C H" 0= + C^O^ = CIPO'. Chaleur dégagée = Sy, Acide valérianique. . C'H'^O" Chaleur dégagée = V,3, foutes quantités plus grandes que celles qui répondent à l'union de l'oxyde de carbone avec l'oxygène libre (aS). >) Si l'on rapportait les réactions à l'acide forniiquc, au lieu de l'oxyde de carbone, il faudrait ajouter 36 calories à tous les nombres précédents. » 3° Fixation de l'acide carbonique sur les carbures d hydrogène [i). Acide acétique. . C'O' + C^H' = C*H'' O*. Chaleur sensiblement nulle. » En réalilé, il doit se produire ici une absorption de chaleur dans la réaction atomique, puisque deux gaz se transforment en un composé liquide, effet physique qui donne lieu à un dégagement de chaleur; mais je raisonne seulement sur Vétal actuel des systèmes. » Ce résultat, conforme à mes observations relatives à l'acide formique, paraît changer de sens pour les acides plus condensés : Acide valérianique. C O' + C«H"' = C'°H"'0'. Chaleur dégagée=*i8. » Voici quels sont les effets réciproques auxquels donne lieu la sépara- tion de l'acide carbonique : aux dépens de l'acide formique, elle est accompagnée d'un dégagement de chaleur, comme je l'ai démontré direc- tement. Aux dépens de l'acide acétique, le dégagement doit être nul. Aux dépens de l'acide vaiérique, il y aurait absorption de chaleur. Le contraste qui existe entre ces circonstances pourrait expliquer pourquoi les homo- logues du formène ne s'obtiennent pas, en vertu il'un dédoublement aussi net que ce carbure, aux dépens des acides homologues de l'acide acé- tique. )) Une nouvelle fixation d'acide carbonique, sur les acides à 4 équiva- lents d'oxygène donne naissance aux acides qui en renferment 8. Mais je ne connais qu'une seule mesure relative à cette réaction : encore se rap- porte-t-elle à l'acide oxalique, en tant que dérivé de l'acide formique, c'est- (i) f'oir mes Leçons sur les méthodes générales de synthèse, p. 4?8; 1864. (2) Leçons sur les méthodes générales de synthèse, p. 452. C. R., i8G5, !«>• Semestre. (T. LX, N» H.) 69 { 53o ) à -dire à un cas anormal : réaction conforme à nne observation de M. Peligot. Chalenr dégagée = 36. Ce cliiffre doit être plus faible pour les autres acides. » La décomposition de l'acide oxalique en acide carbonique, oxyde de carbone et eau donne lieu à une légère absorption de chaleur (9 environ), laquelle se changerait peut-être en un dégagement, si l'on pouvait éliminer li's effets dus à la formation des composés gazeux. » V. Elhers. — La combinaison des acides minéraux avec les alcools donne lieu à des effets calorifiques marqués et qu'il est facile d'observer avec l'acide chlorhydrique, l'acide sulfurique et l'acide nitrique. Mais il n'en est pas de même des acides organiques, car les phénomènes sont ici peu prononcés : l'observation directe le prouve, et les chaleurs de com- bustion des éthors le confirment; j'ai déjà appelé l'attention sur cette cir- constance (1). 1) A ces différences dans la chaleur dégagée lors de la formation des élhers correspondent des différences analogues dans le travail nécessaire pour les décomposer. Aussi le dédoublement des éthers nitrique, chlor- hydrique, sulfurique est-il souvent plus difficile à réaliser que celui des éthers organiques, etdonne-t-il lieu j^arfois à des produits différents: éther simple ou carbure au lieu d'alcool, éthylamine au lieu d'amide, etc., etc. » C'est sans doute en raison de cette circonstance que l'équilibre d'éthé- rification est représenté sensiblement par les mêmes limites pour les divers alcools et acides organiques; tandis que ces limites sont fort différentes pour les acides minéraux, comme je l'ai observé. De là peut-être le rôle, jusqu'ici inexpliqué, des acides minéraux pour favoriser l'éthérification des acides organiques. De là encore la production des éthers organiques, avec mise en liberté d'acide chlorhydrique, dans la réaction des chlorures acides sur l'alcool. Dans toutes ces conditions, on voit se produire d'abord et de préférence l'éther dont la foimation répond au moindre phénomène calo- rifique, c'est-à-dire au moindre changement dans l'état moléculaire des composés initiaux (2). i> Si l'on cherche à préciser davantage la formation des éthers organiques, (i) Annales de Chimie et de Physique, 3° série, t. XLVIII, p. 34i ; i856. {2) Cependant sous l'influence d'un conlact prolongé, le déplacement inverse peut être observé dans un certain nombre de cas, l'équilibre finissant par èlre déterminé en faveur de l'acide qui donne lieu au dégagement de chaleur le plus considérable. ( 53. ) ou trouve que les chaleurs de combustion de tous les éllicrs observés, à l'exception des éthers formiques, sont un peu plus grandes que la somme des chaleurs relatives à l'alcool et à l'acide générateur; la diftérence s'élève souvent à yj : circonstance singulière et qu'il me paraît difficile d'attribuer aux erreurs d'expérience (i). Ces faits tendraient à établir l'existence d'un travail négatif, lors de la transformation du système alcool et acide dans le système élher et eau, pris dans sa forme acliielle. Ce travail négatif aurait lieu, comme pour l'acide formique, dans le cas d'une réaction directe, effectuée à la température ordinaire, avec le concours du temps. Doit-il être attribué à la combinaison atomique ou bien aux changements phy- siques qui surviennent dans l'arrangement des molécules? La seconde opi- nion me paraît la pins vraiscndjlable. » Il serait fort intéressant de posséder des données analogues, relativement aux corps gras neutres et à la glycérine. En effet, la chaleur de combustion de l'huile d'olive, comparée à celle des acides gras, conduirait, pour la gly- cérine, à un chiffre si élevé et si peu probable, dans l'hypothèse d'un dé- gagement de cluileur^ qu'il est permis d'admettre une absorption sensible de chaleur lors de la synthèse des corps gras neutres : résultat conforme à ce qui vient d'être dit relativement aux éthers, mais sur lequel je n'insiste pas. » Venons aux éthers formés par l'union de deux alcools; je citerai l'éther ordinaire et l'éther éthylamylique (2). La chaleur de combustion de l'élher ordinaire C'H»0= + C"H«0'= C'H*°0- + H'0'' répondrait à 6G8, quantité très-voisine de celle de l'alcool générateur (660), d'après les nom- bres de MM. Favre et Silbermann. Mais Didong indique un chiffre nota- blement plus fort (698) et qui s'accorde mieux avec les analogies des éthers composés. De même l'éther éthylamylique produit 1161, et ses généra- teurs, I log. » La formation des éthers mixtes, aussi bien que celle des éthers à acides organiques semblerait donc être accompagnée par une absorption de cha- leur. Cette circonstance est conforme à la nécessité d'une double décom- (i) L'exception relative aux élhers formiques peut être regardée ici comme confiim.m' la règle. (2) .T'admets que c'est le corps étudié sous le nom d'éther amylique dans lelia\ail 'k' MM. Favre et Silbermann. 69.. ( 532 ) position produisant, en vertu d'une réaction simultanée, le travail néces- saire à la formation de ces élhers (i). » On remarquera que ilans la formalion des étliers mixtes ou composés, la production de l'eau qui s'élimine n'est pas, en gt'niéral, accompagnée par un dégagement de chaleur, comme il arriverait si cette formation répondait à Une oxydation. Loin de là, elle serait plutôt corrélativeavec une absorption de chaleur » VI. Ainides. — 11 n'existe de données que pour un seul amide carboné, le cyanogène, en tant que dérivé de l'acide oxalique, C'H"0% 2AzH' = CUz^+2H=0-. La chaleur de combustion du cyanogène = 270, chiffre très-supérieur à celui de l'oxalate d'ammoniaque, 170 environ (2). » Ainsi, dans la transforniation de l'oxalate d'ammoniaque en cyanogène, non-seulement la production de l'eau r;e donne pas lieu à un dégagement de chaleur, mais elle est accompagnée par une absorption considérable de chaleur, résultat analogue à celui que je viens de signaler pour les étbers. Réciproquement, la fixation de l'eau sur les élhers et sur le cyanogène donne lieu à un dégagement de chaleur. » Il serait sans doute prématuré d'étendre ce résultat à tous les aniides. Cependant, je ne puis m'em pécher de signaler l'intérêt que ces phénomènes peuvent offrir dans l'organisation animale, où les corps azotés de l'ordre des amides constituent la plupart des tissus, où les corps gras sont si ré- pandus, et où les réactions d'hydratation ne sont ni moins fréquentes, ni moins importantes que les réactions d'oxydation. » cuiiMli:. — Sur les acélopyrophospliales. Note de M. N. Messcuctkin, présentée par M. Balard. « L'acide phosphoreux s'oxyde facilement en donnant de l'acide phos- phorique L'acide acétopyrophosphoreux, que j'ai décrit antérieurement (3j, (i) Sur les combinaisons formées avec travail négatif et sur les doubles décompositions, voir\es considérations développées dans mes Leçons sur tes méthodes générales de synthèse, p. 4oi et suivantes. [1) Le carbone du eyanoyùne, s'il était libre, produirait 188, quantité inférieure à 270: le cyanogène est done un corps résoluble en éieuieuts avec dégagement de chaleur, comme le jiroLoxyde d'azote et l'acide liypoclilorcux. (3) Comptes rendus de V Académie des Sciences, t. LIX, p. aSg. ( 533 ) se transforme aussi aisément en acide acétojjyrophosphorique, en présence des agents d'oxydation. » L'acide acétopyrophosphoreux, lorsqu'on le traite par l'acide nitrique au bain-marie dans une capsule de platine, ne se convertit pas en acide phosphorique, mais donne une niasse cristalline bLiuche. Je n'ai pas pu extraire de cette masse des combinaisons propres à l'analyse. J'ai eu recours alors à un autre agent d'oxydation, au peroxyde d'hydrogène. B Lacélopyrophospliale de baryte V: (G- H' Q) HBa'Ô'' + uH^O. — On dis- sout le peroxyde de baryum dans la quantité d'acide chlorhydrique faible justement nécessaire pour obtenir une solution claire, qu'on ajoute ensuite à l'acétopyrophosphite de potasse dissous dans l'eau. Il ne se forme pas de précipité tout d'abord, mais si on agite avec une baguette, on voit se sépa- rer un précipité cristallin. Si on n'agite pas la liqueur, les cristaux ne se for- jueut qu'au bout de quelques heures. Ou ne peut pas reconnaître ]a forme cristalline, même sous le microscope. On jette le précipité cristallin sur un filtre et on le lave à l'eau. L'analyse (i) a fourni des chiffres concordant avec la formule P' (€^H'0.) HBa^O'' + 2H-O. Théorie. E.ï|iérience. G^ O» 17,46 18,23 6,76 7,06 1,12 2,22 38,59 38, 04 36,07 100,00 )) L'acétopyrophosphate de baryte est insoluble dans l'eau, assez diffici- lement soluble dans les acides faibles. Ce sel m'a servi de point de départ pour la préparation des sels de plomb et d'argent. » L'acétojiyrophospliate de plomb (P^G^H'Ô) Pb^O''. — On dissout le sel précédemment décrit dans l'acide nitrique faible; on précipite la baryte par une quantité équivalente d'acide sulfurique; on neutralise exactement l'a- cide nitrique avec l'ammoniaque, et on précipite par l'acétate de plomb. 11 se forme un précipité blanc d'acétopyrophosphate de plomb qui est inso- luble dans l'eau, mais facilement soluble dans les acides faibles. (i) Les dosages de phosphore étaient exécutés d'après la méthode de M. Carius. ( 534 1 Théorie. Espérience. P' '1,75 €' 4,54 H' 0,56 Pb^ 58,86 57,78 ©' 3.4,29 100,00 » L'acélop/ropliosphale d'argent V^ {G^B.^ Q) Ag^Q a été obtenu p;ir le même procédé que le sel de plomb, en prenanf, au lieu de l'acétate de |)lomb, le nitrate d'argent. Le sel d'argent est un précipité blanc, qui de- vient légèrement jaunâtre. Il est soluble sans décomposition dans l'ammo- niaque faible, ainsi que dans l'acide nitrique étendu. Mais si l'on verse sur le sel desséché quelques gouttes d'ammoniaque concentrée, la dissolution s'opère en même temps qu'une partie d'argent est réduite et reste dans la liqueur sous forme d'une poudre noire. Voici les chiffres obtenus à l'ana- lyse : Théorie. Expérience P- I 1 )46 I2,3o c 4,43 H' 0,55 Ag» 59,88 59,56 0' 9.3,68 100,00 » L'ébullition avec les alcalis ou avec les acides transforme très-diffici- lement l'acide acétopyrophosphorique en acide phosphorique. Cette trans- formation s'effectue aisément par la potasse ou le carbonate de soude fondants. M L'action du peroxyde d'hydrogène sur l'acide acétopyrophosphoreux est représentée par l'équation suivante P^ (G^H»0) H^O=+ 2H'0'= P' (G' H'O) H' O' -+- aH'O. '> 11 s'effectue une simple fixation de deux atomes d'oxygène, comme le montrent les formules suivantes : (€=H^O)H' I ' (G'H'O)H' j ^ ' Acide acélopyrophosphoreux. Acide acélopyrophos|ihorique. » Ce travail a été exécuté au laboratoire de M. Wurtz. » ( 535 ) CHIMIE. — Sur la formule du chlorure de cyanogène liquide. Note de M. G. Salet, présentée par M. Balard. « M. Wiirlz a découvert et décrit, il y a dix-huit ans, un chlorure de cyanogène stable et bien défini, bouillant à -t- i5°,5, soliditiable à — 5 ou — 6 degrés, auquel dans une première communicatioii il attribue la for- mule Cy^Cl^. C'est cette formule qu'on trouve aujourd'hui dans tous les ouvrages, bien que M. Wurtz lui ait substitué plus tard l'expression plus simple CyCl (i), d'après une densité de vapeur qui n'a jamais été publiée. » Il m'a engagé à déterminer de nouveau cette densité avec une sub- stance d'une pureté aussi grande que possible, de façon à lever les derniers doutes qui pouvaient exister sur sa formule. Le chlorure de cyanogène liquide, débarrassé par un long contact avec un excès d'oxyde de mercure de toute trace d'acide cyanhydrique, a été distillé sur cet oxyde et séché plusieurs fois au chlorure de calcium; il bouillait à + t5°,5. Sa densité a été déterminée par la méthode de Gay-Lussac à -H 55 degrés, et de lo en lo jusqu'à + gS degrés. Elle ne présente aucune irrégularité et se confond presque exactement avec la densité théorique qui correspond à la formule CyCl. Elle a été trouvée égale à 2,i3 (2) (théorie, 2,1295). Le chlorure de cyanogène gazeux de Sérullas, pour lequel on admet aussi la formule CyCl, constituerait avec ce corps un curieux exemple d'isomérie. » M. le D'" Hameau adresse une réclamation relative à un passage d'un Rapport récemment présenté par M. Rayer à l'Académie des Sciences sur la maladie nommée pellagre. M. Th. Roussel, d'après ce Rapport, aurait le premier appelé l'attention sur cette maladie. M. Hameau revendique pour son père l'honneur d'avoir précédé M. Roussel, et cite comme une preuve décisive la phrase suivante écrite par M. Roussel lui-même : « Il y avait plus d'un an (en i83o), dit M M. Roussel, que M. Hameau avait jeté le premier cri d'alarme, et c'était » encore avec étonnement, je dirai presque avec dédain, que dans nos » principaux centres scientifiques , on entendait prononcer le nom de » pellagre. » M. Hameau adresse en même temps à l'Académie un ouvrage imprimé (1) Journal de Pharmacie, t. XX, II; l85i. (2) V = ij4 '''^'^'''"'^■''■'-'5 cubes. P=: 134 milligrammes. T = 60 degrés. H„ = ^Sy milli- mètres. /(„= i49""",4- ( 536 ) en 1847 ^* intitulé : « Documents pour servir à l'étude de la pellagre des T.andcs recueillis parles soins du Conseil central de salubrité de la Gironde » . Cet ouvrage est renvoyé avec la Lettre de M. Hameau à l'examen de M. Rayer. PHYSIQUE. — Note sur un rommiUnleur servant à grouper' instantanément tes divers éléments crime pile suivant les expériences à faire et les effets à produire; par M. Leqcesxe. (Renvoyé à l'examen de M. Edm. Becquerel. ) n M. EnM. Bfxquerel présente à l'Académie, de la part de M. Akin, deux opuscules imprimés; le premier, intitulé: On the transmutation of spec- tral rays, contient des idées lliéoriques de l'auteur sur les effets lumineux qui résultent de l'action des rayons calorifiques et lumineux siir les corps, et d'après lesquels ces derniers peuvent donner lieu à une émission de rayons d'une réfrangibilité autre que celle des rayons actifs; le second, intitulé : On the oricjin of électricity, est relatif au dégagement de l'électri- cité, principalement par le frottement, par les actions calorifiques et par les actions chimiques. » M. MouRA-BornouiLLON adresse un exemplaire d'un ouvrage intitulé : « Traité pratique de laryngoscopie et de rhinoscopie ». Cet ouvrage est renvoyé sur sa demande, avec les instruments qui l'accom- pagnent, à la Commission chargée de décerner les prix de Médecine et de Chirurgie. M. Tu. Valcocrt adresse un ouvrage intitulé : « Climatologie des stations hivernales du midi de la France ». Cet ouvrage est renvoyé sur sa demande à la Commission pour les prix de Médecine et de Chirurgie. M. le D' Churchill adresse un ouvrage sur le traitement de la phthisie pulmonaire. Cet ouvrage est également renvoyé, sur la demande de l'auteur, à la Com- mission pour les prix d(î Médecine et de Chirurgie. M. iVuBER adresse un ouvrage intitulé : « Institutions d'Hippocrate ». (Renvoyé à la même Commission.) ( 537 ) M. le D' Steïx adresse un ouvrage écrit en allemand sur les moyens de faire disparaître la fièvre puerpérale. Cet ouvrage est renvoyé à la même Commission. M. Vei.peau présente, de la part des auteurs, la troisième livraison du Dictionnaire encyclopédique des Sciences médicales. M. Cloquet présente, de la part du U"' Caponelti, de Trieste, la relation d'une observation chirurgicale intéressante relative à un cas d anévrisme. M. LE Secrétaire perpétuel déclare qu'il a pris connaissance du paquet cacheté dont M. le D' Corvisart avait demandé l'ouverture dans la denuère séance, et que les résultats qui s'y trouvent énoncés sont d'accord avec ceux des Mémoires lus par le même auteur dans la dernière séance. A 4 heures et demie, l'Académie se forme en comité secret. COMITÉ SECRET. M. Brongxiart présente, au nom de la Section de Botanique, la liste suivante de candidats à la place de Correspondant vacante par le décès de M. Blume : Au premier rang. ... M. Bracn (Alexandre), à Berlin. /M. de Bary, à Fribourg-en-Brisgau. iM. AsA Gray, à Cambridge (Massachusetts). j4u deuxième rang et par JM. Hofmeister, à Heidelberg. par ordre alpfiabétique.\M. Hooker (Joseph Dal ton), à Kew, près Londres. f M. Parlatore, à Florence. \M. Pringsheim, à léna. Les titres de ces candidats sont discutés. L'élection aura lieu dans la prochaine séance. La séance est levée à 5 heures et demie. F. C. K., i865, i" Semestre. (T. LX, N» H.) JO ( 538 ) BULLETIN' BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu dans la séance du i3 mars i865 les ouvrages dont voici les titres : De rtinité de comjmsilion et du débat entre Cuvier et Geoffroy Saint-Hilaire; />.'/>• P. Flourens. Paris, i8G5; vol. iii-12. Direction f/énérale des Douanes et des Contributions indirectes. Tableau géné- ral des mouvements du cabotage pendant l'année i863. Paris, i864; iii-4". Paléontologie française, ou Description des animaux invertébrés fossiles de la France; continuée par ime réunion de paléontologistes sous la direction d'un Comité spécial. Terrain jurassique, 7* livraison; Terrain crétacé, 18'' li- vraison. Paris; in-8". Pierre Bayen, chimiste, étude biographique; par P. -A. Cap. Paris, i865: in-8". Di( lionnaire encyclopédique des Sciences médicales, publié sous la direction de MM. les D" Raige-Delorme et A. Uechamiîre; t. II, i™ partie, ADH- ALB. Paris, i865; in-8". Des murais souterrains, étude d'hygiène publique; par le D'' Armieux. Toulouse, i864;in-8°. De l'héméralopie épidémiquc; par le même. Toulouse, 186/); in-S". (Pré- senté, avec le précédent, dans la séance du 6 mars, par M. J. Cloquet.) La Science populaire, ou Revue du progrès des connaissances et de leurs up- jilicalions aux arts et à l'industrie; par M . J. Rambosson ; 3* année. Paris, 1 865; H1-12. Rapport sur les travaux de la Société de Physique et d Histoire naturelle de Genève, de juillet i863 à juin i864; par M. le D"^ Chossat, président. Ge- nève, 1 864; iii-4°- Répertoire des travaux de la Société de Statistique de Marseille; t. XX^' (V* de la 5' série); t. XXVI (1" de la Cf série). Marseille, 186a et i863; 2 vol. in-S". De la cause immédiate de la phthisie pulmonaire et des maladies tubercu- leuses, et de leur traitement spécifique par les liyqiophosphiles d'après lesprih- cipes de la médecine stœchiologique ; par J. Francis Churchill; 2*" édition. Paris, i864; in-8". Institutions d'Uippocrate, ou Exposé philosophique des principes tradilionne/s ( 539 ) (le ta Médecine, suivi d\in Résumé historique du naturisme, du vitalisme et de l'organicisme, et d'un Essai sur la constitution de ta Médecine; par le D'' T.-C.-E^. Edouard AUBER. Paris, i86/i; in-8°. (Destiné au concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie de i865.) Traité pratique de laryngoscopie et de rinnoscopie, suivi d'observations; par le D"^ MoUKA. Paris, i864; in-H". (Destiné au concours pour les prix de Mé- decine et de Chirurgie de i865.) Quatrième Mémoire sur tes foraminifères du tias, comprenant tes potymor- pltines des départements de la Moselle, de la Càte-d'Or et de i Indre; par M. O. Terquem. Metz, i864; in-8°. Examen de ta physique au point de vue de la biologie ; par le D'' V.-I.-P. Fer- RAN. Paris, i865; in-12. Introduction à la puériculture et l'hygiène de In jjremière enfance: par A. Caron. Paris, i865; br. in-8°. Influence de la science en général et de la science médicale en particulier sur la raison publique et le gouvernement des sociétés; par IVI. le D'' J. FOURNET. Paris, i864; br. in-8°. Coquilles nouvelles; par M. Armand Lajndriîn. Domi-féuille d'impression in-8'' avec une planche. Système de labourage à vapeur à l'aide d'une locomotive s'avnnçant d'abord sur le terrain à cultiver et attirant ensuite à elle l'instrument de culture; par A. -P. Blanchet. Bourges, 1864; Mémoire autographié in-4°. Ecole des races et exposition des principes de généanomie; par i.-E. CORiNAY. Paris, i835. Tableaux pbjsiométriques de l'école des races et exposition des principes de généanomie ; par \e même. Paris, i865; feuilles autographiées in-folio. On ttie transmutation of spectral rnys, x'" partie; par ]e D'' C.-R. AKIN. (Extrait du Report of tlie British Association for the aduancemcnt of science de i863.) Br. in-8°. On the origin of electricity; par le même. (Extrait des Transactions of the Cambridge Pbilosophical Society; t. XI, i''* partie.) Br. ii)-8°. On the elaslic force ofsleam of maximum density; with a neiv formula for the expression of such force in terms of the température ; pnr Thomas ROWE Ed- MONDS. (Extrait du Philosnphical Magazine de mars i865.) Br, in-S''. Abhandiungen... Mémoires de l'Académie royale des Sciences de Berlin; année i863. Berlin, 1864; vol. in-4°. Preisfragen. .. Questions de prix proposées par bi classe des Sciences phy- l 5/io ; ^Itjiies et inatliémaliques de l Académie royale des Sciences de Berlin pcjin- les minées iS66 el 1867. Quart de feuille d'impression iii-8". VerzeicLniss... Calaloque des Mémoires des Sociétés snuuntes el des jour- naux sdentijùjiie), que possède la Bibliothèque de l Académie royale des Sciences de Berlin. Berlin, i864; br. in-8°. Ueher das Ferliûltniss des ahsoluten und specijischen Hirncjewichlex sowie des Hirnvolumen^ zum Scitadelinnenraimi; parTh.-]^.-W . BiSCHOFF. Br. in-8°. Benierkunq ïtber den Ort der Befruchtung der Saiiqethier-Eier; pur le même, (hiart de feuille d'impression in-8". Gneis... Sur un ijneiss avec empreinte r/'Equiselimi; par le professeur Au- gelo SiSMONDA. Turin, i865; br. in-8°. (Présenté par M. Élie de Beaumont dans la séance précédente, 6 mars. ) Un caso di Osteoanetirismn, décrit par le D"^ Giambattisla Cappcli.f.tti. Venise, [865; br. in-8". COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SEANCE DU LUNDI 20 MARS 1865. PRÉSIDENCE DE M. DECAISNE. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. M. LE Ministre de l'L\striî(.tiox publique transmet une amplialion du décret impérial qui confirme la nomination de M. Roulin à la place d'Aca- démicien libre vacante par suite du décès de M. l'Amiral Du Pelil-Thouars. M. LE Seckétaire perpétuel annonce que M. Roulin, à peine convales- cent d'une grave maladie, ne peut assistera la séance. M. Elie de Beaumoxt fait hommage à l'Académie de l'Éloge de Bravais prononcé par lui dans la séance publique du 6 février i865. PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — Nole sur la reproduction de fos et de la membrane médullaire par le périoste; par M. Flourens. « Je crains toujours de fatiguer l'Académie en lui présentant, trop sou- vent peut-être, quelque nouvel exemple de cette reproduction admirable de l'os par le périoste, trouvée par Duhamel il y a cent ans. » Je dis admirable et inépuisable. Le périoste se reproduit sans cesse, et sans cesse il reproduit l'os. Mais le périoste ne reproduit pas seule- ment l'os proprement dit; il reproduit aussi la membrane médullaire, comme on va voir. C. R., i865, i" Scmesde. (T. LX, N" 12.) '] l ( 542 ) » Je présente aujourd'hui à l'Académie deux radius de bouc reproduits fout entiers par le périoste. >' On sait depuis les expériences de Troja que, lorsqu'on détruit la membrane médidiaire d'iui os, l'os tombe aussitôt en nécrose, et que le périoste se détache de l'os nécrosé; tiiais ce que l'on ne sait pas, c'est qu'à mesure que la membrane médidiaire dépérit, le périoste, détaché de l'os nécrosé, s'épaissit, se gonfle, entre on turgescence et produit de l'os nouveau. » Le périoste en état de turgescence est le périoste en voie de pro- duction. » Ce que je viens de dire est l'histoire des deux radius de bouc que je vais montrer. » La membrane médidiaire de ces deux radius a été détruite, le l'adius est tombé en nécrose, le périoste s'en est détaché, et, chose merveilleuse, il a reproduit un radius nouveau. » Ce radius nouveau est absolument semblable à l'ancien ; il est seule- ment plus gros. » On a ouvert longitudinalement les radius nouveaux, et, dans l'intérieur de chacun d'eux, on a trouvé le radius ancien contenu et en partie résorbé par une membrane médullaire nouvelle. » La membrane médullaire se reproduit, en effet, tout comme l'os, et ceci va me donner l'occasion d'examiner sous un nouveau jour une ques- tion d'anatomie 6ne. » Dans ce qu'on nomme la moelle des os, y a-t-il une membrane? Ruysch a nié cette membrane, et tous les anatomistes, à l'exemple de Ruysch, au- jourd'hui la nient. 1) Cependant, on voit ici qu'au moment de sa renaissance la membrane médullaire nous offre une structiu'.e fort apparente, ou du moins une sur- face tour à tour creuse et mamelonnée, à chaque creux de l'os répondant un mamelon de la membrane médullaire. » La membrane médullaire est essentiellement, sous le rapport physio- logique, l'organe de résorption de l'os (i). » Lorsque, il y a aujourd'hui vingt-quatre ans, je présentai à l'Académie quelques fragments de cal produits par le périoste (2), et tels que lui en (1) Ployez mon livre sui' la Formation des os, ]). 35 ot suivantes. (i) Les expériences où j'ai repris la théorie de Dnliaiiiel ont été lues à l'Académie dans la séance du 4 octobre i84i. ( 543 ) avait présenté Duhamel, j'étais loin de prévoir que mon travail ne serait pas fini que je pourrais lui présenter le phénomène complet, c'est-à-dire un os tout e/iti'er produit par le périoste, et non-seulement l'os, mais l'os et sa membrane médullaire. » ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Sur ta lumière spectrale de la nébuleuse d'Orion. Lettre du P. Secchi à M. Élie de Beaumont. « Rome, 4 ni^i's i865. » Peut-être M. Paye aura déjà communiqué à l'Académie ime Lettre dans laquelle je lui annonçais la curieuse découverte de la liunière spec- trale de la nébuleuse d'Orion. Après avoir écrit ma Lettre, j'ai étudié un peu mieux la nature de cette lumière pour en fixer plus complètement les caractères. La Lune qui va venir nous en cachera probablement beaucoup de détaUs, et déjà hier soir j'avais de la difficulté à l'observer. i> La lumière de la nébuleuse, comme je l'ai déjà dit dans ma Lettre à M. Faye, ne donne que trois raies lumineuses disposées comme dans la figure ci-dessous : I >i La raie («) est assez forte et large et se voit partout dans la nébu- leuse, les autres sont plus faibles. La raie [b) est moitié moins forte en intensité, mais encore assez sensible. La troisième (c) est très-faible et tout près de la raie (a). Ce groupe occupe à peu près le milieu entre la r;iie D du sodium et la raie bleue de la strontiane. Pour en déterminer plus exactement la position, j'ai disposé mon appareil de sorte que la petite fente éclairée qui sert de micromètre coïncidât successivement sur les deux raies principales, et le jour après j'ai examiné le spectre solaire (l'instru- ment étant resté parfaitement inmiobile et sans qu'on y touchât dans l'in- tervalle). J'ai constaté que la raie (b) coïncide avec la raie/ du spectre solaire, autant que le petit appareil à ma disposition permet de l'estimer. La raie [a] reste à | de distance de l'intervalle entre/ et 6 (petit b de Fraun- hofer) en comptant de/. Dans la planche de M. Kirchhoff on a là ini groupe de raies parmi lesquelles il y a des raies atmosphériques. M. Higgins, qui a 71.. ( 544 ) examiné des nébuleuses planétaires, a trouvé ces lignes aussi dans ces né- buleuses, et il paraît qu'elles sont à la même place que dans celle d'Orion. Seulement, ici, la plus éloignée (6) serait plus forte, pendant que dans ses nébuleuses c'est la plus faible. » Dans certains moments il m'a paru qu'on voyait quelques autres raies, mais la Lune a commencé à gêner ces observations délicates. Ce qui m'a étonné, c'est de trouver par cette analyse que la lumière principale de la nébuleuse est de couleur verle, et que le bleu est en proportion très-faible; il est même dans la région verdâtre du spectre solaire. » Comme la nébuleuse d'Orion est de forme irrégulière, les réflexions qu'on avait faites sur le mode d'émission de cette lumière, et qui étaient fondées sur la forme régulière des autres, seront un peu à modifier. Avoir trouvé ici la raie / luisante et non obscure comme dans le Soleil et dans la plupart des étoiles, est un fait intéressant. Selon M. Higgins, la raie/ ne se trouve pas dans l'étoile a Orion; il est vrai que j'en trouve une trace dans mes dessins, mais les moyens employés par M. Higgins étant supérieurs aux miens, je ne le révoquerai pas en doute. Mais si cela est vrai, ne pourrait- il pas être que celte raie/^est en a Orion remplacée par une ligne lumi- neuse? Alors cette étoile serait dans un état approchant de la nébuleuse, et nous aurions l'exemple d'un corps moins avancé dans sa formation que les étoiles proprement dites, et plus que les nébuleuses. L'étrange spectre de cette étoile et de quelques autres serait par cela appelé à dévoiler de grands mystères dans la création. » Je crois que ces phénomènes n'auront pas échappé aux autres astro- nomes, qui les auront peut-être étudiés mieux que moi. Je me hâte de les indiquer, car le temps qui reste cette année pour les étudier est très-court, et il faut en profiter. » 31. Eue de Beaumont présente à l'Académie, de la part du P. Secclii, deux opuscules écrits en langue italienne et intitulés : « Sur qiHîlques ouvrages hydrauliques antiques de la cité d'Alatri » ; « Sur la relation entre les phénomènes météorologiques et le magné- tisme terrestre ». ( 545 ) NOMINATIONS. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomirialion d'un Cor- respondant dans la Section de Botanique. Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 5i, M. Braun obtient 44 suffrages. M. Parlatore 6 » M. de Bary i » M. Braun, ayant réuni la majorité des suffrages, est déclaré élu. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'une (Commission chargée de décerner le prix Bordin (sur la théorie des phéno- mènes optiques). MM. Fizeau, Pouillet, Foucault, Edm. Becquerel, Babinet réunissent la majorité des suffrages. L'Académie procède également, par la voie du scrutin, à la nomination d'une Commission chargée de décerner le prix d'Astronomie fondé par M. Damoiseau. MM. Mathieu, Laugier, Paye, Liouville, Delaunay réunissent la majorité des suffrages. MÉMOIRES LUS MÉTÉOROLOGIE. — Pluies réparties par jour, par mois, par année, pendant une période de vingt-cinq ans; hauteurs de la Seine au Pont-Ro/al durant la même période. Note de M. Coulvier-Gravier. (Commissaires précédemment nommés : MM. Babinet, Regnault, Faye, Delaunay.) <( L'Observatoire météorique du Luxembourg possédant aujourd'hui une période de vingt-cinq années, pendant lesquelles on a noté avec beau- coup de soin les jours de pluie et de beau temps, nous avons pensé que ces documents ne manqueraient pas d'un certain intérêt au point de vue scientifique et qu'il serait bon de les faire connaître. Afin qu'on pût saisir plus facilement les résultats déduits de ces relevés, nous avons construit quatre courbes. La première représente les jours de pluie du i*^' janvier au 3i décembre pendant cette période de vingt-cinq années; la deuxième. ( 546 ) la combe du nombre des jours de pluie par mois; la troisième présente le nombre des jours de pluie par année; enfui la quatrième représente le niveau des eaux de la Seine recueilli à l'éclielle métrique du Pont-Roval pour chaque mois de cette longue période. I) En examinant la première courbe, on voit qu'elle présente luie grande oscillation, c'est-à-dire que la hauteur des ordonnées est exlrème- ment variable, ce qui montre clairement coMibien sont variables aussi les [)!oduits météoriques que nous éprouvons, et l'impossibilité dans laquelle on se trouve de pronostiquer le temps longtemps à l'avance. En d'autres termes, de ce que les 2, 3, 9, i 2 janvier, par exemple, dans cette période de vingt-cinq ans, ont été beaux quatorze ou quinze fois, on ne sera pas pour cela en droit de déduire que l'année suivante le beau tenqjs aura lieu à ces mêmes époques. D'ailleurs, des courbes du même genre établies poui" chacune de ces vingt cinq années montreraient dans toute son évidence ce que nous venons d'avancer. n Si nous jetons les yeux sur la courbe des mois, nous la voyons beau- coup plus régulière que la précédente. Ainsi, on voit qu'excepté février, pendant les six premiers mois de l'année foiunis par ces vingt-cinq années, le nombre des jours de pluie l'emporte de beaucoup sur les jours de beau temps, tandis que le contraire a lieu pour les six derniers mois. » Donc, en général, bien entendu, on a plus de jours île pluie du péri- hélie à l'aphélie, que de l'aphélie au périhélie, du moins sons notre lati- tude. D'où il résulte également que le volume des eaux est moins considé- rable de l'aphélie au périhélie que du périhélie à l'aphélie, c'est-à-dire encore que l'on a moins de jours de pluie dans la partie de l'année où le nombre des étoiles filantes est plus considérable. )) La quatrième courbe, représentant le niveau des eaux de la Seine, vérifie complètement les résultats énoncés dans la troisième courbe dont nous venons de parler. » En examinant la courbe des années, trois faits ont surtout attiré notre attention. D'abord, i84i et 1860, à dix-neuf ans de dislance, ont offert le |)lns grand nombre de jours de pluie : iS/ji» 77 jours en faveur de la pluie ; 1860, 68 jours. Puis, toujours à dix-neuf ans de distance, 1842 et i8()! ont offert un chiffre considérable de joiu's de beau temps : 1842, 45 jours en faveur du beau temps; riSGi, 48 jours. Enfin, 1843 et 1862 ontvu les jours de pluieetde beau temps se balancer. D'a|)rès ces résultats, les partisans des retours périodiques des faits météoriques sembleraient complètement " i844 donne une balance de 20 jours en faveur de la pluie, tandis que i863 donne ji jours en faveur du beau temps, 1845 a donné 45 jours en faveur de la pluie, et i 8G4, au contraire, donne 62 jours en faveur du beau temps. Si on dresse une statistique de jours de calme, de grands vents ou tempêtes, de froid ou de chaleur, on arrive à des résultats sem- blables. » De tout ce qui précède on peut conclure que toutes les statistiques, quelque nombreuses que soient les données qui servent à les établir, quand il s'agit des phénomènes atmosphériques, sont tout à fait incapables de nous indiquer le retour des météores à des époques déterminées. Il faut donc de toute nécessité avoir recours à d'autres moyens, non pas pour indi- quer ces retours, mais bien afin de connaître d'une manière certaine ce qui doit nous arriver sous quatre ou cinq jours. C'est ce que, du reste, la marine demande depuis longtemps. » Examinons donc si, par nos persévérantes études, nous n'avons pas été conduits sur la voie tant désirée. Nous avons dit, en effet, qu'aucun produit météorique n'arrive à terre sans avoir été signalé dans les hautes régions de l'atmosphère, et que la résultante des diverses directions affectées par les étoiles filantes, la manière dont ces petits corps se présentent, les perturba- tions qu'ils éprouvent dans le parcours de leurs trajectoires, le calme ou la rapidité de leur course, nous indiquent d'une manière péremptoire la valeur et l'intensité de ces produits. » On peut donc dire que les étoiles filantes sont pour nous de véri- tables girouettes, anémomètres providentiellement placés dans les hautes régions de l'atmosphère pour nous renseigner, bien avant le bai'omètre et les autres instruments météorologiques, sur la venue des produits métL-o- riques à venir. Et sans ces télégraphes lumineux, impossibilité complète de se renseigner sur ce qui se prépare dans les régions élevées, où on ne voit ni nuages ni vapeurs. Les instruments météorologiques ne sont poin- nous, comme nous l'avons toujours dit, que des compléments et des con- trôleurs des observations. » MÉMOIRES PRÉSEiVTÉS. M. PoxcELET demande à être remplacé comme Membre de la Commission du prix de Mécanique et de la Commission chargée d'examiner le Mémoire de M. Tresca sur récoulement des solides, aux travaux desquelles il se trouve dans l'impossibilité de prendre part. ( 548 ) GÉOLOGu:. — Sttr rcnijilion de L Etna dit 3i jdiivicr i865. Leître de M. Fol'qcé à M. Cli. Sniiitr-Cl.iire Devillc. (Commissaires, MM. Élie de Beaumont, Boussingault, Cil. Sainte-Claire Deville, Daiibrée.) Il Giarre, lo mars iSfiS •» Après quinze jours de fatigues et des plus dures privations passés sur les pentes de l'Etna, je suis enfin en mesure de vous donner des détails précis sur l'éruption actuelle. » Elle a commencé à dix heures et demie du soir, dans la nuit du 3o au 3i janvier dernier. » Pendant la journée précédente avaient eu lieu deux secousses de tremblement de terre, l'une à midi, l'autre vers quatre heures et demie (le l'après-midi. » Au moment où l'éruption a débuté, à dix heures et demie du soir, une secousse d'une violence extrême s'est fait sentir. Elle se composait d'oscillations verticales et de mouvements horizontaux, lesquels s'effec- tuaient principalement dans la direction du sud-ouest au nord-est. Cette violente secousse a offert cette particularité, qu'elle s'est fait exclusive- ment sentM- sur le flanc nord-est de la montagne. A Lavina, près Piedi- nionte, elle a été d'une intensité telle, que les habitants effrayés sont sortis de leurs maisons et sont restés dehors toute la nuit, sans oser rentrer sous leur toit. A Catane, au contraire, le tremblement de terre a été si faible, qu'il a passé inaperçu. » Aussitôt après cette secousse, l'éruption a commencé, et l'on a vu des gerbes de feu s'élever sur le côté nord-est de l'Etna, en un point élevé de 1700 mètres environ au-dessus du niveau de la mer, à 5oo mètres du pied du monte Frumento, ancien cône d'éruption, situé lui-même à la base du volcan principal (i). >» Jusqu'à quatre heures du malin, il y a encore eu quelques petites os- cillations du sol, mais peu marquées, et depuis lors on n'a plus constaté aucun mouvement sensible du sol dans le voisinage de l'Etna. » L'éruption actuelle a donc eu peu désignes précurseurs. Cependant, l'intervalle de temps considérable (treize ans) écoulé depuis la dernière (i) On voit que le lieu (le l'cruption n'est pas celui que signalait M. Longobardo dans sa Lettre du i" février, mais les deux points sont situés à peu près dans la même direction par rapport à Catane. (Note de M. Ch. S\inte-Claire Devilt.e.) ( 549) éruption importante, l'apparition de la lave au sommet du cratère central de l'Etna, lors de la petite éruption de i863, et le même fait observé dans le courant de l'été dernier, enfin la position relativement peu élevée des nouveaux cratères, pouvaient faire présumer que cette fois les phénomènes volcaniques allaient présenter une grande intensité. » En effet, aussitôt le sol entr'ouvert, la lave s'est mise à couler rapide- ment; en deux ou trois jours, elle avait parcouru une longueur de 6 kilo- mètres, sur une largeur de 3 à 4» avec ime épaisseur variable, mais attei- gnant souvent de lo à 20 mètres. n » Le terrain sur lequel la lave s'est étendue d'abord offre une pente moyenne d'environ 4 à 5 degrés. Après avoir parcouru cet espace en dé- truisant tout sur sou passage, et laissant seulement quelques rares îlots de végétation entre ses coulées, le courant de lave est venu buter contre un ancien cône d'éruption, nommé le monte Stornello. Là, il s'e.st divisé en deux bras. L'tui, dirigé vers l'ouest du monte Stornello, a continué à mar- cher, mais avec inie extrême lenteur; l'autre, au contraire, passant à l'est du même cône volcanique, s'est précipité dans une vallée étroite et profonde, nommée la valle dolla Colla- Vccchio, encaissée entre le monte Stornello et la chaîne de la Serra de la Boffa. En ce point, la lave se précipitait d'une hauteur de 5o mètres, charriant à sa surface des blocs solidifiés qui tom- baient avec fracas du haut de cette cascade de feu. Enfin, bientôt la vallée tout entière était comblée et le courant continuait encore sa marche sur une longueur d'environ 3 kilomètres, et finissait par s'arrêter sur l'emplace- ment d'une ancienne lave nonunée la Sciarra de la Scorcia Vacca, à une altitude de 800 mètres. » Tel était l'aspect de la lave à la date du 6 février. » Depuis cette époque, la coulée de la Scorcia Vacca s'est entièrement arrêtée et a cessé d'avancer. Le bras occidental au contraire a continué de progresser, se divisant lui-même en deux coulées étroites, situées toutes les deux entre le monte Stornello et le monte Crisimo. " Le point de séparation de ces deux coulées est à une altitude de i32i mètres, au-dessus, par conséquent, de la base du Stornello. )) La plus rapprochée de ce cône, à laquelle je donnerai le nom de coulée Antonio, a marché jusqu'au 21 février et s'est arrêtée à une altitude de io39 mètres. L'autre, la plus rapprochée du Crisimo, et que je nommerai coulée Carmelo, a cheminé jusqu'au 25 février, et s'est arrêtée à une alti- tude de 1 1 86 mètres. Ces deux coulées, bien que devenues fixes à leur extré- C. l\., i865, i" Semestre. (T. LX, N» 12.) 72 ( 55o ) mité, n'ont ce[)enclant pas encore cessé de progresser. Elles fournissent encore cà et là, chaque jour, de petites dérivations latérales. « En outre, le 6 mars, il s'est formé, à l'ouest des cratères, une nouvelle coulée dans laquelle la lave s'avance avec rapidité, et qui peut-être atteindra l'importance des précédentes. « Quant aux cratères, ils sont actuellement au nombre de sept. Cinc] sont compris dans une vaste enceinte de forme elliptique dont le grand diamètre est sensiblement dirigé suivant une ligne E. 3o degrés N. A ces cinq cratères coirespondent cinq cônes plus ou moins échancrés à leur base, et au pied desquels se trouvent les cratères. Les cônes les plus élevés, et en même temps les plus échancrés, sont ceux qui se trouvent aux extrémités du grand axe de l'ellipse. Ils ont environ 5o à 60 mètres de haut. Le plus rapproché de la base du monte Frumento porte sur son re- vers, à mi-hauteur, les deux derniers cratères. )) L'enceinte elliptique formée par les cônes, et comprenant dans son intérieur les cinq premiers cratères, constitue une espèce de grand cratère général. Pai tout, le sol y est ouvert et crevassé. » L'enceinte est fermée de tous côtés, excepté vers l'ouest, où elle pré- sente une large solution de continuité par laquelle s'échappent les torrents de lave. Son plus grand diamètre intérieiu-est d'environ /|00 mètres, lephis petit d'à peu près 100 mètres. Une ligne droite tracée suivant la direction du plus grand diamètre de cette enceinte passe, quand on la prolonge, à l'ouest du monte Frumento, et, à plus forte raison, à l'ouest du cône cen- tral de l'Etna. » Il semble donc, au premier abord, qu'il n'y ait aucune relation simple entre les positions de ces différents points. Mais une observation attentive montre bientôt le contraire. En effet, de la base du Frumento jusqu'au cône le plus rapproché, c'est-à-dire sur une longueur d'environ 5oo mè- tres, existe une profonde fissure produite probablement dès le début de l'éruption. Cette large déchirure du sol n'a pas été remarquée par les per- sonnes qui sont montées sur les lieux de l'éruption, dans les premiers jours de février. Mais cela tient, sans doute, à ce que préoccupées de la vue des cratères, elles auront négligé de monter plus haut, ou encore parce qu'elles en auront été empêchées par la crainte des pierres, qui tombent en abondance de ce côté. » Cette fissure est dirigée suivant la ligne E. 28 degrés N. Elle fait donc un angle d'environ 2 degrés avec la direction de la ligne d'implantation des cratères, et cependant elle en est la continuation évidente. Sa largeur ( 55i ) dépasse généralement lo mètres, sa profoiidetu' est variable, mais souvent considérable. En quelques points, on n'en voit pas le fond. Elle est à demi remplie de blocs de lave solidifiés et refroidis, car la neige y est déjà accu- mulée sur une certaine épaisseur. Cette lave a dû y couler rapideîiient du Frumento vers les cratères, ce qu'indique la forme des blocs, et, de plus, elle devait être en grande masse et à une très-haute température, car de chaque côté, à 20 mètres de distance, des pins gigantesques sont entière- ment carbonisés. De tous ces faits il résulte donc que cette fissure s'est formée probablement au début même de l'éruption, et qu'elle n'est que le commencement de celle sur laquelle les cratères actuels sont implantés, comme de véritables boutonnières. B Enfin, sur son prolongement, du côté supérieur, s'étend tme dépres- sion qui dessine un sillon profond sur le flanc du Frumento, et l'échancre à son sommet. Cette dépression forme aussi un petit angle avec la direction de la fissure, avec laquelle elle se continue cependant d'une façon insen- sible. » Le grand axe de l'enceinte des cratères, la déchirure du sol ci dessus mentionnée, et la dépression du Frumento, forment ainsi une ligne brisée très-voisine de la ligne droite. Maintenant, si l'on imagine cette ligne brisée continuée à son extrémité supérieure, suivant la même loi, son prolonge- ment passe presque exactement par le sommet du cône central de l'Etna. On peut donc considérer les bouches volcaniques actuelles comme situées sur un rayon passant par le sommet de la montagne. » Le même fait a été remarqué plusieurs fois dans d'autres éruptions, et je me rappelle particulièrement que vous l'avez observé au Vésuve, à l'érup- tion de 1861, où j'ai eu l'honneur de vous accompagner et d'être votre col- laborateur. » Après avoir étudié la stratigraphie de l'éruption actuelle, mon atten- tion s'est portée principalement sur l'étude des fumerolles, sujet des plus confus, dans lequel vous avez apporté le premier l'ordre et la lumière. » Pour me faire comprendre^ j'ai besoin de rappeler la classification que vous en avez donnée. » Vous les avez divisées en fumerolles sèches, fumerolles acides, fume- rolles alcalines et fumerolles carboniques. o Les premières sont caractérisées par la présence du chlorure de sodium, et par l'absence de la vapeur d'eau et des vapeurs acides ou alcalines. Elles correspondent au maximum d'intensité volcanique. On les rencontre sur la lave encore incandescente. 72.. ( 552 ) )) La seconde espèce de fumerolles se reconnaît à l'acidité des vapeurs émises, et formées d'acide sulfureux, d'acide chlorhydrique, de chlorures de fer, avec accompagnement d'une grande quantité de vapeur d'eau. » Les fumerolles do la troisième espèce sont alcalines et renferment les chlorhydrate et carbonate d'ammoniaque. » Enfin, les dernières contiennent principalement l'acide sulfhydrique, l'acide carbonique et même le gaz des marais. » Ces dernières correspondent au minimum d'activité volcanique, les deux espèces précédentes aux degrés intermédiaires. ') J'ai constaté à l'Etna la présence de ces quatre variétés de fumerolles, et dans l'ordre indiqué par vous. Les fumerolles sèches dont j'ai condensé les produits se trouvent sur la lave encore incandescente; les fumerolles acides, dans les points où la température est supérieure à 4oo degrés; les fumerolles alcalines, dans des points où la température est inférieure à celle-ci, mais généralement supérieure à loo degrés; enfin, j'ai reconnu la présence de l'acide carbonique dans un ancien cratère très-voisin (le Con- cone), où la température ne dépassait pas la température ordinaire. " J'aurais vraisemblablement encore retrouvé l'acide carbonique au fond de la fissure creusée entre les cônes actuels et le monte Frumento, mais il était trop dangereux de descendre dans cette crevasse profonde à demi recouverte de neige; j'ai dû momentanément y renoncer. » Non-seulement, quand on s'éloigne du centre d'éruption, on rencontre les fumerolles dans l'ordre précédemment indiqué, — ce que j'ai constalépar de nombreuses analyses faites sur place, — mais encore sur une même coulée de lave (coulée d'Antonio), j'ai eu le boidieur de pouvoir montrer à M. Sylvestri, professeur de chimie à l'Université de Catane, qui me faisait l'honneur de m'accompagner, au centre de la coulée, des fumerolles sèches, plus près du bord, des fumerolles acides, et, tout à fait au bord, des fume- rolles alcalines. » Les trois variétés de fumerolles se trouvaient ainsi sur une même section transversale d'une coulée, à moins de 5o mètres de distance l'une de l'autre, avec la température et la composition chimique que leur assignait leur situation. » Dans toutes ces fumerolles, quelles qu'elles soient, l'air atmosphérique qui accompagne les vapeurs est toujours dépouillé d'une partie de son oxygène; il n'en contient plus généralement que i8 à 19 pour 100, et dan.=; certaines finnerolles .ilcalines la proportion d'oxygène peut encore s'abaissei- au-dessous de ce chiffre. Il me reste maintenant à faire deux remar(pies importantes. [ 553 ) 1) D'abord, je dois signaler dans l'éruption actuelle l'absence singulière, mais très-nette, du soufre et de tous ses composés. Nulle part sur la lave je n'ai senti l'odeur si caractéristique de l'acide sulfureux ; nulle part je n'ai vu noircir le papier à l'acétate de plomb; enfin, les matières volatilisées qui recouvrent les blocs de lave, traitées, après dissolution dans l'eau distillée, par le chlorure de baryum, ne m'ont pas donné de précipité sensible. » Cette absence du soufre et de ses composés est d'autant plus surpre- nante, que l'on est habitué à considérer les volcans comme des sources de soufre et de produits sulfurés, et ensuite, ce qui rend cette observation encore plus curieuse, c'est qu'à peu de dislance de là le sol de la Sicile est rempli de soufre au milieu de roches d'origine sédimentaire. » En un mot, l'éruption actuelle, quand on considère les produits de volatilisation qu'elle fournit, est caractérisée, dans tous ses degrés, par les composés du chlore, et, tandis que le soufre et ses composés manquent totalement, on trouve en abondance le chlorure de sodium, le chlorure de cuivre, l'acide chlorhydrique, les chlorures de fer, le chlorhydrate d'am- moniaque. » Le second fait sur lequel j'ai quelques mots à ajouter est relatif à ce dernier sel. » Jusqu'à présent vous l'avez regardé, si je ne me trompe, comme appartenant exclusivement aux fumerolles alcalines. Il est vrai qu'il y do- mine ; mais, dans l'éruption actuelle, on le rencontre encore dans les fume- rolles acides, et même dans les fumerolles sèches, quoique en plus petite quantité. Il m'est arrivé même de le rencontrer seul avec l'acide chlorhy- drique libre, sans aucune trace de chlorure de fer, dans une fumerolle acide, à température élevée. Les fumerolles alcalines sont donc caractérisées beaucoup plutôt parle carbonate que par le chlorhydrate d'ammoniaque, qui peut se trouver partout ailleurs. » J'aurais désiré étudier les produits volatils des cratères, mais l'abon- dance des pierres et des fragments de lave lancés en l'air à chaque instant, dans toutes les directions et à de prodigieuses hauteurs, en rendent encore l'approche impossible. » Cependant, je puis affirmer que le centre d'activité de l'éruption actuelle se trouve aujourd'hui dans la partie la plus basse de la grande enceinte volcanique, et que les trois cratères les plus voisins du Frumento sont moins actifs que les quatre autres. » En effet, tandis que ces derniers projettent dans l'air de la lave liquide, incandescente en plein jour, et émettent une fumée presque incolore, ( 554 ) les trois bouches supérieures ne lancent que de la lave solidifiée, des pierres noires, et donnent une famée épaisse chargée de vapeur d'eau et de cendres d'un brun foncé. Les fumées incolores me paraissent correspondre aux fume- rolles sèches de la lave, les fumées noirâtres aux fumerolles aqueuses des périodes suivantes. » Les quatre cratères inférieurs détonent aussi autrement que les trois autres. » Ceux-ci produisent, environ deux ou trois fois par minute, de très- fortes détonations, ressemblant au roulement du tonnerre. Les cratères inférieurs, au contraire, font entendre sans cesse une série de bruits telle- ment redoublés, qu'il est impossible de les compter. Ces bruits se succèdent ainsi sans trêve ni repos; ils sont éclatants, distincts les uns des autres. Je ne puis mieux les comparer qu'au bruit produit par une série de coups de marteau tombant sur une enclume. Si les anciens ont entendu sem- blable bruit, dans une antique éruption, je conçois fort bien comment l'idée leur est venue d'imaginer une forge au centre de l'Etna, avec des cyclopes pour ouvriers. » Je n'ai rien encore d'important à dire sur la composition de la lave. Elle est noire, riche en pyroxène, fort attirable à l'aimant. Je me réserve de l'étudier plus tard. » Quant au cratère central de lEtna, depuis le commencement de l'éruption, il produit d'épaisses fiaiiées blanches qui couvrent continuel- lement son sommet, et l'abondance de ces fumées paraît augmenter les jours où les cratères présentent aussi le plus d'activité, comme si la poussée intérieure se faisait sentir sinudtanément des deux côtés. » Pour vous aider à suivre les descriptions que je viens de faire, je vous envoie ci-jointe luie carte faite par les ingénieurs siciliens, ou plutôt un fragment de la belle carte de Walthershausen, sur lequel ils ont représenté approximativement l'état de l'éruption à la date du 6 février. J'y joins en outre deux croquis faits par mon excellent ami et compagnon de voyage, M. Berthier. » Malgré le mauvais temps et le ciel presque toujours couvert, M. Ber- thier a déjà pu faire quelques belles photographies, et j'espère qu'à notre retour à Paris vous pourrez, grâce à lui, assister, pour ainsi dire, de vos propres yeux, à l'éruption tout entière. » J'ai trouvé en lui non-seulement un artiste habile, mais encore un com- pagnon de voyage intrépide, et je vous avouerai qu'en certains cas nous avons eu besoin de tout notre courage pour nous soutenir contre les diffi- ( 555 ) cultes des lieux et du climat. Bien souvent, après avoir cheminé toute la journée sur des terrains abruptes, recouverts d'une neige épaisse où l'on enfonçait jusqu'à la ceinture, nous avons eu, la nuit, pour tout abri, une étable abandonnée et en ruines, pendant que la ten)pératine moyenne de l'air était de 2 à 3 degrés inférieure à zéro. » A la suite de cette lecture, M. Ch. Sainte-Claire Deville présente les réflexions suivantes : « Je désire ajouter à l'intéressante communication de M. Fouqué quel- ques remarques qui porteront exclusivement sur les deux points sur les- quels il a particulièrement appelé l'attention de l'Académie. » En premier lieu, l'absence presque absolue du soufre dans les pro- duits de l'éruption s'explique tout naturellement, parce que jusqu'ici le jeune et savant géologue n'a pu étudier que les fumerolles de la lave. Or, celles-là ont à peu près uniquement le chlore pour élément électro-négatif; et cela doit être, puisque l'émission de la lave est, en détinitive, l'acte éruptif par excellence, et correspond au degré d'activité le plus élevé. Les fumerolles sulfurées et carbonées s'y montrent à peine, et postérieurement. M. Fouqué doit se rappeler que ce n'est guère qu'un mois après la sortie delà lave de i8Gj, au Vésuve, que nous y avons constaté ensemble et que nous avons fait constater à M. le professeur Guiscardi de très-légers dépôts de soufre, recouvrant le chlorhydrate d'ammoniaque, qui témoignaient seulement que ce corps n'est pas étranger à la lave. » Quand il aura pu étudier la fissure proprement dite, qui est le véri- table canal de communication entre les profondeurs du sol et la surface, je ne doute pas qu'il n'y découvre non-seulement les fumerolles sulfhydrosul- fureuses que j'ai trouvées sur les fissures de 1 852 et de 1 838, que M. Élie de Beaumont a décrites aussi sur la fissure de i832, mais successivement les fumerolles sulfhydrocarboniques, et enfin les émanations d'acide carbo- nique ou mofettes. » En second lieu, je veux faire observer que l'existence du chlorhydrate d'ammoniaque dans les émanations (que je n'ai point appelées /»mero//es alcalines, parce que ces fumerolles ne présentent que rarement et tiès-faible- ment la réaction alcaline, qu'elles doivent au mélange d'une petite quan- tité de carbonate d'ammoniaque) n'exclut nullement celle des acides chlorhydrique et sulfureux. Tout au contraire, elles témoignent de la for- mation du premier acide, qui peut trouver ou ne pas trouver la saturation. ( 556 ) Elles iiupliqueiit seulement l'interveution de la vapeur d'eau (quand même il n'en resterait pas dans l'émanation); car l'acide chlorhydrique n'est que le résultat de la réaction du chlorure de sodium et de la vapeur d'eau sur les silicates incandescents de la roche. « Les observations de M. Fouqué me paraissent donc, même en ce point, corroborer et confirmer celles que j'ai faites précédemment, soit seul, soit avec sa collaboration, et les conséquences générales que j'en ai déduites. » « M. Éi.iE DE Beadmont fait remarquer que le point où l'éruption a eu lieu est situé plus loin de Catane que ne l'avait supposé M, Longobardo (i), mais dans un endroit qui, vu de Catane, se trouve à peu près dans la même direction que celui auquel on avait cru pouvoir rapporter le phénomène. Il ajoute que le lieu réel de l'éruption est situé lui-même sur le bord exté- rieur de la gibbosité centrale de l'Etna, à peu près à la naissance des talus latéraux qui présentent presque seuls une pente assez douce pour que la lave puisse s'y déployer sur une grande largeur. Ce point est situé à une plus grande élévation que celui dont ou avait parlé d'abord, parce que les talus latéraux embrassent la gibbosité centrale du côté du nord jusqu'à une hau- teur plus considérable que vers l'est et vers le midi. » ALGÈBRE. — Mémoire sur la résolution de i équation du troisième degré; par M. VÉRioT. (Extrait.) (Commissaires, MM. Chasles, Bertrand, Hermite.) « Pour résoudre l'équation (1) JC^ -h pjc^ -\- (jX -h r := o, posons (2) oc — - -h h; elle devient ^ ' ' ^ h' -^. ph' ■+. qh + r ^ h' + ph' + qh + r ' ^ /!'-{- ph' + qh-i- r ' (1) Voyez Comptes rendus, t. LX, p. 354» séance du i3 février i865. ( 557 ) et si l'on pose ■ h' + pk'^ -+- qh + /• ( /i' +/>/('+ 7/i + /•) réquation (3) prendra la forme (z 4- A-)' - A' -+- R = o, el fournira la valeur de s z = -A + s R-A\ L'éqnation (4) qui doit déterminera est, toutes réductions faites, du second degré. » Le Mémoire contient d'autres développements et des considérations susceptibles de s'appliquer aux équations du qiiairiènie degré, d CHIMIE. — Dissolution de quelques oxydes mélalliques dans tes alcalis caustiques enjiision. Note de M. Stax. Meumer, présentée par M. Freniy. (Commissaires, MM. Fremy, H. Sainte-Claire Deville.) « Si, dans la potasse maintenue à l'état de fusion, on projette par petites portions du bioxyde de mercure, celui-ci se dissout avec la plus grande facilité. La dissolution n'est accompagnée d'aucun dégagement gazeux, et elle donne lui liquide incolore si les matières employées sont [larfaitetnent pures, plus ou moins verdâtre dans le cas contraire. La quantité d'oxyde mercuriqiie qui peut se dissoudre dans un poids donné de potasse est très- considérable, mais ne peut être déterminée avec exactitude. A mesure, en effet, que la dissolution d'oxyde se concentre, sa température s'élève et l'oxygène se dégage abondamment ; dès lors le bioxyde que l'on ajoute ne fait que remplacer celui qui se détruit à chaque instant. En même temps que la concentration augmente, la masse acquiert une nuance jaune et prend la consistance d'une huile de moins en moins fluide. » Parle refroiilissement la dissoluiion se colore tout à coup et finit par prendre une teinte qui dépend des conditions dans lesquelles elle s'est pro- duite. Le lavage à l'eau froide donne une poudre dont la couleur répond à celle de la masse d'où cette poudre provient et dont la composition varie en même temps que la couleur. » On peut obtenir un produit toujours le même par le procédé suivant : C. R., i8(j5, i" Semestre. (T. LX, N" 12.) 73 ( 558 ) oi) cliiiiifle iK> la pol.issc (hms une capsule fl'argerit, et, avant (jii'elie soit totalement fondue, on v jette l'oxytlc niercurique en qnantité bean- coup trop faible pour saturer l'alcali. On voit alors l'oxyde se ilissoudre peu à peu à luie température inférieure à 4oo degrés. Bientôt, toute la po- tasse étant fondue, les dernières parcelles d'oxyde disparaissent; il faut alors cesser immédiatement de chauffer et veiller à ce que le refroidisse- ment se fasse très-lentement. Dans ces circonstances la masse se colore en brun violacé. Quand elle est bien refroidie, on la traite par une quantité d'eau juste suffisante pour dissoudre la potasse en excès, et on obtient ainsi une pondre violette mêlée à une poudre d'un gris verdâtre beaucoup plus légère que la précédente et qu'il est par conséquent très-facile d'en séparer par une simple décantation. Les deux poudres sont alors séchées sur de la |)orcelaine dégourdie; elles constituent des combinaisons d'oxyde niercu- rique et de potasse dont je n'ai pas encore déterminé la composition d'une manière exacte. Examiné au raicoscope, le composé violet apparaît comme formé en grande partie par des cristaux transparents d'un rouge fauve. l,a combinaison verdâtre est amorphe. I) Le corps violet est décomposé par des lavages prolongés. Mais cette décomposition n'est jamais complète. Après une ébuilifion de quatre heures en présence de l'eau distillée, ce corps contenait encore nue quantité très- sensible de potasse. » En raison de son instabilité, le composé dont il s'agit ne peut être sé- paré de la potasse qu'au moyen de certaines précautions. Il est bon, par exemple, de faire les lavages, non avec de l'eau, mais avec de l'alcool anhydre. Toutefois il est encore préférable d'abandonner la masse potas- sique à la déliquescence et d'arrêter l'opération le plus tôt possible; le seul inconvénient de ce procédé, c'est qu'il rend assez difficile de séparer com- plètement le composé verdâtre .signalé plus haut. » Si, au lieu de refroidir Irès-lentement la dissolution de bioxyde de mer- cure dans la potasse, on la |irojctte goutte à goutte dans de l'eau froide, ou observe la production d'un précipité jaunâtre qu'on pourrait au premier abord confondre avec l'oxyde jaune de mercure, mais qui, malgré les lavages, contient toujours de la potasse. Il se rapproche beaucoup, par ses propriétés, dti composé verdâtre. Ou le reproduit encore en maintenant longtemps les dissolutions à l'état de fusion. » Toutes les réactions qui viennent d'être énumérées se prodiiisout éga- lement avec l'oxyde jaune et avec l'oxyde ronge. » La soude caustique en fusion jouit, à l'égard du bioxyde de mcrciue, ( 559 ) des mêmes propriétés dissolvantes que la potasse. En opérant avec les pré- cautions indiquées plus haut, on obtient un composé qui se présente sous la forme d'une poudre cristalline d'un bnui orangé. n Le protoxyde de bismuth se dissout très-facilement dans la potasse et dans la soude fondues. 11 donne ainsi deux composés très-riches en alcalis et que j'étudie en ce moment. Ces composés se présentent sous forme de poudres un peu cristallines d'un blanc grisâtre. On doit, pour les prépa- rer, user de grandes précautions, car, à une température élevée, en pré- sence des alcalis fondus, l'oxyde de bismuth se suroxyde avec une extrême facilité. Je pense même que l'on peut préparer ainsi, très-commodément, les bismuthates de potasse et de soude; je me propose de revenir sur ce point. » L'oxyde de cadmium se dissout aussi dans la potasse et dans la soude en fusion et donne des combinaisons grises et amorphes correspondant peut- être aux zincates alcalins. " Les expériences dont je viens d'indiquer les résultats ont été exécutées dans le laboratoire de M. Fremy, à l'Ecole Polytechnique. » CHIMIE liNDUSTHlELLE. — Sur de nouvelles applications des propriétés physicpies de l'ammoniaque; par M. Tellier. M. Tellier fait connaître les cas nombreux, suivant lui, dans lesquels l'ammoniaque peut être avantageusement utilisée comme réfrigérant. (Commissaires précédemment nommés : MM. Payen, Boussingault.) CORRESPONDANCE. M. LE Président de l'Institct rappelle à l'Académie des Sciences que la deuxième séance trimestrielle de i865 aura lieu le 5 avril prochain, et la prie de désigner celui de ses Membres qui devra la représenter à cette séance. Le Président du Geological Scrvey of Lvoia adresse à l'Académie un exemplaire des Comptes rendus des travaux de la Société Géologique de Calcutta pour i86'3-64 Le Secrétaire de la Commission organisatrice du Congrès international 73.. ( 5Go ) DE Botanique et D'IIonTici'i.TrRE, qui s'ouvrira à Amsterdam le •y du mois d'avril procliaiu, deinaude à l'Académie de vouloir bien s'y faire re|irésruler par un de ses Membres. ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les coordonnées ortltogonates. Note de M. G. Darboux, présentée par M. Serret. « 1. Considérons un système de coordonnées orthogonales pour lequel l'expression de ds^ soit de la forme ^ ' L -Hp) ?(pi) "^ z(p') M étant une fonction de p, p,, p^. Si l'on désigne par A(p) le radical \j(p — h)[p — h') [p — II"), les trois systèmes de surfaces dont les équations dinérentielles sont A (pVp A_(p^|rfp, A(p;)n'pi _ lP-/')V^^(p) (p. — /Ov^Tlp.) (p^— ''')vV-(pO , A(p)rfp _^ A(pi)rfpi _^ A(pOrfp^ _ ^ ""^ i(p-/0\W) (p.-/'')v/?Ipô (p=-/'')V^z(pr) A(p)

-/'")v'x(pr) se coupent à angle droit. On obtient ce résultat en suivant la marche qu'a donnée M. William Roberis dans un article inséré au tome LXIT du Journal de Crelle. » Si l'on pose ,3. ^^ r^/pAj_p) ^ /-A[p,wp^^ rA(p,wp,^ c' v/^.p) J v'fl'p.) J v^zlp») ' le système (2) s'écrit plus simplement Ainsi, tout système de coordonnées orthogonales donnant poin- ds- la forme (1) conduira à de nouveaux systèmes de surfaces orthogonales. » 2. Voici une autre propriété se rattachant à celle forme. Soient les ( 5Ci ) deux équations différentielles P^P '?''*?' I P-*"^'' _Q v^lp — /')^(p) v'(pi— /')?(?') v'(p=-/')z(p> do dp, dû. s^(p — /')^(p) v/tp.--^)?!?^) \/(p.— /')z(p.) ^ o ; ces deux équaHous prises simultanément représentent une courbe, elles s'intègrent immédiatement au moyen de quadratures, mais on peut olilenir leur intégrale par une autre voie. B Appelons r/ (7, (^/a,, dc^ les projections de l'élément de courbe r/f sur les normales aux trois surfaces p, p,^ pn- On peut obtenir facilement ces projections, et l'on a entre elles la relation Donc les tangentes de la courbe que nous étudions sont parallèles aux gé- nératrices du cône a:- -h j- -+- z^ ■= o. » En second lieu, formons l'équation ^Y _ V^P — ^' dp _|_ y/p, — // dp, y/(p,— //)rfo fy{p} s/f{p,) s/yXhi o, qui est une conséquence des deux équations (5). Cette équation représente une surface développable, car on a \dpj (p-p,)(p—p,) ou bien, en passant aux coordonnées ordinaires, 'dvy- dvy fdv 71- ) -^[dj- d. ■ =«• » Ainsi on a bien une surface développable dont les arêtes sont parallèles à celles du cône o 9 o a.- + j + 2- = o. D'après les deux résultats qui précèdent, les lignes représentées parles équa- tions (5) doivent se trouver sur des surfaces développables et être tangentes aux génératrices. Ces lignes ne peuvent donc être que les génératrices elles- ( 562 ) mêmes ou l'arêle de rebroussement. La solution générale des équations dif- férentielles donnera les génératrices, les solutions particulières donneront les arêtes de rebroussement qui se trouvent toutes sur la surfacfe p ==. h. » 3. Les considérations précédentes s'appliquent au système de coordon- nées elliptiques qui est compris dans la forme (i). Il aurait été inutile do les donner si elles ne s'appliquaient qu'à ce système. Mais le système de coor- données orthogonales formé avec les surfaces du quatrième degré que j'ai signalées (voir Co/?i/;/es reitdus, i" août 18G4) conduit encore à une expres- sion de ds- comprise dans la forme (i). Alors, comme les fonctions ç(ar), (i;{jc), x(^) so"t un même polynôme du cinquième degré, les équations (5) prennent la forme des équations abélieinies, d'où l'on voit que l'on peut intégrer ces équations au moyen du nouveau système de coordonnées. » Il reste à cliorcher tous les systèmes orthogonaux compris dans la forme (i). » KMBKYOGÉNlE. — Rechetclies sur tes œufs à double germe, et sur les origtties de In duplicité monstrueuse chez les Oiseaux; par M. C. Darf.sie. (Extiait par l'auteur.) « La coexistence de deux embryons sur un vitellus unique, signalée par Wolf au siècle dernier, a été constatée, à plusieurs reprises, par plusieurs physiologistes et par moi-même. Bien que ces faits soient encore très-peu no:iibreux, leur étude attentive et leur comparaison m'ont j)rouvé qu'ils se rattachent à deux phénomènes très-différents quant à leur nature, quant à leur origine, et quant aux phénomènes physiologiques dont ils sont le point de départ. )) Dans le premier cas, on rencontre, aux premiers jours de l'incubation, deux blastodermes distincts complètement séparés l'un de l'autre, et pré- sentant chacun à son centre une aire transparente. Plus tard, si rien ne vient arrêter leur développement, ces blastodermes se soudent par leurs bords et constituent un blastoderme unique, mais résultant de la fusion de deux blastodermes primitivement distincts. Chaque aire transparente peut alors donner naissance à un embryon, et chacun de ces embryons senve- loppe d'un amnios qui lui est propre. Ces deux embryons restent ainsi complètement séparés, n'ayant entre eux d'antre union que l'union médiate primitive qui s'opère par le vitellus, puis une seconde union médiate, qui peut s'opérer consécutivement à leur formation, |)ar la fusion des aires vas- cuiaires, lorsqu'elles arrivent à se rencontrer. ( 563 ) » Dans le second cas, il n'existe qu'un seul blastodenni-, et, dans ce blastoderme, qu'une seule aire transparente, ne présentant pas, il est vrai^ la disposition normale, et remarquable par sa forme irrégulière. Les deux embryons qui se développent dans cette aire transparente unique, mais irrégulière, donnent naissance à une aire vasculaire unique, mais formée, au moins partiellement, des éléments de ileux aires vasculaires normales: et ils s'envelo|)peiit dans un amnios unique. M Les deux embryons ainsi développés sur une aire transparente com- mune restent, dans certains cas, complètement isolés l'un de l'autre, en ce sens du moins qu'ds ne sont nuis que par l'union médiate qui résulte de la communauté du viteliiis. Et alors, tantôt ils sont l'un et l'autre confor- més d'une manière normale; tantôt, comme j'ai eu l'occasion de l'observer, l'un des deux est incomplètement développé et constitue un monstre acé- phale. Dans d'autres cas, les deux embryons s'unissent d'une manière im- médiate et produisent un monstre double. Cette union est alors tantôt pré- coce et tantôt tardive. " T/origine de ces deux sortes de coexistence de deux embryons sur un vitellus unique est bien évidente. Dans le premier cas, l'œuf contient, avant l'incubation, deux cicatricuies distinctes; dans le second, elle n'en contient qu'une seule. » Les conséquences physiologiques de ces deux dispositions sont très- remarquables. » On ne croit plus aujourd'hui que la duplicité monstrueuse résulte de la fusion de deux embryons développés sur des vitellus distincts, et on admet que la coexistence de deux embryons sur un vitellus unique est le point de départ de tous les cas de duplicité monstrueuse. Aies recherches stu' ce sujet me permettent actuellement d'aller plus loin, et d'affiiiner qtie pour qu'il y ait formation d'un monstre double, il ne suffit pas qu'ils nais- sent sur un vitellus unique, il faut encore qu'ils naissent sur une aire trans- parente tuiiqueou, en d'antres termes, siu' un blastoderme provenant d'une cicatricule imique. » On arrive donc ainsi à déterminer une condition très-importante de la formation des monstres doubles; toutefois, il nous reste encore à savoir pourquoi, dans certains cas, les deux eiubryons se développent séparément, tandis que, dans d'autres, ils s'unissent pour former un monstre double. Mes observations ne m'ont encore rien appris à ce sujet. » Cette question se rattache d'ailleurs à une autre question plus générale. Cette cicatricule unique, qui donne ainsi naissance tantôt à deux embryons ( :)6/, ) séparés et laiilùt ;i deux einbiyotis réunis, est-elle simple et complètement semblable aux cicatriciiles ordinaires? ou l)ien résulte-t-elle de la fusion pré- coce de deux cicatricules ou de deux germes primitivement distincts? Depuis que M. Balbiani nous a montré comment le germe se constitue dans l'ovule, nous devons nous demander si certains ovules ne contiendraient pas une cicatricide simple eu apparence, mais formée |)ar la fusion de deux germes primilivemeut distincts. La coexistence de deux germes dans un seul ovule est d'ailleurs complètement prouvée par la coexistence de deux cicatricules séparées sur un vitellus unicpie. » J'ai eu récemment occasion d'observer lui œuf très-singulier f|ui m'a offert une disposition nouvelle, mais qui s'expliquait parfaitement par la combinaison des deux cas que je viens d'indiquer. Ici, sur un blastoderme unique, et dans une aire vasculaire unique, mais de forme très-anormale, il y avait lieux aires transparentes. Une de ces aires était normale et présen- tait un embryon normal; l'autre, de forme irrègulière, présentait deux em- bryons, l'un normal et l'autre anormal. Ce fait, très-com|)!exe eu appa- rence, s'explique de la manière la plus simple, par la coexistence, sur ini même vitellus, de deux cicatricules distinctes, l'une normale, l'autre appar- tenant à cette catégorie de cicatricules que je suppose formées par la fusion de deux germes. Le développement de ces cicatricules sous l'influence de l'incubiition aura donné naissance au blastoderme unicpie. » .MKï.VlJ.Ut\Gib;. — Cémenlalion du fer p'ir la fonte chnujféc nu-dessous de son point de fusion. Note dcM.L. Caili.etet, présentée par AL TL Sainte-Claire Deville. « Les fontes noires et grises qui ont été exposées pendant longtemps aune température inférieure à leur point de fusion deviennent fragiles; leur cassure alors est noire et terreuse et les fait ressembler à certaines variétés de manganèse oxydé. La densité de la fonte ainsi modifiée a diminué sen- siblement, et i^onr plusieurs écliantillons qui étaient restés exposés au rouge soiubre pendant plus de dix-buit mois, elle n'était plus (pie de 6,272. » L'analyse démontre aussi que la plus grande partie du carbone a été éliminée par l'action prolongée de la cbaleiir, et plusieurs écliantillons n'en contenaient plus que Oj'ySs pour 100. » Cette quantité de carbone correspoiul à i)eu près à celle couteuue dans l'acier; je me suis assuré cependant que les écliantillons de foule ainsi mo- dHiés sup[)ortaient difOcllrment le forgeage et que les barres obicnufs i.e ( 565 ) prenaient pas de dureté par la trempe (i). EnHii cette fonte est devenue difficilement fusible; elle reste solide au milieu d'un bain de fonte noire liquéfiée. » Quelles que soient les causes de l'éliaiination du carbone de la fonte à l'état solide, je me suis demandé si cette action se produirait également en présence du fer métallique, et j'ai été conduit à chauffer des lames de fer an contact de fonte grise réduite en grenailles. » L'expérience a été faite dans un vase de fonte fenué par un obtiu-ateur à vis; la fonte était à l'état de tournures gros.sières et débarrassée avec soin de toutes matières grasses et de la poussière graphiteuse qui pouvait s'y trouver mélangée. L'appareil ainsi disposé a été chauffé pendant vingt heures environ à une température inférieure à celle de la fusion de l'or. Les barreaux étaient alors entièrement cémentés, et l'acier ainsi obtenu présen- tait après le forgeage un grain magnifique. » Des lames de fer placées dans l'appareil, hors du contact de la fonte, n'étaient pas cémentées; on ne pouvait donc attribuer l'aciération à l'action des gaz du foyer qui traversent les parois du vase métallique. n Cette expérience a été répétée un grand nombre de fois; le fer augmen- tait en moyenne de 0,480 pour 100. Des lames de fer doux ont été polies et gravées; ou a chauffé alors dans la fonte une moitié de ces lames en con- servant l'autre partie comme terme de comparaison. Après l'opération, le fer cémenté n'avait rien perdu de sa Ibime ni de son éclat, et sa surface ne présentait pas une seule soufflure, ainsi que cela s'observe sur le fer cé- menté par le charbon. « Ces avantages précieux, ainsi que l'emploi d'une matière à bon marché qui n'a rien perdu de sa valeur après l'opération, permettront peut-être à ce procédé si simple d'entrer uji jour dans la pratique de l'industrie. » CHIMIE ORGANIQUE. — Sur un nouvel acide aromnlique. Note de M. A. Naquet, présentée par M. Balard. " Les diverses séries dont l'ensemble constitue la série aromatique ont, comme ou sait, pour pivot la benzine G^H", le toluène CH% le xylène G'H'", le cumène G'H'- et le cymène €'"11'*. C'est là l'extrême limite; on <\) Pendant le forgeage on remarque un bouillonnement prononcé, dû probablement à la réaction de l'oxyde de fer sur le silicium et sur le reste du carbone combinés au métal. C. R., i865, 1" Semestre. ( T. LX, N" 12.J 74 ( 566 ) ne connaît jusqu'ici aucun composé renfermant G" et répondant à l'hy- drocarbure inconnu G"H'^ » J'ai pensé qu'on |3ourrait obtenir un acide appartenant à celte série en appli(|uant au thymol le procédé à l'aide duquel M. Kolbe a fixé de l'acide carbonique sur le phénol et réalisé la synthèse de l'acide salicylique. En effet, on a G'<'H'»0 4-€Ô'=G"H'*0^ Thymol. Nouvel acide. » Cette recherche avait pour moi nu double intérêt: elle me permettait d'ajouter une série de plus à la grande série aromatique; de plus, elle me permettait de fixer d'une manière définitive la fonction chimique de la partie oxygénée de l'essence de thym. On sait, en effet, que rassimilation par Gerhardt de l'hydrate de thymyle au phénol est restée jusqu'ici un peu hy- pothétique. » J'ai préparé du thymol en agitant de l'essence de thym avec une so- lution concentrée de potasse, ajoutant ensuite de l'eau au mélange et dé- couqjosant la couche aqueuse par un acide. Le thymol vient former à la surface une couche huileuse que l'on sépare, et qui, soumise à la distillation, passe entre 23o et 235 degrés. » Si l'on place le thymol ainsi obtenu dans un matras, que l'on y pro- jette des fragments de sodium et qu'on chaulïe la masse à i5o degrés envi- ron en même temps qu'on y dirige un courant d'acide carbonique sec, il se produit la réaction indiquée par l'équation suivante : 2GÔ'-+-2G'<'H"0-f-^''*| = "|+2G"H"NaÔ». Na ) H ) » Pour isoler le nouvel acide, on arrête l'opération dès que la masse est devenue solide. On traite celle-ci par l'eau et on la sursatme par l'acide acétique. On ajoute ensuite au liquide assez de carbonate d'ammoniaque pour lui donner une réaction alcaline, on agite et l'on sépare la partie aqueuse d'une couche huileuse formée de thymol inattaqué. » La couche aqueuse, après avoir été concentrée par l'évaporation, est traitée par un excès d'acide acétique. Dans ce cas, et sans que j'aie pu encore en déterminer les causes, tantôt le nouvel acide se précipite, tantôt il reste en dissolution; dans tous les cas, on l'obtient facilement en agitant la liqueur avec de l'éther, et soumettant la solution éthérée à l'évaporation. 1- On peut, au lieu d'opérer avec le thymol pur, opérer avec l'essence de ( 567 ) thym simplement distillée. Ce procédé est même préférable, parce que la présence de l'hydrocarbure de celte essence, en rendant la masse plus fluide, permet de faire durer plus longtemps l'opération, et par suite aug- mente le rendement. » Le notivel acide préparé comme je viens de le dire, et pour lequel je propose le nom d'acide ihymicyliqiie, est loin d'être pnr. )) Pour le purifier, on le dissout dans l'eau bouillante et on le fait cristal- liser par le refroidissement. 11 faut avoir soin, pour ne rien perdre, de faire les solutions dans lui appareil distillatoire. Les vapeurs d'eau cntrauienten effet des quantités notables d'acide thymicylique. » L'acide thymicylique se dépose de sa solution dans l'eau sous forme de jolies petites aiguilles cristallines. On achève de le purifier par deux ou trois cristallisations dans l'alcool. » Soumis à l'analyse, cet acide a donné les nombres suivants qui con- cordent avec ceux qu'exige la formule C'H"0' : Analyse. Théorie. G 68,55 68, o4 H 7,63 7,21 » L'acide thymicylique cristallise de sa solution alcoolique en cristaux volumineux et transparents. Il est peu soluble dans l'eau froide, plussoluble dans l'eau bouillante et extrêmement soluble dans l'alcool et l'éther. 11 fond à 1 17 degrés et ne présente point le phénomène de la surfusion lorsqu'il est pur. Mais il suffît de quelques impuretés pour en retarder considérablement la solidification. Il ne paraît pas pouvoir être distillé sans se décomposer. » Lorsqu'on le dissout dans l'ammoniaque et qu'on évapore pour chas- ser l'excès de cette base, le sel obtenu, qui est extrêmement soluble, pré- cipite en noir lespersels de fer. Si l'on ajoute de l'ammoniaque à la liqueur, l'oxyde de fer se précipite, mais n'entraîne pas avec lui l'acide thymicyhque. )i La solution du ihymicylate d'ammoniaque fait naître des précipites blancs dans les solutions des sels d'argent, de zinc et de plomb. »> Thymicjlale cVarcjcnt. — Il constitue une poudre blanche qui se dissout dans 5i parties d'eau à ^5 degrés et dans une quantité moins considérable d'eau bouillante. Pour le purifier, lorsqu'il a été préparé avec l'acide impur, il suffit d'en faire des solutions saturées à l'ébullition et de laisser déposer le sel par le refroidissement des liqueurs. Toutefois la faible solubilité du thymicylale d'argent rend ce procédé de purification un peu lent, 74.. ( 568 ) « Soumis à l'analyse, le thymicylate d'argent a donné des nombres qui ci)rres|)oiulent avec ceux qu'exige la formule €"H"AgG\ Analyse. I. II. Théorie. G 44,19 » 43,82 H 4,83 » 4,3i Ag 35,57 35,74 35,88 » Ce sel ne renferme pas d'eau de cristallisation. )) Jhymicjlate de zinc. — On le purifie par le même jirocédé que le tby- niicylale d'argent. Il constitue une poudre d'un blanc grisâtre qui ne ren- ferme pas d'eau de cristallisation. Il est plus soluble dans l'eau cbaude que dans l'eau froide, mais, dans les deux cas, sa solubilité est faible. L'ana- lyse de ce sel a donné les nombres suivants qui correspondent à la formule Analyse. Théorie. G 58,92 58,53 H 6,14 5,76 » lltymicylate de jjloinh. — Sa faible solubilité dans l'eau rend presque impossible sa purification par les moyens précédents; on doit, pour l'ob- tenir pur, précipiter un sel de plomb par du tbymicylate d'ammoniaque pur et bien laver le précipité. Le thymicylate de plomb est d'un beau blanc, il se dissout dans 7 123 parties d'eau à 16 degrés et dans 837 parties d'eau à 70 degrés; il est extrêmement soluble dans l'alcool. Je n'ai pas fait l'analyse complète de ce sel. Le dosage de plomb m'a donné 34,ù"7' La théorie exige 34,90. » J'avais également |)réparé les sels de chaux et de baryte, mais je m'étais servi pour cela de résidus d'acide thymicylique impur, et il m'a été ensuite impossible de purifier ces sels. J'ai pu constater toutefois qu'ils sont l'un et l'autre fort solubles dans l'eau et l'alcool, et que le thymicylate de baryte cristallise en longues aiguilles soyeuses. De plus, et autant que j'ai |Hf eu juger avec des produits impurs, il m'a semblé que les sels de chaux et de baryte exposés à l'action de la chaleur perdent une molécule d'eau de cris- tallisation. On atu'ait donc pour les formules de ces sels : (G"H"0')=Ba",-t-Aq et (C"H"0')'Ga"+ Aq. « Comme on le voit par l'élude des sels qui précèdent, dans l'acide tlij- ( 569 j micylique un seul atome d'hydrogène est reniplaçable par les métaux. Con- tient-il un second atome d'hydrogène typique et appartient-il à la classe des acides dont l'acide lactique est le type, ou bien est-ce de l'acide thymd- carbonique, en ini un mot iloit-on l'écrire " ô= ou e'»H"} O^? ^ ' H Telle est la question qui reste à résoudre. Je m'efforce en ce moment de décider cette question par de nouvelles recherches. « CHIMIE ORGANIQUE. — Sur les combinaisons de la glycérine avec les aldéhydes. Note de MM. Harxitz-Harnitzky el N. Mensciiutkin. <( On peut ranger sous le nom (ïacélals toutes les combinaisons des aldéhydes avec les alcools monoatomiques. Ces produits prennent naissance par la combinaison, avec élimination d'eau, de 2 équivalents d'alcool et de I équivalent d'aldéhyde. Les glycols ont de même la faculté de donner des combinaisons avec les aldéhydes, qui se produisent aussi avec séparation d'eau. On ne connaît encore qu'un composé de cette série, c'est celui décrit par M. Wurtz sous le nom (['oxyde d'élliylène-élliylidène. Nous venons com- pléter ce groupe en décrivant les combinaisons de l'alcool triatomique, la glycérine, avec les aldéhydes, et auxquelles nous proposons le nom géné- rique i\e cjlycéral. Elles se forment d'après l'équation suivante : G'H*0^+ aldéhyde— H- 0=:glycéral. » Acétoglycéral H O'. — On chauffe la glycérine avec l'aldéhyde dans des tubes fermés à la lampe, pendant trente heures, entre l'yo-iSo de- grés. La réaction terminée, on distille le contenu des tubes, et on sépare un corps bouillant d'une manière constante entre 184-188 degrés: c'est l'acéto- glycéral. L'analyse a donné des chiffres condidsant à la formule G^H'^O' : G= H'» O' Théorie. Eïpérience, 5o,84 5o,4o 8,47 8,72 40,69 100,00 ( 570 ) » La densité de vapeur prise à 246 degrés confirme cette formule; voici le chiffre théorique et celui de l'expérience : Thôorifl. Kxpérience. 4,088 4,162 » L'acétoglycéral est un liquide très-dense, houillant à 184-188 degrés, plus lourd que l'eau. Sa densité à o degré égale 1,081. Il est légèrement soluble dans l'eau. Fraîchement distillé, il n'a presque pas d'odeur, mais l'humidité de l'air en le décomposant fait apparaître l'odeur de l'aldéhyde acétique. G' H' 1 » Valéroglycéral H |o^ — Lorsqu'on chauffe la glycérine avec l'al- déhyde valérique dans un tube fermé, à lyo-rSo degrés, on voit la couche de glycérine diminuer. Après vingt-quatre heures la diminution s'arrête, on ouvre le lidje, et on distille le contenu. La distillation fractionnée permet de séparer du valéroglycéral qui bouta 224-228 degrés. L'analyse a donné des chiffres concordant avec la formule €'H"0' : Théorie. Expérience. €' 60,00 59,73 H'" 10,00 10,37 0' 30,90 100,00 )i La densité de vapeur a été prise à 290 degrés; elle s'accorde avec la théorie : Tliéorie. Expérience. 5,544 5,526 » Le valéroglycéral est un liquide bouillant à 224-228 degrés, insoluble daiis l'eau et ])his lourd que celle-ci. Sa densité à o degré est égale à 1,027. Son odeur est très-faible, mais au contact de l'humidité il développe l'odeur de l'aldéhyde valérique. M Benzo(jlycéial H|ô», — On chauffe le tube avec la glycérine et CHM l'aldéhyde benzoïque au-dessus de 200 degrés, jusqu'à ce que la couche su- périeure cesse d'augmenter. Le contenu du tube n'est qu'en partie distil- lable à la pression ordinaire; il passe l'excès d'aldéhyde et l'eau. I.a dis- tillation sous 20 millimètres de pression nous a fourni, à 190-200 degrés, ( 571 ) un produit dont la composition se rapproche de la formule du benzogly- céral, mais qui était souillé par un peu de glycérine. Voici les résultats de l'analyse : Théorie. Expérience. G'" 66,66 65,28 H" 6,66 6,70 ô' 26,68 100,00 )) Le benzoglycéral est plus lourd que l'eau, très-épais; il bout à iqo- 200 degrés sous 20 millimètres de pression; à l'air il prend très-vite l'odeiu' de l'essence d'amandes amères. » Quand on mélange des quantités équivalentes de glycérine et d al- déhyde, n'importe lesquelles, on ne parvient pas à les combiner complète- ment. Comme dans l'éthérification des alcools, il se produit simultanément deux réactions inverses; dans l'une, la glycérine et l'aldéhyde forment le gly- céral, avec élimination d'eau; dans l'antre^ l'eau éliminée décompose le produit formé. M Ces recherches montrent que les aldéhydes, qui, d'un côté, se com- binent aux acides, peuvent former de l'autre des combinaisons avec les al- cools mono et polyatomiques. » Nous nous proposons d'étudier les composés nouvellement obtenus, ainsi que les acétals. » Ce travail a été exécuté au laboratoire de M. Wurtz. » MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Machine pneumal'ujue construite sur un nouveau principe. Note de M. Deleuil, présentée par M. Regnault. « Ma machine est surtout industrielle, puisqu'elle n'a pour but que d'at- teindre un vide qui puisse arriver, dais tous les cas, à 18 millimètres de mercure, dans un temps relativement court, par rapport aux capacités sur lesquelles on opère, et à 8 millimètres de vide dans les capacités ordinaires de laboi'atoire. Le principe qui m'a guidé a beaucoup de rapport avec celui qui a guidé M. Isoar, il y a dix ou douze ans, dans sa machine à vapeur sur- chauffée, qui consistait à employer de la vapeur à d a fortes pressions, agis- sant sur des pistons à petite section allant à grande vitesse et ne frottant pas sur les parois du cylindre. J'ai donc pensé que si, pour faire le vide, je fai- sais mouvoir un piston métallique dans un cylindre, parfaitement rodé, ne laissant entre lui et le piston qu'ime épaisseur d'une feuille de papier à lettre, ( 572 ) le fluide ne pourrait passer d'un côté à l'autre du cylindre à la condition que le piston ait une longueur égale au moins à deux fois son diamètre et qu'il soit garni de rainures distancées de 8 à lo millimètres. L'expérience prouve en effet qu'un piston tel permet d'arriver, sans même lui donner de vitesse, à un vide variant de 8 à i8 millimètres selon les capacités. Le fluide sert donc lui-même de garniture au piston. Je détruis du même coup la ré- sistance due au frottement des pistons dans les corps de pompe, l'engorge- ment des soupajjes par la suppression des huiles que l'on emploie pour lu- brifier les corps de pompes, ainsi que l'usure du cylindre. » Cette machine est à double effet, et peut facilement servir de pompe de compression jusque dans la limite de i atmosphères, comme elle peut puiser un gaz dans un réservoir pour le comprimer dans un autre, sans qu'il y ait perte sensible de ce gaz. C'est donc, je crois, un appareil essentiellement pratique. » AGRICULTURE. — Sur la culture du Mahonia ilicifolia; par M. Berxardix. M. Bernardin appelle l'attention sur une nouvelle application de cette plante à la teinture. ASTRONOMIE. — Sur les principes d'un instrument pour observer le passmje de la Lune dans le vertical d'une étoile; par M.. 'Kéricuff. (Seconde Note. ) PHYSIQUE. — Sur In détermination des points fixes du thermomètre à nienure; par M. Bergsmaxn. Ce travail, écrit en allemand, est renvoyé à M. Regnaull. M. le D"^ Bourgogne père adresse ini ouvrage destiné au concours pour le piix Bréant. (Renvoyé à la Commission chargée de décerner le prix.) M. Brasseur adresse une Note sur la Mécanique astrale. Cette Note est renvoyée à M. Delaunay. M. TiiÉVENOT, désirant concourir pour le prix de Statistique, demande quelles sont les conditions du concours. Ces conditions ont été insérées au Compte rendu de la séance publique du 6 février i865. A 4 heures trois quarts l'Académie se forme en comité secret. r.a séance est levée à 5 heures un quart. É. D. B. ( 5:3) BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu dans la séance du 20 mars i 865 les ouvrages dont voici les titres : Le Jardin fruilier du Muséum; par3. Decaisne; 78'' livriison; 10-4° avec planches. Jllas céleste conlenant plus de 100 000 étoiles et nébuleuses dont la position est réduite au i" janvier 1860, d'après les catalogues les plus exacts des astro- nomes français et étrangers; par C\ï. DiEN, avec une Introduction par M. Ba- binet. Paris, i865. Le brome de Schrader; par M. A. LavallÉE. Paris, i865; br. in-8°. Annuaire de l' Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux- Arls de Belgique; i865, 3i* année. Bruxelles, i865;in-[2. Académie des Sciences et Lettres de Montpellier. Mémoires de la Set tion des Sciences, t. VI, i" fascicule, année 1864. Montpellier, i864; in-4''. Animaux fossiles et Géologie de l'Altique; par M. A. Gaudry ; i i* livraison. Paris; in-4" fi^'^c planches. Des Jermentations et des ferments dans leurs rapports avec la physiologie et la pathologie. Lettre à M. le D'' Giiinier, professeur-agrégé à la Faculté de Médecine de Montpellier; /jarL. -H. de Martin. Montpellier et Paris, i865; in-8°. Eléments de Géométrie; par M. F. Frmche. Paris, i865; in-12. Examen critique du Mémoire de M. le D' Libermann touchant la non-iden- tité du cltoléra asiatique avec les fièvres cholériformes qui régnent dans cette contrée de l'Lnde; par le D'^ BOURGOGNE. Bruxelles, i865 ; m-S°. (Destiné au concours pour le prix du legs Bréant.) Journal cf. .. Journal de la Société Géologique de Dublin; vol. X, 2* partie. Didilin, i864;in-8°. Aiuiual report... Bapport annuel sur le relevé géologique de l'Inde et sur le Muséum de Géologie de Calcutta. Huitième année., 1 863- 1 864. Calcutta, 1 864 ; in-8''. Publié sous la direction de M. T. Oldham, surintendant du relevé géologique et directeur du Muséum. Memoirs... Mémoires concernant le relevé géologique de l'Inde; vol. 111, a^ partie, et vol. IV, 2^ partie. Calcutta, i864; 2 livraisons in-8°. Publiés sous la direction de M. T. Oluham. Notes adressées par le professeur A. Kromg. Ueber die Concentration der Luftarlen. — Ueber die voriheilhafteste C. R., i865, 1" Semeslre. (T. LX, N» 12.) "5 ( 574) Reihe von Gewichtsstûcken iiiid deren Anwendung. — Ueber Mohr's Ha- geltheorie. — Eiiifaches Mitlel, iim den Ort eiiies optischen Bildes zu be- stitnmen. — Ueber ein Rautschuckventil zum Ersatz der Sicherheitsrohrp und ûber eineii Apparat zur interniittirenden Eiitvvickeluiig von Schwefel- wasserstoffgas. — Notiz ûber die Théorie der Davy'schen Sicherheitslampe. 5 opuscules iii-8°. Programme dit Congres international de Botanique et d' Horticulture convo- qué à Amsterdam le 7 du mois d'avril i865. i feuille d'impression in-S". Plusieurs exemplaires. Ueber die... Sur le moyens de faire disparaître la fièvre puerpérale; par M. le D' Aug.-Th. Stamm. Vienne, i865; in-S". (Présenté dans la séance précédente, i3 mars, et destiné au concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie de i865.) Académie royale des Sciences de Turin ( classe des Sciences physiques et ma- thématiques)^ Programme des concours. Demi-feuille in-4''. Plusieurs exem- plaires. Studi di anntomia comparala sul laberinto dellc fibre cerebrali; par le D' Maschi Luigi. Tinin, i864; br. in-8°. Intorno alla Jormazione ed integrazione d'alcune equazioni differenziali nella teorica délie funzioni ellittiche; par Angc\o Genogchi. Turin, i8G5; in-Zt". PCBLICATIONS PÉltlODlQUES REÇUES PAR l'aCADÉMIE PENDANT LE MOIS DE FÉVRIER 18Câ. Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences; i" semestre i865, n°' 6 à 9 ; in-4°. Annales lie Chimie et de Physique; par MM. CiiEVREUL, DtTMAS, Pelouze, BOUSSINGAULT, Regnault ; avec la collaboration de MM. WURTZ et Verdet; 4^ série, janvier £865; iu-8°. Annales de l' Agriculture française ; t. XXV, n"' 2 et 3; in-8°. Annales de la Société d'hydrologie médicale de Paris; comptes rendus des séances; t. XI, 4* livraison; in-8". Aimales forestières et métallurgiques; t. III, janvier i865; in-8°. Annales médi( o-])sycholo(/iques ; ']iin\ier i865; in-8°. Bibliothèque universelle et Revue suisse ; n° 85. Genève; in-8''. Bulletin de l'Académie impériale de Médecine; t. XXX, n^'S et 9; in-8". Bulletin de l' Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Bel^ifiue; 2* série, t. XVIII, n" 12; in-S". ( 575 ) Bulletin de la Société de Géocjrajiliie ; 5* série, t. "VI, décembre i86/|; in-8°. Bulletin de la Société française de Photographie; ']M\\iqv i8G5; in-S**. Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse. ; novembre 1 8G4 ; in-8°. Bulletin des séances de laSociété impériale et centrale d" agriculture de Fiance; 2' série, t. XX, n° i; in-8"'. Bulletin international de l'Observatoire impérial de Paris; n°' du 22 jan- vier au 2n février i8G5; feuilles autographiées; in-folio. Bullettino meteorologico deW Osservatorio del Collegio Romano; vol. Ill, n° i3, et vol. IV, n° i. Rome; in-4''. Catalogue des Brevets d'invention, i864; n" 10; in-8°. Cosmos. Revue encj'clopédique hebdomadaire des progrès des Sciences et de tews applications aux Arts et à l'Industrie; a^ série, t. I, u°' 5 à 8; in-8°. Gazette des Hôpitaux; 38* année, u°' i3 à 2^; in-8°. Gazette médicale de Paris; 36" année, n°' 5 à 7 ; in-4°. Journal d' Agriculture i>ratique ; 29' année, i865, n°' 3 et /j; in-8". Journal de Chimie médicale, de Pharmacie et de Toxicologie; t. I, 5* série, février i865, in-8°. Journal de la Société impériale et centrale d'Horticulture; t. XI, janvier i865;in-8°. Journal de Mathématiques pures et appliquées ; 2.^ série, novembre et dé- cembre i864; in-4°. Journal de Médecine vétérinaire militaire; février i865; in-8°. Journal de Pharmacie et de Chimie; 5i* année, février i865; in-8°. Journaide la Section de Médecine de la Société académique du département de la Loire-Inférieure; vol. XL, 21 5" et 216* livraisons; in-8''. Journal des Connaissances médicales et pharmaceutiques; 32^ année, i8t)5, n^'S, 4 et 5; in-8°. Journal des fabricants de sucre; 5* année, n°' 4-^ à 46; in-4°. Journal of the Franklin Institule; 3" série, t. XLIX, janvier i8G5. Plii- ladelphie; in-8°. Raiserliche... Académie impériale des Sciences de Vienne; année i8G5, n°4! avec la table des matières pour les numéros de l'année i864; i fouille d'impression in-8°. L'Abeille médicale; 22" année, n°* G à 9; in-4°. L'Agriculteur praticien ; 12* année, t. VI, n'^ 3 et 4; in-8". La Médeiine contcmponnne; 7" année, n°' 3 et 4 ; in-4". L'Art dentaire; 8" année, janvier i865; in-12. L'Art médical; février i865; in-8°. ( 576 ) La Science /jiftoresque ; 9* année; n"' 4° à 43j in-4". La Science pour tous; 10* année; n°' 10, 11 et 12; in-4°. Le Courrier des Sciences et de rindmtrie ; t. TV, n°' 6, 7 et 8; in 8°. Le Gnz; 8* année, n° lu; in-4°. Le Moniteur de la Pliotographie ; 4*^ année, n"' 22 et i'5; in-4°. Leopoldinn. . Organe oflîciel de l'Académie des Curieux de la Nature, pnblié par son Président le D' C.-Gust. Gains; février i865; in-4°. Le Teclmologiste; a6* année; février i865; in-8°. Les Mondes. . . Revue hebdomadaire des Sciences et de leurs applications aux Arts et à r Industrie ; 3* année, t. VII, livr. 5, 6 et 7; iii-8°. Magasin pittoresque; 33^ année; février i865; in-4°. Matériaux pour riiistoire positive et pliilosopluque de l'homme, par G. DE MoRTiLLET; janvier i865; in-8°. Monatsbericht... Compte rendu mensuel des séances de [ Jcadémie rojale des Sciences de Prusse; septembre, octobre, novembre et décembre 1864 Berlin; in-8°. Monthly . . . Notices mensuelles de la Société royale d'Astronomie de Londres; vol. XXV, n° 3; in- 12. Montpellier médical : Journal mensuel de Médecine, 8' année; février i865; in-8°. Nachrichten. . . Nouvelles de l'Université de Gœltingue; table des ma- tières pour les numéros de l'année i864; in- 12. Nouvelles Annales de Mathénjatupies; février i865; in-8''. Pharmaceulical Journal and Transactions ; vol. VI, n" 8; in-8°. Presse scientifique des Deux Mondes; année 1 865, n°» 3 et 4 ; in-8°. Répertoire de Pharmacie; t. XXI, janvier i865 ; in-S". Revue de Thérapeutique médico-chimrgicalc; 32* année, i865; n°' 3 et 4; in-8". Revue Maritime et Coloniale; janvier i865; in-8°. Società reale di Napoli. Rendiconto deW Accademia délie Scieitze fisiche e mntematiche; !i^ amwe; janvier i865. Naples; in-4°. The Anthiopological Review and Journal of the Jnthropological Society of London; n° 8, février i8G5; in 8°. The Reader; vol. V, n"' 11 i , wi et 1 13; in-4°. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES SÉANCE DU LUNDI 27 MARS 1865. PRÉSIDENCE DE M. DECAISNE. MEMOIRES ET COMMUNICATIOIVS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. « M. Bertrand présente à l'Académie un ouvrage qu'il vient de publier, intitulé : les Fondateurs de l' Astronomie moderne, et qui contient les biogra- phies lie Copernic, de Tycho-Brahé, Kepler, Galilée et Newton. » La théorie des mouvements célestes avait compté, dit-il, avant Coper- nic, plus d'un représentant de premier ordre, et Newton, en en révélant le principe, n'en a pas dit le dernier mot. Quelque illustres que soient les noms des grands hommes à l'histoire desquels est consacré ce volume, d'autres pourraient donc, sans injustice, être placés auprès d'eux, et si cette pre- mière esquisse paraissait utile, il serait aisé d'en élargir beaucoup le cadre. » MÉTÉOROLOGIE. — De V influence probable des apparitions d'astéroïdes sur les variations de la température de l'air; par M.. Ch. Saixte-Claire Deville. (Première Note.) » M. le Professeur Erman, de Berlin, a adressé à M. Arago, en i84o, une Lettre qui a été publiée dans les Annales de Chimie et de Physique (i), et qui traite d'un sujet des plus intéressants. La principale conclusion du Mémoire, du moins au point de vue où je me place dans cette Note, est la suivante : (i) T. LXXIII, p. 3i5. C. R., i8G5, I" SemeiUe. (T. LX, N" 15.) 7^ ( 578) « Les deux essaims ou courants d'astéroïdes que nous rencontrons sur » lecliptique, respectivement vers le lo août et vers le i3 novembre, ou, ■> en d'autres termes, par 3i6°, 5 à 3i8", 5, et par 5o à 5i degrés de longi- » tude liéliocentrique, s'interposent annuellement entie la Terre et le Soleil : » le premier en des jours compris entre le 5 et le ii février, le second du » lo au i3 mai. » Cliacune de ces conjonctions opère arniuellemcnt, danslesdites époques, » ime extinction très-notable des rayons calorifiques du Soleil, et par là tait « baisser la température dans tous les points île la surf-ce du globe. » » Déjà, dans les premières années de ce siècle, Brandes (i), sans recher- cher la cause du phénomène, avait remarqué que l'accroissement de cha- ietu- qui suif le minimum annuel du milieu de janvier dure peu au delà de la fin de janvier : « car, dit il, passé ce terme, la température décroît » dercclief jusque vers le 12 février. Ce décroissemeut singulier et inattendu » est très-prononcé dans les observations de Stockholm, et ou le retrouve o de même dans celles que j'ai consultées pour la Rochelle, pour Mannheim » et pour le SaintGothard, bien qu'elles aient été faites à des époques « essentiellement dilféreules, et ne puissent, par conséquent, être affectées » des accidents individuels do quelques années. » » En 1834, M. Mœdler avait annoncé qu'un refroidissement momentané survient, sous la latitude de Saint-Pétersbourg, vers les 9 et 10 mai, et que, pour les stations plus méridionales, telles que Prague, Dresde, Berlin, ce mini- mum est retardé jusqu'au 11 et 12 : ce qui était une confirmation scientifique de l'antique proverbe des Trois Saints de cjlace (11, 12 et i3mai) (•2). Mais M. M.rdler ne rapprochait point ce maximum de celui qui avait été signalé par Brandes, en février, et lui assignait, d'ailleurs, une cause physique, le passage à l'état latent d'une certaine quantité de chaleur, par suite de la fonte des neiges et des glaces du cercle polaire, vers ce moment de l'année. » Dans la Lettre précitée de M. Erman, non-seulement on trouve la re- marque de Brandes, sur l'abaissement anormal de la température entre le 7 et le 17 février, confirmée par la discussion des observations faites à Stockholm, à Rarlsridie, à Kœnigsberg, à Paris, à Londres et à Frauenburg, mais l'idée théorique de l'auteur sur la cause du phénomène l'a naturelle- (1) Melcorologisclie Beitrag., p. 1 i. (2) En 1847, RI. Foiirnet a repris avec plus d'étendue celle question du déplacement du minimum de mai avec la latitude [f'oir Becquekel, Des Climats, p. .\6). Je reviendrai sur ce sujet dans une Noie subséquente. ( ^79 ) ment conduit à recherclier si pareil fait ne se présenîrrnit pas pour le i i mai, époque de la conjonction du Soleil avec les astéroïdes du i3 novendjre. Or, cette nouvelle coïncidence, il l'a très-bien fait ressortir en discutant les observations de température failes aux six mêmes stalions, pendant d'assez longues périodes, et, en outre, celles qui avaient été recueillies à Francfort, à Pétersbonrg, à Vienne et à Berlin, et les corroborant par les moyennes diurnes observées, du 8 au i5 mai, au delà du cercle polaire, durant l'expédition du capitaine Parry; en établissant, enfin, que certains phénomènes optiques pouvaient être attribués à l'extinction très-notable des rayons calorifiques du Soleil sous l'influence de ces conjonctions. » Néanmoins, dans le travail remarquable de M. Erman, on ne voit encore citées que les deux époques de février et de mai : l'auteur n'y con- state, d'ailleurs, qu'un simple abaissement de la température qu'il attribue à l'affaiblissement des rayons solaires, et cet abaissement, qu'il limite nette- ment, pour le mois de mai, entre le lo et le i3, ne lui paraît encore pouvoir être défini, pour février, que comme compris entre le 5* et le 17* jour de ce mois. » Notre savant Correspondant, M. Petit, après avoir calculé les tem- pératures moyennes de 5 en 5 jours pour 5 années (1839-1844) d'obser- vations faites par lui à Toulouse, remarque (1) que la courbe de ces tem- pératures, comparée à la courbe correspondante de Paris pour la même période, présente les mêmes inflexions, et il ajoute : « Les ondulations parallèles M de ces courbes me paraissent devoir être attribuées à une cause générale, » dominant les causesaccidentelles qui peuvent modifier la marche des lem- » pératures dans deux points aussi éloignés entre eux que le sont Toulouse » et Paris. Il est remarquable que l'influence des astéroïdes du 10 août et )i du 1 1 novembre se manifeste dans une série de si peu d'années, non-seii- )) lement, comme l'a reconnu le premier M. Erman, par un abaissement » très-sensible de température vers le commencement de février et vers le M commencement de mai, mais aussi par deux maximn bien marqués dans » les premiers jours d'août et de novembre. » Aux deux affaissements de la température, signalés en février et en mai par M. Erman, M. Petit ajoute donc l'observation de deux relèvements de la température dans les premiers jours d'août et de novembre, et il cherche à expliquer cette opposition d'effets, parce que les astéroïdes de février et de mai, étant peu nombreux. (i) Annales de VObservaloire de Toulouse, t. I, p. 1Z1. Celte remarque est confirnice (p. 495) par la discussion comparative de 34anpées(i839-i862J pour Paris et Toulouse. 7(5.. ( 58o ) lie feraient qu'intercepter une partie de la chaleur envoyée vers nous par le Soleil, tandis qu'au contraire, quand, en août et en novembre, ils envelop- peraient notre globe, ils diminueraient son rayonnement vers les espaces célestes et lui renverraient une partie de la chaleur qu'ils reçoivent eux- mêmes du Soleil » Le savant directeur de l'Observatoire de Toulouse dit, d'ailleurs, que ((uelqne chose d'analogue peut se reconnaître vers le milieu d'avril et le milieu d'octobre, du 5 au i5 juin, du 5 au i5 décembre, le 2 janvier, etc., époques qui ont été signalées aussi comme correspondant à des apparitions périodiques d'étoiles fdantes. M. Petit remarque, enfin, que les courbes pré- sentent, en qnelques-uns de leurs points, certaines fluctuations alternative- ment concordantes ou divergentes qui sembleraient indiquer, ici, des pé- riodes de 10 ans, là des péiiodes de i5 ans, ailleurs, et conformément a l'opinion proposée par notre savant confrère, M. Chasles, des mouvements de précession dans les nœuds des anneaux d'astéroïdes. » A la suite des opinions de MM. Erman et Petit, je dois mentionner celle du savant directeur de l'Observatoire de Genève. M. Plantamour (i) croit, au contraire, pouvoir nier l'influence des passages d'astéroïdes sur la température de la Terre; et, quant à l'explication qui a été proposée de l'effet inverse qui en résulterait pour les mois de mai et de novembre, il fait observer que cet effet devrait être le même, rélévalion de la température provenant de la chaleur propre de ces petits corps compensant et au delà le refroidissement qui résulte de leur interposition entre le Soleil et nous. » Il faut sans doute ranger aussi M. Quetelet parmi les météorologistes qui ne reconnaissent pas d'influence sensible aux astéroïdes sur la tempé- rature de l'air. En effet, dans l'intéressant Mémoire que le savant directeiu- de l'Observatoire de Bruxelles a consacré à la discussion des Catalogues d'étoiles filantes, et dans lequel il cherche les rapports de ces apparitions avec divers phénomènes physiques ou géologiques, en particulier avec les aurores boréales, il n'est point fait allusion à la température de l'air, ni aux travaux de MM. Erman et Petit sur ce sujet (2). » Tri est, si je ne me trompe, l'état de la question intéressante que je désire aborder. Déjà, en i858, j'avais entretenu la Société Météorologique { 1) De la temprrature h Gcncvc d'aprcs vingt années d'observations (i836 à l856), p. 22. ( ■?.) M. de Humboklt partageait aussi celte manière de voir, car on lit dans le Cosmos (t. I, p. iSg de la traduction française de RI. Faye) : « Ces phcnoinènes (les apparitions » d'étoiles fdantes) ont paru jusqu'ici se produire dans une indépendance complète de ( 58. ) des résultats que je vais exposer, et M. Renou l'a très-obligeammeiit rappelé à l'Académie (i). » Parmi le graud nombre de questions que soulève ce sujet, même en le limitant comme je viens de le faire, je n'en traiterai que trois dans la Note que je soumets aujourd'hui à l'Académie. Première question. — Les mois de février, mai, août et novembre présentent-ils des perturbations dans leur température ? » [^'existence d'anomalies dans la température des quatre mois que je viens de nommer ne peut être douteuse, et, sans entrer, pour les démontrer, dans des détails qui allongeraient démesurément la présente Note, il me suffira de mettre sous les yeux de l'Académie les courbes qui représentent le mouvement moyen de la température à Paris pour chaque jour de ces mois, pendant les deux périodes de l\o ans (i8i6-i85G) et de 57 ans (i8o6-i863) (2). Le parallélisme sensible de ces deux séries de courbes montre clairement que les inflexions singulières qu'elles présentent ne sont pas accidentelles et dues à l'insuffisance des documents discutés, mais qu'il faut les attribuer à des causes générales. En d'autres termes, la température que chacun des jours de ces quatre mois devrait présenter d'après la po- • toutes les circonstances locales, telles que la hauteur du pôle, la température de l'atmo- • sphère, etc. » Je dois citer aussi le persévérant observateur des apparitions d'étoiles filantes, à qui l'on doit d'avoir démontré l'exislence de maxima et de mininia pour les astéroïdes d'août et de novembre. M. Coulvier-Gravier a depuis longtemps annoncé qu'il avait saisi un rapport entre la direction variable que suivent les étoiles filanles et la direction des vents à la surface de la Terre; p;ir suite, avec les quantités de pluie qui tombent à cette surface. Bien que ce point de vue soit très-différent de celui où je me p'ace ici, après MM. Erman et Petit, il est clair que si l'on établit l'influence des apparitions de bolides sur les variations brusques de la température, on lie nécessairement à ce phénomène cosmique la direction des vents, les chutes de pluie, et, en général, tous les accidents météorologiques qui sont en relation évidente avec les variations de la température. (i) Comptes rendus, t. LU, p. 53. (•2) J'ai calculé moi-même directement les moyennes des maxima et des miuinia decha(]uc jour pour les années 1816 à i8(m dont les observations sont publiées jour par jour; les années 1806 à 1816 sont conclues du travail de Bouvard [Mémoires de l'Académie, t. VII, p. 326]. Pour les deux dernières années (1861 et 1862), j'ai pris les moyennes diurnes publiées dans les Annales de l' Observatoire de Paris, t. XVII et XVIII, bien que ces moyennes, étant calculées d'après g heures du matin, midi, 9 heures du soir, minuit, diflèient un peu de celles qui résulteraient de la demi-somme des maxima et des minima. ( 582 ) sition coiTes])ondanle de la Terre sur l'écliplique est affectée d'un certain coefficient, qui dépend sans doute de causes cosmiques. Deuxième question. — Qurllc est la nature de ces perturbations? » L'influence dont il s'agit, non-seulement n'est pas aussi simple que le pensait Erman, mais elle est même plus complexe que ne l'a faite M. Petit en la réduisant à un abaissement de la température au commencement de février et de mai, et à un réchauffement clans les premiers jours d'août et de novembre. Le seul aspect des courbes de 4o ans ou de 57 ans montre cpie, pour chaque mois, il y a plusieurs fois successivement tendance à ce que la tem]H'rature s'élève ou s'abaisse de chaque côté de la ligne qui re- présenterait le mouvement normal et moyen de celte températiu-e entre le premier et le dernier jour du mois. Mais la détermination précise de celte influence se trouvant liée, comme on va voir, avec la cause probable de ces perturbations, je vais l'aborder en traitant de la troisième question. Troisième question. — Ces anomalies sont-elles liées avec les retours périodiques d'astéroïdes ? » Il y a un premier moyeu de s'en assurer : c'est de rechercher si ces per- tinbations anomales de la température, dans les quatre mois dont il s'agit, se montrent principalement vers les jours pour lesquels on a signalé les apjjaritions maxima d'astéroïdes, c'est-à-dire du 10 au i5 de chaque mois Voici les nombres correspondant aux !\o années (1816 à i85G) ou aux 57 années (i8oG-i863) d'observations : Février (S7 nns). Mai ;/|0 ans) (i). Tcmpcraliire Température moyenne. moyenne. o o Du 7 au 1 1 (4 jours) 4i58 Du 6 au 10 ((> jours). . .. i3,64 Du 1 1 au i5 (4 jours) . . . . 3,56 Du lo au i6 (6 jours) . . . . 12,90 Du i5 au ig (5 jours). . . . 4>o6 Du 16 au 21 (5 jours). .. . i4io5 (i) Je cite ici de iircférence les4o anuées et non les 57 années, parce «juc, dans ces der- nières, dix (1806-1816) ne me sont connues que comme entrant pour leur part dans la moyenne des 21 années données par JI. Bouvard. Or, un des nombres du mois de mai (celui du 12) présenterait pour ces dix ans un excès tel, sur ceux des deux jours qui le précèdent et le suivent, que j'ai cru devoir m'abstenir de le citer avant vérification. Si le nombre est exact, on a pour les 57 ans un maximum fort élevé le 12, un minimum très-accentué le \!\, et la moyenne du 10 an iG est sensiblement la même que celles des jours qui précèdent et qui suivent. ( 583 ) Novembre (/|0 ans) . Température moyenne. Du i'"' au 1 3 (i 2 jours) .... 8,82 Du i3 au 16 (3 jours) 6,20 Du 16 au 24 (8 jours) 6,37 » Pour les mois de février et de mai l'influence génénile d'un refroidis- sement, dans la période du 10 au i5, est manifeste, puisque la tendance normaledes jours de ces deux mois à devenir de plus en plus chauds est com- plètement intervertie. Pour novembre, la chose est moins claire ; la tendance normale étant au décroissement, l'influence se réduit presque à une accé- lération dans ce refroidissement pour les premiers jours, suivie d'un ralen- tissement pour les derniers jours. » Pour le mois d'août, il semble, au contraire, y avoir une tendance à un léger réchauffement pour les jours de maximum d'astéroïdes, si l'on en juge par les résultats suivants : Août ('4o îins). Août (57 ans). Température moyenne. Du 8 au II (3 jours) 18,74 18, 56 Du 1 1 au i5 (4 jours). . . . 18,91 >8,94 Du i5 au 17 (3 jours). . . . 18,53 18,45 » Mais suffit-il de rester dans celte généralité pour analyser et connaître le phénomène ? Évidemment non. » Il y a un autre moyen de rechercher si cette influence remarquable est en rapport avec l'apparition des astéroïdes. Ce moyen, je l'emprimte au.v résultats obtenus par jM. Coulvier-Gravier. Cet observateur a montré, en effet, que les trente ^dernières années avaient fourni, poiir les astéroïdes de novembre, un maximum qu'on peut fixer vers i832 ou i833, et pour les astéroïdes d'août un autre maximum qui est tombé vers 18/17 °" '848. Il était donc naturel de se demander si les années placées de chaque côté de ce double maximum ne présenteraient pas quelque chose de particulier au point de vue de la distribution de la température entre les jours des quatre mois que nous examinons. C'est ce que j'ai fait, en calculant à part la tem- pérature moyenne de chaque jour, pour deux périodes de 10 ans, l'une.de 1829 à 1839, l'autre de i843 à i853. » On peut utiliser de deux manières ces nouvelles données. On peut d'abord comparer, pour chacune de ces deux périodes, la température moyenne de chaque jour avec celle du jour correspondant des Sj années. ( 584 ) )> Voici un exlrait de ces comparaisons pour quelques jours des mois de février et de mai : FÉVRIEK. MAI. 30LRS d.i mois. DIFFÉRENCE entre la période de 1829-1839 et les 57 ans. DIFFÉRENCE entre la période de 1843-18Ô3 elles 07 ans. i 0 -H 1,07 DIFFÉRENCE entre la période de 1829-1S39 et les 57 ans. DIFFÉRENCE entre la période de 1843-1S53 et les 57 ans. 4 0 -1-1,09 n 6 -M, 39 -f-2,ai -1-0,87 -1-0,84 / -0,04 \ -t-o,6i -1-0,08 !^ -1-0,71 i -1-0,35 9 lO 1 1 12 -+-0,36 —0,70 H-o,53 -1-0,20 —0,70 — o,i3 — 1,!5 -.,77 -2,68 I -1,48 -1-0,90 —0,93 — 1,36 -1,65 -1-0,20 -1-0,09 -0,32 -1-0, i5 — 0,32 i3 >4 i5 [(i -l-o,/i7 +0.77 -1-0,18 -2,34 \ -0,75 -i-o,5o -1-0,33 , -o,/' '■ -1-0,24 -0,90 —0,53 —0,33 -t-0,73 -1-0,66 -t-0,70 '7 .8 -1-0,52 j -1-0,09 1 -t-0,37 ( —0,41 —0,49 '9 -<-o,4' ) ( -1-0,93 20 ' -h. ,43 21 -1-1 , 12 ( -1-1,17 22 j -t-i,3o 93 1 -1-0,78 )) On voit que, dans les deux pt-riodes, le 12 du mois offre un niiiiinium qui est toujours le centre d'une oscillation : seulement, en février, Toscil- lation de la période i843-i853, ou du maximum des astéroïdes d'août, est longue et considérable, tandis que l'oscillation de la période 1 829-1839, ou du maximum des astéroïdes de novembre, est très-courte et très-faible, et inversement pour le mois de mai. 11 est donc permis de conclure de cette double circonstance que c'est bien au passage de la Terie dans le voisinage des groupes d'astéroïdes que se rattacbent ces remarquables oscillations de la lempéralure en février et en mai. » Mais, au lieu de comparer successivement les deux périodes de 10 ans aux 57 années, on peut les comparer entre elles, soit en construisant simul- tanément les courbes de température diurne, soit en rapprochant les nom- bres, comme le fait le tableau suivant : ( 585 ) FÉVniEK. MAI. AOUT. riOVEMDnc JOURS du .^ . --.^^ — . , — — MOIS. 1829 18i3 Dilïe- 1829 1 8. 13 Dilïe- 1829 18i3 Dim- 1829 1843 niiiu- a 1839. à 1853. rences. ;i 1839. I,",82 à 1853 .2,23 reiices. a 1839. à 1853. rences. a 1839. à 1853. rences. ' 0 1,43 0 5,3o 0 -3,93 0 — ù,.'|i .9i43 •9,'.^^ 0 -1-0,45 0 8,83 0 10, '|i 0 -1,58 I,,V2 5,33 -3,8, 1 3 , 5 1 11,85 -1-1, 6fi 20,04 .9, 41 4-0, Go 8,89 1 0 , 89 — 2,00 3 .,.',G 5, 10 -3,6.1 ■ 3,86 11,57 +2,29 19,51 '9,2. -1-0,3, 8,70 .0,06 — .,,36 4 5 i,5C 2,Sl 4,3. 5,09 -2,75 — 2,28 13,98 ■ 4,22 12,04 + 1 ,01 -4-2, 18 '9,75 "9>4(> .8,88 '9,-5 +0,97 —0,29 8,17 8, .3 8,47 8,25 -o,3o — 0, 12 G 7 8 ',9^ 4.70 5, '10 5,67 4,86 4,90 -3,72 — 0,06 4-o,5o ,4,2s i3,83 .4.95 i3,.6 .3,09 12,52 -h. ,12 -1-0,74 -t-2,43 19,10 18,92 18,68 .8,63 17,21 •8,9- +o,l7 -1-1,71 —0 , 29 8, G. 8,73 G, 85 8,96 9, •''9 9 85 -0,45 -0,86 —3,00 9 10 11 5,78 4,72 4,, 2 4.4' 2,94 2,l5 -Hi,3i + ',7S + 1,97 14,28 12, o5 12,29 12,85 i3,i8 ■3,74 ^.,43 — 1 , i3 -,,',5 '8,94 .9,63 20,40 .8,60 .7,89 .S,3o -+-0,94 -1-1,74 4-2,10 6,74 5,93 7,74 8,38 7,o3 6,24 -.,64 -1,13 4-1 ,5o 12 2,74 0,76 -1-1,98 12,52 i3,85 -1,33 20,60 .8,5. 4-2,09 5,17 5 , 56 4- 1 , G 1 i3 4,23 1,12 -1-3,11 i3,75 .4,24 —0,49 21,09 .8,70 +2,3,, 5,21 7,00 — ',79 i4 3,Gi 2,68 -HO, 93 12,11 ,3,67 — 1 , 5G 1 9 , 5o >7.9o 4-1,60 4,65 6,87 -1,22 i5 3,C4 4,47 —0,83 12,84 13,09 -0,25 20,0'| .8,32 4-1,72 4,99 5,75 -0,76 i6 3,66 4,5. -0,85 i3,5S 13,67 — 0,0g 18,17 .8,42 — 0,25 5,09 6,22 -i,.3 '7 3,81 4,Gi -0,77 14,11 13, 61 -l-o,5o .8,56 '9. '7 — o,Gi 5,23 6,32 -.,09 i8 '9 4,18 4,5o 4,oG 4,63 -1-0,12 -o,i3 ■4,07 i3,So .2,84 .3,26 + 1,23 -1-0,54 18,80 '9,29 .9,13 .8,42 -0,33 4-0,87 5,63 5,56 7,37 7,73 -.,74 -2,27 20 4,82 3,98 -1-0,84 '"',79 12,96 -1-2,83 19,20 16,52 4-2,68 4,84 7; 00 —2, .6 21 4,86 4,14 -1-0,72 ! 6 , 20 i3,o5 -+-3,i5 18,48 '7,76 4-0,7;-; 5,56 6,92 — 1,36 22 5,oC 6,53 -1,47 i5,79 14, 38 -1-1,4. 18,28 17,72 4-0, 56 7,58 7,i5 4-0,43 23 4,83 6,61 -1,78 16,53 15,75 -1-0,78 ■7,87 .7,26 4-0,61 7,4s 7,42 -1-0, 06 24 25 5,25 5,85 6,45 6,5o — 1,20 -0,65 16,04 i4,38- 15,82 i5,7G -1-0,21 -,;.3s 17,45 .6,53 16,73 17,12 +0,72 —0,59 6,07 4,52 6,36 6,40 — 0,29 -1,88 26 27 28 6,62 6,7-3 6,09 5,83 4,C7 5,35 -+■0,79 4-2, 06 -+-0,74 14,55 i.'l.i'io i'i,S7 15,34 15,92 .6,06 -0,78 — I ,52 — ■,"9 .«,49 16, 3o 16,01 ■7,78 18,34 .7.93 -1,29 — 2,04 -1,92 5,01 5, 10 6,fio 7,25 6,52 5,54 —2,24 — ,42 4-1 ,06 29 3o 1 5 , 2 2 ] 5 , 1 8 15,98 ,4,96 -0,76 -1-0,22 16,95 1 G , .0 .7,57 ,7,63 — 0,62 - 1 , 53 7,40 G, Go 5,oS 3,58 4-2,32 4-3,02 3i ! '1.7S ■G, 29 — 1 ,5. 15,75 .7,60 -,,85 iWBBlMM! ^EKimUIM B^BB^H ^iHEOBB ^g^O^^ » On ost saisi du contraste que présente l'allure des températures d'ini même mois, suivant qu'on le considère dans l'une ou dans l'autie des deux périodes. » Pour s'en faire lute idée, il suffit de remarquer que, de deux personnes qui auraient désiré connaître approximativement la tempéi-ature moyenne du i'"'' février à Paris, et dont l'une aurait calculé celte température d'après les dix années écoulées de 1829 a 1 83c) et l'autre d'après les tlix années écoulées de i 843 à i853, la première aurait trouvé i°,/i'i et la seconde 5°,'3o. ), On s'aperçoit aussi, en jetant les yeux sur le tableau précédent, qu'il ne s'agit pas, pour ces divers mois, d'un simple abaissement ou d'une simple C. R., iS65, 1" Srmci/re. (T. LX, N" 13.) 77 ( 586 ) élévation de la température à certains jours, mais qu'il existe de véritables oscillations, dont le sens est souvent inverse, sui\ant qu'on examine l'iuie ou l'autre des deux périodes d'années. » Mais ce sujet, et d'autres qui s'y rattachent, mériteraient plus de déve- loppement que n'en comporte cette première Note. Je me propose donc d'y revenir dans une prochaine séance, et je ferai connaître en même temps les rapprochements que j'ai pu faire entre les résultats de Paris et ceux d'autres Observatoires de l'Europe (Saint-Pétersbourg, Bruxelles, Genève, Toulouse, Versailles, etc.), poin- lesquels on a publié au moins 20 aimées d'observations, et souvent les moyennes de chaque jour de l'année pour une assez longue période. >> ZOOLOGIE. — Aimelés. — Note sur la classification des Ànnélides; par M. A. DE QlIATREF.4GES. « Tous les naturalistes savent ce que Linné et ses successeurs immédiats entendaient par le mot de A'^ers ( Fermes) ; ils savent également que Cuvier a le premier débrouillé le chaos où le défaut de connaissances précises avait longtemps laissé cet ensemble d'Invertébrés. Sans énumérer ici les nom- breuses tentatives faites pour perfectionner les premières conceptions du grand réformateur de la Zoologie, je rappellerai seulement que M. Edwards a proposé de partager les Articulés en deux sous-embranchements, et que l'une de ces divisions a repris le nom de Fers, qui depuis les travaux de Cuvier avait disparu de nos catalogues scientifiques. i> Le sous-embrancliemenl des Fers ime fois constitué, reste à le partager en groupes subordonnés. Bien des tentatives ont été faites dans ce but; j'ai moi-même proposé, dès 1849, une distribution cpii^ |)artageaut les Fers en deux séries composées de termes correspondants, permet d'apprécier et de distinguer \ei rapports d'analor/ic et les rapports cCaJfinité (1). Cette manière (le voir, que tout me semble justifier de plus en plus, me conduisit dès cette (1) Je reproduis ici le tableau que j'ai publié dans l'Instttut, n" 816 : Vers dioïques. Vers monoïques. Annélides Erythrcmes, Rotateurs Gcphyricns , Malacnbdellcs Bilelles. Miocœlcs Tinbellorics. Nématoïilcs Cestoïdes. ( 587 ) époque à séparer de la classe des Annélides deux grands groupes que Cuvier, Lamarck, Savignv et leurs successeurs lui ont tous réunis, savoir : lesLombri- cieiis et les Hirudinées, qui constituent pour moi autant de classes distinctes. o Ainsi réduite, la classe des Annélides, telle que je la comprends, ne contient plus ni les Géphyriens armés, que plusieurs naturalistes ont placés jiarnii les Annélides chétopodes, ni les Bdeiles, ni les Erythrèmes. Elle se compose luiiquement àei Annélides dorsibranches et des Annélides liibicoles de Cuvier {A. néréidéeset A. serj)ulées de Savigny ; A. errantes et A. tubicoles de MM. Audouin et Edwards, et de la plupart des auteurs). C'est elle qui fait le sujet de l'ouvrage dont j'ai déjà entretenu l'Académie, et dont la classi- fication va nous occuper. » Comme pour la plupart de mes prédécesseurs, l'ensemble d'espèces qu'il s'agit ici de distribuer méthodiquement se partage pour moi en deux ordres. Mais les considérations qui m'ont conduit à ce résultat diffèrent de celles qui ont été généralement suivies. Il résulte de là d'assez grandes divergences dans la formation de ces ordres eux-mêmes, Aes sous-ordres^ dans le nombre et la distribution des familles. )) Ce sont ces dernières qui m'ont préoccupé d'abord. A mes yeux elles constituent l'élément fondamental de toute classification méthodique. Au fond, elles ne sont que le genre Linnéen mieux compris et mieux précisé. Les espèces une fois réparties en familles bien naturelles, leur groupement en divisions d'un ordre supérieur devient à la fois plus facile et plus sûr; et en tout cas on est bien près d'avoir sur l'ensemble de la classe des no- tions justes et nettes. " C'est parce que je suis profondément convaincu de la vérité de ce qui précède, que je me suis attaché surtout et d'abord à délimiter rigoureusement mes familles, à n'y placer que des genres dont la parenté était irrécusable, et les rapports faciles à embrasser. Or, la classe des Annélides, à raison de la très-grande variabilité du type, présente un grand nombre de genres, qui, quoique composés d'espèces très-bien connues, ne présentent pas ce double caractère. En pareil cas, je n'ai pas hésité à les isoler, à les mettre pour ainsi dire hors cadre, comptant sur les travaux de mes successeurs pour leur assigner tôt ou tard une place définitive. Les esprits systématiques, ceux qui demandent toujours des conclusions absolues, niebLàiueront probablement d'avoir agi ainsi. Les naturalistes qui [)réfèrpnt la sûreté à la rapidité dans Je progrès m'approuveront, j'espère. n Une autre conséquence de la rigueur que je me suis efforcé d'apporter dans l'établissement des familles a été de m'en faire augmenter le nombre 77-- ( 588 ) plus que ne l'avait fait aucun de mes prédécesseurs. Savigny n'en comptait que 7, ce qui tient au petit nombre d'espèces connues de son temps. Johnston avait déjà porté ce chiffre à 1 7 ; Grube à 19. Tout en mettant la famille (les Amitidiens tout entière aux Incertœ sedis, j'ai cru devoir par- tager la classe en ^(i familles. » Cette multiplication des groupes fondamentatix n'a du reste rien de surprenant pour qui tient com|)te des progrès accomplis depuis la publica- tion du Système des Jnnélides (1820). Savigny ne comptait que 26 genres. M. Edwards, dans la seconde édition de l'ouvrage de Lamarck (i838), en admettait 49- Lors de la publication de ses Familles des Annélides (i85i), Grube en a classé 86. Oi-, en ajoutant aux travaux de mes devanciers les résultais de mes propres éludes, soit au bord de la mer, soit dans la magni- fique collection du Muséum, je suis arrivé au chiffre de a/jS genres, dont 181 ont pu être placés dans un cadre méthodique, et 64 restent encore aux Imertœ sedis^ soit parles raisons que j'indiquais tout à l'heure, soit faute de connaître suffisamment leurs caractères. » Les familles une fois arrêtées, il restait à les grouper en ordres et en sous-ordres. Cette répartition, essayée à diverses reprises, avait conduit mes devanciers à des résultats parfois assez différents. Sans m'arrêtera des dé- tails ptu'ement historiques, je me bornerai à indiquer ici la marche que j'ai siuvie. » S'il est un groupe où l'emploi de TOUS les caractères soit non-seulement utile, mais nécessaire dans l'appréciation des rapports zoologiques, c'est à coup sûr le groiqie des Annélides, et cela par suite de l'extrême variabilité (pii le distingue. Mais plus on essaye d'embrasser de caractères, plus d devient indispensable de les subordonner selon leur importance. Oj-, pour juger de cette importance, le naturaliste doit choisir entre deux manières d'agir fort différentes, quoiqu'on les confonde souvent, celle de Cuvitr et celle de Jussieu. » Le premier se place au point de vue physiologique. Il cherche les caractères dominateurs dans les organes chargés de la fonction qui lui paraît être de première valeur. Ce mode d'appréciation suppose que toute fonc- tion s'accomplit à l'aide d'un organe spécial. Or, on sait aujourd'hui qu'il n en est nullement ainsi chez lui très grand nombre d'Invertébrés. Les Annélides offrent de fréquents exemples dç ce fait, précisément pour une des fonctions les plus importantes, pour une de celles que Cuvier mettait au premier rang, pour la respiration. Le principe de Cuvier est donc inap|>li- cable à cette classe. ( 589 ) » Jussieu s'en est tenu strictement à l'observation. Pour lui, le caractère le plus essentiel a été celui qui persiste dans le plus grand nombre d'espèces et de groupes. Cette maniirc si rationnelle eî si sage d'apprécier la valeur des caractères est celle que j'ai cru devoir adopter. » Elle m'a conduit à reconnaître qu'un des principes fondamentaux professés par Blainville avait ici une valeur très-réelle et que c'était dans les modifications de la forme extérieure qu'il fallait aller chercher les bases de la répartition des familles. h En effet, les Annélides sont essentiellement des animaux dioïques composés d'anneaux qui se répètent et portent de chaque côté un organe tout à fait caractéristique, un pied ;irmé de soies exsertiles et rétractiles. .) Il était assez naturel de penser que les modifications portant sur ce type général devaient avoir une grande valeur sous le rapport qui nous occupe. Eu particulier, toute exception à la loi de répétition ne semblait pouvoir prendre place qu'en première ligne et devoir être d'autant jilus importante qu'elle atteindrait un plus grand nombre de groupes secondaires. " En effet, lorsqu'on examine les Annélides à ce point de vue, on les voit tout d'abord se partager en deux groupes. Dans l'un, les mêmes parties se répètent à chaque anneau d'une extrémité à l'autre du corps. Il résulte de là que l'animal ne présente pas de régions distmcles. Ce groupe constitue notre premier ordre, celui des AiNlNÉLlUES ERRANTES {J. Ërralkœ) Il se (:om[)ose à peu près en totalité d'espèces appartenant aux Dorsibranches de Cuvier, aux Errantes de MM. Audouin et Edwards, aux Polychœta de (irube; j'y ai seulement ajouté les Chlorèmiens et les Polyophthalmiens. " Dans le second groupe la loi de répétition des parties est brusquement interrompue par places, et le corps se trouve ainsi composé de régions distinctes dans chacune desquelles lesaïuieaux se ressemblent, tandis qu'ils diffèrent de l'une à l'autre. C'est pour moi l'ordre des Sédentaires (^. Se- (lentariœ). Il comprend toutes les Tubicoles de Cuvier et de MM. Audouin et Edwards, c'est-à-dire les Serj/alees de Savigny, les Liwivorn de Giube. J'y j)lace en outre un certain nombre des Errantes des premiers et quelques Polychœtn du dernier de ces naturalistes. » Chacun de ces deux ordres se divise en deux sous-ordres par suite de considérations de même nature, et empruntées de même aux exceptions que présente la loi de répétition. » Il va sans dire que dans l'établissement des familles j'ai tenu compte des caractères anatomiques et physiologiques aussi bien que des caractères extérieurs. Mais dans le tableau que j'ai l'honneur de placer sous les yeux ( 590) (le l'Académie, j'ai eu recours seulement à ces derniers, afin de rendre plus facile l'étude zoologique des espèces. L'armature de la bouche, l'absence ou la présence des branchies, la position et la forme de celles-ci, l'absence ou la présence de certains appendices de la tête ou des pieds, les modi- fications de ces derniers, etc., ont servi successivement et dans l'ordre que je viens d'indiquer. Cet ordre lui-même était la conséquence du principe de la constance relative des caractères. Il m'a permis de caractériser nelte- ment chaque famille et de les grouper de manière à mettre en relief un certain nombre de résultats généraux bien propres, ce me semble, à justifier la méthode suivie. » Ainsi, en jetant les yeux sur le tableau ci-joint, tout naturaliste recon- naîtra que les divisions résultant de considérations empruntées imiquement aux caractères extérieurs sont également homogènes au point de vue ana- tomique, et que l'ensemble des familles dans les deux ordres se subdivise en groupes secondaires correspondant à auiant de sous-types plus ou moins importants dont les représentants se trouvent réunis. Dans quelques-iuis de ces groupes, on constate des faits de dégradation remarquable, tels que la disparition des branchies dans une famille très-voisine d'une autre où ïap- pareil respiratoire est des plus développés [Lombrinëriens, Euniciens). )) L'exemple que je viens de citer me conduit à signaler un autre fait gé- néral plus significatif encore. La grande variation des types secondaires est obtenue chez les Aunélides par des modifications de même nature, se re- produisant dans des divisions différentes; de telle sorte que le plus grand nombre de résultats possibles est obtenu avec une très-grande économie de [irocédés [loi d'économie de M. Edwards). Ainsi les deux grandes divi- sions déterminées par le mode d'armature de la bouche chez les Errantes présentent chacune des groupes pourvus de branchies et des groupes abranches. Le même fait se reproduit chez les Sédentaires. Dans les deux ordres, parmi les familles branchiées, il eu est qui portent les organes res- piratoires sur le corps, d'autres sur la tête. De là résultent des rapports d'a- nalogie et l'existence de termes correspondants dans le détail desquels je ne saurais entrer ici. )< De ce fait seul on pourrait conclure que toute classification linéaire des AiHîélides est absolument impropre à donner une idée réelle des rap- ports extrêmement midtiples qui unissent les groupes composants. Un simple coup d'œil jeté surle tableau ci-joint confirme pleinement cette présomption. Il est évidemment impossible de disposer cet ensemble de familles, soit en une série unique, soit niTme en plusieurs séries plus ou moins parallèles. ( 5o' ) sans rompre des rapports zoologiques plus ou moins étroits. Pour donner une idée deces rapports, la distribution sur un seul plan, essayée par Grube, est également insuffisante, et il me paraît indispensable d'avoir recours aux plans multiples superposés, si justement proposés par M. Chevreid. » Les faits généraux que je viens d'indiquer ne se constatent pas seule- ment dans la classe entière et entre familles. On les retrouve dans chacune de celles-ci, dès que le nombre des genres devient un peu considérable. La famUle des Syllidiens, qui n'en compte pas moins de trente et un, est parti- culièrement remarquable à ce point de vue. >' L'étude détaillée des familles présente quelques faits peut-être plus curieux encore, ou du moins plus exceptionnels, et que l'application de la méthode employée met très-nettement en relief. En voici un exemple. » La famille des Néréidiens, telle que je l'ai admise, est une des plus naturelles qu'on puisse imaginer. Cependant, elle renferme, à titre de tribu, deux genres dont un surtout semble manquer du caractère même de l'ordre. Les Hétéronéréides ont en effet deux régions du corps parfaitement tran- chées et se distinguant au premier coup d'oeil. Véritables Néréides en tout dans la région antérieure, elles modifient brusquement leurs appendices à la région postérieure, si bien qu'à ne tenir compte que de ce caractère, on pourrait croire d'abord qu'elles doivent être reportées dans le second ordre et passer des Errantes aux Sédentaires. t> Eh bien, celles-ci nous présentent exactement la réciproque de ce fait si singulier. Chez les Sabelliens, chez les Térébelliens, on trouve des espèces dont le corps, au lieu de se partager en régions distinctes, reste uniformé- ment composé d'anneaux semblables d'une extrémité à l'autre. Chez les Térébelliens surtout, le fait prend un développement remarquable, plusieurs genres de Térébelliens normaux ayant leur répétition exacte chez les Hété- rotérébelliens. Je considère ces derniers comme les termes réciproques des Hétéronéréidiens . » Je borne ici ces observations générales que je pourrais multiplier en- core beaucoup, et renvoie à l'ouvrage en ce moment en voie d'impression. Mais il m'a paru utile de présenter sous forme de tableaux l'ensemble de la classification. Cette espèce de Gênera provoquera peut-être de la part de mes confrères quelques observations que je pourrai mettre à profit. » ( 39^ ) C Z ta H ti H < te in H ri fl «( o ■ m P O .^ ■- c ■3 *i -^ .2; ■c C *^ ^ •? =. •5! fe: ^ S ^ =: -? b *' -c ^ ci a, " ~ c p o S" "i i> -t S ^ o -i o ft, o b. > -à: *^ -ï: a ** ^ î- 1- t- r- ^ -7 rt O S- in 1 (<^ M (4 f. ^. O "5 « « ■ 1 2 o M ■^ 1 -o J3 C S.a-2= "c a S Sii» ■ç» a. -a ■=£1 o c 'a §■€1 i"'^ [A --! U^ C o tt< 593 ) o O O Q o œ a i -a; a -tj oc: c: -H ,_£ ^ o u CJ 'S-' ■^^ «^ û, "^ =^ N^ Sx .S S -S 11 . ij c = c -i ■-. •^^ t^2- ^ "^ "^ OJ b 3 .ÏÏ "C -50 *J (R O Cl, <À _« t. t O -3 « Cl. = es T3 ^ 1= = S -^ ■ ï Cl c ! 5 -J "" ■ rt - wï '.'M o'a . O *" — ■ c ^ û, S ■ O -— c- ■ c s C tu Q oj i; •- Cj Ci cz ■ •-* ^ T3 2 0) 3.i S '^' ~ ^ f ^ s .h ■< = .§ 2 ' ai >< E tn t. uï Ê; J z \ u es z s e C. R., iS«3, i»' Scm«(;e. (T. LX, N» 13.) (594 ) i- s 5 c s> ■t- ^ S-i s ï = 3 5-2 a- £"=,•€■ y -;; -j iiS =; -) Q ê-s.5- a O S o a: C/3 O z s a. a u ^ C O-T- r/l m T. oj 0) aj 3 ^ -r a 3 o n « Q a o 10 tel S, tq a, < z 5 H eu Z (/3 tû Q = c < ^- . • -S 1.2 - O C — -2 ^ C >i «.b en en aju « 2 H -- &.G K C W.3 • u~ • • K> ; "■ »• ÏÏ • '^, ?D 3 ■ t^ ^ _w : giv 'C . z c u c i?!: 5- i/î "5 i=i £ ^ ( 595 ) 'tu "^ *ftj 'S -t, -Oj a ■a os -M z Q 3 s a Ci ? tjJ NI ce -5 w 5 s s t« .5 ca "" z u c : o r .ïï .ï o 'S &, û. ^ ^ ^ 5 "S s S s (£ O s ■§ £ * a. M - U t, ^ P Q J3 a. '5 H z ; 3 O -6 o 78. ( 596) 5J -•'^ .*» ^j* ^ ■- -2 ^ c e >j— a o ^ g ^ 5 "S fc) W a. u « ■~; 5 fe < •< S-< ■;■§ V— ce -JS «^ o z s z o 5 2 ge u a; !« 5 S £ C Z o o Q o a^ y] M Q Cd >^ -J S « o u o u o î; c3 n rt n a n :5 Q U Z as a. .M (A «« m S a. 3 a,' £3 O z s •S &q 3 E E 1/3 • H g ^4 W J5 g" i g <3 V3 Z On O O o. ;^ Q -j <; [s- ( 597 ) c a: "^ fcl n; tq ^ CL, o ^« tn Q tu M G « tij in H 2^ H Es] 1— H Sï "^ M p3 H K Cb a O O 'M tx! El3 Q Cl- s c O O s fc-1 PS •w CL O .S o H en Q "^ ■a c (y 4) çj •- c " ? g -d a," 2 ï S — « c o Si aï = S ta ■- C H H a S « S ^ f PS ^ o . (/2 ,5 w 5. es ? u c U ZH 03 El C o; 1 «Si in Z ■^ -îj ^ ;^ I— I o S ■a ■Cl, g I g "jj t 2 1.2 feJ -s r- o. es z s, — 5r w -= c :^ S -a C S Z o «5 5 Î a> m .ïï » ÏÏ C ^ 1^ a. ( 598) •i ^5 5-0 S ta t. c 3 2 ce — (=•-• Cl C O s? O O 1 K: z s o Ci o o -] s -iî fi- c eu O te Kl fci es; (72 Z S w m H W P •^ j: X c t. ^. c c SJ c (/; s is; 5j H ^ OS 51 C Z 3 i^ t- t« S g Û4 O •o" O - c ^ 'o ^ -^■s t. tf) U) g- ^ = JH ? i £ cS ;£ 5 cê-(^ à; a; -^ ^ ^ oS; t; c^^s «^ cl ^ ^ Vit;c5C^^ Q ^^j u çs t/!) < a. •S; ^ H «0 p 1- g ri I in = -a S o fi 5- s. — ^ L! -^ «J C « w en ^ ^ W W p. = — ( 6oo bl c C a; O O ■p* ^ ~ — 't: '^ ta fe! oç •-J ti <1 i fe5 1 «55 C/3 in S !I3 S hj S w o ;s •H o « Kll CE] m Q w o [a hJ Eâ ^ hJ hJ s -< S b -Il u- 10 ts. U5 b ^O 5 M Jï ;/5 03 'ij Q H 5 câ •ji 9J o *-3 z tn g u o PS ^ o ^ o ■s B Cl, i in ES D- p.. w Q W >-} < <. \ <■ ■s s au -slrc. (T. LX, N» 15) 79 ( 602 ) plusieurs séries de nombres élevés au cube : nombres consécutifs, nombres pairs ou nombres impairs; |)uis la sommation des quatrièmes puissances des nombres consécutifs, et quelques sommations de produits des nombres inulti|)liés deux à deux, ou trois à trois. Dans quelques ouvrages, l'auteur ou le commentateur arabe énonce simplement les règles, soit en prenant un exemple numérique, c'est-à-dire une série de nombres qui s'arréle à un nombre déterminé, soit d'vuie manière générale, quel que soit le terme final de la série, non indiqué numériquement. Alors la règle se traduit immédiatement en une formule moderne. Ailleurs, l'auteur ou le commen- tateur démontre les régies par des raisonnements empruntés parfois à la Géométrie. Voici l'analyse de ces divers ouvrages. Dans la première pièce se trouvent les énoncés suivants, que nous repro- duisons textuellement, pour faire connaître la forme donnée par les Arabes à ces propositions : I. La sommnlion des nombres, snivanl l'ordre, consiste à nmlliplier la moitié du nombre jnsqu auquel [In suite) s'étend, par ce nombre plus l'unité. C'est la formule ., n(n + i) 1 L'auteur l'applique aux cas de n = lo, « = i8. II. Pour la somme des carrés des nombres naturels : L'élévation au carré se fait par la multiplication de ^ du nombre jusqu auquel la suite s'étend, plus un tiers de l'unité, par la somme [des nombres simples). C'est la formule K -i- 2^ 4-0- +...+ /r = — = — i -■ L'auteur l'applique k n = lo. III. L'élévation au cube [se fait) pat l'élévation au carré de la somme [des nombres simples). Cest la formule L'auteur applique la règle à ii = lo, et trouve 3o25 (*). (*) Cette règle de la somme des cubes et celle de la somme des carres se trouvent dniis les ouvrages hindous; dans le Lilav.iti de Bliascara, et dans raritlimétiquc de Bralinirgiipia. Voir Coi.kbboore; Jlgcbra with Arithmctic and mensuration, etc. , p. 5'i, 2y i et 2(|(. ( 6o3 ) IV. L'addition des nombres impairs, suivant V ordre, consiste à élèverait cane la moitié du nombre jusqu'anquet [la suite) s éteml , joint à l'unité. Donc 1 + 3 + 5+. .. -+-2 n— i)= = «- . L'iiutcur applique la reglo aux nombres i , 3, 5, 7, 9, et aux nombres 1 , 3,..., 23. Il trouve a5 et il\[\. V. L'élévation [des nombres impairs) an carré [se fait) par la nndtipUralion d'un sixième du itonibre jusipi'ampiel [la suite) s'étend, pur le rectanyle des deux nombres qui l'avoisinent par après. La foruiule est i^ + 3^ + 5"" +... (2« — 1)^ = (^"r- ') ■ni[in + i). L'auieur applique la règle à « = 9, qui donne i65. V[. L'élévation [des nombres impairs) au cube [se fait) par la mulliplivation de la somme [des impairs simples) par son double moins un. i' + 3^ + 5' +...+ (2« — i)"= «^ (2/r — i). L'auteur prend 9^ poui' dernier terme, et trouve i225. A la suite de cette règle, il pose cette question : « Lorsqu'on donne la Il somme des cubes d'une suite de nombres impairs, trouver le dernier de Il ces nombres. » Et il la résout ainsi : « Règle fondamentale. Si l'on vous dit : Adtiitionuez depuis le cube de )i l'unité, suivant l'ordre des nombres impairs, jusqu'à un nombre inconnu. » et le résultat sera tant; alors multipliez ce résultat par 8, et addilioimtz » au produit une unité. Prenez la racine de la somme, et ajoutez à la ra- ■• cnie de nouveau une unité. Prenez la racine de ce résultat, et letranchez- » en une unité. Ce qui provient est le nombre jusqu'auquel (la suite) » s'étend. » Algébriquement : si r' + 3' + 5' + ... + a:' = N, il s'ensuit .r = y/(v'(HN+ i)+ [) 1 . L'auteur suppose N = 19900, et trouve x = 19. VIL Pour l'addition des nombres pairs : L'addition des itomin-es pain con- siste à ajouter au nombre jusqu'auquel [la suite') s'étend, constamment 2, et ù multiplier la moitié de la somme par la moitié du nondue jusqu'auquel [la suite) s'étend. 79- ( Oo4 ) Ainsi, a+ 4 4-o-|-...-+-'27t= n — n[n + i ). L'auteur applique la règle aux cas de 2« = ro, et 2« = 22. VIII. L élévation ^dcs nombres pairs) au carré [se fuit) par la multiplication (le deux tiers du nombre jusqu auquel {In suite) s'étend, plus deux tiers de l unité, par la somme [des nombres pairs simples). 2^+ 4-+ 6- + ...+ (2«)^ = |(2« + i).n[n + i). L'auteur applique la règle au cas de 2« = 1 2, el trouve 364- Il donne ensuite cette seconde règle : Multipliez ^ du nombre jusqu au- quel [la suite) s'étend, par le rectangle des deux nonibres qui ravoisimnl par après. C'est-à-dire -g- (2« -h i){2ri ■+- 2) = - (2« + \).n{n -h 1). IX. L'élévation [des nombres pairs) au cube [se fait) par la mulliplicatian de ta somme [des nombres pairs simples) par son double. ■1' -h fi^ -h6^-h...-h [2n)^= n[n + i).-in(n -h i)= i\n[n + x)]-. L'auteur applique la règle à 2« ^= (2, et trouve 3528. La deuxième pièce renferme les formules II, III, 1V,V, VI, \ H, VIII, IX. Au sujet de la règle V, l'auteur fait remarquer qu'elle sert à trouver combien un nombre donné renferme de nombres impairs. Soit m* ce nombre; qu'on en prenne la racine carrée, qui est n: c'est le nombre des impairs i, 3, 5,..., ( 2 7i — i). Il tire de même de la formule VII une règle pour trouver combien un nombre donné renferme de nombres pairs. Il prend un nombre de la forme n[n + i), et dit qu'on y ajoute j de l'unité, qu'on prenne la racine carrée de la somme, et qu'on en retranche la moitié d'une unité; ce qui reste est le nombre cherché. En effet, y/«(//+0 + ^ = («+!), et {n+l'j-l^n. C'est le nombre des pairs 2, 4» 6,..., 2/2. ( 6o5 ) Dans la Iroisième pièce se trouvent les mêmes formules, mais dans im ordre un peu différent, comme l'indique cette énumération : I, II, III, VII, VIII, IX, IV, V, VI. A la suite de celte dernière règle VI se trouve la même question que dans le premier commentaire. La quatrième pièce présente les questions dans l'ordre II, III, IV, V, VI, VII, VIII, IX. X. Dans la cinquième pièce, qui est un extrait du Fakhri (*), se trouve l'expression de la somme des produits des nombres naturels, multipliés deux à deux, appliquée à l'exemple suivant : .2 + 2.3 + 3.4-f-...-4-g.io = (i + 2 + 3+...+ io)f|io — Ij I = 55.(1 io-3J = 33o. La formule générale est donc , . 2 H- 2 . 3 -H 3 . 4 4- . . . + ( « - I ) « = -^-^ X ( 3'2 - 3 ) = 3 " ( " - ' ) ( " -t- ' ) = ^n{n'^ — 0. La somme des cubes des nombres successifs est démontrée de deux manières, que l'auteur intitule : démonstration mi- inérique, démonstration au moyen de la figure. Dans le cours de sa démonstration se trouve la règle exprimée par la formule (n -l- i)' == 2(1 -4- 2 + 3 +... + «) X (n + i) + (« 4- i)*; ce qui résulte de ce que ( I + a + 3 + . . . + «) = -^ ' ; (*) Le Fakhri est un Traité d'algèbre composé au commencement du xi^ siècle, par Alkarkhi, et beaucoup plus étendu que l'algèbre de Mohammed ben Musa. On y remarque surtout un grand nombre de questions sur l'Analyse indéterminée. M. Woepcke a publié un Extrait considérable de cet ouvrage, en un vol. in-8°. Paris, Imprimerie impériale; i853. ( 6o6 ) d'où (n+ i)'= n{n -^ \Y -h (n + i'f = {n +• i) [n + i)- = {n + i)\ XI. Enfin, nous signalerons une formule qui exprime la somme des pro- duitsdes nombres impairs multipliés deux à deux, plus la somme des nom- bres pairs multipliés aussi deux à deux : i.3 + 3.5-i-5.7-f-...+ (2/< — 3)(2« — i) + 2.4 + 4-(j[i/e f/t* rones, et j'ai écrit, M sur la manière de le construire et d'en connaître l'usage, un Mémoire X intitulé: Les Délices des jardins. C'est un instrument qui sert à déterminer 1) les longitudes vraies des planètes, leurs latitudes, leurs distances de la » terre, leurs rétrogradations, les occultations et les éclipses, et tout ce qui » s'y rattache. » L'extrait que donne M. Woepcke de cet ouvrage est très-restreiut, mais présente beaucoup d'intérêt, parce qu'on y trouve notamment deux nf)u- velles sommations de nombres : (6o7 ) XII. Premièrement, la somme des produits des iiombies consécutifs multipliés trois à trois, que l'auteur exprime en ces termes : Nous désirons la somme des rësitllats des produits pour chacun des nombres jusqu'à 6, par le suivant, puis le résultat par le suivant. Nous additionnons depuis l'unité juscpi à 5. Ce sera i5. Nous multiplions cela par \l\. Il résulte 210, ce qui est ta quanlilc cherchée. Ainsi i.2.3-4-2.3.4-t-3.4.5 + 4.5.6 = (i+2 + 3 + 4 + 5)(i + 2 + 3 + 4 + 5-i) = i5.i4. La formule générale est donc 1 .-2.3 + 2.3. 4 + ... + (« — 2) (/j — i)« / \ir / ■, 1 "[" — 1) r«(« — l) = [1 + 2 +... + («- i)][i + 2 + ...-4-(7i-r)-i] = -^— '"l- ^ '-I (n — 2) (« — l).re.{« + I ) - 4 XIII. La seconde règle importante est celle de la somme des quatrièmes puissances des nombres consécutifs. L'auteur l'exprime ainsi : Si nous désirons la somme des carrés-carrés des nombres suivant t'oidre, à partir de C unité, nous relmnchons de la somme de ces nombres une unité, et nous prenons constamment un cinquième du reste. Nous l'ajoutons à la somme desdils nombres, et nous multiplions ce qui en piovient par la somme des carrés des mêmes nombres. Il résultera la quantité cherchée. Exemple. Somme des carrés-carrés des nombres depuis l'unité jusqu'à 6 : i^-t-2' + 3* + 5' + 6V On fait 1 + 2+3 + 4-1-5-4-6 = 21, 21 — 1=20, -— = 4, 21 + 4 = 25. On prend la somme des carrés des nombres; c'est 91. Le produit de aS par 91 est 2275. C'est la somme cherchée. La formule générale est doue 3' + ... + «'=( I + 2 + 3 -=[. 2' + :i^ + . . . + ;r = I + 2 + .3+.. . + « (i + 2 + . . . + «) — I , ., „ o- 1 r"("-t-i) I /«(« + i) \"] rt(/? + i)(2« + r; X(,- + .- + 3- + ... + ,rj = [-^^ + 5(^A^-^-.)J^i^ 3 /? ( « + I ) — I 3o fi[n-h I ) ( 2 « + I ). ( 6o8 ) Le troisième opuscule dont nous avons à rendre compte est le Talkbis, ou « Exposé des opérations du calcul », composé par Ibn Albanna, origi- naire de Grenade, qui enseignait avec éclat les Mathématiques au Maroc, en I 222 de notre ère (' ). On trouve dans cet ouvrage les formules I, II, III, IV, V, VI, VII, VIII, IX. L'auteur les exprime en termes fort laconiques, mais d'une manière générale, c'est-à-dire sans en faire l'application à une suite de quelques nombres, comme cela a lieu dans le premier commentaire du Talkbis, an commencement de cette Notice. L'ouvrage se termine par les principes de l'Algèbre, que l'auteur appelle Àlgebr et Almokabalah. Cette partie, formée de cinq chapitres, ne ren- ferme rien qui ne soit déjà connu, et qui doive donner lieu ici à quelque observation. Mais il nous reste une remarque à faire sur l'exposition des principes de l'Arithmétique qui forme la 'première partie de l'ouvrage : nous y vo} ons une certaine analogie avec nos anciens Traités de l'Abacus, si cultivés au x^ siècle par Gerbert, Bernelinus, Abbon de Fleury,etc.,etdont les principes dérivent du célèbre passage arithmétique de la Géométrie de Boèce, et re- montent bien probablement, comme le dit Boèce, au temps de Pythagore. L'auteur arabe paraît dire que les ojiérations se font au moyen de colonnes dans lesquelles on écrit les chiffres des unités, dizaines, centaines, etc. Il appelle ces colonnes sié(jes ou liabitalioiis; et un |)assage semble indicpiei qu'elles étaient surmontées d'arcs de cercle, que l'auteur appelle voiitc^, el que de plus grands arcs recouvraient les colonnes trois à trois. C'est ainsi que se pratiquait le système de l'Abacus. Dans la plupart des nombreux Traités dont j'ai donné ailleurs l'explication, les colonnes avaient le nom (Varciis, aiupiel paraît correspondre ici le mot voûte. Divers auteurs em- |)lovaient des expressions différentes. Boèce appelait ces colonnes jmqina, paginula; Bernelinus, linen; d'autres disaient tenni?uis, sj>ntiiini, iiilrrval/Lini, Inciis, regio, ordo, sedes, etc. Ce terme sedes paraît répondre au mot arabe que M. Marre traduit ])ar siège. Quoi qu'il en soil, il y a ici wue certaine analogie entre ce Traité d'Arithmétique arabe et nos Traités de l'Abacns; el ce fait n'(>st pas dépourvu d'intérêt. Déjà nous avions reconnu dans le célèbre Traité de Léonard de Pise, oii- (*) Cette date est donné par Casiri, qui cite plusieurs fois Ibn Albanna. Vnir Bihliothmi nrabico-liispann F.sciiririlrrisif , etc.; t. 1, p 34f, .^5?., 869, 37<), 38o. ( 6o9 ) vrage tout emprunté des Arabes, une mention expresse de ces Traités de l'Abacus indiqués par l'expression oîtiis Piclagote (*). Les Arabes, qui ont reçu des Hindous l'arithmétique qui se pratique sans colonnes et avec le zéro, connaissaient certainement aussi l'usage des co- lonnes si familier aux Latins, comme l'indique le passage de Boéce, et probablement aussi aux Grecs. On ne peut que remercier M. le prince Boncompagni du zèle éclairé qu'il apporte à la publication de documents qui jettent quelque jour sur l'histoire des Mathématiques chez les Arabes. Il met ainsi à la portée des géomètres des ouvrages qui continueraient d'être lettre close pour la plupart d'entre eux. PHYSIQUE APPLIQUÉE.— application de la lumière électrique [tubes de Geisler) à r éclairage sous l'eau; par M. Paul Gervais. (Extrait d'une Lettre à M. Coste.) « On a employé, dans ces derniers temps, pour éclairer l'intérieur ou le fond de l'eau, la lumière produite par l'électricité. Dans l'Océan, dans la Manche et sur la Méditerranée, des essais ont été commencés au moyen de récipients étanches, en verre, dans lesquels fonctionne un régulateur met- tant en contact des charbons rendus incandescents par une pile, dont les éléments restent placés sur le bâtiment à bord duquel se font les essais. La partie servant de lanterne est seule descendue sous l'eau. » Dans quelques cas, ces essais ont réussi et l'on a pu employer la lumière ainsi prodiiite, soit à l'éclairage de travaux sous-marins, soit à la pèche, que ce procédé paraît rendre plus productive, la lumière attirant le poisson. » Toutefois, l'usage de pareils instruments est coûteux, et la manipulation en est difficile; d'autre part, la lumière qui en résulte est dans certains cas trop vive, et, en outre, l'éqviipage se trouve exposé à des accidents fâcheux, ce qui a particulièrement lieu lorsque les mouvements du bâtiment font dé- verser sur le pont les liquides de la pile. M D'ailleurs, il est des circonstances où une lumière moins éclatante suf- (*) Voir Dévehppemerils et détails historiques sur divers points du système de V Abucus, § XV; Comptes rendus, t. XVI, p. i4i6, année i843. — Woepcke, Sur Vintroduction de C Arithmétique indienne en Occidcnl, et sur deux Documents importants publies par te prince don Balthasar Boncompagni; in-4"- Rome, 1859: Voir p. i5. C. R., iSn.î, i"' Semestre. (,T. LX, ?*<> 13.) ^O (6io) firait et serait même préférable. Ce serait donc arriver à un résultat utile que de construire un appareil capable de fonctionner sous l'eau et disposé de telle manière que son immersion totale n'arrêtât pas sa marche. Suspendu à une amarre et rendu suffisamment léger, il pourrait au besoin être emporté par le plongeur dans les profondeurs où ce dernier voudrait s'en servir, ou bien encore être abandonné sous une bouée dans les endroits où l'on aurait calé des filets et servir ainsi à y attirer le poisson. » J'ai pensé qu'on arriverait à ces résultats au moyen des tubes de Geisler, en ayant soin de les mettre en rapport avec un récipient étanche, renfermant les éléments d'une pile et une bobine destinés à produire le courant élec- trique à l'aide duquel on rend ces tubes lumineux. Pour obtenir la con- struction de cet appareil, je me suis adressé à M. Ruhmkorff, qui s'est acquitté de ce soin avec son habileté et sa complaisance habituelles. » Notre récipient est une sorte de caisse ou marmite en bronze, montée sur quatre petits pieds, et dont le couvercle est hermétiquement appliqué au moyen de vis de pression serrant entre les deux surfaces ainsi mises au con- tact inie rondelle aniudaire en caoutchouc. Au couvercle est attaché un anneau servant à la suspension de tout l'appareil. La caisse étanche renferme deux éléments au bichromate de potasse, fermés à leur tour j)ar des plaques que maintiennent des lames de cuivre solidement vissées. Les pôles du courant fourni par les deux éléments peuvent être, à volonté, mis en com- munication avec la bobine, et le courant induit, fourni par celle-ci, est porté au dehors à travers la paroi inférieure du récipient, et transmis au tube de Geisler par des fils enveloppés de caoutchouc. C]e tube, d'une forme appropriée et icnipli d'acide carbonique, est enfei nié dans un cylindre en verre, à parois épaisses, muni d'armatures en cuivre e( dans lequel l'eau ne peut pénétrer. C'est la partie éclairante de l'appareil. » On obtient avec cet instrunîenl une lumière douce, mais Irèssensible et en tout semblable à celle que le génie militaire el les mineurs emploient maintenant. Elle ressemble sous certains rapports à celle que donnent les animaux phosphorescents, quoique j)lus intense, l-.lle peut être aperçue d'assez loin, même lorsque l'appareil fonctionne à plusieurs mètres sous l'eau. 11 n'est pas douteux quelle ne doive attirer le poisson, comme le fait aussi la phosphoi-escence de certaines espècos, et l'on pourrait également s'en servir pour éclairer des espaces restreints, situés au-tles.sous de la sur- face de l'eau, ou pour instituer des signaux fiotlanis. » M. le capitaine de vaisseau Devoidx, conunandant les côles sud de la France, a vu fonctionner cet apjjareil dans le port de Celle, au mois de ( 6ii ) septembre dernier. Dans cette expérience, l'appareil est resté pendant neuf heures immergé, et il a éclairé pendant six heures dans ces conditions, bien que je l'eusse apporté tout chargé de Montpellier. La durée de sa phos- phorescence peut être de plus longue durée. Un second essai, fait à Port- Vendres, abord du Fafon (capitaine Trotabas), m'a également réussi. » De nouvelles expériences seront reprises lorsque M. Ruhmkorff aura terminé divers petits changements que je lui ai demandés dans le but de rendre l'emploi de ce porte-lumière encore plus facile, et par suite plus pratique. » IVOMINATIOIVS. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination de la Com- mission chargée de décerner le grand prix des Sciences physiques pour i865 (Anatomie comparée du système nerveux des Poissons). MM. Milne Edwards, Coste, de Quatrefages, Blanchard et Flourens réu- nissent la majorité ab.solue des suffrages. L'Académie procède ensuite, également parla voie du scrutin, à la no- mination de la Commission chargée de décerner le grand prix des Sciences physiques de i865 (Travaux ostéographiques contribuant à ravancementde la paléontologie française). Commissaires, MM. d'Archiac, Élie de Beaumont, Milne Edwards, Dau- brée, de VerneuiL MÉMOIRES LUS. ORG.4NOGRAPHIE VÉGÉTALE. — De l'cxistence défibres corticales ou libériennes dans le système ligneux des végétaux; par M. Ad. Chatin. (Commissaires, MM. Brongniart, Duchartre, Tulasne.) « Chacun sait que des deux systèmes, le système interne ou ligneux, et le système externe ou cortical, qui composent la tige des plantes dicotylé- dones (i), c'est dans le second seulement qu'existent ces fibres, généralement d'un blanc satiné, épaisses, allongées, résistantes, etc., connues sous le (i ) Je ne m'occupe pas ici des Monocotylédones, habitucllfmcnt privées de systèmes cnr- lical cl ligneux séparés. 80.. ( 6.2 ) nom de fibres libériennes ou, d'après leur siège, sous celui de fibres corti- cales. Les exceptions à cette loi n'ont été signalées que dans im petit nombre de plantes à tiges anomales. » C'est ainsi que les belles recherches de M. le professeur Decaisne sur le Gui (i) et les Lardizabalées (2) ont étabh que dans la première de ces plantes, déjà étudiée par Rieser, Link, Unger, etc., des faisceaux identiques aux faisceaux libérions de la zone corticale sont placés entre les faisceaux ligneux et la moelle, et que dans le Cissampelos comme dans le Cocculus, le corps libérien formé en même temps que la couche ligneuse de première année n'est pas repoussé au dehors par les couches de bois ultérieurement produites, mais se trouve au contraire recouvert par elles; c'est ainsi que dans le Gnetum les couches corticales alternent avec les couches ligneuses, et que dans le Mhodendron , objet d'un important travail de M. J.-D. Ilooker, un tissu fort semblable au tissu libérien (du moins dans le M. hrachysla- citium) est disposé symétriquement sur les côtés des couches à tissu scala- riforme lignoïde. » C'est ainsi encore que, d'après mes recherches, VÀnlidaphne et les diverses espèces de Fiscum partagent avec le Viscum album la structure anomale signalée dans celui-ci, et que, dans le Piper, des fibres libériennes sont en général disposées, les unes en une sorte de talon derrière chacun des faisceaux ordonnés ici, comme dans le Misodendivn, sur plusieurs couches concentriques, les autres vers la pointe interne des faisceaux les plus extérieurs (comme ils le sont à la pointe interne, tant des faisceaux sur un seul cercle, du Viscum, que des faisceaux les plus internes du Miso- dendron ) . M Dans la tige souterraine du Pelasiles viilgaris, une simple transposition a lieu, les faisceaux libériens qui font défaut dans la région corticale se trouvant placés sur le côté interne des masses fibro-vasculaires. » Mais, dans tous les cas précités, une véritable régularité préside à la disposition des fibres libériennes dans leurs écarts du type conuinui, et c'est généralement chez les tiges dites anomales en raison de l'ensemble de leur structure, que ces écarts se présentent. Dans ces divers exemples, le système cortical, qu'il soit simplement déplacé ou transposé, ou qu'il (1) Decaisne, Mc'iiioire sur le dijvcloppement du |)ollcn, de l'ovule, et sur la structure de la lige du Gui [Annales des Sciences naturelles, a'' série, t. XIII, 1840). (2) Decaisne, Mémoire sur la famille des Lnrdizabalécs {Comptes rendus hebdomadaires des séances de l' Académie des Sciences, t. V, 1837). (6i3) s'ajoute aux faisceaux représentant le type normal, est localisé comme ce dernier sur des points fixes liés à la symétrie de l'ensemble. .) Dans les faits sur lesquels je vais maintenant, et pour la première fois, appeler spécialement l'attention des phytotomisles, des fibres libériennes supplémentaires existent; mais loin d'être localisées (soit entre chaque couche de bois, comme dans le Gnetitm, soit vers le côté interne des fais- ceaux ligneux, comme dans VJnlidapIme et le Fiscitm, soit à la fois au dehors et à la pointe interne des faisceaux ligneux du Pi/jer\, etc. ), c'est éparses et mêlées aux tissus du bois qu'elles se piésentent. » Les Loranthacées sont les plantes dans lesquelles j'ai observé pour la première fois, à l'occasion de mes recherches sur les végétaux parasites, des fibres corticales en mélanrje avec les tissus du bois. Ces fibres, parfois dispo- sées presque avec symétrie sur les côtés des faisceaux ligneux, sont au con- traire dispersées, tantôt solitairement, plus souvent par groupes, dans les Loranthus eiiropœus, L. sphœrocarpus , et dans un Loranllms indéterminé, fixé sur un Citnis qui fait partie des collections du Muséum (i). » Plusieurs Légumineuses ont aussi des fibres corticales entremêlées au tissu du bois. Ainsi, dans le Medicago arborea, des groupes de ces fibres existent, les uns arrondis, d'autres allongés, les premiers placés à l'intérieur des faisceaux ligneux, les seconds situés le plus souvent sur les bords des faisceaux et au contact des rayons médullaires. Le Medicago lupulina pré- sente une structure analogue (dans la base pérennante de sa tige) à celle du M. arborea. » Les Ulex [Ulex europœm, U. nanus, Ulex innomé de l'École botanique du Muséum) soumis à mes recherches présentent, comme les Medicago, des fibres corticales mêlées au bois. Comme dans les Medicago aussi, ces fibres sont non isolées, mais rapprochées par groupes dispersés dans la niasse du tissu ligneux. » Une différence générale se remarque d'ailleurs entre les Loranthacées et les Légumineuses, différence consistant en ceci : que dans les premières les fibres corticales mêlées au bois sont assez souvent solitaires ou à peine rapprochées par petits groupes, tandis que chez celles-ci elles forment d'assez fortes agrégations. A cette différence s'en rattache une seconde, les fibres corticales étant souvent contiguës aux vaisseaux dans les Loranthacées, cir- (i) M. Ad. Brongiiiait a bien voulu me confier cette belle pièce, que j'ai figurée dans la planche LXXXV de V .tnntomie comparée des végétaii.r. ( 6i4 ) conslance qui ne se présente pas dans les Légumineuses, où les fibres ligneuses, ordinairement de l'ordre de ces fibres à féctde que j'ai nommées fibves-ccllules, sont toujours interposées entre les fibres libériennes et les vaisseaux. » Les fibres libériennes du bois n'existent pas seulement, dans une plante donnée, au milieu des faisceaux constituant la couche de première année; elles font aussi partie, comme on le voit dans les vieilles tiges des Ulex et du Medicarjo nrborea, des couches ligneuses des années suivantes. » En se reportant à ce qui précède, on est conduit à distinguer tout d'a- bord deux types dans la disposition des fibres libériennes qui, par leur siège anomal, font partie de la zone du bois, savoir : )) Premier Ij'pe. — Les fibres libériennes, bien localisées, occupent des places données et se rattachent symétriquement au système ligneux {Piper, Gnetum, Àntidaphne, Viscvm album, elc). » Deuxième type. — Les fibres libériennes sont dispersées sans ordre dans la masse du bois [Medicacjo, Ulex, plusieurs Loranthus). » Mais entre ces deux types nettement définis et opposés, j'en ai reconnu un troisième qui forme le passage de l'un à l'autre. Ce type intermédiaire, que j'ai observé chez des Fiscumà. tige aplatie ou foliiforme (F^jscum aphyl- luin, V. nrliculatum., etc.), peut être ainsi caractérisé : » Troisième type., type de transition. — Les fibres libériennes sont les unes disposées symétriquement par rapport au bois, comme dans le type premier, les autres éparses au milieu de celui-ci, comme dans le deuxième type. » Les espèces de Visciiin dans lesquelles j'ai observé ce double mode de disposition des fibres corticales participent : de l'organisation des autres espèces du genre [Viscum album, etc.) par l'existence d'un faisceau libérien sur le côté interne ou médullaire de chacun des faisceaux ligneux; de l'or- ganisation des Loranthus, Medicacjo, Ulex et Combrclum [C. nitidum) parla dispersion de fibres corticales dans les tissus du bois. » Les feuilles elles-mêmes peuvent avoir des fibres libériennes dans le sys- tème fdjro-vasculaire ou ligneux des faisceaux du pétiole ou des nervures, et, comme on pouvait s'y attendre, les divers modes de distribution des fibres corticales reconnus dans la tige se retrouvent dans la feuille. Le type premier (faisceaux Ubérieiis tous disposés avec symétrie) existe dans les léuilles de beaucoup de Fiscum ( F. nibuin, etc.), dont chacun des faisceaux vasculaires présente un paquet de fibres libériennes à sa face supérieure aussi bien qu'à sa face inférieure ; le deuxième type (fibres corticales toutes (6i5) éparses), dans le Combrelitm nitklum,\e LorantlnisScInillzii, etc.; le troisième type (fibres libériennes, les unes localisées avec symétrie, les autres éparses), dans le Viscwn tuberculaUtm. » Mon but sera atteint si j'ai établi que les fibres libéi-ieiuies n'îippar- tiennent pas exclusivement au système cortical de la tige, qu'elles peuvent même manquer complètement à la région corticale et être transposées dans le système ligneux [Pelasiles); que les observations f.iites sur la tige doivent être étendues aux feuilles; enfin, que les modes variés de répartition des fibres libériennes dans les zones vasculaires peuvent être rattachés à trois types. Une autre fois je rechercherai quels enseignements ressorlent, pour l'histoire physiologique des fibres libériennes, des faits précédents et de quelques autres en connexion intime avec eux. » MÉTÉOROLOGIE. — Slalislique des jours d'orac/e pendant une j)ériode de vingt-cinq ans. Note de M. Coulvier-Gravier. (Extrait.) (Commissaires précédemment nommés : MM. Babinet, Regnault, Paye, Delaunay.) H Pour cette statistique des jours d'orage durant la même période que pour la statistique des jours de pluie, que nous avons présentée dans la précédente séance, nos relevés nous ont fourni les moyennes suivantes : Jours. Jours. Janvier 0,4 Juillet 7,4 Février 0,6 Août 7,0 Mars 1,5 Septembre 4,3 Avril ■ 2,9 Octobre . i ,9 Mai 5,4 Novembre 1,0 Juin G, 7 Décembre 0,4 à l'aide desquelles nous avons construit luie courbe que nous mettons é-^^a- lement sous les yeux de l'Académie. En les additioiiuant, on trouve qu'il y a en moyenne, par année, 39^,3 d'orage. B Dans ce travail, il nous a semblé lUile de ne point noter seidement les orages dont le bruit se fait entendre à Paris. En effet, de ce qu'un orage ne se fait point sentu' sur luie localité, il n'en existe pas moins, et cela ne l'empêche pas de se révéler à nous, soit par le roulement du tonnerre au loin, soit uniquement par les éclairs qui s'échappent de son sein. Il était donc de toute nécessité, pour établir une statistique exacte, de se livrer à ( 6i6 ) une observation suivie de jour et de nuit, afin de constater et d'enregistrer tous les orages qui se produisent sur notre horizon visible. C'est ce que nous nous sommes efforcé de faire autant que possible, vu notre person- nel si restreint, qu'il n'est pas même suffisant pour les observations d'é- toiles filantes. » Pendant cette période île vingt-cinq ans, le nombre des jours d'orage s'élève à 99?, c'est-à-dire que, pendant 996 jours, il y a eu à Paris, ou localités plus ou moins éloignées, un ou plusieurs orages, et même, en cer- tains jours, un nombre assez considérable. » Dans nos Recherches sur les rnétéures, en parlant des diverses trans- formations que subissent quelques orages, nous disions qu'il n'était pas obligatoire de se transporter en Ethiopie, ou d'autres lieux, pour avoir à la fois un certain nombre d'orages en action, puisque sur notre horizon on en voyait quelquefois plus de trente, dont les produits météoriques se fai- saient remarquer en même temps. On voit donc que, s'il s'agissait de fixer, non pas le nombre des jours, mais le nombre des orages que l'on peut con- stater dans une localité, on serait dans une grande erreur si l'on s'en tenait seulement aux seuls orages indiqués par le bruit du tonnerre. » Nous mettons également sous les yeux de l'Académie une carte repré- sentant non-seulement le périmètre météorologique de notre Observatoire du Luxembourg, mais encore celui des stations auxiliaires qui pourraient être établies à Strasbourg, Grenoble, Agen et Brest.... » MÉMOIRES PRÉSENTÉS. HYGIÈNE PUBLIQUE. — De C éliminnlion des eaux publiques, après quelles ont servi aux besoins des populations agglomérées, application à la ville de Marseille. Mémoire de M. G. Grimaud, de Caux, présenté par M. Morin. (Commissaires précédemment nommés : MM. Dumas, Morin, Peligot.) « 1. L'eau est un principe essentiel pour l'entretien de la vie dans les êtres organisés. EUe remplit cet office en vertu de ses propriétés physiques et chimiques, c'est-à-dire qu'elle est le dissolvant, l'excipient et le véhicule j)ar excellence. L'eau, on ne saurait trop le redu-e, a j)Our fonction spéciale de dissoudre, de recevoir et de transporter les substances amenées à son contact et susceptibles d'être soumises à son action. » S'agit-il de l'individu, s'agit-il de la nutrition, l'eau divise les sub- stances alimentaires, dissout les principes actifs, cl les porte dans l'intimité (6i7 ) des organes. Là, elle reprend à ces mêmes organes, molécule par molt-'cule, ceux de leurs matériaux constituants que l'usage de la vie a détériorés, et elle les entraîne au dehors. )) S'agit-il d'une population agglomérée, l'eau remplit à l'égard du lieu occupé par cette population absolument le même office qu'à l'égard de l'individu. Elle est introduite dans toute habitation, soit naturellement, soit par l'art, soit par la main de l'homme. Là aussi elle dissout et elle trans- porte les substances qui viennent à son contact, et vers lesquelles elle est attirée par un phénomène physique fort considérable, la capillarité, phé- nomène dont quelques détails à peine sont connus, et dont les effets géné- raux restent à étudier. w Quand l'eau a parcouru ainsi les habitations, elle arrive dans la rue ou la pente naturelle du sol la conduit jusqu'au bassin le plus proche. » L'étude des eaux publiques d'un centre de population comprend donc trois choses : » 1° Le choix qu'il convient de faire parmi les eaux qu'on a sous la main; i> 2° Les conditions de distribution de ces eaux, conditions différentes selon le relief de la localité; » 3° L'élimination de ces mêmes eaux, après qu'elles ont servi et que l'usage leur a communiqué des propriétés nouvelles. )i IL La Note présente à pour objet l'étude sommaire de l'élimination. » Le nouvel et glorieux encouragement dont l'Académie m'a honoré, à l'occasion de ces études hygiéniques, a resserré les liens de ma gratitude envers elle, et c'est mon devoir de m'efforcer, autant qu'il est en moi, de rendre ces liens encore plus étroits par des travaux dignes de son attention. » Prenons l'eau éliminée au sortir des habitations. Cette eau gagne immédiatement les points déclives : elle va au ruisseau, à la rivière, au fleuve, et enfin à la mer. » C'est le cas le plus ordinaire. » Un autre cas, mais fâcheux et trop fréquent pour être considéré comme une exception, c'est celui où la déclivité conduit l'eau éliminée à un bassin sans isà!ie, à une mare, à un étang fermé de toutes parts. » Évidemment, par le fait même qu'elle entraîne tout ce qui constitue le cnpiU morluum d'une population, non-seuleraént l'eau éliminée est devenue impropre à tout usage économique, mais encore elle développe des exha- laisons malfaisantes, pernicieuses, mortelles même pour les êtres soumis à leur influence. C. R., iSG5, I" Scmcslre. (T. LX, K» 13.) ^l (6.8) » Or, il y a ici une circonstance grave : elle résulte de l'accumulation et (le la concenf ratio», lesquelles vont en augmentant au fur et à mesure que !es eaux avancent vers le réservoir commun. 1) On évite, il est vrai, jusqu'à un certain point, les inconvénients des exhalaisons en faisant couler les eaux éliminées dans des égouts fermés. Mais, au débouché général, on a, comme à Asnières, im épouvantable foyer d'infection, qui peut donner aux tuteurs de la santé ptdilique des inquié- tudes sérieuses. Et, à ce propos, qu'il me soit permis de le dire en passant, en général on abuse des égouts, on va jusqu'à leur confier les conduites d'eau et de gaz: c'est commode pour les réparations de ces conduites. Je démontrerai plus tard qu'au point de vue de l'hygiène ce ne saurait être là un jirogi'ès. » Quoi qu'il en soit, toute concentration exalte l'action des principes auxquels on l'applique. » De là mie conséquence naturelle : si l'on veut neutraliser ces principes, il ne faut pas les concentrer, il faut faire précisément le contraire. Il faut les saisir par portions, afin d'arriver à les disperser ou à les transformer, attendu que la dispersion et la transformation détruisent ou du uicins atté- nuent considérablement Icuv malfaisatice. » J'ai dit dans une autre Note [Compte? rendui^ t. LVIII, p. gS?)) comment on réalisait ailleurs la transformation et de quelle utilité elle était pour l'agriculture. L'exemple cité, et déjà signalé par d'autresavant moi, semble avoir porté ses fruits : il est en effet permis, si je ne me trompe, d'espérer que l'égout d'Asnières ne tardera pas à voir ses produits neutralisés dans leurs influences nuisibles, au profit de la culture du sol. B m. J'arrive aux conditions dans lesquelles l'élimination s'effectue maintenant dans la ville de Marseille. » J'ai sous les yeux un travail de statistique et d'hygiène que l'Académie a reçu et qui se recommande par des fiits nombreux et d'un grand intérêt (Marseille au point ds vue de l'Iiytiièiie, par le D"' Mauriu, ii)-8", 192 pagesj. Je lui emprunte le détail suivant : « Dans la plupart des maisons des quartiers modernes, dit M. Maurin » (maisons habitées par l'artisan et le petit rentier), au milieu de la cour et » du jardin, on aperçoit une planche carrée percée de trous... Cette plan- » che recouvre une fosse plus ou moins profonde appelée éponge^ à laquelle » aboutit un canal qui conduit Ips eaux des éviers, laissant à la terre le » soin de les absorber. » (Page 23.) Et ailleurs : « Ces pierres d'évier des » divers étages communiquent par les tuyaux de descente des eaux mena- ■ (6i9) » gères : ces eaux se rendent dans ces éponges malsaines dont il a été qnes- » tien.... M (Page 77.) » Ainsi s'exprime un Marseillais éclairé, pour décrire une des formes de l'élimination. Voici, sur le même sujet, le résultat de mes observations per- sonnelles. » Dans les rues où il n'y a pas d'égout, et dans les maisons dont les locataires s'abreuvent avec de l'eau du puits ou de la borne-fontaine voi- sine, les résidus sont descendus et quelquefois, principalement le soir, jetés d'en haut dans la rue. » Dans les maisons desservies par l'eau du canal, le propriétaire a établi un réduit communiquant avec la conduite générale des eaux ménagères; et tout va là, entraîné par le trop-plein des réservoirs alimentaires de chaque étage. Or, comme la conduite dos eaux ménagères débouche directement dans la rue et non dans un égout (ce qui a lieu, malgré les injonctions mu- nicipales, dans des rues même où il y a un égout), il en résulte, et je 1 ai éprouvé trop souvent, que, dans ces rues, les ruisseaux donnent, en plein jour, une odeur s((j(/e;iem, dont il est impossible de méconnaître la nature. C'est là un second mode d'élimination. » Enfin, dans les rues où il y a des égouts, les eaux éliminées cheminent d'embranchement en embranchement jusqu'au vieux port, dont j'ai déjà fait connaître les conditions désastreuses [Comptes iriultts, t. LVIII, p. 1 144 )) conditions qui seraient irrémédiables si les choses devaient rester en l'état. » IV. Le remède au mal est dans le principe établi précédemment. Il faut, dans les limites du possible_, en réaliser partout l'application. » On doit donc diviser les quantités des matières à éliminer, les réunir et les accumuler le moins possible. » Pourcela, au lieu d'une grande fosse étanche qu'il faut vider souvent, non sans de grandes incommodités pour les locataires et pour les passants de la rue, etc., on devra avoir, dans chaque maison, des réservoirs mo- biles, pouvant être renouvelés à toute heure du jour et de la nuit, sans in- convénient d'aucune sorte. » La capacité calculée de ces réservoirs permettrait de les emporter hors de chaque centre do population, dans des localités abritées, disposées pour opérer la transformation des matières et en rendre ainsi l'application facile aux besoins de l'agriculture. » On réserverait les égouls pour l'écoulement des eaux pluviales et des autres liquides qui, par le fait de circonstances exceptionnelles; ne pour- raient pas être recueillis dans les réservoirs mobiles. 81.. ( 620 ) n Je n'ai pas à entrer clans plus de détails. Je ne dois pas oublier qu'ici il doit suffire de poser des principes et d'en indiquer la portée pour l'avan- cement de la science, et l'application pour le bien du pays. » CHIMIE ORGANIQUE. — Recherches sur les radicaux organiques. Note de M. Auc. Cahours, présentée par M. Fremy. (Commissaires, MM. Clievreul, Dumas, Fremy.) « Le numéro de décembre des Annales de Chimie et de Physique renferme un résumé des recherches entreprises par M. le baron von OEfele, dans le laboratoire de M. Rolbe, relativement à l'action réciproque deséthers iodhy- drique et sulfhydrique. » Dans ce travail, M. von OEfele signale la formation d'un composé fort curieux qui nait de l'accouplement des deux substances mises en présence, un équivalent de chacune d'elles se soudant pour engendrer une molécule unique, ^ Ww^ I =^ I I dont la composition se rapporte au type qui présente, relativement aux combinaisons du soufre, sinon le maximum de saturation, du moins le maximum de stabilité. « Fait on agir l'oxyde d'argent sur le corps précédent, ce dernier échange son iode contre une quantité d'oxygène équivalente pour fournir le com- posé S*(C*H=)'0, dont les propriétés alcalines excessivement énergiques sont entièrement comparables à celles de la potasse et de la soude. Le terme S'^(C'H=)% qui n'est pas saturé, tend à fixer une molécule d'un corps simple, oxygène, chlore, brome, etc., pour rentrer dans le groupement jouant de la sorte le rôle d'un véritable radical. {621 ) » Remplace-t-on l'oxyde d'argent par l'un quelconque de ses sels, on voit naître de véritables composés salins dont on peut exprimer la compo- sition par la formule générale SMC'H')'O.A, A représentant un acide quelconque. » Les résultats consignés dans le travail de M. von OEl'ele acquièrent un grand intérêt par la généralisation qu'on peut leur donner. » On sait en effet par les recherches importantes de M. Wohler que le tellurure d'élhyle, Te=E-, correspondant à l'élher sulfhydrique, peut être considéré comme nu véri- table radical susceptible de s'unir à deux molécules d'un corps simple pour donner naissance à des composés appartenant au groupement Te=X% auquel correspond l'acide tellureux, » Le composé Te-E»0% qui résulte de la fixation de i équivalents d'oxygène par le tellurure d'éthyle, et qu'on peut rapporter à ce groupement, jouirait, d'après cet éminenl chimiste, de propriétés basiques et formerait des sels en s'associant 2 équivalents d'acide. » Or, des faits observés pai-I^L Wohler d'une part, et par M. von OEfele d'une autre, on pouvait conclure que S-Me% S»E% S'Pr%etc. seraient susceptibles de s'unir, soit à 2 équivalents de chlore, brome, oxy- gène, etc., pour former des composés rentrant dans le groupement soit aux groupements équivalents BrH, IH, MeBr, Mel, EBr, ET, etc., pour engendrer des produits semblables, et que pareillement Te- Me\ Te^E-, etc., etc., devraient s'unir à MeBr, Mel, EBr, El, etc., pour former des composés ( 62a ) ippartcnant au groupomeiU Te-X*. C'est ce que l'expérience a pleinement confirmé. >) Partant de cette idée, j'avais été conduit à admettre que par l'accou- piement du mercaptan avec l'iodure d'éthyle, ou du sulfure d'étliyle avec l'acide iodliydrique, on devrait donner naissance au composé H I qu'on pourrait considérer comme l'iodure d'un nouveau radical S' E^ H » Malheureusement les choses ne se passent pas de la sorte : dans le pre- mier cas il y a séparation d'acide iodhydrique, et dans le second production de mercaptan avec formation de la triéthylsulfine qui piend naissance, ainsi que nous avons vu plus haut, dans l'action réciproque des éthers iod- hydrique et su If hydrique. » Le bromure d'éthyle se comporte avec le sulfure d'éthyle de la même manière que l'iodure, seulement l'action est plus lente; ou obtient un bro- mure cristallisable en belles aiguilles, mais très-déliquescent. )) Le chlorure d'éthyle chauffé pendant 60 heures au bain-marie dans des tubes scellés, avec du sulfure d'éthyle, n'a donné que des traces de chlorure de triéthylsulfine. » Enfin les iodures de méthyle et d'amyle étant chauffés en vases clos au bain-marie avec le sulfure d'éthyle fournissent des composés analogues à l'iodure de triéthylsulfine, dans lequel i équivalent d'éthyle serait rem- placé par I équivalent de méthyle ou d'amyle. L'intervention des autres iodures de la série des alcools déterminerait sans nul doute la formation de composés semblables. » Eu se basant sin- les analogies si profondément étroites que présentent les termes correspondants de la grande famille des alcools, on pouvait coii- clin-c que le sulfure de nn'lhyle se comporterait de la même manière que le sulfure d'éthyle, et qu'eu raison de sa plus grande simplicité de com- position il fournirait des résultats encore plus nets : l'expérience a pleine- ment réalisé ces prévisions. ( 623 ) » Introduit-on dans un tube de verre i5 à ao centimètres cubes de sul- fure de méthyle et un volume environ moitié moindre d'eau distillée, puis fait-on arriver dans ce liquide, par un tube effilé, du brome goutte à goutte, la couleur de ce dernier disparaît par l'agitation, en même temps qu'on observe une réaction assez vive. Si l'on arrête l'addition du brome alors que la décoloration cesse de se produire, on obtient une masse cristalline d'un jaune rougeàtre que quelques gouttes de sulfure de métliyle déco- lorent complètement. Ce produit est très-soluble dans l'eau, déliquescent, et fournit une dissolution incolore qui, placée sous le récipient de la ma- chine pneumatique à côté d'un vase renfermant de l'acide sulfurique, laisse déposer de beaux octaèdres jaune d'ambre, transparents et doués de beau- coup d'éclat. » L'analyse assigne à ce produit la formule S ,Me- Br- » L'oxyde d'argent hydraté le décompose en fournissant l'oxyde cor- respondant { Me^ qui est entièrement neutre aux réactifs colorés. n L'iodure de méthyle agit énergiquement sur le sulfure de méthyle. La réaction s'accomplit à froid dans l'espace de quelques heures, et l'on ob- tient une masse blanche cristallisée qui se dissout moyennement dans l'eau froide, en assez forte proportion dans l'eau bouillante, et qui se sépare par une évaporation lente de sa dissolution, sous la forme de prismes d'une grande beauté. » Sa composition est exprimée par la formule i Me' » L'oxyde d'argent récemment précipité décompose sa dissolution avec séparation d'iodure d'argent et formation de l'oxyde correspondant ( Mf ' qui jouit de propriétés alcalines excessivement énergiques. La liqueur satu- { 6a4 ) réc par l'acide chlorhydriqne fournit par l'évaporation des prismes inco- lores, déliquescents, dont la solution est abondamment précipitée par le bichlorure de platine. Repris par l'eau bouillante, ce précipité se redissent et laisse déposer par un refroidissement lent de beaux prismes orangés dont la composition est exprimée par la formule |Me sOMeCl,PtCr- Me » Le chlorure d'or et le bichlorure de mercure donnent naissance à des produits analogues qui cristallisent très-nettement. I) Ce même iodure, traité par un sel d'argent quelconque, fournit un composé correspondant, cristallisant toujours sous des formes très-nettes, mais presque toujours déliquescent. » Fait-on agir l'iodure d'éthyle sur le sulfure de méthyle, des phéno- mènes semblables aux précédents se produisent, et l'on obtient le composé I Me S-lEt I 2 lequel, à l'aide de réactions analogues à celles que nous venons de décrire, donne un oxyde, un chlorure, un chloroplatinate et des sels bien définis. » Met-on maintenant en présence, de l'iodure de méthyle et du tellurure de méthyle, il se manifeste tuie action bien plus violente qu'avec le sulfure, et bientôt les deux liquides se prennent en une niasse cristallisée très-peu soluble dans l'eau, mais se dissolvant assez bien dans l'alcool. L'action de l'oxyde d'argent sur ce composé donne, indépendamment de l'iodiu'e de ce métal, un produit fortement alcalin. Celui-ci, traité par l'acide chlorhydrique et le bichlorure de platine, laisse déposer un beau produit cristallisé de cotdeur orangée parfaitement isomorphe avec celui que fournit le sulfure (le méthyle, et dont la composition est exprimée par la formule (Me ÏV MeCl,PtCl^ (Me » L'éther tellurhydrique ordinaire, traité par l'iodure d'éthyle, foiu-nil des résultats semblables. Il en est de même des séléniures de méthyle et d'élhvle à l'égard des iodures de méthyle et d'éthyle. ( 625 ) » On voit donc, en résumé, que la loi relative à la saturation que je me suis efforcé d'établir dans mon grand travail sur les radicaux organométal- liques, reçoit encore ici la plus complète confirmation. Les sulfures, sélé- niures et tellurures dérivés des divers alcools dans lesquels le soufre et ses analogues ne sont pas saturés, pouvant fixer soit R^, soit RR', pour se transformer en des composés de la forme S"X*, Se^XS Te='X*, deviennent dès lors susceptibles, lorsqu'on les place dans des conditions où la fixation de ces éléments peut s'effectuer, de fonctionner à la manière de véritables radicaux. » La liqueur des Hollandais bromée, le propylène brome, le bromo- forme et plusieurs autres substances analogues agissent en vases clos au bain-marie sur le sulfure de méthyle avec formation de composés cristal- lisés solubles dans l'eau. Ces derniers, étant traités par de l'oxyde d'argent récemment précipité, se transforment en des produits doués d'une alcalinité considérable qui donnent avec l'acide chlorhydrique et le biclilorure de platine des composés très-nettement cristallisés. » Leur étude m'occupe en ce moment : dès qu'elle sera terminée, j'aurai l'honneur d'en communiquer les résultats à l'Académie. » CHIMIE APPLIQUÉE. — Remplacement de l'alcool et de l'esprit de bois pour la dissolution des produits tinctoriaux provenant de Caniline et de ses congénères ; par M. Gaultier de Clacbry. (Extrait par l'auteur.) (Commission du prix dit des Arts insalubres.) 0 A l'exception de la fuchsine et du violet de Perkin, les substances tinc- toriales provenant de l'aniline ou de ses congénères, la naphtaline, le pétrole, les composés phéniques, etc., sont insolubles dans l'eau et ne peuvent être utilisés eu teinture qu'en dissolution dans l'alcool. » Beaucoup de tentatives qui sont restées infructueuses ont été faites dans le but de remplacer ce véhicule par des substances d'un prix moins élevé. C'est de la solution du problème suivant que nous nous sommes occupé, et les résultats obtenus sont aujourd'hui sanctionnés par l'expérience : trouver des substances qui puissent rendre ces couleurs solubles dans l'eau sans modifier leurs caractères, en permettant d'opérer la teinture et l'impression des tissus dans les conditions habituelles des ateliers, fournissant des cou- C. R., i865, \" Semestre. (T. LX, >« 13.) 82 ( 626 ) leurs bien unies et toutes les teintes, d'un emploi facile, n'exerçant aucune action nuisible sur la santé des ouvriers, et réduisant dans une grande pro- portion le prix de revient des produits manufacturés (i). » Les violets, pris comme exemple, sont composés d'éléments rouges et bleus : les premiers plus solublesdans les divers véhicules, les seconds très- difficiles qiielquefois à dissoudre. » La dissolution alcoolique, mêlée en proportion convenable à l'eau , fournit lui bain qui, abandonné au repos, laisse spontanément précipiter une très-grande partie de la couleur et ne retient que le rouge; l'ébullition légère à laquelle on est obligé de l'élever pour la teinture, dégageant facile- ment cet alcool, augmente la précipitation et détermine la production d'un dépôt inégal de la couleur sur les fils et les tissus, ce qui explique à la fois la difficulté d'obtenir des teintes parfaitement unies et le caractère que présen- tent plus ou moins les objets teints avec ce genre de produits de tacher le linge par le frottement. Les teintures obtenues à l'aide des dissolutions qui font le sujet de ce Mémoire sont au contraire facilement obtenues d'une teinte uniforme, et le liquide colorant qui les imprègne en est expulsé par le lavage et le tordage au sortir du bain. » Un grand nombre de substances donnent à l'eau la propriété de dis- soudre les couleurs qui jusqu'ici n'avaient pu l'être que par l'alcool; nous signalerons parmi elles les gommes et les mucilages, le savon et en particulier celui d'amandes, la glucose, la dextrine, les gelées de diverses fécules et des différents lichens et fucus, en particulier du Fucus crisinis, la glycérine, la gé- latine et les gelées animales; mais celles qui offrent les résultats les plus avantageux et les plus piatiques sont les décoctions de l'écorce désignée dans le commerce sous le nom de panama [Quillaïa saponarin), et de racine de saponaire d'Egypte [Gypsopliila strutium). La Saponaria officinalis peut égale- ment être employée, mais elle agit moins énergiquement. Toutes ces sub- stances ont pour caractère commun d'épaissir l'eau ou de la faire mousser. La dissolution des jjroduits colorants est facilement obtenue en versant sur leur poudre les dissolutions bouillantes, agitant, décantant, et, s'il reste une partie indissoute, recommençant l'opération. Ces liqueurs peuvent être éva- porées en extraits, mais ime longue ébullition, surtout si l'eau renferme du sulfate et du carbonate de chaux, peut modifier les couleurs. Mais il est pré- férable de se servir de l'extrait de saponaire d'Egypte, par exemple, avec lequel on triture la couleur en poudre fine; l'eau ajoutée ensuite successi- (i) Ces résultats ont servi de base ;i un brevet d'invention. (6^7 ) veinent dissout, avec des soins convenables, la totalité du produit; mais dans ce cas comme dans le précédent, les premières liqueurs entraînent les rouges plus solubles, les bleus se dissolvant plus difficilement, de sorte qu'il est indispensable de mêler exactement toutes les liqueurs. » Les mêmes modes d'agir et les mêmes précautions sont nécessaires quand on opère sur des couleurs bleues formées également de divers pro- duits inég:dement solubles. La leintiu'e s'opère dans ces dissolutions sans aucune précaution particulière, et on obtient avec la plus grande facilité des teintes parfaitement unies. Dans le cas où ou voudrait conserver l'usage de l'alcool, on pourrait diminuer dans une très-grande proportion la quan- tité nécessaire pour l'opération, soit en délayant d'abord le produit colo- rant dans une très-petite quantité de ce véhicule et achevant la dissolution avec l'extrait de saponaire, soit en se servant d'abord de celui-ci et ache- vant la dissolution avec un peu d'alcool, soit en manoeuvrant d'abord les fils ou tissus dans un bain de saponaire et teignant dans le bain alcoolique au- quel on ajouterait de l'extrait de cette racine, et dans ce cas il ne serait né- cessaire d'employer pour le traitement des produits colorants que la quan- tité d'alcool strictement nécessaire pour les dissoudre, tandis que dans le procédé actuellement suivi, et pour les causes indiquées plus haut, il est indispensable d'en employer un Irès-grand excès. » Le prix élevé de l'alcool a conduit beaucoup d'industriels à remplacer ce véhicule par l'esprit de bois désigné dans le commerce sous le nom de méthylène, mais dans un assez grand nombre d'ateliers on a été obligé de renoncera son emploi, les ouvriers se refusant à travailler par suite des in- convénients qui en résultent pour leur santé. Lorsque ceux-ci restent durant des journées entières exposés aux émanations des cuves de teinture, ilsfinis- sent par éprouver par l'action de l'alcool des sensations qui , d'abord agréables, finissent par leur occasionner beaucoup de fatigue. Le travail avec les dissolutions méthyliques déterminant des accidents, nos procédés qui dispensent de recourir à ce véhicule méritent de fixer l'attention. L'im- pression des étoffes exige des conditions particulières dans les dissolvants nécessaires pour les opérations et les produits colorants qui doivent se mé- langer intimement avec les divers épaississants, sans modifier l'état de ceux-ci. Les dissolutions obtenues à l'aide des substances signalées dans ce Mémoire sont facilement employées avec la gomme, la dextrine et l'albumine seules ou mélangées, et fournissent des produits faciles à mettre en œuvre dans ce genre d'industrie. » Les modes décrits dans ce Mémoire conduisent aux résultats suivants : 82.. ( 628 ) » 1° Remplacement complet dans la plupart des cas, partiel dans des cas donnés, de l'alcool et de l'esprit de bois pour la dissolution des produits tinctoriaux insolubles dans l'eau, provenant de l'aniline et de ses congénères, par des substances dont rien ne faisait prévoir l'action ; » 1° Application de ces propriétés à la teinture et à l'impression des tissus ; )> 3° Économie considérable dans l'emploi de ces modes de dissolution; » 4° Obtention facile de teintures bien unies et qui ne tachent pas le linge par frottement ; » 5° Suppression généralement complète et to»it au moins partielle des inconvénients que produisent pour les ouvriers les y^ipeurs alcooliques ou méthyliques. » M. LE Ministre de la Marine transmet un Rapport qui lui a été adressé par M. H. Ferrandy^ commandant le navire l Aucjuslin, parti de Marseille le 7 mars 1864 pour Pondichéry, et de retour à Marseille le •J\ février i865. Nous en extrayons le passage suivant relatif à un cas de pltosphorescence de la mer très-bien observé par le capitaine Ferrandy. « Le I*'' janvier i865, étant par i3°3o' latitude nord et So^So' longitude ouest, jusque par i 'j°io' latitude nord et 33° 20' longitude ouest, soit environ 275 milles, j'ai navigué dans des eaux phosphoreuses qui m'empêchaient dans la nuit de distinguer l'horizon. La mer était d'un bleu vif très-pro- noncé; à chaque tangage du navire la lumière que projetait l'avant du na- vire, principalement sur la misaine, était aussi vive que celle que donne la lumière électrique sur un objet. L'horizon était aussi noir que dans l'ap- proche d'un ouragan. » Dans le jour l'eau était verdâtre, à tel point que j'ai fait sonder, croyant être sur un haut-fond, sans résultat après avoir filé 160 mètres de ligne. Le sillage du navire, variant de 3 à 5 nœuds, ne laissait pas de trace. Étant arrivé, par le travers des porte-haubans de misaine, l'écume se convertissait là en une substance gluante qui disparaissait par le travers du grand mât. La surface de l'eau nuit et jour laissait des sillons que traçait la brise, sem- blables à ceux qu'occasionne un corps gras. L'odeur de la mer était aussi forte que celle que l'on sent dans une poissonnerie. )) J'ai fait à diverses reprises prendre de l'eau de mer et j'ai remarqué un grand nombre de petits fils blancs de 4 à 5 millimètres, qui, après quelques heures de séjour dans un verre, prenaient une forme ovoïde de 3 milli- ( 629) mètres de long et de j millimètre d'épaisseur; au milieu il se formait un anneau qui diminuait de moitié l'épaisseur de ces objets. Peu à peu tous ces divers objets se soudaient l'un à l'autre par groupe de 12 a i5 et formaient une espèce de ver qui, vu sous l'incidence de la lumière, était d'un gris très-brillant. Après quelques heures de soudure, il se formait à l'anneau un petit point jaune, quelques-uns d'un rouge orangé très-vif. Ainsi consti- tués, ces divers animaux étaient en tout semblables à ceux que j'ai souvent remarqués (notamment le 12 décembre, sur Sainte-Hélène), à ceux que l'on voit dans les bancs jaunâtres qui sont sur l'eau, que l'on désigne géné- ralement sous le nom de frai de poisson, et quelques-uns sous le nom de frai de baleine. » M. Roi'BACD soumet au jugement de l'Académie un travail ayant pour titre : De t identité d'origine de la gravelle, dudiabète sucré et de l'albuminurie. L'auteur, en terminant son Mémoire, résume, dans les conclusions sui- vantes, les résultats de ses recherches : « 1° La gravelle, le diabète et l'albuminurie ne sont point des maladies de l'appareil urinaire. » 2° Les lésions anatomiques que, dans le cours de ces maladies, on ren- contre sur les organes de cet appareil, sont ou étrangères on consécutives à l'affection, dans l'immense majorité des cas. » 3° L'étiologie de ces trois affections se trouve dans luie cause géné- rale, dans une altération du sang. » 4° Cette altération du sang est constituée par un produit excrémen- tiel en excès, l'acide urique, qui, selon des conditions spéciales qui le forcent à rester insoluble, ou à agir soit siu" la glycose, soit sur l'albumine du sang, détermine tantôt la gravelle ou la goutte, tantôt le diabète et tantôt l'albu- minurie » (Renvoi à l'examen d'une Commission composée de MM. Andral et Rayer.) THÉRAPEUTIQUE. — Recherches expérimentales sur les phénomènes d' absorption pendant le bain; par M. C. de Laurès. (Commission des prix de Médecine et de Chirurgie.) « Attaché depuis seize années à la pratique des eaux minérales, j'ai jut constater par moi-même cette vérité reconnue de tous les médecins, que la médication par les eaux minérales, dont les bains forment un des éléments ( 63o ) principaux, constitue une ressource puissante de la thérapeutique; maisl'ob- servation même fies effets oljtenus m'a conduit à douter que l'absorption par la |)eau de certains principes contenus dans l'eau pût suffire à l'expli- cation des phénomènes multiples qui s'accomplissent au sein de l'organisme, sous l'influence des bains, et ce doute m'a conduit aux recherches dont j'ex- pose aujourd'hui quelques résultats.... J'étudierai, dans un autre travail, tout ce qui se rattache : aux conditions atmosphériques, à la composition des bains, à leur température, leur durée, à l'électricité (?), à l'âge des sujets, à leur constitution, leur état de santé, leurs habitudes, etc., etc. ; dans les recherches que j'ai l'honneur de soumettre aujourd'hui au jugement de l'Académie, je n'ai eu en vue que l'absorptivilé de la peau pendant les bains. « L'auteur, destinant son travail au concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie, y a joint, conformément à une des conditions imposées aux concurrents, une analyse destinée à faire ressortir ce qui s'y trouve de neuf. M. Legrand du Saclle, en jirésentant au concours pour les prix de Mé- decine et de Chirurgie son ouvrage intitulé : « la Folie devant les tribunaux », y joint, pour se conformer à une des conditions imposées aux concurrents, l'indication de ce qu'il considère comme neuf dans son travail. M. DccHEMiN, qui, dans une précédente communication, annonçait avoir substitué dans la pile de Bunsen le cldorure de sodium à l'acide sul- furique, dit avoir remplacé avec plus d'avantage cet acide par le sulfate de fer à l'état de faible dissolution. (Renvoi à M. Edm. Hecquerel, déjà désigné pour prendre connaissance d'une précédente communication de l'auteur.) M. FoNTENAD pi'ie l'Académie de vouloir bien admettre au concours pour le prix dit des Arts insalubres les pièces qu'il lui adresse et cpii ont rapport à un appareil tic sntivclage pour les naufra(jés. \a\ description et la figure de l'appareil sont accompagnées de plusieurs documents exprimant l'opinion favorable qu'en ont conçue des personnes compétentes. (Réservé pour la future Commission des Arts insalubres.) ( 63i ) CORRESPOIVDANCE. M. LE Ministre de l'Instruction publique approuve l'emploi proposé par l'ALCadémie pour certains fonds restés disponibles. M. LE Ministre de l'Agriculture, du Commerce et des Travaux puulics adresse, pour la Bibliothèque de l'Institut, un exemplaire du XLIX* volume des Brevets d'invention pris sous l'empire de la loi de i844' L'Académie Impériale des Curieux de la IVature ailresse le vo- lume XXXP de ses Jetés. Elle envoie en même temps un prospectus de la « Fondation Carus » quia pris naissance dans son sein. Une autre circulaire, adressée par suite dune décision générale relative à sa Bibliothèque et aux moyens de compléter les collections académiques qui y figurent, contient, pour ce qui concerne l'Académie des Sciences, une demande d'envoi de tous les volumes des Mémoires parus depuis i834. M. Khoch, dont les recherches sur le Bothriocéphale large ont été l'objet d'une mention honorable au dernier concours pour le prix de Physiologie expérimentale, adresse ses remercîments à l'Académie. M. Flourens présente au nom de M. Mantegazza un opuscule écrit eu italien et résumant les recherches de l'auteur sur les greffes animales. Pour doruier une idée de ce travail, M. Flourens lit le paragraphe suivant de la Lettre d'envoi : « J'ai greffé, et pour plusieurs classes d'animaux, presque tous les or- ganes. Il y a des tissus qui sont atteints de la dégénération grasse, il y en a qui végètent dans le nouvel organisme en y contractant des adhérences par de nouveaux vaisseaux et du tissu conjonctif. Dans la grenouille, le testicule continue à produire des zoospermes, et l'estomac, après avoir con- tracté des adhérences vasculaires, produit toujours du mucus et du suc gastrique. Après vingt-sept jours, j'ai pu obtenir des digestions artificielles parfaites avec l'estomac greffé. i> La rate peut vivre longtemps dans un autre organisme chez les batra- ciens et peut même augmenter de poids. .. L'ergot du coq peut vivre l'espace de huit ans dans l'oreille d'un bœuf, en acquérant le poids de 896 grammes. ( G32 ) » Dans une autre partie de mon travail, j'ai greffé la fibrine pure, sans globules rouges ni blancs, et je l'ai vue s'organiser et se transformer en pus, tissu conjonctif, cellules granuleuses et nouveaux vaisseaux. En variant les expériences de mille manières, en étudiant l'organisation du sang greffé ou arrêté dans un vaisseau, j'ai pu me persuader de la fausseté du principe histoiogique de l'école de Berlin : Omnis cellula ex cellula. La fdîrine est un principe immédiat de l'organisme, et d'elle-même, par le contact avec les tissus vivants, peut s'organiser. » ASTRONOMIE. — Allas céleste de M. Dien. « M. Babinet présente avec de grands éloges Y Atlas céleste de M. Dien, qui comprend une quantité innombrable d'Étoiles de toute grandeur pla- cées sur des cercles horaires très-rapprochés les uns des autres. Ce travail, qui a occupé la vie entière de M. Dien, a été plusieurs fois sur le point d'être publié aux frais de l'Etat. Les positions y sont marquées pour 1860 et n'auront pas besoin de correction jusqu'en 1900 et au delà. Cet ouvrage s'adresse aussi bien aux Astronomes de profession qu'aux simples amateurs qui veulent reconnaître les Étoiles et les Constellations et suivre les Pla- nètes et les Comètes dans leur marche au travers du Ciel. L'Auteur a dépouillé tous les Catalogues connus, et l'étude de ces cartes fournit une quantité de données précieuses pour la connaissance du Ciel. » Il y a une très-bonne carte du Ciel austral circompolaire. » M. Dien a lui-même observé pendant de longues années. Il cite parmi les Astronomes qui lui ont fourni des conseils et des encouragements : » Arago et Struve père (William); » M. Le Verrier, qui avait obtenu pour son Atlas une souscription du Ministère de l'Instruction publique; 9 Et M. Faye, qui lui a conununiqué de précieux Catalogues et les a laissés longtemps à sa disposition. )) Je puis attester, d'après ma connaissance personnelle, que M. Dien n'a nullement exagéré tous les témoignages d'estime et tous les encourage- ments que pendant de longues années il a reçus de tous côtés. » On doit savoir gré à l'éditeur, M. Gauthier-Villars, d'avoir mis en lumière V Allas de M. Dien. M. Gauthier-Villars continue la maison Mallet- Bachelier qui, par ses publications souvent désintéressées, a contribué pen- dant plus d'un demi-siècle à rendre aux Sciences mathématiques les services les plus signalés. » ( 633 ) MICROGRAPHIE. — Recherches sur la nature végétale de la levure. Note de 31. Hoffmax.v, de Giessen, présentée par M. Tulasne. <( Dans un travail publié en février 18G0 dans la Botanische Zeitwuj et traduit dans les Annales des Sciences naturelles, même année, j'ai montré que le moût, après une ébuUition suffisamment prolongée, n'entre pas en fermentation et ne développe pas la moindre trace d'organismes inférieurs quelconques, même en contact avec l'air atmosphérique ordinaire, à la condition que la poussière de l'air n'y trouve pas d'accès. J'y ai décrit un appareil très-simple {loc. cit., p. 5i) qui permet d'exécuter cette expérience avec un succès parfait. J'ai montré ensuite, dans le même travail, que la lie de vin tire son origine de certaines petites moisissures qui se trouvent atta- chées à la surface extérieure des fruits. » Maintenant je vais montrer quelle est l'origine et la véritable nature botanique de la levure de bière et de celle des boulangers, ce qui, d'après les travaux publiés jusqu'à ce jour, ne me parait pas être un problème résolu. Certainement il était assez probable que ces organisations élémentaires de- vaient tirer leur origine de certaines moisissures ordinaires, mais on n'en avait pas donné jusqu'à présent une preuve assez concluante. On verra par ce qui suit que la levure de bière fait naître, lorsqu'elle est cultivée à l'abri de germes étrangers, le Pénicillium glaucum, pendant que la levure de boulanger, produite par les fabricants d'eau-de-vie et conservée dans un état presque sec, donne naissance soit à la même plante, soit au Mucor raceinosus conjoin- tement avec le premier, ou plutôt ce dernier seul, ce qui est le cas le plus ordinaire; qu'ensuite, en semant vm certain nombre des spores de ces plantes dans une solution sucrée, par exemple de l'eau de miel, on n'obtient pas seulement une grande quantité d'acide carbonique pur, jusqu'à décom- position complète du sucre, mais encore delà levure, qui, si on la cultive, donne les mêmes productions dont elle est dérivée. Voici les appareils qui m'ont servi à établir ces faits. » 1. Appareil de culture pour la levure. — Une large éprouvette est à moitié remplie d'eau bouillante; on y plonge soit un morceau de pomme de terre crue, pris de la partie intérieure du tubercule, soit de la croûte de pain; on ferme légèrement avec un bouchon, et on continue à faire bouillir pendant un quart d'heure; puis on fait écouler l'eau, en lâchant un peu le bouchon de l'éprouvette, qui ensuite est placée dans une position horizontale; enfin, C. R., i8G5, i" Semestre. (T. LX, N" 13.) ^3 ( 634 ; ;i|jrès refroidissement suffisant, on dépose au moyen d'une aiguille quel- ques traces de levure sur la pomme de terre et on referme très-légèremenl rorifiice. Au bout d'une huitaine de jours on verra les moisissures ci-dessus nommées en pleine fructification, et cela exactement dans l'endroit où l'on aura déposé les graines. » 2. Appareil de fermentation. — Une éprouvetteest remplie d'eau de miel, qu'on maintient pendant quelque temps en ébullilion. L'orifice supé- rieur est fermé par un bouchon percé, qui est traversé par un petit tube étroit long de 3 pouces. Après refroidissement suffisant, on enlève pour un moment le bouchon, on transporte dans le liquide une portion de spores pures des champignons nommés plus haut, puis on ferme solidement, ayant soin qu'une petite quantité d'air soit retenue entre la surface du liquide et le bouchon. Après cela il faut renverser cet appareil ; on le plonge dans une autre éprouvelte un peu plus grande, au fond de laquelle on a mis quelques gouttes d'eau pure (sans cette précaution il s'établirait, par suite du change- ment de volume du gaz dans l'intérieur, causé par les variations de tempé- rature, une aspiration d'air extérieur qui pourrait introduire de petites por- tions de poussière, et qui du reste viendrait altérer la composition du produit gazeux de la fermentation). Enfin on expose cet appareil à tuie t<"mpérature de i5 à 3o degrés centigrades, et dans le cours d'une quinzaine de jours on verra la fermentation s'établir, peu intense il est vrai, mais parfaitement normale. Pour avoir un terme de comparaison, il sera bon d'arranger plu- sieurs appareils de même nature, auxquels on aura ajouté soit de la levure ordinaire, de la poussière de chambre (qui fait fermenter parfaitement bien), soit ei\{\n rien du tout. » GÉOMÉTRIE. — Sur la théorie des surfaces. Note de ^I. ]\icolaidès, présentée par M. Ossian Bonnet. « ... En désignant, comme à l'ordinaire, par — ? — les deux courbures d'une surface, et par r/â l'angle de deux normales voisines suivant l'arc ds, M. Ossian Bonnet a démontré qu'on aura (-) "•■ ■ / I si l'arc ^.ç fait avec les lignes de courbure [ — ) un angle a, déterminé par ( 635 ) l'équation (2) lang2a=:^'- » Dans un Mémoire que j'ai eu l'honneur de présenter récemment à la Faculté des Sciences, j'ai mis l'équation d'Euler et celle qui a été découverte l)ar M. Bertrand sous une forme qui permet d'obtenir la valeur (jénérale de la courbure relalivc —1 indépendamment de l'angle «; je suis ainsi conduit à une équation qui généralise élégamment le théorè/ne équivalent à l'équa- tion (i). Je transcris les équations dont je viens de parler : , . , ^9 cos'a sin'a l sin 1 — - = -— , (3) ' " ""' "= ^"°^4!= ~{i-i)'''' acosa. I est l'angle que fait l'élément ds avec la direction conjuguée. Éliminant « entre ces deux équations, j'obtiens (4) tt:; + s'nl - + - = o. ds' \R, R,y (is R,R, Celte dernière équation est du deuxième degré par rapport à —, et du pre- mier par rapport à sin I, ce qui prouve que l'angle I prend deux fois la même valeur autour d'un même point de la surface, c'est-à-dire pour deux valeurs différentes de la courbure — • Les valeurs correspondantes de a doivent vérifier l'équation tanga, tang«3 = —, cela se démontre aisément. » Désignons maintenant par ( — j (-~\ les racines de l'équation (Zj), li viendra rf9 83.. ( 636 ) Dans le cas des racines égales, c'est-à-dire quand on a tang-a, = tang-a., = ^ la seconde équation (5) se réduit à (ir- ds' R,R, ce qui est l'équation donnée par M. Ossian Boiuiet dans le XXXIP Cahier du Journal de l'Ecole Polytechnique. » M. Pyrlas adresse d'Afliènes une Note sur un moyen qu'il a imaginé pour écarter les dangers delà foudre, et qui, suivant lui, serait exempt de certains inconvénients qu'on peut reprocher aux paratonnerres. M. Pouillet est invité à prendre connaissance de cette Note, et à faire savoir à l'Académie si elle est de nature à devenir l'objet d'un Rapport. M. A. DE Lacroix prie l'Académie de lui faire savoir si elle a reçu un Mémoire qu'il lui a adressé au mois de janvier dernier, « sur une nouvelle application de son appareil respiratoire ». Cette pièce a été reçue et se trouve mentionnée au Compte rendu de la séance du 3o janvier. M. Desormeai'x piie l'Académie de vouloir bien admettre au concours pour les prix Montyon (Médecine et Chirurgie) un ouvrage qui a été pré- senté en son nom par M. Rayer, et qui a pour titre : « De l'endoscope et de son application au diagnostic des affections de l'urètre et de la vessie ». M. JouLiN adresse une semblable demande pour ses deux Mémoires sur le bassin « Anatomie et Physiologie comparée du bassin des Mammifères »; M Mémoire sur le bassin considéré dans les races humaines ». A 4 heures l'Académie se forme en comité secret. ( 637 COMITE SECRET. 31. Becqcerel présente, au nom de la Section de Physique, la liste sui- vante de candidats pour une place de Correspondant vacante par suite de la nomination de M. de ta Rive à une place d'Associé étranger : En première Ucjne M. WilhemWeber, à Gottingue. M. DovE à Berlin. M. Grove(i). ... à Londres. M. Jacoby à Saint-Pétersbourg. En deuxième ligne et par 1 M. Kircuhoff. ... à Heidelberg. ordre alphabétique.. . . ) M. Kupffer à Saint-Pétersbourg. M. Plitcker à Bonn. M. llicii à Berlin. M. Stockes à Cambridge. Les titres de ces candidats sont discutés. L'élection aura lieu dans la prochaine séance. La séance est levée à 5 heures trois quarts. F. BULLETIN BIBLIOr.RAPHIQUE. L'Académie a reçu dans la séance du 27 mars i865 les ouvrages dont voici les titres : Eloge historique c/'Auguste Bravais ; par M. Élie DE Beaumont. Paris, 1 865; in-4''. (Présenté dans la précédente séance, 20 mars.) Les fondateurs de r astronomie moderne : Copernic, T/cho-Brahé, Kepler, Galilée, iVen^to/i; /j«r Joseph Bertkand. Paris; in-B". Stdla relazione... Sur la relation entre les phénomènes météorologiiiues et le magnétisme terrestre ; par P. Angelo Secchi. Rome, i864; br. in-8°. Intorno... Sur quelques restes d^ ouvrages hydrauliques antiques retrouvés dans la cité d'Jlatri; par le même. Rome, i865; br. iu-8°. (Ces deux opus- (i) C'est par suite (.l'une erreur typographique que le nom de M. Grove a été omis dans les Comptes rendus, t. LVIH, p. 1061, lors de la publication de la liste des candidats dans l'élection précédente, en juin 1864. ( 638 ) cilles ont été présentés par M. É!ie de Beanmont clans la séance précédente, 20 mars.) Description des machines et procédés pour lesquels des brevets d'invention ont été pris soas le régime de la loi du 5 juillet 1844, publiée par les ordres de M. le Ministre de rAgriciiltiire, du Commerce et des Travaux publics; t. XLTX. Paris, i865; vol. in-4". Réforme de la Chimie minérale et orcjnniijue, de la morpliogénie moléculaire l't de la cristallogénie au moyen de la mécanique des atomes ou synthèse mathé- matique ; par M . A. Gaudin. Paris, i865; br. in-8°. Le mouvement scientifique pendant l'année i864; par MM. E. Menault et A. Boillot; i" et a*" semestres. Paris; 2 vol. in-12. Rapport sur les travaux du Conseil central de salubrité et des Conseils d'ar- rondissement du département du Nord pendant l'année i863; n°22. Lille, iS64; in-8". Mémoires de là Société impériale cV Agriculture, Sciences et Arts d'Anqers [ancienne Académie d'Angers); notivelle période, 't. VII, i^ cahier. Angers, 186'i; br. iii-8". Mémoires de la Société académique de Savoie, t. I à X, et 2* série, t. 111, IV, V et Vli. Chambn-y; i4 vol. in 8". Documents publiés pur r Académie de Savoie; t. T et II. Chambéry, 1869 et i86i:in-8". La folie devant les tribunaux ; par le T)"' LkGRAND DU Saulle. Paris, i864; vol. in-8°. (Destiné au concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie.) Ànatomie et physiologie comparée du bassin des mammifères ; par le D'' JOULIN. (Extrait des Archives générales de Médecine.) Paris, i864; br. in-8°. Mémoire sur le bassin considéré dans les races humaines; par le même. (Extrait du même recueil.) Paris, r864; br. in-8°. (Destinés an concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie.) Traité historique des poids et mesures et de la vérification depuis Charlemagne jusqu'à nos jours: par M. Barny. Paris, i863; in-8°. Sur les Celtes. Que les vrais Celtes sont les vrais Gaulois; par M. PÉfîlEii. (Extrait des Bulletins de la Société d'Anthropologie; t. V, 4' fascicule.) Paris, i865; br. iii-8". Observations et théories des cmciens sur les attractions et les répulsions ma- gnétiques et sur les attractions électriques ; par T\i. Henri Martin. Rome, i865; in-4". Passages relatifs à des sommations de séries de cubes extraits de deux nia- ( 639 ) nuscrils arabes inédits du British Muséum de Londres; par M. F. WOEPCKE. Rome, i864; in-4''. Passages relatifs à des sommations de séries de cubes extiaits de trois mniiu- scrits arabes inédits de la Bibliothèque impériale de Paris; par le même. (Extrait des Annali di Matematica pura ed applicata, t. V, ri° 3.) Rome, i864; 111-4". Le Talkhys d'Ibn Jlbanna, publié et traduit par Aristide Marre. (Exti'ait des Âtti dell' Jccademia pontificia dé Nuovi Lincei, t. XVII.) Rome, i865; 111-4". Le franc-arithme, ou le calcul affranchi de l'embarras des retenues...; par feu J.-H.-D.-B. DuPUY, revu et augmenté d'un supplément par M"^ Laurence Dupuy. Blois, 1862; br. in-8°. Verhandlungen... Actes de V Académie des Curieux de la nature ^ t. XXXI. Dresde, i864; in-4° avec i5 planches. Nafuurkundige... Mémoires d'Histoire naturelle de la Société hollandaise des Sciences de Haarlem; a'' série, t. XVIII. Haarlem, i863; in-4°. Jahrbuch... Annuaire de Plnstitut L R. Géologicpie de Vienne; XIV* vo- hune, 1864, ï\° 4 (octobre, novembre et décembre). Vienne; in-8°. Sitzungsbericlite... Comptes rendus de l'Académie impériale des Sciences devienne [classe des Sciences mathénmlicpies et naturelles); t. XLIX, 2" et 3^ livraisons. Vienne, 1864; iu-8°. Degli innesti animali e délia produzione artificiale délie cellule; par P. Man- TEGAZZA. JVIilan, i865; br. in-8°. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 5 AVRIL 1865. PRÉSIDENCE DE M. DECÂISNE. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. BOTANIQUE. — Considérations sur la flore de la Nouvelle-Calédonie ; par M. Ad. Bkoxgxiart. « En présentant à l'Acailémie, sous le litre do Fr^^men^s d'une flore de la Nouvelle-Calédonie, un premier fascicule de Notices sur quelques parties de la flore de cette contrée, résultat des études faites en commun par M. Arthur Gris et par moi, sur les végétaux de ce pays, je lui demande l;i permission de lui exposer brièvement quelques-uns des traits les plus saillants de la végétation de cette grande île, tels qu'ils résultent de l'examen des col- lections importantes, bien que fort incomplètes encore sans doute, qui ont été réunies depuis quelques années dans celte nouvelle colonie française; collections qui ont im grand intérêt ])ar la nouveauté des végétaux dont elles nous révèlent l'existence et par la rapidité avec laquelle elles se sont accrues, grâce au zèle infatigable de quelques savants explorateurs. 11 On sait que la Nouvelle-Calédonie fut découverte et désignée sous ce nom par Cook. (^e célèbre navigateur fit un court séjour à Balade, dans le nord de cette île, pendant son second voyage en 177/), voyage pendant lequel il était accompagné par les naturalistes Spar.mann, ReinoM et Georges Forster. Ce dernier publia en 1786, onze ans après son retour, sous le litre de Florulœ insuinrum australiimi Prodromus, une énumération très- sommaire des plantes recueillies par lui dans les îles de l'océan Pacifique et Austral. C. Pi., i865, 1" Semestre. (T. LX, N" 14.) ^4 ( 642 ) Cinquante-deux plantes delà Nouvelle-Calédonie et des îles qui l'environ- nent immédiatement figurent dans cet ouvrage. » Vingt ans après le voyage de Cook, en 1794, pendant l'expédition à la recherche de l^apeyrouse, sous le commandement de d'Enti-ecasteanx, notre ancien confrère Lubillardière visitait de nouveau les mêmes lieux et, pen- dant un séjour de trois semaines, augmentait parsesrecherches les matériaux de la flore d'un point très-circonscrit de la Nouvelle-Calédonie. Mais ce ne fut que trente ans plus tard, en 1824, qu'il publia sous le titre deSeilum austro-caledonkum le bouquet, comme il l'appelait, des plantes qu'il avait recueillies dans celte île. Elles étaient au nombre de quatre-vingts, toutes étaient décrites et figurées avec soin; onze d'entre elles étaient déjà com- prises dans rénumération de Forster. C'était donc en tout lai espèces con- nues dans une île aussi étendue. » Depuis lors jusqu'en 1860, c'est à peine si cinq ou six espèces recueil- lies pendant les stations rapides de quelques voyageurs ont été ajoutées à cette liste, et lorsqu'en i853 le Gouvernement français prit possession delà Nouvelle-Calédonie, ce qu'on connaissait de sa flore n'atteignait pas le chiffre de i3o espèces. » Mais depuis cette époque, des recherches persévérantes ont eu lieu et nous ont fait connaître un des enseudDles de végétation les plus remarqua- bles; les premières furent dues à M. Pancher, ancien jardinier du Muséum d'Histoire natinelle de Paris, chargé de diriger les cultures du Gouverne- ment, d'abord à Taïti, puis à Port-de-France à la Nouvelle-Calédoi'iie, qui, dès 1869, nous adressait quelques plantes remarquables de ce pays. Veis la même époque, M. Vieillard, médecin de la marine, s'appliqua avec une rare activité à réunir et à étudier les végétaux des diverses stations que ses fonctions l'appelèrent à visiter successivement; son collègue, M. De- planche, apporta aussi son tribut tres-fructueux à cet accroissement de la flore de cette île; enfin, cetteannée même, M. Baudouin, capitaine dans l'in- fanterie de marine, à la suite d'un séjour de trois années à la Nouvelle- Calédonie, a rapporté le produit des recherches faites par lui aux environs de Port-de France, qui lui ont procuré j)lusieurs plantes nouvelles fort intéressantes. » Les collections réunies par ces zélés et savants cx])lorateurs dans l'es- j)ace de quelques années et remises par eux, soit au Muséum d'Histoire naturelle de Paris, soit à l'exposition des colonies du Ministère de la Ma- rine, ont plus que décuplé le nombi'e des plantes connues de la Nouvelle- Calédonie, car, de i3o espèces, il a été porté à Tioo au moins, sans compter ( 643 ) plus de 4oo espèces dé Cryptogames, parmi lesquelles les Fougères figu- rent en grand nombre. » Cependant la plus grande partie des côtes occidentales, les régions intérieures et élevées de cette grande île ont été à peine entrevues sur un })etit nombre de points, et quelques plantes en échantillons uniques, restées dans l'herbier de M. Vieillard, ainsi que celles recueillies par le P. Mon- trouzier dans une petite île voisine de la Nouvelle-Calédonie, sont restées en dehors de notre relevé général. » Il est difficile de prévoir à quel chiffre pourra s'élever le nombre total des plantes de la flore austro-calédonienne; mais quand on considère l'étendue de cette grande île, environ 80 lieues de long sur 10 à i j de largeur, la nature accidentée du sol, et la variété des sites qui en résulte, ainsi que la petite étendue des parties explorées souvent tres-rapidcment, il est difficile de ne pas admettre que cette flore comprendra au moins 3ooo espèces de plantes phanérogames, c'est-à-dire plus du double de ce que nous connaissons en ce moment. » Cependant il est probable, d'après la diversité des points où ces plantes ont été recueillies par des botanistes qui ne s'attachaient pas avec unepré-^ dilection spéciale à certaines familles en particulier, que la collection des plantes^déjà réunies, quoique incomplète, peut nous donner une idée assez juste de la végétation de cette contrée. » Ce qui frappe immédiatement lorsqu'on examine l'ensemble de ces végétaux, c'est la réunion de plusieurs des caractères de la flore de l'Aus- tralie à ceux des flores de l'Asie équatoriale. » La position de la Nouvelle-Calédonie et de ses dépendances sur les limites de la région intertropicale, entre le 20* degré et le 11" 3o' de latitude australe, et sa proximité du continent de l'Australie, dont elle est cepen- dant séparée par un espac« de plus de 1200 kilomètres, semblent rendre cette doidjie analogie très-naturelle; mais quand on examine la manière dont elle se manifeste, elle offre cependant des singularités très-remarqua- bles dont nous allons signaler les plus frappantes. » L'excellent travail du D'' Joseph ITooker sur la géographie botanique de l'Australie, publié en iSSg comme introduction à sa Flore de Tasmanie, nous permettra surtout d'intéressantes comparaisons avec la végétation des parties tempérées et tropicales de ce continent. » Le caractère australien de la flore de la Nouvelle-Calédonie repose principalement sur la présence de plusieurs familles ou tribus naturelles assez nombreuses en espèces dans cette île qui sont également abondantes 84.. ( 644 ) dans r Australie tempérée, qui diniiiment rapidement dans les régions tro- picales de ce continent, et disparaissent presque complètement dans les grandes îles qui le séparent du continent asiatique. M Telles sont ; » 1° Les jMyrtacées à fruits capsulaires, si nombreuses dans la flore de l'Australie tempérée, beaucoup plus rares dans l'Australie tropicale, et qui n'ont plus que quelques représentants épars dans les îles asiatiques et dans la Polynésie. » A la Nouvelle-Calédonie, nous en comptons 34 espèces, dont 22 ap- partiennent à des genres nouveaux étrangers jusqu'à présent au continent australien [Freinya, Cloezia, T'ristn)iioi)sis et Spermolcpis); les autres au contraire rentrent dans les genres Melaleuca, Callistemon, Melrosideros et Bœckea, très-abondants en Australie. Mais on doit remarquer l'absence complète du genre Eucalyptus, le plus nombreux et le plus caractéristique des genres de Myrtacées de la Nouvelle-Hollande. » Enfin, à côté de ces Myrtacées capsulaires analogues à celles de l'Aus- tralie, se trouvent de nombreuses espèces de Myrtacées à fruits charnus dont on trouve à peine quelques représentants à la Nouvelle-Hollande et qui abondent au contraire dans les régions équatoriales asiatiques. M 2" I^es Protéacées, au nombre de 27, offrent par la majorité de leurs espèces une relation frapjiante avec la flore australienne, tandis que par quelques-unes d'entre elles, constituant le nouveau genre Kennaclecia, elles se relient aux Helicia de l'Asie tropicale et aux Rhopala de l'Amérique éqna- toriale. Mais on peut s'étonner, lorsque les Grevillea et les Stenomrpus de l'Australie s'y montrent sous des formes si variées, lorsque le genre Cenar- rlienes, justju'alors limité à la ïasmanie, c'est-à-dire à l'extrémité australe de cette région, y possède deux espèces, de n'y trouver aucun représentant (les genres Banksia, Dryandra, Hakea, Persoonia, si nombreux en Australie. » 3° Les Épacridées, l'une des familles les plus exclusivement circon- scrites dans les régions australes, et dont à peine deux ou trois espèces se retrouvent dans les montagnes des îles de la Polynésie, sont ici représen- tées par 14 espèces, et appartiennent presque toutes aux genres les plus nombreux en espèces à la Nouvelle-Hollande. )> Nous pouvons encore signaler comme rappelant la végétation austra- lienne, quoique s'y rattachant moins directement : les Cunoniacées, qui par leur nombre forment un des caractères frappants de la flore austro-calé- donienne; les Rutacées, se rattachant en général aux genres australiens; les Casuaiino,qu\, quoique peu nombreux en espèces, 4^5 seulement, sont une ( 645 ) forme essentiellement australienne; quelques Légumineuses de ce groupe des ^cana à phyllodes, si nombreuses à la Nouvelle-Hollande dont elles sont un des caractères de végétation les plus frappants; les Dilleniacées, peu nombreuses il est vrai, ujais la plupart de formes australiennes. » Mais à côté de ces caractères communs à la flore de l'Australie et à celle (le la Nouvelle-Calédonie, nous devons être étonnés de l'absence complète de plusieurs des groupes les plus nombreux à la Nouvelle-Hollande, et qui sembleraient devoir accompagner ceux que nous venons de citer, .\insi nous n'avons jusqu'à ce jour auciuie trace, parmi les Monocotylédones, des Restiacées, des Hœmodoracées, des Xerotes, des Xanlhorrhea, et Jde plu- sieurs autres formes australiennes. Parmi les Dicotylédones, les Goodeno- viées proprement dites (à l'exception des Scœvola), les Stylidiées, les Légu- mineuses des tribus des Podalyriées et des Génistées, si nombreuses en Australie, plusieurs des genres de Composées si caractéristiques de la flore de ce continent, manquent complètement à la Nouvelle-Calédonie, et vien- nent ainsi affaiblir les relations delà flore austro-calédonienne avec la flore du continent australien. Ajoutons que presque jamais nous n'avons trouvé d'identité spécifique entre les plantes que nous avons étudiées et comparées avec soin et celles de l'Australie (i), en faisant toutefois abstraction de certaines espèces presque cosmopolites, qui se rencontrent sur les côtes de toute la région intertropicale de l'ancien continent. » Il est probable que le petit nombre d'exemples d'espèces réellement australiennes se retrouvant à la Nouvelle-Calédonie ira cependant en s'ac- croissant lorsque cette flore sera étudiée plus complètement, et surtout lorsque les espèces de la Nouvelle-Hollande orientale tropicale seront mieux connues et pourront être directement comparées avec leins analo- gues de la Nouvelle-Calédonie. » Aux différences que nous venons de signaler entre ces deux flores, résultant de l'absence coaiplète, à la Nouvelle-Calédonie, de certaines formes végétales abondantes à la Nouvelle-Hollande, s'en ajoutent d'autres en sens inverse. Ainsi M. J. Hooker signale les familles suivantes de la flore asiatique comme manquant dans les parties tropicales de la Nouvelle-Hol- lande : Clusiacées, Araliacées, Myrsinées et Acanthacées. Ces familles ont de nombreuses espèces dans la flore si restreinte delà Nouvelle-Calédonie. Ce (i) Nous pouvons cependant citer le Dubniiin myoporoïdes, arbuste de la famille des Solanées, propre jusqu'à présent à la Nouvelle-Hollande tempérée, et trouvé à la Nouvelle- Calédonie. ( 646 ) sont ; Chisiacées 21, Araliacées 21, Myrsinées i5, Acanlliacées 10. D'autres familles sont indiquées par le savant botaniste anglais comme diminuant ra- pidement dans les régions tropicales de l'Australie ; elles sont au contraire riches en espèces à la Nouvelle-Calédonie, comme le montrent les nombres qui suivent leur nom : Myrtacées 82, Ctuioniacées 3o, Rutacées 3o, Protéa- cées 27, Epacridées i4, Conifères 17. » Telles sont les analogies et les différences que nous pouvons, dans 1 état actuel de nos connaissances, signaler entre la végétation de la Nouvelle- Calédonie et celle de l'Australie. » On pourrait peut-être en conclure que plusieurs des formes caractéris- tiques de la végélation de l'Australie tempérée s'étendent d'une manière plus prononcée dans la Nouvelle-Calédonie que dans la partie tropicale du continent même de l'Australie, ce. qu'on pourrait attribuer au climat plus tempéré et moins sec de cette île comparé à celui du continent voisin. » La flore de la Nouvelle-Calédonie se lie d'un autre côté, ainsi que nous l'avons dit, à la végétation des régions intertropicales asiatiques, et surtout à celle des grandes îles qui unissent, pour ainsi dire, le continent australien ;\ l'Asie. » Les familles qui caractérisent essentiellement cette partie de la flore austro-calédonienne sont : les Rubiacées, les Myrtacées à fruits charnus, les Euphorbiacées, les Sapindacéos, les Clusiacées, les Méliacées et Aurantia- cées, les Araliacées, les Sapotées, les Myrsinées, les Morées par le genre Ficus, les Népenthes, quelques Palmiers et Pandanées. Ces familles, soit par le nombre des espèces qu'elles renferment, soit par la nature des genres qui les représentent, donnent à la flore qui nous occupe son caractère de végétation intertropicale. » D'autres familles occupent, on pourrait dire, une position intermé- diaire, participant en même temps des caractères de la végétation austra- lienne et de la végétation tropicale: telles sont les Graminées, les Cypé- racées, les Orchidées, les Apocynées, les Composées. » Enfin il est quelques familles ou quelques genres qui semblent pré- senter dans cette flore assez restreinte une prédominance relative qu'ils n'ont nulle part ailleurs, et qui donnent ainsi à la végétation de ce pays un cachet tout particulier; nous pouvons citer comme exemples : i'' la tribu dts Elrcocarpécs dans la famille des Tiliacées, qui comprend iG espèces, dont i3 appartenant au genre Elœocarpus, et 3 au nouveau genre Dubouze- tia ; 2" la famille des Pittosporées, remarquable par le nombre considérable des espèces du genre Pitlosporum (16), et par l'absence complète des autres ( 647 ) genres si variés qui la représentent à la Nouvelle-Hollande; 3" la famille des Ombellifères, qui nous offre un genre arborescent comprenant déjà au moins 4 espèces, et qui établit une relation encore plus intime entre cette famille et celle des Araliacées. » Parmi les faits singuliers que présente cette flore, on peut encore si- gnaler l'existence de quelques genres considérés jusqu'à présent comme exclusivement américains; tels sont les genres Rhopala et ^deiioslephanus, parmi les Protéacées; telle est surtout une belle espèce du genre Heliconia, de la famille des Musacées. » Le nombre des espèces de plantes d'une flore, comparée dans ses prin- cipaux éléments, classes ou familles, a toujours été cjusidéré comme offrant un intérêt particulier en manifestant la prépondérance de certaines formes végétales et déterminant ainsi le caractère particulier de la végétation d'un pays. » Le nombre total des espèces de plantes de la Nouvelle-Calédonie comprises dans les collections que nous avons eues à notre disposition s'élève, comme nous l'avons dit, à environ i3oo Phanérogames et à 4oo Cryptogames, qui se répartissent ainsi dans les quatre grands embran- chements du règne végétal : Dicotylédones 1 1 oo / „ Monocotylédones 200 ) Cryptogames acrogènes , i5o ) . Cryptogames amphigènes (i) aSo \ n Ces chiffres donnent, pour le rapport des Monocotylédones aux Di- cotylédones, 1 à 5,5, proportion beaucoup plus faible que celle indiquée pour la plupart des régions intertropicales, où il atteint souvent i à 3. Si des recherches ultérieures ne le modifiaient pas, il serait même inférieur à celui des régions tempérées, qui est le plus souvent i à 5. » Les familles prédominantes par le nombre de leurs espèces ne se rangent pas non plus dans le même ordre que celles des flores d'Australie ou des Indes orientales. D'après le D"^ J. Hooker, neuf familles, les plus considérables en espèces, comprennent environ la moitié des plantes de ces flores; treize familles, les plus nombreuses en espèces, sont néces- (i) Ce nombre est évidemment très-inférieur à la réalité; il représente les espèces de Lichens et d'Algues déterminées par MM. Nylander et Kutzing. Les collections de Mousses et d'Hépatiques sont encore très-incomplètes et ne sont pas comptées dans ces nombres. ( 648 ) saires pour comprendre à peu près la moitié de la flore de la Nouvelle- Calédonie. » Le tableau ci-dessous indique l'ordre de pré])ondér;mce de ces familles dans ces trois régions et le nombre de leurs espèces dans la flore calédo- nienne,, d'après nos collections actuelles. Australie. Iniles orienlales. Nouvelle-Calédonie. LéguiDineuses. Légumineuses. Rubiacées io5 Myrtacées. Rubiacées. Myrtacées 80 Protéacées. Orchidées. Eiiphorbiacécs 62 Composées. Composées. Légumineuses 60 Graminées. Graminées. Graminées 57 Cyperacées. Euphorbiacées. Apocynées et Asclépiadées 56 Épacridées. Acanthacées. Cyperacées 48 Goodenoviecs. Cyperacées. Orchidées 38 Orchidées. Labiées. Composées 33 Rularées 3o Sapindacées 3o Cunoniacées 3o Protéacées 2- 656 » Le caractère frappant de cette liste, en ce qui concerne la flore de la Nouvelle-Calédonie, c'est le nombie considérable des Rubiacées, qui oc- cupent le premier rang, tandis qu'elles ne sont pas comprises dans les fa- milles prédominantes de la flore d'Australie et qu'elles ne viennent qu'au second rang dans celle de l'Inde. » Les Myrtacées y occupent le second rang, comme dans la flore austra- lienne, tandis qu'elles ne figurent pas parmi les familles les plus nombreuses de la flore indienne. » Les autres familles confirment les rapports mixtes que nous avons signalés entre la végétation austro-calédonienne et celle de l'Asie tropicale d'une part et de l'Australie d'autre part. » Ce tableau général de la végétation de la Nouvelle-Calédonie est loin de pouvoir la faire connaître sous tous ses rapports; nos matériaux sont encore trop incomplets. Beaucoup de familles naturelles n'ont encore été étudiées que d'une manière superficielle, suffisante, cependant, pour per- mettre d'apprécier le nombre de leurs espèces. » Nous nous sommes appliqués, M. Gris et moi, dans nos premières éludes, à examiner, soit les familles qui, par leurs rjpj)orts avec la flore australienne, nous paraissaient les plus intéressantes, soit les familles siu' { 649 ) lesquelles nous possédions des matériaux plus complets, attendant que de nouvelles collections pussent donner plus de précision à nos travaux sur d'autres groupes naturels. » Grâce aux recherches et aux efforts des zélés explorateurs que nous avons cités au commencement de cette Notice, en cinq à six ans, nos con- naissances sur la flore de la Nouvelle-Calédonie se sont élevées de i3o plantes à 1700; et cependant les points les plus rapprochés des établisse- ments français ont pu seuls être parcourus par des individus isolés et livrés à leurs seuls efforts personnels. » Pour compléter nos connaissances sur cette nouvelle colonie si inté- ressante au point de vue de l'histoire naturelle en général, et à laquelle son climat si salubre et la variété de ses productions présagent un avenir si prospère, il serait vivement à désirer que le Gouvernement, venant en aide aux efforts des hommes entreprenants qui, par leurs seuls moyens et malgré les entraves d'un service public, ont commencé avec tant de succès cette exploration, pût les mettre à même d'étendre leurs recherches dans des lieux plus reculés, sur les points à peine entrevus de la côte occidentale, et dans les montagnes et les vallées de l'intérieur de l'île ? » De ces recherches il résulterait, sans aucun doute, non-seulement des découvertes pleines d'intérêt pour la science, mais aussi celles de produits utiles pour l'industrie ou la médecine, ainsi qu'une connaissance exacte des localités les plus favorables à la colonisation, et des ressources que les productions naturelles peuvent lui offrir. » ASTRONOMIE. — Sur les offiiscations du Soleil attribuées à l'interposition des élo des filantes; par M. Faye. « Notre savant confrère M. Ch. Sainte-Claire Deville a cité lundi dernier un Mémoire fort curieux de M, Erman sur la liaison qui pourrait exister entre les étoiles filantes et certaines variations de température observées chaque année dans la partie nord de l'Europe. M. Erman ne s'est pas borné à cet ingénieux rapprochement; pour lui donner la valeur d'un accord séculaire entre l'effet et la cause supposée, il s'est efforcé de rattacher à la même cause les offuscations du Soleil dont certaines chroniques ont fait mention. Mais comme l'étude des étoiles filantes a progressé depuis l'appari- tion de ce Mémoire qui date déjà d'un quart de siècle, une partie des appré- ciations de M. Erman se trouve en contradiction avec ce que nous savons aujourd'hui sur ce sujet; il est donc utile d'en signaler les côtés faibles, tout G. R., iSG5, I" Semestre. (T. LX, N ' 14.) 85 ( 65o ) en rendant hommage au savant allemand à qui la physique du globe doit d'importantes découvertes. » M. Erman rapporte deux offuscations de février, celles du 28 février 1208 et du 28 février 1206, phis une prétendue apparition d'étoiles filantes en plein jour en date du 12 février 1 106 (vieux style) (i). Afin de les faire coïncider avec le passage de la Terre par le nœud ascendant des étoiles filantes d'août, lequel se trouvait en iS/jo par 187 degrés de longitude hélio- centrique (^équiuoxe de 1800), M. Erman est obligé d'attribuer à ce nœud un mouvement rétrograde de o°,o/i2 par an, ce qui lui permet d'établir la comparaison suivante où la première colonne représeiite les longitudes hé- liocentriques du nœud ascendant des étoiles filantes d'août calculées avec le mouvement de — o°,o42 par an, et la seconde indique les longitudes de la Terre à l'instant des offuscations : ÉQUINOXE DE l8oO. Longitude Longilude Dates. du nœud, de la Terre. Différence. 00 o 1208 164 '73,5 +9,5 1206 iGq I'j4 +10 1 1 06 168 161) — 8 » Quand il s'agit d'une sorte d'éclipsé, on conviendra que de pareilles différences sont bien fortes. Mais il y a plus. Nous savons aujourd'hui que le mouvement rétrograde, attribué aux nœuds par M. Erman en vue d'ob- tenir l'accord bien peu satisfaisant que je viens de citer, n'existe pas, et que depuis plus de mille ans l'orbite des étoiles filantes d'août coupe l'écliptique aux mêmes points. C'est ce que j'ai montré à l'Académie dans sa séance du 21 septembre i863, en lui présentant d'abord le tableau sui- vant résultant des observations du mois d'août (2) : (1) Les étoiles filantes d'août ne peuvent revenir chez nous au nœud ascendant en février, parla même raison qu'elles ne sont pas vues en août dans l'hémisphère opposé, en Austra- lie du moins où les observateurs anglais ont constaté depuis plusieurs années l'absence complète du phénomène du 10 août. Et comme on n'y a pas signalé non plus d'apparition on février, il faut en conclure (juc l'anneau du 10 août ne coupe pas l'orbile terrestre à son nceud ascendant. (2) Il s'agissait alors du nœud descendant; les nombres différaient donc de 180 degrés; de plus ils étaient rap|)ortés à un autre écpiinoxe. .le prends ici celui de M. Einian. Picscjue tous les nombres de ce tableau ont été calculés par moi au moyen des observations de M. Coulvier-Gravier. ( 6Si ) LCI^ISOXE DE ISOO. Longitude du DatPS. nœud ascendant. i863 i36"52' i853 137. 8 i85o 137.26 1849 '37.17 1848 137.. g 1842 137 .20 Moyenne 137. 12 » J'ai fait voir ensuite que les apparitions anciennes dont les annales chi- noises nous ont conservé les dates depuis l'an 83o répondaient exactement à la valeur correspondante pour le nœud^descendant (3i7°i2'), puisqu'en défalquant l'effet de la précession, pour rapporter les mêmes dates aux mêmes points de l'orbite terrestre, on trouvait que tous ces phénomènes avaient eu lieu vers le 10 août, avec des écarts d'un jour en plus ou en moins (de deux jours en 841). Mais comme M. Newton, des États-Unis, avait fait avant moi, à mon insu, le même calcul, ce sont ses nombres que je vais reproduire ici, parce qu'en définitive c'est à lui qu'appartient cette impor- tante découverte. Les voici d'après le Moniteur scientifique du i" octobre r863: Dates . Ëquinoxe grégoriennes. de iS5o. Autorité. 83o 26 juillet 9,2 août Ed. Biot. 833 27 « 10,4 » » 835 26 » 8,g » » 841 25 » 8,4 » » 924 26 à 28 » 8,1 à 10,1 » « 925 27 à 28 » 8,8 à 9,8 » » 926 27 » 8,6 « » g33 25 à 3o >> 5,8 à 10,8. » » 1243 2 août 10,6 » Herrick. i45i 5 » 10,0 » Ed. Biot. 1842 10 » 10,3 » Obs. mod. i863 10 » 10,1 ï Obs. mod. Les miens n'en diffèrent guère que par l'omission de la date de 1243 que je ne connaissais pas et par une autre manière de présenter l'accord des nombres. » Nous sommes donc pleinement Rutorisés à rejeter le mouvement allri- 85.. ( 652 ) bué aux nœuds par M. Ernian, et à comparer ses offuscations avec notre longitude sensiblement invariable de l'ij degrés. Voici le résultat : ÉQOmOXE DE iSou. Dates des Longitude Longitude offuscatiuns. du nœud. de la Terre. Différence. 0 0 0 1208 iS^ '73,5 36,5 1206 '^7 174 37 1 106 137 160 23 » Ainsi on peut conclure, sans même examiner la valeur des témoignages historiques, qu'il n'y a pas de corrélation entre ces deux ordres de phé- nomènes. )) Quant aux offuscations dues, suivant M. Erman, à l'interposition en mai des étoiles fdantes de novembre, elles se réduisent à deux, l'une en 1706, l'autre en i547. Ici M. Erman néglige le mouvement des nœuds de l'anneau. Or il se trouve que les recherches de M. Newton (i) à ce sujet assignent à ces nœuds un mouvement direct (2), peu différent de la précession en valeur absolue, d'environ o°,oi5, et, chose remarquable, l'emploi de ce mouvement fait coïncider la longitude héliocentrique de la Terre, pour le (i) Si, à l'époque où j'écrivais mon Mémoire sur les étoiles filantes (Comptes remlus de i863, t. LVII, p. 53i et suiv.), j'avais connu le travail de M. Newton aux États-Unis, je n'aurais pas accueilli, sur le phénomène de novembre, des doutes que je ne partage plus aujourd'hui. M. Newton avait, en effet, pleinement justifié d'avance, par les documents chi- nois, la hardie prédiction d'Olbers sur le retour, en 1867, des apparitions si brillantes de 1799 et de i833, prédiction qui a commencé à dessiner sa réalisation en novembre dernier. (2) Ce mouvement direct des nœuds est compatible avec l'idée qu'on s'est faite depuis longtemps du sens du mouvement des astéroïdes de novembre dans leurs orbites : ce dernier paraît être rétrograde, circonstance assurément bien singulière et qu'on ne retrouve guère que ilans le monde des comètes. L'inclinaison de l'anneau sur l'écliptique serait assez faible; les perturbations du rayon vecteur sont considérables et ont pour période un tiers de siècle. Quanta l'anneau d'août, dont les nœuds sont certainement immobiles, son inclinaison serait considérable; l'inégalité périodique du rayon vecteur parait Irès-faible. Je crois être en mesure de montrer, par la seule détermination des points de divergence des étoiles filantes du 10 août, que le grand axe de cet anneau coïncide à peu près avec la ligne des nœuds. Il ne faut pas trop s'étonner de ce mélange d'incertitudes sur ijuclqucs points et d'asser- tions nettement formulées sur d'autres : la ihéorie des étoiles filantes est peu avancée; nous ne savons encore avec certitude que ce qui résulte presque immédiatement des observations les plus simples; mais cette théorie marche, et elle formera tôt ou tard une des branches les plus intéressantes de l'Astronomie et de la Mécanique céleste. ( 653 ) milieu de l'offuscation de )547, avec celle du nœud ascendant de l'anneau. La première est, en effet, de 46" 38'; la seconde de 5o° 4»'— y ^8' = 1^6° 52' . » I/accord étant ainsi bien plus approché que M. Erman ne le suppo- sait lui-même (sauf pour l'année 1706 où la différence s'élève à près de 2 degrés), nous sommes conduits à examiner les documents originaux. » Voici tout ce qu'on sait sur le phénomène de 1706 : le 12 mai, vers 10 heures du matin, le soleil s'obscurcit à tel point, que des chauves-souris commencèrent à voler et qu'on fut obligé d'allumer des chandelles. Celte mention est empruntée à un médecin allemand nommé Schnurrer [His- toire des maladies du genre humain), qui l'avait tirée d'ime chronique de Souabe. Ici tout le monde nous arrêtera pour nous faire remarquer com- bien il est improbable qu'un phénomène si extraordinaire se soit passé en plein xviii" siècle, cent ans après la découverte des limettes, sans avoir été connu et noté ailleurs qu'en Souabe. C'est évidemment un fait d'obscura- tion toute locale. » La seconde olfuscation a eu lieu du 23 au 2S avril i547, c'est-à-dire la veille, le jour même et le lendemain de la bataille de Mûhlberg, entre 1 em- pereur Charles-Quint et l'électeur de Saxe. Gemma Frisius rapporte, dit Kepler [De Stella nova, cap. XXIII), qu'en i547 le Soleil parut terni pendant trois jours, et n'offrait qu'une lumière mate et rougeâtre, tellement affaiblie, qn'e//e laissait voir les étoiles en plein midi. Scaliger et Buntingus en parlent, l'un dans son livre De emendatione temporum, l'autre dans sa Clironologia. Voici les paroles de Scaliger : « Anno Chr. i547, me puero annorum 7, So! » sudo cœlo pallidus apparuit per solidum quatriduum à 22 Aprilis per » totam Galliam; quod et per Germaniam et Britanniam accidisse con- » stitit. " Et voici celles de Buntingus : « 1546, 22 d. Apr. et deinceps 1) us(]ue ad quatriduum Sol sereno cœlo valde tristis, pallidus et obscurus » apparuit per totam Germaniam, Galliam et Angliam. » Ces deux érudits ne sont pas des témoins oculaires; le second se trompe même d'une année. Quant à Kepler, il n'a pas observé le phénomène, comme le croit M. Erman (ce qui lui aurait donné une tout autre valeur), car il est né vingt-quatre ans après la bataille de Miihiberg. Le seul témoin oculaire est Gemma Frisius le père (son fils, cité par Kepler, n'avait que onze ans); c'était un médecui érudit, bien connu des astronomes par l'invention d'un anneau astro- nomique; son témoignage a donc un certain poids, malgré ce qu'il y a d'étrange dans son assertion sur la visibilité des étoiles en plein jour. On comprend donc que Kepler ait accordé confiance au dire de Gemma Fri- sius, et qu'il ait conclu que l'offuscation devait être due à l'interposition ( 654 ) d'une matière cosmique « in profundo iijilur cetltere, proxime ad Solem, » intcr liunc et Tclliiicin quœreiida [i). « » Mais au témoignage unique et assiwément fort étonnant de Gemma Krisius, je puis opposer celui d'un autre témoin oculaire particulièrement intéressé à ne pas se méprendre sur la nature du phénomène, celui de Charles-Quint, qui se plaignait avant la bataille, dit l'historien de la guerre germanique, « seiuper se nebulœ devsitnte infestari, quolies sibi cuin lioste « pugnanduni sit. » Le médecin Schnurrer lui-même^ dont le livre a fourni à M. Erman plusieurs citations, juge d'après cela qu'il s'agissait tout sim- plement d'un de ces vastes brouillards secs que les météorologistes alle- mands nomment Hœhenrauch. Peut-être M. Erman aurait-il bien fait de citer dans son Mémoire ce passage et l'opinion que je viens de rapporter. )i Si nous en venons aux offuscalions en général, voici ce que je dirai. Bien qu'on en puisse encore citer une quinzaine d'exemples du même genre, à commencer par celle qui suivit le meurtre de César, et qu'il y ait même dans les manuscrits mexicains, actuellement entre les mains de la Commis- sion du Mexique, un passage qui semblerait se rapporter à un phénomène analogue à celui de 1347, je ne crois pas qu'on puisse sérieusement les attribuer à l'interposition des anneaux d'étoiles filantes. Un amas de corps assez serré, assez opaque (et ce n'est certainement pas le cas de ces anneaux) pour cacher presque entièrement le Soleil, au point de faire apparaître les étoiles en plein midi comme pendant une véritable éclipse totale, cet amas, dis-je, devrait être visible avant ou après l'éclipsé comme la Lune elle-même, et avec un éclat aussi considérable. Or on ne peut m'objecter ici la pâle lumière zodiacale à travers laquelle on aperçoit les moindres étoiles. » D'ailleurs des faits pareils auraient dû frapper l'humanité entière et laisser des traces profondes dans tous les souvenirs, dans toutes les chro- niques de toutes les parties du monde. Quand on songe qu'aujourd'hui en- core des populations entières courent au secours du Soleil |:oui' chasser par leurs cris le dragon de l'éclipsé ordinaire, quand on se rappelle l'anxiété profonde qui s'empare, même aujourd'hui, des spectateurs civilisés d'une éclipse totale dont la durée dépasse rarement trois ou quatre minutes, on peut juger de celle qui serait produite sur la Terre entière par une longue (i) Conf. /. Kepicri Of.rn, éd. Frisrl), vol. II, texte et notes. L'explication de Kepler, la seule admissible si le fait était constaté avec sa circonstance principale, ne concorde pas du tout avec une particularité de l'hypotlièse de M. Erman qui suppose aux anneaux d'étoiles filantes \me forme sensiblement circulaire. { 655 ) éclipse de trois jours en plein ciel serein. A-t-on songé aussi que ce ne serait pas seulement le Soleil qui disparaîtrait auisi, mais la Lune elletnème sur laquelle la nuit se ferait également, en sorte que riiumanilé perdrait à la fois ses deux luminaires? Mes doutes sur le sens qu'il convient de donner aux courtes mentions de quelques chroniqueurs seront justifiés aux yeux de quiconque voudra bien prendre la peine de parcourir la liste des offus- cations donnée par M. de Humboldt dans le IIP volume du Cosmos. » En résumé, une partie des arguments de M. Erman ne résiste pas à la critique actuelle. Quant à l'autre partie que notre savant confrère M. Ch. Sainte-Claire Deville vient de reprendre avec de nouveaux argu- ments, je n'ai pas d'opinion, mais un vœu à exprimer : c'est que les obser- vations thermométriques de l'hémisphère austral, dont M. Deville s'est déjà préoccupé, je crois, viennent confirmer les résultats de ses précédentes recherches. Voilà un genre de preuve qui manquait tout à fait au Mémoire de M. Erman. » Après cette communication de M. Faye, M. Le Verrier exprime sa satis- faction de ce que les recherches de son confrère tendent à simplifier des questions importantes intéressant la constitution de notre système planétaire. A l'égard de l'influence que les passages d'astéroïdes auraient sur la cha- leur du globe, ce qui n'a rien d'impossible, M. Le Verrier regrette que les auteurs qui se sont occupés de ce sujet n'aient pas dans leurs statistiques distingué les différentes causes qui ont pu influencer les phénomènes. Il est de règle aujourd'hui qu'avant de prendre des moyennes on doit discuter les nombres individuels, pour éviter toute illusion. M. Le Verrier désirerait donc que son savant confrère M. Ch. Sainte-Claire Deville voulût bien tenir compte de la direction du vent, de l'état du ciel, etc.; car c'est seulement ainsi qu'il arrivera à éciaircir d'une manière définitive la question qu'il a de nouveau soulevée. M. Ch. Sainte-Claire Deville fait les remarques suivantes : « Après les réflexions qu'a présentées au début de son Mémoire notre savant confrère M. Faye, il est à peine nécessaire que j'insiste sur le véri- table caractère de la Note que j'ai lue à la dernière séance. n J'y ai reproduit, à la vérité, en quelques mots et en faisant l'historique de la question, les conjeclures de MM. Erman et Petit sur l'interposiiiou des astéroïdes entre le Soleil el la Terre, qui expliquerait, d'après ces savants, le froid périodique signalé en février et en mai. Mais je n'ai point abordé ( 656 ) ce sujet liii-uième et ne me propose point de l'aborder : je regretterais même que le titre de ma Note du 24 mars pût donner le change sur le véri- table objet de mon travail. )) J'ai voulu seuieaient rapprocher, dans ce qui m'a paru leur concordance , deux phénomènes naturels, les pluies périodiques d'astéroïdes et les per- turbations périodiques de la température de l'air. Naturaliste, j'ai suivi, pour traiter cette question, la marche généralement adoptée par les natu- ralistes, qui, pour la solution de problèmes du même ordre, a été tracée par les Humboldt, les Arago, et d'autres savants illustres que je ne veux pas citer ici. Je crois qu'aujourd'hui, en météorologie, ce mode de discussion, employé avec discernement, est le seul qui puisse permettre de saisir quelque lien entre les phénomènes, d'y contrôler les influences, si nombreuses et si diverses, qui viennent s'y rencontrer et s'y combattre. » Relativement aux dernières remarques présentées par M. Le Verrier, je reconnais avec lui la difficulté et les périls de cette discussion, et, en plu- sieurs passages de ma Note du 24 mars, j'insiste sur ce point que le phéno- mène est peut-être plus complexe qu'il ne le semblait d'abord aux savants physiciens qui ont eu le mérite d'appeler les premiers sur lui l'attention. Dans mes Notes subséquentes, je chercherai à démêler le véritable carac- tère de l'oscillation dont il se compose. Personne, d'ailleurs, n'est plus dis- posé que moi à accueillir, non-seulement avec plaisir, mais avec une véri- table reconnaissance, toutes les observations dictées par le bienveillant désir de s'éclairer mutuellement, surtout quand elles viennent de personnes aussi compétentes que l'est en pareille matière mon savant confrère. » ÉLECTROCHIMIE. — Sur l'action du soufre dans la pile vollaïque; par M. Ch. Matteucci. <( M'étant occupé, il y a déjà bien des années, du rôle que certains corps métalloïdes, chlore, brome et iode, jouent dans la pile, j'avais toujours désiré d'étudier aussi l'action du soufre^ ce que j'ai pu faire dernièrement, ayant dû rendre compte d'une nouvelle pile présentée à l'administration des télégraphes par un jeune télégraphiste, M. Blanc, et dans laquelle il a em- ployé pour liquide une solution de sel marin chargée de soufre en poudre. J'ai tâché d'analyser l'action du soufre dans la pile aussi complètement que possible, et je crois que les résultats auxquels je suis parvenu ont quelque importance pour l'électrochimie, ce qui m'encovuage à les communiquer à l'Académie. » M. Blanc m'a montré une pile formée d'une plaque de zinc qui plonge ( 6^7 ) dans l'eau salée avec une lame de plomb recouverle par la galvano-plasti- que d'une couche très-mince de cuivre. Le circuit de cette pile étant fermé avec une boussole, on laisse l'aiguille se fixer, et on attend quelque temps pour qu'elle commence à descendre lentement. A ce point, M. Blanc ajoute une certaine quantité de fleur de soufre, i5 ou ao grammes, au liquide, et il agite pour en former une espèce de pâte très-diluée. Dès ce moment, raiguille commence à monter, et après quelques heures elle atteint à peu près la même déviation que si on avait employé une lame de cuivre plongée dans le cylindre poreux plein de sulfate de cuivre au lieu de la lame de plomb. L'auteur pense qu'il peut y avoir de l'avantage pour les bureaux té- légraphiques à substituer le sel marin, le soufre et la lame de plomb qui reste inaltérée, au sulfate de cuivre et à la lame de cuivre qui se détruit si facilement, et l'administration des télégraphes l'a engagé à étudier celte application et à trouver manière surtout de parer à un inconvénient qu'il y aurait dans l'usage de cette pile, par le dégagement, quoique très-petit, de l'hydrogène sulfuré. )i En étudiant cette pile, j'ai commencé par m'assurer que l'action du soufre ne se manifeste qu'au contact de l'élément électro-négatif, plomb, cuivre, platine, comme je l'avais trouvé d'accord avec MM. E. Becquerel et Grove pour le chlore, brome et iode. » Il n'y a pour cela qu'à employer le vase poreux et à mettre le soufre tantôt au contact du zinc, tantôt du plomb. Ce n'est que dans ce second c;is qu'on voit le courant augmenter jusqu'à devenir à peu près aussi fort que celui d'une pile de Daniell et persister au même degré pendant 4 on 5 jours, étant pendant ce temps le circuit constamment fermé. En attendant, la cou- che de cuivre se change en sulfure de cuivre, il y a quelques traces d'hydro- gène sulfuré qui se dévelop|)e, et le liquide se charge d'une grande quantité de sulfure de sodium où l'on trouve des traces de sulfure de cuivre. » Au lieu de la lame de plomb, j'ai obtenu les mêmes résultats en y substituant des lames de plaline, de fer, d'argent, etc. Mais pour réussir, il est essentiel que toutes ces lames soient recouvertes d'un voile ou d'une couche très-mince d'un métal, qui le plus souvent a été de cuivre. Il est facile de s'assurer de cette condition en essayant d'abord la pile montée avec la lame de platine, la solution de sel marin et le soufre. Le circuit étant fermé, l'aiguille, comme on le sait, ne tarde pas à descendre vers zéro. Alors on ôte la lame de platine, on la couvre du voile de cuivre, et puis on la remet dans la pile. A l'instant l'aiguille commence à monter, et atteint dans quelques C. R., i865, l'i^ Semestre. (T. LX, N" 14.) ^6 ( 658 ) heures le maximum d'intensité où elle reste fixée pendant plusieurs jours. Au lien d'enlever la laine de platine, il est facile de la cuivrer en versant dans la solution de la pile quelques gouttes d'une solution de sulfate de cuivre. » J'ai comparé trois éléments contenant sel marin et soufre, mais dont les lames de platine étaient recouvertes par la galvano-plastique de trois mé- taux différents, cuivre, argent et plomb. Toiis ces trois métaux se sont changés immédiatement en sulfures. Le sulfure de sodium s'est produit dans le liquide et l'augmentation du courant par la présence du soufre s'est ma- nifestée comme à l'ordinaire, avec la différence que le plomb a agi plus len- tement et avec une intensité moindre, et que l'action du cuivre a été la plus prompte et la plus intense et durable. Ce n'est qu'avec la lame de cuivre que l'action du soufre se manifeste, quoique avec une intensité un peu moindre, sans qu'il soit nécessaire de la couvrir d'un voile de cuivre. Dans ce cas, toute la lame, quoique épaisse de 2 à 3 millimètres, se change entiè- rement en sulfure de cuivre qui la rend friable, et dont une petite quantité se dissout dans le liquide. » Je rapporterai encore l'expérience qui prouve que pour obtenir les effets du soufre dans la pile, il faut que le soufre soit mêlé à la solution de sel marin ou d'un autre sel quelconque de soude, et probablement d'une base alcaline quelconque. » Au lieu de monter la pile avec la solution de sel marin, je verse dans le cylindre de porcelaine où est la lame de platine cuivré une solution très-légèrement acidulée avec de l'acide sulfurique et mêlée au soufre. Le circuit étant fermé, l'aiguille descend bientôt vers le zéro. On n'a qu'à ajouter un peu de sel marin ou de sulfate ou de nitrate de soude pour voir apparaître les effets du soufre de la manière déjà décrite. J'ajouterai que pour obtenir ces effets, il faut que le soufre soit en contact de la lame cui- vrée; en effet, si cette lame plonge dans la solution de sel marin contenue dans un cylindre de membrane qui plonge elle-même dans le cylindre de jjorcelaiue dans la même solution salée mêlée au soufre, l'action ne se mani- feste pas, et il faut pour qu'elle se développe déchirer le cylindre de mem- brane. Pour achever cette analyse, je dois ajouter que l'action du soufre se manifeste également sans la présence de l'air atmosphérique. « En me résumant, je dirai qu'd est démontré que le soufre augmente notablement la force électromotrice d'un coiqjle voltaïque, en le mettant en contact du métal électro-négatif qui doit être tlu cuivre, ou un autre métal couvert d'une couche très- mince de cuivre, de plomb, d'argent, ( 659 ) plongé dans une solution d'un sel de soude où est le soufre très-divisé : le circuit de cette pile étant fermé, le sel de soude se change en sullure de sodium et le cuivre en sulfure. M Je suis content de pouvoir ajouter ici les résultats des expériences faites pour s'assurer que cette action du soufre est sujette à la loi fondamen- tale de la pile. J'ai monté deux éléments dans lesquels le zinc était amal- gamé et pesé. Les deux éléments ont agi séparément, et le liquide n'était qu'une solution de sel marin. Dans le cylindre poreux plongeait la lame de platine cuivré, et j'avais mêlé au liquide i 5 grammes de soufre qui avait été lavé. Les deux éléments ont été fermés pendant quarante-huit heures et ont présenté les mêmes phénomènes électriques que j'ai déjà décrits. Après ce temps, j'ai trouvé qu'un des zincs avait perdu B^^,lio, et l'autre 6^'', i/j. J'ai déterminé le soufre qui s'était dissons à l'état de sulfure de sodium eu dé- composant le liquide filtré par l'acide chlorhydrique dans une atmosphère de chlore. I^es quantités de soufre correspondantes à celles de zinc dissous ont été 2^'', 83 et 2^"", /j'y. Si on tient compte des traces d'hydrogène sulfuré qui se dégagent et de la très-petite quantité de soufre qui se combine au cuivre, on est forcé de conclure que le zinc dissous et le soufre combiné au sodium sont exactement dans le rapport de leurs équivalents, et que le soufre est à l'état de protosulfnre. » Je me borne pour le moment aux conclusions suivantes : » 1° Le soufre divisé, placé en contact du métal électro-négatif de la pile formée de zinc, cuivre et solution de sel marin, augmente notablement la force électromotrice, la constance et la durée de cette pile; on peut espérer d'obtenir de l'usage du soufre une combinaison voltaique qui ait quelque avantage sur les piles qu'on emploie ordinairement dans l'in- dustrie. » 1° I^e soufre, quoique insoluble et isolant, entre en combinaison avec le sodium rendu libre par le courant électrique; reste à exjiliquer l'action exercée par une quantité très-petite de sulfure de cuivre dans ces phéno- mènes, action qui est démontrée indispensable par l'expérience. « Au lieu d'émettre ici des vues hypothétiques sur cette action, je préfère attendre et me fonder sur de nouvelles expériences : je veux seulement rappeler qu'en se proposant d'étudier la pile à soufre et de la rendre pra- tique, il faudrait tenfr compte du conrant électrique qui se développe dans une pile à deux liquides, solution de sel marin et solution de sulfure de sodium, dans une direction contraire à celle du courant de la pile dont je me suis occupé dans ce Mémoire. » 86.. ( C6o ) NOMEVATIONS. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un Corres- pondant pour la Section de Physique. Au premier tour de scrutin, le nombre des volants étant 54, M. Weber obtient 4? suffrages. M. Jacobi 3 » M. Kupffer 2 » M. Clausius i » M. Mayer i » M. Webf.r, ayant obtenu la majorité absolue des suffrages, est déclaré élu. L'Académie procède, également par la voie du scrutin, à la nomination de la Commission chargée de décerner les prix de Médecine et de Chirurgie. MM, Bernard, Cloquet, Serres, Velpeau, Rayer, Jobert, Flourens, [jonget, Milne Edwards réunissent la majorité des suffrages. L'Académie procède ensuite, toujours par la voie du scrutin, à la nomi- nation de la Commission chargée de décerner le prix de Physiologie expé- rimentale. Commissaires, MM. Bernard, Milne Edwards, Flourens, Coste,Rrongniart. MÉ3I0IRES PRÉSENTÉS. PHYSIQUE DU GLOBE. — Note sur t' application de la photographie à ta géographie physique et à la géologie; par ^I. A. Civiale. Orographie. — Le Tyrol et le pays de Sahburg, « J'ai l'hoiineur d'offrir à l'Académie des Sciences l'Album de vues et les panoramas qui forment la sixième partie de la description photographique des Al|)es. » Je rappellerai, comme dans les Notes précédentes (i), les principales conditions nécessaires pour fournir des indications suffisantes à la géogra- phie physique et à la géologie. • (i) Comptes rendus des séanres drs 3o avril iSfcio, il arril t86i , 17 mars l86i, 7.3 mars itibS, i4 mars i8()4. (6Gi ) » Les vues sont orientées et choisies de manière à reproduire le mieux possible la structure des roches, la disposition des couches du terrain, les formes et les pentes des glaciers, ainsi que la position des différentes chaînes de montagnes les luies par rapport aux autres. » Dans cette nouvelle excursion comme dans celles qui ont précédé, je me suis attaché à maintenir horizontal l'axe optique de linstrument, afin que l'on puisse, à l'aide des épreuves prises d'une même station et d'une carte topographique détaillée, déterminer les coordonnées d'un point quel- conque, par rapport au plan horizontal qui passe par celte station. » J'ai continué à employer le procédé photographique du papier ciré sec. » Les Alpes ne conservent pas dans le Tyrol et dans le pays de Salzburg le caractère grandiose qu'elles ont dans la Suisse, elles s'abaissent dans la direction de l'est. Toutes les proportions sont réduites; les vallées sont plus étroites, moins profondes, et les sommets ne les dominent pas à la même hauteur. » Les glaciers, malgré leur étendue, ne dépassent guère la limite des neiges perpétuelles, et ne descendent pas, comme les glaciers de premier ordre, jusqu'au fond des vallées. » La Suisse ne possède, il est vrai, ni les grands gisements de sel du pays de Salzburg, ni les chaînes dolomitiques du Tyrol. » Autour de la Seisser-Alp, les montagnes de dolomie et les porphyres couvrent près de Go lieues carrées, et c'est à leur reproduction que je me suis surtout attaché. » L'ensemble du travail que je mets sous les yeux de l'Académie com- prend trois grands panoramas et un Album de vues de détails. » Premier panorama . — Ce panorama, composé de quatorze feuilles, est pris du sommet du Saile, à 2578 mètres au-dessus de la mer, et embrasse toute la circonférence. » Il comprend : » Au nord, la chaîne calcaire de l'Innsbrûck; » A l'est, les montagnes qui forment les limites du Tyrol et du Salzburg, ainsi que les glaciers occidentaux de la grande chaîne centrale du Salzburg; » Au sud, les glaciers du Stubaythal et de l'OEtzthal; » A l'ouest, les montagnes orientales du Vorarlberg. » Le plus grand diamètre de ce panorama est d'environ 70 kilomètres. » Deuxième panorama. — Ce panorama, pris d'un sommet du Scblern, à a663 mètres au-dessus de la mer, se compose de quatorze feuilles et em- brasse toute la circonférence. ( 66a ) 1) Du point de station, la vue s'étend sur le Tyrol allemand, le T\ roi iln- lieii et une partie du pays de Salzburg. » Le panorama comprend : » Au nord, les glaciers du Stnbaythal, de l'OEtzthai, du Zillerllial, et la grande chaîne du Venediger et du Giockener; » A l'est, les montagnes de dolomie du Grodnerthal, de Colfosco et du Fassathal, ainsi que la Seisser-Alp; » A l'est-sud-est, la Vedretta-Marmolata; » Au sud, le Rosengarten; " Au sud-ouest, les glaciers du Salzberg; 1 A l'ouest, l'Orteler et leSchlern. )) Le plus grand diamètre de ce panorama dépasse 190 kilomètres. » Troisième panorama. — Ce panorama, composé de douze feuilles, est pris du sommet du Geisstein, à 2600 mètres au-dessus de la mer, el embrasse toute la circonférence (Sao degrés). >i 11 comprend : )> Au nord, les Kaisergebirge, le Steinberg et le Watzmann; <■ .\ l'est, le Steinernes-Meer el quelques sommets de la Carinthie; » Au sud, la grande chaîne centrale depuis Ankogel à l'est jusqu'au Ge- frorne-Wand à l'ouest; le Gross-Glockencr et le Gross-Ycncdiger dominent cette chaîne de glaciers, qui n'a pas moins de 1 3o kilomètres de lon- gueur; » A l'ouest, le Reiche-Spitze, le Loffel-Spiize et le Gefrorne-Wand ; » Le plus grand diamètre de ce panorama dépasse 100 kilomètres. » La brume empêche un assez grand nombre de sommets de se dessiner nettement. D Fues de détails. — La série des vues de détails comprend : » La route d'Innsbriick à Schonberg; » La vallée de Stubay et ses glaciers, le Serlcs-Spitze; » Le Schwartzenberg, etc.; Mieders, Schonberg; .) Mitter.sill, dans le pays de Salzburg; la vallée du Pinsgau, le Verber- thal, etc.; » Castelruth et ses environs, la Seisser-Alp; » Le col de Passa, les vallées de Passa et de Grôdner; » Le Blattkoffel, le Langkoffel, le Rosengarten ; » Le Schlern, le Sasso-Vernale, la Vedretta-Marmolata, etc. » La direction de l'axe optique de l'instrument est indiquée sur chacune des vues. ( G63 ) » J'ai reproduit dans plusieurs épreuves des roches de dolomie et de porphyre polies, striées et moutonnées. » Le col de Fassa offre un exemple très-remarquable de ces dolomies. Le Blattkoffel et le Rosengarten, situés de chaque côté du coi, et séparés l'un de l'autre |)ar inie distance de 7 kilomètres environ, ont leurs surfaces en regard parfaitement polies, striées et moutonnées. » Ne serait-ce pas là l'indication du passage d'un ancien courant boueux chargé de glaces ? » (Renvoi à la Commission précédemment nommée pour s'occuper des travaux analogues du même auteur, Commission composée de MM. Regnanlt, Ch. Sainte-Claire Deville, Daubrée.) CORRESPONDANCE. L'Académie de Saint-Pétersboprg remercie l'Académie des Sciences pour l'envoi qui lui a été fait de plusieurs de ses publications. M. Chasles présente, de la part de M. Hirst, un Mémoire écrit en anglais, sur un mode de transformation des figures planes. CHIMIE. — Sur l'acide tfiymicylique ; par M. A. Naqcet. « Dans une récente communication que j'ai eu l'honneur de faire à l'Académie, j'ai décrit un acide obtenu à l'aide de l'essence de thym et pour lequel j'ai proposé le nom A'acide thymicylique. Je me suis aperçu aujour- d'hui, en feuilletant d'anciens journaux, que cet acide, que je croyais nouveau et qui m'avait coûté deux mois de travail, a été trouvé il y a cinq ans par MM. Kolbe et Lautemann, qui l'ont appelé acide tliyniolique, et qui en ont en outre analysé les sels de plomb, de cuivre, d'argent et de baryte. Mon travail ne contient dès lors presque plus rien de neuf : tout au plus l'analyse du sel de zinc, la détermination de la solubilité des sels de plomb et d'argent, et le procédé de préparation quia été avantageusement modifié par la substitution de l'essence de thym renfermant encore son hydrocar- bure au thymol pur. Ne voulant en aucune manière m'emparer du bien d'autrui, je crois qu'il est de mon devoir de faire cette rectification. » Coujme depuis cinq ans M. Kolbe n'est pas revenu sur l'élude de cet acide, je pense avoir le droit de continuer moi-même cette étude, comme j'annonçais devoir le faire dans ma communication précédente. » ( 664 ) GÉOLOGIE. — Observnlions critiques sur iùfje de pierre; par 31. EiGÈXE RoBEnT. « On ne saurait apporter une trop grande circonspection dans le dépouil- lement des nombreux objets qui sont désignés sous les noms de coins, liachos, dards, lames de couteau, etc. Pour y voir clair, il est nécessaire de se poser plusieurs questions. Voici les principales. Toutes les pierres qui semblent avoir été taillées l'ont-elles été réellement? en d'autres termes, n'aurait-on pas confondu avec les véritables pierres travaillées des pierres qui n'en ont que l'apparence? Tous les instruments en pierre, quels qu'ils soient, ont-ils été faits par deux races différentes d'hounues, par des sau- vages contemporains des grandes espèces éteintes de Mammifères, et par la race celtique? ou bien appartiennent-ils à la même période humaine? » Il est évident, qu'en admettant l'authenticité de tous les gisements qui ont été explorés jusqu'à présent, on a dû recueillir très-souvent des pierres soi-disant travaillées et qui ne l'étaient pas. La nature des roches, notam- ment du quartz, qui ont fourni les éléments convenables, a souvent donné lieu à des méprises de ce genre : rien, en effet, ne ressemble davantage à des haches grossières, à des pointes de flèche et surtout à des lames de couteau, que les éclats du silex pyromaque, dont la cassure est presque toujours con- choïde ; aussi rencontret-on dans les collections bon nombre de pièces qui ne devraient pas avoir le droit d'y figurer comme témoignage archéolo- gique. Ceci, au reste, n'a pas une grande importance, mais il n'en doit pas être de même de gisements entiers de pierres soi-disant tadlées pour servir de haches, de lames de couteau, etc., lesquels après un sérieux examen pour- raient être reconnus pour faux; tel serait le gisement de pierres taillées de Pressigny-le-Grand, dont nous allons parler comme étant l'exemple le plus frappant de la réserve que l'on devrait toujours apporter dans ces sortes d'investigations. » Nous étions encore sous le coup de l'impression profonde que nous avait fait éprouver l'annonce de la découverte d'un pareil gisement (les haches, disait-on, y sont si communes, qu'elles recouvrent le sol sur plu- sieius kilomètres d'étendue, et qu'il serait facile d'en remplir des tombe- reaux], lorsqu'un de nos amis qui occupe, à cette heure, la place la plus éminente de l'Académie des Sciences, voulut bien nous éclairera ce sujet : il avait été sur les lieux et en était revenu avec la conviction que les pré- fendues haches de Pressigny-le-Grand, ainsi que les lames de couteau, n'é- ( 665 ) talent antres qne des déchets de masses silicenses qni anraient servi à faire des pierres à fnsil. Il tenait également de personnes assez âgées pour en avoir été témoins, qu'autrefois on exploitait, dans la même localité, un silex pyi'o- maque blond, semblable par ses caractères minéralogiques aux prétendues haches, afin de garnir les chiens des armes à feu. Nous doutions si peu qu'on n'eût pas là la preuve la plus manifeste d'un atelier de pierres au service des Celtes, nous en étions telleinent persuadé, que, pour tâcher de réfuter l'opinion qui le réduisait à néant, nous invoquâmes des entailles profondes, qui régnent tout le long des arêtes principales dans les grandes haches seu- lement; nous alléguions que ces échancrures dans lesquelles se logent assez commodément les doigts étaient précisément ce qu'il fallait pour empêcher ces haches de glisser lorsqu'on les saisirait au moment décisif; nous nous plaisions donc à croire qu'elles avaient été disposées ainsi pour être ma- niées comme les tomataves en grauwacke des Nouveanx-Zélandais, car plu- sieurs de ces pierres, nous voudrions pouvoir dire instruments, sont trop volumineuses (il y en a qui ont plus de 3o centimètres de longueur, sur une circonférence au centre de 3i centimètres, et qui pèsent plus de 3 kilo- grammes) pour avoir pu être montées à la manière des casse-têtes des sau- vages et comme ont dû l'être les haches de petite dimension des Celtes. Il nous fnt alors démontré, non moins clairement, qu'après avoir fait sauter le plus possible de longues lames de silex d'où l'on extrayait ensuite, et défi- nitivement, les pierres à fusil, on empruntait encore aux arêtes, avant de rejeter la masse qui finit par ne plus se prêter à aucune espèce de taille, de petits éclats propres à garnir des pistolets. Avons-nous besoin d'ajouter que ces derniers objets se trouvaient ainsi tout faits ou très-près de la per- fection ? » Nous fûmes d'autant plus facilement disposé à nous rendre à l'évidence de ce raisonnement, qne les prétendus silex travaillés de Pressigny, du moins ceux qu'il nous a été donné d'examiner, contrairement à ce que l'on a toujours observé, nous avaient paru, non pas sans un grand étonnement, être d'une conservation par trop parfaite, désespérante, à notre point de vue (ou aurait dit qu'ils sortaient de la main des ouvriers, tant leur fraîcheur est grande), sans la plus petite trace de frottement ou d'usure capable de révéler un usage quelconque ; que les facettes déterminées par la taille n'ont pas éprouvé cette altération singulière, souvent profonde, qui change le silex pyromaqne bleu-noirâtre, exposé à l'air depuis très-longtemps, en cacholong blanc-laiteux, semblable à de la porcelaine; en un mot, qu'il n'y a pas la moindre patine caractéristique des pierres antiques. Enfin, C. R., iSflj, i<" Scmesire. (T. LX, IN" 14.) 87 [ 666 ) M. Al. Broiigiiiarl nous apprend que dans le département du Clier, limi- trophe de celui de la Vienne, on a exploité en grand un silex identique à celui de Pressignvle-Grand. pour en faire des pierres à fusil. Reste à savoir si d'autres lieux explorés dans ces derniers temps, pourdes pierres soi-disanl travaillées, n'auraient pas été tributaires des armes h feu, ou ne seraient propres également qu'à induire en erreur. » Quant aux gisements de pierres travaillées des bords de la Somme, nous nous bornerons à faire remarquer qu'une grande partie de ces pierres n'ont aucune valeur archéologique, soit qu'on ait cru ramasser de véritables uistrimients, ce qui est presque inévitable dans un aussi grand nom!)re de choses exposées au désir extrême de s'en procurer, soit que les ouvriers en aient fabriqué de faux par l'appât du lucre. » Passons maintenant aux questions de contemporanéilé. Ou ne peut certainement pas dire qu'à l'époque où vécurent en Europe des Éléphants, des Rhinocéros, des Hippopotames, etc., il n'y ait eu des hommes errants dans les mêmes solitudes; nous n'avons pas la preuve du contraire. .S'il eu a été autrement, il faut avouer que leur nombre a dû être bien restreint; car jusqu'à présent les restes que l'on pourrait rapporter à ces premiers pionniers n'ont été rencontrés que sur un seul point des rives de la Somme et dans l'intérieur de quelques cavernes , avec des débris d'animaux éteints et vivants, et au milieu de pierres et d'os grossièrement travaillés. Rien de plus spécieux qu'une semblable réunion : on serait tenté de croire que tous ces débris osseux sont marqués du sceau de la contemporanéité, conmie ayant dû appartenir à des êtres qui auraient essuyé les mêmes vicissitudes, partagé le même sort. Cependant, si on les examine de près, sans idée préconçue, on ne tarde pas à reconnaître qu'ils ne sont pas du même âge, et qu'il doit y avoir même une énorme somme de temps écoulé, des milliers d'années peut-être, entre le dépôt des ossements de Pachvdermes et celui des hommes. Du premier coup, la prétendue contem- poranéité qu'on voulait établir entre tous ces objets s'écroule donc pour laisser dans l'isolement les débris humains avec les pierres travaillées, qui ne jouent plus dans cette circonstance qu'un rôle secondaire. » Mais la période celtique est là, qui réclame ces vestiges humains aban- domiés sur le sol au bord des rivières et dans les retraites profondes des rochers, où, bien avant leur transport^ étaient gisants, ici des squelettes des plus lourds Pachydermes, là des débris des plus féroces Carnassiers. Elle est prèle à restituer aux crânes humains trouvés dans les cavernes, la no- blesse dont ou veut les dépouiller pour en revêtir des nègres ou des hommes (667 ) qui n'auraient guère été plus perfectionnés que dos singes. Voilà déjà qne 6i H 3,44 3,08 N 9,47 9.58 Pb 34,45 38,38 (673 ) » Oxélhyhjlycolykillojiliannie de baryte, G^irRaô'. — Le carlionate de baryte se dissout dans l'acide libre; la solution évaporée laisse déposer presque la totalité du sel par refroidissement. Les cristaux sont des tables rhomboïdales dont les angles aigus sont tronqués. Ce sel est peu soluble dans l'eau froide. Il est insoluble dans l'alcool. » Les analyses de la substance, sechée à loo degrés, ont donné 27,51 pour 100 de carbone, 4506 pour 100 d'hydrogène, et 25,95 pour 100 de baryum; la théorie exige 27,96 pour 100 de carbone, 3,5o pour 100 d'hydrogène et 26,6 pour 100 de baryum. » Uoxélhy-qlycolylallophanate d'argent a été pi'éparé comme les sels pré- cédents. La solution^ évaporée dans le vide, laisse déposer une poudre bru- nâtre Irès-soluble dans l'eau ; la solution ne peut pas être évaporée au bain- niarie. » J'ai préparé aussi Voxétliylglycoljtallopliaiiale de potassium et Voxélhyi- glycoljlaUophanale d'amtnoniaque, qui sont très-solubles dans l'eau. Eva- porés sur de l'acide sulfurique, ils cristallisent bien. » Ce travail a été exécuté en partie à Marburg, au laboratoire de M. Kolbe, en partie à Paris, au laboratoire de M. Wurtz. » PHYSIQUE. — Note sur une loi de Coulomb relative à la longueur limite des corps isolants; par M. J,-M. Gai'gai\. « On trouve la loi suivante formulée dans le 3^ Mémoire de Coulomb {Mémoires de l' Académie des Silences, année 1785): « Le degré de densité » électrique où une soie, un cheveu et tout corps cylindrique très-fin dont » l'idio-électricilé est imparfaite commence à isoler, est, pour le même état « de l'air, proportionnel à la racine carrée de la longueur ; de sorte que, par )> exemple, si une soie d'un pied de longueur commence à isoler parfaitement » le corps lorsque la densité est D, un fil de 4 pieds commencera à l'isoler » lorsque sa densité sera 2D. » Cette loi, mentionnée dans tous les Traités de Physique, est généralement admise et personne, je crois, n'a remarqué qu'elle est en opposition avec la théorie d'Ohm. Cependant la contradic- tion me paraît manifeste. Si l'on réserve le nom de corps isolants pour les substances qui sont absolument dépourvues de conductibilité, il est clair que ces substances doivent isoler toutes les charges possibles les plus fortes aussi bien que les plus faibles. Si au contraire on appelle corps isolants ceux qui ne possèdent qu'une conductibilité très-petite, le mouvement de l'électricité doit s'opérer à travers ces corps comme dans les conducteurs C. R., i865, 1" Semeslre. (,T. LX, N» li.) ^'8 ( 674 ) les plus parfaits, et il est aisé de reconnaître que la théorie de la propaga- tion ne conduit pas du tout à la loi que Coulomb a établie. » Supposons d'abord que l'on puisse négliger l'action de l'air sur le sup- port isolant, ce qu'il est permis de faire quand la quantité d'électricité cédée par ce support à l'air environnant est beaucoup plus petite que celle qui le traverse dans toute son étendue. Dans co cas la loi de propagation est très-simple. Si la section du rapport isolant est luiiforme, le flux qui le parcourt est en raison inverse de sa longueur et en raison directe de la charge accumulée siu- le conducteur isolé. Par conséquent, si la densité élec- trique de ce conducteur est D, et si on le considère comme isolé lorsqu'il est porté par un support isolant d'un décimètre de longueur, parce qu'il ne perd dans un temps donné qu'une très-petite quantité d'électricité, le même conducteur devra encore être considéré comme isolé lorsque sa densité sera portée à 2D, et qu'on le placera sur un support de deux décimètres, puisque dans ce dernier cas il continuera à perdre la même quantité d'élec- tricité dans le même temps. La longueur qu'il faut donner à un support pour isoler dans une mesure déterminée un conducteur électrisé est donc pro- portionnelle à sa densité électrique et non au carré de cette densité. » Admettons maintenant qu'il soit nécessaire de tenir compte de l'ac- tion de l'air sur le support isolant. Dans ce cas il est facile de reconnaître, en partant des principes établis par Ohm (p. 1 18 et suiv. de la traduction fran- çaise), que la quantité d'électricité S cédée dans l'unité de temps par le conducteur isolé à sou support est représentée par la formule suivante : » A- représente la conductibilité du support, usa section, /sa longueur. » /3 est un coefficient qui dépend de l'état de l'air, de la conductibilité et de la section du support. » Enfin a. représente la charge du conducteur isolé. » Or, cette formule ne s'accorde avec la loi de Coulomb que dans quel- ques cas particuliers. Si nous supposons, par exemple, /3 — 0,01, a = i, / = 53, la perte subie par le conducteur aura pour valeur S = 0,0206, et si, /3 restant le même, nous faisons a = 2 et/ = 212, nous obtiendrons pour S une valeur presque identique 0,0204. Dans l'exemple choisi, le degré d'iso- lement reste le m>me quand la longueur du support varie proportionnelle- ment au carré de la charge. La loi de Coulomb est satisfaite; mais il n'en est ainsi que pour des valeurs prises entre des limites déterminées et très- restreintes. (675) » Si, ^ restant invariable, nous considérons des valeurs de / plus petites que 4o, nous trouvons alors que pour maintenir constante la valeur de S il faut faire varier la longueur du support, non plus dans le rapport du carré de la charge, mais simplement dans le rapport de la charge ou à peu près. Si, au contraire, on envisage des valeurs de / supérieures à 200, alors il devient impossible de maintenir constante la valeur de S en faisant varier simultanément les quantités a et l; nous avons vu tout à l'heure que pour a = 2 et / = 212 la valeur de S était o,o2o4- Si l'on fait a = 4) la perte S reste égale à 0,04, même lorsqu'on suppose la longueur du support infinie. » Comme on le voit, la loi de Coulomb ne peut être vraie que dans des conditions toutes particulières, et si l'on n'a pas été frappé de la contradic- tion qui existe entre cette loi et la théorie d'Ohm, cela tient sûrement à ce que l'on a supposé que le mouvement de l'électricité dans les mauvais con- ducteurs était régi par des lois particulières; mais une telle supposition me paraît aujourd'hui tout à fait inadmissible. Les recherches que je poursuis depuis quelques années ont fait voir que les lois de la propagation sont abso- lument les mêmes pour tous les conducteurs bons ou mauvais. Depuis long- temps déjà j'ai publié les résultats obtenus avec des fils de coton, et ils me paraissent très-concluants; mais pour me placer plus exactement dans les mêmes conditions que Coulomb, j'ai répété sur des fils de soie les expé- riences que j'avais précédemment exécutées sur des fils de colon, et j'ai em- ployé des tensions beaucoup plus fortes que je ne l'avais fait jusqu'à présent. Le résultat général est resté le même. » Les fils de cocon qui n'ont subi aucune préparation me paraissent isoler d'une manière absolue, du moins dans les conditions atmosphériques où j'ai opéré. J'ai constaté qu'un fil de cocon, dont la longueur était environ 6 millimètres, ne laissait passer aucune quantité d'électricité appréciable, alors même que le conducteur auquel il était fixé pouvait donner des étin- celles à la distc-yice de 2 ou 3 millimètres. » Les cordonnets de soie formés d'un grand nombre de brins tordus laissent généralement passer des quantités d'électricité mesurables lorsqu'ils sont courts; mais les flux qu'ils transmettent sont toujours en raison inverse de leur longueur et en raison directe de la tension du conducteur avec lequel ils sont mis en communication; ils se comportent par conséquent comme des conducteurs parfaits. « M. Akijv adresse à l'Académie des observations sur un travail de M. Dupié relatif à l'élasticité, qui a été inséré dernièrement dans les Comptes refulus. 88.. (676) Il dit que ce sujet a été trnité par lui dans un Mémoire présenté à l'Acadé- mie en décembre 18G1 [Comptes rendus, t. LUI, p. 11 17), et qui se trouve entre les mains des Commissaires nommés pour examiner son Mémoire. M. i,E Vice-Rfxteur de l'Académie de Paris transmet à l'Académie un travail de /)/. Béguinet sur le calendrier et la théorie des éclipses. Cette Note est renvoyée à l'examen de M. Babinet. M. Cii. d'Aigi'ières adresse, comme pièce de concours pour le prix biennal qui doit être décerné cette année par l'Institut, un ouvrage intitulé : Tables sans fin donnant les résultats des uuiiliplicatioiis, divisions, etc. L'ouvrage est réservé, ainsi que les Lettres qui s'y rapportent, pour être soumis à la future Commission. A l'occasion d'ime communication récente du P. Secchi, M. de Paravey adresse quelques remarques relatives aux noms donnés par les Egyptiens et par les Grecs à la constellation d'Orion. EBRATUM. (Séance du 27 mars i865,) Beclification de la liste des candidats présentés j)Oiir une place de Correspond uni dans la Section de Physique. Dans le Compte rendu de la dernière séance il y a deux noms omis et un nom changé dans la liste des candidats. La liste est la suivante : En première ligne M. Wiliiem Weber, à Gottingne. M. DovE à lîerlin. M. Grove à Londres. M. Henry à Philadelphie. M. Jacobi à Saint-Pétersbourg. M. Jouée à Manchester. En deuxième ligne par ordre alphabétique. . M. KiRCHHOFF. ... à Heidelberg, M. KuPFFER à Saint-Pétersbourg. 31. Plucker à Bonn. iM. Kies-s à Berlin. \ M. Stockes à Cambridge. La séance est levée à 6 heures. E. D. B. ( 677 ) BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu dans la séance du 3 avril i865 les ouvrages dont voici les titres : Deux ascensions scientifiques au Mont-Blanc; par Charles Martins. (Extrait de la Revue des Deux Mondes.) Paris, i865; br. in-8°. Solutions développées de 3oo Problèmes qui ont été proposés dans les compo- sitions mathématiques pour V admission au grade de bachelier es sciences dans di- verses Facultés de France; par I.-L. -A. LeCointe. Paris, i865; in-S". Recherches sur la distribution de la température à la surface de la Suisse peu- danl l'hiver 1 863- 1864 ; par E. Plantamour. In-8°. • Annuaire photocjraphicpie pour i année i865; par A. Davanne. Paris, i865; in-i8. Quelques monstniosités végétales et catalogue des cas de proliférie obseivés ptir M. A. Landrin. Versailles, i865;br. in-8''. Bulletin de la Société des Sciences naturelles de Neuchâtel; t. VI, 3"^ cahier. Neuchàtel, i864; in-8°. Précis analytique des travaux de V Académie impériale des Sciences, Belles- Lettres et Arts de Rouen, pendant Cannée 1 863- 1864. Rouen, i864; in-8''. Cenni di alcune esperienze di eletlricita di R. Felici. Demi-feuille in-8°. LE MOIS DE MARS ISGJî. Comptes rendus liebdornidnires des séances de l' Académie des Sciences; i" semestre i865, n**' 10 à i3 ; in-4''. Annales lie Chimie et de Physique; par MM. Chevkeul, Dumas, Pelouze, BoussiNGAULT, Regnault ; avec la collaboration de MM. WuRTZ et Verdet ; 4* série, février i865; in-8''. ' Annales de C Agriculture française ; t. XXV, n° 4; iii-S". Annales des Conducteurs des Ponts et Chaussées; 9* année, février i8G5; in-8''. Annales de la Société Météorologique de France] mars i8G5; in- 8°. ( 678 ) Annales de la Société d'Hydrologie médicale de Paris; comptes rendus des séances; t. XI, 5* livraison; in-8". Annales delà Propagation de la foi; mars i865, 11° 219; in- 12. Annales forestières et métalliinjiques ; t. III, février i865; in -8°. Annales médico-psychologiques ; mars i865; in-8°. Bibliothèque universelle et Revue suisse; n° 86. Genève; in-8". Bulletin de l'Académie impériale de Médecine; t. XXX, n° 10; in-8°. Bulletin de l'Académie royale de Médecine de Belgique; année 1864, t. VU, n"' 10 et II ; in-S". Bulletin de l'Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique; 2* série, t. XIX, n° i; in-8°. Bulletin de la Société d'Encouragement pour l'industrie nationale; \. XII, janvier i865; in-4°. Bulletin de la Société de Géographie ; 5' série, t. VI, janvier 1 865 ; in-8°. Bulletin rie la Société française de Photographie; février i865; in-8°. Bulletin de In Société industrielle de Mulhouse ; décembre i864; in-8°. Bulletin des séances de la Société impériale et centrale d' Agriculture de France; 2* série, t. XX, n° 2 ; in-8°. Bulletin de la Société impériale de Médecin'e, Chirurgie et Pharmacie de loulouse; 65" année, i865, 11° i (janvier et février); in-8°. Catalogue des Brevets d'invention, i864; n° 1 1 ; in-8''. Cosmos. Revue encyclopédique hebdomadaire des progrès des Sciences et de leurs applications aux Arts et à l'Industrie; 2' série, t. I, n"' 9 a la; in-S". Gazette des Hôpitaux; 38* année, n°' 25 à 36; in-8''. Gazette médicale de Paris; 36* année, n"' 9 à 12; in-4°. Gazette médicale d'Orient; janvier i865; in-4°. Journal d'Agriculture pratique ; 29* année, i865, n°' 5 et 6; in-8''. Journal de Chimie médicale, de Pharmacie et de Toxicologie; t. I, 5* série, mars i865, in-S". Journal de la Société impériale et centrale d Horticulture ; t. XI, février 1 865; in-S». Journal de Mathématiques pures et appliquées; 2* série, janvier i865; in-4°. ( 679 ) Journal de Pharmacie et de Chimie; 5i* année, mars i865; in-8°. Journal des Connaissances médicales el pharmaceutiques; Sa* année, i865, n°'6, 7 et 8; in-8''. Journal desfabricants de sucre; 5* année, n°^ 47 à 5o; in-4°. Kaiserliche... Académie inipériale des Sciences de Vienne; année i865, n°6; I feuille d'impression in-8°. , L'Abeille médicale; 7.1" année, n*" 10 à 12; 10-4". L'Agriculteur praticien; 12^ année, t. VI, n° 5; in-8°. La Médecine contemporaine ; 7® année, n°' 5 et 6; in-4°. L'Art dentaire; 8* année, février i865; in-12. L'Art médical; mars i865; in-8°. La Science pittoresque ; g^ année; n°' 44 à 47 5 iii-4"' La Science pour tous; 10* année; n"' i4 à 17; in-4°. Le Courrier des Sciences el de l'Industrie; t. IV, n*" 10 à i3; in-S". Le Gaz; 9* année, n° i ; in-4°. Le Moniteur de la Photographie; 4* année, n° 24; 5* année, n° 1; in-4°. Le Technologiste ; a6' année; mars i865; in-S*'. Les Mondes. . . Revue hebdomadaire des Sciences et de leurs applications auji Arts et à l'Lidustrie; 3^ année, t. VII, livr. 9312; in-8°. Magasin pittoresque ; 33^ année; mars i865; in-4°. Matériaux pour l'histoire positive et philosophique de l homme; par G. de MORTILLET; février i865; in-S". Montpellier médical : Journal mensuel de Médecine, 8^ année; mais i865; in-8°. Nachrichten. . . Nouvelles de l'Université de Gœttingue; n*" 3 à 6. ln-12. Pharmaceutical Journal and Transactions ; vol. VI, n° 9; in-8°. Presse scientifique des Deux Mondes; année 1 865, n"' 5 et 6 ; in-8°. Répertoire de Pharmacie; t. XXI, février i865; in-8". Revue de Thérapeutique médico-chirurgicale; Sa^ année, i865; n"' 5 el 6; in-S". ( 68o ) Revue Marilime et Coloniale; février et mars i865 ; in-8°. Società reale di Napoli. Rendiconto deW Accademia délie Scienze fisiclie e malemaliclie; ^^ année; février i865. Naples; in-4°. The J uurncd of the Chemical Societj; octobre, novembre, décembre 1864. Londres. In -8°. The Reader; vol. V, n°' 1 14, 1 15 et 116; in-4°. ERRATUM. (Séance du 20 mars i865.) Page 555, ligne 12, à partir du bas de la page, au lieu rfe sulfhydrosulfureuses, Usez chlorhydrosulfureuses. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 10 AVRIL 1863. PUÉSIDENCE DE M. DECAISNE. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. STATISTIQUE. — Mémoire sur l' ensemencement, la production, le prix et la consommation du froment en France, en rapport avec la population et les influences atmosphériques; par M. Becqcerel. (Extrait.) « On se préoccupe vivement aujourd'hui des rapports existant entre la production, le prix et la consommation du froment en France; j'ai pensé qu'il était peut-être ulile de publier les nouvelles recherches que j'ai faites à cet égard, sous le point de vue physique seulement. Ces recherches ont commencé il y a une quinzaine d'années, quand je m'occupais, dans le sein du Conseil général du Loiret, de l'amélioration de la Sologne, dont je suis un des promoteurs. Les premiers résultats ont fait l'objet d'une communi- cation à l'Académie dans la séance du i4 novembre i853. Voici les prin- cipes qui m'ont dirigé : » Les phénomènes atmosphériques sont soumis à des variations régu- lières sous les tropiques, et à des variations régidiéres et irrégulières sous nos latitudes, que l'on ne peut isoler les unes des autres qu'en prenant les moyenaes d'un très-grand nombre d'observations. )) Les phénomènes de culture, ainsi que les produits agricoles qui dépen- dent de causes atmosphériques, doivent présenter de semblables variations, auxquelles se joignent encore celles relatives à la nature des terres, à leur latitude, à leur orientation, à l'intelligence^ au savoir et à l'intérêt de C. R., i8G5, i" Semestre. (T. LX, N» IS.) 89 ( 682 ) rhoiiime : questions des plus complexes et qui sont cependant abordables à la science, sous un certain point de vue. » J'ai cherché s'il n'était pas possible de déterminer ce qu'il y avait de fixe dans ces produits et leur consommation en France, et d'établir des rap- ports entre ces éléments, la population et les phénomènes atmosphériques, en écartant les plus grandes irrégularités, au moyen de tracés graphiques employés depuis longtemps en météorologie et de lignes indiquant les directions moyennes. L'influence du climat sur la culture des céréales a donc été également l'objet de mes recherches, auxquelles j'ai rattaché celles concernant les forêts; mais, dans le Mémoire que j'ai l'honneur de présen- ter aujourd'hui à l'Académie, il ne sera question, vu son étendue, que de la population, de l'ensemencement, delà production, du prix et de la con- sommation du homeni, considéré comme l'élément principal de l'alimenta- tion, sans me préoccuper aucunement de la partie commerciale, qui est en dehors du cercle habituel de mes travaux. » Les documents dont j'ai eu besoin |)our faire ce travail ont été pris en partie dans les archives statistiques du Ministère des Travaux publics, de l'Agriculture et du Commerce; l'autre partie m'a été communiquée obli- geamment par le même Ministère. Ces documents, comme tout le monde le sait, sont bien loin d'avoir le degré d'exactitude désirable; néanmoins, tels qu'ils sont, ils peuvent encore inspirer quelque confiance. Toutefois je fais toutes réserves àcet égard, en partageant l'opinion de M. de Gasparin,juge très-compétent dans la matière. •< Nous devons au Gouvernement, » dit ce célèbre agronome dans son opuscule sur les subsistances, p. 3i, « ime » belle série de recherches statistiques, coordonnées par les soins persévé- « rants de notre confrère M. Moreau de Jonnès, recherches qui présentent » sans doute une large part d'erreurs, provenant de l'imperfection des » moyens d'investigation, mais qui, considérées dans leur ensemble et sans » prévention, me paraissent approcher souvent de la vérité, par l'effet sans )' doute des compensations en plus ou en moins qui sont faites à l'insii » des agents qui ont fourni les premiers éléments. C'est encore la base la « plus exacte sur laquelle on puisse s'ap|)uyer, en attendant que la statis- » tique, déjà si avancée quand il s'agit de combiner, de comparer et de » juger, ait perfectionné les moyens de recueillir les faits. » » Depuis M. de Gasparin, les moyens de recueillir les faits et de les véri- fier ont été perfectionnés; aussi doit-on avoir un peu plus de confiance que par le passé dans les documents statistiques. Si l'on parvient à établir des rap- ports entre ces documents, on aura montré que leur détermination n'est ( G83 ) pas dépourvue tout à fail d'exactitude, car ou est porté à croire que des faits lecueillis au hasard, pendant un assez grand nombre d'années, produisent très-rarement de la régularité dans leurs rapports. « Ce Mémoire se compose de trois parties : la première traite de la popu- lation de la France de 1760 à 1861; la seconde de l'eusemencement et de la production du froment; la troisième du prix et de la consommation de cette céréale. » Pour atteindre plus sûrement le but que je me suis proposé, j'ai fait le tracé graphique de chacun des éléments, en prenant les années pour abscisses et ces éléments poiu' ordonnées, puis traçant également la ligue qui indique la direction moyenne et donnant son équation. » J'ai pris pour la population celle qui est donnée par les recensements faits à diverses époques, en ne considérant toutefois comme exacts que ceux de 1806, 1821, 1826, ainsi de suite de cinq ans en cinq ans, jusqu'en 1861 . J'ai fiiit usage aussi de la Table de la population annuelle calculée par notre confrère j\I. Mathieu, depuis i8o7Jusqu'en 1861, à l'aide des recensements et en tenant compte de l'accroissement de population, ou de l'excès des naissances sur les décès; Table cju'il a bien voulu me communiquer et dont je suis reconnaissant. « Ces tracés, qui seront publiés avec le Mémoire et que je mets sous les yeux de l'Académie, permettent à l'oeil de saisir immédiatement les rapports qui existent entre toutes les parties. On a fait deux tracés de la population, en prenant pour l'un les nombres donnés par les recensements, pour l'autre les nombres de la Table de M. Mathieu. On a reconnu qu'en faisant passer une ligne droite par les points correspondants aux recensements de 1806 et de i856, la ligne brisée qui est le lieu géométrique des nombres représen- tant la population entre ces deux époques s'écarte autant au-dessus qu'au- dessous de cette droite, dans des limites assez restreintes, et qu'elle peut être considérée dès lors comme la direction moyenne de l'accroissement de po- pulation. De 1826 à i8'3i, les deux lignes sont tres-rapprochées et se cou- pent sur l'ordonnée de i83i où les deux inflexions changent de sens. L'équation de cette droite a permis de calculer l'étendue des deux surface.s comprises entre les deux lignes. Ces deux surfaces sont dans le rapport de 125 à 120; on peut donc les considérer comme sensiblement égales. Je n'ai point à (n'expliquer sur la cause de cette inflexion régulière. La ligne de la population de i856 à 1861 coïncide à peu près avec la direclion moyenne de l'accroissement. Si aucinie cause puissante perturbatrice n'intervient. 89.. ( 084 ) il est pi'ol)able que la population, qui était de 3'j'6S2 225 pour les quatre-vingt-neuf départements en i86f,sei'a de 4"^ 129397 en 1900. » La deuxième partie du Mémoire est relative au nombre d'hectares ensemencés en froment et au nombre d'hectolitres récoltés depuis 181 5 jus- qu'en i8G3; pour rendre plus facile la discussion, j'ai adopté la division de la France admise par l'administration, en généralités avant 1 790, et, depuis, en dix régions agricoles ayant des rapports to|)ogra|)hiques de sol et de climat, chaque région étant composée d'un certain nombre de départe- ments. Les lignes qui représentent ces deux éléments ont permis également de tracer les deux droites, de direction moyenne; au-dessus et au-dessous de chacune d'elles, s'élèvent et s'abaissent la ligne qui représente le nombre d'hectolitres ensemencés et celle de la production ; les inflexions sont sensi- blement (gales dans chaque tracé. Celle relative à l'ensemencement étant moins ascendante que celle de la popida!ion, le nombre d'hectares ense- mencés en froment augmente donc, chaque année, dans un rapport un peu moins grand que le nombre d'habitants-, or, comme il sera démontré plus loin que la production paraît être en voie de dépasser les besoins, abstrac- tion faite des spéculations commerciales, il faut en conclure que les terres sont plus productives que par le passé, soit parce qu'elles sont mieux cul- tivées, soit pai'ce qu'on leur donne plus d'engrais. » Le tracé graphique ou nombre d'hectolitres récollés et celui de la droite cpii en est la direction moyenne, ainsi que son équation, mettent en évi- dence les faits suivants : les différences, dans la production, sont quelque- fois considérables d'une année à ime autre, et peuvent varier, comme en 1861 et i863, dans le rapport de 100 : i56; ces différences, qui résultent de l'intempérie des saisons, n'empêchent pas que la production n'aille en aug- mentant depuis quarante-huit ans. On voit sur le tracé que de 1827 à 1857, à trente ans de tlistance, la production a presque doublé. La ligne droite qui en est la direction moyenne a permis de partager les récoltes de 181 5 à I 863 en périodes de hausse et périodes de baisse. Dans les premières, la production s'élève successivement jusqu'à un maximum; dans les secondes, elle va eu diminuant jusqu'à un minimum. Deux périodes successives com- posent une inflexion complète, formée de deux minima et d'un maxinuim, quand la concavité est tournée eu haut, et au contraire de deux maxima et d'un minimum quanti la concavité est tournée vers le bas. » Dans l'espace de (piar.mte-huit ans, il s'est produit quatorze inflexions: la première, de 181 5 à 1820, est formée de quatre années de hausse et de denx de baisse; immédiatement a[)rés commence une autre inflexion, et ainsi ( 685 ) de suite. Ces inflexions, qui n'our pas la même amiililiu!?, sont composées en totalité de vingt-six années de hausse, vingt-quatre de baisse, sur l'année précédente. La chance a donc été, chaque année, de 54 pour loo pour la hausse et 46 pour la baisse dans la production, quoiqu'il y ait dos périodes composées de plusieurs années successives de hausse ou de baisse. » La troisième partie du Mémoire est relative au prix du froment et à sa consommation, deux questions également très-importantes : les i)rix du froment, dont on a fait les tracés, sont ceux des anciennes i^énéralités et de ia France entière, de 1756 à 1790, et les prix des dix régions agricoles de 1797, époque où l'on a recommencé à recueillir les mercuriales sur les marchés, à i863. » En jetant les yeux sur tous ces tracés, on est frappé du parallélisme qu'ils affectent, surtout depuis 1808 jusqu'à l'époque actuelle; ces tracés tendent à se rapprocher de plus en plus et à converger vers celui du prix moyen, surtout aux époques où les prix sont élevés. I>a discussion a porté seulement sur les lignes représentant les prix les plus élevés, les prix les plus bas et les prix moyens : les premiers appartiennent à la généralité de Pro- vence et à la région du sud-est qui la remplace, les seconds à la Lorraine et à la région nord-est qui lui est substituée. Cette discussion a conduit aux conséquences suivantes : » La ligne supérieure, celle du sud-rst, n'atteint et ne coupe celle du prix moyen qu'en 1771 ; il faut aller ensuite jusqu'en 1847, année à prix très-élevés, où elle la cou|)e de nouveau jiour s'abaisser au-dessous et s'en éloigner beaucoup en i854, puis se confondre presque avec elle en 1861. » Dans la région du sud-est tout est donc changé aujourd'hui, dans ce qui concerne l'économie du froment, puisque son prix tend sans cesse à se confondre avec le prix moyen de toute la France. Ce changement est proba- blement dû aux arrivages de l'Orient. » Dans l'ancienne Lorraine la ligne des prix n'atteint à peu près celle des prix moyens de la France qu'eu 1790; il n'en est plus de même après 1797 : dans la région uord-e^t, eu 1816, celle du nord-est s'élève au-dessus de l'autre, redescend pour remonter au-dessus en i832. Après différentes évolutions, nouvelles ascensions au-dessus, en i852, i853, i854, de. On voit donc qu'il en est de ia région du nord-est, la jilus productive en tra- ment après celle du nord, comme pour celle du sud-est, qui est la moins productive : les conditions commerciales du froment sont changées. Cette céréale, qui est récoltée abondamment dans cette région, arrive avec l'acilité sur les marchés de l'intérieur, au moyen des voies de comaumicatiou de tous genres qui leur permettent de lutter avantageusement avec le prix ( G86 ) moyen. Une cause semblable tend à niveler les prix dans toute la l'iance. Les tracés graphiques iDCttent en évidence cet état de choses, qui est bien marqué depuis 1 8/(5. « On a cherché pour les prix, comme pour la production, les ])ériodes de hausse et de baisse; en comparant ces périodes, on voit que les longues périodes de prix, avant et après 1790, sont dans la proportion, avant cette époque, de 73,5 pour 100 des années écoulées, et après de 70 jjour 100. Les deux rapports différant peu l'un de l'autre, il y a donc plus de chances pour de longues périodes (pie pour de petites. » En comparant les périodes de production aux périodes de prix, de 181 5 à i863, on voit que dans les périodes simples, où il y a alterna- tivement baisse et hausse, et dont l'ensemble forme quinze années, sur quatre années de baisse dans la production, il y a eu deux hausses et deux baisses dans le prix de l'année suivante. Sur les cinq années de hausse dan.s la production, il y a eu deux baisses et trois hausses dans le prix de laiince d'après. Dans les périodes simples, il y a donc autant de chances pour la hausse que pour la baisse dans le prix, quand la production de raiinit- précédente a été en baisse ou en hausse. » Dans les années extrêmes, où le prix du froment est très- élevé, comiue en 181 5, 1820, i832, 184G, 1847, i853, i854, 1857 et i863, à deux excep- tions près, une forte baisse dans la producdon correspond, l'année suivante, à une forte hausse dans le prix. » Si l'on considère les longues périodes, il n'en est pas ainsi : par exemple, dans la période de hausse de i8i5, 1816, 1817, i8i8 et 1819, suivie d'une année d<; baisse en 1820, il y a eu hausse de prix dans les trois premières années et baisse dans les deux dernières. On ne peut donc pas dire d'une manière absolue qu'a un accroissement de récolte succède, l'année suivante, une baisse de prix; les ajiprovisionnements antérieurs et la spéculation interviennent pour modifier les prix. » On a donné le tracé graphique et celui de la direction moyenne des quantités annuelles de froment nécessaires, de 181 5 à 1862, pour la con- sommation de 1 homme et celle des animaux, les distilleries et autres besoins, réparties par habitant; les axes des coordonnées sont les mêmes que pour le tracé de la production, afin de pouvoir comparer les deux lignes l'une à l'autre. La droite qui eu est la direction moyenne passe par les points correspondant à i83i el iHGa. Cette ligne est inclinée sur l'axe des abscisses de 44°>33, tandis que celle de la production l'est de 49°, 3o; les deux lignes sont inclinées l'une sur l'autre d'environ 5 degrés. On n'a commencé le tracé qu'à partir de i83i, époque où la consommation du froment a aug- (687 ) mente plus rapidement qu'avant. L'inclinaison des deux droites montre que la prodnction croît plus rapidement que la consommation, et l'une et l'autre plus que la population. Le froment entre donc de plus en plus dans la consommation. » En suivant le tracé de la production et celui de la consommation, on voit que, depuis i8i5 jusqu'à 1827, le tracé de la première s'approche davantage de l'autre, qu'après, et la coupe quelquefois; la production ne suffisait donc pas, ou suffisait à peine aux besoins. A partir de i 827, la ligne de production s'éloigne de l'autre et la coupe néanmoins en 1846, i853, i855 et 1861; la production, ces années-là, était de beaucoup inférieure à la consommation. On voit, à la direction des deux tracés, que la production commence à dépasser de plus en plus les besoins, et que l'on arrivera proba- blement bientôt à une époque où l'on n'aura plus à craindre les disettes, si ce n'est peut-être dans les années exceptionnelles, à intempéries extraordi- naires, sur lesquelles je reviendrai en traitant des influences atmosphé- riques sur la culture du froment dans chacune des régions agricoles de la France. » On doit faire remarquer toutefois que l'administration pense que les chiffres de la consommation sont un peu faibles; si cela était, la ligne moyenne serait un peu plus relevée, et les conséquences déduites ne seraient pas changées sensiblement. » On voit sur les tracés graphiques que les déficit sur la production pour subvenir à tous les besoins de la consommation, ont augmenté en quantité depuis 1846 et sont plus considérables qu'avant. Us diminuent cependant depuis i855 et, comme on vient de le dire, ils finiront probable- ment par ne plus être sensibles que dans les années où les récoltes auront été mauvaises dans la plupart des régions agricoles de la France. Les conclu- sions auxquelles on est parvenu sont indépendantes des effets résultant de l'importation et de l'exportation, des opérations commerciales et des ré- serves faites par les producteurs pour vendre dans des temps opportuns. » Les tracés gra|)hiques de la population, du nombre d hectares ensemen- cés en froment, de la quantité récoltée, de la consommation et des prix, ainsi que des droites qui représentent leur direction moyenne, ne reposent, je le répète, sur aucune hypothèse qui me soit propre; ils sont la reproduction pure et simple des faits, sans altération aucune, comme il arrive quand on cherche à transformer une ligne brisée en une ligue courbe. Ces tracés per- mettent d'embrasser d'un seul coup d'œil les rapports qui lient les nombres entre eux et d'en déduire des conséquences utiles à l'adininislration. ( 688 ) » Dans un autre Mémoire j'exposerai les eltets résultant de riiifluence des phénomènes atmosphériques sur la culture du froment dans chacune des régions agricoles de la France, et je terminerai celte série de recherches par celles relatives aux forêts, envisagées sous le point de vue le plus gé- néral. » Exilait (lu Rnjipnrl fait à M. le Ministre de l' Agriculture, du Commerce et des Travaux publics sur i organisation de l'enseignement industriel en Allemagne et en Suisse, par une Commission composée de MM. le Généi'al .^Iorix, rapporteur, Pekdox\et, Directeur de l'Ecole Centrale des Arts et Manu- factures, et IMo.NMEK, Auditeur au Conseil d'Etat. DES INSTITUTS POLYTECHNIQUES. n Si les diverses institutions destinées à l'enseignement commercial ou industriel présentent, sous des désignations identiques, de très-grandes va- riétés on Allemagne, il n'en est pas de même des établissements |iolvtechni- ques qui, sous la formule variable de Gewerbs-Institut à Berlin, d'école ou d'institut polytechnique en Saxe, en Bavière, en Autriche, en Wurtemberg, en Suisse et dans le grand duché de Bade, sont destinés à former des ingé- nieurs civils pour les services des ponts et chaussées ou des mines, ainsi que pour l'industrie, des ingénieurs mécaniciens, des chimistes industriels, des architectes, des ingénieurs des forêts, etc. » Dans tous ces établissements, l'instruction scientifique est donnée à un degré très-élevé et parfois même avec un développement supérieur aux besoins et au but que l'on se propose d'atteindre; mais, partout aussi, la partie technique de cet enseignement est cultivée avec le plus grand soin. » Ces instituts polytechniques sont à la fois des écoles théoriques et des écoles d'ap|)lication, et présentent, sous ce raj^port, une très-grande ana- logie avec l'Ecole Centrale de France. » Dans tous, les élèves entrent à l'âge de 17 a 18 ans, et doivent posséder une instruction préparatoire correspondante aux éludes spéciales qu'ils se proposent de suivre. Le choix de la direction une fois fait |)ar l'élève, les cours qu'il doit fréquenter lui sotit désignés et devienrient presque |iartout obligatoiies. Cependant cette obligation n'est pas toujours absolue, et la li- berté qu'ont les élèves des divisions techniques, de ne pas suivre certains coiM's scientifiques, a pour effet d'engager les professeurs à renfermer les développements théori^pies dans les limites de ce qui es* réellement utile à ces divisions. ( 689 ) )) La partie des premiers cours qui forment le fondement scientifique des applications techniques est ordinairement commune à plusieurs des di- visions spéciales dans lesquelles les élèves sont paiJt^gés, et chaque division reçoit en outre l'enseignement particulier qui lui est nécessaire. >i Ces divisioiis, plus ou moins nombreuses, selon les pays, sont eu général les suivantes : » Ingénieurs des ponts et chaussées; I' Ingénieiu's civils pour chemins de fer, etc; » Architectes et constructeurs de bâtiments; " Mécaniciens; » Chimistes industriels; » Ingénieurs des mines; •> Ingénieurs forestiers. » Tous les instituts ne comprennent p;is le même nombre de divisions, mais les quatre ou cinq premières se trouvent à peu près partout, s'il n'y a pas d'établissement spécial qui les remplace. M La coordination et la gradation particulières des études offrent pres- que toujours un caractère de méthode remarquable, en ce que la première partie des études de chaque division spéciale, qui exige une ou deux années, est tellement réglée, qu'elle constitue un ensemble de connaissances assez complet pour permettre à un jeune homme de s'y arrêter et d'entrer utile- ment dans les positions secondau-es de la carrière qu'il a choisie. » Ainsi, après avoir accompli cette première partie des études, un élève peut devenir conducteur instruit des ponts et chaussées ou des travaux civils [ FFerkmeisler) , entrepreneur de bâtiments [Bauineistei), contre-maître ou chef mécanicien, pharmacien on chef d'atelier de chimie uidustrielle, chef mineur, garde-mines, agent forestier, etc. » Dans plus d'iui État, on. impose même aux élèves, après qu'ils sont parvenus à ce premier degré d'instruction technique, l'obligation d'aller passer un an ou deux sur des chantiers de travaux, dans des ateliers, dans des fabriques, avant de reprendre la suite de leurs éludes. •) Cette règle, qui offre l'inconvénient d'interrompre les études et d'ex- poser beaucoup d'élèves à en oublier une partie, a, d'un autre côté, l'avan- tage de nmrir leur esprit par la pratique, de leur montrer les conditions de l'application de la science, et de n'appeler à des études plus fortes que ceux qui en ont réellement la vocation. Elle n'est d'ailleurs praticable que dans les conditions d'externat libre, où se trouvent tous les élèves en Alle- magne, et pour des carrières où il n'y a pas de limite d'âge. C. R., i865, 1" Semestre. (T. LX, N" IS.) 90 ( 690 ) OBSERVATIONS SUR L'eXTER?(AT. » On sait qu'en Allemagne l'usage général des ét;iblissements d'instruc- tion est de n'admettre que des élèves externes. Les jeunes gens élrangers aux villes où sont situés ces établissements trouvent chez quelques profes- seiu's ou chez dos habitants connus des pensions où ils sont logés et nourris à des prix conv«Miablcs et proportionnés à leurs ressources. Ce système a pour la jeunesse ses avantages et ses inconvénients. Il conserve pour les élèves de la ville l'influence et l'action de la famille, et les habitue de bonne heure à suivre la route du devoir; pour les élèves étrangers il n'a plus le même avantage, et présente le danger de la dissipation; mais un bon choix de correspondants peut y remédier, et les communications par les chenùns de fer sont si faciles aujourd'hui, qu'un jeune homme est rarement tout à fait isolé de sa famille. . j' Il ne faudrait pas croire, d'ailleurs, que la discipline exercée sin- ces élèves libres soit dépourvue de sévérité. Elle est exercée, quant à l'exactitude et aux travaux, par des professeurs, et, quant à la conduite extérieure, pat les directeurs, qui ont à leur disposition des moyens gradués de répression. » L'admonestation particulière, la réprimande devant le conseil des pro- fesseurs, la prison, la menace du renvoi et finalement l'expulsion, sont des peines graduées et appliquées réellement. u Sans doute un certain nombre d'élèves se détournent de la bonne voie, mais ceux qui y persévèrent ont acquis par cela seul, dès leur jeune âge, une force morale qui leur permet de s'introduire de bonne heure dans la vie publique, sans courir les dangers de la transition brusque de la vie claustrale des lycées et des collèges, à l'émancipation des écoles publiques. Ils sont devenus des hommes. OBSERVATIONS SUR LE DEGRÉ DÉLÉVATION DES ÉTUDES THÉORIQUES. » Nous avons dit plus haut que les études mathématiques dans ces nistituts étaient d'un ordre très-élevé. Il est cependant bon de faire remar- quer que celles qui correspondent à la première période que nous venons d'indiquer sont presque partout plus élémentaires et par conséquent acces- sibles aux élèves qui ne se destinent qu'aux positions secondaires de chaque branche spéciale ou technique. » Mais il n'en est pas de même pour les dernières années d'études, et tout en rendant hommage au savoir et au dévouement des professeui's, nous croyons pouvoir dire qu'en général, dans ces établissements, on donne à (691 l'étude et à l'emploi des mathématiques transcendantes un développement l)lus grand qu'il n'est nécessaire. » On voit trop souvent, dans les programmes, des leçons consacrées au calcul des probabilités, au calcul des variations, dont les élèves ne feront certainement jamais usage, et qui leur prennent un temps précieux. L'em- ploi du calcul différentiel et du calcul intégral est également poussé trop loin. Eu effet, s'il est bon et utile qu'un ingénieur soit familiarisé avec l'es- prit de ces méthodes de calcul, il n'est pas aussi nécessaire de donner à cette étude tant de développement pour enseigner des théories de sciences appliquées, que l'on peut exposer tout aussi rigoureusement par des mé- thodes élémentaires plus faciles à saisir. » Il est plus (|ue probable que c'est cette exagération des considérations délicates des théories mathématiques qui empêche un grand noujbre d'élèves d'achever, comme ils l'auraient peut-être désiré, le cours entier des études techniques. « Il serait sans doute plus sage de réserver pour une division spéciale, libre, consacrée exclusivement aux études scientifiques, ces développements, qui seraient alors adressés aux jeunes gens qui se destineraient à la carrière de l'enseignement. A l'École Polytechnique de Zurich (i), il existe une di- vision de ce genre, où sont reçus, à titre d'élèves ou d'auditeurs libres, tous ceux qui veulent suivre des cours de sciences proprement dits, et où il est fait aussi des cours sur des branches très-variées des connaissances humaines. )) Malgré ces réflexions, qui sont surtout dictées par l'intérêt et par l'estime que nous ont inspirés ces établissements, il est juste de reconnaître que cette élévation de l'enseignement, jointe à la multiplicité des instituts polytechniques dont l'Allemagne s'est enrichie depuis trente ans, a puissam- ment contribué à y développer le goût des hautes études scientifiques, et celui des applications de la science à toutes les branches des services publics et de l'industrie. » Ces progrès nous étaient indiqués déjà depuis plusieurs années par les publications remarquables qui étaient faites de l'autre côté du Rhin sur toutes ces questions, et ce que nous avons vu n'a pu que nous confirmer dans les conséquences que nous avions tirées de l'examen de ces travaux. » Suus ce rapport, l'Allemagne nous paraît avoir fait pour la diffusion des sciences, et surtout pour leurs applications à tous les Ijesoins des Ira- (i) f^nir le Rapport sur la Suisse. ans. n ans 16 aus. 10 aos. 10 ans Ji" ans. 10 uns. 11 ans. Mi ans. 10 ans. 10 ans. .'iT ans. 0 4i7!) 0 2,86 0 1,75 0 5,3o 0 3, .5 0 3,26 0 ■ 2,98 ■0,99 0 .3,78 0 ,2,23 0 .',43 0 12,40 2 4,16 3,19 I ,22 5,33 3,08 3,16 .3,87 ■2,2', ■4-7^ 1 1 ,85 12 ,02 i3, . 1 3 4,68 4,43 i,o5 5, 10 2,5o 3,3. .5,39 i3,23 '4,78 .1,57 ■3,34 i3,6o 'l 4, 46 3,84 1 , 40 4,3. 3,.. 3,22 16,4s .1,84 '4,94 12,98 ■0,99 13,57 5 3,93 4,i5 2,27 5,09 3,73 3,70 .5,oS i3,57 1 4 , f^^^' ■2,04 10,67 i3,35 6 5,98 5,10 2,16 5,67 4,G9 3,46 ■ 4,57 '3, 'm 14, 65 i3,i6 10,72 ■3,44 7 5,27 5,19 4,43 4,86 4,38 4,90 ■4,48 ■4,84 ■4,39 13,09 ",43 1 3 , 75 8 6,10 3,75 5,.i 4,90 3,52 4,69 ■4,28 14,61 '4,46 12,52 II, i4 .3, 60 9 6,93 3,25 5,17 4,4' 3,70 4,54 14,09 i3,8o .4, .6 12,85 ■■,49 .3,38 ro 6,8;) 4,20 4,16 2,94 = ,74 4, '9 .3,37 '4,19 .2,3. .3,18 12, i3 *.-•>., 98 1 r 6,/i3 3, «7 4,04 2, i5 3,o5 *3,92 '4,92 i3,55 12,96 ■3,74 ■ 3,49 i3,(i5 12 6,5o 3,96 3,16 0,76 2,9l ♦3,44 .8,76 11,35 .4,28 .3,85 '2,79 ■4,^7* î3 5,64 3,85 4, '7 ,,.2 2,17 ■3,46 .5,33 12,20 .2,13 '4,24 .3,02 .3,5. 'i 4,64 3,76 3,98 2,68 .,72 "3,43 '4,79 12, 8à ",98 '3,67 '2,34 *i3,o. i5 5,56 3,73 3,85 4.47 3,36 ■3,97 .5,57 '2, '9 '3,24 '3,09 .3,98 '3,37 iC 5,76 4,o4 3,64 .4,51 3,29 4, .8 .5,74 12,41 .4,23 .3,67 '3,4' 13,91 17 5,20 4,33 3,08 4,6. 3,8. 4 .09 16,23 .4,55 '4, '9 i3,6. .4, .5 '4,5' 18 4,5. 4,74 3,i5 4,06 3,20 3,87 .5,82 .5,23 14,34 12,84 14, 16 '4,48 '7 4,19 5,98 3,47 4,63 3,3o 4 , 22 .5,.. '5,70 .3,29 i3,26 ■3,57 '4,29 20 3,56 5, .5 4, -il 3,98 2,64 3,96 16,10 .5,26 .5,3i 12,96 14, 36 14,86 :2 1 3,54 4,75 4,'|3 4,>4 3, .2 4,27 .5,6. ■4,39 .5,55 .3,05 ■4,76 '4,77 12 4,59 5,73 4, '7 6,53 3,28 5,00 '4,33 .4,50 '4,99 .4,38 ■4,67 ■4,62 23 4,7^ 5,32 4,82 6,6. 4,o3 5,18 '4,2' .4,63 .5,65 15,75 13,72 i5,23 2'l 4,79 4,92 4,38 6,45 3,72 4.84 '4,7' .5,23 ■5,39 .5,82 i5,o8 i5,2G 2 5 4,43 5,07 5,02 6,5o 4,26 5, ,7 '7-'5 ■4,^7 14,53 15,76 '5,95 i5,38 26 5,19 4,63 5,98 5,83 4,3o 5,16 ■7,53 13,98 ■ 5,23 i5,34 .5,8. i5,5i -7 5,7''l 4,81 6,26 4,67 4,43 5, 12 .7,50 i3,3o .5,58 15,92 .5,85 .5,58 28 5,29 5,32 6,o3 5,35 5,44 5,55 .7,43 '3,3', i5,8i 16,07 ■5,74 i5,C5 29 3o n '/ */ " '/ " 4.4 ■ 14 jours. 16, 56 i5,8o 13,98 14,-! 2 '5,77 ■5,90 15,98 '4,9" 14,08 ■3,92 i5,3o i5,o4 3i " " " " " " 16,68 '4,58 .6,08 16,29 '4,01 .5,68 wi^^^^m ^■■■■B ^^^^^m ^^■■i^ ■miB^^H M Je crois nécessaire de faire remarquer qu'en établissant ces groupes d'années d'après un premier aperçu de leur ensemble, je n'ai pas prétendu limiter définiiivement les périodes critiques. Je reviendrai plus tard sur cette question de la périodicité. » Mais le premier coup d'œil jeté sur ce tableau montre que je ne pou- vais me faire illusion sur l'inégalité des groupes d'années à ce point de vue, puisque, de ces cinq groupes, deux seulement donnent, même dans le mois de février, pour les cinq jours placés au cenlre de la perturbation (10- 1 5), 91.. ( 700 ) une moyenne inférieure, mais à la vérité de beaucoup, h celle des Sy ans, et que l'un de ces groupe (celui de 1806 à 1816) donne, pour ces cinq jours, une mo^'enne très-supérieure. » Je dirai quelque chose d'analogue d'un second tableau, que je ne repro- duis point ici de crainte d'être trop long, et dans lequel j'ai réuni les moyen- nes diurnes pour les quatre mois (février, mai, août et novembre), que j'ai calculées d'après les belles observations de Saint-Pétersbourg, publiées avec tant de soin par le savant directeur de l'Observatoire physique, M. Kupffer. Les 20 ans (1842 à 1862) que comprend mon tableau sont divisés en deux groupes égaux, dont l'iui, la période 18/12-1 852, correspond à très-peu près à l'une des périodes ([843-i853) que j'avais considérées à part pour Paris. » On y voit aussi que ces deux groupes d'années se comportent, au point de vue qui nousoccuiie, d'une manière opposée, particulièrement poin- les mois de février, de mai et de novembre. On voit, en outre, que, suivant les périodes, le maximum absolu peut tomber tantôt vers le 9, tantôt vers le 14, c'est-à-dire au commencement ou à la fin des jours critiques. » Avant de résumer cette partie, en quelque sorte préliminaire, de la question, il me paraît utile de donner encore les deux tableaux qui suivent, et qui se rapportent au phénomène considéré dans sa généralité, indépen- damment de l'influence inrlividuelle des années ou des périodes d'années. » Dans le premier de ces tableaux, j'ai réuni poui' éclairer le mouvement de février et montrer combien il est plus net que celui de mai : " 1° Les températures moyennes de Bruxelles, déduites des maxima et des minima de vingt années (i 833-1 853), que j'emprunte à l'intéressant ar- ticle que M. Quelelet a publié dans le tome XXVIII des Mémoires de l'Jcn- démie de Bruxelles; » 2° Les moyennes de dix-huit années (1847-1864) de Versailles, dont je dois eu grande partie la communication obligeante à M. le D'' Bérigny, qui a commencé ces observations en 1847, et les poursuit avec une persévé- rance et une exactitude qui en font véritablement des observations modèles ; » 3° Vingt-quatre années de Toulouse (iSj^-i 862), que j'ai calculées d'après les moyennes annuelles données par M. Petit dans son beau volume d' Observations ; n 4" Huit années comprises entre 1 853 et i863, que l'on doit à MM. Audi- bert, Gênez et Benigui, pharmaciens de la marine, (|ui se sont succédé conune chefs dii service de sanlé à Saint-Louis (Sénégal). Ces observa- tions sont précieuses, parce qu'elles prouvent que, par la latitude de 16 de- grés nord, le phénomène est trés-sensible, puisqu'il se manifeste, pour un si petit nombre d'années, en mai comme en février. ( 70I ) » De plus, l'inspection de ce tableau semble indiquer que la période cri- tique descend légèrement dans le mois, à mesure que la ialilude diminue: c'est ce que jNI. Fournet croit remarquer aussi pour la période crilicjue de mai, entre la latitude de S.iint-Pétersbourg et celles de Prague et de Dresde. Mais, s'il en était ainsi pour les deux mois, ce fait serait la meil- leure preuve que ce n'est point dans la fusion des glaces polaires qu'il fiudrait chercher, avec M. Ma-dier, la cause de la perturb.ition. FÉVRIER. MAI. Bruxelles. Versailles, Toul 3iise. Saint- Louis. S.Tint-Louis. /l 21,21 1 5 21,37! 0 G 0 0 0 2,;3Gi^-'^-« 7 4,2. 0 6,23 ' '9,13 21,10) 8 9 /| , 0 1 J 0 4,o4) ^'°^ 3, Ci 3,08 3,63 5,96 5,76 0 5, Se •9,34 19,20 "j,44 20,45 1 20,5g J 10 3, ig \ 2,56 5,^7) ■9,64 '°'''^Ln,v 1 1 3,i3/ ■2,87 4.94) '9,57 20,GGr°'"'^ 13 3,G7l 3,39 3,Gl 4,67) '8,99 20,79! i3 3,291 3,59 3,83 4,45 18, Go 20,86/ ■4 3,fi7J 2,83 3,84 18,89 iS,S5 2', 79 i 1 j 4/io) 2,95 4,97/ 18, 85 2,,C5 i6 /|,2', 4,3G 3,49 5,23, 18,91 2', 7-2' ., ■7 4,43 j 3,3S - 3,2G 5,G9J i9,6G 22,44 "'3^ i8 2,92 G,oG > 5,07 20, i3 21,89» '9 2,75 5,591 20,17 2', 99/ 20 5,77) 20,43 20,00 21 19,88 » Enfin, je m'étais préoccupé, comme M, Faye, de l'importance qu'il y aurait à s'assurer que la perturbation se produit aussi dans l'hémisphère austral. IMalheureusement, on possède peu d'observations publiées jour par jour pour ces contrées, et comprenant un nombre suffisant iFaniiées pour être discutées avec intérêt. )) J'en ai calculé trois séries. » La première est celle de Sainte-Hélène, extraite de l'ouvrage monumen- tal publié, sous la direction du général Sabine, sur l'observation des phéno- mènes magnétiques. Les instiumeiils étaient placés à une altitude de 420 mètres. Elles comprennent sept ans environ (entre i8/|0 et 1847). Elles n'indiquent rien de notable quant à la perturbation dont il s'agit, si ce n'est peut-être pour le mois d'août, qui donne l'oscillation suivante, très- longue et très-faible, mais très-nettement divisée : ( 702 " Du 6 au II (6 jours) i4°,28 Du 12 au i5 (4 jours)... . i3",q4 ) „ • ^ ^^ „ ,. ,, . JZr 8 jours i3",86 Du ifa au 19 (4 jours) iS^jbb \ -^ Du ?o au 25 (6 jours). . i4°,oo » La seconde série, extraite du même ouvrage, a été observée à Hobart- Town, dansl'île de Van-Diémeii, ));ir la latitude dc^i^B-i' et à une altitude de 32 mètres. Je donne intégralement les moyennes des mois de février, mai, août et novembre, que j'ai calculées d'après les moyennes diurnes, résultant d'observations horaires et publiées dans l'ouvrage précité. Les observations comprennent huit ans fi 84i-!848). 1 DATES. BOBART-TOTV-N. PAPEETE (TAHITI). FÉVRIER. MAI. AOUT. NOVEMBRE FÉVRIER. MAI. A OIT. NOVEMBRE. ^ 0 0 0 0 D 0 0 5 18,06 9,85 \ 6,28 1 12,72 2 '1,87, 24,43. 23,42 24,37 C 18,06 10,00/^ r;r- '3,9i 24,82^ 0 25,io| „ ",95 )^ ^4, '5 '6,94 ■o,o6r cS 6,8.|' -^X 12,83 23,13 ) 25,i7\ ^ • 22,90 p. 24,67 8 16,06 9>44 ) 6,83, ^- i3, 1 1 25,3ol n 25 , 1 3 l "" 22,72 ) " 21,95* '.) 16, 5o 10,22 1 7,33 14,06 25,37) 25,I0J 23,25 25,20" 10 16,22 10, Soi s 7,67' i4,io 24,67] 2^, '7 1 23,55 24,82* 1 1 16, 83 1 1 , oG 1 :~ 8,56 ♦■3,89 24,70 53,67 L. 23,67! 24,22 12 i3 .6,78 16,28 10,56 1 9,56 \ 8,7^ r- 8, fil oc" ■'l,>7 ■ 4,11 24,55 [ 24,^7 ri 23,83 l " 23,83;' '23,82 f ^ 23,22 >^- ^4,77 2^,85 ■4 1 G , 00 S,S9 g. 8,22) ♦.3,67 25,55 4 23,5ol " 24,55 i5 16,78 S.SoLo- .',,22 24,50 I 2',,93\ 23, 17 1 24,90 iG 16, 56 8,44) 8,00 j ,3,83 25,28 \ 25, i3 ^ 23,00 1 2l,'|5 ■7 '5.94 9, '7 8,llLn i3,9'l 25,. 55/ K-r 24,97!^-' 23,57 : 24,90 18 i5,5o 8,78 S, .5) ^ 14, 83 25,97 > 24,C7k" 23,12 1 _ 24,82 ".) 15,28 8,06 7,C. 14,1. 25,/'|2k pi 21,90; '22, Go ^^ 24,75 20 i5,ofi 9,00 7,65 1 4 , 00 25,5o 1 24,10 "22,52 " 23,82 2 1 iJ.Gi 8,33 7,C7 i'.,44 25,27 24 , 7» 23,02 2 1 , o5 ^^^ )) Comme on peut le voir en jetant un coup d'œil sur le tableau, la période de février, si elle existe, est à peine marquée; l'oscillation s'étendrait du 1 1 au i[\. En novembre, la chose est encore plus obscure. Mais il en pst tout autrement en mai et en août. En mai (an moins pour ces huit années), il y a un maxiimim du 9 au 12, précédé et suivi de minima. Pour le mois d'août, le maximum, plus net encore, s'étend du 11 au i4- Ainsi, à Ilobait- Town, comme dans l'hémisphère nord, c'est le mois le plus froid qui subit la plus forte oscillation. » Une autre station de l'hémisphère austral que j'ai pu examiner à ce point de vue est Papeete, dans l'île de Tahiti, par les 17 degrés de latitude sud. Nous y possédons trois ans d'observations, faites de 1 854 ^ 'SS^, par 1\L Prat, cliiriu'gieu de la marine, fjui était alors le chef du service de santé ( 7o3 ) de cette colonie, et qui avait le soin de faire les observations lui-nièine, ai( lieu de les confier à des infirmiers,coninie on en a trop souvent l'usage dans d'antres hôpitaux coloniaux. » Les périodes critiques sont bien marquées en février, mai et août : dans les deux premiers mois, on a, pour ces années, un minimum entre deux maxima, et dans le dernier mois un maximum entre deux minima (i). » La netteté de ces résultats semble indiquer que, pour la détermination de cette variation comme pour celle de tous les autres phénomènes météorolo- giques, les régions tropicales seront les plus favorisées, et tout me fait penser que, si l'on possédait une cinquantaine d'années d'observations faites dans une de ces îles tropicales, on pourrait hésiter encore sur la nature et l'étendue du phénomène, mais que l'on n'en contesterait plus la réalité et la généralité. )) De cette discussion préparatoire il semble, en définitive, résulter qu'il existe, dans les vingt premiers jours de ces quatre mois, luie période critique plus ou moins accentuée, et il y a lieu de rechercher quels sont les groupes d'années qui tendent à faire pencher la balance, pour le centre de cette pé- riode, tantôt vers un maximum, tantôt vers un minimum. » C'est à quoi j'ai consacré la troisième partie de ma Note, réservant pour une discussion ultérieure la question, qui se présentait assez naturellement en second lieu, de savoir : quelle est la nature et i étendue de cette perturbation. » Je suivrai le même ordre dans ce complément de ma première Note. On conçoit, en effet, que, si je parvenais à concentrer le phénomène dans les années qui le présentent au plus haut point, je le dégagerais en quelque sorte des langes où le retenait la considération brutale et presque aveugle des moyennes. M B. — Quels sont les (/roupes d'années qui semblent présenter les allures les plus opposées dans la marche de la température des quatre mois en question ? » C'est ici seulement que j'ai fait intervenir la considération des passages (i) Je ne puis résister au désir de citer encore une troisième station australe où se trahit une oscillation de la teiT)]>érature aux mêmes moments critiques. Ces observations, inédites, comme celles de Saint-Louis et de Papeete, et dont je dois aussi l'obligeante communication à M. le Directeur des Colonies au Ministère de la Marine, comprennent six ans (entre i85ï et 1860), à la petite île de Nossi-Bé, par i3"23' de latitude sud. Le minimum du mois de février y est bien marqué et porte sur les g, 10 et 11. Pour les trois autres uiois, le jour cri- tique est le i3, et il offre un maximum en août, un minimum en mai et en novembre, ainsi que le prouve le petit tableau suivant : II 12 i3 i4 i5 Mai ae'.BS 26°, 85 26,60 z'^^oS 26,t)2 Août 24,4tj 24,38 25,08 24,53 24,95 Novembre... 26,60 26,53 25,97 26, 3o 26, 5i ( 704 ) fl'asléroïdes, et. je le répète, je ne ine suis point préoccupé de la manière dont ces anneaux pourraient influer physiquement sur l'atmosphère; mon raisonnement et mes conclusions n'impliquent même pas d'une manière nécessaire cette influence : la seule chose que j'aie cru déterminer et pré- ciser, c'est la coïncidence des principales perturbations dont il s'agit avec les époques signalées poiu- l'abondance des astéroïdes; seulement, et c'est ce que j'ai dit, cela rend l'influence jn-obahle. )) Pour établir celte coïncidence, j'introduis dans la question un élément nouveau, c'est la considération des périodes d'années pendant lesquelles se manifestent le plus grand nombre d'astéroïdes : j'isole des cinquante-sept ans les dix années placées des deux côtés de 1 832-1 833 et de i 847-1 848, et je compare, jour par jour, pour les quatre mois dont il s'agit, les moyennes diurnes des deux périodes. C'est à cetle comparaison qu'est consacré le ta- bleau imprimé dans la première Note, à la page 585 des Comptes rendus (1). El j'ose dire que toute personne qui jettera sur ce tableau un coup d'œil attentif sera frappée, comme moi, « du contraste que présente l'alUire des » températures d'un même mois, suivant qu'on le considère dans l'une ou » dans l'autre des deux périodes. » » Ici je dois répondre à deux questions qu'on peut m'adresser. » La première question, en quelque sorte préjudicielle, est celle-ci : » !Ne serail-il pas jiréférable, au lieu de calculer les moyennes diurnes, de comparer simplement les maxima ou, à leur défaut, les températures lie midi ou de 3 heures du soir? » Cette observation s'appliquerait, en effet, au cas où il s'agirait de con- trôler la conjecture proposée par M. Erman, sur un abaissement de la tem- pérature produit par l'interposition de l'anneau d'astéroïdes entre la Terre et le Soleil. Mais tel n'est pas mon but. Je ne m'appuie sur aucune hypothèse, je ne cherche à en contrôler aucune : je me demande seulement si la statistique permet d'établir un rapprochement dédales entre deux phénomènes naturels. » Je trouve, d'ailleurs, dans le Mémoire précité delM. Quctelet, un moyen d'apprécier la valeur réelle des maxima, des miuima et des moyennes, pour la discussion de l'ordre de faits dont il s'agit; j'en ai extrait, en effet, pour la période critique des deux mois extrêmes de février et d'aoîit, la moyenne des maxima, la moyenne desminimaet la moyenne des moyennes. (1) Il faut y rorrigrr une crrriir essentielle : le 12 novembre de la période 1829-1839, au lieu de 5", 17, il faut lire 7°, 17 : c'est un des deux jours de maximum qui font l'été de la Sair.l-Marlin pour certains groupes d'années, tandis qu'ils donnent un mininuim pour i ) I !? , 3 1 j 18, i3 \ ,-,:,& 17. 7S AOUT. Moyennes des maiima diurnes. 22,34 j 22, fi? 22,48 ) 23, 14 ) 23,09 ) 22, 5o j 32, 40 23,00 ! Moyennes des minima diurnes. ■3,1)4 l3,22 i3,32 i3,3i 12,73* ■ 3,48 ■ 3, 18 12,65* 13,17 i3,35 I i3,35 I 14 ,o(; )i Le |ielit tableau qui précède nionlre que pour le mois (J'aoï^if, l'action d'échauffement se fait sentir à peu près également sur le maximum du jour et sur le minimum des nuits, et qu'en février la cause du décroissement de la température se trouverait plutôt dans l'abaissement du minimum que dans l'abaissement du maximum : ce qui, pour le dire en passant, ne serait nullement en faveur de l'idée hypothétique énoncée par les physiciens qui se sont occupés de la question, et dont, je le répète, mon présent travail est complètement indépendant. » Il me sera permis, enfin, de remarquer que ce petit tableau apporte encore une nouvelle preuve de la perturbation des températures dans les jours critiques de février et d'août, à lîruxellcs, pendant les vingt années qui se sont écoulées de i833 à i853. » Mais, si cette première objection ne pouvait m'arrèter beaucoup, il n'en est point de même d'une autre, qui poiterait droii bur la réalité du progrès que je croyais avoir fait faire à la qu.eslion, en y introduisant une division, au lieu de considérer en bloc, comme ou l'avait fait jusqu'ici, les moyennes de toutes les années qu'on pouvait se prociu-er pour une même localité. » Cette objection est celle-ci : « Vous avez pris, peut-on me dire, pour » établir votre comparaison, de part et d'autre, dix années, dont le milieu » tombe vers le centre de chacune des époques ipie voiis considérez connue » critiques. Mais pourquoi prendre une aussi longue série d'années? Pour- C. R., iS65, i" Semciiie. (T. LX, N° 13.) 9^ (7o6) » quoi ne pas serrer de plus près le phénomène? Ne serait-il pas plus con- » v.iincant de se restreindre à un fort petit nombre d'années de chaque côté » du centre de la perturbation? Justement, il se trouve, pour le mois de » février, que, si l'on se borne à considérer les années les plus voisines de » i833, qui paraît avoir offert le nombre horaire maximum pour les asté- ') roïdes de novembre, ces années donnent, pour la température des jours » critiques, non plus un minimum, comme les dix années 1829-1839 qui » les comprennent, mais un maximum très-prononcé. N'y a-t-il pas lieu de » craindre une illusion? » » Reportons-nous bien d'abord aux termes de la question, comme je suis arrivé à la formuler page 585 des Comptes fendus. Il s'agit, non pas précisément de montrer qu'il y a, dans telles périodes d'années, un abaisse- ment ou une élévation de la température à certains jours, mais un contraste entre les allures des températures d'un même mois, suivant que l'on considère un groupe d'années ou l'autre. » Or, voyons ce que l'on obtient, si l'on prend pour chaque époque six années seulement, trois de chaque côté de l'année principale. » Les résultats de cette comparaison sont insérés dans le tableau suivant : JOURS illl MOIS. F 1831 ÉVRIEP 1845 Diffé- 1831 MAI. 1845 Diiré- AOUT. N 1S31 OVEMBRE. 1831 1845 Diffc;- 1845 Diffé- a 1830. à 1850. rences. à 1836. à 1850. rcnces. à 1836. à 1850. rences. 0 -^o,3i il 1836. à 1850. rences. 7 0 7)09 5,71 0 -1-1,38 '3,79 0 i3,85 0 —0,06 0 19,20 18° 89 0 8,37 9°48 0 -1,3J 8 5,81 4,43 -1-1,39 .4,73 12,85 -1-1,88 18,61 ■8,89 —0,28 6,75 9,64 -2,89 9 6,3i 4,09 -i-1, 22 '4,29 13,19 -hl , 10 19, 3i 18,22 -t-1,09 5,95 8,88 -2,93 10 5,73 2,7' -(-3,02 i3,33 .3,39 —0,06 ■9.7' "7,33 -h2,38 5,02 7,7s -2,76 I r 5,o3 2,29 -t-2,74 i3,58 14,22 -0,64 20,71 18, 68 -t-2,o3 G,3o 6,55 -0,55 i-x 4, G. i,4i -1-3,20 13,89 '3,75 -)-o,i4 20,22 '9," -1-1,11 6,iG 6,2G —0,10 i3 5,78 ',09 -1-4,69 14,52 14, .4 -ho,38 31,63 '8,79 -t-2,S.'| 3,G4 6,97 -3,33 i.'l 4,60 3,3-2 -f-I,28 13,42 i3,8o -0,38 20,37 ■ 7,56 -t-2,81 2,78 6,73 -3,95 if) 4,27 6,47 — 1 ,20 13,87 i3,G3 -1-0,34 20, oG '7,89 -1-3,17 3 , 54 5,3o — 1,76 iG 3,12 5,97 -3,85 14, 5i i4,o3 -1-0,48 19,03 18,08 -1-0,95 4,74 •S47 -0,73 '7 2,95 5,59 -2,G4 '4.98 l3,20 -t-',78 '9,92 18, 2G -l-i,C6 5,97 G, 00 -o,o3 18 3,70 4,23 -0,53 i5,65 12,73 -1-2,92 19,33 18,81 -hO,53 5,85 7,60 -.,75 '0 4,33 4,40 -0,07 16,11 '3,07 -1-3, 04 '9,47 18,97 -1-0, 5o 5,14 8,5o -3,36 20 4,02 3,80 -+-0,22 16,73 i3,5G -1-3,17 '9,37 17,22 -1-3, 1 5 4,5o 7,o3 —2,53 Im^Êimmi ■■■■■■■ ^^^■■^ ^^^^^^^ M On y voit, bien plus nettement encore que dans la comparaison des dix ans, le contraste enlie ces deux périodes. » Pour février et mai, du 10 au 20, il y a une oscillation considérable et brusque en février, plus timide et moins marquée eu mai, mais en sens con- ( 707 ) traire . en effet, la moyenne des cinq jours du 10 au i 5 est (malgré Toscil- lation en plus du 12 et du i3, qui n'est certainement pas accidentelle) de — o",i I , tandis que la moyenne des six jours suivants est de -4- i°,94- I-es nombres coirespondants pour février sont + 2^,98 et — \°,l\6. » Pour août et novembre, le contraste est plus frappant encore. Il n'y a pas d'oscillation, mais du 9 au 20 de cbacun de ces deux mois, toutes les différences entre deux jours de même nom, considérés séparément dans la pé- riode i83i-i836et dans la période i845-i85o, sont affectées de signes con- traires, et la somme de ces différences atteiiU,pour le i3et le i/|,6°, 17 et 6", 76. » Mais on peut diviser encore. 3'ai partagé chaque période de six ans en deux de trois ans, et j'ai comparé, pour chacun des quatre mois, les périodes i83i-i833 et 1845-1847; les périodes i834-i836 et i847-i85o. Le seul mois pour lequel ces nouvelles comparaisons n'offrent rien de précis est tou- jours le mois de mai. Pour août et pour novembre, voici ce qu'on remarque entre le 9 et le i5. En août, les deux séries de différences sont positives, c'est-à-dire que les jours de la période i83i-i833 sont, sauf une seule excep- tion, qui tombe sur le 12, tous individuellement plus chauds que ceux de- là période 1 845- 1847, et qu'il en est de même de la période 1 834-1 836 comparée à la période correspondante 1 847-1 85o : ce qui se lie avec l'uni- formité du signe -i- présenté dans le tableau précédent pour les six ans i83i-i836 comparés aux six ans 1 845-1 85o. » Pour le mois de novembre, même remarque : à une seule exception près qui tombe sur le 1 1 et le la, toutes les différences sont négatives : ce qui se lie encore avecla continuité du signe — que présente dans le tableau précédent la comparaison des six ans i83i-i836et i845-i85o. » Mais le mois de février, comme toujours, offre les contrastes les plus frappants, et je ne puis mieux faire, pour en donner une idée, que de trans- crire ici le petit tableau de cette double comparaison. FÉVRIER DATES. i83i-i833 1 .8.'p-,8.',7 Différences . i83,'|-iS3(3 i8.'i8-.85o DilTérenceb. 9 7,5o 0 —0,10 0 0 5, 10 0 8,.'|0 — 3"3o :o 8,28 -2,32 +10,60 3,iS 7.42 -4.^4 n 7.58 -3, 18 -t- 9.76 2, ',8 (i,S2 -^,Vs )2 5.87 — 3,20 -1- 9,07 3,35 6,02 -2, G; i3 7,72 -i,l2 -i-9.84 3,83 4,3o — o,/|7 14 5, .78 ^,,93 1-3,85 3, .12 '1,70 -,,-.s 02 ( 7o8 ) B On voit que tous les jours de la période 1 834-1 836 sont plus froids que les jours correspondants de In période i8/|8-;85o, tandis que tous les jours de la période i83i-i833 sont plus chauds que les jours correspondants de la période i845-i8'i7 : celte différence atteint, pour les lo, ii, la et i3, luie moyenne de 9°, 8, et elle s'élève, pour le 10, jusqu'à près de 1 1 degrés. » Il se pourrait (et je crois que c'est à cette circonstance qu'est dû ce fait que le groupe central de la période i83i-i83G est précédé et suivi d'années présentant un caractère absolument 0j)pGsé au sien) que chaque groupe d'années critiques présentât une oscillation, comme il nous reste à le montrer pour les groupes de jours critiques; mais les matériaux dont nous disposons, au moins pour Paris, ne peruieltent encore de rien affirmer sur ce point. Ce qui semble résulter seidement de celle nouvelle discussion, c'est que jusqu'ici l'épreuve de l'individualisation est favorable à la pensée qu'il y aurait, en effet, deux périodes d'années, placées sensiblement comme l'in- dique ma Note du il\ mars, et qui seraient absolument antagonistes au point de vue des perturbations de température dont nous nous occupons. » Il me resterait maintenant à rechercher la nature et l'étendue de cette perturbation pour chaque mois examiné, soit dans l'ensemble des Sy an- nées, soit plus particulièrement dans les périodes critiques. J'aurais à faire voir qu'en général ce mouvement de la température, qui se traduit par une double oscillation, est assez long et comprend environ ^5 jours : ce qui explique comment l'antagonisme des premiers jours de février considérés dans deux périodes opposées rentre dans la perturbation dont il s'agit. Mais cette partie de la discussion, bien que moins délicate peut être que les deux premières, demanderait des détails que je ne puis songer à soumettre encore aujourd'hui à l'altention de l'Académie, que je crains d'avoir déjà fatiguée, d'autant plus qu'il sera nécessaire de comparer les perturbations de même ordre dans plusieurs localités différentes pour s'assurer de la réalité ot de la constance du phénomène. .1 Je ne voudrais pas cependant terminer cette communication sans assurer à mon savant confrère, M. I.e Verrier, que ce n'est |)oint par oubli que je n'ai point encore parlé de la direction du vent, de l'état du ciel, etc., dans leurs rapports avec l'oscillation périodique dont je m'occupe. Mais à chaque jour suffit sou œuvre. Mieux que personne, M. Le Verrier sait le travail long et pénible que demande chacun des résultats que je viens d'exposer en quel- ques mots. Mais lorsque j'ain-ai ainsi étudié chacun des douze mois de l'année dans les oscillations analogues que pourrait présenter sa température, et que j'auiai reclierchési l'on peut dè^ maintenant découvrir des indices de pério- ( 709 ) dicité(en restant, bien entendu, au seul poinule vue des phénomènes phy- siques), mon intention est de mettre cette oscillation en rapport avec les autres conditions atmosphériques. » Cette voie m'amènera naturellement à constater les curieux et très- remarquables rap|)rochements que M. Quetelet a indiqués entre l'apparition des étoiles fdantes et celle des aurores boréales (i). Et qui ne voit le lien intime qui peut exister entre ce phénomène et la production de l'ozone dans l'air (2), depuis qu'on sait, par les travaux de M. Schonbein et par ceux de nos savants confrères, MM. Fremy et Edm. Becquerel, que l'air devient ozone par le passage de l'étincelle électrique (3), et que l'ozone peut même en quelque sorte être considéré comme de l'oxygène éleclrisé. » Enfin, toutes ces considérations ne conduisent-elles pas presque forcé- ment à rechercher l'action de ces périodes critiques (jours et années), carac- térisées par de brusques variations dans la température, non-setdeuîent sur la santé des végétaux, mais sur celle de l'espèce humaine? Ne peut-on pas demander aux registres des hôpitaux si certaines affections ne sont pas plus fréquentes à certains jours de certaines années? Ne peut-on pas remonter même dans le passé et demander à l'histoire et aux chroniques s'il n'existerait pas quelques traces de périodicité pour certaines grandes perturbations dans la santé publique, connue les deux invasions du choléra qui, peut-être for- tuitement, ont éclaté en 1 832 et en 1849, vers le centre de chacune des deux périodes critiques que j'ai considérées, et qui nous sont venues du Nord, comme les aiu'ores boréales, comme il semble aussi qu'il en soit de ces grandes vagues atmosphériques qui propagent les perturbations de la température? (i) Mcnwires de V Académie de Bruxelles (1842). (2) Je (lois dire que j'ai rerii de M. Hoiizeaii, le jour même où j'ai fait cette communica- tion à l'Acadcmic, une Lettre dans laquelle ce jeune savant m'annonçait, sans les faire con- naître, des observations relatives à l'ozone de l'aii', et peut -élreen rapport avec les questions que je viens de soulever. (3) Dès longtemps, dans mes rcdierches sur l'action qu'exerce sur les corps la trempe ou un refroidissement brusque, j'avais essayé d'ozoniser l'air en le soumettant successivement et brusquement à une très-grande chaleur et à un très-^^rand froid; mais, si l'on réfléchit aux propriétés des gaz relativement à la chaleur, on concevra facilement que je n'aie point réussi. Néanmoins, depuis que les derniers Mémoires de mon frère ont appris que la trempe réalisée dans ses remarquables appareils semble agir comme l'électricité, je n'ai pas perdu tout espoir de le voir réussir à donner à l'air, par son passage dans un tube chaud et froid, les propriétés de l'ozone. ( 7'o ) )) Je crains, à vrai dire, qu'en me défendant tlu reproche de n'avoir point assez embrassé, je n'encoure maintenant celui d'embrasser trop. Mais tout le monde comprendra qu'en posant ces questions, presque toutes du ressort de la statistique, je n'ai nullement la prétention d'en donner la solution. » Je veux conserver à mon travail les limites que je lui ai fixées dès le début de ma première Note : rechercher s'il y a des oscillations périodiques dans la température de certains mois, et si ces oscillations, dont je tâcherai de déterminer la nature et l'étendue, se concentrent plus particulièrement dans certains groupes d'années. « MÉCANIQUE. — Machine à air < Itaiid à tnaximum de travail; par M3I. Burdi.n et Bourget. « Dans divers Mémoires présentés au jugement de l'Académie, nous avons fait ressortir les avantages économiques de la substitution de l'air chaud à la vapeur; nous avons continué nos études sur cette question, et l'un de nous a montré, dans les Comptes rendus du 21 novembre 1864, comment on pouvait améliorer la machine Belou, essayée devant S. M. l'Empereur le 25 novembre 1860. » Les recherches nouvelles que nous avons faites sur cette matière nous ont conduits à de nouvelles conséquences bien dignes de fixer l'attention. Nous croyons qu'à l'aide des dispositions générales que nous allons faire connaître, on peut produire le mémo travail que celui de la vapeur en ne brûlant que -~ô environ du combustible qu'elle consomme. Cette économie des-j^ dùt-elle, au pis-aller, se réduire de moitié dans la pratique, d'après les évaluations ci-après, ce serait encore un immense service rendu à la société. » Les constructeurs, n'étant pas en général théoriciens, ne voudront pas, sur la foi des savants et pour des avantages dont ils n'auront pas suivi la preuve mathématique, se livrer à des essais plus ou moins coûteux. D'ailleurs l'un d'eux serait-il convaincu de la vérité théorique, qu'il s'abstiendrait en- core, puisque après avoir réalisé à ses risques et périls l'innovation, il aurait en quelque sorte travaillé pour des concurrents, et que rien ne le garan- tirait de l'imitation ou même du plagiat. n Nous pensons, en conséquence, que c'est au représentant puissant et éclairé des intérêts nationaux réunis qu'il appartient de |)rendre l'initiative des expériences à faire pour mettre dans le domaine de la |)ralique les ré- sultats de nos spéculations. ( 7" ) » Soit un foyer ordinaire, analogue aux foyers des machines à vapeur, dont la fumée, après être descendue le long d'un canal incliné, ira gagner la cheminée. Supposons que de l'air atmosphérique soit préalablement com- primé et refoulé à 2 atmosphères, par exemple, dans de petits tubes paral- lèles à ce canal et logés dans son intérieur au milieu du courant de fumée qu'ils traversent en sens contraire, ou qu'ils remontent jusqu'au-dessus du foyer en lui enlevant petit à petit sa chaleur. » Pour atteindre ce but, il faut : 1) 1" Que ces tubes, assez nombreux et assez longs, présentent une sur- face de chauffe suffisante à la fumée qui les lèche depuis le haut jusqu'en bas du canal incliné ; » 2" Que la fumée léchante et réchauffante garde jusqu'à la fin plus de chaleur que les tubes qu'elle entoure. I) D'après Péclet, i mètre carré de surface lubulaire enlève par seconde o,r4 calories environ, si sa température est constamment inférieure de 5o degrés relativement à celle de l'air ambiant. Par conséquent il faudra, pour enlever une calorie, r = ^^'i, i5 de surface de chauffe; et si nous 0,14'' ' donnons à nos tubes o",ooi d'épaisseur, leur ensemble pèsera 7,i5 X 0,001 X Sgoo""" = 63'*'',5. Voilà donc le poids du cuivre de la chaudière tubulaire par chaque calorie enlevée. En allongant le canal, ainsi que les tidjes, on pourra faire en sorte que la fumée se refroidisse jusqu'à 1 1 1 degrés, et c'est le dernier terme de son abaissement, car l'air comprimé à 2 atmosphères prend 61 degrés de température sous le soufflet; l'air ambiant, devant avoir environ 5o degrés de plus pour lui céder de la chaleur, devra sortir à Gi + 5o = 1 1 i degrés environ. » Maintenant, on voit que si cet air à 2 atmosphères, après avoir acquis 700 à 800 degrés le long des tubes et jusqu'à son arrivée au-dessus du foyer, se rend : » 1° Dans le cylindre travaillant pour en mouvoir le piston d'abord a pleine pression, puis à détente jusqu'à la pression atmosphérique, en s'a- baissanl de i/jG degrés; » 2° Puis au foyer, avec la température de 654 degrés, afin de reprendre au contact du charbon incandescent la température de 800 à 900 degrés, avec laquelle il doit lécher à son tour la partie extérieure des tubes réchauf- feurs; ( 7'^ ) » On voit, disons-nous, par ces dispositions, que toutes les calories du conilnistibk' seront utilisées, à l'exception de celles que la fumée emportera au bout (lu canal, savoir : 1 1 1° X 0,24 X 36'''' =: 960 calories par chaque kilogramme de charbon brûlé. ') Dans cette combustion, on suppose : » 1° Que l'air employé est trois fois environ plus considérable que celui qui est strictement nécessaire pour convertir le charbon en acide carbo- nique : cette proportion, d'après ]\1. Combes, enqièche la formation de l'oxyde de carbone; M 2° Que l'azote, l'acide carlionique et l'oxygène, dégagés du foyer, possèdent un calorique spécifique moyen égal à 0,24, ce qui est une limite supérieure défavorable, puisque celui de l'acide carbonique est moindre. » Cela étant, si nous adoptons 4^5 kilogrammètres pour l'équivalent mécanique d'une calorie, nombre encore moins favorable que 4^3 trouvé récemment par MiM. Tresca et Laboulaye, nous voyons que notre machine produira nécessairement 7000 X 425 — 960 X 425 = 2567000 kilogrammètres par chaque kilogramme de charbon. » Or, les meilleures machines à vapeur usent i kilogramme de charbon par heure et par force de cheval; par suite elles produisent 270000 kilo- grammètres par kilogramme de charbon. On voit donc que c'est une dé- pense 9,5 fois plus considérable. I) On peut encore dire que, théoriquement, notre machine ne brûlera que o'"', io5 par heure et par force de cheval. » Si au lieu d'agir à 2 atmosphères on agissait à 4> 5, etc., les cylindres moteurs auraient des diamètres de plus en plus faibles, il est vrai, mais cette diminiUion d'encombrement serait com[)ensée par une perte de calorique plus grande, puisque, la compression préalable doiuiant à l'air qui entre une tem|)ératiue de plus en plus supérieure à 61 degrés, la fumée qui doit avoir' toujours .5o degrés au-dessus sortirait avec une température supé- rieure à 1 1 1 degrés. >' Nous allons démontrer, au reste, que le cylindre moteur produisant à 2 atmosphères un travail égal à celui de la vapeur n'aura pas pour cela un diamètre démesuré. )> En effet, soitun cylindre ayant o", 60 de longueur, 1™, 20 de diamètre (7'3) dans œuvre, et par suite 0°"^, GyS de capacité, parcouru à pleine pression par le piston moteur. Le travail produit sera io33i X 0,678 = yoookilogrammètres ; la dépense sera de o""*^, 678 d'air à 800 degrés et à 2 atniosplières, ou o""',346 d'air ordinaire à zéro. La détente de l'air chaud donnera d'après les formules de nos premiers Mémoires 1795 kilogrammèlres; d'ailleurs la compression préalable exigera 565 kilogrammétres et le refoulement 2187 kilogrammétres, donc le travail disponible total et théorique sera 7000 -+- 1795 — 565 — 2187 ^^ 6043 kilogrammétres, soit 80 chevaux environ. En opérant à une pression plus forte, 4 ou ^ atmo- sphères, le même cylindre produirait un travail plus considérable; mais il exigerait des longueurs 1,6 et 2,62 au lieu de o'^^gë^, à cause des plus grandes détentes; mais la fumée sortirait à i85 et 227 degrés, ce qui occa- sionnerait de plus grandes pertes de calorique; mais il faudrait donner aux tubes des épaisseurs plus grandes, ce qui diminuerait la rapidité de réchauf- fement, malgré la densité plus grande de l'air; mais les fuites et le frotte- ment du piston moteur croîtraient avec la pression plus que ne décroîtrait la circonférence frottée; mais la machine, quoique moins volumineuse, exi- gerait peut-être un poids plus considérable de métaux, à cause de l'épais- seur à donner aux parois. Nous pensons donc qu'on fera bien d'agir plutôt au-dessous qu'au-dessus de 2 atmosphères. D'ailleurs notre appareil avec ses tubes et autres accessoires ne pèsera en définitive pas autant que la plu- part des machines à vapeur actuelles à vastes et explosibles chaudières, ne transformant au plus en travail qu'un dixième du calorique renfermé dans le charbon consumé. » Pour réunir en un même organe le moteur et le soufflet, et pour agir sans inconvénients à de hautes températures, voici les dispositions que nous avons adoptées : " 1° Le piston principal en fonte épaisse de o™,oi5, par exemple, sera un cylindre ouvert par en haut, en tout semblable à un chapeau renversé, dont le rebord horizontal en fonte parfaitement plane aura i^^ao de dia- mètre total. » 2° Dans l'intérieur de ce piston, un cylindre semblable, mais sans rebord, se trouvera introduit. Ce cylindre est en terre cuite liée par du fer. )) 3" Le piston principal, à son tour, est placé dans un cylindre sem- blable au second et aussi en terre cuite. Une fois emboîtés, ces trois cy- C. R., i8G5, 1" Semestre. (T. LX, W IS. ) 9^ ( 7'4 ) lindies forment mi chapeau sans rebord, parce que la largeur du rebord du cylindre en fonte recouvre le cylindre extérieur en terre à i centimètre près. » 4" Ces trois pièces se meuvent indépendamment les unes des autres, le cylindre en fonte comme ini piston ordinaire, régulièrement, et les i\eu\ autres à l'aide d'excentriques conven;ib!ement construits, et remplissant des conditions d'accélération que nous indiquerons tout à l'heure. » 5° Ces trois pièces sont situées dans l'intérieur d'un cylindre alésé suivi d'un cylindre garni de terre cuite et fermé en bas par un fond or- dinaire, mais fermé en haut par un chapeau renversé qui s'emboîte à l'iiiic des extrémités de la course, dans le fond du chapeau formé par les trois cy- lindres précédemment décrits. La longueur totale de ces cylindres enve- loppes est 2,20 environ, ])uisqu'ils doivent contenir le piston principal après la détente de l'air. Le rebord extérieur du piston principal est muni d'une bague qui frotte à la manière ordinaire contre l'intérieur alésé de celte enveloppe fixe. » G" Toutes les parties exposées à l'air chaud seront revêtues de terre ou d'autres substances isolantes. » Cette description comprise, on peut se figurer le jeu de la machine. » En supposant l'appareil verticalement placé et tous les cylindres em- boîtés les uns dans les autres au sommet sii|)éiicur île la course, on fait ar- river l'air chaud au-dessus du premier cylindre en terre; les trois cylindres descendent en même temps, mais alors lexcenfriqne du cylindre en terre inférieur le tire avec une vitesse plus grande, et il y a aspiration de la quan- tité voulue d'air frais ordinaire; le j)iston principal cdulinuant sa course ferme les soupapes d'aspiration, comprime l'air ordinaire et le refoide dans les tubes chauffeurs. Toutefois ces tubes seront précédés d'un comparti- ment muni d'un piston mobile régulateur de pression, afin qu'automati- quement la pression de l'air dans tout l'appareil ne dépasse pas 2 atmo- sphères. En sens inverse, les choses se passent de la même manière, l'air chaud arrive par-dessous, sur le second cylintlre en ferie : les trois sont poussés en même temps, mais tandis que le cylindre moteur et celui qui est dessous se uieuvent régulièrement, l'excentrique du cylindre en terre su- péi'ieur le fait monter [)lus vite, et il aspire l'air fi'ais au-dessus de la sur- face métallique, qui, continuant son mouvement, vient le presser et le re- fouler dans le régulateur et les tubes chauffeurs. » Remarquons maintenant: 1° que le même ai)pareil est à la fois ma- chine motrice et machine soufflante; que, par suite, ou n'a pas deux ( 7'5 ) machines distinctes agissant par différence, ce qni fait tomber à peu près complètement une objection sérieuse formulée par M. Reech contre les ma- chines à air chaud comprimé; i° que la partie supérieure et alésée du cy- lindre enveloppe extérieur est toujours en contact avec de l'air frais, et cjue l'air chaud n'est jamais en contact qu'avec des parois de terre : en effet, dans le premier mouvement, l'air chaud agit sur le fond du premier cha- peau en terre, et comme ses parois latérales frottent contre celles du cha- peau extérieur, il ne peut pas aller vers le cylindre alésé; pendant ce temps l'air aspiré dans l'atmosphère rafraîchit le cylindre alésé en pénétrant dans l'intervalle qni lui est réservé; dans le second mouvement, le frottement du second cylindre en terre, contre le prolongement inférieui- et en terre du cylindre alésé, garantit de même toute la partie métallique; 3" l<;s espaces nuisibles sont constamment remplis par de l'air à la pression de 2 atmo- sphères et ordinaire, de telle sorte qu'ils restituent par la détente le travail qu'ils ont consommé pendant la compression; on peut donc dire qu'ils n'existent pas. '■ Nous dirons, enfin, que les détails qui précèdent ne donnent que des principes généraux sur la réalisation des résultats théoriques; une mul- titude de détails, que des figures pourraient seules rendre clairs, seraient à ajouter pour les besoins de la j>ratique. » On peut ajouter que notre machine est soumise à des pertes bien plus grandes qu'une machine à vapeur île même force; examinons de près cette objection importante et vraie. Admettons qu'un cylindre à vapeur de même longueur produise le même travail par la pleine pression et la détente de la vapeur: comme on ne s'éloigne pas beaucoup de la vérité en assignant ii la vapeur les lois de la détente des gaz, on voit que le cylindre à vapeur de même force aura une section égale aux | de celle du cylindre d'air chaud; par suite, le diamètre du cylindre à vapeur de même force ne sera que de o™,98 au lieu de i", 20. 1) Il résulte de là que lé frottement de la bague du piston à air chaud sera plus grand pour notre machine dans le rapport de yS à y/a; ce frot- tement proportionnel à la pression de la bague ou à la force du ressort ne changera pas quand le pistou sera obligé de souffler de l'air au-dessous de lui. Une perte plus séiieuse i^voir la Note du 21 novembre 186/1) diminuera les avantages de l'air chaud; elle résultera de la transmission de l'effort du piston à l'arbre du volant, ou à celui de l'hélice des vaisseaux, ou aux essieux des locomotives, à l'aide des manivelles. En effet, le manche ou le bouton de la manivelle étant sa si par la bielle du piston à air, supposée 93.. ( 7'6 ) nssez longue, devra être plus forte et avoir un diamètre supérieur dans le rapport deySàva; parlant, la perte due an frottement augmentera ici pour deux raisons, puisqu'on aura un arc parcouru plus long, avec une pression plus forte, exercée tantôt dans un sens, tantôt dans un autre, par le piston poussant à l'origine de sa course, puis tirant lorsqu'il refoulera de l'air frais à la fin de la même course. On pourrait atténuer cette perte par la multiplication des manivelles; mais, en la laissant subsister dans son entier, nous allons démontrer que les coefficients dont on l'a affectée ont été exagérés. Construisons un diagramme représentant, \wut la vapeur agis- sant à pleine pression, puis à détente, le travail de 6o43 kilogrammètres; celui de la machine à air de même force représentera 7000 + 1795 — 565 — 2187 = 6043. Admettons maintenant que les courses des deux pistons soient les mêmes; ces diagrammes pourront doinier les pressions exercées, en somme, sur le manche de la manivelle. Les pressions de la vapeur seront représentées l)ar (Jo/(3; celles de l'air chaud, qui s'exercent dans deux sens opposés, par (7000 + I 795 + 565 -I- 21 87 — 3oo) ^ = I 2877 ; y/a d'où l'on voit que, pour cette partie, la perte de l'air chaud est a peu près le double. Cela posé, admettons, avec les plus habiles constructeurs, que la machine à vapeur bien soignée produise sur l'arbre du volant les 0,75 du travail reçu sur le piston, ou qu'un quart de ce dernier travail soil perdu pour l'arbre : nous devrons conchu'e que la machine à air chaud, dont le 3 piston supporte une pression - fois plus forte, éprouvera le même déchet 3 3 multiplié par-) ou „ = 0,375 excepté pour la transmission étudiée ci-des- sus; donc l'arbre ne recevra que les 0,625 du travail effectué par lé piston. » Donc, eu résumé, en admettant que dans notre machine à air l'arbre moteur ne reçoive que les o,5o du travail théorique, nous nous plaçons dans des conditions pratiques à peu près certaines, et peut-être au-desson.s delà réalité; et notre machine brûlera en réalité, au plus, o'"',2 par heure et par cheval. Ce résultat remarquable est bien digne de fixer l'attention des savants qui se préoccupent des perfectionnements à apporter aux machines à feu, et aussi du Gouvernement, dont la Marine trouverait des avantages sur lesquels il est inutile d'insister, dans une économie aussi considérable. ( 7'7 ) » Terminons en allant au-devant de quelques difficultés de détail, dont les praticiens apprécieront l'importance. » 1° Nous avons vu que le pistou moteur en fonte sera toujours en con- tact avec de l'air ordinaire aspiré ou comprimé, et préservé de la chaleiu- par deux autres pistons en ferre liés par du fer d'une épaisseur égale à o'",o4. Si cette épaisseur était trop faible, l'air alimentaire envoyé au régulateur y apporterait plus de 6i degrés, et, par suite, la fumée sortante devrait s'échap- per à plus de 1 1 1 degrés pour rester toujours réchauffante ; le travail de la machine se trouverait donc diminué, puisque le piston moteur devrait souffler un air plus chaud, et que l'air moteur aurait perdu de sa force eu laissant passer une partie de sa chaleur à travers la terre. On diminuerait ces pertes, ainsi que celles qui résulteraient d'un air ordinaire pris à lo degrés, 20 degrés, etc., au lieu de o degré, en augmentant l'épaisseur 0,04 des terres, et en allongeant les tubes en cuivre. )) 2° La construction des tiroirs de distribution est délicate. Poiu' les pré- server de l'action de l'air chaud, on les recouvrira par des boîtes en porce- laine, et entre les deux on am.ènera par la tige qui les manœuvrera un petit jet d'air à 2 atmosphères et à 61 degrés pris au régulateur. Cet air retournera au régulateur par un canal latéral à celui d'arrivée, sauf la petite portion qui, par-dessous la boîte de porcelaine, aura rejoint le gaz moteur à 800 degrés pour travailler avec lui; d'autres terres pourront recouvrir les surfaces de métal poli aussitôt qu'elles seront découvertes, en recevant à cet effet un mouvement de va-et-vient. » 3° Le foyer n'est alimenté que par l'air de la machine, après son action motrice; un registre convenablement disposé réglera la proportion de char- bon qui liu convient. » Nous nous arrêterons là, et nous pensons que par les détails qui pré- cèdent, et nos Mémoires antérieurs, nous avons donné les conditions réali- sables du maximum d'effet utile de l'air chaud, en nous appuyant sur les données les plus certaines de la science. Des ignorants et peut-être même des hommes instruits attendront sans doute que notre machine marche pour se prononcer sur sa valeur industrielle; mais il ne faudra alors ni science ni travail. Nous pensons être plus heureux auprès des savants de l'Académie dont les recherches ont préparé et rendu possibles les nôtres, et auprès de ceux qui, placés au point de vue de la saine économie politique, désirent avant tout que les efforts intellectuels servent à améliorer le sort de l'huma- nité. Puissions-nous, par nos études ^persévérantes, qui datent de trente années, avoir ainsi préparé la réalisation matérielle d'un motein" de beau- ( 7'8 ) coup supérieur à la vapeur, et capable d'augmeuler dans de larges pro- portions la puissauce et la prospérité des nations civilisées. » NOMINATIONS. L'Académie procède, par voie de scrutin, à la nomination d'une Com- mission chargée de décerner le prix relatif aux Arts insalubres. MM. Chevreul, Combes, Boussingault, Rayer, Pavcn réunissent la majo- rité des suffrages. MÉMOIRES PRÉSENTÉS. PHYSIQUE. — Siii- les principes fondamentaux de la théorie mécanique de la chaleur ; par M. Athanase Dupré. (Commission déjà nommée.) « La constance de l'équivalent mécanique de la chaleur est générale- ment admise aujourd'hui, et les divergences entre les savants ne portent guère que sur la méthode à suivre pour la démontrer. Plusieurs l'établis- sent en partant de ce qu'il est impossible d'anéantir de la chaleur et du travail mécanique; M. Clausius est de ce nombre. Pour moi, je consi- dère le principe de l'équivalence comme rendu certain par les expériences de MM. Regnault, Joule, Favre et autres observateurs bien connus, mais comme ne pouvant être appuyé sur un raisonnement à priori. L'axiome invoqué me paraît une vérité maintenant incontestable, mais non éuidente : des hommes très-éminents ont cru à l'anéantissement delà force vive dans le choc des corps non élastiques, et, s'il y avait évidence, ils n'auraient pu commettre l'erreur que des expériences bien dirigées et une étude plus approfondie ont fait reconnaître. u Quant au principe de Carnot, il a été rectifié, puis étendu par M. Clau- sius qui s'appuie sur cet axiome : « La chaleur ne peut passer d'elle-même )• d'un corps plus froid dans un corps plus chaud. » Voici l'énoncé qu'en donne ce savant sous le nom de tliéorème de l'équivalence des transforma- tions: « La somme algébrique des valeurs d'équivalence des transformations » qui s'accomplissent dans une série quelconque do changements réversi- )i blés est égale à zéro. Si les changements ne sont pas réversibles, elle est » |)Ositive. » ( 7'9) M. Clausius considère trois sortes de Iransforniafions 1° La Iransfornialion de travail en ciialetir; 2" he passage de chaleur dans un cor|)s plus froid; 3" L'augmentation de la désagrégation. » Prises de la sorte, il les affecte du signe -+- et réserve le signe — pour les transformations inverses. » Avant 1S62, M. Clausius n'avait point encore introduit dans ses Mé- moires la troisième espèce de transformations, et il ne considérait que des séries ciVcH/aùes de changements; son théorème était exact, mais sa démons- tration, appuyée sur une proposition non évidente prise pour axiome, était inacceptable. J'ai fait voir en effet, dans un Mémoire présenté à l'Académie en 1860 et inséré en juin 18G4 dans les Annales de Chimie et de Ph/sique, qu'on peut, en liant au moyen d'un communicateur convenable deux pis- tons pressés par des gaz parfaits, faire passer mécaniquement de la chaleur d'un corps A qui se dilate dans un corps B plus chaud, que l'on comprime, et cela sans que cette transformation négative soit accompagnée d'une trans- formation positive équivalente, telle qu'un passage de chaleur dans un corps plus froid ou une transformation de travail en chaleur. J'en ai conclu que l'axiome de M. Clausius n'est \)3iS évident, puisqu'il n'est vrai qu'en y joignant des restrictions qu'il faut d'abord préciser et étudier. Je ne l'ad- mettrais au début pour les séries circulaires et en écartant la considération des désagrégations, que comme un postulatuni à vérifier plus tard par expérience. » L'énoncé du théorème de l'équivalence des transformations, donné actuellement par M. Clausius, s'étend à tous les changements réversibles même non circulaires ; il est en contradiction avec le fait que j'oppose à son axiome. Ce professeur distingué est d'accord avec moi dans ses récents écrits en ce qui concerne les transformations des deux premières espèces ; mais il affirme que la masse gazeuze A éprouve en se dilatant luie augmen- tation de désagrégation plus grande que la diminution de désagrégation de la masse B; de telle sorte que la diminution finale de désagrégation dans le système (A -1- B) est une transformation positive justement équivalente à la Iransformatiou négative qui consiste dans le passage de chaleur de A à B. » Sans critiquer en détail les lois relatives à la désagrégation contenues dans le Mémoire de 1862 (Mallet-Bachelier) et la manière de calculer les variations de désagrégation pour les introduire comme quantités mathéma- tiques dans la théorie mécanique delà chaleur, il est facile de prouver (pie le fait en question n'est nullement conciliable avec le théorème de mon ( 720 ) savant adversaire. Ici on peut l'appliquer au corps A seul, au corps B seul et au système (A -\- B), puisque tous les changements sont réversibles. Or. dans A considéré seul, nous voyons de la chaleur transformée en trava-', c est-à-dire une transformation négative exigeant selon M. Clausius une augmentation de désagrégation équivalente, puisqu'il n'y a pas de transfor- mation de la seconde espèce. Dans B considéré seul, le même travail est transformé en chaleur, ce qui exigerait une diminution de désagrégation eyn/e a l'augmentation précédente. Dans le systèuiv; (A + B) il n'y aurait donc ni augmentation ni diminution de désagrégation, et par suite l'ascen- sion de clialeur, constitue une transformation non compensée par luie transformation équivalente et de signe contraire; la contradiction que j'ai mise en évidence subsiste donc encore quand on considère les désagré- gations qui, suivant moi, ont été introduites à tort. )) M. (;lausius convient, dans le § 2 de son Mémoire, que « le théorème w reste enveloppé dans une forme abstraite sous laquelle il est difficilement » accessible à l'intelligence, et que l'on se sent forcé de chercher la vraie » cause physique dont il est la conséquence. » Se plaçant à un tel point de vue, il est moins surprenant qu'il se soit décidé à comparer des quantités hétérogènes et à choisir les unités de manière à rendre égales numérique- ment ce qu'il appelle leurs valeurs d'équivalence; mais en donnant, comme je l'ai fait, un sens précis au second principe de la théorie mécanique de la chaleur, on voit immédiatement que la désagrégation n'y entre pour rien et que le travail correspondant fait partie du travail interne dont je n'ai point manqué de tenir compte. L'expérience de M. Joule prouve d'ailleurs qu'il n'est point appréciable dans les gaz parfaits. 11 M. Clausius désire connaître la vraie cause physique dont le second prin- cipe est la consé(jiience. Quand on accepte la forme que je lui ai donnée lorsque j'ai remplacé le théorème de l'équivalence des transformations par le principe de l'égalité de rendement, on prouve avec facilité qu'il exige comme condition nécessaire et suffisante le théorème dont voici l'énoncé : » Il est impossible, étant donnée exclusivement une source indéfinie de 1) chaleur à une température quelconque, de l'utiliser pour produire du )) mouvement; on ne peut, par exemple, espérer faire mouvoir un navire » sur la mer sans vent et sans combustible, en prenant de la chaleur à l'eau » qui le porte; aucune machine ne produira jamais un tel effet. » » Cette impossibilité que Dieu a fait entrer dans le plan général de la création est » 13.) 94 ( 722 ) certain que la transformation de l'essence est aussi complète que possible. Si on ajoute le bromure de phosphore trop vite, une décomposition du liquide et méuie la carbonisation de la substance peut arriver. La combi- naison a été lavée avec une solution étendue de potasse pour éloigner l'oxybromure de phosphore, le bromuçe de benzoyle et l'acide benzoique. L'essence damatides améres qui se trouve toujours en quantités notables, malgré l'excès de bromure de phosphore employé, est éliminée par un la- vage avec une solution concentrée de bisulfite de soude; on sèche ensuite la substance avec du chlorure de calcium. !x' liquide ne peut pas être dis- tillé à la pression ordinaire, car il se décomposerait en partie avec dégage- ment d'acide bromhydrique et laisserait un résidu noir notable. Il a donc fallu faire cette distillation dans le vide. Les [)remières et les dernières por- tions ont été rejetées. •■ Les analyses nous ont donné des nombres concordants avec la formule » Le bromure de benzylidène est un liquide réfringent et qui, à la lu- mière, se colore faiblement en rouge. Il est tres-soluble dans l'alcool et l'élher, et insoluble dans l'eau. Sous une pression de 20 millimètres do mercure, il distille entre i3o et i4o degrés. )) Le sodium n'agit sur ce corps que vers 180 degrés. La réaction est alors violente et très-irrégulière, ce qui fait qu'il vaut mieux n'opérer que sur de petites quantités, 60 à 80 grammes environ à la fois. On chauffe avec la lampe en ayant soin de l'enlever aussitôt que la réaction commence, sans cela le sodium poinrait prendre feu. Il se dégage pendant toute la réaction beaucoup d'acide bromhydrique. La masse solide est épuisée par l'éther anhydre. On filtre, on chasse l'éther par la distillation et on ajoute du sodium jusqu'à ce qu'il ne soit plus attaqué. Le produit de la réaction forme alors une niasse presque noire, demi-liquide. » En la soumettant à la distillation, il passe un liquide en petite quantité, qui, après trois rectifications sur du sodium, bouillait d'une manière con- stante à 109",,') et auquel l'analyse indique la fornude du toluol €'}P. » L'acide nitrique fumant donne un précipité cristallin, qui parait être du toluol binitré. » Le résidu, qui reste dans la fiole après la distillation du toluol, est une résine noire, qui n'a pu ètie purifiée par la cristallisation. Mais eu le distil- lant avec de la vapeur d'eau, il passe des gouttes jaunes Iniileuses, qui se |)rennent bientôt par le refroidissement en une masse solide cristalline. Si on traite ce corps avec de l'éther, il se dissout avec la plus grande facilité el il faut évaj)orer la plus grande partie de l'élher pour l'obtenir en cristaux. i 7^3 ) Il cristallise alors en longs prismes incolores lorsqu'on a en soin de les purifier par des cristallisations successives dans l'éther anliydi'e, après les avoir pressés entre des feuilles de papier filtre pour enlever une huile jaune, qui accompagne toujours ces cristaux. » L'analyse a fourni des chiffres concordants avec la formule » Avec l'acide nitrique fumant, ce corps forme un produit nitré cristalli- sable. » Cet hydrocarbure est diatomique, car il se combine directement avec 2 atomes de brome. Pour opérer cette condiinaison, on le dissout dans de l'éther anhydre et on y fait tomber le brome goutte à goutte, qui disparaît en formant à l'instant même un précipité blanc cristallin, qui est recueilli sur un filtre et qu'on lave avec de l'éther. Sa composition correspond à la formule » Ce corps cristallise en très-petites aiguilles soyeuses. Il est très-peu soluble dans l'alcool et dans l'éther. 1) fraction du sodium sur le bromure de benzylidéne est représentée par les équations suivantes : G'H'^Br^ -H 2Na -f- ^H = €'H' + aNaBr, [G'H'Br^]- -t- 4N.1 H- 2H = G^'U" -+- 4NaBr. » L'hydrogène libre provient de ce que le sodium décompose complète- ment une partie du bromure avec dégagement d'acide bromhydrique; il y a aussi séparation d'une masse charbonneuse pendant que l'acide bromhy- drique est transformé en bromure de sodium et que l'hydrogène libre, qui est à l'état naissant, se porte sur le groupe G'H*. » Cet hydrocarbure solide est peut-être identique avec le benzyie ^,„, obtenu par M. Cannizaro et Rossi ( i ) du chlorure de benzyie G'H^CI. Mais cette conclusion a besoin d'être appuyée par des expériences comparatives. )' Le point de fiision de 52 degrés paraît être le même pour ces deux corps. Mais, malgré cela, il peut encore y avoir isomérie. o Nous nous occupons actuellement de l'étude de cette question et de la préparation des différentes combinaisons de ce corps. » (l) Comptes rendus, t. LUI, p. 54 i ■ 94- ( 7^4 ) PHYSIOLOGIE. — Noie sur C hydrogène sulfuré injecté dans le tissu cellulaire; de son absorption raj)ide et de son élimination par les bronches; application à la thérapeutique; par M. le D'' Demarqi'ay. (Commissaires, MM. Cl. Rernard, Longet.) .< Dans un Mémoire pnblié en 1857, M. Claude Bernard a fait ressortir l'innocuité relative de l'hydrogène sulfuré quand on l'injecte dans les veines : dans ce cas, il ne produit que des accidents très-légers, à dose modérée, bien entendu, et l'élimination de ce gaz a lieu par les bronches au bout de trois à six secondes, selon cju'on l'a introduit, par exemple, dans la veine jugulaire ou dans la veine crurale, c'est-à-dire dans un point plus ou moins rapproché de la voie d'élimination. » M. Claude Bernard a montré également que, injecté dans le système artériel on dans les cavités splanchniques, le gaz était alors absorbé en par- tie, qu'il en résultait des accidents toxiques d'intensité variée, et que l'éli- mination était naturellement moins rapide. Toutes ces expériences ont été faites sur des chiens. » On pouvait conclure des faits précédents, que l'hydrogène sulfuré in- troduit dans le système veineux se dissout en grande partie, sinon en tota- lité, dnus le sang, sur lequel son action n'est probablement pas assez pro- longée pour jiroduire des altérations graves, altérations que comporte fort peu, du reste, la nature même du sang veineux. L'élimination par la surface pulmonaire était rendue évidente à l'aide de papier réactif placée devant la gueule de l'animal. Il était aisé de comprendre que, injecté dans le système artériel, ce gaz suivant un plus long parcours a le temps d'agir plus intimement, sans compter que son action s'exerce alors sur tous les tissus et sur l'élément vital par excellence : les globules rouges du sang. » En effet, tous les auteurs qui ont parlé de l'empoisonnement par l'hy- drogène sulfuré s'accordent à dire que, dans ce cas, le sang devient épais, visqueux, noirâtre, et que les tissus présentent un aspect en rapport avec cette altération physiipie du sang, c'est-à-dire qu'ils ont une coloration plus foncée qu'à l'état normal, qu'ils sont plus ou moins ramollis et se laissent déchirer facilement. Enfin, il paraît y avoir là une action désorganisatrice assez puissante. » Tel est à peu près l'état actuel de la science. » Il m'a paru intéressant de préciser, |iar de nouvelles expériences, la rapidité de l'absorption et de 1 élimination, et surtout de rechercher s'il n'y aurait pas d'autres lésions que celles que l'on connaît déjà. » Tuute*; mes expériences, au nombre de quatorze, ont été faites sur des ( 7-^5 ) lapins. Le gaz a été injecté, chez ces animaux, le plus souvent clans le tissu cellulaire de l'abdomen ou du dos, quelquefois dans le péritoine, et une fois dans le rectum. Du reste, je n'ai pas observé, dans le mode d'action de l'hydrogène sulfmé introduit dans ces divers organes de l'économie, de différence bien sensible qu'on put attribuer à la quantité injectée : ou pourra voir, en effet, dans le tableau suivant, que des doses peu considé- rables de gaz ont amené la mort aussi rapidement que des doses trois ou quatre fois plus fortes. Cependant, elles n'ont pas toujours eu un effet aussi prompt et aussi fatal. Numéros Quantité de gaE des eipériencos. injectée. Mort au bout de : Centililrea. i" 5o 2 minutes. 2' 5o 2 » 3' lo 3 4*= 4o (en trois fois) (Accidents toxiques; guérison.) 5' ^o 1 minutes. 6"= 2o 5 » 7' lo 3 8" 4o 3 (^ ^Q 3 » lo' !ifl 1 minute 3o secondes. 11^ 20 3 » \i' 20 2 miniiLes 3o secondes. i3' lO (Accidents légers; guérison.) i4'' lo lo minutes. » Ce tableau montre donc que la rapidité de la mort n'est pas bien exac- tement en rapport avec la quantité de gaz injectée. » En parcourant ce tableau, on est frappé d'ime chose, c'est la prompti- tude avec laquelle la mort arrive : à peiue l'opération est-elle terminée, que l'animal meiirl ; ces expériences démontrent donc le danger qu'il y a pour l'homme de se soumettre à l'hydrogène sulfuré, car on comprend très-bien qu'avec une pareille rapidité d'action, il suffit de quelques respirations pour qu'une certaine quantité de Pagont toxique ait pénétré dans le torrent cir- culatoire et détermine la mort. » Le tableau suivant offre plus d'intérêt, parce qu'il établit, avec une précision presque mathématique, la rapidité de l'élimination, à partir du moment ota le gaz est injecté dans le tissu cellulaire : 6' expérience. .... 20 cenlililres. 25 secondes. 7" » 10 » aS » 8' ■> 4o ° af» * 10' » 4<* " ^4 ' ( 726 ) » Le lieu d'élection que semble affecter l'hydrogène sulfuré pour sortir de l'organisme ma donné l'idée que l'action de ce gaz pourrait bien se porter plus spécialement sur l'appareil excréteur de la respiration. Cette vue, à priori, s'est trouvée vérifiée par l'anatomie pathologique un assez grand nombre de fois pour qu'on puisse placer la lésion sur laquelle je vais appeler l'attention |)armi les altérations constantes que produit l'hydrogène sulfuré dans son élimination. » Si, lorsque l'animal succombe, ou ouvre promptement les voies respi- ratoires, on est frappé de la turgescence de la membrane muqueuse la- ryngée, trachéale et bronchique : ce qui démontre que l'agent que nous expérimentions s'éliminait avec tous ses caractères toxiques. L'animal mis en expérience succombe promptement, ainsi que cela résulte de nos recher- ches, présentant des pliénomènes convulsifs : nous venons de voir que des phénomènes de congestion s'accomplissaient du côté des bronches, même pendant les instants qui précèdent la mort rapide, nous allons voir l'alté- ration qui survient en faisant durer l'expérience. » La lésion dont je veux parler n'est autre qu'une inflammation tres-netle, très-caractérisée de la trachée et des bronches dans toute leur étendue. Dans mes premières expériences, cette altération m'avait échappé, parce que j'étais occupé à chercher d'autres lésions. C'est ainsi que j'ai examiné avec beaucoup de soin les tissus qui avaient été le plus directement en contact avec le gaz, et enfin le sang dont les globules n'ont pas présenté, au micro- scope, le moindre changement dans leur manière d'être normalement. Il est probable, cependant, qu'il se produit, dans ces circonstances, une altéra- tion grave du sang, puisqu'il est impossible, quand on retire du sang d'un lapin dans une éprouvette, et qu'on le soumet à l'action de l'hydrogène sul- furé, de rendre à ce sang, qui présente alors une coloration brunâtre, sa teinte vermeille, même à l'aide d'un fort courant d'oxygène. » Dans la grande majorité des cas, l'influence toxique de l'hydrogène sulfuré a amené rapidement la mort de nos lapins. Cependant, dans luie dernière expérience, nous avons réussi à affecter un animal d'intoxication lente, et alors nous avons vu se produire des symptômes manifestes d'infec- tion par produits scptiques. » En résumé : » i*" L'hydrogène sidfuré, injecté dans le tissu cellulaire, dans le péri- toine ou le gros intestin, est promptement absorbé. )/ 2° Au bout de 25 secondes, il est éliminé par les voies pulmonaires. Un papier réactif, mis sous le nez de l'animal, indique nettement l'élimi- nation. ( 727 ) » 3° L'hydrogène sulfuré se combine tellement avec le sang, que le papier réactif, promené sur les viscères importants de l'économie, n'en indique nulle part la présence. » 4° Si on l'injecle à faible dose, l'élimination par les bronches se fait lentement, et à la mort de l'animal on trouve une inflammation des bronches et de la trachée, au lieu d'une congestion vive que l'on trouve quand la mort a lieu rapidement. » CORRESPONDANCE. M. AiiBuoisE Thomas, Président de l'Institut, rappelle à l'Académie qu'aux lermes du décret du 22 décembre 1860, c'est elle qui doit désigner cette aimée l'œuvre ou la découverte à laquelle sera décerné d'après son juge- mcnl, et avec la sanction de l'Institut, le prix biennal fondé par l'Empereur. M. Flocrexs présente, au nom de .1/. P. Hartincj, un Mémoire publié par la Société des Arts et Sciences d'Utrecht et relatif à l'appareil épisternal des Oiseaux. Parmi les résultats importants exposés dans ce Mémoire, M. le Secrétaire perpétuel signale le passage suivant : « Le squelette a trois états : l'état membraneux, l'état cartilagineux et l'élat osseux. Tantôt ces trois états se succèdent, tantôt l'os est la production immédiate de parties membraneuses, c'est-à-dire du tissu conjonctif qui les compose. Or il n'y a pas un seul animal vertébré qui ait un squelette tout à fait osseux. Depuis l'Amphioxus jusqu'aux Mammifères qui occupent le sommet de l'échelle, on rencontre tous les degrés possibles, mais toujours une partie plus ou moins restreinte du squelette reste à l'état cartilagineux ou membraneux, qui pour d'autres animaux n'est qu'un état transitoire des mêmes parties et précède leur ossification. Toute description d'un sque- lette, dans laquelle les parties osseuses seules sont menlionnées, sans qu'il y soit tenu coaipte des parties cartilagineuses et membraneuses, est par conséquent nécessairement incomplète et ne saurait suffire lorsqu'il sagit de la comparaison des squelettes d'animaux appartenant aux diverses classes de l'embranchement des animaux vertébrés. Il y a encore plusieurs lacunes à remplir en cette direction. » 1° Tous les Oiseaux sont en possession d'un appareil qu'on peut com- parer à l'épisternum des Sauriens et de quelques Mammifères. » 2° L'appareil épisternal des Oiseaux est quelquefois entièrement, et toujours en majeure partie, à l'état membraneux. Il ne s'ossifie qu'en que!- ( 728 ) qties endroits, sépares les uns des antres |)ar des intervalles pins ou moins larges. » 3" l^orsqu'il est complet, l'appareil épisternal se compose d'une lame verticale médiane postérieure, de deux lames latérales et d'une lame hori- zontale médiane et antérieure. Cette dernière est quelquefois absente. » 4° Ces parties, prises dans leur ensemble, répondent à l'épisternum en T ou en croix des Sauriens, à l'exception des parties supérieures des lames latérales, qui sont l'équivalent des prolongements latéraux des coracoidiens d.nis ces animaux. » 5° Quelquefois l'appareil épisternal demeure à l'élat membiaueux pendant toute la vie de l'Oiseau. L'endroit où l'ossification se rencontre le plus souvent est situé dans la lame médiane postérieure, là où celle-ci s'in- sère an bord antérieur du sternum, entre les coracoidiens. L'apophyse supé- rieuie, qui est le résultat de cette ossification, se bifurque lorsque cette ossification se continue aussi dans les lames latérales. Un autre point d'os- sification se trouve dans le voisinage immédiat de l'angle de la fourchette. Le prolongement de celui-ci, qui en est le jiroduit, ou l'apophyse turcu- laire, très-variable de forme dans les différentes espèces d'Oiseaux, se con- tinue quelquefois dans le bord inférieur de la crête. En quelques cas il pa- raît que la partie antérieure de celui-ci doit aussi être considérée comme un produit de l'ossification de la lame épisteruale contigùe. I) Parmi les diverses ossifications de l'appareil épisternal, celle qui est la plus rare c'est l'ossification de la partie moyenne et postérieure de la lame médiane horizontale et antérieure entre les branches de la fourchette, don- nant naissance à l'apojihyse médiane. » 6" Lorsque la trachée-artère entre dans la cavité de la crête, les parois osseuses de celte cavité sont en partie une formation épisternale. » CHIMIE. — Sur les clensilés de vapeur anomales; par M. Ad. Wurtz. n Dans mon Mémoire sur les pseudo-alcools (i), j'ai fait voir que la densité de vapeur de l'iodhydrate d'amylèue diminue avec la température, et j'ai expliqué ce fait en admettant que cette vapeur éprouve une dt'vcom- position partielle en acide iodhydrique et en amylène, qui se combinent de nouveau pendant le refroidissement. Ce jihénomène m'a paru offrir de lintérèt au point de vue de la question tant débattue des densités de va- peur anomales. J'ai donc repris et étendu mes expériences avec l'iodhy- (l) Annales de Chimie et de Physique, ^' série, t. I, p. i3i. ; 729 ) drate et avec le bromhydrate d'amyléne, et j'ai constaté que ce dernier corps offre la densité de vapeur normale à ^o, 5o, 60 degrés au-dessus de son point d'ébullition, mais qu'au delà cette densité de vapeur décroît jus- qu'à ce qu'elle soit réduite de moitié. Le bromhydrate est alors décomposé en gaz bromhydrique et en amylène qui se combinent de nouveau par le refroidissement. Une trace pourtant du gaz bromliydrique tlemeiu'e non combinée et se retrouve lorsqu'on ouvre les ballons sous le mercure, comme pour servir de témoin à la décomposition passagère qu'a éprouvée le brom- hydrate. Ainsi, dans une expérience où la vapeur avait été chauffée à 2g5 degrés, os%685 de cette vapeur n'ont laissé que o8',oo8 d'acide brom- hydrique. " Le bromhydrate d'amyléne convient à merveille pour de telles déter- muiations. Il résiste sans noircir à la température de 36o degrés. On l'a pu- rifié en le distillant à plusieurs reprises dans le vide. Son point d'ébuUition est situé à ii3 degrés (corrigé) sous la pression de o™,76'2. Sa densité à o degré est égale à 1,227. ^^^ densités de vapeur, déterminées par la mé- thode de M. Dumas, à diverses températures comprises entre 1 53 et 36o de- grés, sont indiquées dans le tableau suivant : TEMPÉRATURES TEMPÉRATURES • DENSITÉS DE VAPEUR. DENSITES DE VAPEUR ( corrigées ). 153" 5,37 225" 4,69 1 , „ 3 68 t "^"y<'""e i58,8 5,18 236,5 3,83 1 60 , 5 5,32 248 3,3o i65 5, .4 262,5 3,09 171,2 5,16 . 272 3,11 173,1 5,18 295 3,19 i83,2 5,i5 3o5,3 3,19 i85,5 5, 12 3i4 2,98 193,2 4,84 319,2 2,88 ,95,5 4,66 36o 2,6. (.) 205,2 4,39 (Chiffre tliéor. r= 2,62) 2l5 4,12 (i) Dans la dernière expérience, qui a été faite dans la vapeur de nierc ure, il est resté dans le ballon, dont la capacité était de 257", 5",8 de gaz bromhydrique à 8 degrés et à la pression de o"','j55. <- La densité de vapeur théorique du bromhydrate d'amyléne étant de C. R., i8f)5, i"' Semestre (T. I.X, N» IS.) Q^ ( 73o ) 5,24, on voit que la vapeur de ce corps offre sensiblement la condensation normale enire i53 et i85 degrés, mais qu'à partir de 190 degrés environ cette vapeur se débande en quelque sorte ; sa densité diminue rapidement, et ce décroissement est à la fois l'effet et le témoin de la décomposition que subit la vapeur. A cet égard il est intéressant de considérer la marche dé- croissante des densités comme indiquant l'énergie plus ou moins grande avec laquelle la décomposition s'accomplit à un moment donné, ou, si l'on veut, les vitesses de décomposition. Remarquons d'abord que le décroisse- ment dont il s'agit n'est point parfaitement régulier. Cela est dû, je pense, à deux causes. D'abord, en raison du nombre considérable d'expériences, il a été impossible d'opérer sur un seid et même produit, et les différents échantillons employés, bien qu'ils aient été purifiés et analysés avec soin, pouvaient présenter de légères variations dans leur composition. En second lien, le temps pendant lequel la vapeur est maintenue à la température où l'on détermine la densité n'est pas sans influence sur les nombres obtenus. C'est ce qui résulte des deux expériences faites à 2a5 degrés avec des pro- duits identiques. Dans la première, la vapeur a été portée rapidement à 225 degrés. Dans la seconde elle a été maintenue pendant dix minutes à cette température. On voit que les nombres trouvés pour les densités ont été fort différents. Ce résultat ne doit point surprendre si l'on considère que le phénomène de décomposition de la vapeur doit absorber de la cha- leur, et que les quantités de chaleur nécessaires pour produire et la dilata- tion et la décomposition ne sauraient être fournies instantanément. » En faisant abstraction des petites perturbations dont il s'agit, on re- marque que les densités de vapeur du bromhydrate d'amylène décroissent très-lentement de i53 à i85 degrés, très-rapidement de 193 à 248 degrés. Cela indique qu'une petite portion de la vapeur se décompose à des tem- pératures inférieures à celles où la masse se décompose. Nous avons ici ce phénomène de la décom|)osition n;iissante que M. H. Deville a si bien ob- servé. Mais on voit aussi qu'au delà de 25o degrés la vitesse de décomposi- tion se ralentit de nouveau. La vapeur de bromhydrate d'amylène, qui reste mélangée en petite quantité à l'amylène et au gaz bromhydrique déjà séparés, résiste à la décomposition. J'insiste sur ce point et je dis, en précisant ma pensée: sans doute, à 3oo degrés, la va|)eur du bromhydrate d'amylène, considérée comme pure, possède une tendance à se décompo- .ser bien plus grande qu'à i 5o degrés. Mais il n'en est plus ainsi si nous con- sidérons cette vapeur délayée dans les produits de sa propre décomposi- tion. Elle échajipe alors à l'action de températures qui suffisent pour décomposer la masse du produit. Si donc, dans une vapeur homogène ou ( 73t ) presque homogène, il existe, comme M. H. Deville l'a démontré, une ten- dance à la décomposition, à des températures où la masse du produit résiste encore, d'un autre côté, dans des vapeurs mélangées avec leurs produits de décomposition, on remarque une résistance à la décomposition, à des tem- pératures où la masse du corps a déjà succombé. ]i Voici une conséquence de ces faits. » A i5o degrés, la vapeur du bromhydrate d'amylène est intacte, car elle présente la densité normale, qui répond à celle du chlorhydrate d'amy- lène. Si donc les deux éléments dont cette vapeur se compose, le gaz brom- hydrique et l'amylène, se rencontraient à cette température, ils pourraient se combiner entièrement. » A 3i4 degrés, où sa densité est égale à 2,98, la vapeur du bromhy- drate d'amylène se compose réellement de : Bromhydrate non décomposé i3,8 Amylène et gaz bromhydriqne 86,2 100,0 » Si donc l'amylène et le gaz bromhydriqne se rencontraient à 3i4 de- grés, ils ne pourraient se combiner que partiellement, jusqu'à ce que la portion du bromhydrate formé fût de i3,8 pour 100 dans le mélange. Mais cette combinaison partielle pourrait encore donner lieu à un dégagement de chaleur. C'est ainsi qu'on peut expliquer la production de chaleur que M. H. Deville a observée, en faisant arriver dans une enceinte chaulfée à 36o degrés des gaz chlorhydrique et ammoniac. Les faits que je viens d'ex- poser fournissent une base expérimentale à cette interprétation qui a été indiquée par MM. Pebal et H. Sainte-Claire Deville (i) et très-bien déve- loppée par M. Lieben (2). » Je ne puis, faute d'espace, décrire les expériences que j'ai faites avec i'iodhydrate d'amylène et le bromhydrate de capryléne. J'ajoute seulement que le premier de ces corps ne saurait prendre la forme gazeuse sans se dé- composer partiellement en acide iodhydrique et en amylène. Sa vapeur est dans l'état où se trouve celle du peichlorine de phosphore aux tempéra- tures les plus basses auxquelles M. Cahours lait portée dans ses belles expé- riences. On sait qu'à 160 degrés la densité de vapeur du perchlorure ré- pond à 3 volumes. Cela veut dire qu'à cette température elle est constituée par un mélange de PhCl' = 2 volumes (i) Bulletin de la Société Chimique, i865, p. 18. (2) Bulletin de la Société Chimique, i865, p. go. 95.. ( 73'-» ) et Hp PhCl' + Cl' = 4 volumes. Quant au bioinlijdiate de caprylène, sa vapeur résiste beaucoup mieux à la décomposition. A 277 degrés elle offre encore, à peu de chose près, la condensation normale en deux volumes. » MÉCANIQUE. — Théorème nouveau de Mécdtiique, relatif aux forces vives vibra- toires. Moyen pratique et élémentaire d'évaluer très-approximativement, dans le plus grand nombre des cas, la Jlexion ou iexlcnsion d'un système élastique, due à un choc; par M. de Saint- Vexaxt. [Deuxième complé- ment au Mémoire lu le 10 août 1857 (i).] (Commissaires précédemment nommés : MM. Poiicelet, I>amé, Bertrand, Hermite.) ' 1. Lagrangc (et, avant lui, Kœnig d'une manière moins générale) a montré qu'à chaque instant la force vive de tout système est égale à la somme de celles cpi'il posséderait successivement, si toutes ses parties avaient, en grandeur et en direction, la vitesse de son centre de gravité, et les vitesses qui, composées avec celle-ci, donnent leurs vitesses réelles. » Coriolis a étendu ce théorème [Journal de l'Ecole Polytechnique, XXIV*^ cahier, p. 109) en prenant pour les premières composantes, an lieu de vile.sses toutes égales et parallèles à celle du centre, celles d'un système instanlanément invariable, ayant les mêmes parties que le système variable donné, avec des cpiantités de mouvement dont la résultante et le moment résultant général sont les mêmes que pour celui-ci, ce qui réduit ordinaire- ment, dans un solide élastique, les secondes composantes aux vite.s.ses dues aux vibrations qui |)euvent animer les molécules. » Mais le mouvement vibratoire total de chaque molécide d un pareil solide est formé généralement, comme on sait, par la superposition d'un nombre infini de vibrations simples et isochrones de diverses périodes, tan- tôt commensurables, tantôt incommensurables entre elles. Or, j'ai reconnu, sur tous les exemples auxquels j'ai |)u l'appliquer, ce théorème : Qu'à chaque instant la force vive d'un système élastique, due aux vitesses résultant d'un mou- (i) Comptes rendus, t. XLV, p. 104. Le premier compléraont, du t) janvier i865, est an 2 O P tome LX, p. 49- (Mettez, p. 44» ''g"e '5, = -5^' "" ''"^" ''^' = -7:' '^^ effacez les lignes i6et .7.) ( 733) vemeul vibratoire composé, est égale à la somme des forces vives dues séparé- ment aux vitesses des mouvements simples ou isochrones, de diverses périodes, qui les composent. » Bien qu'analogue à ceux de Lagrange et de Coriolis, ce théorème, que je crois nouveau, en est essentiellement distinct. Ceux-ci ont une raison purement géométrique ; ils résultent mathématiquement de la définition même du centre de gravité, ainsi que de celle du mouvement de translation et de rotation que Coriolis appelle moyen, et qu'il dérive d'une solidification instantanée hypothétique du système quelconque considéré. Et les compo- santes de vitesse auxquelles est due la seconde partie énoncée de la force vive ne sont pas nécessairement des vitesses de vibration ou soumises à des lois de périodicité. » Le théorème nouveau a, au contraire, une raison physique. Il résulte des lois de l'élasticité, et il n'existe que parce que les périodes de variation, avec l'espace comme avec le temps, des vitesses des vibrations simples compo- santes, sont subordonnées entre elles, comme procédant proporfioiniel- lement aux inverses, tantôt des nombres naturels successifs, tantôt des diverses racines d'une même équation transcendante fournie, comme on sait, par les conditions particulières que doit remplir une intégrale en série. " T,e carré d'une vitesse composée algébriquement d'une infinité d'autres se compose lui-même, en effet, de tous les carrés de celles-ci et de tous leurs doubles produits deux à deux. Si, en multipliant par les éléments de masse, et intégrant pour tout le système vibrant, chacun des doubles produits donne une intégrale nulle, ils disparaissent en composant la force vive totale, et il est clair que le théorème énoncé se vérifie. » Or, c'est précisément ce qui a Heu pour tous les cas de vibrations dont les problèmes ont pu être résolus jusqu'ici ; et cela en vertu des mêmes rela- tions qui servent ou peuvent servir à déterminer les coefficients des termes des séries transcendantes qui les résolvent; relations qui, tantôt annulent tous les termes hors \\n seul quand on intègre, après les avoir multipliés par un facteur différentiel, les deux membres des équations exprimant les conditions initiales à r."'mplir (comme il arrive pour les cordes ou les tiges vibrant seules), tantôt réduisent la série à une autre plus simple dont la sounne, relative aux autres termes, est fournie par une particularisation de ces conditions (comme il arrive pour une tige élastique à laquelle nn( masse étrangère reste unie) (i). l) M. Sonnet, déjà en i84o, en calculant, dans une thèse sur les vibrations longitudinales. ( 734 ) >i C'esl ce qui aurait encore lieu, évidemment, en supposant en chaque point un mouvement vibratoire composé de plusieurs autres de diverses directions, si leurs projections sur deux directions à angle droit remplissent les mêmes condilious que les vibratioris longitudinales ou transversales d'une corde on d'une barre, etc.; car le carré de la vitesse effective est sonune des carrés des deux sommes de projections de composantes. » 2. Les mêmes solutions complètes, dans des cas variés, de problèmes d'impulsion soit longitudinale, soit transversale, qui m'ont fait apercevoir ce tliéoréme, ont toutes confirmé l'asseï lion, émise dès i854, et importante pour la pratirpie, que l'on peut obtenir élémentairement, d'une manière tres-approcliée, la flexion ou l'extension totale d'un système élastique quel- conque, au point heurté par une masse étrangère, avec mise en compte suffisante de la masse ou de 1 inertie du système lui-même, si l'on pose, entre les quantités de mouvement finies, perdues ou gagnées, l'équation des vitesses virtuelles, ou, ce qui revient au même, si l'on pose celle du théorème admis des pertes de force vive dues à un changement brusque des vitesses, en supposant Lpie les déplacements des divers points du sys- tème aient entre eux les mêmes rapports que s'ils étaient déterminés par une actifiii statique. Il résulte en effet, de l'équation ainsi posée, que, avant de faire entrer la vitesse d'impulsion dans le calcul de la flexion, etc., basé sur la même supposition du genre de la déformation éprouvée, l'on doit réduire celle vitesse comme elle le sérail par un partage entre la masse heurtante et la masse heurtée, mais celle-ci réduite elle-même à |- de sa grandeur quand c'est une barre fixée à un bout et sollicitée longitudina- lement à l'autre, et, respectivement, aux ^, aux -j-f et aux —^ quand elle est heurtée dans un sens transversal, selon qu'elle est appuyée ou encastrée aux deux bouts et frappée au milieu, ou encastrée à lui seul bout et frappée à l'autre. Or ce sont là précisément les quatre nombres que fournissent les solutions exactes, en séries d'exponentielles et de sinus, lorsque la niasse heurtée ne dépasse pas en grandeur une ou deux fois la masse heurtante, en sorte qu'on |)uisse réduire la série à sou premier terme développé sui- la fbtre vive d'une tige \ibraiit seule, a remari|ué l'annulation des intégrales provenant des doubles produits des vitesses partielles, mais sans en faire le sujet d'une observation suscep- tible de conduire à un théorème général, et sans apercevoir ce (pie présente d'analogue le ras, examiné par lui [dus loin, d'une lige vibrant avec une masse étrangère attachée à son extrénjité mobile. ( 735 ) vant les puissauces du rapport de ces deux niasses ; d'où il suit que l'ap- proximation suffit généralement. )) Ce genre de solution peut, comme l'on voit, être présenté dans tous les cours, même industriels; et, sans fournir, comme les séries transcendantes, tous les éléments des calculs de résistance, il donne, pour les déplacements principaux des points, des résultats incomparablement plus exacts cpie le calcul ordinaire, établi par plusieurs auteurs en négligeant tout à fait l'inertie des systèmes heurtés. >. 3. Les calculs, indiqués plus haut, de la force vive d'un système vibrant après avoir été heurté donnent, avec une justification, dans certaines limites, du principe admis de perte de force vive dans les changements de vitesse, des lumières sur la nature de cette perte apparente. Comme le déplacement du point heurté, calculé élémentairement par ce principe, ainsi qu'on vient de dire, est généralement très-approché de celui que donnerait la seule vibration principale, à période beaucoup plus longue que les autres, exprimée par le premier terme de la série transcendante, la perte prétendue de force vive se retrouve tout entière dans les vibrations secon- daires, à période de plus en plus courte, exprimées par les autres termes en nombre infini. Si donc le théorème nouveau, qui rend possible ou plus facile le calcul des diverses |)aities de cette force vive dissimulée, est géné- ralement confirmé et étendu aux vibrations des diverses espèces, il acquerra sans doute une certaine importance entre les mains des physiciens, qui font aujourd'hui de judicieuses conjectures sur ce que deviennent les perles dans la nature, où rien ne se perd en réalité, et qui cherchent avec persé- vérance, dans des actions mécaniques latentes, ï équivalent d'effets attribués naguère à la présence de fluides hypothétiques. » TECHNOLOGIE. — De la préparation des savons et des acides gras propres à la confection des bougies ; par M. Mège-Mouriès. « J'ai eu l'honneur de présenter à l'Académie (séance du 9 mai 1864) une Note sur quelques faits scientifiques relatifs à ces deux grandes indus- tries. » Aujourd'hui que les opérations en fabrique ont confirmé l'exposé théo- rique fait par M. Chevreul (i), l'Académie voudra bien me permettre de (i) Une fabrique aux environs do Paris fabrique régulièrement i5oo kilogrammes de corps gras par jour, et des délégués de l'industrie ont constaté que les résultats obtenus s'accordent bien avec les résultats promis. ( 736 ) préciser plus nettement ces faits, et je commence par une observation né- cessaire a leur intelligence. « Lorsque, par la simple combinaison d'une proportion définie d'un oxyde alcalin , on saponifie un corps gras, le savon obtenu dégage l'odeur des graisses qui l'ont formé, il rancit souvent, se conserve mal, et le rende- ment est très-bas. >i Mais si ce savon incomplet est exposé à l'action de présence d'un excès d'alcali, son odeur, variable d'ailleurs suivant la nature des corps gras, devient très-agréable, il ne rancit plus, il peut se conserver sous les latitudes les plus chaudes, et le rendement atteint le chiffre le plus élevé. » Cette action consécutive de l'alcali sur le savon n'a pas été signalée, je crois, mais elle a été appliquée. M. Chevreul, dans ses recherches sur les corps gras, a toujours lenu les savons formés en suspension dans un excès de lessive, et c'est ainsi qu'il a pu constater dans le suif, par exemple, une quantité d'acide stéarique qu'on n'a plus retrouvée dans l'industrie, quand on a voulu faire des saponifications économiques avec des quantités équi- valentes ou sous -équivalentes de bases à l'air libre ou dans des auto- claves. !' D'un autre côté, nous voyons les vieux procédés de Marseille arriver à des résultats analogues par la force de la pratique et du temps. Ces procé- dés, quoique imparfaits, sont remarquables, mais nous devons ajouter que s'il est bon de rendre hommage aux résultats parfois merveilleux du tra- vail empirique, il est juste et logique de le remplacer, quand nous le pou- vons, par un travail plus sûr et plus direct fondé sur les indications de la science. » C'est ce que j'ai fait, on le sait, à l'aide de la saponification globulaire, qui produit, dans les différentes périodes d'une seule opération, tous les ef- fets imparfaitement obtenus à l'aide d'un travail long, compliqué et difficile; ce mode d'opération a de plus l'avantage d'éviter les pertes, de donner, par conséquent, un rendement plus élevé, et de produire tous les savons doués des qualités exceptionnelles que l'on donne à l'aide de lessives multipliées aux produits destinés à l'exportation. )i Voilà pour les savons, voici maintenant pour l'acide stéarique. .: Ici la différence qu'il y a entre les savons, parfaits et imparfaits, est manifeste; en effet, tandis qu'un savon parfait de suif donne de Go à 65 pour loo d'acide stéarique du commerce, le même suif saponifié imparfai- tement n'en donne plus que 45 à 48 : aussi voyons- nous deux procédés principaux sf disputer la favenr des fabricants. ( 73? ) » Le premier est fondé sur la saponification par les oxydes, le second siir la saponification par les acides (l'acide siilfnriqne) ; l'un donne moins de perte et des prodnits de meilleure qualité, mais en moindre quantité; l'au- tre, au contraire, donne plus de perte,. des produits moins estimés, mais il donne plus d'acide stéarique. Aux inconvénients de ce dernier mode, il faut ajouter les complications, les dangers et les dépenses qu'entraîne la distilla- tion des acides gras. )) En présence des avantages et des inconvénients de ces deux procédés en usage, il me semble clair qu'un troisième procédé qui réunirait les avantages de l'un en écartant les inconvénients de l'autre pourrait avoir l'ambition de les remplacer. » C'est cebutcju'a la prétention d'atteindre la saponification globulaire faite avec la soude ou toute autre base. Examinons cette prétention, parce qu'elle est justifiée par la pratique. » En prenant la soude pour base, on fait une série d'opérations fort sim- ples avec peu de combustible, peu de main-d'œuvre et peu d'appareils. Ces opérations permettent de recueillir sans frais le sulfate de soude pur, et de réduire les dépenses à un chiffre aussi bas que les saponifications les plus économiques. Ce fait acquis, il ne reste plus que des avantages : d'abord la perte en acides gras est nulle, ensuite on obtient tout l'acide stéarique contenu dans le corps gras, c'est-à-dire 3 pour loo de plus qu'on n'en ob- tient par la distillation ; de plus, et c'est là le point important, on recueille de l'acide oléiqne inoxydé qui produit facilement un savon aussi agréable par son odeur, aussi recherché pour ses qualités et aussi avantageux pour le rendement que les savons de Marseille. )) Ce dernier résultat m'a toujours sembléle plus avantageux, au moment où l'acide stéarique perd du terrain devant l'usage des hydrocarbures li- quides et solides, et au moment où la consommation du savon s'étend avec le bien-être des masses. » 11 m'a toujours sendîlé, en présence de cette situation, que pour se placer sur un terrain solide le fabricant devait avoir pour but essentiel la préparation d'un bon savon, et pour but secondaire la fabrication de l'a- cide stéarique; c'est l'opinion émise par M. Chevreul, et d'après les faits ac- quis en industrie c'est celle qui probablement triomphera. » C. R., i8fi5, i" Seniesiie. (T. LX, N» 13.) 96 ( 738 ) PHYSFQUF. — Lois (les courants interrompus N(Jt(; de M. Achiixf, C.»zi\, présentée par M. Pouillet. (Suite.) « J'ai présenté à l'Académie, dans la séance du 26 septeml)re 1864, qnatre lois relatives aux effets d'un courant discontinu qui traverse une bobine. Depuis cette époque je les ai vérifiées, en substituant au voltamètre une boussole des tangentes. J'ajouterai que la constante k, dont il a été question dans cette Note, est indépendante de la nature de la pile et des modifications que l'on fait subir à l'étincelle de rupture. Ainsi cette éliii- celle a successivement une durée de plus en plus courte, quand elle éclate dans l'air, dans l'alcool, dans l'eau distillée, et enfin quand on fait com- muniquer la pointe de platine et le mercure de l'interrupteur respective- ment avec les deux armatures d'un condensateur ; mais k i'este invariable. Je me propose de revenir plus tard sur les propriétés de cette étincelle et sur la mesure de sa durée. J'indiquerai seulement ici qu'elle jaillit devant un disque circulaire portant des perles équidistantes sur sa circonférence, et tournant avec une vitesse connue : on peut régler cette vitesse de sorte que les arcs brillants produits par les images de I étincelle dans les perles aient des longueurs égales aux intervalles obscurs, et déduire de là sa diM'ée. » Voici maintenant deux lois que je crois nouvelles, et qui font suite aux précédentes. » Cinquième loi. — Lorsqu'on établit lui fil de dérivation, sans circon- volutions, entre la pointe de platine et le mercure d'un interrupteur con- venablement réglé, et qu'on compare le circuit contenant une bobine avec le même circuit dans lequel la bobine est remplacée par un fil dégale résis- tance, l'effet de l'induction consiste en une diminution de l'intensité moyenne dans le même circuit principal, et une augmentation dans le circuit dérivé, lesquelles sont inversement proportionnelles aux résistances de ces circuits. » Soient : » R la résistance du circuit principal (l'intervalle de dérivation est négli- geable); » R' celle du fil de dérivation ; » r l'intensité moyenne du courant discontinu dans le circuit piincipai, lorsque la bobine est remplacée par un fil d'égale résistance ; 0 /' celle du courant discontinu dans le circuit dérivé, les circonstances étant les mêmes ; ( 739) » I" celle (lu courant discontinu dans le circuit principal lorsqu'il con- tient la bobine; » /" celle du courant discontinu dans le circuit dérivé, dans les mêmes circonstances. I) La loi est représentée par la formule 1' _ I" _ R' (■"— (" ~ rT" " Voici quelques nombres obtenus à l'aide de la boussole des tangentes. L'iuiité d'intensité est celle d'un courajit capable de dégager o™^'',o57g d'hydrogène par minute; l'unité de résistance est celle de i mètre de fil de platine ayant o™™, ii5 de diamètre. La bobine a été décrite dans la Note précédente. Le nombre des interruptions était «==475 par minute; I dé- signe l'intensité du courant continu. . l'-i" i" — i' R R' (l'-l")R (."-<') R' i,oi88 i ,oo58 2 , 356o o,844i o , 09 I o o,i3i4 0,5649 0,0454 0,0718 0,0670 0 , 0995 0,0329 o,5i8 0 ,520 0,524 .,487 o,588 1 ,01 1 2,971 2,008 o,o47 0,068 0,296 0,067 0,042 0,068 0,295 0,066 » L'égalité des produits (!' — I") R et (/" — /') R' dans chaque ligne hori- zontale du tableau démontre la loi. « Cette loi régit les faits observés par M. de la Rive en i843, qui l'ont conduit au condensateur électro-chimique; elle se vérifie en effet avec le voltamètre, comme avec la boussole, mais moins exactement. » Les modifications subies par l'étincelle de rupture, par exemple son accroissement quand la résistance du fil de dérivation augmente, n'ont au- cune influence sur la loi. » La théorie des extra-courants directs et inverses explique cette loi, loisqu'on admet que l'effet de l'induction est purement dynamique. >' Soient : >• E la force électromotrice de la pile ; » R, la résistance totale R -+- R'; » T la durée de l'immersion de la pointe de platine de l'interrupteur dans le mercure ; 96.. ( 74o ) » T' celle de l'émersion de cette pointe; M n le nombre dos interruptions dans l'imité de temps. » On a pour les intensités moyennes définies plus haut : , . „ «ET «F/r (0 I=-R- [2) «ET' R, Lorsque l'immersion a lieu la bobine étant dans le circuit, l'intensité i varie de — jusqu'à -, et, à une époque t comptée à partir du moment ou la pointe touche le mercure, on a, pour déterminer la loi de variation, l'équation dt où P désigne le potentiel de la bobine sur elle-même. E . E » Lorsque l'émersion a lieu, l'intensité /, varie de — jusqu'à —i et, à luie époque t comptée à partir du moment où la pointe cesse de toucher le mercure, on a pour la loi de variation Maintenant ,-,R, = E-P^. 1"= n f idt -h n I i\(lt, i^dl. Effectuant les calculs, et supposant T et T assez grands poui- que l'état permanent soit atteint à chaque oscillation dans l'ini et l'autre circuit, ce (jui permet de suppnmer les termes qui contieinient e , e , on trouve (3) '- = "e{I + ^)-"''e(s-É //N •„ «ET' «PE / I I \ )) Des équations (i), (2), (3), (4) on tire la formule expérimentale donnée. ( 74i ) » Sixième loi. — Dans an circuit discontinu, qui contient une bobine, la loi (les équivalents clectro-cliimiques est applicable. » Je me suis servi de couples de Daniel! ayant comme éléments positifs de petites lames de cuivre, plongées dans la solution de sulfate de cuivre pur, et d'un voltamètre à sulfate de cuivre. Le poids du métal déposé sur l'électrode négatif est égal au poids du métal déposé sur chaque lame de cuivre de la pde, lorsque celle-ci est bien isolée. M. Matteucci, qui s'était servi du voltamètre à eau, avait trouvé la quantité d'hydrogène dégagé in- férieure à celle qui représentait la loi d'équivalence, et il avait attribué cette différence aux phénomènes secondaires que présente l'électrolyse de l'eati. Mes résultats sont conformes;! l'opinion du savant ital'en. » Si l'on rapproche cette loi de celle que M. Soret a communiquée à l'Académie le 12 septembre 1864, on peut dire que ni les réactions inté- rieures, ni les réactions extérieures, dans un circuit discontinu, ne troublent l'équivalence des actions chimiques intrapolaires et extrapolaires. » CHIMIE. — Sur les phosphates de thnlliitm; par M. L.amy. (Extrait par l'auteur.) « Dans un Mémoire que j'ai eu l'honneur de présenter à l'Académie e!i décembre 1862 (i), j'avais dit que le thallium formait avec l'acide phospho- rique un phosphate soluble, et que cette propriété s'ajoutait, pour les forti- fier, à toutes les raisons qui m'avaient conduit à placer le nouveau métal plus près du potassium que du plomb. M. Crookes, qui a répété une partie de mes expériences (o.), a contesté l'exactitude de ce fait, eu prétendant que le phosphate de tallium était très-peu soluble, trois fois moins environ, à 100 degrés, que le proîochlorure, et a tiré de son observation une consé- quence directement opposée à la mienne. n Bien que je fusse certain d'avoir obtenu un phosphate de thallium très- soluble, j'ai cru néanmoins devoir reprendre l'étude de ce composé, en va- riant les conditions de sa préparation, et les recherches auxquelles je me suis livré ont non-seulement coidlrmé mes premières indications, mais m'ont conduit à des résultats nouveaux, que j'ai l'honneur de faire connaître à l'Académie, dans le Mémoire. B Le thallium peut former avec l'acide phosphorique, non pas un, mais (1) Annales de Chimie et de Pliysiqiie, t. LXVII, 3"^ série. (2) On tliatliiiin [Journal nf tlie Chemical Society , vol. II, 2' série, i864). ( 742 ) plusieurs phosphates, la plupart très-solubles, et pour le mouis aussi variés dans leur composition et leurs propriétés que les composés correspondants des métaux alcalins. » .T'ai en effet obtenu : Un phosphate neutre Ph O', 2TI O, HO + HO Un phosphate acide PhO%TIO, 2HO Un phosphate basique PhO', 3TiO Un pyrophosphate neutre . . . PhO', 2TIO Un pyrophosphate acide. . . . PhO%TlO, HO Enfin un mélaphosphate. . . . PhO', TiO. >• Voici les caractères essentiels de ces sels et leur mode de préparation. « Tous sont blancs, presque tous solid)les dans l'eau et insolubles dans l'alcool. Ils se distinguent des phosphates des métaux alcalins, d'abord parce qu'ils sont précipités en blanc par l'acide chlorhydrique, et aussi, chose re- marquable, par l'acide azotique, pourvu que leurs solutions ne soient ni chaudes ni trop étendues. En outre, les phosphates et les pyrophosphates de thalliutn donnent un précipité blanc de phosphate tribasique par les alcalis, tandis qu'ils ne précipitent pas par les carbonates alcalins, ni même par les alcalis en présence de ces carbonates. ■> Le jjhospliale de titallium neutre s'obtient en saturant, à la température > Je termine mon Mémoire par des considérations relatives à la clas- sification du thallium, que je demande à l'Académie la permission de résumer ici. « Dès l'origine de mes recherches, j'ai cru pouvoir assigner au nouvel élément une place à côté des métaux alcalins, et M. Dumas, dans son Ra[)- port sur mes travaux, a prêté à cette classification l'appui de sa haute au- torité. En Angleterre, quelques savants, M. Crookes en première ligne, ont préféré au contraire rapprocher le thallium des métaux lourds, comme le plomb (i). Les principaux faits cités par ce chimiste en faveur de son opi- nion, sont : l'insolubilité de quelques composés, tels que le peroxyde, le protochlorure, l'iodure, le sulfure, le phosphate de thallium ; la facilité avec laquelle le protoxyde se déshydrate et perd en grande partie sa solu- bilité; le haut poids atomique du métal; la prompte réduction de ses sels par le zinc, et en général la plupart de ses propriétés physiques. » Cette opinion me parait, aujourd'hui moins que jamais, pouvoir être sérieusement soutenue, 1) Et tl'abord, s'il est vrai que le bromure, l'iodure et le protochlorure de (i) On thallium i Journal of the Chemical Society, i' série, vol. II; 1864 ). ( 744 ) thalluini soient presque insolubles, par contre ce métal forme des chlo- rures supérieurs solubles, lui fluorure simple et un fluorure double avec le silicium également solubles. La prétendue insolubilité du phosphate, que ]\I. Crookes a invoquée pour les besoins de sa cause, lui est tout à fait contraire, parce que rien n'est plus caractéristique que l'analogie des nombreux phosphates solubles de ihallium avec les composés cor- respondants des métaux alcalins. » Quant aux propiiétés physiques, elles ont une importance secondaire dans la classification. D'ailleurs, il en est qui sont autant en faveur de l'alcalinité du thallium que de sa ressemblance avec le plomb. » Mais ce qui est bien autrement important pour classer un corps, c'est l'ensemble de ses propriétés chimiques les plus essentielles, les plus nom- breuses, et l'isomorphisme. A ce point de vue, l'insolubilité de quelques composés et les propriétés physiques invoquées plus haut ne sauraient être mises en balance avec les arguments suivants. » L'hydrate de protoxyde de thallium est très-soluble dans l'eau, forte- ment alcalin et caustique, comme la potasse; son carbonate est également soluble et alcalin à la façon du carbonate de potasse-, il existe^ ainsi que je l'ai établi dans ce Mémoire, des phosphates et des arséniates de thallium non moins variés dans leur composition et leurs propriétés que les compo- sés analogues des métaux alcalins ; le sulfate de thallium est soluble et pos- sède la plupart des caractères du sulfate de potasse; de plus il est isomor- phe avec lui; une analogie de propriétés et un isomorphisme |)lus absolus rapprochent les aluns de thallium et les aluns de potassium; l'isomor- phisme se poursuit dans les sulfates doubles de la série magnésienne, dans les paratartrates et les bitaitrates. Le thallium forme, comme les métaux alcalins, des sels doubles, dont le nombre s'accroît chaque jour à mesure que l'on étudie davantage ce curieux métal. Il n'engendre ni sous- nitrate ni sous-acétate, mais son acétate distillé avec de l'acide arséuieux produit du cacodyle, comme l'acétate de potasse. Enfin le thallium jouit, avec les métaux alcalins, à l'exclusion de tous les antres métaux, de la propriété caractéristique de former les composés que j'ai appelés alcools thalliques. » Je laisse de côté d'autres propriétés d'une importance moindre, telles que la rapide altération à l'air du nouvel élément, son association dans cer- taines eaux minérales avec les métaux alcalins, ses relations d'atomicité avec ceux-ci, l'insolubilité du chlorure double qu'il forme avec le platine, l'analogie observée entre ses sels organiques et les sels coi'respondanls de potasse, etc., et, appuyé sur les considérations qui précèdent, je ne puis ( 745 ) que persister à maintenir le thallium au rang que je lui ai assigné primitive- ment dans la classification. » UÉOLOGIE. — Silex taillés du Grand- Pressigny ; par M. Gabriel de Mortiixet. M. de Mortillet, à l'occasion de la récente communication de M. E. Ro- bert, maintient l'antiquité des pièces recueillies dans cette localité et qui figurent aujourd'hui dans un grand nombre de Musées. M. 1.E Président fait observer qu'il partage entièrement l'opinion de M. Robert sur la récente fabrication des prétendues haches de Pressigny-le- Crand, département d'Indre-et-Loire. CHIMIE. — Mode de réduction dans les liqueurs neutres; jiar M. Lorin. " Ce mode de réduction est une application de la propriété suivante : » Un sel ammoniacal, à base simple ou composée, donne en général, en présence du zinc et de l'eau, un dégagement d'hydrogène qui se pro- duit souvent à la température ordinaire, mieux vers [\o degrés et au- dessus. » La propriété a été vérifiée sur tuie cinquantaine de sels d'ammoniaque ordinaire, de nature et de composition variables, et sur un nombre plus petit de sels de méthylamine, d'éthylamiiie, d'aniline et de naphtylamine. L'analogie des sels de ces bases avec les sels ammoniacaux porte à conclure à la généralité de la proposition. j) La quantité d'hydrogène produite paraît être fonction de l'équiva- lent de l'acide du sel. Pour exemple, i équivalent de sulfate d'ammo- niaque, 63 grammes, a fourni au moins i équivalent d'hydrogène, plus de I 2 litres. » Parmi les métaux usuels, le fer est le seul qui se rapproche du zinc par son action, quoique moins intense, sur les sels ammoniacaux. » Le concours du zinc et du fer, de lammoniaque et d'un sel ammo- niacal, constitue les conditions les meilleures pour accélérer la production d'hydrogène. La rapidité du dégagement est presque comparable à celle qui a lieu avec l'acide sulfurique dilué : on peut alors obtenir i litre de gaz en quelques minutes; et, pour peu que l'on élève la température, la réaction devient tumultueuse. M Ce nouveau caractère des sels ammoniacaux n'est pas absolu. Une exception, qui s'étend probablement aux sels analogues, se présente avec le G. R , i8C5, I" Semestre. (T. LX, N" IS.) 97 ( 746) nitrate d'ammoniaque : en solution aqueuse assez étendue, ce sel donne du protoxyde d'azote, à une températiu'e voisine de 5o degrés. » Les expériences ont été faites à l'Ecole de Pharmacie, au laboratoire de M. Berlhelot. » PHYSIOLOGIE. — Nouvelles recherches sur la production artificielle des anomalies de l'organisation; jiar M. Camille Dareste. '■ J'ai fait connaître à l'Académie, en octobre 1864, le premier exemple obtenu par moi, d'une anomalie que je puis produire à volonté, et par des procédés qui s'expliquent scientifiquement, de la manière la plus simple. .T'avais constaté, en effet, que dans les couveuses artificielles, où l'œuf n'est échauffé que par un seul point, le défaut de coïncidence entre le point d'échauffemeat et le point où se développe l'embryon détermine une dé- formation de l'aire vasculaire qui perd sa forme circulaire pour revêtir une forihe elliptique, tandis que l'embryon occupe une position excentrique, et pour ainsi dire un des foyers de l'ellipse. w Mes nouvelles études sur cette question m'ont permis de compléter ces recherches par la constatation de faits nouveaux et d'une grande im- portatice. » Je me suis assuré d'abord que la déformation de l'aire vasculaire n'est point le fait primitif de l'anomalie que j'avais observée, et qu'elle est tou- jours précédée par une anomalie du blastoderme lui-même. » Lorsque, sous l'influence de l'incubation, la cicatricule grossit pour se transformer en blastoderme, les deux moitiés' de la cicatricule se déve- loppent tres-inégalement, de telle sorte que l'aire transparente qui se forme au centre de la cicatricule ne tarde pas à occuper une position tout à fait excentrique. Le développement du blastoderme se produit principalement entre l'aire transparente et la source de chaleur, tandis que de l'autre côté do l'aire transparente il reste à peu prés stationnaire. Ce fait, que j'ai constaté dans un très-grand nombre d'expériences, est évidemment le point > M. Delore a cherché à résoudre par l'expérience les questions d'obsté- trique suivantes : Quelle est la résistance du bassin? Qnelle est la résis- tance de la tête du fœtus a?ix tractions exercées par le forceps et aux pres- sions faites entre les mors de cet instrument ^Quelle est la pression transmise à la tète par une traction connue? Quelle force de traction est nécessaire pour obtenir une certaine réduction entre l'angle sacro-vertébral et le pubis? Si la version est supérieure au forceps, quelle en est la cause? Quelles doivent être la force et la direction de la traction? S'il vaut mieux la faire uniforme, ou lui imprimer de légers mouvements de latéralité? » Voici les principaux résultats : le bassin résiste à des efforts de 200 kilo- grammes ; la tête à des pressions de 100 kilogrammes quand elles sont faites sur une large surface, et, dans le cas contraire, seulement à ^o kilogrammes. Une forte pression faite par le forceps, suivant le diamètre occipilo-fronlal, empêche la réduction du diamètre bi-pariétal d'autant plus éncrgiqnement que la traction est plus considérable. La traction ne doit pas dépasser 80 kilogrammes. Celle qui ne se fait point dans l'axe amène une déperdition de force de i5 à [\o kilogrammes pour des tractions de 5o à 100 kilo- grammes. De légers mouvements de latéralité imprimés au forceps suffisent pour abaisser la traction de ro à 70 kilogrammes. » M. Carrère adresse une Note sur la réduction de l'équation du second degré à trois variables. ( 75o ) M. Hughes Reed adresse un Mémoire écrit en anglais sur le traitement du choléra. (Renvoi à la Commission du legs Bréant.) La Commissiox mcxicipale de Saint -Malo, chargée d'organiser l 'érection d'une statue à Chateaubriand, demande le concours de l'Académie. Une liste de souscription, sur laquelle MM. les Membres pourront s'in- crire, sera déposée au Secrétariat. Le Comité organisateur dc Congrès scientifique italien, qui doit cette année se réunir à Naples, annonce que l'ouverture du Congrès, fixée d'abord au 7 mai, est remise au 24 septembre. A 5 heures et demie, l'Académie se forme en comité secret. COMITÉ SECRET. M. Brongniart présente, au nom de la Section de Botanique, la liste sui- vante de candidats à la place de Correspondant actuellement vacante par suite du décès de M. Treviranus : Au premier lancj. ... M. Hofmeister, à Heidelberg. iM. de Bary, à Fribourg-en-Brisgau. M. Gray (Asa), à Cambridge (Massachusetts). M. HooKER (Joseph Dal ton), a Kew, près Londres. M. Parlatore, a Horence. M. Pringsheim, à léna. Les titres de ces candidats sont discutés. L'élection aura lieu dans la prochaine séance. La séance est levée à 6 heures. F. ( 75i ) BULLETIN BIBLIOGRAPUIQUE. Complément des ouvrages présentés clans la séance du 3 avril i865. Fragments d'une Flore de la Nouvelle-Calédonie, ou Observations sur di- verses plantes nouvelles ou peu connues de cette contrée; par M.M. Ad. Bron- GNIART et A. Gris. Paris, i864; in-S". Sur la constitution intérieure des corps; par M. Valérius. (Extrait des Bul- letins de V Académie royale de Belgique, 2" série, t. XIX, n° 1.) Bruxelles; in-8°. Marche du cavalier du jeu des échecs parcourant les soixante-quatre cases de l'échiquier; pur M. Mekcklein. Douai, i8G4; br. in-8°. Études hygiéniques et médicales sur le tabac; par M. JOLLY. (Extrait du Bulletin de l'Académie impériale de Médecine, t. XXX, p. 423.) Paris, i865 ; br. in-8". Mémoire sur la leucémie; par M. Eeltz. Strasbourg, i865; br. in-8°. Maladie des tailleurs de pierre. Pathogénie et anatomie pathologique; par le même. Strasbourg, iS65; br. in-8°. Tables sans fin donnant les résultats de la multiplication, de la division et de Pextraction des racines carrées et cubiques de tous les nombres imaginables ; par Ch. d'Aiguières. Paris, 1859; in-4°. (Adressé comme pièce de concours pour le prix biennal.) Venise et son climat; par Edouard Cazenave. Paris, i865; in-8°. On ihe quadric... Sur un mode de transformation des figures planes; par M. T.-Â. IIiRST. (Extrait des Proceedings of the Royal Society, mars i865.) Br. in-8°. (Présenté, au nom de l'auteur, par M. Chasles.) L'Académie a reçu dans la séance du 10 avril i865 les ouvrages dont voici les titres : Rapport au Conseil de santé des armées sur les résultats du service médico- chirurgical aux ambulances de Crimée et aux hôpitaux militaires Jrançais en Turquie pendant la campagne d'Orient en i854-i855-i856; parJ.-C. Chenu. Paris, i865; vol. in-4''. Des phénomènes cadavériques au point de vue de la physiologie et de la mé- decine légale; par le D' Larcher. (Extrait des Archives générales de Médecine, juin 1862.) Paris, 1862; br. in-8°. Recherches sur 'la composition chimique des aciers; par M. H. Caron. Bruxelles, i865; in-4°. ( 7^2 ) Précis analytique des travaux de l' Académie impériale des Sciences, Belles- Leltrts cl Arts de Rouen pendant l'année 1 863- 1864. Rouen, i864; in-S". Bulletin de lu Société d'Agriculture, Sciences et Arts de la Sartlie; 1'^, 3*^ et 4° trimestre de 18G4. Le Mans, 1864; in-8". Rapport sur les travaux du Conseil central de salubrité et des Conseils d'ar- rondisentent du déparlement du Nord pendant l'année i863; n° 22. Lille, i864; in-8". Observations météoroloijicpies faites à Lille pendant l'année 1 802-63; par Victor Meurein. Lille, 18G4 ; br. in-8°. De la contagion dans les maladies; par M. le D'' Stanski. Paris, 1 865 ; in-8". Essai d'une théorie nouvelle de la musique; par M. MuGNlEU. Paris, i865; in-8°. Technologie du velours de colon fabriqué à simiens, soit à bras, soU mécani- quement, et coupé sur table; par Ed. Gakd. Amiens et Paris, 1864; in-8°. L épilepsie et la rage chez l'homme et chez les animaux; par A.-E. Laville DE LA Plaigne. Rayonne, i864; in-8". L'appnrcd épisternat des oiseaux décrit par '9. Hauting (publié par la So- ciété dos Arts et Sciences d'Utrecht. Utrechl, 1864; in-4''. The Journal... Journal de la Société Royale de Dublin; octobre 1864 à janvier i865. Dublin^ )865; in-8". The Canadian Naturalist and Geologist; vol. I, n°' 4. 5 et 6; aovit, octobre et décembre 1864. Montréal; 3 livraisons in-8". COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SEANCE DU LUNDI 17 AVRIL 1865. PRÉSIDENCE DE M. DECAISNE. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. M. LE Président annonce à l'Académie la perte qu'elle a faite, depuis la dernière séance, dans la personne de il/. Ach. Falenciennes, et donne lecture de la Lettre suivante : « Monsieur le Président, » J'ai la douleur de vous informer que mon père a succombé ce soir aux suites de la maladie dont il était atteint depuis longtemps. Je vous prie d'ex- primer à ses confrères, au nom de ma famille, notre reconnaissance pour les témoignages de sympathie qu'ils n'ont cessé de lui donner pendant le cours de sa maladie. » « M. Valenciennes, ajoute M. le Présidext, a été l'ami et le collaborateur du plus illustre naturaliste de notre époque, Georges Cuvier; il a été en outre, pendant un demi-siècle, l'ami et le confident d'Alexandre de Hum- boldt. De telles amitiés honoreront à jamais le mémoire de notre regretté confrère. » MM. Blanchard, de Quatrefages, Gaultier de Claubry se sont faits, sur la tombe de M. Valenciennes, les interprètes, des sentiments de l'Académie, du Muséum d'Histoire naturelle et de l'École supérieure de Pharmacie. <> G. R , iS65, 1" Semestre. (T. LX, N» 16.) 98 ( 754 ) PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Expériences sur le développement individuel des bourgeons; par M. P. Duchartre. « Les bourgeons, dont le développement doit donner naissance aux pousses nouvelles, ont été regardés par divers botanistes comme constituant, chacun en particulier, un individu végétal, de telle sorte qu'une plante entière ne fût pas autre chose que l'agrégation de tous ces individus réunis en un ensemble unique; mais cette individualité organique, en faveur de laquelle on a fait valoir des arguments de poids, entraîne-t-elle avec elle l'individualité physiologique? En d'autres termes, les bourgeons peuvent- ils végéter et se développer isolément et sans qu'aucun d'eux influe sur le développement de ses voisins? » La réponse à celtequestion offre un intérêt incontestable. Théoriquement on se sent porté à la faire négative, à la vue de ce qui se passe tous les jours sous nos yeux. En effet, les bourgeons d'un végétal ne peuvent entrer en activité que sous l'influence de la sève. Une fois que, sous l'impulsion d'une cause quelconque, ce liquide vient s'accumuler dans l'intérieur d'un végé- tal, il semble que toutes les parties de celui-ci, baignées par lui, doivent y puiser simultanément les matériaux nécessaires à leur végétation. C'est bien, en effet, ce qui a lieu dans la marche ordinaire de la nature : chaque année, nous voyons les végétaux entrer en sève au printemps, et alors dé- velopper presque en même temps tous leurs bourgeons desquels provien- nent aussitôt tout autant de pousses. L'individualité physiologique des bourgeons ne se manifeste donc pas dans les circonstances naturelles. « On peut comprendre sans peine pourquoi elle ne se révèle pas dans le cours normal delà végétation, puisque tous les bourgeons d'un végétal se trouvent placés dans des conditions à fort peu près identiques : à l'intérieur, la sève arrive à chacun d'eux et apporte à tous les mêmes matières nutritives; à l'extérieur, ils subissent des influences semblables, et en particulier, la température, la plus puissante de ces influences, ne varie qu'entre des limites fort rapprochées pour ceux d'entre eux que portent les différentes parties d'un végétal. » Mais en serait-il de même si l'on faisait varier considérablement les in- fluences extérieures pour les différents bourgeons d'une plante? Telle est la question que je me suis posée et que j'ai tenté d'élucider expérimen- talement. » On a eu déjà plusieurs fois occasion de voir que des extrémités de Vignes (755) on plus rarement d'aiilres végétaux plantés à l'air libre et en pleine terre, ayant été introduites, pendant l'iiiver, dans l'intérieur d'une serre chaude, y développaient leurs pousses tandis que les bourgeons situés sur les autres parties qu'on laissait à l'extérieur, et qui, par conséquent, restaient soumises à ime température beaucoup plus basse, attendaient pour s'ouvrir l'arrivée du printemps. Cette observation est instructive ; mais il m'a semblé qu'elle ne mettait pas suffisamment en évidence l'action locale de la chaleur sur les bourgeons. D'ailleurs, elle n'a guère été faite jusqu'à ce jour qu'incidem- ment ou par des horticulteurs qui n'en attendaient qu'un résultat cultural, nullement physiologique, et qui dès lors n'en ont pas observé avec assez d'attention les diverses circonstances. J'ai donc voulu la reprendre en m'et- torçant de la rendre plus précise et plus démonstrative. Dans ce but, ne dis- posant pas d'un jardin pourvu d'une serre chaude, j'ai eu recours à l'obli- geance éclairée de M. A. Rivière, l'habile jardinier-chef du palais du Luxembourg. C'est à lui que je dois d'avoir pu mener à bonne fin les expé- riences dont je vais avoir l'honneur d'exposer les résultats a l'Académie. » La Vigne m'a semblé être l'espèce la plus avantageuse pour des expé- riences de ce genre, la longueur et la flexibilité de ses sarments permettant de la disposer selon les exigences de l'expérimentation. On en a pris quatre pieds jeunes et vigoureux, dont deux ont été plantés, le 3 décembre 1864, en pleine terre et à l'air libre, le long du côté septentrional d'une serre chaude basse, à deux versants, et dont les deux autres ont été mis, le même jour, dans de grands pots larges de o™,33, qui ont été placés à l'intérieur et sur la tablette de la même serre, vis-à-vis des deux premiers. On a enlevé les deux grands carreaux de vitre qui se trouvaient entre les deux Vignes de l'extérieur et celles de l'intérieur; après quoi on a posé, à la place de ces vitres, un volet de bois dans lequel ont été percés quatre trous pouvant laisser passer les sarments. » Je désignerai par A et B les deux pieds de Vigne plantés en pots dans la serre, par C et D les deux autres qui avaient leurs racines en pleine terre à l'extérieur. Voici de quelle manière les uns et les autres ont été disposés. » Le premier pied de Vigne (A), ayant ses racines dans la serre, passait à l'extérieur par un trou du volet et, après avoir formé un arc, à l'air libre, dans une étendue d'environ o™, 5o, il rentrait par un autre trou de manière à venir se terminer au milieu de l'atmosphère échauffée, sur une longueur d'environ o", 55. » Le deuxième pied (B), ayant également ses racines et sa portion infé- 98. ( 756) rieure dans la serre, sortait par un trou du volet et se trouvait ensuite à l'air libre sur tout le reste de son étendue. » Outre le long sarment dont je viens d'indiquer la disposition, chacune de ces deux plantes en avait quelques autres plus courts qui étaient restés au dedans de la serre. a Le troisième pied de Vigne (C), planté à l'extérieur, avait deux sar- ments de longueur un peu inégale, qui entraient l'un et l'autre dans la serre par un trou du volet, et dont le plus court ne sortait |)lus de l'en- ceinte chauffée, tandis que le plus long, après y avoir décrit un arc, en sortait par un autre trou du volet et venait se terminer à l'air libre. " Le quatrième pied (D), planté à l'extérieur, introduisait dans la serre deux sarments inégaux dont la disposition était la même que pour le précé- dent. » En résumé, un pied de Vigne (B) se trouvait au milieu de l'air chaud, dans sa moitié inférieure, et reportait sa moitié supérieure dans l'atmosphère libre et froide; un autre (A) était chauffé dans ses portions inférieure et su- périeure, tandis qu'il subissait l'influence de la température du dehors dans sa partie intermédiaire aux deux précédentes; enfin les deux autres (C et D) avaient leurs racines et leur portion inférieure à l'extérieur, tandis que les deux sarments de chacun d'eux étaient chauffés, l'un dans sa partie supé- rieure, l'autre seulement vers le milieu de sa longueur. » Les expériences, commencées le '6 décembre 1864, ont été terminées le 16 avril i865. J'ai l'honneur d'en mettre sous les yeux de l'Académie les différents sujets arrivés à l'état où ils m'ont semblé ne pouvoir rien appren- dre de plus. Le résultat général en a été très-net et tel qu'il peut être formulé en quelques mots : l'action de la température s'est exercée localement, de telle sorte que les bourgeons ont montré une indépendance complète les uns par rapport aux autres, et qu'ils se sont développés promptement sur toutes les portions de sarments qui étaient soumises à l'action de l'air chauffé, tandis qu'il n'ont pas devancé d'un seul jour l'entrée en végétation des Vignes orduiaires sur tous les points de ces mêmes sarments qui se trou- vaient dans l'atmosphère extérieure et qui, par conséquent, étaient exposés au froid de l'hiver. " Dès le 3 janvier i865, c'est-à-dire un mois après le commencement de l'expérience, les bourgeons chauffés commençaient à s'ouvrir. Le 20 du même mois, ils avaient donné des pousses fcuillées, de proportions diverses, dont certaines avaient o'°,25 à o™, 3o de longueur. A partir de ce moment, la végétation a marché sans interruption sur les parties chauffées, tandis que ( 757 ) tontes celles que ne stimulait pas la chaleur de la serre sont restées clans leur étal hivernal. L'inégalité s'est prononcée nièine sur deux bourgeons situés aux deux extrémités d'un même entre-nœud, lorsque l'un des deux se trou- vait dans la serre, et que l'autre était à l'extérieur; de là le même sarment présente aujoiud'hui successivement des parties depuis longtemps en végé- tation, d'autres qui sortent seulement de leur engourdissement hivernal, et plus loin encore, selon la disposition adoptée, d'autres encore pourvues de pousses feuillées. » Je ne dois pas oublier de dire que dans la serre chaude qui a servi pour ces expériences, la température a été maintenue, en moyenne, à + 10 degrés centigrades pendant tout l'hiver, et que, d'un autre côté, la température extérieure est restée pendant longtemps entre — 8 et — 1 2 degrés centigrades. ') Les faits que je viens de rapporter me semblent mettre en pleine évi- dence l'individualité physiologique des bourgeons et l'influence locale que la chaleur exerce sur le développement de chacun d'eux en particulier. 1) En dehors de l'objet spécial pour lequel elles ont été instituées , ces mêmes expériences me semblent fournir des données utiles pour l'élucida- tion de quelques questions intéressantes de physiologie végétale : » 1° (3n attribue généralement à la température que le liquide séveux a puisée dans le sol une influence notable sur la marche de la végétation dans les parties aériennes; c'est même en se basant sur l'action présumée de cette température qu'un Membre de cette Académie aussi ingénieux que sa- vant a proposé l'essai d'une culture nommée par lui géothermique, dans laquelle l'existence de végétaux délicats serait assurée, même sous des climats froids, par le réchauffement artificiel du sol. Les expériences que je viens de rapporter ne me semblent pas appuyer cette idée, puisqu'elles mon- trent différents bourgeons d'un même pied de Vigne se comportant absolu- ment de la même manière, que la sève leur soit venue d'un sol froid ou d'un sol réchauffé artificiellement, toutes les fois qu'ils ont été soumis à la même température ambiante. Je crois donc que la température de la sève n'a pas exercé la moindre influence sur ces bourgeons. J'ajouterai que deux pieds de Myrte ayant été disposés, cet hiver, de telle sorte que le pot qui renfer- mait leurs racines se trouvât dans un coffre chaud, tandis que leur tête s'élevait dans l'atmosphère extérieure , ont paru souffrir autant du froid que si les matériaux essentiels de leur sève n'avaient pas été puisés dans un sol réchauffé. » 2° Les végétaux dans lesquels la sève est en mouvement se montrent d'ordinaire plus sensibles au froid que ceux dans lesquels ce liquide est a ( 758) peu près en repos. Il importait donc de voir comment mes quatre pieds de Vigne, pour chacun desquels une portion était entrée en pleine végétation des le commencement de janvier, se comporteraient sous l'action de fortes oelées. L'hiver de 1 864-1 865 a été très-favorable pour des observations de ce genre; on se rappelle en effet que, pendant les mois de janvier, février, mars et jusqu'aux premiers jours d'avril, la température s'est abaissée à plu- sieurs reprises, et chaque fois pendant plusieurs jours, à quelques degrés au-dessous de zéro, et qu'elle a même oscillé pendant assez longtemps entre — 8 et — 1 2 degrés centigrades, terme extrême que le thermomètre à miniraa ait atteint dans le jardin du Luxembourg. Ces froids rigoureux n'ont pas ar- rêté la végétation des parties de mes Vignes qui étaient renfermées dans la serre; le développement a continué d'avoir lieu pour celles où la sève venait d'un sol chauffé, après avoir forcément parcouru une assez grande longueur de sarment exposée à l'air froid, tout comme pour celles qui puisaient leur nourriture dans la pleine terre soumise à ces gelées persistantes. Toutefois, il s'est produit dans ces circonstances un fait assez remarquable pour devoir être rapporté : après des nuits très-froides, les jeunes pousses situées de telle sorte que la sève ne pût leur parvenir qu'à travers une portion de sar- ment exposée à la gelée, se sont montrées visiblement fanées dans la ma- tinée, comme si le froid avait agi mécaniquement sur les tissus qui servaient de canal à ce liquide, de manière à en rendre la perméabilité plus faible. Vers le milieu de la journée cet effet disparaissait en général, même lorsque la température de l'air restait inférieure à o degré; aucune pousse n'est morte pour cette cause. )) Cette fanaison par suite de gelées rigoureuses me semble tenir à un sunple ralentissement bien plutôt qu'à un arrêt de la sève; en effet, la transpiration devant être abondante pour ces pousses tendres dans une serre chaude et bien éclairée, il est permis de croire que leur dessèchement n'aurait pas tardé à survenir si elles n'avaient reçu sans cesse quelque peu de liquide réparateur; or, si elles avaient séché une fois, elles n'auraient pu reprendre ensuite leur turgescence, tandis que, dans tous les cas, elles se sont flétries raotnentanément pour retourner plus tard à leur premier état. » Quant aux bourgeons qui sont restés pendant plus de trois mois d'un hiver rigoureux exposés au froid, sans abri, sur des portions de Vignes gorgées de sève, il est facile de voir qu'ils n'ont pas plus souffert que le bois qui les porte, puisqu'ilsse montrent en ce moment déjà gonflés ou prés de s'ouvrir. )i Ainsi, mes quatre pieds de Vigne, bien qu'ils fussent en pleine sève, ont ( 759) supporté des froids rigoureux absolument comme ceux des Vignes ordi- naires qui se trouvaient en grand nombre non loin d'elles, dans le jardin du T.uxembourg. » 3° La cause première du réveil de la végétation, au premier printemps, n'est pas facile à reconnaître, surtout en raison de la diversité des actions qui semblent concourir à la production de cet effet unique. On peut se de- mander avant tout si c'est la racine qui, commençant d'absorber plus abon- danunent dans la terre échauffée par le soleil, détermine l'accroissement des bourgeons, ou bien si ce sont les bourgeons qui, excités par une tem- pérature plus douce, obligent la racine à puiser dans le sol les éléments de la sève dont ils ont besoin. a Dans mes expériences, il semble que, pour les deux pieds plantés en pleine terre et à l'air libre, les bourgeons ont pu seuls déterminer l'entrée en sève; il me paraît même assez difficile de comprendre comment les ra- cines ont pu absorber le liquide du sol froid qui les renfermait, si l'on n'admet qu'elles ont agi par endosmose, absolument comme aurait pu le faire un simple instrument de physique. » Je suis porté à croire que, dans la nature, il doit en être de même que dans mes expériences, c'est-à-dire que les bourgeons doivent ressentir l'in- fluence de la chaleur et par conséquent entrer en activité de meilleure heure que les racines pour lesquelles leur situation dans la profondeur du sol ne peut être qu'une cause de retard. » Je terminerai cette Note en faisant observer que l'examen fait aujour- d'hui même du corps ligneux des sarments A et B sur leurs différents points qui, ayant été placés les uns au dehors, les autres au dedans de la serre, por- taient, les premiers des bourgeons près de s'ouvrir, les derniers des pousses feuillées, ne m'a pas montré de différences appréciables dans l'état de la nouvelle couche ligneuse en voie déformation. » ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Nole sur les Conditions nécessaires et suffisantes pour distinguer le cas quand toutes les racines d'une e'cjuation du cinquième degré sont réelles; par M. Sylvester. « Dans une communication que j'ai eu l'honneur de faire précédem- ment à l'Académie, j'ai donné la définition de trois invariants appartenant à une forme binaire du cinquième degré, que j'ai nommés J, D, L, D étant le discriminant. ( 76o ) « Quant à J et L, il y a une autre méthode très-nette qui suffit pour les définir. » Si ou suppose la fonction donnée mise sous la forme {ax + bjY -h- [Cjc -h (ïj-y-h(ea: -hfj-)^, et si on écrit [ad-bcy = A, {cJ-de)' = B, {eb -Ja)' = C, on aura J = A^-t-B=' + C=-2AB-aAC - aBC, L= A^B=C^ Avec J et L on forme un nouvel invariant que j'ai nommé A, tel que A = 2"L— J^ )) Alors, quand D est positif, on sait que les conditions nécessaires et suffisantes pour que toutes les racines soient réelles, sont que J et A -t-|:jiJD soient tous les deux négatifs, fx étant ime quantité numérique choisie à vo- lonté, pourvu qu'elle ne sorte pas de l'intervalle compris entre les deux limites i et — 2. » On voit donc (chose jusqu'ici inouïe dans les recherches de cette nature) que l'un des trois crileria est variable entre des limites fixes. >) Mais on se forme une idée beaucoup trop restreinte de la nature de celte indétermination en sebornant aux invariants (tels que A) du douzième degré par rapport aux coefficients de la fonction donnée pour servir ainsi comme troisième critérium. » Au lieu de A 4- fJi.JD, on peut substituer luie fonction rationnelle et entière quelconque de J, K, L, K étant la quantité A'BC + AB-C + ABC^ 1 I homogène par rapport à J, K-*, L^, à savoir F (J, R,I.), pourvu que certaines conditions soient satisfaites que je vais donner. Écrivons J = 5^-46, K=: 0-4-26, L = eS alors F devient une fonction de ô, et les conditions nécessaires et suffisantes pour que F (pris avec le signe convenable) soit un bon troisième critérium (comme rem|)laçant de A) sont les suivantes, qu'en écartant toutes les racines de F, qui se répètent un nombre pair de fois, une des restantes est égale à — I\, mais nulle autre ne sort des limites o et 12. » Ainsi, par exemple, on peut se servir (comme critérium) d'un inva- ( 76i ) riant du seizième degré par rapport aux coefficients, dans lequel il entrera deux paramètres variables^ et on tombe sur une question très-intéressante d'Algèbre pour trouver les conditions auxquelles ces deux paramètres doivent être assujettis pour que l'invariant soit bon comme critérium, problème qui se résout par des considérations géométricpies et sur lequel je prendrai quelque autre occasion de revenir. Comme exemple de la manière de mettre à l'épreuve un critérium quelconque donné, je prendrai la fonction trouvée par M. Hermite par une méthode particulière à lui qu'il a eu la grande- bonté de me communiquer. » Cette fonction, exprimée dans ma notation, est 1 8 L- - JKL - K^ ; en faisant les substitutions dont j'ai parlé, cette quantité devient - 25='(5^ + 25-- 75 + 4)= - 2(6 +4)(9 - i)-6\ où on voit qu'il existe une racine — 4 ^t que les autres racines d'une mul- tiplicité impaire, c'est-à-dire celles qui appartiennent au facteur 6 ', ne sortent pas des limites o, 12. D De même, on peut démontrer plus généralement que (2L^-K^) + ,a(i6L--JRL) sera bon comme critérium, pourvu que p. > » Par exemple, en mettant ju. ^i, on retombe sur le critérium de M. Hermite : en mettant p. := o, on trouve comme critérium 2C- — K', et en mettant p. =co , on trouve i6L- — JRL, équivalant au seul facteur 16 L — JK, qui à son tour peut s'exprimer sous la forme ^^^=^(carD = J=-i28K.); 1 20 ^ on reconnaît immédiatement que i étant compris, comme cas extrême, entre les limites i el — 2, A + JD et conséquemment 16L — JK doit être bon comme critérium. » On comprend aisément que la forme (aL^ — R') + p.(i6L- — JRIj), avec p > » n'est qu'une solution particulière du problème de trouver le critérium le plus général du degré 24 dans les coefficients, lequel contiendra 5 paramètres variables, c'est-à-dire 2 moins que le nombre des composi- tions du nombre 6 qu'on peut effectuer avec les éléments i, 2, 3. » C. R., i8fi5, i" Semcsire. (T. LX, N» IG) 99 ( 760 NOMINATIONS. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un Cor- respondant dans la Section de Botanique, en remplacement de M. Trevi- iYi/ius, décédé. Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 48, M. Hofmeister obtient 32 suffrages. M. Hooker (Joseph Dalton). . 9 » M. Parlatore 3 » M. Hofmeister, ayant obtenu la majorité absolue des suffrages, est dé- claré élu. RAPPORTS. GÉOMÉTRIE. — Rapport sur un Mémoire de M. E. Coli.igxo\ intitulé: Recherches sur la représentation plane de la surface terrestre. (Commissaires, MM. Babinet, Bertrand rapporteur.) « La représentation exacte, sur un plan, d'une portion de surface sphé- rique a été depuis longtemps reconnue iuijiossible. La sphère n'est pas une surface développable, et nul système ne permet de transformer les lignes sphériques en figures planes avec conservation exacte des longueiu's des angles et des superficies. La conservation des longueurs entraînerait les deux autres, mais il est aisé de voir qu'elle implique contradiction. » Si les longueurs, en effet, restaient invariables, un triangle infiniment petit tracé sur la sphère ayant les mêmes côtés que celui qui le représente sur la carte aurait aussi mêmes angles et même surface, et comme un angle, quel qu'il soit, peut être considéré comme appartenant à un triangle infi- niment petit, et qu'une surface quelconque, grande ou petite, est évidem- ment décomposable en triangles infiniment petits, l'invariabilité des triangles entraîne celle de tous les angles et de toutes les surfaces, llw telle propriété, si elle était obtenue, exigerait évidemment que la ligne la plus courte tracée entre deux points de la si)hère, c'est-à-dire l'arc de grand cercle, fût représentée par la ligne la plus courte entre les points corres- pondants de la carte, c'est-à-dire par une ligne droite. Un triangle sphérique deviendrait donc sur la carte un triangle recliligne, et les angles qui ne doivent pas changer auraient pour somme deux angles droits, ce qui est. comme on sait, impossible. ( 763 ) » Il faut donc se résoudre, eu construisant une carte de géographie, à l'altération des longueurs, et par conséquent à une déformation plus ou moins profonde des contours que l'on représente; il ne peut pas exister de système parfait, et le nieilleur est celui qui présente le moins d'incon- vénients. » Il n'y a pas malhenreusement de critérium absolu pour juger la valeur relative de deux systèmes, et la préférence doit être attribuée, suivant les cas, à des propriétés très-diverses. » On peut, d'une infinité de manières, conserver les angles et faire en sorte qu'une portion infiniment petite de la sphère soit semblable à sa représen- tation plane, mais alors le rapport de similitude varie d'un pointa l'autre. Dans le plus célèbre et le plus usité des systèmes qui remplissent cette im- portante condition, il varie de i à 2, en sorte qu'un pays de même surface qu'un autre peut occuper sur la carte une étendue superficielle quatre fois pins grande. » D'antres systèmes, en nombre également infini, transforment une sur- face sphérique quelconque en une surface plane équivalente; mais les angles alors sont altérés, et les variations linéaires autour d'un même point sont inégales dans les diverses directions. C'est à cette classe de transformations qu'appartient le système étudié et adopté par l'un de nous sons le nom de projection liomalocjrapliique. » Dans d'autres modes de projection, on s'applique enfin à concilier, dans une certaine mesure seulement, les exigences de configuration ou de superficie qui ne peuvent être simultanément satisfaites, et l'indétermination devenant |)lns grande encore donne lieu à des comijinaisons arbitraires dont chacun peut, suivant les cas, présenter des avantages qui en recommandent l'adoption. » Ce n'est pas le lieu de faire ici l'historique de ces tentatives très-nom- breuses et des étufles importantes auxquelles elles ont conduit les géomètres. Les plus illustres n'ont pas dédaigné de s'y exercer : Euler, Lagrange et Ganss y ont consacré de beaux Mémoires, et récemment encore Al. Tche- bychef insérait dans les Mémoires de Saint-Péltrsbourg un travail de grande importance et de grand intérêt, sur la recherche du meilleur système à adopter pour un pays de configuration donnée. )> Les divers systèmes de projection ont d'ailleurs été classés et passés en revue, tout récemment, avec beaucoup d'érudition et de sens pratique par le savant M. Davezac, dans une Notice lue, le 19 décembre 1862, devant la 99- ( 764 ) Société de Géogi-apliic de Paris. Nous ne rcvieiulrons pas sur ce Iravail qui n'est pas à refaire. » M. Edouard Collignon, ingénieur des Ponts et Chaussées, était attaché il y a quelques années à la construction des chemins de fer russes. A l'oc- casion du tracé de cartes géographiques demandées par la Compagnie pour l'ornement des salles d'attente, il a été conduit à examiner le système dont l'étude approfondie fait le sujet du Mémoire qu'il a présenté à l'Académie. » Le système étudié par M. Collignon n'est pas nouveau : Lambert en fait mention dans ses Etudes (jénérales sur les caries, et un savant italien, nommé Lorgna, l'a recommandé et étudié à son tour dans un ouvrage pu- blié en i8o5. Ces recherches antérieures, ignorées par M. Collignon, ne devaient pas l'empêcher de conserver son travail qui présente encore un intérêt réel, et dans lequel, après avoir étudié avec beaucoup d'élégance et de rigueur les procédés de la construction et les propriétés du système, il en montre nettement les avantages, qui, dans un grand nombre de cas, semblent devoir le faire préférer à tout autre. 0 Dans le système de Lambert, adopté par M. Collignon, les cercles parallèles, ayant pour pôle commun un point arbitrairement choisi de la sphère, sont représentés par des cercles concentriques ayant chacun pour rayon la dislance rectiligne du parallèle correspondant au pôle. Les grands cercles, qui coupent les parallèles à angle droit, sont représentés par des lignes droites issues de leur centre commun et formant les mêmes angles qu'eux. » Ce système a, comme celui des projections homalographiques, la pro- priété de conserver les surfaces. )i M. Collignon étudie avec beaucoup de soin les déformations que su- bissent les angles et les altérations des longueurs, les directions pour les- quelles elles sont nulles, et qui, comme cela doit arriver nécessairement dans tout système qui conserve les surfaces, existent autour de chaque point. Des tables construites pour les diverses régions de la carte, ou des constructions simples qui peuvent dispenser d'y avoir recours, permettent d'évaluer, dans chaque direction et pour une région quelconque, la valeur de cette altération, et d'appliquer, même à une mappemonde, une échelle qui, convenablement modifiée, permette de mesurer assez exactement les distances vraies. » La manière dont M. Collignon fait apprécier la supériorité de .son tracé sur ceux qiji ont été proposés jusqu'ici est fort ingénieuse et semble déci- sive. Il évalue le rapport d'une longueur infiniment petite tracée sur la ( 765 ) carte à celle de la ligne corrcspoiulaiite sur la sphère de même surface. O rapport a en chaque pohit un uiaxiinum h' et un minimum //' qui corres- pondent à deux directions rectangulaires, et dont le produit est égal à l'unité. M. Collignon trouve une expression simple de la somme ir- + h"-. Si cette somme était égale à i, on aurait h'=\, h" = j , et le système serait parfait. Cette condition est, comme nous l'avons dit. impossible à espérer; mais dans le système adopté par M. Collignon cette somme varie, pour une mappemonde de 2 à 2,5 seulement; pour le sys- tème homalographique, la même somme s'élève pour certains points à 4,1 i , et dans le voisinage du pôle elle devient infinie. )) En résumé, le Mémoire de M. Collignon contient l'étude approfondie et élégamment faite d'un problème, facile il est vrai, mais important par les conclusions pratiques auxquelles l'auteur est conduit : le savant ingénieur a donc rendu à la théorie des cartes un service dont les géographes appré- cieront, sans doute, de plus en plus l'importance. Nous proposons à l'Aca- démie de le remercier de sa communication et de décider l'insertion de son Mémoire dans le Recueil des Savants étrangers. » Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. MÉMOIRES LUS. EMBRYOGÉNIE. — Reproduction , dans la Ménagerie des Reptiles au Muséum d' Histoire naturelle, des Axolotls, Batraciens urodèles à branchies persistantes . de Mexico (Siredon Mexicanus, vel Humboldtii), qui n avaient encore jamais été vus vivatits en Europe; par M. Aug. Dcméril. « Les zoologistes distinguent quatre espèces d'Axolotls du Mexique ou des contrées voisines; celle que nous possédons vivante est l'espèce dont Cuvier a fait connaître la structure dans ses Recherches sur les Reptiles dou- teux. Les six individus (cinq mâles et une femelle) qui ont fourni l'occa- sion de faire les observations consignées dans le travail que cette Note résume très-brièvement ont été donnés au Muséum par le Jardin zoologique d'Acclimatation du bois de Boulogne. » On sait quelles ont été les incertitudes relativement à la véritable nature de ces Batraciens. Or, ce sont des faits à l'appui des indications ( 76(3) déjà recueillies sur le rang à leur assigner non comme larves ou têtards, mais comme animaux pai faits, que j'ai l'honneur de soumettre à l'examen de l'Académie. Il ne s'agit plus ici de suppositions tirées seulement de l'étude anatomique des organes génitaux, puisque la reproduction s'est accomplie dans les bassins de la Ménagerie. » Le i8 janvier i865 (les animaux supportant très-bien la captivité de|)uis un an déjà), une grande agitation a lieu dans l'aquarium occupé |)ar les Axolotls seuls; les mâles offrant, comme la femelle, un gonflement considérable des lèvres du cloaque, poursuivent cette dernière qui cherche à les éviter, et ils abandonnent dans l'eau des mucosités assez abondantes, au milieu desquelles se trouvent de très-petits grumeaux d'une matière blanche; celle-ci soumise à l'examen microscopique se montre composée d'inuondjrables et minces filaments, dont les mouvements ne laissent aucun doute sur leur véritable nature : ce sont des spermatozoïdes. » Le 19 au malin, la femelle commence à pondre, et toutes les précau- tions qu'elle prend pour déposer, par petites masses isolées de vingt à trente environ, ses œufs sur les corps solides qu'elle rencontre, afin qu'ils puis- sent s'y fixer à l'aide du mucus qui les entoure, rappellent les manœuvres auxquelles se livrent, dans le même but, les femelles des Tritons. La ponte est terminée dans la journée du 20. » Le 6 mars, la même agitation se reproduit dans l'aquarium, et tout ce qui avait été vu six semaines auparavant peut être observé de nouveau. « Les pontes, la première surtout, furent très-abondantes, et chaque fois, au bout de deux ou trois jours, on enleva les plantes qui les avaient reçues pour les déposer, à l'abri de la voracité des parents, dans des bassins séparés. » L'œuf, comme celui de tous les Batraciens observés jusqu'à ce jour, consiste d'abord en une sphère vitelline noire, placée au centre de la sphère que forme la membrane vitelline, remarquable par sa transparence cristal- line et qui est logée elle-même au milieu de l'enveloppe albumineuse consti- tuant une sphère extérieure plus considérable. » Les dessins que je place sous les yeux de l'Académie témoignent de l'extrême analogie du développement de l'Axolotl et de celui des autres Batraciens. J'ai fait en sorte de suivre le plus exactement possible les chan- gements qui surviennent, mais sans avoir pu réussir pour tous, et j'en ai noté les principaux résultats A partir de la segmentation du vitellus et de l'apparition de la bandelette médiane primitive, ainsi que des bourrelets latéraux que forment les laines dorsales primitives, j'ai décrit les principaux ( 767 ) phénomènes qui se succèdent dans la formation du nouvel être jusqu'à l'époque où il peut vivre d'une vie indépendante. » Tous les œufs, à quelques exceptions près, avaient été fécondés, et les premières éclosions ont eu lieu vingt-huit à trente jours après la ponte: en deux ou trois journées, elles ont été achevées. Elles se sont pro- duites sous l'influence des mouvemenls de l'embryon plus violents et plus fréquemment répétés que dans les jours précédents. Au moment où il se dégage de ses enveloppes, sa longueur est deo",oi4 à o", 016, et levilellus, immédiatement après la ponte, représentait une petite sphère de o'",oo2 seu- lement de diamètre. » Les branchies, qui, à l'origine de leur apparition, lorsqu'elles avaient commencé à se former aux dépens des deux petits bourrelets branchiaux situés derrière la tête, ne consistaient qu'en trois appendices cylindriques très-courts, ont maintenant un certain nombre de ramifications, mais elles sont bien loin d'offrir l'extrême multiplicité caractéristique de l'état adulte. » On peut considérer comme constituant la première période le temps du séjour de l'œuf et de l'embryon qui en provient, au milieu des mem- branes protectrices. 1) Quant à la deuxième période du développement, qui, débutant à partir de l'instant de l'éclosion, doit avoir pour limite l'apparition des membres postérieurs, j'en ignore la durée, car sur les individus nés le 19 février et les jours suivants, et par conséquent âgés maintenant de deux mois environ, aucune trace de ces membres ne s'est encore montrée, et les antérieurs, qui ont commencé à faire saillie derrière les ap|)endices branchiaux avant la rupture des enveloppes, n'ont presque pas augmenté de longueui'. » Quelques jours ajjrès le commencement de la vie à l'état de liberté, un progrès important s'est accompli: la fente buccale dont on voyait l'in- dication, mais qui n'existait pas encore, s^ouvre, et l'animal recherche, avec avidité, les animalcules flottants dans l'eau. A cette modification vient s'en joindre une autre qui en est la conséquence naturelle: l'intestin, imparfai- tement reconnaissable d'abord durant le séjour de l'embryon dans les enveloppes, s'est, peu à peu, dessiné d'une façon plus nette, et, quelques jours après l'éclosion, il est devenu bien apparent. » Je continue les observations que permet le développement très-lent aujourd'hui de ces animaux, et j'aurai l'honneur d'en exposer plus tard les résultats à l'Académie. » ( 768) MEMOIRES PRÉSENTES. A^ATO.MIE COMPAKÉE. — Recherches st(r la structure de l'encéphale des Poissons et sur la signification homologique de ses différentes parties (travail pré- sent»' au concours de i865 pour le grand prix des Sciences physiques); jjar M. Uoi-LARD. (^Extrait par l'auteur.) (Renvoyé à la Commission du grand prix des Sciences physiques.) « L'encéphale des Poissons représente un type cérébral inférieur non- seidement au point de vue de son développement général, mais encore par l'absence de plusieurs des organes qui appartiennent aux Mammifères et à l'homme. Mais ce type n'est pas seulement inférieur, il est spécial et d'ail- leurs susceptible de nombreuses modifications. » Les particularités qu'il présente ont donné lieu à des interprétations très-diverses pour lesquelles on s'en est trop souvent rapporté à des ana- logies de forme plus ou moins trompeuses; aussi ces interprétations man- quaient-elles généralement du caractère essentiel du fait scientifique, la possibilité d'être démontré. Sauf quelques déterminations qui s'imposent d'elles-mêmes à première vue, la plupart des autres sont encore à l'état de simples hypothèses, ou seulement vraisemblables, ou tout à fait erronées. Pour arriver à des résultats que la science accepte, il faut : i" commencer par rapporter les diverses parties de l'encéphale des Poissons aux divisions que l'embryogénie nous donne pour ce cerveau comme pour celui des autres Vertébrés, et 2" constater avec précision, pour chacune de ces divi- sions, les organes qui les composent et distinguer parmi ces organes ceux qui sont fondamentaux et ceux qui appartiennent au développement des types supérieurs. )) En procédant ainsi, en parcourant la série des trois régions encépha- liques qui répondent à la succession des trois vésicules cérébrales primitives des animaux vertébrés, l'épencéphalique, la mésocéphalique et la prosen- céphalique, et après avoir constaté que l'épencéphale se divise en deux sous-régions, celle de l'arrière-cerveau ou calamus, et celle du cerveau postérieur ou cervelet; que le prosencéphale se divise aussi et doniie en avant un cerveau antérieur et un cerveau intermédiaire, il ne m'a pas été difficile de retrouver d'abord d'une manière générale, puis en détail, les or- ganes cérébraux qui, chez les Poissons, se développent dans chacune de ces régions. ( 769 ) )) Pour l'arrière-cerveaii, ou région du calamus, nous avons ici deux paires de petites masses grises superposées aux racines des cinquièuic, hui- tième et neuvième paires de nei-fs encéphaliques ; ces petits lobules, appelés par les anatomistes lobes postérieurs et lobes vagues, correspondent, avec un développement propre aux Poissons, aux trauiées de matière grise qui bordent le qualrièaie ventricule des Vertébrés su|)érieurs, et plus spéciale- ment les pyramides postérieures, en formant ce qu'on nomme les valvules de Tarin. » Pour le cerveau postérieur, développé à l'ordinaire en un gros lobe impair, porté par deux pédoncules latéraux, envoyant en avant vers le mésocéphale une paire de cordons de ralliement, deux processus, c'est un cervelet bien caractérisé, et qui contrastant avec celui des Batraciens et des Reptiles, rappelant plus ou moins celui des Oiseaux, est tm des traits du type cérébral des Poissons. » Le mésocépliale se cache ici sous la partie postérieure du prosencéphale, sous le cerveau intermédiaire. Il se compose de masses tuberculiformes assises sur un plancher qui couvre un véritable aqueduc de Sylvius; c'est ici qu'aboutissent les cordons de ralliement du cervelet, \ra'\s processus nci testes, quoi qu'on en ait dit; en un mot, nous reconnaissons facilement dans les masses grises et creuses qui couvrent cette petite région ventriculaire les tubercules qéminés. )) Les plus grandes difficultés de détermination nous sont offertes par le prosencéphale et d'abord par sa sous-région postérieure ou cerveau inter- médiaire. Cette région, plus complexe que les autres chez tous les Vertébrés, offre des dispositions spéciales chez les Poissons, et, pour la déchiffrer, nous avons besoin de nous rappeler la constitution du cerveau intermédiaire des Vertébrés supérieurs. C'est à la fois la région pédonculaire, la région du troisième ventricule ou ventricule moyen ; c'est la région du noyau cérébral, ou tout au moins de la portion fondamentale de ce noyau, laquelle se com- pose des faisceaux pédoticulaires, des couches optiques et des corps striés. » Chez les Poissons nous retrouvons très-bien cette région pédoncidaire, composée inférieurement de deux larges faisceaux pyramidaux, supérieure- ment de la suite des autres faisceaux de la moelle. Deux paires de lobes s'v rattachent : l'une supérieure, l'autre inférieure. La supérieure se compose d'un noyau semi-circulaire d'où partent deux couches superposées, dont les fibres se croisent, et qui donnent aux lobes en question un grand déve- loppement superficiel. Nous avons vu qu'ils couvrent les tubercules; d'un C. R., if Ifi.) 1 OO ( 770 ) autre côlé ils aboutissent aux nerfs optiques dont la couche externe est la racine principale, hnpossible de donner à ces lobes, dont la cavité n'est autre qu'un déNcloppenient du ventricule moyen, un autre nom que celui de couches optiques. » Les lobes injéricurs sont plus problématiques, et toutefois, grâce à la découverte que j'ai faite de leurs véritables connexions eu grande partie mé- connues jusqu'ici, je pense que nous sommes en mesure de les déterminer. On savait que les cordons pyramidaux inférieurs, cet élément important des pédoncules cérébraux, se partagent entre les lobes précédents et ceux-ci. Mais ce qu'on ignorait, c'est que les autres faisceaux médullaires viennent,, après avoir traversé les couches optiques, rejoindre les lobes inférieurs et y pénétrent aussi, au lieu de se porter, comme on le croyait, directement au cerveau antérieur ou hémisphérique. D'un autre côté, chose que j'ai consta- tée aussi pour la première fois, c'est des lobes inférieurs que part le faisceau médullaire qui va s'épanouir dans les lobes antérieurs du cerveau des Poissons; en sorte que la vraie position sérialc des lobes inférieurs est de faire suite aux couches opticpies et de précéder les hémisphères. Cette posi- tion appartient chez les animaux supérieurs aux corps striés, et je pense, jusqu'à meilleure information, que les lobes inférieurs des Poissons sont leurs corps striés, les lobes supérieurs creux des couches optiques, et les an- térieurs des hémisphères réduits à la région du quadrilatère et à celle de Vitisula. » ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Commentaire sur le Mémoire de Galois; par M. C. Jordan. (Commissaires déjà nommés pour une précédente communication de l'auteur.) « Soit F(a') = o une équation de degré m, dont les racines, toutes iné- gales, sont .r,,..., x,n : on peut se proposer de chercher quelles sont, parmi les fonctions de ses racines, celles qui sont susceptibles d'être exprimées rationnellement en fonction des coefficients et de certaines quantités arbi- traires, données à priori, que nous dirons adjointes à féquation. » On obtient à cet égard les théorèmes suivants. » Lcniine. — Ou peut déterminer une fonction V des racines telle que les I, 2,..., m, expressions que l'on obtient en y permutant les racines de toutes les manières possibles, aient toutes des valeurs numériques essentielle- ment distinctes. Cela posé, V, étant une valeur quelconque de V, on pourra exprimer chacune des racines x,,..., x,n en fonction rationnelle de V,. (77!) » Corollaire. — Soit G un groupe de substiUilions quelconque entre les racines : on peut former une fonction W de ces racines, dont la valeur numérique soit invariable par les substitutions de G, et varie par toute autie substitution. » Théorème I. — Il existera toujours entreles racines .r,,..., x,,, un groupe de substitutions tel : » i" Que toute fonction des racines dont les substitutions de ce groupe n'altèrent pas la valeur numérique puisse s'exprimer rationnellement en fonction des coefficients de F(a^) et des quantités adjointes; » 2° Et réciproquement, que toute fonction des racines, exprimable rationnellement au moyen des coefficients de F(.r) et des quantités adjointes, n'ait sa valeur numérique altérée par aucune des substitutions de ce grou & pe. » Ce groupe G peut être appelé le groupe de l'équation relatif aux quan- tités adjointes données. L'adjonction de quantités nouvelles à l'équation, pouvant rendre rationnellement exprimables des quantités qui ne l'étaient pas primitivement, pourra réduire le groupe de l'équation à un nouveau groupe H, ne contenant qu'une partie des substitutions de G. j. Théorème II. — Soit ip, une fonction quelconque de jt,,..., x,„ : >) 1° Celles des substitutions de G qui n'altèrent pas cp, forment un groupe H; 2° l'adjonction de la quantité tp, réduira le groupe de l'équa- tion à H. )) Corollaire. — Deux fonctions invariables par les mêmes substitutions de G s'expriment rationnellement l'une par l'autre. » Théorème III. — Si le groupe G de l'équation F(jf) = o relatif à des quantités adjointes quelconques peut être abaissé par l'adjonction d'une nouvelle quantité r, racine d'une équation algébrique, soit H le groupe réduit, i,a, a,,..., ses substitutions; les substitutions de G sont toutes com- prises dans le tableau : I, n, a,... h. ab, a,b, c. ac. a,c, b,c,..., étant des substitutions convenablement choisies. u Soit V le nombre des lignes horizontales de ce tableau : le degré de l'équation irréductible (|<(z) = o dont dépend /■ sera nécessairement un nuilliple de v : soit |u,v ce degré. Parmi les [xv racines de cette équation, il en existera fi dont l'adjonction à la proposée réduit son groupe au suivant 100.. ( 772 ) I ,fl,rt,,...,|x,dontra et, d'après Wertheim, égale i; s est l'épaisseur; E le coefficient d'élasticité; p la densité. » Les conditions relatives aux limites sont, quand les bords sont appuyés, l'origine des coordonnées étant à un des sommets de la plaque : ,' quel que soit .t, pour } _ .' quel que soit^, (3) ^9 + (' + ^^)£ = °' ^ = - X On satisHiil à ces trois équations en posant (4) z = C„^^^^siT\matsinaxsin^r, avec ( 775 ) 2 1 + 29 Es' 2 , o, kTz , k OT = a'' + |3-, a= —t j3 '^ "~ 3 I + 9 p ' ' '' ^ " / ' •" /' L'intégrale générale serait z = 2C sin mfl« sin ax sin /Sj-. Le nombre de vibrations correspondant à la forme de la plaqne représentée par l'équation (4) sera :5) N = - ÛTT /X= h'' f t 1 k et A' étant des nombres entiers variant de 1 à l'infini. » On aura les lignes nodales parallèles aux côtés en posant sinaa: = o, sin/37- = o, d'où ml m'I m et 772' variant de o à A et h! . » Les lignes nodales des plaques rectangulaires dont les bords sont appuyés sont donc des parallèles aux côtés de la plaque, perpendiculaires l l' entre elles et équidistantes; leur distance est égale à ^ et ^; si on désigne parc et c' les côtés d'un des rectangles dans lesquels se divise la plaque, le nombre de vibrations devient , „, T-^ V 11 \ -t-9.9 £'E /l I Si / =: /', la plaque devient carrée, et alors, en appliquant le principe de la combinaison des mouvements vibratoires à l'unisson, dont j'ai démontré l'existence à l'aide des vibrations des verges, la forme de la plaque est re- présentée par (7) z = (Csinaxsin/3r -I- C, sinajsin jSjr)sin/72<, formule qui s'applique aux vibrations des membranes, et que M. Radau avait déjà indiquée comme devant s'appliquer aussi aux plaques. » L'équation (7) donne pour les lignes nodales (8) Csinax sin/3 y + C,sinaK sinpx = o, ( 776 ) qui peut représenter une infinité de courbes, mais qui toutes passent par les points d'intersection des ligues uodales primitives de Chladni, supposées menées dans les deux sens. Cette manière de produire les courbes nodales sinueuses par la superposition de mouvements vibratoires rectangulaires avait déjà été indiquée en i833 par Wheatstone, mais sans démonstration; M. Rœnig avait, l'année dernière, démontré la réalité de cette bypothése par quelques expériences ingénieuses faites avec des plaques rectangu- laires. « Pour appliquer ces résultats aux plaques dont les bords sont libres, il faut remarquer que les vibrations de ces dernières peuvent être divisées en trois classes, comme l'avait indiqué Sopbie Germain dans un Mémoire resté inédit. )) 1° S'il n'y a que des nœuds parallèles à un côté, ou les courbes résul- tantes^ ce que Chladni a représenté par les signes 2|o, 3|o, 4|o,..., les nombres de vibrations sont comme les carrés des nombres impairs; la plaque vibre alors comme une verge. » 2° S'il y a un nœud dans un sens, et un nombre quelconque dans l'autre, ce que Chladni représente par les signes i|i, i|2, i|3, i|4,..., les vibrations deviernient analogues aux vibrations tournantes des verges, et sont sensiblement connue les nombres i, 2, 3, 4> 5,..., si la plaque a une dimension beaucoup plus grande que l'autre; dans une plaque carrée il n'en est plus ainsi; ce cas se ramène néanmoins assez simplement an sui- vant. » 3° S'il y a au moins deux lignes nodales parallèles aux côtés dans chaque sens, le milieu de la plaque limitée par des lignes nodales peut être assimilé à une plaque appuyée, dont les contours seraient ces lignes même. Donc le nombre des vibrations sera donné par la formule N = -\/- — 2 y 3 I ■ 29 F, /_i_ c et c' étant les distances des lignes nodales primitives de Chaidni cl Wheatstone mesurées vers le milieu de la plaque. Il est facile de connaître les valeurs de c et c' en cherchant les points fixes par lesquels passent constannnent les lignes nodales sinueuses, connue l'avait fait déjà dans (]U('lques cas Strclke. )i 11 resterait donc à comparer à la théorie les sons observés, afin de voir si les résultats sont conformes à l'hypothèse de Poisson ou à celle de Wer- iheiui, ou à ni l'une ni l'autre, en opérant avec des plaques de natures très- ( 777 ) différentes; c'est ce dont je m'occupe en ce moment; je ferai connaître prochainement à l'Académie les résultats auxquels je serai parvenu. » ÉLECTRO-CHIMIE. — Elude éleclro-clumiqite sur les corps simples réels, pondé- rables et impondérables, distingués en deux genres par leurs affinités propres ; par^l. Em. Martin. (Première partie.) (Commissaires, MM. Pelouze, Fremy, Balard.) « Les matériaux qui constituent l'univers sont appréciés, de nos jours, sous des aspects divers; les physiciens, les géomètres et les astronomes con- viennent en général de les considérer comme inertes et soumis à des forces indépendantes qui en règlent les rapports. Mais les chimistes, qui ont pour mission d'étudier la matière dans sa nature intime, lui trouvent des qualités très-variées qui décèlent ses propriétés actives. Ils sont arrivés en outre à isoler par l'analyse des corps indécomposables qu'ils ont nommés corps sunples, en restreignant toutefois leurs investigations aux corps pondérables, qui seuls leur parurent susceptibles d'exercer l'action chimique. » Quant aux corps impondérables, tels que les deux électricités, le calo- rique et la lumière, bien qu'ils soient perçus par nos sens extérieurs, ce qui annonce la matérialité, ils les léguèrent aux physiciens, comme appartenant aux puissances ou forces immatérielles. Ceux-ci, reconnaissant que les deux électricités produisent ou provoquent des actions chimiques diverses, insti- tuèrent la science dite électro-chimique. » Ils n'admirent cependant l'action chimique des éléments de la pile que comme une cause de perturbation, mettant en jeu la force électro-motrice imaginée par Volta pour expliquer la théorie du contact ; et dans les actions chimiques de décomposition opérées par les deux courants de la pile, ils ne virent, d'après les mêmes idées, qu'une force d'entraînement et de dissocia- tion opérée par le simple passage de l'électricité. » Cette science électro-chimique n'est pas la nôtre; nous sommes arrivés par des études expérimentales à établir, sur des principes tout à fait diffé- rents, une science de même nom qui constate : i*' que les deux électricités ne sont pas des forces, mais des corps simples matériels, doués de propriétés chimiques en vertu desquelles ils forment des combinaisons avec les corps simples pondérables; 2" que les deux fluides électriques de la pile ne sont pas engendrés par ime action physique, mais par l'action chimique des corps pondérables qui les tenaient en combinaison et qui en s'unissant entre eux C. R., iSfiS, i" Semestre IT. I X, N» iG.) ' O ' ( 778 ) les meltenl en liberté; 3° que ces mêmes éleclricités, recueillies par les con- ducteurs et transmises dans le voltamètre à l'état de courants, prennent une participation directe aux actions qu'elles produisent, en se combinant chimiquement aux éléments qu'elles désunissent. » La nouvelle électro-chimie, que nous offrons aux chimistes comme un comi^Iément nécessaire de la science qu'ils cultivent, ne s'appuie donc pas, connue celle des physiciens, sur des tiotd)les ou sur des entraînements, qui sont (les explications vagues et banales, mais sur des principes établis par Icxpérience; elle procède par l'étude des corps simples réels et fait connaître de quels éléments pondérables el impondérables sont formés les composés mixtes qui prennent part aux réactions, ainsi que ceux cpii en résultent. » Les corps simples impondérables sont, pour les électro-chimistes, les deux électricités, dont les affinités chimiques puissantes et différentes leur ont été révélées en les suivant dans leurs combinaisons entre elles et avec les corps simples pondérables, qni ont lieu avec saturation, proportion dé- finie, changement d'états et de propriétés. » La décomposition de l'eau par les deux conranls de la pile, que tout le monde pratique depuis soixante-cinq ans, va nous servir pour nue prcniici'e application île nos principes. » Les deux courants d'une pile, formée de j)hisieurs éléments, arrivent sur des électrodes séparés dans le voltamètre, et la décomposition de leau se manifeste aussitôt par l'apjiarition du gaz hydrogène au pôle négatif el du gaz oxygène au pôle positif : c'est-à-dire, pour nous, que les deux corps simples impondérables, agissant en même temps, par leurs affinités diffé- rentes, sur les éléments de l'eau dont les affinités diffèrent également, les ont attirés vers les pôles où les combinaisons se sont opérées entre l'oxygène et l'électricité positive d'inie part, et de l'autre entre l'hydrogène et l'élec- tricité négative. Les deux éléments de l'eau, en effet, ont dû se séparer en molécules liquides, et voyager dans cet état invisible dans la ligne des élec- trodes et en sens différent, car c'est au pôle même et au contact (\u fil qu'on voit de chaque côté se former les gaz, qui alors s'en séparent avec indiffé- rence, parce qu'ils ont atteint la neutralité. » La supposition d'im seul courant partant du i)ôl(' positif de la pile, traversant le liquide en le décomposant au passage et revenant an pôle néga- tif, est, suivant nous, erronée: le circuit n'est pas fermé^ il y a deux courants, et les électricités qni les constituent sont consommées chimiquement sur les électrodes du voltamètre. La pile n'a pas besoin, pour fonctionner, d'un circuit fermé; il suffit que les électricités différentes, produites à chaque ( 779 ) pôle, soient emportées et perdues, comme dans les stations télégraphiques, ou consommées comme dans les décompositions opérées dans le voltamètre. » La réunion des deux courants dans le voltamètre, lorsqu'elle a lieu par un fil en hélice reliant les électrodes, fait cesser la décomposition de l'eau et produit du calorique assez abondamment pour mettre l'eau en ébullition, tandis que la température reste stationnaire dans la décompo- sition des corps fixes comme dans celle des corps volatils; ce qui indique, d'ime part, que l'union chimique des deux électricités donne le calorique pour produit, et, de l'autre, que ces mêmes électricités ne décomposent qu'en s'unissant elles-mêmes séparément. » En étudiant la pile à gaz, nous trouverons d'ailleurs que les électricités absorbées dans la décomposition de l'eau se retrouvent exactement par l'analyse des deux gaz, qui les rendent alors à l'état de courants séparés, tandis que l'oxygène et l'hydrogène, corps simples, s'unissent pour former de l'eau. » Pour faire entrer les deux électricités dans les formules électro-chi- miques et les distinguer, nous avons dû les nommer, et nous l'avons fait en appelant éleclrile l'électricité négative avec le symbole El, et élliérile l'élec- tricité positive avec Et pour symbole. Il s'ensuit que la formule du gaz hydrogène devient H El, et celle du gaz oxygène OEt. Quant aux produits de l'union des électricités entre elles, qui sont le calorique et la lumière, nous les désignons par C* et par L*. » Considérés en atomes, l'équivalence qui peut être établie sur l'union du gaz hydrogène au gaz oxygène, donnant de l'eau et produisant les deux courants, doit être alors formulée ainsi : H El -f- O Et = IIO + El H- Et. .Si, d'adleurs, les deux courants sont réunis sur un fil en hélice, nous savons que l'union de El avec Et produira un équivalent de calorique = C*. Enfin, la combustion vive d'im atome de gaz hydrogène par un atome de gaz oxygène nous fournit aussi le même atome de calorique C* et le même atome d'eau HO. » Nous sommes ainsi en possession de principes essentiels à l'électro- chimie, savoir : que les deux électricités possèdent des affinités propres et invariables, qu'elles s'unissent entre elles pour former les deuic composés impondérables, calorique et hunière, et aux corps simples pondérables également doués d'affinités propres des deux genres, en formant les com- posés mixtes comburants ou combustibles. lOI .. ( 780 ) » Ces principes, nous allons les appliquer à la déterminalion des autres corps simples et de leurs propriétés chimitjues essentielles, en présentant les composés neutres divers à l'action des deux courants de la pile dans le vol- tamètre; car il est évident que l'éthérile ou électricité positive, qui se com- bine à l'oxygène et le neutralise dans le gaz oxygène, possède l'affinité basique et doit attirer à elle, dans les mêmes conditions, tous les corps du genre de l'oxygène, que nous considérons comme des corps oxiques dont la prédominance constitue les acides, et que l'clectrile ou électricité néga- tive, qui attire l'hydrogène, possède l'affinité oxique, en vertu de laquelle elle s'unit aux corps basiques. Si donc, dans les décompositions opérées dans le voltamètre sur les corps neutres, nous tenons une note exacte des pôles où serendent constamment les corps élémentaires qui les constituent, nous obtenons par cela même la séparation de tous les corps sim|)les réels en deux genres suivant leurs affinités. 11 Ce travail, nous l'avons consciencieusement exécuté en nous aidant des expériences publiées, et il en est résulté les déterminations suivantes très- précises : 1: 1° Le genre oxique, qui comprend l'électrile, corps impondérable, et six corps pondérables simples qui sont : l'oxygène, le fluor, le chlore, le brome, l'iode et l'azote. » 2" Le genre basique, qui renferme l'éthérile, corps simple impondé- rable; les métalloïdes basiques, qui sont : l'hydrogène, le carbone, le bore, le phosphore, l'arsenic, le soufre, le sélénium et le silicium; enfin tous les métaux. » Les soixante-cinq corps pondérables simples, qui sont démontrés en électro-chimie, sont les corps simples réels, et non les corps comburants et combustibles pris pour tels jusqu'ici. » En terminant cette étude, nous signalerons cependant encore l'ensei- gnement théorique précieux qui ressort de la classification des corps simples réels d'après leurs affinités propres. Les chimistes n'avaient pu pénétrer jusqu'ici le piincipe de l'union cliimique que dans ses effets, nullement dans sa cause; maintenant cette cause est manifeste : les corps du même genre sont indifférents entre eux, mais ils s'unissent tous aux corps de l'autre genre, et la loi fondamentale de l'iuiion chimique repose alors sur la dualité de genres des corps simples. » 1 78' ) PHYSIQUE DU GLOBE. — Recherches sur la polarisation atmosphérique observée sous le ciel tropical de la Havane; par M. Axdrès Poey. (Commissaires, MM. Mathieu, Laugier, Fizeau.) « En 181 1, M. Arago découvrit le premier que la lumière réfléciiie par lui ciel azuré était partiellement polarisée (i) ; cependaul, eu i8i3, M. Brewster (cj), et en iSaS MM. Delezenne(3) et Quetelet (4), ignorant alors les observations de leurs devanciers, s'attribuaient respectivement cette découverte. » Plus tard, M. Arago constata les faits suivants, qui furent contestés par MM. Chevallier (5) et Airy (6) : que la lumière bleue du ciel, qu'il croyait être due à la réflexion rayonnante moléculaire et non à la réflexion spéou- laire ou par couches, était polarisée partiellement; le maximum de polarisa- tion avait lieu vers 90 degrés du soleil, l'angle de polarisation correspon- dant était de 45 degrés, et la rotation maximum du plan de 3o degrés environ . Si l'on se plaçait dans le plan vertical qui contient le soleil, la polarisation croissait jusque vers 90 degrés; puis elle diminuait graduellement, dispa- raissait ensuite tout à fait et reparaissait plus loin, mais en changeant de signe. C'était surtout le renversement du sens de polarisation que les phy- siciens anglais contestaient, pour l'avoir cherché dans le voisinage du soleil et non pas à l'opposite. >) Finalement, après la découverte de M. Arago du premier point neulrt situé de 20 à 3o degrés au-dessus de l'horizon, à l'opposite du soleil, au lever et au coucher de cet astre, M. Babinet découvrit, en 1840, un se- cond point neutre à la même distance au-dessus du soleil (7); en 1841, M. Brewster (8) trouva un double point à celui d'Arago, et en 1842 un troisième point neutre au-dessous du soleil (9). » Tel est le résumé des découvertes faites dans le vaste champ de la pola- risation atmosphérique, encore très-peu exploré, et dont les bases avaient été (1) OEuvres, t. VII, p. 894, 4^0 et 435. (•2) Treatisc on neiv philosophie al Instruments^ Edinburgh, 181 3, p. 35o. (3) Recueil des travaux de la Société de Lille, iSîS, p. 34- (4) Correspondance mathématique et physique; Gand, l825, t. I, n" V, p. 276, (5) Philosophical Magazine, a. s., t. IV, p. 3 12. (6) Philosophical Magazine, n. s , t. IV, p. 3 12. (7) Comptes rendus, i84o, t. XI, p. 618. (8) Comptes rendus, i845, t. XX, p. 8o3. (9) Comptes rendus, i845, t. XX, p. 8o3. ( 7«2 ) établies par M. Arago sans aucLiiie modification essentielle jusqu'à ce jour. M. Brewster, qui a fait le plus grand nombre d'observations à Saint- Andrews, de iH^i à i845, ne nous fournit, dans son travail dernièrement publié, que des mesures plus exactes, et une nouvelle confirmation de sa théorie de la polarisation atmosphérique en désaccord avec celle qu'ont émise AOI. Arago et Babinet(i). » J'ai fait usage des meilleurs analyseurs construits par 1 habile opticien M. J. Duboscq, tels que le polariscope de Savart; celui d'Arago à simple et à double rotation, donnant de suite le plan de polarisation ; le polarimètre d'Arago moulé par;illactiquement, avec tous les perfectionnements apportés par ce savant, par Peltieret par Soleil, entre autres la substitution du prisme de Nicliol à la pile de glace, et enfin l'horloge polaire de Wheatstone perfec- tionnée par Soleil. Je pouvais ainsi m'orienter à volonté et prendre toutes mes mesures de latitude, d'azimut, d'angles, etc. C'est à l'aide de ces deux derniers appareils que j'ai fixé, aussi exactement que le comporte la polari- sation chromatique, la position et l'étendue des quatre points neutres des deux plans. M. Arago n'avait observé qu'avec son polariscope muni d'un quartz à un seul axe, et M. Brewster principalement avec le polariscope de Savai-t. Il est encore à remarquer que personne n'a signalé la marche con- tinue de la polarisation atmosphérique au delà des heures du lever et du coucher du soleil. » Voici les principales conclusions auxquelles je suis arrivé de 1862 à I 864 : » 1° Au lever et au coucher du soleil, la polarisation atmosphérique, étudiée à l'aide d'un analyseur muni d'un biquartz à double rotation, présente deux plans de polarisation rectangulaires, l'un vertical qui passe par l'oeil de l'observateur et le soleil, et l'autre horizontal qui lui est perpendiculaire. Dans chaque segment rectangulaire des deux plans, ou soit à 90 degrés azi- uiutaux l'un de l'autre, il y a mi renversement du sens de polarisation dont le maximum est à 45 degrés. Les points neutres d'Arago et de Babinet cor- respondent au premier plan vertical qui suit la déclinaison du soleil. Mais il V a encore dans le plan perpendiculaire deux nouveaux points neutres, l'un au nord et l'autre au sud du soleil. » 2° Avant et après midi la même disposition subsiste, seulement les deux plans et les points neutres, qui suivent la déclinaison de l'astre, se rap- prochent ou s'éloignent de nouveau. (i) Transactions of thc Royal Society of Edinburgh, i8G2-i863, vol. XXIII, part. II, p. ai I et I pi. ( 783 ) » 3° Enfin à midi, le soleil se trouvant au zénith, on n'aperçoit plus r|u'un seul plan vertical et un seul renversement de polarisation de l'est à l'ouest du méridien. Les points neutres ont disparu dans le soleil même. Le maxi- mum de polarisation est alors à 90 degrés à l'est et à l'ouest de cet astre. » 4" :\Iaintenant, si au lieu de faire usage de l'analyseur biquariz on em- ploie le polariscope de Savart, on remarque deux circonstances différentes dans les résultats obtenus avec le premier de ces instruments. La première est que les deux'plans, au lever et an coucher du soleil, sont inclinés l'un sur l'aiitre, représentant la figure géométrique de deux cônes renversés à l'est et à l'ouest, attachés vers leurs sonunets an zénith et dont les bases s'arrêtent à peu près à 3o degrés au-dessus de l'horizon et ayant la même étendue trans- versale du nord au sud, ou soit dç 3o degrés d'ouverture d'angle ; le contour d'espace neutre se trouve exactement dans le plan vertical du soleil, c'est- à-tlire dans le point où se joignent au zénith les deux sommets. D.uis toute la portion interne desdits cônes on obtient une polarisation de signe con- traire à celle de l'extérieur, de sorte que l'on a la bande noire dans toute l'étendue du ciel depuis l'horizon jusqu'aux contours des cônes, où elle est neutre, i)uis dans l'intérieur la bande devient blanche. Dans les heures in- termédiaires le même phénomène a lieu. C'est encore à midi, lorsque le soleil se trouve au zénith, qu'une seconde différence se présente; on ne remarque plus aucun plan de polarisation ni de renversement de signe, comme avec le polariscope biquartz, mais uniquement la bande noire sous Ions lesazinnits et à tontes les hauteurs. M 5° Pour bien établir les faits, nous avons donc, avec le polariscope à double rotation, au lever et au coucher du soleil et aux heures intermé- diaires, deux plans, quatre renversements de signes et quatre points neutres; avec le polariscope de Sa\arf, deux plans, quatre renversements aussi, mais au lieu de points neutres, ce sont des bandes neutres, et l'angle des deux plans est de 3o degrés au lieu de 90. A midi, le polariscope d'Arago donne un plan, un renversement de teinte et pas de point neutre, tandis que le pola- riscope de Savart ne fournit ni plan, ni renversement, ni bande neutre. )) La luinière bleue du ciel serait donc à la fois polarisée par réfraction et par réflexion, suivant la position angulaire des rayons solaires. Au lever et au coucher du soleil, par exemple, la lumière atmosphérique est princi- palement polarisée par réfraction et se présente comme dans les cristaux biréfringents ou bi-axes, tandis que quand cet astre atteint le zénith elle est totalement polarisée par réflexion et analogue à celle des cristaux à un seul axe. Dans les heures intermédiaires, l'une de ces deux polarisations l'em- porte sur l'autre siùvant que la déclinaison du soleil est la plus rapprochée ( 7^4 ) de ces deux positions extrêmes; de sorte qu'à mesure que cet astre décline sous riiorizon la polarisation verticale est c!e plus en plus intense, et avant le lever de ce luminaire elle est aussi plus forte qu'après son apparition. A 6 heures du matin et du soir la polarisation est verticale toul autour de l'ho- rizon, jusqu'à 3o degrés de hauteur à l'est et à l'ouest, où se trouve la base des deux cônes à rebords neutres (soit les deux plans qui se croisent), et vers le sud et le nord jusqu'au zénith même où les deux sommets desdits cônes sont attachés. Dans l'intérieur de ces deux cônes ou plans la pola- risation devient horizontale. » La polarisation par réfraction avait déjà été observée par M. Brewsler, et cette seule indication aurait pu mettre ce savant sur la voie de découvrir ou d'admettre en principe : que matin et soir le système de polarisation de l'atmosphère devait forcément offrir deux plans, quatre renversements de signes et quatre points neutres à 90 degrés l'un de l'autre. » Aussitôt que le limbe supérieur du soleil disparaît sous la ligne de l'horizon, le plan de polarisation, qui était dès lors horizontal, s'abaisse vers cette région et se relève vers le point antisolaire. M. Foibes avait remarqué que le plan ne convergeait pas vers le soleil, mais qu'il était plus ou moins courbé, affectant un parallélisme forcé à l'horizon [more or less Iwisted into a forced par'altelism to ihe horizon) (i). J'ai toujours observé les bandes de Savart parfaitement parallèles entre elles et rectilignes. Ce n'est qu'en étudiant la polarisation de la lumière réfléchie par la lune que j'ai souvent vu un trem- blement assez considérable dans les bandes de Savart, au point que parfois je ne pouvais distinguer la nature de la bande centrale. Ce tremblement n'a pas lieu dans le jour et pourrait dépendre des inégalités de réchauffement qu'éprouvent les couches atmosphériques, principalement dues au rayon- nement terrestre, car c'est surtout vers l'horizon qu'il se fait forlemeuf sentir. « GÉOI.OGIE. — Alluvions des environs de Toul, par rapport à l'ancienneté de l'hoiwne; par M. Hcsson (2). (Renvoyé à la Commission précédemment nommée.) « La connaissance des terrains d'alluvion a une telle importance relative- (1^ Prorccdings of ihe Royal Society of Erlinburgh, i84o-l84l, n" i8, p. 324. il.) MM. Godrori, doyen de la Faculté des Sciences de Nancy, et Priant, son préparateur, en venant voir, cette semaine, nos terrains et nos cavernes, ont pu apprécier l'exactitude des faits consignés dans cette Note et dans les précédentes. Précédemment M. Balland, juge de ])aix, qui s'occupe de sciences, avait Lien voulu aussi visiter avec moi quelques points des trous de Sainte-Reine. ( 785 ) ment aux i-ecliCM'ches siir l'ancieinieté de l'Iioinine, cjue j'ai cru devoif mettre à profit les derniers travaux de la ville deToul, à Taconnef, pour dire encore un mot sur cette question. » Une nouvelle étude de notre sol alluvien me le fait classer ainsi : AUiwions modernes. Terrains meubles sur des pentes et autres dépôts en voie de formation. Allufions anciennes. Diluvium post-alpin. Diluvinm alpin. Diluvium Scandinave. » 1° Le ililnuiuin Scandinave ou dépàl erratique inférieur, indiqué par MM. Dufrénoy et Elle de Beaumont (i), connu encore sous le nom de dilu- vium des plateaux (2), a été décrit dans mes précédentes Notes (3). Dans la vallée de l'Ingressin il se trouve, au nord de Foug, à la cote 3^(3 de la carte du Dépôt de la Guerre, et au sud il forme le sommet du bois Grand-Mont situé de 38o à 890 mètres au-dessus du niveau de la mer. » 2° Vient ensuite le f/t/uiiâ/m «//;//; (4) qui, récemtnent encore, a été mis à découvert dans tout son ensemble à Grand-Ménil (vallée de Tlngressin, cote 23i), et au coteau de Taconnet (territoire de Toul). Sur bien des points de la vallée de la Moselle il s'élève à plus de 3oo mètres au-dessus du ni- veau de la mer. Il consiste principalement en cailloux et sables vosgiens (5), et il renferme de nombreux débris d'Elépbants. » 3" Diluvium post-alpin. — Ce sol dont il ne m'avait pas été possible, pendant longtemps, de bien préciser ni la nature ni la position et qui, évi- demment, n'appartient point aux dépôts meubles sur des pentes, présente les principaux caractères suivants : argile blanchâtre, gris-jaunâtre, brune ou rougeàtre, peut-être bien contemporaine du loes, d'une épaisseur variable, mais dépassant rarement 2 mètres; normalement compacte, homogène, non effervescente, se désagrégeant à l'air, mais souvent mêlée de sable, de chaux carbonatée, en proportions variables, et de quelques rares cailloux ( I ) Explication de la Carte géologique de France, t. I, p. g3. (2) M. Daubrée, Membre de l'Institut, Annales des Mines, 4" série, t. I, p. 58. — M. Le- vallois, inspecteur général des Mines, Explication de la Carte géologique de la Meurthe. (3) Comptes rendus de l'Académie des Sciences, i863 et 1864. — Origine de l'espèce liumaine dans les environs de Toul, p. 3, 8 et \\. (4) Explication de la Carte géologique de France, t. I, p. 58 et C)3. (5) Origine de l'espèce humaine dans les crwirons de Tout, p. y C. R., iBG5, 1" Semestre. (T. LX, N" 16.) "O^ ( 7«6) vosgieiis (i), qui [j.irfois même font tout à fait défaut. Comme exemple du type normal, on jjeut citer l'extrémité orientale de la tranchée ouverte à Taconnet, pour les fontaines de la ville (2), et dont le point le plus intéres- sant est à environ 365 mètres du bouge. » Ailleurs le voisinage des coteaux qui dominent cette couche en a mo- difié plus ou moins la composition. Ainsi : 1° à la carrière du moulin de Choatel, sous le chemin de fer même (3), elle contient de la grouine ou grève calcaire avec veines de farine fossile; 1° à la carrière de la Concorde (4), elle est un composé de sables calcaires et argilo-siliceux, de marne blanche et de grouine avec ramifications de chaux carbonatée terreuse qui s'est sub- stituée à d'anciennes racines parfois grosses comme le doigt. Tels sont les trois localités principales qui se reconmiandent aux géologues désireux de s'assurer de la nature et de la position de ces deux couches parfaitement distinctes : diluvium alpin et diluvium post-alpin. Elles ont encore été mises à découvert à la faïencerie de Bellevue (derrière les bâtiments) et au fau- bourg Saint-Èvre (rampe de la nouvelle route de Blénod). » Le diluvium post-alpin contient du fer hydroxydé soit en grains, soit sous forme de limonitc. Quant à sa faune, dont il ne m'a pas été possible de m'oc- cuper, je la crois peu riche; mais son étude n'en serait pas moins très-inté- ressante, car elle permettrait de voir si, parmi les espèces disparues, il y en a qui ont survécu au diluvimn alpin. Les fossiles trouvés jusqu'alors appar- tiennent aux terrains environnants, et il est positif que, durant toute la durée de l'exploitalion des alluvionsde l'Ingressin et de Taconnet (vingt ans), la couche post-alpine n'a pas offert le moindre vestige d'Éléphant (5), tandis que le dépôt sous-jacent en renferme beaucoup. » Ce diluvium post-alpin, très-répandu dans l'arrondissement deToul, repose tantôt sur le diluvium alpin, tantôt sur les couches mêmes de la for- mation oolithique. C'est lui qui constitue la majeure partie des sols dits blanches terres, terres de bois, rouges terres, herbues : les trois types argileux, argilo-calcaire et argilo-sableux sont exploités à la belle et bonne faïencerie de Bellevue. (i) Ceux-ci ne proviendraient-ils pas de quelques lambeaux de diluvium ;il|)in déposés sur les pentes et entraînés ensuite par les eaux du nouveau diluvium? (2) Origine' (le l'espèce humaine dans les environs de Tout, p. lo. ( 3 ) Origine de l'espèce humaine dans les environs de Tout, p. 12. (4) Origine de Vespice humaine dans les environs de Toul, p. i S. (5) Néanmoins il ne serait pas impossible d'en trouver là où celte couilie est en mélange avec le diluvium :dpiii cl appartient aux terrains meubles sur des jientes. ( 787) » Maintenant, celle couche provient-elle d'un lac? est-elle une suite du diluvium alpin? ou bien est-elle le résultat d'une inondation postérieure à ce dernier? » Et d'abord elle a pour base, dans la vallée de l'Ingressin et sur tout le plateau de Taconnet, le diluvium alpin; par conséquent elle lui est posté- rieure. Or, à cette époque, le passage do la Moselle par Liverdun avait lieu et assurait un débouché aux eaux : donc l'idée d'un lac n'est pas admissible. Elle n'est point non plus la terminaison du diluvium alpin, car celui-ci avait déjà subi de profondes coupures quand a eu lieu le dépôt post-alpin : sou- vent aussi le premier manque là où est le second, et réciproquement. Enfin, si on examine les carrières de Choatel et de la Concorde, déjà citées et do- minées par les côtes de Grand-Ménil et de Choatel, voici ce qu'on observe: au point de contact des deux diluviums la couche alpine ne présente pas la moindre trace de groiiiiie, les eaux clysmiennes, qui ont rempli la vallée, ayant sans doute entraîné celle qui, de prime abord, garnissait le flanc des coteaux; l'assise supérieure au contraire eu contient beaucoup. Il s'est donc écoulé, entre le dépôt de ces deux couches, un laps de temps nécessaire à la formation de nouveaux détritus. » Notre dernière alluvion ancienne serait donc indépendante du diluvium alpin, et assurément, quand on songe à son épaisseur et au niveau qu'elle occupe, il serait impossible, je crois, do trouver les causes de sa formation ailleurs que dans un cataclysme. Quel est celui-ci? Il ne m'appartient pas de trancher la question, mais je compléterai mon hypothèse par ces mois : si le diluvium alpin s'est manifesté à peu près sur tous les points du globe, le soulèvement des Andes et celui des montagnes asiatiques qui lui corres- pondent ne se seraient-ils pas fait sentir à leur tour en Europe? 1) Cavernes à ossements (1). — C'est à ce même moment de l'époque qna- (1) Je profite de cette circonstance pour ajouter certains faits à ceux déjà indiqués ilans mes Notes précédentes, au sujet de nos grottes. Trous de Sainte-Reine. — Parmi les os qu'ils renferment, il en est de Rhinocéros, d'Ours, d'Hyène, etc., non moins vermoulus que ceux des Éléphants du diluvium alpin, et assurément non gélatineux. En contact avec ces débris qvii tombent en poussière, se rencontrent des restes d'Ours, de Cerf et des os fendus en long dont la texture annonce, vraisemblablement, la pré- sence de la gélatine, peut-être même en assez forte proportion. Mes Notes précédentes et celle-ci me semblent expliquer la plupart des causes de ce pêle-mêle ; je dirai seulement que sans doute l'Ours des cavernes n'est point la dernière espèce qui ait habité notre pavs. Voici un nouvel exemple des erreurs auxquelles peuvent prêter certains fossiles; il concerne la ca- vité aux Rhinocéros de ma Note du 2 mai 1864 (Trou du Portique), Le point où se sont 102.. [ 788 ) ternaire qu'il y a lieu peut-être de rapporter le dépôt argileux de nos ca- vernes à ossements. En effet, si on les fouille avec attention, on voit que, si ce n'est dans le voisinage des fissiu-es verticales, on y constate peu de diluviutn alpin; la bouc qui les remplit affecte tous les caractères de cer- taines variétés de l'argile post-alpine et, comme je viens de le dire, pourrait bien provenir, au moins en grande partie, de la même époque, autre fait qui, s'il se justifie, ne doit pas être oublié dans l'étude (\\i contenu de nos cavernes. » 4° Depuis meubles sur des pentes. — Je ne reviendrai pas sur ce que j'ai (lit ailleurs à ce sujet ; je récapitulerai seulement les principales variétés qui existent aux environs de Toul. farirlc 1. Giouine mt'lic de diliiviiim sranilinave (sommet des côtes île Foiig). ynric'Cé 3. Débiis iinniédiatement antérieurs au cataclysme aljMn. (On en a trouvé sous ce diluvium en drainant la carrière de la Concorde.) J'nriété 3 . Dépots du diluvium post-alpin, plus ou moins mêlés à des débris de la période alpine. (Ils sont assez nombreux, surtout dans le voisinage des coteaux.) f'aiiété 4- Dépôts modernes mêles de débris de l'un ou des deux diiuviums piécedenis. yariété 5. Dépots modernes non mélangés. Conclusion. » Ainsi une élude de plus en plus approfondie ne fait que démontrer davantage, en ce qui concerne Toul, la vérité de cette opinion de M. Élie de Beainuont : Non, l'homme n'exislait point à l'époque du diluvium alpin. » mi!;tÉorologie crilMiQUii. — De l'injluenee des saisons sur les propriétés de l'air atnwspliériipte. ÏMémoire de M. Xm. IIouzeau, présenté par M. Chevreul. (Commissaires, MM. Clievreul, Ch. Sainte-Claire Deville, Fremy.) n Dans mes précédentes communications sur l'air atmosphérique, il m'a arrêtés les premiers habitants de la grotte, en enlevant le diluvium d'une des deux branches de la fissure, contenait un os de Rhinocéros, qu'ils ont même entaillé sans le savoir : un char- bon a ensuite pénétré dans l'entaille et s'y est fixé. Or, si au lieu de charbon il se fût agi d'un silex, combien i\v personnes peut-être auraient conclu à une blessure, faite de main d'honmie, pendant la vie de l'animal ! Trou lies Celles. — Divers objets confirmant les appréciations émises dans mes Notes pré- cédentes ont encore été récemment découverts; en voici la liste : anneaux et bracelets des commencements de l'âge d'airain, fibule gauloise, amnletle en terre cuite, petites haches et couteaux en silex étranger, belles brèches osseuses humaines empâtant des jjcsons en terre, os de Bœuf, dents de Loup, de Mouton, etc. ( 789) été possible de reconnaître, en me servant des papiers de tournesol vineux mi-iod lires : » i" L'influence des localités sur la manifestation des propriétés de l'air atmosphérique (Paris, Rouen et la campagne); » 2° I>a variation normale des propriétés de l'air (Rouen et la cam- pagne) >) Mais il était intéressant d'observer si cette variation dans la manière d'agir de l'air libre, si capricieuse qu'elle partit être au premier abord, n'était pas l'expression de quelque loi inconnue en météorologie, amplifiée ou amoindrie par certaines influences locales. )) Il devenait donc nécessaire, pour résoudre celte question, d'entre- prendre une longue série d'observations sur un des points iirécédemment choisis pour mes premières études, et ce fut à Rouen que je donnai la pré- férence, par suite des obligations qui m'attachent à cette ville (1). » Mes expériences eurent lieu dans la partie haute de la ville, au deuxième étage, n° 17, dans la rue Bouquet, située près de la campagne, et elles con- sistèrent, depuis quatre ans, à noter le matin, entre 8 et 9 heures, la tem- pérature maxima et minima, la pression barométrique, les indications de l'humidité atmosphérique, l'état du ciel, la direction et l'intensité des vents, et, par-dessus tout, la manière d'agir de l'air sur mes papiers réactifs exposés à l'abri du soleil et de la pluie. » C'est le résultat principal de ce travail de quatre années que j'ai l'hon- neur de soumettre aujourd'hui au jugement de l'Académie. » Il donne un nouveau poids à mes premières conclusions, relatives à la variabilité des propriétés de l'air, confirmées depuis, on le sait, par les observations de M. Pietra-Santa; mais il met, de plus, en évidence cet autre fait nouveau très-imprévu : thiJJuence des saisons sur les propriétés de l atmo- sphère. La preuve de celte assertion pour l'air de Rouen est fournie par l'examen des trois tableaux qui suivent, et qui résument le travail ayant trait à cette partie de la question météorologique soulevée par mes études sur l'air. » Le tableau 1 donne le détail des observations de vingt-quatre heiues de l'un des trois mois qui composent chaque saison, soit trente à trente et une observations mensuelles. (i) Dt'piiis (]n.itre ans, j'expose dans mes cours publics, à Rouen, les résultais de mes ohservalinns mcl(Joruiugi([uts de ch'aejue année. ( 79» ) TABLEAU I. — Variabilité normale des propriétés de l'air atmosphérique. des saisons. (Rouen, rue Bouquet.) Influence HIVER PRINTEMPS ÉTÉ. ALTOMNE HIVER PRINTEMPS. ÉTÉ AL'TOMXE Janvier. M.-ii Juillet. Octobre. Janvier. Mai. Juillet. Octobre. l«r. 1 1 IXP'' 1 1 ;ï 5 (i l - ■"' - .'.....- ...',.- ...'...- - - 10 1 1 — — — i3 '1 — — — ij i(i 17 .'..'.'.'.— ....'.'.- ::■.;;- 18 '9 20 ...'.'.'.- — '.'..'...— 21 — — 23 _ z 24 — — 2D 26 27 — w8 — — •Î9 3o — .... — — 3i — — 1 ai^n m 64 1 i '1 ..'.'.'..- - - - - - — - - fi 7 — ' — — 0 — _ — — — 10 — — — — 12 i3 - - - ■ 4 . — If, — — — — — 16 — . — — '7 — 18 _ — — — '9 — 20 — — 31 — 22 — 23 — — 2/,. 25 _ — 26 — — ■'7 — — — — 28 — — • . , •_ — — ?9 3o — — 3i 1 — 79' ) » Dans ce tableau, chacun de mes papiers qui n'a p;is éprouvé d'altéra- tion par l'air (i) est représenté par une ligne pointillée. Quand, au contraire, l'air s'est montré actif, il a coloré en bleu la partie rose iodurée : c'est ce qu'on a traduit par un trait noir. » Or, rinspeclion des résultats obtenus indique clairement que, pendant quatre années consécutives, l'air de Rouen (partie haute de la ville) s'est toujours montré beaucoup plus actif en mai, c'est-à-dire au printemps, que dans les autres saisons. )) Dans le tableau 11 on a résumé, suivant les saisons, le nombre des jours pendant lesquels l'air a impressionné mes réactifs dans les années 1861- 1862- 1863-1864. Ce résultat offre donc l'ensemble des observations dont le précédent ne présente qu'mie fraction détaillée. » L'influence des saisons sur la manifestation des propriétés de l'air y est rendue d'une façon encore plus évidente. On y remarquera surtout des coïncidences curieuses. TABLEAU II. — activité chimique de l'air siiivunt les saisons. (Rouen, rue Bouquet, y SAISONS. NOMBRE DE JOURS où l'air s'est montré actif pendant les années MOYENNE de la saison. 1861. 18GÎ. I8G3. 1864. Hiver. Janvier, février, mars Printemps. 27 65 39 i5 26 57 36 27 ■9 56 56 '4 i5 46 37 22 ■11 56 3; '9 Été. Juillet, août, septembre Automne. 1 Octobre, novembre, décembre. . . 11 En réunissant même les époques de l'année où la fréquence de l'activité de l'atmosphère a atteint son maximum d'intensité et celles où, au contraire^ elle s'est manifestée faiblement, ou arrive encore à signaler dans notre loca- lité une plus grande discordance dans la manière d'agir de l'air. (1) L'inaltérabilité du papier vineux nii-ioduré ne prouve jias d'une manière absolue l'absence du principe aérien qui l'impressionne dans d'autres circonstances; elle n'indique cette absence que relativement au dejjré de sensibilité du réactif employé. ( 79^ ) » Sous ce rapport, on jjetil, à Rouen, iliviser l'année en deux grandes saisons : la saison très-active et la saison peu active, ainsi que l'établit le tableau suiv:uit. TABLEAU III. — Répartilinn de l'activité chimique de l'air en deux grandes saisons. (Rr)iien, rue Boiuiuet. ) \ S.41S0NS. NO.MliKE DE JOURS où l'air s'est montré actif pendant les années 1804. MOYENNE de la saison. 1861. 18C'2. I8G3. Saison très-active. Printemps et été io4 93 9'- 83 93 Saison peu active. 42 53 33 4- 42 » Enfin, dans le tableau IV, on a placé les éléments tpii ont sei'vi à com- poser le tableau 11 : c'est la répartition mensuelle du nondjre de jours oii l'air a coloré les papiers de tournesol mi-ioduré. TABLEAU IV. — Répartition de l'activité cliiniique de l'air suivant les mois. SAISONS. 1 1 ! MOIS NOMBRE DE JOURS où l'air s'ebt montré actif pendant les années TOTAL mensuel. MOYENNE dii mois. ISGl. ISCi. 18G3. ISGi. 1 / Janvier. . . Hiver / Février. . . ( Mars / Avril Printemps. 'Mai ' Juin 1 Juillet. . . . Été Août ( Septembre. ; Octobre. . . Automne.. ] Novembre. ( Décembre . 3 5 '9 =4 '9 22 i5 8 16 () 3 G 6 1 1 9 24 25 ': 18 •4 4 1 1 10 6 6 3 10 '7 20 '9 i3 i3 10 3 8 3 fi fi 12 •4 20 '4 16 1 12 fi 4 18 25 44 68 7« 60 5i 37 3i 27 '9 4,5 fi, 2 1 1 '7 I ( ) , 5 11), 5 .5 12,7 <),2 8 6>7 4,7 ( 793 ) )) Il résLilte donc de ces faits, qui sont certains pour la station météorolo- gique (le Rouen, que la fré{|uence de l'activité chimique de l'air atteint son maximiun au printemps (mai et juin), pour diminuer sensiblement en été et beaucoup en automne; elle tend, au contraire, à reparaître à la fin de riiiver, où elle devient surtout appréciable au mois de mars. « Si l'examen de l'air, restreint ainsi à une seule localité, n'autorise pas à généraliser de suite les conclusions qu'on en déduit relativement à l'in- fluence que les saisons semblent exercer sur les propriétés de l'atmosphère, au moins rend-i! cette influence assez probable pour que les météorologistes songent sérieusement à la vérifier dans d'aulres stations. » Dans fous les cas, la coïncidence de l'exaltation chimique de l'air avec ce qu'on a appelé le réveil de la nature ne saurait pas plus échapper aux médecins qu'aux agronomes, qui trouveront sans doute, dans cette étude, ime source de nouvelles observations, profitables autant à l'hygiène qu'à l'agriculture. Il sera même intéressant de voir quelle part il revient au soleil ou aux astéroïdes dans ces grands changements atmosphériques. » MÉDECINE ET HYGIÈNE PUBLIQUE. — Sur l'apparition d'une nouvelle espèce d'épi- démie en Savoie. Note de M. Carret, présentée par M. Velpeau. (Commission pour le prix dit des Arts insalubres.) « Cette maladie ne prend naissance qu'en hiver, mais se prolonge quel- quefois jusqu'en été. Si l'hiver est rigoureux et précoce, elle est plus meur- trière et plus répandue. Elle frappe de préférence les habitants des mon- tagnes. Les localités réputées salubres, où régnent l'aisance et la propreté, ne sont pas épargnées. Les personnes sédentaires sont les premières atteintes. Celles que leurs travaux appellent au dehors sont ordinairement préservées. Elle n'est nullement contagieuse. » D'après des observations multipliées et puisées aux sources les plus sîires, cette maladie n'a pris naissance en Savoie qu'avec l'usage des poêles en fonte. A mesure que cet emploi s'est étendu, elle est devenue plus fré- quente, et aujourd'hui que cet usage est presque universel, elle s'est fort généralisée. » Serait-elle due à ce mode de chauffage? Tout porte à le croire; car dans les communes, rares aujourd'hui, où il n'est pas employé, elle est complète- ment inconnue; dans celles où ces poêles sont peu répandus, elle n'apparaît que par cas isolés, et sur 2600 individus atteints de cette maladie que l'au- teur a soignés, il n'en a pas trouvé un seul qui n'eût pas été récemment sous C. R., i8G5, 1" Semestre. (T. LX, N» 16. ) ' o3 ( 794 ) l'influence d'un de ces poêles. Enfin il pense qu'on pourrait l'attribuer à la production du gaz oxyde de carbone. » Remarques de M. Faye à l'occasioti de celte communication. « A l'occasion de l'importante présentation de M. Velpeau, M. Faye fait remarquer que si, dans des circonstances sans doute fort exception- nelles, l'influence des appareils do chauffage sur le développement de cer- taines maladies peut devenir si grave, la question qui vient d'èlre soulevée intéresse tous les établissements d'instruction où l'on emploie des moyens de chauffage plus ou moins semblables. Il demande donc que la Commission des Arts insalubres ne borne pas son examen aux appareils et aux maté- riaux emplovés en Savoie, mais qu'elle veuille bien l'étendre aux fontes françaises de toute provenance. Observations de M. Reg\ault à la suite de la présentation de M. Velpeau. « M. Regnnult fait les observations suivantes : » La prétendue insalubrité des poêles eu foute est souvent attribuée aii carbone combiné avec le fer; on dit : Ce carbone brûlant à l'air dégage de l'oxyde de carbone, et c'est à l'action toxique de ce gaz délétère qu'il faut attribuer les mauvais effets de ces poêles. Je crois qu'il est utile de rectifier les idées sur ce point. » Le carbone de la fonte brûlant au contact de l'air, à la surface rougie du poêle, se change en acide carbonique et non en oxyde de carbone. La fonte de fer ne contient que 3 ou 4 centièmes de carbone; après un service de plusieurs années, un poêle eu fonte n'a perdu qu'une très-faible portion de so!i carbone. Il est donc évident que la quantité d'acide carbonique ou d'oxyde de carbone qu'un poêle eu fonte peut dégager par ce fait, en vingt-quatre heures, est absolument insignifiante, et qu'elle e Plus tard, des phénomènes d'une nature différente ont aussi complique la constitution physique de cette contrée. Au nord-est du bassin de la nier Morte, des éruptions volcaniques ont produit d'immenses coidées de basalte, dont quelques-unes sont venues s'épancher dans la vallée même du Jourdain. Ces éruptions font de la Syrie orientale un district volcanique digne d'être comparé à ceux de l'Auvergne et de la Katakekaumène. D'autres coulées analogues, mais moins considérables, ont pris naissance directement à l'est de la mer Morte, et trois d'entre elles aboutissent à son rivage oriental, près des ouaddis Ghuweir et Zerka-Main et au sud de la petite plaine de ZaraL. M Les sources thermales on minérales ainsi que les émanations bitumi- neuses qui ont accompagné ou suivi les éruptions volcaniques sont, avec les tremblements de terre qui agitent encore ces contrées, les derniers phé- nomènes importants dont le bassin de la mer Morte a été le théâtre. » Quant à l'abaissement progressif du niveau des eaux renfermées dans celte dépression, il est évidemment le résultat d'une alimentation atmosphé- rique moins considérable, ou d'une évaporation devenue plus active, et plus vraisemblablement de l'effet combiné de ces deux causes puissantes. » Faudrait-il dès lors chercher l'origine de ces changements dans l'émer- sion concomitante de vastes surfaces continentales, connue le Sahaïa. par exemple, sur le passage des vents qui alimentaient la mer Morte? Devrait- on également tenir compte de l'opinion émise par le capitaine Maury (2), au sujet de l'influence qu'aurait pu exercer, sur le dessèchement des lacs asia- tiques, l'élévation, en travers dé la route de ces mêmes vents, de chaînes de montagnes telles que les Andes? Quoi qu'il en soit, pour l'observateur qui cherche à se rendre compte de l'âge géologique et du mode de formation des reliefs limitant le bassin de la mer Morte, et qui, d'autre part, s'est assuré que ses plus anciens sédiments ne renferment aucune trace fossile d'orga- nismes marins, il devient évident que celle dépression continentale n'a été, tlès l'origine, rien de plus qu'un réservoir d'eaux atmosphériques, dont l.i salure, empruntée à des circonstances environnantes, s'est de plus en plus accrue sous l'influence d'une incessante évapoi-ation. (i) Natiiral hisiory Rcvicw, n° 5, janvier 1862, p. ri. (2) Géognijikie ph) siqiic de la mer, cliap. XI. ( 8oo ) » Dans des comnniiiicatioiis ultérieures, lauleiu- ch'crira les terrains cré- tacés et éocénes qui constituent la charpente montagneuse de la contrée et auxquels sont subordoiuiés les dépôts saliféres dont l'influence a été si 2;rande sur la concentration des eaux de la mer Morte. » « M. DAritKÉi^ ayant demandé l'insertion de la Note de 31. Louis Laiiel dans les Comptes rendus, M. Eue de BEAUMOîiT répond qu'il verra cette in- sertion avec d'autant plus de plaisir que lui-même, dans ses Cours, il a présenté plusieurs fois des aperçus qui se trouvent confirmés par quelques- unes des conclusions de l'auteur. » En effet, la proportion considérable de chlorure de magnésium con- statée par l'analyse de Gmelin dans l'eau de la mer Morte, l'abondance du sesquicarbonate de soude (natron) et du sesquicarbonate de potasse signalée par M. de Chancourlois dans les eaux dn lac de Van, et les propriétés par- ticulières qu'une forte proportion de sidfate de soude (sel de Glanber) donne à l'eau de la mer Caspienne, lui ont paru démontrer que ni l'une ni l'autre de ces trois nappes d'eau n'a emprunté la totalité de sa salure à la mer. » Leur salure lui paraissait provenir d'émanations locales, d'origine souterraine, et peut-être l'Océan lui-même doit-il une partie plus ou moins considérable de sa propre salure au mélange de produits d'émanations analogues. » CHIMIE. — Sur les combinaisons du bore avec les corps halogènes. Note de M. J. NicKLÈs, présentée par M. Dumas. a L'acide borique anhydre, dissous dans l'alcool absolu et traité par un courant de gaz chlorhydrique ou bromliydrique sec, se comporte de la même manière que les oxydes dont j'ai parlé dans les Comptes rendus (t. LX, p. 479), savoir: son oxygène s'échange contre du chlore ou du brome, en sorte qu'il se forme du chlorure ou du bromure de bore, qui reste en combinaison avec la molécule organique. » Chlorure de bore BoCP. — Ainsi que l'a fait voir Ebelmen, l'acide borique anhydre est soluble dans l'alcool absolu. Pareille dissolution ab- sorbe avec avidité le gaz chlorhydrique et devient huileuse. Elle fume à l'air. L'eau la décompose en produisant de l'acide borique, de l'acide chlorhy- drique et de l'alcool. Elle n'est pas volatile, bien qu'elle émette des vapeurs contenant un peu de chlorure de bore. » Bien que ce li(iuide ne paraisse être qu'une dissolution alcoolique d'acide borique, saturée de gaz chlorhydrique, je dois dire qu'il ofire une ( Soi ) composition constante, très-exactement exprimée par la formule (i) 3BoO% 3Clm- 5(C*H»0^). En effet : Calculé. Trouvé. cp 24>42 24)4' C"" 27 ,52 27 ,65 H" 7,56 7,72 Chauffé, il émet des torrents de g:iz chlorliydrique borifere; le thermomètre monte rapidement pour s'arrêter à 85 degrés. Le résidu est de l'acide borique. » La partie volatile est de l'éther chloro-borique hydraté ayant la formule (a) .BoCl'+ 5(C*ri=0) + 9HO, déduite des résultats suivants : Calculé. Trouvé. Cl' 27,91 27,88 C'° 3o,23 3o,g2 H=' 8, 8 8,60 » C'est, comme on voit, à peu de chose près, la composition élémentaire de (1), déduction faite de l'acide l'acide borique. B Avec cet acide, l'éther anhydre et le gaz chlorhydriqiie sec, on obtient des résultats analogues, à la condition toutefois de chauffer pendant quel- que temps à 100 degrés centigrades en vase clos. n Bromure de bore Bo Br^ . — L'acide bromhydrique donne à peu près les mêmes résultats que le chlorhydrique. Lorsqu'on soumet à la distillation le liquide alcoolique saturé d'acide borique et d'acide bromhydrique, on voit le thermomètre s'arrêter à 92 degrés centigrades. Le produit de la dis- tillation se compose de deux liquides superposés, lesquels, soumis séparé- ment à une rectiBcation, se réduisent en un seul et même éther dont le point d'ébullition monte successivement, mais ne dépasse pas i35 degrés. Le résidu se compose d'un peu d'acide borique. ') Le liquide, recueilli à 1 15 degrés, peut être représenté par (3) BoBr'-M3(C*H"'0») -J-3HO, ou plutôt par (4) BoBr»4-i3(C*H'0)-M6HO. C. R., i865, I" Semestre. (T. LX, N» 16.) 104 ( 802 ) » En effet : Calcalé. Trouïé. Br' 27,39 a^jjSô C" 35,61 35,70 35,84 H" 9,24 9,5o >> Tous ces éthers se ressemblent par leur saveur mordicante, par les fumées blanches qu'ils émettent et qui enduisent d'acide borique les corps environnants, enfin par la propriété de brunir certaines couleurs jaunes, végétales, telles que le bois de Vinjinea tutea et surtout le curcuma. Les va- peurs produisent le même effet ; toutefois, cette réaction ne se manifeste qu'à la condition que le papier colorant soit sec, car la nuance ne se développe pas en présence de l'eau, le bore étant devenu de l'acide borique. » La présence, en projiortions définies, du bore, du brome et du chlore m'empêche de voir en eux les éthers boriques obtenus par MM. Ebelmen et Bouquet avec l'alcool et le chlorure de bore (*); on pourrait y arriver en distillant les nouveaux éthers avec de l'alcool qui opérerait la transformation du chlorure ou du bromure de bore en acide borique. On échapperait ainsi à la nécessité de préparer du chlorure de bore, préparation assez dif- ficile et assez coûteuse pour qu'on se soit depuis longtemps mis à la re- cherche d'autres moyens quand il s'agissait d'obtenir de l'éther borique. » Les nouveaux composés (2) et (4) se comportent avec les peroxydes comme le fait l'éther chargé d'acide chlorhydrique, c'est-à-dire qu'ils les transforment en perchlorures. Lessesquioxydes en sont également attaqués. ') Si ces éthers contenaient un hydracide, cette réaction s'expliquerait sans peine; mais dans l'évidente absence de ceux-ci, il faut admettre, sinon que le manganèse, le nickel, etc., se substituent au bore, mais bien qu'en pré- sence de ces oxydes les éléments de l'eau que ces éthers renferment de- viennent libres et régénèrent l'acide borique, ainsi que l'hydracide, que rien n'empêche, dès lors, d'agir comme d'habitude, les perchlorures et les per- bromures paraissant tolérer l'eau mieux que ne le fait le chlorure ou le bro- mure de bore. » Le chlorure de bore se prépare ordinairement par le procédé de M. Dumas (acide borique, charbon et chlore sec); le bromure de bore a été obtenu par M. H. Deville en traitant le bore directement par le brome. Comme il est difficile, sinon impossible, d'isoler ces composés une fois qu'ils {*) Recueil des travaux scicritijîqucs de M. Ebelmen, i855, t. I, p. io5. — Paris, Mallet- Bachelier. ( 8o3 ) sont engagés dans une molécule organique contenant de l'oxygène et de l'hydrogène, il est évident que le procédé que je viens de décrire ne con- vient que dans le cas où la présence d'une matière organique de la nature de l'élher ne contrarie pas le but que l'on poursuit. » CHIMIE ORGANIQUE. — Sur un nouveau carbure d'hydrogène, le valylène, dérivant de [amjlène par la soustraction de H*. Note de M. E. Reboul, présentée par M. Balard. « Le bromure brut de valérylène (mélange de di et de tétrabromure) est vivement attaqué par l;i potasse alcoolique, qui le détruit en donnant lieu à un assez grand nombre de produits. Si on distille en effet au bain d'huile et jusqu'à siccité dans la fiole même où hi décomposition s'est opérée, l'eau ajoutée au produit distilléen précipite une huile lourde dont on peut retirer, par des distillations fractionnées convenablement conduites, les produits suivants : » 1° Un liquide bouillant vers 170-175 degrés, presque entièrement composé de dibromure de valérylène C'*'H'Br% mélangé avec de petites quantités d'un corps C'°H'Br (C'H'O^) qui en dérive par la substitution de l'oxéthyle à un des deux atomes de brome. Ce produit est le plus abon- dant. » 2" Un liquide bouillant vers j25-i3o degrés en s'altérant partielle- ment. C'est du valérylène brome C'H'Br. » 3" Une petite quantité d'un liquide léger mobile passant de 45 à 5o degrés. Ce liqiùde est un hydrocarbure nouveau, le valylène C'° H% mé- langé d'une certaine proportion de valérylène. » La réaction est donc fort complexe et peut se résumer ainsi : sous l'influence delà potasse, le tétrabromure de valérylène C'H'Br' perd Br* et se transforme en dibromure (1). Celui-ci est à son tour détruit, et de trois manières différentes. La potasse alcoolique lui enlève la moitié ou la tota- lité de son brome à l'état d'acide bromhydrique, en le transformant en valé- rylène brome et en valylène : C'°H*Br=- HBr = C"'H'Br, C'H'Br'— 2HBr=C'»H«. Valérylène Valylène. brome. (i) Le tétrabromure de valérylène pur donne les mêmes produits que le bromure brut. 104.. ( 8o4 ) » Elle lui enlève purement et simplement Bf* et le change en valérylène : C'Ml"'Bi»-Br = C"'n». Valéiylène. » Enfin les éléments de l'alcool interviennent cImiis la réaction et un ou deux atomes de brome semblent disparaître eu étant remplacés par une lois ou deux fois le résidu CH^O". Je reviendrai plus tard sur ces derniers pro- duits que je ne fais qu'indiquer ici. » Valérylène bramé. — Le liquide bouillant de 1 25 à i3o degrés offre la composition du valéiylène brome C'TFBr. Il se décompose partiellement à la distillation et s'altère lentement à la tem|)ératvu'e ordinaire en jaunis- sant. Traité avec précaution par le brome dans un mélange réfrigérant, il s'y unit avec dégagement île chaleur et se transforme en un mélange de di el de tétrabromure en fixant Br'- et Br*. )) Agité avec du protochlorm-e de cuivre ammoniacal, il se translorme immédiatement en un coi-ps solide jaune foncé suivant l'équation C"'H'Br-+- aCarO = C'MPCu^ + Car Br + lUO. » Ce composé C'H^Cu- retient des proportions variables d'oxyde et de bromin-e cuivreux. » On le voit, la réaction est tout à fait différente de celle qu'on observe avec le prolochlorure de cuivre ammoniacal et l'acétylène brome. Tandis que celui-ci donne de l'acétylène cuivreux C*HCu-, son homologue, le va- lérylène brome, donne le composé cuivreux, non du valérylène, mais du valylène qui en diffère par H" en moins. » Falylène cuivreux el valylène. — Ce même composé jaune prend aussi naissance par l'action directe du chlorure cuivreux ammoniacal sur le valy- lène impur qui constitue, comme je l'ai dit plus haut, la portion la plus volatile des produits de la réaction de la potasse sur le bromure de valérylène, ce qui fournit le moyen de le séparer de la proportion de valérylène qui est mélangée avec lui. L'eau alcoolique qui surnage ce produit brut retenant, grâce à son alcool, une certaine quantité de valylène et surtout de valéry- lène brome, donne également, quand on y ajoute du protochlorure de cuivre ammoniacal, un volumineux précipité jaiuie. 1) Ce corps jaune, d'une nuance assez ra|)prochée decelle du Irisulhue d ar- senic, lavé rapidement par décantation avec de l'eau ammoniacale, jusqu'à ce que les eaux de lavage soient sensiblement incolores, puis avec lui peu d'alcool, enfin séché, se rapproche, par ses propriétés et par sa composition, de ses analogues dans la série supérieure, c'est-à-dire des dérivés cuivreux ( 8o5 ) de l'acétylène et de l'allvlène. Chauffé, il se décompose brusquement en donnant un abondant résidu charbonneux. T.e brome le détruit avec flamme, l'acide nitrique fumant le décompose avec incandescence. Enfin sa composition peut se représenter par C'H^Cu- uni à des proportions va- riables d'oxyde cuivreux et de bromure ou de chlorure cuivreux, le pre- mier cas se présentant quand on le prépare avec du valérylène brome, le second quand on l'obtient par le valylène et le protochlonn-e de cuivre ammoniacal. Voici les résultats de l'analyse de l'un de ces produits, qui coïncident sensiblement avec ceux qu'exigerait la formule c'°H'&r--+- (i Cu- 0 + ^Cu=Br)- Expérience. 'l'Iiéorio. C = 3o,3 C ^ 3o,o H = 2,8 H = 2,5 Cu= 54,0 Cii= 55,5 Br= 10,3 Br = 10,0 0 = 2,6 0 = 2,0 100,0 100,0 » Avec le nitrate d'argent ammoniacal j'ai obtenu un composé blanc ana- logue à la combinaison cuivreuse, se comportant comme elle sous l'action de la chaleur et du brome. V La propriété d'échanger un atome d'hydrogène contre Cu- ou Ag ne caractérise donc pas les carbures de la série C-"H^"~*, puisque d'un côté le valérylène qui en fait partie ne la possède pas, et qiie d'un autre le valylène, qui appartient à la série inférieure C^^H-""', la possède. » Traité par l'acide chlorhydrique étendu et en excès aussi faible que possible, le valylène cuivreux se détruit en donnant le carbure C"*H". La décomposition s'opère dans un petit ballon plongé dans de l'eau qu'on porte à l'ébullition. On condense dans im mélange réfrigérant l'hydrocar- bure volatil qui passe à la distillation, et on s'arrête dès qu'un peu d'eau commence à passer. Il reste alors au fond du ballon ime matière semi- liquide; si on fait bouillir directement pendant quelques instants, en même temps que de l'eau il passe un liquide chloré plus lourd que l'eau et qui est probablement un mélange de chlorhydrates de valylène. Enfin il reste au fond du ballon une certaine quantité d'une substance résineuse soluble dans l'éther. D Le valylène C'H" obtenu dans la jiremière partie de l'opération est un hydrocarbure léger, mobile, bouillant vers 5o degrés, d'une odeur à la ( 8o6 ) fois alliacée et cyanhydriqiie. Il est hexatomique, c'est-à-dire que sa capa- cité (!e saturation maximum est représentée par 6 unités. En effet, si on le traite goutte à goutte par tUi brome dans un mélange réfrigérant, il s'y imit avec dégagement de chaleur et se transforme en une niasse cristalline baignée par lui liquide épais. Le corps solide cristallisé est un sexbromure de valylène C'°II''Br° (i). Le liquide est un mélange de sex,de tétra et peut- être de dibromure. » ASTRONOMIE. - Lettre de M. Roche sur les offuscalions du Soleil, présentée par M. Faye. ■■' Permettez-moi, à propos de votre dernière communication, de vous soumettre deux remarques. 1. 1° La prétendue offuscation de 1706 n'est autre chose que l'éclipsé totale du 12 mai 1706, 10 heures du matin, qui fut observée à Montpel- lier par Plantade et Clapiès; c'est la première description vraiment scien- tifique d'ime éclipse totale de Soleil ( Mémoires de la Société royale des Sciences de iVoutpellier^ t. I). » 2° Les véritables offuscations du Soleil nesontpassi raresqu'on lecroit; mais c'est à un brouillard sec qui trouble l'atmosphère, et non pas à des étoiles filantes, qu'il faut les attribuer; la preuve en est que ce défaut de transparence de l'air se manifeste la nuit comme le jour, sur les étoiles comme sur le Soleil. » Un phénomène de ce genre a eu lieu le i4 juillet i863 et jours sui- vants. Il a été décrit par un savant observateur suisse, M. Ch. Diifour, pro- fesseur à Morges, près Lausanne (Note sur le brouillard sec de juillet i863, Bulletin fie In Société Fnudoise des Sciences naturelles, n° Sa.) Voici un extrait de cette Note : « Le 14 juillet i863, le ciel, un peu vaporeux le matin, l'est ilevenu de » plus en plus pendant la journée. Dans l'après-midi il faisait ce que l'on » appelle un temps lourd; néanmoins, à Morg( s, le baromètre est demeuré à » peu près à l\ millimètres au-dessus de sa hauteur moyenne. Mais le Soleil » devenait de moins en moins brillant; à S^ao"' du soir, cet astre, encore » à i3 degrés au-dessus de l'horizon, pouvait être contemplé à l'œil nu ; il » paraissait d'un rouge vif, entouré d'un mince cercle lumineux. o Eu ce moment, depuis Morges, on distinguait à peine les montagnes (i) 0,244 o"' fourni o,5oo bromure d'argent, d'où Br= 87,2; lliéorie, Br = 87,9. ( 8o7 ) » de la Savoie, éloignées seulement de 1 5 à 20 kilomètres, et tous les objets » plus éloignés étaient cachés par cette espèce de brouillard. A 6''3o°' le M Soleil ne projetait presque aucune ombre; à 7*'i5'°il n'en projetait plus » du tout. En ce moment-là, son globe lumineux, à une hauteur de 4 4 de- » grés, paraissait d'un rouge de sang, on pouvait le fixer sans aucune « fatigue ; plusieurs personnes ont cru que c'était la Lune, ne songeant pas » que ce phénomène se passait à l'ouest, c'est-à-dire dans des régions du » ciel où la pleine Lune ne se trouve jamais le soir. >» Et peu après, quand le Soleil disparut derrière les cimes du Jura, il ne » paraissait plus que comme vm disque dont l'éclat était tellement affaibli, » qu'il se distinguait à peine, par un faible rouge foncé, des régions voisines » du firmament. Le soir, à 9''3o™, on tie pouvait distinguer les étoiles que » dans le voisinage du zénith ; on apercevait encore Véga à une hauteur de » 71 I degrés et Arclurus à 46 degrés; mais on ne voyait ni Jupiter à une » hauteur de 17 degrés, ni Vénus à 4 degrés. » Depuis lors, ce singulier phénomène a été visible encore pendant plu- » sieurs jours. Le Soleil paraissait sans éclat le matin et le soir, cependant » à un moins haut degré que le i4 juillet. Ainsi, cette espèce de finuée • dans l'atmosphère diminua peu à peu, et, dans les premiers jours d'août, » elle était devenue presque insensible. » Les voyageurs qui se trouvaient, le i4 juillet, sur le Righi, virent l'éclat " du Soleil diminuer graduellement. Cet astre n'apparaissait plus dans 'I le ciel que comme une tache rouge d'une teinte très-faible. Puis il dis- » parut comme s'il s'était couché dans l'air. » u Ce phénomène remarquable n'a pas été purement local, car je l'ai ob- servé moi-même à Montpellier, où il fut très-sensible, quoique plus faible. C'était une sorte de brume ou vapeur diminuant la transparence de l'atmo- sphère. Déjà appréciable le i4 juillet au matin, il a présenté, le i5, son maximum d'intensité, et il a persisté les jours suivants jusqu'au 21. » M. P. MoNTANi, dans une f.ettre adressée à M. Élie de Beaumont, rectifie une erreur dans la liste des angles relatifs à la configuration des chaînes de montagnes de la Lune, communiquée précédennnent à l'Académie. C'est 22" 3o' et non 2i°3o' qu'il faut lire. Il annonce qu'il s'occupe de Mars en ce moment, et qu'il a vu que les différents contours des accidents à la sur- face de cette planète se coordonnent exactement d'après le réseau pentago- nal. Il pense que ce système pourrait recevoir diverses autres applications ( 8o8 ) quHiuoiit a exruuiner les Commissaires précédemment iioiiimés, MM. Elie (!e Beaiimont, Faye et Daubrée. JW. Mathieu présente la traduction, par /)/. J.-E. Tardieu, d'un livre allemaiid de M. G. de Plœnnies intitulé : « Nouvelles études sur l'arme rayée de rinlanlerie », et donne un aperçu de cet ouvrage. M. Velpeau présente, au nom de M. Michaux, trois brochures sur les polypes naso-pharyngiens, et à celui de 3J. Matiez, un Album d'Anatomie pathologique dans lequel l'auteur a représenté, à l'aide de la photographie, les cas de maladies des voies urinaires qui se sont présentés à son obser- vation. M. Am. BlaiVcmet adresse un opuscule intitulé : « la Science de l'im- pôt », dans lequel il cherche à rattacher la théorie de l'impôt à l'équivalence de la chaleur et du. mouvement. M. Chardon adresse un Mémoire imprimé sur la locomotion terrestre et aérienne, avec une Note complémentaire qui est renvoyée à la Commission des aérostats. M. Zaliwski adresse un opuscule imprimé intitulé : « De la gravitation par l'électricité ». La séance est levée à 5 heures et demie. É. D. B. EBRJTUM. Page 7 15, ligne 21, au lieu de On peut ajouter, lisez On peut objecter. •♦»«< COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. I iiiiii I SÉANCE DU LUNDI 2i AVRIL 1863. PRÉSIDENCE DE M. DECAISNE. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. M. LE Secrétaire perpétcel donne lecture d'une Lettre adressée à M. le Président par MM. Albert et Guslai>e Dufour pour annoncer le décès de leur père, M. Léon Dufour, Correspondant de l'Académie dans la Section d'Anatomie et de Zoologie. M. Léon Dufour est mort le i8 de ce mois à l'âge de quatre-vingt-six ans. BALISTIQUE. — Mémoire sur le perfectionnement des armes à feu; par M. Séguier. « Vous vous rappelez sans doute, Messieurs, que, dans la séance du 22 août de l'année dernière, à l'occasion de la lecture d'un Mémoire par notre honorable collègue M. Pelouze sur le pyroxyle tel que le prépare le général Lenk en Autriche, nous avons eu l'honneur de vous dire que nous aussi nous nous étions livré à une série d'expériences pour obtenir, avec le coton-poudre, de bons effets balistiques dans les armes portatives. » A défaut de vos souvenirs, le Compte rendu de cette séance constate- rait au besoin que nous vous indiquions alors l'emploi que nous avions fait de charges mixtes composées partie pyroxyle, partie poudre de mine à gros grains, superposées de façon que la poudre la moins vive brûlât la C. R., i86'), i" Srmcsire. (T. LX, N» 17.) Io5 ( 8io)' première, |)our combatlre riucoiivénient de la déflagration trop rapide du pyroxylo qui provoque la rupture des armes par le fait de l'inertie du projectile. » Nous terminions nos courtes observations improvisées en vous deman- dant la permission de vous entretenir plus en détail, et quand elles seraient terminées, des expériences entreprises par nous depuis longtemps pour le perfectionnement des effets balistiques des armes portatives. L'ouverture de deux paquets cachetés acceptés par l'Académie le i8 janvier 1847 et le 38 août 1848 prouverait incontestablement que ce n'est pas seulement depuis notre dernière communication que cette question nous occupe. » Mais voici que nous lisons, dans une publication scientifique anglaise, la mention d'essais récemment tentés par l'ingénieur mécanicien anglais Whitwortli avec un canon chargé d'une gargousse composée de poudre de mine et de coton-pouilre de façon à obtenir le but par nous indiqué. Cette lecture nous prouve que nos idées ont déjà passé le détroit. » La publication eu France, depuis le commencement de cette année, par un autre ingénieur, d'un Mémoire sur un nouveau mode de chargement des pièces d'artillerie avec des poudres diverses, et de plus en plus vives, superposées de manière que la moins vive soit enflammée la première pour vaincre l'inertie du projectile, nous démontre que des pensées absolument semblables aux nôtres commencent à préoccuper les esprits. » Dans CCS circonstances, pour conserver au moins le mérite de la prio- rité de nos conceptions, nous sommes obligé de hâter une communica- tion que nous aurions voulu ajourner jusqu'après le moment où tous nos résultats auraient pu vous être présentés dans un ordre méthodique. » 11 y aurait certes une grande témérité de notre part à vouloir aborder de nouveau des questions qui ont été si savammment traitées par notre honorable collègue M. le général Piobert; aussi ce ne sont pas de nou- velles théories appuyées de chiffres que nous vous demandons la permis- sion de vous exposer, c'est simplement pour le récit de quelques expériences que nous sollicitons votre bienveillante aliention. L'exposition successive de nos divers essais sera le moyen le meilleur de vous faire connaître la route que nous avons suivie. » La balistique, au moyen de la poudre, nous avait apparu, il y a longues années déjà, comme une question complexe, du ressort de deux sciences à la fois : )) Question ciiimique, fabrication d'une matière solide, propre à se convertir en gaz; ■ ( 8n ) » Question mécaniiiiie, application d'une force motrice à un corps à mouvoir. )) Cette dernière est la seule qui nous ait préoccupé. » L'emploi de l'air comprimé comme force balistique a été l'objet de nos premières expérimentations; nous avons cru que, pour trouver sa meil- leure utilisation, nous devions rester dans la saine application des règles de la mécanique; elles nous ont semblé pouvoir se résumer ainsi pour obtenir ce but : » 1° Application successive de la force motrice au projectile, de façon à trionipber graduellement de son inertie; » u° Augmentation de la force motrice à mesure que le projectile se déplace dans une proportion convenable pour lui imprimer une vitesse croissante; " 3° Application certaine de la totalité de la force motrice au projectile avant qu'il soif sorti de l'arme. » De nombreuses expériences avec les armes à vent nous ont appris qu'une même quantité d'air comprimé pouvait produire des effets balis- tiques très-différents, suivant la manière dont cet air était dépensé. Ainsi, ime émission tout d'abord considérable, allant ensuite en s'amoindrissant, donne un petit effet comparé à celui d'un souffle progressivement crois- sant se terminant par luie espèce de bouffée finale. » Nous vous le disions, Messieurs, dans la séance du 22 août dernier, les chasseurs à la sarbacane, pour lancer, sans fatigue pulmonaire, une boulette de terre glaise, commencent à l'ébranler dans le lube par un souffle léger; ce n'est que lorsque la boulette a déjà pris une certaine vitesse que, par une émission finale, ils lui impriment sa plus vive impulsion. » Si l'on réfléchit à ce qui se passe pendant le lancement de cette bou- lette, on remarque que son inertie oppose une résistance aux poumons, que leur fatigue fera d'autant moins grande que cette inertie aura été vaincue |)ar un premier souffle léger, et que, par une émission d'air progres- sivement croissante, ou l'aura disposée à recevoir son maximum de vitesse de la bouffée finale. Pour bien vérifier les faits, nous avons construit un mécanisme ouvrant par l'intermédiaire d'une came la soupape d'un réser- voir chargé d'air comprimé sous une pression d'environ 4° atmosphères. La vidange complète de celte quantité d'air comprimé peut être opérée dans des conditions variables par suite de la forme de la came; ainsi nous avons combiné les courbes de nos cames de façon à ol)tenir des émissions brusques, des émissions successives, des émissions progressivement crois- io5.. (8.C. ) sautes, des émissions décroissantes. Disons tout de suite que la forme qui a permis d'imiter le plus fidèlement le mode d'insufflation du chasseur expéri- menté à la sarbacane nous a aussi donné, dans nos armes à vent, le maximum d'effet balistique. C'est la grande dissemblance des résultats d'une même quantité d'air comprimé à la même pression, diversement dépensée, qui nous a suggéré la pensée d'entreprendre une série d'expériences avec les armes à feu, pour rechercher si les gaz développé-s par la déflagration de la poudre se comportaient, pour le lancement d'iui projectile, à la façon de l'air com- primé. » Cette étude nous a révélé des faits que nous allons brièvement passer en revue. » Tout d'abonl nous avons reconnu que, dans la plupart des cas, une partie de poudre est projetée en dehors de l'arme sans avoir été comburée. La quantité de poudre perdue est plus considérable avec les anciennes armes à silex qu'avec les nouvelles à percussion; cette perte est moindre avec la poudre à grains fins qu'avec la poudre à gros grains ; elle est consi- dérablement diminuée, même complètement évitée, par une inflammation en haut de la charge, sous le projectile. Dans ce cas, les premières quantités de gaz développés semblent devoir pousser d'un côté le projectile vers l'orifice de l'arme, tandis qu'elles appuient en quelque sorte le reste de la charge contre la culasse, agissant comme ferait, en se débandant, un ressort à boudin comprimé et intercalé entre le projectile et la charge. » La lumière percée dans le tonnerre de l'arme à des points correspon- dants à diverses hauteurs de la charge nous a fourni, pour les armes à silex, des résultats conformes à cette supposition. » L'implantation de la cheminée à des hauteurs différentes dans le ton- nerre des armes à percussion nous a donné des résultats moins nets. » Le dard de feu de la poudre fulminante sillonne la charge et ne laisse plus jouer un effet marqué à la hauteur du point d'inflammation; il con- vient même d'incliner la cheminée dans son implantation sur le tonnerre de l'arme, pour que le dard de feu aille en quelque sorte buter contre le projectile et ne revienne vers la poudre qu'après s'être réfléchi, si l'on veut que l'inflammation par le haut de la charge ait, avec le fulminate, un effet distinct de l'inflammation par le bas. » Nos expériences nous ont permis de reconnaître que le maximum d'effet balistique était obtenu avec le moindre recul au moyen de charges de poudre fortement tassée, enflammée par en haut sous le projectile, dans un long canon pour les armes à silex. Dans celles ii percussion, la longueur du ( 8.3 ) canon nous a paru jouer un rôle moins important ; ne serait-ce pas parce que la combustion de la charge arriverait plus vite dans ces dernières armes par suite du dard de fidminate qui sillonne la poudre, que par la commu- nication du feu de grain à grain au travers de la lumière dans les armes à silex? La longueur du canon doit en effet rester toujours en rapport avec le temps que la charge met à briiler, pour que le projectile puisse atteindre sou maximum de vitesse avant de sortir de l'arme. » L'analyse de toutes nos expériences nous a convaincu que pour faire une bonne application de la force développée par la conversion d'une ma- tière solide en gaz au moyen de la combustion, il fallait générer cette force d'une façon croissante, pour l'apjjliquer au projectile de manière à vaincre d'abord son inertie, et à arriver ensuite à lui donner sa plus grande vitesse. Les convenances de service déterminant Ja longueur des armes à feu, la rapidité de la déflagration de la poudre devra toujours rester en rapport avec cette longueur, pour que la charge entière soit brûlée quand le projectile atteint l'orifice du canon. » Répétons que toutes nos expériences ont concouru à nous démontrer que le maximum d'effet balistique était obtenu avec des poudres à défla- gration pas trop rapide, enflammées par le haut de la charge dans de longs canons. » Nous avons voulu comparer les effets du coton-poudre à ceux des pou- dres ordinaires à grains gros ou fins. » Nous avons reconnu tout d'abord que, à poids égal, l'effet balistique du pyroxyle était de beaucoup supérieur à celui de la poudre ordinaire. Le recul, qui s'est fait violemment sentir dès que nous avons donné aux charges quelque importance, nous a fait comprendre que la combustion instantanée du coton préparé en carde faisait jouer à l'inertie du projectile un rôle con- sidérable, se traduisant en recul et en tendance à rupture du canon de l'arme. Nous sommes parvenu à amoindrir ces fâcheux effets en remplaçant le coton cardé par du coton filé dont les fils, assemblés en espèces de torons, brillent avec moins de rapidité. Pour retarder la tension des gaz^ nous avons laissé entre la culasse et le projectile une distance réglée de façon que la charge fût intercalée dans une capacité plus considérable que celle nécessaire poiu' la contenir. Dans celte double condition nous avons obtenu des résultais satisfaisants. Nos expérimentations ont porté aussi sur une autre substance à détonation instantanée, nous voidons parler (lu fulminate de mercure, l'oiu" éviter la rupture des armes en l'employant, nous avons intercalé un matelas d'air entre la charge et le projectile. Des ( 8.4 ) fissures survenues dans un des tubes d'acier formant cartouche d'une arme chargée par derrière, nous ont averti du danger que nous courions ; c'est alors que nous est venue la pensée de conjurer phis efficacement les effets désas- treux de l'inertie du projectile choqué par une application trop brusque de la puissance motrice, en composant des charges mixtes avec lesquelles la défla- gration d'une première quantité de poudre lente ébranlerait le projectile et le prédisposerait à recevoir un surcroît d'impulsion d'une seconde quantité de poudre vive. Pour réaliser cette proposition, nous avons placé dans une cartouche métallique une certaine quantilé de pvroxyle. Cette première partie de la charge a été recouverte d'un disque de carton percé au centre d'une espèce de lumière. Sur cet intermédiaire nous avons versé de la poudre ordinaire de mine pour faire le complément de la charge. Le projec- tile reposait sur cette poudre; ce fut à elle que le feu fut mis tout d'abord à l'aide du dard de feu d'une très-petite capsule traversant, dans un petit tube métallique, toute la charge, pour aller frapper contre le projectile et ne re- venir vers la poudre, pour renflammer,que comme par réflexion. Nous avons pris la précaution de n'employer qu'une capsule très-faible, pour avoir une combustion de la poudre plus lente que si un puissant dard de feu en eût sillonné la masse. Dans de telles conditions, nous avons obtenu des effets balisticjues considérables que le faible recul de l'arme était loin de nous faire pressentir. » Comme nous n'avions pas à notre disposition de pendule balistique ni d'appareil chronographique, car ces expériences remontent à plusieurs années, nous n'avons pu juger les effets que par la seide déformation des balles que nous avons pris le soin de fondre d'une même coulée avec du plomb de même qualité, pour être bien certain d'une malléabilité uniforme; leurs divers aplatissements ont donc seuls servi de base à nos apprécia- lions : les charges et les distances étalent proportionnées de façon que les balles ne fussent pas réduites en morceaux. La similitude constante des résultats de nos diverses expériences se retrouvant toujours les mêmes pour des conditions identiques, nous permet d'avoir confiance dans les conclu- sions que nous en avons déduites; aussi nous croyons clairement démontrée l'utilité de l'application successive et croissante d'une force à un corps à mouvoir pour atténuer d'abord le rôle fâcheux que joue son inertie, et lui imprimer ensuite son maximum de vitesse. Dans les armes à poudre, la composition de la charge, le choix du point d'inflammation peuvent rem- placer le calcul lie la courbe progressive et croissante cjui gradue le plus uti- lement l'émission de l'air comprimé dans les armes à vent : ce principe reste ( 8'5 ) donc une véi ilé pour toutes. Ces idées, conformes aux saines lois de la iiié- caiiique, nous semblent devoir conduire, par leur application, à d'impor- tants résultats dans les armes à gros calibre. Dans l'intérêt de la défense de notre patrie, nous avons désiré qu'elles fussent expérimentées; ])Our atteindre sûrement ce but, nous avons osé appeler sur elle l'attention de l'Empereur. Ses connaissances spéciales en cette matière nous laissent dans la conviction profonde que nos idées porteront leurs fruits. La bienveil- lance avec laquelle Sa Majesté nous a autorisé à continuer nos essais dans son polygone de Meudon nous fait un devoir de remercier ici publique- ment l'Empereur de l'intérêt empressé que son amour du progrès lui fiiit accorder aux conceptions susceptibles de devenir utiles. Sa haute approba- tion, accordée à notre pensée de charges mixtes, est pour nous un puissant encouragement pour continuer les expériences que les circonstances indi- quées en commençant cette lecture nous obligent à vous communiquer des aujourd'hui, et avant qu'elles soient terminées. » Nous finissons, Messieurs, en plaçant sous vos yeux des spécimens de cartouche satisfaisant aux conditions mécaniques que nous avons énumé- rées durant l'exposition des principes qui guident nos essais. » M. Chaudun père, fabricant de cartouches pour les armes de chasse, s'est empressé de les confectionner; son esprit ingénieux, sa longue pra- tique dans celte industrie, lui ont fait trouver des dispositifs simples et peu dispendieux pour réaliser au profit des armes de chasse et de tir : » 1° Une économie en évitant, au moyen de l'inflammation de la charge par en haut sous le projectile, les pertes de poudre projetées en dehors de l'arme; M 1° Un amoindrissement de recul par l'insertion d'une chambre à air dans la cartouche entre la culasse de l'arme et la charge; )) 3° Enfin une augmentation de portée par la combinaison de poudres lentes et de poudres vives dans une même cartouche. » Nous lui adressons ici nos remercîments pour son obligeant concoiu's. » ASTRONOMIE. — Nole sur les Iravaux de HJ. le D'^ Spœrer sur le Soleil; par M. Faye. « Dans ma dernière communication (i6 et ■Ji'\ janvier) sur la constitution physique du Soleil, je ne me suis nullement astreint à faire l'histoire com- plète des travaux des astronomes sur ce sujet ; néanmoins je reconnais qu'il ( 8i6>) •lurait été juste d'y signaler le nom et les recherches du D"^ Spœrer (à An- clam, en Poméranie). Je vais tâcher de réparer cette omission, autant que je puis le faire dans le court espace de temps qui me reste avant de quitter Paris. » Le D"^ Spœrer observe le Soleil avec assiduité depuis la fin de 1860. Réduit d'abord à faire usage d'une lunette assez faible et d'un diaphragme d oculaire en guise de micromètre annulaire, ses persévérants efforts ont fini par attirer l'attention du Ministre de l'Instruction publique en Prusse, M. de Miihler, qui a bien voulu conseiller au roi de doter plus largement le petit observatoire solaire organisé par le savant professeur d'Anclam. Le titre principal du D' Spœrer est d'avoir reconnu, indépendamment des tra- vaux si décisifs de M. Carrington, que le mouvement de rotation des taches solaires varie régulièrement avec la latitude, de telle sorte que, d'une zone à l'autre, la vitesse angulaire diminue progressivement à partir de l'équa- teur, tandis que leurs petits déplacements dans le sens du méridien n'ont rien de régulier ni d'appréciable. C'est là un fait tellement important, que l'Académie ine permettra sans doute de lui en offrir une confirmation nou- velle tirée des observations originales du D"^ Spœrer (i). )i Pour cela, j'ai réuni les observations de 1860, 1861, 1862, i863, en les ordonnant suivant les latitudes héliocentriques des taches, puis j'ai pris les moyennes brutes de trois en trois degrés, de manière à former la dernière colonne du tableau suivant. A côté des durées de rotation de M. Spœrer, je place celles de M. Carrington et aussi les rotations conclues de la for- mule du mouvement diurne 862' - 186' sur/, que j'ai donnée dans mon Mémoire (2). Un coup d'œil suffira pour saisir l'accord de ces nombres moyens et pour juger de la continuité qui préside à l'ensemble du phénomène. (i) La méthode d'observation de M. Spœrer diffère beaucoup de relie de M. Carrington : il emploie un micromètre annulaire à trois cercles d'acier insérés dans une plaque de verre, par Steinheii, et un oculaire à double réflexion pour affaiblir la lumière. (2) Compiex renr/us, séance du 23 janvier dernier, p. i47- ( 8'7 ) Botalfon RoU itioii Rolalion Lâliluîle 'I'-. iprès d'à] [irès d'après l:éliocenlriqiio. M. Carringlon. la foriimUv le IK Spoercr I 25 J ,5o: 25 ',06 J 24: i ,5. 4 24 ,88 25 ,08 25 ,00 7 25 ,08 25 ,'4 25, ,îi ro 25 .'9 25 ,22 25, i27 i3 25 ,4> 25 ,33 25. .47 i6 25, ,57 25, ,48 25, 7« '9 25 .67 25, ,64 25, ,80 22 25, ,«7 25, ,84 25, 75 25 25. ■97 26, ,06 26, 12 3o 26, ,23 26, 49 26, 22: 33 26,63 26, i77 » 36,5 27: ,24: 27 > i3 ■b 45 28, ,46: 28, ,09 u » On voit que les rotations les mieux connues, de 7 à ^5 degrés, s'accor- dent bien de part et d'autre. Quant aux régions équatoriales, où les ob- servations de M. Carrington laissent beaucoup d'incertitude, celles du ly Spœrer serviront à fixer un peu mieux les idées; elles montrent déjà que les écarts de la formule sont en grande partie imputables à l'observation elle-même et à la rareté des taclies de cette région. Au delà de 3o degrés, M. Carrington seul a trouvé, dans ses travaux plus anciens et plus pro- longés, des éléments d'information que la formule représente suffisam- ment. n Je dois maintenant expliquer comment j'ai pu omettre de faire men- tion de ces importants résultats de M Spœrer, bien que ses travaux aient été publiés par fragments dans un recueil très-répandu, les Nouvelles Aslro- noinlques de M. Peteis. Voici franchement mon excuse. M. le D'' Spœrer ne s'est pas borné à observer et à mettre en relief un fait capital : il a voidu, dès l'origine, lorsqu'à peine il en avait entrevu les délinéaments, l'inter- préter par la conjecture que voici. Puisque les taches sont animées de vitesses différentes, imaginons que, dans une certaine zone, vers 9 ou 10 de- grés de latitude (i), leur vitesse soit réellement celle du Soleil, et que, dans les autres régions, les taches soient poussées, soit en avant, soit en arrière, (i) M. Spœrer donne de ce choix des raisons que je ne pourrais indiquer suffisamment dans cetle courte Noie et dont je ne saisis pas bien la portée. C. R., i865, i" Senieslre. (,T. LX, N» 17.) ' o6 [ 8i8 ) par (les couranis atmosphériques dirigés suivant les parallèles : alors, depuis cette zone jusqu'à l'équat'Uir, ces courants devront agir dans le sens de la rotation, puisque la les taches vont phis vite qu'à lo degrés; tandis que, de la même zone jusqu'aux pôles, les courants devront souffler en sens inverse de la rotation, puisque là les taches vont plus lentement. Il suffira donc, pour se représenter le ])hénomène, de distinguer sur le Soleil une zone équatoriaie, où régneront des tempêtes venant de l'ouest [iveststurin); puis, de part et d'autre de l'équateur, deux zones étroites (d'environ 6 de- grés) de calme ou de courants à sens indifférents; enfin, devx autres zones plus étendues où les vents régnants souffleront constamment à l'opposite de la rotation {oststurm). » C'est cette conjecture continuellement rappelée par l'auteur qui, je l'avoue , a distrait tout d'abord mon attention et m'a voilé la valeur tres-réelle de ses travaux. Aujourd'hui que j'ai sous les yeux, non plus des articles isolés, mais l'ensemble des Mémoires que M. Spœrer a bien voulu m'envoyer, je m'empresse de réparer mon tort et de signaler à l'Académie luie série de recherches originales bien dignes de toute l'attention des astronomes, même de ceux à qui la conjecture de l'auteur pourrait ne pas paraître admissible. » Qu'il me soit permis d'ajouter à cette analyse bien incomplète quel- ques renseignements historiques, inconnus en France, que j'ai rencontrés dans les Mémoires du savant allemand. J'étais convaincu que le phénomène si suigulier d'une rotation régulièrement variable de l'équateur aux pôles était entièrement nouveau. Il n'en est pas ainsi. Dès l'origine, ce phénomène a frappé les observateurs attentifs. Hévélius et, avant lui, le P. Scheiner lui- même, qui dispute à Fabricius et à Galilée la découverte des taches du Soleil, avaient reconnu que les taches tournaient plus vite à l'équateur qu'aux pôles. LesCassini, au contraire, et presque tous les astronomes plus modernes, avaient perdu de vue cette remarque capitale mais embarrassante, persuadés que c'était là une erreur imputable à l'imperfection des moyens d'observation au commencement du xvil^ siècle. Pourtant Schrœter, cet énude trop négligé chez nous de sir W. Herschel, l'avait tirée de l'oubli et confirmée par ses propres observations (i). Enfin un autre savant allemand, M. Bcehm, à qui l'on doit quelques travaux sur les taches du Soleil et sur les éléments numériques de sa rotation, avait constaté le même fait dés (i) C'est, je crois, Schrœter qui a signalé le premier la remarquable tendance des groupes de taches à s'orienter dans le sens des parallèles solaires. ( 8i9 ) i833 (i). Mais tout cela était pour nous entièrement perdu et comme effacé sous le poids des témoignages unanimes des autres astronomes, jusqu'au moment où le D' Spœrer et surtout M. Carriugton sont venus découvrir de nouveau et mettre cette fois en pleine lumière un des plus beaux phéno- mènes du ciel. I) M. MoRix fait hommage à l'Académie du n" 19 (janvier i865; des Annales du Consewatoire impérial des Jrls et Métiers, publiées par les Pro- fesseurs, et donne en quelques mots un aperçu du contenu de cette publi- cation. M. LE SECRÉTAfRE PERPÉTUEL ptéseute au uom du P. Secchi la première partie d'un ouvrage intitulé : « Réductions des observations magnétiques faites a l'Observatoire du Collège romaui, de iSSg à 1864 "• NOMINATIONS L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination de la Commission qui devra examiner les pièces envoyées au concours pour le prix Bordin, sur la question concernant les rapports entre la constitution des racines des plantes et l'absorption exercée par ces racines. MM. Decaisne, Brongniart, Naudin, Fremy, Tidasne réunissent la ma- jorité des suffrages. M. LE Président annonce que M. Poncelet ayant donné sa démission de Membre de la Commission pour le grand prix des Sciences mathématiques, il y a lieu à pourvoir à son remplacement. L'Académie décide que M. Cil. Dupin, qui, après M. Poncelet, avait réuni le plus de suffrages, lors du scrutin pour lanomination de cette Commission, remplaceraM. Poncelet. 1 1 Les observations de Bœhm donnent du moins les résultats suivants : Laiilnde. Kolalion observce 0 8 25, og 21 25,68 ,4 26.16 . 26 25,99 3i — 33 27,07 lob. ( 820 ) MÉMOIRES PRÉSENTÉS. OHIMIK MINÉRALE. — Sur les chlorures de tungstène. Note de; M. H. I>ebkay, présentée par M. H. Sainte- Claire Deville. (Commissaires, MM. Chevreul, Regiiault, Fremy, H. Saintp-Claire Deville.) « Je me suis occupé des chlorures de tungstène dans le but de déterminer la densité de leuis vapeurs. Cette étude m'a entraîné beaucoup plus loin que je ne pensais, et, quoiqu'elle ne soit pas encore complètement terminée, elle m'a néanmoins fourni déjà un certain nombre de résultats que je crois devoir signaler afin de prendre date poiu- mes recherches ultérieures. » I. Lorsqu'on fait passer un courant de chlore sec sur du tungstène chauffé au rouge sombre dans un tube de verre réfractaire, on obtient des vapeurs d'un rouge intense qui se condensent en passant par l'étal liquide en une masse de couleur gris foncé. Ce produit est un mélange de per- chlorure de tungstène WCl' et de sous-chlorure W" CP (W=92, Cl = 35,:>). Il faut le distiller dans un courant de chlore pour obtenir le perchlorure de tungstène aussi pur que possible; mais quoi qu'on fasse, on n'obtient jamais ce produit absolument exempt de sons-chlorure. Toutefois la quan- tité de ce dernier corps est assez petite pour que la composition du corps n'en soit pas sensiblement altérée; mais on peut avoir recours à des réac- tions très-nettes qui décèlent sa présence dans le perchlorure. Il suffit de dissoudre ce corps dans la potasse pour obtenir un dégagement dhydio- gène (2 à 3 centimètres cubes pour 4 à 5 granunes de matière); l'ammo- niaque dissout également le j>erchlorure en donnant une liqueur jaune qui se trouble bientôt et se décolore en laissant déposer de l'oxyde brun de tungstène. Avec l'ammoniaque, il se dégage seulement une trace de gaz. Si l'on se contente seulement de mettre le perchlorure distillé dans le chlore en contact avec de l'eau, il s'altère lentement, se transforme d'abord en une matièi-e blanche, puis en acide tungsliqiie jaune, sans que l'on ait vu a aucun moment la production de l'oxyde bleu de tungstène qui correspond au chlorure W*CP : c'est que la plus petite quantité d'oxygène dissoute dans l'eau suffit à transformer l'oxyde en acide tungstiqne. M Lorsqu'au contraire on met au contact de l'eau le chlorure non distille dans le chlore, la décomposition peut être instantanée, et dans tous les cas on obtient de l'oxyde bleu de tungstène mélangé d'iuie proportion plus ou moins notable d'acide tungstique. ( 8^1 ) » Le perchlorure de tungstène offre donc, comme l'acide siilfuiique monohydraté, l'exemple d'un corps se décomposant d'une manière sensible à la température de son ébnililion, en donnant un produit dont la compo- sition, quoique sensiblement constante dans des circonstances déterminées (le pression (i), ne peut s'exprimer par aucune formule équivalente simple. » II. Il existe deux oxychlorures de tungstène correspondant à l'acide tungslique : l'un, qui est rouge, a pour formule WOCP ; l'autre, d'un blanc légèrement jaunâtre, a pour symbole WO^CI. On obtient d'ordinaire leur mélange en même temps que de l'acide tungstique, en faisant passer un courant de cblore sur l'oxyde WO^ anbydre, on les sépare ensuite par dis- tillation, le cblorure rouge étant plus volatil que le blanc. » J'obtiens facilement ces deux oxycbiorures eu distillant le percliiorure de tungstène avec de l'acide oxalique sec ou ordinaiie en poids convenable. C'est, comme on le voit, le procédé que Gerhardt a employé autrefois pour préparer plus facilement l'oxychlorure de phosphore avec le perchlorure. L'oxychloriu'e rouge peut s'obtenir à l'état de pureté, mais, quel que soit d'ailleurs le procédé employé, on obtiendra toujours l'oxychlorure jaune mélangé d'acide tungstique ou d'oxychlorure rouge, parce que l'oxychlo- rure WO^Cl se décompose en grande partie, lorsqu'on le distille, eu acide tungslique et oxychlorure rouge, comme le représente l'équation aWO'CI = WOCP + WO^ » C'est cette décomposition, observée par H. Rose, qui lui fit découvrir la véritable nature de l'oxychlorure jaune que l'on considérait avant lui comme étant le perchlorure de tungstène, parce que l'eau le transformait en acide tungstique (2). C'est également à cause de cette propriété que l'on obtient le mélange des oxychlorures et de l'acide tungstique dans l'action du chlore sur l'oxyde de tungstène WO^. 1) 11 était important de rechercher s'il était possible d'obtenir les oxy- chlorures en chauffant le perchlorure de tungstène WCl' avec de l'acide tungslique anhydre. L'expérience montre que la combinaison des deux corps s'effectue même avec dégagement de chaleur. On a, par exemple, WO' + 2WCP = 3'WOCI=. (i) Il n'est pas douteux que si l'on opcrait la dislillatinn de l'acide sulfuriqtie ou du chlorure de tungstène sous des pressions très-variables, on obtiendrait des produits de com- position également variable; c'est ce que M. Roscoë a fait voir pour les hvdralps des acides azotique et chlorliydrique. (?) Annalfs de Chimie et de Physique, ■:>.' série, t. LXVI, p. y.i'i. ( 822 ) » Cette réaction présente au point de vue théorique un intérêt tout par- ticulier (i) sur lequel il n'est pas nécessaire d'insister. » III. Je n'ai pu obtenir jusqu'ici, même approximativement, la densité de l'oxydilorure jaune ; sa facile décomposition a rendu toutes mes déter- muiations tellement incertaines, qu'd m'a été impossible d'en rien conclure. [| est au contraire très-facile de déterminer celle des deux autres chlorures, dans la vapeur de mercure ou de soufre, car le moins volatil des deux, le perchlorure, distille vers 3oo degrés. » Voici les résultats de mes expériences : Perchlorure WCl^ dans la vapeur du mercure. W Cl-' dans la vapeur de soufre. D = I 1 , 5o . I " expérience . . D = i i , 89, 2' expérience. . . D= 1 1 ,80, 3' expérience . . D = 1 1 ,69. Oxychlorure WOCI" dans le mercure. WOCP dans la vapeur de soufre. ■ "expérience... D=ro,78, 0=10,27. 2" ex])érieiicc . . 0=10,70. i. Si l'on veut que la formule des corps corresponde toujours à 2 ou a 4 volumes de vapeurs, on trouve par un calcul bien simple : 1° que la den- sité théorique de la vapeurdu chlorure WCl' estD= i3,75 dans l'hypothèse où le symbole WCP correspond à 2 volumes, et 0 = 6,875 dans l'hypo- thèse où la formule correspondrait à 4 volumes; 2" que la densité théorique du chlorure WOCP est D= 11,86 dans l'hypothèse des 2 volumes, et 5,93 dans celle de 4 volumes. Ces nombres, ou le voit, sont bien différents de ceux fournis par l'expérience. 1) Si l'on admet avec M. Persoz que le perchlorure de tungstène a pour formule W'CP (en posant W'= ^W = ^ 92 h l'équivalent du chlorure devient les | de l'ancien équivalent, la nouvelle densité de vapeurs devient également les ^ de l'ancienne; et si l'on suppose que W'Gl* corresponde à 4 volumes de vapeurs, on a, pour la densité théorique de ce chlorure, D = I 1 ,46, nombre peu différent de ceux donnés par l'expérience. ). Mais alors il faut supposer que l'oxydilorure rouge a pour formule ( 1 ) D'après M. Persoz, l'acide phos[)liorique anhydre et le perchlorure de phosphore Se comliinent aussi directement jjoiir donner ruxychlorure i annales de Chimie et de Physique, 4' série, t. I", p. 109';. ( 823 A A W'O^Cl^; sa densité théorique de vapeurs, en supposant que cette formule corresponde à 4 volumes, est D = ^,87, ce qui s'accorde assez bien avec les nombres donnés plus haut pour ce chlorure. Mais une telle formule est inacceptable dans les idées généi-alement reçues, et il convient de faire ) En résumé, la cristallisation de la solution sursaturée de sulfate de soude est déterminée par le contact d'un corps solide soluble dans l'eau, altérable sous l'influence de la chaleur, donnant par le chlorure de baryum un précipité de sulfate de baryte et contenant de la soude : ce sont là précisément les caractères du sulfate de soude ordinaire. Ce serait donc lui qui déterminerait la cristallisation de ses dissolutions sursaturées. » Mais n'existe-t-il pas d'autre substance jouissant de cette propriété? Pour éclaircir ce côté synthétique de la question, j'ai essayé l'action d'un grand nombre de substances : sur 220, j'en ai trouvé Sg déterminant la cristallisation. Des dernières, 18 étaient insolubles; je les ai lavées à l'eau distillée et abandonnées sur des filtres à l'abri des poussières de l'air ; après quelques jours elles étaient sèches, je les ai trouvées sans action sur la solution qu'elles faisaient cristalliser d'abord; en outre, les eaux de lavage donnaient. 108.. ( 830 ) par le chlorure de baryum, lui précipité de sulfate de baryte et contenaient de la soude. Les 21 substances solubles ont été piu'ifiées par une nouvelle cristallisation avec ou sans aflditioii de chlorure de baryum. Aucune n'a conservé d'action sur la solution sursaturée. Ces résultats me portent à croire que le sulfate de soude est la seule substance qui agisse sur sa solution sur- satiu'ée. » (Considérons maintenant l'action de l'air dans l'expérience ordinaire du tube de Gay-Lussac, telle qu'on l'effectue ordinairement dans les cours de Chimie. Si la conclusion à laquelle je viens d'arriver est rigoureuse, il faut qu'une parcelle de sulfate de soude pénètre avec l'air dans le tube et détermine la cristillisation. Or il semble difficile d'admettre que dans le vo- lume limité d'air qui rentre datis le tube se trouve toujours une parcelle de sulfate de soude ; mais je ferai remarquer que celte exjjérience ne léussit au plus qu'une fois sur dix quand ou prend la précaution de laver l'extré- mité effilée du tube et les pinces qui servent à la briser, et de le maintenir à distance pendant l'opération. Si elle réussit le plus ordinairement dans les cours, cela tient à ce que le coiu-ant d'air entraîne des parcelles de sulfate de soude qui ont été projetées hors du tube pendant l'ébullition du liquide, qui se sont fixées à sa siufl^ce extérieure et y ont cristallisé. Du reste, elle est peu propre à résoudre la question en litige, car elle n'amène au contact de la solution qu'un volume très-limité d'air. Il vaut mieux faire passer très-rapidement (un litre |)ar minute) de l'air dans ime solution sursaturée; alors, tandis que dans le laboratoire il n'en faut le plus souvent pas plus de ~ de litre pour déterminer la cristallisation, il a fallu, à la campagne, aller souvent jusqu'à 60 et même 80 litres. Ce résultat, obtenu en évitant toutes les causes qui pouvaient accidentellement amener du sulfate de soude, conduit donc de |)lus en plus à affirmer l'existence du sulfate de soude dans l'air. » La présence de cette substance dans l'air n'a du reste rien d'extraordi- naire, si l'on remarque que l'acide sulfureux et l'hydrogène sulfuré produits dans l'atmosphère se transforment facilement en acide sulfurique, et que le sel marin, provenant de l'eau de la mer, doit donner avec cet acide du sul- fate de soude. » I-e sulfate de soude n'est pas la seule substance qui puisse donner des solutions sursaturées : l'acétate et le carbonate de soude, le sulfate de ma- gnésie, etc., jouissent de la même propriété. Je poursuis en ce moment leur étude, et j'aurai l'honneur d'en faire connaître prochainement à l'Académie les résultats. J'espère pouvoir en déduire un procédé d'analyse applicable ( 837 ) aux substances propres à la siirsaturation, et permettant de déceler leur pré- sence même lorsqu'elles se présentent en quantité infiniment petite. J'ajou- terai tout (le buite que les poussières que j'ai essayées, et qui toutes faisaient cristalliser le sulfate de soude, ont été toutes sans action sur l'acétate; on conçoit que ce dernier sel se trouve eu effet rarement dans l'air. » J'ai eu l'houueur d'assister M. Pasteur, au Muséum d'Histoire natu- relle, ilans les expériences de la Couunission de l'Académie relatives aux générations dites sponlanées : c'est alors que j'ai eu la pensée de m'occuper des dissolutions sursaturées; leur cristallisation devant être attribuée, comme je crois l'avoir démontré, à l'action de particules de sulfate de soude tenues en suspension dans l'air ou déposées à la surlace des coi-ps, on ne sera pas surpris de trouver les plus grandes ressemblances, soit dans le mode d'expérimentation, soit dans les résultats entre mon travail et celui de M. Pasteur relatif aux germes des organismes inférieurs; ses conseils ne m'ont pas fait défaut dans le cours de ces études, mais le peu de ressources qu'offrent les lycées pour des recherches de cette nature ne m'auraient pas permis de mener celles-ci à bonne fin, si M. Thenard n'avait eu l'obli- geance de mettre généreusement à ma disposition son laboratoire de Talmay. » CHIMIE. — Deuxième Mémoire sur iélat moléculaire des corps; parM. J. Persoz. (Extrait du chapitre II.) (Renvoyé à la Commission précédemment nommée, composée de MM. Peloiize, Fremy.) De lu combinaison. « La question si intéressante de la combinaison des corps nous a natu- rellement conduit à consulter les travaux de Newton et d'Ampère sur ce sujet. Il est à remarquer que les opinions de ces deux illustres savants s'ac- cordent au fond, puisque l'un et l'autre ne conçoivent de combinaisons chimiques que lorsque les dernières parties de la matière (atomes) affectent un certain arrangement qui n'a rien, il est vrai, de déterminé dans l'énoncé de Newton, tandis qu'Ampère assigne à ces particules des formes régu- lières, et qu'il est conduit à représenter de la manière la plus heureuse la composition et la forme cristalline des corps les plus divers et les plus éloi- gnés par leurs propriétés mêmes. » Dans la combinaison nous avons à passer en revue : » i" Les forces qui la déterminent; ( 838 ) D a" Les éléments qui y participent; » 3" Les rapports en poids des corps élémentaires qui concourent à la formation des composés des différents ordres. » Quant à la question des forces qui concourent à la combinaison, nous pouvons nous convaincre que Newton d'abord, et plus tard Ampère, consi- déraient déjà que les phénomènes chimiques rentrent dans les lois ordi- naires de l'attraction. Il y a longtemps aussi que, pour notre compte per- sonnel, nous refusons il'admettre qu'il soit nécessaire, pour expliquer l'attraction chimique, d'imaginer des forces particulières faisant exception aux lois si simples, en général, de la nature. '< J'infère encore, dit à ce sujet Newton [Optique, p. 258), l'existence de )) cette cause (l'attraction), de ce que deux plaques de marbre polies et )) appliquées l'une contre l'autre adhérent dans le vide; et de ce que le » mercure se soutient à la hauteur de 5o, 6o, 70, etc., pouces, dans un » tube parfaitement purgé d'air. L'atmosphère ne l'élevant par son poids » qu'à la hauteur de 29 à 3o pouces, quelque autre cause l'élève nécessai- » rement plus haut, non en le pressant dans le tube, mais en faisant que » ses parties adhérentes les unes aux autres adhèrent pareillement au » verre. » » Les conclusions ultérieures de ce Mémoire démontreront, ce nous semble, qu'Ampère a posé, dans le domaine de la Géométrie pure, les fon- dements de la théorie des combinaisons successives. » En nous occupant des éléments qui concourent à la combinaison, et en particulier de la chaleur, nous avons été amené à distinguer les com- posés formés indirectement et qui ont pour type l'eau oxygénée, de ceux qui sont le résultat d'une combinaison directe, ce qui nous a conduit à rattacher à ce premier groupe les décompositions dues au contact de cer- tains corps, les dédoublements spontanés des matières organiques par les ferments, et enfin l'oxydation des corps de tous les règnes par des composés oxydés formés indirectement. » Nous énoncerons de la manière suivante l'une des propriétés carac- téristiques des oxacides formés indirectement: Il Les oxacides formés indirectement engendrent : Il 1° Des sels neutres (à i équivalent de base et i équivalent d'acide) solubles, à l'exception de certains sels à base de baryte, de strontiane, de chaux et de plomb ; « 2° Des sels neutres à base d'oxydes alcalins et alcalino-terreux qui sont saturés. ( 839 ) » Les propositions inverses s'appliquent anx oxacides formés directement. » Ainsi, en mettant hors de cause les sels formés par les oxydes des mé- taux alcalins qui sont tous plus ou moins solubles, quelle que soit l'origine de l'acide, on trouvera que, sauf quelques exceptions que nous aurons soin d'expliquer ailleurs, et qui tiennent à la nature et au volume de la base, tous les sulfates, liyposulfatcs, chlorates, nitrates, nilrites, hypophos- phites, etc., neutres sont solubles ; tandis que tous les carbonates, sulfites, phosphites, phosphates, borates, silicates, etc., neutres sont insolubles. )) Quant à la seconde proposition, nous pouvons dire que les sels en- gendrés par les acides formés indirectement et à base d'oxydes alcalins et alcalino-terreux, voire même quelques sels à base d'argent et de plomb, sont saturés, c'est-à-dire qu'ils sont sans action sur les réactifs colorés. » Au contraire, les sels neutres à base alcaline, formés par les acides en- gendrés directement et qui sont seuls solubles, ont tous une réaction alca- line plus ou moins prononcée ; en effet, ils verdissent le sirop de violette et la teinture de chou rouge, et rougissent la teinture de curciuna. » Ajoutons aussi que c'est toujours dans les composés formés indirecte- ment ou dans des corps réputés simples, mais qui présentent im certain mode de condensation, que se trouvent les sources les plus puissantes d'électricité. » Nous n'examinerons dans ce court aperçu, ni le rôle important qu'exerce l'électricité dans les réactions chimiques, ni l'influence de la lumière dans les phénomènes où son action est si manifeste, comme aussi, pour ce qui concerne les éléments pondérables, nous nous contenterons de renvoyer aux travaux que nous avons publiés précédemment sur cette matière. » Ce qu'il nous importe aujourd'hui, c'est d'établir qu'il y a, selon nous, dans l'acte de la combinaison, deux phases bien distinctes : la pre- mière, où les forces plus ou moins puissantes mises en jeu auraient pour résultat de donner à la matière des formes géométriques déterminées; et la seconde, où, la matière ayant pris cette forme géométrique, il suffit de la force la plus faible pour provoquer des combinaisons qui sont toujours essentiellement dépendantes du volume des corps en présence. » En résumé, nous croyons maintenant être à même de formuler les lois simples d'après lesquelles un certain nombre de corps, dont l'hydro- gène fait partie, s'accumulent et se multiplient dans une combinaison. C'est ce que nous espérons démontrer par les résultats de nos expériences, dans les chapitres suivants de ce Mémoire, maintenant que nous avons fini d'esquisser les préliminaires obligés de ce travail. » ( 84o ) ANATOMIE COMPARÉE.— Des sexes chez les AUyonnires. Extrait d'une Note de M. Lacaze-Duthiers, présenté par M. de Quairefages.) (Commissaires, MM. Milne Edwartls, de Qiiatrefages, Blanchard.) « Les naturalistes se sont moins occupés de la reproduction des (^ûral- LIAIRES que des caractères extérieurs de ces animaux. On peut à bon drint s'en étonner quand on remarque que, dans les autres divisions des Zoophytes, l'étude des phénomènes qui président à la conservation de l'es- pèce a conduit aux découvertes les plus importantes. » Dans les différents Mémoires que j'ai eu l'honneur de présenter à l'Aca- démie, je me suis appliqué à faire connaître les conditions sexuelles que Ion rencontre dans des types éloignés tels que le Corail, l'Antipathe sub- pinné, la Gerardia de Lamarck, etc. Aujourd'hui, laissant de côté les espèces isolées, je me propose de résumer les faits les plus généraux qui se rappor- tent à la division très-naturelle des Alcyonaires, et pour cela je prendrai les exemples, d'une part, dans les espèces dont les Zoanthodemes sont 6xés, d'autre part dans les Pennatulides dont les Polypiers restent toujours libres. » CJiez le Corail les glandes génitales sont tantôt séparées, tantôt réunies, soit dans un même Polype, soit dans un mémeZoanthodème; mais si l'her- maphrodisme se rencontre quelquefois, cependant, il Huit le dire, la sépara- tion des sexes paraît être la condition la plus habituelle; elle semble même devenir la règle générale dans le groupe tout entier des Alcyonaires, si l'on en juge par les genres et espèces suivantes : Gorgonia sublilis, G. luberculala^ Muricea plncoinus, M. violacea, Primnoa verticillaris, Bebiyce mollis, Alcyo- niuin jialmdlum, A. digitatiim, Pnialcyonium clecjans, chez lesquels, sans aucun doute, non-seulement les Polypes, mais encore les Zoanthodemes sont uni- sexués. » Les observations qui font l'objet de ce Mémoire, fort multijîliées pendant deux printemps et deux étés consécutifs, semblent avoir fourni dos l'ésul- tats certains; mais cependant il ne faut pas oublier qu'il est bien difficile d affirmer absolinnent qu'un échantillon de grande taille renfermant souvent plusieurs milliers de Polypes n'ait pas un seid animal d'un sexe différent de celui qui semble exister exclusivement; aussi je dois faire tonte réserve re- lativement aux exceptions qui pourraient se présenler. » Pour arriver à constater la nature des glandes génitales, il faut toujours commencer par un examen microscopique et une élude histologique des éléments caractéristiques, c'est-à-dire |)ar reconnaître le sperwatozoide et { 8^1 ) l'œu/. Il n'y a que ce moyen pour obtenir ties résultats certains (pii puissent permettre ensuite de juger rapideniout des sexes, à la condition cependant que les organes producteurs de ces éléments, ou ces éléments eux-mêmes, offrent des différences telles, qu'elles soient appréciables à l'œil lui. » Lorsque l'œuf et le testicule présentent à la fois même forme et même coideur, il est impossible de les distinguer sans le microscope ; on sent com- bien l'observation devient alors laborieuse et le travail immense. Mais lieu- reusementil n'en est ainsi que très-rarement, car presque toujours ces élé- ments présentent quelques différences saillantes. » Dans la Gorgonin sublilis, par exemple^ les œufs sont d'un rose carmin magnifique, tandis que les organes mâles sont incolores; les premiers sont gros et dépassent raremeut les nombres deux ou trois; les seconds, au con- traire, sont petits et forment huit paquets en grappe composés chacun d'une dizaine de capsules. Ce premier fait reconnu par l'examen microscopique, il est facile par de larges incisions, ou même en déchirant tout simplement le sarcosoine avec l'ongle, de faire très-rapidement le triage des Zoantbo- demes mâles et des Zoanlliodèmes femelles. Cela m'est arrivé bien souvent sans jamais me tromper, et cependant c'était par centaines que les pécheurs m'apportaient les échantillons. 1) J/observation de la Gorgonia subtilis est tellement facile et donne des résultats SI précis, qu'elle peut servir de type pour ce genre de recherches. » Dans les Muricea, les œufs ont une couleur vive qui se rapproche de celle du sarcosome; les capsules testiculaires sont au contraire très-pâles, ou presque incolores. L'une des espèces, la M. placomus, qui abonde sur les bancs coralligènes de la Méditerranée, est d'un bel orangé un peu jaune, mais sans éclat; ses œufs ont la même teinte, mais leur nuance est plus rouge, plus vive et éclatante; ses testicules sont quelquefois à peu près blan- châtres, mais le plus souvent d'un orangé pâle. L'autre espèce, la M. violacea, a ses tissus du plus beau violet qu'il soit possible d'imaginer; ses œufs ont une nuance plus douce dans laquelle le bleu domine; ses testicules sont à peine lavés d'une légère teinte où le bleu domine encore plus; mais pour ces deux espèces, tandis que la sécrétion des ovaires se réduit toujours à une dizaine d'œufs, quelquefois plus, quelquefois moins, pour le testicule elle produit huit paquets formés de six à douze capsules. Il devient donc facile de reconnaître, avec la loupe ou même à l'œil nu, le sexe de ces espèces, et ce n'est que très-exceptionnellement que j'ai rencontré sur un même Zoan- thodème les deux ordres de glandes génitales. C. R., 1865, 1" Semestre. (T. LX, N<> 17.) I OQ ( 842 ) » Il n'y aurait (|u'à répéter les mêmes choses pour les Primnou veiiicit- taris, Alcyonium dujilahim^ A. palmaliim. Dans ces deux dernières espèces, quand on donne un Inrgp coup de scalpel dans la masse charnue lobée cpii constitue leurs Zoantliodèmes, on voit, si les animaux sont en gestation, des milliers d'ovules ou de capsules testiculaires se détacher des longs pédicules qui les portent, comme dans tous les Alcyonaires, et s'échapper des cavités des Polypes. )) La Bebrj'ce inottis pourrait quelquefois sembler faire exception, mais il faut remarquer que ses Zoantliodèmes, quand ils se rencontrent, se soudent, se confondent, et que par conséquent il doit quelquefois sembler n'y avoir qu'une seule colonie à deux sexes, tandis qu'en réalité les sexes ont été primitivement distincts, et l'apparence bisexuée n'est que le résultat d'une greffe par approche. » L'Alcyon palmé vit bien et longtemps dans les aquariums, aussi est-il facile de l'observer; quand il est bien épanoui et très-gonflé, il laisse voir, par transparence, au travers de ses parois amincies, les nombreux globules de l'intérieur de ses cavités qu'on reconnaît aisément pour être des œufs ou des testicules à la forme et à la taille qui diffèrent dans l'un ou l'autre cas. )) Dans la Juncella elongata le parenchyme est d'une belle nuance terre de Sienne, les œufs sont gros, peu nombreux et blancs ; il est donc facile pour elle de reconnaître le sexe sans le secours des instruments grossis- sants, après que l'on a déterminé positivement par l'histologie la nature des glandes. » En résumé, dans les espèces d'Alcyonaires à base fixée qui vivent dans la Méditerranée, les sexes paraissent toujours séparés, car les Polypes, comme les Zoanthodèmes , ne présentent qu'un seul ordre de glandes génitales. » Dans les Pennatulides ou Alcyonaires libres, la même chose se présente. Chez les Pennalida (jrisea, P. ntbra, P. tiiaimlosa, jamais je n'ai trouvé les sexes réunis; mais je dois dire que j'ai observé un bien moins grand nom- bre d'individus c[ue pour les autres Alcyonaires. » Il n'est guère possible de s'occuper de la reproduction dans les der- nières divisions du règne animal, sans diriger son attention sur les condi- tions si particulières que présentent souvent, dans les animaux inférieurs, la multiplication et la métamorphose des individus. Bien que j'aie cherché avec soin, dans le groupe dont il vient d'être question, les alternances entre une génération sexuelle et une génération agame, je ne l'ai point rencontrée. Les sexes seuls multiplient le nombre des Zoantliodèmes. La ( 843 ) blastogéiièse ou le bourgeonnement étendent les Zoanthodemes ou colo- nies en multipliant, sur chacun d'eux, le nombre de leurs habitants; mais ces boimjeons-imUvidm sont bientôt sexués, ressemblent à ceux dont ils dérivent et concourent à la reproduction parla fécondation, sans offrir de particularité autre que leur origine. » 11 est constant que, dans tout le groupe dont il vient d'être question, la fécondation s'accomplit dans la cavité générale du corps de la femelle, soit même dans l'ovaire, et que la femelle incidie ses œufs après leur impré- gnation; aussi ne rend-elle point d'œufs, mais, par une véritable partiu'i- tion, rejette-t-elle par sa bouche des embryons ou larves ciliées, vermiformes, qui se fixent après avoir joui momentanément d'une liberté entière, mais l'elativement de peu de durée. » PHYSIOLOGIE. — Piéaeciiou iom-périostée de la moilié supérieure de riiuméius, suivie de lu reproduction de In partie enlevée. Note de M. Oli.ier, présentée par M. Velpeau. (Reuvové à la Commission déjà nommée.) a T^es circonstances dans lesquelles on a pu clairement et rigoiu'euse- nient démontrer chez l'homme la reproduction des os après les résections sous-périostées ont été jusqu'ici assez rares pour les os volumineux des membres. Les faits ne manquent pas, cependant, et nous avons pour notre part pratiqué un grand nombre de résections dans lesquelles nous avons pu nous convaincre que le périoste de l'homme est aussi propre à la re- production des os que le périoste des animaux. Mais tous ces faits ne sont pas également démonstratifs, et lorsqu'il s'agit de fixer un point de doc- trine vivement coniioversé, il importe de produire des observations au sujet desquelles ne puisse s'élever l'ombre d'un doute. » Nous avons l'honneur de présenter aujourd'hui à l'Académie une ob- servation qui nous pai-aît pleinement satisfaire à cette condition. Il s'agit de l'ablation de la moitié supéi'ieure de l'humérus, suivie de la reproduction de l'organe enlevé et du rétablissement des fonctions du membre. » La malade sur laquelle nous avons opéré est une jeune fille de quinze ans et demi, d'une constitution chétive, portant sur son corps des traces d'affections osseuses anciennes, et qui, depuis huit ans, souffrait dans la ré- gion de l'épaule. » Quand elle entra à l'Hôtel-Dieu de Lyon, l'articulation scapulo-hu- mérale était largement ouverte; des fusées purulentes s'étaient produites 109.. ( 844 ) dans divers sens autour de l'inimériis. Malgré l'emploi des moyens locaux et généraux, dirigés et contre la lésion osseuse et contre l'altération de la santé générale, la malade dépérissait et s'affaiblissait de jour en jour. Nous dûmes intervenir; l'opération fut pratiquée le i6 septembre 18G4. Nous espérions n'avoir à enlever que l'épiphyse de l'humérus et 3 ou 4 centi- mètres delà diaphys"; mais, au moment de roi)ération, la lésion osseuse nous parut lellemeuf avancée, que nous dûmes en réséquer 12 centimètres, juste la moitié de la longueur de l'os. » La tète était aplatie, déformée, encore recouverte de son cartUage, mais celui-ci était profondément altéré. T.a diaphyse était inégale, creusée de sillons profonds et parsemée en d'autres points d'ostéophytes inégaux. Au fon I de ces sillons se trouvaient des amas de pus concret. L'os était à nu à ce niveau. Les muscles étaient décollés par des fusées purulentes s'é- tendant au loin. En dehors et eu arrière, le périoste, épaissi, adhérait régu- lièrement à l'os. Nous le détachâmes avec soin, et nous eûmes un tube pé- riostique continu dans toute sa longueur, bien qu'il fût incomplet dans sa circonférence. I) Dans cette séparation nous ne coupâmes ni muscles ni tendons; c'est là une précaution opératoire siu' laquelle nous ne saurions trop insister. Les fibres du deltoïde furent écartées au moyen d'une incision longitudi- nale, les tendons des tubérosités furent détachés avec la sonde-rugine. » L'os que nous avons ainsi enlevé était vivant, vasculaire, nulleme)it nécrosé. Il s'agissait donc d'iuie véritable résection sous-périostée. » Aujourd'hui, 1 7 avril, la malade est dans l'état suivant : " La portion d'os enlevée s'est reproduite d'inie manière évidente. Elle est représentée \m\v un cylindre dur, très-résistant, qu'on peut parfaitement suivre dans une étendue de huit centimètres On ne peut pas exactement apprécier l'état réel delà tète immédiatement au-dessous de la cavité glé- noide; mais la forme arrondie du moignon de l'épaule est rétablie, comme on peut s'en assurer par les photographies. » Au moment de l'opération, il y avait une distance de 24 centimètres entre le point le plus saillant de l'acromion et le point le plus inférieur du condyle humerai. Cette distance est aujourd'hui de 2i5 mdlimèlres. 11 n'y a donc que r5 millimètresde raccourcissement. » Indépendamment de la reproduction de l'os, à cause du rétablisse- ment des fonctions du mend)re, la malatle se sert déjà beaucouj) mieux de son bras (pi'elle ne s'en était. servie depuis huit ans. Elle porte la main à la tète, s'habille seide, écarte le coude du tronc à une distance de 10 ceiili- ( 845 ) mètres. La main peut être lancée à une distance de 5o centimètres, et dans l'action de tirer à soi, le bras étendu, elle a presque autant de force- que celle du côté opposé. Les mouvements de rotation sont déjà sen- sibles. » Ces avantages nous paraissent dus à la conservation des rapports des nuiscles et de leurs tendons avec la gaîne périostique. Dans toute résection il faut ménager ces rapports. Quelque adhérents que soient les tendons, il ne faut jamais les couper. De cette manière on a une loge continue formée par le périoste, la capsule, les tendons et les ligaments ijéri-articulaires. Les muscles ne se rétractent pas et ne vont pas contracter de nouveaux rap- ports, î-eur action n'est ni neutr;disée, ni pervertie, et la régénération man- quât-elle, le résultat définitif de l'opération sera bien plus satisfaisant que si on a opéré par la méthode ordinaire. » Dans le cas présent les mouvements nous paraissent devoir se perfec- tionner de jour en jour. La reproduction de la tète humérale pourra se compléter encore. 11 y a deux mois à peine que la santé générale de l'o- pérée est rétablie, et par cela même favorable à une bonne régénération osseuse. » Quoi qu'il en soit, nous présentons ce cas, tel qu'il est actuellement, comme un exemple incontestable de régénération osseuse sur l'homme après les résections sous-périostées. Et, comme conclusion, nous dirons que les os se reproduisent chez l'homme comme chez les animaux, et même poiu' certains segments des membres, ils se reproduisent mieux dans l'espèce humaine, parce que nos malades supportent des appareils contentifs que les animaux ne peuvent pas tolérer. Il y a donc parfois accord entre les faits chirurgicaux et les faits d'expérimentation physiologique, et, comme l'a dit M. Flourens après ses expériences sur les animaux, conservez le pé- rioste, et le périoste rendra l'os. » ALGÈBRE. — Résolution de téqiiation générale du quatrième degré. Équation bicarrée. Equation aux sommes, équation aux produits des racines prises deux à deux de l'équation du quatrième degré; deuxième Mémoire de M. Yékiot. « Dans un preiuier Mémoire, nous avons exposé, dit l'auteur, une nou- velle méthode de résolution de l'équation générale du troisième degré, ba- sée sur la transformation de cette équation en une autre, dont les trois pre- miers termes soient les trois |)remiers du développement du cube d'un binônie (x + A). Nous avons ensuite indiqué quelques méthodes pour for- ( 84G ) mer les équations aux sommes, aux pioduits, aux quotients, aux diffé- rences des racines j)rises deux à deux de l'équation du troisième degré. Enfin, nous avons fait voir qu'on peut, de m manières, faire disparaître un terme quelconque de l'équation du degré m à tme seule inconnue. » Le présent Mémoire traite d'une manière à peu près analogue de l'é- quation du quatrième degré. » (Renvoyé à la Conunission déjà nonunée pour examiner le premier Mémoire de rauti'ur: MM. Cliasles, Bertrand, Hermite.j GÉOMILTRIE ANALYTIQUE. — Deuxième Mémoire sur la résolution numérique des équations du cinquième degré et de qiiel(iues autres équations; par M. Hexky Mo.v'Tccci. (Extrait par l'auteur.) (Renvoi à la Commission précédemment nommée, composée de MM. Chasles, Hermite.) « Dans le présent iMémoire, je complète la résolution numérique des équations du cinquième degré, dont j'ai eu l'honneur d'entretenir l'Acadé- mie le 27 février dernier. » Toutes les quatre formes sous lesquelles peut se présenter une équation du cinquième degré, après avoir subi la réduction de M. Jerrard, sont main- tenant résolues. Désormais le cinquième degré prend son rang à côté du quatrième, comme régulièrement soluble par le calcul logarithmique. )i Je démon ti-e ensuite que ta cubo-cycloide donne toujours au moins une i^acine réelle de toute équation à trois termes d'un decjré quelconque ^ c'est-à-dire de la forme générale u'" -h pic'"-" ^ w = 0. « Dans les tvpes de calcul annexés au présent Mémoire, je donne un exemple de ce fait capital, en calculant deux racines réelles d'une équation du vingtième degré. » Mon premier Mémoire était accompagné de cinq types de calcul et d'une table des valeurs de six fonctions de la cnbo-cycloïde, calculées à sept décimales pour chaque centième du demi-axe. Au présent Mémoire sont annexés neuf types de calcul et deux tables : l'une de deux nouvelles fonc- tions calculées de même, et l'autre contenant, pour chaque centième du demi-axe, les logarithmes, en sept colonnes, de certaines puissances des deux fonctions principales de la courbe. Cette dernière table rend de ( %1 ) grands services dans la recherche préliminaire des nicines de tous les degrés. » Si nous considérons qu'il a fallu près de deux siècles pour franchir l'espace qui sépare la réduction de Tschirnhausen de l'application qu'en a faite M. Jerrard; que, pour obtenir dans l'un des cas de celle-ci l'expres- sion algébrique des racines de l'équation du cinquième degré, M. Hermite, dans un savant travail (i), a dû recourir aux fonctions elliptiques; et qu'en- fin les équations irréductibles des degrés supérieurs ont toujours été ina- bordables jusqu'ici, nous saurons gré à la cubo-cycloïde d'avoir inauguré une ère nouvelle, et d'avoir permis de faire le premier pas dans la voie do la résolution numérique des équations par les courbes. » CORRESPONDANCE . M. LE Secrétaire perpétcel donne lecture d'une Lettre de M. le Ministre (le IJnslruction publique qui autorise le prélèvement d'une somme de deux mille cinq cents Jrams sur les relicpiats des fonds Montyon, destinée à indem- niser M. Billod pour quinze cents francs et M. Bouchard pour mille francs, des dépenses que leur ont occasionnées leurs recherches sur la pellagre. M. RicHAun, Président de la Société d'ÂgricultiuT, Sciences et Arts de la .Sarthe, adresse, au nom de cette Société, à M. le Président, une Lettre par laquelle il exprime le désir de recevoir les Mémoires publiés par l'Académie. La Société possède la collection des Comptes rendus hebdomadaires jusqu'au tome XXXIV. Elle adresse régulièrement le Bulletin qu'elle publie par l'intermédiaire de M. le Ministre de l'Instruction publique. (Renvoyé à la Commission administrative.) CHIMIE ORGANIQUE ET TOXICOLOGIE. — Mémoire sur les Champignons vénéneux; par MM. Sicard et Schoras. Voici les conclusions par lesquelles les auteurs terminent leur Mémoire, et qui en font suffisamment coiuiaître le contenu : « 1° Que le principe vénéneux qui existe dans plusieurs espèces de Champignons doit être regardé comme doué d'un caractère basique, parce (l) F'oir le Coniple rcnri/i du i5 mars i858. ( 848 ) (|ii'il est susceptible de s'unir aux acides pour douuer naissance à des sels. 1) 1° Ce sel, obtenu par le procédé que nous décrivons, est extrêmement vénéneux. L'emploi d une cpiaiitité infiniment petite, dans nos expériences, était toujours mortelle pour les grenouilles. Une petite quantité suffisait également pour luer un chien ; et ce qui est très remarquable, c'est que les effets que cetle matière exerce sur l'organisme animal sont les mêmes (pie ceux observés dans ces derniers temps pour la curarine. » Commissaires, MM. Brongniart, Tulasne, Cl. Bernard, Fremy.) MÉTKOtîOLOrTii:. — Bolide observé à Metz, le 20 avril i865. Noie de M. DE LA NoE, présentée par M. Daubrée. (Renvoi à la Coiniuission précédemment nommée pour le bolide d'Orgueil.) « Dans la soirée du jeudi 20 avril, à S'^g™ (temps moyen], nous avons aperçu, de l'Esplanade de Metz, un bolide qui, se dégageant de la silhouette d'une rangée d'arbres située à notre gauche, a marché du nord-est au sud -ouest, en décrivant une trajectoire très-peu courbe, et s'est éteint tout à coup en plein ciel, sans nuage visible. Nous n'avons entendu aucune explosion. » Lorsque le bolide nous est apparu, il était sur la verticale du tronc du cinquième arbre de la rangée mentionnée : au moment de sa dispari- tion, il était sur la verticale du pignon nord d'une maison située à l'horizon. Enfin un rayon visuel mené par deux points facilement reconnaissables de deux réverbères voisins allait couper la trajectoire en un point très-rappro- ché de celui où le bolide avait disparu. » Grâce à ces repères, pris au moment même du phénomène, nous avons pu déterminer le lendemain, à l'aide de la boussole à éclimetre, l'azimut des rayons visuels qui correspondent aux deux positions du bolide au moment de son apparition et de sa disparition, et la hauteur angulaire de la trajectoire en un point, qui est aussi la valeur moyenne de la hauteiir angulaire de la trajectoire, par suite de sa faible courbure. » De ces mesures nous avons conclu la longueur angulaire projetée de lare parcouru; par suite aussi, par le calcid, la longueur angulaire de l'arc lui-même. Enfin, la durée du trajet ayant été estimée à 1 secondes, nous avons calculé la vitesse angulaire du bolide. " Voici quels sont les résultats obtenus : ( ^^49 ) Azimut du bolide au moment de son apparition 989" 3o' Azimut du bolide au moment de sa disparition 3io"45' Longueur angulaire de l'arc projeté 21° 1 5' Longueur angulaire de l'arc dans l'espace 2o"5o' Vitesse du bolide = - — - — = 1 o" aS' 2 Longitude du lieu de l'observation 3°5o',o8 Latitude du lieu de l'observation 49" 'J'îOO » Pour déterminer exacteciient l'aziimit, on a rattaché les observations à une ligne bien déterminée, dont l'azimut a été pris sur un plan construit à l'aide d'opérations géodésiques. » Surface appa)-enle et éclat. — Le bolide présentait l'apparence d'un cerf- volant dont on aurait retranché la pointe antérieure. Il faut se représenter le cerf-volant placé horizontalement, la tête en avant par rapport au sens du tuouvement. Quant à sa grandeur apparente, nous l'avons déterminée en la comparant à celle de la Ltuie quand elle se trouve à la même hau- teur. Nous avons trouvé ainsi : Longueur du diamètre horizontal i4' Largeur la plus grande dans le sens vertical 8' » Enfin l'éclat du bolide nous a paru comparable à celui de la pleine Lune. Quelques étincelles le suivaient dans sa marche. » Etat du ciel. — Orage à l'ouest; ciel découvert à l'est, dans la région oti s'est montré le bolide. » GÉOGRAPHIE. — Cartes gravées de l'Atlas du haut San-Fnmcisco (Brésil). Lettre de M. Emm. Liais à M. Élie de Beaumont. « J'ai l'honneur de vous adresser, avant de les livrer à la publicité, les premières cartes gravées de moti Atlas du haut San-Francisco, dans la pro- vince de jMinas-Geraes au Brésil. Ces premières cartes représentent une partie du cotirs d'un des affluents principatixde ce grand fleuve, le Rio das Velhas, qui coule du sud au nord. Les longitudes y sont comptées de l'Observatoire de Rio-de-Janeiro. » Dans la partie de son cours représentée sur les cartes ci-jointes, le Rio das Velhas traverse une des portions les plus riches en mines d'or de la province de iMinas-Geraes. Son lit renferme des paillettes en grande abon- dance et des pépites très- belles de ce métal. Tout le terrain de transport de cette vallée est aurifère. Mais, en outre, il existe dans la même régioii de nombreux filons aurifères, les uns dans la direction du nord au sud, les C. R., iS65, 1" Semestre. (T. LX, N» 17.) ' 'O ( 85o ) .TUties dans celle de l'est à Pouest. Ces filons sont puileux, et la gangue du minerai est le quartz. Parfois, les filons affleurent le sol, mais en général les pyrites sont décomposées dans la partie superficielle. Dans ce cas, l'or se trouve à la siuface au milieu d'oxydes et de silicates de manganèse. Il est rare de trouver des pyrites non décomposées près de la surface, et cela ne se voit guère tpie pour les filons où prédomine la pyrite arsenicale. M Le bassin du Rio das Yeliias est Ires-montueux. Sur les cartes, vous verrez, monsieur, un grand nombre d'indications de montagnes, dont la di- rection a été tracée avec soin. La deuxième carte, en particulier, vous mon- trera, sur une assez grande extension, un syslème courant du nord-ouest au sud-est, qui n'a pas encore été signalé et qui joue cependant un rôle très- important dans le bassin du San-Francisco. Nous le retrouverons dans les cartes suivant celles que je vous remets aujourd'hui. Une grande chaîne, nommée Serra do Baldoino et limitant au sud la vallée du Rio Parauna, appartientà ce même système. Dans iui travail ultérieur, qui suivra la publi- cation des cartes, je ferai connaître la composition de toutes ces montagnes, la direction des stratifications et l'ordre de superposition des terrains, dont j'ai recueilli plus de quatre cents spécimens. Je me contenterai aujourd'hui de signaler les montagnes près de Sabara, au bas de la première carte, les- (]uelles sont com|iosées, pour la plus grande partie, de sidérocriste et qui renferment des masses immenses d'oligiste et même d'aimant. Ces mon- tagnes se prolongent hors des limites de la carte et vont, en s'élevant progres- sivement, se terminer à quelques lieues de là, à la Serra da Piedade, dont le sommet est, d'après mes mesures, à l'^SS mètres au-dessus du niveau de la mer. Cette dernière partie de la chauie sera figurée dans la carie générale. » J'aurais à signaler encore les nombreuses el immenses cavernes à osse- ments de ces mêmes régions, ainsi que les filons de blende et de galène, etc. ; mais je réserve ces détails pour les ilonner après l'achèvement de mes cartes. Je dirai seulement encore, relativement aux terrains du haut Rio das Velhas, que le diamant ne s'y trouve pas au milieu des dépôts meubles auri- fères, bien que l'itacolumite soit la roche prédominante aux sources de celte livière. Cetle remarque et l'absence de l'ita-olumite du côté des dépôts diamantifères de l'Abaelé, absence qui se manifeste dans le dépôt caillou- teux lui-même de cette dernière région que j'ai visitée, et dont je parlerai en donnant les caries du San-Francisco hn-méme, s'accordent avec les renseigne- ments que j'ai pris sur les lieux pour contredire l'opinion qui s'était formée, d'après la([uelle l'itacolumite serait la gangue du diamant. Jusqu'ici, au Brésil, le diatuaut n"a encore été trouvé cpu' dans les dépôts de graviers, soit hbre, soit adluTcnt à des conglomérais. ( «5r ) » Les premières cartes, dont j'ai l'honneur de vous remettre ci-joint un oxem[)laire pour l'Académie, appartiennent à la partie hydrograpliiqiie ac- tuellement sous presse de mou voyage. Elles seront accompagnées d'un texte dans lequel est traitée la question de navigabilité du Rio das Velhas et du haut San-Francisco. Quinze autres cartes sont déjà gravées et prêtes pour le tirage. Après la partie hydrogi-aphique, je publierai les sections se rappor- tant aux autres sciences. Chacune d'elles sera traitée séparément. Je n'ai pas voulu attendre l'achèvement pour présenter à l'Académie une j)artie de mon travail, car l'Académie comprendra que la publication des résultats d'une exploration scientifique de six années exige un temps considérable. » Au levé et au tracé des caries ont collaboré avec moi deux ingénieurs brésiliens, que Sa Majesté l'Empereur du Brésil m'avait adjoints pour me seconder dans mon exploration scientifique : M. le lieutenant du génie Ed. José de IMoraes et M. Ladislau Nello; M. de Moraes surtout, parce que, pendant le voyage, j'ai fait en sorle de laisser à M. Netto le plus de temps possible pour qu'il s'occupât de l'accroissement de l'herbier de notre expé- dition. L'Académie connaît déjà M. Netto par ses travaux sur la structure des lianes et sur les vaisseaux laticifères de quelques plantes du Brésil. Elle apprendra avec plaisir qu'il vient d'être nommé directeur de la section de botanique au Muséum de Rio-de- Janeiro, établissement qui, sous une direction savante, pourra rendre d'éminents services aux sciences natu- relles. » GÉOMÉTRIE. — Théorie des surfaces. Note de M. E. Lamarle, présentée par M. Ossian Bonnet. « Je viens de lire dans le Coinple rendu des séances de l' Académie du 27 mars dernier une Note de M. Nicolaïdès sur la théorie des surfaces. La question traitée dans celte Note se résout très-simplement à l'aide de la formule (i4) insérée à la page 439 de mon Traité géoméUique du Calcul différentiel cl intégral. » Soient R, R' les deux rayons de courbure principaux d luie surface; r/9 l'angle de deux normales voisines suivant l'arc ds. •> Si l'arc ds fait avec la ligne de courbure au rayon R un angle a déter- miné par l'équation (I) icmgV.=.|', rio.. ( 85-. ) on a, d'après un théorème de M. Ossian Bonnet, (2 ' ds'- RR' » M. Nicolaïdès parvient, pour le cas général, à cette autre équation : ,„, rf9' / I I \ . . ^/9 I (^) TF+-iR-^ip)^"'^-;?7-^Rr = °' X étant l'angle que l'élément r/y fait avec la direction conjuguée. » Désignons : « Par p le rayon de courbure de la section normale faite suivant l'arc fù; » Par p' le rayon de courbure de la section normale, perpendiculaire à la précédente; « Par N, le module de la vitesse angulaire avec laquelle la normale tourne autour de la direction ds, en passant de la première position à la seconde. )> On a tout d'abord et évidemment (4) 7? = ^^^p- » J'ai démontré d'ailleurs qu'on a, dans tous les cas (*), (5) ^— .. RR' I I p7 La combiliaison des équations (4) et (5) donne, en général, rrs r/0' I / I I \ l (^) 7S^=p(7+^J-RR^- De là, et eu égard à la relation ) I 1 I résulte (7) :^ = _L(î^-^^^' P » Dans le cas particulier où l'on prend la section 2 OCMl» Elher acétique. Elhcr disodacétique. Na (C-IF (Na ( /CjNa ,CCIP C o +2 r = C ,. + 2 Na I iO ' ^ I \~ \0 Elher disodacctique. Élher butyrique ou dimethacclique. » Il est donc évident qu'un acide ayant la composition de l'acide buty- rique peut être produit par trois procédés différents : i" i)ar l'introduction du propylc dans l'acide carbonique; 2° par la substitution de l'éthyle à l'hydrogène dans l'acide acétique; 3" par la substitution du méthyle à l'hy- drogène dans l'éther acétique. Les éthers préparés de ces trois manières peuvent être représentés par les formules : Èlher Élher Éther propylcarbonique. éthacétique. dimclhacctique. » Ces éthers sont-ils identiques ou isomériques? C'est ce que nous serons bientôt à même de décider. » Sjnllièsc de l'acide caprdicjue. — La production de l'acide diméthacé- tique nous montre une réaction par laquelle il sera possible d'obtenir ( 857 ) l'acide caproïque ou diéthacétique. Il suffit de faire réagir l'iodiire d'étliyle sur l'éllier disodacôtique, ce qui se réalise Irès-facilement : (Na (C-H' /C Na /C C^H^ \ H CMIM ^ H jO ^ " I j~ "^ o Ether disoJacéliqiie. Élher caproïque ou diélhacéliquc. » L'éther diéthacétique bout d'une manière constante à i5[ degrés. Le point d'ébuliition de l'éther caproïque est fixé par Lerch à 120 degrés, et par M. Fehiingà 162 degrés. Ces nombres sont si éloignés, qu'il est impos- sible d'en faire usage pour la comparaison que nous voulons établir. La den- sité à o degré de notre produit est de 0,8822. M. Fchling indique 0,882 à 1 8 degrés. La densité de vapeur a été trouvée de 5, 00, le nondjre théorique étant de ^,^9. L'analyse a donné des nombres s'accordant aussi avec la théorie. » Le diéthacélate d'argent diffère du caproate d'argent préparé avec le cyanure d'amyle par sa plus grande solubilité dans l'eau et par sa cristalli- sation rameuse, le caproate d'argent cristallisant, au contraire, en larges lames très-minces, presque insolubles dans l'eau. » Il n'y a pas de doute que cette réaction ne soit susceptible d'être éten- due à beaucoup d'autres corps, et que par son aide nous ne puissions re- monter bien des séries homologues. Nous poursuivons cette étude dans les séries des éthers acétique et benzoïque, et nous nous proposons de l'étendre aussi aux alcools et aux éthers, » ASTROI^OMIE. — Sur les ojfiiscations du Soleil. Lettre de M. Cu. Dufocr à M. le Secrétaire perpétuel. a Dans les Comptes rendus de l'Académie des Sciences^ séance du 3 avril dernier, j'ai vu que l'on citait, comme preuve que les étoiles filantes peuvent parfois arrêter les rayons solaires, la disparition momentanée du Soleil dans la matinée du 12 mai 1706, disparition relatée dans une chronique alle- mande. » Le fait est que ce jour-là il y eut une éclipse de Soleil qui fut totale pour C. R., i8G5, i"' Semestre. (T. LX, N" 17.) I ■ ' ( 858 ) mie partie de l'Europe. J'ai sous la main une des publications historiques du Doyen Bridel de Montreux qui en parle sous le titre de : Naïve des.i'iption lie (a grande éclipse de Soleil de l'an i 706, par Jean Cliessex de Feraie, Justi- cier des Planches de Montreux. » Cette description commence ainsi : « Cette année est Irès-remarqualile , particulièrement pour la grande « éclipse de Soleil qui arriva le 12 de May de dite année, qui étoit entière » et de tout le corps du Soleil; laquelle totale éclipse solaire a été la i3* » après la naissance de Jésus-Christ, et la suivante, qui sera la 14*5 ie sera » vueue ni de nous ni de beaucoup de générations après nous. Celle-ci » commença à 8''54™ devant midi, le milieu à g''58'°, et sa fin à i i''4'°; » l'obscurcissement total de tout le corps du Soleil dura 4 minutes; laquelle » arriva eniuijoin- entièrement clairet sera in, et ce un mercredi. Elle apporta » tant de frayeur généralement à un chacun, tant a cause de l'obscurité qui » survint, comme en pleine nuit, qu'à cause qu'il sembloit que la nature » vouloit prendre fin, d'autant que les estoiles apparurent presque toutes : » beaucoup d'artisans furent contraints quitter leur besogne ou demander » de la chandelle; les laboureurs et vignerons quittèrent leur travail et se •> retiroyent en leurs maisons; les coupeurs de bois se trouvèrent en pleines » ténèbres au milieu des forêts; les voyageurs se virent enveloppez d'obs- » curité et eu divers endroits exposez aux voleurs, qui sçachants aupara- » vaut cela, prirent leurs mesures pour surprendre les passans. Les femmes » simples et idiotes, et non informées de celte éclipse, se crenrent à la veille » du dernier jour, et se mirent à prier une fois à bon escient, si jamais » elles l'avoyent fait en leur vie, etc., etc. » » Plus loin, le chroniqueur suisse, comme le chroniqueur allemand, ajoute que « les chauves-souris se mirent à voltiger comme de nuit, selon « leur coutume. » » Pour ne pas trop allonger, je ne transcrirai pas fout le reste de cette description, qui cependant ne manque pas d'intérêt, car elle est faite dans le style du temps, avec toute la l)onne foi d'un campagnard instruit et intel- ligent. » Je regrette aussi de ne pas posséder la chronique elle-même, car elle renferme plusieurs détails intéressants sur ce qui se passa de 1700 à lyrH, entre autres beaucoup rie détails sur le terrible hiver de 170g. » ( 859) CHIMIE ORGANIQUE.— De In caséine du lait et de ses affinités. (Suite.) Note de MM. E. MiLLON et A. Commaiixe, présentée par M. Peloiize. (Extrait.) « Dans une précédente communication (i), nous avons indiqué les com- binaisons régulièrement constituées que forme la caséine du lait avec divers acides; aujourd'hui, nous résumons dans une Note nouvelle plusieurs faits qui mettent en évidence la direction particulière de cette affinité de hi caséine pour certains acides, et qui établissent en outre la composition df la caséine libre, ainsi que l'identité organique de la caséine soluble du lail avec la caséine insoluble. » Lorsqu'on traite de la caséine sulfurique par de Tacide chlorhydrique en grand excès, on obtient une dissolution qui précipite par le bichlorure de platine, et le précipiié possède la composition suivante : C'"»H"Az'*0=% SO^ + HCI -h PtCP -H 4H0. Caséine sulfurique. » Ainsi la caséine sulfurique fonctionne comme une nouvelle unité chi- mique, comme le ferait la caséine elle-même, et, comme un grand nombre de substances organiques salifiables, elle est susceptible d'être déplacée de ses combinaisons acides par d'aulres acides : c'est ainsi que la caséine phos- phorique donne de la caséine sulfurique lorsqu'on la traite par de l'acide sulfurique étendu de son volume d'eau. Mais l'acide sulfurique et l'acide phosphorique peuvent se trouver simultanément associés à la caséine, et cette circonstance frappera certainement ceux qui savent combien il est ordinaire de trouver eu même temps du soufre et du phosphore dans les matières aihuminoïdcs. » Les combinaisons de la caséine avec les acides acétique, iodhydrique, perchlorique 1 1 sulfocynnhydrique sont toutes décomposées par l'eau; toute- fois aucune d'elles n'est détruite aussi facilement que la caséine acétique, à laquelle nous avons eu recours pour isoler la caséine. Après avoir précipité le lait dilué par 1'; cide acétique, on lave le coagulum à l'eau, à l'alcool et à l'éther; on le dissout dans une lessive sodique très fiiible, on le précipite (le nouveau par de l'acide acétique, on le lave encore une fois comme pré- cédemment et on évapore l'éti.er qui mouille ce coagulum, à l'air libre ou (i) Comptes rendus des séances de l'Jcadéniie des Sciences, t. LX, p. m8, n" 3, i6 jan vier i865. 111.. ( 86o ) dans le vide. On obtient ainsi une pondre légère qni a la blancheur dn lait et dont la combustion ne laisse que quelques millièmes de cendres. » Cette poudre, sauf les traces de cendres, est de la caséine pure : elle est insoluble dans l'alcool et dans l'éther et très-peu soluble dans l'eau. Elle contient 5 équivalents d'eau qu'elle perd progressivement et en proportions déterminées, suivant la température à laquelle on la soumet; ainsi jusqu'à ii5 degrés elle en abandonne 2,21 pour loo, ou 3 équivalents, et jusqu'à I 5o degrés, 3,71 ou 5 équivalents. » Sa formule se représente ainsi : C""'H="Az'^0"-', 5II0, c'est-à-dire pai' une amide double de tyrosine et de leucine. Voilà pour la composition de la caséine soluble du lait. » La caséine insoluble a la même composition élémentaire, mais elle diffère de la première par son état d'hydratation; elle ne renferme en effet que 3 équivalents d'eau. Pour nous, il ne saurait y avoir de doute sur l'identité du groupement organique formant le noyau des deux caséines du lait. Maintenant, que l'on tienne compte de l'influence exercée sur l'ana- lyse élémentaire de la caséine, par différents degrés d'hydratation, par l'an- nexion plus ou moins complète d'un ou de plusieurs acides, par l'incor- poration de substances minérales ou organiques diverses, et en proportions lrès-\ariables; que l'on tienne compte de toutes ces causes de perturbation, dans le dosage de la caséine, et l'on s'expliquera quelques divergences parmi les nombres consignés par d'éminents chimistes. » CHIMIE OHGANIQIJE, — De la (jo'cmine, substance neutre extraite du Goémon (Fucus crispus). Extrait d'un Mémoire de M. Ch. Blo.\deau, présenté par M. Pelouze. « Le Fuct/str/s/^ws, qui nous a fourni le sujet de cette étude, croît en abon- dance sur les côtes de Bretagne et de Normandie; ses frondes, de couleur verte, sont profondément découpées, et lorsqu'on le destine aux usages do- mestiques, on commence par le laver dans l'eau douce afin de le dessaler, puis on le dessèche en l'expcxsant pendant ])lusieurs jours au contact de l'air et de la lumière. Pendant tout le temps de cette exposition à l'air, le Fucus ré- pand des vapeurs d'une odeur forte qui rappelle celle qui émane généi'.de- nient des plantes marines, et en même temps il perd sa couleur verte pour devenir d'un beau blanc. (86i ) » Dans cet élat, le Goémon est sans saveur et sans odeur; placé sous la dent, il craque comme le ferait une membrane sèche; peu à peu il se ra- mollit et peut alors être absorbé sans donner naissance à aucune sensation de saveur. » Soumis à l'action de la chaleur, il se décompose en répandant luie odeur analogue à celle du cuir brûlé, indice à peu près certain que l'azote fait partie de sa constitution, ce dont on s'assure du reste en le calcinant ;ui contact de la chaux. Il se dégage alors des vapeurs ammoniacales dont on peut constater l'existence, soit au moyen du papier de tournesol rougi, soit à l'aide de l'acide chlorhydrique, » Ce Fucus est complètement insoluble dans l'alcool et l'éther : il n'aban- donne rien à ces deux liquides, lors même qu'on les fait bouillir ensemble pendant fort longtemps. » Lorsqu'on le fait bouillir pendant quelque tem[)s dans l'eau, il j)arait s'y dissoudre et forme alors une dissolution mucilagiueuse qui se prend par le refroidissement en une gelée tout à fait semblable à celle que produit la gélatine. » La substance extraite du Fucus crispas n'est point de la gélatine, ainsi qu'on aurait pu le croire, car sa dissolution ne précipite ni par le tannin, ni par l'alun, ni par l'acétate de plomb. Soumise d'ailleurs à l'ébullition avec de l'aciile sulfurique, elle ne produit pas de glycocolle. B Pour obtenir à l'état de pureté la substance qui forme la base du tissu du Goémon et que nous désignerons sous le nom de goëiuine, nous avons opéré de la manière suivante : M Après avoir fait bouillir pendant quelques heures du Goémon en contact avec de l'eau distillée, nous avons obtenu une matière mucilagiueuse qiii s'est dissoute complètement dans l'eau, d'où nous l'avons précipitée par une addition d'alcool. Cette .matière redissoute daris l'eau a été évaporéeau bain-marie, et on a obtenu comme résidu de cette évaporation des plaques minces, transparentes, élastiques, présentant l'aspect de lames d'ichthyocolle, et qui, comme ces dernières, se gonflent et se ramollissent lorsqu'on les met en rapport avec l'eau froide. >) La goémine est neutre aux papiers réactifs; elle est d'ailleurs sans sa- veur et sans odeur. jVIise en contact avec l'acide chlorhydrique, elle finit à la longue par s'y dissoudre. Lorsqu'on fait intervenir l'action de la chaleur, la dissolution est rapide. L'acide sulfurique la dissout également, mais il la cliarboiuie. L'acide azotique l'attaque avec énergie, surtout lorsqu'on élèNe ( 862 ) la température. Il se dégage des vapeurs rutilantes, eu même temps qu'on retrouve dans la liqueui- un mélange d'acide oxalhydrique el d'acide oxalique. 1) L'eau régale attaque vivement la goëmine, et le produit de cette action étendu d'eau et additionné de chlorure do baryum donne un précipité de sulfate de baryte qui suffit à prouver que cette substance contient du soufre. » Mise en présence d'une dissolution de potasse, la goêmine se dissout complètement dans le liquide alcalin, et cette dissolution traitée par la li- queur de Frôinherz se prend en gelée. » La substance que nous avons extraite ûu Fucus rn.s/)i/5 et qui le constitue presque entièrement étant à la fois soluble dans l'acide chlorhydrique , l'acide azotique et la potasse, diffère complètement des substances cellulo- siques qui entrent dans la constitution des types végétaux, car ces dernières sont complètement insolubles dans les agents que nous venons de men- tionner. » La goèmine soumise à l'analyse nous a donné les résultats suivants : Carbone 21 ,80 Hydrogène 4» 87 Azote 21 ,36 Soufre 2,5i Oxygène 49>46 100,00 » Si l'on s'en rapportait uniquement à la teneur de la goémine en azote, on serait tenté de la considérer comme une des substances les plus nutritives que la nature ait mises à notre disposition. En effet, elle est plus azotée que les diverses substances albuminoïdes du règne animal et végétal, qui con- tiennent tout au plus 16 pour 100 d'azote; elle l'emporte même sous ce rapport sur la gélatine, qui ne contient que 20 poiu" 100 de ce gaz. Mais on sait quo cette dernière substance, encore bien qu'elle soit très-azotée, ne possède pas une puissance nutritive en rapport avec la quantité d'azote qu'elle contient, et il pourrait se faire que la goëmine fût dans le même cas. " Des expériences directes faites sur la goëmine présenteraient de l'in- térêt, car si elle était aussi nutritive que sa teneur en azoté semble l'indi- quer, elle pourrait, dans telle circonstance donnée, fournir un supplément de matière alimentaire cpi'il serait facile de se procurer. » ( 863 ) GÉOLOGIE. — Terrai)is quaternaires de la Belgique. Observations sur les ter- rains quaternaires des environs de Dinant, province de Nainur. Exfriiit d'une Lettre de M. Ed. Dupont, adressée à M. de Qiiatrefages. Cl DinanI, 17 avril i865. » J'ai terminé avant-hier i5 avril les travaux d'exploration dans les cavernes de Furfooz, près de Dinant, et dans les terrains quaternaires de la province. Ils m'ont conduit aux résultats suivants. Voici la série de ces dépôts quaternaires, en commençant par les plus anciens : » 1" Gros blocs presque anguleux de quartzites ardennais déposés sur les plateaux ou mêlés aux cailloux roulés dans les vallées. M 2° Une épaisse formation de cailloux ardennais très-roulés et conte- nant quelquefois des blocs anguleux. Cette formation se distingue nette- ment de la précédente en ce qu'elle ne se trouve que dans les vallées. Elle existe aussi dans le Trou du Frontal, à Furfooz, à i5 mètres au-dessus du niveau de la rivière. J'y ai recueilli une dent d'un grand Carnassier, peut-être VUrsus spelœus, et quelques autres ossements mal conservés. Je vais les re- mettre à M. Van Beneden, qui est chargé delà partie paléontologique des touilles, et on peut espérer qu'entre les mains d'un savant aussi compétent, ces fragments, bien qu'incomplets, permettront de restaurer la faune encore inconnue de ces couches. » 3" Du sable graveleux avec Ancylus Jluvialilis., Succinen putris, Pupa niuscorum, llelix, etc. Ce dépôt n'existe pas dans les cavernes de Furfooz. Ils passent par transition insensible à la formation suivante. » 4° Sible argileux irrégulièrement stratifié, avec concrétions calcaire.s et coquilles principalement terrestres. Ce dépôt existe dans les vallées comme dans les cavernes de Furfooz où il atteint une hauteur de 5o mètres au-dessus du niveau de la I>erse et de lyS mètres environ au-dessus du niveau de la mer. Il est ordinairement dénudé à sa partie supérieure, sauf dans le Trou des Nutons, où il était garanti par une épaisse couche de stalactite. » 5" Argile jautie-rougeâtre avec de nombreux blocs anguleux. Les uns proviennent découches adjacentes, les autres de roches situées dans la di- rection du nord à la distance maximum d'un kilomètre. Ces blocs ont tra- versé en certains points les vallées et ont été portés sur les plateaux voisins. » Celte couche, qin montre quelquefois des traces de stratification et qui corre.spond au diluvium rouge du bassin de Paris, recouvre tous les envi- ( 8G4 ) roiis de Dinant d'un manteau d'argile jaimc. Elle atteint une altitude de 230 mètres au moins au-dessus du niveau de la mer. « C'est cette argile jaune qui contenait dans les cavernes de Furfooz les nombreux ossements déjà cites par iNI. Van Beneden : Renne, Castor, Bou- quetin, Clinmois, Glouton, Elan, Ours brun, etc. On trouve mélangés à ces os- sements des couteaux en silex, des os travaillés, des poteries grossières, des traces de foyer, des coquilles, du calcaire grossier de Paris, et surtout de nombreux ossements humains, dont deux crânes entiers. M. Primer- Bey les considère comme appartenant tous les deux au type brachycéphale. » Cet ensemble quaternaire est surmonté, dans les vallées, parles allu- vions récentes, sur les plateaux par la terre végétale, et dans les cavernes par un dépôt renfermant des débris d'origine romaine et moderne. » M. Combes présente, au nom de MM. Demondésir et Scltlcesing , une Notice sur les cent cinquante courbes relevées dans leurs recherches sur la combustion des gaz en vases clos et venant à l'appui d'un Mémoire adressé par eux à l'Académie le 2 juin 1862. Celte Notice et les dessins et calculs nombreux qui l'accompagnent sont renvoyés à la Commission précédemment nommée, et composée de MM. Pouillet, Combes, H. Sainte-Claire Deville. M. Athaxase DcPKÉ adresse quelques remarques en réponse aux obser- vations de 31. Jhin concernant son travail relatif à l'élasticité, qui ont été insérées dans le Compte rendu de la séance du 3 avril dernier, p. 6^5. (Renvoi aux Commissaires précédemment nommés pour examiner le Mé- moire de M. Akin.) m. LE Secrétaire perpétuel présente au nom de M. Eugène Desloncj- champs un opuscule intitulé : « les Ej)oqucs de la nature », conférence faite à Alencon le 28 mars i865. M. Egkot adresse une Note descriptive sur une nouvelle cuisine à vapeur déjà appliquée avec avantage dans plusieurs grands établissements. Le nouveau système repose sur l'application de la vapeur d'eau à la jirépa- ration des substances alimentaires, mais sans que cette vapeur soit en con- tact avec ces dernières qui sont cuites seulement par le calorique qui se transmet a travers les parois des pièces de l'appareil ; chaleur sèche s'il en ( 865 ) fut, et qui ne saurait rien ajouter à l'eau constituante des aliments, ni au développement des huiles empyreumatiques qui se développent dans les cuissons au four, etc. La viande conserve ainsi toutes ses parties solubles el toutes ses qualités nutritives. Ce système s'applique également au four pour la cuisson du pain, en surchauffant, par lui moyen très-simple, la vapeur au degré de température nécessaire à l'opération. Ce travail est renvoyé à la Commission du prix des Arts insalubres. M. C. BounGPET écrit poiu- demander qju'une Note manuscrite et un Mémoire imprimé sur les marais de Fos et sur le colmatage, présenté pré- cédemment à l'Académie, soient admis au concours pour les prix de Méde- cine et de Chirurgie de la fondation Montyon. i^ï. M. Gagnage adresse une Note intitulée : « Cellulose; industrie du tapissier, de la literie, sellerie, etc.; péricarpe de la noix de coco ». r Renvoi à la Commission nommée pour les précédentes communications de l'auteur.) M. Xavier Galezowski soumet au jugement de l'Académie un nouvel ophthalmoscope de son invention. A cet envoi est jointe une courte Note explicative. L'examen de cet instrument est renvoyé à une Commission composée de MM. Babinet, J. Cloquet et L. Foucault. La séance est levée à 5 heures. É. D. B. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu dans la séance du 17 avril ]865 les ouvrages dont voici les titres : Rapports à S. Exe. le Ministre de t' Agriculture, du Commerce et des Tra- vaux publics sur une mission relative à l'organisation de renseignement indus- triel en Jllemagne, juini^Gly. Paris, i865; vol. in-4°. (Présenté par M. Morin dans la précédente séance, 10 avril.) c. R., iS65, 1 = ' Semestre. (T. IX, N» 17.; ' 12 ( 866 ) Sur r enseigneinenl supérieur tel qu'il est organisé en France, et sur te genre d'extension à y donner; par M. P. -G. DE DuMAST. Paris, i865; in-8°. Extraits de Géologie pour les années 1862 et i863; par M. Delesse. In-8°. Rapport sur les éducations de vers à soie du minier, faites dans te départe- ment du Bas-Rhin pendant l'année 1864, présenté à la Société des Sciences, Agriculture et Arts; par A. Leredoullet. Strasbourg, 1 865 ; br. in-8". Sur les indications que peut fournir la géologie pour l'explication des diffé- rences que présentent les faunes actuelles ; par M. Pucheran. (Extrait delà Revue et Magasin de zoologie, i865.) i feuille d'impression in-S". Nouvelles études sur l'arme à feu rayée de l'infanterie; par Guillauiue DE Ploennies, traduit de l'alleniand par J.-E. Tardieu; 2* volume, i" et 2* parties. Paris, 1864 et i865, 2 vol. in-8°. (Présentés, au nom de l'au- teur, par M. Matliieu.) Nouveau cas de polype naso-pharyngien opéré avec suaès; par M. le D' MiciiAUX. (Extrait du Bulletin de l' Académie royale de Médecine de Bel- gique, a' série, t. VII, n° 3.) Bruxelles, i864; br. in-S". Sur les polyi)es fibreux naso-pharyngiens. i" et 2" discours prononcés dans la discussion ouverte à l'Académie royale de Médecine de Belgique; par le même. (Extrait du Bulletin de l' Académie royale de Médecine de Belgique, 2^ série, t. VII, n°' 4 et 6 ) Bruxelles, 1864; 2 br. in-B". Quels progrès ta chirurgie doit-elle au péi ioste? par le D'' Desguanges. Lyon, i865; in-8°. Mémoires sur les maladies mentales et nerveuses; par le D"^ Billod. Vo!. in-8". (Présenté dans la précédente séance, 10 avril, et destiné au concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie de i865.) Album d'analomie pathologique du D' Mallez. Appareil urinaire. i" li- vraison. In-4''- Du périoste au point de vue physiologique et chirurgical; par L. Ollier. Paris, i865;in-8°. La gravitation par l'électricité; par M. le comte ZaliWSKI-MikohSRI. Paris, i865; in 8°. Mémoires de l' Académie impériale des Sciences, Arts et Belles-Lettres de Dijon, 2^ série, t. XI, année i863. Dijon, i864; in-8°. Histoire de la soie ; par Ernest Pariset, 2* partie. Paris, i865; in-8". Origine et transformation de r homme et des autres êtres (i" partie); par M. P. TuÉMAUX. Paris, i865; in- 12. Emhryology oflhe slarfish ; par A\e\. AgaSSIZ. (jambridge (Massachusetts), 1864; in-4°avec planches. ( 867 ) Il sisteina è la sorgente dello errore nelle scienze ; pai Gio\. Saluzzo. Ca- taiie, i864; br. in-8°. L'Académie a reçu, dans la séance du 24 avril i865, les ouvrages dont voici les titres : Note sur les apparences de la surface lunaire; par M. Chacornac. (Extrait des annales de la Société impériale d'agriculture^ d'Histoire naturelle et des Arts utiles de L/on, 1864.) Lyon; br. in-S". Bulletin des observations faites à Ville-Urbanne. Groupes de taches solaires du 6 tnars i86j, à 9 heures. Groupes de taches solaires des 2'j et 28 mars, et tache du i5. Variation d' intensité des faisceaux telluriques du spectre solaire j par le même. Lyon ; feuilles autographiées in-8'', avec dessins. Annales du Conservatoire impérial des Arts et Métiers, n° 19, janvier i865. Paris, i865; in-8°. Les Epoques de la nature, conférence faite à Alençon le 26 mars i865 ; par M. Eugène DiiSLONGCHAMPS. Caen, i865; br. in-8". Les états morbides confondus sous le nom de fièvre puerpérale ; par le D"^ de Robert de Latouiî. Paris, i865; in-8". (Destiné au concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie de i865.) Société médicale de l' arrondissement de l'Elisée. Compte rendu des travaux de la Société pendant l'année 1864, lu cà la Société par le D' Ad. SiRY. Paris, i865;br. in-8°. Quelques observations hygiéniques; par le D"' LiÉGEY. Strasbourg; br. in-8°. Société Lidustrielle de Mulhouse. Rapport annuel Jait à l'Assemblée géné- rale du 28 décembre 1864 ; par M. A. Dollfus, secrétaire. Mulhouse; br. in-8°. Les marais de Fos. Etude sur le colmatage, la submersion et le dessèchement des marais au point de vue dé l'hygiène publique; par le D' E. Bourguet. Aix, i804; in-8''. (Destiné au concours pour le prix dit des Arts insalubres de i865.) La locomotion automatique terrestre et aérienne; parle D"^ Chardon. Lyon, i865; br. in-8". Zeitschrift... Journal de Biologie, rédigé par MM. BuHL^ Pettenkofer Radlkofer et Voit, professeurs à l'Université de Munich ; 1" volume, 1" li- vraison. Munich, i865; in-8". Memorie... Mémoires de l'Institut royal Lombard des Sciences et Lettres ( 868 ) (classes des Sciences mathématiques et naturelles), vol. X, 1" de la 3' sé- rie, fascicule i. Milan, i865; in-4°- Reale Istituto... Institul royal Lombard des Sciences et Lettres. Comptes rendus (classe des Sciences mathématiques et naturelles), vol. I, fascicules 9 et 10, novembre et décembre 1864; et vol. Il, fascicules i et 2, janvier et fé- vrier i865. 4 livraisons iu-8°. Alti... Actes de l'Académie Gioenia des Sciences nnlurelles de Calane, 2* sé- rie, t. XIX. Catane, i864;in-4». Sut qozzo et siil cretinismo in ordiiic ni fatti speciali d'emoliposi; par le D'' A. TiGRi. Turin, i865; br. in- 8°. Intornn alla pupilla iiniana subordinalamente alla contratlilita dell' tvule; par le même. (Extrait des Atli dell' Accademin Pontificia dei Nuovi Lincei, I. XVIII.) Rome-, demi-feuille in-4°. Plantas (pie viven espontaneamente en el termina de Tilaguas, pueblo de Va- lencia enumeradns en forma de indice alfabelico ; par D.-S. DE ROJAS Cr.E- .MENTF.. Madrid, i864; br. in-8°. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 1'' MAI 1865. PRÉSIDENCE DE M. DECAISNE. MEMOIRES ET COMMUNICATIOIVS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. BALISTIQUE. — Sur le perfectionnement des oj-mes à feu; par M. Séguier. « Lundi dernier vous écoutiez avec un bienveillant intérêt le récit que nous avions l'honneur de vous faire de nos tentatives pour atténuer le rôle fâcheux que joue l'inertie du projectile dans les armes à feu. » Nous vous disions comment nous avions été conduit à imiter dans la déflagration de diverses poudres ce qui se passe dans une arme à vent bien confectionnée, c'est-à-dire dont la soupape vidange l'air de façon à ébranler le projectile par un souffle léger, et à lui imprimer sa plus grande vitesse par une émission croissante se terminant par une espèce de bouffée finale. » Les effets balistiques d'une arme à vent ainsi construite, si remar- quables même avec de l'air comprimé seulement à 4o atmosphères, sur- tout si on les compare à ceux produits par les gaz de la poudre développés sous des pressions bien des fois supérieures, nous ont révélé les avantages de l'observation fidèle des lois mécaniques qui règlent l'application d'une force -à un corps à mouvoir dans les armes, comme dans toutes autres circon- stances. Nous avons décrit les moyens mis en pratique par nous pour rester dans de bonnes conditions avec les armes à feu; aujourdhui nous voulons placer sous vos yeux quelques manifestations de l'importance du G. R., i,S65, I" Semestre. (T. LX, N» 18 ) ' *3 ( 870 rôle que joue l'iiistanlanéilé de la production d'une force quelconque sur les parois d'un vase dans lequel cette force est brusquement générée. » Ne pouvant répéter devant Vous la totalité de nos expériences, nous vous rappelons d'abord comment une balle lancée par une arme à feu tra- verse une plaque de verre ou d'autre matière fragile, en ne faisant qu'un trou suffisant pour son passage sans disloquer toutes les molécules voisines du point fiappé. ■> Nous obtenons un effet bien différent si la balle est tirée dans un cy- lindre de verre rempli de liquide: c'est comme un tonneau dotit on enlè- verait tout à coup les cercles et dont toutes les douves s'écarteraient subi- tement. Un gros tube de verre plongé complètement dans l'eau se divise longitudinalcment lorsqu'une balle lancée par une arme à feu ou à vent vient à le traverser suivant son axe. » L'effet est encore plus singulier si l'immersion n'est que partielle. Pour en concevoir les résultats bizarres, veuillez vous représenter un moment un cylindre de verre suspendu verticalement dans un baquet plein d'eau, de telle sorte que la moitié de sa longueur seulement trempe dans le liquide; qu'en cet élat une balle soit tirée dans ce cylindre de haut en bas parallè- lement à son axe, la balle traversera d'abord la tranche d'air contenue dans la portion du cylindre non immergée, puis elle passera au travers de la tranche de liquide correspondant à la partie plongée. Eh bien, la paroi de la partie remplie d'air restera intacte, tandis que celle remplie d'eau se di- visera en petites douves longitudinales, comme nous venons de l'indiquer. La limite des deux effets sera si nettement accusée, que la portion supé- rieure du cylindre, celle remplie d'air et demeurée intacte, sera séparée comme par un trait circulaire de diamant de la portion inférieure plongée dans l'eau et disloquée en façon de nombreuses douves longitudinales. » Nous vous laissons, Messieurs, le soin d'ajialyser les deux natures d'effets dus au passage de la balle au travers du cylindre à demi plongé dans l'eau d'un baquet; nous nous bornons à vous les signaler comme le résultat d'une force instantanément appliquée à la paroi d'un vase par l'intermédiaire de l'air et par celui de l'eau, c'est-à-dire par un gaz éminemment compressible et par un liquide à peu près incompressible. » Nous allons répéter sous vos yeux l'expérience du développement brusque d'une force sur les parois d'un vase de verre rempli d'eau, et vous montrer comment le choc produit par la dislocation des molécules d'une larme bafavique, c'est-à-dire d'une masse de verre en fusion subitement re- froidie par son immersion dans l'eau, se transmet aux parois par l'intermé- ( ^v ) diaire du liquide ; cet effet, complètement analogue quant aux résultats avec le tir d'une balle au travers d'un cylindre de verre plongé dans l'eau, servira à vous faire mieux comprendre les phénomènes bizarres dont nous venons de vous entretenir. » Suivant nous, ces expériences démontrent clairemenl et matériellemeul le désastreux effet de l'espèce de choc qui accompagne toute application instantanée d'une force quelconque. Nous pensons donc que cette commu- nication et l'expérience que nous allons faire sont le complément de noire Note de lundi dernier. (Deux vases remplis d'eau sont immédiatement brisés devant l'Académie dans les conditions précitées.) » Observations de M. le général Morik à V occasion de la commuuicalion de M. Séguier. « M. le général Morin rappelle que des faits analogues à ceux qui vien- nent d'être signalés ont été observés, il y a prés de trente ans, à Metz, par la Commission des principes du tir de cette École d'Artillerie, dont MM. Pio- bert, Morin et Didion ont été les rapporteurs. Ces faits, consignés dans des Mémoires présentés à l'Académie et qui ont obtenu son approbation, ont été publiés à diverses reprises (i). » Les expériences dans lesquelles ils se sont manifestés de la manière la plus énergique avaient pour but de déterminer les lois de la résistance de l'eau au mouvement des projectiles. » Elles ont été exécutées sur le bassin qui avait servi aux belles recherches d'hydraulique de MM. Poncelet et Lesbros, en tirant horizontalement et parallèlement au-dessous de la surface du niveau des projectiles qui péné- traient dans l'eau après avoir traversé un orifice fermé par une volige de sapin. » On a tiré ainsi des boulets pleins des diamètres de o"',io8, o^.ioo, o^.iôa et o^'jaao, des obus de différents diamètres, d'épaisseurs et par con- séquent de poids divers : les vitesses initiales des projectiles ont varié de 70 à 5oo mètres en i seconde. )) La résistance que l'eau opposait par son inertie à la pénétration des projectiles acquérait souvent une intensité telle, que les obus étaient brisés en fragments parfois très-nombreux. Le barrage, très-solide, en charpente et formé de poteaux de o™,25 d'équarrissage recouverts de madriers de o"',o8, (i) Mémorial de l'Jrtillerie, n° VII. ii3.. ( 872 ) était, après chaque séance dans laquelle ou tirail un petit nombre de coups, tellement fatigué, qu'il fallait le réparer et le consolider sans cesse. La digue en terre, qui avait près de 4 mètres au moins d'épaisseur à son sommet, était fortement ébranlée à chaque coup, et les observateurs la sentaient trembler sous leurs pieds. » Tous ces effets étaient dus aux mêmes causes que ceux que signale M Séguier; mais, observés sur une grande échelle, ils n'ont rien qui ne soit tout à fait conforme aux principes de la Mécanique et aux lois de la trans- mission du mouvement. » PHYSIQUE VÉGÉTALE. — Etude sur les fonctions des feuilles; par^l. BorssixGACLT. (Extrait.) « Les observations sur lesquelles je désire fixer pendant quelques instants l'attention de l'Académie font partie d'un travail sur les fonctions des feuilles, et, bien que présentées ainsi isolément, j'aime à croire qu'elles ne seront pas sans intérêt pour les physiologistes. » Le carbone de l'organisme végétal dérive du gaz acide carbonique; du moins je ne connais pas une expérience de quelque valeur, ou un fait agricole suffisamment contrôlé, qui permette de lui assigner une autre ori- gine. Cependant la question que je vais agiter est celle de savoir si le gaz acide carbonique pur est réductible, décomposable par les feuilles exposées à la lumière. » Dans les conditions normales, l'air atmosphérique ne contient pas au delà de 4 à 5 dix-millièmes d'acide carbonique, et d'après les recherches que j'ai exécutées autrefois avec M. Lewy, l'atmosphère confinée dans la terre en renferme quelques centièmes; il s'ensuit que le gaz acide carbonique en contact soit avec les feuilles, soit avec les racines, est toujours mêlé à une proportion considérable d'oxygène; les expériences de Théodore de Saussure tendent d'ailleurs à faire croire que le concours de ce dernier gaz est néces- saire pour que les végétaux décomposent l'acide carbonique. Ce savant observateur a reconnu que déjeunes plantes prospérant dans de l'air atmo- sphérique où il entre i et mieux encore yj d'acide carbonique, meurent quand elles sont |)lacées dans une atmosphère uniquement formée de ce gaz. » Ainsi, des recherches de Saussure, il résulterait que les feuilles ne fonctionnent plus à la lumière dans l'acide carbonique pur; que la décom- position de ce gaz par les parties vertes des végétaux n'a lieu qu'en présence de l'oxygène, et que le mélange gazeux le plus favorable à la décomposition ( 873 ) est celui qui consiste en 8 de gaz acide et 92 d'air atmosphérique. Les résultats énoncés par Saussure me semblent apporter plutôt une présomp- tion qu'une preuve de l'inertie du gaz acide carbonique pur dans son con- tact avec les organes foliacés. En effet, l'expérience de Saussure a porté sur une plante entière, par conséquent sur des racines consommant et sur des feuilles produisant de l'oxygène; et si l'on admet pour un instant que les feuilles ont fonctionné normalement, il a pu arriver que l'oxygène qu'elles ont émis ne compensait pas l'absorption exercée par les racines, de sorte que le phénomène de la décomposition opérée par les feiiilles a pu passer inaperçu, et l'insuffisance de l'oxygène dans l'atmosphère confinée suffirait pour expliquer pourquoi la plante est morte peu de temps après avoir séjourné à la lumière dans le gaz acide carbonique pur. » La supposition que je viens de faire est assez peu fondée, je m'empresse de le reconnaître, mais elle justifie, ce me semble, la nécessité qu'il y a, dans l'étude des relations des végétaux avec l'atmosphère, de scinder les observations, en recherchant séparément comment se comportent les feuilles, comment se comportent les racines; en un mot, elle rappelle qu'il ne convient pas d'observer à la fois, dans lui même milieu gazeux, l'action d'organismes possédant des fonctions indépendantes et en quelque sorte antagonistes; sauf, plus tard, bien entendu, à étendre cette élude à la plante prise dans son ensemble. C'est le programme que je me suis tracé. > Pour décider si réellement les parties vertes ne décomposaient pas l'acide carbonique sans le concours de l'oxygène, je plaçai au soleil des feuilles dans du gaz acide carbonique pur, et, dans la prévision d'une dé- composition, on instituait une autre expérience pour avoir un terme de comparaison, consistant à mettre une feudle semblable à la première dans un mélange connu d'acide carbonique et d'air atmosphérique. La durée de l'exposition au soleil était la même de part et d'autre; par conséquent, chaque feuille était soumise à la même intensité de lumière et de chaleur. Voici les résultats : Expérience I, 7 juillet 1864. » L Feuille de laurier-cerise exposée au soleil pendant 4 heures dans une atmosphère de gaz acide carbonique pur. Acide Gaï. carbonique. Oxygène. Azole. ce ce ce ce Avant l'exposition (*) 83, 1 83, i 0,0 0,0 Après l'exposition 84,0 78,5 5,5 0,2 Différences... +o,g — 4)^ +5,5 -h 0,2 (♦) Les volumes des gaz sont ramenés à o degré et à la pression de o"',76. 62 ,4 Acide carbonique. Oxygène. A»ote. ce 26,1 ce i3,9 48 ,"5 5,5 35,3 48,7 Acide carbonique. Oxygène. Azote ce 86,1 ce 0,0 ce 0,0 82,4 4,0 0,5 ( 874 ) » II. Feuille de laurier-cerise exposée au soleil pendant 4 heures dans un mélange d'air et d'acide carbonique. ce Acide carbonique 26, i Air atmosphérique . Gaz. ce Avant l'exposition 87,6 Après l'exposition 89,5 Différences... +1,9 — 20,6 +21,4 4-0,2 Expérience II, i4 juillet 1864. M I. Deux feuilles de laurier-rose exposées au soleil pendant 4 heures dans une atmosphère de gaz acide carbonique. Gaz. ce Avant l'exposition 86 , i Après l'exposition 86 ,9 Différences.-. -f-o,8 —3,7 -t-4jO -Ho,5 » II. Deux feuilles de laurier-rose exposées au soleil pendant 4 heures dans un mélange d'air atmosphérique et d'acide carbonique. ce Acide carbonique 3i ,9 Air atmosphérique 54, 7 Gaz. ce Avant l'exposition 86,5 Après l'exposition 87 , i Différences... +0,6 —19,1 +19,4 —0,2 Expérience III, 17 août 1864. » I. Feuille de laurier-cerise exposée au soleil pendant 10 heures dans une atmosphère d'acide carbonique pur. Gaz. ce Avant l'exposition 86,7 Après l'exposition 86,7 Différences... 0,0 — ii,3 +10,9 -+-0,4 Acide carbonique. Oxygène. Azote. rc 3i,9 ce II ,5 ce 43,2 12,8 3o,9 43,4 Acide carbonique. Oiycène. Azote. ce ce ce 86,7 0,0 0,0 75,4 >o,9 0,4 ( 875 ) » II. Feuille de laurier-cerise exposée au soleil pendant lo heures dans un mélange d'air atmosphérique et d'acide carbonique. ce Acide carbonique 32, 3 Air atmosphérique ........ 4^1 6 Acide Gaz. carbonique. Osygéne. .Azole. ce ce ce ce Avani l'exposition 1^>9 33,3 9,8 36,8 Après l'exposition 79» • ^)5 38, g 36, 7 Différences... -1-0,2 — 28,8 4-29,1 — 0,1 Expérience IF, 3 septembre 1864. » I. Feuille de chêne exposée au soleil pendant 4 heures dans une atmosphère de gaz acide carbonique. Gaz. Acide carbonique. Orygène. Azote. ce 87,0 ce 0,0 ce 0,0 82,1 4,0 0,0 Avant l'exposition 87 ,0 Après l'exposition 86 , i Différences ... — o,i) — 4:9 -t-4iO o»*^ » II. Feuille de chêne exposée au soleil pendant 4 heures dans tiii mélange d'air attnosphérique et d'acide carbonique. ce Acide carbonique 37,7 Air atmosphérique. 4^ > 3 Acide Gaz. carbonique. Oxygène. Azote. ce .86,0 ce 37>7 ce 10,1 ce 38,2 85,7 12,7 34,8 38,2 Avant l'exposition 86,0 Après l'exposition 85,7 Différences... — o,3 — 25, o -+-24,7 0,0 » Cette première série d'observations montre que, sous les mêmes in- fluences de lumière et de tetnpérature, les volumes de gaz acide carbonique décomposés par des feuilles placées parallèlement, les unes dans l'acide carbonique pur, les autres dans un mélange du mérrie acide et d'air atmo- sphériqtie, ont été, le plus souvent, dans le rapport de i à 5, et elle tend à faire croire, contrairement à l'opinion de Saussure, que les parties vertes exposées au soleil décomposent lentement, graduellement, mais enfin décom- posent l'acide carbonique sans le concours initial de l'oxygène. Cependant, ( 876 ) en discutant ces expériences, on s'aperçoit qu'elles ne démontrent pas d'une manière irréfutable la non-intervention de l'oxygène. H Sans doute, il ost possible d'obtenir de l'acidecarboniqued'une pureté absolue, mais aussitôt que l'on fait pénétrer dans ce gaz une feuille, et, à plus forte raison une branche, sa pureté est altérée. C'est que les feuilles contiennent dans leur parenchyme une atmosphère latente, condensée, se mêlant, par l'effet de la diffusion, à l'acide carbonique pur confiné dans les appareils. Qu'il y ait dans la très-faible quantité de gaz ainsi introduit aussi peu d'oxygène qu'on voudra le supposer , -^ de centimètre cube, par exemple, ce -j^ communiquera à -j^ de centimètre cube d'acide carbonique la propriété d'être décomposé par les feuilles en émettant un volume égal d'oxygène. Dans une seconde phase, il y aura -^ d'acide carbonique dé- composé, puis -—, puis Yô, et ainsi progressivement. C'est pourquoi, en introduisant une feuille dans ime atmosphère formée par de l'acide carbonique pur, remplaçant cette feuille par luie autre après im certain temps, on finit par transformer la presque totalité de l'acide carbonique en oxygène. » La décomposition de l'acide carbonique pur par les feuilles éclairées par le soleil, extrêmement lente d'abord, un peu plus active ensuite, aussi ra- pide qu'avec l'intervention de l'air au bout de huit à dix heures, semblerait donc pouvoir être expliquée par l'action déterminante d'iuie seule bulle initiale d'oxygène apportée par la plante. >» Il y a cependant deux objections contre cette hypothèse que semblent si bien appuyer les faits observés. La première, c'est que l'oxygène ne paraît pas exercer d'action sensible sur les feuilles, tant qu'elles sont exposées à une vive lumière. J'ai entrepris sur ce sujet d'assez nombreuses expé- riences; je me bornerai à en rapporter quelques-unes. Expérience F, 6 août 1864. » l. Feuille de laurier-cerise exposée au soleil pendant i*" i 5", dans l'air atmosphérique. ce Avant l'exposition 7656 Après l'exposition 77 )0 Différences ... -t- o , 4 » La feuille avait été cueillie à l'ombre; elle pouvait, par conséquent, renfermer un peu d'acide carbonique qui aura fourni lui peu d'oxygène. Acide carbonique. Oiygène. Azote ce 0,0 rc 16,1 ce 60,5 0,0 16,5 60,4 0,0 + 0,4 — 0,1 Acide carbonique. O: (jcenc. Azole. ce ce ce 0,0 IÇ),1 72,0 0,0 I 9 , -2 72,1 ( 877 ) 1 juillet i864- » II. Feuille de laurier-cerise exposée au soleil pendant 4 heures, dans l'air atmosphérique. Gaz. ce Avant l'exposition 9' > ' Après l'exposition 9 ' 1 3 Différences ...-1-0,2 0,0 -l-o,i -|-o,i » Dans cette expérience, comme dans la suivante, la feuille avait été cueillie au soleil; ne contenant plus d'acide carbonique, elle ne devait pas donner d'oxygène. lo septembre 1864. » III. Deux feuilles de laurier-rose exposées au soleil pendant 2 heures, dans l'air atmosphérique. Gaz. ce Avant l'exposition 74 1 ' Après l'exposition 74 >' Acide carbonit(nr Oxygène. Azolc. ce 0,0 ce i5,5 58 ',6 0,0 ,5,4 58,7 Différences... 0,0 0,0 — 0,1 -l-o,i » A l'obscurité, ainsi que Théodore de Saussure l'a démontré, les feuilles absorbent du gaz oxygène en formant un volume de gaz acide carbonique libre inférieur au volume du gaz oxygène consommé. Expérience VI, 21 août i864- » Feuille de laurier-rose tenue à l'obscurité dans l'air atmosphérique. Acide Gnz. c.*ïi*bonîque. Oxygène. Azote. ce 5o,3 ce 0,0 ce .0,5 ce 39,8 5o,o 2,6 7>3 4o,i Avant l'introduction de la feuille. Après avoir retiré la feuille. . . . Différences... — o,3 -^2,6 —3.2 -f-o,3 » La deuxième objection est fondée sur ce que, dans l'atmosphère latente, condensée des feuilles, il n'y a pas d'oxygène : c'est ce qui ressort d'expé- riences antérieures durant lesquelles j'ai eu l'occasion d'extraire, par l'ébul- lition dans le vide, les gaz emprisoiuiés dans les tissus des divers organes des végétaux. L'analyse a fait voir que ces gaz consistent en azote et en acide carbonique. C. R., i865, I" Semestre. (T. LX, N» 18.) ' '4 f 87S ) » Ce ne sérail donc plus par une très-faible quantité d'oxygène que les feuilles qu'on y introduirait souilleraient une atmosphère d'acide carboni- que pur, mais par une Irès-faible quantité d'azote; et, dans l'hypothèse que nous avons formulée, il conviendrait par conséquent de reporter k une bulle d'azote l'action déterminante si curieuse que nous avons constatée en l'at- tribuant à une bulle d'oxygène. S'il en est réellement ainsi, il faut alors que l'azote favorise la décomposition du gaz acide carbonique, comme la favo- rise l'oxygène; il faut que dans un mélange d'azote et d'acide carbonique les feuilles fonctioiuient, à la lumière, comme dans un mélange d'acide car- bonique et d'air respirable; dès lors, le concours de l'oxygène n'est plus indispensable à l'accomplissement du phénomène que nous étudions. C'est eu effet ce qui a lieu. Ici surgit tout naturellement une réflexion. Si un gaz aussi inerte que l'est l'azote à l'égard des végétaux agit comme l'oxygène quand il est mêlé à l'acide carbonique, un gaz inerte quelconque doit se comporter de la même manière. C'est encore ce qui a lieu : les feuilles qui. à la lumière, ne réduisent très-probablement pas le gaz acide carbonique lorsqu'il est pur, ou ne le réduisent qu'avec une excessive lenteur, le décom- posent rapidement quand il est mêlé, soit à du g.nz azote, soit à du gaz hydrogène. Exjjcriencc Vil, 17 août i864- » Feuille de laurier-cerise exposée au soleil pendant G heures, dans un mélange de gaz azote et d'acide carbonique. Acide Gaz. caiboiiiqiie. Oïygèni'. Azolc. ce 73,1 ce 26,6 ce 0,0 ce 46,5 73,7 1,1 25,5 4:,. Avant l'exposition Après l'exposition Différences... -l-o,f} — 25,5 -t-25,5 -H 0,6 Expérience VllI, 1- août i86:[. » Feuille de lamier-cerise exposée au soleil pendant 6 heures, dans lui mélange de gaz hydrogène et de gaz acide carbonique. Acide Goz. caiboniqiii'. Oxygènu'. Hyilrogène ce 87,1 ci: 27 .y ce 0,0 ce 59,2 87,2 2,0 26,2 59,0 Avant l'exposition 87 , i .Apres l'exposition 87,2 Différentes.... -H 0,1 — -^^jg -f 26,2 —0,2(1^ 'i) On trouvera dans le Mémoire, dont je ne préscnîc ici ipi'iin extrait, des expériences faites avec plusieurs autres {,'az rombustililes. Acide carbonique. Oxygène. Il ydrogcne ce 29,3 ce 0,0 cr 55,5 1,9 27»? 55,3 ( «79 ) Exprricncc IX, iGotloljre 1864. » Fedille de laurier-cerise exposée au soleil jieudanl 7 heures, daus u mélange de gaz hydrogène et de gaz acide carbonique. Gaz. ce .Avant l'exposition 84,8 Après l'exposition 84,9 Différences .. -1-0,1 — 27,4 +27,7 —0,2 (i) » Les résultats de celle partie de mes recherches peuvent être résumés ainsi : » i" Les feuilles exposées au soleil dans de l'acide carbonique piu- ne décomposent pas ce gaz, ou, si elles le déco;uj)Osent, ce n'est qu'avec une excessive lenteur. » 2° Les feuilles exposées au soleil dans un mélange d'air atniosphérique et d'acide carbonique décomposent rapidement ce dernier gaz. » L'oxygène de l'air ne paraît pas intervenir dans le phénomène. )) 3° Les feuilles exposées au soleil décomposent rapidement l'acide car- bonique, quand le gaz est mêlé soit à du gaz azote, soit à du gaz hydrogène. » Quoique la décomposition de l'acide carbonique par les parties vertes des végétaux soifim phénomène de désassociation, la séparation du carbone et de l'oxygène, j'y trouve une certaine analogie avec un phénomène tout différent dans ses résultats, l'union d'un combustible avec l'oxygène à Ja température ordinaire, la combustion lente du phosphore. Ainsi : » i" Le phosphore placé dans l'oxygène pin- n'émet pas de lumière, ne briîle pas, ou, s'il brûle, ce n'est qu'avec une excessive lenteur. » 2° Le phosphore placé dans un mélange d'oxygène et d'air atmosphé- rique brûle en devenant lumineux. » 3° Le phosphore placé dans de l'oxygène, mêlé soit à du gaz azote, soit à du gaz hydrogène, soit à du gaz acide carbonique, brûle en émetlant de la lumière. » L'analogie peut être poussée plus loin. » Un cylindre de phosphore ne brûle pas, n'est pas phosphorescent dans (1) L'oxygène a été absorbé par le phosphore à froid. C'est ce qui explique la faible perle de gaz que l'on a constatée dans toutes les expériences où l'on a fait intervenir l'hydrogène, ce gaz, comme je l'ai fait voir, diminuant de volume dans un milieu où le phosphore brùlc lentement. 114.. ( 88o ) le gaz oxygène pur à la pression de o'",76, mais il devient lumineux, il brûle, aussitôt que cette pression tombe à i ou 2 décimètres de mercure. Le phosphore incombustible dans l'oxygène pur, maintenu à un certain degré de condensation, est combustible dans le même gaz raréfié (i). » Le 24 août 1864, on a exposé au soleil, pendant 3o minutes, dans de l'acide carbonique pur, une petite feuille de laurier-rose dont la faible di- nion.sion était coannandée par U,' diamèti'e de l'eudiomètre. La pression du gaz, à cause de la colonne déprimante de mercure, était de o"',i7. On a obtenu 1 centimètre cube d'oxygène; or, à la pression habituelle (o™, 74)1 une feuille semblable mise dans l'acide carbonique pur n'aurait certaine- ment [)as fourni, dans un espace de temps aussi limité, un volume appré- ciable d'oxygène (2). . » Ainsi, il ne paraît pas invraisemblable que la désassociation des élé- ments de l'acide carbonique par les feuilles soit déterminée par les mêmes causes mécaniques qui favorisent, à la température ordinaire, l'association d'un combustible et de l'oxygène, la combustion lente du phosphore; à savoir : l'intervention de gaz inertes, ayant pour effet d'écarter, dans le premier cas, les atomes d'acide carbonique, dans le second cas, les atomes d'oxygène; gaz inertes agissant dans ces deux circonstances sur le gaz actil, comme le ferait une diminution de pression. » CHIMIE ORGANIQUE. — Sur l'analyse voktméiriqne du fer conienn dans le satnj , par M. J. Pei.ocze. « Le moyen que je propose pour doser le fer contenu dans le sang est basé sur l'emploi des liqueurs titrées. » Il est d'une exécution simple et ra|)ide; sa précision ne le cède pas aux méthodes ordinaires, qui consistent en général à recueillir le fer à l'état de sesquioxyde. M Sans attacher plus d'importance qu'il ne faut à ce nouveau mode d'analyse, j'espère cependant qu'il mérite l'attention des physiologistes; (1) Bellani. (2) Gaz acide carlionique. . . 22'''", 2 Température... i5°,8 Pression... o'",i746 Réduit à o dej^ré, pression 0™, 76 = 4",8>.. Après l'absorption de l'acide carboni(]ue : Gaz 8",o Température. . . ië",6 Pression. . . o'", 107c) lUduit à o degré, pression o"", 76 =: o'^'',97. Les o",97 étaient de l'oxygène presque juir ( 88i ) il leur fera pressentir les services que les essais volumétriques sont appelés à leiu' rendre un jour. » Voici en quoi consiste le procédé dont il est question : je pèse une quan- tité de sang comprise entre loo et i3o grammes, je l'introduis dans une capsule de platine d'un quart de litre à peu près de capacité, que je place au-dessus d'un bec de gaz; je maintiens d'abord cette capsule à une tres- douce température, de manière à éviter toute projection de matière; puis, quand le sang a été ainsi desséché, je le porte peu à peu à une température d'un rouge sombre, pendant environ deux heures. » La plus grande partie du sang disparaît, mais les cendres en fondant recouvrent une petite quantité de charbon qu'elles préserveraient longtemps de la combustion, si on ne les enlevait; à cet effet, j'emploie l'acide hydro- chlorique; j'en mêle lo grammes avec leur poids d'eau ; je prends une partie de ce liquide et le verse dans la capsule de platine que j'entretiens chaude. » J'y ajoute ensuite 3o à 4o grammes d'eau distillée, et quand la liqueur surnageant le charbon a cessé d'être trouble, je la transporte, au moyen d'une pipette, sur un très-petit filtre en papier Berzélius, placé au-dessus d'un matras d'un litre de capacité. » Je chauffe au rouge sombre le charbon dépouillé de la plus grande partie de ses cendres; au bout de quelques minutes, je le lave comuie la premièi'e fois avec de l'eau acide et de l'eau pure. Je briile de nouveau le charbon, je lave encore à l'eau acide, et ainsi de suite jusqu'à ce qu'il ait disparu entièrement. Il ne reste plus à brûler que le filtre lui-même qui a retenu quelques flocons de charbon; on le chauffe au rouge dans la même capsule, sa cendre est traitée par l'eau acide, et la liqueur claire qui en résulte est jointe directement à celles qui proviennent des opérations pré- cédentes. » Après avoir ainsi opéré, j'ai dans lOO à i5o grammes d'eau acidulée par lo grammes d'acide chlorhydrique tout le fer du sang à l'éîat de per- chlornre; la dissolution est jaune et d'une limpidité parfaite. Je l'élends d'eau de manière qu'elle représente à peu près 1 litre, et j'y verse lo centi- mètres cubes d'une dissolution contenant i gramme de sulfite de soude; je la porte peu à peu à l'ébullition et l'y maintiens pendant tiois à quatre minutes. » Tout l'excès de sulfite disparaît, et le fer est ramené entièrement à l'état de protochlorure; j'ajoute encore à la liqueur refroidie environ ^ litre d'eau distillée. J'ai donc ainsi finalement, sous le volume d'à peu près i litre, tout le fer contenu dans la quantité coniuie de sang sur laquelle j'ai opéré. ( 882 1 « Toute matière organique ayant disparu, le fer peut être dosé par les movens divers que tout le monde connaît. J'emploie de préférence celiu que M. Margueritte a fait connaître en 1846. On sait qu'il consiste à peroxy- der le fer au moyen d'une dissolution titrée de permanganate de potasse, et que le terme de ro|)ératiou est manifesté |iar une teinte rose très-légère que prend le liquide. « Je prépare ma liqueur normale en dissolvant dans l'eau i!es cristaux de permanganate de potasse, de manière que i 5o à 200 centimètres cubes de cette dissolution représentent i gramme de fer. » Supposons une liqueur titrée de façon qu'il en faille exactement 1 5 cen- timètres cubes pour représenter i décigramme de fer; si, pour faire passer du minimum au maximum le fer conleiui dans 100 grammes de sang, on a dû employer 8 centimètres cubes de celte liqueur titrée, cela voudra dire qu'il v avait dans le sang soumis à l'analyse o^^oSSB de fer qui correspond à o^'^oj6 de sesquioxyde; ce chiffre est le quatrième terme de la proportion = -) X =:= o,o533 de fer. o, 1000 J Il Je choisis, pour titrer mes liqueurs, du fd de clavecin; j'opère sur 1 décigramme ou sur 5o milligrammes pesés à la balance d'essai; je le dissous dans 10 centimètres cubes d'acide chlorhydrique pur, que j'étends de 10 centimètres cubes d'eau; j'ajoute à la dissolution ^ litre d'eau et 10 centimètres cubes d'une liqueur de sulfite de soude contenant I gramme de ce sel. » Je fais bouillir, j'étends d'eau de manière à avoir 1 litre à peu piès de dissolution. » Après le refroidissement, je noie combien il me faut de dissolution de permanganate de potasse pour suroxyder le fer. » Il est inutile d'insister sur l'importance qu'il v a de rendre, aulatit que possible, semblables les conditions dans lesquelles s'effectuent le titrage des dissolutions normales de permanganate et le dosage du fer. )) Ce que je dis s'applique à la capsule de platine, à l'eau, à l'acide, à la burette, au caméléon, à la température même, etc., etc. M Ici encore, connue lorsqu'il s'agit de titrages alcaliniétriques, chloro- méfriques, d'essais d'argent, de cuivre , il est important d'opérer sur des (piantités à peu près semblables de matières. )> Avec du soin et un peu d'expérience, on arrive facilement à une exac- titude telle, que deux essais effectués sur une centaine de grammes de sang [ 88'^) ) de la incine saignée n'accusent pas une diftérence de plus de ^ de cenli- mètre cube, soit deux ou trois gouttes au plus, dans la quantité de liqueur normale employée. « Le sang soumis à l'analyse était reçu directement de la veine dans de petits flacons à large col, decapacités sensiblement égales. Ces flacons étaient numérotés et tarés d'avance; on les pesait de nouveau au laboratoire. » En opérant sur la totalité du sang contenu dans cliacpie flacon, ou n'avait pas à craindre sa séparation en sérum et en caillot, et on pouvait, au besoin, en retarder de quelques jours l'examen. Autant que possible, le même animal me donnait deux ou trois flacons de sang et, dans ce cas, les quantités de fer trouvées ne présentaient pas un écart de plus de 2 niilli- » Au contraire, une analyse du sang des animaux d'une même espèce attestait quelquefois des différences assez notables dans la proportion du fer : ainsi 100 grammes de sang de bœuf m'ont fourni comme minimum o^', 043 et comme maximum os', o54 de fer; celui de porc o'"',o5iG et o°%o5g5. " L'expérience dira s'il est possible de saisir des différences d'un ordre encore plus élevé, soit chez l'homme, soit chez les animaux, à l'état de santé ou de maladie. » Le tableau suivant fera connaître les résultats auxquels je suis arrivé. Fer cantenii ilans i oo grammes de sans- HOMME. iioEur. PORC OIE, llINDE. rOULET CANARD. GBENOUILLE. gr o,o5o(j 0,0480 1 o,o5g5 1 oroBGS o,o333 0^0344 0,0425 0,0537 o,o5o4 o,o5ig o,o54o ( 0,053; (o,o54; ( o,o54i i 0,0542 ( 0 , o4g2 |o,o4g2 (o,o4gi 1 o,o5g5 ( o,o5g2 \ o,o5g2 o,o5g5 o,o5i6 o,o5o6 [ 0,0554 < 0 , o54o (o,o544 (o,o358 0,0347 o,o336 0,0357 0,0342 ( 884 ) » Piirmi les chimistes qui se sont occupés de déterminer les proportions de fer contenues soit dans les globules du sang, soit dans le sang même, je citerai particulièrement MM. Poggiale, Schmidt et Nasse. » Toutefois, il n'entre pas dans le cadre restreint de cette Note de pré- senter l'analyse des travaux de ces savants ; je me bornerai à dire que d'ac- cord avec MM. Poggiale et Schmidt, et contrairement aux données de M. Nasse, je trouve bien plus de fer dans le sang des Mammifères que dans celui des Oiseaux; mais je dois ajouter que mes expériences signalent dans le sang de ces deux classes d'animaux une quantité absolue de fer de beau- coup inférieure à celle qu'indique M. Poggiale. Cet habile chimiste n'avait pas d'ailleurs, comme moi, pour but exclusif de ses recherches, le dosage du fer dans le sang. » En résumé, si je ne me trompe, il y a dans looo parties du sang des Oiseaux 3 à 4 parties de fer, et dans celui des Mammifères 5 à 6 parties. » PHYSIQUE. — Du phénomène de la disMciation dans les flammes tiomoqènes ; par M. H. Saixte-Chire Deville. « Je suppose qu'on fasse écouler par un orifice étroit, avec une vitesse convenable, un mélange intime d'hydrogène et d'oxygène ou d'oxyde de carbone et d'oxygène dans les proportions nécessaires pour former soit de l'eau, soit de l'acide carbonique : on obtient, en mettant le feu au courant gazeux, ce qu'on appelle le dard d'un chalumeau à gaz tonnants. C'est l'étude de la composition chimique de cette flamme et de la distribution de la chaleur dans son intérieur qui fera le sujet de ma communication. )) Pour simplifier les explications, je ne parlerai d'abord que du dard du chalumeau à oxyde de carbone et oxygène, en montrant plus tard que tous les faits que j'ai observés et leurs conséquences se retrouvent iden- tiques, si on substitue dans l'expérience l'hydrogène à l'oxyde de carbone. .Te donnerai d'abord les résultats obtenus, puis j'expliquerai brièvement ma méthode expérimentale pour abréger cette exposition. » Lorsqu'un mélange intime d'oxyde de carbone et d'oxygène s'échappe d'un chalumeau par une ouverture de 5 millimètres carrés de section, sous une pression de lo à i8 millimètres d'eau, le dard produit est une flamme des plus tranquilles, d'une couleur bleue très-intense à sa base, incolore nu à peine jaunâtre à sa partie supérieure; elle a environ 70 à 100 milli- mètres de haut dans ses parties les plus visibles. » Si on observe cette flamme avec attention, on voit qu'elle est composée ( 885 ) d'un double cône, l'un extérieur et l'autre intérieur, ayant tous deux pour base le cercle de section du chalumeau : la hauteur du cône intérieur est de lo millimètres environ. En puisant les gaz dans ce cône au moyen de l'appareil que je vais décrire, on peut démontrer que la combinaison ne s'y effectue nullement, parce que la vitesse du déplacement des molécules est supérieure à la vitesse (très-petite pour l'oxyde de carbone et l'oxygène) d'inflammation ou de propagation de la chaleur (i) dans le mélange. n Le cône extérieur est formé par la flamme elle-même, c'est-à-dire par le gaz en combustion. » 1° Distribution de In chaleur dans la Jlanime. — Si on met un fU de pla- tine à une hauteur de 5 à 6 centimètres au-dessus de rorifice du chalumeau et au centre de la flamme, il ne fond pas. Son éclat augmente d'autant plus qu'on le fait descendre et qu'on le rapproche davantage du cône intérieur. La fusion commence à i ou a centimètres au-dessus de ce cône ; elle devient (i) Pour déterminer cette vitesse, on fait décroître graduellement la pression sous laquelle les gaz mélangés sortent du chalumeau ; on voit alors le cône s'abaisser peu à peu et dispa- raître enfin lorsque la pression n'est plus que de 4 ou 3 millimètres d'eau. Une explosion des plus violentes se produit dans les tubes de caoutchouc qui amènent les gaz ; on détermine le débit à ce moment même, et on en déduit la vitesse par un calcul très- simple. Il ne faut pas confondre la vitesse de la propagation de la flamme à l'air libre avec la vitesse de propa- gation d'une explosion en vases ou tubes plus ou moins clos. Dans ce cas, il faut tenir compte non pas seulement de la vitesse de la propa;;ation de la chaleur dans le mélange, mais encore de la vitesse considérable communiquée aux molécules par leur expansion subite. Je ne voudrais pas m'étendre bien longuement sur ce sujet, dont je dois la conn-iissance un peu étendue à mes rapports journaliers avec MM. Demondésir et Schlœsing. Les expériences de mes .savants amis sur ce sujet, et principalement sur la combustion des mélanges peu explo- sifs, sont devenues classiques. Mais les conséquences de la plus haute importance qui en découlent naturellement leur appartiennent encore en entier, et je ne |)uis qu'exprimer un vœu, c'est d'en entendre ici le développement le plus tôt possible de la bouche des auteurs eux-mêmes. Le refroidissement produit par l'expansion des gaz sortant sous pression d'une ouverluic étroite n'exerce aucune influence sur l'inflammabilité du mélange détonant. M. Dumas, dans ses leçons à la Sorbonne, éteignait une bougie avec un mélange d'oxygène el d'hydro- gène fortement comprimés, et s'écoulant par un chalumeau. Dans les circonstances où il opé- rait, la différence de température entre les gaz mélangés et l'air extérieur étant au plus de 4 ou 5 degrés, comme on le démontre facilement par le calcul, est amplement comprise dans les variations de la température avec les saisons, et l'expérience est ))ossib!e en tout temps. C'est une des expériences de cours les plus instructives que nous devions à mon illustre maître. C. R , iS65, I" Semeslre. (T. LX, N» lU.) ' '5 ( 886 ) de plus en plus rapide au fur et à mesure qu'on s'en rapproche. Enfin, au sommet du cône il y a une chaleur développée tellement forte, que le fil de I millimètre d'épaisseur se transforme en petites sphères qui se détachent rapidement, et que des étincelles analogues à celles qui accompagnent la combustion du fer sont lancées dans tous les sens. C'est un caractère qui accompagne toujours la fusion du platine quand on s'élève bien au-dessus de son point fixe de fusion. » Ainsi, le maximum de température est au sommet du cône intérieur, au plus bas de la flamme bleue, et cette température diminue au fiu- et à mesure que l'on s'élève dans la flamme. C'est dire que les molécules d'oxy- gène et d'oxyde de carbone sont portées presque subitement à la tempé- rature la plus élevée qu'elles puissent produire. A partir de lendroit le plus bas, où existe ce maximum, les gaz se refroidissent rapidement par contact avec l'air et par rayonnement, comme le ferait un jet de vapeur sor- tant d'une chaudière et se répandant dans luie atmosphère plus froide que toute lempérafuie connue. M 2° Composition de lajlamme à diverses hauteurs. — Pour résoudre cette question par l'expérience, il faut employer un petit appareil dont le prin- cipe a déjà été décrit dans un précédent Mémoire, et qui constitue une des pièces du système que j'ai appelé tubes cliaiid et froid. Je plonge dans la flamme que je veux analyser un tube en argent, à parois minces, de I centimètre environ de diamètre, et percé d'un trou de yû de millimètre environ. Ce trou doit être tourné en bas et placé exactement sur l'axe de la flamme. Un courant d'eau froide, commandé par un robinet, traverse le tube d'argent et s'échappe par un tube de verre deux fois recourbé, long de i™,5o environ dans sa partie verticale, et plongeant dans une cuve à eau. Au moyen du robinet, on donne à l'eau une vitesse telle, que sa chute dans le tube vertical détermine une aspiration au travers du trou placé au milieu de la flamme. Celle-ci, sous l'influence de cette trompe, pénètre en partie dans le tube d'argent et subit, au contact de l'eau, un refroidissement aussi instantané que possible. Comme je l'ai déjà démontré, les gaz absorbés par la trompe restent à très-peu près dans l'état de combinaison ou de décom- position où ils sont dans la flamme, au moment où on les preni^. Cela ne serait pourtant absolument vrai qu'avec un refroidissement infiniment ra- pide qui n'est pas réalisable. Aussi les noudjrcs qui représentent les pro- portions des gaz dissociés ou plutôt non combinés de la flamme, et que je rapporterai plus loin, doivent-ils être considérés comme un minimum par ( 887 ) rapport à la tension maximum de dissociation pour la température que les gaz possèdent au moment où ils sont puisés. ') Les gaz absorbés dans le milieu de la flamme sont entraînés avec l'eau dans la cave et transportés immédiatement par mie sorte d'éprouvette tubulée dans une autre cuve pleine de potasse, où ils perdent leur acide carbonique et sont recueillis dans des tubes longs également remplis avec la lessive caustique. » On en fait ensuite l'analyse par les procédés que j'ai déjà décrits. )) Pour connaître approximativement les quantités relatives d'oxyde de carbone et d'oxygène combinés ou non combinés, j'introduis dans ces gaz de I à 2 pour loo d'azote. Mais cette méthode de calcul donne encore ici un minimum à cause de la diffusion de l'azote de l'air à travers la flamme, conformément aux expériences de M. Hilgard et de M. Landolt (i). » Voici les résultats auxquels je suis arrivé dans un très-grand nombre d'expériences toutes concordantes : Section de l'ouverture du chalumeau , 5 millimètres carrés. Dépense du mélange d'oxygène et d'oxyde de carbone par se- conde 47 centimètres cubes. Pression du gaz à la sortie en hauteur de mercure i""",4- Hauteur de la flamme bleue, environ de 67 à 70 millimètres. (i) Voyez HiLOARD, Annalen der Chemie und Pharmacie, t. XCII, p lao (i854), et Landolt, Poggcndorffs Annalen, t. XCIX, p. 389 (i856). 1 It).. H\lTElIt DE LA PRISE DE GAZ au-dessus de l'ouverture du chalumeau. [ 888 ) conposiTio:^ des «àz. 67 millimètres . j Oxyde de carbone 0,2 Oiygéne 21, 'i Azole -/SiS DESIGNATION DES TEflPtUATliBES correspondant à ces diverses hauteurs. Fusion de l'argent ou au-dessus. 54 millimètres. ^ Oxyde de carbone G ,2 1 Oxygène 28, i 'Fusion de l'or. Azote 6â 1 7 ,, .... , Oxyde de carbone 10,0 44 millimètres j Oxygène 20,0 ' Azote TO.o Platine presque blanc. ,r •,,. .. (Oxyde de carbone '7.3/ni .- n 35 millimètres Oxygène ^^Jg Platine blanc Azote. 2& millimètres . 57i!) Oxyde de carbone '9)4 '1 Oxygène 26,0 ' Azote 54 1 ' 100,0 „ .„. . 1 Oxyde de carbone 19,0 18 millimètres 'Oxygène 25, i Azote 4^i9 i5 millimètrei 12 millimètres . Oxyde de carbone 4" > 0 Oxygène 32,9 Azote 27,1 Platine très-blanc. Platine éblouissant. Commencement de fusion du pla- tine. Oxyde de carbone 47)0 j Oxygène 36 ,0 ' Le platine fond. Azote 17,0 .0 millimètres, un peu au-dessus 1 «"ï^î"*" «^"^one 55,3 du cône intérieur. ) OxyE«n« 35,3 Azote 9,4 10 millimètres, au sommet du cûnc intérieur, iin peu en dedans . . . 100,0 Oxyde de carbone 55 , 1 Oxygène 36,5 j Azote 8,4' Le platine fond très-vile; èliiicelles, Fusion du platine avec olinoelles nombreuses; rapidité extrême. mo , 0 0, h la sortie; gaz venant des ré- l Oxyde de carbone C4,4 sorvoirs ) Oxygène 33,3 Azote . Azote . ,:!» 100,0 ( 889) » Cette série d'observations et de mesures prouve de la manière la plus complète et la plus régulière : » 1° Que la température va croissant depuis l'extrémité inférieure delà flamme jusqu'au sommet du cône intérieur placé à sa partie supérieure; » 2° Que le rapport des gaz non combinés (oxyde de carbone et oxy- gène) aux gaz combinés (acide carbonique) va croissant depuis l'extrémité supérieure du dard, où l'acide carbonique existe seul, jusqu'à la partie infé- rieure, où les I tout au plus des gaz oxygène et oxyde de carbone sont unis entre eux. Cette conclusion étonne au premier abord, mais elle est la véri- fication synthétique de toutes les recherches que j'ai faites jusqu'à ce jour sur la dissociation par la voie analytique. En effet, j'ai démontré par les procédés les plus rigoureux qu'en échauffant à looo ou 1200 degrés l'acide carbonique dans un tube de porcelaine, on le transformait partiellement en oxyde de carbone et oxygène. J'ai fait voir en outre que la tension des gaz décomposés ou dissociés augmentait dans la masse totale en même temps que la température elle-même s'accroît. Il est bien clair d'après cela que, si j'acquiers le moyen d'avoir la composition de la flamme à son point le plus chaud, c'est là que je trouverai la plus grande quantité de gaz non combinés. Les expériences que je publie aujourd'hui sont donc la confir- mation de mes premiers résultats. » La décomposition des corps gazeux s'effectue donc dans ce cas comme la production des vapeurs au-dessus d'un liquide. Si l'on compare l'ébulli- tion à la décomposition totale, la tension des vapeurs au-dessous du point d'ébullition sera équivalente à la tension de dissociation (ou décomposition partielle). i> De même, la condensation des vapeurs est le phénomène le plus sem- blable, dans sa cause et dans .ses effets, à la combinaison chimique. » Si l'on admet que le choc des molécules qui se rapprochent d'ime ma- nière subite est la cause de la chaleur (transformation de la chaleur latente en chaleur sensible), cette cause est la même pour deux molécules de même nature qui passent de l'élat de vapeur à l'état liquide en se condensant, et pour des molécules hétérogènes qui se combinent pour donner un composé nouveau. » Aussi, tout doit être rigoureusement identique dans ces cas où la cha- leur latente, se transformant en chaleur sensible, apporte dans le phéno- mène : ( 890) » i" Point fixe de condensation des vapeurs (i) ou de combinaison; » 2° Point fixe d'él)iilIilion ou de décomposilioii ; » 3° Evaporation au-dessous du point d'ébuUition; dissociation au-des- sous du point fixe de décomposition. » D'après cela, la constitution d'un dard de chalumeau à gaz tonnants doit être entièrement assimilable à lui jet de vapeur qui sort sous une faible pression pour se répandre dans l'air (2). » Quand un jet de vapeur se projette dans l'atmosphère sous une faible pression, il se produit un cône intérieur où la condensation est nulle. A partir de l'orifice (ou plus exactement du sommet de ce cône) et en mon- tant, la température va en diminuant^ et la quantité d'eau condensée va en augmentant à cause du rayonnement et à cause du contact de l'air. Par suite, la tension de la vapeur décroît elle-même jusqu'à devenir nulle au sommet du jet de vapeur, si la température ambiante est suffisamment faible. De plus, mettez un morceau de glace dans le jet de vapeur, il fondra d'autant plus vite qu'on le rapprochera davantage de l'orifice du générateur, d'abord parce que la température va croissant, et surtout parce que la cha- leur latente de la vapeur y sera plus abondante. » Dans le dard du chalumeau, on a le même cône intérieur, parce que la vitesse d'écoulement est supérieure à la vitesse de propagation de la chaleur dans l'intérieur de la masse gazeuse. La température va en diminuant et la quantité de gaz cond)inés va en augmentant à cause du rayonnement et à cause du contact de l'air. Par suite, la tension de dissociation décroît elle- même jusqu'au sommet de la flamme où elle est nulle. De plus, si vous met- tez une masse de platine (ce qui produit le même effet que la glace dans la vapeur d'eau), elle fondra d'autant plus vite qu'on la rapprochera davantage du chalumeau, d'abord parce que la température va croissant, et ensuite parce que la chaleur latente de combinaison, existant encore dans les molé- cules non combinées, active la fusion du platine (si l'on veut bien me par- donner dans la forme cette matérialisation de la chaleur que je repousse au fond). » Bien plus, dans le dard du chalumeau on peut constater que le maxi- (1) Pourvu, bien entendu, que la vapeur ne ])i'0(luise pas un travail et que les pressions soient invariables. (2) Pour que tous les effets fussent absolument comparables, il faudrait que la tempé- rature de la vapeur fût plus élevée de 2400 degrés environ que la température de l'air am- biant, ce qui ne peut que s'imaginer. ( «91 ) muni de chaleur s'observe avec le fil de platine un peu au-dessous du som- met du cône intérieur, là où les gaz ne sont nullement combinés. Cela tient évidemment à ce que le platine fondant ou incandescent abaisse en même temps la température de la flamme et abaisse, en échauffant les couches infé- rieures, le niveau de la combustion dans les gaz non combinés qui affluent à l'orifice du chalumeau. » On voit jusqu'à quel point se confondent dans ces phénomènes les effets de deux forces, deux agents hypothéticjues que l'on appelle l'affinité et la cohésion, et qui interviendraient dans le changement d'état des corps. » Si, au lieu d'étudier des causes occidtes qui nous échaj)pent et quelque- fois nous égarent, nous nous bornons à rechercher leurs effets, nous nous rapprocherons des admirables procédés d'invention scientifique de l'illustre physicien d'Heilbronn, et nous pouvons espérer de faire profiter la Chi- mie des réformes que la mécanique de la chaleur doit à M. Jean-Robert Mayer. » Dans une prochaine communication, je ferai voir que le chahuiieau à gaz hydrogène et oxygène donne les mêmes résultats que le chalumeau à gaz oxyde de carbone et oxygène, et je décrirai les appareils au moyen desquels j'obtiens un mélange intmie de ces gaz fait en proportions équi- valentes. )) MÉTÉOROLOGIE. — De l'origine et de ta propnijation des tempêtes eu Italie. Observations de 31. Ch. Matteccci. o Ayant dû dans ces derniers temps m'occuper de l'organisation en Italie d'un service météorologique, fondé dans le même but que les services analogues établis depuis quelques années par le Board of Trade de Lon- dres et à l'Observatoire impérial de Paris, mon premier devoir a été de recueillir des informations précises sur les résultats ainsi obtenus à l'étranger et sur les conditions météorologiques locales de nos côtes de la Méditerranée et de l'Adriatique. Sans méconnaître toute la portée théo- rique de certains principes de la Météorologie, tels que les deux grands cou- rants équatorial et polaire; l'influence de la rotation de la Terre sur ces courants; la loi de la gpation, que Toaido avait établie depuis 1774 sur un si grand nombre d'observations et que M. Dove a étendue et complétée; l'existence des cyclones, l'influence du guif slieam, etc., il n'est pas moins vrai que la connaissance de ces principes serait insuffisante pour nous faire prévoir avec quelque probabilité la nature et le mode de propagation des ( 89^ ) grandes perturbations atmosphériques. L'idée qui est venue, je crois pour la première fois, à l'Association britannique dans une de ses séances tenue à Aberdeen en i858, de rassembler au bureau central les observations mé- téorologiques simultanées transmises par le télégraphe, d'un grand nombre de lieux d'une vaste contrée, est certainement le point de départ de l'art des présages météorologiques ou des prohabilités du temps, comme les appelle notre illustre collègue M. Le Verrier. Il est évident que c'est par ce procédé seulement (pion peut découvrir en temps utile, pour la formation des pré- sages, s'il s'agit d'une perturbation dans les éléments statiques de l'atmo- sphère qui embrasse une grande étendue, et qui néces.sairement doit durer un certain temps et se propager à des distances plus ou moins grandes pour le rétablissement de l'équilibre, ou bien d'un changement local et passager. Cette distinction, qu'on n'aurait jamais pu faire utilement sans la transmis- sion, parle télégraphe, d'un grand nombre d'observations météorologiques du même jour, est donc le fondement du service des présages que j'appel- lerai extnioniùiaircs ou occasionnels et qui sont les seuls susceptibles d'une véritable application : car on est, je crois, généralement d'accord aujour- d'hui sur le peu de valeur des présages diurnes, qui contiennent ordi- nairement des indications très-ambiguès, et qui embrassent quelquefois la moitié et même les trois quarts de la rose relativement à la probabilité des vents. Le Rapport publié en 1864 par la Chambre des communes d'Angle- terre sur les présages recueillis à l'Office météorologique du célèbre Corres- pondant de l'Académie, l'amiral Filzroy, et dans lequel on montre, à l'aide de diagrammes ingénieusement imaginés, les temps prévus et les temps réels correspondants, met en évidence le peu de fondement des présages diurnes, et la nécessité, quant aux présages occasionnels, d'opérer avec une grande rapidité, de limiter le nombre de ces présages à des cas bien déter- minés, et de ne pas attendre que tous les présages viennent du bureau central; et que, dans des cas prévus, il est plus utile de les frire donner par des biu'eaux secondaires. Ces idées sur l'organisation du service météorolo- gique, dont j'avais fait part, il y a à peu prés un an, à l'amiral Filzroy dans une lettre (pi'il a fait connaître dans sou Rapport de 18G4, me paraissent de plus en plus fondées, et comme elles me serviront de guide dans l'organisa- tion très-modeste de ce service que je vais essayer en Italie, je prie l'Acadé- mie de publier dans les Con^ptes rendus cette communication pour que ces idées puissent être connues et discutées par les hommes compétents. » J'ai voulu aussi faire un essai de l'application de ce service météorolo- gique à l'Italie en me servant des probabililés extraordinaires du temps, que ( 893 ) M. Le Verrier a eu la bonté de triinsmettre à notre Ministère de la Marine depuis le mois d'août 1864 et qui étaient imniédiatenienl envoyées d'ici, sauf quelques légères modifications dues à des notices météorologiques reçues de nos Observatoires, à un certain nombre de nos ports de la Médi- terranée et de l'Adriatique. Les chefs de ces ports avaient reçu d'avance des instructions pour nous transmettre la description des temps réellement observés et correspondant aux présages. J'ai sous les yeux un registre qui contient soixante-dix-neuf cas de probabilités de temps pour la Méditer- ranée, donnés par l'Observatoire de Paris depuis le mois d'août 1864 jusqu'à la fin du mois de mars dernier : en face de chacune de ces probabilités, dont le plus grand nombre prédit pour le lendemain des bourrasques plus ou moms fortes pour la Méditerranée ou pour l'Adriatique, se trouvent con- signés les temps réels correspondants observés dans les mêmes ports de mer auxquels ces présages avaient été transmis. On doit remarcjuer, avant d'en venir aux résultats de cette comparaison, que les dépêches relatives aux probabilités du temps nous étaient transmises de Paris, et que de Turin elles étaient envoyées jusqu'aux points extrêmes de la Péninsule, ce qui néces- sairement devait causer des retards plus ou moins longs à leur arrivée et quelquefois les rendre inutiles. Il faut aussi noter que l'ambiguïté qui existe dans un grand nombre de ces dépêches, surtout quant à la direction et à l'in- tensité des vents, et le peu d'habitude qu'ont les personnes chargées de faire les Rapports sur les temps réels, rendent difficile et incertaine la com- paraison. Ainsi, lorsqu'en parlant des vents on embrasse pour leur direction la moitié ou les trois quarts de la rose, et pour leur intensité on se borne à ces expressions assez fort, Joit ou variable^ on conçoit qu'il est impossible d'établir cette comparaison avec quelque rigueur. J'ai donc renoncé à tenir compte de la direction des vents et je me suis contenté de comparer les pré- sages aux temps réels, en me limitant aux deux cas principaux, c'est-à-dire rétablis.sement du beau temps d'une part, et gros vent et mer très-agitée de l'autre. Voici les conclusions auxquelles cette espèce de statistique com- parée m'a conduit. » 1° Sur les soixante-dix-neuf présages composés d'annonces de bour- rasfpies ou de rétablissement de beau temps poui- les différents ports de la Méditerranée et de l'Adriatique, il y en a eu au moins trente-quatre pour lesquels il n'existe aucune correspondance avec les temps réels ohseivés; poui' les cpiarante-cinq autres, en se bornant, connneje l'ai déjà dit, au ré- tablissement (lu beau temps ou au temps d'orage, cette corres|)ondance C. R., |8G5, 1" Semestre. (T. LX, N» 18.) ' ' t> ( «94 ) se vérifie : ce sont siirlout les jM'ésages du beau temps et ceii\ îles bour- rasques les plus fortes qui se sont véritiés. « 2" Eu établissant celte comparaisou pour les tlitïérenls ports de la Médilerrauée, Gènes et la Rivière, Livourne, Naples et ses environs, Païenne et C.igliari, c'est pour Gènes surtout que les présages sont le plus souvent en défaut, et priuci|)aleuicnt pour ce qui regarde les annonces des mau- vais temps; c'est pour Livoiu-ne et Naples, pour la Sicile et Cagliari que les présages d'orages se sont vérifiés le plus souvent. » 3" Mais le résultat le plus impoitant, et que je considère connue net- tement établi par celte comparaison, est celui qui regarde l'origine et la pro- pagation des tempêtes qui se font sentir principalement dans la Méditerranée. « Dans le nombre des soixanle-dix-neiif cas, il y a des présages de tem- pêtes ou de gros vents venant de l'Espagne, du Portugal, du golfe de Gas- cogne, du golfe de I^yon ; il y en a d'autres d'orages venant du centre de l'Allemagne, de la Russie, de la Baltique; et enfin de ceux venant de l'Atlantique, et qui ont attaqué l'Europe par la côte occidentale de l'Ir- lande, et qui se sont propagés en Italie de l'ouest à l'est, en traversant la France, la Suisse et les Alpes. Les résultats fournis par les temps réels ont été que les bourrasques ayant leur siège dans les mers d'Espagne n'ont que très- rare ment et très-faiblement atteint les côtes de la Méditerranée ; ou peut dire qu'à peine un quart de ces présages s'est vérifié et avec une intensité très-faible relativement aux changements statiques de la perturbation atmo- sphérique qui s'était manifestée eu Espagne et paraissait se propager vers l'Italie. A'i contraire, les bourrasques ou les gros vents ayant leur centre dans le nord, et principalement celles qui attaquent l'Europe par la côte occidentale de l'Irlande, ne manquent jamais de se faire sentir avec unv grande intensité dans la Méditerranée; ainsi, de quinze tempêtes annoncées provenant de l'Océan et qui ont attaqué les côtes occidentales de l'Irlande, se dirigeant de l'ouest à l'est sur la plus grande partie du continent euro- péen, il n'y en a pas une qui n'ait pas atteint tous les ports de la Méditer- ranée et n'y ait soufflé fortement. G'est donc principalement de ce côté que, dans l'hiver surtout, nous devons diriger notre attention pour pouvoir don- ner des présages utiles à nos ports de mer. » Avant de terminer cette communication, je demande la permission à l'Académie de rapporter ici les circonstances principales de la tempête du 14 janvier dernier, qui a traversé une grande partie de l'Europe, et qui s'est fait ressentir jusqu'à Constantinople. Le i4, à )o''i5'° du matin, le minimum barométrique se manifestait près de Nottiugham, au centre de ( 895 ) l'Angleterre, et un vent du snd-onest très-forl soufflait sur tout le pays. Le ininiinuin barométrique précédant celte même tempête avait lieu à Genève à lo heures du soir le i6; c'est le 17 à midi que le minimum barométrique et !e commencement de l'orage ont été observés à l'Observatoire de Turin; quatre heures aj)rès, le minimum barométrique et l'orage se sont montrés à Rome, et les journaux ont dit que, le 19, on a eu à Conslantinople un vent irès-fort dans la même direction que celui qui a soufflé de l'Angleterre jusqu'à Constantinople en cinq joins, c'est-à-dire avec une vitesse moyenne de 24 kilomètres par heure. r Cette bourrasque a montré, comme déjà M. PlantamourcI le P. Secchi l'avaient remarqué dans les tempêtes de décembre 1 803 , un grand ra- lentissement au passage des Alpes. Ainsi, sa vitesse de propagation, qui a a été de plus de 100 kilomètres par heure de Turin à Rome, et de iS kilo- mètres dans le même temps du centre de l'Angleterre à Genève, n'a été que de 1 1 kilomètres de Genève à Turin à travers les Alpes. » ÉCONOMIE DOMESTIQUE. — Des effets de la chaleur pour la conservation et l'amélioration des vins; par M. de Vergnette-Lamoite. .c Nous avons eu déjà plusieurs fois l'occasion d'examiner quelle était l'action de la chaleur sur les vins fins de la Rourgogne, la température à laquelle on les exposait restant limitée entre 35 et 70 degrés centigrades. L'analyse de vins, que M. Coste avait envoyés eu 1846 à Calcutta, et dont on lui avait renvoyé un certain nombre d'échantillons, nous avait présenté ce remarquable résultat, que la températnrç élevée qu'ils avaient subie pendant ces deux voyages avait peu changé leur composition; la couleur seule de ces vins était altérée; ils n'avaient plus cette nuance rouge-violacé (jui est caractéristique en Rourgogne, et ils avaient pris la nuance rouge- jaune des vins vieux. » Lorsque ces recherches ont été publiées, on ne connaissait pas les beaux travaux de M. Pasteur sur les mycodermes du vin, et nous ne nous expliquions guère comment, presque avec le même état chimique, les vins pouvaient offrir au goût des différences aussi sensibles; ajoutons cependant encore que l'on n'avait pas reconnu dans le vin la présence de la glycérine, et on sait aujourd'hui, par les travaux de M. Pasteur et ceux de M. Prat, que cette substance a une très-grande part dans la .saveur des boissons alcooliques. K II nous a paru qu'il n'était pas sans intérêt de rechercher ce qiu' deve- 116.. ( 896) liaient, sous l'action de la clialenr, les mycodermes que M. Pastenr a repré- sentés dans ia figure 8 de son Mémoire. » Les mycodermes de la figure 7, mycodermes de l'amer, ne sont point ceux que nous redoutons le plus en Bourgogne. Il est reconnu depuis long- temps que des vins restent bons, parfaits, pendant vingt et trente années, et lorsqu'ils deviennent amers, on peut dire qu'ils périssent comme ces vieillards qui meurent après avoir fourni une longue et brillante carrière. C'est dans les vins qui finissent comme nous venons de le dire, que Ton rencontre abondamment le ferment de la figure n° 7. Mais souvent au mo- ment où l'on élève les vins, à la troisième ou quatrième année de leur âge, ils présentent tout à coup une saveur douceâtre caractéristique; plus tard, ils contractent un goût, connu dans le commerce sous le nom de goût de queue de. renard : ils laissent dégager quelques bidies d'acide carbonique; enfin, si le mal, qui est bien grand dès le début, n'est pas arrêté, le tartre est décomposé, et on trouve dans le vin de l'acétate de potasse. Cette maladie est la plus grave de toutes celles que redoutent les viticulteurs. » On l'a vue causer de grands ravages dans le Beaujolais en 1859, dans le Midi en 1861. En Bourgogne, quelques vins de i858 et des meilleurs ont aussi été atteints par cette maladie. En examinant le dépôt de ces vins au microscope et avec un grossissement de 5oo à 600 diamètres, on y trouve en abondance le mycoderme n° 8 des figures publiées dans le Mémoire de M. Pasteur. » Cette maladie se déclare souvent dans le vin quand il est en bouteilles. On est donc obligé, d'après la théorie nouvelle, d'admettre que les vins ont tous plus ou moins, dès le cuvage, les germes de ces ferments, et que si ces mycodermes peuvent y rester longtemps à l'état inerte, ils peuvent aussi envahir très-rapidement les liquides alcooliques dès qu'ils s'y trouvent dans des conditions favorables à leur développement. Les soutirages fré- quents, en enlevant le dépôt dans lequel se trouvent les mycoilermes, aident singulièrement à la conservation du vin. Un froid de — 1 2 degrés, l'alcool, les sels, le tannin, les acides, le gaz suUureux, le soufre en pondre, les résines ont une action éminemment conservatrice sur les vins de toutes les provenances. » La chalein- d'une étuve est aussi, comme nous le savons tous, d'un très-grand effet pour la conservation des substances végétales. C'est de cette action de la chaleur sur les vins qu'il sera question dans cette Notice. Notre but, en cherchant à améliorer et à élever les vins au moyen des agents extérieurs, a toujours été d'arriver à cet élevage sans introduire ( 897 ) dans les liquides alcooliques aucune substance étrangère qui en altérât le goût. » Les mycodermes du vin deviennent inertes lorsque ce vin est pendant quelque temps exposé à une température qui ne dépasse pas 4o degrés. Ce résultat, que l'examen des vins revenus de l'Inde pouvait nous faire prévoir, est confirmé par les expériences dont nous allons rendre coni|)te. Un cer- tain nondjre de bouteilles contenant un vin de Bourgogne ricbe à 12,80 pour 100 d'alcool, d'une belle couleur rouge-violacé, ont été soumises pendant deux mois à la chaleur d'une étuve dont la température n'a pas dépassé 5o degrés. Ce vin a été plus tard descendu à la cave et comparé au vin qui n'avait pas subi l'action de la chaleur; il présentait alors les carac- tères suivants : il avait perdu sa couleur rouge-violacé et son goût de fruit; il rappelait un peu les vins d'Espagne. Le vin élevé dans la cave commen- çait à prendre la saveur douceâtre des vins malades; la couleur était vio- lacée; les mycodermes n° 8 abondaient dans le dépôt. Ces mycodermes, que l'on rencontrait aussi dans le vin de l'étuve, paraissaient moins organisés que dans le vin qui n'avait point été soumis à l'aclion de la chaleur. n En prolongeant l'expérience, on arrive au bout d'une année à décolorer complètement le vin; il prend cette nuance dorée qu'on appelle, dans le langage œnologique, couleur pelure d'oignon ; le verre est couvert d'un dépôt abondant, et la saveur de ce vin est tellement différente de ceux qui suc- combent avec le développement des mycodermes n" 8, que nous croyons notre procédé destiné à les préserver entièrement de la maladie qu'ils caractérisent. Nous avons, en effet, depuis longtemps remarqué que les vins qui présentent une nuance violacée étaient les plus exposés à la ma- ladie qui nous occupe, et qu'ils devenaient beaucoup moins altérables lorsqu'on pouvait fixer la matière colorante sur le verre ou dans le ton- nean. De là, pour nous, cette conviction cpie la maladie que caractérise le mycoderme n° 8 débute toujours par une altération de la matière colorante. » La chaleur n'a donc pas sur le vin, lorsqu'il est en bouteilles, l'action maladive qu'on lui attribuait. Cependant la quantité d'air atmosphérique qui est en contact avec lui doit être aussi faible que possible, autrement la fermentation acétique ne tarderait pas à se produire. « On ne peut boucher pleins à l'aiguille les vins qui doivent être soumis à l'action de la chaleur. En effet, la dilatation apparente d'un vin riche à ( 898 ) i2,8o pour 100 d'alcool est de o,o53 de o à 100 degrés. Si nous admetloiis que la température initiale du liquida lorsqu'on le met eu bouteilles est de 10 degrés et que cette température peut être de !\o degrés dans l'éluve, raugmentalion de volume sera donc, en représentant par V ce volnme, Y X o,ooo53 X 3o = V x 0,0159. Or, la contenance des bouteilles ordinaires étant de o'",8o, le volume du vin augmentera donc de o,oia'y. » Cette dilatation est trop considérable pour qne la compressibilité du verre et du liquide puisse y faire équilibre si l'on bouchait plein. 11 arrive- rait alors ceci : ou les bouteilles casseraient, ou bien, comme nous l'avons vu au Concours agricole de Paris en 18G0, lorsque la température du pa- lais de l'Industrie s'est élevée, un certain dimanche, à + 4o degrés, les bouchons seraient à demi -chassés de la bouteille; il suffit de laisser 3 centimètres de vide entre le bouchon et le vin pour éviter cet incon- vénient. » Lorsque nous exposons les vins à la congélation, les gaz qu'ils renfer- ment s'en séparent en partie; il se passe ici quelque chose de semblable. Plus tard, en se refroidissant, les vins absorbent de nouveau les gaz avec lesquels ils sont en contacl, et, en définitive, il ne reste plus dans la bou- teille que de l'acide carbonique et de l'azote. Le traitement des vins par la chaleur n'est applicable pour les produits de la Bourgogne que sur les vins en bouteilles. S'ils sont enfûtés, les parois des tonneaux laissant pénétrer l'air extérieur et les mycodermes aidant, la fermentation acétique ne tarde pas à se prodnire dans le liquide. » En résumé, il résulte de celle étude que la chaleur peut élre employée avec succès dans l'élevage des vins. Son action sur les mycodermes paraît très-efficace lorsque les vins sont en bouteilles. » A défaut d'une étuve, on peut se servir d'un grenier chaud pour faire subir aux vins le traitement dont nous avons obtenu de si reinarquables résultats. » Dans ce cas, voici comment on opère : On mettra les vins en bou- teilles an mois de juillet, en ne choisissant jamais que des vins âgés de deux ans au moins, les fûts qui les contenaient étant jusqu'à ce moment restés dans la cave. » Les bouteilles ne seront point bouchées à l'aiguille, mais cependant à la mécanique. ( %9) » Après le tirage, les bouleilles seront r.iansportées et empilées au gre- nier. Elles y resteront deux iiiois, et les vins seront ensuite descendus en cave pour y être conserves comme Je coutume jusqu'à ce qu'on les livre à la consommation. » CHIMIE APl'LlQUict:. — Procédé jn-'ilique de consennition el d'ainélioralion des vins; ^Jrt/M. L. Pastei;!!. (( J'ai entendu la coiumunication que M. Boussingault vient de faire au nom de M. de Verguette-Lamotte avec d'autant plus d'intérêt que je m'oc- cupe de la recherche de procédés pratiques de conservation des vins. » Dans une première série d'études que j'ai présentées à l'Académie il y a environ dix-huit mois, je suis arrivé à ce résultat que les maladies des vins, toutes celles du moins qui me sont coimues présentement, sont déter- minées par le développement de végétaux microscopiques de la natiue des ferments. Les recherches auxquelles je me suis livré depuis cette époque, non-seidement m'ont confirmé dans cette opinion, mais elles me permettent d'annoncer aujourd'hui qu'il n'existe pour ainsi dire pas un seid vin qui ne soit malade à un certain degré, el qui, à un moment ou à un autre, n'ait subi l'action des térmenis organisés dont je parle, notamment de celui que j'ai figuré dans la planche de ma première communication sous le u° 8. Si la dégustation des vins n'a pas encore signalé ce fait, c'est que, pour le pro- priétaire connue pour le consommateiu", le ^iu n'est réputé malade qu'alors que les produits nouveaux développés par les ferments parasites s'y trouvent en proportion relativement considérable; mais ils existaient depuis long- temps dans le vin, ainsi, que les ferments qui les occasionnent. Aussi peut-on dire que lorsque du vin est mis eu bouteille, le germe tie sa maladie est enfermé avec lui. Pour conserver le vin, il follait donc trouver le moyen de tuer ce germe. J'ai eu recouis en premier lieu à l'addition de substances chimiques dont j'ai obtenu quelques résultats intéressants, mais qui ne m'ont pas complètement satisfait pour ihvers motifs. Enfin j'ai essayé l'ac- tion de la chaleur, et je crois être arrivé à un piocédé très-pratique, qui consiste simplement à porter le vin à luie température comprise entre 60 et 100 degrés, en vases clos, pendant une heure ou deux. » E' Académie comprendra qu'il faille attendre plusieurs années pour juger lui tel procédé dans son application industrielle, parce c[uc le vin met souvent un tenq^s considérable à devenir malade. Aussi mon intention n'était pas de faire de longtenqjs une publication académique à ce sujet. ( goo ) Je nie suis borné, afin de prendre date, à une publicité dont j'ai dcjn" usé, et qui laisse au savant toute sa liberté d'esprit et d'action dans les recherches de cette nature, je veux p;irler de la demande d'un brevet d'in- vention. » Piien que je ne veuille pas porter dès aujourd'hui . un jugement définitif sur la valeur industrielle de mon procédé, je puis cependant faire connaître à l'Académie des circonstances qui lui feront bien augurer, je l'espère, de ce nouveau moyen de conservation des vins. J'ai fait déguster comparativement par nombre de personnes le même vin, chauffé et non chauffé, et, dans tous les cas, la supériorité a été donnée au premier. I.e vin qui a été chauffé quelques heures, puis refroidi, à l'abri de l'air, a plus de bouquet, plus de franchise de goût, et même une plus belle couleur, sans avoir rien perdu de sa force. D'autre part, ce vin est devenu assez robuste pour que j'éprouve des difficultés à le faire altérer, alors même que je le place dans les conditions les plus défavorables. Sa faculté de vieillir sous l'influence de l'oxygène de l'air n'est d'ailleurs pas compromise. J'ai an- noncé, dans la communication que je rappelais tout à l'heure à l'Académie, que c'était l'oxygène de l'air qui Jaisait le vin. Toutes mes recherches ulté- rieures ajoutent encore à l'exactitude de cette manière de voir. » L'intérêt qu'offrirait un procédé permettant de faire vieillir le vin, sans l'exposer à devenir malade, est considérable. Depuis que j'ai commencé ces études, j'ai été vraiment surpris de la prodigieuse quantité de vins qui s'altèrent chaque année, en perdant la plus grande partie de leur valeur. J'ai quelque confiance dans le moyen que je viens d'indiquer pour porter remède à cet état de clioses. Il sera facile également d'arrêter à volonté la fermentation normale de certains vins de façon à leur conserver le degré de douceur que l'on pourra désirer. » Pour le chauffage du vin en bouteille, voici le procédé très-simple et très-pratique dont je me sers. » Apres que le vin a été mis en bouteille, je ficelle le bouchon et je porte la bouteille dans une étuve à air chaud, en la plaçant debout. On peut la remplir entièrement, sans y laisser trace d'air. Voici ce qui se passe. Le vin se dilate et tend à soulever le bouchon; mais la ficelle le retient, de façon que la bouteille reste toujours parfaitement close, pas assez cependant pour que la portion de vin chassée par la dilatation ne suinte pas entre le bou- chon et les parois du verie. La ficelle ne cède jamais, et je n'ai pas vu une seule bouteille se briser, quelque peu de soin que j'aie pris dans la conduite de la tenqiérature d(- l'éluve. On relire la bouteille, on coupe la ficelle, on ( 9°' ) repousse le bouchon dans le goulot pendant que le vin se refroidit et se contracte; puis le bouchon est mastiqué, et l'opération est achevée. » Dans une pièce d'une dimension relativement petite et chauffée par un poêle ordinaire, on pourrait agir sur des milliers de bouteilles presque sans frais. » Quelques-unes de mes expériences, particulièrement les plus récentes, ont été faites sur des vins de Pomard de premier choix, que M. de Vergnette- Lamotte avait eu l'obligeance de mettre généreusement à ma disposition. Aujourd'hui même, je renvoie à M. de Vergnette une caisse de vin chauffé pendant une demi-heure à 64 degrés, et il est convenu entre nous qu'il en fera la dégustation à de longs intervalles, par comparaison avec le même vin non chauffé, afin que nous so3'ons bien fixés l'un et l'autre siu' la valeur de mon procédé. Mais je me hâte d'ajouter que nos études ont été entièrement indépendantes, et que, dans aucune de mes lettres, déjà nombreuses, je n'ai indiqué le moins du monde à M. de Vergnette ma manière d'opérer. C/est dans sa propre expérience qu'il a puisé les idées qui l'ont conduit à expérimenter l'influence de la température sur le vin. L'Académie sait que M. de Vergnette-Lamotte avait déjà, avec beaucoup de succès, employé le froid et la congélation à l'amélioration des vins, et je suis heureux de voir que sa conununication d'aujourd'hui assure, à certains égards, les espé- rances que je fonde sur le procédé de conservation que je viens d'avoir l'honneur de communiquei occasionnellement à l'Académie. » o M. AxToixE d'Abbadie fait honm-iage à l'Académie des caries n"' 5 et 6 de sa Géodésie d'Ethiopie qui comprennent au sud le Gojjam et au nord la ville de Quarata en Bagemidir, et communique deux renseignements qu'il croit devoir intéresser les anthropologistes : )> Le premier, c'est que les Abu Jarid, peuplade aux veux bleus et aux cheveux blonds qui habite au sud de Sannar en Nubie, sont regardés par deux missionnaires intelligents comme issus d'un mélange de Turcs et d'Ar- nautes avec les indigènes de l'Afrique. » Le second fait, tout aussi remarquable peut-être, c'est celui d'une peuplade à teint rougt âtre qui vit près du Bahr al Gazai, affluent du fleuve Blanc, et dont les cheveux, lisses comme ceux d'Europe, descendent jus- qu'aux pieds. On sait d'ailleurs que les cheveux laineux des nègres de ces contrées ne s'allongent guère au delà de 8 centimètres et que la chevelure frisée des Éthiopiens rouges, dits de race caucasique, ne dépasse jamais le milieu du corps. » C. R., iSG5, i" Semestre. (T. LX, N" 18.) ' I 7 ( 902 ) « M. H. Saixte-Ci-Aire Devili,e présente en ces termes le Traité de MéldUiirqie de M. le D"^ Perry, professeur de Métallurgie à l'École des Mines de Londres : M Cet ouvrage, où la partie chimique et expérimentale tient une place considérable et fournit aux déductions de l'auteur une rigueur et une sûreté remarquables, est rempli de documents analytiques originaux qui lui donnent, à ce point de vue, une certaine ressemblance avec le fameux Traité (le la voie sèche de M. Berthier. M C'est certainement un honneur pour notre Académie que l'école de M. Berthier se continue en Angleterre et en France par deux savants pro- fesseurs, MM. Percy et Rivot, qui, chacun de son côté, publient sur la Mé- talliu'gie chimique des ouvrages aussi dignes de leur commun maître. » I>e livre du docteur Percy a été traduit avec beaucoup de talent par deux ingénieurs, M. Petitgand et Ronna, qui ont ajouté à l'ouvrage original des articles très-importants sur quelques points où la science el la pratique des métallurgistes français a porté de nouvelles lumières. « ]\OME\ AXIONS. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'une Com- mission qui devra examiner les pièces envoyées au concours pour le prix Barbier, à décerner à l'auteur d'une découverte précieuse dans les sciences chirurgicale, médicale, pharmaceutique et dans la botanique ayant rapport à l'art de guérir. MM. Vel|)eau, Rayer, Brongniart, Cl. Bernard et J. (^loquet, ayant réuni la majorité des suffrages, sont nommés Membres de cette Conunission. L'Académie procède à un nouveau scrutin pour la nomination d'une Commission qui sera chargée d'examiner les pièces adressées au concours pour le prix fondé par M. Godard, à décerner au meilleur Mémoire sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie des organes génito-urinaires. C'est la première fois que l'Académie est appelée à décerner ce prix. I^p résultat du scrutin a doiuié pour Commissaires MM. Ra\er, Velpeau, Civiale, Cl. Bernard et Jobert de I.ainballe. ( 9o3 ) MÉMOIRES PRÉSENTÉS. MÉTKOROLOGIE. — Tableau résume de neuf années d'observations ozonométri- ques et remarques sur celte question. Note de M. le D' Ad. Bérignv, pré- sentée par iNI. Cil. Sainte-Claire Deville. (Commissaires, MM. Chevreiil, Ch. Sainte-Claire Deville, Fremy.) « J'ai 4'honneur de présenter à l'Académie un tableau résiuné de neuf années consécutives d'observations ozonométriqucs que j'ai faites dans mon observatoire météorologique de Versailles. » Je traite successivement des papiers ozonométriqucs, des observations recueillies avec ces papiers, et enfin de quelques remarques à propos de l'ozonométrie. I. — Dgs papiers ozonométriques. i> Je rappellerai d'abord les nombreuses expériences que j'ai déjà faites, en collaboration de M. Richard (de Sedan), jour et nuit, d'heure en heure, dans les diverses conditions atmosphériques, afin de m'assurer de l'influence qu'elles pouvaient exercer sur la nature des différents papiers réactifs et les différentes colorations qui en résultent. » J'ai eu l'honneur de présenter à l'Académie un papier plus sensible que celui de M. Schoenbein, préparé par M. Jame (de Sedan) et inie échelle des nuances, faite en commun avec M. Salleron, échelle beaucoup plus étendue et surtout plus chromatique que celle du savant chimiste de Bâle. Celte échelle donne, en outre,, des colorations très-approximatives de celles qu'on obtient avec le papier Jame, résultat que M. Schoenbein n'avait pas atteint. » Dans la même séance, j'ai mis aussi sous les yeux de l'Académie une instruction que j'ai faite à l'usage des observateurs, instruction qui sert généralement de guide aujourd'hui (i). II. — Des obsen'alions recueillies au moyen de ces papiers. •< Il résulte de nos observations pendant le mois d'aoïJt 1 855 : 1) Que le degré de coloration est en raison inverse de la température et en raison presque directe de l'humidité; qu'il est souvent en opposition (i) Comptes rendus de V Académie des Sciences, t. XLVI, i" semestre de i858, p. 237. riy.. ( 9o4 ) avec le degré de sérônité du ciel; qu'en général, plus on s'élève, plus la co- loration augmente; que les papiers soumis aux influences miasmatiques se colorent d'autant moins que l'air en est |)lus chargé; que le degré d'acidité normale de l'air atmosphérique n'a pas d'action sur le papier; que la même influence sur la coloration des papiers peut se faire sentir au moins à 8 kilomètres de distance; que, pendant les orages, le papier se colore plus |)romptement. >i Si, maintenant, on examine le tableau que je présente aujourd'hui à 1 Académie, on trouve : • » 1° Que le mois de mai est ceUii des inaxima absolus, tandis que le mois de novembre est celui des inininiri absolus. » J'ai sans exception (fait remarquable) : Pour la période d'été ^5", 3 1 8 Et pour la période d'hiver 38 ,Ç)SZ Différence en faveur de l'été 6", 335 » 2" Les époques équinoxiales, mars et septembre, sont deux mois de maxima par rapport à chaque période. » 3° Les tnaxiiiia et les miiiinia absolus se rencontrent juste à six mois de distance; ainsi, mai, 8,i64; novembre, 5,789. » 4° L'importance des mois est rangée dans l'ordre progressif suivant : mai, mars, avril, juin, août, juillet, septembre, janvier, décembre, octobre, février et novembre. » L'importance des années occupe l'ordre progressif ci-après : i856, i858, 1857, 1860, 1864, 1859, i863, 18G2 et 18G1. » Une remarque à signaler, c'est que l'année 1864 est placée au cin- quième rang d'importance. Ce fait tendrait à prouver que le papier que l'on préserve du contact de l'air ne s'altère pas avec le temps, puisque la prépa- ration de ce dernier remonte à la fin de i858. III. — Remarques à propos des résultats prcr<'(lcrits. » Si l'on réserve les rapports qui existent poiu' le mois d'août i855, entre la marche de la coloration du papier et celle de la température, et aussi celle de l'humidité relative (puisqu'il ne s'agit là que d'un mois d'observation , les réflexions suivantes ont pour l'ozonométrie nue certaine importance. » Il résulte, en effet, (\w tableau précédent que la période d'été atteste- rait, par la coloration des papiers, plus d'électricité atmosphérique qu'en hiver : la période d'été, c'est généralement la sécheresse. (9o5 ) » Effectivement, les expériences de Huinboldl, de Saussure, Deluc, et les expériences aéronaiitiques de Biot et Gay-Lussac, de même que celles de Bravais et de Ch. IVIartins, faites sur le mont Blanc, an sommet du grand plateau et simultanément à Chamounix, ainsi que celles de M. Tuckett et du D"^ Koll), dans les Alpes, celle de M. Noble à Metz, prouvent que plus on s'élève, plus l'air est sec. Biot et Gay-Lussac, dans leiu' ascension aéro- statique, ont constaté que la quantité d'électricité croît avec la hauteur, fait conforme à la théorie et confirmé par les expériences de Volta et de Saussure. » Il ne faut donc pas repousser trop loin la corrélation qui existe entre les faits énoncés par tous ces auteurs précédents, et la coloration du papier ozonométrique plus intense en été qu'en hiver. » Une objection semble découler de l'action d'iui brouillard très-hu- mide sur le papier ozonométrique. Il résulte, en effet, de mes expériences, que, par les temps de brouillard, les colorations sont généralement plus prononcées. Mais serait-il logique de conclure de ce fait que l'humidité seule colore le papier? Je ne le pense pas. Comment alors expliquerait-on les colorations, souvent aussi fortes, qui se manifestent pendant les grandes sécheresses ? » Injhience de la pression baromélrique. — Pendant certauies périodes de l'année, on voit les courbes barométriques et ozonoméiriques marcher assez bien d'accord. Le fait est surtout remarquable pendant le mois de jan- vier i864; mais la concordance ne tarde pas à disparaître pour faire place à des discordances ou à des oppositions plus nombreuses. » Influence de la tempéraluvc. — L'accord entre la marche des courbes thermométriques est beaucoup plus satisfaisant, bien que les oppositions soient encore très-nombreuses. Mais il faut remarquer que pendant l'an- née 1864 et probablement toutes les autres, la coloration du papier a été, à Versailles, plus forte le matin que le soir, à toutes les périodes de l'année, ce qui pourrait tenir à une influence de lumière; que le maximum décolo- ration nocturne a été aussi intense que dans les nuits les plus favorisées du mois de mai. » Injhience de r état du ciel. — Le papier ioduré se colore généralement plus par les temps couverts ou pluvieux que par les beaux temps. M Cependant, si sur 100 maxima d'ozone nous n'en trouvons que \ cor- respondant à un beau ciel et le reste à peu près également réparti entre les emps couverts et les jours de pluie, nous trouvons d'autre part les minima ( 9o6 ) à peu près également répartis pour les A entre les beaux temps et les temps couverts, l'autre ^ appartenant aux jours de pluie. » Infhtenic de la direclion et de la force du venl. — En admettant l'existence de l'ozone ou de ses dérivés, les composés nitreux, ce qui serait encore de l'ozone, la coloration du papier dépend de la quantité du principe qui agit sur lui. Elle est donc, ainsi que M. Hervé Mangon le faisait observer avec raison, une fonction et de la richesse de l'air en ozone et de la vitesse avec laquelle l'air se renouvelle sur le papier. Or, nous trouvons que la coloration croit ou décroit en sens contraire de la force du vent à peu prés aussi fré- quemment qu'elle le fait en proportion de la force du vent. >i La direction du vent exerce une influence beaucoup plus nettement accusée : les vents les plus fjivoiables à la coloration étant compris entre le sud-est et le nord |)ar l'ouest, et les moins favorables dans la région opposée. Ici encore on rencontre des exceptions nombreuses à cette espèce de loi. » En résumé, nous voyons qu'aucun des éléments ci-dessus ne |)eu( isolé- ment fournir une explication suffisante des variations de lozone. Tous y contribuent probablement, chacun pour sa part. Il s'agirait de trouver une formule générale comprenant l'ensemble du phénomène. ■■ En comparant les courbes ozonométriques de 1864 avec les cartes météorologiques de l'Observatoire, on arrive aux résultats suivants. » Il n'est pas un maximum d'ozone cpii ne corresponde avec la présence d'une bourrasque en Europe ou sur l'Atlantique en vue des côtes de France et d'Angleterre. » Certains minima sont dans le même cas; mais alors il arrive toujours que la bourrasque est refoulée vers le sud avant d'atteindre le méridien de Paris et qu'elle traverse l'Espagne ou les Pyrénées pour s'étendre à la Médi- terranée. » La coloration est généralement très-forte lorsque la bourrasque tra- verse la France ou l'Angleterre; elle se produit encore lorsqu'elle passe à une assez grande hauteur dans le nord. Elle varie avec l'intensité du mou- vement atmosphérique et avec la distance de Paris à laquelle passe le centre de ce mouvement. » L'ozone ne serait donc pas également réparti sur tout le pourtour du mouvement tournant qui caractérise chaque bourrasque. Le bord oriental en serait moins bien pourvu. Peut-être aussi ne doit-on voir là qu'un effet de la distribution des mers et des continents autour de la France, et il serait intéressant d'examiner comparativement les données ozonométriques obte- ( 907 ) nues en d'autres lieux, comme aussi d'étendre cette comparaison à d'autres années que celle de 1864. 1) Si l'on se rappelle maintenant que les bourrasques sont généralement accompagnées de manifestations électriques de diverse nature, telles que orages, aurores boréales, perturbations magnétiques, les rapprochements ci-dessus paraîtront sans doute favorables à l'opinion qui considère le papier ioduré comme un indicateur de l'ozone atmosphérique; en remarquant d'ailleurs que la transformation de l'ozone en composés nitreux nest qu'une question de temps. » Quoi qu'il en soit, les papiers ioduréssont en météorologie un instru- ment de recherches dont il importe de ne jias négliger l'emploi. Les consi- dérations qui précèdent montrent également combien la recherchedes causes est laborieuse et précaire lorsqu'on n'examine les faits qu'en lui point limité du globe, avec le seul secours des moyennes, et combien, au contraire, elle peut être simplifiée par l'examen quotidien de faits simultanés observés sur une grande étendue de la surface du globe. 11 Mon travail était terminé lorsque M. ITouzeau est venu communiquer à l'Académie un Mémoire traitant de i influence des saisons sur tes propriétés de l'air atmosphérique, propriétés qu'il constate avec un papier cju'il appelle tournesol vineux mi-ioduré dont il est l'inventeur et que lui seul expérimente. » M. Houzeau apporte à la science quatre années d'observations (1), repo- sant sur trente à trente et une observations mensuelles ; je présente neuf années basées sur soixante à soixante-deux lectures faites chaque mois. » Plusieurs de nos conclusions sont d'ailleurs exactement les mêmes : ainsi, en rapprochant le tableau de M. llonzeau du nôtre, on verra que le maximum de coloration des papiers est beaucoup plus actif en mai, c'est-à-dire au printemps, et que les trois mois de printemps donnent une très-notable quantité d'ozone; que la saison d'été vient ensuite, mais que le maxiuuun de coloration reparait à la fin de l'iiiver pour devenir surtout appréciable au mois de mars. (l) Comptes rendus fies séances de l'Acii demie des Sciences, t"' semestre de i8fi5, p. 788. (9o8) r. ~ "a *< s f t:? a ^ c iC > "=- c— c 2 > - < -. |-3 Jan Mai 1 i = i:2 » re C 3 3^ 5 ■^ fT ~ — 2 2 7 1 ^ 1 2 " o 2 C a". ? 1 s C3 2-ë > ? cr o « Q. 8 2- Cfi 5. = C O s* •^ 5- 8 _ t« f^- n 3 u — — — Ca Cfi =• C- c o - o Cl o o co o - o co co o 00 -«: - n o - co o CfJ t--> CO — t*î Cj^ en Cl --1 c-' C3 ^ = U ^ 5 oc t>^ « ^ O 00 w o -o Cl en en .::>. lo o^ o 2. 5 — S 2 = o (/-. û 3 Xi 3 3 2 S. y. rz -. c 3 P' 00 cr, j -o co ce oc 00 ce CO O o --1 - oo p _^ GO Cl ce 1- o-< - -O co co co o - .t^ .I^^ C" (T 3 p co J OJ -^1 i^ *J - iJ c -^l ^ co c. -J . ^j — c co - lo ç; w >j ce -=>. f S" ^1 o - ^j b,; ;^ -^1 -^1 en ;o ^) co C/5 c n <^ rt - »" 8 ^ £. =^ 3 to ^_ jT •^1 >:> t^ ^1 co ce :» •o ^1 00 co ^1 ^J OO c- r. C râ" co "w D CJ' .:^ - CO C^ co co o ■o co e^ d o r- •U' 1 CO ;o - co o •^J -^1 CJ - hï Cl o re T3 a; t^ u a o ^1* 3 - °- -3 ■^1 r: Jf, --^ -o c>J cji cji C; C-. ^1 Cl CD -^1 en ce ? 5. D o-> ^I - o --j co o Cl 00 to o c- «■- o: :7i î-T ce ij - c - c: ^1 « ce 00 o o ra ^ « "- c w -J 1, s 3 r c Ci co -^ j -c^ ce cji -o Cl ^ ^1 Cl Cl en Cl 00 o A. o* tJ' r- -^I Cl v^i - OJ - cr> Cl co ro Cl =^- o e :3 =- "' -^5 oc co - co o - ^--. o co c: --- H- cq CB a ta o 3 =r ---- o co J (Ln -o ^ 1 Cl Ci Cl 00 -vJ V.1 .i^. 00 ce ^ fS co _n O Cl ïJ O (Ln en en .1.-^ en lO M CJl V u 2 -^ :? c/i 1- ij u) ce CO Cl - CJ co co w S 3 Ô" 3 "Ô- S = a C fr - o O B! ^1 ce -o ^1 en ce O oo O C --1 V.J en ^-^ 5 a OO to -r, - co o o J-->. - M iw »^I 00 - o o OJ ^ w' ce _f» o .i.-- — ej' CO o lo - ^ o' 3 -a - 3 o c - S «^1 co :n t^ o «.1 »a "O *^l oo-o 00 Cl Cl ^ o t*î _n -o Cji O — O e*3 — en o - QO B C O 'rZ fï 3 !■.} O » ce -c^ t.'» t>* "O Js^ Cl O to co - = S "* iig n O' ^ co cji (ji Cl w -t>. j^ o Cl e/; Cl S' 5 O O Cl. » t^ 00 I lO IJ M - w o cr cq ce co zr H " S- 1 o "Ôj CO' IJ o E "C o ra Ti. -1 o Cl c CB C= M 3 Wl 'J^ co .tt^ c^ LT ^ ^ "" ÎL O c - 3 ^ i 3 r 3 3 in '' a- 3 o w3 -s J Cl ^1 -^l ^1 ^ ce co CO 00 Cl 'O -^J U' _*; .i>. to co co ce - o w co 00 .o. 3 O p O Cl - L-3 -o OJ W tn Cï ^ -=^ co OO-O iii B s ï 5' 3 co j "w "kj cô i co o "^ "o en — -t^ ^ 2 = ^ S U5 on O M O a M 13 e H « 01 o a C/J 5 e^ £ 0 ^ 1 § " 5 H M O 3" n C e. c tri o tu s = F5 CP e a. e ( 909 ) « M. Ch, Sainte-Claire Deville fait remarquer quelle valeur donne à la variation des quantités d'ozone atmosphérique avec les mois, observée à Versailles par M. Bérigny, la concorJ.snce de ses résultats avec ceux qu'a récemment présentés M. Honzeau dans son intéressant Mémoire. Les nom- bres déduits, pour Versailles, de neuf années d'observations ont cpielque chose de plus net encore que ceux de Rouen, et il n'est sans doute pas hors de propos de signaler une coïncidence, peut-être fortuite, qui en ré- sulte. Le mois à maximum absolu d'ozone est le mois de mai, les deux mois à minimum absolu sont novembre et février, c'est-à-dire trois mois signalés, soit par des passages d'astéroïdes, soit par des perturbations pé- riodiques de la température. » « M. Elie de Beai'mont fait observer que le mois de mai, où l'activité ozonométrique de l'air atteint à Versailles son maximum, est celui dans lequel la végétation est le plus active, tandis que le mois de novembre est l'époque de la chute des feuilles. Le mois de février, durant lequel leur putréfaction 5'achève_, après être restée suspendue pendant les rigueurs de l'hiver, est l'époque d'un second minimum. Il paraîtrait donc que le maxi- mum de l'activité ozonométrique de l'air coïnciderait avec l'activité maxi- mum de la synthèse végétale_, tandis que son minimiuu coïnciderait avec l'activité maximum de la décomposition des matières organiques. » La ville de Versailles, entourée de forêts, est parfaitement située pour la manifestation de cette double influence. » La ville de Rouen est à peu près dans le même cas, et le dernier Mé- moire de M. Houzeau se" termine par une remarque qui a de 1 analogie avec la précédente. » PHYSIOLOGIE. — Expériences plij'siologiques sur la déglnlition, faites au moyen de t aido-larjmjoscopie. Note de M. le D' H. Giji\ier, présentée par M. Cl. Bernard. (Commissaires, MM. Flourens, Cl. Bernard, Longet.) « L'auto-laryngoscopie m'a démontré, et je fais voir très-facilement sur moi-même (i) que, dans le mouvement successif et décomposé de la déglu- (i) Toutes les expériences afférentes à ces propositions ont été faites par le D' Guinier, C. R., i865, \" Semestre. (T. LX, N» 18.) I l8 t ( 9'o ) rition, le bol alimentaire passe directement, sans renversement préalable de l'épii^iotte, sur le plancher formé par la contraction de la glotte. » De même, les liquides employés sous forme de gargarisme séjournent au-dessous de l'épiglolte et sont en contact direct avec les replis muqueux intra-laryngiens et les cordes vocales. » D'où il suit que la simple contraction des cordes vocales suffit pour s'opposer au passage des corps étrangers dans la trachée. Cette contraction est d'ailleurs automatique et liée par action réflexe à la sensation produite par le contact du corps étranger sur la muqueuse des régions sus-glottiques et en particulier de l'épiglotte, qui jouerait le rôle d'organe seusitif spécial. » PATHOLOGIE. — Note sur les signes différentiels que fournit l'oplithalmoscope au diagnostic de iliydrocéphnlic chronique et du rachitisme; />or M. Bouchut. (Renvoi à la Commission précédemment nommée.) « Dans l'hydrocéphalie chronique, qui produit toujours la compression cérébrale, l'ophthalmoscope permet de voir dans le fond de l'œil : i° un accroissement du nombre des vaisseaux de la rétine qui gardent leur cou- leur ordinaire; 2° quelquefois une infiltration séreuse péripapiilaire avec phlébectasie rétinienne; 3" une atrophie de la papille et du nerf optique; l" enfin une atrophie de la rétine et de la choroïde. » Dans le rachitisme, qui produit quelquefois une augmentation considé- rable du volume de la tète, assez semblable à celle de l'hydrocéphalie com- mençante, il n'y a jamais d'altération de la papille, de la rétine ni des vais- seaux veineux du fond de l'œil. » COIUIESPONI) ANCE . 3S. LE Secrétaire PERPÉTUFx donne lecture d'une Lettre de M. Ainbroisc Thomas, Président de l'Institut, relative à une demande de M. A. Poncelin, concernant le prix biennal pour lequel l'Académie doit désigner cette année un candidat. le 22 avril i865, d'abord publiquement à l'Hôtel-Dieu, dans le service de M. le Professeur Trousseau; et en second lieu, en présence des membres de la Société de Biologie, dans sa séance du samedi 11 avril i865. ( 9" ) M. i-E Chancelier de la légation du royaume des Pays-Bas adi esse, pour la Bibliothèque de l'Institut, cinq nouvelles feuilles de la Carte géologique des Pays-Bas. M. F.-W. HoFMEisTER, récemuieut nommé Correspondant de l'Académie dans la Section de Botanique, écrit pour adresser ses remercîments. M. A. Trécpl écrit pour remercier l'Académie de l'encouragement qu'elle lui a accordé pour fociliter l'achèvement de ses travaux commencés de|)uis longtemps, et dont il lui a déjà soumis quelques-uns des résultats. ANATOMIE COMPARÉE. — Trois cas de pol/mélie (membres surnwnéraires) observés sur des Batraciens du genre Rana; par M. Aug. Duméril. « J'ai l'honneur de placer sous les yeux de l'Académie des Grenouilles difformes qui appartiennent au groupe des monstres à membres supplé- mentaires, dits Polyméliens par Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, dans sou Histoire des Anomalies (t. III, 3^ part., ch. X). » La rareté des observations est telle, que jusqu'à ce jour on n'a fait connaître que cinq exemples d'augmentation du nombre des membres chez les Batraciens anoures. Trois de ces exemples sont énumérés par l'auteur du livre dont je viens de rappeler le titre. Le quatrième a été, pour M. Van Deen, en i838, le sujet d'une dissertation anatomique [Anat. Beschreib. monslrus. sechsfûssigen Fasser-Frosch, Rana esculenta). Le cinquième a été communiqué à l'Académie, en novembre 1864, par M. P. Gervais (Co/np/e* rendus, t. LIX, p. 800). » Chez le Pélobate [Pelobates cullripes), dont il est question dans la Note de ce dernier, la monstruosité, de même que chez le Batracien dont Super- ville a parlé, consiste dans la présence d'un membre surnuméraire anté- rieur. La Grenouille rousse [Rana temporaria) et la verte [R. viridis seu escu- lenta) que je présente ont, au contraire, comme les individus mentionnés par Guéltard et parOîto, un troisième membre postérieur; mais elles différent entre elles d'une façon remarquable. » 1° La verte a les deux membres pelviens normaux parfaitement déve- loppés et longs de o'",o8o. De la face postérieure du bassin, à gauche de la ligne médiane, sort une patte mobile, mais qui ne servait point à la nata- tion, extrêmement grêle et longue de o'°,o45 seulement. Le féimu-, réduit à l'état rudimentaire, n'est reconnu que papla petite saillie cpi'il forme sous 118.. ( 9'2 ) la peau; aussi le membre paraît-il n'être com[)osé que de deux segments : la jambe et le pied. La jambe et le tarse ont leur composition normale, mais on trouve six métatarsiens et six doigts; quatre de ces derniers sont courts et d'égale dimension : ce sont les deux médians et les deux plus externes; les deux autres ont beaucoup plus de longueur, les phalanges étant plus allongées, et même il y en a une de plus. Cette multiplicité des doigts, sur laquelle j'appelle particulièrement l'attention, est tout à fait singulière. Le membre, jusqu'au métatarse, n'offre aucun indice de fusion, et cependant, en voyant le pied conformé comme je viens de le dire, il semble qu'il soit formé par les trois métatarsiens et les trois doigts les plus externes de deux pieds, avec disparition des deux doigts internes de l'un et de l'autre. » 2° La Grenouille rousse n'offre aucune anomalie, soit dans la striiclure, soit dans le développement des membres postérieurs; mais, derrière le gauche, on voit partir de la région i)elvieiuie une patte accessoire plus courte et plus grêle, moins anormalement constituée, cependant, que celle de la première Grenouille. Ici, en effet, le fémur n'a point subi d'atrophie; mais, à l'extrémité de cette patte bien conformée, la réunion des métatar- siens et des phalanges de deux pieds confondus en un seul paraît plus com- plète que chez l'aulre animal, quoique les os du métatarse et les doigts soient au nombre de cinq seulement. De chaque côté d'un doigt médian dépassant à peine la membrane interdigitale, il y en a deux, l'un très-long, suivi d'un second plus court, et représentant l'un et l'autre, par leurs dimensions proportionnelles, à droite comme à gauche de la pièce du mi- lieu, les deux doigts externes de deux pieds, dont les six autres doigts se trouveraient remplacés par un seul, c'est-à-dire par celui qui occu[)e préci- sément la ligne médiane (i). )) Le troisième Batracien [Rana clamata)^ dont j'ai encore à parler, et qui a été envoyé des États-Unis, offre une monstruosité plus remarquable, en ce qu'il a une seconde paire de membres abdominaux fixés non plus à la région postérieure du bassin, mais à sa région antérieure. C'est encore un monstre polymélien de la division des Pycjoinèles , puisque les pattes acces- soires sont en rapport de contiguïté avec les os pelviens. Ces derniers sup- (i) Dans le iics-|ietit nombre d'exemples fie polydactylie chez les Batraciens que l'on pos- sède jusqu'à ce jour (Isid. Geoffroy Saint-Hilaibe, Traite des Anomalies, t. I, p. 688, et Piocès-f'crbaux de la Société de Biologie, Gazette médicale, 1849, j). 9<>>; Observations de MI\[. Rayer et de M. Brown-Séquard), il n'y a aucun détail sur la conformation des pattes à doigts multiples. 1 9'3 ) portent un rudiinenl de bassin, consistant presque exclusivement en deux petites cupules réunies, sur la ligne médiane, par le point correspondant de la portion interne de leur pourtour. Ce sont deux cavités cotyloides rndi- nientaires, destinées à recevoir, sans pouvoir les loger en entier, les tètes des deux fémurs dont le développement est régulier, de même que celui des autres pièces osseuses de ces membres surajoutés, qui ne diffèrent des uiembres au devant desquels ils sont placés que par plus de gracilité des os et des muscles, et par moins de longueur. Cette anomalie est tres-ana- logue à celle que M. Van Deen a décrite et figurée, avec la différence que, dans cette dernière, un seul des deux membres accessoires est bien eoii- stitué, l'autre étant privé de métatarse et de phalanges. » La Grenouille américaine du musée de Paris, qui est déjà si anormale, puisqu'elle porte six pattes, a, de plus, l'extrémité des membres antérieurs déformée; le droit n'a que trois doigts, les deux plus externes et le poiice; du côté gauche, on ne trouve qu'un seul doigt. » La cause de la multiplication des membres et des doigts, ou de la dimi- nution du nombre de ces derniei's, anomalies curieuses dont je viens de montrer trois nouveaux exemples, est tout à tait ignorée. Pour arriver à la découvrir peut-être, dans des cas semblables où l'on serait servi par im heureux hasard, il faudrait pouvoir suivre, dès l'instant de la première ap- parition des membres, toutes les phases de la métamorphose du têtard d'une Grenouille, qui dût offrir quelque irrégularité dans le développe- ment des organes de la locomotion. Or, de telles observations, à ce que je sache, n'ont point encore été faites, et même la rareté des Batraciens adultes à mendjres surnuméraires est extrême; car, parmi 3 ou liooo individus reçus, chaque année, à la ménagerie du Muséum pour l'alimentation des Keptiles aquatiques, je n'ai trouvé à citer que la Grenouille verte dont j ai parlé en premier lieu. » Si d'autres exemples se présentaient, j'aurais l'honneur de les sou- mettre également à l'examen de l'Académie. » "»" CHIMIE ORGANIQUE. — Sur quelques amides de la série loluique. par M. Hugo Schiff. I. Dérivés de la toluiiline. « L'action des aldéhydes sur la toiuidine se manifeste à la température ordinaire et se complète facilement à loo degrés centigrades On obtient une série de composés analogues aux dérivés de l'aniline. ( 9'4 ) » La purification de la masse résineuse qui se forme avec l'aldéhvde acétique loiirnit une cristallisation mamelonnée jaunâtre de C'H* diéthylidène-diiolamine Az' | €' H* = G'«H" Az'. 2 €'H' M La base fond vers 60 degrés ; elle se combine avec les acides en for- mant des masses résineuses rouges, solubles dans l'alcool, qui se décom- posent avec un excès d'eau. Le chlorure précipite avec les perchlorures de mercure, d'or et de platine. Le chloroplatinate jaune a la composition €'«H"Az^HCl,PtCP. » Le produit huileux de la réaction de l'aldéhyde benzoïque, dissous dans l'alcool, fournil par l'évaporation un composé cristallin jaune, fusible dans l'eau bouillante; c'est la ( €'H' diloluydène-dilolamine AzM G'PP = €"H" Az'. (aG'H' » La combinaison ne possède pas de propriétés basiques, mais on peut la transformer en une véritable base, si on l'expose pendant un jour à une température de 160 degrés centigrades. Par le refroidissement on obtient des aiguilles jaunes fusibles à lao-iaS degrés, qui se combinent avec les acides et avec les perchlorures métalliques. Nous avons opéré la même transformation avec le dérivé analogue de l'aniline, décrit dans une Note antérieure. » L'acroléine forme avec la toluidine une masse résineuse brune, qui renferme la ( €.'H' diallYlidène-ditolamine Az' G'H* =: G^'H" Az', base faible dont le chloroplatinate a la formule G"H''-Az^HCi, PtCP. » Le dérivé œnanthique de la toluidine forme un liquide huileux exempt de propriétés basiques. II. Dérivés de la toluylendiamine. » Jusqu'ici nous nous sommes occupé de l'ammoniaque, de l'aniline, de ( 9i5 ) l'amylamine et de la loiiiiclme, c'est-à-dire de bases monotypiques, et nous avons vu que la réaction des aldéhydes s'exerce toujours sur deux équivalents delà base; aussi, dans les bases ditypiques, l'hydrogène typique se substitue entièrement si on les traite avec un excès d'aldéhyde; mais la réaction, comme on a pu le prévoir théoriquement, s'exerce toujours sur un équivalent de la base. » La toluyicndiamine sur laquelle nous avons opéré provient de l'usine de MM. CoUin et Coblenz, à Saint-Denis, et faisait partie de la préparation originale examinée par M. Hofmann. A température ordinaire, la base est lentement attaquée par les aldéhydes; mais la réaction se complète facile- ment à loo degrés. L'aldéhyde œnanthique fait naître la diœnanthylidène-toluylendiamine AzMG''H'*= G"H^'Az' (g^h'» selon l'équation liquide très-dense, peu soluble dans l'alcool et insoluble dans l'eau. Les pro- priétés basiques manquent, mais le composé se colore en rouge de sany avec les acides. » Si nous représentons par aG'H" le radical du glycol toluique, et par (3C'H° le résidu diatomique de l'aldéhyde benzoïque, nous aurons la série suivante de composés isomères : jaG'H^ laG'H' |«€'H« i^G'W AzMaG'H^- Az^ «G'H^ Az'l|3G'H» AzO(3€'H^ [«G'H" (|3G^H« (/3G'H« dSG'H» Aoiai'lne. Termes intermédiaires. Hydrobenzaciide. » Or, c'est le second de ces termes intermédiaires, la diloluydène-loluy- lendiamine, que nous avons obtenu en faisant agir l'aldéhyde benzoïque sur la toluylendianiine. Le composé cristallin ressemble à l'hydrobenza- mide, mais il s'en distingue par un point de fnsion plus élevé et par une plus grande stabilité. Il fait naître de l'aldéhyde benzoïque et des composés azotés de la série toluique dans les circonstances où l'hydrobenzamide don- nerait de l'ammoniaque. Les propriétés basiques manquent. » Chauffée pendant un jour à environ i 5o degrés, l'amide se transforme en une base cristalline identique dans toutes ses propriétés avec Vamanne. ( 9'6) Xous aimons a croire que cette méthode synthétique de la formation de l'amarine permettra une concUision décisive sur la constitution tant discutée de cette base, en même temps qu'elle nous indique le chemin pour obtenir des diamines analogues renl'ermmt deux ou trois radicaux diafomiques dif- férents. " HYGIÈNE GÉNÉRALE. — Du limon de In Durance : délerminalion du point précis oit il peut être élitniné du canal de Marseille et dirujé le plus facile- ment vers la Crau, pour le colmatncje et la fertilisation de celle plaine. Note de M. G. Gkimaud, de Caux, présentée par M. Decaisne. n Dans ma Note du i6 janvier dernier, j'ai entretenu l'Académie d'un moyen d'utiliser les boues du canal de Marseille, en les dirigeant vers la Crau pour aider au colmatage de cette plaine. Ce colmatage est d'un grand in- térêt pour le pays, au point de vue de l'agriculture et de la salubrité : il livrerait un espace considérable de terrain à la culture, et il ferait dispa- raître une ligne de marais dont les émanations désolent, tous les ans, les populations du voisinage. » Je n'ai pas cru pouvoir faire un meilleur emploi des tonds mis cette année à ma disposition, par la générosité de l'Académie, qu'en poursuivant jusqu'au bout, au point de vue pratique, des études qu'elle n bien voulu remarquer et récompenser. » Dés le 7 avril, j'étais rendu à Aix, position centrale d'où on peut rayonner facilement sur les points du canal de Marseille qu'il m'importait le plus d'examiner de nouveau. » Mon premier soin a été de visiter la vallée de la Touloubre et le pont de Valmousse. Il me fallait fixer définitivement ce qu'a de réellement pratique ridée de jeter les limons dans ce petit cours d'eau, et, par ce moyen, de les porter à 21 kilomètres plus loin, jusqu'au bassin de partage des eaux de Craponne. La pente y est, mais la configuration du terrain ne se prête pas, sans de grands frais, à l'exécution des travaux hydrauliques exigés par le système d'épuration dont j'ai fait coiuiaître les principes dans mes Notes précédentes. Dans ce système, il faut une certaine superficie plane, et le pont de Valmousse est précédé et suivi de rochers. On n'amènerait pas facilement à la vanne de chasse disposée sur les bords de cette vallée les limons dont on aurait obtenu en amont la séparation. n Ma conviction que Valmousse est un lieu d'élection n'en a point été pour cela diminuée; mais, avant de chercher les moyens de vaincre des difficultés ( 9'7 ) certaines, j'ai Jû m'assurer s'il n'y avait pas, en amont, une localité plus propice, et je suis remonté jusqu'à Saint-Chrisloplie, point déjà signalé dans ma Note du lo octobre. » Dans les environs de celte localité, grâce à une circonstance que je n'avais point relevée pendant mou exploration du mois de septembre der- nier, tout se prête à l'établissement du système. La Durance est à côté pour recevoir les limons séparés du canal, et, si l'on veut les employer dans l.T Cran, la prise d'eau de Craponne est dans le voisinage. Dans le canal de Craponne (et c'est ici la circonstance nouvelle), l'eau a une vitesse supé- rieure à celle qui la pousse dans le canal de Marseille; par conséquent, le limon serait entraîné facilement dans toutes les ramifications nécessitées par le colmatage. i> Ainsi, toutes les difficultés pratiques de la solution qui est le but final de ces études sont aplanies. » Il en résulte d'abord : que les eaux de Marseille peuvent être débar- rassées de leur limon, dans des conditions écosiomiques inattendues, c'est- à-dire sans compromettre eu auciuie façon les finances de la ville. C'est là pour moi un point acquis tellement certain, que j'ai pu l'affirmer par écrit en haut lieu. » Il en résulte ensuite que le limon du canal peut être employé sans dif- ficulté à transformer en une plaine fertile nu vaste espace de terrain inculte. » Ici encore la pratique est venue confirmer la théorie. Je citerai deux faits seulement : » En treize ans, un propriétaire des environs d'Avignon a colmaté, avec les eaux de la Durance, i 3o hectares de terrain couvert de cailloux : lo hec- tares par an. » Le second fait est peut-être plus curieux. Eu 1820, un simple cultiva- teur a acheté dans la Crau, pour la somme de 2400 francs, 10 hectares de terrain caillouteux. Seul et sans aide il a enlevé les cailloux; à leur place il a fait déposer du limon fourni par l'eau de Craponne; il a entouré de cyprès ses lo hectares, afin de s'abriter des vents impétueux du nord-ouest (mistral). Aujourd'hui, dit un Rapport de rS^g, toute cette propriété par- faitement close est convertie en prairies et en vergers d'arbres fruitiers, et i3o bêtes à laine (i, 3 de gros bétail par hectare) y sont entretenues. (Voir Bulletin du Comice agricole lï Aix en Provence.) » Il est donc parfaitement démontré que, par un aménagement régulier des eaux limoneuses, sons le soleil brûlant de la Provence, on peut porter C. H., i865, I" Semestre. (T. IX, N" 18.} I IQ (9'8) à un h.iul degié de fertilité les terres de la plus mauvaise nature. A quoi il me convient d'ajouter : rien n'empêche donc que la Crau obéisse à la parole souveraine prononcée naguère à son sujet. » J'ai trouvé à Aix, installée d'une façon primilive, une coutume qui est l'application j^resque littérale des idées émises dans ma Note du 27 mars dernier [Comptes rendus, t. LX, p. G 16) relative à l'élimination des eaux publiques. Celte coutume fort ancieime n'a eu d'abord pour objet que la salubrité de la ville : elle tourne maintenant au profit de la culture du sol. Je remarque de plus que la pratique des métayers des environs d'Aix con- firme pleinement l'opinion de M. Chevreul concernant la nécessité d'em- ployer en natiu'e cet engrais particulier, si l'on veut en obtenir les plus grands effets. » L'Académie s'est occupée, dans le temps, des eaux thermales d'Aix (bains de Sextius); elle a même donné, en i835, une mission spéciale à l'un de ses Membres, E. de Freyciuet : j'ai recueilli sur place de nouveaux ren- seignements. » J'ai eu aussi l'occasion de faire des observations météorologiques com- parées sur l'état des vents, cette grosse question de ce pajf-ci. J'ai pu, à cet égard, observer le même jour le ciel dans la vallée de la Diu-ance et sur le gradin occupé par la ville d'Aix. » Ces trois sujets d'étude me fourniront la matière d'une prochaine Lettre. » MINÉRALOGIE. — Sur II knlkine, nouvelle espèce minérale de Cli/pis, en Valais. Note de M. F. Pisaxi, présentée par M. H. Sainte-Claire-Deville. (( On connaît depuis longtemps, sons les noms de nalron et de tronn ou uido, \\n carbonate et lui sesquicarbonale de sonde; quant au carbonate de potasse, il n'a jamais été signalé dans la nature, malgré l'abondance de cet alcali dans les roches, comme dans tous les végétaux terrestres. Il est vrai qu'à l'état do carbonate simple, son extrême déliquescence l'empêche de se maintenir dans l'endroit où il pourrait se former, et qu'alors il est entraîné par les eaux, où il reste en dissolution ; cependant il était pro- bable que, s'il se transformait en sesqui ou bicarbonate de potasse, ces sels se conserveraient dans la nature tout autant que les sels de soude corres- pondants. J'ai trouvé, en effet, dans la belle collection de M. Adam, sous le nom de carbonate de potasse, un sel qui ne s'altérait pas à l'air, taisait effervescence avec les aciiles et donnait au chalumeau les réactions de la ( 9'9 ) potasse. L'analyse que j'en ai faite a démontré que c'était un bicarbonate de potasse de composition enlièrement identique à celle du bicarbonate des laboratoires, et je propose de l'appeler kalicine, nom qui indique l'alcali que cette substance contient. » La kalicine a été trouvée à Chypis, en Valais, sous un arbre mort; c'est donc un minéral de formation moderne, comme la sfruvite. Elle se présente sous forme d'agrégats salins composés d'une infinité de petits cristaux, et dans la masse desquels ou voit des débris de fibres de bois. Elle est translucide et de couleur jaunâtre. )) Dans le matras, elle donne de l'eau^ ainsi qu'une odeur végétale. Au chalumeau, elle colore la flamme en violet. Elle est soluble dans l'eau ; la solution dégage par l 'ébullition de l'acide carbonique. Elle fait efferves- cence avec les acides. » Elle a donné à l'analyse : Oxygène. Rapports. Potasse 42» 60 7,2 I Acide carbonique 4^)20 3o,7 4 Carbonate de chaux 2,5o Carbonate de magnésie i )34 Sable et matière organique. . . 3, 60 Eau 7,76 6,9 I 100,00 » Cette composition correspond à la formule RC"-t-Aq, qui est celle d'un bicarbonate de potasse ; c'est aussi le premier exemple d'un composé de ce genre trouvé comme minéral. » MINÉRALOGIE. — Sur la limonite pisolitique d Iwaro, sur le lac d'OEdenburq, en Hongrie. Note de M. F. Pisaxi, présentée par M. H. Sainte-Claire Deville. « Cette limonite, à laquelle on attribue une origine météorique, puisqu'on fixe même la date de sa chute au 10 août i84i, forme des grains à struc- ture concentrique de 4 à 10 millimètres de diamètre. Sa couleur est d'un brun jaunâtre mêlé de parties jaune d'ocre; celle de la poussière est brune. » Elle donne de l'eau dans le matras et se dissout dans l'acide chlor- 119.. ( 920 ) hydrique avec dégageaient de chlore et résidu abondant de sable mêlé d ar- gile. D'après l'analyse faite par Redtenbacher, et que cite Rammelsberg, celte liuionite consiste en sable, oxyde de fer, oxyde de manganèse el eau, avec un peu do carbonate de chaux et d'ahunine. J'ai pensé que si cette subsîance est d'origine météorique, il était assez probable qu'elle contint aussi du nickel et du cobalt, qui sont des éléments très-fréquents dans la plupart des aérolilhes ; j'ai donc recherché ces deux corps et j'ai pu m'as- surer qu'ils y existent, quoique en très-petite quantité. Le reste de l'analyse que j'ai faite est à peu prés identique à celle citée par Rainmelsberg. Voici quels en sont les résultats : Sable aigileux 58,90 Oxvd..' (le f'.-r. ... i 1 ,00 Oxyde de manganèse 10,10 Oxyde de cobalt et nirkel o,85 Aliuiiine 3 , 70 Chaux I ,45 Magnésie 0,72 Eau 1 3 , 06 99 . ;S » Dans celle linionitc, le cobalt se trouve en bien plus grande quantité que le nickel ; néanmoins l'existence de ce dernier corps semble donner plus de probabilité à l'origine aérolithique de cette substance. » CHIMIE ORGANIQUE. — Recherches siij- l'oirine. Note de M. Victor de Lcynes, présentée par M. Dumas. (Suite.) '( J'ai démontré dans un précédent travail que l'orcine avait pour les bases une affinité plus grande qu'on ne l'avait supposé jusqu'alors. En conti- nuant ces expériences, j'ai reconnu que les solutions aqueuses d'orcine dis- solvaient en grande quantité la chaux et la baryte. Ces dissolutions se troublent par la chaleur ou par l'addition de l'alcool absolu. Le précipité nîuferme de l'orcine et la base employée. Mais ces combinaisons sont troj) altérables à l'air pour qu'il m'ait été possible de les étudier davantage. J ai dû me borner à déterminer le plus exactement possible la solubilité de la chaux dans des dissolutions plus ou moins riches en orcine. » J'ai cherché ensuite à obtenir des combinaisons définies de l'orcine avec les acides. Ces con)posés ne paraissent pas se produire par l'action ( 9^' ) directe des acides sur l'orcine. Mais j'ai pu les obtenir iiKlirectement en faisant réagir les chlorures d'acétyle, de butyryle, etc., sur l'orcine. » On sait d'ailleurs que c'est par ce procédé que Laurent et Gerhardt ont préparé le phénol benzoïque, et que, depuis, M. Cahoursa obtenu le phénol acétique. Mais tandis que ces dernières combinaisons peuvent se représenter par de l'hydrate de phényle uni à i équivalent d'acide avec élimination de 2 équivalents d'eau, les composés correspondants fournis par l'orcine résultent de la combinaison de i équivalent de cette substance uni à 2 équivalents d'acide avec élimination de ^ équivalents d'eau. » Orcine iliacétique. — Le chlorure d'acétyle réagit à la température ordinaire sur l'orcine anhydre pulvérisée; il se dégage de l'acide chlorhy- drique, et il se forme de l'orcine diacétique Q..jj8Qi _^ 2.C»H'0=C1 = C"H' = 0*-+- 2HCI. On lave le résidu avec de l'eau pour décomi)oser le chlorure en excès; on Je mélange avec (lu carbonate de potasse sec et on traite par l'éther. » La solution éihérée donne par l'évaporation une matière huileuse qui cristallise au bout de quelque temps en petites aiguilles très-nettes. » Ainsi préparée, l'orcine diacélique esl incolore; sa saveur est fade et douceâtre; elle fond vers ^5 degrés, et tache le papier à la manière des corps gras. Elle est insoluble dans l'eau, très soluble dans l'alcool et l'éther. Bouillie avec un lait de chaux, elle se décompose en orcine et en acétate de chaux. » L'analyse de cette matière conduit à la formule C^H'^O' = C"H«0* + 2C'H^0* -4 HO. » Orcine dibulyrique . — Elle s'obtient en faisant réagir le chlorure de butyryle sur l'orcine anhydre, et se purifie comme le composé précédent. Elle est incolore; sa saveur peu prononcée est moins agréable que celle dé l'orcine diacétique ; elle est insoluble dans l'eau, et très-soluble dans l'alcool et l'éther. L'analyse s'accorde avec la formule (-30JPOQ8 ^ c'Ml'O' + •2C'H''0' - 4110. » Oicine dibenzoïque. — Le chlorure de benzoïlc n'allaque pas l'orcine à la température ordinaire; mais en chauffant légèrement le mélange, la réaction se [)roduit et se continue ensuite d'elle-même. Le composé obtenu est isolé et purifié comme il vient d'être dit. { 9^2 ) » L'orcine dibenzoïqne est incolore, inodore; sa saveur est très-sucrée. Elle cristallise en aigtiillcs qui forment des petites masses radiées très-dures. Elle peut être bouillie avec l'eau sans paraître s'y dissoudre; elle est trés- sohible dans l'alcool et l'éther. L'analyse lui assigne pour formule C^^H'-'O' = C'*H»0'+ 2C'*H«0'- 4HO. » Le chlorure de succinyle donne dans les mêmes circonstances avec l'orcine un composé cristallisé que je n'ai pas encore analysé. » Il résidte de l'ensemble de ce travail que l'orcine se comporte vis à-vis des bases el des acides à la manière de l'acide pliénique; mais tandis que ce dernier ne perd au contact des chlorures acides que i équivalent d'hydro- gène qu'il échange contre i équivalent du radical du chlorure, l'orcine dans les mêmes circonstances fixe 2 équivalents du radical à la place de 2 équivalents d'hydrogène. Donc, si l'on considère l'acide phénique comme un phénol monoatoaiique, l'orcine doit être classée parmi les phénols diato- miques. » Par sa formule, l'orcine est 1 homologue de l'atide oxyphénique C'*H°0*; ce dernier donne avec les chlorures acides des composés biacides; il dérive de l'acide oxysalicylique de la même manière que le phénol de l'acide salicylique. L'acide oxyphénique est donc bien le phénol diatomique correspondant à l'acide phénique. De même, l'orcine est le phénol diato- mique correspondant à un phénol monoatomicjue C'*H'0* identique ou isomérique avec le phénol crésylique. Les formules suivantes mettent ces relations en évidence : Phénol. ... Tj K*^ Acide oxyphénique. . . . tj2K^* Phénol (?). . „ O' Orcine uA^'- H ) H ) » Une étude plus approfondie de ces phénols permettra peut-être de pré- ciser dans quel sens doit être tentée leur synthèse, qui se rattache d'une manière si intime à celle d'un grand nombre de matières colorantes. » Ces expériences ont été faites au laboratoire de recherches et de per- fectionnement de la Facidté des Sciences de Paris. « ( 9^3 ) CHIMIE ORGANIQUE. — Sur une inélltode générale de synthèse des acides gras volatils. Note de M. Tu. IlAUXiTz-HAnxiTZKV^ présentée par M. H. Sainte- Claire Deville. « Mitscherlich a déuiontré que les acides des séries grasse et aromatique, sous l'influence des alcalis caustiques et d'une haute température, se dé- doublent en acide carbonique et hydrocarbures renfermant un atome de carbone de moins et autant d'hydrogène que l'acide employé, ainsi que l'indique l'équation suivante : » Il a formulé ce mode de décomposition en disant que tous ces acides ne sont autre chose que des carbonates de carbures d'hydrogène. » L'année passée, j'ai fait voir que, dans la série aromatique, on peut réaliser la réaction inverse, c'est-à-dire ajouter de nouveau l'acide carbo- nique a la benzine : c'est ainsi que j'ai obtenu l'acide benzoïque. Mainte- nant j'ai réussi à ajouter l'acide carbonique à quelques hydrocarbures de la série grasse, et j'ai obtenu par ce moyen les acides gras volatils corres- pondants. » Comme source d'acide carbonique, j'ai pris l'oxychlorure de carbone. « J'ai obtenu de la sorte, avec l'oxychlorure de carbone et le gaz des ma- rais, l'acide acétique, et avec le même gaz et l'hydrure d'amyle l'acide ca- proïque. » Synthèse de l'acide acétique. — L'oxychlorure de carbone et le gaz des marais, étant dirigés dans une cornue chauffée à 120 degrés, se combinent avec dégagement d'acide chlorliydrique et donnent du chlorure d'acétyle, lequel à son tour fournit, avec de l'eau, l'acide acétique et l'acide chlorliy- drique. La réaction très-énergique et le courant très-rapide des gaz sont cause que dans les récipients, même bien refroidis, il ne se dépose que très-peu du produit formé, et la plus grande partie de celui-ci a été recueillie dans un flacon communiquant avec les récipients et rempli d'une solu- tion de soude caustique. Le liquide déposé dans les récipients possédait tous les caractères du chlorure d'acétyle : son odeur, sa réaction sur l'eau, sa température d'ébuUition, ses réactions avec l'acide sulfurique et l'alcool et avec le chlorure ferrique démontraient que ce n'était autre chose que du chlorure d'acétyle. 0 La solution de soude caustique devenue acide a été neutralisée par la soude, évaporée à siccilé, traitée par l'alcool bouillant et filtrée. Après le ( 9^4 ) I efroidissenient de la solution alcoolique, il s est déposé de gros cristaux eu prismes rliomhoïdaux. Ces cristaux, ayant été traités pnr de l'acide sulfu- rique concentré et de l'alcool, ont développé l'odeur caractéristique de létiier acétique; leur solution aqueuse mélangée avec du chlorure ferrique a pris une teinte rouge foncé. Les cristaux ont élé mélangés avec de l'acide sulfurique faible et soumis à la distillation; le liquide qui a passé a mani- festé une réaction très-acide et développé une odeur très-prononcée d'acide acétique. Ce liquide a été saturé par l'oxyde d'argent à chaud et filtré. .Vprés le refroidissement, il a déposé de magnifiques crislanx en aiguilles. L'analyse do ces cristaux m'a donné le résultat suivant : iLxpérience. Thooiie. c 14.29 c 14.37 H 1 ,26 H 1 ,79 Ag 64,5a Ag 64,67 » Tous ces faits réunis démontrent que dans la réaction de l'oxychlo- rure de carbone et du gaz des m.uais, il se forme d'abord du chlorure d'acé- tvle qui à son tour fournit avec l'eau de l'acide acétique et de l'acide chlor- hvdrique. GH* + GOCl'r=G'H'ÔCl-HHCl, G^H^ÔC1 + H'0:= €=H'0'-+-HCi. » Synthèse de l'acide caprotque. — L'hydruro d'amyle donne par l'action de l'oxychloriu'e de carbone du chlorure de caproile et de l'acide chlor- hvdrique. La réaction se passe dans les mêmes conditions que la précé- dente. Dans les récipients bien lefroidis, il s'est déposé un liquide huileux. Le liquide , ayant été chauffé au bain marie pour chasser l'hydrure d'amyle non attaqué, n'avait pas ime température constante d'ébullilion, circon- stance qui dépend du mélange des produits de substitution chlorés de l'hydriue d'amyle. Pour obtenir le produit pur, j'ai été obligé de prendre la jîMrtie ayant passé de i i 5 à i^o degrés et de la traiter par l'alcool absolu, de manière à obtenir du caproate d'élhyle. Après une nouvelle distillation, j'ai pris la partie ayant passé de 161 à i63 degrés, et j'ai obtenu un liquide plus léger que l'eau, possédant une odeur très-aromatique comme celle de I élher caproïque. L'analvse de cette substance m'a donné les résultats suivants : Expérience. Thuorie. C 66,27 c 66,66 H I I ,23 H 11,11 (9^5 ) '•■ La solution de potasse caustique, après avoir été évaporée à siccité et traitée par l'acide suU'urique, m'a fourni un liquide huileux plus léger que l'eau, ayant une odeur très-caractéristique d'acide caproïque. J'ai saturé ce liquide avec la baryte caustique, et j'ai traité la masse obtenue par l'alcool bouillant. Par refroidissement du liquide fdtré, j'ai obtenu des cristaux en aiguilles, se ternissant à l'air. Le dosage de baryte m'a donné le résultai suivant ; Expérience. Théorie. Ba 37,37 Ba 37,32 » Il résulte de là que dans la réaction de l'oxychlorure de carbone sur l'hydrure d'amyle, il se forme d'abord du chlorure de caproïle, lequel à son tour, avec de l'eau, donne de l'acide caproïque et de l'acide chlorhy- drique : G^'H^-i-GOCP^ G^H"OCl-l-HCl, G'H^ÔCl -+- H^Ô = G^H'^'O^ 4- HCl . » Ces expériences donnent une méthode générale pour la synthèse des acides gras volatils. On sait que, d'après les belles expériences de MM. Ber- thelot et Wurtz, on peut, en partant des éléments ou des substances inor- ganiques et organiques plus simples, obtenir par la synthè.se divers hydro- carbures appartenant à la série €"H-"+-, avec lesquels désormais il est possible, à l'aide de l'oxychlorure de carbone, d'obtenir les divers acides de la série grasse. » Ces expériences ont été exécutées au laboratoire de M. Wurtz. )> ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur la transformation des Jonctions abéliennes. Note de M. Gordan, présentée par M. Hermite. " La fonction 71 :i n dépend des quantités u, et /;,,;,. Celles-ci sont appelées ses modules, celles-là ses arguments. » Pour la transformer, nous introduisons ^n^ -\- in nombres entiers v,,^ C. R., i865, i" Semeslre. (T. LX, N» 18.) I 20 ( 9^6) et 7.11^ quantités aA,,ï+n satisfaisant aux conditions suivantes : n «*.«+. = Va.„+,-H 2. Va,; P.A' S' ^ = 2", ' = ", I n 1 n A- = ± », I SI ? o si i — k ^ ± 71. Si l'on pose '^A = ^. *«■<-'. 'i+k^'h rf.., rf«, du. du„ f/c, ^ d,, rfa, rf^., rftt, du„ rf('„ • dv„ la fonction d{p,Ui) peut être transformée dans la fonction n n n à l'aide de la formule d\ 1 X ô( 7, i'i — ^ v/, 0 - ^ 2//'-*'''"-*'° )' où C est une quantité constante numérique. ( 92? ) » Première remorque. — La gt'iu'ralité de notre formule n'est pas dimi-- nuée, si l'on y renipl;tci' les nombres v,-,o pa'' ^p'"o ou par l'uiiilé, selon cpie la somme n I a ur)e valeur paire ou impaire. Si l'on donne alors aux autres nombres v,v( toutes les valeurs possibles, le second membre représente les i^" différentes fonctions d. » Seconde remarque. — Les relations (I) peuvent être remplacées par des équations plus simples. » Si l'on pose V., V,2 . . . V,,2« V,, .... V., V2«. =A •^2n,2« = D, I si A < n, — I si /j > n, on aura I>^,. = ^*^.,7 rfD A-t- î.n, /-(- i 11 Giessen, 26 avril i865. » GÉOMÉTRIE ANALYTIQUE. — Sur la théorie des surfaces polaires d'un plan. Note de M, L. Paixvin, présentée par M. Chasles. « On connaît la définition des polaires d'un point par rapport à une courbe ou à une surface, et l'on sait aussi que la théorie des polaires joue nn rôle important clans les études géométriques. La définition, à laquelle je fais allusion, convient parfaitement lorsqu'on regarde la courbe ou la surface comme engendrée par le mouvement d'un point, et le calcul fournit très-facilement les équations des polaires de divers ordres d'un point, lorsqu'on a Véquntion en coordnmiées-poinl de la courbe ou de la surface, c'est-à-dire lorsqu'on connaît la relation qui existe entre les coordonnées d'ini point quelconque de la courbe ou de la surface. n Mais une surface peut aussi être regardée comme l'enveloppe de ses plans tangents (une courbe sera l'enveloppe de ses tangentes) et on la re- présente alors par une relation entre les coordonnées (\'\\u quelconque de 120.. (9^8) •ses plans tangents, c'est ce qu'on nomme Véquation tangentielle de la surface. Par l'introduction des équations tangenlielles, l'analyse acquiert la puissance (le s'appliquer avec une égale facilité à l'étude des propriétés relatives aux plans. Or, lorsqu'une surface est regardée comme l'enveloppe de ses plans tangents, la définition des polaires d'un point ne présente plus de propriétés simples et immédiatement applicables à ce cas. J'ai alors introduit la no- tion des polaires cf un plan, on en verra plus loin la définition. Cette défini- tion et les premiers éléments de cette théorie ont été communiqués, jiour la première fois, au Comité des Sociétés savantes, en 1861 . » Je signalerai d abord ce fait important et fondamental, c'est que les équations tancjentielles des surfaces polaires d'un plan, relatives à une surface donnée par son équation tangentielle, ont identiquement la même forme que les e^ua^/o/îs en coordonnées-point des surfaces polaires d'un point rela- tives à une surface donnée par son équation en coordonnées-point. De sorte qu'un seul calcul fait ressortir immédiatement une double propriété, suivant qu'on interprète les équations dans le système des coordonnées-point ou dans le système des coordonnées tangenlielles. » Dans un Mémoire assez étendu, que je ne tarderai pas à publier, j'ai signalé les principales propriétés des polaires d'un plan ; j'ai ensuite étudié les plans tangents multiples, l'arête de rebroussement, la courbe nodale, les droites simples d'une surface donnée par son équation tangentielle. Quoique cette étude soit encore bien imparfaite, je suis arrivé néanmoins à un cer- tain nombre de propositions ; je demanderai à l'Académie la permission d'en citer quelques-unes. Définition des surfttccs polaires d'un plan, « Soit une surface de u'^'"" classe et un plan fixe P; par une droite quel- conque D située dans ce plan, menons à la surface ses n plans tangents T, , ïo, . . . , T„; f appellerai polaire (n — py^m^ Jn plan P l'enveloppe d'un plan Q, passant par la droite D, et tel que \iangP - contact reste donc invariable lorsque la droite choisie se déplace dans le » plan en question. » Si l'on considère trois plans P, , Po, P3, et que /?,, p^, p^ soient les » droites d'intersection respectivement opposées aux faces P,, Po, P3 ; si » T'j, T",,..., T"} sont les points de contact des plans tangents menés par » l'arête yy; T'2, T',,.--, T^\ ceux des plans tangents menés par l'arête /j^; et » enfin T'3, T'g,..., T'j ceux des plans menés par l'arête p, , on a la relation si n r ,/;iP>.sinT>,P^. ■ .sinT,/^iP;X s\n'l\p,V, . . . sinT^p.'P.X.smt^p^V, . . . sinT^p^V, _ sh^,p,P,.sinTf[p,P, . ..sinTip, P.,X sinT'5/jjP, . ..sinV^p^P, X smï',/;,P, . . .sinT>,P,"~ ' ' )) Lorsqu'une surface de n'^"'" classe possède un plan multiple d'ordre/?, n ce plan touche la surface suivant une courbe fp de p'^""^ classe et la coupe » suivant une courbe F de la classe [n [n — i) — P (f + 0] • M Dans ce plan multiple, il y a p[n [n — 1) — p[p + i)j droites qui )) touchent la surface en deux points. » Il y a p [p + i) tangentes inflexionnelles qui sont les intersections du » plan tangent multiple avec sa (n ~ p — ^y^""^ polaire; la {11 — p)'^"" po- » laire de ce plan est la courbe de contact cpp. ■» La courbe F est tangente à la courbe cpp aux points où cette dernière est » touchée par les tangentes inflexionnelles; \esp[p-h 1) tangentes inflexion- » nelles sont comprises dans le nombre précédent des tangentes doubles et '■ correspondent au cas où les deux points de contact viennent se réunir » en un seul. » Les points d'intersection de la courbe F avec la courbe œ^ sont des » points doubles de rebroussement conique pour la surface, l'axe de rebrous- » sèment est la tangente à la courbe F en ces points. )) Dans le cas général, la présence d'un plan tangent multiple d'ordre p » dinùnue l'ordre de la surface de p (p — 1)^ unités. » Lorsqu'une surface possède un plan tangent multiple d'ordre p, ce ( 03o ) >i plan sera tangent multiple d'ordre (p — k) pour les A"^™" polaires d un Il plan quelconque. !> Si la r'™'' jjolaire d'un plan P,, a pour plan multiple le plan Ho, l.i » [n — i — r ~ p -h i)'^""' polaire du plan IIo aura le plan Pq pour plan » tangent multiple d'ordre (/ + p). » Lorsque la (« — pyème polaire d'un plan se réduit à une courbe plane, » cette courbe ne peut se trouver dans le plan lui-même que s'il est un plan » nudtiple d'ordre p. )' Une surface générale de n''""' classe possède une infinité de points » doubles de rebrousse ment plan : ces points forment une courbe que je >' uoiiuiie nréte de rebroussement ; elle possède aussi une infinité de points » doubles de rebroussement conique: ces points forment une courbe que je Il nommerai arête nodale. » L'arête de rebroussement de la surface est une courbe de l'ordre » 4" \" —')("■" 2) ^f '^^ '^ classe 2n{n — ■i)[3n — 4)> en général. » L'arête nodale est de l'ordre - n [n — i) (« — 2)(«^ — ir -h n — 12). » CHIMIK OHGANIQUE. — Synthèse nouvelle de l'acétone. Note de M. C. Friedel, présentée par M. H. Sainte-Claire Deville. « MM. Pebal et Freund ont réalisé, il y a quelques années (i), la syn- thèse de l'acétone en faisant réagir le zinc-niéthyle sur le chlorure d'acétyle, donnant ainsi un appui expérimental direct à l'idée que MM. Chancel et Gerhardt se faisaient de la constitution de l'acétone ordinaire, ainsi que de toute la classe de corps qui s'y rattache. » Je me suis demandé si cette belle réaction était seule propre à donner naissance à l'acétone, ou bien si, au contraire, il ne serait pus possible de produire ce même corps par voie synthétique, sans partir de combinaisons renfermant l'acétyle et le méthyle. Il m'a semblé que le chloracétène pour- r.-^it fournir un point de départ poiu' des expériences faites dans cette direc- tion. On sait, eu effet, que ce chlorure intéressant obtenu par M. llarnitzky, en faisant réagir l'oxychlorure de carbone sur l'aldéhyde, a déjà servi à ce chimiste à transformer l'acide benzoïque en acitle cinnamitpie, et que, mis en contact avec l'eau, il régénère de l'aldéhyde. On pouvait s'attendre, en le faisant réagir sur l'alcool méthylique sodé, à obtenir de l'acétone ou un isomère. C'est l'acétone elle-même qui se produit dans ces circonstances. (i) Annalin dcr Cliciiiic uiid rharmacic, t. CXV,p. il , el Répertoire tic C/iii>i!t:,tAll, ^i ii. ( 9^1 ) u Ayant préparé, avec l'aide obligeante de M. Harnitzky, cpii a bien voulu me prêter sou concours pour cette, prépnr;ition pénible et délicate, une. certaine quantité de chloracétène cristallisable, j'ai pesé une [iropor- tion de sodium correspondant au chlore renfermé datis le chloracétène, et j'ai dissous ce sodium dans de l'esprit de bois purifié et desséché avec soin. Après avoir chassé en grande partie, par distillation, l'excès d'alcool mé- thylique et avoir refroidi le matras renfermant le méthylate de soude, j'v ai versé par petites portions le chloracétène. La réaction a été assez douce, et, au bout d'un instant, on a vu se séparer du chlorure de sodium. Le mé- lange a été soumis à la distillation, et le produit recueilli a été mélangé avec du chlorure de calcium sec réduit en poudre. Au bout d'un instant, celui-ci se transformait en une bouillie presque solide, sur laquelle nageait un liquide limpide. Après avoir laissé reposer le mélange pendant quelque temps, on a distillé aubain-marie et on a recueilli tout ce qui passait. » Le produit passé à la distillation a été enfin traité par une solution concentrée de permanganate de potasse, afin d'oxyder l'alcool méthylique beaucoup plus facilement attaquable par les agents oxydants que l'acétone, ainsi que l'a fait voir Péan de Saint-Gilles. » On a obtenu de la sorte un liquide ayant l'odeur de l'acétone ordi- naire, solubledans l'eau, et qui, desséché à l'aide du chlorure de calcium fondu, passait à la distillation entre 56 et 60 degrés. L'analyse a fourni des nombres se rapprochant de ceux exigés par la formule de l'acétone, quoi- que trop faibles. Deux nouveaux traitements par le permanganate et par le chlorure de calcium ont enfin fourni un produit bouillant de 56 à $7 degrés et donnant à l'analyse les nombres qui répondent à la formule de l'acétone. M Agité avec une solution de bisulfite de soude, ce produit s'y dissout en s'échauffant et se prend avec elle en une masse cristalline formée d'écaillés brillantes et nacrées. » Ainsi le chloracétène réagit sur l'esprit de bois sodé et fournit de l'acé- tone suivant l'équation G°-Wa 4- GH'Naô = NaCI -h G'H"Ô. Chloraceléne. Alcool inelhyl. Acélone. sodé. » L'oxygène, qui, dans la réaction découverte par MM. Pebal et Freund, était contenu dans le radical acétyle, accompagne ici le méthyle, sans que pour cela le produit soit différent. Il ne paraît donc pas qu'on puisse, sans restriction, regarder l'acétone connue du méthyle-acélylc; on pourrait !a (93^ ) considérer, à aussi bon droit, comme du vinyle-oxyméthyle. Un autre fait qui semble démontrer que 1 oxygène ne joue pas un rôle essentiel clans le groupement des atomes qui constituent l'acétone, c'est l'existence de l'io- dure d'isopropyle, composé non oxygéné dérivé de l'acétone et susceptible de fournir l'alcool isopropylique et de régénérer l'acétone par oxydation de ce dernier. » PHYSIOLOGIE. — Du siège des combitsliom respiratoires; recherches expérimen- tales. Note de MM. Estor et Saintpierre, présentée par M. Cl. Bernard. (Extrait par les auteurs.) « 1. I^'opinion qui règne aujourd'hui dans la science veut que les com- bustions respiratoires se passent dans les capillaires généraux, ou plus spé- cialement dans les capillaires des muscles. Certains ont même admis qu'elles avaient lieu dans la molécule des tissus. Dans le travail dont nous avons l'honneur de comuuuiiquer aujourd'hui le résumé et les conclusions, nous nous proposons de démontrer que l'oxygène absorbé dans le poumon est employé à produire des oxydations qui ont lieu dans tout le torrent circu- latoire; que ces oxydations sont même très-actives dans le système artériel; que le système des capillaires généraux, et particulièrement celui des capil- laires musculaires, ne favorisent les combustions respiratoires qu'en retar- dant la marche du sang. Nous insistons sur ces faits que l'acide carbonique n'est que le dernier terme des combustions respiratoires, plus complexes qu'on ne l'admet généralement; qu'il n'y a, à proprement parler, ni sang artériel, ni sang veineux, mais un seul et même liquide dans un état de mutations progressives depuis le poimion jusqu'au poinnon. » 2. D'après un grand nombre d'expériences sur les gaz du sang, nous calculons les variations de l'oxygène dans le sang artériel. Pour 100. Artère carotide 2 1 , o6 Altère rénale 18,22 Artère spléniquc i4)38 Artère crurale 7 ,62 Ces chiffres nous démontrent que du cœur aux membres le sang artériel s appauvrit plus en oxygène qu'en traversant les capillaires. » 3. Nous démontrons par l'expérience que l'absorption de l'oxygène par un muscle détaché du corps est une propriété générale des tissus aussi ma- ( 933 ) nifeste clans les glandes que dans les muscles, et sans relation avec les com- bustions proprement respiratoires. » 4. Nos expériences nous apprennent encore que les capillaires muscu- laires n'augmentent la vénosité du sang qu'en retardant sa marche. )) 5. L'étude chimique des combustions respiratoires nous amène à les diviser en quatre classes : i** oxydations directes par simple fixation d'oxy- gène; 2° oxydations directes causes de dédoublements; 3" oxydations indi- rectes suites de dédoublements; 4" oxydations complètes et résolution des composés en éléments ultimes, eau et acide carbonique. » 6. Dans le système artériel, les oxydations sont directes, ou indirectes suite de dédoublements. Dans les systèmes capillaire et veineux elles sont complètes jusqu'à la destruction des composés. » 7. Dans les tissus, les phénomènes chimiques les plus fréquents sont des dédoublements dont les résultats sont quelquefois des oxydations. Dans le sang, au contraire, les oxydations précèdent généralement les dédouble- ments. » GÉOMÉTRIE. — Sur la construction des cartes géographiques. Note de M. Tissot, présentée par M. Bertrand. « Dans sa séance du 1 7 de ce mois, l'Académie, conformément aux con- clusions d'un Rapport de M. Bertrand, a ordonné l'insertion, dans le Recueil des Savants étrangers, d'un Mémoire présenté par M. Collignon en 1 8G2, et intitulé : Recherches sur la représentation plane de la surface terrestre. Comme le Rapport de l'éminent géomètre ne fait pas mention de mes propres travaux sur le même sujet, je demande la permission de rappeler qu'en iSSg et 18G0 j'ai eu l'honneur d'adresser à l'Académie différentes communications ayant pour objet: 1° d'établir la loi suivant laquelle la déformation se produit autour de chaque point, dans la construction d'une carte géographique, quel que soit le système de représentation adopté; 2° de comparer, à ce point de vue, les divers systèmes employés ou pro- posés pour le tracé des mappemondes, en calculant de i5 en i5 degrés de longitude et de 1 5 en 1 5 degrés de latitude la plus grande altération d'angle, le maximum et le minimum du rapport d'une longueur infiniment petite mesurée sur la carte à la longueur correspondante sur le globe, enfin le rapport des deux éléments superficiels; 3° de donner le moyen de trouver le meilleur mode de projection pour chaque contrée particulière, c'est -à- C. R., iS65, 1" Semestre. (_T. LX, N» 18.) I 2 I ( 9^4 ) dire celui qui, tout en n'altérant les angles que de quantités insignifiantes, réduit à son minimum la plus grande altération de distance. » Les connnunications dont je viens de parler se trouvent dans les lomes XLIX, L et LI des Comptes rendus; M. Davezac a bien voulu les citer dans sa remarquable Notice historique sur les projections des cartes géographiques (p. 102 et 127), et la dernière a été traduite dans les Monihly Notices of llie Royal Àstronomical Society; elles ne contiennent que les résultats auxquels j'étais parvenu, mais je me réserve de les développer dans un Mémoire détaillé, aussitôt que mes occupations me le permettront. » « M. Bertrand, à l'occasion de cette communication, déclare qu'il connaît les travaux de M. Tissot et qu'il en reconnaît le mérite et l'intérêt. S'il avait fait une histoire complète des recherches faites sur la théorie des cartes, il n'ain'ait pas manqué de les citer avec honneur; mais ne voulant pas recommencer un travail si bien fait récemment par M. Davezac, il s'est borné à faire connaître le Mémoire de M. Collignon, en approuvant d'ailleurs de tout point le jugement porté par le savant géographe sur les études de M. Tissot. » MÉCANIQUE ANALYTIQUE. — M. Bretox (de Champ) adresse uue Note re- lative aux observations publiées par Poinsot sur un point de la Méca- nique de Lagrange; il pense que l'erreur signalée par l'illustre académicien n'existait pas dans la pensée de Lagrange, et montre que les formes delà Mécanique analytique, interprétées comme il propose de le faire, condliisent à \\n résultat exact, dans le cas même où l'on emploie les coordonnés obliques qui, suivant Poinsot, doivent être exclues. PHYSIQUE. — Parafoudre à pointes multiples. Extrait d'une Note de M. Bkrtsch, présentée par M. Ed. Becquerel. 0 J'ai l'honneur de présenter à l'Académie deux appareils destinés à préserver les lignes et les mécanismes télégraphiques des accidents aux- quels ils sont exposés en temps d'orage. » Ils ont en même temps pour but de conserver aux courants dynami- ques une grande régularité, en supprimant sur les fils toute trace de tension d'électricité statique. L'un de ces déchargeurs, qui est à pointes multiples, au lieu de se placer à l'intérieur des postes, comme ceux employés jusqu'à ce jour, se met l'extérieur, sur les poteaux, à l'entrée et à la sortie des tunnels, aux endroits, en un mot, oîi l'on |)eut craindre les effets perturba- ( 935 ) teurs de l'électricilé de l'atiuosphère, car il fonctionne aussi régulieiement sous l'eau que dans l'air sec, et peut rester en pei'manence dans les cir- cuiîs, ne donnant jamais lieu à aucune trace de dérivation partielle. » L'autre est interposé entre les fils de ligne et les télégraphes pour préserver les organes de ces derniers et les employés toutes les fois que la quantité d'électricité pourrait devenir trop forte pour passer entièrement par le premier. » Ce qui m'a fait rechercher ces dispositions nouvelles, c'est l'insuffi- sance reconnue des préservateurs en usage. Aucun des appareils dont on se sert ne peut être placé à l'extérieur, et la plupart présentent tant de chances de dérivation, qu'on ne les introduit dans les circuits qu'au moment des orages. Les employés sont donc, ce qui est à regretter, seuls juges de l'op- portunilé de la mesure. J'ajouterai qu'ils ne peuvent supporter la moindre décharge sans que leurs pointes présentent des traces de fusion et de transport de métal entraînant souvent dans le sol tout ou partie du cou- rant dynamique. » Quant aux appareils actuels de résistance, dits à fils fins, ils sont fort peu pratiques; le fil étant recouvert de soie et renfermé dans un tube de métal, on ne sait jamais s'ils sont en bon ou mauvais état. Lorsque la fou- dre en brûle seulement la soie, ce qui est le cas le plus fréquent, la ligne communique à la terre et l'on peut croire à une rupture. Quand le fil lui- même est détruit, le service est interrompu jusqu'au moment où on en remet un autre, et comme cela ne se produit guère que pendant de forts orages, l'einployé juge qu'il est plus prudent d'en attendre la fin avant de rétablir la communication. C'est la cause d'un grand nombre d'irrégula- rités dans le service. ') L'appareil que je présente est automatique, les fils s'y remplacent d'eux-mêmes de six à douze fois, suivant le diamètre de la bobine sur laquelle ils sont tendus. Ces fils sont apparents et nus, et quand le dernier se trouve brûlé, l'instrument met lui-même la ligne en communication avec le sol, en sorte qu'aucun accident n'est à craindre. Des pointes placées sous chaque fil font en même temps de l'appareil un déchargeur permanent. Les expériences faites par le Comité de perfectionnement établissent que, en adoptant la loi de Coulomb, le premier de ces parafoudres a seize fois plus de puissance que celui employé par l'administration. 1 Le concours de ces deux appareils préviendra de nombreux accidents et détruira luie des causes les plus fréquentes d'irrégularité et de relard dans le service des dépèches. » J2I .. ( 936) CHIMIE. — Xotc sur la décomposition du nitrate nmmonique )>ar la chaleur; par M. J. Persoz. « Guidé par un sentiment dont j'apprécie foule la délicatesse, M. Pelouze m'écrivait, à la date du 4 mars dernier, les lignes suivantes : « J'ai fait, il y a plusieurs années, une observation que je n'ai pas publiée » sur la décomposition du nitrate d'ammoniaque par la cbaleur. J'ai vu )) qu'une partie considérable de ce sel distillait sans altération, l'autre se •' décomposant, comme on le sait, en eau et en protoxyde d'azote. » En vous quittant lundi après la séance de l'Académie, je me suis pris à Il penser que si vous n'avez pas lavé votre gaz, l'ammoniaque que vous avez » observée pouvait bien provenir du nitrate d'ammoniaque échappé à la " distillation. J'ai en conséquence répété votre expérience et reconnu » qu'avec du protoxyde d'azote, bien dépouillé d'ammoniaque par un la- 1) vage à l'eau acidulée par l'acide sulfurique, on n'obtient plus d'ammo- '1 niaque. L'acide nitrique qui se forme reste dans le tube à chaux potassée, -1 et on obtient de l'azote dans lequel on ne retrouve plus de réaction al- ■' câline. » » Dès la réception de cette lettre je me suis empressé de reprendre, en la variant, l'expérience dont j'avais eu l'honneur d'entretenir l'Académie, et je n'ai pas tardé à reconnaître l'exactitude du fait constaté depuis longtemps par M. Pelouze. » Dans une expérience faite sur .^20 grammes de sel chauffé dans une cornue d'environ i ^ litre de capacité, munie d'une allonge et d'un récipient, j'ai retrouvé dans ce dernier vase environ 60 gramtnes de nitrate ammonique accompagné d'un \iqim\e fortement acide. » Le produit s'est-il volatilisé simplement, comme l'admet M. Pelouze, ou bien s'est -il reformé aux dépens des produits de la décomposition? C'est ce que je ne puis préciser aujourd'hui. Mais il ne faut pas perdre de vue que les sels ammoniacaux, même lorsqu'ils sont en dissolution, dégagent de l'ammoniaque et, par suite, deviennent acides lorsqu'on les soumet à l'action de la chaleur. Or, à la température à laquelle s'opère la décompo- sition â\i nitrate ammonique, l'acide nitrique lui-même peut passer à la distillation. » Quoi qu'il en soit, pour prévenir l'accès du nitrate ammonique dans le tube chauffé contenant la potasse, j'ai fait passer le gaz à travers une couche épaisse de coton imbibé d'eau et destiné à retenir les produits condensables. ( 93? ) Néanmoins, et bien que le tube à potasse fût a une grande distance de la cornue où s'opérait la décomposition du nitrate, j'ai toujours obtenu les mêmes résultats que j'avais signalés, c'est-à-dire la production de nitrate potassique et d'ammoniaque. » Cependant, en dirigeant, comme l'indique M. Pelouze, l'oxyde nitreux dans de l'acide sulfurique étendu, il ne se forme point d'ammoniaque, mais seulement de l'acide nitrique dans le tube à potasse. » D'autre part, en faisant passer l'oxyde nitreux sur une colonne de sul- fate ferreux en cristaux, on arrive à ce résultat que, dans les conditions de l'expérience avec l'hydrate potassique, il ne se forme plus ni ammoniaque ni acide nitrique, ce qui semblerait démontrer qu'il existe un produit volalil autre que l'oxyde nitreux, abandonnant une partie de ses éléments à l'acide sulfurique et la totalité au sulfate ferreux. L'expérience prononcera a cet égard . » M. J.-N. CzERMAK écrit pour faire hommage à l'Académie d'un exem- plaire de la deuxième édition de son ouvrage (en allemand) sur la laryn- goscopie, auquel une mention honorable avait été accordée au concours de 1860. L'auteur présente quelques observations sur le Rapport fait à celte époque par la Commission de l'Académie, et cherche à démontrer, par les observations nouvelles contenues dans cette deuxième édition de sou ouvrage, la supériorité de ses recherches sur celles de M. Turck à qui une semblable mention a été accordée au même concours. M. P. Veudeil, dans une Lettre adressée à M. le Président, donne quel- ques détails sur des expériences complétant celles qu'il a soumises antérieu- rement au jugement de l'Académie, et relatives au mouvement d'un mobile librement posé sur un plan tournant horizontalement. M. Gagxage adresse une nouvelle Note intitulée : « Cellulose du Salix », renvoyée à la Commission nommée pour les précédentes communications de l'auteiu'. M. Poxs, dans une Lettre adressée à M. Elle de Beaumout, donne une Note relative aux mariages consanguins. M. Dt'MOXT adresse une Note sur la culture des Orchis, dans laquelle i\ fait connaître les essais auxquels il s'est livré depuis 1846. Cette Note est terminée par la mention d'un ciment préparé avec le gou- ( 938 ) dron de houille, qui devient d'une dureté extrême et propre à garantir les chaperons des inurs, etc. M. GoL'Yo.v adresse une Lettre concernant l'emploi du chalumeau de Brouk pour produire une force considérable, et l'application du même in- strinneut aux usages ordinaires de la vie. A 4 heures et demie l'Académie se forme eu comité secret. \jH séance est levée à 5 heures. F. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. Ij' Académie a reçu dans la séance du i" mai i865 les ouvrages dont voici les titres : Quelques considérations sur les courants électriques terrestres, présentées à la Société helvétique des Scietices nalui-elles, dans sa session de 1864 à Zurich; l>ary[. A. DE LA Rive; br. in-8°. Description d'un appareil destiné à reproduire les aurores polaires et les phé- nomènes qui les accompagnent; parle même; in-8°. Ethiopie. Carte n° 5 ; Awawa et Bagemidir ; Carte m" 6 : Gojjam et Damot; par Antoine d'Abbadie. Paris, i865; 1 cartes format in-folio oblong. Appendice au Compte rendu sur te service du recrutement de l'armée. — Statistique médicale de l'année pendant les années 1862 et i863. Paris, 1864 et i865; 2 vol. in-4°. Traité complet de Métallurgie ; par le D' J. Percy, traduit sous les auspices de l'auteur, avec introduction, notes et appendice, par MM. E. PET1TGA^D et A. ROJNiNA; t. I et II. Paris et Liège, 1864 et i865; 2 vol. iii-8"avec figures intercalées dans le texte. Sur l'origine des lacs alpins et des vallées. Lettre adressée à sir Roderick I. Murchison par M. Alph. Favre. (Extrait de la Bibliothèque universelle et Revue suisse, livraison d'avril i865.) Genève, i865; br. in-8". Observations géologiques et paléontologiques sur quelques parties des Jlpes de la Savoie et du canton de Schwytz; par MM. A. d'Espine et Ernest Favre. (Extrait de La Bibliothèque universelle et Revue suisse, livraison de mars i865.) Genève, i8G5; br. in-8°. Annales de la Société académique de Nantes et du département de la Loire- ïnférieure; 1864, 2* semestre. Nantes; vol. in-8". ( [ï'^D ) Mémoires de lu Société intpéiiale ci AijricuUuie , Sciences et Arts d'Ainjtr^ {ancienne académie d'Angers); nouvelle période, t. "VU. 4" cahier. Angers, i864; in-S", 2 exemplaires. Histoire de ta Soie; par Ernest Pariset; 2* partie, du Vll'^ au Xli" siècle. Paris, i865; vol. in-S". Utilisation des matières fécales ait profil de l' agriculture dans les grandes cité^ coupées de rivières et de canaux ; par M. le D' Lecadre. (Extrait des Annales d'Hygiène et de Médecine légale, i865, t. XXIII, a* partie.) Paris; iii-S". Société de prévoyance des Pharmaciens de la Seine. Assemblée générale an- nuelle. Paris, i8G5; iu-8°. Riduzioni... Rédactions des observations ma(inéti(pies faites à l' Observatoire dn Collège Romain, de 1 869 à 1 864 ; par le P. A. SecCIU ; i "" partie. Rome, 1 865 : in-4''. (Présenté dans la précédente séance, 24 avril.) Mittheilungen.. . Communications sia- les taches du soleil; par le D' Rudolf WoLE; m- 8". Der Kehlkopfspiegel und icine Verwerthung fiir Physiologie und Medizin ; par- le D' J. N. CzERMAK. Eeipsig, i863; in-S" avec planches et figures in- tercalées dans le texte. Sidla eletlrostatica... Sur l'induction électrostatique; lo*^ conunuuicatiun du professeur P. VOLPlCELL). (Extrait des Atti délia Accademia pontifuia de' Nuovi Lincei, t. XVIII, p. Sg.) Rome, i865; in-4°. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES SÉANCE DU LUiNDI 8 MAI 1865. PRÉSIDENCE DE M. DECAISNE. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. PHYSIOLOGIE APPLIQUÉE. — Production des sexes; par M. Coste. « M. Thiiry, professeur à l'Académie de Genève, croit avoir découvert la loi générale de la procréation des sexes, et, comme conséquence de cette loi, l'art de faire naître à volonté des femelles ou des mâles. Il invoque à l'appui de son système vingt-neuf expériences exécutées, suivant ses pré- ceptes, dans la ferme de Montet, sur un troupeau de vaches qui aurait tou- jours donné, au gré de l'éleveur, les produits voulus. » La physiologie a, depuis un siècle, porté si loin les limites de son do- maine, et, avec elles, le champ de ses légitimes espérances, qu'il n'y a plus témérité à entreprendre la solution de tels problèmes. A mesure qu'elle pé- nètre plus avant dans la connaissance des lois de la vie, elle développe le pouvoir d'intervention de l'homme sur la nature organique qu'elle soumet de plus en plus à son empire. » Après tant et de si fondamentales conquêtes, lui est-il réservé de sur- prendre le secret de la procréation des sexes et de saisir les moyens de régler la proportion des mâles et des femelles à la surface du globe, selon ses convenances ou suivant les besoins de ses entreprises agricoles? » La nouvelle manière dont M. Thury pose la question nous met sur le C. R., i865, I" Semestre. (T. LX, N" 19.) 122 (942 ) chemin de cette importante découverle, et quoique le résultat de mes expériences ne s'accorde pas avec celui qu'il a obtenu, je n'en considère pas moins le travail du professeur de Genève comme un progrès vers le but à atteindre. En mettant mes observations sur les multipares en regard de celles qu'il a faites sur les unipares, j'analyserai les premiers phénomènes de la fonction génératrice de manière à bien éclairer le terrain sur lequel il faut se placer. " L'auteur de cette ingénieuse théorie suppose que tout œuf non fécondé passe, pendant la période de sa maturation, par deux phases successives mais continues, durant chacune desquelles il aurait un caractère sexuel différent. » Dans la première moitié de cette période, c'est-à-dire dans sa pha.se de maturation commençante, il sérail œuf femelle ; dans la seconde, c'est- à-dire dans sa phase de maturation plus avancée, il deviendrait œuf mâle par une subite transformation que M. Thury désigne sous le nom de vire. » Le moyen de contraindre cet œuf, d'abord femelle, puis mâle, à déve- lopper celui des deux sexes que l'on voudrait dégager du sein maternel, consisterait à régler le moment de l'accouplement de manière que la fécon- dation vînt saisir le germe pendant sa phase de maturation correspondante à la constitution dans laquelle il s'agirait de le fixer. » Ce principe admis, M. Thury suppose encore que tout œuf non fécondé se détache spontanément de l'ovaire, au début du rut chez les maannifères, au début de la menstruation chez l'espèce humaine, et que, pendant la durée de cette période d'explosion de la fonction génératrice, il descend lente- ment le long de l'oviducte, arrive à la matrice, subissant, dans ce trajet ou ce séjour, sa constitution femelle d'abord, sa constitulion mâle ensuite. Ce serait donc, d'après cette théorie, à sa première étape à travers le canal vecteur que la fécondation devrait aller le surprendre pour le confirmer dans le sexe femelle : ce serait à sa seconde étape ou à son entrée dans la matrice qu'elle devrait l'atteindre pour le confirmer dans le sexe mâle. » Mais cette descente de l'œuf vers l'utérus ne dure pas moins de quatre jours chez les espèces où son déplacement est le plus rapide, et M. Thury va. même jusqu'à admettre que, chez la femme, elle comprend les dix ou douze jours qui suivent les règles. Or, si l'on attribue la moitié de ce temps à la première étape sexuelle, qu'on me permette cette expression, et l'autre moitié à la seconde, il s'ensuivra qu'il y aura, selon les espèces, de deux à six jours pendant lesquels une fécondation |)récoce pourra donner à l'œuf la confirmation femelle, et de deux à six joins encore où, à défaut de cette ( 943) fécondation précoce, une fécondalion tardive pourra lui donner la confir- mation mâle. » Voyons si ces diverses hypothèses sont en harmonie avec les données de l'expérience. » Et d'abord, jamais un œuf non fécondé ne se détache spontanément de l'ovaire au début du rut chez les mammifères, ni au début de la menstruation chez l'espèce humaine, comme le suppose M. Thury. Si les choses se passaient ainsi, le rut et la menstruation avorteraient au même instant, parce que ces phénomènes ne sont que les signes extérieurs ou les symptômes du travail d'élimination ovarienne, dont ils traduisent toutes les nuances. La rupture de la capsule d'où l'œuf se dégage est la crise qui amène la détente de l'organisme surexcité par ce travail occulte, comme la ponc- tion fait cesser la fièvre que la distension de la paroi d'un abcès occasionne. » Donc, tant que subsiste le rut, l'œuf est encore renfermé dans son calice. On ne peut pas, par conséquent, admettre avec M. Thury que, durant cette période, la fécondation puisse l'atteindre dans le canal génital où il n'est point encore descendu, ni à plus forte raison dans la matrice où il n'arrivera que plusieurs jours après sa chute, c'est-à-dire après la déchi- rure de sa capsule. » Mais, cette capsule vidée, les femelles, délivrées alors de l'incitation sous l'empire de laquelle les tenait tout à l'heure le travail d'élimination ovarienne, ne souffrent plus les approches du mâle, et si, par exception ou par violence, comme cela arrive quelquefois, elles les subissent encore, cts rencontres extra-physiologiques n'aboutissent jamais à une fécondation, parce que le germe d'un œuf tombé avant l'accouplement est déjà visible- ment altéré quand, en ces conditions anormales, lui arrivent les molécules séminales tardivement introduites. Les corpuscules spermatiques ne le préservent de cette déchéance naturelle que dans les cas où ils l'envahissent, soit au sein de l'ovaire lui-même, soit au moment où il s'en dégage pour entrer dans le pavillon. Flus bas, leur intervention est iniitile. Ils ne ren- contrent plus qu'un ovule en voie de décomposition. » Donc, pour que la fécondation s'accomplisse, il faut que l'accouple- ment ait lieu pendant que l'œuf est encore renfermé dans sa capsule, afin que les molécules séminales lui arrivent avant la déhiscence, et tout a été coordonné dans le mécanisme de la fonction génératrice de manière qu'il en soit toujours ainsi quand les femelles sont libres d'obéir à leur instinct; car leur entraînement est commandé par le travail d'élimination I 22,. ( 944 ) ovarienne, cause déterminante et régulatrice de cet entraînement. Aussi, dans tous les cas où l'on ouvre ces femelles dix heures après la copulation, trouve-l-on les spermatozoïdes mouvants dans les franges du pavillon t-t à la surface de l'ovaire lui-même, bien que l'œuf, dont la chute est immi- nente, n'en soit pas encore sorti. a Mais si l'ovaire et le pavillon sont le seul théâtre réservé au phénomène de l'imprégnation, tout ce qui a été dit touchant la possibilité de déter- miner, au gré de l'éleveur, la procréation de l'un ou de l'autre sexe par des fécondatious utérines ou tubaires doit être écarté de la discussion comme contraire aux lois de la fonction génératrice, attendu que la fécondation n'a jamais lieu, ni dans l'oviducte ni dans la matrice. » C'est donc vers le temps de sa vie ovarienne qu'il faut remonter pour rencontrer, s'ils existent, les deux degrés de maturation que, par hypo- thèse, l'œuf doit traverser, femelle dans l'un, mâle dans l'autre, en attendant que la fécondation, suivant qu'elle sera précoce ou tardive, l'enchaîne irré- vocablement à celle de ces deux conditions sexuelles, préexistantes du chef maternel, avec laquelle elle coïncidera. » Mais ici se présente une question préalable : Qu'est-ce qu'une matu- ration plus ou moins complète du germe ou de l'œuf? « Il n'y a pas deux manières de l'entendre. L'œuf le plus mùr, par rap- port à la fécondation en vue de laquelle il poursuit son évolution ova- rienne, est celui dont la déhiscence est imminente ou vient de s'accomplir, et dont le germe, à défaut d'une imprégnation immédiate, périrait à l'instant. Un œuf moins mûr est celui dont l'évolution ovarienne n'a point encore atteint cette limite extrême. » En conséquence, toute fécondation qui portera sur des œufs de la pre- mière catégorie devra nécessairement donner des produits du sexe masculin. Toute fécondation qui portera sur des œufs de la seconde catégorie devra donner des produits du sexe féminin. » Les oiseaux, chez lesquels un même accouplement imprègne toute une série échelonnée dans l'ovaire, dans l'ordre de maturation, depuis l'œuf qui rompt son calice jusqu'à celui, infiniment plus petit, qui aura encore quinze ou vingt jours d'évolution capsulaire à subir avant d'arriver à déhis- cence, offrent un champ facile et sûr à l'expérimentation. Là, en effet, les divers degrés sont tellement tranchés, qu'il ne peut y avoir matière à con- fusion. Si la théorie est fondée, les premières pontes de chaque série fourni- ront des mâles, les dernières des femelles. ( 945) a Une expérience dont j'ai, l'an dernier, fait connaître le résultat à l'Aca- démie, n'a pas complètement répondu à cette attente. Cinq œufs pondus à la suite d'une copulation qui les avait fécondés tous à la fois ont donné, les deux premiers, des mâles; le troisième, une femelle; le quatrième, un mâle; le cinquième, une femelle. Il y avait donc là, dans la même série, après lui produit du sexe féminin, un produit du sexe masculin, ce qui, en principe, ne devrait jamais avoir lieu; car le quatrième œuf pondu, qui a fourni un mâle, était, au moment où une imprégnation commune avait pé- nétré la grappe dont il faisait partie, moins mùr que le troisième. Il aurait, par conséquent, et à plus forte raison, dû fournir une femelle. )) En présence de ce résultat négatif, je me suis borné à élever des doutes sur l'exactitude de l'hypothèse de M. Thury, laissant à M. Gerbe le soin de vérifier, par des recherches ultérieures et en suivant la même méthode, si le fait que je signalais à l'attention des physiologistes n'était qu'une excep- tion à la règle générale, ou s'il fallait le considérer comme une objection absolue. » M. Gerbe, en effet, a continué ces recherches ; voici le procès-verbal de ses observations : » Une poule solitaire, livrée au coq le 9 juillet 1864, et séquestrée le 10, a produit, depuis le moment de sa séparation jusqu'au 3i du même mois, une première série de quatorze œufs, qui ont été successivement recueillis et cotés suivant l'ordre des pontes. » Quand les effets de cette fécondation ont été épuisés, j'ai fait livrer de nouveau la même poule au mâle (du 3i juillet au i" août seulement), et les œufs qu'elle a continué à pondre ont été retirés et cotés comme les pre- miers. Les uns et les autres soumis ensuite à l'incubation ont donné les ré- sultats exprimés dans le tableau suivant. ( 946 ) POULE MISE AU COQ LE 9 JUILLET, MÈ.ME POULE REMISE AU COQ LE 31 JUILLET, | SÉPARÉE LE 10. SÉPARÉE LE 1"' AOUT. Prrmihe sèi ic d'œiifs. Dcuxiènif srrie d'cetifs. OEITS OEUFS DATE des pontes (l.ins l'ordre ou ils ont eie pondus RÉSULTATS. DATE des ponles. dans l'ordre où ils ont clé pondus. RÉSULTATS. 10 jiiiUot. 1" anir. Infécond. i"'"' août. ><■<■ ceuf. Infécond. 1 1 » 2« . Mâle. ? » 2<- Femelle. •je ^ l Arrêté dans son déve- / loppcment. 5 3= . Femelle. 7 4« ., Mâle. ..', . /,- » Id. 8 5« . Cassé pendant l'incii- i5 » 5*^ tt Femelle. bation. '7 " ^e „ S Arrêté dans son déve- ( loppemeiit. 1 1 » 12 » 6' . 7' „ Femelle. Femelle. i8 » 7" • Mâle. i6 8'' . Mâle. 20 s« » Mâle. i8 9' • Infécond. 21 » 'f » Femelle. '9 " lo"- .. Id. 24 . 10= ,. Maie. 21 » I I** u Id. 25 .. 27 » Il» » 12'= » Femelle. Infécond. 28 » ■ 3' » Id. 3o .. i,!'- » Id. » Ces deux expériences sont la confirmation de celle dont j'ai déjà entre- tenu l'Académie. Elles prouvent, comme elle, qu'en chaque série d'oeufs fécondés, par un même accouplement, il se produit indifféremment et sans ordre correspondant au degré de maturité de ces œufs, des mâles ou des femelles, aussi bien au début de la ponte qu'au milieu ou à la fin. La loi de la procréation des sexes, telle que l'a formulée M. Thury, n'est donc pas applicable à la classe des oiseaux. » On dira peut-être que je fais moi-même une hypothèse en admettant la fécondation simiiUanée de toute une série d'œufs échelonnés dans l'o- vaire à divers degrés de maturation, et qu'il est bien plus naturel de penser que les molécules séminales, au lieu d'aller chercher ces œufs au sein de leurs capsules, resteul à la surface de l'organe, les attendant au passage et les imprégnant l'un après l'autre, à mesure qu'ils s'engagent dans le pavil- lon. » La théorie ne gagnerait rien à porter le débat surce terrain; car, si, chez la poule, la fécondation ne pouvait avoir lieu qu'au moment de la déhiscence, chacun de ses œufs arriverait à son tour au contact des molécules séminales (947 ) à l'heure même où il aurait épuisé toutes les phases de son évolution cap- sulaire, c'est-à-dire à l'heure de sa maturation correspondante à sa con- stitution mâle. Il n'en pourrait jamais sortir un produit femelle. L'objeclion tournerait donc au détriment de l'idée qu'elle voudrait faire prévaloir. « Mais, de ce que la classe des oiseaux échapperait à la règle générale, il ne s'ensuivrait pas qu'il dût en être nécessairement de même pour la classe des mammifères. Je vais donc encore examiner ce point important de la question. » Il se passe, chez les mammifères, un phénomène qui n'a point lieu chez les oiseaux : l'accouplement y précipite la déhiscence. En sorte que l'on peut faire, à volonté, que les œufs se détachent de l'ovaire deux ou trois jours plus tôt, ou deux ou trois jours plus tard, suivant qu'on livre les femelles au mâle dès le début du rut ou qu'on ne les lui abandonne qu'à la fin de cette période. u Dans le premier cas, c'est-à-dire quand l'accouplement a lieu au début du rut, la fécondation s'adresse à un état de maturation commen- çante. Tous les produits d'une telle portée devraient donc être du sexe féminin. » Dans le second cas, c'est-à-dire quand l'accouplement a lieu à la fin du rut, la fécondation s'adresse à un état d'extrême maturation, car le germe périrait si les molécules séminales tardaient quelques heures encore à venir lui donner une nouvelle impulsion. Tous les produits, en pareille occasion, devraient être du sexe masculin. » Afin de s'assurer si les faits répondent aux promesses de la théorie, M. Gerbe a entrepris des recherches sur une espèce multipare, le lapin, chez laquelle le phénomène du rut est assez prolongé pour qu'on puisse en bien distinguer la marche et la durée. Voici les résultats : B Une lapine isolée, dont les parties génitales externes encore peu phlogo- sées et tuméfiées annonçaient un rut à peine commençant, fut mise au mâle le 3 juillet 1864. Après avoir résisté pendant plus de deux heures aux sol- licitations de ce dernier, elle finit par en subir les approches, et s'accoupla deux fois dans l'espace d'un quart d'heure. Séquestrée à la suite de ces rapprochements, et tuée vingt-huit jours après, cette lapine présenta trois petits dans la corne utérine du côté droit, et neuf dans celle du côté gauche. Examinés dans l'ordre où ils se trouvaient, en procédant du vagin vers les ovaires, ces petits étaient : » Dans la corne alevine droite : le premier femelle; le deuxième MALE; le troisièmeyeme//e. ( 948 ) » Dans la corne utérine gaitelie : le premier MALE; les ileuxième et troisième (iemelles ; les quatrième, cinquième et sixième mâles; le septième /eme//e; les huitième et neuvième MALES. >i Une autre lapine, également séquestrée, fut livrée au mâle le 1 7 mai. Ses parties génitales excessivement turgescentes et injectées étaient l'indice d'un rut arrivé à sa période avancée; aussi l'accouplement fut-il instantané. Isolée après plusieurs rapprochements, et tuée le 1 5 juin, cette lapine a donné le résidtat que voici : » Le nomhre des petits était de cinq dans la corne utérine du côté droit et de sept dans celle du côté gauche. Examinés comme dans le cas précédent, ces petits étaient : » Dans la corne utérine droite : le premier femelle; le deuxième MA.LE; le troisiémeyéme//e; le quatrième mâle; le cinquième/enie//e ; » Dans la corne utérine gauche : le \n^en\\çr femelle ; les deuxième, troi- sième et quatrième males; les cinquième, sixième et septième /eme//es. )i Une troisième lapine, solitaire comme les deux autres, n"a été livrée au mâle qu'après soixante-quatre heures de rut bien prononcé. Cette lapine manifestait, le 3o mai, un vif désir de s'accoupler. Mise au mâle, elle allait le recevoir, lorsqu'on l'en a séparée. Le 3i, les signes extérieurs s'étaient aggravés et l'accouplement eût été immédiat, si l'on ne s'y était encore op- posé. Le i*^'' juin, mêmes indices extérieurs, même appétence pour le mâle, mais nouvel obstacle à l'accouplement, nouvelle séquestration, afin de faire acquérir aux œufs, par la prolongation du rut, le plus grand degré possible de maturité. Enfin, le a juin, les phénomènes du rut persistant, la femelle a été abandonnée au mâle. Aussitôt, un premier accouplement a eu lieu; cinq minutes après un second s'accomplissait et la lapine était séquestrée de nouveau. Le lendemain matin elle fuyait obstinément le mâle, indice certain de la chute des œufs, et, par conséquent, de la cessation du rut. )i Cette lapine tuée le vingt-huitième jour de la gestation avait trois petits du côté droit, et quatre du côté gauche. » Ceux de la corne utérine droite, examinés en procédant toujours du vagin vers les ovaires, étaient : le premier mâle; le deuxième /eme//e; le troisième mâle. » Ceux de la corne utérine gauche : le premier et le deuxième MALES; le tro\Si\én\e femelle ; le quatrième MALE. » Dans chacune de ces trois portées, les mâles et les femelles se trouvent en proportion à peu près égale, sans ordre constant dans leur distribu- tion le long dos cornes de l'utérus. On peut même remarquer en celle ( 949 ) où l'accouplement a eu lieu au début du ruf, c'est-à-dire à l'iieure de la maturation commençante, qu'il y a un plus grand nombre de mâles (sej)!; que de femelles (cinq), tandis que c'est le contraire qui aurait dû se pro- duire. » La loi n'est donc pas applicable aux mammifères multipares. L'est-elle aux mammifères unij)ares dont M. Thury a fait le sujet des études? C'est luie question dont j'entretiendrai l'Académie dès que nos expériences seront terminées. » Quoi qu'il arrive, je tiens à répéter ici que le travail de JM. Thury aura ouvert la voie et placé la question sur son véritable terrain. » Observations de M. Le Verrier sur la Note de M. Matteucci. (i M. Matteucci a inséré dans le dernier numéro des Comptes rendus un article où il fait part de ses opinions sur l'origine de la télégraphie météoro- logique, sur ses résultais actuels, sur ce qu'elle devrait être. M. Le Verrier montre que cet article de M. Matteucci renferme à tous ces points de vue des erreurs considérables. L'exposé fait par M. Le Verrier n'ayant pu être écrit en temps utile pour l'impression, il .sera inséré au Compte rendu de la prochaine séance. » Remarques de M. Dumas sur (a communicalioit de M. Matteucci. « M. Dumas espère que l'Académie et son savant confrère, M. Le Verrier, comprendront l'opportunité d'une remarque amenée par l'occasion. Au- jourd'hui même, en corrigeant les dernières feuilles du IIP volume des OEuvres de Lavoisier, M. Dumas avait sous les yeux la preuve que la possi- bilité de prédire le temps au moyen d'observations météorologiques exactes et simultanées avait beaucoup occupé ce savant, non-seidement au point de vue théorique, mais pratiquement, et qu'il avait donné à la création des ob- servatoires et des instruments nécessaires des soins personnels très-sérieux. » Dans une première note, Lavoisier expose q-ie les premières observa- tions de Borda à ce sujet l'ayant frappé par leur importance, il s'entendit avec lui pour ouvrir des conférences auxquelles prirent part de Laplace, d'Arcy, de Vandermonde et de Montigny, etc. » Il s'agissait d'établir des instruments et surtout des baromètres compa- rables dans un grand nombre de points de la France, de l'Europe et même de l'univers. Nombre de ces instruments furent distribués par Lavoisier, et quand on en a lu la description,, il n'est pas difficile de s'assurer que quel- C. R., iSfiâ, i" Semestre. (,T. LX, N» 19.) 1 20 (95o ) ques châteaux possédaient encore, il y a peu d'années, des instruments donnés par lui, à celte occasion. » Lavoisier reproduit dans ime seconde note les règles pour prédire le temps, et il conclut en ces termes : « Que la prédiction des changements » qni doivent arriver au temps est un art qui a ses principes et ses règles, » qui exige une grande expérience et l'attention d'un physicien très-exercé ; » que les données nécessaires pour cet art sont : i° l'observation habi- » tuelle et journalière des variations de la hauteur du mercure dans le ba- il romètre, la force et la direction des vents à différentes élévations, l'état » hygrométrique de l'air. » Avec toutes ces données, il est presque toujours possible de prévoir » un jour ou deux à l'avance, avec une très-grande probabilité, le temps » qu'il doit faire; on pense même qiïil ne serait pas impossible de publier » tous les matins un journal de prédictions qui serait d'une grande utilité » pour la société. » » Bien entendu que ces prédictions devaient embrasser, comme il résulte de la première phrase de sa note, « les transports d'air qui se font conti- » uuellement dans un sens ou dans un autre et auxquels on donne le nom » de vent. » » Personne ici ne pourra penser que M. Dumas ait l'intention de ré- clamer en faveur de Lavoisier quelque chose qui ressemblerait à un droit de priorité quelconque. M. Dumas veut prouver seulement que si, à une époque où le physicien placé au centre du réseau des observatoires ne pouvait pas être averti des faits constatés, comme il l'est maintenant presque instantanément par la télégraphie. Borda, Lavoisier, de Laplace et leurs éminents confrères avaient jugé possible la prédiction du temps dans beau- coup de cas, vingt-quatre heures à l'avance, à \Aus forte raison y a-t-il lieu d'enconrager de telles études aujourd'hui. » PALÉONTOLOGIE. — Du Mesosaurus tenuidens. Reptile fossile de C Jfricpie australe ; par M. Paul Gervais. « On sait que, tout en se rattachant par les traits principaux de leur ostéologie ainsi que par diverses particnlarités de leur système dentaire aux Sauriens, tels que Brongniart et Cuvier les définissaient, la plupart des Re|)tiles appartenant aux faunes de la période secondaire présentaient néanmoins des dispositions qui leur étaient propres, et que, le plus sou- vent, il est impossible de les classer dans les mêmes familles que les Reptiles aujourd'hui existants. L'espèce dont je vais étudier les caractères et discuter les affinités rentre par l'ensemble de ses formes dans la série déjà nom- ( 95i ) breiises de ces Reptiles, antérieurs au dépôt des terrains tertiaires, dont les terrains permien, triasiqiie, jurassique et crétacé nous ont conservé les dépouilles; et quoique je ne connaisse pas le gisement duquel elle provient, je ne puis douter, en tenant compte des dispositions anatomiques qui la distinguent, qu'elle ne soit aussi d'une époque très-reculée et n'appartienne soit à la faune du lias, soit à quelque autre faune chronologiquement peu éloignée de celle-là. Je lui donnerai le nom de Mesosaunis, faisant allusion à ses affinités multiples. On verra en effet par les indications qui vont suivre que le Mésosaure tenait à la fois des espèces terrestres par certains points de sa conformation ostéologique, et, par d'autres, de celles qui ont habité les eaux de la mer d'une manière exclusive, comme les Simosaures et les Plésiosaures. Je n'ai encore observé du Mésosatne qu'une empreinte en creux, conservée à la surface d'une plaque d'ardoise longue de o™,a'3 et large de o'",io, qui a de l'analogie avec celles que fournissent les marnes du lias. On distingue sur cette plaque, qui est la contre-empreinte de l'ani- mal vu par sa face ventrale, le moulage en creux de la partie antérieure du squelette, savoir : la tète, le cou, les membres antérieurs et une por- tion considérable de la région thoraco-abdominale. Ces diverses parties ont conservé leurs rapports et la plupart des détails en sont d'une netteté parfaite. Elles indiquent un Saurien dont la taille ne dépassait pas celle du Lézard ocellé, mais dont les formes devaient être fort différentes et qui avait des caractères tout autres. Il serait impossible de l'attribuer à l'un des genres déjà signalés parmi les Reptiles vivants ou même fossiles, et les diverses particularités qu'il présente montrent que ce genre était plus sem- blable à ceux des premiers temps de la période secondaire qu'à ceux des époques plus récentes. C'est ce qu'il nous sera facile d'établir en passant en revue les caractères de ce fossile dont les détails ostéologiques sont reproduits avec entière fidélité sur les modèles que l'on peut tirer en se servant de la plaque d'ardoise qui en a conservé l'empreinte. » J'ai vu pour la première fois cette pièce intéressante dans les riches magasins de M. Edouard Verreaux, il y a de cela plus de vingt ans. Il venait de la recevoir de son frère Alexis qui l'avait recueillie dans le pays des Griquas, peuple de famille hottentote, habitant au nord de la livière Orange. Le gisement précis d'où elle a été extraite est resté ignoré, la pièce ayant été trouvée dans la hutte d'un Griquas, qui s'en servait pour cou- vrir sa marmite. M. Ed. Verreaux avait bien voulu me communiquer ce fossile dès qu'il lui fut expédié, et il m'avait engagé à en donner une description. Depuis lors, il l'a généreusement offert au IMuséum d'Histoire 123.. ( 952 ) naturelle de Paris, et, comme MM. de Blainville et Valencieniies l'ont suc- cessivement étudié avec soin, j'avais cessé de m'en occn|)er. J'ignore quelle opinion ces savants naturalistes s'en sont faite, mais j'ai pensé que le résultat de leur examen n'ayant pas été publié, il y aiuait utilité pour la scierice à signaler aux paléontologistes une pièce dont l'intérêt est réellement incon- testable. » La tète du Reptile fossile rt-cueilli au pays des Griquas est assez étroite et proportionnellement allongée; elle s'élargit faiblement en arrière. Sa longueur totale est de o™,o66; sa largeur o"',oo8 dans la région anté- rieiue et 0^.020 à la hauteur de l'occiput. Ses diverses parli( s n'ont pas laissé une iinpresiion siiftîsamment nette dans l'ardoise, et le moidage ne permet pas de reconnaître les sutures de ses différents 03, non plus que leur forme respective. Cela provient surtout de ce qu'd y a eu écrasement de l'animal et principalement de sa tète, lors du tassement des dépôts marneux qui l'ont conservé, et aussi de ce que le fossile est vu par-dessous, ce cpii n'en laisse apercevoir que les mâchoires et une portion de la surface pala- tine. On ne peut donc rien dire sur la position et la forme des narines. Je crois toutefois avoir constaté que le condyle occipital est unique, comme chez les autres animaux de la même classe, et je vois aussi que la mâchoire inférieure était composée de plusieurs os pour chaque côté, ce qui est égale- ment un caractère des Reptiles. La mâchoire elle-même rappelle jusqu'à un certain point par sa forme générale celle des Crocodiles et des Plésiosaures. Sa partie symphysaire est étendue et à peu près égale à la moitié de la lon- gueur totale; l'os angulaire fait saillie en arriére au delà de l'insertion de l'os carré avec l'articulaire. Il ne m'est pas possible de constater si l'os carré était libre ou au contraire soudé au crâne. » Les mâchoires portaient des dents fines et pointues, dont l'empreinte s'est conservée et dont le moulage reproduit aussi la forme. Ces dents sont plus grêles que celles des autres Reptiles; quelques-unes ont g millimètres de longueur. On en compte luie quarantaine pour chaque côté; mais ce nombre représente la totalité des dents pour les deux mâchoires supérieure et inférieure, et l'état du sujet ne permet pas d'établir d'une manière lui peu certaine la formule dentaire. Il ne permet pas non plus de reconnaître si les dents étaient acrodontes ou thécodontes. » Le cou était plus allongé que chez la plupart des Sauriens, mais moins que chez les Lariosauriens et les Plésiosaures. On dislingue nettement sept des vertèbres dont il était formé; elles sont assez larges, subaplalies en avant, à carène inférieure peu saillante, et pourvues d'apophyses transverses (953 ) de la même longueur qu'elles et aplaties. La septième porte une côte rudi- nientaire et l'on constate la présence d'un appendice analogue, mais déjà plus allongé, réellement costiforme et à tète bifurquée, sur la vertèbre sui- vante dont le corps a été écrasé. La neuvième vertèbre, qui paraît être la dernière de la série cervicjîe, est également mutilée. Ces neuf vertèbres occupent une longueur totale de près de o'°,o5o. » Les vertèbres dorsales sont également mal conservées, et la plupart sont d'ailleurs couvertes de linéaments vermiformes, sans doute dus au travail des Annélides, qui en caclient les caractères. Cependant, on dis- tingue assez bien les corps de trois ou quatre d'entre elles, et il est aisé de constater qu'elles n'étaient point raccourcies et discoïdes comme le sont celles des Ichtliyosaures, mais un peu plus longues que larges et comparables à celles des Homéosauriens ainsi que des Crocodilieiis de la période secondaire; il semble bien que les surfaces articulaires de Itiu's corps étaient biplanes ou légèrement excavées, au lieu d'être tout à fait biconcaves comme celles des Ichtliyosaures et des Geckos, ou coii- vexo-concaves comme cela a lieu dans tous les Sauriens actuels, les Geckos exceptés. » Les côtes proprement dites sont fortes et leur épaisseur dépasse ce que l'on voit dans tous les autres Reptiles, soit vivants, soit anciens, sauf tou- tefois les Pachypleures. On en voit très-nettement dix de chaque côté, et à gauche on en aperçoit tnèmeen partie une onzième. Le nombre en était pro- bablement plus considérable encore, et leur disj)osition devait être la même que dans les Pachypleures chez lesquels il y en a presque sur la vertèbre la plus rapprochée du bassin. L'épaisseur de ces côtes, comparée à la gracilité des mêmes os chez les autres Reptiles, est un fait qui mérite d'être particu- lièrement signalé. La différence est à peu près la même que celle que l'on constate, chez les Mammifères, entre les Sirénides, comparés aux autres ani- maux de cette classe. La partie sternale des côtes du .Mésosaure n'a pas été conservée; ce qui vient d'être dit ne s'applique par conséquent qu'à leur portion vertébrale. » La région scapulaire affecte également une disposition caractéristique. On n'y reconnaît que deux os, l'omoplate et le caracoïdien, l'un et l'autre assez grands, sculiformes et intimement soudes par levu's bords de contact. Il ne parait pas y avoir eu de clavicule ou os furculaire, et^ sous ce rapport, l'épaule du Mésosaure ressemblerait à celle des Crocodiles et des Plésio- saures ; mais la forme des pièces qui la constituent était différente de ce que l'on connaît dans ces deux groupes. Le caracoïdien du Mésosaure n'offre ( 954 ) rien de comparable aux digitations apophysaires que l'on voit sur la partie osseuse du même os dans la plupart des Sauriens actuels. On peut conclure de la disposition cl\ péiforme de cet os, ainsi que de celle peu différente de l'omoplate, que les habitudes du Mésosaure étaient aquatiques, et la forme de riuiniérus confiritie cette manière de voir. » Cet os ressemble à l'humérus des Plésiosaures et des Simosaures plus qu'à celui des autres Reptiles, mais diffère de celui des Ichthyosaures en ce qu'il est déjà moins court que chez ces derniers. Comme dans les Plésio- saures, il est à peu près cylindrique dans sa moitié supérieure, puis il s'élargit et s'aplatit infériéurement; son articulation avec l'avant-bras est également dépourvue de poulie et de condyles distincts. En outre, il est percé infé- riéurement d'un trou analogue à celui que présente l'humérus de certains Mammifères et que l'on nomme le trou épicondylien ou du condyle interne. » Tout en étant aquatique, le Mésosaure devait l'être moins complète- ment que les Ichthyosaures et même que les Plésiosaures. C'est ce dont on peut juger par la conformation des os de son avant-bras et de ses mains, qui diffèrent de ce que l'on voit chez ces grands Reptiles cétacéiformes pour se rapprocher de la disposition propre aux espèces terrestres. » Le radius et le cubitus, qui sont séparés l'un de l'autre dans toute leur étendue, comme chez les autres Reptiles, ont à peu près la même longueur que chez les espèces terrestres, tandis qu'ils sont courts chez les Ichthyo- saures et même chez les Plésiosaures. Ils s'éloignent donc sensiblement de la disposition qui les caractérise dans les Enaliosain-iens, si semblables sous ce rapport aux Cétacés. Il f^uit toutefois remarquer que, contrairement à ce qui a lieu pour les Sauriens réellement terrestres, ou seulement à demi aquatiques, le cubitus manque ici de saillie olécranienne. )) La main offre aussi une grande analogie de composition avec celle des Reptiles terrestres. Ainsi, au lieu que les os des deux rangées du carpe, les métacarpiens et les phalanges, dans ce cas fort nombreuses, soient tous plus ou moins semblables entre eux et de forme discoïde, ce qui se voit chez les Reptiles dont les mœurs avaient de l'analogie avec celles des Cétacés, les pièces consiituant chacune de ces régions conservent, dans le Mésosaure, leur forme propre, et le nombre des phalanges n'y est pas augmenté. » Le procarpe, c'est-à-dire la première des deux rangées carpiennes, consiste, comme dans la plupart des Sauriens, en deux os aplatis, l'un irré- gulièrement elliptique, répondant au radial de Cuvier, l'autre, moins grand et à peu près circulaire, qui est le cubital, appelé aussi pyramidal parquel- ques auteurs. Il n'existe pas de traces du pisiforme. ( 955 ) » Le mésocarpe ou seconde rangée carpienne résulte de l'alignement de quatre petits os placés chacun auprès de l'extrémité carpienne de l'un des quatre premiers métacarpiens. Le cinquième métacarpien est le seul qui en manque. » Les métacarpiens du Mésosaure ont la longueur et la forme habituelles aux espèces terrestres. » Les phalanges, moins longues qu'eux, rappellent également par leur conformation celles des Sauriens ordinaires et des Crocodiliens. Je ne puis en dire le nombre avec exactitude, attendu qu'elles ont en partie quitté leurs rapports naturels; mais le métacarpien du premier doigt répondant au pouce paraît en avoir porté deux; ceux des second, troisième et quatrième doigts, chacun trois, et le cinquième deux. Si ces chiffres devaient être acceptés comme définitifs, le Mésosaure différerait à quelques égards sous ce rapport des autres animaux de la même classe. Sa main paraît aussi avoir ete moms allongée. » Je termine ce qui a trait à la description de ce fossile en rappelant que. ses membres antérieurs mesurés depuis l'extrémité scapulaire de l'humérus jusqu'à la pointe de la troisième phalange du doigt médian ont o™,o54 de longueur; l'humérus, pris séparément, a o™,oi5 de longueiu- et o'",oi3 de largeur à son extrémité radiale; l'avant-bras mesure o™,oi/| et la main o'",oi6, le procarpe compris. I) Le Mésosaure ne se laisse assimiler par ses caractères à aucun des Reptiles qu'on a signalés jusqu'à ce jour; mais pour quiconque a étudié cette classe dans ses représentants vivants et fossiles, il est évident que ceux dont ils se rapprochent le plus sont les Lariosauriens, comprenant les genres Lariosaure, Macromiosaure et Pachypleure, décrits par MM. Curioni et Cornalia. La forme de son épaule, l'épaisseur et la disposition de ses côtes, la conformation de ses membres antérieurs ne laissent à cet égard auciui doute. Cependant le Mésosaure se distingue de ces animaux par des diffé- rences notables, telles que la forme de sa tète, la gracilité de ses dents et le moindre nombre de ses vertèbres cervicales; il mérite donc d'être classé dans un genre à part. » Les Lariosam-iens jusqu'ici observés appartiennent au lias et ont été recueillis aux environs de Côme (Italie). Il est probable que le nouveau genre découvert dans le pays des Griquas, par M. Alexis Verreaux, est aussi de la même époque géologique. » ( 956 ) « M. CosTE présente, au nom de M. Graclls, un Traité de pisckultitrc, cl s'exprime en ces termes : » M. Graëlls, Directeur du Muséum d'Histoire naturelle de Madrid, me charge de présenter à l'Académie son Traité de pisciculture Jhtvia le et mari- time, publié par ordre du roi. Sa Majesté, en confiant ce travail à un natu- raliste éminent, a témoigné tout l'intérêt qu'attache le gouvernement espa- gnol à une œuvre dont la Francea pris l'initiative. L'ouvrage, exécuté avec un grand luxe, est accompagné de nombreuses figures propres à éclairer le texte. I) MÉMOIRES PRÉSENTÉS. ÉLECTRO-CHIMIE. — Elude électro-chimique sur les corps simples réels, pondé- rables et impondérables. (Deuxième partie.) De leur rôle dans les phéno- mènes de la combustion et de la jiile; par M. Em. Martix. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires précédemment nommés : MM. Pelouze, Fremy, Balard.) « Les principes que nous avons exposés sur les corps simples réels, pon- dérables et impondérables, sont évidents, ils sortent d'études expérimentales dont ils sont les explications naturelles; cependant nous voulons les sou- mettre à de nouvelles épreuves, et nous allons leur demander encore l'ex- plication des phénomènes de la combustion vive, de la combustion com- plémentaire et de la pile. » La combustion vive a été longtemps le phénomène chimique par excel- lence ; Lavoisier, à la fin du siècle dernier, lui faisait faire un pas immense en expliquant le jeu des éléments pondérables qui y prennent part ; Davy, quinze ans plus tard, cherchait l'explication du calorique qu'elle produit, et en démontrait même la vraie cause, l'union des deux électricités, sans pouvoir en établir la théorie; Berzélius plus tard en formait l'un des grands principes qui donnent à la Chhnie son cu-actère scientifique. Mais depuis, ces actions vives et brillantes, dont tous les matériaux ne peuvent être mis sur les plateaux de la balance, sont restées incomprises; ainsi, dans la com- bustion des métaux, on a cru que l'oxyde, qui formait le caput morluum do l'opération, était le seul objet de l'action chimique, et que le reste apparte- nait à la Physique. n II est donc temps que l'électro-chimie nouvelle intervienne pour dé- montrer que cet admirable phénomène est tout chimique, et qu'il a lieu eu ( 9f^7 ) vertu des affinités propres des corps pondérables et impondérables qui y prennent j)art. » Nous commencerons par brûler le gaz bydrogène par le gaz oxygène; les formules de ces deux composés mixtes nous sont connues, et si nous comparons les produits aux éléments employés, nous aurons une idée nette de la combustion. » Un mélange formé de 2 volumes de gaz hydrogène et de 1 volume de gaz oxygène est enflammé dans l'eudiomètre, on a vu l'éclair de la combustion et le gaz a disparu ; à sa place existe de la vapeur d'eau qui se condense par la rentrée du mercure, et si cette eau était recueillie et pesée, on constaterait qu'elle représente exactement le poids des deux gaz. L'eau qui a été formée renferme donc les éléments pondérables du gaz bydro- gène HEl , et du gaz oxygène OEt, c'est-à-dire HO; mais que sont devenus les deux éléments impondérables? Ils se sont combinés pour former le ca- lorique qui s'est produit assez intense pour devenir lumineux, avant de se combiner à l'eau. » L'équivalence de cette combinaison doit donc être formulée ainsi : HEl + OEt = HO-l-C% ce dernier symbole représentant i atome de calorique. » Nous avons vu déjà que l'union de ces deux gaz, effectuée sans com- bustion dans la pile à gaz, fournissait deux courants formés des élé- ments Et, El, qui, réunis sur une spirale métallique plongeant dans l'eau dan petit vase, donnaient une quantité de calorique, facile à évaluer,, qui se Irouvait être égale à celle du calorique produit par la combustion directe des deux gaz; et lorsque nous représentons les éléments Et , El, disparus dans l'eudiomètre, par i atome de calorique, nous ne faisons pas une sup- position. » La combustion n'est donc point une union chimique simple comme serait celle de deux corps élémentaires d'affinités différentes d'où résulterait lia seul composé binaire, ainsi qu'on l'a dit jusqu'ici, mais une combinaison entre quatre éléments, préalablement unis deux à deux, et qui font entre eux un échange déterminé par leurs affinités propres, comme dans une double décomposition ordinaire; seulement, comme ces composés binaires comburants et combustibles ne possèdent qu'un élément pondérable cha- cun, les produits qui résultent de cette double décomposition sont deux composés binaires nouveaux, dont l'un est impondérable. )) Le charbon combustible, dont la formule est C, EP, peut brûler une G. R., i8C5, I" Semestre. (T. IX, N» 19.) 124 ( 958 ) première fois par le gaz oxygène en donnant l'oxyde de carbone CO, El; puis une seconde fois, avec la même quantité de gaz oxygène, en formant l'acide carbonique CO'% dans lequel les i atomes d'électriie sont rem- placés par 2 atomes d'oxygène. » Le soufre S, El" est dans la même condition lorsqu'il se transforme par la combustion en acide sulfureux SO'' : ses 2 atomes d'électriie, avec les 2 atomes d'éthérile de aOEt, forment 2 atomes de calorique. » Dans la combustion du charbon, il y a, comme dans celle du soufre et du gaz hydrogène, quatre corps en présence, déjà combinés deux à deux: le charbon CEI- d'une part, et de l'autre les 2 atomes de gaz oxygène aOEt, ce qui donne l'équivalence suivante : CEP+2EOt = CO--4- aC*. » Les métaux à l'état de liberté sont des corps mixtes d'autant plus combustibles, qu'ils ont moins d'affinité pour l'électrile, tandis que ceux qui oui une grande affinité pour ce corps constituent les métaux précieux comme l'argent, l'or et le platine qu'on ne peut brijler directement. •I Le potassiuui et la plupart des métaux, des alcalis et des terres qu'on obtient par la pile en substituant t atome d'électriie à chaque atome d'oxygène de leurs oxydes, tandis que cet oxygène est transformé en gaz par son union à l'élhérile du courant positif, ont une grande affinité pour l'oxygène, et retournent facilement par la combustion à leur premier état d'oxydation. C'est ainsi que K^El + OEt produisent K^O 4- C*. » Le fer, le zinc et le cuivre sont des métaux stables facilement combus- tibles dans le gaz oxygène. Ces métaux, dont nous prenons les équivalents ordinaires pour 2 atomes, parce qu'ils ont la capacité de 2 atomes d'oxy- gène, ont alors pour formule Fe^El^ Zn-EP, et Cu^EP, à l'état de métaux combustibles, et leurs protoxydes Fe°OEI, et Zn^OEI, en se formant par la combustion, donnent pour chaque atome d'oxygène combiné i atome de calorique C*. » Les corps combustibles par le gaz oxygène le sont également par les autres corps comburants qui sont le fluor, le chlore, le brome et l'iode, et produisent du calorique, mais dans une moindre proportion, attendu que ces derniers sont constitués en corps comburants par 2 atomes du corps simple oxique pour 1 atome d'éthérile. w La théorie de la combustion complémentaire repose sur les mêmes ( g-'ig ) principes que celle de la combustion vive. Elle a lieu entre les composés qui n'ont pas atteint la neutralité par une première combustion, comme sont les oxydes M^OEl, qui résidtent de l'union de a atomes d'un métal quelconque à i atome de gaz oxygène, ou les acides sulfureux, carboni- que, etc., qui résultent de l'union de a atomes d'oxygène à un seul atome de carbone ou de soufre, et dont la formule est S, O'Et ou CO'Et. » Les oxydes et les acides étant des corps à demi briàlés tendent à rem- placer les derniers atomes impondérables El, Et qu'ils possèdent, pour arriver à la neutralité parfaite, et venant à se rencontrer, se complètent nuUuellement en produisant un sel et i atome de calorique. En effet, il manque précisément à l'un de ces composés ce que l'autre a de trop, comme on le voit dans l'équivalence suivante : M^OEl + SO-Et = M = 0, SO* + EtEl = C*. » L'union chimique des acides aux oxydes basiques constitue précisé- ment cette combustion complémentaire que nous avions besoin d'étudier pour comprendre comment il se produit du calorique dans les unions chi- miques, et comment aussi peuvent se produire les deux électricités lorsque cet acte d'union a lieu dans l'auge de la pile. » Théorie de la pile voltàique. — Les corps comburants et les corps com- bustibles qui produisent du calorique en subissant l'une ou l'autre combus- tion sont les matériaux propres à donner les deux électricités dans l'auge de la pile. La pile n'est donc qu'un instrument propre à modifier le résultat de la combustion. » Dans la combustion libre et directe, au moment de la formation du composé neutre pondérable, les deux éléments Et, El, mis en liberté, se trouvent en présence et s'unissent en produisant du calorique sur place; dans la pile, au contraire, les choses sont tellement disposées, que les deux électricités peuvent être enlevées par des conducteurs métalliques qui les emportent hors de l'auge l'une vers l'autre, c'est-à-dire à l'état de courants. Ce merveilleux instrument offre en effet toutes les conditions qui peuvent conduire à ce résultat; si les éléments sont des liquides, ils sont séparés par une membrane perméable sur laquelle s'opère l'union, et des conduc- teurs de platine plongent dans chaque liquide afin d'en recueillir les élec- tricités différentes mises en hberté. » Dans la pile de Wollaston, les éléments zinc et cuivre sont plongés l'un près de l'autre dans l'acide sulfurique étendu que renferme l'auge; I24-. ( 96o ) mais tandis que le cuivre se borne au rôle de conducteur, le zinc, Zn'^EF, ('tant plus attaquable, devient le siège de raction;chimique : il décompose l'eau HO pour former le protoxyde Zn=OEl, en cédant El à l'hydrogène en remplacement de O, ce qui constitue le gaz hydrogène HEl qui se dégage. A cette première action, toute préparatoire, en succède à l'instant une autre : l'acide SHO*Et cède Et au conducteur cuivre et s'unit à l'oxyde qui, dans la même condition, abandonne El au zinc, sur lequel il vient de se former, et, comme les deux métaux sont reliés par un fil extérieur, les deux courants formés par les éléments Et au pôle positif, El au pôle néga- tif, s'élancent l'un vers l'autre, en même temps que se produit le sulfate neutre SHO'',Zn=0, qui s'est formé sans production de calorique et qui n'en représente pas moins un corps brûlé. » La nouvelle école électro-chimique, en dévoilant ces théories de la combustion vive, de la combustion complémentaire et de la pile par la simple application de ses principes, en démontre incontestablement la vérité. » BALISTIQUE. — Sur le frettagedes bouches à feu. Mémoire de M. S. Virgile, présenté par M. Bertrand. (Première partie.) (Commissaires, MM. le Maréchal Vaillant, Lamé, Morin, Piobert.) Résistance d'un tube creux élastique. « Le but de ce Mémoire est de fournir les moyens de déterminer d'une manière rationnelle les relations d'épaisseur qui doivent exister entre les couches concentriques de même métal ou de métaux différents dont l'as- semblage constitue une bouche à feu frettée, les tensions de ces couches, les dispositions à prendre pour obtenir ces tensions, en un mot, toutes les conditions d'un bon frettage. Il permettra en outre de calculer la plus grande pression intérieure qu'une bouche à feu frettée ou non pourra sup- porter. .. Toutefois, le but pratique que nous venons d'énoncer est rejeté à la deuxième partie du Mémoire, qui sera produite ultérieurement. » La première partie, qui seule est présentée aujourd'hui, a pour objet l'équilibre d'un tube creux élastique. ). Cette théorie a déjà été traitée à diverses reprises, notamment par M. Lamé dans son beau travail sur l'élasticité. Mais, si les méthodes géné- rales du savant académicien conviennent aux allures élevées de la science mathématique, elles sont par cela même moins accessibles au grand nombre. ( 96i ) Celle que nous avons suivie est directement basée sur le principe élémen- taire de la proportionnalité des forces à leurs effets d'allongement ou de raccourcissement. » En suivant un procédé particulier d'intégration, nous avons pu main- tenir dans les équations générales d'équilibre la distinction entre les mo- dules d'élasticité suivant la circonférence et suivant le rayon. Cette distinc- tion est en harmonie avec la constitution physique de la plupart des solides façonnés par le travail industriel. Elle peut recevoir dès aujourd'hui quel- ques applications dont nous donnons des exemples; mais son utilité ne deviendra bien apparente qu'après que la science se sera enrichie de cer- taines données expérimentales qui font actuellement défaut. » Il existe dans un cylindre deux groupes de forces bien distinctes : l'un, que nous appellerons groupe principal, se compose des pressions mesurables qui agi.ssent à l'intérieur et à l'extérieur du cylindre et des tensions tangen- tielles positives ou négatives qui leur font équilibre; l'autre, qu'on peut appeler groupe secondaire, se^compose des forces expansives engendrées par les pressions et des forces de contraction engendrées par les tensions. Ces deux groupes de forces se superposent et confondent leurs effets; et cepen- dant, en pratique, les forces du groupe principal figurent seules dans les données et le plus souvent intéressent seules aussi la solution. Nous avons distingué nettement les deux groupes l'un de l'autre et démontré qu'ils satisfont aux mêmes équations, et qu'on peut résoudre les problèmes qui concernent l'un d'eux en faisant abstraction de l'autre. On passe d'ailleurs d'un groupe à l'autre au moyen de formules déduites des expériences de Wertheim. » La connaissance des deux forces tangentielles aux surfaces intérieure et extérieure nous permettra dans la seconde partie du Mémoire de calculer exactement le serrage des frettes d'une bouche à feu. » Notre méthode nous a permis d'étudier d'une manière minutieuse les forces en présence et d'énoncer quelques-unes de leurs propriétés; elle nous a conduit en outre à des équations d'équilibre dont les formes sont tout à fait appropriées aux applications pratiques que nous avions en vue; enfin nous en avons vérifié l'exactitude en reproduisant la formule donnée par M. Lamé pour déterminer le rapport des rayons d'une enveloppe cylin- drique en fonction de la ténacité du métal et des pressions qui s'exercent à l'intérieur et à l'extérieur. Il est bien entendu que cette coïncidence ne concerne que le cas, envisagé par M. Lamé, d'une homogénéité parfaite. (962) Elle peut du resté sous la même réserve être reconnue à l'égard de tous les résultats fournis par les deux théories. » Eu appelant pour la surface intérieure R le rayon, P la pression nor- male, T la tension des fibres circulaires, 0 la force expansive tangentielle engendrée par la pression P, n la force de contraction normale engendrée par la tension T; et pour la surface extérieure R', P', T', S', n' les quan- tités respectivement correspondantes aux premières; en désignant de plus par E le module d'élasticité dans le sens tangentiel et par E' le même module dans le sens du rayon, les équations d'équilibre sous leurs formes les plus générales sont : » Pour le groupe principal : » Pour le groupe secondaire : -v'I »-v/l=(^'-"Vl)C^'^'^" » Les forces des deux groupes sont de plus liées entre elles, lorsque E diffère assez peu de E', par les relations : ft — 1 ^' p w — 1 ^ T 3E + E' ' ^ — 3 E-HE' ^' 5'=-— ^— P' ;:'=î^_T' 3 E-hE' ' 3 Eh-E' » Ces équations feront mieux connaître que tout ce que nous pouvons dire les différences essentielles qui existent entre notre théorie et celles qui ont pii être exposées antérieurement. » ( 963 ) EMBRYOLOGIE. — Recherches physiologiques sur la matière amylacée des tissus fœtaux et du foie; par M. le D' R. Mac-Do.\.\ell. (Commissaires, MM. Miliie Edwards, Coste, Cl. Bernard.) « Depuis la brillante découverte faite par M. Cl. Bernard de l'existence d'une substance amylacée dans le foie, et les découvertes subséquentes de M. Ch. Rouget et de M. Bernard de la présence de cette même substance dans des tissas en voie de formation, nombre de questions ont surgi à lé- gard du rôle physiologique de cette matière amylacée. Les recherches con- sidérables dont je ne donne ici que quelques résultats ont été entreprises dans le but de jeter quelque lumière sur ces questions. » I. On a cru que l'existence de la matière amylacée dans les tissus fœtaux persiste jusqu'à la fin de la vie intra-utérine et qu'elle ne disparaît qu'après la naissance, sous l'influence de la respiration et des mouvements volontaires. J'ai constaté, au contraire, que l'établissement de la respiration n'a aucune relation avec la disparition de la matière amylacée des tissus du fœtus. Cette conclusion est fondée sur les faits suivants : i° Dans le tissu articulaire, où la matière amylacée apparaît de très-bonne heure, ainsi que l'a déjà montré M. Rouget, elle disparaît aussi de très-bonne heure, c'est- à-dire bien avant l'existence de la respiration. 2" Il en est à peu près de même pour la matière amylacée des cellules de la peau, de ses appendices cornés et de quelques autres parties. Cette matière y existe en grande quan- tité au début de la formation de l'embryon, et on n'en trouve plus guère de trace quelque temps avant la naissance. Ainsi j'ai trouvé i, 3 grain de matière amylacée dans 7 grains de la substance cornée d'un pied de veau (fœtus de quatre mois), tandis que chez un fœtus de veau complètement développé, il n'y avait pas assez de matière amylacée pour que je pusse en apprécier la quantité. Ainsi encore, en comparant nombre d'embryons et de fœtus de veau l'un à l'autre, j'ai trouvé que la couleur brune particu- lière, que produit sur la peau une goutte de solution acidulée d'iode, va en augmentant d'intensité jusqu'à un certain âge (époque de l'apparition des poils), après lequel l'intensité diminue graduellement. Des recherches comparatives analogues sur la racine des poils, sur la matière cornée, etc., m'ont montré que la matière amylacée augmente jusqu'à un certain moment de la vie intra-utérine, et diminue ensuite avant la naissance et conséquem- ment avant l'établissement de la respiration pulmonaire. 3° Dans le tissu pulmonaire des embryons de mammifères, la matière amylacée est en im- ( 964 ) nieiise quantité à une certaine période. Le résidu sec de ce tissu contient |)lus (le 5o pour looo de matière amylacée. A la fin de la vie intra-utérine avant le premier raouvemeiU respiratoire, la dextrine animale ne se trouve plus qu'en quantité très-minime ou même manque complètement dans les poumons. Le tableau suivant montre les changements successifs dans la (|uantité de matière amylacée des poumons chez le fœtus de mouton, ani- mal chez lequel les résultats que j'ai obtenus sont analogues à ceux de mes recherches chez le lapin, le chat, le chien, le veau, le rat et le cobaye. Quantité de matière amylacée Dimensions et conditions de l'cmlirjon. dans 20 grains de tissu pulmonaire très-frais. grains 1. N'ayant pas 6 pouces ; sans trace de ])oils i ,q 2. •] ]X)uces (le long; trace de poils à la lèvre 2,55 .". 10 pouces de long; poils fins sur la tète 2,8 4. i5 pouces de long; couvert de poils fins 3,45 5. iGy pouces de long; bien couvert de poils fins 2,2 6. Près de 20 pouces de long; couvert de laine très-épaisse; i quantité trop faible évidemment près de la naissance ) pour être appréciée. M 4° Dans le tissu musculaire il y a une quantité très-variable de matière amylacée chez des embryons de même âge, mais il est certain que cette quantité est moindre à l'époque de la naissance que quelque temps avant et qu'elle y reste notable encore jusqu'après la naissance. Chez les agneaux, quelquefois, la dextrine animale ne disparaît complètement des muscles que quelques semaines après la naissance. Au contraire, dans le cœur, c'est-à- dire un organe musculaire qui devient actif bien longtemps avant les muscles des membres, la matière amylacée disparait avant la naissance. Il semble donc qu'il y ait une relation entre le développement des tissus et la quantité de matière amylacée qu'ils contiennent, et non, comme on l'a cru, que la matière amylacée des tissus fœtaux disparaît sous une influence exercée par la respiration pulmonaire. 5° Il n'y a pas de matière amylacée dans le tissu de la corne nouvelle des daims, ni dans les fibres musculaires nouvelles de l'utérus, examinées après l'accouchement, mais j'en ai trouvé dans le tissu (les muscles de la poitrine chez un pigeon nourri pendant six jours de sucre et d'amidon, et j'en ai rencontré dans le tissu des muscles de la morue, de la raie et quelquefois du lapin, tissu où elle paraît exister comme ingrédient normal. Elle existe aussi dans le tissu musculaire des animaux hibernants. » IL Chez des animaux soumis à leur alimentation ordinaire et paraissant à l'état de santé, non-seulement le poids du foie, comparé à celui du corps ( 9^5 ) entier, varie considérablement, mais aussi la proportion de matière amy- lacée dans le foie varie beaucoup, ainsi que le montre le tableau suivant, qui donne la moyenne de six examens pour chaque espèce d'animal : Proportion PoiJs du foie l'omparé à celui du corps entier. de matière amylacée. Comme i à 3o chez les chiens 455 » I à r g » chats i , 5 i à 35 » lapins 3,7 •> 1 à 44 " i)igeons 2,5 1) I à 21 » cochons d'Inde i ,4 i> I à 26 » rats 2,5 » I à 27 » hérissons i ,5 » Le volimie du foie des chats, à l'état de santé, nourris de viande, est presque le double de celui du foie des lapins, au moment de la plus grande activité de la digestion; néanmoins, le foie d'un gros chat bien nourri ne donne pas plus des deux tiers de la quantité de matière amylacée donnée parle foie d'un lapin nourri de carottes, de pain et de persil. Les aliments saccharins donnent donc origine à la matière amylacée du foie beaucoup plus aisément que les aliments azotés. Il est certain cependant que le foie peut faire de la matière amylacée avec de la fibrine du stiiig, du gluten du blé, comme avec de la viande fraîche. Contrairement à l'opinion d'un phy- siologiste éminent, je me suis assuré qu'il n'y a pas plus de matière amylacée dans le foie des animaux nourris de gélatine que chez ceux qui sont sou- mis à une abstinence complète. La gélatine n'est donc pas transformée en matière amylacée par le foie. 11 en est de même de la graisse. » ASTRONOMIE. — Mémoire sur les comètes i86o-l[I, 1 863-1 et i863-VI; l^ar M. HoEK. (Commissaires, MM. Mathieu, Delaunay, Laugier.) Nous ne donnerons de ce Mémoire, beaucoup trop long pour pouvoii être reproduit en entier, que l'introduction qui fer.i suffisamment con- naître le but que l'auteiu- s'est proposé dans ses recherches : « 3'admets que les orbites cométaires sont, par leur nature, des paraboles ou des hyperboles, et que, toutes les fois qu'on déiluit des obseï vations l'ellipticité des orbites, celle-ci est due à des attractions planétaires, ou bien résulte de l'incertitude de nos observations. Admettre le contraire ce serait G. R., i865, i" Semestre. (T. LX, ^<> 19.) ' '-« ^ ( 966 ) leconnaîlre quelques comètes comme membres permanents de notre système planétaire, auquel elles auraient alors dû appartenir dès son origine; ce serait soutenir la naissance simultanée de ces comètes et de ce système. » J'attribue donc à ces astres un caractère vagabond primitif. Errant à travers l'espace, ils visitent sans cesse d'autres étoiles jusqu'à ce qu'il intervienne quelque part un obstacle qui les force d'y rester. Dans le voi- sinage de notre Soleil, Jujiiter a été cet obstacle pour les comètes de Lexeli et de Brorsen, et probablement pour la plupart des comètes périodiques. Quant au reste de ces astres a orbites elliptiques, je crois qu'ils doivent ces orbites aux attractions de Saturne et des autres planètes. » Donc, en général, les comètes nous arrivent de quelque étoile. Lat- traction du Soleil les fait changer d'orbite, comme l'avait lait auparavant chaque étoile par la sphère d'attraction de laquelle elles ont passé. On peut se demander si ces astres sont des corps isolés, ou bien s'ils nous arrivent en systèmes cométaires. Voilà le point que j'ai voulu éclaircir. Depuis quelque temps déjà j'avais soupçonné la vérité de la thèse suivante : » Il y a dans iespace des sjstèmes cométaires que i allrnrlion du Soleil disperse et dont les membres atleignoil, en corps isolés, le voisincKje de la Terre dans le courant de plusieurs années. » M. Alph. Blanc soumet au jugement de l'Académie une dissertation en deux parties sur le théorème de Fermât : ,r" + j" — z". (Commissaires, MM. Lamé, Liouville, Hermite.) M. Michaux, Membre du Conseil d'hygiène et de salubrité de la Savoie, adresse à M. Flourens une Lettre accompagnée d'un Mémoire relatif à l'af- fection spéciale signalée dans la Note de M. Carret, présentée à l'Académie dans la séance du 17 avril dernier, et dans lequel il cherche à prouver que les épidémies elles endémies attribuées par ce médecin à l'influence fiuieste des poêles en fonte sont des maladies connues et atlribuables à d'autres causes, et qu'il ne se dégage pas d'oxyde de carbone des parois incandes- centes de ces sortes de poêles. A ce Mémoire est joint un extrait authentique du procès-verbal de la séance du 4 décembre 1861 du Conseil d'hygiène et de salubrité publique de la Savoie, dans laquelle cette question a été discutée. Ces pièces sont renvoyées à la Commission des Arts dits insalubres, qui avait été chargée précédemment de l'examen de la Noie de M. Carret. ( 9«7 ) M. Emile Décaisse adresse un Mémoire intitulé : « Mortalité dans la ville de Paris; sa marche décroissante dans les dernières années ». 11 attribue les heureux résultats qu'il signale dans son travail, aux améliorations de toute nature apportées à la topographie de la ville pendant ces dernières années. (Renvoyé à l'examen de la Commission de Statistique.) L'Académie reçoit un Mémoire destiné au concours pour le prix Bréant. Le nom de l'auteur est contenu dans un j)li cacheté. (Renvoyé à la Commission du prix Bréant.) CORRESPONDANCE. GliOLOGlE. — Sur le giseinenl des sources minérales du déjHirleinenl du Gers et sur les relations qui les ratlaclienl au système des Pyrénées. Note de M. Jacqcot, présentée par M. Daubrée. « Le département du Gers renferme, dans sa partie occidentale, un assez grand nombre de sources minérales; les plus connues sont celles de Barbo- tan et du Castera-Verduzan. Ces sources renferment principalement delà chaux et de la magnésie à l'état de sulfates et de carbonates; parmi les corps qui y existent en petite quantité, ou signale le bore, l'arsenic et l'iode, ainsi qu'une faible proportion de sulfure de calcium produit par la réaction des matières organiques sur le sulfate; elles appartiennent par conséquent à la catégorie de celles qui sont connues sous le nom de sulfurées calciques. A ces eaux sulfureuses accidentelles sont associées, d'une manière à peu près constante, des sources ferrugineuses crénatées. Elles possèdent toutes une température supérieure à celle des sources de la contrée, laquelle ne s'éloigne pas beaucoup de i'3 degrés centigrades. » Le Gers est recouvert, dans la plus grande partie de son étendue, par des marnes sableuses et des calcaires d'eau douce qui dépendent de la forma- tion tertiaire miocène et auxquelles viennent se superposer, dans la direction de l'ouest, quelques assises marines. Les sources minérales du département sourdent des marnes lacustres qui occupent le fond de toutes les vallées entre le Castera et Barbotan. Toutefois A suffit d'un examen même superfi- ciel pour reconnaître que ce n'est point là leur véritable gisement, et qu'étant thermales elles doivent avoir leurs points d'émergence dans un terrain in- férieur à la formation tertiaire miocène. )) J'ai été conduit, par les études que je poursuis pour la confection de iiS. ( 968 ) la carte géologique du Gers, à déterminer ce terrain et à établir en même temps les relations assez remarquables qui rattachent le gisement des sources (niîiérales de ce département au système des Pyrénées. » C'est à la fontaine chaude de Lavardens que j'ai reconnu pour la pre- mière fois le gisement de ces sources. La fontaine chaude, qui doit sou nom moins à sa température, une des moins élevées du groupe, qu'à l'ébullition qu'y produit un abondant dégagement de gaz azote, prend naissance au fond du petit vallon de Colègno, non loin du chemin de Jegun à Cézan. A partir de ce point jusqu'un peu au delà de la métairie de Bordères, c'est-à- dire sur une étendue de i | kilomètre dans la direction de l'est, on observe, sur les deux flancs du vallon, des assises rocheuses qui n'ont aucune analo- gie avec ct'lles que l'on est habitué à rencontrer dans la formation miocène d'eau douce. Ce sont, en allant de bas en haut : ') i°De gros bancs de calcaire compacte, gris-clair, à cassure conchoide, passant au marbre et sur la pâte desquels se détachent de nombreuses pe- tites lentilles cristallines de forme aplatie, paraissant appartenir à des orbi- tolifes; » 2° Un sable brun renfermant, à l'état de concrétions, de gros blocs d'hy- droxvde de fer siliceux d'un jaune brunâtre, dont les nombreuses cavités sont tapissées de petits cristaux de quartz; » 3° Enfin un calcaire crayeux, grisâtre, dans lequel on trouve, sous forme de rognons, de la dolomie en masse cristalline, d'un éclat nacré, répandant par percussion une odeur fétide. Il constitue des couches assez épaisses, toutes pétries de cardium et de turritelles et dans lesquelles on trouve le Rticlioliles inçjens (i), qui caractérise un des horizons les plus élevés de la craie du sud-ouest. » A rencontre de ce qui a lieu poiu- les assises tertiaires miocènes du Gers, lesquelles sont toujours disposées horizontalement, ces diverses couches présentent un redressement très-prononcé. La direction des bancs en saillie au-dessous de la métairie de Bordères est 0. 1 5 degrés N.-E.i5 de- grés S.; le piongement est vers le sud-ouest, sous un angle de u6 degrés. M La protubérance crétacée du vallon de Colègno n'est point isolée d.uis la plaine sous-pyrénéenne; elle se rattache par des hens évidents à celles qui se montrent au jour le long de la Douze à Roquefort, et dans le vallon delaPouchette, commune de Saint-Julien (Landes). Déjà, M. Raulin a, dans (i) Un ccli.Tniillon de ce fossile, dctcrmine par M. Bayle, a été déposé dans les collec- lions de l'École des Mines. ( 969) une Note récente, montré que ces deux dernières, séparées par une distance d'environ 17 kilomètres, ne formaient qu'un ensemble parallèle à la chaîne des Pyrénées. Les bancs qu'elles mettent à jour, sans présenter le même faciès que ceux du vallon de Colègno, apparlieuneut d'ailleurs, comme eux, à la partie supérieure de la formation crétacée. A Roquefort, j'ai observé qu'ils étaient ployés en forme de vovite dont les revers sout parallèles cà la chaîne des Pyrénées et présentent des inclinaisons en sens inverse de 12 h 18 degrés. » Une ligne droite tirée de la métairie JeGrébigue, qui occupe un point culminant au nord-ouest de Roquefort et se trouve placée sur l'axe du relèvement crétacé, très-nettement accusé par le relief du sol, au Claoué, 5oo mètres au nord du vallon de Colègno, où il convient de placer à peu près le sommet de la protubérance d'après l'inclinaison des couches con- statée dans ce vallon, vient couper la route de Saint-Justin à Gabaret, à la Pouchette, où il y a des carrières ouvertes dans des calcaires crétacés, et elle est jalonnée, dans les communes de Saint-Julien et de Créon, par les gisements également crétacés du Gentilhomme, de la Stionère, de Ribocée et de Rierens qui en sont peu distants. Cette ligne a une étendue de 73 kilo- mètres; elle est exactement dirigée O. 19 degrés N.-E. 19 degrés S. » Toutes les sources minérales du département du Gers ayant quelque importance sont disposées le long de cette ligne ou dans son voisinage immédiat. Ce sont, en allant de l'ouest vers l'est : » i^Los soiu'ces de Barbolan, commune de Cazaubon, dontla tempéra- ture varie entre 3o et 35 degrés centigrades, et qui sont exploiiées dans l'établissement de ce nom, bien connu dans le Midi par l'efficacité de ses bains; » 2° Celles, si remarquables par leur volume, des bains du Castera-Ver- diizan, sur la roule de Condom à Auch; » 3° Celles de l'établissement de Maska, commune de Jegun, à 4 kilo- mètres seulement au sud-est des précédentes ; » 4° La fontaine chaude de Lavardens, déjà signalée comme sortant des dolomies de la craie ; » 5° Enfin les sources et bains du Savoyard, commune de Préchac, non loin de la route de Lectoure à Auch. » En voyant ces sources, rapprochées d'ailleurs par leur composition, sourdre toutes dans le voisinage de la protubérance que forme le terrain crétacé entre Roquefort et Lavardens, ou ne saurait mettre en doute qu'elles n'aient, comme la fontaine chaude, leurs points d'émergence dans ce ter- { 97° ) rairi même. Leur formalion se rattache, par des rapports encore inconnus, à l'existence, dans la partie supérieure de ce terrain, de roches dolomiti- ques offrant une composition exceptionnelle pour les formations sédimen- taires. Elles appartiennent donc vraisemblablement à une même nappe qui circule dans les dolomies de la craie et qui, trouvant dans les terrains supé- rieurs quelques fissures, en profitent pour s'épancher. Ce sont autant de fontaines artésiennes naturelles dont les températures sont d'autant plus élevées que leurs points d'émergence sont plus profonds. Ainsi on explique pourquoi elles peuvent être élevées au-dessus du sol, pourquoi aussi elles renferment une proportion considérable de sels de magnésie. » Il m'a paru de quelque intérêt de montrer que l'alignement des sources minérales du Gers par rapport à la chaîne des Pyrénées n'était que la con- séquence des ondulations parallèles à cette chaîne que présente la stratifi- cation de la craie, ondulations aujourd'hui en partie comblées par les dépôts tertiaires, accusées toutefois par d'assez nombreux jalons pour qu'il soit possible de les suivre dans la plaine sous-pyrénéenne. Celle de Roque- fort à Cézan a une longueur déjà considérable de 76 kilomètres; mais peut- être n'est-ce là que la plus faible partie de son étendue, car je remarque que la ligne qui relie ces deux points, étant prolongée vers l'est, vient rencontrer un pointement de terrain nummiditique indiqué sur la carte géologique de France entre Sorrèze et Casieinaudary. » D'après quelques observations que j'ai recueillies, je serais disposé à penser que le gisement des nombreuses sources sulfurées calciques que Ton rencontre dans la plaine étendue au pied des Pyrénées ne diffère point de celui que je viens de décrire, et qu'en étudiant celles-ci avec attention on parviendra à établir qu'elles se trouvent toutes, comme celles du Gers, alignées par rapport à l'axe de la chaîne. » i:himie organique, — Sur le silicium-métlij le el sur les e'iliers mélh/l-silicùjues. Note de MM. C. Friedel et J. M. Craft.s, présentée par M. Dumas. « Ayant obtenu, il y a quelque temps, le siliciwn-élliylr, nous nous sommes proposé de préparer le silicium-niélhyle. Pour cela, tious avons com- mencé par chauffer ensemble à 180 ou 200 degrés du chlorure de silicium et du mercure-méthylc. Au bout de quelques heures, nous avons vu se dé- poser dans l'intérieur du tube des lamelles faciles à reconnaître pour du chlorure de mercure-méthyle. La partie liquide, distillée avec de la potasse, a donné une très-petite quantité d'un liquide très-volatil qui nous a paru posséder les |)rnpriétés du silicium-mélhyle. ( 971 1 » Cette expérience nous ayant montré que la réaction du chlorure de silicium sur le mercure-méthyle est difficije à compléter, nous avons préféré recourir au zinc-méthyle. En chauffant ce composé avec du chlorure de silicium à 200 degrés pendant quelques heures, on obtient un précipité blanc de chlorure de zinc, et le contenu du tube, porté à l'ébullition avec une solution de potasse, dans un appareil distillatoire muni d'ini réfrigérant et d'un récipient bien refroidi, donne du siliciuui-éthyle. » Nous avons obtenu ce dernier produit en pUis grande quantité en opé- rant dans le digesteur de M. Frankland, et en préparant le zinc-méthyle, dans ce même appareil, par l'action du zinc sur l'iodure d'éthyle. M. Bout- lerow avait déjà annoncé qu'on pouvait préparer de la sorte le zinc-méthyle, sans passer par la manipulation pénible et dangereuse du mercure-méthyle. Il n'est pas nécessaire, avant d'ajouter le chlorure de silicium, que tout l'io- dure de méthyle soit décomposé. On peut enfermer le zinc-méthyle mélange encore d'iodure avec le chlorure de silicium et un excès de zinc, et chauffer d'abord pendant quelque temps à 120 degrés pour achever de décomposer l'iodure, puis porter la température à 200 degrés pour faire réagir le chlo- rure de silicium et le zinc-méthyle. Avant d'ouvrir le digesteur, il faut le refroidir aussi bien que possible, et il est prudent d'éviter de respirer les gaz qui se dégagent au moment de l'ouverture, et qui paraissent tres- toxiques. » Le silicium-méthyle distillé sur la potasse, puis desséché avec du chlo- rure de calcium fondu, constitue un liquide limpide bouillant de 3o a 3i degrés, brîilant avec une flamme éclairante qui répend des fumées blanches de silice. Son odeur rappelle celle du silicium-élhyle et de certains hydrocarbures. Les analyses ont donné des nombres s'accordant avec la formule iSi4GH^ La densité de vapeur a été trouvée de 3, o58, la théorie exigeant 3,o45. » Nous ferons remarquer la grande différence qui existe entre les points d'ébullition du silicium-méthyle et du siliciinii-éthyle. Le dernier est situé à iSa^jS, ce qui donne un intervalle de 122 degrés, soit plus de 3o tiegrés par augmentation de €H^ » Ethers méth/l-siliciques. — Dans son travail remarquable sur leséthers siliciques, Ebelmen décrit une expérience infructueuse qu'il a f;nte pour obtenir l'éther méthylsilicique par l'action du chlorure de silicium sur l'es- prit de bois. Un essai fait avec de l'esprit de bois, qui n'avait pas été purifié avec des soins particuliers, nous ayant aussi donné de mauvais résultats, nous avons pensé que nous réussirions mieux en faisant chauffer ensemble ( 972 ) du silicate d'éthyle et de l'esprit de bois pur. Nous espérions déplacer ainsi l'élhyle par le méthyle, ainsi quf nous avons montré (i) que cela arrive dans beaucoup île cas. C'est, en effet, ce qui a eu lieu, mais seulement d'une manière partielle; le produit principal de la réaction est un éther mixte diéthyl-dimélliyl silicique SiaG'H', aGH% bouillant entre i/|3 et 147 de- grés. Il s'est formé, en même temps, des composés bouillant à une tempé- rature élevée et répondant évidemment aux polysilicales éthyliquesque nous avons étudiés précédemment. La production de ces éthers supérieurs, jointe à l'absence des oxydes d'éthyle et de méthyle, nous a fait supposer que l'esprit de bois employé, quoique distillé plusieurs fois sur le sodium, ren- fermait encore de l'eau. C'était bien en effet la cause de la formation de ces éthers, car l'alcool niéthylique ayant été une première fois chauffé avec l'élher silicique, ou bien ayant été distillé sur ure petite quaiitité d acide phosphorique anhydre, fournit une proportion plus grande d'éther mixte diéthyl-diméthylique, mais peu ou point de polysilicates. » Cette observation nous ayant fait reconnaître combien il est difficile de purifier complètement l'esprit de bois, nous avons pensé que l'insuccès des tentatives d'Ebelmen et des nôtres pour obtenir directement Télhcr méthyl- silicique par l'action du chlorure de silicium sur l'esprit de bois pouvait tenir à l'impureté de l'alcool em|)loyé. » En effet, ayant préparé de l'esprit de bois pur avec l'oxalate de mé- thyle et l'ayant distillé sur du sodium, puis sur de l'acide phosphorique anhydre, nous avons leconnu que cet alcool se comporte avec le chlorure de siliciun! ccmme l'alcool ordinaire, ne brunit pas même et fournit la quantité presque théorique de silicate de méthyle Si4GH% ô*. Ce dernier corps est limpide; il possède une odeur éthérée agréable; il est assez so- Inble dans l'eau ; la silice ne se dépose qu'à la longue de la solution à l'état gélatineux. Il bout de 120 à 122 degrés. La densité à o degré est de 1,0589. La densité de vapeur théorique, pour une condensation en 2 volumes, est de 5,26; on a tioiivé 5,38. » Lorsque l'alcool mr'thylique employé renferme une proportion con- venable d'eau, on obtient, au lieu de l'éther niéthylsilicique normal, un disi- licate hexamélhylique, Si^6€H% 0% bouillant de 201 degrés à 202°, 5, et répondant au dilisicale hexéihylique que nous avons réussi à isoler dans les produits de l'action du chlorure de silicium sur l'alcool renfermant une certaine quantité d'eau. .Sa densité à o est de i,i44'- La densité de vapeur (i) Comptes rcmltts, t. LVII, p. 877. ( 973 ) a été trouvée de 9,19; la théorie exige 8,93, pour une condensation en deux volumes. Ce disilicate res.semble beaucoup au silicate normal. Les points d ebullition des deux silicates méthyliques sont plus rapprochés de ceux des silicates éthyliques qu'on ne devrait s'y attendre; la différence n'est que de 44 degrés pour les silicates normaux et de 33 degrés poin- les disilicates. » Nous n'avons pas réussi jusqu'ici à isoler im disilicate télraniélhylique, pas plus qu'un disilicate tétréthylique. Nous continuons ces recherches dans le laboratoire de M. Wurtz. » ASTRONOMIE. — Découverte d'une nouvelle planète. Lettre de M. Annibal DE G.isPARis, à M. Élie de Beauniont. « J'ai l'honneur de vous faire part de la découverte que j'ai faite dans la soirée du 26 avril i865 d'une nouvelle planète (si). » J'en donne la position par rapport à l'étoile de septième grandeur qui dans la zone de Chacornac (à laquelle je suis redevable de cette décou- verte) a pour position JK ^iS'-a^SS (D = —6° Sa', obtenu : 1865. T. m. de Naples. iRp. = ai *. CD p. = (D )♦■ 26 avril b m s 8.47.24 8.38.9.3 m 5 + 4-'4,' H- 3.26,0 / Il -\- 1 .20 27 avril -+■ 3.22 . CRISTALLOGRAPHIE. — Sur la cause de la cristallisation des solutions sursaturées et sur la dissémination du sulfate de soude dans l'air; par M. Ch. Viollette. « Dans le Mémoire que j'ai eu l'honneur de soumettre à l'Académie dans la séance du ■24 avril dernier, je n'ai point parlé, à dessein, des faits constatés par moi depuis 1 860, relativement à la dissémination des parcelles de sulfate de soude dans l'air; je m'étais proposé d'en faire l'objet d'une communication spéciale lorsque j'aurais complété mon travail. Mais la Note de RL Gernez, insérée dans les Comptes rendus de cette même séance, étant de nature à établir une confusion entre ses expériences et celles que j'ai faites antérieurement sur le même sujet, je crois devoir rappeler les faits principaux auxquels je suis arrivé jusqu'ici. J'ai établi par des G. R , i865, I" Semestre. (T. LX, N» 19.) ' ^6 ( 974 ) expériences décrites en partie dans les Mémoires de ta Société des Sciences lie Lille (1860, 2" ^érie, t. VII, p. 190 à 194)? résumées dans la Revue des Sociétés savantes dn 27 mars i8G3, p. i38 et siiiv., et j'ai en outre vérifié depuis les résultats généraux suivants : " 1° La substance qui détermine la cristallisation subite des solutions salines n'est pas répandue dans l'atmosphère d'une manière continue; elle paraît disséminée au même degré que les germes qui produisent les généra- tions dites spontanées. » 2° L'air détermine la cristallisation subite des solutions sursaturées par- l'action qu'exerce sur elles une substance solide qu'il tient en suspension. » 3° De là cette conséquence : que des solutions sursaturées doivent se conserver indéfiniment dans des ballons ouverts à cols sinueux. (Je possède (le semblables ballons ouverts, suspendus depuis 1860 dans le laboratoire de la Faculté des Sciences de Lille.) » 4° Si les corps exposés à l'air pendant un temps convenable déter- minent la cristallisation des solutions salines sursaturées, cela tient à ce que lair a déposé à leur surface une substance solide qui jouit de cette propriété. » 5° Cette substance est dissoute ou modifiée par l'eau; le chlore, le brome, la plupart des gaz, l'alcool, l'éther, etc., sont sans action sur elle. » J'ai établi en outre, dans le Mémoire que j'ai eu l'honneur de soumettre à l'Académie, que : » G*^ La substance qui fait cristalliser les solutions sursaturées de sulfate (le soude est détruite par une température comprise entre 34 degrés et 33",,'). » En ce qui concerne le sulfate de magnésie, j'ai établi par des expé- riences encore inédites que : )) 7° La substance qui fait cristalliser les solutions de ce sel est solnble dans l'eau, insoluble dans l'alcool, etc., et qu'elle perd seulement son action vers 108 degrés; à ioj degrés elle la possède encore. J'ajouterai que pour, le sulfate de magnésie et l'alun, un froid de 18 degrés au-dessous de zéro ne fait point cesser la sursaturation. » En cassant les cols de ballons lavés extérieurement, ou chauffés et en- duits de cire fondue, dans lesquels se trouvaient des solutions sursaturées, concurrenunent avec d'autres ballons contenant du sucre et de l'eau de levure, et en employant toutes les précautions employi^es par M. Pasteur dans des expériences analogues, j'ai obtenu des résultats qui ont été com- muni([U('>s à la Société des Sciences de Lille en i863 et dont il a été fait mention dans le tome X de ses Mémoires, p. 476 et 5o6, et dans les ('om[)tes rendus des travaux de Tannée scolaire i8G2-G3, Académie de Douai, séance (975) (le rentrée des Facultés, p. 34- Depuis, j'iii continué ces expériences et je les continue encore en opérant siu- de l'air pris à différentes hauteurs_, et dans des circonstances diverses, sur l'air des plaines ou de la surface de la mer, sur l'air des bois, des habitations, etc., et, aujourd'hui comme alors, je puis dire que : " 8° L'air ordinaire ne renferme que rà et là, et sans aucune continuité, la cause qui détermine la cristallisation subite des solutions salines sursa- turées. Ici, il y a des poussières propres à provoquer telle ou telle cristalli- sation ; là il n'y en a pas. Il y en a peu ou beaucoup, selon les lieux et les circonstances atmosphéricjues dans lesquels on opère (je me sers à dessein des termes employés par M. Pasteur dans son travail sur les cor- pusciiles de l'air). Il sendjle même que l'air des habitations en contient plus que l'air de la campagne, et que l'air commun que nous respirons renferme beaucoup moins de pousHères propres à la cristallisation que de poussières propres aux générations dites spontanées. Il y a donc une corrélation évi- dente entre ces deux ordres de phénomènes. Dans un cas, comme l'a prouvé M. Pastetu', la vie se développe dans un milieu organique par l'apparition d'un germe, c'est-à-dire d'un èlre organisé; dans l'autre, la cristallisation se produit au sein d'un milieu minéral par la présence d'une poussière qui joue là en quelque sorte le rôle d'un germe minéral. Ces expériences, comme on le voit, servent de réfutation à l'iui des arguments des partisans des gé- nérations spontanées. » Depuis longtemps déjà circulait en Allemagne une théorie à l'aide de laquelle on expliquait les phénomènes de sursaturation par la présence dans l'air de petits cristaux des substances qui peuvent donner des solutions sursaturées. Mais ce qui montre bien le peu d'importance que l'on attachait à cette hypothèse à l'époque où mes premières recherches ont commencé, c'est que, en i858, M. Schroder s'élève avec force contre elle en la traitant d'invraisemblable, comme je l'ai indi(jué dans mon Mémoire. » J'ajouterai que je m'estime très-heureux d'avoir eu la bonne fortune de rencontrer sitôt dans les travaux de M. Gernez une vérification des résultats de mes expériences, à laquelle j'étais bien loin de m'attendre. » M. Ch. VioLLETTE écrità MM. les Secrétaires perpétuels pour signaler une omission dans la Note insérée au Compte rendu de la séance du 24 avril, p. 83i. Après Chapitre F, elc, il faut ajouter, dit-il : « Chapitre VI. — Ac- » tion des différents agents sur les corps qui, ayant élé exposés à l'air coin- 126,, (976) » mun pendant un certain temps, jouissent de la propriété de faire prendre » en masse les solutions sursaturées de sulfate de soude. » ÉCONOMIE DOMESTIQUE. — Études sur tes procédés employés pour l'amélioration et la conservation des vins; par M. C. Ladkey. « I. Les vins peuvent devenir mauvais et être rendus impotables par suite d'actions puieinent chimiques, mais les altérations que l'on désigne ordinairement sous le nom de maladies des vins sont la conséquence de fer- mentations présentant tous les caractères de ces sortes de réactions. » En même temps qu'il démontrait cette liaison entre les différentes ma- ladies des vins et des fermentations spéciales, M. Pasteur a fait connaître un certain nombre des ferments qui les déterminent. » Sans chercher à établir maintenant la liaison qui nous paraît exister entre ces différents ferments, nous dirons qu'ils prennent la plupart du temps naissance pendant l'opération même de la vinification. » Nous citerons notamment les altérations que le raisin peut éprouver avant la fermentation alcoolique comme étant une des causes puissantes de leur développement. Nous avons pu constater directement cette influence et suivre dès l'origine la marche de fermentations accompagnant dans la cuve les fermentations alcooliques. » Les soutirages et les autres manipulations pratiquées sur les vins ont pour but de débarrasser ce liquide de ces ferments spéciaux, tout aussi bien que du ferment plus abondant qui a produit la fermentation alcoolique elle-même, base de la fabrication du vin. » Si donc des vins bien portants et jusque-là bien soignés peuvent con- tracter des maladies, c'est-à-dire éprouver des fermentations lorsqu'on les place dans de mauvaises conditions, on comprend également qu'un vin ne sera pas exempt de ces affections par ce fait seul qu'il aura paru bon dès l'origine, et qu'il aura été plus tard bien soigné. » Les ferments qu'il contient, et que les soutirages et les collages ordi- naires ne lui enlèvent jamais d'une manière complète, le suivent dans les différentes phases de son existence dans le toimeau et même dans la bou- teille. Nous en avons souvent retrouvé la trace dans des vins paraissant très- sains, même après plusieurs années de mise en bouteille et après plusieurs décantations. i> Les observations que nous avons faites jusqu'ici sur des vins de diverses provenances nous permettent de dire que tous les vins rouges dont nous ( 977 ) avons pu examiner le dépôt contiennent clans ce dépôt des êtres organisés, des ferments ou leurs germes. » L'ensemble de ces faits nous conduit à cette conséquence, c'est que tous les soins de conservation donnés aux vins tloiveiit tendre à les débar- rasser de ces êtres qui peuvent les détériorer lorsque les circonstances deviennent favorables à leur développement ou plutôt à leur invasion épi- démique. » II. Nous dirons un mot d'un moyen qui permet d'arriver prompte- ment à l'élimination complète des ferments de toute nature existant dans un vin. Ct" moyen consiste à séparer le liquide de sou dépôt par voie de filtration. Ce procédé est connu depuis longtemps. M Thenard père nous a dit l'avoir conseillé et même l'avoir employé plusieurs fois avec succès. » On sait que la filtration fatigue les vins et les affaiblit. Nous avons pu éviter en grande partie cet inconvénient en opérant cette fdtrafion avec pré- caution et notamment en plaçant le filtre à l'extérieur du verre qui sert d'entonnoir. » Ce moyen est aujourd'hui peu praticable; peut-être arrivera-t-on plus tard à pouvoir l'appliquer en grand au moyen de filtres spéciaux. Du reste, son efficacité est certaine. » La réussite de cette opération pour assurer la conservation des vins et arrêter leurs altérations confirme les observations que nous avons présentées précédemment sur la cause de ces altérations. » III. A côté de ce moyen radical d'élimination, nous avons pour la pratique ordinaire le soutirage, qui n'est autre chose qu'une simple décan- tation, précédéeounon de cette autreopération que l'on désignesous le nom de collage. » Il est convenable de débarrasser les vins de leur grosse lie le plus tôt pos- sible par le soutirage; aussi nous approuvons le système qui consiste à réunir d'abord le vin dans des cuves où on le laisse refroidir. Ce liquide est ensuite conduit dans les tonneaux, privé par conséquent déjà de son premier dépôt. » Les soutirages doivent être d'autant plus fréquents que les dépôts sont plus abondants et se reproduisent plus rapidement. » Il faut les pratiquer chaque année avant le retour du printemps et avant le moment où peut se manifester dans les caves le maximum de température. Mars pour les premiers, juillet pour les seconds, sont les époques les plus convenables dans nos vignobles. » Il ne faut jamais exposer à un changement pouvant favoriser un mou- vement de fermentation un vin ayant un dépôt. Dans la suite de cette ( 978 ) (■'tilde nous ferons une restriction pour les vins collés et pour ceux qui ont été portés préalablement à une température de ']5 degrés. » Généralement on considère les vins en bouteille comme n'ayant plus besoin d'être soignés. C'est ime gnndc erreur; dès qu'un dépôt se mani- feste dans la bouteille, il importe de l'éliminer, et on y parvient également parle soutirage. » Cette opération est longue et occasionne le plus souvent une grande perte; mais il ne faut pas la négliger, surtout si l'étude microscopique du dépôt a fait connaître qu'il contenait des ferments dangereux. » IV. Si l'on choisit pour le soutirage une époque convenable, en général on jM'ocède à cette opération à la température extérieure, ou du moins on ne clierche pas à eu augmenter l'elficacité par un cliaiigemeut préalable dans la température du liquide. » Voyons cependant si l'on ne pourrait pas obtenir de bons effets de ces changements et examinons d'abord l'intluence d'un abaissement de tempé- o rature. » On comprend que tians certains cas, pour le soutirage des vins en bou- teille qui sont menacés, il importe de ne pas remettre l'opération. Dans ce cas, un refroidissement notable du liquide sera très-utile si l'on opère pen- dant les saisons chaudes. Dans d'antres cas également, cette précaution pro- duira d'excellents résultats. )i On connaît les effets de la congélation qui accroît la richesse alcoo- lique du vin et le rend plus facile à conserver. )) Nous avons essayé d'apj)liquer cette opération au traitement des vins malades. Employée seule et suivant le mode ordinaire, elle ne nous a pas donné de résultat satisfaisant, ce qui confirme les observations faites sur ce sujet parM. de Vergnette; cependant nous comptons revenir encore sur ce point. » Nous avons constaté toutefois qu'un refroidissement qui ne va pas jusqu'à la congélation du liquide peut présenter de grands avantages. Il arrête souvent la marche de la maladie d'un vin, et il rend plus effic.ices les effets du soutirage par décantation. » Il est facile d'obtenir un bain-marie à zéro, et il suffit d'exposer les bouteilles à cette température pour obtenir l'effet désiré, c'est-à-dire une séparation plus coir.plète de la partie liquide et du dépôt. .. V. On s'occupe moins, en général, dans la pratique viticole, de l'in- fluence que peut avoir sur la conservation du vin une élévation de température plus ou moins prolongée. ( 979 ) » Cependant ce système de modification des propriétés du vin est pra- tiqué dans un assez grand nombre de circonstances. » Nous ne nous occuperons pas de réchauffement qui va jusqu'à l'ébul- lition et agit comme la congélation dont nous venons de parler. Disons seulement qu'en dehors de la concentration des moùls nous trouvons plu- sieurs applications de ce système dans la préparation des vins d'imitation. » Dans plusieurs vignobles, et notamment dans la Côte-d'Or, on a fré- quemment chauffé les vins pendant un temps plus ou moins long, dans une étuve portée à une température élevée. Cette opération, ordinairement mal conduite et mal comprise, le plus souvent tenue secrète, a plusieurs fois amené des accidents très-graves et même la perte complète des vins que l'on y a soumis. » Cependant l'étude des observations faites sur ce point, et surtout de celles de M. de Vergnette, permet de bien définir la conséquence générale de cette pratique et de voir qu'elle était souvent d'accord avec le but que l'on se proposait par son application, l'amélioration du vin. » Par cette exposition à la chaleur, on détruit les ferments, ont dit les uns : on préserve les vins de toute altération ultérieure, disent les autres. Nous trouvons même indiqué dans ces travaux un point de température très-significatif quant au résultat produit, n5 degrés. » D'après les idées que nous venons de développer, tous ces faits s'expli- quent d'eux-mêmes. » Un vin maintenu pendant quelque temps à une température de jS de- grés ne doit plus contenir, après cette exposition, de ferments actifs, c'est-it- dire capables d'agir sans une nouvelle intervention de germes, autres que ceux qu'il pouvait lui-même renfermer. Ceux qu'il contenait sont détruits. » On comprend dès lors tout le parti qu'il est possible de tirer de cette exposition des vins à une température de yS degrés. On les mute ainsi pour les fermentations ultérieures, c'est-à-dire pour les maladies, de même qu'on mute le moût pour la fermentation alcoolique. Soumis à cette opération, les vins peuvent rester sans danger sur leur dépôt, s'ils sont en bouteille. La décantation n'est plus nécessaire, et nous signalons dans cette opération un moyen très-commode de remplacer cette décantation, lorsqu'elle a paru nécessaire par suite de l'existence dans les vins d'un dépôt de nature suspecte. » Cette action pourrait être également appliquée aux vins en tonneaux, mais alors il faut agir avec la plus grande précaution, éviter avec soin l'accès de l'air pendant celle élévation de température, et, après l'avoir produite, il (98o) faut procéder au soutirage immédiatement après refroidissement. Nous ne croyons pas que, dans ces conditions, cette opération puisse devenir dange- reuse, et nous pouvons dire que nous avons préparé des fûts pour l'appli- quer au mois de juillet prochain à des vins de 1864 très-sains, et à des vins de I 863 en voie d'altération. » M. LE Secrétaire perpétitel lit l'extrait suivant d'une Lettre de M. Coutvier- Gravier, relative aux étoiles filantes : « J'ai l'honneur de vous prier de mettre sous les yeux de l'Académie : » 1" Une courbe polaire représentant, du i" janvier au 1" mai de cette année, l'apparition des étoiles filantes, suivant les directions qu'elles ont accusées, et leur résultante, c'est-à-dire leur direction moyenne; » 2° Une courbe représentant, pour la même époque, les perturbations que ces mêmes étoiles filantes ont rencontrées dans le parcours de leurs trajectoires, avec leur résultante ; » 3° Une courbe représentant la direction moyenne des vents pour la même époque ; » 4° Une courbe représentant l'apparition des étoiles filantes, du 1" jan- vier au 1'''^ avril seulement, avec leur résultante. i) 5° Enfin, une courbe représentant l'apparition des étoiles filantes avec leur résultante pendant le mois d'avril seulement. » On se souvient que les trois premiers mois de cette année ont été très- pluvieux, et que, dans un certain nombre de localités, ces pluies ont été accompagnées de neige et de froids très-rigoureux. Or, en considérant atten- tivement la quatrième courbe, et en se reportant aux lois météoriques que nous avons fait connaître, on voit que la résultante des étoiles filantes avoisine le sud. Cette période de trois mois présentait toutes les conditions d'humidité. » On voit de plus, par la courbe des perturbations dont la résultante se trouve vers le nord, que les vents, rasant la terre, devaient principalement venir de ces directions. Ce résultat joint au précédent ne pouvait donc que nous indiquer une température très-basse, de la pluie ou de la neige, ainsi que les faits l'ont prouvé. » Si maintenant on examine la courbe de ra])parition des étoiles filantes pour le mois d'avril seulement, on voit que la résultante des directions ayant remonté de plus de 3o degrés vers l'est, on devait s'attendre à une période plus sèche et plus chaude, car les vents ont été généralement faibles pendant ce mois : prévisions cpii se sont parfaitement réalisées. ( 98i ) » Malgré les mauvais tem|)s qui ont régné pendant les trois premiers mois de cette année, et, jiar conséquent, le peu de données à noire dispo- sition, nous avons conslaté que la résultante des perftubations se trouvait dans le nord et que celle des étoiles filantes tendait à remonter vers l'est. Nous avons vu de plus que la direction moyenne des vents avait une ten- dance à remonter de l'ouest-nord-ouest vers le nord, et que, selon toute probabilité, on pourrait espérer que le résultat général météorologique de l'année i865 aurait assez d'analogie avec celui de 18G4. » M. Lefèvue écrit pour demander que les divers Mémoires qu'il a présentés depuis iSSg sur la question relative à l'étiologie de la colique sèche des pays chauds soient admis au concours pour le prix dit des Arts insalubres. A cette Lettre en est jointe une autre accompagnant un opuscule imprimé, relatif à l'emploi des cuisines et appareils distillatoires dans la marine, que l'auteur prie de joindre aux autres pièces. M. Masure fait Iiommage à l'Académie d'un exemplaire d'un Mémoire de Chimie agricole qu'il vient de publier, intitulé : « Sur les avantages comparés des marnages et des chaulagcs en agriculture ». M. LE Secrétaire perpétcel présente, au nom de M. Zantedesclii, lui opuscule en italien intitulé : « Sur quelques modifications apportées au thermométrographe à index et sur la doul)le période horaire, journalière et mensuelle annuelle des températures dans le climat de l'Italie. » M. Gagnage adresse une Note intitulée : « Sur l'assainissement des grands centres », dans laquelle il appelle l'attention sur les quantités considérables de matières fertilisantes fournies par les grands centres de population et qui sont rejetées, en pure perte pour l'agriculture, dans les fleuves et les rivières. M. Payen est invité à prendre connaissance de cette Note. A 5 heures l'Académie se forme en comité secret. C. R., i865, i" Semestre. (T. LX, N» 19,) 12^ ( 982 ) COMITE SECRET. M. Mathieu, doyen de la Section d'Astronomie, vante de candidats pour la place de Correspondant décès de M. Carlini. Au premier rang . Au second rang^ par ordre alphabétique M. Otto Strcvk.. M. Challis. . . . M. Galle M. DE Gasparis. . M. Graham. . . . M. IIexcke. . . . M. Lamoxt. . . . M. Lassell. . . . M. LiTTROW. . . . M. Plaxtamour. . \ 91. ROBLVSON.. . . Les titres de ces candidats sont discutés. L'élection aura lieu dans la prochaine séance. La séance est levée à 5 heures et demie. présente la liste sui- vacante par suite du à Poulkova, près de Saint-Pétersbourg, à Cambridge, à Berlin, à Naples. à Markree. à Driessen (Prusse), à Munich, à Liverpool. à Vienne, à Genève, à Armagh. É. D. B. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu dans la séance du 8 mai i865 les ouvrages dont voici les titres : De la syphilis vaccinale. Communications à l'Académie impériale de Médecine; /jnr MM. Depaul, Ricord, Blot, J. Guérin, Trousseau, De- vERGiE, Briquet, Girert, Bouvier, Bousquet. Paris, i865; vol. in-8". Recherches sur les causes de In colique sèche observée sur les navires de (/uerre français, parliculièremenl dans les légions écpiatoriales, et sur les moyens d'en prévenir le développement; par k. Lefèvre. Paris, 1859; in-8°. De i influence du plomb sur le développement de la colique des pays chauds; par le même. (Extrait de la Gazette médicale de Paris, année i8Gr.) Paris; br. in-8". ( 983 ) De la nécessité d'établir une swveillance sur ta fabrication des poteries com- munes vernissées au plomb; par le même. (Extrait des Annales d'H/giène et de Médecine légale, 2<= série, 1861.) Paris; br. in-8". De l'emploi des cuisines et appareils dislillatoires dam la murine ; par le même. Paris, 1862; br. in-8° avec planches. Nouveaux documents concernant l'étiologie saturnine de la colique sèche des pays chauds; par le même. (Extrait des Archives de Médecine navale, octo- bre 1864.) Paris, i86Zi; br. in-H". (Cet ospuscule et les quatre qui pré- cédent sont destinés au concours pour le prix dit des Arts insalubres de i865.) Mémoires sur les avantages comparés de la marne et de la chau.r employées en agriculture; par M. MASURE. Orléans, 1 865 ; in-8°. Memorie... Mémoires de l'Institut I. R. Vénitien des Sciences, Lettres et Ârls,\o\. XI, Bipartie. Venise, i864; in-4°. Atti... Actes de l'Institut 1. R. Vénitien des Sciences, Lettres et Arts, t. IX, 3* série, 10* livraison; t. X, 3* série, livraisons i à 4- Venise, 1 864-65. 5 livraisons in- 8°. Inlorno ad alcune modificazioni apportate al lermometrografo ad indice e al doppio periodo orario, giornaliero e mensile anmio délie température nell' al- mosferad'Italia; parF. Zantedeschi. (Extrait des Atti deW Inip. Reg. Istitulo Veneto di Scienze, Leltere edArli, vol. X, 3' série.) Venise, i865; br. in-8". Le terme selinuntine ossia ctnno délia grotla vaporosa, e délie acque mi- nerali del monte S. Cnlogero pressa Sciacca; par V. FARINA; i'^ partie. Sciacca, i864; in-8°. Manual... Manuel pratique de pisciculture; par D. MaRIANO DE LA Paz Graells. Madrid, 1864 ; in -8°. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 15 MAI 1865. PRÉSIDENCE DE M. DECAISNE. MEMOIRES ET COMMUNICATIOIVS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. CHIMIE APPLIQUÉE. — De l'action des mélalldides sur le verre et de la préservée des sulfates alcalins dans tous les verres du commerce,- pur M. J. Pelouze. « On sait depuis une époque très-reculée que le verre est coloré eu jaune par le charbon et le soufre, mais on ignore comment il se comporte en présence des autres métalloïdes. C'est pour combler cette lacune que .j'ai entrepris le travail dont j'ai l'honneur de présenter à l'Académie un résumé succinct. 1) Mes expériences ont été faites pour la plupart dans les fours Siemens de la manufacture des glaces de Saint-Gobain. Ils ont sur les fours à grille un avantage considérable. Éloignés des générateurs dans lesquels se pro- duisent les gaz combustibles, les creusets qu'on y place ne sont pas exposés à recevoir les poussières de toutes sortes, les cendres, et particulièremen! les éclats de pyrite qui jaillissent de la houille, quand celle-ci est brûlée direc- tement sur la grille à côté des creusets ouverts contenant la composition qui, par sa fusion, donne le verre. » Les creusets étaient formés d'argile blanche réfractairo d'une qualité telle, qu'on pouvait la considérer comme étant sensiblement de la même nature que les matières qui entrent dans la composition du verre. Les belles C. R., i865, i"- Semeslre. (T. LX, N» 20.) I 28 (986 ) argiles, en effet, ne sont formées pour ainsi dire que de silice et d'alumine, et si on ne fait pas entrer directement cette dernière dans le verre, on sait qu'elle peut y être introduite sans en altérer notablement les qualités générales. » Cependant, pour éviter encore davantage toute cause d'erreur, pour ne pas courir le risque de rencontrer dans l'argile des traces de pyrites, j'o- pérais souvent dans des vases de platine protégés par des creusets d'argile, dans lesquels ils étaient placés. Us étaient exposés à une chaleur excessive- ment intense, car à côté de ces vases se trouvaient les creusets servant à la fabrication courante du verre à glace. » Enfin je plaçais dans le même four, et à côté des mélanges en expérience, un second creuset qui contenait le mélange vitrifiable ordinaire et qui me servait de témoin. a Ferre au clinrljon. — Pour colorer en jaune le verre, au moyen du charbon, on fait un mélange ou composition A avec : Sable blanc = iSo parties Spath calcaire = 5o » Sel de soude au titre de 85 degrés. . . . = loo » Charbon de Lois =2 » Au bout de quelques heures, le verre étant fondu et affiné, le creuset est retiré du four et refroidi. Il contient tme masse vitreuse d'apparence homo- gène, colorée en jaune foncé. » On peut, pour obtenir un verre pltis réfractaire et moins sensible aux influences atmosphériques, élever la proportion de sable de 25o à 290 parties. » On admet généralement que la coloration du verre par le charbon est due à ce qu'une petite quantité de ce corps se trouve en dissolution ou dans un grand état, de division dans le verre. « Ferre au soufre. — Sa préparation est la même que la précédente; sa couleur jaune est identique avec celle du verre au cliarbon, et il serait im- possible de les distinguer l'un de l'autre. » On peut augmenter la proportion de soufre à cause de sa volatilité et de sa conibuslibilité beaucoup plus faciles que celles du charbon. Avec 6 grammes de (leur de soufre, on obtient un verre de la même nuance que celle foiunie par 2 grammes de charbon. » Quelques verriers pensent que le verre coloré par le soufre supporte moins longtemps que le verre au charbon la double influence de l'air et ( 987 ) d'une température blanche ; quant à moi, je n'ai pu saisir sous ce rapport la plus légère différence. Les deux verres ont été maintenus en fusion pen- dant quarante-huit heures, sans que leur teinte se soit affaiblie sensiblement. « Verre au silicium. — On a soumis à la fusion le mélange suivant : Sable blanc 25o,oo Carbonate tle soude à go degrés 100,00 Spatli calcaire 5o,oo Silicium 3,5o )) Au bout de quelques heures le verre était affiné. 11 était coloré en jaune et il était impossible de le distinguer des deux précédents. » Feire au bore. — Même mélange, le silicium étant seulement remplacé par 2 grammes de bore. » Fusion et affinage faciles; verre d'une belle couleur jaune, comme ceux dont il vient d'être question. » Le silicium et le bore, que je dois à l'obligeance de notre honorable confrère M. H. Deville, étaient cristallisés et d'une grande pureté. » Ferre au phosphore. — Le phosphore amorphe et pulvérulent, mêlé même en proportion considérable à la composition A, ne communique aucune couleur à la matière vitrifiée. Tous mes efforts tendant à obtenir un résultat positif ont échoué, sans doute parce que le phosphore se volatili- sait entièrement ovi se bridait; mais si l'on fait agir sur la composition A le phosphure de chaux (j'ai employé de préférence celui préparé par le pro- cédé de notre honorable confrère M. Paul Thenard), sous le poids de 5 à 6 grammes, le phosphore cesse de se volatiliser, et il fournit un exemple de plus de la production d'un verre jaune, absolument semblable à ceux déjà en assez grand nombre que nous venons de signaler. » Ferre à l'aluminium. — La présence d'une proportion même très- petite d'aluminium, dans la composition, rend le verre d'une fusion et surtout d'un affinage très-difficiles. Cependant, avec beaucoup de temps et de soins, on parvient à avoir un verre homogène, bien fondu, transparent, sans beau- coup de bulles ou bouillons, et l'on remarque encore que sa couleur est jaune, comme celle des verres précédents. )) Si je fais maintenant la récapitulation des corps simples qui produisent avec les verres blancs du commerce une couleur jaune, je trouve parmi les métalloïdes : le carbone, le soufre, le silicium, le bore, le phosphore; et l'alu- minium parmi les métaux ( i). (i) Il a été impossible d'obtenir un verre coloré avec l'arsenic et le zinc. 128.. (988) » J'étais porté à croire que cette coloration constamment identique pou- vait bien être due au silicium, le seul de ces corps simples qui fasse néces- sairement partie du verre, mais les expériences qui suivent m'ont bientôt démontré qu'il fallait chercher ailleurs l'interprétation de ces singidiers phénomènes. » action de V hydrogène sur le verre. — L'hydrogène ptnifié par les moyens les plus énergiques colore le verre en jaune, à une température rouge. Si l'on fait passer ce gaz dans un tube de porcelaine contenant une nacelle de platine remplie de fragments de verre, celui-ci, porté à une température qui n'a pas besoin d'être très-élevce et refroidi dans le courant même d'hydro- gène, affecte une couleur jaune moins belle et surtout moins intense qu'avec le charbon, le bore, etc., mais qui est cependant très-nette. " Si quelque chose doit étonner, c'est que cette réaction n'ait jamais été signalée, car les réductions par l'hydrogène, dans des tubes de verre, se font fréquemment dans les laboratoires. » La réduction de la silice par l'hydrogène paraissant impossible, surtout à une chaleur peu élevée, et la coloration du verre sous l'influence de ce gaz étant cependant semblable à celle opérée parles nombreux métalloïdes que j'ai cités, cette curieuse expérience imprima à mes idées un autre cours. Je me souvins qu'il y a plusieurs années, j'avais trouvé qu'il n'existe aucun verre dans le commerce qui ne contienne des quantités notables de sulfate alcalin, et dès lors il nie send)la que tout pourrait bien s'expliquer, dans les réactions nombreuses dont il est question, par la formation d'un sulfure jouissant de la propriété de colorer le verre en jaune. » Sans perdre de temps, je dirigeai mes essais dans ce sens. » Je fis passer au rouge de l'hydrogène sur du verre réduit en poudre fuie, en choisissant de préférence les échantillons qui contenaient le plus de sulfate, et il me fut facile de constater que cette réaction donnait nais- sance à un sulfure alcalin. » En fondant la composition A. avec quelques centièmes de son poids de sulfate de soude, et la soumettant à un courant d'hydrogène, j'obtenais un verre d'un jaune excessivement foncé, dans lequel ou reconnaissait facile- ment l'odeur, la saveur et toutes les propriétés d'un sulfure alcalin. )> L'explication prenait donc, par ces nouveaux faits, un caractère de certitude. Toutefois, avant d'aller plus loin, je voulus répéter et multiplier mes expériences sur la présence et la proportion des sulfates contenus dans tous les verres du commerce, sans exception. « Les chimistes les plus habdcs qui ont analysé le verre n'y ayant pas ', 9^9 ) signalé la présence du soufre, je devais prendre d'aut;iiil plus de précau- tions pour ne pas me tromper, et rien ne devait me coûter pour donner à raes expériences un caractère de certitude. Le verre vaut bien la peine que tout le monde s'en occupe; il y a peu de substances qui méritent à un plus haut degré l'intérêt des chimistes et des physiciens, et il n'y en pas dont l'étude ait exercé plus d'influence sur le progrès des sciences. I>a plupart des réactions et des préparations chimiques s'accomplissant au contact du verre, il est évident que la connaissance des éléments dont il se compose peut être, dans certains cas, de la plus haute importance. )) Les verres dans lesquels j'ai cherché de nouveau la présence du soufre, qui s'y trouve sans aucun doute, à l'état de sulfate, sont : les verres à glaces, le verre à vitres, le verre à gobeleterie^ le verre de Bohême, le verre à bouteilles et un échanîillon de verre ancien rapporté par moi de Pompéi en i863. " Le verre à glaces m'a donné des quantités diverses de sulfate de soude comprises entre i et 3 poin- loo. La fonte, l'affinage et le tise-froid de cette sorte de verre durent en général de dix-huit à vingt-quatre heures. » J'ai voulu voir combien il en resterait après une exposition de cent vingt heures dans les mêmes conditions de température. Le verre en rete- nait encore 7 parties sur 1000. Il contenait cependant autant de silicp qu'on peut en introduire industriellement dans le verre. » Cette expérience est bien propre à montrer qu'avec les matières qu'on fait entrer aujourd'hui, dans la composition des verres, on doit s'attendre à y retrouver invariablement des quantités notables de sulfate alcalin. » Le verre de Pompéi m'a donné une quantité de sulfite de baryte cor- respondant à 2 pour 100 de sulfate de soude. » Un échantillon authentique de verre de Bohême, que je dois à l'obli- geance de M. Peligot, contenait 1^1 pour 100 de sulfate de potasse. » J'ai trouvé dans les autres verres, dans le verre à vitres, le verre de gobeleterie, le verre à bouteilles, comme maximum 3| pour 100 et comme minimum i pour 100 de sulfate de soude. Il résulte donc de mes analyses que les verres de toute fabrication contiennent des sulfates en proportions à peu près semblables. )) On sait que les verriers emploient deux fondants, le sulfate et le car- bonate de soude. Comme ce dernier sel marque tout au plus 85 degrés et dans des cas très-rares go degrés, il contient constamment des proportions très-notables de sulfate de soude. De là vient que ce dernier sel se ren- ( 990 ) contre dans le verre, indépendamment du fondant qui a servi à le préparer. j) Il en résulte que, pour obtenir un verre tout à lait exempt de sulfate, il fautlrait n'en pas laisser de traces dans le carl)onate et opérer, par con- séquent, avec un sel jusqu'ici inconnu, ou tout au moins sans emploi dans les verreries, avec un sel marquant 92°, 5. Un tel verre n'existe pas dans le commerce; il serait .sans doute moins altérable et plus homogène que ceux que nous connaissons jusqu'à présent, et peut-être appelé à rendre de nouveaux services, particulièrement à ropti(]ue. )) Le sulfate de soude est sans doute à l'état de liberté dans le verre. C'est en quelque sorte une impureté, comme en contiennent la plupart du temps les composés les mieux définis, et i! paraît impossible d'en dé- barrasser le verre, même par l'action de la chaleur la plus intense et la plus prolongée. Je parle ici au point de vue industriel seulement; car rien ne prouve qu'à la longue un pareil verre, exposé à l'action d'une chaleur intense dans un creuset de platine, ne puisse se dépouiller entière- ment de sulfate. w J'ai fait voir il y a dix ans que le verre le plus pur et le mieux affiné, lorsqu'il est réduit en poudre fine par une longue porphyrisalion, devient profondément altérable, et qu'abandonné quelque temps à l'air dans cet état, il fait effervescence, comme la craie, avec les acides. » J'ajouterai ici que le même verre porphyrisé pendant vingt-quatre heures, sur une plaque d'agate, cède directement à l'eau pure la plus grande partie du sulfate de soude qu'il contient. » Ces singulières altérations du verre, produites par une simple action mécanique et provoquées peut-être ou facilitées par la présence des sulfates alcalins, méritent certainement plus d'attention qu'on ne leur en a accordé jusqu'à présent. » Je reviens maintenant à la coloration du verre par le charbon, le sili- cium et les autres métalloïdes. Si cette coloration est luiiquement due à iMie réduction du sulfate de soude par le charbon, le silicium, le bore, etc., elle ne saurait se manifester sur du verre fait avec des matériaux privés de ce sel. C'est ce que j'ai constaté un grand nombre de fois, en employant comme fondant du carbonate de soude purifié par plusieurs cristallisations successives et débarrassé de toute trace de sulfate. » La composition suivante a été fondue au four à gaz, dans un creuset de platine, avec toutes les précautions possibles pour ne pas y laisser s'in- troduire la plus petite quantité de sulfate alcalin : ( 99' ) Sable blanc , aSo grammes. Carbonate de soude pur et sec loo » Carbonate de chaux pur 5o » Charbon d'amidon 2 » n Le vei-re obtenu était bien fondu, bien affiné et parfaitement blanc. Même résultat en remplarant le charbon par le bore, le siliciinn et l'iiydro- gène. Ces métalloïdes ne colorent pas le verre exem|3t de sultate, le verre pur, si je puis m'exprimer ainsi; mais ajoutez préalablement à ces mélanges - de centième de leur poids de sidfate, vous obtiendrez un verre d'une couleiu- jaune légère; avec ^ centième la teinte sera plus prononcée; avec 2 ou 3 cen- tièmes elle le sera davantage, et on reconnaîtra facilement que son intensité est proportionnelle à la quantité de sulfate ajoutée à la composition destinée à faire le verre. Par la même raison, on peut, sans déterminer par l'analyse laproportion desulfatecoutenue dans un verre blancdu commerce, la juger approximativement par la couleiu' plus ou moins foncée que prendra le verre après avoir été chauffé avec du charbon. » Le verre pur (j'appelle ainsi, je l'ai déjà dit, celui fait avec un sel de soude exempt de sulfate) est coloré en jaune soit par le soufre, soit par un sulfure alcalin ou terreux. Le soufre se comporte avec ce verre absolument comme avec ceux du connncrce. » On devait s'attendre à ce résultat que faisaient prévoir les observations et les expériences consignées dans ce Mémoire. 1) Au lieu de préparer pour le commerce le verre jaune avec du charbon, on peut l'obtenir directement avec le sulfure de calcium, mais il ne faut pas oublier que le sulfate contenu dans le carbonate agit comme combu- rant et fait disparaître une quantité correspondante de sulfure; ce n'est donc que lorsque ce sulfate a été détrtiit que l'excès de sidfure colore le verre. Je citerai à l'appui de cette assertion les expériences suivantes. » On a fondu le mélange suivant : [ Sable blanc aSo grammes. ' Carbonate de soude à go degrés. ico >> I Carbonate de chaux 5o » l Sulfure de calcium 20 ou 10 pour 100 ([). » On a obtenu un verre jaune très-foncé et à peine translucide. (i) Préparé en calcinant au rouge un mélange de i5o grammes de charl)on de bois et 2 kilogrammes de plâtre. Le sulfure contenait encore une certaine quantité de sulfate. ( 992 ) » B. Même uichinge, avec lo grammes de sulfure de calcium ou ■2,5 pour loo. » 11 a donné un verre d'un jaune beaucoup plus clair qu'on n'aurait dû sy attendre. On pouvait déjà prévoir la destruction d'une partie notable as résister dans ces conditions à l'influence de la chaux, j'ai employé avec le plus grand avantage, dans la préparation des aluminates de chaux, les creusets de charbon métallique. Us n'ont cjue l'inconvénient de laisser passer les vapeurs sulfureuses du combustible, qui produisent à la surface des aluminates des traces de sulfure de calcium cristallisé. On évite dans cette calcination l'influence du soufre, en employant un double creuset en charbon et en plaçant de la chaux en poudre entre les deux parois du creuset. » Dans cette étude des aluininates de chaux j'ai d'abord constaté un fait fort curieux, c'est r|ue l'alumine est nn excellent fondant de la chaux qui même agit sur cette base avec j)lus d'efficacité que la silice. Opérant des mélanges à proportions diverses de chaux et d'alumine, j'ai ]>u obtenir des aluminates de chaux parfaitement fondus en chauffant au foui-neau à vent J29.. ( 99<^) des mélanges de Le mélange de 80 de chaux, 90 de chaux, 20 d'alumine, 10 d'alumine. g3 de chaux, 7 d'alumine, s'est même fritte et est entré presque en fusion. » Ces alumiiiates calcaires qui contiennent une quantité de chaux si considérable sont cristallisés: leur cassure est saccharoïde; leur réaction est fortement alcaline; ils se combinent à l'eau avec dégagement de cha- leur : on peut presque les comparer à de la chaux fondue. » Quoique la considération suivante sorte du sujet que je veux traiter ici, il m'est impossible de ne pas appeler l'attention des métallurgistes sur la fusibilité et l'alcalinité de ces aluminates contenant un grand excès de chaux. » De pareils composés absorbent et retiennent avec énergie le soufre et le phospiiore : leur présence dans les laitiers des hauts fourneaux pourrait donc, dans certains cas, éliminer des fontes le soufre et le phosphore que l'on redoute avec tant de raison dans la préparation des fontes destinées à l'affinage et à l'aciération. » Ces aluminates de chaux très-basiques, (jui foisonnent dans l'eau comme de la chaux vive, ne peuvent jouer aucun rôle dans la prise des ci- ments hydrauliques. Mais il n'en est pas de même des aluminates de chauv qui sont représentés par les formules Al-O', CaO, APO', aCaO, Al-0% 3CaO, et qui sont moins basiques que les précédents. » Lorsqu'on réduit ces aluminates en poudre fine et qu'on les gâche avec une petite quantité d'eau, ils se solidifient presque instantanément et produisent des hydrates qui acquièrent dans l'eau une dureté considérable. » Les aluminates do chaux qui font prise avec l'eau ont en outre la propriété d'agglomérer des substances inertes comme le quartz. » .T'ai mélangé l'alumiiiate de chaux Al-Q', 2 CaO avec 5o,6o, yopoiir 100 de sable, et j'ai obtenu despotuires ipii, dans l'eau, acquéraient la dureté et la solidité des meilleures pierres. » On comprend l'intérêt que peuvent présenter au point de vue de la ( 997 ) pratique ces mélanges d'aluminate de chaux et de substances siliceuses, lorsqu'il s'agit de produire des blocs résistant à l'influence des agents atmo- sphériques et à celle de l'eau de la mer : la solution des constructions résistant à la mer est probablement dans l'emploi de ces béions qui sont formés presque entièrement de substances siliceuses reliées entre elles pai une faible proportion d'aluminate de chaux. On devra dans ce cas tenir compte des excellentes indications de M. F. Coignet sur les conditions d'ag- glomération des ciments, dont j'ai constaté moi-même foute l'importance. » Mes études siu- les aluminates m'ont permis d'expliquer une des par- ticularités les plus intéressantes de la fabrication des ciments de Porlland. » On sait que ces ciments, aujourd'hui si estimés, ne présentent de qua- lité que lorsqu'ils sont produits à une température très-élevée. Or j'ai re- connu précisément que les aluminates de chaux, qui peuvent en raison de •leur composition se solidifier dans l'eau, n'acquièrent cette propriété à un haut degré que lorsqu'ils sont exposés à une chaleur intense. » J'ai constaté ce fait curieux en chauffant à des températures variables le même mélange d'alumine et de chaux : celui qui avait été fortement cal- ciné au fourneau à vent et qui était entré en fusion se trouvait beaucoup plus hydraulique que celui qui n'avait pas été chauffé à une température aussi élevée. » Ainsi, dans la fabrication des ciments Portland, la calcinalion a pour but de faire réagir à une haute température la chaux sur l'alumine et de déterminer la fusion de l'aluminate calcaire qui prend alors son maximum d'hydraulicité. M II résulte donc des différentes expériences que je viens d'analyser que l'aluminate de chaux est le principal agent hydraulique des ciments qui sont à prise rapide. » Ce composé calcaire est-il le seul agent d'hydraulicité des ciments? C'est cette question importante qu'il me reste à examiner. » Acdon de la chaux grasse sur les corps divers. — Si dans la calcination d'un calcaire argileux il se produit de l'aluminate de chaux dont les pro- priétés hydrauliques ne peuvent plus être mises en doute, il se forme aussi, à n'en pas douter, pendant cette calcination, un silicate calcaire et un sili- cate d'alumine et de chaux qui, comme on le sait, font gelée avec les acides, mais qui ne s'hydratent pas dans l'eau. Faut-il admettre que le silicate de chaux et que le silicate double d'alumine et de chaux qui existent dans tous les ciments hydrauliques ne jouent aucun rôle dans la prise des ciments au contact de l'eau? Je ne le crois pas : cette opinion me paraît confirmée par les expériences suivantes. ( 998 ) » J'ai déjà dit que ces silicates n'exercent pas d'action directe sur l'eau et ne peuvent pas être sous ce rapport comparés aux aluniinates calcaires. » Mais un ciu'.enl après sa calcinafiou contient de la chaux libre; l'alu- luiuate de chaux en se décomposant dans l'eau peut aussi en produire: j'ai pensé que celte hase pourrait peut-être exercer luie action sur les corps qui ne s'hydratent pas inunédiatement et leur l'aire jouer le rôle de pouzzolane. » C'est cette hypothèse qui m'a fait entreprendre les expériences sui- vantes sur les propriétés et la composition des pouzzolanes que je vais résumer. » J'avais d'abord à examiner si, dans les ciments et les mortiers, la chaux grasse agit autrement qu'en absorbant l'acide carbonique de l'air ou en formant un hydrate qui se solidifie en se desséchant. - On sait que dans ces derniers temps l'action chimique de l'hydrate de cliaux sur les pouzzolanes a été vivement contestée. )> Mes expériences ne laissent à cet égard aucun doute et prouvent qu'il existe réellement un certain nombre de corps qui peuvent contracter a froid une combinaison avec la chaux hydratée et produire des masses qui acquièrent dans l'eau nue grande solidité. » Pour déterminer la nature des cor|)s qui jouissent de celle propriété remarquable, j'ai choisi presque tous les composés naturels ou artificiels qui, par leur nature, pouvaient contracter une combinaison avec la chaux; je les ai mélangés avec des quantités variables de chaux anhydre ou hydratée. » Les corps qui ont été principalement expérimentés sont : la silice et i'ahnnine pris sous leurs différents états, l'argile desséchée et cuite à iliverses températures, les terres cuitts, les silicates naturels ou artificiels, les |:)rin- cipales roches, les phosphates et les carbonates insolubles, les corps remar- quables par leiu- ponjsité, tels que le charbon animal, plusieurs produits d'usine. En un mot j'ai [ii'is tous les composés qui, en raison de leur com- position chimique ou de leurs propriétés physiques, par affinité chimique ou par affinité capillaire, pouvaient se combiner à la chaux ou s'unir méca- niquement avec elle. » J'ai voulu également déterminer l'état de la chaux qui convierit le mieux à l'action ponzzolanique. » Mes expériences ont démontré d'abord que le composé qui se (bi nie en hydratant la chaux avec précaution, et qui est représenté par la formule CaO, HO, est celui qui, sous l'influence de l'eau, se combine aux pouzzo- lanes avec le plus de facilité. » J'ai constaté en outre que les véritables pouzzolanes, c'est-à- dire celles ( 999 i qui coiitracleiit à froid avec 1 hydrate de chaux une combinaison diucib- sant dans l'eau, sont beaucoup phis rares qu'on ne le pense. » Les ferres cuites, les substances volcaniques, les argiles plus oti moiii^ calcinées que Ton considère généralement comme des pouzzolanes, nr doivent pas être comprises dans cette classe de corps, et à quelques exceji- tions près ne diu-cissent pas dans leur contact avec l'hydrate de chaux. » Les substances réellement actives, les véritables pouzzolanes, sont les silicates de chaux simples ou multiples qui ne contiennent que 3o ou 4o pour loo de silice, et (pii sont assez basiques pour faire gelée avec les acides. » Comme les bons ciments hydrauliques contienuer.t précisément des sili-^ cates simples ou midtiples excessivement basiques et faisant gelée avec les acides, j'ai donc été conduit à admettre que le rôle de ces corps dans la prise des ciments était d'agir comme pouzzolanes et de se combiner, sous l'influence de l'eau, à la chaux libre qui existe dans les ciments. » Ces observations sont complètement d'accord avec celles de M. Che- vreid, dans lesquelles notre savant confrère a démontré que les pouzzolanes s'unissent à la chaux en raison d'un phénomène d'affinité capillaire. » Après avoir étudié les propriétés et la composition des différents élé- ments qui se trouvent dans les ciments, je résumerai la théorie de leur hydraulicité dans les propositions suivantes : » Je n'admets pas, comme on le croit encore généralement, que la prise des ciments hydrauliques soit due à l'hydratation du silicate de chaux ou à celle du silicate double d'alumine et de chaux : ces sels ne contractent pas de combinaison avec l'eau. » Pour moi, la prise d'un ciment hydraulique est le résultat de deux actions chimiques différentes : i" de l'hydratation des aluminates de chaux ; 2° de la réaction de l'hvdrate de chaux sur le silicate de chaux et sur le silicate d'alumine et de chaux qui existent dans tous les ciments et agissent dans ce cas comme pouzzolanes. )) La calcination d'un calcaire argileux ne donne lieu à un bon ciment hydraulique que quand les proportions d'argile et de chaux sont telles, qu'il puisse se former en premier lieu un aluminate de chaux représenté par ime des formules suivantes : Al^OS CaO-Al=0% 2CaO-Al=0% 3CaO; en second lieu un silicate de chaux simple ou multiple très-basique, faisant ( lOOO ) gelée avec les acides, se rapprochant des formules suivantes : SiO', aCaO-SiO', 3CaO, et en troisième lieu de la chaux libre pouvant agir sur les silicates pouzzo- laniques précédents. >) Dans un grand nombre de cas la composition chimique du calcaire argileux n'est pas la seule condition qui détermine la qualité du ciment; il faut encore que la réaction de la chaux sur l'argile s'opère aux températures les plus élevées. C'est en effet cette excessive chaleur qui produit les éléments hydrauliques du ciment dans les conditions de basicité qu'exige la prise dans l'eau et qui, en faisant fondre l'aluminate de chaux, lui donne toute son activité. » Telles sont les conditions théoriques relatives à l'hydraulicité des ciments qui résultent des expériences consignées dans ce premier travail. Dans une autre communication, je ferai ressortir l'utilité que la pratique peut retirer de ces recherches. ). Qu'il me soit permis, en terminant, d'adresser ici tous mes remercîmenfs à un jeune chimiste, M. Alfroy, qui m'a aidé dans mes expériences sur les ciments et qui m'a donné des preuves nombreuses de zèle et d'intelligence. » « M. Cii. Saintk-Claire Deville fait observer que les aluminates de chaux hydratés dont M. Fremy a constaté la formation, comme MM. Rivot etChalonay, présentent un véritable intérêt au point de vue de la Chimie minéralogique. >. En effet, l'aluminate de chaux anhydre n'existe point dans la nature. Le produit obtenu artificiellement par Ebelmen n'offre rien de bien net, et, dans tous les cas, n'est pas un spineîle : la présence de l'eau semble au con- traire favoriser la production d'une ou plusieurs combinaisons définies entre ces deux substances. » MÉTÉOROLOGIE. — Observations relatives à la communication faite par M, Le Verrier dans la séance du 8 mai; par M. Ch. Sainte-Claiee Deville. « En confirmation de ce qui a été dit dans la dernière séance par M. Le Verrier, à savoir, qu'avant i858 on s'était préoccupé en France du parti que la météorologie pratique pourrait tirer de l'établissement de la télé- graphie électrique, M. Ch. Sainte-Claire Deville demande la permission de citer une phrase de la circulaire adressée aux physiciens, en août i852, par ( lOOl ) les fondateurs de la Société Météorologique de France, et roprodinte dans le tome 1" de V Annuaire publié par cette Société. » Après avoir rappelé les prédictions si certaines et si exactes de la Com- mission hydroniétrique de I.yon, relativement aux crues de la Saône, les cinq signataires de la circulaire, MM. Ant. d'Abbadie, Ad. Bérigny, A. Bravais, Ch. Sainte-Claire Deville et Ha'ghens, ajoutaient : » Mais ces bienfaits de la science ne se restreindront plus aux limites d'une » contrée. Avant peu, l'Europe entière sera sillonnée de fils métalliques » qui feront disparaître les dislances et permettront de signaler, à mesure » qu'ils se produiront, les phénomènes atmosphériques et d'en prévoir ainsi » les conséquences les plus éloignées. » i< M. Eue de Beacmont, répondant à quelques remarques de M. Le Ferrier, fait observer que dans ses profondes et judicieuses indications concernant la météorologie, si heureusement rappelées par M. Dumas, Lavoisier n'a pu proposer d'employer le télégraphe électrique pour trans- mettre les observations. Il ajoute que lorsqu'on a parlé, au sein de la .Société Météorologique, dès sa formation en iSSa, de se servir du télégraphe électrique pour faire connaître instantanément, dans toutes les directions, les phénomènes météorologiques, ou pour demander des informations à leur sujet (i), on a développé une idée nouvelle, qui depuis lors a admira- blement fructifié entre les mains de 'SI. Le Verrier. » GÉOLOGIE. — Silex taillés du Grand-Prcssicjny. Observations à propos d'une brochure de M. de Mortillet; par M. «e Qu.atrefages. « J'ai appris que M. de Mortillet avait distribué à diverses personnes et mis en vente une brochure rapportant d'une manière très-inexacte des faits auxquels je suis m.élé. Je demande à l'Académie la permission de rétablir la vérité en peu de mots. » 1° Dans la séance où j'ai présenté la Note de M. de Mortillet en réponse à celle de M. E. Robert, c'était M. Flourens qui tenait la plume, et non pas M. Élie de Beaumont. D'après les usages bien connus de l'Académie, ce dernier n'est donc en rien responsable du Compte rendu de cette séance. (t) Voyez Comptes rendus, t. XL, p. 439 (séance du ig février i855) et Jnnuaire de In Sociàté Météorologique de France, t. III (l855 ), p. 72. C. R , iSf.5, 1" Si-m-sire. (T. LX, N" 20.) ' 3<^ ( 1002 ) a 2° Après la présentation faite par moi, M. Decaisne fit connaître les faits qu'il avait recueillis par lui-même et sur place. Ces faits avaient un ca ractère de précision et d'authenticité tel, qu'il me parut impossible de ne pas en tenir le plus grand compte. Il me parut qu'il y avait là tout au moins une question spéciale à étudier avec soin avant de se prononcer. Je crus donc être utile à M. de Mortiilet en lui procurant lo moyen de l'étudier à loisir, et de revenir, s'il y avait lieu, sur queUpies-unes de ses assertions. C'est dans ce sens que je m'exprimai lorsque M. Flourens voulut bien me de- mander ce que je regardais comme convenable de faire. » Ce fut moi qui demandai la mention pure et simple. )) 3° M. de Mortiilet s'étant rendu chez moi le lendemain ou le surlende- main pour me donner de nouvelles explications, je lui fis connaître les cir- constances que je viens de rappeler. Il ne fit à ce sujet aucune réflexion. » 4" Voilà les faits, et il est aisé de voir que le Président de l'Académie, les deux Secrétaires, et surtout M. Elle deBeaumont, ne méritent en rien les étranges reproches que leur adresse la brochure qui a motivé mes explica- tions. » S'il y a un coupable, c'est moi 5eu/qui, en agissant comme je l'ai fait, croyais rendre service à M. de Mortiilet. » GÉOLOGIE. — Remarques sur te même sujet; par M. Mil\e Edwards. «. M. Milne Edwards ajoute qu'il y a également un malentendu au sujet d'une Note de M. l'abbé Bourgeois. Un des amis de ce géologue avait prié M. Milne Edvards de présenter cette Note à l'Académie; mais ce dernier, n'ayant pas eu l'occasion d'examiner les faits en discussion, n'a pas voulu se charger de cette présentation, et a remis la Note de M. Bourgeois à une tierce personne pour être déposée au Secrétariat. Ce dépôt n'a pas eu lieu, car, peu de jours après, l'auteur pria M. Milne Edwards de retirer sa Note et de l'adresser à M. de Mortiilet. Cela a été fait, et par conséquent la Note de M. l'abbé Bourgeois n'est pas parvenue entre les mains de MM. les Secré- taires perpétuels. Il ne pouvait donc en être fait mention au Comple remlu. » PHYSIQUE. — Note sur la propagation de r électricité à travers les vapeurs métalliques produites par l'arc vollaïque; par M. A. de la Rive. « En poursuivant les recherches dont je m'occupe sur la propagation de l'électricité dans les fluides élastiques très-raréfiés, je suis parvenu à étu- dier cette propagation dans les vapeurs provenant de divers métaux. ( ioo3 ) » L'appareil dont je me sers dans ce but consiste dans un ballon en verre de grandes dimensions, muni de quatre tubulures et porté sur un pied. Les deux tubulures qui sont aux extrémités du diamètre horizontal sont unuiies de boites à cuir traversées par des tiges métalliques, auxquelles s'adaptent des pointes de métal ou de charbon qui servent à jiroduiredes nrcs vottaïques au moyen d'une pile de 60 à 80 couples Bunsen. Les deux tubulures situées aux extrémités du diamètre vertical donnent passage à deux figes de laiton, terminées par des boules métalliques entre lesquelles s'échappe, en même temps, le jet électrique d'un appareil Ruhmkorff. On remplit le ballon, après y avoir fait le vide, d'azote bien desséché qu'on raréfie jusqu'à 2 ou 3 millimètres de pression, puis on transmet le jet élec- trique, dont on mesure l'intensité au moyen du procédé de dérivation que j'ai déjà décrit dans une communication précédente. » Après s'être assuré de la constance de cette intensité, on rapproche l'une de l'autre les pointes métalliques horizontales, de manière à déterminer l'arc voltaïque cjui agit uniquement ici comme source de chaleur; on a soin de faire durer cet arc quelques minutes. Ou voit alors dans un certain moment l'intensité du jet électrique, qui fonctionne en même temps que l'arc voltaïque, augmenter Irès-notablement. Au même instant la couleur de ce jet, qui était dans l'azote d'un rose foncé, prend une tout autre teinte, teinte qui varie avec la nature des pointes conductrices entre lesquelles s'échappe l'arc voltaïque. Cette apparence nouvelle dure encore quelques instants après cpie l'arc a cessé; c'est alors même qu'elle est le plus remar- quable, parce cju'elle n'a plus à souffrir de son contraste avec la lumière éclatante de l'arc. » L'arc voltaïque .a été successivement produit entre des pointes d'«r- fjent, de enivre, d'aluminium, de zinc, de cadmium et de magnésium, et entre deux pointes de charbon de cornue, toutes ces matières pouvant se gazéifier à cause de la haute température qui se développe. i> Avec les pointes d'argent et de zinc le jet électrique revêt une coulem' bleue très-prononcée, mais plus foncée avec le zinc qu'avec l'argent. » Avec les pointesde cuivre, d'aluminium, de cadmumi et de magnésium, la teinte est verte très-foncée avec le cuivre, vert-pomme avec le cadmium, et vert très-clair avec le magnésium. Avec l'aluminium la couleur est d'un vert blanchâtre. » Avec les pointes de charbon de cornue la couleur du jet est d'un bleu clair, qui tourne au bleuâtre quand l'arc cesse, ce qui tient à la production i3o. ( ioo4 ) d'un peu de gaz hydrogène carboiu', ainsi que je m'en suis assuré direc- tement. » C'est dans la partie supérieure du ballon où s'élèvent les vapeurs mé- talliques provenant de l'arc voltaïque que les effets dont je viens de parler sont le plus prononcés. Les stries, soit stratifications de la Itmiière élec- trique, sont encore plus marqués dans ces vapeurs que dans les gaz raréfiés. » Quant à l'augmentation d'intensité du jet, elle est le plus considérable dans les vapeurs d'argent et do cuivre. Le galvanomètre passe subitement de 3o à 60 degrés au moment où le jet, |)ar son changement de couleur, in- dique qu'il est transmis par les vapeurs de ces métaux. L'augmentation, quoique moins grande, est encore prononcée dans la vapetu" d'aluminium. Elle l'est beaucoup moins, seulement de 10 à 20 degrés, avec les vapeurs de ziiif, de cruliiiiuin et de magnésium. » Enfin l'augmentation est très-forte avec la vapeur qui provient de l'arc formé entre deux pointes de charbon de cornue; mais ici l'effet est plus complexe à cause de la production, difficile à éviter, de petites quantités de gaz li\drogène carboné. » J'ai encore employé des pointes de fer et des pointes de platine. Avec les premières, j'ai bien observé un changement dans la couleur du jet électrique et une petite augmentation dans son intensité; avec les secondes, je n'ai obtenu aucun effet; seulement l'élévation excessive de la température dé- terminait un accroissement appréciable dans la conductibilité de l'azote ra- réfié, mais trop faible pour être le moins du monde comparable aux accrois- sements dont je viens de parler. Cette dernière expérience démontre bien que ce n'est pas à réchauffement de l'azote raréfié, mais à la présence de la vapeur métallique produite par l'arc voltaïque, qu'est due l'augmentation de conductibilité si prononcée que nous avons signalée. Ce n'est pas à dire que l'influence de la température soit nulle; elle est au contraire très-sen- sible et se manifeste dans tous les gaz raréfiés par un accroissement notable de leur pouvoir conducteur. J'ai déjà déterminé cet accroissement pour un grand nombre de substances gazeuses, et je ferai connaître les résultats que j'ai obtenus à cet égard quand mon travail sera plus complet. » La communication que je fais aujourd'hui à l'Académie a principale- ment pour but de signaler le fait qui, me paraît nouveau de la propagation de l'électricité à travers des vapeurs métalliques, et le caractère de celte pro- pagation, qui consiste dans le changement d'apparence du jet et dans la grande conductibilité relative de ces vapeurs, laquelle jiaraît être assez en rapport avec le pouvoir conducteur des mêmes substances à l'état solide. ( ioo5 ) » Je ne lerminerai pas cette Notice sans signaler en passant un phéno- mène que j'ai eu l'occasion d'observer en essayant de produire l'arc voltaïque avec des pointes de divers alliages, c'est qu'à ces hautes tem- pératures tous ces alliages se décomposent. Pour mieux observer cette dé- composition, je prends pour électrode négative une plaque de coke; la pointe d'alliage sert d'électrode positive, et par conséquent s'échauffe et se vaporise. Or des alliages de cuivre et zinc, de cuivie et étain, de cuivre et aluminium, de platine et argent, de fer et antimoine, ont tous été décom- posés à ces hautes températures, et j'ai recueilli sur les plaques de coke des particules des métaux constituants des alliages bien nettement séparées. C'est un cas de dissociation par la chaleur, facile du reste à prévoir, et qui vient s'ajouter à ceux si curieux qu'a signalés dans ses belles recherches notre savant confrère M. H. Sainte-Claire Deville. » PHYSIQUE. — Noie sur les propriétés optiques que détermine dans diverses espèces de verre le pnssage d'une décharge électrique : par M. A. de la Rive. « A la suite de divers essais sur les modifications que pourrait déterminer dans le pouvoir rolatoire magnétique de divers liquides conducteurs l;i transmission à travers ces liquides d'un courant électrique, soit continu, soit discontinu, je fus conduit à soumettre à l'expérience un échantillon de crown-glass qui avait été percé par la décharge du grand appareil Ruhm- korff. Je trouvai que cet échantillon avait perdu presque entièrement le pouvoir rotatoire magnétique et avait acquis par contre les propriétés d'un corps cristallisé et du verre trempé. » J'ai, dès lors, en profitant de l'obligeance de M. Ruhmkorff, qui a bien voulu mettre son grand appareil à ma disposition, fait des essais semblables sur un autre échantillon de crown-glass, sur un de flint-glass et sur un de verre pesant de Faraday. » Tous ont tlonné le même résultat que le premier échantillon que j'avais essayé, ainsi que j'ai pu le constater en les comparant à des échantil- lons semblables qui n'ont pas été soumis k l'action de la décharge. » Il résulte de là que le passage d'une forte décharge électrique à travers des corps transparents isolants imprime à ces corps une modification molé- culaire permanente du même genre que celle que détermine la pression ou la chaleur, mais d'une manière momentanée seulement. Ce qu'il y a d'assez curieux, c'est que cette modification u'est pas limitée aux parties mêmes de la subslauce traversées par la décharge, mais qu'elle s'étend à toute la masse, ( ioo6 ) si du moins cette masse ne dépasse pas certaines limites; sa contexture subit ainsi une altération permanente du genre de celles que détermine la Ircmpe, et il suffit pour cela de la simple secousse imprimée au verre par le trajet de la décharge électrique. » CHIMIE CRISTALLOGHAPHIQUE. — Recherches sur la force crislciHocjénique ; par M. Fréd. Kihlmaxn. (Quatrième partie.) Influence des basses températures. « La quatrième partie de ce travail, ainsi que je l'annonçais en termi- nant ma communication du 26 décembre dernier, concerne spécialement l'étude de la congélation de l'eau et les modifications qui se produisent dans la cristallisation de certaines substances salines lorsque cette cristal- lisation a lieu sous l'influence des basses températures. • » J'ai déjà eu l'honneur de présenter à l'Académie quelques considéra- tions sur la succession des phénomènes qu'on observe lors de la congélation de l'eau à la surface des vitres, et j'ai démontré que cette congélation est le résultat d'effets successifs produits au fur et à mesure que l'eau de l'at- mosphère s'y dépose par condensation. » Au début, ce dépôt est un peu influencé par l'état de la surface des vitres, comme cela a lieu pour la condensation des vapeurs mercurielles sur les plaques dagueriennes anciennement en usage, ou la condensation de la vapeur d'eau sur les glaces dans les images de Moser. « Le dessin cristallin se complète ensuite graduellement et amène l.i formation de ces fleurages si variés et souvent si inattendus qui se propor- tionnent à l'étendue du cadre qui leur est offert. » Des effets analogues peuvent être produits en a])pliquant de l'eau en couches minces sur des feuilles de verre ou de métal préalablement bien dégraissées avec un peu de dissolution de potasse caustique, en les exposant au grand froid dans une position horizontale. » Ces dessins cristallins, comme ceux des substances salines, peuvent en- traîner dans leur formation des corps solides finement pulvérisés, lesquels restent à la place où le mouvement de la cristallisation les a déposés, si l'on a soin de laisser les fleurages se dessécher lentement à l'air froid ou à une température graduée. Il en résulte que si ces corps sont des émaux diverse- ment colorés, on peut fixer les fleurages de la gelée des vitres en toute couleur, par l'action de la chaleur des fours à moufle en usage dans la peinture sur verre. ( I007 ) » Les dessins de la congélation de l'eau sur les vitres ou sur des plaques métalliques peuvent ensuite être facilement reproduits par les méthodes déjà indiquées, soit par la photographie, soit par la gravure. Des planches de plomb ou de cuivre peuvent être obtenues par la seule pression de puis- sants laminoirs, en ayant soin d'opérer à la température de quelques degrés au-dessous de zéro. » En répétant par un froid de 8 à lo degrés un grand nombre de mes expériences sur la cristallisation anormale des substances salines, j'ai constaté une particularité remarquable, c'est que, pour la phipart de ces substances, la configuration des dessins était très-diiférente de ce qu'elle était en opérant à la température ordinaire, et que, par exemple, la dissolu- tion du nitrate de potasse épaissie par de la gomme^ qui donne habituelle- ment des tableaux cristallins formés d'un assemblage de longues aiguilles déliées et parallèles, a donné, à ces basses températures, des bouquets et aigrettes détachés, à lignes contournées d'une manière très-gracieuse et d'une finesse inimitable. » J'ai remarqué encore que le sulfate de zinc cristallisait dans ces cir- constances avec plus de lenteur que la plupart des autres sels. » Il convient d'attribuer ces modifications dans la configuration des tableaux cristallins à la formation de composés plus hydratés que ceux obtenus à la températiue ordinaire et même à la formation d'hydrates par les sels qui, comme le nitrate de potasse, cristallisent habituellement à l'état anhydre. » Nous avons des exemples assez nombreux où les sels retiennent dans leur cristallisation .des quantités d'eau variables selon la température à laquelle cette cristallisation a lieu. Les exemples où des sels habituellement anhydres s'associent à de l'eau de cristallisation sont moins nombreux. i> M. Mitscherlich a constaté qu'une dissolution de chlorure de sodium a donné, à une température de — lo degrés, des cristaux prismatiques con- tenant 4 équivalents d'eau et possédant la propriété de se liquéfier déjà à quelques degrés au-dessous de zéro et laissant déposer une masse demi- pulvérulente de petits cubes. » Ce savant a observé en outre qu'une couche mince de dissolution faible de sel marin donne, à une température de — 1 5 degrés, des tables hexagonales transparentes qui se transforment aussi plus tard en cubes (i). » M. Marignac a signalé l'existence de carbonates neutres de magnésie, (i) Uandbuck der anorganischcn Chemie, von L. Gmelin, vol. II, p. laS. { ioo8 ) l'un avec 3 et un autre avec 4 l'quivalents d'eau ; et enfin notre savant confrère M. Pelouze, dans une récente commnnication à l'Académie, a démontré que le carbonate de chaux pouvait cristalliser avec 6 équivalents d'eau lorsqu'il se dépose de ses dissolutions ou qu'il résulte de (pielque réaction cliiniiqiie à une température de o ou de i à 2 degrés au-dessus de la glace fondante. En général, la cristallisation à basse température favo- rise la fixation d'une certaine quantité d'eau, et les sels se déposent à l'état anhydre lorsqu'on arrive à des températures élevées. » Ce qui démontre que les modifications des fleura<,a-s cristallins cpie je produis à une température inférieure à zéro sont dues à la fixation dans les cristanx d'une quantité variable d'eau, alors même que dans les circonstances ordinaires ce sont des sels anhydres qui cristallisent, c'est qu'an fur et à mesure que la température s'élève au-dessus de zéro, ces cristaux dispa- raissent et se fondent dans leur eau de cristallisation; c'est ce qui arrive même pour le salpêtre, le nitrate de plomb et les autres sels qui sont anhy- dres dans les conditions ordinaires de leur cristallisation. )) Mes tableaux cristallins obtenus à basses températures ne peuvent se conserver qu'autant qu'on les laisse sécher à l'air froid et en restant tou- jours au-dessous de zéro; et, dans ce cas encore, on remarque quelquefois, surtout pour le nitrate de plomb, les sulfates de fer, de cuivre ou de zinc, l'alun, le bichromate de potasse, etc., qu'au milieu d'une cristallisation siiHijdratée il se produit pendant la dessiccation de remarquables modifi- cations dans le dessin obtenu par la formation de sels anhydres, lorsque la cristallisation a eu lieu avec des sels habituellement anhydres, ou de sels dans les conditions ordinaires d'hydratation, lesquels naissent spontanément et produisent les accidents les plus variés, des bouquets détachés souvent très-gracieux sm' les tableaux cristallins. » On peut aussi faire cristalliser en masses les sels surhydratés en ex- posant leurs dissolutions aqueuses plus ou moins affaiblies à un froid de 10 à i5 degrés. Dans tous mes essais, pour lesquels j'ai eu recours le plus souvent à des mélanges frigorifiques, toute l'eau qui tenait les sels en disso- lution a été entrahiée dans la cristallisation. Les cristaux surhydratés, dont quelques-ims, et en particulier le sulfate de zinc, sont très-remarquables par la netteté de leur forme et par leur volume considérable, se iondent dans leur eau de cristallisation aussitôt que l'intensité du froid diminue, et cela a lieu en général d'autant plus facilement que la proportion d'eau qui est entrée dans leur constitution est plus considérable. )) Cette circonstance ne m'a toutefois pas empêché de pouvoir fixer mes ( I009 ) configurations cristallines anormales sur plaques de verre ou de métal, , en ayant la précaution de laisser les dessins se raffermir et se dessécher à une basse température. C'est ainsi que, pendant les grands froids de l'hiver dernier, j'ai pu réunir une grande variété de tableaux cristallins en soumet- tant à la gelée des dissolutions salines transparentes ou des dissolutions contenant des corps solides en suspension. » Dans le cours de ces expériences, j'ai pu constater im fait des plus inté- ressants. M Des feuilles de verre couvertes de dissolutions de sulfate de zinc épais- sies par de la gomme avaient été exposées à l'air libre dont la température était de 8 à lo degrés au-dessous de zéro, et qui charriait de temps à autre des cristaux de neige. Une certaine quantité de ces cristaux s'étant déposée sur les feuilles de verre pendant la cristallisation, leur présence a été rendue visible, après la dessiccation du tableau cristallin à l'air froid, par un espace vide et transparent présentant, au milieu de la couche crislalline du sul- fate de zinc opaque ou translucide, la configuration étoilée et bien connue des cristaux de neige. Mais, pour le plus grand nombre de ces cristaux, le sulfate de zinc s'est substitué à l'eau par tme sorte de pseudomorphose, et les cristaux de sulfate de zinc ainsi produits se distinguaient du reste de la masse cristalline par la netteté de leur forme présentant tous les caractères physiques des cristaux de neige, ainsi d'ailleurs que l'Académie peut s'en assurer par les quelques tableaux cristallins que j'ai l'honneur de placer sous ses yeux. » Cet exemple de pseudomorphose esl, je pense^ une véritable anomalie pour les cristallographes. Le sulfate de magnésie, qui, par sa forme cristal- line, présente quelques analogies avec le sulfate de zinc, ne m'a pas pei'mis d'observer la même particularité; à plus forte raison rien de pareil n'a pu être observé en substituant au sulfate de zinc le sulfate et le cubonate de soude ou les sulfates de cuivre et de fer. » J'ai dû remettre à l'hiver prochain de poursuivre mes expériences tendant à établir si les cristaux surhydratés obtenus à de très-basses tempé- ratures constituent des composés à proportions déterminées, comme cela a lieu pour les cristallisations aux températures ordinaires, et si les sels plus ou moins hydratés affectent des formes constantes, comme le laisse- raient présumer les faits consignés par M. Mitscherlich poiu^ le chlorure de sodium. » Il m'est impossible, dans l'état actuel de mes recherches, de rien pré- C. R., i865, I" Semestre. (T. LX, K» 20.) ' 3 I ( lOIO ) ciser à cet égard. On comprend d'ailleurs tout ce que ces recherches pré- sentent de difficulté dans leur exécution, et alors même qu'il serait possible d'établir qu'à des points déterminés de température et de densité des dissolutions des hydrates à proportions définies peuvent se constituer, il faudra encore admettre forcément que tous ces hydrates peuvent se con- fondre et entrer en toute proportion dans un même cristal. » On ne saurait se refuser à l'évidence de cette proposition, car j'ai ob- tenu à une température de lo et i5 degrés au-dessus de zéro, et avec des dissolutions plus ou moins concentrées, des cristaux où l'eau se trouvait dans des proportions qu'on pouvait faire varier à volonté. » Le sulfatede zinc, qui contient habituellement 44^ 70 pour 100 d'eau de cristallisation, m'a donné des cristaux où l'analyse a constaté 71,74 pour 100 d'eau, et l'eau mère de ces cristaux, séparés en temps utile et avant que tout fût solidifié, m'a donné ensuite des cristaux de surhydrate contenant 75,5o pour 100 d'eau. » Du svdfate de fer, contenant normalement 45, 60 d'eau, m'a donné des sels qui en ont contenu 74» 60 pour 100, et les sels d'eau mère en ont contenu 77,10; pour du sulfatede cuivre, où la quantité normale d'eau d'hy- dratation est de 24, 3o, la quantité d'eau s'est élevée, dans les sels surhy- dratés, à 86, 1 o, et l'eau mère de ces sels, par un plus grand abaissement de température, m'en a donné 90,40 pour 100; le sulfate de soude, qui cris- tallise habituellement avec 56 pour 100 d'eau, en a fixé 78 parties pour 1 00 de sel surhydraté, et l'eau mère de ce sel a donné des cristaux contenant 8 1 , 20 pour 1 00 d'eau . » Dans d'autres essais faits à une température de i5 degrés, j'ai obtenu des cristaux d'alun avec 82,60 pour 100 d'eau, des cristaux de nitrate de plomb avec 70,40 pour 100 d'eau; du nitrate de potasse contenant 87,60 pour 100 d'eau; du nitrate de soude qui en contenait 90,90, enfin du chlorure de sodium a cristallisé avec 86, 4o d'eau. Tous ces faits ne per- mettent pas de généraliser le fait que M. Mitscherlich a énoncé, et qui concerne deux points distincts de la cristallisation du chlorure de sodium; mais il n'en reste pas moins acquis à la science qu'avec la proportion d'eau la forn)e des cristaux hydratés s'est modifiée. » D'un autre côté, la détermination de la forme des cristaux ne peut avoir lieu que pendant un grand abaissement de la température de l'air, car on ne saurait, sans de grandes difficultés pour des observations de ce genre, avoir recours à des moyens artificiels de refroidissement. » Mes appréciations ne se sont d'ailleurs pas bornées aux matières sa- ( lO" ) Unes; j'ai constaté que le sucre, l'acide oxalique et la plupart des matières organiques cristallisables et solubles dans l'eau peuvent aussi s'associer en cristallisant à des quantités d'eau indéterminées ou, en d'autres termes, peuvent être entraînés dans la congélation de l'eau en imprimant à la glace produite leurs dispositions particulières à affecter en cristallisant des formes déterminées. J'ai également étendu mes expériences à d'autres dissolvants, mais je suis aussi conduit à retarder jusqu'à l'hiver prochain de com|)léter mes observations sur ce point. » ARITHMÉTIQUE. — Théorème (V Arithmétique ; par M. Sylvestek. « Soit F(«, b, c, d) le représentant de la quantité ■ a" ci' + 4«c^ + hdb^ - -ih-c^-Qabcd; soient b, c deux quantités po^iï/ces qui satisfont à l'équation F(«, è, c, fl?) = o; écrivons l'équation cubique en x F(a, X, c, d) = o, et soient (/;, A,) les deux racines positives de cette équation. De même écrivons F(fl, b,, X, d) = o, et soient (c, c,) ses deux racines positives; posons semblablement F(a, X, c,, d) = o, dont [b,, in) sont les deux racines positives, et ainsi de suite; on obtiendra de cette façon deux séries infinies b, b,, b^, èj. . .; c, c,, c,. . . . » Or je dis: i° que si b est plus grand que b,, chacune des deux séries sera constamment décroissante, et si au contraire b est moindre que b,, chacune sera constamment croissante. De plus, je dis : 2° que dans ces deux cas les quantités b tendront vers \a-d, et les quantités c vers \ad'- comme limite. Nommons s a-d— b„ = p„, \ ad- — c„ = 7,,. Je dis : 3° qu'en même temps que |3„ et ■;„ deviennent infiniment petits quand n est infini, les différences |3„ — 7„, |S„ — /3„_,, y„ — y„_^ deviendront infiniment petites par rapport à j3„ et y„. i3i.. ( I0I2 ) « On remarquera que F(a, i, c, d) est un discriminant binaire du troi- sième ordre. Il y a un tliéorènie général analogue pour le discriminant bi- naire d'un ordre quelconque. » NOMINATIONS. 1/ Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un Cor- respondant dans la Seclion d'.4stronomie, en remplacement de M. Carlini, décédé. Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant [\l\, M. Otto Struve obtient. ... 33 suffrages. M, Plantamour 9 » M. de Gasparis i » Il y a un billet blanc. M. Otïo Struve, ayant obtenu la majorité absolue des suffrages, e.st déclaré élu. RAPPORTS. HYGIÈNE PUBLIQUE. — Rapport sur un Mémoire de M. Bergehet concernaul un plan d' étude des agents externes ou almospitériqucs qui sont toujours en rapport avec notre économie. (Commissaires, IMM. Rayer, Veipeau, J. Cloquet rapporteur.) « L'Académie a renvoyé à une Conunissiou composée de i\lM. Rayer Veipeau, et .1. Cloquet l'examen d'iui Mémoire de M. le D"^ Bergeret ayant pour titre : « Exposition d'un plan d'étude des agents externes ou atmosphériques » qui sont toujours en rapport avec notre économie, jour et nuit, depuis x notre naissance jusqu'à notre mort et qui ont la plus grande influence » sur l'ordre normal de nos phénomènes vitaux. » (Manuscrit de 4 1 pages, suivi de 12 tableaux.) » L'auteur de ce travail, frappé de l'importance de l'hygiène et de la difficulté, de l'impossibilité même, de résoudre isolément plusieurs des questions qu'elle soulève, propose, pour arriver à leur solution, d'établir sur toute la France un vaste systeuie d'observations faites dans chaque comnmne et coordonnées à Paris par une réunion de savants. Les observa- teurs seront le médecin, le prêtre, l'instituteur, le vétérinaire, les proprié- ( ioi3 ) taires de chaque commune; l'État fera les frais d'administration, la Société médicale les frais d'instruments. » Le médecin consignera ou fera consigner les observations sur des tableaux qu'il enverra à une Commission cantonale; cette Commission fera sur ces tableaux un Rapport qu'elle enverra à une Commission d'arrondis- sement qui, à son tour, dressera un Rapport et des Cartes des observations de l'arrondissement, et enverra son travail à une Commission départemen- tale qui agira de même et transmettra son Rapport à la Commission cen- trale à Paris. Cette Commission publiera tous les dix ans un Rapport dont un exemplaire sera envoyé dans chaque commune. » Les observations seront nombreuses. On notera quatre fois par joiu'la hauteur du thermomètre et du baromètre et la quantité d'électricité atmo- sphérique; chaque jour la pression barométrique sur les montagnes et dans les mines; chaque jour la force et la direction des vents, les degrés de l'hy- gromètre, l'état du ciel, la quantité d'eau tombée, la direction des orages, la quantité d'ozone. On devra décrire la configuration du sol, la nature et la quantité de ses productions, l'influence des divers procédés agricoles, les cours et les masses d'eau, leur natuie et leurs propriétés; en donner l'analyse chimique; indiquer la fréquence relative des maladies observées* décrire toutes les conditions liygiéniquos des usines et des habitations d'ouvriers, et même, s'il est possible, donner leur photographie; donner le nombre des décès par jour, l'âge des décédés et la nature de leur maladie le mouvement des naissances, filles et garçons, légitimes et naturelles en indiquant, s'il y a lieu, le degré de parenté des père et mère; enfin la quan- tité de bétail et de volaille, la description des épizooties et le tableau de la mortalité qui s'en est suivie. Aussi le nombre de tableaux à établir est-il considérable; trois sont annuels, mais neuf sont mensuels et doivent être à la fin de l'année résumés en un nouveau tableau, ce qui fiut 120 par commune chaque année. » L'auteur ne s'est pas bien rendu compte sans doute du travail consi- dérable qu'il imposait à des personnes occupées de fondions laborieuses; des dépenses onéreuses dont il chargeait le Trésor public et la caisse de l'Association médicale, destinée à un tout autre usage non moins respectable, et de l'incertitude que présenteraient des observations recueillies souvent par des personnes inexpérimentées ou insuffisamment instruites. Entraîné par le désir, très-louable sans doute, de voir élucider des points obscurs et importants de la science, il n'a pas aperçu les difficultés de toute nature qui s'opposaient à la réalisation de son projet, et qui nous paraissent . ( ioi4 ) insurmontables. Aussi votre Commission a-t-elle l'honneur de proposer de répondre à M. le Ministre que l'Académie ne saurait accorder son appro- bation à ce travail et qu il n'y a pas lieu de donner suite au plan d'études qui y est développé. » Les conclusions de ce Rapport sont adoptées et l'Académie décide qu'une ampliation en sera envoyée à M. le Ministre. MÉMOIRES PRÉSENTÉS. CHIMIE. — Deuxième Mémoire sur iétat moléculaire des corps; par M. J. Persoz. (Extrait du chapitre III.) (Commissaires précédemment nommés : MM. Pelouze, Frerny.) Variations qu'éprouve le volume des corps solides, liquides ou gazeux; volume que prennent les liquides portés h leur point d 'cbultition. « Nous pensons pouvoir affirmer aujourd'hui que lorsque les corps se combinent, c'est toujours grâce à une relation simple qui existe entre leurs volumes. Il s'ensuivrait que la loi de Gay-Lussac, relative aux gaz et aux vapeurs, pourrait recevoir une plus large application et s'étendre, jusqu'à un certain point, aux corps solides et liquides. » § I. Gaz et vapeurs. — Certains gaz et vapeurs de nature complexe affectent un volume égal à celui d'un de leurs éléments. » Un grand nombre de composés volatils, liquides ou solides, prennent aussi à leur point d'ébullition le volume d'un de leurs éléments, quand bien même leur équivalent et leur volume propre sont beaucoup plus considé- rables. Il en est ainsi pour les composés qui renferment la molécule alcoo- lique. Exemjiles : Volume Volume de vapenr. à Pétat liquide, lit ce Alcool C*H^O' 280 672 ÉtherC«H"'0' 280 1120 Chloral C'H^Ci' 280 1268 Acide acétique cristallisable C*H'0* 280 672 M S'il est vrai, comme s'accordent aie reconnaître, depuis Newton et Am- père, des savants éminents de nos jours (Graliam entre autres), que les gaz et les vapeurs sont constitués par des particules solides définies, on ne peut admettre que des volumes égaux de gaz contiennent toujours des particules ( ioi5 ) de même dimension et en nombre égal, car autrement la matière ne serait pas impénétrable. » Pour trouver la relation qui existe entre les volumes de l'équivalent d'un corps dans ses deux états extrêmes, nous avons eu recours à la va- peur d'eau et supposé l'équivalent de l'oxygène égal à loo grammes. Nous avions déjà constaté qu'à t = o degré et à H = o™,7Ô, le volume de l'équivalent des gaz était le suivant : ut Oxygène 70 Hydrogène. .... i4o = 2 X 7° Azote i4o et qu'en général le volume de vapeur engendré par l'équivalent d'un corps défini quelconque était égal à 70 litres multiplié par l'un des termes dont se composent les deux progressions suivantes : I 2 4 8 ^ ^ '^ ^4 •••• » D'après ce qui précède, l'équivalent de l'eau fournit 1 l\o litres de vapeur à o degré; or on sait que 100 litres de vapeur d'eau à o degré et à o™,76 donnent sensiblement o'",o8o" d'eau; donc i/jo litres de vapeur d'eau ou I équivalent donneront 0,112 centimètres cubes. Ainsi, la vapeur en se con- densant se réduit à — ^ de son volume. Ces i 12 centimètres cubes d'eau I2DO étant formés de 70 litres d'oxygène et de il\o litres d'hydrogène, il fallait trouver pour quel volume de liquide figurait chaciui de ces éléments; si c'était en quantité égale ou proportionnellement au volume gazeux. » En supposant que la condensation des deux gaz se fît de la même ma- mère, on aurait eu pour 1 oxygène ■ ^^^^ — = ob"", et pour 1 hydrogène 140' ,000 _ j ^^cc. résultat impossible, puisque le volume d'eau formé par 1260 ces gaz n'est que de 112 centimètres cubes. Tout portait donc à présumer que l'hydrogène, dont le volume est double à l'état gazeux, éprouvait une condensation également double, qui donnait à son équivalent le même volume qu'à l'oxygène, c'est-à-dire 56 centimètres cubes. » Pour justifier cette hypothèse nous avons calculé, d'après ces données, la densité de plusieurs corps organiques bien définis, en admettant égale- ment, ce qui sera vérifié plus loin, que le volume de l'équivalent du car- bone est de 56 centimètres cubes. » L'un des premiers corps auxquels nous avons appliqué notre calcul ( ioi6 ) •est ioxalale méthyliqne, qui peut être représenté par la formule brute C'H'O' = 1473 grammes, équiv. » Son volume, obtenu en multiplinnt la somme des exposants par 56, est de 22 X 56 = 1232". Si notre hypothèse est exacte, ces nombres devront nous donner la densité maximum de l'oxalate mélhylique. On a y^ = '»>97- L'expérience donne à 10 degrés 1,175. •> Nous avons cherché aussi si l'on devait attribuer h Yazote condensé le même volume qu'à l'hydrogène. Pour cela nous avons déterminé, par un calcul semblable au précédent, la densité de Vanilme I ï 62 5 Ctr?} = 1162,5, éq. Volume, 20 X 56 = 11 20. Densité, — = 1,0'i'j. » L'expérience donne i,o33 et i,o38. M Mais avant d'aller plus loin, répondons à une objection qu'on pourrait nous faire sur la parfaite exactitude du chiffre 56. La fraction qu'il faudrait ajouter à ce nombre pour avoir l'expression tout à fait rigoureuse du volume de l'équivalent des corps est si faible, que nous avons pensé pouvoir la négliger dans nos calculs sans nous exposer à des différences plus grandes que celles qui peuvent résulter des erreurs de pesées dans les expériences. )) Voici maintenant le résultat de nos observations sur les gaz conden- sables. » L'équivalent du chlore à o degré et à o™, 76 = i/(0 litres comme l'hy- drogène ou l'azote. Ces i4o litres renferment-ils en matière solide 56 cen- timètres cubes ou tout autre nombre? Le chlore condensé ayant une densité connue i,3o, il était facile de se prononcer, car son équivalent divisé par «fois 56 devait nousla fournir : g^^-^= |^= 1,317. Les corps du même groupe, comme le brome et l'ioc/e, ont également le volume de 336 à l'état libre. » Il résulte de ces comparaisons qu'à égalité de volume gazeux, 70 litres par exemple, La matière solide de l'hydrogène \ équiv. = 28" » de l'azote \ équiv. = 28" > de l'oxygène i équiv. = 56" » du chlore, du brome, de l'iode. . . \ équiv. =168" » § IL Des liquides. — En considérant les liquides comme des combi- naisons d'un corps solide avec sa propre vapeur, nous sommes arrivé à nous ( '0'7 ) pxi)li(iuer pourquoi, lorsque l'équilibre qui constitue un liquide vient à se rompre, la matière passe dans l'un ou l'autre de ses états extrêmes. » On voit à la pression ordinaire le gaz carbonique convenablement re- froidi passer directement à l'état solide. Il ne se liquéfie qu'avec le con- cours d'une forte pression. D'après cela, il est à présumer qu'on parviendrait H faire cristalliser le carbone et à produire le diamant, si, à l'action de la chaleur, on pouvait joindre celle d'une pression suffisante pour le liquéfier. » Volume des liquides. — Depuis longtemps nous avions pensé avec Gay- Lussac que c'était à leur point d'ébuUition qu'il fallait étudier les liquides pour trouver la loi qui régit leur volume. Les résultats des expériences con- signées dans les feuilles annexées à ce travail nous permettent d'énoncer les propositions suivantes : » i" Les liquides ont ries volumes qui ne sont comparables qu'à leur point d'ébuUition. n 2° Le volume de l'équivalent d'un liquide porté à son point d'ébuUition est égal à 56 centimètres cubes multipliés par un nombre entier. Exemples : Hoinl Volume d'cbullitioii. à l'cbullilion. o Alcool éthylique 78 784 i4 X 56 Alcool amytique i35 i568 28x56 Acide acétique 118 784 i4 X 56 Aniline 182 i344 24x56 Éther acétique ^4 '344 ^4 X 56 Acétate butylique 112 '792 Sa X 56 Bromide phosphoreux 17 5 '344 24x56 » 3° Le volume 'd'un corps porté à l'ébuUition est égal à la somme des volumes des corps qui ont concouru à sa formation. » L'étlier sulfurique, par exemple, dérivant de 2 molécules d'alcool par la soustraction de 2 équivalents d'eau, aura pour volume à l'ébuUition : C'H^O' X 2 = 24 X 56 =^ i344"- » L'expérience a donné 1 340 et i345. ■' L'acide acétique dérive de l'oxydation de l'aldéhyde sous l'influence de l'eau : e n»0' -t- O' + HO = 1 4 X 56 = 784". » L'éUier acétique engendré par la réaction de l'acide acétique sur l'alcool C. R., i865, i^r Semesire. (T. LX, N° 20.) '32 ( ioi8 ) aura pour volume à l'ébullition : C'WO' -+- C'H'O* = 24 X 56 = i344«. » L'aniline C'H'N dérive de C"H«0'+ H'N = 24 X 56 = i344". » On voit tout l'intérêt qui s'attache à cette dernière loi, piiisqu'elle permet de remonter aux éléments constitulits d'un corps, et de lui assigner le rang qu'il doit occuper dans l'éclielle «les composés. Les conséquences d'un autre ordre auxquelles elle nous conduira par la suite ne sont pas moins importantes. » THÉRAPEUTIQUK. — Traitement efficace par le (jalazyme des affections calarrhales, de la phtliisie et des consomptions en cjénéral; par M. le D-^ B. ScHXEPP. Commissaires, MM. Serres, Andral, Velpeau.) « Le galazyme est une boisson mousseuse, enivrante, préparée avec du lait d'ànesse. L'idée de cette préparation tire sou origine de la croyance que la plithisie pulmonaire n'existe pas parmi les populations nomades des steppes de la Russie, par suite de l'usage du kiimis, lait de jument fermenté. » >I. Er\est Maurin adresse une Note intitulée : « Du système d'égouts de Marseille; ses avantages et ses inconvénients pour la santé publique et des ports «, venant à l'appui de son « Mémoire sur Marseille au point de vue de l'hygiène ». (Commissaires, MM. Combes, Morin.) SI. iNetter adresse un Mémoire ayant pour titre : « Nouvelles observa- tions de fièvres typhoïdes, relatives à l'importance de l'élément buccal et à l'heureuse influence de gargarismes acidulés ». (Renvoi à la Commission précédemment nommée.) M. J.-B. Trouillot adresse un Mémoire autographié intitulé : « Re- cherches sur les effets vitaux produits par la combustion de la houille ». (Commissaires, MM. Ch. Sainte-Claire Deville, H. Sainte-Claire Deville. Daubréo.) ( 'OI9 ) M. RivoALEN adresse une Note relative à l'influence que peut avoir sur la jîroduction du choléra l'insalubrité des fosses d'aisances à certaines époques et dans certaines circonstances. (Renvoi à la Coniuiission du prix Bréaiit.) CORRESPONDANCE. M. LE Ministre de l'Instkijctiox publique éciit à l'Académie pour la prier de lui présenter, conformément aux règlements en vigueur, deux candidats pour la chaire de Zoologie (Annélides, Mollusques et Zoophytes) vacante au Muséum d'Histoire naturelle par le décès de M. Valenciennes . Cette demande est renvoyée à la Section d'Analomie et de Zoologie. M. le Ministre de l'Instruction publique adresse l'amplialion du décret impérial, en date du 6 mai i865, autorisant l'Académie des Sciences à accepter le legs d'une somme de >ioooo francs que lui a fait M. Denis-Viclor Dalmont, pour la fondation d'un prix triennal, à décerner pendant 3o ans par l'Académie à celui des Ingénieurs des Ponts et Chaussées en activité de service qui aura présenté à son choix le meilleur travail ressortissant à l'une des Sections de l'Académie des Sciences. M. LE Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la Correspondance, un ouvrage imprimé intitulé : « Origine et transformations de l'homme et des autres êtres «, que l'auteur, M. P. Ttémnux, adresse pour le concours du prix biennal; Un opuscule intitulé : « l'École des Mines de Paris; histoire, organisa- tion, enseignement, etc. »; par M. Ed. Grateau; Un autre opuscule ayant pour litre : « Dupuytren " ; par M. F.-L. Gaillard. MÉTÉOROLOGIE. — Sur les phénomènes qui ont précédé et accompagné l'orage du 7 mai i865. Note de M. Lermoyez, présentée par M. le Général Morin. « Le violent orage qui a éclaté le 7 mai i 865, plus particulièrement dans la vallée de l'Escaut, s'est manifesté à la suite d'une sécheresse de six se- maines et de chaleurs tout à fait insolites pour la saison. Quelques jours l32.. ( 1020 ) auparavant, la température était brûlante, le vent variait du sud-est au sud-ouest ; plusieurs fois des orages avaient paru se former et s'étaient dissipés sans pluie. i> Le 7 au matin, l'air était plus frais, le baromètre remon!;iit; un vent de nord-est chassait devant lui, avec une grande rapidité, de légers nuages ; mais au-dessus de ce vent on en remarquait un autre, beaucoup plus élevé, venant du sud-ouest et charriant lentement des nuées flocon- neuses qui s'épaissirent vers midi. » Cependant l'atmosphère restait calme, et ne laissait présager aucun sinistre ; mais à 3 heures de gros nuages, formant des couches superposées, se montrèrent au sud-ouest, et bientôt le tonnerre se fit entendre. D Au-dessus de leur masse se dressait un épais cumulus, d'iui blanc livide, dans lequel se produisait un pétillement continu d'éclairs; en des- sous, plusieurs couches de nuées, de teintes sombres, s'approchant ilu sol, formaient ime large base à cette sorte de pyramide. » Le roulement du tonnerre était continu, mais sans intensité ni fracas; tm fourmillement non interrompu d'éclairs engendrait une espèce de cré- pitation sans intermittence, et les explosions semblaient se concentrer dans l'intérieur de la plus forte nuée. Les habitants du pays reconnurent fout de suite, à ce signe, la présence d'un orage de grêle. n Cet orage arrivait du sud-ouest et remontait la vallée de la Somme versPéronne; en ce point il s'écarta de la vallée principale pour parcourir la vallée secondaire de la Cologne vers Roisel ; il ne franchit que très- lentement les hauteurs de Ronsoy et d'Épehy, situées au faîte des bassins de la Somme et de l'Escaut; mais dès qu'il plongea dans la vallée de l'Escaut, il fondit avec une effrayante rapidité sur Vendhuile, le Catelet, Beaiuevoir, s'enfonça vers le nord-est entre Bohain et Busigny, dans la direction du Cateau et d'Avesnes, où il engendra une pluie torrentielle. » Les phénomènes les plus bizarres se sont produits à Vendhuile, ]K)iiit où ils ont été observés par M. Georges d'Hargival, cultivateur et conseiller général de l'Aisne, à l'obligeance'duquel nous devons la plupart des détails que nous avons recueillis. » A l'approche de l'orage, le vent nord-est redoubla d'intensité; les nuages qu'il amenait étaient absorbés dans les couches étagécs de la nuée orageuse, avec une vitesse qui dénotait une attraction à laquelle ils ne pou- vaient résister. » La chute de la grêle et de la pluie commença vers 4''3o'°; elle dura vingt minutes, avec accompagnement de formidables tourbillons de vent. ( I02I ) » A Vendhuile, les grêlons avaient la grosseur d'nne balle de fusil ; plus loin, au Catelet, ils atteignaient la grosseur d'œufs de pigeon et même d'œufs de poule; mais, en examinant attentivement ces derniers, on re- connaissait qu'ils n'étaient qu'un agglomérat de petits gréions très-faciles à distinguer. » La grêle, accumulée sur le sol, entravait le cours de l'eau qui la chassait devant elle, et cet obstacle augmentant sans cesse, le torrent prit bientôt la forme d'une vague roulante de 2 mètres au moins de hauteur, et animée d'une telle vitesse, qu'elle ne suivait plus les parties déprimées du terrain et se précipitait en une effrayante avalanche, renversant tout sur son passage. » Le fait le plus extraordinaire réside dans l'incalculable quantité de grêle qui est tombée à Vendhuile et au Catelet. » Un petit contre-fossé du canal de Saint-Quentin, qui sert à l'assèche- ment de 5oo hectares de terre, a reçu un tel volunje d'eau et de grêle, que le flot a franchi les hauts cavaliers du canal, balayant devant lui un tas de 800 hectolitres de charbon, avec lequel il s'est précipité dans le lit de la voie navigable, qu'il a obstrué de la manière la plus complète. « J'ai constaté, le lundi matin, que ce dépôt de grêle, s'étendant sur une longueur de 462 mètres et une largeur moyenne de 20 mètres, présentait, en certains points, urie hauteur qui dépassait 5 mètres; il formait ainsi un volume de plus de 40000 mètres cubes tellement compacte, que l'eau d'amont, bien qu'élevée de o'",6o au-dessus de l'eau d'aval, n'a pas baissé de I millimètre en vingt-quatre heures. Ce dépôt constituait ini véritable glacier, sur lequel on pouvait marcher sans le moindre danger. Lorsque je suis parvenu à y pratiquer une tranchée pour établir des chasses qui devaient l'emporter, il se détachait par masses considérables qui flottaient dans l'eau comme des banquises. » En aval du pont de Vendhuile, dans les prairies d'Ossii, où quelques fossés amènent les eaux de dessèchement de 1000 hectares seulement, le terrain a été couvert, sur 0. kilomètres de longueur et 200 mètres de lar- geur, de plus de 600000 mètres cubes de grêlons qui, à l'heure où j'écris (i3 mai), n'ont pas encore disparu. » Ce banc immense ne forme que l'excédant de grêle que les eaux n'ont pu entraîner dans l'Escaut, et qui s'est trouvé arrêté par les arbres, les haies, les digues et les maisons du hameau d'Ossu. « La grêle s'est principalement abattue sur Vendhuile et le Catelel. lille a bien encore causé quelques dégâts à G kilomètres plus loin, vers Mareiz. ( I02 2 ) fl Busigny; mais au delà on n'en trouve jjIus trace, et l'orage se résout en pluie. » Un fait très-digne de remarque, qui a été constaté dans la plupart des localités atteintes par cet ouragan, c'est que les girouettes placées sur les points les plus élevés indiquaient un vent venant du nord-est, tandis que celles situées dans les plaines marquaient un vent sud-ouest. » I^es dégâts causés par cet orage sont immenses : toutes les récoltes sont hachées; la terre végétale a été partout emportée. Jamais, de mémoire d'homme, on n'a signalé un aussi grand désastre dans les contrées qui viennent d'être si cruellement frappées. » « Yî. Elie de Beacmont demande la parole pour fan-e part à l'Académie d'une remarque que lui adressait M. le Président, en écoutant l'intéressante communication de M. Lermoyez lue par M. le Général Morin : c'est que l'orage du 7 mai a ajouté un nouveau terme à la série des Dépôts meubles sur des pentes, dont M. Elie de Beaumont a eu l'honneur d'entretenir plusieurs fois l'Académie (voyez Comptesrendus,l.hYl,p. 936,séancedu i8mai i86!i, et t. LVII, p. 336, séance du 10 aoiit i863). » CHIMIE. — Sur (pielques propriétés de l'acide azotique. Note de M. Dietzenbacher, présentée par M. H. Sainte-Claire Deville. « L'acide azotique bouillant est un agent d'oxydation énergique, fré- quemment employé dans les laboratoires; l'acide azotique fumant peut également produire à froid des phénomènes d'oxydation qui acquièrent une vivacité remarquable lorsque l'acide nitrique monohydratéest mélangé avec l'acide sulfurique de Nordhausen. On sait depuis longtemps que l'acide azotique bouillant transforme le soufre en acide sulfurique; l'oxydation du soufre se produit aussi à froid en présence de l'acide azotique fumant. Cet acide mis en contact avec la fleur de soufre à la température ordinaire dé- gage des vapeurs rutilantes; la température s'élève et la liqueur trouble le chlorure de baryum. La réaction peut être instantanée ou elle ne se mani- feste qu'au bout de quelque temps, suivant la température et le degré de concentration de l'acide. )i Le soufre en canoji est oxydé de la même manière, mais avec moins de vivacité. Le degré de concentration de l'acide nitrique a une grande in- fluence sur le phénomène; lorsqu'on y ajoute quelques gouttes d'acide sulfurique de Nordhausen, la réaction est très-vive. ( I023 ) » L'acide nitrique fumant dissout le pliosphore à froid ; le phosphore brûle au contact d'un mélange d'acide azotique fumant et d'acide sulfu- rique de Nordhausen, à volumes égaux. L'expérience n'est pas sans danger. » Le phosphore rouge est très-faiblement attaqué à la température ordi- naire par l'acide azotique fumant; au bout de quelque temps la liqueur précipite le nitrate acide de bismuth. Dans le mélange d'acide nitrique monohydraté et d'acide sulfurique fumant, une pai tie du phosphore rouge est transformée en acide phosphorique et s'enflamme. La réaction est accompagnée d'un dégagement abondant d'épaisses vapeurs rutilantes. » Le mélange d'acide nitrique fumant et d'acide de Nordhausen est un agent d'oxydation des plus énergiques : l'acide sulfurique de Saxe, très- avide d'eau, ne sert pas seulement à concentrer l'acide azotique, il déter- mine une véritable décomposition de cet acide, lorsque la température s'élève. En chauffant dans une cornue de verre un mélange d'acide nitrique concentré et d'acide sulfiuique de Nordhausen, à la température d'ébulli- tion, on obtient un dégagement abondant d'oxygène pur. » Le mélange des deux acides transforme en quelques minutes l'arsenic en acide arsénieux; àla température ordinaire, l'acide nitrique fumant, seul, n'exerce pas d'action sensible sur l'arsenic. » Dans le mélange des deux acides, le charbon et le noir de fumée brillent avec une grande viv.icité. Un mélange d'acide azotique fumant et d'acide phosphorique anhydre donne lieu au même phénomène. » Le mélange des deux acides est sans action sur les métaux facilement oxydables. » Le zinc, qui est attaqué très-vivement par l'acide azotique concentré, n'éprouve aucune altération dans le mélange d'acide nitrique monohydraté et d'acide sulfurique de Nordhausen. « Le zinc se conserve pendant plusieurs jours dans le mélange des deux acides, sans qu'il soit possible d'apercevoir aucune action. Ce métal n'est pas attaqué par la liqueur acide à la température de l'ébuUition. 1) Le mélange acide est également sans action sur le fer, le cuivre, i'élain -, le fer ne devient pas passif. » Le mélange d'acide nitrique fumant et d'acide sulfurique de Nordhau- sen à volumes égaux transforme en quelques secondes le coton en pyroxyie insoluble dans le mélange d'éther et d'alcool. Le coton-poudre ainsi pré- paré s'enflamme instantanément sans laisser de résidu. n Le coton incomplètement immergé dans les deux acides s'enflaiiuue, brûle vivement au milieu d'un dégagement d'épaisses vapeurs rutilantes. » ( ioa4 ) PHYSIQUE. — Sur l' cmj)loi des températures absolues dnns la théorie mécanique de la chaleur ; par M. Athaxase Dupré. « La Revue Suisse du 20 mars contient, sous le nom de M. l'ingénieur Arthur Achard, un exposé du second principe de la théorie mécanique de la chaleur dans lequel il emploie les températures absolues et s'attache à en justifier l'usage, contre lequel je me, suis prononcé précédemment. Il définit corps de même température ceux qui ne peuvent se céder de la chaleur; puis, pour déterminer l'échelle, il conçoit qu'un corps dépourvu de chaleur en reçoive successivement des quantités qui, abstraction faite de la chaleur transformée en travail interne ou externe, soient égales chacune à la constante k choisie arbitrairement et qu'il appelle chaleur spécifique vraie. 11 nomme degrés les variations de température que ces additions produisent. Q^ étant la chaleur actuelle totale et t la température absolue, il arrive par définition à l'égalité La quantité ka est indépendante du volume; pour un premier corps A, elle peut être rendue aussi indépendante de la température par le choix même de la définition ; mais, si on prend un second corps B en équilibre de tem- pérature avec A et si on partage sa chaleur actuelle totale Q4 en t parties égales, de sorte qu'on ait Qi = ^4 T, rien ne prouve que A et B seront encore en équilibre quand on leur don- nera des quantités de chaleur n fois moindres à l'un et à l'autre. Le corps A aura pour température -; la température du corps B, qu'on suppose la même, pourra bien être différente. A la vérité, M. Achard prétend démon- trer le contraire; mais le vice de son raisonnement est facile à apercevoir : on y trouve une pétition de principe, et, d'ailleurs, il est dans la nature d'une étude purement algébrique de ne pouvoir conduire à aucun théorème de ce genre. Pour établir que les chaleurs spécifiques vraies sont mdépen- dantes des volumes, je me suis appuyé sur les principes fondamentaux de la théorie mécanique de la chaleur; sans leur emploi, la démonstration est impossible : ce n'est qu'en suivant une marche analogue, Ce n'est qu'en partant des principes connus ou de ceux auxquels on arrivera plus tard, qu'on peut espérer découvrir si leurs rapports sont véritablement indépen- dants de la température. Jusqu'à présent cette loi n'est autre chose qu'une ( loaS ) hypothèse comme on en a introduit trop souvent dans la théorie mécanique de la chaleur, qui se serait fait généralement admettre beaucoup plus vite sans cette circonstance. » PHYSIQUE. — Sur te second tliéorème principal de la théorie mécanique de la chaleur; par M. R. Clausics. « Je trouve dans le Compte rendu du lo avril une Note de M. Dupré dans laquelle l'auteur critique mes travaux sur le second théorème princi- pal de la théorie mécanique de la chaleur, que j'ai nommé, dans la forme que je lui ai donnée, le théorème de i équivalence des transformations. Je ne crois pas qu'il soit nécessaire de défendre contre les objections de M. Dupré mon théorème et la démonstration que j'en ai donnée, parce que les rai- sons qui m'ont guidé dans mes recherches sont amplement indiquées dans mes Rlémoires publiés depuis longtemps, et dont j'ai eu l'honneur d'en- voyer des exemplaires à l'Académie. Seulement je demande la permission de corriger une erreur étrange qui se trouve dans les conclusions par les- quelles M. Dupré cherche à prouver que l'axiome employé dans ma dé- monstration est en contradiction avec un fait. » L'axiome dont il s'agit exprime que la chaleur ne peut passer delle- nicnte, c'est-à-dire sans une compensation^ d'un corps pins froid dans un corps plus chaud. Je considère comme une compensation chacun des trois actes suivants : si une autre quantité de chaleur |)asse d'ui! corps iiliîschaud dans un corps plus froid, ou si une quantité de travail est transformée en cha- leur, ou enfin si la désagrégation d'un corps est augmentée. » Pour prouver que cet axiome n'est pas généralement vrai, }.l. D!q)ré a décrit il y a quelque temps un procédé qui consiste en ce qu'une masse ga- zeuse A à une certaine température se dilate et comprime, en se dilalant, une autre masse gazeuse B dont la température est plus élevée. Dans la masse A une quantité de chaleur équivalente au travail effectué disparaît, et dans la masse B, à laquelle le travail est transmis, la même quantité de chaleur apparaît, en sorte qu'on peut dire que cette quantité de chaleur est transportée de la niasse A à la masse B. La question est de savoir si ce trans- port a eu lieu sans compensation ou avec une compensation. » Dans une réplique à l'exposition de M. Dupré, j'avais fait remarquer que l'augmentation de désagrégation qui doit avoir lieu dans la première masse gazeuse, pour effectuer un certain travail, est plus grande que C. R., i865, I""' Semestre. (T. LX, N» 20.) I 33 ( 1026 ) la diminution de désagrégation qui peut être produite dans la seconde masse par ce même travail, parce que la première a une température plus basse que la seconde. La désagrégation totale des deux masses gazeuses, considérées ensemble, est donc augmentée, et cette augmentation de désa- grégation est la compensation du transport de chaleur. En réponse à cette remarque, M. Dupré dit, dans sa Note, que le changement de désagrégation doit être égal, parce que le travail dont il s'agit est égal dans les deux masses gazeuses. » M. Dupré n'aurait pas fait cette objection s'il connaissait la définition que j'ai donnée de la désagrégation. Supposons qu'ini corps, par l'action de la chaleur, change d'état en ce sens que des résistances qui peuvent être externes et internes sont surmontées, et que par cela du travail est fait, alors l'augmentation de désagrégation qui résulte de ce changement n'est pas simplement mesurée par le traval fait; mais, pour avoir une mesure, il faut diviser le travail par la température absolue du corps. Soit dL le travail fait dans un changement infiniment petit d'état, T la température absolue du corps, et A l'équivalent calorifique du travail ; alors on a, pour déterminer l'augmentation de désagrégation dZ résultant de ce chan- gement, l'équation [voyez Journal de Liouvilte, 2® série, t. VIT, p. aaS) » Pour le cas où le corps est un gaz parfait, j'ai dérivé de l'équation ci- dessus l'expression spéciale de la désagrégation Z = ARlogi^, ou V désigne le volume et R est une constante. Si donc le gaz se dilate d'un volume initial Vq, auquel correspond la désagrégation Zg, jusqu'au volume v, l'augmentation de désagrégation sera donnée par l'équation Z — Zo = ARlog-, d'où suit que le changement de désagrégation est déterminé par le rapport du volume final au volume initial. y Comme maintenant la forme expansive du gaz croit avec la ten)pérature, et comme, par cette raison, si le volume initial du gaz est donné, la dila- tation qui doit s'accomplir pour effectuer un certain travail est d'autant plus grande que la température est plus basse, il s'ensuit que le change- ment de désagrégation qui correspond à un certain travail est de même plus ( '027 ) grand pour une température basse que pour une températine haute. C'est ce que j'avais dit dans ma réplique, et que M. Dupré croit en contradiclion avec mon théorème. » Je pense que ce seul exemple suffira pour faire voir combien peu M. Dupré connaît mes travaux qu'il critique. » CUIMIE. — Nouvelles études sur les dissolutions sursaturées. Note de M. D. Gernez, présentée par M. Pasteur. « J'ai démontré, dans une communication récente (24 avril), que la cristallisation d'une solution sursaturée de sulfate de soude à la temjjérature ordinaire est toujours déterminée par le contact d'une parcelle infiniment petite de sulfate de soude disséminée, soit dans l'air, soit à la surface des corps avec lesquels on a touché le liquide; j'en ai déduit un procédé nou- veau d'analyse qualitative d'une sensibilité pour ainsi dire infinie, et appli- cable au sulfate de .soude et à un certain nombre d'autres corps dont on peut préparer des solutions sursaturées. « Depuis Gay-Lussac on connaissait trois sels jouissant de cette propriété : le sulfate, le séléniate et l'acétate de soude, auxquels Lœwel a ajouté le carbonate de soude, le sulfate de magnésie et l'alun de potasse. » J'ai répété sur ces substances (le séléniate de soude excepté) les prin- cipales expériences que j'avais faites sur le sulfate de soude, et j'ai constaté que l'air ordinaire et les corps que l'on met en contact avec les solutions sursaturées n'en déterminent pas lu cristallisation. S'il arrive que ces liqui- des se prennent en masse cristalline à la température ordinaire, c'est qu'on y introduit accidentellement une parcelle solide de la substance dissoute, restée le plus souvent adhérente aux parois du vase dans lequel on l'a pré- parée, ou que l'on opère dans un laboratoire dont l'air, sans cesse agité, renferme en suspension des quantités d'autant plus considérables de ces corps qu'ils sont pour la plupart efflorescents. » De même, le contact des composés quelconques de la Chimie avec le liquide sursaturé ne produit aucun effet, et si l'on observe que certains échantillons le font cristalliser, il est toujours possible de constater qu'ils contiennent une petite quantité de la matière dissoute. 1) Ainsi la solution sursaturée d'acétate de soude s'est prise en masse au contact (les carbonates de plomb, de fer et de cuivre, et du benzoate de plomb; on comprend, en effet, que ces corps, obtenus par précipitation i33.. ( I028 ) d'un acétate par le carbonate ou le benzoate de soude, pouvaient contenir encore de l'acétate de soude; je n'ai plus, en effet, trouvé d'action à ces bubstauces quand elles ont été purifiées par ini simple lavage, ou quand j'ai opéré avec d'autres échantillons moins impurs provenant du laboratoire de la Faculté des Sciences de Dijon, et que M. Ladrey avait eu l'obligeance de mettre à ma disposition ; les 1 80 autres composés essayés ont été sans action sur la solution. » Le carbonate de soude a conduit à un résultat analogue. Sur 192 sub- stances, 3 seulement ont déterminé la cristallisation : le borate, l'iodate et le phosphate de soude. La présence du carbonate de soude dans ces com- posés n'a rien qui surprenne. » Quant au sulfate de magnésie, on l'a touché avec 171 produits de la- boratoire; 2 seulement ont déterminé la cristallisation, ce sont le carbonate et le phosphate ammoniaco-magnésien; le mode de préparation de ces deux corps explique suffisamment ce résultat; mais sur 60 échantillons de com- posés, essayés déjà pour la plupart, prélevés dans une pharmacie, 21 ont déterminé la cristallisation : il est à peine besoin d'ajouter que ceux de ces corps que l'on a purifiés ont perdu toute action sur la solution sursaturée. » Des résultats analogues aux précédents ont été obtenus avec l'alun de potasse. )) Les dissolutions sursaturées préparées jusqu'ici peuvent donc servira déceler des traces de la matière dissoute. )) L'étude attentive des circonstances dans lesquelles elles peuvent se conserver intactes m'a conduit à reconnaître que d'autres substances peu- vent être obtenues à l'état de sursaturation. Avec des précautions convena- bles j'ai réussi à observer ce phénomène, considéré jusqu'ici comme un effet exceptionnel et curieux d'inertie moléculaire, dans un nombre de cas assez considérable pour qu'on puisse le regarder comme un fait presque général. » La liste suivante comprend, avec les six composés étudiés plus haut, les vingt substances dont j'ai obtenu des dissolutions sursaturées : ( 1029 ) Sulfate de soucie. Séléniate de soude. Act'tate de soude. Carbonate de soude. Sulfate de magnésie. Alun de potasse. Phosphate de soude. Borate de soude. Hyposulfîte de soude. Arsôniate de potasse. Azotate d'ammoniaque. Acétate d'ammoniaque. Oxalate d'ammoniaque. Phosphate d'ammoniaque. Alun ammoniacal. Sulfate de protoxyde de fer. Sulfate double d'ammoniaque et de fer. Sulfate double d'ammoniaque et de magnésie. Sulfate de zinc. Sulfate double de zinc et de magnésie. Sulfate de cuivre. Sulfate de glucine. Azotate d'urane. Bichlorure de cuivre. Acide citrique. Tartrate double de potasse et de soude. » Jusqu'ici les dissolutions sui'satiiiées de ces composés ont présenté les propriétés que je vais résumer ici : » 1° Elles cristallisent immédialeinent an contact d'une parcelle infini- ment petite de la matière dissoute; la solidification est accompagnée d'un dégagement de chaleur qnelquetois très-considérable, dans l'alun ammo- niacal par exemple, dont la cristallisation est, du reste, une des plus remar- quables. » 2° A un certain degré de concentration, elles peuvent rester inaltérées à la température ordinaire, si l'on évite toutes les circoristances qui peuvent amener au contact du liquide une parcelle de la matière dissoute. » 3° Un certain nombre d'entre elles abandonnent à la température ordinaire des cristaux d'un sel moins hydraté. Lœwel avait déjà signalé des cristallisations de ce genre dans les solutions de sulfate et de carbonate de soude, de stdfate do magnésie et d'aluii; j'ai observé qu'il s'en produit également dans les solutions de borate et de phosphate de soude, d'alun ammoniacal, de sulfate de fer, de sulfate de zinc. La plupart de ces dépôts cristallins sont transparents tant qu'ils sont baignés par la liqueur et deviennent progressivement blancs et opaques aussitôt que la solution sur- saturée se prend en masse. Ce phénomène curieux n'a pas reçu jusqu'ici d'explication; on peut, je pense, s'en rendre compte de la manière suivante : l'accroissement d'un cristal se fait par couches superposées qui le plus sou- vent emprisonnent une certaine quantité d'eau mère, visible lorsqu'on brise un cristal d'une certaine dimension; dans le cas actuel, les cristaux se développent au sein de la solution sursaturée, et lorsque celle-ci se prend ( I°3<5 ) en masse, la solidification se propage entre les couches superposées de l'hydrate transparent; il en résulte un effet analogue à celui que présente la glace qui, transparente en fragments d'une certaine dimension, devient blanche et opaque quand elle a été broyée. r 4'* Ces substances sont des hydrates auxquels la chaleur peut enlever l'eau de cristallisation ; il en résulte qu'ils perdent la propriété de déterminer la solidification de leur propre solution quand ils ont été portés à une tem- pérature suffisante pour les déshydrater. B La diversité de ces composés, qui appartiennent aux genres de sels les plus variés de la Chimie, me fait espérer que je pourrai en augmenter le nombre. Je poursuis en ce moment ces recherches, et j'aurais attendu qu'elles fussent plus complètes pour en indiquer les résultats, si l'on n'avait objecté à mes expériences sur le sulfate de soude des observations faites sur les autres dissolutions sursaturées. o Les faits nouveaux consignés dans cette communication me paraissent confirmer pleinement ceux que j'ai annoncés dans la précédente. )■ Comme application du procédé analytique que j'ai indiqué, j'ai conti- nué l'examen des poussières de l'air. Les dépôts recueillis dans les localités les plus diverses (les laboratoires de Chimie exceptés) ont été soumis à l'ac- tion de quelques-unes des substances énumérées ci-dessus. Tous, comme je l'ai dit déjà, ont f:iit cristalliser le sulfate de soude. Aucun jusqu'ici n'a en d'action sur l'acétate, le borate et l'hyposulfite de soude, ni sur le car- bonate et le phosphate de soude. Ces substances, quoique efflorescentes, ne se rencontrent donc qu'accidentellement dans l'atmosphère. La solution d'azotate d'ammoniaque, au contraire, a cristallisé dans tous les cas. L'exis- tence de l'azotate d'ammoniaque dans l'air est du reste bien connue. La diffii- sion de cette substance, qui paraît plus répandue que le sulfate de soude, et peut-être sa volatilité, rendent assez difficile la préparation de la dissolution sursaturée. Elle présente, du reste, quelques particularités curieuses que j'aurai l'honneur de communiquer à l'Académie quand j'aurai complété cette étude. » CHIMIE. — De l'existence du silicium sous deux élats dans la fonte, et de leur injluence sur la production d'acier par le procédé de Bessemer. Note de M. le D"^ Piupson, présentée par M. Daubrée. (I L'existence du carbone sous deux conditions allotropiques dans la ■ fonte, savoir : aC ou carbone combiné et bC ou graphite, et l'influence ( io3i ) que ces conditions exercent sur la qualité du fer et ses applications à divers usages, sont depuis quelque temps parfaitement connues. J'ai eu l'occasion, récemment, de constater par une série d'analyses de fontes de qualités connues, que le silicium comme le carbone existe dans ces fontes sous deux états différents, savoir : «Si et bS'i, et que la prédominance de l'une ou de l'autre de ces formes dans un échantillon de fer donné exerce une influence extrêmement marquée sur la qualité du fer en qnestion, surtout lors de sa conversion en acier par le procédé Bessemer. » En analysant des fontes riches en carbone et en silicium, comme celles qui sont obtenues par le traitement des oiigisles ou autres minerais presque exempts de soufre et de phosphore, mais qui renferment toujours une assez forte proportion de silice, j'ai trouvé que la quantité totale de siliciimi se dédouble invariablement, comme le fait le carbone, en deux portions a Si et bSi, et que, selon que l'une ou l'autre de ces portions prédomine dans la fonte en question, celle-ci sera ou ne sera pas capable de donner de l'acier. Pourvu que la fonte ne contienne que des traces de phosphore et de soufre, il paraît être d'assez peu d'importance combien de carbone et de silicium y existe pour que cette fonte produise de bon acier, si le carbone et le silicium sont presque entièrement à l'état libre, c'est-à-dire sous forme de bC et de bSi, et qu'on n'y trouve que peu ou point de «C et de aSi (com- biné). Dans toutes les fontes qui donnent facilement de l'acier par le pro- cédé Bessemer, c'est le bC (ou graphite) qui prédomine, et la même règle semble applicable au silicium; il n'y a que les fontes qui contiennent une forte proportion de 6Si, ou plutôt une très-faible proportion de aSi, qui puissent être transformées en acier par le procédé Bessemer, avec quelque succès. En dissolv.ant les fontes dans un acide, le bCse dépose sous forme de brillantes écailles de graphite, tandis que le nC se dégage à l'état gazeux en combinaison avec l'hydrogène. Quelque chose de pareil s'observe pour le silicium : j'emploie toujours l'eau régale, tant pour empêcher la forma- tion d'une petite quantité d'oxyde de silicium que pour détruire immédia- tement des traces d'hydrogène silice qui pourraient se former. Dans ce cas, tout l'acide silicique provenant de aSi entre en soliUion, tandis que l'acide silicique formé par le bSi se dépose. Une analyse quantitative qui ne montre que la quantité totale du carbone ou du silicium ne nous ap- prend presque rien quant à la possibilité de convertir la fonte en acier, tan- dis que l'analyse qui sépare aC et bC, aSi et bSi nous apprend tout ce que nous voulons savoir sous ce rapport. i> L'exemple suivant fera immédiatement ressortir la vérité de ce qii«^ ( lu?,2 ) je viens d'avancer. C'est l'analyse de liois écliaiilillons de fontes A, B et C qui m'ont donné une composition en loo presque identique ponr tous les ti'ois, tandis que les cjualités de ces trois fontes, sous le rapport de la j)ro- dnction d'acier, sont extrêmement différentes : A B Carbone 3,36o 2,90 Silicium 4,200 2,96 Phosphore . o,oi3 Soufre 0,021 IManganèse. Fer Traces. 92,400 99 '994 0,01 o,o5 0,01 92,40 99,33 C 3,12 4,2.3 0,01 o,oG Traces. 92,80 100,22 » Dans la pratique, on trouve que A donne un acier assez bon, li donne de l'acier très-mauvais et très-dur, et C donne un acier si mauvais, qu'on ne peut pas le travailler du tout. » Voici maintenant les proportions du carbone a et b, et du silicium a et h que je trouve dans ces trois échantillons : Carbone . j aC ( 4C A o,3o 3,06 B 0,40 2,5o 0,32 \ 2,80 ( pour 100 Silicium . 3,36 2, go 3,12 A B f; (7 Si iSi 0,98 3,22 1,81 • 2,l5 2,60 i i,G3 \ pour 100. 4,20 3,96 4,23 » Il est facile de voir ici l'augmentation progressive du «Si (ou silicium combiné) correspondant précisément avec la qualité de |)lus en jilus infé- rieure de la fonte poiu" la production d'acier. n L'échantillon A ne doit pas être pris comme type d'inie fonte jjropre à la production d'acier par le procédé Bessemer, nous en avons qui sont encore plus purs; mais je l'ai choisi connue fourni.ssant un bon exemple en con)pai'aison avec les deux autres. » Dans une autre Note, j'aurai quelques observations à faire sur le dosage de aC et bC, rtSi et iSi, dans les différentes espèces de fontes; observa- lions qui auront, j'espère, quelque utilité pratique. » ( ïo33 ) CHIMIE ORGANIQUE. — Sur t action réciproque de l'orcine el de l' ammoniaque. Note de M. Victor de Luynes, présentée jDar M. Dumas. « L'tine des propriétés les plus remarquables de l'orcine est de se trans- former en matière colorante sous l'influence simultanée de l'air, de l'am- moniaque et de l'eau. Robiquet a étudié quelques-unes des circonstances qui accompagnent cette mét;miorpbose; il a reconnu que la quantité d'am- moniaque absorbée pendant le phénomène était considérable relativement à la proportion d'air qui réagit en même temps; mais il ajoute qu'il reste à savoir si cet alcali se combine à l'orcine dans son entier ou s'il n'intervient que par ses éléments. Il avait constaté qu'à la températui'e ordinaire l'orcine pulvérisée absorbe l'ammoniaque seulement à la manière des corps poreux, mais qu'elle l'abandonne avec la plus grande facilité sous les plus faibles influences qui tendent à la soustraire. » "Voulant étudier d'une manière plus complète le rôle que joue l'am- moniaque dans la production de la matière colorante, j'ai été conduit à chercher quelle action cette base seule exerce sur l'orcine. » En chauffant dans la partie supérieure d'une cloche courbe pleine de gaz ammoniac sec un fragment d'orcine déshydratée, cette substance fond d'abord et entre ensuite en ébuUition ; on remarque alors que le gaz ammo- niac est absorbé en abondance et avec une grande rapidité. On constate le même fait en faisant traverser de l'orcine maintenue fondue dans une cornue en verre par un courant d'ammoniaque. Celte affinité remarquable de l'or- cine pour l'ammoniaque étant établie, j'ai cherché si ces deux corps étaieiif susceptibles de se combiner en proportions définies. » Dans ce but j'ai dissous à froid de l'orcine hydratée dans de Téther ordinaire, et j'ai soumis la liqueur à un courant ammoniacal ; j'ai abandonné dans un flacon bouché la solution à elle-même; le lendemain, les parois du flacon étaient recouvertes de cristaux octaédriques assez volumineux. Ces cristaux s'obtiennent également avec l'orcine et l'éther anhydres. Ils consti- tuent une combinaison à proportions définies d'orcine et d'alcali. Quelle que soit en effet la manière dont on les prépare, ils renferment toujours la même proportion d'ammoniaque. Cette combinaison est moins soluble dans l'éther que l'orcine; on peut laver plusieurs fois ces cristaux avec de l'éther, dans lequel ils ne se dissolvent que difficilement. Ils sont incolores, mais exposés à l'air ils se convertissent immédiatement en matière violette sans passer par les teintes jaunes et rougeâtres qu'on observe quand on C. R., iS65, f' Scmeslre. (T. LX, N» 20.) I 3/| ( To34 ) «^xpose à l'air de l'orcine dissoute dans l'ammoniaque ou en conlact avec ce gaz. Cette combinaison parait jouer un rôle important dans la formation de l'orcéine. Je m'occupe en ce moment de son étude complète, que je poursuis, sous la haute et bienveillante direction de M. Dumas, au labora- toire de recherches et de perfectionnement de la Faculté des Sciences de Paris. » MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Reclierclies théoriques et pratiijiies sur lajiexion des systèmes quadrillés. ?v"ote de M. Lavoinne, présentée par M. Delaunay. (Extrait.) « Dans les applications de la théorie de la résistance des matériaux au calcul des pièces de charpente, on ne considère habituellement que des pièces isolées, composées de fibres parallèles et soumises directement à l'ac- tion des forces extérieures. S'il s'agit, par exemple, d'un pont métallique dont le tablier est supporté par plusieurs fermes parallèles, on étudie la flexion qui se produit isolément dans chaque ferme, en sispposant qu'elle reçoive directement une charge permanente, que l'on prend généralement égale au poids des deux demi-intervalles qu'elle sépare, augmenté d'une certaine sur- charge. On ne se préoccupe point de l'influence des pièces transversales, qui, en établissant une certaine solidarité entre les fermes, ont pour effet de les faire concourir toutes à la résistance, et de produire entre elles une réparti- tion des charges qui peut s'écarter notablement de l'hypothèse que l'on a faite dans un but de simplification. ■> Cette influence est susceptible de devenir dans certains cas assez con- sidérable pour qu'il n'y ait plus lieu de la négliger. Tel est le cas des portes d'écluse, où les efforts supportés par les diverses entretoises peuvent varier d'une manière très-sensible, tant avec l'espacement qu'avec les forces rela- tives des entretoises et du bordage. >> L'objet de ce Mémoire est de rechercher, dans un certain nondjre de cas simples, couuuent se fait la répartition des charges pour les systèmes ([uadrillés, c'est-à-dire pour des systetnes composés de pièces parallèles entre elles reliées transversalement par d'autres pièces également parallèles entre elles, et d'établir des formules qui permettent, dans le calcul des dimensions des différentes pièces que comprciuient ces systèmes, de tenir com])te de l'influence des liaisons transversales. Les divers cas considérés sont : i" celui d'un tablier de pont formé par une série de longerons parallèles supportant un plancher; 2" celui d'une porte d'écluse où les entretoises horizontales ( io35 ) sont reliées par un bordage vertical qui bute, par rintermédiaire de l'entre- toise inférieure, contre un seuil invariable; 3° celui d'un plancher dont le contour rectangulaire repose de toutes parts sur des appuis fixes. Les for- mules obtenues dans ce dernier cas conduisent facilement à celles qui expri- ment la flexion des plaques métalliques rectangulaires supportées par des cadres invariables. » PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. —Du tannin dans tes Rosacées; par M. A. Trkcvl. « On sait que la famille des Rosacées est une de celles dans lesquelles le tannin est le plus abondamment répandu, mais ou y connaît peu la répar- tition de ce principe immédiat. M. Sanio seul en a dit quelques mots bien insuffisants en i863, à propos des Pyrus cominunis, Amyrjdalus communis, Prunus spinosa et Pr. auium. Ces plantes méritaient donc une étude plus ap- profondie. Conduit à celte étude par la recherche des sucs propres, je l'ai accomplie en même temps que celle des Légumineuses et de plusieurs autres familles. En voici les principaux résultats obtenus par la macération de jeunes rameaux dans une solution de sulfate de fer. » Le tannin existe dans tous les tissus des rameaux de certaines espèces: dans l'épiderme, dans le collenchyme, dans le parenchyme extralibérien, dans tout le système fibro-vasculaire et dans la moelle. Les cellules subé- reuses ou péridermiquessont seules exceptées, quand elles se développent. Les membranes utriculaires elles-mêmes sont assez souvent imprégnées de tannin; mais le plus ordinairement la cavité des cellules en renferuie seule. J'en ai trouvé les membranes imprégnées dans tout le système tîbro-vascu- laire très-jeune des Rosa rubiginosa, sulphurea, albn, du Sanguisorba ojfici- nnlis, etc. ; mais avec l'âge, quand les membranes viennent à s'épaissir, elles perdent leiu- tannin, et, dans le liber parfait, on ne retrouve souvent plus au centre qu'un petit point noir. » Quand toutes les cellules parenchymateuses de l'écorce et de la moelle contiennent du tannin, ce n'est qu'en assez petite quantité {Rubus glandu- losus D. C, etc., Potenlilla alrosanguinea, etc., etc.); et alors même ce principe est renfermé en bien plus forte proportion dans des séries de cel- lules spéciales dont j'ai surtout l'intention de m'occuper dans ce résumé. Ayant mentionné l'existence du tannin dans l'épiderme et dans le collen- chyme, où il se trouve en quantité plus ou moins grande, je n'en parlerai plus; et, pour abréger encore, je vais choisir parmi les cent vingt espèces, 134.. ( io36 ) que j'ai étudiées les types les plus susceptibles de faire connaître sa distri- bution. » Parmi les Rosiers, je citerai d'abord les liosa damascena et Bonksiana, dont l'écorce présente des différences notables. Dans le premier, toutes les cellules corticales extralibériennes indistinctement accusent du tannin (no- vembre), quand les coupes sont exposées à l'air en sortant de la solution ferrugineuse. Dans le second, le parenchyme vert externe n'en offre pas, et dans le parenchyme extralibérien interne la moitié des cellules environ sont pourvues de ce principe. Celles qui en contiennent sont distribuées presque en un réseau irrégulier dans les coupes transversales. » Dans ces deux espèces et dans presque toutes les Rosacées munies de tannin (i), il existe à la surface de la région libérienne (qu'il y ait des fais- ceaux du liber ou que ceux-ci manquent, comme dans VJlchemilla vulga- ris et VAcaena sericea) une couche de cellules souvent continue, qui bleuit fortement parle sel de fer. Une pareille couche, continue ou non, existe aussi à la face interne du système fibro-vasculaire, autour de la moelle; mais là, dans bon nombre d'espèces, elle ne s'observe qu'autour de la par- tie saillante des faisceaux, et parfois elle n'est même représentée que par des cellules plus ou moins espacées. » Ces deux couches (supralibérienne et supramédullaire) d'utricules bleuies sont ordinairement réunies par les cellules bleuies aussi des rayons médullaires. Mais, quand ces rayons sont formés de plusieurs rangées de cellules, il n'y a souvent que les rangées latérales qui aient noirci ou bleui. Les petits rayons, qui fréquemment ne vont pas jusqu'à la moelle, peuvent aussi montrer du tannin. Enfui, cette matière est également contenue dans des séries longitudinales de cellules éparses dans le tissu sous-libérien de la plupart des Rosacées. » Le trait le plus remarquable de la structure des Rosiers s'observe dans la moelle. Les cellules à tannin, qui y sont plus étroites que les utricules environnantes, sont disposées en séries verticales reliées entre elles par des séries horizontales ou obliques de cellules semblables, de manière à former un élégant réseau dont les mailles sont courtes dans quelques espèces, plus longues dans quelques autres [Rosa semperjhrens, Noisetliana, tnrlnnnln, nlbii, etc.). Ce qu'il y a de singulier, c'est que les cellules à tannin sont parfois presque les seules qui contiennent de l'amidon, à une époque (i) Le Kerria japonica ne présente pas de trace de tannin. Toutes ses cellules restent de la plus grande pureté. ( >o37 ) où les autres cellules n'enserrent que des gaz. Et ce qui est non moins éton- nant, c'est que dans le Rosa turbinatn, en sortant de la macération, qui eut lieu de novembre à décembre, ces grains amylacés se sont trouvés seuls bleuis dans des coupes prises vers le milieu des tronçons. L'exposition à Pair fit ensuite noircir le reste du contenu de ces cellules. 11 en était au- trement, à la même époque, dans certaines cellules du pourtour de la moelle des Bosa eglanteria et sulpintrea. Le tannin y étant rare, les grains amylacés 'devenaient seuls noirs. ■» Les grains d'amidon existent déjà à la mi-juin dans les cellules à tannin des jeunes pousses des Rosa miiscosn, penditlina, lucida, etc. Il y a aussi quelquefois des grains verts, souvent amylacés, dans les cellules à tannin spéciales [Rosa turbinata, gallica^ froxiriifolia , Geiim urixinum, Fragnrin in- dica dans le: stolons, etc.). » Les Babus présentent deux types qui peuvent être utilisés pour la réu- nion ou la distinction d'espèces que certains botanistes réunissent, tandis que d'autres veulent les séparer, telles que les Btibus fnilicosus, glandulosus et coiyli/olius. Je ne mentionnerai ici que les caractères offerts par le paren- chyme libérien et le médullaire, les autres parties ayant tous les caractères généraux que je viens de signaler. " Dans le Bubus fruticosus, le parenchyme extralibérien est formé de trois sortes de cellules : i° de cellules à grains verts dont les unes sont sous le collenchyme et les autres près du liber; i° de cellules incolores plus grandes, qui occupent la partie moyenne; 3° de cellules à tannin quelque- fois assez nombreuses pour constituer une couche sous le parenchyme vert externe, laquelle couche est reliée, par des cellules étroites, à travers les cellules incolores, avec les cellules à tannin plus rares mêlées au tissu vert interne ou supralibérien. Dans la moelle de ce même Bubus, les cellules à tannin, étroites et courtes, forment de nombreuses séries longitudinales, qui sont unies entre elles par des cellules déprimées, très-allongées horizon- talement, ce qui divise le parenchyme médullaire en mailles de cellules bleuies avec intensité, tandis que les cellules intermédiaires, beaucoup plus larges, ne sont pleines que de gaz. » Les Bubus glandulosus D. C. et lacinialus présentent la même disposition que le Bubus fruticosus; mais les Bubus corjlifolius, strigosus, etc., ont un aspect bien différent sur des coupes soit transversales, soit longitudinales. Dans le parenchyme extralibérien de ces dernières espèces, les cellules à tannin sont plus rares. Elles sont disposées en séries longitudinales, et ces séries sont éparses ou groupées deux ou trois ensemble. Dans la moelle sont ( io38 ) de pareilles séries ioiigituditiales, le plus souvent isolées, de manière que sur des coupes transversales, au lieu d'avoir un réseau comme celui du Riibus fruticosus, on n'a que des cellules éparses ou par petits groupes de deux ou trois. C'est que les séries longitudinales de cellules à tannin ne sont plus que trés-rarcment unies entre elles par des cellules placées horizontale- ment. Dans quelques espèces [Hiibiis arcticus, rosœfotius), ces séries longitu- tudinales, loin de former un réseau, sont réduites à un petit nombre d'utri- cules, et par là même isolées les unes des autres. On a ainsi une sorte de dégradation qui se manifeste déjà par la longuetu- des mailles dans les Rosiers [Rosa cinnaniomea, sulpliitrea, cnrolina, spinosissima), et qui est plus évidente encore dans les Spirœa, comme je le dirai plus loin. >i Les Rubiis du second type opèrent le passage à la disposition des cellules à tannin qui existe dans l'écorce et dans la moelle des Jgrimonia Enpaloria, rafrn, Geiim urbanum, Sanguisorba caruea, officinalis^ Fragaria indica, Polen- lilla calnbrica,miUegrana, yilcheimlla vulgaris^ Acaenn sericea, Hultlieinia ber- beridifolia, etc., dans lesquelles ces cellules sont aussi en séries longitudi- nales éparses. Il en est de même dans les parties les plus jeunes des rameaux en voie d'allongement du Mespiliis germanica et du Prunus Mahaleb. )) La distribution du tannin est également très-remarquable dans certains Spirœa, où, comme les plantes précédentes, il est contenu dans l'épiderme, dans une couche de cellules supralibérienne, dans une autre autour de la moelle, dans les rayons médullaires, et dans des séries longitudinales de cellules qui le contiennent de même en abondance, et qui sont dispersées sous le liber, dans la moelle et dans l'écorce extralibérienne. Dans d'autres espèces beaucoup moins riches en tannin, les mêmes séries de cellules subsistent, au moins dans la moelle, mais elles ne noircissent que très-len- tement par l'exposition à l'air. Ailleurs encore, on trouve les mêmes rangées verticales de cellules, cette fois sans tannin, qui semble dans quelques cas être remplacé par des groupes de cristaux. Enfin, dans certaines espèces du même genre, ces séries de cellules s'effacent par leur assimilation avec les autres utricules de la moelle. » Quelques espèces de Spirœa, comme \q Sp. Ulmaria, et quelques autres plantes de la famille, demanderaient une mention spéciale, ou quelques dé- tails de plus, mais l'espace ne me permet pas d'étendre davantage cette Note. » Il me reste maintenant à dire un mot de l'état du tannin dans les Ro- sacées. Y est-il identique à celui du sel bleu ferrugineux? H y a lieu de douter de la constance de cette identité, piii.sque, dans quelques cas, il ( io39 ) prend la teinte bleue aussitôt qu'il est en contact avec le sel de fer, sans avoir besoin d'être exposé à l'air; tandis que, dans d'autres cas, et dans les parties jeunes principalement, les cellules qui le contiennent ne deviennent noires ou bleues qu'à la suite d'une exposition à l'air, qui doit être prolon- gée quelquefois pendant douze heures et davantage. Le plus souvent même, les jeunes cellules, qui sont ordinairement jaunes, ne prennent qu'une teinte violacée ou rousse. Cette coloration ne doit pas être attribuée seule- ment à une faible proportion du principe tannant, car des cellules qui ne prennent que très-lentement cette teinte violacée peuvent passer an noir par une longue aération. » GÉOLOGIE. — Sur la constitution géologique du sud de la province d'Algtt . Note de M. P. Mares, présentée par M. d'Archiac. « Nos possessions algériennes se divisent en trois régions naturelles bien distinctes : le Tell, les hauts plateaux ou steppes, et le Sahara. » La région des hauts plateaux peut être considérée, dans la province d'Alger, comme un vaste plan, dont l'altitude moyenne est comprise entre 600 et II 00 mètres, coupé par des rides montagneuses régulières et géné- ralement dirigées du nord-est au sud -ouest. » Les collines qui forment ces chaînes s'élèvent de i5o à 4oo mètres au- dessus du niveau des plaines environnantes et présentent leur maximum d'altitude versDjelfa. » Le but de cette Note est d'indiquer la constitution géologique des ter- rains compris surtout entre Boghar et Laghouat. La distance qui sépare ces deux postes est de 3oo kilomètres environ; elle est jalonnée du nord au sud, à des intervalles assez réguliers de 3o à 4o kilomètres, par les caravansérails de Boughezoul, Ain Ousséra, Guelt-es-Settel, Rocher de sel, Djella, Aii!- el-Ibel et Sidi Makhelouf. » .Sur ce trajet, à partir de la dernière ride tertiaire du Tell, à 4 kilomètres environ au nord de Boughezoul, tous les reliefs montagneux que traverse la route appartiennent exclusivement au terrain crétacé et se présentent sous la forme de chaînes, le plus souvent linéaires, dont les couches, îrès- fortement redressées, tendent à redevenir horizontales dans les plaines. Cette allure générale, facile à reconnaître par l'étude stratigraphique des terrams. explique le peu de variété qu'ils présentent sur d'aussi grantls espaces. » Les divers étages que j'ai rencontrés sont les suivants : » 1° Craie blanche supérieure ; ( io4o ) )i 2" Craie marneuse; )i 3" Craie chloritée; » 4° Groupe néoconiien. » Je vais indiquer les points exacts où l'on rencontre ces divisions eu suivant la direction nord-sud : je ne les nommerai toutefois que là où j'ai pu les préciser sans hésitation, avec des fossiles, pour la détermination desquels MM. Coquand, Cotteau, Deslonchamps et Hébert ont bien voulu me prêter leur bienveillant concours. » i" La craie blanche supérieure se remarque dans la partie sud de la chaîne de Guelt-es-Setlel, à l'ouest d'une faille bien visible, qui coupe per- pendiculairement les collines près du caravansérail : cette faille forme la petite vallée dans laquelle passe la grande route de Laghouat. M Entre le Rocher de sel et Djelfa, la craie blanche se présente sous la forme de calcaires marneux très-développés, très-riches en fossiles, surtout à leur base : enfui, je l'ai recoupée encore à 8o kilomètres environ au nord- est de Laghouat, dans les sommets du Boukahil, au-dessus d'Amora, où elle est caractérisée par les Plicalula Desjarilinsi, Coq. et P. Ferryi, Coq. » 2° La craie marneuse se voit dans la petite chaîne de Guelt-es-Settel ; sa présence est bien indiquée par la stratigraphie et par la Nerinea gemmifera, Coq. Elle est beaucoup plus développée entre le Rocher de sel et Djelfa où, de même que la craie blanche supérieure, elle est très-riche en fossiles. Je l'ai encore recoupée sur le prolongement de ces montagnes, à 8o kilo- mètres environ au nord -est du Rocher de sel, près de l'extrémité sud-est du Zahrez Chergui, et un peu plus au sud, à Ain Temsa. » A quelques kilomètres au sud de Djelfa, entre le gué de l'Oued Seddeur et la maison Saint-Martin, les roches sont pétries d'Hippurites orgaiiisans et de Splicerutites Sauvagesii. En6n, au Boukahil, nous avons trouvé le Nerinea Fa- risi, Coq. et l'Holeclypiis serinlis, Dcsh, » 3° La craie chloritée est plus développée, ou plutôt mieux conservée, que les deux étages précédents : elle forme en grande partie la plupart des relèvements qui coupent et accidentent les plaines immenses des hauts pla- teaux. » Eu partant de Boughezoul, la première ondulation appréciable que l'on rencontre est celle d'Ain Oussera, où les calcaires dolomitiques, presque sans effervescence, sur lesquels est assis le caravansérail , ne contiennent (]ue quelques traces de fossiles absolument indéterminables. Mais en cou- pant ce relèvement au Djebel INoukra, à 3o ou 4o kilomètres à l'ouest- ,sud-ouest du caravansérail, on trouve en abondance VOstrea conica, d Orb, ( io4i ) et le Crassatelln Picteli, Coq., qui détermiaent bien la présence de la craie chloritée. » Je me contenterai d'éniimérer les points suivants où j'ai encore rencontré cet étage : à Guelt-es-Settel, au Hammam, à Oumat el Hamir, au IMokefsi, points situés tous sur le prolongement nord-est des montagnes de Guelt-es- Settel, et limitant la rive nord du Zahez Chergui; puisa l'est-nord-est du Ro- cher de sel, dans la chaîne du Djebel Guecli et dans sou prolongement vers l'ex- trémité sud-est du Zahez Chergui, à Ain ïeiusa et au Djebel Zemera, enfin dans tout le massif montagneux situé entre le Rocher de sel et le poste de Djelfa. » A loo kilomètres environ dans le nord-est de Djelfa, l'oasis de Bouçàda, qui appartient au prolongement de ce même massif, présente un beau déve- loppement de craie chloritée dans la coupe de la haute colline qui domine l'oasis à l'ouest. Cet étage y est caraclérisé par VOstren min'ssensis, Coq. , le Nautiltis Mermeli, Coq., etc. » J'ai encore trouvé la craie chloritée entre l'Oued Scddeur et .\ïn el Ibel, puis enfin dans les derniers plissements qui limitent le Sahara vers le nord, aux Djebel Miloh, Zebech (Ras el Aïoun) et Seridja (Laghouat). » Toute la partie moyenne de la belle coupe que présente le Boukahil, à Amora, appartient aussi à cet étage. M. Brossard, ingénieur civil à Sélif, Ta retrouvé un peu plus à l'est dans le prolongement de cette même chaîne. » l\° La partie supérieure du groupe néocomien se montre au moulin de Djelfa, dans les relèvements qui dominent le caravansérail d'Aïn el Ibel, à I kilomètre vers le nord; au village de Zaccar; à Moudjbara et sous Amora, vers la partie inférieure du Boukahil; enfin, à Boucâda, j'ai recueilli leSalenia prestensis. Des, , avec le Toxaster ohlongus, Agass. et le Terebmlula sella, d'Grb. >' Dans toutes les localités où nous venons de l'indiquer, l'étage néocomien supérieur repose sur ime puissante formation composée de bancs épais de grès rougeàtre, intercalés avec des argiles liç de vin, souvent bariolées de bandes vertes, bleues et jaunes. Le caravansérail d'Aïn el Ibel est construit sur une berge formée par ces grès; leurs couches horizontales sont très- corrodées sur tout le parcours de la route d'Aïn etîbel à Sidi Makheloul et au delà. De chaque côté de la plaine immense qui s'élend entre ces deux points, la vue est bornée par des relèvements montagneux; à l'est c'est la chaîne du Djebel Zaccar, à l'ouest celle du Djebel Lazereg, dont la cime la plus élevée atteint près de 1600 mètres au-dessus du niveau delà mer, et domine toute la contrée environnaule. » Le Djebel Zaccar est une chaîne de 80 kdomètres de long sur envi- C. H., i8fi5, !" Semesire. (T. LX, N" 20.) '35 ( io42 ) ion 3 de large; à l'intérieur on rencontre des calcaires, et sur les parois latérales des grès dont le relèvement brusque, sur le versant sud-est comme sur le versant nord-ouest, forme une véritable muraille parfaitement régulière et inaccessible. Les deux ravins connus sous le nom de Rhenegs de Zaccar et de Marguet permettent seuls d'entrer dans l'intérieur de ce relèvement et de le traverser en entier. Les grès, superposés en fortes assises régulières, offrent une épaisseur qui paraît devoir dépasser 200 à 3oo mè- tres. D^ins les calcaires qui forment l'axe central, on retrouve la Terebralula sella accompagnée de VEdiiiiospatagits graiiosus, d'Orb. En abordant le Djebel Zaccar par le versant nord-ouest, on voit le plongement de cet en- semble de couches gréseuses et calcaires dirigé vers le nord-ouest; mais c[uand, en pénétrant davantage encore dans l'intérieur du Kheneg, on a dé- passé l'axe de la chaîne, on voit le plongement devenir sud-est, et les grès recouvrir de nouveau les calcaires, en formant aussi, pour le versant sud- est, une muraille régulière dont le plongement est bien prononcé. C'est tui véritable sillon au delà duquel on retrouve une immense plaine qui s'étend vers le sud-est; les grès y reprennent leur horizontalité et vont former la base du Boukahil qu'on aperçoit au loin. » Du côté du Lazereg, dont la chaîne est dirigée i\u nord-nord-est au sud-sud-ouest, on trouve exactement la même disposition générale des couches : les grès se relèvent brusquement et forment de puissantes assises. En pénétrant plus avant vers l'axe de la chaîne, on trouve les calcaires qui présentent le même aspect et les mêmes fossiles qu'aux Khenegs de Zaccar et de Marguet. Du reste, en atteignant le point culminant du Lazereg et eu examinant les pcjites ouest-nord-ouest, que je regrette de n'avoir pu visiter, on voit les couches prendre une allure cpii paraît indiquer que le terrain se referme de ce côté et qu'il forme, comme au Djebel Zaccar, un sillon dont l'axe central présente la partie la plus ancienne des terrains du sud-est de la province d'Alger. « .\u delà des dernières rides qui terminent la région des hauts pla- traux vers Lnghouat, les couches crétacées reprennent leur horizontalité, (pi'elles ne quittent plus jusqu'au sud du Mzab, dernière limite à laquelle j"ai pu les observer. » ANATOMIK COMPAIUÎE. — Recherches sur l'analoinie des Siponcles; j)nr M. S. JocRDAi.v. Extrait présenté par M. .Milne Edwards. « J'ai l'honneur de conununicjuer à l'Académie le résumé des recherches anatomi(pies que j'ai entreprises sur les Siponcles. Ces recherches ont porté ( 1043 ) sur le Sijjunculus (jigas, De Qiiat., et sur le Sipunculus obscurus, De Quat., petite espèce abondante à Saint-Malo. » Liquide cavilaire. — Dans le liquide cavitaire nage une grande quan- tité de corpuscules qui, par la netteté et la constance de leur forme, rappel- lent les globules sanguins des animaux vertébn's. Ces corpuscules se pré- sentent sous l'apparence de ceilides incolores, nucléolées, circulaires et disciformes, dans lesquelles l'acide acétique étendu détermine un précipité granuleux. Dans le liquide cavitaire, on rencontre encore soit des œufs, soit des spermatozoïdes développés ou en voie de développement. Le liquide est en outre animé d'un mouvement de transport que M. de Quatrefages avait observé et exactement décrit. Ou voit les corpuscules cheminer d'arrière en avant dans le voisinage des parois du corps, et redescendre, en sens inverse, le long de la spirale intestinale. Ce mouvement paraît déterminé en grande partie par des bouquets de cils vibratiles implantés sur la surface de l'in- testin et des brides mésentériques. Nous n'avons pu distinguer ces mêmes appendices sur la paroi interne de l'enveloppe tégumentaire. » appareils circulatoire et respiratoire. — Le premier de ces appareils a été mal connu de la plupart des zootomistes. Son étude cependant nous sem- ble offrir un grand intérêt, puisqu'elle fournit un exemple d'une des formes les plus simples du système vasculaire proprement dit. Dans le Sipunculm obscunis, il se compose d'un tube flexueux rougeâtre, qui rampe au-dessus de la première portion non enroulée du canal digestif. Dans le Sipunculus gigas, ce tube est double; on observe en effet lui second vaisseau au-dessous de la première portioti du canal alimentaire. Postérieurement, ce tube simple ou double se termine en un cul-de-sac légèrement renflé. ADtèrieuremeut, il va déboucher dans un sinus circulaire qui entoure le pharynx et qui com- munique librement avec la couronne tenlaculaire, laquelle n'en parait, a vrai dire, qu'une dépendance. Les parois du tube circulatoire sont pom-vues de fibres musculaires et par conséquent contractiles. L'intérieur est rempli d'un liquide chargé d'une très-grande quantité de globules très-analogues à ceux du liquide de la cavité générale, mais d'un diamètre plus considérable. Ce liquide est mis en mouvement, non par la contractililé des vaisseaux qui le renferment, mais par des cils vibratdes implantés uniformément ou par bouquets sur la surface interne de l'appareil circulatoire. » Appareil urinaire. — Nous regardons comme tel une paire de cœcums qui flottent dans le liquide cavitaire, et s'ouvrent par un orifice très-petit lui peu en avant de l'anus, sur les côtés de la région dorsale. Leurs parois, tres- conlractiles, sont formées par une membrane très-mince renforcée par des i35 . ( ro.U ) Hbres musculaires constituant un treillage irrégulier, et revêtue intérieiue- nient de cellules brunâtres à contenu granuleux. Les cœcums sont souvent distendus par un liquide jaunâtre ou verdàtre. Mais comme ils présentent <;n outre, vers leur point d'attache, un orifice muni d'un spliincter qui les fait communiquer avec la cavité générale, il est probable que les produits de la génération peuvent s'y engager et, après y avoir séjourné ou non, être expulsés au dehors. L'observation dirccle n'a pu nous éclairer à cet égard. » ÉCONOMIK RURALE. — Sur lin déjiùl de guano de rliauves-souns ; par M. E. Hardy. « Il existe dans la commune de Chaux-les-Ports, ■ à i6 kilomètres de V'esoul, une grotte appartenant à M. le commandant de Beaufond, où l'on a découvert un dépôt assez abondant de guano. Cette grotte, nommée Trou de la Beauine, s'ouvre sur le versant boisé d'une colline qui borde la rive droite de la Saône. Elle est située à environ lo mètres au-dessus du niveau de la rivière. Son ouverture mesure G mètres de haut sur 5 mètres de large; sa largeur est de 2 à 3 mètres, sa hauteur moyenne de 4 mètres, allant même jusqu'à 10 et i5 mètres; sa longueur, par suite d'éboulements récents, n'est que de 38 1 mètres. Les parois sont formées de bancs abrupts de pierres calcaires. Cette grotte, profondément obscure, sert de retraite à d'innombrables chau\ es-souris qui, pendant le join-, s'attachent à la voûte et à la partie supérieure des parois, puis s'échappent dans la cam- pagne à la tombée de la nuit. Le séjour inces.sant de ces animaux a recou- vert le sol de matières organiques de toute nature, lesquelles se sont accu- mulées dans la partie la plus reculée et y ont acquis plusieurs mètres de puissance. Dans la seule portion qu'il soit aujourd'hui possible d'explorer, on évalue cette masse à 700 ou 800 mètres cubes. >y Ce guano est très-humide et renferme, au moment de son extraction, environ 60 pour 100 d'eau, qu'il perd rapidement à l'air. Desséché à i20 degrés, on y a reconnu 55,2 de matière organique, 12,2 dazote à l'état d'anunoniaque, 8,3 de phosphate de chaux, et 24,3 de matières mi- nérales. Sa com[)osition correspond environ à la moyenne de ceux d'Amé- rique, et indique que son emploi comme engrais doit donner des résidtats avantageux pour l'agriculture. » M. J. Kkx.xedy adresse, pour la Bibliothèque de l'Institut, deux volumes, l'un intitulé : « Population des États-Unis en 1 860, d'aj)rès les documents du ( «045 ) huitième recensement, » el l'autre : « Agriculture des États-Unis d'après les mêmes documents », publiés, sous la direction du Secrétaire d'État de l'In- térieur, par M. Kennedy. M. P. Brouardel adresse, pour le concours du prix fondé par M. Go- dard, un ouvrage imprimé ayant pour titre : « De la tuberculisation des organes génitaux de la femme ». (Renvoi à la même Commission.) M. Edmond Makx adresse, pour le concours du prix fondé par M. Godard à décerner eu i865, un Mémoire imprimé intitulé : « Des accidents fébriles à forme intermittente et des phlegmasies à siège spécial qui suivent les opé- rations pratiquées sur le canal de l'urètre ». (Renvoi à la Commission chargée de l'examen des pièces adressées pour le concours du prix Godard.) M. Cesare de Horatiis adresse un ouvrage imprimé en italien intitulé : « Nouveaux éléments de la science acoustico-musicale ». Dans la Lettre qui accomp;igne cet envoi, l'auteur dit que par une étude particulière des tons pendant plusieurs années, il est arrivé à la découverte d'une nouvelle théo- rie du son et du Ion. Le volume qu'il présente traite de la physique du ton. l>e second volume, qu'il se propose de publier, traitera dé la nature physique du son. • M. J.-J. Maslovsky écrit pour prier de hâter le travail de la Commission chargée de l'examen d'un Mémoire qu'il a précédemment adressé, et ayant pour titre : « Nouveau système de traitement de la syphilis dans le climat du nord » . JII. J,-W. Mac Gauley adresse une Lettre concernant un Mémoire inti- tulé : « Théorie îles impondérables », présenté par lui précédemment et qui avait été renvoyé a l'examen de MM. Pouillet et Fizeau. 11 fait observer que, depuis la présentation de ce travail, plusieurs personnes, et principale- ment M. Emile Martin, ont publié sur ce sujet des idées dont il réclame la priorité. A 5 heures un quart l'Académie se forme en comité secret. ( '040 ) COMITÉ SECRET. M. ^Iatiiieit, doyen de la Section d'Astronomie, présente la liste siu- vanle de candidats poin' la place de Correspondant vacante par suite tlii flécès de M. TVilliam Slruve : Ait premier rang M. Plantamour. . . à Genève. / M. Challis à Cambridge. M. Galle à Berlin. M. DE Gasparis. . . à Naples. M. Graham à Markree. .4 u second rans, par ordre «i »» • t> ■ /r> ° ' t M. Uexcke a Driessen (Prusse). ainhahéliqtte 1 i»f t x i\i • i r I \ M. JLamoxt a Munich. 31. Lassell à Liverpool. M. LiTTRow à Vienne. M. RoBiNsoN à Armagh. Les titres de ces candidats sont discutés. L'élection aura lieu dans la prochaine séance. La séance est levée à 5 heures trois quarts. F. bulletin biuliogkaphique. L'Académie a reçu dans la séance du i5 mai 1 865 les ouvrages dont voici les titres : Cours lie machines à vapeur. Appareils employés pour la naviquliou ; par L. Du Temple, y." édition. Paris, i865; vol. in-8" avec atlas iii-4° oblong. Paléo7ilologie française ou Description des animaux invertébrés Jossiles de la France, continuée par une réunion de paléontologistes sous la direction d'un comité spécial. Terrain crélacé, \i\r^i\^ol^ 19, avril i(385; in-8°. L'Ecole des Mines de Paris. Histoire, organisation, criseiiinemcnt. Elèves in- génieurs et élèves externes; par Ed. Grateau. Paris, i865; in-S". Des accidetils fébriles à forme intermittente et desphlegmasies à siège spécial qui suivent les opérations praliipiécs sur le canal de i urètre ; par M. le D'' Edmond Marx. Br. in-S". Paris; Germei-Baillière.. (Destiné au concours pour le prix Godard.) De la tuberculisation des organes génitaux de la femme; par M. le ly Brouardel. Br. in-8". Paris; Asselin. (Destiné au concours pour le prix Godard.) ( io47 ) Dupuftren; par F.-L. Gaillard. Paris, i865; br. in-8°. Obseivations critiques sur Vàge de pierre; par M. le D^ Eiig. ROBERT. Pans, i865; br. in-8". Bulletins et Mémoires de la Société médicale des hôpitaux de Paris, t. V, 2^ série, année i864. Paris, i865; in-8°. /Ictes de l' Académie imjiériale des Sciences, Bclles-.Lettres et Arts de Ilot - deaux, 3^ série, sG^ année, 1864, 4^ trimestre. Paris, 1864 ; in-8°. Société des Sciences naturelles et archéologiques de la Creuse, t. IV, i*'"' bul- letin. Giiéret; in-8°. Séance publique de i Académie des Sciences, Agriculture, Arts et Belles- Lettres dAix. Aix, i864; br. in-8°. Quelques observations hygiéniques ; par le D'' LlÉGEV. Strasbourg; br. in-8". Quelques mots sur le reboisement et le regazonnement du sommet des hautes n>ontagnes pastorales du Drti/p/imeV par le D'' Sylvain Eymard. Grenoble, i865; br. in-8». La source de la santé ei de la prospérité publique, ou Considérations sur les concours agricoles; par F. Marie. Marseille, i8G5; in-8°. Population des Etats Unis en 1860, établie d'après les documents ojfuiels du huitième recensement , sous la direction du Secrétaire de l'intérieur; par J.-C.-G. Kennedy, surintendant du recensement. Washington, 1864: vol. in-4°. Agriculture des Etats- Unis en 1860, établie d'après les documents officiels du huitième recensement, sous In direction du Secrétaire de l'intérieur; parle même. Washington, 1 864; vol. in-8''. Untersnchiingen... Becherches sur la structure du cervelet chez l'homme; par le D'' Benedict Stilling, 1"'' cahier, (^assel, i865; in-S" avec .atlas in-folio. (Présenté, au nom de l'auteur, par M. Cl. Bernard.) Matteria.lien... Matériaux pour la minéralogie de la Russie; par Nikolaï V. KOKSCMAROW, LV vol., feuilles 7 à aS. Saint-Pétersbourg; in-8° avec atlas in-4°. Verhandlungen... Actes de la Société des médecins naturalistes de Heidel- henj, IIP vol., n° 5. Heidelberg, i865; br. in-8". Sopra la frequenza e In cagione délia congestione semplice ed emorragica délie cassule soprarrenali e di altre parti nei fatti ; per Raffaello Mattei ; br. in-8°. Nuovi elementi délia scienza acustico -musicale applic(diiU alla scienza délie arti; indagini e studi; per Cesare DE HORATlis. Napoli, i865; in-12. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 22 MAI 1865. PRÉSIDENCE DE M. DECAISNE. MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. CLIMATOLOGIE. — Des foréls et de leur injluence sur les climats; par M. Bec«îijerel. (Extrait.) « Le Mémcxire sur les forêts que j'ai rhomieur de présenter aiijourd'liiii à l'Académie fait suite à celui sur la production et la consommation du froment en France, dont je l'ai entretenue dans la séance du lo avril der- nier; il complète en outre le travail dans lequel j'avais commencé à en exposer les principes dans ma communication du ii avril i853 [Comptes rendus des séances de l' Académie des Sciences, t. XXXVI). » La question des forêts, envisagée sous le double point de vue de leur importance sociale et de leur influence sur les climats, exige, pour son étude, des emprunts faits à l'histoire, à la météorologie et à l'économie publique. L'histoire nous fait connaître les déboisements qui ont eu lieu depuis les temps les plus reculés jusqu'à nous, ainsi que les changements surve- nus dans les climats; la météorologie explique les effets physiques qui doivent en résulter, et l'économie publique les besoins en tous genres des divers produits des bois. On se bornera à exposer dans cet extrait les résul- tats généraux auxquels on a été conduit dans ce travail. » Les forêts existaient sur la terre bien avant l'apparition de l'homme, G. R , iSC5, 1" Scmcslre. (T. LX, N" 21.) I 36 ( 'o5o ) comme l'attestent les immenses dépôts de houille que l'on trouve sur tous les points du globe, même dans les régions polaires, dépôts formés de débris d'Equisétacées, de Sigillaria, etc., etc., parmi lesquels on distingue des Fougères en arbres dont on ne retrouve plus les analogues que sous les tropiques. » La vie primitive de l'homme, dans une grande partie de l'ancien con- tinent, s'écoula au milieu des forêts; l'accroissement de la population leur porta des atteintes successives; mais les grandes dévastations ne datent que de l'époque où les grands conquérants, voulant assujettir les nations nou- vellement formées, coupèrent ou brûlèrent les forêts servant de refuges aux habitants. L'accroissement de la population, les guerres et les progrès de la civilisation sont donc les principales causes de la destruction des forêts. L'histoire nous en fournit, au reste, de nombreux exemples : du Gange à l'Euphrale, de l'Euphrate à la Méditerranée, sur une étendue de plus de mille lieues en longueiu' et de plusieurs centaines de lieues en largeur, trois mille ans de guerre ont ravagé ces contrées; Ninive et Babylone, si renoniniées par leur civilisation avancée, Paimyre et Balbek par leur opu- lence, n'offrent plus au voyageur que des ruines attestant leur grandeur passée, au milieu de déserts ou de marécages dans lesquels on ne retrouve plus que cà et là des traces des riches cultures qui s'y trouvaient jadis. » Depuis Sésostris jusqu'à iMahomet II, l'Asie Mineure a été principale- ment le théâtre de guerres dévastatrices qui ont contribué à la ruine des forêts et à la transformation des pays voisins en déserts par le manque d'eau. » La Palestine offre de semblables contrastes; qu'est devenue cette belle contrée de Chauaan citée par la Bible comme le pays le plus fertile de l'uni- vers ? Toutes ces régions, si renommées j)ar la douceur de leur climat, privées de leurs forêts, manquent d'eau et de végétation. » Si l'on quitte la Judée pour suivre le littoral de l'Afrique, on voit que, depuis les sables de la Libye jusqu'aux ruines de Carlhage, et depuis ces ruines jusqu'à l'Océan, les forêts qui vivifiaient ces contrées sur une étendue de près de mille lieues sont éloignées aujourd'hui d'au moins qua- rante lieues du rivage de la mer. » Dans le Mémoire on a passé successivement en revue le déboisement des contrées qui ont été le berceau de la civilisation, afin de montrer quelles en ont été les conséquences ; puis on a parlé de celui delà France depuis l'occupation romaine. ( io5i ) » César iioiis apprend que, pour pénétrer dans les Gaules avec ses ar- mées, il fut obligé de faire des abatis immenses et continuels; depuis lors, les guerres qui les ont ensanglantées, les progrès de la civilisation et le libre parcours du bétail n'ont cessé de porter la hache, le feu et la dévas- tation non-seulement dans les forêts des Gaules, mais encore dans toutes celles de l'Europe, et de transformer de vastes étendues de pays en landes incultes, marécageuses, ou en bruyères. a Nous voyons encore dans les Commentaires de César que les Gaules ne se composaient pas seulement de forêts, de lacs et de marais, et qu'il s'y trouvait également de vastes étendues de terre dans lesquelles les habitants se livraient à la culture des céréales. Les terres les plus fertiles étaient celles des Santones (habitants de la Saintonge), des peuples du Berry, du Soisson- nais, etc., qui sont encore au nombre de celles qui sont les plus fertiles. Preuve que l'abondance des forêts ne rendait pas le climat aussi rude qu'on l'a prétendu. » Après César les défrichements continuèrent ; Us furent d'abord incon- sidérés; des lois les restreignirent, même sous l'occupation romaine; mais il n'en fut plus de même dans la suite, car on ne put arrêter les dévastations pendant les temps de barbarie. Les moines, de leur côté, défrichèrent les terres et abattirent des bois dans les plaines pour les cultiver, ou sur les coteaux pour y planter des vignes. » Dans le i.\^ siècle, les Normands, par leurs incursions, et les flots de Croisés qui se portèrent dans les lieux saints, fiu'ent cause que, dans beau- coup d'endroits, les terres devinrent incultes ou furent envahies par les eaux, qui devinrent stagnantes. Les forêts, négligées ou détruites, de- vinrent insensiblement, dans le nord et dans l'ouest, les landes de la Bre- tagne, les déserts de la Champagne, les vastes déserts du Poitou; dans le centre, les terres marécageuses de la Bresse, du Forez, de la Sologne, du Berry et du Gatinais, etc. » Nous renvoyons du reste à l'excellent ouvrage de M. Maury sur les grandes forêts des Gaules pour de plus amples développements. » Des ordonnances royales parurent successivement, depuis Charle- magne, pour arrêter les dévastations des forêts et adopter des mesures con- servatrices ; parmi ces ordonnances, on distingue particulièrement celle de 1669, véritable Code forestier pour l'époque, et dont l'influence a été puissante pour la conservation des forêts. » lia révolution de 1 789 arriva ; l'Assemblée Constituante n'apporta qu'un i3G. ( 1052 ) palliatif momentané au mal qui s'était accru, et le régime de la Conven- tion mit lo comble aux déprédations. » Napoléon, sous le Consulat, par son décret du i6 nivôse an IX, prit également les mesures conservatrices les pins sages, dictées par sa profonde connaissance des hommes et des choses. » Les Assemblées législatives, jusqu'en i85r), suspendirent la liberté illi- mitée de défricher les bois; mais la loi du 18 juin de la même année, qui régit aujourd'hui la matière, permet le défrichement au-dessus de 10 hec- tares, après demande préalable à l'autorité; l'opposition au défrichement ne peut être faite que pour les bois dont la conservation est reconnue né- cessaire : » 1° Au maintien des terres sur les montagnes et sur les pentes ; » 2° A la défense du sol contre les érosions et l'envahissement des ri- vières, etc.; » 3° A l'existence des sources et cours d'eau ; » /(" A la protection des dunes; » 5" A la défense du territoire; » 6° A la salubrité publique. » Ces mesures sont très-sages, mais on n'est pas toujours certain de bien les appliquer, en ce qui concerne particulièrement la troisième. » Il est nécessaire d'entrer dans quelques détails statistiques sur la situa- lion actuelle des forêts en France pour la discussion des questions que l'on va traiter. » On donne dans le Mémoire les rapports entre l'étendue actuelle des forets, la superficie des bois défrichés et celle des terrains reboisés en pavs de montagne. » La superficie totale de la France, d'après la statistique générale, est de 52768610 hectares; la superficie boisée de 8 804 55o hectares; celle des pâturages et landes cultivables de 2 I 729 102 hectares, et le sol non agricole de 2 920 2 1 7 hectares. » En 1860 (i), les forêts domaniales étaient réduites à i 077 046 hec- tares, comprenant 4071G hectares de vides, dont le repeuplement est au- jourd'hui achevé. Mais, d'après un nouveau recensement, ce nombre dé- passe I looooo hectares, sans y comprendre 67185 hectares affectés à la dotation de la Couronne par le sénatus-consulte du 12 décembre i852. (1) Rapport de M. de Forcade au Minisire des Finances. ( .o53 ) » L'administration a aliéné, avec faculté de défricher : Irtcl. De 1820 à i85i. 216000 De i852 à 1864 62691 Tot;il. . 278691 De i855 à 1864, communaux vendus avec même fa- culté 1 1 iS.i L'administration a autorisé les particuliers à défricher. . 376487 Total. . 665363 M Depuis seize ans, on autorise annuellement le défrichement d'environ ïDOOo hectares. On peut évaluer à une contenance de 9000 hectares les dé- frichements au-dessous de i o hectares en plain« «t les défrichements illicites. Si l'on ajoute encore à cette contenance 6000 hectares de bois domaniaux et 1000 hectares de bois communaux, on arrive à un total d'environ 3 1000 hectares, qui représentent très-approxiinativement la surface boisée livrée chaque année au défrichement. On ne sait pas encore officiellement si la totalité est défrichée. Or, si le défrichement n'éprouvait pas un temps d'arrêt et qu'il fût effectué en totalité, on aurait défriché en un siècle 3 looooo hec- tares sur 8804 55o hectares représentant la superficie boisée de la France. » On se demande s'il est bien nécessaire de défricher les bois pour les besoins de l'agriculture, quand il existe en France 21 729 102 hectares de pâturages et de landes cultivables, et lorsqu'on a démontré dans un précé- dent Mémoire (i) que la production du froment en France commençait à dé- passer les besoins de le consommation. Si l'on déboise les forêts au delà des besoins de l'agriculture, on sera dans la nécessité de reboiser, dans un avenir plus ou moins éloigné, des terres livrées aujourd'hui à la culture, ou de les transformer en pâturages. » Mais si l'on déboise d'un côté, dit-on, on reboise de l'autre : cela est vrai; voyons s'il y a compensation. Ce n'est que depuis la promulgation de la loi (]u 28 juillet 1 860 que l'administration des forêts s'occupe du reboisement des terrains autres que les terrains domaniaux ou communaux soumis au régime forestier; et encore ne l'effectue-t-on qu'en pays de montagne, avec subvention de l'Etat, qui est le principal stimulant de ces sortes de tra- vaux. (i) Voir Comptes rendus de l'académie des Sciences, t. LX, séance du 10 avril i865. ( io54 ) » Pendant les quatre dernières années, le nombre d'heclares reboisés en pays de inontiigne a été de : heci. Pour les communaux 28103,07 « Pour les particuliers 6061, 1 3 Pour les domaniaux . 6843, 5o Total 4 ' 007 '7*3 » On a donc reboisé en moyenne annuellement 10 000 hectares, tandis qu'on a ou la faculté de déboiser environ 3i 000 hectares. Ces reboisements se sont faits, pour la plus grande partie, en arbres verts, car ces arbres y entrent pour 0,74 ^* 'f s autres espèces de bois pour 0,9.6 ( 1 ). Ces 4 ' ooy'', 76 reboisés en pays de montagne ne peuvent pas être considérés comme rem- plaçant pareil nombre d'hectares d'anciens bois défrichés en plaine, vu la différence des essences. » On plante également des pins dans les sables de la Sologne et dans les landes de la Gironde et même des chênes dans ces dernières; mais ce sont là de bien faibles compensations pour la perte des forêts en chênes et autres bois servant à l'industrie. L'aménagement des forêts en futaies de chêne ne convient qu'à l'État et aux établissements publics, les particidiers étant conduits par la force irrésistible des choses à exploiter du bois en taillis à courte révolution, et à hâter par là leur dépérissement. » La deuxième partie du Mémoire est relative à l'influence des forêts sur les climats; cette influence dépend : 1° de l'étendue des forêts; 2° de la hauteur des arbres et de leur nature, selon qu'ils sont à feuilles caduques ou à feuilles persistantes; 3° de leur puissance d'évaporation par les feuilles; 4° de la faculté qu'ils possèdent de s'échauffer ou de se refroidir comme tout corps placé dans l'air; 5° de la nature et de l'état physique du sol et du sous-sol. Celte influence s'exerce encore sur le régime des eaux courantes et des eaux de source. 'I Comme abri contre les vents bas, l'action des forêts est incontestable; on en cite dans le Mémoire des exemples qui ne laissent auctm doute à cet égard. L'action préservatrice est d'autant plus grande que les arbres sont plus élevés. » L'évaporation par les feuilles est une cause puissante et incessante d'humidité; le moindre refroidissement de l'air précipite les vapeurs, l'eau (i) Rapport de M. Vicaire au Ministre des Finances en 1862, p. 22 et 23. ( io55 ) qui en résulte et celle de la pluie pénètrent dans le sol s'il est perméable, et par l'intermédiaire des racines s'il ne l'est pas. » On démontre l'état calorifique des arbres au moyen du thermomètre électrique que nous employons tiepuis plusieurs années à cet usage. Il ré- sulte de nombreuses expériences que le tronc, les branches et les feuilles s'échauffent el se refroidissent dans l'air comme tous les corps non orga- nisés, par l'aclion solaire. » La température moyenne au-dessus des arbres est, au nord, un peu plus élevée que celle de l'air, à i™,33 au-dessus du sol loin des arbres. » Le tronc n'acquiert la température maximum, quand le diamètre a 3 ou /[Centimètres, qu'après le coucher du soleil. En été, il se montre vers 9 heures du soir, tandis que dans l'air ce maximum a lieu entre u et 3 heures du soir, suivant la saison. Les variations de température dans l'arbre étant très-lentesàs'effectuer, celles de l'air, quand elles sont rapides, n'ont aucune influence sur la température de l'arbre. Lorsque les feuilles se refroidissent par l'effet du rayonnement nocturne, elles reprennent au corps de l'arbre, par voie de rayonnement, ce qu'elles perdent. C'est à 6 heures du matin qu'il y a égalité de température au-dessus de l'arbre et à i mètre au-dessus du sol au nord et au sud. On conçoit dès lors comment les arbres qui ont été échauffés par le rayonnement solaire peuvent agir sur la température de l'air et ne pas l'abaisser autant qu'on le croyait. » L'influence du déboisement sur la température moyenne a été étudiée dans les conditions suivantes : » M. Boussingault, au moyen d'observations faites par lui et par d'autres voyageurs dans les régions équinoxiales de l'Amérique, dans diverses loca- lités situées à la même hauteur au-dessus du niveau de la mer, sous les mêmes latitudes et dans les mêmes conditions géologiques, a constaté que l'abondance des forets et l'humidité tendent à refroidir le climat, tandis que la sécheresse et l'aridité du sol réchauffent. » D'un autre côté, M. de Humboldt, en discutant les observations ther- mométriques faites dans l'Amérique septentrionale, de 1771 à i834, dans trente-cinq postes militaires placés dans une étendue de 4» degrés en lon- gitude, a trouvé qu'elles tendent à montrer que le climat, sous le rapport de la température moyenne, n'a pas changé par la destruction d'un grand nombre de forêts. U pourrait se faire que la température moyenne restant la même, la répartition de la chaleur dans le cours de l'année fût changée, et, dans ce cas, le climat serait modifié. Néanmoins, M. de Humboldt ( io5G ) reconnaît que le déboisement doit améliorer la température moyenne en faisant disparaître plusieurs causes frigorifiques. » On n'avait pas pris jusqu'ici en considération, dans l'examen de la ques- tion, l'influence exercée par la nature du sol déboisé sur la températui'e de l'air, question qui a été traitée assez complètement dans le Mémoire. La température du sol varie suivant qu'il est sec ou humide, calcaire, sableux ou argileux. Les expériences rapportées dans le ^Mémoire ne laissent aucun doute à cet égard ; la différence de température entre une terre sèche et une terre humide exposées au rayonnement solaire est de 6 à 7 degrés, la tem- pérature de l'air étant de a5 degrés; pour Ihumus, elle s'élève quelquefois à 12 degrés. La nature du sol ainsi que la grosseur des grains exercent une telle influence, qu'une terre recouverte de cailloux siliceux se refroidit plus lentement que les sables siliceux, et que les terres caillouteuses conviennent mieux à la maturité du raisin que les terrains crayeux et argileux, qui se refroidissent plus rapidement. On voit |)ar là combien il importe, dans l'examen des effets calorifiques résultant du déboisement, d'avoir égard à la nature et aux propriétés physiques du sol; c'est là qu'il faut chercher l'explication des résultats contradictoires obtenus par M. de Iluuiboldt et par M, Boussingault. )) On voit par là que le déboisement d'un terrain formé d'un sol siliceux ou silico-calcaire doit élever la température moyenne de l'air plus que les autres terres, toutes choses égales d'ailleurs; l'exemple suivant en fournira la preuve. Les parties occidentales de l'Europe doivent la douceur de leur climat aux courants d'air chaud qui arrivent des déserts du Sahara, placés sous les mêmes méridiens, dans la direction du sud et du sud-ouest (vents du sud et du sud-ouest); or, si à la suite d'un cataclysme les sables du Sahara venaient à être boisés, ils ne s'échaufferaient plus autant que main- tenant et notre climat deviendrait plus rude: c'est précisément ce qui arrive sous les latitudes moyennes de l'Amérique septentrionale. Les régions tropicales du continent américain sont occupées par de vastes forêts, d'im- menses savanes et de grands fleuves qui ne peuvent donner lieu à des cou- rants d'air aussi chaud que les sables du Sahara, et adoucir les climats de l'Amérique septentrionale en venant s'abattre dans les latitudes moyennes; aussi à latitiule égale sont-ils plus froids que les nôtres, à en juger par la di- rection des lignes isothermes et par les cultures. » Les effets du déboisement sur les sources et les quantités d'eau vive qin coulent dans une contrée sont les plus importants à considérer; aussi faut-il ( 'o57 ) y faire une sérieuse attention. La difficulté de reconnaître la cause de ces effets est quelquefois si grande, que l'on ne peut dire à priori si une forêt ou une portion de forêt livrée au défrichement alimente telle ou telle source, telle ou telle rivière. On ne le sait que lorsque le défrichement est effectué. » Les sources, en général, sont ducs aux infiltrations des eaux pluviales dans lui terrain perméable qu'elles traversent jusqu'à ce qu'elles rencontrent une couche imperméable sur laquelle elles coulent, quand elle est inclinée, jusqu'à ce qu'elles puissent se faire jour, soit en formant des fleuves, des rivières ou des nappes jaillissantes; les eaux des fontaines et des puits n'ont pas d'autre origine. Les grandes sources se trouvent ordinairement dans les montagnes. Les forets contribuent également à la formation des sources, non-seulement en raison de l'humidité qu'elles produisent et de la condensa- tion des vapeurs par le refroidissement, mais encore à cause des obstacles qu'elles opposent à l'évaporation de l'eau qui se trouve sur le sol, et des racines des arbres qui, en divisant le sol, le rendent plus perméable et faci- litent ainsi les infiltrations. On cite dans le Mémoire un certain nombre d'exemples qui sont caractéristiques; nous nous bornerons à mentionner ici trois des plus remarquables : » Strabon nous apprend qu'il était nécessaire de prendre de grandes précautions pour empêcher que Babylone ne ftht envahie par les eaux; l'Eu- phrate grossit, dit-il, à partir au printemps, dès que les neiges fondent dans les montagnes de l'Arménie; au commencement de l'été, il déborde, et formerait nécessairement de vastes amas d'eau qui submergeraient les champs cultivés, si l'on ne détournait ces eaux trop abondantes au moyen de saignées et de canaux, lorsqu'elles sortent de leur lit et qu'elles se ré- pandent dans les plaines, comme celles dn Nil. Cet état de choses n'existe plus aujourd'hui. M. Oppert, qui a parcouru la Babylonie il y a quelques années, rapporte que la masse des eaux transportées par l'Euphrate est bien moins grande que dans les siècles passés, que les débordements n'ont plus lieu, que les canaux sont à sec, que les marais se dessèchent pendant les grandes chaleurs de l'été, et que la contrée a cessé d'être insalubre. Ce re- trait des eaux est attribué, nous a-î-il assuré, au déboisement des montagnes de l'Arménie. D Choiseul-Gouffier n'a pu retrouver dans la Troade le fleuve Scamandre, qui était encore navigable du temps de Pline; son lit est aujourd'hui en- tièrement desséché; mais aussi les cèdres qui couvraient le mont Ida, où il prenait sa source, n'existent plus. C. K., i865, i" Semestre. (T. LX, K" 21.) I 37 ( io58 ) » M. Boussingault rapporte le faitsuivant qui est également d'une grande importance : » La vallée d'Aragua, province de Venezuela, située à peu de dislance (le la côte, est fermée de toutes parts; les rivières qui y coulent n'ont pas d'issue vers la mer; en se réiniissant elles donnent naissance au lac de Tacarigua cpii, au commenceinent du sluclo, d'après M. de Humboldt, éprouvait, depuis une trentaine d'années, un dessèchement graduel dont on ignorait la cause. La ville de Nueva-Valencia, fondée en i555, était alors à une demi-lieue du lac; en 1800, cette ville en était éloignée de 2'joo toises. » En 1822, M. Boussingault apprit des habitants que les eaux du lac avaient éprouvé une hausse et que des terres qui étaient jadis cultivées se trouvaient sous les eaux; mais aussi, dans l'espace de vingt-deux ans, la vallée avait été le théâtre de luttes sanglantes durant la guerre de l'indé- pendance : la population avait été décimée, les terres étaient restées incultes, et les forêts, qui croissent avec inie si prodigieuse rapidité sous les tropiques, avaient fini par occuper luie grande partie du pays. » Ne craindrait-on pas que si l'on venait à défricher une grande forêt dans le voisinage d'une contrée fertile n'ayant que des eaux de source, on ne taiît celles-ci au point de l'appanvrii-? )) En discutant l'importante question de l'influence du déboisement sur les cours d'eau et les sources, on arrive aux conclusions suivantes : » i" Les grands défrichements diminuent la quantité des eaux vives qui coulent dans un pays; 2° on ne peut décider encore si cette diminution doit être attribuée à une moindre quantité annuelle de pluie tombée ou à une plus grande évaporation des eaux pluviales, ou à ces deux causes cond)inées, ou à une nouvelle répartition des eaux pluviales; 3° la culture établie dans un pays aride et découvert dissipe une partie des eaux courantes; 4" dans les pays qui n'ont point éprouvé de changement dans la culture, la quantité d'eau vive paraît être toujours la même; 5" les forêts, tout en conservant les eaux vives, ménagent et régularisent leur écoulement; G" riiumidité qui règne dans les bois et rinlervenlion des racines pour rendre le sol plus perméable doivent être prises en considération ; 7" les déboisements en pays de montagne exercent une influence sur les cours d'eau et les sources; en plaine, ils ne peuvent agir que sur les sources. On voit donc que l'action exercée par les forêts sur les climats est extrêmement complexe. ( lOOQ ) » Avec lus iiioyt'Hs d'assainisscmeiit que l'on possède on n'a [)liis à craindre les marécages à la suite des déboisemenls. » Le reboisement des montagnes est une opération de première né- cessité pour leur conservation. On en cite plusieurs exemples dans le JMémoirc. « Il ne faut pas croire que le déboisement d'un pays entraîne toujours avec lui la stérilité; nous citerons pour exemple l'Angleterre et l'Espagne, qui n'ont, l'une que 2 pour 100 de superûcie boisée, l'autre 3,17. La pre- mière, qui a un climat marin, est exposée très-fréquemment aux vents d'ouest et de sud-ouèst chargés de vapeurs au maximum de saturation et qui se changent en brouillards parle moindre abaissement de température. L'Es- pagne n'a pas un climat semblable, mais ses parties les plus fertiles sont en général celles qui sont situées dans les vallées arrosées par de grands fleuves ou à peu de distance; mais les vastes plateaux de l'Aragon et de la Castille, etc., etc., sont de véritables déserts. " Le déboisement d'une contrée sableuse peut entraîner l'ensablement des plaines voisines, comme il est facile de le concevoir en s'appuyant sur l'explication que i\L Chevreid a donnée de la formation des dunes dans ies landes de Gascogne : les vents chassent les sables jusqu'à ce que ceux-ci rencontrent un obstacle; il se forme alors un bourrelet ou une suite de dunes qui arrêtent les eaux, lesquelles s'infiltrent dans le sable et humectent la base des dunes. Ces eaux, par l'action capillaire, font adhérer entre eux ces grains de sable et les fixent au sol; les vents enlèvent seulement la partie supérieure, qui va former de nouvelles dunes en avant, et ainsi de suite. )• Une forêt interposée sur le passage d'un courant d'air humide chargé de miasmes pestilentiels préserve quelquefois de ses effets tout ce qui est derrière elle, tandis que la partie découverte est exposée aux maladies, comme les marais Pontins en offrent des exemples; les arbres tamisent donc l'air infecté et l'épurent en lui enlevant ses miasmes. » La dernière partie du Mémoire est relative à la consommation indus- trielle et individuelle de tous genres de combustibles à Paris, que l'on a rattachée à la question générale, par celte considération que les approvi- sionnements en bois et charbon de bois se font dans un rayon de cinquante lieues autour de la capitale et qu'ils exercent une influence sur l'aména- gement des bois des particuliers, comme on le verra plus loin. o On a pris en considération : 1° l'accroissement de population; 2" les ,37.. ( io6o ) (|iiantifés de combustible consommées, afin de savoir quelle est la quantité de houille qui entre dans la consommation individuelle concurremment avec le bois, on a rapporté chaque combustible, même les composés hydro- génés, à une unité commune, le carbone pur. » On a ainsi les coefficients par lesquels il faut multiplier une quantité donnée de combustible pour avoir le nombre de quintaux métriques de carbone qui produit la même quantité de chaleur que le combustible. » Des planches aiuiexées au Mémoire donnent les tracés grapliiques : 1° de la population de 1801 à 1861 ; 2° du nombre de stères de tous bois, d'hectolitres de charbon de bois et de charbon de terre consommés à Paris de 1800 à I 864 ; tracés obtenus en prenant pour abscisses les années et j)()ur ordonnées le nombre d'habitants, de stères, etc. Ces tracés con- duisent aux conséquences suivantes : >■ 1° C'est sous l'ère consulaire, de 1801 à i8o4, que la consomn)ation du bois a été la plus considérable; sous l'ère impériale elle a été fortement en baisse, puis elle s'est relevée sous la Restauration pour redescendre de 1826 à i8'34. Enfin le mouvement de baisse est devenu de plus en plus considé- rable jusqu'en 1848, au point d'alarmer les propriétaires. A partir de cette époque, la hausse s'est manifestée sensiblement et continue; leurs craintes se sont donc dissipées. » 2" La consommation du charbon de bois croit à peu près proportion- nellement à la population, parce qu'il convient mieux à la classe pauvre que le charbon de terre. Ou va eu voir la conséquence pour l'aménagement des bois. u Z" i.e tracé de la direction moyenne de la consommation de la houille a une allure assez régulière, puisque c'est celle d'une courbe analogue aux logarithmiques, et dont on a donné l'équation. Cette forme indique que l'accroissement de consommation de la houille est très-rapide. Ce tracé montre l'inHuence des événements de i83o et de 1848 sur la consommation de la houille, influence qui n'a produit que des temps d'arrêt momentanés sur l'accroissement annuel progressif. » Au moyen des coefficients dont il a été parlé précédemment, on a trouvé qu'en 1821, époque où la houille n'entrait pas encore dans la consomma- tion individuelle, celle eu bois s'élevait à 2'''', iG de carbone. Cette quantité a été successivement en diminuant, et elle n'était plus en t86i que de o'''',687 ; ce qui manque en carbone pour atteindre le chiffre 2''^, 16 est fourni évidemment parla houille. Or, si par une cause quelconque l'approvision- ( io6i ) nement en charbon de terre venait à diminuer, on serait dans la nécessité d'aller chercher le bois au loin pour les besoins de la capitale; le prix en serait alors très-élevé; mais si le défrichement continuait comme on l'a vu précédemment, le bois finirait par être à un prix exorbitant dans un avenir plus ou moins éloigné. » La grande consommation du charbon de bois engage les propriétaires a couper leurs bois à quinze ou seize ans, et même au-dessous, au lieu de dix-huit à vingt ans, afin d'avoir pins de bois à charbon, dont le prix est élevé, et de l'écorce de meilleure qualité pour la tannerie, écorcedoiit le prix est presque doublé. Cet aménagement est le dépérissement des bois des par- ticuliers; car il a pour conséquence la destruction des réserves, l'altération plus fréquente des souches, l'envahissement du bois blanc à la place du chêne, et par suite la dégénérescence des bois. Les futaies finiront donc par ne plus se trouver que dans les forêts domaniales on dans les bois comnui- naux. » Tel est le tablean de la situation actuelle des forêts et des bois en France, tableau qui ne sera pas contesté, nous le pensons, par les hommes s'occu- pant par état de tout ce qui concerne leur nménagement et leur conserva- tion. » La Grande-Bretagne, qui n'a plus que 2 pour 100 de superficie boisée de sa superficie totale, et l'Espagne 3 pour 100, sont tributaires' de l'étranger pour différents produits des bois indispensables à l'industrie. Prenons garde que la France, dont le rapport entre les deux superficies est encore de 16, 7 pour 100, ne se trouve dans le même cas, dans un avenir éloigné à la vérité, par des défrichements hors de proportion avec les besoins de l'agrictdture, car Je reboisement des montagnes et des terres sableuses en arbres verts, du moins en grande majorité, mesure très-sage à la vérité, est une faible compensation pour le défrichement des forêts et des bois en plaine peuplés principalement en chêne. )> En terminant, nous dirons qu'on améliore le climat d'un pays en défrichant les landes, assainissant les terrains marécageux, boisant les montagnes et tous les sols non agricoles qui ne présentent pas le roc nn; indépendamment de cet avantage, il en résulte une augmentation de richesse publique et des ressources précieuses pour les éventualités de l'avenir. » ( 1062 ) cillliL'KGiE. — Coinple rendu du Itaitemeiil des calculeux pendant les années i863 et i864; par M. Civiale. « Le nombre des calculeux que j'ai traités en 1 8C3 et i8G/j est de 122 : .'19 à riiôpilal et 73 dans ma pratique particulière; 7 femmes et 1 1 5 hommes, dont G5 de dix à soixante ans, 5o au-dessus de soixante ans et jo au-des- sous de dix ans. 1) Sur 99 opérés, 90 ont été soumis à la litliolrilie et 9 à la taille. » Le chiffre des non opérés est de 23 (i). » Comme les résultats du traitement par la lilholrilie diffèreni selon les circonstances, je dois signaler les principales variétés de cas. I. — Cas simples. M Première série. — Un calcul petit ou moyen forme à lui seul toute la maladie. Il irrite la vessie et trouble momentanément ses fonctions, sans altéralion organique. Dans ces conditions, l'opération est pou douloureuse et facile à tout âge. Je compte parmi mes derniers opérés un enfant de quatre ans et un vieillard de quaire-vingl-trois ans. » Pour les calculeux de celte classe, l'art est en possession de moyens éprouvés. » Les cas dont il s'agit constituent particidièrcment la sphère d'action de la lithotritie. Il suffit de les énoncer. « Il serait superflu, dit sir B. Cro- )> die, d'entrer dans des détails pratiques, puisque l'opération n'a pas de )i mauvaises conséquences, et que la guérison est complète et se soutient. » )) Deuxième série. — Les résultats sont analogues dans tous les cas où 1) On rcni.Trquera que, dans eu relevé, le chiffre de» opérés n'est pas égal à celui des malades cnumérés. Nous n'opérons pas, en effet, tous les calculeux indistinctement. Lorsque les douleurs sont incessantes, cruelles, semblables à celles qui ont été si vivement décrites par Montaigne, l'opération est urgente. 11 n'y a d'aulre chance de salut que l'extrac- tion immédiate de la pierre. Il faut donc opérer, que les conditions soient fiivorables ou non. Mais ces atroces souffrances, produites par les contractions exagérées de la vessie, ne s'observent que dans les cas rares. En général, le calculeux ne présente que des troubles fonclionnels vagues; il souffre plus ou moins en finissant d'uriner, mais les douleurs qu'il ressent ne sont pas proprement celles de la pierre, et on parvient le |)lus souvent à les calmer ])ar un traitement médical qui améliore aussi l'état général. Le plus connnunément, la vessie est inerte, elle ne se vide pis complètement; les jjarois vésicales ne s'appliquent point sur le corps éU'angcr. Point de douleurs locales excessives. Cependant, les fonctions se troublent, les forces baissent cl l'embonjujint disparaît. Dans ces ( io63 ) la pierre est petite et facile à délruire, lors même qu'un catarrhe de la vessie a profondément troublé la santé générale. Les calculeux qui se trouvent dans ces conditions sont heureusement traités par la lithotritie, moyennant des précautions indispensables qui assurent le succès du trai- tement. » Mais les difficidtés augmentent avec les progrès de la maladie, et, hor- mis les cas simples, les applications de la mi'lhode perdent à la fois de leur régularité et de leur importance. » Sans doute, on peut broyer une grosse pierre, surtout lorsque la vessie est encore saine; mais, comme l'espace diminue eu raison du volume de la pierre, la manœuvre est gênée, doulotn-eusc, et la guérison ne s'obtient que par un long traitement. » Quand un calculeux ne se fait pas opérer en temps utile, non-seu- lement la pierre grossit, mais elle produit en grossissant des désordres qui deviennent des obstacles graves h l'application de la lithotritie. II. ■ — Cas compliquas. » Dans les cas de celte espèce, ce n'est pas la pierre qui constitue l'élé- ment essentiel de la maladie; ce sont les troubles fonctionnels généraux qui attirent l'attention du chiriu'gien. « J'ai insisté dans mes précédents Comptes rendus (i) sur les complica- tions de ce genre. Je me propose, dans celui-ci, de présenter quelques remarques pratiques sur les coarctalions urétrales. » Des rétrécissements de l'urètre chez les calculeux. — La coexistence des rétrécissements urétraux et de la pierre dans la vessie n'est pas rare. Cette complication doit nous préoccuper ici par rapport au traitement des cal- culeux par la lithotritie. cas insidieux, l'extraction de la pierre est rarement un moyen utile; loin de suspendre les désordres, l'opération ne fait qu'abréger la vie de l'opéré. Cependant, dans les cas de cette espèce, un traitement judicieux peut produire à la longue une amélioration telle, qu'une opération devienne possible, particulièrement la litho- tritie. J'ai obtenu de la temporisation les plus heureux résultats. En ajournant l'opération pour les calculeux (jui ne sont pas en proie à des douleurs into- lérables, je n'ai fait que suivre les maîtres de l'art. Scarpa renvoyait de l'hôpital de Pavie les calculeux cpii ne souffraient pas assez pour être taillés. On sait que des cystotomistes célèbres avaient coutume de dire à cerlains calculeux : - Votre pierre n'est pas encore mûre. i> Ces exemples ne doivent pas être perdus. (i) I'] février 1862 et 19 janvier i863. ( io64 ) » A l'état normal, les instruments lithotriteurs pénétrent aisément dans la vessie par les voies naturelles; mais, sous l'influence d'un état morbide, des obstacles se présentent, dont les principaux sont les coarclations de l'urètre, si conuiiunes chez l'homme, et d'autant plus dignes de fixer l'at- tention du praticien, qu'on n'a pas encore trouvé le moyen de les guérir radicalement. » La dilatation est la méthode la plus ancienne et la plus généralement employée contre les rétrécissements de l'urètre; mais elle est insuffisante. On a cru un moment que la cautérisation serait une ressource plus effi- cace. II y a cinquante ans, Percy soutenait, dans celte enceinte, les efforts de deux chirurgiens qui cherchaient à répandre cette méthode, ou plutôt à la remettre en honneur; car on sait que le roi Henri IV fut traité par la cautérisation. Dans les deux Rapports qu'il présenta à l'Académie sur cette question, Percy fit ses ré.serves, et non sans raison : la méthode de la cau- térisation est aujourd'hui à peu près abandonnée. » Depuis 1824, je traite les rétrécissements urétraux par une opération connue sous la dénomination de débridement du méat urinaire, mais l'action de l'instrument dont je me sers (i) ne s'étend pas au delà de 4 centimètres de l'orifice urétral. u Pour les rétrécissements plus profonds, nous n'avions que des ressour- ces insuffisantes, lorsque M. Reybard, de regrettable mémoire, proposa une opération qui devait écarter définitivement les derniers obstacles que l'u- retre rétréci opposait à la lithotritie. » Le procédé de M. Reybard, dont l'Académie de Médecine a récom- pensé les travaux, consiste à inciser les rétrécissements fibreux profondé- ment situés. )i Bien que cette opération ait ouvert des voies nouvelles à la thérapeu- tique, elle n'a pas reçu un accueil empressé. Des chirurgiens très-habiles l'ont même rejetée. Leur opposition tient à deux causes principales : » 1° En général, les premières applications d'une méthode ou d'un pro- cédé opératoire laissent beaucoup à désirer. L'ouvrage de M. Reybard en est la preuve : instruments défectueux, procédés irréguliers, applications liasardées, accidents formidables, quelques succès; on y trouve de tout cela. C'est sur ces premiers essais qu'a été jugée la méthode des grandes incisions urétrales. Mais il y a dans le travail du chirurgien de Lyon une idée neuve. M. Reybard a démontré expérimentalement que, même dans les circonstan- (1} Dti In Litlwtritie, (827, in-8", pi. III, ( io65 ) ces défavorables où il se trouvait, son procédé opératoire peut être appli- qué et donner des résultats qu'il serait impossible d'obtenir autrement. » Nous avons cherché, sans prévention ni enthousiasme, à régler les applications de cette méthode, en nous attachant à perfectionner les instru- ments et les procédés, de manière à satisfaire aux nécessités de la pratique, et sans exposer les opérés à des dangers qu'on croyait inévitables (i). » 2° Signalons d'autres obstacles plus sérieux à la propagation de l'uré- trotomie profonde. Cette méthode appartient, ainsi que la lithotritie, à ce groupe d'opérations nouvelles qui constituent la chirurgie interne des voies urinaires, et qui diffèrent essentiellement de celles qu'on pratique sur les autres régions du corps. Dans ces dernières opérations, le chirurgien me- sure de l'oéil le siège et l'étendue du mal, il sait quels points il faut atteindre ou respecter, et il choisit en conséquence la manœuvre opératoire. » Quand il s'agit d'opérer dans l'intérieur des organes, la vue ne fournit que des notions confuses. Pour se reconnaître dans la vessie, par exemple, le chirurgien n'a qu'un long instrument, qu'il tient du bout des doigts, et dont l'extrémité libre, explorant la cavité vésicale, doit lui fournir les indi- cations indispensables. C'est à l'aide du toucher médiat, pratiqué de la sorte, qu'il doit établir le diagnostic avant d'exécuter dans cet organe invi- sible, toute une série de mouvements précis et d'une délicatesse extrême. » Telle est l'unique ressource du praticien pour des opérations aussi dif- ficiles que l'urétrotomie profonde, la lithotritie, l'extraction des corps étrangers accidentellement introduits dans la vessie. C'est par le toucher médiat qu'il parvient à instituer le traitement et à régler la manœuvre. C'est à l'aide de ce procédé que, dans l'opération de la lithotritie, il découvre et saisit, pour les broyer ou les extraire, les petits calculs et les débris pier- reux, et qu'il reconnaît, dans le traitement des fongus, les tumeurs qui naissent du col ou du corps de la vessie, de manière à les distinguer d'après les caractères les plus saillants, et à les extirper, quand il y a lieu, sans léser les tissus sains. )) A la face interne de l'urètre les difficultés sont moindres, mais le tou- cher médiat est toujours l'unique guide, tant pour le diagnostic que pour le traitement. » Le sens du toucher n'est pas également développé chez tous les hom- mes, et le toucher médiat, qui est comme un sens artificiel, n'acquiert toute sa finesse qu'après de longs exercices. (i) Voir mon Traité pratique, 3' édit., t. I, chapitre de Y Urétrotomie interne. G. R., i865, i" Semestre. (T. LX, N» 21.) l3f^ ( io66 ) » Il n'est pas étonnant que les chirurgiens qui ne comprennent pas la nécessité de ces exercices ne se soient pas rendu compte des difficultés inhérentes à cos opérations nouvelles, et il paraît tout simple qu'ils n'aient pas réussi à pratiquer avec succès des manœuvres opératoires qui exigent une grande dextérité. » Mais si le toucher est susceptible d'acquérir, par l'exercice, une préci- sion et une délicatesse qu'on-adniire dans les arts et jusque dans quelques professions manuelles, pourquoi des chirurgiens, dont les sens ont été suf- fisamment exercés, ne réussiraient-ils pas à pratiquer, avec aisance et sûreté, des opérations, difficiles sans doute, mais dont on ne saurait contester désormais la possibilité? » Ainsi, des changements utiles ont été opérés dans cette partie de la chirurgie, et je dois signaler, en terminant, la part qui revient à la clinique spéciale des calculeux dans ces divers perfectionnements. » Lorsque le Conseil d'administration des hôpitaux de Paris créa, en 182g, un service spécial pour les affections calculeuses, il se proposait à la fois de faire participer les malades indigents aux avantages de la litho- tritie, et de propager la connaissance pratique de cette méthode opératoire. L'institution d'un enseignement clinique régulier était le plus sur moyen de perfectionner l'art de broyer la pierre et de mettre en évidence les ser- vices qu'il peut rendre. T>es faits cliniques éclairent les observateurs; ils soulèvent des doutes ou affermissent les convictions, et c'est l'épreuve cli- nique qui décide de la valeur d'iuie méthode thérapeutique. Telle est l'uti- lité d'un service public dans un hôpital. ■» Aussi est-ce à l'hôpital que nous avons poursuivi, pendant des années, nos études sur les principales lésions de l'urètre et de la vessie, et plus par- ticulièrement sur les opérations de la chirurgie interne. » En dehors de la lithotritie, les principales améliorations introduites dans la pratique se rapportent au traitement chirurgical des fongus de la vessie et des fistules urinaires. » La cystotomie elle-même a reçu quelques perfectionnements. Le plus important consiste à briser au moyen d'instruments appropriés les pierres trop volumineuses pour passer par l'ouverture pratiquée, soit au périnée, soit àl'hypogastre. J'ai eu déjà l'occasion d'entretenir l'Académie des appli- cations de cette méthode qui associe les procédés de la lithotritie à ceux de la taille (1). (i) Comptes rendus de 1862-1863. ( 1067 ) )i L'iirétrotomie interne, enfin, a trouvé nn refuge à l'hôpital Necker, où ses applications ont été régularisées, de telle sorte qu'elle constitue désor- mais une méthode sûre de traitement pour les coarctations profondes de l'urètre (i). » En résumé, voici trente-cinq ans que la clinique spéciale de l'hô- pital Necker existe. Ses commencements furent difficiles : nous n'avions d'abord que douze lits. Bien des obstacles ont été successivement écartés. Le service régulier, tel qu'il fonctionne aujourd'hui, date à peine de dix ans. Si l'on considère le nombre de malades traités et les résultats obtenus, ou reconnaîtra que l'institution a rempli les vues des fondateurs, par son carac- tère d'utilité publique et par son influence sur les progrès de l'art. Quatre des principales méthodes de la chirurgie moderne ont reçu dans ce service spécialla consécration de ré"xpérience. » NOMINATIONS. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un Cor- respondant dans la Section d'Astronomie. Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 44? M. Plantamour obtient. ... '5'] suffrages. M. Challis 3 « M. Warreu de la Rue 3 » M. de Gasparis i » M. PtANTAMouR, ayant obtenu la majorité absolue des suffrages, est dé- claré élu. (i) Depuis 1840, j'ai souvent opéré par rurétrotomie interne, d'arrière en avant, les rétré- cissements fibreux, noueux, non dilatables ou élastiques, sans tenir exactement note de ces faits. En 1863 seulement, et pour satisfaire au désir de quelques jeunes confrères, j'ai fait faire un relevé des malades opérés dans mon service par l'urétrotomie interne. Les cas se distribuent ainsi : 1862, 3i ; i863, 3o; i864, 4*^1 ^o'^ "" '•'''''' fie loi opéra- tions pour trois ans. Je puis compter autant de cas semblables dans ma pratique particulière. En réduisant les uns et les autres à une moyenne de 5o par an, on ariverait à un chiffre au-dessus de 1000. J'ai indiqué ailleurs (Traité pratique, 3" édit., t. I, p. 456) les procédés de cette opéra- tion, les accidents possibles, leurs causes, et la manière de les prévenir et de les traiter. Je nie bornerai à remarquer ici que, dans les faits recueillis en dernier lieu, les accidents sont moins fréquents et surtout moins graves. Nous faisons aujourd'hui des incisions répétées plutôt que des incisions profondes, et nous procédons avec beaucoup de douceur à la dilata- tion consécutive. Une pratique plus rationnelle donne des résultats plus heureux. .38.. ( io68 ) MEMOIRES PRÉSEiXTÉS. GÉOLOGIE. — Noie sur une roclie maqnélipolaire trouvée sur le Puy Cliopiiie [département du Puy-de-Dànie]\ par M.. Mallard. (Extrait.) (Commissaires, MM. d'Archiac, Ch. Sainte-Claire Deville, Daubrée.) Après avoir fait connaître les circonstances qui l'ont conduit à étudier le Puy Chopine et avoir cité les géologues qui en ont parlé, l'auteur continue ainsi : « Le Puy Chopine fait orographiquemeut partie, comme le Puy de Dôme et le Puy de Sarcouy, de la chaîne des Puys; mais, ainsi que ces deux montagnes, il se distingue fort nettement, au point de vue géologique, des autres cimes volcaniques, par l'absence complète de coulées de laves, ainsi que de véritable cratère d'éruption, et par la présence de la domite. Il présente l'aspect d'une sorte de conoïde à pentes fort roides, terminé au sommet par une arête étroite, de looà 200 mètres de long et courant à peu pies du nord au sud. » Des roches granitiques occupent l'arête presque entière, tout le ver- sant est et une faible partie du versant ouest. La domite occupe la plus grande partie du versant ouest et plonge fortement sous les roches grani- tiques. Le plan de séparation des deux terrains, inclinant vers l'est-sud-est, vient renconirer l'arête culminante du conoïde à peu près à son extrémité nord, et coupe le versant ouest suivant une ligne faiblement inclinée vers le sud. Un filon de basalte très-chargé de péridot vient couper à peu à près horizontalement et à une faible hauteur les granits du versant est. )) Je laisserai de côté la domite et le basalte dont il suffit, pour mon objet actuel, d'avoir signalé l'existence, mais il faut dire quelques mots des roches granitiques. Celles-ci forment, ainsi que le font remarquer MM. Le- coq et Bouillet, plusieurs variétés. On peut distinguer : )) 1° Un granit à mica noir généralement très-alléré par le voisinage delà roche volcanique; on le rencontre principalement dans la partie sud de la montagne. » 2° Une diorife parfaitement caractérisée et composée de feldspath rosé dont quelques échantillons portent des stries, associé à de la hornblende en cristaux fibreux bien développés. Le quartz paraît à peu près complète- ment absent. Cette diorite se rencontre bien caraclérisée principalement sur le versant est; cependant elle se montre aussi sur le versant sud et paraît liée aux roches suivantes. ( «o69 ) » 3" Une cliorite grenue à très-pelits grains, souvent schistoïde, de cou- leur grisâtre, paraissant presque compacte au premier abord. Un examen plus attentif aidé de la loupe y fait découvrir le feldspath et l'amphibole. C'est l'eurile compacte de MM. Lecoq et Douillet; c'est encore le trapp de M. de Laizer. >i 4" Une roche blanchâtre ou légèrement rosée, nettement grenue a très-petits grains de feldspath et de quartz ; elle se brise en fragments pseudo- réguliers, et paraît avoir subi l'action d'une assez forte chaleur. Cette roche, ainsi que la précédente, se montre principalement sur l'arête de la montagne et dans le voisinage de la roche magnétipolaire. )- Il me paraît évident que les trois roches précédentes font partie d'un gisement amphiboliqne traversé par des veines de grannlite. Cette associa- tion est Irès-commune dans tout le centre de la France. Aucune des roches granitiques que je viens de décrire ne présente de magnétisme sensible à nos moyens d'investigation. Il en est au reste de même de la domite. Quant à la roche magnétipolaire, elle se rencontre sur un très-petit espace, quelques mètres carrés seulement, en nn point situé à l'extrémité nord de l'arête supérieure de la montagne, là même où la domite vient ren- contrer cette arête. Elle est intercalée entre la domite d'une part, la gra- nnlite et la diorite grenue à grains fins, de l'autre. Enfin elle est traversée par des veines de domite. » Elle se présente d'ailleurs sous des aspects assez différents. Tantôt c'est une roche médiocrement dure, exhalant sous l'haleine une forte odeur argileuse, d'une couleur sombre, brunâtre. On distingue facilement dans la masse assez compacte de la roche des cristaux feldspathiques rougeâtres. La calcination au rouge vif montre au reste très-nettement la structure de la matière, et l'on constate alors que celle-ci est une roche grenue formée de grains de feldspath associés avec des grains d'une matière noire après la calcination. On n'y distingue pas de quartz; c'est donc évidemment de la diorite grenue assez fortement décomposée. » Tantôt la roche, plus tendre, de couleur très-légèrement ocreuse, montre nettement des cristaux feldspathiques altérés, assez grands, à colé d'une substance brune également altérée. La roche est alors comme décou- })ée par des surfaces de séparation courbes, polies, luisantes, recouvertes d'un enduit rougeâtre. » Tantôt enfin la roche magnétipolaire se présente sous la forme de véritables brèches formées de grains et de fragments plus grossiers. Les grains sont généralement des grains isolés de feldspath et de quartz. Les ( 1070 ) fragments semblent appartenir à une roche granitique plus ou moins altérée. I.e ciment est formé par une matière argileuse de couleur brun-rouge. Les fragments paraissent avoir été fort peu roulés. Cette roche bréchiforme est intimement associée avec les roches granitiques décomposées. » Quant au mode de formation des diverses roches magnétipolaires, il me semble qu'il ne peut guère y avoir d'incertitude, et qu'on doit voir, dans les unes, les produits d'une action de décomposition qui s'est exercée sur les (liorites avant la formation du Puy Chopine; dans les autres, c'est-à-dire dans les brèches, le résultat des froissements et des dislocations qui ont accompagné le soulèvement de toute la niasse. •' Si nous étudions maintenant d'une manière plus particulière la pro- priété magnétipolaire, nous verrons qu'elle se manifeste avec énergie sur les échantillons non arénacés, brunâtres ou grisâtres (un peu plus fortement sur les premiers), et qu'elle se manifeste encore très-nettement, quoique avec tine énergie moindre, sur les échantillons bréchiformes, ainsi que sur les fragments qui entrent dans leur composition. L'existence des pôles se constate très-facilement au moyen de l'action sur un petit barreau aimanté, mobile sur la pointe d'une aiguille, et tel que ceux qui se rencontrent d'ordi- naire dans les nécessaires de minéralogie. Avec les échantillons dans lesquels la propriété magnétipolaire est bien développée, les pôles du barreau sont fortement attirés ou repoussés ; lorsque cette propriété est moins développée, elle ne se manifeste plus que par une différence très-marquée dans l'énergie de l'attraction exercée sur l'un ou sur l'autre pôle. » Il est à remarquer que les échantillons qui se trouvent dans le voisi- nage le plus immédiat de la domite, et cpii ont évidemment subi, ainsi que l'accusent au reste les caractères extérieurs, une calcination plus forte, ne possèdent qu'un magnétisme faible. Je me suis assuré en effet que les échantillons les plus fortement magnétipolaires perdent, après avoir été portés au rouge sombre,' une partie de leur pouvoir magnéticjue, et que la jM-esque totalité de ce pouvoir disparaît après l'action du rouge vif. .) La plupart des échantillons attirent de petites parcelles de leur propre matière, mais je n'ai pu réussir à leur faire attirer de la limaille de fer. C'est au reste ce qui a été constaté pour d'autres roches magnétipolaires. {Voir l'excellent article de ^L Fournet : « Aperçus sur le magnétisme des minerais et des roches », Annales des Sciences physique.'; de Lyon, 1. 11 ; 1 848.) » J'ai constaté siu- un échantillon recueilli sur les lieux mêmes, qu'il avait son pôle austral vers le bas, c'est-à-dire dans la position où devait naturellement tendre à le placer l'action de l'aimant terrestre. ( I07' ) » J'ajoiilerai enfin que les échantillons qui sont conservés dans la col- lection de l'École des Mineurs de Saint-Étienne depuis un temps i'ort long et qui ont changé bien des fois de position par rapport au méridien magné- tique ne paraissent point avoir subi de diminution dans leur énergie ma- gnétipolaire. » L'absence du protoxyde de fer dans la roche avait été constatée par M. Vicaire; j'ai désiré me procurer quelques autres indications sur la com- position chimique de cette roche, et j'en ai soumis trois échantillons à quel- ques essais. (Le défaut d'espace empêche de consigner ici les résultats de ces essais qui seront examinés par MM. les Commissaires.) » Les observations qui précèdent me semblent de nature à jeter cjuelque jour sur l'origine des propriétés magnétiques de nos roches. Nous sommes amenés en effet à supposer que la diorite, d'où ces roches dérivent, avait subi avant le soulèvement du Puy Chopine une décomposition assez profonde, et que le protoxyde de fer qui s'y trouvait avait été amené à l'état de sesquioxyde hydraté par l'altération du carbonate de fer, l'acide carbonique étant, sui- vant Ebelmen, l'agent le plus énergique de l'altération des silicates. Après le soulèvement, cette matière, décomposée, froissée, brisée par des frotte- ments énergiques, se trouva en contact avec la domite, fut portée à une température assez élevée et subit ainsi une calcination plus ou moins in- tense. » Or on retrouve dans cette série de phénomènes toutes les conditions du procédé au moyen duquel M. Malagati [Annales de Chimie et de Physique, 3* série, t. LXIX) a pu, par une calcination modérée, à la flamme d'une lampe ordinaire, transformer en sesquioxyde magnétique le sesquioxyde hydraté provenant 'de l'altération du protoxyde de fer. Le magnétisme de la roche se trouverait ainsi expliqué. Quant à l'existence des pôles, ne pourrait- on pas supposer qu'ils sont dus aux actions mécaniques puissantes qui ont été exercées sur la roche au moment de la calcination? Ce serait une action de même nature que celle qui permet de communiquer la propriété magnéti- polaire à une barre de fer en la soumettant à un choc violent en présence d'un aimant puissant. » Quoi qu'il en soit, au reste, de cette explication, que je ne présente, bien eiitendu, qu'avec une grande réserve, j'ai cru qu'il y aurait quelque intérêt à ajouter un nouvel exemple aux exemples encore très-peu nombreux de roches jouissant de la propriété magnétipolaire, et à montrer luie fois de plus que les matières minérales qui possèdent un magnétisme même éner- gique ne le doivent pas toujours à la présence du fer oxydulé. » ( '«72 ) GÉOMÉTRIE ANALYTIQUE. — Xomhre des solutions dans les questions élémen- taires relatives aux surfaces du second deqré. Note de M. Housel, présentée par M. Bertrand. (Commissaires, MM. Poncolet, Chasies, Bertrand.) « I. Les questions où l'on assujettit une surface du second degré à passer par certains points et à toucher certains plans ont été appelées élémentaires par M. Chasies, dont les travaux ont fait voir cju'il ne manquait, pour ré- soudre ces questions, ainsi que beaucoup d'autres, que de savoir d'avance le nombre des solutions. » II. Nous commencerons par démontrer le lemme suivant : Dans la con- dition de contact entre un plan et une surface du second ordre, les coefficients de l'équation de cette surface ne dépassent pas le troisième degré. » Soient x,y, z les coefficients d'un point de la surface représentée par l A^? + Afl -h A" z~ -h 2^ y , z, -h 2B' a.\ z, -h iB" jc,y, ^'^ i +2Ca:, + 2C'j, + 2C"r, +E = o et (2] ax, -+- bj-f -h cz, -\- d ^= o l'équation du plan tangent en ce point : on sait que ce plan sera encore représenté par l .r,(Aa^-f-B'z-HB"j>-H-C) + j,(A'>--f-Bz-f-B"x-4-C'; C^) j +z.,(A"z + Bj+ B'x+C") +C.r + C'j- + C"z-hE=:o. )) Pour identifier (2) et (3), nous poserons les relations a _ Ax+B'z+B"j4-C b _ A'rH-Bz+B"j+C' c _ A"z+B> +B'.r4-C'' i^' 7i "" Cx+C) -l-C"z-t-E' d~ Cx+C'r+C"z+E' d~ Cr-+-C'rH-C"z + E ' qui donneront MNP *=R' ^-^R' ^=R- Or la première des relations (4) peut se mettre sous la forme X 'aC - dk) +j{nC' - dW) -^ z{aC' - r/B') + aE - r/C = o, c'est-à-dire que les coefficients de l'équation (1) ne figurent qu'au premier ( '073 ) degré dans cette relation, lien sera de même pour les deux autres : donc, le ])rocédé d'élimination entre ces relations (4) montre laciiement que les coefficients dont il s'agit n'entreront qu'au troisième degré dans M, N, P et R. » Cela posé, remplaçons a:, j', z par ces expressions dans l'équation (q), nous obtiendrons l'équation de contact F = o, que nous n'avons pas besoin de calculer, mais où les coefficients de l'équation (i) ne dépasseront pas évideinment le troisième degré. » m. En général, si l'on sait qu'il y a n surfaces du second ordre passant par Cf. points et tangentes à /3 plans, il yen aura aussi n passant par /3 points et tangentes à a plans. Pour le démontrer, il suffit de considérer la svu-t'ace corrélative à celle qui est représentée par l'équation (i) : on sait eu effet que les points de l'une correspondent à des plans tangents à l'autre, et récipro- quement. » ÎV. Pour savoir le nombre tle conditions auxquelles on peut assujettir une surface du second degré, nous considérerons comme indéterminés les coefficients de l'équation (i). Ces coefficients sont au nombre de dix; mais, comme on peut toujours diviser l'équation par un quelconque d'entre eux, différent de zéro, il n'y a que neuf indéterminées. Nous voyons donc qu'il y a neuf conditions. » V. Si l'on donne d'abord neuf systèmes de coordonnées, tels que ■^1) Ji-: "il on aura évidemment neuf équations du premier c/e^re entre ces indéterminées. Par conséquent, fieiif points ne donnent qu'une solution. » D'ailleurs, puisque neuf points donnent les neuf conditions nécessaires et suffisantes, il est clair que chaque point vaut une condition. Donc, d'après la réciprocité que nous avons signalée (III), chaque plan tangent vaut aussi ime condition. » De plus, neuf points ne donnant qu'une solution, neuf plans tangents n'en donneront qu'une également. » VI. Supposons maintenant que l'on ait huit points et un plan langent. Nous donnerons à l'équation (i) une forme telle que (5) Axi -+-Aj; + A"zJ + 2Bj,z, + 2B'x,z,-i-2B".r,j-, + 2C.r,H-2C|^;-,=a,, en posant «, = - (2C"z, + E). Pour fixer les idées, nous isolons les deux derniers coefficients, mais on aurait pu en prendre deux autres à volonté pourvu qu'ils ne fussent pas nuls. On donnera à l'un d'eux, E par exemple, une valeur arbitraire, telle que C.R., i865, i" Semeslre. i^T. L\,'li'> 21.) ^^9 ( I074 ) l'unité, puisqu'il n'y a que neuf indéterminées : quant à l'autre, C", c'est I inconnue que nous allons considérer. » Le système x,,j^-,, z, étant un des huit qui sont donnés, on aura ainsi huit équations qui feront connaître, en fonctions du premier degré de Tin- connue C", les coefficients du premier membre de l'équation (5); il est même facile de remarquer que cette inconnue ne figure pas dans le dénominateur coninuai des expressions de ces huit coefficients. Cela posé, remplaçons ces coefficients par leurs expressions ainsi obtenues, dans l'équation F= o qui représente la condition de contact du plan donné : cette équation, étant du troisième degré (II) relativement aux coefficients, sera aussi du troisiènie degré relativement à l'inconnue C" que l'on a choisie : il y aura donc trois solutions. » VU. Sept points et deux plans taïujents. — Nous isolerons, sous les mêmes conditions que dans le paragraphe précédent, trois coefficients cjue nous supposerons être, par exemple, les trois derniers; il restera l'équation (6) AjcI -r- A'J-^ -+■ A."z'î -+- 2Bj, z, -+- 2B'x, z, -+■ 2B" x,j, -+- iCjc, — pi, en posant p,= -(aC;-, + 2C"z, + E). u D'après ce qu'on a vu précédemment, il y aiu-a ici deux inconnues, C et C ". « De même encore, le système j:^, j,, z, étant un des sept qui sont don- nés, on a ainsi sept équations qui déterminent les sept coefficients du pre- mier membre de l'écfuatiou (G) en fonctions du premier degré de ces incon- luies C et C", lesquelles ne figureront encore que dans les numérateurs de ces fonctions. n Par conséquent, remplaçons les sept coefficients par les expressions ainsi indiquées, dans les deux équations de contact F = o, F'= o; comme ces équations sont du troisième degré en C et C", l'équation finale en C, par exemple, obtenue par l'élimination entre F = o et F'=: o, sera du degré 3.3 = 9. Il y aura donc neuf solutions. » VIII. Six points et trois plans tangents. — Sans insister sur les détails de cette question, on voit qu'il y aura six équations telles que (7) Ax; +A'J■-^ + A"z? + 2Bj,z, + 2 B'o-, 3, 4- 2 B"a:, r, = •/,, en posant y, = — (2Cx, 4-2C'/, 4- 2C"z, -)-E), ( lo?^ ) et qu'il existe trois inconnues C, C, C". Les autres coefficients sont détermi- nés par ces six équations en fonction du premier degré de ces inconnues; si donc on transporte ces fonctions dans les trois équations de condition qui correspondent aux plans donnés, on aura trois équations du troisième degré en C, C, C". Par conséquent, d'après le théorème de Bezout ou de Poisson, le degré de l'équation finale, en C par exemple, sera 3.3.3 = 27. Il y a donc vingt-sept solutio?is. » IX. Enfin, pouv cinq points et quatre plans tangents, on a cinq équations telles que (8) kx\ -hh'ji + A"£.î + 2Br,z, + 2B'.r,z, = ^,, ou (?, = —(2B"j:, jr, + 2Cx, + 2C'7-, -f-2C"z, + E); ce second membre contenant quatre inconnues B", C, C, C". Les cinq coef- ficients du premier membre étant obtenus en fonctions du premier degré de ces inconnues, et ces fonctions étant substituées dans les quatre équations de condition qui sont du troisième degré, l'équation finale sera du degré 3.3.3.3 = 81. Il y a donc qnatre-vingt-une solutions. » X. Voici donc le tableau des questions directes : Neuf points i solution. Huit points et un plan tangent 3 solutions. Sept points et deux plans tangents 3= = 9 solutions Six points çt trois plans tangents 3'= 27 solutions. Cinq points et quatre plans tangents 3* :^8i solutions. » XI. Par conséquent, voici le tableau des questions inverses (III) : Cinq plans tangents et quatre points 3* ^ 81 solutions. Six plans tangents et trois points 3' = 27 solutions. Sept plans tangents et deux points 3' = g solutions. Huit plans tangents et un point 3 solutions. Neuf plans tangents i solution. >> iSg. ( '076 ) GÉOiMÉTRlE. — Problème du cercle tangent à (rois cercles donnés, et de la sphère tnnc/ente à quatre sphères données. Note de 31. E. Barbier, présentée par M. Bertrand. (Commissaires, MM. Le Verrier, Bertrand, Serret.) « Nous énoncerons le théorème de Géométrie plane et le théorème ana- logue de Géométiie dans l'espace, pour faire mieux saisir l'analogie des constructions que nous avons trouvées pour ces deux célèbres problèmes. » T. Si un triangle T est honiothétique aux trois triangles T, , T, et Tj , qui ont chacun avec T un sommet comuuni : » 1° La circonférence O, circonscrite au triangle ï, touche les circon- férences 0| , Oo et O3 , circonscrites aux trois autres triangles. » 1" Les points de contact sont les sommets des triangles T, , TjetTj, qui appartiennent aussi au triangle T. » 3" Les côtés du triangle T passent par les centres de similitude situés en ligne droite, soit des triangles T, , To et T3 , soit des cercles O, , O, et O3 pris deux à deux : nous appellerons ces centres de similitude P, , Po et P3. » 4" ^'6s côtés du triangle T, passent j>ar les points Q, , Pj et P, , situés en ligne droite; le jjoint Q, s'obtient en menant parle centre de O, une pa- rallèle à la ligne des centres des deux autres cercles donnés. » IL Si un tétraèdre Test homothétique aux quatre tétraèdres T, , Tj, T3 etT, qui ont chacun avec T un sommet commun : » i" La sphère O circonscrite au triangle T touche les sphères O, , C),, (^3 et Oi , circonscrites aux quatre autres tétraèdres. '• 2" Les points de contact sont les sommets des tétraèdres T, , T» , T, et T4 qui appartiennent aussi au tétraèdre T. » 3° Les faces du tétraèdre T passent par les axes de similitude situés dans un même plan, soit des tétraèdres T, , To, T3 et T^, soit des sphères O, jOj, O3 et Oj prises troisà ti'ois : nous appellerons ces axes de similitude P,,P,,P3etP,. » 4° I>es faces du tétraèdre T, passent par les droites Q, , V,, P3 et P^, situées dans un même plan; la droite Q, s'obtient eii menant parle centre de O, un |)lan parallèle au plan des centres des trois aulres sphères. )i m. Des j)roj)Ohiiions énoncées plus haut (1), il résulte que le problème de mener un cercle tangent à trois cercles donnés revient à inscrire, dans un cercle O, , un triangle T, , dont les cùîés passent par les trois points Q, , P, et Fa situés on ligne droite. ( '077 ) » IV. Des propositions énoncées plus haut (II), il résulte (jue le prol)lènu- (le mener une sphère tangente à quatre sphères données revient à inscrire dans une sphèie O, un tétraèdre T, dont les faces passent par les quatre droites Q, , P, ? P3 ^^ t** situées dans un même plan. » V. Théorème. — Le quadrilatère inscrit dans un cercle est pivotaui autour de qualre points situés en ligue droite. » VI. Théori'ine. — Le peulaèdre inscrit dans luie sphère est tournant autour de cinq droites situées dans un même plan. » VIL Coiiiliiiction. — Pour inscrire dans un cercle un triangle dont ies trois côtés passent par trois points situés sur luie ligne droite D, essaver de faire cette coustrucliou en parlant d'un premier côté pris au hasard; gén( - ralement le triangle construit ne se fermera pas sur le cercle. Ou fermer,: la ligne polygonale inscrite par une quatrième droite. Or, celle droite, d'a- près le théorème énoncé plus haut (V), coupera la droite D eu un qua- trième point R. Du point R, il suffira de mener inie tangente au cercle poui avoir au point de contact l'un des sommets du triangle demandé. » Eemarqiie, — On peut, pour premier côté, prendre une tangente au cercle. » VllI. Conslrucliou. — Pour inscrire dans une sphère un tétraèdre dont les quatre faces liassent par quatre droites situées dans un même plan D, essayer de faire cette construction en partant d'une première face prise au hasard; généralement le tétraèdre construit ne se fermera pas sur la sphère. On fermera la surface polyédrale formée par une cinquième face. Or, cette face, d'après le théorème énoncé plus haut (VI), coupera le planD suivant une cinquième droite R ; par la droite R, il suffira de mener un plan tangent à la spiière pour avoir au point île contact l'un des sommets du tétraèdre demandé. » Remarque. — Ou peut, pour première face, prendre un plan tangent au cercle; on n'a pas alors à inscrire dans la section que fait cetlc première face dans la si)hère un triangle dont les trois côtés passent par trois points en ligne droite, avant de pouvoir continuer la construclion. » IX. Simplification. — Ou peut appliquer la construction (7) à la déter- mination d'un des points de contact du cercle langent aux trois cercles O, . O2 et O3, en la modifiant de manière à n'avoir pas à trouver le point Q,. Au lieu du quadrilatère atb,c,d, inscrit dans O,, on construira le quadri- latère afb2C3d, dont les côtés passent par les |îoints P3, P, , P^ , R,, le sommet ^j étant sur Oo, et le sommet Cj sur O3 . Le quadrilatère a^b-^c^d, en. insrriplible. ( «078 ) » X. SiinjilifiCdtion. — On peut d'une manière analogue appliquer la construction (8) à la détermination d'un des points de contact de la sphère tangente aux quatre sphères O, , O^, O3 et O, , en la modifiant de manière à n avoir pas à conslruire la droite Q,. Au lieu d'un peiitaèdre inscrit dans O, , on construira un penlaèdre dont trois sommets seront sur O, , un sur Oo, un sur O3 et un sur 0^ , les faces passant par les droites P, , P,,, P3,P, etR,. » Remarque. — Après avoir mené un premier plan passant par la droite P, , il faudrait, dans la section faite dans les trois sphères qui ont P, pour axe de similitude, trouver le système de quatre triangles homothétiques t, t, , ^2 et ^3 dont les trois derniers soient inscrits dans les trois sections circu- laires et dont le premier ait un sommet commun avec chacun des autres. )) On évite cette construction en prenant pour premier plan un plan tan- gent commun à trois des sphères données, chacun des points étant consi- déré comme un tiiangle nul homothétique au triangle déterminé par les trois points de contact de ce premier plan. » XI. Construction donnant à ta fois les trois points de contact d'un cercle tangent à trois cercles donnes O, , Oo et O3 . » Il suffit de poursuivre la construction qui nous a donné le qua- drilatère inscriptible o, 6^ (^ f/, , et l'on obtiendra Vliexagramme inscripti- blea, 6a C3 d, e, /i . La construction se poursuivant retombera sur la même suite de points. » Si l'on fait varier la position de l'original a, de l'hexagramme, on aura un nouvel hexagramme inscriptible; les cercles circonscrits à tous les hexa- grammes ainsi obtenus ont pour corde commune l'axe de similitude P, Pj Pj ; deux cercles tangents aux trois cercles donnés font partie de cette suite de cercles ayant une corde commune. » On peut remarquer le théorème suivant : » Deux cercles ont pour corde commune la droite D; si les côtés d'un qua- drilatère inscrit dans l'un d'eux coupent cette droite aux quatre points P,, P^ , P3 et P4 , une infinité de quadrilatères inscrits dans l'autre cercle seront tels, que leurs côtés coupent la corde commune dans les quatre mêmes points. » Ce théorème m'a permis de démontrer facilement le théorème énoncé plus haut (VI). M Cette nMuarquable construction des points de contact d'un cercle tangent à trois cercles dormes, par le moyen de l'hexagramme, avait été trouvée graphiquement par M. Dunesme. Je suis heureux de rappeler le ( '079 ) souvenir decet homme excellent, récemment enlevé par la mort à l'affection de ceux qui l'ont connu. » C'est l'élégance de cette construction vraiment pratique qui a appelé mon attention sur les problèmes qui font l'objet de celte Note. » XII. L'analogie des deux problèmes est très-complète. Les deux sphè- res tangentes à quatre sphères données fournies par un plan de similitude ont une section commune dans le jilan de similitude. » ANALYSE MATHÉMA.TIQVE. — Des fondions curvitales. Note de M. Gavarm, présentée par M. Bertrand. (Commissaires, MM. Bertrand, Serret, O. Bonnet.) « L'expression d'un fait mathématique doit contenir ou pouvoir con- tenir tout ce qui est de l'ordre auquel appartient le fait; c'est-à-dire qu'elle doit provenir ou pouvoir être déduite d'une expression générale modifiée par les singidarités de l'objet considéré. C'est ainsi qu'une formule qui re- présente un équilibre de moments pour un volume quelconque, par rapport à un point quelconque de l'espace, et qui résume un des plus vastes théorèmes de la Géométrie, devient, si l'on fait de ce volume un simple prisme de hauteur nulle, c'est-à-dire un polygone, et de ce polygone un triangle et un simple triangle rectangle, et si ce point quelconque de l'espace n'est plus qu'une des extrémités de l'hypoténuse; cette grande formule ainsi réduite à son moindre état devient l'équation a'- -\- b^ =^ c" de Pythagore, et ce théorème fameux du carré descend à la plus humble place dans sou ordre. » C'est encore ainsi que la série a r + 2.3 ' 3.3.4.5 ••■' par laquelle on exprime le sinus du cercle, peut et doit être considérée comme un état particulier de l'expression d'un sinus de courbe quelconque, ou de la perpendiculaire abaissée de l'extrémité d'un arc sur la normale à l'autre extrémité; et les fonctions dites circulaires être considérées comme des particularités de fonctions auxquelles on peut donner le nom de iur- vilales. » On n'aperçoit aucune méthode pour remonter du particulier au gé- néral dans ces sortes de voies; nulle trace ne semble y rester des choses disparues, et il est souvent difficile, sinon impossible, de deviner les trans- ( io8o ) foriiiafioiis qu'ont pu subir celles qui restent. Ici, cependant, une remarque est à faire: la forme — r-;^ tles termes indique nue aire |)arabolique, et, selon les notations accouinmées (*i, équivaut à f"'~* xff.Ti'"~' , et la série peut d(n'enir .r — j-jcdx- + J^'jdx^ — . . . . qu on peut encore écrit o J ~~ J^Jffx' + f*jdx* — . . . , en faisant ; = j:, égalité qu'on peut supposer provenir d'une singularité du cercle. Et, en effet, le cercle offre ceci de particulier, que la longueur de l'arc est en rapport constant avec l'angle que tout entre elles les nor- males à ses extrémités. Dans toute autre courbe celte constance n'a pas lieu, les deux grandeurs sont fonctions l'une de l'autre, et ce qui s'indique ici par j' et x devient pour le cercle jc et .r ou ax. M Or, effectivement, en nommant r la longueur d'un arc quelconque plan et .r celle de l'arc de cercle qui mesure l'angle des normales extrêmes, cette deriiière série donne la valeur du sinus [cpi'on peut nommer sin(j, x)], et je dis que cette fonction curvifale sin(/, x) — r — f^jdx^ -h f\} rfcc* — J^jdx^ 4- 11 Pour démontrer ce théorème général il est nécessaire de discuter quelques lennnes. » Si l'on nomme s ce sinus et z la partie interceptée sur la normale (le sinus verse dans le cercle), et s' et z' deux lignes semblablement menées par rapport à l'autre extrémité, celles-ci peuvent être prises comme coordonnées le la courbe }•; elles ont pour valeur s' = JcosxcIy, z' = Js'mxdj- {*) Ceci sous toutes réserves et en ne considérant l'expression fydx ou f(f"'-'jdx'"-')dx que comme la valeur de l'aire produite par un mouvement selon des coordonnées varia- dy blés y ou f"-' y dx"-' et :r; et le rapport ~— que comme celui de l'ordonnée et de la sous- tangente. ( io8i ) (on laisse ici à sii)(a:, x) du cercle la notation ordinaire sin.r}. Ces quatre lignes, qui dans le cercle s'égalisent deux à deux, se mesurent réci- proquement sur la somme ou la différence des projections des unes sur les antres, et l'on a s = s'cosx-+- z'sinx, s' = fcosx dy- = s cosx + zsïujc, (i) z = /sin JT + z'cosx, z' = /sin j:r/r = ^sinx — zcosa;; alors la tangente trigonometrique ^ = ^^ devient rfsinf r, x) . cosjtc/z ùn{y, jr)cosx + sinx -j- H isin.r ^^^ , . rfsin(r, x) iinxc/z — sin(/, a:)sinx + cos.r ^ -' -f- ïcosx h — — d'où sin(7, a:)(cosjc)- +sinxcos..r j^ — - ■+- zsinxcosx — ■ -j^ — — — sin(j,a-)(smx)' +snixcosj: ^ — - + zsuixcosx H ^^ — - ou sm(j,.r) = g, ou (les valeurs initiales de ces variables étant nulles, il n'y a pas de con- stantes arbitraires aux intégrales) (2) z=J^m{j,3c)dx, équation remarquable qui montre que dans une courbe quelconque la iiartie interceptée sur la normale finale par le sinus, ou la perpendiculaire y abaissée de l'origine, a pour mesure l'aire formée par une courbe dont ce sinus et l'arc de cercle compris entre les tanqenles extrêmes, rectifié, sont les coordonnées. ') Ceci posé, si l'on calcule le rapport d{smx[y —pydx-' -^ f yrix' — ...] — coix(Jydx — J'ydx' -\- . . .)] dx on obtient sinj: \~ — frdjc+pjdx^ — ..] + {j — p y d.r'^ + J * fdx^ ^ ...)cosj: — co?.x[j — f^jdx- + f^ jdx") -h {Jjda — f^ydjr^ 4- . ..)sin.r C. 1;., i865, 1" Smieslre. (T. LX, ^" 21.) l/jO ou 1082 ) rlr tix d'oii (0 Js\uxilj = siiij:( y — p )c/.<- -f-/" ydc'^ — . ..) — cosxij ydr — J^ yilx^ + . . . = s' = jsiiix — zcosx ; nuiis (2) z=Jsdx, et les deux termes de même forme de cette équation, divisés par (sinx)'-, deviennent les tangentes trigonomélriques \ sinx / dx dx OU donc Ui - S'j^'x" + S'r^f^' -...)dx s ou sin^j, j:j = j - J'jdx- -^ J' jdx'' -f'jdx' + .... » La discussion de ces fonctions ciirvitales, très-sommairement expo- sées ici, et celle d'un ordre de théorèmes nouveaux qui en dépendent, seront reprises plus rationnellement sous un tout autre point de vue et sans la notion des différentielles; mais on peut dès à présent remarquer que, nommant /• le rayon de la courbe j, on démontrera aussi facilement l'équation s-=J[r- z)dx, et que, r — z étant dans le cercle le cosinus, on dira encore : I) La propriélé qu'ont dans le cercle les cosinus (c'est-à-dire le rayon moitiM le sinus verse, ou la partie interceptée par le sinus), le sinus et le sinus verse, d'être des fondions dérivées les unes des autres (ainsi qu il résulte de l'analyse des sinusoïdes) appartient généralement à toutes les courbes. » Il ne faudrait |)as conclure de ce qui vient d'être dit, relativement à la série qui donne le sinus du cercle en fonctions de l'arc, que les suites à l'aide desquelles on obtient l'arc eu fonctions du sinus ou de la tangente procèdent, de la même sorte, d'un type général. Les singularités du cercle ne font, dans les séries qui expriment les fondions curvitales, que changer ( io83 ) les intégrales en puissances sans changer la foime des séries, tandis que celles c|ui donnent l'arc de cercle en puissances des fonctions circnlaires tiennent à des particularités pureinent arithmétiques du cercle, et ne sont que des développements intégrés du binôme de Newton. » II y a encore une notable différence entre ces deux sortes d'expres- sions : dans les premières séiics la suite alternative des signes + et — tient expressément à la nature de ces fonctions, et est tout à fait indépendante des formes algébriques qu'elles peuvent prendre; mais dans les secondes séries la constance du signe +, pour les puissances du sinus, et les signes alternés, + et — , que preiuient celles de la tangente, tiennent seulement à la nature, positive ou négative, de l'exposant dans le déxeloppement du binôme. >' La (orme générale de la valeur (Vwn arc en fonction Au sinus est finie, c'est j- = sinfj', 3c] -h f- sin (j\ x)d.x-. <> GÉOMÉTRIE ANALYTIQUE. —Sur les dinmèlres des lignes et des surfaces en (/énëral, avec de nombreuses nj^plicnlinns aux lignes et aux surfaces du second ordre. Mémoire du P. Le Coixte, présenté par M. Hermite. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, RIM. Chasies, TIermite, O. Bonnet.) « I^e Mémoire que nous avons l'honneur de présenter à l'Académie a pour objet principal i élude des diamètres rertiliqnes des lignes et des surfaces en général. » Dans la Collection de Berlin pour l'année 1745, Euler a donné le résultat des recherches cju'il avait entreprises sur les diamètres rectilignes des courbes, mais on ne rencontre dans son travail aucun résultat lemar- quable, et, parmi les géomètres qui après lui ont cultivé les sciences mathé- matiques, nous n'en coiuiaissons qu'un seul qui se soit vraiment livré à y — ') "^ P^"^ *-^'''^ '"" finie que dans l'hypothèse ç = ikn ± - et '^ = o, le coeftkient angidaire, en ces points, doit être considéré comme réel ; et si les dérivées de la fonction ne deviennent infinies aux points critiques qu'à partir d'un ordre supérieur, comme l'hypothèse -—■ = co entrauie néces- sairement les conditions —= o et ^ = o, les points critiques doivent être alors considérés conmie la réunion, en un seul, de points de l'enveloppe où la première dérivée avait les valeurs o et ce , et d'autres points où le coeffi- cient angulaire avait toutes les valeurs intermédiaires réelles. » Il résulte de là que la discussion |K)rtera toujours exclusivement sui- 1 enveloppe totale des conjuguées. » La démonstration est étaldie directement j)our le cas où tous les points critiques, caractérisés par la condition -j- = rc , appartiennent au lieu réel. Elle est ensuite étendue, à l'aide de considérations très-simples de continuité, d'abord au cas où les coefficients de l'équation /(a-, f)^o qui définit la fonction f, supposée algébrique, deviennent imaginaires, les points critiques restant toutefois caractérisés par la condition — = oo ; en second lieu au cas où les dérivées de la fonction ne deviennent infinies en certains points trinques qu'à partir d'un ordre supérieur. M La démonsiration consiste toujours à faire voir que si le point origine (•^0 1 ' o)î ^ partir diK[uel on développe la fonction, se trouve sur l'une des conjuguées qui contiennent les points critiques, la convergence ne saurait être arrêtée cpTen l'un des points critiques situés sur cette conjuguée. I) Cette proposition établie, on en conclura en effet immédiatement que connue la région de convergence restera d'abord limitée au même pouit critique, lorsque le point origine commencera à s'éloigner insensihh-inent ( io87 ) ' Troisième cas. — La démonstration relative au troisième cas résulte de ce que l'état singulier que l'on considère peut toujours être considéré connue compris entre des états infiniment voisiits rentrant dans le second cas. » { io88 ) CHIMIE. — Deuxième Mémoire sur l'élnl moléculaire des corps; parM. J. Persoz. (Extrait du chapitre 111. Suite.) (Commissaires précédemment nomiiu-s : MM. Pelouze, Frerny.) yariations qu'i-proiivc le volume des corps solides, liquides ou gazeux; volume que prcunrnt les liquides portés à leur point d'rbullition. « Des solides. — Après avoir pris, ainsi qu'on pourra le constater par les tableaux annexés au présent chapitre, les densités de quelques centaines de corps, nous sommes arrivé à reconnaître que le volume de l'équivalent de tous les corps solides simples ou composés doit être représenté, comme pour les liquides, par 56 centimètres cubes ou un de ses multiples. Il n'y a d'exception à cette règle que pour un petit nombre de corps simples, pour quelques composés binaires du premier ordre, et pour certains sels (carbonates) à l'égard desquels le nombre entier 56 centimètres cubes ne peut être employé seul, car le volume régulier de ces corps se dilate ou se contracte d'une quantité représentée par n x 'j. » L'aragonite et le spath d'Islande nous donnent la démonstration la plus évidente de ces phénomènes de contraction et de dilatation. On sait que l'aragonite, dont la nature chimique est identique à celle du spath, se transforme en cette substance par le seul ei'fet de la chaleiu'. Or, en com- parant les volumes respectifs de ces deux sels, on trouve que l'aragonite a pour volume aïo centimètres cubes et le spath 23i centimètres cubes. Dif- férence, 2 1 centimètres cubes. Éqiiiv. 63a 63?. „ , . . , ,, „ , — ; = = o, densilu de I ar;ii;onite, Vol. ?,24 — 2X7 210 Éqiiiv. 63->. 63 Vol. 224 -t- 7 201 = ^, 7Î, densitc du S])ath d'Islaiulc " Pour les composés salins du deuxième ordre (sels simples), à quel- ques exceptions près, et pour ceux du troisième ordre (sels solubles), le volume de l'équivalent est toujours un nudtiple de 56 centimètres cubes par )i!i nombre entier. Nous doinions ici le tableau de quelques densités calculée.";, en regard de celles qui ont été trouvées |);u' l'expéiience. ( io89 ) DENSITÉS RECOXSIES PAR DENSITÉS CALCULÉES. L EXPERIENCE. Soufre dans ses divers l 200 200 200 ., .. . = 1)79 = i.OO = 2.0.» états / 112 112 — 7 112 — 2x7 Phosphore dans ses di- ( /loo 4oo _ -!— r = 1 ,7() , , = 2,o3 vers elats ( 224 '.î^^ — -'1X7 Cristal de roche \ ^ = 2,.576 ^4^^ = 2.658 1 2,58 -ifib (Brisson). / 22/} 22^—7 I Diamant ! r;; — -; = 3,.'>7 1 3,55 diam. oriental (Brisson). I 56 — 5x7' I Spath pesant .' — = 4> 13 \ f\,/\i (variété blanche). r^ ■ , t 642 , J , •■"'•'"'Ion i 168 — 7 "^ '^^ ( ^'°- Grenat almandin I = ti,io \ 4,1 4,2- ( 7»4 \ ' » L'incertitude qui règne encore touchant l'équivalent de certains corps suffit, il nous semble, potn- justifier les rares exceptions qui pourraient se rencontrer dans l'application des lègles générales que nous venons d'énon- cer. Ne voit-on pas, par exemple, qu'en divisant l'ancien équivalent du tungstène 1 185 par r>6, on obtient pour quotient un nombre qui n'a aucun rap|)ort avec la densité de ce corps, tandis que le nouvel équivalent — — donne 17,1, qui est la densité reconnue du tungstène? B Nous ne passerons pas en revue toutes les circonstances dans lesquelles la chaleur fait varier le volume des corps, et par suite leur couleur selon qu'il y a augmentation ou diminution de densité; nous nous contenterons d'observer que certains corps n'ont pas, à l'état libre et dans les circon- stances ordinaires, le volume qu'ils affectent en entrant en combinaison, et que nous appellerons volume moléculaire par opposition au volume appa- rent que nous leur connaissons à l'état d'inertie. C'est toujours sous l'in- fluence de la chaleur et au moment de leur fusion que les corps solides prennent ce volume moléculaire, soit en se contractant, soit en se dilatant. >' Voici quelques exemples à l'appui de celte proposition : )) \Jar", i^*"" x = i2,io, qui serait la densité maximum de l'argent. L'argent figure, eu effet, avec cette densité dans les combinaisons, de sorte que le volume de son éqniva- ,35, lent est de 112 centimètres cubes, puisque— — ■ = sensiblement i 12. I'2 , I » Exemples: l^e merrure arg entai Ag. Us,' : Ag.cquiv. = i35i. Volume, 1 1-2" =: 2 X 56. Hs=éqiiiv. = 2532. Volume, 168"^^= 3 X 56; -^ = 14, 223. " ' 280 — 7 Sa densité reconnue est de 14,12. » Le sulfure d'argent : Argent équiv. = i35i. Volume 1 12", i55i Soufre 200. 1 12", ;- = 6,024. 224 L'expérience donne 6,85, 6,90, 7,19. ^ » Un phénomène opposé à celui que présente l'argent a lieu pour le ruiïirc, puisqu'en atteignant, par la fusion, son volume moléculaire 56 cen- timètres cubes, il éprouve une dilatation de i3 centimètres cubes, son vo- lume apparent étant de 4^ on 44- » Le cuivre manifestera donc en se refroidissant une tendance à se con- tracter pour revenir à son volume primitif, mais si pendant sa fusion ou le met en contact avec un autre métal, tel que l'étain, capable de le mouiller, il ne pourra pas reprendre son volume apparent, et il conservera son volume moléculaire 56 centimètres cubes, en retenant en combinaison 56 — 43= i3 centimètres cubes d'élain qui re|)résentent la ddatation qu'il a éprouvée. Ce phénomène permet d'expliquer la formation du bronze et fait comprendre pourquoi l'étain refuse de s'allier au cuivre en dehors de certaines proportions. Eu calculant la quantité d'étain nécessaire, on trouve qu'elle est de948'',6o,qui avec 1 équivalent de cuivre, 39G grammes, forment , , 4qo^'^i6o , • . o /> . un total de ' - J — = densité 0,70 tam-tam. ( I09' ) » L'expérience a donné à M. Wertlieim 8,8 1 3 tam-tam non trempé, 8,686 tam-tam trempé. >i La composition du bronze de lain-tam est : Cuivre. 8o. Selon nos calculs elle est de : Cuivre 80,62. Étain 20. Étain '9)38. » Si on ne mot en présence du cuivre que la moitié de l'étain qu'il peut absorber, c'est-à-du'e 43^'i66, l'alliage obtenu [bronze de canon) conser- vera encore la moitié de son pouvoir contractant et aura pour volume 56 — 7 = 49 centimètres cubes. Il y aura donc SgG -i- 43,66 = 439^',66 de bronze qui, divisés par 49, donneront la densité--^ = 8,97. » L'expérience montre que la densité du bronze de canon varie de 8,44 1 à 9,235. » Les différences que présentent nos chiffres avec les données établies doivent être attribuées à ce que nous avons choisi arbitrairement le nombre de 43 pour le bronze de tam-tam et celui de l^i pour le bronze de canon. » Le bronze d'aluminium va nous fournir un exemple non moins frap- pant à l'appui de la thèse que nous soutenons. Son volume calculé d'après sa densité, lorsqu'il est écroui (2,67, 2,63), est de 126 à 127 centimètres cubes. Or : 342 équiv. Al X i4" o ~~ 7^^ = ^7>7 qui avec i équivalent de cuivre = 396,0 forment un alliage = 433e%7 ^^ = D, 7,746 L'expérience donne comme densité du bronze d'aluminium... 7,7. >• Cette composition physique explique les phénomènes calorifiques qui se manifestent avec tant d'intensité au moment où les métaux s'allient. » Notons en terminant que de même que pour certains corps analogues, la tendance du cuivre à se contracter s'affaiblit à mesure que ce métal se trouve en combinaison dans une molécide plus complexe. Dans d'antres corps, c'est le phénomène contraire qui a lieu. Ainsi le potassium, qui se contracte d'une manière extraordinaire en entrant en combinaison, reprend une tendance à se dilater à mesure qu'il se trouve dans des combinaisons plus complexes. A ce principe de contraction de certains corps solides, est due la fixation des matières colorantes. » 14... ( '092 ) MÉCANIQUE CÉLESTK. — Sur l'dccéléralion du moyen mouvement de li Lune; par M. Allegret. (Commissaires, MM. Lioiiville, Delaunay.) " L'illustre Laplace, après avoir expliqué dans son Exposition du Système du Monde (livre VI) comment les variations séculaires de l'exceutricité de l'orbe terrestre sont la soin-ce d'inégalités correspondantes applicables à l'observation dans le moyen mouvement de la Lune, ajoute ce qui suit : « L'action moyenne du Soleil sur la Lune dépend emore de l'inclinai- » son de l'orbe lunaire à 1 écliptique, et l'on pourrait croire que la posi- » tioii de l'écliptique étant variable, il doit en résulter, dans le mouve- » ment de ce satellite, des inégalités séculaires semblables à celle qu'y » produit l'excentricité de l'orbe terrestre. Mais j'ai reconnu par l'analyse » que l'orbe lunaire est ramené sans cesse par l'action du Soleil à la même » uiclinaison sur celui de la Terre, en sorte que les plus grandes et les plus » petites déclinaisons de la Lune sont assujetties, en vertu des variations » séculaires de l'obliquité de l'écliptique, aux mêmes changements que les » déclinaisons semblables du Soleil. Cette constance dans l'inclinaison de » l'orbe lunaire est confirmée par toutes les observations anciennes et » modernes. » » Cilte opinion de Laplace paraît soulever quelque difficulté. Ou peut, en effet, facilement démontrer par l'analyse que l'angle moyen des orbes lunaire et terrestre reste le même dans la suite des siècles. Cependant la grandeur de cet angle est soumise à deux sortes d'inégalités bien distinctes: les unes sont sensdjles, mais périodiques, et repassent par les mêmes valeurs dans des intervalles de temps relativement très-courts; les autres, au con- traire, sont presque insensibles aux observations, mais appartiennent à la classe des inégalités séculaires, c'est-à-dire ne repiennent la même valeur qu'après un grand nombre de siècles. Laplace, en négligeant ces dernières, à cause de leur petitesse, a pu penser qu'elles ne devaient avoir aucune influence sur le mouvement de la Lune. Je vais montrer qu'd n'en est point ainsi, et que ces inégalités ajoutent à l'expression de la longitude de la Lune un terme dont le coefficient est très-faible (environ | de seconde par siècle, selon qu'il résulte d'une première approximation), mais qui doit être mid- tiplié par le cube du temps; en sorte qu'après un petit nombre de siècle.'-, ce terme devient comparable à celui qui provient des variations de l'excen- tricité de l'orbite terrestre. Un raisonnement très-simple permet, du reste. ( I093 ) (le reconnaître que l'angle dont il s'agit doit admettre des variations sécu- laires résultant du déplacement de l'écliptique dans l'espace. En effet, la différentielle de l'inclinaison de l'orbe lunaire siu' un plan fixe montre qu'elle n'est assujettie qu'à des variations périodiques. Si l'on lait abstrac- tion de toutes les inégalités, à l'exception de celle cjui est réglée sur le mouvement du nœud de la lAine, il en résulte que le plan de l'orbe lunaire tourne constamment autour d'une certaine droite dont la direction, fixe dans l'espace, diffère peu d'ailleurs, ainsi qu'on s'en assure aisément, de celle de la perpendiculaire au plan de l'écliptique. Si donc l'angle des plans des deux orbes restait le même indéfiniment, il faudrait que le plan de l'écliptique fût assujetti, dans ses variations séculaires, à un mouvement de natation autour du même axe, ce qui n'est pas; car on sait que la théorie du mouvement séculaire du plan de l'écliptique est beaucoup plus com- plexe. » PHYSIQUE. — Un Mémoire, dont le nom de l'auteur est contenu dans un pli cacheté, et ayant pour titre : « Sur la théorie des phénomènes optiques », est adressé à l'Académie pour le concours du prix Bordin à décerner en 1 865. (Renvoyé à la Commission chargée d'examiner les pièces de ce concours.) MÉCANIQUE. — L'Académie reçoit encore pour le concours du prix Bordin, question relative à la théorie mécanique de la chaleur, un supplément à un Mémoire adressé à la fin de juin 1864, avec cette épigraphe : « Le travail mé- canique, la force vive et la chaleur se transforment sans s'anéantir jamais ». (Renvoyé à la Commission chargée de décerner le prix.) M. Welsens écrit pour demander qu'un ouvrage imprimé dans les Re- cueils de C Académie royale de Belgique et intitulé : « Mémoire sur l'emploi de l'iodure de potassium pour combattre les affections saturnines, mercu- rielles, et les accidents consécutifs de la syphilis », faisant suite à celui qu'il a présenté en mars 1849, soit admis au concours pour le prix dit des Arts insalubres. (Renvoi à cette Commission, et, s'il y a lieu, à celle des prix de Médecine et de Chirurgie.) M. Netter adresse pour le concours des prix de Médecine et de Chi- rurgie deux opuscules relatifs à l'héméralopie, et une Note manuscrite in- ( 1094 ) titulée : 0 Observations de guérisoiis de celle maladie obtenues sous le con- trôle (le M. le professeur Stœber ». (Renvoi a la Commission des prix de Médecine et de Chirurgie.) ;M. le D' Fké.m.\itx adresse une Notice sur l'ouvrage intitulé : « Recher- ches pratiques sur la mortalité prématiuée sous le rapport médical, ou la Vérité sur les causes et les désastres du choléra-morbus épidémique et autres maladies », qu'il a publié en i864- (Commission du legs Bréant.) M. te D' ScHXEPP adresse une Note ayant pour titre : « De la diminution lente et des oscillations de la ihermalité des eaux minérales sulfureuses de Bonne ». (Renvoyé à l'examen de M. Ch. Sainte-Claire Deville.) CORRESPONDANCE . M. LE Ministre de l'Ixstrcction publique transmet un Mémoire sur la théorie des parallèles, par M. Polleitx. I Commissaires, MM. Chasles, Bertrand, O. Bonnet.) 'SI. le Général marquis d'Haitpoul, Grand Référendaire du Sénat, remer- cie l'Académie de l'envoi de ses publications à la Bibliothèque du Sénat. M. le D"^ Tardieu, Doyen de la Faculté de Médecine de Paris, remercie l'Académie, au nom de ce corps savant, pour le don qu'elle a bien voulu lui faire de plusieurs instruments destinés à enrichir ses collections. M. LE Secrét.\ire perpétuel signale parmi les pièces imprimées de la Correspondance : Le second volume de l'ouvrage de M. Gustave Bisdiof, intitulé : « Traité de Géologie chimique et physique » ; Un Mémoire intitulé : « Sur l'origine de nos chiffres » ; Lettre de M. L.-Ain. Sédillol à M. le prince Ballhazar Boncompagni. ( 'ogo ) GKOLOGlE. — Sur les volcans et sur les terrains récents du Chili. Extrait d'une Lettre de M. A. Pissis à M. Élie de Beaumont. Il Santiago, le 3o mars i865. » Le volcan de Chillan est de nouveau en éruption; c'est une circon- stance assez rare dans les volcans des Andes, où les éruptions ne se succèdent ordinairement qu'à de longs intervalles. Celle-ci, beaucoup plus intense que la première, a commencé vers la fin de novembre, sur un nouveau point situé à environ 200 mètres au-dessous du sommet du grand cùne, un peu au sud du dernier cratère et sur le prolongement de la pente qui en occupait le fond. Le nouveau cône atteignait déjà, vers la fin de janvier, une hauteur de plus de 5o mètres; la lave s'échappait par deux échancrures situées au sommet, et arrivait déjà sur le vaste glacier qui entoure tout ce massif vol- canique. Le grand cône, qui était recouvert de neige avant l'éruption, pa- raissait alors complètement dépouillé, mais j'ai pu m'assm-er que la neige n'avait point fondu, et que celte apparence était due à la grande quantité de matières projetées qui formaient sur celle-ci une couche de plusieurs décimètres d'épaisseur. L'alternance des glaciers avec des couches de scories se présente fréquemment dans les cônes volcaniques des Andes, où les cou- pures naturelles laissent voir un grand nombre de ces couches successive- ment superposées. )) Le volcan d'Antuco, que j'ai visité l'année dernière, avait eu luie petite éruption en 1 863. Lorsque j'en approchai, une épaisse fumée s'échappait du sommet; comme il ne projetait plus de matières solides, j'ai pu, favorisé par un fort vent d'ouest, pénétrer dans l'intérieur du cratère sans être trop incommodé par les vapeurs acides qui s'en échappaient. La principale co- lonne de vapeur s'élançait d'une ouverture à peu près circulaire qu'il était facile de reconnaître pour l'orifice par lequel la lave s'était écoulée; elle avait de i™,3o à i™,5o de diamètre, et il en partait de nombreuses fissures dirigées vers le sud, qui donnaient également une grande quantité de va- peurs acides. Toute celte partie était couverte de scories jaunes ou d'iui rouge vif, tandis que celles qui formaient les bords du cratère étaient d'un brun presque noir; cette différence de couleur était due à l'action de l'acide chlorhydrique qui avait décomposé ces scories en produisant des chloiurts de fer et d'aluminium, et la couleur rouge de celles qui correspondaient a des parties où la température était plus élevée provenait probablement de la décomposition du chlorure de fer et de sa transformation eu peroxyde. ( 1096 ) J'ai |)ii, à l'aide d'iiii petit appareil très-portatif, recueillir une grande par- tie des produits de ces émanations; je ii)"occu|)e actuellement de leur ana- lyse, et lorsque ce travail sera leriiiiné, je m'empresserai de vous en sou- mettre les résultats. » Je viens de rencontrer, dans la partie inférieure du terrain à ligiiites de la province de Conception, une grande quantité de Bacudles (i). Ces fossiles, dont un fragment avait déjà été décrit par M. Gay , mais sans indication précise de localité, se trouvent disséminés dans una couche d'un grès très- friable où ils sont accompagnés de cardiums et autres bivalves, ainsi que de quelques empreintes végétales. Ce grès forme la base du terrain à lignites et affleui'e sui- plusieiu's points de la baie d'Arauco, dans les environs de Toure et de Conception, et plus au sud près du Piio-l.evu. Sur tous ces points, sa stratification ne diffère en rien de celle des couches tertiaires qui le recou- vrent, de telle manière qu'il faut nécessairement admettre que le tout a été soulevé en même temps. Si, d'une autre part, on considère les baculites connue ap|)artenant à la partie supérieure des terrains crétacés, il en résul- terait que le soulèvement des chaînes transversales du Chili, que je n'avais pu fixer qu'entre des limites assez éloignées, correspondrait au milieu de la période crétacée, puisque les couches fossilifères des provinces d'Aconcagua et deCoquimbo, caractérisées par des fossiles du terrain néocomien, sont relevées suivant cette direction dont on ne trouve aucune trace dans le terrain à lignites. >• CHIMIE ORGANIQUE. — Sur quelques dérivés loluidiques. Note de M, P. Jaili.ard, présentée par M. H. Sainte-Claire Deville. « Ld toluidine appartient à la classe des inonamiiies primaires; elle peut être considérée comme un azoture de toluényle et d'hydrogène. A ce titre elle doit joaer le même rôle que l'ammoniaque, ainsi que nous l'a enseigné Gerhardt, lorsque, généralisant l'idée du type en Chimie, il nous apprit, non-seulement à classer les corps d'après leur analogie constilution - nelle, mais encore à reconnaître l'intime connexion qui existe entre les élé- ments composant le même groupe. (i) On su rappelle qu'un grand Hamite a été recueilli dans des couches chloritées, sur les rivages du dctroit de Magellan, par M. le D'' Le Guillon, ])cudant la dernière expédition de M. Duniont-d'Lrviile. Ce fait rapproché de celui que signale M. Pissis porterait à croire que le terrain crétacé est répandu dans toute \& partie australe de l'Amérique méridionale, oii on connaissait déjà le terrain nécomien. É. D. B. ( 1097 ) » En effet, elle se combine aisément aux acides, déplace les bases métal- liques et forme avec les radicaux alcooliques des dérivés électro-positifs plus complexes. Mais, comme l'ammoniaque, peut-elle donner naissance à des amides, s'unir aux aldéhydes et constituer avec l'acide cyauique ou sulfo- cyanique des composés analogues aux urées? « C'est ce qu'a l'exemple de MM. Hoffmann, Hugo Schiff, Sell, Riche et Bérard, nous avons cherché à éclaircir, et voici les résultais auxquels nous sommes arrivé : » 1° Ainsi que l'ammoniaque, la toluylamine produit des nmides, et ces amides, variables suivant l'atomicité de l'acide mis en jeu pour les obtenir, peuvent être classés en mono, bi, tri, etc., toluidides. » Les monamides toluidiques se préparent de la même manière que les monamides ammoniacales. Le procédé que nous préférons pour leur obten- tion consiste dans l'emploi des chlorures des radicaux acides monoatomi- ques. Ceux-ci mis en présence de la toliiidine l'attaquent avec énergie et donnent lieu à une double décomposition, dont voici la représentation gra- phique : ^ C'^HM ^ C'^H' , -f- H Az = , + R ^ Az. ^' H ) ^' H » Par ce moyen, nous avons réalisé la formation de plusieurs monoto- luidides; de l'acéto-toluidide, de la butyro-toluidide, de la valéro-toluidide et de la benzo-toluidide. L'histoire de ces corps ne différant que par quel- ques particularités peu importantes, nous ne détaillerons dans ce chapitre que la dernière de ces amides. » Le chlorure de benzoïle versé peu après sur la toluidine produit un bruit semblable à celui du fer rouge plongé dans l'eau. Dès que la réaction est terminée, le mélange se prend en une masse d'une très-grande dureté. Celle-ci pulvérisée, puis traitée par de l'eau bouillante légèrement acidulée, est jetée sur un filtre, lavée avec soin et enfin reprise par de l'alcool à ()0 degrés, qui la dissout sous l'influence de l'ébullition et l'abandonne par le refroidissement en longs cristaux aiguillés. » Ces aiguilles sont incolores, inodores, insolubles dans l'eau ; elles se dissolvent aisément dans l'alcool ainsi que dans l'éther. Elles entrent en fusion à iGo degrés et ne se volatilisent complètement et sans décomposition qu'à aSa degrés. Les alcalis les décomposent seulement à chaud en toluidine G. R., iS65, !«■• Semestre. (T. LX, N» 21.) '42 ( 'ogs ) d'une part cl en benzoate de l'autre. Soumis à l'analyse, ce produit a tounii les résultats suivants : I. 0,271 do matière ont donné 0!789 de CO' et 0,1 5i de HO; II. o,3i55 de matière ont donné o,gi6 de C0= et o,i8i5 de HO; III. 0,317 de matière ont i^onné i6'' d'a/ote (à o" et à 760™"). 1 D'où on déduit (en centièmes) : 1. II. lit. Carbone 79,3 79,2 » Les rapports C" H"Ai 0' exigent. . . 79,62 Hydrogène 6,19 6,4 > — 6,16 Azote » » 6,3 — 6,63 Oxygène . » » — 7,58 A cette combinaison toluidique nous pouvons donc assigner la formule rationnelle suivante ; C'H' C'*H'0= \ Az H et la dénomination de benzo-toluidide ou d'azottire de toluényle, de ben- zoile et d'hydrogène. » 2° Si la toluylamine forme des combinaisons amidées calquées pour ainsi dire sur les ainides ammoniacales, elle rompt complètement avec les allures du type duquel elle dérive, alors qu'on la met en présence des aldéhydes. Tandis que l'ammoniaque s'unit simplement à équivalents égaux avec les aldéhydes des alcools monoatomiques de la série c^"H-""^^0- et avec les aldéhydes de la série aromatique, avec élimination d'eau, dans les j)ropor- tions (le 2 équivalents poiu- 3 équivalents d'hydrure, la loluidine, au con- traire, suivant M. Hugo Schiff, se combine avec les aldéhydes des alcools mononlomiques dans la proportion de 2 équivalents h 2 équivalents pour donner iiaissaiice à des diamines. Se comporte-t-elle ainsi avec les aldé- hydes des glycols aromatiques, avec l'hydriue de salicyle par exemple? C'est ce qu'il n'est pas possible d'admettre d'a[)rès le fait suivant. Quand on verse de l'hydrure de salicyle sur de la toluidine, celle-ci se dissout, le mé- lange s'échauffe et noircit, et si on le porte à une température de 5o degrés pour l'abandonuer ensuite au refroidissement, il ne tarde pas à se solidifier en une infinité de longues aiguilles d'un jaiuie vif. Ces cristaux, repris |)ar l'alcool bouilfmt et piuifiés par des cristallisations successives, sont ino- dores, insolubles dans l'eau, solnbles dans l'alcool et dans l'éther; ils ( '099 ) fondent à loo degrés et ne se volatilisent qn a une température bien supé- rieure. Les alcalis les décomposent, surtout à chaud ; les acides étendus les dissolvent à froid ; mais si on élève la température, ils les détruisent avec dégagement d'essence de reine des prés. L'acide chlorliydrique forme avec eux une combinaison cristallisable, dont la solution précipite abondamment par le chlorure de platine. » L'analyse a donné pour : I. 0,2145 de matière o,634 de CO' et 0,120 de HO; II. 0,437 de matière '5279 de CO' et 0,289 ^^ ^0; III. 0,2275 de matière . 0,667 ''^ ^^' ^^ 0,126 de HO; IV. o,385 de matière 19"^ d'azote (à o» et à 760"""); d'où l'on déduit en centièmes : I. II. m. IV. C 80,60 79,86 80,00 » La formule empirique C"H'^AzO' exige 79,62 H 6,24 6,08 6,i4 » — 6,16 Az > > » 6,i4 — 6,63 Ox I » j » — 7,58 » Si maintenant on détermine l'équivalent de cette substance au moyen de sa combinaison platinique C-*H" AzO" H Ci, Pt Cl^, on parvient à trouver des nombres qui se rapprochent de 211, nombre qui correspond à la formule C^^H'^AzO", et à reconnaître que dans la réaction précédente tout s'est passé entre i équivalent de base et i équivalent d'aldéhyde. » Quant à la formule rationnelle à attribuer à ce produit, son mode de décomposition et la réaction qui préside à sa formation nous autorisent a la figurer ainsi : C'*H' \ C'*H=0=' Az, H ) . formule qui permet de lui appliquer la dénomination d'azoture de toluényle, de salkyle et d'hydrogène, ou plus simplement celle de tolujlsnlicy lamine. n Faisons remarquer, en passant, la curieuse identité qui existe entre la composition de ce corps et celle de la benzo-toluidide comtne un nouvel exemple de ces nombreux phénomènes d'isomérie, déjà signalés dans la classe des carbures d'hydrogène, des acides, des alcools, etc. Il 3° L'espèce d'irrégularité que nous venons de constater dans la réac- tion de la toluidine siu'les huiles essentielles oxygénées, réaction comparée à 142.. ( I lOO ) celle de l'ammoniaque, ne se continue pas dans ses rapports avec les huiles sulfurées. En effet, lorsqu'on la dissout avec le sulfocyanure d'aliylo (essence de moutarde") et qu'on maintient cette solution à loo degrés pendant quelques heures, on obtient une liqueur qui, en se refroidissant, se prend en une masse de paillettes micacées. Celles-ci, purifiées par plusieurs cris- tallisations dans l'alcool à 85 degrés, sont inodores, insolubles dans l'eau, fort solubles dans l'alcool et l'éther et fusibles à 1 12 degrés. » Mélangées avec de l'oxyde de mercure on de l'oxyde de plomb, elles se désulfurent et se transforment en une matière également soluble dans l'alcool et cristallisant en fines aiguilles radiées. Les acides étendus les dis- solvent, mais ne semblent pas se combiner avec elles. » Leur analyse a donné pour : I. o,23o de matière o,5365 de CO' et 0,1 5 de HO; II. o,3o5 de matière 0,711 de CO' et 9,188 de HO; III. 0,419 de matière 0,468 de sulfate de baryte; d'oii l'on déduit, en centièmes : I. II. III. C 63,70 ()3,5o » L'expression empirique C" H" Az'S^ réclame 64,07 H .'. 7,20 (),84 » — 6,79 Az 1) » » — 13,59 S » " i5,2 — 15,57 » Il résulte de là que ce composé est bien l'analogue de celui qu'on obtient avec l'ammoniaque dans les mêmes circonstances, et que, pour des considérations trop longues à exposer ici, on peut le représenter rationnel- lement par C- S-" C H* C'W ' ' IP qui rappelle une diamine secondaire appartenant au groupe des lu'ées com- plexes, et autorise à lui donner la dénomination de sulfo-toluyl-allyl-urée ou plus simplement celle de lolu/l-lhiosinnamine. » CHIMIE. — action de l'ncide chromiquc sur l'aniline. Note de M. Geouge-s Delvacx. « Lorsqu'on fait un mélange de 2 parties d'aniline, de i partie d'acide ( iio' ) chromique et de i8 à 20 parties d'eau (on ajoute l'aniline à la dissolution d'acide chromique), au bout de peu de temps il se forme un précipité brun foncé. On laisse digérer deux ou trois jours, on filtre, on traite le préci- pité, séché à l'air libre ou encore humide, par l'eau bouillante, et on obtient une dissolution qui teint la laine et la soie en rouge légèrement violacé. Eu ajoutant à la liqueur refroidie de l'ammoniaque ou du carbonate de soude, on a, après avoir filtré, une dissolution qui teint la laine et la soie en rouge tirant un peu sur le jaune, d'un éclat moindre que celui de la fuchsine, mais sans nuance violette. La partie insoluble dans l'eau bouillante paraît renfermer le violet Perkins. » Cette réaction de l'acide chromique sur l'aniHne s'opère quelles que soient les proportions suivant lesquelles on mélange ces deux corps. Mais les proportions employées plus haut, correspondant à environ i équivalent d'aniline et i équivalent d'acide chromique, nous ont donné, jusqu'à pré- sent, les meilleurs résultats. On peut chauffer ; la durée de l'opération est plus courte, mais le rouge est plus difficile à purifier. » La propriété de cette matière colorante, d'être soluble dans l'ammo- niaque et le carbonate de soude, sans décoloration, nous fait présumer qu'elle est différente des sels de rosaniline. Plusieurs caractères viennent à l'appui de cette opinion : elle est soluble dans la benzine du commerce ; l'acide chlorhydrique concentré la dissout en prenant une teinte verte; la coloration rouge reparaît par addition d'eau ; elle est soluble dans l'acide chlorhydrique étendu; la solution conserve sa teinte rouge. » Nous avons employé l'acide chromique et l'aniline du commerce. » Nous adressons cette Note afin d'avoir le droit de continuer nos re- cherches à ce sujet. » La première idée de ce travail nous a été suggérée par l'examen du brevet de MM. Roquencourt et Dorot, en date du 1'''^ décembre i858, dans lequel ces messieurs déclarent prendre un brevet pour l'emploi de matières colorantes propres à la coloration des fleurs artificielles au moyen des réac- tions produites sur l'alinine par les corps oxydants en général, et principa- lement par l'acide chromique. » M. DiTCHEMiN, qui, dans une précédente communication, avait f;\it con- naître qu'il était parvenu à remplacer l'acide azotique dans la pile de Bun- sen par le perchlorure de fer et l'acide sulfurique par le chlorure de sodium, écrit pour annoncer qu'en substituant à ce dernier sel le chlorure de po- tasse brut du commerce, il est parvenu à augmenter la force motrice et ( I I02 ) calorifique qu'on obtient avec le sel marin, ef qu'ainsi on pourra produire facilement la lumière électrique. M. Breton (de Champ) fait hommage à l'Académie d'un opuscule qu'il vient (le publier, et ayant pour titre : « Question des Porismes ». [Foir au Bitllelin bibiioqraphkjuc. ) M. Maisoxxecve adresse un opuscule autographié, rntitulé : « Note sur une blessure du tronc vcir.eux brachio-céphalique gauche, suivie de gué- rison ». M. le D' Sau.vois écrit pour remercier l'Académie de l'envoi de ses Comptes rendus à la Société des Sciences médicales de la Moselle, et fait hommage de l'opuscule qu'il vient de pidilier sous le titre de : « Histoire statistique de la phthisie pulmonaire à Metz, pendant la période décennale de i85o à 1860 ». 31. Cil. Dupuis écrit pour demander l'ouverture d'un paquet cacheté dé- posé par lui antérieurement; ce pli contenait une Note sur la théorie du vide par le simple écoulement d'une certaine masse de liquide. Le tout est renvoyé à l'examen de MM. Morin et Combes. A 5 heures un quart l'Académie se forme en comité secret. COSIITÉ SECRET. M. le Baron Ch. Dupin, doyen de la Section de Mécanique, présente, au nom de cette Section, la liste suivante de candidats pour une place de Correspondant vacante dans sou sein : En première ligue M. Clausiis à Zurich. IMM. WocQCORN et Ramkine. . . a. Glascow. M. William Thomson à Glascow. M. Jules Weissbach a treyberg. M. Robert V\ illis a Cambridge. M. Zenner à Zurich. Les titres de ces candidats sont disctités. L'élection aura lieu dans la prochaine séance. La Section d'Anatomie et de Zoologie présente, conformément à la de- ( iio3 ) mande de M. le Ministre de l'Instruction publique, la liste suivante de can- didats pour la chaire de Zoologie (Annélides, Mollusques et Zoophytes* vacante au Muséum d'Histoire naturelle par suite du décès de M. Valcn- ciennes ; En première licjne. . M. Lacaze-Duthiers, ancien professeur à la Faculté des Sciences de Lille. En seconde ligne. . . M. Louis Rousseau, naturaliste voyageur, aide natu- raliste au Muséum. La séance est levée à 6 lieuies. E. D. B. BUI.I.3.TIX ElBLlOGKAPinQUE. L'Académie a reçu dans la séance du 22 mai )865 les ouvrages dont voici les titres : Mémoire sur l'emploi de Ciodure de potassium pour combaUre les affections saturnines msrcurielles et les accidents consécutifs de la syphilis; par M. Mel- SENS. Bruxelles et Paris, i865; in-8°. Recherches pratiques sur la mortalité prématurée, sous le rapport médical, ou la Vérité sur les causes et les désastres du choléra-morbus ; par le D'' I'"rémaux, t. I et IL Paris, 1864; 2 vol. in-8°. Rapport sur la fabrique de produits chimiques de Dieuze ; par M. J. NiCKLÈS. Nancy, i885; br. in-8". Société d'Horticulture de la Gironde. Exposition d'automne; septembre i865. Produits maraîchers, fleurs, fruits, raisins. Programme et Règlement de l'exposition. Bordeaux, i865; br. in- 8°. Physiologie de la voix et de la parole; par le D'' Ed. FOURNIE. Paris, 1 865 ; vol. in-8". Calcul du taux des pensions de la Société de prévoyance et de secours mutuels de Melzpour la période de i86j à 1869; par M. I. DlDlON. Metz, i8G5; in-4°. (Présenté par M. Rienaymé. ) Question des porismes. Notice sur les débats de priorité auxquels a donné lieu l'ouvrage de M. Chasles sur les porismes d'EucUde; par P. BRETON (de Chanip). Paris, i865; br. in-8°. Des cabinets ténébreux dans le traitement de l'héméralopie ; par le D' A. Netter. Paris, i865; br. in-8°. ( iio4 ) Mémoire iur les laclies hlandics des sclérotiques dans l' hémércdopie ; par ]e même. (Extrait de la Gazette médicale de Paris, i8G3.) (Cet opuscule et celui qui précède sont destinés au concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie.) Extrait de la clinique de rétablissement hydrolhérapique de Lonqchamps, à l'ordeau.x. Observation d'un cas qu'on pourrait nonvner crampe des tailleurs iChabits ou plutôt des ouvriers qui se servent de l'aiguille; six observations d'ataxie locomotrice ; par M. le D'' P. Delmas. Paris, 1864 et i865; 2 opus- cules in-B". De la pulvérisation. Examen des débuts de la nouvelle méthode thérapeu- tique de ^L Salcs-Gïroits; jiar le iv.ème. Paris, i8G5; br. in-8". Histoire statistique de la plitliisie pulmonaire à Met: pendant la période dé- rennale de i85o à 1860; par M. le D'' Saunois. Metz, i864; br. in-8° Cryptobranchus japonicus. Sclicdiasnm anatomicum quod almœ et antiquis- simœ Univeisilati Vindobonensi, ad solemnia sœcularia quinta, pie celebranda, dicat, dedicat Josepluis IIyutl, rector. Vindobonœ^ i8G5; in-4°. Das venjleiclicnd-anatomisclte Muséum an der Wiener medicinischen Facilitât im Jubilaumsjahre i8G5. Eingerichtet und lierausgegeben vou Prof. J. Hyutl. Vienne, i8G5 ; in-8°. IJber nornude und abnornmle Verhaltnisse der Schlagadern des Untersclien- kels; parle pvoi. J. IIyutl. Vieni^e, i8G4; in-4°. Neue Wundernetze und Geflechte bei Fôgetn und Sauqelhieren ; par le même. Vienne, 1864-, in-4". M. Hyrtl adresse en outre les sept opuscules in-8° dont les titres suivent : Uber die Injectionen der fFirbellliiernieren uml deren Enjebnisse. — Uber abwicketbare Gejasstiuauel in der Zuncje der Batrachier. — Uber die soge- nannten Herzvenen der Batrachier. — Uber IFirbelassimilation bei Àmphibien. — Uber die Einmiindung des dut lus choledochus in eine Jppendix pylorica. — Uber das verhallen der Leberarterie zur PJortader bei Anqihibien und Fis- ctien. — Uber eine Eigenlhundichkeil des Schlundes von Catla Bacluvtani. Musculus iransversus nuchœ, ein normaler Muskel am Hinterhaupte des Menschen; von D' E.-E. SCHULZE. Rostock, i8G5; in-4". Memorie... Mémoires de l'Académie des Sciences de l'Institut de Bo- logne, 2* série,' t. III, fascicules i à 4. Bologne, i8G3-G4; in-4". Rendiconto... Compte rendu des séances de l'Académie des Sciences de l' Institut de Bologne, année i8G3-i8G4. Bologne, i864; in-8°. Indici geuerali... Table générale pour les douze volumes publiés par l'Aca- ( I io5 ) demie des Sciences de l'Institut de Boloyue, de i85o à 1861. Bologne, i864; 111-4°. Lehrbuch... Traité de Géotoqie chimique et physique; par M. Gublave BiscuoF. \o\. II. Bonn, 1864 ; vol. in-8". Sur [origine de nos chiffres. Lettre de M. L.-Am. SÉDILLOT à M. le prince Boncompagni. Rome, i865; in-4°. PUBLICATIONS PÉKIODIQUES REÇUES PAR l'aCADÉMIE PENDANT LE MOIS d\vVRIL 18GJ>. Comptes rendus hebdomadaires des séances de i Académie des Sciences; i" semestre i865, n'" i4 à 17 ; iii-4°. Annales de Chimie et de Physique; par MM. Chevreul, Dumas, Pelouze, BoussiNGAULT, Regnault; avec la collaboration de MM. WuRTZ et Verdet ; 4^ série, mars i865; in-8*^. Annales de l' Acjriculture française ; t. XXV, n*"* 5 et 6; in-S". Annales Télégraphiques ; t. VIII, mars et avril i865; in-8°. Annales de la Société d Hydrologie médicale de Paris; comptes rendus des séances; t. XI, 6* livraison; in-8''. Annales forestières et métallui'giques; t. IV, mars i865; in -8°. Atti délia Società italiana di Scienze naturali; avril i865. Milan; in-S". Annales du Génie civil; janvier, février, mars et avril i8G5; in-8. Bibliothèque universelle et Revue suisse; n° S'y. Genève; in-8°. Bulletin de lu Société Géologique de Fj-ance; février i865; in-8°. Bulletin de V Académie impériale de Médecine; t. XXX, n"* 1 1 , 1 2 et 1 3; in-8". Bulletin de l'Académie royale de Médecine de Belgique; année 1 865, t. VIII ; n° 1; in-8°. Bulletin de l'Académie royale des Scietices, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique; 2^ série, t. XIX, n" 2; in-8°. Bulletin de la Société de l'industrie minérale; t. IX, 4' livraison i avril, mai et juin 1864); in-8° avec atlas in-4''. Bullettino meteorologico dell' Osservatorio del Collegio romano ; vol. IV, n°* 2 et 3; Rome, in-4''. Bulletin de la Société d' Encouragement pour l'industiic nationale; t. XII, février i865; in-4°. Bulletin de la Société de Géographie; 5* série, t. VI, février i865; in-8". C. R., iS65, i" Semcsde. (T. LX, A» 21.) I /) 3 ( iioG ) Bulletin de ta Société française de Photographie; mars i865; in-8°. Bulletin des séances de taSociété impériale et centrale d Agriculture de France; ■?} série, t. XX, n° 3 ; in-8°. Bulletin international de l' Obscivatoire impérial de Paris; n°' du 2 au 7, (les 9 et 10, du 12 au 19, et des 21, 22 et a3 avril 186"); feuilles autogra- grajîhiées, in-f". Cosmos. Revue encyclopédique hebdomadaire des proqrès des Sciences et de leurs applications aux Arts et à l'Industrie; 1'^ série, t. I, n"' i3 à 17; in-8°. Gazette des Hôpitaux; 38" année, u°' 3^ à 5i ; in-S". Gazette médicale de Paris; 36* année, n°' i3 à 17; in-4". Gazette médicale d'Orient; février i865; in-4°. Il Nuovo Cimento Journal de Physique, de Chimie et d'Histoire naturelle; t. XIX, avril et mai 1864. Turin et Pise; in-8°. Journal d' Agriculture pratique ; 29" année, i865, n™ 7 et 8; in-8°. Journal de la Société impériale et centrale d'Horticulture ; t. XI, mars i865; \n-%°. Journal de Mathématiques pures et appliquées; 2* série, février i865; in-4°. Journal de Pharmacie et de Chimie; 5i® année, avril i865; in-8°. Journal des Connaissances médicales et pharmaceutiques; 32^ année, i865, n<" 9, 10 et 1 1 ; in-8°. Journal de Médecine vétérinaire militaire; mars et avril i865; in-8°. Journal des fabricants de sucre; 5*^ année, n"* 5i, Sa et 53, et 6* année, n"^ I et 2 ; in-4°. Kaiserliche... Académie impériale des Sciences de Vienne; année i865, n°' 8, 9 et 10; I feuille d'impression in-8°. L'Abeille médicale; 11^ année, n°' i3 à 17; in-4". H Agriculteur praticien ; 12*^ année, t. VI, n°' 6 et 7 ; in-8*'. La Médecine contemporaine ; 7® année, n°' 7 et 8; in-4''- EArt dentaire; 8* année, mars i865; in-12. LArt médical; avril i865; in-S". La Science pittoresque ; g^ année; n"' 4^ ^ 5i; in-4'' La Science pour tous; 10* année; n°' 18 à 22; 10-4" Le Courrier des Sciences et de l'Industrie; t. IV, n'" i4 a 18; ni- 8". Le Gaz; 9'' année, n° 2; in-4''. Le Moniteur de la Photographie ; 5* année, n"' 2 et 3, avec la Table des inalicres contenues dans le IV*^ volume; in-4''. Le Terhnologiste ; a6* année; avril i865 ; in-S". ( '107 ) Les Mondes. . . Revue hebdomadaire des Sciences et de leurs applications aux Arts et à l'Industrie; 3^ année, t. VII, livr. i3 à 17; in-8°. Magasin pittoresque; 33* année; avril i865; in-4°. Mate'riaux pour thistoire positive et philosophique de ihvminc; par G. DE MoRTiLLET; mars i865; in-8°. Montpellier médical : Journal mensuel de Médecine, 8* année; avril i865; in-8°. Monthly . . . A^otices mensuelles de la Sociétérojale d' astronomie de Londres; vol. XXV, n° 5; in-12. Nouvelles Annales de Mathématiques ; mars i865; in-S". Pharmaceutical Journal and Transactions ; vol. VI, n° 10; in-8°. Presse scientifique des Deux Mondes; année i865, n"* 7 et 8; in-8°. Répertoire de Pharmacie ; t. XXI, mars i865; in-S". Revue de Thérapeutique médico-chirunjicale ; 3^* année, i865; n"' 7 et 8: in8". Revue de Sériciculture comparée ; i865; n"* 1 et 2; in-8°. Revue Maritime et Coloniale; avril 1 865 ; in-8°. Socielà reale di Napoli. Rendiconto delV Accadenna délie Scienze fisiche e malematiche ; ^"^ année ; mars i865. Naples; in-4°. The American Journal of Science and Arts ; murs i865; in- 8". The Reader; vol. V, n°' 1 18 à 122; in-Zj". COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCi:S. SÉANCE DU LUiNDI 29 MAI 186a. PRÉSIDENCE DE M. DECAISNE. MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. CHIMIE APPLIQUÉE. — Note sur tes dépôts qui se forment dans les vins; par- M. L. Pasteur. (■ Une des premières qualités que l'on recherche dans le vin est sa lim- pidité. » J'ai étudié attentivement les dépôts qui se forment dans les vins; je crois qu'il en existe de trois sortes seulement, que je vais passer en revue. 11 Une première sorte, bien connue, est due à des cristaux de bitartrate de potasse, de tartrate neutre de chaux ou d'un mélange de ces deux sels. Ces dépôts n'adhèrent pas aux parois des bouteilles, mais ils sont. assez lourds pour se rassembler sous un petit volume, par un repos de quelques minutes. Ce n'est que dans des cas exceptionnels, très-peu fréquents, que le bitar- trate de potasse est en cristaux légers et soyeux, très-ténus, dont le dépôt exige un temps un peu plus long. Considérés sous le point de vue, physique, ces dépôts de tartre sont peu gênants. Au point de vue chimique, leur in- fluence sur la composition et les qualités du vin n'a pour ainsi dire aucune importance, tant elle est peu sensible. •> Une deuxième sorte de dépôts, souvent confondue avec la précédente, G. R , iS65, i" Semestre. (T. LX, N" 22.) '44 ( iiio j mais qui en esl tout à fdit distincte, est due à ces matières de couleur brime qui couvrent les parois des bouteilles, particulièrement dans la moitié qui regarde le sol, lorsque les bouteilles reposent couchées horizontalement. Ces dépôts sont constitués par de la malière colorante primitivement dis- soute, et qui peu à peu est devenue insoluble par un elTet d'oxydation, ainsi que je le dirai tout à l'heure. Cette matière colorante se montre au microscope, suivant les cas, sons trois états physiques bien distincts : » i" Elle est en feuillets transUicides , colorés en jaune brun plus ou moins foncé, quelquefois avec nuance violette. » 2" D'autres fois, la matière colorante se dépose en granulations, en petits ai'ias amorphes, pressés les uns contre les autres, et formant une couche adhésive d'un rouge brun ou violet. » 3° Ces granulations pi^ennent souvent une structure si régulière, que l'on croirait avoir sous les yeux des cellules organisées, tant leur sphéricité est parfaite. Aussi diverses personnes, qui ont essayé de reconnaître au mi- croscope les ferments des maladies des vins, ont été trompées par celte structure et ont pris ces globules pour des corps vivants. « Ces trois états physiques de la matière colorante devenue insoluble se trouvent fréquemment réunis. Les feuillets translucides sont ordinaire- ment recouverts, au moins par places, des granulations amorphes ou de celles à apparence organisée. Ces deux derniers états de la matière colorante sont souvent aussi associés l'un à l'autre en proportions variables. » Les dépôts dont je parle, quel que soit leur état, sont le plus ordinai- rement adhérents aux parois des vases, circonstance importante, parce qu'elle permet de tirer le vin clair jusqu'aux dernières gouttes. » Sous le rapport physique, cette deuxième sorte de dépôts est également peu gênante. Quant au changement de composition qui en résulte pour le vin, on peut dire que sa présence correspond généralcmetit à luie phase d'amélioration graduelle, bien qu'elle soit accompagnée d'une tliminiuion progressive de la couleur. Cela n'a pas d'inconvénient, si ce dépôt de cou- leur n'est pas trop prononcé. Quoi qu'il en soit, il y aurait intérêt à ce que cette sorte de dépôt se produisît dans les tonneaux. Ou y parviendra, je l'espère, par l'emploi du procédé de conservation des vins que j'ai indiqué récemment, et qui, d'après les essais que j'ai tentés, est applicable au vin en tonneau aussi facilement qu'au vin en bouteille. » Il importe beaucoup de connaître les causes occasionnelles des deux sortes de dépôts dont je viens de parler. F,n ce qui concerne les cristaux de ( <•" ) tartre, on conçoit que de simples changements clans la température, joints aux modifications qui surviennent avec le temps dans la composition du vin, peuvent les provoquer. Je ne m'y arrête pas. Quant aux dépôts de la deuxième sorte, je crois pouvoir dire que leur principale et peut-être unique cause est due à une fixation du gaz oxygène, qui rend insoluble la matière colorante. Voici les expériences qui motivent cette opinion. » J'ai rempli entièrement ou partiellement des tubes de verre blanc de diverses espèces de vins. Ces tubes ont été abandonnés ensuite dans des conditions variables de température et de lumière, après avoir été fermés à la lampe. Chaque essai est reproduit nn grand nombre de fois pour chaque sorte de vin. Il arrive, en effet, que les tubes partiellement remplis de liquide et où le vin se trouve au contact de volumes d'air variables peuvent donner naissance au mycoderma vini ou au mycodermn aceti si le vin n'a pas été chauffé. Ces tubes, pour le genre particulier d'études que j'avais en vue, étaient écartés. Il ne faut conserver que ceux dans lesquels le vin est sou- mis à l'action oxydante directe de l'oxygène de l'air. » Cela posé, voici les phénomènes que présentent les tubes conservés. Partout où il y a remplissage partiel des tubes et en dehors de toute pro- duction de ferments organisés, le vin donne lieu à des dépôts de matière colorante, qui reproduisent si fidèlement, au microscope et par les agents chimiques, toutes les propriétés et tous les aspects des dépôts de la deuxième sorte, qu'il n'est pas possible d'hésiter sur l'identité de nature de ces divers dépôts et vraisemblablement sur leurs causes respectives. L'analyse de l'air des tubes, faite, à diverses époques, pendant la formation des dépôts, démontre que ceux-ci sont toujours corrélatifs d'une notable absorption de gaz oxygène, d'autant plus marquée que les dépôts sont plus abondants. Si les tubes sont remplis de vin, c'est-à-dire si l'air ne p>eut intervenir comme agent d'oxydation directe, il ne se forme pas le moindre dépôt, alors même que les tubes sont exposés à la lumière vive du soleil pendant plusieurs mois. Or la lumière, jointe à l'action de l'oxygène, a une influence consi- dérable sur la rapidité de formation de ces dépôts. Dans l'obscurité, même dans une obscurité incomplète, ils sont lents à se produire. )> Je suis donc porté à croire, d'après les résultats de ces expériences, que les dépôts que j'ai appelés de la deuxième sorte, et qui prennent naissance dans les tonneaux ou dans les bouteilles, sont dus à l'action de l'oxygène de l'air introduit dans le vin, soit par les pores du bois ou des bouchons, soit, au moment des soutirages, par dissolution d'air. i44. ( >II2 ) » Au fur et à mesure que les dépôts se forment dans les tul)es des expé- riences précédentes, la couleur du vin s'affaiblit de plus en plus, jus- qu'à disparaître presque intégralement. Quelques jours suffisent si l'expé- rience se fait à la lumière. Le vin prend un bouquet sui generis, d'une vivacité particulière, et quelque chose de caramélique qui est certaine- ment le goût de cuit des vins qui ont voyagé. Aussi interprète-t-on Irès- nial, selon moi, l'influence des voyages sur le vin. Je suis persuadé que les changements que l'on constate doivent être attribués bien plus à l'action de l'oxygène de l'air qu'à l'élévation de la température. Deux circon- stances favorisent l'introduction de l'oxygène durant le voyage aux Indes : une évaporation plus rapide à la surface des douves, et surtout les chocs du liquide contre les parois, agissant non comme agitation, mais comme cause de variations brusques et sans cesse répétées de la pression intérieure, d'où résulte une sortie des gaz azote et acide carbonique et une rentrée d'air à travers les pores du bois, bien plus active que dans le cas où le vin est abandonné en repos dans une cave froide. L'expérience est facile à faire : du vin renfermé dans des vases hermétiquement clos ne se modifierait pas sensiblement, ne prendrait pas le goût de cuit et ne déposerait pas; et dans des bouteilles l'effet sera beaucoup moins marqué que dans des tonneaux. J'ajoute que les vins portés à une températin-e de 60 à 70 ou 80 degrés ne prennent jamais le goût de cuit et ne déposent pas. La limpidité du vin est au contraire accrue par cette opération, excepté pour quelques vins très-jeunes. » J'arrive à la troisième sorte de dépôts des vins. Celle-ci est des plus gênantes et fort dangereuse; elle est constituée par ces végétations crypto- gamiques sur lesquelles j'ai appelé l'attention de l'Académie, et qui sont, à mon avis, la cause exclusive des maladies et de toutes les altérations des vins, que l'on désigne sous les noms de maladies de ta pousse, de la graisse, de l'amer et de racicle. Ces végétations n'adhèrent jamais aux parois de la bouteille ou du tonneau, à moins qu'elles n'aient été recouvertes, après leur formation, par les dépôts de la seconde sorte, et comme emprison- nées mécaniquement par eux, ce qui est fort rare. Ce sont de petits corps si légers, que la moindre agitation des vases les soulève, et il en résulte un trouble du liquide occupant un volume relativement considérable. Sous le rapport physique, leur présence est donc très-préjudiciable, puis- qu'ils occasionnent de grandes pertes au moment des soutirages ou des transvasements des bouteilles. Et, comme ces ferments d'autre part, tant ( i'i3 ) par les principes qu'ils transforment que par les substances nouvelles qu'ils développeni, détruisent les meilleures qualités des vins, ce n'est pas exa- gérer que d'affirmer que le mal qu'ils occasionnent est incalculable, sur- tout si l'on songe, comme je le disais récemment à l'Académie, que la plu- part des vins sont sous l'influence de ces productions organisées. Je crois pouvoir ajouter que le prix élevé du vin, des grands vins principalement, a pour cause indirecte l'existence de ces ferments. Le prix de la main-d'œuvre dans les soins que le vin exige aujourd'hui leur est dû en grande partie. Si j'en crois même les renseignements que m'a transmis un habile négociant anglais, les espérances sur l'extension du commerce des vins français depuis le traité avec l'Angleterre n'ont p.is donné jusqu'à présent les résultats pré- sumés, à cause des maladies aux(|uelles ils sont sujets au delà du détroit. a Si les principes que j'ai exposés sur la vinification sont exacts, prin- cipes qui se résument, d'une part dans l'influence bienfaisante et indispen- sable de l'oxygène de l'air, et d'autre part dans l'influence malfaisante de diverses végétations cryptogamiques, la perfection dans l'élevage des vins consisterait à abandonner le vin en tonneau jusqu'au moment où il serait regardé comme fait, puis en bouteille, sans que, à aucune période, on soit gêné par les maladies ou par les dépôts, et en éloignant toutes les pratiques de l'ouillage, des soutirages fréquents, du vinage et du plâtrage des vins. J'espère que l'on pourra parvenir facilement et très-rapidement à ce résultai, à l'aide du procédé de conservation dont j'ai parlé récemment devant l'Académie. » ASTRONOMIE. —Lettre deM. Le Verrier adressée à M. le Maréchal Vaillant. « Marseille, le nS mai i865. » Vous trouverez sous ce pli, et je vous prie de vouloir bien cotnmuni quer à l'Académie, ime Lettre que j'ai reçue de M. Aristide Coumbary, au sujet d'une observation qu'il aurait faite du passage d'un petit corps devant le Soleil. » Je dois, suivant les usages scientifiques, dire que je n'ai pas l'avantage de connaître M. Coumbary, autrement que par sa Lettre. Mais elle porte en elle l'empreinte de l'exactitude et de la sincérité. Puissent ces observa- tions se multiplier et nous permettre de statuer définitivement sur la ques- tion des anneaux intérieurs! ]) Je vous prie, Monsieur le Maréchal, de vouloir bien communi(juer cette ( '"4 ) Note à l'Académie, et de recevoir l'expression de mes sentiments les plus dévoués. 11 Lellre de M. Aristide Coumbary " Constantinople, le lO mai i865. » Je saisis avec plaisir cette occasion qu'un heureux hasard a fait naître, pour vous adresser l'observation que j'ai faite le 8 mai i865. » J'avais l'habitude de diriger de temps à autre ma lunette sur le Soleil, mû par la simple curiosité d'en observer les taches; toutefois, dès le com- mencement du mois de mai, je me livrais tous les jours à l'observation, et je dois vous avouer que la cause qui me poussait à cette plus fréquente direction de ma lunette vers le Soleil, et qui peut-être ne se basait pas sur une raison plausible, c'était le grand changement de température tout à fait insolite pendant cette saison dans notre pays. Je ne sais comment je me suis livré à l'idée de quelques astronomes qui supposent l'existence d'anneaux planétaires autour du Soleil, et, par suite, des périodes de diflé- rents degrés de chaleur émise par le Soleil. 11 Ainsi, Monsieur, le 8 mai dans la matinée, j'observais comme d'habi- tude le Soleil, et vers g'' 23" il m'a semblé apercevoir un petit point noir se détacher de la tache solaire [voir dans la figure les points marqués). Image du Soleil renversée, 8 mai i865. a. Premier moment d'observation à g*" aS"". b. Deuxicmo observation. Sortie du disque à lo'iii™. Temps total pDur aller de /i à la sortie du disque, f\i minutes. Je n'étais pas encore siir de cette séparation, et croyant à la fatigue de mes ( "'5 ) yeux, je me suis reposé quelques instants; mais à une nouvelle épreuve je n'eus plus de cloute sur le déplacement; le point noir avait déjà atteint presque deux fois la dislance de la tache solaire depuis que j'avais quitté la lunette poiu' reposer ma vue. Cette fois-ci je distinguais un corps presque rond qui se déplaçait de minute en minute; l'oculaire dont je me servais était d'un -grossissement de ^l^o fois; je le changeai pour mettre a sa place un oculaire de aSo fois. Cette fois-ci j'ai pu distinguer très-nettement le corps noir doué de mouvement; seulement le second oculaire, ti'une ampli6cation plus forte, étant moins lumineux que le premier, ne dessinait pas bien le contour du corps, il rendait seulement son volume plus appré- ciable. )i Vers la fin de son parcours, qui a duré quarante-huit minutes environ, du moment où j'avais commencé à l'apercevoir (ce que j'ai marqué sur le dessin) au moment de sa sortie du disque solaire, il m'a paru prendre la forme ovale et présenter comme une séparation au milieu; on aurait dit qu'il y avait deux corps tout près l'un de l'autre, mais je ne puis l'affirmer d'une manière positive, car probablement la fatigue de ma vue y entrait pour beaucoup, et peut-être aussi devait-on attribuer ce phénomène à l'oculaire. » Je me fais donc, Monsieur, un devoir de vous communiquer l'obser- vation que je viens de faire, car, si elle est fondée comme je le crois, elle pourra, grâce à vos lumières, servir de base à de nouvelles observa- tions. » CHIMIE CRISTALLOGUAPHIQUE. — Recherches sur la force crislallogéniqite ; par M. Fréd. Kuhlmanv. (Cinquième partie.) Cristallisations artificielles de matières minérales et de métaux par voie humide . « Cette cinquième partie de mon travail devait comprendre des consi- dérations sur la cristallisation des dissolutions salines sursaturées. Quelques faits me semblaient devoir faire admettre que, pour déterminer ces cristal- lisations, il n'est pas indispensable de faire intervenir une petite quantité de la matière saline de même nature que celle contenue dans ces dissolutions, conformément aux opinions émises récemment par MM. VioUette et Cernez; mais les précautions dont il faut s'entourer pour ces sortes d'expériences me font remettre ces considérations à la dernière partie de ce travail. » Ainsi il s'agit pour se prononcer sans réserve de bien constater qu'en écartant tout contact de l'air dans le lavage de la limaille de fer, celte i\e\- ( 'ii6 ) iiiere ne cesse pas d'agir sur los dissolutions sursaturées, et que, lorsqu'on fait traverser par un courant d'iiydrogène une couche d'iuiile protégeant une dissolution sursaturi-e de sidfate de soude du contact de l'air, lliuile, par son frottement contre les paiois du col du ballon dans lequel l'expé- rience a lieu, peut en détacher des paicellcs imperceptibles de sulfate de soude. » En ajournant la publication de mes considérations sur ces jioints déli- cats, j'ai voulu rendre hommage aux travaux poursuivis avec une rare per- sévérance par MM. Yioliette et Gernez. » J'ai cherché à démontrer que les molécules des corps, bien que pro- duites à l'état amorphe, on de cristaux microscopiques, pouvaient, sous l'in- fluence d'une humidité constante et du repos, se rapprocher et se souder, de manière à affecter la forme de gros cristaux. Cette tendance des corps à se constituer à l'état cristallin est énergique, surtout au moment où ils sont, en quelque sorte, à l'état naissant, soit qu'ils prennent l'état solide, par la concen- tration des liquitles qui les contiennent en dissolution, soit qu ils affectent cet état à la suite de réactions chimiques qui leur donnent naissance. On sait que dans ce dernier cas, si la réaction qui leur donne naissance est brusque, les corps solides se séparent généralement à l'état amorphe, à l'état de pré- cipité : si cette réaction est lente, ils cristallisent. Dans un travail fait en i856, j'ai démontré qu'on pouvait obtenir artificiellement de fort belles cristallisations, en faisant réagir l'un sur l'autre deux liquides séparés ))ar mie paroi de poterie poreuse, ou en interposant entre eux une couche mince d'un autre corps poreux tel que l'amiante, ou un disque très-mince en liège, et enfin j'ai démontré que, si les deux liquides réagissants sont de densité différente, il suffisait de les superposer avec quelque précaution, pour que le précipité, produit au contact innnédiat, déterminât lui-même une couche poreuse, au travers de laquelle les réactions pussent se conti- nuer. Dans ces circonstances il se forme un échange entre les piincipes constitutifs des liquides réagissants et les produits de la réaction qui se constituent à l'état solide, prennent l'état cristallin. C'est ainsi, notamment, qu'avec de l'acide chlorhydrique et de l'acétate de plomb, j'ai obtenu de magnifiques cristaux de chlorure de plomb. ). J'ai constaté depuis que l'on pouvait plus facilement obtenir les réac- tions en question, en faisant intervenir l'un des corps réagissants à l'état cristallin. Ainsi, en plongeant des cristaux de carbonate de soude dans une dissolution de sulfate de cuivre, il se produit d'abord, à la surface du cristal de carbonate de soude, une couche de carbonate de cuivre précipité et qui ( «"7 ) se raffermit peu à peu, en prenant la forme extérieure du cristal de carbo- nate de soude; bientôt, la réaction entre les deux sels se continuant de proche en proche, toute la masse du carbonate de soude disparaît succes- sivement et se change en sulfate de soude, dont la dissolution vient se substituer à celle du sulfate de cuivre. Le cuivre carbonate, produit lente- ment, vient tapisser l'intérieur de l'enveloppe de carbonate amorphe, en constituant une véritable géode artificielle. Par ce procédé j'ai obtenu des cristaux de deux modifications du carbonate de cuivre hydraté, l'une bleue et l'autre verte; ces cristaux correspondent, par leur couleur, à l'azu- rite et à la malachite, mais ils paraissent contenir des quantités d'eau plus considérables que ces produits naturels. » Un cristal de carbonate de soude, plongé dans une dissolution de sul- fate de nickel, m'adonne une géode formée de carbonate bleu de nickel amorphe, tapissée à l'intérieur de cristaux de carbonate bleu et d'un car- bonate vert émeraude. M Un cristal de carbonate de soude plongé dans une dissolution de nitrate de cobalt m'a donné une géode tapissée à l'intérieur de superbes cristaux de carbonate de cobalt d'un rouge de rubis. » La plupart des réactions qui donnent naissance à des corps suscep- tibles de cristalliser donnent dans ces circonstances des résultats analogues; ainsi je suis parvenu à obtenir, avec de l'acétate de cuivre cristallisé et une dissolution de silicate de potasse, du silicate de cuivre vert fibreux et d'un aspect satiné. Souvent les cristaux d'un des corps réagissants, s'ils sont anhydres, sont transformés par épigénie. Tel est le carbonate de plomb natif, qui, étant plongé dans une dissolution de sulfure de potassium, passe à l'état de sulfure de plomb, en conservant la forme du carbonate ; tel est encore le nitrate d'argent transformé en sulfure et en chlorure d'argent par le contact prolongé de cristaux de ce nitrate avec une dissolution de sul- fure de potassium ou avec de l'acide chlorhydrique. » Il arrive aussi que le corps, qui se produit ainsi lentement, prend l'aspect des masses mamelonnées et compactes, que présentent dans la nature le plomb gomme et le chlorure d'argent corné. " J'ai produit artificiellement ce dernier composé en interposant un corps poreux entre une dissolution de nitrate d'argent contenue dans un ballon et un bain d'acide chlorhydrique (i). Le chlorure d'argent, après avoir (l) Comptes rendus des séances de l'Académie des Sciences, séance du 25 février i856. C. R., i8G5, i" Semestre. (T. LX, N" 22.) l45 ( 'n8 ) produit une couche poreuse au point de contact des deux liquides, a donné lieu à une arborisation très-remarquable de cblorure d'argent compacte, en tout semblable à l'argent corné. Si l'on envisage d'un côté que, dans la na- ture, le chlorure d'argent accompagne souvent l'argent natif, et si l'on con- sidère d'un autre côté la facilité avec laquelle l'hydrogène naissant réduit le chlorure d'argent, on est porté à attribuer à la préexistence d'un chlorure et à sa réduction la formation d'une partie de l'argent natif. Cette opinion s'est fortifiée chez moi en voyant l'état rubané remarquable et entièrement analogue à celui qu'affecte mon chlolureartiBciel, que présentent des échan- tillons d'argent natif compris dans une collection de minerais du Mexique que je dois à la libéralité de S. Exe. le Maréchal Forey, et, en particulier, dans une collection spéciale des minerais de la mine de la Quebradilia (Za- catecas), rapportée par M. Roussel, capitaine d'état-major, chef du service topographique du corps expéditionnaire, et dont cet habile officier a bien voulu me gratifier. )) La force qui par de simples vibrations amène les métaux à l'état cris- tallin, peut se développer sous l'influence seule de l'eau et d'acides exerçant une action énergique sur eux, et cette force est surtout rendue manifeste lorsqu'elle s'exerce sur les alliages, soit qu'elle amène des changements dans le rapport de leurs principes constitutifs, soit qu'elle donne lieu seule- ment à une modification dans leur état physique. Voici un fait à l'appui de cette opinion. Dans la construction d'une petite chambre de plomb à usage de fabrication d'acide sulfurique, on avait employé, pour une des parois latérales, du plomb de refonte qui contenait i,6o pour loo d'étain prove- nant de la soudure restée attachée au plomb refondu. Cette chambre était une des premières d'une batterie de six chambres et recevait par un filet continu l'acide nitrique destiné à réagir sur la vapeur sulfureuse. Or, il est arrivé qu'après quatre années de service, alors que le plomb vierge qui avait servi à construire les autres côtés de la chambre se trouvait presque intact, le plomb chargé d'étain a été profondément corrodé, partout où il a eu le contact des vapeurs, et qu'indépendamment de cet amincissement ce plomb est devenu très-cassant et cristallisé dans toute son épaisseur. a L'analyse, qui avait d'abord fixé la quantité d'étain à i,6o pour loo, a donné, après l'altération, 1,90 pour 100. » Ainsi, la cristallisation du plomb ainsi allié a été déterminée par l'ac- tion de l'eau et des acides, et la présence de l'étain doit avoir été une cause déterminante de ce nouvel arrangement moléculaire et de cette rapide al- tération. ( "'9 ) » La publicafion de ce fait me paraît présenter quelque intérêt pour les manufacturiers, surtout en présence de l'opinion récemment émise, que le plomb, lorsqu'il est allié en petite proportion avec quelques autres mé- taux, résiste mieux à l'action des acides. » Voici quelques exemples remarquables de la cristallisation des métaux et des métalloïdes par voie humide : >i A. J'ai constaté d'ancienne date que du sulfure d'arsenic en dissolu- tion dans de l'ammoniaque laissait, après quelques mois de contact, dé- poser de l'arsenic avec son aspect cristallin et son éclat métallique. Il y a là désoxydation d'une partie du métalloïde pour constituer du sulfate ou de l'arséniate d'ammoniaque. » B. Si l'on plonge un cristal de sulfate de cuivre dans une dissolution de polysulfure de potassium, ce cristal se couvre bientôt d'une enveloppe de sulfiue de cuivre, sur laquelle viennent se déposer de beaux cristaux i-homboédriques de soufre. B C. Si l'on plonge dans une dissolution de monosulfure de potassium des cristaux de protoclilorure de mercure Hg^Cl, obtenus par sublimation, le chlorure se transforme en quelques jours en cinabre cristallisé d'un beau rouge grenat, et la moitié du mercure se trouve déplacée. Cela s'ex- plique par le peu de stabilité du sous-sulfure de mercure Hg-S. » D. J'ai obtenu de l'or en belles paillettes cristallines, en plaçant du chlorure d'or contenu dans un vase poreux au milieu d'une dissolution de sidfate de protoxyde de fer, d'hyposulfite de soude ou d'acide oxalique. » E. Enfin, je citerai un dernier exemple de cristallisation métallique par la voie humide, et c'est sans contredit le fait le plus curieux de tous ceux que je viens d'énimiérer. )) J'ai plongé de gros cristaux de sulfate de cuivre dans une dissolution de monosulfure de potassium, et j'ai abandonné le tout au repos pendant dix jours. Au bout de ce temps, la surface extérieure du cristal de sulfate était transformée en sulfure, lequel présentait exactement la configuration extérieure du cristal primitif. En brisant le cristal ainsi modifié je me suis aperçu que l'enveloppe épaisse du sulfiu'e de cuivre présentait, à la surface de sa paroi intérieure, un aspect cristallin bien déterminé, et qu'au-dessus de cette couche cristalline de sulfure il s'était formé une masse, variable dans son épaisseur, de cuivre métallique cristallisé en beaux octaèdres. Le centre du cristal était occupé par du sulfate de cuivre encore intact, mais entre ce sulfate et le cuivre métallique il s'était formé une quantité considé- rable d'un sel double de sulfate de cuivre et de potasse. C'est un sel hydraté ' ( I 120 ) d'un bleu clair et cristallisé en cubes. Sa composition, d'après l'analyse que j'en ai faite, est représentée par la formule KO, CuO, 2S0' + 6H0. » L'explication de la formation du sulfure de cuivre de ce sulfate double ne présente aucune difficulté, mais il n'en est pas de même de la formation l'.u cuivre métallique. • M Voici toutefois comment cette production inattendue m'a paru pou- voir se justifier. On sait avec quelle facilité les sels de cuivre, en général, sont réduits et que le contact prolongé de quelque matière organique suffit pour opérer cette réduction. Ainsi, dans l'encre, il se trouve souvent un dépôt de cristaux microscopiques de cuivre, lorsque dans la fabrication de cette encre il est entré du sulfate de cuivre et de la décoction de bois de campéche. On sait encore que le sucre opère cette réduction avec une ex- trême facilité, et, d'un autre côté, qu'il suffit d'abandonner un bâton de phosphore dans une dissolution de sulfate de cuivre, pour le voir, après quelque temps, enveloppé d'un fourreau de cuivre cristallisé. » En parcourant récemment les beaux établissements industriels et les exploitations minérales de MM. Perret, de Lyon, il m'a été signalé, par ces ingénieux manufacturiers, un fait très-intéressant : c'est que, en asséchant une ancienne galerie envahie depuis quelque temps par des eaux chargées de sulfate de cuivre et de sulfate de fer, marquant 6 à 8 degrés à l'aréo- mètre de Baume, on avait rencontré, attachées à des fragments de bois qui avaient servi au soutènement du toit de la galerie et engagées dans des dé- bris de pierres formant le sol de la galerie, des couches assez épaisses de cuivre métallique. Des échantillons recueillis me furent remis : ils pré- sentent, comme l'Académie peut s'en assurer, des grappes formées d'un ensemble de cristaux octaédriques et très-volumineux. » Les débris de bois avaient agi sans doute par réduction sur la dissolu- tion cuivreuse. Des gaz réducteurs développés dans ces galeries avaient pu agir de leur côté (i). » J'ai aussi signalé cette propriété désoxydante du|bois, lorsqu'il est en contact avec du sesquioxyde de fer, dans un travail sur l'altération du bois debordagedes navires, par les clous et les chevilles en fer. On sait d'ailleurs (i) M. Clément Desormes avait déjà constaté que dans la fabrication du sulfate de cuivre crisiallisé, il pouvait se produire des cristaux de cuivre contre les parois des cuves en bois. ( II21 ) que, dans les eaux stagnantes, le sulfate de fer est facilement transfonnéen sulfure, et que des grappes cristallines de pyrite s'attachent souvent aux touffes de roseaux qui croissent dans les eaux. On a pu lire dans les jour- naux allemands qu'un voyageur qui avait disparu dans l'intérieur d'une mine, noyé dans des eaux chargées de sulfate de fer, a été retrouvé quel- ques années après, et que son cadavre était recouvert, par suite de son long séjour dans la dissolution ferrugineuse, d'une couche de sulfure de fer cris- tallisé. » En ce qui concerne la formation du cuivre métallique par l'action du sulfure de potassium sur un cristal de sulfate de cuivre^ il me parait présu- mable que ce que peuvent produire directement les corps réducteurs par leur contact immédiat a pu aussi se produire à travers la couche poreuse du sulfure de cuivre, par l'action désoxydante du sulfure de potassium et de l'hyposulfite de potasse dont se charge ce sulfure, lorsque sa dissolution s'est trouvée exposée pendant quelque temps au contact de l'air. » Je crois donc qu'il convient d'assigner la formation des cristaux de cuivre observés^ dans cette dernière circonstance, à une cause analogue à celle qui produit l'argenture et la dorure par la voie humide au moyen de corps réducteurs; enfin, aux réactions que les matières organiques exercent sur les sels de cuivre et les sels de fer, et qui donnent lieu à la formation de cuivre natif et de pyrites de fer. » ARITHMÉTIQUE. — Rectification et démonstration d'un théorème d'Arithmétique donné dans te Compte rendu du i5 mai; par ^l. Sylvester. « Une erreur s'est glissée dans l'énoncé que j'ai eu l'honneur de donner tout récemment dans les Comptes rendus; je me hâte de la corriger en ajoutant en même temps la démonstration du théorème auquel il se rapporte. M Considérons l'équation cubique ç u = rtM^ -f- 3 bu- -h 3 eu -h d = o. Supposons a, b, c, d tous positifs. Il est évident que si les racines sont toutes réelles et distinctes, on peut faire varier à volonté d'une quantité in- finitésimale ou b ou c, sans que les racines cessent d'être réelles. Mais quand o possède deux racines égales p, en faisant (pu -h âbu^ = o, pour déterminer si les racines sont ou non toutes réelles, il faut cousidérei ( I 122 ) l'équation et les racines resteront réelles ou non, selon que — (p" p et âb auront les mêmes signes ou des signes contraires. De même, la réalité des racines de l'équation (DU -\- âcu = O dépend de la circonstance que —(p"p et âb.p aient ou non les mêmes signes, c'est-à-dire, puisque p est nécessairement négatif, dans le cas où 9 (m) possède deux racines égales, il sera toujours possible, ou en dimi- nuant infiniment peu h ou en diminuant infiniment peu c, de conserver la réalité des trois racines. Si en diminuant b cela a lieu, il n'en sera pas de même quand on diminue c, et vice versa, c'est-à-dire en diminuant une des quantités b, c, par exemple b, et en augmentant l'autre c, les racines restent réelles; au contraire, en augmentant h et en diminuant c, deux des racines deviennent imaginaires. » J'ai supposé que deux seulement des racines de

124 ) » En supposant cette équation satisfaite par les valeurs positives x = i, j- = c, pour obtenir la première paire de séries, on écrit : ¥ [x, c) ^ o, qui donnera .r = b, jc = bt, Z», étant positif, F (i,, ^) = o, qui donnera j- = c, j = f,, c, étant positif, F(j:, c,) = o, qui donnera x = b,,a^b2, ^o étant positif, et ainsi de suite. De cette manière, on peut trouver les séries b, b,, A,,..., c, c,,..., et semblablement l'autre paire. Il De plus, on remarquera que ces séries se développent par le moyen de la solution d'équations quadratiques, car dans les équations cubiques F (x, A) = o, ou F(^, B), dont il esl question, une des racines est tou- jours connue d'avance. » Il reste seulement à fixer la valeur de la limite pour chaque série dé- croissante, ce qui est bien facile. Car si b„ diffère infiniment peu de b„+,, c'est que deux racines de r(x, c„) seront infiniment près l'une de l'autre, c'est-à-dire que le discriminant de F sera infiniment voisin de zéro. n Or le discriminant du discriminant a- d- + /\ac^ -+- ^db^ — Zb'^ c- — babcd par rapport à b, on le trouve facilement (à un facteur positif nimiérique près) égal; à [ad- — c')' ; donc la limite de c„, quand n devient infmi, sera né- cessairement ya'r^; de même, la valeur limite de b^ sera \ad-, de sorte que, comme on aurait pu le deviner à priori, la fonction limite de (p(î/) est la forme pour laquelle toutes ces trois racines deviennent égales. Il Ainsi on voit que les valeurs limites des b et des c sont indépendantes de la valeur initiale de l'une ou de l'autre. On voit aussi que parce théo- rème on se trouve approcher continuellement de la racine cubique d'un nombre quelconque donné et de son carré sans tâtonnement et sans autre procédé que l'extraction de la racine positive d'une suite infinie d'équations quadratiques. Poiu' cela, tout ce qui est nécessaire est de commencer avec l'équalion (fiii — [u + iy iu -h- À étant arbitraire. Cela donnera a~i, rf=D, 6 = 2/4-7^' c = À--l-— -• A' A Alors l'une ou l'autre des deux paires de séries, commençant avec les va- ( iiaS ) leurs données pour i, c, aura nécessairement yD, y D^ pour limites res- pectives. >i Puisque h et c décroissent continuellement vers leurs limites respec- tives, on voit que le théorème suppose que quand l'équation a" d^ + ^ac^ + ^db" — 6abcd — 3^- c- = o est satisfaite par des valeurs positives a, b, c, d, on aura nécessairement b > \a- d^ c > \ad- . Cela se confirme très-simplement. Car en traitant cette équation comme luie équation en b, puisqu'une racine positive existe, foutes les racines seront réelles; donc le discriminant par rapport à b sera négatif, c'est-à-dire [ad'^ — c*Y sera négatif; conséquemment c' > ar/^, et de même on dé- montre que /;' > a^d. )» A l'aide des principes expliqués plus haut, on démontre sans diffi- culté qu'en supposant \a'-d, \ad- les limites de b,, et c„, quand on écrit /3„ = \Vj' ^ — b„, 7„ = V rt^^ — c,„ P2+1 — p^^ /n+i jn ggpQi^j fQ,,g Jpg lieux infiniment petits quand n devient infini ; et, de plus, ^ '^ „ ' '" sera infiniment petit sous la même suppo- ' ' ' P„ ou 7„ ^ rr sition. » Je prends la liberté d'ajouter que le théorème ici donné ressort tout naturellement d'une étude approfondie que j'ai eu récemment occasion de faire sur les conditions que la variation d'une fonction rationnelle doit remplir pour qu'elle n'amène pas une perte de racines réelles. C'est M. Hermife qui, à ce qu'il me paraît, a été le premier à se servir du grand principe de la variation des coefficients pour l'étude de la nature des formes algébriques. En poursuivant cette théorie dans ses détails, j'ai déjà réussi avec son aide à établir le théorème de Newton pour la découverte de racines imaginaires jusqu'au septième degré inclusivement, et il est bien probable que dans un court délai on réussira (moi ou quelque autre) à établir ce grand théorème dans toute sa généralité pour l(s équations d'un degré quelconque. » c. F.., i8C5, i" Si-mesire. (T. LX, N" 22.) '4^ { II26 ) NOMINxVTIOXS. L'xVcatlémie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un Cor- lespontlant dans la Section de Mécanique. Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant de /Jy, M. Clausius ol)tient 44 suffrages. M. Weisbach i » Il y a un billet blanc. M. Clacsius, ayant obtenu la majorité absolue des suffrages, est dé- claré élu. L'Académie procède ensuite, également par la voie du scrutin, à l'élec- tion des deux candidats qu'elle est appelée à présenter à M. le Ministre de l'Instruction publique pour la chaire de Zoologie (Annélides, Mollusques et Zoophyles) vacante au Muséum d'Histoire naturelle par suite du décès de M. Valenciennes. Election du premier candidat. Nombre des votants, /j2. M. Lacaze-Duthiers obtient. . . 4o suffrages. M. Louis Rousseau 2 » Election du setond candidat. Nombre des votants, 43- M. Louis Rousseau obtient l'unanimité des suffrages. D'après le résultat de ce double scrutin, l'Académie propose comme can- didats pour la place vacante : En première ligne.. . . M. Lacaze-Duthiers. En seconde ligne. ... M. Louis Rousseau. MÉMOIRES PRÉSEXTÉS. CHIMIE. — Deu.xième Mémoire sur l'étal moléculaire des corps; parM. J. Persoz. (Extrait du chapitre IIL Fin.) (Commissaires précédemment nommés : MM. Pelouze, Fremy.) J'ariations (ju'rprnaw le volume des corps solides, liquides on gazeux; volume que pniinrnt les liquides portés h leur point d'cbullition. « Du point d'cbullition. — Depuis les travaux de Gay-Lnssac sur la ( "27 ) dilatation des gaz, et surtout des heureuses observations de MM. Dumas et Peligot sur les élhers formio-éthylique et acétô-méthylique, la counaissauce des températures d'ébullition a acquis un intérêt tout spécial et a été le but des recherches de plus d'un savant. Aussi devons-nous à MM. Schrœder et H. Ropp des méthodes ingénieuses pour déterminer au moyen du calcul le point d'ébullition des corps; mnis des faits nouveaux dans la science sont venus inoutrer que ces méthodes, conformes à l'expérience dans un grand nombre de cas, n'embrassent pourtant pas l'ensemble des composés de tous les ordres. » En effet, dans son remarquable travail sur les glycols, M. Wurtz est amené às'exprimer ainsi : « On remarquera à propos des glycols une curieuse « exception à la loi des points d'ébullition : tandis que pour les alcools mo- » noatomiques et pour leurs éthers, le point d'ébidlition s'élève assez régu- » lièrement à mesure que l'équivalent augmente, nous le voyons s'abaisser » au contraire pour les glycols. Une pareille irrégularité semble prouver » que la loi des points d'ébullition, telle qu'elle a été formulée par M. II. » Kopp, ne s'applique quà un certain ordre de couqiosés. " » Nous avons été ainsi conduit à nous demander si le point d'ébullition d'un corps composé ne dépendrait pas plutôt du vobune moléculaire de ses éléments que de leur état physique (solide, liquide ou gazeux), comme on l'admet généralement. En effet, bien que l'oxygène comiiumique des pro- priétés gazeuses au carbone dans l'oxyde et l'acide carboniques, au soufi e dans l'acide sulfureux, etc., nous le voyons aussi former par sa combinai- son avec un autre gaz également permanent, l'hydrogène, un produit très- condensable, l'eau, et engendrer des oxydes métalliques fixes pour la plu- part, tandis que le chlore, qui est liquéfiable, donne naissance à des composés correspondants généralement volatils. Il arrive même que des corps solides transmettent à leurs composés un pouvoir expansif considé- rable : les mercaptans en sont un exemple. On voit aussi le sulfide carbo- nique, qui est formé de deux éléments solides dont l'un a un point d'ébul- lition très-élevé, et dont l'autre est presque fixe, constituer un liquide très-volatil qui bout à 4G-48 degrés. a Si, comme nous le pensons, la volatilité d'un corps dépend essentielle- ment de son volume, nous ne devons pas être surpris de voir que le volume des oxydes les plus complexes ne dépasse jamais 1G8 centimètres cubes, tandis que celui des chlorures s'élève de 336 à 44^ centimètres cubes et bien au delà. De même, les mercaptans sont plus volatils que les alcools dont ils dérivent, sans doute parce qu'ils ont des volumes plus considé- 146.. ra blés ( 1128 ) \o\. à rebullltion. Vol. k l'ébullition. Alcool vinique ';84" Alcool amylique i568" Mercaptan éthylique g5'2 Jlcrcaptan amylique '79^ )) Enfin le sulfide carbonique a pour volume à son point d'ébullition 3q4 centimètres cubes, tandis que la somme de ses éléments est seulement de 280 centimètres cubes. » Ces faits nous permettent d'énoncer qu'en général les points d'ébulli- tion les plus bas correspondent aux densités les plus faibles, et les points d'ébullition les plus élevés aux densités les plus fortes. C'est ce que nous voyons dans les glycols : Glycol C» H« O*, Propylglycol ... C^ H' O' , Butylglycol. ... C» H"'0\ Amylglycol. ... C'«H"0'. Densité à o". Points d'ébullition I ,125 '97° à i97°,5 i,o5i 188 à 189 i,o48 i83 à i84 0,987 177 » L'influence des volumes une fois admise, il nous restait à chercher si le nombre 7 et ses multiples, qui peuvent servir à représenter le volume des corps simples ou composés, ne se rencontreraient pas également dans le cal- cul des points d'ébullition. )i En prenant pour point de départ l'observation de MM. Dumas et Pe- ligot, nous avons remarqué que toutes les fois qu'on fait réagir deux acide» organiques A et A' sur les alcools B et B' correspondants, de manière à com- l)iner A avec B' et B avec A', et à former des combinaisons isomères que nous appellerons réciproques, la somme des points d'ébullition des corps générateurs en jirésence est la même. Acide acétique 118° Esprit de bois Sc) Acide acétique 118 Alcool allylique. ...... 107 Acide butyrique i56 Alcool piopylique 97 17/ 225 253 Alcool vinique 78° 177* Alcool formique 99 Alcool vinique 78 j ^ Acide acrj'lique '47 i Alcool butylique 116) _ Acide propionique 137 ) » Ces sommes surpassant de 122 degrés le point d'ébullition des divers élhers ainsi engendrés, on n'a plus qu'à en retrancher 122 pour avoir le point d'ébidlition du composé. Point d'cbullition. Acétate méthylique ou fonniate cthylique 177" — 122°:= 55° Acétate allyli(]ue ou acrylatc éthylique 225 — 122 = io3 Butyrate pro])ylique ou propionate butylique. . . 203 — 122 =: i3i ( II29 ) » Donnons encore quelques exemples à l'appui de cette loi : Acétate éthylique Ether amylméthylique. Ether éthylique Éllier allyléthylique. . . Triallyline ( Acide acétique 1 18° ) ' ( Alcool 78 i '^ ( Alcool amylique. .. . i35 j ( Esprit de bois Sg | ( Alcool vinique 78 ) ( Alcool vinique 78 ) \ Alcool vinique 78 ( Alcool allylique. ... 107 Glycérine 280 3 Alcool allylique. . . 821 '94 i56 i85 601 196 — 122 = 74 194 — 122 := 72 i56 — 122 = 34 i85 — 122 = 63 601°— 3Xi22"=235'' Nitrate niétbylique. Acide nitrique. . 129°) Esprit de bois. . Sg ) 188°— 122°= 66" 188° Nitrate éthylique. Acide nitrique. 129" Alcool -78 207°- 122°: :85'> Nitrate amylique. Ac. nitrique. . . 129" Alcool aiuyliq. . i35 264" — 122°= 142° 264» » Dans le cas oii les composés que l'on étudie sont le résultat d'une action secondaire, il est essentiel de préciser quels sont les éléments réels qui interviennent, et de tenir compte de leur dilatation qui va en augmen- tant à mesure que les corps sont de nature plus complexe. Le point d'ébul- lition de ces coinposés se déduit alors de la somme des points d'ébullition des éléments, mais en retranchant 122 augmenté ou diminué de « fois 7. Pour les éthers à hydracides nous devons admettre qu'ils sont des com- posés secondaires, et qu'ils ne prennent naissance qu'après une première transformation des alcools en éthers simples. » "Voici quelques applications qu'on peut faire de la méthode que nous venons d'énoncer : » Si delà somme des points d'ébullition de deux corps donnant lieu à une réaction simple, on retranche 122 degrés, on aura le point d'ébullition du produit. Réciproquement on peut, connaissant le point d'ébullition d'un composé et celui d'un de ses deux éléments, déterminer le point d'ébullition de l'autre. D'après cela nous pouvons vérifier si c'est bien tel acide ou tel alcool qui fait partie d'un éther. Nous avons ainsi été conduit à supposer que plusieurs corps, entre autres l'éther carbonique et la nitrobenzine, n'ont pas la constitution qu'on leur attribue. » ( '130 ) KCONOMIE DOMESTIQUE. — Sur wi nouvel appareil de filtrage ; par M. S. Chaxtrax. (Commissaires, J\D.I. Cosie, de Quatrefages.) M. CosTE, faisant fonolion de Secrétaire perpétuel, présente un nouvel appareil de filtrage inventé par M. Samuel Cliantran, appariteur an Collège de France et chargé du soin de ses expériences de pisciculture, et s'exprime en ces termes : « Les eaux de Paris sont, la plupart du temps, remplies de limon et d'insectes de toute espèce; elles portent avec elles la niorlalilé dans nos réservoirs; le fdtre imaginé par M . Samui 1 Chantran, et que je mets sous les veux de l'Académie, permet de clarifier instantanément les eaux les plus l)Ourbeuses et de les rendre d'une pureté parfaite. » Ce filtre, comme on peut le voir, est d'une extrême simplicité; il se compose de ilewn. compartiments qui donnent 5ooo litres d'eau limpide en vingt-quatre heures. » 11 est facile de varier la forme de l'appareil ; quant à l'efficacité du fil- trage, l'épreuve en a été faite depuis deux ans dans mon laboratoire du Col- lège de France; elle est complète et les résultats obtenus sont magnifiques. 11 II y a plus : comme le mécanisme du filtrage repose sur l'emploi d'é- poiiges superposées, nous avons constaté que le passage de l'eau par l'é- ponge facilite son aération et lui donne une qualité meilleure. » Le nouveau filtre de M. Samuel Chantran serait avantageux pour les armées en campagne; nos malheureux soldats ne seraient plus exposés à boire de l'eau samnâlre ou bourbeuse. Dans la marine, l'application en serait aussi très-utile; les eaux conservées, qui se corrompent si vite, repren- draient en un instant leur pureté primitive, et le procédé est si expéditif, qu'en multipliant les compartiments on peut filtrer autant d'eau qu'on vont. » ZOOLOGIE. — Sur le phénomène désigné vulgairement sous le nom de mer de lait. Note de M. B. Coste. (Commissaires, MM. Coste, de Quatrefages.) « Le 4 septembre 1864^ à g heures du soir, étant par 5o degrés longi- tude est et 9 degrés latitude nord, nous aperçûmes tout d'un coup une grande nappe blanche phosphorescente, mais d'une phosphorescence mate ( i<3. ) (n'ayant pas ce brillant que les navigateurs attribuent à ce phénomène que l'eau de mer nous présente souvent), s'avancer rapidement vers nous. Nous filions II ^noeuds; nous fûmes bientôt atteints, complètement enveloppés et dépassés presque instantanément. L'effet fut prodigieux. Toute la mer jusqu'à l'horizon représentait une vaste plaine couverte de neige; le ciel, quoique étoile et sans nuages, paraissait sombre et noirâtre, caractère qu'il j)résentait surtout en arrière et au vent du navire (forte brise du sud-ouest; route au nord, 19 degrés ouest). Sur l'avant et sous le vent, on ne pouvait distinguer l'horizon; la plaine éclatante semblait monter vers le ciel et se perdait insensiblement. La mer, très-grosse avant celte apparition, était tom- bée comme par enchantement. La Sarthe, toutes voiles déployées, volaU sur cette mer de lait (ainsi l'appellent les matelots). Chacun se demandait le pourquoi, le comment de ce phénomène, la signification qu'il pouvait avoir. La température moyenne de l'air dans la journée avait été de -f- 26,5 degrés centigrades (i). Le thermomètre mouillé nous avait donné dans le jour une moyenne de 2 1 degrés centigrades; à 9 heures du soir, il marquait H- 19 degrés centigrades; c'était donc 5 degrés de différence dans les deux thermomètres, ce qui, d'après les Tables d'Angust, indiquait i4°"°,32 de tension de la vapeur d'eau contenue dans l'air, et 61 pour l'iiumidité rela- tive. Je pensais d'abord que ce phénomène était tout à fait physique; que l'air plus frais de la nuit, condensant les molécules d'eau, devait aussi agir sur les particules salines et les précipiter. Cette explication ne me satisfaisant pas, je fis prendre un seau d'eau de mer : sa température était de + 24 de- grés centigrades, comme celle de l'air. Ij'aréomètre donnait 34 comme densité. Le seau dans lequel l'eau se trouvait fut suspendu, pour que la masse liquide restât en repos; les fanaux furent écartés, et j'observai des niilliersd'étincellessemblablesà despailleltesargenfées,à des étoiles vivantes pouvant mesurer depuis environ {- centimètre jusqu'à plus de i centimètre, qui s'agitaient, montaient, descendaient, et se croisaient en tous sens. Les luies, en moins grand nombre, présentaient la forme de petits lombrics étincelants; d'antres, et c'était le plus grand nombre, n'avaient aucune fornit- distincte. Chacun de ces animaux en particulier donnait une vive clarté et exécutait des mouvements très-rapides. De consistance gélatineuse, ils dis- paraissent complètement lorsqu'on les presse entre les doigts et se réduisent en eau. Traités par l'alcool, ils meurent instantanément et se précipitent (1) A ç) heures du soir, la lempcrature de l'air était + 24 degrés centigrades. ( I I 32 ) au fond du vase; l'acide azotique les dissout coinplétement. Ce sont ces ani- malcules que Suriray a appelés Niictihira niilinris. w Nous trouvons dans le phénomène observé dans la nuit du 4 au 5 sep- tembre et dans les observations antérieures que nous avons faites sur la phospliorescence de la mer une très-grande différence. En effet, les couches d'eau de mer, soit celles du sillage du navire, soit celles que refoulait lavant, soit celles qui venaient se briser sur ses flancs, non-seulement n'avaient aucune clarté, mais encore étaient d'un noir sombre. Chaque lame divisait la couche blanche qui nous entourait en mille dessins géométriques variés, séparés par des lignes noires qui n'étaient autres que l'eau agitée et refoulée. Ainsi donc nous passions au milieu de ces millions d'animalcules auxquels on attribue la phosphorescence de la mer, et notre passage ainsi que l'agitation de l'eau refoulée par notre vitesse ne produisaient que des teintes sombres. Ce n'est pas cequej'avais observé dans mes campagnes précédentes. En avril 1862, à une trentaine de lieues au sud des Bermudes, nous filions avec une bonne brise; l'eau refoulée par le navire, le sillon que nous lais- sions derrière nous, les lames qui longeaient nos flancs, le plus petit objet lancé à la mer, produisaient un très-vif éclat, une vraie clarté phosphores- cente. C'était un sillon de lumière que nous laissions derrière nous, qui nous entourait et qiii ne disparaissait que par la dislance. De l'eau prise le long du bord, à l'endroit le plus brillant et même en plein sillage, ne nous a jamais montré les Zoophytes dont nous avons parlé plus haut. Je citerai encore une observation : » Je revenais de la Guyane française sur un navire à voiles, de Bor- deaux, V Union, et nous nous dirigions sur Fayal (Açores), dont nous étions éloignés d'une centaine de lieues. Nous avions lui calme plat et notre dis- traction fut de ramasser à la surface de l'eau, à l'aide d'une raquette en élamine, de nombreux petits coquillages à peine visibles. Nous trouvâmes dans l'étamine des millions de corpuscules mucilagineux de toutes cou- leurs : rouges, phosphorescents, azurés; nous distinguions leur couleur dans une demi-obscurité. I^e soir, nous étions dans les mêmes eaux, con- tinuant notre moisson de petits coquillages, que la nuit interrompit. La brise se leva, la mer fut assez agitée, et quoique la nuit fût sombre, nous n'aper- çûmes pas la lumière que devaient produire les animaux que nous avions observés. Nous nous attendions pourtant, d'après les idées généralement acceptées, à un bel effet de phosphorescence. Notre espoir fut déçu. » Peut être une cause quelconque avait fait disparaître ces corpuscules; ( ii33 ) nous nous assurâmes du contraire en répétant nos expériences de la journée. Pourquoi les effets de phospliorescence ne se produisirent-ils pas? Pourquoi des corps lancés dans l'eau, le traînard attaché à l'arrière du navire, notre filet, la brise qui faisait blanchir la crête des lames, toutes causes enfin qui agitaient l'eau remplie de ces animalcules, ne nous donnaient-elles pas le phénomène attendu? Faut-il que l'eau de mer soit à un certain degré de densité? La pression atmosphérique, la lempératureambianfe jouent-elles un rôle particulier dans ce phénomène par l'excitation qu'elles peuvent pro- duire sur ces animaux, ou bien faut-il que l'atmosphère soit chargée d'une certaine quantité d'électricité? Le manque d'instruments ne m'a pas permis de faire ces observations. » Nous ajouterons en terminant que la phosphorescence s'observe le plus souvent lorsque les lames, venant de directions tout à fait opposées, s'entre-choquent comme il arrive pendant un orage; la mer houleuse, la violence d'un vent régulier ne sont pas toujours une condition nécessaire à l'apparition de ce phénomène; nous avons vu quelquefois sur une mer tran- quille, très-calme, dans les rivières de la Guyane, un coup d'aviron, par exemple, nous montrer immédiatement, à certaines époques, le phénomène de la phosphorescence. » M. Radun adresse, pour le concours du prix de Statistique, son ouvrage imprimé intitulé : « Observations pluviométriques faites dans le sud-ouest de la France (Aquitaine et Pyrénées), de 1714 a 1860, suivies des grandes séries de Montpellier, Paris, Genève et le Grand-Saint-Bernard ». A ce vo- lume sont joints deux Mémoires manuscrits complétant les lacunes de l'ou- vrage imprimé. (Renvoi à la Commission pour le prix de Statistique.) Un auteur, dont le nom est contenu dans un pli cacheté, adresse, pour le prix de Statistique, un Mémoire ayant pour titre : « Sur les rapports pro- portionnels entre la population rurale et le travail agricole dans le départe- ment de la Seine en 1 806 et 1 856 » . (Renvoyé à la même Commission.) M. Demay envoie, pour le concours du prix de Statistique, un Mémoire intitulé : « Statistique des élections et de l'instruction primaire dans le XVIIF arrondissement de Paris et par analogie de Paris tout entier ». (Renvoi à la même Commission.) C. R., iSfiD, I" Semestre. (T. LX, N» 22.) I 47 ( m34 ) M. Camille Saixtpierre adresse, pour le concours du prix de Statistique à décerner en i865, un Mémoire dont une partie est imprimée en épreuves et l'autre manuscrite, ayant pour titre : « L'industrie du département de l'Hérault; Études scientifiques, économiques et statistiques ». (Renvoi à la Commission du prix de Statistique.) M. Th. Hélie adresse, pour le concours du prix fondé par M. Godard à décerner en i865, un Mémoire intitulé : « Recherches sur la disposition des fibres musculaires de l'utérus développées pendant la grossesse », accom- pagné d'un atlas de planches représentant les résultats des observations de l'auteur. (Renvoyé à la Commission du prix Godard.) M. Paul Bert adresse, pour le concours du prix de Physiologie expéri- mentale, un Mémoire manuscrit intitulé : « De la greffe animale ». (Renvoi à la Commission du prix de Physiologie expérimentale.) M. C. Davai.\e adresse, pour le concours dos prix de Médecine et de Chirurgie, le résumé de ses recherches sur la maladie charbonneuse connue sous le nom de sanrj de rate, présentées à l'Académie en i863 et iBô/j. (Renvoi à la Commission des prix de Médecine et de Chirurgie.) M. Bruns envoie, pour le concours des prix de Médecine et de Chirurgie, un ouvrage imprimé intitulé : « Traité complet de Chirurgie laryngosco- pique », accompagné d'un allas de huit planches. (Renvoi à la même Commission.) M. Cornil adresse plusieurs brochures concernant diverses questions relatives à l'art de guérir et dont il demande le renvoi à la Commission des prix de Médecine et de Chirurgie. (Le renvoi à cette Commission est ordonné.) CORRESPONDANCE. M. le Minlstre de la Marine et des Colonies transmet un Rapport dans lequel le capitaine du navire le Chili, du port de Bordeaux, fait connaître que, se trouvant le 17 janvier dernier par le '^2^ degré de latitude sud et ( ii35 ) le 78'' degré de loDgitiido occidentale, il a aperçu dans le sud-ouest une très-belle comète, dont la traînée lumineuse était dirigée vers le nord, et qu'il la vit ainsi jusqu'au 28 janvier par 42° 20' de latitude sud et gS" 34' de longitude ouest, é|)oque où la perdit de vue. M. E. Plaxtamour, récenniient nommé Correspondant de l'Académie dans la Section d'Astronomie, adresse ses remercîments. M. LE Secrétaire général de l'Académie Royale des Sciences de Lisuonne remercie l'Académie pour l'envoi des n°^ 9 et 10 de ses Comptes rendus hebdn- iimdiiires. GÉOLOGIE. — Sur l'érujilion de l'Etna du 3i janvier i865. Deuxième Lettre de M. FouQUÉàM. Ch. Sainle-Claire Deville. (Extrait.) (Commissaires précédemment nommés : MM. Élie de Beaumont, Boussingault, CIi. Sainte-Claire Deville, Daubrée.) « Giaire, 21 mai i865. M L'auteur de la Lettre annonce d'abord qu'il a quitté l'Etna, le 19 mars dernier, pour faire le tour de la Sicile, dans l'intention d'étudier les prin- cipales sources minérales et les émanations gazeuses qui y sont répandues, afin de constater si l'éruption de l'Etna avait influé sur la nature de ces émanations, qui sont, d'ailleurs, stratigraphiquement liées avec ce volcan central. » Les résultats de cette tournée seront présentés dans une prochaine Lettre. « Le I 3 avril, dit M. Fouqué, j'étaisde retourà l'Etna, et, pour m'épargner » chaque jour cinq ou six heures de marche pénible, j'ai fait construire, » dans le voisinage des cratères, une hutte avec des morceaux de lave et » des branchages de pin, et j'y ai résidé jusqu'à ce jour. Dans ces condi- » tions, j'ai pu étudier à loisir toutes les manifestations de l'éruption, et » je viens aujourd'hui vous en rendre un compte détaillé. » Dans cette seconde Lettre, je m'occuperai seulement de la partie topo- » graphique des phénomènes, réservant pour une troisième le résumé de » mes observations sur les fumerolles. » Je traiterai successivement des cratères, de la fissvne et de la lave. 147.. ( ii36 ) Etudt des cratères. « L'aspect général des cratères s'est modifié ; cependant il est facile, nial- » gré ces changements, de reconnaître la disposition primitive. » Ils sont toujonrs au nombre de sept principaux, situés sur un même » axe, dirigé sensiblement vers le milieu du monte Frumento et vers le « point culminant de l'Etna. » Le cône le plus rapproché de la base du monte Frumento, dont l'acti- » vite avait cessé dès le 20 mars, n'a subi aucun changement. » » Après avoir analysé séparément les modifications éprouvées dans sa forme par chacun des cinq autres cratères adventifs, l'auteur résume ainsi cette portion de son sujet : « On peut donc dire, d'une façon générale, que les cratères de l'érup- » tion actuelle, qui, dans les premiers mois de leur production, n'avaient » qu'un cône incomplet, sont aujourd'hui pourvus d'un rebord circulaire » à peu près entier. Les demi-cônes existant dans la première période de » l'éruption se liaient les uns aux autres d'une façon continue, et tour- » naient tous leur concavité vers un point central situé au milieu du » système. Par suite, il en résultait cette apparence singulière d'une grande 1) enceinte elliptique, dans l'intérieur de laquelle tous les cratères étaient » creusés. Les deux plus rapprochés du monte Frumento étant, au contraire, « placés sur le revers de l'enceinte, faisaient seuls exception à cette règle. - » Aujourd'hui nous avons une série de cônes contigus, mais distincts. « La ligne qui joint leurs sommets n'est pas une ligne rigoureusement » droite, c'est une ligne courbe très-allongée, et, par conséquent, très- » voisine de la ligne droite. Cette ligne prolongée passe toujours, à quel- » ques degrés prés, par l'axe du monte Frumento et du cratère central de .. l'Etna. Étude de la fissure. » L'éruption actuelle a ouvert et fendu en deux le monte Frumento. Le » point le plus élevé de la fissure qu'elle a produite se trouve situé à une » altitude de 2200 mètres. » Si l'on regarde les cratères comme implantés sur la fissure, on trouve » qu'à partir de sa portion la plus basse, c'est-à-dire depuis le cône n" i » jusqu'à sa partie la plus élevée, à la partie inférieure du monte Concazze, » elle présente une longueur d'environ 2 kilomètres. Entre ses points » extrêmes, la différence du niveau est de SgS mètres. ( i'37 ) n En6n, elle a peut-être été encore plus étendue au commencement de » l'éruption ; car, de l'autre côté du cône n° i, on trouve au milieu de la » lave, sur une longueur de 4oo mètres, une profonde dépression, large » d'environ 3o mètres, ressemblant à une route profondément encaissée, » recouverte aujourd'hui d'une couche épaisse de cendres : elle n'est très- » vraisemblablement qu'une continuation de la fissure » Enfin, en observant les alentours de la fissure dans sa portion com- » prise entre la base du monte Frumento et le cratère n° 6, on arrive à w obtenir de curieux renseignements sur le début de l'éruption. L'empla- » cément sur lequel elle s'est faite était couvert d'une haute futaie de pins, » et ce sont ces arbres qui vont nous servir à présent à faire un récit exact » de son commencement. » » L'auteur de la Lettre indique ici avec quelque détail le parti qu'on peut tirer, dans ce but, des rapports qui s'observent encore entre les troncs d'arbres envahis et la gaîne de lave qui les a entourés. Il termine ce sujet par la remarque suivante : « Un autre fait non moins curieux est encore arrivé dans un très-grand » nombre de cas. L'étui de lave, quelque temps après sa solidification, » s'est souvent fendillé et réduit en fragments, lesquels ont été ensuite en- « traînés par le courant. Alors l'arbre est resté à nu, et les blocs de lave » solide transportés et roulés à la surface de la matière fondue sont venus » le frotter et le rayer en passant. Les arbres qui se sont trouvés dans ce » cas sont donc couverts de stries et de raies parallèles, inclinées sensible- » ment suivant la pente du terrain. Ces stries ressemblent beaucoup à celles » que l'on observe sur les roches qui encaissent les glaciers, et leur mode » de formation est, comme on le voit, tout à fait analogue. » De plus, leur disposition montre que le niveau de la lave a dû s'abais- » ser rapidement, car elles sont régulièrement distribuées sur toute la por- » tion de l'arbre qui a été ensevelie dans le liquide incandescent, tandis » que, si le courant avait gardé longtemps le même niveau, une certaine » portion de la surface de l'arbre serait beaucoup plus usée et rayée que » le reste. » La lave a donc jailli d'abord de la base du monte Frumento, mais, » probablement, au bout de quelques heures, le siège principal de l'érup- » tion était déjà établi dans les points où il s'est maintenu depuis, et la » lave n'est plus sortie que du voisinage des cratères. ( II 38 ) Etude de la lave. « Dans ma précédente Lettre, je vous ai indiqué la fori'nation rapide de » la coulée principale, celle de la Cola-Vecchio, et essayé de vous donner » une idée de la vaste étendue du terrain envahie par les courants de lave » jusqu'au 6 mars 1) Je vais maintenant vous faire connaître leurs progrès nouveaux, car » leur marche dévastatrice, ralentie un moment, n'a jamais cessé, et au- » jourd'hui même elle semble avoir repris un nouveau degré d'énergie. » Du côté de l'est, il y a peu de changements. )» Mais à l'ouest l'étendue du terrain nouvellement couvert par la lave est M très-considérable. Il s'est formé plusieurs courants, dont le principal a M envahi tout l'espace compris jusqu'au pied des Due-Monti. Une de ces » ramifications, continuant sa marche à l'ouest du mont Crisimo, a pénétré » dans le ravin de Linguagrossa , et menacé pendant plusieurs jours le » territoire de cette commune. Cette coulée s'est arrêtée le 4 avril ; mais à » côté d'(.'lle il s'en forme chaque jour de nouvelles, et, la nuit, l'espace » compris entre les cratères et les Due-Monti présente l'aspect d'une vé.ri- )) table plaine de feu. « La sortie du liquide incandescent est donc loin d'être terminée; et bien » que l'activité des cratères ait véritablement diminué, je ne doute pas que M les nouveaux courants de lave n'arrivent encore à couvrir une très-vaste » étendue de terrain. » L'envahissement a lieu actuellement dans le piano di Ranno, au nord- » ouest des Due-Monti, et autour du monte Cavacci, qui forme déjà un » îlot au milieu de la lave. » Ainsi l'éruption actuelle dure depuis plus de trois mois; les cratères » ont perdu une partie de leur activité, mais sont encore le siège de phé- )' noménes volcaniques importants, et l'écoulement de la lave semble se B produire avec une intensité nouvelle. Par conséquent, à tous les points » de vue, l'éruption de i865 est peut-être la plus remarquable de toutes » celles qui ont eu lieu à l'Etna depuis cinquante ans. Les fameuses érup- » tions de i 832 et de i BSa, qui ont attiré en Sicile des savants de tous les )/ points de l'Europe, ont été certainement moins importantes et moins » dignes d'intérêt. » » M. Fouqué entre ici d.ins des détails que nous ne pouvons reproduire sur les conditions suivant lesquelles cheminent et se consolident les cou- lées de lave; ses observations confirment en général les notions le plus ( '"39 ) soliciement établies dans la science, e(, en particulier, l'analyse devenue classique qui a été faite de ces phénomènes singuliers par M. Élie de Reaumont dans sa description de l'Etna. Après avoir indiqué comment la croûte solidifiée, ce qu'on pourrait appeler la moraine frontale, « cédant à » la pression du liquide pesant qu'elle confient, se brise à sa surface et » laisse échapper un courant secondaire qui sort avec impétuosité, à peu » près comme les courants d'eau que l'on obtient dans un système d'éclu- » sage assez communément employé, et dans lequel l'écluse est soulevée » verticalement de manière à offrir au liquide un orifice de sortie situé à la 1) base du réservoir, » l'auteur ajoute : ic Ces courants secondaires, que j'appellerai courants par éclusage, soi- » tent quelquefois par un orifice net taillé à pic : alors leur surface ne » charrie pas immédiatement de blocs solides; mais, souvent aussi, l'orifice » de sortie est peu à peu entamé sur son pourtour, et la lave du courant M secondaire charrie immédiatement les débris de la coulée qui lui a )) donné naissance. Dans tous les cas, celle-ci se vide du liquide qu'elle » contenait; la surface du courant principal s'affaisse, la croûte qui la » formait se brise en une multitude de fragments, et le courant principal » se trouve ainsi profondément encaissé entre ses deux moraines latérales. a Voilà ce qu'on observe le plus souvent. » Cependant, il peut encore arriver que la couche compacte déjà formée » à la surface du courant primitif soit assez solide pour ne pas se briser; » elle présente alors une surface à peu près horizontale, située à un niveau 1) plus élevé que celle du courant secondaire. Eu admettant que le fait " puisse se reproduire plusieurs fois successivement, c'est-à-dire que ce )> premier courant par éclusage puisse donner naissance à un second, » celui-ci à un troisième, et ainsi de suite, on arriverait peut-être à expli- » quer la disposition singulière que présentent quelques courants de lave » ancienne situés sur le penchant nord-est des lahis latéraux. Ces courants, n dont les principaux sont ceux qui forment actuellement le lit des torrents » de Linguagrossa, de Chireta, de Mascali, de ïorromio, de Pietrafissile et » de Sant-Alfio, ont coulé sur des pentes relativement assez considéra- » blés (i), et sont constitués par de la lave compacte très-fcldspathique. » Tous présentent la structure si caractéristique des courants principaux, » savoir : un lit de lave compacte entre deux nappes de blocs roulés, dont (i) Les talus latéraux de l'Etna présentent, d'après les mesures de M. Élie de Beaumonr, des pentes moyennes d'environ ■j a8 degrés. ( n4o ) Il la supérieure a génc-ralement été entraînée par les eaux. Je ne cloute pas ■' qu'ils n'aient été pourvus de moraines latérales, mais ces moraines, com- « posées de roches roulées et brisées, et par suite plus altérables, ont été » envahies par la culture, et le courant principal reste seul en évidence. 1) Maintenant, ce qui trappe au premier abord quand on les observe, c'est » cette particularité, qu au lieu de suivre la pente du terrain, la lave y est » disposée en gradins successifs ressemblant aux marches d'un iuuiiense » escalier. >) Si l'on admet que chacun de ces gradins représente un courant par » écl usage, on a immédiatement la raison de cette curieuse disposition. 0 Sans regarder l'explication précédente comme satisfaisant à tous les cas, » je crois cependant qu'elle peut, dans bien des cas, servir à rendre compte n du fait observé. » A l'appui des indications contenues dans ma Lettre, j'expédie aujour- » d'hui un tronc d'arbre rayé par la lave, avec son étui, ainsi que des .' échantillons variés de lave et de produits sublimés dans les fumerolles. Je i> comptais encore joindre à ma Lettre la carte de l'éruption, mais le temps 1 me manque pour la tracer, et, bien que j'aie pris toutes les mesures né- » cessaires, je suis forcé de remettre à plus tard la constructicn de ce plan, » qui serait povirtant si utile pour l'intelligence de mes descriptions. » Dans quelques jours, j'aurai encore l'honneur de vous écrire pour vous » communiquer le résultat de mes recherches sur la partie chimique de « l'éruption. Je dois dire ici à l'avance qu'elles confirment pleinement les » observations que vous avez publiées dans les Comptes rendus, à la suite de » ma première Lettre. » J'ai exécuté, la semaine dernière, l'ascension du cône central de l'Etna, » dont j'ai étudié les fumerolles. Enfin, j'ai fait une excursion pleine d'in- ■> térét dans l'intérieur du val del Bove, où j'ai examiné particulièrement les u cratères de i 852. » Les photographies exécutées par mon compagnon de voyage, M. Ber- » thier, ne laissent rien à désirer, et, si ses glaces arrivent intactes à Paris, >) vous serez surpris de ce qu'il a pu obtenir, malgré les pluies de cendi es, « les vapeurs acides et les fumées épaisses qui l'ont perpétuellement gêné » dans son travail. » Hemarques de M. Cu. Sainte-Claire Deville à l'occasion de celle Lettre. « A la suite de cette communication, M. Ch. Sainte Claire Deville fait remarquer combien la description orographique de cette éruption, pré- ( ii4. ) sentée par M. Fouqué avec un si rare talent d'observation et avec une si ])arfaite lucidité, est en rapport avec les traits généraux de la stratigraphie du mont Etna. » Si l'on jette, en effet, les yeux sur celle des feuilles de la belle carte de M. Sartorius de Waltershausen qui est intitulée Cratère, on y voit distinc- tement le monte Frumento, les monti délie Concazze, les monti Conconi-, Baracca (i), les Duc-Moiiti, le monte Crisimo, c'est-à-dire tout le théâtre de la nouvelle éruption. El il est impossible de n'être pas frappé du rôle que jouent dans l'orographie de l'Etna central deux lignes de soulèvement, inclinées l'une sur l'autre d'environ 55 degrés. L'une forme l'axe même de la grande dépression qu'on nomme le vnlle del Bove; l'autre, évidemment plus ancienne, plus démantelée, et dont d ne reste plus en quelque sorte que des débris, est parallèle à la direction de la fissure déterminée par la dernière éruption. Sans entrer dans des détails qui ne peuvent trouver place ici, il suffira d'indiquer les traits suivants, caractéristiques de cet axe éruptif ancien, qui s'est déjà plusieurs fois signalé par des éru|)tions modernes et dont l'activité s'est réveillée cette année. « La limite occidentale de son action est une ligne qui joint le sommet du cône central de l'Etna, d'un côté au monte Pecoraro, de l'autre aux monti Concone, Baracca, Due-Monli : plus en deilans, on trouve l'axe delà fissure actuelle qui réunit, du nord-est au sud-ouest, le monte Crisimo, le monte Frumento, le centre des grands filons du vaile del Leone, le cratère de 1811, placé sur la limite même du cône supérieiu- et des escarpements qui terminent à l'ouest le valle del Bove, et la série de petits cônes adven- tifs qui, sur le flanc sud sud-ouest de la montagne, portent le nom de Gratta decjli Arclii. » Un troisième accident, plus saillant encore et orienté de la même ma- nière, est tracé au nord-est par la longue arête de soulèvement couverte de bois et à peine connue des voyageurs, que M. Ch. Sainte-Claire Deville a pu visiter en i856, et qui commence à la Serra Buffa et se termine au Bosco délia Cerrita. Flanqué, à l'une de ses extrémités, des cônes volcani- ques du monte Stornello, des monti Arsi, des monti Pomiciari, il se poursuit à l'autre parle monte Cubania, le monte Rinatu, coupe obliquement le valle del Bove, en en formant le plus grand diamètre transversal et en y réunissant les nids de filons de la Rocca Palondje et de la Serra Giannicola, tombe au (i) M. Fouqué écrit Cavacci. G. R., i8G5, i»r Stmeitre. (T. LX, N" 22.) >48 ( Il42 ) milieu du cône si majestueux de la Montagnuola, et s'éloigne au sud-oues», en laissant de chaque côté le point remarquable d'où est sortie la grarjde lave de 1780, les monti Rinatura et Nero, le monte Castellazo, le monte dei Zappini, le Bosche, les monti Carpcntieri, le monte Saiito, etc. » Enfin, un dernier trait orographique qu'on doit rapporter à cette direc- tion joint le promontoire du Zoccolaro, extrémité du grand cirque occi- dental du valle del Bove, et le monte Calanna, qui est le principal témoin laissé par les formations anciennes de l'Etna, et entouré de produits mo- dernes. » Tous ces détails sont parfaitement rendus dans l'œuvre excellente de M. de Wallershausen, et, pour qui les y suivra dans l'ordre où ils viennent d'être indiqués, il restera peu de doute que le grand cirque de destruction du valle del Bove ne soit surtout la résultante des actions qui s'y sont suc- cessivement opérées, suivant l'axe transversal, ou du Bosco de la Cerrita, et suivant l'axe longitudinal, ou du cône terminal actuel. » Ces deux directions de soulèvement, devenues des axes éruptifs, sont, d'ailleurs, loin d'être les seules qui viennent se rencontrer au sommet de l'Etna, qui, comme on sait, est un des points T les plus importants du réseau pentagonal (i); mais on voit dans l'éruption actuelle un nouvel exemple d'une fissure ancienne, liée intimement avec le système orographique géné- ral du volcan, et se rouvrant, en quelque sorte périodiquement, pour don- ner issue aux matières incandescentes de l'intérieur. » CHIMIE. — Sur te cyanure de cuivre ammoniacal ; par M. A. Lallemand. 1 MM. Schiff et Bechi, dans une Note insérée au Compte rendu de la séance du 2 janvier i865, dont je viens de prendre tout récemment con- naissance, décrivent un sel violet déposé au sein d'une dissolution de cyanure de cuivre dans le cyanure de potassium, et lui attribuent une com- position différente de celui que j'ai observé dans les mêmes circonstances. Ils admettent gratuitement l'identité des deux sels et pensent que j'aurais à tort expliqué la coloration de ce sel double par la présence d'une petite quantité de cyanoferrure de cuivre. Quelques mots d'explication suffiront pour établir la différence qui existait entre le sel violet que MM. Schiff et Bechi ont analysé et le mien. i) P'oyez Deuxième Lettre à M. Dumas, Comptes rendus, t. XLIII, et Mémoire sur les émanations volcaniques, Bulletin de la Société Géologique, 1" série, t. XIV. (ii43) )i La Note que j'ai publiée dans les Comptes rendus, t. LVIII, p. 750, avait surtout pour but de faire connaître la composition du précipité qu'on obtient en faisant réagir les sels de cuivre sur les cyanures alcalins, et en particulier le cyanure de potassium. Ce précipité renferme im cyanure double cristallisé, d'un blanc jaunâtre, tres-peu soluble à froid, qui a pour formule CyK, 2CyCu\ Cette composition, qui a paru insolite à un réilac- teur anonyme de \a Bibliothèque universelle de Genève^ est en quelque sorte calquée sur celle des cyanoferrures, et elle offre un nouvel exemple de la tendance que possède le cyanogène à affecter le groupement triatomique. M. Rammelsberg a publié en iSSg quelques analyses de cyanures doubles de cuivre et de potassium qui renferment deux fois et même six fois plus de cyanure alcalin. Ces sels, très-solubles, difficilement cristallisables, préparés du reste d'une autre manière, ne ressemblent pas au sel que j'ai décrit,' et leur existence ne peut en aucune façon infirmer sa composition. » Le cyanure d'ammonium se comporte avec les sels de cuivre comme le cyanure de potassium. Mais le cyanure ammoniacal que renferme le pré- cipité et qui a pour formule CyAzH', aCyCu^, étant très-peu soluble, on ne peut l'isoler et l'obtenir à l'état de pureté qu'en dissolvant le protocyanure de cuivre dans le cyanure d'ammonium et en abandonnant la dissolution à l'évaporation spontanée. Il est presque incolore quand il est pur et cristallisé. La teinte grise ou brune qu'il offre quelquefois est due aux produits colorés qu'engendre la décomposition spontanée du cyanure d'ammonium en dis- solution dans l'eau. C'est ce cel coloré en violet, donnant à l'analyse 57 pour 100 de cuivre, que renfermait le bain de cuivrage dans lequel je l'ai observé, et il me sera bien aisé d'établir combien il différait de celui que MM. Schiff et Bechi ont analysé. » Ce sel se présentait sous la forme d'écaillés nacrées très-bnllantes. Son aspect était semblable à celui de la naphtaline sublimée qu'on aurait teinté du plus beau violet. Il se dissolvait à froid dans l'ammoniaque, et la disso- lution, d'abord faiblement colorée, devenait au contact de l'air d'un bleu foncé, et laissait déposer un sel tout différent. Chauffé à 120 degrés, il per- dait son éclat et prenait subitement wne couleur rouge-brique. Quelques gouttes d'acide sulfurique dilué produisaient le même résultat. En le traitant à froid par l'acide azotique, le cyanure cuivreux se dissolvait, et on obte- nait comme résidu une petite quantité d'une poudre rouge foncé qui, bien lavée, renfermait à la fois du cuivre et du fer. C'était du cyanoferrure de cuivre, qui est insoluble dans l'acide azotique, comme l'observent avec .48.. ( n44 ) raison I\I]M. Scliilï et Bechi, ce qui rendait sa séparation très-facile, et c'est ce que j'avais bien spécifié dans ma première Noie. Ce cyanoferrure de cuivre apparaît invariablement quand on fait agir les cyanures alcalins, qui renferment souvent des cyanoferrures, sur les sels de cuivre qui sont eux- mêmes bien rarement exempts de fer. Le cyanure cuivreux qu'on obtient dans cette réaction est presque toujours coloré en rose ou en pourpre dune teinte très-riche, et c'est là sans doute ce qui a fait illusion à quelques chi- mistes, et entre autres à M. Meillet qui, en publiant l'analyse d'un cyanure double de cuivre et de baryum, prétend avoir observé la formation de l'acide purpin-ique dans la double décomposition des sels de cuivre et du cyanure de baryum. » Il n'est pas étonnant d'ailleurs que MM. Schiff et Bechi aient opéré sur un autre sel que le mien ; leur bain de cuivrage n'était certainement pas identique à celui que je possédais. Ce dernier renfermait à la fois le précipité brut du cyanure de potassium dans les sels de cuivre, le cyanure alcalin, du sulfite de soude et de l'ammoniaque. Ce mélange, qui n'avait jamais servi, avait été conservé plusieurs années dans un flacon bouché à l'émeri où l'air avait eu difficilement accès. )) J'ai songé comme eux, et dans le but de reproduire le sel violet, à dissoudre le protocyanure de cuivre dans l'ammoniarfue au contact de l'air et en évaporant à froid; j'ai obtenu aussi des cristaux prismatiques d'un bleu foncé, mais toujours mélangés de cristaux verts. En dissolvant dans un mélange d'ammoniaque et de cyanure de potassium le précipité que forment dans les sels de cuivre les cyanures de potassium et d'ammo- nium, on obtient encore au bout de quelques jours des sels doubles cristal- lisés en fines aiguilles et colorés en vert plus ou moins foncé. Tous ces dépôts cristallins sont en général des mélanges où l'on distingue au micro- scope des cristaux de forme et de couleur différentes. L'un de ces sels, d'un vert clair, qui m'avait paru bien homogène, renfermait 49)8o de cuivre et répondait bien, par sa composition et ses propriétés, à la formule CyAzH', CyCu, CyCii^. Je n'ai pas poursuivi l'élude de ces précipités com- plexes; je me suis borné à constater qu'ils diffèrent entièrement, par leui' aspect et leur composition, du sel violet qui m'avait entraîné à celle étude. » Les détails dans lesquels je viens d'euircr suffiront, je pense, pour con- vaincre MM. Scliiff et Bechi qu'ils ont opéré sur des sels doubles dilférenls des miens, et leurs résultais ne peuvent en aucune façon contredire ceux (pie j'ai publiés. J'ajouterai pour terminer que M. Diacon a bien voulu à ( iï45 ) ma prière analyser quelques-uns de mes produits dans le laboratoire de M. Cbancel. Les nombres qu'il a obtenus confirment avec une remarquable précision les formules que j'ai données et dont je maintiens l'exactitude. » PHYSIQUE DU GLOCE. — De l'action électrique des eaux minérales sulfureuses de Bonne et et Eaux-Chaudes. Note de M. B. Schxepp, présentée par ]M. Edm. Becquerel. « Avant d'étudier les phénomènes électriques qui résultent de l'action de ces eaux sur l'économie vivante, il est important de constater l'état élec- trique de l'organisme vivant et de préciser la force électro-motrice des eaux minérales. Ces recherches partent des principes d'électro-chimie si nettement formulés par M. Becquerel père et confirmés par MM. Faraday, Matteucci, du Bois-Reymond, Buff, etc. » Une première série d'expériences a été faite en plaçant deux électrodes de platine en relation avec un galvanomètre et en appliquant ces électrodes sur différentes parties du corps; j'ai observé, comme M. Donné l'avait fait, que les liquides de l'organisme pouvaient, par leur réaction mutuelle, pro- duire des effets électriques. » Si les deux électrodes plongent dans le réservoir des eaux minérales sulfureuses de Bonne et d'L'Laux-Chaudes, il lie se manifeste pas de courant électrique; mais en recevant sur la lame de platine d'une des électrodes les grosses bulles de gaz qui s'en échappent, il se produit des courants qui, à la source Vieille de Bonne, vont du gaz à l'eau, et à celle de l'Esquirette d'Eaux-Chaudes, de l'eau au gaz; dans le premier cis le gaz joue le rôle d'une base, et dans le second celui d'un acide. Le gaz des eaux de Bonne paraît être de l'azote presque pur, celui des Eaux-Chaudes doit être un nie- lange différent. Ces effets complexes peuvent provenir du frottement des gaz contre le liquide et du liquide lui-même contre les lames. » En mettant en rapport l'eau de ces sources et la roche ou le sol voisin au moyen du galvanomètre, on obtient des courants qui vont toujours de l'eau au sol, ce qui confirme cette loi de M. Becquerel : « L'eau et la terre adjacente sont constamment dans deux états électriques contraires. » J'ai d'ailleurs constaté l'existence de courants semblables entre l'eau de pluie, en recevant celle-ci sur la lame de platine d'une des électrodes, et le sol dans lequel est enfoncée l'autre électrode. De l'eau de pluie et de l'eau de puits contenues dans des cuves en verre et communiquant par une mèche de ( ii46 ) coton produisent un courant qui indique que l'eau de pluie joue le rôle de l'acide par rapport à l'autre. Entre deux quantités égales delà même eau de pluie, l'une chauffée à Sg degrés et l'autre se trouvant à la température ambiante de 17°, 8, il se manifeste un courant qui indique que l'eau plus chaude joue le rôle de la base. La même chose a lieu entre l'eau minérale sulfureuse de Bonne et l'eau commune ; celle-ci joue le rôle d'un acide et elle est positive. » Contrairement aux assertions de M. Scoutetten, l'eau minérale sulfu- reuse de Bonne, transportée et conservée en bouteille, même pendant plu- sieurs années, donne lieu à des courants électriques quand on en remplit la bouche et qu'on la met en rapport avec le creux de la main fermée; l'eau sulfureuse prend toujours l'électricité négative. Les courants se font dans le même sens quand l'eau transportée est mise en rapport avec de l'eau de pluie, à égalité de température ou à des températures différentes, comme aussi quand l'eau transportée contenue dans la bouche est mise en rapport avec l'urine ou la sueur. » De ces expériences et d'autres que l'on ne peut rapporter ici je crois devoir conclure : » 1° Que les eaux minérales sulfureuses de Bonne et d'Eaux-Chaudes ne renferment pas d'électricité libre, mais que des effets électriques se mani- festent quand on met en rapport ces eaux avec les gaz qui s'en échappent, ainsi qu'avec le sol, et cela en raison d'actions chimiques et de frottements en général très-complexes; M 2° Que l'action de ces eaux naturelles sur les liquides de l'économie donne lieu à des courants qui indiquent que l'eau minérale a pris une élec- tricité négative, mais, après avoir été modifiée par son contact avec l'air, elle prend, dans les mêmes circonstances, l'électricité positive; » 3° Que les eaux de rivière, de source non minérale, les eaux salées et les eaux de jjluie proiluisant sur l'économie vivante des phénomènes élec- triques, comme les eaux minérales sidfureuses agissant à l'extérieur ou à l'intérieur, on ne saurait logiquement conclure à une action électrique spé- ciale des eaux minérales, et moins encore attribuer l'action thérapeutique de ces eaux à la seule puissance éhctro-motrice; » 4° Que les eaux minérales de Bonne, transportées et conservées, pro- duisent, par leur réaction sur la peau et les liquides de l'économie vivante, les mêmes phénomènes électriques que les eaux prises à la source même. » ( i'47 ) CHIMIE ORGANIQUE. — Reclierclies sur les radicaux sulfurés. Note de M. Acg. Cahodrs, présentée par M. Fremy. « Dans un travail relatif à l'action des différents iodures alcooliques sur les sulfures correspondants, dont j'ai communiqué récemment les princi- paux résultats à l'Académie, je disais en terminant : « La liqueur des Hollan- » daisbroméejebromoforme et quelques autres produits analogues agissent » progressivement à la chaleur du bain-marie sur le sulfine de méthyle, en » donnant naissance à des composés cristallisés. » La Note présente a pour but de faire connaître la nature de ces substances et d'indiquer quelques faits nouveaux qui se rapportent aux éthers sulfhydriques. » Lorsqu'on chauffe à loo degrés dans des tubes scellés à la lampe im mélange de i volume de liqueur des Hollandais bromée et de 2 volumes de sulfure de niéthyle, on voit bientôt de petits cristaux blancs se déposer contre les parois du tube, et, si les matières sont employées en proportions atomiques, le mélange Bnitpar se solidifier complètement. On reprend alors le contenu des tubes par de l'eau froide dans laquelle le produit de la réac- tion se dissout très-facilement, tandis que l'excès des matières réagissantes se sépare à l'état huileux. La solution aqueuse étant évaporée sous le réci- pient de la machine pneumatique laisse déposer des cristaux incolores, très-nettement définis. Ceux-ci, soigneusement desséchés, donnent à l'ana- lyse des nombres qui conduisent à la formule (C^H^)* J C'Mr»Br-S*=(C*H^)" S*. Br= ) » La formation de ce produit, analogue à celle de l'iodure de triéthyl- sulfine, s'explique par l'accouplement pur et simple des deux substances mises en présence ; en effet, on a 2TI3 C'H 52 ^ c*H*Br» = C''H'»Br^S\ » Ce produit est déliquescent. L'eau chaude le dissout en toutes propor- tions. L'alcool concentré le dissout moins bien, il est insoluble dans l'éther. » Sa dissolution aqueuse, traitée par un sel d'argent, donne un précipité volumineux de bromure, tandis que la liqueur filtrée amenée à un grand état de concentration laisse déposer des petits cristaux qui généralement sont déliquescents. r3\4 1 s%cr-,Pi=ci\ ( i'48 ) )) L"oxvtle d'argent récehiment précipité, étant agité avec la solution aqueuse du composé brome précédent, donne du bromure d'argent et une liqueur fortement alcaline; celle-ci, lorsqu'elle est concentrée, troue les iillres et attaque la peau comme une solution de potasse. Sa composition peut être représentée par la formule (C='H')M (C*H7' SV o= ) )) Neutralisée par l'acide chlorhydrique, elle donne un cblornre cristalli- sable et déliquescent qui fournit, par son uiélange avec une dissolution de bichlorure do platine, de beaux cristaux orangés dont la composition est représentée par la formule (C*H^)" » Le composé qui prend naissance dans les circonstances précédentes est donc diatomique et peut être considéré comme dérivant du composé hypo- thétique S' H» coi'resjîondant au type acide sulfureux bicondcnsé, dans lequel 4 équi- valents d'hydrogène seraient remplacés par 4 équivalents de méthyle, deux autres par i molécule du composé diatomique CMl*, et les deux derniers par 2 équivalents de chlore, brome, oxygène, etc. » Afin de compléter l'étude de ces curieux composés, il était intéressant de rechercher la nature des phénomènes qui sont susceptibles de se pro- duire de l'action réciproque de l'acide iodhydrique et des mercaptans. I. Le mercaptan éthylique absorbe rapidement le gaz iodhydrique lors- qu'on a le soin de refroidir le tube qui contient le liquide. Sort-on ce dernier du mélange réfrigérant, on voit le gaz iodhydrique se dégager progressivement. Le ferme-t-on à la lampe et le maintient-on pendant vingt-quatre heures à loo degrés, des cristaux se déposent graduellement contre ses parois, et, lorsqu'on en brise la pointe, du gaz sulfhydrique se dét^age en abondance en même temps qu'on observe la formation d'une proportion notable d'iodure de triéthylsulfine. Cette réaction s'explique facilement au moyen de l'équation rc*H' L H S= + m = |<'='f''*ls. ('■49) » Le mercaplan méthyliqiie se comporte d'une manière entièrement analogue. X Le sulfnre d'allyle chauffé en vase clos au hain-marie avec de l'iodure de méthyle donne naissance à des résultais analogues à ceux que four- nissent les sulfures de mélhyle et d'étliyle. » On voit donc en résumé que le soufre présente une très-grande ten- dance à former avec les radicaux des différentes séries alcooliques des com- posés de la forme ( ys c ) u correspondant à l'acide sulfureux ou à la combinaison hypothétique dans laquelle 3 équivalents d'hydrogène seraient remplacés par des radi- caux d'alcool, tandis que le quatrième le serait par un radical métalloïdique, chlore, brome, iode, oxygène, etc. •> Bien que l'oxygène et le soufre présentent dans une foule de circon- stances les analogies les plus manifestes, et rpie la plupart des condîinaisons formées par ces deux éléments nous offrent des ressemblances considé- rables au point de vue des fonctions chimiques, il est néanmoins des cas dans lesquels on voit apparaître, relativement aux propriétés moléculaires, des différences dont il est quant à présent impossible de donner Ir. moindre explication. )> Ainsi l'acide sulfhydrique et la vapeur aqueuse présentent ctrtes dans une foule de circonstances les analogies les plus étroites, et l'histoire des sulfures est en beaucoup de points calquée sur celle des oxAdes. Ou peut faire dériver expérimenfaleineiit de la seconde les divers alcools et les éthersqui s'y rattachent, de même qu'on peut engendrer à l'aide du pre- mier les mercaptans et les différents éthers sulfhydriques. » Or, si l'on compare les points d'ébulhtion des différents produits dé- rivés de l'acide sulihydrique, on voit qu'à mesure qu'on remplace une ou deux des molécules d'hydrogène qui entrent dans la coni|)osition de la mo- lécule comjjosée par un radical alcoolique, ceux-ci s'élèvent d'autint jjIus que l'équivalent C. R., 1855, i'^ Srmesiie. (T. IX, N» 22.) '49 ( ii5o ) de rhydiocarbiire substitué devient de plus en plus complexe, tandis que la même substitution opérée dans la vapeur acpieuse H H 0- = /ivol. donne jusqu'à riutrochiclion du composé C* M'^ des produits dont le point d'ébuliition est inférieur à celui de l'eau. C'est ce qui ressort de l'inspec- tion du tableau suivant : H H 0-=4'^'ol. bouta loo" Eau. H o==4 vol. Alcool méthylique. 0== /i vol. Élber mélhyliqiic. H i 0-=: 4 vol. Elhcr vinique. 0-= 4 vol. C^'H' H 0= = 4 vol. Aloool propyliqne. CW 1 Eiher pio())liqnc. H H S" = 4 ^'"l- bout à — y; AciJe sulfhydriqile. 6o C-H' H S==4 vol. Mercapian iiU'lhyliqiie. - i8 c-hM S'' = 4 vol Èthcr sulfliydro- rcéthylique. 78,5 35 C/H= H 8=== 4 vol. 9^ Mercapian élhyliqne. C''H= Élher sulfhydrique. 4 vol. 20 4> 63 90 70 >S'= .'1 vol. au-tkssus de roo H ) Morcaplan jiropylique. C'H')S'= 4 vol, tempér.beaucou[) j3lus Plevee. Ëlher .çulfhydro- propyliqui'. ( ' I5I ) » Aiiïsi, tandis que dans la série des composés qui dérivent de l'acide sulfhydrique on observe une élévation graduelle du point d'ébuliition à me- sure que l'équivalent de l'hydrocarbure substitué à l'hydrogène augmente, ce qui est conforme à la loi générale, on remarque, au contraire, en ce qui concerne les premiers termes de la série des alcools qui dérivent de la vapeur aqueuse, une infériorité très-manifeste dans la température d'ébulii- tion comparativement à celle de ce produit, et ce qu il y a de plus remar- quable encore en cette circonstance, c'est que le point d'ébuliition des éthers correspondants qui résultent de la substitution de :i molécules des composés C*H', CM^^ CH" à 2 molécules d'hydrogène est de beaucoup inférieur a celui de ces alcools eux-mêmes. Il est impossible, quant à présent, de donner d'explication plausible de ces faits évidemment très-curieux, ainsi que de c[uelques autres que le peu d'étendue de cette Note ne me permet pas d'insérer ici ; qu'il me soit permis seulement de les enregistrer et d'attirer sur ce point l'attention des physiciens et des chimistes. » ASTRONOMIE. — M. V. PuiSECS adresse à M. le Président une Lettre dans laquelle il dit qu'il y a plus d'un an il a eu la pensée de rechercher les termes proportionnels au cube du temps que le déplacement de l'écliptique intro- duit dans l'expression de la longitude de la Lune, et qu'au mois d'octobre dernier il a communiqué ses vues à ce sujet à l'un des Membres de la Sec- tion d'Astronomie. « Mais, dit l'auteur de la Lettre, la longueur des calculs à exécuter pour obtenir une approximation suffisante et la circonstance que l'Académie a mis au concours la question de l'accélération du mouvement de la Lune m'ont empêché de rien publier. Je vois par le dernier numéro des Comptes rendus que M. Allegret poursuit la même idée. Sans lui contester je moins du monde la priorité que lui assure la publication de sa Note, je tiens à constater que mes recherches sur ce point, quel qu'en soit le succès, sont tout à fait indépendantes des siennes. » GÉOMÉTRIE. — Construclion donnant à la fois les quatre points de contact d'une sphère tangente à quatre splièrcs données. Note de M. Barbier, présentée par M. Bertrand. « Considérons quatre centres de similitude situés dans un même plan de similitude M . Appelons O, , O. , O3 et O, les sphères données. 149.. ( riSa ) )) A partir d'iin point quelconque de O,, entre O, etO,, menons une droite passant par le centre de similitude de O, et O^ ; h partir du point ainsi trouvé sur O,, entre Oj et O;,, menons une droite passant parle centre de similitude de O^ et O3, et continuons de nièine celte consiruotion entre O3 et Oi , entre O4 et O, ; puis de nouveau entre Oj et Oo , entre O^ et O3 , et ainsi de suite. » Généralement la construction ne se fermera pas; tous les j)oints obte- nus appartiendront à quatre cercles d'une même sphère l^ ; appelons ces quatre cercles o,, Oj, O3 et o^. h II suffit de construire onze droites pour déterminer les plans de ces cercles o,, O2, 03 et o,,; par les intersections R,, Rj, R3 et R4 de ces plans avec le plan M, il suffit de mener respectivement des plans tangents aux sphères données, pour avoir les points de contact chercliés. » Cette construction est analogue à celle que M. Dunesme a trouvée gra- phiquement, pour déterminer les points de contact d'un cercle tangent à trois cercles donnés dans un plan. ■ » Les cercles o,, Oo, O3 et o, sont deux à deux sur des cônes ayant pour sommets les six centres de similitude des sphères situés dans un même plan M; parmi ces centres de similitude sont les quatre centres de simili- tude employés pour la construction. » Le système des plans o,, Oo, 03 et o, peut tourner autour des droites R,, R2, R3 etRi situées dans le plan M : cette proposition est facile à établir pour deux plans consécutifs, o, et O2 par exemple ; on peut inscrire un pen- taèdre dans le cône tronqué qui a pour bases o, eto^, on ramène ainsi cette proposition à un cas particulier d'une proposition sur le pentaèdre inscrit que nous avons énoncée précédemment [Compte rendu de la séance du 22 mai i8G5). » Le système des quatre plans, en tournant, réduit simultanément les sections o,, o,, O3 et o, aux sommets du tétraèdre T ou aux points de con- tact de la sphère tangente aux quatre sphères données. » Toutes les sphères analogues à la sphère Q ont une section réelle ou imaginaire commune dans le plan M; parmi ces sphères Q, sont comprises les deux sphères, tangentes aux quatre sphères données, auxquelles donne lieu la considération du plan de similitude IM . » ( 1.53 ) MÉCANIQUE. — Sti)' une piopiiété du mouvemenl permanenl desjlaides. Note lie Uî. F. de Salvert, présentée pnr M. Bertrand. « On sait que le mouvement permanent des fluides est régi par les équa- tions aux différences partielles suivantes : I dp -. '!/i lia tlii ■ --^ —\ — n v~ (V — , p ax (Ix 11} (Iz , , . 1 dp -. di' di< dv (0 \-/ =Y — «-; V- U' — , *> ' i p dy dx dy dz l dp ilw dtv d'V --L- = L — U-, V- il'—, p dz dx dy dz d.ùii d . p I' il. pli' où u, i; w sont les composantes suivant les axes de la vitesse au point {x, j^ z);p et p, la pression et la densité en ce point; enfin X, Y, Z les composantes données de la force extérieure, rapportées à l'unité de masse. » Si le fluide que l'on considère est un liquide, on aura de plus l'équa- tion : , „, dû dû dû qui exprime son incompressibilité. » Si au contraire le fluide est compressible, on aura une relation de la forme (4) p=f{p)- » Dans le premier cas, ajoutons ensemble les trois équations ( i) ^^^ l'équa- tion (3), respectivement multipliées par u, v^ tv et ( — -j- Si nous suppo- sons, suivant l'usage, que X, Y, Z soient les dérivées partielles d'une même fonction F (a?, J, z), en sorte que l'on ait d? dF rfF A = -7— 5 I = —r- 1 Lj =: -—-1 dx dy dz le résultat pourra s'écrire , f N dm dfs dis (^) ",77 + ^;^ + '''^ = ''' ( -.154 ) en p.osant 1' On olitiendrait la même équation clans le second cas, sauf que f aurait alors la valeur suivante : =rf^+^(--^-+"'^)-F. P 2 » L'équation (5) caractérise donc le mouvement permanent des fluides. Or. si l'on considère la famille de surfaces représentée par l'équation (6) ' y(x, j, z) = const., 1 équation (5) exprime qu'en un point quelconque du fluide la vitesse est dirigée dans le plan tangent de celle de ces surfaces qui passe parce point. » Il suit de là immédiatement que chaque molécule dans son mouvement est assujettie à demeurer sur l'une de ces surfaces, et de plus, comme en gé- néral ces surfaces ne se couperont pas, les molécules, qui sont actuellement à l'intérievu" d'une de ces surfaces, y demeureront constamment. » L'équation (3), qui est de même forme qtie l'équation (5), donnerait lieu, dans le cas des liquides, à des conséquences analogues, pour les sur- faces d'égale densité définies par l'équation (7) p = const.; et alors il est évident que la trajectoire de chaque molécule liquide n'est autre que l'intersection des deux surfaces ly et p, qui passent par sa position actuelle. >' Ces surfaces f et (j, lorsqu'elles sont fermées, jouissent de la propriété remarquable que les six équations, connues sous le nom d'équations d équi- libre des solides, s'appliquent à l'ensemble des molécules renfermées dans leur intérieur. >) En effet, en multipliant la première des équations (i) par p, l'équa- tion (2) par 14, et ajoutant, on obtient rtp _. d.pir- (/.put' dx ' dx dy M Si maintenant, après avoir multiplié cette équation par dxdydz., nous intégrons dans tout l'intérieur d'une surface fermée quelconque, on pourra effectuer une intégration dans chacun des termes, sauf dans le pre- ( ii55 ) miei (lu second membre, lequel exprimera la somme des com()Osantes pa- rallèles aux X des forces extérieures appliquées aux molécules considé- rées, et que nous représenterons, pour simplifier l'écriture, par SzrX, 57 étant l'élément de masse, et S un signe de sommation qui s'étend à tout le volume considéré. Si, de plus, nous désignons par «, g, 7 les angles des axes avec la normale intérieure de la surface que nous avons choisie, par u un élément de cette surface, et par 2 une sommation s'étcndant à toute cette surface, le résultat de l'intégration pourra s'écrire — Hoj/Jcosa = ScrX + l'jipu'- cosa -h Ipwiu' coaê ■+- Iwpuiv cou-/. n On olitiendrait deux autres équations analogues en transformant de la même façon les deux dernières équations (i). Pour les écrire plus simple- ment, nous poserons u cos (Z + i' cos 0 ■+- H' cos y = V„, V„ étant la composante de la vitesse suivant la normale intérieure de la sur- face considérée; et alors nous aurons les trois équations : iSz^X-\- l(>)pco?.a+ lupuYn =0, StôY -+- 2oj/?cosê -\- 2«/5<' V„ = o, Ss7Z + 2w/JCOsy + l'j)pi\'\,i = o. » En second lieu, par une combinaison facile des deux dernières équa- tions (i), on formera celle-ci : laquelle étant de même forme que les équations (i) donnera lieu à une transformation analogue. En l'ajoutant, après l'avoir multipliée par p, à l'équation (2) multipliée par le facteur [vz — iyy), on formera la suivante : dp dp , d.pii.{i'z — ivx) d pu{oz — >yj) d.(jz — ivj-] ^^-^^ = f^^/^~^-^' ^ dj- Ti^ ' (pu, par l'intégration dans les mêmes conditions que j^écédcniment, don- nera la première des équations suivantes : / Szs [Y z — Zy) -i- lwp[z cos§ —j-cQsy) -\- lfj)p{vz — ivj)\„ — o, (9) ' Sz!!{ZJC—Xz) -h lrùp{.XCOSy ■— Z COSX) -^ l'jip{l\'Jl-— itz}\,i = o, 1 Sa? (Xj- — Ya:) -+- Imp (jcosa — x cosê) + l'^piuj - v.r) V„ = o. ( ii56 ) » Revenons maintenant à nos surfaces ç ou p définies par les équations (6) et (7). Potn- ces surfaces, V„ étant nul en vertu des équations (3) et (5), on voit que les équations (8) et (9) se réduiront par la disparition des der- niers termes aux six équations connues d'équilibre des solides; c'est le résultat que nous voulions établir. » PHYSIQUE. — Réponse à la Note de M. Clausius du i5 mai; /;nrM. Athanase Dcpré. « M. Clausius m'accuse d'avoir commis une erreur étrange dans ma Note du 10 avril, où j'aurais, suivant lui, critiqué ses travaux sans les connaître. Je n'accepte aucune de ces deux assertions, dont la forme paraîtra surpre- nante après la lecture de ce que j'ai écrit au sujet de mou adversaire. Je n'ignore pas sa manière de calculer, quoique j'en emploie une autre seule exacte quand on se sert de mon principe de l'égalité de rendement qui, ayant un sens mécanique précis, ne laisse planer aucune incertitude sur la marche à suivre. Avec le théorème de M. Clausius, au contraire, on voit paraître dans le calcul, sans savoir pourquoi, trois classes de transforma- tions, dont l'une est iutroduite avec des valeurs d'équivalence obtenues au moyen de tâtonnements appuyés sur des lois déclarées très-probables et qui ne sont pas toutes exactes. A.u reste, le fait, décrit en détail dans les Annales de Chimie et de Physique (juin 1864), et que j'oppose au théorème en même temps qu'à l'axiome de M. Clausius, conslilue une objection qui ne disparaît point quand on change la manière d'évaluer les transformations, pourvu que celte manière demeure invariable pendant tout le calcul. » i" Dans le système formé par le gaz A considéré seul, M. Clausius admet, pour une dilatation infiniment petite, une transformation de cha- leur en travail et une augmentation de désagrégation équivalente, comme le veut son théorème. Si l'on appelle c et — r^ leiu's valeurs d'équivalence, on a donc c — cl — o, puisqu'il n'y a point de transformation de la seconde classe. .. 2" Dans le système formé par le gaz B seul, on a de même —c'+d'=o. » 3° Dans le système (A + B) se trouvent ces quatre transformations dont les valeurs d'équivalence s'entre-détruisent, et en outre im passage de chaleur de A à B, c'est-à-dire une transformation de la secoutle classe dont il n'y a pas d'exemple dans les deux autres .systèmes et dont la valeur d'équi- valence n'est pas nulle. I>e théorème est donc en défaut, ainsi que l'axiome. )) M. Clausius, en parlant du système (.\ + B) seul, ne répond point à (.157) mon argumentation qui repose sur l'application simultanée de son théo- rème aux trois systèmes A, B, (A + B\ et je persiste à penser qu'il n'y a pas lieu à admettre dans la théorie mécanique de la chaleiu' les désagrégations dont il n'a fourni aucune définition suffisante. Lorsqu'il a donné ses idées sous forme de conjectures (Mémoire de 1862, p. 3), je les ai laissées en dehors de la discussion ; maintenant ([u'il les oppose à des démonstrations rigoureuses, il devient nécessaire de les réfuter, quoique cette tâche soit rendue difficile par ce qui resta de vague dans quelques-unes de ces lois. Je me suis livré pour l'une d'entre elles à une étude plus détaillée, parce qu'elle se trouve liée intimement avec l'objet de notre discussion actuelle. En voici l'énoncé : » Le travail mécnnique que peut Jaiie la chaleur pendant un changement déterminé d'arrangement est proportionnel à la température absolue dans laquelle le changement a lieu. » Après la lecture de cette loi, je me suis d'abord demandé quelle pouvait être la mesure des changements d'arrangement dans des circonstances diffé- rentes, et je n'ai rien trouvé de satisfaisant, à moins de remplacer les chan- gements d'arrangement parles travaux internes qui les produisent; alors on peut préciser davantage l'énoncé et dire, en supposant toujours que l'expansion a lien avec travail complet : » Lorsqu un même travail interne est produit dans un corps à deux tempéra- tures différentes t et t,, la quantité totale de chaleur transformée en travail tant interne qu'externe est proportionnelle à la température augmentée de l'inverse tu coefficient de dilatation limite. » Quand on prend le même corps à t et t, , l'équation qui exprime qu'un méiiie travail interne s'opère dans les deux cas est si on nomme v le volume du kilogramme à la température t sous la pres- sion p =J\i't) en atmosphères et cp (f, t,) — (p [vt] le travail interne en pas- sant de l'état (vt) à l'état {v,f,). Appelons, en outre, P la valeur en kilo- grammes et par mètre carré de la pression atmosphérique normale ; a le dp coefficient de dilatation limite; «':= 7- I»" coefficient de dilatation so pression constante; /3 = — le coefficient de compressibilité. Alors le s a C. n., i865, 1" Semestre. (T. LX, N" 22.) oo 1 I 5o ( ii58 j travail tolal a pour valeur, à la teinpéralure t, ]?pih' -h o'^[i>tj ch\ ou, en Il I 1 P(l + Xt) ri I , ] T remplaçant le second terme pas sa valeur connue, — ^^ j i[vt cU' ) . La loi dont il s'agit, quand on la borne à un seul coi ps, a donc pour expression Le rapport ~ est arbitraire ef |)eut servir à vérifier l'équation (1;; il est donc nécessaire et suffisant ([ue l'équation (2) ail lieu, ou, ce qui équivaut, son quotient par l'équation (i) (3 ,('") '/..(".f. » Four les corps dans lesquels le travail interne dépend du voliuue seul, j'ai fait voir que Mi'entre pas non plus dans y^(fO > si l'on s'astreint a prendre îx t et t, le même corps sous un même volume, la loi est vraie. Ce cas étant écarté, il faut que l'on ait (4) ?:{^t) = f^j;{^n, k désignant une constante. Si on substitue dans le premier membre la valein- connue de (fi'^{vt), il vient (K] , dp _P{i + al) dp puis on trouve, en intégrant, fP (1 + af) — kjr\ (6) pii{v) = V[x + a.t)-krj. ou i^ = x[-^ f |- De là on tire a! Vpi (7) p (P — /a) 4- Par .Soit /o la valeur du rapport y pour \->—\ et < = o ; la (pianlité I» — ko. peut être remplacée par — > ce qui donne Pour les gaz, en appelant 6"o le covoltnne, n la constante parliculiere à ( M.Sg ) chaque gaz et a, le coeFficient de dilatation à volume consiaiit, on a (9) t' + t'oi'o^ y—- il en résulte — ^^ _JLll — = — Eli — La loi restreinte a un seul corps est p i-f-«, f I -+- '■»' donc vraie pour les gaz. » Pour les liquides et les solides, faisons /J = i et donnons suctessive- uieiil à t les valeurs o, i, 10. On trouve alors pour — les quantités r^, Dans le cas du mercure, ces quantités deviennent à peu I + ''o I -+- I o /•„ près 5o, I, -^, et la loi so trouve en défaut, puisqu'il résulte au contraire des expériences connues que -^ varie peu. Cette conclusion s'applique aux solides et aux liquides en général, et il n'y a d'exception que pour le cas particulier examiné d'abord. » Il ne m'appartient pas de juger le débat, mais j'ai le droit d'exprimer nettement mon opinion : je crois indispensable, surtout au moment où la ihéorie mécanique de la chaleur va sans doute entrer dans le haut ensei- gnement, de remplacer le théorème de l'équivalence des Irausformations par le principe de l'égalité de rendement. » M. Leteixier, qui, depuis de longues années, s'occupe de la toxicologie des Champignons, adresse une Lettre dans laquelle il réclame la priorité du fait annoncé par MM. Sicard et Schoras dans leur récente communication à l'Académie : à savoir que le principe vénéneux qui existe dans plusieurs champignons a un caractère basique, etc. En effet, dit-il, j'imprimais tex- tuellement dans ma thèse, en 1827, que le poison de la section des Amanites est un alcaloïde formant avec les acides des sels cristallisables. L'auteur de la Lettre ajoute que l'action de ce poison (amnnitine) n'est pas analogue à celle de la curarine, comme le pensent MM. Sicard et Schoras, mais bien k celle de la naixéine. En effet, il résulte d'un grand nombre d'expériences (|ue l'amanitiue produit constamment un engourdissement des cinq sens, tandis que la curarine n'agit que sur le système musculaire. Cette Lettre est renvoyée à la Commission nommée pour examiner la Note de MM. Sicard et Schoras. M. TiiÉopiiiLus SciiijiKo adresse une Lettre en latin par laquelle il tait hommage à l'Acatlémie, pour sa Bibliothèque, de deux opuscules eu aile- ( ii6o ) mand tie sa composition, intituiés : « Harmonies arithmétiques et géomé- triques ». (Renvoyé à l'examen de M. Cliasles.) M. le D'Saxdkas adresse un JMémoire ayant |)oin- titre : <> Études sur les eaux mmérales phosphatées ferrugineuses », qui, suivant lui, peut jeter une certaine lumière sur les effets curatifs des eaux minérales qui renferment a la fois du phosphore et du fer. M. ISatailué écrit à M. le Président pour demander que la troisième édi - fion de sa brochure sur l'alcool et les différentes communications qu'il a adressées à l'Académie sur l'infection purulente soient admises au concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie. Renvoi à la Commission des prix de Médecine et de Chirurgie.) MM. Bel et Joël Coulo.v, par une Lettre adressée à M. le Secrétaire per- pétuel,demandent de quelle manière ils doivent s'adressera l'Académie pour lui soumettre une découverte qu'ils viennent de faire et pour obtenir un Rapjjort. 31. A. Potier écrit pour rappeler qu'en i863 et 1864 il a adressé deux Mémoires relatifs à un moyen de guérir les tumeurs blanches. Il demande à être appelé à expérimenter, devant la Commission nommée pour examiner son travail, les remèdes qu'il met en usage. A 5 heures un quart l'Académie se forme en comité secret. La séance est levée à 5 heures trois quarts. C. ERBATA. (Séance du 1% mai i865.) La liste des candidats à la place de Correspondant dans la Section de Mécanique ( page 1 1 02) doit être rectifiée comme il suit : E)i inemiire ligne M. Clausils à Zurich. I M. AcACQUOiîx Raxki.\e .... à Glascnw. \ M. ^ViLLiAM Thomson à Glascov^'. En deuxième liane ex ar-quo ,, , -„r , „ , , , , , (M. JcLiis AV'eisbach a Frevbersç. l'i p(n- ordre, alnhabétique. ,, «, ^,t , ^ ' -, -^ ' ' ' 1 M. Robert Willis a Cambridge. \ M, Zei:\er à Ziunch. Page loSa, ligne 8, nu lieu de au-dessus de, lisez au-dessous de. Page lofio, ligne i, nu lieu «/e consommées, afin de, lisez consommées; afin de. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 5 JUIN 1863. PRÉSIDENCE DE M. DECAISNE. MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. ÉCONOMIE RURALE. — M. LE Mauéchal Vaillant iiiet sous les yeux de l'Académie une souche d'orge que l'Empereur vient de lui envoyer comme spécimen de la vigoureuse croissance de cette céréale en Algérie. Ce pied d'orge présente les bases des tiges de cent vingt et un épis et des racines à ])roportion. PHYSIQUE. — Sur la dilatation du diamant et du protoxyde de cuivre cristallisé, sous t influence de la chaleur; par M. H. Fizeau. « En poursuivant les études, dont j'ai déjà entretenu plusieurs fois l'Aca- démie (23 jnin 1862 et 23 mai 1864), sur la propagation de la lumière à travers les corps lorsqu'on modifie leur températnre, j'ai été conduit à faire plusieurs observations nouvelles sur le mode de dilatation par la chaleur de diverses substances qui n'avaient pas encore été étudiées sous ce rap- port. » D'après la nature des résultats obtenus, aussi imprévus que variés et singuliers, on a pu reconnaître qu'il serait intéressant pour la science de multiplier autant que possible de semblables déterminations, et de les appli- C. R., i865, i" Semeslre. (T. LX, N» ÎS5.) ' ''I ( ii6i ) quer surtout à des groupes naturels de corps bien définis, soit par leur composition cliimiqne, soit par leur forme cristalline, afin de suivre dans les circonstances les plus variées les modifications dont ce genre de phéno- mènes est susceptible et de découvrir, s'il est possible, quelque loi qui les régisse. )) Le champ de ces recherches est, comme on le voit, d'une grande étendue, et il n'a été possible jusqu'ici d'en explorer qu'une partie très- limitée. Cependant il y a déjà un certain nombre de corps amorphes ou cristallisés, surtout de ceux qui cristallisent dans le système régulier, dont les dilatations ont pu être déterminées d'une manière définitive, grâce aux facilités que présente la méthode dont j'ai fait usage dans ces re- cherches, méthode dont j'ai déjà entretenu l'Académie, et qui permet, au moyen des longueurs d'onde de la lumière, de mesurer de très-petits chan- gements de volume dans des corps n'ayant que quelques millimètres d'é- paisseur. » Je n'entrerai pas ici dans le détail de plusieurs perfectionnements im- portants subis par l'appareil et dont 1 expérience a indiqué l'utilité. Ils seront décrits dans un prochain Mémoire qui renfermera l'ensemble des observations. » J'ajouterai seulement qu'on a cherché surtout à connaître de la manière la plus sûre la température du cor|)s soumis à l'expérience, et que, dans ce but, on a placé le petit trépied d'acier portant le corps à observer au milieu de deux étuves concentriques en cuivre épais, ce qui permet d'ob- tenir une répartition bien luiiforme de la chaleur et une connaissance très- sùre. des températures. De plus, le déplacement des franges ou anneaux à la surface du corps, yjeudant les changements de température, est suivi avec une petite lunette qui permet de jirendre des mesures précises. » Je dois ajouter que ces recherches ont été surtout facilitées par la libé- r.ilité avec laquelle l'accès de nos grandes collections publiques m'a été ouvert, particulièrement à l'École des Mines, au Muséum et au Collège de France. » Parmi les corps cristallisés dont j'ai pu déterminer jusqu'ici la dilata- lion, il en est deux qui ont présenté un phénomène remarquable et qui n'a été observé jusqu'à présent dans aucun antre : c'est une dilatation telle- ment faible dans les basses températures, qu'il a fallu des soins particuliers et des observations très-attentives poiu- on constater la réalité et en obtenir des mesures exactes. Ces deux corps sont le diamant et le protoxyde de cuivre en cristaux naturels de Chessy, l'un et l'autre cristallisant dans le ( ii63 ) système régulier, traiisparenls pour la lumière, et possétiaiit les indices de réfraction les plus élevés, mais du reste très-éloignés l'un de l'antre par leiu- composition et par l'ensemble de leurs propriétés physiques et chi- miques. De plus, non-seulement la dilatation (considérée pour i degré situé à différents points de l'échelle thermométrique) est très-faible dans ces deux substances, mais encore elle décroit très-rapidement à mesure cpie la tem- pérature s'abaisse, absolument comme on l'observe pour l'eau dans le voi- sinage du maximum de densité; en sorte que l'on est conduit par l'analogie à penser que ces deux corps solides pourraient présenter le phénomène du maximum de densité, c'est-à-dire que leur coefficient de dilatation d'abord positif et décroissant deviendrait nid à une certaine température et ensuite négatif. » Les déterminations faites jusqu'ici s'accordent bien avec cette suppo- sition et doivent faire considérer comme très-probable l'existence d'un maximum de densité pour le diamant et pour l'oxyde de cuivre. » Voici les résultats des ex|)érieiices. » Diamant. — Les premières observations ont été faites sur une large lame de diamant de i™™,5 d'épaisseur, que je devais à l'obligeance de M. Halphen; et ensuite sur plusieurs pierres diversement taillées, et entre autres sur un brillant fort beau que m'avaient procuré MM. Mellerio. J'ai pu reconnaître ainsi la très-faible dilatation de cette substance, et constater que le coefficient de dilatation diminue rapidement avec la température. Mais pom- obtenir des mesures un peu pi-écises de ces valeurs toujours très- faibles, il fallait que le diamant soumis aux expériences' réunît certaines conditions de grosseur ainsi que de dimension et de parallélisme dans les facettes tadlèes, conditions qui se sont trouvées réalisées de la manière la plus heureuse dans un des plus précieux échantillons des galeries du Muséum. Cette belle pierre, d'une légère teinte jaune, pèse i^', 94» et pré- sente une épaisseur de 9°"°,G25. L'Administration du Muséum ayant bien voulu me la confier pour en déterminer la dilatation, j'ai pu faire onze séries de mesures comprenant chacune onze observations distinctes faites en diffé- rents points de la pierre et pour des températures comprises entre t8 et 77 degrés. » La table suivante offre le résumé de ces déterminations réduites par le calcul aux points principaux de l'échelle thermométrique. ( ii64 ) 1 POINT de l'échelle du thermomètre occupé par le dejjré moyen. TABLE des valeurs du coeflicient de dilatation linéaire du Diamant en différents points fj de l'échelle du thermomètre, pour i degré. 0 j- 5o° 40" 3o" 0,000001286 0 ,000001 142 0,000000997 0, 000000852 0,000000707 O,OOO00o5G2 O,0OO0OOO'JO DIFFtntNCE pour 1 ilOfTé. '4-477 20°. . 10° 0" -38",8 » L'examen des observations partielles montrant que le coefficient de dilatation pour i degré s'accroît d'une manière proportionnelle aux éléva- tions de température, on peut représenter l'ensemble des déterminations par la formule dans laquelle nt ■¥ ht-), a = 0,00000066243, b ^ o,oooooooo'72385, t = nombre de degrés à partir de 0°, /o = longueur du corps à o", /, = longueur du corps à t°. Pour on a 'El = o, t — ■?.b = - 38", 8 c'est le point de l'échelle thermométrique où la dilatation doit être nulle en passant d'une valeur positive à une valeur négative. ( m65 ) » On est donc conduit à regarder comme très-probable que le diamant possède un maximum de densité vers — 38°,8. » Dans ce qui précède on n'a considéré que la ddatalion linéaire; or les cristaux du système régulier, comme le diamant et l'oxyde de cuivre, se dilatent également dans toutes les directions (Mitsclierlich) ; il suffit donc de multiplier par 3 la dilatation linéaire pour obtenir la dilatation cubique. » Proloxyde de cuivre crislallisc. — On sait que les cristaux de celte sub- stance soûl susceptibles de présenter parfois une transparence remarquable pour la lumière rouge. » J'ai fait tailler en prisme un |)etit cristal de ce corps, et j'ai reconsiu qu'il réfractait la lumière beaucoup plus encore que le dianuint. J'ai trouvé pour son indice de réfraction avec le rayon rouge le plus réfrangible qui (ra- verse la substance Il = 2,8984, et avec le rayon rouge simple émis par la lithine en vapeur dans une flamme n = 2,8489. » Deux cristaux assez purs originaires de Chessy (Kbône), l'un octaèdre, l'autre dodécaèdre, présentant dans quelques parties une transparence sen- sible poiu' la lumière rouge, ont été soumis aux expériences. Leur épaisseur était 9""',844 et 10"'", 670. I) Six séries de mesures de douze observations cliacune, comprises entre I9et73 degrés, ont donné des résultats bien concordants, lesquels montrent avec évidence que la dilatation de l'oxyde de cuivre est, surtout dans les basses températures, notablement |)lus faible encore que celle du diamant, et de plus que la valeur du coefficient varie aussi avec plus de vitesse, en sorte que ce coefficient s'affaiblit rapidement à mesure que la température s'abaisse, et tend à devenir mil à une température moins basse c[ue pour le diamant, les accroissements du coefficient restant toujours sensiblement proportionnels aux accroissements de température. 1) I^a table suivante résume l'ensemble de ces observations, réduites, comme pour la précédente, aux points principaux de l'éclielle tliermomé- triqne. ( I >p6 ) POINT de l'échelle du thermomètre occupé par le degré moyen. TABLE des valeurs du coefTicienl de dilatation linéaire du Protoxyde de cuivre en différents points 0 de l'éclielle du thermomètre, pour i degré. P y. 5o" 0,000001059 0,000000828 0,000000097 0,000000367 0,0000001 36 0,000000000 — 0,000000095 DIFFÉRENCE pour 1 de?rc. 23.062 40" 3o° : TO° 1 0" i", » On peut remarquer que pour 0 = 76", 5, cette table et la précédente donneraient la même valeur pour a, c'est-à-dire qu'à ce point du thermo- mètre les dilatations de l'oxyde de cuivre et du diamant doivent être égales. Ces résultats sont bien représentés par la formule 4 = 4(1 -hat-hbi^), dans laquelle a = b^ 0,00000009452, 0,00000001 i53i . Pour on a du c'est donc au-dessus de o degré et sensiblement au même point que pour l'eau que la dilatation de l'oxyde de cuivre doit être nulle et qu'un maxi- mum de densité doit se manifester. » Nous ne connaissons jusqu'ici que l'eau et quelques dissolutions salines, c'est-à-dire des corps à l'état liquide, qui offrent le phénomène du maximum de densité, l'existence d'un phénomène de cette nature dans des corps solides paraît devoir introduire des données nouvelles dans les théo- (.iG7) ries relatives à la chaleur et jeter quelque jour sur la constitution molécu- laire des corps. )) J'espère prochainement être en mesure de confirmer ces premiers ré- sultats que je regarde comme très-sùrs, par des observations nouvelles faites sur des lingots d'oxyde de cuivre artificiel fondu que M. H. Sainte-Claire Deville a l'obligeance de faire préparer en ce moment au laboratoire de l'École Normale. » ASTRONOMIE. — Sur les traies du spectre de la planète Saturne. Lettre du P. Secciii à M. Élie de Beaumont. « Dans une communication adressée l'année passée à l'Académie (i), j'annonçais que dans le spectre de la planète Saturne on observait des raies différentes de celles qui se remarquent d;ins l'atmosphère terrestre, et ayant de l'analogie avec celles de Jupiter. J'ai poursuivi cette année ces re- cherches; j'ai pu confirmer la vérité de ce que j'avais annoncé, et prendre des mesures plus exactes que je n'avais pu le faire jusqu'alors. B Saturne, vu avec le spectroscope appliqué à la lunette de Merz, doiuie, dans le rouge, une forte raie presque noire, et qui, lorsque l'air est tran- quille, est parfaitement noire. Cette raie est la plus facile à reconnaître. Du côté du rouge extrême le spectre est faible et mal terminé, mais laisse voir une trace d'une autre raie. Entre le rouge et le jaune on remarque mie bande assez bien tranchée qui, par sa constitution, ra|)pelle la bande D du spectre telluro-atmosphérique, mais dont les bords sont mieux terminés du côté du jaune que du côté du rouge. Au delà du jaune on voit une trace de la région â de Brewster, qui est nébuleuse dans no:re atmosphère. En- suite on distingue plus ou moins bien les bandes des raies E, /?, F de Fraunhofer; mais elles sont plus difficiles à mesurer, et leiu- position n'a pas encore été suffisamment étudiée. u La partie la plus intéressante pour nous était la zone du rouge. Pour m'assurer de sa position relativement aux bandes atmosphériques terrestres, indépenilaannent des mesures dont je parlerai ci-après, j'ai fixé le soir la fente du micromètre dont je fais usage pour les mesures sur la raie de Sa- turne, et j'ai laissé l'instrument immobile jusqu'au lendemain matin; puis alors j'ai observé notre atmosphère à l'horizon. J'ai vu constamment que la fente ne coïncidait plus avec aucune des bandes tetiuriques. La plus voi- (l) f^oir les Comptes rendus de l' Académie des Sciences, t. LVII, p. 71. ( ii68 ) sine était la Ijande atmos|>héi'iqiio marquée C ]iar Brewstcr; mais en gé- néral la bande de Saturne restait prés du milieu entre C" et C. » Pour comparer Saturne à Jupiter j'ai employé le même moyen. Ayant Hxé la fente micrométrique sur la raie de Saturne, j'ai attendu que Jupiter s'élevât autant que Saturne, et j'ai vu alors que la fente conicidait sensible- ment avec la bande noire de Jupiter qui répond à la même partie du rouge. Jupiter cependant montre un rouge plus vif et plus étalé, et il a vers le rouge extrême une bande assez faible, éloignée de r',85 de mon micro- mètre. Dans Saturne on ne voit pas réellement de bande nette à cette place; mais tres-prés d'elle on voit le spectre diminuer de lumière assez sensi- i)lement, et il paraît tianchéà a'', 17; au delà il n'y a plus qu'une très-taible lumière. Cependant, malgré la difficulté qui existe pour prendre ces me- sures, on peut dire que ces bandes sont identiques. n Nous avons donc ici une nouvelle analogie commune aux deux astres les plus gros de notre système planétaire, c'est-à-dire une identité dans leurs atmosplieres. M Pour donr.er une idée de la précision qu'on peut espérer obtenir dans les mesures prises avec mon instrument, et domier ensuite des points de repère pour calculer la position des raies des planètes comparées aux raies solaires, je rapporterai ici les mesures des principales raies solaires vues dans notre atmosphère à l'horizon dans deux points différents, entre lesquels ou avait changé complètement le zéro de la vis du micromètre. RAIES SOLAIRES. C. C D. h. F. 22 mai, malin 3, g*) 5,24 6)'7 7i94 '4î97 19,83 24 niai, matin 2,5i 3,83 4»98 6,5i i3,64 18,22 Différence... i,44 ')4' i''9 ' '4^ i>33 i,6i ') En excluant la raie C, qui par sa faiblesse, le 24» était assez incertaine, les autres donnent la moyenne i%/i4, ce qui montre l'accord des mesures partielles entre elles. « Pour Saturne nous avons obtenu les valeurs suivantes: 23 mai, soir 21 mai, soir Différence i ,60 1 ,57 BAIES DE S.ATIRNE. S cnlrp lo U.'ins le (laits ic rouf;e U.ans le Prés bleu ronge. et le j.iune. vert. fie h. près Jo F 4' 34 r G, 29 r 10,55 r i3, 1 9 iS'oi 5,94 7,86 ■' " » » De ces tableaux comparés ensemble (il faut comparer le matin 24 «'^'^ec le soir 23 pour Saturne, et le matin 22 avec le 21 soir) on trouve pour le Soleil D-C = 2%65, et pour Saturne 0^-7=1% 93. » En supposant D identique à â, ce qui ne doit pas s'éloigner beau- coup de la vérité, on voit une différence de o'',72, qui excède toute erreur possible d'observation. La moyenne de plusieurs mesures entre 7 et C est o'',5i. Donc nous sommes autorisé à établir que cette raie 7 de Saturne ne coïncide avec aucune des bandes telluro-atmosphériques que nous connaissons. » Si l'on établit les différences entre les résultats obtenus pour le Soleil et pour Saturne relativement aux autres raies, on trouve une différence systé- matique de o'', 22 environ, laquelle, et cela est singulier, existe aussi pour Jupiter. Je ne sais pas encore à quoi attribuer cette différence, qui excède de beaucoup les erreurs probables. J'avais conjecturé qu'elle pourrait être due à la manière d'observer pendant la nuit; mais je doute fort de cette interprétation. Il faudra faire de nouvelles observations pour en trouver la raison qui sans doute ne réside pas dans l'instrument, comme je l'avais soupçonné d'abord. Mais en laissant même subsister cette incertitude, on trouve que les chiffres consignés ci-dessus pour les différences et les don- nées de l'observation immédiate sont trop évidents pour qu'on puisse attribuer à quelque erreur la diversité établie de la raie 7. )) Parmi les nombreuses étoiles colorées que j'ai examinées, j'en ai trouvé une assez remarquable, c'est l'étoile rouge placée après l'étoile de Struve n" 928 en ascension droite = 6^1']"' et en déclinaison + 38° 32'. Sa couleur est rouge violacé. Avec le spectromètré elle présente trois bandes lumi- neuses : une rouge, une jaune, une verte vivement tranchée, et qui sont sépa- rées par des divisions sombres. Le reste du spectre est à peine visible, et on le soupçonne plutôt qu'on ne le voit. Ce spectre ressemble, pour le dire en peu de mots, au spectre ordinaire, mais coupé au milieu. L'analogie de la couleur de l'étoile avec celle de la lumière électrique dans certains tubes de Geissler me conduisit à examiner au spectroscope un de ces tubes qui donnait ime couleur semblable. J'ai trouvé que son spectre présentait aussi des bandes rouge, jaune et verte, mais la partie bleue et violette était divisée C. R., i865, i«f Semestre. (T. LX, N" 23.) ' ^2 ( "70 ) en un grand nombre de bandes égales et étroites. Si on fait abstraction de ces bandes (qui pourraient bien être invisibles dans l'étoile), le spectre de l'étoile ressemblait beaucoup à celui du gaz du tube. Je ne sais pas ce que contenait le tube; mais seulement j'ai observé que le pôle négatif donnait le spectre bien net du carbone, et qu'une poussière noire se disséminait près des électrodes. » Ces phénomènes semblent favorables à l'opinion de ceux qui croient qu'une partie des bandes lumineuses et obscures des corps célestes n'esi pas un simple effet d'absorption, mais une radiation réelle comme dans les nébuleuses planétaires. » Les deux étoiles colorées v de Bootes m'ont présenté des spectres à peu près continus, mais dans lesquels la proportion des couleurs était différente, le rouge dominant dans la rouge et le bleu dans la bleue. Cela prouve que ces couleurs ne scyit pas un effet de contraste opticjue, comme plusieurs astronomes l'ont soupçonné. » GÉODÉSIE. — Sur une nouvelle lunette zénithale; par M. A. d'Ajbbadie. «c Employée jusqu'ici dans l'Astronomie seulement, et même d'une façon très-restreinte, la lunette zénithale est appelée à rendre de grands services dans la Géodésie. En effet, cette lunette donne directement, et delà manière la plus exacte, les différences de latitudes, c'est-à-dire les quantités à com- parer aux mesures que l'on obtient par des bases et des triangles établis sur la surface terrestre. n La lunette zénithale est affranchie de presque toutes les réductions uihérentes aux autres instruments, et surtout de la réfraction astronomique dont les incertitudes avouées ont tant de fois servi à voiler des erreurs de construction, d'observation, ou même de théorie. » Mais l'usage de la lunette zénithale ordinaire dans la Géodésie impose des conditions dispendieuses et pénibles à réaliser. Il faut alors ériger dans chaque station un mur très-solide et d'autant plus élevé qu'on veut accroître davantage la puissance de la lunette. Celle-ci est d'ailleurs sus- pendue d'une manière peu solide et, dans les premiers arrangements pro- posés, l'observateur doit se déplacer souvent le long du mur, ce qui est toujours incouiiiiode, et ce qui peut, faute d'attention, devenir même dan- gereux. 1) Frappé de ces inconvénients, M. Fayea imaginé de rendre cette iunelte horizontale, en la munissant d'un prisme fixé exiérieuremeni à l'objectif, et ( i'7' ) il a ainsi réalisé son but d'arriver à une très-grande stabilité, tout en per- mettant à lobservatenr de vérifier à son aise et d'une manière facile les constantes, très-peu nombreuses d'ailleurs, de ce nouvel instrument. Pour arriver à ces fins, M. Faye place au-dessus de la lunette principale une seconde lunette qu'on dirige d'abord vers le nadir, en faisant rédécliir ses fils sur la surface d'un bain de mercui-e. Puis on enlève ce miroir liquide et l'on amène l'axe optique de la lunette zénithale à coïncider avec celui de la lunette nadirale restée immobile. Ou éloigne enfin cette dernière avant de commencer une série d'observations. )) Nous nous sommes proposé de simplifier tout l'appareil en supprimant cette lunette nadirale. A cet effet on fixe au centre de l'hypoténuse du prisme principal un petit prisme qui permet de voir l'image des fils réflé- chis dans le bain de mercure et de mesurer, au moyen du fil mobile du micromètre, la distance des fils à leur image reçue ainsi du nadir. Cette vé- rification, si utile à ré|)éter dans une longue soirée où l'on observe les pas- sages successifs de plusieurs étoiles, pourra se faire ainsi à tout moment, et sans rien déranger. » Le nadir obtenu de cette façon peut ne pas être exactement sur le pro- longement du zénith qu'on aura préalablement établi dans le grand prisme au moyen de l'un des procédés déjà indiqués par divers auteurs. Mais la différence angulaire entre la direction du zénith ainsi trouvé et celle du nadir peut être mesurée à loisir par l'intermédiaire du micromètre : et cette différence, qui est l'une des constantes de l'instrument, doit varier fort peu. On pourra d'ailleurs la vérifier avant et après chaque série d'observations. Enfin on se servira d'une vis calante placée sous l'oculaire pour ajouter, avec son signe, cette différence au lieu du nadir lu sur la vis du micro- mètre. On pourra ainsi diriger exactement la lunette au zénith et observer, avec moins de peine qu'on n'en a eu jusqu'ici, les distances zénithales des étoiles qui viendront passer successivement dans le champ de la lunette. » Celle-ci sera posée horizontalement sur un massif dans le sens du méri- dien, et devra avoir, au moyen d'une sorte de vis tangente, un léger mou- vement autour de son axe, car, pour bien se diriger vers le zénith, la surface supérieure du grand prisme devra élre strictement horizontale. Pour s'en assurer par une observation faite perpendiculairement à l'axe de la lunette, on aura aussi deux moyens de contrôle. I/assemblage des prismes offrant deux surfaces parallèles par construction, on les rendra bien horizontales en les interposant entre un bain de mercure et une petite lunette déjà dirigée ( i'72 ) vers le nadir. Mais en campagne on aimera mieux employer, pour tout l'ensemble des observations, un micromètre de position qui permette de tourner d'un quart de cercle le fil mobile, et d'observer ainsi, dans les deux sens, les distances au zénith et au nadir des fils en croix fixés au foyer de la lunette. » Modifiée successivement par les conseils de MM. Radau et Praz- mowski, et construite en petit à titre d'essai, notre lunette zénithale a assez bien réussi pour qu'on espère l'employer avec succès dans les opérations les plus sérieuses de la Géodésie. » RAPPORTS. PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Rapport SUT un Mémoire de M. Rocrget sur le mouvement des membranes circulaires. (Commissaires, MiM. Pouillet, Duhamel, Serret, Bertrand rapporteur.) « Le Mémoire de M. Bourget est relatif à une question importante de physique mathématique qui déjà, à plusieurs reprises, a attiré l'attention des géomètres. Poisson et notre confrère M. Lamé ont déterminé les divers sons que peut rendre une membrane carrée ou triangulaire. Dans le IMémoire qu'il a soumis an jugement de l'Académie, M. Bourget s'occupe seulement des membranes circulaires uniformément tendues, mais il conserve à la question toute la généralité c[u'elle comporte, et ne suppose plus, comme Poisson l'avait fait en abordant le même problème, que les points situés à égale distance du centre soient à chaque instant animés d'un même mouve- ment. » L'équation différentielle qui représente un tel mouvement a été donnée depuis longtemps; M. Bourget s'applique à l'intégrer en satisfaisant aux conditions particulières que l'on nomme les coudilions aux liiniles et les con- ditions initiales, et qui consistent en ce que le déplacement et la vitesse de chaque molécide aient à l'origine du mouvement des valeurs données pour chaque point de la membrane et soient nuls à chaque instant pour les points situés sur le contour. » Suivant la méthode bien connue et souvent appliquée aux questions de ce gem-e, M. Bourget satisfait d'abord à l'équation aux dérivées par- tielles, en prenant pour le déplacement de l'un des points le produit de trois fonctions dont chacune contient l'une seulement des trois variables dont il dépend. Deux de ces fonctions ont une forme simple et s'obtiennent Ci.73) aisément ; la troisième dépend d'nne équation différentielle du second ordre, dont l'intégration sous forme finie ne semble pas possible. M. Bourget, imitant une savanle méthode due à Poisson, conniience par développer l'intégrale en série dont il exprime ensuite chaque terme, puis la somme elle-même par une intégrale définie. » Exprimant ensuite l'immobilité des points de la circonférence de la membrane, il en déduit une équation transcendante entre deux constantes que l'intégration laissait arbitraires, et dont l'une est un nombre entier pour chaque valeur duquel l'équation fournit pour l'autre constante un nombre infini de racines. Ce sont elles qui déterminent la hauteur des sons différents que la plaque est susceptible de rendre, et dont le nombre est, comme on voit, doublement infini. Chacun de ces sons, que M. Bourget nomme simples, correspond à un mode de division de la plaque dans lequel les ligues nodales sont des diamètres équidistants et des circonférences con- centriques dont l'analyse détermine les rayons avec une grande précision. Chacune des intégrales ainsi trouvées est relative à un état initial de forme particulière, et pour satisfaire à la dernière condition, qui suppose un mou- vement initial donné et quelconque, il faut ajouter un nombre infini de ces solutions simples en déterminant, comme les géomètres ont coutume de le faire dans les questions de ce genre, les coefficients numériques, arbitraires jusque-là, qui doivent multiplier chaque terme. Cette partie du problème, résolue par une méthode bien des fois employée, présentait cependant ici des difficultés particulières que M. Bourget a surmontées avec beaucoup d'habileté et de bonheur. L éliule de l'équation dont les racines servent à déterminer la loi des mouvements simples est faite également avec une grande élégance, et montre, avec un esprit d'invention qu'il faut signaler, la connaissance approfondie des théories mathématiques les plus élevées. Les résultats très-précis obtenus par IM. Bourget sont susceptibles d'être vérifiés expérimentalement, et d'un grand intérêt, par conséquent, pour la théorie de l'élasticité. Les sons calculés, et que l'auteur classe d'après le nombre de diamètres nodaux, sont au nombre de 4o; il détermine pour chacun deux, avec une grande précision, la hauteiu" théorique du son et les rayons des cercles nodaux. » Des expériences faites avec beaucoup d'habileté et de conscience con- firment une partie seulement des résultais obtenus par le calcul. Nous devons louer l'habile et savant auteur d'avoir signalé avec grand soin les dif- férences régulières et constantes qu'il a observées. Les lignes nodales qu'il obtient sont, comme le veut la théorie, des combinaisons de cercles et de ( >i74 ) diamètres, qui cependant ne sont nettement dessinés par le sable qui les trace que dans le cas où leur nombre ne surpasse pas 2. Les diamètres fies cercles sont ceux que donne la théorie, elles différences très-petites sont de l'ordre des erreurs d'observation. C'est sur la hauteur des sons que le désaccord se manifeste, et les perturbations, trop considérables pour être accidentelles, rendent tous les sons observés plus graves que ceux qu ni- dique le calcid. ) M. Bourget donne loyalement les chiffres observés sans y joindre aucun commentaire; mais les conditions dans lesquelles on opère sont évi- demment trop différentes des suppositions théoriques pour que ce désaccord régulier puisse être considéré comme un argument contre la théorie de l'é- lasticité. L'immobilité absolue de la circonférence qui limite la membrane n'est pas, en effet, et ne peut pas être rigoureusement obtenue, et là sans doute est la cause de l'abaissement de tous les sons. » En résumé, le Mémoire de M. Bourget donne la solution élégante et complète d'un problèn)e difficile et impoitant; il doit intéresser à la fois et au même degré les physiciens et les géomètres, et nous proposons à lAca- démie d'en ordonner l'insertion dans le Recueil des Savants étrangers. » Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. MÉMOIRES PRÉSENTÉS. PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Sur In propagation cl la polarisation de la lumière dans les cristaux. Mémoire de M. E. Sarrau, présenté par M. Lamé. (Extrait par l'auteur. ) (Commissaires, MM. Bertrand, Serret, Fizeau.) « Ce Mémoire a pour objet l'étude analytique de la propagation et de la polarisation de la lumière dans les cristaux. La théorie de ces phénomènes constitue un des problèmes les plus importants de la physique mathéma- tique. Aussi en est-il peu qui, dans ces derniers temps, aient plus occupé les physiciens et les géomètres. )) L'illustre Fresnel a pénétré le premier les lois deces phénomènes par ses découvertes à jamais mémorables sur la double réfraction. ISLiis, auivre d'un génie intuitif, sa théorie n'offre pas cette rigueur absolue à laquelle sont habitués les géomètres. » Cependant, le but à atteindre étant ainsi martpu», des géomètres émi- ("75) nents se sont efforcés de créer une théorie rationnelle de la lumière. Au premier rang se place Gauchy. Si les brillantes découvertes dont ce grand géomètre a enrichi la physique mathématique n'ont pas conduit à son but définitif la théorie de la double réfraction, elles en ont du moins révélé les vrais principes. Elles ont donné aux hypothèses sur lesquelles repose la théorie physique des ondes l'importance qu'elles ne pouvaient acquérir qu'après avoir été soumises au rigoureux contrôle des méthodes analytiques. Elles n'ont laissé enfin aux investigations ultérieures que ce champ plus mo- deste où il convient de faire descendre les conceptions les plus générales de la philosophie naturelle pour les comparer scrupuleusement à l'expérience, éloigner avec soin toute circonstance étrangère à la réalité et, par cet examen comparatif des hypothèses et des faits, fixer enfin la certitude. » Notre travail est divisé en six chapitres. » Dans le premier, nous établissons les équations générales qui régissent les vibrations de l'éthcr renfermé dans un cristal indéfini. Suivant les miné- ralogistes, les centres de gravité des molécules des corps cristallisés forment un as5em6/«5re régulier de points situés sur les sommets de cellules parallé- lipipédiques égales déterminées par trois systèmes de plans parallèles et équi- distanls. Toutes les molécules du cristal sont, en outre, identiquement orien- tées. L'éther est répandu dans les cellules de l'assemblage, et sa constitution, variable dans l'étendue d'une même cellule, est la même aux points corres- pondants de plusieurs cellules différentes : elle est donc périodiqice. » Suivant la marche inaugurée par Gauchy, nous admettons comme prin- cipe fondamental cette périodicité de la constitution de l'éther. Les équa- tions des mouvements vibratoires sont, dans ce cas, aux dérivées partielles, linéaires et à coefficients périodiques. Leur intégration se ramène à celle d'un système d'équations, dites auxiliaires, aux dérivées partielles, linéaires et à coefficients constants. » Dans le second chapitre, nous introduisons une hypothèse particulière sur la constitution de l'éther et examinons les conséquences qui en dérivent pour les équations de ses mouvements vibratoires. L'hypothèse admise revient à supposer que, dans les cristaux, l'éther est périodiquement iso- trope. » Le chapitre III est consacré à la réduction des équations auxiliaires d'après la symétrie cristalline. Nous prenons comme point de départ les belles études cristallographiques de Bravais. Suivant sa théorie, un cristal est caractérisé par le nombre et la disposition des éléments de symétrie com- miins au polyèdre moléculaire et à l'assemblage. Ces éléments déterminent la forme cristalline et se déduisent, inversement, de la forme cristalline ob- servée. » Appliquant ces principes à la tbéorie des phénomènes lumineux, nous admettons que tout élément de symétrie commun à la molécule et à l'assem- blage est lui élément de symétrie des atomes de l'élher. L'expression analy- tique de ce fait assigne aux équations auxil.iaires une forme spéciale, va- riable non-seulement avec le système cristallin, mais encore avec les divers cas de mériédrie (hémiédrie ou tétartoédrie) que peut offrir chaque système. » Le chapitre IV donne une théorie de la dispersion et de l'absorption de la lumière, qui s'accorde avec celte idée, considérée comme probable par quelques physiciens, que ces deux phénomènes ont une commune ori- gine. L'explication admise semble indiquer que, dans les cristaux, les inter- valles moléculaires ne sont pas très-petits par rapport aux longueurs d'on- dulation. » Dans le chapitre V nous appliquons les équations du chapitre III à l'étude des ondes planes que peut propager l'éther renfermé dans un cristal . Négligeant d'abord la dispersion, nous trouvons les résultats suivants spé- cialement applicables aux cristaux lioloédriques des systèmes pyramidal, rhomboédrique et prismatique : ). 1° Toute onde plane lumineuse est polarisée rectilignement. La vibration est comprise dans le plan déterminé par la normale à l'onde et le rayon lumineux. Elle est de plus perpendiculaire au rayon. » 2° L'équation qui détermine la vitesse de propagation d'une onde plane coïncide avec celle qui a été donnée par Fresnel. » Eu considérant les termes dont dépend. la dispersion, nous obtenons diverses conséquences, toutes solidaires de la symétrie cristalline : » i^Les cristaux hémisymétriques (dans lesquels des plans de symétrie de l'assemblage font défaut dans la molécule) des systèmes pyramidal et rhomboédrique jouissent du pouvoir rotatoire dans le sens de l'axe; ce qui concorde avec cette observation de Bravais, que « tous les cristaux connus » jusqu'à ce jour comme doués du pouvoir rotatoire optique appar- » tiennent à la catégorie des cristaux hémisymétriques. » » 1° Les mêmes cristaux polarisent elliptiquement les rayons inclinés sur l'axe. Les lois de ce phénomène données par notre théorie sont d'accord avec les expériences de M. Jamin. ( "77 ) » 3° Les cristaux hémisymétriqucs citi système cubique sont cloués i\u jîouvoir rotatoire clans toutes les direclions. Ces résultats sont d'accord avec les faits observés par M. Marbach sur le chlorate de soude. >' 4° I-ies cristaux dichosymétriques (dans lesquels des axes de symétrie de l'assemblage font défaut dans la molécide) des svstémes pyramidal et rliomboédrique absorbent généralement la lumière, spécialement dans le sens de l'axe. La polarisation est rectiligne ou très-faiblement elliptique. Dans le cas de la symétrie ternaire (comprise dans le système rliomboé- drique), le rayon ordinaire subit une absorption plus énergique que l'extra- ordinaire, dans toute direction autre que l'axe. On reconnaît ici une pro- priété caractéristique de la tourmaline qui appartient effectivement, d'après Bravais, à la catégorie des cristaux dichosymétriques du système ternaire. )) Dans le dernier chapitre nous exposons brièvement les bases et les conséquences de notre théorie, eu indiquant les faits d'expérience qui sont de nature à en confirmer la réalité. Le nouveau mode de polarisation qu'elle attribue à la lumière propagée par les milieux hoioédriqiies apporte une modification importante aux résultais de la théorie de Fresnel. Cette modification suffit, comme M. Billet en fait la remarque dans son Traité d'Optique., pour faire concorder avec les faits les lois tbéoriques de la ré- flexion de la lumière sur les cristaux, sans qu'il soit nécessaire d'aban- donner sur aucun autre point les idées de Fresnel. » Nous ajouterons, en terminant, que nous obtenons dans ce Mémoire les équations qui régissent les phénomènes optiques des cristaux mérié- driques du système prismatique. Il sera intéressant de rechercher les lois qui s'en déduisent pour les comparer aux faits d'expérience auxquels donnent lieu certains cristaux tels que le formiate de strontiane, l'aspara- gine, le glucosate de sel marin, etc., qui remplissent, suivant Bravais, les conditions de symétrie dont il s'agit. Mais en se limitant aux faits déjà étu- diés, notre théorie nous semble présenter avec l'observation un accord assez satisfaisant pour cpie les principes qui lui servent de base paraissent dignes de l'attention des physiciens. Nous avons sign;dé déjà les relations qu'elle établit, avec le concours des nouvelles théories cristallographiques, entre les phénomènes optiques des corps et leur forme cristalline. Les con- séquences qui en dérivent nous seiidjlent particulièrement imjiortantes, parce que leur vérification expérimentale doit être considérée conune une vérification, non-seulement de la théorie des ondes, mais encore des con- ceptions sur lesquelles repose, dans l'état actuel de la science, l'explication des phénomènes et des lois cristallographiques. » C. R., iS65, 1 = 1- Semestre. (T. LX, N» 23.) '53 ("78) GÉOMÉTRIE. — Sur une suiface réglée du huitième ordre qui possède quatre lignes doubles du second ordre. Mémoire de M. de la Gouknerie, présenté par M. Chasles. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Chasles, Bertrand.) « Plusieurs géomètres, et principalement MM. Ponceiel et Chasles, ont fait connaître de nombreuses propriétés de la développable circonscrite à deux surfaces du second ordre. J'ai trouvé une surface dont cette dévelop- pà^ble est une variété. Génération de la surface. — Coniques doubles. — Ligne noda/e. » 1 . Considérons dans l'espace deux coniques quelconques, A, A' ; appe- lons E et F les points qui sont conjugués par rapport à l'une et à l'autre sur la droite D suivant laquelle se coupent leurs pians; formons sur cette droite deux divisions homographiques sous la seule condition que les points E et F en soient les points doubles; déterminons les pôles A et B de la droite D par rapport à A et à A'; concevons des faisceaux ayant pour centres les points A et B et dont les rayons passent respectivement par les points des deux divisions homographiques de D; joignons enGn par des droites les points de rencontre des rayons du faisceau A avec A, aux points où les rayons homologues du faisceau B coupent A' : le lieu de ces droites est une surface du huitième ordre, sur laquelle les deux coniques A et A' sont dou- bles, et qui possède deux autres coniques doubles A", A'" sur les plans ABE, ABF. n Je désignerai par la lettre 1 la surface obtenue par le mode de géné- ration qui vient d'être indiqué. u 2. Il y a un parallélisme complet entre les propriétés des quatre co- niques A, A' A", A". Ainsi, les sommets de l'une quelconque des faces du tétraèdre ABEF sont trois points conjugués par rapport à la conique située sur cette face. » 5. Deux quelconques des quatre coniques peuvent être prises pour directrices, pourvu que l'on forme deux divisions homographiques conve- nables sur l'arête du tétraèdre ABEF commune à leurs plans. Il existe ainsi sur chaque arête deux divisions homographiques qui peuvent servir à la gé- nération de la surface. Ces six couples de divisions ont entre eux des rela- tions très-sim|)les. » Deux divisions homographiques sur une même droite sont déterminées ( II79 ) quand on connaît d'abord les points doubles, ensuite le rapport anharmo- niquedeces points et de deux points homologues quelconques. Pour chaque arête, les points doubles des divisions sont deux sommets du tétraèdre. Les rapports anharmoniques pour trois arêtes passant par un sommet ont entre eux les mêmes relations que les trois rapports anharmoniques de quatre points en ligne droite. Les rapports pour deux arêtes opposées sont égaux. » 4. T.,es six points où trois coniques rencontrent le plan de la quatrième, appartiennent trois à trois à quatre lignes droites qui sont des génératrices de la surface. » 5. Les divisions homograpliiques faites sur la droite D présentent une indétermination. Si nous les faisons varier en conservant les directrices A et A', les coniques A" et A'" se modifient en restant sur les plans ABE, ABF. Les surfaces 1 que l'on obtient ainsi ont deux à deux les mêmes coniques A" et A"; comme d'ailleurs les directrices A et A' sont communes à toutes, on voit qu'il existe pour chacune d'elles une surface compagne ayant les quatre mêmes coniques doubles. » 6. Quand deux rayons homologues des faisceaux sont les polaires d'un même point de la droite D par rapport aux coniques A et A', la sur- face 2 devient développable et se confond avec la surface compagne. » 7. L'ensemble de deux surfaces compagnes forme le lieu de toutes les droites qui rencontrent trois quelconques des coniques A, A', A", A'", » La surface réglée déterminée par trois coniques directrices quelconques A, A', A" est du seizième ordre. Pour qu'elle se décompose en deux surfaces du huitième ordie, il faut : i° que les polaires, par rapport à ces courbes, du point E où se coupent leurs plans soient dans un même plan ABF; a" que les points A et B, B et F, F et A soient respectivement conjugués par rapport à A", A' et A; 3" que les six points où les coniques rencontrent le plan ABF soient trois à trois sur quatre lignes droites. » Les deux surfaces du huitième ordre danslesquelles une surface réglée du seizième ordre déterminée par trois coniques directrices A, A', A" peut se décomposer, ont une quatrième conique commune A'", située dans le plan qui contient les polaires par rapport à A, A' et A" du point d'intersec- tion de leurs plans. » 8. La ligne nodale de la surface 1 (déduction faite des quatre coniques qui sont doubles) est une courbe gauche du douzième ordre, ayant quatre points doubles ou isolés sur chaque conique. Quand ces points sont réels et doubles pour une surface, ils sont réels et isolés pour la surface compa- i53.. ( ii8o ) giie. Lorsque la surface 2 tlevient développahle, la ligne uodale se Irans- torme en tnie arèle de rebroussement, et ses i)oiiits douilles on isolés on points de rebroussement. » i). Les quatre points doubles que la ligne nodale possède sur une co- nique A sont les sommets d'un quadrilatère qui a les points de concours de ses côtés opposés, et le point d'intersection de ses diagonales aux som- mets A, E, F de la face du tétraèdre sur laquelle se trouve la conique A. » 10. Les cônes qui ont la ligne nodale pour directrice, et dont les sommets se trouvent aux points A, B, E, F, sont du sixième ordre. S)stènifi de surfaces du second ordre et de su/fuces ï. » 11. Ou peut tracer sur une surface 2 et par cliacun de ses points une courbe gauche du cpiatrième ordre (première espèce) : les sommets des quatre cônes du second ordre sur lesquels elle se trouve sont aux points A, B, E, F. » 12. Les courbes du c[uatrième ordre divisent homograpliiquemont les génératrices; elles apparliennent deux à deux à des surfaces du second ordre dont l'intersection complète avec la surface 2 comprend huit droites, et qui sont toutes inscrites dans une même développable. » 15. Les huit génératrices de la siu'face 2 qui sont sur une suiface du second ordre se rencontrent deux à deux sur les coniques doubles. Les quatre points qu'elles déterminent sur une de ces courbes, telle que A, ont avec les points A, E, F les mêmes relations que les points doubles de la ligne nodale (n" 9). » 14. Lorsque des surfaces du second ordre sont tangentes à huit mêmes plans, il existe une infinité de surfaces 2 qui coupent chacune d'elles sui- vant huit droites et deux courbes du cpialrième ordre. L'une de ces surfaces est développable; les deux courbes du quatrième ordre suivant lesquelles elle coupe une quelconque des siufaces du second ordre sont confondues en une ligne de contact. » Les coniques doubles de toutes les surfaces 2 sont sur quatre plans fixes. » 15. Les combes du quatrième ordre, intersections des surfaces 2 avec une des surfaces du second ordre, ont pour envelojipe les huit droites sui- vant lesquelles cette surface est coupée par la développable qui fait partie du système. Il L'enveloppe des coniques doid^les des surfaces 2 sur un des quatre plans fixes se compose de quatre génératrices de la développable. La co- ( ii8, ) nique que la développable possède sur ce plan est l'enveloppe des généra- trices des surfaces 1 qui s'y trouvent. " La développable est l'enveloppe commune des surfaces 1 et des surfaces du second ordre du système. Décomposition de la sur/tice ï en deux surfaces du rjuatriènie ordre, » 16. Quand les points M, Net M', IS', où les coniques A et A' rencon- trent la droite D,sonthomologues dans les divisions honiograpliiquesforinées sur cotte ligne {n° 1 ), les coniques A" et A" se décomposent chacune en deux droites, et la surface du huitième ordre en deux surfaces du quatrième ordre auxquelles ces droites appartiennent respectivement connue directrices rec- tilignes doubles. » 17. La ligne D est une génératrice double pour chacune des deux sur- faces du quatrième ordre. Tout plan qui la contient coupe leur système suivant deux coniques. » 18. Les deux surfaces du quatrième ordre sont coupées suivant quatre coniques et huit génératrices par une infinité de surfaces du second ordre inscrites dans deux cônes du même ordre dont les sommets sont les points qui divisent harmoniqucment les segments MM' et NN'. » 19. Une infinité de surfaces gauches du quatrième ordre, de même dé- finition que les premières, sont inscrites dans ces cônes. Chacune d elles est coupée par les surfaces du second ordre suivant deux coniques et quatre droites. » 20. L'intersection des deux cônes se compose de deux coniques, respec- tivement situées sur les plans ABE et ABF. Chacune de ces courbes est le lieu des extrémités des segments utiles des directrices reclilignes qui sont sur son plan (n° 16). ') 2i. Les cônes ont deux points de contact situés sur la droite AB. Toutes les surfaces du second ordre du système leur sont tangentes en ces points. » Je n'ai inséré dans ce résumé que les théorèmes les plus importants, et je supprime ce qui concerne les variétés de la surface. » HYDRAULIQUE. — Sur la théorie des roues hydrauliques : théorie des roues à aubes planes. Note de M. de Pambour. (Commissaires, MAL Poncelet, Morin, Combes, Delaunay.) « C'est vers i665 que Newton entreprit, le premier, de soumettre au calcul les effets des roues hvdrauliques, et c'est en 17GG que Borda donna ( ir82 ) les formules qui sont encore en usage. Depuis ce temps, on s'est surtout occupé d'expériences, et la science est principalement redevable, à cet égard, à deux illustres Membres de cette Académie, M. le Général Poncelet pour la roue qui porte son nom et pour ses beaux travaux sur l'écoulemetit de leau, et M. le Général INIorin pour ses recherches fondamentales sur le froltcmout et pour une série considérable d'expériences sur les roues hy- drauliques. Le temps n'a donc pas été stérile, mais la théorie est restée stationnaire. Il nous a semblé qu'après cent années d'intervalle, et en s'ap- puyant sur les importants travaux qu'on vient de citer, la théorie devait essayer de fiire quelques pas. Ce sont donc des recherches sur ce sujet que nous venons soumettre au jugement de l'Académie. » Nous emploierons dans ces études les mêmes principeset le même mode d'analyse qui nous ont servi dans le Traité des machines locomotives et dans la Théorie des machines à vapeur^ et qui, présentés à l'Académie dans une série de Notes on Mémoires, ont obtenu son approbation. » La Note que nous adressons aujourd'hui a pour objet la théorie des roues à aubes planes, frappées en dessous, dans un coursier rectiligne. Dans ces roues, c'est le choc de l'eau qui produit le mouvement. Au com- mencement du travail, la roue prend une vitesse très-faible; puis cette vitesse s'accroît par degrés insensibles, jusqu'au moment où la roue ne peut en acquérir une plus grande, eu égard à la masse d'eau qui la sollicite. Alors le mouvement acquis se conserve à l'état d'uniformité, et par consé- quent il y a équilibre entre la puissance et^a résistance. Nous allons donc exprimer ces deux forces. )i Si l'on nomme V la vitesse avec laquelle l'eau motrice arrive à la roue, et V la vitesse de cette roue elle-même, mesurée à sa circonférence exté- rieure, on a reconnu que la veine liquide ne pouvait agir sur la roue qu'en vertu de la différence entre les deux vitesses V et v. De plus, si P représente le poids de l'eau motrice fournie par unité de temps et g la gravité, on sait encore que l'intensité du choc ou la force constante qui le représente a pour expression -ÇV-v). g Ce sera par conséquent l'expression de la puissance; mais il convient de la développer. )) 1° Pour rendre toutes les forces comparables entre elles, on a coutume de les rapporter toutes à la circonférence extérieure de la roue. Cependant, ( ii83 ) en ce qui concerne la pression de l'eau motrice, on suppose simplement que le fait existe, quoique cette supposition soit une erreur. En effet, le centre d'action de l'eau sur les aubes n'est pas à la circonférence extérieure de la roue, mais au centre de la portion immergée de l'aube. Ainsi, en exprimant par p le rayon de la roue, et par p' le rayon mesuré seulement jusqu'au centre de la portion immergée, on voit que la force représentant l'intensilé du cboc, transférée du rayon p' au rayon p, deviendra ^'.?(V-.). Et l'on remarquera que le rayon p' n'est pas une quantité constante, mais au contraire une qunntité variable selon la cliarge ou la vitesse de la roue. » a° Nous avons vu que l'action exercée par le choc résulte de la masse d'eau employée à le produire. Mais cela ne peut s'entendre que de la partie effective de cette masse. Or, dans la construction de ces roues, il y a toujours, entre les aubes et le fond ou les parois du coursier, un intervalle libre par lequel ime certaine quantité d'eau s'échappe sans agir sur les aubes. En appelant a la surface immergée de l'aube, w l'aire du passage libre autour de celte surface, et par conséquent a + w étant l'aire totale par laquelle s'ef- fectue l'écoulement, on voit que la portion effective de l'eau sera à leau totale dans le rapport des passages a et a + w. C'est-à-dire qu'en se repor- tant à l'expression précédente, la puissance qui produit le choc sera défini- tivement p' « P p a a [Y-v). Il est à noter que le rapport sera variable, comme le rapport -• » Pour développer maintenant l'expression de la résistance, il faut obser- ver que cette force se compose de toutes les résistances, pertes ou forces diverses qui s'opposent à l'action de la puissance. Elle doit donc comprendre les éléments suivants : i" la résistance opposée par la charge ou par le travail imposé à la roue, et nous représenterons cette force par un poids /appliqué à la circonférence extérieure; a" la résistance de l'air contre la surface des aubes en mouvement, résistance qu'on sait être proportionTielle à la surface choquée et au carré de la vitesse, et que, pour ce motif, et considérant de plus qu'elle doit être rapportée à la circonférence extérieure de la roue, nous exprimerons par ns i— \ V" . ( >i84 ) Dans cette expression que, pour plus de simplicité, nous reni|)]acerons par le terme 2f% la lettre i> exprime la vitesse de la roue, s l.i suriace totale exposée au choc de l'air, p" la distance du centre de l'aube à l'axe de la roue, et n une quantité constante. 'S° Le frottement île la roue non chargée, que nous représenterons par /en le rapportant encore à la circonférence extérieure. 4" Le frottement additionnel causé sur le tourillon par l'addition d'une charge sur la roue, ou par l'action d'une résistance quelconque contre sou mouvement; et comme ce frottement est proportionnel à la charge qui le produit, nous le supposerons rapporté à la circonférence de la roue et représenté par/'. I' Enfin, outre ces quatre résistances, il y a encore une perte d'effet qui se produit dans ces roues par la surélévation de l'eau dans le coursier au moment de traverser les aubes. Cette surélévation se reconnaît en ce que l'eau ayant d'abord une vitesse V dans le coursier d'arrivée, traverse ensuite la roue avec une vitesse moindre i\ et par conséquent avec une suréléva- tion proportionnée. Elle tient à la nature même de la roue qui, par cela seul qu'elle suppose un choc, nécessite une différence de vitesse entre l'eau affluente et l'eau qui exerce son action. Si l'on appelle e' la hauteur de l'eau dans le coursier d'arrivée, et £ la hauteur de l'eau pendant son passage dans les aubes, il s'ensuivra que le centre de gravité de la masse d'eau aura été élevé de la quantité s — e' 2 Et comme cet effet a lieu sur la totalité de la niasse, mais ne produit de perte réelle que sur l'eau effective, en faisant, pour simplifier. = a, a perte qui en résulte sera - pp'T'- Et |)ar conséquent la force qui représente la production de cet effet à la vitesse c sera . i £ I U.V » En reprenant donc, d'une part les éléments de la résistance, et d autre part ceux de la puissance, et égalant ces deux sommes, on aura pour ( ii85 ) léquation des forces dans les roues à aubes En tirant de cette équation la valeur de r et la multipliant par la vitesse c, on obtiendra pour Vcffél utile de la roue (2) E. u. =rt'= — ^,--(V- flv ^—,V'-^^-fv-li>\ Et de même, son effet total ou Inul, c'est-à-dire sans en retrancher le travail absorbé parle frottement et la résistance de l'air, sera (3) E.t. = (r+/4-2.= )P = -^,.^,(V-.)"-7T^PV- » Dans un prochain Mémoire, on donnera le moyen de calculer numé- riquement ces formules. » GÉOLOGIE. — S iir [ éruption de l'Etna du 3 1 janvier i865. Troisième Lettre de M. Foi'QUÉàM. Ch. Sainte-Claire DevUle. (Extrait.) (Commissaires précédemment nommés : MM. Élie de Beaumont, Boussingault, Ch. Sainte-Claire Deville, Daubrée.) 1; Messine, 2g mai i865. )) Dans ma précédente Lettre, je vous ai décrit longuement les change- ments survenus dans les phénomènes physiques de l'érnption, depuis le 6 mars jusqu'au 21 mai. Je veux aujourd'hui vous entretenir des modifica- tions qui se sont produites, pendant le même temps, dans les phénomènes chimiques, ainsi que des observations qu'elles m'ont suggérées. » Les fumerolles forment quatre variétés principales, savoir : » 1" Les fumerolles sèches; 2° les fumerolles acides; 3° les fumerolles alcalines; 4° les fumerolles à vapeur d'eau, avec ou sans accompagneîuent de gaz carbures. » J'ai rappelé, dans ma première Lettre, les caractères distiiictifs de ces quatre variétés; ils sont aussi nets et aussi tranchés que possible, et, le plus souvent, un simple coup d'œiljeté sur une fumerolle permet de déterminer immédiatement la catégorie à laquelle elle appartient. Je regarde donc cette classification comme une des plus légitimes de toutes celles qui ont été éta- blies en Histoire naturelle. C. R., i8G5, l^r Semestre . (T. LX, N» 23.) I 54 ( I I 86 ) » Cependant, les phénomènes naturels ont un caractère de continuité dont les classifications les mieux ordonnées ne peuvent tenir aucun compte. C'est pourquoi, en étudiant les quatre variétés éniunérées plus haut, on se trouve conduit par l'observation des faits à voir les liens qui les unissent. » J'aurai donc, non-seulement à vous signaler les modifications qu'elles ont éprouvées dans leur siège et dans leur degré de fréquence depuis le commencement de l'éruption, mais encore la manière dont le passage se fait d'une catégorie de fumerolles à la catégorie suivante. « 1° Fumerolles sèches. — Elles manquent complètement aujourd'hui dans la région des cratères. Le plus actif de tous, le cratère n° i^ est déjà arrivé à la seconde période, et n'est plus qu'une fumerolle acide. Mais, au début de l'éruption, pendant le mois de février^ il n'en était pas ainsi. Ceux des cratères qui présentaient le maximum d'action étaient encore à la pé- riode sèche, r.e cratère n° i , par exemple, donnait des fumées claires, transparentes, n'exhalant aucune odeur acide. Les parois étaient dépour- vues de ce riche dépôt de chlorure de fer et de chlorhydrate d'ammoniaque qui les couvre actuellement, et la lave fondue, qu'il projetait en abon- dance à des dislances énormes,, témoignait de la haute température qui régnait dans son intérieur. La réunion de tous ces faits divers nous montre donc qu'à cette époque il offrait Ions les caractères des fumerolles sèches. » Un autre fait bien curieux vient encore corroborer cette opinion; les pierres qu'il projetait de tous côtés, au lieu de rougir le papier de tournesol humide, présentaient au contraire une réaction alcaline très-marquée, due à l'action d'un dé|:)ôt blanc luiiforme^ qui recouvrait la surface de chacune d'elles. Or, le même dépôt blanc se retrouve exactement, avec tous ses ca- ractères, à la surface des blocs de lave, aussitôt après la solidification des coulées, au moment où elles sont encore exclusivement le siège de fumerolles sèches. Si donc on le regarde, dans ce second cas, comme le produit de pareilles fumerolles, on doit aussi, dans le premier^ lui attribuer la même origine. » L'auteur dotuie ici quelques détails intéressants sur celte substance blanche, dans laquelle l'analyse qualitative fait reconnaître la présence du chlorure de sodium, du sulfate, du carbonate de soude et des sels de potasse correspondants, et qui doit son alcalinité principalement au carbonate de soude qu'il contient. » Je dois ajouter que la présence du carbonate de soude à la surface de la lave actuelle n'est pas un fait exceptionnel. Dans les fissures de la lave ( "87 ) de tG6g, celle lave si importanle, qui partie de Nicolosi engloutit la ville de Calane, on en trouve également; et même un peu au sud de Catane, sur le bord delà mer, j'ai appris de mon ami, M. Sylvestri, que ce carbonate de soude était exploité industriellement. » Le cratère n" i n'est pas le seul qui ait fourni des projections recou- vertes de la couche blanclie alcaline. Tous les cratères sans exception en ont produit de semblables, même les cratères n° 6 et n° 7, qui sont éteints depuis longtemps. » Quanta la lave, elle fournit encore, en beaucoup de points, aux en- virons du monte Cavacci, des fumerolles sèches entièrement conformes à la description que vous en avez donnée, et autour desquelles on trouve le dépôt volatil dont je viens de parler. » A côté de ces fumerolles, il s'en produit actuellement d'autres très- nombreuses, qui forment le passage entre les fumerolles sèches et les fume- rolles acides. Elles offrent, en effet, des caractères intermédiaires. Elles sont acides, et quelquefois même très-fortement telles; elles fournissent de la vapeur d'eau, en quantité variable, mais souvent d'une façon très-notable. Sous ces deux points de vue, elles se rapprochent donc des fumerolles acides, mais elles s'en éloignent par leur température plus élevée, qui est toujours celle du rouge, et enfin par leur dépôt, constitué presque entière- ment de chlorure de sodium. » Les s.els de cuivre, qui se trouvent en très-petite quantité mêlés au chlorure de sodium des fumerolles sèches, se rencontrent ici en proportion beaucoup plus forte. Ils sont même, quelquefois, en quantité telle, qu'ils masquent le chlorure de sodium. » 2" Fumerolles acides. — Ce sont actuellement les plus communes. On n'en rencontre plus d'autres aux cratères, et elles continuent d'être abon- dantes sur la lave. Leurs principaux produits sont toujours l'acide chlorhy- drique, le chlorure de fer, et surtout le chlorhydrate d'ammoniaque. » L'acide sulfureux et le soufre s'y rencontrent également, mais en quan- tité très-faible comparativement. Ces deux produits sont d'une rareté extrême dans les fumerolles de la lave. Dans la région des cratères, ils sont beaucoup plus abondants. » L'acide sulfhydrique s'observe bien rarement dans les fumerolles acides. Jamais je ne l'ai rencontré dans celles de la lave, et je ne l'ai trouvé qu'une seule fois dans celles des cratères, au sommet du cône qui porte les cratères n" 6 et n° 7. » 3° Fumerolles alcalines. — Elles se trouvent exclusivement sur la lave. i54.. ( ii88 ) le n'en ai jamais rencontré snr les cratères. Elles sont extrêmement nom- l)renses. On les compte |)ar centaines, surfout à la partie inférieure de la lave, entre le monte Stornello et la Serra délia Boffa. Cependant, de même que les fumerolles acides, elles semblent moins abondantes qu'au commen- cement de l'éruption. On en voit un grand nombre d'éteintes. » Ordinairement elles sont arrondies, tandis que les fumerolles acides sont allongées, linéaires. Elles ne contiennent jamais de chlorure de fer en quantité un peu notable. Leur sel le plus abondant est le chlorhydrate d'ammoniaque, mais le plus caractéristique est le carbonate de la même base. Les fumées blanches qui s'en dégagent en abondance sont forte- ment alcalines; cependant, le dépôt solide qui se forme autour des orifices de la fumerolle est entièrement composé de beaucoup de chlorhydrate et d'une trace de sulfate d'ammoniaque : le carbonate, étant très-volatil, ne se dépose pas. Il en résulte que le dépôt qui se forme ainsi ne bleuit plus le tom-nesoi, quand on vient à le dissoudre. » Le chlorhydrate d'ammoniaque pur offre cette même particularité de donner, d'une part, nu liquide neutre quand on le dissout, et, d'autre part, des fumées alcalines quand il est volatUisé, même à une bas.se température, à cause de sa facilité de dissociation. On pourrait donc croire que l'alcali- nité des fumées est due exclusivement aux vapeurs de ce sel; mais ces fu- mées condensées donnent un liquide alcalin, précipitant l'eau de chaux, offrant en un mot tous les caractères d'une dissolution de carbonate d'am- moniaque. L'existence de ce sel est donc incontestable. » Outre les sels ammoniacaux, on rencontre encore dans les fumerolles alcalines du soufre et de l'acide sulfhydrique, rarement de l'acide sulfureux, et alors ce dernier provient évidemment de la combustion des deux autres corps. Le soufre parait aussi lui-même venir de la décomposition de l'acide sulfhydrique au contact de l'air, car on ne le trouve qu'au point où les va- peurs arrivent à l'extérieur. u 4° Fumerolles à vapeur d'eau. — Elles sont assez nombreuses sur les cratères dans les portions qui sont près de s'éteindre, dans la fissure et sur les bords de la lave. Contre mon attente, je n'y ai jamais trouvé ni acide sulfhydrique, ni acide carbonique. 1) Pour terminer, il me reste à ajouter quelques mots de généralités sur le siège des fumerolles et sur la manière dont elles se succèdent. » Celles des trois dernières catégories, quand elles appartiennent à la lave, sont toujours situées sur les moraines latérales des coulées, et plus souvent siu- la face externe que sur la face interne. Jamais on ne les ren- ( m89) contre sur les courants principaux. Il en est tle même de ces fumerolles à sels de cuivre, que j'ai regardées comme intermédiaires entre les fumerolles sèches et les fumerolles acides. » Les véritables fumerolles sèches sont an contraire situées sur les cou- rants principaux. » Sur toute l'étendue du vaste champ occupé par la lave de l'éruption actuelle, je n'ai pas trouvé une seule exception à cette règle. » Maintenant, entre toutes ces fumerolles il n'existe aucun rapport néces- saire de génération. Elles se succèdent souvent sans procéder l'une de l'autre. Ainsi une fiuncrolle sèche ne devient pas nécessairement acide, puis alcaline, pour se transformer enfin en fumerolle à vapeur d'eau pure. )) Dans quelques jours j'aurni l'honneur de vous adresser le résultat de mes observations sur le cratère central de l'Etna, sur les cratères de 1862, placés d'une façon si remarquable au milieu du val del Bove, et enfin sur les évents volcaniques des îles Éoliennes. Cette nouvelle Lettre sera le com- plément naturel de celle que je vous écris aujourd'hui. » Remarques de M. Cu. Sainte-Claire Deville à roccasion de cette Lettre. A la suite de cette communication, M. Ch. Sainte-Claire Deville présente la remarque suivante : « De tous les faits énoncés dans sa Lettre par M. Fouqué, il semble qu'on peut déduire les conséquences suivantes : » Au moment où ce savant quittait le théâtre de l'éruption, ]es fumerolles sèches étaient en pleine décroissance et n'existaient plus qu'à peine; les fu- merolles acides ou chlorhydro-sulfureuses étaient encore dominantes avec leur accompagnement habituel de sels ammoniacaux et métalliques : V acide suljhydrique n'avait guère fait son apparition qu'en mélange avec ces der^ nières, où il se manifestait, rarement en nature, le plus souvent par un dépôt de soufre résultant de sa décomposition en présence de l'acide sul- fureux; enfin, Vacide carbonique n'avait non plus éré observé seul que dans des cas fort rares, et ne constituait pas encore, soit les émanations suljh/dro-carboniques, soit les émanations d'acide carbonique pur. » PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur les températures de l'air et de l'eau de la tuer à la surface des océans. Mémoire de M. Cocpvext-Desbois, présenté par M. Laugier. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MM. Mathieu, Pouillet, Laugier, de Tessan.) « Les observations de température ont été faites pendant une campagne ( i'90 ) de trente-huit mois clans les régions australes et dans les grandes mers du globe. » Le thermomètre de l'air était soumis à la ventilation de l'une des prin- cipales voiles du navire à la hauteur de la grande hune. )) La température de l'eau de la mer était prise dans un volume assez considérable d'eau puisée à l'instant même de l'observation. » La température moyenne de chaque jour pour l'air et l'eau a été cor- rigée de la perturbation provenant du déplacement du navire pendant les vingt-quatre heures. » Un premier tableau donne, pour chaque jour, les températures moyennes de l'air et de l'eau pour le lieu moyen du navire. M Un second tableau résume, par des moyennes d'une dizaine de jours, les températures moyennes de l'air et de l'eau de la mer pour, gS points du globe qui répondent à la latitude, à la longitude et à l'époque moyennes de ces dix jours. » Variation diurne de température. — Elle a été calculée pour les groupes du second tableau depuis le départ de Toulon jusqu'à l'arrivée dans les ré- gions australes. LIEUX. LATITUDES moyennes. VARIATION DIURNE DE TEMPÉRATURE. 1 Eau. Air (hune). Méditerranée 37-49'n. 28.42 10.33 1.5 14.45 S. 26.37 38.9 46.58 53.0 53.38 54.16 60.22 61.33 0 1,4 1,2 o,B 0,4 0,8 1,2 1,5 0,9 1,3 ,,6 0,8 1,0 0 2,4 1,6 1 ,0 1,0 2,0 2,0 2,0 ',7 3,1 3,9 1,9 ",7 1,3 Id Id Id Id Id Id Détroit de Magellan. . . Océan Austral Id Id » Les variations diurnes sont donc toujours faibles pour l'air et pour l'eau loin dos continents; elles augmentent sensiblement lorsqu'on se rap- proche de la terre terme. ( ii9« ) » Les moyennes prises pour trente ou quarante jours, en faisant varier autant que possible les longitudes, font ressortir plus nettement l'influence de la latitude sur les variations diurnes de l'air et de l'eau. LATITUDE MOYENNE. VARIATIOxN DILRNE DE TEMPÉRATURE. Eau. Air (hune). 0° 0 0,9 0,9 1,0 0,9 2,1 ' ,9 '.9 20" 4o° 60" » Ainsi, loin des côtes, la température de la surfi^ce de la mer varie en moyenne de 1 degré dans les vingt-quatre heures à toute latitude, tandis que la température de l'air varie d'environ 2 degrés tant que l'eau environnante est liquide, et de i degré seulement dans le voisinage des glaces polaires. » Différences de température entre Cair et l'eau. — La comparaison des températures entre l'air et l'eau donne le résultat suivant : LIMITE des températures. NOMBRE de jours. TEMPÉRATURE MOYENNE. DIFFÉRENCE Air moins eau. Eau. Air (hune). 0 0 3o à 25 4.4 27° 85 26,93 — 0,93 25 à 20 ii3 22,71 22,37 - 0,34 20 à i5 107 17, Go 16,43 - 1,12 i5 à 10 106 12,58 12,44 — o,i4 10 à 5 6G 8, .4 8.42 + 0,34 5 à 0 52 >,48 1,56 + 0,08 0 à— 5 33 - i,.4 — 1,38 - 0,24 C'est-à-dire que l'air est plus froid que l'eau quand celle-ci a une tempéra- ture comprise entre 3o et 10 degrés; l'air est plus chaud que l'eau entre 10 degrés et o degré, et enfin plus froid quand la température de la mer est au-dessous de zéro. ( ï'92 ) )) Dans le voisinage des glaces antarctiques, la j^lns basse tempéralme ol)servée pour l'eau de la mer a été, sous le méridien de 39 degrés ouest, le 10 février i838, de — a°,3 sur la Zélée, et de — 2°, 7 sur Y Astrolabe; la moyenne des résultais — 2.°,'jo égale le chiffre — 2°, 55 donné par Despretz pour la température de la congélation de l'eau de mer dans l'état d'agitation. « Sous le méridien de i35 à iSy degrés est, les 23, ^5 et 26 janvier i84o, la température minimum de l'eau qui touche aux banquises est tombée à — 3 degrés. w En résumé, ces observations établissent d'une manière irrécusable l'existence et l'amplitude moyenne des variations diurnes de la température de l'eau et de l'air à la surface des océans. 1) Elles fout connaître les relations étroites qui lient la température delà surface de la mer et de l'atmosphère qui la touche, et cela sous toutes les latitudes. )) Elles déterminent la température moyenne très-approchée des lieux situésdans les régions équinoxiales, et donnent une première approximation de la température moyenne des océans à diverses latitudes. » Elles seront, je l'espère, un point de comparaison utile pour les obser- vations de nos successeurs. » I^CONOMIE RURALE. — Sur l'engrais flamand; son emploi dans la cxdlure des terres. Note de M. Corexwixder. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires, MJI. Payen, Boussingault.) « Le Mémoire assez volumineux que j'ai l'honneur de présenter à l'Aca- démie peut être considéré comme une monographie destinée à éclairer les agriculteurs sur l'emploi d'un engrais qui a fait de l'arrondissement de Lille une des plus fertiles contrées du globe » Je ne puis pas analyser dans cet extrait tous les développements con- tenus dans ce Mémoire. Je me bornerai donc à en présenter les plus saillants. » Ainsi, j'insiste plus particulièrement : » i"^ Sur l'époque où il convient de répandre l'engrais flamand sur les terres, en tenant compte de leur constitution physique ; » 2" Sur l'importance qu'il y a pour le cultivateur à apprécier approxi- mativement la valeur de l'engrais liquide qu'il emploie, afin de ne pas éprouver de mécomptes dans ses récoltes ; » 3" Je fais ressortir, par des chiffres puisés dans mes expériences, toute l'étendue du dommage occasionné à l'agriculture par l'incurie que l'on pro- ( i'93) fesse généralement pour de précieuses matières fertilisantes dont l'emploi serait susceptible d'accroître considérablement la richesse productive du pays ; » 4° Je fais connaître les proportions d'engrais flamand qu'une ferme de l'arrondissement de Lille utilise pour chaque espèce de culture, et je donne des détails circonstanciés sur les assolements qui y sont habituellement suivis ; » 5° J'entre dans quelques détails sur la culture de nos principales denrées et sur le rendement habituel de nos terres ; » 6° Je cite des expériences agricoles que j'ai effectuées en vue de déter- miner la valeur fertilisante de l'engrais flamand comparativement avec le guano et le tourteau de colza. De ces expériences il résulte qu'en utilisant ces matières dans une proportion telle que la quantité d'azote soit la même, on obtient un même poids de récolte, à la condition, bien entendu, que la culture ait lieu dans un sol homogène. Ces résultats font apprécier l'impor- tance du service que MM. Boussingault et Payen ont rendu à l'agriculture, lorsqu'ils ont démontré qu'on peut, dans la plupart des cas, établir la valeur vénale des engrais en raison de leur richesse en azote. » Enfin j'ai eu l'occasion, dans le cours de ces recherches, de faire une analyse de l'engrais flamand qui prouve que les excréments humains, ainsi que ceux des animaux, ont une composition chimique qui varie avec la nature des aliments ingérés. Ce fait a été annoncé par Darcet ; mais il y avait évidemment de l'intérêt aie confirmer expérimentalement. » L'analyse faite par moi a eu lieu sur un échantillon d'engrais flamand puisé dans la fosse d'aisances d'une fabrique. Cette fosse est fréquentée exclusivement par des ouvriers de la campagne, qui ne se nourrissent guère, pendant la semaine, que de substances végétales. » Je la compare, dans le tableau suivant, à une autre analyse d'un engrais humain provenant d'une maison habitée par des gens aisés consommant beaucoup de viande. Cette analyse a été faite, par M. Girardin. ANALYSE DE M. COIVENWINDER. ANALÏSE DE M. GIRARDIN. Eau gS , I C)0 Eau g5 , i oo Matières organiques 3,299) Matières organiques 3)579 y, 3,55q —"•■-- -0—1— ->-/^; 33 Ammoniaque 0,360 ( ^ Ammoniaque 0,740) -" Potasse o, 161 ] Potasse 0,207 1 Acide phospliori(iue 0,167) i ,25i Acide phosphorique o,323> i,58i Chlore, soude, chaux, etc. 0,923] Chlore, soude, chau-K, etc. i,o5i) 100,000 100,000 C. R., i865, 1" Semestre. (T. LX, N» 25.) ' 55 ( "94 ) Jzole : yizotc : De l'ammoniaque, pour loo. . . . o,2i4 De l'ammoniaque, pour loo. . . . o,6io Des matières organiques, p. 100. o,335 Des matiiTes organiques, p. lOO . 0,259 G , 549 o , ^69 » Ainsi les excréments des hommes soumis à un régime presque exclu- sivement végétal contiennent moins d'azote, de potasse et d'acide phos- phorique que ceux des personnes qui consomment habituellement de la viande. » CHIMIE ORt;ANiQUE ET TOXICOLOGIE. —Recherches chimiques et physiologiques sur un alcaloïde extrait de ta fève de Calabar; par MM. A. Vée et M. Lf.vex. (Extrait.) (Commissaires, MM. Rayer, Cl. Bernard,) De l'ensemble des expériences exposées dans ce travail les auteurs con- cluent : « 1° Qu'il existe dans la fève de Calabar, semence du Physosty^rna venenosum, une matière cristallisable capable de neutraliser les acides, et pour laquelle ils proposent le nom à'ésérine, dérivé du mot éséré, dénomi- nation indigène de cette semence; » 2° Que l'ésérine produit sur la pupille et sur l'économie animale les mêmes effets que les extraits de la fève de Calabar, quelle que soit la voie d'absorption ; " 3° Qu'on peut l'opposer à l'atropine pour combattre la mydriase pro- duite par cette dernière, et l'employer à l'ultérieur dans les cas où la fève de Calabar peut être indiquée; M 4° Que cet alcaloïde n'est pas le contre-poison de la strychnine, malgré l'opposition apparente que l'on observe entre les effets de ces deux bases; les quantités d'ésérine et de strychnine suffisantes pour amener la mort de deux animaux comparables paraissent être dans le rapport de 5 à 3. » M. Anselmier présente un Mémoire sur l'extrait complet de quinquina «le M. Laroche, qu'il regarde comme plus efficace, dans un certain nombre de cas, que le sulfate de quinine. (Commissaires, MM. Chevreul, Bussy, Fremy.) { iigs ) M. Ch. Telmek adresse une quatrième Note relative à la possibilité d'enmagasiner l'ammoniaque liquéfiée et d'utiliser sa force d'expansion gazeuse comme force motrice. Une photographie et une description de l'ap- pareil que l'auteur a fait construire pour la démonstration du fait qu'il a signalé dans sa communication du ig janvier dernier sont jointes à ce tra- vail, dans lequel l'auteur traite en outre de plusieurs autres questions rela- tives à la fusion du fer, à la production économique de l'oxygène, à la ré- duction à l'oxyde de fer, à la production facile et abondante de l'acide carbonique, à l'emploi de l'azote pour la production de l'ammoniaque, et enfin à la combustion des métaux dans l'oxygène pour l'application à l'éclairage. (Renvoyé à la Commission précédemment nommée pour examiner les communications de M. Ch. Tellier.) Un auteur dont le nom est contenu dans un pli cacheté envoie pour le concours du grand prix de Mathématiques , question de la théorie des marées, deux Notes intitulées, l'une : « Deuxième Note sur les marées des côtes de France », et l'autre : « Sur les observations de marées faites sur les côtes de France », faisant suite à un travail présenté par l'auteur, en 1862, pour le même concours. (Renvoi à la Commission du grand prix de Mathématiques.) Un aiiteur dont le nom est contenu dans un pli cacheté adresse pour le concours du prix Bordin, question concernant la théorie des phénomènes optiques, un travail ayant pour litre : « Mémoire sur les raies du spectre solaire », et portant pour épigraphe : « L'étude de la lumière nous révélera la constitution physique du système du monde ». (Renvoi à la Commission du prix Bordin.) L'auteur d'un Mémoire portant pour épigraphe : « La lunette rapproche les distances », adressé précédemment pour le concours du prix Bordin, question relative à la théorie des phénomènes optiques, envoie une Note sur la direction de l'axe optique dans le cristal de roche, pour faire suite à ce travail. (Renvoyé à la même Commission.) Un auteur dont le nom, conformément aux dispositions du concours, ( '196) est contenu dans un pli cacheté, adresse, pour le concours du prix Bordin relatif à la tliéorie mécanique de la chaleur, un Mémoire portant pour épigraphe : « En introduisant dans le calcul la considération de la vitesse et de la propagation du mouvement dans le corps, on tient implicitement compte de la quantité de travail transformé en chaleur ». (Renvoyé à la Commission du prix Bordin.) L'auteur anonyme d'un ?Jémoire écrit en latin, adressé précédemment à l'Académie pour le concours du prix Bordin, question relative à la théorie mécanique de la chaleur et portant pour épigraphe : « Omnin ail o)di)iis et équilibra iheoricen tandem reducantur, œtlier nalurœ rex, et Deits creator rec- torque œllieris tandem coronelur », envoie quelques additions et rectifications à son travail. (Renvoi à la même Commission.) M. Réveil adresse, pour le concours des pi'ix de Médecine et de Chirur- gie, un Mémoire intitulé : « Recherches sur l'osmoze et sur l'absorption par le tégument externe de l'homme dans le bain » ; et pour le concours du prix de Physiologie expérimentale, un autre Mémoire ayant pour titre : « De l'action des poisons sur les plantes ». Ces travaux sont renvoyés, le premier à la Commission des prix de Méde- cine et de Chirurgie, et le second à celle du prix de Physiologie expéri- mentale. M. E. George adresse, pour le concours du prix Barbier, relatif aux per- fectionnements de l'art de guérir, un Mémoire ayant pour titre : « Du pulvérisateur à hydrure d'amyle, et de son emploi comme anesthésique dans la pratique chirurgicale ». (Renvoi à la Commission du prix Barbier.) MM. A. Oi-LiviEuetG. Bekgeron écrivent pour demander qu'un Mémoire manuscrit joint à leur Lettre, et ayant poiu- titre : « Des réactions physiolo- giques de la vératrine au point de vue de ses applications à la thérapeutique et à la Médecine légale », soit admis au concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie. Les auteurs demandent en outre de joindre à ce travail trois autres Mémoires qu'ils ont présentés l'année dernière à l'Académie : ( "97 ) l'un relatif aux altérations des éléments anatomiques sous l'influence des divers poisons, l'autre traitant de l'action physiologique de l'aniline, et le troisième de celle de la nilrobenzine. (Renvoi à la Commission des prix de Médecine et de Chirurgie.) M. CouRTY envoie, pour le concours des prix de Médecine et de Chirurgie, un Mémoire imprimé ayant pour litre : « Recherclies sur les conditions météorologiques de développement du croup et de la diphthérie, sur le traitement de cette affection et sur les médicaments qui remplissent le mieux les indications de ce traitement ». (Renvoi à la même Commission.) M. GciPON adresse, pour le concours des prix de Médecine et de Chi- rurgie, une analyse de son « Traité de la dyspepsie », présenté antérieure- ment à l'Académie, el l'indication manuscrite de ce qu'il considère comme neuf dans son travail. (Renvoi à la même Commission.) M. BuRQ adresse, pour le concours des prix de Médecine et de Chirurgie, lui Mémoire intitulé : « Prophylaxie de la phthisie pulmonaire; de l'in- fluence bienfaisante du chant, du jeu des instruments à vent, et en général de tous les exercices bien dirigés de la voix dans cette maladie, etc. ». (Renvoi à la même Commission.) M. A. Chacveac adresse pour le concours des prix de Médecine et de Chirurgie un travail accompagné d'un album concernant les rapports qui existent entre la variole et la vaccine. (Renvoyé à la même Commission.) M. Trémacx envoie pour le concours du prix biennal une analyse de son ouvrage « siu- les transformations des êtres organisés », présenté anté- rieurement à l'Institut. (Renvoi à la Commission chargée de décerner le prix biennal.) M. Frémaux adresse un Mémoire intitulé : « Résumé théorique et pi'ati- que du Recueil des recherches qui ont eu lieu, depuis 1826 et surtout depuis i83o, sur les causes de la mortalité prématurée dans le quartier des Invalides, ( "98 ) et principalement sur la question du choléra-morbus. » L'auteur demande que ce travail soit joint, comme renseignement, à la Notice sur le même su- jet qu'il a présentée dans la séance du 20 mai dernier pour le concours du legs Bréant. (Renvoyé à la Commission du prix Bréant.) CORRESPONDANCE. 31. LE Ministre de l'Agricultire, du Commerce et des Travaux purlics adresse pour la Bibliothèque de l'Institut un exemplaire du n° 12 du Cata- logue des Brevets d'invention pris en 1864. M. Clausius, récemment élu Correspondant dans la Section de Mécanique en remplacement de M. Eylelwein, adresse ses remercîments à l'Académie. M. le Secrétaire perpéiut-l de l'Académie royale des Sr.iExt:Es de AIaurid adresse pour la Bibliothèque de l'Académie : i" le tome 111 d'un ouvrage intitulé : « l.ibros del saber de Jslronoinia, du roi de Castille, Alphonse X, publiés par ordre de S. M. la Reine d'Espagne » ; 1" le tome Yl, 1" et 2" par- tie, des « Mémoires de l'Académie » et le « Résumé de ses Comptes rendus de 1862 à i863 ». Par la même Lettre il fait connaître le désir de l'Académie de Madrid de recevoir en échange de ces envois les publications de l'Académie des Sciences de l'Institut. (Renvoi à la Commission administrative.) M. Kern, Ministre de la Confédération suisse, adresse une Lettre rela- tive à un Mémoire de M. I^avizzari concernant certains phénomènes non- veaux des corps cristallisés, adressé au mois de juillet i863. Il demande à connaître le jugement qu'aura porté sur cet ouvi-age la Commission à l'exa- men de laquelle il a été renvoyé. (Renvoi à la Commission.) M. LE Secrétaire perpétuel |)résente au nom de il/. Rosdirs, Ministre de la République du C'Iiili, résidant à Paris, un exemplaire d'un Mémoire im- primé en espagnol, intitulé : « Sur l'éclipsé de Soleil qui aura lieu le 25 avril i865 et observations faites au collège de Saint-Ignace pendant l'éclipsé de Soleil du 3o octobre 18G4 »; par le P. Einique Cnpjielletli ^ ( i'99 ) M. Rosalès, dans la Lettre d'envoi, ajoute qu'il transmettra les détails sur ce phénomène aussitôt qu'il les aura reçus. M. Laugier est chargé de faire un Rapport verhal sur cet ouvrage. M. LE Secrétaire perpétuel présente au nom de M. Zanledeschi un opus- cule en italien ayant pour titre: «Météorologie italienne; Rome, station du Canipidoglio », par M'"" Catetina Scarpellini, avec quelques annota- tiotis du professeur Zantedeschi, etc., et donne lecture de l'extrait suivant de la Lettre d'envoi : « Aujourd'hui que tous les regards et tant de grandes intelligences se sont fixés sur la vieille roclie de Cainpidoglio, il semble opportun de donner la première publication des éléments météorologiques de cette sta- tion. Les observations et la compilation des résultats d'une période de sept années sont dues à M™^ Caterina Scarpellini, qui s'occupe avec beau- coup de zèle de ces sortes d'études astronomico-météorologiques. Elle m'a fourni l'occasion d'ajouter quelques Notes sur les points isothermes du globe à un plan de réduction des moyennes, des minima et des maxima qui n'avait pas encore été introduit en météorologie, et à l'application du télé- graphe à cette dernière, élevée aujourd'hui au rang de science. L'applica- tion du télégraphe à la météorologie a été faite |)ar moi en i853 au bureau central des télégraphes de Vienne, sur les quatre grandes lignes télégraphi- ques de la monarchie autrichienne. Cette application fut faite à Rome deux ans plus tard, c'est-à-dire en i855, et trois ans après moi à Paris, savoir en i856 (i). Si ces applications ont été, au delà des Alpes, beaucoup plus fécondes en résultats importants, cela est dû, sans parler du génie et de l'ac- tivité de tant de savants, aux heureuses conditions politiques et sociales de si grandes nations. Nous autres Italiens, nous n'avions pas de centre d'activité pour étendre nos découvertes originales. Aujourd'hui l'Italie possède un plan général d'études météorologiques dans toutes les principales stations et des bureaux pour les présages des tempêtes de mer sur toutes ses cotes. » Aux avis télégraphiques nous pouvons joindre les perturbations du magnétisme qui fournissent des présages beaucoup plus prompts et peut- être beaucoup plus certains, comme le sont les courants électriques com- parés aux courants aériens. L'électricité et le magnétisme doivent réunir les contrées les plus éloignées, d'une extrémité à l'autre du globe. » (i) M. Zantedeschi commet ici une erreur: on s'est occupé en France de cet objet dès i852, et on a employé les lignes télégraphiques à la transmission des observations mé- téorologiques dès l'année i854 (voir Comptes rendus, t. I,X, p. looo et looi, séance du i5 mai i865). ( laoo ) M. LE Seckétaire perpétuel signale encore parmi les pièces imprimées de la Correspondance : 1° Les tableaux des observations météorologiques faites à Dijon peiulant l'année i864; 2° Un opuscule de M. liesal intitulé : « Application des équations et de l'hydrodynamique à la recherche du mouvement d'un ellipsoïde dans un liquide » ; 3° Un Mémoire de M. Husson ayant pour titre : « jAlluvions des environs de Toul, par rapport à l'antiquité de l'espèce humaine ». M. F. Blaxford, Secrétaire de la Société Asiatique du Bengale, adresse de Calcutta, pour la Bibliothèque de l'Institut, im ouvrage anglais ayant pour titre : « Paléontologie du Niti dans le nord de l'Himalaya; descrip- tions et figures des fossiles paléozoïques_et secondaires recueillis par M. Ri- chard Sirachey, et décrits par ^JM. J. W. Salter et F. Blanford ». GÉOGHAPHiE. — Jllas (lu haut San-Francisco {Brésil); par M. Liais. Eu adressant à l'Académie trois nouvelles feuilles gravées de l'Atlas qu'il publie en ce moment, l'auteur les accompagne, dans la Lettre d'envoi, des remarques suivantes : « Les cartes ci-jointes représentent la suite du cours de l'affluent principal du San-Francisco, le Rio das Velhas, dont j'ai déjà eu l'honneur de vous envoyer les premières cartes. » Parmi les diverses directions de montagnes qui s'y font remarquer, je citerai en particulier la grande Serra de Cin-umatahy, dont on voit le com- mencement sur la dernière des cartes de cette seconde série et contre l'ex- trémité de laquelle vient se réfléchir le Rio das Velhas. Cette chaîne de montagnes est composée d'une série de lignes de faîte coupées en table et courant toujours du nord 12 degrés ouest à sud 12 degrés est. Les plus grands angles avec le méridien ne dépassent pas i4 degrés, et ils ne tombent pas au-dessous de 1 1 degrés, toujours du côté de l'ouest. La chaîne est composée en partie de ces grès rougeâtres si abondants dans tout le Brésil, et qui, d'après M. E. de Castelnau, pourraient être rattachés au groupe de la craie. MM. Gardner et Agassiz sont arrivés à la même conclusion en étu- diant les poissons fossiles que le premier a trouvés dans des calcaires nodu- leux subordonnés au même système de grès dans la Serra d'Araripe. Or, dans la Serra de Curumatahy, on observe sur divers points un passage presque comjjlet de ces grès à l'itacolumile, et la direction de cette Serra ( I20I ) se montre jusque dans des stratifications du massif de l'itacolumito lui-même. L'itacolumite serait-elle une transformation métamorphique de ces grès? Je suis très-porté à le croire d'après l'ensemble des faits que j'ai notés. « Le métamorphisme au Brésil s'est opéré siu' une échelle immense, et il est probable que son action s'est prolongée pendant un temps considé- rable. Les plus grands mouvements du sol n'y sont pas anciens, car les dépôts d'alluvion de l'époque des grands RTammiféres s'y montrent jusque sur les points culminants des plateaux de MinasGeraes, à |)lus de mille mètres au-dessus du niveau de la mer. Sans admettre un changement récent de niveau du continent, déjà constaté au sud pour les Pampas, il serait impossible de concevoir ces dépôts dans cette région tropicale où, en l'ab- sence (le montagnes trcs-hautes, on ne peut faire jouer aucun rôle aux glaciers. » La rareté des roches fossilifères, dont je n'ai vu qu'un très-petit nom- bre, et qui est une conséquence de l'immense développement du métamor- phisme, rend difficile le classement de la majeure partie des terrains du Brésil. Leur aspect cristallin lend au pretnicr abord à leur faire attribuer une très-grande antic[uité. Je crois que ce serait lu^e erreur. Il y a certaine- ment des roches anciennes au Brésil, mais elles ont été le plus généralement déplacées récemment et modifiées de nouveau. Du moins, j'ai trouvé de nombreuses traces de changements de niveau relativement récents. L'état général cristallin des terrains me paraît indicjuer même pour les granités grenatiques et à grandes parties de Rio-de-Janeiro, plutôt une série de mé- tamorphismes répétés et successifs qu'une grande antiquité, et le relief actuel n'est pas très-ancien. C'est surtout dans les provinces de Rio-de- Janeiro et de Minas-Geraes que le métamorphisme est arrivé à tout con- fondre. » MÉTÉOROLOGIE. — Sur les globes filmais on bolides; par M. Coclvier-Gravier. « J'ai l'honneur de mettre sous les yeux de l'Académie un extrait de la troisième partie de mon Catalogue d^-s globes filants ou bolides, vus à l'Ob- servatoire météorique du Luxembourg du ra novembre iSSq au 3i dé- cembre 1864. Cette dernière période nous a donné un nombre de 72 globes filants, dont 8 de !■■<= grandeur, ai de 2" el 4 i de 3^ » Si nous ajoutons ces 72 globes aux 280 déjà comius, on trouve un total de 352 de ces magnifiques météores. Comme c'est par les grands nombres qu'on peut le mieux apprécier et juger un phénomène, nous allons G. R , iSGâ, 1" Semeslre. (T. LX, N» 25.) ' 56 CRASDEUR. I«. Oe 3=. — 3', 16 i36 5 i3 47 1 I I ( I20 2 ) donner, autant que le cadre de cette communication nous le permettra, les détails qui mettront au courant de toutes les particularités que ce mysté- rieux phénomène nous montre pendant son apparition si rapide. » Voici le premier tableau consacré aux globes : on les trouve divisés par grandeurs et montrant en total les mêmes particularités, quoique apparte- nant à des tailles différentes. Globes filants. 2iG ont été blancs pendant tonte lenr durée. 65 ont passé du blanc au bleu. 3 1) du blanc au rouge. 6 )i du blanc au vert. 3 I) du blanc au rouge, puis au bleu. 2 » du blanc à la couleur du cuivre jaune. 3 n du rouge au vert. 3 1) du bleu au vert. a passé du blanc au rouge sang. du blanc à la couleur du cuivre rouge. du blanc au rouge blanc. du blanc au rouge, puis bleu et enfin vei't. du blanc au bleu vert. du blanc au vîolel. du blanc au jaune orange, puis vert. du blanc au jaune brillant, puis au jaune rouge. du blanc au rouge, puis au bleu. du blanc à la couleur cuivre rouge et ensuite au bleu. du blanc au jaune orange. du blanc au bleu, puis au vert. du jaune au bleu. du jaune orange au vert bleu. du jaune clair au jaune orange. du jaune au jaune vert. du jaune clair à la couleur du cuivre rouge. du jaune bleu au jaune orange, finalement au vert. du jaune clair au jaune bleu. du jaune au blanc, puis au rouge. du jaune au bleu. du rouge au blanc. du rouge au blanc, puis au bien. du rouge au bleu. du rouge au bleu, puis au vert. de la couleur cuivre rouge au blanc et au vert. du bleu au vert d'eau. la couleur bleue. la couleur rouge. la couleur rouge sang. la couleur verle. la couleur jaune clair. la couleur du cuivre jaune. 10 3. 5o 83 219 35a ( I2o3 ) Globes filants qui se sont brisés en deux ou plusieurs fragments et qui ont changé ftr couleur. dont les fragments ont conservé la couleur blanche. 1) » la couleur bleue, dont les fragments ont passé du blanc au bleu. » 1) du blanc au rouge. t^ » du blanc au jaune, au bleu et au rouge. n n du jaune clair au jaune rouge. 1, » du blanc au fer chauffé au rouge. V, 1) du blanc au rouge, au vert, puis au bleu. u w du blanc au vert. ji » du blanc au rouge, au bleu et au vert. .1 I) du rouge au vert. 11 » du jaune rouge au jaune vert. )i 11 du jaune rouge au bleu et au vert. .1 » du jaune clair au jaune bleu. M » du jaune vert au rouge. 0 1) du jaune orange au vert. GR.VNDEUR 1_^ TOTAL. Oe 3^ 6 »... 1 1 /* 1 . . . 3 I ■2. . . H n n . . ti /'. . . n 1 I I "... "... iS Diverses autres particularités des globes filants suivant leurs différentes tailles. i3 3'. 4 i5 4 8 3 3 2 . . . 2 2 2 I I 2 2 i8 33 ont éprouvé des stations pendant le parcours de leur trajectoire. ont changé de direction. ont eu la marche oscillante. ont eu la marche saccadée. n'ont eu aucun mouvement de translation. dont la durée a été de 2", et il avait l'apparence d'un cercle ou couronne. ont fait explosion et ont disparu comme des bulles de savon qui crèvent. 1) Un globe de la i"^* grandeur a passé à la 3'^ grandeur, i de la 3" à la i'", et I de la i"^ à la 2* grandeur. » Dans le nombre des globes de 2* grandeur, i a paru d'abord comme une étoile filante de 4" grandeur, et a passé à la •?." des globes; 1 parurenl d'abord comme des étoiles filantes de i^*^ grandeur, et ont fini comme des globes de 2'' grandeur; 2 globes de 3^ grandeur ont passé à la a*"; i de la 2^ a passé à la 3^; il y en a eu un qu'on voyait toujours enveloppé dans sa traînée. i> Dans la classe des globes filants de 3^ grandeur, 10 ont passé de la i56. ( I204 ) i'^ grandeur d'étoiles filantes à la 3* des globes. Ceci montre bien, comme cela S3 voit rgalement dans les étoiles filantes, qu'il y a de ces globes qui remontent comme il y en a d'autres qui descendent. » La plus grande partie des trajectoires de ces globes ont été parcourues en une seconde de temps, comme il y en a eu en 2, 3, 4i 5, 6 et une en i5 secondes. » Sur les 5o globes de i" grandeur, il y en a eu 35 avec traînée, et i5 sans traînée. Sur les 23 globes de 2* grandeur, 66 ont eu des traînées et 17 en ont été privés. Sur les 219 globes de 3^ grandeur, il y en a eu i4o avec traînée et 79 sans traînée. )) Les traînées sont donc en proportion du nombre des globes. En effet, si l'on lrou\e une légère différence en plus pour ceux de 2^ grandeiu", et en moins sur ceux de 3', cela résulte évidenmîent de ce que, même pour des observateurs parfaitement exercés à l'observation du phénomène, on com- met cependant quelques légères erreurs de classification entre les globes de 2* et de 3" grandeur, ce qui n'a pas lieu pour ceux de la T". Cela prouve aussi que ce n'est pas avec des stations établies à quelques lieues de distance, avec des observateurs pins ou moins improvisés, qu'on serait jamais arrivé à posséder des renseignements exacts sur toutes les particularités de leur apparition, et qu'on aurait [)u établir les lois de ces météores. « Le nombre général des traînées appartenant aux trois grandeurs des globes filants s'élève à un peu plus de 70 pour 100. 1) Les traînées de tous ces globes ont été plus ou moins compactes ou di- visées. Leur durée minimum a été d'une seconde; mais il y en a eu qui ont persisté après la disparition du globe filant depuis 2 jusqu'à 10 se- condes, et même une d'entre elles a eu une existence de 10 minutes. Cette traînée s'est déplacée pendant cet intervalle de temps de 3o degrés de l'ouest à l'est, tout en conservant la direction du globe. » La couleur de ces traînées a été le plus souvent blanche ou rouge. Cependant parmi elles il y en a eu dont la couleur a été bleue, d'autres jaune clair, bleu foncé; d'autres ont passé du rouge au bleu, du jaune au vert, du rouge foncé au rouge vert. Il y en a eu aussi de couleur rouge feu, rouge sang, cuivre jaune, puis de trois coideurs, rouge, vert et blanc. Enfin, il y en a eu de verts, qui ont conservé cette couleur jusqu'à leur extinction. Lorsque ces cas se produisent on dirait du phosphore qui brûle. » Plusieurs de ces traînées se sont retirées sur le milieu de l'étendue de leurs trajectoires, d'autres sur leur point de départ, d'autres nu contraire sur l'extrémité ou point d'arrivée. Quand ces faits se produisent ainsi, on ( I205 ) dirait des bandes de caoutchouc qu'on étend par les deux bouts, et qui, eu les lâchant, se retirent sur le centre. n Le nombre des globes augmente du zénith à l'horizon, conniie on va le voir ci-après : en effet, on en trouve i de o à lo degrés de la verticale, 5 de lo à 20, 6 de 20 à 3o, i3 i De tout ceci il appert positivement que les globes filants ou bolides sont soumis, dans leur apparition, aux mêmes lois que les étoiles filantes. En effet, les étoiles filantes n'augmentent-clles pas également en nombre du zénilli à l'horizon? L'augmentation est moindre pour les étoiles filantes de 2* grandeur, et c'est encore bien plus visible quand il s'agit des 5'' et 6^ grandeurs. Si on compare tout cela avec la moyenne générale des de- grés parcourus suivant les grandeiu's de tons ces météores, on a déjà une juste idée de l'altitude des couches où s'enflamment les météores filants. » Il semblerait d'après cela, jusqu'à preuve du contraire, que les globes filants sont beaucoup plus près de nous que les étoiles filantes; ils éclairent plus ou moins l'horizon, suivant leur volume; ils changent de couleur, tandis que les étoiles filantes de i''^ grandeur éclairent si peu l'horizon, que cela ne mérite pas de s'y arrêter; elles conservent leur couleur pri- mitive jusqu'à la fin de leur course, et jamais elles ne se brisent en fragments. » Le diamètre des globes filants de i"' grandeur ne dépasse pas dans son maximiun six fois le diamèlre de Vénus; c'est bien loin, comme on le voit, du iliamctre de la Lune. » Pour nous, si habitué à ce genre d'observations, car, si nous ajoutions au nombre des globes mentionnés ceux que nous avons vus quand nous ne tenions pas de registres d'observations, nous approcherions de bien près le nombre de mille, nous le dirons, parce que c'est la vérité, pour nous, nous n'avons jamais entendu le moindre bruit pendant toute la durée de leur apparition^ comme jamais non plus nous n'avons aperçu la moindre trace de fumée. » Tous les globes filants que nous avons observés, el le nombre en est grand, n'ont jamais passé en dessous des rayons des aurores boréales, des cirrus, et encore moins percé la masse des nuages. » Nous le disons sincèrement, et avec le plus grand regret, nous aurions désiré (pendant la longue carrière d'observations que nous avons ( I207 ) déjà parcourue, et que probablement jusqu'ici personne n'a pu égaler) voir tomber lui aérolithe à terre. Malgré notre grand désir, si vivement partagé par M. Arago, nous n'avons jamais eu cette bonne fortune et nous craignons bien, maintenant, de ne l'avoir jamais. En attendant, nous per- sistons dans l'avis cjue nous avons émis, c'est que les aérolitlies sont d'iuie espèce différente des globes filants et des étoiles filantes. » Il nous reste une grande tâche à remplir, c'est d'assigner leur hauteur véritable à tous ces météores. Nous savons par expérience, autant que qui que ce soit, comment nous l'obtiendrons. Mais il ne dépend pas de nous de nous procurer les moyens d'exécution nécessaires pour arriver à ce but. Nous regrettons que notre fortune privée n'ait pu nous être d'un plus grand secours dans la tâche que nous avons entreprise; car il y a longtemps que nous aurions atteint le but qui ressort de toutes les discussions de nos ob- servations, et nous remercions l'Académie d'avoir plus d'une fois signalé nos travaux à la bienveillante sollicitude du Gouvernement. » CHIMIE ORGANIQUE. — Sur les aminés de l'alcool benzoïque. Note de M. Cannizzaro. « Par la même raison qu'on a cru longtemps que les phénols étaient des corps analogues aux alcools, on a cru jusqu'à ces derniers jours que l'aniline, la toluidine et leurs homologues étaient des alcaloïdes d'une constitution analogue à la mélhylamine, l'éthylamine, etc. » La découverte de l'alcool benzoïque et la comparaison de ses pro- priétés avec celles du phénol crésylique ont fait disparaître la première de ces opinions. a Les faits que j'ai l'honneur de soumettre à l'Académie mettent en évi- dence que l'alcaloïde dérivé de l'alcool benzoïque, la véritable benzylamine primaire, diffère tout à fait de la toluidine, d'où l'on peut conclure par ana- logie que les alcaloïdes dérivés des vrais alcools aromatiques diffèrent de ceux qui sont analogues à l'aniline. » Voici une méthode pour obtenir la benzylamine primaire. On mêle le chlorure de benzyle (éther benzhydrochlorique) avec une solution alcoo- lique d'ammoniaque, et on laisse le* tout en repos pendant quelques jours. Il se forme alors des cristaux blancs en aiguilles et en lames qui se séparent du liquide. » Ces cristaux ne sont autres que la benzylamine tertiaire que j'ai fait connaître il y a quelques années. ( I2o8 j » On filtre le liquide, on distille l'alcool au bain-marie et on traite le résidu par l'eau chaude. Il reste une matière indissoute qui fond dans leau bouillante. Cette matière est une seconde portion de benzylamine tertiaire un peu colorée. La solution aqueuse un peu refroidie, séparée par filtratiot) de cette dernière matière, est évaporée au bain-marie jusqu'à siccilé. Il reste un résidu salin qui est un mélange d'un peu de sel ammoniac, et des hy- drochloratos de benzylamine primaire et d'un autre alcaloïde, probablement la benzylamine secondaire. » Par cristallisation fractionnée, on sépare la portion la plus soliible dans l'eau, qui est l'hydrochlorate de benzylamine primaire presque pur. )■ On obtient l'alcaloïde libre en traitant une solution aqueuse concentrée de cet hydrochlorate par une solution de potasse en excès. L'alcaloïde vient alors nager à la surface. " Pour aider à la séparation, on ajoute de l'éther; on sépare la solution éthérée de la solution aqueuse et on distille l'éther au bain-marie. Le résidu un peu coloré en jaune est mis en contact avec un cylindre de potasse fondue pour le dessécher et pour le préserver de l'action de l'acide carbonique. Après quelques jours, on sépare le liquide limpide de la j)otasse et on le distille en recueillant ce qui passe vers 1 82 degrés. On obtient ainsi la benzy- lamine primaire incolore. Celle-ci n'est pourtant pas encore tout à fait pure. On s'en aperçoit en la mêlant avec de l'eau qui donne une solution trouble. Ce trouble paraît causé par une petite portion de l'alcaloïde secondaire qui est entraînée dans la distillation. )i Par des distillations fractionnées répétées, on arrive difficilement à la complète dépuration de la benzylamine ; j'y suis arrivé cependant par la mé- thode suivante : j'ai fait passer un courant d'acide carbonique soc sur la benzvlamine primaire, dépurée autant que possible par des distillations; il s'est fait un composé solide avec élévation de températiue. J'ai lavé ce com- posé avec de l'éther parfaitement sec (|ui a enlevé la petite quantité de l'autre alcaloïde, lequel n'avait pas absoibé l'acide carbonique et était resté liquide. Ce carbonate solide, séché dans du papier buvard, a été dissous dans l'acide ( hlorhydrique; il s'est dégagé de l'acide carbonique; j'ai fait cristalliser le chlorhydrate formé et j'en ai ensuite exJrait l'alcaloïde par le procédé pré- cédemment décrit. » L'alcaloïde CH'IPAz ainsi séparé est un liquide incolore qui bout sans décomposition entre 182 et i83 degrés (non corrigé). Il paraît inalté- rable sous l'aclion de la lumière; il se mêle à l'eau en toutes proportions; la potasse en excès le sépare de ces solutions en le colorant légèrement en ( '209 ) jaune; il absorbe rapidement l'acide carbonique en donnant un composé cristallisé, comme le fait l'aniylamine. Il présente une réaction alcaline éner- gique, fume au contact de l'acide hydrochlorique, se combine aux acides avec un dégagement de chaleur considérable, et donne des sels neutres. Le chlorhydrate CH'AzHCl cristallise en lames striées; il donne avec le chlo- rure platinique un chloroplatinate cristallisé en lames de couleur orange. » L'énonciation de ces caractères suffit pour démontrer combien cet alcaloïde diffère de la toluidine. Les différences portent non-seulement sur les caractères physiques et la solubilité dans l'eau, mais encore sur les pro- priétés chimiques. La toluidine est un alcaloïde très-faible, tandis que la benzylamine a des caractères basiques aussi prononcés que ceux de l'éthyl- amine et de ses homologues. » En me basant sur la supposition que la benzylamine soit à la toluidine ce que l'alcool benzoïque est au phénol crésylique, j'ai voulu rechercher si, en remplaçant dans la toluidine par le radical benzyle les deux autres atomes d'hydrogène qui restent de l'ammoniaque, on obtiendrait un corps isomère ou identique avec la benzylamine tertiaire. u Je rendrai compte, dans une prochaine communication, du résultat de ces expériences, » TOXICOLOGIE. — Sur un nouveau poison du cœur provenant de l'Inée ou Onacje, et employé au Gabon [Afrique occidentale) comme poison des flèclies (i). Note de M. Eue. Pélikan, de Saint-Pétersbourg. « D'après les dernières recherches sur les poisons du cœur, nous ne connaissions encore, comme capables d'agir de cette manière sur cet or- gane, que les végétaux suivants : Anliaris loxicaria, Tangliinia venenijera, Digitale pourprée et les Hellébores noir et vert, le dernier surtout. M Je ferai remarquer, avant d'aller plus loin, que je comprends toujours, sous le nom de poison du cœur, une substance qui le paralyse dans ses élé- ments nerveux et toujours en première ligne, de manière que la grenouille empoisonnée (sur laquelle ces observations se font le plus facilement) con- (i) 0 'L'Inée, famille des Apocynées, dit M. Touchard (chirurgien de première classe de la marine) fournit une petite graine noire et allongée, que les indigènes écrasent pour en extraire un suc, dans lequel ils plongent les flèches préalablement enduites de cire. » [Rivière d't Gabon et ses maladies, thèse soutenue à Montpellier, le 8 mars 1864, p- 10.) C. R., i865, 1" Semettre. (T. LX, N" 83.) ' ^7 C 12IU ) serve encore la faculté de tous ses mouvements; elle saute même, et ce n'est qu'au bout d'un certain temjjs, par suite du manque de circulation, que la mort survient. Alors on remarque que le poison a exercé aussi son action sur tout le système musculaire, en déprimant plus ou moins consi- dérablement son irritabilité. » Ce sont précisément ces phénomènes de paralysie du cœur qu on observe constamment dans l'action de tous les poisons ci-dessus nommés, et qui sont confirmés par de nombreuses expériencfs de MM. Vulpian, Kolliker, Ci. Bernard, Dybkowski et autres. » Quant au n)ocle de production de cette paralysie, dans l'empoisonne- ment dont nous parlons, on voit toujours : )) 1° Qu'il y a, au début, une accélération des mouvements du cœur; i> -x" Qu'ensuite, et peu après, les battements de cet organe se ralen- tissent, puis cessent enfin tout à fait; » 3° Que cette cessation n'est point régulièrement progressive ; qu'elle s'opère, au contraire, alors que le ventricule du cœur donne encore i5, 20. 3o et jusqu'à /(O battements par minute; » 4" Qu'avant de s'arrêter sans retoiu-, le ventricule présente encore quelques mouvements irréguliers, comme péristaltiques ; » 5° Qu'alors que le ventricule est déjà complètement arrêté, presque vide et fortement contracté (dans l'état de systole) et que les oreillettes, toujours distendues par le sang, continuent encore leurs mouvements qui cessent aussi bientôt après; » 6° Enfin, que la paralysie du cœur n'a rien de commun avec la rigi- dite cadavérique; qu'une fois paralysé, cet organe ne répond plus à l'ac- tion des agents excitants, ni mécaniques, ni chimiques, ni électriques, appliqués soit directement, soit sur différents points du nerf sympathique et pneumogastrique, qui sont en lapport avec les ganglions du cœur (1). » Je dois au hasard la découverte du nouveau poison, qui fait le sujet de ma communication : en visitant, depuis ma récente arrivée à Paris, la magnifique exposition des colonies françaises, au Palais de l'Industrie, je fus assez heureux, dans l'intérêt de mes études, pour obtenir de son habile Directeur, M. Aubry-T.ecomte, des échantillons des graines ou semences (i) On poiirrail ronsiiltcr sur co point le Mémoire que j'ai présenté à la Société de Bio- logie, en 1861, Mémoire portant pour titre : Recherches physiologo-toxicologiques sur l 'ac- tion de quelques poisons du cceur, en collaboration avec le D"^ W. Dybkowski. ( 12II ) dont se servent les jialiouins (chasseurs d'élépliants) pom- empoisonner leurs petites flèches de Ijambou (i). 1) L'Administration doit l'envoi de ces graines, ainsi que celui de plu- sieurs autres produits vénéneux, à M. Griffon du Bellay, chirurgien de première classe de la marine. Ces semences sont celles de Vlnée ou Oiiacje, Apocynée appartenant, selon certaine probabilité, à la tribu des Échiles. n J'étais à peine en possession des semences dont je viens de parler, que j'en ai fait faire un extrait alcoolico-aqueux, préparation que je dois à M. Ch. Torchon. » Cet extrait, préparé avec ?. parties d'alcool sur une partie d'eau, m'a donné des résultats ne différant en rien de ceux des poisons ci-dessus. Son action semblerait dépasser encore celle de plusieurs des derniers^ tant sous le rapport de l'énergie que sous celui de la vitesse, le cœur s'arrétant complètement trois ou quatre minutes après son application, sous-cutatiée, sur un des membres postérieurs de la grenouille. M. Vulpian a complète- ment confirmé ce résultat, que je l'avais prié de contrôler. » TÉRATOLOGIE. — Mode de production de l'inversion des viscères ou de /'hétérotaxie. Note de M. Camille Dareste (2), présentée par M. de Quatrefages. « L'inversion des viscères, ou, comme on l'appelle depuis Is. Geoffroy Saint-Hilaire, ïhétérolaxie, n'a pu, jusqu'à présent, être expliquée ; aussi a-t-elle été et est-elle encore aujourd'hui l'un des principaux arguments des défenseurs du système des monstruosités originelles. » Mes travaux sur la production artificielle des monstruosités m'ayant permis d'étudier plusieurs cas d'hélérotaxie en voie de formation, j'ai pu me rendre un compte exact de la formation de cette curieuse anomalie. n On sait que dans l'état normal, un certain nombre d'organes n'obéissent point à la loi de symétrie qui régit l'organisation des animaux vertébrés. Dans l'inversion des viscères, cette dérogation à la loi de symétrie se pro- duit en sens inverse de ce qu'elle est dans l'état normal. » Or cette dérogation à la loi de symétrie, dans l'état inverse comme (i) Foir, sur ce sujet, Aubry-Lecomte : Note sur quelques poisons «le la côte occidentale d'Afrique, dans la Revue maritime et coloniale, t. XI, p. 83-85; mai 1864. (2) Cette Note avait été envoyée à M. de Quatrefages pour être déposée dans la séance précédente. M. de Quatrefages, forcé de s'absenter, n'a pu la présenter qu'aujourd'hui. ( 121 2 ) dans l'état normal, n'est point primitive, et elle ne commence à se manifes- ter qu'à une certaine époque de la vie embryonnaire. Tous les organes qui la présenteront dans leur état défniilif ont commencé par un état parfaite- ment symétrique. » I^e cœur est le premier organe chez lequel cette disparition de la symé- trie primitive se manifeste. Elle apparaît à ce moment de la vie embryon- naire où le cœur, qui d'abord était placé au-dessous de la tète, vient faire saillie, sous la forme d'une anse coniraclile, au côté droit de l'embryon en- core couché à plat sur le vitellus. » Dans l'inversion des viscères, la formation de l'anse cardiaque se pro- duit au contraire à la ganche de l'embryon. J'ai déjà eu occasion d'indi- quer ce fait dans ime connnunication précédente. » Or c'est cette formation de l'anse cardiaque, tantôt à la droite et tantôt à la gauche de l'embryon, qui entraîne après elle toutes les modifications de la symétrie primitive qui caractérisent, dans le premier cas l'état nor- mal, et dans le second cas l'état inverse. Ces modifications de la symétrie primitive, que je ne puis indiquer ici en détail, s'expliquent par l'atrophie d'organes préexistants, comme dans le système vasculaire, et par le déve- loppement inégal des parties de l'organe, comme dans l'allantoïde et l'appa- reil digestif. » Mais comment se fait-il que l'anse cardiaque se place tantôt à droite et tantôt à gauche? » L'explication de ce fait m'a été donnée par l'étude de monstres à double cœur que j'ai rencontrés en assez grand nombre (une vingtaine environ), dans mes expériences. » Chez ces monstres, il existait deux anses cardiaques contractiles situées des deux côtés de la tète; et, dans certains cas, ces anses cardiaques se développaient assez pour se partager en deux poches parfaitement compa- rables aux oreillettes et aux ventricules des anses cardiaques uniques des em- bryons normaux ou inverses. J'insiste sur ce fait pour montrer que la signi- fication de ces anses cardiaques ne peut laisser aucun doute. » Je n'ai |)as encore été assez heureux pour observer dnectement le mode de formation de ces doubles cœurs : mais les connaissances que nous avons sur la formation normale du cœur me permettent de l'expliquer d'une manière très-simple. » Le premier indice que l'on ait de la formation du cœur consiste dans l'apparition de deux replis latéraux que l'on observe au-dessous de la tête et au-dessus du pli transversal que forme le capuchon céphalique à l'en- ( 12.3 ) droit où il se sépare de la tète. Ces replis, qui ont été figurés pour la pre- mière fois par Pander, forment deux blastèmes situés symétriquement des deux côtés de la ligne médiane. » Lorsque ces deux blastèmes se développent également et d'une ma- nière indépendante, ils donnent naissance aux deux anses cardiaques. » Le plus ordinairement, ces blastèmes se développent d'une manière inégale, et l'un des deux est beaucoup plus apparent que l'autre. Celui de ces blastèmes qui prend le plus grand développement détermine la forma- tion d'une anse cardiaque unique qui occupe le côté de la ligne médiane primitivement occupé par le blastème le plus développé. Si le blastème droit se développe plus que le gauche, on aura l'état normal ; si le blastème gauche se développe plus que le droit, on aura l'inversion. » Tous ces faits donnent donc une explication très-simple de l'inversion des viscères, et cette explication est d'autant plus intéressante qu'elle rend compte des anomalies du cœur qui se rencontrent dans certaines monstruo- sités doubles. » Chez les monstres sycéphaliens (Janiceps, Iniopes et SynoJes), et chez les Décadelphes, les deux coeurs sont situés sur le plan d'union et ils appar- tiennent par moitié à chacun des sujets composants. !..'origine de ces dou- bles cœurs était très-difficile à concevoir: elle s'explique de la manière la plus simple par l'existence, d^ns l'embryon, de deux blastèmes pouvant chacun donner naissance à une anse cardiaque. Je reviendrai sur ces faits dans une prochaine communication. » Il reste maintenant à déterminer, pour compléter l'histoire de la for- mation du cœur, le rôle du blastème dont le développement est moindre. Disparaît-il peu à peu en s'atrophiant? ou bien doit-il se souder avec l'autre blastème, et contribuerait-il à former les cavités du cœur pulmonaire? » Dans le premier cas, il y aurait primitivement chez l'embryon deux cœurs qui, en se développant isolément, donneraient le cœur de l'état normal et le cœur de l'état inverse. Dans le second cas, le cœur définitif se- rait formé par la soudure des deux blastèmes; donc le plus développé don- nerait le cœur aorlique, et le moins développé le cœur pulmonaire. » Cette dernière opinion me paraît être la plus conforme aux faits. Toutefois je n'ai pu encore m'en assurer d'une manière certaine. » ( 1214 ) TÉRATOLOGIE. — Sur certaines conditions de la production du nanisme. Noie de M. Camille Dareste, présentée par M. de Quatrefages. « J'ai rencontré récemment, à diverses reprises, des embryons qui se distinguaient de ceux du même âge par des dimensions notablement moindres, et qui étaient par conséquent de véritables nains. L'examen des circonstances dans lesquelles je les ai rencontrés m'a fourni un certain nombre d'indications relatives au mode de production du nanisme. )i Ces embryons s'étaient développés beaucoup plus rapidement que les autres. » Ainsi, j'ai ouvert, le 3 juin à 2 heures, un œuf mis en incubation le 2 juin à !o heiues du matin. L'embryon avait péri depuis quelque temps; de telle sorte que la durée totale de sa vie, comptée depuis le commence- ment de l'incubation, n'avait pas dépassé vingt-quatre ou vingt-six heures. Et cependant il avait atteint dans son développement l'état que les embryons, dans l'état normal, ne présentent qu'après la soixantième heure, et qui est caractérisé par le retournement de la tète dont le côté gauche se trouve alors appliqué sur le vitellus, tandis que le reste du corps ne s'est pas retourné et reste appliqué sur le vitellus par sa face ventrale. » Cet embryon si précoce était fort petit. Voici quelques mesures qui donneront une idée de ses dimensions. L'aire vasculaire ne présentait que 5 ou 6 millimètres de diamètre dans les différents sens. Quant à l'embryon, qui présentait, comme ceux de la soixantième heure, deux courbures dans la plus grande longueur, il n'avait que 3 millimètres de longueur quand je l'ai mesuré sur place, et que 5 millimètres quand j'ai déplissé ses cour- bures. Or, dans l'état normal, l'aire vasculaire d un œuf arrivé à la soixan- tième heure a i5 millimètres de diamètre, et l'embryon non déplissé 9 à 10 millimètres. La taille de cet embryon nain n'était donc que le tiers de la taille des embryons qui ont atteint la même phase du développement. » Cette observation et plusieurs autres qui m'ont donné des résultats entièrement semblables montrent qu'il existe une certaine relation entre le nanisme et la précocité du développement. Mais quelle est cette relation? » Les phénomènes qui transforment peu à peu le germe embryonnaire, formé sur l'aire transparente du blastoderme, en un animal adulte, sont de deux sortes, comme l'auteur si regretté du Traité de Tératolocjie en a fait depuis longtemps la remarque. Tantôt il y a formation d'organes nou- veaux, ou modification de la forme et de la structure des organes précé- ( I2l5 ) déminent formés : ce sont les phénomènes de développement ; taiitôt il y a seulement augmentation du volume des organes déjà formés : ce sont les phénomènes d'accroissement. « Is. Geoffroy Saint-Hilaire a montré dans son ouvrage comment, dans certaines en-constances, ces deux sortes de phénomènes pouvaient être en antagonisme, et que la prédominance anomale de l'un de ces faits sur l'autre pouvait produire des anomalies. C'est par cette prédominance qu'il explique le géantisme et l'accroissement précoce de la taille. » Mais ces explications ne portent que sur des anomalies postériem-es à la naissance. Au contraire, le nanisme est presque toujours antérieur à la naissance : et jusqu'aux observations qui font le sujet de ce travail, on ne possédait aucune tlonnée sur la question de l'origine du nanisme congé- nial. « Mes observations montrent que I antagonisme signalé par Is. Geoffroy Saint-Hilaire entre les phénomènes de développement et ceux de simple accroissement s'appliquent aussi bien au mode de formation des nains qu'à celui des géants. Ici, un développement liès-précoce, puisqu'il réalise en vingt-quatre heures une organisation qui dans l'état normal exige soixante heures pour se former, devient un obstacle à l'accroissement du corps qui, dans les cas que j'ai observés, était réduit au tiers de la taille nor- male, et par conséquent au neuvième du volume normal. » Cette explication de l'origine des nains, qui résulte pour moi de la comparaison d'un certain nombre d'observations directes, est d'ailleurs en rapport avec ce que nous savons des variations de la durée de l'incubation chez les Oiseaux et de la gestation chez les Mammifères. Dans tous les groupes naturels de ces deux classes, celte durée diminue ou augmente avec la faille de l'animal : or, les phénomènes étant essentiellement les mêmes chez tous les animaux d'un même groupe naturel, les différences de taille dépendent uniquement de la variabilité des phénomènes d'ac- croissement. » Tous les embryons nains que j'ai eu occasion d'observer se sont pré- sentés dans des séries d'incubations faites à des températures de /ja à 43degré.s centigrades, et supérieures, par conséquent, à la température normale. J'ai tout lieu de croire qu'il n'y a pas là une simple coïncidence, et que la tem- pérature élevée a été la cause de la précocité du développement, et par suite du nanisme. Si cette relation se conGrme, elle me donnera la possibilité de produire artificiellement des embryons nains. » \ i-^i6 ) MÉCANIQUE DE LA CHALEUR. — Réponse à une c07nmunication de INI. Diipré; parM. A. Achard. (Présentée par M. H. Sainte-Claire Deville.) n J'ai lu dans les Comptes l'endus, nmiiéio du ij mai, la Note de M. Dupré relative à un article qui a paru sous mon nom dans les j^tcliives des Sciences physiques et nnliirelles, numéro du 20 mars, et j'avoue que je ne m'attendais nullement à être ainsi pris à partie. Quoique je me sois dispensé de répéter des noms propres à chaque ligne, la lecture de cet article démon- trera clairement que, tout en modifiant certaines choses dans la forme, je n'ai rien ajouté ni prétendu ajouter quant au fond à ce que M. Clausius et M. Rankine ont écrit sur le même sujet dans des travaux que j'ai tous cités. » Aussi, bien que j'adopte comme parfaitement philosophique, et à litre d'hy|)otliése ou plutôt de définition, la manière dont M. Rankine envisage dans leur réciprocité les notions de la chaleur actuelle et de la température absolue, je crois que M. Dupré aurait dij adresser directement ses critiques au savant ingénieur de Glasgow, qui est mieux placé que moi pour les rece- voir et surtout mieux qualifié pour y répondre. » M. Salvatoee Moxdixo donne, dans une Lettre en italien adressée à M. le Secrétaire perpétuel, une description, accom[)agnée d'une figure, d'un baromètre à air qu'il a inventé et qu'il a adressé à l'Académie au mois de février i863. Il demande que son instrument, s'il ne peut être admis à con- courir pour un des prix que décerne l'Académie, soit au moins soumis à l'examen d'une Commission et l'objet d'un Rapport. Cette Lettre est renvoyée à MM. Babinet et Regnault. M. J.-B. RoussEAiT envoie un exemplaire de la Thèse qu'il a soutenue à la Faculté de Médecine de Paris le 4 juillet 1822 et imprimée à cette époque, et deux autres exemplaires de la réimpression qu'd vient d'en faire faire et dans laquelle il a fait quelques additions et corrigé quelques erreurs [voir au Bulletin bibliograpliique). M. Sylvestre adresse le plan d'une machine de son invention qui peut servir, suivant lui, de moteur très-puissant et continu. La Lettre et la figure de celte machine sont renvoyées à l'examen de M. Delaunay. ( '217 ) M. PoTTiER adresse quelques spécimens d'un insecte qui, selon lui, cause la maladie de la vigne, et qu'il n'a vu figuré dans aucun auteur. (Renvoyé à l'examen de M. Blanchard.) M. DE LÂcoMBE adresse le croquis d'un projet d'aérostat mû par la poudre à canon et l'air comprimé. (Renvoi à la Commission des Aérostats.) M. Maxcel Droxnet écrit pour annoncer la découverte d'un remède infaillible contre le choléra. (Renvoyé à la Commission du prix Bréant.) A 4 heures et demie l'Académie se forme en comité secret. La séance est levée à 5 heures trois quarts. E. D. B. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. L'Académie a reçu dans la séance du 29 mai i865 les ouvrages dont voici les titres : Rapport présenté à S. Exe. M. le Ministre de l'agriculture, du Commerce et des Travaux publics, par i Académie impériale de Médecine, sur les vaccina- tions pratiquées en France pendant Tannée 1863. Paris, i864; in-S". 6 exem- plaires. Théorie générale des faisceaux et des involulions avec les applications aux tracés des courbes des différents ordres; par M. PouDRA. Paris, 1 8G5 ; br. in-8°. Mémoire sur les trigones, tétragones, hexagones ; par le même. Paris, i8()5; br. in- 8°. Des réseaux; par le même. Paris, i865; br. in-8°. (Cet opuscule et les deux qui précèdent sont présentés , au nom de l'auteur, par M. Chasles.) Recherches sur la disposition des fibres musculaires de T utérus développé par la grossesse; par Th. IIÉLIE. Paris, i864; in-8° avec un atlas in-folio de 10 planches dessinées d'après nature par M. Chenantais. (Destiné au con- cours pour le prix Godard.) C. K., iS65, i" Semestre. (T. LX, N» 25.) I 58 ( I2l8 ) Le Microscope et son application spéciale à l étude de ianaiomie végétale; par le D"' Hermann ScHACHT; traduction française par M. Jules Dalimier. Paris, Leipzig et Berlin, i865; in-8°. Nouvelle théorie mntliémntiqite de la chaleur et de l' électricité ; par DE COL- NET-d'Huart, 9." partie. Luxembourg, i865; in-8°. Bains de merde Houlijate-Beuzeval; par le D'' Raoul Le Roy. Paris, i865; in-12. (Présenté, au nom de l'auteur, par I\L Cloquet.) Rectification exacte d'un arc circulaire quelconque ; par le prof. J. Recal- CATi. .Milan, i865; br. in-8". Plusieurs exemplaires. Théorie iind Anwendungen der hyperboUschcn Functionen; von J.-F.-W. Gronau. Danzig, i865; in-8°. Palinœ pinnalœ tertiariœ agri Feneti a'Roherto deVisiani illustratœ. Venise, i864; iu-4''. (Présenté, au nom de l'auteur, par M. Brongniart.) Opuscules adressés par M. V. CORNIL pour le concours de Médecit)e et de Chirurgie de i8G5. Altérations anatomiques de la moelle, des nerfs et des muscles dans u>i cas de paralysie infantile chez une femme morte de cancer du sein. — Recherches sur h' stnicture de la muqueuse du col utérin à l'état normal. — Mémoire sur les léiions analond(jucs du rein dans r albuminurie. — Sur la production de tu- meurs épithélialcs dans les nerfs. — Mémoire sur les tumeurs épilhéliales du toi de l'ulcrns. — Note sur les lésions des nvrjs et des muscles liées à la con- tracture tardive et permanente des membres dans les hémiplégies. 6 bro- chures in-8°. Recherches sur la maladie du sang de rate; par le D*^ C. Davaiine; 3 br. in-4° et 1 br. in-8°. (Destiné au concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie de i8G5.) Lettres obstétricales. De la position de la femme pendant l'accouchement; par M. Victor Legros. Paris, 1864-, br. in-8". (Présenté, au nom de l'auteur, par M. Velpeau.) Arithmetische und geometrische Harmonien... ; von D' SCHIMKO; in-4'^'- Die Laryngoskopie und die luryngoshopische Chirurgie; von Victor V. Bruns. Tubiugue, r8G5; in-S" avec atlas in-folio. ( '219 ) L'Académie a reçu dans la séance du 5 juin i8G5 les ouvrages dont voici les titres : Bidlelin de la Société de Chirurgie de Paris pendanl l'année i865; 2'= série. t. V. Paris, i865; vol. in- 8". Les volcans solaires; par M. J. Chacornac; feuilles autographiées ui-8", avec figures. Rapport sur la maladie du colza cpii a détruit la récolte de i864; par Î\I. .\. LEUEnouLLET. Strasbourg, i865; br. in-8°. Nouvelles recherches sur la physiologie et la pathologie du cervelet , par le D"' M. Leven. (Extrait des Comptes rendus des séances et Mémoires de la So- ciété de Biologie, année 1864.) Paris, i8G5; in-8°. Recherches sur les gaz libres de l'urine ; par le IT E. MORIN. (Exirait du Journal de Pharmacie et de Chimie, mai 1864.) Paris; demi-feuille in 8". Application des équations de i hydrodynamique à la recherche du mouve- ment d\m ellipsoïde clans un liquide; par M. Resal. Paris, i8G5; in-8°. Observations météorologiques faites à Dijon pendant l'année i864; par M. Alexis Perrey; in-S". Jlluvions des environs de Toul, par rapport à l'antiquité de l'espèce hu- maine ; par M. HussON ; in-S". Recherches sur les conditions météorologiques de développement du croup e/ de ta dipldhérie...; pur 31. le prof. COUHTY. Montpellier, 1862; in-4". (Des- tiné au concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie de i865.) Dissertation sur les propriétés vitales, présentée et soutenue à la Faculté de Médecine de Paris, le 4 juillet i8'22; par J.-B. Rousseau. Paris, 1822; in-4°; et deux exemplaires d'une nouvelle édition de ce travad. Sulta rebizione de fenomeni meleorologid colle variazioni del mngnetismi> terratre; Memoria dal P. Angelo SECCfii. Roma, i864; in-S". Paleontology of Niti in die norlhcrn Himalaya; heing descriptions and figures of ihe palœozoic and secondcnyjossils coltected by co\one\ Richard Strachey ; descriptions by i.-W. Salteiî and H. -F. BlakfoRD. Calcutta, i8G5; in-8°. Sitzuugsberichte... Comptes rendus de l'Àcadérrùe royale des Sciences dt Bavière, 1864, t. II, livraisons 3 et 4- Munich, i864; in-S". Annalen... Annales de i Observatoir-e royal de Munich, vol. XIII et XIV. Munich, 1864 et i865; 2 vol. in-S". Hamalologische Sludien von D"' Alex. ScilMiDT. Dorpat, i865; in-8". Matériaux pour servir à la paléontologie du terrain tertiaire du Piérnortl. ( 1220 ) Ijcii le coin. Eug. SiSMOSDA. (Extrait des Mémoires de f Académie des Sriemes de Turin, série 2, t. XXII.) Turin, i8G5; vol. in-4". Formule... Foi mules pour déterminer la température de l'air ambiant sans Vninerver; par le prof. P. VOLPICELLI. (Extrait des Alti dell' Accademia pon- tificia de Nuovi Lincei.) Rome, i865; iii-4". Sulla... Sur la constitution géologique et sur les eaux minérales et potables de la province de Sienne; par le prof. Cav.-diov. C.\MPANI. Sienne, i865; in-4°. Sulle analisi dellc terre per gli scopi agricoli dcl prof. Gaetano Cantoni. (Extrait des Atti délia Societc) Italiana di Scienze naturali.) Milan, i865; in-8". Sobre... Sur i éclipse du Soleil ipii aura lieu le 25 avril i865; par le P. Enrique M. Cappfllf.tti. Santiago (Chili )j i865; in-8°. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. ■ coa« Il SÉANCE DU LUNDI 12 JUIN 186S. PRÉSIDENCE DE M. DECÂISNE. MÉMOIRES ET COMMUNICATIOIVS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. CHIMIE MINÉRALE. — Recherches critiques sur ta conslitution des composés du niobium; par MM. H. Sainte-Claire Deville etli. Troost. « Henri Rose, l'illustre Correspondant de l'Académie, que la science vient de perdre d'une manière si inattendue, a produit un véritable chef-d'œuvre d'analyse chimique en découvrant le niobium, ou plutôt l'acide hyponio- bique qu'on avait confondu avant lui avec l'acide tantalique. Il a amené l'histoire du niobium et de ses composés à un état de perfection qui lais- sait peu de chances de modifier les faits principaux de cet admirable cha- pitre de la science. » Cependant, lorsque le chimiste de Berlin fait l'histoire des propriétés comparées de l'acide hyponiobique et de l'acide niobique , composés oxygénés d'un même métal et absolument irréductibles l'un dans l'autre; lorsqu'il étudie l'hypochlorure et le chlorure de niobium, les considérant comme des composés chlorurés de deux modifications d'un même métal également irréductibles l'un dans l'autre, il introduit dans la science un fait sans précédent dont il faut détruire le côté mystérieux par tous les moyens possibles. Ramener des faits inexpliqués ou non classés, ce qui revient au même, aux faits généraux de la Chimie, est un service des plus méritoires et G. R., i865, i" Semestre. (T. LX, N» 24.) I Sq ( 1222 ) auquel on n'attache peut-être pas assez d'imporlance. C'est ce qui donne à nos veux nue valeur cousiLlrrahie au beau (ravail que M. ^larignac vient de publier dans les Co/»yj/''s rendus (t. I>X, p. 234). Eu démoiilrant que l'hypochlorure de niobium et les hypofluoniobates doivent contenir de l'oxygène, il simplifie dune manière si heiu'euse toute l'histoire des com- posés niobiques, que désormais ceux-ci se développent parallèlement à une niullitude de congénères parfaitement connus. » M. Peligot a remlu dejiuis longtemps à la Chimie un service du même genre quand il a découvert la présence de l'oxygène dans l'urane, et qu'il a été amené à émettre son ingénieuse hypothèse de l'urauile (U"0^). » Depuis longtemps nous avons essayé d'apporter quelque lumière nou- velle dans l'histoire des composés niobiques, en étudiant les densités de va- peur des matières vôlaliles que le niobium produit par sa combinaison avec le chlore; nous avons même publié [Comptes r-endus, t. LVI, p. 894) 'a den- sité de vapeur du chlorure de niobium. L'Académie voudra bien remarquer qu'en ce qui concerne les clilorures de tantale et de niobium, nous avons donné nos résultats numériques sans commentaires, en présumant, ce que nos recherches d'aujourd'hui vont confirmer, que ces résultats numéri- ques obtenus sur des matières parfaitement déterminées comme espèces, et par des procédés irréprochables, constituent toujours des documents utiles, même quanti ils sont en désaccord avec les théories admises. » Le chlorure de niobium bout à la température de 2^1 degrés, point fixe qui ne varie pas pendant foute la dinée de la distillation. Il possède, à la température d'ébullition du n>ercure, une densité égale à 9,6. La for- nuile NbCl" de H. Rose exige pour 1 volumes 8,6; l'écart de ^ entre la den- sité observée et la densité calculée ne pourrait être attribuée aux erreurs d'expérience. Si on admet la nouvelle formule de M. Marignac Nb=Cl\Wb = 47), le calcul donne pour 4 volumes 9,4, et la différence de ces nombres 9,6 et 9,4 tombe dans les limites des erreurs d'observation. M L'hypochlorure de niobium Nb'-CP, suivant H. Rose (lNb=::48j3j, devient pour M. Marignac un oxychlorure Nb-Q-Cl' (Nb = 47)- C'était siu'tout ce corps (pi'il fallait étudier à notre point de vue. Ses propriétés sont d'ailleiu's très-remarquables. L'hypochlorure de niobium, ou plutôt l'oxychlorure, comme il faut dire aujourd'hui, est un corps cristallisé en Itonppes soyeuses et incolores, très-volumineux, circonstance fort gênante pour son introduction dans nos appareils. ( 1223 ) » Il ne fond pas sous la pression ordinaire, uuiis U se volatilise a une tem- pérature qui ne doit pas être bien éloigm'e de 4oo degrés, car dans la va- peur de soufre il n'entre en vapeur que très-peu de temps avant que lesoufre soit en pleine ébullifion. Nous avons néanmoins déterminé sa densité dans la vapeur de soufre bouillant (44o degrés), et nous avons contrôlé le cbift're ainsi obtenu en opérant ensuite dans la vapeur de cadmium (8Go degrés). Les deux nombres se sont trouvés parl'aitement identiques : 7,87 dans le premier cas, 7,89 dans le second. » Mais pour arriver, avec une matière aussi difficile à manier que l'hypo- chlorure de niubium, à obtenir des nombres aussi concordants, il faut prendre des précautions et effectuer des corrections nombreuses. » La matière, distillée un grand nombre de fois dans l'hydrogène, et sé- parée du chlorure de niobium Nb^CPpar la différence de leur volatilité, est introduite aussi lapideuient que possible dans les ballons de verre ou de porcelaine desiinés à l'expérience. Lorsqu'on opère dans le soufre, il tant prolonger la distillation de ce corps et maintenir le ballon dans la \apeiu- de soufre jusqu'à ce que toute trace de utatière condensable cesse de sortir par la pointe effilée. L'opération terminée, on ouvre ce ballon sur de l'eau bouillie contenant une petite quantité de potasse en dissolution, et on ana- lyse de la manière qvu va être décrite les matières dissoutes ou mises en sus- pension dans la potasse par l'agitation. Bien entendu, on détermiiie les poids, volumes, pression et température comme dans le cas ordinaire. La solution faible de potasse étant filtrée laisse de l'acide hyponiobique inso- luble : c'est le produit de la décomposition de l'hypocblorure par l'eau hygrométrique fixée par lui pendant la manipulation préliminaire. Au con- traire, l'acide hyponiobique produit dans la réaction de l'hypochlorure sur la lessive faible de potasse s'est dissous entièrement à l'état d'hyponiobate de potasse. » L'acide hyponiobique insoluble est lavé sur un filtre, séché, calciné et pesé. C'est un résidu fixe dont il faudra retrancher le poids du poids de la vapeur. La solution filtrée et très-étendue est traitée eu vase clos et à une température de 60 degrés environ par un très-léger excès d'acide nitrique; de l'acide hyponiobique se précipite, on le recueille sur un filtre, on le lave, on le calcine et ou le pesé. Dans la solution légèrement acide et filtrée, on met du nitrate d'argent jusqu'à cessation de précipité, on recueille et on pèse le chlorure d'argent avec les précautions usitées dans le dosage du chlore. On obtient alors les résultats suivants : 159.. ( 1224 ) Danf la vapeur de soufre (44° ilegrés) : Densité observée de l'oxychlorure de niubiuin -^ ,87 Densité calculée avec la formule (Nb'O'CP) et l'équivalent (Nb =: 47) de M. Marignac 7,5 Densité calculée avec la formule de M. Marignac et l'équiva- lent (Kb = 48)de H. Rose 7,6 r er La quantité de matière contenue dans le ballon était de. . . ' , 179 qui ont donné : Chlore 0,5703 Acide hyponiobique 0,7380 Dans la vapeur de cadmium (860 degrés) : Densité observée de l'oxychlorure de niobium 7 ,89 Densité calculée avec la formule (Nb'O'CP) et l'équivalent (Nb= 47) de M. Marignac 7,5 Densité calculée avec la formule de M. Marignac et l'équiva- lent (]Nb= 48) de H. Rose 7,6 La quantité de matière contenue dans le ballon était de. ... o ,682 qui ont donné : Chlore o , 3344 Acide hyponiobique 0,4 160 • Dans le soufro. Chlore obtenu pour 100 4^)6 Acide hyponiobique pour 100 63, o » Il est impossible, dans des circonstances pareilles, d'espérer obtenir des nombres s'identifiant d'une manière plus complète avec ceux qu'a pu- bliés le savant chimiste de Genève. On trouve en effet : Observé. Calcule. Niobium 43,2 Nb' 43,3 Chlore 48,9 CV 49,4 Oxygène 7,3 0= .. 7,3 99,4 100,0 )) Poin- conclure d'une manière irréfutable à l'existence de l'oxygène dans riiypochlorure de niobium, il était bon d'en constater la présence par un procédé direct; c'est ce que nous avons tenté au moyen de la réduction que fait subir le magnésium à l'oxychlorure de niobium. L'expérience réussit Dans D'après le cadmium. Moyenne. M. Marignac 49» • 48,9 49,4 60,0 61,5 61,7 ( 1225 ) très-bien, pourvu qu'on Me dépasse pas la température à laquelle il est per- mis de supposer que l'oxyde de niobium pourrait être réduit lui-même par le magnésium. Pour cela, ou a fait passer dans un tube de verre un excès d'oxycblorure de niobium sur 790 milligrammes ;de magnésium parfaite- ment pur et en fils fins. L'augmentation de poids de ce magnésium mani- festement altéré a été de i35 milligranuues. » En mettant ce magnésiuui au contact de l'eau, il s'est dissous : » 1° Du chlorure de magnésium sans trace d'oxyde, car il contient : lugr Chlore 75 ,0 Magnésium aS , 3 » 2° Un sous-chlorure brun violacé contenant : Chlore '7'"''^ et donnant une quantité d'acide hyponiobique à peu près égale au chlore. » Le magnésium et la nacelle de platine dans laquelle se faisait l'opération étaient tapissés de petits cristaux inaltérables par l'eau, ayant l'apparence d'une matière cristallisée dans le système régulier, très-brillante et suscep- tible de se transformer avec ignitiou, au contact de l'air et au rouge, eu acide hyponiobique. Cette matière doit contenir de l'oxygène d'après l'augmen- tation de poids qu'elle subit à l'air chaud, mais les nombres que nous avons obtenus en opérant sur une très-faible quantité de matière ne nous per- mettent pas une conclusion définitive. L'un de nous, dans un travail entiè- rement inédit qu'il publiera bientôt, a obtenu une substance tout à fait semblable, en traitant l'hyponiobate de potasse par le sodium naissant; ce sont de très-beaux cristaux cubiques creusés en trémies sur toutes leurs faces dont les inclinaisons sont de 90 degrés. Il avait considéré jusqu'ici la matière ainsi obtenue comme étant le niobium lui-même, parce que le chlore le transformait en hypochlorure. Les expériences qui viennent d'être développées font naître naturellement des doutes sur la nature et la sim- plicité de cette matière qui pourrait bien être au niobium véritable ce que l'uranile de M. Peligot est à l'uranium. )» Si nous consignons cette observation dans les termes vagues qui pré- cèdent, c'est que l'un de nous, dans sa correspondance avec H. Rose, a relaté toutes ses expériences, les a expliquées dans l'hypothèse qu'admettait son ami vénéré, et que les idées et les expériences de M. Peligot sur les composés de l'uranium, celles de M. Marignac sur les composés du niobium doivent faire regarder aujourd'hui comme inadmissible. ( 1226 ) » Les conclusions que nous voulons tirer des faits et des analyses qui précèdent sont les suivantes : » i" L'iiypochlorure de niobium de H. Rose doit être considéré comme lU) oxvchlortire, » 1° Tontes les propriétés extraordinaires du niobium rentrent dans la loi conunune. » M. DE VEnsECiL présente, au nom de M. Casiano de Prado, un ouvrage espagnol intitulé : « Description pbysique et géologique de la province de Madrid », accompagné d'une Carte géologique de cette province. Il donne Mna analyse succincte de ce travail, et entre dans quelques détails sur les restes fossiles de ces terrains où l'on a trouvé aussi des haches en silex taillé. M. MoRix présente, au nom de M. W. Fairbaiin, deux ouvrages en anglais, l'un intitulé : « Traité des moulins et des machines de transmis- sion », 2® édition; l'autre : « Sur l'application de la fonte aux construc- tions », 3*^ édition, et donne un aperçu rapide du contenu de ces deux ouvrages. RAPPORTS. MÉC.MSIQUE APPLIQUÉE. — Rapport sur un Mémoire présenté jinr M. H. Tresca dans la séance du 7 novembre i864, et intitulé : De l'écoulement des corps solides. (Commissaires: MM. Pouillet, Piobert, Duhamel, Morin rapporteur.) « Le Mémoire présenté par M. H. Tresca, et dont l'Académie nous a chargés de lui rendre compte, a poiu' objet l'exposition et la discussion des résultats des expériences nombreuses et variées que l'auteur a exécutées pour étudier les effets de compression et d'expulsion que produisent de grandes pressions exercées sur des corps mous, ductUes ou pulvérulents, ren- fermés dans une enveloppe rigide cylindrique percée à sa base d'un orifice concentrique de dimensions variées. » Les phénomènes remarquables manifestés par les résultats de ces expé- riences ont été mis sous les yeux de l'Académie : ils ont, pour l'étude des questions les plus délicates de Physique moléculaire et pour la Mécanique, une inq)ortance d'autant plus grande, que jusqu'à ce jour la science était complètement dépourvue de notions théoriques ou expérimentales sur les ( '227 ) tlépjacements géomédiques qu'en pareils cas peuvent éprouver les molécules des corps. » Ces belles expériences, sans établir encore peut-être une identité com- plète, rendent au moins manifeste l'analogie que présentent les circonstances de l'écoulement des liquides avec le passage des coips mous, ductiles ou pulvérulents, lorsque, sous l'action d'efforts suffisamment énergiques, ils sont forcés de passer par des orifices donnés. >< Cette analogie est tellement frappante, qu'elle a conduit l'auteur à exposer les faits qu'il a observés, sous le titre en apparence paradoxal de Recherches sur l'écoulement des corps solides. )) Mais, si cet énoncé a pu d'abord surprendre ceux qui l'ont entendu, la vue des nombreux spécimens des expériences obleiuis sur les matières les plus diverses, depuis les argiles molles jusqu'à des métaux durs tels que l'acier, a montré l'exactitude de l'expression. » Dans son Mémoire, l'auteur s'est proposé d'abord les deux objets sui- vants : M 1° Montrer, par les résultats de nombreuses expériences, que les corps solides, ductiles, mous ou pulvérulents, peuvent, sans changer d'état, s'écou- ler d'une manière analogue à celle des liquides, lorsqu'on exerce à leur sur- face des pressions suffisamment grandes; » 2° Donner la marche géométrique de cet écoulement, et indiquer les déductions les plus importantes que l'on peut en tirer pour l'étude des mou- vements particuliers des molécules, pour celle du travail mécanique qu'elles exigent, et pour diverses autres applications. » L'énoncé seid de la première question en montre toute l'importance et toute la nouveauté : car, s'il ne s'agit ici que des mouvements intérieurs ou intestins qui se produisent dans les corps mous, pulvéridents ou plus ou moins ductiles, sous l'action des efforts puissants que les moyens énergiques, mais limités, dont l'homme dispose aujourd'hui, permettent d'exercer, on comprend tout de suite que les conséquences de ces effets restreints peuvent et doivent, comme l'auteur l'indique dans son Mémoire, s'étendre par ana- logie à certains phénomènes géologiques de la croûte solide de notie globe, incessauunent sollicité du centre à la suiface par les puissantes étreintes des pressions développées à son intérieur. » Afin de pouvoir observer les mouvements des différentes parties des matières employées aux expériences, les blocs soumis à des pressions qui les forçaient à s'écouler sous forme de jets cylindriques étaient particulière- ment formés de plaques pour les métaux, ou de couches pour les matières ( 1228 ) céramiques, afin que les surfaces de joint primitives de ces plaques ou de ces couches pussent être retrouvées dans les jets après leur écoulement. C'est grâce à cette disposition ingénieuse, qui constitue une méthode spé- ciale d'observation, qu'il a été possible de suivre toutes les transformations subies par la luatière et d'étudier les lois géométriques de ces transforma- tions. M Pour ne pas abuser des moments de l'Académie, nous n'entrerons dans aucun détail sur les procédés employés pour produire les écoulements dont les nombreux résultats ont été mis sous ses yeux. » Nous dirons seulement que, pour cette première partie des expériences, les pressions nécessaires ont été produites à l'aide d'une presse hydraulique à quatre cylindres avec laquelle on a exercé dos efforts qui pouvaient s'élever jusqu'à looooo kilogrammes de pression totale exercée sur les plaques. On a ainsi successivement soumis à l'expérience des matières molles et plastiques, telles que la terre à briques, la terre à porcelaine; des matières [)ulvéru!entes, comme le sable et le plomb de chasse; et enfin des métaux plus ou moins ductiles, tels que le plomb, l'étain, l'argent, le cuivre rouge, le fer, et même l'acier. )) Les expériences sur le plomb ont été faites en forçant le métal à passer par des orifices différents, dont les diamètres ont été successivement de o", oio, o™,o3o et 0^,0/jo. Le diamètre extérieur primitif du bloc était de o'",ioo et le nombre de plaques de plomb dont il se composait a varié de 2 jusqti'à 20 pour la série la plus complète. » D'autres observations sur des blocs de o",o5o, et avec des orifices d'écoulement de o™,020 seulement, ont été exécutées sur le plomb, sur l'étain, sur le cuivre et sur l'argent, en se servant presque toujours de la presse hydraulique et accidentellement d'un balancier que possède le Con- servatoire. » Plus tard, des expériences ont été faites sur des blocs de o'",o39 de diamètre seulement, soit avec la presse hydraulique sur le plomb, sur l'étain et sur l'argent, soit avec le balancier de la Monnaie, pour le cuivre et pour l'acier. » Quant aux pâtes céramiques, les expériences ont été exécutées en com- primant, soit par des charges directes, soit à l'aide de la presse hydravdique, des blocs d<; o'",ioo de diamètre renfermés dans des boîtes de même dimen- sion. Les diamètres des jets ont varié de o^jOao à o",o5o, et les expériences sont au nombre de vingt-trois. » Sur les matières pulvérulentes, on a opéré soit par pression de bas ( 1229 ) en haut pour conserver la forme des jets, soit par écoulement naturel. En imprégnant ensuite ces jets, après l'expérience, avec de la cire fondue, on est parvenu à leur donner une solidité suffisante pour qu'il fût possible • driques en constituant vers la partie du jet la plus rapprochée de l'orifice » des tubes concentriques distincts. » Ces tubes, parfaitement continus, s'emboîtent exactement les uns dans » les autres, à partir de leur naissance dans le bloc, de manière que chaque » ligne de joint se trouve représentée, dans les coupes faites suivant l'axe, » par un trait d'une grande finesse et généralement très-régulier. " Les lignes de joint font voir que toutes les molécules du bloc viennent » individuellement et successivement se placer dans le jet. » Les épaisseurs des calottes qui, dans le jet, correspondent à chaque » plaque augmentent en commençant depuis la partie extérieure du jet; » pour celle-ci, la différence d'épaisseur entre elle et la plaque dont elle B provient est toujours très-faible. 1) Les épaisseurs des calottes qui terminent les plaques dans le jet sont » telles, que les distances des différentes lignes de joint à l'extrémité, lors- » qu'on les mesure suivant l'axe, augmentent dans une proportion plus » rapide que le nombre des plaques. Pour les premières plaques la dilfé- » rence d'épaisseur est toujours très-faible. » Dans les parties où l'un des tubes a pris la forme à peu près cylindri- » que, à l'intérieur et à l'extérieur, l'épaisseur de ce tube est telle, que sa C. R., i865, 1" Semestre. T. LX, N" 24.) 4 'So ( I230 ) B section diffc're Irès-peu de celle qui représenter.iit la seclion totale divisée 11 par le nombre des plaques. Un grand nombre de mesures prises sur les » coupes, particulièrement dans les jets en pâtes céramiques, satisfont avec 11 une étonnante exactitude à cette observation. » n Toutes les expériences, dont il est question dans le Mémoire, ont été faites, comme on l'a dit, sur des blocs cylindriques renfermés dans une en- veloppe solide, de même forme et de même diamètre, percée à son fond d'un orifice circulaire concentrique dont le diamètre a varié, et la j)ression s'exerçait à la face supérieure. u Or, en remarquant que, dans les expériences, le bloc cylindrique sur la base duquel s'exerçait la pression étant ainsi toujours renfermé dans une enveloppe de forme invariable, les épaisseurs seules des plaques dimi- nuaient à mesure qu'une partie du solide était expulsée, l'auteur a été na- turellement conduit à en conclure qu'outre le mouvement vertical de dé- placement manifesté par la formation d'un jet, il se produisait dans chacune des couches horizontales un mouvement dirigé de la circonférence au centre. » D'après ces considérations tout à fait logiques et conformes d'ailleurs à l'apparence des surfaces de joint des plaques qui manifestent ces mouve- ments, l'auteur a pu concevoir le bloc primitif comme composé à l'origine d'un cylindre central de même diamètre que l'orifice d'écoulement, et d'un cylindre annulaire extérieur au premier. 11 Pendant les diverses transformations éprouvées par ces deux cylin- dres, lorsque, sous l'action d'une pression extérieure énergique, leur hau- teur, ainsi que le diamètre du cylindre central, diminuent, il se forme en dehors de l'orifice un jet dont la longueur s'accroît jusqu'à ce que, la totalité du bloc primitif étant à peu près expulsée, les deux cylindres se soient complètement transformés en un jet de même volume total. C'est en étudiant ces modifications successives que M. Tresca a pu suivre la marche des molécules. » Partant en effet des considérations précédentes et de l'invariabilité à peu près complète, constatée par des expériences spéciales, de la densité et du volume des blocs, malgré leurs déformations, l'auteur, par un heureux choix des coordonnées 'qu'il a employées, selon qu'il s'est agi des diverses parties du solide déformé, a déterminé les équations des lignes dans les- quelles se Iranslorment les génératrices du cylindre central, ainsi que les rayons du cylindre annulaire extérieur, à mesure que la déformation pro- gresse. ( I23l ) » La composition des blocs primilifs qu'il avait, dans ses expériences, formés de plaques ou de couches homogènes d'épaisseurs tantôt égales et tantôt différentes, lui a permis de suivi-e, à l'aide du calcul comme par l'observation, la marche de leur passage par l'orifice et de leur répartition dans le jet, et de déterminer l'équation de la trajectoire d'un point quel- conque du bloc primitif. n Sans suivre l'auteur dans cette discussion délicate, pour laquelle il a adopté une marche qui pourrait probablement être étendue avec succès à d'autres études sur les mouvements moléculaires des corps dont les défor- mations sont permanentes, nous nous bornerons à dire que les formules auxquelles il est parvenu représentent, avec une exactitude très-satisfai- sante, les résultats des observations. » Nous ne citerons que deux exemples caractéristiques de ces vérifi- cations. L'un est relatif à la détermination des distances respectives des extrémités des jets, sous forme de capsules cylindriques auxquelles donnent lieu les diverses plaques ou couches d'égale épaisseur qui constituaient des blocs en plomb, en métaux divers ou en matières plastiques. L'autre est la courbure, suivant une hyperbole d'un degré supérieur, dans laquelle s'est transformée chaque génératrice du cylindre central, lorsque le bloc tout entier a été expulsé par la pression. » Les mesures et les tracés déduits des formules présentent avec les résultats des observations une concordance générale parfaite quant aux formes, et qui, sous le rapport des dimensions mêmes, laisse si peu de chose à désirer que l'on peut regarder la vérification des Ibrmules comme aussi satisfaisante qu'il est possible de l'obtenir dans des recherches de ce genre. » L'auteur du Mémoire dont nous rendons compte à l'Académie a donc déjà résolu en partie, pour les corps solides qu'il a soumis à ses expériences, la (juestion si délicate que, dans son Mémoire sur les expériences hydrau- liques relatives aux lois de i écoulement de l'eau, notre illustre confrère, M. Poncelet, posait dans les termes suivants (p. i55) : (i La question des mouvements des molécules liquides et de la forme » des courbes qu'elles présentent soit à la surface, soit à l'intérieur de la » veine, est de la plus grande importance dans l'état actuel d'imperfection » de la théorie; et, si l'on parvenait à la résoudre, même grossièrement, » par des observations directes et pour différents cas distincts, on mettrait » la Géométrie sur la voie de beaucoup de recherches utiles, jusqu'ici » inabordables, » » L'auteur n'a encore fait connaître que la première partie des recherches i6o.. ( 1232 ) qu'il poursuit avec une énergique persévérance, niais on voit par cette analyse succincte que son Mémoire contient assez de faits nouveaux et impor- tants pour qu'il paraisse cligne de tous les encouragements de l'Académie, et votre Coiniuission vous propose d'en ordonner l'insertion dans le Recueil des Savants étrangers, m ^ Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. MEMOIRES PRESENTES. CHIMIE. — Dissolution de quelques oxydes métalliques dans les alcalis caustiques en fusion. Deuxième Note de M. Sta.v. Meumer, présentée par M. Fremy. (Commissaires : MM. Fremy, H. Sainte-Claire Deville.) « Dans un travail présenté au mois de mars dernier à l'Académie, j'ai annoncé que les oxydes de mercure, de cadmium et de bismuth sont solu- bles dans la potasse et dans la soude fondue, et qu'à leurs solutions corres- pondent des composés définis particuliers. Comme il est souvent très-dif- ficile de les isoler de l'excès d'alcali auquel ils sont mêlés, et comme leur peu de stabilité apporte uii obstacle de plus à leur entière purification, l'étude de ces composés ne laisse pas que d'être assez laborieuse. » Le corps violet qu'on obtient en dissolvant le bioxyde de mercure dans la potasse est celui qui résiste le mieux aux lavages, aussi est-ce celui dont j'ai jusqu'à présent poussé l'étude le plus loin. » En général, la poudre extraite par le lavage de la masse alcaline re- froidie et qui paraît homogène à l'œil nu se montre au miscroscope comme formée par le mélange d'une matière amorphe qui est du bioxyde de mer- cure avec une substance parfaitement cristallisée. Si on analyse ce mélange, on trouve habituellement des nombres qui ne répondent à aucune for- mule, et deux échantillons différents ne donnent jamais les mêmes résul- tats analytiques. Je ne connais pas de procédé qui permette de séparer le bioxyde de mercure du corps cristallisé ; l'instabilité de ce dernier exclut l'emploi de la plupart des réactifs. Cherchant donc à obtenir le composé cristallisé dans un état suffisant de pureté, j'ai reconnu qu'on y arrive en n'opérant que sur de faibles quantités à la fois, en évitant une trop grande élévation de température et en refroidissant très-lentement. " Il se présente alors sous le microscope comme entièrement formé d'oc- taèdres à base rhombc, parftùtement transparents et d'une belle couleur ( 1233 ) fauve. Sa densilé a été trouvée égale à io,3i. Il est anhydre. Les lavages à l'eau le décomposent peu à peu. Si on le chauffe sur une lame de platine ou d'argent, tout le bioxyde de mercure se dégage et la potasse reste libre sous la forme liquide. Conmie il ne contient que du bioxyde de mercure et de la potasse, je me suis borné à doser le premier de ces corps, et j'ai déduit par différence le poids de l'alcali. » Voici les résultats fournis par deux échantillons différents : I. II. Bioxyde de mercure 8i ,4 8i ,9 Potasse (par différence) 18,6 18, i Ces nombres conduisent à la formule KO,2HgO, qui exige Bioxyde de mercure 82, i Potasse '7.9 » Si la quantité de bioxyde de mercure trouvée est inférieure à celle que donne le calcul, c'est que, les lavages ne yiouvant jamais être poussés très-loin, il reste toujours un petit excès de potasse interposée entre les cristaux. » La dissolution d'où l'on peut extraire le composé violet étant donnée, il suffit de la maintenir en fusion pendant quelques minutes pour qu elle ne renferme plus que de fort petites quantités de ce composé. Lorsqu'aj)rès refroidissement on la traite par l'eau, elle abandonne une poudre verdâtre dont il a été question dans la Note précédente et que j'ai analysée depuis. Elle est anhydre et amorphe; elle contient toujours de la potasse, si pro- longés que soient les lavages; mais la proportion d'alcali, constamment très- faible, est variable. Différents échantillons renfermaient de 2 à 5 pour 100 de potasse : j'attribue la présence de l'alcali à l'interposition entre les mo- lécules de l'oxyde d'un composé défini, peut-être le corps violet indiqué plus haut. Quant à la coloration verdâtre de l'oxyde ainsi produit, elle est due évidemment aux circonstances de la préparation. On sait, en effet, que la nuance sous laquelle se présente le bioxyde de mercure est très- variable. » Comme je l'ai dit précédemment, la solution de protoxyde de bismuth dans la potasse se suroxyde rapidement au contact de l'air; d'incolore qu'elle était d'abord, elle passe au rouge le plus foncé. Si on l'abandonne alors au refroidissement, elle se prend en une masse brune qui, par des la- vages à l'eau, donne vuie poudre amorphe possédant à très-peu près la cou- ( 1234 ) leur de l'acide plouibiqiie. Ceite poudre est anhydre et ne contient pas trace de potasse. Je n'en ai pas encore fait l'analyse, mais je suis très-porté à croire quelle n'est autre chose que l'oxyde Bi-O* considéré par JVI. Arppe comme constituant le bismuthate d'oxyde de bismuth. Ce qui me confirme dans cette opinion, c'est qu'en faisant bouillir la substance dont il s'agit avec de l'acide azotique étendu, on en sépare une poudre rouge ayant les propriétés de l'acide bisnuilhique hydraté. » J'ai étudié l'action des alcalis fondus siu' les oxydes terreux. La magné- sie, la baryte, la strontiane et la chaux se dissolvent très-facilement. Leur solubilité est un peu moins grande dans la soude que dans la potasse ; loo parties de celles-ci dissolvent environ 5o parties de chaux ou de ma- gnésie et 3o de strontiane ou de baryte. » Il n'est pas douteux qu'à chacune des huit dissolutions ainsi obtenues corresponde au moins une combinaison définie. Mais je ne suis pas encore arrivé à isoler ces composés d'une manière satisfaisante, et je continue mes études sur ce point. » Toutefois il est un fait sur lequel il paraît convenable d'attirer l'at- tention; c'est la très-grande affinité de ces dissolutions terreuses pour l'oxygène. Cette affinité est démontrée par l'action qu'elles exercent sur un grand nombre de métaux rapidement amenés par elles à leur degré supé- rieiu' d'oxydation. Au premier rang se place l'argent. Il suffit de maintenir à l'état de fusion dans une capsule d'argent l'une des solutions terreuses, pour qu'en peu de temps elle se charge de métal précieux : par le refroidis- sement elle devient brune et passe au noir sous l'influence de l'eau. Le cuivre s'oxyde et se dissout de mémeavec une très-grande facdiîé, en donnant au liquide une belle coloration bleue. Le fer lui-méuie se dissout, bien que très-lentement, et très-probablement il se forme alors des ferrâtes alcalins : les résultats obtenus jusqu'ici ne sont pas assez nets pour qu'on puisse rien affirmer sur ce point. Le plomb projeté dans le liquide entre en fusion, et bientôt il donne naissance à des plombâtes terreux qui ne m'ont pas paru accompagnés de plombate de soude ou de potasse. Il est à remarquer à ce sujet qu'on produit très-abondamment ce dernier sel en dissolvant le massicot dans la potasse fondue et en abandonnant le liquide au contact de l'air. Au bout d'iui temps qui varie avec la quantité de matière en expé- rience, on laisse refroidir, puis on reprend par une lessive tiède de potasse. TjC liquide clair dépose alors des cristaux de plombate alcalin. Si la masse fondue ne reste pas assez longtemps en contact avec l'air, le liquide obtenu contient à la fois du plombate et du plombite de potasse; aussi laisse-l-il ( 1235 ) bientôt déposer, comme les belles expériences de M. Fremy permettaient de leprévoir, une quantité plus ou moins grande de véritable minium. L'étain, l'antimoine et le platine s'oxydent et se dissolvent rapidement. L'or a paru iiiattaqué. )) L'étude de ces oxydations met en présence d'un phénomène curieux : quelques-unes des dissolutions dont il s'agit ont la propriété de laisser dé- srager par le refroidissement une grande partie de l'oxygène dissous à chaud, de façon que dans certains cas un véritable rochage se nKinifeste. Qu'on laisse refroidir, par exemple, dans une capside d'argent 20 grammes de po- tasse contenant 10 granunes de chaux en dissolution, et l'on verra la masse rocher avec beaucoup d'énergie. Sons Tinflnence de différentes causes, les dissolutions peuvent perdre la faculté da rochage. Ainsi, de la tournure de cuivre étant introduite dans le liquide formé par la dissolution de 10 grammes de chaux dans 20 grammes de potasse, la masse refroidit sans offrir aucun phénomène particulier. On peut cependant lui restituer sa propriété primi- tive ; il suffira pour cela d'y projeter un excès d'oxyde d'argent. » Ces propriétés des dissolutions terreuses étant constatées, il reste à les expliquer. Or, l'idée simple consiste à les attribuer à la présence du per- oxyde de potassium ou de sodium. Un certain nombre d'expériences pa- raissent confirmer cette manière de voir. » D'abord il est facile en beaucoup de circonstances de constater l'exis- tence de ces peroxydes dans les dissolutions. Qu'on abandonne dans une atmosphère hiunide la masse fournie par le refroidissement de la dissolu- tion de magnésie, par exemple : au bout de quelques heures elle sera en partie liquéfiée et en pleine effervescence. Le gaz qui se dégage a toutes les propriétés de l'oxygène et, par conséquent, la niasse en question se com- porte comme une matière très-riche en peroxydes alcalins. Pareil résultat est fourni par la masse contenant la chaux, etc. Ces mêmes peroxydes se retrouvent aussi dans les solutions d'oxydes non terreux, mais en bien moins grande proportion, et il semble déjà résulter de cette remarque une sorte de proportionnalité entre la quantité de peroxyde et l'énergie des pro- priétés oxydantes. )) D'un autre côté, on reconnaît que le peroxyde de potassium fondu (préparé en soiunettant à l'action de l'oxygène de la potasse en fusion) se comporte dans beaucoup de cas exactement comme les solutions terreuses. Comme celles-ci, il dissout l'argent, le cuivre, le fer; il stu'oxyde très-rapi- dement le massicot, etc. Cependant ces réactions ont toujours moins d'énergie, et la faculté oxydante semble s'épuiser peu à peu. S'il n'en est ( 1236 ) pas de même pour les solutions terreuses, cela tient peut-être à ce que, sous l'influence de la chaux, de la baryte, de la magnésie ou de la stron- tiane, le peroxyde employé par la suroxydation se reforme incessanmient. » Quant au rochage, je n'ai pas vu le peroxyde de potassium lui donner naissance, tandis que les solutions terreuses concentrées le produisent fou- jours. Cependant on ne l'observe jamais, même avec ces solutions, si l'on s'ar- range de façon à ce qu'elles ne conliennent pas ou qu'elles ne conliennenr que peu d'argent; et de la potasse fondue renfermant de loxyde d'argent, mais exempte de matières terreuses, ne roche pas non plus. Dès lors, ii est évident que le phénomène est dû à la présence simultanée dans le liquide de l'oxyde d'argent, d'une matière terreuse et du peroxyde de potassium ou de sodium. Quant au rôle spécial de chacune de cts substances, je ne suis pas en mesure de le déterminer. » Ces expériences ont été faites, comme celles dont j'ai rendu compte précédemment, dans le laboratoire de M. Fremy à l'Ecole Polytechnique. » CHIMIE. — Deuxième Mémoire sur iétnt moléculaire des corps; par M. J. Persoz. (Extrait du chapitre IV.) (Commissaires précédenïment nommés : MM. Pelouze, Fremy.) Capacité de saturation. « Tandis que pour les oxydes la capacité de saturation est constamment proportionnelle à l'oxygène qu'ils renferment, il n'en est plus de même pour les acides, qui souvent, avec les nombres d'équivalents d'oxygène les plus divers, s'unissent à des quantités égales de bases. Nous avions déjà signalé ce fait dans notre premier Mémoire sur l'état moléculaire des corps, et à cette occasion nous avions constaté dans les acides l'existence d'un ou plusieurs équivalents d'oxygène à un état particulier. Cet oxygène, que nous désignerons dorénavant sous le nom d'oxj^gène polaire, à cause des caractères tout exceptionnels que nous lui reconnaisons, exerce une in- fluence considérable sur la capacité de saturation des acides et sur l'en- semble de leurs propriétés chimiques. Nous démontrerons dans le chapitre consacré à la Chimie organique que la capacité de saluration des acides esl proportionnelle au nombre d'équivalents d'oxyçjène polaire qu'ils renferment; qu'ainsi les acides acétique, tartrique, citrique, qui sont respectivement monobasique, bibasique, tribasique, contiennent i, i et 3 équivalents d'oxygène polaire. Nous avons pu rapprocher ainsi la constitution des acides de celle des oxydes. ( '237 ) » L'existence de cet oxygène polaire nous permettra d'expliquer le plus grand nombre des réactions chimiques. » En étudiant les lois de composition des sels, nous avons été conduit à établir les propositions suivantes : « i" Les acides inorganiques, à quelques exceptions près, renferment tous dans leur molécule un nombre impair d'équivalents d'oxygène. » 2" Les acides organiques dans lesquels on rencontre des nomlires impairs d'équivalents d'oxygène, comme 3, 5, 7, 9, ii,-..-, sont tous ou /nonobasiques ou tribasiques ; exem\)\e : .Somme dos cquiv. d^oxygène. Acétates C* H'O', MO O' Salicylales CIPO', MO O" Ciuates C"H'0",3M0 O'* » Ceux au contraire qui renjerment des nombres pairs d'équivalents d'oxy- gène, 6, 8, 10, 12, i4v5 >>ont tous bibasiques ou quadribasiques; exem|3le : Malates C«H'0' 2MO O'» Tartrates C''H*0"'2M0 O" » 3° Dans les composés salins la somme des équivalents d'oxygène de l'acide et de la base donne toujours un nombre pair. l Cu O, Ci^O' 0* Exemples d'oxydes salins. . \ Cu'O, Cr'O' O* ( Fe O, Fe'O' O* / M^0',3S0^. O'^ Exemples de sels | MO, €10'.. O' j aNaO, HO, PO'... O* » En calcinant le phosphate sodiqiie, il faut, si notre loi est vraie, qu'a- près le dégagement d'eau l'oxygène se trouve encore en nombre pair d'é- quivalents. Or, c'est ce qui a lieu si nous admettons que 2 équivalents de phosphate ont donné naissance à 2 sels, l'un acide (métaphosphate), l'autre basique, qui sont restés en combuîaison. i NaO, PO» OM ^,, .(.NaO,HO,PO»)=.J3j^.^o'pO» 0« j ° « On verra, à l'occasion des hydrates, pourquoi les |)yrophosphates fixent C. K., i865, I" Semestre. (T. LX, N" 24.) l6l ( 1238 ) tlaiitres proportions d'eau que les phosphates. Les carbonates ne font pas exception à la règle jnécédonte, si on assimile Toxyde de carbone à un ra- dical |)rimitif tel que l'hydrogène. » 4° L'oxygène imprime directement on indirectement aux composés salins, en les condensant, un volume en rapport simple avec le sien propre ; exemple : » Le sutjale potassique a un volume de 448 centimètres cubes, tandis que celui de son oxygène est de 224- Le volume total de ses éléments étant de 896 centimètres cubes, il y a condensation de moitié. S 56 X 1 1 1 2" I K 56x 10 56o ( 896^"^ 0» 56 X 4 224 j )) Le chroniale et le nitrate potassique ont également dts volumes doubles de celui de leur oxygène, mais ils présentent une condensation moins grande. » 5° Lorsque deux corps se combinent, c'est toujours dans des rapports simples de volume. » On sait par les observations de M. Graham que certains sels fixent à un état particulier un équivalent d'eau salinique, qui ne peut être expulsée qu'à une température exceptionnelle. Quelques exemples feront voir quel rôle joue cette eau dans les combinaisons. » Quand le sulfate sodique cristallise dans une solution, il commence par fixer un équivalent d'eau salinique, 1 12 centimètres cubes, qui ajoutés à son volume propre, 336 centimètres cubes, devraient, à ce qu'il semble, le porter à 448 centimètres cubes. Mais le volume ne change pas; il y a donc con- densation de {. Tant que le sel n'a pas absorbé cet équivalent d'eau sali- nique, il est imparfait, pour nous servir de l'expression de M. Graham; mais à partir de ce moment il y a comme une métamorphose dans ses |)ro- priélés, et il peut se combiner avec deux et trois fois son volume d'eau sans subii' aucune condensation. NaO, SO'(HO) 336 NaO, SO'(HO) 335 6H0 672 9HO .008 1008 '344 Equiv. i6'j4 /-^^ É(Miiv.-20i5 — 4ï = '>6o6 -^77 = 1,49 loo» i344 Densité trouvée. . . 1,67 Densité trouvée. . . 1 ,4B i ,5o ( 1^39 ) )' Le sulfate zinciquc cristallise avec 7 équivalents d'eau, dont l'un d'eau salinique. SO' \ 1 (HO) 224" „ Énuiv.i7n3 ZnO ) / 890 o\- = ^>oo Densne trouvée 1 ,999 et 2, oo3 6H0 672 ) '^ » Parmi les composés hydratés qui ne contiennent point d'eau salinique, nous voyons encore le volume des éléments déterminer la combinaison. Hj-ilratc alcoolique. Hydrate cynnhydriqiie. C'H^O- .SjSs' 672" €yH 337S%5 336« 6 HO 675 672 3 HO.... 337,5 33& i25() i344 ^73 > o 672 » Nous pouvons conclure de ces exemples: 1" c[u'il y a deux phases à distinguer dans la combinaison : la première, pendant laquelle les corps s'unissent pour ainsi dire d'une manière préliminaire en se condensant pour prendre des dimensions bien définies; et la seconde, dans laquelle ayant acquis le volume ou la forme sans lesquels ils ne pourraient entrer en com- binaison, ils se juxtaposent les uns aux autres dans des rapports simples de volume; 2° que c'est en définitive au volume des corps qu'il faut rattacher la cause première de toutes les combinaisons, et qu'il est probable, comme Ampère s'était efforcé de le prouver, qu'elle réside dans une question île Géométrie. » CHIMIE APPLIQUÉE. — Sur les photographies vitrifiées. iN'ote de MM. Maréchal et Tessié du Motay, présentée par M. Regnault. (Commissaires : MM. Chevreul, Regnault.) « Nous. avons l'honneur de présenter à rAcadémie des Sciences quelques spécimens de photographies vitrifiées, obtenues par une méthode que nous sommes désireux de pouvoir soumettre à son jugement. « Cette méthode est applicable à la production d'images photographiques de toute nature, sur cristal, sur verre, sur émail, sur lave, sur porcelaine, sur faïence, etc. » Elle comprend une série de dix opérations, que nous allons décrire sommairement selon leur ordre. n 1° Dans 100 parties de benzine nous dissolvons 4 parties de caout- 161.. ( I24o ) chouc. A cette solution nous ajoutons i partie de collodion normal dis- sous dans de l'étlier. Ce composé est versé sur l'une quelconque des ma- tières sur laquelle nous voulons directement produire ou reporter une image photographique vitrifiable; nous le faisons ensuite sécher, soit à l'air libre, soit dans nue étuve, jusqu'à ce qu'il forme une couche pellicu- laire très-adhérente. )i 2° Sur cette première couche ainsi desséchée, nous versons du col- lodion ioduré. Cette seconde couche s'unit intimement à la première et acquiert par le fait une résistance au moins égale à celle d'une feuille de caoutchouc de semblable épaisseur, résistance qu'aucun collodion ne possède. » 3° Après avoir immergé la double couche ainsi préparée dans le bain de nitrate d'argent, nous générons l'image, soit dans la chambre noire, soit par superposition. » 4" L'image latente étant produite, nous la faisons apparaître et nous la développons par l'un quelconque des agents révélateurs aujourd'hui en usage. « 5° Nous fixons l'image révélée par l'action successive de deux bains contenant eu dissolution, l'un des iodocyanures, et l'autre des cyanures alcalins. » G" Nous trempons l'image ainsi fixée pendant quelques minutes dans une solution de sulfate de protoxyde de fer, d'acide pyrogallique ou de tout autre acide réducteur des sels d'argent. . » 7° Nous renforçons l'image par la réaction de l'acide pyrogallique, de l'acide gallique, de l'acide formique ou du sulfate de protoxyde de fer sur une solution de nitrate argeutique acide. Ce renforcement exige en moyenne l'emploi de quatre à six bains renforçateurs pour les images des- tinées à être vue.s par réflexion, et de douze à quinze bains pour les images destinées à être vues par transparence. Pendant cette opération du renforce- ment, les images sont en outre lavées à trois ou quatre reprises, dans des bains alternés, contenant en dissolution des iodocyanures et des cyanures alcalins; puis tout aussitôt dans des solutions de sulfate de j)rotoxyde de fer, d'acide pyrogallique, ou de tous autres acides réducteurs des sels d'ar- gent. » L'emploi consécutif des bains d'iodocyanures et de cyanures alcalins a pour elfet la dissolution complète des poudres argentiqucs non adliérentes précipitées sur la surface totale de l'image par chaque bain renforçateur, et ce sans détruire le modelé primitif qui seul ainsi se renforce. Les lavages ( I24l ) aux bains réducteurs, en renthint de nouveau neutre ou acide la surface de la couche métallisée, augmentent puissamment l'action ultérieure des bains de renforcement. ). 8° L'image photographique étant révélée, fixée et renforcée, nous la trempons pendant une ou plusieurs heures, soit dans des bains de chlorure ou de nitrate de platine, soit dans des bains alternés de chlorure d'or et de nitrate de platine, soit encore dans des bains de chlorure d'or. Pendant ce trempage l'argent de l'image est en partie remplacé, soit par du platine, soit par un mélange de platine et d'or, soit par de l'or seul. Ces divers bains substitutifs de la couche d'argent ont pour but de faire varier, ou la cou- leur, ou la nature de l'image, après que celle-ci est vitrifiée. En effet, lorsque nous nous proposons d'obtenir au feu de moufle, par la réaction des fon- dants siiiciques ou boraciqnes, des images de couleur noire-verte, nous immergeons au préalable ces images dans un bain de chlorure ou de ni- trate de platine; lorsque nous voulons, au contraire, obtenir des images de couleur noire, nous les tremjjons consécutivement dans des bains de chlo- rure d'or et de nitrate de platine. Lorsqu'enfin nous désirons produire des images dorées, nous les substituons dans des bains contenant exclusivement des sels d'or. » 9° L'image, au sortir du bain de platine ou d'or, est lavée dans un bain de cyanure alcalin ou d'eau ammoniacale au maximum de concentration; elle est ensuite recouverte d'un vernis de caoutchouc d'essence grasse ou de gutta-percha et soumise à l'action d'un feu de moufle qui brûle les ma- tières organiques et met les métaux à nu. M io° Enfin, l'image ainsi débarrassée du collodion et des autres matières organiques est couverte d'un fondant silicique ou boracique et soumise au rouge orangé à l'action du feu qui la vitrifie. » Telle est dans ses modes opératoires notre méthode de production d'images photographiques vitrifiées. » Cette méthode a pour but et aura, croyons-nous, pour effet la conser- vation indéfiniment prolongée des images photographiques. Elle est le déve- loppement des principes qui servent de base à la photographie aux sels d'argent sur collodion et sur papier. Par là elle diffère essentiellement des procédés d'émaillage par les chromâtes et les persels de fer, procédés ré- cemment inventés par MM. Poitevin et Lafon de Camarsac. » Pratiquement, elle est d'une application facile, grâce à l'emploi de la pellicule combinée de caoutchouc et de collodion, qui seule permet de sou- ( 1242 ) mettre l'image, sans qu'elle se déplace ou se déchire, à un grand nombre de renforcements et de lavages. » Artistiquement, elle se recommande d'iuie façon générale par ses appli- cations multiples à la décoration de toutes les n)alières siliceuses, et d'une façon spéciale par son application sur le cristal et sur le verre; car par elle on obtient sur Ces deux substances des images vitrifiées, visibles soit par réflexion, soit par transparence, qui jusqu'ici n'ont pu être produites par aucune méthode photographique connue. « Scientifiquement enfin, elle fait connaître la propriété qu'ont les bains alternés de cyanures et d'iodocyanures alcalins de dissoudre en entier: 1° l'argent pulvérulent ou non complètement réduit qui reste constamment uni à l'argent métallique après la révélation et la fixation de l'image et qui résiste à l'action dissolvante des hyposulfites, de l'ammoniaque et même des bains de cyanure alcalin employés seuls; 2° de dissoudre également en entier les précipités argentiques non adhérents aux images photographiques elles-mêmes, en laissant intact le métal qui forme l'image et qui dès lors se renforce seul; elle permet aussi de constater que l'argent pxdvérulent ou non complètement réduit qui résiste à l'action dissolvante des hyposulfites, de l'ammoniaque et des cyanures, ainsi que les précipités métalliques non adhérents engendrés par la précipitation de l'argent des bains renforçateurs, restent partiellement indifférents à l'action substitutrice des bains de pla- tine et d'or. » MÉCANIQUE CÉLESTE. — Des inégalités séculaires du mniivement de In Lune; par M. Allégret. (Commissaires : MM. Liouville, Delaunay.) « Pour démontrer d'une manière simple et rapide le résultat relatif à l'accélération du moyen mouvement de la Lune que j'ai fait couîiaîlre à l'Académie par ma Note du 22 mai dernier, je me suis appuyé sur ce prin- cipe, que l'inclinaison moyenne de l'orbite lunaire sur lui plan fixe est inva- riable. La différentielle de cette inclinaison obtenue, en effet, par la mé- thode de la variation des arbitraires, ne contient que des termes pério- diques, lorsqu'on ne conserve, dans une première approximation, que les termes du premier ordre de la fonction perturbatrice. Les approximations suivantes peuvent amener, il est vrai, des inégalités séculaires dont les arguments dépendent seidement de la position du nœud et du périhélie ( i2/i3 ) de l'orbe terreslre; mais on s'assure, à cause de la petitesse extrême de leurs coefficients et en suivant une méthode indiquée par Poisson [Mémoires de r Académie, t. XIll), que non-seulement ces inégalités sont insensibles, mais que leurs intégrales sont négligeables. Par suite, l'hypothèse sur la- quelle je me suis appuyé ne peut conduire à aucune erreur appréciable. Pour la justifier en toute rigueur, il faudrait cependant recourir à des déve- loppements analytiques considérables que j'ai supprimés pour abréger, eu me référant aux travaux de Poisson, bien que je puisse pousser les apjiroxi- uialious, dans les questions de cette nature, beaucoup plus loin que ce géomètre n'a jugé convenable ou possible de le faire. Je m'appuie pour cela sur quelques principes analytiques nouveaux que je me réserve de publier dans uuf autre occasion. )) Pour le moment, afin de démontrer l'entière rigueur de la formule que j'ai trouvée, je vais l'obtenir par une méthode toute différente qui, quoique uii peu moins simple, a l'avantage de ne reposer que sur les principes les plus élémentaires et les plus rigoureux de l'Astronomie mathématique. » Je désigne par Un capitaine au long cours ayant eu l'obligeance d'en recueillir à mon intention sous les tropiques pendant son retour d'un voyage aux Antilles, j'ai pu me donner la satisfaction que je désirais, et j'ai profité de l'occasion, non-seulement pour rechercher le phosphore que cette plante marine peut contenir, mais aussi pour en faire luie analyse détaillée. (i) M. Godechens, qui a publié des analyses de cendres de plusieurs espèces de Fucus, y a trouvé aussi de l'acide phosphorique. 162.. ( '248 ) >, J'ai dosé d abord la quanlité de matières minérales existant dans le Fucus baccifère, après l'avoir soiitnis à une dessiccation complète. Voici les chiffres que j'ai déterminés : Substances organiques azotées et non azotées 79,627 Matières minérales 20,373 100,000 » La proportion d'azote trouvée dans ce Fucus parfaitement sec s'élevait pour 100 à 0,800. » L'analyse des cendres de cette plante marine m'a donné les résultats suivants : Chlorure de sodium 4' ) 7^0 Potasse 2 ,685 Soude 9*557 Magnésie 12, 397 Chaux 12, 774 Acide sulfurique I2,5i3 Acide carbonique 4>^-^7 Acide phosphorique i ,026 Silice, fer, etc 2,471 100,000 (i) B Cette analyse prouve donc qu d y a du phosphore dans la inei', même dans les parages fort éloignés des côtes. Cette démonstration indirecte me paraît plus concluante que celle qu'on obtiendrait en analysant directement l'eau de mer, dans laquelle on ne pourrait tout au jiltis on trouver que des traces douteuses. » Un phénomène naturel do quelque importance ne doit être affirmé que sur des preuves irréfragables. » Il n'est pas douteux, à priori, qu'il y a du phosphore dans la mer; les poissons, les mollusques, les zoophytes même, en contenant des propor- tions souvent considérables, doivent on abandonner avec leurs excréments ou par la décomposition qu'ils subissent après leur mort. Le travail |irécê- dent ne prouve donc qu'une chose : c'est que si la proportion de phosphore (i) Je n'ai pu dccoux tir d'iode dans ces cendres, quoi(|ue j'aie employé les reactifs les plus sensibles En faisant cristalliser les sels solubles, j'en aurais trouvé probablement dans les cju\ mères; mais je n'avais pas assez, de matière pour faire ces opérations. ( <2/i9 ) contenue dans la mer est assez faible pour échapper aux investigations du chimiste, les plantes marines en trouvent suffisamment pour satisfaire aux besoins de leur organisation. " ZOOLOGIE. — Sur l'histoire naturelle et l'éducation des Écrevisses. Note de M. Léon Soubeiran. (Extrait.) (Commissaires : MM. Milue Edwards, Coste, Blanchard.) ^m COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES SÉANCE DU LUNDI 19 JUIN 1865. PRÉSIDENCE DE M. DECAISNE. MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. THÉORIE DES NOMBRES. — Nombre des représentations d'un entier quelconque sous Informe d'une somme de dix carrés. Note de M. Liouville. « La question dont je veux m'occuper ici pour en donner une solution complète m'a paru longtemps bien difficile. Il s'agissait de trouver une expression simple du nombre N des représentations dont un entier quel- conque n est susceptible sous la forme d'une somme de dix carrés. Eisenstein a traité le cas particulier d'un entier impair ^3 (mod. 4); mais après avoir indiqué la formule propre à ce cas, il ajoute qu'il n'y a pas de formule sem- blable pour les entiers ^i (mod. /)). Une remarque de l'illustre géomètre au sujet des formes quadratiques à plus de huit indéterminées semble même tendre à décourager toute recherche ultérieure. Des entiers pairs, Eisenstein ne dit rien. Plus tard j'ai traité le cas du double d'un entier ^3 (mod. 4); on restait toujours très-loin du but. Enfin mes efforts ont abouti. J'ai eu le bonheur d'arriver à la formule générale, et cela au moment même où je désespérais presque d'y jamais parvenir. Soit X l'excès de la somme des quatrièmes puissances des diviseurs de ti qui sont ^i (mod. 4) sur la somme des quatrièmes puissances des diviseurs de n qui sont ^3 (mod. 4)- Cet excès déjà employé par Eisenstein est un des éléments de ma formule. Mais il faut, de plus, avoir égard à la puissance de 2 par laquelle n est divisible; je désignerai l'exposant de cette puissance par a, en sorte que l'on ait n^ 2" m, m étant impair et l'exposant a pouvant se réduire à zéro. C. K., i865, I" Semestre. (T. LX, N» 2S.) 1^4 ( 1258 ) Observons en passant que la valeur de X ne dépend pas de celle de a; elle est la même pour « el pour m. On distinguera le cas de ?n^ i (niod. 4) et celui de m^3(mod.4). En outre, quand n est la somme de deux carrés, il faudra compter le nombre /Jt. des solutions de l'équation ou les entiers s, s' sont indifféremment positifs, nuls ou négatifs, et aussi calculer la somme des produits s- s'' pour toutes les solutions. Cette somme étant représentée par v, on aura N^Iftô^-'+l-O ^ j).+ f„V-| « Quand 772 est ^3 (mod. 4), l'équation 77 = ^--+-/' est impossible; /x et V sont donc nuls, et l'on a seulement attendu qu'alors m— i Supposez de plus n impair, c'est-à-dire a = o, et vous retomberez sur la formule d'Eisonstein. Faites au contraire « = i , et vous retrouverez un ré- sultat que j'ai obtenu dans le temps. » Quand 7?i est ^i (mod. 4), on a m — I partant Mais dans cette hypotlièse même de 777= i (mod. 4), il se peut que l'équa- tion n = s^-i- s'^ soit impossible ; alors, fx et v étant nuls, il reste seulement » Je renvoie pour de plus amples développements à un prochain cahier du Journal de Matliémaliques. » NAVIGATION. — Moyen d'éviter les avaries des grandes machines à hélice; par M. Paris. « Lorsqu'il v a deux ans j'ai eu l'honneur de présenter à l'Académie quelques idées sur les navires cuirassés, je me suis surtout étendu sur leur ( 1259 ) roulis exagéré et sur les formes qui me paraissaient devoir diminuer ce dé- faut. Mais j'ai k peine mentionné une autre modification que des accidents répétés et publiés dans les journaux rendent maintenant importante : c'est l'adoption des hélices jumelles, c'est-à-dire placées des deux côtés de l'ar- rière des navires, au lieu d'une seule tournant dans l'espace découpé dans la charpente. » L'idée de deux hélices agissant simultanément n'est pas nouvelle : Ericson l'a mise en pratique sur des canaux, il y a déjà longtemps, et VEloile marchait,ily a vingtans, surla Seine, avec deux propulseurs. Depuis peu, les Anglais en ont fait l'application à de grands navires, et ils y ont trouvé des avantages notables, surtout pour les évolutions, en ce qu'en faisant mar- cher les deux propulseurs l'un à l'inverse de l'autre, le bateau tourne sur lui même en aussi peu de temps que s'il employait le plus grand angle de son gouvernail avec sa machine lancée à toute volée. » Cette disposition remplace donc, avec l'avantage de la simplicité, les évolueurs, dont on a cru devoir demander l'emploi pour les bâtiments de combat, surtout lorsqu'il s'agit de les faire servir eux-mêmes de projectiles, en les employant comme béliers. Je crois cependant que celte grande faci- lité de pivoter sur place sera beaucoup plus utile à la défense qu'à l'attaque. » Mais ce n'est pas sous ce point de vue seulement que je désire signaler les avantages de ce système, c'est plutôt pour la machine à vapeur elle-même qui, lorsqu'elle arrive aux énormes puissances actuelles, cesse d'ofhir la sé- curité nécessaire, comme on en a eu plusieurs preuves évidentes depuis quelque temps. » Pour comprendre les raisons qui ont amené à cet état de choses, il faut cousidéi'er que le navire a une résistance qui dépend de sa grandeur, et qu'on ne peut pas plus la changer que sou tirant d'eau. Dès lors, l'hélice, ne pouvant sortir de l'eau ni déjiasser la quille, se trouve avoir un diamètre limité ainsi que son pas. Il faut donc qu'elle tourne très-vite pour développer le chemin voulu, afin que, déduction faite durecul, on obtienne la marche né- cessaire au but dans lequel le navire a été construit. Mais, pour obtenir cette célérité, il f;îut des puissances énormes, c[ui maintenant dépassent 4ooo che- vaux de 73 kilogrammètres. Comment dès lors produire cette puissance, puisque, tout en faisant tourner vite le propulseur, le piston ne peut guère dépasser un glissement de 1 mètres par seconde? Ce n'est évidemment qu'eu aumnentant la surface du piston. C'est ce que tous les ingénieurs ont été entraînés à faire, en Angleterre comme en France, et les machines actuelles ont des courses qui ne dépassent pas les deux tiers du diamètre du cylindre. iG/).. ( l'26o ) De Ja sorte, elles se trouvent presque transformées en pistons à percer les tôles et à boutroller les rivets. Il en est résulté des pistons de 2", lo, pesant 25 tonneaux avec leur équipage, exerrant un effort de 60000 kilogrammes, et renversant 1 10 fois leur direction dans une minute. L'arbre a dû naturelle- ment être renforcé ; il est arrivé à un diamètre de 45o millimètres, et cepen- dant, comme ses coussinets ne le maintiennent pas exactement dans le sens latéral, il a éprouvé des échauffements et même des ruptures sur les pa- quebots qui naviguent réellement. Les différentes pièces sont devenues énormes, et n'ont plus été aussi solides qu'avec de plus petites dimensions; aussi, tandis que les machines de /(Oo chevaux fonctionnent longtemps, celles de 900 et de 1000 ont des avaries très- graves. Lors des essais compa- ratifs des navires cuirassés, il y a trois ans, il y eut trois cylindres fendus et d'autres accidents. Dernièrement, le Solferino vient d'en fêler deux en voulant glisser trop vite sur les eaux bleues de la Méditerranée. D'autres navires du même genre ont également éprouvé des avaries. Il faut main- tenant changer ces pièces, et elles sont si grandes, elles demandent tant de travail, qu'on emploiera cinq ou six mois avant de pouvoir fonction- ner. En temps de paix, ce n'est que de l'argent perdu; mais en temps de guerre, les navires seraient pris, ou, s'ils avaient échappé, leur valeur de 7 millions serait inutile pendant six mois. » C'est en présence de ces faits, déjà connus des marins, que j'ai cru qu'il fallait chercher la sécurité nécessaire dans une autre combinaison, et adopter la division de l'effort sur deux propulseiu's, afin de n'employer que les machines avérées, et même de les mettre dans de meilleures conditions. On a, il est vrai, divisé les appareils en quatre cylindres, lorsqu'il s'est agi de les articuler directement à une seule hélice, et de déployer une grande force; mais en mettant quatre machines à la suite l'une de l'autre pour agir sur le même arbre, on a eu le désavantage de la longueur de ce dernier, de ses quatre coussinets à maintenir en ligne droite, et en fin décompte il a toujours fallu que la dernière manivelle portât l'effort total. Aussi on y a renoncé depuis plusieurs années, et il est très-douteux que le terme moyen de trois cylindres adjacents, auquel on pense actuellement, présente de meilleurs résultats, car c'est toujours rassembler après avoir divisé. » Au contraire, les hélices jumelles fractionnent complètement l'effort; elles ont chacune leur machine de 5oo chevaux . De plus, si on admet, pour plus de simplicité, que les diamètres et les pas des hélices n'ont pas été chan- gés, on se trouve jouir d'un avantage que toutes les personnes habituées aux inachuies apprécieront sans doute; en ce que la puissance se trouvant ( I26l ) divisée par deux, sans que la vitesse du piston ait changé, c'est la surface, et par suite l'effort de ce dernier qui a été diminué, et les coussinets ne portent que la moitié de l'ancienne pression. Dès lors, au lieu de se rapprocher de l 'emporte-pièce, on arrive presque à l'égalité entre la course et le diamètre du piston, comme dans toutes les anciennes machines. La lon- gueur relative de la manivelle sera donc doublée. L'arbre, s'il n'a que la moitié de la puissance de rotation de l'ancien, n'éprouve non plus que des ef- forts moitié moindres sur ses coussinets, et il n'est plus exposé à céder sous l'excès de l'impulsion du piston. Tout le mécanisme se trouve dans les proportions avec lesquelles nos anciens appareils fonctionnent depuis vingt et vingt-cinq ans, à loo jours chaque année sur les paquebots; la principale différence est la rapidité de leur mouvement. De la sorte on aurait des appareils sûrs, au lieu d'en exiger un travail qui ne résiste qu'aux expé- riences et produit trop souvent des avaries après la signature du procès-ver- bal. Tout cela serait obtenu sans complication réelle, car diviser n'est pas compliquer. » De plus, si, comme de nombreuses expériences le prouvent, les ma- chines de Woolf produisent les économies considérables qui en répandent l'usage sur mer, elles se trouveraient admirablement assorties au double propulseur, comme je l'ai publié il y a près de trois ans. » Si j'insiste de nouveau sur la nécessité de diviser la force motrice poiu' arrivera la sécurité nécessaire, c'est que des exemples récemment publiés dans les journaux montrent à quelles chances nos navires seraient exposés en cas de guerre; car on peut dire sans exagération qu'une machine peu sûre devient alors un billet de prison dont le cautionnement n'est pas dé- signé. Si donc la matière paraît se refuser à une trop grande concentration delà force, je crois que le seul moyen de la mettre dans de bonnes condi- tions de durée est de diviser les efforts comme je viens de le dire, et comme on le trouvera exposé en détail dans la brochure que j'ai l'honnaiu- de pré- senter à l'Académie. » ALGÈBRE. — Sur les limites du nooibre des racines réelles des équations nUjé- hriques ; par M. Sylvestek. « J'ai l'honneur de soumettre à l'Académie un théorème que j'ai tout récemment réussi à établir par une analyse des plus simples. On verra qu il comprend comme cas particulier le célèbre théorème de Newton qui, ( 1262 ) donné sans preuve par son auteur, n'a pas été démontré jusqu'à ce jour, nonobstant les efforis des Maclaurin, des Waring et des Euler. Soït Jx une fonction rationnelle et entière de x. Soit c„, /zc,, fi " ~ ' c..,..., c„ les coeffi- cients des puissances successives de x dans y (.r -\- p). Ecrivons Co = cl, C, =ci — CoC., C, = f- — c, C3,..., c:„ = c,f. Alors on peut dire qu'a chaque petite lettre c\ est associée luie grande lettre C„ et de mên)e à chaque succession c^, c,+, de petites lettres est associée une succession de grandes lettres C,., 0^+,. Quand ces successions forment toutes deux des permanences, c'est-à-dire quand les produits Cr-Cr+, et Cr-Cr+i sout tous Ics deux positifs, on peut dire que la succes- sion composée ( p ,-'^' ) forme une double permanence; et en prenant de cette sorte toutes les successions simultanées fournies par ces deux suites, il V aura un certain nombre de ces permanences qu'on peut nommer le nombre de permanences doubles propres à p. » Or, je dis qu'en supposant p plus grand que q, In différence entre le nombre des permanences doubles propres à p et le nomlire de ces permanences projires à q ne sera jamais négative, et de plus elle fournira une limite supé- rieure au nombre de racines réelles comprises entre p et q. » Si l'on prend p égal à zéro et q égal à — so , il est évident que le nombre de permanences doubles propre à — 00 est zéro, car toutes les suc- cessions simples dans/ (— ce ) sont des variations. » Ainsi, en donnant aux coefficients de Jx, disons Cq, c,, c^,..., c„, le nom do suite cartésienne, et à Cq, C,, Co,..., C„, formés de la manière dé^ crile ])lus haut, cchii de suite neivtonienne appartenant à fx, on peut affirmer que le nombre des racines négatives dans une équation a pour hmite supérieure le nombre des permanences doubles fournies par la com- binaison de la suite cartésienne avec la suite newtonienne; et conséquem- ment, en changeant x en — x, on voit également que le nombre des racines positives de la même équation aura pour limite supérieure le nombre des successions simultanées composées d'une permanence newtonienne associée à une variation cartésienne. C'est là, en d'antres termes, le théorème com- plet de Newton, comme on peut le vérifier en consultant Y Arithmétique universelle. » On voit facilement que, pour la forme f{x -+- p], les éléments r„, r,,..., c,„ au moyen dcsqiiels on forme C^, C,...., C^, ne sont autre chose ( 1263 ) (pris en ordre inverse) que les quantités /•„ flz f'p ^'"P f'"p ■ Jr-' „' „(« — ,)' n(n-i){n-i) «(«-i)...i' mais on n'est nullement borné à cette suite déterminée de valeurs pour les éléments. Je trouve qu'on peut prendre pour éléments un système de mul- tiples numériques de fp, f'p, /"p,- • ■ dans lesquels il entre deux para- mètres arbitraires, dont l'un cependant est limité par la grandeur de n. Par exemple, on peut prendre tout simplement pour les deux séries fp, fp,..., p'-^^p, /'"V, T/J, T, /;,..., T„_, /?, T„/J, où Tr signifie {f''py-r-''p-r^''p- » Alors le nombre de permanences double dans ces deux suites, moins le nombre semblable quand on écrit q pour p, donnera comme auparavant une limite supérieure au nombre des racines réelles àefx compris entre/» et (y : et l'on doit remarquer que quelquefois l'une des méthodes et quelque- fois l'autre donnera la meilleure limite, excepté pour les cas de « = 2 et n = 3, cas où la première méthode est toujours préférable. » Ainsi l'on voit qu'on peut substituer à la règle de Fourier une règle où les fonctions qu'il emploie sont associées à des combinaisons quadratiques d'elles-mêmes, formant deux systèmes dont l'un est effectivement fixe, l'autre variable. Je n'entre pas dans les détails sur la loi de variabilité, parce que mon seul but, en faisant cette communication, est de faire connaître les principes sur lesquels repose la démonstration du théorème de Newton, démonstration qui a, depuis près deux siècles, échappé aux recherches des géomètres, m NOMEVATIONS. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à l'élection des Membres qui devront composer la Commission pour la vérification des comptes pour l'année 1864. M. Mathieu, qui a obtenu. . . . 4° suffrages, M. J. Cloquet, qui a obtenu. . . 35 » sont nommés Membres de celte Commission. { iî»64 ) MÉMOIRES PRÉSEIVTÉS. ZOOLOGIE. — Sur tin nouveau type dans le groupe des Ascidiens, le Che- vreulius Callensis (L. D.). Mémoire de 1^1. Lacaze-Duthiers. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires : MM. Milne Edwards, de Quatrefages.) « Les Ascidies forment, dans l'embranchement des Mollusques, un groupe à la fois des plus naturels et des plus intéressants. Elles offrent, en effet, dans leur organisation, des traits si particuliers, elles ont des rap- ports si intimes, qu'il est impossible de ne pas les reconnaître, tant elles se ressemblent toutes. » Chacun sait qu'une enveloppe coriace, souvent charnue, la tunique pour de Lamarck, le test pour Savigny, les entoure complètement et protège les parois proprement dites de leur corps, qui ne communique avec l'ex- térieur que par deux orifices, lesquels, avec quelques autres particularités anatomiqups inutiles à rappeler ici, peuvent être considérés comme carac- téristiques : l'un, supérieur, donne accès dans la cavité respiratoire, au fond de laquelle est située la bouche; l'autre, latéral, fait communiquer avec l'extérieur le cloaque où s'ouvrent à la fois les organes génitaux et l'in- testin. » L'exemple qui fait le sujet de ce Mémoire montre une disposition exceptionnelle, et pour cela fort remarquable, qui masque les vrais carac- tères du groupe : l'animal qui présente cette disposition n'ayant pas été observé, je suis conduit à en faire un genre nouveau. » Je le dédie à l'infatigable et savant directeur du Muséum, que je suis heureux de remercier, en entrant dans cet établissement, du bienveillant accueil qu'il a bien voulu me faire. » Tous les individus du genre Clievreulius se sont présentés sans sto- lons ou bourgeons qui pussent les faire rapprocher des Ascidies sociales, et encore moins des Ascidies composées. » Leur forme est celle d'un cylindre libre par vine de ses extrémités, adhérent par l'autre et un peu aplati sur celui de ses côtés qui s'adosse aux corps étrangers voisins. » C'est la base libre supérieure qui présente le caractère du genre. » lia tunique, jaunâtre, cartilagineuse, est assez résistante pour con- server sa forme après la dessiccation; peu épaisse, elle ressemble à une lamelle de corne blonde. Lorsqu'elle est contractée, on ne voit pas les ori- ( 1265 ) fices dont il vient d'être question; mais, dès qu'elle se détend, on remarque bientôt qu'un peu plus de la moitié de la base plane supérieure du cylindre se détache vers sa circonférence, se relève en se mouvant suivant une ligne droite, comme autour d'une charnière placée du côté de l'aplatissement du cylindre. » Sous la lame qui se relève ainsi eu formant nu angle droit avec sa première position, et qui représente une valve, lui véritable clapet, apparaît un tissu blanc, transparent, luie membrane étendue d'un bord ù l'autre des parties écartées pour combler la grande fente produite parcelle sorte de bâillement. » Sur cette membrane on ne tarde pas à voir s'élever deux mamelons, au sommet desquels s'ouvrent les deux orifices caractéristiques des Ascidies. L'un d'eux, comme dans ces animaux, conduit à la chambre branchiale, et par conséquent à la bouche : c'est le plus élevé; l'antre, moins saillant et relativement latéral, donne passage à leau qui traverse les branchies, aux résidus de la digestion et aux produits de la rej)roduclion. » Entre ces deux orifices on dislingue par transparence au milieu des tissus un petit noyau blanc, opaque, d'où émanent des filets délicats; c'est le ganglion nerveux, l'unique centre nerveux qui existe chez les Ascidiens. » Ces détails suffisent pour montrer que ce genre nouveau est non-seu- lement justifié, mais encore qu'il appartient bien au groupe indiqué; qu'il est sans aucun doute un Ascidien, mais un Ascidien bivalve, dont la tunique se partage en deux moitiés mobiles l'une sur l'autre, comme chez les Acé- phales; et qu'enfin il faut admettre dans les Ascidiens deux séries: l'une pour ceux dont l'enveloppe extérieure est une véritable petite outre percée de deux trous, l'autre pour ceux dont la tunique, partagée en deux moitiés par une large fente horizontale, devient bivalve. » Ayant rencontré le Chevreitlhis pour la première fois dans les eaux de la Calle et de ses environs, je le nomme Callensis. Cette espèce vit à de grandes profondeurs, 60, 80, 100 brasses; elle appartient à la faune des fonds coralligènes, surtout deTabarca, de la Galite et de Bizerte. » Dans un travail que j'aurai l'honneur de présenter bientôt à l'Aca- démie sur l'organisation des Tuniciers ascidiens, je reviendrai sur l'anatomie de ce genre nouveau, qui néanmoins dès aujourd'hui peut être considéré comme un type bien net et caractérisé quoique secondaire. » Relativement aux rapports zoologiques généraux des Ascidies, la con- naissance du Chevreutius présente un intérêt tout spécial. » M. Huxley, l'un des zoologistes les plus éminents de l'Angleterre, a C. R., i865, i«r Semestre. (T. LX" N» 2S.) '65 ( 1266 ) cherché à montrer que les Brachiopodes et les Bryozoaires offraient dans leur organisation des traits de ressemblance qui pouvaient permettre de les rapprocher. D'une autre part, on ne saurait nier que les Bryozoaires n'aient des liens intimes avec les Ascidies. On se trouve dès lors conduit à admettre une certaine liaison entre une Térébratule et une Ascidie, en prenant comme intermédiaires les Bryozoaires. Présenté aussi simplement, ce rap- prochement peut paraître étrange; mais si l'on admet la première idée de M. Huxley, on est bien obligé d'en subir les conséquences; car les rap- ports qui existent entre les Ascidies et les Bryozoaires ne peuvent être dou- teux. » Je ne peux développer dans ce court résumé les vues du savant zoolo- giste anglais; mais je désire montrer que le Chevreulius Cnllensis fournira peut-être des preuves à leur appui. » Entre l'Acéphale lamellibranche et l'Acéphale brachiopode il existe de grandes différences, et s'd fallait rapprocher l'un ou l'autre du Chevreu- lius^ certainement ce serait le second qui fournirait la plus grande analogie; en effet la symétrie dans le Lamellibranche est bilatérale. Les valves de sa coquille, son manteau, se partagent en deux parties, l'une droite, l'autre gauche. Au contraire, le Brachiopode présente une symétrie verticale; il est partagé en une moitié supérieure et en une moitié inférieure. Ne peut-on pas considérer le Chevreulius comme présentant cette dernière condition? et dès lors ne voit-on pas qu'il peut servir à établir la liaison entre les Bryo- zoaires avec lesquels il est indubitablement uni, et les Brachiopodes aux quels il ressemble par la disposition de ses valves? » La recherche de rapports et de rapprochements aussi importants, d'un ordre aussi élevé que ceux que je signale ici, mériterait d'être appuyée • sur des considérations plus développées. Je désirais cependant montrer tout l'intérêt qui s'attache à la connaissance d'un type Ascidien bivalve, dont la tunique partagée en deux parties symétriques, l'une supérieure et l'autre infé- rieure, rappelle ce qui s'observe chez les Brachiopodes. » PHYSIOLOGIE. — Nouvelles applications de mes principes concernant la possi- bilité de ralentir l'activité respiratoire, les besoins de ta respiration, sans être obligé de rendre plus faible In quantité d'air qui pénètre dans la circulation. Note de M. Ed. Robin. (Extrait.) (Commissaires : MM. Mdne Edvi'ards, Cl. Bernard, Boulin.) « D'après ce que j'ai cherché à faire voir dans mes communications anté- rieures, le café, les antiputrides non désorganisateurs qui produisent avec ( 1267 ) los matières protéiques des combinaisons inattaquables par l'oxygène hu- mide, diminuent la vitesse de consommation sans gène pour l'économie animale; ils permettent aux matières en circulation de supporter plus long- temps l'action de l'oxygène; ils diminuent, par conséquent, le besoin de réparation ; ils mettent dans l'état où sont les habitants des pays chauds, si remarquables par la faible quantité d'ahments nécessaire à leur existence et par la facilité avec laquelle ils supportent l'abstinence ; ils se rapprochent, pour ainsi dire, à volonté des animaux à température variable, plus remar- quables encore par les mêmes propriétés. » Sous l'influence de ceux des modérateurs de la combustion lente qui agissent par combinaison, la température des animaux à sang chaud s'abaisse plus ou moins; ils deviennent donc plus ou moins à température variable. Dans ces nouvelles conditions, ils doivent être moins sensibles que dans les conditions normales à l'action des anesthésiques, qui ne sont autres que des poisons asphyxiants. » Chacun sail d'ailleurs que l'alimentation dans laquelle le café intervient en grande proportion n'est pas du tout incompatible avec la santé. On peut emprunter au goudron des antiputrides propres à faire des boissons dont l'usage journalier peut être longtemps et avantageusement soutenu. Suivant ce qui a été dit, l'alimentation arsenicale elle-même, et sans doute l'alimen- tation sous l'influence d'une multitude d'autres antiputrides par combi- naison, par opposition à l'action de l'oxygène, n'est pas plus incompatible avec une bonne santé. On est donc conduit à ces applications. » Première application. Moyens de diminuer les besoins de la respiration des animaux, de manière à rendre l'anesthésie moins dangereuse. » Deuxième application. Moyens de produire artificiellement l'hiberna- tion chez les Mammifères. » Troisième application. Substances propres à favoriser l'engraissement sans fournir ni la graisse ni ses matériaux. » Quatrième application. Manière de préparer l'alimentation dans les pays chauds, d'éviter les effets dus à la gène de la respiration dans l'ascension des montagnes, le séjour des mines, etc. » Cinquième application. Agents propres à diminuer les inconvénients d'une alimentation trop peu abondante, et parfois à la faire supporter sans gêne. u Sixième application. Moyens de rendre moins dangereuses les opéra- tions chirurgicales. a Septième application. Prévision du pouvoir fébrifuge. » i65. ( ia68 ) ASTKONOMiE. — Reclteicltes sur l équalion personnelle dans les cbsetvatiom de passnqes, su délerminalion absolue, ses lois et son oriijine. Note de 31. C. ^VoLF, présentée par M. Le Verrier. c< On désigne par le nom d'équation personnelle, dans les observations de passages, la partie constante de l'erreur que commet un astronome dans la détermination de l'époque des passages d'un astre aux fils de la lunette méridienne. La différence temps réel moins temps estimé donne la correction personnelle dont il sera toujours question dans ce travail. » La première partie du Mémoire est consacrée à la description d'un appareil propre à la détermination absolue de la correction personnelle et à la recherche des lois suivant lesquelles varie cette correction. » L'a|)pareil établi à l'Observatoire impérial de Paris se compose : i" D'une mire mobile, à laquelle un moteur communique un mouvement uniforme de va-et-vient. i° D'une lunette nnuiie d'un réticule de cinq fils, dans le pian desquels vient se peindre, par l'intermédiaire de collimateurs, une image très-petite de l'ouverture de la mire. Cette image représente l'étoile dont on observe le passage supérieur (mouvement direct) ou le pas- sage inférieur (mouvement inverse). 3" D'une série de lames métalliques incrustées dans des pièces de bois mobiles, sur lesquelles glisse l'extrémité mousse d'iui ressort fixé au chariot de la mire. A chaque opération, la posi- tion de ces lames est réglée de telle façon que le contact du ressort et des lames commence (mouvement direct) ou finisse (mouvement inverse) au moment où l'étoile artificielle est bissectée par chacun des fils de la lunette. Ce contact établit un courant qui sert à enregistrer les époques absolues des passages. 4° D'un enregistreur Morse-Digney à deux électro-aimants et deux molettes inscrivant indépendamment sur la même bande de papier. L'une des molettes enregistre la seconde battue par un relais que mène une pendule placée au dehors de la salle d'observation, l'autre enregistre les passages. Un commutateur permet d'alterner les rôles des deux électro-aimants. J'ai fait aussi usage, ilans quelques cas, de l'enregistrement par l'étincelle d'induction. '> L'observateur, après avoir réglé l'appareil, estime sur la seconde battue par le relais les époques des passages de l'étoile artificielle sous les fils. Quarante passages constituent une série complète, et la comparaison des époques enregistrées par l'appareil avec les temps estimés donne la cor- rection. » La discussion des causes d'erreur de l'enregistreur permet d'éliminer sûrement toute erreur constante supérieure à o*,oi. ( 1269 ) » J'ai toujours suivi la méthode d'estime de Bradley, qui consiste à comparer les intervalles parcourus par l'étoile du commencement de la seconde jusqu'au fil, et du fil à la fin de la seconde. Je ne me suis pas occupé encore de la correction dans la méthode d'observation chronogra- pliique. » J'ai consacré les premiers mois qui ont suivi la construction de l'ap- pareil (octobre i863) à l'étude des causes d'erreur et à ma propre éduca- tion. Cet exercice a produit cet effet remarquable de faire tomber une cor- rection de -+- o%3o à +o%[i. Mais, depuis janvier 18G4, cette quantité est restée invariable. Le fait de celte constance aie parait être un argument décisif en faveur de l'emploi d'un appareil spécial pour l'éducation des ob- servateurs. » Le degré et le mode d'éclairement du champ, l'éclat de l'étoile ne jîaraissent pas influencer mon estime d'une manière sensible; mais le sens ) Le grossissement de l'oculaire augmentant, ma correction diminue; inais il faut remarquer que cette variation ne peut être une loi physiolo- giqne, parce que le diamètre apparent des fils augmentant avec le grossis- rj ( '270 ) sèment, il est probable que l'œil ne rapporte pas dans tous les cas au même axe idéal les positions de l'étoile au commencement et à la fin de la seconde. » La seconde partie de mon Mémoire est consacrée à la recherche de la cause de l'erreur personnelle. » J'établis d'abord, par l'examen des différences de correction détermi- nées dans les divers Observatoires, que la différence maximinn de deux astronomes s'élève très-rarement au-dessus de o%3, et que pour les cas exceptionnels où cette différence a atteint i seconde et plus, il faut, avec M. Encke, admettre l'opinion que les astronomes qui présentaient cette anomalie avaient adopté une auîre manière de compter les battements de la pendule. » On doit à Bessel l'explication généralement adoptée de la cause de l'erreur personnelle : « La différence des estimes se comprendra, dit-il, si » l'on admet que les impressions sur l'œil et sur l'oreille ne peuvent être 1) comparées l'une à l'autre au même moment, et que deux observateurs » emploient des temps différents pour superposer l'une de ces impressions » à l'autre. « Cette explication a été reprise depuis par M. Faye [Comptes rendus des séances de ('^académie des Sciences, 1864, p. 474) ft paraît générale- ment admise. 1) Elle me semble cependant sujette à des difficultés; car il est bien cer- tain qu'au moment du passage l'observateur n'écoute pas le battement de la pendule, mais un battement intérieur que sa pensée y substitue, exacte- ment comme le musicien qui n'attend pas pour partir le bruit du bâton du chef d'orchestre, mais s'est pénétré à l'avance du rhythme de la mesure qu'il doit suivre. Il n'y a plus là superposition de deux sensations dis- tinctes venant de l'extérieur. » L'expérience m'a prouvé d'ailleurs que dans mon mode d'estime, cette intervention des deux sens n'existe pas, et qu'un seul, la vue, est la cause de l'erreur. B J'ai supprimé tout bruit battant la seconde, et j'ai marqué celle-ci, soit sur l'étoile même par une succession régulière d'étincelles, soit dans le champ de la lunette, par des éclats réguliers obtenus à l'aide d'un tube de Geissler placé devant l'objectif. Ma correction s'est trouvée la même que lorsque je percevais la seconde par l'ouïe. » Je me suis fait battre la seconde dans les doigts de la main gauche par une série de légères commotions : ma correction n'a point varié. » Ainsi, par quelque sens que m'arrive la perception de la seconde, par ( «271 ) la vue, par l'ouïe, ou par le toucher, mon estime reste constamment en erreur de la même quantité. Cette erreur ne peut donc provenir que de celui de mes sens qui reste constamment en jeu, de la vue. » Une série d'expériences sur les phénomènes qui accompagnent l'obser- vation d'un passage, lorsque la seconde est perçue par l'œil, m'ont démontré les faits suivants : » La perception du temps pour l'oeil n'étant autre que celle d'un espace parcouru, il existe pour cet organe une Hmite à la divisibilité du teinps, qui est la durée de la persistance de l'impression lumineuse. » Lorsqu'une étoile se meut dans le champ de la lunette, l'œil la voit, au moment où la seconde est perçue, non-seulement dans la position qu'elle occupe réellement, mais dans toutes les positions occupées précédemment pendant un tem[)S égal à la durée de la persistance de l'impression visuelle, et aussi dans toutes celles qu'elle occupe ensuite pendant un second inter- valle égal au premier. Les positions comprises dans chacun de ces inter- valles sont simultanées, leur parcours correspond à un espace de temps indivisible pour l'œil. Et par suite, la correction personnelle d'un observa- teur qui perçoit une seconde exactement rhythmée est comprise entre deux limites qui sont la durée de l'impression lumineuse prise positivement et négativement. » Si l'on supprime la continuité du mouvement de l'étoile, la correction devra être nulle.. C'est en effet ce qui a lieu, lorsqu'on remplace l'éclaire- ment continu de la mire par une succession d'étincelles éclatant de seconde en seconde derrière l'ouverture. » La durée de la sensation auditive, étant moindre que o%oi, ne peut intervenir dans la production de l'erreur d'estime. Les limites de cette erreur restent donc les mêmes que dans le cas où la seconde est perçue par la vue. » J'ai ensuite comparé la durée de la persistance de l'impression visuelle à la valeur de ma correction, et j'ai trouvé que cette durée, égale à o%o5 lorsque les impressions successives de l'étoile se font en un même point, s'élève progressivement jusqu'à o',i6 lorsque l'image se déplace sur la ré- tine de manière à ne pas émousser par la répétition des sensations, la sen- sibilité des points affectés. Cette variation explique celle de la correction personnelle qui augmente avec la rapidité du déplacement de l'étoile. » J'ai ainsi ramené l'erreur d'estime à une cause purement physiologique, et montré qu'elle n'est fonction que de la sensibilité d'un seul organe. Il suit de là : ( 1272 ) » 1° Que par sa nature cette erreur doit être et est en effet très-con- stante. « 2° Que la méthode d'observation par l'œil et l'ouïe est nécessairement supérieure au procédé d'enregistrement chronographique, puisque dans ce dernier procédé le temps enregistré est affecté de la même erreur que le temps estimé, et contient en outre une seconde erreur représentant le temps nécessaire à l'observateur poiu' mettre le doigt en mouvement. » 3° Que s'il est vrai que l'erreur moyenne d'une observation soit moindre dans le procédé chronographiquc, comme l'ont montré M. Pape et M. Dunkin, la seule conséquence à en déduire est qu'il faut, au point de vue de l'estime du temps, perfectionner l'éducation des astronomes plus quelle ne l'a été généralement. Et l'emploi d'nn appareil tel que celui que j'ai construit est très-propre à remplir ce but, puisqu'il réduit la correction personnelle à sa partie physiologique, en éliminant les causes d'erreur va- riables qui n'ont d'autre origine qu'une paresse de l'esprit. » PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur l' humidité atmosphérique à la surface des océans. Mémoire de M. Coupvent-Df.sbois, présenté par M. Laugier. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires : MM. Mathieu, Feuillet, Laugier, de Tessan.) « Des observations au nombre de 284 ont été faites avec l'hygromètre de Daniel pour déterminer la quantité de vapeur contenue dans l'air pen- dant la durée du voyage dans l'hémisphère austral. » Ces quantités de vapeur ont été déduites des températures observée.s du point de rosée et de la température de l'air, au moyen des nombres de M. Regnault; elles sont exprimées en centièmes de la quantité de vapeur correspondante au point de saturation, » Ces 284 observations faites par des latitudes très-diverses nous ont permis de rechercher l'influence de la température sur l'état hygromé- trique de l'air, et dans ce but nous avons pris de 5 en 5 degrés de tempé- rature moyenne de l'air, la moyenne de l'humidité, ce qui nous a conduit aux résultats suivants : ( >273 ) LIMITES DES TEMPÉRATURES. NOMBRE d'observations. HUMIDITÉ moyenne. De — 5° à o" 5 10 6 5i 27 36 18 67 64 58,8 85,6 93,3 90'9 83,7 78,7 82,7 85,2 81,7 De o" à -(- 5° De 5° à 10° ... . De 10" à i5" De 1 5" à 20° ... De 2o° à 25° De 25° à 27° De in° à 2q" De 29° à 3i° De — 5° à+3i° 284 84,0 » Ainsi, à part la diminution d'humidité entre — 5 degrés et zéro qui correspond à la région polaire, et l'augmentation entre +5 et +i5 degrés, l'humidité moyenne, à peu près uniformément sur les océans, est de 84 centièmes, valeur notablement plus forte que celle qui convient aux continents. » La première exception, celle qui se rapporte aux mers glaciales, s'ap- puie, il faut le regretter, sur un trop petit nombre d'observations. » La seconde exception, qui offre un maximum d'humidité entre +5 et +i5 degrés de température, parait certaine, s'appuyant sur 67 obsei- vations. C'est précisément la zone où la température de l'air est plus élevée que celle de la surface de l'Océan, comme cela se voit dans notre second Mémoire qui traite des températures à la surface des mers. » A côté des indications de l'hygromètre, on peut mettre celles que donnent la pluie ou même l'élat pluvieux de l'atmosphère; alors l'hygro- mètre a toujours accusé l'humidité extrême. Ces observations météorolo- giques ont été faites 6 fois par 24 heures pendant 1 146 jours, ce qui a per- mis d'estimer en sixièmes de jour ou période de 4 heures la durée de la pluie ou de l'état pluvieux, c'est-à-dire d'humidité extrême. » Le tableau qui résulte de ces observations comprend : Iiegrés. 36 jours dont la température était comprise entre — 5 et o 5o jours dont la température était comprise entre o et 5 65 jours dont la température était comprise entre 5 et 10 190 jours dont la température était comprise entre 10 à 25 C. R , iSCâ, 1" Semcsiie. (T. LX, N» 2ij.) l66 ( '27/| ) Deçréf. 1 15 jours dont la température était comprise entre i5 à ao 190 jours dont la température était comprise entre 20 a 26 5oo jours dont la température était comprise entre 25 à 3o u Les jours de pluie, classés suivant leur température moyenne donnent : LIMITES des températures. NOMBRE de jours pluvieux. DLRÉE en sixièmes de jour. REL.\TIVEMENT AU TOTAL. Jours. Durée. De — 5° à 0°. . . . I I 18 o,3i 0,08 De 0° à+5°. . . . i5 29 o,3o 0,10 De 5° à 1 0° ... . 23 43 0,35 0, 1 1 De 10° à i5°. . . . 56 i34 0.25 0,12 De i5° à 20°. . . . i5 27 o,i3 0,04 De 20° à 25" .... 23 48 0,12 0,04 De 25° à 3o°. . . . 118 198 0,24 0,07 » Cela veut dire, par exemple, que de — 5 degrés à o degré, c'est-à-dire près des glaces polaires, il a plu ou neigé o,3i ou 3i jours sur 100, que la durée de cet état a diu'é les 8 centièmes du temps. » Enfui, il y a sur l'Océan des jours brumeux : alors l'hygromètre marque l'humidité extréiue; il ne s'agit point ici de ces brouillards secs, que nous n'avons jamais rencontrés. Voici le résumé de ces jours brumeux com- parés à la température moyenne de l'air. LIMITES des températures. De De De De De De De — 5° à o". 0° à 5°. 5° à 10° . 1 0° à 1 5" . i5° à 20° . 20° à 25° . 25° à 3o° . NOMBRE des jours brumeux. 9 20 7 32 4 7 2 DUREE de la brume en sixièmes de jour. 18 53 '9 67 5 20 3 RELATIVEMENT AU TOTAL. Jours 0,40 0,11 o,o3 0,14 o,oo4 Durée. 0,09 0,18 o,o5 o ,06 o ,01 0,02 0,00 I ( 1275 ) » En rapprochanl tous ces résumés, on arrive à cette conséquence remarquable : qu'il existe dans l'hémisphère sud une zone ayant une température de o à lo ou i5 degrés, où l'air est plus chaud que la mer, où l'humidité touche à l'extrême, où il pleut beaucoup, où le temps est souvent brumeux; c'est, pour ainsi dire, la zone toujours pénible aux navi- gateurs dans ces parages, et le cap Horn en indique le milieu, » MÉTÉOROLOGIE. — Résumé des lois qui régissent les ouragans et les tempêtes ; par M. Lartigue. (Commissaires : MM. Pouillet, Langier, de Tessan.) « Définitions. — Les tourbillons sont des vents impétueux qui tournoient )) Les ouragans {Imrricanes) ou tempêtes tournantes [revolving storms) sont des tourbillons d'un diamètre plus ou moins grand, » Tempêtes {storms), vents violents qui, après avoir soufflé un certain temps de la même direction, en changent quelquefois plus ou moins brus- quement, » Coups de vent [strong gales), vents très-forts dont la direction varie peu, » Cyclones (i), courants d'air circulaires dans lesquels l'air se meut quelquefois lentement et d'autres fois avec la plus grande rapidité. Les tourbillons sont de vrais cyclones, mais les cyclones ne deviennent pas toujours tourbillons. » Pour bien comprendre les questions relatives aux ouragans et aux tempêtes, il faut nécessairement connaître le mouvement général de l'at- mosphère; car ce sont rarement les causes locales qui déterminent ces phé- nomènes, et, dans le plus grand nombre de cas, ceux-ci sont produits par des vents qui ont pris naissance à une très-grande distance du lieu où ils se font sentir. Il résulterait même de mes investigations (2) qu'ils ne se mani- festeraient que là où des vents intenses d'un des hémisphères peuvent se rencontrer avec ceux de l'hémisphère opposé, ayant eux-mêmes une cer- taine intensité. » Mes observations dans les diverses parties du globe et mes études sur celles d'un très-grand nombre de navigateurs m'ont fait reconnaître qu'il (1) T/ie cyclone oflen désignâtes light and fechle ivinds as tvell as thosc wich are strong and violent. (Redfield ) (2) Essai sur les ouragans et tes tempêtes, par M. Lartigue; i858. 166.. ( 1276 ) n'existait que quatre courants d'air principaux dans les deux hémisphères : ceux (Ui nord au nord-est, du nord aii nord-onest. du sud au sud-est et du sud au sud-ouest. Les vents qui soufflent pkis près de l'est que le nord-est et le sud-est sont produits par l'influence que les vents de ces directions exercent réciproquement les uns sur les autres, et par celle des terres lors- que leur configuration favorise l'écoulement de l'air vers l'ouest. De même, les vents qui soufflent plus près de l'ouest que le nord-ouest et le sud-ouest sont causés par l'influence réciproque des vents de nord-ouest et de sud- ouest et par l'effet de la configuration des terres. » Lorsque les vents polaires, que je considère comme les seuls vents na- turels ou primitifs, ne trouvent aucun obstacle qui les détourne de leur di- rection normale, ils varient du nord au nord-nord-est et au nord-est, ou du sud au sud-sud-est et au sud-est, suivant l'hémisphère, à mesure qu'ils s'avancent vers l'équateur; mais s'ils rencontrent les vents tropicaux du sud au sud-ouest ou du nord au nord-ouest, les vents polaires soufflent entre le nord et le nord-ouest dans l'hémisphère boréal, et entre le sud et le sud-ouest dans l'hémisphère austral, aussi bien dans les hautes que dans les basses régions. Près de la surface terrestre ces vents, et les autres vents polaires du nord au nord-est ou du sud au sud-est, qui souvent régnent en même temps sur divers points plus ou moins éloignés les uns des autres, se détournent pour se réunir aux alizés de l'hémisphère dans lequel ils ont pris naissance ; mais dans les régions supérieures de l'at- mosphère ils parviennent, sans changer sensiblement de direction, jusqu'à l'équateur. Ils le dépassent même dans un grand nombre de cas, passent au-dessus des alizés de l'hémisphère dans lequel ils sont entrés, et ils s'y propagent, soit à la surface terrestre, soit dans les régions supérieures de l'atmosphère, jusqu'aux environs des pôles. Après avoir franchi l'équateur, ils perdent une partie des propriétés des vents primitifs, et pour ce motif je leur donne le nom de vents secondaires (i), en même temps que celui de vents tropicaux. >' Les ouragans et les tempêtes qui ont quelque durée et qui se pro- pagent sur une grande étendue de la surface terrestre sont déterminés, dans les deux hémisphères, par la rencontre des vents soit du nord au nord-est, soit du nord au nord-ouest, avec les vents du sud au sud-est ou ( I ) Comparaison des vents primitifs avec les vents secondaires {Exposition du système des vents, par M. Lartigue; 2.' édition, i855, p. 4?) 4^> 49^'^**)- ( «277 ) du sud au sud-ouest, et quelquefois par celle des courants d'air de ces quatre directions. » Lorsque ces vents sont plus ou moins chauds, ils tendent à s'élever vers les régions supérieures de l'atmosphère, et alors ils peuvent former des tourbillons d'iuie étendue plus ou moins considérable; mais lorsqu'ils sont froids, ils tendent à se rapprocher du sol, et si alors il se produit des tourbillons, ce qui n'a lieu que dans les tempêtes les plus violentes, ceux-ci, bien que causant des effets désastreux, ont un très-petit diamètre, et leur durée n'est que momentanée (i). D'après M. le Maréchal Vadlant, il y aurait autant de tourbillons qu'il existe d'angles de rencontre entre les vents qui produisent la tempête. [Comptes rendus des séances de r Académie des Sciences, t. LVII, p. 1006.) » Il n'est pas toujours nécessaire, pour déterminer un ouragan ou une tempête, que les vents qui en sont la cause soient très-intenses. 11 suffit qu'ils aient pris naissance à une très-grande distance du point vers lequel ils convergent, et qu'ils aient une vitesse acquise représentée par 4, 5 ou 6, leur vitesse dans les ouragans étant représentée par la. Ils augmentent d'intensité à mesure qu'ils se rapprochent de ce point, où ils peuvent souf- fler avec violence ; mais lorsque les vents ont pris naissance près du lieu où ils entrent en lutte, il faut, pour que le phénomène se produise, qu'ils surviennent subitement et qu'ils acquièrent presque aussitôt une grande intensité. » Les tourbillons qui constituent les ouragans ou les tempêtes tournantes se forment d'abord dans les régions supérieures de l'atmosphère, exerçant une action plus ou moins grande sur les lieux au-dessus desquels ils passent. Quelquefois ils se rapprochent du sol, où alors l'ouragan se fait sentir avec plus de violence. » Dans les ouragans, ou tempêtes tournantes, le centre du tourbillon doit toujours se trouver sur la perpendiculaire du vent observé sur chacun des points où passe le phénomène. Si le centre n'est pas dans la direction de cette perpendiculaire, ou à peu près, le lieu de l'observation est néces- sairement en dehors du tourbillon, (!t s'il en est de même sur un grand nombre de points où une tempête se fait sentir, ou le tourbillon occupe peu d'étendue^ ou bien la tempête n'est pas de l'espèce de celles que l'on nomme tournantes. » Une baisse rapide du baromètre annonce toujours une perturbation (i) Comptes rendus des séances de V Académie des Sciences, séance du 23 juin i85(). ( 1278 ) plus ou moins grande dans l'état de l'atmosphère ; mais les autres signes précurseurs des ouragans et des tempêtes diffèrent souvent pour des lieux très-rapprochés les uns des autres; quelquefois même les circonstances de ces phénomènes ne s'y présentent pas de la même manière. » Il est facile de prévoir la route (track) que suivra un ouragan ou une tempête dans les régions du globe où les vents varient peu et d'après des règles bien connues; mais dans celles où les vents sont très-variables, sans que leurs variations soient soumises à des règles bien fixes, cela est sinon impossible, du moins très-difficile. On peut seulement, après de sérieuses études, et à l'aide de nombreuses observations simultanées, parvenir à re- connaître dans quelles parties du globe prennent naissance les vents qui sont la cause principale de ces phénomènes. 1) Les ouragans et les tempêtes se transportent quelquefois dans la même direction que la résultante des courants d'air qui les déterminent : alors ils se meuvent lentement; assez souvent ils suivent la direction d'un de ces courants; dans ce cas, la vitesse de translation peut être plus grande : le premier effet se produit lorsque les vents soufflent déjà à la surface ter- restre, au moment où le météore éclate; le deuxième, lorsqu'un des cou- rants d'air, placé d'abord dans les régions élevées, cause l'ouragan ou la tempête en se rapprochant du sol. 1) Lorsque ce courant a ])ris une grande extension dans le sens de sa lar- geur, il peut arriver que plusieurs ouragans ou tempêtes, indépendants les uns des autres, sévissent successivement à de courts intervalles, et même simultanément, sur des points plus ou moins éloignés. 1) Les ouragans avancent toujours plus ou moins vite, s'éloignant le plus fréquemment de l'équatciu- ; mais les tempêtes oscillent souvent, pen- dant plusieurs jours de suite, se rapprochant tantôt des pôles et tantôt de l'équateur. Là où ces oscillations se produisent, les tourbillons occupant une certaine étendue paraissent devoir se dissoudre plus ou moins promp- tement. » Les vents se détournent facilement de leur direction naturelle, lorsque quelque obstacle les empêche de suivre leur coins; ils décrivent alors des courbes dont la forme se rapproche plus ou moins de celle d'un cercle ou d'un cyclone. On ne doit pas confondre ces courants d'air circulaires qui se produisent en grand nombre à la surface du globe avec les tourbillons qui constituent les tempêtes tournantes (i), lesquelles, fort heureusement, sont assez rares. » (1) Comptes rendus de l'Académie des Sciences, séance du 23 juin i856. ( 1279 ) MÉTÉOROLOGIE. — Coup d'œil sur l'origine et rorganisation des correspon- dances méléorologiques jusqu'à nos Jours. Lettre de M. Andrès Poey à M. Elle de Beaumont. (Renvoyé à la Commission précédemment nommée.) « Permettez-moi, Monsieur, de soumettre à votre jugement éclairé le résumé suivant, très-succinct, des tentatives qui ont été faites en France et à l'étranger avant l'initiative de Lavoisier, en vue de l'établissement d'une correspondance météorologique. » Le thermomètre ayant été inventé par Galilée vers la fin du xvi* siècle, avant l'année iSgy, et perfectionné par son élève Sagredo (qui fit à Venise, dès iGi3, des observations importantes), ne tarda pas à devenir dans les mains de Viviani, de Torricelli et de leurs contemporains, un instrument de météorologie. C'est ainsi que Borelli à Pise, l'abbé Raineri et d'autres à Florence, Cavalieri et Riccioli en Lombard ie, organisèrent, sous la direc- tion de l'Académie del Cimento, un système très-étendu d'observations météorologiques simultanées; et en même temps le grand-duc Ferdinand II chargea les moines de plusieurs couvents de la Toscane d'observer régu- lièrement le thermomètre et les autres.instruments connus à cette époque. » Dès 1649, l'ei'fier, beau-frère de Pascal, avait déjà conçu l'utUité d'une correspondance météorologique sur divers points du globe, qu'il tâcha d'établir suivant les ressources dont il put disposer. L'année sui- vante, l'un de ses amis à Paris, l'ambassadeur en Suède et Descartes, lui adressèrent des observations à Clermont. » En 1725, Jacob Guérin, delà Société Royale de Londres, fit un appel pour que l'on entreprît le plus grand nombre d'observations possibles dans différents endroits de l'Europe. )) L'année 1780 fut mémorable pour la météorologie, grâce à l'invention du thermomètre de Réaumur et à la correspondance thermométrique qu'il établit et qui fut régulièrement publiée dans les Mémoires de l'Académie des Sciences, de 17^3 à 1740. » En 1737, Francisco Fernandez Navarrete, en remettant à l'illustre médecin du roi Philippe V, José Cervi, les premières éphémérides baromé- triques et médicales de cette année, publiées sous les auspices de l'Académie de Médecine de Madrid, exposa le plan d'une correspondance que cette corporation se proposait d'organiser dès le mois de mars suivant. » Mais ce ne fut qu'en 1780 qu'une correspondance fut définitivement ( I28o ) établie sur une vaste échelle, lors de la fondation à Mannheim de la première Société météorologique sous le patronage du prince Charles-Théo- dore, électeur palatin du Rhin, et sous la direction du savant et infati- gaiile secrétaire, l'abbé Hemuier. Trente Académit^s de l'Europe se rendi- rent à l'invitation de la Société, et un grand nombre de savants y prirent part. Les données de cette campagne météorologique furent consignées, de 1781 à 179Q, dans douze volumes in-4° intitulés : Ephemerides Societatis meleorologicœ Patatinœ, qui resteront impérissables dans les annales de la météorologie. « En 1784, par un décret du comte de Gampomanes, on imposa aux régisseurs et alcades des principales villes d'Espagne l'envoi au secrétariat de la Présidence de Castilie, chaque quinzaine, de l'état atmosphérique et des phénomènes concomitants, avec l'indication de leur influence sur la végétation et les récoltes. « Le i5 septembre 1790, le savant marin espagnol Alexandre Malaspina adressa du Callao au Pérou le vaste programme d'une correspondance mé- téorologique qu'il avait établie dans différents points de l'Amérique du Sud, ot fît la demande des collections d'instrinuents nécessaires. Par un décret du 28 mars 1791, le Gouvernement espagnol, fortement secondé par le comte de Florida-Blanca, décréta la mise en œuvre du programme de Malaspina, facilita les fonds à cet effet et ordonna la publication des instructions qui de- vaient être distribuées dans toutes les principales villes de l'Espagne, de ses colonies en Amérique et dans 1 Inde. L'Académie nautique de Gadix fut choisie comme lieu d'opération et de centralisation. » Dans la seconde moitié de ce siècle d'autres tentatives du même genre, purement individuelles, mais sans succès, ont été faites par les Lavoisier, les Van Swinden, les Ivirwan, lesDeluc, les Ramond et antres. « Ne serait- » il pas digne d'une Société savante, s'écriait Kirwan, d'établir une cor- 11 respondance météorologique dans les deux liémisphères et sous tous les )) degrés de longitude et de latitude? » En i8ig, d Hombres-Firmas vou- lait que cette Société fût l'Institut de France. )> Après avoir débuté en 1777 par d'excellentes observations, ajirès avoi?' publié à ses frais, en 1800, un Annuaire méléorolocjique, qu'il continua pen- dant onze années sans relâche, jusqu'en 181 1, Lamarck s'était proposé de fonder une correspondance qui devait embrasser l'univers entier. Pour dé- buter par son pays et pour centraliser cette masse d'observations, il s'adressa au comte Gliaptal, Ministre de l'Intérieiu-. L'éminent Ministre accueillit sur- le-champ la proposition de Lamarck, et ayant donné ses ordres le len- ( laSi ) demain aux préfets des départemeiils signak^s, dès l"an X (îSoi) on commença à recevoir régulièrement, dans les bureaux du Ministère, des observations météorologiques recueillies simultanément dans diltérouts points choisis de la France. >i En 1819, le baron d'Hombres Firmas s'efforça de renouveler auprès du Ministre de l'Intérieur et de l'Institut de France l'établissement d'une correspondance météorologicpie. » En 1822, le corps de santé militaire des États-Unis d'Amérique com- mença à centraliser la masse d'observations entreprise dans le vaste terri- toire de cette république depuis 1819, et des volumes de plus en plus volu- mineux furent publiés en 1822, i84o, i85i et i85G. » En 1 826, la Société Helvétique des Sciences naturelles distribua à douze de ses IMembres une collection d'instruments comparés, destinés aux études météorologiques dans les divers cantons de la Suisse. « Comme efforts individuels dans la voie de l'établissement d'une correspondance météoiologique, personne, après Lamarck, ne déploya au- tant de zèle que P.-E. Moriu, ancien élève de l'École Polytechnique. Il débuta en 1826 par la publication d'im « Projet d'ine correspondance à » établir pour l'avancement de la Météorologie. » L'année suivante, en 1821, il publia à ses frais sa correspondance jusqu'en r84o, at finalement, en i 829, il proposa et publia le « Règlement pour l'établisserient d'une Société mé- » téorologicpie. » 3) En i835, l'Académie royale des Sciences de Belgique publia dans ses Bulletins les observations météorologiques c|ui lui étaient adres,sées, et le nombre des observateurs s'étanl grandement accru, elle les inséra dès 1841 dans ses Mémoires. » En i84o, la Société Royale de Londres, à l'invitation du baron de Hum- boldt, fit un appel analogue aux observateurs nationaux et étrangers du continent, proposant également l'établissement du plus grand nombre pos- sible d'observatoires météorologiques sur le globe entier. » Le 12 juin 1842, M. Lamont rendait compte à l'Association Britan- nique pour l'avancement des Sciences des nombreuses observations qu'il avait pu réunir parmi ses correspondants. » En 1845 eut lieu à Cambridge (Angleterre) la conférence que le célèbre Gauss avait déjà provoquée pour poser les bases de l'étude du magnétisme terrestre. » Eu 1 85o, M. Bnys-Ballot, ayant demandé à l'Académie des Sciences de C. R., l8G5, I" Semestre. (T. LX, K» 23.) I 67 ( i28a ) Belgique plus il'exteiision el d'miilé dans les Iravaux météorologiques, ^I. Quelelc't remarqua alors qu'il avait tenté, à la demande de sir John Hcrscliel, d'établir une Association météorologique dans laquelle quatre- vingt-cinq stations d'Euroj)e se niellraient en rapport et commuiiiqueraieiil personnellement leurs travaux à l'Académie. ' u Eu i85i, lord Palmerston, alors Ministre des Affaires étrangères, adiessail une circulaire, au nom du colonel W. Reid, aux consuls britan- niques coloniaux, demandant des renseignements exacts et utiles siu- les caractères des ouragans ou tempêtes giratoires. » Par un décret royal du i5 mai r85i, le Gouvernement belge accordait à l'Observatoire de Bruxelles une collection spéciale d'instruments qui de- vaient être distribués parmi les amateurs. » Dans la même année, le Gouvernement prussien créa, comme dépen- dance du Bureau de Statistique, dirigé par M. Dieterici à Berlin, un Jnstiltil méléoiolocjiqtie sous la direction de M. Dove, analogue à celui d'Utrecht, et qui comptait déjà trente-six succursales. >) Dans la même année i85i,M. Rupffer proposa une conférence entre les météorologistes russes et ceux des Étals-Unis d'Amérique, dans le but de centraliser sur une grande échelle leurs travaux respectifs. » A la même époque le Gouvernement des États-Unis recevait encore une seconde invitation du capitaine anglais Henry James, pour cooi)érer à un système d'observations uniformes dans les dix-neuf localités qu'il désignait. Le lieutenant Maury répondit dans les termes les plus favorables, et plus tard par l'envoi d'une brochure sur un projet d'observations météorolo- giques terrestres et maritimes, qui donna lieu en i853 au Congrès de Bruxelles. » Par le manque d'espace je suis forcé de garder le silence sur d'autres tentatives ou réalisations de correspondances qui ont été faites, dans ces dernières années, chez différentes nations, notamment en Autriche, en Angleterre et aux États-Unis, ainsi que de ]>lus anciennes. J'arrive mainte- nant à la séance mémorable du 19 février i855, dans laquelle M. Ue Verrier mit, pour la première fois, sous les yeux de l'Académie la carte de l'état atmosphérique de la France à dix heures du matin du même jour, el dont les observations avaient été transmises par la voie télégraphique. Ce n'était alors qu'une ébauche qui enfanta l'entreprise gigantesque du Bulletin internalionnl. C'est ainsi que le projet de Lamarck , qui échoua en 1801, sous le premier Empire, devait être couronné de succès, au delà de ses souhaits, un demi-siècle plus tard, sous le second Empire, et, par unebizar- C 1283 ) lerie singulière, l'initiative vint précisément du chef actuel de l'Observatoire de Paris. » Procliaiiieinent je m'occuperai de l'organisation des observations télé- graphiques, que je n'ai pu traiter dans cette première partie. » MKCAINIQUE. — Sur In lliéorie des roues lijdrtniliqiws. Théorie de la roue à aubes planes. Deuxième Note de M. de Pambour. (Commissaires précédemment nommés : MM. Poncelet, Morin, Combes, Delauna^'. ) « Dans une Note précédente, nous avons donné l'équation des roues à aubes planes. Il reste à fixer la valeur des éléments qui conduisent à la so- lution du problème, ou des opérants du calcul (si l'on veut bien nous per- mettre ce mot), c'est-à-dire des quantités variables [x, c, e'; et ensuite celle des constantes 2, /",/'. » La perte d'eau étant exprimée par le rapport -, il faut d'abord connaître les surlaces n et w ; mais ces deux quantités dépendant de la hau- teur d'immersion de l'aube, que nous appellerons /, il faut avant tout dé- terminer celle-ci. Or, on coimaît le poids P, et, par conséquent, le vo- lume P, de l'eau qui parcourt le coursier, et on a la vitesse de cette eau, au passage des aubes, qui est v. En divisant le volume P, par la vitesse v, on aura la section de la lame liquide, et en divisant celle-ci par la largeur L du coursier, on aura la hauteur de l'eau sous les aubes, qui sera la quan- tité £. De pins, si l'on en retranche le jeu / de la roue, le reste sera la hau- teur d'immersion de l'aube; et enfin en multipliant cette hauteur i par la largeur / de l'aube, le produit sera la surface immergée. On aura donc P, j, a=^[t-j)l. » En ce qui concerne la quantité m, le passage qui ejciste entre les côtiés de l'aube et les bajoyers du coursier a pour largeur le jeu de la roue, et pour longueur deux fois la hauteur d'immersion ; sa surface est donc lij. Quant au passage qui existe sous l'aube, si l'on considère l'instant où les deux aubes inférieures se trouvent à égale distance des deux côtés du rayon vertical, on verra que le coursier étant rectiligne, le passage libre sons la roue est alors composé, en hauteur, du jeu de l'aube plus le sinus verse du demi-angle que fout les aubes entre elles. L'instant d'après, quand la der- 67.. ( r-284 ) iiiére aube arrive à la position verticale, le passage se réduit au jeu seul île la roue. Sa valeur moyenne est donc égale au jeu, plus la moitié du sinus verse dont on vient de parler, dans le cercle dont le rayon est p. Ainsi, en appelant d l'angle de deux aubes consécutives, la hauteur du passage sous la roue sera 1.9 y H — p sin verse - • lin la multipliant par la largeur L du coursier, et y ajoutant le passage latéral déjà calculé, on aura donc pour l'aire de la perte d'eau /. I . o\^ u = ij-\ — p sui verse - 1 L + iij. Ainsi, on aura les surfaces a et u, et par suite la fraction a + M £ P étant égal au rayon p, moins la moitié de l'inimersion de l'aube, on a » Le rapport — sera connu sans difficulté, car le rayon d'impulsion p' Par conséquent, on connaîtra aussi l'élément opérant u., puisqu'il a pour expression ij. = • — • ' rt -+- w p » Enfin, comme s' exprime la hauteur de l'eau dans le coursier d'arrivée, où la vitesse est V, sa valeur sera connue comme celle de î, et l'on aura P' On voit combien tous ces calculs sont simples. » Il reste maintenant à fixer la valeur des trois constantes i,/, /', quoi- que cette détermination n'appartienne pas à la théorie proprement dite. La quantité 1 représente un produit numérique, qu'd suffira d'effectuer, puis- qu'on a l^r- = ns (^1 i>- 2 Il faut seulement se souvenir que s est la surface exposée au choc de l'air, p" le rayon de la roue mesuré jusqu'au centre de l'aube, c la vitesse de la roue, en mètres par seconde, et n un nombre const.int que, d'après les ( 'sSS ) expériences de M. TliibauU [Expériences sur la résistance de ioir, Brest), on peut fixer à o'''',oG25. [Voyez aussi Traité des locomotives, cliap. IV.-j Le frottement / de la roue non chargée a été établi par les expériences de M. Morin à o,oS ou 0,07 de son poids. 11 est donc facile à connaître. .. Enfin le frottement additionnel /' a été trouvé par nous, dans les locomotives, égal à o,i4 du poids de la charge, ou de la résistance qui le produit. D'après les expériences de M. Morin sur le frottement des touril- lons, on pourrait encore le porter au même, chiffre, comme approximation, puisqu'une charge ou pression /-exigeant, pour la contre-balancer, un effort égal de la part de la puissance, et ces deux forces se fusant équilibre sur l'axe, y exercent une pression égale à leur sonmie, et par conséquent y produisent un frottement qui, rapporté à la circonférence de la roue, se- rait 0,1 4 r. Mais nous déduirons plus tard ce frottement additionnel d'ex- périences précises, et nous verrons que sa valeur, pour les roues liydrau- liques,est/'= o, 12. Nous admettrons donc ce chiffre, réservant de l'établir en traitant des roues sur lesquelles il a été déterminé. )) On voit par ce qui précède que parmi les éléments c[ui donnent la so- lution du problème, le principal est l'élément u., qui est essentiellement variable, étant composé de deux fractions variables elles-mêmes. On peut penser que c'est faute d'avoir constaté cette variabilité, d'avoir donné le moyen de la calculer d'inie manière précise, et de l'avoir introduite dans les formules, que la théorie des roues hydrauliques est restée si longtemps stationnaire. A cette circonstance il faut ajouter que le frottement addi- tionnel ne figurait pas dans les équations, et que la surélévation de l'eau était restée inaperçue. C'est ce qui constitue la différence entre les for- mules proposées et celles qui ont été en usage jusqu'ici. » Afin qu'on puisse examiner la marche des formules, nous avons calculé d'après l'équation (3) les vingt-sept expériences fûtes par le célèbre ingé- nieur anglais Sineaton, sur un modèle de roue à aubes, en mesurant direc- tement la vitesse de l'eau affluenle et la dépense d'eau, circonstances qui détruisent la principale cause d'incertitude dans les expériences ordinaires. Ces expériences sont rapportées dans le JMémoire de Smeaton traduit de l'anglais par Girard [Recherches sur l'eau et le vent), et sont reproduites dans presque tous les ouvrages sur l'hydraulique. Les données relatives à la roue sont les suivantes : rayon extérieur p = o"',3o3 ; nombre des aubes 24 ; largeur des aubes (d'après les figures de l'auteur) 6 pouces anglais ou / = o™,i52/|; largeur du coursier L = o™,i55o; jeu de la roue, d'après la disposition de l'appareil qui permettait de le réduire à ce qui élait strie- ( 1286 ) temcnt nécessaire, y=:o'",ooi3; sinus verse de l'angle de 7°3o' dans le cercle dont le rayon est o™, 3o3, égale o'",oo76. » Les expériences deSmeaton donnent les effets totaux de la roue. Nous les rapportons dans le tableau suivant, ainsi que les résultats obtenus par la théorie proposée. Le total des résultais du calcul est de 4 pour loo au- dessus de celui des ex|)ériences. Nous avons ajouté au tableau une colonne contenant les mêmes effels, calculés par la formule théorique admise jus- qu'ici, savoir : 3 4 5 6 7 8 9 1 10 11 12 13 14 ir, kii 2,075 '.998 1 ,835 '.77a i,6i5 1 ,5o5 1 ,35o 1,217 1 ,012 o,8Ci 2,58o 2,242 2, i53 2,092 >w(i7 2,7S5 2,720 2,595 2,ll70 2,372 2,218 2,oGo 1,900 1 ,33o 2,660 2,5Go 2,280 2,ogo 0,950 0,951 0,885 0,876 0,820 0,7^1 o,7_'io 0,696 0,C02 0,507 0,974 0.917 0,823 0,792 0,792 A reporter. 0 0 j ° 3 ta < 9 5-«- S ? 5?,,? ^ a H S 2 td s. - »» = bi -9 W =i.S — c " - •0 kfln k;:m kfiii 0,207 0,262 0,369 0,23; 0,242 0,343 0,195 0,202 0,283 0,173 0,174 0,253 0,1/(3 0,l4l 0,210 0,114 0,107 0,168 0,089 0,086 0,1 34 o,ofi8 o,o63 0,1 04 0,042 0,041 o,o65 0,023 0,022 0,037 0,307 0,282 0,432 0,242 0,226 0,344 o,i85 0,189 0,263 0,153 0,148 0,219 0,118 o,io5 0, 172 2,34G 2,290 3,396 Report. 16 kii 1 , JiS m ',77' 17 1 ,265 1,456 18 2,840 2,280 19 20 2,490 1,925 2,090 1,835 21 22 1,722 2,717 1 ,5ao 2 , 1 5o 23 2,5oo 1,835 24 25 26 1 ,980 2,680 2,3i5 1 , 520 1 ,900 1,582 27 2,720 1,582 0,728 0,665 0,918 0,845 0,775 0,743 0,885 o,83o 0,775 0,864 0,778 0,823 ToTAI \. H = 0 r^ "« S kg» 2,346 0,079 0,04:'| 0,258 0,188 0,111 0,068 0,217 o,'-l9 0,079 0,168 0,101 O, 130 3,928 kgœ 2,290 0,070 o,o4o 0,234 0 , ' 69 0, 106 0,060 0,218 0, 154 0,074 0, i5o 0,086 0, 102 3.758 ? "5 c w s H. 3.396 o, 1 iS 0,068 0,362 0,267 0, 161 o, 101 o,3o6 0,2l3 0,117 0,2^0 0,148 0,173 5,670 t'HVSiQUE APPLIQUÉ!:. — Téléyraphe aitlocjrapliique. Note de M. A. Gékard. (Extrait.) (Commissaires : MM. Becquerel, Regnault, Delainiay.) « Ce télégraphe est, comme toujours, composé de deux appareils iden- tiques réglés par synchronisme à l'aide de pendules; il a pour base l'in- stantanéilé de l'étincelle d'un courant induit, provoquée j)ar la disjonction du cour.uit iniluctonr. Celle proposilion, (pii peut n'être pas rigoureuse pour ( <'^87 ) (Je longues distances parcourues, n'en reste pas moins vraie quant au tonip> qu'emploie un même courant à franchir ime même dislance. )i L'invention repose : i" siu' la disposition générale qui, rassemblant tous les organes nécessaires à un télégraphe autographique, crée un appareil peu encombrant et peu cotiteux ; 2° sur le mécanisme particulier de la plume: 3° sur la substitution aux traits parallèles de traits concentiiques qui dimi- nuent de moitié le temps nécessaiie à couvrir une surface, me réservarit toutefois le droit d'y adapter un cylindre; 4" ^nr 1 application de mon appa- reil pour calculer la vitesse des projectiles et comme pouvant mesurer les temps correspondant à différentes divisions d'une même trajectoire; 5° en- fin, que c'est pour l'appareil que je réclame la priorité, et non jjour l'emploi d'un courant à l'exclusion d'un ;iulre, non plus que pour le papier chimique, laissant à la science ses progrès et à la |)ralique ses moyens. » M. Gérard adresse eu même temps une Note dans laquelle il expose le plan d'un nouveau système de traction à l'aide de grandes roues emboîtant les roues mortes d'une locomobile. PHYSIQUE. — Nouvelle Note sur' l'arc-en-ciel; par M. F. Raillaud. (Commissaires : MM. Ponillet, Babinet, Regnault.) « Dans lui Mémoire présenté à l'Académie le 1" juin iSSy, j'ai exposé une théorie mathématique nouvelle de l'arc-en-ciel, par lacjuelle j'explique d'une manière complète les modifications que ce météore éprouve dans sa largeur, son rayon et les nuances de ses couleurs. Je déduis d'un principe luiique ces modifications diverses, ainsi que les arcs surnuméraires, la mo- dification spéciale que l'on a appelée arc-im-ciel blanc, et enfin les cou- ronnes opposées au soleil. Toutes ces particularités sont les effets néces- saires des interférences produites entre les rayons solaires qui émergent des gouttes ou des globules d'eau dans une pluie ou un brouillard, après avoir été réfléchis à l'intérieiu- de ces goultes ou de ces globules. » On s'en tient encore généralement aujourd'hui en France à la théorie de Newton, et dans les livres de physique on explique l'arc-en-ciel par les rayons efficaces attribués à Descartes, mais dont la première idée a été publiée bien longtemps avant lui par Grimaldi, Châles et Antoine de Do- niinis. On n'y a recours aux interférences que pour expliquer les arcs surnuméraires, comme l'a fait le docteur Young, sans faire mention du savant Mémoire de M. Airy sur l intensité de la lumière dans le voisinage d'une caustique, publié dans le tome VI des Transactions de Cambridge. ( ia88 ) » Je fais voir, dans mon Mémoire, que les interfcTcnces lumineuses, telles que les a exposées IM. Airy, suftisent seules pour expliquer le phénomène de l'arc-en-ciel avec toutes ses variations et tous ses accessoires, et que les rayons efficaces de l'aucienue théorie n'y jouent aucun rôle. Je rappelle les observations de M. Miller (i) et de M. Galle (2), qui s'accordent parfai- tement avec la nouvelle théorie, et qui seules suffiraient pour renverser celle que l'on a admise jusqu'à présent. )) La théorie que j'ai exposée se distingue de l'ancienne, stntout par les caractères suivants. 1° L'intensilé de la lumière à Varc c/éonidlrique est égale à 0,442 de l'intensité de la lunuère du |Memier maximum (M. Airy appelle arc (jéomélrique celui de l'ancienne théorie, lequel est aussi celui du docteur Youug, et qui correspond au maximum de déviation). 2° l^a déviation du premier maximum d'intensité est variable; elle est d'autant moindre et elle s'éloigne d';aitant plus de la déviation maximum que le diamètre des glo- bules d'eau est plus petit. 3" En conséquence de la diminution du tliamètre des gouttes d'eau, les couleurs les moins réfrangibles du spectre s'étalent en dehors de l'arc géométrique et finissent par se confondre avec celles de lare extériciu' ou du second ordi'c. 4° Es nouvelle théorie explique parfai- tement l'arc-en-ciel blanc et l'absence de tout arc dans les brouillards et les nuages sans pluie. Or tous ces faits s'accordent avec les observations et sont absolument inexplicables dans rancienne théorie, et en contradiction manifeste avec elle. Le dernier fait surtout, l'absence de l'arc-en-ciel coloré dans les brouillards et les nuages sans pluie, est tellement mcompatible avec cette hypothèse des rayons efficaces, qu'on a été forcé de supposer, pour se tii'er d'embarras, que les nuages et les brouillards étaient toujours l'ormés de globules creux ou de vapeur vésicidairc. » Je viens aujourd'hui présenter des faits nouveaux qui confirment plei' nemcnt et qui établissent d'une manière définitive la théorie que j'ai déve- loppée longuement dans un Mémoire du i'"^ juin 1857. Ces faits peuvent être observés facilement par tout le monde; on les produit très-simplement avec le pulvérisateur des liquides de M. Salles-Girons. Au moyen de cet ingénieux appareil, on obtient un petit nuage formé de globules liquides dont on peut faire varier le diamètre à volonté; il suffit pour cela de tourner un robinet qui laisse échapper un filet d'eau^plus ou moins fin, suivant la position que l'on donne au robinet. En se plaçant à une fenêtre et en (1) Transarlions de Cambridge, p. 277, 22 mars 184 1- (2) Annali-sdc Poggendorjf, t. LXIII, année i844' P- 342. ( 1289 ) ipgarJant sur un fond noir ce petit nuage éclairé par les rayons du soleil, on voit un arc lumineux dont les couleurs, les nuances, la largeur varient avec la grosseur des globules d'eau où il prend naissance. Quand les glo- bules sont suffisamment fins, l'arc ne présente plus les couleurs les plus réfrangibles du spectre; il a une bordure extérieure roussâtre, et il arrive ini moment où cette bordure, en s'étalant, remplit tout l'espace compris entre le premier et le second arc. » Ici l'on ne peut pas dire que le nuage soit ce qu'on a appelé de la vapeur à l'état vésiculaire, puisqu'il est formé directement avec de l'eau liquide et froide, et non avec de la vapeur qui se condense. Ainsi ma théorie ne rectifie pas seulement les idées fausses que l'on s'était formées sur le plus beau des météores, elle renverse encore définitivement l'hypo- thèse erronée de l'état vésiculaire qui a régné si longtemps, et que j'ai déjà combattue de tant de manières; elle nous apprend comment sont constitués les brouillards et les nuages dont la température est au-dessus de zéro, de même que la vraie théorie des halos et des parhélies nous révèle la nature et la constitution véritable des cirrus où ils prennent naissance. L'arc- en-ciel, avec toutes ses variations de formes, nous prouve que les premiers sont bien réellement formés de petits globules pleins, et les parhélies nous apprennent que les cirrus sont des amas de petits cristaux de glace qui flottent dans l'air. Quant à la cause de leur suspension, je l'ai expliquée dans une Note qui a été présentée à l'Académie le 10 novembre i856, et que les Comptes rendus ont reproduite. » M. PÉcHOLiER adresse pour le concours des prix de Médecine et de Chi- rurgie un opuscule intitulé : « Des indications de l'emploi du calomel dans le traitement de la dysenterie ». (Renvoi à la Commission des prix de Médecine et de Chirurgie.) M. J. RoDRiGCEz DA CosTA DcARTE adrcsse pour le concours du prix Go- dard un opuscule intitulé : « Des fistules génito-urinaires chez la femme ». (Renvoi à la Commission du prix Godard.) CORRESPONDANCE. M. LE Président de l''Institct adresse une Lettre relative à la séance tri- mestrielle qui aura lieu le 5 juillet; il prie l'Académie de désigner le lecteur qui devra la représenter dans cette séance. C. K., i865, I" Semestre. (T. LX, N» 2i5.) I 68 ( i^go ) M. Otto Strcve, récemment élu CorrespondaiU clans la Section d'Astro- nomie, adresse ses remercîmenls à l'Académie. L'Académie impériale des Sciences de Vienne (classe des Sciences mathé- matiques et naturelles) adresse, pour la Bibliothèque de l'Institut, huit nu- méros des comptes rendus de ses séances pour l'année 1864. La Société d''Emclation du département des Vosges adresse, pour la Bi- bliothèque de l'Institut, le 3* cahier du tome XI de ses Annales. M. LE Secrétaire pertétuel signale, parmi les pièces imprimées de la Correspondance : 1" Trois ouvrages de M. Ferdinand Mueller que l'auteur adresse pour la Bibliothèque de l'Institut : le premier en anglais, intitulé : « Les plantes in- digènes de la colonie de Victoria )-; le second, aussi en anglais, ayant pour titre : « Végélalion des îles Chatham »; et le troisième en latin, qui forme le quatrième volume do l'ouvrage intitulé : Fragmenta phylocjrapiiiœ AiislraUœ. Ces trois volumes, qui sont tous imprimés à Melbourne, et accompagnés de nombreuses planches gravées dans celte ville australienne, sont transmis par M. Ramel. 2° Un ouvrage en espagnol intitulé : « Investigations mathématiques, par M. le marquis de Ilijosa de Alava. M. MoRiN présente au nom de l'auteur, M. Léon ridai, un exemplaire d'un ouvrage intitulé : « Calcul du temps de pose, ou Tables pholomé- triques pour l'appréciation à un très-haut degré de précision des temps de pose nécessaires à l'impression des épreuves négatives à la chambie noire en raison de l'intensité de la lumière, etc. » A cet ouvrage est joint un spécimen de son photomètre portatif. THÉRAPEUTIQUE. — 31. GusTAVE Le Bon écrit pour demander l'ouver- ture d'un paquet cacheté déposé par lui dans la séance du 3 juin dernier. Le dépôt ouvert contient la Note suivante concernant l'existence d'un alcaloïde dans la fève de Calabar. a Cet alcaloïde, que je n'ai pas encore obtenu, dit l'auteur, assez pur pour en présenter des échantillons, jouit de propriétés physiologiques extrême- ( I29I ) ment curieuses. Sa dissolution introduite à la dose d'une goutte entre les paupières d'un myope produit, au bout de quelques instants, une aug- mentation considérable dans la portée de la vue. Cette augmentation, qui persiste au moins une heure, est très-facile à constater, car elle n'a lieu que dans celui des yeux qui a reçu la solution. Par conséquent, en ouvrant et en fermant alternalivement les yeux, on s'aperçoit qu'il existe une grande différence dans la portée de la vue de chacun. » J'ai fait ces expériences sur moi-même et les ai répétées un grand nombre de fois avec succès. Chez des personnes possédant une vue moyenne, la portée de la vue serait-elle aussi augmentée? Tout nie porte à le croire. « En ce moment, je ne saurais dire comment agit l'alcaloïde de la fève de Calabar. J'espère cependant arriver à élucider cette question. Agit-il sim- plement en provoquant la contraction de la pupille toujours si dilatée chez les myopes, ou bien possède-t-il une action spéciale sur les nerfs? Je penche vers cette dernière hypothèse. » Quoi qu'il en soit, l'alcaloïde de la fève de Calabar pourra être employé avec succès dans le traitement de la myopie. Ce sera, je crois, le premier agent thérapeutique qui aura été essayé contre cette infirmité. » M. Pellegrijv demande l'autorisation de retirer un paquet cacheté con- tenant la description d'un nouveau propulseur pour les navires, qu'il avait déposé antérieurement. L'autorisation est accordée. M. M. HoEK écrit pour demander de substituer au tableau des distances donné par lui dans son Mémoire sur les Comètes 1860 — III, i863 — I et 1 863 — VI publié dans les Comptes rendus, séance du 8 mai dernier, t. LX, p. 965, celui qui suit : Dates. ^«1860,111. ^«i863,I. ^«i863,VI. ■jSÔjioS 600,00 600,42 600,25 1020,07 5oo,oo 5oo,56 5oo,36 Le tableau donné précédemment est erroné, parce que, dit iNÏ. Hoek, t dans la formule t = C {^q -i- r] \/ r — q années, j'avais pris logC = 7, t?75a3a aulieude SjSySaSa. » 168.. ( «292 ) M. DcFFAUD écrit pour demander que son Mémoire sur le prix des den- rées à Poitiers depuis l'année 1687 jusqu'à nos jours, présenté dans la séance du 17 juin 1861, soit admis au concours pour le prix de Statistique. (Renvoi à la Commisson du prix de Statistique.) CHIMIE INDUSTRIELLE. — Sur l'extraction du sucre. Note de M. Alvabo Reynoso, présentée par M. Dumas. « La fabrication du sucre se réduit, en résumé, à deux opérations de nature différente : la première, basée sur l'emploi des substances défécantes et du noir animal, a pour but l'élimination de diverses matières étrangères; la seconde consiste dans l'évaporation de l'eau que renferme le jus sucré, évaporation que le fabricant réalise au moyen de la chaleur appliquée, soit à nu, soit par un courant de vapeur à la pression ordinaire, soit enfin par ce dernier agent avec l'aide du vide. » Les perfectionnements les plus complets obtenus jusqu'à ce jour, aussi bien que ceux qu'il est permis de prévoir dans l'ordre d'idées actuel, ne peuvent aboutir qu'à économiser le combustible, à rendre la condensation plus complète et moins dispendieuse, à produire un vide plus parfait; mais l'extraction du sucre comprend des phénomènes que ces divers perfection- nements ne sauraient entraver d'une manière absolue, et je crois que doré- navant c'est dans une autre voie qu'il faut chercher la véritable solution du problème qui nous occupe. » Le procédé de traitement des jus sucrés que j'ai l'honneiu" de sou- mettre à l'Académie comprend deux parties : » 1° Défécalion. — Depuis longtemps les chimistes se sont préoccupés des avantages qui résulteraient de l'emploi des composés alumineux dans l'industrie sucrière. Les aluns, le sulfiite d'alumine, l'alumine elle-même, plus ou moins pure, ont été successivement appliqués, avec plus ou moins de succès, avec plus ou moins de discernement. Evans décrit avec détails l'usage des aluns et du sulfate d'alumine, et rapporte les bons effets qui ont été obtenus par ces moyens dans les colonies anglaises. J'ai moi-même employé le sulfate d'alumine dans diverses conditions, mais j'ai reconnu qu'à côté d'avantages réels ce compo.sé présente des inconvénients sérieux. « Le phosphate acide de chaux a été mis en usage à Cuba, depuis i86o, et surtout pendant la campagne de i863, dans les usines de M. de Aldama, ( 1293 ) par M. Swift, raffineur américain très-distingué, et j'ai, vers cette époque, décrit le procédé dont il se servait. » Je crois être parvenu à employer l'alumine de manière à produire une défécation presque absolue sous le point de vue industriel, et surtout à éli- miner les matières les plus résistantes et les plus nuisibles à la fois. Le com- posé dont je fais usage est le phosphate acide d'alumine; après l'avoir intro- duit directement dans le jus de la canne à sucre, je traite celui-ci par la chaux; il se forme alors de l'alumine libre et du phosphate de chaux. Les réactions propres et résultantes du phosphate acide d'alumine, de l'alumine, du phosphate de chaux et de la chaux ajoutée en léger excès, déterminent l'élimination des matières colorantes, des corps azotés, etc., de telle sorte qu'il ne reste plus dans la liqueur que quelques-uns des sels qui accom- pagnent normalement le sucre dans le vesou. Cette défécation peut être comparée à celle que produirait le sous-acétate de plomb, mais elle n'en a pas les inconvénients. » 2" Séparation de l'eau. — Pour séparer l'eau que renferme le jus puri- fié, j'emploie le froid au lieu de la chaleur. J'entrave de cette façon les réactions multiples et complexes qui, sous l'mfluence simultanée de l'air, de l'eau et de la chaleur, intervenant entre les diverses matières que le jus renferme, déterminent l'altération du sucre; au moyen d'un refroidissement énergique, protluit dans des ajpareils convenables, je transforme le jus sucré en un magma formé par le mélange d'eau réduite à l'état de petits gla- çons et d'un sirop plus ou moins dense, suivant les conditions de l'opéra- tion. Pour séparer ce mélange, j'ai recours aux appareils à force centrifuge, et je termine en évaporant rapidement le sirop datis un appareil à cuire dans le vide. » Les détails relatifs à ces procédés se trouvent décrits dans mon Mé- moire. » TÉRATOLOGIE. — Sur une condition très-générale de ta production des anomalies de l'organisation. Note de M. Camille Dareste, présentée par M. de Quatrefages. « Jusqu'à ces derniers temps, l'application de la formation des anomalies de l'organisation a été entièrement théorique. On étudiait les monstres après la naissance ou après l'éclosion, et on cherchait à expliquer l'origine de leurs anomalies anatomiques par les données de l'embryogénie normale. » La tératologie est actuellement entrée dans une nouvelle phase, depuis qu'elle soumet la formation des monstres à l'observation directe. ( 1294 ) » M. Lcrebonllet a étudié dans ces derniers temps la formation des monstres chez les Poissons, qui, par la transparence de leurs œufs, se prêtent si bien à l'étude. » J'ai moi-même étudié dans l'espèce de la Poule un très-grand nombre d'embryons monstrueux en voie de formation. Cette étude qui m'occupe depuis longtemps me fournira trés-procliainement les matériaux d'une Embryogénie tératologique pour les animaux vertébrés. Dans une série de con)niuuicatious, je compte présenter à l'Académie les résultats de cette étude pour chaque type d'anomalie eu particulier. » Je me bornerai aujourd'hui à signaler un fait très-général qui ressort de toutes ces études embryologiques, et qui fait disparaître un certain nombre des difficultés que présente encore la tératologie. » Les travaux des inicrographes modernes nous ont appris que l'em- bryon à son début est entièrement constitué par des blastèmes formés d'éléments particuliers (cellules ou globules), qui, si l'on excepte les cel- lules épithéliales qui revêtent le feuillet séreux, sont partout semblables à elles-mêmes, et ne ressemblent en aucune façon aux éléments histologiques des organes définitifs. Ces blastèmes nous présentent une suite de transfor- mations pendant lesquelles ou voit s'ébranler la forme générale de l'animal et la forme spéciale de chaque organe en particulier. Pendant toute cette période, la vie de l'embryon ressemble d'une manière très-remarquable à la vie des plantes. Plus lard, et postérieurement à la formation du sang et à l'établissement de la circulation, on voit apparaître dans les blastèmes ainsi préparés les organes définitifs, qui sont caractérisés par l'existence d'éléments histologiques spéciaux, et qui revêtent assez exactement, dès le moment ou ils se forment, la forme et la structure qu'ils doivent toujours conserver. » Cette période de la vie embryonnaire, si curieuse au point de vue organogénique, puisque c'est elle qui prépare la formation de tous les organes, a par cela même une très-grande importance au point de vue de la tératologie. J'ai constaté, en effet, que la plupart des anomalies de l'or- ganisation ont leur origine dans cette période primitive, et que les organes anormaux que nous constatons chez les monstres se sont constitués dans des blastèmes où l'anomalie s'était manifestée déjà à l'état d'ébauche. » Cela existe dans les monstruosités simples; cela existe également dans les monstruosités doubles. » Nous pouvons ainsi nous faire une idée exacte des deux principaux modes de la formation des anomalies, l'arrêt de développement et l'union ( Ï295 ) des parties similaires. Ces deux faits sont incontestables, mais à la condi- tion que l'on n'oublie pas qu'ils ne se produisent, le plus ordinairement du moins, que pendant la première période de !a vie embryonnaire. L'ignorance de ce fait est la principale origine de toutes les objections que beaucoup d'anatomistes opposent encore aux lois de la formation des monstres. » En effet, pour bien se rendre compte des différentes applications de la loi d arrêt de développement, il faut admettre que certains organes con- servent la forme et la disposition qu'ils ont à un certain moment de la période primitive, mais qu'ensuite ds se sont complétés par l'apparition des éléments histologiques débnitifs. 11 en résulte que l'arrêt de développe- ment n'a exercé son action sur eux qu'à une certaine période de leur existence, puisqu'ils ont continué à se dévelo[)per dans des conditions toutes nouvelles, de telle sorte que, dans leur état définitif, ils ne pré- sentent pas, même en dehors des différences de volume, un état entière- ment comparable à un état embryonnaire d'un organe qui se forme dans un embryon dont le développement est normal. )) Les organes résultant de la soudure et de la fusion de deux organes simples, soit dans les monstres simples, soit dans les monstres double.s dans lesquels ils peuvent appartenir par moitié à chacun des sujets composants, s'unissent entre eux pendant la période primitive, ou plutôt ils ne se soudent pas, ils naissent soudés, si l'on peut parier ainsi, dans des blastémes pri- mitivement distincts, mais qui, à un certain moment, s'unissent entre eux. La cause de ces soudures des blastémes est multiple. Ainsi, dans la cyclo- pie, c'est un arrêt de développement; dans la sirénomélie, c'est très- probablement une pression exercée par Tamnios. Dans les monstruosités doubles, la cause de la soudure varie suivant les types, et j'ai même lieu de croire que dans certains de ces types la soudure des blastémes est elle- même entièrement primitive. » La formation de ces soudures organiques pendant la période primi- tive rappelle d'ailleurs ce que la |)hysiologie végétale nous apprend sur les phénomènes d'union que présente la greffe, et qui ne se manifestent jamais, contrairement à des idées anciennes, qu'entre des tissus cellulaires et, par conséquent, entre des tissus de nouvelle formation. » Je montrerai, dans une suite de communications ultérieures, comment ces notions trouvent leur application dans la formation de la plupart des types monstrueux, et comment elles font évanouir un certain nombre de difficultés qui ont pendant longtemps arrêté les aiiatomistes. ( '296 ) » En terminant, je dois faire remarquer que la règle que je signale, bien que très-générale, n'est cependant pas absolue. Il y a, en effet, certaines anomalies dont l'origine ne remonte pas à l'état primitif. C'est ce qui arrive lorsque l'arrêt de développement résulte de la permanence aprè^ la naissance d'un organe qui dans l'état normal n'appartient qu'a la ^ie embryonnaire. Telle est la permanence du canal artériel. Mais ces dernières anomalies sont très-peu nombreuses et ne peuvent infirmer la très-grande généralité de la règle que je signale. » MÉDECINE. — Recherches sur la nature et la constitution anatomique de la pustule maligne . Note de M. C Davaise, présentée par M. Cl. Bernard. « Les relations de la pustule maligne chez l'homme avec les affections charbonneuses des animaux sont depuis longtemps bien connues; on sait que cette pustule a pour cause déterminante l'introduction sous l'épiderme du sang d'un animal charbonneux. » Or, si le charbon a pour élément essentiel les infusoires fdiformes que j'ai nommés des bactéridies, ces infusoires doivent constituer aussi l'élé- ment de la pustule maligne. L'absence des bactéridies dans la pustule char- bonneuse de l'homme serait donc la négation du rôle attribué à ces cor- puscules dans la production du charbon, comme aussi leur présence en sera la confirmation. A ce point de vue, l'étude de la constitution de la pus- tule maligne offre un véritable intérêt; elle en offre un non moins grand au point de vue du diagnostic et du traitement de cette dangereuse maladie. » Déjà dans une communication à l'Académie, au mois de sep- tembre 1864, M. le D*^ Raimbert et moi nous avons rapporté un fait confir- matif de cette relation de la pustule maligne avec le charbon ; en effet, la pustule que nous avons examinée renfermait un grand nombre de bactéri- dies, de tous points semblables à celles qui se trouvent dans le sang des animaux charbonneux. » Je puis aujourd'hui faire connaître deux nouveaux faits semblables que je dois à l'obligeance de M. le D' Mauvezin, médecin distingué à Bray-sur-Seine, et auteur d'une nouvelle méthode de traitement de la pus- tule maligne, méthode qui consiste dans l'ablation delà tumeur suivie de la cautérisation de la plaie. Elle compte déjà de nombreux succès. » Les pustules soumises à mon examen avaient été extirpées toutes les deux au troisième jour de leur développement, et elles avaient été placées immédiatement après dans une solution d'acide chromique. Leur durcis- ( 1^97 ) sèment par ce liquide et leur conservation parfaite m'ont permis de me rendre compte non-seulement de l'existence des bactéridies dans la tumeur, mais encore de la disposition et des rapports de ces corpuscules. Des coupes très-minces e|t l'action un peu prolongée de la potasse caustique qui dissocie ou dissout les éléments de la peau, tout en respectant les bactéridies, m'ont donné ce résultat d'une manière nette et précise. » Dans les deux cas, les bactéridies occupaient le centre de la pustule; elles étaient situées dans la couche muqueuse ou de Malpiglii, au-dessous de la couche épidermique superficielle; elles n'y étaient i)oiiit uniformément réparties, mais elles formaient des groupes, des îlots disséminés et séparés par des groupes de cellules épithéliales normales. Dans chacun des groupes de bactéridies, ces petits corps existaient par milliers, constituant un feu- trage très-compacte. Au centre de ces groupes, on ne distinguait aucun autre élément; mais, vers leur pourtour, les bactéridies étaient plus ou moins mêlées et interposées aux cellules épithéliales, ou bien elles formaient entre ces cellules des traînées qui se reliaient aux groupes de bactéridies avoisi- nants. Aucun autre élément pathologique n'existait dans ces pustules. Dans les couches profondes du derme, les vésicules adipeuses qui s'y trouvent normalement contenaient toutes des cristaux de margarine; mais ce fait s'observe aussi dans d'autres cas. M En somme, dans la pustule maligne^ au troisième jour de son dévelop- pement, les bactéridies forment l'élément essentiel et unique de la tumeur. » On sait que la pustule maligne est une affection primitivement locale dont on peut arrêter les progrès par l'ablation ou la cautérisation, mais que, après deux ou trois jours de durée, elle se généralise et qu'elle est alors au-dessus des ressources de la médecine. Or, la constitution anatomique de la pustule explique bien la succession de ces phénomènes. Nous voyons, en effet, que les bactéridies se développent dans les couches épidermiques de la peau, couches qui ne contiennent point de vaisseaux; elles y sont par conséquent confinées et isolées du reste de l'économie que leur destruction doit préserver de toute propagation ultérieure. Mais si leur développement n'est point entravé par leur destruction, elles rencontrent bientôt les couches superficielles du derme, lesquelles sont abondamment pourvues de vaisseaux lympathiques et sanguins; elles s'introduisent dans ces vaisseaux et, en- traînées par le fluide qui y circule, elles vont infester le reste de l'économie. Un fait récent, dont je vais parler, prouve que ce n'est point là une simple conception de l'esprit, mais que telle est en effet la marche de ces corpus- cules dans l'évolution de la pustule maligne. C. R., iS65, I" Semestre. T. LX, N" 2S.) '69 ( '298 ) >• Je dôîs l'es détails de ce fait à l'obligeance de M. le D"" Lancereaux, chef de clinique de la Faculté de médecine, qui a bien voulu soumettre à mon examen le sang du sujet de celte observation. » Un homme âgé de vingt-trois ans, lustt^eur en pelleteries, avait été occupé dans ces derniers temps à la teinture de peaux de chèvre. » Le 3 juin, dans la journée, il s'aperçoit de l'existence d'uH petit bou- ton prurigineux sur le côté gauche du col. » Le 4, il entre à l'Hôtel-Dieu, dans le service de ]VÏ. le professeur Gri- solle. Le bouton, ou ])lutàt la pustule était entourée d'un gonflement œdémateux qui se prolongeait à la partie supérieure du thorax, presque jusqu'au mamelon; elle formait une saillie elliptique de i i àa centi- mètres de diamètre, d'un rouge rosé, ayant au centre une sorte d'escarre arrondie, noirâtre, circonscrite par un cercle pustuleux en dehors duquel existaient quelques vésicules isolées. Ces caractères ne permettaient pas de méconnaître la pustule maligne. Dans la soirée, on la cautérise avec le sublimé corrosif. » Le 5, la fièvre est vive; le gonflement énorme s'étend jusqu'au-des- sous du mamelon. M. Jobert, appelé, cautérise de nouveau la pustule au fer rouge et circonscrit la partie malade par un cercle de cautérisations. » Le 6, les symptômes s'aggravent encore; une plaque d'apparence gangreneuse se montre au devant du sternum, et le malade memt dans la journée. » A l'autopsie, faite le surlendemain 8 juin, on constate la roideur cada- vérique, l'absence de la putréfaction, un œdème du tissu cellulaire sous- cutané du thorax se prolongeant jusqu'aux médiastins, des points conges- tifs et apoplectiques au sommet du poumon gauche, l'engorgementsanguin du foie, l'augmentation du volume et le ramollissement de la rate, l'exis- tence d'un sang noir, liquide et diffluent dans le cœur et les gros vaisseaux, l'absence de gangrène partout. La cautérisation de la pustule avait pénétré toute l'épaisseur de la peau. » Du sang pris dans le cœur, examiné au microscope par M. Lancereaux, lui offrit des bactéridies eu grand nombre. Une goutte de ce sang, qui me fut remise quelques heures après l'autopsie, contenait de même un grand nombre de ces corpuscules ayant tous les caractères de ceux du sancj de rate. Les globules sanguins étaient agglomérés par amas comme dans cette der- nière maladie. )i J'inoculai la petite goutte de sang par quatre piqûres à un cobaye très- vigoureux. Deux jours après, l'animal mourut et son sang m'offrit des bac- téridies en nombre extrêmement considérable. ( «299 ) » Dans les contrées où règne la pustule maligne, les médecins restent quelquefois indécis sur la nature de la tumeur qu'ils observent; dans celles où cette maladie est rare, elle est fréquemment méconnue ou reconnue trop tard. Les notions nouvellement acquises sur la constitution de celle pustule me fopt espérer que la recherche des bactéridies, en ayant soin de la faire dans le centre de la fumeur et avec le secours de la potasse, ainsi qu'il a été dit plus haut, deviendra un moyen de diagnostic d'autapt plus précieux qu'il pourra donner des indications au début même du mal. » PHYSIQUE DU GLOBE. — De l'électricité développée au contact des eaux miné- rales avec les corps environnants, inertes ou vivants. Note de M. Scoutetten, envoyée par M. Flourens. (Extrait.) « Les Comptes rendus de i Académie des Sciences (29 mai i865, p. 1 145) renfernient une Note de M. Schnepp, présentée par M. Edm. Becquerel, et ayant pour titre : De l'action électrique des eaux minérales sulfureuses de Bonne et d' Eaux- Chaudes. Cette Note a vivement appelé mon attention, tant par les faits qu'elle signale que par l'importance que lui donne la haute considé- ration scientifique attachée au nom du présentateur : je ne puis donc laisser sans réponse les assertions qui me concernent. » M. Schnepp a fait une série d'expériences qui constatent que l'eau des sources sulfureuses, en contact avec le sol voisin ou avec le corps de l'homme, développe un courant électrique qu'on déiflQjitre et qu'on peut mesurer à l'aide du galvanomètre. B Ces recherches me satisfont pleinement, puisqu'elles confirment celles que j'ai faites et signalées depuis trois ans. Comment se fait-il qu'il les pré- sente de manière à faire supposer qu'elles lui appartiennent en propre? « Après de longs travaux, j'ai été assez heureux pour découvrir que les eaux minérales, et même les eaux de rivière, mises en contact avec le corps de l'homme, constituent une pile d'où s'échappe un courant électrique, d'une intensité variable selon la nature et les conditions des liquides. » J'ai pris date de cette découverte par une Note mise sous pli cacheté, et déposée à l'Académie des Sciences le 18 septembre 1862. Deux ans plus tard, en 1864, j'ai fait paraître mon ouvrage ayant pour titre : De l'électri- cité considérée comme cause principale de l'action des eaux minérales sur l'or- ijanisme. » Le 29 septembre 1864, je fis devant l'Académie de Médecine de Paris des expériences qui confirmèrent les assertions contenues dans une Note que je venais de lire en séance publique. 169.. ( i3oo ) » Je ne me suis pas borné à l'étude de l'action des eaux minérales sur l'organisme, j'ai cherché, en outre, à constater chez les animaux vivants la réaction des divers liquides les uns sur les autres; c'est ainsi que je suis par- venu à démontrer que le sang rouge et le sang noir font naître, par leur contact, un courant électrique; fait important, d'abord vivement contesté, mais qui, après avoir été soumis au contrôle de la plupart des savants de l'Europe, notamment de MM. de la Rive, du Bois-Reymond. Buffet Mat- teucci, a été définitivement acquis à la science. » Ce sont ces découvertes, trop délaissées encore, qui me paraissent devoir jeter un grand jour sur l'action thérapeutique des eaux minérales, et peut-être sur les phénomènes physiologiques de la vie organique. » M. Schuepp me fait l'honneur cependant de me citer une fois, mais c'est pour infirmer l'une de mes expériences : « Contrairement aux asser- » lions de M. Scouietten, dit-il, l'eau minérale sulfureuse de Bonne, trans- » portée et conservée en bouteille, même pendant plusieurs années, donne » lieu à des courants électriques; » et il conclut en disant : « Que les eaiix » minérales de Bonne, transporlées et conservées, produisent par leur réaction sut » la peau et les liquides de l'économie vivante les mêmes pliénomènes électriques » que les eaux prises à la source même. » » Mes expériences directes faites avec les eaux prises à la source, et avec les mêmes eaux transportées, ne confirment pas la déclaration de M. Schnepp; on peut même dire, sans recherches nouvelles, qu'elle ren- ferme une erreur facile à démontrer. » CHIMIE ORGANIQUE. — Sur les aminés de l'alcool benzoïque. Note de M. S. Caxnizzaro. (Suite.) « Voulant remplacer dans la toluidine les deux atomes d'hydrogène typique par le radical benzyle, j'ai mêlé une solution alcoolique de tolui- dine avec du chlorure de benzyle, dans les proportions d'une molécule de l'un de ces corps et d'une molécule de l'autre, et j'ai chauffé le mélange au bain-marie dans un tidîe scellé. J'ai ouvert le tube, j'ai évaporé l'alcool, j'ai traité le résidu par l'eau et la potasse, et j'ai extrait les alcaloïdes par l'éther. J'ai évaporé la solution éthérée et j'ai mélangé le résidu dissous dans l'alcool avec une autre molécule de chlorure de benzyle, et j'ai chauffé le tout au bain-maric pendant vingt-quatre heures. Après avoir ouvert le tube et évaporé l'alcool, j'ai ajouté de l'eau; il s"est séparé lui corps qui a en partie cristallisé, je l'ai lavé à l'alcool froid et je l'ai purifié par plusieurs ( i3oi ) cristallisations dans l'alcool bouillant. J'ai obtenu ainsi la toluidine diben- zylique ( (C'H')« Az (C'H')* ( (C'H')* (C'H'f représente le crésyle et (C'H')' le benzyle. » La toluidine dibenzylique cristallise en très-fines aiguilles; elle fond entre 54°, 5 et 55 degrés ; elle est insoluble dans l'eau, un peu soluble dans l'alcool froid, et beaucoup plus dans l'alcool bouillant; exposée à la lumière, elle jaunit lentement. » On obtient Thydrochlorate de ce faible alcaloïde en le traitant par une solution alcoolique d'acide chlorhydriciue et en évaporant dans le vide. Ce sel est très-soluble dans l'alcool; l'eau le décompose en mettant en liberté l'alcaloïde. » On obtient le chloroplatinate en mêlant une solution alcoolique de toluidine dibenzylique avec un égal volume d'éther, et en y versant ensuite une solution, soit aqueuse très-concentrée, soit alcoolique, de chlorure pla- tinique. Après quelques heures de repos, le chloroplatinate se dépose en petits cristaux de couleur orange, qu'on purifie en les lavant avec un mélange d'alcool et d'éther. » Si on verse une solution aqueuse du chlorure plalinique dans une solu- tion alcoolique de chlorhydrate de toluidine dibenzylique sans éther, il se forme quelquefois le chloroplatinate résineux, qui cristallise ensuite, mais souvent on obtient un précipité coloré soit en rose, soit en chocolat : la composition de ce précipité démontre que le chloroplatinate ainsi coloré a subi une décomposition. Le contact de l'eau décompose lentement le chloro- platinate de la toluidine dibenzylique en mettant l'alcaloïde en liberté. » Ces caractères suffisent pour démontrer que la toluidine est isomérique avec la benzylamine tertiaire. Celte dernière en effet fond vers g'i degrés, cristallise en petites lames d'un aspect très-différent des aiguilles de tolui- dine dibenzylique, ne se colore pas sous l'influence de l'air et de ta lumière, et forme un hydrochlorate et un chloroplatinate indécomposable par l'eau; de plus, en préparant le chloroplatinate, on n'obtient jamais les colorations qui se produisent avec son isomère et qui aimoncent une décomposition. )i Vu l'intérêt qui s'attache à l'étude complète de la véritable benzyla- mine primaire, j'ai fait un grand nombre d'essais pour rendre la prépara- tion plus facile en empêchant la formation des alcaloïdes secondaires et { l3o2 ) tertiaires; jusqu'à présent je n'ai pas réussi; la plus grande partie du chlorure de benzyle se transforme toujours en alcaloïdes tertiaires et secondaires, fait qui rapproche la série benzoique de la série méthylique. J'ai essayé la mé- thode de M. Wiirtz, c'est-à-dire j'ai transformé le chlorure de benzyle en cyanate et autres dérivés cyaniques, et j'ai soumis ces corps à l'action de la potasse; par ce moyen j'ai obtenu de l'alcaloïde primaire, mais en même temps des alcaloïdes secondaires et tertiaires ont pris naissance; j'étudie cette réaction. » En me procurant ainsi une certaine quantité de benzylamine primaire, je me propose de continuer l'étude comparative des transformations chi- miques de cet alcaloïde et de la toluidine. » De même que les phénols sont des corps intermédiaires par leurs pro- priétés entre les alcools et les acides, de même il paraît que l'aniline et les alcaloïdes analogues sont des corps intermédiaires entre les aminés propre- ment dites et les amides; ainsi j'espère démontrer plus tard, mieux que je ne pourrais le faire en ce moment, que tandis que la toluidine, en agissant sur d'autres alcaloïdes d'une substitution incomplète, dégage de l'ammo- niaque et remplace par le radical crésyle (C'H')" l'hydrogène (i), la benzy- lamine dans les mêmes conditions ne produit rien de tel. » 3'avais entrepris ces expériences sans aucune idée préconçue, mais a présent je me suis aperçu qu'elles serviront à discuter cette ingénieuse et féconde hypothèse que M. Kekulé a publiée sur la constitution des séries aromatiques. » NAVIGATION. — Sur une nouvelle boussole. Note de M. E.-S. Ritchie, présentée par M. Le Verrier. (Extrait.) « Le compas actuellement présenté à l'Académie a été inventé en i863 ; c'est une modification du compas liquide. « Les aiguilles magnétiques sont renfermées dans un cylindre de métal mince, hermétiquement fermé, avec des branches latérales (également cy- lindriques); autour de ces branches et supporté par elles, se trouve un cercle portant les divisions ordinaires du compas. Le tout est fait d'une di- mension et d'un poids suffisants pour avoir presque la même pesanteur que ie liquide. » La forme cylindrique des réservoirs à air empêche les variations de ^i] On pourrait interpréliT la reaction en supposant que le résidu biatoniique (CH') s'ajoute à l'alcaloide. ( i3o3 ) l'aiguille, auxquelles les cadrans plats sont sujets, dans quelques mouve- ments du navire. )> Le liquide empêche l'oscillation de l'aiguille et du cadran; sa légèreté annule presque entièrement le frottement sur le pivot; sa non-élasticité empêche que la pointe du pivot ou la chape en agate ne soit endommagée par le mouvement de la machine du navire, par la détonation des canons ou par tout choc d'une force considérable. » Une année d'usage a prouvé que la sensibilité du compas n'a pas dimi- mié d'une façon perceptible. » Ce compas a été examiné par une Commission nommée par le Bureau de la Navigation de la Marine des États-Unis, et placé pour essai sur plu- sieurs navires; puis l'ordre fut donné de l'employer à bord de tous les na- vires, quels qu'Us soient, de la Marine des États-Unis, pour remplacer le compas de l'Amirauté en usage jusqu'alors, comme compas régulateur. » Ce compas est actuellement employé sur tous les navires à vapeur de la Marine marchande des États-Unis, et il est également en usage sur les navires à vapeur de la ligne anglaise et nord-américaine de Liverpool. » ASTRONOMIE. — Sur P éclipse de Soleil du 25 avril 1 865. (Extrait d'une Lettre de M. le baron de Prados à M. Liais, en date du 26 avril, et adressée par ce dernier à M. Élie de Beaumont.) « Malheureusement, le jour de l'éclipsé le ciel se maintint couvert jusque vers l'heure du premier contact. Lorsqu'on put observer le Soleil, son disque était déjà entamé par la Lune, de sorte que le premier contact a été perdu. Le dernier contact extérieur, le seul que l'on put observer avec quelque exactitude, a eu lieu, d'après les observateurs qui étaient à l'Observatoire impérial et au nombre desquels je me trouvais, à ii''54"5' du matin (i). » Étant au grand réfracteur méridien qu'on avait déplacé pour pouvoir le pointer sur le Soleil, j'ai pu suivre les quelques particularités physiques qu'il m'a été donné d'observer. » L'éclipsé n'a pas été tout à fait complète à l'Observatoire. Un filet de lumière, qui prit la forme en cbapelet au plus fort du phénomène, empêcha peut-être que l'on put voir tous les détails de la couronne. Celle-ci se mani- festa pourtant pendant quelques instants dans toute sa splendeur. Voici les (i) Au palais impérial de San-Chiistovaô, le premier contact intérieur a pu être observe. Sa Majesté l'Empereur du Brésil l'a noté à io''24'"7%3 (temps de l'Observatoire où un chronomètre du palais avait été comparé). ( i3o4 ) particularités que j'ai pu remarquer peiulaut la courte durée du phéuomène : » Au moment où le filet lumineux prenait la forme eu chapelet, le bord occidental de la ÎAine présentait un magnifique anneau de quelques secondes de largeur et d'un bleu violacé. Sa régularité était parfaite. C'était plutôt un trait lumineux d'un effet admirable. » Rien de semblable ne se manifesta du côté du bord oriental. L'anneau de la couronne était cependant bien terminé, d'un blanc de perle parfait, excepté du côté oriental où le faible filet de lumière solaire lui donnait la teinte ordinaire de l'atmosphère près du boril du Soleil. » Cinq faisceaux de rayons parallèles sans entrelacement aucun, d'une blancheur parfaite, partaient presque normalement du bord de l'anneau de la couronne. Aucun de ces faisceaux ne me semblait contigu au bord lunaire. )) Si l'on excepte le trait bleu violacé qui se manifesta sur le bord occiden- tal de la Lune au plus fort de l'éclipsé, je n'ai rien aperçu qui ressemblât à ces flammes ou protubérances que l'on reniarquc presque constamment dans les éclipses totales, à moins que l'on ne suppose comme tel ce magni- fique trait lumineux d'un bleu violacé, dont je viens de parler. Peut-être que le peu de durée de l'éclipsé et rillumination quoique faible du bord oriental du Soleil ont eni[)èché de les distinguer dans notre station. Nous verrons ce que nous diront à cet égard les expéditions de Santa-Catharina et du Cabo- Frio(i). » Malgré l'instantanéité du phénomène, j'ai cherché à vérifier l'existence de la polarisation de la lumière de la couronne. A cet effet, je me suis servi du polariscope à bandes colorées de Savart et de celui de M. Babinet. C'est avec le premier instrument que j'ai le mieux reconnu la polarisation. Les bandes se sont bien colorées en le dirigeant sur la couronne. La coloration a même été assez sensible pour que je ne puisse admettre ici l'intervention de la polarisation atmosphérique, car elle était imperceptible lorsqu'on diri- geait l'instrument sur le centre lunaire. » Il va sans dire que l'atmosphère était fortement polarisée dans toutes ses régions pendant la durée du phénomène et de la manière dont elle l'est or- dinairement. » Une circonstance qui se manifesta avec assez de netteté fut la visibilité du bord lunaire hors du disque solaire, même pendant la première phase de (i) Des lettres de date postérieure à celle de M. le baron de Prados ont appris que ces deux expéditions ont rencontré des mauvais temps qui ont empoché les observations. ( i3o5 ) i'éclipse. Du rcsie, Arago l'avait déjà remarqué en 1842 et vous l'avez aussi fait remarquer dans votre observation de i858 pour les épreuves photogra- phiques, et en faisant tomber l'image solaire sur la glace dépolie. » J'ai exploré avec soin pendant toute la durée de l'éclipsé la surface solaire, qui montrait le plus grand calme dans la photosphère. Pas une tache remarquable; les facules étaient à peine sensibles dans mon instrument. Si les observations de Santa-Catharina et du Cabo-Frio constatent l'absence des protubérances, l'opinion qui les suppose formées par les courants as- cendants des vapeurs solaires qui entraînent alors par leur impulsion la couche nuageuse et extraphotosphérique et dont l'élévation violente pro- duit les protubérances, trouvera ici un fort argument en sa faveur. La pho- tosphère était tranquille, et seulement une ligne lumineuse bleu violacé, une véritable couche de niveau, se faisait apercevoir. » J'ai cherché avec soin l'existence des ombres mouvantes. Kien n'a pu être constaté, quoiqu'un très-grand nombre d'élèves de l'École centrale, qui se trouvaient alors à l'Observatoire, eussent les yeux fixés sur les parois blanches de la coupole, favorablement disposée pour l'observation. »> Le ciel était si nuageux, que l'on ne put apercevoir dans notre station que la planète Vénus. Cependant les habitants des quartiers qui sont plus au sud ont, disent-ils, aperçu plusieurs étoiles de première grandeur (i). » La couleur plombée tirant sur le violet prédominait dans l'air et sur la mer qui ressemblait à du plomb fondu. )' Les animaux de basse-cour ont manifesté les phénomènes ordinaires et dont on a tant parlé. Les poules ont cherché leur dortoir. Comme d'habi- tude, quelques animaux ont manifesté l'étonnement plutôt que la frayeur. .Te n'ai rien entendu du-e d'extraordinaire relativement aux chevaux et aux mulets de service dans les rues de Rio-de-Janeiro. » Les observations météorologiques ont présenté les mêmes anomalies qu'en i858. Le minimum de température ne répondit pas au maximum de l'éclipsé. La température commença par monter immédiatement après le commencement du phénomène pour descendre ensuite jusqu'au plus fort de la phase, moment où cependant elle s'arrêta à 24°, 3. Avant l'éclipsé, le même thermomètre marquait 24°, 7. Il arriva la même chose avec le baromètre qui coiiuneuça par monter au commencement de l'éclipsé et ne (i) Ail sud delà ville de Rio-de-Janeiro, l'éclipsé était totale, d'après d'autres informations. C. R., i8G5, l'^r Semestre. (T. LX, K° iS.) ' 7^ ( i3o6 ) baissa qu'à partir de 9''4o'", pour atteindre le minimum au plus fort de l'obscurité, "s'iiyant remarqué rien de bien intéressant quant aux autres phénomènes météorologiques, je me borne à ces simples indications. » « M. Emm. Liais adresse deux nouvelles séries de cartes de son Atlas du haut San-Francisco. La première complète le tracé du cours du Rio das VcIlias, affinent principal de ce grand fleuve. La seconde série représente une partie du cours du haut San-Francisco au-dessus de son confinent avec le Rio das Velhas. 11 Après la jonction des deux rivières, le San-Francisco coule encore sur ime extension de 2100 kilomètres avant de verser ses eaux dans l'océan Atlan- tique. 11 a un peu plus de 800 kilomètres au-dessus du confluent. Sa lon- gueur totale est donc de 2900 kilomètres, tandis qu'on ne lui donne que 2100 kilomètres dans la plupart des ouvrages de géographie. » C'est tout près de son confluent avec le Rio das Velhas, représenté sur la douzième de ses cartes, que M. Liais a rencontré la ligne sans déclinaison magnétique (en 1862). » SÉRICICULTURE. — Note sur l' épidémie des vers à soie; par M. Guérix-Méxeville. Chargé par M. le Ministre de l'Agriculture et du Commerce d'une mis- sion pour l'introduction de nouvelles espèces de vers à soie ordinaires et d'autres questions de zoologie appliquée aux sciences agricoles, l'auteur a organisé des éducations expérimentales à la ferme impériale de Vincennes, et a fait entreprendre, à diverses latitudes, depuis Strasbourg jusqu'à Mar- seille, des éducations avec la même graine; ce qui amène des observations dïin grand intérêt pour la recherche des causes de l'épidémie qui désole depuis si longtemps les pays producteurs de la soie. Il a visité un grand nombre de localités dans lesquelles il existe des races françaises exemptes de l'épidémie, où les vers sont très-sains et où on a pu faire, depuis plu- sieurs années, de la graine excellente, qui donne, comme la graine du Japon, de très-bons résultats. Ces graines ont été fort recherchées par les éducateurs des départements séricicoles. L'auteur pense donc que, tout en favorisant l'introduction de la graine du Japon, la seule aujourd'hui des graines tirées de l'étranger qui donne de bons résultats, il y a lieu d'encou- rager aussi les éleveurs des localités exemptes de la maladie à contiiuier à faire de la graine avec le produit de leurs vers à soie-, car tout en obtenant ( '3o7 ) un produit exceptionnel de leur travail, ils rendront un grand service aux sériciculteurs des contrées où sévit l'épidémie. M. Alex. Pollaillon adresse la copie d'un travail qu'il a présenté à M. le Ministre de l'Agriculture et du Commerce, relatif à la question de la régénérescence de la race perdue des vers à soie indigènes. Les deux causes principales qui ont amené la dégénérescence de notre race sont, suivant l'auteur, le système des grandes magnaneries et surtout la manière dont se fait le commerce de la graine, récoltée pour la quantité et non pour la qua- lité, altérée, sophistiquée et ne donnant ainsi que de très-mauvais résultats. Cette Lettre est renvoyée à la Commission des vers à soie et particulière- ment à M. de Quatrefages. M. Zaxtedeschi, dans une Lettre adressée à M. Élie de Beaumont, fait remarquer que M. Poey, dans la Note qu'il a présentée à l'Académie dans la séance du 17 avril dernier, concernant ses recherches sur la polarisation atmosphérique sous le ciel de la Havane pendant les années iSôaet 1864, n'a fait aucune mention de ses travaux sur la polarisation de la lumière lunaire et solaire étudiée dans l'atmosphère de Venise, qui datent de l'année 1846. A l'appui de cette réclamation, M. Zantedeschi cite dans sa Lettre les publications qu'il a faites sur ce sujet et donne l'extrait de plusieurs d'entre elles. Cette Lettre est renvoyée à la Commission précédemment nommée pour examiner le Mémoire de M. Poey et qui se compose de MM. Mathieu, Laugier et Fizeau. STATISTIQUE. — Sur la statistique des accidents de foudre. Note de M. Bocdin. (Extrait.) « 1° Pendant la période de i835 à i863, on a compté en France 2238 personnes tuées roide par la foudre. » 2° Le maximum annuel s'est élevé à 111; le minimum s'est abaissé à 48. » 3° En n'évaluant le nombre des personnes blessées par la foudre qu'au double du chiffre des personnes tuées roide, on trouve, pour la période de i835 à i863, un total de 6714 victimes, soit en moyenne aSo par an. » 4° De 1854 à i863 on n'a compté sur 880 victimes de la foudre que 243 personnes du sexe féminin, soit 26,7 sur 100. 170.. ( i3o8 ) » 5° Cetle proportion nest même en Angleterre que de 21 ,G sur 100. » 6" Dans plusieurs cas, la foudre, en tombant sur des groupes de per- sonnes des deux sexes, a frappé particidièrement les individus du sexe mas- culin, épargnant plus ou moins les personnes du sexe féminin. " 7" Dans un grand nombre de cas, la foudre a tué des troupeaux de plus de 100 animaux, Ijètes à cornes, porcs ou moutons, sans altcindrc les bergers on condurteurs, biv-^n que placés au milieu des animaux. » H" Il existe plusieurs exemples de /icYres foudroyés ; c'est donc a fort que Maxwell a proclamé l'immunité de cet arbre, et que l'on a reproduit cette erreur au dernier Congrès scientifique de Manchester, » 9° Il existe au moins deux exemples de personnes frappées plusieurs fois dans leur vie par la foudre; une de ces personnes fut blessée au pied gauche deux fois dans une période de quinze ans; l'autre fut visitée lioisjois par la foudre dans trois logemenls différents. » 10" En i853, sur 34 personnes tuées par la foudre dans les champs, i5 ou près de la moitié ont succombé sous des arbres; de i84i à i853, sur 10-7 personnes foudroyées, 21 ont été signalées comme ayant été frappées sous des arbres. » I 1" En n'évaluant qu'à aS pour 100 la proportion des victimes de la foudre frappées sous des arbres, on trouve que sur les 6714 foudroyées en France, de i835à i863, près de 1700 personnes (1678) auraient pu échap- per à divers accidents et même à la mort, en évitant le voisinage des arbres |)endant l'orage. « 12° Dans une période de plusieurs années, le maximum des accidents de foudre en France et en Angleterre s'est présenté dans les mois de juillet et d'août; aucun décès par fulguration n'a été constaté dans les mois de no- vembre, décendjre, janvier et février. » i3" Sur 53 décès par hdguration dont l'heure a été notée, 4^ ont eu lieu de 9 heures du matin à 9 heures du soir, 7 seulement de 9 heures du soir à 9 heures du malin, c'est-à-dire que dans les deux périodes la différence numérique a élé de 7 à i . » i4" Pendant la période de i835 à i863, la plus forte proinntiun des victimes de la foudre a été observée dans les départements suivants : Lozère, Haute-Loire, Basses-Alpes, Hautes-Alpes, Haute-Savoie. Les départements les plus épargnés ont été : Manche, Orne, Eure, Seine, Calvados. » i5" La pro])ortion des victimes de la foudre a été trente-trois fois plus élevée dans la Lozère que dans la Manche, « ( i3o9 ) M. E.-H. Vernhe adresse l'énoncé de quelques propositions de clinique médicale sur la rougeole et le croup, extraites d'un ouvrage qu'il annonce devoir soumettre prochainement au jugement de l'Académie. THÉRAPEUTIQUE. — Observation sui' ta ijuérison du diabète sucré. Note de M. le D' BuTTURA, présentée par M. Cl. Bernard, « Tout le monde connaît les beaux travaux de M. Claude Bernard sur la glycosurie, et les expériences si intéressantes qui démontrent qu'en exci- tant chez certains animaux le plancher du quatrième ventricule, on les rend à volonté diabétiques. » Le tait clinique suivant me paraît intéressant à ce point de vue : » Le nommé H..., maçon au Cannet (Alpes-Maritimes), âgé de trente- huit ans, était malade depuis plusieurs années (dix ans, dit-il), lorsque je le vis, à la fin de 1862. Depuis deux ans il ne pouvait plus travailler, il était d'une grande faiblesse et se plaignait de lourdeur de tète; il n'était plus homme, selon son expression, avait une soit extrême, et rendait douze à quinze litres d'urine dans les vingt-quatre heures. Je fis examiner les urines; elles contenaient une quantité notable de sucre. » Je soumis ce malade à l'eau de Vichy, aux toniques, au traitement de Bouchardat, etc., mais inutilement. La quantité d'urine était devenue promptement moindre, mais le sucre y existait toujours, les forces ne reve- naient guère, et la lourdeur de tète persistait. Après huit mois, je crus devoir tenter autre chose, el j'appliquai un large séton à la nuque. Lorscjue la suppuration fut bien établie, la lourdeur diminua progressivement, le sucre diminua peu à peu et les forces revinrent. Trois mois après, H... pouvait tra- vailler un peu; au bout de six mois, il n'y avait plus de trace de sucre, et depuis un an H... travaille chaque jour, a repris sa vie ordinaire, et malgré le régime le moins indiqué, la guérison se maintient. » Les urines ne contiennent pas de sucre et sont normales. Il y a huit mois que le séton est supprimé, u M. E.-A. Clerc adresse un ouvrage imprimé intitulé : « Dernière mo- dification à la simplification du français par le complément de son alpha- bet. » Cet ouvrage, destiné au concours du prix Volney, est renvoyé à la Commission mixte de l'Institut chargée de décerner ce prix. A 5 heures l'Académie se forme en comité secret. La séance est levée à 5 heures et demie. É. D. B. ( i3io ) BULLETIN BIBLIOGRAPHIQCE. I/Académio a reçu dans la séance du 19 juin i865 les ouvrages dont voici les titres : Noie sur tes navires cuirassés; par M. E, Paris. Paris. In-8° avec deux planches. Description du Mesosaurus lenuidens, repti'.e fossile de l'Afrique centrale; par M. Pau! Gervais. (Extrait des 31énioires de l'Àcndémie des Sciences et Lettres de Montpellier .) In -4° avec planche. Mémoire sur la théorie des polyèdres ; par M. E. Catalan. (Extrait du Jour- nal de l'Ecole impériale Polytechnique, XLP Cahier.) Paris, i865; in-4°. Intensité lumineuse des diverses régions du disque solaire; par M. Cha- cornac. Demi-feuille autographiée in-4°. Photographie. Calcul des temps de pose en tables photométriques porta- tives ; par M.. Léon Vidal. Paris, i865; in-12. (Présenté, au nom de l'au- teur, par M. le général Morin.) Discours prononcé aux obsèques de M. Valenciennes, au nom de l'Ecole su- périeure de Pharmacie de Paris; par M. le professeur Gaultier de Claubry. (Extrait du Journal de Pharmacie et de Chimie, juin i865.) Quart de feuille in-8°. L'Atlantide de Platon expliquée scientifiquement; par M. J. NlCKLÈS. Nancy, i865;br. iu-8°. Des indications de l'emploi du calomel dans le traitement de la dysenterie; par G. PÉCHOLIER. Paris et Montpellier, i8G5; in-8°. Vaccine et variole, nouvelle élude expérimentale sur la question de l'iden- tité de ces deux affections; par MM. Cuauveau, Viennois et Meynet. Paris, i865; in-8°. Des fistules génito-urinaires chez la femme; par I.-R. lu Costa-Duarte. Paris, i865; in-8''. Science et démocratie; por Victor MEUNIER, i'^ série. Paris, i865; in-12. De i uréthrolomie dans le traitement des rétrécissements de l'urètlire. Indica- tions et contre-indications; par le D"' Beyran. (Extrait de VUnion médicale.) Paris, 1 8G5 ; br. in-8°. Geological Survey of Canada. Firpires and descriptions of Canadian organic lemains; décade II. Graploliles of llie Québec group; by James Hall. Mont- réal, i865; in-8". ( '3ii ) Fragmenta phjiographiœ Juslraliœ, conliilitF. MuELLER; vol. IV, Mel- bourne, 1 863-1 864; vol. in-S". The végétation nj tlie Challiam islands, skeU liedhyY. MUELLER. Melbourne, i884; in-8°. Tlie plants indigenous io tlic colon/ of Victoria, described by F, MuELLER. Melbourne, 1 864-1 865 ; in-/|°. Sitzungsberichte... Comptes rendus de C Académie impériale des Sciences de Vienne {Classe (les Sciences mathématiques et naturelles); Sciences mathéma- tiques: vol. XLIX, 4'^ et 5' livraisons, et vol. L, 1'^% 2% 3* et 4Mivrai£ons; Sciences naturelles: vol. XLIX, 4'' et 5' livraisons, et vol. L, ï'", 2* et 3* livraisons. Vienne, 1864 et iS65; in-8''. Dans le Bulletin bibliographique de la séance du 12 juin i865, page 1264, lignes 12 et i3, au lieu c/e vol. XVIII, 3*et4<' livraisons, et vol. XIX, l'^Mivraison ; Sciences naturelles: vol. XVIII, 3% 4« et 5'' livraisons, et vol. XIX, i'^'' livraison; lisez vol. XLVIII, 3<" et 4^ livraisons, et vol. XLIX, i" livraison; Sciences naturelles : vol. XLVIII, 3*, 4'^ et 5^ livraisons, et vol. XLIX, i""^ livraison. Délie istituzioni di beneficenza nella citlà e provincia di Venezia, studii sio- ricoecononiico-stalislici del conte Pierluigi Bemro. Venezia, 1869; in-8". Il comune di Venezia nel triennio 1860, 1861, 1862. Relazione del po- desta conte Pierluigi Bembo. Venezia, i863; in-S". Invesligaciones matematicas del brigadier de infanteria Marques DE H1.1OSA DE Alava. Madrid, iSSa; in-S". ERRATA. (Séance du 5 juin i865.) L'épigraplie du Mémoire anonyme destiné au prix Bordin, mentionno à la page l 196 des Complet rendus, a été mal imprimée et doit être rétahlie d(; la manière suivante : « En introduisant dans le calcul la considération de la vitesse de propagation du mouve- mi?nt dans les corps, on tient implicitement compte de la quantité de travail transformé en chaleur. » COMPTE RENDU DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI 26 JUIN 1865. PRÉSIDENCE DE M. DECAISNE. MEMOIRES ET COMMUNICATIOIVS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. MÉTÉOROLOGIE. — Sur la communication verbale deM. Le Verrier en réponse à mes obseivations sur la propagation des tempêtes en Italie. Note de M. Ch. Matteucci. « Si j'ai tardé jusqu'ici à répondre aux objections de M. Le Verrier, c'est que j'ai toujours espéré qu'il aurait cru devoir les publier dans les Comptes rendus et ne pas laisser subsister dans une controverse purement scientifique des propositions qui ont pu lui échapper dans la chaleur de l'improvisation ; mais puisque M. Le Verrier s'en remet à la publication de son discours dans le Moniteur, je dois prendre ses objections telles qu'elles sont données par la feuille officielle. Je bornerai ma réponse aux seuls points qui ont quelque intérêt scientifique, car je ne crois pas convenable d'entretenir l'Académie de certaines accusations que je n'ai soulevées ni méritées en aucune manière. » J'ai dit dans ma Note quey'e croyais que c'est à l'Association Britan- nique, en i858 et icSSg, qu'était venue premièrement l'idée de profiter d'un grand nombre de messages météorologiques simultanés et transmis par télé- graphe à lui centre donné, pour former les présages de tempêtes. Je parlais donc de celte application, et non du projet de recueillir un grand nombre C. B., i865, i" Semestre. [^T. LX, N" 28.) 1 7 ' ( i3i4) de ces observations et de les publier. Quand on fera l'bistoire de cette application de la météorologie, il faudra certainement citer le passage des OEuvres de Lavoisier, que M. Dumas a conimuiiicpié à l'Académie, comme un éclair du plus grand génie de la science moderne; mais quant au projet de former et de donner par télégrapbe des présages météorologiques, il faudra nécessairement l'attribuer à l'Association Britannique et au Board of Trade. Il n'y a qu'à ouvrir le Report of llie ineleoroi/ical depnitment, 1862, de l'amiral Filz-Roy, yionv y trouver les Lettres de M. Le Verrier à M. Airy et à lamiral lui-même, où il est dit clairement, et avec beaucoup de sagesse, qa il faut se honicr pour le mometil à échanger d'un pays à l'autre, par télégraphe j les documents météorologiques; niais Cjue quant à orga- niser le service des présages, iljaut éviter d'en compromettre le succès en voulant le produire avant le temps oii son utilité serait universellement sentie. Dans la Lettre à M. Airy, M. Le Verrier répète ces sages recommandations et ajoute (jue, voulant établir de suite un service extraordinaire pour prévenir de la marche des tempêtes, on se serait peut-être exposé à commettre quelque grosse erreur qui aurait tout compromis. Dans ce temps, l'amiral Fitz-Roy, sollicité par M. Pbillips au nom de l'Association Britannique, organisait le service des présages, et on lit dans ce Rapport, à la page 22, que le 3i juillet j86i le Board of Trade a donné le premier forecast à certains ports de l'Angle- terre et aux grands journaux de Londres. Tout le monde sait que c'est à la fin de 1 863, c'est-à-dire deux ans après l'amiral Fitz-Roy, que M. Le Verrier s'est laissé entraîner à suivre l'exemple de son collègue de Londres et à donner tous les jours les probabilités du temps pour le jour suivant. )) J'ai dit dans ma Note qu'on était généralement d'accord aujourd'hui sur le peu de valeur des présages diurnes, contenant nécessairement des indications très-ambigués, et qui embrassent quelquefois la moitié et même les trois quarts de la rose, relativement à la probabilité des vents. Puisque M. Le Verrier se dit très-désintéressé dans cette question, il faut espérer qu'il ac- ceptera l'avis de ses confrères, qui était aussi le sien en i855, comme il le dit lui-même. J'ai déjà rappelé à ce propos, dans ma Note, le Rapport pidjlié par la Cband)re des Conununes d'Angleterre sur les présages diurnes du Board of Trade, et je pourrais ajouter maintenant les instructions que le Bureau central météorologique de Berlin a données dernièrement aux ob- servatoires météorologiques, et dans lesquelles il n'est question que de présages extraordinaires doiuiés en partie par le Bureau central et eu parti- culier par les stations locales. A l'Observatoire météorologique d'Utrecht on suit la même métliode, et je ne crois pas me tromper en affirmant que ( i3i5 ) le P. Secchi et M. Ramtz sont du même avis quant aux présages tlitirnes. Il n'est pas nécessaire d'avoir beaucoup réfléchi sur les phénomènes météo- rologiques et d'avoir beaucoup d'expérience sur ce sujet pour être certain qu'il n'y aurait pas un météorologiste qui, après une suite de journées calmes et ne présentant aucun trouble extraordinaire dans l'aspect du ciel et dans les indications du baromètre et des autres instruments météoro- logiques, osât prédire vingt-quatre heures d'avance le temps d'un nombre de points qui embrassent les côtes du Portugal, de l'Espagne, de la France, de l'Italie, jusqu'à la Baltique et à la Suède. Autant vaudrait, dans une journée calme et claire, prédire que dans une heure un nuage se formera dans un point donné du ciel, ou que le vent soufflera dans une certaine direction. Lorsqu'on s'engage à donner tous les jours des présages de ce genre, il faut absolument s'exposer à ne donner que des probabilités telles que la suivante, que tout le monde a pu lire dans le Bulletin international : « Fent modéré ou assez fort, variable d'entre S.-O. et N.-E. ou N., et retour » prochain vers O. et S.-O. pour le 3 juin. » » Je ne crois pas nécessaire d'insister sur l'avantage qu'il y a à former et à transmettre rapidement les présages des tempêtes aux localités menacées. Dans le Rapport sur les présages anglais que j'ai déjà cité, on trouve un grand nombre de cas dans lesquels le présage n'est arrivé qu'après que l'orage avait coiumencé ou quand il était déjà passé. Si l'on veut donc faire quelque chose de pratiquée! d'utile pour les ports de mer de l'Italie, il faut absolu- ment organiser un service dont le centre soit plus près de ces ports que n'est l'Observatoire de Paris, sans méconnaître pour cela le parti qu'on peut tirer des avis de l'Observatoire. » Je n'ai jamais parlé de la tempête du 1 1 août que M. Le Verrier ne trouve pas dans son relevé, et qui n'existe pas non plus dans mon registre. J'ai dit et je soutiens qu'en comparant les présages et l'état du ciel contenus dans les dépêches qui nous ont été données par M. Le Verrier et les temps réels, j'avais noté que les orages ayant leiu- origine en Espagne n'atteignaient pas la Méditerranée ou ne le faisaient que très-rarement ; tandis que les bour- rasquesdu nord, et principalement celles qui attaquaient l'Europe par la côte occidentale de l'Irlande, ne manquaient jamais de se faire sentir avec une grande intensité dans la Méditerranée. Je n'ai jamais prétendu avoir ainsi découvert ime loi, comme l'appelle M. Le Verrier; mais j'ai voulu simple- ment faire connaître un résultat tiré d'un certain nombre d'observations Pt le signaler pour de nouvelles vérifications. 171.. ( i3i6 ) 1' Enfin M. Le Verrier m'attribue une erreur, jinrce que j'ai annoncé et décrit la tempête du iZ[ janvier de cette année. H se peut que cette tem- pête, provenant de l'Irlande et de l'Angleterre, soit arrivée eu Italie sans se faire annoncer par l'Observatoire; mais il est certain que j'ai entre les mains une Lettre de M. Russell datée d'Ecosse qui décrit premièrement la tempête du i4 janvier venant de Valentia (Irlande); j'ai la Lettre de M. Plantamour qui donne, parmi les observations barométriques de ces jours, le minimum de pression précédant la tempête qui a atteint Genève le i6 à lo heures du soir, et j'ai enfin la Lettre du P. Secchi qui donne poiu* le 17 à 4 heures après midi le minimum barométrique et l'arrivée de la tempête à Rome. C'est du rajjprochement de ces documents que j'ai déduit la vitesse de la propagation de cette tempête et sou ralentissement dans la traversée des Aines. >> En conclusion, je n'ai jamais contesté le service éminént que M. Le Ver- rier nous a rendu, nous rend et nous rendra encore, je l'espère, avec ses présages extraordinaires, et je me garderais bien de méconnaître l'utilité d'un service météorologique de présages qui se réalisent 45 fois sur jg : tout eu me permettant de douter qu'il y ait quelque avantage réel pour la science à recueillir et à enregistrer des milliers ou des millions de chiffres dont la valeur scientifique est certainement contestable, je reconnais le grand mérite que M. Le Verrier a eu dans l'organisation d'uu si vaste réseau météorologique : mais dans l'intérêt de l'œuvre même pour laquelle il a tant travaillé, je l'engage à se rappeler les paroles dictées avec tant de bon sens que le Maréchal Vaillant lui écrivait en.février 1864 : « Abandonnez » les prédictions; ayez à l'Observatoire un service en permanence, et aus- » sitôt qu'un gros temps sera signalé, mais un vrai gros temps, domiez-eu » avis à toutes les stations qui correspondent avec vous. » I) Toute la vérité pratique de nos services météorologiques est contenue dans cette proposition. Il faut apprendre aux autorités des ports de mer à bien observer les instruments météorologiques, à comparer ces observa- tions avec l'état du ciel et à acquérir un juste jugement sur les changements de l'atmo.sphère, pour qu'ils puissent en temps utile prémunir les marins contre les tempêtes et les coups de vent probables : d'un autre côté, un centre d'un grand nombre de stations météorologiques peut découvrir à son origine l'existence d'une grande perturbation atmosphérique, recon- naître son étendue et le sens de sa propagation, et eu donner avis aux en- droits où elle se dirige, avant qu'elle y arrive. » ( '3i7 ) MÉTÉOROLOGIE. — Réponse de M. Le Veiîrier à la nouvelle Aole de M. Malteucci. « Notre Correspondant assure que notre devoir eût été d'insérer au Compte rendit la réfutation de son premier article. L'opposition qui vient d'être faite par plusieurs de nos confrères à l'insertion de la nouvelle Note de M. Matteucci lui servira de réponse sur ce point. Il demeure évident que je m'étais conformé au sentiment géiséral en n'occupant pas le Compte rendu par une discussion où la science n'a rien à gagner. Je n'en remercie que plus l'Académie d'avoir consenti, sur ma demande, à ce que la présente Note de M. Matteucci fiit insérée; ce vote ne ni impose pas le devoir, mais me laisse la liberté de faire une réponse motivée. Elle sera complète, mais sous la condition que je n'aurai point à recommencer à l'encontre de chaque personne à laquelle il plaira de soulever à nouveau des questions vidées depuis longtemps pour tous ceux qui connaissent l'histoire météo- rologique des dix dernières années. « M. Matteucci n'entretiendra pas l'Académie, dit-il, de certaines acutsu- tions qu'il n'a soulevées ni méritées en aucune manière. Soit; mais alors il n'en fallait pas parler du tout, car une dénégation, quelque courte qu'elle soit, appelle luie réponse. Cette réponse, je l'ai faite dans le Moniteur du mercredi 2 1 juin. Pièces en main, j'ai établi nettement la rigoureuse exactitude de ce que j'avais avancé devant l'Académie. » Venons à un point plus important, l'historique de l'établissement en France du service international des prévisions météorologiques. M. Mat- teucci introduit aujourd'hui la distinction la plus curieuse et la plus subtile entre le projet de recueillir un grand nombre d'observations par télégraphe et la pensée de les utiliser pour en tirer des présages du temps. Or, il nous concède la première intention, mais point la seconde. Parmi les Membres de cette Académie, en est-il un seul, nous le demandons, à qui viendrait l'idée de collectionner un nombre considérable d'observations météorolo- giques et d'y employer le télégraphe, si ce n'était pour en tirer un parti immédiat? Et qui donc aurait pu déterminer toutes les administrations d'Eu- rope à accorder la gratuité sur les lignes télégraphiques, si ce n'avait été par la perspective d'un grand service, l'annonce des tempêtes aux côtes )pe: ( 1^.8 ) » Dans la séance du 8 mai, INI. Dumas a cUé nn passage du tome III des OEitvres de Lavoisier, qui n'est pas encore publié, et qui offre un vif intérêt. Lavoisier et Borda pensaient qu'avec une observation attentive du baro- mètre, de la force et de la direction des vents à différentes élévations et de l'état hygrométrique de l'air, « il était presque toujours possible de prévoir, » un jour ou deux à l'avance, avec une très-grande probabilité, le temps » qu'il doit faire : on pensait même qu'il ne serait pas impossible de publier » tous les malins un journal de prédictions qui serait d'une grande utilité » pour la société. » Or, ajoute M. Dumas, « si à une époque où le physi- » cien placé au centra du réseau des observations ne pouvait pas être Il averti des faits constatés, comme il l'est maintenant presque instantané- » ment par la télégraphie. Borda, Lavoisier, de L;iplacc et leurs éminents » confrères avaient jugé possible la prédiction du temps dans beaucoup de )i cas vingt-quatre heures à l'avance, à plus forte raison y a-t-il lien d'en- » courager dételles études aujourd'hui. » C'est cependant cette prédiction vingt-quatre heures à l'avance dont M.Matteucci ne veut pas, qu'il déclare impossible et qu'il voudrait voir abandonner. » En i852, les fondateurs de la Société Météorologique de France écrivent dans la circulaire qu'ils adressent aux physiciens : « Avant peu, -. l'Europe entière sera sillonnée de fils métalliques qui feront dispa- » raître les distances et permettront de signaler, à mesure qu'Us se produi- » ront, les phénomènes atmosphériques et d'en prévoir ainsi les consé- » quences les plus éloignées. » Voilà qui est encore très-clair : il ne s'agit pas de collectionner des observations, mais de les faire servir aux présages météorologiques à transmettre par les télégraphes. » On n'a pas oublié l'ouragan qui, le i4 novembre i854, causa de si nombreux sinistres dans la mer Noire, et amena la perte du vaisseau le Henri IF. Le même jour, ou à un jour d'intervalle suivant les localités, des coups de vent éclatèrent dans l'ouest de l'Europe, sur l'Autriche et sur l'Akérie. Le phénomène semblait donc s'être étendu sur une immense sur- face. Cette circonstance remarquable attira l'attention de noire illustre confrère, M. le Maréchal Vaillant, qui voulut bien m'écrire en m'invitant à entreprendre l'élude des conditions dans lesquelles s'était produit le phé- nomène et en nous assurant de son concours. » Pour nous mettre en mesure de répondre aux intentions de M. le Maréchal, j'adressai une circulaire aux astronomes et aux météorologistes ( '3i9) de tous les pays, en les priant de me transmettre les renseignements qu'ils auraient pu recueillir sur l'état de l'atmosphère pendant les journées des 12, i3, i4, j 5 et 16 novembre i854- En réponse à cette circulaire, l'Observa- toire reçut pins de aSo envois de documents. » Le 16 février i855, j'eus l'Iionnenr de soumettre à S. M. l'Empereur le projet d'un vaste réseau de météorologie, destiné à avertir les marins de l'arrivée des tempêtes. Ce projet, très-complet, reçut la haute approbation de Sa Majesté, et dès le lendemain, 17 février, nous fûmes, M. de Vougy, directeur général des lignes télégraphiques, et moi, autorisés à entreprendre et à poursuivre l'organisation projetée. « Proposez avec assurance, » est-il dit dans la lettre émanée du cabinet de l'Empereur, lettre que nous pou- vons citer, parce que c'est un document authentique et honorable pour tous dans l'histoire de la Météorologie télégraphique; n proposez avec )) assurance ce que vous jugerez convenable. La question est trop impor- » tante pour que Sa Majesté ne désire pas voir vos efforts couronnés d'un » plein succès. » >i Deux jours après, le 19 février r855 {Comptes rendus, p. 439), je présen- tais à l'Académie, d'accord avec M. de Vougy, une carte de l'état atmosphé- rique de la France, le jour même à 10 heures du matin. » Les bureaux de météorologie télégraphique s'organisèrent rapidement en France. J'eus l'honneur d'en entretenir plusieurs fois l'Académie, et cette situation était si bien connue, que l'illustre M. Biot, dans la séance du 3i décembre i855 [Comptes rendus, p. 1189), s'exprimait ainsi : « Si, )) comme M. Le Verrier l'a proposé, on constatait simultanément l'état sta- « • tique de l'atmosphère inférieure en beaucoup de lieux se rattachant à un » centre commun où l'on discuterait comparativement ces résultats, nous )) ne pensons pas du tout qu'une telle étude serait stérile, pour n'être pas » fondée sur des observations locales du baromètre et du thermomètre )) effectuées avec la dernière précision. Kons croyons, au contraire, qu'on » en déduirait, sur les grandes convulsions accidentelles des couches infé- » Heures de l'atmosphère, des conditions de correspondance qui pourraient » être fort utiles à connaître, et amener à des applications importantes aux » besoins pratiques de la société. » » Cette opinion de M. liiot est très-précieuse. Elle apprend à M. Mat- leucci, qui semble l'ignorer, que, pour des questions d'ensemble, des obser- vations rigoureusement précises ne sont pas plus nécessaires en météorolo- ( i3ao ) gie qu'elles ne Tout été en astronomie. Les grands édifices se bâtissent avec des pierres, non avec des diamants. » D'un antre côté, on sait combien M. Biot était opposé aux collections d'observations inutiles, et ce sont ces collections mêmes qu'il combat dans l'article que nous citons. Si donc il nous approuvait, c'est qu'il ne s'agissait point de telles collections, comme le prétend M. Malteucci, mais bien d'applications pratiques aux besoins de la société. » Et effectivement, dans cette même séance du 3i janvier i855, nous disions nous-même, en parlant de la marche de la tempête de novembre i854 : « On se demande si la présence d'un télégraphe électrique entre )) Vienne et la Crimée n'eût pas pu servir à prévenir nos armées et nos » flottes. En apprenant à Vienne que la tempête avait sévi à telle heure » sur les côtes de France, à telle heure à Paris, à telle heure à Munich, » et toujours en augmentant d'intensité, ne pouvait-on prévoir qu'elle » allait atteindre la mer Noire? Nous ne nous dissimulons pas qu'on ren- » contrera de grandes difficultés pratiques pour arriver à des résultats de M cette importance; mais on pourra sans doute parvenir à les lever. L'Ob- )) servatoire s'en occupe. « Ainsi l'Observatoire avait établi un réseau de météorologie télégraphique, et il s'occupait dès i855 de son application à la prévision de l'arrivée des tempêtes. » L'organisation du réseau français était terminée en 1 856, et nous en entretenions l'Académie dans la séance du lundi i juin de celte même année. Nous ajoutions que nous étions en négociation avec les pays voisins pour obtenir d'eux qu'ils voulussent bien se relier à notre réseau pour l'étendre et le compléter. En 1857, nous recevions des observations de Bruxelles, Genève, Madrid, Rome^ Turin, etc. » Avec l'assentiment du Ministre de Tlnstruction publique, M. Rouland, qui s'étonne qu'on puisse contester aujourd'hui des faits si bien connus, nous proposâmes dès lors au Ministre de la INIarine, M. l'Amiral Hamelin, de se servir du réseau météorologique établi, pour suivre les tempêtes à la surface de l'Europe, et prévenir les ports de l'approche du fléau. Il serait inutile de revenir ici sur les causes qui firent ajourner la mise à exécution de nos propositions. « Dans les derniers jours de iSSg, toutefois, le Ministre de la Marine écrivait au Ministre de l'Instruction publique, et « rappelant qu'à une époque ( l32I ) » déjà ancienne [ancienne à la fin rie iSSq), je l'avais entrelenn de l'utilité » que les côtes occidentales de l'Europe trouveraient dans l'établissement » d'un système de bulletins météorologiques transmis par voie électrique, » Son Excellence demandait si l'Observatoire impérial était toujours prêt à » réaliser ce projet «. Cette demande du Ministre de la Marine nous était transmise le lo janvier 1860. Le 16 du même mois, j'y répondais d'une ma- nière affirmative, on formulant un plan détaillé d'avertissements pour les ports, et, quelques jours après, une Commission mixte était nommée pour s'occuper de cette importante question. » Très-malheiu-eusement, la Commission, malgré mes vives instances, crut devoir s'arrêter à une organisation restreinte et qui ne pouvait être qu'une pierre d'attente. Fallait-il refuser notre concours à cet arrangement intermédiaire et insuffisant? Nous ne le pensâmes pas. Le caractère de la science est de se proposer pour but la vérité entière, mais de se contenter d'y atteindre peu à peu en acceptant chaque progrès à mesure qu'il se présente. J'écrivis donc alors en Angleterre ces lettres auxquelles fait allusion M. Mat- teucci, notamment celle à mon illustre confrère M. Airy, etque M. Matteucci tronque pour en déduire ce qui ne s'y trouve pas. Cette lettre, en date du 4 avril 1860, se termine eu effet par le passage suivant qu'on trouvera sans doute suffisamment significatif: » Signaler un ouragan des qu'il apparaîtra en un point de l'Europe, le » suivre dans sa marche au moyen du télégraphe, et informer, en temps » utile les côtes qu'il pourra visiter, tel devra être le dernier résultat de » l'organisation que nous poursuivons. Pour atteindre ce but, il sera né- » cessaire d'employer toutes les ressources du réseau eiu'opéen, et de faire » converger les observations vers un centre principal d'où l'on puisse » avertir les points menacés par la progression de la tempête. Cette der- » nière partie de l'entreprise est aussi de beaucoup la plus délicate. Il )' faut éviter d'en compromettre le succès en voidant la produire avant le » temps où son utilité universellement sentie en fera partout réclamer l'or- >' ganisation » Voilà en son entier le passage que M. Matteucci prétend tourner contre nous, en ayant soin d'en supprimer le commencement. Si nous sommes obligé, par la réserve d'une Commission, de renoncer momenta- nément au système d'avertissements et d'attendre des circonstances plus propices, M. Matteucci imprime les lignes où nous le disons et supprime celles où nous déclarons que le but définitif ne s^ra atteint que par l'or- C. R., rH65, i" Semestre. T. LX.Wae.) '7'* ( l322 ) giiiiisalion du système d'avertissements poiii- lequel le réseau méléorolo- ffique a été créé. » Mais ce n'est pas toul! Après avoir retranché la première partie de cette conclusion de ma lettre à M. Airy, \î. INIatteucci l'allonge de toute une phrase qui ne s'y trouve pas. « Dans la lettre de M. Airy, dit-il, M. Le » Verrier répète ces sages paroles et ajoute que voulant établir de suite uu » service extraordinaire pour prévenir de la marche des tempêtes, on se serait » peut-être exposé à commettre quelque grosse erreur qui aurait tout compromis. » C'est M. Matteucci qui souligne ces mois : et qui ne croirait dès lors qu'il les a copiés textuellement? Eh bien! il n'en est rien, et dans ma leltreà M. Airy, que je dépose sur le bureau, cette phrase ne se trouve pas. » M. Matteucci nous réserve toutefois d'autres surprises. « Lorsque, » dit-il, on s'engage à donner tous les jours des présages de ce genre, il faut » s'exposer à ne donner que des probabilités telles que la suivante que tout » le monde a pu lire dernièrement dans le Bulletin international : Vent « modéré on assez fort, variable d'entre S.-O. et N.-E. ou N., et retour )) prochain vers O. et S.-O. pour le 3 juin. » )) Devant cette affirmation, cette critique acerbe jetée au travail d'un de nos honorables collaborateurs, M. Sonrel, qui ne croirait encore que M. INÎatteucci a du moins pris la peine de copier exactement? Eh bien ! il n'y a rien de pareil dans les probabilités du temps adressées poui- le samedi 3 juin. La seule probabilité qui, à première vue et pour un esprit inattentif, paraîtrait se rapprocher de la rédaction de M. Matteucci est la suivante : « Vent modéré ou assez fort d'entre S.-O. et N.-O. ou N., retour pro- » chain vers O. ou S.-O. » n) Mais chacun peut voir que M. Matteucci a ajouté le mot variable, et, ce qui est bien plus grave, qu'il a changé N.-O. eu N.-E., c'est-à-dire Ouest en Est, et ainsi faussé le sens de la dépèche ! » La prévision insérée au Bulletin signifie, pour tout météorologiste, que la rotation habituelle des vents vers le Nord devait être iiicomiilète, et que les vents retourneraient promptement vers le Sud-Ouest. Or les vents ont monté vers le Nord dans la matinée du 3, et, dès le soir du même jour, ils rétrogradaient vers le Sud-Ouest, conformément a la prévision de la veille. » Retrancher des textes qu'on semble citer les phrases qui contredisent ( i323 ) ce qu'on veut établir; en ajouter d'autres qui ne s'y trouvent pas; modider esseuticllcment le texte des dépêches qu'on veut ci'itiquei', sont des erreurs de discussion que j'avoue humblement ne pas comprendre. » Il me reste à montrer que M. Matteucci n'est ni pius exact ni plus heureux dans la discussion scientifique; et pour cet objet je ne puis mieux taire que d'emprunter la Note suivante de mou éminent collaborateur M. Marié-Davy. « (c D'après la première Note de M. Matleucci, les bourrasques ayant leur siège dans les mers d'Espagne n'auraient que très-rarement (une fois sur quatre) et très-faiblemeni; atteint les côtes d'Italie, tandis que les bourrasques ou gros temps ayant leur centre dans le nord, et principalement celles qui at- taquent l'Europe parla côte occidentale de l'Irlande, ne maisqueraient jamais de se faire sentir avec une grande intensité dans la Méditerranée. Je suis très-loin de pouvoir tirer de nos cartes météorologiques une conclusion aussi absolue. Si on s'en tient même à la période embrassée par M. Mat- teucci, on trouve les résultats suivants : » » Sur quatorze tempêtes ou bourrasques ayant sévi plus ou moins long- temps sur l'Italie du i" août au 3i décembre 1864 (i), cinq se rattachent à des mouvements atmosphériques venus par le nord ou le nord-ouest de l'Europe. Ce sont ; i" la tempête du i i août; 2° la bourrasque du ly sep- tembre; 3" les bourrascjues des 22 et ^3 octobre; 4° la tempête du i5 no- vembre; et 5° les bourrasques des 18 et 19 novembre. )) » On trouve, au contraire : « » i" Que la bourrasque du 18 août est venue du golfe de Gascogne sur l'Italie en traversant le sud-ouest de la France; » ■) 2° Que la bourrasque du 24 août se montrait dès le 22 sur le golfe de Gascogne, et qu'en traversant la France le 23 et l'Allemagne le 24, elle s est successivement étendue sur un pius grand rayon, jusqu'à embrasser l'Italie; » » 3° Que la tempête des 19 et 20 octobre envahissait l'Espagne dès le 18, et que si le 20 une tempête sévissait sur l'Angleterre, une autre distincte de la première frappait, en même temps, l'Espagne et la Méditerranée; (i) M. Marié-Davy n'a pu comprendre dans cette discussion les trois premiers mois de i865, qui ne nous sont parvenus que le 20 juin. 172.. ( >32/, ) » » 4° Que la tempête des aS, 26 et 27 octobre a passé du golfe de Gas- cogne sur la Méditerranée par le sud-ouest de la France; M » 5" Que la tempête des 28 et 29 octobre a suivi le même chemin ; » » 6" Que la tempête du G novembre a traversé le sud de l'Espagne avant d'atteindre la Méditerranée; » » 7" Que les fortes bourrasques des 26 et 27 sont dues à l'action de deux mouvements atmosphériques, l'un traversant le 23 l'isllune pyrénéen, I autre descendant le 26 du nord de l'Ecosse sur la mer du Nord; » M 8° Que le centre de la tempête des 1 4, 1 5 et 16 décembre était le i4 à Bayonne, le i5 aux environs de Cette et de Barcelone, et le 16 dans les parages de la Corse ; » » 9° Que la tempête du 27 décembre est venue frapper Tltalie par le sud de l'Espagne et le nord-ouest de l'Afrique. » » Lorsque le centre d'une tourmente aborde l'Europe par l'Irlande, si cette tourmente est violente, elle peut s'irradier jusque sur l'Italie, l'atteindre dans toute sa longueur et y sévir vigoureusement pendant plusieurs jours; ou bien, sa trajectoire s'inclinant vers le sud, elle peut traverser l'Allemagne et s'étendre vers l'Italie ; mais un grand nombre de tourmentes traversent l'Angleterre, la Suéde, la Baltique, la Russie et la mer Noire, en laissant la Méditerranée dans im calme parfait. )) 0 Par contre, lorsqu'une tourmente, déjà parvenue dans la partie des- cendante de sa trajectoire, aborde l'Espagne, elle peut s'épuiser sur les aspé- lités de la péninsule ou traverser l'ouest de la Méditerranée pour se rendre en Afrique : l'Italie est alors épargnée; mais les exemples précédents mon- trent qu'il est Irés-loiii d'en être toujours ainsi. » » On ne peut davantage accepter les conclusions de M. Matteucci rela- tivement à la tempête du i4 janvier et à l'influence retardatrice considé- rable qu'il attribue aux Alpes sur la marche de cette tempête. Ainsi que je l'ai fait observer, à plusieurs reprises, dans le Bulletin intemalional, pour qu'on puisse déduire la vitesse de progression d'une tempête de la comparaison des hein-es d'apparition du niininnnn de pression barométrique en deux points donnés, il faudrait que ces deux points fussent situés sur la ligne de parcours du centre de la tourmente ou du moins sur une ligne parallèle. Deux points situés sur une ligne perpendiculaire peuvent être frappés en même temps, quoique très-distants l'un de l'autre : faudrait-il alors en con- clure une vitesse de propagation infinie? L'influence des Alpes sur le jeu des pressions en Europe n'en est pas moins nettement tranchée. Quand l'atmo- C i325 ) sphère est animée sur la France d'un mouvement général de translation du N.-O. au S.-E., un double étr.iuglement a lieu dans la section du courant par l'action des Pyrénées et des Alpes. Cet étranglement a pour effet d'ac- croître la pression en amont de l'obstacle et de la diminuer au contraire en aval. De là vient le resserrement des isobares sur le midi de la France et le versant N.-O. des Alpes. Un régime spécial des vents sur les golfes du Lion et de Gênes et sur le nord de l'Adriatique en est également la conséquence. Dans la tempête du i4 janvier, un mouvement tournant s'est constitué sur la Méditerranée au milieu de la perturbation générale de l'atmospliei-e. Sans entrer dans le détail des causes qui l'on produit, je remarquerai que le centre de ce mouvement apparaissant sur le golfe de Gènes, Rome et Turin ont pu être frappés en même temps, ou à peu près, sans qu'on soit en droit d'admettre que la tempête ait progressé de Turin à Home. » » La seconde Note de M. IMatteucci renferme des appréciations beau- coup plus graves, et qui ne sont pas mieux justifiées. » » M. Matteucci attaque le principe même du service météorologique international tel qu'il est constitué à l'Observatoire. Ses critiques, il est vrai, semblent s'adresser plus particulièrement à l'amiral Fitz-Roy, puisqu'il cite les résultats des études faites en Angleterre pour comparer les temps réels aux temps prévus, et qu'il en tire la conclusion que les |)résages diurnes ne peuvent mériter aucune confiance. Il est très-regrettable que l'amiral Fitz-Roy ne puisse plus rectifier lui-même les assertions de M. Matteucci; mais nous avons fait avec soin la comparaison des prévisions anglaises, pour la Manche, avec les faits observés. Nous pouvons affirmer que rien ne jusiitie l'assertion de M. Matteucci; et ce qui le surprendra sans doute beaucoup, c'est que la proportion des concordances aux écarts est sensible- ment la même pour les vents faibles que pour les vents forts. » » Nous avons fait nous-même des comparaisons fréquentes entre les prévisions émanant de l'Observatoire de Paris et les faits. Les dociunents demandés en Italie avaient pour but d'établir ces comparaisons sur les côtes italiennes. C'est là un contrôle trop précieux pour nous pour que nous ne cherchions pas à l'étendre à toutes les côtes. Voici, comme exemple, pour la Manche, le résultat de la comparaison pour les mois d'octobre et de no- vembre 1864, période pendant laquelle les calmes et les tourmentes se sont succédé à plusieurs reprises. » » Pour la direction de tous vents, forts et faibles, concordances 81 pour loo; écarts 19 pour 100. ( i326 ) ■> c^! 0804550 16,7 pour 100, Forets des communes et des particuliers. . 7 333 900 1 Sol forestier 368 705 ) Sol non agricole, routes, rivières, etc 2920217 5,5 pour 100. 52768610 100,0 » On voit par ce relevé statistique quelle est la composition des 21 739 102 hectares de pâtis et pâturages dont il a été question d en outre on établit encore ordinairement la (3) V,— — my„. n Cette dernière équation suppose que, faisant communiquer le plateau collecteur avec un corps sensiblement neutre, tandis que le plateau conden- sant est isolé, la seule c, disparaîtra du premier, qui conservera toute la v,. ( i336 ) Pourtant cette supposition est contredite par l'expérience, comme nous le verrons bientôt. » Des trois précédentes équations résultent les que l'on rencontre dans tous les Traités de physique, et ([ui sont basées sin* la f 3 *. Mais si l'on applique ce principe, (pie l'action est toujours égale et contraire à la réaction, nous pourrons, au lieu de la (3), établir la (5) ''. = —72^ qui, nous le verrons tout à l'heure, se justifie par l'expérience, et à l'in- verse nous aurons les 6) 7,= c, , 7„= — ■ -c, , qui sont les nouvelles formules, basées sur la (5), que je propose de sub- stituer aux (4). » Partie exj)trimcnlnle. — Pour prouver laquelle des deux (3j et (5) est confirmée ou contredite par les faits, j'ai pratiqué les expériences ci-aprés. En toutes on a employé l'éleclromètre condensateur à piles sèches, retenant comme collecteur le plateau auquel s'unit la feuille d'or, l'autre étant pris comme condensant. Une pile voltaïque, dont les couples de cuivre et de zinc étaient |)lonf;és dans l'eau distillée, contenue dans des vases extérieu- rement recouverts de cire d'Espagne, formait la source électrique constante. » \° Le plateau collecteur, séparé de l'autre, a été mis en communica- tion avec la source d'électricité, et l'on a observé la déviation de la feuille d'or, produite par la charge c, reçue du plateau. » a" Avec la même source on a charw le collecteur uni au condensant qui communiquait avec un corps neutre, c'est-à-dire avec l'intérieur d'une guérite métallique parfaitement close de toutes parts, et on a obtenu la dé- viation correspondante à la charge y, reçue du collecteur. » 3° On a chargé de nouveau aussi le plateau collecteur, puis supprimant les communications indiquées, on a mis un instant en rapport le collec- teur avec le corps neutre, afin de lui faire perdre toute la partie libre de sa charge. Ensuite ou enleva le plateau condensant, qui était superposé au collecteur, pour avoir la déviation correspondante à la charge y', restée sur le collecteur même. Conséquemment la déviation correspondante à la perle /j, faite par le collecteur à cause de la communication, s'exprimait ( '337 ) par la (7) 7.-7'.=/'' et se trouva être toujours p> c,. Donc la suppositiou (3), aussi bien que les formules (4), sont contredites par l'expérience. Est contredite aussi la P-P'=/,, si par p l'on entend ce que nous avons exprimé par c, (*). » 4° On a pris un autre électromètre a piles sèches, identique au précé- dent; on y a appliqué les deux mêmes plateaux, et l'on fit communiquer l'in- férieur avec la même source électrique, tandis que l'autre était en rapport avec le corps neutre. Ceci fait, et les deux communications supprimées, ou mit en contact le centre du plateau condensant avec la tige supportant la feuille d'or du premier élecfromètre à piles sèches. Ou obtint par là, avec toute précision, la déviation correspondante à la charge induite y„. En cou- séquence, moyennant la (i), on eut la déviation correspondante à la v, , et l'on confirma toujours la (5), qui doit par ce motif être substituée à la (3) Donc les formules (6) sont confirmées par l'expérience. Tableau des valeurs numériques des déviations correspondantes aux charges. DISTANCES -^I ■/, ■/i p i\ Vî /' — <■. •'. — Vs COUPLES. des plateaux. des piles sèches. o,5o 4,00 3,00 I ,00 3,5o 3,5o o,5o 0,00 20 m 0,001 ni O,o52 1 ,00 .,75 i,5o I ,25 '>75 2,00 0,35 —0,25 40 0,008 o,o4i o,5o 3,5o 2,00 i,5o 3,00 3 ,00 1 ,00 0 ,00 40 0,004 0,042 1 ,00 3 ,5o 1 ,5o 2,00 2,5o 2,5o 1,00 0,00 60 0,004 0,042 J,33 4,5o 2,5o 2,00 3,16 3,00 0,67 +0,16 80 0 , ooq o,o5o 1,66 4,75 2,00 2,75 3,08 3,16 1.09 —0,08 100 O.OOt) 0,046 1,66 5,00 2,5o 2,5o 3,34 3,4° 0,84 —0,07 100 o,oo65 0,046 1 ,5o 4,75 2,5o 2,25 3,25 3,3o 0,75 +0,25 100 o,oio5 0,046 Moyennes 0,76 0,01 {*) Annales de Chimie et de Physique, 4° série, année i865, t. IV, p. 234- C. R., i8C5, l'^t Semeiue. {j: . LX, N» 20.) i']k ( i338 ) >• Il résulte clairement des expériences indiquées dans le tableau précé- dent, que nous avons toujours p > c, ; en conséquence la (3) est contre- dite. De plus, la (5) est justifiée de la manière la plus positive; en effet, la différence moyenne 0,76 ne peut passe négliger; l'autre 0,01 au contraire peut l'être; c'est pourcpioi l'on peut regarder comme égales entre elles les valeurs numériques des v, et y^ • » Pirinicre observation. — Si l'on n'admet pas que l'électricité dissimulée soit privée de tension ou force répulsive, on tombe dans une contradiction, quand, dans la théorie du condensateur, on admet avec tout le monde la (i). En effet, cette équation suppose que la partie libre c, de la charge indui- sante y, est égale à celle qu'acquerrait le plateau collecteur, si seul il était mis en conunuuicalion avec la source électrique. Mais alors autant suppo- ser cpie la dissimulée i', ne possède pas de force répulsive; en effet, si elle la possédait, c, ne pourrait être sur le plateau collecteur au mênîe degré, selon qu'elle y trouve ou non la f , . Donc, pour éviter la contradiction in- diquée, il faut admettre que la v,, et par conséquent aussi la ^2 > 'le pos- sèdent aucune tension. » Deuxième obsetvation. — On arrive encore à une contradiction si l'on admet que l'électricité induite dans le plateau condensant soit privée de tension et en niant que l'induite, dans l'expérience bien connue du cylindre induit, soit privée de tension, comme si ces deux faits n'étaient pas le résul- tat d'une même cause dans les mêmes circonstances. Cependant nous pou- vons encore démontrer directement, avec le condensateur, que l'électricité induite n'a pas de tension, et ce au moyen de la vingtième expérience (*), savoir : le plateau supérieur du condensateur se prend pour collecteur; on charge comme à l'ordinaire l'instrument, en faisant communiquer avec le sol l'autre plateau placé sous le premier. Ensuite, supprimant cette commu- nication, donnez avec un petit plan d'épreuve au plateau induit une très- faible charge électrique de même nom que celle induisante; la feuille d'or donnera bientôt des signes de tension. Donc l'électricité induite n'a point neutralisé cette charge, bien qu'elle fût très-faible; donc l'induite n'a point de tension. » (*) Pour les ]>rt'C(kleiites expériences, voir les Comptes rendus des tomes XLVIII, ]). 1 i(j?., et IJX, |). 571) et 1)62. ( '339 ) CHIMIE. — Deuxième Mémoire sur Célnt moléculaire des corps; par M. J. Persoz. (Extrait an chapitre V.) (Renvoyé à la Commission précédemment nommée.) De la sritnhililé. « Nous avons déjà été conduit à énoncer dans une Noie sur la solubilité des corps en général, et des sels en particulier [Annales de Chimie et de Physique, 3*= série, t. LXIII), le principe de la solubilité que nous nous proposons d'étudier aujourd'hui avec des données nouvelles dans les com- posés salins seulement. » L'hydratation des sels se fait, ou à une température inférieure à o degré (chlorure sodique, Mitscherlich; carbonate calcique, Pelouze), ou à une température plus ou moins élevée, selon la nature des sels (carbonate, sul- fate, phos|ihate sodiques). Lorsque les solutions saturées viennent à cris- talliser, l'hydratation du sel est d'autant plus forte que la cristallisation a lieu à une température plus basse (borax cristallisé à la température ordi- naire, lo équivalents d'eau; à 5o ou 60 degrés, S équivalents d'eau). » Un rapport simple existe toujours entre les équivalents du sel et de l'eau qui a servi. à le dissoudre. Ainsi le volume d'une dissolution saturée de nitre à son point d'ébidlition (i3i degrés) est représenté sensiblement pai- 1 volumes de sel et i volume d'eau ; celui d'une dissolution de nitrate plombique à 100 degrés, par i équivalent de nitrate plombique et 16 équi- valents d'eau. Ce sel en se refroidissant se sépare en 2 équivalents de Sel qui se précipite et i équivalent qui reste en dissolution. » En abordant la question si intéressante des variations de volume qui peuvent se rencontrer dans la combinaison des sels, nous aurons à parler tout d'abord des principes formulés par Dalton sur la solubilité, et à mon- trer comment les faits que nous avons constatés sont en désaccord avec ces principes. Selon ce savant illustre : » i" Les sels anhydres n augmentent pas le volume de l'eau dans laquelle on les fait dissoudre. » 2° Les sels hydratés, en se dissolvant dans Veau, augmentent son volume d'une quantité précisément égale au volume de l'eau qu'ils renferment eux- mêmes. » Nous avons vu récemment ces lois de Dalton recevoir une nouvelle sanction, pour certains cas du moins, dans les travaux de deux savants émi- nentSjMM. Playfair et Joule. Toutefois, frappé de l'incompatibilité de !a loi '74-- ( i34o ) (le Dalton avec le principe de l'impénétrabililé de la matière, et convaincu (jue MM. Playfair et Joule avaient opéré sur des quantités trop minimes de matière pour qu'il leur fût possible de constater les différences survenues dans le volume des corps en dissolution, nous avons jugé qu'il restait encore à éclairer la question en essayant d'une nouvelle méthode expéri- mentale. » C'est au moyen de celle que nous avons déjà décrite dans ce Mémoire, et en faisant usage, dans le cas particulier dont il s'agit, pour apprécier les variations de volume, de ces mêmes tubes gradués qui nous servent à mesu- rer les liquides, que nous avons obtenu les résultats consignés dansle tableau ci-après : 9 lO 1 1 12 i3 i4 iG KO, NO- KO, SO' CuO, S0'+ 5A345 ) saturées, que le médecin peut, soit prolonger, soit activer, soit enfin faire cesser à son gré. « M. Cl. Bernard présente, au nom de lanteur, M. Rudolf Hcidenliain. un ouvrage en allemand sur la production de la chaleur pendant la con- traction musculaire, qu'il destine au concours pour le prix de Physiologie expérimentale. (Renvoyé à la Commission du prix de Physiologie expérimentale.) M. J.-V. Delaborde adresse, pour le concours des prix de Médecine et de Chirurgie, un ouvrage imprimé portant ce titre : « De la paralysie dite essentielle de l'enfance; des déformations qui en sont la suite et des moyens d'y remédier ». A ce livre est jointe une analyse manuscrite des points que l'auteur regarde comme nouveaux dans son ouvrage. (Renvoi à la Commission des prix de Médecine et de Chirurgie.) M. Jos. GioA.\.\ETTi adresse, de la Trinité (Indes occidentales), un Mé- moire sur la possibilité de la direction des aérostats, accompagné de plu- sieurs figures photogi'aphiques des appareils qu'il propose. (Renvoi à la Commission chargée d'examiner les travaux présentés sur l'aérostation.) CORRESPONDANCE. M. LE Ministre de l'Agriculture, du Commerce et des Travaux publics adresse, pour la Bibliothèque de l'Institut, le n° i du Catalogue des Brevets d'invention pris en i865. M. LE Bibliothécaire de l'Académie impériale de Médecine adresse, au nom de ce corps savant, la i^ partie du tome XXVI de ses « Mémoires » . M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la Correspondance, la 12^ livraison des « Animaux fossiles et Géologie de l'At- tique, d'après les recherches faites en 1 855-1 856 et 1860 sous les auspices de l'Académie », par M. Alb. Gaudry. M. H. de la Bla.nchère, qui depuis longtemps s'occupe d'ichthyologie, présente un certain nombre d'épreuves photographiques prises sur les C. R., i865, I" Semestre. (T. LX, N» 26.) ' 7^ ( 1346 ) poissons d'eau douce vivants, et demande que l'Académie veuille bien lui {ournir les moyens de continuer ses travaux appliqués aux animaux marins dans la vue de perfectionner l'art de les représenter fidèlement par la pho- tographie. (Renvoyé à la Commission administrative.) CHIMIE O^OxyuQUE.— Sur le principe actif du curare. NotedeM. W. Preyer, présentée par M. Claude Bernard. « En 1828, MM. Boussingault et Roulin ont trouvé dans le curare une substance qu'ils regardèrent comme un alcaloïde, mais ni eux ni plusieurs autres chimistes n'ont pu obtenir cette substance à l'état cristallisé. C'est pour cela que je n'ai commencé mes recherches qu'avec peu d'espoir de les voir couronnées de succès. Je les ai entreprises dans le laboratoire du Collège de France, à la demande de M. Claude Bernard qui a bien voulu me confier une grande quantité de curare de trois provenances différentes. De ces trois espèces de curare j'ai extrait le même alcaloïde cristallisable et plus toxique que le curare, formant des sels cristallisables également plus toxiques que le curare. )) Les méthodes que j'ai employées sont celles que l'on suit générale- ment aujourd'hui pour extraire d'une plante l'alcaloïde qu'elle contient. Seulement il f^dlait les modifier un peu à cause des substances qui n'appar- tierment pas à la plante, mais qui ont été mises par les Indiens dans les cale- basses ou dans les petits pots d'argile avec le curare pour donner à celui-ci plus de consistance et pour le mieux conserver, comme l'a raconté A. de Humboldt. De ce genre sont la résine et la gomme et peut-être la chaux du curare. Pour les enlever, on n'a besoin que de traiter celui-ci d'abord par l'alcool et puis par l'eau. Ces deux liquides dissolvent également bien la cu- rarine et ses sels solubles, mais l'alcool ne dissout du curare qu'un tiers ou un quart, tandis que l'eau en dissout plus de neuf dixièmes. C'est pour cela qu'il est préférable de traiter d'abord le curare pulvérisé (après avoir ajouté quelques gouttes d'une solution saturée de carbonate de soude), par l'alcool absolu bouillant, puis de distiller et de reprendre le résidu dans la cornue ])ar l'eau distillée. La résine insoluble dans l'eau peut être ainsi isolée par illlratioi). Le liquide qui passe est précipité par un excès de bichlorure de mercure. Le précipité contenant toute la curarine est lavé par l'eau, puis suspendu dans un peu d'eau et décomposé par un courant d'hydrogène sulfuré. Après avoir filtré et lavé le sulfure de mercure, on obtient une ( i347 ) solution de chlorhydrate de cmaiine. Mais elle n'est pas pure, et ce n'est qu'en répétant l'opération (le bichlorurede platineest égalenientapi)licable) plusieurs fois que l'on obtient une solution incolore ou presque incolore de chlorhydrate de curarine qui cristallise sous la cloche de la machine pneu- matique. u Voici un autre procédé. Après avoir enlevé du curare la gomme et la résine, on ajoute à la solution aqueuse quelques gouttes d'acide azotique et l'on précipite par l'acide phosphomolybdique (i). Le précipité volumineux est décomposé par l'hydrate de baryte, séché à loo degrés et puis traité par l'alcool absolu. Celui-ci n'en extrait presque rien que la curarine, qui peut être précipitée de l'alcool absolu par un excès d'éther anhydre. Seulement il faut filtrer bien vite et dissoudre, immédiatement après, les flocons blancs sur le filtre par l'eau ou par l'alcool, parce qu'ils se transforment, au contact de l'air atmosphérique, en gouttes brunes et huileuses. La solution aqueuse ne cristallise que rarement, mais lorsqu'on traite le résidu brun par le chloroforme, on obtient une solution incolore qui, évaporée à froid, laisse dans le vase des cristaux incolores de curarine. En modifiant le procédé, j'ai obtenu le chlorhydrate, le nitrate, le sulfate et l'acétate de curarine dans un état cristallin. Des sels insolubles, le chloroplatinate seul a un aspect cristallin, et c'est la seule combinaison que j'aie pu analyser, car tous les sels solubles et la curarine pure brunissent quand ou les sèche, même à une température peu élevée. L'analyse du chloroplatinate conduit à la formule e"H"Az, PtCl'. » Mais parce qu'il est sans analogie qu'un alcali végétal se combine tout simplement avec le bichlorure de platine sans acide chlorhydrique, je n'ose pas encore attribuer à la curarine la formule ou un multiple. » 11 est à remarquer que c'est la même combinaison qui se forme lorsqu'on ajoute à une solution de curarine pure le PtCl' ou lorsqu'on précipite le chlorhydrate. » L'équivalent du chloroplatinate est 3i5,2; la formule exige 3 18,7. « En tout cas il résulte des analyses que la curarine ne contient pas d'oxy- gène. Ainsi c'est avec l'araribine, découverte par M. Kieth dans l'écorce de (1) SoNHENSCHEi>' et De Vrij, Annales de Liebig, p. i i5, .75.. ( i348 ) V Arariba rubra (Martius), le seul alcali vegôlal qui, ne contenant [las d'oxy- gène, est néanmoins cristallisable. IMais tandis que l'araribine est volatile, il paraît, d'apifs quelques expériences que j'ai faites, que la curarine ne l'est pas. C'est une substance hygroscopiqiie d'une amertume extrêmement persistante, cristallisant comme des sels solubles en prismes quadrilatéraux, incolores, solubles dans l'eau et l'alcool eu tout:! proportion, peu solubles dans le chloroforme et l'alcool amyliquo, insolubles dans l'éther aidiydre, le benzol, l'essence de térébenthine, le sulfure de carbone. » La curarine bleuit très-faiblement le tournesol, ses sels solubles ne le rougissent pas. » L'acide sulfurique pur concentré, ajouté à de la curarine pure, lui donne une couleur bleue magnifique très-persistante; c'est ce qui ne se fait pas avec la strychnine. Le bichromate de potasse et l'acide sulfurique pro- duisent avec la curarine la même couleur violette qu'avec la strychnine, seulement elle est beaucoup plus persistante. L'acide azotique concentré donne à la curarine une couleur de pourpre. » C'est ainsi que l'on peut facilement découvrir la présence de la curarine dans les liquides des animaux qui ont été empoisonnés par cette substance. Il faut les évaporer, extraire ie résidu par l'alcool absolu, évaporer et ajouter une goutte d'acide sulfurique. La couleur bleue indique la présence de la curarine. » Quanta la plante qui produit cet alcali^ il paraît que ce n'est pas une seule espèce, mais qu'il y a peut-être plusieurs plantes produisant le même alcaloïde. On ne saurait s'expUquer autrement la diversité des récits publiés par des voyageurs savants et dignes de confiance. Il paraît qu'une de ces plantes est la Paiillhna ciinnu. M. Claude Bernard m'a donné trois petits fruits secs de cette plante. Je les ai traités pendant trois jours par de l'eau acidifiée et au liquide rouge filtré j'ai ajouté du carbonate de soude. Après avoir évaporé à siccité et extrait le résidu amorphe par l'alcool absolu, j'ai obtenu une substance d'une iiature basique, d'une odeur pariiculière et dont les propriétés physiologiques ne pouvaient être distinguées de celles de la curarine. » Je termine cette Note eu remerciant M. Claude Bernard, qui m'a fourni avec une généreuse libéralité les moyens de faire ces recherches dans son laboratoire au Collège de France. J'adresse aussi mes remcrcîments à M. A. Wuriz, qui m'a permis de faire les analyses élémenlaircs dans son laboratoire à l'Ecole ilc Médecine. » J'espère bientôt pouvoir donner plus de détails sur la constitution de la curarine et de ses sels. » ( i349) PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Sur les lalkifères et les fibres du liber ramifiées dans les Euphorbes. Maladie des taticifères; par M. A. Trécui,. « M. de Mirbel décrivit, en 1809, deux sortes de vaisseaux propres dans les Euphorbes : les uns formés par des lacunes éparses dans l'écorce, les autres par les faisceaux du liber. Plus tard MM. Schultz et Meyen crurent que les vaisseaux du latex composaient un système réticulé répandu dans toutes les parties du végétal. Mais, après que Meyen eut découvert les fibres du liber ramifiées de VHoya cariwsa, et que M. Schleiden eut signalé les ramifications en cœcum des laticifères des Euphorbes, la théorie libé- rienne redevint en fovenr. Elle fut soutenue principalement par MM. Reis- seck et Schacht. Enfin, M. Dippe! reganle les laticifères comme les vais- seaux du liber, et M. Hanstein les subordonne aussi au système libérien. De mon côté, j'ai dit comment ils me paraissent se rattacher aux organes de la nutrition; j'en reparlerai plus tard. Aujourd'hui j'ai pour but de sou- mettre à l'Académie quelques faits qui concernent les diverses questions débattues. » J'ai rappelé tout à l'hein'e qu'il a été trouvé des fibres du liber dans les Asclépiadées. Il ne sera pas sans intérêt d'en signaler dans les Euphor- bes, Les Eupliorbia rhipsaloides et xyloph)dloides m'en ont offert de beaux exemples. Dans le premier, des cellules fibreuses sont répandues dans l'écorce jusqu'au contact de l'épiderme. Le plus souvent simples, quelque- fois ramifiées, elles s'étendent dans toutes les directions. Quelques-unes, verticales dans une partie de leur longueur, se recourbent, marchent horizontalement, s'incurvent de nouveau et arrivent, après plusieurs si- nuosités, sous les cellules épidermiques, où elles se prolongent sur une longueur plus ou moins considérable. Dans l'écorce de V Euphorbia xylophy lloides elles ont le même aspect et la même disposition ; mais, dans cette dernière plante, elles sont également disséminées dans la moelle, où elles mêlent, ainsi que clans l'écorce, leurs sinuosités à celles des lati- cifères. » La distribution et la ramification de ces fibres font naître l'idée de laticifères qui auraient été remplis par le dépôt de couches d'épaississe- ment. Cependant elles ressemblent tout à fait aux fibres du liber en fais- ceaux qui existent dans l'écorce interne, et qui diffèrent au plus haut degré des laticifères contigus à ces faisceaux. En effet, les plus grosses de ces fibres n'ont qu'environ o""",o35 de diamètre. Les laticifères de l'écorce ( i35o ) interne sont au contraire beaucoup plus volumineux. Un peu comprimés, ils ont souvent o""", lo sur o°"°,o6 de largeur clans VEitjiliorliin rldpsaloides, et de o'""\o5 à o'^^jiG sur o°"°,o9 dans ï Euphorbia xylophjlloides. De plus, la membrane demeure assez mince dans les laticifères de ces deux espèces, en sorte qu'il faut éloigner toute idée de transformation par dépôt de couches d'épaississement. Les fibres du liber sont du reste souvent lon- gues. J'en ai mesuré qui avaient 6 et d'autres l\i millimètres dans Y Eu- phorbia rldpsaloides. » r,es fdires du liber ramifiées n'établissent pas une transition avec les laticifères aussi réelle que l'ont cru certains anatomistes. D'abord le nom- bre des branches de ces cellules est toujours très-limité, de cinq à six au plus, et très-souvent il n'y a qu'une ou deux bifurcations. En outre, les fibres ramifiées sont relativement rares dans ces Euphorbes et dans les Asclépiadées. Il en est tout autrement pour les laticifères des Euphorbes. Leurs ramifications sont extrêmement nombreuses et leur étendue est tout à fait inconnue. Je suis peu disposé à croire que MM. Schleiden et Schacht aient isolé des cellules entières comme ils l'ont pensé. Ils n'ont pu voir que des fragments pourvus de branches terminées en cœcum. D'ailleurs, le moyen employé par M. Schleiden (la coction dans l'acide nitrique) rend ces vaisseaux trop transparents et trop fragiles pour qu'il soit permis de les bien observer. D'un autre côté, la multiplicité de leurs ramiiîcations forme un tel enchevêtrement, qu'il est impossible de les mettre en liberté, en sup- posant toutefois qu'ils ne constituent pas un tout continu. » Je suis parvenu à isoler un fragment de lalicifère de V Euphorbia glo- hosa^ dont l'ensemble des branches représente une longueur de gS"™, 5o. Ce fragment avait cent vingt bifurcations, et cependant sept de ses bran- ches principales et un grand nombre de ses ramifications latérales étaient cassées. Les divisions extrêmes de ces laticifères rappellent quelquefois, par leiu' nombre, leur brièveté et leur rapprochement, certaines glandes des animaux. « Suivant les botanistes qui assimilent les laticifères des Euphorbes aux fibres du liber, ces vaisseaux ne représenteraient pas un système vasculaire complet, comme l'ont pensé MM. Schuitz et Meyen, qui croyaient les la- ticifères unis entre eux de manière à produire un réseau étendu dans toute la plante. Un tel réseau existe dans plusieurs familles. Il a été signalé dans les Chicoracées par MM. Unger et Schacht, et M. llanstein l'a très-bien fait ressortir dans les Chicoracées, les Campanulacées et les Lobéliacécs, cheii lesquelles je l'ai observé moi-même. Il n'en est pas de même dans les ( i35i ) Euphorbes. Je n'ai jamais trouvé une maille dans aucune partie de ces vé- gétaux, ni dans les feuilles, ni à la surface des tiges, où ces vaisseaux sont si nombreux parfois et s'entre-croisent tellement sous l'épiderme, qu'ils simulent un réseau qui n'existe pas en réalité [E. polfgona, E. colletioides), » Malgré l'absence de réseau, malgré les parois épaisses qu'ils présen- tent dans quelques espèces, les laticifères des Euphorbes ressemblent moins à des fibres du liber que ne le pense M. Hanstein lui-même, qui n'admet pas l'identité de ces deux sortes d'organes. Ce que je viens d'exposer le prouve, et une expérience déjà ancienne, puisqu'elle est une modification d'une autre décrite par Carradori en i8o5, le démontre également. Elle consiste à prendre deux plantes entières, de même dimension, d'un Euphorbe an- nuel. Sur l'une on coupe ui\ des rayons de l'ombelle. Il en sort une quan- tité notable de suc laiteux. Sur l'autre plante on tranche d'abord la tige au-dessous de l'ombelle. Quand le latex cesse de couler, on coupe un des rayons de celle-ci. Le latex ne coule pas de ce dernier, ou en sort seule- ment en quantité bien moindre que dans la première plante. Il demeure évident par là qu'il y a communication entre les laticifères de l'ombelle et ceux de la tige, ce qui n'aurait pas lieu si l'on avait affaire à des cellules lactescentes comparables aux fibres du liber. » Voici un autre fait, bien connu des horticulteurs, qui équivaut à l'expérience précédente. Un rameau à'Euphorbia canariensis, qui avait déjà été étêté, fut coupé. Il en sortit comme un flot de latex, qui se répandit dans toutes les directions autour de la tige. Il coula jusqu'à la base de celle-ci et s'épancha abondamment sur la terre. Cette grande émission de latex ne saïu'ait être compatible avec des vaisseaux de la dimension des cellules libériennes les plus longues. » Je ne mentionnerai ici la marche quelquefois sinueuse des laticifères à travers les corps ligneux, et leur communication avec ceux de la moelle à travers les rayons médullaires, que pour en citer de nouveaux exemples, qui m'ont été donnés par les Eupltorbia rliipsaloides et sangidnea, les Ja- troplia acuminata et podagrica. » l.e latex de ces deux dernières espèces offre un caractère qui mérite d'être signalé. Ce latex, au lieu de renfermer des grains amylacés comme celui des Euphorbes, contient de gros grains qui jaunissent ou brunissent sous l'influence de l'iode, et de plus, dans le Jalroplia prodagrica, ils ont fréquemment la forme de prismes avec des angles aigus et des arêtes vives. M Je terminerai cette Note par la description d'un état pathologique des ( i352 ) laticiferes, qui me fui présente par VEiipliuiina rhipsaloides. Un grand et niagniliqiie exemplaire de ce végétal mourut. Il avait une nécrose qui s'étendait des racines à la base de la tige. Au-dessus de celte nécrose, dans la partie de la lige qui paraissait saine, tous les laticiferes étaient altérés à leur passage de l'écorce dans le bois, dans lequel ils étaient fort nombreux. L'altération qu'ils subissaient semblait commencer dans les cellules des rayons médullaires contiguës. Ces cellules se dilataient d'abord, et souvent assez pour comprimer les laticiferes, puis elles se dissolvaient. Cependant la dissolution de ces cellules arrivait aussi quelquefois sans que les latici- feres eussent perdu leur forme cylindricpie. Dans ce cas, la membrane de ces vaisseaux était seulement jaunie et environnée d'une substance amorpbe résultant de la dissolution des cellules. Mais, fréquemment aussi, la mem- brane du laticifère s'épaississait sur une partie de son pourtour; ensuite elle se décomposait en plusieurs strates minces, à la manière des cellules subissant la transformation gommeuse. Cette décamijosition s'étendait peu a peu à toute la péripbérie du vaisseau ; enfin la dissolution «le celui-ci avait lieu. Il ne restait alors qu'une matière sans forme, avec quelques débris membraneux à la place du laticifère et de quelques cellules du rayon médullaii-e. » Ce fait me semble être de quelque utilité pour la physiologie. L'état morbide de cette plante, paraissant commencer par l'altération des latici- feres, n'indique-t-il pas que ces organes jouent un rôle plus important que celui qui, selon certains analomistes, consisterait à recueillir des matériaux inutiles à la végétation? » CHIMIE INDUSTRIELLE. — Sur un nouveau procédé de fabrication directe de l'acier fondu au moyen des gaz. Note de M. Aristide Bérard, présentée par M. Combes. « De toutes les questions métallurgiques qui préoccupent l'attention publique, celle de la production de l'acier dans des conditions certaines de fabrication et de bas prix est sans doute au premier rang. » On a remarqué depuis longtemps qu'en raison de la composition de la fonte, du fer et de l'acier, celui-ci étant plus rapproché de la fonte, il devrait y avoir moins à faire pour transformer celle-ci en acier qu'en fer. » Déjà, il y a quelques années, un célèbre métallurgiste anglais, M. Bes- semer, produisit une très-vive sensation par l'annonce d'un procédé nou- veau de transformation directe de la fonte en acier sans l'emploi d'aucun ( i353 ) combustible. Les moyens employés s'écartaient tellement du mode ancien de fabrication, que beaucoup de métallurgistes nièrent la possibilité du succès; cependant le nouveau procédé est passé dans le domaine pratique de l'industrie, et ses produits sont livrés journellement au commerce. Mais on se demande encore si c'est bien là du véritable acier; si, comme on le dit en Angleterre, le métal Bessemer est bien susce|)tible de recevoir la trempe et d'être refondu plusieurs fois sans altération trop sensible. » A l'exception d'un petit nombre de fontes exceptionnellement pures, la plupart renferment en proportions variables, outre le carbone, le sili- cium, l'aluminium, etc., du soufre et du phosphore très-nuisibles à la qua- lité du fer ou de l'acier, et qu'il faut éliminer complètement. » Pour atteindre ce but, j'opère sur la fonte liquide alternativement par voie d'oxydation et de réduction. )) Les agents employés, tant pour développer la chaleur nécessaire à l'opération que comme réactifs, sont les gaz. M Le fourneau dont je fais usage est un four à réverbère à deux soles mobiles d'un système particulier, qui rend l'entretien et les réparations faciles. » Un autel sépare ces soles : svu' lui repose une couche de coke que les gaz auront à traverser, en sorte que l'oxygène libre sera absorbé au pas- sage : des clapets ou valves sont disposés de telle sorte, que le courant des gaz peut passer à volonté de la sole droite vers la sole gauche ou récipro- quement. Lorscju'on agit sur la sole droite par voie d'oxydation au moyen de tuyères à air, on agit en même temps sur la sole gauche par voie de ré- duction à l'aide de tuyères à gaz hydrogène mêlé d'oxyde de carbone préa- lablement épuré de soufre. Après douze à quinze minutes de cette double réaction, les courants sont renversés, en sorte que l'action réductive se substitue à l'action oxydante, et vice versa. On fait ainsi se succéder ce tra- vail à double effet pendant un temps dont la durée dépend du degré de pureté de la fonte soumise à l'opération. La dernière période du travail est consacrée à la décarburation, et lorsque, par des prises d'essai qu'on renou- velle aussi fréquemment que l'on veut, on voit que la matière en traite- ment est arrivée à l'état convenable, on suspend le travail et on procède à la coulée comme pour une simple coulée de fonte de moulage au réverbère. On est ainsi complètement maître de l'opération, que Ton amène comme on veut au degré convenable suivant la nature du produit que l'on désire obtenir. C. R. i865, I" Semestre. (T. LX, N» 26.) ' 7^ ( f354 ) » Voyons actuellement ce qui se passe dans celte série d'oxydations et de réductions. » Pendant la période d'oxydation, luie partie du fer de la fonte est trans- formée en protoxyde de fer : les métaux terreux, tels que le silicium, l'alu- niinium, le calcium, le magnésium, sont transformés en oxydes qui tendent à se combiner avec l'oxyde de fer pour former des silicates multiples. Le soufre, le phosphore, l'arsenic passent peut-être en petite partie à l'état d'acide sulfureux, d'acide phosphoreux, d'acide arsénieux qui sont entraînés par le courant vers la cheminée et sont détinitivement éliminés. » Dans la période de réduction, l'oxyde de fer seul, resté libre ou en combinaison encore peu fixe avec la faible proportion de silice produite, est ramené sous cette température à son radical par l'action de l'hydrogène et de l'oxyde de carbone, et rentre en dissolution dans le bain. Quant aux oxydes des métaux terreux, ils ne peuvent être réduits dans ces conditions et restent en combinaison en formant des scories pauvres en fer qui sur- nagent. Enfin, le soufre, le phosphore et l'arsenic forment avec l'hydro- gène des composés sulfurés, phosphores et arséniés qui se dégagent. » Ainsi, I ar l'action de l'oxydation aussi bien que par celle de la réduc-, tien, le soufre, le phosphore et l'arsenic tendent à être éliminés. » Quant au carbone de la fonte, qui est briîlé pendant l'oxydation, une partie est restituée à la fonte par l'oxyde de carbone dans la période de réduction et par les matières charbonneuses dont la sole est formée, en sorte que la décarburation est ainsi relardée pour donner le temps aux matières nuisibles étrangères d'être éliminées. » Le manganèse joue lui rôle peu défini encore, mais dont l'effet certain est de faciliter la conversion de la fonte en acier. » Pour agir, ainsi qu'il vient d'être dit, alternativement par voie d'oxy- dation et de réduction, une difficulté pratique se présentait. M L'oxydation a pour effet de déterminer une élévation notable de tem- pérature, tandis que la réduction produit un effet inverse, c'est-à-dire un abaissement sensible de la chaleur, qui ne tarderait pas à faire figer le bain métallique et arrêterait l'opération : il a été pourvu à cela en rendant en quelque sorte solidaire le travail des deux soles et en faisant réagir la haute température de la sole d'oxydation sur celle de réduction. La tem- pérature est ainsi maintenue à peu près égale des deux côtés et toujours très-élevée. » Par ce procédé, dans une seule et même opération la fonte est fondue, débarrassée des corps étrangers qui nuisaient à la qualité des produits et ( i355 ) tiansformée en acier plus ou moins carburé suivant la ilestinalion qu'on se propose de lui donner. I.e déchet est réduit au niiniiiuiin : on est maître du travail ; et si encore toutes les fontes ne peuvent être amenées à donner des aciers supérieurs, le nombre des variétés susceptibles d'être transformées est singulièrement augmenté. » C'est à Dccazeville que j'ai établi mes premiers appareils, où je traite looo à I 200 kilogrammes de fonte par opération. » L'acier obtenu n'est point un produit spécial, jouissant de propriétés particulières : c'est réellement l'acier que nous connaissons, possédant toutes les qualités de l'acier fondu, grain fin, homogène et serré, doux au travail, pouvant être refondu sans altération appréciable, et prenant bien la trempe, susceptible par conséquent de toutes applications industrielles pour la confection des outils, etc. » J'aurai l'honneur d'adresser à l'Académie des Sciences, si elle le per- met, un Mémoire détaillé sur les résultats obtenus dans mes travaux à Decazeville et sur ceux auxquels je vais me livrer dans un autre établisse- ment métellurgique important. » CHIMIE. — Sur la constitution de l'acide tiyponiobique et de iacide tantalique et sur leur association datu te règne minéral. Note de M. C. Marigs.'H:, présentée par M. Dumas. « J'annonçais il y a quelques mois que le fluorure hyponiobique, en se combinant avec les divers fluorures métalliques, forme un groupe de com- posés qui correspondent exactement par leur degré d hydratation et par leurs formes cristallines aux deux groupes des fluotitanates et des fluoxv- tungstates, renfermant l'un le fluorure de titane Ti F*, l'autre l'oxyfluorure de tungstène WO" F'. Et comme l'analyse montre que le fluorure hypo- niobique contient 3 atomes de fluor, j en concluais qu'il devait être nécessairement un oxyfluorure NbOF^, et que l'acide hyponiobique avait pour formule Nb-O'. » Après divers essais infructueux, j'ai trouvé la démonstration expéri- mentale de l'exactitude de cette hypothèse dans une réaction très-simple. Le sel de potasse, auquel j'attribue la formule NbOF% 2K.F, se change en effet, en présence d'un excès d'acide fluorhydrique, en un véritable fluo- rure double NbF', 2KF, que l'eau décompose à son tour en fluoxyhy,'0- niobate et en acide fluorhydrique. Ce sel pouvant être fondu avec de l'oxyde de plomb sans rien perdre de son poids, on ne peut y supposer la pré- J76.. ( i356 ) sence d'acido fliiorhvdrique, et sa compositiot) ne peut laisser aucune in- certitude sur la constitution du fluorure hyponiobique, et, par conséquent, sur celle de l'acide correspondant. » Un changement de nom pour l'acide hyponiobique est donc absolu- ment nécessaire. Celui d'acide oxyniobique, auquel j'avais d'abord pensé, ne permettrait pas de donner une dénomination précise au fluorure double dont je viens de parler. Aussi, malgré l'inconvénient qu'il y a à changer le sens d'un nom qui est encore usité, je crois qu'il conviendra de reprendre simplement pour cet acide le nom d'acide niobiciue qui est celui que H. Rose lui avait primitivement donné. Les fluorures doubles que j'ai étudiés de- viendront ainsi des fluoxyniobates et des fluoniobates. Quant à l'acide nio- bique de Rose^ qu'il avait d'abord désigné sous le nom <.V acide pélopique, si son existence et la composition qu'il lui avait attribuée se confirment, on pourrait l'appeler acide niobeux. Ces deux acides présenteraient alors les mêmes rapports de composition que l'acide anlimonique et l'acide anti- monieux, M J'ai maintenant à signaler quelques faits relatifs à l'association de l'acide niobique et de l'acide tantalique. » La niobite ou columbite du Groenland (densité = 5,36), sur laquelle ont porté mes premières recherches, ne m'a paru renfermer que de l'acide niobique. Ayant traité plus tard une columbite de Haddam (densité = 5,85), j'ai constaté qu'elle renferme au moins lo pour loo d'acide tantalique. Je dois à la libéralité de M. de Kobell d'avoir pu traiter une quantité suffisante de columbite de Bodenmais (densité = 6,06), pour déterminer la nature de ses acides métalliques. J'y ai trouvé au moins 35,4 pour 100 d'acide tanta- lique et environ ^5,6 d'acide niobique. Déjà M. Hermann avait analysé jadis un échantillon de celte localité, dans lequel il avait trouvé 25 pour 100 d'acide tantalique. D'ailleurs l'acide niobique extrait de ce minéral ne m'a présenté aucune réaction qui le distinguât de celui des niobites du Groenland. » Le remplacement d'iuie aussi forte proportion d'acide niobique par l'acide tantalique, sans qu'il en résulte de changement dans la forme cris- talline de ces minéraux, ne peut se concilier ni avec la formule Ta'^O', que Berzélius avait attribuée jadis à l'acide tantalique, ni avec celle que Rose lui a plus tard substituée TaO". Il rend probable au contraire pour cet acide la formule Ïa'-O'. Le fait suivant me laisse peu de doute sur la néces- sité de ce changement. » Ayant obtenu, par le traitement des columbites de Haddam et de ( «357 ) Bodenmais, une assez grande quantité de fluotantalate de potasse, j'ai pu- rifié et analysé ce ïel avec les plus grands soins. Les résultats de mes ana- lyses, trés-rapprochés du reste de ceux qu'avaient obtenus Berzélius et Rose, montrent que le rapport entre le fluor du fluorure de potassium et celui du fluorure de tantale est de 2:5. De plus j'ai constaté que ce fluotan- talate présente exactement la même forme cristalline que le fluoniobale NbF^, 2KF. 11 me paraît donc hors de doute que sa composition doit s'exprimer pnr la formule TaF', 2 KF, ce qui nécessite aussi de formuler l'acide tantalique Ta-0'. Il résulterait de là, en se basant sur les analy.ses du chlorure de tantale de H. Rose, que le poids atomique du tantale se- rait 1 72, et l'équivalent de l'acide tantalique f^il\. » Les diverses analyses de columbites et de tantalites s'accordent très- bien avec ces formules. On aurait deux termes extrêmes : Tantalite Ta'0% FeO Niobite Nb'O', FeO » Les tantalites de Rimito, dont la densité est d'environ 7,5, présentent une composition qui correspond exactement à la première formule. La niobite du Groenland, densité 5,36, nous offre un exemple du second tvpe. Entre ces termes extrêmes se placent les diverses variétés de columbite. » Au reste je m'occupe dans ce moment à analyser les columbites de diverses localités, pour voir si les différences de densité qu'elles présentent ne sont pas toujours en rapport direct avec les proportions relatives d'acide niobique et d'acide tantalique qu'elles renferment. i> Enfin je dois signaler un fait qui pourrait bien compliquer ces rap- ports : c'est que l'acide niobique est accompagné, certainement dans les columbites de Haddam et de Bodenmais, peut-être bien aussi dans celle du Groenland, d'une très-petite quantité d'un autre acide métallique, qui me paraît distinct de tous ceux que je connais. Il donne naissance à un fluosel de potasse qui paraît isomorphe avec le fluoxyniobate, mais qui est bien moins soluble. Je n'ai pu en obtenir jusqu'ici qu'une si petite quantité, qu'il m'est impossible d'exprimer une opinion sur sa nature. Mais je crois que la proportion en est trop faible pour modifier d'une manière bien sensible les propriétés et la composition des sels que j'ai étudiés. » Ta'O^ 424 85,5 FeO 72 '4,5 496 100,0 Nb'O' 268 78,8 FeO 72 340 ■21,2 ÎOOjO ( x358 ) CHIMIE INDUSTHIELLE. — Sur l'emploi du biphosphate d'diumiiie dans la fa- hricaliou du sucre. Note de M. L. Kessler-DesviCiNes , présentée par M. Dumas. « M. Alvaro Reynoso, dans une Note présentée à l'Aciidéiuie dans sa séance du 19 juin, a proposé l'emploi du bi|ihosph.ite d'aliniiine pour le traitement des jus sucrés. » Je viens réclamer devant l'Académie l'antériorité de l'application de ce sel dans ce traitement. » Dans mes brevets du i5 mars 1861 et du 3i décembre 1862. j'ai décrit non-seuicmont l'usage du biphosphate d'alumine, tel que M. A. Reynoso l'indique d'une manière générale, mais encore j'ai fait connaître plusieurs manières différentes de l'appliquer. B J'ai insisté notamment sur l'avantage que ce sel présente et qui paraît l'avoir frappé également, celui d'être transformé par la chaux et par son carbonate eu produits complètement insolubles, agissant à la manière de l'alumine dans les laques. » J'ai ajouté qu'il en était de même des fluorhydrates et du fluosilicate d'alumine, que je suis arrivé à pouvoir fabriquer et livrer à des prix extrê- mement bas. » Je me suis servi du biphosphate d'alumine à diverses reprises; mais, dans la pratique industrielle, j'ai été amené à lui préférer le biphosphate de magnésie qui produit des effets tout aussi énergiques et offre, outre une innocuité supérieure, quelques avantages spéciaux et un prix plus abor- dable. » Contrairement, en effet, aux probabilités chimiques, l'expérience m'a prouvé surabondamment que l'emploi du biphosphate d'alumine n'ajoute rien à l'effet produit par le sel de magnésie correspondant. » Jusque-là, je suis d'accord avec M. Reynoso, mais il m'est impossible de m'associer à sa manière de voir quand il assimile l'action de ce corps à celle du sous-acétate de plomb, attendu que ce dernier agit en précipitant directement les produits gommeux et mucilagineux, et non, comme les bi- phosphates précités, en les entraînant partiellement dans les précipités for- més par la chaux, et attendu surtout que les jus défèques le mieux possible avec ceux-ci précipitent encore très-abondamment par l'acétate de plomb basique, même après une neutralisation convenable. » M. Reynoso, en ne distinguant pas d'ailleurs certains modes d'emploi C i359 ) et d'action très-dislincts du hiphosphate d'alumine, donne prise à ce qu'on lui oppose d'autres antériorités, notamment en ce qui concerne l'applica- tion de ce sel à des sirops de raffinerie ou à des jus préalablement déféqués par les moyens connus. » H ne paraît avoir ni remarqué ni utilisé l'action antiseptique de ce corps contre les fermentations visqueuse et lactique; observation impor- tante cependant, et qui, ainsi que l'application que j'en ai faite, présente un caractère de nouveauté. » Il ne s'occupe pas davantage de l'action |)ropre des phos|)hates acides sur les jus naturels qu'ils précipitent et cju'ils permettent de déféquer à froid, car il n'est pas question dans sa Note de la séparation des dépôts ainsi engendrés avant l'addition de la cliaux. » On sait le parti que j'en ai tiré pour faire de l'extraction du jus et de ce genre de défécation une seule et même opération. » Il se tait enfin sur les conditions nouvelles dans lesquelles il importe de se placer pour obtenir, dans les défécations à l'aide de ces agents, un parti avantageux, et sur lesquelles j'ai attiré l'attention en les nommant des défécations neutres. » L'emploi de la magnésie, de l'alumine et de divers agents de défécation peu basiques sur les jus naturels qu'ds dépouillent facilement de leur cou- leur, tandis qu'ils sont impuissants à enlever la teinte jaune des jus ordi- naires de fabrique, m'ayant démontré que cette couleur ne préexiste pas, que par suite, et pour d'autres motifs non moins importants, il convenait de ne pas se placer dans les conditions qui produisent celte coloration, je me suis attaché depuis à ne plus faire subir aux jus à chaud que des défé- cations neutres, c'est-à-dire présentant une très-faible alcalinité, quitte (pour la betterave) à les compléter après la séparation des dépôts avec une plus forte proportion de base. » Il ne faut donc voir, selon moi, dans l'intervention du hiphosphate d'alumine, qu'un des nombreux moyens à l'aide desquels on peut réaliser une défécation neutre. » Cette donnée générale, à laquelle M. Reynoso ne semble pas avoir rat- taché le succès qu'il a obtenu avec le hiphosphate d'alumine, représente une méthode de défécation bien distincte et porte en elle un caracttre de nouveauté que j'ai consigné dans mes brevets. » Il m'a paru nécessaire de rappeler ici ce qui, dans l'emploi de tels corps, était nouveau, afin que l'on n'invoque pas, comme ou l'a tait récem- ment, contre des procédés fondés sur des mudes d'emploi particuliers des ( i36o ) hiphosphates, des antériorités qui ne sont basées que sur le nom seul de ces substances, car on ne les a employés évidemment encore que pour produire des effets différents. I) Je n'en suis pas moins heureux de la sanction que l'expérience de l'habile chimiste de la Havane, dont je ne mets nullement en doute la parfaite loyauté, est venue donner à mes procédés dont il ignorait évidem- ment Icxistencc. » MM. Vee et Levex, dans une Lettre adressée à M. le Président, de- mandent que leur Mémoire relatif aux propriétés chimiques d'un alcaloïde extrait de la fève de Calabar, présenté dans la séance du 5 juin et qui a été renvoyé à l'examen d'une Commission spéciale, soit admis au concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie. (Renvoi à la Commission des prix de Médecine et de Chirurgie.) M. Oletti PiETRO, qui, en i863, a présenté, pour le concours du grand prix des Sciences mathématiques, question de la théorie des marées, un appareil destiné à faire connaître en même temps l'heure moyenne et celle de la haute et de la basse mer, et qu'il nomme horloge luni-sotaire, écrit pour demander quel est le jugement qu'a porté sur cet appareil la Commission des marées à l'examen de laquelle il avait été soumis. Cette Lettre est renvoyée à la Commission des marées. M. HiJBEKWALu annonce qu'il a trouvé pendant une longue pratique dans les pays tropicaux une thérapeutique du choléra jusqu'alors inconnue, et demande à connaître les conditions du concours du prix Bréant pour lequel il serait disposé à envoyer un Mémoire faisant connaître sa méthode de traitement. M. Markidès adresse un opuscule en grec moderne sur la nature des comètes, dont il avait annoncé l'envoi dans sa Lettre mentionnée dans l'une des dernières séances. A 5 heures l'Académie se forme en comité secret. La séance est levée à 5 heures trois quarts. C. ( .36i ) BULLETIN BIDLIOGRAPIIIQL'E. Ij'Académie a reçu dans la séance du 26 juin 1 H65 les ouvrages dont voici les titres : Mémoires de l^ Académie impériale de Médecine, t. XXVI, ■ 2^ partie. Paris, 1 863-1 864; in -4° avec G planches. Trnilé élémentaire des appareils à vapeur de navigation ; par A. Ledieu, t. et 11. Paris, 1862 et i865; 2 vol. in-S^aveca atlas in-4°. Animaux fossiles et Géologie de TAttique, d'aprî-s les recherches faites en 1 855-56 e< en 1860,50115 les auspices de l'Académie des Sciences; par Albert Gaudky; 12^ livraison. Paris; in-4" avec planches. De la paralysie [dite essentielle) de l'enjance, des déformations qui en son la suite, et des moyens df remédier; par le D"^ J.-V. Laborde. Paris, 1864 ; in-8°. (Destiné an concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie de i865.) Traité de la pellagre d'après des observations recueillies en Italie el en France, suivi d'une En(iuète dans les asiles d'aliénés; par le D'' E. BiLLOD. Paris, i865; in-8''. (Présenté, au nom de l'auteur, par iM. Rayer.) Dictionnaire encyclopédique des Sciences médicales, publié sous la direction de MM. les D" Raige-Delokme et A. Dechambre; t. II, 2" partie, ALB-ALG. Paris, i8G5; in-S". (Présenté par M. Velpeau.) Histoire d'un concours. Lettre adressée à M. Laugier, vice- président de l'Académie des Sciences de Paris, par M. Catalan. Liège, i8()5; br. iii-8°. Address al ihe anniversaty meeting of the royal Geographical Society; by sir Roderick I. MuRCHiSON. London, i865; in-S". Mechanische Leislung IFarmeentwickelung und Stoffumsatz bei der iMuskel- thàligkeit, ein Beitrag zar Théorie der Muskellirafte ; von prof. D"' R. Hei- DENHAIN. Leipzig, 1864 ; in-8''. (Présenté, au nom de l'auteur, par M. Cl. Bernard, et destiné au concours pour le prix de Physiologie expérimentale de 1866.) Ueber dns Vorkommcn eines eigenlhiimlichen, Blut imd Hamaloidin enthal- tenden Deutels, an der Placenta der Fischoller [Luira vulgaris); von D''Th.-L.-W. BiSCHOFF. (Extrait des Silzungsberichte der konigl. bayer. Akademie der IVis- senschaften.) In-8°. C. R., iSG5, I" Semestre. (T. LX, N» 2C.) ' "7 ( i362 ) Bemerkiiiig iiber der Oit der Befruchtung der Sàwjelhier-Eier; von D' Th.- L.-W BisCHOFF. Quart de feuille in-S*". Àtli délia Società iloliana di Scienze naturali, vol. VII, aniio 1864. Mi- lano, 1864 ; in-S". Inlorno ad un passo délia Divina Commedia di Dante Allighieri. Lettera del prof. Ollaviano-Fabrizio MOSSOTTI a B. Boncompagni, seguita da una Nota intorno a qiiesla lettera. Roma, i865-, in-4°. (Présenté par M. Chasles.) Sur la nalure des comètes ; par M. D. MarkidèS. Athènes, i865; br. 10-8° on grec moderne. FUS DU TOME SOIXANTIEME. COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE LACADÉMIÊ DES SCIENCES. TABLES ALPHABÉTIUUES. JANVIER- JUIN i8G;>. TABLE DES »IATIÈRES DU TOME LX. Pajos. Acétone. — Note de M. Friedd sur iino nouvelle synthèse do racétono gSo AcÉTOpynoi'HospiiATES. — Recherches sur ce genre de sels; par M. Mcnsclmlkin. . . . 53i Acide AZOTiyvE. — Sur quelques propriélés de cet acide ; Note de M. D'wtzt'nbavlwr. 1022 Acide benzoïque. — Sur un nouveau modo de prcpnralion de l'acide benzoïque; Note de MM. P. et E. Dcpouilly 456 Acide cardomque. — Nouvelles CNporionces sur la décomposition de cet acide par les feuilles exposées à la lumière; Note de M. Jjniissiiignull 872 Acide ciiuomique. — Son action sur l'aniline ; Note de M. Dchau.r 1 100 Acide nitrique. — Sur la transformation d(3 l'oxyde nitreux (protoxyde d'azote) en acide nitrique et en ammoniaque; Note de M. l'enoz 443 Acide tut.micylique. — Notes de M. Kaquct sur un acide aromatique supposé nou- veau auquel il donnait ce nom. 505 et 603 Acides gras. — De la |>ré[)aration des sa- vons et des acides gras propres à la con- fection des bougies; Note de M. Mègc- Monrics !.. ^35 Acides gras volatils. — Sur une méthode générale de synthèse de ces acides; Note de M. Harnilz-Haniitzky 923 Acier. — Sur un nouveau procédé de fabri- cation directe de l'acier fondu au moyen des gaz ; Note de M. A. Bcrard 1 352 C. B., i865, \" Semestre. (T. LX.) P.i(;cs. Acoustique. — Sur la réflexion du son ; Noie de I\[. f'ionnoh 458 Aéronautique. — Plan d'un nouvel aérostat adresse par M. .'i.\ et C3G — Machine pneumatique construite sur un nouveau principe; Note do M. Deleuil. 571 — Sur une nouvelle cuisine à vapeur ; Note de M. Egrot 8G4 — Applications diverses du chalumeau do . Brouk ; Note de M. Gouron f)38 — Un nouvel appareil de fdtrage de l'inven- tion de M. (,'//««//■«/; est mis par 51. Coste sous les yeux de l'Académie 1 1 3o — Note sur une nouvelle boussole; par M. Ritchie 1 3oa — M. GuYon est autorisé à reprendre sa Note sur une machine à filer le chanvre. a4a Arc-en-ciel. —Nouvelle Note sur ce météore ; par M. Raillard 1287 Armes a feu. — Sur le perfectionnement des armes à feu; Notes de M. Séguier 809 et 8G9 Remarques de M. Morin à l'occasion do la seconde de ces Notes 871 Astéro'i'des. — Voir l'article Etoiles filantes. Astronomie. — Recherches sur l'équation personnelle dans les observations do passage : sa détermination absolue, ses lois et son origine; Note de M. JVolf.. 12G8 Voir aussi aux articles Comètes, Plu- notes. Astronomie nautique. — Sur les principes d'un instrument pour observer le pas- sage de la Lune dans le vertical d'une étoile ; Note de M. Kericuff 572 Atlas célestes. — Note de M. Babinet ac- compagnant la présentation de l'Atlas céleste de M. Dien C32 Atomique (Théorie). — Sur la théorie ato- mique et sur la théorie de l'atomicité ; Note de M. Kcl.ulé 1 74 Azote (Protoxyde d'). — Sur la transfor- mation de l'oxyde nitreux (protoxyde . d'azote) en acide nitrique et en ammo- niaque (les composés binaires qui lui ont donné naissance); Note de M. Persoz. 443 178.. ( i3GG ) B Pages. Balistioi'e. — Sur le fielinge dos bouclics à feu ; Noie de M. Ilrnilc (jGn Dahomètuf.s. — Descii|ilion d'un i!Ou\c\ui baiomètre ; Nulo de M. / irr\ 4 ' (J — Sur un baromètre à air; Noie de M. Sul- v/ilorc Montlini) l'ilG BAnosiÉmiyi ES (OnsEiivATio.Ns). — Sur les pressions baromé(ri(|ues du qlobo ter- restre : résultats des obscrvalion* faites à la mer pendant le voyage de l' Astro- labe et /(/ Zélée, de 1837 à 1840, sous le commandement de Dnmont-d'Urville; Mémoire du M. Coiipvritt-LcsbDis 476 BErrER.vvES. — Reclierelies cliimiques sur celte racine; par M. Cdir/nvindcr i54 BENZYLinÉNE. — Siir le bromure debenzyli- déne et sur deux liydrocai bures qui en dérivent; Note de MM. Mklicul.\o/i et Lippiiuinn 721 Bolides. — Sur un bolide observé à Paris et à Sèvres le 17 février; Notes de M. fll- liers du Terra ge et de M. Dumas 457 t't 458 P.ljJOS. — Sur un bolide observé à Met/, le 20 avril 1 805 ; Noie de M. De tii_ AV 8 jS — Sur les globes tilanls ou bolides ; Note de M. Ciiuli'icr-Cravier 1201 Bore. — Sur les combinaisons du bore avec les corps halogènes ; Note de M. NitUcs. 800 Botanique. — Considérations sur la flore do la Nouvelle Calédonie; par M. i?7o«^v//V//r. 04 1 Bûissoi-ES. — Note de M. Riicliie sur une nouvelle boussole \Zoi BiioMtRES. — Sur l'existence du bichlorure de manganèse et ses congénères du brome et de l'iode; Note de M. Xicl.lès. 479 — Sur les combinaisons du bore avec les corps halogènes : bromure de bore ; par le inéiiie 800 — Sur le bromure de benzylidènc et sur deux hydrocarbures qui en dérivent ; Note de MM. Micitaelson et lAppinanii. 721 Bulletin DiBi.ioGnAPiiiQij'E. — 30, 87, i34, 181, 242, 35J, 425, 4O0, 49.5, 538, 573, (^■^7, 1^77, 75'. 865, 938, 98a, 104G, iio3, 1217, 1253, i3io, i3Gr. c Calculs (Maciii.nes a). — Mémoire sur une nouvelle machine de ce genre ; par M. de Guigné ICI Candidatures. — M. Ricluird, du Cantal, prie l'Académie de vouloir bien le compren- dre au nombre des candidats pour la ])lace de Correspondant do la Section d'Économie rurale vacante par suite du décès de M. Parade 25 — M. de J ergaette-Liintntte adresse une semblable demande , . 343 — Lettre de M. te Minisire de rinsiruclinn /luhliijue invitant l'Académie à lui pré- senter deux candidats pour la cliaire de ZoelnL;ie vacante au Muséum d'Histoire naturelle loig — La Section de Zoologie préiiare une liste de candidats ]iour cette place. L'Acadé- mie désigne, par la voie do scrutin et |.ré-enli^ connue candidats à M. le Mi- nislie de l'Instruction iiubliipie: i'\M.Z,c(- cdze-Dutliiers ; 2° M. L. Roussemi 1 126 Carbonates. — Sur une condnnaison nou- velle d'eau cl de carbonate de chaux ; Note de M. Pelnuze 4^9 Cabdures d'hydrogène. — Sur un nouveau carbure, le valylène, dérivant de l'amy- lène, par la soustraction de H' ; Noie de M. Rehoul 8o3 Caséine. — De l'afHnité de la caséine pour les acides et des composés qui en résul- tent; Noie de M.M. Millon et Coinnwille. 8 et 859 Chaleur. — Sur les ])hénomènes calorifi- ques qui accompagnent la formation des comliinaisons organiques; Note de M. Berthehl 485 et ^27 — Sur les chaleurs latentes; Noie de M. Dupré 339 — Recherches expérimentales sur la théorie mécanique de la chaleur; par M.M. Tresea et C. I.-pol;dre. — Voir à Poudre-Coton. Cristallisatio.n des solutions sursaturées. — Voir à Sursaturées (Solutions). Cristallographie. —Recherches sur la force cristallogénique ; par M. Kuhtnuinn (suites) 1006 et 11 15 — Sur la dilatation du diamant et du prot- oxyde de cuivre cristallisé sous l'in- lluence de la chaleur ;Note deM. Fizeau. iiGi — Sur la propagation et la polarisation de la lumière dans les cristaux ; Note do M. Snrnni 1174 — Lettre de M. Kern concernant une Note précédente de M. Lcwizzari sur certains pliénomènes des corps cristallisés J 198 Cyanogène (Co.mposés du). —Sur le cya- nure de cuivre ammoniacal; Nolo de MM. H. Sr/iiff et ^fc//( 33 — M. Z^Z/cOTc/m/, à l'occasion de cette com- munication, soutient, contre l'opinion de MM. SehilT et Bechi, cpi'un cyanure de cuivre dont il avait précédemment fait connaître la composition est dilTérent de celui qu'ils ont analysé 1 142 — Sur la formule du chlorure de cyanogène liquide; Note de M. Scdet 535 — Action du cyanate do potasse sur l'éther monochloracélique ; Note de M. Snjtzelf. C7 1 D DÉCÈS. — M. /(■ Président annonce à l'Aca- démie la perte qu'elle vient de faire dans la personne do ^L Vrdenciennes, Mem- bre de la Section de Zoologie, décédé à Paris le i3 avril i8G5, et donne lecture de la Lettre dans laquelle M. Valencien- nesfdsfait part de cette triste nouvelle. — L'-iVcadémie apprend la mort do M. L/wi Diifour, Correspondant de la Section d'Anatomie et de Zoologie, décédé le 18 avril i8G5 — L'Académie apprend par une Lettre de 753 809 M. Mdttcucci la perle d'un de ses Cor- respondants pour la Section d'Économie rurale, M. Ridoifi, décédé à Florence le 5 mars i8G5 5i8 DÉCRETS IMPÉRIAUX. — Décret confirmant la nomination de M. Foucault à la place vacante dans la Section de Mécanique, par suite du décès de M. Vhipeyron. . . i85 — Décret confirmant la nomination de W.lxiiulin {\\à ])lace d'Académicien libre vacante par suite du décès de M. l'Ami- ral du Pelit-Thouars , . . 54 1 ( '369 Pages. ) — Décret aiilorisanl l'Académie à accepter le legs Dalmont 1019 DÉGLUTITION. — Expériences physiologiques sur la déglutilion faites au moyen de l'autolaryngoscopie ; par M. Guinicr. . . 909 Densités. — Sur les densités de vapeur ano- males; Note de M. If'urtz 728 Dialyse. — De son applications la recherche des substances loxiciucs; Kotede M. Re- l'ril 453 Dilatation. — Sur la dilatation du diamant Pages. et du protoxyde de cuivre cristallisé sous l'inlluence de la chaleur; Note do M. Fizcnu 1 161 Dissociation. - Noie de M. H. Sainte-Claire Dcrillc sur la dissociation de l'oxyde de carbone, des acides sulfureux, chlorhy- drique et carbonique; décomposition de l'ammoniaque Sij — Du lihénomène de la dissociation dans les llammcs homogènes; par le mcinc 884 E Eau. — Sur la cristallisation de l'eau; Note de M. Vionnois 420 — Remarques de M. Elie de Beaumont au sujet de celle communication 4^1 Eaux de rivières. — Réponse à cette ques- tion : Quelle eau boivent les Parisiens? Note de M. Robinet 23; — Du canal de Marseille et de son limon dans leurs rapports avec la Crau. — De l'élimination des eaux publiques après qu'elles ont servi aux besoins de la po- pulation : application à Marseille; Notcsdo M. G/v/«c(«f/, de Caux. 122 et 616 — Du colmatage au point de vue de l'hygiène et de l'agriculture ; Note de M. Boiirguet. 225 Eaux minérales. — Sur le gisement des sources minérales du département du Gers, et sur les relations qui les ratta- chent au système des Pyrénées; Note de M. Jarqiiot 967 — Diminution lente et oscillations delà thcr- malité des eaux mmérales sulfureuses de Bonne; Notes de M. Schnepp.. 1094 et ii45 — Sur l'électricité développée dans les eaux sulfureuses de Bagnères-de-Luchon; Note de M. Lainhron 238 — Do l'électricité développée au contact des eaux minérales avec les corps environ- nants, inertes ou vivants; Note de M. Scoutctten 1299 — Recherches expérimentales sur l'action des eaux minérales administrées comme bains; absorption par la peau ; Mémoire de M. de Laurès 629 — Études sur les eaux minérales phospha- tées ferrugineuses ; par M. Samlras. ... i i(Jo Éclairage. — Application de la lumière élec- trique (tubes doGeisler) à l'éclairage sous l'eau ; Note do M. Gerçais C09 Éclipses. — Observation de l'éclipsé annu- laire du Soleil du 3o octobre 1864 à Sainte-Catherine (Brésil); Note de M. Mouchez 114 — Remarques adressées à l'occasion de cette communication ; par M. Liais 17a — M. Liais demande et obtient l'autorisa- tion de reprendre temporairement des figures qui accompagnaient les obser- vations qu'il a faites au Brésil sur l'é- clipse du 7 septembre i858. . , 79G — Sur l'éclipsé de Soleil du 25 avril i8G5; Note de M. de Pradns i3o3 — Mémoire sur le calendrier et sur la théo- rie des éclipses; par M. Brgidnct G76 — Sur les ofl'uscations du Soleil : rappel de l'éclipsé solaire du 12 mai 170G, jour indiqué dans une chronique allemande comme ayant offert une de ces offusca- tions ; Lettre de M. Dufoiir 857 Voir aussi VarWdie Etoiles filantes. École Polytechnique. — M. le Ministre de ta Guerre annonce que MM. Le Verrier et Combes sont maintenus Membres du Conseil de perfectionnement de l'École Polytechnique, au titre de l'Académie des Sciences 24 Économie rurale. — Sur l'ensemencement, la production et la consommation du froment en France, en rapport avec les populations et les influences atmosphé- riques ; Mémoire de AL Becquerel 681 — Sur un pied d'orge remarquable par le nombre de ses tiges; Note de M. le Maréchal Vaillant 1 1 G i — Sur la production du fumier par les bêles à laine : rapport entre l'engrais produit et la nourriture consommée; Note de M. Mares I IG — Sur le plâtrage des terres arables; Note de M. Dcliérain 444 — Sur les avantages comparés des marnages et des chaulages en agriculture; Lettre accompagnant un opuscule de M. Ma- sure 98 1 — Sur un dépôt de guano de chauves-sou- ris; Note de M, Hardy 1044 Économie ncnALK. — Sur l'engrais flamand et son emploi ; Note de M. Corcinvirulcr. . 1 192 — Prodiiclion au moyen de la fécondation croisée d'une série de cépages à suc co- loré ; Noie de M. llonsrlict 229 — Sur la culture du Mnhonia ilirifolia ; Note de M. Iliriuiidiii ^72 — Sur les causes de la maladie des pommes de terre et de la vitine. — Sur le mou- vement delà sévc ; Notes de M. Poiilci. 24 — Sur un insecte nuisible à la vigne; Note ■ de M. Polticr 121 7 — La Commission chargée de conslaler les résultats annoncés par M. Tliury rela- tivement aux moyens d'obtenir à volonté, dans la reproduction des espèces do- mestiques de Ruminants, des mâles ou des femelles, annonce que les faits qu'elle a recueillis ne sont pas encore assez nom- breux pour être concluants 494 Voir aussi pour cette question les ex- périences de M. Gerbe sur les lapins; Mémoire de M. Coslc 94 ' Écoulement dvs corps solides. — Circon- stances que présente l'écoulement de la glace soumise à do fortes pressions ; Mé- moire de M. Tresca 3g8 — Rapport sur un Mémoire de M. Tresca intitulé : « De l'écoulement des corps solides » ; Rapporteur M. Murin 1226 Élasticité. — M. .///«, à l'occasion d'une communication récente do IM. Daprr, rappelle un travail sur le même sujet qu'il a lui-même soumis au jugement de l'Académie, en 18G1, et qui n'a pas en- core été l'objet d'un Rapport — Lettre de JL Du pré en réponse aux ob- ser\ ations de M. AUin Électricité. — Sur la propagation de l'élec- tricité à travers les vapeurs métalliques. — Sur les propriétés optiques que déter- mine, dans diverses espèces de verre, le passage d'une décharge électrique ; Notes de M. De Iti Rire 1002 et ioo5 — Sur une loi de Coulomb relative à la lon- gueur limite des corps isolants; Note de M. Ciiiigain G73 — Lois des courants interrompus; Note de .M. Cizin 738 — Rectification des formules communément adoptées pour le condensateur; Note de M. J'dlpiccia 1 335 — Sur un nouveau syslenu; d'éleclro-ai- mants à M découvert, dû à M. Carlier. — lilfets de ces électro-aimants par rap- port à la disposition de la pile; Notes de \i\. Du Moncel 49, iîS et 23i — Recherches sur l'électricité ; expériences ( 1370 ) 675 8G4 P.TgC». concernant le pouvoir des pointes ; Notes Av^X. Pcrrot 180 et 45o — Sur le pouvoir des pointes; Note de ^L Monli^iiy 4 ' ^ — Sur l'électricité déveloi)pée dans les eaux sulfureuses de Bagnères-de-Luchon; Note de M. Lamhrnii 238 — De l'électricité développée au contact des eaux minérales avec les corps environ- nants, inertes ou vivants; Note de M. Scixilcttrn 1 299 — Note de M. Ziiliwski sur la |iile 242 Electriqies ( .\prAREn.s). — Nouvelles piles thermo-électriques formées avec les sul- fures métalliques; Note de M. Edin. Bcajucrel 3 1 3 — Sur un perfectionnement de la pile de Bunsen ; Notes de M. Dttclwmin 458, G3o et iioi — Sur une nouvelle pile thermo-électrique; Note de M. Ainint 459 — Sur un commutateur servant à grouper instantanément les divers éléments d'une pile suivant les expériences à faire et les effets à |iioduire ; Note de M. Lequcsne. 536 — l'arafoudre à pointes multiples; appareil préservateur des lignes télégraphiques ; Note de M. Bertsch 934 — Machine électrique à plateau en soufre; Note de M. Riclier 240 — Jl. Cil. Sdinic-Claire Derille rappelle à cette occasion un procédé imaginé par M. DirtzeriJxirher pour augmenter la plasticité du soufre ■x!\i — Sur l'action du soufre dans la pile vol- taïque ; Note de M. Madciicci 656 — Application de la lumière électrique à l'é- clairage sous l'eau ; Note de M. Gcrims. Gog — Appareil destiné à enregistrer, au moyen de l'électricité, les indications d'un ba- romètre ; Note de M. J . Morin 23 Électrociumik. — Mémoire de M. Km. Martin ayant pour titre : « Étude élec- trochimiipie sur les corps simples réels, pondérables et impondérables, distingués en deux genres par leurs affi- nités propres. — De leur rôle dans les phénomènes de la combustion et de la pile" 777 et 956 ÉLECTnonYNAMiyi'E. — Sur l'établissement des formules fondamentales de l'élec- Irodynamique dans l'hypothèse d'un seul fluide; Mémoire de !\I. Renard no I'"mii\imement.— Voir l'article Monnficalion. Embryologie. — Recherches sur le déve- loppement de l'embryon de la poule à des températures relativement basses; Note de iM . Durestc 74 ( 1^7 Pages. — Recherches sur les œufs à double germe et sur les origines de la duplicité mons- Irneiisochez les Oiseaux; par tciiu'inc. 562 — Sur la ]iroduction artificielle des anoma- lies de l'organisation ; par !<■ mcine 746 — Sur le mode de itruduction de l'inversion É' des viscères ou de l'hétérotaxie. — Sur certaines conditions de la production du nanisme; \iM le mvmc 1-211 et 121 i — Sur une condition Irès-cénéralc des ano- nialies de l'organisation, par le nicmc, 1293 E — Sur les mélamorphoscs des Crustacés ma- rins ; 1' Note de M. Gerbe 74 Émeri. — Sur un gisement exploitable d'é- meri, découvert à Chester (Massachu- setts); Lettre de M. Jdchson à M. Elio de Beaumont 421 E.NSEIGNE.ME.NT. — Voir l'articlc Tiistnctinn piibliijuc. Équivalents chimiques. — Sur la vérifica- tion de la réciprocité des lois de Faraday relatives aux BC|uivalents chimiques; Note de M. B. Renault 224 EnnATA, page 355, ligne 19, au lieu .'/(.'Corin- \vi.\DER, lisez Corenvvi.nder. Pages 343, 355 et 445, lisez de YerGiNETTE-Lamotte. Page 9G4, ligne 3, au lieu de 5o pour 1000, lisez 5o pour 100. Voir aussi aux pages 359, G80, 808, i iGo et i3i I. ÉSERINE, alcaloïde extrait de la fève de Calahar. — Recherches chimiques et physiologiques sur cet alcaloïde ; par MM. /»■ et Lefeii i ig4 — Une Note de M. Le Bon, déposée sous pli ^ ) Pafies. cacheté le 3 juin, contient des remarques sur les propriétés physiologiques d'un alcaloïde existant dans la fève de Cala- bar, maiscpie l'auteiirdo la Note n'avait pu encore obtenir à l'état de pureté... 1290 iTHERS. — Recherches svnthétiques sur les élliers ; Mémoire de MM. Fraidlaad et Duppa 853 - Action du c\anale de potasse sur l'éther monochloracéti(]ue. Note de M. Saytzeif. C71 roii.Es FILANTES. — De l'influence probable des apparitions d'astéro'i'do sur les varia- tions de la température de l'air ; Mémoire de JVI. Ch. Suinte-Cl'iirc Derille 577 - Sur les offuscations du Soleil attribuées à l'interposition des étoiles filantes; Mé- moire de M. Faye G49 - Remarques de M. Le terrier et de M. Ch. Siii/ite- Claire Deville relatives à cette communication G55 - Des perturbations périodiques de la tem- pérature dans les mois de février, mai, août et novembre; Mémoire de M. Cli. Sainte-Claire Deville G96 - Sur les offuscations du Soleil ; Note de M. linehe 80G ■ Sur une prétendue offuscalion du Soleil qui aurait été observée le 12 mai 170G; Note de M. Ch. Dufour 857 ■ Sur les observations d'étoiles filantes pour l'année 18G4; Note de M. Cmdvier- Gravier 4^3 ■ Courbes représentant diverses circon- stances des apparitions d'étoiles filantes ; par le même 980 Fer. — Sur la cémentation du fer. — Théo- rie dos fontes et des aciers; Noies de M. Jullien 35 et 1 59 — Analyse des gaz renfermés dans les caisses de cémentation ; Note de M. Cailletel. . . 344 — Cémentation du fer par la fonte chaunéc au-dessous de son point de fusion; par le inèiue 5G4 — De l'existence du silicium sous deux états dans la fonte, et de leur influence sur la production de l'acier par le procédé Ressemer ; Note de M. Phipson io3o — Sur l'analyse volumétrique du fer con- tenu dans le sang; Note de M. Pelauze. 880 Fermentation. — Note sur la fermentation alcoolique; par M. Berthelut 29 — Sur le dégagement de la chaleur comme produit de la fermentation ; Note de ûf . Bcchanip 24 1 C. R., t8G5, i" Semestre. (T. LX.) — Reclierches sur la nature végétale de la leviïre ; Note de M. Hoffmann G33 'Voir aussi l'article Néfrozj/iiasc. Forêts. — De leur influence sur les climats; Mémoire de M. Becquerel .. . 1049 et 1329 Fossiles (Ossements). — Note de M. Ger- l'aissw le Mesos(nirus teiauilens, reptile dont les restes fossiles ont été trouvés dans r.\friquo australe gSo — Recherches sur les os de VEpiorais niaxi- mus; Note de M. Bianconi 17g Foudre. — Sur la possibilité de trouver des moyens de protection contre la foudre préférables aux paratonnerres; Note do M. Pyrlas G3G — Parafoudre à pointes multiples à l'usage des lignes télégraphiques; Note de M. Bertseh 934 -— Sur la statistique des accidents de foudre; Note de M. Boudin 1 307 ( 13?^ ) Paj;cs. Gaz (Combustion des). —Courbes relevées par iMM. Dcmniult'sir et Schlœsiiig dans leurs recherches sur hi combustion des gaz en vases clos; pièces à l'appui d'un Mémoire précédemment présenté 8G4 GÉODÉSIE. — Sur les figures partielles du sphéro'i'de terrestre; Note de M. Folct- Satiiciifc 4 S'^ GÉOGÉNIE. ^ Lettre de M. Rcicliciiliaclt con- cernant une précédente communication sur des questions de géogénie 8G GÉOGRAPHIE. — Rapport sur un Mémoire de M. Collignon, intitulé : « Recherches sur la représentation plane des surfaces terrestres; Rapporteur M. .Bertrand.. . 702 — Sur la construction des cartes géographi- ques; Note adressée par M. Tissot à l'occasion du précédent Rapport gSS — Remarques de M. Bertrand en réponse à cette Note 934 ~^ Lettres de M. Liais accompagnant l'envoi de cartes gravées, mais encore inédites, d'une partie du Brésil.. 849, 1200 et i3oG GÉOLOGIE. — Communication de M. Élie de Beaumont accompagnant la présentation d'une Note de M. Sisinonda sur un gneiss avec en.ipreinte à'Eriinsctum. . . 492 — Sur la constitution du sud de la province d'Alger ; Note de M. Mares i oîg — Sur une roche magnétique trouvée au Puy-Chopine (département du Puy-de- Dôme) ; Note (le M. Mallard 10G8 — Sur les volcans et les terrains récents du Chili; Lettre do M. Pissis à M. Élie de Beaumont iog,5 — Sur quelques faits géologiques observés dans le bassin du Rio de las Yelhas, un des jirincipaux affluents du San-Fran- eisco ( Brésil ) ; Lettre de M. Liais 1200 Voir aussi les articles Fossiles ( Osse- ments) et Paléontologie. GÉOMÉTniK. — Note de M. Poncelet accom- pagnant la présentation d'une nouvelle édition de son « Traité des Propriétés projeciivcs des figures », t. \" i85 — Note de M. Clidsles accompagnant la pré- sentation d(! la première partie d'un ou- vrage intitulé : K Traité des Sections conicpies » 30- — Présentation par i\I. Chasies d'un travail de M. Uirst sur un mode do transfor- mation des figures planes 6G3 — Sur une projiriété des courbes d'ordre n Pa{;es . n[n — 3 ) . , , , a — ^ ■ point.- doubles; Noie de M. Clebsch 08 — Théorèmesgénéraux sur lescourbcs planes algébriques; Note de M. Lagiierrc 70 — Des surfaces à courbure constante néga- tive, et des surfaces applicables sur les surfaces à aire minima ; Note de M. Dini. 34o — Recherchessur les polyèdres; parM. /«/■- dan 4ûO — Sur les coordonnées orthogonales ; Note de M. Darlmuj: 5Cii — Sur la théorie des surfaces; Note de M. Nicolaïdès 634 — Sur la théorie des surfaces polaires d'un plan ; Note de M. Paimin 927 — Nombre des solutions dans les questions élémentaires relatives aux surfaces du second degré; Note de M. Houset 1072 — Problème du cercle tangent à trois cercles donnés, et de la sphère tangente à quatre sphères données; Note de M. Barbier.. 107G — Construction donnant à la fois les quatre points de contact d'une sphère tangente à quatre sphères données; par le nwme. i i5i — Des fonctions curvitales ; Note de M. Ga- rarni 1 07g — Sur les diamètres des lignes et des sur- faces en général, avec applications aux lignes et aux surfaces du second ordre; Note du P. Le Cointe io83 — Sur une surface réglée du huitième ordre qui possède quatre lignes doubles du se- cond ordre ; Note de M. de La Goiirnerir. 1 1 78 — « Sur la création d'un nouveau trièdre beaucoup plus parfait que le trièdre suji- plénientaire » ; Note de M. Carrère. . . 342 — Sur la théorie des surfaces; Note de M. Lainarle 85 1 — Nouvelle démonstration du théorème du carré de l'hyiioténuse; par M. Zaliivs/.i. 8G — Sur la théorie des parallèles; Mémoire de M. Pnlleiix iog4 GÉOMÉTRIE DE POSITION. — MémoIrc do M. Gcynet relatif au problème du cava- lier du jeu d'échecs , 4*^4 Glace (Écoulement de la). —Circonstances que présente l'écoulement de la glace soumise;'] de fortes pressions; Mémoire de M. 'l'resea 3g8 — Rapport sur h^s travaux de M. Tresca relatifs à l'écoulement des corps solides; Ra|ipurleur M. Morin 1226 ( i373 ) Payes. Glycérine. — Sur ses combinaisons avec les altléliydes ; Note de MM. Hamitz-Har- iiilzl.y et Mcnschiithiii 5G9 GoÊMiNE, substance neutre extraite du guc- Pages. nio/i. — Note de M. Blmiilrau sur ce composé 8G0 Guano.— Sur un dépôt de guano du cluuives- souris ; Note de M. Hardy 104 4 H Hibernation. — Sur un fait d'hibernation des animaux articulés ; Note de M. Guc- rin-Mcnciillc 448 Histoire des Sciences. — Note de .M. Ber- trand accompagnant la présentation d'un exemplaire de son ouvrage intitulé ; « Les Fondateurs de l'astronomie mo- derne » 577 — Histoire des Mathématiques chez les Arabes; Note de M. Chaslcs accompa- gnant la présentation de trois ouvrages récemment traduits de l'arabe, deux par feu M. Woepcke et un par M. Marre.. . Coi — Lettre de M. de Parafer concernant quelques erreurs qu'il croit avoir aper- çuesdans le Cosmos Aa M. de Humboldt. 4^5 — Remarques sur les noms qu'ont donnés les Égyptiens et les Grecs à la constella- tion d'Orion ; par le même G7G Huiles. — Nouveaux faits pour servir à l'hisloire de l'huile d'olive ; Note de M. Lailler i33 HvnRALLiQUES (CiMENTs). — Rcchorchcs chi- miques sur CCS cinicnts ; par M. Frcmy. 99Î — Remarques de M. Ch. Sainte-Claire i)c- (v7/e à l'occasion de cette communication. 1000 Hydrauliques (Roues). — Sur la théorie des roues à aubes planes; Notes de M. de Pambour 1 181 et 1283 Hygiène publique. — Des forêts et de leur influence sur les climats; Mémoire de M. Becquerel 1049 et i329 — De l'élimination des eaux publiques après qu'elles ont servi aux besoins des po- pulations agglomérées ; Note de M. G?i- maud, de Caux G i G — Sur les égouls de Marseille ; Note de M. Maurin 1018 — Sur le nouvel Hôtel-Dieu et sur l'hygiène hospitalière; Mémoire de M. Batailhé.. 443 — Sur l'assainissement des grands centres de population par suite de l'application des immondices aux besoins de l'agri- culture; Notes de M. Grti,'-«(7g-(?. 355 et 459 r Lnstruction publique. — Aperçu sur l'in- struction publique au Chili ; Noie de M. Gay accompagnant la présentation des divers ouvrages offerts à l'Académie par le Gouvernement chilien 193 — Extrait d'un Rapport fait, au nom d'une Commission, par SL jMoria à M. le Mi- nistre de l'Agriculture, du Commerce et des Travaux publics sur l'enseignement industriel en Allemagne et en Suisse. . . Instru.ments d'astronomie. — Sur une nou- velle lunette zénithale; Note de M. D\4b- hadie Lnstbuments de chirurgie. — Nouveau per- fectionnement apporté aux appareils de lithotritie; Note de M. Maisnnneuvc. . . — Lettre de iM. Galezows/à concernant un nouvel opluhalmoscope Instru.ments de mathé.matiques. — M. /)«- ww///«, enqualitéd'héritierdcfeu M. G. rroinent, demande et obtient l'autori- sation de retirer un Mémoire de cet artiste sur la méthode pour la rectitica- G88 1 170 8G tien des machines à diviser, Mémoire qui n'a pas été l'objet d'un Rapport. . . 796 Instruments de physique. — Sur un nouvel hygromètre; Note de MM. Engard el PlùUppon 749 — Appareil propre à enregistrer, par l'inter- médiaire de l'électricité, les indications successives d'un baromètre de Fortin; Note de M. /. Mnrin aS — Sur un nouveau système d'électro-ai- mants à fils découverts, imaginé par M. Carlier; Note de M. Du Moncel 49 Voiraussi l'article Electràfws [ Appa- j-eds). loDURES. — Emploi de l'iodure do mercure et de potassium pour la recherche des alcalis organiques; Note de M. Âeceil. . 453 — Sur l'existence du bichlorure de manga- nèse el ses congénères du brome et de l'iode ; Note de M. Nic/,lès 479 IsoPROPYLiQUE (Alcool). — Dc l'action du brome sur l'alcool isoproinlique et sur l'iodure d'isopropyle; NotedeM./'Werfe/. 34G I79-- ( i374 ) L Pages. Legs Bréant (Concours poir le rnix nu). — Pièces conceriKint lo clioléra-raorbus ou les (larircs adressées pour ce con- cours par M^^. Pons, Stnnini, Boiir- l^ng/ir, H. Rccil, Riro((lcii, FiciiuiK.r, Din/ificl, HiihcruuiM.. . Sg, 134,5-2, 75o, 9G7, 1019, 1094, 1197 1217 et i3Go Legs Dalmont. — M. le Minhlrc de l'In- striirtinn puhU; Note de M. Ixrmnycz inig — Remarques de M. Hic de Beaunmni à l'occasion de celte communication. ... 10.12 — Additions de M. Raulin à son ouvrage intitulé :" Observations pluviométriques faites dans le sud-ouest de la France de 1714 a 18G0 1 133 — Sur une cause des orages et des trombes; Note de M. Perrot 1 xii — Sur l'inversion diurne et nocturne de la température jusqu'aux limites de l'at- mosphère, et sa répartition de l'horizon au zénith; Lettre de M. Poey à M. Élie de Deaumont G4 — Reclierches sur la polarisation atmosphé- rique à la Havane; par le même 781 — Réclamation de priorité adressée par M. Zantedesrhi à l'occasion do cette communication 1807 — InlUicnces atmosphériques dans leur rap- port avec l'ensemencement et la pro- duction du froment en France : prix, consommation de cette céréale eu égard à la population... ; Mémoire de M. Bec- querel C8 1 — Météores lumineux. Voir aux articles Bolides et Etoiles filantes. MÉTHODES. — Note de M. DuJtnmel accom- pagnant la présentation d'un ouvrage intitulé : « Des Méthodes dans les sciences de raisonnement » 3Gi MiNÉR.\L0GiE. — Analyse d'un bronze, d'une pierre ferrugineuse paraissant avoir été taillée, et d'un minerai de fer trouvés dans les cavernes à ossements du Péri- gord ; Note de M. Terred 177 — Analyse de quelques minerais de plomb ; Note de MM. Mené et Courrat 224 — Sur la kalicine, nouvelle espèce minérale trouvée à Chypis en Valais. — Sur la li- nionite pisolilique d'hvaro (Hongrie); Notes de M. Pisani gi8 et 919 Moléculaire (Ét.vt). — Deuxième .Mémoire de M. Persoz sur l'état moléculaire des corps, servant d'introduction à une théorie générale des composés d'origine organiiiue 4o3, 443, 337, 1014, 1088, I r26, I23G et i339 Pages. Momification. — Lcttro do M. IMnttcvrci sur les résultais obtenus d'un procédé in- venté par M. Cnrifii [lour la conserva- tion des cadavres a i a — Sur une nouvelle niélliodo d'embaume- menl; Note de M. M/iycr 4'^^ Mortalité. — Résumé des recherches faites depuis \%i& sur les causes de la morta- lité prématurée dans le quartier des In- valides: question du choléra-morbus; l\Iémoire de M. Frrmaii.r 1 197 Moteurs.— Sur la substitution du gaz am- moniac à la vapeur d'eau comme mo- teur; Note de M. Flu/nlii/i cnxoyée sous ( 1376 ) P,i(;o3. pli cacheté en juillet 1864, et ouverte sur la demande de l'auteur le '23 janvier i8G5. iG3 — Sur un nouveau moteur à gaz ammo- niac ; Note de M. Flnmlrin 338 — Sur une nouvelle application du gaz am- moniac ; Mémoire de M. Ttllicr 5f) — Lettre de M. /•"///«//// concernant une pré- cédente communication sur un moteur pour chemins île ier 87 — Sur un moteurnouveau; Note de M. Syl- vestre I ?.i6 Musicale (Tiikohir). — Sur la véritable luise tliéori(|ue de l'harmonie; Notes de M. Friuicis(iue 36 et 338 N Navigation. — Moyen d'éviter les avaries des grandes machines à hélice ; Note do de M. l'Amiral Paris ia58 NioBiiM. —Sur les combinaisons hyponio- biqucs ; Note de M. Mnrignnc 234 — Recherches critiques sur la constitution des composés du niobium ; par MM. H. Sainlr-Clnire Dcvil/c et Tmnst 1221 — Sur la constitution de l'acide hyponiobique et de l'acide tantalique; Note do M. C. ninrignrtc 1 35;") Nombres (Théorie des).— Note de M. Silhol sur une question relative à cette théorie. 36 — Détermination de la valeur du sym- bole (- ) dû à Jacobi; complément à une précédente Note de M. Le Besgue. 377 — Nombre des représentations d'un entier quelconque sous la forme d'une somme de dix carrés ; Note de M. Liomùlle 1267 — Démonstration du théorème de Fermât adressée avec le nom de l'auteur sous pli cacheté 8701 181 — Sur le théorème de Fermât .r" +)■" = zn ; Mémoire présenté par M. BUmc le 8 mai, et repris par lui le 12 juin.... 966 et 1262 Nominations de Membres et 'le Correspon- dnnts (le V Acndéinie. — Dans la séance du 16 janvier, l'Académie procède, par la voie du scrutin, à l'élection d'un Membre qui remplira, dans la Section de Mécanique, la place devenue vacante par suite du décès de M. Clriperron. Au troisième tour de scrutin MM. Favé et Foucault a^ant obtenu un nombre égal do sufTrages, l'élection est renvoyée à la séance suivante loi — A celte séance (23 janvier), M. Foucault réunit la majorité absolue des suffrages et est proclamé élu i51 — M. Rouliii est nommé Académicien libre en remplacement de feu M. l'Amiral (lu Pelit-Tliinieirs 47^ — Sont nommés Correspondants de l'Aca- démie : -- M. (le reri^'/ieite-Liuiiotle (Section d'Éco- nomie rurale en remplacement de feu M. Parade) 397 — M. ISrauri (Section de Botanique en rem- placement de feu M. Blume] 545 — M. ff'clier (Section de Physique en rem- placement de M. De la Hire, devenu As- socié étranger) G(5o — M. //(;/'«;r/A/r/- (Section de Botanique en remplacement de feu M. Trevii-anus] . . 7(12 — M. (>. Strtive (Section d'Astronomie en remplacement de feu M. Carlini] loia — M. /'/(w/OT«o(//-( Section d'Astronomie on remi)lacement de feu M. //'. Struvc).. . 10G7 M. Clausius ( Section de Mécanique en rem- placement do feu M. Ejtelivein) 1126 0 Ophtiialjioscopes.— Lollre de^f. Cnleznwski concernant un de ces instruments 8G') — Sur les signes différentiels que fournit l'ophthalmoscope au diagnostic do l'hy- drocéphalie chronique et du rachitisme ; Note de i\I . Jiouehut 910 Optique. — Théorème sur la réilexion cris- talline; par M. Cornu 47 ( i3 Pages. — Analyse spectrale simplifii^e; Note de M. l'abbé Lahovde 53 — Sur la propagation et la polarisation do la lumière dans les cristaux ; Note de M. Sarrau 1174 On. — Sur l'analyse des chlorures d'or ; Note de M. Thomas 469 OncHiDÉES. — Sur la culture des orcliis ; Note de M. Dumimt 987 Orcine. — Nouvelles recherches de M. De Luynes sur l'orcine 920 et i o33 Organiques (Radicaux). — Recherches sur ces radicaux ; par M. Cahours 6ao Organographie végétale. — Rapports des vaisseaux du latex avec le système fi- bro-vasculaire : ouvertures entre les la- ticifères et les fibres ligneuses ou leurs vaisseaux ; Note de M. Trêcul 78 '- Du tannin dans les légumineuses et dans les rosacées; par le même. . . . 2i5 et io35 — Des laticifères dans les papavéracées; par le même 522 77 ) Pages. — Observations sur les laticifères des con- volvulacées; par le même 825 — Observations sur les laticifères et fibres du liber ramifiées dans les euphorbes; par le même '349 — De l'existence de fibres corticales ou libé- riennes dans le système ligneux des vé- gétaux ; Mémoire de M. Cltatin Ou — Remaniues sur les vaisseaux laticifères de quelques plantes du Brésil ; par M. Netto. CCS Orthopédie. — Lettre de M. Terrier concer- nant ses procédés pour le redressement des courbures de la colonne vertébrale. 181 — Remarques de M. Feliieau à l'occasion de cette Lettre , , , ., i S 1 Ozone. — De l'inlluence des saisons sur les propriétés de l'air atmosphérique; Note de M. Hoitzeaii 788 — Tableau résume de neuf années d'observa- tions ozonométriques ; par M. Bérignj. 903 — Remarques de M. Ch. Sainte-Claire Deril/e et de JL £lie de Beaiimorit à l'occasion de cette communication 909 Paléontologie. — Sur des ateliers d'instru- ments en silex des environs de Châtel- lerault ; Note de M. Meillet 35 — Sur les haches en néphrite de la Suisse; Note de M. G. de Mnrtillet 83 — Sur les habitants des cavernes et des cités lacustres : instruments divers; Note de M. Lioy 85 — Remarques de M. de Qiiatrefage.i à l'oc- casion de cette dernière communication. 8G — Lettre de M. Husson concernant des por- tions de deux mâchoires humaines pro- venant de cavernes à ossements m — Observations critiques sur l'âge de pierre ; Note de M. E. Robert GC4 — Sur les silex taillés du Grand-Pressigny ; Note de M. Mnrtillet 745 — Remarques de M. le Président à l'occa- sion de cette communication 745 — Alluvions des environs de Toul par rap- port à l'ancienneté de l'homme ; Note de 5L Husson 784 — Sur les terrains quaternaires de la Bel- gique : exploration des cavernes de Fur- fooz, près de Dinant;Notede M. />"/»«<. 8G3 — Remarques de M. de Qiaitrefages à l'oc- casion d'un opuscule de U. de Mortillet. looi — Remarques de M. yiy(V«c Jidn'ards concer- nant, une Note de M. Bourgeois 1002 Voir aussi l'article Fossiles ( Osse- ments ) . Papier. — Sur quelques plantes marines supposées propres à la fabrication du papier; Note de M. Gagnage 425 Paquets cachetés. — Sur la demande de M. Flandrin un paquet cacheté déposé le 25 juillet 18G4 est ouvert dans la séance du 23 janvier, et renferme une Note sur l'emploi, comme moteur, du gaz ammoniac i C8 — Sur la demande de M. Le Bon, un paquet cacheté déposé par lui le 3 juin i8C5 est ouvert dans la séance du 19 du même mois, et renferme une Note concernant les propriétés physiologiques d'un alca- loïde existant dans la fève de Calabar.. 1290 — M. Pellegrin demande et obtient l'auto- risation de reprendre un paquet cacheté qu'il avait précédemment déposé 1291 Pathologie. — Sur les accidents produits chez les animaux à sang chaud par la piqûre des Scorpions ; Note de M. Guyon. 1 6 — Sur un cas de scorbut observé chez le Gorille; Note de M. Bérenger-Féraud. 58 — Sur la pustule maligne; Mémoire de M. Babauty 59 — Intluence des lieux sur la fréquence de la phtliisie ; Note de M. Sclmcpp 59 — Réclamation de priorité adressée à l'oc- casion de cette communication; par Vl. de Pieira-Santa 167 — Sur l'extinction des maladies épidémi- ques ; Lettre de M. Stamin 1 34 ( '378 ) ra(;05. Pathologie. — Sur la marclie décroissante de la fièvre lyphoïde à Paris; Xole de M. Josnt 1 G7 — Sur l'importance de l'élément buccal dans la fièvre typhoïde; Note de M. iV7/- tcr 342 et I o I S — Note (le M. /. Cloiie (fondation Lalande), décerné à JI. R. Ccini/igton, pour ses « Observations des taches solaires de- puis le g novembre 1 853 jusqu'au 24 mai i86i » 2 i7 — Prix de Mécamque (fondationMontyon). — Il n'y a pas eu lieu à décerner ce prix. 248 — Prix de St.vtistique (fondation Mon- tyon). — Piix décerné à M. Giicrin, pour sa Statistique agricole du canton de Benfeld. — Prix disponible de i863 décerné à M. Collin, pour ses recherches ex|iérimentales sur l'évaporation. — Me /liions honorables à M. Chaiiipion, pour les six volumes de son ouvrage sur les inondations en France; à M. Deimiy, pour sa Statistique des prix Monlyon décernés par l'Académie Française de 1820 a 1862 248 — Prix Bordi\ (question au choix dos con- currents, concernant la théorie des phé- nomènes optiques). — Ce prix n'a pas été décerné 2J5 — Prix Bordin (question proposée : appor- ter un perfectionnement notable à la théorie mécanique de la chaleur).— Ce prix n'a pas été décerné 255 — Prix Trémo.nï, décerné à M. Poitevin, pour ses découvertes photographiques, avec jouissance pendant deux ans aâG — Prix fondé par M"" la Marquise de La- place, décerné à M. Léiy, sorti le pre- mier de l'École Polytechnique 258 scienxes physiques. — Grand prix des Sciences physiques (anatomie comparée du système nerveux des Poissons). — Ce prix n'a pas été décerné 25y — Prix de Physiologie expérimentale (fondationMontyon), décerné à AL Bal- hiiini, pour ses recherches sur la consli- lulion du germe dans l'œuf animal ayant la fécondation; et à M. Gerbe, |)Our ses observalions sur la reproduction des ) Pages. Kolpodes. — Encouragement à M. Sap- pcY, pour ses recherches sur la structure de l'ovaire. Rappel du travail de M. Léon Diifoiir sur l'anatomie des lépidoptères. 259 Prix de Médecine et de Chirurgie ( fon- dation Montyon). — Prix décernés : à >L Zeiiher, pour ses recherches sur la maladie trichinaire; à M. Marcy, pour son ouvrage sur la physiologie médicale de la circulalion; à MAL /''. Martin et CoUincim, pour leur Mémoire sur la coxalgie. — Mentions honorables à MM. OUivicr (albuminurie saturnine), Lcinattrc (propriétés de l'atropine et de la daturine), ll'illemin (absorption cu- tanéedanslesbainsl. Laneereaux (trom- bose et embolie cérébrales), />/(//•(> (cail- lots librincux du cœur), Grimaud, de Caux (liygiène appliquée à l'aménage- ment des eaux). — Sont cités comme dignes d'attention, les travauxde MM. Pc- treqiiin, Jbeille, Delioux de Sai'ignac, Court)-, Foler, Millet, Jarqunrt, Scliiiepp 2G2 Prix relatif aux Arts insalubres (fon- dation Montyon). — Enrouragcmciit Aq 1000 francs à MM. Dumas et Benoit, pour laiiplication de la lumière électri- que à l'éclairage des mines. — F.neou- 7-ageiiu'nl de 5oo francs à AL Chanibon- Lacroisade, pour fourneaux et appareils de chauffage des fers à repasser 273 Prix de Médecine (histoire de la pella- gre). — Prix de 5ooo francs décerné à M. Théophile Roussel. — Accessit de 2000 francs à M. Arnaud Costatlnt 273 Prix Bréant. — Ce prix n'a pas été dé- cerné 283 Prix Jecker, décerné à AL Jf'uriz, pour ses derniers travaux sur les alcools. . . 2S4 Prix Barbier. — Ce prix n'a pas été décerné 284 PRIX PROPOSÉS pour les années i865, 18G6 ET 1873. sciences «.^thématiques. Prix à décerner en i8G5. Grand prix de Mathématiques ( théorie des marées, comparaison avec les obser- vations) 285 Grand prix de ALvthématiques (question concernant l'intégration des équations aux dérivées partielles du 2" ordre). . . . 28G Grand prix de AL^tmématiques (iiueslion concernaut la théorie de la chaleur). . . 28G Prix d'A.stronomie (Ibndation Lalande). 288 Prix DE MÉCANIQUE (fondation Montyon). 288 ( i38i Pagps. Prix DE Statistique (fondation Montyon). Pnix lioRDiN (question au clioix dos con- rurrouts, concernant la théorie des phé- nomènes optiques) 289 Prix Dordin (question proposée : appor- ter un perfectionnement notable à la tliéorie mécanique de la chaleur ) 'i;io Prix fondé par M"'" la Marquise de La- l'LACE 292 Prix Damoiseau (travaux utiles aux pro- grès de l'Astronomie : théorie et applica- tions numériques) 29'.». Prix à décerner en 1 866. Grand prix de Mathématiques (question concernant la théorie de la Lune) 287 Prix extraordinaire sur l'application DE LA vapeur A LA MARINE MILITAIRE. 288 Prix BoRDiN (question proposée: déter- miner les indices de réfraction des verres employés à la construction des instru- ments d'optique) 291 Prix Bordin ( question proposée : déter- miner les longueurs d'onde de quelques rayons de lumière simple, bien définis). 291 Prix Trémont (destiné à venir en aide à tout savant, ingénieur, artiste ou méca- nicien à qui une assistance sera nécessaire pour atteindre un but utile et glorieux à la France) 292 sciences physiques. Prix à décerner en i865. Grand prix des Sciences physiques (ana- tomie comparée du système nerveux des Poissons) 295 Grand prix des Sciences physiques ( tra- vaux ostéographiques contribuant à l'a- vancement de la paléontologie française). 297 Prix de Physiologie expérimentale ( fondation Montyon ) 29S Prix de Médecine et de Chirurgie et Prix relatif aux Arts insalubres (fondation Montyon) 29S Prix de Médecine et de Chirurgie ) Pages, (question proposée : application de l'é- lectricité à la thérapeuticpie) 299 Prix Bordin (question proposée : rap- ports entre la constitution des racines des plantes et l'absorption exercée par ces racines ) 3o5 Prix Bréant (choléra-morbus, dartres). 3oG Prix Jecker (destiné à accélérer les pro- grès de la Chimie organique) 3 10 Prix Barbier (destiné à récompenser des découvertes relatives aux sciences mé- dicales) 3io Prix Godard (recherches concernant l'a- natomie, la physiologie et la pathologie des appareils génito-urinaires) 3i i Prix h décerner en 1866. Gr.^nd prix des Sciences physiques (pro- duction des animaux hybrides au moyen de la fécondation artificielle) 29G Gr.vnd prix de Chirurgie (conservation des membres par la conservation du pé- rioste ) 3oo Prix Cuvier (destiné à récompenser le meilleur ouvrage de Zoologie ou de Géo- logie publié dans les trois ans compris entre le i" janvier 1862 et le 3 1 dé- cembre i865) 3oi Prix Bordin (question proposée : déter- miner s'il existe dans la structure des tiges des végétaux des caractères pro- pres aux grandes familles naturelles : examen anatomique des tiges de plu- sieurs végétaux : comparaison des tiges grimpantes avec les autres sortes de tiges dans les mêmes familles) 3oi Prix S.wigny (fondation Letellier, en fa- veur des jeunes zoologistes voyageurs). 3[ 1 Prix décennal h décerner en 1873. Prix Morogues (destiné à récompenser l'ouvrage qui, dans les dix années pré- cédentes, aura fait faire les plus grands progrès à l'agriculture française) 3oG Conditions communes a tous les con- cours 3 1 2 Quinquina (Extrait de). — Sur les pro- priétés thérapeutiques de l'extrait com- plet de quinquina de Laroche ; Note de M. Ansclinicr 1 194 Sang. — Sur l'analyse volumétrique du fer contenu dans le sang; Note de M. Pc- oiizc 88.1 Sauvetage. — - Figure et description d'un ap- pareil de sauvetage pour les naufragés ; par M. Fontenau 03o 180.. ( i382 ) Pa;;os. Savons. — De la préparation des savon? et des acides gras propres à la confection des bougies ; Note de M. Mc^c-Mouiii-s. ^l l Scories. — Analyse d'une scorie antupie ; par M. Conniiailli! 1 34 Scorpions. — Sur les accidents produits chez les animaux à sang chaud, Mammi- fères et Oiseaux, par le venin des Scor- pions; Note de M. Giiyon 1 0 Sections de l'Académie. — La Section de Mécanique présente comme candidats pour la place vacante par suite du décès de M. CUipcyrnn : i° M. riiillips; a" M. Rolland. — A la suite de deux scrutins successifs, l'Académie adjoint à celle liste le nom tle M. Kavé et celui de M. Foucault 87 — La Section d'Économie rurale présente comme candidats pour la |)lace de Cor- respondant vacante par suite du décès de M. Pnirulc : 1° MM. do Vergnette-La- motte et Mares; a° AL Corenwinder. . 355 — La Section de Botanique présente comme candidats pour la place de Correspondant vacante par suite du décès de M. Blume : 1" M. Braun; 2" MM. de Bary, .4sa Gray, Hofmeisler, Hooker, Parlatore, Pringsheim 537 — La Section de Physique propose pour la place de Correspondant vacante par suite de la nomination de M. de La Rive à une place d'Associé étranger : i°M. W. Weber; a" MM. Dove, Grove, .lacoby, Kirchhoff, Kuptfer, Plucker, Rich, Stockes G37 — M. le Doyen de la Section de Physique déclare, séance du 3 avril, que cette liste présentée par lui à la séance pré- cédente est inexacte, et doit être ainsi rectifiée ; 1° M. Weber ; 2" M.M. Dove, Grove, Henry, .îacobi, .loule, Kirchhoir, Kuppfer, Plucker, Riess, Stockes ùytj — La Section de Dotaniipie présente comme candidats (iour la place de Correspon- dant vacante par suite du décès de M. Trcviriiiiiis : 1° M. Hofmeisler: 2" MM. de Bary, Asa (iray, Hooker, Parlatore, Pringsheim 750 — La Section d'Astronomie présente comme candidats pour la jilace de Correspon- dant vacante par suite du décès de M. Cfirliiii : 1" M. Otto Struve; 2" MM. Challis, Gall, de Gasparis, Gra- liam, Hencke, l.amont,Lassell, Littrow, l^laiilauiour, Uoliinsou gSi — La Section d'Astronomie présente comme candi»«/ concernant son tra- vail sur le prix des denrées à Poitiers, depuis 1G87 jusqu'à nos jours, 1292 — « L'industrie du département de l'Hé- rault : études scientifiques , économi- ques » ; par M. Saintpierre 1 1 34 — Mortalité décroissante dans la ville de Paris; Note de M. l'ni. Decaisiie — Sur la statistique des accidents do foudre ; Note de M. Boudin — Statistique des élections et de l'instruc- tion primaire dans le XVH' arrondisse- ment de Paris ; par M. Demny Statues élevées a la mémoire d'hommes cé- lèbres. — Circulaire de la Commission nommée pour le monument (pii doit être élevé à Bupurtren au moyen d'une .sous- cription — Lettre de la Commission municipale do Saint-Malo chargée d'organiser l'érec- tion (l'une statue à Chaleaubriand Sucrâtes. — Sur les sucrâtes de chaux. — Sur les sucrâtes de plomb ; Mémoires do MM. Boivin et Loiseau 1G4 et Sucre. — Des difficultés généralement signa- lées dans la fabrication des sucres do betterave dans la campagne i8G3-i8G4; Note de MM. Leplay et Cuisinier — Sur l'extraction du sucre. Note de M. .11- vai-i) Reynoso — A l'occasion de la mention faite dans cette Note de l'emploi du phosphate acide d'a- lumine pour la défécation des sucres-, M. //. Sainte-Claire Deville rappelle que MM. Jacquemart et Le Chatelier em- ploient, depuis trois ans, le sulfite d'a- lumine à la défécation des jus de bet- teraves — 1\L L. Kessicr-Dcsvignes, à l'occasion do la même Note, adresse une réclamation de priorité pour l'emploi du biphosphale d'alumine dans la fabrication du sucre. . Sulfures. — Nouveau mode de dosage des sulfures ; Note de M. J'ersiraet Sulfurés (Radicaux). — Recherches sur ces radicaux ; par M. Ca/iours SuRS.wuRÉEs (Solutions). — Recherches sur la cause de la cristallisation des so- lutions al'calines sursaturées; Note de M. riollette 83i et — Sur la cristallisation des dissolutions sa- lines sursaturées et sur la présence nor- male du sulfate de soude dans l'air ; Notes do M. Cernez 833 et i3o7 Ii33 1G8 750 454 221 1292 i33o i358 348 1147 Tannin. — Du tannin dans les légumineuses. — Du tannin dans les rosacées; Notes de M. Trécul 225 et io35 Tartrates. — Sur l'action réciproque de la crème de tartre et du sulfate do chaux; expériences pour servir à l'étude des vins plâtrés ; par MM. Bussy et Buii^net. 200 Teinture. — Remplacement de l'alcool et de ( i384 ) Gaj 4''9 934 128G 5-7 649 l'esprit do bois pour la dissolulion dos prodiiils tinctoriaux provenant do l'ani- line; Noio do M. Giiiillicr (le Claiibrr. KLÉGiui'iiiE. — Noie de M. Giiioc sur un projet de transformation du télégraphe Caselli — Appareils destinés à préserver les lignes et les mécanismes télégraphiques des accidents auxquels ils sont exposés en temps d'orage; Noie de M. Bertsch... — Sur la télégraphie autographique; Note de M. J. Gvinrd Tempér\ti;res. — Recherches sur la tempé- rature de la terre depuis i mètre jusqu'à 3G mètres au-dessous du sol, et de celle de l'air jusqu'à ai mètres au-dessus; Mémoire de M. Bcaïucrcl 1 86 — Formules pour déterminer la température d'uji milieu ambiant sans l'observer; Note de M. T'olpicelli 416 — De l'influence probable des apparitions d'astéroïdes sur les variations de la tem- pérature de l'air ; Mémoire de M. C'A. Sainte-Claire Deville — Sur les offuscations du Soleil attribuées à l'interposition d'étoiles fdantes; Mé- moire de M. Faye — Remarques do M. Le Verrier^X, de M. Ch. Sainte-Claire Detille à l'occasion de cette communication 655 — Des perturbations périodiques de la tem- jiérature dans les mois de février, mai, août et novembre; Mémoire de M. Cli Sainte-Claire Dcrillc 696 — Sur les températures de l'air et de l'eau de la mer à la surface des océans; Mé- moire de M. Coiipvent-Dcsbois 1 189 — Sur l'inversion diurne et nocturne de la temjiérature, et sa répartition, de l'ho- rizon au zénith ; Note de M. Poey 64 Voir aussi l'article iMctcorolot^ie. Tiin.\T0L0GiE. — Sur trois cas de polymélie observés chez des Batraciens du genre Rana ; Note de 51. Diiméril 911 'Voir aussi l'article Embryologie. TuALLitjM. — Sur les phosphates de thal- lium ; Note de M. Lamy TiiÉnvpEUTiQUE. — Sur l'emploi médical de l'acide iihéniquc ; Mémoire de M. Dcclat. — Réclamptidn de priorité adressée par M. Lemairc à l'occasion do la précé- dente communication — Sur l'emploi de l'acide phéniquo ; Note de M. Dcelat en réponse à la réclamation de M. Lemaire — Sur l'action du goudron do houille et do ses dérivés ; Note de M. Corne |i JG 109 Pages. — Sur l'injection do l'hydrogène sulfuré dans le tissu cellulaire, son absorption ra[)ide et son élimination : application à la thérapCMliquo ; Noie de M. Demarquar . ■)>.t\ — Rechcrchos expérimentales sur les bains d'eaux minérales (phénomènes d'abior])- tion pendant le bain); Mémoire do M. (le Laurî-s O^g ~ Recherches sur l'osmoze et sur l'absorp- tion par le tégument externe de l'homme dans le bain ; Mémoire de M. Réveil. . . 1 19G — Traitement des affections de poitrine par la galazyme, boisson alcoolique préparée aveclehiitd'ànesse;NotedeM. Schnepp. 1018 — Du pulvérisateur à l'hydrure d'anjylo et de son emploi comme aneslhésique dans la pratique chirurgicale ; Note de M. George 1 19G — Prophylaxie de la phthisie pulmonaire; Mémoire de M. Biirq 1 1 97 — Sur le Iraitemi-nt curatif de la phthisie pulmonaire ; Note de M. Fiister i25o — Traitement des maladies des voies respi- ratoires par l'inhalation des produits vo- latils qui se dégagent autour des épura- teurs du gaz d'éclairage ; Mémoire do MJI. Miirin du Buisson et de Maillard. i343 — Sur l'emploi de l'iodure de potassium pour combattre les affections saturnines, mer- curielles et les accidents consécutifs de la syphilis; Note de M. Melsens 1093 — Lettre de M. Potier relative à ses précé- dentes communications sur le traitement des tumeurs blanches 1 160 — Sur les propriétés thérapeutiques de l'ex- trait de quinquina complet de M. La- roche ; Note de M. Anselmier 1 1 q 4 — Des réactions physiologiques de la véra- Irine, au point de vue de ses applica- tions à la thérapeutique et de la méde- cine légale; Mémoire de MM. OUivier et Bcrgeron ' ' 9G — Sur le Ténia ou ver solitaire, et le moyen de s'en débarrasser ; Mémoire de M. Fock 527 — Observations sur la guérison du diabète sucré ; par 1\L Buttura 1 3og — Sur l'emploi des vêtements isolants dans certaines affections nerveuses; Note do M. Affre 1 aSa TiiEUMOMiiTiiEs. — Sur la détermination des points fixes du thermomètre à mercure; Note de M. Bergsmann 572 ToLUiQUE (SÉniE). — Sur quelques amides de cette série ; Note do M. H. Scliiff. .. 913 — Sur quol(|ues dérivés toluidiqucs; Noie do JL Jaillard 109G ( i385 ) Pages. Toxicologie. — Sur les effets physiologiques de la curarine; Note de M. Cl. Bernard. 1327 — Extraction du principe actif du curare, la curarine ; Note de M. Prcyer 1 346 — Sur un nouveau poison du cœur prove- nant de l'inée ou onage, une apocynée du Gabon, employé dans cette partie de l'Afrique comme poison des flèches; Note de M. Pélikan 1 201) — De la dialyse et de son application à la recherche des substances toxiques. — Pages. Action dos poisons sur les plantes; Notes de M. Rct'eil 453 et 1 1 96 Voir aussi l'article Champignons. TRiV.\SFOR.MATiON cles étrcs organisés. — M. Trémaux adresse comme pièce de concours pour leprix biennal une analyse de son ouvrage sur ce sujet 1 197 Tungstène.— Sur les chlorures de tungstène ; Note de M. Dehray 820 — Remarques de M. H. Sainte-Claire Dc- l'ille à l'occasion de cette communication. S23 u Urine.— Sur la matière alburaino'idc-ferment de l'urine, et sur la fonction du rein; Note de M. Bécltaiiip. 445 Valylène, nouveau carbure d'hydrogène dé- rivant de l'amylène par la soustraction de H' ; Note de M. Rilmtil sur ce pro- duit 8o3 Vapeurs. — Sur les densités de vapeurs ano- males ; Note do M. fFtirtz 728 — - Sur la propagation do l'électricité à tra- vers les vapeurs métalliques ; Note de M. De la Rire loo'^ Vapeur d'eau. — Sur son application à la préparation des substances alimentaires; Note de M. £grot 8G4 Varechs. — Analyse du varech nageur ou raisin du tropique [Snrgassmn Inccife- rum) ; Note de M. Corenwindcr 1247 Verre. — De l'action des métalloïdes sur le verre, et de la présence des sulfates al- calins dans tous les verres du com- merce ; Note de M. Pclouzc g85 — Sur les propriétés optiques que déter- mine, dans diverses espèces de verre, le passage d'une décharge électrique ; Note de M. De la Rive .... ioo5 Vers a soie. — Sur un nouveau genre de Bombycide sénégalais producteur de soie. — Filature de la soie de ce Bom- bycide ( Faidlicrhia Baulûniœ ) ; Notes de M. Giiérin-Méneville 162 et 34 1 — Note sur l'épidémie des vers à soie ; par le même 1 3oG — Note de M. Pollaillon sur le même sujet. i3o7 ViHRATOiRES ( MOUVEMENTS ).— Sur los vibra- tions des plaques rectangulaires ; Note de M. Terqucm 774 — Sur le mouvement des membranes cir- culaires ; Mémoire de M. Bourgct. (Rap- port sur ce Mémoire; Rapporteur M. Bertrand. ) Vins. — Recherches sur l'action réciproque de la crème de tartre et du sulfate de chaux, pour servir à l'étude des vins plâtrés; Notedei\[M. Biis.y al Biiigaet. — De l'inlluence du plâtrage sur la compo- sition des vins; Note de M. Chanccl . . . — Des effets de la chaleur pour la conserva- tion et l'amélioration des ^ins; recher- ches de M. de f'crgnctle-Lamotte — Procédé pratique de conservation et d'a- mélioration des vins; Note de M. Pa.i- leur ~ — Note sur les dépôts qui se forment dans les vins ; par le même — Études sur les procédés employés pour l'amélioration et la conservation des vins ; Note de M. Ladrey Volcans. — Sur une nouvelle éruption de l'Etna; Lettre de M. Longuhardo à M. Ch. Sainte-Claire Deville — Remarques de M. ÉUe de Beaianoril à l'occasion de cette communication — M. Ch. Sainte-Claire Deville annonce que M. Fouquc a été envoyé pour étu- dier l'éruption actuelle de l'Etna — Sur l'éruption de l'Etna du 3i janvier i865 ; Mémoire de M. Fouqué — Remarques de M. Ch. Sainte-Claire De- ville à l'occasion de cette communica- tion — Remarques de M. ÉUe de Beaumont re- latives à la mémo communication II 72 200 408 895 II 09 97« 354 354 384 548 555 5JG Volcans. — Nouvelles communications de M. Fouqué sur l'émiition de l'Etna ii35. ii85 et i33i — Nouvelles remarques de M. Ch. Sainte- Claire Devi lie 1140, 1189 et i334 ( l386 ) Pages. Pages. — M. Ch. Sainte-Claire Deville présente des vues de l'Etna par M. Berthier qui accompagnait en qualité de photographe M. Fouqué «334 Zoologie. — Sur les métamorphoses subies par certains poissons avant de prendre la forme propre à l'adulte; Note de M. Jgassiz i52 — Note sur la classification des Annélides ; par M. di: Qualrcjiiges JSC — Sur un nouveau cas de reproduction par bourgeonnement observé chez une An- nélidc de la rade de Suez ; Note de M. L. J'aillanl 44' Sur l'histoire naturelle et l'éducation des Écrevisses; Note de M. Snuhcinin 1249 Sur un nouveau type dans le groupe des Ascidiens. le Chermiliiis Callensis; Note de M. Laaize-Dulliicrs iaG4 Sur queliiucs œufs trouvés en mer et présentant des appendices filiformes feu- trés entre eux ; Note de M. Millet 34'i ( i387 ) TABLE DES AUTEURS. MM. Pages. ABEILLE.— Son traité des maladies à urines albumineuses et sucrées, etc., est cité comme digne d'attention par la Com- mission des prix de Médecine et Chi- rurgie 272 ACADÉMIE DES BEAUX- ARTS ( l' ) informe l'Académie des Sciences du choix qu'elle a fait de deux Commissaires qui se réu- niront à ceux de l'Académie des Sciences pour examiner un travail de M. Fran- cisque sur la base théorique de l'harmo- nie 484 ACADÉMIE DE SAINT-PÉTERSBOURG (l') remercie l'Académie des Sciences qui lui a envoyé récemment plusieurs de ses publications 663 ACADÉMIE DES SCIENCES DE BERLIN (l') adresse le premier volume de ses Mé- Diùires pour l'année i863 627 ACADÉMIE IMPÉRIALE DES CURIEUX DE LANATURE(l') adresse le volume XXXI de ses « Actes » 63 1 ACADÉMIE IMPÉRIALE DES SCIENCES DE VIENNE (l') adresse le tome XXII de ses Mémoires et plusieurs livraisons de ses Comptes rendus pour i863 et 1864. i25i et 1290 MM. Pages. ACADÉ>nE IMPÉRIALE DE MÉDECINE ( l' ) adresse la 2" partie du tome XXVI de ses Mémoires 1 345 ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES DE SUÈDE (l') envoie trois volumes de ses publications 1G8 ACHARD. — Réponse à une communication de M. Dupré concernant une question de thermodynamique 1216 AFFRE. — Sur l'usage des tissus isolants dans certaines maladies nerveuses i252 AGASSIZ. — Sur les métamorphoses subies par certains poissons avant de prendre la forme propre à l'adulte 1 52 AKIN. —Remarques à l'occasion d'un travail de M. Dupré relatif à l'élasticité 675 ALLÉGRET. — Sur l'accéléralion du moyen mouvement de la Lune 1092 — Sur les inégalités séculaires du mouve- ment de la Lune 1242 — Nouvelle Note sur la théorie de la Lune. 1245 AMIOT. — Sur une nouvelle pile thermo- électrique 459 ANSELMIER. — Sur l'extrait complet de quinquina de M. Laroche i ig4 B BABAUTY. — Sur la pustule maligne Sg BABINET. — Note accompagnant la présen- tation de l'Atlas céleste de M. Dicn. . . . 632 — M. Bahinet est nommé Membre de la Commission du prix Bordin ( théorie des phénomènes optiques ) 545 BALARD. — Rapport sur les expériences re- latives à la génération spontanée 384 B.VLBIANI. — Le prix de Physiologie expé- rimentale (fondation Montyon ) est dé- cerné à M. Balbiani, pour ses recher- C. R., i865, I" Semestre. (T. LX ) ches sur la constitution du germe dans l'œuf animal avant la fécondation 269 — M. Bnlhicmi adresse ses rcmerciments à l'Académie 4' 4 BARBIER. — Problème du cercle tangent à trois cercles donnés, et de la sphère tangente à quatre sphères données 1076 — Construction donnant à la fois les quatre points de contact d'une sphère tangente à quatre sphères données i i5i BARY (de) est porté, à deux reprises, par .81 ( i388 ) MM. Pages, la Section de Botanique sur la liste des candidats pour une place vacante de Correspondant 537 et 760 BAT.VILHÉ. — Note sur le nouvel Hôtel-Dieu et riivL'iènc hospitalière 443 — Lettre relative aux prix de Médecine et de Chirurgie i iGo BAT.MLLÉ écrit à tort pour Batailhc. — Voir à ce nom. BÉCH.AMP. — Sur le dégagement de la cha- leur comme produit de la fermentation alcoolique î4' — Sur la matière albuminoïde-ferment de recherches sur la fonction du 33 681 '329 1 urme rein BECHI. — Sur le cyanure de cuivre ammo niacal. ( En commun avec M. H. Schi(f.] BECQUEREL. — Recherches sur la tempéra- ture de la terre depuis 1 mètre jusqu'à 36 mètres au-dessous du sol, et de celle de l'air jusqu'à ai"", 25 au-dessus 186 — Mémoire sur l'ensemencement, la produc- tion, le prix et la consommation du fro- ment en France, en rapport avec la population et les influences atmosphé- riques — Des forêts et de leur influence sur les climats io4ij et BECQUEREL (Edm.). — Nouvelles piles thermo-électriques formées avec les sul- fures métalliques 3i3 — Note accompagnant la présentation de deux opuscules écrits en anglais par M. Jliin sur des questions relatives à l'action de la lumière et aux sources do l'électricité , 536 — M. Becquerel est nommé Membre de la Commission du prix Bordin (théorie des phénomènes optiques) 545 BEGULNET. — Sur le calendrier et la théorie des éclipses C76 BEL. — Lettre relative à une découverte qui lui serait commune avec M. Coulon. . . 116" BENOIT et Du.mas. — Un encouragement leur est accordé pour l'application de la lumière électrique à l'éclairage des mines. (Concours pour le prix dit des Arts insalubres ) 273 — MM. Benoît et Z)«/«cM adressent à l'Aca- démie leurs remcrciments 343 BERARD (A.) — Sur un nou\eau procédé do fabrication directe de l'acier fondu au moyen des gaz BÉRENGER-FÉRAUD. — Sur un cas de scor- but observé chez le Gorille BERGEREf. — Mémoire concernant un plan d'étude des agents externes ou atmo- sphériques qui sont toujours en rapport i35a 58 MM. Pages, avec notre économie. (Rapport sur ce Mémoire; Rapporteur M. J. Cliv/iict.). loia BE1K;ER(3N et Ollivieh. — Des réactions physiologiques de la vératrine au point de Tue de ses applications à la théra- peutique et à la médecine légale 1 196 BERGSMANN. — Sur la détermination des points fixes du thermomètre à mercure. 672 BÉRIGNY. — Tableau résumé de neuf années d'observations ozonométriques, et re- marques sur cette question 9o3 BERNARD (Cl.«:de). — Note sur les effets physiologiques de la curarine 1 327 — M. Cl. Bernnrd est nommé Membre do la Commission des prix de Médecine et de Chirurgie CGo — Membre de la Commission du prix de Physiologie expérimentale G60 — De la Commission du prix Barbier goa — Et de la Commission du prix Godart.. . . 902 BEUNARDIN. — Sur la culture du Malionia ilicijolia 57a BERT. — Mémoire sur lagreffe animale 1 134 BERTllELOT. - Sur la fermentation alcoo- lique 29 — Sur les phénomènes calorifiques qui ac- compagnent la formation des combi- naisons organiques 485 et 527 BERTRAND. — Rapjjorl sur un Mémoire de M. CnlU^nnn, intitulé : t Recherches sur la représentation plane de la surface terrestre » 763 — Réponse à une réclamation à laquelle ce Rapport a donné lieu de la part de M. Tissot qui a cru devoir rappeler, à cette occasion, ses propres travaux sur la construction des caries géographiques. 934 — Rapport sur un Mémoire de JE Bourget concernant le mouvement des mem- branes circulaires 1 172 — M. Bertrand fait hommage à l'Académie d'un exemplaire de l'ouvrage qu'il vient de faire paraître sous ce titre : « Les Fondateurs de l'astronomie moderne ». 577 — M. Bertrcind est nommé Jlemhre de la Commission du grand prix de Mathéma- tiques ( intégration des équations difle- rentielles partielles du second ordre).. 44° — Et do la Commission du grand prix do Mathématiques (question des lignes iso- thermes) 476 BERTSCll. — Parafoudre à |)ointes multiples. 934 BL\NC0N1. — Recherches sur les os de l'T;'- jjiornis maximiis 1 73 BIBLIOTIIÉCAIRI' EN CHEF DU BRITISll MUSEU.M (M. le) remercie l'Académie pour l'envoi de plusieurs volumes de ses publications t . . . . (jo ( >389) Pai;c3 4l5 Cil MM. BIENAYirÉ offre à FAcadémit', au nom do M. le Général Diition, une brocliiire sur le calcul des pensions dans les Sociétés de Prévoyance — M. Bivnayiné est nommé Membre de la Commission chargée de présenter une liste de candidats pour la plare d'Aca- démicien libre vacante par suite du décès de M. l'Amiral du Pcùt-Tlnmars 3'jl5 — Et Membre de la Commission du prix de Statistique 5i8 BLANC. — Sur le théorème de Fermât 9O6 — M. Blanc demande et obtient l'autorisa- tion de reprendre deux Mémoires suc- cessivement présentés par lui sur le théorème de Fermât i'25i BLANCHARD (Emile) est nommé Membre de la Commission du grand prix des Sciences physiques pour i8G5 (analo mie du système nerveux des Poissons) BLANFÛRD adresse de Calcutta un ouvrage qu'il a publié en collaboration avec M. jr. Salter et qui a pour titre : « Paléontologie du Niti dans le nord de l'Himalaya » 1200 BLONDEAU. — Des altérations spontanées que la poudre-coton est susceptible d'é- prouver 128 — De la goëmine, substance neutre extraite du gnëmon 8G0 BLONDLOT. — Recherches sur le phosphore noir 83o BOIVIN et LoisEAu. — Sur les sucrâtes do chaux 1C4 — Sur les sucrâtes de plomb 454 BOUCHUT. — Sur les signes différentiels que fournit l'ophthalmoscope au diagnostic de l'hydrocéphalie chronique et du ra- chitisme 910 BOUDIN. — Sur la statistique des accidents de foudre 1307 BOURGET et Birdi.x. — Mémoire sur une machine à air chaud à maximum de tra- vail BOURGET. — Mémoire sur le mouvement desmcmbranescirculaircs. (Rapport sur ce Mémoire; RapporteurM.yA'rt/v?/«/. ). 1172 BOURGOIS est présenté comme l'un des can- j^ îfi^didats pour la place d'Académicien libre jftgjVacante par suite du décès de M. du i ■<-■_ Pctit-Tlwuars 459 BOURGUET. ~ Note sur le colmatage au point de vue de l'hygiène et de l'agri- rp culture 225 — Sur les marais de Fos et sur le colma- tage 8G5 BOUSCllET. — Production, au moyen de la 710 MM. Paces. fécondation croisée, d'une série de cé- pages à suc coloré 229 BOUSSIN'G.-VULT. — Remarques à l'occasion de la présentation, faite par M. Fincn, de son « Précis théorique et pratique des substances alimentaires n i5ti — Étude sur les fonctions des feuilles 87a — M. BotissingaiiU, en qualité de .Membie de la Commission chargée d'examiner lo système de M. Tliiirr sur la procréation des sexes à volonté chez les ruminants, déclare que les expériences qu'il a pu faire n'ont pas été assez signihcatives pour lui permettre de formuler son opi- nion devant l'Académie 494 — ^L Boiissingnult présente, au nom de AL Alvaro Rcyiinso, un ouvrage, en es- pagnol, relatif à la canne à sucre 4i6 — M. Bousiingaiilt est nommé Membre de la Commission du prix de Statistique.. 5i8 — Et delà Commission du prix dit des Arts insalubres 7'^ BRASSEUR. — Sur la mécanique astrale.. . ^7^ BRAUN est présenté par la Section de Bota- nique comme l'un des candidats pour une place vacante de Correspondant.. . . 537 — M. Bniun est nommé Correspondant pour la Section de Botanique, en remplace- ment de feu M. Blumc 5^5 BRETON, DE Cn.\MP. — Sur un point de la Mécanique de Lagrange 934 BRONGNIART. — Considérations sur la llore de la Nouvelle-Calédonie O41 — M. Bro/igninrt présente, au nom de M. de Gnisniirdf, un ouvrage intitulé : « El Medico bolanico criollo » 458 — M. Brong/iiari esl nommé Membre de la Commission du prix de Physiologie ex- périmentale C60 — Membre de la Commission du prix Bordin (rapports entre la constitution des ra- cines des plantes et l'absorption exercée par ces racines) 819 — De la Commission du prix Barbier 90a — Et delà Commission pour la révision des comptes en remplacement de IL J. Cloquet, absent i33i DROUARDEL. — De la tuberculisaiion des oi'ganes génitaux de la femme io45 BUIGNET. — Recherches sur l'action réci- proque de la crème de tartre et du sul- fate de chaux pour servir à l'étude des vins plâtrés. (En commun avec M. Bit.\-\r. ) 200 BURDIN et Boiiiget. — Mémoire sur une ma- chine à air chaud à maximum de travail. 710 I BURIN DU BUISSON et M.MLLAnu. - Traite- 181.. M>f. Pages, ment des maladies des voies respira- toires par l'inhalation des produits vo- latils qui se dé;,'agent autour des épura- teurs du s^az d'ériairage i343 BURQ. — Prophylaxie de la phthisie pulmo- naire : inlluence bienfaisante du chant, du jeu des instruments à vent, et de tous les exercices bien dirigés pour pré- iSgo ) MM. "97 Pages. venir le développement de cette mala- die BUSSY. — Recherches sur l'action récipro- que de la crème de tartre et du sulfate de chaux pour servir à l'étude des vins plâtrés. ( En commun avec 'Sl.Miiii^/ict.). 200 BUTTURA. — Observation sur la guérison du diabète sucré i Sog CAHOURS. — Recherches sur les radicaux organiques , G20 — Recherches sur les radicaux sulfurés. ... 1 147 CAILLETET. — .analyse des gaz renfermés dans les caisses de cémentation 344 — Cémentation du fer par la fonte chauffée au-dessous de son point de fusion 564 CANMZZARO. — Sur les aminés de l'alcool benzu'ique 1207 et i3oo CAP est présenté comme l'un des candidats pour la place d'.4.cadémicien libre va- cante par suite du décès de II. du Petit- llinuars 459 CARI.EVARIS. — Note sur un nouveau mode de lumière fixe, constante et blanche... 1232 CARRÈRE. — Nouvelle théorie du pendule conique dans le cas des oscillations d'une petite amplitude a4 — Sur la création d'un nouveau trièdre beaucouj) plus parfait que le trièdre sup- plémentaiie 342 — Sur la réduction de l'équation du second degré à trois variables 749 CARRET. — Sur l'apparition d'une nouvelle espèce d'épidémie en Savoie 793 CARRINGTON (N.). — Le prix d'Astrono- mie (fondation Lalande ) est décerné à M. Carri/tgio/i pour ses « Observations des taches solaires depuis le our ses fourneaux et appareils de chauffage des fers à re- passer. (Concours pour le prix dit des Arts insalubres. ) 273 CH.\MPION. — Une mention honorable est accordée;! JL ChanijAon pour les six vo- lumes de son ouvrage sur les inondations en France. (Concours pour le prix de Statistique de la fondation Montyon.).. 255 CHANCEL. — De l'influence du plâtrage sur la composition des vins 408 CHANCELIER DE LA LÉGATION DU ROYAUME DES PAYS-BAS (M. le) adresse, |iour la Bibliothèque de l'Insti- tut, ciiui nouvelles fouilles de la Carte géologique des Pays-Bas 911 CH.\NTRAN. — Un nouvel appareil de fd- trage de son invention est mis, par M. CoAVr, sous les yeux de l'Académie. ii3o CHARDON. — Sur la locomotion terrestre et aérienne 808 et 1253 CHASLES présente à r.\cadémie la première partie d'un ouvrage qu'il publie sous le titre de : « Traité des Sections coni- ques » 3C7 — Histoire des Mathématiques chez les Arabes. Note à l'occasion de trois ou- vrages récemments traduits de l'arabe et envoyés à l'Académie par M. le Prince Biionrnnijuigni 60 1 — M. ('/;«,s/c.v présente, au nom de M. Hirsl, un Mémoire sur un mode de transforma- tion des figures planes 663 — M. Cli/islcs est nommé Membre de la Commission centrale administrative pour l'année 1 865 16 — Membre de la Commission du grand prix de Mathématiques ( intégration des équa- tions différentielles du second ordre).. 44» — Et de la Commission du grand prix de Mathématiques (question des lignes iso- Ihermes) 476 CH.4T1N. — De 'existence de fibres corti- cales ou libériennes dans le système li- gneux des végétaux 611 CIIAUVEAU. — Sur les rapports entre la variole et a vaccine 1 1 97 MM. Pages. CHEVREUL. — Note historique sur les ma- nières diverses dont l'air a élé envisagé dans ses relations avec la composition des corps 46 1 et 497 — Remarques à l'occasion d'une Note de M Citrrci sur une nouvelle espèce d'épi- démie apparue en Savoie ygS — M. Chev/vid est nommé Membre de la Commission centrale administrative pour l'année i8G5 i6 — El de la Commission du prix dit des Arts insalubres 718 CIVIALE. — Compte rendu du traitement des calculeux pendant les années i863 et 1864 10G2 — M. Cii'inle est nommé Membre de la Com- mission du prix Godart 902 CIVIALE FILS. — Sur l'application de la pho- tographie à la géographie physique et à la géologie G60 CLAUSIUS. — Sur le second théorème prin- cipal de la théorie mécanique de la cha- leur 1025 — M. Cliiusiu.i est présenté par la Section de Mécanique comme l'un des candidats pour une place vacante de Correspon- dant 1 102 — M. Cliiusiiis est élu Correspondant pour la Section de Mécanique, et adresse ses remercîments à l'Académie.. . 1126 et 1198 CLEBSCH. — Sur une propriété des courbes d'ordre n, à — ^ points doubles.. 68 CLOQUET (Jules). — Rapport sur un Mé- moire de M. Bcrgen-t concernant un plan d'étude des agents externes ou at- mosphériques qui sont toujours en rap- port avec notre économie 1012 — M. Cloquet présente, au nom de M. Lc- tctlirr, un travail sur les champignons vénéneux ; au nom de M. Jrniieux, un opuscule sur les marais souterrains; et au nom de M. Caponctti, une observa- lion chirurgicale relative à un cas d'ané- vrisme 338, 492 et 537 — M. Clocjue.t est nommé Membre de la Commission pour la vérification des comptes de 1 8O4 1 263 — Membre de la Commission des prix de Médecine et de Chirurgie 660 — Et de la Commission du prix Barbier.... 902 COLLIN. — Un prix de Slalisliquo disponible de i863 est décerné à M. Collin pour ses recherches expérimentales sur l'éva- poration 255 — M. CdU'ui adresse ses remercîments à l'Académie 4'4 COLLINE.\U et Martin. — Un prix leur est iSgi ) MM. Pages. accordé pour leur Jfémoire sur la coxal- gie. (Concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie.) 263 — MM. ColUncdu et Martin remercient l'Académie 343 COMBES présente, au nom de MM. Dcnmn- dcsir et Sildcesing, une Note sur les i5o courbes relevées dans leurs re- cherches sur la combustion des gaz en vases clos. Note venant à ra[)pui d'un Mémoire adressé par eux à l'Académie le 2 juin 1862 864 — M. Combes est nommé Membre de la Commission du prix de Mécanique 5i8 — Et de la Commission du prix dit des Arts insalubres 718 COMITÉ ORG.VNISATEUR DU CONGRÈS SCIE.NTIFIQUE ITALIEN (le) annonce que l'ouverture du congrès, fixée d'a- bord au 7 mai, est remise au 24 sep- tembre 750 COMMAILLE. — De l'affinité de la caséine pour les acides, et des composés qui en résultent. (En commun avec M. Millon.). 118 et 859 — Analyse d'une scorie antique 1 34 COMMINES DE MARSILLY (de). -Recher- ches sur la combustion de la houille et du coke dans les foyers des locomotives et des chaudières fixes 216 COMMISSION MUNICIPALE DE SAINT- M.4L0 (la), chargée d'organiser l'érec- tion d'une statue à Chateaubriand, de- mande le concours de l'Académie COMMISSION pour l'érection de la statue de DiipuYtn'n. — Lettre invitant l'Acadé- mie à vouloir bien recevoir les sous- criptions ([ui seront otîertes dans ce but. CORENWINDER. — Note ayant pour litre : « Les feuilles des plantes exhalent-elles de l'oxyde de carbone? » — Recherches chimiques sur la betterave.. — Sur l'engrais flamand et son emploi dans la culture des terres 1192 — Analyse du varech nageur ou raisin du tropique [Sargassiim biiccifc7-um] 1247 — M. Cnrcmvindcr est présenté par la Section d'Économie rurale comme l'un des candidats pour une place vacante de Correspondant 355 CORNE. — Sur l'action du goudron de houille et de ses dérivés 108 CORML. — Lettre accompagnant l'envoi do plusieurs brochures destinées au con- cours pour les prix de Médecine et de Chiruigie 1 134 CORNU. — Théorèmes sur la réflexion cris- talline 47 75o 168 02 54 ( iV ) MM. Il M. l'aucs. CORVISARÏ. — Élude des nutritions locales; formation nutritive du ferment pan- créatique 479 COSTALLAT. — Un accessit lui est accordé au concours pour le prix de Médecine sur la question proposée concernant l'histoire de la pellagre 283 COSTE. — Sur la production des sexes; Note accompagnant la présentation d'un travail de M. Gerbe sur ce sujet , M. Élie de Bcauiiiout l'.iit hommage à l'Académie d'un exemplaire de cet Éloge. 54 1 Remarques à l'occasion d'une Lettre de M. Lnngnhaiyht sur une nouvelle érup- tion de l'Etna, du 3i janvier iSG/i.... 354 Remarques à l'occasion d'une commiuii- cation de M. Fouqué sur la même érup- tion 55!i Remarques à l'occasion d'une communi- cation de M. Vionnois, sur la cristalli- sation de l'eau [\-i.\ ■ Remarques à l'occasion d'une communi- cation de M. L. Lartet, sur la formation et le niveau du bassin de la mer Morte. 800 ■ Kemarqucs à l'occasion d'une comnuiui- cation de M. 7)r/7ç«r intitulée : « Ta- bleau résumé de neuf années d'observa- tions ozouoméfriques et remarques sur cette question » f^oc^ C. R., i865, \"SemeUie. (T. LX..) Remarques à l'appui de celles de M. Le J'errier pour établir qu'avant i858 on s'était précccuiié en France du ]i;nli ([uo la météorologie pourrait tirer de la té- légraphie électrique looi Remar([ues à l'occasion d'une communi- cation de M. Leriiinyez sur les phéno- mènes qui ont précédé et accompagné l'orage du 7 mai 1 8G5 1022 M, le Sccrctriire perpétuel présente im exemplaire du volume LVIII des Co/^/j/rv rendus et annonce que ce volume est en distribution au Secrétariat 4' M. le Seerélaire perpétuel donne lecture d'une Lettre par laipielle MM. -/. et G. jD» /»;//■ annoncent le décès de leur père, M. Léon Dujour, Correspondant de l'A- cadémie pour la Section d'Anatomie et de Zoologie B09 • M. Elie de Benunioiit donne lecture d'une Lettre de JI. le Ministre de l'In- struction j)ubli(jue qui autorise le prélè- vement d'une somme de 25oo francs sur les reliquats des fonds Montyon des- tinée à indemniser M. Billot po\ir i5oo francs, et M. Bouchard pour 1000 francs, des dépenses que leur ont occasionnées leurs recherches sur la pellagre 847 - M. Élie de Beaunumt communicpie, d'a- près sa correspondance |)arlieulière, les Notes et Lettres adressées par les au- teurs dont les noms suivent : - M. C/;«TO;7OTr. — Observation d'une nou- velle comète. — Remarques sur la forme qu'affectent les taches solaires. — Nou- velle Note sur la constitution physique du Soleil Go, Gi et 4i5 - AL Poey. — Sur l'inversion diurne et nocturne do la lempéralure jus([u'aLix limites de l'atmosplirre et sa répartition de l'horizon au zénilli. — Lettre sur l'o- rigine et l'organisation des correspon- dances météorologiques G4 et 1279 - M. Jackson. — Sur un gisement ex|iloi- tablc d'émeri découvert à Cliesler (Mas- sachusetts) 42 1 ~ Le P. Seccid. — Sur la lumière spectrale de la nébuleuse d'Oriun. — Sur les raies du spectie de la planète Saturne. 543 et 11G7 18a (■''396 ) MM. Pages. — af. (/(• Ciisparis. — Nouvelle planète dé- couverte le aC avril i865 .' 97'^ — M. Linii. — Lettre accompagnant l'envoi deCartesdu haut San-Franciseo (Brésil). 849 — M. Pissis. — Lettre sur les volcans et sur les terrains récents du Chili 109 5 — M. Ci/iilficr-GiYwier. — Lettre relative aux étoiles filantes 980 — M. Étif (le Bcaunmnt présente une Note imprimée de M. Marcou sur les gise- ments des lentilles trilobitifères taconi- qucs de la pointe Lévis, au Canada 1G8 — Deux opuscules du P. Sccclii, l'un « Sur des ouvrages hydrauliques antiques de la cité d'Alatri », l'autre « Sur la rela- tion entre les phénomènes météorologi- ques et le magnétisme terrestre » 54. 1 — La première partie d'un ouvrage du même savant intitulé : « Réduction des obser- vations magnétiques faites à l'Observa- toire du Collège Romain, de iSSg à 1864 » 819 — Un opuscule de M. Aaiitcdeschi sur le thcrmomélrographe à index 981 — Un opuscule adressé du Chili et ayant pour litre : « Sur l'éclipsé de Soleil qui aura lieu le 25 avril i8C5 et observa- tions faites au collège de Saint-Ignace pendant l'éclipsé de Soleil du 3o octobre iSti4 »; par le P. C(ii)pcllctli\ enfin un opuscule intitulé : « iMétéorologie ita- lienne; Rome, station duCampidoglio », par madame Cateriim Scarpelliiii i igS — M. le Secrétaire perpétuel fait hommage à l'Académie , au nom de M. Rouli/i , d'un ouvrage publié récemment par lui sous le titre de : « Histoire naturelle et souvenirs de voyage » 4 1 5 — Au nom de M. Sismomla, d'une Note sur un gneiss avec empreinte lyi'r/ni.wiiini. 492 — Au nom de JI. Desltiii^cliiii)ij)'(, d'un opus- cule intitulé : « Les époques de la na- ture » 8G4 — l\. le Secrétaire perpétuel s\^na\e parmi les pièces imprimées de la correspon- dance do diverses séances, les publica- tions suivantes : deux opuscules adressés par M. f'atcrius, l'un « Sur un nouveau clironoscope électrique à cylindre tour- nant fondé sur l'emploi du diapason «, MM. Pages. l'autre « Sur les vibrations de fils de verre attachés par une de leurs extré- mités à un corps vibrant, et libres de l'autre »; et un opuscule de M. Zaïite- (leschi sur les lois du climat de Milan et sur l'origine de la rosée et de la gelée blanche 1C8 — Une carte delà républi(|ue du Pérou, par M. Paz&Man 445 — Le second \ olumo de l'ouvrage de M. G. Bischoff, intitulé : « Traité de géologie chimique eti)h\sique » ; un Mémoire de M. Séililtot sur l'origine de nos chilTrcs. 1094 — Les tableaux des observations météo- rologiques faites à Dijon pendant l'an- née i864; un opuscule de M. Rcsal, in- titulé : « Application des équations de l'hydrodynamique à la recherche du mouvement d'un ellipso'i'de dans un liquide »; un Mémoire de JL Hiisson ayant pour titre : « Alluvions des envi- rons de Toul par rapport à l'antiquité de l'espèce humaine » 1200 — Trois ouviages de M. Ferdinand Mucller intitulés, le premier : « Les plantes in- digènes de la colonie de Victoria »; le second : « Végétation des îles Chatham »; et le troisième : « Fnigincnta j>liytngra- pliiif Australia' « ; enfin un ouvrage de M. le marquis de Hijosn de Jliira inti- tulé : (1 Investigations mathématiques ». — M. /;'//(■ i-/f i>'cr™/«oH/ est nommé Membre de la Commission chargée de présenter une liste de candidats pour la place d".\cadémicien libre vacante par suite du décès de SL du Pctit-Tliouars — Et de la Commission du grand prix des Sciences physiques (travaux ostéogra- phiquos pouvant contribuer à l'avance- ment, de la paléontologie française). . . . ENG.\ItD. — Sur un nouvel hygromètre. (En commun avec M. Philipi/nii.) ENGELBEUT MATZENAUER. - Leçons sur les comètes et les rayons solaires 1253 ESTOR et Sai.ntpiebre. — Expériences pro- pres à faire connaître Je moment où fonctionne la rate 82 — Du siège des combustions respiratoires; recherches expérimentales gSa l'jgo 325 Gn 7-19 FAURE. — Une mention honorable lui est accordée pour ses « Recherches ex[)éri- mentales sur les, caillotâ hbrineux du cœur ». (Concours pour les prix de Mé- decine et Chirurgie. ) 268 FAVÉ est adjoint par l'Académie à la liste ( i397 ) MM. Pages, des candidats présentés pour une place vacante dans la Section de Mécanique, par suite du décès de M. Clapcymn. . . 8- FAYE. — Sur la conslilulion physique du Soleil '. . 89 et 1 38 — Remarques sur une Lettre du P. Scalii, concernant la constitution physique du Soleil, et sur les Recherches relatives au même sujet récemment présentées à la Société Royale de Londres 468 — Sur les otfuscatious du Soleil attribuées à l'interposition des étoiles filantes 04;) — Note concernant les travaux de M. Spccrrr sur le Soleil 8 1 5 — Remarques à l'occasion d'une Note de M. Cnrrct, sur l'apparition d'une nou- velle espèce d'épidémie en Savoie 794 — M. tare est nommé Membre de la Com- mission du prix d'Astronomie (fonda- tion Lalande) 4yG — Et de la Commission du prix d'Astrono- mie ( fondation Damoiseau ) 54.3 FERRANDY. — Mer phosphorescente, exa- men des animalcules contenus dans l'eau. (Note transmise par M. le Mi- nistre de la Marine. ) GiS FINARDL — Lettre concernant une précé- dente Note sur un moteur pour les che- mins de fer 87 FIZEAU. — Sur la dilatation du diamant et du protoxyde de cuivre cristallisé sous l'influence de la chaleur iiGi — M. Fizcaii est nommé Membre de la Commission du prix Bordin (théorie des phénomènes optiques) 545 FLANDRIN. — Sur la substitution du gaz am- moniac à la \ apeur d'eau ; Note déposée sous pli cacheté, en juillet 1864, et ou- verte sur la demande de l'auteur 1G8 — • Sur un nouveau moteur à gaz ammoniac. 33S FLOUUENS. — Note sur la reproduction de l'os et de la membrane médullaire par le périoste 54 1 — M. Flourens présente k l'Académie un ou- vrage qu'il vient de publier, et qui a pour titre : « De l'Unité de composi- tion » 497 — M. le Secrétaire perpéluel donne lecture d'une Lettre de M. le Président de l'In- stitut relative au prix biennal 910 — M. te Secrétaire perpclucl communique l'extrait d'une Lettre de M. Russon con- cernant deux portions de mâchoires hu- maines et divers restes encore indéter- minés d'animaux provenant de cavernes à os-sements 111 — M. le Secrétaire perpétuel fait, au nom des auteurs, les présentalions suivantes : MM. Pages. — Au nom de M. P. Topiimrd, un ouvrage ayant pour litre : « De l'ataxic locomo- trice et en particulier de la maladie ap- pelée ataxie locomotrice progressive ». 24 — Au nom de M. fV. Haidingcr, une liste imprimée des météorites existant au !'■' janvier i8G5 au Cabinet impérial minéralogique de Vienne 100 — Au nom de M. Bcrilioud, un volume in- titulé : « Petites chroniques de la Science » m — Au nom de M. Figuier, un exemplaire de « L'Année scientifique et industrielle ». — Au nom de 'Si. Furl,, un 0|Hiscule sur le ténia et sur un moyen infaillible de s'en délivrer au moyen de l'écorce de racine de grenadier convenablement ad- ministrée 343 — Au nom de M. Mantegazza, un opuscule sur les greffes animales; communication d'un extrait delà Lettre d'envoi 03 1 — Au nom de M. P. Jrti/ig, un Mémoire pu- blié par la Société des Arts et Sciences d'Utrechtet relatif à l'appareil épisternal des Oiseaux 727 — Au nom de IL Houisson, un opuscule ayant pour titre ; « Les statues de La- pcyronie et de Barlhez à Montpellier » . . 3a5 — JL le Secrétaire perpétuel déclare qu'il a pris connaissance du paquet cacheté dont M. Cori'isart avait demandé l'ouverture dans la séance du 6 mars, et que les ré- sultats qui s'y trouvent énoncés sont d'accord avec ceux du Mémoire lu par l'auteur dans la môme séance 537 — M. le Secrétaire perpétuel si'^n'à]e, parmi les pièces imprimées de la Correspon- dance de diverses séances, les publica- tions suivantes; un ouvrage intitulé : « Origine et transformation de l'homme et des autres êtres »; par M. Tréniaux; un opuscule intitulé : « l'École ides Mines de Paris; histoire, organisation, enseignement, etc. >>; par M. Gratciai; un opuscule ayant pour titre : « Du- puytren » ; par M. Gaillard 1019 — M. Flourens est nommé Membre de la Commission chargée de présenter une liste de candidats pour la place vacante d'Académicien libre 3'Jt5 — Membre de la Commission du grand prix des Sciences physiques (anatomie com- parée du système nerveux des Poissons ). Gi 1 — De la Commission des prix do Médecine et de Chirurgie G60 — Et de la Commi.-îSion du prix de Physio- logie expérimentale GGo 182.. ( '398 ) MM. Pages. FOCK. — Sur le ténia ou ver solitaire, et le moyen de s'en délivrer âa; FOLET-SALNEUVE. — Sur les figures par- tielles du sphéroïde terrestre jS-i FOLEY. — Son Mémoire, sur le travail dans air comiirimé , est cité comme dij;no d'attention par la Commission des prix de Médecine et de Cliirurgie 'x-% FON'TEN.\L'. — Appareil de sauvetage pour les naufragés C3o FOUt";AULT est adjoint par l'Académie à la liste des candidats pour une place va- cante, dans la Section de Mécanique. . . 87 — M. Foitcnult est nommé Membre de l'A- cadémie, Section de Mécanique, en rem- placement de l'eu M. Clii])cyron i54 — Décret impérial confirmant sa nomina- tion 1 85 — M. Foucault est nonmié Memlirc; de la Commission du prix de Mécanique .liS — El de la (Commission du prix Bordin (théorie des phénomènes optiques)... . 545 FOUQUÉ. — Sur l'éruption de l'Etna du 3i janvier i8G5... 548, ii35, ii85et i33i MM. Pages. FRANCISQUE. — Sur la véritable base théo- rique de l'harmonie. — Clef de la science musicale 30 et 338 FUANKLAND et Dippa. — Recherches syn- thétiques sur les éthers 853 l'UKMAUX. — Analyses d'un li\ re intitulé: u Recherches pratiques sur la mortalité prématurée sous le rapport médical t,.. 1 01)4 et 1 1 97 FREMV. — Recherches chimiques sur les ciuienls hydrauliques 003 — M. Ficmy est nommé Membre do la Com- mission du prix Bordin (rapports cnirc la constitution des racines des plantes et l'absorption exercée par ces racines). 819 FRIEDEL. - Action du brome sur l'alcool isopropylique et sur l'iodure disopro- pyle 340 -- Synthèse nouvelle de l'acétone îjjo — Sur le silicium méthyle et sur les éthers mélhyle-siliciqucs. (En commun avec M. Criifts. ) 'J70 FU.STER. — Sur le traitement curatif de la phtliisie [lulmonaire l'^^o GAGNAGE. — Assainissement des grands centres do ]>opulation au profit de l'in- dustrie et de l'agriculture. 355, 459 et 981 — Sur les faunes ncptunicnnes. — Sur l'em- ploi de la cellulose des varechs el du péricarpe de la .'ioi.\ de coco.— Cellulose des salix 425, 49'. 805 et 937 GALEZOWSKI. — Lettre concernanl un nou- vel ophtlialmoscope 805 GALLE est porté, à deux reprises, par la Section d'Astionomie sur la liste des candidats pour une place vacante de Cor- respondant 982 et 10 10 GASPARIS (ue). — Découverte d'une nou- velle planète. (Lettre à M. Élic ilc Jirau- iiiuiii .] 973 — M. (lc(jiis])iiii\ est porté, à deux reprises, par la Section d'Astronomie sur la lisle des candidats pour uno place vacante de Correspondant 982 et 1046 GAUGAIN. — Sur une loi do Coulomb rela- tive à la longueur limite des corps iso- lants 07'1 GAULTIER DE CLAUBllY. — Sur un succé- dané do l'alcool et do l'esprit de bois |)Our la dissolution des produits lirictci- riaux provenant de l'aniline et de ses congénères 0/5 GAVARNI. — Note sur les fonctions curvi- tales 10-9 G.^Y. — Aperçu sur l'instruction publique au Chili 193 GEORGE. — Du pulvérisateur à hydrure d'amyle, el de son emploi comme anes- thésique dans la pratique chirurgicale. 119O GÉRARD. — Sur le télégraphe aulographi- que. — Plan d'un nouveau système de traction 1 28G GERBE. — Deuxième Note sur les méta- morphoses des Crustacés marins 74 — Le prix de Physiologie exi>érimentale est décerné à M. Gcrhc, pour ses observa- tions sur la reproduction des Kolpodes. . 2C0 — M. Gcrhi: remercie l'Académie 343 GERiNEZ. — Sur la criblallisation des disso- lutions salines sursaturées et sur la pré- sence normale du sulfate de soude dans l'air 833 — Nouvelles études sur les dissolutions sur- saturées I 0'27 (iERVAIS. — Du Mrsosaurus tciiuidriis, reptile fossile de l'Afrique australe. . . . ifto — .\pplication de la lumière électrique ( tubes (le Goisler) à l'éclairage sous l'eau C09 ( '399 ) MM. Pages. GEYNET. — Mémoire relatif au problème du cavalier 48-i GlOANNETTl. — Sur la possibilité ilc la di- rection des aéroslalà i345 GIR.UID. — Sur l'application du pdlicr glis- sant aux tourillons d'un \olanl de lami- noir pesant 35oco kilogrammes 1 1 1 GORDAN. — Sur la transformation des fonc- tions abéliennes 9'^^ GOUVON. — Sur l'emploi du chalumeau de Brouk pour produire une force consi- dérable, et sur l'application de cet ins- trument aux usages ordinaires de la vie. 938 GRAllAM eht porté, à deux reprises, par la Section d'Astronomie, sur la liste des candidats pour une place vacante de Correspondant 982 et 104G GR.4ND RÉFÉREKD.XIRE DU SÉNAT (M. le) demande à r.\cadémie les volumes pu- bliés par elle qui n)anc|uent à la Biblio- tlièque du Sénat 485 — I «ttre de remercîmenis pour l'envoi de ces volumes ■ 094 GRAY (As.\) est porté, à deux reprises, par la Section de Botanique sur la liste des candidats pour une place vacante de Cor- respondant 537 et 75o GRIMAUD, DE Caix. — Une mention hono- rable lui est accordée pour ses « Études sur l'hygiène appliquée, et en particu- lier sur l'aménagement des eaux ». (Con- cours pour les prix de Médecine et do Chirurgie do la fondation Montyon.). . . '^CS — Du canal de Marseille et de son limon, dans leur rapport avec la Crau et les marais qui bordent cette plaine 122 — De l'élimination des eaux publiques, après qu'elles ont servi aux besoins des popu- lations agglomérées. Application à la ville de Marseille QiG MM. Pages- — Du limon de la Durancc •. détermination du point précis où il peut être éliminé du canal de Marseille et dirigé le [)lus facilement vers la Crau, pour le colma- tage et la fertilisation de cette plaine. . 916 GROVE est présenté par la Section de Phy- sique comme l'un des candidats pour une place vacante de Correspondant. . . G37 GUÉRLN-MÉNEVILLE. — Sur un nouveau sous-genre de Bombycide producteur de soie, provenant du Sénégal, le Fciidhcr- biii Baulnniiv 1C2 — Filature do la soie du nouveau Bomby- cide sénégalais 34 1 — Sur ré|)idémie des vers à soie i jo6 — Note sur un lait d'hibernation des ani- maux articulés : observation sur une fe- melle de la guêpe vulgaire 44^ GUÊRIN (V.). — Étude sur les fonctions dif- férentielles Sig GUÉRIN. — Le prix de Statistique (fonda- tion Montyon ) lui est décerné pour sa statistique agricole du canton deBenfeld. 25 j GUIGNÉ (de). — Description d'une nouvelle machine à calcul loi GUINIER. — Expériences physiologiques sur la déglutition, faites au moyen del'au- tolaryngoscopie 909 GUIOT. — Transformation proposée pour le télégraphe Caselli 459 GUIPON. — Analyse de son Traité de la dys- pepsie 1 1 97 GU'i'ON. — Des accidents produits sur les animaux à sang chaud [lar la piqûre des Scorpions i G GUYON demande et obtient l'autorisation de reprendre sa Note sur une machine à filer le chanvre 24^ H HAMEAU revendique pour son père l'hon- neur d'avoir, avant M. Roussel, appelé l'attention des médecins sur la pellagre ; il adresse, à l'appui de cette réclama- lion, un ouvrage intitulé : « Documents pour servir à l'étude de la pellagre des Landes recueillis par les soins du Con- seil central de salubrité de la Gironde ». IL\NSTEIN annonce l'envoi d'un Mémoire aujourd'hui publié que l'Académie avait couronné en 1 863 IL\RDY. — Sur un dépôt de guano de chau- ves-souris HARNITZ-HARNITZKY. — Sur les combinai- 4i4 1044 sons de la glycérine avec les aldéhydes. (En commun avec M. Dle/isiliiithin.]. . 5C9 — Sur une méthode générale de synthèse des acides gras volatils JOSAT. — Sur la marche décroissante de la Hèvre typhoïde à Paris lO; JOULE est présenté par la Section de Physi- que comme l'un des candidats pour une place vacante de Correspondant (170 JOULIN. — Lettre concernant ses deux opus- cules sur le bassin considéré chez les Mammifères et dans l'espèce humaine. . 636 MM. P.ngcs JUIIEDAIN. — Recherches sur les yeux de W-ixtcrncai>t]iion riibens — Recherches sur l'anatomie des Sipondes. .IULLIEN adresse à l'Académie plusieurs exemplaires de son septième Mémoire sur la théorie de la trempe 4'j4 — Note sur la cémentation du fer : remar- ques présentées à l'occasion d'une com- munication récente de M. Mari^ucrittc . — Note sur lu théorie des fontes et aciers. JURIEN DE LA GRAVIÉRE fait hommage à l'Académie de dix cartes hydrographi- ques et de sept volumes publiés par lui. -l'J' io3 1042 35 K KEKULÉ. — Sur la théorie atomique et la théorie de l'alomicité KENNTiDV adresse, pour la Hibliothcque de l'Institut, deux volumes, intitulés, l'un : « Population des États-Unis en 1860, d'après les documents du huitième re- censement ». l'autre : « Agriculture des États-Unis d'après les mêmes docu- ments )' KERIKUFF. — Sur les principes d'un instru- ment pour observer le passage de la Lune dans le vertical d'une étoile KERX. — Lettre relative à un Mémoire de M. Limzzari concernant certains phéno- mènes nouveaux des corps cristallisés.. KESSLER- DESIGNES. — Sur l'emploi du '7-1 1044 5-2 1198 biphosphale d'alumine dans la fabrica- tion du sucre 1 35 KIRCIUIOFF est présenté par la Section de Physique comme l'un des candidats pour une [ilace vacante de Correspondant. . . KNOCU. — Une mention honorable lui est accordée pour ses « Recherches sur le Bolhriocéphale large «, (Concoui-s pour le prix de Physiologie expérimentale.). — M. Knoclt remercie l'Académie 63i KUHLMANN. — Recherches sur la force cris- tallogénique ioo6 et iii5 KUPFFER est présenté par la Section de Physique comme l'un des candidats pour une place vacante de Correspondant. . . ùZy 637 261 LA BL.\NCHÈRE (ne). - Lettre relative à ses reproductions photographiques des poissons vivants i345 LABORDE (l'abbé). — Note intitulée : « Analyse spectrale simplifiée » 53 LABOULAYE (C). — Recherches expéri- mentales sur la théorie mécanique de la chaleur. (En commun avec M. Tresca.) Rapport sur ce Mémoire ; Rapporteur M. Moi-hi 326 LACAZE-DUTHIERS. — Des sexes chez les Alcyonaires 840 — Sur un nouveau type dans le groupe des .4scidiens, le ChcfiruUus Cntlciisis.. . . 1264 — M. Lacaze-Diitliicrs est porté par la Sec- tion d'.\natomie et de Zoologie sur la liste dos candidats pour la chaire d'Ana- tomie vacante au Muséum d'histoire na- turelle, par suite du décès de M. f'alcn- cienncs , et présenté par l'Académie comme l'un de ses deux candidats pour celte chaire 1102 et iia6 LACOMBE (de). — Plan d'un aérostat nou- veau ri f 7 L.\ CROIX (de). — Sur une nouvelle applica- tion de son appareil respiratoire 224 et G3C L.4DREY. — Études sur les procédés em- ployés pour l'amélioration et la conser- vation des vins 976 LA GOURNERIE (de). — Sur une surface réglée du huitième ordre qui possède quatre lignes doubles du second ordre. 1 178 L.VGUERRE. — Théorèmes généraux sur les courbes planes algébriques 70 L.ULLER. — Nouveaux faits pour servir à l'histoire de l'huile d'olive i33 L.4LLEM.\ND. — Sur le cyanure de cuivre ammoniacal 1 14a LAMARLE. — Sur la théorie des surfaces.. . 83i ( i4oa ) Pn[|OJ MM LVMBRON. — Sur l'ôloctricité développée dans les eaux sulfureuses do Bagnéres- de-Luchon '-^38 LAMONT est porto, à doux reprises, par la Seclion d'Astronomie sur la liste des randidats jiour une place vacante de Correspondant 982 et 104G LAMV. Sur les phosphates de thallium.. . 741 LANCEREAL'X. — Une mention honorable lui est accordée, par la Commission des prix de Médecine et de Chirurgie, pour ses recherches analomo-patliologiques sur la Iromboso et l'embolie cérébrales. 2G8 LARTET (L.). — Sur la formation du bassin de la mer Morte ou lac Asphaltique, et sur les cliangcments survenus dans le ni- veau do ce lac 79*^ LAUTIGUE. — Résumé des lois qui régissent les ouragans et les tempêtes 1275 L.VSSELL est porté, à deux reprises, par la Seclion d'Astronomie comme l'un des candidats pour une place vacante de Cor- respondant 982 et 104G LAUGIER est élu Vice-Président pour l'an- née i865 i3 — M. Laiigicr est nommé Membre de la Commission du grand prix do Mathéma- tiques (question des marées) 44o — Membre de la Commi.ssion du prix d'As- tronomie (fondation Lalande) 4/6 — El de la Commission du [irix d'Astronomie (fondation Damoiseau) 545 L.\URENT. — Sur la formule de Lagrange.. LAURÈS (de). — Recherches expérimentales sur les phénomènes d'absorption pen- dant le bain IxAVOLNNE. — Recherches théoriques et pratiques sur la lloxion des systèmes quadrillés BESGUE. — Complément de sa Note du 5 décembre 18G4 concernant la dé- 25 G29 io34 LE termination do la valeur du sj mbole ij) dû à Jncohi LE BON. — Ouverture à la séance du lojuin d'un |)ai]uct cacheté déposé le 3 du mémo mois par M. Le Bon et relatif à l'exis- tence d'un alcaloïde dans la fève de Ca- labar 1290 LECLERC. — Descri|itiûn d'un appareil dé- signé sous le nom do lunette perspec- tive 110 LE COINTE (LE I'.).— Sur les diamètres des lignes et des surfaces en général, avec de nombrc\ises applications aux lignes et aux surfaces du second ordre io83 LEFÉVRE demande que plusieurs ouvrages MM. Paccs. présentés par lui ?oient admis au con- rourspourle prixdit des Arts insalubres. 9S1 LEGRAND DU SAULLE. — Analyse manu- scrite de son ouvrage intitulé : « La Folie devant les tribunaux » G3o LEMAIRE. — Emploi de l'acide phénique en médecine; réclamation de priorité adressée à l'occasion d'une communica- tion récente de M. DMat 5G LEM.VTTRE. — Une mention honorable lui est accordée pour son travail sur les propriétés de l'atropine et de la dalu- linc. (Concours pour les prix de Méde- cine et de Chirurgie.) 2G8 LEPLAY et Ci isimer. — Note sur les diffi- cultés généralement signalées dans la fabrication du sucre de betterave, pen- dant la campagne de i8G3-G4 s'-'i LEQUESNE. — Note sur un commutateur servant à grouper instantanément les divers éléments d'une pile, suivant les expériences à faire et les effets à pro- duire 53G LERMOYEZ. — Sur les phénomènes qui ont précédé et accompagné l'orage du 7 mai i8G5 1019 LETELLIER. — Expériences nouvelles sur les champignons vénéneux, sur leurs poi- sons et leurs contre-poisons 338 — Sur la toxicologie des champignons 1 1 ^g LEVEN et Vée. — Recherches chimiques et physiologiques sur un alcalo'ide extrait (le la fève de Calabar 1 194 et i3Go LE A'ERRUiR. — Remarques relatives à une communication de Jl. fayr, sur les of- fuscationsdu Soleil attribuées à l'inter- position des étoiles filantes C55 — Observations sur une Note de M. Mni- tciuci, relative à l'origine et à la propa- gation des tempêtes en Italie 949 — Réponse à la Note de M. Mrittciicri sur la propagation des tempêtes en Italie. . i3i7 — Lettre adressée il M. le Maréchal Vaillant, en lui transmettant une Lettre de M. Coitiiilhiry qui a suivi à Constanti- nople le passage d'un corps obscur sur le disque du Soleil 1 1 1 3 cl 1 1 1 4 LÈVV (Michel) est présenté comme l'un des candidats pour la place d'.\cadémicien libre \acante par suite du décès de M. du Pctit-TliotKds 459 LÉVY. — Le prix fondé par madame la mar- quise de Laplace est décerné à M.i-f'i;!, sorti le premier de l'École Polytechni- que a58 LIAIS. — Remarques à l'occasion d'une com- munication de M. Moinlicz sur l'éclipsé de Soleil du 3o octobre 18G4 172 ( i4o3 ) MM. Paees. — Sur la vitesse de la lumière et la parallaxe du Soleil '74 — Lettre concernant quelques dessins iirécé- demment adressés par lui, et relatifs à ses observations astronomiques du Bré- sil 796 — Lettres accompagnant l'envoi de cartes gravées appartenant à son Allas du haut San-Francisco (Brésil).. 849, 1200 et i3o6 LIOUVILLE. — Nombre des représentations d'un entier quelconque sous la forme d'une somme de dix carrés laS; — M. Liomillc est nommé Membre de la Commission du grand prix de Mathéma- tiques (intégration des équations diffé- rentielles partielles du second ordre). . 44o — Membre de la Commission du grand prix de Mathématiques (question des lignes isothermes ) kl^ — De la Commission du prix d'Astronomie (fondation Lalande ) 476 — Et de la Commission du prix d'Astronomie ( fondation Damoiseau ) 545 Pages. 104G MM. LIOV. — Note sur les habitants des cavernes et des cités lacustres : instruments di- vers provenant de ces gisements 85 LIPPMANN et Miciiaelson. — Sur le bromure de benzylidène et sur deux hydrocar- bures qui en dérivent 7'^' LITTROW est porté, à deux reprises, par la Section d'Astronomie sur la liste des candidats pour une place vacante de Cor- respondant 982 et LOISEAU et Boivin. — Sur les sucrâtes de chaux 1 (^4 — Sur les sucrâtes de plomb 454 LONGET est nommé Membre de la Com- mission des prix de Médecine et Chi- rurgie LONGOBARDO. - Lettre adressée à M. Ch. Saintc-Cliiirc Dcfilln sur une nouvelle éruption de l'Etna LORIN. — Mode de réduction dans les li- queurs neutres C60 35 ^4 1\I MAC-DONNELL. — Recherches physiologi- ques sur la matière amylacée des tissus fœtaux et du foie 9*^3 MAC-GAULEY. — Lettre concernant un Mé- moire intitulé : « Théorie des impondé- rables » '045 M.ULLARD (de) et Burin du Buisso.\. — Traitement des maladies des voies res- piratoires par l'inhalation des produits volatils qui se dégagent autour des épu- rateurs du gaz d'éclairage '343 MAISONNEUVE. — Nouveau perfectionne- ment apporté aux appareils de lithotritie. 5i9 — Sur une blessure du tronc veineux bra- chio-céphalique gauche, suivie de guéri- son "0^ MALLARD. — Note sur une roche raagnéti- polaire trouvée sur le Puy-Chopine( Puy- de-Dôme. ) 1 0O8 MARÉCHAL et Tessié du Motav. — Sur les photographies vitrifiées laSg MARES (H.).— De la production du fumier par les bétes à laine; rapport entre l'en- grais produit et la nourriture consom- mée i5(J — M. Mares est présenté par la Section d'é- conomie rurale comme l'un des candidats pour une place vacante de Correspon- dant 355 C. R., l8G5, i" Semestre. (T. LX.) MARES (P.).— Sur la constitution géolo- gique du sud de la province d'.41ger . . 1039 MAREY. — Un prix lui est décerné pour son ouvrage sur la Physiologie médicale de la circulation. (Concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie.) 262 — M. Marey remercie l'Académie, 445 MARIE. — Détermination du point critique où est limitée la convergence de la série de Taylor io85 MARIGN.\C. — Sur les combinaisons hypo- niobiques 234 — Sur la constitution de l'acide hyponiobi- que et de l'acide tantalique. . . .t i355 MARIvIDÈS. — Sur la nature des comètes. i253 — Opuscule en grec sur le même sujet i3Go MARTIN. — Étude électrochimique sur les corps simples réels, pondérables et im- pondérables, distingués en deux genres par leurs afEnités propres.... 777 et 956 MARTIN (F.) et Collineau. — Un prix leur est décerné pour leur Mémoire sur la coxalgie. (Concours pour les prix de Mé- decine et Chirurgie.) 263 — MM. Martin et Collineau remercient l'A- cadémie 343 MARTINS. — Sur la quantité de pluie tom- bée au jardin des plantes de Montpellier en décembre 1 8O4 4 • i83 ( i4 MM. Paces. MARX. — Sur les nialadips des voies iiri- rinirps io45 MASU )\\"SKY. —Lettre conccrnanl son sys- lùnie de trailement de la syphilis io45 MASURE. — Sur les avantai;cs comparés des marnaîres et des chaidages en agricul- ture 981 MATIIIKU présente, au nom de M. /. E. Tardicii, la traduction d'un livre inti- tulé : « Nouvcllos études sur l'arme rayée de l'infanterie » 808 — M. Mathieu est nommé Membre de la Commission des comptes pour 18C4... 12O3 — Membre de la Commission cliargée de pré- senter une liste de candidats pour la place vacante d'Académicien libre Saï — De la Commission du grand prix de Ma- thématiques (question des marées) 44o — De la Commission du prix de Statistique. 5i8 — De la Commission du prix d'Astronomie (fondation Lalande) 476 — El de la Commission du prix d'Astrono- mie (fondation Damoiseau) 545 MATTEUCCI annonce la mort M. Ridolfi, Correspondant de l'Académie, Section d'Économie rurale 5i8 — Résultats obtenus par M. Gorirti d'un procédé de son invention pour la con- servation des cadavres 212 — Action du soufre dans la pile voltaïque.. 656 — Origine et propagation des tempêtes en Italie 8gi — Remarques sur une communication ver- bale faite par M. Le Verrier à l'occasion de la précédente Note i3i3 MAURIN. — Sur les égouts do Marseille.. . . 1018 M.AYER. — Sur une nouvelle méthode d'em- baumement 425 MÈGE-MOURIÈS. — De la préparation des savons et des acides gras propres â la confection des bougies 735 5IEILLET. — Sur des ateliers d'instruments en silex des environs do Chàtellerault. . 35 MELSENS. — Sur l'emploi de l'iodure de potassium pour combattre les alfcctions saturnines et mercurielles, et les acci- dents consécutifs de la syphilis logS MENÉ. — Analyse de quelques minerais de plomb. (En commun avec AL Counnt,). 224 MENSCHUTKIN. — Sur les acétopyrophos- phates 532 — Sur les combinaisons de la glycérine avec les aldéhydes. (En commun avec M. Hiirnitz-Hiirnitzlii. ) 5O9 MEUNIER (Stan.). — Dissolution de quel- ques oxydes métalliques dans les alcalis caustiques en fusion 557 et 1232 04 ) MM. Pages. MICH.VELSON et Lippm.vxn. — Sur le bro- mure de benzylidènoet sur deux hydro- carbures qui en dérivent 721 MICHAUX. — De l'ablation totale de l'omo- plate en conservant le reste du membre supérieur 795 MICHAUX, Membre du Conseil d'hygiène et de salubrité de la Savoie, adresse un Mémoire manuscrit et des pièces impri- mées ayant pour objet de réfuter l'opi- nion émise par M. Cnrrrt sur l'origine d'une affection épidémique observée en Savoie 966 MILLET. — Son Traité de la diplithérite du larynx est cité comme digne d'at- tention par la Commission des prix de Médecine et Chirurgie 27a MILLET. — Sur quelques œufs trouvés en mer fixés à un fragment de cercle de barrique 342 MILLON. — De l'affinité de la caséine pour les acides, et des composés qui en résul- tent. (En commun avec M. Conimnillc.) 118 et 859 MINISTRE DE L'AGRICULTURE, DU COM- MERCE ET DES TRAVAUX PUBLICS (M. le) adresse, pour la Bibliothèque de l'Institut, plusieurs numéros des bre- vets d'invention pris dans les années 18C4 eti865 110, 343, 1198 et i345 — M. /(• Ministre transmet une copie du procès-verbal de la séance dans laquelle le Conseil général des Ponts et Chaus- sées a accepté, pour ce qui le con- cerne, les dispositions dictées par feu M. Dalmont et adoptées par l'Acadé- mie des Sciences, au sujet d'un legs de 3oooo francs 445 — M. le 3Ii'ii.stre adresse, pour la Bibliothè- que de l'Institut, un exemplaire du XLIX" volume des brevets d'invention pris sous l'empire de la loi do 1844 63i MINISTRE DE LA GUERRE (M. le) annonce que MM. Le J'errier et Combes sont maintenus Membres du Conseil de per- fectionnement de l'École Polytechnique pour i865, au litre de l'.Xcadémie des Sciences 24 — M. le Ministre adresse pour la Bibliothè- que de l'Institut, le XIV volume du « Recueil de Mémoires et observations sur l'hygiène et la médecine vétérinaires militaires », et le tome XII des « Mé- moires de Chirurgie et de pharmacie militaires » 343 et 44^ MINISTRE DE LA MARINE (M. le) trans- met un Rappoi-t ipii lui a été adressé par le commantiaut du navire l'Augus- ( i4 MM. Pages. tin : passage de ce Rapport concernant un cas remarquable de phosphorescence de la mer observé entre les i3° et ly" degrés de latitude nord, et les 3i' et 33° degrés de longitude ouest, le 1 5 février 1 865 628 — M. /(' Ministre transmet l'extrait d'un Raiiport du capitaine d'un navire du commerce concernant une comète ob- servée le 17 janvier non lom des côtes du Chili II 34 MINISTRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE (M. le) approuve l'emploi proposé par l'Académie pour diverses sommes à prendresur les fonds restés disponibles. no, 225 et 63i — M. le Ministre transmet l'ampliation du décret impérial qui approuve la nomi- nation de M. Foucault comme Membre de la Section de Mécanique i85 — Et l'ampliation du décret impérial qui approuve la nomination de M. Roulin en qualité d'Académicien libre 54i — M. le Ministre transmet l'ampliation du décret impérial autorisant l'acceptation du legs de feu M. Dalmont loig — M. le Ministre approuve le jour proposé par l'Académie pour sa séance publique annuelle, le lundi 6 février 225 — M. le Ministre invite l'Académie à lui présenter deux candidats pour la chaire de Zoologie vacante au Muséum par suite du décès de M. f'alenciennes 1019 — M. le Ministre transmet , au nom do SI. Polleu.r, un Mémoire sur la théorie des parallèles 1 og4 MOCQUORN est présenté par la Section de Mécanique comme l'un des candidats pour une place vacante de Correspon- dant 1 102 MONDINO. — Lettre concernant un baro- mètre à air qu'il a présenté en i863 à l'Académie 12 16 MONTANI. — Sur les chaînes de montagnes delà Lune. —Rectification d'une erreur de chiffre dans cette communication. . . 482 et 807 MONTIGNY. — Note sur le pouvoir des pointes 412 MONTUCCI. — Mémoire sur la résolution numérique des équations du cinquième degré, et de quelques autres équations. 440 et 846 MOREAU. — De l'inducnce de la section du grand sympathique sur la composition de l'air de la vessie natatoire 4o5 o5 ) MM. Pages. MORIN, Président sortant de fonctions, rend compte à l'Académie de l'état où se trouve l'impression des Recueils qu'elle publie, etdeschangementsarrivés parmi ses Membres et ses Correspondants pen- dant l'année 1864 '3 — Extrait du Rapport fait à M. le Ministre de l'Agriculture, du Commerce et des Travaux publics, sur l'organisation de l'enseignement industriel en Allemagne et en Suisse 688 — Remarques à l'occasion d'une communi- cation de M. Séguier, sur le perfection- nement des armes à feu 871 — Rapport sur un Mémoire de MM. Tresca et C . Laboulnye, intitulé : « Recherches expérimentales sur la théorie mécani- que de la chaleur » 326 — Rapport sur un Mémoire de M. Trescn ayant pour titre : « De l'écoulement des corps solides » 1226 — M. Marin fait hommage à l'Académie du n° 19 des « Annales du Conservatoire impérial des Arts et Métiers » 819 — M. Mnrin présente, au nom de M. Fnir- bnirn, deux ouvrages en anglais inti- tulés, l'un : « Traité des moulins et des organes de transmission » , l'autre : « Sur l'application de la fonte aux con- structions » 1226 — Et au nom de M. Léon T'idal, un exem- plaire d'un ouvrage intitulé : « Calcul du temps de pose, ou Tables photomé- triques pour l'appréciation des temps nécessaires à l'impression des épreuves négatives en raison de l'intensité de la lumière » 1290 — M. Blarin est nommé Membre de la Com- mission du prix de Mécanique (fonda- tion Montyon) 5i8 MORIN (J.). — Appareil propre à enregistrer, par l'intermédiaire de l'électricité, les indications successives d'un baromètre. 23 MORTILLET (de). — Sur les haches en néphrite de la Suisse 83 — Sur les silex taillés du Grand-Pressigny. 745 MOUCHEZ. — Observations de l'éclipsé an- nulaire du Soleil du 3o octobre 1864, à Sainte-Catherine (Brésil) 114 MOULINE. — Note sur une expérience des- tinée à déterminer l'équivalent méca- nique de la chaleur , 24 MOURA BOUROUILLON. — Traité pratique de laryngoscopie et de rhinoscopie. . . . 536 MOUTIER. — Sur une propriété du soufre. (En commun avec W. Dietzcnbmhcr.]. 353 i83.. ( i4o6 ) N MM. Pages. NAQUET. — Sur un nouvel acide aromati- que, l'acide thymicylique 5C5 et GC3 NAUDIN est nommé Membre de la Commis- sion du prix Bordin (rapports entre l'organisation des racines des plantes et l'absorption exercée par ces racines).. 819 NETTER. — Sur l'importance de l'élément buccal dans la fièvre typhoïde 342 — Sur la fièvre typhoïde 1018 MM. Pages. — Sur l'héméralopie logS NETTO. — Remarques sur les vaisseaux la- licifères de quelques plantes du Brésil. 668 NICKLÈS. — Sur l'existence du hichlorure de manganèse et ses congénères du brome et de l'iode 479 — Sur les combinaisons du bore avec les corps halogènes 800 MCOLAIDÈS. — Sur la théorie des surfaces. 634 O OLETTO PIETRO annonce avoir construit une horloge luni-solaire représentant le mouvement de la Lune, et demande à être admis au concours pour le prix re- latif à la théorie des marées.. . . 491 et i36o OLLIER. — Résection sous-périostée de la moitié supérieure de l'humérus, suivie de la reproduction de la partie enlevée. 843 OLLIVIER. — Une mention honorable lui est accordée pour son travail sur l'albumi- nuriesaturnine. (Concours pour les prix de Médecine et Chirurgie.) 268 — M. Ol/ificr adresse ses remercîraents à l'Académie , 4 • 4 OLLIVIER et Bergeuon. — Des réactions physiologiques de la vératrine, au point de vue de ses applications à la théra- peutique et à la médecine légale 1 196 PAIN'VIN. — Sur la théorie des surfaces po- laires d'un plan 927 PAMBOUR (de). — Sur la théorie des roues hydrauliques : théorie des rouesà aubes planes 1181 et 1283 PARA"VEY (de). — Lettre relative à quel- ques passages du Cosmos de M. de Hiim- holdt 425 — Remarques relatives aux noms donnés par les Égyptiens et par les Grecs à la constellation d'Orion 676 PARIS. — Moyen d'éviter les avaries des grandes machines à hélice laSS — M. l'Amiral Pnris est nommé Membre de la Commission du grand jirix de Mathé- matiques (question concernant la théorie des marées ) 44" PARLATORE est porté, à deux reprises, par la Section de Botanique sur la liste desrandidals pour une place vacante de Correspondant 537 et 760 PASSY est nommé Membre de la Commis- sion cliargéc do jirésenter une liste do candidats pour la place d'Académicien libre vacante par suite du décès de M. l'Amiral dn rclit-Tliomirs 325 — Et ^fembre de la Commission du prix de Statistique 5 1 8 PASTEUR. — Procédé pratique de conser- vation et d'amélioration des vins 899 — Note sur les dépôts qui se forment dans les vins 1 109 PAITÎN fait hommage à l'Académie de la quatrième édition de son « Précis théo- rique et pratique des substances ali- mentaires )) 1 5o — M. Pincn est nommé Membre de la Com- mission du prix dit des Arts insalubres. 718 PÉCIIOLIER. — Des indications do l'emploi du calomel dans le traitement de la dy- senterie 128g PÉLIKAN. — Sur un nouveau poison du cœur provenant d'une Apocynée du Gabon, pays où il est employé comme poison des flèches 1 209 PELLEGRIN demande et obtient l'autorisa- tion de reprendre un paquet cacheté an- térieurement déposé 1291 PELOUZE. — Sur une combinaison nouvelle d'eau et de carbonate de chaux 429 " — Sur l'analyse xolumétriquo du fer con- tenu dans lo sang 880 MM. Pages — De l'action des métalloïdes sur le verre, et de la présence des sulfates alcalins dans tous les verres du commerce 985 PERROT. — Recherches sur l'électricité : expériences concernant le pouvoir des pointes 1 80 et 45o — Sur la cause des orages et des trombes. . 1252 PERSOZ. — Mémoire sur l'état moléculaire des corps, servant d'introduction à une théorie générale des composés d'origine organique 4o3, 83;, 1014, 1088, 1126, 1236 et i339 — Nouvelle méthode pour déterminer la pe- santeur spécifique des corps solides 4o5 — Sur la transformation de l'oxyde nitreux (protoxyde d'azote) en acide nitrique et en ammoniaque (les composés binaires qui lui ont donné naissance ) 443 — Sur la décomposition du nitrate ammo- niquo par la chaleur 936 PETREQUIN. — Son Mémoire sur une nou- velle méthode de guérison des ané- vrismes au moyen de la galvano-punc- ture, est cité comme digne d'attention par la Commission des prix de Médecine et Chirurgie 272 PHILIPPON. — Sur un nouvel hygromètre. (En commun avec M. Engard.) 749 PHILLIPS est présenté par la Section de Mé- canique comme l'un des candidats pour la place vacante par suite du décès de M. CUipeyron 87 PHIPSON. — De l'existence du silicium sous deux états dans la fonte, et de leur in- fluence sur la production de l'acier par le procédé de Besseraer io3o PIÉTRA-SANTA. — Réclamation de priorité à l'occasion d'une communication ré- cente concernant l'influence des altitudes sur la phthisie 167 PIOBERT est nommé Membre de la Commis- sion du prix de Mécanique (fondation Montyon) 5i8 PISANI. — Sur la kalicine, nouvelle espèce minérale trouvée à Chypis, en Valais. . 918 — Sur la limonitepisolitique d'Iwaro (Hon- grie) 919 PISSIS. — Sur les volcans et sur les ter- rains récents du Chili 1095 PLANTAMOUR est porté, à deux reprises, par la Section d'Astronomie sur la liste des candidats pour une place vacante de Correspondant 982 et 1046 — M. Planlamour est nommé Correspondant de l'Académie, en remplacement de feu M. JV. Struvc 1067 — M. P/i7«/rtmo«/- adresse ses remerciments à l'Académie 1 135 ( 1407 ) MM. Pages. PLUCKER est présenté par la Section de Phy- sique comme l'un des candidats pour une place vacante de Correspondant... 637 POEY. — Sur l'inversion diurne et nocturne de la température jusqu'aux limites de l'atmosphère et sa répartition de l'hori- zon au zénith ; Lettre à M. Élie de Beau- mont 64 — Recherches sur la polarisation atmosphé- rique observée sous le ciel tropical de la Havane 781 — Coup d'oeil sur l'origine et l'organisation des correspondances météorologiques jusqu'à nos jours 127g POITEVIN. — Le prix Trémont est décerné à M. Poitevin pour ses découvertes pho- tographiques 258 POLLAILLON. — Lettre sur l'épidémie des vers à soie j 307 PONCELET. — Note accompagnant la pré- sentation de la nouvelle édition de son » Traité des Propriétés projeclives des figures », t. \" i85 — M. Poncelet, nommé Membre de la Com- mission du prix de Mécanique, demande à être remplacé dans cette Commission et dans celle qui doit faire le Rapport sur un Mémoire de M. Trcsca. . 5 1 8 et 547 PONS. — Sur les fonctions de la rate 5g — Note relative aux mariages consanguins. 937 POTIER. — Lettre relative à ses recherches sur le traitement des tumeurs blanches. 1160 POTTIER. — Lettre concernant un insecte qui nuit à la vigne 1217 POUILLET. — Remarques à l'occasion du troisième scrutin de la séance du 16 jan- vier pour la nomination d'un Membre de la Section de Mécanique 137 — M. Poiiillct est nommé Membre de la Commission du prix Bordin ( théorie des phénomènes optiques) 545 POULET. — Sur les causes de la maladie des pommes de terre et de la vigne. — Sur le mouvement de la sève 24 PRADOS (de). - Sur l'éclipsé de Soleil du 25 avril i865 i3o3 PRÉFET DU DÉPARTEMENT DE LA SEINE ( M. LE ) transmet une lettre de M. Gott- frird Rcclio annonçant un remède pour la guérison du choléra 1261 PRÉSIDENT DE L'INSTITUT (M. le) rap- pelle à l'Académie des Sciences qu'aux termes du décret du 22 décembre 1860, c'est elle qui doit désigner cette année l'œuvre ou la découverte qu'elle jugera digne du prix biennal fondé par l'Empe- reur, jugement qui sera ensuite soumis à la sanction de l'Institut 727 MM. ( i4o8 ) Pages. — Lettres concernant les deuxième et troi- sième séances trimestrielles de i86J. . . 559 et 1289 TRÉSinENT DU RELEVÉ GÉOLOGIQrE DE L'INDE (M. le) adresse à l'Académio un exemplaire des Coinples rendus des traviiux de la Société géologique do Cal- cuta pour 1 803- 1 80 4 SSg PKÉSIDENTDEL ACADÉMIE DES SCIliNCES (M. le).— Voir au nom de M. Dccaisnc. MM. Pages. PREraR. — Sur le principe actif du curare. i346 PIUNGSHEIM est porté, à deux reprises, par la Section de Botanique sur la liste des candidats pour une place vacante de Correspondant 53; et 75o PL'ISEUX. — Lettre relative au mouvement de la Lune "5i PYRLAS. — Sur la possibilité de remplacer les paratonnerres par d'autres moyens.. C36 QU.\TREFAGES (de). — Note sur la clas- sification des Annélides 586 — Remarques à l'occasion d'une communi- cation de M. LioY, sur les habitants des cavernes et des cités lacustres 80 — Sur les silex taillés du Grand-Pressigny : observations à propos d'une brochure de M. de Mortillet 1 00 1 M. (/(' Quaircfdgcs est nommé Membre de la Commissiondu grand prix des Sciences physiques (anatomie comparée du sys- tème nerveux des Poissons) Gi i R RAILL.\RD. — Nouvelle Note sur l'arc-en- ciel 1287 RANKINE est présenté par la Section de Mé- canique comme l'un des candidats pour une place vacante de Correspondant.. . . 1 102 RAULLN. — Observations pluviométriques faites dans le sud-ouest de la France (Aquitaine et Pyrénées), de 1714 à 18O0, suivies des grandes séries de Montpellier, PariSjGenèvoet le grand Saint-Bernard. ii33 RAYER, Membre de la Commission chargée d'examiner le système de M. Tliury, concernant la production des sexes à volonté, déclare que les expériences qu'il a faites jusqu'ici n'ont pas été assez si- £;nificatives pour lui permettre de for- muler son opinion devant l'Académie. . 494 — ^1. Rayer est nommé Membre de la Com- mission des prix de Médecine et Chi- rurgie C60 — Membre de la Commission du prix dit des Arts insalubres 718 — De la Commission du prix Barbier 902 — Et de la Commission du prix Godart. . . 902 REBER est désigné par l'Académie des Beaux-Arts comme devant faire partie de la Commission mixte chargée de l'examen d'un Mémoire do M. Fraii- cixr/tu- sur la théorie de l'harmonie 484 REBOUL. — Sur un nouveau carbure d'hy- drogène, le valylène, dérivant de l'amy- lène jiar la soustraction de 11' 8o3 REDIOLOT. — Notice statistique sur les ré- sultats des mariages consanguins dans le bourg de Batz 49' REECH. — Un encouragement de la valeur de i5oo francs lui est accordé parl'.^ca- démie, sur la proposition de la Commis- sion chargée de juger le concours pour le grand prix de Mathématiques (ques- tion de la stabilité de l'équilibre des corps flottants) 246 REED. — Sur le traitement du choléra -So REGNAULT présente, au nom de M. Miclicle Trei'cs, un ouvrage italien intitulé : « Percement mécanique des tunnels pour les chemins de fer, et en particulier pour le percement des Alpes » 416 — Remarques à l'occasion d'une Note de M. CaiTci&MV l'apparition d'une nouvelle espèce d'épidémie en Savoie 794 REICHENBACII. — Lettre concernant de pré- cédentes communications sur la géogé- nie 80 RENARD. — Sur l'établissement des for- mules fondamentales de l'électrodyna- mique dans l'hypothèse d'un seul lluide. 1 10 RENAULT. — Sur la vérification de la réci- proque des lois de Faraday relatives aux équivalents chimiques 224 — Nouvelle méthode d'analyse quantitative applicable aux différenls alliages 4*^9 REVEIL. — De la dialyse et de son applica- tion à la recherche des substances toxi- ques. De l'emploi de l'iodure de mer- cure et de potassium pour la recherche des alcalis organiques 453 — Recherches sur l'osmoze et sur l'absorp- tion par le tégument externe de l'homme dans le bain 1 1 9O ( MM. Pa — De l'aclion dos poisons sur les plantes.. REVNÂUD adresse à l'Académie, par ordre de M. le Ministre de l'Agrirnltiire, du Commerce et des Travaux p\il3lics, un exemplaire d'un Mémoire : « Sur l'éclai- rage et le balisage des côtes de France». REYNOSO (Alvaud). — Note sur l'extrac- tion du sucre RICH. écrit par erreur pour Riess.. 63; et RICHARD demande, pour la bibliothèque de la Société d'Agriculture, Sciences et Arts de la Sarthe, les publications de r.\cadémie RICHARD (du Cantal 1 prie l'Académie de vouloir bien le comprendre dans le nom- bre des candidats pour la place de Cor- respondant de la Section d'Économie rurale, vacante par suite du décès de M. Parade RICHER. — Machine électrique à plateau en soufre RIESS (écrit par erreur Rich] est présenté par la Section de Physique comme l'un des candidats pour une place vacante de Correspondant ^^7 et RITCniE. — Note sur une nouvelle boussole RIVOALEN. — Sur le choléra-morbus ROBERT. — Observation d'un bolide faite à Bellevue, prés Sèvres, le 17 février i865. ROBERT (Eue). — Observations critiques sur l'âge de pierre ROBIN (Ed.). — Nouvelles applications des principes concernant la possibilité de ralentir l'aclivilé respiratoire, les be- soins de la respiration, sans être obligé de rendre plus faible la quantité d'air qui pénètre dans la circulation ROBINET. — « Réponse à cette question : Quelle eau boivent les Parisiens? »... 1409 ) MM, Pages. ROBINSON est porté, à deux reprises, par la Section d'.\stronomie sur la liste des candidats pour une place vacante de Correspondant 982 et 1046 ROCHE, — Sur les offuscations du Soleil... 80C RODUIGUEZ DA COSTA DUARTE. - Des fistules génilo-urinaires chez la femme. 1289 ROLLAND est présenté par la Section de l\lé- canique comme l'un des candidats pour la place vacante par suite du décès de M . CUipcyron 87 ROUBAUD, — Identité d'origine de la gra- velle , du diabète sucré et de l'albumi- nurie G29 ROUD.\NOVSKI. - Sur la structure intime du système nerveux 134^ ROULIN est présenté comme l'un des can- didats pour la place d'Académicien libre vacante par suite du décès de M. du Petit-TItouars 459 — M. Hoidin est nommé Académicien libre en remplacement de feu M. du Pciit- Thouars 47*J — Décret impérial confirmant cette nomi- nation 541 ROUSSEAU, — Thèse sur les propriétés vi- tales i2>6 ROUSSEAU (Louis) est porté, par la Sec- tion d'.4natomie et de Zoologie, sur la liste des candidats pour la chaire de Zoologie vacante au Muséum d'Histoire naturelle par suite du décès de M. ïn- leiicicnncs, et présenté par l'Académie comme l'un de ses deux candidats pour cette chaire 1 102 et 1 laG ROUSSEL. — Le prix de Médecine (question proposée : histoire de la pellagre) est accordé à M. Théophde Roussel 283 ges, .96 4. .5 292 6-3 847 25 240 676 3o2 019 458 664 1266 237 SAINTE-CLAIRE DEVILLE (Cn.), à l'occa- sion d'une communication de M. /{/- cher, sur une machine électrique à pla- teau cn soufre, rappelle un procédé de M. Dietzenbacher qui communique au soufre préparé de cette manière une plasticité très-grande et très-persistante. 241 — M. Cil Dei'il/e annonce que M. F/uif/ué a été envoyé pour étudier l'éruption ac- tuelle de l'Etna 384 — Remarques à l'occasion de communica- tions de M. Fouf/uc sur l'éruption de l'Eina du 3i janvier i865 555, 1140 et uSg Note accompagnant la présentation d'une série de vues de l'Etna par M. Bcrthier qui a accompagné, en qualité de photo- graphe, M. Fouqué i334 Remarques à l'occasion d'un Mémoire de M. Fremy intitulé : « Recherches chi- miques sur les ciments hydrauliques ». 1000 De l'inlluence probable des apparitions d'astéroïdes sur les variations de la tem- pérature de l'air 577 ■ Remarques relatives à une communica- tion faite par M, Faye sur les ollusca- tions du Soleil attribuées il l'interposi- tion des étoiles filantes 055 ( '4 MM. Pages. S.\INTF.-CLAmE DEVILLE (Cii.). - Des pcr- tm bâtions périodiques de la température dans les mois de février, mai, août et novembre G9O — Remarques à l'occasion d'une communi- cation de M. Hérigrir intitulée : « Ta- bleau résumé de neuf années d'observa- tions ozonométriques et remarques sur cette question » 909 — Remarques à l'appui d'une assertion de M. Le f'cr/icr tendant à établir que, bien avant i858, on s'était préoccupé, en France, du parti que la météorologie pratique pourrait tirer de l'établissement de la télégraphie électri([ue 1000 SAINTE-CLAIRE DEVILLE (H.) - Dissocia- tion de l'oxyde de carbone, des acides sulfureux, chlorhydrique et carbonique ; décomposition de l'ammoniaque 817 Du phénomène de la dissociation dans les flammes homogènes 884 — Sur la préparation industrielle de l'alu- mine et de ses composés i33o Recherches critiques sur la constitution des composés du niobium. (En commun avec M. L. Troost.) 1221 Note relative à une communication de M. Debriif sur les chlorures de tungs- tène 823 Isole accompagnant la présentation d'un exemplaire de la traduction française du « Traité de Métallurgie », de M. Pcrcy. 902 SAINTPIERRE et Estor. — Expériences pro- pres à faire connaître le moment où fonctionne la rate 82 — Recherches expérimentales sur le siège des combustions res|iiratoires 982 SAINTPIERRE. — Mémoire intitulé : « L'in- dustrie du dé|)urtement de l'Hérault : études scientiliques, économiques et sta- tistiques » Il 34 SAINT -VENANT (dk). — Sur l'impulsion transversale et la résistance vive des barres, verges ou poutres élastiques. . . 42 — Théorème nouveau de mécanique, relatif aux forces vives vibratoires. Moyen pra- tique et élémentaire d'évaluer très-ap- proximativement, dans le plus grand nombre des cas, la flexion ou l'extension d'un système élastitpic due à un choc. -32 SALET. — Sur la formule du chlorure de cyanogène liquide 535 SAL'VERT (de). — Sur une propriété du mouvement permanent des Ihiidos.... ii53 SANDRAS. — Étude sur la digestion et l'ali- mentation 5i VIRGILE.— Sur le freltage des bouches à feu. 960 VOISIN. — Étude sur les mariages entre consanguins dans la commune de Batz (Loire-Inférieure) io5 VOLPICELLI. — Formules pour déterminer la température d'un milieu ambiantsans l'observer 4 '6 — Rectification des formules communément adoptées pour le condensateur i335 W WEBER est présenté par la Section de Phy- sique comme l'un des candidats pour une place de Correspondant 637 — M. H'cher est élu Correspondant pour la Section de Physique, et adresse ses re- mercînients à l'Académie G60 et 795 VSTïISSBACH est présenté par la Section de Mécanique comme l'un des candidats pour une place vacante deCorrespondant 1 102 WILLEMIN. — Une mention honorable lui est accordée pour son travail sur l'ab- sorption cutanée dans les bains. (Con- cours pour les prix de Médecine et de Chirurgie . ) 268 WILLIS est présenté par la Section de Méca- nique comme l'un des candidats pour une place vacante de Correspondant.. 1102 WOLF. — Recherches sur l'équation per- sonnelle dans les observations de pas- sages, sa détermination absolue, ses lois et son origine 1 268 M'URTZ. — Sur les densités de vapeur ano- males 728 — Le prix Jecker est décerné à M. fVurtz pour ses derniers travaux sur les al- cools 284 — M. ff'iirtz remercie l'Académie 343 z ZALIWSKI. — Nouvelle démonstration du théorème du carré de l'hypoténuse.. . . — Note intitulée : « Étude de la pile; pro- cédé nouveau » — De la gravitation par l'électricité ZANTEDESClIl. — Réclamation de priorité à l'occasion de la Note de M. Poey pré- sentée dans la séance du 1 7 avril dernier. ZENKER. — Un prix lui est décerné pour 86 242 808 i3o- scs recherches sur la maladie trichinaire. (Concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie.) 262 — M. Zcrikcr adresse ses remercîments à l'Académie 343 ZENNER est présenté par la Section de Mé- canique comme l'un des candidats pour une place vacante de Correspondant. . . 1 101 GAUTHIER-VILIARS, I.nPRIMEUR-LIBKAIRE DES COMPTES RENDUS DES SEANCES DE l' ACADÉMIE DES SCIENCES Paris. — Rue de Seine-Saint-Germain, 10, près l'Institut. /2^ c. ,A4JU^