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WHITNEY LIBRARY,
HARVARD UNIVERSITY.
THE GIFT OF
J. D. WHITNEY,
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MUSEUM OF COMPARATIVE ZOÔLOGY
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COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SEANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
PARIS. — IMPRIMERIE DE GAUTHIER-VILLAfiS, QUAI UES AUGUSTINS, 55.
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SEANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
PUBLIÉS,
CONFORMÉMENT A UNE DÉCISION DE L'ACADÉMIE
C-» Date 3u j3 yuiHet <835 ,
PAR MM. LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS.
TOME QUATRE -VINGT- DIXIÈME.
JAiNVIER — JLIN 1880.
PARIS,
GAUTHIER-VILLARS , IMPRIMEUR-LIBRAIRE
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
SUCCESSEUR DE MALLET-BACHELIER,
Quai des Auguslins, 55.
^ 1880
ÉTAT DE L'ACADÉIIIE DES SCIENCES
Al] 1" JANVIER 1880.
SCIENCES MATHEMATIQUES.
Section I'^''. — Géométrie.
Messieurs :
Chasles (Michel) (c. ^).
Hermite (Charles) (o. ^).
Serret (Joseph-Alfred) (o. ^).
Bonnet (Pierre-Ossian) (o. ^).
PuiSEUX (Victor-Alexandre) (o. ^).
Bouquet (Jean-Claude) '^.
Section II. — Mécanique.
MORIN (Le Général Arthur-Jules) (g. O.^).
Saint-Venant (Adhémar-Jean-Claude Barré de) (o. ^).
Phillips (Edouard) ^.
Rolland (Eugène) (c. ^).
Tresca (Henri-Édouard) (o. ^).
Resal (Henry-Anié) ^.
Section III. — Astronomie.
LiOuviLLE (Joseph) (g. #).
Faye (Hervé-Auguste-ÉUenne-Albans) (c. ^).
Janssen (Pierre-Jules-César) (o. ^).
LOEWY (Maurice) (o. ^).
Mouchez (Ernest-Amédée-Barthélemy) (c. ^).
Tisserand (François-Félix) f^.
Section IV. — Géogr^aphie et Navigation.
Paris (Le Vice-Amiral François-Edmond) (g. o. ^).
JuRiEN DE LA Gravière (LeVicc-Amiral Jean-Pierre-Edmond) (g. 0.
DuPUY DE LOME (Stanislas-Charles-Henri-Laurenl) (g. o. ®).
Abbadie (Antoiue-Thompson d') ®.
YvON ViLLARCEAU (Antoine-Joseph-Frauçois) t§.
N
6 ÉTAT DE l'académie DES SCIENCES.
Section V. — Physique générale.
Messieurs
FiZEAU (Armand-Hippolyte-Louis ) (o. ^).
Becquerel (Alexandre-Edmond) (o. ^).
Jamin (Jiiles-Célestin) (o. C^.
Berthelot (Marcelin-Pierre-Eugène) (c. ^)
Uesains (Quentin-Paul) (o. ^).
Cornu (Marie- Alfred) ^.
SCIENCES PHYSIQUES.
Section VI. — Chimie.
Chevreul (Michel-Eugène) (g. c.^).
Fremy (Edmond) (c. ^).
WuRTZ (Charles-Adolphe) (c. ^).
Cahours (Auguste-André-Thomas) (o. ^).
Debray (Jules-Henri) ^.
Friedel (Charles) ^.
Section VII. — Minéralogie.
Daubrée (Gabriel-Auguste) (c. ^).
Sainte-Claire Deville (Étieune-Henri) (c. ^).
Pasteur (Louis) (g. o. ^).
Des Cloizeaux (Alfred-Louis-Olivier Legrand) -.
HÉBERT (Edmond) (o. ^).
Delesse (Achille-Ernesl-Oscar-Joseph) (o. ^).
Section VHI, — Botanique.
TuLASNE (Louis-René) ^.
DuCHARTRE (Pierre-Étienne-Simou) (o. #).
Naudin (Charles-Victor) ^.
Trécul (Auguste-Adolphe-Lucien).
Chatin (Gaspard-Adolphe) (o. ^).
Van Tieghem (Philippe-Édouard-Léon) ^.
KTAT DK L ACADEMlli UES SCIENCES.
Section IX. — Économie rurale.
Messieurs :
BoussiNGAULT ( Jeiin-Baptiste-Joseph-Dieudonné) (g. o. ^
Decaisne (Joseph) (o. ^).
Peligot (Eugène-Melcliior) (c. ^').
ÏIIENARD (Le Baron Arnoiild-Paul-Edmond) ^.
BOULF.Y (Henri-Marie) (o. ^).
Mangon (Charles-François-Hervé) (c. ^).
Section X. — Anatomie et Zoologie.
Edwards (Henri Mihie) (c.^).
Quatrefages de Bréau (Jean-Louis-Armand de) (o. ®).
Blanchard (Charles-Emile) (o. ^).
Robin (Charles-Philippe) ^.
Lacaze-Duthiers (Félix -Joseph-Henri de) (o.^).
Edwards (Alphonse Milne) ^.
Section XI. — Médecine et Chirurgie.
Cloquet (Le Baron Jules-Germain) (c.^).
BouiLLAUD (Jean) (c. ^).
SÉDiLLOT (Charles-Emmanuel) (c. ^).
GossELiN (Âthanase-Léon) (c. ®).
VuLPiAN (Edme-Félix-Alfred) O. ^.
Marey (Étienne-Jules) ^.
SECRETAIRES PERPETUELS.
Bertrand (Joseph-Louis-François) (o. ®), pour les Sciences
Mathématiques.
Dumas (Jean-Baptiste) (g.c.#), pour les Sciences Physiques.
ÉTAT DE l'académie DKS SCIENCES.
ACADÉMICIENS LIBRES.
Messieurs :
BusSY (Antoine-Alexandre-Briitus) [o.^).
Larrey (Le Baron Félix-Hippolyte) (g. o. ^).
COSSON (Ernest-Saint-Charles) ^.
La Gournerie (Jnles-Antoine-René Maillard de) (o. ^).
BréGUET (Louis-François-Clénient) (o. ^).
Lesseps (Ferdinand-Marie de) (g. C. ^).
Du MONCEL (Le Comte Tliéodose-Achille-Louis) (o. ^).
Favé (Idelphonse) (g. o. ®).
Damour (Augustin-Alexis) (o. ^),
Lalanne (Léon-Louis Chrétien) (c. ^).
ASSOCIÉS ÉTRANGERS.
Owen (Richard) (o.^), à Londres.
WoHLER (Frédéric) (o. ^), à Gôtlingiie.
Kummer (Ernest-Édouard), à Berlin.
AiRY (George-Biddell) ^, à Greenwich.
TCHÉBICHEF (Pafnutij), à Saint-Pétersbourg.
Candolle (Alphonse de) ^, à Genève.
S. M. Don Pedro d'Alcantara, Empereur du Brésil.
Thomson (Sir William), à Glascow.
CORRESPOIVDAIVTS.
KoiA. Le règlement du 6 juin 1808 donne h chaque Section le nombre de Correspondanls suivant.
SCIENCES MATHÉMATIQUES.
Section I"^. — Géométrie {6).
Neumann (Franz-Ernest), à Kœnigsberg.
Sylvester (James-Joseph), à Baltimore.
Weierstrass (Charles), à Berlin.
Rronecker (Léopold), à Berlin.
Spottiswoode (William), à Londres.
BORCHARDT (Carl-Wdhelm), à Berlin.
lÏTAT DE l'académie DES SCIENCES. n
Section II, ~ Mécanique (6).
Messieurs :
Clausius (Jiilius-Eiiinianuel-Rudolph), à Bonn.
Caligny (Anatole-François Hue, Marquis de) Ss à Versailles,
Broch (Ole-Jacob), à Christiania.
BoiLEAU (Pierre-Prosper) (o. ^), à Versailles.
COLLADON (Jean-Daniel) ^, à Genève.
Dausse (Marie-François-Benjamin) ^ , à Grenoble.
Section III. — Astronomie {iQ).
HiND (John-Russell), à Londres.
Peters (C.-A.-F.), à Altona.
Adams (J.-C.), à Cambridge.
Cayley (Arthur), à Londres.
Struve (Otto-Wilhelm), à Pulkova.
Plantamour (Emile), à Genève.
LOGKYER (Joseph-Norman), à Londres.
Roche (Edouard-Albert)^, à Montpellier.
HuGGiNS (William), à Londres.
Newcomb (Simon), à Washington.
Stephan (Jean-iMarie-Édouard)CS à Marseille.
OprOLZER (Théodore d') (o.^), à Vienne.
Hall (Asaph), à Washington.
Gyldén (Jean-Auguste-Hugo), à Stockholm.
SCHIAPAUELLI (Jean-Virginius), à Milan.
N
Section IV. — Géographie et Navigation {^).
TiÙTKE (Amiral Frédéric), à Saint-Pétersbourg.
TCHIHATCHEF (Pierre-Alexandre de) (c. ^) , à Saint-Pétersbourg.
Richards (Contre-Amiral George-Henry), à Londres.
David (Abbé Armand), missionnaire en Chine.
Ledieu (Alfred-Constant-Hector) (o. ^), à Brest.
Sabine (Général Edward), à Londres.
Nordenskiold (Niis-Adoif-Erik), à Stockholm.
CiALDi (Alexandre), à Rome.
c. R., 1880, \" Semestre. (T. XG, N" i .) 3
,0 F.TAT DF. I:' ACADÉMIE DES SCIENCES.
Section V. -- Phpique générale [g).
Messieurs :
Plateau (Joseph-Antoine-Ferdinand), àGand.
Weber (Wilhelm), à Gotlingue.
HiRN (Gustave-Adolphe), au Logelbach.
HELMHOLTz(Heimann-Louis-Ferdinand), à Berlin.
RiRCHHOFF (Gustave-Robert), à Heidelberg.
Joule (James-Prescott), à Manchester.
Billet (F.), à Dijon.
Stokes (George-Gabriel), à Cambridge.
LiSSAJOUS (Jules-Antoine) (o.^), à Besançon.
SCIENCES PHYSIQUES.
Section VI. — Chimie (9).
Bunsen (Robert-Wilhehn-Eberhard) (o. ^), à Heidelberg.
HOFMAlNN (Augiiste-Willielin), à BerUn.
Favre (Pierre- Antoine) ^, à Marseille.
Marignac (Jean-Charles G.iLisSARD de), à Genève.
Franklakd (Edward), à Londres.
Dessaignes (Victor), à Vendôme.
Williamson (Alexander-William), à Londres.
ZiNiN (Nicolas), à Saint-Pétersbourg.
Lecoq de Boisbaudban (Panl-Émile dit François) ^, à Cognac.
Section VII. — Minéralogie {8).
Miller (William Hallowes), à Cambridge.
ROKSCHAROW (Général Nicolas dk), à Saint-Pétersbourg.
Studer (Bernard), à Berne.
LORY (Charles) ^, à Grenoble.
Cailletet (Louis-Paul) *, à Chàtillon-sur-Seine.
Smith (J. Lawrence), à Louisville (Kentucky).
Abich (Gudlaume-Germain), à Vienne.
Favre (Jean-Alphonse), à Genève.
KÏAT DK L ACADEMIK DES SCIENCES. II
Section VUl. — Botanique (lo). *
Messieurs :
SCHIMPEU (Guillaunie-Piiilippe) ^, à Strasbourg.
HoOKER (Jos. Dalton), à Kew.
PRlNGSHEiiM (Nathanael), à Berlin.
Planciion (JuIes-Émile), à INIontpellier.
Bentham (George), à Londres.
Saporta (I.ouis-Charles-Joseph-Gaston, Comte de) ®, à Aix.
GODRON (Dominique-Alexandre) (o. '^), à Nancy.
DuvAL- Jouve (Joseph) ^, à Montpellier.
Gray (Asa), à Cambridge (Massachussels).
Darwin (Charles-Robert), à Down, Beckenham(Kent), Angleterre.
Section IX. — Economie rurale [lo).
GiRARDlN (Jean-Pierre-Louis) (o. ^), à Rouen.
KUHLMAINN (Charles-Frédéric) (c.^), à Lille.
Pierre (Isidore) ©, à Caen.
Reiset (Jules) (o. C«), à Écorchebœuf.
Martins (Charles-Frédéric) (o. ^) , à Montpellier.
Vergnette-Lamotte (le Vicomte Gérard -Elisabeth-Alfred de), S
àBeaune.
Mares (Henri-Pierre- Louis) ^, à Montpellier.
Corkalia (Émile-Balthazar-Marie), à Milan.
Lawes (John-Bcnnet), àRolhamsted, Saint-Albans station (Hertfor-
shire).
Mac CORMiK, à Chicago (Illinois).
Section X. -- Anatomie et Zoologie (lo).
Beneden (Pierre-Joseph van), à Louvain.
SiEBOLD (Charles-Théodore-Ernest de), à Munich,
Brandt (Jean-Frédéric), à Saint-Pétersbourg.
LovÉN (Svenon-Louis), à Stockholm.
Mulsant (Etienne) ^, à Lyon.
Steenstrup (Japetus), à Copenhague.
Dana ( James-Dwight), à New-Haven.
Carpenter (Guillaume-Benjamin), à Londres.
JOLY (Nicolas), à Toulouse.
Huxley (Thomas-Henry), à Londres.
12 ÉTAT DE l'académie DES SCIENCES.
Section XI. ~ Médecine el Chirurgie (8).
Messieurs :
ViRCHOW (Rudolph de), à Berlin.
BOUISSON (Etienne-Frédéric) ^, à Montpellier.
Ollier (Louis-Xavier-Édouard-Léopold) (o. ^), à Lyon.
Tholozan (Joseph-Désiré) (o. ;&'), à Téhéran.
Chauve AU (Jean-Baptiste- Auguste) ^, à Lyon.
Dondees (François-Corneille), à Utrecht.
SCHWAKN (Théodore), à Liège.
Palasciano (Ferdinand-Antoine-Le'opold ), à Naples.
Commission pour administrer les proptùétés et fonds particuliers
de l'Académie.
Chasles,
Decaisne,
Et les Membres composant le Bureau.
Changements sutvenus dans le cours de l'année 1879.
[T^olra. la page 16 de ce volume.)
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 5 JANVIER 1880
PRÉSIDENCE DE M. EDM. BECQUEREL.
RENOUVELLEMENT ANNUEL
DU BUREAU ET DE LA COMMISSION ADMINISTRATIVE.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un Vice-
Président pour l'année 1880, lequel doit être choisi, cette année, parmi les
• Membres de l'une des Sections de Sciences physiques.
Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant Bg,
M. Wuriz obtient 55 suffrages,
M. Chevreul « i »
Il y a un bulletin blanc et deux bulletins nuls.
M. WuRTz, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est proclamé
Vice-Président pour l'année 1880.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination de deux
Membres qui seront appelés à faire partie de la Commission centrale admi-
nistrative pendant l'année 1880, et qui doivent être choisis, l'un dans les
Sections de Sciences mathématiques, l'autre dans les Sections de Sciences
physiques.
( '4 )
Le nombre des votants étant 44?
M. Chasies obtient Sg suffrages.
M. Decaisne » 34 "
MM. Chasles et Decaisne, ayant réuni la majorité absolue des suffrages,
sont élus Membres de la Commission centrale administrative.
Conformément au Règlement, le Président sortant de fonctions doit,
avant de quitter le Bureau, faire connaître à l'Académie l'étal où se trouve
l'impression des Recueils qu'elle publie et les changements arrivés parmi
les Membres et les Correspondants de l'Académie dans le cours de l'année.
M. Dacbrée donne à cet égard les renseignements suivants :
Etat de l impression des Recueils de V Académie au i "janvier 1 88o.
Volumes publiés.
Comptes rendus de i Académie. — Le Tome LXXXVI ( i*'"' semestre 1878)
et le Tome LXXXVII (2* semestre 1878) ont paru avec leur Table.
Les numéros de l'année 1879 ont été mis en distribution chaque semaine
avec la régularité habituelle.
Mémoires de L'Académie. — Le Tome XLI, renfermant les éloges histo-
riques de Poncelet, Lamé, Balard et Le Verrier, une série de Mémoires de
MM. Becquerel et le travail de M. Chevreui sur la vision des couleurs, a été
mis en distribution le 8 novembre.
Mémoires des Savants étrangers. — Le Tome XXVI a paru en mai dernier.
Il contient les Études sur le Phylloxéra vastatrix de M. Max. Cornu, avec
vingt-quatre Planches; le Mémoire de M. Halphen sur les points singuliers
des courbes algébriques planes; l'annexe au Mémoire de M. Duclaux sur
le Phylloxéra, pour l'année 1877, avec une Planche; les recherches miné-
ralogiques et géologiques sur les laves des dykes de Théra, de M. Fouqué,
avec trois Planches; enfin, les observations de roulis et de tangage, faites
avec l'oscillographe double, par M. Berlin, avec treize Planches.
( .s )
Volumes en cours de publication.
Documents relatifs au Passage de Vénus. — La deuxième Partie du
Tome II est sur Je point d'être achevée. Cinquante-huit feuilles sont tirées;
elles contiennent la météorologie de l'île Saint-Paul et les recherches géo-
logiques faites à Aden, la Réunion, Amsterdam et Saint-Paul, par M. Vé-
lain. Le Volume sera terminé par les Rapports de MM. Tisserand et Picard
sur l'ohservatiou astronomique et photographique effectuée à Yokohama
et par le Rapport de M. Héraud sur l'observation effectuée à Saigon, dont
les manuscrits viennent d'être remis à l'imprimerie.
Le Tome III est divisé, comme les précédents, en deux Parties. La pre-
mière Partie renfermera les Mémoires de MM. Rouquet de la Grye et Filhol
sur les travaux de la mission de l'île Campbell et ceux de MM. André et
Angot sur les travaux de la mission de Nouméa. L'impression de ce Vo-
lume va être incessamment entreprise. La seconde Partie est en cours
d'impression; elle a été réservée à ce qui se rapporte aux mesures des
plaques photographiques obtenues par les observateurs. Le fascicule A,
comprenant le résumé des études de la Sous-Commission chargée de la me-
sure des épreuves et les documents qui s'y rattachent, par MM. Fizeau et
Cornu, est achevé et forme quinze feuilles, avec deux Planches gravées; le
fascicule R, comprenant le résumé des études et des mesures exécutées
avec la machine n" 1, par M. Cornu, est achevé et forme quatorze feuilles;
le fascicule C, comprenant les mesures exécutées avec la machine n°2, par
M. Angot, est achevé et forme neuf feuilles; le fascicule D, comprenant
les mesures exécutées avec la machine n° 3, par M. Raille, est achevé et
forme seize feuilles.
Les fascicules E, F, qui doivent clore cette série de travaux, sont en
préparation.
Mémoires de l'Académie. — Le Tome XLII a seulement sept feuilles tirées.
Elles renferment un Mémoire de MM. Recquerel sur la température de
l'air à la surface du sol, recherches effectuées pendant l'année 1878.
L'imprimerie a épuisé sa copie.
Le Tome XLIII va être poussé activement. Il doit contenir le Mémoire de
M. Yvon Villarceau sur l'établissement des arches de pont réalisant le
maximum de stabilité.
Mémoires des Savants étrangers. — Le Tome XXVII a actuellement cin-
( i6)
quante-cinq feuilles tirées. Les vingt-quatre premières feuilles sont réservées
au Mémoire de M. Tresca sur le rabotage des métaux; les trente et une
feuilles suivantes renferment le Mémoire de M. Darboux sur les solutions
singulières des équations aux dérivées partielles du premier ordre.
Ce ^'olume se terminera bientôt par plusieurs Mémoires dont les manu-
scrits vont être envoyés à l'imprimerie.
Changements arrivés parmi les Membres depuis le i" janvier 1879.
Membres décédés.
Section de Géographie el Navigation : M. de Tessan, décédé le 3o sep-
tembre.
Section d' Analomie et Zoologie: M. Paul Geuvais, décédé le 10 février.
Membres élus.
Section de Minéralogie : M. Delesse, le 6 janvier, en remplacement de
M. !>ELAFOSSE.
Section d'Ànalomie et Zoologie : M. Alph. Milne Edwards, le 7 avril, en
remplacement de M. P. Gervais.
Académiciens libres : M. Lalanxe, le 3 février, en remplacement de
M. Bienavmé.
Membre à remplacer.
Section de Géographie et Navigation : M. de Tessan, décédé.
Changements arrivés parmi les Correspondants depuis
le 1"'' janvier 1879.
Correspondant décédé.
Section d'Astronomie : M. Mac-Lear, au Cap de Bonne-Espérance, en
août.
Correspondants élus.
Section de Mécanique : M. Dausse, à Grenoble, le 3o juin, en remplace-
ment de M. le général Didiox, décédé.
( '7)
Section d'Astronomie: M. StepiiAn, à Marseille, le 24 février, en rempla-
cement de M. Hansen, décédé; M. d'Oppolzer, à Vienne, le 12 mai, en
remplacement de M. Argelander, décédé; M. Asaph Hall, à Washington,
le 19 mai, en remplacement de M. Santini, décédé; M. Gyldén, à Stock-
holm, le 26 mai, en remplacement du R. P. Secchi, décédé; M. Schiapa-
RELLi, à Milan, le 2 juin, en remplacement de M. Tisserand, élu Membre
tittilaire.
Section de Phjsique : M. Stokes, à Cambridge, le 9 juin, en remplacement
de M. Angstrom, décédé; M. Liss^jocs, à Besançon, le 2Z juin, en rem-
placement de M. R. DE Mayer, décédé.
Section de Minéralogie : M. Lawrence Smith, à Louisville, le3i mars, en
remplacement de sir Charles Lyell, décédé; M. Abich, à Vienne, le 7 avril,
en remplacement de M. DAmoun, élu Académicien libre; M. A. Favre, à
Genève, le 12 mai, en remplacement de M. Leymerie, décédé.
Section d'Économie rurale: M. Lawes, à Rothamsled Sainl-Albans, le
7 avril, en remplacement de M. de Vibra ye, décédé; M. Mac-Cormick, à
Chicago, le 5 mai, en remplacement de M. Chevandier de Valdrome, dé-
cédé.
Section d'Analomie et Zoologie : M. Hcxley, à Londres, le 2 juin, en
remplacement de M. de Baer, élu Associé étranger.
Section de Médecine et Chirurgie: M. Donders, à Utrecht, le 9 juin, en
remplacement de M. Ehrsiann, décédé; M. Schwann, à Liège, le 21 juillet,
en remplacement de M. Rokitansei, décédé; M. Palasciano, à Naples,
le II août, en remplacement de M. Lebert, décédé.
Correspondant à remplacer.
Section d Astronomie : M. IVIac-Lear, au Cap de Bonne-Espérance, décédé
en août.
C. R., 1880, 1" Semestre. (T. XC, N° 1.)
( '8 )
MÉMOIRES ET C03IMUNICATI0IVS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
MÉCANIQUE CHIMIQUE. — Du mouvement engemlré par la diffusion des gaz
et des liquides. Note de M. H. Sainte-Claire Deville.
« Si l'on prend un tube de platine ou d'acier fondus ( '), qu'on le rem-
plisse d'hydrogène, qu'on le maintienne à une température constante
supérieure à 1000° et qu'au moyen d'une enveloppe en porcelaine on en-
tretienne autour de sa surface extérieure un courant d'azote, l'hydrogène
quitte l'intérieur du tube métallique et le vide s'y produit à quelques mil-
limètres près.
» Réciproquement, si l'on remplit avec de l'azote ce tube de platine ou
d'acier maintenu à la même température, et si l'on met sa surface exté-
rieure en contact avec un courant d'hydrogène, celui-ci pénètre au travers
de la paroi métallique et, l'azole n'en sortant pas en quantité notable, la
pression des deux gaz devient égale au double de la pression extérieure.
» Dans les deux cas, la paroi métallique paraît agir comme une pompe
aspirante et foulante qui fait passer l'hydrogène dans l'enceinte où se
trouve l'azote, produisant à volonté le vide complet et une pression de
2atm q^jj permettraient d'élever l'eau à 20"' au-dessus de son niveau.
Comme on le verra plus loin, la chaleur disparue pour effectuer ce travail
n'est pas directement empruntée au foyer.
» Graham, qui avait eu grand'peine (il le dit de la manière la plus gra-
cieuse pour M. Troost et pour moi) à admettre l'exactitude de nos expé-
riences, les a répétées non seulement avec le platine et l'acier fondus, mais
avec un tube de palladium, instrument unique et précieux qu'il devait à la
libéralité bien connue de M. Matlhey, de Londres. Je dois avouer que j'ai
eu souvent quelque vanité pour avoir, avec M. Troost, appelé l'attention de
ce grand et excellent homme de science sur une question dont il a su tirer
son beau travail sur l'hydrogénium.
» A l'époque où ces faits ont été publiés, ils paraissaient avoir un carac-
(') Voir Comptes rendus, t. LVII, |). g65 (i864), le Mémoire de MM. Sainte-Claire De-
ville et Troott, et la leçon sur la dissociation par M. H. Sainte-Claire Deville [Leçons de la
Société chimique, Paris, l866, Hachette).
( 19 )
tère mystérieux que j'espère leur avoir enlevé, en les comparant dans mes
cours à des phénomènes bien connus et au moyen d'un appareil très simple.
Cet appareil, facile à imaginer en grand, à reprodnire en petit, se com-
pose d'un tube en U fermé à l'une de ses extrémités [fig. 3) et à moitié
rempli d'eau colorée dont le niveau est le même dans les deux branches du
tube ; celui-ci est placé sous une cloche reposant sur une plaque de verre
dépoli.
» On suppose que le tube et la cloche ont lo™ de haut; on suppose, en
outre, qu'on entretienne dans la cloche un courant continu de gaz ammo-
niac (celui-ci représente l'hydrogène passant autour du tube de platine ou
d'acier) : l'un des phénomènes que j'ai exposés au commencement de cette
Note se reproduira ici.
» L'ammoniaque se dissoudra dans l'eau du tube en U et, s'y propa-
geant par diffusion, finira par la saturer entièrement à la pression ambiante,
en se répandant également dans l'espace plein d'air de la branche fermée ;
et là cette tension, s'ajoutant à celle de l'air que cette branche contient,
deviendra égale à a"'™, comme
( 24 )
» Dans deux analyses on y a trouvé :
Cuivre 98,53 98,51
Hydrogène i ,Î7 ' '49
» La formule Cu^H' exige :
Cuivre 98.45
Hydrogène i , 55
» Je n'insiste pas : ce qui précède démontre que l'hydrure de cuivre con-
tinuera à « figurer dans la Science ». Ce n'est pas, il est vrai, un hydrure
comme les autres, car il possède des propriétés spéciales et remarquables,
et j'ai fait une trouvaille heureuse en le découvrant il y a trente-six ans.
Je remercie M. Berthelot d'y avoir appelé l'attention. »
THERMOCHiMiE. — Sur la chaleur de formation de l'hydrate de chloral.
Réplique à M. Berthelot; par M. Ad. Wcrtz.
« Cette chaleur de formation est nulle selon moi, car, ayant répété vingt
fois mes expériences dans des conditions différentes, je n'ai jamais observé
la moindre élévation de température à la rencontre des deux vapeurs.
» L'expérience est qualitative ('), cela est vrai ; mais, pour déterminer une
quantité de chaleur, il est nécessaire de constater une différence de tempé-
rature, quelque faible qu'elle soit, et, dans le cas présent, elle ne serait pas
si faible que M. Berthelot veut bien le dire, si la chaleur de combinaison
des deux vapeurs était égale à a'''. Dans mon ancien appareil, elle eût dû
s'élever, d'après ses propres calculs, à 1° environ : elle n'a pas été de -^de
degré. En construisant mon nouvel appareil, j'ai tenu compte de deux
objections qu'il m'a faites :' 1° l'enceinte est refroidie par le bain; 2° la
combinaison n'est pas instantanée. Dans l'appareil à double enceinte dont
lui-même a recommandé l'emploi, l'extérieure n'est pas en contact avec le
(') M. Berthelot mentionne les résultats variables que j'ai obtenus dans mes expériences
qualitatives sur l'amylène et l'acide bromhydrique. J'ai indiqué dans ma Noie les causes de
ces variations. On peut y en ajouter une nouvelle aujourd'hui, car on sait que l'amylène
ordinaire n'est pas un corps homogène.
Qu'il me permette delui rappeler, à mon tour, les variations de ses déterminations guan-
titiitives. J'ai montré récemment que les résultats qu'il a obtenus, pour la détermination de
la chaleur de combinaison de l'hydrate de chloral à l'état de vapeur, varient du simple au
double, suivant les chiffres que l'on prend parmi ceuv qu'il a donnés.
( 25 )
bain et les gaz passent de l'une dans l'autre, circonstance qui prolonge
leur contact avec la paroi qui les sépare toutes deux et qui peut commu-
niquer par rayonnement sa chaleur au thermomètre. Dans ces nouvelles
conditions, je n'ai pas observé la moindre élévation de température, alors
que le bioxyde d'azote, mêlé de vingt fois son vohuîie d'azote, a donné lieu,
à 69°, à une élévation de température de 3", 2, l'expérience ayant été faite
pour éprouver la sensibilité de l'appareil. Je sais bien que dans ces condi-
tions on ne peut pas répoudre d'une variation de j-^ de degré dans la tem-
pérature du bain, mais je suis certain du chiffre de 3°, car, l'expérience ter-
minée, le thermomètre a baissé, dans l'espace de dix minutes, autant qu'il
avait monté.
» A 100° c'est autre chose : la température d'une certaine masse d'eau
en vive ébuUition se maintient constante, à la même pression. C'est à celte
température qu'ont été faites les expériences sur les vapeurs de chloral
anhydre et d'eau. D'après le calcul même de M. Berthelot, la rencontre de
ces vapeurs devrait donner lieu à une élévation de température ég;de à
celle que donneraient le bioxyde d'azote et l'oxygène délayés de trente fois
leur volume d'un gaz inerte. En conséquence, j"aurais dû constater dans
mon appareil une élévation de température de 0° au moins. Cette éléva-
tion a été nulle, et je puis afBrmer que l'enceinte, profondément immeigée
dans le bain, ^ pris exactement la température de ce dernier. Après avoir
éprouvé la sensibilité de mon appareil, j'ai donc répondu à toutes les
objections de M. Berthelot.
» Loin de moi l'idée de mettre en doute la sincérité de sa conviction,
mais j'avoue que je la croyais un peu ébranlée. De quoi s'agit-il dans
ce débat ? L'hydrate de chloral, dont la molécule se résout en 4^°' de vapeur,
exisle-t-il dans cette vapeur à l'état de combinaison ou de mélange? J'ai énu-
niéré, dans ma réponse à M. Deville, les raisons multiples qui démontrent
que cette vapeiu- est un mélange. M. Berthelot ne partage pas cette manière
de voir. Dans VJnnuaire du Bureau des Longitudes pour 1878, en parlantde
l'hydrate de chloral, rangé entre le chloral anhydre et l'acide formique, il
dit, dans une ncte de la page 566 : « Ce corps occupe à l'élat gazeux
44'", 69, soit S""^ » (4^°' dans la notation atomique).
» Dans r^»nuaue pour 1879, cette note a disparu. »
C. R., 18S0, I" Semestre. (T. XC, IS° I.)
( 26)
ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Remarques sur une Communication récente,
relative au réseau pholosphérique ; par M. J. Janssen.
« Je lis dans les Comptes rendus du 8 décembre dernier une Note de dom
Lamey ('), dans laquelle l'auteur affirme avoir observé le réseau pholosphé-
lique sur le disque solaire du i6 novembre dernier, avec une lunette de
6 pouces,
» Voici le passage en question :
« En publiant l'an dernier, dans V Annuaire du Bureau des Longitudes, un spécimen de ses
belles photographies solaires, M. Janssen annonçait que l'existence du réseau photosphè-
rique, révélée par elles, ne pouvait être reconnue par l'observation directe à l'œil. Or, le
1 6 novembre dernier, comme j'essayais sur le Soleil l'équatorial de 6 pouces nouvellement
acquis pour l'observatoire du prieuré de Grignon (Côte-d'Or), je pus parfaitement recon-
naître que la tache existant alors au côté gauche supérieur était entourée d'une région réti-
culée. Ce réseau, plus étendu à gauche de la tache, lui était intimement lié; il cessait d'être
perceptible au delà de deux ou trois fois son diamètre. Vu sous un faible grossissement,
l'aspect cratériforme était manifeste; on voyait un bourrrelet lumineux à courbure plus ou
moins circulaire, imitant assez bien ces cratères de la Lune qui se trouvent accolés l'un à
l'autre. Une autre région réticulée se voyait également au bord inférieur de gauche; les
nuages, du reste, ne permirent pas de suivre longtemps l'observation. Je regrette de ne
pouvoir faire actuellement usage de notre instrument ; ce serait pourtant le moment d'étudier
la corrélation qui existe entre les taches et le réseau, maintenant justement que la période
undécennale de l'apaisement de la surface solaire est à son terme. En effet, si, comme il est
probable, les apparences cratérifornies du réseau ne sont que la trace d'immenses bulles de
vapeur venant crever la surface de la photosphère ('), les taches étant des ouvertures don-
nant un passage permanent à une plus grande quantité de gaz, il sera facile de voir si l'hy-
pothèse est vérifiée par le fait d'un maximum d'intensité du réseau aux endroits où les
taches vont apparaître ou viennent d'apparaître.
» Le D'' Van Monckhoven m'a montré, à cette occasion, une épreuve photographique du
disque solaire qu'il a obtenue, il y a deux ans environ, avec son petit photohéliographe de
2 pouces d'ouverture; sauf vers le centre, elle montre très nettement cette apparence réti-
culée, ou mieux cratériforme, de la surface. Ainsi donc le réseau n'est pas d'une nature si
délicate qu'il ne puisse être perceptible soit par l'observation directe de l'œil, soit par de
petites épreuves photographiques. J'ajouterai que, pour l'observation directe, je me servais
d'un oculaire polariscopique de Merz. »
(') Le même auteur, le Père M. Lamey, a publié l'an dernier, dans les Comptes rendus
(t. LXXXVI, p. Sia), une Communication sur le même sujet.
(■') Comptes rendus, séance du 4 février 1878 ; ibid., t. LXXXIX, n° 23 ; 1879.
( ^7 )
» La lecture de cette Note montre de suite que le P. M. Lamey s'est
mépris complètement sur la signification du phénomène qu'il a observé.
Nous avons précisément obtenu à l'Observatoire de Meudon une ()lioto-
graphie du Soleil du i6 novembre, et j'ai pu m'assurer en un instant que
l'aspect réticulé de la région entourant la tache est simplement dû à de
belles /acu/es. Cet aspect réiiculaire produit par les facules a été reconnu
depuis longtemps ; il est bien familier à toutes les personnes qui observent
un peu cet astre, mais il n'a rien de commun avec le phénomène que
les grandes photographies solaires ont révélé et que j'ai nommé réseau
pliolosphérique. Tandis que le réseau photosphérique est constitué par
l'ensemble des points où la granulation solaire est perturbée par les
courants ascendants d'hydrogène, les facules sont dues à des masses
gazeuses qui surmontent la région granulée : le premier phénomène se
passe dans la couche photosphérique elle-même; le second se produit au-
dessus d'elle : le réseau se perçoit surtout dans les parties centrales du
disque; les facules, au contraire, ne sont aisément visibles que sur les bords.
» Le réseau photosphérique étant constitué par l'ensemble des points
où la granulation solaire est modifiée, il est clair que le phénomène ne peut
être visible que dans les instruments qui montrent bien cette granulation,
c'est-à-dire dans les grands instruments munis d'oculaires puissants; mais
on sait que dans ces circonstances le champ embrassé par la vue est extrê-
mement limité, tellement limité, qu'il est impossible d'embrasser une
étendue de la surface solaire suffisante pour reconnaître l'existence du
réseau. C'est là ce qui explique comment un phénomène aussi capital a
constamment échappé, depuis plus de deux siècles et demi, aux observa-
teurs, parmi lesquels il y eut tant d'hommes de génie. Il en est tout autre-
ment de la Photographie. En suivant la méthode que nous avons indiquée,
elle donne des images où la granulation a une netteté qui ne peut éU'e
atteinte par les plus grands instruments, et, ces images embrassant le
disque entier de l'astre, elle nous permet d'y constater l'ensemble des mo-
difications que la granulation peut subir. Mais il faut, bien entendu, que la
grandeur des images solaires permette de voir nettement la granulation, ce
qui exige des images d'au moins o^jiS à o",20. Nous voyons, d'après ces
données, que les photographies solaires du D' Van Monckhoven, dont parle
le P. Lamey, ne peuvent montrer le véritable réseau photosphérique.
» La découverte du réseau photosphérique est due à la Photographie,
et elle ne pouvait être faite que par son intervention, pour les raisons
que nous venons de donner. Ce phénomène n'est réellement bien visible
( 28 )
que sur les photographies de o", 23 à o™,3o de diamètre. Si le P. Latney
affirme le contraire, c'est qu'il a confondu avec le véritable réseau photo-
sphérique un phénomène tout différent, produit par les facules, et qui n'est
visible que près des bords de l'astre. »
VITICULTURE. — Du traitement des vignes phylloxérées. Note de M. H. Mauès.
« Lej traitement des vignes phylloxérées devient d'autant plus', difficile
que la sécheresse du sol est plus grande et que, selon la nature des terrains,
elle pénètre plus profondément dans ses couches inférieures. Dans la région
méditerranéenne de la France, l'année 1877-7(8, dont l'hiver entier se passa
sans pluie après un été et un automne des plus secs, en est un récent
exemple.
M En pareil cas, la plupart des traitements par les insecticides et par les
engrais sont entravés et donnent des résultats insuffisants. Les sécheresses
prolongées qui pénètrent jusque dans les sous-sols étant un des plus grands
obstacles à la diffusion régulière des agents insecticides, une grande quan-
tité d'insectes échappent à leur action; en même temps elles paralysent la
végétation des ceps, l'émission des chevelus et le développement des jeunes
racines; elles entravent l'action réparatrice des engrais, la décomposition
de ces derniers ne se faisant plus en temps utile et leur présence aggravant
pour la plante les effets de la chaleur et de la dessiccation du sol.
» Les terrains assez bien situés pour être soustraits à cette influence des
longues sécheresses, soit par l'irrigation, soit par leur composition, soit
parce qu'ils jouissent d'un climat plus humide, sont aussi ceux dans les-
quels les insecticides réussissent le mieux; aussi les canaux d'irrigation,
dont l'extrême Midi réclame avec tant d'insistance la construction, au-
ront-ils une heureuse influence sur la viticulture, non seulement par les
submersions, là où elles pourront donner d'utiles résultats, mais encore
par l'humidité dont la présence de canalisations situées sur des niveaux
élevés pénétrera les terrains inférieurs.
). Dans tous les cas, on ne saurait trop apprécier les méthodes qui per-
mettent de diffuser sûrement dans le sol les agents insecticides, au moyen
de l'eau, et de les faire pénétrer ainsi dans les couches profondes au con-
tact des grosses racines. Elles sont d'autant plus avantageuses qu'elles peu-
vent être appliquées sans inconvénient et sans danger pour la vigne à
toutes les époques de la végétation, et notamment pendant les chaleurs,
( ^9)
lorsque le sol devient trop dur pour être facilement percé. Elles permettent
alors, non seulement de détruire de grandes quantités d'insectes, et parmi
eux les plus dangereux, comme les nymphes du Phylloxéra ailé, mais en-
core de stimuler la végétation de la vigne en lui apportant l'humidité né-
cessaire.
» C'est à ce point de vue que l'emploi des snlfocarbonates de potassium,
dissous dans de fortes proportions d'eau et amenés au pied des ceps au
moyen des appareils de distribution de MM. Mouillefert et Hembert, m'a
donné des résultats qui permettent d'espérer des effets décisifs dans les
terrains où leur application sera soutenue assez longtemps et dans les vignes
dont la désorganisation ne sera pas trop avancée.
» Ce même emploi, combiné avec les traitements exécutés en hiver avec
le sulfure de carbone, tandis que le sulfocarbonate est plus spécialement
réservé pour les traitements d'été, m'a donné de remarquables résultats en
1878 et en 1879, et je compte le développer eu 1880.
» Un demi-traitement au sulfocarbonate de potassium, concentré autour
même du tronc des ceps, complète très heureusement une application de
sulfure de carbone, en détruisant sous les écorces les insectes qui s'y ré-
fugient et qui échappent aux vapeurs du toxique. Il permet aussi de mieux
ménager la vigue, en plaçant plus loin du tronc lui-même et des grosses
racines les trous d'injection.
» A la suite de la longue sécheresse de 1877-78, les vignes auxquelles
j'appliquai les traitements insecticides étaient tombées dans le plus trisle
état et paraissaient devoir périr. Je les avais cependant traitées, les unes,
en hiver, au sulfure de carbone, à raison de 22^'' par mètre carré, les
autres, au printemps, par le sulfocarbonate de potassium, à raison de
5oo''5 par hectare et de 160""= d'eau; mais les traitements n'avaient pas été
réitérés en été, faute d'eau; quelques faibles parcelles avaient seules reçu,
comme expérience, le traitement d'été, qui leur fut très favorable.
» Ayant creusé en 1878 des puits dans lesquels j'ai trouvé d'assez fortes
sources, j'ai pu renouveler mes traitements en 1879, mais en les divisant
en deux applications, l'une au mois d'avril, l'autre de fin juillet à fin aoiJt.
M J'ai employé pour chaque traitement aSo''^ de sulfocarbonate et
i5o""^ d'eau par hectare. La dépense par hectare a été de :
Sulfocarbonate aSo*^'
Appareils 60
Main-d'œuvre 3o
Charbon el cbauOèur 10
"35^
( 3o )
» Je compte comme dépense culturale les légers déchaussements pra-
tiqués autour des ceps, pour retenir l'eau des arrosages, et l'engrais qui a
suivi le premier traitement de printemps.
» En 1877, après trois applications de sulfure de carbone ou de sulfo-
carbonate, au pal, en mars, fin avril ou mai et commencement de juin,
j'avais reconnu, à partir de la fin de juillet, une multiplication de Phyl-
loxéras très considérable. Le nombre des insectes s'était cependant montré
fort réduit les mois précédents. Les mêmes faits s'étaient renouvelés en
1878, après une seule application faite au printemps (mars-avril) pour le
sulfocarbonate de potassium, et en hiver (février) pour le sulfure de car-
bone. Il en résultait la perte de la majeure partie des nouvelles racinesfor-
mées dans le cours de la saison et une aggravation dans l'état des anciennes.
» En 1879, le Phylloxéra s'est montré assez rare sur les racines jusqu'au
milieu de juillet; mais, à partir de celte époque, le phénomène de multi-
plication du Phylloxéra, que j'avais observé les années précédentes et
qu'on désigne sous le nom de réinvasion d'été, s'est de nouveau produit.
» La principale cause de ce phénomène me paraît être, plus particuliè-
rement, la simple pullulation sur place du Phylloxéra, lorsque les circon-
stances deviennent favorables.
» En effet, malgré une recherche assidue, chaque année, de l'œuf
d'hiver, sur les ceps de mes vignes, je n'ai jamais pu l'y découvrir. On sait
d'ailleurs que ce fait est général dans les vignobles du Midi. En outre, je
n'ai encore rencontré des galles phylloxériques sur les feuilles de nos cé-
pages français qu'en juillet 1877, et seulement au contact de feuilles de
vignes américaines couvertes de galles; l'infection des ceps français était
donc absolument locale et bornée à un très petit nombre de souches.
En 1878 et en 1879, de même que dans les années antérieures à 1877, je
n'ai trouvé de galles ni sur les ceps américains ni sur les ceps français.
» Mes vignes étant uniformément et complètement envahies par le
Phylloxéra, depuis les années 1873, 1874 et 1876, j'ai toujours vu pendant
l'été les multiplications de l'insecte s'y faire régulièrement. Les parcelles
qui n'ont pas été défendues sont mortes après la deuxième ou après la
troisième année; celles qui ont été soutenues par des engrais mélangés de
sels de potasse ont résisté de trois à cinq ans, et même plus, selon la pro-
fondeur et la nature du sol.
» C'est toujours en juillet et août, aux jours les plus chauds de l'année,
que j'ai observé la plus grande prolifération de Phylloxéras, laquelle se pro-
longe ensuite fort avant, dans l'automne, quand cette saison est chaude et
sèche, comme en 1874, 187G, 1877.
( 3i )
» Les déplacements du Phylloxéra dans la vigne même se font alors à
la fois par la surface du sol, comme l'a observé M. Faucon, et aussi dans
son épaisseur, car souvent on trouve la terre pleine de ces insectes à une
profondeur de o^joS, o™, lo et o", i5, et quelquefois beaucoup plus bas.
1) Ces insectes, observés au microscope, m'ont presque toujours pré-
senté, sur leurs antennes, la troncature caractéristique du Phylloxéra issu
des générations nourries sur les racines.
» On s'explique d'ailleurs que la grande prolifération du Phylloxéra se
fasse plus particulièrement dans les mois secs et chauds, parce que c'est
alors seulement que le sol s'échautfe jusque dans ses profondeurs, et qu'il
acquiert une uniformité de régime et de température qui ne se rencontre
pas au même degré dans les autres saisons. A la fin d'août 1877, à
o™,4ode profondeur, après im mois de sécheresse, je constatais dans le
sol des températures variant de 28° à 3o°. Ces mêmes températures se sont
maintenues pendant le mois de septembre, tant qu'ont duré les sécheresses
et les chaleurs; elles restaient encore supérieures à 20° une partie du mois
d'octobre.
» Dans les climats à pluies estivales, la température du sol est moins
élevée et moins uniforme, et la prolifération du Phylloxéra n'y acquiert ni
l'intensité ni l'uniformité qu'on observe dans les vignobles des départe-
ments riverains de la Méditerranée; mais dans les étés secs et prolongés,
qui sont ceux des années à bon vin, les mêmes circonstances peuvent se
présenter et entraîner la perte des vignes déjà phylloxérées.
» Dans les vignobles comme ceux du Midi, où l'on ne trouve pas l'œuf
d'hiver, et où les Phylloxéras à antennes fusiformes m'ont toujours paru en
nombre réduit par rapport aux autres, il semble bien difficile de pouvoir
apprécier exactement le rôle de l'œuf d'hiver dans le phénomène qu'on
désigne sous le nom de réinvasion d'été. Il doit y contribuer, mais il me
paraît au moins douteux qu'il en soit la cause principale. Que l'œuf d'hiver
soit l'origine des colonies nouvelles par lesquelles s'infectent peu à peu les
vignobles, c'est probable, sinon certain; mais, quand l'infection est de-
venue générale, il suffit des individus déjà répandus partout pour couvrir
facilement tout le vignoble de nouvelles générations malfaisantes, dès qu'ils
rencontrent des conditions de multiplication suffisantes. »
(3a)
IXOMINATIOIVS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un Membre
pour la Section de Géographie et Navigation, en remplacement de feu
M. de Tessan.
Au premier lourde scrutin, le nombre des votants étant 60,
M. F. Perrier obtient 35 suffrages.
M. Bouquet de la Grye obtient ... i5 »
M. F. Perriek, ayant réuni la majoritédessuffrages, est proclamé élu. Sa
nomination sera soumise à l'approbation du Président de la République.
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
M. Am. Cimssagne adresse, pour le Concours du prix de Statistique
(fondation Montyon),un Mémoire intitulé: «Statistique du développe-
ment du corps humain (volume, dynamique et poids) par les exercices
gymnastiques pratiqués à l'École normale militaire de gymnastique de
Joinville-le-Pont (Seine) ».
(Renvoi à la Commission du prix de Statistique.)
M. Gachassin-Lafite adresse une Communication relative au Phylloxéra.
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
M. Alph. Milne Edwards est adjoint à la Commission nommée pour juger
le Concours du grand prix des Sciences physiques.
CORRESPONDANCE.
MÉTÉOROLOGIE. — L'acide carbonique de l'air, dans ses rapports avec les grands
mouvements de l'atmosphère. Note de M. Marié-Davy.
« Les observations météorologiques ordinaires ne nous font guère con-
naître l'état de l'atmosphère que dans sa partie voisine du sol. Le baro-
( 33)
mètre, il est vrai, a une portée plus grande ; ses indications sont liées à
l'état dynamique de l'air dans la région où on l'observe ; mais, pour que
cet état nous apparaisse avec quelque netteté, il est nécessaire de réunir
des observations barométriques relevées simultanément sur de grandes sur-
faces.
» On peut se demander si la composition de l'air et la variation des
éléments accidentels qu'on y rencontre ne pourraient pas, de leur côté,
fournir quelques renseignements utiles sur les mouvements généraux de
l'atmosphère et sur les changements de temps qui résulteront de la modifi-
cation de leurs allures. Nous possédons, à Montsouris, près de quatre
années d'analyses faites chaque jour à midi par M. Albert Lévy et son aide,
M. Allaire, à l'aide de procédés qui depuis l'origine n'ont subi aucune
modification sérieuse. Il nous a paru que cette série, déjà longue, pourrait
donner un premier aperçu des relations qui peuvent exister entre la com-
position de l'air et ces allures de la circulation atmosphérique en Europe
que nous aurions tant d'intérêt à suivre dans leurs transformations. Je ne
m'occuperai, dans cette première Note, que de l'acide carbonique.
» Les résultats quotidiens obtenus par M. Albert Lévy et son aide,
M. Allaire, sont insérés chaque mois dans les Comptes rendus. On peut y
voir que la quantité de gaz carbonique trouvée dans looooo parties d'air en
volume oscillent entre 22 et 36. Notre première pensée a été d'attribuer ces
variations à l'influence de l'agglomération parisienne, qui est une source
abondante d'acide carbonique, tandis que les bois et les champs cultivés
sont, du moins pendant la végétation, une cause également active de dispa-
rition du même acide. Mais, contrairement à cette opinion, il se trouve
que, en moyenne, les vents des régions nord qui soufflent de Paris sur le
parc de Montsouris renferment moins d'acide carbonique que les vents
des régions sud arrivant directement de la campagne. L'influence locale
est donc dominée par une autre influence d'un ordre plus élevé. Généra-
lement, les vents de sud ou sud-ouest sont des vents rasant la surface du
sol, tandis que les vents de nord ou nord-est sont des vents plongeant des
hauteurs de l'atmosphère vers la surface de notre pays. Si l'on peut sup-
poser que l'acide carbonique se trouve en plus grande proportion dans l'air
au-dessous qu au-dessus de la couche des nuages, le fait signalé trouve son
explication naturelle. Quoi qu'il en soit, voici le Tableau des moyennes
mensuelles d'acide carbonique trouvé par M. Albert Lévy et son aide
d'avril 1876 à décembre 1879 :
C. R., 18S0, i" Semestre. (,1. XC, ti'- l.) ^
( 34 )
Moyennes des volumes, en litres, d'acide carbonique renferme dans loo'"' dair
du parc de Montsouris.
1876. 1S77. 1878. 1879. 1S7G. 1877. 1878. 1879.
Janvier » 28,0 33,3 35,6 Juillet 36,1 27,7 34,2 34,6
février » 28,2 33,5 35,7 Août • 26,7 35, o 33,3
]yia,.s « 27,6 32,2 35,7 Septembre.. « 28,0 34,7 33, o
^vril 26,9 27,0 33,1 35,8 Octobre.... 3i,3 26,9 35,3 3o,4
Mai 24,9 27,8 35,9 35,6 Novembre.. 3o,7 3o,8 35,4 =5,5
Juin 25,6 28,0 35,1 35,6 Décembre.. 28,0 34,4 35,5 24,4
» On y peut distinguer trois périodes successives. Dans la première,
s'étendant jusqu'à novembre 1877, la proportion d'acide carbonique reste
généralement au-dessous de la moyenne et, quelquefois, descend très bas.
Dans la deuxième, allant de décembre 1877 à septembre 1879, la propor-
tion d'acide carbonique est, au contraire, toujours notablement supérieure
à la moyenne. Une troisième période commence en octobre 1879, caracté-
risée, comme la première, par une grande faiblesse relative dans la propor-
tion d'acide carbonique. Cette faiblesse est remarquable mèuie, en décembre
dernier. Au point de vue de la Météorologie agricole, la deuxième période
est une période de temps humides avec prédominance du courant équato-
rial sur la France. Elle comprend deux années de mauvaises récoltes. La
première période, au contraire, est caractérisée par une moindreextension
du courant éqnatorial, par des temps moins humides et par de meilleures
récoltes. L'avenir nous apprendra quels seront la durée et les caractères de
la troisième. Si l'on entre dans le détail des faits de chacune de ces périodes,
on y voit souvent la girouette s'orienter alternativement dans toutes les
directions sans que l'on puisse constater de changements bien nets dans la
proportion d'acide carbonique. Il en est de même du baromètre, du ther-
momètre, de l'hygromètre. La pluie elle-même n'a qu'une action très con-
fuse sur la proportion d'acide. Ainsi que je crois l'avoir démontré depuis
1864, il faut, en effet, bien distinguer le courant rquatorial dont l'ampleur
et la trajectoire oscillent lentement à la surface de l'Europe, et les mouve-
ments tournants que ce grand courant charrie sans cesse dans son cours.
C'est à ces derniers surtout que sont dus les changements de la girouette,
du baromètre, du thermomètre, de l'hygroinèlre, taudis que c'est du
premier que dépendrait la proportion d'acide carbonique.
» Il n'eu est plus de même du degré d'éclairement du ciel, et le Tableau
suivant met en évidence les rapports généraux qui unissent le degré actino-
( 35 )
métrique moyen à la proportion d'acide carbonique ; ils varient en sens
opposé l'un de l'autre, et, comme l'acide carbonique n'a par lui-même
aucune action sur la transparence de l'air et sur l'état du ciel, nous y trou-
verions un nouvel argument en faveur de l'explication des variations du
gaz carbonique par les changements d'allure des grands courants aériens.
Ce gaz deviendrait ainsi un des éléments de la prévision du temps à longue
échéance et de l'appréciation de la valeur probable d'une année agricole
engagée.
» C'est à partir du mois d'octobre dernier, et spécialement du 24 de ce
mois, que nous voyons baisser d'une manière très accentuée la proportion
d'acide carbonique renfermée dans l'air. Pour nous, ce serait l'indice d'un
changement complet s'opérant dans le mode de circulation de l'atmosphère
dans nos régions, changement qui s'est accentué davantage encore en
novembre pour aboutir aux grands froids de décembre. Mais il nous paraît
nécessaire de continuer ces études afin que l'avenir puisse prononcer sur la
valeur de notre hypothèse. Les Cartes synoptiques du temps que nous avons
inaugui'ées en 1864 a l'Observatoire de Paris permettent de suivre au jour
le jour les changements successifs du temps et de prévoir ceux qui vont
suivre à un court délai. On ne saurait trop multiplier les moyens d'infor-
mation qui permettraient d'étendre plus loin dans l'avenir la prévision des
grands changements atmosphériques.
M Nous examinerons ultérieurement le rôle de l'ammoniaque et de
l'ozone. Nous terminerons cette Note par le Tableau comparatif des sommes
ou moyennes des diverses données météorologiques pour les quatre mois
d'avril à juillet :
1876. 1877. 1878. 1879.
Acide carbonique, proportion moyenne ^5,9 27,6 34)6 35,4
Éclairement, proportion moyenne o,63 o,58 o,55 o,5o
Pluie totale i34 227 a64 228
Hauteur barométrique moyenne ^55, 6 753,3 753,4 752,2
Moyenne des températures minima à l'ombre.. .. 9,1 9,3 10, 3 7, 9
Moyenne des températures maxima à l'ombre. . . ao,8 20, 5 20,9 i7>8
Moyenne température à l'ombre i5,o i4>9 i5,6 12,8
Moyenne des températures maxima au soleil. .. . 32,5 33,7 3o,i 29,8
PHYSIQUE. — Sur une application de la préexistence des courants d'Ampère
dans le fer doux. Note de M. Trêve.
« Dans une Note du 4 août dernier, sur la préexistence des courants
d'Ampère, j'ai constaté que, si l'on fait circuler des courants d'égale inten-
{ 36 )
site dans des hélices de cuivre et dans des hélices de fer ('), on obtient
dans ces dernières une polarité qui peut être, d'après la qualité du fer
employé, quatre fois plus grande que dans les hélices diamagnétiques.
» Depuis, j'ai eu la pensée d'appliquei* cette remarquable propriété aux
appareils destinés à démontrer : i° l'action des courants sur les solénoïdes ;
a° l'action directrice de la Terre sur les solénoïdes, etc.
» J'ai fait construire tous ces solénoïdes en fil de fer très doux : j'ai réa-
lisé de la sorte, et sans grandes forces, des effets de démonstration beau-
coup plus énergiques et autrement saisissants que ceux qu'on obtient avec
des solénoïdes en cuivre, même actionnés par de très fortes piles. »
PHYSIQUE. — Sur de nouveaux tubes lumineux. Note de M. Trêve. (Extrait.)
« Si l'on fait aboutir à un condensateur de M. Fizeau le courant induit
d'une bobine Riihmkorff, le condensateur rend, en l'amplifiant, le mouve-
ment vibratoire de la bobine, sous la forme d'une sorte de ronflement bien
connu. Si l'on exerce sur le condensateur une pression, d'abord légère, puis
graduellement croissante, le ronflement diminue successivement d'inten-
sité, et finit par disparaître.
» La disparition du son doit coïncider avec une pression capable de
chasser du condensateur l'air qui était interposé dans les intervalles de ses
feuilles. Le condensateur est alors comme dans le vide, et aucun bruit ne
peut en sortir. J'ai été conduit, par cette observation, à l'expérience sui-
vante.
» Dans un grand tube de Geissler, j'introduis un condensateur de
M. Fizeau. Les deux pôles du courant induit de la bobine Ruhmkorff abou-
tissent à ce condensateur, |)ar l'intermédiaire des électrodes ordinaires de
ces sortes de tubes, lesquels, soudés dans le verre, sont fixés aux onzième
et douzième feuilles d'étain (-).
» I^orsqu'on lance le courant induit dans le condensateur, le tube con-
tenant encore de l'air à la pression atmosphérique, le ronflement ordinaire
se fait entendre. Si l'on fait graduellement le vide dans le tube, le ronfle-
ment s'affaiblit de plus en plus.
» Enfin, si l'on extrait l'air jusqu'à ne laisser dans le tube qu'une pres-
(') Identiques, d'ailleurs, au multiple point de vue du passage.
[') J'ai expérimenté sur un condcnsattur de douze feuilles, soigneusement préparé par
MM. Aivergniat.
( ^7 )
sion de o™, oo3 ou o™, oo/j, l'oreille ne perçoit plus rien ; mais on voit
apparaître une lumière blanche et brillante, jaillissant en perles des feuilles
du condensateur, et absolument distincte de la lumière phosphorescente,
pâle et vague des tubes de Geissler. »
CtllMiE ORGANIQUE. — Aclion de f anhydride acétique sur quelques aldéhydes
phénols. Note de M. P. Barbieh, présentée par M, Berthelot.
« J'ai établi récemment (') les relations qui existent entre l'aldéhyde
acétylsalicylique et la coumarine, et j'ai décrit la préparation et les pro-
priétés de cet aldéhyde. Je reviens aujourd'hui sur ce sujet, pour confirmer
mes premières observations et indiquer un nouveau procédé de préparation
des aldéhydes phénols acétylés : ces corps présentant un certain intérêt,
puisque l'on peut en dériver des coumarines par déshydratation.
» J'ai opéré sur les aldéhydes salicylique, paraoxybenzoïque et les al-
déhydes oxyloluiques liquide et solide. Ces deux derniers ont été obtenus
par l'action du chloroforme sur une solution de crésylol liquide dans la
soude caustique. J'avais réussi à préparer à l'état pur, lorsque le travail de
MM. Tiemann el Schotten sur le même sujet a paru : i° le composé
liquide bouillant à ao8°, indiqué par les deux savants allemands sous le
nom aldéh/ile orthohomosalicjiique ; 2° le composé solide cristallisé en
fines aiguilles fusibles à 120°, se concrétant à 110° (-), qu'ils ont appelé
aldéhyde orlhohonwparaoxybenzo'ique, et que je désigne sous les noms
à' aldéhydes oxyloluiques liquide et solide.
» Je suis entré dans ces détails pour définir exactement les corps sur
lesquels ont porté mes expériences. Le procédé à l'aide duquel on trans-
forme ces différents aldéhydes en composés acétylés jouant encore le rôle
d'aldéhydes est fondé sur l'emploi de l'acide acétique anhydre en vase clos,
à une température de 180°.
» Pour fixer les idées, je décrirai l'opéiation faite sur le salicylal. On
commence par faire un mélange de salicylal et d'anhydride acétique dans
les proportions de i'" d'aldéhyde pour 2*" d'anhydride. Ce mélange,
introduit dans un tube que l'on ferme à la lampe, est maintenu pen-
(') Thèse soutenue à l'École supérieure de Pharmacie de Paris, le aS janvier 1879.
(') Les auteurs indiquent ii5° pour le point de fusion et 108° pour le point de solidi-
fication.
(38)
dant six heures au bain d'huile, à une température de i8o°. La réaction
terminée, le contenu du tube, formé d'un liquide brun, soumis à la dis-
tillation fractionnée, laisse échapper :
» 1° Entre iio" et 120", de l'acide acétique;
» 2° De 120° à 160°, de l'acide acétique anhydre;
» 3° De 160° à 200°, il passe un peu de salicylal qui n'a pas réagi; puis,
le thermomètre monte rapidement, et tout ce qui reste dans la cornue passe
entre 25o° et 260°, sauf une petite quantité de matière brune et visqueuse.
» Une deuxième distillation donne le produit pur et bouillant réguliè-
rement entre 254" e' 256°. C'est un liquide incolore, légèrement huileux,
se combinant aisément au bisulfite de soude. Soumis à l'analyse, il a donné
des chiffres correspondant à l'acétosalicylal :
I. Matière. .
. 0
>449
CO'..
■ '.iTi
H'O'. . . 0,229
II. Matière. .
. 0
,412
co^
• 0.989
H^O'.. . 0,1802
centièmes :
I.
11.
Acétosalicylal.
C
65, 12
65,29
5,02
65,84
4,86
H....
. > • • •
4,94
M En outre, refroidi dans un mélange de sel et de glace, il ne se solidifie
pas et ne laisse rien déposer.
» En appliquant le même procédé, j'ai obtenu :
» 1° L'aldéhyde acétylparaoxybenzoïque, liquide incolore, huileux,
dont l'odeur se rapproche de celle de l'éther acétique du phénol ; il bout
à 260° et se combine au bisulfite de soude :
I. Matière . . .
0
>279
CO'..
. 0,671
H'O'. .. 0,124
11. Matière. . .
0
,459
CO'..
. 1,1 o5
H'O'. . . 0,207
centièmes :
I.
II.
C-H'C.
C
65
,59
65,64
65,84
H
..
4
,93
5,00
4,86
» 2° L'aldéhyde oxytoluique liquide acétylé. C'est un liquide incolore,
légèrement huileux, combinable au bisulfite de soude et bouillant vers
267°. Il ne se soUdifie pas dans un mélange de sel et de glace :
I. Matière... 0,274 CO'. .. 0,675 H'0'...o,i45
II. Matière. .. 0,609 CO'... 1,474 H'O'. . . o,33i9
( 39)
M En centièmes :
C.
II.
I.
II.
C>oH'»0«
67,1
66,0
67,4
5,8
6,o5
5,6
» 3° L'aldéhyde oxytoluiqiie solide ncétylé. Comme le corps précédent,
il se présente sous la forme d'un liquide se combinant au bisulfite de soude
et bouillant à 2^5° environ :
Matière... 0,4075, CO'... i,oo6 H'O'. . . 0,211
» En centièmes :
C.
H.
CH^O-
67,2
67,4
5,7
5,6
» Tous ces composés sont attaqués par l'eau de baryte à l'ébullition, en
régénérant de l'acide acétique et l'aldéhyde correspondant.
)) La réaction qui donne naissance à tous ces corps est la suivante.
Dans l'action de l'acide acétique anhydre à chaud sur l'aldéhyde, c'est le
dérivé triacétique qui prend naissance, conformément à l'équation
C'*H*(H«0=)(0^[-]) + 3^11^0'
» Il peut être isolé par un lavage prolongé du produit avec une solu-
tion de carbonate de soude; il est cristallisé en fines aiguilles blanches,
fusibles à 100°. Au moyen de ce composé, on peut obtenir, facilement et à
volonté, soit le salicylal diacétique, soit l'aldéhyde acétylsalicylique.
» En effet, si l'on traite le produit sortant du tube par une solution
moyennement concentrée de potasse caustique, l'élherdela partie phénol
seul est attaqué :
C"H*(C*H*0*)(0-,C«H«0»)4-KH0=
» Ce corps, qui est le salicylal diacétique, se présente en gros cristaux
incolores, fusibles à io4°-io5°.
» Si, au contraire, on distille, l'éther de l'aldéhyde est seul détruit sons
l'influence de la chaleur, et l'on a le composé
C''H^(C^H'0'')(0-,C«H»0'') = C«H''0'= + C''H'(C'H^O')(0%[-]).
» Je poursuis ces recherches sur les éthers à oxacides des aldéhydes à
fonction simple et mixte, et sur leurs produits de déshydratation ('). »
(') Ce travail a élé effectué dans le laboratoire de Chimie de la Faculté des Sciences
de Besancon.
( 4o )
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur une nouvelle synthèse de la salige'nine.
Note de M. W.-H. Greene, présentée par M. Wurtz.
« La méthode par laquelle j'ai réussi à faire de la saligéniiie synthéli-
qiiement n'est qu'une application de la méthode générale étudiée par
MM. Reimer et Tiemann. En effet, la saligénine étant l'alcool oxybenzy-
lique, elle devrait se former par la réaction du chlorure de méthylène sur
le phénate de sodium en présence de 1 hydrate de sodium, puisque
l'aldéhyde salicylique ou l'acide salicylique prennent naissance dans la
réaction du chloroforme ou du perchlorure de carbone sur le phénate de
sodium dans les mêmes circonstances.
» J'ai chauffé à ioo°, en vase scellé, un mélange de So^'' de chlorure
de méthylène, So^"^ de phénol et 40^'' d'hydrate de sodium dissous dans
So^'' d'eau. La réaction exige à peu près six heures; au bout de ce temps, le
contenu des matras est neutralisé par l'acide chlorhydrique et agité avec
de l'éther, qui extrait la saligénine et l'excès de phénol. On chasse l'éther et
on épuise le résidu par de l'eau bouillante, qui laisse la plus grande partie
du phénol non dissous. On concentre la solution aqueuse et on enlève les
gouttes de phénol qui se séparent après le refroidissement. Alors on fait
cristalliser au-dessus de l'acide sulfurique. En exprimant la masse cristal-
line, on obtient de la saligénine assez pure et on peut la faire recris-
talliser.
» Le rendement n'est jamais bon. J'ai employé une solution alcoolique
(le soude caustique au lieu de la solution aqueuse : dans ces conditions, la
réaction a lieu plus vite, mais les résultats ne sont pas meilleurs. Il peut
se former à la fois des alcools oxybenzyliques isomériques, mais jusqu'ici
je n'en ai pu constater la formation. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la préparation des dérivés iodés et bromes de la
benzine. Note de M. W.-H. Greene, présentée par M. Wurtz.
« Jusqu'ici la préparation de la benzine monoiodée a été assez difficile,
et l'on n'a pu en obtenir que de petites quantités à la fois.
» J'ai trouvé que le chlorure d'iode réagit sur la benzine en présence du
chlorure d'aluminium, avec dégagement d'acide chlorhydrique et for-
mation des dérivés iodés de la benzine. J'ai essayé la réaction de plusieurs
(4i )
manières; ainsi, en faisant passer des vapeurs de chlorure d'iode entraînées
par un courant d'air à travers de la benzine mélangée de chlorure d'alu-
minium, il se sépare beaucoup d'iode et l'on n'obtient qu'un faible rende-
ment de benzine iodée. La meilleure manière d'opérer est de laisser tomber
le chlorure d'iode, goutte à goutte, dans de la benzine contenant un peu
de chlorure d'aluminium. Même dans ce cas il se sépare un peu d'iode;
mais, si le chlorure d'iode est bon, on n'en perd guère. On lave le produit
de la réaction avec de la potasse et l'on isole l'iodure de phényle par distil-
lation fractionnée.
)) Dans cette réaction il se forme aussi des benzines iodées supérieures,
et, si l'on veut préparer seulement la benzine monoiodée, il faut employer
un grand excès de benzine.
» On obtient de la benzine bromée très facilement en faisant chauffer
un mélange de benzine et de brome en présence dîi chlorure d'aluminium.
La réaction a lieu immédiatement et se fait dans un ballon muni d'un réfri-
gérant ascendant. Parce moyen, je n'ai obtenu que du bromure de phényle
et de la benzine dibromée; mais il est probable que l'on pourrait préparer
les autres dérivés bromes de la même manière, en changeant la proportion
de brome et de benzine. »
PHYSIOLOGIE ANIMALE. — Sur la valeur comparée des impiesiions monoclvio-
maliques chez les Invertébrés. Note de M. Joannes Chatin, présentée
par M. H. Milne Edwards.
« L'examen des variations que l'impression rétinienne peut offrir sous
l'influence des divers rayons du spectre et chez les principaux types de la
série zoologique présente im intérêt tout spécial pour la Physiologie com-
parée; mais durant longtemps l'histoire du sujet s'est résumée en quelques
aperçus purement spéculatifs, et c'est seulement dans ces dernières années
qu'elle a réalisé des progrès suffisants pour en permettre l'étude expéri-
mentale.
)) Autrefois on était réduit à considérer dans leur ensemble les réactions
somatiques qui succèdent à l'intervention de telle ou telle couleur, et c'est
à peine si l'observateur pouvait distinguer plus particulièrement quelques
incitations motrices, de valeur toujours fort douteuse en de semblables cir-
constances. Il n'en est plus de même aujourd'hui, et nous pouvons dégager
l'impression rétinienne de tous les phénomènes qui l'accompagnent, ana-
C. R., 1880, 1" Semestre. (T. XC, iS» 1) 6
( 42 )
lyser ses caractères essentiels, différencier les variations que lui imprime
la nature de la source lumineuse.
» Divers moyens d'investigation permettent au physiologiste d'atteindre
ce résultat, mais deux voies principales s'ouvrent devant lui. La première
trouve son origine dans les découvertes de Boll : on sait que chez un grand
nomhre d'animaux la rétine possède une coloration propre, qui s'efface
à la lumière pour faire place à des teintes nouvelles dont la gradation
traduit souvent la longueur relative des ondes incidentes. Malheureuseaient
ces faits sont loin de présenter une application générale, et, sans parler
de la faible signification que revêtent avec certaines couleurs les modifi-
cations du Seh-Piirpiir, il convient de rappeler que celui-ci semble manquer
totalement dans plusieurs groupes. Est-ce à dire que nous devions renoncer
à poursuivre cliez ces êtres l'étude comparée des in)pressions optiques?
Eu aucune manière, car, lorsque les enseignements fournis par l'observation
de l'érythropsiue viennent à faire défaut, ou peut recourir à une seconde
méthode qui possède unehautevaleur etreposesur les expériences deDev^^ar.
» Dans une longue série d'ingénieuses recherches, ce physicien a montré
que le choc de la lumière sur la rétine détermine la production d'un cou-
rant spécial qui disparaît dès que l'organe visuel cesse d'être introduit dans
le circuit; les plus minutieuses précautions ayant été prises pour éliminer
les différentes causes d'erreur, l'interprétation du phénomène ne saurait
soulever actuellement aucune incertitude.
)) L'apparitiou du « courant de Dewar » constituant ainsi le critère ex-
périmental de l'ébranlement rétinien, il devient dès lors facile d'appré-
cier l'intensité de celui-ci par la mesure de sa manifestation dynamique,
dont l'expression demeure identique chez les types les plus variés.
» Dans les Arthropodes et surtout chez les Crustacés décapodes et dans
quelques Insectes (Locustiens, etc.), le courant s'affiime avec une con-
stance absolue, et nulle part les effets de l'action lumineuse ne sont plus
aisés à observer, ce qui s'explique par la structure essentiellement bacil-
laire de l'œil de ces animaux. On y remarque déjà certaines différences
dans l'intensité du courant produit par les divers rayons, et c'est dans la
région jaune-verte qu'il atteint son maximum.
» Cette tendance s'accentue davantage encore dans les Mollusques, et
principalement chez les Gastéropodes pulmonés : sous l'action des rayons
jaunes, le courant acquiert sa plus grande intensité; il s'affaiblit légère-
ment dans la zone verte, pour décroître rapidement avec la couleur bleue-
violette et trouver son minimum dans la région rouge du spectre.
( A3)
» Par leur nature comme par leur prochaine extension, ces faits suffisent
à consacrer le principe de la méthode, en même temps qu'ils fournissent
la preuve expérimentale de l'indifférence que plusieurs Invertébrés témoi-
gnent pour certains rayons (rayons rouges, etc.) et qui depuis longtemps
a été mentionnée par les zoologistes. Divers points appellent encore
des études complémentaires : il convient d'établir exactement la valeur
propre du courant, de déterminer la rapidité avec laquelle s'efface l'excita-
tion rétinienne, de préciser enfin le degré de monocliromatisme de la
lumière incidente ; cette dernière condition ne saurait être qu'incomplè-
tement réalisée par l'emploi des milieux (verres colorés, solutions absor-
bantes, etc.) dont il a été fait usage dans la généralité des expériences et
semble plutôt devoir être obtenue par l'application de procédés nouveaux
(lumière polarisée, etc.). Tel est l'objet des recherches que je poursuis en
ce moment et dont j'espère pouvoir bientôt soumettre les résultats au
jugement de l'Académie. »
ANATOMIE ANIMALE. — Histologie, développement et origine du testicule et de
/'ouaiVe de /a Campanularia angulata [Hincks). Note de M. J. Fraipont,
présentée par M. de Lacaze-Duthiers.
« L'étude histologique des trois couches, ectoderme, lamelle intermé-
diaire et entoderme, du corps des Hydroïdes conduit à quelques faits
nouveaux et importants que nous résumons ici.
» Les petits nématocystes de l'ectoclerme des tentacules sont entourés
d'une couche faible protoplasmique, souvent nucléolée et individualisée, à
laquelle correspond un palpocil. Ce rapport est important au point de
vue physiologique et du mode d'action des organes urticants.
» L'endoderme des stolons, au voisinage des pédicules de gonangium
femelles (^Cainpanularia angidntn) et surtout dans les rameaux (C. flexuosa),
renferme des cellules, grandes, ayant d'une part les caractères des cellules
œufs et passant d'autre part aux cellules endoderraiques. Notre maître,
E. van Beueden, a fait depuis longtemps des observations encore inédites
et analogues {Campanuknna dicliotoma).
» L'extrémité libre de l'organe appendiculaire, ierminée en crosse, est
caractérisée par le développement de l'ectoderme, par l'accumulation dans
ce tissu de corpuscules à structure spéciale et par l'amincissement consi-
dérable du périsarc. Ces données pourront peut-être servir à fixer la na-
ture de cet organe.
( 44 )
» Dans le corps et les tentacules, la lamelle intermédiaire, qui ailleurs
est amorphe, présente des fibrilles fasciculées s'insérant à des points dé-
terminés et que je crois musculaires,
)) Un gonangiwn est constitué par ime gonothèque, un système central
de canaux et des gonophores. Le canal axial du blastosfyle s'étale en tête
de marteau à l'extrémité supérieure du gonangium et fournit latéralement
ces culs-de-sac au niveau desquels se forment les gonophores. Chez la
C. angulata et la C.Jlexuosa, ceux-ci ne deviennent ni méduses ni demi-mé-
duses comme chez d'autres Canqjanulaires, restent à l'état dediverticules de
la paroi du corps, et certains de leurs éléments cellulaires deviennent
ovaire ou testicule.
» Les spermatozoïdes paraissent formés par un petit noyau ou fragment
de petit noyau entouré d'un peu de protoplasme de la cellule mère et
dont le reste sert à former la queue.
» Le gonophore femelle ne contient qu'un œuf, dont la vésicule germi-
native, s'il n'est pas fécondé, est analogue à celle décrite par W. Flemming,
E. van Beneden, Kleinenherg, O. Hcrtwig, Bergli, sur des animaux va-
riés. La lâche de Wagner est complexe. Elle contient un petit corpuscule
clair, de forme irrégulière (corpuscule de Schron), duquel parlent trois à
six filaments paraissant aboutira la face interne de la tache germinative;
le carmin la colore fortement. La segmentation par des sillons transver-
saux à direction unilatérale conduit à une planula ciliée, montrant un
ectoderme cellulaire et un endoderme.
» Il existe quatre opinions sur l'origine des organes sexuels. Huxley,
Keferstein etElilers, Claus, Kleinenherg, Schulze, O, et R. Hertwig pensent
que les organes sexuels proviennent de l'ectoderme. D'autre part, Kôlliker,
Hoeckel, Allman, Claus, Korrotneif soutiennent l'origine endodermique.
E. van Beneden défend une troisième opinion, à savoir l'origine ectoder-
mique des spermatozoïdes et l'origine endodermique des œufs. Van Koch,
Bergh confirmèrent la manière de voir de Van Beneden. Enfin Ciamician
a soutenu l'origine ectodermique des œufs et l'origine endodermique des
spermatozoïdes chez Y Eiidendrium ramosum.
» Chez la Campanidaria angulata et la C. jlexuosa, on peut suivre tout
le développement des organes sexuels en étudiant un gonangium de sa base
d'insertion à son sommet.
« Dans le pédicule du gonangium mâle, le cénosarc est constitué comme
dans les stolons et dans les rameaux ; mais, en un point ou deux, l'ectoderme
est plus épaissi et ses cellules sont mieux délimitées. Plus haut, en un point
( 45 )
délerminé, le cénosarc est renflé en petit tubercule, dans l'intérieur du-
quel pénètre un cul-de-sac de la cavité centrale limitée par quelques cel-
lules endodermiques. En dehors de celles-ci, on voit la lamelle intermé-
diaire, puis quelques cellules ectodermiques bien individualisées, plus
grandes que les autres : ce sont les cellules mères du testicule, et enfin le tout
est recouvert par les cellules ectodermiques ordinaires. Dans la cavité du
gonangium, à sa base, sont déjeunes gonophoressur lesquels on trouve de
dedans en dehors un diverticule de la cavité du blastostyle, des cellules
endodermiques épithéliales, la lamelle intermédiaire, une petite masse
cellulaire en forme de fer à cheval, provenant de quelques cellules ecto-
dermiques différenciées, enfin une couche de cellules ectodermiques.
La petite niasse est le tissu testiculaire jeune. Les différents gonophores
ont la même constitution, au développement près du tissu qui acquiert un
volume de plus en plus considérable. Dans les gonophores les plus supé-
rieurs, tous les éléments qui entourent le testicule mûr sont en voie d'atro-
phie. La conclusion est que les spermatozoïdes proviennent de l'ectoderme.
» Dans un pédicule de gonangium femelle on trouve, à la base, une ou
deux grosses cellules endodermiques saillantes dans la cavité gastro-vascu-
laire, à grand noyau et sans fouet vibratile, ayant enfin tous les caractères
des jeunes œufs des gonophores. A l'extrémité supérieure du pédicule, on
voit une ou deux cellules endodermiques différenciées, mais sans connexion
directe avec la cavité gastro-vasculaire, car deux à trois petites cellules en-
dodermiques les recouvrent. Plus haut, vers la base de la cavité du gonan-
gium, le cénosarc donne naissance à des diverlicules latéraux. Un d'eux
offre à l'intérieur une petite cavité, cavité du cul-de-sac du blastostyle,
limitée par une rangée de cellules endodermiques. A la face externe de
cette couche est accolé un jeune œuf. La lamelle intermédiaire passe au-
dessus de cet œuf, et plus en dehors est la lamelle ectodermique. Dans les
gonophores supérieurs, les mêmes rapports existent, mais les œufs
deviennent de plus en plus volumineux. Lorsque l'œuf est mûr, les tissus
qui l'entourent sont en voie d'atrophie. L'origine endodermique des œufs
est donc évidente.
» En rapprochant ces observations de celles d'E. van Beneden, de Bergh,
je conclus que, dam la famille des Campanularides, les spermatozoïdes se dé-
veloppent aux dépens de l'ectoderme, les œufs aux dépens de l'endoderme ( ' ). »
(') Ces observations ont été faites pendant un séjour de deux mois au laboratoire do
M. de Lacaze-Dulliiers, à Roscoff.
{ 46 )
M. C. Hexry adresse, par l'entremise de M. Puiseux, une Note sur
une valeur approchée de \/2, due à l'auteur indien Baudhâyana et sur deux
valeurs approchées de \/3, qui ont été données par Archiniède.
M. L. Saltel adresse une Note intitulée : « Méthode pour lever l'indé-
termination résultant d'un nombre infini de solutions communes, dans di-
vers systèmes de k équations à k inconnues ».
M. Benson adresse, de New-York, une Note relative à diverses questions
de Géométrie élémentaire.
(Renvoi à l'examen de M. Puiseux.)
M. \V. PoLLo adresse une Note intitulée : « Résolution des équations
du deuxième et du troisième degré par les procédés goniométriques ».
M. DE ToccHiMBERT adresse, par l'entremise de M. H. Mangon, une pho-
tographie de formes de neige observées à Poitiers (Vienne).
Cette neige, tombée le 6 décembre 1879, n'avait rien de particulier;
mais, dans la soirée du :24 décembre, après un léger échauffement de la
température pendant la journée, elle présentait, à la surface, la forme de
petites roses pompon. Chaque fleur avait au moins o™,oi de diamètre, et
quelques-unes jusqu'à o"',o3. Les pétales étaient contournés comme
ceux des roses de nos jardins et striés longitudinalement. Ces fleurs de
neige se sont produites partout où la lumière pénétrait librement. Il n'y en
avait pas sous les arbres ni sous les arbustes.
M. L. HcGo adresse une Note « sur l'érosion des glaçons des rivières ».
A 4 heures trois quarts, l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 6 heures. D.
47
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
OdVRAGES KEÇnS DANS L* SÉANCE DD 5 JANVIER 1880.
Observalions sur les bulbes des lis; par M. Duchartre; Deuxième Mémoire.
Paris, G. Masson, iSyS; in-8°.
JS'ote sur les safrans (crocus) à Jleur monstrueuse ; par M. P. Duchartre.
Paris, impr. DonnauH, 1879; in-S**. (Extrait du Jouvnalde la Société centrale
d'Horticulture.)
Notions sur l' organisation des fleurs doubles et description de la Jleur du hi-
lium tigrinum Gaivl. Flore Pleno; par M. P. Duchartre. Paris, impr. Don-
naiicl, 1879; in-8°. (Extrait du Journal de la Société centrale d'Horticul-
ture.)
Observations sur les marronniers hâtifs (iEscuIus hippocastanum L.) ; par
M. Duchartre. Paris, impr. DonnaucI, 1879; br. in-S". (Extrait an Jour-
nal de la Société centrale d'Horticulture.)
Iraité d'Orthophonie. Voie normale, bégaiement, etc. ; parE. Colombat (de
l'Isère). Paris, Asselin et C'*, 1880; in-8°. (Présenté par M. Bouley pour le
Concours Monlyon, Médecine et Chirurgie, 1880.)
anthropologie de la Frcmce;parG. Lagneau. Paris, G. Masson et P. Asse-
lin, 1879; in-8°. (Extrait du Dictionnaire encyclopédique des Sciences médi-
cales.)
Leçons de Clinique cltiruigicale professées à l'hôpital Saint-Léon, par le D'' F.
Gross; 2* fascicule. Paris, Berger-Levrault, 1879; br. in-8°. (Présenté
par M. Sedillot.)
Electrodynamic qualities oftnetals. Part VII : Efjects of stress on the magne-
tizationofiron, nickel and cobalt; byVrof. sir W. Thomson. London, 1879;
in-4°. (From the Philosophical Transactions of the royal Society.)
ERRATA.
(Séance du 29 décembre 1879.)
Page 1096, Hj^ne 12 en remontant, au lieu de —1 lisez —•
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SEANCE DU LUNDI 12 JANVIER 1880.
PRÉSIDENCE DE M. EDM. BECQUEREL.
MÉMOIRES ET COMMUIXICATIOAS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. Dacbrée, en présentant la seconde Partie de ses Études synthétiques
de la Géologie expérimentale, s'exprime de la manière suivante :
« Cette seconde Partie concerne l'application de la méthode expérimen-
tale à l'étude des phénomènes cosmologiques.
» Après une Introduction où sont condensées les généralités sur les mé-
téorites et les bolides, le Volume comprend deux Parties, affectées l'une
aux phénomènes chimiques, l'autre aux phénomènes mécaniques.
» Dans la première de ces Parties sont exposés les résultats obtenus
dans les expériences de synthèse chimique des météorites et d'imitation
des masses cosmiques à l'aide de matériaux terrestres, soit par réduction
de roches silicatées, soit par oxydation partielle de siliciures. L'étude par-
ticulière de l'holosidère de Sainte-Catherine rentre dans cette Section.
» La comparaison des météorites avec les roches profondes du globe
fournit un grand nombre de données qui sont exposées avec détail. Il
s'agit, par exemple, de l'importance du péridot dans ces régions profondes,
de son association avec le platine natif et des basaltes à fer nickelé, dé-
C. R., 1880, I" Semestre. (T. XC, N° 2.) 7
( 5o )
couverts au Groenland. Des vues sur l'unité de composition de l'univers
ressortent naturellement de cet ordre d'études.
» Plus développée encore, la Section relative aux phénomènes méca-
niques a dû être subdivisée en deux Sous-Seclions, selon qu'il s'agissait de
phénomènes réalisés dans les régions extra-terrestres ou de ceux qui
preruient naissance dans notre atmosphère.
» C'est sous le premier chef que se rangent l'étude de la structure glo-
bulaire ou choudrilique des météorites et les expériences faites pour
l'imiter.
» Quant aux phénomènes atmosphériques, ils touchent successivement
la forme polyédrique caractéristique des météorites, les cupules qui en
recouvrent la surface et les veines noires qui en traversent la substance.
Chacune de ces questions a fourni le sujet d'un grand nombre d'expé-
riences exécutées à l'aide des gaz comprimés, gaz fournis tantôt par l'ex-
plosion de la poudre, tantôt par celle de la dynamite, de la nitroglycérine
ou du fulmicoton.
)) Par leur analogie complète avec les phénomènes natiu'els qui leur
servaient d'objectifs, ces divers résultats de laboratoire donnent lieu à des
applications relatives aux différentes phases du phénomène de l'arrivée
des météorites sur notre globe.
B Le mode de dispersion des météorites sur le terrain et l'origine des
poussières cosmiques se trouvent, en même temps, éclairés de lumières
nouvelles.
» Cette seconde Partie, qui complète un Volume de plus de huit cents
pages, se termine par des Tables alphabétiques très détaillées, qui rendent
les recherches faciles, qu'il s'agisse des matériaux proprement dits, des lo-
calités ou des noms propres cités. »
MlÎTÉOROLOGIE. — Sur les obseruations météorologiques du mois de mai,
à Zi-ka-voei, en Chine. Note de M. Faïe.
« En présentant à l'Académie les observations magnétiques et météoro-
logiques faites, en mai dernier, à l'observatoire des Missionnaires en Chine,
je désire appeler l'attention sur les conclusions que le P. Dechrevens, le
directeur, a tirées de ces observations et de toutes celles qui les ont pré-
cédées.
» La première consiste en ce que les bourrasques et tempêtes, et en gé-
I 5t )
iiéi'iU toutes les dépressions barométriques, se propagent fie la Chine an
Japon en suivant la même marche que les bourrasques et tempêtes de
l'Atlantique qui viennent jusqu'en Europe.
» La seconde consiste en ce que les bourrasques et tempêtes sont indé-
pendantes de la mousson régnante et réciproquement, l'une n'empêchant
pas l'autre de souffler.
» Voici, sur le premier point, comment s'exprime le savant directeur
de l'observatoire chinois :
« Sept dépressions aimosphériqiies bien dessinées ont passé surZika-wei pendant le mois
de mai. Leur direction les portait encore vers le Japon. C'est, du reste, un fait rendu évident
parla comparaison des observations baiomé triques faites àZi-ka-wei (lat. 3 i°, 2, long, i iQ",!)
avec celles faites à Kobé ^lat. 34°, 7, long. i35°,i), sur la côle orientale du Japon : tous les
minimaet fous les maxiniabarométriques(')sans exceptionsont observés ici dix-huit ou vingt-
quatre heures avant de l'être à Kobé Il suit évidemment de là que, à ne considérer que
les lalittides des deux stations, les perturbations atmosphériques dans ces contrées se portent
du sud au nord et non inversement. Mais, déplus, les variations du vent, si caractéristiques
à Zika-wei durant le passage d'une bourrasque, indiquent à n'en pouvoir douter que c'est
du sud-ouest au nord-est qu'elles ont leur trajectoire entre Zi-ka-vpei et Kobé. Ainsi, dans les
deux grands océans de l'hémisphère nord, la marche des temjjétes est la même: dans l'Atlan-
tique, elles vont en général des côtes de l'Amérique vers celles de l'ILurope en remontant un
peu vers le nord; dans le Paciflque, elles quittent toujours les côtes de la Chine pour se
diriger vers celles du Japon. L'immense étendue des mers qu'elles auraient à parcourir pour
atteindre les côtes occidentales de l'Amérique suffit sans doute à les absorber et à en effacer
les dernières traces. »
» Ainsi, dans les régions opposées aux nôtres sur l'hémisphère nord, les
tempêtes et bourrasques, qu'on les nomme cyclones ou typhons, suivent
identiquement la même marche, quelle que soit la distribution des eaux
et des terres, qu'il y ait ou non des courants d'eau chaude, comme le guU-
stream, ou des chaînes de montagnes sur leur trajet, quelle que soit l'allure
(les vents inférieurs régnant dans chaque contrée. Donc l'origine de ces
phénomènes gyratoires est dans la région supérieure de l'atmosphère, dont
les courants réguliers, accusés par les cirrhus, reproduisent justement l;i
direction des tempêtes chinoises et japonaises tout comme celle des tem-
j ' ) Il s'agit ici des maxima ])assagers qui bordent les dépressions et non des aires si per-
sistantes de haute pression, comme celle dont on a essuyé récemment les effets en France.
La distance de Zi-ka-wei à Kobé étant, d'après les coordonnées géographiques données
plus haut, de i54i'''", la vitesse de translation des bourrasques dans ces parages est de j()
h 21 lieues (de 4000™) psr heure ou de 18'" à 24"' par seconde; c'est la vitesse d'un
train-éclair.
(52 )
pètes qui nous sont câblées pnr les États-Unis. Les mouvements gyratoires
engendrés dans les hautes régions de l'atmosphère, bien au-dessus de tous
lis accidents superficiels du globe, tlescendent jusqu'au sol à travers
les couches inférieures; celles-ci peuvent se mouvoir dans un sens ou dans
l'autre sans que ni ces mouvements inférieurs, ni les accidents des conti-
nents ou des mers influent directement sur la marche des tempêtes, et
l'on retrouve tout autour de notre hémisphère les mêmes lois de propaga-
tion des mouvements gyratoires, en Chine et au Japon aussi bien qu'en
Amérique et en Europe.
» Quand au second point, l'étude des sept bourrasques de mai dernier
conduit i'habile observateur à reproduire et confirmer u;ie remarque qu'il
avait déjà faite dans le cours de l'année précédente :
« On peut reconnaître l'influence tle la mousson régnante même au sein des perturba-
tions iitmosphériques. Si pendant l'hiver, alors que régnent les vents d'entre nord et nord-
ouesl, la seconde phase des bourrasques, celle qui amène les vents de nord-ouest, prend
un développement plus considérable que la première, l'inverse a aussi lieu dans la mousson
d'été, quand les vents dominants sont ceux de sud-est; ces vents gagnent en durée, sinon
toujours en force, ce que ceux de nord-ouest perdent à cette époque. »
» Permettez-moi de rapprocher cette retuarque importante, relative à l'hé-
misphère boréal, de l'explication que j'ai donnée d'un phénomène analogue
qu'on observe suri hémisphère austral. Là les trajectoires des tempêtes sont
des courbes symétriques (par rapport à l'équateur) de celles des régions bo-
réales de même latitude, et le mouvement gyratoire des bourrasques y est
de sens inverse, c'est-à-dire de gauche à droite. Dans la région de la mer
australe où se trouvent les îles Maurice et de la Réunion, les trajectoires
des tempêtes vont à peu près du nord-est au sud-ouest; ce n'est que dans
les régions plus au sud qu'elles prennent la direction symétrique de celles
des mers de Chine par 3i°-34° de latitude, c'est-à-dire du nord-ouest au
sud-est. Les alizés du sud-est coupent donc presque à angle droit la portion
considérée (vers l'île de la Réunion ). Or c'est un fait d'expérience que dans
ces parages, de Madagascar à l'île Maurice, lorsqu'on va être atteint par
une bourrasque, l'alizé se met à souffler en tempête. De plus M. Meldrum,
directeur de l'Observatoire de l'île Maurice, en étudiant les détails de cer-
tains cyclones, a remarqué qu'à l'arrière un veut assez faible souffle par-
fois dans la direction du centre, et non pas dans le sens perpendiculaire
au rayon. Ces faits ont été cités connue des preuves à lappiii de l'hypo-
thèse des tempêtes d'aspiration centripète; mais j'ai montré que ces deux
phénomènes se rattachent tout simplement à la présence des alizés du sud-
( 5^ )
est. A l'avant, la bourrasque souffle aussi du sud-est et ajoute son effort à
l'alizé. Celui-ci semble doue fraîchir et bientôt souffler en tempête. A l'ar-
rière, le cyclone souffle du nord-ouest dans une direction opposée à l'alizé,
le neutralise parfois à une certaine distance du centre, et ne laisse alors
subsister que le mouvement de translation delà tempête perpendiculaire-
ment aux directions précédentes.
» Il en est justement de même, comme on vient de le voir par les obser-
vations chinoises, dans la région des moussons, bien entendu mutalis mu-
tandis. La mousson d'hiver souffle, à Zi-ka-wei, du nord-ouest (d'entre nord
et nord-ouest); or on observe à l'avant de la bourrasque, qui se propage
dans unedireclion grossièrement perpendiculaire, une recrudescence mar-
quée de celle mousson, tandis que le vent du cyclone, qui affecte à l'arrière
la direction opposée, faiblit considérablement. La mousson d'été, une fois
bien établie, souffle au contraire du sud-est. Cela ne change rien à la
marche des bourrasques, qui reste la même en toute saison; mais, comme
le vent de la tempête à son avant est sud-est, les choses se passent comme
si la mousson devenait là plus énergique, tandis qu'à l'arrière celle-ci
se compose avec le vent inverse de la bourrasque, qui l'affaiblit. La règle
nautique que j'avais proposée pour les régions des alizés s'étend donc
aussi à celles des moussons, sauf en ce qu'il y a lieu, dans le second cas,
de distinguer entre l'f'té et l'hiver.
» Ces phénomènes grandioses et d'une régularité presque géométrique,
incompatibles avec l'hypothèse des météorologistes qui cherchent au ras
du sol l'origine des tempêtes, s'accordent donc, jusque dans les détails,
avec la théorie qui place cette origine dans les courants supérieurs et qui
considère les tempêtes de toute sorte et de toute dénomination comme des
mouvemenls gyratoires qui, tout en marchant horizonlalement avec le
courant où ils s'engendrent, se propagent verticalement de haut en bas
jusqu'à ce qu'ils soient arrêtés par l'obstacle du sol. m
GÉOMÉTRIE CINÉMATIQUE. — Su?' celle des déjormalions des corps soit élastiques,
soit plastiques, soit fluides; par M. de Saint- Venant.
« M. Resal, dans une Note concise du 29 décembre 1 87g [Comptes rendus,
t. LXXXIX, p. 1090), Sur les différentes branches de la Cinématique, après
avoir rappelé l'heureuse invention par Ampère de ce mot qui a sufli
pour donner naissance à une science nouvelle, et l'utile division, que lui-
( 54 )
même a proposé d'en faire en Cinémalique pure et Cinématique appliquée
aux mécanismes, a remarqué que M. Manuheim venait d'introduire, très
profitablement aussi, l'expression Géométrie cinématique pour désigner
l'étude, commencée parles anciens et brillamment continuée de nos jours,
des mouvements considérés d'une manière indépendante non seulement
des forces supposées les produire, mais même du temps pendant lequel il.->
peuvent s'être opérés (').
» M. Mannheim a appliqué sans doute sa Géométrie cinématique aux
déformations de lignes et de surfaces dans des conditions données.
11 Mais cette branche mérite d'en embrasser une autre que Cauchy a
inaugurée, savoir la théorie des déformations des corps considérés dans leurs
trois dimensions et pour tous les éléments de leur intérieur. Cauchy, dans
son Mémoire sur la dilatation et la condensation des corps ( £.rercices de Ma-
thématiques, 2* année, 1827, p. 3o), a prouvé nnalytiquement que leurs pp-
tites déformations, si elles observent la loi de continuité quand on passe d'un
point aux points voisins, se réduisent, en chaque point, à trois dilatations ou
condensations dites principales, dans trois certaines directions orthogonales
qui restent orthogonales après les déformations. Cela vient de ce qu'une
(') En i85i, à la suite d'un Cours de Génie rural professé ;i Versailles, j'ai publié, par
autographie, des Principes de Mécanique /ondes sur la Cinématique, où je retenais dans le
domaine géométrique, en l'exposant éléinentairemcnt, une très grande partie de la Méca-
nique, comprenant les compositions et décompositions des déplacements, des vitesses, des
accélérations, ainsi que de leurs moyennes géométriques dans des systèmes de points; celles
de leurs moments, les centres de gravité, etc., avant de passer, de l'exposition des lois
purement géométriques du mouvement, à celle de ses lois physiques, qui s'énoncent par la
considération des masses et des forces, susceptibles elles- mênies d'être définies cinémati-
quement.
M. Resal a été plus loin à quelques égards dans ses remarquables Traités de Cinéma-
tique pure (1862) et de Mécanique générale (i8^3), car il y a présenté d'une manière sim-
plement cinématique le mouvement des planètes, etc., et jusqu'au théorème de la force vive
acquise par un point ayant eu successivement des accélérations quelconques ; ce qui s'ap-
pliquerait au cas général où, à chaque instant, le point a simultanément plusieurs accélé-
rations dont la somme géométrique forme son accélération effective. Cette manière de traiter
la Mécanique est favorable à son exposition non moins qu'à sa philosophie.
Il a considéré des sommes et différences géométriques de lignes, de vitesses, d'accéléra-
tions en les désignant comme j'avais fait dans un Mémoire du i5 septembre i845 [Comptes
rendus, t. XXI, p. 620) et en m'altribuant l'idée de ces sortes de sommes et de leurs calculs;
mais M. Grassmann, de Stetlin, m'a prouvé qu'il l'a eue avant moi, ainsi que celle des
produits géométriques, comme ceux dont M. Resal s'est servi aussi, et qu'il a préférés avec
raison à ceux d'une autre espèce que j'avais proposés.
( S.'i )
sphère matérielle de rayon très petit dont ce point est le centre se change
en un ellipsoïde. Et on le reconnaît sans calcul ; en effet, comme les lignes
matérielles primitivetnent droites sont supposées se changer en courbes
continues, leurs éléments très petits sont encore des droites, et les petits
plans restent des plans, d'où il suit : i° que les petites lignes très voisines
primitivement parallèles et dans un même plan restent parallèles, car, autre-
ment, celles qui les coupaient perpendiculairement deviendraient courbes;
2° que ces petites lignes parallèles et voisines se dilatent également, car,
autrement, leurs transversales obliques cesseraient d'être droites. D'où il
suit que toutes les cordes d'une même petite sphère parallèles entre elles
s'allongent dans des proportions égales en restant parallèles, ce qui change
bien la sphère en un ellipsoïde.
» Les axes de cet ellipsoïde ne peuvent être déterminés qu'en résol-
vant une équation du troisième degré. Aussi en fait-on peu tl'usage, et il
est plus commode de considérer en chaque point, dans des directions or-
thogonales arbitraires comme celles d'axes coordonnés, trois dilatations
(positives ou négatives) et trois glissements, qui sont les cosinus des angles,
devenus légèrement aigus ou obtus, des lignes matérielles primitivement
parallèles à ces axes. Les formules qui expriment ces six affections (appe-
lées Stresses par les savants anglais), celles de leurs transformations pour de
nouveaux axes, et les théorèmes divers qu'on en déduit sont du ressort de
la Géométrie cinématique et non de la Mécanique.
» Toutefois, la Mécanique est nécessaire pour la détermination de leurs
grandeurs et des déplacements de points qui en résultent dans les corps
élastiques; et la difficulté n'est pas moins grande pour les corps plastiques
si l'on veut obtenir des résultats exacts, car les déplacements de leurs
points sont engagés dans des équations différentielles, ne s'intégrant que
pour quelques cas extrêmement simples.
)) Mais, pour divers corps plastiques, tels que les blocs sur lesquels
M. Tresca a fait des expériences d'écoulement ou de poinçonnage, si l'on
admet le principe de la conservation du volume des éléments, et si l'on fait
quelques hypothèses sur la distribution des vitesses et sur la relation mu-
tuelle de leurs dérivées ('), on peut arriver cinématiquenient à de certaines
(' ) Celle que j'ai faite est, u, i>, a- désignant les composantes de la vitesse ou du petit dé-
placement d'un point quelconque parallèlement aux axes rectangulaires des jc, y, z et a', i',
c^ trois constantes ,
■^ dv div div du du dv
dz dy dx dz dy dx
( 56 )
déterminations des déplacements simultanés de leurs divers points, comme
il a fait, et comme j'ai fait d'une autre manière dans divers Mémoires de 1868
à 1870, énumirés et résumés dans une Note du 19 juillet 1875, à laquelle
je renvoie {Comptes rendus, t. LXXXI, p. 1 15), où j'ai cité tout ce qui a été
fait sur la Plasticodynamique. Il serait curieux de calculer numériquement
les résultats de ces sortes de solutions dont quelques-unes sont en séries
transcendantes, pour pouvoir les peindre aux yeux par des épures détail-
lées ; cela fournirait peut-être quelques données, à défaut des intégrations
impossibles.
» Mais il serait plus siîr, comme je l'ai exprimé dans cette même Note de
1875, de demander à des expériences suffisamment nombreuses, et dont
j'ai essayé de tracer un programme, la marche que suivent les molécides
dans divers cas. Ce sera seulement quand elles auront été faites, tant sur un
métal ductile que sur des matières pétrissables, où il sera plus facile d'in-
sérer des indices, qu'on pourra se fixer sur les meilleures hypothèses simpli-
ficatrices propres à rendre les intégrations abordables, ou à ramener avec
plus ou moins d'approximation à celles des problèmes de Cinématique,
obtenues soit analytiquement, soit graphiquement, les solutions désirab'es
relatives aux cas sur lesquels les expériences n'auront pas porté. Aussi je
suis heureux d'apprendre que les préparatifs ont pu enfin en être
obtenus. »
MÉCANIQUE CHIMIQUE. — Quelques observations sur une Note de M. Wurtz
imprimée dans les Comptes rendus de la séance du 22 décembre 1879 (');
par M. H. Sainte-Claire Deville.
« Je n'entretiendrai plus l'Académie de cette discussion sur l'hydrate
de chloral, introduite par les expériences de M. Troost, qui saura
bientôt, je le sais, les défendre mieux que moi. Je constate seulement que
qui m'a permis d'intégrer, ei qui, si a = è ^ c = i, convient, comme on sait, aux masses
liquides déformées assez lentement pour que leur frottement n'entre pas sensiblement en
jeu [Comptes rendus, séances des 1'^'' et 8 février 1869, t, LXVIII, p. 221 à 287 et 290 à
3oo).
Cette hypothèse est bien, ainsi que celle - — 1 1 =0, exprimant la conservation
(tx dj dz
des volumes, de pure Géométrie cinématique,
(') Comptes rendus, t. LXXXIX, p. 1062.
( 57 )
M. Berlhelot, M. Troost et moi nous restons chacun de notre avis, que
M. Wurtz reste du sien et que cette discussion est désormais oiseuse, à
moins d'expériences nouvelles.
» Mais je dois à moi-même et à l'Académie de relever une insinuation
par laquelle M. Wurlz termine sa Note du 22 décembre :
« Il est probable que ces raisons ne paraîtront pas plausibles à mon éminent confrère;
mais je n'écris pas pour le convaincre, et, en présence de ce qui semble être un parti pris,
je ne le crois pas nécessaire. »
» Je n'y vois que la preuve de l'irritation causée, aux partisans des doc-
trines et des hypothèses atomistiques, par la résistance qu'il nous parait
nécessaire de leur opposer. Il faut bien qu'il en soit ainsi, pour que mon
savant confrère ait dérogé à ses habitudes de courtoisie.
» Tout incrédule que je sois, quand, parmi la confusion, l'obscurité et
la variabilité du langage de la Chimie moderne, j'aperçois une idée nou-
velle et juste, je n'ai pas de parti pris et je me laisse convaincre avec la
plus complète satisfaction.
» M. Wurlz ne fait-il pas, au contraire, à la page 1062, preuve de
quelque intolérance à notre égard, dans les quatre affirmations qu'il déclare
être la vérité, malgré toutes les protestations et réponses que M. Troost a
accumulées et qui nous paraissent catégoriques? Trouve-t-il équitable de
citer tous les auteurs qui nous ont contredits, avec les titres et les sources
de leurs Mémoires, sans faite mention d'aucun des nôtres?
» Je compte, dans tuie prochaine séance, signaler, avec quelques regrets
pour la science, les altérations malheureuses que l'on a fait subir à notre
admirable nomenclature française et qui lui ont en partie enlevé la clarté
et la précision dont l'avait dotée la Commission de notre ancienne Aca-
démie. Je sens bien que je froisserai des convictions ardentes, et je prévois
d'ardentes contradictions; mais mes contradicteurs peuvent compter qu'ils
trouveront en moi le respect le plus profond de leur personne, surtout
quand mes réponses s'adresseront à un confrère tel que M. Wurtz, dont
le talent et le caractère scientifique honorent si hautement notre Com-
pagnie. »
C. r... 18S0, 1" Semestre. ( 1 . XC, «« 2.)
( 58)
BOTANIQUE. — Évolution de l'inflorescence chez des Graminées
(première partie) ; par M. A. Tréccl.
« Il y a à considérer dans une inflorescence de Graminée : i" la forma-
tion de l'axe primaire, 2° l'ordre d'apparition des rameaux, 3° l'ordre
d'accroissement de ceux-ci , 4" Tordre d'apparition des premiers vaisseaux
dans les différents organes.
M Axe primaire. — Chez toutes les plantes nommées dans ce travail, l'axe
primaire de l'inflorescence commence par croître de bas en haut, mais
plus tard, la végétation prédominant par en haut, il s'accroît fort souvent
de haut en bas. Ses mérithalles, dus au premier âge, sont produits de bas
en haut. Chez beaucoup d'espèces ils sont marqués par des feuilles rudi-
nientaires distiques, qui embrassent ordinairement tout à fait l'axe, sous la
forme de bourrelets plus élevés du côté dorsal, plus rarement semi-em-
brassants dans la partie supérieure de ce très jeune axe. Ces bourrelets
s'atténuent de plus en plus à mesure qu'ils sont plus haut placés sur le
rachis, et celui-ci en est souvent dépourvu dans sa région supérieure. Chez
d'autres espèces, la disposition distique n'existe pas, et, dans ce cas, si l'on
peut quelquefois lui rattacher la structure interne, elle n'est pas traduite à
l'extérieur par des feuilles rudimentaires. Dans l'inflorescence mâle du
Mais la disposition distique existe tout à la base; elle disparaît un peu plus
haut.
» Apparition des rameaux. — Dans les Setaria germanica, Tragus race-
mosuSy Sporobolus tenacissimus, ZeaMays, etc., les rameaux apparaissent de
bas en haut, en plusieurs séries verticales ou inclinées, réparties autour
de Taxe.
)> Chez le Tripsacum dactjloides, dont l'inflorescence consiste en un,
deux ou trois épis, les courts rameaux, portant chacun un ou deux épillets,
naissent également de bas en haut, en deux séries d'abord à peu près
unilatérales, mais rejetées de côté par Tépaississement du rachis.
)) Dans un grand nombre de plantes où règne la disposition distique et
où les mérithalles sont accusés, les rameaux apparaissent nettement aussi
de bas en haut, comme les mérithalles eux-mêmes [Hordeum murinum,
vulgare, Cjnosurus crislalus, etc.) Mais, chez quantité d'espèces, il faut la
plus grande attention pour se convaincre de l'existence de cette apparition
basifiige des rameaux. C'est qu'il survient plus ou moins tôt, chez la gêné-
( 59)
ralité des espèces citées ici, un mode d'accroissement analogue à celui que
j'ai signalé antérieurement dans des feuilles composées [Galega offici-
nalis, etc.). Il arrive que, de très bonne heure, le deuxième rameau, puis
le troisième, le quatrième, etc., croissent plus vite que celui ou ceux qui
les ont précédés, en sorte que bientôt ils l'emportent tellement sur ceux-ci,
que, sans uu examen attentif, on pourrait les croire nés avant eux [Plilewn
asperuin, Bœlimeri^ Jriticiim rnonococcunij Aira pidchella, Mibora verna,
Phalaris canariensis, etc.). Cet accroissement prédominant des rameaux
plus haut placés s'effectue déjà quand il naît encore de nouveaux rameaux
dans la partie supérieure du rachis. Ce sont aussi ces rameaux le plus
accrus qui, les premiers, se divisent pour produire des rameaux secon-
daires, ou des glumes et des glumelles, quand le rameau primaire n'a
qu'un seul épillet.
)) Parmi les plantes qui viennent d'être nommées, le Mibora verna mérite
une mention spéciale. Sa tige foliifère produit d'abord un petit axe d'in-
florescence droit, nu, cylindrique, qui peut n'avoir que o""", 20 de lon-
gueur. Cet axe devient légèrement flexueux sur deux côtés opposés. En-
suite les sinus s'élèvent, et bientôt ceux du milieu dépassent les inférieurs.
Un peu plus tard ils sont eux-mêmes dépassés parles supérieurs. Alors le
sommet de l'axe produit l'épillet terminal, qui, le premier, présente ses
enveloppes et les organes sexuels. Après lui c'est le rameau latéral
supérieur qui forme le deuxième épillet, et ainsi de suite des autres régu-
lièrement de haut en bas.
1) Quand on s'est convaincu que les rameaux de la région moyenne ou
d'en haut peuvent croître plus vite que ceux d'en bas, certainement nés
avant eux, on est tenté de croire que les rameaux primaires naissent tou-
jours de bas en haut du rachis. Cependant un assez bon nombre de plantes
tendent à infirmer cette opinion, et d'autres la contredisent formellement.
» Nous trouvons chez de très jeunes inflorescences, étudiées à un âge con-
venable, des Trilicuin Spella, vuUjare, villosurn, GlyceriaJluiUms, Poa annua, Psi-
lurus nardoides, Milium ejfumrn, Loliurnmultijhrum, etc., que les rameaux de
la région moyenne sont plus développés que ceux d'en bas et d'en haut;
qu'à partir de la région moyenne, les rameaux décroissent de haut en bas,
de façon à passer graduellement à des mérithalles ne présentant aucune
trace de rameau. Au-dessous de mérithalles ayant des rameaux déjà mani-
festes, il y a souvent des mérithalles seulement élargis verticalement, mais
nullement saillants; ils sont préparés à produire un rameau, mais celui-ci
n'est pas encore né. Quand il paraîtra, il sera évidemment plus jeune que
ceux qui sont au-dessus.
( 6o )
» Ces faits s'expliquent comme ceci : la végétation devient de plus en
plus active de bas en haut. Or, n'est-il pas clair que si la végétation des
mériihalles inférieurs est à peine sensible, tandis que celle des mérithalles
de la région moyenne est relativement grande, ces derniers doivent pro-
duire des rameaux avant les inférieurs; et, de même, les mérithalles situés
immédiatement au-dessous des plus puissants donneront leurs rameaux
avant ceux qui sont plus bas placés. C'est, on le voit, l'apparition basipète
des rameaux inférieurs, tandis que par en haut la naissance a lieu norma-
lement de bas en haut. C'est une formation mixte.
» Voici encore quelques exemples. Le Secale céréale en donne de remar-
quables. Il faut surtout les chercher dans les bourgeons axillaires des jeunes
plantes qui tliallent le moins,, et qui, plus tôt que les autres, commencent à
pousser leur tige verticale primaire. Ces bourgeons axillaires montrent sou-
vent un axe d'inflorescence haut d'environ o"',ooi, qui est renflé dans sa
ré'^ion moyenne. C'est cette région moyenne renflée qui, la première, pro-
duit des rameaux. D'autres rnmeaux naissent ensuite par en bas et par en
haut.
» Chez le Phleum pralense,]es petits axes d'inflorescences, garnis de
bourrelets dans leur partie inférieure (le tiers ou la moitié), peuvent
atteindre i™°',i5 ou i"™, 35 sans avoir encore de rameaux saillants, mais
la place que ceux-ci doivent occuper se dessine déjà. Sur des axes de
1°"", 65 environ les premiers rameaux deviennent proéminents sur la partie
dépourvue de bourrelets. On voit déjà quelquefois, immédiatement au-
lessous, les mérithalles garnis de bourrelets s élargir verticalement un peu,
et montrer qu'ils sont disposés à produire des rameaux, mais ceux-ci n'y
sont pas encore nés, tandis que des rameaux sont nettement accusés plus
haut. Des inflorescences un peu plus avancées prouvent que des rameaux
se développent ensuite de haut en bas sur la partie inférieure garnie de
bourrelets, pendant qu'il s'en développe de bas en haut vers le sommet.
» Le Lagurus ovatus m'a aussi donné des exemples intéressants. Quel-
ques inflorescences, hautes de o^^jGo environ, offraient de chaque côté,
dans la région moyenne, des rameaux notablement proéminents, et, au-
dessous, des mérithalles en voie d'accroissement, mais n'ayant pas encore
de rameau saillant. Chez d'autres inflorescences très curieuses, plusieurs
rameaux étaient nés sur un côté de l'axe, et les plus proéminents des mame-
lons qui les représentaient étaient les plus haut placés. De l'autre côté, il
n'y avait encore qu'un rameau saillant, et il était situé à petite distance du
sommet. Au-dessous étaient des mérithalles évidemment prêts à donner des
rameaux, mais ceux-ci n'étaient pas encore nés.
Il
(Gi )
» Le Nardus stricla me. fournit un argument qui ne laisse aucune place à
la discussion. Chaque tige ou rameau donne an-dessus de ses rudiments
de feuilles un petit axe nn, d'abord cylindrique, près de ta base duquel on
voit souvent d'un côté quelques faibles ondulations (trois, quatre ou
cinq), qui peuvent marquer des mérithalles, mais qui n'ont aucun rapport
avec les rudiments des premiers épillets, lesquels naissent loin de là. Cet
axe se comprime et prend la forme d'une petite lance obtuse. Un peu plus
tard il apparaît sur l'une de ses faces, un peu au-dessous du sommet, quel-
ques sillons transverses (trois ou quatre), disposés en deux séries longitu-
dinales, alternes. Les intervalles de ces sillons sont les premiers indices des
rameaux ou épillets. Toute la partie inférieure du jeune rachis en est alors
dépourvue. A mesure que ces premiers rameaux s'élèvent, il s'en forme de
nouveaux en haut et en bas : en haut seulement un, deux ou trois de
chaque côté; en bas un plus grand nombre, de sorte que ce sont toujours
les inférieurs qui sont apparus les derniers; ils sont les plus jeunes de
tous(').
» Je terminerai ce paragraphe par la description du Leptiirus subiilatus,
quia non moins d'importance. Chaque petit axe d'inflorescence donne de
bas en haut, sur deux côtés opposés, des mérithalles qui présentent deux
aspects (deux phases distinctes). Dans certains cas, les mérithalles super-
posés sont limités par une courbe simple, et séparés par une sorte d'en-
taille. Chaque entaille représente le commencement de la cavité sur le bns
de laquelle s'insérera l'épillet correspondant. D'autres fois, chaque méri-
thalle est limité par deux courbes superposées : l'inférieure, plus saillante,
est due au bourrelet axillant, la supérieure indique la place du rameau, ou
mieux l'un des bords de la cavité dans laquelle naîtra le rameau. Ces deux
cas s'observent sur des inflorescences de o™™, 87 à o'"'°,5o de hauteur.
Étudie-t-on des épis un peu plus âgés (de o""", 60 à o""", ^5) par exemple,
on trouve souvent que les mérithalles inférieurs n'ont pas changé d'aspect;
ils peuvent ne pas posséder encore de rameau, tandis que les mérithalles
supérieurs en ont déjà de d'autant plus grands qu'ils sont situés plus haut.
En outre, le sommet de l'axe qui produira l'épillet terminal est déjà pourvu
(') J'ai souvent vu, sur déjeunes rachis de feuilles composées et d'inflorescences basi-
fuges, apparaître de bas en haut, sur des places encore lisses, par un commencement de
dessiccation, des mérithalles qui n'étaient pas visibles à l'extérieur. Chez le Na?dus stricta le
même fait se produit, mais de haut en bas, sur la partie encore lisse du rachis à l'état frais.
— L'apicule qui termine le rachis d'un épi adulte commence, près de la base du jeune
épillet supérieur, comme une |)roéminence ou petite écaille latérale.
(62 )
des rudiments de ses deux glumes et de la glumelle externe de la fleur in-
férieure, celle-ci étant représentée par un mamelon cellulaire.
» Il résulte de là que l'épillet supérieur est le premier ébauché; que les
épillets latéraux supérieurs sont moins avancés, puisqu'ils n'ont pas encore
de trace de leur gtume ; que les épillets placés au-dessous sont représentés par
des mamelons cellulaires de moins en moins développés; enfin, que les ra-
meaux ou épillets d'en bas ne sont pas encore nés. Un peu plus tard, on
peut les voir apparaître comme un petit mamelon derrière la courbe formée
par le bord de la cavité mentionnée. Donc, ici, l'on peut conclure que les
mérithailes sont nés de bas en haut, mais que les rameaux sont nés de
haut en bas.
» Je crois devoir prévenir que les épis que j'ai pu avoir à un âge conve-
nable avaient de cinq à neuf épillets de chaque côté. Les épis les plus
développés en ont jusqu'à quinze ou seize de chaque côté. J'en ferai
l'étude l'été prochain.
» Ordre d'accroissement. — Les sucs, en montant dans le rachis,
déterminent la formation de parties nouvelles, et quand la multiplication
des mérithailes cesse au sommet, l'accumulation des sucs y excite un
accroissement temporairement plus considérable qu'en bas, que suit
l'accroissement basipète observé. Mais cette cause n'agit pas seule; car
1° l'accroissement ne se comporte pas dans les épillets pluriflores comme
dans le rachis primaire : toujours les fleurs supérieures sont les dernières
formées et accrues; 2." sur le rachis primaire les rameaux de différentes
plantes se conduisent diversement.
» Dans le hepturus subulalus, les mérithailes une fois formés de bas en
haut, les supérieurs deviennent les plus actifs et produisent les premiers leurs
épillets. Le développement continue de haut en bas.
» Dans le Nardus stricta les premiers épillets naissent un peu au-dessous
du sommet; un, deux ou trois s'ajoutent au-dessus des premiers de chaque
côté; tous les autres (souvent dix à onze à chaque rang) naissent de haut
en bas. L'accroissement prédomine alors au sommet et s'effectue ensuite de
haut en bas.
» Dans les Secale céréale, Triticuin Spelta, vuhjare, villosuin, Phleum pralense,
Poa annua,GlyceriaJluilans^Psilurus narcloides,e\c., c'est la région moyenne
qui d'abord est plus active, et qui la première produit des rameaux; il en
résulte naturellement que la naissance des rameaux progresse ensuite de
haut en bas dans la partie inférieure, de bas en haut dans la partie supé-
rieure. En outre, dans les Secale céréale^ Triticuin Spelta et vulgare, les
( 63 )
rameaux de la région moyenne (c'est-à-dire des rameaux, insérés à hauteur
quelconque entre les plus bns et les plus haut placés sur l'axe) restent les
plus développés à (ons les àr/es, bien que les supérieurs puissent l'emporter
notablement sur ceux d'en bas à un moment donné. Au contraire, dans ,
les autres espèces citées la végétation prédomine par en haut, et il arrive
bientôt que tous les rameaux sont d'autant plus avancés qu'ils sont situés
plus haut.
» Il en est autrement dans les Tripsacum dactyloides, Setaria germanica,
Tragus i-acemosus, Sporobolus tenacissimus, etc.; les rameaux inférieurs
naissent mnnifeslement avant les autres. Mais chez ces plantes, le développe-
ment des supérieurs l'emportant aussi, à un certain âge, sur celui de tous
ceux qui sont au-dessous, l'accroissement apparaît alors comme basipète.
» Cet accroissement moindre des rameaux inférieurs n'est pas toujours
définitif. Dans quantité de plantes qui le montrent, les rameaux inférieurs
continuent de croître plus longtemps que les supérieurs et deviennent à la
fin plus grands que tous les autres [Poa annua, Sporobolus tenacissimus^ etc.).
Cela a lieu aussi dans le Tripsacum daclyloides, quoique le phénomène y soit
moins prononcé que dans les autres exemples. Cependant il est des plantes
chez lesquelles les rameaux inférieurs restent les plus petits et souvent
même avortent (certains Pliteum), ce qui peut avoir lieu aussi pour
quelques-uns des rameaux supérieurs, même quand l'accroissement général
a lieu de haut en bas.
)) Dans les inflorescences à rameaux très subdivisés, l'accroissement plus
précoce en haut qu'en bas se présente aussi fort souvent sur les divisions
de chaque rameau primaire, et même parfois sur les divisions de chaque
rameau secondaire. Mais si, dans chacun de ces rameaux primaires, vu
dans son ensemble, l'accroissement a réellement lieu de haut en bas,
c'est-à-dire est plus prompt dans les ramules supérieurs que dans les
inférieurs, ce serait pourtant une erreur de croire que les épillets soient
toujours d'autant plus petits que les ramules qui les portent sont plus bas
placés sur l'axe. Il y a ici une distinction à faire entre les rameaux prin-
cipaux (secondaires, tertiaires, elc.) et les rameaux terminaux. Tout rameau
terminal d'ordre quelconque, qui porte seulement des ramules simples
n'ayant qu'un seul épillet, a ordinairement son épillet terminal le plus fort
de tous, mais après celui-ci, c'est l'épillet du ramule inférieur qui est le
plus gros (il est même quelquefois égal au terminal) ; les autres épillets
latéraux sont d'autant plus faibles qu'ils sont placés plus haut, plus près du
terminal, pendant l'accroissement [Plileum divers, Poa trivialis, etc.). »
{ ti4 )
PHYSIQUE. — Jnjluence de la nature des charbons sur la lumière électrique.
Note (le M. Th. du MoiscEL.
« A l'occasion des résultats, probablement exagérés, que les journaux
d'Amérique nous font connaître relativement à la nouvelle lampe de
M. Edison, qui n'est en définitive qu'une lampe à incandescence d'un sys-
tème analogue à celui de M. Lodyguine, il me semble à propos de rappeler
à l'Académie les expériences que j'ai faites dès l'année i855 pour montrer
les avantages qui peuvent résulter de l'emploi de charbons d'origine végétale
pour l'accroissement d'éclat de la lumière électrique.
» Ces expériences ont été consignées dans les cinq éditions de ma ISiotice
sur l'appareil d'induction de Ruhmkorft, et il me suffira, pour qu'on soit
fixé à cet égard, de rapporter quelques-uns des passages de cette Notice
qui s'y rapportent. Voici d'abord ce que j'en dis, page 33 de la première
édition, publiée en i855 :
" Si les rhéophores sont terminés par des morceaux de charbon de bois, rétincelle s'é-
change à distance comme avec les métaux, seulement les deux points de contact avec les
charbons sont beaucoup plus brillants. Si l'on raccourcit cette étincelle, elle prend bientôt
au pôle négatif un éclat partleulier et layonnanl qui peut être comparé à celui A' un point
de lumière électrique isiue d'une forte batterie voltaïque. Elle est, du reste, parfaitement
blanche, etc »
« Le charbon de cornue présente les mêmes effets que le charbon de bois, mais ils sont
beaucoup moins brillants; c'est tout au plus si la lumière produite est rayonnante »
■• Avec le liège rendu conducteur par son immersion dans l'acide sulfurique ou de la ba-
sane humectée d'eau acidulée, le phénomène est beaucoup plus développé et beaucoup plus
intense qu'avec le charbon; on obtient alors un point fe//e//(e«/ lumineux qu'il est difficile de
le fixer. En même temps, le liège ou la basane se carbonise et briile. »
» Quand je présentai à l'Académie, de concert avec M. Fonssagrives, le
23 janvier 1860, mon tube pour éclairer les cavités obscures du corps hu-
main, j'avais essayé plusieurs systèmes de fanaux électriques basés sur l'em-
ploi de charbons d'origine végétale, et voici ce que j'en dis dans la qua-
trième édition de ma Notice sur l'appareil de Ruhmkorff (publiée en iBSg,
p. 344), à propos de l'application que voulait en faire M. Fonssagrives :
« Le problème peut être résolu de deux manières, soit au moyen du passage du courant
induit à travers un petit tube replié sur lui-même et vide d'air, soit au moyen de l'étin-
celle échangée entre deux petites lames de charbon de braise séparées par une lamelle de
caoutchouc durci et introduites à l 'intérieur d 'un tube, après avoir été mises en communication
(65 )
avec deux fils métalliques assez fins. Avec un peu de soin, on peut faire de cette manière de
petits fanaux de o'",oo3 de diamètre, qui peuvent avoir assez d'éclat pour illuminer d'une
manière très vive un espace restreint. »
» Il ne s'agissait alors que du simple courant d'une petite bobine de
Ruhrakorff, animée par 2 éléments Bunsen.
i> Toutefois, c'est au tube illuminé à la façon des tubes de Geissier que
i'ai donné la préférence, à cause de la trop grande chaleur développée dans
l'autre, et qui l'empêchait d'être applicable à la Médecine; c'est ce qui fait
que je n'ai présenté à l'Académie que le premier système, qui a donné nais-
sance, quelque temps après, à la lampe de MM. Dumas et Benoît. La dispo-
sition de la partie lumineuse de cet appareil était dans l'origine celle d'un
fer à cheval, comme l'est actuellement le charbon de papier carbonisé de
la lampe de M. Edison, et ce n'est que plus tard que je tournai en spirale
l'un des bouts repliés du tube, afin de multiplier l'effet lumineux. Dans
ces conditions, la lumière était assez intense pour faire dire à M. Velpeau
qu'elle pouvait parfaitement éclairer le fond d'un puits. Il est donc facile
de voir par la description précédente que, dès Vannée i85g, f avais conjec-
lionné une véritable bougie électrique, et je l'avais établie avec deux lames de
charbon à' origine végétale, corps aujourd'hui regardé en Amérique comme
résolvant le problème de l'éclairage électrique, ce qui n'est pas encore pour
moi un fait avéré. Les charbons de bois avaient, du reste, été employés
dès l'origine par sir Humphry Davy, et M. Foucault, en leur substituant
des charbons de cornue dans les applications de la lumière électrique, ne
fit cette substitution que pour les faire durer plus longtemps. Toutefois, on
ne constata pas à cette époque la différence des pouvoirs lumineux avec
ces deux espèces de charbons, et je crois être le premier à en avoir parlé.
» Il est évident que les avantages des charbons d'origine végétale ne
peuvent exister que pour les lampes où il n'y a pas de combustion sensible,
comme celles qui comportent une ampoule de verre dans laquelle le vide
a été fait, et encore je ne voudrais pas affirmer que ce moyen soit bien
pratique. »
HYDROLOGIE. — Sur le désaccord apparent entre les hauteurs observées récem-
ment sur la Seine el les prévisions du Sej'vice liydrométrique dans la traversée
de Paris. Note de MM. L. Lalanne et G. Lemoine.
(1 Dans une Communication que nous avons eu l'honneur de faire à
l'Académie le 3i mars 1879 {Comptes rendus, t. LXXXVIII, p. 683), nous
C. R., iSSo, I" Semeslre. (T. XC, N" 2.) 9
( 66 ) '
rappelions, sans en indiquer le détail, les calculs à l'aide desquels M. Bel-
grand était arrivé dès i854 à prévoir numériquement, trois jours à l'avance,
les hauteurs des crues à Paris. Sa méthode, qui n'a jusqu'à présent donné
lieu à aucun mécompte sérieux, paraîtrait cependant en défaut pour la
journée du samedi 3 janvier. En effet, tandis que les dernières prévisions,
puhHées le vendredi 2 janvier, indiquaient, comme des maxima possibles
jusqu'au mardi 6, la hauteur
m
lie 4,80 à l'échelle du poDt d'Austerlitz,
de4,t)5 » ■' (le la Tournelle,
de 5,5o " " Royal,
et que les hauteurs observées le samedi matin à ces trois échelles ( ' ) n'étaient
encore respectivement que de 3", 90, de 3"',i i (?) et de 4-", 20 (inférieures
par conséquent aux maxima annoncés de o'",90 à i'",49)) dans l'après-midi
du même jour, vers 3'' du soir, le niveau s'élevait à 5'", 60 au pont d'Auster-
litz, à 6'",io au pont Royal, surpassant le maximum prévu de o"',8o au pre-
mier point, de o'",6o au second.
» Et cependant les règles données par M. Belgrand n'étaient pas en dé-
faut ! Pour s'en convaincre, il suffit de se rendre compte des effets curieux
et parfois terribles du phénomène de la débâcle. C'est dans la journée du
vendredi 2 janvier que ce phénomène a commencé à se produire, dans la
traversée de Paris, sous l'influence d'une température relativement douce,
et favorisé d'ailleurs par les ruptures opérées aux abords des ponts à l'aide
de substances explosives. Ce jour-là, vers midi, un embâcle considérable
se formait en s'appuyant contre les avant-becs des piles du pont Neuf;
sous l'influence de ce barrage artificiel, les eaux s'élevaient à l'amont ; puis
le barrage, ayant cédé sous l'effort de la pression qu'il subissait, allait se
reformer et se rompre successivement à la rencontre de tous les ponts.
Les chocs auxquels les piles étaient exposées ont momentanément donné
des craintes pour l'existence de quelques-uns de ces oiivrages; ils ont
amené le samedi, vers le milieu de la journée, la destruction de l'un
d'eux qui était en reconstruction. Le barrage permanent formé aujourd'hui
par les ruines du pont des Invalides aurait suffi, sans doute, pour détermi-
ner un regord subit et permanent, augmentant d'une certaine quantité,
(') La détermination du niveau atteint par une rivière qui est gelée présente plusieurs
causes d'incertitudes. Au pont d'Austerlitz, la hauteur observée était celle qui correspondait
à la surface supérieure des glaçons : au pont Royal et au pont de la Tournelle, on obser-
vait le niveau de l'eau après le cassage préalable de la glace.
( t37 )
variable pour les différentes échelles placées à l'amont, variable aussi avec
l'importance de la crue, les hauteurs observées comparativement aux pré-
visions du Service hydrométrique.Mais les observations indiquent bien que
les débris du pont des Invalides n'ont joué qu'un rôle assez secondaire,
car, dès le dimanche matin 4 janvier, le niveau s'était abaissé de o"',95 au
pont d'Austerlifz et de o'",6o au pont Royal. La cote indiquée comme
maximum prévu dans nos annonces, très inférieure, comme nous venons
de le dire, au maximum observé, se produisait donc en réalité dans la ma-
tinée du 4. et, bien loin qu'une recrudescence se soit manifestée du 4 «in 6,
l'abaissement a marché d'une manière continue jusqu'au g; les choses se
sont passées comme si la réaction brusque en baisse qui a été la suite de la
surélévation hâtive et subite du 3 avait effacé les effets calculés de la crue,
telle que la faisait prévoir l'état des affluents.
» Pour donner une idée plus complète du phénomène, il convient de
parler de ce qui s'est passé à l'amont et à l'aval de Paris.
» Au barrage d'Ablon, près de Villeneuve-Saint-Georges, une suréléva-
tion considérable s'est produite le samedi 3, vers ■y'' du matin, à la
suite d'embâcles formés à l'amont de Choisy-le-Roi. Les eaux ont atteint
un niveau supérieur de o'",36 à celui de la crue de 1876, l'une des plus
élevées du siècle, puisqu'elle avait atteint à Paris la cote 6"', 69 à l'échelle
du pont d'Austerlitz, soit i™,09de plus que n'a donné le flot artificiel qui
vient de se produire le 3 janvier. A Port-à-l'Anglais, près du confluent de
la Marne, la surélévation due à cette grande onde s'était atténuée au point
d'être déjà de o",92 inférieure au maximum de 1876. Malgré cet abaisse-
ment progressif bien constaté de l'intumescence dans sa marche de l'amont
à l'aval, on ne peut méconnaître l'influence considérable qu'elle a dû
exercer sur la brusque surélévation signalée le 3 dans Paris et coïncidant
avec l'arrivée d'un flot général de glaces. Il faut dire aussi que la Marne
était en forte crue au même moment à son entrée en Seine, par suite
surtout de l'apport du Grand-Morin; mais c'était là une des causes natu-
relles et prévues de la crue annoncée.
M En aval de Paris, aucun embâcle ne s'est produit dans la traversée du
département de la Seine, et il est important de noter que dans le départe-
ment de Seine-et-Oise la débâcle avait commencé plus tôt qu'à Paris, à
partir du confluent de l'Oise. Cependant le flot descendant a été gêné par
un premier obstacle, dans le bras gauche au droit de Bougival, qui est
resté fermé jusqu'au 2 janvier par le barrage de Marly, où un fort embâcle
( t)8 )
s'est formé dans la nuit du 3 au 4> derrière une passerelle, le barrage
ayant été ouvert dans la nuit du 2 au 3. Les autres embâcles avaient eu
lieu dès le a entre Maisons et Poissy; ce dernier a duré jusqu'au 5 avec
diverses alternatives, c'est-à-dire postérieurement au passage du flot tor-
rentiel, qui a disparu dans la soirée du l\.
M Telles sont les circonstances qui, sans ébranler en rien l'autorité des
lois empiriques établies par M. Belgrand, expliquent comment ces lois ont
cessé d'être rigoureusement applicables pendant les premiers jours de
janvier. Elles s'appliquent au régime naturel du fleuve : elles sont donc
plus ou moins troublées lorsque des causes locales y substituent un régime
plus ou moins artificiel.
» Il était d'autant plus important de faire ressortir les causes des ano-
malies constatées, que la congélation de la Seine se produit plusieurs fois
dans l'espace d'un siècle, et qu'en pareil cas l'attention devra toujours être
fortement éveillée sur la coïncidence probable d'une crue ordinaire avec
une débâcle générale et successive, accompagnée d'embâcles partiels. Les
riverains ne devront pas manquer, lorsqu'une pareille coïncidence est
seulement possible, de prendre des précautions particulières, même avant
l'époque pour laquelle la crue est annoncée. Ainsi, le quai de Bercy étant
submergé dès que le fleuve atteint 4™, 55 à l'échelle du pont d'Austerlitz,
on comprend qu'une surélévation de i'",70survenant subitement ait pu cau-
ser bien des dommages, et l'on s'explique le nombre considérable d'épaves
que le courant charriait dans l'après-midi et dans la soirée du samedi 3 jan-
vier. Mais le mal aurait été certainement atténué si, en prévision d'une crue
de 4™>8o, on avait commencé par dégager ce quai jusqu'au niveau de 5'°,
dès le premier avertissement.
» Il résulte de mesurages effectués en divers points de la traversée de
Paris que l'épaisseur moyenne de la glace était de o"',3o avant le dégel.
M On comprend à quels dangers les constructions les plus solides sont
exposées lorsque des blocs aussi volumineux que le sont des glaçons de
cette épaisseur, formés d'un seul morceau sur une partie notable de la
largeur du fleuve, parfois même étages les uns sur les autres, viennent eu
attaquer les supports avec toute la vitesse d'un courant torrentiel. Les
vitres d'un bec de gaz scellé au sommet d'une des piles du pont de Choisy
ont été brisées par un choc que la pile a reçu lors de la débâcle: à ce simple
effet on peut juger de l'intensité de la cause. »
( (^9 )
« M. Di'.MAs aurait désiré que dans les remarques fort justes de notre
confrère M. Lalanne, à côté des riverains auxquels il adresse des con-
seils de prudence, il eût été question des propriétaires de bateaux, bains,
lavoirs, trains de bois, etc., établissur la Seine ou s'y trouvant momentané-
ment. Brisant leurs amarres et venant se mettre en travers des arches des
ponts, ces constructions flottantes sont l'occasion de grands désordres et
de sérieux dangers. Les agents de la police deia navigation et les ingénieurs,
qui déploient tant de zèle et de courage, sont-ils suffisamment autorisés à
exiger ou à prendre toutes les mesures nécessaires pour fortifier l'amarrage
de ces masses mobiles? On serait disposé à en douter en voyant les périls
qui naissent de leurs déplacements subits. Dans le cas des riverains, il
s'agit de leur sûreté personnelle, il suffit de leur signaler les moyens d'y
pourvoir; dans le cas sur lequel M. Dumas appelle l'attention, il s'agit
surtout du danger qu'on peut faire courir à autrui et de la protection qu'il
convient d'assurer à des établissements privés ou publics qui, par l'impru-
dence ou l'imprévoyance d'un seul, peuvent tous être compromis. Suffit-il
dans cette dernière occasion de s'en remettre aux lumières et même aux
ressources de l'intérêt particulier ? Il ne semble pas. »
ti M. le général Mokin, à l'occasion de la Communication de M. Lalanne
sur les circonstances qui ont accompagné la débâcle des glaces de la Seine
dans Paris et dans sa banlieue, croit devoir faire remarquer que ces débâcles
peuvent se produire de deux façons différentes.
» Tantôt elles commencent par l'aval des cours d'eau et se propagent de
proche en proche vers l'amont; tantôt, au contraire, elles ont lieu graduel-
lement de l'amont vers l'aval.
» Dans le premier cas, qui parait s'être produit ces jours derniers sur
le Rhône, au-dessous de Lyon, l'évacuation des glaces se fait graduellement
et natureMement, sans occasionner de grands dégâts, pourvu qu'un service
de surveillance empêche les amoncellements accidentels de glaçons dans le
voisinage des obstacles qui peuvent s'y opposer.
» Mais le cas où la débâcle commence par l'amont et ne se propage que
de proche en proche à l'aval est beaucoup plus dangereux et paraît exiger
l'organisation éventuelle d'un service et de moyens spéciaux.
» Les glaçons affluant d'amont, arrêtés par la surface inférieure encore
gelée et continue, plongent et s'immergent en dessous, obstruent de plus en
plus la section d'écoulement et déterminent du côté d'amont des exhausse-
( 70 )
nients du niveau qui, coïncidant souvent avec des causes provenant de pluies
ou du dégel général, entraînent des désastres terribles dont on n'a eu que
trop d'exemples cet hiver.
» Parer en partie à ces sinistres ne semble pas impossible. Il suffirait que
des instructions générales et des moyens d'exécution convenables fussent
donnés au Service de la navigation et des cours d'eau pour que la prise
générale de toute rivière, dès qu'elle se serait produite, fût immédiatement, à
partir de l'aval, rompue, soit à l'aide des moyens ordinaires de la navigation,
soit par l'emploi des matières explosives, aujourd'hui si faciles à se procurer
et à employer.
)) En procédant ainsi régulièrement, avec continuité et de proche en
proche de l'aval à l'amont, on maintiendrait le libre écoulement des eaux
et des glaçons, et l'on n'aurait plus à craindre des amoncellements épouvan-
tables de glaces comme celui d'environ 6 millions de mètres cubes, qui,
en ce moment, cause de si vives inquiétudes à Saumur et dans ses environs.
)) Sans doute ce service et ces travaux donneraient lieu parfois, commecet
hiver, à des dépenses considérables, mais elles ne seraient pas comparables
à celles que nécessiteraient la réparation des désastres causés par les débâcles
et épargneraient aux populations des souffrances et des misères qu'il est du
devoir d'un bon gouvernement de leur éviter dans la limite du possible, »
ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Sur les Spectres photographiques des étoiles.
Note de M. W. Hùggins.
« Dans une Note que j'ai eu l'honneur d'adresser à l'Académie et qui a
élé insérée aux Comptes rendus du i8 décembre 1876, j'ai présenté une
copie d'une photographie du spectre de Véga (a de la Lyre\ comparé avec
le spectre solaire. Je désire, dans la présente Communication, incliquer en
peu de mots les résultats que j'ai obtenus depuis cette époque.
» Dans ces recherches, je me suis servi d'un télescope à miroir métal-
lique.
1) Le spectroscope consiste en un prisme de spalh d'Islande et en deux
lentilles de quartz. Il est muni d'une fente étroite, d'environ j-^ de milli-
mètre de largeur. Ce spectroscope est fixé au télescope de manière que la
fente soit précisément au foyer principal du miroir. J'ai adopté une dispo-
sition très simple qui me permet de faire arriver l'image de l'étoile exacle-
( V )
ment sur la fente étroite et de l'y maintenir pendant tout le temps de l'ex-
position photographique, La fente est munie de deux petits volets à tiroir;
après l'exposition à la lumière de l'étoile, on ferme le volet qui était ouvert
et on retire l'autre volet : on peut ainsi obtenir sur la même plaque un
spectre solaire ou celui d'un corps terrestre, pour servir de comparaison
avec le spectre stellaire.
» Les petites photographies n'ont que o^.oiS de longueur de G à O dans
la partie ultra-violette; mais la netteté est si parfaite, que l'on peut compter
au moins sept raies fines entre H et K dans les photographies du spectre
solaire.
» Les mesures des raies des photographies ont été obtenues par un mi-
cromètre fixé à un microscope convenable. I^es longueurs d'onde de ces
raies ont été déterminées avec beaucoup de précision, par un procédé gra-
phique, à l'aide de la belle Carte de la portion ultra-violette du spectre so-
laire de M. Cornu (') et des longueurs d'onde des raies du cadmium déter-
minées par M. ]\Iascart.
» Les résultats principaux sont reportés sur une Carte à côté du
spectre normal de ]M. Cornu. Cette Carte s'étend de G à O dans l'ultra-
violet (^).
» Les six premiers spectres de la Carte appartiennent àdes étoiles blanches
du type de Véga. Toutes ces étoiles donnent des spectres qui appar-
tiennent essentiellement à un seul type de spectre. Le spectre typique
consiste en douze raies très larges et nébuleuses aux bords. Les deux raies
les moins réfrangibles de ce groupe coïncident avec les raies de l'hydro-
gène \ = 4340 (près de G) et X = 410 1 [h), la troisième raie avec H du
spectre solaire, La raie forte du spectre solaire K n'est représentée que
a Lyre.
Sirius.
■>) Grande Ourse.
a Viorgo.
a. Ai^le.
a Cjgtio.
(') Annales scientifiques de l'École Normale, 2* série, t. III.
(-) Une copie photoj^raphique sur une échelle très réduite accompagne cette Notej elle a
servi de modèle pour graver sur bois la figure ci-jointe.
( V- )
par une raie fine, et même dansSirius et vj de la Grande Ourse cette raie
paraît absente. Ces deux raies H et K du spectre solaire coïncident avec
deux raies brillantes du calcium, et on les attribue à la vapeur de ce corps.
Il est donc important de faire remarquer qu'une autre paire de raies du
calcium, plus réfrangibles, X = 3736,5 et X = 3705,5 dans la Carte de
M. Cornu, n'ont pas de coïncidence avec des raies fortes dans ces étoiles.
Je ferai remarquer que les positions relatives de ces douze raies sont en
quelque sorte symétriques, chaque paire de raies étant plus rapprochée à
mesure qu'elles sont plus réfrangibles. On est donc porté à les regarder
comme appartenant probablement à un seul corps. J'ai désigné les neuf
raies fortes qui sont plus réfrangibles que H par les lettres de l'alphabet
grec
Longueurs d'onde des douze raies larges typiques.
1 4^4° (hydrogène près de G). S 8767,5
1 4 '01 (hydrogène, //). s 3745
3 3q68 H solaire. <; 8780
a 8887,5 ïi 3717,5
p 3834 (5 3707,5
7. . . . 3795 t.. 3699
» Dans les spectres des étoiles les plus typiques, on peut tracer un
spectre continu au delà de S, mais il n'y a point de raies plus réfrangibles
que X = 3699.
» A mesure que les étoiles s'approchent du type solaire, ces douze raies
typiques deviennent moins larges et sans nébulosité aux bords ; d'autres
raies fixes se présentent, et la raie qui occupe la position de K du spectre
solaire devient large et nébuleuse.
» Dans le dernier spectre de Ja Carte, celui d'Arcturus, on se trouve de
l'autre côté du spectre solaire, dans l'ordre des changements du type de
Véga ; la raie R est maintenant plus large que dans le spectre solaire, et
toute la partie photographique du spectre est pleine de raies fines et
serrées.
« J'ai obtenu aussi des photographies des spectres des étoiles suivantes :
(3 de Pégase, Betelgeuse, la Chèvre, a d'Hercule, a de Pégase
» Les spectres photographiques des planètes Jupiter, Mars et Vénus ne
laissent voir aucun changement du spectre solaire par l'atmosphère de la
planète.
» Les photographies du spectre de petites portions de la surface lunaire
(73)
sous des conditions différentes d'illumination sont jusqu'ici négatives quant
à l'existence d'une atmosphère lunaire.
» J'espère très prochainement appliquer cette méthode photographique
aux spectres des nébuleuses gazeuses et aux parties différentes des taches
solaires. »
TRAVAUX PUBLICS. — Étnt des travaux de percement du Sainl-Golhard ;
par M. CoLLADON. (Extrait d'une Lettre à M. Daubrée.)
Genève, lo janvier i88o.
(( La jonction des deux galeries d'avancement était espérée, pendant le
mois d'octobre dernier, pour le commencement de février prochain; mais
un incident survenu du côté nord, pendant la seconde moitié de novembre
et la presque totalité du mois de décembre, a beaucoup retardé les pro-
grès de la perforation dans la galerie de Gôschenen, en sorte que, selon
toute probabilité, ce ne sera qu'à la fin de février ou au commencement
de mars que le massif du Gothard sera entièrement percé, sur une lon-
gueur de i4 920".
» Depuis le 11 novembre jusqu'au i" janvier dernier, c'est-à-dire dans
cinquante et un jours, l'avancement de la galerie du côté nord n'a été que
de 34", 90; tandis que, dans les quarante-neuf jours précédents, l'avan-
cement de ce côté avait été de 173™, 10. Ce retard provenait de la ren-
contre d'une roche éboulante, qui exerçait de telles pressions que les plus
forts boisages avaient de la peine à résister, et le travail de perforation mé-
canique avait été remplacé par le travail à la main conduit avec prudence.
» Le 28 décembre, la résistance de la roche s'étant un peu améliorée,
l'épaisseur du massif qui restait à percer étant d'environ 4 '8"", les mineurs
placés du côté de Gôschenen ont commencé à entendre le bruit des explo-
sions de la galerie d'avancement du côté sud. Le lendemain, ce bruit
est devenu plus intense, et l'on en a immédiatement conclu que la nature de
la roche du côté de Gôschenen allait devenir meilleure, ce qui s'est réalisé
depuis; car les travaux d'avancement du côté de Gôschenen sont aujour-
d'hui d'environ 3™ par vingt-quatre heures.
» On espère, en outre, que l'on ne trouvera désormais entre les deux
têtes (qui ne sont plus distantes aujourd'hui que de 320™ environ) que des
couches résistantes et permettant la perforation mécanique.
» La jonction des deux têtes aura l'avantage de faciliter l'aérationetdemo-
dérer la températureactuelle, qui tend à énerver l'activité des travailleurs. »
C. R., 1S80, I" Semestre. (T. XC, N'a.) ">
( 74
VITICULTURE. — Du traitement des vignes phylloxérées (' ).
Note de M. H. Mares.
« J'ai vu échouer chez moi tous les moyens basés sur la destruction de
l'œuf d'hiver : ainsi les écorçages et les badigeonnages de ceps pratiqués,
deux ans de suite, en 1876 ,et 1877, n'ont jamais produit aucun résultat
appréciable. Au contraire, le fait d'innombrables pullulations de Phyl-
loxéras pendant les mois chauds et secs et ceux de l'arrière-saison est con-
stant; chacun l'a observé et peut l'observer encore.
» On le voit se produire sur les fragments de racines conservés en flacons
bouchés, pourvu que la température soit suffisante. Par moments, ces
racines, d'abord garnies d'assez rares insectes, se recouvrent de Phviioxeras
innombrables, qui forment sur elles comme une couche jaune; ils émigrent
ensuite en masse sur les parois du flacon. Ce phénomène de grande proli-
fération peut même se reproduire plusieurs fois sur les mêmes racines, tant
qu'elles ne sont pas desséchées. C'est lui qui me paraît être la principale
cause de ce qu'on nomme la réinvasion des vignes.
« Dans la pratique, les insecticides appliqués sur les racines d'une ma-
nière réitérée et aux époques où commence à se manifester la grande pul-
lulation du Phylloxéra me paraissent être jusqu'à présent le moyen le
plus efficace de défendre la vigne, et l'emploi de l'eau en abondance pour
obtenir une bonne diffusion, quand elle est le véhicule de l'insecticide, me
paraît devoir assurer ses effets et permettre de l'appliquer à toutes les
époques delà végétation de la vigne. C'est le cas de l'emploi par des moyens
mécaniques des sulfocarbonates très dilués.
» J'ai pu constater en 1879 l'influence très favorable d'un double trai-
tement au sulfocarbonate dissous dans l'eau sur des vignes de Guarrigue,
en sol rocheux. Aucun autre traitement n'aurait pu les défendre et elles
auraient succombé, tandis qu'elles ont donné de bons fruits et poussé de
beaux sarments.
» Les vignes trop vieilles et trop profondément attaquées, plantées en
terrain fort, ont été rebelles à tous les genres de traitement; atteintes de
rougeau pendant les chaleurs, elles ont péri. Rien mieux que le rougeau ne
dénote les altérations profondes que le Phylloxéra a fait subir aux racines
[ ' ) Cette Note fait suite à celle qui a été insérée aux Comptes rendus de la séance précé-
dente, p. a8.
( 75)
principales et au corps même de la souche. Il ne convient donc pas de
s'obstiner à la reconstitution de ces vignes : il vaut mieux les arracher et
les renouveler.
» Les vignes jeunes prises au début de l'invasion, ou mieux encore
traitées préventivement quand le Phylloxéra est dans le voisinage, sont
celles qui donnent les meilleurs résultats, quel que soit l'insecticide em-
ployé, sulfure de carbone ou sulfocarbonate dilué. Elles doivent être
fumées.
» Quand on se décide à avoir recours aux traitements insecticides, il
faut les appliquer uniforméuient à toute la vigne, afin d'arrêter partout
les puliulations d'insectes et empêcher l'invasion des ceps encore en bon
état. Si l'on n'observe pas rigoureusement cette précaution, on voit les at-
taques se déplacer et prendre parfois une telle intensité que les parties de
la vigne attaquées les dernières périssent avant les autres.
» Les vignes françaises que j'ai plantées en sol rocheux et à grand
espacement, en 1876, conformément aux dispositions que j'ai fait con-
naître à cette époque, ont bien réussi, malgré leur proximité de vignes
entièrement phylloxérées. Je me suis borné chaque année à leur donner
en avril un traitement au moyen de 100^' de sulfocarbonate de potassium
et de 45'" d'eau par cep.
» La vigne française peut donc être conservée dans une foule de cas,
au moyen de traitements appropriés, pourvu que les produits soient assez
élevés pour en payer les dépenses.
» A ce point de vue, on remarquera que le prix de l'insecticide constitue
de beaucoup la majeure partie de la dépense. Ainsi, en comptant chaque
traitement au sulfure de carbone à raison de aSs"' par mètre carré, il en
faudra aSo''^ par hectare, qui, au prix de 4^'' les 100''^, coiiteront iSS''.
La main-d'œuvre, à raison de vingt journées par hectare, coûtera de /\o^'
à So^*" selon le prix de la journée. Pour les sulfocarbonates, il en est de
même, tandis qu'un double traitement nécessite 5oo''8 de matière d'une
valeur de aSo'"'. Les appareils et la main-d'œuvre ne coiitent pas au delà
de loo*^'.
» Il faut donc viser à diminuer autant que possible le prix des insecti-
cides si l'on veut que l'usage puisse s'en répandre ; si leur valeur baissait de
moitié, ce qui serait peut-être réalisable, que de vignes pourraient être uti-
lement traitées et qui sont actuellement condamnées à l'abandon!
» Dans un autre ordre d'idées, l'étude des vignes américaines paraît
devoir conduire à l'adoption d'espèces sur les l'acines desquelles le Phyl-
( 76 )
loxera se développe d'une manière tout à fait insignifiante, quand elle n'est
pas nulle: par exemple, certains Riparia, comme celui que feu M. Fabre a
signalé à l'Académie au mois d'octobre 1877, le Forks Madeira et proba-
blement plusieurs autres actuellement à l'étude. J'ai fait voir que ces vignes
sont celles qui s'adaptent le mieux, comme végétation, à tous les sols, et je
signale tout spécialement ce fait, car il démontre que la solution du pro-
blème actuel de la culture de la vigne gît tout entière dans la destruction
du Phylloxéra ou dans les dispositions qui mettent obstacle à la présence
de cet insecte sur la vigne.
» Ainsi les vignes européennes vivent très bien à l'état de culture dans
les sables, parce que le Phylloxéra ne peut ni pulluler, ni se propager dans
les sables.
» Les vignes européennes convenablement traitées par le sulfure de
carbone ou les sulfocarbonates dans les sols bien disposés pour leur diffu-
sion, et, par conséquent, pour la destruction du Phylloxéra, végètent et
fructifient.
» Les vignes américaines ou autres qui jouissent de la propriété de ne
pas nourrir de Phylloxéras sur leurs racines, ou sur lesquelles on n'en trouve
que des quantités insignifiantes, végètent vigoureusement dans les foyers
phylloxériques les plus intenses et dans les mauvais terrains.
» Jusqu'à présent les vignes américaines ne paraissent guère propres, à
part de rares exceptions, qu'à servir de porte-greffes pour conserver les
précieuses variétés de vignes de nos vignobles français. C'est à l'expérience
de prononcer sur leur valeur et sur leur durée comme porte-greffes. Il est
toutefois à présumer qu'on est en droit d'en espérer d'heureux résultats, si
l'on considère la facilité avec laquelle un grand nombre d'espèces améri-
caines, et parmi elles les Riparia, les Yorks Madeira, les Solonis, etc.,
prennent la greffe de nos variétés françaises, comme l'Aramou, la Cari-
gnane, le Chasselas, la Clairette, l'Espirau, etc. S'il en était ainsi, ces vignes
exotiques permettraient de reconstituer dans un temps assez court les vi-
gnobles dont les produits ne pourraient supporter les frais des traitements
insecticides.
» Si les insecticides, les vignes américaines, la submersion de certains
terrains, la plantation des sables, offrent des ressources au moyen des-
quelles pourront être défendus, protégés ou reconstitués nos vignobles,
pourquoi voit-on certains de leurs promoteurs se faire une guerre achar-
née? Nous comprenons peu de pareilles dispositions. Chaque procédé, s'il
est bon, se prête mutuellement appui. Les sulfocarbonates et le sulfure de
( 77)
carbone se complètent d'une manière remarquable: il est probable que les
vignobles à vins fins et à gros revenus les appliqueront simultauément.
» Les vignes américaines n'ont rien à craindre de l'application des in-
secticides, si elles sont ^susceptibles de produire d'utiles résultats, car les
insecticides sont capables, dans bien des cas, de prolonger la durée des es-
pèces américaines, que le Phylloxéra finit aussi par rabougrir, quand il s'y
multiplie outre mesure. »
MEMOIRES LUS.
CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Sur la glycocjénèse chez les Infusoires.
Note de M. A. Certes.
(Commissaires: MM. Pasteur, Van Tieghem, Vulpian.)
« D'après les derniers travaux de Claude Bernard, la fonction glycogé-
nique est une fonction générale que l'on doit retrouver partout où il y a
nutrition, c'est-à-dire partout où il y a vie. Dans son Cours de Physiologie
générale ('), l'illustre professeur a exposé les faits qui lui permettaient
d'affirmer la présence de Vamidon animal non seulement dans le foie des
Vertébrés, dans les annexes de l'embryon et dans l'œuf, mais aussi chez
les Mollusques, les Crustacés, les Vers et les Insectes. Il était intéressant de
rechercher si la loi générale formulée par Claude Bernard pouvait être
démontrée en ce qui concerne les Infusoires.
B Cl. Bernard avait enseigné que le glycogène se décèle à l'examen mi-
croscopique « par la coloration rouge vineux, violacée ou rouge acajou
» que cette substance prend sous l'influence de l'iode » (*). De son côté,
M. Rauvier, à l'aide du sérum iodé, était arrivé à constater la présence du
glycogène dans les cellules lymphatiques, que, sous plus d'un rapport, on
peut comparer à des amibes. Pour traiter les Infusoires, j'ai emprunté sa
méthode au savant professeur duCollège de France; je lui emprunteraiégale-
ment la description des caractères de la matière glycogène. « La coloration
» en brun acajou par l'iode, écrit-il ('), est la réaction caractéristique de
( ' ) Leçons sur les phénomènes de la vie communs aux animaux et aux végétaux, publiées
par M. Dastre, professeur suppléant àlaSorbonne, 2 vol.; Paris, 1878-79.
(') Loc. cit., t. II, p. 91.
(') Traité technique cV Histologie, p. i58.
(78 )
» la matière glycogène.... Cette matière est homogène; elle se trouve dans
» une sorte d'état gommeux qui lui permet de s'étendre partout; aussi peut-
» elle même s'échapper de la cellule et former des gouttelettes. Si l'action
» du sérum iodé se prolonge, ces gouttelettes se fondent et finissent par pro-
» duire autour de la cellule une atmosphère colorée en brun . Ces caractères,
» joints a la coloration caractéristique de l'iode, sont communs à la matière
» glycogène partout où il s'en trouve. »
» Traités par le sérum iodé, la plupart des Infusoires ne diffluent pas.
Il est dès lors possible de suivre les phénomènes provoqués par l'iode et de
constater qu'ils ne diffèrent en rien de ceux décrits par M. Ranvier. Au
premier abord, la coloration brun acajou paraît diffuse ; mais, si l'on règle
l'action du réactif et si l'on comprime légèrement les Infusoires, on recon-
naît que la coloration épargne toujours certains organes ; quelquefois
même, elle présente une sorte de localisation. Les noyaux, les nucléoles,
les vésicules contractiles ne se colorent jamais. Il en est de même de la
cuticule, des cils vibratiles, du filament contractile des Vorticelles et même,
lorsqu'elles existent, des vacuoles stomacales. Au contraire les expansions
sarcodiques des Infusoires fraîchement tués se colorent en acajou ou en
rouge vineux, et la matière colloïde, mise en contact avec l'eau, y diffuse
lentement (').
» Ces faits acquièrent une signification encore plus nette lorsque l'on
constate d'une espèce à l'autre, dans le même groupe, des différences
remarquables de localisation. Chez les Chilodons, par exemple, la matière
glycogène se montre sous forme de granulations, mesurant de 8 à i6 mil-
lièmes de millimètre, disséminées le plus souvent en petit nombre dans
le parenchyme. D'autres Infusoires, au contraire, sont bourrés de granu-
lations qui les rendent presque opaques (^ ). Néanmoins, même dans ces
dernières espèces, on ne trouve jamais de granulations colorées dans les or-
ganes que j'ai déjà signalés comme réfractaires à la réaction de l'iode. Il en
est ainsi notamment des nombreux noyaux régulièrement disséminés dans
le parenchyme des Opalines de la Grenouille.
» D'après mes observations, la fonction glycogénique serait indépen-
dante de la fonction chlorophyllienne, même lorsqu'il s'agit d'Infusoires
flagellés, très sensibles à la lumière, chez lesquels la chloi-ophylle jouecer-
(') Des dessins fails à la chambre claire ont été placés sous les yeux de l'Académie.
(') Je me suis assuré que cette coloration disparaît sous l'action de la chaleur et reparaît
par le refroidissement. C'est un des caractères attribués à la réaction glycogénique.
( 79)
tainement un rôle physiologique important. Dans VEngtena acus, par
exemple, les grains de clilorophylle noircissent plus ou moins et le noyau
se détache en clair, tandis que les bâtonnets de Paramylon, également
incolores, apparaissent dans une gangue de protoplasma brun acajou.
» En ce qui concerne les Amibes et les Rliizopodes, la réaction glycogé-
nique est moins constante que chez les Infusoires proprement dits. Lors-
qu'elle se produit, le noyau et la vacuole contractile ne se colorent jamais.
» Je n'ai pas remarqué que les Infusoires conjugués ou en voie de re-
production fissipare fussent beaucoup plus fortement colorés que les
autres, et je n'ai pas réussi, jusqu'à présent, à modifier sensiblement la
fonction glycogénique en variant les conditions de température et les mi-
lieux nutritifs. La vitalité des animalcules est, au contraire, un facteur im-
portant de la glycogénèse. Les Infusoires écrasés ou tués par les réactifs ne
se colorent plus au bout d'un certain temps. Cependant, si les animalcules
ont été tués par dessiccation, on en trouve toujours un certain nombre
qui renferment beaucoup de matière glycogène. Il serait facile de dé-
montrer que ces phénomènes sont d'accord avec les expériences de Cl.
Bernard sur le foie lavé des animaux supérieurs et sur les tissus des In-
vertébrés (').
» Il reste à signaler brièvement l'effet du sérum iodé sur les organismes
microscopiques, fort nombreux, qui vivent dans les mêmes eaux que les
Infusoires. Les Rotateurs, les Entomoslracées , les Anguillules, les Ento-
zoaires sont fortement colorés par l'iode. La coloration caractéristique est
toujours plus ou moins localisée dans certains organes. Les Bactéries
et les Vibrions ne se colorent jamais. Parmi les Monades et les Flagellés
les plus petits, les uns prennent la teinte brun acajou, d'autres tournent
au noir violet, d'autres enfin restent incolores. Le protoplasma des
Algues, et en général des cellules végétales, jaunit faiblement. La sphère
hyaline des Volvocine'es ne paraît subir aucune modification (-). Ces réac-
tions fort diverses lèveraient tous les doutes, s'il pouvait y en avoir, sur
l'importance et la signification de la réaction provoquée par le sérum iodé
chez les Infusoires et les autres Protozoaires. Peut-être même pourrait-on
se demander si la présence de l'amidon animal ne constituerait pas ce cri-
(' ) J.oe. cit., p. 107.
(') Pour ces observations comme pour les précédentes, il faut avoir soin de rechercher
des cellules bien vivantes.
( 8o)
térium vainement cherché depuis si longtemps, qui permettrait de fixer les
limites des deux règnes, animal et végétal. Pour élucider cette question,
de nouvelles et nombreuses expériences sont nécessaires.
En résumé, si bien des points restent encore obscurs dans la glycogé-
nèse et la nutrition des Infusoires, les résultats auxquels je crois être arrivé
sont de nature à encourager ceux qui voudraient pousser plus loin l'étude
histologique et physiologique des organismes microscopiques. Dès à pré-
sent, des faits nouveaux et positifs viennent confirmer la loi générale for-
mulée par Claude Bernard. »
MEMOIRES PRESENTES.
ZOOLOGIE. — Résistance des Pucerons mix froids rigoureux.
Note de M. J. Lichtenstein (Extrait.)
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
« J'ai essayé de démontrer que, tout comme une plante qui peut se re-
produire par graine et par bourgeons, le Phylloxéra de la vigne [Phylloxéra
vastalrix) peut se reproduire et par l'œuf fécondé et par les colonies sou-
terraines bourgeonnantes, à durée probablement aussi indéfinie que celle
du végétal, à la condition d'avoir la nourriture et la chaleur nécessaires. Ef-
fectivement cette dernière condition paraît indispensable à la reproduction
agame du Puceron; mais elle ne paraît pas nécessaire à la vie de l'insecte.
» Nous avons eu, pendant tout le mois de décembre 1879, des froids
de 11° et 12° au-dessous de zéro. Non seulement le Phylloxéra souter-
rain n'en a nullement souffert, mais j'ai pu recueillir sur les plantes et
arbres de mon jardin le Puceron du pécher [Aphis peisicœ Boyer), le Pu-
ceron du fusain [Aphis ivonjmi Fab.), le Puceron du lierre [Aphis hederœ
Ralt.), le Puceron du chou [Aphis brassicœ Lin.), le Puceron de la bourse
du pasteur [Aphis capsellœ Kal.), le Puceron de l'épine-vinette [Rhopalosi-
phum berberidis Koch.), tous engourdis par l'air froid extérieur et souvent
recouverts de neige ou de givre, mais parfaitement vivants.
» C'étaient tous des Pucerons de la phase que j'ai appelée bourgeonnante;
sur la même plante, à côté d'eux, il y avait les œufs déposés en automne
par la femelle fécondée, morte depuis longtemps.
(8' )
» J'ai apporté ces Pucerons clans mon cabinet, chauffé à 8° ou io°, en
plantant dans du sable humide la tige sur laquelle ils étaient fixés. Deux
ou trois jours après, tous mes Pucerons se sont mis à germer, c'est-à-dire à
fiiire des petits vivants. Suspendue par le froid, la faculté génératrice, ou
plutôt la gemmation, n'était nullement éteinte.
)) Comme nous avons les plantes pérennes et les plantes annuelles, nous
retrouvons, chez les Pucerons, des espèces s'éteignant chaque année, sauf
l'œuf, et d'autres à reproduction indéfinie par g emmatioii.
» Toutes les espèces citées ci-dessus sont pérennes, et, ce qui est assez
curieux, tandis que la chaleur pousse immédiatement les fausses femelles
ou Pseudogjrnes bourgeonnantes à émettre leurs gemmations, l'œuf véritable
n'éclôt pas et semble attendre la pousse des plantes sur lesquelles d est
fixé.
» Les espèces annuelles sont, je crois, bien plus nombreuses que les es-
pèces à durée illimitée; ainsi les Phylloxéras du chêne (P. quercus, P. coc-
cinea, P. corlicalis), les Pucerons des ormeaux [Tetraneura et Schizoneura),
ceux du peuplier et des pistachiers (Pem/j/»V/«s et Aploneura) on\, quel-
ques-uns au moins, une période où l'œuf seul existe, 'sans avoir à côté une
forme aptère hivernante.
» Une espèce de Puceron sur le chêne [Vacuna dryoptrica) est en ce mo-
ment (du I*'' au 6 janvier) en quantité sous les feuilles du chêne [Quercus
pubescens) sous forme de sexués, mâle et femelle s'accouplant.
» En définitive, les œufs de tous les Pucerons et les fausses femelles ou
Pseudogjnes hivernantes des espèces à reproduction indéfinie souffrent
très peu du froid et paraissent pouvoir résister à de très basses tempé-
ratures. »
CORRESPONDANCE.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la Cor-
respondance:
i" Deux brochures de M. L. Kœnigsberger, écrites en allemand et
portant pour titre « Histoire de la théorie des transcendantes elliptiques,
de 1826 à 1829, » et « Contributions à la théorie des intégrales hyperellip-
tiques ». (Présenté par M. Hermite.)
2° Une brochure de M. J. Mùntz, intitulée « Recherches sur l'alimen-
tation et sur la production du travail (extrait des Jnnales de l'Institut
C. R., 1880, I" Semestre. (T. XC, N»2.) *^
( 8^)
national agronomique, n" 2, 2" année, 1877-78')». (Présenté par M. Bous-
singault.)
3° Une brochure de M. Martin de Breites, intitulée « Dépenses probables
pour l'amélioration des pensions de retraite des officiers retraités
avant 1878 ». (Présenté par M. le général Favé.)
/j° La quinzième année du " Journal du Ciel », par M. J. Vinot.
ASTRONOMIE. — Détermination^ parles méthodes de M. Gyldén, du mouvement
de la planète Héra (îm). Note de M. O. Callandreau, présentée pav
M. Mouchez.
(i Dans le Compte rendu de la séance du 3o décembre 1878, j'ai donné
les expressions analytiques des perturbations de la planète Héra par
Jupiter pendant une révolution complète embrassant les quatre oppositions
de 1876, 1877, 1879 et 1880.
» Ces expressions, dans lesquelles les arbitraires introduites par l'inté-
gration ont été déterminées en adoptant pour éléments osculateurs ceux
queM. Leveau, astronome adjoint àrObservatoire,a communiqués [Comptes
rendus, t. LXXXVIT, p. Sg), représentent bien les observations pendant les
trois premières oppositions. L'influence des deux planètes Saturne et Mars
est en effet beaucoup moindre que celle de Jupiter, et il est permis, dans
les premiers calculs, de se limiter à celte seule force perturbatrice.
» Ayant repris ce travail, j'ai voulu y ajouter les actions de Saturne et
Mars. On peut espérer que les nouvelles expressions, au moyen desquelles
sera calculée l'éphéméride pour la prochaine opposition de 1880, repré-
senteront bien l'ensemble des quatre oppositions.
» Qu'il me soit permis, avant de donner les résultats du présent travail,
de rappeler en quelques mots le principe de la méthode due au savant Corres-
pondant de l'Académie. Alors qu'un arc supposé compris entre les limites
— 7: et + Tï se représente par la série trigonométrique
X = 2(sina7 — :!- sinax + ^ sin3x — . . .),
d'une très faible convergence, il est possible, quand les limites sont plus
resserrées et égales à — - et 4- -> de représenter l'arc par une série d'une
convergence très suffisante pour les applicalions. Ce résultat permet de
transformer les séries doubles suivant s et g', anomalie excentrique du corps
[ «3 )
troublé et anomalie moyenne du corps troublant, en séries simples suivant
£, ce qui facilite, on le conçoit, les transformations, intégrations, etc. Ce
n'est pas tout : il y a une infinité de manières de représenter l'arc entre ces
limites, et, grâce à cette indétermination, on peut augmenter notablement
la convergence des développements (voir Comptes rendus, t. LXXXVIII,
p. 960).
') J'ajouterai maintenant que les calculs sont effectués avec tacilité au
moyen de la remarque suivante : ils consistent tous à multiplier un déve-
loppement trigonoraétrique par une fonction trigonométrique entière à
deux ou trois termes, à intégrer, et à multiplier en dernier lieu, le résul-
tat par sins ou cos£. Or, on peut avec avantage ramener ces calculs à
deux opérations simples effectuées sur les développements trigonométriques,
savoir
F, ~ coscrPsinsf/e — sinsfF cosidî —\ —^ — ,
•^ ^ m' — I
Fj ~ cosc IF cosede — sins/'F sine<^£ = > — ; »
•^ -^ ^ m' — /
en posant
F=2Q et q:=.-.AZ{me^
» Dans la suite je me propose de corriger, s'il y a lieu, les éléments
osculateurs adoptés, puis de déterminer les éléments moyens, de manière
à préparer la voie au calcul des perturbations absolues.
l^ira) Héra; époque: 1877, octobre 21,0, t. m, Paris; e := 53°35'33"l.
Perturbations par Jupiter, Saturne et Mars.
2
<^< + r r<-<
Coefiicients. Coefficients.
Termes. nSz. 2v. .■ Termes. «Jz.
+ 108,71 —0,48
— 10, Ql -+-0,07
const..
—
9.09
£
—
89,04
e'... .
+
4,8.3
e sine. .
—
25, 16
£ sin28.
+
0,48
COSE. . .
^-
5,40
C0S2S .
-r-
i,8i
cos3e .
—
0,26
cos4e .
-+-
".«:
136,29 -Ko, 63
- 10,25 +Q,o3
1,96 +0,02
0,64 -(-0,01
const . .
-(-
i5, 10
-f-:
io6,4i
-0,34
E
—
90,33
+
3,33
+0,07
e=
—
0,626
£ sine. .
—
20,92
—
72,16
-i-o,o3
esin?. e.
+
0,42
coss. . .
—
14,72
— 1
112,19
+ 0,53
COS2S .
.—
1,56
—
2,85
— 0,04
(■os3e .
—
0,34
—
1,32
— 0,01
cos4£
—
0, 10
—
0,52
( 84)
-.<
■■<<■
2<^<
3-.
2
/
Sz.
Coeflicients.
Termes.
Coefficients.
Termes.
31-.
u
cosi
nSz.
2('.
II
COSI
cos5e .
+
Il
o,oi
H
— 0,19
II
-f-0,01
cos5i .
— o,o3
—
fs'9
cosôs .
-f-
o,o3
0,00
cos6£ .
— 0,01
—
0,06
cos^e .
+
0,02
-J- 0,02
COS 7 s .
—
0,01
cos8s .
O;02
ces 8 e .
ecosî. .
—
66,55
+24,48
-0,90
scoss. .
— 72,16
+ 21 ,09
-o",86
£ COS 2 £
+
1 ,3i
E0OS2S
-h 1 ,42
sins, . .
-l-i
85,55
-i-32,79
-1-0,93
sins.. . .
+ 166,79
—
0,68
+0,44
sina. .
—
9,o3
-h 2,58
— o,o5
sin2£. .
— o,63
—
2,27
+O505
sinSc.
+
i,i5
— 0,39
+0,01
sin 3e. .
+ 0,74
—
0,61
+ o,o3
sin4£. •
—
0,35
-f- 0,20
sin4«. .
+ o,3o
—
0,21
+ 0,02
sinSe. .
+
o,i3
— 0,04
sinSs. .
+ 0,I2
—
0,07
+ 0,01
sinfis. .
. —
o,o3
+ o,o3
sin6c. .
+ o,o5
—
o,o3
sin ^î. .
+
o,oi
+ 0,01
sin 7 e. .
+ 0,01
—
0,01
sin8s..
sin8£. ,
1) Nous donnons, pour terminer, les différences des principaux coeffi-
cients des expressions ci-dessus et de celles qui représentaient la seule
action de Jupiter; on pourra se rendre compte de la petite influence que
Saturne et Mars exercent sur la planète :
Coefficients.
Termes. nêz.
const. . . . +4,4'
e — I ,68
e' + 0,71
£sins.. . — 1,79
£ COS£. ... +0,97
ces» — 2,84
C0S2 3.. . . — 0-95
sine — 2,12
sin2£. ... -f- 0,22
-h 1,95
— 1,75
+
0'97
+
1,68
+
',49
—
0,32
—
'-74
—
1,56
Coeff
cients.
Termes.
>,iz.
21'.
const. . . .
+
Il
5,52
+
Il
2,17
E
—
1,88
—
0,82
£'
+
0,40
£ sinî. . . .
—
3,. 2
+
0,29
£ COS£. . . .
+
0,29
+
3,07
COSE.. . . .
—
3,95
+
0,32
C0S2E.. . .
—
1,10
—
0,24
sin S
—
0,24
—
2,l3
sin25.. . .
+
0,16
—
',7'
( 86
GÉOMÉTRIE. — Sur tes poljcjones inscrits à une conique et circonscrits
à une autre conique. Note de M. G. Darbouk.
« Les théorèmes que la Géométrie doit à Poncelet sur les polygones
inscrits à une conique. et circonscrits à une autre conique ont été l'objet
de nombreuses et profondes recherches. Je ne sais cependant si l'on a re-
marqué la proposition suivante :
)) Toutes les fois que l'on aura un polygone d' ordre n, inscrit à une conique
el circonscrit à une autre conique, on pourra obtenir une transformation ration-
nelle d'ordre ii d'une intéyrale elliptique dans une autre.
» Parmi les démonstrations différentes que l'on peut donner de cette
proposition, je choisirai la plus élémentaire.
» Considérons un polygone d'ordre n inscrit à une conique (C). Si les
équations des différents côtés de ce polygone sont
P, = o, . . . , P„ = o,
on sait (' ) que tous les points de la conique satisferont à une équation de
la forme
/ \ itt ih, a,,
(') p; + p, + ----^p;. = °'
où a,, . . . ,rt„ sont des constantes convenablement choisies. Supposons que
tous les côtés du polygone soient tangents à une nouvelle conique (C). Les
points de cette courbe peuvent être définis rationnellement par les diffé-
rentes valeurs d'un paramètre \, et un point quelconque du plan sera
déterminé par les valeurs de ce même paramètre, correspondantes aux
deux points de contact des tangentes menées de ce point à la conique (C).
Si l'on désigne ces deux valeurs du paramètre X par p, p,, on aura ainsi
constitué un système de coordonnées ponctuelles, que j'ai déjà étudié, et
l'équation (i) pourra être mise sous la forme
?1p) tIpO
les symboles y, y désignant des polynômes d'ordres « — i, n respective-
( ' ) P'oir 11)011 Ouvrage Sur une classe remarquable de courbes et de sur/aces algébriques,
!'• '9'-
{ «6 )
ment. J'ai démontré (') que l'équation
définit, lorsque k varie, tous les polygones inscrits à (C) et circonscrits
à (C), c'est-à-dire qu'elle donne, pour chaque valeur de k, les paramètres
des points de contact des différents côtés du polygone correspondant.
» Cela posé, appelons A,, Ao, A^, A., les points d'intersection des deux
coniques, B,, B^, B3, B.i les points de contact avec la conique (C) des tan-
gentes communes aux deux coniques (C), (C); enfin, appelons b,, b^,
b^, b; les paramètres des points de contact avec C des tangentes com-
munes aux deux coniques, Z», étant le paramètre de la tangente dont le
point de contact avec (C) est B,.
» Supposons d'abord n impair. Si l'un des sommets du polygone inscrit
à (C) et circonscrit à (C) vient en B,, l'un des côtés de ce polygone se
réduira à la tangente en B, . Si l'on numérote les côtés en commençant par
celte tangente, on verra facilement que les côtés 2, n, et de même les côtés
3, 7^ — I ; . . . : k -\- 2, 71 - k; . . .: - — ' ; " — - -f- i coïncident. Ainsi le po-
22 '
lygone a tous ses côtés, sauf le premier, deux à deux confondus. L'extré-
mité des deux derniers côtés de rangs > h i sera d'ailleurs l'un
des points A,.
Il suit de là que l'on aura, pour une valeur X-, de k, l'identité
?(p)-^-./ip)=(p-^.)Ur,
U, étant un carré parfait. On démontrera de même les relations
?[p)-f^J\p) = [p-b.)\Jl
et, par conséquent, d'après le principe de Jacobi, la formule
donnera une transformation des deux différentielles
dj_ ^p
l'une dans l'autre.
'] fo// l'Ouvrage cité, i>. 187-1813.
( 8? )
» Supposons, en second lien, que n soit pair. Il y a alors deux espèces
de polygones à côtés confondus : i°ceux qui, partant d'un point B,-, vont
aboutir à un autre point B et qui donnent naissance à deux identités de
la forme
^{p) ~ I'J\P) = [? - l^^){? - l'^)^"-^
2° ceux qui, partant de l'un des points A,, vont se terminer en un autre
point A et qui donnent lieu aux deux identités
» L'application du principe de Jacobi conduit ici encore au même ré-
sultat que dans le cas de n impair.
» La proposition démontrée dans cette Note peut aussi se déduire de
l'expression, qu'il est facile d'obtenir, des polynômes y^(p),
Deuxièbie loi. — La chaleur engendrée par l'étincelle produite par la
décharge incomplète est directement proportionnelle à la quantité d' électricité qui
forme cette même étincelle.
» Après ces études, j'ai cherché à comparer entre elles les propriétés ther-
miques des étincelles produites dans le ballon par la décharge ordinaire,
par la décharge incomplète et par les deux décharges parf/e/Zes; j'ai opéré de
la manière suivante :
» J'employais deux batteries pareilles et parfaitement isolées; j'en char-
geais une avec une certaine quantité d'électricité ; ensuite je la déchargeais
à travers le thermomètre à étincelle, réunissant entre elles l'armature in-
terne avec l'externe {décharge ordinaire) et je mesurais la chaleur produite par
l'étincelle dans le thermomètre. Je chargeais alors de nouveau la batterie
avec la même quantité d'électricité et je la déchargeais ensuite, à travers
le thermomètre, dans la seconde batterie [décharge incomplète), et je me-
surais de la même manière la chaleur produite par l'étincelle dans le ther-
momètre. Enfin je déchargeais de la manière ordinaire l'électricité restée,
après la décharge incomplète, dans les deux batteries [décharges partielles)
et je mesurais la chaleur produite par les étincelles dans le thermomètre.
» Un grand nombre de mesures, faites avec grand soin, m'ont conduit à
des résultats qui peuvent se résumer ainsi :
» Si l'on désigne par C la chaleur produite dans le thermomètre par l'é-
tincelle de la décharge ordinaire, on verra [cœteris paribus) que la chaleur
produite par les deux étincelles partielles (à part les petites pertes) sera
\C-\-\C = C, etla chaleur développée par l'étincelle due à la décharge
incomplète oscillera (selon mes expériences) entre f C et ^ G à peu prés.
(9' )
» Ainsi, en déchargeant la première batterie en trois temps, c'est-à-dire
avec une décharge incomplète et deux partielles, on produit avec les étin-
celles des deux dernières décharges toute la chaleur que l'étincelle de la
décharge ordinaire produirait; par suite, la décharge en trois temps, avec ses
étincelles respectives , produit une quantité de chaleur qui surpasse
celle qui est engendrée parV étincelle ordinaire[*), de toute celle qui est déve-
loppée par Véliiïcelle incomplète. Je tire de là deux conséquences :
» La première, c'est que la chaleur développée par l'étincelle est indé-
pendante de la surface du condensateur, dans lequel l'électricité se trouve
accumulée; et cela, je l'ai déjà démontré directement (^). La seconde, c'est
que, si nous partageons l'électricité accumulée dans une batterie, par le
moyen de décharges incomplètes convenables, en 2, /^, 8, 16, etc. batteries
égales, cette électricité, en se déchargeant ensuite de toutes les batteries,
doit produire constamment (à part les pertes) la même quantité de chaleur
qu'elle aurait développée en se déchargeant tout d'un coup, avec une
décharge unique d'une seule batterie. Donc les étincelles de toutes les
décharges incomplètes, qui ont eu lieu pour répandre l'électricité dans des
condensateurs successivement plus amples, produiraient une énorme quan-
tité de chaleur sans diminuer en rien l'énergie thermique de la décharge
primitive : résultat naturellement inadmissible.
» Pour donner la raison du dernier résultat, il a fallu faire une étude
plus détaillée des décharges des condensateurs. Et, en effet, dans les dé-
charges étudiées par moi, outre l'étincelle qui se produit dans le thermo-
mètre, une seconde étincelle se produit contre le déchargeur, laquelle doit
développer une certaine quantité de chaleur ; en outre, les fils, au moment
de la décharge, doivent s'échauffer. Ainsi, pour faire une étude thermique
complète de ces phénomènes, il est nécessaire de mesurer exactement toute
la chaleur produite dans ces phénomènes. Ces mêmes mesures ont déjà été
exécutées par moi ; j'en exposerai les résultats dans une prochaine Commu-
nication. »
(') J'appelle, pour être bref, étincelle ordinaire et étincelle incomplète les étincelles
produites par les décharges des mêmes noms.
(-) VlLLAKI, lac. cit.
(9- )
PHYSIQUE DU GLOBli. — Variations de la déclinaison magnétique, déduites des
observations régulières faites à Moncalieri dans la période 1871-78. Note
du R. P. Fk. Dexza, présentée par M. Hervé Mangon.
« Dans ces derniers temps, j'ai calculé toutes les valeurs des observations
de la déclinaison magnétique faites depuis l'année 1870 à l'observatoire
de Moncalieri, au moins six fois par jour (toutes les trois heures, de 6^
du matin à g*" du soir), avec un grand déclinomètre de Gauss placé soli-
dement dans les souterrains de l'établissement.
i> Dans le calcul de l'excursion diurne de la déclinaison, j'ai tenu compte
seulement de la période 1871-78 et des seules observations diurnes (ô*" du
matin, 9'' du soir), et j'ai suivi la méthode adoptée parle R. P.Secchi à l'ob-
servatoire du Collège romain, c'est-à-dire que j'ai déduit cette excursion
de la plus grande et de la moindre valeur diurne absolue, en tenant compte
de toutes les perturbations. De cette manière, l'amplitude de la variation
susdite reste plus exacte, et, d'aulre part, la marche de chaque année, sans
être trop altérée, démontre, avec une plus grande vérité, la relation de
cet élément météorique et des causes cosmiques qui influent sur lui,
comme, entre autres, la fréquence des taches solaires.
» Variation mensuelle. — Les valeurs moyennes de la variation de la dé-
clinaison magnétique pour chaque mois sont les suivantes :
Janvier ô,4o Juillet 9>5o
Février 6,20 Août 9) 21
Mars 8,67 Septembre 8,87
Avril 10,34 Octobre 7,32
Mai 9>'8 Novembre 5, 80
Juin 10,06 Décembre. . ... 4'°9
» Il résulte de ces valeurs :
» 1° Que l'excursion mensuelle moyenne de l'aiguille de déclinaison, en
Piémont, atteint le minimum de sa valeur^en décembre ;
» 2° Qu'elle augmente ensuite, d'abord plus lentement de décembre à
février, puis plus rapidement de février à avril ;
» 3° Que les plus grandes valeurs de l'année arrivent dans les deux mois
d'avril et de juin, la première un peu plus grande que la seconde, avec
une sensible diminution dans le mois intermédiaire de mai ;
» 4" Que dans les deux autres mois d'été la variation moyenne recom-
(9^ )
nience à diminuer, mais assez lentement, et moins que dans le mois de mai.
La diminution continue plus intense dans les mois d'automne jusqu'au
mois de décembre.
» Variation annuelle. — La loi de variation annuelle moyenne de la dé-
clinaison magnétique dans la période étudiée est indiquée dans le Tableau
suivant, qui renferme les valeurs moyennes de chaque année :
1871 ii°56
1872 io,53
1873 9,28
1874 8,21
1875 6,48
1876 6,3i
1877 5,83 ,
1878 4'5o
» Comme les observations régulières commencèrent seulement en juin
1870, nous n'avons pas tenu compte des sept mois d'observations de cette
année-là. Cependant, ces sept mois donnent par eux seuls une moyenne,
presque égale à celle de l'année suivanle 1871, et comme on l'a dit ci-
dessus, la plus grande valeur mensuelle doit avoir été dans le mois d'avril,
aussi en 1870. On peut ainsi admettre que la plus grande valeur annuelle
de la variation moyenne de la déclinaison magnétique pendant la période
dont nous nous occupons doit avoir été, à Moncalieri comme en d'autres
endroits, en 1870.
» Dans les années suivantes, cette variation moyenne a diminué pro-
gressivement jusqu'en 1878, où l'on trouvera peut-être la plus petite va-
riation annuelle de la période connue de diminution de la déclinaison ma-
gnétique. Il y eut une courte interruption de 1875 à 1876.
» Ayant comparé les résultats obtenus dans notre observatoire de Mon-
calieri avec ceux obtenus dans les deux observatoires de Milan et de
Rome (Collège romain), les seuls en Italie qui aient publié les valeurs
moyennes mensuelles et annuelles de la variation de la déclinaison magné-
tique observées dans ces établissements, j'ai trouvé que dans la moyenne
générale les trois séries de Rome (1860-76), Milan (1870-78) et Monca-
lieri (1871-78) offrent un accord plus que suffisant dans la marche, soit
mensuelle, soit annuelle, des variations susdites.
» Je donne ici seulement la moyenne générale de cette variation,
(94)
résultant des périodes d'observation de chacun des trois observatoires
italiens :
Moyenne générale.
Rome 8 , 55
Milan 8,64
Moncalieri 7 ,89
» J'ai aussi trouvé un notable accord entre les observations italiennes et
celles faites en d'autres pays d'Europe, même éloignés, comme à Prague, à
Christiania, à Munich et à Grecnwich.
» Les variations de déclinaison magnétique, considérées dans leur en-
semble, offrent donc des phases qui ne sont pas très différentes dans des
contrées même très éloignées entre elles.
» C^ phénomène dépend par conséquent de causes cosmiques, qui sont
presque unifoi-mes sur toute la surface de la Terre, et l'on sait, en effet, que
la marche de l'oscillation diurne de J'aiguille de déclinaison est en rela-
tion avec la fréquence et l'intensité des taches et des autres phénomènes
qui se succèdent sur le Soleil, avec lesquels elle va d'accord dans son en-
semble.
» Si cependant on étudie ces variations dans leurs détails, elles présen-
tent de remarquables anomalies, toutes cependant de second ordre, qui
peuvent dépendre, soit de diverses méthodes d'observation, soit de cir-
constances propres des lieux mêmes, lesquelles sont encore à étudier. »
PHYSIQUE. — Sur le galvanomètre de Thomson. Note de M. A. Gaiffe.
« Lorsqu'on mesure des courants électriques à l'aide du galvanomètre
à réflexion de Thomson, on constate que les indications lues sur son
échelle divisée ne sont pas proportionnelles aux valeurs des courants me-
surés et qu'elles s'exagèrent au fur et à mesure que ces valeurs aug-
mentent.
» Cette cause d'erreur provient de ce que les angles de déviation de
l'aiguille aimantée sont doublés par la réflexion du miroir et que, par con-
séquent, ce ne sont pas les tangentes des angles réels de déviation qu'on
lit sur l'échelle, mais bien les tangentes des angles doublés. Si l'on peut
admettre, sans inconvénient, que la tangente d'un très petit angle doublé
est double de celle de l'angle simple, il n'en est pas de même pour les
(95 )
grands angles, et, quoiqu'on limite les déviations des aiguilles de ce genre
d'appareils à 8° environ, soit à l'aide de l'aimant directeur, soit à l'aide de
dérivations, les indications sont déjà sensiblement exagérées aux extré-
mités de l'échelle qu'embrassent ces 8".
» J'avais essayé de corriger ce défaut, en substituant un fil très fin de
platine (j^i^ de diamètre) au fil de soie sans torsion qui suspend le sys-
tème d'aiguilles du galvanomètre; mais le défaut de proportionnalité s'est
produit en sens coAtraire et a été plus considérable.
» J'ai eu recours alors à une suspension bifilaire, composée de deux fils
de cocon très rapprochés l'un de l'autre. Les résultats ont été à peu près
satisfaisants. Par ce second moyen, les erreurs ne sont pas corrigées com-
plètement ; mais elles sont réduites à moins de -~û ^^ la valeur mesurée.
» Les expériences de vérification ont été faites, en profitant de toute
l'étendue de l'échelle divisée, à l'aide de trois condensateurs chargés par
une même source constante d'électricité. Les condensateurs étaient d'a-
bord chargés et mesurés séparément, et ils étaient ensuite chargés et me-
surés réunis. »
CHIMIE AGBICOLE. — Sur la potasse cotUenue dans l'argile des sols arables.
Note de M. A. Perrey.
« Mitscherlich avait annoncé que la potasse se rencontre constamment
au nombre des éléments des argiles.
M D'autre part, les travaux d'Ebelmen sur les causes et les résultats de
l'altération des roches ignées ont montré comment, sous l'influence des
agents atmosphériques et de l'humus du sol, s'opère l'élimination progres-
sive des éléments des roches feldspathiques. Cette élimination donne nais-
sance à un résidu qui a acquis les propriétés caractéristiques de l'argile
avant d'avoir atteint la simplicité de composition d'un hydrosilicate d'alu-
mine pur.
» Toutefois, parmi les éléments des nombreuses argiles céramiques ana-
lysées par Berthier, par M. Salvetat et d'autres chimistes, la potasse ne
figure qu'exceptionnellement en quantité dosable. Nous ne savons de quelle
nature étaient les échantillons examinés par Mitscherlich.
M Or M. Schlœsing a reconnu, dans quelques argiles extraites des terres
arables, une quantité de potasse très supérieure à celle qu'on trouve dans
les kaolins mêmes, et le présent travail généralise son observation.
(9^)
» Extrait de trente échantillons de sols de qualités très différentes, de
provenance éloignée, l'élément argileux, purifié de sable et d'humus con-
formément au procédé de M. Schlœsing, a été analysé par la méthode de
la voie moyenne de M. II. Sainte-Claire Deville; dans la solution nitrique
des bases fortes, on a dosé la potasse à l'aide de l'acide perchlorique dis-
tillé.
» Les résultats suivants sont rapportés à l'argile privée d'eau :
Potasse
Provenance pour loo
de la terre arable. d'argile.
1. Indie-et-Loire 3,3
2. » 2,4
3. » 2,0
k. » 3,5
5. .. 3,1
6. » 1,8
7- " 2,9
8. » 2,9
9. » ..... 2, o
10. » 2,2
11. Côte-d'Or 3,8
12. . 4,4
13. .. 4,6
l'K » 4,4
15. 4,8
Potasse
pour 100
d'argile.
.. 4,3
5,4
4,6
» 5 ,o
5,o
3,1
7,3
Seine-Inférieure 3, i
4,o
2,9
» 2,5
Provenance
de la terre arable.
16. Saône-et-Loire
17.
18.
19.
20.
21.
22.
23.
24.
25.
26.
27. Dordogne 3,2
28.
29.
30.
3,3
3,1
Gironde 3,4
2 et 6, terres exceptionnellement fortes.
23 à 26, terres très calcaires.
30, sable fin ne renfermant que 2 pour lOO d'argile.
» Qu'elle provienne de terres exceptionnellement fortes, ou très calcaires,
on composées de sable presque pur, l'argile renferme donc constamment
de la potasse, en quantités variant ordinairement de 2 à 5 pour loo, parfois
de I, 8 à 'y, 3 poitr loo.
» Il est permis de croire que la végétation tire plus aisément parti de
l'alcali contenu dans l'argile que de l'alcali contenu dans le sable, débris de
la roche primitive. »
(97 )
CHIMIE. — Sur la tension de dissociation de l'hydrate de ehloral elsur la tension
de vapeur du chloral anhydre. Note de MM. RIoitessier et R. Kxgel, pré-
sentée par M. Wiirlz.
i( Dans nos recherches sur l' hydrate de choral, nous avons été amenés à
tracer la courbe des tensions de dissociation de l'hydrate de chloral et
celle des tensions de vapeur du chloral anhydre. Nous donnons ici les ré-
sultats auxquels nous sommes arrivés :
HYDRATE BE CULOnAL.
CHLORAL
ASHYDUE.
T.
F.
»7
33
.7,8
35,',
35
77-9
46,4
124,3
64,5
249 '7
77-9
430,8
T.
F.
17,2
8
•7>9
9,5
34,8
26,8
46,2
58
64,3
166,2
77,7
323,2
» Les tensions données ne peuvent être considérées comme exactes qu'à
o'",ooa ou o",oo3 près, diverses causes perturbatrices ayant été observées.
» L'hydrate de chloral exige, en effet, une durée de chauffe assez longue
pour que le mercure reste à peu près stationnaire. C'est là une première
cause d'erreur qu'on peut écarter presque complètement en chauffant pen-
dant assez longtemps. Nous ferons remarquer toutefois que nous n'avons
pas observé les différences considérables que Naumann a obtenues en pre-
nant les tensions de dix minutes en dix minutes pendant un temps assez
long.
» Lorsque le mercure reste à peu près stationnaire, une nouvelle cause
d'erreur intervient. Le chloral anhydre et l'hydrate de chloral, sous l'in-
fluence de la chaleur, donnent naissance à de petites quantités d'acide
chlorhydrique, Nous avons observé, en effet, que de l'hydrate de chloral,
exempt d'acide chlorhydrique, en renferme après avoir été distillé même
avec de grandes précautions. Pour apprécier la grandeur de cette cause
d'erreur, nous avons chauffé huit jours de suite et pendant une heure
chaque jour, dans un tube d'Hofmann, de l'hydrate de chloral à l'aide
de la vapeur du sulfure de carbone en ébullition. Les tensions ont varié,
pour la même température, de 66 le premier jour à Sg le dernier jour.
Le chloral extrait du tube renfermait de petites quantités d'acide chlorhy-
drique.
» Nous avons déjà conclu de nos expériences sur l'hydrate de chloral à
C. R.. 1880, 1" Semestre. {J. XC, N-ï.) ' -^
(98)
la dissociation complète de ce composé aux températures de 60° et de 100°.
» Nous nous permettrons d'ajouter l'argument suivant à ceux qui ont
été développés par M. Wurtz ('). L'hydrate de chloral ne se volatilise pas
dans la vapeur de chloral anhydre à une tension supérieure à la tension
de dissociation de l'hydrate de chloral à la température où l'on opère (*).
Il n'obéit donc pas, dans ces conditions, aux lois physiques connues. Si
l'on introduit de l'eau dans la vapeur de chloral anhydre à une ten-
sion supérieure à la tension de dissociation de l'hydrate, le mercure ne
s'abaisse pas dans le tube, comme cela arriverait si la vapeur d'hydrate de
chloral existait à cette température, mais au contraire s'élève dans le tube.
» Aucune objection n'a été faite à ces expériences.
j) Or, de deux choses l'une, ou nos expériences sont inexactes, auquel
cas nous reconnaîtrons volontiers notre erreur; ou la vapeur d'hydrate de
chloral n'est qu'un mélange d'eau et de chloral anhydre, et l'hydrate ne
se décompose plus et ne se volatilise pas dans la vapeur de chloral anhydre
à une tension suffisante. »
PHYSIOLOGIE. — Effets des injecliotu inU a -veineuse s de sucre et de cjomme .
Note de MM. R. Moutard-Martin et Ch. Richet, présentée par
M, Vulpian.
« I. En poursuivant l'étude des injections de sucre, nous avons observé
que les diverses variétés de sucre injectées dans les veines des chiens pro-
duisent toujours de la polyurie et delà glycosurie. Ainsi, avec la saccha-
rose et la lactose comme avec le sucre interverti, il y a toujours écoidement
abondant d'une urine sucrée. La rapidité avec laquelle se produit cette
polyurie est telle, qu'on peut l'observer quarante-cinq secondes seulement
après l'injection dans le système veineux général.
» Chez des chiens morphiuisés et chloralisés, on peut injecter une
grande quantité de sucre, soit So^' et même plus par kilogramme du poids
de l'animal, sans amener la mort. Il suffit que l'introduction dans le sang
ne soit pas trop rapide. En dosant la quantité de sucre contenue dans le
sang de l'animal vivant encore, nous avons vu que cette quantité pouvait
s'élever à aSo^"^ par litre et au delà. A cette forte dose, le sucre produit un
état comparable au narcotisme, ensorte quel'animal neréagitplusque diffici-
(') Comptes rendus, séance du 11 décembre 1879.
(^) MoiTESsiER et Engel, ibid., séance du 28 avril 1879.
(99)
lement atix différentes excitations. Le cœur et les muscles de la respiration
continuent cependant à se mouvoir, et à aucune période de 1 intoxication
les nerfs moteurs ne cessent d'agir sur les muscles.
)> II. Lorsque le sang contient ainsi une grande quantité de sucre, une
partie de ce sucre transsude abondamment à travers les muqueuses gas-
trique et intestinale. En adaptant une canule à l'intestin grêle, nous avons
vu, dans certaines expériences, s'écouler parla canule le jet abondant d'un
liquide clair, légèrement jaunâtre, transparent, coagulant à peine par
l'acide nitrique et contenant une quantité considérable de sucre. Cette
transsudation abondante se manifeste dans toutes les expériences par de la
diarrhée et des vomissements, dont les produits contiennent toujours du
sucre. Il est important de remarquer que, en injectant une quantité d'eau
équivalente, nous n'avons obtenu aucun effet ni sur la sécrétion urinaire
ni sur la sécrétion intestinale,
» III. La dextrine injectée dans le sang passe à l'état de dextrine dans
l'urine, et détermine aussi de la polyurie. Toutefois, l'augmentation de la
sécrétion urinaire est moins notable qu'après l'injection de sucre. La dex-
trine passe également dans les liquides intestinaux, et les vomissements,
qui sont très abondants, contiennent une quantité considérable de dex-
trine.
M IV. L'injection de gomme produit un effet opposé à l'injection de
sucre (ou de dextrine), car cette substance, en quantité relativement peu
considérable (2^"^ par kilogramme du poids de l'animal), diminue de près
de moitié la polyurie provoquée antérieurement par une injection de sucre.
En continuant à injecter de la gomme, on finit par suspendre complètement
la sécrétion de l'urine. Une petite quantité de gomme se retrouve dans l'u-
rine recueillie avant ce dernier moment.
» V. Ces faits peuvent servir à la physiologie de la sécrétion urinaire.
En mesurant avec l'hémomètre à mercure la pression sanguine, nous avons
constaté que l'injection de gomme augmente notablement (de o™, o3 à
o™,o5 de mercure) la tension du sang dans les artères, tandis que l'injec-
tion de sucre ne modifie pas cette pression. Voici donc deux substances,
l'une, le sucre, qui provoque de la polyurie et ne modifie pas la pression,
l'autre, la gomme, qui élève la pression et, loin de produire de la polyurie,
arrête la sécrétion urinaire. On voit par là ce qu'il faut penser de la
théorie qui fait de la sécrétion urinaire une fonction de la pression san-
guine (' ). »
( ' ) Travail du laboratoire de M. Viilpian à la Faculté de Médecine.
lOO
PHYSIOLOGIE ANIMALE. — Sur les phénomènes consécidifs à la ligature de la
veine cave injérieine, pratiquée au-dessus du foie. Note de M. P. Picard.
(Extrait.)
« La ligature de la veine cave inférieure, pratiquée au-dessus du foie à
l'aide d'un procédé que j'ai institué et que je ferai connaître, donne lieu à
diverses observations.
» Les animaux succombent toujours aux suites de cette opération ; cette
terminaison est obtenue dans des temps variables, selon les animaux, entre
une demi-heure et trois ou quatre heures.
>> La mort résulte d'un mécanisme que j'ai élucidé de la façon suivante.
On met un manomètre à mercure en rapport avec le bout central de l'une
des carotides (ce manomètre est muni d'un flotteur qui permet d'enregis-
trer les oscillations de la colonne mercurielle, sur le papier enfumé d'un cy-
lindre enregistreur). On pratique alors la ligature, et l'on voit la colonne
mercurielle baisser rapidement et en quelques secondes prendre une va-
leur égale à G™, oZ|, o™, o5, o™, 06 de mercure. Le nond^re des systoles
croît, leur amplitude diminue, etc.; les phénomènes immédiats sont ceux
que déterminerait une hémorrhagie abondante.
» Les faits ultimes sont analogues également à ceux qu'on observerait à
la suite d'une anémie brusque ; ils consistent d'abord en un arrêt respira-
toire, à la suite duquel la pression moyenne continue à baisser. Le nombre
des systoles diminue, ainsi que leur amplitude, et en une minute ou deux
on a un arrêt complet du cœur et secondaire.
» La cause de ces phénomènes anémiques est révélée par l'étude des
pressions veineuses du système vasculaire sous-diaphragmatique. En effet,
au moment de la ligature, en même temps que diminue la tension caroti-
dienne, on voit s'élever les pressions des veines dans les membres inférieurs
et dans la cavité péritoniale, et cet accroissement persiste jusqu'à la mort.
» Ces observations montrent que le sang est moins abondant dans les
régions supérieures, parce qu'il s'est immobilisé, à la suite de l'opération,
dans le système sous-diaphragmatique. Les centres nerveux, les muscles
respiratoires, le cœur, etc., sont donc exactement dans les conditions où
on les aurait placés si ce sang immobilisé avait été soustrait à l'organisme
entier par une hémorrhagie.
» Pendant la durée de la survie des animaux ainsi opérés, on observe
les faits suivants :
>i 1° En comptant les gouttes que fournit le canal cholédoque, avant et
après la ligature de la veine cave, on constate que le nombre en est beau-
( -o- )
coup diminué et que la sécrétion biliaire se trouve à peu près suspendue.
» Ce fait établit une relation nouvelle entre le mécanisme de la sécré-
tion biliaire et celui de la sécrétion rénale : les deux fonctions se suspendent
quand on immobilise le sang en haute tension dans le foie ou les reins. Il
nous montre que ce n'est pas l'augmentation simple de pression qui accroît
la formation de la bile quand on exagère la tension de la veine porte.
C'est la circulation plus active qui se produit sous cette influence quand
la veine cave est libre, et c'est sans doute aussi par là que se produit la
polyurie qui suit les accroissements de la tension artérielle moyenne.
» Je ferai observer, en outre, que ces faits sont difBciles à comprendre
avec l'hypothèse généralement admise et qui voit dans ces sécrétions une
filtration simple comme phénomène initial.
» 2? La mesure de la pression dans le canal cholédoque, faite avec un
manomètre à eau mis en rapport avec le bout central de ce canal, se
montre comme légèrement accrue au moment de la ligature. Les oscilla-
tions respiratoires persistent pendant l'oblitération de la veine cave.
» 3° En étudiant le sang de la carotide avant et après la ligature, au
point de vue des quantités de fibrine qu'on en peut extraire par le battage,
on observe que cette quantité en va diminuant.
» Le sang continuant à traverser les muscles, le poumon, les centres
nerveux, etc., et étant dans une condition générale où la quantité de
fibrine devrait augmenter, on est porté à penser que c'est à la cessation de
l'arrivée du sang venant du foie que cet effet est dij ; j'ai d'ailleurs publié
déjà divers faits tendant à montrer que cet organe joue un rôle dans l'ap-
parition de la fibrine du sang.
» 4° Je me borne à énoncer les faits suivants, qui se lient à l'étude de
divers problèmes physiologiques :
B A. Au moment de la mort, il y a constamment du glucose dans le sang
sus-diaphragmatique, et il y en a également dans celui qui revient des
membres inférieurs.
» B. Les quantités de glucose contenues dans looos'^ de foie ont augmenté
dans des proportions considérables et atteignent alors l'yS'' à io^^.
» C. Le sang qui est contenu dans les vaisseaux des membres infé-
rieurs finit par être plus riche en hémoglobine que celui qui circule libre-
ment dans les parties supérieures. »
A 5 heures, l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 5 heures trois quarts. J. B.
DÉCEMBRE 1879.
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Observations météorologiques
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3,4
84
ayant donné lieu à un robronssement de 7".i.fi le 5
vers )H h. i5 à 746,0 le 2 vers 4 h. i". Le maximum
7
768,7
29, 9
CJ
8.9
WiNE
2,0
9'l
du 1,3 à 2u h. (773,5) n'est atleint qu'apri^s deux légères
8
57,0
liinexions les 8 et 10, lesquelles coïncident avec uno
766,2
3o, I
u
i3,6
SSW à E
,
2,6
96
reprise du temps de neitro.
9
772.1
56,3
3i,5
0
4,3
ENE
.
',7
90
L'abaissement excessif de la température est tel, qu'il
nous faut remonter jusqu'aux hivers si rigoureux de
10
768,4
56, 0
3o,6
-Cj
4,2
S
2, 1
95
la fm du dernier siècle pour trouver des circonstances
58,8
33,3
a.
3,9
analogues de froid aussi intense et persistant. L'écart
1 1
770,9
i-
SSW
2,7
93
de la normale a été moyennement de 10% mais il y a
12
772,1
55,6
3i , I
t3
4,5
s;sw
.
3,0
95
eu recrudescences marquées aux dates f> et 10 ( écarl
de — i»'*,j ), 16 ot 17 (écart do — is'',5),2i et 22 (écart
i3
773,6
55,0
3o,2
"3
9,5
Retour à NE
4.3
9"
de u°,5) et finalement lo 27 ( écart de — i5°),
,
55,0
?
Nous insisterons a nouveau sur la marche corrélative du ]
i-i
77', 3
3l,3
c^
2,7
NE à NNW
NE
2,3
93
liiermoaif'tre et de léleclromètre. Il y a toujours eu
i5
7'8
55,8
29.7
en
C
3
5,9
NNWàNE
.
3,0
87
exagération très nette de la tendance à un accroisse-
ment de tension électrique en même temps que s'éta-
iG
7(37,8
65,2
29,7
6,2
ENE
NE
1,4
76
blissait la prédominance du courant d'air glacial, et
768,0
S
.5,7
défaillance également bien marquée lorsque la période
■7
30,8
3o,o
EpuisNWàNE
1,9
93
critique s'est approchée du terme.
iS
768,2
55,1
3o,7
10,5
NNE
2,4
85
Du i3 au pt, ta courbe barométrique se creuse un peu,
767,^
"" J /
CJ
mais la pression n'est pas descendue plus bas que 765,0
'0
55,5
29,0
CJ
9,5
N -} NE
ESE
3,6
92
le 18 vers 3 h. du matin, c'est à dire que nous restions 1
767."
54,5
■^
encore à 10 millimètres au-dessus do la moyenne. Elle
20
29,5
es
7,1
KW à NE
2,4
9'
atteignait enfin 77;-, 3 le 23 vers 0 h. du malin.
21
766,6
56,0
3o .3
7 ,0
ENEàS
■>9
88
Dès le 73 s'accusent les divers symptômes concordants ]
" ,
zi
'
d un changement do temps; mais le plein dégel ne de-
22
770,5
56,4
29.5
0
7,8
SSE
wsw k
2,0
86
vait survenir que le 73-
23
«
Les quatre dernières journées ont été signalées par des
77^.7
55,5
3 0,6
T
6,3
Variable
2,4
84
bourrasques du S. 0. avec intensité maximum du vent
^4
769,2
55,3
3o,4
0
8,4
Variable
'.7
80
le 3o entre 14 h. et im h. ( vitesses moyennes horaires i
de 50 à Go km.) Rlîniuium barométrique de 754,0 le 3o
20
770,2
56,3
29.!)
S
4,8
NiNE
sw A
2,9
96
vers 17 h. 45.
Le dépôt de givre était très fort aux malins des a, 3, 7,
26
767,5
55,0
29.9
=
10,0
ENE
3,6
95
9, 14 et 27 lîroulllard dense les 10, ir, 1?, i3, ai et 25.
27
768,0
55,2
3o,3
-S
5,5
E puis S
1,5
84
Temps de neige les i, 7, 4-5, 6, 8, 10, n, i5 ainsi que
du 17 au is, et de pluie les 28, 59, 3o et 3i, Beau ciel
28
767.4
55, X
29.2
«
16,5
SiSW
3,5
93
les 9, 16, 18 et 27. Halos du 22 au 23. Agitation des
760,3
Ml
boussoles remarquable surtout du 10 au 12 ainsi que
29
54.9
29.3
29,4
SSW
s A
5.9
100
du 22 au 73.
3o
758,8
56,0
29.4
*3
3i,8
SW
5,0
^9
La neige recueillie du 4 au 5 a recouvert le sol jusqu'à
la hauteur de 3o centimètres en rase campagne. Celle
3i
757,8
55,6
29,5
-3
c
ta
0)
-1
3i,3
sw
5,8
89
qui tombait très fine et très serrée dans l'après-midi
du 4 fournissait environ les o,i5 de son volume en
eau do fusion mais la totalité ne parait pas avoir
1" déc.
756,6
16. 56, 2
65.3o,2
i5,5
,
2,6
89
donné plus du dixième.
On remarquera nue.réclairement du ciel dorant les belles
2* déc .
769-1
55,6
3o,5
7,6
2,6
90
journées s'élève aux 0,75 do la valeur calculée; mats
une bonno partie do l'effet tient & la présence do la
3«déc.
766,3
55,7
2g, 8
■4,4
•
3,3
89
neige.
Mois. .
764.2
16.55,8
G5.3o,2
.2,6
2,8
89
( 'o4 )
D
C
«
o
■90iuTiraiC8|iin3iB,iop
KOSIVlCIlDSil
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COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉA.NCE DU LUNDI 19 JANVIER 1880.
PRÉSIDENCE DE M. EDM. BECQUEREL.
MÉMOIRES ET COMMUI\lCAT10l\S
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. le Ministre DE l'Instruction publique adresse l'ampliation du Décret
par lequel le Président de la République approuve l'élection, faite par l'Aca-
démie, de M. le colonel Petrier pour remplir la place devenue vacante,
dans la Section de Géographie et Navigation, par suite du décès de M. de
Te.ssan.
Il est donné lecture de ce Décret.
Sur l'invitation de M. le Président, M. Perriek prend place parmi ses
confrères.
M. Resal présente à l'Académie le Tome V de son « Traité de Méca-
nique générale », qui comprend les matières enseignées dans la première
Partie de son Cours de construction à l'École nationale des Mines, savoir ;
la résistance des matériaux, les constructions en bois et en pierre, les fon-
dations, les murs de soutènement et ceux des réservoirs.
C. K., i8So, 1" Semestre. (ï. XC, A» 5.)
i4
( 'o6 )
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur quelques applications des fondions
elliptiques. Note de M. Hermite.
« XXI. Ce sont les belles et importantes découvertes de M, Fùchs dans
la théorie générale des équations différentielles linéaires qui permettent
ainsi d'obtenir les conditions nécessaires et suffisantes pour que l'intégrale
complète de l'équation considérée soit une fonction uniforme de la va-
riable. Il n'est pas inutile, à l'égard de ces conditions, de remarquer
qu'elles se conservent, comme on le vérifie aisément, dans les transfor-
mées auxquelles conduit la substitution jj-' == ze^'""^, à savoir
Z"— Y^lOL+J {u)]z' -{-[(/} +cf{u)-\- g [u)]z = O.
J'observe encore que l'on peut supposer doublement périodiques les
fonctions j [u] et g[u), en convenant que les quantités u--=o, ii=^a,
11=^ b, . . . , au lieu de représenter tous leurs pôles, désigneront seulement
ceux de ces pôles qui sont à l'intérieur du rectangle des périodes. Soit
donc, en nous plaçant dans ce cas,
ou bien, d'après la remarque qui vient d'être faite,
/(«)=2«+|-,
a étant une constante arbitraire. Je disposerai de cette constante de sorte
qu'on ait
■^'-"^ ~ H(«-«) "^ n[u-b) ^ H(«) ©(«) 0(6)'
et par conséquent, d'après les formules connues,
sn a sn è
/(«) =
sn w sn ( a — a) sn « sn ( u — b]
( 'oy )
Cela étant, il est clair qu'on peut écrire, avec trois indéterminées A, B, C,
, \ Asna Bsnb „
£- « =: 1_ r
"^ ' !,n/isn(jt — aj sn«sn(a — èj '
et nous tirerons sur-le-champ de ces expressions les valeurs suivantes :
_ cii«dn« cil i dn /y
c; = - A - B,
/ ciifl dn« snô
7« ~~
sna sna %n\a —
, Acnadna Bsné
+ -„,„„,_ r.+V..
^" sno sn(ïsn(/7 — ù
Or la condition
conduit à
sn^(A-B)
; ^^ — A- — C = o ;
sn « sn ( « — b] '
le second pôle u = b donne semblablemeni
sna(B-A) ^^ ... (. ^ o.
sn i sn ( /> — (7
et l'on conclut enfin de l'équation Fh-G = o
cnadna cnbilab
sn b
+ A + B = o.
» Je remarque immédiatement que cette dernière relation n'est point dis-
tincte des deux autres et qu'elle en résulte en les retranchant membre à
membre et divisant par A -- B. En l'employant avec la première, nous trou-
vons, par l'élimination de b,
A- — '2 A L C = o
i,aaii\[a — b] sn^nsn^ja — b) '
ou encore
[A sn i "j - 1
siiasina — AjJ sii'lrt — *) "
.. Remplaçant désormais C par — ; C-, on voit qu'on aura
' ' su-(« — b] ' T
A:^ '^ ^C,
sn a sn i a — 0 ]
( io8 )
et par conséquent
sni> sn[o — « j
» Telles sont donc, exprimées au moyen de la nouvelle indéterminée C,
les valeurs très simples des constantes A et B pour lesquelles, d'après les
principes de M. Fûchs, l'intégrale complète de l'équation
sn b
sn II sn 1 II — «
sn u sn [ Il
r
A sn n R sn ^i i ,,,
^- -"T— n-rr T, + Trr-. r ~ ^''
sn « sn ( K — a] sn « sn ( « — b\ sn' , a — h \
v — o
est une fonction uniforme de la variable avec le seul pôle « — o.
» Nous sommes assurés de plus, par une proposition générale deJM. Picard
[Comptes rendus du 21 juillet 187g, p. i/^o, et de cette séance, p. 128), que
cette intégrale s'exprime dès lors par deux fonctions doublement périodiques
de seconde espèce. Si donc on restitue, en faisant la substitution ^ — ze"-^,
une constante arbitraire dont il a été disposé pour simplifier les calculs,
il est certain que la nouvelle équation différentielle contiendra, comme
cas particuliers, toutes celles dont il a été précédemment question. C'est,
en effet, ce que je ferai bientôt voir; mais je veux auparavant obtenir une
confirmation de l'important théorème du jeune géomètre en effectuant
directement l'intégration de cette équation et donner ainsi, avant d'aborder
des cas plus généraux, un nouvel exemple du procédé déjà employé pour
l'équation de Lamé dans le cas le plus simple de n =-- 1 .
» XXII. Considérons la fonction doublement périodique de seconde
espèce la plus générale, admettant pour seul pôle u = o, à savoir
et proposons-nous de déterminer oj et ). de telle sorte qu'elle soit une solu-
tion de l'équation proposée. Soit, à cet effet, (?/) le résultat de la substi-
tution de J\ii) dans son premier membre. Les coefficients de l'équation
ayant pour périodes 2K et aiK', on voit que cette quantité est une fonction
deseconde espèce, ayant les mêmes multiplicateurs quej^[u), qui pourra,
par conséquent, remplir à son égard le rôle d'élément simple. On voit
aussi que les pôles de $(«) sont it = a, u = b, n = o, les deux premiers
représentant des infinis simples et !e troisième un infini triple. Nous aurons
donc
$(«) = %J\u - a) + %f[u ^ h) -i- €J{u) + €'/'(«) -!- €"/"(«),
( '09 )
et la condition $(«) = o entraîne ces cinq équations
Jl = o, !B = o, Q:r=o, C'=o, €"^0,
qu'il est aisé de former, comme on va voir.
)) Nous avons pour cela à décomposer en éléments simples les produits
de fiu] et f"\tt] par deux quantités de la même forme ; j c'est-
à-dire à chercher les parties principales des développements de ces pro-
duits, d'abord suivant les puissances de ii, puis, en posant ?/=/) + ï,
suivant les puissances de s. Or il résulte de l'expression de y^(î<) qu'on a
X{u) désignant 1-a fonction considérée au § Y [Comptes rendus, t. LXXXV,
p. 821), et par conséquent
= - + X 4- - A- - k^ sir o) -1 -— ]n-^
M On trouve ensuite
sn/> I en/; dnp
sn « sn [Il — p ) u snp
et sans nouveau calcul, en remplaçant n par — s,
snp I en/) lin/) / i i H- /!'
sn(/9 -H e j sus g sri/v \sn'/v 2
Ces développements nous donnent les formules
snnsn^K — Pi ' i u \ i . \ sn/j
Sl\p -^ '' ' ■2'' ' '
et l'on en conclut, en faisant successivement p — a,p—b, les expressions
( iro )
cherchées
% = kf[a)~f[a),
c ^ X- - A (>■ + '"" ''""^ - B f > + ':'^^] - c +
sii« / \ snh J ' s,n'[a — b
-i- k' an- o) — -7 + I -1- A",
^ cnadnrt cnidn/i
(L' = A + B H 1 ^— ,
sn a sn w
C" — o.
» Ces résultats obtenus, nous observons d'abord que C s'évanouit, d'a-
près une des relations trouvées entre A et B; j'ajoute que l'équation C = o
est une conséquence des deux premières; par conséquent, les cinq condi-
tions se réduisent, comme il est nécessaire, à deux seulement qui serviront
à déterminer w et X. Nous recourrons, pour l'établir, à la transformation
suivante de la valeur de C Soit, pour abréger lecriture,
G = (x - C + ^:^*') f A ^- C + ''""^""
sn b
sna
\ anb J \ sn«
on a identiquement
€ = G-H + (A-C)(B-f C)-A-^sn-o;4 -— --^, ' ^+ i
' ' sn'{a — b) snV/ sn'a
et plus simplement déjà
C = G ^- H - A- sn^,j - -[ '- + i ^^ A-,
sn-a sn-b
les valeurs de A et B que je rappelle,
A- '-^'-^^-C, B = --i5J c,
sn(7sn(a — b) snbsn(b — «i '
donnant
(A-C)(B+C) =
sn'(a — b)
Nous obtenons ensuite, en faisant usage de ces expressions,
Tj r snft cnèdnènr sna cnadnal
|_snasn(fl — b) snb j\_snbsn[b — aj ' sn« J
I I /snècnadna sn(7cn6dn6\ cna dna cnbdnb
sn'^rt — bj sa[a — b) \ sn-« sn'b j siirtsnô
( -M )
On a crailleurs
'-''il
snbcnatlnd snacnbdnh
sn(a — 0)\ sn'rt sn-i
/snacnb dnô -H sai cn« dnaX /sn^è cnadna — sn'n cni dnA
sn'a — sn'6 /\ sn'rtsii'6
sn'« + sn=6 cni7 dn« cnèdn 6 ,^
— — — :; r7~ ; + i + /f",
sn-nsn^O sn«sno
et la valeur de H qui en résulte, à savoir
TT ' Il I ,
sn'(rt — 0] sn-a sn'6 '
donne cette nouvelle réduction :
C = G - A-^ sn^ o; -f- ,, ' ..-
sn' ( « — b)
» C'est maintenant qu'il est nécessaire d'introduire les conditions Jl — o,
U = o, c'est-à-dire A —':^—,^ B = --~~- Or, au moven des valeurs de A,
de B et de l'expression
r^ll — ^(f_±_^ ] _ H'f'g) _ e'(») ___ .
; ., / s cnxdn.r .
— A-sna; sn cj sn (a; -h w j i- /,
on en tire
^ ,, sn b cn« dn« , .,
A — L, — ; -^ H 1- k- sn a sn oj sn la -h- oj ),
sn a sn ( a ^ — b] sna ^ / '
1 ^ sn(7 cnidnè i o /
A -f- L. = — ^^ — p r H — -t- A- sn O sn w sn ( O -h 'o).
sn 0 sn ( 6 — a) snb *■ < " j-
» Cela étant, une réduction qui se présente facilement donne
^- ~''^~^ ^lnT~ = snAsn(.^-/,) "^ '^ ^" '^ '^'^ ^ ^" (« "^ ^0'
v ^ cn(7dn« sn è in j
sDfl snasn(0 — a) ^ /'
et nous pouvons écrire en conséquence
G = — r — — [- k^ sn fit sn w sn f a 4- w )
Lsnosn(«^ — 6j ^ 'J
-^ : m \- k^ snbsn'jùsn(b -h o)]\-
Lsna sD[b — a j ^ ■'J
( "2 )
Il Je considérerai cette expression comme une fonction doublement pério-
dique de &), ayant pour infinis simples w = /R' — «, w = /K' — b et pour
infini double w — ïK'. Elle présente cette circonstance que les résidus qui
correspondent aux infinis simples sont nuls. En effet, des deux facteurs
dont elle se compose, le premier s'évanouit en faisant w — /K.' — b et le
second pour w = iK' — a. Il en résulte que le résidu relatif au troisième
pôle 0) — /R' est également nul, de sorte qu'en décomposant en éléments
simples on obtient
G = — Db, ^-^ + const. — A^sn^w i- const.
)) Posons, afin de déterminer la constante, u — o; nous trouverons fina-
lement
G = k- sn-
w
an' [a — 6 j
et de là résulte, comme il importait essentiellement de le démontrer,
que l'équation C£ = o est une conséquence des relations ^ = o et
é = o. «
THERMOCHIMIE. ~ Sur Id chaleur de formation de l'hydrate de chloral.
Note de M. Berthelot.
(i 1. L'hydrate de cliloral, composé découvert il y a cinquante ans
par M. Dumas, a pris dans ces dernières années une importance inat-
tendue, non seulement par ses applications médicales, mais aussi par son
rôle dans une question de pure doctrine. Les partisans de la théorie ato-
mique ont pensé, peut-être à tort, qu'il importait à leurs opinions de nier
l'existence même de ce composé sous la forme gazeuse. Je ne sais si celle
conséquence est nécessaire, mais je vais apporter de nouvelles preuves
pour établir que le chloral gazeux et l'eau gazeuse se combinent avec
dégagement de chaleur et sans changer d'état.
Il 2. Ce n'est pas que la combinaison s'opère immédiatement sur la tota-
lité des deux gaz composants mis en présence : j'ai déjtà fait connaître des
expériences établissant qu'il n'en est pas ainsi, c'est-à-dire que le chloral
gazeux mis en présence de l'eau constitue, dans les premiers moments, un
système distinct de la vapeur d'hydrate de chloral ('). Les expériences
( ' J On aurait pu déjà penser cju'il en est ainsi, tl'aprùs ce fait bien connu rjiie l'odeur
( "3 )
négatives que notre éminent confrère, M. VVurtz, a publiées récemment
snr cette question n'étaient donc pas démonstratives. Elles ont été faites
d'ailleurs avec un appareil entouré de masses d'eau considérables, dont le
contact, médiat ou immédiat, enlève toute sensibilité aux mesures et ne
permet pas de constater les faibles variations de température d'une petite
masse gazeuse, placée dans son intérieur. J'ai pensé cependant qu'il y avait
lieu de rechercher, malgré ces essais infructueux, sila combinaison, même
partielle et incomplète, de la vapeur d'eau et du chloral gazeux, telle qu'elle
peut s'effectuer pendant un mélange de courte durée, dans un appareil
suffisamment délicat, ne donnerait pas lieu à une élévation de tempéra-
ture sensible au thermomètre.
» 3. Voici l'appareil que j'ai employé. Il se compose d'une boule de
verre mince, dont le diamètre égale o™,o4o. Cette boule porte à sa partie
inférieure une tubulure verticale, large de o™,o 12, et par laquelle les vapeurs
s'écoulent au dehors. A la partie supérieure de la boule se trouvent trois
tubulures : l'une centrale et verticale, large de o™,oo8, destinée à recevoir
un thermomètre sensible et plongé dans le mélange gazeux; à droite et
à gauche, deux tubulures inclinées et se faisant vis-à-vis, dont l'une amène
la vapeur d'eau, et l'autre, contournée en serpentin, la vapeur de chloral.
Ce petit appareil est placé dans un cylindre de verre mince, qui l'enveloppe
et qui est fermé en haut et en bas par deux bouchons horizontaux. Le bou-
chon supérieur porte cinq trous, dont trois traversés par les tubulures de
la boule; le quatrième porte un tube destiné à recevoir un thermomètre
immergé dans la vapeur d'eau; le cinquième amène un courant de vapeur
d'eau, lequel circule autour de la boule, élève à 100° tout l'espace intérieur
du cylindre et s'échappe au dehors par un tube incliné, traversant le bou-
chon inférieur. La large tubulure de la boule sort à côté et s'ouvre à o", 002
ou o™, oo3 au-dessous d'une couche d'eau froide, placée dans un vase à
précipité. L'appareil entier n'est guère plus gros que le poing : il est fort
simple et facile à construire. La masse des gaz qui réagissent dans la boule
est comparable à celle de la vapeur d'eau qui circule dans l'enveloppe;
enfin, les propriétés connues de cette même vapeur d'eau et le rôle de sa
chaleur latente assurent la constance de la température de l'enceinte, au
du chloral est tout à fait distincte de celle de l'hydrate de chloral; elle est bien plus ir-
ritante et suffocante. L'hydrate de chloral existe donc, comme gaz distinct du chloral, dans
l'atmosphère. D'ailleurs, celle-ci renferme ordinairement bien plus de vapeur d'eau qu'il n'en
faudrait pour changer en hydrate les tracts de chloral anhydre que l'on y perçoit : ce qui
prouve, par surcroît, que la combiuaison n'est pas instantanée.
C.R., 1880, I" Semestre. (T. XC, N" 3.) ' ^
( l'/i )
milieu de laquelle la réaction va s'accomplir, bien mieux que ne pourrait le
laire l'emploi d'un bain liquide.
Vapeur d'eau.
Vftlieur decliloral
,^^ > apeur d eau.
Vapeur d'eau.
Appareil pour démontrer la chaleur dégagée par l'union
des vapeurs d'eau et de ehloral.
)) Je vais donner le détail même de mes expériences, c'est-à-dire la
marche de deux thermomètres semblables et juxtaposés : l'un plongé dans
l'enceinte, l'autre dans la boule où s'opère le mélange du ehloral gazeux
et de l'eau gazeuse. Le ehloral employé était pur ; quelques grammes de ce
corps, dissous dans une proportion d'eau convenable, puis mélangés avec
de l'azotate d'argent, fournissaient une liqueur absolument limpide, au
moins dans les premiers moments : ce qui prouve l'absence complète d'a-
cide chlorhydrique libre. Par surcroit, le ehloral a été rectifié à la tempéra-
ture fixe de 98° (dans les conditions de la distillation). Les deux thermo-
mètres avaient été étudiés et vérifiés avec soin.
» I.es deux liquides, chloral et eau, étaient chauffés sur des becs de gaz
unis de robinets, qui permettaient de régler les ébullitions à cliaque
m
instant. Voici les observations
» On fait passer la vapeur d'eau dans l'enceinte :
Tlierraomètie Thermomètre
de l'enceinte. de la boule.
... ° °
Apres quelques minutes 99>8 (') 99>7
Après une nouvelle minute (première). og,8 99>7
.1 On fait bouillir l'eau et le chloral, et l'on fait arriver les deux vapeurs
simultanément dans la boule :
Thermomètre Thermomètre
de l'encointp. de la boule.
fi o
3« minute 91) , 8 1 00 , i
4^ " 100,0 100,3
S"" » : 100,1 io3,o
1) On fait arriver un peu plus de vapeur d'eau :
Thermomètre Thermomètre
de l'enceinte. de la boule.
o o
6' minute 99,7 100,4
7'"' ' 99'4 '00,4
8" « 99 ) '■ 1 00 , a
9° " 99'S
10' » 1 00 , I T o I , l
I ?' >■ 1 00 , I I O I . I
i4° ' 100,2 101,0
l5'^ •' 100,?. 101,1
17'" » 100,?. 101,0
)) Ainsi, depuis l'inslant où les vapeurs se sont rencontrées et pendant
toute la durée de l'expérience, le thermomètre de la boule s'est maintenu
à une température plus haute que le thermomètre de l'enceinte.
» Ce qui a semblé plus décisif encore, c'est que la température de la
boule a surpassé celle de l'ébullition de l'eau de i" environ, pendant près
de dix minutes; sans parler de la brusque élévation du début, qui pourrait
être mise sur le compte de quelque cause accidentelle.
» Le thermomètre de l'enceinte a même paru subir l'influence de la cha-
['] Pression atmosphérique, 0^,758; ce qui répond à 99°, q comme point d'ébullition
de l'eau.
("6)
leur rayonnée par la boule juxtaposée, autant qu'il est permis de répondre
de o, I à o, 2 dans ce genre d'essais.
» Pendant ce temps, 2^^^ à So*-' de chloral ont distillé. L'hydrate de
chloral résultant se dissolvait à mesure dans l'eau échauffée du vase infé-
rieur, quelques gouttelettes même de chloral liquide non combiné descen-
dant dans l'eau en nature avant de s'y dissoudre en totalité : ce qui prouve
le caractère incomplet de la combinaison, quoique la distillation fût bien
plus lente cette fois que dans mes anciens essais.
» Mais, si l'on parvient à manifester l'élévation de température qui résulte
de l'union du chloral gazeux et de l'eau gazeuse, en en réglant la pro-
portion relative, comme je l'ai fait plus haut, je dois ajouter que cette
opération est délicate et que rien n'est plus facile que d'observer dans la
boule des températures égales ou inférieures à celles de l'enceinte : il suffit
d'y faire arriver soit un excès de vapeur d'eau, ce qui égalise les tempéra-
tures, soit un excès de vapeur de chloral, ce qui abaisse la température
intérieure. C'est ce que j'ai pris soin de vérifier, à dessein, en poursuivant
l'expérience.
» On fait arriver la vapeur d'eau en abondance :
Theniiomètre Thermomètre
de l'eiiceinle. de la Ijoiile.
i8* minute 99)^ 99'^
« On fait arriver alors la vapeur de chloral en excès :
Tliennomètre Thermomètre
do lenceiiite. de la lioule.
o o
ao' minute 99i6 9^,4
» Il serait donc facile d'obtenir des résultats négatifs, si l'on ne prenait
pas un soin minutieux pour régler les proportions relatives des deux va-
peurs introduites dans la boule.
» On a fait alors la contre-épreuve, en ralentissant la vaporisation du
chloral :
ThcrmomcHie Tlieiiiiomèlre
de reiiceinte. i\r la boule,
o u
2 1" minute 99 > 4 ioo,o
22" 99,7 100,8
23" .. 99,5 ioo,8
24' ■' 99î4 ioo,g
25" » 1 OO , 2 I O I , t "
( "7 )
» L'expérience a été poursuivie encore pendant dix minutes. Le thermo-
mètre de la boule accusait lou jours un excès sensible sur celui de l'enceinte.
Cependant, la proportion du chloral diminuant, la vapeur d'eau finit par
refluer jusque dans la cornue qui le renferme. On enlève alors celte cornue.
» Comme dernier contrôle, on fait alors circuler la vapeur d'eau seule,
ce qui fournit :
Thermomètre Thermomètre
de l'enceinte. de hi l)oule.
O 11
40'' minute 100,1 100,1
au lieu de 99,9, observé sous la même pression: résultat qui accuse un
léger déplacement du point 100 des instruments depuis l'époque, récente
d'ailleurs, de sa détermination; le fait est bien connu des physiciens. Mais,
que l'on adopte la valeur initiale 99,9 ou la valeur finale 100,1, il n'en de-
meure pas moins acquis que la température de l'espace oii les deux vapeurs
se sont rencontrées est demeurée supérieure, pendant plus de vingt-ciuq
minutes, de 1° environ à celle de l'enceinte ambiante et à la température
même de la vapeur d'eau formée sous la pression normale.
)) Ce résultat est décisif: il prouve que le chloral gazeux et l'eau ga-
zeuse, par leur mélange à 100°, dégagent de la chaleur. Si ce résultat n'a
pas été aperçu par M. Wurtz, c'est à cause du défaut de sensibilité de ses
appareils, l'élévation de température produite étant très faible par les rai-
sons suivantes : la combinaison, même totale, dégagerait peu de chaleur; la
combinaison est progressive et s'accomplit seulement sur une fraction des
composants, même rigoureusement mélangés, étant donnée la courte durée
du contact des gaz au sein de la boule, qu'ils traversent rapidement; enfin
le mélange des gaz est fort imparfait dans ces conditions et leurs pro-
portions relatives sont mal réglées, conditions dont la moindre exagération
suffirait pour rendre les expériences négatives. On voit pourquoi celles-ci
ont peu de valeur en pareille matière. Le résultat positif que mes essais
manifestent n'eu est que plus démonstratif. Il prouve, je le répète, que
l'hydrate de chloral gazeux se forme avec dégagement de chaleur.
M J'étais déjà parvenu à cette conclusion par une méthode inverse et qui
ne démontre pas seidement l'existence du dégagement de chaleur, mais qui
en fournit la mesure totale, parce qu'elle prend comme point de départ le
composé tout formé ('). Il suffit de mesurer, d'une part, la chaleur dégagée
{'] Annales de Chimie et de Physique, 5° série, t. XII, ]>. 547.
( mS)
lorsque l'hydrate de chloral gazeux se dissout daus une grande quantité
d'eau et, d'autre part, lorsque le chloral anhydre gazeux et l'eau gazeuse,
pris séparément, éprouvent la même transformation, l'état final étant iden-
tique et démontré tel. La différence entre les deux résultats, évaluée par
deux procédés distincts, a été trouvée, pour lôS'^'', 5 d'hydrate de chloral,
comprise entre + t , 48 et 4- i ,96; le dernier nombre paraissant plus voi-
sin de la réalité. Leur écart permet d'apprécier le degré de précision que
l'on peut espérer de ce genre d'essais, précision limitée, car la grandeur des
erreurs ici est absolue et non proportionnelle aux nombres observés; ce
serait en méconnaître le caractère que de les a|)précier autrement.
» Quoi qu'il en soit, tous les nombres obtenus sont positifs et ils ex-
priment la chaleur dégagée, c'est-à-dire l'énergie perdue par la combinai-
son du chloral gazeux et de l'eau gazeuse. Le signe du phénomène qu'ils
annoncent est confirmé par mes nouvelles expériences.
» J'ai fourni le détail des justifications indispensables à leur contrôle, et
il me paraît démontré, par les expériences qualitatives, aussi bien que par
les expériences quantitatives, que le chloral gazeux et l'eau gazeuse se
combinent avec dégagement de chaleur, pour former l'hydrate de chloral
gazeux. »
CHIMIE. — Note sur r hydrate de chloral ; ^nv M. Ad. Wurtz.
« La Note insérée dans les Comptes rendus du 12 janvier par M. H. Sainte-
Claire Deville ne contenant ni un fait ni un argument nouveau, je crois
pouvoir me dispenser d'y répondre.
» En ce qui concerne les expériences dont notre confrère M. Berthelot
vient d'entretenir l'Académie, je ferai remarquer :
» 1° Que l'appareil à double enceinte que j'ai employé dans mes der-
nières expériences réalise précisément les conditions qu'il a observées dans
son appareil : la boule où les vapeurs se rencontrent est entourée d'une se-
conde enceinte chauffée par les vapeurs mêmes qui ont traversé la première,
où plonge le thermomètre;
» 2° Que le chloral renferme toujours une petite quantité d'acide chlor-
hydrique contre lequel il faut se mettre en garde; aussi ai-je toujours
observé la précaution de faire bouillir d'abord le chloral et de ne faire
arriver la vapeur d'eau qu'au moment où les premières portions du chloral
avaient déjà passé dans le récipient.
( "9 )
» Dans ces conditions je n'ai jamais observé la moindre élévation de
température, soit à la pression ordinaire, soit à basse pression. J'ai constaté
au contraire, un petit abaissement de température, dans mon appareil, toutes
les fois qu'il a pu se condenser une trace de chloral hydraté sur le thermo-
mètre ou dans la première enceinte. M. Berthelot, opérant dans un autre
appareil, a observé une légère élévation de température : avant de me pro-
noncer, je demande la permission de prendre connaissance de son appareil
et d'étudier les conditions où il a opéré. >>
HYDRAULIQUE. — ISole sur iulililé des lames courbes concentriques pour
amorcer aller nativement les siphons nu inojen d'une colonne liquide oscil-
lante. Note de M. A. de Caligny.
« Les lames courbes concentriques, au moyen desquelles j'ai depuis
longtemps diminué la résistance de l'eau dans les coudes brusques, peuvent
être employées à empêcher l'air de gêner l'écoulement dans les grands
siphons alternativement amorcés par une colonne liquide oscillante.
» Quand les siphons, amorcés par un mouvement de bas en haut, ont
un assez petit diamètre, la colonne liquide qui s'y élève jusqu'à leur som-
met, puis se recourbe jusqu'à ce qu'ils soient amorcés en vertu du mou-
vement acquis de l'eau dans la première branche, n'est pas divisée par
l'air. Il y a même un instant d'hésitation lorsque le mouvement acquis
dont il s'agit n'est pas assez fort, de sorte que la cçlonne liquide peut dans
ce cas revenir en arrière, sans que le siphon soit amorcé. On conçoit qu'il
y a nécessairement une limite quant à la grandeur du diamètre d'un
siphon ordinaire, dans chaque circonstance donnée, au delà de laquelle
la colonne se divise en entrant dans la seconde branche, de sorte que
celle-ci peut ne pas couler suffisamment pleine et que d'ailleurs il peut
rester de l'air au sommet du siphon, de manière à gêner plus ou moins
l'écoulement de l'eau.
» Il n'est pas nécessaire, pour obvier à cet inconvénient, de diviser le
siphon de manière à le composer de plusieurs tubes ayant des sections
circulaires ou carrées : il suffit de le diviser en plusieurs parties au moyen
de lames courbes concentriques s'étendant sur toute la largeur de la sec-
lion, parce que ce n'est point dans la largeur, mais dans la hauteur des
sections, que consiste la difficulté de chasser l'air d'une manière conve-
nable. Les siphons ayant des sections quadi angulaires paraissent être,
( I20 )
d'après cela, ceux dont l'emploi sera le plus commode. Dans des expé-
riences que j'ai faites à Cherbourg, en septembre 1879, sur un appareil
ayant un but très différent, j'ai eu occasion d'observer le mouvement de
l'eau de bas en haut entre des lames courbes concentriques disposées
dans un coude ayant des sections rectangulaires, et j'ai eu occasion de
constater, ce qui était d'ailleurs évident, la régularité avec laquelle l'air
était chassé entre ces lames par le mouvement ascensionnel d'une colonne
liquide.
» La possibilité d'élargir les siphons au lieu de leur donner une section
circidaire ou carrée a donc un avantage essentiel. On conçoit d'ailleurs
que, si la section était circulaire ou carrée, il y aurait d'assez grandes
différences pour les siphons ayant des sections considérables entre les
hauteurs auxquelles seraient les sommets des siphons partiels formés par
les lames courbes concentriques. Or, au delà de certaines limites, cela
pourrait changer les conditions de l'emploi du mouvement acquis de bas
en haut pour amorcer les siphons concentriques, de plus en plus longs
à mesure qu'ils seraient plus élevés. Ceux qui seraient les moins élevés
employant une partie du mouvement acquis de l'eau de bas en haut, ceux
qui seraient à la fois les plus élevés et les plus longs pourraient être plus
difficiles à amorcer dans certaines limites.
» Les considérations objet de cette Note modifient d'une manière
intéressante l'étude des fontaines inlermitlentes oscillantes ou appareils à
élever de l'eau, de mon invention, au moyen d'une chute d'eau sans au-
cune pièce quelconque mobile. J'ai publié sur ces appareils un Mémoire
dans le Journal de Mathématiques de M. Liouville, en i84i. Ils avaient été
présentés avec bienveillance à l'Institut par M. Arago depuis le 5 no-
vembre i838, parce qu'ils peuvent servir à l'explication de quelques fon-
taines intermittentes naturelles. Dans les expériences que je 6s sur un de
ces appareils en iSSg, j'avais diminué graduellement, dans le sens de la
hauteur, la section du sommet d'un siphon alternativement amorcé par une
colonne liquide oscillanle. Mais les considérations exposées ci-dessus per-
mettent bien mieux d'éviter les difficidlés résultant de cette manière d'a-
morcer les siphons et montrent d'ailleurs combien il est toujours utile
de présenter des principes bien nouveaux, même quand on ne voit pas
encore les moyens de les appliquer immédiatement à l'industrie. »
( >2. )
ACOUSTIQUE. -- Simplification des appareils audiphones américains destinés
aux sourds-muets. Note de M. D. Colladon.
« J ai l'honneur de communiquer à l'Académie le résumé d'expériences
récentes, entreprises dans le but de procurer aux sourds-muels des appareils
très simples et cependant assez efficaces pour qu'ils puissent distinguer les
sons musicaux et même la parole (').
» Vers la fin de 1879, un inventeur américain, M. R.-G. Rhodes, de
Chicago, a pris une patente pour un appareil qu'il a appelé audiphone, et
dont l'efficacité remarquable a été constatée par un grand nombre d'ex-
périences, faites aux États-Unis d'Amérique pendant les mois de septembre,
octobre, novembre et décembre 11^79. Quelques essais, entrepris dans des
instituts de sourds-muets, ont démontré que, par l'usage de cet instru-
ment, beaucoup de sourds-muets arrivent assez promptement à distinguer
les sons musicaux de quelques instruments, et même les articulations de
la voix, et qu'avec le secours de cet audiphone leur éducation orale se
trouve considérablement abrégée. Des résultats favorables ont été aussi
constatés pour des personnes atteintes de surdité simple.
» L'instrument de M. Rhodes (^) est fabriqué en caoutchouc durci et
ressemble à un de ces écrans de cheminée que l'on tient à la main. L'écran
proprement dit, ou disque, est une large lame de caoutchouc durci, munie
d'un manche de même matière; sa largeur est d'environ o'", 24 et sa lon-
gueur de o'",3o. Les trois côtés voisins du manche sont rectangulaires ; le
quatrième côté, opposé à la poignée, est découpé en arc de cercle. Près
du sommet de cet arc de cercle, sont attachés des cordons qui aboutissent
à une ouverture pratiquée au haut de la poignée. En tendant fortement les
cordons, on force la partie la plus éloignée du manche à se courber comme
un arc tendu, et un petit encliquetage, fixé vers cette ouverture, permet
de rendre la tension permanente. En appliquant ensuite l'extrémité de la
partie recourbée contre les dents de la mâchoire supérieure, les personnes
sourdes entendent les bruits avec une sonorité très remarquable et dis-
tinguent assez bien les paroles articulées et toutes les notes des instruments
de musique.
( ' ) Le prix de ces nouveaux appareils ne dépasse guère o'"', 5o. Ils peuvent aussi, dans
certains cas, être utilisés par des personnes chez lesquelles le sens de l'ouïe est fort altéré.
(-) 'Le Journal illustré de Leslie So, l" Semeltre. (T.XC, N" 3.)
.6
( '22 )
» Les sourds-inuefs chez lesquels les nerfs de l'audition ne sont pas
totalement atrophiés peuvent, avec le même instrument, distinguer presque
immédiatement les sons musicaux, hauts ou bas, de plusieurs instruments,
et ceux de la voix humaine lorsqu'ils sont émis avec force près de l'appareil.
S'ils ont déjà appris à prononcer des sons bien distincts et à articuler des
mots, ils pourront, après un très court apprentissage, dirigé par un insti-
tuteur expérimenté, comprendre des mots ou des phrases, et les répéter
distinctement; ils pourront aussi entendre leur propre voix, ce qui faci-
litera puissamment leur éducation orale. L'emploi de ces audiphones peut
donc être un véritable bienfait pour les institutions de sourds-muets et
pour la plupart de ceux qui sont affligés de cette infirmité.
)) Malheureusement, le prix des écrans audiphones de caoutchouc durci
est assez élevé; ils se vendent à Chicago, selon leur grandeur, depuis lo
jusqu'à i5 piastres; leurs dimensions possibles sont assez limitées et le
caoutchouc durci est fragile par les temps froids.
» J'ai été consulté, il y a une dizaine de jours, sur l'efficacité d'un de
ces appareils, importé d'Amérique, et sur son effet utile pour les personnes
atteintes de surdité simple, comparativement à celui qu'on obtient avec
des cornets acoustiques perfectionnés. Après l'avoir essayé et in'étre con-
vaincu de sa puissance pour recueillir les sons et les transmettre aux organes
intérieurs, il m'a semblé pi'obable que des appareils plus simples, com-
posés d'autres substances, pourraient rendre les mêmes services acoustiques
avec une dépense beaucoup moindre.
» J'ai fait de très nombreux essais sur îles lames minces de natures
diverses, métaux, bois, etc.; enfin, j'ai découvert ime variété de carton
mince laminé qui doiuie les mêmes résultats que le caoutchouc durci et
qui permettrait d'obtenir à o*^', 5o environ, au lieu de So^'\ des appareils
»le même puissance acoustique.
» Les cartons qui m'ont donné ces résultats favorables portent, dans le
commerce, le nom de carions à satiner, ou carions li orties; ils sont remar-
quablement compactes, homogènes, élastiques et tenaces; ils sont aussi
très souples, et, pourvu que leur épaisseur ne dépasse paso'",ooi , une légère
pression de la main, qui soutient un disque découpé dans une de ces
feuilles de carton, tandis que sou extrémité convexe s'arc-boute contre les
dents de la mâchoire supérieure, suffit pour lui donner une courbure
convenable, variable à volonté, sans fatigue pour la main ou les dents.
Ainsi, un simple disque de ce carton, sans manche, sans cordons ni fixateur
de tension, devient un audiphone tout aussi puissant que les appareils de
( '23 )
caoutchouc de l'invenfeur américain. On peut rendre la feuille de carton
imperméable en imbibant la partie convexe, celle qui s'appuie contre les
dents, d'iui enduit hydrofuge qui résiste à la vapeur de l'haleine.
)) Je me suis assuré que les sons peuvent être transmis aux dents supé-
rieures avec la même netteté en se servant d'une petite touche ou pince en
- Oj\ ôO_
bois dur, de la dimension d'une sourdine de violon ou de violoncelle, munie
d'une fente dans laquelle entre à frottement dur l'extrémité supérieure du
disque, et en appuyant cette pince contre les dents supérieures (').
» Entre diverses séances d'essais, auxquelles ont assisté des sourds-
muets, j'en citerai une qui vient d'avoir lieu le i4 de ce mois en présence
de quelques personnes, et notamment de l'habile instituteur de sourds-
muets M. Louis Sager. M. Sager avait amené huit élèves sourds-muets,
formés par lui, comprenant les phrases par le mouvement des lèvres de leur
instituteur et prononçant plusieurs mots très distinctement.
» On a d'abord vérifié quels étaient ceux qui pouvaient percevoir de
très près les sons d'un grand piano, et l'on a déterminé la distance à laquelle
ils cessaient d'en être affectés sans appareil acoustique; quelques-uns ne
ressentaient les vibrations que par les mouvements du parquet, recouvert
(') Mes essais nie font entrevoir que l'épaisseur la plus convenable tles cartons est
comprise entre o"',ooo8 et i)"',ooi, et que les liimensions des disques de grandeur moyenne
peuvent être convenablement fixées à o"',9,8 ou o"',3o de largeur, sur o"',35 à o"',38 de
hauteur maxima. En augmentant ces dimensions, la puissance est augmentée, mais cette
augmentation n'est pas proportionnelle à l'étendue de la surface.
Je m'occupe à faire varier les formes des lames vibrantes et à combiner les ell'ets de lames
multiples conjuguées; mais ces essais sont trop récents pour que je puisse en présenter ac-
luellenient les résultats.
( 124 j
d'un tapis. Lorsqu'ils ont été munis de l'andiphone, ils ont tous indiqué
que la sensation des sons était transmise distinctement à la tête, tantôt
d'un côté, tantôt de l'autre, selon les individus. On a pu constater que,
leurs yeux étant bien fermés, ils discernaient nettement les notes hautes des
notes basses du piano, et aussi les sons du piano de ceux du violoncelle.
La plupart étaient peu impressionnés par les sons du violon, surtout dans
les notes hautes, qu'ils n'entendaient pas, ou fort peu.
M Enfin, d'autres expériences ont permis de constater que des paroles
prononcées très près de l'autliphone peuvent être perçues par les sourds et
muets, et même répétées distinctement par eux, pourvu qu'on les ait
soumis à une préparation préalable.
)) Quant aux personnes dont l'ouïe est altérée et surtout à celles qui ont
delà peine à supporter le contact d'un corps solide avec l'ouverture de
l'oreille, des disques de carton aurliphones peuvent remplacer l'emploi
des cornets acoustiques, et ils ont l'avantage d'être incomparablement
moins coûteux. »
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
M. le Ministre de la Guerre prie l'Académie de vouloir bien inviter la
Commission des paratonnerres à lui faire connaître son opinion sur les
idées émises dans l'Ouvrage publié par M. Melsens sous le titre « Des para-
tonnerres à pointes, à conducteurs et à raccordements terrestres mul-
tiples ').
(Renvoi à la Commission des paratonnerres.)
M. Martha-Becker adresse une Note relative aux phénomènes des
hivers rigoureux,
(Renvoi à l'examen de M. Hervé Mangon.)
M. F. BiLLiÈRE, M. AuBRÉviLLE adressent diverses Communications rela-
tives au Phylloxéra.
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
125 )
CORllESPOI\DAl\CE.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance, une brochure de M. V ahhè Moigno, intitulée « Les droits
de tous; principes fondamentaux, etc. ».
M. ['Inspecteur général de la Navigation adresse les états des crues et
des diminutions de la Seine, observées chaque jour au pont Royal et au
pont de la Tournelle, pendant l'année iSyc).
Les plus hautes eaux ont été observées au pont Royal, le 9 janvier, à
G™, 21, et au pont de la Tournelle, les 8 et 9 janvier, à 5'", 1 5 ; les plus
basses eaux au pont Royal, les 10, 1 5 et 17 octobre, à i"',67, et au pont
de la Tournelle, le 10 octobre, à o"',07.
La moyenne a été de 2'", 72 au pont Royal et de i'",53 au pont de la
Tournelle.
La Seine a commencé à charrier le 4 décembre et les glaces se sont arrê-
tées le 10 du même mois.
M. le Secrétaire perpétuel informe l'Académie qu'elle a reçu du Consul
de France à Glascov^r une Communication relative à la production artifi-
cielle du diamant. I/auteur, par une information personnelle dont M. Dau-
brée a eu connaissance, demande qu'il ne soit donné auciuie suite à cette
dépêche.
M. le Secrétaire perpétuel donne lecture d'un passage d'une Lettre qui
lui est adressée, et dont l'auteur propose, pour éviter les désastres que
pourra produire la débâcle de la Loire, de scier par morceaux la banquise
qui couvre le fleuve aux environs de Saumur.
M. le Secrétaire perpétuel fait remarquer, à cette occasion, que, si ses
souvenirs sont exacts, un moyen semblable a été employé eu i855, par
l'expédition dont faisait partie M. l'amiral Paris, pour dégager des glaces
les navires qui y étaient emprisonnés ('). L'Académie entendrait sans doute
avec intérêt les détails que notre confrère voudrait bien lui donner à cet
(') Au commencement de ce siècle, l'ingénieur Vcnatz a sauvé la ville de Wiège, dans
le Valais, en sciant une immense banquise de glace qui la menaçait et derrière laquelle se
trouvait un lac qui aurait produit sans doute une inondation formidable.
( Noie de M. le Sccrclain- iierpétucl. \
( I2(^)
égard et qui pourraient peut-être recevoir leur application dans les cir-
constances actuelles.
M. l'amiral Paris, interpellé, demande la parole et s'exprime comme il
suit :
« La petite division navale laissée à la garde de Kil-Bouroun par
l'amiral Bruat après la prise du fort avait l'ordre de se tenir dans l'in-
térieur du grand lac nommé le Liman du Boug et du Dnieper et de rester
aussi près que possible du fort pour battre la longue plage de sable que
forme la flèche deKil-Boiuoun. Les batteries flottantes furent amarrées avec
une ancre et une chaîne de vaisseau à trois ponts et leurs propres ancres.
Les canonnières et la bombarde furent approchées. Une première gelée
survenue à la fin de novembre produisit une épaisseur de glace de o", lo
à o'",i2, qui, lorsqu'elle se rompit, cassa une chaîne de trois ponts de l'une
des batteries, qui fut jetée hors du Liman et resta tout l'hiver en pleine
côte, tandis qu'une autre batterie traîna son ancre à plus de 2'*™ et resta
éloignée du fort lorsque la division fut définitivement prise dans les glaces
pour le reste de l'hiver. L'épaisseur s'accrut rapidement jusqu'à i" et
permit de transporter sur des traîneaux non seulement les vivres, mais
une ancre de 2000''^ à aSoo''^ déposée à terre. Il en résultait qu'une attaque
sur la glace était très possible et que la petite élévation des navires en aurait
permis l'escalade, d'autant plus que les canons de 5o ne pouvaient guère
élre employés contre des hommes, bien qu'ils en eussent dix pour leur
( 127 )
service ou plutôt à cause de ce nombre. II était doue naturel de chercher
une défense dans des fossés maintenus pleins d'eau, et, après divers essais,
on reconnut que la taille à la haclie était très lente, difficile avec une
grande épaisseur, et qu'elle couvrait les hommes de gouttes d'eau projetées
et bientôt gelées quand on arrivait à la partie inférieure. On eut alors l'idée
de faire des scies avec de la tôle de o'", oo3 à o'",oo5, coupée siiiiplement
à la tranche, ayant sur leur plat un trou à la partie inférieure pour y atta-
cher un boulet estropé, tandis qu'en haut la tôle, chauffée, avait éié gauchie
et retournée pour former une douille dans laquelle passait une traverse en
bois pour mettre quatre hommes, comme sur lesbringueballes des pompes
à incendie. La denture était grosse comme celle d'un harpon, mais trian-
gulaire au lieu de pointes séparées et pas ou peu inclinée vers le bas. La
longueur était de a'" environ. Tant que la glace fut dure avec des froids
au-dessous de — 20°, ces scies ne mordaient guère et le travail était lent,
mais elles s'émoussaient peu et il fallait rarement les limer.
» On les employa d'abord à découperdes parallélépipèdes de la dimension
des grosses pierres de taille sortant des carrières deParis, et, quand ils étaient
détachés, on passait dessous des cordes en trévire, comme pour monter ou
descendre des barriques, et avec des barres de cabestan ou des avirons on
soulevait le bloc sur la glace. C'est ainsi que chaque navire était entouré
d'un fossé de 3" environ ou plus, en conservant quatre nervures pour le
rendre immobile et permettre ainsi le pointage anticipé en cas d'attaque.
Il fallait casser la glace jusqu'à deux fois par nuit pour maintenir la nappe
liquide.
( )a8 )
» Lorsque le dégel commença à diminuer l'épaisseur de laglace et que la
crainte delà débâcle rendit important de dégager les navires les plus voisins
du bout de la flèche de Kil-Bouroun, les mêmes scies lurent employées à dé-
gager un navire nolisépar laguerre(' ) au moyen de deux traits descie dirigés
en V ouvert, puis une batterie flottante, pour laquelle on fit deux traits de
scie, l'un de i loo'", l'autre de 700™ à 800"', en suivant une ligne bien dressée
de piquets et de lignes de sonde; car la largeur d'un trait de scie est si petite,
que, s'il y avait eu des ondulations, elles se seraient engrenées et le glaçon au-
rait été retenu. Lorsqu'il y avait de la gelée pendant la nuit il fallait recom-
mencer le lendemain; mais le dégel élargissait très promptement la cou-
pure. On a ainsi creusé encore un canal de u™ de large sur 700"" de long
pour dégager une canonnière en faisant passer les glaçons derrière elle par
un surcroît de largeur du canal et à mesure qu'on la faisait avancer.
» Tout ce qui précède n'est que pour montrer que, pour couper la
glace, il ne convient pas d'employer la hache, à cause de ce qu'elle laisse
dans la fente, du peu dont elle enfonce à chaque coup et enfin de l'eau
qu'elle projette sur les hommes, mais que la scie est préférable et qu'elle
ne doit pas être trop mince, surtout quand la glace devient molle.
» Je crois donc que dans une rivière, où l'on a un courant pour enlever
à mesure les glaçons, ce qui manquait à Kil-Bouroun, il y a grand profit
de temps et de travail à employer la scie. Il me semble que des traits per-
pendiculaires au courant et pas trop éloignés doivent laisser partir de longs
glaçons, qui se cassent en route, et évitent de scier en damier. C'est ce
qu'une courte expérience montrera facilement. Mais l'homme reste tou-
jours bien petit lorsqu'il est forcé de lutter contre la nature. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Siiv une classe d'équalions différentielles linéaires.
Note de M. E. Picard, présentée par M. Hermite.
« Les recherches de M. Hermite sur l'équation de Lamé ont appelé
l'attention sur les équations linéaires du second ordre
cVy dy
où p et q sont des fonctions doublement périodiques de première espèce,
aux périodes 2K et 2iR'. J'ai montré [Comptes rendus, 21 juillet 1879) que,
[ ' ) La yiace avait alors de o'", 20 à o"', 3o d'épaisseur.
( I2() )
si cette équation admet une intégrale uniforme n'ayant clans tout le plan
qtie des pôles, cette intégrale pourra être exprimée au moyen des fonc-
tions TI, 0, ... de Jacobi. Je me propose de faire voir aujourd'hui que le
même résultat s'étend à une équation linéaire d'ordre quelconque, où les
coefficients sont des fonctions doublement périodiques de la variable.
)) Considérons une fonction uniformey^(x) telle que l'on ait
iy(^ + 2/«K) = A,y(.r)
^ I +Ao/(,x + 2K) + ...H-A,„/[a'4-2(w-i)K],
(y(^ + 2'«'K') = B,/(.r)
^^' { 4- BJ'{ ce + 2 /K' ) -[--.. . + B,„/ [a- -j- 2 ( m - I ) /R' ],
les A et les B étant des constantes, et m un entier positif. J'envisage l'ex-
pression
(:■)) f[x H- 2(hz - i)K] -I- ix,f[x 4^ 2{m - 2)K] + . . .-l- p.„, ,/(.r).
On peut choisir les constantes p.,, fj-o, ..., p.,„_i de manière que cette
fonction se reproduise à un facteur constant près par le changement de
jc en a.- -+- 2K; il suffira que l'on ait
A,„ + fA, — '- —■■■—. 1 ^
» On forme sans peine l'équation de degré m donnant jn,. Supposons
que cette équation ail ses racines distinctes, ce qui arrivera en général;
nous aurons alors m systèmes de valeurs de /u,,, u.o, ..., [-».,„_( pour les-
quels l'expression (3) se reproduira à un facteur constant près par le chan-
gement de jc en ûc -h iK. On s'assure aisément que le déterminant formé
par ce système en y adjoignant une colonne dont les termes sont égaux
à l'unité n'est pas nul, et l'on en conclut alors que
les m fonctions cp se reproduisant à im facteur constant près, différent pour
chaque fonction, quand on change j: en .%■ H- 2K. En substituant cette va-
leur 34 )
» 1° La Guyane anglaise, donnant le cnrare des Indiens Macusis.
Schomburgk a établi que l'espèce importante de cette région est le Str.
2° La région de la haute Amazone, très étendue, donnant le curare
des Indiens Pebas, du Javari, du Yapura, etc., etc. La plante qui sert de
'base à ce curare a été trouvée lors de l'expédition de M. de Castelnau et
décrite par M. Weddell sous le nom de Str. Castelnœana. Elle est associée
d'ordinaire à une ménispermée, probablement à \ Jbula : c'est le Cocculus
toxicoferus Wedd. M. Jobert et M. Crévaux ont récemment rapporté ces
espèces et confirmé les données de M. Weddell.
« 3° La région du rio Negro. Les racines, tiges et feuilles de l'espèce
importante de cette région m'ont été communiquées lors de l'Exposition
universelle de 1878, et j'ai eu l'occasion de les décrire dans le Journal de
Thérapeutique. La nervation caractéristique des feuilles, la structure ana-
tomique des racines et des tiges nous montrent qu'il s'agit bien d'un Slrycli-
nos qui ne répond à aucune espèce connue et pour lequel je propose
le nom de Str. Gubleri, pour rappeler le dernier travail du savant et regretté
thérapeutiste sur le curare du rio Negro.
» 4° l^'S haute Guyane française, donnant le curare des Indiens Rou-
couyennes et Trios. L'espèce importante est la plante dont j'ai signalé la
structure anatomique dans ma Communication à l'Académie du 22 dé-
cembre 1879. C'est la plus intéressante des deux espèces nouvelles de
Sirjrclwos rapportées par M. J. Crévaux de ses récentes explorations. Elle
porte, sur le bord de la rivière Parou, un des affluents du cours inférieur de
l'Amazone, le nom d'ourari ou urari; mais elle est parfaitement distincte
des plantes qui ont été ainsi désignées dans les autres régions. Elle ne res-
semble en rien au Str. toxifera; elle ne répond exactement ni au Str. Schom-
burgkii ni à la description du Sir. cogens. Je propose de lui donner le nom
de l'intrépide voyageur qui l'a découverte et qui a bien voulu me confier,
dès son arrivée en Europe, les matériaux qui m'ont permis d'en établir les
caractères principaux.
ji Strychnos Crei>au.rii. — Liane de 40" à 4-''"' de haut. Racine à écorce rougeâtre; grosse
tige à érorce grisâtre; bois criblé de lacunes visibles à l'œil. Rameaux nombreux, portant
des cirrhes en crosse, renflés à leur extréniiié, les plus jeunes couverts de poils courts et
jaunâtres. Feuilles médiocrement épaisses, coriaces, longues de o"',o5 à o^joS, courtement
acuminées, atténuées à la base sur un pétiole de o'",oo4 à o",oo5 de long; face supérieure
glabre et luisante; face inférieure opaque, portant des poils rares et courts sur les grosses
( i35 )
nervures et sur le pétiole. Nervure médiane saillante, d'où se détachent, à la base inérae,
deux fines nervures qui courent le long des bords, et, à une certaine hauteur au-dessus de
la base, deux autres nervures, curvilignes et plus marquées, se dirigeant vers le sommet.
Inflorescence axillaire, très courte, à bractées opposées, portant de petites fleurs pédicellées.
Calice à cinq divisions courtes, lancéolées; corolle infundibulifornie, à cinq divisions valvaires
réfléchies après leur développement, couvertes sur la face interne de poils blanchâtres.
Cinq étamines à anthères fixées au filet par le dos. Ovaire globuleux, surmonté d'un long
style, légèrement dilaté et bilobé au sommet. Fruit....
>> Une particularité assez curieuse de cette espèce, c'est la présence, à l'aisselle de beaucoup
de feuilles, de petits rameaux plus ou moins divisés, très grêles. L'axe de ces rameaux et
leurs nombreuses petites feuilles opposées, de o'",oo?. à o™,oo5 de long, sont couverts de
poils courts et recourbés. «
ANATOMIE ANIMALE. — Sur les coiijhteiits linéaires et lacunaires du tissu
conjonctij de ta cornée. Note deM. J. Renaut, présentée par M, Bouley.
« I. La cornée transparente est, comme on sait, formée de lames de
tissu connectif, dans la constitution desquelles le tissu jaune élastique ne
prend aucune part et dont les éléments fibrillaires sont noyés dans une sub-
stance qui les unit et les relie, et qui est analogue à la chondrine. En grande
majorité, ces lames sont superposées, comme les pages d'un livre, concentri-
quementet suivant la courbure générale de la cornée; sur une coupe passant
par le centre de courbure de cette dernière, elles se montrent comme les traits
de cercles concentriques ; je les appellerai lames zonales. Dans l'état normal,
ces lames zonales sont appliquées exactement les unes sur les autres et adhé-
rentes entre elles. L'action des acides faibles (formique, acétique, citrique)
rend cette adhérence moins intime et permet de les cliver. Chez l'homme et
les animaux supérieurs, la solidité du système de lames superposées est en
outre assuré par une disposition particulière. Des faisceaux de fibres, ou
même des lames cornéennes parties du voisinage de la zone élastique posté-
rieure, montent à peu près perpendiculairement à travers les lames zonales
et les relient solidement comme le feraient des chevilles. La direction gé-
nérale de ce système de lames est sensiblement celle de plans méridiens
par rapport à l'ellipsoïde ocidaire; c'est pourquoi je lui ai donné le nom
de système des larnes méridiennes. Si l'on fait une coupe de la cornée et si,
après l'avoir déposée sur la lame porte-objet et recouvei te d'une lamelle,
on la comprime légèrement avec la pointe d'une aiguille à dissocier, les
lames zonales et les lames méridiennes s'écartent mécaniquement les unes
( '36)
des autres, et l'on développe ainsi une série de cavités irrégulières, limitées
en avant et en arrière par deux lames zonales écartées, et latéralement par
deux lames méridiennes qui coupent les premières à angle droit ou plus ou
moins aigu. Ces cavités répondent aux espaces interlamellaires décrits par
M. Henle, Ce sont ces cavités artificielles que l'on met en évidence et que
1 on remplit quand on fait une injection interstitielle de la cornée.
» TI. Les lames zonales sont, dans la cornée de la grenouille [R. escu-
lenta), disposées les unes au-dessus des autres. Elles sont striées par les
fibrilles connectives qui les traversent, et les stries sont, dans une même
lamelle, parallèles les unes aux autres. Dans les lames successives existe
donc une striation générale propre à chacune d'elles et croisée à angle droit,
aigu ou obtus avec le système de striation de la lame qui est au-dessus et
de celle qui est au-dessous. En outre, sur les cornées traitées par le jus de
citron pendant vingt minutes, dissociées, puis examinées dans un mélange
de jus de citron et d'eau iodée à parties égales, on voit que chaque lamelle
est parcourue par un système de fentes.
» Les fentes sont étroites, rectilignes. Leur trait se poursuit sur une lon-
gueur plus ou moins grande dans le sens de la striation fibrillaire de la lame
zonale. Sur ces fentes en tombent une série d'autres dirigées exactement
dans le sens de la striation fibrillaire de la lame qui est au-dessus et de
celle qui est au-dessous. Dans le cas le plus simple, une fente linéaire est
abordée par trois, quatre ou cinq traits, qui tombent sur elle à angle va-
riable. Dans le cas le plus compliqué, les fentes linéaires suivent d'abord la
direction du système de stries propre à la lame considérée, s'arrêtent brus-
quement, prennent la direction d'un système de striation adjacent, re-
prennent leur direction première, reviennent à la seconde, etc., et vont
ainsi rejoindre une autre fente en dessinant une sorte d'escalier.
» Il résulte de ce qui précède que certaines lames zonales de la cornée
sont mises en communication avec les lames adjacentes par un système de
Jentes linéaires dont les confluents sont également linéaires. ■
» III. Mais, ordinairement, entre deux lames fenétrées de cette façon sur
un point limité est comprise une portion de lame zonale parcourue à la
fois par des fentes linéaires et montrant en outre, à intervalles réguliers,
une disposition particidière. Les fentes, au lieu de se croiser sur ces points
à la façon d'un système de lignes droites, présentent à leur lieu de con-
cours une large perte de substance qui intéresse toute l'épaisseur de la
lamelle. J'appelle ces pertes de sid^stanee confluents lacunaires. A leur niveau
la substance propre de la lamelle a cessé d'exister. Les confluents lacu-
( i37)
naires ont un bord festonné; chaque feston saillant en dehors se poursuit
sous forme de fente linéaire, qui va soit rejoindre un feston d'un confluent
voisin, soit former avec d'autres fentes une série de confluents linéaires.
On remarque en oulre qu au-dessus et au-dessous de chaque conjluent les por-
tions de lames cornéennes qui en forment la voûte et le plancher sont
simplement parcourues par des fentes et des confluents linéaires.
» IV. Chaque confluent lacunaire est exactement rempli par le corps
protoplasmique d'une cellule fixe de la cornée. Ce protoplasma forme une
lame aplatie dont l'épaisseur est limitée par celle de la lame à confluents
lacunaires à laquelle il appartient. J.e protoplasma se poursuit, sous forme
d'expansions, dans les fentes linéaires qui partent latéralement du con-
fluent lacunaire et dans celles qui forment sa voûte et son plancher. Ces
expansions vont rejoindre leurs similaires émanées des cellules fixes d'une
même lame ou de celles contenues au sein des lames qui sont au-dessus ou
au-dessous. En vertu de cette disposition, le réseau des cellules fixes est
rendu continu, et ces éléments sont maintenus étalés, par leurs prolonge-
ments pinces dans les fentes, parallèlement à la surface de la cornée. Il est
facile de mettre en évidence les faits qui précèdent en traitant une cornée
de grenouille successivement par l'acide formique au cinquième pendant
dix minutes, puis par le chlorure d'or à i pour loo pendant vingt-quatre
heures, et enfin par l'acide formique au tiers durant le même temps, avant
de la diviser en lamelles. Ces dernières sont alors colorées en violet clair,
les cellules fixes en bleu ardoisé, et les fentes qui partent des coiifluenls
et qui les recouvrent se montrent sous forme de doubles traits noirs,
comme tracés à l'encre, le long desquels la lumière monochromatique
dessine des franges de diffraction.
» Il y a lieu de penser que les lames cornéennes sont, du moins de place
en place, alternativement munies de confluents linéaires et de systèmes de
confluents lacunaires, car la lamelle la plus superficielle, sur laquelle
repose l'épithélium, n'est pas recouverte de larges plaques à bords taillés
en escalier. Cependant de nouvelles recherches me paraissent nécessaires
sur ce point particulier. En tout cas, à la notion d'un système de canaux
du suc doit être substituée, je crois, pour la cornée, celle d'un système
de fentes remplies par les expansions protoplasmiques des cellules fixes. »
C. R., 1880, I" Semestre. (T. XC, N" 3.)
( ^38)
ZOOLOGIE. — Sur la partimtion du Marsouin commun (Phocœna commutiis).
Note de M. S. Jourdai\, présentée par M. Alph. Milne Edwards.
« Le 12 janvier dernier, un pêcheur de Saint- Vaast-la-Hougue (Manche)
m'apporta un Marsouin commun qu'il venait de trouver mort et échoué
sur le rivage de la Hougue. Ce Cétacé était une femelle. L'état de dilatation
de l'orifice génital et la facilité avec laquelle la pression faisait sourdre le
lait des mamelons me donnèrent à penser que cette femelle avait mis bas
récemment.
» Le pêcheur désirant utiliser la chair et la graisse de l'animal, je dus me
contenter de retirer les viscères et de détacher la portion des téguments
qui entourait la vulve et l'orifice anal. Au cours de cette opération, la
pression exercée sur les organes génitaux internes fit brusquement sortir
un fœtus long de o™, 32, possédant déjà la coloration de l'adulte. Je crus
tout d'abord que cette pression, peu ménagée, avait, chez le Cétacé près de
mettre bas, déterminé la déchirure des enveloppes, la rupture du cordon
et l'expulsion brutale du foetus. Je fendis longitudinalement le vagin et les
cornes de l'utérus pour rechercher les annexes du fœtus : à ma grande sur-
prise, il n'en existait aucune trace.
» L'état du vagin et du col utérin indiquait une parturition récente. D'autre
part, il ne me semble pas que la section du cordon puisse être attribuée à
une cause accidentelle,' l'extrémité du tronçon assez court saillant au
dehors de l'ouverture ombilicale étant amincie et flétrie, comme on le voit
chez les Mammifères dans les cas de délivrance normale. La parturition
du Marsouin doit donc présenter des conditions exceptionnelles.
» L'interprétation la plus probable me paraît être la suivante. Lorsque les
enveloppes fœtales se sont rompues comme à l'ordinaire, le fœtus, mis en
liberté dans l'intérieur des voies génitales, se sépare du placenta, dont le
cordon se sectionne par un procédé que je ne saurais préciser. Alors l'ar-
rière-faix est seul expulsé, tandis que le fœtus demeure dans l'une des
cornes utérines et dans le vagin, position que sa taille lui assigne.
» Combien de temps le jeune Cétacé séjourne-t-il ainsi dans le sein de sa
mère? Et, si cette supergestation a une certaine durée, comment s'effectuent
la respiration et l'alimentation? Je ne sais si le colostrum existe chez les
Marsouins, mais ce qui me frappa lorsque l'instrument tranchant divisa les
glandes mammaires, ce fut l'abondance du lait et son aspect crémeux. J'ai
( i39 )
pensé qu'il y avait intérêt à signaler ces faits à l'attention des observateurs
qui auraient la bonne fortune, malheureusement assez rare, d'examiner
quelque Cétacé au moment de la parturifion.
» En pratiquant l'autopsie du fœtus, j'ai fait quelques remarques que je
crois devoir relater ici. Le canal artériel n'avait guère perdu de son calibre ;
il apparaissait encore comme la continuation de l'artère pulmonaire en-
voyant à droite et à gauche deux branches grêles aux organes respiratoires.
L'essai pratiqué sur les poumons par la méthode classique indiquait que le
jeune animal n'avait pas encore respiré l'air en nature. Le cône glottique
était déjà profondément engagé dans l'ouverture postérieure des fosses na-
sales. Le jeune Cétacé ne peut donc teler comme les Mammifères ordi-
naires. Le lait doit être extrait de la mamelle par la pression des lèvres et
des mâchoires, et peut-être aussi par la contraction réflexe ou volontaire
des muscles qui entourent la glande mammaire. »
ÉCONOMIE RURALE. — De l'influence des climats sur la maturalion des blés.
Note de M. Balland.
« De toutes les causes qui agissent sur la maturation des récolles, il n'en
est pas qui aient d'action plus directe que la chaleur et la lumière. A ce
point de vue, il m'a semblé intéressant de rapprocher des observations
faites par M. Hervé Mangon à Sainte-Marie-du-Mont, dans la Manche
[Cotnples rendus, séances des lo et l'j novembre 1879), quelques observa-
tions analogues entreprises à Orléansville, dans notre colonie algérienne.
» Voici d'abord quelques détails sur la climatologie de ce centre
agricole, particulièrement favorable à la culture des céréales.
» Orléansville se trouve à peu près sous la même longitude que Rouen,
par 36°, 1 5 de latitude nord, au centre de la vallée du Chéliff et à iSô""
au-dessus du niveau de la mer. La présence des montagnes, souvent éle-
vées (l'Ouaransenis a une altitude de 1991"), qui enserrent cette vallée de
trois côtés, au nord, à l'est et au sud, expliquent les chaleurs excessives
qui y régnent en été. L'hiver y est fort tempéré; les pluies n'apparaissent
que vers la fin d'octobre et en novembre et décembre.
» Dans la classification des climats algériens, proposée par M. Mac-
Carthy, Orléansville se rattache au climat maritime.
» La température moyenne de l'hiver (décembre, janvier, février) a été
de 11°, 77 pour 1876-77, de 9°, 71 pour 1877-78 et de 1 1", 96 pour 1878-79.
( <4o )
» La température moyenne de l'été (juin, juillet, août) a été de 3o",5
en 1877; 29°, 7 en 1878 et 29°, 98 en 1879 : c'est la température moyenne
de l'été à Laghouat, qui est en plein climat saharien.
» Les plus basses températures s'observent en janvier : — 1°, 5 en 1877,
0° en 1878 et + 2° en 1879.
D Les plus hautes, du i5 juillet au i5 août : 47°, 4 6" '^77» 47°>8
en 1878 et 46° en 1879. Laghouat atteint à peine 45".
)) Lb température moyenne annuelle a été de 20°, 06 en 1877, 19°, 7
en 1878 et 19°, 4 en 1879.
» La pression barométrique moyenne est de 749™™.
)) Les données qui précèdent résultent du dépouillement des observa-
tions journalières prises à la station météorologique de l'hôpital militaire
d'Orléansville, conformément aux instructions du Conseil de santé des
armées. Celles qui suivent ont la même origine : la température moyenne
de chaque jour a été obtenue en prenant la moyenne entre la température
maximum et la température minimum de la journée; la température
moyenne mensuelle est la résultante des températures moyennes journa-
lières.
Températures moyennes mensuelles d'Orléansville en 1877, 1878, 1879.
00 o
Janvier 11,0 7,8 ^''^
Février 11,7 10,95 12,8
Mars i5,3 13,75 i3,8
Avril 18,4 18,5 i5,4
Mai.. 22,5 22,1 18,3
Juin 26,9 26,8 27,6
Juillet 32,0 3o,7 3o,o5
Août 32,6 3i,7 32,3
Septembre 27,1 '^7)2 24,3
Octobre 17,6 22,0 20,9
Novembre i5,2 i3,5 16, 5
Décembre 10, 4 ii>4 9>2
M Partant de là, et connaissant l'époque exacte, pour un champ donné,
des semailles et des récoltes du blé, il nous est facile, ainsi que l'a fait
M. Hervé Mangon, de déterminer le nombre de degrés de chaleur qu'il
faut au blé pour arriver à maturité.
» Or, du blé semé à Orléansville le 2 novembre 1877 a été récolté
le II mai 1878; du blé ensemencé le i4 novembre 1878 était récolté
le i5 mai 1879.
( i4i )
» Le calcul établi montre que, pour atteindre son évolution complète,
ce blé a dû emmagasiner 2498° de chaleur en 1 877-78 et 2432° en 1 878-79.
Ce sont, très approximativement, les chiffres trouvés par M. Hervé
Mangon pour le blé cultivé en Normandie (2365° pour une moyenne
de neuf ans); mais, pour arriver à cette somme de chaleur, le blé eu
Normandie met en moyenne deux cent soixante-dix jours, tandis que dans
la plaine du Chéliff il n'en met que cent quatre-vingts.
» Ces expériences, faites sur des blés de variétés différentes et sous des
climats si opposés, offrent un exemple des liens d'étroite affinité qui relient
entre eux les individus d'un même genre; elles prouvent, de plus, que les
dissemblances que l'on constate dans la végétation de régions diverses sont
moins profondes qu'un examen superficiel ne pourrait le faire supposer, et
qu'elles obéissent en réalité à des lois que de nombreuses et exactes obser-
vations météorologiques permettront peut-être un jour de généraliser, au
grand profit de l'Agriculture. »
CHIMIE ANALYTIQUE. — Remarques sur l'emploi de la pile de Smithson pour la
recherche du mercure, particulièrement dans les eaux minérales. Note de
M. J. Lefoht, présentée par M. Berthelot.
« Le couple voltaïque, or et étain, imaginé par le D"" Smithson pour
déceler le mercure en quantité très minime a été, de la part d'Orfila, l'objet
d'une critique qui n'est fondée qu'en partie. Ce chimiste avait en effet con-
staté que, lorsque l'appareil était laissé pendant un certain temps dans un
liquide prétendu mercuriel, il se dissolvait un peu d'étain qui se déposait
de nouveau sur la lame d'or, de manière que ce métal blanchissait même
en l'absence du mercure.
» Il est évident que l'expérience, réduite à cette première partie de
l'opération, peut conduire à un résultat douteux, voire même erroné ; mais,
l'étain n'étant pas volatil, il suffit de poursuivre l'analyse en chauffant la
lame d'or dans un tube étroit, afin d'en chasser le dépôt qui y adhère, et
de faire réagir ensuite, sur le sublimé métallique, de la vapeur d'iode, pour
en obtenir du biiodure de mercure, d'une teinte rouge plus ou moins
accentuée.
» Si le mélange sur lequel on opérait contenait réellement du mer-
cure, l'opération que je viens de décrire ne laisse aucun doute sur l'exac-
titude et la sensibilité du procédé; mais là s'arrête la garantie de la pile
( i42 )
de Smithson, attendu que cet appareil électrique ne borne pas son action
à la réduction des sels mercuriels.
» La recherche du mercure dans les eaux minérales m'a, en effet, per-
mis de découvrir que les acides arsénieux et arsénique étaient très facile-
ment réduits par la pile de Smithson. Or, comme l'arsenic métallique est
volatU, ainsi que le mercure, et qu'avec l'iode il forme de l'iodure d'ar-
senic, d'une teinte rouge plus ou moins comparable à celle dubiiodure de
mercure, il en résulte que ce métalloïde et ce métal peuvent être facile-
ment pris l'un pour l'autre, surtout si le microscope est nécessaire pour
distinguer des quantités très minimes et de sublimé métallique et d'iodure
rouge.
» On n'ignore pas que les courants électriques un peu énergiques
réduisent les composés arsénifères, mais je ne crois pas qu'on ait fait des
expériences spéciales pour savoir si le faible courant produit par un couple
d'or et d'étain pouvait avoir le même effet. Voici qui lève tous les doutes
à cet égard :
» 1° Si dans le produit de la concentration sous un petit volume d'une
eau minérale arsenicale, comme celle de la Bourboule, acidulée par l'acide
chlorhydrique, on abandonne pendant quelque temps une pile de Smith-
son, la lame d'or enroulée sur celle d'étain, on voit d'abord l'étain se
recouvrir d'une poudre grise ou noirâtre, et ensuite l'or prendre une teinte
brune métallique. La lame d'or, séchée après avoir été lavée, frottée avec
le doigt, n'indique pas d'amalgame; mais, si on la chauffe dans un tube
étroit, elle fournit un sublimé ayant un aspect un peu métallique, mais
non mercuriel, et que la vapeur d'iode convertit en iodure rouge d'ar-
senic.
» Il est évident que sous l'influence du courant électrique, dont le pou-
voir a été augmenté par la présence des sels minéraux de l'eau, l'acide arsé-
nique a été réduit, et qu'un auteur non prévenu à l'avance de cette réac-
tion pourrait attribuer au mercure ce qui appartient à l'arsenic.
» 2° Des expériences que j'ai fait connaître dans un Rapport à l'Académie
de Médecine m'ont montré que le dépôt arsenical de la source du Rocher,
à Saint-Nectaire (Puy-de-Dôme), ne contenait pas de mercure. J'ai fait dis-
soudre à chaud, dans l'acide chlorhydrique en léger excès, 20^ de ce dépôt
recueilli par moi à la source, et dans la solution j'ai placé une pile de
Smithson, qui, après plusieurs heures seulement, s'est entièrement recou-
verte d'arsenic, sans la plus légère trace de mercure.
» 3° Dans 1'" d'eau distillée, contenant quelques décigrammes d'arséniate
( '43 )
de soude et un léger excès d'acide chlorhydrique, j'ai plongé une pile de
Smithson : après vingt-quatre heures, l'or a conservé sa teinte jaune, mais
la lame d'étain s'est recouverte d'arsenic; après huit jours, la lame d'or,
vers la face qui était plus ou moins adhérente à l'étain, était à son tour
imprégnée d'arsenic.
)) Il n'est donc plus douteux que, dans des cas spéciaux, la pile de Smith-
son peut faire confondre l'arsenic avec le mercure et faire commettre une
erreur complète : tel est précisément le cas dans lequel s'est trouvé l'année
dernière M. Wilhn ('), qui a pu croire un instant à l'existence du mercure
dans l'eau du Rocher, à Saint-Nectaire, alors que des expériences récentes,
faites en commun, avec du dépôt et de l'eau recueillis par moi-même à la
source, lui ont prouvé aujourd'hui tout le contraire.
» Un fait important se dégage de ces observations : c'est celui de la facile
réduction des acides oxygénés de l'arsenic par les métaux, sous l'influence
du plus faible courant électrique. Ainsi, une lame de cuivre rouge, plongée
dans une solution d'acide arsénique au millième, ne change pas d'aspect;
mais, si l'on y ajoute en plus de l'acide chlorhydrique, et surtout un peu
de sel marin, il se dépose sur le cuivre de l'arsenic métallique.
» Une lame de cuivre est encore abandonnée pendant plusieurs jours
dans 2'" d'eau minérale de la Bourboule, et l'on y ajoute un peu d'acide
chlorhydrique, d'abord pour décomposer l'arséniate de soude que l'eau
contient naturellement (0™°% 0284 par litre), puis pour communiquer au
mélange un faible courant électrique : on voit alors le cuivre s'imprégner
peu à peu d'arsenic, qu'à première vue on pourrait prendre pour un
dépôt mercuriel.
» Ce dernier résultat ne doit pas être perdu de vue au moment où des
analyses imparfaites semblent faire considérer comme à peu près générale
la diffusion du mercure dans les eaux minérales, et où l'emploi des co-
peaux de laiton pour la recherche du mercure par le [ rocédé Furbringer
est, en outre, indiqué (^). »
''] Comptes rendus, séance du ig mai 1879.
[') Journal de Phnrmacie et de Chimie, t. XXVUI, 1878.
( '44 )
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — La lumière, le couvert et l' humus, étudiés dans leur
influence sur la végétation des arbres en forêt. Note de M. Gurnaud, pré-
sentée par M. P. Duchartre.
« L'humus provient, en foret, des détritus végétaux dont la couche se
renouvelle chaque année; l'influence du couvert sur la décomposition de
ces substances organiques est bien connue, mais l'expérience suivante la
fait ressortir à un point de vue nouveau et très important, à mon avis, pour
la Sylviculture.
» Cette expérience, qui dure depuis dix-sept ans, a pour but d'étudier la
marche de 1 accroissement en cubant périodiquement les futaies d'une par-
celle de i3'",32 comprise dans une forêt de la chauie du Jura. Le peuple-
ment est un mélange de sapins et de bois feuillus, ces derniers en taillis et
formant un couvert peu élevé. Les sapins commencent à compter comme
futaies lorsqu'ils ont o™, 60 de circonférence à 1™, 33 du sol.
» Je rappellerai d'abord que dans 100 de bois il entre 5i de carbone,
que tout le carbone des plantes provient de l'air atmosphérique, et que,
dans les parties vertes des plantes, l'acide carbonique est décomposé sous
l'influence de la lumière. Après l'exploitation du taillis les rejets de souche
sont très nombreux, mais ne forment couvert qu'au bout de dix ou douze
ans; à ce moment chaque souche en offre au plus deux ou trois verticaux,
les autres étant obliques, entre-croisés avec les voisins. Le couvert qu'ils
forment s'élève d'année en année avec le taillis. Enfin on doit distinguer
l'atmosphère inférieure au couvert du taillis de celle qui lui est supérieure
et où s'étale la cime des futaies.
» L'expérience se divise en cinq périodes d'inégale durée :
» Première période [six ans), de noi'cmbre 1862 au \" mai 1869. — Le taillis passe de
quatre à dix ans et ne couvre qu'imparfaitement le sol. Au début la futaie se compose de
1457 sapins, cubant 1424'"% et à la fin ces mêmes arbres cubent 2266'"*^. L'accroissement
est de 842'"'^ en six ans, soit par année moyenne i4o""^,2, et 71"", 5 de carbone fixé.
» Deuxième période (cinq ans), du \" mai i86g au Zi juillet iS^S. — Le taillis passe de
onze à quinze ans et couvre entièrement le sol. Au début, et déduction faite des bois exploi-
tés, la futaie se compose de i336 sapins cubant l'joo'"'^, et à la fin ces mêmes arbres cubent
2207°"=. L'accroissement annuel moyen est de ioi""^,4, soit 5i""^,7 de carbone fixé au lieu
de ^l""^,5 dans la première période, bien que le matériel des bois existants soit plus consi-
dérable (1700""^ contre 1424™'^).
» Troisième période [un an), du 3f juillet iS^S au 2 avril iSyS. — Pendant l'hiver
( '45)
tS'j-}.-jS']3 a lieu une coupe principale de futaie suivie d'une forte coupe d'éclaircie qui
supprime dans le taillis les rejets obliques, ne laissant subsister que les rejets verticaux. Au
début, et déduction faite des bois exploités, la futaie se compose de 1 0^5 sapins cubant 99S'"'',
et à la fin ces mêmes arbres cubent 1096'"''. L'accroissement est de 98""^, soit 5o'"'^ de car-
bone fixé au lieu de 5i'"'^,7 dans la période précédente, c'est-à-dire presque autant avec un
matériel diminué de près de moitié (998'"'= contre 1700'"'').
» Quatrièmr période [trois anx), du 2 avril 1875 an 16 novembre 1877. — ^^ taillis passe
de seize à dix-huit ans et les rejets de souche des bois coupés dans l'éclaircie se développent.
Au début, et déduction faite des arbres coupes, la futaie se compose de 1 155 sapins cubant
1 107""^, et à la fin ces mêmes arbres cubent iSôS"^"". L'accroissement annuel moyen est de
87™% soit 44""''4 'Ifi carbone fixé au lieu de 5o™"= dans la période précédente, quantité
moindre avec un matériel plus considérable (i 107""^ contre 998""=).
» Cinquième période [deii.T ans), du 16 novembre 1877 au 5 novembre 1879. — ^'^ taillis
passe de dix-neuf à vingt et un ans, et les rejets de souche des bois coupés dans l'éclaircie,
ayant pris beaucoup de force, complètent le couvert. Au début, et déduction faite des bois
coupés, la futaie se compose de i348 sapins cubant i4i6""', et à la fin ces mêmes arbres
cubent i5i i™<^. L'accroissement annuel moyen est de 47""^, 5, soit 24""^, 2 de carbone fixé
au lieu de 71 ""^,5 dans la première période, à peine plus du tiers avec un matériel à peu
près égal (1416°'"^ contre 1424""").
» En résumé, pendant la durée de l'expérience, la fixation du carbone
dans la futaie dimintie à mesure que le couvert du taillis devient plus in-
tense, et cette diminution n'est un moment interrompue qu'à la suite d'une
forte éclaircie qui supprime les rejets obliques du taillis et ne laisse subsis-
ter que les rejets verticaux.
» Si les futaies prenaient à l'air libre tout l'acide carbonique qu'elles
décomposent, comme elles s'étalent sans obstacle dans la région supérieure
de l'atmosphère, les variations de leur accroissement constatées aux di-
verses périodes seraient inexplicables.
)) Faut-il admettre qu'une partie du carbone vienne du sol, comme on
le disait anciennement? On ne peut le prétendre ;iprès l'expérience de
de Saussure. D'ailleurs, si le carbone venait en partie du sol, il serait aspiré
par les racines, sur lesquelles la coupe ou l'éclaircie du taillis n'a évidem-
ment aucune influence, et l'accroissement de la futaie ne devrait pas en
être affecté; or, dans l'expérience, il varie selon la consistance laissée au
taillis par l'exploitation : le carbone ne peut donc venir du sol.
» Depuis 1861, j'ai fait un grand nombre d'expériences sur l'accroisse-
ment des arbi'es en forêt: toutes concordent avec celle que je rapporte et
prouvent la corrélation de l'accroissement des arbres dominants avec la
consistance du couvert formé par les arbres de moindres dimensions, que
ceux-ci soient rejets de souche ou brins de semence.
C. R., 1S80, I" Semestre. (T. XC, N" ô.) '9
( i46)
» Ces variations peuvent s'expliquer par la production d'acide carbo-
nique dans la décomposition des substances qui forment l'humus. Il se
produit ainsi, sous le couvert des arbres de faibles dimensions, une notable
quantité d'acide carbonique que les arbres dominants décomposent lorsque
l'étage inférieur de végétation ne forme pas lui massif assez intense pour
l'intercepter et en ralentir la production.
» Ces variations peuvent encore s'expliquer par l'influence de la lumière,
plus favorable à la végétation quand elle pénètre profondément dans la
forêt, d'abord parce qu'elle rencontre dans ce parcours des parties vertes
appartenant à des arbres de différentes dimensions jusque dans les régions
les plus rapprochées du sol, et parce que du sol elle peut être réfléchie de
manière à agir encore sur la face inférieure des feuilles.
» Mais ces deux hypothèses ne s'excluent pas, et le concours qu'elles se
prêtent mutuellement me paraît la seule explication satisfaisante des varia-
tions de l'accroissement des arbres en forêt.
» Les conclusions de cette expérience sont :
» 1° Que la lumière, lorsqu'elle frappe le sol après avoir été tamisée dans
le feuillage, stimule la production de l'acide carbonique dans les décom-
positions qui engendrent l'humus, en même temps que la décomposition
de ce gaz par les parties vertes;
» 2° Que l'accroissement des futaies se ralentit, bien que leurs parties
vertes s'étalent librement dans l'air atmosphérique sous l'impression di-
recte des rayons lumineux, lorsque le couvert inférieur formé par les arbres
de moindres dimensions intercepte trop complètement l'accès de la lu-
mière sur le sol et diminue son action réflexe sur la cime des futaies;
» 3° Que le couvert formé par le taillis affaiblit cetie action réflexe de
la lumière sur la végétation des futaies plutôt par sa composition que de
toute autre manière, puisque, après l'éclaircie qui supprime les rejets
obliques, les rejets verticaux que l'on conserve n'y mettent pas obstacle;
» 4° Qi^i6 l'humus, sous un couvert trop intense, perd une partie de son
efficacité et présente cette analogie avec le fumier de ferme, qui, trop pro-
ondément enterré, reste inerte pendant plusieurs années.
» En résumé, ces données, établies par des faits positifs, montrent com-
ment on peut améliorer la végétation des futaies en agissant sur la compo-
sition, la consistance et la durée de l'étage des sous-bois, et doivent être
désormais admises comme les vrais principes de la Sylviculture. »
( >47 )
M, L. GoDEFROT adresse quelques détails sur un givre qui s'est produit
à la Chapelle-Saint-Mesmin, le 12 janvier 1880.
M. Dait.rée, en présentant à l'Académie une brochure de M. le général
de Helinersen, intitulée « Rapports géologiques et physico-géographiques
de la dépression aralo-caspienne », s'exprime comme il suit :
« A. la suite de l'exploration fiiite en 1877 entre OrenbourgetTaschkend,
pour l'exécution d'un chemin de fer, M. dcHelmersen a reçu de S. A. I. le
grand-duc Nicolas Constantinowitch toute une série d'échantillons qui l'ont
conduit à des résultats dignes d'intérêt, particulièrement en ce qui concerne
le Rara-Roum.
» Puis l'auteur examine la question importante de savoir s'il est possible
de faire couler, comme autrefois, l'Amou Daria (Oxus) dans la mer Cas-
pienne par l'ancien lit aujourd'hui desséché, l'Oiizboi, question qui vient
de faire, en 1879, l'objet d'une autre expédition et même d'un commence-
ment d'exécution. M. de Helmersen craint que l'on ne réussisse pas dans
cette entreprise ; car cette région de l'Asie paraît subir, sur une grande éten-
due, non seulement un affaissement graduel de son sol, mais aussi une des-
siccation climatérique, l'évaporation n'étant pas compensée par les eaux
affluentes. »
M. Dacbrée, en présentant à l'Académie un travail de M. G. Uzielli, im-
primé en italien et portant pour titre « Mémoire sur les arfjille scagliose
deir Apennino », ajoute la remarque suivante :
« Des photographies annexées à ce Mémoire représentent des surfaces
polies et striées que l'auteur a observées dans les argille scagliose, à la Lama
di Mocogno, à la suite d'un éboulement qui s'y est produit sur une lon-
gueur de S""" et sur une largeur qui atteint parfois i''",5. »
A 4 heures, l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 4 heures trois quarts. D.
( i48 )
BULLETIN niBMOGRAPHIQDE.
OnVRAGES KEÇnS DANS LA SÉANCR DO 19. JANVIEH |88o.
Éludes synthétiques de Géologie expérimentale ; par A. Daubrée. IP Partie :
Jpplication de la méthode expérimentale à l'élude de divers phénomènes cos-
mologiques. Paris, Dunod, i879;in-8°.
Bulletin des séances de la Société centrale d'agriculture de France. Compte
rendu mensuel, rédigé par M. J.-A. Barral. T. XXXVIII, année 1878.
Paris, J.Tremblay, 1878; in-S".
Diagnostic et traitement des tumeurs de l'abdomen et du bassin ,• par J. Péan.
T. I. Paris, V. Adrien Delahaye, 1880; in-8''. (Présenté par M. le baron
Larrey.)
Algèbre élémentaire; par M. J. Bourget. Paris, Delagrave, 1880; in-8°.
Recherches sur l'alimentation et sur la production du travail; par M. A . Muntz.
Paris, Impr. nationale, 1879; in-8''. (Extrait des Annales de l'Institut natio-
nal agronomique.) (Présenté par M. Boussinganlt.)
Dépenses probables pour l'amélioration des pensions de retraite des ojficiers
retraités avant 1878; par M. Martin de Brettes. Paris, à l'administration
du Spectateur militaire y 1879; br. in-8°. (Présenté par M. le général Favé.)
De la corrélation physiologique entre les cinq sens et de leurs rapports avec
les mouvements volontaires; applications à l'éducation des aveugles; par M. le
D"" Appia. Paris, Impr. nationale, 1879; in-8°. (Extrait du Co77jp/e /enc^u
sténographique du Congrès universel pour i amélioration du sort des aveugles
et des sourds-muels.)
Félix Hément. De l'instinct et de l'intelligence. Paris, Delagrave, 1880;
in-8°.
Journal du Ciel. Notions populaires d'Astronomie pratique : Astronomie pour
tous,- par 3. Vinot. i5'= année. Paris, cotu" de Rohan, 1879; in-8°.
ERRATA.
(Séance du 12 janvier 1880.)
Page 66, ligtip 9, nu lieu e/e 4.65, lisez 4>6o.
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SEANCE DU LUNDI 26 JANVIER 1880.
PRÉSIDENCE DE M. EDM. BECQUEREL.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
MÉCANIQUE. — De l'influence de In température et de l'élasticité sur les câbles
des ponts suspendus; par M. H. Resal.
« 1 . Température. — Comme la déformation d'un câble due à une va-
riation de température est faible, on peut, sans grande erreur, substituer au
polygone funiculaire la parabole passant par ses sommets et admettre par
approximation que les sommets des rouleaux d'appui sont des points
fixes; cette dernière bypotlièse se justifie en raison des frottements et des
chambres peu accessibles aux changeiKents de température dans lesquelles
les rouleaux sont placés.
» Soient
A, A' les points fixes du câble, le premier étant censé se trouver au niveau
le moins élevé ;
O le sommet de la parabole à la température ordinaire t;
O/, Ox la verticale et l'horizontale de ce point ;
G. R., ifSo, i" Semestre. (T. XC, Ji° 4.) 20
( >5o )
a = BB' l'ouverture, b = A'A, la hauteur de A' au-dessus de A;
y^ = OB, Y] = AB les coordonnées de A ;
L la longueur de l'arc AOA' à la température i ;
(i) j^kx-
l'équalion de la parabole, dans laquelle
/ désignant l'équidistance des tiges, t la tension rai sommet du polygone
funiculaire, /j l'effort de traction exercé sur chaque tige de suspension.
» Comme en pratique -y alteint au plus ^, on peut prendre pour l'élé-
ment d'arc
d'où, en intégrant entre les limites a; = ;(, ^ = — (rt — yj,
(3) L = « + xfx' + («-/J'J-
Nous avons d'ailleurs
(4) •'3 = Ax,
(5) rj + è = /!-(«-/J%
vi -\- 0
d'où
(6) A-
(7) b^Hi^-xr-y:]-
» Soient 5/ une variation éprouvée i)ar la température, a le coefficient
de dilatation du fer ; comme on a â\. = c>:Lâ/, l'équation (3) donne
d'où, en vertu de cette même équation et de la formule (7),
.(8) a\.^t=^i[\.-a)'^--2kb^y.
( '5i )
Mais de cette dernière formule on déduit
19) "X ^ ■
on a donc, par suite, en ayant égard à (6),
(lO) U^ c.Lrr>-^b)St
» Les formules (2) et (5) donnent ensuite, pour les variations de t et de
la flèche,
(.2) àr,={n-yAi-i^^^]M:
» Quand les piliers sont d'égale hauteur, on a
„ « A „ 7 4" T 8 >]^ ., 3aLSt
3 rt
2»(«
» 2. V.l./lSt ,
ar; = ô ' Ot < o.
.) Si V3 = o, / = o, comme cela a lieu pour le pont supérieur de Fribourg
et pour les travées terminales du pont de Manheim sur le Necker, on a
0 = Aa', L — rt = - — 1 c?A- = ; — ,
Sa ab
» 2. Elasticité. — Ces effets ne peuvent avoir quelque importance que
lorsque les piliers sont d'égale hauteur, comme je le supposerai dans ce qui
suit.
» Je considérerai donc deux arcs paraboliques, l'un (A) correspondant à
l'hypothèse de l'inextensibilité, l'autre (A') qui se rapporte à la réalité.
Comme les deux arcs diffèrent très peu l'un de l'autre, on pourra calculer
la tension en un point de (A') comme si elle se rapportait à (A). Pour plus
de simplicité, je supposerai qu'tuie charge p se trouve uniformément ré-
partie sur la corde, ce que l'on peut se permettre, sans commettre des
erreurs appréciables.
( i5a )
» Soient
O le sommet de (A);
Ox, Oj son horizontale et sa verticale;
B, B' les points d'attache du câble;
y^ = OA = — OA, vj = AB = A'B' leurs coordonnées;
T la tension de (A) au point (a?, j);
Q, la section du câble, et E le coefficient d'élasticité du fer;
(i) r = f^x-
l'équation de (A).
» Il est facile de voir que l'on a
» Soient ds l'élément d'arc au point {oc,j-) de (A), ds' ce qu'il devient
en ayant égard à l'flasticilé. Nous avons
Eiî î'^'' -"'■'] = T = ^' ^' ^ ^^''"^
si l'on pose
et si l'on remarque que
(3) ds = sji + -ili^x^dx,
la formule ci-dessus devient
(4) ds' -^ds^ n{i + [^ k'^x- ) dx.
» Désignant maintenant par L', Lies longueurs des arcs (A') et (A), nous
aurons
(5) L' = L + 2nx(i+H-^Xn.
- , . , , . , . , . , (ly
Mais, en négligeant la quatrième puissance de -' ? on a
(6) L = 2 r Vi + k^'^dx =:ix(i-+- '^'\ .
En appelant k' l'équivalent de A' pour (A'), on a de même
(0) L'='2X I4-— 3-^
( '53)
L'équation (5) devient alors
» M;iis, en raison du degré d'approximation convenu, on peut prendre
A" 4- A' = 2k\ on a d'ailleurs yj r= Ay-, par suite
Multipliant cette équation par ;(-, appelant vj' ce que devient vj lorsque l'on
fait entrer l'élasticité en ligne de compte, on obtient, pour la variation
éprouvée par la flèche,
4.
résultat dont il eût été bien difficile de prévoir la simplicité. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Suv le lévulosate de chaux; par M, Eug. Peligot.
« Le travail que j'ai l'honneur de présenter àl'Académie est la suite de
unes études sur les matières sucrées. On sait que le sucre ordinaire, inter-
verti par les acides, se transfortne, par un simple phénomène d'hydrata-
tion, en un mélange à poids sensiblement ég;iux de glucose dextrogyre et
de glucose lévogyre ; cette dernière substance est la lévulose.
» On doit à M. Dubrunfaut,'dont les travaux ont jeté une si vive lu-
mière sur les propriétés de ces matières, une expérience devenue classique,
qui permet de séparer le lévulosate de chaux d'avec le glucosate droit qui
l'accompagne. On mélange à une basse température 6^'' de chaux éteinte
avec loo'^'^ d'eau tenant en dissolution lo^'' de sucre interverti ; en agilant
rapidement, il se produit uneémulsion d'abord laiteuse, mais qui s'épaissit
bientôt et qui prend rapidement une grande consistance. Le magma qu'on
obtient est placé sans perte de temps dans un linge à tissu serré et soumis à
l'action de la presse, qui en sépare le glucosate de chaux resté à l'état
liquide.
» En modifiant ce procédé, qui laisse dans le produit une partie de l'eau
mère qui l'accompagne et de la chaux en excès, je suis arrivé à obtenir fa-
cilement le lévulosate de chaux à l'état de pureté : il s'agit simplement
de produire le dépôt dans la liqueur filtrée, au lieu de le retenir sur
le filtre. Dans ce but, on agite avec un excès de chaux éteinte une
dissolution de sucre interverti ne contenant pas au delà de G à 8 pour
( .54 )
loo de ce sucre et on filtre rapidement la liqueur ; celle-ci, refroidie à o°,
fournit bientôt une abondante cristallisation de lévulosate de chaux; au
bout de quelques heures, on recueille et on lave sur un filtre, avec de l'eau
froide, les cristaux qui se sont formés, et on les dessèche d'abord sur du
papier non collé, ensuite dans le vide sec. Ces opérations doivent être faites
rapidement, le lévulosate de chaux absorbant l'acide carbonique de l'air.
» On obtient ce produit d'une manière si!ire en opérant comme il suit :
On agite rapidement 12?'' à 1 5^'' de chaux éteinte et tamisée avec o'", 5 d'une
dissolution de sacre interverti à io35 de densité, cette dissolution étant à
la température de 20° à 25°. Le mélange est versé sur un papier à filtration
rapide, et le liquide filtré, qui a pris une couleur ambrée, est reçu dans un
flacon plongé dans de l'eau à 0°. Les cristaux, qui se forment rapidement,
sont recueillis sur un filtre au bout de quelques heures, lavés avec de l'eau
froide, égouttés sur du papier et séchés dans le vide, en présence de la chaux
vive.
» La dissolution filtrée, avant le dépôt des cristaux, marque io5o au
densimètre, à i5°; l'eau mère, qui renferme surtout du glucosate de chaux,
présente encore, à g", une densité égale à io4o. Ou sait que la chaux
augmente beaucoup la densité des liqueurs sucrées dans lesquelles elle
se dissout.
» Le lévulosate de chaux peut être recueilli et lavé plus rapidement
dans une allonge en verre, avec filtre en métal percé de trous et muni d'im
feutre ; cette allonge est supportée par un récipient en verre avec tubulure
latérale ; une petite pompe à main, engagée dans cette tubulure, permet
de faire dans l'appareil un vide imparfait qui rend la filtration beaucoup
plus prompte.
» La solubilité de ce corps dans l'eau est assez grande : 100 parties
d'eau en dissolvent, à iS", 0,73. Cette dissolution s'altère avec une ex-
cessive facilité; la réaction alcaline qu'elle présente s'affaiblit journelle-
ment; sa couleur jaune, puis brune, devientplus foncée: cette altération est
d'autant plus prompte que la température ambiante est plus élevée. Portée
à l'ébuUition, la liqueur alcaline devient neutre, et l'on obtient le précipité
de couleur jaune chamois qui accompagne la formation du glucate de
chaux et de la saccharine. J'ai entretenu récemment l'Académie de ces
phénomènes, étudiés surtout avec les liqueurs calcaires fournies par le
sucre interverti et par la glucose d'amidon. Avec le lévulosate de chaux,
ces modifications sont de même nature; elles donnent naissance aux
mêmes produits.
« Desséché rapidement dans le vide, le lévulosate de chaux est parfai-
( '55 )
teaient blanc; par un séjour plus prolongé, il prend une teinte jaune clair
uniforme qui parait être celle qui appartient au produit pur et sec. Dans
cet état, il présente la composition suivante :
Expérieiice. Calcul.
C" 72 9.8,7 28,3
i4ho 126 49 '2 49 > 5
iCa.0 56 22,7 22,0
254 100,6 100,0
>j Cette composition s'écarte beaucoup de celle qu'on attribuait à cette
substance, qui, d'après M. Dubrunfaut, contiendrait 3"" de chaux. La
formule qu'on lui assigne dans les Traités do Chimie est la suivante :
C'-H«0%3CaO. Elle exigerait 35,4 de chaux.
» On sait que pour les composés calcaires de cette nature le dosage du
carbone ne peut pas être effectué par les procédés ordinaires de l'analyse
organique, une partie de cet élément restant dans le tube à combustion
sous forme de carbonate de chaux. Pour analyser le lévulosate de chaux
et divers autres composés du même genre, j'ai substitué à l'oxyde de
cuivre le chromate de ce métal. Je reviendrai sur cette modification, qui
offre quelque intérêt au point de vue de l'analyse des substances orga-
niques.
» Le lévulosate de chaux blanc, desséché en présence de la chaux vive,
paraît contenir 2*' d'eau en plus delà quantité indiquée ci-dessus; sa com-
position est alors représentée par la formule : C'-H'*0'*, aCaO, 2HO.
J'estime que cette eau fait l'office de l'eau de cristallisation qui existe dans
les sels efflorescents; elle réagit, comme si elle était libre, au bout de
quelques mois, sur les éléments de ce corps, alors même qu'il est con-
servé dans des flacons bien bouchés, et elle le transforme en une sub-
stance brune, visqueuse, qui, traitée par l'eau, laisse un résidu jaune de
glucate de chaux basique et donne une dissolution renfermant la sac-
charine et le glucate neutre. En ajoutant à cette liqueur une quantité
convenable d'acide oxalique, on en sépare la chaux, et même, en opérant
à la température ordinaire, on obtient la saccharine à l'état cristalhsé.
» Quant au sel dont j'ai donné l'analyse, il se conserve indéfiniment,
sans subir aucune modification.
» Au moyen du lévulosate de chaux et de l'acide oxalique, on obtient
la lévulose pure à l'état de dissolution; mais je ne suis pas arrivé à pré-
parer cette substance à l'état cristallisé.
( i56 )
» En résumé, les produits qui résullent de l'action des alcalis sur la
lévulose sont ceux qui proviennent de l'action de ces mêmes corps sur la
glucose obtenue par la saccharificalion de l'amidon. Ces produits sont de
nature d'autant plus complexe qu'il y a lieu de tenir compte de l'inter-
vention de l'air dans les transformations successives qui s'accomplissent.
J'espère néanmoins présenter bientôt à l'Académie, sur ces produits, la
suite de ces études, rendues plus faciles par la séparation de la lévulose
pure d'avec la glucose qui l'accompagne dans le sucre interverti. »
CHIMIE ORGANIQUE . — Note sur les acides qui prennent naissance lorsqu'on
redistille les acides gras bruts dans un courant de vapeur d'eau surchauffée;
par MM. A. Cahocrs et E. Demauçat.
« Dans un travail que nous avons eu l'honneur de communiqtier à
l'Académie, M. Demarçay et moi, dans la séance du ii août de l'année
dernière, nous avons fait connaître les résultats que nous avait fournis
l'examen attentif des acides qui prennent naissance lorsqu'on redistille
les acides gras bruts provenant de la saponification des graisses neutres
dans un courant de vapeur d'eau surchauffée.
» Nous avons fait voir comment, à l'aide de distillations fractionnées,
opérées au moyen de l'appareil Lebel-Henninger, nous étions parvenus à
séparer et à caractériser de la manière la plus nette les acides butyrique,
valérique, caproïqiie, œnanthvliqne, caprylique, qui tous, ainsi que nous
l'avons constaté, appartiennent à la série normale. L'acide butyrique
n'existait dans ce mélange qu'en proportions très faibles. Nous avons éga-
lement obtenu de petites quantités d'un acide bouillant vers 262", qui
pourrait bien être l'acide pélargonique, mais dont nous n'avons pu nous
procurer une proportion suffisante pour en opérer la purification et pou-
voir par suite le caractériser d'une manière incontestable. Les acides qui
dominaient dans ce mélange et en formaient la proportion principale sont
les acides caproïque et œnanthylique.
» Nous faisions pressentir, en terminant ce travail, que dans cette distil-
lation des acides gras bruts il devait se produire, indépendamment des
acides précédents, de petites quantités d'acides acétique et propionique.
» M. Laurent, à qui nous sommes redevables du stock d'acides dont
nous avons pu retirer les différents fermes de la série grasse que nous
avons décrits dans notre Note, nous ayant fait parvenir postérieurement un
( t57 )
flacon renfermant une cinquantaine de grammes d'ini liquide très acide,
ainsi que des sels de sonde obtenus en faisant passer dans une solution de
carbonate de cette base les gaz provenant de la distillation d'une quantité
considérable d'acides gras bruts, 200000*'^ environ, nous nous sommes
proposés d'examiner ces produits avec un très grand soin.
» La distillation des sels de soude avec de l'acide sulfurique étendu
de son volume d'eau nous a fourni une certaine quantité de liquide que
nous avons réuni à celui que contenait la fiole dont nous avons parlé plus
haut. La quantité totale de ce liquide, qui ne s'élevait qu'à iSo^"^ à iSS^'^et
qui renfermait une certaine proportion d'eau, ayant été redistillée dans l'ap-
pareil Lebel-Henninger, nous a fourni comme produit principal un liquide
bouillant entre 162° et 164", qui, après complète purification, présentait la
composition et les propriétés de l'acide butyrique normal, que nous avons
obtenu cette fois, malgré la petite quantité de matière que nous avions à
notre disposition, en proportion plus considérable que celle que nous
avions retirée des 10''* de l'envoi précédent de M. Laurent. Les dernières
portions, qui distillaient entre 180" et 190°, renfermaient principalement de
l'acide valérique.
» Nous avons séparé de la portion la plus volatile deux liquides, l'un
bouillant entre 106*^ et 122°, le second entre 135" et r45", que nous avons
soumis à un examen attentif.
» La première partie, ayant été saturée par du carbonate de soude, et le
sel obtenu ayant été, après complète dessiccation, distillé avec de l'acide
sulfurique concentré, nous a donné quelques grammes seulement d'un
produit bouillant entre ir8" et 120", qui présentait franchement l'odeur
caractéristique de l'acide acétique, sans aucune trace d'odeur butyrique.
Nous avons transformé cet acide en sel d'argent, qui s'est séparé du liquide
qui le renfermait en dissolution sous la forme de fines aiguilles nacrées,
présentant la plus parfaite ressemblance avec de l'acétate d'argent que
nous avi(»ns préparé avec de l'acide acétique pur.
» Une détermination d'argent nous a fourni le nombre 65,8, un peu supé-
rieur à celui qu'indique la théorie, 64, 7, résultat qui s'explique facilement,
le sel ayant pris, bien qu'à l'abri de la lumière, une coloration brune qui
y indiquait la présence d'une petite quantité de métal réduit.
» Cette réduction peut être considérée comme devant être attribuée à la
présence d'une très petite quantité d'acide formique, dont nous avons pu
constaterla présence dans l'acidebouillant entre 1 18" et 120°, et qui, comme
G. R., liiSo, 1" Semestre. (7. XC, N" 4.) 21
(i58)
on sait, jouit delà propriété de réduire les sels d'argent. Le sel brunâtre,
ayant été redissous dans l'eau chaude, et le liquide filtré ayant été aban-
donné à la cristallisation, nous a donné des aiguilles qui ne se sont pas
colorées sensiblement cette fois à l'abri de la lumière, et qui, parfaitement
desséchées, ont laissé par la calcination 63,9 d'argent. Il résulte donc de
ce que nous venons de rapporter que l'existence de l'acide acétique dans
l'échantillon des acides volatils que nous devons à l'obligeance de M. Lau-
rent ne saurait être mise en doute.
» La seconde portion, qui bouillait entre i35°et i45°, ayant été soumise
à de nouvelles rectifications, nous a donné une faible proportion d'un
liquide bouillant entre iSS" et 142°, qui présentait une très légère odeur
butyrique. Ce liquide, transformé en sel d'argent, nous a fourni un pro-
duit présentant l'aspect d'aiguilles blanches agglomérées, qui par la calci-
nation a laissé 58,8 d'argent, proportion très voisine de 59,7 que donne
le propionate d'argent pur, le défaut d'argent s'expliquant facilement par
la présence d'une petite quantité de butyrate.
)) M. Laurent nous ayant fait récemment un second envoi d'environ
l'jo^' à iSo^'' de liqueurs acides bouillant entre 102° et 168°, nous avons
soumis ce mélange à l'action de l'alcool méihylique et de l'acide sulfu-
rique, en vue de déterminer l'éthérification des acides qui y étaient con-
tenus. En soumettant le liquide éthéré, après purification, à des distilla-
tions fractionnées, nous en avons retiré une très petite quantité d'un
liquide bouillant A'ers 35°, qui par la saponification nous a donné un sel
dont nous avons extrait un acide qui, par l'ébuUition avec des sels de
mercure et d'argent, a déterminé la séparation immédiate de ces métaux,
ainsi qu'on l'observe avec l'acide formique. Nous avons obtenu pareille-
ment, en proportions à peu près égales, deux autres portions de liquides
éthérés bouillant l'un entre 55° et 58°, le second entre 76° et 80°, présen-
tant tous les caractères, le premier de l'acétate et le second du propio-
nate de mélhyle.
» Il résulte, ainsi qu'on le voit, de l'étude des produits qui font l'objet
de cette Note, laquelle complète celle que nous avons précédemment pu-
bliée, que, dans la distillation des acides gras bruts opérée dans un'courant
de vapeur d'eau surchauffée, les différents termes de la série grasse
prennent naissance, depuis l'acide acétique jusqu'à l'acide caprylique
inclusivement, que nous avons tous obtenus dans un état de pureté par-
faite. Nous ne doutons pas de l'existence dans ce mélange de termes beau-
( '59)
coup plus élevés de la série, tels que les acides pélargonique et capriqtie;
nousnesaurions toutefois l'affirmer, n'ayant pu nous les procurer suffisam-
ment purs, en raison de leur faible proportion et de leur point d'ébullition
très élevé, ce qui rend leur séparation très difficile. Les derniers produits de
ces redistillalions, qui passent à une température supérieure à 3oo°, se figent
à la température ordinaire; nous n'avons pas essayé de les séparer.
» Indépendamment des acides de la série grasse dont nous avons signalé
la formation dans la redistiilation des acides gras bruts, il parait se pro-
duire des acides appartenant à la série succinique. C'est ainsi que nous avons
pu séparer d'un autre stock de produits que nous a fait parvenir M. Lau-
rent d'assez grandes quantités d'acide sébacique, qui y est accompagné
d'un second acide qui paraît constituer le terme immédiatement inférieur,
mais que nous n'avons pu extraire en quantités assez notables et dans un
élat de pureté suffisante pour pouvoir être affirmatifs à cet égard. »
PHYSIOLOGIE ANIMALE. — Des variations de la force du cœur.
Note de M. Marey.
« La force du cœur, c'est-à-dire la valeur de l'effort qu'il produit à
chacune de ses systoles, s'évalue ordinairement d'après la hauteur mano-
métrique à laquelle s'élève la pression du sang dans une artère voisine du
cœur. On multiplie cette pression par la surface intérieure du ventricule
gauche, approximativement mesurée, et le produit exprime l'effort total
exercé par les parois ventriculaires sur le sang qu'elles renferment. Cette
valeur de la force du cœur est un peu trop faible, attendu que la pression
dans le cœur offre toujours un notable excès sur la pression artérielle; c'est
la condition nécessaire du courant rapide qui se fait du cœur aux artères.
» Quand une influence quelconque fait varier la résistance que le sang
éprouve à passer des artères dans les veines, la pression du sang s'élève ou
s'abaisse, et avec elle varie l'effort que le cœur effectue pour se vider. En
cela, le cœur se comporte comme un muscle quelconque: pour tout muscle,
en effet, s'il s'agit de soutenir un poids, l'effort effectué est rigoureusement
égal à ce poids ; s'il s'agit d'imprimer au poids une vitesse, l'effort nécessaire
croîtra avec cette vitesse.
» Les expériences que nous venons de rappeler ne mesurent donc que
l'effort actuel du cœur, mais ne préjugent rien relativement à l'effort maxi-
( >6o )
mum que cet organe pourrait développer s'il avait à lutter contre nne résis-
tance insurmontable. Pour mesurer cette force possible du cœur, j'ai re-
couru à des expériences directes.
» Isolant le cœur d'une tortue, je le plaçai dans les conditions de la circu-
lation artificielle, c'est-à-dire sur le trajet d'un système de tubes dont les
uns lui amenaient, à la façon de veines, du sang emprunté à un vase qui
servait de réservoir, tandis que d'autres tubes, fonctionnant comme des
artères, versaient ce sang dans un autre réservoir plus ou moins élevé. Sur
le trajet de ces tubes, le cœur agissait donc comme une véritable pompe
foulante. Un manomètre était branché sur le tube artériel, très près de l'ori-
fice du cœur.
» En laissant la circulation s'effectuer librement, on constate à chaque
systole du cœur une élévation du manomètre, élévation d'autant plus
grande que le vase qui reçoit le sang artériel est plus élevé. Veut-on savoir
quel est l'effort maximum que le cœur peut développer, on comprime le
tube artériel en aval du manomètre, et l'on voit le mercure s'élever jusqu'à
une hauteur double ou triple de celle qui correspond à l'effort fonction-
nel du cœur, à celui qu'il effectue dans les conditions physiologiques
pour se vider dans les artères.
» Mais cet effort statique exercé par le cœur contre le manomètre est
loin d'éfre constant; il varie suivant l'instant où on le mesure. Si l'on saisit
le moment où le ventricule rempli n'a pas encore commencé sa phase de
resserrement, on obtient l'effort maximum ; mais, si l'on attend que l'or-
gane se soit déjà vidé d'une partie de son contenu pour le faire agir sur le
manomètre, on trouve que la valeur de son effort est plus petite. Cette valeur
décroit graduellement jusqu'à la fin de la systole et tend à devenir nulle.
» Ces résultats sont pleinement concordants avec ce que l'on connaît de
la force contractile des muscles, qui a son maximum quand leurs fibres
sont allongées et diminue graduellement à mesure que ces fibres se rac-
courcissent.
« On ne pouvait toutefois a /:>r/on' attribuer à la force du cœur cette
décroissance graduelle. En effet, dans l'acte systolique intervient une con-
dition qui compense plus ou moins la décroissance de la force musculaire:
je veux parler de la diminution graduelle du volume de sang contenu
dans les ventricules. Grâce à cette diminution du contenu ventriculaire,
l'effort nécessaire pour produire une même pression manométrique sera
d'autant plus petit que la masse de sang contenue sera moindre. Les choses
( '6i )
se passent comme si un muscle, à mesure qu'il se raccourcit, agissait sur
un bras de levier de plus en plus favorable; on conçoit que le moment
d'action de ce muscle puisse changer de manière à compenser totalement
la diminution de sa force, à mesure que le raccourcissement s'effectue.
» Il n'en est pas ainsi pour la force du cœur, et, malgré les conditions
mécaniques de plus en plus favorables dans lesquelles il se trouve, du com-
mencement à la fin de sa systole ventriciilaire, les efforts manométriques
qu'il a développés ont rapidement décru; les chiffres o™, i r, o™,o8, o^joS,
o°',02 de mercure expriment les valeurs successives de ces efforts.
» Ainsi, le cœur a d'autant plus de force qu'il est plus rempli. Ce fait
rend compte de ce qui se passe dans les cas où un obstacle au cours du sang
élève la pression artérielle et crée à l'action du cœur une résistance plus
grande. Le cœur ralentit alors ses mouvements, comme je crois l'avoir dé-
montré autrefois. Or, par suite de ce ralentissement, le ventricule a plus de
temps pour se remplir et s'emplit effectivement davantage; il se trouve
donc, au début de sa systole, doué d'une force plus grande et capable de
surmonter une résistance qu'il n'eût pu vaincre s'il eût été moins rempli.
» Il y a ici un nouvel exemple de ces harmonies que M. Milne Edwards a
souvent signalées dans son beau Traité de Physiologie, montrant que
chacun de nos organes se met, à chaque instant, dans l'état le plus favo-
rable à l'exercice de sa fonction. »
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Remarques sur la chlorophylle.
Note de M. Pringsheim.
« Les Communications relatives à la chlorophylle qui ont été publiées
dans les derniers numéros des ComjAes rendus de l'année 1879 (t. LXXXIX,
n°' 20, 21, 22, 23) me donnent l'occasion d'appeler l'attention de l'Aca-
démie sur deux Mémoires que j'ai publiés, il y a quelques mois, dans les
Comptes rendus mensuels de l'Académie des Sciences de Berlin (voir Monats-
btrichle d. Berl. Jcad. vom Juli und November 1879).
» J'y traite la question importante, qui a été tant de fois soulevée, et
queM. Chevreul aadresséeà M. Trécul dans laséance du ("décembre 1879,
concernant le rôle que joue la chlorophylle dans les plantes.
» En exposant, au microscope, le tissu végétal à la lumière solaire con-
( '62 )
centrée au moyen d'une lentille d'assez grandes dimensions, j"ai pu, par
cette nouvelle méthode d'expérimentation, modifiée d'ailleurs d'après
certaines conditions physiques, suivre par l'observation directe les effets
de la lumière sur la chlorophylle et le contenu protoplasmique de la cel-
lule vivante.
» Sans entrer dans les détails de ces expériences, que l'on pourrait
appeler miaophotoclnmiques, et qui d'ailleurs sont décrites succincte-
ment dans les deux Mémoires ci-joints que j'ai l'honneur de présenter à
lAcadémie, je me borne ici à en indiquer les résultais les plus saillants.
» Et d'abord je ferai remarquer que j'ai pu démontrer l'existence d'une
substance oléagineuse cristallisable, inconnue jusqu'à présent, qui se ren-
contre dans les grains de chlorophylle des plantes vertes. Cette substance
incolore, que j'appelle li/pochlorine, est un dissolvant énergique de la
chlorophylle, avec laquelle pourtant elle peut être confondue facilement
lorsque, par leurs dissolvants communs, on l'extrait des grains de chloro-
phylle qui la contiennent.
» De l'ensemble des notions que j'ai acquises sur l'hypochlorine, sur ses
caractères chimiques et sur son existence générale dans toutes les plantes
vertes qui se développent sous l'influence libre de la lumière, il résulte
d'une manière certaine que ce corps, riche en carbone, qui d'ailleurs n'a
pas encore été obtenu à l'état pur, a une relation directe avec l'assimila-
tion du carbone par les parties vertes des plantes. Et si l'on considère de
plus les conditions dans lesquelles, d'après mes recherches réitérées, l'hy-
pochlorine se forme dans les plantules étiolées pendant la germination,
il est difficile de ne pas admettre qu'elle est le produit immédiat de la dé-
composition de l'acide carbonique. En effet, de tous les corps carbonés dont
la production dans la plante a été attribuée plus ou moins directement à la
décomposition de l'acide carbonique, l'hypochlorine est le seul que les pha-
nérogames, en germant, ne peuvent pas former sans l'aide de la lumière.
» Quant à la chlorophylle elle-même, il résulte de mes recherches que
ce pigment n'est pas décomposé dans l'acte de l'assimilation du carbone.
La chlorophylle, donc, ne peut pas être considérée chimiquement comme
substance mère des corps carbonés des plantes.
» Dans la cellule vivante insolée au moyen de la méthode indiquée plus
haut, elle se décompose en effet sous les yeux de l'observateur, mais sa
décomposition est indépendante de l'absorption et de la présence même
de l'acide carbonique. Elle s'effectue évidemment par l'absorption de
( i63 )
l'oxygène dans l'acte de la respiration végétale proprement dite, ce mol
pris dans le sens que M. Garreau lui a donné.
» Or, on sait que la respiration ou l'inspiration d'oxygène atmosphé-
lique a lieu chez les végétaux comme chez les animaux sans discontinuer,
c'est-à-dire en plein jour comme dans l'obscurité. De plus, mes expériences
microphotochimiques viennent prouver que, dans la cellule vivante
verte, l'absorption de l'oxygène augmente avec l'intensité de la lumière
et surtout avec l'intensité des rayons chimiques du spectre solaire. Mais
la respiration, augmentant de plus en plus en pleine lumière, finit, ce
qu'on voit clairement au microscope, par devenir nuisible à la plante,
en brûlant les corps combustibles du contenu de la cellule et en détruisant
en première ligne l'hypochlorine, qui sert d'aliment à la respiration.
» La lumière intense, dont la plante ne peut se passer et qui est si indis-
pensable pour l'accumulation du carbone, lui devient pernicieuse, par con-
séquent, du momentoù, l'intensité de la lumière dépassant certaines limites,
l'énergie de l'oxydation devient plus grande que l'énergie de rassiniilation.
C'est la chlorophylle qui, par ces absorptions lumineuses, contre-balance
ces deux fonctions, opposées l'une à l'autre dans leurs effets physiolo-
giques. En absorbant de préférence les rayons chimiques de la lumière, le
pigment chlorophyllien en diminue l'effet respiratoire, et c'est grâce à cet
écran protecteur dont jouit la plante que, même en plein soleil, l'assimi-
lation du carbone surpasse l'oxydation des corps carbonés des plantes.
» Ainsi, contrairement à ce qu'on croyait jusqu'à présent, la chloro-
phylle n'a pas de relation directe avec la décomposition de l'acide carbo-
nique, mais joue plutôt un rôle régulateur dans l'acte respiratoire des
végétaux. On doit donc reconnaître que l'existence de la végétation et l'accu-
mulation des corps carbonés dans les plantes s'expliquent suffisamment par
ce simple rôle régulateur de la chlorophylle, sans qu'on ait besoin d'ad-
mettre que le pigment vert entre chimiquement dans l'acte de la décompo-
sition de l'acide carbonique, ce qui, d'ailleurs, est contraire à l'expé-
rience.
» Pour se faire une idée juste de ce rôle protecteur de la chlorophylle, il
faut tenir compte de ses relations intimes avec l'hypochlorine et de la loca-
lisation commune de ces deux substances dans les grains de chlorophylle.
» Ordinairement, on admet que ceux-ci sont des corps solides, homo-
gènes et colorés par le pigment. Certains pliytotomes professent aussi l'opi-
nion que ce sont de vraies vésicules, munies d'une membrane propre.
( i64 )
Mais lorsque, dans les conditions indiquées dans mon Mémoire, on les
examine attentivement au microscope, on arrive à constater que ce sont
en effet des corps visiblement poreux, dont la substance solide, semblable
à peu près à une petite éponge, est imprégnée entièrement d'une huile
spéciale dans laquelle le pigment vert est dissous et qui généralement ren-
ferme la substance cristallisable que j'ai nommée hypochlorine. Protégé de
la sorte par le pigment foncé, l'hypochlorine, qui semble être la substance
mère des hydrates de carbone, est à l'abri d'une combustion rapide, qui
en plein soleil la détruirait bientôt par l'absorption d'oxygène, croissant
dans les parties vertes avec l'intensité de la lumière.
» On peut se convaincre de ce fait par l'observation directe, en exposant
des cellules vertes à l'insolation à différents degrés d'intensité de lumière.
» Dans les cellules insolées sans interruption, pendant toute une longue
journée d'été, on trouve, si les rayons du soleil qui frappent la cellule ne
sont pas concentrés, l'hypochlorine entièrement intacte dans les grains de
chlorophylle, qui eux-mêmes ne se décolorent pas non plus pendant cette
insolation non interrompue. Toutefois, il faut éviter que la température
atteigne un degré nuisible. Evidemment, dans ces circonstances, l'absorp-
tion chlorophyllienne suffit pour garantir l'existence de l'hypochlorine,
même en plein soleil.
» Mais lorsqu'on expose des cellules vertes à l'influence de la lumière
solaire concentrée d'après la méthode d'expérimentation indiquée plus
haut, l'hypochlorine est détruite presque à l'instant, avant même que la
chlorophylle soit attaquée parla lumière intense. Bien entendu, du reste,
que l'expérience se fait en présence de l'oxygène. Dans les milieux dépour-
vus d'oxygène, la lumière solaire, même concentrée, n'a pas d'effet ni sur
la chlorophylle ni sur l'hypochlorine.
» En terminant cet exposé succinct de mes recherches, je voudrais ajouter
encore une réflexion.
» On mettra peut-être en doute que ce rôle régulateur de la respiration
que la chlorophylle joue, d'après mes vues, soit le seul qu'elle remplisse
dans l'acte vital de la végétation. Il va sans dire qu'on pourrait déduire
théoriquement de l'absorption lumineuse du pigment une augmentation
de température utile à la plante. D'un autre côté, les notions, peu précises
à la vérité, que nous possédons à l'égard de l'influence des matières
colorantes sur l'action chimique de la lumière pourraient amener à
admettre un effet direct de la chlorophylle sur l'assimilation du carbone,
( >C5 )
effet que les absorptions lumineuses de cette substance produiraient en
augmentant l'activité chimique des rayons auxquels on attribue la décom-
position de l'acide carbonique.
» Toutefois, la fonction protectrice de la chlorophylle est la seule qui
soit démontrée directement; quant aux hypothèses que je viens de men-
tionner, elles ne sont basées ni sur iin fait positif ni sur une expérience
bien démontrée, et les recherches que je poursuis depuis longtemps dans
ce but ne m'ont pas fourni jusqu'à présent de résultats assez décisifs.
J'espère pourtant qu'il me sera possible de leur donner la précision
désirable, et je ne manquerai pas alors de les faire connaître avec tous les
développements nécessaires, »
M. Larrev communique à l'Académie l'extrait suivani d'une Lettre qu'il
vient de recevoir de M. ôfe Lesseps :
« A bord du paquebot Lafayette, 3o décembre 187g.
» Nous allons aborder la plage de Colon, ferme de notre première na-
vigation, avant de prendre le chemin de fer qui nous conduira à Panama.
Je griffonne, au milieu d'un assez fort balancement, quelques lignes qui
vous annoncent notre bonne arrivée, ainsi que je vous l'ai promis.
» Deux jours après notre départ de Saint-Nazaire, nous avons eu grosse
mer jusqu'aux Antilles.
» Nous avons relâché à la Guadeloupe, où la quarantaine ne nous a
pas permis de communiquer avec la terre.
1) A la Martinique, la population entière nous a fait un accueil splendide.
Je vous envoie une gravure représentant la partie du jardin botanique de
Saint-Pierre où la Municipalité, la Chambre de commerce, le Cercle, etc.,
se sont réunis pour nous donner, sous les inextricables ombrages des tro-
piques, un banquet de cent cinquante couverts, ayant pour entourage une
population de toutes les couleurs.
» Nous avons ensuite relâché à la Guayra, port du Venezuela, où nous
avons eu un avant-goût de l'enthousiaste réception qui nous a été faite à
Bassenquilla, ville de la Colombie, au bord de la Madeleine.
» Nous avons beaucoup examiné, pendant la traversée, la question du
travail de notre canal avec les membres de la Commission technique.
Nous sommes pleins de confiance dans le résultat.... «
G. R., 1880, I" Semestre. (T. XC, N<>4.) 22
( i66
MEMOIRES PRESENTES.
PHYSIQUE. — Sur un nouveau condensateur voltaïque. Note de M. d'Arsonval,
présentée par M. Berthelot.
« En voyant les effets énergiques, mais très courts, développés par les
piles secondaires, et principalement par la batterie de M. Gaston Planté,
je me suis demandé s'il n'était pas possible d'obtenir un condensateur
voltaïque pouvant emmagasiner ime quantité d'électricité beaucoup plus
grande. J'ai essayé, en conséquence, de découvrir les causes qui limitent
si malheureusement ce qu'on pourrait appeler le pouvoir condensant du
couple à lames de plomb.
» Si l'on suppose ce couple chargé, on voit qu'il représente une pile
dont le métal oxydable est l'hydrogène et le corps dépolarisateur
l'oxygène emmagasiné à l'état de peroxyde de plomb. L'état gazeux du
métal oxydable en limite forcément le dépôt, qui atteint bientôt un
maximum qu'il ne peut dépasser. A partir de ce moment, le couiant
de charge passe en pure perte, puisque l'hydrogène produit est rejeté dans
l'atmosphère. C'est la principale cause qui limite le pouvoir condensant
du couple à lames de plomb, mais ce n'est pas la seule. Le dépôt d'oxy-
gène est également limité et cesse lorsque la lame de plomb est recouverte
sur toute sa surface d'une couche de peroxyde de plomb qui protège le
reste du métal contre l'oxydation. A partir de ce moment, l'oxygène se
dégage dans l'air et le courant de charge passe inutilement. Il y a donc
avantage à développer énormément la surface du plomb où se produit le
dégagement d'oxygène.
)) J'ai eu l'idée de remplacer le dégagement d'hydrogène, métal gazeux^
par un dégagement de zinc, métal solide. Ce n'est plus l'eau que j'élec-
trolyse, mais bien un sel de zinc. D'un autre côté, j'ai considérablement
augmenté la surface du plomb offerte à l'oxydation en remplaçant la
lame unique par une lame de charbon entourée de grenaille de plomb
très fine. La surface du plomb devient énorme si l'on prend ces grains
de plomb très fins désignés dans le commerce sous le nom de cendrée.
Mon couple secondaire se compose donc d'une lame de zinc et d'une
lame de charbon entourée de cendrée plongeant dans une solution
( ï67 )
concentrée de sulfate de zinc. Si un couple ainsi construit est traversé par
un courant voltaïque allant du charbon au zinc, le sel de zinc se trouve
électrolvsé, le zinc se dépose siu- le zinc et l'oxygène vient former sur le
plomb du peroxyde de plomb, l'acide sulfurique restant à l'état libre. Le
dépôt du métal oxydable ne se trouve plus limité, et l'oxygène peut être
accumulé en beaucoup plus grande quantité. Avec un petit couple qui ne
contenait que i"*^ de cendrée j'ai pu faire fonctionner, quatre heures
durant, un moteur électrique Deprez.
» Dans la pratique, j'ai remplacé avantageusement la lame de zinc par
une couche de mercure, qui forme un amalgame avec le zinc électrolysé.
Dans ces conditions, le couple m'a paru conserver très longtemps sa charge.
J'ai trouvé sa force électromotrice maxima égale à 2^°'", i .
» Le plomb n'est pas le seul métal qui puisse servir avantageusement à
emmagasiner l'oxygène ; le manganèse produit le même résultat : c'est même
lui excellent moyeu pour recharger les couples Leclanché épuisés. Je citerai
aussi l'argent, qui, en présence du chlorure de zinc, donne un dépôt de
chlorure d'argent. Mais rien comme force électromotrice n'approche du
peroxyde de plomb, comme on le sait d'après les expériences de M. A. de la
Rive et celles de M. G. Planté. On peut également employer comme corps
oxydable un métal dont le sel est soluble, le cuivre par exemple. Dans ces
conditions, il se produit du sulfate de cuivre; mais son accumulation est
rendue impossible, car ce sulfate de cuivre se trouve électrolysé au même
titre que le sulfate de zinc et de préférence à lui : le cuivre va se déposer
sur la lame de zinc, et l'on défait d'un côté ce que l'on fait de l'autre. C'est
pourquoi il faut, autant que possible, emmagasiner l'oxygène sous forme
d'un composé insolublcj pour le soustraire à l'électrolyse du courant de
charge. Si l'on produit un sel soluble, il faut l'isoler, au fur et à mesure
de sa production, par un mécanisme que je ferai connaître dans une pro-
chaine Communication sur les piles vollaïques (' ). »
VITICULTURE. — Sur l'emploi du sulfure de carbone pour la destruction du
Phylloxéra. Lettre de M. Boitead, délégué de l'Académie, à M. Dumas.
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
« Des observations faites dans le courant de l'année qui vient de s'é-
couler il résulte que, le sulfure de carbone étant un agent des plus funestes
(') Ce travail a élé fait au laboratoire de Médecine du Collège de France.
( '68)
pour le système radicnlaire de la vigne, il y a lieu d'en modifier les modes
d'emploi et de chercher la combinaison la plus favorable à la destruction
du Phylloxéra, tout en nuisant le moins possible au végétal.
» Les effets de mortification que j'ai signalés au commencement de
l'année 1879 se rapportaient aux opérations faites dans la Gironde. De-
puis, j'ai fait une excursion dans le midi de la France, et j'ai pu me con-
vaincre que les accidents se produisent sous tous les climats et que le mal
signalé dans la Gironde se constate dans l'Hérault. Le doute n'est donc plus
permis, et il y a lieu de tenir compte, et un compte très sévère même,
d'accidents inévitables , mais que l'on pourra rendre inappréciables.
Dans ce moment, je fais arracher de très vieilles vignes qui ont reçu
l'année dernière une première application de sulfure de carbone. H
m'est très facile de me rendre compte des accidents produits en visitant
le système radicnlaire soulevé. Tout ce que j'observe confirme pleinement
ma Communication de l'année dernière, et des racines d'un diamètre
déplus de o™,o5 sont totalement mortifiées dans le voisinage des injec-
tions (').
» Ce qui découle de ces constatations, c'est que, sans abandonner le
seul agent insecticide dont nous puissions tirer un parti avantageux, il y a
lieu de bien se pénétrer de ses effets funestes et de chercher dans les com-
binaisons de son emploi quels seraient les moyens de concilier la destruc-
tion de l'insecte sans nuire au pied de vigne. En règle générale, il vaudrait
mieux laisser subsister quelques parasites que d'attaquer trop sérieusement
le système radicnlaire. Toutes mes observations ont confirmé les appré-
ciations que j'ai déjà eu l'honneur de communiquer à l'Académie et qui se
rapportent au rayon toxique, à l'asphyxie momentanée et à l'époque
d'emploi.
» Tout ce qu'il faut chercher à produire, c'est de faire disparaître le plus
grand nombre possible d'insectes avec le plus petit nombre d'injections. Il
y a cependant une limite au delà de laquelle on ne peut pas aller. Le sul-
fure de carbone rayonne à une distance qui peut aller à plus de i™,5o;
(') Au Mas de las Soires, près Monipellier, j'ai fouillé les carres Uaités par la Compagnie
P.-L.-M., et les accidents sont semblables à ceux qui ont été observés dans la Gironde.
L'aspect extérieur des vignes au mois d'août démontrait, jjar la végétation, quels étaient les
points traités et ceux qui avaient été laissés comme témoins : ces derniers étaient les plus
favorisés. Il serait donc léiuéraire de nier des faits qui |)ouriaii'nt avoir pour les proprié-
taires de funestes conséquences, en les laissant croire à l'innocuité complète du sulfure de
carbone.
(•69)
mais l'effet insecticide ne dépasse guère, dans aucun cas, o", 35on o™,4o
au plus. Il y a donc une nécessité inévitable : c'est celle de faire au moins
deux injections par mètre carré. Cette quantité minimum ne peut pas être
réduite si l'on veut obtenir des résultats sérieux. Il faut encore que les
injections soient disposées de manière à ne pas alleindre le svstème radicii-
laire dans tout le pourtour du cep, afin de laisser la plus grande quantité
de racines intactes. Tous les procédés qui consistent à entourer les ceps
d'une ceinture d'injections doivent être rejetés. Les procédés à injections
réitérées, avec tous les trous alternés, sont ceux qui procurent le plus de
mortifications. Il en est de même du procédé qui consiste à faire une injec-
tion au pied même de la souche; c'est ce dernier qui nous a donné les plus
mauvais résultats.
» Pour vaincre dans la mesure la plus large possible tous ces accidenis,
je vais indiquer un procédé qui est applicable à toutes les vignes, cpielles
que soient les distances des interlignes. Ce procédé consiste à faire les in-
jections en lignes parallèles aux lignes des ceps, en se portant à droite et à
gauche de celles-ci, et à des distances qui peuvent varier par suite de la
largeur des interlignes, mais qui, dans aucun cas, ne doivent être inférieures
à o"", 20 ou o™,3o. Ces distances, variables entre les interlignes, ne le
sont plus dans le sens des lignes, et pour celles-ci on prend la distance
maximum d'un trou à un autre et qui doit être de o™,70 0u deo™, tS.
Par ce moyen, on a des bandes parallèles qui n'ont aucun trou d'injec-
tion. Les lignes des ceps se trouvent au milieu de ces bandes et les ra-
cines peuvent y circuler librement sans craindre l'intoxication. Le nombre
des lignes d'injections varie entre chaque interligne des ceps suivant la
largeur de ceux-ci. Les injections devant être à un maximum de distance
de o^j^o à o'",75, il faut autant de lignes d'injection qu'il y a de fois
o™, 70 ou o™,75 dans les interlignes. Il arrive très souvent aussi que les
distances ne sont pas des multiples réguliers de ces chiffres, ce qui mo-
difie les distances, et par conséquent les doses à injecter. Si le sulfure de
carbone agit efficacement sur l'insecte, c'est encore à la condition d'être
injecté à une dose déterminée par mètre carré. La doje qui nous a paru
donner d'excellents résultats culturaux varie entre 16^"^ à aoS' par mètre
carré et en deux injections.
)) Si l'on fait des traitements réitérés, il est nécessaire de répéter l'opé-
ration en se servant des mêmes trous, afin de ne pas augmenter les acci-
dents. Dans les traitements simples, ou devra opérer de la même manière
( 170 )
et chercher autant que possible à faire tous les ans les injections aux
mêmes points.
» D'après ce qui précède, voici comment nous conseillons de pro-
céder.
» En général, les vignes sont espacées par des interlignes qui varient
depuis i" jusqu'à 2™. De 1™ à 1", 5o, il faut faire deux lignes d'injections,
et de i™,5o à 2™ il faut en faire trois.
» Dans les plantations de i'"à i'",5o, il y a plusieurs moyennes qui font
varier le nombre d'injections et demandent, par conséquent, des doses
différentes. Il en est de même pour les plantations de i"", 5o à 2™.
>> Les figures suivantes donnent la place des trous d'injections pour les plantations de
i'" à i", 5o et de i"',5oà a'".
Dei"ài",Jo. Dei'"ài",5o.
' X
• X • • X o'",70.
•x
X X
X
X • • X .
Deo^jSoà o°',75. De o", 25 à 0,37.
» Dans les interlignes, les distances des trous varient de ©""jSo à o'", yS.
» Des trous d'injection à la ligne des ceps, les trous varient de o"',25 à o"',37.
» Dans le sens des lignes, les trous d'injection sont à la distance niovenne, soit o'",70.
» Le nombre d'injections par hectare varie de igooo à '9000 environ.
» D'après ces nombres de trous, qui sont les extrêmes de plusieurs moyennes suivant
( '?■ )
les distances intermédiaires, on arrive aux doses qne nous avons établies dans le Tableau
suivant :
De r",oo à i"',2o ^61 pa,. injection
De i"',ao à i"',3o S^"-
De i"',3o à i"',4<' tf' »
De i"',4o à r",5o iqS'' »
De 1™, Sois". De 1", DO il 2".
X • • • X •
■ . ■ .X- . ■ .,
• X ■ ' ^ { °"''^°"
X •
• X ■ • • X
" x" "
X • j • j/_.
Deo",5oào". 66. Deo", 25 à o^.SS.
» Dans les interlignes, les distances des trous varient de o", '^o à o"',66.
» Des trous d'injection aux lignes des ceps, les distances varient de o'", aS à ()"',33.
>• Dans le sens des lignes, les trous d'injection sont à la distance moyenne, soit o'", 70.
" Le nombre d'injections par hectare varie de 22000 à 29000 environ.
" D'après ces nombres de trous, qui sont les extrêmes de plusieurs moyennes suivant
les distances intermédiaires, on arrive aux doses établies dans le Tableau suivant :
De I'", ~)0 à i"',6o G^'' par injection
De i"',6o à i"',8o! 7*''
De r",8o à 2'" 8e''
n Si les lignes des ceps n'avaient pas les espacements réguliers, on appliquerait les
Tableaux aux distances, et, si les espacements irréguliers étaient régulièrement alternés, on
pourrait établir une moyenne de deux interlignes et opérer d'après celle-ci.
>■ Dans les plantations à deux ou trois rangées de ceps, on opère comme ci-dessus; mais
il est nécessaire de faire, en dehors du dernier rang, deux lignes d'injections, la dernière
à G"', 50 en tous sens.
« Si les plantations sont à rangs seuls, on met les trous d'injection à o'",3*j de la ligne des
ceps; mais il est nécessaire de faire deux lignes d'injections de ch^ique côté, la dernière à
'7
G en tous sens.
'V-
X
X
X
X
o'",70 o'",ii.').
). La dose de sulfure doit être de g^' par injection.
.. Les trous d'injection sont bouchés par l'ouvrier, qui tasse leur ouverture avec son
pied.
)> I.e sulfure de carbone ne détruit les insectes souterrains que lorsque
ceux-ci sont situés sur des racines ou sur les parties du végétal qui se
trouvent recouvertes d'une couche de terre d'une dizaine de centimètres.
Ceux qui sont situés sur le collet de la plante ou sur la base des racines
qui forment le premier étage sont presque toujours épargnés, et ce sont
eux qui sont la principale cause des réinvasions estivales.
» Pour être complet, le traitement au sulfure de carbone doit être aidé
par un badigeonnage de la partie inférieure de la souche et de la base des
premières racines, destiné à faire disparaître les insectes épargnés par ce-
lui-ci (').
» Cette opération, très peu coûteuse, peut se faire pendant tout l'hiver;
mais il est préférable de profiter du déchaussage de la première façon de
laboin-, qui se fait aux mois de mars ou d'avril. Il est indispensable d'opé-
rer avant l'éclosion de la première ponte, qui a lieu dans le mois d'avril.
( ') Ce moyen, que j'avais indiqué dans mon Guide de 1878, a donné de si bons résultats
dans les parcelles où il a été appliqué en 1879, qu'au mois de septembre dernier on ne
trouvait pas un seul insecte sur les racines des pieds ainsi traités, tandis que les pieds voi-
sins, qui n'avaient reçu que le sulfure de carbone, rn étaient assez abondamment pourvus.
Afin de faciliter la pénétration de la solution insecticide, il est utile d'enle-
ver en godet la terre qui se trouve au pourtour du collet de la plante et de
la base des premières racines.
" On peut se servir, comme agents insecticides, des différents sulfocar-
bonates purs ou en solutions au cinquantième, ou encore (et c'est le li-
quide que nous recommandons, à cause de sa plus grande durée d'effet et
de son bas prix), des solutions à base d'huile lourde de coaltar.
» Voici comment je prépare mes nouvelles solutions, qui sont très efficaces et complète-
ment inoffensives :
Chaux éteinte en pâte assez consistante. . 5 parties
Huile lourde de coaltar i »
mélanger le tout à l'aide du bouloir dont se servent les maçons pour faire le mortier ou par
tout autre moyen, de manière à incorporer parfaitement les deux substances. I! en résulte
une pâte noire, d'une odeur très pénétrante et d'une consistance plus ou moins grande. Cette
pâte doit être tenue dans un endroit frais.
» Pour l'employer, on l'étend de huit ou dix fois son volume d'eau en agitant fortement
à l'aide d'un pinceau. A cet effet, on se sert de seaux ordinaires que l'ouvrier porte à la
main. Il est utile d'agiter chaque fois que le pinceau plonge dans le liquide. Cette solution
niainlient l'huile ])arfaitenient dissoute et le pinceau ne se charge jamais; il est impossible, le
voulût-on, de nuire au cep. L'ouvrier muni de son seau et de son pinceau suit les ceps de
vigne et mouille fortement, à l'aide de ce dernier, le collet et la base des premières racines,
en laissant couler une partie du liquide autour de la racine pivotante et sur la terre formant
cuvette.
» Si l'on se sert des stdfocarbonates, on doit employer le même procédé
d'application; mais alors il est utile de recouvrir immédiatement de terre,
pour empêcher l'évaporation de se produire. Avec les préparations à base
d'huile lourde de coaltar, cet inconvénient n'est pas à craindre, et l'on
peut attendre le chaussagede la seconde façon. »
VITICULTURE. — Sur la résistance du Phylloxéra aux basses températures.
Extrait d'une Leilre de M. M. Girard à M. le Secrétaire perpétuel.
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
« Dans une Note récente (')sur la résistance des pucerons aux froids
rigoureux, M. J. Lichtenstein annonce que les Phylloxéras souterrains de
(') Comptes rendus, t. XC, p. 80.
C. R., 1880, 1" Semtstre. (T. XC, ^° 4.) ' ^3
( 174)
la vigne n'ont nullement souffert des basses températures — ii° et — 12°
qui ont été constatées à Montpellier eu décembre iSyg. Ce fait était aisé
à prévoir, d'après mes expériences antérieures.
» Pendant l'hiver 1875- 1876, j'ai constaté, au laboratoire de M. Pas-
leur, que des larves hivernantes du Phylloxéra, fixées sur les racines, ont
supporté, pendant plusieurs jours, l'action direcle àes températures — 8° et
— 10°, obtenues par des mélanges réfrigérants. J'en tirais cette conclusion
que, en raison de In mauvaise conductibilité du sol et d'après les expé-
riences de MM. Becquerel, le Phylloxéra souterrain n'avait rien à craindre
du froid ( '). «
M. G. FoEX adresse, de Montpellier: i°des photographies relatives au
Phylloxéra et aux vignes américaines; 2" une collection de modèles de
graines de vignes, à un grossissement de 10 diamètres, exécutés en vue de
faciliter l'étude des caractères distinctifs des espèces.
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
M. Gard adresse une Communication relative à un mode de traitement
des vignes phylloxérées.
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra. )
CORRESPONDANCE.
M. le DiRFXTECR GÉNÉRAL DES DocANEs adrcsse un exemplaire du Tableau
général des mouvements du cabotage en 1878.
ANALYSlî MATHÉMATIQUE. — Sur des fonctions de deiix Variables à trois ou quatre
paires de périodes. Note de M. Appell, présentée par M. Bouquet.
« I. Soient b et. [i deux constantes données, m un entier quelconque,
n,, rto, ..., ci„, a,, «2, ,.., a„ des constantes assujetties à la condition
(') Ries expériences sont exposées en dérail dans mon travail Sur la maladie de la vigne
dans les Charentes, travail qne l'Aradéraie a bien voulu insérer dans ses Mémoires des
Sai'ants étrangers pour 1876.
l 1/5 )
la/,~lx/,— rn^. Posons
et désignons pary(/) une fonction uniforme dej admettant la période h.
La fonction
(<) /[^,„j,-+A ioj.y(x)]
est une fonction uniforme de x et 7 admettant trois paires de périodes
conjuguées, à savoir pour x les périodes w, w', o et pour j- les périodes
correspondantes o, — , è. Formons un nombre quelconque de fonctions
telles que(i), puis prenons une loiiclion rationnelle de ces (onctions, de
fonctions doublement périodiques de x aux périodes w et w', et de fonc-
tions doublement périodiques de y aux périodes — et Z) ; nous obtien-
drons ainsi une fonction uniforme ^[x,y) admettant les trois paires de
périodes déjà indiquées, et dont les dérivées partielles sont des fonctions
composées de la même façon que la fonction elle-même.
» II. Parmi les fonctions précédentes F( a:, j), je considère en particulier
celles qui sont des fonctions rationnelles de e * : les dérivées partielles de
ces fonctions seront composées comme les fonctions elles-mêmes. Entre
trois de ces fonctions particulières
(2) u = ^{x,j), i'-^w{x,;r)' H'=-n(a-,j),
il existe une relation alcjébriqite. En effet, en éliminant e '' entre les deux
premières des équations (2), on obtient une relation algébrique entière
entre u et f, dont les coefficients sont des fonctions de x admettant la pé-
riode w et se reproduisant multipliées par un facteur de la forme Ae "
quand on augmente x de 00'. Ce facteur est le même pour tous les coeffi-
cients, car la relation entre n, v et x ne doit pas changer quand on aug-
mente X de m'. Par suite, en multipliant ou divisant tous les termes de
cette relation par un produit convenable de fonctions 9, on peut la mettre
sous la forme
(3) ln'v^h-,,^=o,
où les coefficients B bont des fonctions de x admettant les deux périodes w
( 176)
et oj'. En éliminant de même e ' entre la première et la dernière des
équations (2), on obtient une relation
(A) luhv^Cy,,= 0,
OÙ les coefficients C sont des fonctions de x admettant les deux périodes «
et w'. L'élimination de x entre les équations (3) et (4) conduit à une rela-
tion algébrique entre u, v, îv, ce qui démontre le théorème. En particu-
lier, il existe une relation algébrique entre m, -t-» -t-- Il résulte encore du
théorème précédent que, si l'on considère deux équations algébriques
(5) f,{z,t,U,v)^^0, /,{z,t, II, i>)'-=0
entre deux variables z et < et les fonctions u, v de x et j, les variables x
etj-, considérées comme fonctions de z et i définies par ces équations (5),
satisfont à un système d'équations différentielles simultanées de la forme
Z c?z-r-T clt = dx,
Z,dz-hT,dt = dy,
dans lesquelles Z, T, Z, , T, sont des fonctions aUjébriques de z et t.
» Parmi les fonctions de cette espèce se trouvent les fonctions de deux
variables à trois paires de périodes étudiées par Rosenhain (Académie des
Sciences, Savants étrangers, i85i).
). m. Si l'on fait
avec la condition id,^ — lu'/, = — '«/3', et si l'on emploie les mêmes nota-
tions que dans le § I, en supposant que la fonction y (j") admette, outre
la période b, une autre période b', on voit que la fonction
est uniforme et admet quatre paires de périodes conjuguées, à savoir
pour X les périodes o, o, w, w' et pour j' les périodes correspondantes b, b',
— 5 -4^- On peut encore former des fonctions analogues aux précédentes
avec des fonctions périodiques de plusieurs variables et des fonctions 0 de
plusieurs variables. »
( '77 )
ANALYSE MATHÉMATIQUE.— 5ur tes fonctions doublement périodiques de seconde
espèce. Note de M. Mittag-Leffler, présentée par JM. Hermile.
« Soit F (a;) une fonction doublement périodique de seconde espèce,
telle que
et soit
(2) F(rt + c) = A£-' +A,D£-'+... +AaD*£-' +B +B,£+...
pour le voisinage d'un pôle « de F{x). M. Hermite a montré que V[x)
peut alors être représenté par la formule
(3) F(a;)==2[A/(a;-a) + A.D/(x-fl) + ... + A„DV(a; -rt)],
où la sommation embrasse tous les pôles rt qui sont situés dans le paral-
lélogramme des périodes
p -i- ^ 2R 4- vj 2/K', o5?. et y/ peuvent être mises sous la forme
(7) l>- = ^'\ ^'-e-'-.
( 178 )
» La condition nécessaire et suffisante pour que ta formule (3) soit en défaut
est par conséquent que les deux constantes [i. et y.' puissent être mises sous la
forme (y).
» Il paraît être d'une grande importance de trouver une formule qui
remplace celle de M. Hermile dans ce cas d'exception. On peut facile-
ment obtenir cette formule en employant le même procédé par lequel
M. Hermite a déduit la formule
(8) Fi.)=S.-^.,B'lll=Jll^-,...^s^B^p^
de la formule (3) ('), dans le cas où F[x) est une fonction doublement
périodique de première espèce.
» Je préfère pourtant suivre une autre voie peutétre plus rigoureuse et qui
a été employée maintesfois par M. Hermite. Soit S[z) une fonction uniforme
quelconque avec le seul point singulier essentiel z -= J- et soit A la somme
des résidus des différeuls pôles de cette fonction qui sont situés dans l'in-
térieur du parallélogramme p -h ^ 2K. -+- vj 2iK.', sur le contour duquel il
n'y a point de pôles.
» On a alors
i 2!iiA ^ 2K / [S{p -+- 2¥^t) ' S[p + 2/K.'+ 2\\t)]dt
\ r'
I — 2iK'/ [S{p 'r-2iK.'t)^ ^{p -h 2K -h 2i[s.'t)]dt.
[9)
» Soit maintenant F [x) une fonction doublement périodique de seconde
espèce pour laquelle les deux constantes p. et [j.' ont la forme (7) et mettons,
en supprimant l'indice de 1,
et, pour un moment,
(i.) .f(z) = F(2)f(x-s).
» On a alors
#(j +- 2K) ■=S{z),
'12]
' ^ U{z+ 2iK') := S'{z) -h ^ e''-'^-^)r(z),
( ' ) Comptes rendus, t. LXXXV.
( 179 )
ef , en employant la formule (9),
(i3) A = -e^^r <'-'"'"^'>"F(/) 4-2R«)^
- 0
)i Supposons maintenant que x soit situé en dedans du parallélogramme
/> + ? 2 R -f « 2 / R' et que
()4) F(rt-f-£) = rt£-' + r/,D£-' H- . . . -f-fl<,D«£-' + h + b,i + . ..
dans le voisinage d'un pôle a. Le résidu qui correspond à ce pôle a devient
alors ( ' )
rtf(.r -rr) + rt.,Df(.r- n)^ .. . +a^W^[x - a),
et l'on obtient
(i5) r(j:) = rto^'^+2fflf(.r~fi) + rt,Df(jr- a) + ... 4- rt^D'f (.r - «)],
où
(16) rto = /" c-"''''+^'^' F(p + :?R/)r/^
et la sommation embrasse tons les pôles de V[x) qui sont situés en dedans
du parallélogramme des périodes.
» En mettant en (i5) x + 2/R' au lieu de x, on obtient immédiatement
(17) r(j:+ 2/R')= e'"'''F(^)- ^e''^2(« 4-rt,),+ . . .-^n,r)e-'%
d'où il suit que
(18) l{n^n,\+ ... ^ nJ.'')r-''"=o.
» Si l'on met, dans In formule (9), F(z) au lieu de §[z), on obtient, en
observant que a est le résidu du pôle a,
(■9) { .,
iK'{i-e'''') j ¥{p^2iK't)dt.
ii\
1) Il est facile de déduire la formule (18) de (19) et vice versa.
>' La formule (i5) avec les deux formules adjointes (jG) et (18) donnent
Compte.^ rendus, t. LXXXV, p. SgS.
( '«o )
ainsi la représentation de F(x) dans tons les cas où la formule (3) de
M. Hermite est en défaut. Si X = o, F(x) devient une fonction doublement
périodique de première espèce, et la formule (i5) se réduit alors à la
formule (8) donnée par M. Hermite, dans sa Note de la sixième édition du
Calcul différentiel et intégral par Lacroix. La formule (i 8) devient, dans
ce cas,
2a = o. »
ANAIiYSE MATFIÉMATIQIIE. — Sur la délerminalion d'équations numériques
ayant un nombre donné de racines imaginaires. Note de M. Laguerre,
présentée par M. Hermite.
« Il est très facile de former des types d'équation ayant tontes leurs ra-
cines réelles et de celles-là on déduit, comme on le sait, par les moyens
les plus élémentaires, un nombre indéfini d'équations qui ont tontes leurs
racines imaginaires ou du moins ne peuvent avoir qu'une racine réelle.
» Il est moins aisé de former des équations ayant un nombre déterminé
de racines réelles et un nombre déterminé de racines imaginaires; l'étude
des polynômes entiers qui satisfont à une équation différentielle du
second ordre fournit néanmoins un grand nombre de solutions de ce
problème.
1) Pour en donner un exemple, je considérerai l'équation
à laquelle satisfait le dénominateur y^ de la ;?i'*°°'' réduite de la transcen-
dante
^ re-'d.r
» Oti a, comme l'on sait ('),
y,„ = a;"' -+- m-x"'~' + 'J^_J!i -cc"'~-~i-...-hm.i.2.3...mx-{- 1 .23... m.
et l'équation y,„r= o a toutes ses racines réelles, inégales et négatives. Deux
C e~' dx
(') Voir ma Note Sur l'intégrale j [Bulletin de la Société mathématique de
Frame, t. VII, p. 'ja).
( '8« )
polynômesy,,, et /„, où ineln désignent deux nombres entiers différents
(je supposerai m >> n), ne peuvent, d'ailleurs, avoir de racine commune.
» Cela posé, des deux identités
^/"„-^{^-+-i)J ", = '"/,'„
et
on déduit aisément l'égalité suivante
a;V'-f- (a; + i) V = (m - n)f„f„,
où j'ai posé, pour abréger l'écriture,
» L'équation V=oa, du reste, toutes ses racines inégales; car, si un
nombre a annulait à la fois V et sa dérivée, il annulerait évidemment un
des polynômes/,„ et/„ sans annuler l'autre; en supposant qu'il annuley^^t,
il devrait annulei- également/',,, ce qui est impossible puisque l'équa-
tiony,'„=o a toutes ses racines inégales.
» De la relation précédente on déduit
.) En désignant, avec Gauchy, par la lettre I l'indice d'une fonction et
par £ une quantité positive très petite, j'en tire l'identité
où le premier membre est, au signe près, le nombre des racines négatives
de l'équalion V = o, puisque le facteur x demeure négatif dans l'intervalle
considéré. Dans le second membre, on peut négliger le terme — (a7-4-i),
qui ne devient jamais infini pour aucune valeur finie de la variable, ainsi
que le facteur positif (m — »).
» On a d'ailleurs, d'après une proposition fondamentale due à Cauchy,
./;„/, 'ifj'n.-.Lf:,.
0. R., 1880, \" Semestre. {1. XC, N« 4.)
24
( i8^ )
il suffit, pour le voir, de remarquer que le rapport
f„ f'm — fmf'i, ("' — n ].)■"'+" -^-^- . . .-\-(ni — n\.i . 9. . 3 . . .m.i .■>.?>. . .«
fmfn ~ ^"'+" -(-...-»- I . a . 3 ... m . I . 2 . 3 ... //
est négatif pour a;= — xi et positif pour a;~ — s.
» Les polynômesy,„ et ^ étant premiers entre eux, on a
— 00 — so — ao
d'où
p^^ in— Il — I .
M En désignant de même par 5 le nombre des racines positives de l'é-
quation V^o, on a
6=IÇ = I f-^-
ce nombre se réduit à
I
JnJ m JmJn
+ 1
.Tu/m finjn
JmJn
, . fj:„~f.„f:, I » • , .
puisque le rapport -^-f: conserve le même signe quand x varie
JmJn
depuis H- £ jusqu'à H- =o . Il est, du reste, égal à zéro, puisque l'équa-
\ïonJ,„ f„= o n'a pas de racine positive.
» On en conclut que l'équation V= o n'a pas de racines réelles positives,
et, cotiime elle a seulement m~n— i racines réelles négatives, elle a
2« racines imaginaires. »
PHYSIQUE. — Sur la photographie de (a portion infra-rouge du spectre solaire.
Note de M. Abney. (Extrait d'une Lettre adressée à M. A. Cornu.)
« Je prends la liberté de vous demander de présenter à l'Académie la
copie photographique d'une Carte de la portion du spectre solaire moins
réfrangible que la raie A; cette Carte a été construite d'après des photogra-
phies obtenues au moyen d'un réseau réfléchissant, d'environ i pouce et
demi d'ouverture et contenant dix-sept mille deux cents raies par pouce;
les photographies ont été obtenues sur un composé d'argent que j'ai pré-
paré spécialement. Une description complète du procédé sera publiée par
( '«3 )
la Société royale. Ce composé paraît sensible à tontes les radiations, car
récemment je pense avoir photographié jusqu'à une distance très grande
dans la partie la moins réfrangible du spectre prismatique.
» Les longueurs d'onde sont approximativement exactes; elles ont été
relevées en couvrant la moilié de la fente et exposant la couche sensible à
l'extrémité rouge du spectre du premier ordre. Un milieu absorbant con-
venable enlevait l'extrémité bleue du spectre du deuxième ordre; la seconde
moitié de la fente était alors ouverte et la première couverte. Le spectre
était photographié jusqu'à son extrémité la moins réfrangible. De cette ma-
nière, les deux spectres sont superposés et les longueurs d'onde s'obtiennent
aisément sans grande erreur possible. Il est très facile de photographier
des spectres d'émission. Je m'occupe en ce moment de cette étude.
» Je ferai remarquer que la photographie du spectre prismatique s'ac-
corde avec les observations thermiques de Lamansky et peut-être aussi avec
celles de sir J. Herschel.
» Depuis la construction de cette Carte, j'ai obtenu des épreuves pho-
tographiques du spectre solaire et des spectres de lumières artificielles qui
s'étendent notablement plus loin et qui dépassent la longueur d'onde
iq4oo- "
CHIMIE GÉNÉR.\LE. — Sur la densité du chlore à de hautes températures. Note
de M. J.-M. Crafts, présentée par M. Friedel. (Extrait.)
« Au mois d'octobre de l'année 1878, M. Victor Meyer a décrit une nou-
velle forme d'appareils pour la détermination de la densité des vapeurs, et
dans une série de Notes qu'il a publiées dans le Bulletin de la Société chi-
mique de Berlin, pour la plupart en commun avec M. C. Meyer, se trouvent
de nombreuses déterminations faites à des températures très variées. Le
procédé se recommande par une grande simplicité et rapiflité de manipula-
tion, tout en conservant une exactitude suffisante. H a déjà été employé
dans beaucoup de laboratoires, et l'on peut espérer qu'il rendra aux chi-
mistes des services aussi importants que les deux autres méthodes classiques;
mais la facilité avec laquelle MM. Meyer ont su résoudre un grand nombre
de problèmes intéressants à l'aide de cette méthode est le meilleur témoi-
gnage en sa faveur. Dans cette série de travaux remarquables, la Note (')
(') Berichte drr chemischen Gesellnchafl, t. XII, p. 1426, juillet 1879.
( ^H)
sur la densité du chlore à une haute température a éveillé un intérêt fout
spécial et adonné lieu à des développements théoriques de M. Brodie, à
une Note de M. Lieben, proposant des hypothèses différant de celles de
MM. Meyer, et à quelques critiques sur des détails expérimentaux aux-
quelles M. V. Meyer a répondu. J'ai cru pouvoir, dans ces circonstances,
sans trop empiéter sur le terrain de M. Meyer, répéter une partie de ses
expériences, en les modifiant de manière à aborder le sujet d'un côté un
peu différent.
» On peut décrire en peu de mots le procédé général de M. Meyer et les
modifications en question.
» Il prend un vase cylindrique à longue tige, en verre, en porcelaine ou
en platine, qui est rempli d'air et chauffé à une température devant rester
constante, au moins pendant les quelques minutes que dure l'expérience.
On y introduit une quantité pesée d'une substance qui se transforme en
vapeur ou qui se décompose en donnant un gaz, et la vapeur ou le gaz
chasse une quantité équivalente d'air. On mesure l'air, et, pour avoir la
densité, on compare son poids avec celui de la substance employée. Pour
les températures inférieures au rouge sombre, un bain de métal ou une
substance en ébullition suffit pour maintenir une température constante;
quand il s'agit d'employer une plus forte chaleur, MM. Meyer chauffent
un cylindre en porcelaine directement dans la flamme du fourneau à double
paroi de M. Perrot, et le mérite capital de leur procédé consiste dans le
petit espace de temps (deux à quatre minutes) qu'U faut pour achever une
expérience, parce qu'on peut admettre que pendant ce temps la tempéra-
ture de l'air chassé est la même que celle de la substance en vapeur. Toutes
les expériences que j'ai faites à diverses températures me permettent de
confirmer celle donnée. Mais je crois que la méthode calorimétrique (')
employée par ces auteurs est sujette à la critique.
(M. Crafts indique ici les objections qui peuvent êire faites à cette méthode et montre
que les évaluations de température qui en sont déduites sont rrop élevées).
» La modification apportée à l'appareil de M. Meyer consiste à faire
communiquer le cylindre en porcelaine avec deux tubes en U, calibrés et
divisés en dixièmes de centimètre cube. A une branche des tubes est ajusté
un vase mobile pour faire varier la pression; l'autre branche se termine
en haut par un réservoir pouvant contenir environ 9'^'' et communiquant
('] Berichte der deutschen chemischen Gesellschafc, t. XII, p. iii5, 1196, 1284, 1427-
( -85)
par un Itibe capillaire avec le cylindre. L'un des tubes verse son gaz à
travers un tube de petites dimensions, en platine ou en argile, jusqu'au bas
du cylindie en porcelaine; le gaz qui sort de celui-ci à sa partie supé-
rieure pénètre dans le second tube en U pour être mesuré. On remplit
les tubes avec le mercure, l'eau ou l'acide sulfurique concentré, suivant
les circonstances.
)) On peut facilement s'assurer, par des expériences faites à la tempéra-
ture ordinaire, qu'on peut arriver à des résultats exacts à o'^'^,o2 près quand
on introduit dans le cylindre un volume d'un gaz mesuré dans un des tubes
et qu'on mesure dans le second tube le volume d'un autre gaz déplacé.
Quand il s'agit du chlore, il faut employer l'acide sulfurique et empêcher
un contact prolongé avec les joints, qui sont en caoutchouc noir conte-
nant très peu de soufre. Dans ces conditions le chlore attaque peu le
caoutchouc, et l'absorption qui se produit est si lente, que les mesures
restent suffisamment exactes. On chauffe le cylindre à une température
quelconque, et l'on répète l'expérience en ayant soin d'entourer les deux
tubes mesureurs avec de l'eau à une température constante.
M Deux expériences conduites de cette manière ont donné pour résultat
que lo'^'^ de chlore pur et sec occupent, à la plus forte chaleur du four-
neau, les mêmes volumes que 10^,37 et lo'^'', 24 d'air à la même tempéra-
ture. On a observé une diminution progressive du volume, qui, six minutes
après la première observation, était de o™,o4dans la première expérience
et de 0*^*^,05 dans la seconde. Un tuyau de pipe bien calciné a servi à
introduire le chlore dans la partie inférieure du cylindre, et l'on pourrait
objecter qu'une absorption physique ou une combinaison chimique du
chlore avait eu lieu pour augmenter la densité apparente. Cette dernière
objection tombe devant les résultats de deux autres expériences, où l'on
a rempli le cylindre, chauffé très fortement, avec du chlore sec et me-
suré le volume de ce chlore déplacé par 10™ d'air. On a trouvé 9'^'^, 98
et lo*^*^ de chlore. La densité du chlore admise par MM. Meyer demande
dans la première série iS*^*^ et dans la seconde 6'='^,6. Je me propose de sou-
mettre à un contrôle expérimental la supposition peu probable que l'argile
à cette température absorbe presque instantanément quatre ou cinq fois son
volume de chlore, pour l'abandonner avec une même rapidité en contact
avec l'air : c'est la seule hypothèse qui semblerait mettre ces observations
d'accord avec celles de MM. Meyer. Deux autres expériences, où l'on a
employé un tube épais et de petit diamètre en platine, ont donné 10", 4^
et 10", 3o d'air déplacés par 10" de chlore, et une expérience précédente a
( i86)
donné seulement 9", 4' d'air, parce qu'une partie du chlore était absorbée
pour former une couche de chlorure de platine dans le tube; du reste,
dans ce cas on observe une absorption plus marquée qui, cinq ou six
minutes après la lecture, s'élève à o'''^,8 ou o'"^,9, et le tube est fortement
attaqué sur une longueur de o™,02.
M Du brome qui avait à 445° la densité de 5,24 (théorie, 5,57) ^
donné, à la même température que le chlore, les densités de 4)39 et 4)48.
» La substance était pesée dans des tubes capillaires en verre, scellés à
la lampe, qui éclataient après avoir été introduits dans le cylindre chauffé.
» De l'iode qui avait à 445° la densité 8,667 ('béorie, 8,795) a donné,
à la température ci-dessus, la densité 6,01 et 5,93.
» I/iode était pesé dans un cylindre en platine avec bouchon du même
métal, pesant 2^'', 5.
» Ainsi, la seule expérience de MM. Meyer que j'aie répétée dans les
mêmes conditions a donné un résultat analogue, et je suis d'accord avec
eux pour admettre qu'à la plus haute température du fourneau Perrot,
avec un très fort tirage, l'iode diminue de densité pour augmenter de vo-
lume dans la proportion d'environ i à i,5, comparé avec l'air. La propor-
tion pour le brome est environ de i à r, 2, et pour le chlore je n'ai pu
trouver par la méthode employée une augmentation de vohmie de plus
de quelques centièmes, au lieu de 5o pour 100 admis par MM. Meyer.
» Les déterminations avec l'iode et le brome du commerce ne sont
que préliminaires, et je désire contrôler plus exactement la pureté de ces
substances avant de présenter quelques déductions théoriques; il faut
aussi réserver pour une prochaine Communication les détails d'expé-
riences faites avec d'autres gaz permanents. )>
PHYSIOLOGIE. — De quelques Jaits relatifs à la sécrétion urinaire. Note de
MM. Ch. Richet et R. Moutakd-Marti.v, présentée par M. Vulpian.
« L D'autres substances que les sucres et la gomme agissent sur la sécré-
tion urinaire. Ainsi, en injectant dans les veines d'un chien une petite
quantité de chlorure de sodium (3^'' dissous dans 12e'' d'eau, soit 0,2 de sel
par kilogramme de l'animal), nous avons vu presque aussitôt apparaître de
la polyurie. L'écoulement d'urine, qui était de trois gouttes par minute,
s'éleva cinq minutes après l'injection à vingt-quatre gouttes par minute,
sans que cependant la pression (mesurée dans l'artère carotide) ait varié
notablement.
( t87 )
» Si, au lieu d'injecter le chlorure de sodium en solution concentrée, on
l'injecte en solution diluée, le résultat paraît être à peu près le même.
Ainsi, un chien ayant reçu dans les veines 4^' de chlorure de sodium dissous
dans looo^' d'eau (soit o,5 de sel par kilogramme de l'animal), la sécré-
tion a été beaucoup plus abondante qu'auparavant : elle était d'abord de
0^,28 par minute; une demi-heure après l'injection de cette solution salée
très étendue, elle s'est élevée à i™,4S par minute.
» II. Il est certain que cette polyurie ne peut être attribuée à l'eau in-
jectée avec le sel, attendu que l'introduction d'eau distillée dans le sys-
tème veineux, loin d'augmenter la sécrétion urinaire, la diminue et peut
même l'arrêter complètement.
» Plusieurs de nos expériences montrent bien cette action de l'eau pure.
Dans un cas, la polyurie ayant été établie par une petite quantité de sucre,
l'injection de aïo^' d'eau distillée tiède (soit 9^'' par kilogramme) a l'alenti
immédiatement la sécrétion, qui est tombée de 8'^'^,4 par minute à o'='^,2,
sans que cependant les battements du cœur aient diminué de force ou
de fréquence. Dans une autre expérience, l'écoulement normal de l'u-
rine, qui était par minute de i'^'=,S (polyurie relative due à l'élimination
du curare), tomba, après l'injection de 200*5"^ d'eau distillée (soit 9»"^ par kilo-
gramme), à o",o8 pendant les trois heures suivantes. La polyurie put être
provoquée ensuite par l'injection de sucre. Si la quantité d'eau injectée est
plus considérable, non seulement il y a arrêt de la sécrétion urinaire, mais
encore impossibilité delà rétablir. Ainsi, dans une troisième expérience, un
chien ayant reçu looo^"^ d'eau distillée dans les veines (soit i43^'' par kilo-
gramme), il n'y eut plus après l'injection aucun écoulement d'urine. Même
au bout de deux heures, ni l'injection de glycérine, ni l'injection de sucre,
ne purent ramener la fonction rénale. Cependant la pression artérielle était
un peu plus élevée qu'avant l'expérience.
» Après l'injection d'eau, l'urine devient toujours sanguinolente et par-
tant albumineuse. Dans une quatrième expérience, la polyurie ayant été
provoquée par une petite quantité de sucre, et l'urine s'écoulant limpide et
incolore, l'injection de So^' d'eau (soit 6^'' par kilogramme) a diminué l'é-
coulement d'urine, qui est devenue aussitôt très sanguinolente.
» m. Nous avons expérimenté avec d'autressubstances qui passent dans
les urines et augmentent la sécrétion rénale, à savoir la glycérine, le phos-
phate de soude, l'urée, etc. Si l'on injecte de l'urine dans les veines, c'est-à-
dire tuie solution diluée d'urée et de sels, la polyurie est très marquée. Il
est facile avec certaines substances (le phosphate de soude, le sucre de
( i88)
canne, la glycose, l'iodure de sodium, le ferrocyaniire de potassium) de
constater d'une manière très netle que la polyurie coïncide exactementavec
l'élimination de la substance qui la provoque.
» Il est donc très probable que la diurèse est due au passage du diuré-
tique. L'élimination de la substance entraîne l'élimination d'eau. Quant
à l'eau elle-même, lorsqu'elle est injectée pure dans le système veineux,
elle ne peut être éliminée que si elle contient des sels.
» IV. Ainsi nous pouvons conclure de nos diverses expériences :
» 1° L'eau distillée, injectée dans les veines, loin d'être diurétique, ar-
rête la sécrétion ordinaire, même à la dose de lo^' par kilogramme de
l'animal. A dose plus faible (à S^^par kilogramme), elle diminue la sécré-
tion sans l'arrêter. A dose plus forte, l'arrêt est définitif, et la fonction du
rein ne peut plus être rétablie.
» a° Toutes les substances qui accidentellement ou normalement pas-
sent dans l'urine sont diurétiques, dès qu'elles se trouvent dans le sang en
quantité supérieure aux proportions normales. En effet, leur élimination
entraîne l'élimination d'une certaine quantité d'eau.
» 3° Le début de la diurèse coïncide exactement avec le début de l'éli-
mination.
» 4° Que ces substances soient injectées concentrées ou diluées, le ré-
sultat est à peu près le même au point de vue de l'excrétion urinaire, car
la polyurie paraît due uniquement à l'élimination des sels injectés.
» 5° Au point de vue thérapeutique, on peut prévoir que les médicaments
diurétiques doivent être surtout recherchés parmi les substances qui se
trouvent normalement dans l'urine (comme l'urée, les chlorures, les phos-
phates, etc.) ou les substances qui passent facilement dans l'urine (comme
le sucre) ('). ■>
MÉDECINE. — Sur les lésions du rein et de la vessie dans l'empoisonnement
rapide par la cantharidine. Noie de M. V. Cobnil, présentée par
M. Ch. Robin.
« M. Bouillaud a montré que les cantharides causaient une véritable
pyélo-néphrite albumineiise, ce qui fut confirmé par les recherches de
Morel-Lavallée et Gubler. M. Thadaus-Brovicz [Cenlralblatt^ i" mars 187g)
(') Travail du laboratoire de M. le professeur Vulpian, à la Faculté de Médecine.
( i89)
a trouvé un épaiicliement d'une substance grenue (paraglobuline) dans la
capsule des glomérules et les lésions de la néphrite interstitielle.
» J'ai soumis des lapins à l'empoisonnement rapide par la canlliaridine
pour étudier les phénomènes intimes de cette néphrite. Par rinjection sous-
cutanée de o^^oi de cantharidine en solution dans l'éther acétique, on tue
un lapin dans un temps qui varie entre vingt minutes et trois ou quatre
heures. Sur un de ces animaux, mort en vingt minutes, l'urine contenait
déjà de l'albumine et des flocons fibrineux. Dans ce fait, les cellules qui
tapissent la surface interne de la capsule des glomérules étaient un peu
tuméfiées, ainsi que leurs noyaux. Entre cette capsule et le bouquet glo-
mérulaire il existait souvent, mais non dans tous les glomérules, des glo-
bules blancs renfermant pour la plupart des granulations hématiques très
fines. I^es cellules des tubes contournés présentaient ces mêmes granula-
tions dans leur intérieur. Les cellules des tubes droits et collecteurs étaient
normales.
» Le rein d'un lapin sacrifié quarante minutes après l'injection mon-
trait, dans la capsule du giomérule, entre le bouquet vasculaire et la cap-
sule, une quantité de leucocytes gonflés, remplis de granulations jaunâtres,
au milieu desquelles apparaissait leur noyau rond, après la coloration au
carmin. Ces éléments formaient une zone épaisse tout autour des anses
glomérulaires, excepté au point où les vaisseaux efférents et afférents
percent la capsule. Les cellules plates de la paroi interne de la capsule
étaient partout en place, mais tuméfiées. La cavité des cellules des tubes
contournés est remplie de granules hématiques. Dans la lumière de ces
tubes on trouve quelques leucocytes et quelques globules rouges. Il en est
de même dans les tubes droits et collecteurs, dont les cellules sont nor-
males.
» Les reins des lapins sacrifiés ou morts une, deux, trois ou quatre
heures après l'injection du poison offrent constamment les mêmes lésions :
congestion intense, distension des vaisseaux, rougeur sanguinolente de la
pyramide. Dans les glomérules, le bouquet vasculaire est séparé de la cap-
sule par une zone plus ou moins épaisse de liquide tenant en suspension
des globules blancs et des granulations jaunâtres. La membrane capsu-
laire présente tantôt ses cellules endothéliales gonflées, contenant ces
mêmes granulations, tantôt seulement des noyaux en assez grand nombre
qui sont appliqués sur elle, le corps cellulaire étant en quelque sorte
liquéfié et détruit.
G. R., 1880, 1" Semestre. (T. XC, N° 4.) 25
( '90 )
1) Les cellules des tubes contournés sont remplies de granulations jaunes
et de liquide.
» Après une heure et demie ou deux heures d'intoxication, l'épithélium des
tubes droits et des larges tubes collecteurs de la papille est complètement
modifié. Au lieu d'une seule couche de cellules cylindriques qui aug-
mentent de longueur à mesure qu'on se rapproche de l'extrémité de la
papille, où elles sont très longues et minces, on trouve partout des cellules
irrégulièrement polyédriques qui remplissent presque complètement ces
tubes. Ces cellules, pavimenteuses par compression réciproque, irrégu-
lières, indifférentes comme forme, possèdent un protoplasma im peu gra-
nuleux qui contient souvent des globules rouges pâlis, petits ou fragmentés
en granulations hématiques. Elles sont assez volumineuses et letir noyau
est arrondi, tandis que le noyau des cellules normales est ovoïde. Quelques-
unes sont libres au centre du tube qu'elles remplissent. Assez souvent on
trouve des cellules qui possèdent deux noyaux.
» Dans ces tubes droits et collecteurs on peut voir, le long de leur paroi
et appliquées contre elle, des cellules qui ont la forme d'un coin, qui
sont situées entre les cellules pavimenteuses, qui s'aplatissent par leur base
contre la paroi et qui s'interposent entre deux cellules par leur extrémité.
Elles possèdent un petit noyau rond et elles se colorent fortement par le
carmin. Entre les cellules pavimenteuses, des cellules de même nature, éga-
lement petites et fortement colorées au carmin, prennent une forme étoilée.
Celles-ci présentent des crêtes d'empreinte, des arêtes et des faces concaves
lamellaires moulées sur les surfaces convexes des cellules voisines. Je con-
sidère ces cellules comme des cellules migratrices interposées aux cellules
polyédriques, beaucoup plus volumineuses.
» En résumé, la cantharidine, dont l'action se manifeste en même temps
sur d'autres organes, détermine d'abord dans le rein, presque aussitôt
après son introduction sous la peau, une sortie des globules blancs et des
globules rouges des vaisseaux glomérulaires, une imprégnation et un gon-
flement des cellules de la capsule des glomérules et des tubes contournés
par un liquide contenant des granulations hématiques ; peu de temps après,
se manifeste une inflammation des tubes droits et collecteurs, caractérisée
par une modification de la forme de leurs cellules et par la migration de
leucocytes. La modification de forme des cellules qui offrent à l'état normal
une configuration fixe et qui, sous l'influence de l'inflammation, devien-
nent indifférentes ou irrégulièrement polyédriques est un fait à peu près
constant dans tous les organes.
( 19' )
» La vessie, après la première émission d'une quantité notable d'urine,
qui a lieu quinze ou vingt minutes après l'empoisonnement, revient sur
elle-même et reste contractée. Sa surface est rouge ; elle renferme quelques
gouttes d'une urine trouble, où l'on trouve des leucocytes et de très grandes
cellules sphériques ou allongées et plates. Une heure après l'intoxication,
ces grosses cellules, qui contiennent de deux à huit ou dix noyaux ronds,
sont les unes libres dans l'urine, les autres encore adhérentes à la surface
de la muqueuse et en train de se détacher. Les cellules allongées sont irré-
gulières à leurs bords; elles offrent des prolongements à angles mousses.
Leur protoplasma, granuleux, solide, homogène, se colore en jaune par le
picrocarmin, tandis que les noyaux deviennent rouges. On voit assez sou-
vent un noyau en voie de division ou des noyaux plus petits que les autres
situés à côté d'un noyau plus gros. »
TÉRATOLOGIE- — Recherches sur le mode dejormation des monstres
olocéphaliens. Note de M. C. Dareste.
« J'ai montré, dans mon Livre sur la Téralogénie expérimentale, que, dans
le groupe des monstres simples autosites, les genres ou types tératologiques
appartenant à une même famille proviennent d'un même fait initial, d'une
même modification de l'évolution embryonnaire. Toutefois, je n'avais pu
déterminer alors le fait initial qui produit les monstres otocéphaliens : j'en
avais conclu que cette famille n'était pas naturelle et qu'elle devait être
rayée de la classification tératologique. De nouvelles recherches m'ont
conduit à rectifier ma première opinion, et par conséquent à constater
une fois de plus la merveilleuse exactitude de l'œuvre d'Is, Geoffroy Saint-
Hilaire.
» Les monstres otocéphaliens sont caractérisés par le rapprochement ou
l'union médiane des oreilles dans la région inférieure de la face qui est plus
ou moins imparfaite.
» Husclike, dans son célèbre Mémoire sur le développement de l'œil,
explique la formation de l'otocéphalie par un arrêt de développement des
deux premières fentes branchiales. Ces fentes se produisent de dedans en
dehors; puis elles s'oblitèrent de la même façon, de dedans en dehors,
mais restent ouvertes à leur extrémité extérieure qui devient le point de
départ de la trompe d'Eustache, de la caisse et du conduit auditif externe.
Lorsque ces fentes s'arrêtent dans leur développement, leurs exirémités
( 192 )
extérieures, qui doivent former les oreilles moyennes, sont beaucoup plus
rapprochées que dans l'état normal. Les oreilles moyennes sont ainsi jux-
taposées, et parfois même plus ou moins fondues ensemble. Ce rapproche-
ment des oreilles moyennes détermine, à son tour, le rapprochement des
oreilles externes.
» Des recherches récentes m'ont appris que cet arrêt de développement
des denx premières fentes branchiales n'est lui-même qu'un fait consécutif
et qu'il est déterminé par un arrêt de développement de cette partie du tube
médullaire qui deviendra la moelle allongée.
)) Dans l'évolution normale, la moelle allongée, de même que les autres
régions de l'encéphale, résulte de l'évasement d'une certaine partie du sillon
médullaire, évasemenl qui se transforme en une vésicule close par le repU
et l'union de ses bords. Cette vésicule présente alors des parois latérales et
inférieures blanches et opaques, une paroi supérieure transparente. Dans
l'otocéphalie, la région du sillon médullaire qui correspond à la moelle
allongée se ferme sans s'évaser. Elle se présente alors, comme la moelle
épinière, qu'elle continue en avant, sous la forme d'un tube fermé et ayant,
comme elle, l'aspect de deux cordons blancs juxtaposés et non séparés par
une membrane transparente.
)) Il résulte de ce développement incomplet de la moelle allongée que
les fossettes auditives, qui se produisent contre ses parois, sont alors beau-
coup plus rapprochées que dans l'état normal. Le rapprochement de ces
fossettes, qui deviennent les vésicules auditives, puis les oreilles internes,
entraine l'arrêt de développement des deux premières fentes branchiales
signalé par Huschke, et par conséquent le rapprochement et parfois
aussi l'union des parties qui constituent les oreilles moyennes et externes.
» Voilà donc le fait initial de l'otocéphalie ; fermeture précoce de la
partie du tube médullaire qui correspond à la moelle allongée, et, par
suite, rapprochement des fossettes auditives.
» Voyons maintenant comment se produisent les différents types de la
famille des monstres otocéphalieus.
» La fermeture précoce de la partie du sillon médullaire qui deviendra
la moelle allongée peut être limitéeà cette partie du sillon. Dans ce cas, qui
ne se produit que très rarement, les vésicules antérieures de l'encéphale se
développent d'une manière normale. Tel est le type de la spliénoccphalie,
dans lequel l'union des oreilles coexiste avec l'existence de deux yeux dis-
tincts et dans leur position ordinaire.
» Dans d'autres cas, et ce son! les plus nombreux, la fermeture précoce
{ «93 )
de ]a partie du sillon médullaire qui correspond à la moelle allongée s'ac-
compagne de la fermeture plus ou moins précoce de l'extrémité antérieure
du sillon, celle qui correspond à la vésicule des lobes optiques et à la
vésicule antérieure. J'ai montré, dans un travail précédent, comment
la fermeture très précoce de ces deux vésicules détermine le type de la trio-
ce/5/i«//e, dans lequel l'otocéphalie se complique de l'absence des yeux, et
commence la fermeture un peu moins précoce de ces vésicules, mais plus
précoce cependant que dans l'évolution normale, détermine l'union desyeux
ou la cyclopie, qui, bien que pouvant se produire indépendamment de
l'otocéphalie, l'accompagne dans bien des cas.
» Les otocéphales cyclopes se rattachent à plusieurs types distincts,
comme les cyclopes proprement dits, types caractérisés par certaines mo-
difications de l'appareil olfactif et par certaines modifications de la bouche
et des mâchoires. Ainsi l'appareil olfijctif, complètement séparé, chez tous
les cyclopes, de la cavité buccale, se développe parfois sous la forme d'une
trompe, tandis que dans d'autres cas il reste rudimentaire. De même, la
bouche peut manquer et les mâchoires restent rudimentaires. La combi-
naison de ces différents caractères produit les types désignés par Is. Geof-
froy Saint-Hilaire sous les noms à' otocéphalie proprement dite, lYédocé-
plialie et d'opocéplialie. Comme ces types ne présentent pas toutes les com-
binaisons possibles de caractères, il est probable que de nouveaux types,
actuellement inconnus, viendront prendre place à côté des précédents.
» Je ferai remarquer, en terminant ce Mémoire, que les monstruosités qui
affectent la région céphalique, à l'exception des exencéphalies^ dépendent
toutes de la fermeture tardive ou précoce, totale ou partielle, du sillon
médullaire. L'otocéphalie e\.\a cjclopie résultent delà fermeture précoce;
Vanencéphalie et la pseiulencép Italie résultent de la fermeture tardive. On
s explique ainsi comment l'otocéphalie et la cyclopie d'une part, l'anen-
céphalie et la pseudencéphalle de l'autre sont généralement incompatibles
et ne s'accompagnent pas sur le même sujet. On peut concevoir toutefois
l'existence de cas dans lesquels la fermeture du sillon médullaire, précoce
dans certaines régions, serait tardive dans d'autres. On a cité le fait d'un
embryon atteint à la fois de cyclopie et d'hydrorachis : c'est, d'ailleurs, le
seul de ce genre dont j'aie connaissance. »
( >94 )
ANATOMIE PATHOLOGIQUE. — Sur ta Structure, le développemenl et la signifi~
cation pathologique du tubercule. Note de MM. Kiener et Poclet, présentée
parM.Larrey.
« Des recherches sur la structure et le développement du tubercule chez
l'homme et chez les animaux inoculés nous ont amenés aux résultats sui-
vants (*) :
» A. Structure du tubercule dans les tissus de substawce conjonc-
tive (séreuses, néomembranes pleurales et péritonéales, pie-mère, syno-
viales articulaires, périoste, moelle des os, ganglions lymphatiques). Le
tubercule dans ces tissus est tantôt simple, tantôt congloméré, tantôt infil-
tré; il répond à deux types de structure : cellulaire ou fibreux.
« I. Tubercule cellulaire. — i" Forme simple. Sous sa forme la plus simple,
le tubercule, invisible ou à peine visible à l'œil nu, est formé par un ren-
flement sphérique ou fusiforme d'un vaisseau sanguin, plus rarement d'un
vaisseau lymphatique, et par l'agglomération autour de ce renflement d'un
certain nombre de cellules.
» S'il s'agit d'un vaisseau capillaire à une seule tunique, le renflement
vasculaire est constitué par l'hypertrophie et l'hyperplasie des cellules endo-
théliales d'une portion limitée du vaisseau. Ces cellules, subissant une
dégénération vitreuse, se fusionnent en un cylindre plein, dont la coupe
transversale donne l'apparence d'une cellule géante à couronne marginale
de noyaux (capillaire vitreux). Autour de ce renflement se groupent un
certain nombre de cellules migratrices et quelques cellules fixes du tissu
conjonctif, elles-mêmes hyperplasiées; ces derniers éléments forment par-
fois autour du vaisseau un périthélium complet, mais à éléments discon-
tinus.
» S'il s'agit d'un vaisseau capillaire à deux ou à trois tuniques, le ren-
flement vasculaire est produit: i" par une prolifération active des cellules
endothéliales qui se disposent à la manière d'un épithélium stratifié, et
dont les plus intérieures se fusionnent en une masse vitreuse, très irrégu-
lière de forme, qui doit également être considérée comme une variété de
(') Ces résultats ont déjà été consignés partiellement dans une Noie sur la périostite tu-
berculeuse, publiée dans la Gazelle hebdomatlaire de Médecine el de Chirurgie (28 no-
vembre iS'jg, n° 48, p. 'jSS).
( '95 )
cellule géante; i° par la formation d'un tissu conjonctif embryonnaire aux
dépens de la tunique externe du vaisseau. Le vaisseau est ainsi transformé
en un cordon plein, dontla section transversale donne l'image connue sous
le nom de Follicule tuberculeux.
» 2° Forme conglomérée. — Le tubercule congloméré, dont le volume
atteint et dépasse celui d'iui grain de mil, est formé par l'intrication plexi-
formede vaisseaux capillaires ayant subi les altérations décrites plus haut.
La dissociation d'un pareil nodule met en évidence des cordons résistants,
plus ou moins cassants, bosselés, ramifiés, constitués par une paroi fibreuse
et par un contenu opaque et jaunâtre. La coupe faite au rasoir montre une
agglomération de follicules arrondis ou allongés, à contenu épithélioïde,
réunis entre eux par un tissu conjonctif fibrillaire, dans lequel sont dissé-
minés des capillaires vitreux.
» 3° Forme infillrée. Le tubercule infiltré est constitué par un tissu de
granulation pourvu d'un riche réseau de capillaires sanguins, dont la plu-
part ont un endothéiium à couches multiples et dont quelques-uns sont
transformés en cylindres vitreux ou en cordons folliculaires.
» IL Tubercule fibreux . — Une série de formes intermédiaires établissent
la transition entre le tubercule cellulaire et le tubercule fibreux, et per-
mettent de rattacher ces divers produits à un processus unique, dans le-
quel l'altération typique des vaisseaux sanguins, anciens ou de nouvelle
formation, est le phénomène capital. A mesure que la marche du tubercule
devient plus chronique, la néoplasie fibreuse se substitue à la néoplasie
embryonnaire; la tendance à la formation des formes cellulaires géantes est
de moins en moins prononcée; la périartérite prédomine sur l'endartérite,
et, dans la lumière même du vaisseau, le rétrécissement et l'obstruction sont
dus à l'épaississement fibreux de la tunique interne plutôt qu'à la prolifé-
ration endothéliale.
» B. Structure du tubercule dans les organes glandulaires. —
Dans les glandes, le tissu interstitiel peut être seul en cause et donner nais-
sance à des tubercules dont la structure est analogue à celle des tubercules
du tissu conjonctif. Mais, dans d'autres cas, l'élément glandulaire participe
à la formation du tubercule. C'est ainsi que le tube séminifère dans le tes-
ticule, la bronchiole dans le poumon, remplis et distendus par des produits
de prolifération épithéliale ou par du pus, constituent une sorte de noyau
autour duquel le tissu interstitiel, transformé en tissu embryonnaire, pré-
sente les images caractéristiques de l'altération vasculaire : capillaires vi-
treux et follicules.
( '96 )
M C. Développement et marche du tubercule. — Considérée dans son
développement, la néoplasie tuberculeuse traverse deux phases succes-
sives :
» 1° Formation nodulaire. — Les nodules, développés le plus souvent
sur le trajet des conduits tubulés : vaisseaux sanguins et lymphatiques,
tubes et conduits excréteurs des glandes, sont constitués d'une part par la
prolifération des cellules endoihéiiales ou épithéliales du conduit, d'autre
part par la néoformation d'un tissu conjonctif embryonnaire ou fibreux
aux dépens de la tunique externe de ce conduit.
» 2° Phase liypeilropltique et dëgénéralive. — Les divers éléments ana-
tomiques du tissu embryonnaire nouvellement formé ou les éléments
préexistants du tissu normal présentent une tendance à s'bypertrophier, à
se fusionner pour former des cellules géantes. Cette tendance hypertrophique
se manifeste de préférence et débute habituellement dans les éléments épi-
théliaux des glandes et dans les éléments endoihéliaux des vaisseaux. Elle
a pour dernier terme une dégénérescence spéciale, vitreuse, des éléments
anatomiques, et pour conséquence l'oblitération des vaisseaux. Celle-ci en-
traîne à son tour la dégénération graisseuse et l'irrémédiable destruction
des tissus.
)) D. Signification pathologique du tubercule. — L'altération no-
dulaire des conduits tubulés des organes et des tissus, ainsi que la marche
envahissante de la dégénération, différencie le processus tuberculeux
des autres inflammations de cause banale ou de cause spécifique, dans les
produits desquelles ont été également rencontrés les cellides géantes et les
vaisseaux atteints d'endartérite et de périarlérite ('). »
ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Sur la disposition cralériforme des facitles
et des granulations solaires. Note de dom La.mev.
« D'après une Note récente de M. Janssen (-), je me serais mépris com-
plètement en attribuant au phénomène du réseau photosphérique l'aspect
réticulé observé le i6 novembre 1879; une photographie, prise ce même
jour à Meudon, prouve que le phénomène était dû à des facules et non à
des granulations.
[ ') Travail du laboratoire (rHistologie du Val-de-Gfâce.
') Comptes rendus, séance du 5 janvier dernier.
( 197 )
» Je n'ai point à contredire l'asserlion de M. Janssen, du moment qu'il
reslreiritla dénominalion de réseau pliotosjihéiique au seul cas d'un réticule
produit pnr les granulations; toujours est-il que l'observation en question
démontre que les facules peuvent se disposer, elles aussi, en cirques cralé-
riformes, et c'est là le point essentiel. Le P. Secchi avait déjà fait mention
d'observations analogues pour les facules [te Soleil, t. I, p. iii et ii3)
et même pour les granulations (p. ii4); on voit qu'il n'avait pas toujours
pu établir une distinction bien tranchée entre ces deux phénomènes
communs à la photosphère. J'ai sous les yeux une figure synoptique de la
structure granulaire du Soleil, telle que M. Huggins la présentait, en
mai 1866, à la Royal astronomical Socielj ('). Elle montre, avec évidence,
que la tendance des granulations à former un réseau n'avait pas échappé à
l'habile observateur; elle infirme, par conséquent, l'assertion de M. Janssen,
que la découverte du réseau ne pouvait être faite que par la photographie.
L'œil peut donc voir une partie de ce que les photographies de l'Observa-
toire de Meudon ont révélé avec de si admirables détails. »
HYDROLOGIE. — Sur la température des eaux souterraines de Paris pendant le
mois de décembre 1879. Note de M. Alf. Durand-Claye.
« Le mois de décembre, si rigoureux, que nous venons de traverser à la
fin de 1879, a présenté, au point de vue de la température des eaux sou-
terraines, quelques particularités que nous avons été à même d'observer et
que nous croyons devoir être signalées.
» Nous avons fait constater chaque jour la température de l'eau du col-
lecteur de Clichy, qui l'éuuit les quatre cinquièmes des eaux d'égout de
Paris; nous l'avons rapprochée des températures de la Seine et de l'air,
prises à Clichy. Tandis que la moyenne générale de la température de l'air
a été de — 7°, 6 pour le mois et que la Seine s'est tenue presque constam-
ment aux environs de 0°, la température moyenne de l'eau d'égout a été
de 6",! au-dessus de zéro; elle s'est maintenue, même au moment des plus
grands froids, entre 5° et 7", 5. Nous avions signalé cette propriété
dès 1868, mais elle n'avait pas encore eu occasion de se manifester dans
des circonstances aussi décisives. Elle est due au réchauffement qu'éprouve
même l'eau la plus froide en circulant dans des galeries souterraines
comme sont les égouts de Paris; la durée moyenne de circulation de l'eau,
(') CM\wiit.&i, Descriptive Jstronoinx; 0\ford, 1867, iii-8°, p. 26.
C. R., 1880, i" Semestre. (T. XC, N» 4.) 26
( igS )
entre la chute aux bouches d'égout et la sortie en Seine à Clichy, est de
quatre heures environ.
» Le collecteur de rive gauche, qui passe sous le quartier de l'Etoile en
souterrain profond et ne se réunit au collecteur de rive droite qu'à Clichy
même, accusait une température supérieure de i° environ (6° et 7° contre
4° et 5°) à la température du collecteur de rive droite.
» Un autre égout collecteur, qui n'écoule que le cinquième environ des
eaux de Paris et sort de l'enceinte à la porte de la Chapelle, pour venir
déboucher soit dans la plaine de Gennevilliers, soit en Seine à Saint-Denis,
a présenté le même phénomène, mais avec une circonstance particulière.
Le tronc principal de cet égout, qui dessert Montmartre et la Chapelle, a
conservé une température de 4° à 6°, 5, analogue à celle du grand collec-
teur de Clichy. Mais il reçoit, à la porte de la Chapelle, une branche qui a
traversé tout le quartier industriel de la ViUette et de la Chapelle; dans
cette branche, les eaux de condensation et les eaux industrielles des usines
ont maintenu une température qui a varié de i3° à 19°, et à l'aval de la
jonction la température de l'égout s'est trouvée maintenue entre 12° et 17°.
» La chaleur relative des eaux d'égout s'est traduite par une influence
des plus marquées surla congélation de la Seine. Sur la moitié droite de son
parcours, la Seine n'a jamais été prise entre Clichy et Argenteuil; la moitié
gauche était au contraire entièrement prise, et à l'amont du débouché du
collecteur, vers le pont du chemin de fer, la glace était assez épaisse sur
toute la largeur pour qu'on ait effectué couramment la traversée du fleuve.
Cette influence pourrait peut-être trouver, le cas échéant, une application
dans la traversée même de Paris, en faisant déboucher pendant quelques
jours, le long des quais, les eaux des collecteurs.
M Une autre conséquence de la température élevée des eaux d'égout a
été leur emploi agricole, poursuivi même pendant les gelées excessives de
décembre. Dans les premiers jours du mois, nous avions pensé que per-
sonne ne ferait d'irrigations par des froids aussi intenses et en présence
d'une épaisse couche de neige; nous avions donné l'ordre d'arrêter l'usine
élévatoire. Mais un certain nombre de cultivateurs de la plaine de Genne-
villiers sont venus nous prier de leur monter de l'eau, afin de débarrasser
leurs champs de la neige et de leur permettre, par la fusion obtenue à
l'aide des eaux d'égout, de récolter divers produits, tels que poireaux,
choux, etc. ( ').
L'usine a fonctionné seize jours et a élevé un cube total de 3?.2 00 5"% soit 20 i aS""
( '99 )
» Une aulre série d'observations a été faite sur les eaux de la nappe
souterraine d'infiltration qui se trouve sous la plaine de Genneviiliers, à
une profondeur variant de 2™ à 4""- H a été établi récemment, dans cette
nappe, de forts drains de o'",45 de diamètre intérieur. La température des
eaux souterraines que débitaient ces drains, prise aux regards situés en
divers points de leur parcours, a été trouvée constamment, pendant toute
la durée des grands froids de décembre, comprise entre + 11° et + i3°.
Ces chiffres se rapprochent de ceux qui ont été indiqués pour la tempé-
rature du sous-sol par divers auteurs, et notamment par MM. Becquerel
et Dehérain dans leurs belles expériences du Muséum. Au moment de
la débâcle et de la crue de la Seine, nous avons dû suspendre l'écoulement
des drains à la rivière, dont le niveau s'était brusquement élevé, et nous
avons fermé les vannes disposées ad hoc en tête de chacun d'eux. Le mou-
vement de circulation et d'évacuation des eaux s'est trouvé suspendu; à
chacun des regai'ds communiquant avec l'atmosphère, l'eau de la nappe
s'est trouvée immobile : la température de cette eau s'est alors abaissée,
quoique l'air se fût relativement réchauffé. Le 5 janvier, la température
de l'eau aux divers regards était de 3°, 8 à 4°>7» 1^ Seine marquant 3°; le
9 janvier, la nappe marquait aux regards 3°,i à 3°, 9, pour une tempéra-
ture de 2°, 8 en Seine.
» Pendant toute la durée de leur écoulement en Seine, les drains qui
débouchaient sur la rive gauche du fleuve produisaient, en petit, dans la
masse de glace qui couvrait le fleuve de ce côté, un effet analogue à celui
des collecteurs sur la rive droite : snr une longueur de So™ à iSo", et sur
une largeur de 8*" à 10", la Seine était libre de toute glace. Ajoutons enfin
que le débit de ces drains avait notablement baissé pendant cette période
et était tombé, pour les deux principaux, de 8000°"^ environ par jour
à iSoo""' et 3000°"^. »
M. A. Gaudix adresse une Note relative aux causes qui ont déterminé la
crue anormale de la Seine dans les premiers jours de janvier.
Suivant l'auteur, les méthodes qui servent généralement à prévoir les
crues ne sont pas applicables à celles qui résultent d'un dégel survenant
après un froid intense et prolongé, surtout quand le sol, devenu imper-
méable par la gelée, est couvert d'une épaisse couche de neige. Dans de
par jour de marche et 10174™' par jour du mois. En moyenne, l'irrigation s'est étendue,
par jour de marche, sur Zi^',')5, avec un cube de 634""^ par hectare.
( 200 )
semblables circonstances, on ne saurait trop se hâter de prendre des pré-
cautions, en prévision d'une crue qui peut échapper à toutes les règles ap-
plicables dans les conditions ordinaires.
La séance est levée à 4 heures un quart. J. B.
BUI.LETIIV BIBLIOGRAPHIQUE.
OdVBAGES KEÇnS DANS LA SÉANCE DD 13 JANVIER 1880.
(suite.)
De la prophylaxie de la cécité au point de vue des ophthalmies contagieuses
et épidéiniques; par le B" Appiâ.. lj?insànne, impr. L. Corbaz, 1879; br.
in-8°.
Suit andamenlo deiï attività sotare dal 1871 a/ 1878. Nota di P. Tacchini.
Sans lieu ni date; opuscule in-4° avec deux planches in-folio.
D. Ragowa. Paolo Folpicelli. Cenno biografico. Modena, Societa tipogra-
fica, 1879; in-S".
On tlie precession of a viscous spheroid and on the remole history of the
Enrth; by G. H. Darwin. Sans lieu ni date; in-4*'. (Froin the Philosophical
Transactions of the royal Society.)
Problems connected with the tides of a viscous spheroid; by G. H. Darwin.
Sans lieu ni date; in-4°. (Frora the Philosophical Transactions of ihe royal
Society.)
Zur Geschichte der Théorie der elliplisclien Transcendenten in den Jahren
1826-29; von L. KoENiGSBERGER, Leipzig, B. G. Trubner, 1879; br.
in-8°. (Présenté par M. Herinite.)
Vorlesiingen veber die Théorie der hyperelliptischen Intégrale; von Tf L.
KoENiGSBERGER. Leipzig, B. G. Trubner, 1878; in-8°. (Présenté par
M. Hermile.)
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 2 FÉVRIER 1880.
PRÉSIDENCE DE M. EDM. BECQUEREL.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE,
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur quelques applications des fondions
elliptiques. Note de M. Hermite.
(■ XXIII. La détermination des constantes w et X s'effectue au moyen
des deux équations
-, ^, sni enndna ,, .
''■ — <-'= ; r\ "-i h « sna sn w snla-h m),
snasn (« — b] sna ^ ''
•i , r^ sna cnbdnb ,. , ,, ,
A -+- L.—- , , ■ ^ H y 1- A" sn y sn w sn ( o + w ),
sn 6 sn ( 6 — a] snb ^ ■' '
que nous avons maintenant à traiter. En les retranchant et après une ré-
duction qui s'offre facilement, elles donnent d'abord
A- snM[snisn(i^ + oj)— snasn{a + w)]
sn<7 cni7 (Inn -4- sni cni dnè ,,
— 2 : -; 2 C = O,
sn« — sn'o
C. R., i88o, i" Semestre. {T. \C, ti" ii.) %'J
( 202 )
et nous démontrerons immédiatement, le premier membre étant une fonction
doublement périodique, qu'on n'aura, dans le rectangle des périodes 2K
et 2jK', que deux valeurs pour l'inconnue. En eftet, la fonction, qui au
premier abord paraît avoir les trois pôles w =^ /K' — a, &j = îR' — b,
ù) = jR', ne possède en réalité que les deux premiers, le résidu relatif au
troisième, qui est un infini simple, étant nul, comme on le vérifie aisément.
Ce point établi, nous donnerons, pour éviter des longueurs de calcul, une
autre forme à l'équation, en employant l'identité suivante,
sn 6 sn ( è -H 0) ) — su a su (fl + (M )
= sn((5> — a) sn(fl -t- /^ H- w)[r — P sna iwb sn(rt + «) sn(è 4- w)J,
à laquelle je m'arrête un moment. Elle est la conséquence immédiate de la
relation mémorable obtenue par Jacobi, dans un article intitulé Formulée
novce in llieoria transcendenlium ellipticaruin fundameiitales [Journal de Ci elle,
t. XV, p. 201), à savoir
E(m) -h E(rt) + E(è) - E(m + rt 4- Z»)
= A:"^ sn (m + a) sn (« H- b)sn{a-\-b)\_ï — k'^ snusna&nb ■in[u -\- a -i- b)].
» Qu'on change en effet a en ~ a, puis « en a + w, on aura
E(rt4-a))-E(a) +E(^>) - E(è + w)
= /l-^snoi)sn(è — fl)sn(a+ è + u) [i — /t^ snasn6sn(a + w)sn(è + w)]
et il suffit de remarquer que le premier membre, étant la différence des
quantités E(a -\- a) — E(a) — E(co), E(ô 4- w) — E(è) — E(où), peut être
remplacé par A^ sn w[sné sn (è + w) — snasn(a + w)].
» On y parvient encore d'une autre manière au moyen de la relation
précédemment démontrée,
G = — 7 — ] r> -t- k'^ sna snu snf« + w)
Lsnosn(a — 0) ^ 'J
X ^W : + k^ snèsn«sn(é +?;<))= P sn-w - -— rr'
car on en tire
snè sn(rt -i- w) — snasn(6 +• m)
= snwsn (é — a)\i — k- snasnèsn (a + w) sn(Z» + w)],
ce qui donne la formule proposée en changeant a en — a, b en — b et &j
en (ji -h a -\- b .
{ 2o3 )
» Cela posé, soit-j = (,)■+- "—^ — : faisons aussi, pour abréger, a = »
|S = "-^^■. nous trouverons, par cette formule,
sn w [sn è sn ( i + i) ) — sn rt sn ( fl -t- w )]
=r — sn 2 |3 sn (y + a) sn (u — « )
X [i - k- sn(a ^- |3)sn(« — (3)sn(u + jS) sn(u — |3)].
» Or on voit que le second membre devient ainsi une fonction ration-
nelle desn-u; on peut, en outre, supprimer au numérateur et au dénomi-
nateur le facteur i — k- sn-u sn''», de sorte qu'il se réduit à l'expression
snap^i — /-^sn'p) (sn'u — sn^a)
» Remarquant encore que l'on a
sn2|S(i — k^ sn'|3) = 2sn|3cnpdnjS,
nous poserons, pour simplifier l'écriture,
I — /' sn'a sn'p /sna cna dnrt + sni cnè dni
/ ■' sn p en fl dn p \ sn'n — sn' é
et l'équation en snu sera simplement
sn'y — sn'a
')'
I — /-'sn'y sn'p
On en tire
= -L.
- sn^a — L „ cn'a + dn'SL , , dn'a + /»cn=SL
sn*y= r- — —-■, c\Vv~ Tz — n^> dn^u = — t~-^
I — X'sn'pL I — /^sn'pL i — /'sn'pL
et, si l'on fait
f = (sn=a - L) (cnV. + dn-^L) (dn^a + P cn2pL)(i - A= sn=pL),
ces valeurs donnent
snu cnu dny = ,: r^ — twtt,'
» Nous ferons usage de cette expression pour le calcul de X, qui nous
reste à déterminer. A cet effet je reprends, pour les ajouter membre à
membre, les équations
V „ snè onadna ,, , ,
/ — C = -. r\ H h A'-snasnw snfa 4- w),
snosn (a — b] sna ^ '
^ ^ sn« cnidni 1 <, i 11 \
/ + L. = — -, — 77 ; H 7 h A: sn o sn fi) sn ( y + iù).
snt» sn 6 — a] sno *■ ■'
( ^o^ )
et j'obtiens, comme on le voit facilement,
aX =; A:°[snrtsnt<) sn(a + w) + snisnw sn[b -}- to)j,
ou bien encore
aX =; P [sn(a + |3) sn(u — a) sn(u -h p) h- sn(« — |3) sn(u — a) sn(u — p)].
» Maintenant, un calcul sans difficulté donne en premier lieu l'expres-
sion
. snacna dny.(sn''j — sn'[3l ^ sn-j cn^j iltijfsn'jî — sn'a.)
(i — fi- sn=-j sn-a) (i — X-^sn'^a sn'P) ^i — k'' sti^u sn'a) ( i — X-^ sn'u sn-p) '
on en conclut ensuite la valeur cherchée, à savoir
. snacn» clniz[sii'a — sn^p — (i — ^- sn'p)L]
'~ (1 — /-sn'asn^p)[i — A^sn'a + A-*(sn=«— sn^pjL]
• A^sn^asn'p) [i — A"sn'a+ X-^(sn^a — sii'p) L]
» Cette expression devient illusoire lorsqu'on suppose d'abord
I — Psn-a sn*|3 = o, c'est-à-dire a H- j'3 = a = iK' ou bien «— |3 = Z>= /K',
puis en faisant
I — ^-* sn''« + /i:-(sn'a — sn-j3)L = o.
» La première condition, ayant pour effet de rendre infinis les coefficients
de l'équation différentielle, doit être écartée; mais la seconde appelle l'at-
tention, et je m'y arrêterai un moment, afin d'obtenir la nouvelle forme
analytique que prend l'intégrale dans ce cas singulier.
» XXIV. Remarquons en premier lieu que cette condition se trouve
en posant
2 sn^a — L I
*" " ~ I — A^sn'pL ~ A'sn^a'
c'est-à-dire u = a + l'K', et donne par conséquent w == iYJ. Cela étant,
je fais dans la solution de l'intégrale, qui est représentée par la formule
yfT\^ ©hJ ^ ^ — /R'-f- £, £ étant infiniment petit, et je développe
suivant les puissances croissantes de i la différence X — ,^' -Or l'exprès-
sion précédemment employée
aX = /i:^[snasnw sn(rt -h w) + snèsnu sn(è -h w)J
( 205 )
donne facilement
, 1 cna ilrirt en i ilni
nous avons d'ailleurs
©'(w^ _ Il'l-^
it: I (TT
0(w) H(s) 2K ï 2K.
el l'on en conclut, pour s — o, la limite finie
X -
©'(u) in cnaàa/i cniJni
0(wl 2K 2sii« asni
— (-JH + lK')
Remplaçant donc 0(m+ i'K') par i'R[u)e 4'^ , on voit qu'au lieu de
la fonction doublement périodique de seconde espèce nous obtenons l'ex-
(cn rt Hn ût en h dii ^\
-*"" ^ 3sui / , qui devient ainsi une des solutions de l'é-
quation différentielle. Nous parvenons à l'autre solution en employant, au
lieu de u = a -h jK.', la valeur égale et de signe contraire u z=— « — /Iv,
d'où l'on tire u = — 2a — iYJ ^ — a — b — /K', et par conséquent
._ sn=a-+-sn^é ©'(«)_ H'(« H- /^) ^ /V
' 2sn(« +6)sn«sni ©(u) H(a+i) "'"aK'
» Des réductions qui s'offrent d'elles-mêmes en employant la formule
\i'{a + b] H'(«) \\.'(b) &nb cubi\nh
H(a + b] '^ H(aj "^" H(i) snrtsn(fl + b) &nb
donnent ensuite
0'(w) Wia] W[b^ cnfldna cnbàab
l(ù
e{o>) H(a) H(6) isna zsnb 2K.
» La seconde intégrale devient donc
[H'fa) H'(A) cnadiifl cn/^dnil
H(a) ~^ H(*) 3 sua 2SI1& J"
et l'on voit que, pour le cas singulier considéré, la solution générale est
représentée par la relation suivante :
^cnadna cnbdnù\ rH'(a) H'(«)"|
( 206 )
XXV. Un dernier point me reste maintenant à traiter; j'ai encore à
montrer comment les équations différentielles obtenues aux §§ XVII
et XVIII se tirent comme cas particulier de l'équation que nous venons de
considérer, ou plutôt de celle qui en résulte si l'on change u en u-+- iK.',
à savoir,
y" — [k- ?.nusnasn{u — a) -h k^ snusnbsn{u— h)] y'
I- kk- sn« surt sn(M — a)
4- B^- snw sn// sn(« — h) H -, y. — C" r =^ o.
» Je me fonde, à cet effet, sur ce que les deux déterminations de la
quantité v = oj -\ peuvent être supposées égales et de signes con-
traires, de sorte que, en désignant par m et oo' les valeurs correspondantes
de w, ou a la condition co + m' = — rt — /?. Qu'on se reporte maintenant
aux expressions données au § XVII (t. LXXXIX, p. ioo3) :
„ C9,(«-l-«) -^DJoEe,«,^., C'6,^4«-«) ^DJoc9,e,_,
9„(«) 0,[u\
On voit aisément que les quantités qui jouent le rôle des constantes u et w'
ont pour somme, successivement, R 4- i¥J , ?K', R. C'est, en effet, la con-
séquence des relations déjà remarquées :
Q,[u + K) = a'eUu)e-'à^""^''''\
e,(«4-R+/R')=(7"5=^,(M)e~S^'""^'''''\
» D'après cela, je ferai successivement a 4- 1^ r= R 4- /R', iYJ^ R; je po-
serai en outre, en changeant d'inconnue dans ces divers cas,
— -D„logcnn D logsnn — -D^logdna
y=ze ' , ze ■' ^ , ze -^ " .
( 207 )
Or, en considérant, pour abréger, seulement le premier de ces cas,
voici le calcul et le résultat auquel il conduit. La condition supposée
b = Kn-iK' — a donne d'abord
, dnc? / ,^ dn{u-\-a) , ,, dn ia
sny=7 1 su[u — u)——-, — r, sn(a — o)=^~
fi CDU ^ ' /cn(« + fl) ^ ' A- en 2 a
et nous obtenons, pour la transformée en z, l'équation suivante,
r,, , V snu dna dn (ii -h « ) sn«dn«~| ,
Z — A sn u sn ai,n\U — a] — ,~ ,— s
|_ ' ' en a en ( a -I- a) cnn J
[^,„ , , ^stiK dnadn(« + ni „ "1
PA:^ sn M sna sn(M — fl) - Q — -^ , — -f- R s — o,
^ ' ^ cna cn(u -f- rt) J
OÙ j'ai fait, pour abréger,
^ , snadna ,. „ sn«dn« _ sn'rtdn^a X'cn'aa „,
P = A Q=B , R = — — h -ï-:^ C.
aenw 2 ena l\cWa dn-2rt
» Soit maintenant
1) = cn(M + a)(i — A-^ sn*Msu-fl)= cnrt cnw — snadna sni^dnu,
M'
on trouvera d'abord que le coefficient de z' est simplement Dulog|) = — .
» Représentons ensuite par —le coefficient de r; au moyen de la for-
mule élémentaire
, , , snKcnadna — dn«snacn«
sn(M -- a) cn[u+ a) = ri — i -.
nous obtiendrons
© = PA^ sn«sn/7(snMcnMdna — dnusnacna)
Qsnadna,, , ,, v
(dnwdnfl — «■snwcnMsnacnrt )
cna ^ '
-i- R(cnMcna — snwdnwsnrt dna),
ou bien, en réunissant les termes semblables,
(Q, = [P -h Q)k^ sna dnasn^ucnu
— (P^- sn^a cna -)- O ^^ -h Rsna duaisnudnM -l- Rcna cn«.
\ ^ cna /
» Soit maintenant C — d > celte nouvelle forme de la constante
( 2o8 )
donnera, après quelques réductions,
(Q,=^ — k^ cna sn- u en u
-i- snrt cna o* -t-cn^f i — 2k-sn-a)&-\- k^sn^aàna t—, snrtdna sn?idn?z
L ^ ' (in'za J
— cnrt 0- — snrtdna o 1— — cna en m.
L dn'2« J
» Or, en faisant successivement a = o, puis a = k, on tire de là les
équations
en iiz" — D„cnî/z' - [A*sn-«cnM — snî
AN ALYSE MATHÉMATIQUE. — 5»; une équation différeniielle linéaire du second
ordre. Extrait d'une Lettre adressée à M. Hermite; par M. H. Gyldén.
« Permettez-moi une petite remarque au sujet de l'équation
r"+ 2(v + i) ''l^^^y'= [{n - v)(« + V + i)F-sn-'x + h\j,
dont vous m'annoncez que vous vous occupez.
» Si l'on fait en particulier v = ,h~ — (ii i - ) > et qu'on pose
l'équation proposée devient
" -^ î = a,
„ , „ sn .r en .>■ , o i o
et l'on en conclut immédiatement l'intégrale générale que voici :
^ = a cosp-amo" + 6 sin/j.amx,
a et b étant les deux constantes arbitraires.
» Pour mieux mettre en lumière la nature de la fonction trouvée, je la
( 209 )
transforme de la manière suivante. Je pose
d'où résulte
2a. =: a — il), 2f/3 = ia — b,
J= ^e'>am.i-_j_pg-ii;.,,m.r^
» Si [j. est réel, nous aurons ainsi
— «e
= 3e
I
(l — qe ^j(l— q'e^~^^) ...
J
)) On voit par là immédiatement les principales propriétés de la fonction
dont il s'agit. ■■>
GÉOiMÉTRlE CINÉMATIQUE. ~ Complément à la Note du 12 janvier 1880
sur la déformation des corps; par M. de Saiat-Venaxt.
« M. A. Tissot m'écrit pour me faire remarquer que le théorème (de
Cauchy) du changement, dans celte déformation, de toute sphère élémen-
taire en un ellipsoïde, que je paraissais restreindre à de petites déformations,
a lieu quelque grandes que soient leurs proportions, pourvu qu'elles ne va-
rient que continûment en passant de chaque point aux points voisins.
)) Sa remarque est parfaitement juste, ainsi que la démonstration qu'il
a donnée de ce théorème par une claire et courte analyse aux Nouvelles
Annales de Mathématiques, numéro d'avril 1878, p. iSa.
)) Déjà, à la Société philomathique, le 26 novembre 1864 {l'Institut,
n° 1614, p. 089), je donnais ma démonstration géométrique sans énoncer
l'inutile restriction qu'il signale. »
C. R., i£So, 1" Semestre. (T. XC, N° S.
a8
( 210
PHYSIQUE. — Expériences sur la compression des mélanges gazeux;
par M. L. Cailletet.
a Lorsqu'on enferme dans l'appareil qui m'a servi à la liquéfaction des
gaz (') un mélange d'air et d'acide carbonique, on remarque, ainsi que
M. Andrews et plusieurs autres savants l'avaient déjà observé, que la liqué-
faction de l'acide carbonique subit un retard souvent très grand; il est
même possible de comprimer à zéro jusqu'au delà de 4oo^"" 1^°' d'air
et I™' d'acide carbonique mélangés sans obtenir de changement d'aspecl
dans le tube.
» En comprimant dans l'appareil 5™' d'acide carbonique et 1^°' d'air,
l'acide carbonique se liquéfie facilement. Si l'on porte alors la pression jus-
qu'à iSo^^'^ou 200^"", le ménisque de l'acide liquéfié, qui jusque-là était
concave et d'une netteté parfaite, devient plan, perd sa netteté, puis s'ef-
face progressivement; enfin le liquide disparaît entièrement. Le tube paraît
alors rempli d'une matière homogène qui, désormais, résiste à toute pres-
sion, comme le ferait un liquide.
» Si maintenant on diminue la pression avec lenteur, on observe qu'à
une pression constante pour des températures déterminées le liquide re-
paraît subitement; il se produit un brouillard épais qui se développe,
s'évanouit en un instant, et marque le niveau du liquide qui vient de re-
paraître.
» Les nombres ci-après indiquent la marche du phénomène.
» En opérant sur un mélange formé à peu près de 5"' d'acide carbo-
nique et de 1"°' d'air, l'acide carbonique liquide reparaît à :
atm _ I»
lia à la température de -f- 5,5
1 24 " • ■ 10
1 20 '• 1 3
1 1 3 " 18
Jïo " '9
Le gaz carbonique cuniprimé au-dessus
de 35o""" ne se liquéfie plus à 2i
» Ce phénomène de la disparition du liquide ne peut s'expliquer par la
chaleur que dégage la compression; car, dans cette expérience, le tube
') annales de Chimie et de Physique, 5° série, t. XV, p. i32.
(')
( 2.1 )
plonge dans de l'eau qui le maintient à température constante, et la
compression se fait assez lentement pour qne le refroidissement soit tou-
jours complet.
» Tout se passe en réalité comme si, à un certain degré de compression,
l'acide carbonique se répandait dans le gaz qui le surmonte, en produisant
une matière homogène sans changement sensible de volume; rien n'empê-
cherait donc d'admettre que le gaz et le liquide se sont dissous l'un dans
l'autre. J'ai essayé de vérifier cette hypothèse en colorant l'acide carbonique
liquéfié. De toutes les substances essayées, l'iode seul a pu se dissoudre
dans l'jicide; mais malheureusement, dans cette expérience, le mercure
est rapidement attaqué, et le phénomène est aussitôt masqué par l'iodure
de mercure qui se dépose contre la paroi du tube.
» On pourrait cependant supposer que la disparition du liquide n'est
qu'apparente, que l'indice de réfraction de l'air comprimé, croissant plus
vite que celui de l'acide carbonique liquide, il arrive un moment où,
les deux indices devenant égaux, la surface de séparation du liquide
et du gaz cesse d'être visible. Mais, si alors on augmentait de plusieurs
centaines d'atmosphères la pression du système, la surface de séparation
du gaz et du liquide redeviendrait visible, l'indice de réfraction du gaz
continuant à augmenter par hypothèse plus rapidement que l'indice du
liquide.
M Or l'expérience, tentée jusqu'à 450""", n'a donné que des résultats
négatifs.
» On peut donc supposer que sous de hautes pressions un gaz et un
liquide peuvent se dissoudre l'un dans l'autre de manière à former un
tout homogène, v
FOTANIQITE. — Evolution de l'Inflorescence chez des Graminées (2' partie).
Types de structure du rocins primaire. Ordre d'apparition des premiers vais-
seaux; par M. A. Trécul.
« Dans un travail qui appuie une opinion que je soutiens depuis long-
temps, M. G. Dutailly a àécrh [ ^ dnnsonia , t. XT, p. 1 89 et suiv.) des coupes
transversales d'axes de divers degrés de l'inflorescence de Graminées, dans
lesquelles les faisceaux ne sont point répartis autour d'un centre médul-
laire. Cela rappelé, voici mes observations personnelles.
« Principaux types dk structure du rachis primaire. — T. Dans le
( 212 )
Tripsacum dactyloides, la coupe transversale de chaque épi, prise dans la
région moyenne, a les faisceaux principaux distribués suivant une sorte
de T. Le nombre des faisceaux va, comme d'habitude, en diminuant de
bas en haut de l'épi, tandis que par en bas ils se multiplient dans la lige
du T et lui font perdre celte forme.
» De ces faisceaux , c'est le supérieur de la tige du T qui le premier acquiert
un vaisseau; il en naît ensuite dans le faisceau basilaire de chaque branche
duT; les vaisseaux apparaissent après cela dans les faisceaux de plus en
plus éloignés de ces trois premiers, et aussi de plus en plus grêles. Il y a
de plus quelques fascicules périphériques. C'est dans les angles du T que
s'insèrent les faisceaux des épillets, et c'est vers celte insertion que sont
tournés les vaisseaux des deux branches du T (').
» II. Dans l'épi du N ardus sir icta, une coupe transversale, prise dans le
milieu des mérithalles ou plus bas, montre les faisceaux disposés suivant un
flrcet ayant leurs vaisseaux tournés vers la face qui porte les épillets. Ceux
du milieu de l'arc sont les plus gros et les premiers pourvus de vaisseaux.
Il y a en outre des fascicules alternes avec les précédents et un peu plus
externes. Dans le pédoncule encore jeune les faisceaux sont disposés en
cercle, mais les plus gros sont d'un seul côté, dans le prolongement des
plus volumineux du rachis.
» III. Dans le dernier type, les faisceaux du rachis sont rangés suivant un
arc, comme dans le pétiole de beaucoup de feuilles. Dans le présent type
ils sont ordonnés suivant deux arcs opposés, comme si deux rachis sem-
blables au précédent étaient accolés par la face florifère. C'est sur les bords
appareiîts des arcs rapprochés que s'insèrent les rameaux; mais il y a à
distinguer deux formes principales.
)) a. Dans le rachis des Pldeum pratense, etc., les deux arcs de faisceaux
(de la section transversale) sont très ouverts, en sorte que leur apposition
produit une ellipse, au milieu des grandes faces de laquelle sont les gros
faisceaux, qui sont les premiers nés et les premiers pourvus de vaisseaux,
tandis que près des extrémités du grand axe de l'ellipse sont les faisceaux
les plus jeunes. C'est là que sont insérés les rameaux.
» b. Dans les Triticum, Secale, Hordeum, nommés ici, c'est le contraire qui
a lieu. Les deux arcs sont en quelque sorte compi'imés, de façon que la
(') Les coupes transversales des rameaux primaires ou épis latéraux de l'inflorescence
des Panicum coloratum, sanguinale, molUssimum, ont la forme d'un T à tige courte, avec
les vaisseaux tournés vers la nervure médiane dans les faisceaux des trois branches.
( 2l3 )
juxtaposition de leurs bords coïncide avec le milieu des grandes faces de
l'ellipse ; c'est là aussi que sont insérés les épillets, tandis que les deux
gros faisceaux, qui sont les premiers nés et les premiers pourvus de vais-
seaux, sont aux extrémités du grand axe de l'ellipse. Il y a souvent un
petit faisceau, parfois deux en arrière des deux gros.
» A ce second sous-type b se rapportent aussi, avec une légère modifi-
cation, les Lolium et le Lepturm siihulatits, au lieu que les mérilhalles infé-
rieurs du rachis du Cjnosurus cristattis se rapprochent du sous-type a.
» IV. Ici je range les plantes dans le rachis desquelles les faisceaux sont
répartis autour d'un centre médullaire elliptique ou circulaire, sans que
l'on y distingue deux arcs de faisceaux [Poa annua, Setaria glaiica, genna-
nicn, etc., Tragus racemosus, Sporobolus tenacissimus, Zea Mays, etc.).
» Dans le Poa anima, le premier vaisseau 'naît, à l'intérieur du rachis,
dans le faisceau dorsal, qui occupe le milieu d'une des grandes faces de
l'ellipse , le deuxième vaisseau dans un faisceau de la face antérieure, le
troisième vaissea.u dans un faisceau situé au milieu d'un petit côté de l'el-
lipse, le quatrième et le cinquième vaisseau dans deux faisceaux de l'autre
extrémité de l'ellipse ; plus rarement il n'y a que quatre faisceaux prin-
cipaux, le quatrième étant directement opposé au troisième. Des fascicules
alternes s'interposent à ces faisceaux principaux nés successivement.
» Dans le Selaria glaiica les vaisseaux du rachis sont aussi disposés
suivant une ellipse. Les premiers, situés aux extrémités du petit axe de
l'ellipse, sont dans un plan perpendiculaire à celui qui passerait par les
nervures médianes des feuilles distiques ou de leurs bourgeons axillaires.
Un peu plus tard deux autres vaisseaux naissent dans deux faisceaux situés
aux extrémités du grand axe de l'ellipse. Plus tard encore des vaisseaux
apparaissent dans quatre faisceaux alternes avec les précédents. D'autres
faisceaux plus externes naissent ensuite.
j) Dans le Selaria germanica, six faisceaux les plus gros entourent circu-
lairement le centre médullaire; mais trois seulement sont d'abord pourvus
de vaisseaux; les trois autres n'en possèdent que postérieurement. Derrière
chacun de ces six faisceaux, d'autres naissent en deux séries radiales pou-
vant simuler une sorte de triangle. C'est sur les intervalles de ces six
groupes, et appuyés sur ceux-ci, que sont formés les rameaux. Il y en a
donc ordinairement six rangées; mais quelquefois, par l'écartement des
faisceaux bisériés de deux de ces six groupes, il est créé deux intervalles
nouveaux, sur lesquels s'insèrent deux autres rangées de rameaux.
» Examen longitudinal des premiers vaisseaux. — Le premier vais-
(2l4 )
seau ou les premiers apparaissent libres par les deux bouts, à des hauteurs
variables, à l'intérieur du rachis des espèces suivantes : Lepturus subulalus,
Nardiis strirla, Pon annun, nemoratis, Miliwn effusum, Cjnosurus cristaliis,
Mibora verna, Aira piilclielln, Secale céréale, Triticum vulgare, villosum, Hor-
deum vulgare^ murinum, distichum, Loliiim mullijlorum, Glyceria aquatica,
Pbleum pralense, Psilurus nnrdoides, Phalaris canariensis, Setaria glauca.
» Les premiers vaisseaux des rameaux naissent aussi fort souvent libres,
indépendants de ceux du rachis, auxquels ils se relient ensuite ou non.
» Dans le Nay^dus sti'icta, le premier vaisseau apparaît dans les deux
tiers inférieurs de la nervure médiane d'un rachis d'environ i°"°,75, ayant
sa base au-rlessus des épillets les plus bas placés. Il s'étend ensuite par en
haut et par en bas, et d'autres vaisseaux s'y adjoignent. Bientôt après, un
premier vaisseau naît aussi dans la moitié inférieure de chacun des deux
faisceaux latéraux voisins. Pendant qu'ils s'allongent par en bas, il se forme,
à l'insertion des épillets supérieurs latéraux, un court vaisseau arqué, libre
par les deux bouts, qui plus tard seulement s'insère sur. le fascicule mé-
dian du rachis, quelquefois par l'intermédiaire d'un moignon vasculaire
destiné à le recevoir. A mesure que, dans des épis plus âgés, les vaisseaux
naissent ainsi successivement sous des épillets situés de plus en plusbas, des
vaisseaux sont produits dans les faisceaux latéraux plus externes du rachis,
dans le prolongement ou sur le côté desquels s'insèrent les vaisseaux des
épillets correspondants. Dans un épi de 40™™, les vaisseaux des épillets étant
d'aulant moins avancés que ceux-ci étaient plus bas placés, il y avait en
bas cinq épillets d'un côté, six de l'autre, encore privés de vaisseaux.
Dans un épi de 45""°, il n'y avait plus en bas, de chaque côté, que le
seul épillet inférieur sans vaisseaux.
» En étudiant ceux-ci de bas en haut, dans des épillets de plus en plus
haut placés, on vojait qu'à l'insertion du deuxième épillet était un
court vaisseau libre par les deux bouts; qu'à la base de l'épillet suivant il
y en avait deux séparés, libres également, parallèles à quelque distance
l'un de l'autre : l'un, plus externe, entrait dans la nervure médiane de la
glumelle inférieure; l'autre, plus interne ou supérieur, était opposé aux
organes sexuels, mais loin d'eux encore. Dès ce moment, il existait un
vaisseau dans la partie supérieure du filet de chaque étamine. Dans des fleurs
un peu plus âgées le vaisseau descendait au bas du fdet, mais restait libre
encore quelque temps. Dans des épillets plus haut situés, les deux vais-
seaux du bas de l'épillet étaient réunis et s'inséraient sur un des latéraux
du rachis; un peu plus haut encore, un troisième vaisseau basilaire s'était
( 2i5 )
formé près des deux précédents, sur un plan plus élevé; plus haut enfin,
ce dernier vaisseau basilaire et les premiers étaient réunis par en bas ou
insérés isolément sur un ou, en fourche, sur deux latéraux du rachis,
tandis que par en haut ils étaient en relation avec ceux de la fleur ou épillel.
» Dans les Triticum vutgare, monococcum, villosunij Secale céréale , Hordeum
disliclium, etc., il naît à peu près simultanément un vaisseau dans chacun
des deux faisceaux principaux situés vers les côtés du rachis. Ils commencent
dans la moitié inférieure de celui-ci et s'allongent ensuite par en haut et
par en bas. Un peu après, les vaisseaux naissent dans le faisceau latéral le
plus voisin de chaque côté, et successivement dans les latéraux les plus
éloignés, c'est-à-dire plus rapprochés du milieu des grandes faces du ra-
chis. Dans un épi de i'"'",4o du Triticum monococcum^ le premier vaisseau
commençait dans l'un des faisceaux principaux par une cellule vasculaire
située au niveau de l'intervalle des deuxième et troisième épillets d'en bas.
Dans l'autre faisceau principal, le premier vaisseau débutait par cinq cel-
lules situées un peu plus haut. Dans un épi de i""", 70, les deux vaisseaux
arrivaient à la moitié de la hauteur du rachis et ne descendaient pas tout à
fait à la base. Les vaisseaux naissent de même dans la moitié inférieure
du rachis d'un épi [^d'environ 2""" des Triticum viilosum, vuUjare et de
V Hordeum disliclium^ de 2""", 5o à 3""" da Secale céréale.
» J'ai trouvé, près du bas de chaque grande face du rachis, quatre fais-
ceaux interposés aux deux principaux dans le Secale céréale, de cinq à sept
dans les Hordeum distichum, Triticum villosum, etc. Ces faisceaux secon-
daires diminuent de bas en haut. Ceux du milieu des faces sont souvent
encore dépourvus de vaisseaux quand apparaissent les premiers dans la
base des épillets.
» Ce sont des épillets de la région moyenne qui, les premiers, montrent
des vaisseaux dans plusieurs de ces plantes. Dans ['Hordeum distichum^
c'étaient les cinquième, sixième et septième épillets d'un même côté d'épis
de ô""" à 7"""', à compter d'en bas, qui seuls en étaient pourvus. Dans
un jeune épi non mesuré de Triticum Spelta il y avait des vaisseaux dans
les épillets de la région moyenne à partir du cinquième, et dans un épi
de 12"""^, 5o tous les épillets avaient des vaisseaux à leur base, sauf quel-
ques épillets supérieurs. Dans des épis de 8°"" à lo""" de ['Hordeum vul-
garCj il y avait de courts vaisseaux dans les épillets deuxième, troisième,
quatrième, cinquième, sixième, septième, huitième d'un côté donné, et
pas dans les autres du même côté. Dans un épi de ii""™ du Triticum vil-
psum, où l'accroissement secondaire prédomine par en haut et devient
( '-^16 )
b:isipète, les épillets supérieurs avaient des vaisseaux et les inférieurs n'en
possédaient pas.
M Voici la position de ces premiers vaisseaux. Dans le Secale céréale il
naît, au bas de chaque épillet et des deux côtés, un court vaisseau dirigé
vers lagliimelle externe de chaque fleur. Ces deux vaisseaux sont libres par
les deux bouts. Ce n'est qu'un peu plus tard que naît le premier vaisseau
destiné à la glume correspondante. Puis apparaît un vaisseau dans chaque
étamine; il est libre comme les précédents. Ensuite se montre, libre aussi,
le premier vaisseau du petit axe surmonté des rudiments de deux ou trois
fleurs stériles. Après que les premiers vaisseaux des gl urnes et des glumelles
se sont mis en rapport avec ceux du rachis, d'autres vaisseaux ou fascicules
se développent là dans le tissu d'insertion pour aller rejoindre ceux des éta-
mines et du petit axe stérile. En même temps il naît, dans la partie supé-
rieure de la lame des glumelles externes, des vaisseaux dans les deux ner-
vures latérales de chaque côté et dans les nervures transverses qui les
unissent entre elles et avec la nervure médiane, bien qu'il n'y ait encore
dans la base de la lame que les vaisseaux de la nervure médiane. Les
autres vaisseaux de chaque fleur naissent ensuite. L'insertion de l'épillet
sur les faisceaux du rachis se complète par un lacis ou épatement vasculaire
que je ne puis décrire ici.
» Dans les Triticum Spelta et vulgare, il naît de même un court vaisseau
libre au-dessous de la glumelle externe des deux fleurs inférieures ; ensuite
apparaissent un, deux et trois courts vaisseaux au-dessous de l'axe portant
les autres fleurs rudimentaires. Des vaisseaux libres se montrent après cela
dans les étamines, etc. J'ai quelquefois trouvé sous les glumes du Triticum
Spelta un très court vaisseau déjà en relation avec le faisceau principal du
rachis voisin.
» Dans VHordeum vulgare, qui a trois épillets côte à côte sur le même
mérithalle, le premier vaisseau, court et libre, naît au-dessous de la c/lumelle
externe de l'e'pillet médian, dans la nervure médiane de laquelle il monte
plus tard. Un court vaisseau, libre aussi, apparaît ensuite au-dessous de
chacun des épillets latéraux. Ici, ce premier vaisseau est tantôt dirigé sous
la glumelle externe, tantôt sous la glume la plus latérale par rapport aux
trois épillets. Quand les vaisseaux latéraux sont dirigés vers ces glumes, le
vaisseau de la glumelle externe correspondante peut n'être qu'ébauché,
ou seulement plus court que son voisin de la glume; il est quelquefois uni
avec lui par la base.
» Quand il n'existe encore qu'un court vaisseau sous les épillets laté-
(2,7)
raux, et que le vaisseau né sous l'épillet médian entre dans sa glumelle
externe, les étainines de la fleur médiane peuvent déjà avoir des vaisseaux
commençant dans le connectif de l'anthère ou même étendus dans le filet.
Un peu plus lard, les vaisseaux naissent dans le connectif des anthères des
fleurs latérales.
» Plusieurs fois j'ai trouvé le vaisseau de la nervure médiane de la glu-
melle externe de ces fleurs latérales commençant sur deux points à la fois :
en bas dans l'axe, et plus haut dans la partie supérieure de la lame. Les deux
parties vasculaires s'unissent ensuite. Ce n'était qu'après que ce vaisseau
était étendu déjà dans toute la lame et dans la base de l'arête de la glu-
melle externe de ces fleurs latérales, qu'apparaissaient les premiers vaisseaux
de la nervure médiane des glumes de l'épillet médian, qui naissent libres
aussi. Plus tard apparaît le premier vaisseau de la nervure médiane des
deux autres glumes des épillets latéraux, c'est-à-dire de celles qui sont voi-
sines de l'épillet médian. Puis viennent les vaisseaux latéraux de la glu-
melle externe de la fleur médiane, que l'on trouve libres ou insérés sur
la base du faisceau médian des glumes du même épillet médian. Ensuite
apparaissent les vaisseaux de la glumelle interne, etc. Tous les faisceaux
d'un même côté du court rameau confluent à leur insertion sur le rachis,
et tous sont réunis à la fin par des cellules vasculaires qui en forment un
épatement vasculaire.
)) Il y a cinq nervures longitudinales dans chaque glumelle externe.
Pendant que les vaisseaux des latérales montent dans la base de la lame,
les vaisseaux de la nervure médiane ayant déjà atteint le sommet, on peut
trouver que des vaisseaux descendent de ce sommet dans les faisceaux laté-
raux vers ceux qui moulent, etc. U Horcleum distichum a donné des résultats
analogues, et ses glumes ont souvent montré un groupe de vaisseaux dans
leur partie supérieure effilée, quand ceux qui montaient de l'axe n'avaient
pas encore atteint la base de la lame. »
M. D. CoLLADON adresse une Note concernant divers moyens mis en
usage, soit en France, soit sur les petits lacs de la Suisse, pour déterminer
la rupture des couches de glace formées à la surface de l'eau.
C. R., 1880, :" Semestre. (T. XC, N* 8.) ^9
( 2i8)
MEMOIRES PRESENTES.
M. A. Gacdii* soumet au jugement de l'Académie un procédé pour
diviser les amas de glaçons.
Ce procédé consiste dans l'emploi d'un tuyau en plomb, ou en alliage
d'étain et d'antimoine, de petit calibre, flexible, qui serait adapté à un
générateur de vapeur et posé à la surface de la glace. Ce tube, ouvert
à son extrémité libre pour laisser échapper l'eau de condensation,
pénétrera dans la glace par son poids, en sorte que sa paroi, sans cesse
réchauffée par l'arrivée de la vapeur, sera toujours en contact avec le fond
de la tranchée. On empêchera les tranchées de se refermer en y inter-
calant des planches verticales, et l'on pourra y introduire ensuite des
charges de dynamite. Quelques essais préliminaires ont donné de bons
résultats.
(Commissaires : MM. Rolland, Phillips, Tresca.)
M. A. BocvET adresse une Note concernant un procédé du même genre,
pour la destruction successive des banquises de glace.
(Renvoi à la même Commission. )
M. A. Denizot, m. Martin-Raget adressent diverses Communications
relatives au Phylloxéra.
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
CORRESPONDANCE.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur la lliéorie des équaliolis différentielles linéaires.
Note de M. Mitïac-Leffler, présentée par M. Hermite.
'< Soit
(A) f") =/ (x)7<«-) +/,(x)j(''-^) H- . . . +/„(^)j
une équation différentielle linéaire. M. Fuclis a étudié les intégrales de cette
équation dans le voisinage d'un point singulier a. Pour le cas où les inté-
grales sont récjulièies, M. Fuchs et M.Froheniusont montré comment on peut
( 2.9 )
former un système fondamental d'intégrales dans lequel chaque intégrale
est bien définie pour le voisinage du point a. Mais c'est seulement pour des
valeurs du module de [x — a) qui ne surpassent pas une certaine limite
que les séries par lesquelles ces intégrales sont exprimées restent conver-
gentes. Le but idéal de l'intégration des équations différentielles est pour-
tant de trouver des expressions analytiques des intégrales qui soient définies
pour chaque valeur de la variable indépendante x. J'y suis parvenu dans le
cas où l'intégrale complète de l'équation différentielle (A) est une fonction
uniforme avec le seul point singulier essentiel x =^ - • J'emploie la déno-
mination de point essentiel dans le sens qui lui a été donné par M. Weier-
strass, dans son Mémoire célèbre intitulé Sur les fonctions analytiques uni-
formes d'une variable.
» Je me suis demandé quelle est dans ce cas la forme des fonctions
J, {x),j2{x), . . .,f„[x). Je trouve cette forme, etje montreaprès comment
on peut toujours obtenir un système fondamental d'intégrales qui y corres-
pondent, où chaque intégrale est le quotient de deux séries de puissances
de X toujours convergentes.
» Qu'il me soit pernîis d'expliquer plus en détail les résultats que j'ai
trouvés pour le cas où l'équation différentielle proposée est du second ordre.
Je mets
» D'après les principes de M. Fuchs, il est alors nécessaire que les deux
fonctions^^, (a-) elj^i^) soient des fonctions uniformes avec le seul point
singulier essentiel x =^ -? et que pour le voisinage d'un pôle a elles aientla
forme
f,{x) = {x — ar*[k„-+- k,{x — a)-h k^ix — ay -\- . . .],
J^i^) = (a; — rt)"-[/?o-T- }u{x — a)->r li.2{x — a)- + ...],
où les deux séries sont convergentes pour des valeurs suffisamment petites
du module de [x — a).
)) J'ajoute d'abord à cette condition que les deux coefficients /?„ et kg
sont nécessairement des nombres entiers positifs ou négatifs, ou zéro, tels
que
4/io-H (i-hA-o)'= m-,
où m est un nombre entier positif. Je montre après que les coefficients
A,, A;. .... A,„, h,. Ik, ■ , f'm sont liés ensemble par l'équation algébrique
( 220 )
qu'on obtient en éliminant les quantités c,, Co, . . . , c,„_, entre les équations
(i — in)cy = H^-, + 7z,,
2(2 — m)c2 — nk^ 4- ^^2+ [(" + ^V^> H- h{]^\i
3(3 — m)c3 = «/?:3 H- hj, + [{^71 + i)îc., 4- ^2]^= -i- [(^^ + ^l/t, + /?,]C|,
1
o =: n A-;„ -t- /(,„ + f(/î 4- i) A„,_, + /2,„_, j c,„_, -t- . .
-f-[(«4- m — i)/t, + /«,],.
» Le nombre n est
72 r= [(l + /•„ — m).
» Ces conditions étant remplies, l'intégrale complète de l'équation (B) est
toujours une fonction uniforme avecleseul point singulier essentiel x = -■
1) Pour obtenir cette intégrale, j'étudie d'abord le nombre n. S\n est un
nombre positif ou zéro, alors aucune intégrale de l'équation (B) n'a de pôle
aii point a. Si au contraire le nombre n est négatif, alors le point a est
toujours un pôle de l'intégrale complète de (B). Dansée dernier cas, je
mets
«' = — w = — I (i 4- A'o — m).
» Je forme maintenant, d'après les principes de M. Weierstrass, le produit
convergent
n(^) = n
^^-^m:^^]
1) Alors z = j W.[x) est nécessairement une fonction analytique entière
de la variable jc. En faisant n)aintenant dans l'équation (B) la substitu-
tion
^ n(
on obtient, par conséquent, une équation
n .r
Ln(x)Jr'
qui possède un système fondamenlal d'intégrales i; = z,, r= Z2, où chaque
intégrale est une série qui procède suivant les puissances croissantes et posi-
tives de X et qui converge pour une valeur quelconque de x. Les coeffi-
( 22 1 )
cients de ces séries sont faciles à obtenir d'après les méthodes de MM. Briot
et Bouquet et de M. Frobenius.
» Les deux fonctions
n [x] -' - nix)
font maintenant ensemble un système fondamental d'intégrales pour l'équa-
tion (B). »
CHIMIE. — Remarques sut les métaux nouveaux de la gadolinite
et de la samarskite. Note de M. M. Delafontaine.
« Depuis la publication des Mémoires sur la terbine par M. Marignac
et par moi-même, en mars 1878, la découverte réelle ou supposée de dix
autres terres rares a été annoncée par divers chimistes, savoir : la mosan-
drine, la philippine, l'ytterbine, la décipine, la scandine, l'holmine, la
thuline, la samarine et deux autres sans nom.
» Comme on pouvait s'y attendre, une telle multiplication de corps,
difficiles à isoler et à caractériser, a rencontré des sceptiques, et l'on s'est
demandé s'il n'y aurait pas là de doubles emplois. Si l'Académie veut bien
me le permettre, je lui communiquerai mes vues sur ce point, telles qu'elles
résultent de mes propres recherches (' ).
» Dans mes recherches sur la gadolinite et la samarskite, j'ai toujours
attaché une grande importance aux poids atomiques. Quand l'équivalent
d'une base s'est trouvé plus élevé que celui des autres membres du même
groupe (décipine et ytterbine, par exemple), je n'ai pas eu le moindre
doute sur l'existence spécifique de cette base. Cet équivalent était-il, au
contraire, intermédiaire entre deux autres (la philippinecomparée à l'yttria
et à la terbine), naturellement je multipliais les expériences pour m'assu-
rer que je n'avais pas entre les mains un mélange de corps déjà connus.
Dans ce cas, les caractères physiques m'ont été quelquefois d'un grand
secours. Yoilà donc pourquoi Vylter-bium^ le décipium et le pliili/ipium me
semblent définitivement acquis à la Science.
» Le scandium m'est inconnu : je ne puis rien en dire.
(') N'étant plus depuis longtemps en position de lire les Comptes rendus, je ne connais
plusieurs des Notes sur ces nouveaux métaux que par ce qu'en a donné le Chemical Neifs
de Londres. Si donc il y a quelque malentendu de ma part, il ne devra être attribué qu'à
un manque d'information suffisante.
( 222 )
" Rien n'est survenu pour changer mon opinion sur le mosandrum, de-
puis que j'ai proposé de le rayer de la liste des éléments.
» Samarium. — M. Lecoq a publié, en février et en août 1879, deux Notes
consacrées l'une à une terre nouvelle tirée de la samarskite et l'autre au
samarium. Les propriétés qu'il attribue à sa terre sans nom ne me parais-
sent différer en rien d'essentiel de celles de la décipine, ou mienx peut-
être d'un mélange de décipine et de lerbine. Le samarium est caractérisé
seulement par des raies d'absorption qui comprennent, semble-t-il, une
partie de celles du décipiuin. Je ne connais pas de faits qui puissent me
faire croire que ce dernier n'est pas homogène; ses raies d'absorption
croissent ou décroissent ensemble, dans tous les traitements auxquels je
l'ai soumis. La découverte du samarium demande donc à être appuyée de
nouvelles preuves.
)) MM. Marignac et Soret ont montré que l'erbine de M. Bunsen est un
mélange de plusieurs corps. Avec l'aide de M. Thalén, M. Clève a répété
leurs expériences, et il est arrivé aux mêmes résultats. Cependant le savant
d'Upsal va plus loin que ceux de Genève : il n'hésite pas à donner des
noms aux métaux, supposés nouveaux, qu'il croit être la cause de certaines
différences spectroscopiques. Pour lui, la raie ultra-rouge découverte par
M. Soret caractérise le thuUum , -les raies rouge et verte (). = 64o et 536) ap-
partiennent à Vliolmium (*) dont l'oxyde est jaune et le nitrate moins faci-
lement décomposé au feu que celui d'erbium ; du reste, il n'a obtenu ni le
premier ni le second dans un état de pureté même approximative.
» La samar.^kite renferme très peu de l'ancienne erbine de M. Bunsen;
le spectre d'absorption de cette dernière est très faible avec les solutions
que l'on en obtient, et en particulier les bandes verte et bleue (). =: SaS et
488) de l'erbine (sens restreint) y sont peu intenses; par contre la bande
indigo ().= 4^2) s'y montre beaucoup mieux. Après en avoir éliminé le
didyme, le liécipium et la presque totalité de la terbine, j'ai soumis le for-
miate de ces terres à des cristallisations fractionnées : les premiers produits
ont donné de 49 à 47 pour 100 de base. On les a réunis et recris-
tallisés plusieurs fois. Il s'est séparé parla un sel assez riche en terbine et
des eaux mères plus riches en yttria; on les a ^ejet^•s. Le reste, calciné et
combiné avec l'acide nitrique, montrait la bande indigo 452 très forte et les
autres plus faiblement. Ce nitrate, dissous ou en cristaux, était parfaitement
incolore; sa base, d'un beau jaune franc, avait l'équivalent 98 {/„ ^^ 74-,
(') M. Soret y ajoute avec raison la bande indigo X ^^5%.
( 223 )
~o — 1 1 5 env. ). On l'a soumis à une série de décompositions partielles par
le feu, qui l'ont divisé en six produits (A à F). La terre du premier, légè-
rement plus claire, avait l'équivalent 102; les cristaux de son formiate
étaient un peu rosés ; son spectre d'absorption montrait les raies d'absor-
ption de l'erbine (sens restreint) renforcées. Les quatre produits suivants
(Bà E) contenaient une base plus colorée; leur nitrate, incolore, donnait
un spectre composé seulement des raies rouge 640 et; verte 536, étroites,
mais bien plus fortes qu'auparavant, et de la large bande indigo 448 à
455. La raie verte de l'erbine vraie était réduite à un mince trait, la bleue
avait disparu. Ces terres B à E ne se laissaient pas dédoubler en yttria et
terbine parles moyens connus. Enfin le produit F donnait un spectre affai-
bli; sa coloration et son poids atomique étaient moindres que ceux du
mélange original.
» J'ai appelé philippine l'oxyde jaune distinct de la terbine qui forme le
gros des terres dont il vient d'être parlé. Ses caractères sont ceux de la
terre X de M. Soret et de Vliolmine de M. Clève; ce dernier nom, faisant
double emploi, ne saurait être conservé.
» A la vérité, on pourrait supposer que la philippine est un mélange de
deux oxydes, dont l'un donnerait la bande indigo (448-455) et l'autre les
raies 640 et 536; mais je ne connais aucun fait en faveur de cette con-
clusion.
» La soi-disant euxénite de la Caroline du Nord contient encore moins
de terres à spectre d'absorption que la samarskite, une trace seulement.
Outre une proportion notable de terbine, je viens d'en retirer une terre
jaune paille, à équivalent oscillant autour de 90, sans spectre d'absorption,
et qui ne paraît pas être un mélange de terbine et d'yttria. Je ne me suis pas
encore assuré si la samarskite en contient, et en particulier si ma philip-
pine en est souillée : c'est un point que j'espère avoir éclairci sous peu.
J'examine aussi une autre base de la samarskite, qui paraît se rapprocher
■beaucoup de l'ytlerbine. »
CHIMIE MINÉRALE. — Reproduction artificielle de la scorodite. Note
de MM. Verxecil et Bourgeois, présentée par M. Fremy.
« Jusqu'ici les arséniates hydratés que nous offre la nature n'ont été
reproduits qu'en petit nombre : la pharmacolithe par M. Becquerel, la
haidingérite par M. Debray, l'olivénite et l'adamine par MM. Friedel et
( 224 )
Sarrasin. Nous avons l'honneur de présenter à l'Académie la synthèse de la
scorodite, que les minéralogistes considèrent comme un arséniate de sesqui-
oxyde de fer hydraté, ayant pour formule Fe^O', AsO', 4HO.
» Pour obtenir la scorodite, nous traitons le fer par une dissolution con-
centrée d'acide arsénique dans un tube scellé, chauffé vers 140"-! 5o°. Le
fil de fer, forme sous laquelle nous employons le métal, se recouvre, après
quelques heures, d'une matière gélatineuse grise qui est assez abondante
pour faire prendre le liquide en masse. Ce corps est un mélange d'arséniate
de sesquioxyde de fer amorphe et d'acide arsénieux en très petits cristaux.
L'action continuant, la matière gélatineuse disparaît peu à peu pour se
transformer en scorodite, en même temps qu'il s'en forme une nouvelle
quantité bientôt transformée à son tour, et cela jusqu'à ce que la dissolution
d'acide arsénique soit trop étendue pour que l'attaque du fer se produise,
ce qui arrive après huit jours de chauffe environ.
» La dissolution d'acide arsénique qui nous a donné les meilleurs résultats
est celle contenant 5o pour 100 d'acide anhydre. A l'ouverture du tube on
n'observe aucun dégagement gazeux; le liquide ne contient plus qu'une
petite quantité d'acide arsénique et le fil de fer est recouvert de très beaux
cristaux de scorodite, d'une couleur vert bleuâtre, ainsi que de gros cristaux
d'acide arsénieux. Pour les séparer, nous traitons le mélange à froid et pen-
dant quelques heures par de l'ammoniaque concentrée, qui dissout l'acide
arsénieux sans toucher à la scorodite; puis nous séparons par lévigation
les petits fragments de fil de fer dont elle est quelquefois souillée. Ces cris-
taux sont identiques à la scorodite naturelle, ainsi que le montre la compa-
raison ci-dessous.
>> Scorodite artificielle. ■ — Densité ; 3,28.
» Chaleur spécifique ; o,ig36.
i> Inattaquable par les acides sulfuiique et azotique; entièrement soluble dans l'acide
chlorbydrique bouillant; attaquable à froid par la potasse concentrée, avec formation de
sesquioxyde de fer.
» A l'analyse elle nous a donné : '
Calculé.
Trouvé. { I\' 0\ As O», 4 HO ).
Fe'O' 35,21 34,63
AsO' 49,6i 49,78
HO i5,55 i5,58
'00. 37 99.99
» Le petit excès de fer que donne la scorodi(e artificielle, excès que Berzélius avait déjà
( 2?.'5 )
observé en nnalvsanl des échantillons de scorodite du Brésil, l'a\ait porté îl croire que ce
minéral contenait un peu de protoxyde de ter, et il lui avait donné la formule
2FeO,AsO^(Fe=OUsO')'i2HO.
i> Nous reviendrons sur ce point, difficile à décider, dans une prochaine Communication.
u Scorodite naturelle. ■— Densité : 3, i à 3,3.
» Chaleur spécifique : o,ig4o-
i> Inattaquable par les acides sulfurique et azotique; entièrement soluble dans l'aride
clilorhydrique; attaquable par la potasse, etc.
» Forme cristallographique :
Scorodite naturelle.
\^
Faces principales : g', /;', /», h" .
Faces secondaires : g^', h\
\_
Angles des faces h"^ ^DesCloizeauxl : 1 14°34',
10305', iio-SS'.
Axes : I ,i5io : 1 : 1 ,09^5.
ct3„:_-- ,20° 10'
J_ \_
«-«'•' =r 131" a' f observés.
(''e== 129°
Scorodite artificielle.
\_
Faces principales : h-
y
Faces secondaires '. tr , e-, o'. g% p. /t'.
Angles des faces l>- : ÏIY24', io2"9',
iia-iS'.
Axes : 1 , 1600 : 1 ; j ,1281.
n'fl' = i32»io' } observés.
e'e-=ia7°47' )
» MM. Des Cloizeaux et Jannettaz ont bien voulu constater que la position et l'écarte-
ment des axes optiques sont les mêmes que dans le minéral naturel.
» Nous espérons que cette méthode nous permettra d'obtenir l'éry-
fhrine, l'annabergite et quelques autres arséniates hydratés ('). »
PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE. —Sur les Caractères anatomiques du sang, par-
ticuliers aux anémies intenses et extrêmes. Note de M. G. Hayem, présentée
par M. Vulpian (^).
« Dans un travail antérieur ('), j'ai rangé sous le titre d'aglobulie in-
tense les cas d'anémie caractérisés essentiellement par une richesse globu-
laire variant de a 000000 à 800000 et, sous celui cVaglobulie extrême, ceux
dans lesquels cette richesse oscille de 800000 à 45oooo.
(') Ce travail a été fait au laboratoire de M. Fremy, au Muséum d'Histoire naturelle, et
sous sa bienveillante direction.
( ^ ) Complément des Notes publiées dans les Comptes rendus en juillet 1876.
(') Des degrés d'anémie [Bulletins de la Société médicale des hôpitaux, 8 avril 1877;
Union médicale, 28 et 3o avril).
C. R., 1880, I-' Semestre. (T. XC, N» 3.)
( 226 )
» Outre les altérations qne j'ai déjà décrites, on peut observer dans ces
deux derniers degrés de l'aglobulie diverses modifications spéciales portant
sur les éléments figurés.
» I. Lorsqu'on dessèche rapidement le sang normal, étalé en couche mince
sur une lame de verre, et qu'on recouvre les éléments ainsi fixés à l'aide
d'une lamelle protectrice, les hématies et les hématoblastes se conservent
indéfiniment sans perdre leur hémoglobine. Au contraire, dans les prépa-
rations du même genre faites avec le sang d'individus atteints d'aglobulie
intense, on voit assez souvent les hématoblastes et un certain nombre de
globules rouges s'entourer, au bout d'un ou de plusieurs jours, d'un cercle
de petits cristaux qui restent d'abord isolés, puis se réunissent, en général,
en formant une arborisation plus ou moins étendue et élégante.
» Cette formation de cristaux ne paraît avoir aucun rapport avecle genre
d'anémie ; elle se montre dans les cas les plus variés (intoxication saturnine,
cachexie cancéreuse, pertes sanguines, etc.).
I) Chez les animaux rendus anémiques à l'aide d'hémorrhagies répétées,
non seulement les hématies deviennent pâles, mais un certain nombre
d'entre elles ainsi que d'hématoblastes acquièrent également la propriété
de se résoudre, dans les préparations faites par dessiccation, en arborisations
cristallines. Le sang d'une tortue rendue ainsi anémique m'a donné de très
belles productions de ce genre.
» Les cristaux qui se forment dans ces conditions sont très petits; ils ne
mesurent que 2 k 5 [j.; ils sont jaunâtres, à peu près de la même couleur que
les hématies desséchées, assez variables quant à leur forme et de même ap-
parence chez l'homme que chez les animaux.
» M. Fouqué, qui a bien voulu les examiner, a constaté qu'ils sont sans
action sur la lumière polarisée et qu'ils échappent ainsi à ime détermination
rigoureuse.
M En cherchant l'explication de ces productions, j'ai remarqué que les
hématoblastes de la lymphe se transforment presque tous, en se dessé-
chant, en petits cristaux semblables à ceux du sang des anémiques,
et que dans les préparations sèches de la lymphe du chien, ainsi que
dans celles du suc des ganglions lymphatiques de divers animaux (chien,
lapin, cochon d'Inde, chat), ou retrouve des arborisations cristallines
absolument semblables.
» n. Dans les mêmes cas d'anémie, lorsqu'on examine du sang pur et
frais étalé en couche mince, on remarque que certains globules blancs con-
tiennent une quantité anomale d'hémoglobine, sans perdre pour cela leurs
propriétés et en particulier leur contractiUté amœboïde. Les préparations
( 227 )
obtenues par dessiccation renferment alors des corpuscules tout particu-
liers. Ce sont des éléments régulièrement arrondis ou ovalaires, mesurant
de 9 à il\ [j.de diamètre et offrant une coloration jaunâtre, parfois presque
aussi prononcée, surtout sur les bords, que celle des hématies ; ils sont
aplatis par la dessiccation, mais conservent cependant une assez grande
épaisseur et sont par suite entourés comme les globules rouges d'un cercle
noir dû à la réfraction de la^luinière.
» Au premier abord, on pourrait les prendre pour des globules rouges
volumineux (quelques-uns ne dépassent pas le diamètre des globules
géants) ; mais ils en différent nettement i" par l'absence de biconcavité,
2° par l'état finement granuleux de leur substance et 3" par la présence
dans leur intérieur d'un ou de plusieurs noyaux absolument semblables à
ceux des autres globules blancs.
» Ce sont très certainement des globules blancs qui, grâce à leur con-
tenu en hémoglobine, se sont desséchés à la façon des hématies, c'est-à-
dire eu conservant une assez grande épaisseur, une coloration bien nette et,
de plus, un diamètre sensiblement le même que celui qu'ils possèdent
dans le sang frais et fluide. Parfois certains de ces éléments sont si colorés
que la masse nucléaire s'aperçoit à peine, surtout au moment où la prépa-
ration vient d'être faite.
» Ces globules blancs à contenu coloré se rencontrent beaucoup plus
fréquemment que les formations cristallines précédemment indiquées.
Depuis l'année 1875, où je les ai remarqués pour la première fois, j'en ai
constaté la présence dans tous les cas d'anémie intense ou extrême, quelle
que fût d'ailleurs la cause de l'anémie. Ils sont absolument semblables à
ceux que l'on trouve dans la lymphe recueillie chez les animaux, soit dans
les ganglions, soit dans le canal thoracique.
» III. Dans certains cas d'aglobulie extrême, on voit des éléments un
peu différents des précédents. Ce sont encore des globules blancs chargés
d'hémoglobine, mais à un degré plus prononcé encore. Traités par un
liquide qui fixe les globules du sang, tel que celui que j'emploie pour
effectuer la numération de ces éléments, ils se présentent sous la forme
d'un corpuscule irrégulièrement sphérique, à surface jaunâtre, chatoyante
et plissée. Ils paraissent constitués par une partie externe hémoglobique,
qui, en se rétractant sous l'influence du réactif, laisse échapper parfois
une masse granuleuse, en grande partie nucléaire. A l'état sec, ils sont
presque toujours régulièrement arrondis, plus rarement légèrement ova-
laires et composés d'un anneau coloré aussi fortement que le disque des
hématies, anneau qui entoure un noyau granuleux et arrondi. On croirait
avoir sous les yeux un globule rouge nucléé d'ovipare.
( 228 )
» Cette variété d'élément est rare; je ne l'ai encore rencontrée, depuis
l'année tSyS, que dans deux cas, chez des malades atteints de cancer de
l'estomac et tombés dans un état d'anémie extrême. On trouve son ana-
logue à l'état sain dans la lymphe et la moelle rouge des os,
» Il y a lieu de se demander si ce n'est pas à des éléments de ce genre
que s'applique la description des prétendus globules rouges à noyau,
signalés par quelques auteurs dans la leucocythémie et l'anémie dite per-
nicieuse, progressive, et considérés comme des formes intermédiaires aux
globules blancs et aux hématies.
» IV. Enfin, dans les cas dont il est ici question, les petits globules blancs
du sang sont presque toujours plus abondants qu'à l'état normal et
parfois d'un diamètre si exigu, que quelques-uns atteignent à peine 5 à 6 p.,
c'est-à-dire les dimensions des plus petits globules blancs de la lymphe.
» On voit donc que, dans l'aglobulie très intense et dans l'aglobulie ex-
trême, le sang contient des éléments n'existant habituellement que dans la
lymphe et les organes lymphatiques; il devient en quelque sorte lympha-
tique, c'est-à-dire qu'il est constitué par un mélange de sang proprement
dit et de lymphe.
)) Loin de considérer les corpuscules colorés et à noyau que nous avons
décrits comme des formes de transition entre les globules blancs et les
hématies, nous y voyons, au contraire, la preuve d'un arrêt dans la fonc-
tion hématopoïétique et un caractère essentiel de l'anémie poussée à ses
dernières limites.
» Lorsque dans ces circonstances l'état des malades s'améliore et que le
sang se répare, les corpuscules blancs colorés disparaissent, et en même
temps il se produit un nombre considérable d'hématoblastes et d'éléments
intermédiaires aux hématoblastes et aux hématies.
» En énonçant que les hématoblastes sont toujours les précurseurs des
hématies de nouvelle formation, j'ajoute que cette proposition s'appuie sur
plus de cinquante cas de réparation hématique observée à la suite des ma-
ladies les plus diverses. »
PHYSIOLOGIE. — Recherches sur les mouvements de l'utérus.
Note de M. Polaillon, présentée par M. Vulpian.
tt En faisant communiquer un appareil enregistreur et un manomètre
avec le ballon qui est introduit dans l'utérus pour provoquer l'accouche-
ment chez certaines femmes vicieusement conformées, j'ai obtenu le tracé
des mouvements intra-utérins et j'ai mesuré leur force.
( 229 )
» La contraction utérine produit un mouvement régulier et sans secousse
comme les contractions des muscles de la vie végétative. Elle est remar-
quable par sa durée, qui est presque de deux minutes. Elle se divise en deux
périodes : l'une, qui est représentée sur les tracés par l'ascension de la
courbe, est le resserrement de l'utérus ; l'autre, qui se traduit par la des-
cente de cette même courbe, est son relâchement. La première période
emploie une fois moins de temps pour s'accomplir que la seconde.
» La durée de la sensation douloureuse est environ la moitié de la durée
totale de la contraction. La douleur commence lorsque la contraction pro-
duit une pression déjà notable ( 12""", 25 de mercure dans nos expériences) ;
elle augmente à mesure que la pression s'accroît, et elle disparaît lorsque la
pression décroissante est arrivée un peu au-dessous du point où elle a com-
mencé (10""", 45 de mercure).
» Les battements du cœur n'arrivent pas jusque dans l'utérus; mais les
mouvements du diaphragme et des muscles abdominaux, ainsi que les pres-
sions extérieures, se transmettent dans sa cavité et produisent des courbes
accessoires qui compliquent le graphique propre à la contraction.
» Les mouvements de la respiration calme font à peine sentir leur in-
fluence. Ils ne produisent que des pressions très faibles, qui varient entre
5"™, 10™™ et 20™™ d'eau. Mais les grands mouvements qui sont nécessaires
pour respirer profondément, pour tousser, rire, crier, pour faire un effort
quelconque, élèvent la pression jusqu'à 5o"™ et 60""° de mercure. Bien
que la femme respire d'après le type costo-supérieur, l'inspiration ne
produit pas une aspiration vers la poitrine, comme chez certains ani-
maux qui respirent par les mouvements du thorax. L'inspiration, même la
plus étendue, amène toujours chez la femme une augmentation de pression
dans les organes abdominaux.
» Lorsque le ballon explorateur est placé dans le fond du vagin au
lieu d'être placé dans la cavité utérine, les mouvements communiqués
produisent des tracés dont l'amplitude est notablement plus considérable
dans le premier que dans le second cas. Il résulte de ce fait que l'utérus
atténue pour l'œuf les secousses du diaphragme, les ébranlements de
la locomotion et les chocs extérieurs.
» J'ai calculé que dans une de mes expériences la force spécifique de
l'utérus était de 178. Elle est, par conséquent, très inférieure à la force
spécifique des muscles striés de l'homme, qui est de 1087.
» Enfin le contenu de l'utérus est soumis à une pression invariable
(de 35""" de mercure en moyenne) en l'absence de toute contraction. ><
( 23o )
M. H. Macagno adresse deux Notes relatives, l'une à la composition de
l'air, déterminée à Palerme, en divers points de la ville; l'autre, à la pro-
duction du tannin dans les feuilles de sumac.
Suivant l'auteur, les feuilles de sumac placées à l'extrémité supérieure
des tiges sont toujours plus riches en acide tannique que celles de la base;
à mesure que la plante vieillit, la quantité de cet acide diminue. S'il y a
avantage à retarder la récolte, c'est que la décroissance dans la proportion
de tannin que contiennent les feuilles est largement compensée par la
quantité totale du produit
M. Gbignard adresse une Note relative à une loi approximative com-
prenant les résultats obtenus par Regnault sur les tensions de la vapeur
d'eau aux diverses températures.
M. E. Gentet adresse une Note concernant diverses expériences sur la
production de la lumière électrique.
M. L. HcGO adresse une Note relative aux cristallisations observées
dans le givre.
A 4 heures un quart, l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 5 heures. J. B.
BCI>LETIN BIBUOGRAPUIQDE.
Ouvrages keçus dans la séance dd [g jantieu 1880.
Annuaire fjour l'an 1880, publié par le Bureau des Longitudes. Paris, Gau-
thier-Villars, 1880; in-i8.
Traité de Mécanique générale, comprenant les leçons professées à l'Ecole
Polytechnique et à l'Ecole nationale des Mines; par H. Resal. T. V. Paris,
Gaulhier-Villars, 1880; in-8°.
Crétin, crétinisme et goitre endémique ; par MM. les D'" Baillarger et Kris-
HABER. Paris, G. Masson et P. Asselin, 1879; in-8°. (Extrait du Dictionnaire
encyclopédique des Sciences médicales.)
( 23i )
Les droits de tous. Principes fondamentaux sur les rapports de l'Eglise et de
l'Etat, etc.; par M. l'abbé Moigno. 2« édition. Paris, Blériot, 1880; in-18.
Les Slaphflinides des Moluques et delà Nounelle-Gidnée; par k. Fauvel.
Deuxième Mémoire. Genova, tipogr. delR. Isfituto Sordo-Muli i879;in-8°.
Observations météorologiques publiées par la Société des Sciences de Finlande;
année 1877. lîelsingfors, impr. de la Société littéraire finlandaise, 1879;
in-8».
Bulletin de la Société impériale des Naturalistes de Moscou, publié sous
la rédaction du D' Renard; année 1879, n° 2. Moscou, A. Lang, 1879 ;
in-8<*.
L'urine normale et pathologique ; les calculs urinaires. Histoire médicale,
analyse chimique; par le D'" C. Méhu. Paris, Asselin et C'% 1880; in-8».
Observations de Poulkova, publiées par Otto Struve. Vol. IX : Mesures
micromélriques des étoiles doubles. Saint-Pétersbourg, 1878; in-4°.
Mémoires de l'académie impériale des Sciences de Saint-Pétersbourg ; 7= sé-
rie, t. XXV, n" 5. Saint-Pétersbourg, 1877; in-4°.
Repertorium fïir Météorologie, herausgegeben von der kaiserlichen Akademie
der TVissenschaften^ redigirl von D'' H. Wild. Saint-Pétersbourg, 1878;
in-4^
Annalen des physikalischen Cenlral-Observntoriums, herausgegeben von H.
Wild. Jahrgang, 1877 ; Saint-Pétersbourg, 1878; in-4°.
RussischeExpedilionen zur Beobachtung des Venus-Dur chgang s 1 874. Abtheil-
nng II, n° 1 : Bearbeitung der photographischen Aufnahmen im hafen Possiet,
von D' B. Hasselberg. Saint-Pétersbourg, 1877; '"-4"- {Renvoi à la Com-
mission du Passage de Vénus.)
Bulletin et Mémoires de l'Université impériale de Kasan; 1878, n°' 1 à 6.
Kasan, 1878; 6 livr. in-8°, en langue russe.
OUVEAGES REÇDS DANS LA SÉANCE DD 26 JANVIER 1880.
Direction générale des Douanes. Tableau général des mouvements du cabotage
pendant l'année 1878. Paris, Impr. nationale, 1879; in-4°.
Commission supérieure pour l'étude des questions relative» à la mise en com-
munication par voie ferrée de l' Algérie et du Sénégal avec l'intérieur du Sou-
dan ; première session (i 879-1 880). Compte l'endu des séances : première,
deuxième et troisième séances. Présidence de M. de Freycinet. Paris, Impri-
merie nationale, 1879; 3 br. in-4°.
Commission supérieure pour l'étude des questions relatives à la mise en com-
munication par voie feiTée de l'Algérie et du Sénégal avec le Soudan; troisième
( 232 )
Sous-Com7nission {Explorations). Instructions pour les explorateurs. Séance du
24 octobre 1879. Sans lieu ni date ; 2 br. in-4° autogr.
Système de construction des paquebots à vapeur ou autres. Bateau-salon et
canots assurant le sauvetage des passagers, etc.; par F. -F. Lemoine. Paris, inipr.
Bugniot, sans date ; in-4°.
Loi de la perfectibilité humaine au point de vue du langage et des beaux-arts ;
par M. J. Rameosson. Paris, A. Picard, 1879; br. in-8°. (Extrait du iîeci/ei7
des séances et travaux de l'Académie des Sciences morales et politiques.)
Sur lesjormes vibratoires des corps solides et des liquides. Premier Mémoire :
Plateaux circulaires ; par C. Decharme. Angers, impr. Lachèse, 1879; br.
in-S".
Physique. Notes sur divers sujets : Acoustique, Tliermochimie, Electricité,
Météorologie ; par C. Decharme. Angers, impr. Lachèse, 1879 ; br.
in-8°.
Mélanges physiques et chimiques tirés du Bulletin de l'Académie impériale
des Sciences de Saint-Pétersbourg, t. XI : Beitrag zur Kenntniss der geologis-
chen und physiliO-geograplnschen Verhâltnisse der aralo-kaspischen Niederung ;
von dem Akademiker Gr. V. Helmersen. Saint-Pétersbourg, 1879; br.
in-8°. (Présenté par M. Daubrée.)
j4tti délia H. Jccademia dei Lincei, anno CCLXXVII, 1 879-1 880; série
terza, Transunti, vol, IV, fasc. 1°, dicembre 1879. Roma, Salviucci, 1880 ;
in-4°.
Reale Accademia dei Lincei. Sulpotere assorbente, sul potere emissivo termico
délie fiamme e sulla temperatura dell'arco voltaico. Memoria dei S. Fr. Ros-
sETTi. Roma, Salviucci, 1879; in-4°.
Conclusioni di una Memoria dei Prof. G. Uzielli : Sulle argille scagliose
deli Appennino . Roma, tipogr. Barbera. (Estralto dal Bollettino delB. Comi-
tato geologico.) (Présenté par M. Daubrée.)
On photograpliing the specira of ihe stars and planets; by H. Draper. Sans
lien ni date; opuscule in-8°. (From The american Journal of Science and Arts,
vol. XVIII, dec. 1879.)
On the coincidence ofthe bright Unes ofthe oxygen specirum ivith bright Unes
in the solar specirum ; byW. Draper. (From The american Journal of Science
andArls,yo\. XVIII, ocfob. 1879.)
The séquence and duration of the cardiac movemenis; by G. A. Gibson. Sans
lieu ni date; opuscule in-8°. (From The Journal of Anatomy and Physio-
logy, y ol.XlY.)
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉA.NCE DU LUNDI 9 FÉVRIER 1880.
PRÉSIDENCE DE M. EDM. BECQUEREL.
M. le Président, en annonçant à l'Académie la perte douloureuse
qu'elle vient de faire dans la personne de M. le générai Morin^ doyen
de la Section de Mécanique, s'exprime comme il suit :
« Depuis la dernière séance de l'Académie, et ainsi que le faisaient pres-
sentir les nouvelles qui nous avaient été données, nous avons eu la dou-
leur de perdre M. le général Morin,dont les obsèques viennent d'avoir lieu.
» Voici la lettre qui a été adressée par son fils, M. le colonel Morin,
au Président de l'Académie :
* « Paris, le 7 février 18S0.
1 Monsieur le Président,
« Je remplis un douloureux devoir en vous faisant part de la mort de mon père, le
général Morin, décédé ce matin au Conservatoire.
» Recevez, etc.
» Le lieutenant-colonel
J. Morin. »
Sur la proposition de M. le Président, d'accord avec le bureau,
l'Académie décide que la séance sera levée aussitôt après le dépouillement
de la Corre.spondance.
C. R., ifSo, 1" Semestre. (T. XC, N<> 6.) 3l
234 )
DISCOURS PRONONCE AIX FllNERAlllES DE M. MOUl^
PAR M. TRESCA,
AU »0M DE l'académie DES SCIENCrS ET DU CONSERVATOIRE DES ARTS ET METIERS.
« Messieurs,
» Je viens, tout à la fois, au nom de l'Académie des Sciences et au nom
du Conservatoire des Arts et Métiers, remplir, auprès de cette tombe de
l'homme de bien que j'ai le plus aimé, la plus douloureuse de toutes les
missions.
» Le général Morin, à qui vous êtes venus rendre les derniers devoirs,
appartenait à l'Académie des Sciences dès l'année 184 3 et était six ans après
Directeur du Conservatoire des arts et métiers. D;ms ces deux positions
se reflètent les aspirations de sa jeunesse. Sorti de l'École Polytechnique
en i8i5, à une époque un peu indécise quant à sa carrière, il s'était
adonné pendant quelque temps à l'industrie des forges, mais il revint
bientôt à ses épaulettes d'officier d'artillerie, qui lui permirent, à l'École
de Metz, d'exercer heureusement ses aptitudes scientifiques, d'abord
comme adjoint de Poncelet, qu'il devait retrouver plus tard à l'Académie
avec Piobert, artilleur comme lui, et qui l'avait précédé de quelques années.
» Ces hommes considérables, dont on a pu dire, en d'autres termes,
qu'ils étaient trois intelligences sous la même égide, se trouvaient unis
dans une active collaboration. Poncelet, le plus illustre des trois et le
véritable fondateur de la Mécanique appliquée, avait ouvert magistrale-
ment la voie. Piobert, plus réservé, mais non moins sur dans ses concep-
tions théoriques, avait déjà devancé Prony par l'indication d'une première
méthode conduisant à la mesure expérimentale du travail. iMorin, le plus
jeune des trois, moins exigeant au point de vue de l'Analyse mathématique,
était en même temps plus essentiellement pratique.
» Continuateur de Coulomb, quel labeur n'a-t-il pas dépensé à la recherche
des coefficients numériques relatifs au frottement, au tirage des voitures,
au choc des corps mous, à celui des projectiles, à l'effet utile des prin-
cipaux récepteurs hydrauliques, coefficients dont l'application est devenue
depuis lors, et d'après lui, mais depuis lors seulement si familière?
» Son dynamomètre et son Aide-mémoire ont contribué dans une grande
mesure au développement des arts mécaniques en France; ils répondaient
( 235 )
véritablement aux besoins d'une époque ;i laquelle les vrais principes n'é-
taient pas encore appliqués dans leur exacte mesure.
» V Aide-mémoire, si populaire en France, n'a été traduit ou copié en
cinq langues différentes que parce qu'd indiquait pour chaque problème
sa solution vraiment pratique. Il se rattachait d'ailleurs étroitement, dans
ses éditions successives, aux Leçons de Mécanique générale, publiées pour
la première fois en 1840 et complétées bientôt par les Volumes relatifs aux
moteurs hydrauliques, aux pompes, aux machines à vapeur, et plus tard à
la résistance des matériaux et à la ventilation.
» Un seul mot suffira pour caractériser son mode de travail toujours
basé sur l'observation : il s'agit de savoir si la traction des véhicules varie
suivant une loi déterminée; il invente et construit les appareils de mesure
nécessaires, et il reconnaît que le tirage est proportionnel au diamètre des
roues; d'autres disaient à sa racine carrée; Piobert inclinait, par des con-
sidérations théoriques, pour un exposant intermédiaire; Morin, pour
résoudre la question sans conteste, essaye tous les types des roues en usage
et peut clore la discussion en faisant couronner par l'Académie la série tout
entière de ses chiffres. Que dis-je, ses chiffres? il se remet au travail, fatigue
les routes qu'il parcourt avec ses interminables convois pesamment chargés,
et va trouver, jusque dans le cubage de leurs détériorations, la contre-
preuve de ses affirmations premières.
I) Les premiers travaux du capitaine Morin lui avaient valu la succes-
sion de Poncelet à l'École de Metz; en iSSg, il fut tout étonné d'apprendre
que, sans avoir même été consulté, il n'avait plus qu'à accepter la chaire
de Mécanique appliquée qui venait d'être créée pour lui au Conservatoire
des arts et métiers.
» C'est là surtout que, dans les avis qui lui étaient chaque jour demandés
et qu'il donnait avec une extrême bienveillance, il a exercé ce don de pre-
mière vue qui caractérisait plus spécialement son esprit, et qui lui permet-
tait de juger en toute assurance chacune des questions de Mécanique qui
lui étaient déférées. Tel nous l'avons vu d'ailleurs à la Société centrale
d'Agriculture et à la présidence de la Société des Ingénieurs civils.
» C'est dans ces conditions favorables que les suffrages de l'Académie
des Sciences le mirent en possession du fauteuil laissé vacant par Coriolis,
celui de nos savants auquel revient l'honneur d'avoir définitivement con-
sacré la notion précise du travail mécanique, que le nouveau titulaire avait
si souvent mesuré. C'est ainsi que les anneaux de la science se forment et
se juxtaposent, jusqu'à ce que la doctrine soit immuablement fondée.
( L.36 )
» Devenu à son tour notre doyen dans la Section de Mécanique, il aurait
dû être accompagné jusqu'ici par son condisciple et ami M. de Saint-Yenant,
que les fatigues d'un voyage et peut-être aussi la crainte d'une émotion trop
naturelle ont décidé à se reposer sur nous de ce soin.
» Appelé, à la suite des événements de 1 848, à la direction du Conserva-
toire, le colonel_^Morin devait y trouver l'occasion de rendre à l'Industrie et
àlaScience de nouveaux services, ens'occupant successivement des questions
variées dont il nous serait impossible de faire ici la seule énumération.
» Nous dirons seulement quelques mots de celle qui l'a plus particuliè-
rement occupé dans ces derniers temps.
» En 1869, le général Morin avait réussi à faire instituer une Commission
internationale poiu' l'exécution d'étalons métriques de haule précision. Ce
travail, auquel il a donné les soins les plus assidus et dans lequel il ne pouvait
se dispenser d'apporter toutes les exigences de son patriotisme sévère, était
entre tous cel ni qu'il tenait le plus à terminer avant de niourir. Déjà les rangs
de nos éuiinents collaborateurs s'étaient bien éclaircis : Laugier, Delaunay,
Mathieu, Le Verrier, quelassemblage denoms illustres nous avaient été en-
levésavant l'heure! Le général Morin, à leur suite, n'a pu qu'entrevoir l'achè-
vement des dernières opérations. Les mètres qui ont été construits sous son
contrôle immédiat sont dés maintenant des monuments de la Science fran-
çaise, signés de nos larmes et datés de sa fin.
» Nos confrères de l'Institut aimaient en lui la droiture assurée de ses
relations : il prenait souvent la parole dans les discussions, avec une allure
toute militaire et simple, et je n'ai pas à leur demander s'ils oublieront ja-
mais la verve et l'entrain avec lesquels le général Morin, faisant tout récem-
ment appel à l'esprit scientifique qu'il est si désirable d'entretenir chez nos
officiers des armes spéciales, réclamait patriotiquement une place, devenue
vacante parmi nous, en faveur de la Géodésie française, qui, suivant l'heu-
reuse expression de notre savant Secrétaire perpétuel, venait d'accomplir
une action d'éclat. C'est certainement la seule fois que j'aie vu se produire
dans un de nos Comités secrets de véritables applaudissements.
» Au plus fort de sa maladie il me disait à cette occasion : « Boussingault
a prétendu que j'étais un caractère. » Un caractère, c'était déjà beaucoup à
l'âge auquel était arrivé le général Morin, mais ce qui est plus rare encore,
c'est que c'était un caractère dans lequel le cœur n'avait pas vieilli.
» Au nom de tous nos collègues du Conservatoire dont il était le véri-
table ami, il nous suffira de rappeler les deux dates de 1848 et de iSào : l'é-
tude de l'installation des machines en mouvement, qui devaient parler aux
( ^37 )
yeux du public le plus avide d'iustrnction, signale la première de ces dates;
l'autre nous montre tous les services en plein fonctionnement et les bâti-
ments sur la rue Saint-Martin presque terminés.
» Sans doute ce développement est principalement dû à l'intérêt que les
pouvoirs publics n'ont cessé de porter à la cause de l'enseignement popu-
laire, mais pour combien aussi doit être compté l'esprit de suite du Direc-
teur et la confiance respectueuse que lui avaient vouée la plupart de nos
principaux industriels, dont il avait su faire valoir les droits dans toutes nos
grandes expositions !
» Pendant son administration, la valeur des collections du Conservatoire
s'est élevée de i million à 3 millions de francs; elles ont été mises dans un
ordre parfait, et c'est à son initiative que l'on est aussi redevable de la
création successive de quatre nouveaux cours publics, comprenant les con-
structions civiles, l'économie de nos manufactures, la filature et le tissage,
la teinture, la céramique et la verrerie, qui sont venus compléter, au point
de vue de l'enseignement des sciences appliquées, les services rendus par
l'institution dans laquelle le dévoué Directeur s'était en quelque sorte
personnifié.
» Le général était en outre le lien le plus sympathique entre le Conser-
vatoire et les principales écoles techniques, qui ont voulu lui rendre avec
nous un dernier hommage : l'École Centrale des Arts et Manufactures,
que sa prochaine installation doit bientôt rapprocher de nous, l'Institut
national agronomique, qui a pris naissance dans l'établissement même,
les Écoles d'arts et métiers, qu'il affectionnait d'une façon toute particu-
lière. Leurs représentants se sont souvenus qu'au Conseil supérieur de
l'instruction publique, où il a siégé pendant plus de dix ans, à la Com-
mission de réorganisation de l'École Polytechnique, comme aussi au Con-
seil supérieur de l'enseignement technique, et partout ailleuis, il avait été
le plus ferme champion de l'introduction plus généralisée i. es sciences
appliquées dans les écoles industrielles de tous les degrés. Depuis 1862, et
surtout depuis l'enquête officielle dont il avait été chargé en Allemagne,
il n'a cessé de poursuivre dans cette direction, par tous les moyens en
son pouvoir, l'exécution des mesures libérales dont il espérait, depuis
quelques mois surtout, la prochaine réalisation.
» Je dois encore citer un trait qui appartient à l'histoire du Conservatoire :
c'était en décembre i85i. Les droits de l'un de nos plus éminents con-
frères avaient été sacrifiés. Le colonel Morin, qui n'était pas encore en
possession du prestige de la haute position de ses derniers temps, court
( 238 )
chez le Ministre, hii affirme et réussit à lui démontrer que sa religion a été
surprise, et parvient à faire rapporter le soir même le décret fâcheux qui,
déjà transmis au Moniteur, n'y a jamais été publié.
>) Nous retrouverions dans sa carrière plusieurs autres mouvements
d'équité du même ordre, quoique de moindre importance.
» Ce n'est point ici que nous pourrions songer à trahir le moindre
secret de famille; mais il faut cependant que vous sachiez comment le
général Morin comprenait, pour son propre compte, les tendresses dufoyer
domestique. Toute celte année, à l'âge de quatre-vingt-quatre ans, il réap-
prenait presque en cachette ses Mathématiques élémentaires, qu'il était
bien en droit d'avoir un peu négligées; par tous les temps et deux fois par
semaine, il allait en faire leçon à son petit-fils, qui se prépare aux examens
de l'École de Saint-Cyr. Encore n'avons-nous surpris la vérité qu'au sujet
de quelques points sur lesquels le trop bon maître n'était pas assez sûr de
lui.
» Voilà, Messieurs, celui que nous avons perdu. Pendant près de trente
ans il m'a été donné de vivre à côté de lui, de recevoir chaque jour ses
conseils et d'admirer l'esprit de sagesse et d'indépendance qui dictait toutes
ses déterminations. Ah! je le connaissais bien, et je ne me laisse pas en-
traîner par la reconnaissance lorsque je rappelle que notre excellent gé-
néral nous a donné l'exemple de toutes les qualités du caractère et de la
pratique du devoir accompli.
» Savant, sa carrière a été laborieuse, utile et bien remplie; il y est arrivé
au premier rang.
» Soldat, il a su faire son devoir en toutes circonstances, sur le champ de
bataille comme dans les conseils; les premiers grades se sont fait attendre
sans qu'il s'en plaignît; les plus élevés, au contraire, l'ont pour ainsi dire
attendu.
» Administrateur, son passage a été fécond en œuvres sérieuses, et le
Conservatoire des aris et métiers, tout seul, suffirait à l'honneur de sa
mémoire.
» Sa vie précieuse a été couronnée de ces trois auréoles, auxquelles est
venue se joindre celle de l'homme de conscience et de foi sincère, qui a su
mettre toujours sa conduite en parfait accord avec ses convictions.
w Nous remercions sa famille d'avoir bien voulu nous permettre d'expri-
mer devant elle toute notre douleur pendant les déchirements du dernier
adieu. »
( 239
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Sm' les maladies virulentes, et en particulier sur la
maladie appelée vulgairement choléra des poules ; jiar M. Pasteur.
« Les maladies virulentes comptent parmi les plus grands fléaux. Pour
s'en convaincre, il suftit de nommer la rougeole, la scarlatine, la variole, la
syphilis, la morve, le charbon, la fièvre jaune, le typhus, la peste bovine.
» Cette liste, déjà si chargée, est loin d'être complète. Toute la grande
Pathologie est là.
» Aussi longtemps qu'ont régné les idées de Liebig sur la nature des
ferments, les virus furent considérés comme des substances livrées à un
mouvement intestin, capable de se communiquer aux matériaux de l'or-
ganisme et de transformer ces derniers en virus de même nature. Liebig
n'ignorait pas que l'apparition des ferments, leur multiplication et leur
puissance de décomposition offrent avec les phénomènes de la vie des
rapprochements saisissants; mais ce n'est là, disait-il dans l'Introduction
de son Traité de Chimie organique, qu'un mirage trompeur.
» Toutes les expériences que j'ai communiquées depuis vingt-trois ans
à cette Académie ont concouru, soit directement, soit indirectement, à
démontrer l'inexactitude des opinions de Liebig. Une méthode pour ainsi
dire unique m'a servi de guide dans l'étude des organismes microsco-
piques. Elle consiste essentiellement dans la culture de ces petits êtres à
l'état de pureté, c'est-à-dire dégagés de toutes les matières hétérogènes
mortes ou vivantes qui les accompagnent. Par l'emploi de cette mé-
thode les questions les plus ardues reçoivent parfois des solutions faciles
et décisives. Je rappellerai une des premières applications que j'en ai
faites (1857-1858), Les ferments, disait Liebig, sont toutes ces matières
azotées de l'organisme, fibrine, albumine, caséine, etc., dans l'état d'alté-
ration qu'elles éprouvent par l'elfet du contact de l'air. On ne connaissait
pas de fermentation où de telles matières ne fussent présentes et agissantes.
La spontanéité était partout invoquée dans l'origine et la marche des fer-
mentations comme dans celles des maladies. Afin de démontrer que l'hypo-
thèse du savant chimiste allemand n'était, à son insu, pour me servir de son
expression, qu'un mirage trompeur, je composai des milieux artificiels com-
prenant seulement de l'eau pure avec les substances minérales nécessaires
( 24o )
à la vie, des matières fennentescibles et les germes des ferments de ces di-
verses matières. Dans ces conditions, les fermentations s'accomplirent avec
une régularité et une pureté, si l'on peut dire ainsi, qu'on ne trouvait pas
toujours dans les fermentations spontanées de la nature. Toute matière
albuminoïde se trouvant écartée, le ferment apparaissait comme un être
vivant qui empruntait à la matière fermentescible tout le carbone de ses
générations successives et au milieu minéral l'azote, le phosphore, le potas-
sium, le magnésium, éléments dont l'assimilation est une des conditions
indispensables de la formation de tous les êtres, grands ou petits.
» Dès lors, non seulement la théorie de Liebig n'avait plus le moindre
fondement, mais les phénomènes de la fermentation se présentaient comme
de simples phénomènes de nutrition, s'accomplissant dans des conditions
exceptionnelles, dont la plus étrange et la plus significative, sans doute, est
l'absence possible du contact de l'air.
» La Médecine humaine comme la Médecine vétérinaire s'emparèrent de
la lumière que leur apportaient ces nouveaux résultats. On s'empressa no-
tamment de rechercher si les virus et les contages ne seraient pas des êtres
animés. Le D'Davaine (i863) s'efforça de mettre en évidence les fonctions
de la bactéridie du charbon, qu'il avait aperçue dès l'année i85o; le
D"^ Chauveau (1868) chercha à établir que la virulence était due aux par-
ticules solides antérieurement aperçues dans tous les virus ; le D' Klebs
(1872) attribua les virus traumatiques à des organismes microscopiques;
le D"^ Roch (1876), par la méthode des cultures, obtint les corpuscules-
germes de la bactéridie, semblables de tout point à ceux que j'avais signalés
dans les vibrions (1865-1870), et l'étiologie de plusieurs autres maladies
fut rapportée à l'existence de ferments microscopiques. Aujourd'hui, les
esprits les plus rebelles à la doctrine de la théorie des germes sont ébranlés.
Mais quelle obscurité pourtant voile sur plusieurs points la vérité !
» Dans la grande majorité des maladies virulentes, le virus n'a pu
être isolé, encore moins démontré vivant, par la méthode des cultures et
tout se réunit pour faire de ces inconnues de la Pathologie des causes
morbides mystérieuses. L'histoire des maladies qu'elles provoquent pré-
sente également des circonstances extraordinaires, au nombre desquelles il
faut mettre en première ligne l'absence de récidive. Quelle étrange circon-
stance ! C'est à peine si l'imagination trouve à hasarder de ce fait une expli-
cation hypothétique ayant une base expérimentale quelconque. N'est-il pas
plus surprenant encore d'observer que la vaccine, maladie virulente elle-
même, mais bénigne, préserve et de la vaccine et d'une maladie plus
grave, la petite vérole? Et ces faits sont connus dès la plus haute anti-
{ ^4- )
quité. La variolisation et la vaccination sont des pratiques connues dans
l'Inde de temps imniémoiial, et, lorsque Jenner démontra l'efficacité de la
vaccine, le peuple des campagnes où il exerçait la médecine savait que la
picote des vaches, ou cow-pox, préservait de la variole. Le fait de la vac-
cine est unique, mais le fait de la non-récidive des maladies virulentes pa-
raît général. L'organisme n'éprouve pas deux fois les effets de la rougeole,
de la scarlatine, du typhus, de la peste, de la variole, de la syphilis, etc.;
du moins l'immunité persiste pendant un temps plus ou moins long.
)) Quoique l'humilité la plus grande soit une obligation en face de ces
mystères, j'ose penser que l'Académie verra dans les faits que je vais avoir
l'honneur de lui communiquer des éclaircissements inattendus sur les pro-
blèmes que soulève l'étude des maladies viridentes.
» Parfois se déclare dans les basses-cours une maladie désastreuse
qu'on désigne vulgairement sous le nom de choléra des poules. L'animal en
proie à cette affection est sans force, chancelant, les ailes tombantes. Les
plumes du corps, soulevées, lui donnent la forme en boule. Une somnolence
invincible l'accable. Si on l'oblige à ouvrir les yenx, il paraît sortir d'un
profond sommeil et bientôt les paupières se referment, et le plus souvent la
mort arrive sans que l'animal ait changé de place, après inie muette agonie.
C'est à peine si quelquefoiSiU agite les ailes pendant quelques secondes.
Les désordres intérieurs sont considérables. La maladie est produite par
un organisme microscopique, lequel, d'après le Dictionnaire de Zuiidel, au-
rait été soupçonné en premier lieu par M. Moritz, vétérinaire dans la
haute Alsace, puis mieux figuré en 1878 par M. Peroncito, vétérinaire de
Turin, et enfin retrouvé en iSyg par M. Toussaint, professeur à l'Ecole
vétérinaire de Toulouse, qui a démontré, parla culture du petit organisme
dans l'urine neutralisée, que celui-ci était l'auteur de la virulence du sang.
» Dans l'étude des maladies parasitaires microscopiques, la première et
la plus utile condition à remplir est de se procurer un liquide où l'orga-
nisme infectieux puisse se cultiver facilement et toujours sans mélange
possible avec d'autres organismes d'espèces différentes. L'urine neu-
tralisée qui m'avait servi avec tant de succès pour démontrer qu'une cul-
ture répétée quilconque de la bactéridie de Davaiiie était bien le virus
charbonneux (1877, Pasteur et Joubert) remplit ici très mal le double
but dont il s'agit. Mais un mdieu de culture merveilleusement appro-
prié à la vie flu microbe du choléra des poules est le bouillon de
muscles de poule, neutralisé par la potasse et rendu stérile par une tem-
pérature supérieure à 100° (110° à ii5°). La facilité de multiplication
C. R., 18S0, 1" .'■emcscre. [ ! . XC, N» G.) ~*'^
( a4'2 )
de l'organisme microscopique dans ce milieu de culture tient du prodige.
En quelques heures le bouillon le plus limpide commence à se troubler et
se trouve rempli d'une multitude infinie de petits articles d'une ténuité
extrême, légèrement étranglés à leur milieu, et qu'à première vue on pren-
drait pour des points isolés. Ces petits articles n'ont pas de mouvement
propre; ils font certainement partie d'un tout autre groupe que celui des
vibrions. J'imagine qu'ils viendront se placer un jour auprès des virus, au-
jourd'hui de nature inconnue, lorsqu'on aura réussi à cultiver ces der-
niers, comme j'espère qu'on est à la veille de le faire.
». La culture de notre microbe présente des particularités fort intéres-
santes.
» Dans mes études antérieures, un des milieux de culture que j'ai
utilisés avec le plus de succès est l'eau de levi^xre, c'est-à-dire une décoc-
tion de levure de bière dans de l'eau, amenée par la filtration à un état
de parfaite limpidité, puis rendue stérile par une température supérieure
à loo". Les organismes microscopiques les plus divers s'accommodent de
la nourriture que leur offre ce liquide, surtout s'il a été neutralisé. Par
exemple, vient-on à y semer la bactéridie charbonneuse, elle y prend en
quelques heures un développement surprenant. Chose étrange, ce milieu
de culture est tout à fait impropre à la vie du microbe du choléra des
poules; il y périt même promptement, en moins de quarante-huit heures.
N'est-ce pas l'image de ce qu'on observe quand un organisme microsco-
pique se montre inoffeusif pour une espèce animale à laquelle on l'inocule?
II est inoffensif parce qu'il ne se développe pas dans le corps de l'animal,
ou que son développement n'atteint pas les organes essentiels à la vie.
» La stérilité de l'eau de levure ensemencée par le microbe qui nous
occupe offre un moyen précieux de reconnaître la pureté des cultures de
cet organisme dans le bouillon de poule. Une culture pure ensemencée
dans l'eau de levure ne donne aucun développement : l'eau de levure reste
limpide. Elle se trouble et se cultive, dans le cas contraire, par les orga-
nismes d'impureté.
» Je passe à une particularité plus singulière encore de la culture du
microbe auteur du choléra des poules. L'inoculation de cet organisme à
des cochons d'Inde est loin d'amener la mort aussi sûrement qu'avec les
poules. Chez les cochons d'Inde, d'un certain âge surtout, on n'observe
qu'une lésion locale au point d'inoculation, qui se termine par un abcès
plus ou moins volumineux. Après s'être ouvert spontanément, l'abcès se
referme et guérit sans que l'animal ait cessé de manger et d'avoir toutes
( 243)
les apparences de la sanlé. Ces abcès se prolongent souvent pendant plu-
sieurs semaines avant d'abcéder, entourés d'une membrane pyogénique et
remplis de pus crémeux où le microbe fourmille à côté des globules de
pus. C'est la vie du microbe inoculé qui fait l'abcès, lequel devient pour
le petit organisme comme un vase fermé où il est facile d'aller le puiser,
même sans sacrifier l'animal. Il s'y conserve, mêlé au pus, dans un grand
état de pureté et sans perdre sa vitalité. La preuve en est que, si l'on ino-
cule à des poules un peu du contenu de l'abcès, ces poules meurent rapi-
dement, tandis que le cochon d'Inde qui a fourni le virus se guérit sans
la moindre souffrance. On assiste donc ici à une évolution localisée d'un
organisme microscopique qui provoque la formation de pus et d'un abcès
fermé, sans amener de désordres intérieurs ni la mort de l'animal siu'
lequel on le rencontre, et toujours prêt néanmoins à porter la mort chez
d'autres espèces auxquelles on l'inocule, toujours prêt même à faire périr
l'animal sur lequel il existe à l'état d'abcès si telles circonstances plus ou
moins fortuites venaient à le faire passer dans le sang ou dans les organes
splanchniques. Des poules ou des lapins qui vivraient en compagnie de
cobayes portant de tels abcès pourraient tout à coup devenir malades et
périr sans que la santé des cochons d'Inde parût le moins du monde al-
térée. Pour cela il suffirait que les abcès des cochons d'Inde, venant à s'ou-
vrir, répandissent un peu de leur contenu sur les aliments des poules et
des lapins. Un observateur, témoin de ces faits et ignorant la filiation
dont je parle, serait dans l'étonnement de voir décimés poules et lapins,
sans causes apparentes, et croirait à la spontanéité du mal, car il serait
loin de supposer qu'il a pris son origine dans les cochons d'Inde, tous en
bonne santé, surtout s'il savait que les cochons d'Inde sont sujets, eux
aussi, à la même affection. Combien de mystères dans l'histoire des conta-
gions recevront un jour des solutions plus simples encore que celle dont
je viens de parler! Repoussons les théories que nous pouvons contredire
par des faits probants, mais non par le vain prétexte que certaines de
leurs applications nous échappent. Les combinaisons de la nature sont à
la fois plus simples et plus variées que celles de noire imagination.
» On sera mieux convaincu de ce que j'avance si j'ajoute que quelques
gouttes d'une culture de notre microbe, déposées sur du pain ou de la
viande qu'on donne à manger à des poules, suffisent pour faire pénétrer
le mal par le canal intestinal, où le petit organisme microscopique se cul-
tive en si grande abondance, que les excréments des poules ainsi infectées
fout périr les individus auxquels on les inocule. Ces faits permettent de se
(. 244 )
rendre compte aisément de la manière dont se propage dans les basses-cours
la très grave maladie qui nous occupe. Évidemment les excréments des
animaux malades ont la pins grande part à la contagion. Aussi rien ne se-
rait pins facile que d'arrêter celle-ci en isolant, pour quelques jours seule-
ment, les animaux, lavant la basse-cour à très grande eau, surtout à l'eau
acidulée a\cc un peu d'acide sulfnrique, qui détruit facilement le microbe,
éloignant le fumier, puis réunissant les animaux. Toutes causes de conta-
gion auraient disparu, parce que, pendant l'isolement, les animaux déjà
atteints seraient morts, tant la maladie est rapide dans son action.
» La culture répétée du microbe infectieux dans du bouillon de poule
en passant toujours d'une culture à la suivante par l'ensemencement d'une
quantité pour ainsi dire infiniment petite, par exemple par ce que peut
emporter la pointe d'une aiguille simplement plongée dans la culture,
n'affaiblit pas la virulence de l'organisme microscopique non plus, ce qui
revient d'ailleurs à la même cbose, que la facilité de sa multiplication à
l'intérieur du corps des Gallinacés. Cette virulence est si grande, que, par
l'inoculation d'une minime fraction de goutte d'une culture, vingt fois sur
vingt la mort arrive en deux ou trois jours, et le plus souvent en moins de
vingt-quatre lieures.
» Ces préliminaires étant connus, j'arrive aux faits les plus saillants de
cette Communication.
» Par certain changement dans le mode de culture on peut faire que le
microbe infectieux soit diminué dans sa virulence. C'est là le point vif de
mou sujet. Je demande néanmoins la liberté à l'Académie de ne pas aller,
jioiu- le moment, plus avant dans ma confidence sur les procédés qui me
permettent de déterminer l'atténuation dont je parle, autant pour conserver
quelque temps encore l'indépendance de mes études que pour mieux en
assurer la marche.
» La diminution dans la virulence se traduit dans les cultures par un
faible retard dans le développement du microbe; mais au fond il y a iden-
tité de nature entre les deux variétés du virus. Sous le premier de ses états,
l'état très infectieux, le microbe inoculé peut tuer vingt fois sur vingt.
Sous le second de ses états, il provoquejvingt fois sur vingt la maladie et
non la mort. Ces faits ont une importance facile à comprendre : ils nous
permettent en effet de juger, eu ce qui concerne la maladie qui nous oc-
cupe, le problème de sa récidive ou de sa non-récidive. Prenons qua-
rante poules,"iuoculonsen vingt avec un virus très virulent: les vingt poules
mourront. Inoculons les vingt autres avec le virus atténué, toutes seront
(^45 )
malades, mais elles ne mourront pas. Laissons-les se guérir et revenons
ensuite, pour ces vingt poules, à l'inoculation du virus très infectieux :
cette fois il ne tuera pas. La conclusion est évidente : la maladie se pré-
serve elle-même. Elle a le caractère des maladies virulentes, maladies qui
ne récidivent pas.
» Ne nous laissons pas éblouir par la singularité de ces résultats.
Tout n'y est pas aussi nouveau qu'on pourrait le croire au premier abord.
Ils ont cependant, sur un point capital, une nouveauté bien réelle qu'il
s'agit de dégager. Avant Jenner, et lui-même a longtemps pratiqué
cette méthode, comme je le rappelais tout à l'heure, on varlolisait,
c'est-à-dire qu'on inoculait la variole pour préserver de la variole. Aujour-
d'hui, dans divers piys, onclavelise Its moutons pour les préserver de la cla-
velée; on inocule la péripneumonie pour préserver de cette très grave affec-
tionde l'espèce bovine. r>e choléra des poules vient de nous offrir l'exemple
d'une immunité du mêmegenre. C'est un fait digne d'intérêt, mais qui n'offre
pas une nouveauté de principe. La nouveauté vraiment réelle des obser-
vations qui précèdent, nouveauté qui donne beaucoup à réfléchir sur la
nature des virus, c'est qu'il s'agit ici d'une maladie dont l'agent virulent est
un parasite microscopique, un être vivant, cultivable en dehors de l'écono-
mie. Le virus varioleux, le virus vaccin, le virus de la morve, le virus de
la syphilis, le virus delà peste, etc., sont inconnus dans leur nature propre.
Le virus nouveau est un être animé et la maladie qu'il provoque ofh-e avec
les maladies virulentes proprement dites ce point de contact inconnu jus-
qu'ici dans les maladies virulentes à parasites microscopiques: le caractère
de la non-récidive. Son existence jette en quelque sorte un pont entre le
terrain propre aux maladies virulentes à virus vivant et celui des mala-
dies à virus dont la vie n'a jamais été constatée.
Je ne voudrais pas laisser croire que les faits présentent la netteté et la
régularité mathématiques que j'ai invoquées. Ce serait ne pas se rendre
compte de tout ce qu'il y a de variabilité dans les constitutions d'animaux
pris au hasard dans un groupe d'animaux domestiques et dans les manifes-
tations de la vie en général. Non, le virus très virulent du choléra des
poules ne tue pas toujours vingt fois sur vingt; mais, dans les faits qui ont
|)assé sous mes yeux, il a tué au minimum dix-huit fois sur vingt dans les
cas où il n'a pas tué vingt fois. Non, le virus atténué dans sa virulence ne
conserve pas toujours la vie vingt fois sur vingt. Dans les cas de moindre
conservation, c'a été dix-huit et seize fois sur vingt. Il n'empêche pas da-
vantage d'une manière absolue et par une seule inoculation la récidive de
( 2'i6 )
la maladie. On arrive plus sûrement à cette non-récidive par deux inocula-
tions que par une seule.
o Si nous rapprochons des résultats qui précèdent le grand fait de la vac-
cine dans ses rapports avec la variole, nous reconnaîtrons que le microbe
affaibli quin'amène pas la mort se comporte comme un vaccin relativement à
celui qui tue, puisqu'il provoque, en définitive, une maladie qu'on peut
appeler bénigne du moment qu'elle n'amène pas la mort et qu'elle préserve
de la maladie sous sa forme mortelle. Que faudrait-il pour que ce microbe,
de virulence atténuée, fût un véritable vaccin, comparable au vaccin du
cow-pox? H faudrait, si je puis ainsi parler, qu'il fût fixé dans sa variété
propre et qu'on ne fût point contraint de recourir toujours à sa préparation
d'origine quand on veut en user. En d'autres termes, on retrouve ici cette
crainte qui pour un temps préoccupa Jenner. Lorsqu'il eut démontré que
le cow-pox inocidé préservait de la variole, il crut que pour empêcher
cette maladie on devrait toujours s'adresser au cow-pox de la vache. C'est,
à tout prendre, le point où nous en sommes touchant l'affection du choléra
des poules, avec cette différence néanmoins, différence considérable, que
nous savons que notre vaccin, à nous, est un être vivant. Jenner reconnut
bientôt qu'il pouvait se passer du cow-pox de la vache et faire passer le
vaccin de bras à bras. Nous pouvons faire une tentative analogue en faisant
passer notre microbe, être vivant, de culture en culture. Reprendra-t-il une
virulence très active ou conservera-t-il sa virulence discrète? Pour éton-
nantes qu'elles doivent paraître, les choses arrivent conformément à cette
seconde supposition. La virulence, du moins dans le petit nombre de cul-
tures successives que j'ai tentées, ne s'est pas exaltée, et en conséquence on
peut croire que nous avons affaire à un véritable vaccin. Bien plus, un ou
deux essais sont favorables à l'idée que le virus atténué se conserve tel en
passant dans le corps des cochons d'Inde. En sera-t-il de même à la suite
de plusieurs cultures et de plusieurs inoculations? Des expériences ulté-
rieures pourront seules répondre à ces questions.
» Quoi qu'il en soit, nous possédons aujourd'hui une maladie à parasite
microscopique qu'on peut faire apparaître dans des conditions telles qu'elle
ne récidive pas, malgré son caractère parasitaire. En outre, nous con-
naissons une variété de son virus qui se comporte vis-à-vis d'elle à la
manière du vaccin vis-à-vii delà variole.
» Que l'Académie me permette une digression fort digne d'intérêt.
11 résulte de ce qui précède qu'on peut facilement se procurer des poules
malades de l'affection que l'on désigne sous le nom de choléra des poules,
( 247 )
sans que la mort soit une conséquence nécessaire de la maladie. Cela
revient à dire qu'on peut assister à la guérison de tel nombre de ces
animaux qu'on voudra. Or, je ne crois pas que la clinique chirurgicale
ait jamais rencontré des phénomènes plus curieux que ceux qui se ma-
nifestent dans ces conditions de retour à la santé à la suite des inocu-
lations faites dans les gros muscles pectoraux. Le microbe se multiplie
dans l'épaisseur du muscle comme il le fait dans un vase. En même
temps, le muscle se tuméfie, diu'cit et blanchit à sa surface et dans
son épaisseur. Il devient tout lardacé, rempli de globules de pus, tou-
tefois sans suppuration. Ses éléments bistologiques se rompent avec une
grande facilité, parce que le microbe, qui les imprègne par îlots nombreux,
les al 1ère et les désagrège en se nourrissant d'une partie de leur substance.
Je donnerai plus tard des figures coloriées représentant ces curieux désor-
dres qu'entraîne la vie du microbe dans les cas de guérison. Le parasite est
arrêté peu à peu dans son développement et disparaît, eu même temps
que la partie nécrosée du muscle se rassemble, durcit et se loge dans une
cavité dont toute la surface ressemble à celle d'une plaie bourgeonnante
de très bonne nature. La partie nécrosée finit par constituer un séquestre
si bien isolé dans la cavité qui le renferme, qu'on le sent sous le doigt, à
travers la peau, dans l'intérieur ou à la surface du muscle, et que par la
moindre incision on peut le saisir avec une pince et l'extraire. La petite
plaie faite à la peau se cicatrise tout de suite, et la cavité où le séquestre
était logé se remplit peu à peu des éléments réparés du muscle. Je vais
placer sous les yeux de l'Académie quelques-unes de ces démonstrations
» J'ai hâte de terminer par une explication, qui paraîtra à tous très lé-
gitime, du fait de la non-récidive de la maladie virulente qui nous occupe.
Considérons une poule très bien vaccinée par une ou plusieurs inoculations
antérieures du virus affaibli. Réinoculons cette poule. Que va-t-il se passer?
La lésion locale sera pour ainsi dire insignifiante, tandis que les pre-
mières inoculations, la première surtout, avaient provoqué une altération
si grande du muscle qu'un énorme séquestre se sent encore sous les
doigts. La cause des différences des effets de ces inoculations réside tout
entière dans une grande facilité relative du développement du microbe à la
suite des premières inoculations, et, pour la dernière, dans un développe-
ment pour ainsi dire nul ou très faible et promptement arrêté. La consé-
quence de ces faits saute aux yeux, si l'on peut ainsi dire : le muscle qui a
été très malade est devenu, même après guérison et réparation, en quelque
sorte impuissant à cultiver le microbe, comme si ce dernier, par une cul-
( 248 )
ture nntérietire, avait supprimé dans le muscle quelque principe que la
vie n'y ramène pas et dont l'absence empêche le développement du petit
organisme. Nul doute que cette explication, à laquelle les faits les plus
palpables nous conduisent en ce moment, ne devienne générale, appli-
cable à toutes les maladies virulentes.
» Il me paraîtrait superflu de signaler les principales conséquences des
faits que je viens d'avoir l'honneur d'exposer devant l'Académie. Il en est
deux cependant qu'il n'est peut-êlre pas sans utilité de mentionner: c'est,
d'une part, l'espoir d'obtenir des cultures artificielles de tous les virus, de
l'autre, une idée de recherche des virus vaccins des maladies virulentes qui
ont désolé à tant de reprises et désolent encore tous les jours l'humanité,
et qui sont une des grandes plaies de l'Agriculture dans l'élevage des ani-
maux domestiques.
» C'est un devoir et un plaisir pour moi d'ajouter, en terminant, que dans
ces délicates et longues études j'ai été assisté avec beaucoup de zèle et
d'intelligence par MM. Chamberland et Roux. »
MEMOIRES PRESEIVTES.
M. G. Picard adresse, de Lausanne, pour le Concours du prix Dasgate,
lui Mémoire intitulé « Les signes de la mort ».
(Renvoi à la future Commission.)
M. GiRouD adresse, par l'entremise de M. Mnlsant, une Lettre relative à
un procédé de greffage de la vigne, destiné à la mettre à l'abri des atteintes
du Phylloxéra.
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
CORRESPOND ANGE.
M. le Ministre de l'Instrcctiojj publique invite l'Académie à lui adres-
ser une liste de deux candidats, pour l'une des deux places d'Astronome
titulaire créées pai- le Décret du 21 février 1878.
(Renvoi à la Section d'Astronomie.)
( 2/i9)
M. le MixiSTBE DE l'Instuuction publique transmet à l'Académie une
Lettre du consul de France à Glascow, contenant de nouveaux renseigne-
ments au sujet des cristaux qui avaient été obtenus par M. Maclear et qui
avaient été considérés comme des diamants.
■• Les cristallisatiuns obtenues par M. Mactear ont été soumises à l'inspection du conser-
valeiir du drparttnicnt îles minéraux au Britisii Muséum, M. Maskelyue, tjui vient de dé-
clarer, dans une lettie adressée :iu Times de Londres, que ce ne sont pas des diamants.
» Il résulte, en effet, des expériences faites par ce savant : i" que les cristaux microsco-
piques de M. Mactear, placés entre un saphir et une tojjaze, ont été ré. 1 0° ,
., . Q /■ t -^'4
Maximum, ioTO,b o -,
' / 0,0
Minimum, 1878,9 >
Prriode,
ynrintinns magnétif/ucs.
Minimum , 1866,8 /
Maximum, 1870,8 >
Minimum, 1878,5 i
Période
7.7
".7
» On voit que les deux périodes se trouvent dans la plus remarquable
harmonie, non seulement pour la longueur totale, mais encore pour les
deux parties de la période, et par ce fait que la période dernière est un
peu plus longue que la période moyenne de 1 1 ans J-.
B Le Mémoire dont je tire ces quelques résultats sera publié sans délai
dans le n° 50 de mes Aslronomische Miltheilungen; je ne manquerai pas
de le présenter à l'Académie, dès qu'il aura paru, pour faire suite aux nu-
méros précédents que je lui adresse depuis un quart de siècle. L'Académie
y trouvera un détail assez important, et elle y verra, entre autres, la preuve
d'une anomalie singulière que présentent les variations déterminées à
Montsouris de septembre à décembre 187g, vis-à-vis des autres stations ma-
gnétiques de l'Europe, et dont il faudra chercher l'explication. »
MM. E. Delaurier et Ed. Wiart adressent un Mémoire sur un essai de
détermination de la température du Soleil.
M. F. Garrigou adresse un complément d'information sur le procédé
qui lui a permis d'affirmer la présence du mercure dans les eaux minérales
de Saint-Nectaire.
La séance est levée à 3 heures et demie. D.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Ouvrages keçus dans la séance do 2 février 1880.
Bibliothèque de l'Ecole des Hautes Etudes. Section des Sciences naturelles,
t. XIX. Paris, G. Masson, 1879; in-8°.
( 256 )
annales des Ponts et Chaussées. Mémoires et documents. Décembre 187g.
Paris, Dunod, 1880; in-8°.
Géogénie du double massif du Snhel d'Alger et des promontoires qui limitent
sesrivages, parle D"" A. Bourjot, avec cartes et plans, par F. -A. Moliner-
VioLLE. Alger, lypogr. A. Joiirdan, 187g; in-S",
Etude sur le climat de Metz, fondée nir vingt années d'observations faites de
1841 « 1860; parMM. J.-J. ScHusTER et J.-B.-A. Lavoine. Nancy, impr.
P. Sordoillet, 187g; in-8°-
Observations météorologiques fuites à Metz pendant l'année 18'j'] ; par
M. Schuster; sixième année de la troisième série. Nancy, impr. P. Sor-
doillet, 187g; in-S".
Fabrication de l'huile vierge et pure d'olive; par A. Hubert-Courrier.
Nice, impr. Malvano-Mignon, 187g; br. in-8°.
Leçons sur les fonctions doublement périodiques faites en 1847; P'^'' M. J.
LiODviLLE. Berbn, Druck von G. Reimer, sans date; in^"- (Abdruck aus
dem Journal fur die reine und angewandle Mathematik, Bd. 88.)
Sur la classification des nuages employée à l'Observatoire météorologique
d' Upsala ; par H. Hildebrand Hildebrandsson. Photographies de M. Henri
Osti. Upsala, Ed. Berbng, 187g; in-4".
Annuaire météorologique pour l'année 1877 [deuxième pat tie) et pour l'année
1878, publié par l'inslilut météorologique danois. Rjobenhavn, Hauberg
et C^ i878-i87g; 2 livr. in-fol.
Bulletin of the Mmtum of comparative Zoology at Harvard Collège, Cam-
bridge, Mass.; vol. V, u"^ 15 et 16. Cambridge, 187g; 2 livr. in-8".
Annual liepoi t of the curaior oftlie Muséum of comparative Zoology at Har-
vard Collège^ to the président and fellows of Harvaid Collège for i6'j8-i8']g.
Cambridge, J. Wilson and sou, 187g; in-S*^.
Tliirly-fourth annual Report of the Director of the astronomical Observatorj
of Harvard Collège presented to the visiting committee december 5,187g; 6/ Ed-
ward C. PiCKERiNG. Cambridge, John Wilson aud son, 187g ; br. iu-8''.
Solar parallaxjrom the velocil/ oflight; bf D. P. Tood ; br. in- 8°. (From
Ûie American Journal of Science, vol. XIX, 1880.)
Action of bone black on solutions of pure sugar; bj P. Casamajok; opus-
cule in-8°. (From t\xe Journal of ihe american chemical Society, vol. I.)
The american ephemcris and nautical Almanac for the ^'ear 1882. Wash-
ington, Bureau of Navigation, i87g;in-8''.
On the coïncidence of the bright Unes of iheoxygen spectrum ivith bright Unes
in the solar speclrum; bj Henri Draper. London, 187g; opuscule in-4".
( 257)
(Reprinted from the Monlhly Notices of llie royal aslronomicat Society.)
Ministero di Agricoltura , Industria e Commet cio. Annali di AgricoUura, 1 879,
num. 19 : L' Industria del tabaco. Parte i* : La Produzione. Milano, tipogr.
fratelli Rechiedei, 1879; in-8°.
Untersuchungen ûberdas Ckiorophyli ; vierte Ablheilung : Veber das Hypo-
chlorin und die bedingungen seiner Entstehung in der Pflunze; von IN. Primgs-
HEiM. Berlin, G. Vogt, 1879; in-8°.
Untersuchungen ûber das Cldorophyll. Dritle Abtheilung : Ueher Lichtwii-
kung und Clilorophjil-function in der PJlanze;von N. Priwgsheim. Berlin, G.
Vogt, 1879; in-8°.
ERRATA.
(Séance du 26 janvier 1880.)
Page 199, ligne g, au lieu de par MM. Becquerel et Dehérain, lisez par MM. An-
toine Becquerel, Edm. Becquerel et Henri Becquerel .
C. R., 1880, \" Semestre. (J. XC, N«6.)
Janvier 1880.
( 258 )
Observations météorologiques
A l'Observatoire de Montsocris.
( 259)
Janvier 1880.
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Le 1", couvert, pluTîeux l'après-niiUl et le soir. Hausse
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haroméirique rapide. Le ?, couvert, continuellement
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pluvieux le jour. Le 3, gelée blanche, halo le malin,
3
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brouillard assez fort le soir. Lo <,, brouillards assez
denses et persistants. Le 5, presque couvert, moment
4
7*59. 1
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5,6
Retour à ENE
/
4,8
99
d'arrêt dans la hausse barométrique- Le 6, couvert, in-
5i,8
diàlincl. Le 7, uniformément couvert, maximum ha-
5
767,7
29,0
8,8
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roméirique à 10 h. 3o = 77<>f- l-« 1*) couvert, pluie
6
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86
fine à ?2 h., faible verglas. Le 9, bruine malin et soir
et pluie nne. Le 10, presque toujours couvert; ralen-
-
77>,5
53,7
29,3
3o,4
10,5
E
3,5
84
tissement dans la baisse du baromètre.
8
53,2
^ ) ^
Le II, couvert, tendance à l'ausmeiitalion de pression.
770,0
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NE à SE
3,4
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Le 1?., beau temps, gelées blanches. Le i3, temps île
9
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53,8
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'0,7
E
3,7
89
brouillard avec givre, verglas le soir, chute baromé-
trique accentuée. Le u, neige fine !e matin, fort ver-
10
766,6
767,5
53,4
54, ■
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ENE
ENE
4,3
86
glas ou givre. Le i&, fort verglas le matin, Docons de
neige après midi, moment d'arrêt de la baisse baro-
11
29,7
EiNE
ESE
(4,2)
(88)
métrique. Le i(i, neige Hne lo matin, soirée pluvieuse.
12
769,0
54,9
29,9
10,2
E^NE
3,5
82
accélération de la baisse. Le 17, matinée pluvieuse,
rares flocons de neige le soir. Le iS, minimum baro-
i3
768,9
52,6
3o,2
7,2
SiSE
2,8
92
métrique à 5 h. 6o = 7:>4,o. Le if», assez beau dès le
762,2
53,7
7,4
lever du jour, mouvement de hausse très marqué du
M
3o,2
S à 0 et NO
4,5
99
baromètre. Lo 20, beau ciel lo jour; maximum baro-
i5
763,0
53,5
29>'
9,8
WNWàS
(4,5)
(9')
melriqiie= 771,0."*
758,0
52,6
8,8
Le 21» rares éclaircies. Le 22, temps de neige le matin.
16
27,9
SàW
NW
4,7
96
Le 23, couvert et brumeux. Le 24, le ciel se découvre
'7
755,5
54-9
28,8
(,,.,5)
NWàNE
5,3
97
le soir; peiile inflexion maxima de la courbe baromé-
trique. Le 25, petit givre le malin, flocons de neige
18
755,6
54,0
3i, I
(8,0)
NE
3,4
90
après midi, minimum barométrique relatif de 753,7
763,0
à i5 h. 50. Le 2G, gelée blanche avec brume, puis le
"9
55,0
3o,7
('7,5)
NE
2,4
7'
temps so met au beau. Les 27 et 28, gelées blanches
30
770,6
55,3
3o,7
(■0,5)
NE
2,0
69
et bien beau temps. Le 29, b^au temps, sauf quelques
nuages dans la soirée, gelée blanche lo malin, ainsi
31
770/1
763,8
53,2
3o,2
6,8
NE à WNW
NE
3,5
86
que le 3o, et même ciel. Le 3r, ciel variable et brouil-
lard, assez belle soirée; gelée blanche.
22
52,7
3o,3
8,1
WSWàNW
NW
4,2
86
Le degré d'éclairement du ciel durant les journées isolées
23
765,0
55,4
29.4
i3,3
NNE
4,6
90
des 3, 12, iq ei 30 s'élève aux 0,7;. de la valeur calculée
hypothétiquement de 37° au maximum à la date moyenne.
= 4
765,5
53,2
30,2
II ,0
NNE à SE
Ei-NE
3,7
So
La série do beaux jours écoulée du 2G au 3o donne o.GG.
25
759,6
52,5
3o,4
7,5
ESE
2,5
90
Les signes d'électricité négative sont assez rares, et la
charge positive est toujours en période croissante, soit
26
762,4
5.'|,5
29.0
6,4
NE
2,8
81
avec raggravation du froid ou la sérénité plus grande
de l'atmosphère.
27
763,3
53,8
29,2
5,9
NE
2,8
88
Perturbations magnétiques assez marquées du 7 au 8,
28
763,2
53,7
28,6
4,6
NE
2,5
86
du 23 au 2*. etc.
29
76--, 6
54,0
27,8
6,9
NE à SSE
3,3
81
3o
763,2
53,6
27,6
6,3
SSE
SSW
4,'
70
Si
764,8
53,6
28,9
4,4
Variable
3,9
84
i« déc.
767,8
16.54,6
65.29,6
12,1
4,9
88
2"déc.
-63,3
54,1
29,8
10,5
.
3,7
87
3" déc.
764,0
53,7
29,2
7,4
.
3,4
84
Mois. .
765,0
16.54,1
65.29,5
9»9
4.0
86
s
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COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 16 FÉVRIER i880.
PRÉSIDENCE DE M. EDM. BECQUEREL,
MÉMOIRES ET COMaïUNICATIOIVS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
ASTRONOMIE. — Observations méridiennes des petites planètes, faites à l'Obser-
vatoire de Greenwich [transmises par l'Astronome royal, il/. G.-R. Airy)
et à l'Observatoire de Paris pendant le quatrième trimestre de l'année 187g.
Communiquées par M. Mouchez.
Correction
Correction
Lieu
Dates.
Temps moyen
Ascension
de
Distance
de
de
1879.
de Paris.
droite.
l'éphémér.
(m) Hycie.
polaire.
l'éphémér.
l'observation
Il m s
Il m s
s
t> ( Il
ti
Sept. 3o
I I .57.39
0.35. 2,5l
- 0,63
80. 21 . 14, I
-h 3,8
Paris.
Oct. . 3
11.43.39
0.32.49,49
- 0,81
80.35. 1,6
+ 3.9
Paris.
4
11.38.59
0.32. 5,22
- 0,92
80.39.43,5
+ 4.7
Paris.
6
II .29.40
o.3o. 37,50
- 0,74
80.49.11,5
-h 4,0
Paris.
7
11.25. 0
0.29.53,97
— 0,60
80.53.55,5
+ i,>
Paris.
1 1
II . 6.2.5
0.27. 2,23
- 0,63
81 . i3. i3,9
+ 1,0
Paris.
c
i. R., 1S80, I"
Semestre. (T. XC,
N"7.)
35
:'62 )
Correction Correction Lieu
Dates. Temps moyen Ascension de Distance de de
1879. de Paris. droite. l'épliémér. polaire. l'épliémér. l'observation.
(135) Hkktha.
Oct.
Oct.
h m S h m s
3 10.47. 8 23.36. 8,93
4 10. 4?. -30 23.35.26,93
6 10.33.18 23.34. 6,82
7 10.28.45 23.33.39,06
II 10.10.46 23.3i.i3,55
— 2,53
— 2,58
— 2,47
— 2,11
@ Undine,
91. 3.20,0
91. 6.27,9
91 . 12.21 ,9
91 . l5. 2,4
91.24.52,2
-10, ■?.
■11,2
-11,2
- 5,5
-10,0
Paris.
Paris.
Paris.
Paris.
Paris.
3
12.28.23
.17.41,09
+
i,o4
97.58. 3,4
— 4,9
Paris.
4
12.23.43
. 16.57 ,o5
+
0,95
98. 2.46,1
- 7,0
Paris.
6
I2.l4-23
. i5.28, i3
-+-
0,86
98.11.58,5
- 4,'
Paris.
7
12. 9.43 1
..4.43,59
-\-
1,09
98. 16.20,4
- 5,9
Paris.
10
II .55.40
l . 12. 28,52
-+-
I , i5
98.28.42,4
- 8,0
Paris.
1 1
I I . 5o . 5g 1
. II .43,25
•4-
1 ,01
98.32.34,5
- 7.3
Paris.
25
10.55. i3
r-. 1 . 39,32
+
1 ,61
99. 9.20,0
-6.4
Greenwich
3o
10. 23. 6 (
).58. 3o,6i
Paris.
3i
10.18.35 c
). 57. 55, 38
99-4- 9.2
Paris.
Oct..
Nov.
(19) FORTCNA.
.6
12
.27.53
1.59. 5,42
-f-i5,i6
77.38.35,9
-76,9
Greenwich
25
1 1
.44.43
I .5i . 16,87
+ '5,94
78.31.59,8
-85,2
Greenwich
3o
1 1
1 1 . 28
1.47- 0,52
+ i5,35
79. r.5o,i
-78,4
Paris.
3i
1 1
6.43
I .46. 10,87
-+-•5,19
79- 7-39,4
— 78,0
Paris.
3
10
52.32
1.43.47,07
-t-'4.97
79.24.40,4
-77,9
Paris.
5
10
43. 9
I . 42 . I 6 , 3o
-1-1 5,02
79.35.38,8
— 73,0
Paris.
12
10
1 1 . 0
1.37.37,34
+ 14,34
80. 9.53,9
-73,2
Paris.
i3
10
6.3o
..37. 3,43
80. 14. I I ,2
Paris.
i3
lO
.5.49
1.37. 3, 3
8o.i4.i3,i
Greenwich
Oct..
Nov..
(49) PALis.
16
12
.36.34
2. 7.47.73
+ 9,65
71.28.48,6
-64,4
Greenwich
25
II
54.11
2. 0.47,23
+ 9,76
72. 5.39,2
—64,0
Greenwich
3o
1 1
21.18
I . 56 . 5 . ,61
+ 9,60
72.29. 3,3
-68,2
Paris.
3i
1 1
.6.36
1.56. 5,25
+ 9.49
72.33.58,6
-64,6
Paris.
3
1 1
2.33
. .53.49,50
+ 9-44
72.48.41,1
—69,2
Paris.
12
10
2. . 6
'•47-44,97
+ 9,22
73.33. 7,0
—65,9
Paris.
i3
10
16.35
'•47- 9,72
73.37.55,2
Paris.
( 263 )
Correction
Corrcctioii
Lieu
Dates
Temps moyen
Ascension
de
Distance
du
de
1879.
de Paris.
droite.
l'éphémér.
polaire.
l'éphémér.
l'observation.
QS) ÉCÉKIE.
Oct.
. i6
I 3. 1 1 .24
2.42.43,99
+
0,25
78.26.36,2
-7:8
Greenwich,
-5
12.26.37
2.33. 18,00
+
0,57
78.12. 9,3
— 9,0
Greenwich,
3o
11.52. 2
2.27.40,55
+
o,4'i
78. 4.21,8
— «0,7
Paris.
3i
11.46.57
2.26.32,01
-+-
0, 3i
78. 2.5o,0
- 8,5
Paris.
Nov.
. 3
II. 31.45
2.23. 6,46
-+-
0,46
77-57-59,7
— 13, 1
Paris.
I 2
10.46.21
2.l3. 4)02
-h
0, 32
77.42.34.8
— 10,0
Paris.
i3
10.41 .21
2.12. 0,18
4-
0,35
77. {0.41,0
— 10,5
Paris.
i3
io.5o.4o
2. I I .59,90
+
0,43
77.40.41,9
- 8,8
Greenwich.
i8
10.25.57
2. 6.53,39
+
@
0,55
POMOMK
77.30.29,9
-9,5
Greenwich.
Nov.
11.38. 9
2.29. 32,22
—
'>39
75.11. 4,3
+ 8,1
Paris.
12
10.54.56
2.21 .40,14
—
1,39
76. 6.55,0
+ 4,8
Paris.
i3
10. 5o. lo
2.20.5o,20
®
1 ,3)
1 MÉTIS.
76.12.57,7
+ 4,3
Paris.
Nov.
. 12
I I . 5o . I 3
3.17. 6,80
—
7.42
75.10.15,8
+ 35,9
Paris.
i3
11.45. i3
3.16. 2,64
—
7.37
Paris.
i3
11.54.32
3. )6. 2,3o
.—
7,29
75. 10.49,5
-t-38,i
Greenwich.
■4
Il .49-32
3.14.58,11
—
7,24
75. I I . 17 ,8
-f-36,8
Greenwicli.
■9
1 I .24.36
3. 9.40,51
—
t^:99
75. i3. 10,4
+37,0
Greenwich.
22
II. 9.44
3. 6.36,07
—
7,io
75.13.40,9
+37,6
Greenwich.
Dec.
. 2
10.12. 3
2.57.31,41
—
6,84
75. io.3o,8
+38,9
Paris.
®
Victoria.
Nov.
.22
12 43.33
4 . 40 . 4o , o3
—
7,(i5
70.32.50,4
+ 18,9
Greenwich.
Dec,
, 6
11.23.49
4.25.15, 38
—
7»75
71.48.37,7
+27,3
Paris.
9
II. 8. 32
4.22. 6,43
—
7,63
72. 4. 1,1
+28,2
Paris.
(24) Thémis.
Dec. 6 12. 8.59 5.10.33,09 — 0,42 Paris.
8 11.59.18 5, 8.43,54 -- o,5i 66. i5. 4,9 + 6,5 Paris.
9 11.54.27 5. 7.48,41 — 0,66 66.15.59,8 + 6,1 Paris.
)) Les comparaisons se rapportent aux éphémérides du BerUner Jalir-
bucli.
Il Les observations ont été faites à Paris par M. Renan. »
{ 264 )
ASTRONOMIE. — Détermination de la différence de longitude entre Paris
et Bregcnz; par MM. Lœwy et Th. vox Oppolzer.
« J'ai l'honneur de rendre compte à l'Académie d'une opération qui a
été effectuée en 1874 au nom de l'Autriche par M. Oppolzer, Correspondant
de l'Institut, chargé de la direction des travaux géodésiques, et par moi au
nom de l'Observatoire de Paris : il s'agit de la détermination des différences
de longitude entre Paris et Bregenz. Cette opération, qui a pour but de
relier la France et l'Autriche-Hongrie par un second point, présente un
très grand intérêt à un double point de vue. Bregenz est le point presque
le plus occidental de l'empire d'Autriche. La station duPfender, située sur
une montagne dans le voisinage immédiat de la ville, à une altitude
de 1064™ environ, est un des points principaux du réseau géodésique eu-
ropéen. Par celte station l'Autriche se trouve déjà reliée à l'Allemagne, à
l'Italie et à la Suisse.
)) Cette détermination avait une grande opportunité à une époque où nous
ne nous trouvions rattachés par aucune opération moderne au reste de
l'Europe. La nouvelle entreprise avait donc un double but : nous relier
une deuxième fois à l'Autriche et indirectement aux trois autres pays. La
fermeture du triangle Paris-Vienne, Yienne-Bregenz et Paris-Bregenz nous
fournissait de plus un contrôle précieux pour l'exactitude des trois longi-
tudes succe.ssivement déterminées à cette époque.
» L'opération n'a pas été exécutée en double et d'une manière indépen-
dante par les astronomes des deux pays; il a fallu alors établir un plan préa-
lable aussi bien pour le choix des instruments que pour les méthodes à
employer.
» Il fut décidé d'installer dans les deux stations des instruments aussi iden-
tiques que possible et des appareils électriques construits d'après les mêmes
principes. L'instrument établi au Pfender était une lunette droite de o™, 67,
sortie des ateliers de MM. Repsold et fils, à Hambourg. La lunette de Paris
est celle qui avait déjà servi pour la longitude de Vienne et dont la des-
cription se trouve déjà dans les Annales^ Mémoires, Tome IX.
» Se rendant au désir de l'observateur français, M. Oppolzer avait fait dis-
poser à la station autrichienne une mire permettant de vérifier à tout
instant l'état instrumental.
M Pour tenir compte de l'équation personnelle, il fut décidé de faire deux
( 265 )
séries d'opérations. La première a été effectuée en laissant les astronomes
dans leurs stations respectives, et la deuxième en échangeant les postes
d'observation.
» Pendant la première série, nous avons eu à lutter contre des condi-
tions climatologiques défavorables. Le voisinage du lac de Constance, du
Rhin et la configuration particulière de la grande chaîne des Alpes, qui en-
tourent le Pfender, donnait lieu, pendant cette saison, à la formation de
fréquentes agglomérations nuageuses aussi gênantes pour le travail astro-
nomique que pour les observateurs. Elles rendaient souvent très difficiles
les communications avec Bregenz, de telle sorte que M. Oppolzer se vit
contraint de vivre presque un mois dans un isolement à peu près complet.
» La station a été gardée par un détachement de troupes autrichiennes
sous le commandement du premier lieutenant G. chevalier de Steeb,
qui remplissait en outre les fonctions d'assistant et nous a, en cette qualité,
rendu des services sérieux.
» Les Administrations des lignes télégraphiques de Suisse, d'Autriche et de
France ont bien voulu mettre à notre disposition un fil direct, ce qui nous
a permis de faire l'échange de signaux sans l'intervention d'aucun appa-
reil de translation.
» Pour la détermination de l'heure, nous avons employé les positions
d'étoiles données dans le Catalogue des étoiles de culmination lunaire et de
longitude publié par M. Lœwy. Pour apporter dans nos recherches une
plus haute précision, nous avons effectué une première réduction qui nous a
permis, à l'aide des fondamentales, de rectifier les ascensions droites des
étoiles de longitude dont la position offrait encore quelque incertitude; en
combinant les corrections ainsi trouvées avec celles obtenues ultérieurement
pour les observations faites entre Paris, Marseille et Alger, nous avons pu
baser nos recherches sur un Catalogue d'étoiles affranchi de toute erreur
accidentelle et ne renfermant plus qu'une légère erreur systématique,
inhérente aux groupes d'étoiles fondamentales employés.
» Par cette méthode, il nous a été permis d'utiliser pour la correction
des pendules toutes les étoiles observées dans le cours d'une soirée et de nous
dispenser de les observer simultanément dans les deux stations.
» Nous avons établi la règle de comparer les pendules deux fois chaque
soir, au commencement et à la fin de nos opérations. Ce procédé est parti-
culièrement recommandable, car il donne le moyen de déterminer direc-
tement le mouvement relatif des deux pendules, sans qu'il soit nécessaire
de recourir aux observations astronomiques. Dans quelques soirées cepen-
( 266 )
dant nous n'avons pu remplir cette partie importante de notre programme,
le mauvais état des lignes télégraphiques nous permettant à peine d'obtenir
un seul échange de signaux.
» L'instruction générale à laquelle devaient se conformer les observa-
teurs, aussi fidèlement que possible, contenait les articles suivants :
» 1° Effectuer un retournement de l'instrument durant l'observation de
chaque étoile polaire;
1) 2° Obtenir dans les deux positions de la lunette un nombre égal d'ob-
servations;
» 3° Déterminer l'azimut à l'aide des mêmes étoiles polaires.
« Ayant établi ainsi le plan de l'observation sur des instruments et des
procédés identiques, nous ne nous sommes imposé aucune gène pour ce qui
constitue le mode de réduction des observations laites dans les deux stations.
Cette liberté d'action nous semblait ne renfermer aucun inconvénient et
offrait même un intérêt spécial. Il s'agissait de savoir si ce procédé différent
de réduction n'accuserait pas une différence sensible dans l'évaluation de
certaines constantes instrumentales. La comparaison des résultats ainsi
obtenus d'une manière indépendante devait fournir aussi un contrôle pré-
cieux pour l'exactitude de nos calculs.
» Nous avons trouvé pour l'azimut et la mire, pour la valeur du niveau,
les distances des fils et les inégalités des tourillons, des résultais qui pré-
sentent un accord très satisfaisant. Nous avons pu aussi constater d'une
manière tout à fait indépendante une anomalie instrumentale qui se mani-
feste beaucoup plus souvent qu'on ne pourrait le supposer a priori^ surtout
lorsqu'il s'agit de petits instruments. La comparaison de la collimation par
le retournement sur les polaires avec celle que nous a fournie la mire nous
a révélé toujours une différence, très faible il est vrai, mais cependant assez
sensible, entre ces deux données. Après un examen attentif de toutes les
circonstances, nous avons reconnu que cette différence ne peut être attri-
buée qu'à un déplacement de l'axe optique pendant la rotation de la
lunette. Pour corriger les observations de l'effet de cette variabdité de la
ligne divisée, nous avons dîi appliquer aux positions obtenues une correc-
tion empirique, et nous avons supposé le déplacement de l'axe optique
proportionnel au cosinus de la distance zénithale.
» Dans le Tableau suivant on trouve l'ensemble de la détermination de
l'heure effectuée dans les quatre séries d'observations. On a attribué à
chaque correction du pendule un poids choisi, en tenant compte autant
que possible de toutes les circonstances qui peuvent influer sur l'exactitude.
( ^67 )
Ce poids, pour plus d'impartialité, estimé d'avance et sans connaître le
degré de concordance que présentent les valeurs obtenues dans les diverses
soirées, nous a servi pour combiner les résultats des observations effectuées
simultanément dans les deux stations.
» En désignant par g le poids de la correction du pendule calculé pour
l'instant de la comparaison dans une station et par g' celui de l'autre sta-
tion, on a donné le poids -^—; à la loneitude déduite des deux séries
d'observations considérées.
» Voici maintenant le Tableau renfermant la correction de l'heure :
Tableau renfermant V ensemble des déterminations de f heure.
PARIS ( OBSERVA TECB ; LOF.Wy). RHECENZ ( flDSERVATEUR : OrPOLZER).
C Pm 0' variations horaires. Poids.
rates.
c-p^
t Tariations ho
aires.
Poids
1874. Juillet i8
+
s
3,255
s
0,00
h
f-,8,64
0,1
n
50
-t-
5,3o5
0,00
r— 18,83
0,1
n
31
—
12.097
0,00
f — '7'96
0,3
M
22
—
12, 2G7
0,00
t— 18,35
0.2
n
23
n
//
//
//
n
20
—
i2,GSo
0,00
/ — I G , fio
If
»
26
-!-
ii,33o
0,00
t — 16, 4o
ft
n
~ ;
-H
lo.pSi
0,00
t- 18,64
1,3
n
38
If
//
//
//
n
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—
i3,o5o
0,00
-i5,.4
ff
»
29
-f-
8,800
0,00
'— "7. '5
//
n
3o
—
13,243
0.00
t — iG,3i
0,4
B
3o
—
1 3 , o3o
0,00
'— 17,90
fi
«
3i
—
13,498
0,00
1— 16,43
0,3
Août
2
—
'3,729
0,00
t — 19,')!
1,3
»
3
—
13,676
0.00
'- '7-77
0,9
n
4
ff
//
//
ft
»
G
—
9>o43
0,00
/— 17,86
1 ,0
»
;
—
l4,023
0,00
f — >9, 12
1,3
n
10
—
i4,632
0,00
f — 19,08
0,6
'
1 1
14,618
PARIS (
0.00
OBSEBVATECn
'-■9.44
oppolzer)
■•4
1874 Août
i5
lùn
3
— o,oo4
h
t— 18,1
0,3
»
16
—
14,932
— 0,004
'- 19, -î
1,3
■>
'7
—
I 5 , 090
— o,oo4
; — 19,4
0,3
»
18
—
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//
//
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»
'9
—
I 5 , 009
-f- 0,001
t— 19,3
> ,2
»
20
—
15,007
-t- 0,000
'— 19.4
1 ,2
•
31
—
14,998
+ 0,000
t — 19,6
1,5
n
2 2
—
I 5 , 000
:r
//
It
0.347
— o,oiG
1 — is,.;i
0,6
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— 0,035
t — 13,71
0, I
n
//
//
tr
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0,035
t — 15,71
0,6
3,219
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3,5o6
— o,o3o
t — 16,35
0,3
.D,303
— 5 , G90
— fi,4i3
//
- 8,274 _
— 10,576 —
— Il,3l2 —
-o,o33 ; — i8,G3 1,4
-o,o38 t — 16, 63 0,3
■o,o3S t — 19,7') c,,4
// // //
- o,o58 t — iS,Go 1 ,G
0,045 t — 16,23 0,4
0,045 t — iG, 17 0,5
BREGENZ
(odservatecr : loewy).
S
s
h
If
//
II
//
i5, 191
— o,o3
t — 22,36
1,5
15,710
— o,o3
^-16,5
0,2
!6,85G
— o,o4
< — 18,09
1,2
17,613
— o,o3
; — 18,70
1,5
i8,o58
— 0,035
^-.8,87
1,5
i8,65i
— 0,035
f — i8,i3
1,5
» La comparaison des pendules a été faite à l'aide des signaux envoyés
d'une station à l'autre au moyen des appareils électro-magnétiques men-
( 268 )
tionnés plus haut. Ces signaux étaient enregistrés automatiquement dans
les deux localités, c'est-à-dire que chaque signal sur l'appareil de Paris en
reproduisait un semblable sur celui de Bregenz et réciproquement.
1) Les procédés spéciaux pour se rendre indépendants de l'intensité des
courants qui interviennent ont été exposés dans les publications faites
depuis par les deux observateurs.
M Chaque comparaison de pendules se compose de deux groupes de si-
gnaux émanant d'un même courant électrique ; chaque groupe renferme
deux séries de trente-deux signaux qui se correspondent deux à deux et
dont la comparaison fournit la différence d'heures entre les deux pendules,
différence affectée d'une petite inégalité provenant du temps que le courant
met à parcourir l'intervalle qui sépare les deux stations.
» En agissant de cette façon on a pu obtenir avec beaucoup de précision,
pour un même instant physique, l'heure relative des deux pendules, et, en
appliquant au moyen du Tableau précédent aux heures locales les correc-
tions de pendule calculées pour l'instant de la comparaison, on arrive à la
valeur de la longitude, affectée encore de l'équation personnelle des deux
observateurs:
M. Oppolzer observant au Pfender M. Lœwy à la station du Pfender
et M. Lœwy à Paris. et M. Oppolzer h Paris.
ui s
Juillet ■?.■?. 29.45,32 m s
27 45,^2 Août 16 29. 44 > 92
Août 3 45,41 19 44,94
3 45,29 20 44>93
7 45,30 21 29.44,89
10 45j33
II 29.45,43
» Les valeurs individuelles de la longitude inscrites dans ce Tableau
accusent une concordance exceptionnelle qui nous donne la preuve de
l'exactitude de nos opérations.
» En formant les moyennes de ces deux séries d'observations, on obtient
les deux valeurs de la longitude 29'"/i4%9iB et 29'"45%372, différentes
entre elles du double de l'équation personnelle des observateurs. Cet élé-
ment physiologique, ainsi déterminé, est égal à 0% 2 27, et l'on trouve la
différence de longitude entre le pavillon de l'Observatoire et la station
du Pfender égale à o^29"Vi5% i45. Pour avoir la valeur par rapport au
point géodésique, il faut retrancher du nombre directement obtenu o', 006.
On obtient ainsi, pour la différence de longitude entre le pavillon de l'Ob-
( 269 )
servatoire et le point géodésiqiie du Pfender,
o''a9""45%i4'
» Pour compléter notre travail et fournir une preuve indépendante de
l'exactitude des résultats trouvés, nous avons déterminé directement la va-
leur de notre équation personnelle pendant deux soirées successives,
lors du séjour de INT. Oppolzer à Paris, après avoir obtenu la première
série. Cetle détermination directe nous a donné o'jaSg, valeur qui, vu le
petit nombre d'étoiles sur lequel se base notre observation, présente un
accord très satisfaisant. »
CHIMIE. — Eludes sur l'acide persu If urique. De sa formation par éleclrolyse;
par M. Berthelot.
ar la liqueur originelle, lanlôt par de l'eau |>ure la liqueur
enlevée ilans les dosages, ou chassée vers le pôle négalif. — lo" de liqueur
renferment eu oxygène actif (lequel est ^rdii poids de S^O') :
Après iS heures. 23'"'^'', a
" 4^ heures . Cu'"^^, 5
" 4 jours . . . 6o""«''
" 5 jours. . . 67 ■"S"'
Après 6 jciiirs. . •ja'"*'^
" 7JO'"-'*- 79
S jours. . 87
■■ 10 jours. . 112
On ajoule do l'eau : le ritre
baisse à 1 oo'"e''
L'action de la pile ayant
été interrompue tin jour,
nouvelle baisse à 64
I 2 jours. . 83
Courant rétalili
( i3 j(>\irs. . 98
» La liqueur (.ienieure constamment exemple d'eau oxygénée ('), pen-
dant l'électrolyse même; die doit être analysée de suitt .
» 2° Soit maintenant la production de l'eau oxygénée par éleclrolyse.
(2) SU^H + -jUG initial (vase |>oreux de petites dimensions).
" Après 24'' , SO'H -h 4^7'"^ • 5i"'"'' 0 actif (pas d'eau oxygénée).
. Après 3o'', SO'H -(- 3H0 : G-,"^' O actif; 17 sous forme de HO' et 5o de S=0'.
(;^) SO'H + 2, 5H0 initial.
« Après 4'' : 34 "^'' O actif, dont 8 sons forme de UO' et 26 de S'O'.
■• Après 16'' : 74'"''^ O actif, réparti également.
(4) SOMf -^ i,3IIO initial.
» Après 4'' '■ 24'"''' O actif, dont 3 sous lorme de H0% et 21 de S'O'.
» 3° Soit la tendance de l'eau oxygénée et de l'acide persulfurique vers
un rapport limite, pour les concentrations comprises entie SO'IL + 3I10
et SOMI -H2IIO.
(5) SO*H + 3110 initial.
» Après un certain temps : 86"''''0 actif, dont ay sous forme de S'O' et 57 de HO'.
(6) SO"H + 2,5HOinitiaI.
» Après 2i\ SO'H + 2,2H0:86'"«''0 actif; 28 à l'état de S^O' et 58 de HO^
(7) SO* H + 3HO initial.
» Après 3 jours, SO'H -I- 2,5H0 : Sc)""" O actif, dont 19 à l'état de S'O' et 4" de HO'.
(') On a dosé l'oxygène actif total par l'iodnre de potassium et l'acide sulfureux, l'eau
oxygénée par le permanganate de potasse, toujours en opérant sur des liqueurs très étendues.
( 272 )
» Le rapport S-O'-t-aHO' est d'autant plus remarquable qu'il se
maintient sensiblement pendant la décomposition spontanée des liqueurs.
Par exemple, la liqueur (5), conservée pendant gjours, est tombée à 35™»''
d'oxygène actif, dont 1 1 à l'état de S" O' et 24 à l'état de HO^ Après 27 jours,
il n'y avait plus que lo'^s'' d'oxygène actif, dont 3,5 à l'état de S^O' et 6,5
à l'état de H0-. La même liqueur ayant été portée à 5o°, ce qui en a ac-
céléré la décomposition, le rapport de ses deux composants, après refroi-
dissement, a été trouvé le même.
» Le composé qui prend ainsi naissance, à l'état d'association avec l'acide
persulfurique, est bien de l'eau oxygénée. En effet, il réduit le permanga-
nate; il engendre de l'acide percbromique et du bioxyde de calcium, corps
spécifiques; sa réaction sur l'iodure de potassium s'effectue avec les mêmes
caractères chimiques et thermiques que celle de l'eau oxygénée pure,
caractères tout spéciaux, comme on le dira plus loin ; enfin la réduction to-
tale des deux composés dégage la même quantité de chaleur.
» 4° Montrons encore que, pendant l'électrolyse d'un acide sulfurique
initial plus concentré, l'eau oxygénée tend à disparaître, l'acide persulfu-
rique subsistant et se formant de préférence, sans que cependant sa pro-
portion maximum revienne aux mêmes limites que dans les liqueurs plus
étendues citées précédemment.
» (8) Liqueur (6) renfermant aux débuts de la nouvelle expérience,
c'est-à-dire :
» Après 22 heures d'électrolyse antérieure, SO' H -1-3, 2 HO : 86""«'' 0 actif, dont 28 à
l'état deS-0', 58 de IIO'.
» On poursuit l'électrolyse et l'on obtient :
» Après 4o heures, SO'Hh- 2HO : Si'"*'' 0 actif, dont 62 à l'état de S=0', 19 de HO^
» Après 68 heures, SO' H -f- i , 3 HO : 62"'^' 0 actif, dont 54 à l'état de S'O", 8 de HO'.
)) 7. Ainsi la formation de l'eau oxygénée par électrolyse passe par un
maximum, lequel semble répondre à une combinaison définie d'acide persulfu-
rique et d'eau ox/génée : S-0%2nO^ analogue à la combinaison de bioxyde
debaryutu et d'eau oxygénée, BaO-,HO-, découverte par M. Schone.
» La formation d'une telle combinaison s'opère seulement, comme il a
été dit, à partir d'une certaine concentration : ce qui est sans doute atlri-
buable à cette circonstance que dans un système complexe le courant élec-
trolytique passe de préférence par le corps le moins résistant. Or ce corps
peut changer de nature, dans un liquide acide dont l'état d'hydratation
( 273 )
se modifie peu à peu, par suite de l'endosmose électrique signalée plus
haut. Aux débuts, le courant passerait ainsi par l'acide suUiirique
étendu, en formant de l'acide persulfurique; plus tard, l'acide sulfm-ique
étant devenu moins hydraté et plus résistant, l'electrolyse se porterait sur
l'acide persulfurique et formerait de l'eau oxygénée; mais je n'insiste pas
sur une interprétation fondé sur des faits encore obscurs.
» 8. Au contraire, je vais citer les faits propres à expliquer la dispari-
tion finale de l'eau oxygénée, dans les liquides électrolysés qui surpassent
une certaine concentration. On en rend compte et on peut la reproduire,
indépendamment de toute influence électrique, je veux dire par la réaction
directe de l'acide sulfurique concentré sur l'eau oxygénée.
u En effet, j'ai pris lo*^*^ d'une solution d'eau oxygénée très pure, renfer-
mant 26""^' d'oxygène actif (5^', 5 de HO" au litre); je les ai refroidis verso"
et je les ai mélangés, non sans précaution, avec de l'acide sulfurique bouilli,
refroidi lui même à — 12°, et plongé dans un appareil réfrigérant; la li-
queur finale renfermait SOMf + HO. Aussitôt après le mélange, la liqueur
contenait encore aS^s' d'oxygène actif, dont 3 seulement à l'état d'eau oxy-
génée et 20 à l'état d'acide persulfurique. Quelques heures après, l'eau oxy-
génée n'avait pas augmenté.
» Je suis arrivé au même résultat, en opérant au moyen du système
qui renferme le composé S^O' + 2 HO* formé par électrolyse : ce composé
est également détruit et changé presque totalement en acide persulfurique,
lorsqu'on le mélange avec un excès d'acide sulfurique monohydraté.
» Réciproquement, un acide sulfurique moins concentré, mélangé
avec l'eau oxygénée, ne forme pas d'acide persulfurique, pas plus que
l'acide persulfurique en solution sulfurique concentrée ne régénère
immédiatement l'eau oxygénée par une addition d'eau. Précisons : l'acide
SO^H + i,3H0 étant mêlé avec un poids équivalent d'eau HO (laquelle
renferme d'ailleurs 5^^^, 5 d'eau oxygénée au litre), il se forme un peu
d'acide persulfurique. Avec SO' H 4- 3^H0 et HO (renfermant la même
dose de HO^), il ne s'est pas produit d'acide persulfurique. Enfin, le com-
posé S^O' -t- aHO^ étant étendu avec beaucoup d'eau, ses deux com-
posants subsistent quelque temps; puis ils se détruisent lentement, cha-
cun pour son propre compte. On voit par là que le composé S*0' -+- 2 HO*
résulte réellement de l'action électrolytique.
» Pour achever de définir ces phénomènes, examinons la stabilité
propre de l'acide persidfurique.
9. 5^a6(7(7e.— L'acide persulfurique, abandonné à lui-même, se détruit
( 274 )
peu à peu et complètement. Au bout de neuf jours, par exemple, une solution
renfermant gS^^"" d'oxygène actif (c'est-à-dire 1*^%! d'acide persulfurique
S-0') dans lo'^'-' n'en renfermait plus que Si""^"^; au bout de dix-sept jours,
une solution renfermant S^™'"' était tombée à 5"°''; au bout d'un mois, une
solution renfermant gi^s'- était réduite à i™^'', etc. La décomposition des
solutions concentrées d'acide persulfurique est plus rapide que celle des
solutions aqueuses et étendues d'eau oxygénée, et que celle de l'ozone ga-
zeux.
» Observons cependant que cette comparaison est imparfaite, les condi-
tions dans lesquelles les trois substances ont été étudiées n'étant guère
comparables. En effet, la vitesse de décomposition de l'acide persulfurique
varie suivant l'agitation de la liqueur, son titre acide et la température.
» i" En l'agitant vivement, on facilite le dégagement de l'oxygène, par
suite de l'influence exercée par l'atmosphère gazeuse dans laquelle l'oxy-
gène peut se dégager, et conformément aux expériences de M. Gernez sur
les dissolutions gazeuses sursaturées. Au contraire, cette influence d'une
agitation extérieure n'existe guère sur l'ozone pur, contenu dans un flacon.
» 1° L'élévation de la température active la décom[)osition de l'acide
persulfurique, aussi bien que celle de l'eau oxygénée et de l'ozone. Cepen-
dant son influence est loin d'élre instantanée : des solutions persulfuriques
renfermant oS',o8i et o^', 098 d'oxygène actif et répondant àSO^H + 6,5 HO
ont pu être portées à 5o" pendant une minute, puis lentement refroidies,
sans que leur titre ait changé. Ces mêmes solutions, étendues de 20^°' d'eau,
n'ont pas changé de titre, même lorsqu'on porta les liqueurs aqueuses à
5o° pendant ini moment.
» 3° La slabilité de l'acide persulfurique croît avec la dilution de l'acide
total, contenu dans la liqueur. L'acide total étant SO'H + HO et renfer-
mant oS'',023 d'oxygène actif, n'en renfermait plus, au bout de 9 jours, que
des traces presque inappréciables. L'acide total, étant SO^H-f-6HO, a
baissé pendant le même temps de o^'', 098 à oS'',o3i.
» Enfin une portion de ce dernier acide, ayant été étendue dès l'ori-
gine avec 20 fois son volume d'eau, opération qui n'en a pas changé le
titre, puis conservée pendant 9 jours, a baissé seulement de o^^og^ à
08', 090. Ces chiffres donnent une idée de la stabilité relative de l'acide
persulfurique.
» 10. Pour compléter ce sujet, il me reste à parler d'observations plus
délicates encore et relatives à la formation spontanée de l'eau oxygénée
(ou plutôt du composé spécial déjà signalé) dans les solutions d'acide
( 275 )
persulfiiriqne, telles que SO'H-<-6HO, au sein desquelles l'électrolyse
avait produit d'abord de l'acide persulfurique pur. Si on les conserve, au
bout de 8 à lo jours, on trouve une dose sensible d'eau oxygénée, formée
en même temps que le titre total en oxygène actif a baissé.
» Par exemple, une liqueur contenant 82™^'' d'oxygène actif, entièrement
à l'état d'acide persulfurique, ne contenait plus, après quelques jours de
conservation dans un flacon clos, que 70'""'', dont 9™^' à l'état de HO-. Une
liqueur contenant 98'"*^', après neuf joins, ne renfermait plus que 3i™sr
d'oxygène actif, dont 4'"^'» 5 à l'état de IIO^. Une liqueur contenant Zj^^'^
d'oxygène actif était réduite, après dix-sept jours, à 5™°', dont o™?'', 5 sous
forme de HO", etc.
» Celte formation d'eau oxygénée ne paraît pas due à ime réaction lente
de l'eau contenue dans les liqueurs et à tm équilibre résultant entre les
deux composés snroxygénés, comme on aurait pu le penser d'abord. En
effet, la liqueur diluée avec 20 volumes d'eau, et qui s'est conservée
presque sans variation pendant neuf jours (98™^'' réduits à 90'°''), n'a donné
lieu à auciHie formation appréciable d'eau oxygénée. La formation de l'eau
oxygénée est donc simultanée avec la décomposition lente de l'acide per-
sulfurique. Elle en est probablement corrélative, comme nous l'avons déjà
admis plus haut pour rendre compte de sa formation par éleclrolyse. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Noie sur de nouveaux dérivés de la nicotine;
par MIM. A. Caiiocrs et A. Etaud.
« Dans une Note que nous avons publiée, M. Etard et moi, dans la séance
du 1 9 mai 1 879 {Comptes rendus, t. LXXXVIII, p. 999), nous avons fait voir
que, lorsqu'on chauffe progressivement la nicotine avec du soufre à une tem-
pérature qui ne doit pas dépasser 170", la base organique étant employée
en excès, il se formait un produit dont la composition est exprimée par la
formule
C H Az b - I ç,,^,^^ p ,
auquel nous avons donné le nom de tlnotêlrapyridine , sa formation étant
analogue à celle de la thianiline. Cette substance, qui joue, de même
que la nicotine, le rôle de base et forme avec les acides des combinaisons
définies, nous a donné, dans son contact avec certaines substances simples
(276)
et composées, des dérivés fort intéressants que nous nous proposons de
faire connaître aujourd'hui .
)) En maintenant en ébnllition pendant quelque temps au réfrigérant as-
cendant de la thiotétrapyridine bien pure avec de l'acide azotique ordi-
naire étendu de son volume d'eau, évaporant la liqueur acide en consis-
tance sirupeuse et l'abandonnant à elle-même dans un endroit frais, on voit
se déposer au bout de quelques jours des cristaux groupés en mamelons
qui renferment de l'acide azotique en combinaison.
» Ces cristaux, redissous dans l'eau, donnent une liqueur acide qui, neu-
tralisée, puis traitée par l'azotate d'argent, donne naissance à un dépôt flo-
conne\ix blanc, renfermant 47,5 pour 100 d'argent; le calcul donne 46,9.
» Mis en suspension dans de l'eau qu'on fait traverser par un courant
d'acide sulfhydrique, le précipité précédent se décompose, etl'on obtient une
liqueur acide qui, débarrasséedu sulfure d'argent par la fïltration, abandonne
par l'évaporation des cristaux parfaitement blancs, aiguillés, lui peu ternes,
fusibles à 228°-229°. Ce point de fusion, la proportion d'argent laissée par
la calcination du sel, ainsi que l'ensemble des propriétés que présente ce
produit, le caractérisent comme étant l'acide nicotianique ou carboxypy-
ridique de Laiblin.
» Cet acide, distillé sur de la potasse ou sur de la chaux, laisse dégager
en outre de la pyridine. Labase sulfurée résultant de l'action dusoufre sur la
nicotine fournit donc de l'acide nicotianique à la manière de cette dernière.
» Les acides à radicaux pyridiques étant susceptibles de former des sels
avec d'autres acides et fonctionnant eux-mêmes comme bases, nous pou-
vons considérer les cristaux dont nous avons parlé plus haut comme de
l'azotate d'acide nicotianique. Cet azolate, chauffé dans un tube, fournit un
mélange de vapeurs nitriques et nitreuses en même temps qu'un sublimé
cristallin blanc. Ce même azotate, chauffé avec un excès de chaux vive,
dégage de la pyridine. Les eaux mères d'où l'azotate précédent s'est
déposé donnent, par l'addition d'un sel de baryte, un abondant préci-
pité de sulfate de cette base, le soufre de la thiotétrapyridine s'étant
transformé complètement en acide sulfurique par l'action de l'acide
azotique.
» L'action des métaux des dernières sections, cuivre, mercure, argent,
que nous avons mis en présence de la thiotétrapyridine à une tempé-
rature d'au moins 3oo°, en vue de la désulfurer et de mettre à nu les radi-
caux basiques qu'elle renferme, nous a fourni les résultats suivants.
» Le cuivre réduit par l'hydrogène est celui dont l'emploi nous a paru
( 277 )
le plus avanlageiix. A cet effet, on broie lo*^' de la base sulfurée avec 20*5''
à 2^^'' de cuivre; puis on introduit le mélange dans une cornue qu'on
chauffe à feu" nu, doucement d'abord et progressivement jusqu'au rouge
sombre. On recueille dans un récipient annexé à la cornue une huile à
peine colorée, bouillant à une température élevée; la cornue renferme du
sulfure de cuivre mélangé d'un résidu charbonneux. Cette huile, de nature
basique, bout entre 274" et 27$°; elle est incolore, très peu mobile, très
réfrangible, et se colore graduellement au contact de l'air. Elle ne se con-
gèle pas à —20°; dans ce cas, elle devient visqueuse et prend la consistance
de la glycérine. Son odeur rappelle celle de certains champignons. Sa
densité à i3° est égale à i,i245. Son pouvoir rotatoire est nul. Très peu
soluble dans l'eau bouillante et s'en déposant entièrement à froid, elle se
dissout facilement dans l'alcool et dans l'élher.
» Elle se dissout également avec dégagement de chaleur dans l'acide
chlorhydrique,aveclequel elle forme un sel de couleur citronnée. Ce chlor-
hydrate ne cristallise pas et brunit fortement à l'air. La potasse et l'ammo-
niaque en précipitent la base. L'analyse de la base libre nous a donné les
résultats suivants : oê'',325 de matière ont donné oS% igS d'eau et o^', 899
d'acide carbonique, d'où l'on déduit pour la composition en centièmes :
Carbone 75,43
Hydrogène 6,65
» La formule C-''H'°Az^ donne ;
Carbone 75,94
Hydrogène 6,82
» D'après cette analyse, confirmée par celle des composés suivants, on se
trouve amené à adopter pour cette base une formule identique à celle de la
dipyridine, dont elle serait l'isomère et de laquelle elle se différencie par
l'ensemble de ses propriétés; nous la désignerons, par suite, sous le nom
d'isodipj'i'idine.
1) Le cliloroplatinate préparé par précipitation du chlorhydrate se présente
sous la forme de cristaux microscopiques très nets, dont la couleur rappelle
celle du bichromate de potasse.
» Redissous dans l'eau, ce chloropJatinate se dépose en lamelles couleur
de bichromate foncé, de plusieurs millimètres et douées de beaucoup
d'éclat.
i> L'analyse de ce sel, qui donne pour le platine, l'hydrogène et l'eau les
eu,, 1880. \" Semeitre. (T.XC, N" 7.) ^7
( 278 )
nombres '25,75, 3,2 et 4,90, conduit à la formule
2(C=°H'°Az-,HCl),Pl'Cl'+ 2H=0=.
» Pendant la recristallisation du sel il se dépose, en même temps que les
cristaux lamelleux dont nous venons de parler, une poudre ressemblant
pour l'aspect à l'oxydule de cuivre, laquelle provient de la décomposition
qu'éprouve le chloroplatinate au contact de l'eau bouillante. En maintenant
pendant un certain temps l'ébullition de la liqueur, on augmente la pro-
portion de ce produit. Un fait analogue a été signalé récemment par
M. Baeyer à l'occasion du chloroplatinate de picoline, qui dans des cir-
constances analogues fournit un dérivé organique du platine représenté
par la formule
^^ *"' \ G-U'AzCl
» Le cidor orner cur aie d'isodipyridine se présente sous la forme de lames
d'un blanc verdàtre, [)eu solubles dans l'eau et décomposables par elle à la
manière du chloroplatinate. Sa composition est représentée par la formule
C='ni'°Az%HCl,HgCl.
» Le ferricyanhydrate est un beau sel qui se présente sous la forme d'ai-
guilles très brillantes, d'un brun verdàtre; sa composition est représentée
par la formule
Fe*Cy'^H%4(C'''H'"Az=)+ 5H^O=.
» Nous allons résumer maintenant les caractères de l'alcaloïde et de ses
sels.
» A l'état libre, sa solution aqueuse précipite :
» L'azotate d'argent en blanc ;
» Le sublimé corrosif en blanc ; le précipité se redissout à chaud.
» L'acide picrique donne un sel cristallisé en petites aiguilles jaunes.
» Le chlorhydrate de la base donne :
•» Avec l'eau de brome un précipité jaune;
» Avec la dissolution d'iode un précipité brun;
» Avec le ferrocyanure de potassium un précipité jaune citron, formé de
cristaux microscopiques très nets.
» Le ferricyanure ne donne pas de suite de précipité; lorsqu'on ajoute
un excès de réactif, le précipité se redissout et se dépose ensuite sous la
forme de cristaux aiguillés très brillants.
( 279 )
» Avec le chlorure d'or on obtient un précipité brunâtre qui se redis-
sout à chaud en donnant une liqueur d'un vert sale.
» Avec le perchlorure de fer on obtient une réaction caractéristique.
Rien ne se précipite dès l'abord, mais par l'ébullition la liqueur se fonce
et prend une belle teinte rouge orangé très riche.
» Le dédoublement de la base sulfurée par le enivre en fovirnissant de
l'isodipyridine ne peut s'expliquer qu'en admettant qu'une partie de cette
base cède de l'hydrogène à l'autre, et l'on constate, en effet, la décomposi-
tion d'une partie de cette dernière.
» On constate, en outre, la formation de cette isodipyridine lorsqu'on fait
agir en tubes scellés, à la température de 180", une solution alcoolique de
potasse sur la base sulfurée, condition dans laquelle on peut considérer
cette solution comme hydrogénante. En prolongeant le contact entre les
substances réagissantes et portant la température à 200°, on augmente la
proportion d'isodipyridine.
» Bien que l'action de la chaleur, soit sur un mélange de cuivre et de
la base sulfurée, soit sur un mélange de cette dernière et d'une solution
alcoolique de potasse, nous ait donné de l'isodipyridine, nous ne nous
serions pas crus suffisamment fondés à affirmer que cette isodipyridine fût
le groupement fondamental de la nicotine, groupement autour duquel vien-
draient se fixer [f^ d'hydrogène. Afin de pouvoir être plus affirmatifs, nous
avons essayé d'enlever directement 4"" d'hydrogène à la nicotine par oxy-
dation et de vérifier l'équation
C^°W^kz- + O' = C-^WAz- -H 2H^0-.
)) Laiblin, en oxydant à fond la nicotine par l'acide azotique, a, comme
on sait, obtenu l'acide carboxypyridique, que nous avons obtenu de
notre côté par l'action du même réactif sur la base sulfurée. En essayant
d'arriver au but que nous nous proposions d'atteindre, nous nous sommes
arrêtés au ferricyanure de potassium en solution alcaline. On opère sur les
quantités théoriques exigées par l'équation
C2»H'*Az- + 4iFe^Cy°R^) + 4(KH0=)
= 8(FeCy»R=) + 4H=0=-hC2"H"'Az=.
On mélange la nicotine et la potasse, puis on ajoute assez d'eau pour obte-
nir une dissolution limpide; on verse alors par petites portions le ferri-
cyanure, qui bientôt se décolore. Le liquide étant finalement soumis à la
distillation, on sature les eaux distillées par l'acide chlorhydrique; on con-
f 280 )
centre la liqueur par évaporation, puis on précipite par la potasse le mé-
lange des bases qu'on enlève au moyen de l'éther. En évaporant cette
solution pour chasser l'éther et distillant, il passe d'abord de la nicotine
inaltérée, puis, vers la fin, de i'isodipyridine.
» Les mélanges de nicotine et d'isodipyridine sont, du reste, faciles à
séparer : il suffit pour cela d'ajouter assez d'eau pour produire un trouble
laiteux; la nicotine, très soluble dans l'eau froide, s'y dissout en entier,
tandis que I'isodipyridine, qui y est insoluble, se dépose sous la forme
d'ime huile. Nous avons constaté son identité parfaite avec celle qu'on
obtient par la désuKuration de thiotétrapyridine. Nous nous croyons dès
lors fondés à considérer I'isodipyridine comme le noyau fondamental de
la nicotine, conformément à l'hypothèse que nous avons émise dans notre
première Note.
M Nous proposant de rechercher les modifications que pourrait éprouver
la nicotine à une température élevée, nous avons fait passer Soo^'^ de cette
substance réduite en vapeur à travers un tube de fer de 1'", 25, rempli de
fragments de porcelaine, maintenu à une température un peu supérieure
à celle du rouge sombre, et communiquant avec un appareil qui per-
mettait de condenser les vapeurs et de recueillir les gaz. Nous avons con-
staté qu'environ 385^'' à Sgo^"' de nicotine avaient échappé à la décompo-
sition. Les cent et quelques grammes de nicotine décomposée nous ont
donné 3o"' environ d'un gaz formé d'hydrogène libre et d'hydrocarbures
appartenant à la première et à la seconde famille.
» Les produits condensés dont le point d'ébuUition était inférieur à 200°
se composaient d'alcaloïdes apparlenant à la série pyridique; à l'aide de
distillations fractionnées, nous en avons retiré Zj^' à S^"" environ de pyridine
et autant de picoline. Le produit le plus abondant que nous ayons extrait
de ce mélange est une collidine bouillant entre 170" et 171°, dont le poids
après purification s'élevait à environ 22^'' à 23^^^; nous nous proposons d'en
fixer ultérieurement la constitution. En soumettant pareillement à des
redistillations les produits qui bouillent au-dessus de 250", nous en avons
retiré de nouvelles substances basiques dont nous n'avons pu déterminer
la nature, en raison de leur trop faible proportion.
» Nous nous faisons un devoir, en terminant cette Note, d'adresser nos
remercîments à M. Bruère pour le concours précieux qu'il nous a prêté
en préparant pour nous, dans le laboratoire que M. Schlœsing avait mis
gracieusement à notre disposition, le stock assez considérable de nicotine
qui a servi à nos recherches. «
( ^^' )
BOTANIQUE. — Évolution de t'iiiflorescence cliez des Graminées (III* Partie);
ordre d'apparilion despremiers vaisseaux dans des Phleum, Cynosiirus, Poa ;
par M. A. Trécul.
« Dans une jeune inflorescence de Phleum pratense, les faisceaux du
rachis sont ordonnés suivant deux arcs opposés très ouverts, qui donnent
lieu à une section transversale elliptique, aux petits côtés de laquelle cor-
respond l'insertion des rameaux, tandis qu'au milieu de chaque grande
face est un faisceau primordial, le plus volumineux de l'arc. C'est dans ces
deux faisceaux primordiaux que naissent les premiers vaisseaux. Dans une
inflorescence haute de 2™", 35, il existait en eux deux courts vaisseaux, l'un
un peu plus long que l'autre, situés un peu au-dessous du milieu de la hau-
teur du rachis, dans le deuxième quart de celui-ci. Plus tard il naît un
vaisseau dans un faisceau latéral de chaque côté des principaux. Il en est
formé ensuite dans un ou deux faisceaux plus faibles opposés aux petits
côtés de l'ellipse. Des faisceaux plus grêles encore et plus externes alternent
ultérieurement avec les premiers. Le pédoncule encore jeune présente
une disposition analogue des faisceaux centraux, avec deux séries de fais-
ceaux plus ténus et plus externes, alternant avec les précédents.
» Dans des inflorescences de 12""" à iS™"", l'accroissement prédomi-
nant par en haut, les rameaux sont d'autant plus avancés et les épillels
d'autant plus accusés qu'ils sont insérés plus haut; ceux d'en bas sont, par
conséquent, les moins développés. Mais les vaisseaux apparaissent d'abord
dans les rameaux de la région moyenne. Ainsi, dans une inflorescence de
12"™, il n'y avait de vaisseaux que dans le huitième et le neuvième ra-
meau d'un côté, et dans les dixième, onzième et douzième de l'autre côté,
à compter d'en bas. Tous les rameaux placés au-dessus et au-dessous
étaient dépourvus de vaisseaux (').
» Ce premier vaisseau de chaque rameau est libre, et, sous ce rapport,
le Phleum pratense est particulièrement intéressant, car ce vaisseau com-
mence prés du haut de l'axe secondaire, au niveau du dernier épillet latéral
(') J'ai dit antérieurement que l'ordre d'accroissement des rameaux ne suit souvent pas
leur ordre de naissance. Il en est de même de l'ordre d'apparition des vaisseaux dans les
rameaux. Ainsi, dans le Setaria gcrmanica, où les rameaux naissent manifestement de bas
en haut, ce sont les rameaux de la réfjion moyenne qui les premiers présentent des vaisseaux.
Cela s'observe aussi dans les rameaux du Setaria glauca.
( 282 )
d'un côté et des deux supérieurs de l'autre. I.e vaisseau s'allonge ensuite
par en bas. Dans l'inflorescence du Plileum asperum, le premier vaisseau
commence plus bas dans l'axe du rameau. Je crois devoir faire observer,
mais ce n'est qu'une coïncidence, que, dans le Plileum pratenscj la base des
tout jeunes rameaux est plus largement adhérente à l'axe primaire. Ils
forment d'abord une sorte de plaque adhérente que l'on voit se partager en
plusieurs générations de ramules. Au moment de la naissance du premier
vaisseau, leur partie libre est moins étendue que dans le Plileum asperum.
» L'apparition du premier vaisseau des rameaux secondaires est non
moins instructive. Il naît libre aussi, celui des ramules d'en bas avant ceux
des ramules supérieurs. Cependant j'ai remarqué, dans les Phleum asperum
et pratense, que le vaisseau du deuxième ramule d'un côté apparaît parfois
avant celui du ramule inférieur placé au-dessous. Quand les ramules
secondaires sont courts, le vaisseau naît dans l'insertion même de ce
ramule; quand le ramule est plus long, le vaisseau commence, au moins
souvent, en haut de cet axe tertiaire, tout près de son épillet terminal
(Plileum prateme, etc.). A un âge plus avancé, on peut suivre longuement
ce premier vaisseau ou le fascicule vasculaire dont il est le début, dans
l'axe du rameau-mère, où il descend librement, indépendant des autres
faisceaux qui parcourent longitudinalement cet axe.
» Le Cynosurus cristatus et les Poa trivialis et anmia forment une transition
du troisième type structural au quatrième ('), en ce que, dans le Cynosurus,
les mérithalles inférieurs ont deux arcs opposés de trois faisceaux chacun,
dans lesquels les vaisseaux naissent dans l'ordre suivant : le premier
vaisseau apparaît dans le médian dorsal; le deuxième vaisseau naît dans
le médian de la face antérieure; puis successivement il en est produit
dans les deux faisceaux latéraux dorsaux, et ensuite dans les deux fai-
sceaux latéraux de la face antérieure.
» Voici quelques exemples de la position longitudinale des premiers
vaisseaux dans de jeunes inflorescences. Une inflorescence de i°"°, 65
avait un vaisseau long de o™"", 5o, étendu depuis la hauteur de l'aisselle
du deuxième rameau latéral inférieur de la série A' (la série A étant celle
dont le rameau inférieur est le plus bas placé), jusque vers le milieu de
l'inflorescence. Dans une inflorescence de 2™™, i5 et une autre de 3™"
il n'y avait qu'un seul vaisseau qui descendait seulement au niveau des
rameaux inférieurs et qui montait vers les deux tiers de la première inflo-
(') Voir '^OMT ces types aux pages 212 et 21 3 de ce volume.
( 283 )
rescence et un peu plus haut dans la deuxième. Il appartenait au faisceau
dorsal médian. Le rachis d'une inflorescence de 2'"'", 76 avait deux vais-
seaux : l'un, dans le vaisseau dorsal médian, descendait jusqu'au niveau de
la dernière feuille de la lige; l'autre, occupant, dans le faisceau médian
antérieur, la partie inférieure du rachis, commençait au niveau de l'ais-
selle du rameau inférieur. Dans une autre inflorescence de 2"""', yS, le fais-
ceau dorsal avait deux vaisseaux et le faisceau opposé antérieur un seul.
» Une inflorescence de y"""", 5o avait, au-dessous de la région moyenne du
rachis, des vaisseaux dans quatre faisceaux : 1" trois vaisseaux dans le dor-
sal médian; 2° deux vaisseaux dans le médian antérieur; 3° deux vaisseaux
non encore striés, mais bien accusés, dans un latéral dorsal; 4° un seul
vaisseau dans l'autre latéral dorsal. Un peu plus haut dans le même rachis,
il n'y a de vaisseaux que dans trois faisceaux, les deux médians et un laté-
ral dorsal ; plus haut encore, dans deux faisceaux, dans le médian dorsal et
dans le médian antérieur ; plus haut enfin, dans le médian dorsal seul.
» Dans une inflorescence de 1 1°"",75, il y a des vaisseaux dans six fais-
ceaux, ordonnés suivant deux arcs opposés, dans la partie inférieure du
rachis et dans son pédoncule de o'",ooi de longueur, ce qui rap-
proche le C/nosurus des Phleum; mais plus haut cette symétrie disparait.
» L'apparition des premiers vaisseaux des rameaux de l'inflorescence
donne aussi à cette plante beaucoup d'intérêt. Ces premiers vaisseaux des
rameaux commençaient à paraître dans l'inflorescence de 7""", 5o citée
plus haut. Il y avait dans le deuxième rameau de gauche et dans le troi-
sième de droite (vus par la face antérieure) un court vaisseau, dont la base
libre était à la hauteur de l'aisselle de chaque rameau. Dans des inflores-
cences plus âgées, les premiers vaisseaux des divers organes des épillets
fertiles et des épillets stériles méritent aussi l'attention. On trouve que de
jeunes folioles, glumes ouglumelles, peuvent avoir un vaisseau ou même
un fascicule près du sommet, tandis qu'à la base il n'existe pas encore de
vaisseau. Dans des folioles plus âgées, ce fascicule plus fort s'allonge par en
bas, tandis qu'à la partie inférieure de l'organe apparaît un court vaisseau,
libre aussi par les deux bouts. Dans des organes un peu plus avancés les
deux fragments vasculairessont réunis, mais leur base commune peut en-
core être libre, ou bien elle est réunie à un faisceau du rameau. D'autre part,
l'axe de l'épiilet fertile constitue une sorte de sympode, dont chaque méri-
thalle est terminé par une fleur. Il n'est pas rare de trouver indépendant le
premier vaisseau de chaque mérithalle; il ne s'unit qu'un peu plus tard au
faisceau du mérithalle précédent. Enfin, les étamines de chaque fleur ont
( 284 )
des vaisseaux d'abord libres, comme ceux d'étamines que j'ai citées.
)) Dans le Poa annua, l'ellipse suivant laquelle sont distribués les faisceaux
du rachis sur la coupe transversale n'est point partagée en deux arcs oppo-
sés, comme dans les plantes du troisième type. Cependant j'ai obtenu quel-
quefois, dans la partie inférieure du rachis du Poa trivialis, six faisceaux
dont la disposition imitait, à un certain degré, celle des faisceaux des
Phleum, et mieux celle des six faisceaux de la partie inférieure du rachis
du Cynosurus crislalus, quoique la symétrie fût moins parfaite que dans ce
dernier. Mais le plus souvent, dans lePoaannua, on obtient, dans la région
inférieure, cinq faisceaux, à l'intérieur desquels apparaissent successive-
ment les vaisseaux, dans l'ordre que j'ai indiqué à la page 21 3.
» L'étude longitudinale de ces premiers vaisseaux est très instructive, à
cause de la facilité de l'observation. L'inflorescence a souvent cinq rameaux
de chaque côté, quelquefois six ou quatre seulement. Ce sont ceux de la
région moyenne qui les premiers acquièrent des vaisseaux (inflorescences de
3™", i5 ou environ), et les rameaux d'en haut en ont avant les inférieurs
(inflorescences de 3°"", 65 et de 4°"", 25).
» Le premier vaisseau de l'inflorescence entière, ai-je dit, naît dans le
faisceau dorsal du rachis; il en occupe la région moyenne. Les inflores-
cences qui le présentaient ainsi avaient de i""", 35 à i'"'",65 de hauteur.
» Ce vaisseau s'allonge par en haut et par en bas. Par en haut il atteint
l'épillet terminal, et sur lui s'insèrent plus tard les premiers vaisseaux des
rameaux supérieurs. Par en bas il descend dans la tige proprement dite, où
il se bifurque ou même se trifurque au voisinage des feuilles supérieures,
comme je le dirai plus loin. On voit quelquefois ce premier vaisseau com-
mençant sur deux points à la fois, par deux courts segments qui bientôt se
réunissent : l'un nait dans la région moyenne, l'autre au-dessous du rudi-
ment de l'épillet terminal.
» Le deuxième vaisseau du rachis, qui naît dans un faisceau de la face
antérieure, reçoit à son sommet ordinairement le vaisseau premier-né de
la base du troisième rameau de la série A, c'est-à-dire dont l'inférieur est le
plus bas placé de tous. Plus rarement c'est le premier vaisseau du qua-
trième rameau ou celui du deuxième qui s'ajuste à son extrémité; cela
varie avec le nombre des rameaux de l'inflorescence ('). On a donc alors
(') S'il y a cinq rameaux de chaque côté de l'inflorescence, c'est ordinairement le pre-
mier vaisseau du troisième rameau qui se superpose au deuxième vaisseau du rachis. S'il y
a six rameaux de chaque côté de celui-ci, ce peut être le premier vaisseau du quatrième
( a85 )
tin vaisseau continu du rachis dans ce rameau. D'autre part, sur lui vient
s'insérpr le premier vaisseau d'un ou de deux rameaux de la région moyenne
de l'autre série, c'est-à-dire de la série A'.
» Dans les rameaux inférieurs de cette inflorescence, qui les derniers
obtiennent des vaisseaux, les premiers de ceux-ci commencent toujours
librement à leur base, et constituent un bel exemple à citer sous ce rap-
port; ils s'allongent par en haut dans le rameau correspondant, et par
en bas ils descendent directement dans la tige-mère, où on les suit sou-
vent jusqu'au niveau de la deuxième ou de la troisième feuille en des-
cendant, ou bien ils vont s'insérer sur l'un des vaisseaux ou fascicules
dépendant d'iui rameau pins haut placé.
)) La branche inférieure d'un rameau d'en bas est souvent fixée près de
l'insertion même de ce rameau; alors son premier vaisseau peut aller s'in-
sérer sur un faisceau du rachis autre que celui qui descend du rameau
auquel il appartient. D'un autre côté, les rameaux secondaires ou tertiaires
insèrent le plus communément leur premier vaisseau sur celui du rameau
qui les porte. Je reviendrai plus loin sur ce sujet. Examinons d'abord la
conduite de ces vaisseaux ou fascicules vasculaires du rachis, à leur arri-
vée dans la partie supérieure de la tige, que termine l'inflorescence.
» Une coupe transversale du pédoncule ou mérithalle inférieur d'une
inflorescence encore jeune a présenté quelquefois quatre faisceaux vascu-
laires opposés deux à deux, avec quatre antres fascicules naissants, alternes
avec eux; mais plus souvent il y a cinq faisceaux principaux, nés succes-
sivement, comme je l'ai dit, et dans lesquels le groupe vasculaire est de
moins en moins développé, selon leur âge relatif.
» En suivant ces vaisseaux ou fascicules vasculaires par en bas, on les
voit s'épaissir et souvent se bifurquer au niveau de la première, de la
deuxième ou de la troisième feuille, en descendant, et s'unir d'une part à
un faisceau de cette feuille, et d'autre part à un autre faisceau de l'inflores-
cence ou à une de ses branches, et ensemble se prolonger en un faisceau
interposé à deux faisceaux du mérithalle sous-jacent. Quelquefois deux
branches d'un même faisceau de l'inflorescence sont ainsi étendues cha-
cune dans un intervalle de deux faisceaux de ce mérithalle.
» Là, à l'insertion de la deuxième ou de la troisième feuille, tous les
faisceaux se renflent considérablement par la multiplication de leurs élé-
rameau; s'il n'y a que quatre rameaux, ce peut être le premier vaisseau du deuxième, qui
s'appose à l'extréiiiité de ce deuxième vaisseau du rachis.
C. K., 1880, I" Semestre. (T. XC, N» 7.) 38
( 286 )
ments vasculaires, en sorte qu'il en résulte une fusion ou un lacis des fais-
ceaux de la feuille et de l'inflorescence. Le même épaississement et la même
fusion s'opèrent à l'insertion de la feuille placée au-dessus, et ensuite de la
dernière, s'il y en a encore une plus haut. Une telle union des faisceaux
s'accomplit, en général, à l'insertion de chaque feuille dans cette famille.
Le Gfyceria fluitans m'a aussi donné de beaux exemples du commencement
de ce renflement dû à la multiplication des éléments vasculaires, où l'on
voyait le renflement débuter par la juxtaposition de courtes séries de cel-
lules vasculaires s'ajoutant à l'entour d'un vaisseau de récente formation,
dont je parlerai plus tard.
» De même que le premier vaisseau du racliis primaire naît quelquefois
sur deux points à la fois, de même on trouve parfois, dans les rameaux
primaires, le premier vaisseau commençant simultanément aussi sur deux
points, près de l'insertion et plus haut, au-dessous de l'épillet le plus élevé.
Ces deux parties vasculaires se réunissent, et sur ce premier vaisseau s'in-
sèrent les premiers vaisseaux des ramules latéraux. Il y a donc sous chaque
épillet d'abord un vaisseau auquel s'en ajoutent bientôt d'autres; ce fas-
cicule, primitivement simple, se bifurque sous les glumes, et ses branches
sont dirigées vers la base de celles-ci. Déjà avant cette bifurcation, on peut
trouver un peu plus haut, sous la première fleur, un vaisseau du réceptacle,
indépendant des autres, et en même temps, ou parfois auparavant, un
vaisseau libre aussi dans le deuxième niérithalle de l'épillet. Ces vaisseaux,
ou le fascicule dont ils sont le début, s'insèrent sur la fourche sous-
glumaire, où se fait une assez grande multiplication de cellules vasculaires.
Un vaisseau, ordinairement libre d'abord, se fait ainsi successivement
danschaquearticle dusympodequi constituerépillet(inflorescencesde 7"""
et plus); cependant on trouve quelquefois que le vaisseau d'un mérithalle
donné est déjà inséré sur le vaisseau du mérithalle précédent, quand ce
dernier est encore libre par la base. Assez souvent aussi ces premiers vais-
seaux mérithalliens sont unis de bonne heure à ceux qui sont au-dessous,
en sorte que le dernier formé peut être le seul libre.
» Dans le Pon anniin, les vaisseaux des filets des étamines naissent libres
aussi par la base, indépendants les uns des autres et de ceux du faisceau
réceptaculaire; ils existent même avant qu'un vaisseau soit apparu dans
les glumes et dans les glumelles. En outre, il m'est arrivé de trouver que la
glume inférieure (la petite) ne présentait pas de vaisseau quand la glume
supérieure (la grande) en avait un commençant un peu au-dessous du
sommet delà nervure médiane. Et dans des glumes plus avancées il peut
(287 )
exister des vaisseaux au sommet et à la base de la nervure médiane, quand
il n'y en a pas encore dans la région moyenne.
» Des deux glumelles, c'est l'externe ou inférie-ure qui la première pos-
sède des vaisseaux; mais, ainsi que je viens de le dire, les étamines en ont
avant les glumelles, et, dans la fleur inférieure, elles en sont pourvues
avant les glumes. Je citerai d'autres exemples de ce fait. »
THÉORIE DES NOMBRES. — Sur les diviseurs des fonctions cjclotomiques;
par M. Sylvestek.
« Soit k un nombre quelconque; formons la série
cosX, ^> cosXj-^j •••? cosX,-^^-
),i, '/..,, . . ., X, étant les \f{k) nombres premiers à k et moindres que -•
Le produit de tous les facteurs jî~ 2CosX — est ce que l'on nomme une
fonction cjclotomique, et A" sera nommé son indice. En effet, la fonction
cyclotomique en x à l'indice k est ce que devient le facteur pri-
mitif de i^ — I quand ou le divise par i' et que l'on écrit t-^- - =jc. A
l'indice i ou 2 ne correspond aucune fonction cyclotomique, et pour les
indices 3, 4, 6, la fonction cyclotomique est linéaire, et conséquemment
ne peut posséder aucune propriété arithmétique.
» Je distingue les diviseurs de ces fonctions en deux classes. Les nombres
qui divisent la fonction sans diviser l'indice se nomment diviseurs extérieurs
ou extrinsèques, ceux qui divisent en même temps une fonction et son in-
dice se nomment diviseurs intérieurs ou intrinsèques.
» Voici les théorèmes que j'ai réussi à établir concernant ces diviseurs.
>• Quant à la première classe, je démontre :
» 1" Que tout nombre dont les facteurs premiers diminués ou augmentés
de l'unité sont divisibles par l'indice d'une fonction cyclotomi(jue est
diviseur de cette fonction. Je fais dépendre la démonstration de cette pro-
position du théorème suivant, qui est, pour ainsi dire, la clef de la théorie
entière :
» En posant
J(cos&)--^cos(p'&) — cos (//'■'&),
( 288 )
J(cos3'), retjardé comme fonction aUjcbrkjut de cosS, est divisible par p' pour
toute valeur réelle et entière attribuée à cosS.
» La proposition précédente est une conséquence immédiate de ce théo-
rème, quand on met zcos5 — ^ et qu'on substitue, pour la congruence
J(cos3-)^i;o [mod. p'],
la congruence équivalente
(iP'V-' _,) {iP'-p'-'-,)^o [mod.//];
de sorte que, a étant un nombre réel quelconque, il faut que l'un ou l'autre
des deux facteurs a'''"P'~* — i, a'''"*''''^' — x soit toujours divisible par p',
car, si les deux facteurs contenaient p^ on aurait a^'' — i divisible par/);
c'est-à-dire, puisque ap' = 2 4- ( 2 _ \[p — \), a' — i serait divisible par
p, et conséquemuient rt = rhi-f-X/>, auquel cas i/""* ^(±1) mod.p',
et les deux facteurs deviennent respectivement congrus à (± ,■)/"*/"-' — i,
c'est-à-dire tous les deux congrus à zéro par rapport à ce module, el par
conséquent tous les deux divisibles par /?' et congrus à zéro. Avec l'ex-
ception de ces valeurs de a, c'est toujours l'un des deux facteurs exclusi-
vement qui s'évanouit pour une valeur donnée de a.
» 2° Je démontre, à l'aide du même théorème de forme trigonomé-
trique, mais eu faisant / =; i, que si un diviseur extérieur d'une fonction
cjclotomique, disons /»s qu'une seule manière de mettre un indice /t,
donné sous la forme qui met en évidence un diviseur intérieur; mais, quand
A^^ 12, on peut écrire m = 1 ,y = 2,/;= 9., £= — i ou bien m ^ 'i/— i> ^=3,
£= — 1; c'est pourquoi (['«a possède les trois diviseurs intérieurs 2, '3, 6.
En démontrant que la condition donnée plus haut pour quep soit diviseur
intérieur est nécessaire et que la première puissance seulement de p est un
diviseur de la fonction, je me sers du même théorème trigonométrique
qu'auparavant et en même temps de la seconde proposition sur les
facteurs extérieurs. Pour démontrer que cette condition est suffisante, j'ai
recours à un théorème purement algébrique, savoir, que si k = k, (nzA, ± i/,
/TzA-, ± I étant un nombre premier p, le résultant des deux équations tj/A^ o,
(|(^=o est égal k p'' ' , en me servant en même temps d'un second petit
principe, qu'afin que deux congruences soient satisfaites simultanément par
rapport au même module, le résultant algébrique de ces congruences
transformées eu équations doit être congru à zéro par rapport au module.
» La fonction cyclotomique à l'indice 9, a;' — 3^ + i , m'a amené à faire
cette recherche; car j'avais grandement besoin de démontrer apodictique-
ment (ce que j'avais établi par des épreuves numériques sans fin) que les
diviseurs de cette fonction sont 3 et les nombres premiers de la forme
iSn±i exclusivement. C'est à l'aide de ce théorème que je démontre
qu'aucun nombre A de la forme
Pl^ P'f^ P'Ph îi?!; 9/"/' 9P'T^ 9P>P'2y 9Pi({h
où chaque p désigne un nombre premier de la forme i8« — 5 et chaque q
un nombre premier de la forme iSn-h 7, ne peut être décomposé en une
somme ou différence de deux cubes rationnels. En effet, je démontre
facilement que, si cette décomposition était possible, l'équation
x^ — 3xj-'- + j-^ = 3 Ar.'
serait résoluble en nombres entiers, ce qui est impossible, puisque^; ' — '5x-{- 1
ne contient aucun p ou q. La même équation, en mettant A — '5, devrait
avoir lieu aussi si 3 était décomposable en deux cubes rationnels; ainsi
on voit (comme on sait déjà) que cette décomposition est impossible,
puisque a;^— 3a; + i ne contient pas le diviseur intérieur 9. »
( 290 )
s. M. DON Pedro adresse, de Rio-Janeiro, une dépêche télégraphique
annonçant la découverte d'une grande comète, dont on poursuit les obser-
vations.
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
MÉGANIQUE. — Equations des petites oscillations d'un fd inextensible en
mouvement dans l'espace. Note de M. H. Léauté, présentée par M. Rol-
land.
(Commissaires : MM. Rolland, Phillips, Resal.)
« Les équations du mouvement d'une courbe funiculaire assujettie à
rester plane ont été établies par M. Resal (' ) ; je me propose de trouver ces
équations dans le cas, très important pour les applications, où la corde,
étant tout d'abord en mouvement permanent dans l'espace, est légère-
ment écartée de sa position de repos apparent.
« Soient
p, la masse de l'unité de longueur de corde;
X, /, z, p.T les coordonnées rectangulaires d'un point de cette corde et la
tension en ce point dans le mouvement permanent;
s Qlt les deux variables indépendantes représentant la longueur d'arc et le
temps ;
X, Y, Z les composantes de la force extérieure sur l'unité de masse au
point (a?, 7, z);
j:, , 7, , z, , T| , X, , Y , , Z, les variations de x, y, z, T, X, Y, Z lorsqu'on
écarte la corde de sa position de repos apparent.
i> D'après les équations générales du mouvement d'une corde, on a
dt- ds \ ds
(0
/c\ d.r dr, dy dy. dz dz,
^ '' d^ ds ds ds ,1s ds-
« Si l'on désigne par V la vitesse commune à tous les points de la corde
dans le mouvement permanent et si l'on pose
s -[-Yt:-. C-,
les équations précédentes deviennent
^-^^'^d-.\''lî^+^^T.)~''-^d^c'
^7^ \dt^-^>'d.\^'d.^^'d.)^^^7l7Ir
Z' + ;??(^^7/7+'i'<;7^ -
2V
'//' ■ de \ da ' dr; j dadt
(oj — -_-+_-_:^+— O.
oc c/o- (h drs ilrj de
« Les quantités jr,, 7,, s, peuvent être regardées comme les coordon-
nées d'un point du fil par rapport à des axes animés d'un mouvement de
( 292 )
translation et dont l'origine M parcourt la courbe de repos apparent avec
la vitesse constante V; remplaçons ces axes par d'autres dirigés à chaque
instant suivant la tangente M«, la binormale M/3 et la normale princi-
pale My à cette courbe de repos apparent. De plus, remarquons, pour
simplifier les calculs, que la direction des premiers axes est quelconque et
peut être changée sans que la forme des équations (7) et (8) soit modifiée;
nous pourrons donc imaginer, pour un moment, que les anciens axes sont
parallèles aux nouveaux à l'instant considéré et pour le point que l'on
envisage.
» Les équations (7) et (8) deviennent alors, en désignant par p et r les
rayons de première et de seconde courbure de la courbe de repos appa-
rent et par A,, B,, C, les accroissements des composantes de la force accé-
lératrice suivant Ma, M/3 et M 7,
d'à . 0) dT,
dû p di
, , , rf'S „ (/G , fd^ w
(9) {:iF'-^"itd-J + ^[I-7-
\ dt' lin \ drs r
-2V
dSj
-Tir
-aV
dta
— -4-
iti
T,
(10) = 0,
^ ' tir; a
avec les conditions
dtj r '
d-i a S
-j-A h- = CO.
drr p A
1) Telles sont les équations des petites oscillations d'iuie corde en mou-
vement dans l'espace. Pour passer au cas du mouvement plan, il suffit de
faire infini le rayon de seconde courbure r.
)) On obtient alors
:■')
Vf-
= A,
Û (la
d'?
dt-
= B,
d 1 d^\ ,r '''P
d'y
= c,
du ^ ' t/l p
d'j. 7
;^-?^°'
^7 a
de p
(293)
» Une remarque importante doit être faite ici. Si B, ne dépend que de (i
et si A, et C, en sont indépendants, la seconde des équations (i i) ne con-
tient pas l'accroissement de tension ï, et elle est la seule qui renferme la
variable |3. Or /3, qui est dirigé suivant la perpendiculaire au plan de la
courbe, représente ce que l'on peut appeler {'oscillation latérale. On voit
donc que, dans ce cas, ces oscillations n'influent en rien sur la tension, et
il est évident que la réciproque est vraie.
I) Ce tbéorèrae, qui est applicable aux transmissions télodynamiques,
puisque A,, B, et C, sont alors nuls, nous montre que, dans ces trans-
missions, les oscillations latérales du câble n'ont pas d'influence sur la
régularité du mouvement, et que, réciproquement, les changements de
tension produits par les inégalités de vitesse des poulies ne peuvent don-
ner lieu directement à des oscillations latérales. »
M. Tamin-Despalles prie l'Académie de renvoyer au concours des prix
de Médecine et Chirurgie ( fondation Montyon ) son Ouvrage intitulé
« Oxy thérapie et Azothérapie ».
(Renvoi à la future Commission.)
CORRESPONDANCE.
M. le Secrétaire perpétitel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance, 1' «Album de Statistique graphique (T* Partie) » publié
par M. Cheysson.
(Renvoi à la Commission des prix de Statistique.)
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les équations différentielles linéaires à coej-
ficients doublement périodiques. Note de M. E. Picard, |jrésentée par
M. Hermite.
« J'ai eu l'honneur de communiquer, il y a quelque temps déjà, à l'Aca-
démie une proposition relative aux équations linéaires du second ordre à
coefficients doublement périodiques. Une circonstance singulière pouvait
dans certains casse présenter, qui rendait le résultat moins net. Je me per-
mets de revenir aujourd'hui sur ce théorème pour le présenter sous une
forme plus complète.
C.K., 1880, I" Semettre, {,1. XC, Pi" 7.) Sq
( 294)
» Considérons l'équation différentielle
où p et q sont des fonctions doublement périodiques (aux périodes 2K et
2zR') et dont nous supposerons l'intégrale générale uniforme; on admet
d'ailleurs que l'équation n'a que des intégrales régulières.
)i Soity(j:) une intégrale quelconque de l'équation précédente; on aura
évidemment
y(a- + 4R) =Ajix) +B/(x+2R),
f{x -+- 4/K') = A'y(x j 4- B7(x + 2/K'),
les A et les B étant des constantes. On pourra donc trouver au moins une
constante [x telle que l'expression
Ç{JC) —j[x + 2i'v) + [l.j{x),
se reproduise à un facteur constant près par le changement de j:: en x + 2K.
On aura évidemment
(^{x + 4?K') —K:'j{x) -+- B'ç/(x+ 2iK'). '
» Par suite, on pourra trouver au moins une constante [î. telle que l'ex-
pression
<^[x) — 9(._r + 2/K') + \>!^{x)
se reproduise à un facteur constant prés par le changement de x en x + i iK';
^{x) est donc une fonction doublement périodique de seconde espèce; elle
est d'ailleurs une intégrale de l'équation, et nous arrivons alors à cette con-
clusion, qvie l'équation (1) admet nécessairement comme intégrale une fonc-
tion doublement périodique de seconde espèce.
» 4'('^) étant une intégrale de l'équation précédente, une seconde inté-
grale sera
)) Etudions la forme de cette fonction. L'intégrale générale de (i) étant
supposée uniforme, e"^'^'"" sera une fonction doublement périodique de se-
conde espèce, et, par suite, la fonction
F(x) = --^Te'-'"'"'-'-'
( 29^ )
sera une fonction de même nature. Or on a, sauf dans un cas particulier,
que je laisse de côté pour le moment,
F(jr-) = -[A/(.r-n) -h . . . -h A^D''f{x - a)],
. ,, , H(.T -4- fi,\ ■.
en posant/(j:) = -^^^-—e^'.
» Ici tous les premiers coefficients A seront nuls, puisque l'intégrale
/F (x)^j? est supposée uniforme; celle-ci, etpar conséquent /, seront dès
lors des fonctions doublement périodiques de seconde espèce, et, par suite,
l'intégrale générale de l'équation (i)est la somme de deux fonctions de cette
nature.
» Si les multiplicateurs p. et p,' de F(^) peuvent être mis sous la forme
F{x) subit dans son développement un changement de forme analytique,
et, comme l'a indiqué récemment M. Mittag-Leffler (Comptes renc^u5, séance
du 26 janvier 1880), on doit poser
F(^) = rt„e'"+ I[Af{x - a) + A,D/(.r -«)+... + A^D''/(.r - a)],
oùf{x)^= - — ^e'^; on a d'ailleurs
I(A + A.X-h ... + AaX»)c-'« = o.
« Ici tous les premiers coefficients A doivent être nuls pour la même rai-
son que précédemment, et, en supposant d'abord 1 différent de zéro, on a
h{x)dx = y e'-'- -t- 2 [A,/(a: - «) 4- . . . -f- A„D»-'/(.r - a)].
» Maisbn a alors
2(A, -f- ...-l-Aa).'^-')p-^°=o,
er,par suite,/F(a;)da;, du moins pour une valeur convenable delà constante
d'intégration, est encore une fonction de seconde espèce et la conclusion
précédente subsiste. Le seul cas d'exception est celui où X = o, c'est-à-dire
quand F (a;) est une fonction de première espèce ; on a alors A&ws J¥[x)dx
un terme en x^ car
/'
F(a.)rfa. = «,^+y [a.!^^! + ••• + A,D«-'
H'(x — «1
^ |_ ' H ;x — « ) "^ H ^ X — « )
» Les considérations précédentes montrent donc bien nettement, et dans
tous les cas possibles, la forme des intégrales de l'équation ( i ). »
( 296)
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les séries liypergéomélriqiies de deux variables,
et sur des équations différentielles linéaires aux dérivées partielles. Note de
M. AppELL, présentée par M. Bouquet.
« I.Soitiun entier positif; je désigne le produit X (). -|- i) . . . (X -i- A- — i)
par (X, k) et je conviens que (X, o) = i . Je considère les quatre séries
[ F, (a, i3, ^', y, ., y) ^ V (^^ '-' ;^ ^)(MO(P'.^) ,„^.,,
{■)
la sommation s'étendant aux valeurs entières de m et 7i de o à l'infini. Les
quatre fonctions ainsi définies satisfont respectivement aux équations dif-
férentielles suivantes, dans lesquelles les lettres p,q,r,s, t. désignent les
dérivées partielles r-, r-» — » r ■, — •
(.r~j:=)rH-_7-(i-a-)j+[7-(« + p-f-i)jr]/j -pj^-ajS r. = o,
(r-j2)^+.ï^(i-j)^+[V-:« + /3'+i);-]7-/3'x/j-ap'z==o;
(jf — j:=)r — irj5-+-[7— f a + p + i)x']/) - /Sj^ — a/3 z = o,
(r -/■)<- ^r^ + [y- (« -I- /3'+ 1 )r Jv - /s'j^^/j - «/s'z =. <> ;
(a; — X- J7-4- ji- -t- [7 — (a + /3 H- i)a;] p — a /3 z = o,
(x — x^)r— /-i — 2xr^-f-[7 — (« + |5-)-i)^r]/j
-(a + /3 + i)jr9r-a,Sc = o,
[T—J^)^ — J^-/' — 2x;)'.y-+-[7' — (a4-/3 + i)j](7
( — (a4-/3 + i)x/j — apz = o.
)> II. Considérons, d'une manière générale, des équations simultanées de
la forme
(2) r = a^s - O' 7' > O' a + '"^ — 7 — 7' > "•
Multiplions les deux membres de l'équation (5) par dxdj% et prenons l'in-
tégrale double étendue à l'aire du triangle formé par les droites ayant pour
équations x = o, j^=o, x+y— ï = o. Les intégrales du premier
membre sont nulles et, par suite, on a
r [".r^'-' ji'-i ( , _ .r — rf+'^--<-'<'zz^ dxdj = o,
à condition que
(6) X(c?-« + X)>o.
On voit que cette condition (6) exprime que les polynômes z et z, sont de
degrés différents, en remarquant que, si l'équation (3) est vérifiée par un
polynôme de degré k^ on a [ai + k)[â -\- A) = o.
n On peut exprimer à l'aide de la fonction F, les polynômes que
M. Hermite a indiqués comme généralisation des polynômes de Legendre
et des polynômes cos(« arccosjc) (voir Comptes rendus, t. LX) et qui ont
été étudiés par Didon (t. V, VI, VII des annales de l'Ecole Normale). Il est
à remarquer aussi que l'équation bien connue à laquelle satisfait la fonc-
tion Y„ se ramène à la forme (3) ,par la substitution sin^cosy = yGt-,
siiiO sin(p = V^"-
» J'aurai prochainement l'honneur de présenter à l'Académie im Mé-
moire sur les théories précédentes, dont je n'ai Tait qu'indiquer les points
principaux et que l'on peut généraliser en augmentant le nombre des va-
riables ou l'ordre des équations différentielles. »
( ^99 )
ANALYSE MATHÉMATIQUK. — Sur les équations différentielles linéaires à coeffi-
cients doublement périodiques. Note de M. Mittag-Leffler, présentée par
M. Herraite.
K Dans deux Notes qui ont été communiquées à l'Académie ('), M. Picard
a donné ce théorème remarquable :
» Si
est une équation différentielle linéaire à coefficients doublement périodiques
telle qu'il existe toujours une intégrale uniforme, alors l'équation admet en
général pour intégrale la somme de n fonctions doublement périodiques de
seconde espèce.
» Il paraît pourtant que la méthode par laquelle M. Picard a obtenu
cette forme de l'intégrale dans le cas général ne suffit pas pour donner la
forme plus particulière dont l'intégrale est susceptible dans des cas spéciaux.
» Je me propose dans cette Note de compléter le théorème de M. Picard
de la manière suivante. Je montre que l'équation différentielle linéaire à
coefficients doublement périodiques
a toujours une intégrale j-= ^(oc) telle que
tj/(a;-+ 2K) = fJM^(a7), 6{x+ 2iK') = V'^{cc).
Cette proposition étant établie, et en supposant que l'intégrale j. -mJ;(j;)
est connue et que les coefficients de l'équation différentielle proposée
sont tels que les intégrales soient toujours des fonctions uniformes avec le
seul point singulier essentiel x=-i on peut toujours et sans exception,
par les méthodes connues, obtenir les 7i — i intégrales qui, réunies à ^{x),
forment un système fondamental.
» Soif/(a;) une intégrale quelconque. Alors/(j; H- 2K), /(a; H- 4^-)? •••
sont aussi des intégrales, et l'on a, par conséquent,
f{jc -h 2mK) = k J {x) -^ .i.J{x -+- 2K) + . . .-h A^f[x -h 2{ni -- i)lv],
(') Comptes rendus, séances des 2i juillet 187901 19 janvier 1880.
( 3oo )
où l'on peut toujours supposer A, différent de zéro et in^n. Je fais,
d'après M. Picard,
o[x)—f[x -h 2{in — i)R] + iJ.,f[a.- + 2{ni — 2)K] + . . .-i- fj.,,,., , f{x),
et je choisis les constantes p.,, u.j, ..., |jl,„_, de telle manière, que les
équations
. , A„,_, -4-0., A., + fx,„_, A,
A,„ + M-, = —■■■— — — = fx
soient satisfaites, ce qui est toujours possible. On a donc
9(0; H- 2K.) = iJ.o{x).
Mais la fonction f{x) est une intégrale de l'équation différentielle proposée
aussi bien que f{x), et l'on a, par conséquent,
y (a; -f- 2m' iK') = A\ (f{x) -f- A'2 f{x-+- 2iK') + . . . + A'„ 9 [a; + 2 (m'— i)/K'J,
où, cotuiue plus haut, A'^o et in'^n. En écrivant
sera égal à celui des valeurs positives de n si le r^ste h'
est inférieur à ^ni el le surpassera d'une unité dans le cas contraire.
» J'avais rencontré un tliéorème plus général en exposant sous diffé-
rentes formes la démonstration si remarquable de la loi de réciprocité,
publiée par M. Liouville en 18/(7, et j'ai ensuite démontré, d'une manière
directe, cet énoncé particulier.
D Or le lemme de Gauss a été généralisé comme il suit par M. Scliering :
« Soient A ef P deux nombres entiers et P premier à 2 A ; si l'on divise par P
les produits
lA, 2A, 3A, ..., -^A,
en prenant les restes les plus petits en valeur absolue, el qu'on appelle p. le
nombre des restes négatifs, on aura
(!)=(-)'.
suivant la notation de Legendre généralisée par Jacobi.
n Au moyen de ce nouveau lemme, nous allons démontrer la loi de
réciprocité étendue à deux nombres impairs, même composés, qui soient
premiers entre eux.
» Retenons, en effet , les dénominations de notre énoncé, et, de plus, soient
/ le nombre total des valeurs positives de u, g le nombre total des valeurs
positives de v, en supposant que h aussi prenne successivement toutes les
valeurs i, 2, ...,p. Divisons les multiples nh par m et les multiples mk
par n, prenons les restes les plus petits en valeur absolue, et nommons n,
le nombre des restes négatifs pour les multiples nh, et m, le nombre des
restes négatifs pour les multiples mk. On aura, d'après notre théorème,
et de même, en posant u'=ink — nh, et nommant^' le nombre des valeurs
positives de m', on aura
et par suite
2g -/-/'='«. + ". •
Mais les valeurs positives de u' sont les négatives de u, en sorte que/+/'
G. R., 1880, 1" Semestre. (T. XC, N» 7.) ^^
( 302 )
est le nombre total des valeurs de u, savoir pq. On a donc
/H,4-?/, = 2g-/;<7, d'où (_,)'V",= (-i)P7,
et, comme le lerame de M. Schering donne
on trouve la loi dont il s'agit :
» M. Kummer, en iSSg, et M. Kronecker, en 1875, ont remarqué que
la loi de réciprocité pour les résidus quadratiques avait été découverte par
Euler. Les premières tentatives poiu- la démontrer sont dues àLegendre;
mais la première démonstration rigoureuse et complète a été donnée par
Gauss qui, après avoir trouvé le théorème par une simple induction, en
1795, a employé une année tout entière à chercher sa démonstration.
Des démonstrations plus simples ont été trouvées depuis par Gauss et par
d'autres, mais on ne saurait assurer qu'il pouvait être facile de découvrir
ces démonstrations, car elles s'appuient sur le lemme de Gauss dont nous
avons fait mention, et ce lemme a été démontré par Gauss dans l'hiver
1806-1807, comme nous l'apprend sa Lettre à Sophie Germain, publiée
par M. le prince Boncompagni; d'ailleurs, on ne sait si les autres auteurs
auraient pu par eux-mêmes parvenir à ce lemme ou s'en dispenser. Dans
une Lettre à Olbers, de septembre i8o5, Gauss s'entretient d'une autre
proposition qu'il connaissait depuis quatre années sur une simple induc-
tion, mais dont la démonstration l'a tourmenté pendant un si long espace
de temps, que pas une semaine ne s'écoulait sans qu'il s'en occupât.
Après quatre années d'efforts, il parvint à une démonstration, et toutefois
cette proposition découle d'une manière fort simple de formules connues
sur les séries trigonométriques, comme je l'ai montré dans mon Mémoire
ci-dessus rappelé. Ainsi, rien n'est plus certain qu'un fait plusieurs fois
affirmé par Euler et par Gauss, savoir que, surtout dans la théorie des
nombres, l'induction amène la découverte de vérités dont la démonstra-
tion est très difficile et pour longtemps élude tous les efforts, et que les
méthodes les plus simples sont ordinairement les dernières à se présenter.
Euler a même publié sur ce sujet un Mémoire étendu dont le titre est :
Spécimen de iisu observationum in Mathesi pwa. »
( 3o3 )
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur rimpossibililc (le la relation algébrique
X" + Y" + Z" = o; par M, A. Korkine. (Extrait d'une Lettre adressée à
M. Hermite.)
« Dans le numéro du 29 décembre 1879 (\e?, Comptes rendus, M. R.
Liouville a donné une démonstration de l'impossibilité de satisfaire à
l'équation
(i) X"H-Y"4-Z" = o
par des polynômes X, Y, Z, que je modifie en la présentant comme il
suit.
» Lorsqu'il est possible de satisfaire à l'équation (i), au moyen de trois
fonctions entières de t dont aucune ne se réduit à zéro, on peut toujours
supposer que ces fonctions, prises deux à deux, n'ont pas de facteurs com-
muns. Soit Z celui des trois polynômes dont le degré m n'est pas inférieur
à ceux des deux autres. On voit alors facilement que le degré de l'un au
moins des polynômes X et Y est aussi égal à m.
» Soit Y ce polynôme de degré m, X sera de degré m — ),, >. étant un
entier positif ou nul.
» En différentiant, par rapport à ^, l'équation
' Y \ « / Z '
on obtient
Y"-' (XY' - YX') = Z"-' (ZX' - XZ')."
» Il résulte de cette équation, Y et Z n'ayant pas de facteurs communs,
que les expressions
XY— YX' ZX'— XZ'
sont égales à une fonction entière ou au moins à une constante différente
de zéro.
» Or, comme les degrés des numérateurs ne surpassent pas 2 wz — X — i ,
ceux des dénominateurs étant m{n — i), W suit que la différence
2 m — ). — I — in{n — i)
est nulle ou positive, c'est-à-dire qu'on a
77î(3 — n)^ ). -I- I,
et par conséquent n < 3.
7
( 3o4 )
» Il se trouve ainsi démontré que le cas connu de résolubilité, celui
où n = 2, est unique, si l'on fait abstraction du cas de « = i , où la solu-
tion est évidente. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur i approximation des fondions circulaires au
moyen de fonctions algébriques. Note de M. Laguerre, présentée par
M. Hermite.
« 1 . Les équations dont toutes les racines sont réelles constituent à bien
des égard?, dans l'ensemble des équations algébriques, une classe particu-
lièrement importante, et les problèmes qui s'y rattachent sont souvent
susceptibles de solutions simples auxquelles échappent les cas pUis gé-
néraux.
» Je rappellerai, par exemple, comment le théorème de Fourier suffit,
dans ce cas, pour déterminer le nombre des racines comprises entre deux
nombres donnés. Des faits analogues se présentent dans la recherche de
la valeur approchée dfs racines, el je mentionnerai notamment la propo-
sition suivante :
)) En désignant par J [x) = o une équation dont toutes les racines sont réelles
et par a une quantité arbitraire, les deux valeurs de x déterminées par /'e-
quation
sont respectivement comprises entre a el les deux racines de l'équation proposée
qui avoisinent a.
» La quantité qui figure ici sous le radical est, à un facteur numérique
près, le hessien du polynôme /(a") et a, comme on lésait, une valeur
toujours positive.
1) De là résulte, pour les racines des équations qui jouissent de la pro-
priété indiquée, une méthode d'approximation spéciale qui permet, avec
toute sûreté et sans discussion préalable, d'approcher indéfiniment de la
racine immédiatement supérieure ou immédiatement inférieure à un
nombre donné. L'approximation est notamment plus grande que celle
fournie par la méthode de Newton, surtout quand les racines sont res-
serrées dans un intervalle assez étroit.
» 2. Parmi les équations qui ont toutes leurs racines réelles, il convient
même de distinguer celles dont le premier membre est un polynôme satis-
( 3o5 )
faisant à une équation linéaire du second ordre, et, pour le montrer par un
exemple, je considérerai ceux qui ont été étudiés par M. Hermile dans sa
^ oie Sur un nouveau développemenl en série des fonctions [Comptes rendus,
î3 février i864)-
» Soient a et |3 deux racines consécutives de l'équation U„= o; elles
comprennent une racine X de l'équation U„+., = o, et le polynôme U„^,
satisfait à l'équation
» De la proposition que j'ai énoncée plus haut on déduit aisément, si
l'on remarque que U„ est égal à un facteur près à Ll'„+,,
On a d'ailleurs, en vertu de l'équation (i),
il en résulte
et par suite
«+'<>. et p-4.>X,
» On peut ainsi, sans former l'équation aux carrés des différences et en
s'appuyant seulement sur l'équalion différentielle à laquelle satisfait U,,^.,,
trouver une limite supérieure de la différence entre deux racines consécu-
tives de l'équation U„ = o.
» 3. Comme deuxième application, je considérerai l'équation
J{x) = i -cosa - fr{i -3?)+ \^ ^-j-^{i-x)-— ...,
dont la plus grande racine est cos -• Cette quantité étant voisine de l'unité,
je partirai de la valeur initiale -+- i; on trouve aisément
d'où la valeur approchée suivante :
(2) cos^=i
n'{n'— i)
„ + („_,)^„,_,Mf_t_0
n
" ' " "^ ' ' ( I — cos a )
( 3o6 )
» Cette formule donne une solntion d'un problème intéressant de Géo-
métrie élémentaire : Partager approximativement, avec la règle et le compas,
un arc donné en n parties égales.
» On voit, en effet, que le second membre ne renferme qu'un radical
carré et d'autre quantité transcendante que cos«.
» Je ferai, en particulier, a = ^ dans la relation précédente; on en
déduit
TT
COS T^ = I
in
,„ + („_,)4/^^i(5^^^
et j'observe que celte formule approximative, établie pour des valeurs en-
tières de n, peut être évidemment encore employée (sauf vérification) pour
des valeurs quelconques de n supérieures à l'unité; en y faisant, par
exemple, ii = f, on obtient pour cos5o*'= sin4o'' la valeur rationnelle y^,
ou, en décimales, 0,642867 La véritable valeur étant 0,642788...,
l'erreur commise est plus petite que 0,00007.
» Le calcTil précédent détermine approximativement le côté de l'ennéa-
gone régulier étoile; on voit qu'il est sensiblement égal aux f du rayon.
Eti prenant cette valeur dans un cercle ayant un rayon de i", l'erreur
commise sur la longueur du côté est plus petite que y de millimètre.
» 4. Je ferai encore, dans la formule (2), a = -j d'où
COS — z=zl —
2«
V^i^
et, en posant x =^ -■>
(3) COS— = 1
X + {\
— )\/-
» Cette formule n'est justifiée que pour a; = -et «étant un entier au moins
égal à 2; mais, si l'on remarque qu'elle donne des résultats exacts pour
a? = I et 0;=: 3, on en conclut qu'elle doit donner une assez grande ap-
proximation pour toutes les valeurs de x comprises entre o et + i.
» Pour donner une idée de l'approximation qu'elle comporte, je transcris
ci-après une Table donnant, pour un certain nombre de valeurs de l'angle
( 3o7 )
— 5 la valeur des cosinus calculés au moyen de la formule (3) el leur véri-
table valeur; quand ces quantités sont exprimées eu décimales, les quatre
premières décimales sont exactes.
Valeur du cosinus Valeui' oiaclo
calculée du
Angles. parla formule (3). cosinus.
O. ,
45.
I
9 ••••
0,9877
0,9877
i8....
0,9512
o,g5i I
4....
0,9137
0,9135
3o....
0,8663.
0,8660
4o....
0,7661
0, 7660
I
I
s/i
Valeur du cosinus Valeur exacte
calculée du
Angles. par la formule (3). cosinus.
5o....
0,6438
0,6428
54....
0,5878
0,5878
60 ... .
t_
t
70....
0,3422
0,3420
75....
0,2591
0,2588
80....
0,1789
0, 1786
85....
0,0874
0,0872
90
0
0
PHYSIQUE. — Sur (le nouvelles franges d'inletférence. Note de M, Gouv,
présentée par M. Desains.
« Les phénomènes d'interférence que l'on étudie d'ordinaire sont pro-
duits par le concours de deux ondes lumineuses. Mais cette condition
n'est pas nécessaire, et la théorie indique la possibilité de produire des
franges d'interférence au moyen d'une seule onde, pourvu que la forme
de cette onde soit telle que, d'un point extérieur, on puisse lui mener
deux ou plusieurs normales distinctes. On en connaît déjà un exemple :
ce sont les arcs surnuméraires qui accompagnent parfois l'arc-en-ciel, et
dont la théorie a été donnée par M. Airy (*). C'est aussi à cette classe
qu'appartiennent les franges que je vais décrire.
» L'expérience est ainsi disposée : un collimateur et une lunette sont
placés dans le prolongement l'un de l'autre; leur axe commun est horizon-
tal. Entre l'objectif du collimateur et celui de la lunette, on place une
auge de verre à faces planes, parallèles et verticales. L'auge est d'abord à
demi pleine d'eau; au moyen d'un entonnoir capillaire, on amène à sa
partie inférieure une solution saline, et on laisse la diffusion s'opérer pen-
dant quelques minutes.
» Supposons maintenant la lunette ajustée pour l'infini, la fente du
' ) Transactions ofthe Society nf Cambridge,
( 3o8 )
collimateur placée horizontalement, et éclairée avec de la lumière homo-
gène. Nous verrons dans le champ de la lunette un rectangle lumineux,
formé de belles franges horizontales, alternativement brillantes et obscures.
La frange inférieure est la plus large et la plus brillante; elle se raccorde
avec le fond obscur qui est au-dessous d'elle par une dégradation insen-
sible. A partir de cette frange et en remontant, on trouve une série de
franges dont l'intervalle diminue suivant une loi régulière. Avec une fente
étroite et un bon éclairage, le rectangle lumineux se résout ainsi tout
entier en franges très fines, mais parfaitement nettes; on peut en distin-
guer plusieurs centaines. Ce rectangle est limité, à sa partie supérieure,
par l'image de la fente, qui peut d'ailleurs disparaître si la diffusion est un
peu avancée (').
» En arrêtant une partie de l'onde incidente an moyen d'un écran dont
le bord horizontal se trouve à une hauteur convenable, on fait disparaître
les franges, qui sont remplacées par un éclairement continu.
M On peut se rendre compte de la manière suivante de l'ensemble du
phénomène. Grâce à la diffusion, l'auge est pleine d'un liquide dont
l'indice n, constant sur un même plan horizontal, varie continûment avec
la hauteur /z; de plus, la dérivée -tj passe par un maximum, en valeur ab-
solue, pour une certaine hauteur. L'onde plane sortie du collimateur n'est
plus plane après avoir traversé l'auge, mais forme une nappe cylindrique à
génératrices horizontales, dont la directrice présente un point d'inflexion
vers la hauteur où -yj devient maximum; par suite, les normales à l'onde
parallèles à une direction donnée ont leurs pieds sur deux droites horizon-
tales situées, l'une au-dessous, l'autre au-dessus du point d'inflexion. L'ac-
tion de l'onde sur un point très éloigné, dans la direction donnée, se
réduit, d'après un théorème connu, aux actions de deux bandes étroites
comprenant les horizontales que l'on vient de définir. Chacune de ces
bandes envoie un mouvement lumineux au point considéré, et, comme
elles sont inégalement distantes de ce point, ces deux mouvements y
arriveront dans des temps inégaux, et pourront interférer.
(') On peut observer ces franges dans des conditions différentes, en inclinant la fente du
collimateur; elles sont parallèles à la fente et conservent leurs caractères généraux. Ces
franges obliques sont d'une nettelé parfaite, mais exigent une mise au point rigoureuse,
tandis que, avec la fente horizontale, les franges sont toujours aussi distinctes quel que soit
le tirage de la lunette. Lorsqu'on allonge beaucoup celle-ci, on voit apparaître, au haut du
champ, un second système de franges analogue au premier, mais disposé en sens inverse.
( 3o9)
» J'ajouterai que ces franges peuvent recevoir une application utile :
par suite des progrès de la diffusion, elles se déplacent assez rapidement,
et offrent ainsi, pour l'étude de la diffusion elle-même, une méthode
très sensible, que je me propose de soumettre à quelques essais. »
CHIMIE GÉNÉRALE. — Sur la demité de quelques gaz à une haute température.
Noie de M. J.-M. Crafts, présentée par M. Friedel.
« Dans une Note présentée dans la séance du 26 janvier, j'ai décrit une
modification du procédé de M. V. Meyer pour la détermination de la den-
sité des vapeurs, qui m'a permis d'opérer avec des gaz permanents, ce qui
n'est pas possible avec la méthode originale. Avant de faire des expériences
avec le chlore, j'avais essayé d'observer les densités relatives d'autres gaz,
afin de contrôler le procédé. Je demande à l'Académie la permission de
lui communiquer ces résultats, qui font voir dans quelles limites la méthode
est applicable.
» Un avantage précieux de l'admirable méthode de M. Meyer consiste
dans la facilité avec laquelle on peut reconnaître quand l'expérience se
passe d'une manière irrégulière. En observant le dégagement du gaz qui
se rend dans l'éprouvette graduée, on apprend vite à estimer si la substance
dont on cherche la densité de vapeur n'a pas été chauffée suffisamment,
ou bien si elle a subi une décomposition par suite d'une trop grande éléva-
tion de température. Ce dernier cas se présente d'une manière frappante
avec l'ammoniaque, quand on la chauffe fortement. Si l'on transvase 10'''= de
ce gaz dans un cylindre rempli d'azote pur et chauffé à i3oo°, au premier
moment lo'^'', 3 d'azote sont déplacés, mais le volume du gaz qui sort du
cylindre augmente rapidement pour devenir égal à 11", 5, après sept ou
huit minutes. Si l'on renverse l'expérience et qu'on déplace l'ammoniaque
par l'azote, il reste assez du premier gaz dans le cylindre chauffé pour
donner lieu au même phénomène de décomposition avec augmentation de
volume. Du reste, en faisant passer un courant rapide d'ammoniaque à
travers le cylindre en porcelaine fortement chauffé, on observe la décom-
position bien connue de ce gaz en azote et hydrogène.
» On voit que dans ce cas on obtient d'abord une densité presque nor-
male, avant que les résultats soient faussés par la décomposition, qui
demande un certain temps pour s'accomplir; ainsi on peut quelquefois
C. R., 1880, 1" Semestre. (T. XC, N» 7.) 4'
( 3.0 )
saisir un chiffre, qui représente probablement la vraie densité, avant qu'une
réaction secondaire ait eu lieu.
» En opérant avec des gaz qui ne donnent lieu à aucune réaction ano-
male, on est frappé de la rapidité avec laquelle le volume total que l'on
veut mesurer devient fixe; par exemple, en déplaçant l'air à i35o° par l'air
froid, on peut opérer le transvasement et faire la lecture dans une minute,
et, après ce court délai, le volume que l'on veut mesurer reste constant.
Il y a sans doute un échange partiel de chaleur entre le gaz qui entre
et celui qui sort, mais les changements de température qui se font par
contact avec les parois du vase et surtout pendant le passage à travers les
tubes capillaires doivent contribuer plus puissamment encore à amener le
gaz à une température stationnaire; en effet, il suffit que 2 3^"' de verre
perdent un degré de chaleur pour élever de iSoo" la température de lo*^*^
d'un gaz quelconque.
» J'ai essayé d'appliquer cette méthode à déterminer la tension de disso-
ciation d'un gaz qui se forme avec condensation de ses éléments consti-
tuants; mais la plus haute température du fourneau Perrotne permet pas
d'apprécier ce phénomène dans le cas que j'ai choisi, l'acide carbonique.
Dans une série d'expériences, 10"^" de ce gaz ont déplacé 10'='^, o3, 10'^'=, 01,
10'^'^, 10'^'^, o3, 9™,95et 10'^'^, 09 d'azote. Quand le cylindre en porcelaine
est rempli d'acide carbonique, 10™ d'azote déplacent 9<"',95, 9^,91, 9", 98
et 9"", 93.
» 11 est évident que ce qu'on détermine dans ces expériences n'est autre
chose que le coefficient relatif de dilatation des deux gaz sur lesquels on
opère à une température fixe et connue a|)proximativement, et les résul-
tats avec l'acide carbonique conespondent avec le coefticient 0,003675
entre zéro et 1350°, au lieu de 0,00371 qu'on trouve entre zéro et 100°.
(On prend le coefficient de l'azote à 0,00367.)
» L'hydrogène, qui se distiuj^ue tellement des autrt^s <^az par ses pro-
jjriétés physiques, a été comj)aré avec l'azote vers i35o°, et les résultats
semblent indiquer un coefticient de dilatation, plus fort pour ce dernier;
mais ils sont compliqués par le phénomène de diffusion de l'hydrogène à
travers les parois fortement chauffées du cylindre eu porcelaine, de sorte
qu'on ne peut pas obtenir des données précises.
» Cette question de l'imperméabilité de la porcelaine a attiré, dès le
début, mon attention, et j'ai essayé à plusieurs reprises les vases qui ser-
vaient aux expériences, et toujours avec le même résultat; la porcelaine
( 3,, )
de Rayeiix fortement chauffée s'est trouvée poreuse pour l'hydrogène et aussi
pour les vapeursd'eau, mais non pas pour les autres gaz. Je me hâte de dire
que je n'ai eu à ma disposition que six cylindres (fabrication de M. Gosse),
et que tons ont eu leur émail fortement attaqué parles chauffages à flamme
nue avec le gaz d'éclairage. Ces conditions sont pen semblables à celles
réalisées dans les recherches classiques de M. Sainte-Claire Deville, qui
chauffait ses ballons dans un moufle avec un combustible qui ne produisait
pas d'eau par sa combustion.
» La quantité d'eau qui pénètre dans les cylindres est très petite,
o^^ooI à oS'',oo2 par heure, et l'on peut facilement remplir les vases d'un
gaz sec au moment de commencer ime expérience, ce qui permet de faire
disparaître cette cause d'erreur.
» La densité de l'acide chlorhydrique présente un intérêt particulier, en
raison d'une des hypothèses (')que MM. INIeyer ont proposées comme
explication possible de la densité qu'ils attribuent au chlore.
» Le chlore serait composé d'un élément qui n'a pas été isolé, le mu-
rium, combiné avec l'oxygène. A une température au-dessus de 1200°,
2 (M-0') deviendrait 2 ( M- 0)+ O'. L'acide chlorhydrique pourrait avoir une
densité anomale, si l'on admet cette hypothèse et que l'on suppose l'hy-
drogène combiné avec le murium ou avec l'oxygène devenu libre à la
température où la dissociation a lieu. On a trouvé dans les expériences
suivantes une densité normale pour l'acide chlorhydrique à la plus haute
température du fourneau.
» 10" de ce gaz déplacent 10", o3; 9'^'',93; 9™, 98; 9''%97 d'azote; 10"'
d'azote déplacent 9'^'^,73; 9'''',6i; 9^,68; 9", 63; 9'"', 73 d'acide chlorhy-
drique. En employant l'air au lieu d'azote, on obtient o™, 2 ou o™,3 de
(') Dans une séance de la Société chimique de Zurich du 21 juillet 1879, M. V. Mever
a parié de ses vues théoriques, mais il s'est gardé de les poser comme définitives, et il ne les
a publiées qu'en partie dans le Bulletin de la .Sncicté chimique de Berlin. M.AVatson Smith a
jugé à propos (le les communiquer à un journal anglais {C/(c;»/r,'7/iVe(i',f, I. XXXIX, p. 49).
On trouve dans ce compte rendu le développement de l'hypothèse sur le muriiim et le récit
d'un fait, que M. Meyer apporte en confirmation de ses vues. Il a obtenu de l'oxygène en
chauffant fortement le chlore et il croit que ce résultat peut être dû à une dissociation du
chlore. Quoiqu'il atlniette que ses vases sont imperméables et qu'ils ne sont pas attaqués
par le chlore, il n'a pas trouvé les autres produits de la dissociation. .le ne voudrais pas
intervenir dans l'étude de cette question difficile, et je me borne à signaler le passage des
vapeurs d'eau à tiavers les parois du cylindre en porcelaine comme source possible d'oxy-
gène, suivant la réaction partielle H^O -f- CP = ?.HC1 + O.
( 3l2 )
moins, probablement parce que l'oxygène réagit sur l'acide chlorhydrique.
» Les gaz dans ces expériences ont été mesurés sur le mercure sec, mais
on a observé une diminution de volume qui peut s'élever à i"'' ou 2'^'^ dans
une heure. Cette perte n'influe ])as notablement sur les résultats, mais elle
rend hasardeuses des conclusions tirées des petites différences de densité
qu'on a observées. »
THERMOCHlMiE. — Action de l'eau sur le fluorure de silicium et sur le fluorure
de bore; dissolution du cyanogène dans l'eau. Note de M. H. Hamiherl,
présentée par M. Berthelot.
(i I. Fluorure de silicium. — J'ai déterminé la chaleur dégagée par la
réaction du fluorure de silicium sur l'eau, réaction par laquelle le fluorure
de silicium est décomposé en silice et en acide hydrofluosilicique dissous.
» La méthode employée est celle de M. Berthelot {Essai de Mécanique
chimique fondée sur la Thermochimie, t. I, p. 234) 5 j'^i f^it passer le gaz
dans un cylindre de verre mince, placé dans le calorimètre et rempli aux
trois quarts d'eau distillée.
a La chaleur dégagée par la réaction d'un équivalent (SiF'' = 104^'') sur
un excès d'eau a été trouvée :
Cal
I + 21 ,76
II -i- 22,61
III -^ 22,48
IV ... . -r 22 ,49
Moyenne 22 , 34
» L'eau a absorbé dans ces expériences onze ou douze fois son volume
de fluorure de silicium.
» IL Flnoru7'e de bore. — La décomposition par l'eau du fluorure de
bore en acide borique et en acide hydrofluoborique m'a fourni, dans
quatre expériences, les nombres suivants (pour l'^'BF^ =^ 688') :
Cal
I -+- 24,52
II -1- 24 , 26
III -f- 24,81
IV + 24>47
Moyenne 24 ,5 1
( 3.3)
» I.e volume du gaz absorbé était, pour i'^'' d'eau, dans deux expériences
65" et dans les autres 33*^'".
» Çyanogcne. — Pour mesurer la chaleur dégagée par la dissolution de
cyanogène dans l'eau, j'ai fait arriver le gaz dans une fiole de verre mince
contenant environ Soo'"' à 6oo" d'eau; c'est la méthode de M. Berthelot
[Essai de Mécanique chimique fondée sur la Tlievmochimie, t. I, p. 219). Le
cyanogène était évalué parla pesée de la fiole. J'ai trouvé pour la chaleur de
dissolution (rapportée à C^Az = 26^') de ce gaz dans l'eau les nombres
Cal
I -h 3,62
n +3,26
m + 3,32
Moyenne 3, 4
011 4-6,8 pour le volume moléculaire 22''', 3.
» Ces nombres, quoique assez concordants, sont sujets à quelque réserve,
à cause de la faible quantité de gaz dissous (i^'' en moyenne) et de la len-
teur relative de la dissolution.
» Observons cependant que leur ordre de grandeur est comparable à
celui de la chaleur de dissolution des gaz qui ne forment pas avec l'eau de
composé stables, tels que le brome (4- 8, 3) et le chlore ( + 3,o), entre
lesquels le cyanogène est compris; l'acide sulfhydrique ( + 4,7), l'acide
carbonique (-1-5,6), l'acide cyanhydrique ( -f- 6, i), etc., ces gaz étant
tous rapportés à un même volume moléculaire.
» Tous ces nombres sont analogues aux chaleurs de liquéfaction, sans
cependant leur être identiques, mais ils sont fort surpassés par les chaleurs
de dissolution des gaz qui forment avec l'eau des combinaisons chi-
miques stables : c'est ce que confirment mes expériences sur les fluorures
de bore et de silicium ( ' ) »
MINÉRALOGIE. — Reproduction de l'amphigène. NotedeM. P. Hautefeujlle,
présentée par M. Daubrée.
« On sait que la méthode imaginée par MM. Fouqué et Michel Lévy
pour la préparation des feldspalhs permet d'obtenir l'amphigène; celle que
j'ai donnée pour effectuer les reproductions de l'orlhose, de l'albite et de
(') Ce travail a été fait au laboratoire de M, Berthelot, au Collège de France.
( 3i4 )
l'oligoclase se prête également à la cristallisation de ce silico-aluminate
naturel. Le vanadate de potasse, qui peut, ainsi que je l'ai déjà indiqué,
remplacer les tungstates et les phosphates alcalins dans la préparation des
feldspaths, fournit en effet des cristaux qui ont la forme et la composition
de l'amphigène toutes les fois que le mélange de silice et d'alumine traité
par le vanadate contient une forte proportion d'alumine.
» L'élude cristallographique de la forme de ce silicate a été faite sur des
cristaux obîenus en maintenant au rouge, dans un creuset de platine, de
l'aluminate et du vanadate de potasse avec des fragments cohérents de
silice fortement calcinée. Les réactions qui déterminent la cristallisation
commencent dès que les fragments de silice sont attaqués. Les premiers
cristaux formés sont très petits; ils grossissent en emp'ninlant leurs élé-
ments à la silice, cédée lentement par les fragments, et à l'aluminate, fou-
jours en excès dans le sel fondu. L'action du vanadate peut être prolongée
avec avantage, même après la disparition de la silice, car les petits cristaux
finissent par disparaître à leur tour. Dans les meilleures conditions de tem-
pérature, c'est-à-dire entre Soo'' et 900", les cristaux atteignent, après
vingt-cinq jours de chauffe, des dimensions linéaires qui les rendent par-
faitement déterminables. Accolés les uns aux autres, ils forment des druses
très ramifiées, qui tapissent les parois du creuset. Quelques cristaux sont
aussi régulièrement développés que les cristaux naturels. Cependant, on
rencontre plus souvent que dans les leucitophyres des cristaux allongés
suivant l'un des axes de symétrie quaternaire du pseudo-icositétraèdre a^.
Ces cristaux mesurables portent des traces indélébiles de leur mode de for-
mation, car on aperçoit des inclusions de vanadate de potasse dans un
grand nombre des plus parfaits et des plus limpides. Ils sont hyalins ou
légèrement opalins, quelquefois blonds. Les faces réfléchissent bien la
lumière, malgré les stries fines qu'on y découvre presque toujours par un
examen à la loupe. Quelques faces présentent des stries comparables à
celles qu'on observe sur les cristaux maclés des feldspaths tricliniques.
» Les angles dièdres des huit angles trièdres de ces cristaux à vingt-
quatre faces ne diffèrent pas les uns des autres de plus de 20' : la moyenne
des mesures goniométriques s'écarte très peu de i[\Q>°i'j', angle mesuré sur
l'arête F de l'icositétraèdre a-. Les angles dièdres des angles solides à quatre
faces ne sont pas aussi constants, car on a trouvé les valeurs extrêmes sui-
vantes : i3i°27' et 137°. La mesure des angles dièdres des cristaux d'am-
phigène obtenus par dissolution apparente montre donc que les seuls angles
solides qu'on puisse regarder comme fixes et constants sur un cristal donné
(3.5 )
sont les angles trièdres. Quant aux différences constatées entre les trois
angles dièdres d'un de ces angles solides, elles sont de l'ordre des erreurs
d'observation; elles peuvent servir, cependant, à établir que ces polyèdres
à vin£;t-quatre faces sont entièrement comparables à ceux observés par
vom Rat!) sur les cristaux provenant de la Somma. L'examen optique con-
firme cette déduction et permet de comparer la structure des cristaux ob-
tenus par le vanadate avec celle des cristaux d'amphigène de Frascati dé-
crits par M. Mallard.
» Les cristaux taillés en lames à faces parallèles se colorent lorsqu'on
les examine entre les niçois croisés : le mode de préparation des cristaux
ne permettant pas de supposer qu'ils renferment des lames minces d'un
minéral biaxe, l'amphigéue artificiel est biréfringent et, par suite, les cris-
taux n'appartiennent pas au système cubique. Leur forme primitive est très
voisine du cube et l'ellipsoïde d'élasticité optique diffère [jeu de la sphère,
car les lames d'amphigène artificiel prennent dans la lumière polarisée pa-
rallèle la teinte bleu pâle propre aux substances dont les indices sont
presque égaux.
» Les coupes minces pratiquées dans les cristaux permettent, en outre,
d'étudier leur structure. L'examen, dans la lumière polarisée parallèle,
montre que l'extinction ne se produit pas toujours simultanément pour
tous les points de la section d'un cristal, et que les plages amenées dans
l'azimut d'extinction présentent des lignes ou des bandes claires, tandis que
les plages orientées différemment montrent des bandes obscures. Quelque-
fois le nombre de ces bandes est si considérable que la plage elle-même
est formée par des bandes très étroites, alternativement claires et foncées.
Les bandes de deux plages contiguès sont souvent rectangulaires entre
elles.
» Les extinctions se font quelquefois symétriquement par rapport au plan
de jonction des bandes. C'est ce que l'on constate ordinairement sur les
sections qui présentent des lamelles hémitropes dans deux directions rec-
tangulaires, car alors l'extinction se produit suivant la bissectrice des deux
séries de bandes. Ces observations suffisent pour montrer que la structure
des cristaux d'am|)higéne artificiel est aussi compliquée que celle des cris-
taux de Frascati et qu'ils se composent comme ceux-ci de plusieurs sys-
tèmes de macles répétées.
» Les ci'istaux destinés à l'analyse de ce silicate ont été préparés avec
un mélange très intime de silice et d'alumine pulvérulentes Ils étaient
très petits, mais très nets, exempts d'inclusions étrangères et, par consé-
(3i6 )
qiient, très propres à faire connaître la composition de ce silico-aluminale
de potasse. Les rapports entre les proportions d'oxygène de la potasse, de
l'alumine et de la silice sont très voisins de i ; 3 : 8. Par la composition,
comme par la forme, ces cristaux appartiennent donc bien à l'espèce am-
phigène.
» L'acide qui attaque le mieux les cristaux est l'acide sulfurique, autre
trait commun avec ceux de l'espèce naturelle.
» La densité de l'ampliigène artificiel est 2,47 à iS", celle de l'amphi-
gène est 2,48, d'après M. Damour.
» L'ampliigène a donc été reproduit avec toutes ses propriétés essen-
tielles et même avec des particularités qu'on pouvait regarder comme ac-
cidentelles et dues aux circonstances de sa formation dans les laves. »
MINÉRALOGIE. — Sur la inaiiile du Brésil; par M. Gorceix.
(Extraitd'une Lettre à M. Delesse.)
« On trouve en grande quantité dans la province de Minas Geraes une
série de cristaux dérivés du cube et affectant toutes les formes de la pyrite de
fer: cube, pyritoèdre, octaèdre et combinaisons de ces modifications. Les
octaèdres dominent.
)) Ces cristaux sont formés de limonite, d'oligiste, de fer oxydulé magné-
tique, soit purs, soit mélangés en toutes proportions. Leur poussière est
jaune, brune, rouge de sang, rouge foncé, gris rougeâtre, très rarement
gris d'acier.
M Les uns sont brillants, les autres ternes, A la première catégorie appar-
tiennent la plupart des cristaux octaédriques, dont un très grand nombre,
bien que leur poussière ait la couleur rouge caractéristique de l'oligiste,
sont plus ou moins magnétiques.
» Les cristaux en question sont spécialement disséminés dans les roches
schisto-talqueuses; on les rencontre aussi très fréquemment à l'état d'oc-
taèdres brillants, près de certains filons de quartz blanc aurifère qui tra-
versent les itabiriles, ainsi que dans les roches grenues qui leur sont
associées.
» On les trouve aussi en quantité considérable dans les roches schisto-
talqueuses du plateau de Boa-Vista, près Ouro-Preto, où sont situés les
gisements de topazes et d'euclases. Là encore on constate que dans les
roches talqueuses lustrées, cristallines, ce sont surtout les cristaux octaé-
( 3i7 )
driques brillants qui dominent, tandis que dans les couches plus argileuses,
où souvent le talc est mélangé à des grains de quartz, ils sont ternes et con-
servent, sans que le moindre doute soit possible, les caractères montrant
qu'ils proviennent de l'altération de la pyrite de fer.
» Dans certains cas on trouve même, au milieu des talcs compactes, des
cristaux octaédriques, sans traces de fer, et tormés de la même matière que
la roche dans laquelle ils sont disséminés; dans d'autres cas, le talc est mé-
langé à l'oxyde de fer en quantité plus ou moins grande.
» Les cristaux brillants, à poussière rouge, sont connus sous le nom de
inartUe;qaan\. aux cristaux ternes, en général cubiques ou pyritoédriques,
on a abandonné complètement l'idée d'en faire luie espèce nouvelle, tout
en la conservant pour les premiers.
» Je crois que les uns et les autres ne sont que des pyrites altérées, dans
lesquelles la désulfuration a été produite par l'action de l'eau, soit à l'état
de vapeur, soit à l'état liquide.
» La transformation des pyrites en liraonite, en conservant leur forme
primitive, est un fait qui se passe sous nos yeux.
}) Ils affectent les diverses formes de la pyrite; leurs surfaces sont ternes,
rugueuses; à l'intérieur, ils sont souvent remplis de cavités irrégulières.
Leur structure n'est pas homogène. Ils sont formés soit de limonite, soit
d'oligiste.
» J'ai même retrouvé au milieu de l'un d'eux des cristaux octaédriques
de soufre, comme témoins irrécusables de son origine. Cet échantillon était
un cube de plusieurs centimètres de côté, dont le centre était occupé par
une géode tapissée de cristaux de soufre. Il était formé de limonite
mélangée de quartz, circonstance fréquente parmi les cristaux pseudomor-
phiques de pyrite et qui me porte à attribuer leur altération à des actions
geysériennes.
» A côté de ces cristaux, dont le pseudomorphisme n'est pas douteux, il
en reste d'autres moins ternes, plus compactes, à poussière rouge, quel-
quefois en partie attirables à l'aimant. Leur aspect les rapproche tellement
des premiers, au milieu desquels on les rencontre souvent, qu'il est naturel
de leur attribuer la même origine.
M II en est de même pour les cristaux brillants de martite, auxquels ils
servent de passage, et qui sont composés d'oligiste ou d'oligiste mélangé
d'oxyde magnétique.
» Lorsque le cristal de pyrite a disparu tout entier, le vide qu'il laissait
a pu être rempli par la matière de la roche, et celte dernière, modifiée par
les agents métamorphiques, a donné lieu à la formation de talc.
C. R., iSSo, I" Semestre. (T. XC, K° 7.) 4^
(3,8)
)) Dans les roches de la province de Minas, l'apparition de l'or me pa-
raît subordonnée à celle des pyrites de diverse nature cpii constituent sa
gangue dans toute la série des roches micacées et talqueuses. Dans les ita-
birites, il n'y a plus traces de pyrites, qui sont remplacées par de l'oligiste.
Les phénomènes métamorphiques auxquels sont dus ces énormes, dépôts
de fer oligisle ont vraisemblablement fait disparaître les pyrites et réduit
l'or à l'état métallique. Un cristal que je possède justifie cette manière de
voir : il est oclaédrique, formé dans une moitié par de l'oligiste pur,
1res brillant, dans l'autre par un mélange d'or et d'oligiste.
» En résumé, par la simple hypothèse d'une altération des pyrites, il est
possible d'expliquer les faits de pseudomorphisme et de remplissage qu'on
observe au milieu de certaines roches métamorphiques de la province de
Minas et en même temps la disparition des pyrites de fer dans les itabirites
aurifères, si intimement liées aux roches talqueuses, où l'or a pour gan-
gues les pyrites ordinaires ou arsenicales. »
PHYSIOLOGIE COMPAHÉK. — Recherches expérimenlales sur la phosphorescence
du Lampyre. Note de M. Jousset deBellessie.
« L'électricité, le fluide nerveux, l'insolation et les forces vitales ont été
invoqués tour à tour comme causes de la phosphorescence. Finalement,
on s'est arrêté à l'existence d'une matière phosphorescente émise par les
animaux lumineux, ce qui paraît plus vraisemblable. J'ai cru devoir étudier
de nouveau ce phénomène chez le Lampyre, parce que les recherches faites
par Matteucci, le principal expérimentateur qui se soit occupé de la ques-
tion, n'ont pas été conduites avec une méthode irréprochable. En effet, ni
cet auteur ni les autres n'ont tenu compte dans leurs expériences de la
volonté de l'animal et n'ont cherché à éliminer cette cause d'incertitude,
de sorte que, lorsqu'ils plaçaient un Lampyre dans l'acide carbonique, par
exemple, ils ne pouvaient apprécier exactement si la phosphorescence ces-
sait parce que le milieu ne lui permettait pas de se produire ou parce que
l'animal se refusait volontairement à briller. Il fallait tout d'abord se rendre
maître dn phénomène et, pour cela, empêcher l'animal de luire à sa volonté
et le forcer à devenir lumineux au gré de l'expérimentateur. Dans ce but,
j'enlève les ganglions céphaliques, ce qui abolit toute phosphorescence
spontanée, puis je remplace l'excitation volontaire par le passage d'un
courant électrique modéré dans le tronc ou dans l'organe lumineux. Cette
excitation détermine, à coup sûr, une phosphorescence éclatante.
( 3.9 )
» Armé de ce procédé, j'ai constaté, comme l'avait vu Malteucci, que
la présence de l'oxvgéne est en eltet absolument nécessaire pour que
l'appareil lumineux puisse entrer en fonction. L'insecte préparé comme je
viens de le dire, plongé dans l'acide carbonique ou les gaz inertes, azote,
hydrogène, et excité éleclriquemenl dans ces gaz mêmes, ne devient jamais
lumineux.
» On peut donc regarder connue certain que les grosses cellules à proto-
plasma granuleux constituant le parenchyme de l'appareil phosphorescent
produisent une substance qui devient lumineuse au contact de l'air amené
par les nombreuses trachées qui sillonnent cet appareil.
» Il faudrait, pour savoir quelle est cette matière, pouvoir l'isoler et en
faire l'analyse. On l'a déjà tenté. La ressemblance de cette lueur avec celle
du phosphore a engagé plusieurs chimistes à rechercher cette substance
dans l'appareil lumineux; mais leurs recherches ont été vaines, de sorte
que les naturalistes se sont trouvés en présence de deux assertions contra-
dictoires. Le présentMémoire démontre que cette contradiction n'est qu'ap-
parenle et qu'elle tient à une mauvaise interprétation d'un fait vulgaire.
Quand on écrase un Lampyre, on voit très habituellement sur le sol persister
des traces lumineuses; on en a conclu qu'il en était de sou appareil comme
des allumettes et que ces traces n'étaient autres qu'une matière phospho-
rescente amassée dans l'appareil pour les besoins ultérieurs de l'insecte. L'ex-
périence ainsi faite est très défectueuse; reprenons-la avec plus de méthode.
Si l'on se borne à dilacérer avec des aiguilles un Lampyre phosphorescent,
les fragments restent lumineux pendant plusieurs heures au moins. Si au
contraire on écrase rapidement un de ces insectes dans un mortier, de ma-
nière à détruire les cellules mêmes, la phosphorescence disparaît immédia-
tement; la pulpe recueillie, exposée au contact de l'oxygène pur, soumise
à l'influence de l'excitation électrique, reste absolument sombre. Donc un
écrasement partiel permet à la phosphorescence de se produire encore, un
écrasement complet l'abolit. Dans l'hypothèse d'une réserve de matière
phosphorescente, l'écrasement poussé très loin serait évidemment favorable
à la production de la lumière en étalant cette matière sur une large surface
au contact de l'air : c'est le contraire qui a lieu ; la phosphorescence ne per-
siste que si l'appareil est seulement divisé en fragments. Cela tient à ce que
des groupes de cellules restées intactes continuent à vivre et à fonctionner.
La dilacération et le contact anomal de l'air les exciient, et leur proto-
plasma, réagissant sous ces influences, produit la matière phosphorescente
aux dépens des matériaux qu'il contient. Si l'on tue ces cellules en lesécra-
( 320 )
sanl, la vie u'intervient plus pour mettre ces matériaux en œuvre el leur
donner la forme chimique sous laquelle peut se montrer la phosphores-
cence.
» Nous sommes donc ici en présence d'un phénomène d'ordre chimique,
mais qui ne se produit chez le Lampyre que dans des conditions biolo-
giques. Nous pouvons d'ailleurs le démon Irer d'une autre manière. Outre
l'écrasement, certains agents toxiques ont aussi le pouvoir de détruire les
cellules. Si nous soumettons un Lampyre à l'action de l'hydrogène sulfuré,
il est tué immédiatement. Pienons-le de suite, excitons-le électriquement :
nous n'obtenons pas de lumière. Les cellules sont intactes dans leur forme,
mais détruites pbysiologiquement ; elles ne fonctionnent plus. Dès lors
nous pouvons dilacérer l'organe, faire agir l'oxygène, l'électricité, sans
provoquer la phosphorescence. Il est certain cependant que ce protoplasma
contient tous les matériaux chimiquement nécessaires à la production de
la substance phosphorescente; mais celte substance n'est pas toute faite.
Elle ne se produit qu'au fur et à mesure de la consommation, sous l'in-
fluence de la volonté et par l'intermédiaire du système nerveux, qui excite
les cellules et les fait entrer en fonction. La phosphorescence est donc un
phénomène du même ordre que le mouvement musculaire, le dégagement
d'électricité dans l'appareil de la Torpille, lesquels sont sans aucun doute
le résultat de combinaisons chimiques s' effectuant dans la matière proto-
plasmatique.
» Il est très probable que cette substance phosphorescente est un pro-
duit gazeux, car la structure de la glande, bien étudiée parOvvsjanikof, ne
nous donne pas l'idée d'un organe à sécrétion liquide. Or les produits chi-
miques phosphorescents à la température ordinaire ne sont pas nombreux ;
celui auquel on est conduit à penser est l'hydrogène phosphore. C'est
aux chimistes à élucider ce point; mais ils doivent, à cause des particu-
larités que je viens de signaler, non pas chercher à en constater la pré-
sence directement, mais bien voir s'il y a dans le protoplasma cellulaire
de l'appareil les matériaux nécessaires à la production de ce gaz.
» Ce qui me fait pencher en faveur de cette hypothèse, c'est l'extrême
similitude qu'on remarque entre la phosphorescence des matières en
décomposition, laquelle est due à un dégagement d'hydrogène phosphore,
et celle des animaux lumineux. Elles présentent les mêmes caractères phy-
siques, la même affinité pour l'oxygène, et ne diffèrent qu'en ce point que
les phosphorescences cadavériques sont continues comme la décomposi-
tion des matières qui les produisent, tandis que la phosphorescence des
( 321 )
animaux est intermittente. Cela tient à ce que la décomposition cellulaire
qui met en liberté le produit lumineux ne s'exécute, chez les animaux
élevés en organisation, que par l'excitation du système nerveux, et, chez
les animaux inférieurs (Noctiluques), qu'au moyen des excitants ex-
térieurs.
» Mes recherches sur le Lampyre et les expériences que j'ai faites sur
les Noctiluques me portent à considérer la phosphorescence comme une
propriété générale du protoplasma, consistant en un dégagement d'hydro-
gène phosphore. Cette manière de l'envisager nous fait comprendre aisé-
ment comment beaucoup d'animaux inférieurs, dépourvus de système
nerveux, sont phosphorescents. De plus, elle nous offre l'avantage de relier
les phénomènes de phosphorescence qui s'observent siir les êtres vivants à
ceux qu'on remarque dans les matières organiques en voie de désagré-
gation. C'est un exemple de plus d'un phénomène d'ordre biologique
réduit très nettement à une cause exclusivement chimique. »
PHYSIOLOGIE. — Recherches sur l'action phpiologique de l'acide salic/lique
sur la respiralion. Note de M. Ch. Livon, présentée par M. Robin.
« L'action physiologique de l'acide salicylique sur la respiration est
compliquée, et, en l'étudiant attentivement, on ne s'étonne plus que les
uns aient signalé du ralentissement des mouvements respiratoires, les
autres, au contraire, de l'accélération.
» Les expériences que je poursuis démontrent que cette divergence
provient des doses administrées et des diverses périodes de l'observation.
» En effet, en administrante dose élevée du salicylate de soude en injec-
tion intra-veineuse (8^% par exemple, pour un chien de lô^s), le premier
effet, quelquefois immédiat, avant même la fin de l'injection, qui demande
toujours plusieurs minutes, est un ralentissement du rythme respiratoire ;
puis survient une accélération qui peut porter le nombre des inspirations
à cent cinquante à la minute. Cette augmentation est ensuite suivie d'un
ralentissement qui précède la mort, survenant par arrêt de la respiration.
» Le ralentissement seul se manifeste si les doses sont faibles. C'est ainsi
qu'un cobaye ayant quatre-vingts inspirations à la minute n'en présentait
plus que soixante-quatre quelque temps après l'administration de o^^^oa
de salicylate de soude en injection sous-cutanée.
» L'action ne se fait pas moins sentir sur l'acide carbonique exhalé.
( 322 )
)) Voici la moyenne des résiillats que j'ai obtenus sur divers animaux
dont j'ai dosé les produits de la respiration.
» Les chiffres suivants représentent l'acide carbonique exhalé, calculé
pour une heure de durée et i''^ de chaque espèce animale :
et
Acide carbonifjue produit normalement par nu cobaye o,6o3
Acide carbonique produit sous l'influence de o^'', 02 à o^^oS de salicylate de
soude 0,338
Acide carbonique sous l'influence de o^'', 25 ' 5'37
Acide carbonique snus l'influence de o'^'', 5o ' )3!7
Acide carbonique produit normalement par une tourterelle i , 1 1 1
Acide carbonique produit sous l'influence de o"", o5 de salicylate i ,923
Acide carbonique produit normalement par une grenouille t^'j^Q^
Acide carbonique produit sous l'influence de o^'', o5 de salicylate 0,225
» L'explication la plus vraisemblable de ces faits me paraît être la sui-
vante :
» D'abord diminution des réflexes respiratoires, l'acide salicylique
ayant la propriété de diminuer les propriétés réflexes de la substance grise
bulbo-médullaire.
» Puis, sous l'influence des doses élevées, la substance, s'accumulant dans
le liquidecéphalo-rachidien,produituneexcitation des racines despneumo-
gastriques, d'où l'accélération. Mais l'excitation, allant toujours en aug-
mentant, ne larde pas à amener le ralentissement et bientôt l'arrêt de la
respiration. »
PHYSIQUE DU GLOBK. — La température des lacs ijelés.
Note de M. F.-A. Fokel.
« jNI. J.-Y. Buchanan a publié, en 1879 [Nature, t. XIX, p. l^2\), d'inté-
ressants sondages thermométriques exécutés sous la glace des lacs écossais ;
ces sondages ont sensiblement modifié les idées admises sur la limite de la
propagation verticale du froid dans l'eau douce. Au lieu de trouver, comme
il s'y attendait, au fond du lac une couche d'eau à 4° C., température du
maximum de densité de l'eau, M. Buchanan a vu, dans le loch Lomond,
la température de l'eau s'élever graduellement de 0° à la surface jusqu'à
2°, 4 à 20™ de profondeiM-, mais ne pas s'élever plus haut. En faut-il con-
clure à l'inexactitude de la théorie classique de la congélation des lacs?
( 323 )
Suivant cette tliéorie, l'eau, après s'être refroidie dans toute sa masse jus-
qu'à 4° sous l'action des courants de convection thermique, se refroidit
ensuite seulement à la surface, en se stratifiant en couches d'autant plus
froides qu'elles sont plus superficielles, conformément à l'ordre de leurs
densités. Les observations suivantes montrent que les profondeurs atteintes
par M. Buchanan n'étaient pas suffisantes pour lui faire voir la limite du
refroidissement superficiel, refroidissement qui descend beaucoup plus bas
qu'on ne l'a jamais supposé.
» J'ai répété ces recherches dans des lacs suisses plus profonds que les
lochs écossais; mes sondages, exécutés avec un thermomètre Negretti et
Zambra, ont été faits dans le lac de Morat le 23 décembre 1879 et le i" fé-
vrier 1880, et dans le lac de Ziirich, le 25 janvier 1880.
)> I. Lac (le Morat (superficie 27'''", 4 ; lirofondeur maxinia 45™). — Le lac a été pris par
la glace le 18 décembre. Épaisseur de la glace : 23 décembre, o'",i i ; 1"' février, o'", 3G.
Profondeur.
o.
5.
10.
i5.
20.
25.
3o.
35.
40.
Moyenne.
3.3 ilccembrc.
I" r.'vrier.
Diflerence.
o\zG
0
0,35
0
— 0,01
1 ,60
1.90
-+-o,3o
2,00
2,00
0,00
2,23
2,45
+0,22
2,46
2,5o
+0,04
2, Go
2,5o
— 0, lO
2,66
2,40
— 0,2(j
2,75
2 , 55
— 0,20
2,70
2,70
2,l5
0,00
2, l5
II. 2,(7(w/tf Z«Wc/( (superficie, 87""", 8; profondeur maxima, i4i"'). — Le lac a été pris
par la glace pendant deux jours à la fin de décembre, puis de nouveau et définitivement le
21 janvier. Épaisseur de la glace le sS janvier, 0'", 10.
Profondeur. Température. Profondeur. Température,
m o m ti
0 0,2 70 3,7
10 2,6 80 3,8
20 2,9 90 3,8
3o 3,2 100 3,9
40 3,5 iio 3,9
5o 3,6 120 4»"
60 3,7 i33 4)"
» De ces chiffres je tire les conclusions suivantes :
» i" L'ancienne théorie de la congélation des lacs, qui admet un refroi-
( 324 )
dissement progressif de toute la masse jusqu'à 4°»o, puis un refroidissement
des couches superficielles se stratifiant de o° à 4° suivant leur ordre de den-
sité, cette ancienne théorie est exacte.
» 2° La pénétration du froid dans les couches supérieures peut descendre
jusqu'à iio" de profondeur (Zurich).
» 3° C'est par suite de son peu de profondeur que le loch Lomond n'a
pas montré à M. Buchanan la température de 4°,o dans ses couches pro-
fondes.
» 4° Cette pénétration du froid dans les couches supérieures a lieu très
graduellement et progressivement. La courbe que l'on peut tirer de mes
chiffres du lac de Zurich ne présente ni sauts ni saccades; elle est tout à
fait analogue aux courbes du réchauffement superficiel d'un lac en été.
Cela suffit, me semble-t-il, pour écarter la supposition que le refroidisse-
ment, qui pénètre aussi profondément, ait lieu ou bien par voie de convec-
tion thermique ou bien par mélange mécanique sous l'action des vagues
et des courants, à l'exception peul-êire de la couche supérieure de 5" à lo"
d'épaisseur.
M Faut-il attribuer cette pénétration du froid à des phénomènes de con-
ductibilité ou à des phénomènes de radiation, soitde l'eau elle-même, soit
du sol à travers l'eau ? Les expériences ne me donnent pas d'éléments pour
répondre à cette question.
» 5° Si je compare les deux séries de sondages taites dans le lac de Morat
à quarante jours d'intervalle, je vois que la température moyenne est restée
exactement la même; la couche de glace a donc arrêté absolument le re-
froidissement de l'eau, et toute l'action du froid extérieur a été dépensée
dans l'accroissement d'épaisseur de la glace.
» 6" L'eau du lac de Morat a subi, dans ces quarante jours sous la glace,
une égalisation de la température ; les couches supérieures plus froides se
sont un peu réchauffées, les couches profondes plus chaudes se sont re-
froidies. Mais nous sommes encore bien loin de trouver, le i" février, ime
uniformité complète de la température dans toute la profondeur du lac. »
GÉOLOGIE. — Les deltas torrentiels. Extrait d'une Lettre de M. Desor
à M. Daubrée.
a Kice, le i4 février i83o.
» La plupart des géologues qui ont examiné les terrains récents du lit-
toral <:|e la Corniche s'accordent à les considérer, avec M. de Rosemont,
( 325 )
comme d'anciens deltas. Je n'ai pas eu de peine à me ranger à cette opinion,
qui comprend dans la catégorie des anciens deltas non seulement les
dépôts quaternaires, mais aussi ces puissants amas de conglomérats qui
se trouvent à l'embouchure des principales rivières de l'ancienne Ligurie
(le Var, la Roja, la Nervia, l'Arosia) et que j'ai décrits sous le nom de
concjlomérat ligure.
» Ces conglomérats, dont le caractère pliocène est aujourd'hui incon-
testable, attesté qu'il est par des coquilles marines caractéristiques, sont
dès lors des deltas remontant à l'époque tertiaire.
» Une particularité cependant les distingue des deltas classiques, tels
que ceux du Nil, du Pô et du Rhône : c'est que leurs couches, au lieu d'être
horizontales, sont inclinées sous un angle de 12° à 20° dans les collines du
Var. Jusqu'ici cette disposition n'avait, que je sache, été observée dans
aucun des deltas formés par les fleuves qui débouchent directement dans
la mer; elle n'était connue que dans les bassins intérieurs, à l'embouchure
des torrents qui se déversent dans les lacs. L'exemple le plus frappant que
l'on puisse citer, c'est un delta formé par un torrent du canton d'Unter-
wald, qui se jette dans le lac de Lungern. Le niveau de ce lac ayant été
abaissé artificiellement, en vue d'en assainir les bords, le delta formé par
le torrent s'est trouvé à sec, de façon qu'on a pu en étudier en détail la
composition. On s'est ainsi assuré qu'il se composait de bancs de gravier
inclinés de 35°, alternant avec des bancs de gros galets présentant la
même inclinaison et la même épaisseur de haut en bas, tandis que les
parties vaseuses s'étaient déposées au large en couches plus ou moins hori-
zontales.
» Ces résultats ont été corroborés de tous points par les recherches de
M. CoUadon sur l'ancien delta de l'Arve, au plateau des Tranchées, qui
aujourd'hui fait partie de la ville même de Genève. Ici, les couches sont
régulièrement inclinées sous un angle qui va jusqu'à l\S°. Enfin, M. Faisan
a reconnu une disposition tout à fait semblable dans plusieurs gravières
des bords de la Saône, spécialement dans celle de Grammont en Beau-
jolais.
» On ne saurait douter, d'après ces exemples, que ce ne soit le propre
des torrents, lorsqu'ils rencontrent un lac sur leur chemin, d'y déposer
leurs alluvionsen couches inclinées, toutes les fois qu'il s'agit de matéi'iaux
plus ou moins grossiers, tandis que les limons et sables fins vont se dé-
poser au large en couches horizontales. S'il en est ainsi des bassins inté-
rieurs, il n'y a pas de raison pour que le même phénomène ne se repro-
C. R., 1S80, I" Semestre. (T. XC, N» 7.) 43
( 326 )
duise lorsque des torrents débouchent dans ta mer. Or, les rivières des
Alpes maritimes sont à tous égards des torrents. Quelques-uns, tel que le
Var, comptent parmi les plus turbulents. Il n'y a dès lors rien d'anomal
à ce que les anciens deltas du Var, de la Roja, de la Nervia soient disposés
en couches inclinées, puisque le régime de ces rivières était le même que
celui des autres torrents des Alpes. Ce sont des deltas torrentiels, comme
ceux qui sont en voie de formation de nos jours.
» Il y aura lieu peut-être de distinguer à l'avenir, plus qu'on ne l'a
fait jusqu'à présent, entre ces deux types de deltas : les deltas torrentiels
et les deltas de grandes rivières. Cette distinction me parait en tous cas
aussi importante, au point de vue géologique, que celle que l'on a établie
entre les deltas marins et les deltas lacustres. »
M. Chasles présente à l'Académie, de la part de M. B. Boncompagni, les
livraisons d'août et septembre 1879 du Bulleltino di bibliografia e di sloria
délie Scienze maiematiche e fisiche, et une Table fort étendue des noms
d'auteurs qui termine le Tome XI du Bullettino de 1878.
La livraison d'août contient les neuf premiers Chapitres de la seconde
Partie des Recherches de M. C. Henry sur les ma7mscrits de Fermât, suivies de
fragments inédits de Bachet et de Malebranche. Cette Partie est consacrée
à la publication de documents nouveaux et à l'éclaircissement de divers
points particuliers. On remarque dans ce cahier : 1° quelques renseigne-
ments sur un ami de Fermât, Jean Despagnet; 2° trois Lettres de Fermât
àSéguier, dont la seconde, écrite le 18 août 1648, est suivie d'un Mémoire
sur le moyen de rétablir les finances; 3° une Lettre de Huet à Fermât et à
son fils sur de savantes conjectures philologiques de Fermât; 4° une Lettre
de Fermât à Huet; 5° deux Lettres de Fermât à Huygens, dont la seconde,
suivie d'une poésie latine de Fermât, nous révèle, grâce au commentaire
de M. Henry, un singulier détail; 6" la publication in extenso d'une Lettre
de Pascal, qui, éditée partiellement dans un Mémoire de Van Swinden
en 18 17, était restée inconnue à tous les éditeurs; 7° un Catalogue et des
extraits de divers écrits mathématiques, dont un grand nombre sont des
autographes de Malebranche et plusieurs autres attribués à lui par les
Catalogues inédits et imprimés de la Bibliothèque nationale; 8" une Lettre
inédite de Pascal à M. Huguens, à la Haye; c^" enfin, un essai de démons-
tration par Malebranche du théorème jc" -^ /"^z", n étant <2. A la
suite se trouve (p. 569-618) une Table fort étendue des publications
récentes, physiques et mathématiques, en toutes langues.
( 327)
Le Bulleltino de septembre contient la continuation des Recherches de
M. C. Henry. Ce sont des fragments d'un manuscrit inédit de Bachet
de Méziriac, puis des théorèmes de Malebranche sur les carrés, extraits de
manuscrits de la Bibliothèque nationale.
La séance est levée à 4 heures un quart. J, B.
BULLETIN BIBLIOURAPHIQCE.
Ouvrages keçus dans la séance dd 9 février 1880.
Bulletin de la Sociélé indiislrielle d'Amiens; t. XVI, n° 1 ; t. XVII, n°* 2
à 6; t. XVIII, n° 1. Amiens, impr. T. Jennet, 1 878-1 880; 7 Hvr. in-8°.
Société des Sciences médicales de Gannnt. Comptes rendus des travaux de
l'année 1 878-1 879. Paris, V. A. Delahaye, 1879; in-8°.
Le Phylloxéra en 1879. Mémoire adressé à M. Paulin Talabot; par M. G.
ViMONT. Paris, impr. Paul Dupont, 1879; in-8°.
Béponse de M . l'abbé Aoust à la Lettre de M. Habich sur wie question de
priorité et sur l'Analyse infinitésimale des courbes planes de M. Aoust. Marseille,
typogr. Barlatier-Feissat, 1879; br. in-8°.
Annalen der K, K. Sternwarte in PFien; dritter Folge achtundzwanzig-
ster Band, Jahrgang 1878. Wien, 1879; in-8°.
Zweite Abhandlwig iiber die fVasserabnahme in den Quellen, Flûssen und
Strômen bei cjleichzeiticjer Steigerung der Hochwdsser in den Culturldndern ;
von G. RiTTER VON Wex. W^ien, Waldheim, 1879; in-4°.
Ueber die Berechnung der wahren Anomalie in nahezu parabolischen Bahnen;
von T. RiTTER VON Oppolzer. Mûnchen, i879;in-4°.
Bulletin de la Société ouralienne d'amateurs des Sciences naturelles; t. V,
livr. 2. Ekalherinbourg, 1879; in-4°.
Ouvrages recds dans la séance on 16 février i88o.
Ch. Brongniart et Max. Cornu. Epidémie causée sur les diptères du genre
Syrphuspar un Champignon enlomophthora. Paris, impr. Chaix, sans date;
opuscule in-S'".
( 328 )
Le Phylloxéra en 1879. Mémoire adressé à M. Paulin Talabot, par M. G.
ViMONT. Paris, P. Dupont, 187g; br. in-8°.
Formes vibratoires des bulles de liquide gljcérique; par C. Decharme. An-
gers, Lachèze et Dolbeau, 1880; in-8°.
Astronomie populaire; par C. Flammarion. i3*, i4*, i5^ séries. Paris,
Marpon et Flammarion, 1880; 3 livr. in-8° illustrées.
De l'injluence de l'hiver et de l'été de 1879 sur la végétation des plantes exo-
tiques dont l' acclimatation est tentée au Jardin botanique de l'Ecole de Méde-
cine de Brest ; par le Jy k . BoRiuseiJ. Blanchard. Paris, A. Lahure, 1880;
in-S". (Extrait des Archives de Médecine navale.) (Présenté par M. Chatin.)
De la détermination des chaleurs spécifiques à volume constant dans le cas
des corps simples et composés ; par M. G. Qdesneville. Paris, Renou, Maulde
et Cock, i88o; in-4°. (Extrait du Moniteur scientifique de Quesneville.)
Sur la solubilité des calculs urinaires dans les solutions de benzoate de lithium
et de borocitrate de magnésium; par H. -P. Madsen. Copenhague, Bianco
Luno, 1879; br. in-B".
Considérations physiologiques et thérapeutiques, et description d'un appareil
pour l'emploi méthodique des atmosphères artificiellement suroxy-ozonées ou
surazotées. Oxythérapie et Azothérapie ; par le D"^ Tamin-Despalles. Bruxelles,
Manceaux; Paris, Delahaye, 1877; in-8°.
Bullettino di bibliografia e di storin délie Scienze matematiche e fisiche,
pubblicato da B. Boncompagni. T. XI, Indici degli articoli e dei nomi;
X. XII, agosto, settembre 1879. Borna, 1878; 3 livr. in-4°. (Présenté par
M. Chasles.)
Annotazioni sopra un organo spéciale e non descritto nel Lophius piscatorius
c^jEnrico F. Trois. Venezia, tipogr. Antonelli, 1880; br. in-8°.
Ueber die Bahn eines materiellen Punkles, der sich unter dem einjlusse einer
Centralkraftvonder Form^ -h p-îi'i bewegl von Hdgo Gtldén. Stockholm,
1879; in-4°.
ERRATA.
(Séance du 26 août 1878. - T. LXXXVII.)
Page 35^, ligne 9, mettre devant le second terme du numérateur de l'équation en y
(formules 2) le coefficient i.
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 25 FÉVRIER 1«80.
PRÉSIDENCE DE M. EDM. BECQUEREL.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. le Secrétaire perpétuel annonce à l'Académie la perte doulou-
reuse qu'elle vient de faire dans la personne de M. P.-A. Favre, Correspon-
dant de la Section de Chimie, décédé à Marseille le 17 février 1880.
M. le Secrétaire perpétuel rappelle en quelques paroles émues les ser-
vices rendus à la Science par notre digne et regretté Correspondant :
'( M. Pierre-Antoine Favre était né à Lyon le 20 février 181 3. Élève de
notre éminent confrère M. Peligot, il avait pris à son école les habitudes
de précision et la passion du travail dont il a donné des preuves si profi-
tables pendant tout le cours de sa vie.
» Après quelques publications se rapportant à des questions de Chimie
minérale analytique, il fut attaché par M. Andral au laboratoire que l'il-
lustre professeur avait consacré aux études physiologiques dont la Science
et l'art de guérir ont gardé un profond souvenir.
» Plus tard, et dans la même voie, il poursuivait des recherches de
Chimie physiologique, à la sollicitation et avec le concours du D' Jecker,
l'un des principaux bienfaiteurs de l'Académie.
C. R., 1880, 1" Semeslre. (T. XC, N» 15.) 44
( 33o )
» Mais la véritable carrière scientifique de M. Favre n'était pas encore
ouverte. C'est en entrant au Conservatoire des Arts et Métiers en qualité de
préparateur de M. Peligot qu'elle se révéla, par sa collaboration avec
M. Silbermann, préparateur de Physique de M. Pouillet, professeur dans
le même établissement. Le voisinage des deux laboratoires et l'amitié qui
ne tarda point à unir les deux préparateurs leur inspira la pensée de pour-
suivre en commun des études qui étaient de nature à intéresser à un degré
égal la Pli3'sique et la Chimie, c'est-à-dire la mesure de la quantité de cha-
leur qui se manifeste dans la plupart des réactions chimiques.
» Après les expériences de Laplace et Lavoisier et celles plus récentes de
Dulong, il restait à déterminer les quantités de chaleur développée par la
combustion d'un grand nombre de corps simples ou composés. En opérant
avec un calorimètre de leur invention et en mettant en usage des artifices
ingénieux, MM Favre et Silbermann furent bientôt en état de donner aux
physiciens et aux chimistes les chiffres exacts représentant le nombre de
calories mises en liberté par l'union de l'oxygène avec les principaux corps
simples ou composés, pris en quantités exprimées en équivalents.
» La Thermochimie, à laquelle notre confrère M, Berthelot a consacré plus
récemment tant d'années et des études si bien conduites et si complètes, fut
dès cette époque l'objet de toutes les préoccupations de M. Favre. Il éten-
dit à toutes les combinaisons et à tous les changements d'état des corps les
déterminations thermiques consacrées spécialement d'abord aux combinai-
sons avec l'oxygène, aux combustions vives.
» Parmi les problèmes particuliers sur lesquels son attention fut arrêtée,
on remarque les différences constatées pour le même poids de pur car-
bone dans les quantités de chaleur produite par la combustion du char-
bon noir, du graphite et du diamant; on n'a point oublié les résultats si-
gnalés par M. Favre au sujet de la chaleur absorbée, en reprenant l'état
gazeux, par les divers gaz liquéfiés ou solidifiés, ainsi que par les gaz ab-
sorbés par les corps poreux et reprenant leur liberté.
» On n'a point oublié surtout les études délicates par lesquelles M. Favre
a démêlé dans les fonctions de la pile de Volta les circonstances qui se
rapportent à l'action chimique, au développement de la chaleur et aux
mouvements électriques.
» Le calorimètre de MM. Favre et Silbermann a pu faire place à des
instruments, sinon plus délicats, du moins plus sûrs dans leurs indications;
la vie scientifique de notre savant Correspondant n'en demeurera pas moins
liée d'une manière étroite à la naissance, aux progrès et à l'histoire de la
Thermochimie.
( 33i )
» Après avoir rempli pendant neuf ans les fonctions de professeur agrégé
près la Faculté de Médecine de Paris, M. Favre avait été nommé pro-
fesseur de Chimie à la Faculté des Sciences de Marseille, puis doyen de la
même Faculté. En même temps il professait la Chimie à l'École de Méde-
cine de la même ville.
M L'Académie, qui avait pris aux travaux de M. Favre le plus constant
intérêt, lui avait témoigné sa grande estime en lui décernant le prix Jecker
d'abord, puis le prix Lacaze, et en se l'attachant d'une manière étroite par
le titre de Correspondant.
M Une longue maladie, à l'origine et aux progrès de laquelle n'étaient
point étrangères les fatigues résultant de ses persévérantes études et les
devoirs d'un décanat difficile, avait écarté M. Favre de sa chaire et de ses
travaux depuis deux ans; elle vient de l'enlever à la tendresse de sa famille,
à l'affection de ses amis et au respect de ses élèves le 17 février, à l'âge de
soixante-sept ans.
» L'Académie perd en^L Favre un de ses Correspondantsles plus dévoués,
les plus laborieux et les plus dignes de regret par le caractère autant que
par les talents et les services. »
CHIMIE. — Chaleur de Jormation de iacide /jersuZ/wr/^ue; par M. Berthelot.
« 1. La connaissance de la chaleur de formation de l'acide persulfu-
rique offre beaucoup d'intérêt. Voici des chiffres qui la précisent.
» 2. Je l'ai mesurée en étendant les liqueurs obtenues par électrolyse
avec 1 5^"' à ao^"' d'eau et en les traitant successivement par une solution
d'iodure de potassium et par l'acide sulfureux.
» Une expérience spéciale, faite dans les mêmes conditions, en mêlant
l'iodure de potassium avec une solution sulfurique de même titre, com-
plète ces données et permet d'évaluer le cycle total.
S^O' étendu 4- SO* étendu + 3H0 = 3(S0% HO) étendu.
er Cal
Première liqueur renfermant 100, g de S'O' par litre (').. . +4(5, o et +46*'', i
Deuxième liqueur » 34,6 » (2 essais) -t-46,2
Troisième liqueur » 86,9 » ( 2 essais) +45,7
» La réaction SO" étendu + O-t- HO = S0' HO étendu dégageant + 32,2,
S»0^ étendu + 2HO = 2 (SO' HO) étendu + O,
{ ^3^. )
dégage + i3,8, + i4jO» + '3,5 : en moyenne + i3,8. La formation de
cet acide depuis l'oxvgène et l'acide siilfiiriqne, dans ces conditions,
aSO^ étendu -i-0 = S-0' étendu, est donc endothermique : — i3,8.
» Depuis les éléments: S- + 0'+eau =3-0' étendu, on aurait + i 26,6.
S'O* dissous + 0' = S'0' étendu , + 5o,6.
» La formation directe de l'acide persulfurique est donc possible, à la
rigueur, bien que la tendance du système vers le maximum thermique,
c'est-à-dire vers l'acide sulfurique ordinaire, n'en permette pas en général
la réalisation. Cependant M. Schulzenberger a observé récemment la for-
mation de quelque dose d'acide persulfurique dans la combustion du soufre
par l'oxygène sec : ce qui s'accorde avec les relations précédentes.
» 3. Les mêmes valeurs s'appliquent sensiblement à la formation de
l'acide persulfurique par électrolyse, aux dépens de l'acide SO*H 4- 6, 8 HO
par exemple. En effet, la dilution de cette dernière solution a dégagé,
dans les mêmes conditions, la même quantité de chaleur sensiblement
que la dilution d'une solution équivalente (1,527 ^" ^^^^^ '^^ ^7^9^) '• j^
veux dire une sohuion susceptible de régénérer les mêmes doses d'acide
sulfurique et d'eau en perdant son excès d'oxygène, mais qui contenait
actuellement ^ d'acide persulfurique et f d'acide sulfurique. La chaleur
produite par le dégagement de l'oxygène aux dépens de la solution, soit
étendue, c'est-à-dire + i3,8, soit concentrée, est donc à peine différente.
» 4. On conçoit par là la facilité avec laquelle ces solutions se dé-
composent spontanément et d'une manière illimitée. La décomposition est
plus rapide en fait dans la solution concentrée que dans la solution éten-
due, sans doute à cause de la tendance de l'acide sulfurique à former des
hydrates plus avancés dans la première liqueur.
» 5. La chaleur dégagée lorsque l'acide sulfurique monohydraté enlève
leau à l'eau oxygénée, pour devenir acide bihydraté (4- 3,i), surpasse un
peu la chaleur absorbée dans la transformation de l'eau oxygénée en acide
persulfurique ( — 3,o), ce qui rend compte de cette réaction.
)) 6. Les données thermiques expliquent plus facilement encore la forma-
tion spontanée de l'eau oxygénée pendant la conservation de certaines dis-
solulions d'acide persulfurique, car elle dégage + 3'^°',o dans ces conditions.
Elle exige d'ailleurs un certain travail préliminaire, puisqu'elle ne s'accom-
plit qu'à la condition d'une décomposition siniultanée de l'acide persulfu-
rique, avec production d'oxygène. Enfin elle est limitée, en raison de l'état
( 333 )
de dissocialioii des hydrates sulfuriqiies et persiilfiiriqiiesi spécialement du
bihydrate, qui tend à déterminer une réaction inverse.
M Entre ces deux limites, il peut se produire, comme je l'ai dit, luic com-
binaison spéciale d'eau oxygénée et d'acide persulfurique : S^0% 2TIO*.
J'en ai mesuré la chaleur de formation par les mêmes procédés, mais après
les avoir vérifiés sur l'eau oxygénée.
» 7. action de iiodure de potassium sur l'eau oxycjénée. — Entre l'eau
oxygénée absolument pure et l'iodure de potassium rigoureusement neutre
il ne s'exerce guère d'action, et l'on peut mettre en doute si la très légère
coloration qui se produit peu à peu ne serait pas attribuable au concours
de l'acide carbonique de l'air, ou à celui des matériaux des vases de verre.
Quoi qu'il en soit, la réaction s'effectue bien plus nettement avec le con-
cours des acides, condition dans laquelle on est autorisé à l'attribuer à
l'oxydation de l'acide iodhydrique mis en liberté par ceux-ci. Même alors,
la réaction thermique offre des circonstances singulières.
» Une expérience thermique faite avec l'eau oxygénée pure, mise d'abord
en présence de l'iodure de potassium, additionnée d'acide sulfurique
en excès, puis d'acidef sulfureux , a fourni +43*^'",o. En en retran-
chant -H 32,2 comme plus haut, on a -f- 10,8 pour la chaleur de décom-
position de l'eau oxygénée en oxygène et eau libres. C'est le même nombre
que j'ai obtenu par luie tout autre voie; mais sa mesure a offert ici des
difficultés spéciales. En effet, la réaction de l'iodure de potassium très for-
tement acide sur l'eau oxygénée offre cette particularité remarquable d'être
successive et de donner lieu à des produits intermédiaires. Au bout d'une
demi-heure, par exemple, elle était loin d'être terminée, bien que devenue
excessivement lenle; la réaction ultérieure et brusque de l'acide sulfureux
a dégagé -f- 19,1 au lieu de + '0,9; elle a donc porté sur un autre corps
que l'iode. La somme des deux effets a répondu cependant à un cycle
complet, comme je m'en suis assuré par l'analyse des produits.
» Ce mode d'action de l'eau oxygénée contraste avec celle de l'acide
persulfurique pur sur l'iodure de potassium, laquelle est instantanée,
comme le montre la marche du thermomètre, et totale, comme le prouve
la chaleur dégagée ensuite par l'acide sulfureux.
» 8. Venons maintenant au composé d' acide persulfurique et d'eau oxygénée
formé par éicctrolyse. La combinaison S-0' + 2H0', une fois étendue
avec vingt fois son poids d'eau, a manifesté les caractères thermiques de ces
deux composants, envisagéscomme distincts : unepremière réaction brusque
sur l'iodure de potassium étant suivie d'une réaction beaucoup plus lente;
( 334 )
mais l'acide sulfureux permet de compléter le cycle. J'ai obtenu
Première action (Kl acide] ' + 3o,4 ) -, ,, /
. ,„„ V / Sorame4-44>4
Deuxième action (SO') H- i4)0 )
En retranchant la chaleur d'oxydation de l'acide sulfureux par l'oxygène
libre +32,2, on obtient + 12,2. Ce chiffre doit répondre pour | à S'O',
soit -1-456, et pour I à HO", soit -{-7,2. La somme + 11,8 est aussi voisine
de 12,2 qu'on peut l'espérer dans un calcul si compliqué, où intervient
d'ailleurs une réaction lente. Ce résultat indique que la combinaison d'acide
persulfurique et d'eau oxygénée, une fois amenée à l'élat de dissolution
étendue, se trouve séparée par l'action de l'eau en ses deux composants.
» 9. En résumé, les formations de l'eau oxygénée, de l'acide persul-
furique et de l'ozone sont endothermiques et forment une échelle graduée :
Col
Ozone : Cf -h 0=:(0z), absorbe i4,8
Acide persulfurique : S'0° -(- 0 = (S'O'), absorbe.. i3,8
Eau oxygénée : HO 4- 0 = (HO'), absorbe 10,8
» Ces corps sont transformables les uns dans les autres. Tous trois
renferment de l'oxygène actif, c'est-à-dire prêt à se porter sur les corps
oxydables avec plus de facilité que l'oxygène ordinaire, parce qu'ils ren-
ferment un excès d'énergie, traduit par les excédents thermiques signalés
ici. Enfin, l'origine même de ces excédents thermiques est tirée d'un
même procédé, car ils sont pareillement emmagasinés dans les corps qui
les renferment sous l'influence des énergies électriques. »
CHIMIE. — Sur la décomposition de l'eau oxygénée en présence des alcalis
et sur les dérivés du bioxyde de baryum; par M. Berthelot.
« 1. J'ai mesuré les chaleurs de tormation du bioxyde de baryum et des
hydrates de baryte (*), et j'ai montré que le premier composé est stable par
lui-même dans l'état anhydre, tandis qu'il se décompose en présence de
l'eau avec dégagement d'oxygène. Une telle différence s'explique par ce que
la régénération de la baryte anhydre absorberait de la chaleur, tandis que
la transformation du bioxyde en hydrates de baryte en dégage. Depuis,
(') Annales de Chimie et de Physique, 5' série, t. IV, p. 53o (1875) ; t. VI, p. 212 (1876) ;
t. XIV, p. 433(1878).
( 335 )
M. Schônc {*) a fait la découverte remarquable de combinaisons définies
entre les alcalis et l'eau oxygénée. Il m'a paru utile d'eu mesurer la cha-
leur de formation. Les résultats obtenus conduisent à une nouvelle théorie
de la décomposition de l'eau oxygénée en présence des alcalis.
« 2. Le composé cristallisé de bioxyde de baryum et d'eau oxygénée,
BaO-HO% a été préparé et purifié d'après les indications de M. Schône,
analysé, puis dissous vers 12° dans l'acide chlorhydrique étendu, ce qui a
dégagé •+• 5^*', 89. Le bioxyde anhydre dégageant ^- 11,0 et l'eau oxygénée
étendue une quantité négligeable, on conclut :
BaO= anhydre + HO^ étendue = Ba;0-,HO^ crist., dégage
;cai
» 3. Le composé n'est pas stable. A l'état pur, il se décompose sponta-
nément en oxygène et hydrate de bioxyde de baryum : BaO*,HO (Schône).
J'ai obtenu ainsi, après onze jours, cet hydrate. Sa dissolution dans l'acide
chlorhydrique étendu a dégagé + 9, 56, d'où résulte
BaO* anhydre + HO liq. = BaO', HO dégage -H i,4; eau solide -H 0,7,
Ce corps, à son tour, se résout lentement en hydrate de baryte et oxygène.
» 4. Le composé primitif perd son oxygène en totalité et plus rapide-
ment, si on le lave avec de grandes quantités d'eau, ou si on le conserve
pendant quelque temps sous une couche de ce liquide. J'ai obtenu ainsi
un hydrate de bioxyde de baryum cristallisé, que j'ai séché sur une brique
poreuse [i], H offrait l'aspect de paillettes brillantes, semblables à l'acide
borique hydraté. Je l'ai préparé, sous le poids de plusieurs kilogrammes,
en versant l'eau oxygénée brute dans l'eau de baryte, en excès ; je l'ai séché
tantôt sur une plaque poreuse [2], tantôt entre des papiers [3].
Analyses.
[>]
CaO 43,1
0 actif 4>9
Eau (par diff.). . 52 ,0
» C'est donc un nouvel hydrate de bioxjde, M. Schône a signalé le com-
posé BaO'^, 8 HO; j'ai moi-même observé Ba'O^, 7 HO. Les deux derniers
corps sont probablement identiques; mais ont-ils une existence propre, ou
( ') Jiinalen âer Chemic u. Pliarm., t. 192, p. 257 (1878); t. 193, p. 241 ; t. 195, p. 228;
t. 196, p. 58(1879).
[']
[3]
Formule : BaO', loHO.
43,9
43,9
43,8
4,3
4,4
4,6
5i,8
5i,7
5i,6
( 336 )
résultent-ils d'une efflorescence partielle du premier? C'est ce que les pro-
priétés physiques de ces petits cristaux feutrés et souvent opaques ne me
permettent pas de décider avec pleine certitude. L'hydrate nouveau se dis-
sout dans l'acide chlorhydrique étendu en dégageant + 1,91, d'où
ÎBaO' -»-ioH01ifi. =BaOS loHOcrist. dégage : +9,1; l'eau solide : -l- 1,9.
» Cet hydrate se change assez rapidement, surtout sous une couche d'eau,
en hydrate de baryte BaO, loHO et oxygène.
» 5. Tels sont les faits : montrons-en la signification.
» i" L'eau oxygénée et l'eau de baryte formant du bioxyde anhydre .
HO' + BaO, HO étendue = Ba0^inhydie + 2HO + eau, dégagerait : -+- 2" "',8.
En présence d'un excès de baryte, on obtient en réalité l'hydrate BaO',
10 HO, ce qui dégage + 11,9. Mais en présence d'un excès d'eau oxygénée,
le bioxyde se combine à mesure avec un deuxième équivalent, en déga-
geant -+- 5,1 ; ce qui fait pour la réaction réelle
2HO'4-BaO, HO étendues BaO', HO' + 2HO 4- eau : + 7,9.
» Celle quantité de chaleur est plus que suffisante pour expliquer, non
seulement la réaction directe, mais la formation du nouveau composé avec
une liqueur qui renferme du chlorure de baryum et de l'ammoniaque :
l'écart entre les chaleurs de formation du chlorure de baryum et du chlor-
hydrate d'ammoniaque, depuis les bases, étant + 2,4-
» 2° Le composé BaO% HO- se change spontanément en bioxyde de
baryum hydraté, avec dégagement de chaleur
BaO% H0= = BaOS HO + O, dégage ; + f'\i.
Cette réaction a lieu sur le corps pur. Opérée dans un appareil dessicca-
teur, elle fournit du bioxyde anhydre, à cause de la tension de dissociation
de l'eau dans l'hydrate. Cette tension autoriserait à rapporter la réaction
au bioxyde anhydre, corps dont la formation dégagerait encore -\- 5^°', 7.
» En présence d'une grande quantité d'eau, il se forme l'hydrate
BaO", loHO, avec dégagement de : -1- 14*^"', 8.
» 3° Cependant les hydrates de bioxyde se décomposent à leur tour,
BaO%HO = BaO, HO + O, dégage : + i^^4;
si l'on faisait le calcul depuis Ba O- anhydre, comme l'état de dissociation du
( 337 )
premier hydrate le permet, on aurait même : -i- a*^"', 8. L'hydrate cristallisé
BaO-, loHO - BaO, loHO -t- O, dégage : -h S''"', 9.
» La décomposition spontanée du bioxydo de baryum hydraté s'explique
donc, que! qu'en soit l'état d'hydratation, en raison du déplacement du
deuxième équivalent d'oxygène par l'eau, le composé se trouvant ainsi
changé en hydrate de baryte avec dégagement de chaleur.
» 6. C'est par la même suite de réactions que l'on peut expliquer l'insta-
bilité de l'eau oxygénée en présence d'une trace de baryte ou d'un autre
alcali. Une certaine dose d'eau oxygénée s'unit d'abord à l'alcali pour
former le composé double, avec dégagement de chaleur :
2HO--; BaO, HO==BaO%HO=+2HO.
Puis ce composé se change en hydrate de bioxyde et perd la moitié de
son oxygène, avec un nouveau dégagement de chaleur :
BaO% HO- = BaO-, HO -h O.
L'hydrate de bioxyde à son tour devient de l'hydrate de protoxyde, son
oxygène excédant étant déplacé par l'eau, toujours avec chaleur :
BaOSHO = BaO,HO + 0.
» Nous sommes ainsi revenus à l'état originel de l'alcali. H entre en
réaction sur une nouvelle dose d'eau oxygénée, qui se détruit comme la
première, et la transformation se poursuit jusqu'à la décomposition totale
de l'eau oxygénée, en vertu d'une chaîne méthodique et sans cesse repro-
duite de réactions qui sont, chacune individuellement aussi bien que dans
leur ensemble, exothermiques. »
CHIMIE. — Sur (a chaleur de combinaison de f hydrate de chtoral;
par M. Ad. Wurtz.
« Je mets sous les yeux de l'Académie les appareils dont je me suis
servi pour étudier la question de savoir si la rencontre des vapeurs d'eau
et de chloral anhydre donne lieu à un dégagement de chaleur.
» Le premier {fiij. i) est l'appareil à double enceinte quej'airnentionné
dans une précédente Communication et qui est destiné à être placé dans un
bain d'eau bouillante.
C. R., iSSo, i" Semestre. (T. XC, WS.) 4^
( 338 )
» Le second [fig. 2) est un appareil à enceinte simple destiné à être chauffé
dans un bain de vapeur. Ce dernier appareil était placé dans une caisse rec-
tangulaire en cuivre, fermée par un couvercle en liège, lequel livrait passage
Fin
Fig. 2.
Appareil à double enceinte chauffé dans un bain
d'eau bouillante.
Appareil à une seule enceinte chauffé
dans un bain de vapeur d'eau.
aux tubes et aux thermomètres. On y faisait passer un courant de vapeur
d'eau à l'aide de deux petits générateurs, les parois de la caisse étant pro-
tégées contre le rayonnement par une épaisse couche de ouate.
» L'un et l'autre appareil se distinguent de celui qu'a construit M. Ber-
thelot par deux dispositions essentielles.
» Premièrement, les tubes des serpentins offrent un certain diamètre,
de façon à ne pas gêner le passage des vapeurs. Lorsque celles-ci tra-
versent un serpentin étroit, un trop grand afflux de vapeur peut déterminer
un excès de pression et par suite une élévation de température. En met-
tant le générateur en comnumication avec un petit manomètre, j'ai pu
constater, dans une expérience, une augmentation de pression deo'",oo5,
déterminée par une ébullition un peu vive, et une élévation de tempéra-
ture de Y^ de degré. Il faut éviter cela, car de deux choses l'une : ou bien
( 339 )
l'excès de pression se maintient dans l'enceinte où les deux vapeurs se
rencontrent, et alors on peut y constater une légère élévation de tempéra-
ture; ou bien la vapeur se détend dans cette enceinte, et alors on peut
observer un abaissement de température. Dans mes expériences anté-
rieures, j'avais attribué à cette cause l'abaissement de température que j'ai
souvent constaté. Quoi qu'il en soit, j'ai donné à mes tubes un diamètre
suffisant pour éliminer cette cause d'erreur.
» En second lieu, mes serpentins présentent un développement consi-
dérable et sont munis de renflements, en forme de boules, destinés à
retenir les gouttes liquides qui se condensent toujours sur le trajet des
tubes de dégagement avant leur entrée dans l'appareil.
» Il importe, en effet, non seulement de ne pas envoyer ces gouttes dans
l'enceinte où les vapeurs doivent se rencontrer, mais encore de dessécher
celles-ci autant que possible. Une expérience très simple montre l'utilité
de ces précautions. Qu'on plonge dans un bain d'eau boudlante un appareil
à deux boules qui soient en communication l'une avec l'autre par un tube
recourbé, l'une d'elles renfermant de l'eau, l'autre du chloral anhydre,
dans les proportions nécessaires pour former l'hydrate. Un thermomètre
plonge dans l'eau de l'une des boules; le chloral de l'autre entrera rapidement
en ébullition. Qu'à ce moment on le fasse passer brusquement dans la boule
renfermant l'eau chaude, une très vive réaction se manifestera aussitôt, un
jet de vapeur sortira avec violence du tube de dégagement et le thermomètre
s'élèvera un peu au-dessus de 1 00° (vers 1 01*'). Le chloral bouillant et l'eau
à 98° se combinent, en effet, avec dégagement de chaleur, ainsi que cela
résulte des expériences de M. Berthelot, et, cette chaleur ne pouvant pas
être dépensée instantanément et sur-le-champ pour la formation de la
vapeur, une faible portion est absorbée par le liquide lui-même, qu'elle
surchauffe légèrement pendant quelques instants.
» Ce qui précède fait comprendre la nécessité d'arrêter au passage les
gouttes de liquide condensées dans les tubes abducteurs pendant la distil-
lation du chloral et de la vapeur d'eau. J'ai vu, en répétant l'expérience de
M. Berthelot, ces gouttes ruisseler dans le petit serpentin de l'appareil qu'il a
employé (').
( ' ) Je a'ai pas observé dans ces conditions l'élévation de température qu'il a constate'e lui-
même dans l'expérience qu'il a décrite. Cette élévation de température était due peut-être
à cette circonstance que les gouttes dont j'ai parlé étaient projetées directement sur le ther-
momètre. Cela est possible, mais je ne veux rien affirmer à cet é^ard.
( 34o )
» J'ai fait trois expériences avec le second des appareils précédemment
décrits et j'ai obtenu les résultats suivants :
« 1° La température du bain de vapeur, dans la caisse en cuivre, se
maintient rigoureusement constante à la même pression.
» 2° On ne constate aucune élévation de température par le mélange des
deux vapeurs. Au contraire, on observe, comme je l'ai fait remarquer déjà,
un petit abaissement de température de ^ à -j^ de degré.
» Cet abaissement de température est dû à cette circonstance que, les
vapeurs n'étant pas absolument sèches, une trace à'hydrate de chloral peut
se condenser sur le thermomètre. Il suffit, en effet, de dessécher la vapeur
en la surchauffant pour que cet abaissement ne se produise plus. Pour cela il
suffit d'opérer à baise pression, de façon à abaisser les points d'ébullition
et à augmenter l'écart entre ces derniers et la température du bain de
vapeur.
» Je vais citer une de ces expériences.
» Pression : o'", 7435.
» Température du bain de vapeur seule : 99", 5.
» Après avoir raréfié l'air à o'",i6, on a fait passer la vapeur de clilora de façon à dé-
gager les faibles traces d'acide chlorhydrique que ce liquide peut renfermer,
«> Température de la vapeur de chloral : <^cf ,^5.
» On fait passer la vapeur d'iau.
» Température du mélange de vapeurs : 99°, 45.
» Elle se maintient à 99°, 45 pendant deux minutes, puis elle se fixe à 99°, 4 pendan
dix minutes sans varier de yj de degré.
)i On fait passer ensuite la vapeur d'eau seule.
>■ La température se maintient constante à 99°, 4 pendant cinq minutes. On met alors
fin à l'expérience.
w Après avoir répété mes expériences dans les conditions que je viens
d'indiquer, il m'est donc permis de maintenir mes précédentes conclusions,
qui sont les suivantes :
» Les vapeurs d'eau et de chloral anhydre peuvent se mélanger sans
donner lieu à un dégagement sensible de chaleur, fait qui vient à l'appui
de cette thèse, déjà établie par d'autres arguments, que la vapeur àe chloral
hydraté est constituée par un mélange et non par une combinaison définie
de chloral anhydre et de vapeur d'eau.
» J'accorde volontiers que l'argument thermique que j'ai apporté en fa-
veur de cette thèse n'offre pas une valeur absolue, puisqu'il dépend du
degré de sensibilité de la méthode employée; mais je fais remarquer aussi
( 3/ii )
qu'en supposant qu'une très petite fraction, ^^0 par exemple, delà vapeur
d'Iiydrate de chloral existât dans le mélange sous forme de combinaison,
la constatation d'un très faible dégagement de chaleur n'infirmerait pas la
thèse que nous soutenons, savoir que la vapeur de l'hydrate de chloral ne
constitue pas une exception à la règle d'Avogadro et d'Ampère. »
M. H. Sainte-Claire Deville présente, à propos du débat dont il s'agit,
les observations suivantes :
« J'explique la différence des résultats obtenus par deux très habUes
expérimentateurs, se servant d'appareds à peu près identiques, par une cir-
constance dont M. Wurtz ne paraît pas avoir tenu un compte suffisant. Il
s'agit du rapport entre les volumes de vapeur qui se rencontrent dans
l'enceinte centrale. Quand, il y a quinze ou vingt ans, je faisais dans la va-
peur de mercure les mêmes expériences sur la combinaison de l'acide
chlorhydrique et de l'ammoniaque, avec un thermomètre à air très sen-
sible, je pouvais étudier l'influence des volumes respectifs de gaz ammoniac
et chlorhydrique introduits à chaque instant dans l'appareil, au travers
de robinets gradués et au moyen de deux papiers de tournesol, rouge et
bleu, placés à la sortie des appareils. Je réglais ainsi les conditions du
mélange.
» Avec des vapeurs, l'emploi de régulateurs dece genre n'est pas possible.
M, Berlhelot s'en tire en changeant successivement les proportions de
chacune des vapeurs. Quand il fait prédominer la vapeur d'eau, la tempé-
rature se rapproche du point d'ébullition de l'eau; quand il fait prédo-
miner la vapeur de chloral, la température s'abaisse, et enfin, quand il fait
croître la quantité de celle des vapeurs qui est devenue notoirement in-
suffisante, il passe par un maximum plus grand que le point d'ébullition
de celle des deux matières (l'eau) qui bout à la température la plus
élevée.
» M. Wurtz a parlé de la loi (je dis hypothèse) d'Avogadro : il faut bien
comprendre qu'il ne s'agit pas d'elle le moins du monde (selon moi elle
gagnerait à ce que l'hydrate de chloral, le sel ammoniac, etc., représen-
tassent 8"') : mais il s'agit de logique expérimentale et de procédés
scientifiques.
» Je rappellerai à M. Wurtz que l'iode en vapeur et l'hydrogène se
combinent directement et que l'acide iodhydrique ne se décompose tota-
lement qu'à une température élevée (M. Hautefeuille), quoique ces élé-
( 342
ments ne dégagent pas trace de chaleur par la combinaison ; donc leur
mélange à l'état gazeux n'affecterait nullement un thermomètre. Cependant
il y a bien des différences chimiques et physiques entre un mélange d'iode
et d'hydrogène et l'acide iodhydrique.
» Je ne veux pas revenir sur tous les détails de cette discussion. Je
n'admets ni la loi d'Avogadro, ni les atomes, ni les molécules, ni les forces,
ni les états particuliers de la matière, refusant absolument de croire à tout
ce que je ne puis ni voir ni même imaginer, et j'avoue que, si les combinai-
sons complexes se décomposaient toujours avant de se vaporiser, je n'en
serais pas autrement affecté. Mais le tout, c'est de le démontrer. En atten-
dant, on trouve 8^' de vapeur pour le sel ammoniac, les chlorhydrates
des ammoniaques composées, des bases organiques volatiles, pour un
nombre considérable de corps, et j'admets ce que je vois, tant que je ne
croirai pas que je vois mal que je suis dans l'illusion : c'est ce qui reste
à démontrer. >.
BOTANIQUE. — Des vaisseaux à suc propre dans des Graminées.
Note de M. Tbéccl,
" Je viens de recevoir de M. G. -A. Pasquale une Note extraite du Vo-
lume VIII des Atti délia R. Jccademia dette Scienze fis. e mat. de Naples,
datée du 6 décembre iSyg, dans laquelle il me fait dire que j'ai trouvé
des laticifères à suc blanc dans les Graminées. La mémoire de M. Pasquale
est en défaut. Je ne lui ai point parlé de laticifères à suc blanc, mais de
vaisseaux propres à suc vert. Voici à quelle occasion. M. Pasquale vint à
Paris en septembre dernier. Il logeait dans la même maison que moi. Me
trouvant un jour avec lui au Jardin des Plantes, il me dit : « Avez-vous
» observé des laticifères dans les Graminées ? — Oui, lui dis-je. J'en ai
■) encore vu ces jours derniers. — De quelle couleur sont-ils? répliqua-
)) t-il. — Ils sont verts dans les plantes que je viens d'examiner. — Non,
> répondit M. Pasquale ; ils sont rouges. — Ceux que je viens de voir
» sont verts, lui dis-je. — C'est que, ajouta-t-il, j'en ai vu de rouges dans
» le Phalaris canariensis. «
» Il disait vrai. Je crus à sa découverte. J'avais observé ces canaux à
suc rouge du Plialaiis canariensis, il y a deux ans, en commençant l'étude
de l'inflorescence de cette plante. Ne voulant pas lui enlever le plaisir de
la découverte, je lui dis : « Eh bien, je vous fais l'abandon des miens. Je
( 343 )
o n'ai pas le temps de les étudier maintenant; je vous les donne, si vous
» voulez vous en occuper. — Je vous remercie, dit M. Pasquale ; je ne
» décrirai que ceux du Plialaris. »
» Ce qu'il fit, en effet, mais en ajoutant que j'avais vu et étudié des
vaisseaux lalicifères à suc blanc dans cette famille, bien que ce fussent des
canaux à suc vert que je lui eusse signalés. Il n'y a là vraisemblablement
qu'une erreur de mémoire, à moins que M. Pasquale n'ait dit blanc au
lieu de vert, parce qu'il ne put croire à l'existence de vaisseaux de cette
dernière couleur, dont jusqu'ici il n'a pas été donné d'exemples.
» Quant au Plialaris canariensis, j'en ai cité deux fois les très jeunes
inflorescences. Leurs débuts ne peuvent être étudiés que dans la jeunesse
de la plai)te, à un âge auquel il est impossible de ne pas voir ses canaux
remplis de beau suc rouge. Or, M. Pasquale étant à Paris en septembre
dernier, il est évident que je ne puis avoir fait mes études organogéniques
de l'inflorescence depuis cette époque. Il n'y avait plus alors de jeunes
plantes de cette espèce au Muséum, et je n'en ai pas fait semer. Au reste,
je ne réclame pas la priorité de l'observation de ces vaisseaux à suc rouge,-
puisque je n'ai rien publié. Je n'en parlerais même pas ici si je pouvais
garder le silence; mais je ne puis laisser dire que j'ai vu des lalicifères à
suc blanc dans les Graminées. Je ne prétends pas qu'il n'en puisse pas
exister. Je dis seulement que je n'en ai pas rencontré, tandis que, outre les
rouges du Plialaris canariensis, j'ai observé des canaux, quelquefois ramifiés,
pleins d'un suc épais, comme gélatineux, du plus beau vert, dans plusieurs
Graminées, et en particulier ôans V Hordeum vulgare,
» Comme le suc vert, le suc rouge m'a paru si épais^ que je doute que
M. Pasquale puisse y avoir constaté un double courant à droite et à gauche,
un mouvement gyratoire dans le canal. Cette apparence, si elle a eu lieu,
ne me paraît devoir être attribuée qu'à un phénomène accidentel.
» Si je n'ai pas encore décrit ces vaisseaux propres, c'est que je n'ai pas
l'habitude d'abandonner une question pour une autre, quelque importante
que puisse être celle-ci. L'inflorescence des Graminées m'intéresse vive-
ment. Je m'en occuperai probablement encore toute l'année. Chemin fai-
sant, j'espère recueillir, sur ces vaisseaux propres, des observations con-
cernant un phénomène d'un haut intérêt, dont j'ai déjà mentionné deux
fois l'analogue et que je crois avoir entrevu ici. »
( 344 )
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur quelques équations différentielles linéaires
du second ordre. Extrait d'une Lettre adressée à M. Herniite par M. H.
Gyldén.
« La transformation que vous avez employée en changeant x en
jT + K + lYJ m'a fait penser à remplacer x par x + i¥J dans l'équation
, „ sn .r en r , » i o
r -I- k- —, r H- p. an-x. r ~ o
[Comptes rendus, p. 208); on trouve ainsi immédiatement
„ „ snardn.r , , ,
sn-^.r H y — ui en' X. r = o.
Or, au moyen de la relation suivante,
cno- -t- « snx = ^ — ; — -i sn (x — jR ), 7- »
^ L ^ i+X J
j'obtiens pour son intégrale l'expression
^-Csn.^(^,A,) + C'sn-^(-^,A-,),
où j'ai écrit, pour abréger,
X'
» Faisons ce même changement de x en x -\- iK' dans l'équation qu'on
obtient si l'on remplace p. par ip., à savoir
„ , „ sn r en .r , ,
et qui a par conséquent pour solution
j = C e- 1^ '" ■^ -h C'e"" '""•';
nous aurons la transformée
, „ sn.rdna; , , „
snx.j -\ ; j+p.-ci\x.y^=o,
dont l'intégrale sera
„ — [JLarcsinf-; i „, narcsinfj )
( 345 )
Mais cette valeur peut être mise sous une autre forme; on a d'abord
puis, au moyeu des formules connues et en changeant convenablement les
constantes,
j=^Ce' -^ ""■'■+ Ce ' '*"''■'
ou bien encore
y-. 1 . /' — fin-'' ru • I . /' — dnx
J=.CC0Sp.l0gy/^-^-^+CsUl,.l0gy'^^;p^. ,,
THÉORIE DES NOMBRES. — Sur les diviseius des fonctions cyclolomiques ;
par M. Sylvester.
« Tout ce que j'ai pu trouver sur la question qui a fait le sujet de ma
première Communication ( ' ) est contenu dans le livre classique du pro-
fesseur Bachmann, Die Lelire von der Kreislheilung (^), Leipzig, 1872,
(') Comptes rendus, séance du i6 février.
(') Kieistheilung z= cyclotomie. La fonction à racines réelles qui sert à la division du
cercle en parties égales est celle que j'ai nommée fonction cyclotomique. 11 y a aussi des
fonctions cycldtomiques à racines imaginaires; je parle des facteurs primitifs de x*— i,
qu'on pourrait nommer fonctions cyclolomiques simples ou iriéduites, dont les diviseurs
sont assujettis à des conditions parallèles, mais non identiques avec celles des fonctions
cyclotomiques que j'ai traitées dans le texte. En effet, voici la règle pour les diviseurs des
fonctions cyclotomiques non réduites. Afin qu'un nombre quelconque soit diviseur d'une
onction cyclotomique non réduite à l'indice k, il faut et il suffit que chaque facteur premier
de ce diviseur soit de la forme /•/ + i , avec exception d'un seul facteur premier p qui peut
figurer aussi comme facteur du diviseur dans le cas, et seulement dans le cas que / admet
de la représentation (nécessairement et sans exception unique) pi. Ainsi, si P, p dési-
gnent des nombres premiers, J, j des nombres indéfinis, et k l'indice d'une fonction cyclo-
tomique de l'une ou de l'autre espèce, et si
P = mk 4- s et A = '- pi,
m
P' et p seront diviseurs de la fonction dans un cas et dans l'autre, avec la distinction que
pour les fonctions cyclotomiques simples = = i, tandis que pour les fonctions cyclotomiques
à racines réelles ; =±i. En effet, le cours de la démonstration est précisément le même
dans les deux cas, avec la seule exception que pour la première proposition, celle qui affirme
que,/j étant un nombre premier de la forme mk -\- z, jJ est diviseur de la fonction à indice
G. R., ibSo. 1" Semestre. (T. XC, N» 8.) 4"
( 346 )
p. 24a, 243; mais cela même ne me servait à rien, car cet excellent
auteur s'est borné au cas où l'indice est un nombre premier, pour
lequel cas il énonce et déinonlre « qu'en dehors des diviseurs premiers
» de la forme 2mp ±i » la fonction cyclotomique à l'indice p « contient
» seulement le diviseur premier p » ; mais M. Bachmann n'a nullement
démontré ni même affirmé, ce qui cependant est vrai, que tout nombre
premier de la forme ampii, et même un tel nombre élevé à une
puissance quelconque (*), est diviseur de la fonction cyclotomique à
l'indice p.
» Reste une remarque à faire. Si l'on prend le produit des facteurs
X — 2 cosX— jT, on obtient ce qu'on peut nommer uneybrme cyclotomique.
Quand on prend l'indice égal à 5 ou à lo, à 8 ou à 12, de sorte que l'ordre
de cette forme, disons F(a7,j), devient 2, si D est un diviseur quelconque
de la fonction cyclotomique à ces indices, on sait, par la théorie ordinaire
k, pour les fonctions cyclotomiques d'une classe on se sert du théorème que la congruence
cospiâ— cos/?3-^ o[mod./>'] a toutes ses racines réelles ; pour les fonctions cyclotomiques
de l'autre classe on se sert du théorème (mieux connu) que la congruence
xf ' — .iP' "^ ' ^ o [mod. pJ]
a toutes ses racines réel/es. Pour tout ce qui suit cette proposition, la méthode de démons-
tration pour les deux cas est absolument identique. Peut-être serait-il mieux de nommer
les fonctions dont je parle spécialement dans le texte fonctions cyclotomiques rie la seconde,
et celles qui sont simplement facteurs primitifs de la forme binôme /onctions cyclotomiques
de la première espèce. Il y a une raison qui me paraît assez grave pour ce changement de
nomenclature, vu qu'il suggère l'idée d'une théorie de diviseurs des fonctions cycloto-
miques dont le rang de l'espèce sera un nombre q quelconque, où figureront les racines
çièmes jg l'unité, par rapport à l'indice comme module, de laquelle théorie je crois entrevoir
assez distinctement et la haute probabilité de son existence et sa nature. J'espère déve-
lopper cette théorie dans quelque futur Mémoire.
( ' ) Il est à peine nécessaire d'observer que la fonction cyclotomique de l'ordre w
[où w = J (f (X )] étant divisible pour w valeurs a de la variable incongrues par rapport à /j",
et us autres valeurs b de la même variable incongrues par rapport à q^, par p"^, q^ respecti-
vement, on n'a qu'à combiner un a quelconque avec un b quelconque, et, en écrivant
p'^ii — a = f = q'fv — b, on obtiendra une valeur réelle de t (et conséquemment w valeurs
réelles de t), qui substituée pour la variable rendra la fonction divisible par p'^q^; et de
même on déduit que la fonction admettra comme diviseur un nombre quelconque dont les
facteurs sont les nombres premiers de la forme /«/■ rt i accompagnés ou non (au choix) par
le fadeur intrinsèque, quand il y en a un, et par l'un ou l'autre ou tous les deux facteurs
intrinsèques n, 3, dans le cas où l'indice est le nombre 12.
( 347)
des formes quadratiques, qu'en écrivant F(ir,r) = Dz^ (les valeurs de F
étant x'^ ± xy — ^ -, x- — 2j- ou x- — 3j--), une telle équation est réso-
luble en nombres entiers.
" Or une étude empirique très étendue sur le cas où l'indice est q, qui
mène à l'équation x'^ — "hxy- -^ J^ = Dz^, m'a donné lieu de croire qu'il y
a une probabilité très considérable que cette équation est aussi toujours
résoluble en nombres entiers. Si cela était établi, il deviendrait plus que
probable que le théorème analogue est vrai pour toutes les formes cycloto-
miques, et du cas de l'indice , si seulement la résolubilité de l'équation
qui y appartient était démontrée, on tirerait la belle conséquence que tout
nombre dont les facteurs premiers sont de la forme i8n ± i, accompagné
ou non accompagné (au choix) par le facteur q, est décomposable en une
somme de cubes de deux nombres rationnels. Car on démontre facilement
qu'en substituant pour X, Y, Z, respectivement, certaines fonctions ra-
tionnelles et entières qu'on connaît, du neuvième degré en x,j-, z, lu fonc-
tion X' -H Y' -t- AZ" contiendra x^ — ox)'- -h ^■' ~ 'iA.z^ comme facteur
algébrique.
« Voici, en quelques mots, le résumé des lois actuellement démontrées :
» Tout diviseur de la fonction cyclolomique à rindice k est de la forme
ik ± f , excepté dans le cas que k — -^— pj^ dans lequel cas p aussi ( mais non
pas p') sera un diviseur: Et réciproquement tout nombre dont les facteurs sont
des puissances arbitraires de nombres premiers de Informe ik ± i est diviseur
de la fonction cyclolomique à l'indice k.
» On peut y ajouter que, si l'ordre de la fonction cyclolomique [c'est-à-
dire iç(A:)] est nommé w et N un nombre quelconque qui ne divise
pas k, il n'y aura aucune valeur ou w valeurs de la variable, incongrues par
rapport à N, qui rendront la fonction divisible par N. M;iis si p, nombre
premier, est un diviseur de A:, lenombre des valeurs de la variable qui ren-
dent la fonction divisible par p sera ou nul ou le quotient de k par la plus
haute puissance qu'il contient de p. »
GÉOGRAPHIE. — Sur quelques-unes des collections rapportées de l'expédition
du passage nord-est, par l'océan Glacial de Sibérie. Extrait d'une Lettre de
M. iVoRDE-vsKioLD à M. Daubrée, du i5 février 1880.
« Quand l'expédition sera retournée à Stockholm, on commencera im-
médiatement la rédaction définitive de nos nombreuses observations sur le
( 348 )
climat, le magnétisme, les aurores boréales, l'hydrographie, la géologie,
la faune, la flore, l'ethnographie, etc., de l'Océan et des terres septentrio-
nales de la Sibérie —
» Parmi les col leclions que nous rapportons, je vous citerai les suivantes :
» Une très riche collection d'animaux invertébrés, pris pendant les nom-
breux dragages que le premier zoologiste de l'expédition, le D'' Stuxberg,
a faits surtout dans la mer Glaciale de Sibéiie. A juger par ces dragages,
la faune la plus riche en individus, à la profondeur de 3o'" à loo", ne se
trouve pas entre les tropiques, mais dans l'océan Glacial et dans la mer
de Behring. Cependant, ici, la température au fond de la mer est toujours
i" ou 2° G. au-dessous de zéro.
» Collections de phanérogames, lichens et algues, faites par le D"" Kjell-
man et le D"^ Almquist.
)) Masses d'ossements des baleines subfossiles de la presqu'île des ïchouk-
tchis et de la Rliytina Slelleri de l'île de Behring.
» Une très jolie collection de plantes fossiles tertiaires du Nagasachi et
du Labuan (près de Bornéo, à 5°3o' longitude N.). Cette collection nous
donne des renseignements sur l'ancien climat équatorial et sur les anciens
centres de dispersion de la flore actuelle.
» Des pierres taillées, des ustensiles, armes, habits, etc., des Tchouktchis
et des Esquimaux. Ces derniers emploient à présent, en même temps, des
armes en pierre (') et le fusil de Reaiington! Cette collection contient
entre autres des dessins, des gravures et sculptures en ivoire qui ont beau-
coup de ressemblance avec les dessins paléolithiques de la France.
» Une collection de io4o Ouvrages en cinq à six mille Volumes, de
Livres et Manuscrits japonais, imprimés ou écrits avant l'ouverture du
pays pour les Européens. Plus de la moitié de ces Ouvrages contiennent
des dessins très instructifs pour l'étude de leurs arts et métiers, leurs an-
ciennes coutumes, leurs théâtres, etc. »
(' ) Quelquefois en néphrite ou jadéile.
( 349)
MEMOIRES LUS.
MINÉRALOGIE. — Production et cristnllisalion d'un silicate anhydre [enstatite)
en présence de la vapeur d'eau à la pression ordinaire. Note de M. Stan.
Meitxier. (Extrait par l'auteur.)
« Rien n'est plus facile, comme on le sait depuis longtemps, que d'ob-
tenir artificiellement de l'enstatite cristallisée, et il suffit pour cela de faire
fondre un mélange de silice et de magnésie en proportions convenables.
Mais, au point de vue de l'bisloire des météorites, cette solution du pro-
blème n'est qu'apparente, car plus on étudie les roches dont il s'agit, plus
on est obligé de reconnaître que les phénomènes de fusion ignée sont
restés à peu près étrangers à lein- production. Pas n'est besoin de rappeler
ici comment M. Daubrée a mis en évidence les effets désorganisateurs de
la fusion sur les types les plus variés de pierres tombées du ciel ; mais on
relira avec intérêt cette remarque du savant géologue :
« La température élevée produite dans le lul)oiatoire a ameDe, dit-il, la formation de
silicates en cristaux nets et volumineux tels qu'on n'en rencontre jamais dans les météo-
rites. 11 est en effet extrêmement digne de remarque que les substances silicatées qui com-
posent les météorites du type commun y soient toujours à l'état de cristaux très petits et
essentiellement confus, malgré leur extrême tendance à cristalliser. S'il était permis de
chercher quelque analogie autour de nous, nous dirions que les cristaux obtenus par la
fusion des météorites rappellent les longues aiguilles de glace que l'eau liquide forme en se
congelant, tandis que la structure à grains fins des niéléorites naturelles du type commun
ressemble plutôt à celle du givre ou de la neige, formée, comme on le sait, par le passage
immédiat delà vapeur d'eau atmosphérique à l'état solide ('). »
» C'est d'après ces considérations et guidé par mes résultats antérieurs
que j'ai cherché à produire, suivant l'expression qui vient d'être rappelée,
une sorte de givre dont la substance fiit, non pas de l'eau, mais du bi-
silicate de magnésie. Le succès m'a mis et] présence du premier cas de pro-
duction d'un silicate anhydre en présence de la vapeur d'eau à la pression
c-dinaire (^).
» La disposition de l'expérience, qui ne pouvait avoir d'intérêt qu'autant
(') Daubrée, Éludes synthétiques de Géologie expérimentale, p. 583.
(^) Je dois, à cette occasion, adresser mes vifs remercîments à M. Albert Levallois,
licencié es sciences, qui a bien voulu me prêter son concours dans quelques-unes de mes
expériences.
( 35o )
qu'elle reproduirait des conditions naturelles, a été inspirée par des consi-
dérations qui sont du domaine de la Géologie comparée- C'est ce qu'il sera
aisé de montrer.
» La situation stratigraphique des roches silicatées magnésiennes ter-
restres, dont l'importance apparaît plus grande chaque jour, indique que la
date de leur consolidation est extrêmement reculée. Peut-être mériteraient-
elles le nom de roches primordiales, étant chronologiquement antérieures au
granité, dont la structure intime indique un milieu d'origine différent à
beaucoup d'égards.
» Quoi qu'il en soit, si l'on se place au point de vue du rôle de la concré-
tion dans la formation des roches, on peut remarquer que les régions les
plus externes du globe solaire présentent un mélange de vapeurs où se ren-
contrent tous les éléments nécessaires à la constitution des silicates magné-
siens. Sans doute l'intensité de la chaleur qui règne dans ces régions est
la seule cause, par la dissociation qu'elle provoque, du maintien de ces
éléments à l'état séparé, mais il se pourrait que les composés que nous avons
en vue entrassent pour une forte proportion dans la constitution de cette
poussière solide à laquelle la photosphère doit tout son éclat. Les minéraux
magnésiens déjà signalés sous le nom de cosmiques joueraient un rôle de
premier ordre dans l'économie de notre système en rendant lumineuse la
radiation du Soleil. En tous cas, il est logique de supposer que, soumis à un
refroidissement suffisant, le mélange des vapeurs protubérantieiles donne-
rait naissance, entre autres produits, à des silicates magnésiens.
» C'est cette idée, toute risquée qu'elle puisse sembler tout d'abord, que
j'ai soumise à l'expérience, et, ne pouvant emprunter au Soleil une partie
de sa chromosphère, j'ai cherché à faire de celle-ci une imitation aussi
parfaite que possible pour le but spécial qui était en vue. En d'autres
termes, j'ai mis en présence, à une température convenable, la vapeur
d'eau, la vapeur de magnésium et la vapeur de chlorure de silicium. Dans
la pratique, le magnésium, en fils ou en rubans, est placé vers le milieu
d'un tube de porcelaine disposé sur un fourneau. L'une des extrémités du
tube est en rapport avec une cornue où bout de l'eau; à l'autre extrémité
débouche le tube abducteur d'un petit ballon renfermant du chlorure de
silicium chauffé aubain-marie. On ménage, bien entendu, une issue dans
l'un des bouchons pour les produits volatils. A peine le tube est-il au ronge
que la réaction suivante s'établit :
Mg + SiCl= -h 3 HO = SiO% MgO -h 2HCI + H.
( 35i )
Quand l'opération est bien conduite, l'enstatite se dépose en abondance et elle
se présente sous la forme d'une poudre blanche d'aspect analogue à la silice
elle-même ; mais, examinée au microscope, elle offre des caractères auxquels
on ne saurait se tromper. Elle est entièrement cristallisée en prismes, en gé-
néral non terminés, éminemment clivableset très actifs sur la lumière pola-
risée. Les cristaux sont précisément « très petits et essentiellement confus »,
comme ceux des météorites décrits plus haut, et ils affectent entre eux les
mêmes groupements. Par exemple, il est très fréquent de les rencontrer
sous forme de rayonnements autour d'un point, absolument comme les
agglomérations d'aiguilles d'enstatite si répandues dans les météorites les
plus ordinaires.
» Un autre trait d'identité réside dans les fissures qui traversent en tous
sens les cristaux d'enstatite, qu'ils appartiennent à des météorites naturelles
ou qu'ils sortent du tube de porcelaine, et je crois que ce caractère de
fendillement est fort éloquent relativement aux conditions d'origine des
roches qui le présentent. On sait que ce même caractère est offert à un
très haut degré par nos roches trachytiques, et l'on doit en tirer des no-
tions nouvelles sur le mode de formation de celles-ci. Je me réserve d'y
revenir très prochainement.
)) Exceptionnellement, les cristaux artificiels d'enstatite ont un volume
un peu plus gros, plus de limpidité, moins de fendillements, une netteté
plus parfaite d'arêtes; on ne saurait alors les distinguer de la variété si
remarquable que j'ai découverte il y a plus de dix ans dans la syssidère de
Deesa et décrite sous le nom de Victorile (M. M. 13es Cloizeaux a bien voulu
la soumettre alors à une étude cristallographique complète.
» Le procédé qui vient d'être exposé ne restera pas restreint à la syn-
thèse de l'enstatite; il constitue une méthode générale d'où j'ai déjà tiré
deux expériences différentes qui en dérivent, l'une par la substitution de
l'aluminium métallique au magnésium, l'autre parla substitution du chlo-
rure d'aluminium au chlorure de silicium. Les produits de ces réactions
ne sont pas encore complètement étudiés, et je me borne en ce moment à
prendre date à leur égard. »
(') Le Cosmos du mois de décerabre 1869.
( 352 )
MEMOIRES PRESENTES.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. -- Généralisation de deux théorèmes sur les
fonctions Q. Note de M. Eixiot. (Extrait par l'aïUeur.)
(Commissaires: MM. Bertrand, Hermile, Bouquet.)
« MM. Clebsch et Gordan ont été amenés, dans leur Ouvrage Sur les fonc-
tions abéliennes, à tirer de développements en série une fonction qu'ils dé-
signent par 0f'', et qui est une somme de termes composés chacun du
produit d'ime fonction 0 ordinaire par une exponentielle dont l'exposant
contient des intégrales de troisième espèce. Je me suis proposé, dans le
Mémoire dont je donne ici un aperçu, d'étendre à cette fonction les deux
théorèmes qui servent de base au problème de l'inversion d'après la mé-
thode de Riemann. M. Briot, dans sa Théorie des jonctions abéliennes, en a
donné la démonstration, quelle que soit la nature des points critiques et
leur disposition dans le plan. J'en rappelle l'énoncé.
» Si dans une fonction 0(f«i, lu, . . . , Up) de p variables on remplace les
variables ?/,- par u'-'\œ,r) — G,, «"'(.r, y) désignant les ^intégrales normales
de première espèce :
» \° La fonction 0(«''' — G,) admet p zéros (.r,,j,), [x^^y^), ...,
» 2" Ces zéros satisfont aux équations suivantes :
^««(^,j)-G,^C,,
les quantités C,- désignant des constantes indépendantes des G, et le signe ^
signifiant qu'on doit ajouter aux seconds membres des multiples quel-
conques des périodes.
» La fonction 0'^' que je considère diffère de celle de MM. Clebsch et
Gordan par le choix des constantes qui accompagnent dans chaque terme
les intégrales de troisième espèce. Pour définir ces constantes, je m'appuie
sur les propriétés suivantes. Soit p'''' une intégrale normale de troisième
espèce dont les infinis sont (^'*', §'/'), (/)'''', '/î'/''). Les périodes d'indice impair
de t^''"' sont nulles, et les p périodes d'indice pair sont
l'intégrale ^^''*(^'*', ^'*'), par exemple, est supposée prise le long d'un chemin
( 353 )
formé des lacets fondamentaux de deuxième espèce ( ' ) conduisant de la ra-
cine initiale ; „ à la racine/g^ avec laquelle commence le circuit unique qui
contient le lacet (|'*', 1'/') chemin suivi des lacets relatifs aux points cri-
tiques algébriques qui entrent dans ce circuit jusqu'à la droite Oç'*' décrite
tuie seule fois de O vers |'*'.
» Soit f '''' une autre intégrale normale de troisième espèce dont les
infinis sont (^'**, ?(/"), (-/îC", -cf). Posons
l'intégrale t^''' étant prise le long d'un chemin analogue aux précédents et
qui ne contient aucun lacet logarithmique. On démontre que L/,,/, = L^i/,.
» Soient maintenant c'", v^-\ ..., p'" q intégrales abéliennes normales
de troisième espèce, s,, £,, •■•, '-,, des quantités égales à ± i , G, , G^, ..., Gp,
g,, gi, ■■ ■, gq des constantes et H,, ïL, . ..,llg des quantités définies par
4 H, = £, r.,,, + . . . -F- î,_, L,,,_, + ii^t L,,,+, + . . . -H £y L,_y (^=1,2, ...,7),
la fonction 0'^' de la seule variable x que nous avons en vue sera
£,,£0, ...,i,, = ±\.
Il v a autant de termes dins la fonction que de groupes distincts formés
par les £, c'est-à-dire 2^. Chacun d'eux est défini parle système des valeurs
attribuées aux £, et à chaque terme répond un système déterminé de va-
leurs pour les constantes H. L'extension dont il s'agit consiste dans les
deux théorèmes suivants :
» 1° Lo fonction 0'^'(;i'''— G,, i''^* — g^.) admet p -h (/ zéros {-r,,)',),
« 1° Ces p -^ 1 zéros satisfont aux équations
y "''' i^A,y/,) - G,- — G,- (/ = 1 , 2, . . . , p),
ll = l
l'=p->-'l
^ v^''\-rh,Jh) - gk ^c^ (A = r , 2, . . . , y),
G,- et Ck étant des constantes indépendantes da G,- et gf,.
(') Voir l'Ouvrage de M. Briot.
C. R., 1880, I" Semestre. (T. XC, N" S.) kl
( 354 )
» Remarquons que la fonction ©'*> peut être transformée de façon à ne
contenir la variable xqiie par des fonctions 0 ordinaires, dont une partie
est soumise à des radicaux carrés, car l'exponentielle e' peut s'exprimer
par un double quotient de ces fonctions 0.
» Je suis la marche adoptée par M. Briot pour établir la démonstration.
Elle repose exactement sur les mêmes principes et ne suppose rien sur la
nature des points critiques ni sur la fiçon dont les lacets logarithmiques
entrent dans les différents circuits. Enfin, on peut affecter les 2' termes de
la fonction de signes arbitraires, mais déterminés, sans que les deux théo-
rèmes cessent de s'appliquer. «
MÉCANIQUE. — Détermination des tensions moyennes développées aux extré-
mités d'une corde pesante oscillant autour d'une position de repos apparent.
Note de M. H. Léauté, présentée par M. Rolland.
(Commissaires : MM. Phillips, Rolland, Resal.)
« Nous avons démontré (') que les équ.^tions des petites oscillations
d'une courbe fimicul aire primitivement plane sont les suivantes :
d-cr. . M ffT,
-rrr = A, — 5 - -I- -r-i
df p dr;
dl' du \ du I dndt
dt^ ■ da ^ ' \it p
du 7
«0- p
» Si l'on considère t° le cas de la pesanteur, 1° un arc d'un petit
nombre de degrés, 3" une inclinaison faible sur l'horizontale des éléments
(') Comptes rendus, séance du 16 février 1880. Le lecleiir est prié de se reporrer à ce
Mémoire pour les notations.
dT,
da
O
rf<= da' rf(7«/^
T,
P
rf^V f/û) _, d(o
= dl e^. ^-^^,/,'
( 355 )
de cet arc, les équations précédentes deviennent
(')
(2)
(3)
(4)
(5)
où l'on peut regarder p et E comme des constantes.
> Les diverses hypothèses que nous venons de faire sont réalisées dans
les transmissions télodynamiques. En calculant donc, au moyen des for-
mules précédentes, l'accroissement de tension T, qui correspond aux
déplacements a' et a" des extrémités, nous aurons tous les éléments néces-
saires pour étudier complètement la question de la transmission du mou-
vement dans ces sortes d'installations.
)) C'est le calcul de T, en fonction de a' et a" qui constitue ce travail,
et l'observation qui vient d'être faite suffit à en montrer l'intérêt.
.) Remarquons tout d'abord que, les oscillations latérales n'ayant pas
d'influence sur la tension, ainsi que nous l'avons établi dans le travail pré-
cédemment cité, nous pouvons laisser de côté l'équation (2).
■> Gela posé, calculons a, 7 et w au moyen de a! et a".
» De l'équation (5) on tire
(T
: sin -
?
/w cos - da — cos - I w sin - da,
? P J P
cr
ou, si l'on veut, puisque - est petit,
a = - ffoida'.
» On a de même, par l'équation (4),
de sorte que a ei 7 s'obtiennent par de simples quadratures quand a est
connu.
» Mais, si l'on construit la courbe dont les valeurs de w sont les or-
( 356 )
données et dont les valeurs de c sont les abscisses, on peut, au degré d'ap-
proximation que comporte la question, négliger, dans l'évaluation des
intégrales précédentes, les sinuosités de cette courbe, et remplacer w par
sa valeur moyenne prise sous la forme
w -= A(7-i- B,
A el B étant deux quantités qui ne dépendent que du temps.
» On en conclut
pK= —r- -V r Liff + D,
'02
v = h B(7 +C.
)' Les quantités A, B, C, D se déterminent par ces conditions que, pour
les extrémités de l'arc — (7„ et -^c,,. a est égal à «' et à a", et que -^ est
nul ; on obtient ainsi
(6) a — ~. — -ï — :J -,
, ■, i a" — OL ( i
(8) t^^_;I^(o;"-a')-°
» Il nous faut maintenant recourir aux équations (i) et (3) pour cal-
culer ï, en fonction de a', a" et c.
» Nous emploierons pour cela un mode particulier de développement
des fonctions, à l'aide des valeurs moyennes de la fonction et de ses déri-
vées successives, que nous ferons connaître ultérieurement. Ce développe-
ment, borné à ses deux premiers termes, donne la formule, facile d'ailleurs
à obtenir directement,
T, = (moy.T,)+ç(moy.'^)-
» Il suffit donc, pour obtenir T,, de calculer les valeurs moyennes de T,
et de -T-^- Or, ce calcul se fait immédiatement en substituant dans les
an
équations (i) et (3) les valeurs de a, y et w fournies par les équations (6)
(7) et (8); on trouve alors
r/T, I r'VT, , I d'U"+a.'
•^ da la.J o3
Fréquence des jours sans taches o>9' ^>49 *3i47 0,46
Grandeur relative des taches 0,22 1,08 5, 9g 6,55
Grandeur relative des facules 0,22 iij4o 22,56 25,27
Noinbr-e moyen de protubérances par jour i , r 3,6 3,4 5,i
Hauteur moyenne des protubérances 20", i 36", o 38", 81 4'">74
Extension moyenne des protubérances . . . o°,77 i°,43 i°,64 2°, 01
» L'accroissement progressif de l'activité solaire est donc évident et cette
série le démontre assez bien pour les différents éléments, par la raison que
les observations, quoique exécutées moitié à Palerme et moitié à Rome,
ont été faites d'après la même méthode d'observation, de classification et
de mesure, tandis que, si l'on prend des séries exécutées par différents
observateurs avec des moyens et par des méthodes assez différents, comme
cela arrive d'ordinaire, l'accord ne sera pas entièrement possible; on com-
prend de même comment doivent varier les époques des maxima et minima
en raison de la réunion de différentes séries d'observations.
M Les protubérances ont satisfait aux mêmes lois, c'est-à-dire que le
('\
Comptes rendus, séance du i5 septembre 1879 '■ LXXXIX, p. Sig.
( 359 )
maximiini de fréquence se reproduit dans chaque hémisphère entre les
parallèles de 3o° et 5o°, et que, en raison de l'augmentation de l'activité
solaire, elles se sont étendues peu à peu jusque près des pôles, comme l'in-
diquent les nombres suivants :
Nombre ilcsjirotubérfinces aux diffcrenteslatitudes JiéUoccntriques.
De
3"
' TRUirSTRE
'«TU-
Latitudes.
Protubérances,
o
n
-1- 90 a
-i-
70..
... 2
-f- 70
-1-
5o. .
25
-1- 5o
-i-
3o..
... 58
+ 3o
-i-
10. .
,6
-f- 10
0. .
3
0
—
10. .
3
— 10
3o..
... i5
- 3o
5o. .
71
- 5o
—
70..
... II
- 70
—
90..
... 0
4'
■ TRIMESTRE
,879.
Latitudes
Protubérances.
0
0
De
+
90 a
+
70..
3
-1-
70
+
5o..
9.8
-+-
5o
-1-
3o..
45
-t-
3n
+
10. .
40.
0,
-4-
10
0
10
0 . .
10..
4
7
53
3o. .
—
3o
5o.
—
5o
■70
70 . .
1 7,
90. .
2
» Nous avons fait le même travail pour les facules; pour rendre compa-
rable la nouvelle série avec les observations que j'ai faites à Palerme, j'ai
eu la précaution, quand il y avait des doutes, d'employer un grossissement
plus fort dans la projection à l'équatorial de Cauchoix. Voici les résultats
obtenus :
Nombre des facules aux différentes latitudes héliocentriques.
3= TRIMESTRE 1879.
4^ TRIMESTRE 187g.
Dp
90 ;
+ 70
■+- 5o
+ 3o
-+- 10
o
— TO
-3o
-5o
— ro
udes.
Facules.
0
'H- 70
... 0
-f- 5o
. . . 1
+ 3o
6
-t- 10 . . . .
i3
0
... Il
— 10
... 0
— 3o
... i3
-5o
5
— 70.. .
I
— 00. ...
, . . . 0
Latitudes.
De -V- go à -)- 70.
-r- y..
+ 5o
-h 3o
+ 10
o
— 10
— 3o
— 5o
-70
-4- 5o. .
-)- 3o.
-1- 10. ,
o. .
— 10. .
-3o..
-5o ,
-70.
-90..
Facules.
I
9
10
21
o
3
21
6
3
o
» Les facules conservent ainsi leur maximum de fréquence plus près
de l'équateur solaire que les protubérances, c'est-à-dire entre les parai-
( 36o )
lèles de io° et 3o° dans chaque hémisphère, comme clans le deuxième tri-
mestre. Le nombre des facules, ainsi que des protubérances, est un peu plus
grand dans l'hémisphère nord du Soleil ; ce résultat s'accorde avec cehii
des observations antérieures, qui m'ont toujours montré une activité plus
grande dans cet hémisphère, même à l'époque du minimum. D'autres par-
ticularités relatives aux observations faites pendant l'année 1879 seront
mentionnées dans le Volume de l'Observatoire qui sera publié prochaine-
ment. J'ajouterai seulement que les éruptions métalliques n'ont pas fait
défaut, mais ont toujours été très limitées et, à ce qu'il me semble, en
proportion de l'accroissement relativement faible de l'activité solaire. »
PHYSIQUE. - Comparaison entre les courbes des tensions des vapeurs saturées.
Note de M. P. de Moxdesir, présentée par M. H. Sainte-Claire Deville.
« Victor Regnault, dans ses Mémoires sur les forces élastiques des va-
peurs, a établi séparément pour chaque vapeur une formule empirique
dont il a déduit une Table de tensions et le tracé de deux courbes. L'il-
lustre expérimentateur n'a donné aucune indication générale sur les
ressemblances et les désaccords des vapeurs étudiées par lui. On se trouve
donc sans guide au milieu de vingt-huit formules exponentielles, toutes
différentes les unes des autres, et d'un nombre encore plus grand de
courbes qui se croisent et s'enchevêtrent en tous sens.
)) En prenant pour unique base les chiffres de Regnault, sans aucune
vue théorique, j'ai essayé de me rendre compte des analogies et des diffé-
rences qui existent entre les vapeurs. Mon travail débute par un procédé
élémentaire de comparaison entre deux vapeurs quelconques. Regnault a
donné des Tables de tension de 5° en 5°; dans une de ces Tables je
prends des températures également espacées, de 10° en 10° par exemple, et
les tensions qui sont eu regard. Dans la Table d'un autre corps je cherche,
par interpolation, ces mêmes tensions et les températures qui leur corres-
pondent. On a donc ainsi, je le répète, une seule série de tensions et les
deux séries des températures qui, a[)pliquées aux deux corps, produisent
ces tensions. Les températures du premier corps ont été choisies crois-
santes de 10° en 10°, c'est-à-dire qu'elles forment une progression arith-
métique dont la raison est 10. Il s'agit de voir comment croissent les tem-
pératures du second corps. Or, les calculs faits sur toutes les vapeurs
étudiées par Regnault montrent que souvent les températures du second
( 36. )
corps forment, elles aussi, une progression arilhmétique ou à très peu
près, c'est-à-dire que leurs différences successives sont sensiblement con-
stantes. Lorsqu'elles varient, c'est avec assez de lenteur pour que dans les
cas extrêmes, après un long parcours thermomélrique, le changement ne
dépasse pas aS pour loo. Il faut toutefois mettre à part le protoxyde
d'azote. Le Tableau ci-dessous présente une comparaison avec toutes ses
colonnes :
Soufre et éther viriique.
Diiïcronces successives
Tensions communes Températures Températures des tenipéralurcs
des deux vapeurs. du soufre. Différences. de l'éther. de l'étlier.
8,96
27i,3i 390 ^J 8,77
3q5,9.o 4'o '7>73 Q
5Go,9b 430 26,70 „ •
770,80 450 35,68 '^
1063,17 470 44) 69
1422,88 4qo 53,71 ''
^ ' ^'' 20 ^ , Q,o3
1871,57 5io 62,74 ^'
/ f, 2^ Q 9'°4
2421,97 53o ^^ 71,7b ^^
3o86,Ji 55o ■ 80,79 ■''
3877,08 570 '-° 89,78 ^-99
» Oti voit que, les tensions, les températures du premier corps et leurs
différences étant des données choisies à volonté, ce n'est pas sur elles que
doit se porter l'attention, mais seulement sur les différences pour le
second corps, car ces différences montrent comment marchent les accrois-
sements de température de ce second corps. Je réduis donc les Tableaux
suivants à cette partie essentielle:
CIILOUURE
ÉTUER
pliosplioreux.
SULFURE
iodliydrique.
CHLORURE
AMMOSIAQl'E.
ALCOOL.
Différence
de carbone.
Différence
do carbone.
Différence clioisie.
Différences.
claoisic.
Différences.
clioisie.
Différences.
0
10
0
I 2 , 49
0
10
9 '42
0
0
IQ
.2,48
10
9,5i
10
9'79
10
12, 5l
10
y, 53
10
9.87
10
•2,54
10
9,56
10
9.94
10
12,52
10
9,5y
10
9>98
10
12,54
10
9'55
10
9,g8
10
12,64
10
9,53
10
9'98
» Pour voir comment marche l'accroissement des températures d'un
corps il suffit de comparer entre elles les différences de ce corps; mais, pour
C. R., 1880, I" Semestre. (T. XC, N»8.) ^"
( 362 )
passer à un point de vue plus général, il faut mettre ces différences en
regard de celle choisie constante pour le premier corps et prendre le quo-
tient, puis enfin rapporter ainsi toutes les vapeurs à une seule. Ces rapports
constituent pour les vapeurs un genre de nombres proportionnels que
j'appellerai paramètres. Les paramétres sont donc les nombres de degrés
qui, à partir d'une même tension, produisent pour les vapeurs les mêmes
accroissements de pression. Lorsque les différences successives ne sont pas
constantes, il faut adopter pour le paramètre une valeur moyenne, ou, ce
que je crois préférable, la valeur au point d'ébullition ordinaire. Si les
différences sont constantes, les deux vapeurs auront la même formule avec
les paramètres comme facteurs de l'exposant t. Dans le même cas, pour
identifier les deux courbes il suffira de construire chacune d'elles avec une
échelle thermométrique inversement proportionnelle au paramètre. On
peut se figurer le résultat de cette opération en imaginant qu'on prenne la
planche sur laquelle est tracée la courbe de Regnault et qu'on l'allonge ou
qu'on la raccourcisse dans le sens de l'axe des températures, partout pro-
portionnellement. Si les différences sont variables et qu'on fasse la même
opération avec la valeur constante choisie pour le paramètre, les courbes
ne seront plus identifiées; elles seront seulement plus ou moins rappro-
chées. Mais la transformation reste tout aussi intéressante, parce qu'elle
fait apprécier, à la vue, l'importance du rôle des paramètres. En effet, sup-
posons qu'on prenne les vingt-huit courbes de Regnault et qu'on les place
de manière à les faire passer toutes par un point d'égale tension, on aura
un faisceau qui s'épanouira rapidement à partir du point commun. La
courbe de l'acide carbonique fera l'un des bords du faisceau, celle du
soufre l'autre bord, et toutes les autres courbes tomberont entre deux. Si
l'on suit le faisceau, on verra que, la courbe de l'acide carbonique ayant par-
couru soixante et quelques degrés thermométriques, celle du soufre, pour
arriver au même niveau dans le sens des ordonnées, c'est-à-dire à la même
pression, en aura parcouru deux cent vingt-cinq. La largeur du faisceau,
dans le sens de l'axe des températures, est la différence de parcours sur les
deux bords, c'est-à-dire i6o°. Appliquons maintenant à toutes les courbes
la transformation par leurs paramètres rapportés à un même corps ; la
largeur du faisceau se réduira de i6o° à 8°. Les paramètres, c'est-à-dire de
simples changements de l'unité de température, représentent donc ici
gS pour loo sur l'ensemble des différences des vapeurs.
» La transformation par les paramètres ne se borne pas à resserrer le
faisceau général : elle produit encore un tout autre résultat. Sous son in-
( 363 )
fluence, les courbes dispersées dans toutes les parties du faisceau primitif
partent de leurs positions et viennent par deux, trois, quatre ou cinq
former une même ligne un peu élargie. Ces groupements, dont il n'existait
pas trace auparavant, permettent de mieux préciser les similitudes et les
différences des vapeurs. Je donnerai quelques explications sur ce sujet dans
une prochaine Communication, si l'Académie veut bien l'accueillir. «
ÉLECTROMAGNÉTISME. — Sur un nouvel électro-aimant . Note de M. Chambrier,
présentée par M. Jamin.
« L'électro-aimant dont j'ai l'honneur de donner la description à l'Aca-
démie permet d'obtenir des effets plus puissants que ceux que l'on produit,
à l'aide de la même pile, avec un électro-aimant ordinaire dont la masse
de fer du noyau et la bobine sont identiques à la masse de fer et à la
bobine du mien.
» Le seul changement, cause de cette différence, consiste à augmenter
l'étendue des surfaces en présence, de l'extrémité du noyau et de l'armature
oscillante. Pourcela, j'ai indiqué plusieurs dispositions, toutes presque équi-
valentes au point de vue des effets : je creuse le noyau en garnissant
l'armature d'un teton épousant cette cavité, ou je fais l'inverse en faisant
pénétrer le noyau dans une cavité ménagée dans l'armature; enfin, je com-
bine ces deux dispositions ensemble, en permettant à la circonférence du
noyau de pénétrer dans une rainure circulaire creusée dans l'armature.
» Mon électro-aimant, appliqué à un récepteur télégraphiqueMorse ou Bre-
guet, nécessite une pile de 8 à lo éléments, lorsque i 5 éléments sont néces-
saires pour faire fonctionner le même appareil muni d'un électro-aimant à
armature plane. Le magnétisme rémanent n'est pas accru; il paraît plutôt
affaibli. »
PHYSIQUE. — Emploi du verre trempé pour In construction des condensateurs.
Note de M. G. Ducretet.
« Des récipients en verre trempé, employés comme bouteilles de Leyde,
peuvent recevoir, sans être percés, une forte charge d'électricité, et par
suite donner des étincelles condensées d'une puissance bien supérieure à
celles qu'on obtient ordinairement. Des lames de verre trempé peuvent
être employées au même usage.
( :^64 )
» Nous possédons des bouteilles de Leyde de très petites dimensions, qui
donnent des effets remarquables. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la prépara lion de C acétylène. Note
de M. E. JcxGFLEiscH, présentée psr M. Berthelot.
« Depuis que M. Berthelot a montré la présence de l'acétylène dans les
mélanges gazenx provenant des combustions incomplètes, celles-ci ont été
souvent utilisées pour la production de cet hydrocarbure. C'est encore par
une combustion incomplète que s'effectue la préparation de l'acétylène au
moyen de l'appareil que je me propose de faire connaître. Le combustible
est le gaz d'éclairag>^.
» L'acétylène devant être séparé au moyen du protochlorure de cuivre
ammoniacal des produits gazeux formés en même temps que lui, il est indis-
pensable que ces derniers ne contiennent pas d'oxygène libre qui détrui-
rait le réactif. Cette condition est fort difficile à remplir lorsqu'on brûle le
gaz dans l'air, ainsi qu'on le fait d'ordinaire. J'ai pensé qu'en renversant,
en quelque sorte, les circonstances, c'est-à-dire en produisant une flamme
par un jet d'air pénétrant dans une atmosphère de gaz d'éclairage, l'oxygène
de l'air ne pourrait échapper à la combustion tant que la flamme serait
maintenue fermée et ne présenterait à sa partie supérieure aucune solution
de continuité; il serait possible, dès lors, de varier les proportions d'air et
de gaz de façon à atteindre le rendement maximum en acétylène.
» Le brûleur de l'appareil que j'ai fait construire sur ce principe se com-
pose (^g^. i) d'un tube cylindrique ce', terminé inférieurement par des ouver-
tures multiples qu'on peut ouvrir ou fermer au moven d'une virole percée
d'une manière identique. Ce tube sert à l'introduction de l'air. Legazd'éclai-
( îfi'^ )
rage arrive en G, dans une boîfe cylindrique hb'\ il passe ensuite, par des
orifices de grandeur et de position convenables pour le répartir régulière-
ment, dans nn espace annulaire compris entre le tube ce' et un second plus
large aa' . Une gaîne cylindrique de gaz, s'échappant de aa\ enveloppe
ainsi l'air qui arrive en ce' . Une galerie dd' , fixée à l'appareil, supporte xin
verre à gaz ordinaire V, de o™, 3o de longueur; quelques gouttes d'huile
placées dans la galerie empêchent toute entrée d'air à la base du verre.
C'est dans l'intérieur de ce dernier que s'effectue la combustion incom-
plète.
» La seconde pièce qui, avec le brûleur, compose l'appareil est destinée
à recueillir les produits de la combustion aspirés au moyen d'une trompe.
Elle est formée d'un cylindre en laiton MI (//;/. 2), pouvant recouvrir en M
Fig. 2.
la partie supérieure du verre et communiquant par un conduit horizontal IR
avec un réfrigérant à tubes multiples RR', destiné à refroidir les gaz et à
condenser la vapeur d'eau qu'ils contiennent. Pour assurer la fermeture,
le verre pénètre en M dans un espace annulaire compris entre le tube en-
veloppant et im autre de moindre diamètre fixé à l'intérieur du premier.
L'eau condensée dans le réfrigérant se rend en R', d'où elle s'écoule par
l'orifice H, disposé en fermeture hydraulique. Les gaz sont aspirés en O
et entraînés vers la trompe après avoir été dépouillés d'acétylène.
» En I, à l'extrémité du tube MI, est une petite cheminée métallique par
( 366 )
laquelle s'échappent, lorsque l'aspirateur ne fonctionne pas, les gaz formés
en Y. Ces derniers étant d'ordinaire peu facilement combustibles, on les
entretient constamment allumés au moyen d'un petit brûleur B'. Pour
maintenir en BI un léger excès de pression empêchant l'air de pénétrer en
M, on modère l'aspiration de manière à laisser toujours échapper en I un
peu des produits de la combustion incomplète; l'aspect de la flamme de
ces derniers sert en même temps de guide pour régler la marche de l'ap-
pareil.
» L'expérience montre que le rendement en acétylène croît avec la
quantité d'air introduite en ce; étant donnée la composition du gaz de
l'éclairage, on devrait donc pouvoir obtenir ainsi des mélanges contenant,
après condensation de l'eau, de 7 à 8 potu- 100 d'acétylène; mais d'autre
part la proportion d'air se trouve limitée par la nécessité de maintenir la
flamme fermée. En fait, les meilleures circonstances se trouvent réalisées
quand les produits gazeux sont tellement mélangés d'azote et de vapeur
d'eau, qu'ils brûlent en I avec une flamme pâle et s'éteignant facilement.
La flamme intérieure est alors enveloppée de jaune et devient un peu fuli-
gineuse. Dans ces conditions, le mélange gazeux aspiré contient, après
avoir été dépouillé de vapeur d'eau par réfrigération, environ 3 centièmes
de son volume d'acétylène. Il renferme peu d'acide carbonique et d'oxyde
de carbone.
» L'aspiration nécessaire au fonctionnement de l'appareil ne peut être
obtenue au moyen des trompes qui sont généralement usitées dans les
laboratoires pour faire le vide et qui n'entraînent que quelques dizaines
de litres par heure. Avec une pression d'eau de 12™ à iS™, il suffit de diriger
suivant l'axe d'un tube vertical de o", i5 de diamètre, de i™ de longueur
et plongé dans l'eau à sa partie inférieure, un jet de liquide de o™, oo5 à
o™, 006, pour avoir une aspiration suffisante.
» L'absorption de l'acétylène se fait, comme d'ordinaire, en faisant
passer les gaz dans du réactif cuivreux. Le courant étant rapide, pour ab-
sorber tout l'acétylène, il est nécessaire de multiplier les flacons laveurs.
On place avant ceux-ci un vase vide qui empêche les soubresauts du
réactif d'agiter la flamme.
» L'appareil réglé fonctionne à peu près sans surveillance; il est néces-
saire seulement de renouveler le réactif. J'ai déterminé à plusieurs reprises
le volume d'acétylène pur que l'on peut obtenir en traitant par l'acide
chlorhydrique l'acétylure cuivreux qu'il fournit dans un temps donné : ce
volume est égal à i5'" par heure. Cette production est relativement très
(367 )
considérable; j'ajouterai qu'elle peut être augmentée à volonté en modi-
fiant les dimensions du brûleur, la teneur en acétylène des gaz formés pou-
vant être maintenue constante. Dans tous les cas, elle est suffisante pour
permettre de tenter avec l'acétylène des expériences rendues pénibles
jusqu'ici par des difficultés de préparation. »
THERMOCHIMIE. — Détermination des chaleurs de combustion de la glycérine
et du glycol étiijlénique. Note de M. AV. Lougcinine, présentée par
M. Berthelot.
« Les déterminations qui font le sujet du présent Mémoire ont été
exécutées à l'aide de combustions vives dans une atmosphère d'oxygène.
Ma manière d'opérer diffère par quelques détails de celles qui ont été
usitées jusqu'à ce jour dans ce genre de recherches.
)) Je me suis servi du calorimètre de M. Berthelot, avec ses enceintes
préservatrices et son agitateur hélicoïdal. La combustion se produisait dans
une chambre en verre. La substance à brûler, contenue dans une petite
lampe en verre munie d'une mèche en amiante, était allumée au moyen
d'un courant galvanique, qui échauffait à l'incandescence un fil de platine
très fin, en contact avec la mèche en amiante.
» Les recherches que je publie actuellement ne portent que sur deux
corps, la glycérine et le glycol; elles forment le début d'un grand travail
que j'ai entrepris sur les chaleurs de combustion de différentes substances
organiques.
» 1. Glycérine purifiée par distillation dans une petite cornue en portions d'à
peu près 20^''. — Dans ces conditions, elle distille absolument limpide, et
le thermomètre est tout à fait stable (corrigé 291", 3). La substance a été
analysée par moi.
» Quantité de chaleur dégagée dans la transformation de
C'H'O' liquide + 7O gazeux — 4H'C) liquide + 3CO^ gazeux :
Q =391076
393542
391045
395091
393365
3906 I 2
Moyenne 392455
( 368 )
» II. Glycol étliflérnque provenant de ta fabrique Kalilbnum de Berlin^
purifié et analysé par moi. — Quantité de chaleur dégagée dans la trans-
formation de C- H" O- liquide + 5 O gazeux =3H'^0 liquide-]- 2CO- gazeux:
cal
Q =283735
28ig5i
3.84 1 92
Moyenne 283293
» Les nombres que j'ai obtenus concordent assez bien avec ceux qui
étaient à prévoir. M. Berthelot a montré que l'adjonction deO correspon-
dait à une diminution de Zjoooo'^''' dans la chaleur de combustion. C'est à
des nombres très voisins que je suis arrivé; en effet, la chaleur de com-
bustion de C^H^O... a été trouvée égale à Saiooo'"'. J'ai trouvé pour
C^H*0- ... la chaleur de combustion 283293'^'''. Différence, 37707'''»'.
» La chaleur de combustion de l'alcool propylique n'a pas été déter-
minée expérimentalement. Favre et Silbermann lui attribuent une valeur
de 481 000'='''. Si l'on calcule sa valeur en partant de celle de l'alcool éthy-
lique et si l'on ajoute à 32 1 000™' les 1 55 000"^' qui correspondent à la diffé-
rence entre les chaleurs de combustion des alcools homologues en pas-
sant de l'alcool éthylique à l'alcool amylique, on obtient pour la chaleur
de combustion de l'alcool propylique le nombre de 476000'''''.
» Si nous acceptons ce dernier nombre, nous trouvons que la différence
entre la chaleur de combustion de cet alcool et de la glycérineestde83545''''',
ce qui correspond à une diminution de 41780"'''" pour chaque atome
de O. M. Berthelot, dans son Mémoire sur les quantités de chaleur dégagées
dans la formation des composés organiques [Annales de Chimie et de
Physique, If série, t. VI), attribue à la chaleur de combustion de la glycé-
mie la valeur de 400000""', fort rapprochée des 392455™' données par
l'expérience directe; ce dernier nombre ne fait que confirmer la conclu-
sion à laquelle est arrivée M. Berthelot, que la combinaison d'un acide
gras et de la glycérine avec séparation d'eau est accompagnée d'une
absorption de chaleur. Je compte, du reste, étudier plus en détail cette ques-
tion, en déterminant les chaleurs de combustion des acides gras et de leurs
glycérides. »
( 369 )
CHIMIE onCANiQUE. — Sur un ferment digeslif qui se produit pendant la pani-
fication. Note de M. Soheurer-Kestner, présentée par M. Wurtz.
« A la séance de l'Académie des Sciences du aS août dernier, MM. Wurtz
et Bouchut ont fait connaître la faculté digestive du suc du Carica pnpaya.
11 est résulté des recherches de ces savants que le suc de cette plante ren-
ferme un ferment digestif, analogue à celui que sécrètent les plantes car-
nivores sur lesquelles MM. Darwin et Hooker ont appelé l'attention et
dont MM. Will et Gorup-Besanez ont retiré une sorte de pepsine végétale.
)) Des expériences déjà anciennes et inédites de mon père ont démontré
qu'il se produit pendant la panification une fermentation particulière, dont
l'action sur les substances animales telles que la viande se traduit par une
digestion com[)lète de la fibrine et des matières qui l'accompagnent, ana-
logue à la digestion produite par la pepsine végétale.
» Commencées déjà pendant l'année 1872, les expériences deM. Scheurer
père ont abouti, dès l'année suivante, à un résultat pratique, consisfant
dans la préparalion d'un pain de munition (pain de soupe) renfermant
5o pour lopde viande, se conservant indéfiniment sans altération, et qu'il
suffit de détremper dans de l'eau bouillante pour obtenir une soupe nour-
ri ss.m te.
» Du pain-soupe préparé au moyen du procédé de M. Scheurer père a
été envoyé au général Chanzy, commandant de corps d'armée à Tours.
Nous extrayons de sa réponse, datée du 8 avril 1873, ce qui suit :
« Le pain soupe est d'iin usage n-ès pionipt, très pralique et très conimodc; mais la
soupe ainsi obtenue, quoique très mangealjle, n'est peut-être pas d'un goût assez appétis-
sanl. II y aurait à craindre que le soldat s'en fatiguât promptement. Ce pain-soupe pourrait
néanmoins rendre des services à un moment donné, et l'idée en est excellente. Resicrait à
savoir s'il se conserverait bien en magasin. Il y a, je crois, quelques améliorations à intro-
duire dans le procédé de fabrication pour donner un peu plus de goût au pain. L'appli-
cation de l'idée du pain-soupe mérile certainement d'être étudiée. »
» Le pain qui a été préparé en iS^S s'est parfaitement conservé jus-
qu'à ce jour, sans aucune trace de moisissure ni de vers, ce qui arrive
toujours au bout d'un certain temps avec la viande non transformée.
» Les échantillons joints à cette Note proviennent d'tm pain qui a été
préparé, au mois de juin 1879, avec a5o^'' de boeuf, SoS"" de lard fumé et
230^'" de farine. Pour préparer la soupe avec cette espèce de biscuit, on fait
C. R., 1880 :" 5cmejfrc. (T.XC. K»a.) ^9
( 370 )
bouillir pendant quinze à vingt minutes 80^''' de biscuit et i'" d'eau et, l'on
ajoute du sel au moment de retirer du feu.
» Voici une Note qui a été rédigée par M. Scheurer père et qui indique
le mode de préparation :
« Lorsqu'on soumet à la fermentation panaire de la viande, de quel(|ue nature qu'elle
soit, mélangée avec de la farine et du levain de boulanger, la viande se fond dans la masse
du pain pendant la fermentation, et, lorsque l'opération a été bien conduite, il ne reste aucune
trace de viande dans le pain; la viande s'est transformée en une matière incorruptible. Du
pain préparé par ce procédé et séché ne pressente, après l'avoir conservé pendant sept ans,
aucune altération, si ce n'est un goût de rance provenant de la graisse que contenait la
viande.
>• Pour faire la pâle on procède de la manière suivante. On fait un mélange de 550^'' à
SjS^'' de farine, de 5o^' de levain de boulanger et de Soo^'' de bœuf frais haché très menu.
On ajoute à ce mélange la quantité d'eau nécessaire pour faire une pâte d'une épaisseur con-
venable. La pâte est exposée à une température modérée, où elle fermente pendant deux
à trois heures. L'expérience indique le temps qu'il faut |inur que la viande %ci\\./nnduc et
ait complètement disparu dans la pâte. Puis on cuit le pain comme de coutume.
11 Après de nombreux essais j'ai reconnu que la fermentation, suivant des circonstances
inconnues, fournit des produits plus ou moins acides, dont on combat facilement la forma-
tion en ajoutant à la pâte \^' de bicarbonate de soude; mais le pain obtenu de cette manière
est moins agréable au goût que celui sans soude. Je fus alors conduit à faire cuire d'abord
la viande hachée, pendant une heure, avec la quantité d'eau nécessaire pour faire la pâte.
Dès ce moment, les fermentations ont fourni un résultat constant et toute acidité a disparu.
» Il ne faudrait pas dépasser la quantité de viande employée dans ces expériences (en-
viron 2 parties de farine contre 1 partie de viande, soit 5o pour 100 de la farine employée) ;
de nombreuses expériences ont démontré qu'en dépassant cette proportion la fermentation
reste incomplète.
.1 Le pain obtenu, sans être séché, a un goût agréable; on peut lui donner plus de goût
en y ajoutant du sel, mais alors le pain devient hygrométrique et risque de se conserver
plus difficilement. Le pain, sans dessiccation, fournit un excellent potage, et il suffit, pour le
préparer, de le faire bouillir par tranches pendant un quart d'heure.
» En remplaçant une partie du breuf par du lard fumé, on donne aux produits un goût
plus relevé. Le mouton peut rem|)lacer le bœuf à la même dose, avec addition d'oignon
haché qui se fond pendant la fermentalion comme la viande; il en est de même du veau, qui
fournit des consommés d'un goût exquis pour être donné aux malades et aux blessés.
i> Le pain préparé avec une addition de lard fumé a été reconnu d'une supériorité tràs
grande sur celui préparé avec du bœuf seulement. Le pain préparé sans lard est plus fade :
celui qui a été expérimenté par le général Chanzy était préparé sans lard. »
M. CossoN, à l'occasion de la Communication de M. Scheurer-Restner,
croit devoir exposer à l'Académie qu'il a, pendant le siège de Paris, fait
incorporer dans du pain ou du biscuit un dixième et même deux
( .•>7' )
dixièmes d'os ayant servi à la pn'-pa ration de ia colle forte, et par con-
séquent dépouillés de matières putrescibles, réduits à la meule en poudre
fine blutée comme de la f;u'ine. Cette incorporation n'altérait en rien le
goût du pain ou du biscuit; sans aucune autre addition que celle d'un peu
de sel, on en obtenait très promptement, par décoction, une panade dont
l'usage n'a jamais présenté d'inconvénients et même a offert de sérieux
avantages pour prévenir ou combattre les accidents dyssenlériques dont
les blessés ou les malades étaient fréquemment atteints, surtout dans la
dernière période du siège. La combinaison de la viande avec les produits
féculents se produit également dans les biscuits SpratI, employés généra-
lement pour la nourriture des chiens de chasse.
HISTOLOGIE. — De la jorinalion des ovales et de l'ovaire chez les Mammifères
et les Verlébrés ovipares. IN'ote de M. O. Cadiat, présentée par M. llobin.
« Il est généralement admis, depuis les recherches de Valentin, de Pflû-
ger et surtout de Waldeyer, que l'ovule se forme avant l'ovaire et qu'il
apparaît chez le Poulet au quatrième jour d'incubation, au milieu des élé-
menls dits de répitliélium (jerminatif.
» D'après Waldeyer, cet épithélium formerait, dans l'épaisseur de l'émi-
nence génitale, des involutions au milieu desquelles naîtraient des ovules.
Ces involutions, ayant forme de tubes, se segmenteraient autour de chaque
ovule de façon à délimiter une sorte de petit kyste rempli d'épithélium.
L'ovule occuperait la partie centrale de celte masse épithéliale, et les cel-
lules enveloppantes deviendraient l'épilhélium du follicule. Ainsi se trouve-
rait constituée la vésicule de de Graaf. D'après cela, tous les éléments de
répitliélium dit germinalif ([ui ne prendraient pas le caractère d'ovules ser-
viraient à former l'épithélium de l'ovisac. Les recherches auxquelles je me
suis livré sur ce sujet me permettent d'affirmer :
» 1° Que l'épilhélium germinalif et l'ovaire lui-même ne renferment
de véritables ovules qu'à une période avancée du développement, alors
que les organes génitaux externes permettent déjà de différencier les
sexes ;
» 2° Que l'épithélium de la vésicule de de Graaf a une tout autre ori-
gine que la couche de revêtement de l'éminence génitale dite éjAlliéliitm
germinatij.
'» Les ovules et les vésicules de de Graaf dérivent d éléments que l'on
( 37^ )
peut reconnaître, au milieu des cellules de l'épitliéliurii germinatif, du qua-
Iriéme au cinquième jour d'iucubalion chez le Poulet. Ces éléments, beau-
coup plus nets plus tard, très visibles sur des embryons de Mouton de
o",07 à o",o8 de long, ont au début o""°,oi de diamètre.
» Ils possèdent de très bonne heure une paroi épaisse très facile à dis-
tinguer. Celte paroi joue, comme nous le venons, un rôle important dans
la jjhysiologie de l'élément. Le corps cellulaire est très granuleux; il offre
déjà des analogies d'aspect avec le vitellus de l'ovule. Cet élément n'a
d'abord pas de noyau, mais un ou deux nucléoles volumineux. Nous lui
donnons le nom d'ovobtaste. Celui d'ovule primordial ne convient pas, car
ce n'est que beaucoup plus tard qu'apparaissent la membrane vitelline, la
vésicule germinative, etc., et toutes les parties qui constituent l'ovule,
» Sur l'ovaire d'embryon de Mouton de o^jOS, les ovoblastes pi us ou moins
développés forment une couche continue, comme un épithélium de revê-
tement. On ne peut, en effet, distinguer de différences appréciables entre
les cellules que nous venons de décrire et les plus petites qui les entourent.
De cette couche superficielle partent des prolongements irréguliers s'en-
fonçant dans la trame de l'ovaire et remplis par les mêmes éléments. Ce
sont ces prolongements tubuleux qui ont reçu le nom de tubes de Pflùcjer.
Pour nous, tous les éléments que renferment ces tubes sont des ovoblasles.
D'après Waldeyer, au contraire, les ovules primordiaux et les cellules des-
tinées à l'épitbélium folliculaire seraient mélangés dès le début. D'après
Kolliker, des prolongements du mésovaire, formés d'épithélium, viendraient
à la rencontre des involutions de l'épithélium germinatif, entoureraient
chaque ovule primordial; puis un travail de séparation, se faisant sur les
tubes de Pfliiger, formerait autant de vésicules de de Graaf qu'il y a d'o-
vules. Nous pouvons aftirmer que les vésicules de de Graaf se forment
d'une façon toute difiérenle : c'est l'ovoblaste lui-même qui donne naissance
à tout l'ensemble de l'épilhélium folliculaire, de la paroi du follicule et de
l'ovule.
» Sur des embryons de Brebis, longs de o'°,o8, o", 12, o^jiS, o™,23 et
o'", aS, il est facile de suivre, comme nous l'avons fait, l'évolution de ces
éléments.
» On voit d'abord (jusqu'à 0'", 12) les ovoblastes augmenter de vo-
lume, acquérir des noyaux et des nucléoles, se segmenter sous leur paroi
autour de ces noyaux. Plus tard, quand l'embryon de Mouton atteint o", 18
eto'",20, l'ovoblaste donne à sa surface des gemmes comme ceux du globule
polaire, mais beaucoup moins nets. Dans ces expansions du corps cellu-
( 373 )
laire naissent des noyaux, et ainsi se forme une enveloppe de cellules épithé-
liales qui s'isolent peu à peu du corps cellulaire primitif.
» La paroi persiste, recouvrant le tout. Dès lors, à cette époque, ou peut
voir que presque tous les ovoblastes se transforment en vésicules de de
Graaf par le processus indiqué plus haut. Ces vésicules restent groupées
en amas jusqu'à l'âge adulte, comme l'étaient les ovoblastes des cordons
de Pflùger.
» Au moment où se produit cette formation d'épithélium folliculaire, la
cellule centrale acquiert un gros noyau un peu transparent et un nucléole
correspondant le premier à la vésicule germinative et le second à la tache
germinative. Son corps cellulaire se remplit de grosses granulations jau-
nâtres et réfringentes. Alors, à cette époque, on peut lui reconnaîlre les
caractères véritables d'un ovule auquel il ne manque que la membrane
vitelline. Celle-ci, d'après ce que nous venons devoir, n'a aucun rapport
avec la paroi primitive de l'ovoblaste.
» Les premières cellules de l'épithélium folliculaire étant formées comme
nous venons de le dire, elles se multiplient par segmentation de façon à
constituer cette masse qui remplit la vésicule de de Graaf. On voit que cet
épithélium, loin de former l'ovule, comme le pensait Waldeyer, en est un
dérivé. Or, chez les Ovipares, il joue un rôle important dans la con.stitution
du vitellus nutritif ('). »
PHYSIOLOGIK. — Etude sur tes moclijicalions appoitées par l'organisfne animal
aux diverses substaiwes albuminoides injectées dans les vaisseaux (3*^ série :
Injections inlra-veineuses de ferments solubles). Note de MM. J. Béciia.mp
et E. Baltus.
« Injections de cliastase de l'orge cjermée. — Nous publions les premiers
résultats d'une série de recherches entreprises par nous, sur les modilica-
('j Chez les Vtrtébrcs ovipares, en effet, le ilévcloitpenient des ovules se fait exactement
comme chez les Mammifères, pendant la première période ; mais, au nioiiient oCi l'ovule
véritable est formé, et se trouve entouré sous la paroi de l'ovoblaste par réj)ithélium follicu-
laire, ce dernier, au lieu de se multiplier comme chez les Mammifères, travaille à foi mer le
vitellus de niiti'ilion. Il se réduit peu à peu à mesure que ce vitellus augmenteet dis|iaraît à
une époque variable suivant les animaux. D'après cela l'enveloppe du jaune n'est pas la
membrane vitelline : c'est la paroi de l'ovoblaste hypertrophié, de telle sorte que l'œuf des
squales et le jaune de l'œuf d'oiseuu sont les analogues d'une vésicule de de Graaf.
( 374)
tions apportées, par l'organisme animal, aux divers ferments soliibles in-
jectés dans les vaisseaux. La zymase objet de la présente Communication
est la diastase de l'orge germée, obtenue parfaitement pure et d'un pouvoir
rotatoire sensiblement constant, identique à celui que M. A. Béchamp a
déterminé dans des recherches encore inédites.
« Première expérience, — in mai 1878. Cliien de berger. P^C)''5,Coo à jeun.
» A 10'' du matin, injection par la veine l'éiiiorale, en neuf minutes, de gS" d'une solution
contenant 3^'' do diastase dont le pouvoir rotatoire est de io3'''S^. Pendant l'injection,
vomissements alimentaires. A partir de ce moment, abattement considérable; les vomisse-
ments glaireux se répètent à courtes distances, avec défécation; l'animal meurt dans la nuit.
On mélange les urines rendues à 1 1'' du matin (37"^°) et à 4''3o'" (Sg^*^) avec celles qui ont
été trouvées dans la vessie à l'autopsie (4o")'
» Résultats négatifs à l'autopsie.
» Analyse des urines, — Urine très faiblement acide , louchit très légèrement par l;i
chaleur et l'acide nitrique. La totalité est précipitée par l'alcool. Le précipité a tous les ca-
ractères de la diastase : solubilité dans l'eau après précipitation par l'alcool, non-coagula-
tion parla chaleur; fluidificalion de l'empois en quelques secondes, et, trois minutes après
cette action, on constate la présence du glucose. La matière en solution aqueuse a pour
pouvoir rolatoiie : [».]=: 1 13",5\. Cette solution, fortement colorée, est très difficilement
observable. On a pu isoler de la totalité des urines environ o^'', 5o de diastase.
» Deuxième expérience. — 20 novembre 1878. Chien de chasse, très vigoureux.
P =: 20*^5 à jeun.
» A 10'' du matin, injection par la veine fémorale, en quinze minutes, de 3*'' de diastase
dissoute dans gS"' d'eau à 35°. Pas d'incidents pendant l'injection.
» 1 1''. Abattement. Vomissement d'os avalés la veille; efforts de vomissements continuels
et violents.
« Midi. Une selle glaireuse. Salivation; cinq vomissements consécutifs, bilieux et spu-
meux.
» i''3o'". Vomissements et selle liquide. L'abattement se dissipe.
• S*". Le chien mange et boit avec appétit.
» i\ novembre. Urines de la nuit, 55o", alcalines; coloration bilieuse.
» 11 novembre. Le chien urine dans la matinée 700'='^. L'urine est franchement acide. On
met l'animal en liberté; il a survécu à l'opération, mais avec une diarrhée, parfois sangui-
nolente, qui a persisté pendant j)lusieurs jours.
» Analyse des urines. — On précipite par l'alcool, on obtient une matière liygrométriiiuc
comme la diastase de l'orge germée, intégralement solubie dans l'eau, £luidi6ant instan-
tanément et saccharifiant rapidement l'empois. Son pouvoir rotatoire est [a]y=ii4°\.
La solution était difficilement observable.
» Troisième expérience. — 27 décembre 1878. Chien épagneul. P= 10^^ à jeun.
>> A lo*" du matin, injection par la veine fémorale, en vingt minutes, de loo'^'' d'une
solution contenant 7", 5o de diastase. Rien de particulier pendant l'injection.
( 375)
» yi'uVi. Vomissements pénibles de glaires.
» 2''. Abattement considérable; l'anima) est coiiclié sur le flanc.
» 6''. Selles diarrhéiques abondantes. Refus de tout aliment. Émission de 400" d'u-
rine neutre.
» 6'' 10'". Vomissements extrêmement abondants (plus de i''') de matières glaireuses.
Selles diarrhéiques très copieuses. Dans la nuit, nouveaux vomissements elmort.
• Autopsie. — Les poumons, le foie, les reins sont gorgés de sang; le gros intestin
rempli de sang sur une longueur de o'",25; nombreux foyers hémorrhagiques dans le
mésentère et l'intestin grêle.
» Analyse des urines. — Urines légèrement alcalines, louchissant à peine par la chaleur
et l'acide nitrique. La totalité est précipitée par ralcool. La matière isolée est hygromé-
trique, intégralement soluble dans l'eau, fluidifiant instantanément l'empois et le saccha-
rifiant. Le poids de la matière isolée est de 3^'', 3; son pouvoir rolatoire est [a],== qÇ^X.
» Concliisiojis. — 1° La diastase de l'orge germée, inirodnite dans le
système circulatoire, se retrouve partiellement dans les urines.
» 1° La diastase de l'orge germée ne subit aucunemodification delà part
de l'organisme, tant an point de vue de son pouvoir rotatoire qu'à celui de
ses caractères chimiques. Les différences constatées doivent être imputées
aux diflicultés d'observation des solutions.
» 3° L'introduction de cette substance dans le sangl provoque des
troubles fonctionnels considérables, qui, dans les proportions d'environ
0^*^,35 par kilogramme dti poirls total de l'animal, déterminent la mort. »
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — De quelques exemples relatifs à l'antagonisme
entre l'hérédité et le milieu. Note de M. E. Mer, présentée par M. P.
Duchartre.
« Lorsque les plantes amphibies passent de l'air dans l'eau ou récipro-
quement, les anciens organes dépérissent presque toujours et ceux qui
leur succèdent en différent par un ensemble de caractères en rapport avec
le nouveau milieu où ils sont appelés à vivre. Toutefois il subsiste toujours
des traces de l'organisation précédente, transmises par hérédité. L'épi-
derme, étant en contact avec le milieu, en subit le plus directement les
influences et se prête le premier aux modifications qu'il réclame. Tandis
que dans l'eau il est formé de cellules généralement allongées, régulières,
alignées, à contour rectiligne, avec des parois et une cuticule minces, et
manque de stomates, dans l'air ses cellules ont un contour plus ou moins
irrégulier et sinueux, leurs parois et la cuticule s'épaississent, enfin elles
(376)
sont parsemées de stomates. Cependant certains de ces caractères, et sur-
tout le dernier, résistent avec énergie aux influences extérieures; aussi
sont-ils ceux qui établissent avec le plus d'évidence l'antagonisme entre
l'hérédité et le milieu. Voici quelques exemples à ce sujet.
» On sait que les feuilles nageantes n'ont de stomates qu'à la face supé-
rieure, et cela non seulement pour celles qui, dés leur apparition, sont en
contact avec l'air, mais encore pour celles qui n'arrivent à la surface que
lorsque leur développement est avancé ou même achevé. Ce cas se pré-
sente soit dans les premières feuilles des plantes à tige dressée {Raiiunculus
acjuatilis, Polamocjeton natans), soit clans celles qui, ayant leur rhizome
enfoncé dans la vase, doivent traverser une épaisseur d'eau souvent con-
sidérable {Niipliar piimilum). Outre ses feuilles nageantes, cette dernière
plante en possède encore d'autres qui restent toujours submergées et dont
néanmoins les faces sont dissemblables; à l'inférieure, les cellules épider-
miques sont plus grandes et moins sinueuses qu'à la face supérieure et
possèdent, en outre, des poils réduits le plus souvent à leur cellule basi-
laire.
» On rencontre parfois quelques stomates à l'extrémité des feuilles laci-
niées vivant constamment sous l'eau (RaimnciiUts oqiiatilis). En outre, les
cellules épidermiques y sont plus larges, moins régulières que dans les
laciniures inférieures; leurs parois et la cuticule y sont plus épaisses, ce
qui donne au somn)et de ces feuilles un caractère plus aérien, que l'on
retrouve encore, à des degrés variables, à l'extrémité des organes immergés
de beaucoup d'autres plantes. C'est ainsi que, dans les frondes et pédon-
cules des pieds de Sitbiilaiia acjuntica, toujours submergés, les stomates
augmentent de nombre à partir de la base, et qu'on eu rencontre davan-
tage encore sur les parois de l'ovaire, plus rapproché de la surface. On
en trouve parfois aussi au bout des frondes du Litlnrellci lacitstris, sur des
individus croissant près du rivage, mais non sur ceux qui sont situés assez
loin du bord; néanmoins, dans ceux-ci, les cellules épidermiques sont plus
irrégulièrement alignées et ont des contours moins rectii ignés au sommet
qu'àlabase. Ces différences s'observent é^jaleinent dans les frondes d'hottes
liicustris, principalement sur les pieds rapprochés de la rive. Sur les feuilles
d'un rameau de Callitriche submergé, on voit qu'a la base de chacune
d'elles les celhdes épidermiques, allongées et dépourvues de stomates, ne
sont pas encore sinueuses. Au milieu elles commencent à le devenir: puis
ce caractère s'accentue de plus en plus jusqu'au sommet; stomates et poils
deviennent en même temps plus abondants. Enfin ces caractères sont
( 377 )
plus inaïqués sur les feuilles qui sont situées à l'extrémité du rameau
que sur celles qui en occupent la partie inférieure. Des différences ana-
logues s'observent sur les feuilles de ces plantes lorsqu'elles se développinl
et vivent à l'air. Leurs formes diffèrent alors jilus ou moins des foi mes
aquatiques; entre les ty|)es extrêmes il existe souvent bien des passages,
mais toujours le caractère aérien est plus accentué au sommet qu'à la base
de l'organe. Offrant un faciès plus aérien que ne le comporterait le séjour
dans Tenu, plus aquatique que ne le comporterait le séjour dans l'air, ces
végétaux, par suite de leur aptitude à vivre dans ces deux milieux, ont une
organisation qui oscille autour d'un type moyen.
» Chez certaines plantes, les feuilles ont l'extrémité seule émergée
[Carex ampitttncea, Tjpha, etc.); la structure de ces deux régions est dif-
férente, quoique le passage s'opère graduellement. Les stomates, qui man-
quent dans la partie inférieure, commencent à apparaître assez loin de la
surface de l'eau et deviennent ensuite plus nombreux dans la partie émer-
gée. Des différences correspondantes s'observent dans l'épidirme. Les
longues feuilles rubaniformes du Spargnniiim natans possèdent dis stomates
non seulement dans le haut de la partie submergée et dans toute la lon-
gueur de la partie nageante (face supérieure), mais encore à l'extrémité
de cette dernière région (face inférieure).
» Les plantes aquatiques qui couvrent les bords des étangs à niveau
largement variable sont tour à tour immergées et émergées; mais, dans les
lacs d'une certaine étendue et dont le niveau reste à peu près constant,
elles demeurent toujours sous l'eau. C'est ce qui arrive dans le lac de
Longemer pour le Raminculiis Flamrnula ; or, là, les feuilles de cette plante
portent de nombreux stomates. Comme, non loin du bord, des sujets de
celle espèce vivent à découvert et fructifient, on peut supposer que leurs
graines se disséminent dans l'eau et donnent naissance à des individus qui
gardent certains caractères aériens malgré le milieu. Dans ce même lac se
trouvent deux stations, éloigîiées l'une de l'autre, où croît le Subularia
aqudtica; dans l'une la plante est toujours immergée, et cependant les
frondes possèdent des stomates bien conformés, quoique plus rares que
dans l'autre. Le caractère aérien est tellement imprimé dans ces organes,
qu'un séjour, même prolongé, sous l'eau n'a pu encore le faire dispîi-
raîlre. »
G. R., iSSo, 1 ' Seriestre. (T. XC, N' 0.) -^O
( 378 )
MINÉRALOGIE. — Sur un silicate de sesquioxyde de fer et de potasse correspondant
à l'ampliigène. Note de M. P. Hautefeuille, présentée par M. Daiibrée.
« Les premiers travaux de Mitsclierlich établirent l'isomorphisme de
l'alumine et du sesquioxyde de fer. Les combinaisons naturelles dans les-
quelles l'alumine cl le sesquioxyde de fer se remplacent partiellement ou
en totalité ne se comptent plus. Mais quelques silicates aluraineux con-
tiennent de si faibles quantités de sesquioxyde de fer qu'on n'a aucune
preuve de l'isomorphisme de ces bases dans ces composés, d'ailleurs peu
nombreux, et parmi lesquels les plus importants sont l'amphigène et les
feldspaths. Ces exceptions tiennent-elles à la nature des combinaisons ou
bien aux conditions particulières de la cristallisation de ces minéraux? Telle
est la question qu'on pourra se poser toutes les fois qu'on aura à sa dispo-
sition une méthode nouvelle pour f;iire cristalliser ces silicates.
» J'ai vainement tenté de remplacer, dans la préparation des feldspaths,
l'alumine par le sesquioxyde de fer; mais j'ai pu obtenir un silicate de
sesquioxyde de fer et de potasse qui rappelle l'amphigène par l'ensemble
de ses propriétés et par les rapports des quantités d'oxygène contenues
dans l'acide et les deux bases.
» C'est en traitant par le vanadate de potasse les éléments de ce silicate,
à la température de la fusion de l'argent, qu'il se forme et cristallise. La
silice et le sesquioxyde de fer amorphes disparaissent en moins d'une
heure et sont remplacés dans le vanadate fondu par un sable cristallin
formé de très petits pseudo-icositétraèdres. Un séjour prolongé dans ce sel
de potasse permet d'obtenir des druses dans lesquelles on trouve du fer
oligiste, des silicates variés et, au premier rang par le nombre et par l'éclat,
des cristaux transparents d'un vert jaunâtre, dont les formes rappellent
celles de l'amphigène. Ces cristaux grossissent plus rapidement et s'ob-
tiennent exempts de tout mélange en ajoutant au bain fondu de vanadate
de potasse, dès que les éléments amorphes ont disparu, environ j—^ de sou
poids de fluosilicate de potasse.
» L'analyse des petits cristaux permet de fixer la composition de ce sili-
cate; elle a pu être faite par l'acide sulfurique, qui les attaque complè-
tement :
Oxygène. Rapports.
Silice 49)66 26,49 ^
Sesquioxyde de 1er .. . 32, 1 3 9>64 2,9
Potasse .... 17)53 2,98 o,g
Perte 0,68
100,00 ■
( 379 )
» Ces rapports conduisent à la formule /j Si O'', Fe^O% KO; le sesqui-
oxyde de fer peut donc remplacer la totalité de l'alumine dans le sili-
cate 4SiO-, Al-0%KO, qui exprime la composition de l'amphigène.
» Ces deux composés sont isomorphes; les cristaux du nouveau silicate
présentent même tontes les particularités observées sur les cristaux d'am-
phigène des volcans.
M Ce sont des polyèdres à vingt-quatre faces que la mesure des angles
dièdres ne permet pas de distinguer facilement de l'icosilétraèdre a^ .
Cependant ces cristaux, pas plus que ceux d'amphigène, n'appartiennent
au système cubique: ce sont des pseudo-icositélraèdres formés d'un octaèdre
a} et d'un dioctaèdre a.^, dérivés d'un prisme quadratique.
» La forme primitive dti nouveau silicate est encore plus voisine du cube
que celle de l'amphigène ; c'est ce qui résulte des mesures suivantes :
Amphigène de sexquioxyde de fer.
Amphigène de Frascati, __ ^^^.^-^-^^ _^ Icositétraèdre
d'après vom Rath. Angles observés. Angles calculés. a'.
o " , o , o ,
a'rt- adjacent i3o. 3 i3o.53 i3o.58 i3i.49
a'oi adjacent 146.27 1^1 . 8 146. 54 146.27
fljflj arête basique i33.5S *i32.5o » 181.49
«j(7j arête culminante sur //. . 146.10 146. 38 146.18 146.27
fljflj arête culminante sur ra. i3i.24 » i3i.38 i3i.49
6 : /i :: 1000 : 1052,716 b : h :: 1000 : 1024,4
» Ces cristaux sont très fortement biréfringents; ceux d'amphigène le sont
fort peu: c'est la différence la plus importante qu'on puisse citer entre ces
deux espèces. Leur structure est très analogue à celle de l'amphigène, car
tous les cristaux sont maclés parallèlement à b' et les macles se répètent
quelquefois par séries parallèles. Les plaques minces constamment éteintes
dans la Unnière polarisée parallèle sont très rares dans les préparations,
mais on observe des plages restreintes de forme rectangulaire qui sont per-
pendiculaires à un axe optique. Ces plages rectangulaires quand elles sont
allongées forment des bandes interrompues par d'autres qui leur sont per-
pendiculaires : elles donnent alors aux plaques minces examinées dans la
lumière polarisée l'aspect d'une fine marqueterie formée de bandes ob-
scures sur un fond très vivement coloré, pourvu que les sections principales
des niçois croisés ne soient pas à 45" des |)lans de macle. Ces phénomènes
prouvent que ces cristaux sont des assemblages : les conditions cristallo-
graphiques particulières qui déterminent le mode de groupement de l'am-
( 38o )
phigène existent donc dans les cristaux de l'espèce isomorphe exempte
d'alumine.
» Le sesquioxyde de ter ne se combine pas aussi facilement à la silice et
à la potasse que l'alumine. Il faut pour obtenir ce silicate, non encore
signalé dans la nature, exclure complètement l'alumine du bain fondu de
vanadate dépotasse. La température nécessaire pour la forrantion de ce sili-
cate est un peu plus élevée que celle nécessaire à la préparation des feld-
spaths, probablement parce que le sesquioxyde de fer n'est attaqué par le
vanadate alcalin qu'à plus haute température que l'alumine. Il est en effet
possible de préparer de l'orthose en chauffant modérément un mélange
d'alumine et de sesquioxyde de fer avec de la silice et du vanadate de
potasse, sans former un seul cristal d'amphigène de sesquioxyde de fer.
» Le vanadate de potasse, employé comme agent minéralisateur, peut
fournir cette nouvelle espèce chimique associée à l'orthose, à l'amphigène
et à des silicates variés, parmi lesquels je me propose de chercher la szaboïte
(3SiO', Fe^O'), découverte récemment par M. Kocb. »
M. E. Delaurier adresse une « Étude sur les concentrateurs solaires ».
La séance est levée à 4 heures trois quarts. D.
ERRATA.
(Séance du i6 février 1880. )
Page 326, lignes 4 et 5 en remontant, supprimer les mots : « une Lettre inédite de
Pascal à M. Huguens, à la Haye; 9° ».
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉ/VTNXE PUBLIQUE ANNUELLE DU LUNDI 1" MARS 1880,
PRÉSIDÉE PAR M. DAUBRÉE.
M. Daubrée, Président de l'Académie pour l'année 1879, prononce
rallocution suivante :
« Messieurs,
» Permettez que mes premières paroles soient consacrées au souvenir
des trois confrères que nous avons eu la douleur de perdre cette année :
M. Paul Gervais, dont les recherches avaient embrassé avec un même suc-
cès l'étude des animaux vivants et celle des animaux fossiles; M. de Tessan,
que, pendant bien des années, le corps savant des ingénieurs hydrographes
a considéré comme son guide; et, plus récemment, M. le général Morin,
auquel la Mécanique, les Arts industriels et l'Artillerie doivent des travaux
d'un mérite unanimement reconnu. Quand nous voyions naguère le géné-
ral Morin prendre part à nos délibérations avec tant de jeunesse d'esprit,
nous avions l'espoir légitime de le conserver longtemps encore parmi nous.
Contemporain de Poncelet et de Piobert, il était le dernier de ces trois gé-
néraux, dont les noms resteront unis dans notre mémoire, comme ils le
sont dans la Science, et qui ont représenté, avec éclat, les armes savantes,
au sein de notre Compagnie.
» L'Académie des Sciences a toujours considéré comme l'une de ses plus
importantes fonctions, et comme un devoir qui lui est bien doux, d'exciter
G. R., i8?o, I" Semestre. (T. \C, N» 9.) 5l
( 382 )
et d'encourager les recherches par les Concours qu'elle ouvre chaque
année.
» Et comment ne serait-elle pas fière des résullats obtenus? Les Euler,
lesBernoulli, les Lagrange, se sont les premiers disputé ses prix, dans des
luttes mémorables, et les ont mérités tour à tour, par des travaux'qui por-
taient la lumière sur les plus grands problèmes de la Mécanique céleste.
L'Académie, en provoquant leurs efforts, a exercé sur le mouvement des
esprits une impulsion féconde, qui ne doit pas cesser.
» Aujourd'hui, les récompenses, devenues plus nombreuses, grâce aux
ressources chaque jour croissantes, dont nous sommes redevables à de gé-
néreux donateurs, s'adressent aussi aux Sciences physiques ou naturelles et
honorent des mérites plus divers.
D Cette année, nous n'avons pas à décerner moins de vingt-cinq prix.
Pendant les courts instants qui me sont mesurés, je ne saurais donner une
idée, même approximative, de chacune des découvertes couronnées, en
Mathématiques, en Mécanique, en Astronomie, en Physique, en Chimie
pure ou appliquée, en Botanique, en Zoologie, en Paléontologie, en Phy-
siologie, en Médecine, en Chirurgie, en Statistique. Une énumération aride
fatiguerait votre attention; mais ce n'est pas sans regret que je renonce à
rendre hommage à chacun des lauréats dont vous allez entendre les noms.
» Quelques exemples suffiront pour vous donner une idée de l'impor-
tance de nos Concours et du mérite de nos couronnes.
» Au commencement du siècle, un astronome italien, Piazzi, observait
entre Mars et Jupiter une planète très petite, dont la découverte fit sensa-
tion. A l'heure actuelle, dans cette région du ciel, on n'en compte pas
moins de deux cent cinq. Elles semblent y représenter les débris d'une pla-
nète plus importante, dont la place est restée libre et dont l'existence se
rattache aux lois générales qui président à la constitution de notre système
solaire. Ce groupe si remarquable des planètes télescopiques acquiert
d'autant plus d'intérêt que le nombre s'en accroît davantage. L'Académie
ne saurait donc trop encourager les observateurs laborieux et patients qui
consacrent leurs veilles à enrichir cette province du domaine de l'Astrono-
mie et qui rendent possibles, ponr leurs successeurs, des travaux théori-
ques, dont nous commençons déjà à entrevoir la haute importance. Aussi
a-t-elle donné le prix Lalande à M. Peters, de Clinton (États-Unis), qui, à
lui seul, a découvert quarante-trois de ces petites planètes, pendant ces
dernières années.
» Il en est de la Chimie comme de l'Astronomie. Elle voit se multiplier
( 383 )
les corps élémentaires, c'est-à-dire ceux qu'on ne parvient pas à décompo-
ser. Assez fréquemment, de nouveaux métaux sont signalés, parmi lesquels
il en est un qui mérite une mention spéciale : le gallium. La marche ori-
ginale et logique suivie dans la découverte du gallium, non moins que les
propriétés extraordinaires de ce métal, que sa fusibilité rapproche du mer-
cure, assignent une place à part à M. Lecoq de Boisbaudran, JiC gallium,
en effet, n'a pas été obtenu, ainsi qu'il est arrivé d'ordinaire, par la ren-
contre fortuite d'un minéral, dans lequel le corps nouveau était combiné,
ni par une indication spectroscopique attestant la présence d'un élément
inconnu. C'est guidé par des vues théoriques qui lui sont propres que
l'auteur a soupçonné et prévu, dans certains minerais de zinc, l'existence
d'un métal nouveau, métal que, malgré son extrême rareté dans la masse
qui le contient, il a su isoler et, bientôt après, caractériser nettement.
» De son côté, M. Le Roux, à qui l'on est redevable de travaux très
distingués sur différentes parties de la Physique, a étudié, par des procé-
dés qui lui appartiennent, le pouvoir réfringent des vapeurs des corps qui
ne prennent l'état gazeux qu'à de très hautes températures.
» Tous les travaux de M, le D' Davaine sont empreints d'un esprit
scientifique des plus élevés. Ceux mêmes dont les résultats conduisent di-
rectement à des applications médicales, comme ses belles recherches, de
date déjà ancienne, sur les maladies charbonneuses, partent d'expériences
physiologiques, conduites avec une méthode, qui rappelle celle de Claude
Bernard, son maître.
)) Dans trois voies différentes, ces lauréats des prix Lacaze ont largement
payé leur tribut aux sciences qu'ils cultivent.
» Après avoir appelé l'attention du monde savant en lui signalant, il y
a une quinzaine d'années, un corps simple nouveau, le thallium, M. Crookes
a récemment accru sa célébrité par des séries d'expériences, ingénieuses et
brillantes, sur des phénomènes produits par l'électricité dans l'air le plus
raréfié. L'auteur, venu tout exprès d'Angleterre, a bien voulu les mettre sous
les yeux des savants français, dont l'Académie se fait l'interprète en lui
décernant un de ses prix.
» De remarquables amas de chaux phosphatée ont été accumulés, par
d'anciennes sources thermales, au sud de la France, dans des crevasses du
plateau jurassique du Quercy. Découverts, il y a peu d'années, et activement
exploités, à cause de leur haute valeur agricole, ils ont fourni un nombre
immense de fossiles. M. Henri Filhol, en les soumettant à une étude
attentive et savante, nous a signalé toute une faune nouvelle de Vertébrés,
( 384)
qui habitaient cette partie de notre sol, à peu près à l'époque où la pierre
à plâtre empalait, aux environs de Paris, les ossements, dont l'observation
suffisait au génie de Cuvier pour restituer un monde entièrement disparu.
D La structure des Alpes suisses a longtemps paru échapper aux lois
acceptées dans la Science. La difficulté de reconnaître exactement l'âge
relatif des masses qui constituent ces majestueuses montagnes est très
grande et résulte de causes diverses. D'une part, les sédiments calcaires,
argileux ou arénacés des anciennes mers, qui se sont accumulés sur de
grandes épaisseurs et qui forment une partie de la chaîne, sont très souvent
dépourvus des fossiles qui pourraient en déterminer l'âge. D'autre part,
les caractères minéralogiques de ces couches sont ambigus, comme si, de-
puis l'époque où elles ont été déposées dans le sein de l'Océan, des influences
nouvelles les avaient transformées. Enfin, des actions mécaniques très puis-
santes ont coupé, plié et contourné ces assises, cependant rigides et épaisses
de plusieurs kilomètres; ces actions ont brouillé ou même renversé l'ordre
naturel de superposition. En présence des grands escarpements naturels,
où les roches dégarnies de terre végétale se montrent à vif, l'œil le moins
exercé est frappé de la grandeur de ces effets, qui, au premier abord,
donnent l'idée d'un inextricable désordre. Telles soïit ces régions qu'on
ne peut explorer qu'au prix d'ascensions nombreuses et pénibles.
Parmi les géologues qui, depuis les mémorables travaux de de Saussure,
ont contribué à rendre classiques les Alpes suisses, M. Studer occupe le
premier rang : il les a explorées pas à pas. Alexandre Brongniart avait
déjà introduit dans la Science une notion nouvelle alors, en montrant, par
la correspondance de leurs fossiles, que les cimes déchiquetées des Dia-
blerets, malgré l'élévation qu'elles atteignent et une grande différence de
caractères pétrologiques, sont formées de sédiments contemporains du cal-
caire parisien. Peu d'années après, M. Studer parvenait à distinguer, au
milieu de massifs d'aspect assez uniforme, les divers groupes des classifica-
tions, auxquelles on était arrivé dans des régions où les lois de superpo-
sition sont moins effacées. Les structures les plus complexes se trouvent
ainsi expliquées.
» Parmi les autres faits constatés par M. Studer en grand nombre, je me
bornerai à en choisir un seul. Tandis que, dans leur situation normale et
habituelle, les roches granitiques forment le soubassement des terrains de
sédiment, ces mêmes roches, dans les Alpes bernoises, ont été repoussées
au-dessus d'eux. L'imposant massif de la Jungfrau, si admiré des touristes,
montre des couches calcaires, appartenant à l'époque jurassique, repliées et
( 385 )
serrées, en forme de coin, au milieu des masses cristallines, et portées jus-
qu'à la hauteur des glaciers.
» C'est là un des exemples qui témoignent de la grandeur des forces,
quelquefois mises en jeu dans l'écorce terrestre, par des tensions dues
peut-être au refroidissement des masses internes du globe et à la contrac-
tion qui en résulte naturellement.
)) Près des montagnes bernoises, d'autres phénomènes non moins gran-
dioses se montrent intimement liés à ces refoulements; tel est le cas pour le
plongement imprévu des assises tertiaires vers l'axe même de la chaîne, le
long de laquelle on s'attendrait, au contraire, à les voir redressées. Le
Righi, cet observatoire si heureusement placé pour contempler l'ensemble
des Alpes bernoises, avec les teintes à la fois vives et harmonieuses que leur
communiquent le lever et le coucher du Soleil, en offre un exemple. Ce
n'est pas un fait accidentel ; c'est un trait essentiel des régions marginales
de la chaîne et comme une sorte de contre-coup, dû aux actions qui ont
fait surgir les montagnes elles-mêmes.
» La grande part que M. Studer a prise à ces remarquables découvertes
justifie le choix dont il a été l'objet pour le prix Cuvier.
» La laborieuse phalange des géologues suisses, dont il est aujourd'hui,
après plus d'un demi-siècle de travaux continus, le doyen et le chef, a
étudié, dans leurs détails aussi bien que dans leur ensemble, ces éloquents
vestiges d'antiques mouvements de l'écorce terrestre. Il devient dès lors
possible de suivre les directions des forces motrices et de reconnaître sûre-
ment que d'énormes pressions s'exerçaient horizontalement, en même temps
que des efforts verticaux soulevaient ces lourdes masses au-dessus de leur
niveau primitif.
» Comme il arrive dans tous les phénomènes naturels, dès qu'on par-
vient à en pénétrer le sens, on voit apparaître la simplicité et l'unité, là où
tout semblait d'abord complexe et varié. Dans cette sorte de chaos, les lois
fondamentales de la Mécanique ont agi aussi régulièrement que dans les
mouvements célestes. Ainsi l'avait pressenti le génie de Descartes.
» Loin de diminuer le charme fascinateur que ces hautes cimes exercent
sur l'imagination, luie étude approfondie ne fait, au contraire, que l'ac-
croître. Personne, fût-il un de ces ardents ascensionnistes qui gravissent
des hauteurs jusqu'alors inaccessibles, n'en ressent plus profondément que
le géologue la poétique beauté. Car ce dernier, interrogeant la nature,
s'appuie sur des données plus positives que celles dont dispose l'historien,
interprète des monuments sortis des mains de l'homme. Rétablissant dans
( 386 )
leur ordre primitif, aujourd'hui confondu, les masses déplacées ou mor-
celées, il se donne le spectacle des principales évolutions, dont les témoi-
gnages saisissants se manifestent à ses yeux.
» En dehors des travaux que l'Académie des Sciences a couronnés, ceux
qu'elle reçoit, presque chaque jour, deviennent de plus en plus nombreux ;
autour d'elle se déploie une véritable armée de travailleurs, dont l'activité
incessante enrichit ses publications hebdomadaires. Ce mouvement s'étend
à nos Facultés et à foutes nos Écoles scientifiques, où jamais l'on n'a vu
une jeunesse animée de tant de zèle et de persévérance ; les laboratoires où
les élèves se pressent autour des maîtres garantissent la durée de ces fortes
traditions. Les malheurs de la France, loin d'y affaiblir l'ardeur scienti-
fique, l'ont stimulée, comme si chacun, dans la sphère de son activité,
voulait offrir son tribut de dévouement à notre cher pays.
» Mais je ne saurais borner là mon discours. La sollicitude de l'Acadé-
mie est loin, en effet, de se restreindre aux recherches qui ressortissent di-
rectement à nos Concours. Aussi m'est-il impossible de garder le silence sur
un événement géographique qui intéresse à la fois les branches les plus
diverses de nos connaissances.
» Les contrées polaires ont le privilège d'exercer une puissante attrac-
tion sur des natures d'élite, ardentes à soulever une partie du voile qui les
couvre encore. Ces solitudes glacées et leurs formidables banquises ne re-
cèlent guère moins d'obstacles et de périls que les climats torrides et
fiévreux de l'Afrique centrale, avec ses peuplades méfiantes et féroces.
» Parmi les noms des plus éminents explorateurs des régions boréales,
l'Histoire inscrira, dans une place d'honneur, le nom du professeur Nor-
denskiold, que l'Académie se glorifie de compter parmi ses Correspon-
dants.
» Après chiq voyages au Spitzberg et un au Groenland, tous féconds en
résultats imprévus, il faisait, en 1874» à la surprise générale, la traversée de
la Norvège à la Sibérie, où il débarquait à l'embouchure du lénessei. Ce
voyage, vainement tenté depuis trois siècles, fut exécuté en moins d'un mois,
et le retour plus rapidement encore, quoique la Nouvelle-Zemble ait été, au
passage, l'objet de quelques études.
» Ce premier succès, renouvelé l'année suivante, fit concevoir à M. Nor-
denskiold le projet d'entreprendre une autre expédition, dans laquelle il
traverserait tout l'océan Glacial de Sibérie jusqu'au détroit de Behring.
L'étude judicieuse d'anciennes explorations faites, en diverses parties du
littoral à parcourir, dirigea sûrement cette entreprise sans précédents et
( 387 )
donna à leur auteur un espoir de réussite, qui s'est réalisé de la manière
la plus heureuse.
» Parti de Tromsoë le 21 juillet 1878, le vapeur Véga touchait presque
au but de son expédition, le 27 septembre de la même année, et quelques
heures de navigation, qu'il aurait été facile de gagner, sur divers points
du parcours, si on ne les eût consacrées à des recherches scientifiques,
auraient suffi pour atteindre le détroit, lorsque les glaces lui fermèrent le
passage. Malgré le soin et l'expérience qui avaient présidé à sa construction,
le navire aurait couru grand risque d'être écrasé par leur énorme pression,
sans l'abri improvisé qu'il trouva derrière un simple glaçon. Ce fut seu-
lement le 18 juillet 1879, après neuf mois d'une immobilité forcée, qu'une
débâcle subite rendit la liberté au Véga, qui, deux jours après, doublait la
pointe orientale de l'Asie.
« Enfin il était atteint, dit M. Nordenskiold, ce but poursuivi par tant de nations, depuis
que sir Hugh Willoughby quitta le port de Greenwich, le 20 mai i553, au bruit du canon
et des hourrahs des matelots en grande tenue. Après trois cent vingt-six ans, et lorsque la
plupart des hommes compétents avaient déclaré l'entreprise impossible, le passage du Nord-
Est était enfin réalisé, sans qu'on eût à déplorer la perte d'un seul homme, sans préjudice
à la santé d'aucun de ceux qui participèrent à l'expédition, sans le moindre dommage au
navire, a
» Si le voyage que le Véga vient d'accomplir ne peut être répété chaque
année, il pourra se renouveler souvent. Dés à présent, on peut dire que
deux voies nouvelles sont ouvertes et que des communications maritiuies
sont assurées désormais entre les grands fleuves sibériens et le reste du
monde : l'une de l'Obi etdulenessei avec l'Occident et l'Atlantique, l'autre
de la Lena avec l'Orient et le Pacifique. La Sibérie fournirait en abon-
dance, outre ses richesses minérales et les produits possibles de ses pêches
et de ses bestiaux, le bois de ses immenses forêts et les grains de ses vastes
plaines, dont le sol est d'une étonnante fertilité.
» Dès son débarquement au Japon, M. Nordenskiold a été accueilli par
des ovations chaleureuses et des témoignages d'admiration, comme il
devait en recevoir tout le long de sa route, et comme il en recevra bientôt
parmi nous.
» Outre leur grande valeur géographique, les expéditions de M. Nor-
denskiold nous ont ouvert, sur diverses parties des sciences, des horizons
nouveaux.
» Pendant son séjour d'hiver au nord du Spitzberg, au 79* degré, il
faisait recueillir chaque jour, au fond de la mer dont on devait pour cela
( 388 )
briser la glace, de nombreux échantillons de végétaux et d'animaux,
qui s'y développent avec vigueur, contrairement à ce que les physiologistes
pouvaient supposer, sous un tel climat, en l'absence de l'excitation des
rayons solaires. Des recherches analogues ont révélé dans l'Océan sibérien
une abondance aussi surprenante de la vie. M. Nordenskiold nous apprend
qu'à une profondeur comprise entre 3o™ et loo™ cet océan renferme une
faune aussi riche en individus que les mers tropicales, quoique la tempé-
rature du fond soit constamment au-dessous de o°. D'ailleurs, un littoral
s'étendant sur plus de 90° de longitude, et une vaste mer où les naturalistes
n'avaient jamais étudié les formes variées des êtres organisés, c'était un do-
maine qui devait fournir les notions les plus intéressantes pour la répartition
géographique des animaux et des végétaux sous-marins.
» Les débris de mammouths accumulés en quelques parties du littoral
de la Sibérie faisaient espérer des trouvailles du même genre, pendant ce
long parcours : à cet égard, il y eut déception. En revanche, sur le rivage
de la péniiisule Tchoukte, on découvrit des ossements de baleines, enfouis
depuis de longs siècles, en grande quantité, dans des couches de sable.
Quelques-uns (le ces os étaient encore recouverts de peau et d'une chair
rouge presque fraîche. C'est un nouvel exemple à rapprocher de ceux que
l'on connaît depuis le voyage de Pallas : il fait voir combien les matières
animales gelées peuvent se conserver longtemps sans se putréfier.
» Grâce à de nombreux relevés, exécutés dans ses séjours au Spitzberg,
M. Nordenskiold, aussi distingué comme géologue que comme minéralo-
giste, put déterminer l'âge relatif des terrains stratifiés, à ces extrémités
boréales de l'Europe.
» Les empreintes de plantes qu'il a extraites des couches du sol arctique
nous ont révélé, à la suite des déterminations de M. Oswald Heer, l'exis-
tence d'une forte végétation qui, pendant les époques houillère, juras-
sique, crétacée et tertiaire, couvrait ces parages aujourd'hui glacés. Quel
contraste de l'état actuel de ces régions stériles avec les fougères arbo-
rescentes, les lycopofliacées en arbres, les siglllaires et les calamités, qui
les couvraient autrefois et dont les belles formes et la haute stature rap-
pellent notre plus riche végétation tropicale! Cette vie luxuriante des végé-
taux de l'époque houillère se montrait donc aussi bien à ces hautes lati-
tudes que dans les régions, bien plus méridionales, occupées aujourd'hui
par les nombreux bassins houillers de l'Europe moyenne et de l'Amérique
du Nord.
i> Sans correspondre à un climat aussi chaud que cehii qui a présidé
( 389 )
à la végétation carbonifère, les forêts qui, an niilien de l'époqiie tertiaire,
oinl)i-;igeaient leSpitzherg;, avec leurs chênes, leurs platanes et leurs seqnoias,
ressemblaient à celles qne nous trouvons anjourcrhni à 25° ou 3o° plus
au sud, par exemple en Californie. Or on sait que peu après, à l'époque
quaternaire, les glaciers, par inie sorte de réciprocité, ont laissé, sur une
grande partie de l'Europe, des preuves irrécusables de leur séjour prolongé.
» C'est dans les régions boréales qu'on peut espérer trouver la clef de
bien des problèmes météorologiques encore à résoudre. Dans ces voyages,
et particulièrement pendant les deux hivernages, des observations météoro-
logiques précieuses ont été recueillies. N'en rappelons qu'un seul résultat.
Durant plusieurs mois d'hiver, des vents tempétueux n'ont cessé de souffli r
à l'entrée du détroit de Behring. Or, à la surface du sol régna alors, presque
constamment, un courant du nord, à peu près suivant la fiirection du
détroit, tandis que la marche des nuages accusait, à une faible hauteur, un
courant atmosphérique, non moins constant, mais venant du sud.
0 Si donc l'on considère, dit M. Nordenskiold, que le détroit forme comme une porte
entourée de montagnes passablement élevées, placée entre les couches d'air chaud de l'océan
Piicifique et celles d'air froid de l'océan Polaire, on voit que les venls y établissent leur
régime, suivant la même loi qu'on observe dans les courants d'air qiii se produisent, à tra-
vers une porte ouverte, entre une chambre chaude et une pièce froide. »
» Il va sans dire que les phénomènes du magnétisme terrestre n'ont pas
été négligés plus que tant d'autres. L'espace disponible à bord du Féga
n'ayant pas permis d'emporter en Sibérie un observatoire en bois, il fallut
en construire un avec la glace et la neige : il n'en répoiulit pas moins bien
à sa destination. Toutefois, pour donner à cet observatoire la stabilité
nécessaire à des ojHrations exactes, on dut l'établir, non sur une banquise,
mais sur le rivage, à i'"",5 du navire. Tel est le trajet qu'd fallait
faire plusieurs fois par jour, pendant les tempêtes de l'hiver, par l'oljscu-
rité, par la tourmente et souvent par un froid de 45° au-dessous de z^'ro.
Les observateurs séjournaient cinq heures de suite dans cette chambre de
glace, oij la lempéraliue accusa longtemps i8° au-dessous de zéro. Le
service fut confié à onze savants et officiers, répartis en quatre groupes,
qui, pendant quatre mois, observèrent d'heure en heure les divers appa-
reils. Grâce à l'ardeur héroïque que M. Nordetisk old avait su inspirer à
ses compagnons, nous possédons aujourd'hui, pour cette plage naguèie
inconnue, un ensemble de rnesiues plus coin|)ltt (jne iionr la plupart des
localités des pays les plus civilisés.
» Quelque dur qu'ait été ce régime volontairement accepté, il a cer-
C. R., ihSo, i" Semestre. (T. XC, N» 9.) 5a
( 390 )
tainement contribué beaucoup à maintenir un état snnitaire, de naliue à
encourager des imitateurs, qu'il s'agisse d'expéditions polaires ou de sta-
tions dans les hautes régions de nos chaînes de montagnes.
» Il suffit d'avancer à une latitude, telle que le nord de la Scandinavie,
pour jouir de la splendeur des aurores boréales, dont Bravais a fait une
étude si justement estimée. Quoique la presqu'île Tchoukte paraisse une
station plus favorable encore, on n'y a pas vu ces magnifiques bandes
rayonnantes ou draperies, dont tout le monde connaît les brillantes
images. Le phénomène se réduit à un faible arc lumineux, qui apparaît
d'une manière continue et dont la position semble invariable. Notre globe
est donc orné, à peu près continuellement, d'ime couronne lummeuse,
qui n'est pas destinée à être vue par ses habitants, mais qui serait plutôt
de nature à éveiller un curieux intérêt chez des observateurs postés sur
d'autres planètes de notre système solaire,
» On s'étonnera peut-être moins, tout en l'admirant davantage, de
cette abondance de résultats variés, dont je n'ai pu indiquer qu'un bien
petit nombi'e, quand on saura que M. Nordenskiold, si plein de sollici-
tude pour son équipage, est emporté dans son ardeur pour la Science à
une témérité extrême, qui maintes fois a mis sa vie en péril. Témoin le
voyage qu'il fit au Spitzberg, sur le grand glacier du Nord-Ost-Land. Il en
avait déjà exécuté un autre non moins périlleux, sur l'immense glacier
intérieur du Groenland, non exploré jusqu'alors, si ce n'est, dit-on, vers
l'an looo, du temps d'Erik Rode. Aucun glacier connu n'approche, pour
les dimensions, de cette nappe de glace continentale, qui, sauf des poin-
tements rocheux surgissant çà et là, couvre plus de cent mille kilomètres
carrés, avec une épaisseur surpassant un kilomètre et demi, là où des
crevasses ont permis de la mesurer ('). C'est comme une reproduction
actuelle du puissant manteau de glace dont, à une époque géologique
qu'il est permis d'appeler très récente, l'Europe et l'Amérique du Nord
étaient en partie recouvertes, dans toute leiu" largeur et jusque dans leur
partie moyenne (^). Les Esquimaux qui s'étaient engagés avec notre explo-
rateur refusèrent de continuer une expédition, à leurs yeux trop effrayante,
et le laissèrent, seul avec le D"^ Berggren, poursuivre sa périlleuse entre-
(') Le premier lieutenant Jensen, de la marine danoise, a fait ri'cemraent, par ordre de
son gouvornement, une nouvelle exploration de ce glacier hors ligne, et vient d'en exposer
les remarquables résultats dans un Volinne public à Copenhague.
(') Ce phénomène a exercé une influence de premier ordre sur la nature du sol de ces
vastes régions et sur leur configuration actuelle.
( ^D' )
prise, qui l'obligeait à traverser, décent mèlres en cent mètres environ,
(les crevasses très profondes, remplies de neige peu cohérente et n'ayant
pas moins de trente mètres de largeur.
» L'expédition de 1870, au Groenland, a conduit à une découverte des
plus considérables pour l'histoire du globe.
» Guidé par ce fait, connu depuis longtemps, que quelques couteaux,
fabriqués avec du fer natif, avaient été vus entre les nsains irEsquimaiix,
M. Nordenskiold, conduit par les indications de quelques naturels, décou-
vrit, sur une plage déserte de l'île de Disko, des blocs de fer naturel, dont
il rapporta des échantillons. Rien ne paraissait, au premier abord, plus
probable que de considérer ces masses, dont la principale ne pèse pas
moins de vingt mille kilogrammes, comme tombées du ciel. En effet, d'une
part, elles ont la composition des météorites, et d'autre part, jusqu'alors, le
fer, malgré son extrême abondance, sous forme de minerais variés, n'avait
jamais été rencontré à l'état métallique, parmi les roches terrestres.
» Cependant, à côté de ces masses isolées, de petits grains de fer, éga-
lement allié de nickel, étaient reconnus dans quelques-unes des éruptions
qui, au Groenland, se sont produites sur une vaste étendue. Car, du 69®
au 76* degré de latitude, le littoral présente partout, dans de hauts escar-
pements, le basalte en immenses nappes horizontales, qui se sont épan-
chées, à partir de filons verticaux, par lesquels elles jaillissaient, et qui
disparaissent sous un gigantesque glacier. Nous savons maintenant que,
contrairement à ce qu'une induction séduisante faisait admettre, toutes
ces masses de fer, grosses et petites, loin d'être originaires des espaces
célestes, ont été apportées de la profondeur du globe par les roches
volcaniques.
» Déjà les nombreuses analogies qui unissent les roches cosmiques, dont
les météorites nous apportent des éclats, avec certaines de nos roches érup-
tives, avaient amené à conclure que le fer métallique doit faire iiartie des
masses intérieures de notre globe, mais à îles profondeurs jusqu'alors inac-
cessibles à nos investigations. C'est précisément ce fer métallique terrestre,
que les éruptions du Groenland ont fait surgir à nos regards, et, pour que
la ressemblance soit plus grande, de même que le fer des pierres tombées
du ciel, ce fer d'origine terrestre se montre associé au nickel.
» Rien, par conséquent, ne prouve mieux que notre planète offre des ca-
ractères de conijjosition identiques avec ceux de certains astres cpii en sont
bien éloignés : confirmation d'une théorie cosinogonique que l'on pouvait
croire pour toujours inaccessible à tout contrôle direct.
» De la sorte s'élargissciU incessamment, dans le Temps connue dans
( 392 )
l'Espace, les horizons qu'embrasse la Scieiiceen scrutant l'univers physique.
Car, tandis que l'Astronomie plonge de plus en plus profondément dans
l'immcnsilé des cieux, la Géologie remonte chaque jour davantage dans
l'immensité des siècles écoulés.
» Je sens. Messieurs, (pie ce discours s'est bien allongé; nos lauréats
surtout, impatients d'entendre proclamer leurs noms, auront quehjue
droit (le se plaindre; et pourtant, nous devions, au moment où M. Nor-
denskiold reparait en Europe, le remercier d'avoir porté, avec autant de
prévoyance que de hardiesse, le drapeau de la Science, dans des régions
inconnues. L'Académie avait un hommage à rendre à sou intrépide et
illustre Corres[)ondant; elle est heureuse de commencer dès aujourd'hui à
lui payer ce juste tribut. »
PRIX DECERNES
AMÉB 1879
3IECAIV1QIJE.
PRIX EX^TRAORDINAIRE DE SIX MILLE FRANCS
DESTINÉ A RÉCOMPENSER TOUT rROGRÈS DE KATURK A ACCROITRE l'eFFICACITÉ
HE NOS FORCliS NAVALES.
(Commissaires : ]MM. Dupuy de Lôme, amiral Jurien de la Gravière,
amiral Mouchez, général Morin, amiral Paris rapporteur.)
La Commission déclare que, pour l'année 1879, il n'y a pas lieu de dé-
cerner ce prix ; elle propose, en conséquence, de proroger le Concours à
l'année 1880.
Cette proposition est adoptée.
Voir aux Prix proposés, page 446.
( 393 )
PRIX PONCELET.
(Commissaires : MM. Bertrand, Phillips, Rolland, Rcsal ,
Cliasles rapporteur. )
La Commission décerne le prix à M. Moutard pour l'ensemble de ses
travaux mathématiques.
Les conclusions de ce Rapport sont adoptées par l'Académie.
PRIX MONTYON, MÉCANIQUE.
(Commissaires : MM. Phillips, Tresca, Rolland, Resal ,
général Morin rapporteur. )
La Commission déclare qu'il n'y a pas lieu de décerner le |)rix de
Mécanique de la fondation Montyon pour l'année 1879.
PRIX DALMONT.
(Commissaires : MM. Lalanne, Resal, Phillips, de Saint-Venant,
de la Gournerie rapporteur.)
La Commission propose d'accorder le prix de cette année à M. Collignon,
ingénieur en chef, inspecteur de l'École des Ponts et Chaussées, pour l'en-
semble de ses travaux sur la Mécanique, la Construction et la Géométrie.
Cette proposition est adoptée par l'Académie.
PRIX PLUMEY.
(Commissaires : MM. Rolland, Phillips, Tresca, Resal,
Dupuy de Lôme rapporteur. )
Après avoir pris connaissance des Mémoires présentés en vue de con-
courir pour le prix Plumey, la Commission n'a pas trouvé dans ces
Mémoires de proposition nettement formulée qui puisse être considérée
comme un perfectionnement des machines à vapeur ou une invention ayant
contribué au progrès de la navigation à vapeur.
En conséquence, votre Commission a jugé qu'il n'y avait pas lieu de
décerner le prix Plumey pour l'année 1879.
( 394 )
PRIX FOURTSEYRON.
(Commissaires : MM. Phillips, Tresca, Rolland, Resal,
général Morin rapporteur.)
L'Académie avait proposé pour sujet du prix Fourneyronla construclioii
d'une macluiie motrice propre au service de la traction sur les tramways.
La Commission déclare qu'il n'y a pas lieu de décerner ce prix pour
l'année 1879. Elle propose de proroger le Concours à l'année 1881.
Voir aux Prix proposés, page 447-
ASTRONOMIE.
PRIX LALANDE.
(Commissaires : MM. Tisserand, Lœwy, amiral Mouchez, Liouville,
Paye nipporieur.)
La Commission propose à l'Académie de décerner le prix Lalande à
M.C.-D.-F.Peïeks, de Clinton (États-Unis), pour sesdécouvertesplanélaires.
Jil. Peters a découvert cette année huit petites planètes, à savoir : Dyna-
men, Chryséis, Pouipéia, Hersilia, Procnée, Philomèle, Biblis, Dido.
Le nombre des petites planètes découvertes par M. Peters s'élève au
chiffre total de quarante-trois.
La proposition de la Commission est adoptée.
PRIX VALZ.
(Commissaires; MM. Lœwy, amiral Mouchez, Tisserand, Jaussen,
Faye, rapporteur.)
La Commission propose de décerner le prix Valz à M. Trouvelot, qui a
fait, aux États-Unis, des travaux descriptifs considérables sur les planètes
Mars, Jupiter et Saturne.
Les magnifiques dessins de M. Trouvelot constituent une base excel-
lente pour i'aréographie et pour l'étude des phénomènes, si remarquables
que présente la surface de la planète Jupiter.
Celte proposition est adoj)lée.
( 395 )
PRIX DAMOISEAU.
REVOIR LA THÉORIE DES SATELLITES DE JCPITER.
(Commissaires : MM. Faye, Lioiiville, Tisserand, Jaiissen,
Puiseux rapporteur.)
L'Académie sait que les circonstances des éclipses de Jupiter annoncées
à l'avance dans les éphémérides se calculent à l'aide des Tables que
Damoiseau a publiées il y a une quarantaine d'années.
Malgré le soin apporté par l'auteur dans la construction de ces Tables,
on ne peut pas les regarder comme suffisamment exactes pour les besoins
de l'Astronomie. La théorie de I^aplace sur laquelle elles sont fondées
renferme quelques erreurs de détail dont plusieurs ont été signalées par
notre illustre Associé étranger M. Airy ; elle aurait besoin d'être revue avec
toute l'attention nécessaire pour ne laisser échapper aucune inégalité sen-
sible, et les valeurs numériques des constantes qu'elle renferme devraient
sans doute être déterminées à nouveau en profitant des observations qui
se sont accumulées depuis un demi-siècle. On arriverait ainsi, sans aucun
doute, à atténuer considérablement les erreurs des Tables, erreurs qui,
d'après les observations de notre confrère M, Tisserand, peuvent s'élever
jusqu'à un quart d'heure dans les éclipses du quatrième satellite.
Ce travail est d'autant plus urgent, que les Tables de Damoiseau s'arrê-
tent à l'année 1880. Il est vrai qu'elles ont été prolongées pour quelques
années par M. Todt ; mais l'astronome américain s'est borné à appliquer
les formules qui ont servi de base aux calculs de Damoiseau, Les Tables
qu'il a publiées sont donc affectées des mêmes erreurs que celles qui se
rapportent aux années antérieures à 1880, et peut-être d'erreurs plus
grandes encore, car on peut craindre que le désaccord entre la théorie et
les observations n'aille en s'accentuant de plus en plus avec le temps.
L'Académie, frappée de ces considérations, a mis au concours, il y a déjà
dix ans, la révision de la théorie des satellites de Jupiter et la construction
de nouvelles Tables de leurs mouvements. Bien que le concours, plusieurs
fois prorogé, n'ait pas encore produit de résultat, votre Commission a pensé
qu'il y avait lieu de ne point retirer une question dont l'importance est
unanimement reconnue et d'accorder un nouveau délai aux concurrents.
Le travail à entreprendre est sans doute considérable ; mais, d'un antre
côté, le longtemps qui s'e.st écoulé depuis (pie le prix Dainoi.seiui n'a été
( 396 )
décerné permet de lui attribuer aujourd'hui une valeur qui contribuera
peut-être à stimuler le zèle des asironomes.
Eti conséquence, la Commission propose à l'Académie de maintenir en-
core la question au concours, en donnant aux concurrents un délai de
trois ans.
Le prix sera porté à la somme de dix mille francs.
Les Mémoires devront être adressés au Secrétariat de l'Institut avant le
i"' juin 1882.
Ces conclusions sont adoptées.
Surla proposition de la Commission, l'Académie accorde un encoura-
gement de mille Jraucs à M. Soi:ili.art, professeur à la Factdtô des Sciences
de IJlle, qui s'est occupé d'une partie de la question et lui a envoyé un
travail sur ce sujet.
Voir aux Prix |)roposés, page 45o.
PHYSIQUE.
PRIX L. LACAZE.
(Conunissaires : MM. Fizeau, Jamin, Berthelot, Desains, Cornu, Sainte-
Claire Deville, Mai'ey, du Moncel, Ed. Becquerel rapporteur.)
La Commission propose de décerner cette année le prix de la fondation
Lacaze, destiné spécialement à l'encouragement des travaux de Physique,
à M. Le Roux, examinateur d'entrée à l'École Polytechnique, professeur
de Physique à l'Ecole de Pharmacie.
M. Le Roux est auteur de nombreux travaux se rapportant aux diffé-
rentes branches de la Physique expérimentale. r,es recherches qui ont
principalement attiré l'attention de la Commission sont relatives à la ré-
fraction des A'apeurs des corps qui ne prennent l'état gazeux qu'à des tem-
pératures très élevées. La haute température des vapeurs à produire, ainsi
que la délicatesse des mesures optiques appliquées à de très faibles dé-
viations, présentaient des difficultés très grandes qui ont été siu-montées à
force de persévérance et à l'aide de dispositions expérimentales des plus
ingéniemes. L'auteur a pu faire voir, da'.is un premier travail, qu'd était
( :^97 )
possible de réunir les conditions nécessaires pour donner, à cet égard,
toute la précision désirable; l'Académie, sur le Rapport d'une Commission
composée de MM. Babinet, Faye et Delaunay, a voté l'insertion de ce
Mémoire dans le Recueil des savants éltancjevs.
M. Le Roux, continuant ses recherches, n'a cessé de perfectionner les
moyens d'observation; comme il était nécessaire de maintenir les corps en
vapeur ainsi que les prismes formés de diverses matières, au milieu de
fourneaux à des températures très élevées, on ne doit pas être étonné, en
raison de ces conditions spéciales, que l'auteur ait poursuivi ces travaux
pendant plusieurs années, tout en s'occupant d'autres questions scienti-
fiques.
Un des résultats les plus importants qu'il ait observé dans le cours de
ces expériences, c'est la dispersion anomale de la vapeur d'iode : tandis
que les vapeurs de mercure, de soufre, de phosphore, etc., donnent lieu,
par réfraction, à des spectres dans lesquels la déviation des rayons rouges
est moindre que celle des rayons bleus d'après les lois ordinaiies de la
dispersion dans les gaz incolores; dans le spectre de la vapeur d'iode, les
couleurs se trouvent disposées dans un ordre inverse. Depuis cette époque,
plusieurs physiciens ont observé que des prismes formés de matières colo-
rantes très foncées, qui absorbent les parties centrales du spectre lumi-
neux, donnent lieu à un effet du même genre, dérogent à la loi newlo-
nienne et dévient davantage le rouge que le violet; cette conclusion
résulte, d'après eux, de la mesure directe des indices de réfraction. Mais
M. Le Roux n'en a pas moins le mérite d'avoir le premier découvert ce
nouvel ordre de phénomènes.
M. Le Roux, dans ses recherches relatives aux actions moléculaires
et aux phénomènes vibratoires, a institué, par des procédés chronosco-
piques qu'il a imaginés et qui sont indépendants de la marche des horloges
et de l'intervention de l'oreille, une méthode expérimentale nouvelle pour
déterminer la vitesse d'un ébranlement communiqué à une masse gazeuse
renfermée dans un tuyau cyhndrique limité et à une température parfai-
tement déterminée. Il a pu conclure, par exemple, de nombreuses déter-
minations expérimentales faites à o° et dans l'air parfaitement sec, que,
dans le tuyau de 72" de longueur où il a opéré, la vitesse du son était
de 33o™,66 par seconde. Parmi les résultats obtenus depuis cette époque
par Regnault dans ses recherches si importantes et si complètes sur la
vitesse du son dans l'air et dans des conduits cylindriques de différents
diamètres, ceux qui se rapportent aux conditions analogues se trouvent
C. R., 1^80, ■•• Semestre. (T. XC, N" 9.) 53
( 398 )
les mêmes que les précédents. Cette raélhode, fondée sur l'emploi d'appa-
reils fort ingénieux dont toutes les parties n'ont été disposées qu'après une
longue élude et une discussion approfondie, et qui est applicable à un gaz
quelconque, a justement attiré l'attention des physiciens et fait le plus
grand honneur à son auteur.
Rappelons en outre que l'on doit à M. Le Roux d'importantes re-
cherches expérimentales sur les machines magnéto-électriques, sur l'arc
voltaïque et la lumière qui en émane, sur les courants thermo-électriques,
ainsi que sur certains effets d'induction des corps en rotation et auxquels
il a donné le nom A' effets d'induction péripolaire. Ce savant, qui a construit
lui-même les appareils dont il a fait usage, a montré dans ses recherches
beaucoup de sagacité et de persévérance, ainsi qu'un esprit d'invention
remarquable dans des questions difficiles et d'un haut intérêt.
L'x\cadémie adopte les conclusions de ce Rapport.
PRTX VAILLANT.
(Commissaires : MM. Breguet, du Moncel, Fizeau, Jamin,
Becquerel rapporteur.)
L'Académie avait proposé pour sujet du prix Vaillant à décerner cette
année la question suivante : Perfectionner en quelque point important ta télé-
graphie phonétique.
La Commission est d'avis de ne pas décerner le prix ; elle propose de
proroger le Concours à l'année prochaine.
Cette proposition est adoptée.
Voir aux Prix proposés, page 453.
STATISTIQUE.
PRIX MONTYON.
(Commissaires : MM. Boussingault, Cosson, Lalanne,
de la Gournerie et Bouley rapporteurs.)
Treize auteurs ont concouru pour le prix de Statistique. Dans l'examen
des pièces qu'ils ont envoyées, nous nous sommes attachés à suivre les
(399)
principes posés par les anciennes Commissions et que notre regretté con-
frère IJienaymé a nettement formulés, en leur nom, clans vingt-trois Rap-
ports, où il a apprécié avec une grande autorité les conditions essentielles
auxquelles les travaux de Statistique doivent satisfaire et les qualités prin-
cipales qui peuvent les recommander à la bienveillance de l'Académie.
Rapports sur les Ouvrages de MM. V. de Saint- Genis et Bonius;
par M. de la Gournerie.
M. V. DE Saint-Genis, dont les travaux ont déjà été lécompensés
par l'Académie française (prix Thérouanne, 1871) et par l'Académie des
Sciences (Mention honorable au Concours de Statistique de 3874), a pré-
senté deux Ouvrages intitulés, l'un Inventaire des Archives municipales de
Châlelleraull antérieures à 1790, l'autre Stalislique de la vie humaine
avant 1789, dressée d'après les registres des paroisses de la ville de Chàtelle-
rault et comparée à la période de 1790 à 1878.
Le premier travail comprend une Introduction historique, l'inventaire
des Archives et des Tableaux contenant le dépouillement des anciens
registres tenus dans les paroisses pour les baptêmes, les mariages et les
sépultures. On trouve dans le second ces mêmes Tableaux, quelques nou-
veaux résultats statistiques relatifs à Châtelleraull et un texte explicatif
assez étendu.
Les nombres donnés par M. de Saint-Genis sont le produit de recherches
personnelles. Ses écrits rentrent, par suite, dans une catégorie de travaux
pour laquelle les Commissions de Statistique ont depuis longtemps et à
plusieurs reprises manifesté leur préférence.
Le premier Tableau présente un relevé des actes par année et pour
chaque paroisse ; plus loin on trouve les nombres, réunis par périodes décen-
nales et répartis dans trois groupes, qui correspondent, l'un aux paroisses
considérées comme riches, le second aux paroisses pauvres et le troisième
aux paroisses rurales. A partir de 1790, les nombres sont donnés en bloc
pour toute la commune de Châtellerault.
Le relevé des baptêmes a pu être fait pour l'une des paroisses à partir
de 1587. L'indication des mariages et des sépultures est donné depuis i65o.
Ces dates montrent le grand intérêt que présentent les Tableaux de M. de
Saint-Genis. Il est cependant nécessaire de dire que plusieurs registres n'ont
pas été retrouvés et que les décès des petits enfants ne sont pas inscrits d'une
( 4oo )
manière régulière. L'auteur a signalé avec soin ces causes d'inexactitude.
Un Tableau donne pour la période de iSS'y à 1790, divisée en quatre
parties, la statistique des illettrés, hommes et femmes, appréciée d'après le
nombre relatif des signatures qui n'ont pu être apposées sur les actes.
La Commission doit encore signaler une courte statistique des catégories
de parrains, qui offre un intérêt réel à l'historien moraliste. Actuellement,
les parrains et les marraines appartiennent, en général, à mie condition
sociale analogue à celle de la famille de l'enfant. Quelquefois des personnes
riches, comme témoignage de bienveillance et de protection, acceptent
des filleuls dans des positions modestes, mais on ne les voit jamais choisir
des indigents pour parrains de leurs enfants. Il n'en était pas ainsi autre-
fois; M. de Saint-Genis présente le Tableau suivant :
Enfants
Nombre
Enfants pauvres
Enfants riches
ayant des parrains
de
ayant
ayant
dans
baptêmes iiiscrils
des
des
la même condition
aux registres.
])ari-ains riches.
parrains pauvres.
qu'eux.
De 1701 à 1710..
2571
204
925
1442
De 1761 l> 1770..
2989
396
i3o8
1285
De 1781 à 1790..
2601
289
5Î0
177a
Ainsi, vers le milieu du xviii'' siècle, c'était un usage presque général
dans les familles aisées de Châtellerault de choisir pour leurs enfants des
parrains et des marraines pauvres.
On a jusqu'à présent considéré comme une rare exception ce contrat
d'affection dans lequel le riche demandait au pauvre amitié et appui pour
son enfant, en imposant à celui-ci l'obligation morale de soutenir dans sa
détresse le malheureux à qui un lien spirituel l'unissait.
M. de Saint-Genis dit, d'une manière générale, qu'il « ne connaît pas
d'autre ville où l'on rencontre en telle quantité ces preuves caractéristiques
des bons rapports sociaux » ; mais on doit remarquer que les relevés qu'il
publie ont seuls mis en lumière le fait pour Châtellerault. On ne saurait
prévoir ce que des recherches analogues donneraient pour d'autres loca-
lités. Il est à la connaissance personnelle de votre rapporteur que, dans les
dernières années de l'ancien régime, plusieurs baptêmes ont été faits en
Bretagne dans les mêmes conditions.
Dans le texte du second Ouvrage, M. de Saint-Genis présente des consi-
dérations intéressantes sur l'utilité des études rétrospectives de Statistique
et s'appuie siu- les faits historiques pour expliquer et commenter les nom-
bres qu'il a recueillis. Il montre que, si dans le Tableau des illettrés toutes
( 4oi )
les femmes de l'iiue des plus pauvres paroisses, celle de Châteauneuf, sont
indiquées comme ayant signé les actes où elles figuraient, cela tient à
l'existence d'un couvent de dames de Saint-Augustin, qui donnait aux
filles l'instruction gratuite. On trouve d'autres renseignements intéressants;
cependant celte partie du travail parait un peu succincte.
M. de Saint-Genis avait eu main des documents précieux pour étudier,
en dehors de toute théorie, la variation du nombre des naissances, des
mariages et des décès à Châtellerault aux époques de guerre, de disette et
d'épidémie d'une part, de paix et d'abondance de l'autre. Il a présenté à
cet égard quelques observations.
Le plus intéressant des faits qu'il a signalés est l'invariabilité presque
absolue du nombre des naissances depuis 1G81 jusqu'en 1870, malgré le
développement de la popidation et le nombre plus grand des mariages,
d'où résulte une diminution dans la nalalilé, suivant l'expression adoptée
par quelques auteurs.
Ce résultat est conforme à tous les renseignements que la Statistique a
donnés. On sait notamment que M. Fayet a apporté à l'appui de l'opinion
de l'affaiblissement de la fécondité dans les mariages en France le témoi-
gnage de quatre cent trente-sept anciens registres que des instituteurs
avaient dépouillés. Des recherches sur l'âge des mariés à diverses époques
ont été plusieurs fois indiquées comme étant de nature à jeter quelque jour
sur celte question importante.
En résumé, les deux Ouvrages présentés par M. de Saint-Genis sur la
ville de Châtellerault ont exigé beaucoup de travail; la partie statistique,
œuvre personnelle de l'auteur, est conçue dans un bon esprit et, malgré
des lacunes impossibles à éviter, offre des résultats importants. Elle ne
concerne, il est vrai, qu'une ville de moyenne grandeur, mais les anciennes
Commissions de Statistique ont plusieurs fois conseillé aux auteurs de
limiter le champ de leurs recherches, de manière à contrôler toutes les
circonstances et à s'assurer qu'ils ne présentent que des résultats dignes de
servir de jalons à la Science. La Commission de 1867, qui insiste sur ce
point, avait principalement en vue la statistique des faits actuels; mais les
mêmes observations sont applicables aux recherches rétrospectives. Des
études telles que celles de M. de Saint-Genis, faites sur diverses villes de
France, feraient ressortir par leurs concordances les faits généraux, et par
leurs oppositions les différences qui pouvaient exister entre les mœurs,
rinslruction, l'industrie des différentes cités, donnant ainsi des données
précieuses à l'histoire philosophique.
( /J02 )
La Commission décerne à M. de Saint-Genis le prix de 1879 pour la
partie statistique des deux Ouvrages qu'il a publiés, en 1877 et 1879, sur
la ville de Châtellerault.
M. BoRics, médecin de la marine, a présenté sur le climat de Brest un
Ouvrage imprimé, accompagné d'un Supplément manuscrit contenant
divers Tableaux numériques et des tracés graphiques.
L'auteur a suivi pour ce travail le plan qu'il avait adopté dans un écrit
sur le climat du Sénégal, auquel l'Académie a décerné le prix de Statistique
en 1876; mais il donne des renseignements plus complets. On trouve
notamment des Tableaux sur la population, la répartition mensuelle des
naissances, le nombre et les causes des décès, qui manquent dans le pre-
mier Ouvrage.
La Commission a vu avec plaisir M. Borics poursuivre ses excellents et
utiles travaux. Elle lui accorde un rappel du prix que l'Académie lui a
donné en 1875.
Rapport sur un Ouvrage de M. G. Le Bon, intitulé « Recherches aiiatomiques
et mathématiques sur les lois de la variation du volume du cerveau et sur leurs
relations avec l'intelligence; par M. Bouley.
Le Mémoire que M, le D"^ Le Box a publié sous ce titre est un travail
très remarquable. Son auteur a su tirer, des nombreux documents ras-
semblés par les recherches anthropologiques, des résultats statistiques
qu'on n'avait pas encore pu obtenir avec autant de précision et de sûreté,
à cause de l'insuffisance et de l'imperfection des méthodes dont on s'est
servi jusqu'à ce jour
M. Le Bon établit en principe, dés son entrée en matière, que les dif-
férences des êtres procèdent des inégalités du développement du système
nerveux et que, conséquemment, il n'y a rien de fondé dans l'opinion des
philosophes qui admettent l'égalité primordiale des hommes et font dé-
pendre de l'éducalion seule les différences que l'on constate entre eux.
L'étude des races prouve que les différences physiques et intellectuelles
entre les représentants de l'espèce humaine sont profondes, de même que
celles qui existent entre les individus d'une même race, et qu'elles corres-
pondent à des différences anatomiques profondes elles-mêmes.
L'état de développement du cerveau, organe de l'intelligence, est la con-
dition principale d'où ces différences dépendent.
( 4o3 )
M. le D'" Le Bon s'est efforcé de mellre à contribution les matériaux an-
thropologiques que l'on possède aujourd'hui, pour dégager, par l'apphca-
tion des méthodes mathématiques, les relations cachées qui existent entre
les valeurs obtenues par l'observation, et il est arrivé à des résultats précis
relativement à l'étendue des différences qui existent entre les hommes, et à
la façon dont elles s'effacent ou s'accroissent.
Il répudie la méthode des moyennes, usitée encraniotomie, parce qu'elle
est illusoire quand il s'agit de comparer des valeurs différentes entre elles.
La preuve des résultats illusoires que donne cette méthode, il la trouve,
par exemple, dans ce qu'elle produit quand on l'applique à la durée de la
vie humaine, dans ime population déterminée. Si l'on dit que la moyenne
de la vie en France est de quarante ans, on semble exprimer par cette
formule que la grande majorité des Français cesse de vivre une fois les qua-
rante ans accomplis. Or, c'est le contraire qui est le vrai. L'erreur commise
résulte de ce que l'on a obtenu la moyenne par l'addition des âges ou la
mortalité est le plus grande : la première enfance et la vieillesse.
De même pour la consommation des denrées, de la viande par exemple :
les moyennes font manger à tous les Français une quantité égale de viande,
mesurée par kilogrammes; mais ce n'est pas là l'expression de la réalité. Ce
qui est réel, c'est que la consommation est très différente suivant la richesse
de chacun, et que, tandis que les plus riches consomment beaucoup de
cet aliment, les plus pauvres n'en ont que très peu à leur disposition.
Le chapelier qui s'aviserait de fabriquer, à l'usage de ses clients, un cha-
peau établi d'après la moyenne de leurs têtes arriverait à ce résultat cer-
tain, que cette coiffure moyenne ne s'adapterait qu'à im nombre de têtes
très restreint.
Donc il n'y a pas de moyennes à établir entre des éléments dissem-
blables, qui ne sauraient être comparés entre eux.
Pour les crânes, par exemple, la valeur obtenue par des moyennes, dans
une race, dans un groupe déterminé, est complètement fictive.
- Pour arriver à un résultat positif, il faut classer les crânes par groupes
de capacités déterminées et rechercher combien il existe, dans une race,
de crânes de chaque groupe; et alors, suivant la prédominance des grands
sur les petits et des petits sur les grands, on peut obtenir une mesure de la
valeur intellectuelle de la race.
Cette méthode met en relief ce que les moyennes aboutissent forcément
à effacer, puisqu'elles ont pour effet inévitable d'équilibrer les grandes
capacités crâniennes parles petites, et réciproquement.
( io4 )
Pour comparer les valeurs qu'il a obtenues, M. Le Bon s'est servi de la
méthode graphique, qui traduit par des lignes les relations que les chiffres
expriment souvent d'une façon moins nette, et il a appliqué cette méthode
à l'expression de tous les phénomènes anthropologiques.
L'étude qu'il a faite des variations du volume du crâne et du poids du
cerveau dans les diverses races humaines et chez les individus d'une même
race l'a conduit à constater qu'elles sont beaucoup plus grandes que les
moyennes ne l'indiquent.
D'après lui, les diflérences existant entre les crânes d'individus d'une
même race sont d'autant plus grandes que la race est plus élevée dans
l'échelle de la civilisation. Ainsi, les différences qu'on observe entre les
crânes les plus gros et les crânes les plus petits de chaque race s'élèvent,
chez les races supérieures, à plus du double de ce qu'elles sont chez les
races inférieures. Elles vont constamment en croissant à mesure que la
race se civilise, d'où cette conclusion que, loin de tendre vers l'égalité,
les hommes tendent, au contraire, les conditions actuelles subsistant tou-
jours, à se différencier de plus en plus.
Le développement de l'inlelligeuce a un rapport étroit avec la forme, la
structure et le volume du cerveau. Mais le volume est le plus important de
ces facteurs, car, en opérant sur des séries de crânes suffisamment nom-
breux, on constate toujours que les plus volumineux appartiennent aux
races les mieux douées sous le rapport intellectuel et, dans chaque race,
aux sujets les plus intelligents.
IjCS recherches statistiques conduisent à cet autre résultat, démonstratif
du rapport qui existe entre le volume du crâne et l'intelligence, que la ca-
pacité moyenne des crânes des races supérieures dépasse notablement celle
des crânes des races inférieures et que la race supérieure contient beaucoup
plus de crânes volinnineux que la race inférieure.
La Commission de Statistique, prenant en considération l'étendue et
l'importance des recherches auxquelles M. Le Bon s'est livré pour rédi-
ger le travail qu'il a soumis au jugement de l'Académie, lui a accordé un
encouragement de la valeur de quatre cents francs.
Rapports sur les Ouvrages de MM. Bowaxge et Dormoy ;
par M. delà Gournerie.
M. BoNNAXGE a présenté un mngnifique Atlas de cinquante-quatre
Planches avec seize feuilles de texte, faisant connaître pour les produits de
( 4o5 )
huit groupes d'industries l'importance et les variations du commerce de la
France depuis 1869 jusqu'à iSyS. Ce travail a été fait par ordre du
Ministre de l'Agricultiue et du Commerce. Les données sont prises dans les
sources officielles.
Les Commissions du Concours de Statistique, tout en témoignant une
grande préférence pour les Mémoires qui contiennent des renseignements
nouveaux et obtenus par des recherches personnelles, n'ont jamais repoussé
les travaux ayant pour base des résultats connus. La Statistique n'a pas
achevé son œuvre qnand elle a recueilli les nombres que fournissent les
observations ; il lui reste à déterminer le degré d'exactitude que l'on peut
attribuera chaciui des relevés, à les disposer d'une manière judicieuse, à
faire des rapprochements qui mettent en évidence les causes des variations,
à dégager enfin de la multitude des chiffres les faits essentiels et certains.
Il importe de ne pas décourager les savants consciencieux qui se consa-
crent à la seconde partie du travail.
L'Atlas établi par M. Bonnange donne, pour le commerce de la France
avec les différents pays, l'importation et l'exportation des marchandises
sous divers états, depuis leur entrée dans l'industrie comme matières pre-
mières jusqu'à ce qu'elles soient livrées à la consommation.
Les mouvements des produits de genres peu différents ont été indiqués
sur les mêmes figures. En employant les expressions proposées par
M. Cheysson, nous dirons que ces figures sont des diagrammes orthogo-
naux à gradins absolus avec l'addition d'un gradin totalisateur. Des lon-
gueurs de o™,oo5 représentent sur la base les dix-sept années qui com-
posent la période à laquelle l'Atlas est consacré. Toutes les quantités sont
indiquées sur un axe perpendiculaire, à partir de la même origine. Enfin
l'espace compris entre deux gradins consécutifs est recouvert d'une teinte
qui fait connaître la nature du produit auquel correspond le gradin supé-
rieur.
Pour les résultats généraux, deux diagrammes donnent les importations
et les exportations, sans distinction de provenance ou de destination. Snr
un troisième, on voit des ligues qui indiquent le rapport de l'importation
et de l'exportation au commerce total Enfin, les résidtats de la période de
dix-sept années sont résumés sur des figures spéciales.
L'auteur s'est abstenu de tirer aucune conclusion économique des résul-
tats nombreux qu'd a recueillis. Nous ne voyons que des avantages à cette
réserve. Dans les questions très controversées et qui intéressent à un haut
degré l'agriculture et le commerce, il est bon que la Statistique se sépare
C. R., lïSo, 1" Semestre. (T. XC, N« 0.) ^/j
(4o6 )
de l'Economie politique pour conserver son caractère de certitude et d'im-
partialité.
On trouve sur les Planches diverses indications très utiles pour apprécier
les mouvements du commerce. Ainsi, des diagrammes font connaître la
production en France des grains, des sucres, des vins et des houilles. Les
prix des grains sont également représentés.
M. Bonnange rapporte dans la Préface les dates des traités de commerce
conclus pendant la période. Il eut été utile de donner divers autres rensei-
gnements, notamment de rappeler les époques où la manière d'apprécier
les valeurs a été modifiée. Un Atlas de Statistique est consulté par un grand
nombre de personnes peu au courant des faits commerciaux. On doit par
suite multiplier les indications, et même, autant que possible, les inscrire
sur les Cartes.
Nous ne saurions blâmer M. Bonnange d'avoir limité son travail à huit
industries, mais il eût pu indiquer en quelques lignes le degré d'impor-
tance des branches de commerce qu'il négligeait : plusieurs d'entre elli s
présentent un intérêt considérable. Ce complément eût été de nature à
prévenir de fausses appréciations.
Dans le dernier Tableau décennal du commerce de la France avec ses colo-
nies et avec les puissances étrangères publié par l'Administration des
douanes, on trouve cinquante-quatre Cartes donnant des renseignements
statistiques très utiles, tels que les parts du pavillon étranger dans les dif-
férentes branches du commerce extérieur, les grandeurs de l'importation
et de l'exportation, la comparaison du commerce par terre avec le com-
merce maritime. L'Ouvrage est établi sur un plan différent de celui de
M. Bonnange, et, sans faire ici une comparaison détaillée qui n'est nulle-
ment nécessaire, nous devons dire qu'il ne diminue en rien le mérite de ce
dernier.
En résumé, l'Atlas présenté par M. Bonnange a exigé beaucoup de
travail ; il donne des indications très nettes et sera certainement utile. La
Commission accorde à sou auteur une mention très honorable.
M. DoRMOY a adressé à l'Académie un Ouvrage considérable contenant
une théorie mathématique des Sociétés d'assurances et de secours mutuels.
Votre Commission en a pris connaissance avec intérêt, mais elle a trouvé
qu'il ne reniplissait pas les conditions du Concours.
Les recherches statistiques dans les diverses sciences ne peuvent é're
faites que par des personnes capables d'apprécier l'importance et les diffi-
( 4o7 )
cnltés que chaque question présente; aussi les anciennes Commissions ont-
elles toujours eu égard à la sûreté et à l'étendue des connaissances colla-
térales déployées par l'auteur, mais elles n'ont jamais admis que de savantes
déductions pussent remplacer les résultats numériques qui constituent
essentiellement un travail de statistique.
En résumé, la Commission propose à l'Académie d'accorder le prix de
l'année 1879 à M. V. de Saint-Genis pour la partie statistique de deux
Ouvrages intitulés Inventaire des Archives municipales de Cliâlellerault
antérieures à 1790 et Statistique de la vie humaine avant 1789, dressée
d'après les registres des paroisses de la ville de Cliâlellerault et comparée à la
période de i 790 à 1 878 ;
Un rappel du prix obtenu en 1875 à M. BoRiuspour son Ouvrage Sur le
climat de Brest ;
Un encouragement de quatre cents francs sur le prix réservé de 1878 à
M. G. Lebon pour l'Ouvrage intitulé Recherches aitalomiques et mathéma-
tiques sur tes lois des variations de volume du cerveau ;
Enfin une mention très honorable à M. Bonnange pour son Jtlas gra-
phique et statistique du commerce de la France.
Ces conclusions sont adoptées.
CHIMIE.
PRIX JECRER.
(Commissaires : MM. Fremy, Wuriz, Cahours, Debray, Friedel ,
Chevreul rapporteur.)
La Section de Chimie propose à l'Académie de décider que le prix
Jecker sera partagé pour l'année 1879 de la manière suivante :
A M. RiBAX, pour l'ensemble de ses travaux, quatre mille francs ;
A M. BocRGoiN, pour ses travaux de Chimie organique, quatre mille
francs ;
A M. Crafts, pour ses travaux relatifs à la Chimie organique, deux mille
francs.
Ces propositions sont adoptées.
( 4o8 )
PRIX L. LACAZE.
(Commissaires : MM. Chevreul, Fremy, Wiirtz, Cahoiirs, Debray, Friedel,
Boussingault, Berihelot, Dumas rapporteur.)
Lorsque Lavoisier fit connaître la nature des véritables éléments chimi-
ques, chacun d'eux fut considéré comme un être distinct, et, si la pensée
d'en rapprocher quelques-uns d'une façon plus particulière entre eux se
présenta dès cette époque à l'esprit des chimistes, ce fut assurément d'une
manière vague et sans portée précise. On peut assurer même que, si plus
tard la découverte de l'iode et son incontestable analogie avec le chlore
pouvaient faire naître l'idée de rapprochements naturels entre les corps
simples, on était bien éloigné encore d'en tirer des conséquences géné-
rales. Berzélius, en découvrant le sélénium et en montrant que cet élément
se rapproche du soufre de la même manière que l'iode se rapproche du
chlore, aurait fait faire un pas considérable à la conception qui permet de
ranger les éléments en séries naturelles, s'il n'eût tenu avec une persistance
singulière à ranger le sélénium parmi les métaux et à l'éloigner du
soufre.
Quelques années après, cependant, la découverte du brome étant venue
compléter la série naturelle formée par le fluor, le chlore, le brome et
l'iode, on fut autorisé à ranger en quatre familles bien connues les corps
non métalliques et à prévoir que les mélaux pourraient un jour être soumis
aux mêmes lois. Mais tandis que pour les corps non métalliques leur combi-
naison avec l'hydrogène fournissait im caractère précis et pi-ofond pouvant
servir de base à leur classification, on n'avait trouvé pour les métaux
aucun corps qui, en se combinant avec eux, fournît un moyen de compa-
raison du même ordre et de la même valeur.
Cependant, divers tâtonnements établissant entre certains groupes de
métaux, soit par l'étude de leurs propriétés chimiques, soit par celle de
leurs propriétés phy.siques, descaractères de passage, des rapports et des liens
formant contiiuiité, on pouvait considérer comme certain qu'on parvien-
drait un jour à classer les métaux p;ir familles naturelles et à les ranger
par séries parallèles, ainsi qu'on l'avait réalisé pour les corps non métal-
liques : on y est parvenu, en effet.
Mais, dans ces sortes de séries, tous les termes ne nous sont pas connus,
et c'est précisément parce que les intermédiaires manquaient qu'd avait
semblé parfois im[)ossiblc de réunir deux métaux éloignés l'ini de l'autre
( '^'^9 )
par leurs propriétt's et qu'il a paru au contraire naturel de les placer dans
la même famille dès que le métal qui leur servait de lien commun a été
découvert.
Étant donné que les métaux ou plutôt que les corps simples peuvent
être groupés en familles naturelles et que dans chacune de celles-ci ils
peuvent élre rangés en séries, que ces séries sont parallèles et que les élé-
ments s'y trouvent rangés de telle façon que les chiffres exprimant les
qualités de leurs équivalents s'affaiblissent ou croissent selon certains
rapports, on conçoit qu'il puisse exister des règles fixant la place et per-
mettant même de prévoir les pro])riétcs de ceux des éléments inconnus,
dont les cases sont demeurées vides sur l'échiquier des éléments chimiques.
M. Lecoq de Boisbaudran, à qui la Science est redevable des études les
plus persévérantes et les plus précises sur lesspectres des éléments, avait été
naturellement conduit à rechercher dans la comparaison de leurs spectres
les conditions propres à fixer la place de ces éléments dans une classi-
fication naturelle, et par suite à signaler d'une manière précise les vides
qu'il s'agissait de combler.
Guidé par ce fil délicat et confiant dans cette pensée, M. Lecoq de
Boisbaudran n'hésita pas à s'engager dans une recherche qui est devenue
pour lui et pour la Science l'occasion d'un succès rare et d'une acquisition
du plus haut intérêt, par la découverte du métal extraordinaire qu'il a
dédié à la France et qu'il a désigné sous le nom àe gallium.
Le gallium n'a pas été obtenu, ainsi que cela se présente ordinairement,
par la rencontre fortuite d'un minéral formé par quelque combinaison d'un
métal nouveau, ni par une indication spectroscopique signalant, par l'appa-
rition de raies nouvelles, la présence d'un élément ignoré dans quelque
résidu d'exploitation industrielle. Non! et ce que la découverte du gallium
offre de particulièrement intéressant, c'est que l'existence de ce métal a été
prévue par M. Lecoq de Boisbaudran, qu'il a cherché à la constater en
le cherchant dans des minerais de zinc, où ses idées théoriques le portaient
à en soupçonner la présence, par des considérations qu'il se réserve de
faire connaître, et qu'il a réussi à l'obtenir, à l'isoler, à affirmer son existence
comme métal nouveau et distinct de tous les autres en opérant sur 52*'^ de
sulfure naturel de zinc ou blende et en retirant de cette masse relativement
énorme -~jj de milligramme de gallium, c'est-à-dire que pour obtenir une
unité de gallium il avait traité cinq milliards d'unités de blende ! On ne
connaît pas d'exemple d'un pareil résultat. Jamais on n'avait vu jusqu'ici
un chimiste, guidé par une vue tliéorique, aller chercher dans un minéral
( 4io )
déterminé un corps simple inconnu, dont les propriétés avaient pu être
prévues cependant de manière à permettre de diriger l'action des réactifs
qui devaient le séparer des autres matières, et terminer ce travail étrange
par la découverte d'une trace du produit cherché au milieu de cinq milliards
d'autres substances qui en masqiiaient les propriétés!
Une méthode qui a pu diriger avec certitude au milieu de pareilles diffi-
cultés promet d'autres découvertes du même ordre; on peut être assuré
que M. Lecoq de Boisbaudran ne laissera pas sans emploi l'instrument
théorique auquel il doit ce premier et éclatant succès.
Tous les chimistes connaissent l'histoire du gallium, et tout le monde a
pu admirer ce beau métal, en cristaux volumineux, en belles lames et sous
forme solide ou liquide, parmi les produits de l'Exposilion universelle.
Fusible vers 3o", il se rapproche ainsi du mercure; sa densité, de 5,9, l'en
éloigne.
Après avoir découvert le gallium, caractérisé par deux raies placées dans
le violet avec des longueurs d'onde de 4i7)0 ^t /(o3, r, M. Lecoq de Bois-
baudran a étudié avec le plus grand soin les propriétés chimiques de ce
nouveau métal, extrait, par un travail de plusieurs mois, de quelques cen-
taines de kilogrammes de blende. Cette étude a montré qu'il existait entre
le gallium et un métal prévu par un chimiste russe, M. Mendéléef, danssa
remarquable classification naturelle des éléments, les rapports les plus
étroits, circonstance bien propre à confirmer les chimistes dans la confiance
que leur inspire aujourd'hui la base sur laquelle repose l'arrangement de
ces éléments par familles.
La découverte du gallium, ses propriétés extraordinaires, la marche
nouvelle suivie dans l'invention de ce nouvel élément, assignent au travail
de M. Lecoq de Boisbaudran tous les caractères d'un des plus rares événe-
ments de l'histoire de la Chimie.
La Commission est heureuse d'en consacrer la mémoire et de témoigner
de la grande estime qu'elle porte à M. Lecoq de Boisbaudran en lui décer-
nant le prix Lacaze de Chimie pour 187g.
L'Académie adopte les conclusions de ce Rapport.
( 4M )
GEOLOGIE.
GRAND PRIX DES SCIENCES IHYSIQUES.
(Prix du Biul^;ct).
(Commissaires: jMM. Hébert, Miliie Edwards, de Qiiatrefages, Daiibrée,
Delesse, Alph. Milue Edwards rapporteur.)
En 18'jj, rAcadémie décida qu'elle décernerait le grand prix des Sciences
|)hysiques pour iS'yç) à une Etude approfondie des ossements fossiles de l'un
des dépôts tertiaiies situés en France.
Deux naturalistes, M. Hbnri Filhol et M. Lemoixe, ont répondu à l'appel
de l'Académie.
M. H. Filhol a présenté deux Mémoires considérables: l'un ayant pour
titre Recherches sur les phosphoriles du Quercy, élude des Jossiles que Von
y rencontre et spécialement des Mammifères ; l'autre traitant des Mammifères
fossiles de Saint'Gérand-le-Puy, dans le département de l'Allier. Ces deux
Mémoires se complètent l'un l'autre, car ils font connaître les modifi-
cations que la faune maramalogique a subies à deux époques peu éloi-
gnées l'une de l'autre de la période tertiaire, et les résultais auxquels
est arrivé l'auteur intéressent à un égal degré les géologues et les zoolo-
gistes.
Les gisements de phosphate de chaux du Lot, du Tarn, de ïarn-et-
Garonne et de l'Aveyron ne sont connus que depuis peu de temps : c'est
en i865 qu'ils ont été signalés pour la première fois; c'est en 1870 qu'ils
ont été régulièrement exploités. L'extraction des phosphoriles a mis au
jour d'innombrables débris de Vertébrés datant de l'époque éocène supé-
rieure et appartenant à des animaux presque tous complètement inconnus
auparavant et différents de la plupart de ceux qui avaient été découverts
dans d'aujres couches géologiques.
M. H. Filhol a parcouru, à plusieurs reprises, les localités où des car-
rières étaient exj)loitées; il n'a épargné ni peine ni argent pour réunir une
collection des plus précieuses tant par le nombre des échantillons que par
leur parfaite conservation. Ce sont ces matériaux de travail qu'il a ensuite
mis en œuvre et qui ont révélé aux naturalistes une faune dont ils ne soup-
çonnaient pas l'existence.
(4.2)
Pour donner une idée de l'importance de l'Ouvrage dont nous devons
rendre compte, il nous suffira de dire que, sur cent douze espèces appar-
tenant au dépôt du Quercy, quatre-vingt-une sont spéciales à ce dépôt et
n'ont été trouvées nulle part ailleurs et soixante-six ont été découvertes et
décrites par l'auteur. Les autres ont été étudiées avec soin dans les rap-
ports zoologiques qu'elles offrent avec les animaux vivants ou fossiles. Un
travail de ce genre demande de sérieuses connaissances anatomiques, ou
bien il manque de base et n'offre aucune garantie. Votre Comaiission a été
frappée de la rigueur des méthodes de détermination employées par l'auteur.
Il est arrivé ainsi à des résultats importants au point de vue de l'ordre d'appa-
rition des êtres à la surface du globe.
Le groupe des Lémuriens, si nombreux aujourd'hui à Madagascar, ne
comptait aucun représentant fossile quand M. H. Filhol trouva dans les
dépôts du Quercy un crâne provenant d'un véritable Lémurien, auquel il
donna le nom de Necrolemur antiquiis et qui se rapproche plus des Galagos
africains que d'aucune autre espèce actuelle. L'auteur montra aussi que
plusieurs animaux des mêmes gisements offrent des analogies incontestables
d'une part avec les Lémuriens et d'autre part avec les Pachydermes, éta-
blissant en quelque sorte un passage entre ces deux groupes, qui paraissent,
au premier abord, si éloignés. Tels sont le Palœolemur Betillei de M. Del-
fortrie, qui est en réalité identique à VAdayis parisiensis décrit par Cuvier,
VAdapis mo(//ius (Filhol ) et V Adapis minor [¥\\\\o\). Ces faits, fournis par
l'étude des espèces d'un autre âge, viennent à l'appui de ceux que votre rap-
porteur a eu l'occasion de signaler, à plusieurs reprises, lorsque, se basant
sur les caractères embryologiques et anatomiques, il sépara les Lénuu'iens
des Singes pour les rapprocher des Pachydermes. Le trait d'union, aujour-
d'hui disparu, existait encore à la fin de l'époque éocène.
On est étonné de trouver pendant celle période un aussi grand nombre
de Carnassiers. L'auteur en inscrit quarante-deux sur ses Catalogues : les uns
fort différents de tous ceux qui vivent de nos jours, comme les Pieudœlurus
et les Drépanodons aux longues canines supérieures, et dont on a retrouvé
les analogues dans les terrains éocènes de l'Amérique septentrionale, les
Brachycyons, les Hya;nodons et les Ptérodons; les autres fort voisins des
Chiens et des Civettes et formant une petite division générique, celle des Cy-
nodictis. Les Cynodictis ont laissé de nombreuses traces de leur existence,
et M. H. Filhol n'en compte pas moins de dix-sept formes distinctes. Toutes
ces formes différentes représentent-elles des espèces, ou bien ne sont-ce
que des races ou des variétés? Après s'être livré à une discussion appro-
( /|'3 1
fonriie des caractères de leur squelette, l'auteur reconnaît seulement quatre
types spécifiques ou espèces souches, qui auraient donné naissance aux
autres formes par une série de nuances que l'œil peut saisir, mais qu'une
descrij)tion est souvent impuissante à représenter. L'auteur se trouvait là
en face d'une des questions les plus difliciles de la Zoologie paléontologique,
car elle se lie de la manière la plus intime à celle de l'évolution des espèces.
Aussi nous devons lui savoir gré de s'être surtout attaché à réunir des faits
certains et indiscutables, qu'il met sous les yeux du lecteur, et de s'abstenir
de toute déduction hasardée.
Les animaux herbivores qui servaient à l'alimentation de celte popula-
tion de Carnassiers sont nombreux en espèces et en individus. M. H. Filhol
en indique cinquante espèces, dont dix-huit ont été décrites par lui pour l.i
première fois.
Nous ne saurions, sans abuser des instants de l'Académie, poursuivre
celte analyse d'un travail d'aussi longue haleine, représenté par cinq cent
soixante pages d'impression et cinquante-quatre planches comprenant près
de cinq cents figures, et nous devons passer an second Mémoire soumis à
l'examen de la Commission par le même auteur.
Il s'agit ici de la description des Mammifères d'un gisement ancienne-
ment connu, celui deSaint-Gérand-le-Puy, qui ap[)artient à la période mio-
cène. En i833, Et. Geoffroy Saint-Hilaire entretenait déjà l'Académie de
la nature de ces dépôts de calcaire concrétionné ou de calcaire à phryganes.
Depuis celte époque, une foule de géologues et de paléontologistes ont
visité cette localité et y ont formé des collections considérables. Des tra-
vaux nombreux ont été publiés à diverses reprises. Et. Geoffroy, Jourdan,
M. Pomtl, notre regretté confrère P. Gervais el d'autres naturalistes ont
contribué à faire connaître les fossiles de Saint-Gérand-le-Puy. Mais, pour
les Mammifères, ces recherches avaient été entreprises avec des éléments
d'étude insuffisants; elles n'étaient pas coordonnées entre elles; les descrip-
tions étaient souvent incomplètes et ne permettaient pas de reconnaître les
espèces dont il était question. Les pièces les plus importantes n'avaient
jamais été figurées ; aussi était-il très difficile de se former une idée exacte
de la nature de ces Mammifères et des relations qu'ils présentent avec ceux
d'autres gisements bien connus. Il y avait à faire une étude féconde en
résultats, et c'est cette étude que M. H. Filhol a entreprise. Il a su tirer
profit de la plupart des grandes collections réunies soit chez des particu-
liers, soit dans les musées d'Europe. Pendant plusieurs années il a suivi
l'exploitation des carrières de Saint-Gérand-le-Puy, et il a recueilli ainsi de
C. y , 1880, 1" Semestre. (T. XC. N» 9.) 55
( 4'4 )
nombreux fossiles; enfin M. Poniel lui a remis toutes les pièces qui avaient
servi à ses anciennes recherches et sur la détermination desquelles il était
resté quelques doutes.
M. II. Filhol a eu ainsi sous les yeux des milliers d'ossements, admira-
blement conservés, à l'aide desquels il a entrepris l'étude des Mammifères
de cette époque. Il n'avait plus à faire connaître une faune nouvelle: il fal-
lait apprécier exactement les caractères d'espèces qui n'avaient été encore
qu'entrevues, examiner leurs affinités zoologiques et les rapprocher des
espèces voisines récentes ou fossiles. Ce travail a été accompli avec succès,
et, aujourd'hui, la faune mamrnalogique de Saint-Gérand-le-Puy est l'une
des mieux connues de la période tertiaire.
A Saint-Gérand on ne trouve ni Singes, ni Lémuriens, ni aucun de ces
êtres si singuliers dont nous avons parlé plus haut et qui sont demi-pachy-
dermes, demi-lémuriens. Il est cependant probable que ces animaux exis-
taient, mais qu'ils n'habitaient pas sur le bord des petits lacs où se dépo-
saient les couches aujourd'hui exploitées. Au contraire, les Loutres y étaient
communes et y vivaient aux dépens des Poissons des eaux douces. D'autres
Carnassiers, les Amphicyons, les Céphalogales, les Plesictis, représentaient
des formes zoologiques disparues; des Viverrides et des Mustélides étaient
assez nombreux en espèces et en individus. Parmi ces derniers, M. H. Filhol
fait connaître, sous le nom de Proaiturus, une espèce qui semble rattacher
zoologiquement les Martres aux Chats proprement dits. Les Marsupiaux
existaient encore à cette époque; ils étaient représentés par des espèces de
petite taille, mais fort intéressantes à connaître. De très nombreux Herbi-
vores fréquentaient le bord des lacs et servaient de nourriture aux Carnas-
siers. Les troupeaux de Caenotheriums devaient se composer de milliers
d'individus, si l'on en juge par la masse des débris qu'ils ont laissés dans
ces terrains. L'auteur a étudié ces animaux avec beaucoup d'attention; il a
cherché à savoir s'il existait plusieurs espèces bien distinctes de ces petits
Pachydermes ou si les différences de formes que présentent leurs osse-
ments sont dues à des variations individuelles et caractérisent seulement
des races. C'est à celte dernière opinion que s'est arrêté M. H. Filhol,
trouvant tous les intermédiaires de l'un de ces prétendus types spécifiques
à l'autre.
Le travail dont nous venons de donner une appréciation rapide ne com-
prend pas moins de trois cent cinquante pages d'impression et plus de cin-
quante planches lithographiees avec une grande exactitude.
En présence de ces deux Mémoires riches de faits bien observés, votre
(4.5)
Commission a été, à riinanimifé, d'avis d'attribuer le grand prix des
Sciences physiques pour 1879 à M. H. Filhol.
]M. Lemoixe s'occupe depuis longtemps déjà de l'étude des Vertébrés fos-
siles des environs de Reims, et il a présenté à votre Commission un travail
important sur ce sujet. Les renseignements que nous possédons sur les ani-
maux qui habitaient le bassin de Pnris à l'époque du dépôt des premières
couches éocènes se réduisent à peu de chose. Le conglomérat de l'argile
plastique, les grès de la Fère, les lignites du Soissonnais et les sables de
Cuisela-jMotte avaient fourni divers Mammifères, un Oiseau, quelques
Reptiles et des Poissors. M. Lemoine a été, dans ses recherches, plus heu-
reux que ses devanciers, et il a recoiiini dans ces couches plus de soixante-
dix types génériques ou spécifiques, dont la plupart étaient inconnus.
Des Carnassiers appartenant aux genres Arctocyon, Proviverra et Hyae-
nodictis vivaient, à 'cette époque, à côté de nombreux Herbivores, parmi
lesquels nous citerons : cinq Plésiadapis et plusieurs espèces fort semblables
aux Miacis et aux Opistothonus, qui avaient été déjà signalés en Amérique
par M. Cope ; les Decticadapis, qui offrent certaines ressemblances avec
les Rougeurs et avec lesÉdeutés; les Hyracotherhyums, les Lophiochœrus
et les Pleuraspidotheriums, qui constituent une forme zoologique nouvelle ;
enfin deux Dichobunes, trois Hyracotheriums, un Lophiotherium et plu-
sieurs grands Lophiodons.
Un Oiseau gigantesque, très voisin du Gastornis parisiensis, a aussi été
décrit par M. Leuioine, ainsi que de nombreux Reptiles et des Poissons
ganoïdes, téléostéens et placoïdes.
Un Atlas de quatre-vingt-quatorze planches accompagne le texte qui nous
a été soumis et permet de suivre et de vérifier les descriptions.
Il est à regretter que, dans ces couches anciennes des terrains tertiaires,
on trouve rarement des pièces osseuses complètes. A part quelques excep-
tions, les ossements sont très fragmentés; on rencontre le plus souvent des
dents isolées. Il est alors très difficile de reconnaître quels sont les débris
qui appartiennent à une même espèce ou à un même genre. Il faut une
étude bien attentive pour ne pas reconstituer un animal avec des fragments
provenant de tjpes différents. C'est là une des principales difficultés contre
lesquelles M. Lemoine a eu à lutter, et il a toujours eu soin d'indiquer
quelles étaient les parties qu'il avait trouvées en connexion et quelles sont
celles qu'il a ia])prochées artificiellement, ce qui permettra de vérifier
l'exactitude de s<.s i tcherches.
( 4l^i )
Votre Commission, désirant eiicourager M. Lemoine à continuer les
études qu'il a poursuivies jusqu'ici avec tant de zèle, signale d'une manière
particulière ce naturaliste à la bienveillance de l'Académie et propose de
lui accorder une récouijiense de mille francs.
L'Académie adopte les conclusions de ce Rapport.
BOTANIQUE.
PRIK BARBIER.
(Commissaires: MM. Vulpian, Gosselin, Chalin, baron J. Cloquet,
baron Lnrrey rapporteur.)
La Commission du prix Barbier n'a reçu, cette année, aucun Ouvrage qui
lui parût mériter le prix institué par son généreux fondateur, mais elle a
cependant distingué un Livre et une Brochure dignes d'intérêt et d'encou-
ragement.
Le D' A. Manodvriez (de Valenciennes) a publié, l'année dernière, un
Mémoire intitulé DeL'onéiine des mineurs, dited'Anzin. Ce Mémoire, cou-
ronné par la Société de Médecine de Saint-Étienne et de la Loire, rappelle
d'abord que l'anémie des mineurs a été observée pour la première fois à
Anzin, sous forme épidémique, dès le commencement de ce siècle, et qu'elle
a fixé dès lors l'attention des médecins. Mais l'étude spéciale n'en avait
pas encore été faite complètement, comme votre rapporteur a pu s'en as-
surer, après avoir visité autrefois les mines d'Anzin.
C'est ce travail que M. Manouvriez a entrepris, et il a démontré le pre-
mier les particularités suivantes :
L'anémie des mineurs n'est pas exclusive aux mines d'Anzin : elle existe
aussi et seulement dans un grand nombre de mines de houille et devrait,
pour cela, s'appeler anémie des houilleurs.
Cette anémie, à part les causes générales, résulte spécialement d'une
intoxication par les vapeurs de divers dérivés de la houille ou produits de
distillation et de combustion lentes de la houille exposée au contact de l'air.
L'indication de la prophylaxie, la seule efficace, consiste à établir dans
(•^1^7)
les fosses infectées une ventilation assez énergique pour faire remonter au
jour la totalité des vapeurs toxiques.
L'a|iplication de cette mesure à la dernière fosse infeclée des mines
d'Anzin a eu, depuis deux années entières, le résultat le plus favorable et
le plus concluant.
Le deuxième Mémoire, secondaire quoique antérieur au précédent, a été
publié par M. Manouvriez sous le titre de Maladies et hjgiène des ouvriers
travaillant à la fabrication des agglomérés de houille et de brai.
L'auteur, après avoir décrit certaines particularités morbides observées
chez les ouvriers bouilleurs, démontre les effets divers de Timprégnation
de la poussière de brai, résidu solide de la distillation du goudron de
houille. Il ajoute à l'application des mesures déjà énoncées l'emploi de
jets d'eau pulvérisée pour l'abatage de la poussière de brai, et il termine
ce travail en constatant, dès la fin de l'année 187G, une notable améliora-
ti(jn dans l'état sanitaire des ouvriers bouilleurs.
Telles sont, en aperçu, les considérations qui donnent à ces deux Mé-
moires une valeur réelle et engagent la Commission à les récompenser
par un encouragement de mille francs, accordé à M. le D"^ Manocviuez.
Les conclusions de ce Rap]iort sont adoptées par l'Académie.
PRIX ALHUMBERT.
PHYSIOLOGIE DES CHAMPIGNONS.
(Commissaires : MM. Duchartre, Chatin, Trécul, Decaisne,
Van Tieghem rapporteur. )
Aucun Mémoire n'a été remis au Secrétariat.
La Commission propose de maintenir la question au Concours pour
l'année 1881.
Cette proposition est adoptée.
Voir aux Prix proposés, page 455.
PRIX DESMAZIÈRES.
(Commissaires: MM. Duchartre, Trécid, Decaisne, Cosson,
Van Tieghem rapporteur. )
Aucun des deux Ouvrages que la Commission a eu à examiner ne lui a
paru mériter le prix. Tous deux cependant sont le fruit de louables efforts,
qu'il y a lieu d'encourager.
( 4i8 )
M. Criié, professeur à la Faculté des Sciences de Rennes, a envoyé une
série de quatorze Notes publiées dans divers Recueils pendant les dix der-
nières années. Il y étudie tour à tour les Lycopodiacées et les Mousses de
la Champagne du Maine, les Mousses et les Hépatiques de la Sarthe et
de la Mayenne, la végétation cryptogamique de l'archipel Chausey com-
parée à celle des autres îles de la Manche, la flore des îles Falkland, les
Champignons de la Nouvelle-Calédonie et ceux des îles Saint-Paul et Ams-
terdam, enfin l'organisation et la distribution géographique des Cham-
pignons parasites du groupe des Depazea. Il y a là tout un ensemble d'obser-
vations pleines d'intérêt pour la Géographie botanique.
M. le D'^LEUDUGER-FonTsioREL, qui s'applique tout spécialement à l'étude
des Algues de la famille des Diatomées, nous a adressé un Catalogue des
Diatomées marines de la baie de Saint-Brieuc et du littoral des Càtes-du-Nord el
un Catalocjue des Diatomées de l'île de Cejlan, S^usun titre par trop modeste,
ce dernier Ouvrage, avec ses neuf planches contenant plus de cent figures
fort bien faites, renferme un grand nombre de résultats nouveaux qui lui
assurent une valeur durable. L'auteur n'a eu à sa disposition qu'une
quinzaine de grammes d'un limon vaseux recueilli sur l'ancre d'un navire;
mais dans ces quelques grains de sable il a su retrouver trois cent vingt
espèces de Diatomées déjà connues, dont il a établi avec rigueur la syno-
nymie, et découvrir quatre-vingts espèces de Diatomées nouvelles, qu'il a
décrites et figurées avec le plus grand soin. Trois d'entre elles forment le
genre nouveau Pseudauliscus.
La Commission propose d'accorder, à titre d'encouragement, à M. Crié
une somme de sept cent cinquante francs et à M. le D"^ Leuduger-Fort3Iorel
une somme de sept cent cinquante jrancs .
Les conclusions de ce Rapport sont adoptées.
PRIX RORDIN.
(Commissaires: MM. Decaisne, Duchartre, Chatin, Trécul,
Van Tieghem rapporteur.)
L'Académie avait proposé, pour sujet d'un prix Bordin à décermr
en 1879, la question suivante : « Faire connaître, par des observations et des
expériences, V influence qu exerce le milieu sur la structure des organes végétatifs
[racines, tige, feuilles) . Etudier les variations que subissent les plantes tenestres
( 419 )
élevées dans l'eau cl celles qu éprouvent les plantes aquatiques forcées de vivre
dans rair. Expliquer, par des expériences directes, les formes spéciales de
quelques espèces de la flore maritime. »
On s'était expressément réservé tl'ailleurs la faculté de couronner un
travail qui aurait traité seulement l'un des points indiqués.
Deux Mémoires manuscrits ont été adressés au Secrétariat. Le n° i a pour
épigraphe : Fais ce que dois; le n" 2 : Qucerite, nec setnpcr invenietis.
Avoir ces devises un peu désespérées, on pressent que les deux auteurs,
malgré de consciencieux efforts, n'ont réussi ni l'un ni l'autre, pendant le
peu de mois qui leur étaient donnés, à traiter complètement même une
partie de la question proposée. Et véritablement il n'y a pas lieu d'en être
surpris. Les expériences et les observations demandées par l'Académie sont
de celles qui exigent beaucoup de temps pour conduire à des résultats de
quelque valeur, et beaucoup de temps encore pour faire subir aux résul-
tats obtenus le contrôle des vérifications nécessaires.
Aussi, considérant les observations déjà faites, et bien faites, par les deux
concurrents, désireuse surtout de voir mener à bonne fin les séries d'expé-
riences qu'ils déclarent avoir entreprises, la Commission est d'avis de re-
mettre la question au concours, en en prorogeant l'échéance à l'année 1881.
Cette proposition est adoptée.
Voir aux Prix proposés, page 456.
A]\ATO]»IIE ET ZOOLOGIE.
GRAND PRIX DES SCIENCES PHYSIQUES.
(Prk du Budget).
ÉTDDE COMPARATIVE DE l' ORGANISATION INTÉRIEURE PES DIVERS CRUSTACÉS ÉDRIOPHTHALMES
QUI HABITENT LES MERS d'eUROPE.
(Commissaires : MM. de Quatrefjges, Rlanchard, de Lacaze-Duthiers,
Ch. Robin, Milne-Edwards rapporteur.)
La Commission n'a reçu aucun Mémoire; vu l'importance de la question,
elle propose à l'Académie de proroger le concours à l'année 1881.
{ /i20 )
les Mémoires, manuscrits ou imprimés, seront reçus jusqu'au i^juin
1881.
L'Académie adopte les conclusions de ce Rapport.
Voir aux Prix proposés, page 458.
PRIX SAVIGNY.
(Commissaires: MM. de Lacaze-Duthiers, Milne Edwards, Alph. Milne
Edwards, Blanchard, de Quatrefages rapporteur.)
L'Académie n'ayant reçu aucun Ouvrage destiné à ce Concours, la Com-
mission déclare qu'il n'y a pas lieu de décerner le prix Savigny pour 1879.
PRIX THORE.
(Commissaires : MM. Duchartre, Trécul, Van Tieghem, Chatin,
Emile Blanchard rapporteur.)
La notion précise de la morphologie du système nerveux des Animaux
annelés ne remonte pas à une époque bien ancienne. G. Newport avait mis
en évidence la nature des changements qui s'opèrent dans la chaîne gan-
glionnaire des insectes pendant la période du développement. Pour la pre-
mière fois, dans un travail présenté à l'Académie le 29 septembre i845, pu-
blié dans les Annales des Sciences naturelles en 1 84<3, on déterminait l'origine
constante des nerfs des pièces de la bouche, on reconnaissait le mode de
distribution des noyaux médullaires dévolus aux différents appareils orga-
niques, on démontrait la fixité primordiale des centres nerveux chez tous
les Insectes, on constatait que les différences les plus frappantes répondent
à la diversité des degrés de centralisation de la chaîne ganglionnaire tou-
jours en coïncidence avec le perfectionnement général de l'organisme.
Pour la première fois aussi, on fournissait mille preuves que tous les repré-
sentants, si nombreux qu'ils soient, d'une famille naturelle d'Insectes
offrent dans les groupements des centres nerveux des caractères communs
et, de la sorte, propres à fixer la Science touchant les affinités zoologiques
des espèces, des genres, des familles. L'étude des Coléoptères formait un
premier Mémoire; les autres parties de l'Ouvrage sur le système nerveux, qui
semblaient ne promettre que des résultats tout à fait analogues, ne virent
pas le jour (').
(') L'auteur se trouvait engagé dans la pourbuite d'autres recherches.
( 42. )
Il importait cependant de connaître avec nne rigoureuse exactitude les
dispositions du système nerveux dans les familles des divers ordres de la
classe des Insectes. Longtemps les investigateurs manquèrent à la tâche;
mais, depuis plusieurs années, un jeune professeur de l'École de Méde-
cine de Saint-Pétersbourg, M. Eduard Brandt, a poursuivi des recherches
sur le système nerveux dans la plupart des ordres de la classe des Insectes,
de façon à déterminer les dispositions caractéristiques de la chaîne ganglion-
naire dans chaque groupe. Ainsi parut, de 1876 à 1879, une série de
IMémoires importants, accompagnés de nombreuses figures.
Toutd'abord, M. Ed. Brandt s'estoccupé des Hyménoptères. Il adénoncé
pour chaque famille les particularités et le degré de centralisation de la
chaîne nerveuse, après avoir très heureusement comparé chez certaines
espèces la condition du système nerveux des larves et des adultes. Cet ordre
a fourni le sujet d'une observation qui conduira certainement à des
remarques pleines d'inlérèt quand l'étude aura été plus approfondie. Cliez
les Hyménoptères industiieux, vivant en sociétés comme les Abeilles, les
Bourdons, les Guêpes, M. Ed. Brandt a constaté de notables différences
dans la chaîne ganglionnaire chez les mâles, les femelles et les neutres.
M. Nicolas Wagner s'était assuré que les circonvolutions des lobes céré-
broïdes, formés de cellules disposées par étages, plus développées chez les
ouvrières que chez les femelles fécondes, demeurent à l'état de vestige chez
les mâles; M. Ed. Brandt a reconnu la présence de ces organes dans des
types où ils sont rudimentaires.
Cet anatomiste a pris successivement les Lépidoptères, les Hémiptères, les
Diptères, et, dans chacun de ces ordres, il a suivi les dispositions du système
nerveux dans un assez grand nombre d'espèces pour parvenir à la juste
appréciation des affinités naturelles entre les types. A l'égard des Coléo-
ptères, il a pu ajouter des observations sur des formes génériques qui
n'avaient encore été l'objet d'aucune étude particulière.
Sans s'arrêter à des interprétations et surtout au mode d'exposition
adopté par l'auteur, la Commission, prenant en grande estime la série con-
sidérable de faits importants consignés dans ces récentes études sur le
système nerveux des Insectes, vous propose de décerner le prix Thore pour
l'année 1879 à M. Eduakd Brandt.
Cette conclusion est adoptée.
G K., I^.So, I" Srmestrf. (T. XC, ^" O.j
"iG
( 422 )
MEDECINE ET CHIRURGIE.
PRIX MONTYON, MÉDECINE ET CHIRURGIE.
(Commissaires : MM. Gosselin, Bouillaud, Sedillot, Marey, J. Cloquet,
baron Larrey, Bonley, Ch. Robin, Vulpian rapporteur.)
La Commission chargée d'examiner les Ouvrages adressés pour le Con-
cours des prix de Médecine et de Chirurgie vous propose de décerner trois
prix. Les auteurs auxquels elle les donne sont, par ordre alphabétique,
MM. Dujakdix-Beaumetz et Acdigé, M. Tilladx et M. Auguste Voisin.
I. Le travail de MM. Dcjardin-Beacmetz et Audigé est intitulé : Be-
clierches expérimentales sur la puissance toxique des alcools. Il a été entrepris à
propos d'une discussion sur le vinage qui eut lieu devant l'Académie de
Médecine et dans laquelle on avait constaté qu'aucune donnée précise
n'existait dans la Science relativement au degré de toxicité des divers al-
cools. Les recherches de MM. Dujardin-Beaumetz et Audigé ont eu pour
but de combler cette lacune. Ils ont voulu déterminer « la quantité d'al-
cool pur qui, par kilogramme du poids du corps de l'animal, est nécessaire
pour amener la mort dans l'espace de vingt-quatre à trente-six heures, avec
un abaissement graduel et persistant de la température ». Leurs expé-
riences, au nombre de deux cent cinquante-huit, ont toutes été faites sur
des chiens, au moyen d'injections sous-cutanées.
La première Partie du travail de MM. Dujardin-Beaumetz et Audigé con-
tient des résultats très intéressants. Les auteurs nous y font connaître le
degré de l'action toxique de certains alcools qui n'avaient pas été examinés
sous ce rapport : de l'alcool propylique, de l'acétone, des alcools œnan-
thylique, capryiique, cétylique, parmi les alcools monoatomiques; de l'al-
cool isopropylique, de la glycérine. Leurs investigations ont porté aussi sur
l'action toxique des dérivés des alcools monoatomiques (aldéhydes eléthers)
et sur celle des mélanges artificiels des divers alcools purs.
Dans la seconde Partie de leur travail, consacrée à l'étude du pouvoir
toxique des alcools et des eaux-de-vie du commerce, MM. Dujardin-Beau-
metz et Audigé montrent, à l'aide d'expériences très probantes, que les
d verses eaux-de-vie de poiré, de cidre, de marcs de raisin, et surtout celles
( 423 )
de grains, de betterave, de mélasses de betteraves et de pommes de terre,
ont une puissance toxique snpérienre à celle des eaux-de-vie de vin.
Les symplômes de l'empoisonnement par les alcools purs, ou par leurs
mélanges, ou enfin par les eaux-de-vie du commerce, sont toujours les
mêmes; il n'y a de différences que sous le rapport de la rapidité plus ou
moins grande de la marche de l'intoxication : les lésions constatées après
la mort sont aussi les mêmes, quelle que soit celle de ces substances qui ait
tué l'animal soumis à l'expérience.
Des conclusions formulées par JMM. Dujardiu-Beaumelz et Audigé, les
unes s'appliquent à l'opération du viuage, les autres à l'usage des boissons
alcooliques. Pour l'opération du vinage, les auteurs ont prouvé qu'il n'est
pas indifférent d'ajouter aux vins telle ou telle sorte d'alcool ou d'eau-de-
vie. Pour l'usage des boissons alcooliques, ils ont établi que certains de ces
liquides, surtout ceux qui sont livrés à bas prix, sont plus nuisibles à la santé
que l'alcool et l'eau-de-vie devin. Ce sont là sans aucun doute d'intéres-
santes données. Les démonstrations expérimentales sur lesquelles s'appuient
ces données auraient évidemment plus de force si les auteurs avaient pu
contrôler, au moyen d'expériences faites par introduction des alcools et
eaux-de-viedans les voies digestives, les résultats fournis par la méthode des
injections sous-cutanées. Mais, tel qu'il est, le travail de RDL Dujardin-
Beaumetz et Audigé offre une incontestable valeur, tant au point de vue de
la Science qu'au point de vue de l'hygiène, et il nous paraît mériter un des
prix de Médecine et de Chirurgie.
IL La Commission a jugé aussi que l'Ouvrage de M. Tillacx, intitulé
Traité d' Anatomie lopographique, est digne d'obtenir un des prix de la fon-
dation Montyon. Cet Ouvrage diffère notablement des Traités analogues
publiés jusqu'à présent soitcn France, soit à l'étranger : on peut dire qu'il
l'empoitesur ces Traités par l'heureux agencement du plan, par la netteté
des descriptions et qu'il est le plus complet des Livres de ce genre. Ce qui
imprime à cet Ouvrage un cachet personnel des mieux marqués, c'est que
toutes les préparations d'après lesquelles le texte a été rédigé ont été faites
par l'auteur. D'antre part, des dessins très clairs, exécutés tl'après ces pré-
parations sous la direction de M. Tillaux, sont intercalés dans l'Ouvrage,
de telle sorte que le lecteur n'est pas obligé, comme pour les autres Traités
d'Anatomie chirurgicale, de recourir à un Atlas distinct : il a sous les yeux,
en même temps, dans le même Livre, la description topographique et les
figures qui npruduisent tous les traits de la description. L'auteur, à projjos
( 424 )
de chaque organe ou de chaque région, indique et développe toutes lescon-
sidéralions de Pathologie ou de Médecine opératoire auxquelles se prête le
sujet. En somme, il s'agit là d'un Ouvrage im|)ortant, très utile, original
sous beaucoup de rapports et qui mérite assurément le prix que lui décerne
la Commission.
III. Enfin, la Commission décerne pareillement un prix à M. A. Voisin
pour son Ouvrage intitulé : Traité de la paralysie cjénérale des aliénés.
L'auteur a consacré plusieurs années à réunir les matériaux de ce Livre,
prenant de très nombreuses observations, se livrant à de longues recherches
histologiques et cherchant à contrôler par hiiméme toutes les opinions
émises sur les divers points de l'histoire de cette maladie.
M. Auguste Voisin s'est attaché surtout à démontrer que la paralysie
générale des aliénés est de nature essentiellement inflammatoire. C'est
là une proposition qui n'a rien d'inattendu, car il s'agit, en réalité, de
la manière devoir admise par la généralité des médecins; mais l'auteur
a rassemblé un important faisceau de preuves cliniques et anatomo-
pathologiques qui défient toute contradiction. Pour lui, l'altération pri-
mitive de la maladie est caractérisée par des épanchements de sérosité,
des exsudations de blastème dans les différents points lésés des centres
nerveux, avec organisation de ce I)lastème et production de lésions secon-
daires : il pense que, s'il en était autrement, si les éléments propres du
tissu des centres nerveux étaient atteints tout d'abord, on ne pourrait pas
se rendre compte des périodes de rémission de la maladie, tandis que ces
périodes s'expliquent facilement s'il s'agit des altérations qu'il considère
comme primitives et qui seules, suivant lui, peuvent rétrocéder ou dispa-
raître même.
L'étude très complète que M. Auguste Voisin a faite des diverses lésions
de la paralysie générale des aliénés lui permet de chercher à établir la phy-
siologie pathologique de cette maladie, c'est-à-dire les rapports qui existent
entre les différents symptômes par lesquels elle se traduit successivement
pendant la vie et les altérations que l'on constate dans l'écorce grise du cer-
veau, dans la substance blanche sous-jacente, dans les corps opto-striés,
dans les pédoncules cérébraux, la protubérance annulaire, le bulbe rachi-
dien, la moelle épinière, les noyaux d'origine de certains nerfs et les muscles
eux-mêmes.
L'auteur montre aussi que la connaissance exacte de la symptomato-
logie el de l'auatomie pathologique de la paralysie générale des aliénés
( 4^5 )
comliiit à l'emploi des moyens antiplilogistiques, surtout clans les premières
périodes de la maladie.
IM. Voisin a joint à son Ouvrage des planches faites d'après ses propres
préparations et qui permettent de contrôler l'exactitude de ses descriptions
anatomo-patbologiques. Le Traité de la paralysie générale des aliénés est aussi,
comme les précédents Ouvrages, une œuvre personnelle et importante.
Votre Commission vous propose d'accorder trois mentions honorables :
i" A M. BocHEFOXTAixE, qui a présenté plusieurs Mémoires au Concours.
Parmi ces Mémoires, il en est qui ont particulièrement attiré l'attention de
la Commission et dont il est nécessaire de dire quelques mots. L'un de ces
Mémoires a pour objet l'étude expérimentale de la contractilité de la
rate. Dans ce travail, l'auteur examine sur le chien toutes les particularités
relatives à cette contractilité qui a été mise en évidence d'abord par Claude
Bernard en 1849, dans des expériences faites devant la Société de Biologie ;
il montre nettement le rôle des nerfs spléniques dans les phénomènes de
contraction et de relâchement des éléments musculaires de la rate; il déter-
mine, à l'aide de nombreuses expériences, les voies suivies par les actions
réflexes qui retentissent sur ces éléments et il étudie le mode d'influence
du sulfate de quinine et des sels de strychnine sur la contractilité splé-
nique.
Dans un autre travail, M. Bochefontaine étudie l'action exercée par l'ex-
citation des parties superficielles du cerveau sur diverses fonctions de la
vie organique. Il cherche si les mouvements des membres qui se produisent,
chez le chien, comme l'ont découvert MM. Hitzig et Fritsch, lorsqu'on
électrise la surface du gyrus sigmoïde, sont les seules manifestations recon-
naissables auxquelles donne lieu cette excitation. Or, il démontre qu'il n'en
est rien. Ce pli cérébral est doué, comme on le sait, de sensibilité dans les
mêmes points où l'électricité démontre l'existence d'un certain degré d'ex-
cito-motricité ; lorsqu'on électrise ces points, on détermine, comme l'a
montré M. Bochefontaine par des expériences qu'il a faites soit seul, soit
en collaboration avec M. Lépine, non seulement des mouvements dans
les membres du côté opposé, mais encore de la salivation, des troubles car-
diaques, des actions vaso-motrices, des contractions de l'estomac, des in-
testins, de la rate, de la vessie, des modifications des pupilles, etc. Ce
sont là des faits nouveaux et intéressants dont il faut tenir compte dans
toute discussion portant sur la signification réelle de la découverte de
MM. Fritsch e! Hilzig.
( 4-i6 )
M. Bochefontainea présenté, d'autre part, à l'Académie des Sciences, en
collaboration avec M. Vie), un travail dans lequel les auteurs établissent
avec la plus grande netteté que les inflammations expérimentales de la sur-
face du cerveau du chien déterminent des effets très différents suivant les
points atteints; qu'il n'y a, par exemple, des phénomènes convulsifs comme
symptômes que lorsque c'est la superficie du gyrus sigmoïde qui est le siège
de l'inflammation. Ces résultats sont d'une grande importance pour la
physiologie pathologique des méningites et des inflammations superficielles
du cerveau.
2" A M. Lecorché, pour son Ouvrage intitulé : Traité du diabète. Diabète
sucré ; diabète insipide. Cet Ouvrage est la monographie la plus complète
qui ait été écrite jusqu'ici sur le diabète.
L'auteur présente d'abord un exposé méthodique et très clair de l'état
de la Science en ce qui concerne la glycogénie normale. M. Lecorché s'ap-
plique ensuite à séparer, plus nettement encore qu'on ne l'avait fait avant
lui, la glycosurie du diabète. I^a glycosurie est un état morbide'passager,
pouvant prendre naissance dans des conditions diverses et disparaissant
assez fréquemment sans retour. Le diabète est une maladie toute spé-
-ciale dont la glycosurie n'est qu'un symptôme, et qui est essentiellement
durable, qui s'amende favorablement dans nombre de cas, mais qui,
même alors, ne guérit pas, en général, d'une façon complète; le sucre
peut diminuer, disparaître même entièrement dans l'urine, mais la ten-
dance morbide persiste d'ordinaire, plus ou moins profondément endormie
et prête à se réveiller au moindre choc.
Tout ce qui a été écrit sur la physiologie pathologique et l'histoire cli-
nique du diabète sucré se trouve résumé dans le Livre de M. Lecorché, et
l'on y trouve, en outre, les résultats de l'expérience propre de l'auteur.
Dans une dernière Partie de son Ouvrage, M. Lecorché s'occupe du dia-
bète insipide. Sous ce nom l'auteur comprend deux états morbides : Vazotu-
rie et la poljurie simple . L'azoturie, qui complique souvent le diabète, peut
exister seule; elle est caractérisée par l'excrétion d'une quantité d'urée qui
excède notablement le chiffre normal et qui peut atteindre jusqu'à So^'' ou
80^ par jour; la densité de l'urine augmente et peut s'élever jusqu'à iol\S
ou iq5o. m. Lecorché trace l'histoire clinique de cette variété encore peu
connue de diabète, ce qui n'avait guère été fait avant lui. La polyurie
simple est aussi décrite avec soin par l'auteur. Il cherche, en s'appuyant
sur les travaux de Cl. Bernard et sur les faits cliniques, à démontrer que
ces variétés de diabète sont sous la dépendance de lésions ou de troubles
( h^-1 )
fonctionnels de certains points déterminés des centres encéphaliques. IjC
Livre de M. Lecorché témoigne d'une érudition peu commune, d'un grand
sens clinique et d'un esprit scientifique très ouvert.
3° Enfin à M. Simonix, ex-professeur à la Faculté de Médecine de Nancy,
pour son Ouvrage intitulé : De l'emploi de icllier sulfurique et du chloroforme
à la clinique chirurgicale de Nancy.
Cet Ouvrage est formé de deux Volumes dont le premier a paru en 1849
et le dernier, pour la seconde partie, en 1879. Les premières recherches
de ]\L Simonin datent même de 1847, c'est-à-dire de l'année où l'emploi
chirurgical des inhalations d'éther sulfurique fit son apparition en France
et où Flourens découvrit l'action anesthésiante du chloroforme. On voit
que l'Ouvrage de l'auteur comprend les résultats d'une pratique des
anesthésiques poursuivie pendant plus de trente années. Un tel Livre se
prèle mal à une analyse succincte, chacun des faits très nombreux qui y
sont consignés offrant de l'intérêt à tel ou tel point de vue. M. Simonin a
étudié toutes les questions soulevées successivement par toutes les appli-
cations que l'on a faites de l'anesthésie par l'éther sulfurique et le chloro-
forme, et à propos de chacune de ces applications il apporte son contingent
d'observations recueillies par lui-même. Si son Ouvrage est très instructif
au point de vue de la Chirurgie et de la Médecine, il contient aussi des
données importantes pour l'étude physiologique du mode d'action des
substances anesthésiantes. C'est pour cela que la Commission n'a pas hé-
sité à décerner une mention à M. Simonin, de Nancy.
Enfin la Commission, après avoir décerné les prix et les mentions dont
vous disposez, a décidé qu'elle ferait les citations suivantes, par ordre al-
phabétique :
M. AzAM, pour un Mémoire intitulé Réunion primitive et pansement
des plaies.
M. G. Delacxay, pour un Mémoire intitulé Etudes de Biologie comparée,
basées sur l^évolution organique.
j\L Grasset, pour différents travaux et notamment pour ses Leçons sur
les maladies du système nerveux,
M. Gréhant, pour un Mémoire intitulé Sur l' absorption de l'oxjde de
carbone par l'organisme vivant.
M. PoNCET, pour ses recherches sur V Anatomie pathologique de l'œil.
( /|28 )
M. PoRAK, pour un Mémoire intitulé De l'absorption des médicaments
par le placenta et de leur élimination juir l'urine des enfants nouveau-nés.
M. lliEMBACLT, pour uu Mémoire intitulé Appareil de transport pour les
blessés en général et notamment les blessés des mines.
L'Acaclé'.uie adopte successivement les conclusions de ce Rapport.
PRIX BRÉANT.
(Commissaires : MM. le baron J. Cloquet, Bouillaiid, Sediilot, Gosseliii,
Marey, Vulpian rap|)orteur.)
La Commission a eu à examiner plusieurs Mémoires. Aucun d'eux ne
remplissait les conditions nécessaires joour l'obtention du [)rix. Toutefois,
les deux manuscrits envoyés par l'un des concurrents ont été remarqués
par la Commission. L'un de ces manuscrits est intitulé lieclierches expéri-
mentales sur la maladie charbonneuse; il e>t accompagné de quatre Planches.
Le second est intitulé Mémoire sur le choléra des oiseaux de basse-cour. L'au-
teur, M. Toussaint, a communiqué les principaux résultats de ses re-
cherches à l'Académie.
Le premier Mémoire est consacré à une étude étendue, faite en grande
partie à l'aide de recherches personnelles, des bacléridies charbonneuses,
de leurs caractères morphologiques, de leur mode de développement, des
lésions qu'elles déterminent, des symptômes par lesquels se traduisent leurs
migrations et leur multiplication dans le corps des animaux. Chacun de
ces points de l'histoire du charbon est examiné avec le plus grand soin
sur un grand nombre d'animaux soumis à l'inoculation expérimentale ou
dans des cas de charbon dit spontané. L'auteur est conduit par ses re-
cherches à adopter complètement l'opinion de M. Davaine et de M. Pasteur
sur le rôle des bactéridies dans la production du charbon.
Le fait le plus nouveau dans le travail de M. Toussaint, c'est la forma-
tion, constatée par lui, d'obstructions vasculaires par des amas de bacléri-
dies. Il a vu des obstructions de ce genre dans les artérioles, dans les
capillaires et les veinules de divers organes, et il pense que plusieurs des
symptômes de la maladie peuvent trouver là une explication très admis-
sible.
Le second Mémoire de M. Toussaint, beaucoup moins volumineuxq ue
le précédent, a pour objet l'étude d'une maladie connue depuis longtemps
8ons le nom de choléra des oiseaux de basse-cour. Un auteur italien, M. Pe-
( 429 )
roncito, a signalé l'existence de fines granulations clans le sang des animaux
auxquels il avait inoculé celui des oiseaux morts de celle maladie, qu'il
décrit sous le nom à' épizoolie typhoïde des Gnllinacés.
]\I. Toussaint considère ces granulations comme des microbes : il en a
fait la culture, parles procédés de M. Pasteur, dans de l'urine alcaline,
et il a vu que riiioculalion des liquides de culture soit à des oiseaux, soit
à des lapins et autres animaux, détermine une maladie rapidement mortelle,
caractérisée par des symptômes et des lésions rappelant d'une façon très
frappante ce qu'on observe dans le choléra des oiseaux de basse-cour. Ce fait
a été confirmé par M. Pasteur.
M. Toussaint, dans ce travail, a donc mis hors de toute contestation
l'existence d'une nouvelle maladie à microbes, transmissible par inocu-
lation : c'est là une donnée très intéressante, non pas seulement par rap-
port à l'iiffeclion décrite sous le nom de choléra des oiseaux de basse-cour,
mais tncore et siuMout au point de vue de la pathologie générale.
La Commission propose d'accorder à M. Toussaint le prix consistant
dans la rente annuelle de la fondation Bréant.
L'Académie approuve les conclusions de ce Rapport.
PRIX GODARD.
(Commissaires : MM. Bouillaud, Vulpian, Robin, baron J. Cloquet,
Gosselin rapporteur.)
La Commission a remarqué cette année deux Ouvrages importants con-
sacrés l'un aux maladies sexuelles de la femme, l'autre aux maladies
sexuelles de l'homme.
Le premier est d'un chirurgien bien connu de l'Académie, M. le D' Alpii.
GcÉRiN. Il a pour titre Leçons ctiniiptes sur les affections des organes génitaux
internes de la femme. L'auteur y décrit les formes si variées des maladies uté-
rines; mais, au milieu de détails qui lui sont communs avec d'autres auteurs,
il développe trois points qui lui sont propres et sur lesquels il a fait faire un
progrès à cette partie de la Pathologie.
Le premier est relatif aux déchirures du col utérin pendant l'accouche-
ment. Contrairement à l'opinion de ses prédécesseurs, M. Alphonse Guérin
ne doute pas que ces déchirures soient fréquemment le point de départ des
maladies postpxjerpérales, parce qu elles deviennent le siège d'iuie angioleu-
cite réticulaire.
C. R,, i»8û. 1" S,?m-/tre. { I . XC, N» 9.) 5j
( 43o )
En effet, le second point sur lequel M. Alph. Guérin a concentré son
attention est l'explication du début d'un bon nombre de maladies utérines
et péri- utérines par une inflammation des réseaux lymphatiques. De ces
réseaux, l'inflammation se transmet! r;;it aux troncs lymphatiques et, par
leur intermédiaire, au tissu conjonciif ambiant, et parfois aux ganglions
eux-mêmes, d'où la production d'un adtno-phlegmon. M. Alph. Guérin a
le mérite d'avoir le premier f;ùt connaître la variété de cette dernière ma-
ladie qui se développe au niveau du trou obturateur, là où se trouve un
des ganglions qui reçoivent les lymphatiques de l'utérus.
Enfin, et c'est le troisième point que nous avons à signaler, on remarque
dans ce Livre une description toute nouvelle de la congestion pelvienne.
M. Alph. Guérin fait remarquer avec raison que ce qui a été dit de la con-
gestion utérine, prélude si fréquent de l'inflammation, s'applique non
seulement à l'utérus, mais aux ovaires, aux ligaments larges et finalement
à tous les réseaux capillaires de l'excavation pelvienne, et qu'ainsi un bon
nombre des phlegmasies péri-utérines se trouvent expliquées par le passage,
sous l'influence de causes variées et auxquelles toutes les fommes sont plus
ou moins exposées, de la congestion périodique à l'inflammation.
En raison des innovations que caractérisent ces trois points, et en raison
aussi des développements très judicieux et très utiles aux médecins que
renferme cet excellent Ouvrage, la Commission accorde le prix Godard
de mille francs à M. le D*^ Alph. Guékin.
Et comme le prix Godard n'a pas été donné l'année dernière, la Com-
mission décerne un autre prix à M. le D'' Ledocble, chef des travaux
anatomiques à l'École de Tours, pour son travail sur l'épididymite bien-
non hagique. On peut s'étonner de ce que cette maladie, si commune et si
bien étudiée, ait pu fournir matière à autant de développements nouveaux
et utiles qu'en a présentés M. Ledouble.
Abordant d'abord la question de la relation pathogénique qui existe
entre l'épididymite et l'uréthrite, M. Ledouble passe en revue les théories
proposées jusqu'à ce jour, la métastase, la sympathie, la propagation de
l'inflammation de proche en proche.
Tout en se rattachant un peu à cette dernière, il fait cependant interve-
nir concurremment une influence des nerfs vaso-moteurs, ou plutôt une
action réflexe par synergie vaso-motrice, et il applique ainsi à ce point de
pathologie les notions physiologiques modernes émanées de Claude Ber-
nard et de M. Vulpiau.
( 43i )
Là où M. Ledouble est le plus nouveau, c'est lorsqu'il nous nionire la
part curieuse que prend à la maladiecette situation anomale de l'épididyme
que nous connaissons sous le nom d'inversion. Remontant au mode de for-
mation et de développement des organes génitaux, il nous apprend que la
participation du corps de Wolff à l'origine séparée du testicule et de son ap-
pendice épididymaire diffère quelquefois de ce qu'elle est habituellement.
L'épididyme, au lieu de se former aux dépens du côté externe, peut se former
aux dépens du côté interne de ce corps de Wollf, d'où sa situation en
avant. De même, les deux faisceaux du gubemaculum iestis peuvent être
de force inégale, et celui de l'épididyme être le plus fort et entraîner cet
organe à la partie antérieure ou sur le côté du testicule.
Cette étude, complétée par d'excellentes Planches, n'avait pas encore été
faite, et nous ne comprenions pas les inversions. Nous ne savions pas non
plus qu'elles prédisposaient à l'épididymite. M. Ledouble prouve le fait par
des statistiques incontestables.
Quant à l'explication, il n'en a pas d'autre que celle-ci, qui a bien sa
valeur. Lorsqu'un organe n'offre pas les conditions de développement et de
situation qui lui sont dévolues normalement, il est plus faible, ou tout au
moins plus délicat, et ressent plus aisément toules les influences morbides,
ce qui se résume par l'aphorisme : Locus minoris resistentiœ.
En résumé, la Commission vous propose d'accorder un prix Godard de
mille francs à M. Alph. Guérin et un autre également de mille francs à
M. le D' Ledouble.
Les conclusions de ce Rapport sont adoptées.
PRIX CHAUSSIER.
(Commissaires : MM. Vulpian, Bouillaud, Sedillot, baron J. Cloquet,
Gosselin rapporteur.)
L'Académie a décerné pour la première fois le prix Chaussier en 187 5,
et elle l'a décerné à M. le D' A. Tardieu.
Votre Commission était donc appelée à choisir une seconde fois l'auteur
qui, pendant les quatre années écoulées, a fait faire les progrès les plus
importants soit à la Médecine légale, soit à la Médecine pratique. Elle acrn
se conformer aux intentions du testateur en cherchant d'abord parmi les
travaux de Médecine légale, et elle a bientôt reconnu deux Ouvrages qui,
dans cette période de quatre ans, ont répondu aux dernières volontés de
( 432 )
Chaussier. Ces deux Ouvrages, publiés, l'un en 1878, l'autre en 1879, sont
du même médecin, aujourd'hui décédé, qui a déjà obtenu le prix en 187,'),
c'est-à-dire de M. le D'' Ambroise Tardieu.
Le premier est intitulé Etude médico-léy aie sur les 6/essure5. L'auteur exa-
mine dans cinq Chapitres la manière de procéder aux visites des blessés, les
causes des blessures, leurs conséquences actuelles et ultérieures, les circon-
stances dans lesquelles elles ont été faites. Chacun de ces Chapitres énonce
avec la plus grande netteté les indications nécessaires au médecin expert
pour trouver les réponses qu'il doit faire dans les cas où les blessures sou-
lèvent devant les tribunaux des questions de responsabilité. Mais ce qui
donne à ce Livre son caractère spécial, c'est que non seulement il est fait
avec les souvenirs et les notes écrites de l'homme qui, à notre époque, a
certainement été le plus souvent appelé à se prononcer en ces matières,
mais encore il donne la relation des faits et des rapports concernant les cas
les plus épineux de la Médecine légale.
Rien de plus instructif, par exemple, que les considérations relatives à
un blessé qui s'était fracturé le bras à la suite de mouvements désordonnés
provoqués par la peur d'une détonation de l'homme-canon, et qui récla-
mait pour ce fait des dommages et intérêts à l'administration de l'Hippo-
drome. Rien de plus utile encore que la lecture de foutes les variétés de
sévices et de tortures exercées sur les enfants, et la relation de neuf obser-
vations qui s'y rapportent. De même, à propos des accidents par voitures,
par chemins de fer, par éboulements, par explosion, l'auteur nous éclaire
d'abord avec de bons arguments et ensuite avec les observations à l'appui.
Ce Livre, en un mot, est une sorte de clinique médico-légale, genre nouveau
extrêmement utile de publication, que M. Tardieu a pu créer par le soin
qu'il a mis à conserver et à rassembler tons les Rapports qui lui ont été de-
mandés par la justice.
Le second travail récent de M. Tardieu est son Étude médico-légale sur
les maladies produites accidentellement ou involontairement par impru-
dence, négligence ou transmission contagieuse. Ce que l'auteur a fait dans
l'Ouvrage précédent pour les blessures, il le fait dans celui-ci pour les ma-
ladies internes. Il fait connaître d'abord certaines affections non décrites
parce qu'elles avaient été peu observées, celles par exemple qui sont pro-
duites chez les animaux par des doses trop fortes de saumure, celles qui
ont été attribuées chez l'homme au mutage des vins par le soufre, celles
qu'a occasionnées réellement la farine mêlée de nielle. En même temps
qu'il agrandit par les faits relatifs à ces maladies le champ de la Pathologie,
( 433 )
M. Amb. Tardicu fait connaître la façon dont il a répondu devant les tribu-
nanx aux questions qui lui étaient faites sur ces sujets.
De même, pour les empoisonnements ou asphyxies accidenlelles,pour les
maladies provenant d'erreurs dans la prescription ou l'administration des
remèdes, il se montre tout à la fois médecin praticien et médecin légiste, en
donnant toujours et l'observation du clinicien et les motifs de l'expert.
Mais où ce double caractère est encore plus tranché et où les services
rendus par le médecin légiste sont instructifs au |)oint de servir de modèle
à ses succe seurs, c'est lorsque, dans ses Chapitres IV et V, l'auteur aborde
l'histoire des procès occasionnés par la transmission des maladies conta-
gieuses soit des animaux à l'homme, soit de l'homme à l'homme.
F.à nous trouvons d'abord l'élève et le collaborateur de Rayer, qui, après
avoir contribué à vidgariser les notions relatives à la contagion de la morve,
a porté devant les tribunaux, avec la compétence la plus incontestée, les
arguments décisifs qui ont entraîné les décisions de la justice. Nous trou-
vons ensuite, pour la transmission de la syphilis aux nourrices et aux nour-
rissons, le praticien éminent etsagace, qui, appelé comme expert, a su par-
faitement distinguer et signaler les contagions absolument involontaires el
imméritées de celles auxquelles les nourrices ont pu s'exposer d'une autre
façon avant ou pendant l'allaitement.
En définitive, la Commission, reconnaissant à ces deux Livres les carac-
tères de nouveauté et d'utilité demandés p^Tr le testateur, vous propose à
l'unanimité d'accorder pour la seconde fois le prix Chaussier à M. x\mb.
Tardiku, en son vivant professeur de Médecine légale à la Faculté de Paris.
Cette proposition est adoptée par l'Académie.
PHYSIOLOGIE.
PRIX MONTYON, PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE.
(Commissaires : MM. Vulpian , Ch. Robin, iVlil ne Edwards, Bouley,
Marey rapporteur.)
Votre Commission vous propose de décerner le prix de Physiologie
expérimentale à M. Fraxcois-Franck, pour son travail intitulé Recherches
sur les nerfs ddaUdeurs de la pupille.
( 43.^ )
Une théorie qui a régné quelque temps en Physiologie et qui compte
encore des partisans admettait que les mouvements de l'iris dépendaient
exclusivement des variations du volume des vaisseaux de cette membrane.
Formé d'un tissu éminemment vasculaire, l'iris doit s'agrandir dans toutes
ses dimensions quand ses vaisseaux se dilatent, ef, comme la circonférence
extérieure de la membrane irienne est fixe, c'est son bord libre qui
se déplace en rétrécissant l'orifice pupillaire; inversement, par l'effet du
resserrement de ses vaisseaux, l'iris aiua moins de surface et il se pro-
duira une dilatation de la pupille.
Un grand nombre défaits démontrent la réalité de cette subordination du
diamètre de la pupille à la dilatation ou au resserrement de ses vaisseaux :
telles sont les variations du diamètre pupillaire qu'on observe suivant
qu'un animal est tenu la tète en haut ou en bas; telles aussi les variations
de diamètre rythmées avec les mouvements respiratoires et soumises aux
effets mécaniques de la respiration sur le cours du sang.
L'auteur du Mémoire sur les nerfs dilatateurs de la pupille a lui-même
étudié, avec un soin spécial, les changements du volume des organes sous
l'influence de la dilatation ou du resserrement des vaisseaux ('); il ne pou-
vait en méconnaître l'existence dans l'iris, mais ses expériences l'ont conduit
à admettre que les nerfs de l'iris commandent des mouvements pupillaires
indépendants de l'état des vaisseaux.
Le fait était déjà démontré, pour le resserrement de la pupille, depuis
1823, époque à laquelle Herbert-Mayo fit voir que oe resserrement est
commandé par le nerf moteur oculaire commun (troisième paire). Mais
la dilatation de la pupille est-elle aussi soumise à l'action de nerfs spé-
ciaux, ou bien n'est-elle qu'une suspension plus ou moins complète de
l'action des nerfs constricteurs, ou bien enfin dépend-elle exclusivement
du resserrement des vaisseaux de l'iris? Telles étaient les questions à ré-
soudre lorsque M. François-Franck entreprit ses recherches.
L'auteur commence par éliminer l'hypothèse qui rattacherait la dilatation
de la pupille au resserrement des vaisseaux iriens. Il montre par des
expériences précises que, si la dilatation pupillaire et le resserrement des
vaisseaux s'observent tous deux quand on excite le cordon cervical du
grand sympathique, la dilatation de la pupille précède le changement de
calibre des vaisseaux; elle ne saurait, par conséquent, lui être attribuée.
( " ) Du volume des organes dans ses rapports avec la circulation du sang, Mémoire cou-
ronné par l'Académie (prix Montyon, Médecine et Chirurgie, 1878).
( 435 )
Il fait voir, en oiilre, que les phases de ces deux actes ne sont pas les
mêmes; qn'après l'excitation nerveuse le resserrement des v.iisseaiix con-
tinue à augmenter quand déjà l'iris est revenu à ses dimensions normales;
il montre encore que l'excitation des nerfs ciiiaires dilatateurs, aussi bien
que celle des constricteurs, fait varier le diainèire de l'iris sans modifier la
pression maiiométriqiie intraoculaire, ce qui exclut l'existence de chan-
gements dans le contenu sanguin de l'iris; enfin, que des mouvements
de dilatation de l'iris se produisent encore et à différentes reprises quand
on excite le grand sympathique cervical chez un animal qui vient
d'être tué par hémorrhagie artérielle et dont, par conséquent, l'iris est
exsangue.
Cette première série d'expériences ajoute donc des preuves nouvelles à
l'opinion déjà émise que le cordon cervical du grand sympathique contient,
indépendamment des nerfs vasciilaires, des filets spéciaux qui commnndent
la dilatation de la pupille. Est-il possible d'isoler ces filets et d'en déter-
miner le trajet ? Tel est l'objet de la seconde Partie du travail de M. Fran-
çois-Franck.
Interrogeant tour à tour, par des excitations électriques délicatement
localisées, les différentes branches du grand symp.itliique, l'auteur a vu que
des fibres irido-dilatalrices existent, confondues avec les nerfs vasculaires,
dans les origines cervico-dorsales du grand sympathique; que ces fibres se
rendent au ganglion premier thoracique et de là au ganglion cervical in-
férieur en passant exclusivement par la branche antérieure de l'anneau de
Vieussens; la branche postérieure de l'anneau ne contient que des fibres
vaso-motrices et des filets nerveux sensibles, sans action directe sur la
dilatation pupillaire.
Les fibres nerveuses irido-dilatatrices, ayant suivi le cordon cervical du
sympathique, sortent du ganglion cervical supérieur et se rendent isolé-
ment au ganglion de Gasser, tandis que les fibres vasculaires gagnent le
plexus carotidien ; c'est le premier lien où la séparation anatomique des
deux ordres de nerfs soit possible.
Au sortir du ganglion de Gasser, les fibres irido-dilatatrices spinales se
réunissent à desfibres de même nature qui suivent le trijumeau depuis son
origine, comme l'a démontré notre confrère M. Vulpian. Toutes ces fibres
iriennes accompagnent dans son trajet la branche ophthalmique de la cin-
quième paire; mais on retrouve des fibres irido-dilatatrices isolées dans les
nerfs ciiiaires indirects, dont quelques-uns produisent exclusivement la dila-
tation pupillaire. C'est le second point où ces neifs spéciaux soient isolables.
( /.^6 )
Des ganglions paraissent exercer une influence importante sur les nerfs
irido-dilatateurs.
Déjà, en ce qui concerne les nerfs dilatateurs de l'iris, M. Vulpian avait
constaté que le ganglion cervical supérieur agit à la façon d'un centre
nerveux secondaire. En effet, après la destruction des centres nerveux
cérébro-spinaux, il persiste un certain degré de dilatation de l'iris qui
disparaît si le ganglion cervical supérieur est détruit à son tour.
Certaines expériences de M. François-Franck semblent indiquer qne ponr
ces mêmes nerfs irido-dilatateurs il y a encore d'autres centres secondaires,
dans lesquels même peuvent se produire desactions réflexes : ce sont le gan-
glion premier tboraciqiie, le gai)glion de Casser et roplitliriluiiciue.
Bien que dévolue à des filets nerveux multiples, l'action irido-dilatalrice
ne se localise jamais à une partie restreinte du cercle pupillaire. L'excita-
tion d'un seul nerf ciliaire dilatatetu- produit une dilatation régulière et
totale de la pupille, comme s'il existait quelque appareil nerveux terminal
commandant la dilatation de l'iris tout entier et susceptible d'être mis en
jeu par l'excitation d'un seul de ses filets nerveux afférents.
Le mouvement de dilatation de la pupille après l'excitation des nerfs qui
le provoquent ne survient pas aussi vite que le resserrement après l'excita-
tion des nerfs constricteurs. D'autre part, si l'on excite à la fois les nerfs
dilatateurs et les constricteurs de l'iris, la pupille commence par se con-
tracter, puis se dilate.
Ces différentes propriétés des nerfs de l'iris rappellent ce qui se passe au
sujet des nerfs vaso-moteurs antagonistes. M. François-Franck a tiré de ce
rapprochement des vues intéressantes qu'il développe dans un autre tra-
vail sur les nerfs moteurs du cœur et des vaisseaux.
Dans le Mémoire sur les nerfs dilatateurs de la pupille, M. François-
Franck s'est révélé une fois de plus comme un physiologiste distingué; il
a fait preuve d'une vaste érudition dans la critique des nombreux travaux
exécutés avant lui sur ce sujet; il a montré une grande habileté dans la
conduite d'expériences difficiles et a obtenu des résultats nouveaux et
précis, en isolant en deux lieux différents les nerfs irido-dilatateurs des
filets vaso-moteurs qui partout ailleurs les accompagnent, et en mesurant
au moyen de méthodes rigoureuses le relard, la durée et les phases des
mouvements de l'iris soumis à l'action nerveuse. Enfin , dans mi sujet où
régnait la complexité, parfois même la confusion, il a trouvé des rap-
prochements ingénieux qui font entrevoir certaines propriétés générales
des nerfs de la vie organique et de leurs ganglions.
(437 )
Telles sont les considérations qui ont décidé votreCommission à décerner
le prix de Physiologie expériraentide à "S], François-Franck.
Cette conclusion est adoptée.
PRIX L. LACAZE.
(Commissaires : IMINI. J. Cloquet, Bouillaud, Sedillot, Gosselin, Vulpian,
Marey, Milne Edwards, de Quatrefages, Robin rapporteur.)
La Commission du prix de Physiologie de la fondation Lacaze vous
propose de décerner ce prix pour l'année 1879 à M. le D' Davaine. En le
faisant, elle a voulu récompenser l'ensemble des travaux de ce savant. Les
analyser ici serait superflu :1a ])lupart, en effet, sontinsérésdansnosComp/es
rendus; les autres sont des Traités publiés séparément, pleins de recherches
originales sur les vers intestinaux, etc. Tous sont empreints d'un esprit
scientifique élevé. Ceux même dont les résultats conduisent le plus directe-
ment à des applications médicales, comme toutes ses belles recherches,
de date déjà ancienne, sources de tant d'autres, sur la septicémie et les
maladies charbonneuses, partent d'observations et d'expériences physio-
logiques conduites avec une méthode qui ne laisse guère place à la critique.
Elles rappellent celles de son maître et ami, le toujours regretté Claude
Bernard.
En cette circonstance, l'Académie sera certainement heiu'euse de la déci-
sion prise par sa Commission.
L'Académie approuve les conclusions de ce Rapport.
PRIX GENERAUX.
PRIX MONTYON, ARTS INSALUBRES.
(Commissaires : MM. Boussingault, Dumas, Chevreul, Peligot,
Fremy rapporteur.)
Rapport sur »?i Mémoire de MM. Boutmy et Faucher, ingénieurs des Poudres
el Salpêtres, sur la fabrication industrielle de la dynamite.
L'Académie sait que M, Nobel, ingénieur suédois, a préparé le premier,
en 1867, un explosif d'une grande puissance, qu'il a nommé dynamite, et
G. R., 1880, I" Semestre. (T. XC, IS' 9.) 58
(438 )
qui est un mélange de nitroglycérine et d'une substance siliceuse absor-
bante.
Dans cet état, la nitroglycérine a conservé une partie de sa force ex-
plosive et ne présente plus les dangers qui avaient fait renoncer, pendant
un certain temps, à son emploi.
Il résulte des recherches de M. Nobel que la meilleure dynamite est
celle que l'on prépare avec une substance poreuse que les Allemands ap-
pellent Kieselguhr, et qui est formée par l'enveloppe siliceuse d'infusoires
fossiles.
Nous avons en Auvergne lui corps siliceux, la randannite, identique au
Kieselguhr, qui peut être employé avec avantage dans la fabrication d'une
dynamite de première qualité, car cette dynamite, ainsi produite, contient
jusqu'à 75 pour 100 de nitroglycérine.
Pour faire comprendre l'utilité du travail de MM. Boutmy et Faucher,
et aussi les difficultés que ces habiles ingénieurs avaient à résoudre, l'Aca-
démie nous permettra de rappeler ici, en quelques mots, les principaux
usages et quelques propriétés de la dynamite.
Cet explosif est employé aujourd'hui dans l'exploitation des mines et
carrières, dans les travaux publics et dans les travaux militaires; aussi la
consommation de la dynamite augmente-t-elle chaque année dans une
proportion considérable.
Pour les applications aux mines et aux carrières, la dynamite présente
de notables avantages sur la poudre de mine ordinaire.
En effet, sa puissance explosive permet de l'employer dans des trous de
mine perpendiculaires au front de taille, quelle que soit la dureté du mi-
nerai, tandis qu'avec la poudre on est souvent obligé de percer ces trous
avec une inclinaison de 45", afin de créer une ligne de moindre résistance.
Avec une même longueur de forage, on abat donc, au moyen de la
dynamite, un cube beaucoup plus considérable qu'avec la poudre.
D'après M. Abel, la vitesse de propagation de la dynamite est de 6000™
par seconde. L'instantanéité presque absolue de cette explosion permet
d'employer un bourrage moins parfait que lorsque l'on fait usage de
la poudre; du sable légèrement tassé, de l'eau ou même de l'air qui sur-
monte la cartouche suffisent pour faire produire à la dynamite des effets
qui se réalisent même dans des roches poreuses, sur lesquelles la poudre
de mine, comme on le sait, n'a que peu d'action.
La dynamite peut être utilisée dans des forages humides, à la condi-
tion de préserver l'amorce des atteintes de l'humidité.
( 439 )
Ces avantages font employer avec grand succès la dynamite dans les
travaux publics, tels que le percement des tunnels et des tranchées dans
le roc, la désagrégation des roches qui sont submergées lors de la fonda-
tion des piles de pont, etc.
La puissance explosive de la dynamite et surtout la suppression du bour-
rage rendent cet explosif très précieux dans les opérations militaires, telles
que le renversement des murs, la production des brèches, la destruction
des palissades des voies ferrées et des ponts, le brisement des glaces, la
production des tranchées dans les leri'es gelées, etc.
On voit que les recherches de MM. Boutmy et Faucher sur la fabrica-
tion industrielle de la dynamite portaient sur un explosif qui a pris au-
jourd'hui une importance exceptionnelle.
Mais la production industrielle de la nitroglycérine, qui est la base de
la dynamite, présente des difficultés considérables : en effet, la nitrogly-
cérine est vénéneuse même à l'état de vapeur, et les accidents terribles
qu'a produits cet explosif si puissant montrent tous les dangers auxquels
sont exposés ceux qui se livrent à sa fabrication.
Votre Commission des arts insalubres a donc pensé qu'un travail, comme
celui de MM. Boutmy et Faucher, qui avait pour but d'ôter en quelque
sorte tout danger à la fabrication industrielle de la nitroglycérine et à celle
de la dynamite, devait être examiné par elle avec un grand intérêt.
On sait que la nitroglycérine s'obtient presque instantanément en faisant
agir sur la glycérine l'acide nitrique fumant, ou mieux un mélange d'acide
nitrique et d'acide sulfurique.
Une brusque immersion de toute la masse dans une quantité d'eau con-
sidérable met fin à la réaction et précipite la nitroglycérine.
Lorsqu'on opère sur de grandes masses, on rencontre de sérieuses diffi-
cultés dans cette fabrication, parce que la réaction produit assez de cha-
leur pour décomposer une partie de la nitroglycérine, qui dégage alors
des vapeurs rutilantes et peut souvent déterminer de violentes explosions ;
les procédés de réfrigération sont souvent sans efficacité pour éviter ces
accidents.
Lorsque MM. Boutmy et Faucher ont été chargés par le Gouvernement
de fabriquer à Vonges la nitroglycérine en quantités importantes, ils n'ont
pas cru devoir adopter le mode de fabrication ordinaire, qui présentait de
grandes chances d'accidents; leurs études, suivies à la fois dans le labora-
toire et dans l'usine, les ont conduits à la découverte d'un nouveau mode
( 44o )
de production de nitroglycérine que nous allons faire connaître et qui leur
a donné les meilleurs résultats.
Le principe du nouveau procédé consiste à écarter la plus grande partie
de la chaleur qui doit se dégriger pendant la production de la nitroglycé-
rine, eu engageant d'abord la glycérine dans une combinaison avec l'acide
sulfurique, qui forme l'acide sidfoglycérique, et en détruisant ensuite len-
tement, par l'acide nitrique, le composé sulfoglycérique.
Le procédé deMM.Boutmy et Faucher revient donc à produire d'avance :
1° un liquide dit sulfoglycérique, obtenu en traitant la glycérine par trois
fois son poids d'acide sulfurique; 2° un liquide dit siilfonilriqiie, en mé-
langeant à poids égaux l'acide sulfurique et l'acide nitrique.
Ces deux préparations donnent lieu à des dégagements de chaleur con-
sidérables ; on laisse refroidir les liqueurs et on les réunit ensuite dans des
proportions voulues pour que la réaction se produise avec inie lenteur qui
empêche tout échauffement anomal.
Telle est la découverte, selon nous très importante, qui est due à
MM. Boutmy et Faucher ; nous devons dire ici qu'elle est la conséquence
de recherches ihermochimiques faites précédemment par un des deux in-
génieurs et consignées dans un Mémoire qui a été présenté à l'Académie.
L'auteur de ce travail avait démontré en effet que l'acide sulfoglycérique,
en se décomposant pour donner de la nitroglycérine sous l'influence de
l'acide nitrique, absorbe une quantité de chaleur égale à celle que sa for-
mation avait exigée ; on réalise donc, par la nouvelle méthode, itiie sorte de
mélange réfrigéianl au sein de la masse, qui maintient la température du li-
quide entre 10° et i5° et permet de préparer la nitroglycérine en quantité
considérable sans réfrigération extérieure.
Le nouveau procédé présente un autre avantage important.
Dans la méthode ancieime, la nitroglycérine se sépare presque instanta-
nément et monte en partie à la surface du liquide, ce qui rend les lavages
difficiles.
Dans le procédé de Vonges, la nitroglycérine se fait d'une façon lente,
en vingt heures environ et avec une régularité qui met les ouvriers à l'abri de
tout danger; elle toml>e au fond des vases et peut être lavée rapidement.
Ce mode de production de la nitroglycérine offre aussi, au point de vue
du rendement, des avantages marqués sur les autres méthodes, car à Vonges
on a obtenu constamment 200 parties de nitroglycérine pour 100 parties
de glycérine à 3o°, ce qui dépa.'-se les rendements ordinaires.
( 44i )
Après avoir fait ressortir la partie essentielle et originale du nouveau
procédé de IMM. Boutmy et Faucher, nous croyons inutile d'insister sur
les autres perfectionnements qui ont été introduits par ces habiles ingé-
nieurs dans l'insiallation de leurs appareils; ils portent principalement sur
les précautions piises pour éviter les explosions et soustraire les ouvriers à
l'action des vapeurs de nitroglycérine et de gaz nitreux, sur le lavage et la
filtration de la nitroglycérine, et sur son incorporation avec les matières
absorbantes diverses pour produire la dynamite.
Eu résumé, le ])rocéclé de MM. Boctmy et Faucher est appliqué à Vonges
depuis 1873; il a permis de fabriquer des quantités considérables de dyna-
mite dans des conditions de sécurité en quelque sorte exceptionnelles, eu
égard aux dangers que présente le maniement d'un explosif aussi puissant.
Non seulement on n'a pas eu à déplorer à Vonges la perte d'un seul
ouvrier, mais la santé de tous s'est maintenue excellente.
Votre Commission a donc pensé que les auteurs du nouveau procédé de
fabrication de la nitroglycérine avaient mérité le prix des Arts insalubres
de la fondation Montyou ; en conséquence, elle leur décerne ce prix, dont
la valeur est de deux mille cinq cents jrancs.
Rapport sur un Mémoire de 31. le D'' Haiso, médecin-mnjor de i'" classe au
69* régiment de ligne : « Sur une méthode économique de balr.éation mise en
usage au 69' régiment d'infanterie. »
Les médecins militaires, justement préocciqiés de tout ce qui concerne
l'élat hygiénique et la santé du soldat, ont cherché depuis longtemps les
ujoyens d'entretenir la troupe dans un état convenable de propreté, en
utilisant les modiques ressources dont les Conseils d'administration des
corps peuvent disposer.
M. le D'Haro, médecin-major au Gç)" de ligne, encouragé dans ses efforts
par le colonel de ce régiment, a mis en usage un mode de balnéation aussi
simple qu'économique.
Ce procédé consiste à soumettre successivement, pendant quelques mi-
nutes, chaque homme, placé debout dans un baquet formant bain de pied,
à une douche d'eau chaude très divisée.
L'homme. se frotte ensuite le corps avec du savon noir au moyen d'une
brosse; le nettoyage est complété par une seconde aspersion.
Chaque jour, une compagnie de quatre-vingts à cent hommes peut subir
ainsi un lavage de propreté; la dépense totale ne s'élève pas, par séance,
à plus de i'^',2f), soit un peu phis de o''%oi par lioamie.
( 442 )
Votre Commission pense que la généralisation du procédé de balnéation
si simple et si économique employé par M. le D"" Haro serait d'une grande
utilité pour la santé de nos soldats; voulant encourager ces utiles efforts,
elle propose donc à l'Académie d'accorder au D' Haro un encouragement
de mille cinq cents francs.
L'Académie adopte les conclusions de ce Rapport.
PRIX CUVIER.
(Commissaires : MM. Milne Edwards, de Quatrefages, Blanchard, Hébert,
Daubrée rapporteur.)
Il y a plus d'un demi-siècle, dans un Ouvrage que l'on consulte encore
chaque jour avec fruit, M. Studer exposait les caractères des couches ter-
tiaires, connues sous les noms vulgaires de Molasse et de Nacjelfluhe, à peu
près contemporaines de nos sables de Fontainebleau, qui constituent la
basse Suisse.
Mais c'est surtout sur la région montagneuse voisine que son attention
s'est portée depuis lors.
Les hautes régions des Alpes, rebelles aux efforts des géologues, ont
longtemps paru échapper aux lois généralesqui avaient été reconnues dans
d'autres pays.
La difficulté de reconnaître exactement l'âge relatif des masses qui consti-
tuent ces majestueuses montagnes résulte de causes qui concourent, en
quelque sorte, pour déjouer les tentatives des explorateurs.
D'une part, les sédiments des anciennes mers, calcaires, argileux ou
arénacés, qui se sont accumulés sur de grandes épaisseurs et qui forment
une partie des massifs, sont très souvent dépourvus des fossiles qui ailleurs
servent de repères pour les classer. D'autre part, les caractères minéralogiques
de ces couches sont ambigus, comme si, depuis l'époque où elles ont été
déposées dans le sein de l'Océan, elles avaient été soumises à des influences
qui les auraient transformées. Enfin, des actions mécaniques gigantesques
ont coupé, redressé, plié et contourné ces assises, malgré la résistance
qu'elles devaient leur opposer, en raison de leur rigidité et d'une épais-
seur de plusieurs kilomètres; elles ont brouillé ou même renversé l'ordie
naturel de superposition. En présence de grands escarpements natui'els,
tels que ceux du lac des Quatre-Cantons, où les roches dégarnies de terre
végétale se montrent au vif, l'œil le moins observateur est frappé de la
grandeur de ces effets, qui donnent, au premier abord, l'idée d'un inextri-
( 443 )
cable désordre. Telles sont les régions qu'on ne peut explorer qu'au prix
d'ascensions nombreuses et pénibles.
Parmi les géologues qui, depuis les mémorables travaux de Saussure,
ont contribué à rendre classiques les Alpes suisses, M. Studer occupe
le premier rang. Il les a explorées dans toutes leurs parties, comme per-
sonne ne l'avait fait avant lui. Déjà Alexandre Brongniart avait introduit
dans la Science une notion toute nouvelle en montrant, par la correspon-
dance de leurs fossiles, que les cimes déchiquetées des Fiz et des Diablerets,
malgré l'élévalion qu'elles atteignent et une grande différence de carac-
tères pétrologiqus s, sont contemporaines du calcaire grossier des environs
de Paris. Peu d'années après, M. Studer parvenait à distinguer, au milieu
de massifs d'aspect assez uniforme, les divers groupes des classifications
auxquelles ou était arrivé dans des contrées moins accidentées. Les struc-
tures les plus complexes ont ainsi trouvé une explication.
M. Studer a consigné ces précieuses études non seulement dans de nom-
breux Mémoires, mais aussi dans son Ouvrage fondamental : Géologie der
Scliweiz (i85i-i853), chns sa. Physikalisclie Géographie, et dans la Carte géo-
logique dont il a publié la première édition en i853 avec son digne colla-
borateur Escher.
Au milieu des faits nombreux et pleins d'intérêt qu'il a reconnus, je me
bornerai à en mentionner ici un seul. Tandis que dans leur situation nor-
male et habituelle les masses granitiques forment le soubassement des
terrains stratifiés, ces mêmes masses, dans les Alpes bernoises, ont été
refoulées au-dessus de terrains de sédiments. L'imposant massif de la Jung-
frau, si admiré des touristes, montre des couches calcaires, apparte-
nant à l'époque jurassique, qui ont été repliées et pincées en forme de
coin, au milieu des masses cristallines, puis portées jusqu'à l'altitude
des glaciers.
C'est l'un des exemples qui témoignent hautement de la grandeur des
forces qui ont pu être mises en jeu dans l'écorce terrestre, lorsque des
tensions, causées peut-être par le refroidissement des masses intérieures du
globe et par la contraction spontanée qui en résulte, venaient à lutter
contre l'action de la pesanteur. Une disposition semblable, observée en
même temps dans l'Oisans par Élie de Beaiunont, parut bien étrange
lorsqu'elle fut annoncée il y a cinquante ans; elle a cependant été depuis
lors confirmée et retrouvée dans d'autres localités.
D'ailleurs, non loin des montagnes bernoises, d'autres phénomènes,
non moins grandioses, lui sont intimement liés, et c'est notamment le cas
( 'M )
pour le plongement si imprévu des assises de molasse, sous l'axe même de
la chaîne. Loin dètre un fait accidentel, tant qu'on ne l'observait que sur
des points isolés, comme le Righi, on sait maintenant qne c'est un trait
essentiel des régions marginales de la chaîne et qu'il est, comme une sorte
de contre-coup, dû aux actions mêmes qui ont protluit celle-ci.
La Commission propose de décerner le prix Cuvier à M. Studer, Cor-
respondant de l'Académie, pour les travaux qu'il a poursuivis jiendant
plus de cinquante années avec un dévouement infatigable et pour les
lumières qu'il a ainsi jetées sur de grandes questions de Géologie.
L'Académie adopte les conclusions du Raj)port.
PRIX T RÉMONT.
(Commissaires : MM. le général Morin, Dumas, Tresca, Bertrand,
Resal rapporteur.)
La Commission propose à l'Académie de décerner le prix Trémont à
M. Thollo.\, pour l'encourager à continuer ses intéressantes recherches
sur la Spectroscopie. ■
Cette proposition est adoptée.
PRIX GEGNER.
(Commissaires : MM. Dumas, Chasles, Chevreul, Boussingault,
Bertrand rapporteur.)
La Commission, à l'unanimité, propose de décerner le prix Gegner à
M . Gaugain, pour l'ensemble de ses travaux, poursuivis depuis plus de trente
ans sur le magnétisme et l'électricité.
Cette proposition est adoptée par l'Académie.
PRIX FO^DÉ PAR W L.\ Marquise DE LAPLACE.
Une Ordonnance royale ayant autorisé l'Académie des Sciences à
accepter la donation, qui lui a été faite par M"* la Marquise de Laplace,
d'une rente pour la iondalion à perpétuité d'un prix consistant dans la col-
lection complète des Ouvrages de Laplace, prix qui devra être décerné
chaque année au premier élève sortant de l'Ecole Polytechnique,
( 445 )
Le Président remet les cinq volumes de la Mécanhiue céleste, ['Exposition
du sptème du Monde et le Traité des Probabilités à M. Walckenaër (Ghakles-
Marie), né le 7 novembre i858 à Paris, entré, en qualité d'élève ingé-
nieur, à l'École des Mines.
En dehors des prix annoncés pour les concours de l'année 1879, l'Aca-
démie, sur le rapport d'une Commission composée de MM. Dumas, Bertrand,
Chasles, Decaisne, Wurtz, Edm. Becquerel rapporteur, a décerné un prix
de trois mille francs à M. William Crookes, pour l'ensemble de ses expé-
riences.
PR0GRA3DIE DES PRIX PROPOSES
rOlR LES ANNÉES 1880, 1881, 1882 ET 1883.
GEOMETRIE.
GRAND PBIX DES SCIENCES MATHÉMATIQUES.
[Prix du Budget)
Question proposée pour l'année 1880.
L'Académie propose, pour sujet d'un grand prix de Sciences mathéma-
tiques à décerner en 1880, la question suivante :
« Perfectionner en quelijue point important la théorie des équations diffé-
» renlielles linéaires à une seule variable indépendante. »
Le prix consistera en une médaille de la valeur de trois mille francs.
Les Mémoires devront être remis au Secrétariat avant le i" juin 1880;
ils porteront une épigraphe ou devise répétée dans un billet cacheté qui
contiendra le nom et l'adresse de l'auteur. Ce ph ne sera ouvert que si la
pièce à laquelle il appartient est couronnée.
C.R., 1880, 1" Semestre. {1. XC, R« 9.)
59
( 446 )
MÉCANIQUE.
PRIX EXTRAORDINAIRE DE SIX MILLE FRANCS,
DESTINÉ A RÉCOMPENSER TOUT PROGRÈS DE NATURE A ACCROITRE l'eFFICACITÉ
DE NOS FORCES NAVALES.
L'Académie décernera ce prix, s'il y a lieu, dans sa séance publique de
l'année 1880.
Les Mémoires, plans et devis, manuscrits ou imprimés, devront être
adressés au Secrétariat de l'Institut avant le i*' juin 1880.
PRIX PONCELET.
Par Décret en date du 22 août 1868, l'Académie a été autorisée à
accepter la donation qui lui a été faite, au nom du Général Poncelet, par
M"^ Veuve Poncelet, pour la fondation à'unprixannuel destiné à récompen-
ser l'Ouvrage le plus utile aux progrès des Sciences mathématiques pures
ou appliquées, publié dans le cours des dix années qui auront précédé le
jugement de l'Académie.
Le Général Poncelet, plein d'affection pour ses Confrères et de dévoue-
ment aux progrès de la Science, désirait que son nom fût associé d'une
manière durable aux travaux de l'Académie et aux encouragements par les-
quels elle excite l'émulation des savants. M"* Veuve Poncelet, en fondant ce
prix, s'est rendue l'interprète fidèle des sentiments et des volontés de l'il-
lustre Géomètre.
Le Prix consiste en une médaille de la valeur de deux mille francs.
Une donation spéciale de M™^ Veuve Poncelet permet à l'Académie
d'ajouter au prix qu'elle a primitivement fondé un exemplaire des OEuvres
complètes du Général Poncelet.
PRIX MONTYON.
M. de Montyon a offert une rente siu- l'État pour la fondation d'un
prix annuel en faveur de celui qui, au jugement de l'Académie des Sciences,
s'en sera rendu le plus digne, en inventant ou en perfectionnant des instru-
ments utiles aux progrès de l'Agriculture, des Arts mécaniques ou des
Sciences.
Le prix consiste en une médaille de la valeur de sept cents francs.
( f^^l )
PRIX PLUMEY.
Par un testament en date du lo juillet iSSg, M. J.-B. Plumey a légué à
l'Académie des Sciences vingt-cinq actions de la Banque de France « pour
» les dividendes être employés chaque année, s'il y a lieu, en un prix à
» l'auteur du perfectionnement des machines à vapeur ou de toute
» autre invention qui aura le plus contribué au progrès de la navigation à
» vapeur. »
En conséquence, l'Académie annonce qu'elle décernera chaque année,
dans sa séance publique, une médaille de la valeur de deux mille cinq cents
francs au travail le plus important qui lui sera soumis sur ces matières.
PRIX DALMONT,
Par son testament en date du 5 novembre i863, M. Dalmont a mis à la
charge de ses légataires universels de payer, tous les trois ans, à l'Acadé-
mie des Sciences, luie somme de trois mille Jrancs, pour être remise à celui
de MM. les Ingénieurs des Ponts et Chaussées en activité de service qui lui
aura présenté, à son choix, le meilleur travail ressortissant à l'une des
Sections de cette Académie.
Ce prix triennal de trois mille francs doit être décerné pendant la période
de trente années, afin d'épuiser les trente mille francs légués à l'Académie,
d'exciter MM. les ingénieurs à suivre l'exemple de leurs savants devanciers,
Fresnel, Navier, Coriolis, Cauchy, de Prony et Girard, et comme eux ob-
tenir le fauteuil académique.
Un Décret en date du 6 mai i865 a autorisé l'Académie à accepter ce
legs.
En conséquence, l'Académie annonce qu'elle décernera le prix fondé
par M. Dalmont dans sa séance publique de l'année 1882.
PRIX FOURNEYRON.
L'Académie des Sciences a été autorisée, par décret du 6 novembre 1867,
à accepter le legs qui lui a été fait par M. Benoît Fourneyron d'une somme
de cinq cents francs de rente sur l'État français, pour la fondation d'un prix
de Mécanique appliquée k décerner tous les deux ans, le fondateur laissant à
l'Académie le soin d'en régler le programme.
( 448 )
La Commission du prix de 1877 n'a pas cru pouvoir, conformément
au Programme proposé, le décerner à l'auteur d'une machine motrice poiu*
tramway, et l'a accordé à une machine motrice s'en rapprochant.
De son côté, la Commission du prix de l'année iS'^q n'a pas jugé qu'il
lui fût possible de l'accorder à aucun des Ouvrages soumis à son examen.
En conséquence, sur sa proposition, l'Académie maintient la question
au concours et propose de décerner, s'il y a lieu, le prix Fourneyron
en 1881 au meilleur Mémoire ayant pour objet \a. construction d'une ma-
chine motrice propre au service de ta traction sur les tramwajs.
Lespièces de concours, manusciites ou imprimées, devront être déposées
au Secrétariat de l'Institut avant le i*^"^ juin.
PRIX BORDIN.
Concours prorogé de 1876 à 1878, puis à 1880.
Le prix n'ayant pas été décerné pour l'année 1878, l'Académie propose
de nouveau la question suivante pour 1880 :
« Trouver le moyen de faire disparaître ou au moins d' atténuer sérieusement
» la gène et les dangers que présentent les produits de la combustion sortant des
» cheminées sur les chennns de fer, sur les bâtiments à vapeur, ainsi que dans les
» villes à proximité des usines à feu. »
L'importance de la solulion plus ou moins complète du problème ainsi
posé n'a pas besoin d'être longuement démontrée. Aujourd'hui que le trans-
port des voyageurs ou des marchandises, tant sur terre que sur mer, se fait
presque exclusivement par des machines à feu, et que le nombre des
hommes et des choses qui se déplacent est déjà si considérable, on doit re-
connaître que la plus grande rapidité des voyages et l'abaissement (ki prix
ont déjà fait beaucoup pour produire cet immense résultat; mais on ne sau-
rait méconnaître, d'autre part, que le confortable et la sécurité des voya-
geurs laissent encore beaucoup à désirer. Voulant appeler principalement
l'attention sur un des progrès importants qui restent encore à faire dans
les moyens de transport, nous dirons qu'il n'est pas un voyageur descen-
dant d'un paquebot ou d'un wagon de chemin de fer, après un voyage de
quelque durée, qui n'ait gémi d'avoir eu à vivre, pendant de longues jour-
nées, au milieu d'une atmosphère de fumée, de cendres ou de flammèches
brillantes. La santé des personnes faibles a eu souvent lieu de s'en res-
sentir; enfin le danger que présentent les flammèches sortant des chau-
( 449 )
dières, au point de vue de l'incendie des trains ou des navires, ne saurait
niallieureusenient être contesté.
Ce sont, sans contredit, les flammèches de la locomotive qui pendant
la dernière guerre, ont fait sauter sur le che.nin de fer de la MédUerranee,
près de SaitU-Nazaire, entre Marseille et Toulon, tout un train de voyageurs
Lquel on avait adjoint un wagon portant des barils de poudre de guerre;
souvent le feu s'est déclaré dans des wagons portant des matières combus-
tibles sans qu'elles fussent explosibles, et plus d'un paquebot à vapeur a
eu le' feu dans ses cales ou dans ses cabines, sans qu'on ait pu en trouver
d'autre cause que des flammèches tombées des cheminées. Elles en sortent
parfois en telle abondance qu'on peut dire que le navire voyage sous une
pluie de feu. , .. i i
Jusqu'à ce jour, il semble qu'on ait considéré comme un mal mevitable
ces inconvénients, si graves, des moteurs à feu, ou qu'on s'y soit résigne,
comme il le faut bien faire devant ce qu'on ne peut empêcher.
Il a paru qu'il appartenait à l'Académie des Sciences de ne pas recon-
naître com,ue irrémédiables les inconvénients que présentent aujourd hui
les produits de la combustion des machines à feu.
Déjà, à maintes reprises et dans divers pays, la question de la combusl.on
de la fumée a été posée pour les usines à feu situées près des v.lles; des
solutions ont été proposées, basées, pour la plupart, sur 1 emploi de sys-
tèmes de grilles plus ou moins fumivores; mais malheureusement leurs ap-
plications restreintes, et les règlements de pohce qui ont voulu les imposer,
iombés pour la plupart en désuétude, prouvent, ou que 1 efhcac.te de ces
procédés est contestable ou qu'Us présentent des objections sérieuses au
point de vue économique. ^ ,. > . ,
L'Académie a donc cru devoir laisser toute sa généralité a la ques-
tion posée, qui a pour but la recherche des moyens de faire disparaître ou
,lu moins d'atténuer sérieusement la gêne et les dangers que présentent les
produits de la combustion sortant des cheminées des machines a tcu :
1° Sur les chemins de fer;
a» Sur les bâtiments à vapeur;
3° Dans les villes.
L'Académie prévoit que les moyens proposés à cet effet pourront
différer pour l'une ou l'autre des trois grandes divisions précitées;
mais une solution satisfaisante, même applicable à un seul de ces trois cas,
donnerait, s'il y a lieu, des titres à l'obtention du prix, qui consistera en
une médaille de la valeur de «rois mille francs.
Les Mémoires devront être déposés au Secrétariat de l'Institut avant
( 45o )
le i^' juin 1880. Ils porteront une épigraphe ou devise répétée dans un
billet cacheté qui contiendra le nom et l'adresse de l'auteur. Ce pli ne sera
ouvert que si la pièce à laquelle il appartient est couronnée.
ASTRONOMIE.
PRIX LALANDE.
La médaille fondée par Jérôme de Lalande, pour être accordée annuelle-
ment a la personne qui, en France ou ailleurs, aura fait l'observation la plus
intéressante, le Mémoire ou le travail le plus utile au progrès de l'Astro-
nomie, sera décernée dans la prochaine séance publique.
Ce prix consiste en une médaille d'or de la valeur de cinq cent quaraïUe
francs.
PRIX DAMOISEAU.
Question proposée pour i86g, remise à 1872, à 1876, à 1877, à 187g, puis enfin à 1882.
Un Décret a autorisé l'Académie des Sciences à accepter la dona-
tion qui lui a été faite par M™^ la Baronne de Damoiseau , d'une
somme de vingt mille francs, « dont le revenu est destiné à former le
montant d'un prix annuel », qui recevra la dénomination de Ptix Da-
moiseau. Ce prix, quand l'Académie le juge utile aux pTogrès de la Science,
peut être converti en prix triennal sur une question proposée.
L'Académie rappelle qu'elle maintient au concours pour sujet du prix
Damoiseau à décerner en 1882 la question suivante :
« Revoir la théorie des satellites de Jupiter; discuter les observations et en
» déduire les constantes quelle renferme, et particulièrement celle qui fournil
» une détermination directe de ta vitesse de la lumière; enfin construire des
» Tables particulières pour chaque satellite. »
Elle invite les concurrents à donner une attention particulière à l'une
des conditions du prix, celle qui est relative à la détermination de la vi-
tesse de la lumière.
Le prix sera une médaille de la valeur de dix mille francs.
Les Mémoires seront reçus jusqu'au i*"" juin 1882.
( 45i )
PRIX VALZ.
INl"^ Veuve Valz, par acte authentique en date du 17 juin 1874, a fait
don à l'Académie d'une somme de dix mille francs, destinée à la fondation
d'un prix qui sera décerné tous les ans, à des travaux sur l'Astronomie,
conformément au prix Lalande.
L'Académie a été autorisée à accepter cette donation par décret en date
du 2g janvier 1875.
Elle propose de décerner le prix Valz de l'année 1880 à l'auteur de l'ob-
servation astronomique la plus intéressante qui aura été faite dans le cou-
rant de l'année.
PHISIQUE.
GRAND PRIX DES SCIENCES MATHÉMATIQUES.
(Prix du Budget.)
Concours prorogé de 1872 à 1875, puis à 1878, enfin à 1880.
L'Académie avait proposé pour sujet d'un grand prix à décerner en 1878
la question suivante :
« Etude de rélasticiié des corps cristallisés, au double point de vue expéri-
» mental et théorique. »
Auciui Mémoire n'ayant été envoyé au Secrétariat, l'Académie modifie
l'énoncé de la question ainsi qu'il suit :
« Elude de l' élasticité d' un ou de plusieurs corps cristallisés, au double point
» de vue expérimental et théorique. »
Le prix sera une médaille de la valeur de trois mille francs.
Les Mémoires devront être déposés au Secrétariat avant le i" juin 1880 ;
ils porteront une épigraphe ou devise répétée dans un billet cacheté qui
contiendra le nom et l'adresse de l'auteur. Ce pli ne sera ouvert que si la
pièce à laquelle il appartient est couronnée.
( 45^ )
PRIX L. LACAZE.
Par son testament en date du 24 juillet i865 et ses codicilles des aS août
et 22 décembre 1866, M. Louis Lacaze, docteur-médecin à Paris, a légué
à l'Académie des Sciences trois rentes de cinq mille francs chacune, dont
il a réglé l'emploi de la manière suivante :
« Dans l'intime persuasion où je suis que la Médecine n'avancera léel-
» lement qu'autant qu'on saura la Physiologie, je laisse cinq mille francs
» de rente perpétuelle à l'Académie des Sciences, en priant ce corps savant
» de vouloir bien distribuer de deux ans en deux ans, à dater de mon
» décès, un prix de dix mille francs (10 000 fr.) à l'auteur de l'Ouvrage
I) qui aura le plus contribué aux progrès de la Physiologie. Les étrangers
» pourront concourir ,
» Je confirme toutes les dispositions qui précèdent; mais, outre la
» somme de cinq mille francs de rente perpétuelle que j'ai laissée à V Aca-
» demie des Sciences de Paris pour fonder im piix de Physiologie, que je
» maintiens ainsi qu'il est dit ci-dessus, je laisse encore à la même Acadé-
» mie des Sciences deux sommes de cinq mille francs de rente perpétuelle,
» libres de tons frais d'enregistrement ou autres, destinées à fonder deux
» autres prix, l'un pour le meilleur travail sur la Physique, l'autre pour
» le meilleur travail sur la Chimie. Ces deux prix seront, comme celui de
» Physiologie, distribués tous les deux ans, à perpétuité, à dater de mon
» décès, et seront aussi de dix mille francs chacun. Les étrangers pourront
» concourir. Ces sommes ne seront pas partageables, et seront données
» en totalité aux auteurs qui en auront été jugés dignes. Je provoque ainsi,
M par la fondation assez importante de ces trois prix, en Europe et peut-
» être ailleurs, une série continue de recherches sur les sciences naturelles,
» qui sont la base la moins équivoque de tout savoir humain; et, en
» même temps, je pense que le jugement et la distribution de ces récom-
» penses par l' Académie des Sciences de Paris sera un titre de plus, pour
» ce corps illustre, au respect et à l'estime dont il jouit dans le monde
» entier. Si ces prix ne sont pas obtenus par des Français, au moins ils
» seront distribués par des Français, et par le premier corps savant de
» France. »
Un Décret en date du 27 décembre 1869 a autorisé l'Académie à accep-
ter cette fondation ; en conséquence, elle décernera, dans sa séance pu-
blique de l'année 1881, trois prix de dix mille francs chacun aux Ouvrages
( /.53 ) ^
ou Mémoires qui auront le plus contribué aux progrès de la Physiologie,
de la Physique et de la Chimie.
PRIX VAILLANT.
Concours prorogé de 1879 à i88o.
M. le Maréclial Vaillant, Membre de l'Institut, a légué à l'Académie des
Sciences une somme de quarante mille francs, destinée à fonder un prix
qui sera décerné soit annuellement, soit à de plus longs intervalles. « Je
» n'indique aucun sujet pour le prix, dit M. le Maréchal Vaillant, ayant
» toujours pensé laisser une grande société comme l'Académie des Sciences
)) appréciatrice suprême de ce qu'il y avait de mieux à faire avec les
» fonds mis à sa disposition. »
L'Académie, autorisée par Décret du 7 avril 1873 à accepter ce legs, a dé-
cidé que le prix fondé par M. le Maréchal Vaillant serait décerné tous les
deux ans. Elle maintient au concours, pour sujet du prix qu'elle décer-
nera, s'il y a lieu, en 1880, la question suivante :
Perfectionner en quelque point important la télégraphie phonétique.
Les Mémoires seront reçus jusqu'au i^juin.
STATISTIQUE.
PRIX MONTYON.
Parmi les Ouvrages qui auront pour objet une ou plusieurs questions
relatives à la Statistique de la France, celui qui, au jugement de l'Académie,
contiendra les recherches les plus utiles sera couronné dans la prochaine
séance publique. On considère comme admis à ce concours les Mémoires
envoyés en manuscrit, et ceux qui, ayant été imprimés et publiés, arrivent
à la connaissance de l'Académie.
Le prix consiste en une médaille de la valeur de cinq cents francs.
C. R., 18S0, 1" Semestre. (T. XC, ti° 9.)
Gu
( 454 )
CHIMIE.
PRIX JECRER.
Par un testament, en date du i3 mars i85i, M. le D'' Jecker a fait à
l'Académie un legs destiné à accélérer tes progrès de ta Cliirnie organique.
A la suite d'une transaction intervenue entre elle et les héritiers Jecker,
l'Académie avait dû fixer à cinq mille jrnncs la valeur de ce prix jusqu'au
moment où les reliquats tenus en réserve lui permettraient d'en rétablir la
quotité, conformément aux intentions du testateur.
Ce résultat étant obtenu depuis 187';, l'Académie annonce qu'elle
décernera Ions les ans le prix Jecker, porté à la somme de dix mille francs,
aux travaux qu'elle jugera les plus propres à hâter les progrès de la Chimie
organique.
PRIX L. LACAZE.
Voir page 452.
GEOLOGIE.
GRAND PRIX DES SCIENCES PHYSIQUES.
(Prix du Budget.)
Question proposée pour l'année 1881.
« Etude géologique approfondie d'une région de la France. »
Le prix consistera en une médaille de la valeur de trois mille francs.
Les Mémoires, imprimés ou manuscrits, devront être déposés au Secré-
tariat avant le 1" juin 1881.
PRIX BORDIN.
Question proposée pour l'année 1880.
« Elude approfondie d'une question relative à la géologie de la France. »
Le prix consistera en une médaille de la valeur de trois mille francs.
Les travaux, imprimés ou manuscrits, destinés au concours devront éîre
déposés au Secrétariat de l'Institut avant le i*'"juin 1880.
(455 )
BOTANIQUE.
PRIX BARBIER.
M. Barbier, ancien Chirurgien en chef de l'hôpital du Val-de- Grâce, a
légué à l'Académie des Sciences une rente de deux mille Jrancs, destinée à
la fondation d'un prix annuel « pour celui qui fera une découverte pré-
» cieiise dans les sciences chirurgicale, médicale, pharmaceutique, et dans
» la Botanique ayant rapport à l'art de guérir ».
L'Académie décernera ce prix, s'il y a lieu, dans sa prochaine séance
publique.
PRIX ALHUMBERT,
PHYSIOLOGIE DES CB AMPIGKONS.
Question proposée pour 1876, prorogée à 1878, prorogée de nouveau, après modification,
à 1880, et remise à 1881.
Après avoir proposé sans succès pour 1876 et 1878 Vétude dumodede
nutrition des Champignons, l'Académie, élargissant aujourd'hui le cadre de
la question, admettra à concourir, en 1881, tout Mémoire qui éclaircira
quelque point important de la Physiolocjie des Champignons.
Le prix consistera en une médaille de la valeur de deux mille cinq
cents francs.
Les Ouvrages ou Mémoires, manuscrits ou imprimés, en français ou en
latin, devront être déposés au Secrétariat de l'Institut avant le i" juin
1881.
PRIX DESMAZIÈRES.
Par son testament, en date du i4 avril i855, M. Deslnazières a légué
à l'Académie des Sciences un capital de trente-cinq mille francs, devant
être converti en rentes trois pour cent, et servir à fonder un prix
annuel pour être décerné « à l'auteur, français ou étranger, du meilleur
» ou du plus utile écrit, publié dans le courant de l'année précédente, sur
» tout ou partie de la Cryptogamie ».
( /fSe )
Conformément aux stipulations ci-dessus, l'Académie annonce qu'elle
décernera le prix Desmazières dans sa prochaine séance publique.
Le prix est une médaille de la valeur de seize cents francs.
PRIX DE LA FONS MÉLICOCQ.
M. de La Fons Mélicocq a légué à l'Académie des Sciences, par tes-
tament en date du 4 février 1866, une rente de trois cents francs^ qui devra
être accumulée, et « servira à la fondation d'un prix qui sera décerné tous
« les tjois ans au meilleur Ouvrage de Botanique sur le nord de la France,
» c'est-à-dire sur les départements du Nord, du Pas-de-Calais, des Ardennes,
» de la Somme, de l'Oise et de l'Aisne ».
L'Académie décernera ce prix, qui consiste en une médaille de la valeur
de neuf cents francs, dans sa séance publique de l'année 1880, au meilleur
Ouvrage, manuscrit ou imprimé, remplissant les conditions stipulées par le
testateur.
PRIX THORE.
Par son testament olographe, en date du 3 juin i863, M. François-Fran-
klin Thore a légué à l'Académie des Sciences une inscription de rente
trois pour cent de deux cents francs, pour fonder un prix annuel à décerner
« à l'auteur du meilleur Mémoire sur les Cryptogames cellulaires d'Eu-
» rope (Algues fluviatiles ou marines, Mousses, Lichens ou Champignons),
» ou sur les mœurs ou l'anatomie d'une espèce d'Insectes d'Europe ».
Ce prix est attribué alternativement aux travaux sur les Cryptogames cel-
lulaires d'Europe et aux recherches sur les mœurs ou l'anatomie d'un
Insecte. (Voir page 459.)
PRIX BORDIN.
Question proposée pour l'année 1879 et prorogée à i88i.
L'Académie propose, pour sujet du prix Bordin qu'elle décernera, s'il
y a lieu, dans sa séance publique de 1881, la question suivante :
« Faire connaître, par des observations directes et des expériences, l'influence
» qu'exerce le milieu sur la structure des organes végétatifs [racines, tige,
» feuilles), étudier les variations que subissent les plantes terrestres élevées dans
» l'eau, et celles qu'éprouvent les plantes aquatiques forcées de vivre dans l'air.
( 457 )
» Expliquer par des expériences directes les formes spéciales de quelques espèces
» de lajlore maritime. »
L'Académie désirerait que la question fût traitée dans sa généralité,
mais elle pourrait couronner un travail sur l'un des points qu'elle vient
d'indiquer, à la condition que l'auteur apporterait des vues à la fois nou-
velles et précises, fondées sur des observations personnelles.
Les Mémoires, manuscrits ou imprimés, rédigés en français ou en latin,
devront être adressés au Secrétariat de l'Institut avant le i"juin 1881.
Le prix est de la valeur de trois mille francs.
PRIX BORDIN.
Question proposée pour l'année 1881.
« Étude comparative de la structure et du développement du liège, et en gé-
» néral du système tégumentaire, dans la racine. »
Grâce à de nombreux et importants travaux, l'étude comparative de la
structure et des divers modes de développement de l'appareil tégumentaire,
et en particulier du liège, est aujourd'liui assez bien connue dans la tige.
L'Académie demande qu'un pareil travail soit réalisé pour la racine, où
la coiffe, première née de ces formations protectrices, est déjà bien connue.
En comblant cette lacune, cette étude viendra compléter la connaissance
anatomique de la racine, en même temps qu'elle fournira de nombreux
points de comparaison avec les formations analogues de la tige.
Le prix sera une médaille de trois mille francs. Les Mémoires, écrits en
français ou en latin, seront reçus jusqu'au i" juin i88i ; ils devront être
accompagnés d'un pli cacheté renfermant le nom et l'adresse de l'auteur.
Ce pli ne sera ouvert que si la pièce à laquelle il appartient est couronnée.
AGRICULTUIIE.
PRIX MOROGUES.
M. le baron B. deMorogues a légué, par son testament en date du a5 oc-
tobre 1834, une somme de dix mille francs, placée en rentes sur l'État, pour
( 458 )
faire l'objet d'un prix à décerner tous les cinq ans, alternativement : par l'A-
cadémie des Sciences, à l'Ouvrage qui aura f ail faire le plus grand pro-
grès à r /agriculture en France, et par l'Académie des Sciences morales et
politiques, au meilleur Ouvrage sur l'état du paupérisme en France et le
moyen d'y remédier.
L'Académie décernera ce prix en i883. Les Ouvrages, imprimés et
écrits en français, devront être déposés au Secrétariat de l'Institut avant
le i" juin.
ANATOMIE ET ZOOLOGIE.
GRAND PRIX DES SCIENCES PHYSIQUES.
(Prix du Budget).
Concours prorogé de 1876 à 1878, puisa 1880.
La question proposée est la suivante :
« Etude du mode de distribution des animaux marins du littoral de la France. »
Dans cette élude, il faudra tenir compte des profondeurs, de la nature
des fonds, de la direction des courants et des autres circonstances qui
paraissent devoir influer sur le mode de répartition des espèces marines. Il
serait intéressant de comparer sous ce rapport la faune des côtes de la
Manche, de l'Océan et de la Méditerranée, en avançant le plus loin possible
en pleine mer; mais l'Académie n'exclurait pas du Concours un travail
approfondi qui n'aurait pour objet que l'une de ces trois régions.
Le prix consistera en une médaille de la valeur de trois mille francs.
Les Mémoires, manuscrits ou imprimés, devront être déposés au Secréta-
riat avant le i"juin 1880.
GRAND PRIX DES SCIENCES PHYSIQUES.
(Prix du Budget).
Question proposée pour l'année 1877, remise à l'anne'e 1879 ^' prorogée à 1881.
« Etude comparative de l'organisation intérieure des divers Crustacés
» édriophlhalmes qui habitent les mers d'Europe. »
( 4%)
L'anatomie des Crustacés podophthalmaires a été l'objet de recherches
nombreuses; mais on ne connaît que très incomplètement la structure
intérieure des Édriophthalmes. L'Académie demande une étude appro-
fondie des principaux appareils physiologiques dans les divers genres d'Am-
phipodes, de Lamodipodes et d'Isopodes qui habitent les mers d'Europe.
Les concurrents devront porter principalement leur attention sur le sys-
tème nerveux, le système circulatoire, l'appareil digestif et les organes de
la génération. Les descriptions devront être accompagnées défigures.
Le prix consistera en une médaille de la valeur de tt^ois mille francs.
Les ouvrages présentés au concours pourront être manuscrits ou im-
primés et devront être déposés au Secrétariat avant le i" juin 1881.
PRIX SAVIGNY, FONDÉ PAR M"'' LETELLIER.
Un Décret, en date du 20 avril 1864, a autorisé l'Académie des Sciences
à accepter la donation qui lui a été faite par M"* Letellier, au nom de Sa-
vigny, d'une somme de vingt mille francs pour la fondation d'un prix annuel
en faveur des jeunes zoologistes voyageurs.
« Voulant, dit la testatrice, perpétuer, autant qu'il est en mon pouvoir
» de le faire, le souvenir d'un martyr de la science et de l'honneur, je
» lègue à l'Institut de France, Académie des Sciences, Section de Zoolo-
)) gie, vingt mille francs, au nom de Marie-Jules-César Le Lorgne de Savi-
» gny, ancien Membre de l'Institut d'Egypte et de l'Institut de France,
» pour l'intérêt de cette somme de vingt mille francs être employé à aider
» les jeunes zoologistes voyageurs qui ne recevront pas de subvention du
» Gouvernement et qui s'occuperont plus spécialement des animaux sans
» vertèbres de l'Egypte et de la Syrie. »
PRIX THORE.
Par son testament olographe, en date du 3 juin i863, M. François-Fran-
klin Thore a légué à l'Académie des Sciences une inscription de rente trois
pour cent de deux cents francs, pour fonder un prix annuel à décerner « à
l'auteur du meilleur Mémoire sur les Cryptogames cellulaires d'Europe
(Algues fluviatiles ou marines, Mousses, Lichens ou Champignons), ou sur
les mœurs ou l'anatomie d'une espèce d'Insectes d'Europe. »
Ce prix est attribué alternativement aux travaux sur les Cryptogames
( 46o )
cellulaires d'Europe et aux recherches sur les moeurs ou l'anatomie d'un
Insecte. (Voir page /i56.)
PRIX DA GAMA MACHADO.
Par un testament en date du 12 mars 1 852, M, le commandeur J. daGama
Machado a légué à l'Académie des Sciences une somme de vingt mille
francs, réduite à dix mille francs, pour la fondation d'un prix qui doit
porter son nom.
Un Décret du 19 juillet 1878 a autorisé l'Académie à accepter ce legs.
En conséquence, l'Académie, conformément aux intentions exprimées
par le testateur, décernera, ions les trois ans, à partir de l'année 1882, le
prix da Gama Machado aux meilleurs Mémoires sur les parties colorées
du système téguraentaire des animaux ou sur la matière fécondante des
êtres animés.
Le prix consistera en une médaille de douze cents jrancs.
Les Mémoires, manuscrits ou imprimés, devront être reçus au Secré-
tariat de l'Institut avant le i" juin 1882.
MEDECINE ET CHIRURGIE.
PRIX MONTYON, MÉDECINE ET CHIRURGIE.
Conformément au testament de M. Auget de Montyon , et aux Or-
donnances du 29 juillet 1821, du 2 juin 1825 et du 23 août 1829, il sera
décerné un ou plusieurs prix aux auteurs des ouvrages ou des découvertes
qui seront jugés les plus utiles à Vart de guérir, et à ceux qui auront trouvé
les moyens de rendre un art ou un métier moins insalubre.
L'Académie a jugé nécessaire de faire remarquer que les prix dont il
s'agit ont expressément pour objet des découvertes et inventions propres à
perfectionner la Médecine ou la Chirurgie, ou qui diminueraient les dan-
gers des diverses professions ou arts mécaniques.
Les pièces admises au Concours n'auront droit au prix qu'autant qu'elles
contiendront une découverte parfaitement déterminée.
Si la pièce a été produite par l'auteur, il devra indiquer la partie de son
(46. )
travail où cette découverte se trouve exprimée : dans tous les cas, la Com-
mission chargée de l'examen du Concours fera connaître que c'est à la dé-
couverte dont il s'agit que le prix est donné.
Conformément à l'Ordonnance du 23 août 1829, outre les prix annoncés
ci-dessus, il sera aussi décerné, s'il y a lieu, des prix aux meilleurs résultats
des recherches entreprises sur les questions proposées par l'Académie,
conformément aux vues du fondateur.
Les Ouvrages ou Mémoires présentés au concours doivent être envoj^és
au Secrétariat de l'Institut avant le 1" juin de chaque année.
PRIX BRÉANT.
Par son testament en date du 28 août 18/19, ^^- ^''éant a légué à
l'Académie des Sciences une somme de cent initie francs pour la fonda-
lion d'un prix à décerner « à celui qui aura trouvé le moyen de gué-
rir du choléra asiatique ou qui aura découvert les causes de ce terrible
fléau (•) ...
Prévoyant que le prix de cent mille francs ne sera pas décerné tout de
suite, le fondateur a voulu, jusqu'à ce que ce prix soit gagné, que Vintérét
du capital fût donné à la personne qui aura fait avancer la science sur la
(') Il paraît convenable de reproduire ici les propres termes du fondateur : 0 Dans l'état
» actuel de la science, je pense qu'il y a encore beaucoup de choses à trouver dans la coni-
» position de l'air et dans les fluides qu'il contient : en effet, rien n'a encore été découvert
» au sujet de l'action qu'exercent sur l'économie animale les fluides électriques, magnétiques
» ou autres; rien n'a été découvert également sur les animalcules qui sont répandus en
» nombre infini dans l'atmosphère, et qui sont peut-être la cause ou une des causes de cette
» cruelle maladie.
» Je n'ai pas connaissance d'appareils aptes, ainsi que cela a lieu pour les liquides, à re-
» connaître l'existence dans l'air d'animalcules aussi petits que ceux que l'on aperçoit dans
» l'eau en se servant des instrumenls microscopiques que la science met à la disposition de
» ceux qui se livrent à cette étude.
» Comme il est probable que le prix de cent mille francs, institué comme je l'ai expliqué
» plus haut, ne sera pas décerné de suite, je veux, jusqu'à ce que ce prix soit gagné, que
» l'inlérét dudit capital soit donné par l'Institut à la personne qui aura fait avancer la
» science sur la question du choléra ou de toute autre maladie épidémique, soit en don -
» nant de meilleures analyses de l'air, en y démontrant un élément morbide, soit en trou-
» vant un procédé propre à connaître et à étudier les animalcules qui jusqu'à présent ont
» échappé à l'œil du savant, et qui pourraient bien être la cause ou une des causes de la
* maladie. »
G. R., 1880, I" Semestre. (T. XC, K» 0 ) 6l
( 462 )
question du choléra ou de toute autre maladie épidémique, ou enfin que ce
prix pût être gagné par celui qui indiquera le moyen de guérir radicale-
ment les dartres ou ce qui les occasionne.
Les concurrents devront satisfaire aux conditions suivantes :
1° Pour remporter le prix de cent mille francs, il faudra :
« Trouver une médication qui guérisse le choléra asiatique dans l'immense
» majorité des cas; »
Ou
« Indiquer d'une manière incontestable les causes du choléra asiatique, de façon
» qu'en amenant la suppression de ces causes on fasse cesser l'épidémie; »
Ou enfin
« Découvrir une prophylaxie certaine, et aussi évidente que l'est, par exém-
» plcj celle de ta vaccine pour la variole. »
2° Pour obtenir le prix annuel représenté par l'intérêt du capital, il
faudra, par des procédés rigoureux, avoir démontré dans l'atmosphère
l'existence de matières pouvant jouer un rôle dans la production ou la
propagation des maladies épidémiques.
Dans le cas où les conditions précédentes n'auraient pas été remplies, le
prix annuel pourra, aux termes du testament, être accordé à celui qui aura
trouvé le moyen de guérir radicalement les dartres, ou qui aura éclairé leur
étiologie.
PRIX GODARD.
Par un testament, en date du 4 septembre 1862, M. le D"" Godard a légué
à l'Académie des Sciences « le capital d'une rente de mille jrancs, trois pour
cent, pour fonder un prix qui, chaque année, sera donné au meilleur
Mémoire sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie des organes
génito-urinaires. Aucun sujet de prix ne sera proposé.
» Dans le cas où, une année, le prix ne serait pas donné, il serait ajouté
» au prix de l'année suivante. »
En conséquence, l'Académie annonce que le prix Godard sera décerné,
chaque année, dans sa séance publique, au travail qui remplira les condi-
tions prescrites par le testateur.
( 463 )
PRIX SERRES.
M. Serres, membre de l'Institut, a légué à l'Académie des Sciences une
somme de soixante mille francs, pour l'institution d'un ]mx triennal « sur
» V embryologie générale appliquée autant que possible à la Physiologie et
» à la Médecine ».
Un décret en date du 19 août 1868 a autorisé l'Académie à accepter ce
legs; en conséquence, elle décernera un prix de la valeur de sept mille
cinq cents francs^ dans sa séance publique de l'année 1881, au meilleur
Ouvrage qu'elle aura reçu sur cette importante question.
Les Mémoires devront être déposés au Secrétariat de l'Institut avant le
i"juin 1881.
PRIX CHAUSSIER.
M. Chaussier a légué à l'Académie des Sciences, par testament
en date du 19 mai t863, « une inscription de rente de deux mille
cinq cents francs par au, que l'on accumulera pendant quatre ans
pour donner un prix sur le meilleur Livre ou Mémoire qui aura paru
pendant ce temps, et fait avancer la Médecine, soit sur la Médecine légale,
soit sur la Médecine pratique. »
Un décret, en date du 7 juillet 1869, a autorisé l'Académie à accepter
ce legs. Elle décernera ce prix, de la valeur de dix mille francs, dans sa
séance publique de l'année i883, au meilleur Ouvrage paru dans les quatre
années qui auront précédé son jugement.
Les Ouvrages ou Mémoires devront être déposés au Secrétariat de l'In-
stitut avant le i" juin i883.
PRIX DUSGATE.
M. Dusgate, par testament en date du 1 1 janvier 1872, a légué à l'Acadé-
mie des Sciences cmq cents francs de rentes françaises trois pour cent sur
l'Elat, pour, avec les arrérages annuels, fonder un prix de deux mille cinq
cents francs, à délivrer tous les cinq ans à l'auteur du meilleur Ouvrage sur
les signes diagnostiques delà mort et sur les moyens de prévenir les inhu-
mations précipitées.
Un Décret du 27 novembre 1874 a autorisé l'Académie à accepter
{ 464 )
ce legs; en conséquence elle décernera le prix Dusgate, pour la première
fois, dans sa séance publique de l'année 1880.
Les Ouvrages ou Mémoires seront reçus au Secrétariat de l'Institut jus-
qu'au i" juin.
PRIX BOUDET.
Par un acte en date du 5 juillet 1878, M™^ Veuve Boudetet ses fils ont
fait donation à l'Académie des Sciences d'une somme de six mille francs,
dont l'emploi, conformément aux intentions exprimées par feu M. Félix
Boudet, Membre de l'Académie de Médecine, aura lieu de la manière sui-
vante:
« Les travaux de M. Pasteur, dit M. Boudet, ont ouvert à la Médecine
» des voies nouvelles. Un prix de six mille francs sera décerné en 1880, par
» l'Académie des Sciences, à celui qui aura fait de ces travaux l'applica-
» tion la plus utile à l'art de guérir. »
Un Décret en date du 7 janvier 1879 a autorisé l'Académie à accepter
cette donation; en conséquence, elle décernera le prix Boudet, en 1880,
s'il y a lieu, à l'auteur dont les travaux sur l'influence patliogénique des
organismes inférieurs a.uront paru dignes de cette distinction.
Les Mémoires, manuscrits ou imprimés, devront être déposés au Secré-
tariat de l'Institut avant le i*"^ juin 1880.
GEOGRAPHIE PHYSIQUE.
PRIX GAY.
Par un testament en date du 3 novembre 1873, M. Claude Gay, Membre
de l'Institut, a légué à l'Académie des Sciences une rente perpétuelle de
deux mille cinq cents francs, pour un^n'x annuel de Géographie physique,
conformément au Programme donné par une Commission nommée à cet
effet.
L'Académie propose, en conséquence, pour sujet du prix Gay, qu'elle
décernera pour la première fois dans sa séance publique de l'année 1880 ,
la question suivante :
( 465 )
« Etudier tes mouvements d'ex hausse metU et d'abaissement qui se sont pro-
» duits sur le littoral océanique de la France, de Dunkerque à la Bidassoa,
» depuis l'époque romaine jusqu'à nos jours ;
» Rattacher à ces mouvements les Jaits de même nature qui ont pu cire con-
» statés dnns l'intérieur des terres;
» Grouper et discuter les renseignements historiques en les contrôlant par une
» étude faite sur les lieux;
M Rechercher entre autres^ avec soin, tous les repères qui auraient pu être
» placés à diverses époques, de manière à contrôler les mouvements passés et
n servir à déterminer tes mouvements de l'avenir. »
Les Mémoires seront reçus jusqu'au i'^'' juiu 1880.
PHYSIOLOGIE.
PRIX MONTYON, PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE.
M. de Montyon ayant offert une somme à l'Académie des Sciences, avec
l'intention que le revenu en fût affecté à un prix de Physiologie expé-
rimentale à décerner ctiaque année, et le Gouvernement ayant autorisé cette
fondation, l'Académie annonce qu'elle adjugera une médaille de la va-
leur de sept cent cinquante francs à l'Ouvrage, imprimé ou manuscrit,
qui lui paraîtra avoir le plus contribué aux progrès de la Physiologie expéri-
mentale.
PRIX L. LACAZE.
Voir page 452.
PRIX GEÎVERAUX.
PRIX MONTYON, ARTS INSALUBRES.
Conformément au testament de M. Anget de Montyon, et aux Ordon-
nances du 29 juillet 1821, du 2 juin 1825 et du aS août 1829, il sera
décerné un ou plusieurs prix aux auteurs des ouvrages ou des découvertes
( 466 )
qui seront jugés les plus utiles à l'art de guérir, et à ceux qui auront trouvé
les moyens de rendre un art ou un métier moins insalubre.
L'Académie a jugé nécessaire de faire remarquer que les prix dont il
s'agit ont expressément pour objet des découvertes et inventions propres à
perfectionner la Médecine ou la Chirurgie, ou qui diminueraient les dan-
gers des diverses professions ou arts mécaniques.
Les pièces admises au Concours n'auront droit au prix qu'autant qu'elles
contiendront une découverte parfaitement déterminée.
Si la pièce a été produite par l'auteur, il devra indiquer la partie de son
travail où cette découverte se trouve exprimée : dans tous les cas, la Com-
mission chargée de l'examen du Concours fera connaître que c'est à la dé-
couverte dont il s'agit que le prix est donné.
Les Ouvrages ou Mémoires présentés au Concours doivent être envoyés
au Secrétariat de l'Institut avant le i" juin de chaque année.
PRIX CUVIER.
La Commission des souscripteurs pour la statue de Georges Cuvier ayant
offert à l'Académie une somme résultant des fonds de la souscription restés
libres, avec l'intention que le produit en fût affecté à un prix qui porterait
le nom de prix Cuvier^ et qui serait décerné tous tes trois ans à l'Ouvrage le
plus remarquable, soit sur le règne animal, soit sur la Géologie, et le Gou-
vernement ayant autorisé cette fondation par une Ordonnance en date du
9 août 1 83g, l'Académie annonce qu'elle décernera, dans sa séance publique
de 1882, le prix Cuvier à l'Ouvrage qui sera jugé le plus remarquable entre
tous ceux qui auront paru depuis le i" janvier 1880 jusqu'au 3i dé-
cembre 1882, soit sur le règne animal, soit sur la Géologie.
Ce prix consistera en une médaille de la valeur de quinze cents francs.
PRIX TRÉMONT.
M. le baron de Trémont, par son testament en date du 5 mai 1847,
a légué à l'Académie des Sciences une somme annuelle de onze cents francs,
pour aider dans ses travaux tout savant, ingénieur, artiste ou mécanicien,
auquel une assistance sera nécessaire « pour atteindre un but utile et glo-
rieux pour la France ».
Un décret, en date du 8 septembre 1 856, a autorisé l'Académie à accepter
cette fondation.
\
( 467 )
En conséquence, l'Académie annonce que, dans sa séance publique de
l'année t88o, elle accordera la somme provenant du legs Trémont, à titre
d'encouragement, à tout « savant, ingénieur, artiste ou mécanicien » qui,
se trouvant dans les conditions indiquées, aura présenté, dans le courant
de l'année, une découverte ou un perfectionnement paraissant répondre le
mieux aux intentions du fondateur.
PRIX GEGNER.
M. Jean-Louis Gegner, par testament en date du 12 mai 1868, a légué
à l'Académie des Sciences « un nombre d'obligations suffisant pour former
le capital d'un revenu annuel de quatre mille francs, destiné à soutenir un
savant pauvre qui se sera signalé par des travaux sérieux, et qui dès lors
pourra continuer plus fructueusement ses recherches en faveur des pro-
grès des sciences positives ».
L'Académie des Sciences a été autorisée, par décret en date du 2 oc-
tobre 1869, à accepter cette fondation.
PRIX DELALANDE-GUÉRINEAU.
Par un testament en date du 1 7 août 1 872, M"® Veuve Delalande-Guérineau
a légué à l'Académie des Sciences une somme réduite à dix mille cinq francs,
pour la fondation d'un prix à décerner tous tes deux ans « au voyageur
» français ou au savant qui, l'un ou r autre, aura rendu le plus de services à
» la France ou à la Science » .
Un Décret en date du 25 octobre 1873 a autorisé l'Académie à accepter
ce legs. Elle décernera, en conséquence, le prix Delalande-Guérineau dans
sa séance publique de l'année 1880.
Les pièces de concours devront être déposées au Secrétariat de l'Institut
avant le i" juin.
PRIX JEAN REYNAUD.
jyjme veuve Jean Reynaud, « voulant honorer la mémoire de son mari
et perpétuer son zèle pour tout ce qui touche aux gloires de la France»,
a, par acte en date du 23 décembre 1878, fait donation à l'Institut de
France d'une rente sur l'État français, de la somme de dix mille francs ,
destinée à fonder un prix annuel qui sera successivement décerné par
les cinq Académies « au travail le plus méritant, relevant de chaque
(468 )
classe de l'Institut, qui se sera produit pendant une période de cinq ans ».
Le prix J. Reynaud, dit la fondatrice, ira toujours à une œuvre origi-
» nale, élevée et ayant un caractère d'invention et de nouveauté.
» Les Membres de l'Institut ne seront pas écartés du Concours.
» Le prix sera toujours décerné intégralement; dans le cas où aucun
» Ouvrage ne semblerait digne de le mériter entièrement, sa valeur sera
» délivrée à quelque grande infortune scientifique, littéraire ou artistique. »
Un Décret en date du 25 mars 1879 a autorisé l'Institut à accepter cette
généreuse donation. En conséquence, l'Académie des Sciences annonce
qu'elle décernera le prix Jean Reynaud, pour la première fois, dans sa
séance publique de l'année 1881.
PRIX JÉRÔME PONTI.
M. le chevalier André Ponti, désirant perpétuer le souvenir de son frère
Jérôme Ponti, a fait donation, par acte notarié du 1 1 janvier 1879, d'une
somme de soixante mille lires italiennes, dont les intérêts devront être
employés par l'Académie « selon qu'elle le jugera le plus à propos pour
encourager les Sciences et aider à leurs progrès ».
Un Décret en dale du i5 avril 1879 a autorisé l'Académie des Sciences
à accepter cette donation ; elle annonce, en conséquence, qu'elle décernera
le prix Jérôme Ponti, tous les deux ans, à partir de l'année 1882.
Le prix, de la valeur de trois mille cinq cents francs, sera accordé à l'auteur
d'un travail scientifique dont la continuation ou le développement seront
jugés importants pour la Science.
PRIX FONDÉ PAR M"^ LA MARQUISE DE LAPLACE.
Une Ordonnance royale a autorisé l'Académie des Sciences à accepter la
donation, qui lui a été faite par Madame la Marquise de Laplace, d'une
renie pour la fondation à perpétuité d'un prix consistant dans la collection
complète des Ouvrages de Laplace.
Ce prix est décerné, chaque année, au premier élève sortant de l'École
Polytechnique.
( 4(i9 )
CONDITIONS COMMUNES AUK CONCOURS.
ÏA'S foiicunents sont |)réveniis que l'Académie ne leiidia aucun di'.s
Ouvrages envoyés aux Concours; les auteurs auront la liberlé d'en laire
prendre des copies au Secrétariat de l'Institut.
Par une mesure générale prise eu i865, l'Académie a décidé (|Uf la
clôture des Concours pour les prix qu'elle propose aurait lieu à la même
é|ioi]ne de l'aïuiée, et le terme a été fixé au premiek juin.
L'Académie juge nécessaire de faire lemarquir à MM. les Concurrents,
pour les prix relatifs à la Médecine et aux Arts insalubres :
1° Qu'ds ont expressément poui- objet des découvei tes et invodioiis
propres à perfectioiuier la jMédecine ou la Chirurgie, ou à rendre un art
moins insalubre;
2° Que les pièces adressées pour le Concours n'auioiit droit aux prix
qu'autant qu'elles contiendront une dtcouverte farfniiemenl délerminée, ou
une application bien constatée;
3° Que l'auteur doit indiquer, par mie analyse succincte, la partie de
son travail où cette découverte se trouve exprimée, et que, faute de cette
indication, sa pièce ne sera point admise. Cette analyse doit être en double
copie.
Nul n'est autorisé à prendre le titre de Lauréat de l'Académie s'd
n'a été jugé digne de recevoir un Prix. Les personnes qui ont obtenu
des récompenses, des encouragements ou des mentions, n'ont pas droit à
ce titre.
LECTURES.
M. J. Bertkaxd lit lÉloge historique de M. Marie-Fraxcois-Eucèxe
Belgrand, Acadéniicieti libre.
D. et J. B.
C. K., itbu, 1" Semcstie. I.XC K" 9. ) '»2
TABLEAUX
DES PRIX DECERNES ET DES PRIX PROPOSES
DANS LA. SÉANCE DU LUNDI 1" MARS 1880.
TABLEAU DES PRIX DÉCERNÉS.
ANNEE 1879.
MÉCANIQUE.
PkIX extraordinaire de six SilLLE FRANCS.
— Progrès de nature à accroître reflicacité
de nos forces navales. Le Concours est pro-
rogé à l'année i8So 392
Prix Poncelet. — Le prix est décerné à
M . Moutard 3g3
Prix Moxtaon. — Le prix n'est pas décerné. . SgS
I\l. Dalmont. — Le prix est décerné à M. Col-
ligiion 3y3
Prix Plumeï. — Le prix n'est pas décerné. . SgS
Prix Foihneyrox. — Le prix n'est pas décerné.
Le Concours est prorogé à l'année 1881 . . . Sij^
ASTRONOMIE.
Prix Lalasde. — Le prix est décerné à BL C-
H.-F. Peters, de Clinton (États-Unis) og'j
Prix Valz. — Le prix est décerné à M. Trou-
velot 39^
Prix Damoiseau. — Kevoir la théorie des sa-
tellites de Jupiter. La question est main-
tenue au concours. Le prix n'est pas dé-
cerné. Un encouragement de mille francs
est accordé à M. Souiilart 093
PHYSIQUE.
Prix L. Lacaze. — Le prix est décerné à M. Le
Roux 396
Prix Vaillant. — Perfectionner en quelque
point important la télégraphie phonétique.
Le Concours est prorogé il l'année 18S0. . . SgS
STATISTIQUE.
Prix Montyon. — Le prix est décerné à M. J^.
de Saint-Geitls. La Commission accorde : à
M. Borius le rappel du prix qu'il a obtenu
eu 1873, un encouragement de la valeur de
quatre cents francs à M. G. Le Bon, et une
mention très honorable à RL Bonnauge . . 398
CaiMIE.
Prix Jecker. — Le prix est partagé de la ma-
nière suivante : M. RIban obtient quatre
mille francs, M. Boiirgoin quatre mille
francs, M. Cra/"rt deux mille francs l^o~j
Prix L. Lacaze. — Le prix est décerné à
M. Lecoq de Boisbaudrait !\0^
GÉOLOGIE.
Grand prix des Sciences puysioi'es. — Étude
approfondie des ossements fossiles de l'un
des dépôts tertiaires situés en France. Le
prix est décerné à M. Filhol. Une récom-
pense de mille francs est accordée à M. Le-
nioine ^11
BOTANIQUE.
Prix Bardier. — Le prix n'est pas décerné.
Un encouragement de mille francs est ac-
cordé a M. le D' Muiwmriez 4 ' 6
Prix Aluumuert. — Physiologie des Champi-
gnons. Le Concours est prorogé à l'an-
née i88i 4'7
Prix Desmazières. — Deux encouragements,
de sept cent cinquante francs chacun, sont
accordés, l'un h M. Crie, l'autre à M. le
D"" Leudugcr-ForCmoreî 4^7
Prix ëokdin. — Faire connaître, par des ob-
servations et des expériences, l'inlluence
qu'exerce le milieu sur la structure des
organes végétatifs (racines, tige, feuilles).
Étudier les variations que subissent les
plantes terrestres élevées dans l'eau et celles
qu'éprouvent les plantes aquatiques forcées
( hv )
(le vivre dans l'air. Expliquer, par des ex-
périences directes, les formes spéciales de
quelques espèces de la flore maritime. Le
Concoiiis est prorogé à l'année iS8i ^i8
AKATOMIE ET ZOOLOGIE.
Grand rnix des Scien'ces pinsiuits. — Étude
comparative do l'organisation intérieure
des divers Crustacés édriophtlialmes qui
habitent les mers d'Europe. Le Concours
est prorogé à l'année iSSi '|Tg
Prix Sivigxï. — Le prix n'est pas décerné.. '|20
PrixTuore. — Le prix est décerné à M. Edtiard
Brandt 4 - '
MÉDECIKE ET CHtlHJRGIE.
Prix Montvon. — La Commission décerne
trois prix : à MM. Dujardin-Beaumetz et
Audigéy à M. Tlllaux et à M. Auguste
Voisin. Elle accorde trois mentions hono-
rables ; il M. Dochefontaine^ à M. Lecorché
et h M. Simonin, et cite honoi-ablenient
dans le Rapport MM. Azam, G. Delaunay y
Grasset, Gréhant, Poncet, Porak, RiembauU. ^1-2.
Prix Kréast. — Un prix de cinq mille francs
est décerné à M. Toussaint /|»K
Prix Godard. — La Commission décerne deux
pris, de mille francs chacun, à MM. Alph.
Guérin et Ledouble 4-9
Pages.
Prix Ciiaussier. — Le prix est décerné à
M. Ainbroise Tardiez f^Zt
PHYSIOLOGIE.
Prix Moxtyov, Physiologie expérimextale. —
Le prix est décerné à M. Fraiiçois-Franck. 4-53
Prix L. Lacaze. — Le prix est décerné à M. le
D' Davaine 4^7
PRIX GÉNÉRAUX.
Prix Mostyox, Arts insalubres. — Le prix est
décerné à MM. Boutmy et Faucher. Un
encouragement de mille cinq cents francs
est accordé à M. le D' Haro 4^7
Prix Cdvier. — Le prix est décerné à M. Slu-
der 1^4^
Prix Trémont. — Le prix est décerné ii
W. Thollon 444
Prix Gegner. — Le prix est décerné à M. Gau-
gain 444
Prix Laplace. — Le prix est décerné à M. C.-M .
ll'alchenaër, sorti le premier, en 1879, de
l'École Polytechnique et entré à l'École
des Mines 444
Vn prix de trois mille francs est décerné à
M. William Croohes pour l'ensemble de ses
expériences 44^
TABLEAU DES
pour les années 1880
GÉOMÉTRIE.
1880. Graxd prix des Sciences mathëmatiçioes.
— Perfectionner en quelque point impor-
tant la théorie des équations différentielles
linéaires à une seule variable indépen-
dante 4'l '
MÉCANIQUE.
1880. Prix extraordinaire de six mille francs.
— Destiné à récompenser tout progrès de
nature à accroître l'efficacité de nos forces
navales 44^
1880. Prix PoNCELET 446
1880. Prix MoNTYOs 446
1880. Prix Plvmey 44-;
188'2. Prix Dalmont 44-
1881. Prix Folrseyrox. — Construction d'une
machine motrice propre au service de la
traction sur les tramways 4 17
1880. Prix Bordin. — Trouver le moyen de
faire disparaître ou au moins d'atténuer
sérieusement la gène et les dangers que
PRIX PROPOSÉS
i88i, 1882 et i883.
présentent les produits de la combustion
sortant des cheminées sur les chemins de
fer, sur les bâtiments à vapeur, ainsi que
dans les villes, à proximité des usines à
feu 448
ASTRONOMIE.
1880. Prix Lalande l^So
188'2. Prix Damoiseau. — Revoir la théorie
des satellites de Jupiter l^io
1880. Prix Valz 45i
PHYSIQUE.
1880. Grand prix des Sciences mathëmatioues.
— Étude de l'élasticité d'un ou de plu-
sieurs corps cristallisés, au double point
de vue expérimental et théorique 4-^*
1881. Prix L. Lacaze 453
1880. Prix Vaillant. — Perfectionner en
quelque point important la télégraphie
phonétique 4-^3
STATISTIQUE.
1880. Prix Montïon
453
■'17-
Pilfîl'S
cm MIT.
1880. PkixJf.ck[
1SS1. rmx I.. L.
r.Éoi.ociE.
1881. r.i;Axi> vnix nrs Scif.ncf.s Piivsioi'i'.s. - -
litiiile géologique apiuofondie d'une ré-
gion de la France
1880. Pinx Konni.-i. — Étude approl'ondie
dune qneslion relative à la Géologie Je la
France
BOTAKTOUF--
1880. Prix Umibiei\
1881. Pwx Aliiumuekï. — Pliysiologie des
Clianipignons
ISbU. Prix Desmaziéres
1880. Prix bi-; L\ Foxs Mêlicocqi
1880. Pr.x Tiiore
1S81. Prix lioRDiN. —Faire connaître, par des
observations directes et des expériences,
l'iiilluence qu'exerce le njilieu sur la struc-
ture des organes végétatils (racines, tige,
feuilles), étudier les variations que su-
bissent les plantes terrestres élevées dans
leau, et celles qu'éprouvent les plantes
aquatiques forcées de vivre dans l'air.
Expliquer par des expériences directes les
formes spéciales de quelques espèces de la
flore maritime
1881. Prix HuRdis. — Étude comparative de
la structure et du développement du liège,
et en général du système tégumentaire,
dans la racine
AGRICtJLTURE.
1883. Prix MoRocrEs
'|J'(
r|OJ
/|,')J
/|.')(i
lôfi
AINATOMIE ET ZOOLOlîIlC.
1880. Granh prix iiEs Sciences I'Hvskiues. —
Étude du mode de distribution des ani-
maux marins du littoral de la France
1881. Grand prix dis Sciences piiïsiqies. —
Étude comparative de l'organisaliun inté-
rieure des divers Crustacés édriophlhalmcs
qui habitent les mers d'Europe
1880. Prix Savignv
18S0. Prix Tuore
',-.6
/|57
^^7
',58
158
V9
,'ir,o
.'|(ii
'fi.
4G3
4n.'5
/|G3
ffi'-t
Pages
188'?. Prix da Gajia Maciiado. — Sur les par-
ties colorées du système tégumentaire des
animaux ou sur la matière fécondante des
êtres animés 4""
MÉUECINE ET CHiraiIÎGlE.
1880. PrIx IMontïon. Médecine et Ciiirl-rcie. .
1880. Prix Iîréant
1880. Prix Godard
1881. Prix Serres ■
1883. Prix Cuaessier
1880. Prix Duscate
1880. Prix Boudet. — Application la plus
utile des travaux de M. Pasteur à l'art de
S""''''
GI^:OGliAl>HlE PHYSIQUE.
1880. Prix Gav. — Étudier les mouvements
d'exhaussement et d'abaissement qui se
sont produits sur le littoral océanique de
la l'rance, de Duiikerque il la Bidassoa,
depuis l'époque romaine jusqu'à nos jours.
Pvaltacher ii ces mouvements les faits de
même nature qui ont pu être constatés
dans riutéricur des terres. Grouper et
discuter les renseignements historiques en
les conlrôlaut par une étude faite sur les
lieux. Rechercher, entre autres, avec soin,
tous les repères qui auraient pu être placés,
a diverses époques, de manière à contrôler
les mouvements passés et servir i» déter-
miner les mouvements de l'avenir
PHYSIOLOGIE.
1880. Prix Montvon, Physiologie expêrimes-
1 ALE
1881. Prix L. Lacaze
46',
465
465
praX GÉJNÉRAUX.
1880. Prix Montvon, Auts issalerkes.
1882. Prix Cuvier
1880. Prix Tremont
1880. Prix Gegner
1880. Prix Delalande-Guërineau
1881. Prix Jean Re\naiid
1882. Prix Jërome Ponti
1 S80. Prix I.aplace
Conditions communes aux Concours .' ' , ,' ",
Conditions spéciales aux Concours Montyon (Médecine et Cl,ir,„g,e et Arts insalubres). . .
Avis relatif au titre de Laurcal de f Académu-
4«5
466
466
46,
467
46,
468
468
4B9
4 "9
TABLEAU PAR ANNÉE
DES PRIX PROPOSÉS POUR 1880, 1881, 1882 ET 1883.
1880
GkaND prix dus ScIIÎSCES MATlIl-HIAllOmiS. Pfl'-
fi'Ctionner en quelque point important la Ihéorio
des èqnalions dinVrenlielles linéaires à une seule
variable indépendante.
Prix extraordinaire de six mille praxcs. — J'ro-
giès de nature à accroître l'efticacité de nos forces
navales.
Prix Poncelet. — Décerné à l'auteur de l'Ou-
vrage le plus utile aux progrés des Sciences ma-
thématiques pures ou appliquées.
Prix Montvos. — Ulécanique.
Prix Plitmev. — Décerné à l'auteur du perfec-
tionnement le plus important, relatif à la con-
struction ou à la théorie d'une ou plusieurs
machines hydrauliques, motrices ou autres.
Prix Bordin. — Trouver le moyen de faire dis-
paraître ou au moins d'atténuer sérieusement la
gène et les dangers que présentent les produits
de la combustion sortant des cheminées sur les
chemins de fer, sur les bâtiments à vapeur, ainsi
que dans les villes, à proximité des usines à feu.
Prix Lalaxde. — Astronomie.
Prix Valz. — Astronomie.
Grand prix des Sciences mathématiql'es. — Étude
de l'élasticité d'un ou de plusieurs corps cristallisés,
au double point de vue expérimental et théorique.
Prix Vaillant. — Perfectionner en quelque
point important la télégraphie phonétique.
Prix Montvon. — Statîsti(iue.
Prix Jecker. — Chimie organique.
Prix Bordin. — Étude approfondie d'une ques-
tion relative à la géologie de la France.
Prix Barbier. — Décerné ii celui qui fera une
découverte précieuse dans les sciences chirurgicale,
médicale, pharmaceutique, et dans la Botanique
ayant rapport à l'art de guérir.
Prix Desmaziëres. — Décerné à l'auteur de l'Ou-
vrage le plus utile sur tout uu partie de la Cryp-
togamie.
Prix DE La Fons Mllicocq. — Décerné au meilleur
ouvrage de Botanique sur le nuid de la France.
Prix Thore. — Dérerné alternativement aux
travaux sur les Cryptogames cellulaires d'Europe,
et aux recherches sur les mœurs ou l'anatomîe
d'une espèce d'Insectes d'Europe.
Grand prix des Sciences physiques. — Étude du
mode de distribution des animaux marins du lit-
toral de la France.
Prix Savicnv, fondé par M"" Letellier. — Dé-
cerné à de jeunes zoologistes voyageurs.
Prix Montvon. — Médecine et Chirurgie.
Prix Brêant. — Décerné à celui qui aura trouvé
le moyen de guérir le choléra asiatique.
Prix Godard. — Sur l'anatomie, la physiologie
et la pathologie des organes génito-urinaires.
Prix Dusgate. — Décerné a l'auteur du meilleur
ouvrage sur les signes diagnostiques de la mort et
sur les moyens de prévenir les inhumations pré-
ci[iilées.
Prix Boudet. — Décerné à celui qui aura fait
des travaux de M. Pasteur l'application la plus
utile à l'art de guérir.
Prix Gav. — Étudier les mouvements d'exhaus-
sement et d'abaissement qui se sont produits sur
le littoral océanique de la France, de Dunkerque
à la Bidassoa, depuis l'époque romaine jusqu'il
nos jours. Rattacher à ces mouvements les faits de
même nature qui ont pu être constatés dans l'in-
térieur des terres. Grouper et discuter les rensei-
gnements historiques en les contrôlant par une
étude faite sur les lieux. Rechercher, entre autres,
avec soin, tous les repères qui auraient pu être
placés, à diverses époques, de manière il contrôler
les mouvements passés et servir à déterminer les
mouvements de l'avenir.
Prix Montvon. — Physiologie expérimentale.
Prix Montvon. — Arts insalubres.
Prix Trêmont. — Destiné à tout savant, artiste
ou mécanicien auquel une assistance sera néces-
saire pour atteindre un but utile et glorieux pour
la France.
Prix Gei.n^r. — Destiné ii soutenir un savant
( 474
qui se sera signalé par des travaux sérieux, pour-
suivis en faveur du progrès des sciences positives.
Prix Dclalande-Gcérineai;. — Décerné au voya-
geur français ou au savant qui, l'un ou l'autre,
aura rendu le plus de services à la France ou à la
Science.
Prix Laplace. — Décerné au premier élève sor-
tant de l'École Polytechnique.
1881
Prix Focrseïron. — Décerné au meilleur Mé-
moire ayant pour objet la construction d'une ma-
chine motrice propre au service de la traction sur
les tram'vvays.
Prix L. Lacaze. — Décerné à l'auteur du meil-
leur travail sur la Physique.
Prix L. Lacaze. — Décerné à l'auteur du meil-
eur travail sur la Chimie.
Prix L. Lacaze. — Décerné h l'auteur du meil-
leur travail sur la Physiologie.
Grand prix des Sciesxes physiodes. — Étude géo-
logique approfondie d'une région de la France.
Prix Alhembert. — Physiologie des champignons.
Prix Bordin. — Faire connaître, par des obser-
vations directes et des expériences, l'influence
qu'exerce le milieu sur la structure des organes
végétatifs (racines, tiges, feuilles), étudier les va-
riations que subissent les plantes terrestres éle-
vées dans l'eau, et celles qu'éprouvent les plantes
aquatiques forcées de vivre dans l'air. Expliquer
par des expériences directes les formes spéciales
de quelques espèces de la flore maritime.
Prix Bordin. — Étude comparative de la struc-
ture et du développement du liège, et en général
du système tégumentaire, dans la racine.
Grand prix des Sciences physiques. — Étude com-
parative de l'organisation intérieure des divers
Crustacés édriophlhalmes qui habitent les mers
d'Europe.
Prix Serres. — Sur l'embryologie générale
appliquée autant que possible à la Physiologie et
à la Médecine.
Prix Jean Reynayd. — Décerné au travail le plus
méritant qui se sera produit pendant une période
de cinq ans.
1882
Prix Dalmont. — Décerné aux ingénieurs des
Ponts et Chaussées qui auront présenté à l'Acadé-
mie le meilleur travail ressortissant à l'une de ses
Sections.
Prix Damoiseau. — Revoir la théorie des satel-
lites de Jupiter: discuter les observations et en
déduire les constantes qu'elle renferme, et parti-
culièrement celle qui fournit une détermination
directe de la vitesse de la lumière; enfin con-
struire des Tables particulières pour chaque sa-
tellite.
Prix da Gam\ Maciiado. — Décerné au meilleur
Mémoire sur les parties colorées du système tégu-
mentaire des animaux ou sur la matière fécon-
dante des êtres animés.
Prix Cuvier. — Destiné à l'Ouvrage le plus re-
marquable soit sur le règne animal, soit sur la
Géologie.
Prix Jérôme Ponti. — Décerné à l'auteur d'un
travail scientifique dont la continuation ou le dé-
veloppement seront jugés importants pour la
Science.
1883
Prix Morogces. — Décerné à l'Ouvrage qui aura
fait faire le plus grand progrès à l'Agriculture en
France.
Prix Coaissieb. — Décerné h des travaux m-
portants de Médecine légale ou de Médecine pra-
tique.
( 475 )
BULLETIN BIBLIUGKAPUIQUE
Ouvrages reçus dans la séance du 23 février 1880.
Description des machines et procédés pour lesquels des bievets d'invention ont
été pris sous le régime de la loi du S juillet i844> publiée par les ordres de
M. le Ministre de l'Agriculture et du Commerce; l. XCV. Paris, Impr.
nationale, i88o;in-4°.
Catalogue des brevets d'invention (année 1879); J"'"> juillet, août. Paris,
J.Tremblay, 1879; 6 livr. in-8°.
De l'influence de l'attitude des membres sur leurs articulations; par]e D'' E.
Masse. Montpellier, Conlet; Paris, V. A. Delahaye, 1880; in-4°. (Renvoi
au Concours Monlyon, Jlédecine et Chirurgie, 1880.)
Leçons clinicpies sur les maladies des Jemmes ; par T. Gallard. Paris, J.-B.
Baiîliére, 1879; in-8''. (Renvoi au Concours Monlyoïî, Médecine et Chi-
rurgie, 1880.)
Mémoires de la Société d'émulation du Doubs; 5*^ série, t. III, 1878. Besan-
çon, impr. Dodivers, 1879; in-8°.
Les oscillations polaires et les températures géologiques. Nouvelles considéra-
tions; par J. Péroche. Paris, Germer-Baillièi'e, 1880; in-8°. (Extrait des
Mémoires de la Société des Lettres, Sciences et Arts de Bar-le-Duc.)
Notice sur Ernest Quetelet;parE. Mailly. Bruxelles, F. Hayez, 1880;
in- 18.
Observations anatomico-pliysiologiques sur les insectes en général et en parti-
culier sur le ver à soie du mûrier; par le D"^ de Filippi, Montpellier, C. Cou-
let, 1879; '"■8°-
Des soieries et des vers à soie en Chine; par le P. J.-B. nu Halde. Mont-
pellier, C. Coulet, 1879; in-8°.
Société industrielle du nord de la France. Compte rendu des travaux de la
Société; par M. B. Corenwinder, Lille, impr. L. Danel, 1880; br. in-8°.
Report on ihe meleorology of Kerguelen island; by Rev. S. J. Perry.
I.ondon, 1879; in-4°. (Renvoi à la Coinniission du Passage de Véiuis.)
( ^1^ )
Ferhandeliricjen van hel Balaviaasch genootsclwp vnn kitnslen en wcten-
scltappen; deel XL. Batavin, W. Bruining, 1879; in-S". (Deux exemplaires.)
Sueriges geologhka undcrsôkning ; ser. Aa. n°* 68-69, 71-72; scr. Ab,
ij°' 4-5; ser. C, n"' 31-32, 3i-35. Stockliolm, 1879; 11 l.vr. iii-8'' avec
4 cartes.
Sveriges geologiska undersôkning; scr. C, 1»°* 29 et 33. Slockliolm, 1879 '
2 livr. in-4°.
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 8 MARS 1880.
PRÉSIDENCE DE M. WURTZ, VICE-PRÉSIDENT.
MEMOUIES ET COMMUIVICATIOAS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMiE.
M. le Maire de Chatillox-sur-Loing (Loiret) informe l'Académie que,
le Conseil municipal de Châtillon-sur-Loing ayant exprimé, à l'unani-
milé, le vœn qu'une statue fût élevée à A.-C. Becquerel sur une des places
publiques de cette ville, où il est né, luie souscription publique a été
ouverte à cet effet.
Les concitoyens de M. Becquerel veulent consacrer, par l'érection de
ce monument, le souvenir de la noble conduite du commandant du génie
pendant la guerre d'Espagne et celui des immenses services que l'illustre
académicien a rendus aux Sciences, par les travaux et les découvertes qui
ont marqué pour toujours sa place dans l'histoire de l'électricité.
M. le RIaire de Châtillon-sur-Loing s'adresse avec confiance à l'Aca-
démie des Sciences, j"g^ naturel de l'importance de ces découvertes, pour
en obtenir l'appui moral qu'il lui appartient de donner à la souscription
publique provoquée par le Conseil municipal.
L'Académie accueille cette demande avec la plus vive sympathie, et
décide qu'une liste sera ouverte au Secrétariat, où les souscriptions des
Sociétés savantes et celles des personnes qui voudront s'associer aux hon-
neurs rendus à la mémoire de notre vénérable confrère seront reçues avec
reconnaissance.
M. le Secrétaire perpétuel annonce a l'Académie que le TomeLXXXYIlI
des Comptes rendus (i" semestre 1879) est en distribution au Secrétariat.
C. R., 1S80, I" Semestre. (T. XC, N° 10.) 63
( 478 )
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur quelques applications des fondions
elliptiques. Note de M. Hermite.
« XXIV. Les fonctions doublement périodiques de seconde espèce avec
un pôle simple, qu'on pourrait nommer unipolaires, donnent, comme nous
l'avons vu, la solution découverte par Jacobi du problème delà rotation
d'un corps autour d'un point fixe, lorsqu'il n'y a point de forces accélé-
ratrices. Ces mêmes quantités s'offrent encore dans une autre question
mécanique importante, la recherche de la figure d'équilibre d'un ressort
soumis à des forces quelconques, que je vais traiter succinctement. On sait
que Binet a réussi le premier à ramener aux quadratures l'expression des
coordonnées de l'élastique, dans le cas le plus général où la courbe est à
double courbure {Comptes rendus, t. XVIII, p. iii5, et t. XIX, p. i). Son
analyse et ses résultats ont été immédiatement beaucoup simplifiés par
Wantzel ('), et j'adopterai la marche de l'éminent géomètre en me propo-
sant de conduire la question à son terme et d'obtenir explicitement les
coordonnées de la courbe en fonction de l'arc. Mais d'abord je crois devoir
considérer le cas particulier où l'élastique est supposée plane et où l'on a,
en désignant l'arc par s [Mécanique de Poisson, t. I, p. SgS),
, 2 c' d.r , {i(Lx — x'^\ dx
as = ; dy =
, ax — x^ j
^4c' — [T.ax — x''Y y/4<^' — [lax — x'']'
0 Soit alors
X
on obtient facilement
ds=.
de sorte qu'on peut prendre X = sn y ° j» s^ étant une constante arbi-
traire. Mais il est préférable de faire X =: sn | "- + K | ; nous parvien-
(') Wantzel, enlevé à la Science par une mort prématurée à l'âge de trente-sept ans,
en 1849, a laissé d'excellents travaux, parmi lesquels un Mémoire extrêmement remar-
quable sur les nombres incommensurables, publié dans le Journal de l'École Poly-
technique (t. XV, p. i5i), et une Note sur l'intégration des équations de la courbe élastique
à double courbure [Comptes rendus, t. XVIII, p. 1197)-
( 479 )
drons ainsi à des expressions mieux appropriées au cas important qui a été
considéré par Poisson, où c est supposé une ligne dont la longueur est
très grande par rapport à rt, j et x. En premier lieu, les formules
a-
cn(z -\-ls)= — k' '-r—, k , ,
donnent, pour l'abscisse,
x = a + -î-î
1C
: s — s,,
sn
» La valeur de l'ordonnée, à savoir
2c'j= C{2ax-x^)ds= rrrt=-(2C^-t-rt=)cn=(i^ + R^lrfs,
s'obtient ensuite immédiatement en employant la relation
f Fcn^(z + K)f/z=Pz + DjogAl(z)a.
» Or ces formules conduisent comme il suit aux développements de x
et / suivant les puissances décroissantes de c. J'emploie à cet effet la série
snz / = — X'= , i_i6/'/î"
■ — 'v^- " .s
dnz 6 120 '
et je remarque qu'en désignant par F„ (^) le coefficient de z^"^', qui est un
polynôme de degré n en k- , on a la relation suivante :
Nous en concluons facilement pour n pair l'expression
F„{k) = «0 + «. {kk'Y + a,{kk'y + . . . + a^^_{kk')'\
et pour n impair,
F„(^) = {P-/l-'^)rp„ + p,(M')^+..,-H(3^^(M'~l.
Cela étant, les formules
kH'^=\--^^ et P-k'^=—^
4 loc' ic'
montrent que le terme général F„(^)z-"+', qui est de l'ordre ^^^j lors-
(48o )
qu'on remplace z par "-■, devient, si l'on suppose n impair, de l'ordre
-t;;;:^- Nous pourrons donc écrire, en négligeant- dans la parenthèse,
X
\Jkc^ — fl' r ar-is — c\^ [s — cl'l
a-^-^— ^ \s~- C + — ^ ^— ^ . ' •
Remplaçons enfin le facteur —
par I— g-;j et prenons SQ = a; n
viendra, avec le même ordre d'approximation,
X ■■
X
= s ~ ' -, [3[s — aY — \oa-[s — a)- + iSfi'j.
Le développement de c-j résulte ensnile de l'équation
A- en- ( z +K)dz = ^- £» + L._ ^^ z^ + ^__J : z' _f- ... .
mettant ^ au lieu de z et déterminant la constante amenée par l'inté-
c '
gration de manière qu'on ait ^ = o pour s = a, on en tire, par un calcul
facile,
2C»j = as" - s'-h ''~^y [9(y - ay - ilia-{s - «)= + i4o«*].
Le second membre, dans cette expression de l'ordonnée, est exact aux
termes près de l'ordre -> comme la valeur trouvée pour l'abscisse.
» XXV. Les équations différentielles de l'élastique, dans le cas le plus
général où la courbe est à double coiu'bure, se ramènent par lui choix
convenable de coordonnées, comme l'a remarqué Wantzel, à la forme sui-
vante,
j'z"-j"z' = aœ'-hpj,
z'œ" - z"x' = af - /3a-,
X'f'-X"y'=ry,z' + 'J,
où x', y, z', x", y", z" désignent les dérivées par rapport à l'arc ,y de
X, y, z et a, |3, y des constantes dont les deux premières sont essentielle-
ment positives.
» Cela étant, j'observerai en premier lieu que, si on les ajoute après les
avoir multipliées respectivement, d'abord par^o:', y' , z\ puis par x\j", 2",
on obtient
a(a;'*+ j"^ + z'^) + \-''\x'y — xf) + 7 s' = o,
a.{x' x" -\- f y" + z'3")4- '^j{x" y — xy") + yz" = o.
(48. )
Or la première de ces relations donne, par la différentiation,
aa{x'.r" + /j" + z'z") -h {i> {x"y - .r;") + yz' == o ;
nous avons donc
.t'.v" + j'j" + z'z" = o,
d'où
x'-+f--h z'= =const.,
et l'on voit que, en prenant la constante égale à l'unité, on satisfera à la
condition que l'arc s soit, comme on l'a admis, la variable indépendante.
» Cela posé, et après avoir écrit les équations précédentes de cette ma-
nière,
[i{xx'-xy) = yz'+a, /3(.r/'-,r'» = 73",
j'en déduis
/3 \(,rr' - x'j) z" - {xj" - x"j) s' ] = « z" ;
mais le premier membre, étant écrit ainsi,
[■:>[{r'z"-f'z')x+{z'x"-.z"x')y],
se réduit à
{t{[ux'+ (3;-),r + («y- {ix)f] = a^[xx'+jrf),
de sorte que nous avons
^[xx'^y/)^z",
puis par l'intégration, en désignant par ô une constante arbitraire,
» Soit maintenant z'= Ç; nous remplacerons le système des équations à
intégrer parcelles-ci :
P{xx'-h jj)=-Ç,',
x'--^f-= I - Ç%
^(j:j' — x'jr) = 7Ç + a.
Or l'identité
{x^ + y''){x'^ 4- /') = {xx' + yff -+- [xf-x'yY
donne en premier lieu
r=2/3(Ç-ô)(i-Ç'^)-(7Ç4-«)%
{ 48a )
et l'on trouve ensuite facilement
ces résultats olDtenus, les expressions des coordonnées en fonction de l'arc
s'en déduisent comme il suit.
» Soient rt, b, c les racines de l'équation
2|3(Ç_r5)(,_Ç==)_(.yÇ + .^)^=0,
de sorte qu'on ait
r=-2/3(ç-fl)(ç-*)(ç-c).
Désignons aussi par Ço une des valeurs de Ç, qu'on doit, d'après la condi-
tion x'--Hj> '- + Ç" = i, supposer comprise entre +i et — i. Le facteur |3
étant positif, comme nous l'avons dit, le polynôme 2fi{i^—a){<^—h)[l^ — c)
sera négatif en faisant Ç = Ço' Mais il prend pour Ç = + i et Ç = — i les
valeurs positives (7 + a)- et (y — a)*; par conséquent, les racines a, b, c
sont réelles, et, si on les suppose rangées par ordre décroissant de grandeur,
a sera compris entre + i et Ço> ^ entre Ço et — i, et c entre — i et — 00 .
Remarquons aussi que, ayant pour 2 = Ç un résultat positif, il est nécessaire
que cette constante 5 soit supérieure à <^ ou comprise entre b et c. Mais la
relation x'-i- /-= 2{^ — 5) montre que la seconde hypothèse est seule
possible, car dans la première x'-hj'' serait négatif. Cela posé, puisque Ç
a pour limites a et b, nous ferons
soit encore
a — c a — c
on aura
{Z-a){^-b){-Ç~-c)=-{a~bY{a-c)\J'{x-l]'){i-k^-V'),
et de l'équation
r=-2/3(ç-«)(ç-é)(ç-è)
nous conclurons
U'2^ {lZlflP(i_u^)(i_A-»U=).
» Faisons donc n = \/ —'i puis, en désignant par ^o '"le constante
u — ?i{s — J,), on aura
U = snw, Ç = fl — (rt— 6) sn'ii,
( 483 )
et par conséquent
n{z - -o) = J ^clu = Ya-{a- c)^u + {a-c) ^|^'.
Zo étant la valeur arbitraire de z pour il = o. »
MÉCAîSiQUE. — De la compensation des températures dans les chronomètres.
Note de M. Phillips.
« La présente Note se rapporte principalement à cette perturbation
connue sous le nom d'erreur secondaire de la compensation et signalée dans
les termes suivants dans une brochure publiée en 1842 par M. Dent,
célèbre horloger anglais : « Un fait curieux a été dégagé et a préoccupé
p ceux qui se livrent à la fabrication de ces instruments : c'est qu'un
» chronomètre construit d'après le mode généralement reçu, s'il est réglé
M pour une température moyenne, retarde aux extrêmes, et inversement,
» s'il est réglé aux extrêmes, avance à la température moyenne. » Dans
un travail inséré dans le 1 1* Cahier du Bulletin du Dépôt des Cartes et Plans
de la Marine, et couronné par l'Académie, M. Caspari confirme ce fait,
résultant de très nombreuses observations. Il estime, en moyenne, à au
moins deux secondes par vingt-quatre heures cette perturbation à 1 5° pour
des marches égales à 0° et 3o°, et à au moins quatre secondes par vingt-
quatre heures cette perturbation à 0° ou 3o° pour des marches égales à i5°
et 3o° ou égales à 0° et i5°. Nombre de dispositions, connues sous le nom
de compensations additionnelles, ont été imaginées pour combattre ce grave
inconvénient; mais, à part certains succès isolés ou accidentels, la solution
complète et générale de cette question n'a pas encore été obtenue.
» Concevons un chronomètre dont le balancier comprend un nombre
quelconque de lames bimétalliques, formées chacune de deux corps mé-
talliques quelconques et dont la construction est d'ailleurs quelconque,
sauf que, à la température moyenne, chacune de ces lames est circulaire
ou rectiligne. Nous supposerons expressément, dans tout ce qui suivra,
que, pour chacune de ces lames, les épaisseurs des deux lames partielles
sont en raison inverse des racines carrées des coefficients d'élasticité cor-
respondants.
)» Convenons de compter les températures à partir de la température
( 484 )
moyenne. I.e spiral étant supposé isochrone, on a, pour cette température,
(0 T = ::^4,
où T est la durée d'une oscillation simple, A le moment d'inertie du ba-
lancier et k le moment total des forces exercées par le spiral sur le balan-
cier pour un écart angulaire de celui-ci égal à l'unité.
» A une autre température et le spiral étant supposé encore isochrone,
on a de même
» On a donc
,,, , AT / AAW AX-
ou
«' ¥-[-Kt)][-/(t)]--
en désignant par F l — | une série convergente ordonnée suivant les puis-
. AA ,, AA jfà/.\ . .
sances croissantes de — et nulle pour -— = o, et par j I — 1 une Sfne con-
vergente ordonnée suivant les puissances croissantes de — et nulle pour
n
A*
T = °-
» Soient T + At la durée d'une oscillation simple, le spiral variant seul
avec la température, c'est-à-dire A étant supposé constant et A/{ le même
que dans l'état réel quand la température varie, etT + Ai' la durée d'une
oscillation simple, le balancier variant seul avec la température, c'est-à-dire
k étant supposé constant quand la température varie. L'équation (4)
donne
(5) i=j{^)
et
(6) ^4 = V{^
( 4H5 )
» L' équation (4) peut donc s'rcrire
AT / At\ /' At'N
on
, . AT _ At At' At At'
[ 7 ' ^ T "^ T T "t" '
d'où celte conclusion : La pciiurbalion réelle est égale à la somme alcjebiique
des perlui'balions dues au spiral seul et au balancier seul et du produit de ces
deux perturbations .
>) D.ins un important Mémoire sur le mouvement et la compensation des
chronomètres, inséré dans le Tome VII des Jimales de rObser^uatoire de
Paris, M. Yvon Villarceau a déterminé la déformation d'une lame bimé-
tallique résidtant d'un changement de température. A cet égard, il a donné
deux formules générales qui, dans le cas particulier supposé où les épais-
seurs des lames partielles sont en raison inverse des racines carrées de
leurs coefficients d'élasticité, sont les suivantes :
et
(9) ^=^UV"+7V'j^.
où 5 est la température comptée à partir de la température moyenne;
e l'épaisseur totale de la lame bimétallique;
c' et e" les épaisseurs respectives des lames partielles la moins et la plus
dilatable;
y et '/', respectivement, les premiers coefficients de dilatation linéaire des
lames partielles la moins et la plus dilatable ;
/'o le rayon de la surface de séparation des lames partielles à la tempéra-
ture moyenne;
/• ce rayon à la température 9;
é l'allongement proportionnel à la surface de séparation des lames partielles.
» Postérieurement au travail de M. Yvon Villarceau, M. Fizeau ayant
déterminé, en outre des premiers coefficients de dilatation, les seconds
coefficients de dilatation d'un grand nombre de corps, il était tout naturel
de tenir compte de ces derniers dans la question qui nous occu|)e. C'est ce
qui se fait sans difficulté, et l'on trouve ainsi, au lieu des formules (8) et (9),
c. K., liiSo, I" Semestre. (T. XC, N" iO.) ^4
( âS6 )
les deux suivantes,
(10) i_i = ^J(y'_y)5 + (ô"-5')ô=]
et
où â' et ô" sont respectivement les seconds coefficients de dilatation linéaire
des lames partielles la moins et la plus dilatable.
» On voit que l'équation (i i) est de la forme
(•2) ; = y,5 + a,$2^
■y, et â, étant deux coefficients qui ne dépendent que de la nature des deux
lames partielles.
» Les formules (8) à (12) ont été établies, il est vrai, sans tenir compte
de la variation des coefficients d'élasticité de la lame avec la température,
variation dont la loi est inconnue. Il y aurait donc encore, à ce sujet, un
complément à introduire, dont l'expérience aurait à fournir les éléments.
En tout cas, quoique cette variation ait été forcément négligée, l'expé-
rience a déjà, comme on le verra plus loin, apporté certains faits à l'appui
des conclusions finales de ce travail.
» L'équation (10) suppose, ainsi que c'est le cas ordinaire, que le
rayon 7^ varie en sens inverse de la température. Si ce rayon variait dans le
même sens que la température, le signe de l'un quelconque des deux
membres de cette équation devrait être changé. Dans le cas d'une lame
bimétallique rectiligne, r^, est infini et l'équation (10) doit être employée
en prenant pour le sens positif de r celui qui a lieu pour une température
supérieure à la moyenne.
» La perturbation —, due au spiral seul, qui est une fonction de la seule
variable— 5 peut, en se limitant aux termes du second ordre par rapport
à la température, se mettre sous la forme
(l3) ^=:Ne + ]N'93,
N et W étant deux coefficients indépendants de la température et dépen-
dant essentiellement de la nature et des dimensions du spiral.
(487 )
» D'un autre côté, la perturbation — > due au balancier seul, est une
àA
fonction de la seule variable — » et, d'après (6) et (3), on peut, en se limi-
tant aux termes du second ordre par rapport à la température, écrire
, ,, At' I AA 1 /AA\'
équation qui montre comment l'on peut obtenir — lorsqu'on a calculé
A A
— • »
A
CHIMIE, — Stabitilé chimique de la matière en vibration sonore.
Note de M. Berthelot.
« Une multitude de transformations chimiques sont attribuées aujour-
d'hui à l'énergie de la matière éthérée, animée de ces mouvements vibra-
toires et autres, qui produisent les phénomènes calorifiques, lumineux,
électriques. Cette énergie, communiquée à la matière pondérable, y
provoque des décompositions et des combinaisons. En est-il de même des
vibrations ordinaires de la matière pondérable, je veux parler des vibra-
tions sonores, qui se transmettent en vertu des lois de l'Acoustique? La
question est fort intéressante et touche spécialement l'étude des matières
explosives, dont je m'occupe depuis dix ans.
» D'ingénieuses expériences ont été publiées à cet égard par MM. ISoble
et Abel, ainsi que par MM. Champion et Pellet, et beaucoup de savants
admettent que les corps explosifs peuvent détoner sous l'influence de
certaines notes musicales, qui les feraient vibrer à l'unisson. Quelque sédui-
sante que soit cette théorie, les résultats oTjtenus jusqu'ici ne l'établissent
cependant pas sans contestation. Les explosions par influence de la dyna-
mite et du coton-poudre s'expliquent plus simplement par l'effet direct du
choc propagé par les gaz à de courtes distances, au delà desquelles elles
ne se propagent point. Quant à l'iodure d'azote, sujet des principales obser-
vations relatives aux explosions par résonance, c'est tine poudre tellement
sensible au frottement, qu'd est permis de se demander si sa détonation
n'a pas lieu par les chocs et frictions des supports, siège véritable de la
résonance à l'unisson.
» Il m'a paru utile d'exécuter de nouvelles études, faites sur des
gaz et sur des liquides, substances plus convenables qu'une poudre pour
( 488 )
la propagation d'un mouvement vibratoire proprement dit. J'ai choisi,
d'ailleurs, des substances décomposables avec dégagement de cliaieur, afin
de réduire le rôle du mouvement vibratoire à provoquer la réaction, sans
l'obligera eu effectuer le travail total en vertu de son énergie propre. Enfin
j'ai opéré sur des corps instables, et même à l'état d'une décomposition
continue, qu'il s'agissait seulement d'accélérer : ce sont là, je crois, les
conditions les plus favorables. Toute la question était de faire résonner la
substance en transformation chimique. J'y suis parvenu par deux procédés
qui répondent à des vibrations deiMpidité fort inégales, savoir :
» 1° Au moyen d'un gros diapason horizontal, mù par un interrupteur
électrique, et dont une des branches était chargée avec un flacon de aSo*^*^
renfermant le gaz ou le liquide, l'autre branche avec ime masse équiva-
lente. La vibration effective du flacon a été vérifiée, ainsi que celle du
liquide, manifestée d'ailleurs par les apparences optiques ordinaires. Ce
procédé a fourni loo vibrations simples par seconde environ.
)) 2° Au moyen d'un gros tube de verre horizontal, scellé aux deux bouts,
jaugeant près de 400*^*^, long de ôo*^*^ et large de 3'^'^, par exemple, enfin mis en
vibration longitudinale par la friction d'une roue horizontale pourvue d'un
feutre mouillé. Cet appareil très simple, que M. Rœnig a eu l'obligeance de
disposer, exécutait, dans mes essais sur l'ozone, 7200 vibrations simples
par seconde, d'après les comparaisons faites par ce savant constructeur.
» L'acuité de cette Note est presque intolérable.
» Voici les résultats observés sur l'ozone, l'hydrogène arsénié, l'acide
sulfurique en présence de l'éthylène, l'eau oxygénée, l'acide persnlturique.
)) Ozone. — L'oxygène employé renfermait des proportions d'ozone
telles que 58""^^ par Htre : richesse facile à assurer avec mes appareils.
Avec le diapason (100 vibrations), l'état vibratoire ayant été maintenu pen-
dant une heure et demie, le titre du gaz en ozone est demeuré constant,
tant avec l'ozone sec qu'avec l'ozone mis en présence de 10" d'eau.
Celle-ci n'a ni abaissé le titre de l'ozone, ni fourni de l'eau oxygénée (').
» Avec le tube et la roue (7200 vibrations), l'état vibratoire étant main-
tenu pendant une demi-heure, le titre du gaz sec n'a pas varié. Pour pré-
ciser, je dirai que, l'absorption de l'ozone étant effectuée après coup par de
l'acide arsénieux titré, la diminution du titre a été trouvée équivalente à
(') Dans ces essais, il convient de se mettre en garde contre l'alcalinité du verre, qui
détruirait rapidement l'ozone. On est surtout e.xjjosé à cet accident avec le verre pulvérisé.
( 489)
171 divisions de permanganate ; tandis que cette diminution était précisé-
ment de 171 sur un volume égal du même gaz, analysé avant l'expérience.
» L'ozone est un gaz transformable en oxygène ordinaire avec dégage-
ment de chalein- (— i/j'^^^jS pour Oz := a/j^') ; il s'est transformé spontané-
ment, d'une manière lente et continue, de façon à passer de 53™^'' à 2q™i'''
en vingt-quatre heures, lorsqu'on l'a abandonné à lui-même dans les con-
ditions ci-dessus. Cependant on voit que sa transformation n'a pas été
accélérée par lui mouvement qui le faisait vibrer 7200 fois par seconde,
pendant une demi-heure. Sa décomposition spontanée ne saurait donc être
attribuée à ces vibrations sonores, qui traversent incessamment tous les
corps de la nature.
» Une telle absence de réaction n'est pas explicable d'ailleurs par une
influence inverse; car un tnbe semblable et rempli d'oxygène pur n'a pas
modifié d'une seule division le titre de la solution arsénieuse, après avoir
vibré de la même manière et pendant le même temps.
» Hydrogène arsénié. — Un mouvement vibratoire analogue, commu-
niqué à un tube rempli de ce gaz, puis scellé, ne l'a pas altéré. Cependant,
dans l'espace de vingt-quatre heures, le tube a commencé à se recouvrir
d'un enduit d'arsenic métallique; comme le fait d'ailleurs un tube rempli
du même gaz et qui n'a subi aucune vibration. Ce gaz se réduit en ses
éléments en dégageant -1- 36*^", 7 d'après M. Ogier; ce qui en explique
l'instabilité : on voit qu'elle n'est pas accrue par les vibrations sonores,
» Elliylène et acide sulfitrique. — J'ai cherché à accélérer par le mouve-
ment vibratoire la combinaison lente de ces deux corps, si facile à réaliser
sons l'influence d'une agitation continue et avec le concours des chocs pro-
duits par une masse de mercure. Elle est d'ailleurs exothermique.
» Un flacon de 240'^'^ renfermant l'éthylène pur, avec 5'^'= à G*^*^ d'acide
sulfurique et du mercure, a été mis en vibration au moyen d'un diapason
(100 vibrations par seconde) : l'acide vibrait et se pulvérisait à la surface.
Cependant, au bout d'une demi-heure, l'absorption du gaz était faible et à
peu près la même que dans un flacon pareil, demeuré immobile dans une
pièce éloignée.
» Ajoutons ici quelques essais sur l'influence de la compression sur le
même système. Cette influence, si efficace sur un mélange d'hydrogène
phosphore et de gaz chlorhydrique dans l'expérience de M. Ogier, a été
peu sensible sur l'éthylène comprimé jusqu'à 80^"° et liquéfié au contact de
l'acide sulfurique monohydraté pendant quelques minutes.
» L'oxyde de carbone a pu aussi être comprimé jusqu'à 400""" et main-
( 490 )
tenu un quart d'heure au contact de solutions concentrées de potasse
(dans l'eau et dans l'alcool), sans donner lieu à une absorption sensible.
Il est probable cependant que ces réactions seraient accélérées, si l'on pro-
longeait la compression pendant plusieurs heures. Mais revenons à l'in-
fluence du mouvement vibratoire sur la décomposition chimique.
» Eau oxycjénée, — 10*=*= d'une solution renfermant 9™^% 3 d'oxygène
actif, placés dans un flacon de aSo*^", n'ont pas changé de titre, par l'effet du
mouvement du diapason (100 vibrations par seconde) soutenu pendant une
demi-heure. Cependant le liquide vibrait réellement et il perdait en ce mo-
ment o™6r,g d'oxygène par vingt-quatre heures. 10'^'^ d'une solution renfer-
mante"^'', 3 d'oxygène actif, mis en vibration (7200 vibrations) dans un tube
de 400"^ plein d'air, pendant une demi-heure, ont fourni ensuite 6™bi^, aS.
» Acide persulfurique. — Mêmes résultats. Avec le diapason (100 vibra-
tions), titre initial i3™bi; titre final i2™8'',6. Avec le tube (7200 vibrations),
titre initial 3'°ê',o; titre final 2"S'^,8. L'écart semble surpasser ici un peu la
vitesse de décomposition spontanée, vitesse plus grande d'ailleurs qu'avec
l'eau oxygénée; mais il ne sort guère des limites d'erreur.
» Les résultats observés sur ces liquides méritent d'autant plus l'atten-
tion qu'on aurait pu, a priori, assimiler de tels systèmes à des liquides
retenant de l'oxygène à l'état de dissolution sursaturée, dissolution que
l'agitation et surtout le mouvement vibratoire ramènent à son état nor-
mal. En fait, les liqueurs précédentes contiennent bien quelque dose
d'oxygène sous cet état, comme il est facile de s'en assurer; mais cette
portion d'oxygène n'agit ni sur le permanganate ni sur l'iodure de potas-
sium employés dans les dosages, et elle doit être envisagée à part. En effet,
elle n'intervient ici dans aucun équilibre de dissociation, capable d'être
influencé par la séparation de l'oxygène de l'eau oxygénée. Il en serait
sans doute autrement dans un système à l'état de dissociation, et dont
l'équilibre serait maintenu par la présence d'un gaz actuellement dissous;
mais alors il ne s'agirait plus d'une influence directe du mouvement vibra-
toire sur la transformation chimique.
» Les expériences faites sur les gaz, tels que l'ozone et l'hydrogène ar-
sénié, ne sont pas sujettes à cette complication; elles tendent à écarter
l'hypothèse d'une influence directe des vibrations sonores, même très ra-
pides, des particules gazeuses sur leur transformation chimique (').
(') On a dit quelquefois que parmi les chocs incessants et réciproques des particules
gazeuses en mouvement dans une enceinte, il en est un certain nombre qui sont suscep-
( 49' )
)) Eu d'autres termes, la lualière est stable sous l'influeuce des vibra-
tions sonores; tandis qu'elle se transforme sous l'influence des vibrations
éthérées. Cette diversité dans le mode d'action des deux classes de vibra-
tions n'a rien qui doive surprendre, si l'on considère à quel point les
vibrations sonores les plus aiguës sont incomparablement plus lentes que
les vibrations lumineuses ou calorifiques. »
THERMOCHIMIE. — Nouvelles remarques sur la chaleur de formation
de V hydrate de chloral gazeux ; par M. Berthelot.
a Voici la troisième fois que notre savant confrère M. Wurtz, sans cher-
cher à justifier de l'exactitude de ses appareils antérieurs, en imagine un
nouveau; cependant, cette fois, pas plus que les précédentes, il ne semble
s'être préoccupé de la nécessité d'établir un rapport convenable entre
la niasse de la matière qui échauffe l'enceinte et la masse de la matière qui
se combine dans l'espace intérieur, avec un dégagement de chaleur peu
considérable et exigeant des précautions spéciales pour être constaté.
M Non seulement la masse de la vapeur d'eau, fournie par deux généra-
teurs dans la caisse de cuivre rouge qui sert d'enceinte à son nouvel instru-
ment, est trop grande par rapport à la masse des deux vapeurs qui se ren-
contrent dans un espace cylindrique et allongé (forme peu favorable à ce
genre d'essais); mais M. Wurtz a opéré à basse pression, vers o",i6 d'après
sa Note. Il a ainsi réduit au cinquième environ la masse des vapeurs d'eau
et de chloral contenues dans l'unité de volume, et diminué d'autant la
sensibilité de son appareil. Si l'on se bornait à admettre une réduction pro-
portionnelle à celle des masses, l'élévation de température tomberait vers
I à 2 dixièmes de degré, c'est-à-dire vers la limite des erreurs probables.
Cette évaluation même parait excessive; la vitesse de la distillation à basse
pression, c'est-à-dire la quantité de matière qui traverse l'appareil dans
l'unité de temps, quantité que M. Wurtz ne nous fait pas connaître, est
tibles (le porter à des températures très élevées les particules qui les éprouvent. S'il en était
réellement ainsi, un mélange d'oxygène et d'hydrogène, éléments combinables vers Soc",
devrait se transformer peu à peu en eau ; le gaz ammoniac, décomposable vers 800',
devrait se cbicger lentement en azote et hydrogène, etc. Je n'ai rien observé de semblable
sur ces systèmes gazeux, conservés pendant dix années. Si cet effet n'a pas lieu, c'est pro-
bablement parce que la perte de force vive de chaque particule gazeuse, envisagée indivi-
duellement, et même sa force vive totale demeurent comprises entre certaines limites.
( 492 )
probablement très faible, et le rapport entre les deux vapeurs, qu'il n'a
point cherché à régler, bien que ce soit l'éléinentfoudamental delà uiesnrf-,
demeure tout à fait incertain. Ce n'est pas tout : en effet, la combinaison
n'étant pas instantanée, ce que j'ai établi par ailleurs, sa vitesse doit dimi-
nuer avec la raréfaction de la matière, conformément à mes recherches sur
la formation des éthers dans l'état gazeux ; la chaleur dégagée dans un
temps donné, par un même poids de chlora! et d'eau gazeux traversant
l'appareil, est donc moindre à basse pression.
» Enfin, et c'est ici une cause d'erreur capitale, tout porte à croire que
l'hydratedechloral est dissocié, c'est-à-dire en partie décomposé vers ioo°.
A mesure qu'on abaisse la pression, on se rapproche donc de la tension limite à
laquelle il n'j aurait plus combinaison, circonstance qui réduit encore, si
même elle n'annide, la chaleur développée sous la pression normale.
» lia réunion de ces conditions défavorables dues à l'emploi d'une basse
pression, telles que diminution de la masse des gaz réagissants, rapport in-
certain de leurs volumes, ralentissement de la réaction, enfin réduction
considérable de la portion réellement combinée, telles sont, je le répèle, les
causes qui ex pliquentle nouvel insuccès deRI. Wurtz. Certes, je sniscon vaincu
de la parfaite sincérité scientifique de notre éminent confrère ; mais peut-
être n'a-t-il pas recherché suffisamment jusqu'ici les conditions de réussite
d'une expérience délicate et dont l'impossibilité lui paraissait résidter de
certains motifs théoriques. Pour mou propre compte, je ne crois pas utile
d'insister sur la caractéristique de mes observations, caractéristique que
M. H. Sainte-Claire Deville a fort bien mise en évidence, ni de répondre à des
objections qui ne s'appliquent pas aux conditions de mes expériences et qui
sont d'ailleurs peu en harmonie avec les lois physiques de la vaporisation
des liquides : la question expérimentale me paraît résolue, et j'en aban-
donne le jugement aux hommes compétents. »
TRAVAUX PUBLICS. — Nole au sujet de la rencontre des deux galeries d'avancement
du grand tunnel du Saint- Gnthard; par M. D. Collabon.
« Ces deux galeries, dont l'ensemble représente une longueur de 14920",
viennent de se réunir, après sept ans et ciiiq mois (dont bien des jours
sont à défalquer pour la part de l'entreprise), et la rencontre s'est effectuée
d'une manière remarquablement exacte.
» Ces deux faits, d'une haute importance pour l'art des constructions,
( 493)
et la jonction future de plusieurs grandes lignes de chemins de fer,
méritent l'intérêt universel, et j'ai espéré que mes honorables collègues
de l'Académie accueilleraient avec bienveillance quelques renseignements
sur les origines essentielles de ces progrès, et des données rétrospectives
sur la longue série des obstacles et des difficidtés exceptionnelles qui ont
parfois entravé les progrès et rendu l'excavation très difficile.
» Les origines les plus efficaces de l'accélération du travail ont été les
combinaisons remarquablement heureuses pour le digiiage des torrents et
l'emploi de l'eau motrice, recueillie dans les aqueducs, sur des turbines
utilisant de très hautes chutes, l'adoption de compresseurs d'air d'un
nouveau système, marchant à très grande vitesse, le refroidissement de
cet air opéré dans les cylindres compresseurs au moment de la compression,
par une injection d'eau à l'état pulvérulent, de nombreux et importants
perfectionnements aux machines perforatrices et à leurs affûts, l'emploi
de la dynamite, la décision adoptée dés l'origine par l'habile entre-
preneur, M. L. Favre, de Genève, d'attaquer le tunnel par le haut, son bon
sens pratique, sa haute intelligence, son expérience et son inébranlable
énergie ; tels ont été les élémenls principaux qui ont permis à l'entre-
preneur et à ses ingénieurs d'avancer, dans les roches très dures et très
accidentées du tunnel du Saint-Gothard, avec une vitesse plus que double
de celle qu'avaient pu atteindre les habiles ingénieurs qui avaient été
chargés de diriger le percement du tunnel du mont Cenis.
» En effet, ce dernier souterrain a 12200"" de longueur totale; il avait
été conunencé à la main, des deux côtés, dès le mois de septembre 1867,
et les deux galeries se sont rencontrées le 26 décembre 1870, avec une
déviation de ^ de mètre.
» On peut prédire d'autre part que, malgré son excès de longueur, le
tunnel du Saint-Gothard, entièrement achevé, aura coiJté en totalité 25 ou
3o pour 100 moins cher que celui du mont Cenis.
» Il est donc évident que les travaux remarquables réalisés au Saint-
Gothard viennent d'ouvrir une voie nouvelle pour l'achèvement rapide et
économique des longs tunnels.
» J'ai fait allusion, au commencement de cette Note, à une série de dif-
ficultés exceptionnelles qui ont parfois entravé les progrès de l'excavation ;
il est nécessaire, pour en faire ressortir la graviié, d'expliquer les conditions
imposées à l'entrepreneur et la position de M. Favre relativement à la
Compagnie qui était chargée de l'exécution de la ligne entière du chemin
dejer dit du Saint-Golliard tl de ses liijnes d'accès sur les deux versants. Celte
C. R., ifcSo, \" Semesire. (T. XC, N" 10.) 65
( 494 )
Compagnie avait nommé ingénieur en chef M. Gerwig, et un nombreux
état-major d'ingénieurs était chargé de le seconder.
» L'entreprise du tunnel principal, long de iligio™, dont l'embouchure
nord, prèsdeGœschenen, était à l'altitude de 1 109™, celle du sud, à Airolo,
de 1145"", et le point culminant central à iiSo"", devait être confiée à un
adjudicataire unique, avec le dépôt d'un cautionnement de 8 millions. Cet
entrepreneur devait exécuter le tunnel entier, faire à ses frais les dérivations
des torrents, tous les appareils hydrauliques, les compresseurs d'air, les
conduites, tous les engins de perforation, de transport, d'aération, tous
les bâtiments nécessaires à son entreprise, ateliers, magasins, logements
d'ouvriers, etc., toute l'excavation du tunnel pour double voie, et au besoin
les maçonneries, d'après les types fournis par l'ingénieur en chef de la
Compagnie; mais l'emplacement du tunnel et de ses abords, ses pentes in-
térieures, la vérification de la ligne d'axe des deux galeries, restaient à la
charge de la Compagnie.
» Son ingénieur en chef avait limité la pente de la moitié sud du tunnel
à un millième; il n'avait pas prévu l'énorme volume d'eau qu'on allait ren-
contrer dans cette moitié sud de la galerie et les conséquences désastreuses
qui devaient en résulter pour l'entreprise.
» Au mont Cenis, le volume des infiltrations de chaque côté n'avait pas
dépassé i'" par seconde.
» Au tunnel du mont Hoosac, dans le Massachusetts, on avait signalé,
comme un grave inconvénient, des infiltrations dont le maximum s'était
élevé à 18'" par seconde,
)) Dans la galerie sud du souterrain du Gothard, avec cette bien faible
pente d'un millième, le volume des infiltrations atteignait, dès la fin de la
première année du percement, aSo'" par seconde, huit cent mille titres par
Aeure; la galerie d'avancement, dont la section moyenne est de 6°"' à 7""', fut,
pendant près de trois ans, transformée en un véritable aqueduc, où l'eau
s'élevait à o", aS ou o™,3o;' quelques-unes de ces infiltrations avaient le
volume et la vitesse d'un jet de pompe à incendie.
» A ces infiltrations se joignaient, de temps à autre, les rencontres de
failles qui déversaient dans la galerie des torrents de boue et de débris.
» Au dehors du tunnel, la force motrice hydraulique était insuffisante
pendant les mois d'hiver.
H L'ingénieur en chef, M. Gerv^^ig, pendant les années employées à ses
études préliminaires, avait oublié de jauger en hiver le volume d'eau de la
Tremola et du Tessin, seuls torrents voisins de l'ouverture du souterrain ; il
( 'i'r> )
s'était contenté d'adopter des chiffres indiqués antérieurement et qui fixaient
à 5oo''' par seconde le minimum probable ou moyen du torrent de la Tre-
mola. M. Favre et son ingénieur conseil ne pouvaient attendre jusqu'à la
fin de l'hiver pour vérifier ce chiffre; ils durent commander les moteurs
hydrauliques, en se basant sur ce volume indiqué comme minimum pro-
bable.
» En réalité, pendant les saisons d'hiver, depuis l'installation des tur-
bines, le régime d'eau de la Tremola a été réduit pendant quelques mois
à cinquante ou cent litres par seconde^ en sorte qu'il tombait de la voûte ou
des parois du tunnel quatre ou cinq fois plus d'eau que n'en contenait le
lit de la Tremola. Au bout de deux ans d'expérience, l'entrepreneur a dû
exécuter à grands frais une dérivation de l'eau duTessin, en suspendant un
aqueduc contre les parois à pic formées de roches inconsistantes et à 60™
ou Too" au-dessus du lit du Tessin. Ces pentes abruptes sont ravagées
chaque hiver par des avalanches qui enlèvent une partie des parois ou
des contre-forts de l'aqueduc; en quatre ans, il y a eu dix-neuf de ces ava-
lanches, qui ont entamé plus au moins le canal de dérivation, en produisant
des interruptions fort nuisibles à la marche de la perforation et à l'aérage.
» Enfin, pendant les hivers rigoureux, la totalité de l'eau du Tessin et de
l'eau de la Tremola est loin de suffire, et pendant l'hiver actuel, depuis la
fin d'octobre jusqu'à ce jour, plus de la moitié de nos turbines et des
compresseurs d'air que j'ai fait établir ont dû chômer faute d'eau motrice ;
il en est résulté une élévation de température nuisible aux ouvriers et aux
animaux de trait employés aux transports, dans les parties les plus avancées
du souterrain, et un retard notable dans la progression de la galerie du
côté sud.
» Cette analyse assez incomplète pourra faire entrevoir la gravité des
obstacles que M. Favre et ses ingénieurs ont dû surmonter; elle mettra aussi
en saillie la direction intelligente et énergique donnée à l'ensemble de ce
vaste travail, et fera mieux apprécier l'achèvement complet de ces deux
galeries d'avancement dans le terme bien court de sept ans et cinq mois.
» Une circonstance intéressante à noter, c'est que, contrairement aux
prévisions du second ingénieur en chef de la Compagnie, les compresseurs
de mon système établis aux deux extrémités du souterrain ont pu suffire,
jusqu'à l'entier percement, à l'aération du tunnel. Des cloches aspirantes,
analogues à celles qui avaient été employées au mont Cenis, et dont
M. Helwagg avait exigé l'établissement, assez coûteux, aux deux extrémités
du tunnel, sont restées sans emploi jusqu'à ce jour et ne serviront pro-
bablement pas pendant l'achèvement
(496)
» La rencontre des deux galeries a montré l'exactitude des prolongements
des deux lignes d'axe des galeries d'avancement; la différence de niveau
n'a pHs dépassé o™, ro; la déviation latérale est inférieure à o™,ao.
» La longueur totale, mesurée à l'intérieur du souterrain, s'est trouvée
plus courte de près de 8" que la longueur calculée géométriquement.
» Heureusement le chef mineur du côté sud avait fait percer un trou
de sonde horizontal, long de 3™, et, quand il a atteint la galerie nord,
il a fait suspendre les attaques du côté de Goschenen ; puis, par une attaque
modérée en profondeur, il a réduit à une épaisseur de i°,4o le massif
restant. Une dernière attaque centrale a été préparée, savoir quatre trous de
centre et onze autres trous régulièrement espacés tout autour, à peu de
distance. L'explosion a ouvert un entonnoir dont le moindre diamètre avait
environ o'",8o de diamètre, et par cette ouverture les ingénieurs présents
et les chefs ouvriers ont pu immédiatement passer d'une galerie dans l'autre.
» C'est dimanche 29 février, à ii*" du malin, que cette porte de com-
munication a été ouverte. En ce moment, le baromètre, à Goschenen,
était (le o™,oo4 plus haut qu'à l'extrémité sud, à Airolo. Un courant d'air
s'est immédiatement produit dans la galerie, et sa vitesse près de l'ouverture
était de i™,5o par seconde. Quelques heures plus tard, le baromètre avait
baissé à Goschenen, et la hauteur de la colonne mercurielle à Airolo surr
passait de o^jooi celle de Goschenen; par suite, le courant d'air a changé de
direction, et il a pris celle de sud-nord ; mais sa vitesse était de J de mètre
seulement.
w Ces expériences intéressantes seront continuées ; elles pourront donner
lieu à des Tableaux comparatifs, qui pourront être discutés quand toutes
les données principales auront été réunies. »
GÉOGRAPHIE. — Sur te projet de canal maritime interocéanique.
Extrait d'une Lettre de M. de Lesseps à M. Larrey.
« Panama, 28 janvier 1880.
» Mon cher ami, la plus grande partie de nos études sur le terrain est
terminée. Voici le mémorandum que je vais remettre aux membres de la
Commission technique instituée pour propager l'exécution du canal mari-
lime interocéanique :
« Messieurs, dès notre arrivée à Panama, je vous ai présenté un programme indiquant
les questions sur lesquelles je désirais être éclairé par la science des ingénieurs, en consé-
quence de la décision du Congrès de Paris.
( 497 )
» Vous avez commencé par procéder à votre organisation, qui a consisté à former un
Comité de direction composé de MM. Dirks, Totten, Wriglit, Boutan et Dauzats, secrétaire.
Sous celte direction, vous avez réparti le travail des opérations locales, entre les baies de
Limon et de Panama, en huit brigades, ayant chacune son personnel de manœuvres:
» I"' brigade : MM. Couvreux et P. MaroUe; 2' brigade : M. Jégou; 3° brigade :
MM. Dauzats, Ortéga et Ossa; ^' brigade : MM. Sosa et Fonlan; 5= brigade : MM. Albers
et C. MaroIIe; O brigade : !M. Boutan (études géologiques sous sa direction); 7= brigade :
M. Duflos, chef sondeur; 8"' brigade : 51. Barbier, clief sondeur, sous la direction de
M. Boutan.
» M. Gaston Blanchet, délégué par l'entreprise de travaux Couvreux, Hersent et C'*, a
été chargé, comme ingénieur comptable, de parcourir la ligne et de se mettre en rapport avec
les chefs de brigade, pour fournir tout ce qui serait nécessaire à leur personnel en inslru ■
ments, livres et objets de campement.
» Grâce à cette organisation, vous avez marché vite et bien.
1 J'ai suivi avec le plus grand intérêt vos études et vos opérations, et je ne saurais rendre
assez de justice aux efforts dévoués et consciencieux qui vous permettent aujourd'hui de
réunir les éléments nécessaires pour préparer un Rapport sommaire, destiné à apporter la
lumière de la vérité dans cette question, si controversée, delà possibilité d'exécution d'un
canal à niveau constant et sans écluses entre les deux oce'ans.
>) Il est évident que ce Rapport sommaire devra être complété plus tard, lorsque les son-
dages qui ont été commencés sur toute la ligne vous permettront d'évaluer, au plus bas prix,
le nombre de mètres cubes de déblais à extraire; mais, dès à présent, vous êtes en mesure
de fixer un maximum, d'après les échantillons de terrain retirés sur les points principaux
des profondeurs du sol, en les supposant dans les plus mauvaises conditions, là où il reste
encore des opérations à terminer.
» Vous avez profité des moyens de communication faciles et rapides qui ont été générale-
ment donnés à tout notre personnel et à notre matériel par l'administration des chemins de
fer, ce qui vous a permis de faire, en un mois, un travail qui aurait certainement employé
plus d'une année dans d'autres circonstances. Ainsi vous avez pu étudier avec soin les
deux bassins si admirablement situés entre les deux points extrêmes d'une ligne de 73'"" :
celui du Chagrcs, débouchant dans l'Atlantique, et celui du Rio Grande, débouchant dans le
Pacifique. Pour faire passer le canal maritime d'une vallée dans l'autre, il suffira de creuser,
sur un parcours de 6""", le massif rocheux de la Culebra, à moins que l'on ne trouve dans
les dépressions environnantes le moyen de le tourner en tout ou en partie ; mais, dans tous
les cas, le travail ne présenterait rien d'inconnu.
» L'opération qui m'a paru devoir particulièrement appeler votre attention et l'appli-
cation raisonnée de votre science est celle du barrage du Chagres au point que vous indi-
querez. Permettez-moi de vous rendre compte, à ce sujet, de mes propres observations et
d'appeler votre attention sur les précédents d'une telle entreprise, si bien décrite par l'émi-
nent ingénieur M. Bidaut, auteur du barrage de la Gileppe, en Belgique.
» Aulieu de plusieurs barrages, ditM. Bidaut, un seul est préférable; une hauteur de 45"
n'est pas sans précédent. Le barrage d'Alicante compte près de trois siècles d'existence;
il a 41"° de hauteur sur 34'" d'épaisseur au bas et 20" au sommet.
» Le barrage du Furens, près de Saint-Étienne, mesure 56™ de hauteur et 41'" d'épaisseur.
Celui de la Gileppe a 45'" de hauteur.
( 498 )
» Le choix de remplacement doit être déterminé surtout par les conditions de stabilité
d'assise, d'incompressibilité et d'imperméabilité des roches.
» Pour qu'un barrage résiste à l'action lente et à la pression des eaux, il faut, avant
tout, que l'encastrement dans les roches de tlanc soit solide; il faut aussi que l'assise soit
inébranlable, que la liaison soit intime entre le sol et la base de la maçonnerie.
• Ne craignez pas, pour le barrage du Chagres, d'exagérer les conditions de stabilité, parce
qu'il est nécessaire de lui imprimer, en considération des grands intérêts qui s'y rattachent,
un caractère indéfini. Il faudra donc, pour sa construction, imiter ce qu'a fait la nature pour
les deux montagnes qu'il s'agira de réunir, en élevant une barrière artificielle qui comblera
la vallée et réglera le cours d'eau.
» Je compte. Messieurs, que vous serez en mesure de me remettre votre Rapport sommaire
avant mon départ pour Nevir-York, qui aura lieu vers le 8 février.
Panama, 28 janvier 1880.
0 Signé : Ferdinand de Lesseps. »
» Si vous croyez que cette Cotumunication puisse intéresser nos chers
confrères, veuillez la lire dans une de nos séances. Vous leur transmettrez,
en particulier, mes meilleurs souvenirs. Votis leur direz que M™* de Lesseps,
mes trois enfants et mes vingt coiupagnons sont en parfaite santé, malgré
nos excursions au soleil, et en traversant, au milieu des forêts vierges et des
broussailles, des trouées faites avec de grands coutelas appelés machetes.
En somme, le pays est magnifique, d'une splendeur indescriptible.
» J'espère qu'à noire retour en France nous apporterons la meilleure
preuve de la salubrité du climat de Panama et de la facilité d'exécution
du canal interocéanique, »
M. le Président annonce à l'Académie la perte douloureuse qu'elle vient
de faire dans la personne de M. Zittin, Correspondant de la Section de
Chimie, décédé à Saint-Pétersbourg le 18 février dernier.
AIÉMOIRËS PRÉSENTÉS.
MÉCANIQUE. — Recherche du coefficient de régularité du mouvement dans les
transmissions par câbles. Note de M. H. Léacté, présentée par M. Rol-
land.
(Commissaires : MM. Phillips, Rolland, Resal.)
« M. Kretz a montré (') que la régularité du mouvement dans une
(') Kretz, De l'élasticité dans les machines en mouvement [Comptes Tendus , "x!^ \\\\\-
et i865); Note au Cours de Mécanique appliquée aux machines, par Poncelet, p. 120,
264, 346.
( 499)
transmission renfermant un lien élastique dépend surtout de la valeur du
coefficient qui mesure l'extensibilité du lien, c'est-à-dire du rapport entre
le déplacement relatif des extrémités et l'accroissement de tension qui en
résulte.
» Le bon fonctionnement de la transmission exige que ce coefficient
reste compris entre certaines valeurs déterminées. Ces valeurs sont d'ail-
leurs fixées dans chaque cas par la double condition de maintenir, d'une
part, au-dessous d'une limite convenable l'amplitude des oscillations de la
vitesse du mécanisme, et, d'autre part, de ne pas dépasser une certaine
limite donnée pour les accélérations passagères des diverses parties de ce
mécanisme et les vitesses de changement des tensions.
» Bien que les câbles métalliques puissent être regardés comme inexten-
sibles, les transmissions télodynamiques présentent, par suite de la flèche
que prend chaque brin, des propriéte's analogues à celles des transmissions
par liens élastiques. Il est indispensable d'établir ce point et de déterminer
l'expression qui joue dans ce cas le même rôle que le coefficient d'extensi-
bilité dans les courroies.
» C'est à ce résultat, fondamental dans la théorie des transmissions par
câbles, que vont nous conduire les formules données dans une Communi-
cation précédente (').
» Désignons par l la demi-portée du câble, par^ la flèche de l'un de
ses brins, par p le poids de ce câble par unité de longueur, et affectons de
l'indice i les quantités relatives au brin conducteur et de l'indice 2 celles
relatives au brin conduit; nous aurons, au degré d'approximation
adopté,
p l'
» Distinguons maintenant par un accent les quantités relatives à la pou-
lie menée et par deux accents celles relatives à la poulie qui mène; puis
représentons par p.T les accroissements de tension qui se produisent aux
extrémités des brins du câble quand le mouvement permanent est altéré.
On a alors, d'après les formules établies dans le Mémoire précédemment
cité et en tenant compte des relations qui viennent d'être écrites,
3 l' , „ ,, l p fi (Plu"- a.'] I pi (fia." + a' ]
' ' 16 f^//^ ■' ^ g f, df 2 g dt'
(') Comptes rendus, 23 février 1880.
( 5oo )
pour
le
brin
conducteur,
fxt;.
a
") +
I /> /' d^f
'/—
r.,"\
+
I
2
d'{
a"-^a'1
^ëfi
di'
dt'
fiT';.
3 /• ,
«'
') +
I p p d'[
a'-
y")
—
I
2
g
'il
a" 4- a')
» s n
/'
dt'
pour le brin conduit.
» Les augmentations de traction 0 qui se produiront à la circonférence
de chacune des poulies seront donc
6' = iJ.z\~iJ.r,^ ^^pl'l^l,+^yu"-a')
+ ],'^1^{;, + IY'^'-''-!Ll"^
^ s \/; /;/ 'i'' ë ^''
ô"= Fi - f^^"2= tgP^" ( 7ï + 7^) («"- «')
i^/^ri+i^^^^i^^^ + ^z^
/: fi j di' s dt'
que l'ou peut réduire à
puisque les flèches sont toujours petites relativement à la portée.
» Telle est la relation qui donne l'accroissement de tension effective
en fonction du déplacement relatif des extrémités du câble.
» Si l'on désigne par w' et u" les vitesses angulaires des deux poulies,
par R leur rayou commun et par ii la vitesse angulaire correspondant au
mouvement permanent, on a évidemment
f/a' = R(w' — iî)rfi!,
et l'équation (i) devient
= r6/'^'U+/i)ï^(— "O + è^^'Gî
dt ib^ \/f f^j ^^ ' ' è^ \fi fij dt^
M Sans entrer dans la discussion de cette expression, ce qui dépasserait
les limites d'une simple Note, nous remarquerons que, réduite à son pre-
mier terme, qui est son terme principal, elle est identiquement de même
forme que celle donnée par M. Kretz pour les courroies.
» Toutes les conclusions établies par M. Kretz pour les transmissions
par liens élastiques s'appliquent donc aux transmissions télodynamiques
(Soi )
si l'on prend pour coefficient de régularilé la quaiililé
TC/^^'U+y7
't'+sl
p dx '
1 d- Il d' II. iP II \
\ dx^ dj^~^ dz' j
du du du dit
dx dy dz dt
fd'v d'i' d'l'\
\dx' ~^ dj' '^ dz')
do di' dv dv
= « — H- l' — + li^ — + -, '
dx dy dz de
I dp
P dz
fil'iv tP»' d'n'\
[dv' ' df' ' dz' )
du' di\' ih\' ihv
1 = « — + V' — -+- IV —■ 4- --
dx dy dz dt
HYDRODYNAMIQUE. — Fonction des vitesses; extension des théorèmes
de Laijranije au cas d'unjluide imparfait. Note de M. Bkesse.
(Renvoi à la Section de Mécanique.)
K Les équalions générales du mouvement d'iui fluide imparfait, établies
par Navier (t. VI des Mémoires de L'Jcadémie des Sciences de Paris), sont,
avec les notations ordinaires que tout le monde connaît,
' X-
(0 jY.
( ^
il faut y joindre l'équation de continuité
d.pu d.pv d.pn> do
dx dy dz dt
et, si le fluide n'est pas incompressible, une dernière équation entre la
pression et la densité. La démonstration des équations (i), dans lesquelles
£ représente, suivant les idées de Navier, une constante spécifique pour
chaque fluide naturel, suppose d'ailleurs le cas de mouvements réguliers,
qui permettent de regarder les vitesses u, v, w comme des fonctions con-
tinues de oc, j\ z^ t.
» On sait, d'un autre côté, que Lagrange a établi quelques propriétés
assez remarquables du mouvement des fluides, en admettant, outre l'hy-
pothèse de la fluidité parfaite : i" que les expressions ^dx -\-Y dj -^Zdz et
-i-^dx-\- —dr-h -r-<^A sont les différentielles exactes, relativement à x,
p \dx dy ■' dz I
jr, z, de deux fonctions T et w, 2° qu'il existe, au moins pour une valeur
particulière du temps, une fonction des vitesses, c'est-à-dire une fonction
ayant pour différentielle udx -hvdj -\-wdz relativement à x,f, z. Je me
propose ici de faire un travail analogue, en écartant l'hypothèse restrictive
C.R., iS8o, 1" Semcitrc.{1. XC, N" 10.) 66
dz
—
7^
1
P
_diV
^di
=
du
+
dv
4-
dw
( 502 )
de la fluidité parfaite et conservant à la constante £ de Navier une valeur
quelconque différente de zéro.
» I. Théorème. — Si la quantité udx + vdj + \vdz est différentielle
exacte, relativement à x, /, z, pour une valeur particulière t^ du temps t, elle
jouit de la même propriété pendant toute la durée du mouvement.
» Posons, en effet,
du du dv
dz ' dy dx
^=«^+('= + tV-;
eu égard à ces définitions et à celles des fonctions T et rs, les équations (i)
pourront s'écrire
\ dt dz\ 2 / V''-'^ dyl
Entre ces équations prises deux à deux, on peut éliminer T — w + sô V^ ;
en tenant compte de l'identité j" + 3^ + j^ = o> o"^ trouve facilement
dx dy dz
da. da. da. rfa ^ du du [ dv dn\ [ d-
o
d.v dy dz dt ' dy ' dz \dy dz '
da:- ~^ dy' ^ dl^ ) '
,„, I d& d& f/8 rfS df dv ^/dw du\ /d'& d'R
dt d'y dy dt dw n dw (du dv\ I cî-f d't
dx dy dz dt ' dx ' dy
[du dv\ fd-y d^t d'yX
y[Tx-^-dj^)-^'[J+dF'^jy
» Or la condition d'infégrabilité de udx-\- vdj" -+- wdz pour i = tg con-
siste en ce que cette même valeur de t doit annuler a, jS, y pour tout
point du système, ce qui entraine comme conséquence qu'elle annule aussi
toutes les dérivées de ces quantités par rapport à x,y, z. Si donc on fait
t = to dans les équations (3), on constate que les seconds membres sont
nuls et que, par suite, il en est de même des premiers. Ceux-ci, multipliés
par dt, expriment les accroissements de a, j3, y lorsqu'on suit une molécule
sur sa trajectoire pendant un élément dt du temps; donc les quantités a,
/3, 7, d'abord nulles, par hypothèse, au commencement de l'intervalle
( 5o3 )
de temps dt qui succède à l'époque /„, le sont encore à la fin; donc
udx-^vdy-JrW'dz est restée différentielle exacte pour la position corres-
pondante du fluide. Partant de cette seconde position, on verrait de la
même manière que a, /3, y restent encore nuls dans la nouvelle position
prise par le fluide après un second intervalle de temps dt; de cette troi-
sième position il serait possible de passer de même à une quatrième, et
ainsi de suite. On constaterait de proche en proche que a, /3, y restent nuls
et udx -{- V dy -\- w dz intégrable dans la position prise par le fluide après
un temps quelconque. Rien n'empêche d'ailleurs d'attribuer à dt une série
de valeurs négatives, afin de revenir aux époques antérieures à f„ ; l'énoncé
du théorème s'applique avant comme après cette époque particulière.
» II. Sans essayer de rechercher si la démonstration précédente pour-
rait se trouver en défaut dans certains cas exceptionnels (ce qui, au surplus,
ne semble pas facile à faire d'une manière suffisamment nette et précise),
admettons l'existence d'une fonction (f[x^ j, z, t) telle qu'on ait con-
stamment
do dt) do
dx dy dz
Les quantités «, j3, y restant toujours nulles pour tous les points du fluide,
les équations (2) peuvent se mettre sous la forme
dx \dt j dx \ 2
M) 1I(S) = |(t-'+=«-îV'
d'où l'on conclut immédiatement
(5) ^J=.T-. + a5-lV'+C,
C représentant une fonction de la seule variable t. On pourrait remplacer
dans ré,ua.io„ (5) « par g + g + S e. V^ par (È)V(|)'+ (5)'=
d'un autre côté, supposer que -{-^dx-\--^dy+ -j-dA est une différen-
tielle exacte relativement à x, y^ z revient à supposer que p e\. zs sont à
chaque instant des fonctions de p\ par suite, l'équation (5) peut être con-
sidérée comme une première relation entre les inconnues © et p.
( 5o4)
» I.'éqnatioii de continuité en fournit une seconde, car elle devient, par
l'introduction des dérivées de o au lieu de ^/, t», n',
/^\ /'''f "^ï ''''?\ f/o f/o f/(f dû df^ do do
^ ' ^ \d.c^ "'' 'dj' "^ Â~ j "^ r/^ dx "*" o-J «y "^ ^ i^ "^ ^ ~ °"
Les équations (5) et (6) détermineraient donc p et 'f, d'où l'on déduirait
ensuite, par des opérations toujours faciles, /j, u, i', w, »
ÉCONOMIE RURALE. — Syrphes et Entomoplilliorées; par M. Ait. Giakd.
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
« Dans la séance du 9 février 1 880 ( ' ), M. le Secrétaire perpétuel, en pré-
sentant à l'Académie un Mémoire de MM. Cornu et Brongniart sur une
épidémie causée chez des insectes du genre Syrphe par un champignon
parasite [Entomopluhora), appelait l'attention des hommes de science sur
les services que l'Agriculture peut attendre de la propagation des cryp-
togames.
» Les travaux de Brefeld, de Sorokin et surtout ceux beaucoup plus
récents de Metschnikoff (^) ont fait entrer cette question dans la voie
expérimentale. J'ai moi-même entrepris des recherches du même genre
[Bulletin scientifique du Nord, novembre 1879); je ne puis donc qu'ap-
puyer, après bien d'autres, l'idée générale émise par M. Dumas.
» l.II n'existe pas une espèce û'Entomopttlhora parasite de tous les
insectes; mais, jusqu'à présent, les espèces connues sont spéciales à un
insecte déterminé, ou seulement à quelques espèces très voisines. Les expé-
riences devraient être faites avec un Entomoptittwrn des pucerons, l'^". Pla/i-
choniana (M. Cornu) par exemple. En dehors des Entomophthorées, on
pourrait essayer encore le Mcrocern cocco/jZ/i'/a (Desm.) (Stilhacées). Tou-
tefois, cette dernière espèce paraît se développer surtout sur les pucerons
déjà malades ou mourants.
» De plus, je n'ai pu réussir encore (et d'autres n'ont pas été plus
heureux) à cultiver aucune espèce iV Entomophthora dans un milieu arti-
ficiel. Il n'en est pas de même de Vharia desliuclor, parasite du hanneton
(') Coin/ites rendus, Y». l\o) iSl.
(') Sur les maladies du hanneton des blés [Anisnplia anslriaca), publié en russe à
Odessa, janvier 1879.
( 5o5 )
des blés et d'aulres ■Coléoptères ('); Melschnikoff a réussi à faire prospérer
et fructifier ce champignon sur de l'asbeste on du coton imbibé de bière
de maïs, en dehors de tout substratum animal, ce qui permet de l'avoir
à chaque instant à sa disposition.
o Les idées de Hagen, d'après lesquelles la levure de bière serait suscep-
tible de donner naissance à des Enlomophtiiora, sont inacceptables dans
l'état actuel de la Science. Si la leviire tue les insectes, ce qui est très pos-
sible, c'est comme levure qu'elle agit et non comme germe d'autres cham-
pignons (^); je doute fort toutefois qu'on puisse détruire le Phylloxéra des
racines par un simple arrosage avec de la levure diluée.
» 2° Si, par hasard, on réussissait à propager V Entomophthora des
Syrphes, on sauverait par là même l'existence de milliers de pucerons.
M Les Svrphes sont en effet, à l'état larvaire, de grands mangeurs d'Aphi-
diens, et, chose particulièrement intéressante, les larves de Syrphiens sont
bien plus indifférentes que les champignons sur le choix des insectes
qu'elles attaquent. C'est ainsi que j'ai trouvé communément à Wimereux
une belle larvede Syrphien vivant aux dépens d'un puceron très aberrant,
la Livin juncoriim (')■ La Livia produit sur le Juncus larnprocarpus (Ehr) des
sortes de galles situées au bas des liges et souvent plongées dans l'eau. Le
puceron est, en outre, couvert d'une sécrétion cireuse très abondante, qui le
protège contre l'humidité. Malgré ces circonstances, en apparence très favo-
rables, les Livin n'échappent nullement aux attaques d'une larve de Syrpims,
qui dévore également les pucerons ordinaires.
» D'autre part, on connaît peu ou point les premiers états d'un certain
nombre de Syrphiens. Les beaux genres Doros et Chrjsotoxum pondent à
terre au milieu des herbes, et leurs larves sont évidemment souterraines. J'ai
aussi rencontré des larves de Diptères et probablement de Syrphiens dans
des fourmilières où étaient élevés des pucerons sur des racines de Grami-
nées, de Taraxacum^etc. Nous avons donc, dans ces Diptères, des auxiliaires
qu'il ne nous est pas permis de négliger, à côté de tous ceux que nous pour-
rons trouver, soit dans le règne animal, soit dans le règne végétal. »
(') 'VJsaria attaque également la lame et la nymphe souterraines tle V Anisoplia.
(') Les expériences (le Popoffet celles de mon ancien élève E. Marix montrent que la
levure, introduite dans le sang ou même dans le tube digestif des Vertébrés, produit des
accidents rapidement mortels.
[') Bulletin scientifique du Nord, 1878, p. i i
( 5o6 )
VITICULTURE. — Mémoire sur les moyens applicables à la destruction
du Phylloxéra; par M. le D"' Hamm.
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
« De tous les moyens insecticides employés jusqu'ici avec quelque succès
pour combattre les effets désastreux du Phylloxéra sur la vigne, le plus
ancien, et celui auquel on a encore aujourd'hui le plus souvent recours,
est le sulfure de carbone. Dans le commencement, ce liquide éthéré avait
été employé en quantités considérables dans un but de complète intoxica-
tion du sol. Or, par ce moyen, il arrivait que, au lieu d'apporter remède au
mal, on ne faisait que le rendre pire; les ceps de vigne infestés qu'on se
proposait de guérir étaient littéralement tués par la force exagérée du
médicament, et détruits à la racine. Plus tard, et jusque dans les derniers
temps, instruit par l'expérience, on a fait usage de ce liquide à petites
doses et de manière à ne pas produire sur les ceps un effet irrémédiable,
pire que la maladie même. Mais ce procédé, pour être efficace, devait être
répété souvent, et l'on a dû reconnaître que le sulfure de carbone, même
employé à petites doses, ne laissait pas de produire sur la vigne un effet
nuisible à la végétation, lequel ne pouvait être combattu que par l'emploi
de riches engrais, propres à rendre aux ceps la force qui leur était enlevée,
mais, de leur nature, dispendieux. Là où ce soin était négligé, la vigne
infestée, affaiblie déjà d'avance, n'en périssait que plus sûrement. Ce
sont là des expériences que nous n'avons faites, hélas ! que trop souvent
dans les vignobles attaqués par le Phylloxéra dans la basse Autriche. On a
de même observé que l'évaporation du sulfure de carbone s'effectue, sui-
vant la nature du sol, d'une façon qui varie à l'infini et dans des propor-
tions impossibles à prévoir : ici elle s'opère avec une rapidité étonnante;
là, moins promptement et dans des conditions plus régulières ; ailleurs enfin,
l'évaporation a lieu très lentement, suivant que le sol est crevassé, poreux
ou humide. Toutefois, et il n'existe nul doute à cet égard, le fluide insecti-
cide agit avec le plus d'efficacité là où l'évaporation est la plus lente, la plus
égale, ce qui lui permet, d'un côté, de pénétrer plus profondément dans
le sol et de s'y étendre davantage, en même temps que d'un autre côté son
séjour plus prolongé lui permet d'agir plus efficacement sur l'insecte qu'il
est destiné à détruire, que s'il s'échappait presque aussitôt par les issues
qui lui sont offertes pour aller se perdre dans l'air atmosphérique. C'est sur
( So7 )
l'observation ainsi faite que repose le principe des cubes Rohart. Mais ce
système, quelque rationnel et juste qu'il soit d'ailleurs, doit pouvoir être
employé à peu de frais, et son succès ne doit pas dépendre de la nature
particulière du sol ; de telle sorte que, par exemple, dans un terrain sec,
privé de l'humidité nécessaire pour la prompte décomposition des capsules
gélatineuses dans lesquelles le sulfure de carbone est enfermé, son succès
reste toujours incertain.
» M'étant livré depuis de longues années et sans relâche à l'étude de la
matière, je crois avoir trouvé le moyen de parer aux inconvénients que peut
trouver cà et là, dans son emploi, le système des cubes Rohart, et je
prends la liberté de soumettre ici à l'examen mes explications à ce sujet et
les conclusions que j'en tire.
» De toutes les matières connues qui servent à absorber et contenir en
elles les liquides, la terre d'infusoires (ou poudre siliceuse) est celle qui
absorbe le sulfure de carbone en plus grande quantité, tandis que c'est
aussi celle qui en permet le moins l'évaporation. La terre d'infusoires peut
retenir de six à huit fois son propre poids de sulfure de carbone, et ne
laisse s'évaporer de cette quantité, dans l'espace de quatre jours, que les
0,4- Pour imprégner le sol autour d'un cep de vigne de lo^'^de sulfure
de carbone, on a besoin tout au plus de 2^ de terre d'infusoires ; d'où il
résulte que, avec une dose de 20^'', on peut porter sur la racine d'un cep
160^ de sulfure de carbone, quantité qui, si elle y était introduite par
infusion directe, ne manquerait pas de tuer instantanément la plante;
mais, appliquée sous la forme dont il est question ici, c'est-à-dire par l'in-
termédiaire de la terre d'infusoires, elle ne saurait lui nuire que très peu et
certainement, en tout cas, beaucoup moins que ne le feraient lo^"^ de sul-
fure de carbone directement introduits à la racine du cep. En outre, l'éva-
poration du sulfure de carbone contenu dans la terre d'infusoires se fai-
sant, comme il vient d'être dit, dans de si petites proportions, que dans
l'espace de quatre jours seulement 0,4 du poids s'en échappent à l'air
libre, c'est dire qu'en employant 208'' de terre d'infusoires, 8^'' de sulfure de
carbone seulement s'évaporeront. L'effet produit dans le sol par le fluide
insecticide en sera beaucoup plus radical, la durée de son séjour aura plus
de ténacité, ses vapeurs s'étendront sur une plus grande étendue, et par là
rendront certaine l'extirpation de l'insecte malfaisant. Supposons mainte-
nant, sur la base des calculs qui viennent d'être faits, qu'un hectare de
terrain soit planté de 1 2 000 ceps de vigne, de quelle quantité de terre d'in-
fusoires aurait-on besoin pour y appliquer le système de désinfection dont
( 5o8 )
il est question ici? On n'aurait pas besoin de plus de 240''^ de cette ma-
tière, et un wagon de chemin de fer en peut transporter plus qu'il n'en faut
pour 4o hectares de vigne.
» On sait qu'il existe, dans beaucoup de lieux, des gisements de terre
d'infusoires, dont on ne fait que peu ou point usage; celte matière absor-
bante ne serait donc pas difficile à se procurer dans des conditions de
bon marché. Quant à la préparation du mélange insecticide, rien de plus
facile ni de moins onéreux, et les frais dans lesquels son emploi entraine
sont également minimes. L'imprégnation de la terre d'infusoires avec le
sulfure de carbone se fait d'une manière très simple et ne réclame l'usage
d'aucun instrument particulier, d'aucun appareil. Le dosage, ainsi que
l'introduction au pied du cep, déblayé à cet effet jusqu'à une profondeur
d'environ o™,4o, des masses de terre d'infusoires imprégnées, se fait au
moyen d'une cuiller en fer-blanc ; un travailleur marche en avant, qui ouvre
le sol; un autre le suit, qui remplit; un troisième vient enfin, qui recouvre
l'excavation, et tout est fini. Il n'est pas non plus nécessaire de répéter
l'opération plusieurs fois pendant le cours d'une année; aussi les frais occa-
sionnés par ce procédé sont-ils incomparablement moindres que ceux
auxquels oblige le traitement au moyen du pal distributeur, en usage jus-
qu'ici, et qui exigeait qu'on répétât l'infusion trois fois dans le cours d'une
année. La profondeur de o™,4o, indiquée plus haut comme étant la plus
convenable à l'introduction de la préparation insecticide, est parfaitement
suffisante, en ce que le sulfure de carbone, ne s'évaporant qu'avec une
extrême lenteur, tend à pénétrer par son poids spécifique dans les couches
inférieures et à s'y répandre. En outre, un avantage particulier que pré-
sente le procédé préconisé ici est que, dans les lieux infestés, les ceps de
la vigne devant nécessairement tous être mis à découvert, pour constater
l'intensité et l'étendue du mai, on peut profiter du moment où ce travail
important a lieu pour procéder à l'application du remède.
» A la place de la terre d'infusoires, il est une autre matière qu'on peut
aussi employer pour l'absorption du sulfure de carbone, je veux dire le
guano du Pérou. A l'analyse des cendres, cette matière montre très sou-
vent sous le microscope des restes abondants de Diatomées, tels que ceux
dont se compose la terre d'infusoires. Cette circonstance seule suffirait
pour qu'on put espérer un succès favorable de l'emploi du guano du Pérou,
comme matière d'absorption du sulfure de carbone. En elfet, le guano du
Pérou est susceptible d'absorber la moitié de son poids de sulfure de car-
bone; de sorte que, pour introduire au pied d'un cep de vigne lo*^' de
( 5o9 )
l'insecticide, on n'a besoin que de ao'^'^ de guano; calcule-t-on maintenant
par hectare la quantité voulue, on voit qu'elle est de 2,5 quintaux mé-
triques := 230''^. Avec ce procédé, il serait nécessaire, il est vrai, de répéter
l'opération trois fois dans une année, ce qui, eu égard au prix du guano
du Pérou, occasionnerait une augmentation de frais considérable, compa-
rativement avec la terre d'infusoires comme matière absorbante. Toute-
fois, ou y gagnerait d'un autre côté, car le riche engrais dont chaque cep
de vigne doit être pourvu après l'emploi du sulfure de carbone au moyen
de la terre d'infusoires, étant fourni par le guano du Pérou lui-même,
offrirait une compensation plus que suffisante.
» Après l'avoir fait précéder de ces observations, j'ose prendre la liberté
d'exposer ici une idée tout à fait nouvelle ('), ayant pour objet la destruc-
tion du Phylloxéra.
)) Chacun sait qu'à de certaines époques, dont les retours se produisent
d'une façon aussi inexplicable qu'inattendue, des insectes nuisibles aux
plantes et à la végétation font leur apparition en quantité vraiment sur-
prenante. Non moins soudainement et d'une façon tout aussi inatten-
due, ces insectes disparaissent du sol comme s'ils en avaient été balayés;
un temps assez long s'écoule sans qu'on en voie aucune trace, puis,
tout à coup, il en reparaît des myriades sans qu'on sache comment et de
quelle manière cela se fait. Toutefois, si l'apparition périodique de ces
insectes est encore, partiellement du moins, un mystère pour la Science,
leur disparition ne l'est plus : ils succombent, presque tous et par millions
à la fois à des épidémies, éclatant tout à coup et dues à des formations vé-
gétales d'une petitesse infinie, à des champignons [Myces, Myceies) que le
microscope seul permet d'apercevoir et qui tous portent en eux des
germes épidémiques. Chez les Diptères, les larves des Coléoptères et sur-
tout chez les Chenilles, de semblables épidémies causées par les champi-
gnons ont été souvent observées et soumises à l'examen de la Science.
Les Thallophytes qu'ils forment appartiennent généralement aux classes
des Schizoïnycètes (species : Baclerium, Vibrio, Micrococcus, Bacdlus, etc.),
Pyrénomycèles (species : Bolrylis, FumcHjo, Cordiceps vel Isaria, etc.) et
(') M. le D'' Hamm n'avait pas connaissance des réflexions exposées dans la séance du
g février au sujet de l'espoir à fonder, pour la destruction spontanée du Phylloxéra, sur
l'intervention de ses ennemis naturels. Son opinion, conçue d'une manière indépendante,
venant confirmer et préciser celle qui était soumise il y a un mois à l'Académie, n'en a que
plus d'intérêt, ( Note du Secrétaire perpétuel.)
C. R., 18S0, 1" Semestre. (T. XC, N' 10.) 67
( 5io)
Basidiomycètes (species : Eniomophlhora,Empusa,e\c.)', leurs spores essai-
mants, et qui s'étendent souvent comme des harpons, s'attachent aux par-
ties molles du corps des insectes, dans l'intérieur duquel leur mycélium
rameux se développe avec une rapidité extraordinaire, sans manifestation
extérieure, jusqu'à ce que ses branches perforent la peau et causent ainsi
la mort de celui qui leur accorde cette hospitalité dangereuse, assurant en
même temps par là leur propre reproduction. Si l'on considère la quantité
extraordinaire des spores et la facilité extrême avec laquelle ils s'attachent
et se colonisent, on ne saurait s'étonner que les maladies qu'ils produisent
soient épidémiques, ni de ce que, parmi l'espèce des insectes affectes, une
mort subite se répande avec les mêmes caractères sur un grand nombre
d'individus.
» Chez les Chenilles du Gastropacha pini, qui tout à coup apparues par
myriades ont souvent dévasté des forêts entières de Conifères, ou a constaté
à différentes reprises que le champignon Cordiceps, connu aussi sous la
forme de conidies, comme 7sar/a, produit une épidémie qui, dans l'espace
de quelques jours, détruit 80 pour 100 de ces malfaisants insectes; parmi
les Chenilles de l'espèce Pieris (P. brassicœ et rapœ), le champignon Ento-
mophthora radicans fait également son apparition avec un caractère épidé-
mique. Parmi les épidémies produites par des champignons, celles qui ont
été étudiées avec le plus de soin et d'exactilude sont les maladies des vers
à soie : la muscardine, produite par le champignon Botrylis bassiana ; la
pébrine ou maladie des corpuscules, dont la cause est un champignon pa-
thogène de la famille des Bactéridies, Nosema bombycis; enfin la flacherie,
produite par l'apparition simultanée des champignons Micrococcus et
Vibrio. La pourriture des larves chez les Abeilles est également produite
par une pullulation de Bactéridies. C'est en partie à de semblables épidé-
mies qu'on doit aussi attribuer, dans les années où les hannetons font d'ha-
bitude leur apparition en masse, l'absence totale de ces insectes et autres
Coléoptères, simplement parce que leurs larves ont péri par ces maladies :
on a souvent observé de telles larves malades. Non moins fatal est ce mal
contagieux aux Diptères, aux Hyménoptères, Abeilles, Bourdons, Cousins,
Mouches, etc. Tout le monde connaît les Mouches domestiques envelop-
pées dans un plasma blanc rempli de spores de VEmpusa muicœ, dans leur
singulière rigidité.
M Bref, on est arrivé à se demander si les Hémiptères [Rlipichota), parti-
culièrement les Aphides, ne sont pas également soumis aux influences per-
nicieuses des champignons pathogènes. Leur organisation, la complexion
{ 5.1 )
molle de leur corps autorisent cette supposition, et il y aurait, en effet, lieu de
s'étonner beaucoup qu'ils ne le fussent pas. Jusqu'ici, aucune investigation,
que je sache du moins, n'a été faite à cet égard, et pourtant il serait delà
plus haute importance qu'on s'y livrât ; car, si ces insectes à la pf au tendre
et délicate sont soumis à l'influence des champignons pathogènes, nous
aurions trouvé peut-être un nouveau moyen d'essayer nos forces contre
l'ennemi terrible de nos vignobles, en répandant partout où il se trouve
des épidémies artificiellement produites par l'un ou l'autre des ferments
on des champignons pathogènes qui les engendrent.
)) L'idée d'un pareil moyen n'est pas aussi théorique et inexécutable qu'il
peut en avoir l'air à première vue. Il s'agirait, avant tout, de s'assurer si les
Aphidiens, eu général, sont accessibles à la contagion de certaines épidé-
mies fongiques, et laquelle des espèces de Protophyta ou Carposporeœ est
propre à produire sur eux l'effet destructif le plus prompt et le plus éner-
gique; ensuite la question serait de produire, artificiellement et en énormes
quantités, les mycétes pathogènes, pour les employer comme semence
d'infection à répandre dans tous les lieux où le Phylloxéra exerce ses
ravages ; ce qui, comme on le verra par les quelques explications qui vont
suivre, ne présente pas la moindre difficulté. Il est notoirement connu, par
exemple, que les myces Micrococciis et Fibrio, qui sont la cause de la fla-
cherie chez les Vers à soie (le ferment moniliformedeM. Pasteur et la levure
putride de M. Hallier), peuvent être produits en aussi grandes niasses qu'on
le désire, au moyen d'infusions faites sur des insectes écrasés de quelque
espèce qu'ils soient. On peut également produire et multiplier à l'infini et
dans un épais fluide extractif, tel que, par exemple, la trempe de bière,
différentes espèces de Schizomycètes et de Carpospores, qu'on rencontre
avec le caractère épidémique chez les Chenilles et les larves des Coléoptères.
Rien ne serait plus facile, cela une fois atteint, que de répandre et d'intro-
duire dans le sol, en les mélangeant, pour en assurer la distribution à peu
près égale, de sable fin ou d'engrais pulvérisé, les champignons ou myces
ainsi cultivés, et amener de cette manière, par la peste, une mort prompte et
certaine dans tous les lieux où se trouve l'insecte redouté. La chose se
présente sous un jour d'autant plus clair que la ténacité bien connue de la
vie chez les corpuscules germes des Bactéridies est une garantie de leur ef-
ficacité, même dans le sein de la terre. S'il y avait encore à ce sujet des
doutes, les recherches faites dernièrement par M. Pasteur sur la cause du
charbon ou anthrax seraient de nature à les lever, en ce que ce célèbre
physicien attribue cette maladie à des Bactéridies qui se sont parfaitement
( 5.2 )
maintenues, développées et multipliées pendant dix mois à diverses profon-
deurs du sol, de sorte qu'elles sont en tout temps en état de propager la
contagion qu'elles portent en elles. »
AGRONOMIE. — Sur l'influence toxique que le mycélium des racines de la
vigne exerce sur le Phylloxéra. Note de M. A. Rommier, présentée par
M. P. Thenard.
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra).
« MM. Ch. Brongniart et Max. Cornu, d'une part, et M. Donkier de
Donceel, d'antre part, viennent de publier des recherches très intéressantes
sur l'empoisonnement des mouches et autres insectes par des champignons,
et particulièrement par la levure de bière.
» M. Dumas, partant de ces propositions, s'est demandé si les propriétés
vénéneuses de certains champignons, dont on favoriserait le développe-
ment, ne seraient pas applicables à la destruction du Phylloxéra.
» Le fait suivant, sans résoudre la question principale, vient cependant
à l'appui de cette vue nouvelle : nous remarquons en effet depuis quatre
ans que, sur des racines phylloxérées placées dans des flacons d'expériences
entretenus à une température de t 5° à 20°, s'il se développe un mycélium à
longs filaments blancs, le Phylloxéra disparaît, tandis qu'il pullule indéfini-
ment dans le cas contraire.
» Est-ce à dire que, pour détruire le Phylloxéra, il faille pousser au
développement de ce mycélium? Évidemment non, puisque son apparition
est un signe de la mort prochaine de la vigne; mais le fait n'en rentre pas
moins dans les idées avancées par MM. Dumas et Max. Cornu, sur l'in-
fluence que des végétaux d'un ordre inférieur peuvent exercer sur l'exis-
tence de l'insecte. Il explique aussi pourquoi, dans les vignes phylloxérées
dont les racines se couvrent de moisissures, on ne rencontre presque plus
de Phylloxéras. »
Observations verbales; par M. Pa.steur.
« Je suis très heureux deconstater que M. Dumas et M. Thenard, qui ont
fait connaître les insecticides les plus parfaits contre le Phylloxéra et qui
en ont démontré l'efficacité, bien loin de s'arrêter à ce qui est définitive-
( 5.3 )
ment acquis, poussent en avant les observateurs et les pressent dans une voie
nouvelle d'éludés et d'expériences. Cette voie nouvelle est précisément
celle que j'aurais aimé à suivre si d'autres études m'avaient laissé le loisir
de m'occuper du terrible fléau. Il faut applaudir à la découverte et à l'ap-
plication déjà si fructueuse des insecticides, sans oublier que leur action
est locale. Quand la vie a une puissance égale à celle qui se manifeste dans
la reproduction du Phylloxéra, c'est pnr la vie principalement et par une
puissance de reproduction supérieure qu'on peut espérer triompher.
Comme toutes les espèces vivantes, le Phylloxéra doit avoir ses maladies,
ses parasites, des causes naturelles de destruction.
» Je rechercherais ces maladies et ces parasites. De ces derniers j'étu-
dierais les propriétés, afin de savoir s'il n'est pas possible de les multiplier
et de les opposer au Phylloxéra. En i865, la race des vers à soie était bien
près d'être anéantie en France par l'organisme microscopique désigné sous
le nom de corpuscule de Cornalia, et cela alors même qu'on faisait tout
pour éloigner cet ennemi du précieux insecte. Ici, et en ce qui concerne
le Phylloxéra, il faut tenter de renverser le problème. Cherchons à l'espèce
Phylloxéra un parasite, et, loin de combattre ce dernier, faisons qu'il se
multiplie et s'attache au Phylloxéra jusqu'à le détruire, comme il eût été
si facile de détruire la race ver à soie par le parasite corpuscule de la
pébrine. »
M. Emile BLAxcHAnD, à la suite delà précédente Communication, rap-
pelle qu'il s'est désintéressé delà question du Phylloxéra, les opérations
n'ayant pas été conduites selon le vœu des naturalistes; il n'a pris aucune
part aux récentes discussions qui se sont élevées à ce sujet dans le sein de
l'Académie. Dans la circonstance actuelle, il regarde pourtant comme un
devoir de ne pas laisser se propager des illusions, naître des espérances qui
seraient fatalement déçues.
Il est réel que les animaux en général se trouvent exposés aux atteintes
de parasites et que des individus périssent, en nombre plus ou moins notable,
suivant les conditions d'existence des espèces; mais il est avéré, par les
études d'une foule'^d' investigateurs, que les destructions accomplies dans la
nature par les êtres parasites demeurent toujours, relativement à la quantité
des individus, dans des proportions restreintes. Il est donc impossible de
s'arrêter à l'idée de répandre un parasite chargé d'anéantir le Phylloxéra.
Lorsqu'on cite l'exemple des vers à soie frappés d'affections mortelles
ou succombant en grandes masses envahis par un végétal parasite, on ou-
{ 5i4 )
blie que nulle comparaison ne saurait être faite entre le Phylloxéra, vivant
sous terre dans une sauvage indépendance, et le ver à soie, maintenu hors
des voies de la nature et marqué d'ailleurs de tous les signes de la dégéné-
rescence amenée par l'étal de domesticité. A l'époque où la muscardine ap-
parut dans les magnaneries, on ne tarda point à reconnaître que la terrible
maladie des vers à soie était due à la présence d'un champignon parasite, un
Botlirylis; l'observation, alors mise en éveil, procura la connaissance d'affec-
tions analogues chez différents insectes. On put acquérir ainsi des preuves
que, pour chaque espèce, la plupart des individus échappent aux parasites.
A l'égard des insecticides imaginés en vue de la destruction du Phyl-
loxéra, M. Emile Blanchard rappelle ses efforts pour arrêter une confiance
exagérée. Il signale l'mnocuité de substances acides ou alcalines sur les
téguments des insectes; il énumère les causes qui rendent fort difficile
l'asphyxie complète des bétes souterraines au moyen de gaz délétères, qui
s'échappent dans un court espace de temps. L'exemple des submersions
prolongées pendant six semaines sans avoir fait périr tous les Phylloxéras
est démonstratif.
Relativement à la façon d'interpréter ses paroles comme une manière
de décourager les investigateurs, M. Emile Blanchard n'a qu'une réponse
bien simple à faire : c'est lui qui, dès l'année 1871, au moment où l'Ad-
ministration promettait un gros prix à l'inventeur d'un procédé capable de
détruire le Phylloxéra, insistait énergiquement pour qu'on demandât une
« étude très parfaite de l'animal nuisible, de son organisation, des condi-
» lions de son existence, de son mode de propagation », une pareille étude
devant conduire à discerner dans quelle direction il faudrait opérer pour
arriver au but (' ). »
Réponse de M. Pasteur à M. Blanchard.
« Notre excellent confrère M. Blanchard vient de traiter non sans un
certain dédain les observations que MM. Dumas, Thenard et moi nous
avons présentées. Ce sont pour lui des illusions contre lesquelles c'est son
devoir, dit-il, de prémunir les viticulteurs et les savants. Que M. Blanchard
me permette de lui dire qu'il a raisonné en naturaliste et non en expérimen-
tateur. Il nous rappelle que, s'il est d'accord avec nous sur ce point que
(') L'Instruction générale en France [Revue des Deux-Mondes, i5 octobre 1871, p. 822).
(5i5)
les espèces animales ont des parasites qui causent certains ravages, on n'a
jamais vu ces ennemis anéantir toute une espèce. Mais je demande que,
après avoir recherché et découvert certains ennemis naturels microscopi-
ques du Phylloxéra, on tente de les multiplier et de les opposera cette race
maudite : on fera alors de l'expérimentation. M. Blanchard met en relief la
puissance de reproduction du Phylloxéra : je vais lui citer des faits d'his-
toire naturelle qui lui montreront que la multiplication extraordinaire du
Phylloxéra n'est qu'une niaiserie à côté de la puissance de vie et de propa-
gation de certains parasites. J^a salle qui nous rassemble en ce moment est
bien grande; elle a des centaines de mètres cubes de capacité. Je me ferais
fort de la remplir d'un liquide de nature telle, que, en y semant un orga-
nisme microscopique parasite des Gallinacés, dans l'intervalle de quelques
heures tout ce vase de capacité immense serait troublé par la présence du
parasite, et en si grande abondance, que tous les Phylloxéras du monde
seraient, pour leur nombre comparé au nombre des individus du parasite
dont je parle, comme une goutte d'eau dans la mer. Je me place ainsi sur
le terrain de l'Histoire naturelle, mais de l'Histoire naturelle expérimentale.
» M. Blanchard ne voit qu'illusions dans les idées qui viennent d'être
émises. Je prends la liberté de lui rappeler que les illusions de l'expéri-
mentateur sont une grande partie de sa force; ce sont les idées préconçues
qui lui servent de guide. De celles-ci beaucoup, le long du chemin qu'il
parcourt, s'évanouissent; mais, un beau jour, il reconnaît et il prouve que
certaines d'entre elles sont adéquates à la vérité. Alors il se trouve maître
de faits et de principes nouveaux dont les applications, tôt ou tard, répan-
dent leurs bienfaits. »
M. J. DE Meréxyi adresse un Mémoire sur la solution de divers pro-
blèmes de Géométrie.
(Commissaires : MM. Hermite, O. Bonnet, Puiseux.)
M. Méxétrier adresse une Note sur la propagation de la lumière et son
application à la théorie de l'arc-en-ciel.
(Commissaires : MM. Desains, Cornu.)
M. Is. CoFFiN adresse de New- York, par l'entremise de la Légation des
États-Unis, un Mémoire relatif à un traitement du choléra.
(Renvoi à la Commission du legs Bréant.)
( 5i6)
CORRESPONDANCE.
M. AuDioÉ, M. RouRGOiN, M. BocTMY, M. Ed. Collignon, m. Ckafts,
M. Davaine, m. Dujardin-Beaumetz, m, Fraxçois-Franck, m. Gréhaxt,
M. Haro, M. Leudcger-Fortmorel, M. Riban, M. Simonin, M. Souillart,
M. Studer, m. Thollon, M. Toussaint adressent leurs remercîments à
l'Académie pour les distinciions dont leurs travaux ont été l'objet dans la
dernière séance publique.
M. Périgaud, m. Perrotin prient l'Académie de vouloir bien les com-
prendre parmi les candidats à la place d'Astronome titulaire, vacante à
l'Observatoire de Paris.
(Renvoi à la Section d'Astronomie.)
M. le Ministre de la Gcerre adresse, pour la bibliothèque de l'Institut,
le Tome XXXV (3* série) du « Recueil des Mémoires de Médecine, de Chi-
rurgie et de Pharmacie militaires ».
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance:
1° Un Volume adressé devienne par M. de Burg et relatif à l'efficacité
des soupapes de sûreté adaptées aux chaudières. (Renvoi à la Section de
Géographie et Navigation.)
2° Un Volume adressé par M. S.-L. Schencli, de l'Université de Vienne,
sous le litre « Mittheilungen aus dem embryologischen Instilute, I. Band ».
(Renvoi à M. Robin.)
3" La seconde année des « Revues scientifiques » publiées sous la direc-
tion de M. P. Bert.
4° Une Brochure de M. E. Trélat, intitulée « Note sur l'effondrement du
marché du Château-d'Eau ».
5° Deux Lettres de M. Forel et de M. Soret, concernant les « seiches
dicroles ». (Extrait des Archives de Genève.)
( 5.7 )
ASTRONOMIE. — Epliéméride de la plnnète @ Héra, pour Vopposilion de
1880. Note de M. O. Callandueait, présentée par M. Mouchez.
!"'"""'' Temps
T. M.deBcrIiii jr Déclinaison d'aber-
1880. apparente. Différence. apparente. Diflerencc. 1"!;A. ration.
Avril I.. i3]46r2o'95 _,/,, — 2°.55.38,5 ,. ' »
2.. .3.45.36,51 ZV^l -2.49.37,3 t^" '■' 0,25894 i5? 4
3.. .3.44. 5., 35 ~%^f -2.43.36, +f-''^" ^ ^
4.. .3.44. 5,53 -%f^ -2.37.35 t r?- ''^
5.. ,3.43. .9,,, -)^'4^ -2. 3,. 34,6 ^^-"'^
■ 6.. .3.42.32, ,5 -ff -2.25.35,0 +^-^9,6 558g ,^
7.. .3.4.-44,70 -£'^^ -2. .9.36,9 +^-^^'1 '
8.. .3.40.56,82 -j^.88 _,.,3;4„^^ -^^-fr^
9.. .3.40.8.55 l48,^7 _,. ,.^6,3 Xlf^^"
.0.. .3. 39. ,9.96 _g'g -2. ..54,6 :r^-j''^ 0,25384 14.53
I... .3.38.3.,,. T'^% -..56. 5,8 ^l-fA
.2.. .3.37.42,06 -;9'°5 -. .50.20,3 -^l-fi
,3.. .3.36.52,86 "f^.^o _,_^^38^5 +5,4. ,8
.4.. .3.36.3,57 ~12';? -..39.0,8 X\^.'] 0,2529, ^-S.
,5.. ,3.35. .4,26 ~f'^' -..33.27,4 "^^-^^^
,6.. .3.34.24,99 ~")9--7 _,.,,.5è,5 +5.28,5
,7.. ,3.33.35,80 -49,'9 _,.,L35,5 +^i'^
.8.. .3.32.46,75 Z%%\ -'•■7.>7.5 itsM'^ °'^^^°> '^•^'
,9.. ,3.3. .57,9, ;^'84 _,.,a. 5,4 +5. ,2,,
20.. ,3.3i. 9,33 -48.58 ^, 65 ^ +..6,0
2,.. .3. 30.2,, 06 -f'=7 _,. ..59:8 +fj9,6
22.. .3. 29. 33, .4 ~y'f -0.57.6,9 +4.52,9 0^25430 ,454
23.. ,3.28.45,64 -j''^° -o.52.2.,o +fi^'9
24.. ,3.27.58,60 -47.04 -0.47.42,3 +4-38,7
25.. ,3.27. ,2,07 -4^f _,4'3.;f.;, +4.3.,.
26.. ,3.26.26, ,0 -g'97 -0.38.47,7 il'!?'! 0.^-5656 ,4.59
27.. ,3.25.40,74 -45.36 _0.34.33 3 +4-'5,4
.28.. ,3.24.56,03 -44.7' _o.3o.25,, +4-7''
29.. .3. 24.. 2,0. -44.«^- -0.26.26,2 +^'f'9
3o.. ,3.23.28,72 ;J'*'^9 -0.22.36,0 "^r,'? o,25q8o .5.5
Mai ,.. ,3.22.46,22 -f'^° -o. ,8.54,7 l\i''^
2.. .3.22.4,56 -4''^6 _„,5^^j +3.32,.
3.. .3.2. .23,76 _^ ' —o. ,1.59,8 , „'
4.. ,3.20.43,87 ^9.»9 -0.8.46,5 +^-'^''' 0,26397 .5. .4
5.. .3.20.4,94 -f'93 -0.5.428 +^-J'7
6 . .3. .9.27,00 -37>94 _„. ,.|8 +-53,9
7.. .3..8.5o,o9 -3^'9' -„. o.Vo "^^-g-g
8.. .3. .8. .4,24 ^;'°^ +0. 2.28,9 "^^•''^'9 0,26899 .5.25
9.. ,3..7. 39,49 Zf^t +-4.5J ll'f^^l
.0.. ,3.17. 5,88 11'^ +0. 7. 6,0 +^-'3,4
I,.. .3. ,6.33,44 ZlVii +^- 9- 9,' ■^'•/'«
,2.. .3. ,6. 2, ,9 "''^^ +0.,,. 1,9 +'-=ï2,o 0,27478 .5.37
La planète est de io-,,« grandeur. Elle sera en opposition au nnilieu d'avril.
C. R,,it8o. 1" Semeiire. (T.XC, N" 10.) 68
( 5i8
ASTRONOMIE. — Lois concernant la distribution des astres du sjstème solaire.
Note de M. L. Gacssin.
j « 1° Les distances des planètes au Soleil el celles des satellites à leur planète
sont en progression géométrique :
(i) n = (xk".
» D'après l'énoncé de cette loi, il ne faudrait pas croire que, dans
chaque système, le premier satellite occupe le premier rang dans la pro-
gression, ni qu'il ne peut y avoir de lacunes dans la succession des satel-
lites.
» Système de Jupiter. — Si l'on prend les rapports successifs des distances
des satellites à la planète, on obtient les nombres i,5g, i,6o, 1,76, qui dif-
fèrent peu les uns des autres. Puisqu'il s'agissait de rapports, j'ai préféré
faire la moyenne géométrique plutôt que la moyenne arithmétique. Les
deux résultats sont d'ailleurs presque identiques, et les conclusions qu'on
en tire ne sont point changées. Le rapport moyen étant ainsi obtenu pro-
visoirement, je l'introduis dans la formule (i) et je détermine les valeurs
correspondantes de a et de 7i. C'est ainsi que j'ai vu que le premier satel-
lite occupe la troisième place dans la progression, le deuxième la quatrième,
et ainsi de suite. Les rangs des satellites étant connus, je reviens à la for-
mule (i), dans laquelle je détermine définitivement a et k, et je trouve
k = 1,6425, a = 1,336.
» Le Tableau suivant fait ressortir l'accord que présentent le calcul et
l'observation :
Premier Deuxième Troisième Quatrième
satellite. satellite. satellite. satellite.
Distances calculées... 5,92 9»72 'S>97 26,23
Distances réelles 6,o5 9y^^ i5,35 27,00
» Sjstème d'Uranus. — En procédant pour Uranus comme pour Jupiter,
on trouve qu'Ariel occupe la cinquième place dans la progression, Umbriel
la sixième, etc.; A' = 1,469, a = i,o35.
Ariel.
Umbriel.
Titania.
Obéron
Distances calculées . .
. 7.08
10,39
l5,27
22,43
Distances réelles ....
• 7. '3
9>94
16, 3o
21,80
» Système de Mars. — Dans ce système, « peut être considéré comme
( 5.9 )
égal à l'unité : la différence n'est que de t^Vô» ^ = 2,5844 ; Phobos occupe
la première place de la progression et Deimos la deuxième.
Phobos, Deimos.
Distances calculées 2,584 ^>^79
Dislances réelles 2,585 6,669
» Système de Saturne. — Dans le système de Saturne, les satellites, y
compris les anneaux, sont au nombre de onze. Un premier examen suffit
pour faire reconnaître que, bien que ce nombre soit plus élevé que dans
les autres systèmes, la progression présente quelques lacunes. D'autre part,
la raison k est voisine de l'unité; il en résulte, vu les perturbations qui
se sont produites dans la position des satellites, une certaine indécision.
La discussion des chiffres prouve qu'il doit y avoir une place vacante entre
l'anneau extérieur et Mimas, très probablement trois entre Rhéa et Titan,
et un peu moins sûrement trois autres aussi entre Hypéron et Japhet ; de
sorte que ce dernier satellite occuperait la dix-huitième place dans la pro-
gression, l'anneau obscur se trouvant à la première. Cela admis, j'ai obtenu
^- = j, 2677, i< = 1,0881.
Premier Deuxième
Anneau anneau anneau Ence- Hypé-
obscur. brillant, brillant. Mim.is. lade. Thétis. Dioué. Rhéa. Titan. rion. Japhft.
Disl. calculées. 1,37 1,7a 2,16 3,42 4>3i 5,42 6, Si 8,57 21, 45 26,97 67,50
Dist. réelles. . . i,35 1,72 2,12 3,35 4)3o 5,28 6,82 9,52 22,08 26,78 64,36
» Nota. — Les distances des anneaux sont les rayons de gyration, la
densité de chaque anneau étant supposée uniforme.
La découverte d'un ou de plusieurs nouveaux satellites viendrait lever
toute indécision. Mais, quelle que soit l'hypothèse qui prévaudra, il est
certain que les satellites pourront être considérés comme rangés en une
progression dont la raison différera très peu de celle que j'ai cru devoir
adopter.
» Système solaire. — Eu exprimant les demi-grands axes des orbites des
planètes en rayons du Soleil, on obtient le tableau suivant :
Mercure.
Vénus.
La Terre.
Mars.
PI. tolesc.
Jupiter.
Saturne.
Uranus.
Neptune.
83, 014
l55, 12
2.4,45
326,76
588, 57
1115,76
2045,65
4ii3,86
6445,40
» En résolvant l'équation a = vJc", on trouve c(= \, /i = 1,7226. La
moyenne des rapports successifs donne la valeur, presque identique,
A" = 1,7229. On reconnaît en outre que Mercure occui^e le huitième rang
dans la progre.ssion, Vénus le neuvième, et ainsi de suite jusqu'à Neptune,
qui occupe le seizième.
( 520 )
» En exprimant les distances des planètes au moyen du demi-grand axe
de l'orbite terrestre, comme on le fait d'habitude, on obtient le tableau
suivant :
Places
S'
9*
10"
1 1*
,2«
i3"
>'i-
i5«
i6'
Planètes
Meicurc.
Vénus.
La Tel re.
Miirs.
PI. télosc.
Jupiter.
Saturne
Uranus.
Neptune.
Dist. cale. . .
0,362
0,628
1,073
1,848
3,i83
5,483
9,445
I 6 , 269
28,025
Dist. réelles.
0,387
0,723
1 ,000
1 ,524
2,745
5.2o3
9 '539
,9, ,83
3o,o55
» Ou me permettra de faire valoir en faveur de la loi le secours que
Le Verrier en aurait tiré pour déterminer une position approchée de Nep-
tune.
» Mercure occupant le huitième rang, cela ne veut pas dire qu'il doit
exister sept autres planètes plus rapprochées du Soleil. Mais, puisque l'at-
tention se porte sur la possibilité de découvrir quelques planètes intramcr-
curielles, on trouvera dans le tableau suivant les distances des places
qu'elles pourraient occuper, le rayon du Soleil étant l'unité :
Places I" 3" 3* 4' 5" 6' 7"
Distances 1,7 3,o 5,i 8,8 i5,2 26,1 45 jO
» De même, on trouverait qu'une planète située au delà de Neptune
devrait être à la distance 48,3, exprimée au moyen du demi-grand axe de
l'orbite terrestre ('). »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur tes formules de quadrature à coefficients
égaux. Note de M. R. Radau.
« La formule / cp (x) dx = 1 A cp {a) possède le degré de jjrécision
n -i- in — I [eu d'autres termes, elle se trouve exacte toutes les fois que
9(0;) est une fonction entière d'un degré inférieur à // + m] si les 2fi con-
stantes a, b, . . . , \,B, ., . satisfont aux relations
2Art*= 1 œ''dx {h — o,ï,...,n + m — i).
(') Dans les différents systèmes que nous avons passés en revue, la valeur du coeffi-
cient a se trouve, à une exception près, égale à l'unité ou très voisine de l'unité. Pour la
rendre partout égale à i, il sufûrait de changer l'unité au moyen de laquelle on évalue les
distances. On pourrait aussi modifier en conséquence les valeurs de « et de / j mais, tant
qu'on ne connaîtra pas la signification théorique des coefficients, on ne peut pas se consi-
dérer comme autorisé à agir ainsi.
(521 )
» Le maximum de précision s'obtient en prenant m = n. C'est le cas
de la formule de Gauss, qui atteint le degré de précision in — i.
» Parmi les cas particuliers que l'on peut encore considérer, celui où
tous les coefficients ont la même valeur numérique n'est pas le moins im-
portant ; il a été déjà étudié par M. Tchebychef, mais il ne sera pas sans
intérêt d'aborder la question par une autre voie.
» En faisant A = B = C = . . . dans la formule fo[x)dx = Ih. (p{a), on
voit tout de suite qu'on obtiendra le degré de précision 21 -h i avec 2j ou
2 / + 1 ordonnées symétriques ; on a ensuite ( pour « = 2 j ou 2 i + i )
5
A = -, la-=^, la'=-, ■•., 2a"=
« b 10 7.1 -i- 1
les sommes ne comprenant plus que / termes, et les coefficients de l'équa-
tion F (a) = o, qui fournit les abscisses ±a, dzb, . . ., s'expriment facile-
ment par les sommes des puissances des racines. Un calcul très simple
donne
n "
) X""- ;. ^-^)^
72 30/ \'29'5 120 42/
Pour n = i et 7i = 2, on retombe sur la méthode de Gauss. Poiu'n = 8,
on a deux racines réelles (± 0,901/194) et six racines imaginaires.
» Lorsqu'il s'agit de l'intégrale f(p[x)xdx, il faut prendre un nombre
pair d'ordonnées (« = 2/) et poser
/ o[x)xdx = M[f[a) — tp{~a)] (degré de pr. « 4- 2).
>- -1
» En désignant par s, s^, s^, ... les sommes des puissances impaires des
i racines a, b, . . ., les équations de condition sont ici
L — 'is = 5s3 = ']Si = ... = {n + 3)s„+,.
Pour les résoudre, considérons l'équation x' — p,x^~* + p2x'~^±. , .=^ o.
En faisant A„,= —(a'"— j,„), la théorie des fonctions symétriques fournit
les relations
s=p,, A3 = p,p2—Pi, A, = (p'î — p.,)^3-^p,pt-pi,
^T={p1-P2)^,-hiP^P,-p,)à3 + p,p^-p,,
-{Al-hA,= {p\-p,)A, + {p,p,-p,)à,+ {p,p,-p,)A,-^p,p,-p,,
( 522 )
» On a ainsi le moyen d'exprimer les coefficients p en fonction de s et
d'établir l'équation qui fournit les valeurs de s. Pour n =4 o» trouve
s O o 72 ., .s' I
s' — 5s--h '^ = 0, x- — sa:-i--,—-= = o.,
o5 i 5
d'où l'on tire les deux systèmes de valeurs
a =0,8490469
6=0,1 8093.64
A z= o,323633o
pour 71 = 6
0,8922865,
0,5002990,
0,2398715;
c4_l%.2^72_,
A.
S' — g 3"+ 2'] S" ~ -^' s--h -'- =0, x^—sx--{-s-Jc—i^ — {jc — s)— 4-A3 = o,
d'où, en conservant seulement les racines réelles,
a = 0,929806
b = o , 7 1 2 1 55
c =0,442984
A = o,i599i5
-t- 0,862970,
— 0,763695,
+ 0,612544)
0,468284.
Les constantes de la formule
rf{x)~^ = Al[f{a)-o{-a)]
J-i VI— a'
se déterminent de la même manière ; il n'y a de changé que les coefficients
numériques des équations, car les conditions sont ici
'^ — — i —
64
4 A
s — ^ Jj — ^ i'5 — 35 ''^' — • • •
Mais la solution se présente plus nettement lorsqu'on fait ce = cosS,
a = cosK, . . . , et la formule ci-dessus est comprise dans la suivante :
0
Comme cosA& est une fonction entière de cosS, les équations de condi-
tion pourront s'écrire
2kcosha= I cosA&cosX&r/3^ = o [h^X]
2AcosX« = - (=;: pour >, = 0).
( 523 )
» Dans le cas de X — o, si l'on prend tons les coefficients égaux, A = ->
puis Icosha = o. Cette condition est remplie, jusqu'à Z(=2h — i, en
faisant « = —,—,•••> ^^ -n; et l'on retrouve ainsi une formule dont
in o.n in
M. Hermite et M. Mehler ont donné d'autres démonstrations. Pour
).]>oon prendra les A égaux, mais avec des signes alternants, de sorte
que les équations deviennent 3 rb cosha = o. Pour les résoudre, il suffit
de prendre /z = 2 iX et a
X
(A- = o, I, ..., 2X — i). En effet.
\ ± cosAa s'annule alors, quel que soit «p, excepté les cas où h est un
multiple impair de >., et les inconnues A, «,, «o, . . . , a, se déterminent par
les relations
jT =Alcosap, I cos3«p = 2cos5aj, = . . . = 1 cos{2i -h i) cip = o.
Ou a finalement
p=i A=J^— 1
I (p{cos^)cos>âd^=A.S 2* (— i)*(f»fcos-'^^t_Zwdeg.depr.7i + 3X— i),
' " p=l A = 0
formule à laquelle M. Tchebychef arrive par une voie différente. Pour
/ = i on aurait a = ^; pour / = 2, je trouve a, = Yg'^» «2 = ^7: ou bien
«,= ^7:, «2= -^"5 pour i = 3, on a les quatre solutions
a,= 4*^.49.15
a,= 142. 9.9
a,,=; 32. 43. 29
98.48.24
65.26. 17 ,5
19.40.20
8 j. 40.29
4i .55.40,5
I I . 5q . 3 I
56. 3.22,5,
26 . 56 . I 1 , 5 ,
I I .40. i3,5.
Ajoutons que le degré de précision 2n — i s'obtient aussi en faisant
( 524 )
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — SuT les s/slèmes Jorinés d'équations linéaires
à une seule variable indépendante. Note de M. G. Daubocx.
« Considérons le système d'équations linéaires du premier ordre
rfx,
—j- — Cl, ,JC, + . . . -+- a,„Xn,
— fini ^1 + • • • + ftnrt'^n 5
oùa,,, .. ., rt„„ désignent des fonctions quelconques de t. On sait que l'on
peut toujours ramener au type précédent tout système d'équations linéaires
ou toute équation linéaire d'un ordre quelconque.
» Le système (i) a, en général, n intégrales linéaires de la forme
a,,x, H-... + «,„a:„=C,,
mais il peut admettre aussi des intégrales d'ordre supérieur au premier. Si
les coefficients ai,, sont des fonctions rationnelles de t, les intégrales li-
néaires précédentes seront, en général, irratioiuielles ou transcendantes;
mais il pourra exister des intégrales de degré supérieur qui seront algé-
briques et rationnelles.
» Considérons, par exemple, l'équation
. d-'z f/A dz
2A-T7+-;--; 'aZ = 0
dt' dt dt
Les deux intégrales premières linéaires sont
e''J7i(z-\-sjT^\ = C,
.V^-(z-s/Âg)=C',
et elles peuvent être irrationnelles ou transcendantes, tandis que l'intégrale
du second degré
z=-Ag = CC'
est algébrique et rationnelle toutes les fois que A est rationnelle.
( 525 )
» Je me propose dans cette Note de m'occuper précisément de ces inté-
grales rationnelles de degré supérieur, intégrales qui exisleiit d'ailleurs
toujours toutes les fois que les fonctions les plus générales satisfaisant au
système (i) sont algébriques, et de faire connaître à leur égard une propo-
sition dont les applications sont étendues.
» Soit
une telle intégrale. Elle doit satisfaire identiquement à l'équation aux
dérivées partielles
~ + ^^{a,,x, + ...)+... + ^^^{a„,x, + ...) =^ o,
et la forme de celte équation prouve que, sif{a-,, . .., a-„) n'est pas homo-
gène par rapport à .r,, . . ., a„, chacune des fonctions homogènes dans les-
quelles elle peut être décomposée, égalée séparément à une constante,
donne une intégrale du système (i). Nous pouvons donc, dans ce qui va
suivre, considérer seulement les intégrales homogènes, et voici la propo-
sition à laquelle elles donnent lieu :
» Si la fonction homogène /{ce,, , , ., ^„) est une intégrale du système (i),
tout covariant de celle jorme multiplié par une puissance convenable d'une
fonction connue de t sera également une intégrale du même système.
» Soient, en effet,
•r' r^
n systèmes de solutions particulières du système (i). Les solutions les plus
générales de ce système seront fournies par les formules
(2) -
' ^„ = C| 5"^' -i- . . . + C^oT",
et si l'on substitue ces valeurs de j:-,, . . ., x,, dans la fonction/, il faudra,
puisqu'elle est une intégrale, qu'elle se réduise à une constante, c'est-à-dire
à une certaine fonction
9(C,,c;, ...,C„)
indépendante de t.
» Or les formules (a) peuvent être considérées comme définissant une
substitution linéaire qui remplace dans/ les variables a-, par les variables Q.
C. R., i88o, I" Semestre. (T. XC, N" 10.) 69
( 5a6 )
Tout covariantF de/multiplié par une puissance convenable (négative) du
déterminant de la substitution (2) se transformera donc dans le covariant
analogue formé avec la fonction ©(C, , ..., C,J, c'est-à-dire dans une nou-
velle intégrale. La proposition est donc établie.
» On peut d'ailleurs la vérifier par un calcul direct.
» La démonstration précédente s'étend sans difficulté au cas où l'on a
plusieurs intégrales et où l'on considère un covariant quelconque du sys-
tème de ces formes.
» Il est aisé de trouver la valeur du déterminant de la substitution (2).
Si on le désigne par A, on obtiendra sans peine, en le différentiant, la for-
mule
et, par conséquent, l'on a
» La proposition principale établie dans celte Note peut être étendue
et s'applique, avec les modifications convenables, aux contrevariants de
J {'T,, . . ., Xn); ce sera, si l'Académie veut bien le permettre, l'objet d'une
nouvelle Communication. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Démonstration d'un théorème de M. Sjlvester sur
les diviseurs d' une fonction cyclotomique. Note du P. Pépin, présentée par
M. Hermite.
« Dans la séance du 16 février 1880, M. Sylvester a énoncé ce beau
théorème, que les diviseurs de la fonction x^ — 3a' -f- i sont 3 et tous les
nombres premiers de la forme 18 1± i exclusivement. Ce résultat est d'autant
plus remarquable (pie c'est, je crois, le premier exemple connu d'iuie
forme cubique dont les diviseurs soient distingués des non-diviseurs par
leurs formes linéaires.
» On obtient une démonstration simple de ce théorème en ajoutant au
théorème de Fermât les deux suivants :
» L Toute racine commune à deux congruences de même module
x'" — 1^0, x" — I E^Pî o (mod. p)
satisfait ù la congruence a'" — 1^0 (mod. p), oii l'on désigne par oj le pais
grand diviseur commun des deux nombies m et n.
( 527 )
'> Tf. Si les deux nombres entiers J, g salisfotU à la congruence
y^_„g===, (moà.p),
oit l'on désigne par n un non-résidu quadratique du nombre premier p, le nombre
complexe t =y + q y « vérifie la congruence
f^^ — iHïno (mod.p).
« Soit p un nombre premier 3/ di i, et supposons que la congruence
(i) j:^— 3x + i^o (mod, /y)
admette une solution rationnelle x. Si nous posons
(2) <^l±iflz:i, ,-^■'•-^^■'■'-4,
les deux nombres ^, t' vérifient les deux formules
(3) t + t' = X, t{ =z I.
En remplaçant x par t + - dans la fonction considérée, on a
(4) j:'' — 3x + I = ^' + - --t- I = — ^
^ ' t^ l-yC' ~ Ij
)i Supposons d'abord x donné, et cherchons quelle doit être la forme
d'un diviseur p de la fonction x^ 4- 3.r -4- i . Il faut distinguer deux cas,
suivant que x- — 4 est résidu quadratique de /? ou non. Dans le premier
cas, on résout la congruence x" — k^J' (mod.p), et l'on a (théorème
de Fermât)
t^—^^ tP '^(-^-) -I (mod./j).
» D'ailleurs, puisque x est une solution de la congruence (i), on dé-
duit de la formule (4) que t est une racine primitive de la congruence
i° — i^so (mod. p). Le nombre / est donc une racine commune des deux
congruences f^^ — is^o, i^ — 1^0 (mod.p), et conséquemment (I) il
doit vérifier la congruence ^"' — 1^0 (mod. p), dont l'exposant co est le
plus grand diviseur commun des deux nombres /) — i et 9. Comme t est
racine positive de la congruence <' — i5??^o (mod. p), il ne peut vérifier
aucune congruence binôme dont l'exposant serait inférieur à 9; on a donc
Où = 9, et par conséquent p =-- 18Z+ i.
» Soit X- — 4 lin non-résidu quadratique de p; je dis que le diviseur p
( 528 )
doit élre de la forme 18/ — i. En effet, désignons par n un non-résidu
quadratique quelconque de /), et par y une racine de la congruence
ny-^x- ~ 4 ( mod . p) . On a
.^■i±2lif^/+gV« (mod.p),
les deux nombres y, g étant déterminés par les deux congruences ij^^x^
^S=^X (mod./j); de même t'^^-f— g \n (mod. p); puisque les deux
nombres t, t' sont liés par la relation ti =^\, les nombresy, g satisfont à
la congruence f' — 7/g-s3i (mod. p), et par conséquent (II) le nombre
complexe f-\-g\/n est racine de la congruence x'''^' — ileho (mod. ^).
D'ailleurs on déduit de la formule (4) que t est racine primitive de la con-
gruence t^ — 1^0 (mod. p). L'exposant ^+1 doit donc êlre multiple
de 9, et par conséquent /; = i 8/ — i .
» Ainsi les seuls nombres premiers qui puissent diviser la fonction
x^ — 3x -H I sont 3 et les nombres premiers i8/±: i . J'ajoute que, si p est
un nombre premier 18/ ± i, il est effectivement diviseur de la fonction
considérée, c'est-à-dire que l'on peut résoudre en nombres rationnels la
congruence (1). Soit, en effet, /• une racine primitive de la congruence
^.(8/ _ i==o (mod. /; = 18Z ± i), et prenons t^-j'-' (mod. p). Le nombre t,
rationnel ou complexe suivant la forme de /j, est une racine primitive de
la congruence f° — 1^0 (mod. p), et par conséquent il rend divisible par
p le dernier membre de la formule (4). H en est de même de t- et de t'' . Si
donc nous déterminons x par l'une des formules .r^f + -) t- + -, t'' + -■,
nous obtenons pour x trois valeurs rationnelles, non équivalentes suivant
le module p, qui, en vertu de la formule (4), vérifient la congruence (i).
Ainsi, non seulement celte congruence peut élre résolue, mais encore elle
a ses trois racines rationnelks. »
PHYSIQUE. — Comparaison entre tes courbes des tensions des vapeurs saturées.
Deuxième Note de M. Paul de AIondesir, présentée par M. H. Sainte-
Claire Deville.
« J'ai expliqué que, en prenant toutes les courbes des vapeurs étudiées
par Regnault et en les faisant passer par un point d'égale tension, on
obtient un faisceau qui est très divergent, car, après un parcours de 100°
( 5^9)
sur la courbe de l'eau, sa largeur atteint environ 160°. Si, au lieu de con-
struire les courbes à la même échelle de température, on adopte pour
chacune d'elles une échelle convenablement choisie, opération que j'appelle
réduclion par les pnramèUes, la largeur du faisceau se resserre de 160 à 8.
Il est bon d'observer que, la réduction ayant été faite avec les valeurs des
paramètres prises au point commun, les courbes sont, en ce point, toutes
tangentes les unes aux autres et se confondent sur une très notable lon-
gueur. Il faut donc aller assez loin pour trouver des écarts qui permettent
de reconnaître les allures des différentes courbes, et c'est afin d'obtenir ce
résultat que j'ai supposé qu'on s'éloignait du point de tangence jusqu'à
une distance de 100°. Le faisceau général a acquis en cet endroit une lar-
geur d'environ 8°, et il se divise en trois groupes également espacés. La
distance de la partie la plus condensée d'un groupe à la partie la plus con-
densée du suivant est de 3° ou un peu plus.
» J'appelle premier groupe celui qui monte le plus rapidement; il
occupe donc la gauche du faisceau lorsqu'on regarde la planche dans les
conditions habituelles. Dans ce groupe, l'esprit-de-bois, l'acide carbonique,
l'eau et rétherméthvloxalique forment une seule ligne au centre; le chlorure
de méthyle les accompagne en bas et s'écarte un peu en haut ; le chlorure de
cyanogène est très près, avec une légère inflexion; l'essence de citron pré-
sente une inflexion lui peu plus marquée; le mercure est franchement à
gauche, l'alcool et l'ammoniaque réunis un peu à droite. La largeur totale
est environ i°,75.
» Après un intervalle vide de 2°, on trouve à droite le second groupe
formé d'une seule ligne commune au soufre, à l'acide sulfureux, aux
éthersviniqueet méthylique. L'acide sulfhydrique appartient probablement
à ce groupe; mais la limite inférieure de ses tensions, mesuT'ées par Regnault,
est trop élevée pour permettre une comparaison directe avec les autres
vapeurs du groupe.
» Le troisième groupe a sa masse très près de la limite droite du faisceau
général. Son type principal est formé par le sulfure de carbone, l'éther
chlorhydrique, l'éther bromhydrique, l'acétone et le chlorure phospho-
reux, qui sont bien d'accord. La benzine et le chloroforme, l'hydrocarbure
de brome et l'essence de térébenthine, puis le chlorure de bore, se tiennent
très près des précédents, mais avec des différences d'allures. A gauche, le
chlorure de carbone, l'éther iodhydrique et le chlorure de silicium
marchent ensemble; mais le chlorure de carbone s'éloigne graduellement
du centre à mesure que la température s'élève. La largeur totale du groupe
atteint un peu plus de 2".
( 53o )
» Mon but, en indiquant ces détails de classification, est de préciser les
différences, afin qu'on puisse les apprécier plus nettement. Nous avons
ainsi des différences de trois ordres : celles qui séparent les groupes, celles
qui sont intérieures à chaque groupe, enfin de très petites entre les vapeurs
que je présente comme marchant d'accord. Le premier ordre, ou, si l'on
veut, la largeur du faisceau général, ne peut être supprimé par aucune
hypothèse d'erreurs dans les expériences, par aucune modification de for-
mules dans les limites acceptables; c'est donc une diversité réelle dans
l'ensemble des vapeurs. Le troisième ordre, au contraire, disparaîtrait
par des retouches analogues ou inférieures à celles que Regnault a con-
stamment admises. Quant aux différences d'ordre intermédiaire que j'ai
appelées petits écarts et petites distances, les unes céderaient à l'emploi des
mêmes moyens; d'autres, je crois, résisteraient.
» L'appréciation, arrivée à ce point, devient très délicate sous tous les
rapports. Aussi, ayant la bonne fortune de pouvoir invoquer l'opinion de
Regnault lui-même, je ne la laisserai pas échapper^ Les courbes de l'éther
méihylique et du chlorure de méthylese trouvent placées sur la planche de
Regnault comme elles le sont dans mon faisceau, avec le même écart, qui
représente chez moi presque la distance totale des deux premiers groupes.
Or Regnault dit : « Les courbes des éthers méthylique et méthylchlorhy-
M drique se superposent presque complètement. » Une superposition presque
complète, telle est l'appréciation de Regnault sur une distance presque
égale à celle de deux groupes.
» Un autre exemple se rapporte à de plus grandes différences. Regnault
a fait sur l'acide sulfhydrique une première série d'expériences interrompue
par une explosion. Malgré la brièveté relative de cette série, il l'a jugée
digne d'être représentée par une Table. Il a ensuite fait une seconde série
beaucoup plus étendue qui a servi de base à sa grande Table et au tracé
delà courbe. Voici son appréciation sur cette courbe : c Elle passe presque
» exactement par tous les points qui correspondent aux observations de
» la deuxième série. Les points de la première série sont tous un peu
» au-dessous de la courbe. «
» Or, comme je l'ai dit, la courbe de l'acide sulfhydrique tombe à peu
près au milieu du faisceau général, tandis que la Table de la première série
déplacerait cette courbe de manière à la faire sortir complètement du fais-
ceau et à la chasser encore aussi loin au delà du bord. Une différence que
Regnault apprécie par les mots « un peu au-dessous » représente donc au
moins toute la distance qui, après l'application des paramètres, sépare en-
core les vapeurs les plus dissemblables. Et je ne force pas, car on pourrait,
( 53. )
en augmentant proportionnellement tous les nombres de la première série,
réduire des deux tiers leurs plus grands écarts par rapport à la courbe de
Regnault, partager les différences, faire tomber la série à cheval sur la
courbe, et l'écart accusé par mou tracé resterait aussi grand, parce qu'il
ne représente que les rapports des nombres et non leurs valeurs absolues.
Je veux surtout en conclure que la méthode de comparaison que je présente
fait ressortir les différences avec une énergie que ne possèdent nullement
les tracés ordinaires des courbes et leurs calculs. Elle fournit donc un
instrument d'une singulière puissance pour le contrôle des résultats d'expé-
riences, et je suis à même d'en présenter de nombreux exemples. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Action de l' électrol/se sur te térébenthène.
Note de M. Ad. Renard, présentée par M. Wurtz.
« Dans un flacon d'environ iSo'^'' de capacité, j'introduis 80'''^ d'alcool
additionnés de ao'^'^ d'un mélange parties égales d'acide sulfurique et d'eau,
et 25" de térébenthène. Deux lampes de platine, servant d'électrodes,
plongent dans la liqueur alcoolique et sont reliées aux deux pôles de cinq
éléments Bunsen. De l'hydrogène se dégage au pôle négatif, mais aucun
gaz n'apparaît sur l'électrode positive.
V Au bout de soixante-douze heures, tout le térébenthène se trouvant
dissous dans la liqueur qui a pris une teinte brune assez foncée, on arrête
l'expérience.
» Après avoir réuni une quantité suffisante de liquide, on ajoute en-
viron deux fois son volume d'eau, ce qui détermine la séparation d'une
couche huileuse presque noire qui vient remonter à la surface et qu'on
isole du liquide inférieur. Le liquide surnageant, soumis à la distillation,
commence à bouillir vers 70"^ ; il passe alors de l'acétate d'éthyle prove-
nant de l'oxydation de l'alcool par l'électrolyse, puis le point d'ébulli-
tion, après avoir atteint 100", monte brusquement à 170° et s'élève peu à
peu jusqu'à 2 5o°. A ce moment, il reste dans la cornue une matière noire,
épaisse, qui se solidifie par le refroidissement, et formée en grande partie de
colophène et de polymères supérieurs.
» Le produit distillant de 170° à aSo", lavé à la soude et soumis à de
nombreuses distillations fractionnées, fournit trois produits distincts :
d'abord un peu de térébenthène ayant échappé à la réaction, puis du cy-
mène bouillant dei78''à 180°, et enfin entre 210° et 2i5*^du monohydrate
( f)32 )
de lérébenthène. Ce composé a donné à l'analyse les résultats suivants
C 'j8,o7
H 1 1 ,4°
o
La foinmle
C'"H"0 exige
78,42
77.70
77'92
11,72
1 1 ,62
l'.Sg
k»
0
10,39
100,00
c'est un liquide légèrement jaunâtre, un peu huileux, bouillant de 210°
à 214°. Sa densité à + 10° = 0,9511. Sa densité de vapeur =5,191 (cal-
culée, 5,097).
» 11 est insoluble dans l'eau, soluble dans l'alcool, l'éther et l'acide
acétique. Abandonné au-dessus du mercure dans une éprouvette en pré-
sence d'oxygène, il n'absorbe pas ce gaz, dont le volume, après plus d'un
mois, n'avait pas changé. Le brome agit sur lui avec beaucoup de violence
en dégageant de l'acide bromhydrique; mais si, après l'avoir dissous dans
quatre ou cinq fois son volume de sulfure de carbone, on y fait tomber avec
ménagement et en refroidissant une solution également étendue de brome
dans le sulfure de carbone, la combinaison a lieu sans dégagement d'acide
bromhydrique. Il se forme de l'eau, mais il n'est pas possible d'isoler le
composé brome, car, par la simple évaporation du sulfure de carbone à
l'air, il noircit en dégageant de l'acide bromhydrique. Cependant, en déter-
minant la quantité de brome nécessaire pour saturer un poids connu de
monohydrate de térébenthène, on peut en déduire qu'il doit se former un
bromure C'^H'^Bi^. En outre, si, malgré l'altération de ce bromure, on
achève l'évaporation du sulfure et qu'on distille ensuite le résidu avec du
zinc en poudre, on obtient du cymène.
» L'acide sulfurique ordinaire ou fumant dissout le monohydrate de
térébenthène en se colorant en brun foncé ; si l'on ajoute ensuite de l'eau,
il se sépare une masse visqueuse et noire. Distillé avec de l'acide phospho-
rique anhydre, le monohydrate donne un liquide bouillant vers 160", sans
doute du térébène qui, dissous dans l'acide sulfurique concentré, ne donne
par l'addition de l'eau qu'une masse résineuse noire.
» L'acide nitrique concentré agit sur le monohydrate de térébenthène
avec beaucoup de violence. Avec un mélange de 2 parties d'acide ni-
trique pour 3 d'eau, la réaction est calme ; on obtient alors de l'acide
oxalique et un acide 1res peu soluble dans l'eau, même bouillante, et assez
soluble dans l'alcool. Sous l'influence de la chaleur, cet acide se décom-
pose sans fondre. Son analyse a donné les résultats suivants (C = 56,98,
( 533 )
H = 5,73), qui conduisent à la formule de l'acide cumidiquc
C-ir^O' + HH).
» Traité à froid par le gaz acide clilorhydrique sec, le monohydrate de
térébenihène noircit sans donner naissance à un clilorhydrale cristallisé; il
en est de même si l'on fait usage de sa solution dans l'alcool, l'élher ou
l'acide acétique. Chauffé en tube scellé trente heures à i4o° ou même à
i5o° avec de l'acide acétique anhydre, il ne s'éthérifie pas, ni ne se décom-
pose, et par une addition d'eau on le retrouve intact.
» D'après les expériences qui précèdent, le monohydrate de térébenthène
paraît pouvoir élre considéré comme un pseudo-alcool C"'H"'H(OH).
» Quant au liquide aqueux séparé du mélange de cymène et de mono-
hydrate de térébenihène, après l'avoir saturé par de la craie et avoir éli-
miné le dépôt de sulfate de chaux, on le soumet à l'évaporation jusqu'à
consistance sirupeuse. On y ajoute environ son volume d'alcool et on
évapore de nouveau jusqu'à formation d'un abondant dépôt cristallin
qu'on exprime dans un linge après l'avoir additionné d'alcool. Le sel de
chaux ainsi obtenu est dissous dans l'eau ; on précipite la chaux par l'acide
oxalique, on sature la liqueur filtrée par du carbonate de plomb, on filtre
et l'on fait évaporer. On obtient ainsi un sel de plomb qu'on purifie par plu-
sieurs cristallisations dans l'eau, jusqu'à ce que, exposé à l'étuve à 100°, il
ne noircisse plus, ce qui serait dû à la présence d'un autre sel de plomb
plussoluble dont j'aurai à parler tout à l'heure et qui, avant 100°, com-
mence déjà à se décomposer. Ce sel de plomb se présente en petites aiguilles
brillantes ; chauffé à 1 10° ou 1 15°, il se décompose sans noircir en répan-
dant une odeur de térébenthine. Sa solution par l'évaporation laisse sou-
vent déposer une petite quantité de sulfate de plomb.
M Séché d'abord sous une cloche en présence d'acide sulfurique, puis à
l'étuve à 100°, il a donné à l'analyse les résultats suivants :
La formule
C"H"SO'Pb exifie
C 27.% 27,90 27,85
n 4,36 4,i3 4,25
s 6,22 6,25 6,19
pb ^0,26 4°j42 40'03
O . « 21,66
» Ce sel peut, je crois, être considéré comme le sel de plomb d'un dé-
rivé sulfoéthylique d'un acide hydroxylcampholique C"'H^''0*, différant
de l'acide campholique C'H'^O^ par a(OH)en plus. L'acide campholique
est monobasique, l'acide hydroxylcampholique est bibasique et devra s'écrire
G. F,., 1S80, I" Semestre. (T. XC, K» 10.) 7O
( 534 )
QSfjis/ jp j.gj ^g plomb précédent sera donc
C'H"— SO'/ •
XCO^C'H'
» La solution de ce se!, décomposée par l'hydrogène sulfuré, puis aban-
donnée à l'évaporation sous une cloche en présence d'acide sulfurique,
abandonne l'acide sous forme d'une masse gomnieuse très hygrométrique
et altérable par la chaleur.
» La liqueur alcoolique séparée du sel de chaux dont on a extrait le sel
de plomb précédent, après avoir été évaporée pour chasser l'alcool, est
agitée à plusieurs reprises avec de l'éther. Ce dernier, après évaporation,
abandonne une matière épaisse, noire, peu soluble dans l'eau, mélangée de
cristaux de terpine. Pour isoler cette dernière, on fait bouillir ce résidu
avec de l'eau, on filtre la liqueur bouillante et, parle refroidissement, la
terpine cristallise.
» Enfin, laliqueurprécédente, après avoir été séparée de l'éther, renferme
encore un sel de chaux que j'ai transformé en sel de plomb qui, après plu-
sieurs cristallisations, se présente en petits cristaux brillants; ceux-ci se
décomposent avant ioo° en mettant de l'acide sulfurique en liberté. L'ana-
lyse a donné C = 38,84, H = 8,04, S= 11, i4, Pb = i4>4o.
» La constitution de ce sel doit être assez complexe, et peut-être dérive-
t-il des produits de condensation du térébenthène. «
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur ta syntlièse des aldéhydes aromatiques; essence
de cumin. Note de M. A. Etard, présentée par M. Cahours.
« L Dans une précédente Note, j'ai montré qu'en oxydant le cymène
dérivé de l'essence de térébenthine par le chlorure de chromyle en solution
sulfocarbonique, on obtenait une huile capable de donner un dérivé par-
faitement cristallisé avec le bisulfite de soude. Ce dérivé bisulfitique,
décomposé par le carbonate de soude, fournit une aldéhyde, solide pré-
sentant l'aspect extérieur du camphre et fusible à 80°.
» Désirant fixer la constitution de cette aldéhyde, j'ai oxydé une plus
forte quantité de cymène par la même méthode; mais, opérant cette fois
sans ménagement, à cause du peu de danger de la réaction et de l'habitude
que j'en ai, j'ai laissé le mélange s'échauffer jusqu'au point d'ébuUition du
sulfure de carbone. En raison de cette élévation de température, que j'avais
( 535 )
évitée lors de vues premières recherches, le sens de la réaction a changé
CGHiplètement.
» En employant le cymène et le réactif chromique en solutions sulfocar-
boniqnes à lo pour loo et dans les rapports exacts de i'""' du premier
pour 2""°' du second, il se forme par union directe nn précipité grenu,
légèrement cristallin, brun chocolat, renfermant C'^H'*, 2CrO'CP. Ce
précipité, essoré à la trompe et lavé au sulfure de carbone, est décomposé
par l'eau. On chasse au bain-marie le sulfure restant, et l'on extrait par
l'élher le composé organique mêlé aux sels chromiques. Après avoir
chassé l'éther à son tour, il reste une huile jaune bouillant à 223° (le ther-
momètre ne plonge pas complètement dans la vapeur) et présentant toutes
les propriétés de l'aldéhyde cuminique extraite de l'essence de cumin
ordinaire. J'ai transformé cette huile en dérivé bisulfitique cristallisé et l'ai
régénérée de ces cristaux par le carbonate de soude dans un état de pureté
complète.
» i5o^''de cymène traités de la sorte m'ont donné i4o8'' d'aldéhyde
cuminique pure, sans cependant que cette opération ait été dirigée en vue
de rendements que j'ai lieu de croire sensiblement théoriques.
» II. Ayant déjà obtenu par cette méthode les aldéhydes benzoïque,
isocuminique, cuminique et anisique avec la plus grande facilité, je me suis
proposé d'oxyder encore un certain nombre de carbures aromatiques et
térébiques, de la préparation desquels je m'occupe en ce moment, afin
d'appuyer cette loi, que je puis énoncer dès à présent sous la forme suivante:
Le cldo7'ure de chromyle attaque le groupe Cil' en rapport avec le radical phé-
nyle et, par l'action ultérieure de l'eau, le transforme en groupe COH caracté-
risticpte des aldéhydes.
» Il se forme généralement ea même temps une petite quantité du dérivé
chloré correspondant, qui paraît être la première étape dans la transfor-
mation du groupe CW .
» III. Dans le but indiqué ci-dessus, j'ai entrepriset terminé l'oxydation
de la diméthylbenzine en opérant sur un échantillon de xylène débar-
rassé par des traitements sulfuriques de l'isomère para. Le mélange des
dérivés orlho et meta a été traité par le réactif oxydant en solution sulfo-
carbonique à iSpour loo. L'attaque se ralentit des que le dérivé meta a
disparu. Si l'on vient à isoler le dérivé organo-chromique et aie décomposer
par l'eau, on peut enlever par l'éther de l'aldéhyde métaméthylbenzoïque
qui, régénérée de son dérivé bisulfitique, bout à 200°, comme celle décrite
par M. Ch. Gundelach.
( 536)
■» Le sulfure de carbone dans lequel le précipité s'est formé renferme
une petite quantité de chlorure de xjlyle, bouillant à 197", en même
temps que de rorthox)'lène, moins facilement attaqué dans ces conditions.
» IV. Dans toutes ces réactions, l'eau, agissant sur le précipité organo-
chromique, détermine la formation d'une aldéhyde, en vertu de la consti-
tution primitive propre au produit (X-CH',2CrO'-'Cl-) de l'attaque directe
ducaibure. Cela est démontré par ce fait, en apparence paradoxal, qu'en
même temps que l'aldéhyde il y a mise en liberté d'acide chromique et de
chromâtes de chrome accompagnant les sels de sesquioxyde de ce métal.
Les aldéhydes se forment donc au sein d'un mélange oxydant; aussi
n'est-il pas surprenant, quand on ne les retire pas le jour même de ce
mélange, de les voir s'oxyder et disparaître, en même temps que tout le
chrome passe à l'état de sel de sesquioxyde.
» Je me propose de publier bientôt des résultais déjà en partie acquis
avec d'autres carbures et de revenir sur les conditions de préparation de
l'aldéhyde isocuminique. »
MÉDECIINE. — Sur tes lésions du rein, dans l'empoisonnement lent par la canlha-
ridine. Note de M. V. Cornil, présentée par M. Robin.
« Dans une précédente Communication [Comptes rendus, 26 janvier),
j'ai indiqué les lésions rénales produites par un empoisonnement rapide
avec la cantharidine introduite par une injection sous-cutanée. Le premier
effet de l'inloxication consiste dans l'exsudation d'un liquide contenant
des granulations et des corpuscules blancs du sang et qui s'épanche entre
les vaisseaux des gloméruleset la capsule glomérulaire. Chez les lapins em-
poisonnés avec une dose moins forte, avec 0,002 à o, oo5 de cantharidine,
et sacrifiés au bout de vingt à trente heures, on trouve, dans la capsule des
glomérules, un exsudât coagulé, réticulé, qui contient souvent dans ses
mailles des globules rouges ou des globules blancs en petit nombre. Cet
exsudât, solidifié par l'acide osmique, est disposé sous forme d'un réseau
dont les travées s'insèrent en s'amincissant d'une part sur les vaisseaux du
glomérule, d'autre part sur la capsule, entre ses cellules de revêtement. Ces
dernières cellules sont tuméfiées; quelques-unes font une saillie 1res ac-
cusée du côté de la cavité glomérulaire, tandis que, par leur face opposée,
elles sont accolées à la paroi. On voit donc que l'exsudat intra-capsulaire,
d'abord liquide et riche en globules blancs, se coagule plus tard en un
( 537 )
réseau, en même temps que le nombre des globules blancs diminue lorsque
lanf^plirite tend à la guérison. Les cellules de la paroi capsulaire, tuméfiées
d'abord, puis détachées, se réappliquent enfin contre la paroi tout en restant
plus volumineuses qu'à l'état normal. Les tubes uriniféres contiennent
quelques cjlindres hyalins.
» Dans le but d'étudier les phénomènes d'une néphrite se rapprochant
comme durée de la néphrite aibnmineuse aiguë ou subaiguë de l'houime,
j'ai donné à un chien, tous les deux ou trois jours, pendant un mois, des
dosesdecantbaritline incapables de causer la mort. A. chaque prise, il ressen-
tait des accidents gastro-intestinaux (diarrhée, vomissements), et les urines
contenaient des globules rouges, de l'albumine et des cylindres hyalins.
Les reins de cet animal ont montré toutes les lésions qu'on observe dans
la néphrite albumineuse aiguë ou subaiguë de l'homme. Ainsi, sur les
préparations failes après durcissement par l'acide osmique, il existait, entre
la capsule du glomérule et les vaisseaux, un exsudât réticulé contenant quel-
ques globules blancs ou rouges en petit nombre. Les cellules de la capsule
étaient tuméfiées, et les anses glomérulaires étaient souvent adhérentes. Les
tubes contournés de la substance corticale, très dilatés, contenaient, dans
leur lumière agrandie, quelques globules blancs ou des boules claires ou
grenues de volume très variable, tantôt très petites, tantôt beaucoup plus
volumineuses que les globules blancs. Dans d'autres tubes également dilatés,
la lumière était obstruée par un exsudât réticulé dont les travées plus ou
moins fixes, enserrant souvent des globules rouges, convergeaient du bord
libre des cellules épithéliales vers le centre du tube.
» Dans d'autres tubes contournés, le liquide contenu, coagulé par l'acide
osmique, était homogène, teinté, percé de trous clairs ou logeant des
boules grenues et des globules sanguins. Ces coagulations sont, comme je
l'ai montré, l'origine des cylindres hyalins. Les tubes en anse de Henle et
les tubes droits contenaient beaucoup de cylindres.
» Les cellules épithéliales des tubes contournés, conservées en place,
étaient coiffées par l'exsudat réticulé. Elles étaient tantôt tuméfiées et
grenues, tantôt surmontées d'une boule claire et transparente qui faisait
saillie dans la cavité du tube; quelques-unes, peu nombreuses, étaient
transformées en une grande vésicule transparente. Beaucoup d'entre elles
montraient une rangée de granulations graisseuses disposées près de leur
implantation sur la paroi hyaline des tubes. J'énumère simplement ces
lésions sans y insister, car j'en ai donné une description détaillée à propos de
la néphrite albumineuse de l'homme {Journal de T Jiiatomie de Robin, 1879).
( 538 )
» En outre de ces lésions des cellules épithéliales, il existait, le long
des artériolesgiomérulaires, une quantité notable de petites cellules rondes,
indiquant une néphrite interstitielle à son début.
» Cette expérience suffît à établir que l'usage de la cantharidine conti-
nué pendant un certain temps détermine des lésions en tout comparables à
l'albuminurie due à l'impression du froid ou aux maladies infectieuses,
telles que la diphtérie, la scarlatine, etc.
» L'identité des lésions observées permet de conclure que le fait essen-
tiel de la néphrite albumineuse consiste dans le passage à travers les vais-
seaux glomérul aires des parties constituantes du sang, plasma, globules
rouges et globules blancs. Tel est le premier phénomène de l'empoisonne-
ment aigu par la cantharidine. Presque simultanément les cellules épithé-
liales des tubes sinueux sont granuleuses, quelquefois vésiculeuses, et
elles sécrètent un exsudât coagulable.
» L'exsudat coagulé sous forme de réticulum dans les glomérules, sous
forme de réticulum et de boules dans les tubes sinueux, constitue les cy-
lindres hyalins dans les tubes droits.
» La dégénérescence graisseuse des cellules que nous avons trouvée dans
cette néphrite subaiguë artificielle, et qui est constante dans les néphrites
chroniques, est simplement consécutive.
» Quelle est la cause de la néphrite cantharidienne? Tout d'abord il est
certain que beaucoup d'organes sont atteints en même temps que le rein;
il ne s'agit nullement d'une action élective sur cet organe. Une demi-heure
déjà après l'introduction de la cantharidine sous la peau, les cellules épi-
théliales de la muqueuse intestinale se multiplient, se desquament, et l'on
observe une inflammation, d'une grande intensité, de toute la muqueuse.
Les petites bronches sont remplies de cellules desquamées et de globules
blancs; la trachée et le larynx sont également enflammés. Les vaisseaux
capillaires du foie sont engorgés par places par des globules blancs, et les
cellules hépatiques tuméfiées présentent presque toutes deux noyaux. Il
existe, en un mot, une inflammation généralisée.
» Cependant les globules sanguins, examinés dans le sang des animaux
empoisonnés, restent normaux. Le sang des mammifères, mis en contact,
dans une chambre humide, sur la platine chauffante, avec des cristaux de
cantharidine, n'est pas modifié. L'examen du mésentère d'une grenouille
empoisonnée par la cantharidine et l'observation de la migration des
globules blancs dans cette membrane ne m'ont pas donné non plus de
résultat positif.
( 5:^9 )
» 1! n'est pourtant pas douleux que l'exsudat sorti des vaisseaux ne
contienne des globules l)lancs. Nous en avons la preuve par ce fait que les
glomérules du rein en reuferment une grande quantité une demi-heure
après l'intoxication. L'état de la membrane interne des petits vaisseaux
sanguins nous donne l'explication immédiate de cette diapédèse exagérée.
Dans la plupart des organes, et en particulier dans le poumon, j'ai observé
en effet, sur la membrane interne de toutes les artérioles et veinules,
une couche adhésive de globules blancs qui y étaient accolés. Les cellules
endothéliales de ces vaisseaux manquaient par places. La cantharidine
semble donc modifier surtout la membrane interne des vaisseaux qui, par
suite, laissent facilement transsuder leur contenu. L'agent irritant, après
avoir produit cette inflammation de la membrane interne vasculaire, agirait
ensuite de la même façon sur les cellules de revêtement des muqueuses, en
enflammant avec une grande intensité les muqueuses intestinale, aérienne
et urinaire. »
PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE. — Sur la mort apparente résultant
de iasplijxie. Note de M. Fort, présentée par M. Larrey.
« Conclusion. — Dans l'état de mort apparente consécutive à l'asphyxie
proprement dite, on doit pratiquer avec persévérance la respiration arti-
ficielle, pendant un nombre d'heures non encore déterminé. Dans une
Note ultérieure, je chercherai à préciser la durée de la respiration arti-
ficielle, basée sur l'état du sang, du système nerveux et du muscle car-
diaque. ))
PHYSIOLOGIE. — Sur les modifications apportées par l'organisme aux sub-
stances albuminoïdes injectées dans tes vaisseaux (3" série : Injections intra-
veineuses de ferments solubles). Note de MM. J. Béchamp et E. Baltus.
« Injections de pancréaline . — Nous avons l'honneur de soumettre à l'Aca-
démie la suite des expériences que nous avons entreprises pour rechercher
les phénomènes consécutifs à l'introduction intra-vasculaire des ferments
solubles. Elles ont porté sur la pancréatine pure, d'un pouvoir rolatoire
constant d'environ 35°\.
( 5/,o )
» Première expérience. — 3o ncrembre 1878. Chien de cliasse. P =r j'j^^. Très vigou-
reux, à jeun.
» A 9'' du matin, injection par la fémorale, en quinze minutes, de 3^'' de pancréaline
dissoute dans 90'^'= d'eau à 35°. Abattement consécutif. A 5^, lecliien pousse un grand cri, se
soulève haletant et retombe mort.
» Autopsie. — La seule altération constatée est une vive injection rénale. On retire de la
vessie 5o'^'^ d'une urine alcaline, dans laquelle on ne retrouve pas la pancréaline.
Deuxième EXPÉRIENCE. — 17 décembre 1878. Chien de berger. P ^ 19''*. Très vigoureux,
à jeun.
» A 10'' du matin, injection, en douze minutes, de 3^' de pancréaline dissoute dans go"
d'eau. Dans la journée, plusieurs vomissements bilieux ou sanguins, selles sanglantes; abat-
tement considérable. Mêmes accidents dans la journée du 18. Le 19, émission de i5o"^
d'urine ictérique. Dans la nuit du ig au 20, nouvelle émission de 100" d'urine. Le ao à
2*", convulsions, cris et mort. "
» Autopsie. — Congestion uniforme et très intense des différents viscèies.
>> Analyse des urines. — L'urine est précipitée par l'alcool ; la matièie recueillie est soluble
dansl'eau, fluidifie et saccliarifie presque instantane'ment l'empois de fécule (').
>> Troisième expérience. — aS janvier 1879. Chien de chasse. P = 13"^^, à jeun.
» A lo** du matin, injection en dix minutes de 2^'', 75 de pancréaline dissoute dans 22"
d'eau. Le 23 et le 24, vomissements glaireux et selles sanglantes. Dans la nuit du 24 au 25,
émission d'urine mélangée aux matières fécales. Abattement. Le chien se rétablit les jours
suivants.
» Quatrième expérience. — 1(3 février 1880. Chien-loup. P =r 1 i''8,5oo. Très vigoureux,
à jeuD .
» A lo*" du malin, injection, en douze minutes de 5^' de pancréaline dissoute dans 60"^
d'eau. Efforts de vomissements; mort sans convulsion à la fin de l'injection.
» Autopsie. — Congestion générale de tous les viscères et foyers hémonhagiques de
toutes dimensions, disséminés dans les poumons, l'estoiiiac, l'intestin grêle dans toute sa
longueur, la plèvre, le péricarde, le mésentère. Reins mous, diffluents, vivement conges-
tionnés. Ramollissement encéphalique.
» Cinquième expérience. — 28 février 1880 Chien terrier. P =: i4''^,6oo, à jeun.
u A 10'' du matin, injection, en douze minutes, de 3^' de pancréaline dissoute dans 38'^'^
d'eau. Abattement, défécation, émission de 50"^"^ d'urine acide. Hurlements plaintifs, coma et
mort à 1 i^'iS™.
» Autopsie. — Congestion intense des méninges, de la plèvre, du pe'ricarde, du mésen-
tère. Foyers hémorrhagiques de toutes dimensions, dans le poumon, l'estomac, l'intestin
grêle dans toute sa longueur. Reins diffluents, gorge's de sang. Encéphale un peu moins con-
sistant qu'à l'état normal. La vessie contenait 3o" d'urine, sans caractères spéciaux.
» Sixième expérience. — i" mars 1880. Chienne de chasse. P=i4''^,aoo. Jeune, vigou-
reuse, à jeun.
» A lo'', injection, en sept minutes, de i^'' de pancréaline dissoute dans 1 3'^'' d'eau à 35°.
(') Observation inédite de I\I. A. Béchamp.
( 54< )
De II'' à?.'', vomissements bilieux. L'animal se rétablit le lendemain. Dans la nuit du i"
au ?. mars, émission de 3^0" d'urine très alcaline, ictériqiic.
"• Analyse des urines. — L'urine est précipitée par l'alcool. Le précipité est soluble dans
l'eau; la solution liquéfie instantanément l'empois et le saccharifie. La matière isolée, en
solution aqueuse, se colore en rouge par le chlore.
» Septième EXPÉRIENCE. — 2 twcaj 1880. Chien épagneul. P = 8''8,2oo. A fait un repas de
])ommes de terre et de pain une heure et demie avant l'opération.
»A 4'' injection, en neuf minutes,de l'^depancréatinedissoute dans i3"d'eau à 35°. Vomis-
sement alimentaire pendant l'injection. A partir de ce moment jusqu'au lendemain matin,
vomissements glaireu.x. Abattement. Cris plaintifs.
u 3 mars. Abattement. Le chien se rétablit ensuite progressivement. Dans la nuit du 3
au 4 mars, émission de ZZo'"^ d'urine ictérique. alcaline. On précipite par l'alcool : le pré-
cipité est soluble dans l'eau, liquéfie instantanément l'empois et le saccharifie. La solution
aqueuse se colore en rouge par le chlore.
» Conclusions. — 1° L'injection iiitra-vasculaire de pancréatine pure
amène des troubles fonctionnels d'une gravité exceptionnelle, et détermine
la mort quand la proportion de matière injectée atteint environ o^^^, i5 par
kilogramme du poids de l'animal. L'état de digestion paraît diminuer les
effets toxiques de la pancréatine.
» 2? La pancréatine injectée n'est éliminée que partiellement par les
urines et se retrouve alors avec tous ses caractères. Nous n'avons pu la
caractériser par son pouvoir rotafoire, en raison de la petite quantité de
matière éliminée, mais la matière isolée liquéfiait instantanément l'empois
et le saccharifiait; elle se colorait en rouge par le chlore. »
CHIMIE MINER ALOGIQUE. — Sur deux nouveaux silicates d'alumine et de lithine.
Note de M. P. Hactefeuille, présentée par M. Daubrée.
« La méthode de préparation des silico-aluminates alcalins, basée sur
l'emploi des sels fusibles susceptibles de former des sels acides, permet
d'obtenir, lorsque l'agent minéralisateur est le vanadate de lithine, une
substance cristallisée ayant la composition de la pétalite
3oSiO-,4Al=0',3LiO,
le plus silicate des minéraux et le plus riclie en lithine. Ce silicate alu-
mineux naturel n'est pas le seul composé défini que fasse cristalliser le
vanadate de lithine, car j'ai reconnu que ce sel minéralisé au rouge
C. R., 18S0, i" Semescre. (T XC, N» 10.) 7'
( ?4^ )
sombre la silice, raliimine et la lithine dans deux autres proportions, sa-
voir : 6SiO%APO%I.iOet 5Si 0% Al-0',LiO. Le tnngstate de lithine ne
peut remplacer le vanadate de celte base dans toutes ces préparations, car
ce sel jouit de la propriété de ramener tous les silico-aluminates de lithine
à un type unique, celui qui contient 6*='' de silice pour i^'^ d'aluminate de
lithine. Ce sel fournira donc ce silicate intermédiaire, exempt de tout mé-
lange avec la pétalite et avec le silicate d'alumine et de lithine le moins
silicate.
» 1. Silicate d'alumine et de lithine (5SiO% APO%LiO). — Ce composé,
qu'on n'a pas encore signalé dans les roches et que les chimistes n'ont pas
préparé, s'obtient en beaux cristaux par une méthode calquée sur celle qui
m'a permis de reproduire l'amphigène.
» La silice et l'alumine, chauffées avec du vanadate de lithine à une tem-
pérature un peu supérieure à celle de la fusion de ce sel, fournissent en
quelques heures un sable cristallin au milieu duquel se développent lente-
ment des cristaux déterminables. En opérant sur un mélange qui contient
au moins i'=i d'alumine pour 5^'ïde silice, le vanadate de lithine minéralisé
un silico-aluminate alcalin d'une grande pureté. L'analyse permet de
constater que l'alumine et la silice s'y trouvent exactement dans le rapport
de I à 5 :
Silice 69,03
Alumine 23,^4
Lithine 6,08
Perte i , i5
5SiO=
Al'O'
LiO..
69, 12
23,96
6,92
» Les quantités d'oxygène des éléments lithine, alumine et silice sont
donc entre elles dans les rapports i :3: 10. La composition de ce silicate
rappelle celle de l'oligoclase, car les analyses de ce feldspath conduisent à
adopter les rapports i : 3 : 9 ou, avec presque autant de prohabilité, les rap-
ports 1 :3: 10, qui ont sur les preaiiers l'avantage de faire rentrer la for-
mule de ce minéral dans une série régulière.
» Comme l'oligoclase, ce silicate résiste à l'action des acides, et, comme
lui, il raye facilement le verre. Sa densité est 2,/jo à 12°.
» Les cristaux sont transparents, quelquefois laiteux, isolés ou réunis
en druses. La forme dominante est un octaèdre à base carrée. La base/» est
rare, ainsi que les faces d'im dioctaèdre; mais presque toutes les faces
( 543 )
portent des stries parallèles aux intersections de cette forme simple à seize
faces avec les faces de l'octaèdre.
Angles observés. Angles calculés.
h' t' sur p ''loi à 100. 5o D
b' b' adj 1 14 à 1 14.25 1 13°52'
» Le rapport du côté de la base à la hauteur du prisme est à peu près
celui des nombres jooo et 824.
» Ces cristaux sont biréfringents. L'examen optique et la détermination
cristallographique s'accordent pour les rapporter au système quadratique,
car des plaques taillées parallèlement à la base p ne rétablissent pas la lu-
mière lorsqu'on les place entre les niçois croisés d'un microscope.
» Ces mêmes cristaux se forment aux dépens du mica lorsqu'on chauffe
ce minéral avec du vanadate de lithine. Les lames de mica deviennent
opaques et s'incrustent d'octaèdres qui s'accolent entre eux à la façon des
octaèdres de la hausmannite.
» 2. Silicate d'alumine et de lithine (6SiO% Al^O%LiO). —Ce silicate se
prépare indifféremment par le vanadate et par le tungstatede lithine. Il suffit
que l'alumine et la silice soient exactement dans le rapport de l'^i d'alumine
pour 6^^ de sihce, pour l'obtenir exempt de tout mélange et en cristaux
mesurables.
» L'analyse de ce silicate préparé par le vanadate de lilhine fournit
les résultats suivants :
Silice 72,60 6SiO' 72,80
Alumine 22,00 Al'O^ 21,60
Lithine (par diff.i. . . 5,4o LiO 6,10
100,00 100,00
» Ce silicate vient donc se placer, par sa conjposition, à côté de l'or-
those et de l'albite, puisque les quantités d'oxygène contenues dans la
lilhine, l'alumine et la silice sont dans les rapports i : 3 ; 12. Il est à l'or-
those ce que le silicate précédent est à l'oligoclase.
» Il a la dureté de l'orthose, le même degré de résistance vis-à-vis des
réactifs ; sa densité est 2, 4i à 1 1°.
« Obtenu par le vanadate, ce silicate se présente en petits octaèdres
qu'on ne peut distinguer par les mesures d'angles de l'octaèdre b' , que j'ai
décrit pour lesilicate 5 SiO% Al'^0%LiO; mais, tandis que le silicate corres-
pondant à l'oligoclase dépolarise énergiquement la lumière, le silicatecorres-
( 54/. )
pondant à l'orthose s'illumine à peine dans le champ obscur d'un micro-
scope polarisant.
» Les cristaux préparés par le tungslate de lithine retiennent toujours
un peu d'acide lungstique, mais ils sont souvent isolés, d'une transparence
parfaite, et leurs faces, bien exemptes de stries, réfléchissent vivement la
lumière. Leur forme dominante est un octaèdre à base carrée très surbaissé,
portant en bordure les faces de;' l'octaèdre observé sur les cristaux qui
prennent naissance dans le vanadate.
Angles observés. Angles calculés.
0 I
b"-!)^ mr p *i 17.80
b-'b' 137.10 i36.58
6' b' sur V 99-5o 101 .2
» L'oclaèdre/;' est, à quelques minutes près, celui de l'oligoclase lithique.
Les deux silicates, de compositions différentes, offrent donc un nouvel
exemple d'isomorphisme géométrique, analogue à celui qu'on observe
entre les feldspalhs tricliniques. Cette similitude de forme n'entraîne pas
l'égalité des constantes optiques, car le silicate 5 SiO^'APO^ LiO possède
seul une double réfraction énergique.
» Il est impossible de ne pas rapprocher au point de vue chimique ces
deux silicates des feldspaths. Leurforme quadratique et l'absence de clivages
faciles conduisent à les placer à côté de l'amphigène, minéral qui appar-
tient à la famille des feldspalhides. L'albite et l'oligoclase du sous-groupe
des feldspaths correspondent aux deux espèces 6SiO-, Âl^O%LiO et
5SiO-, APO%LiO que je propo.se de placer dans le sous-groupe de l'am-
phigène. Elles ne sont encore que des produitsde laboratoire, maison peut
espérer les découvrir dans les roches associées à la pétalite et aux micas
lithiques. C'est également dans ce sous-groupe que vient se placer l'am-
phigène de sesquioxyde de fer, ce qui porte à trois le nombre des espèces
artificielles à réunir à la leucile. »
MINÉHALOGIE. — Sur les phosphates cl les horophosphales de magnésie et
de chaux provenant du dépôt de guano de Mejilloiws (lat. 23'' à 24° S.).
Note de M. Domeyko, présentée par ]\L Daubrée.
« Les guanos qui , sous la latitude de 1 2° à 1 3° S. , dans les îles et sur la
côte du Pérou, conservent bien l'azote de leur matière organique, n'en
( 5/,5 )
renferment que quelques traces sous la latitude de 23" à 24° S. Ces derniers
sont chargés princi|inlenient de phosphates.
» Le plus important des dépôts de ces guanos phosphatés est celui de
Mejillones, situé près du bord de la baie de ce nom; il forme un bour-
relet autour de la montagne connue sous le nom de Mono de 3Iejillones,
dont la masse est composée de roches granitoïdes et syénitiques, traversées
par des djkes de roches feldspathiques compactes ou porphyroïdes. Le
dépôt de guano qui entoure cette montagne n'a environ que 5o™ de lar-
geur; sa puissance en profondeur est 1res variable. Il repose ordinaire-
ment sur des bancs de roches désagrégées et remaniées, dont on dé-
signe deux espèces principales sous les noms de tosca et ripio. La tosca
est tantôt une roche analogue au kaolin, plus ou moins dure, jaunâtre,
tantôt une masse désagrégée, sablonneuse, incohérente, blanche; elle est
ordinairement dépourvue de guano et des matières phosphatées. Lo ripio,
mélangé au contraire de guano, est brunâtre, terreux, chargé de petits
fragments anguleux des roches de la montagne. Au milieu de sa masse
argileuse, qui a l'aspect d'un guano, on trouve disséminés des rognons de
gypse, de phosphate et borophosphate de chaux et de magnésie. Le ripio
alterne souvent avec les couches de guano ou le recouvre : c'est une espèce
de guano impur. Par suite des éboulements des roches de la montagne,
produits pendant l'époque de l'accumulation du guano, et postérieurement
à cette époque, on voit de gros blocs de ces mêmes roches au milieu du
dépôt du guano, ce qui rend la forme de ce dépôt et son exploitation fort
n-regulieres.
» La masse principale du guano ordinaire est terreuse, brunâtre, com-
posée de phosphate de chaux, de sel marin, de sulfate de chaux, de matière
organique, qui lui donne'sa couleur brunâtre, et accidentellement de quel-
ques traces de phosphates de magnésie, d'alumine de fer et de nitrate. Ce
guano ne donne à l'essai que o, 002 à o, oo3 d'azote. Au milieu de cette masse
qui forme l'objet de l'exploitation, on rencontre quelques variétés parti-
culières de guano et quelques espèces minérales qui font l'objet de cette
Notice, en l'accompagnant d'échantillons que je destiue à l'École des Mines
et au Muséum d'Histoire naturelle.
» 1° Guano en roche, nommé vulgairement guano calicke. C'est une roche dure, com-
pacte, d'un gris plus ou moins foncé, à cassure plate, dans laquelle on distingue quelques
particules cristallines. Cette roche, qui ne ressemble aucunement au guano ordinaire, se
compose presque complètement de phosphate tribasique de chaux et ne perd que 12 a
i3 pour 100 de son poids au grillage.
( 546 )
i> 2" Le guano qu'on nomme cristalizado comprend principalement deux espèces :
» [a] Phosphate double de chaux et de magnésie, en cristaux implantés sur les parois
des cassures naturelles de la roche, ou bien dans l'intérieur des cavités des masses durcies
du guano. Les cristaux sont incomplets, ohlilérés ou chargés de facettes, mais la forme
dominante me paraît appartenir au prisme rectangulaire. Ces cristaux ont toujours un éclat
vif, vitreux ; ils sont plus ou moins transparents, incolores. Les plus purs m'ont donné à
l'analyse :
Magnésie 1 8 , 53
Chaux , 5,8o
Acide phosphorique 4° > ' 3
Eau et traces de matières organiques 36, oo
100,46
2(C0, MgO)PhO' + 6Aq.
» [b] Phosphate de magnésie, fibreux et en cristaux très allongés, de formes pyramidales,
terminés par des pointes très aiguës, toujours groupés en faisceaux divergents; éclat vitreux,
couleur grisâtre. Ces cristaux se trouvent toujours au milieu des masses terreuses de guano,
dont ils se détachent facilement. Les variétés fibreuses ont un éclat soyeux. Le minéral pur,
cristallisé, débarrassé de la matière brunâtre qui s'attache à sa surface et d'un peu de sliI-
fate de chaux qui s'y trouve ordinairement mélangé, a la composition PhO% 2 MgO. J'ai
trouvé, en effet :
Théorie.
Acide phosphorique 64,89 63,67
Magnésie 35, 11 36,33
» Le minéral, préalablement desséché au bain-marie, subit au grillage une perte de 35 à
36 pour 100 de son poids, dont une partie de matière organique.
« 3° Borophosphate de magnésie et de chaux. Ce minéral forme des concrétions, en forme
de boules et de rognons, disséminés au milieu des masses terreuses de guano, principalement
au milieu du ripio. Ces concrétions, qui rarement dépassent o'^joS à o"',o6 en diamètre,
sont tendres et tachent les doigts; mais leur intérieur est toujours plus compacte et plus
homogène, et résiste au choc du marteau. Le minéral est complètement amorphe, d'un
blanc jaunâtre; sur sa cassure plane, on distingue souvent, dans la partie extérieure des
rognons, des zones brunâtres, dont la couleur est due à la matière organique du guano. La
matière non grillée est facilement soluble dans les acides; mais, si l'on prolonge le grillage,
en élevant la température, le résidu résiste à l'action de l'acide nitrique. Au chalumeau, le
fragment exposé à une forte chaleur blanchit et se couvre à la surface de petites bulles lui-
santes, vitreuses. La poussière calcinée au rouge clair dans un creuset de platine ne fait
que s'agglomérer et ne se fond pas. On reconnaît la présence de l'acide borique dans ce
minéral, aussi facilement par la couleur qu'il communique à la flamme de l'alcool que par
la couleur de la flamme de l'hydrogène, en employant la méthode de M. Dieulafait [Ann.
de Chimie et de Physique, 1877; t. XII, p. 83l).
( 5/i7 )
» J'ai tioiivé que la matière pure, prise h l'intérieur des rognons, s'en rapproche.
Magnésie 24 , 38
Chaux o , r 4
Acide phosphorique 5,7,60
Acide borique 6,80
Eau, matière organique ... 38, 00
Alumine et traces de fer 2,3o
99»53
» Le D"^ Krult, chimiste de la Compagnie q'ii exploite le guano de Mejillones, et à qui je
dois la connaissance du minéral, a trouvé, dans un échantillon des borophosphates qu'il a
analysés, 11,60 d'acide borique.
CHIMIE ANALYTIQUE. — Sur la composition des eaux de Cransac [Avejron).
Note de M. Ed. Willm.
« L'eau minérale de Cransac est presque exclusivement composée de
sulfates. Elle est caractérisée par la présence de quantités considérables de
sulfates d'aluminium et de manganèse, taudis que le fer y fait totalement
défaut, quoique ces eaux résultent du lessivage de cendres de pyrites qui
sont en combusion depuis des siècles dans diverses parties de la montagne,
combustion qui se manifeste à l'extérieur par d'abondantes fumées et des
vapeurs acides. L'absence du fer ne peut être attribuée qu'à un contact
ultérieur des eaux avec des roches dolomitiques qui précipitent tout le fer et
saturent l'acide libre, sans précipiter le manganèse et l'alumine. En même
temps que le manganèse, l'eau de Cransac contient un autre métal en
quantités appréciables, assez rare dans les eaux minérales, le nickel^ ainsi
que des traces de zinc, mais point de cuivre.
» Ces métaux sont très faciletnent décelés après la précipitation de l'a-
lumine par l'ammoniaque, en ajoutant du sulfure ammonique à la solu-
tion ammoniacale. Les sulfures précipités sont ensuite traités par l'acide
cblorhydrique,qui dissout les traces de sulfure de zinc, mais laisse lestdfure
de nickel. Pour le dosage, celui-ci a été dissous dans l'acide azotique, et le
nickel a ensuite été précipité sous forme d'oxyde.
» Le manganèse a été dosé par la méthode de M. Beilstein, qui consiste
à ajouter du chlorate de potassium à la soltition nitrique bouillante du ré-
sidu de l'eau, privée de silice.
» Les analyses que nous donnons ci-après sont très différentes de
( 548 )
celles qui ont été publiées anlérieurement. Nous croyons, en conséquence,
que ces eaux n'offrent pas une composition très constante, au moins pour
la proportion, si ce n'est pour la nature des sels dissous. La comparaison
des chiffres obtenus à deux dates différentes en est du reste une preuve.
» Nous ferons encore remarquer l'absence d'arsenic et la prédominance
marquée de la potasse sur la soude.
» De deux sources principalement exploitées autrefois , une seule
subsiste aujourd'hui : c'est celle qui porte le nom de source basse Richard;
sa température est de 12°, 4- La source haute a disparu par suite de travaux
exécutés par la Compagnie d'Orléans ; elle passait pour être fortement fer-
rugineuse.
Composition de l'eau de la source basse Richard.
Eau du i5 avril
1879.
et
Acide carbonique libre o.oijS (' )
Sulfate de magnésium i , 7920
» de calcium i , 564o
» d'aluminium OjiSoo
Il de nianganèse 0,01 58
I) de nickel 0,0007
« de potassium )
« de sodium \
» de lithium \
» de rubidium \ traces
» de zinc )
Chlorure de sodium o,oi5i
Silice 0,0790
Acides phosphorique et borique. . . . traces
Total par litre. 3,9696
Poids du résidu observé 3,9820
Eau du i.'i juillet
1879.
non déterm.
1 ,9985
1,5623
o, 1760
0,0704
0,0008
0,1446
o,ogo8
traces
0,0161
0,0870
traces
4,i465
4, 1820
PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur le delta pliocène du RIlône à Saint-Gilks {Gard).
Note de M. Collot, présentée par M. Daubrée.
« Depuis plusieurs années je songeais à rapprocher de la description que
M. CoUadon a donnée de l'ancien delta de l'Arve, sur lequel est bâtie la
(') Ce dosage a été fait sur place en chassant le gaz par l'ébullition et le recevant dans
une solution de chlorure de baryum ammoniacale.
( 5/,9 )
ville (le Genève, un fait nettement observable à Saint-Gilles (Gard), dans
les terrasses qui encaissent la vallée du Rhône. La Note de M. Desor ( ' ) sur
les poudiiigues pliocènes da In Corniche me fournit l'occasion de pidjlier
cette observation. Le Rhône n'est pas un torrent coulant dans des gorges
de montagnes abruptes et aboutissant à une côle accore, comme les cours
d'eau de la Corniche. Nous retrouvons pourtant, vers son ancienne embou-
chure pliocène, les mêmes fiiils que signale M. Desor.
» Un poudingue de cailloux, les uns calcaires, les autres siliceux, montre,
dans les environs de Saint-Gilles, les mêmes rapports avec les sables plio-
cènes à Ostrœa iindala et avec les marnes pliocènes fossilifères inférieures à
ces derniers, que le poudingue du delta du Var avec les marnes pliocènes
des Alpes maritimes. Sous le cimetière de Saint-Gilles, qui domine de près
de So™ le cours du Rhône, une surface abrupte laisse voir que ce pou-
dingue est formé de lits alternatifs de cailloux et de sable, minces, très régu-
lièrement stratifiés, inclinés d'environ 3o° vers l'aval du Rhône. Ils sont
coupés brusquement dans le haut par une ligne presque horizontale,
à peine inclinée vers l'aval, sur laquelle des cailloux de même nature, mais
plus gros, forment une nappe horizontale. Ces derniers cailloux sont im-
briqués, avec leur axe incliné vers l'amont, comme cela se produit sous
l'influence des courants.
» C'est bien, dans la partie inférieure, le talus d'éboulement du bord
d'un delta en voie de formation; dans la partie supérieure, la couche
horizontale complémentaire du delta, qui s'étale par-dessus la position déjà
formée, et renferme généralement de plus gros cailloux, comme l'a
expliqué M. Colladon. »
M. A. RoiTi adresse de Florence une Lettre de laquelle il résulte que
l'idée émise par M. Chambrier [Comptes rendus^ séance du 23 février), de
creuser le noyau des électro-aimants, en garnissant l'armature d'une mon-
ture épousant cette cavité, avait été émise dès i855 par M. del Giudice,
et expérimentée par une Commission qui en avait fait l'objet d'un Rapport
à l'Institut d'encouragement de Naples, le 19 décembre 1872.
M. G. AupÉE adresse une Note relative à l'action de la lumière sur le
phosphate de fer en présence de l'acide lactique.
Comptes rendus, même volume, page 824.
G. R., I^8o, 1" Semestre. (T. XC, M" iO.) i ^
( 55o )
M. DÉCLAT adresse une Note sur un traitement de la fièvre typhoïde par
l'acide phénique et le phénate d'ammoniaque.
M. H. MiLNE Edwards, en présentant, de la part des auteurs, le Tome II
des « Archives du Muséum d Histoire naturelle de Lyon », signale à l'at-
tention de l'Académie deux Mémoires contenus dans ce Volume : i° une
monographie des Invertébrés de la molasse du Lyonnais et du Dauphiné,
par M. Locard; 2° un Mémoire de MM. Lortet et Chantre sur les Masto-
dontes du bassin du Rhône.
M. Lalanne présente, au nom de M. l'ingénieur des Ponts et Chaussées
Chemin, un Ouvrage intitulé «Tramways : construction et exploitation ».
Cet Ouvrage se compose de deux Parties distinctes : l'une traduite de
l'anglais et due à M. Kinnenr Clark, membre de l'Institution des Ingénieurs
civils de Londres ; l'autre, due au traducteur, est un appendice sur les
tramways français, leur construction, leur exploitation, le matériel roulant
et les machines de traction qui y sont employées.
A 5 heures et demie, l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 6 heures un quart. D.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE
Ouvrages keçds dans la séance du 8 mars 1880.
Archives du Muséum d'Histoire naturelle de Lyon; t. II. Lyon, H. Georg,
1879; in-4°- (Présenté par M. Milne Edwards.)
Histoire de i Anatomie physiologique, pathologique et philosophique ; par le
D'' A. BuRGGRAEVE. 3* édition. Paris, Chanteaud et C'^, 1880; i vol. gr.
in-8°.
Théorie générale de l'action chimique; par E.-J. Maumené. Paris, Dunod,
1880; in-S". (Présenté par M. Fremy.)
Tramways : construction et exploitation; parD. Kinnear Clark. Ouvrage
( ^>5. )
traduit de l'anglais et augmenté d'nn Appendice sur les tramivays jrançais,
par M. O. Chemin. Paris, Diinod, 1880; i vol. in-8°, avec atlas in-4°. (Pré-
senté par M. Lalanne )
Recueil de Mémoires de Médecine, de Chirurgie et de Pharmacie militaires j
IIP série, t. XXXV. Paris, V. Rozier, 1879; in-S".
Recherches sur la mue du bec des oiseaux de la famille des Mormonidés ; par
le \y L. Bureau. Paris, F. Savy, 1879; in-S". (Présenté par M. A. Milne
Edwards.)
Observations et lectures d'un médecin de campagne ; par le D'' A. Coriveaud.
Paris, J.-B. Baillière, 1880; in-8°. (Adressé au Concours Montyon, Méde-
cine et Chirurgie, 1880.)
Résolution générale des équations. Méthode spéciale ou téléologique de H.
Wronski, démontrée par A. Bukatt, Paris, Gauthier-Viliars, 1878 ; br.
in-4°. (Présenté par M. d'Abbadie.)
Elévation et distribution d'eau. Service des eaux de Versailles, Marlj, Meu-
don et Saint-Cloud; par M. Armengaud. Paris, chez l'Auteur, 1880; br.
in-8''.
Remarques sur les fractions périodiques ; par M. C.-A. Laisant. Bordeaux,
impr. Gounouilhou, 1879; br. in-S''. (Extrait des Mémoires de la Société
des Sciences physiques et naturelles de Bordeaux.)
Bulletin du Comité agricole et industriel de la Cochinchine ,- troisième série,
t. I, n" 1, année 1878. Paris, Challamel, 1879; in-8°.
Mémoires de la Société des Sciences physiques et naturelles de Bordeaux ;
2' série, t. III, 3* cahier. Paris, Gauthier-Viliars; Bordeaux, Chaumas-
Gayet, i88o-, in-8°.
Mémoires de l'Acadénùe des Sciences, Inscriptions, Belles- Lettres de Toulouse;
8* série, t. I, i"et 2." semestres. Toulouse, impr. Douladoure, 1879; 2 vol.
m
8°.
Ecimage des jeunes peupliers de la vallée de l'Ourcq; par M. A. Burger.
Paris, Librairie agricole, 1878; br. in-8°. (Extrait du Bulletin de la Société
d'Agriculture de Meaux.)
Le Phyllo.xera dans le Loiret; par J. Duplessis. Sans lieu ni date; opus-
cule in-8°. (Extrait des Annales agronomiques.)
( S.'îî )
Matériaux pour l'Iiistoire des temps quaternaires ; par A. Gaudry, 2* f;isci-
ciile. Paris, F. Savy, 1880; 111-4°. (Présenté par M. de Quatrefages.)
Nouveau Dictionnaire de Médecine et de Chirurgie pratiques ; t. XXVIIT, PIL-
POI. Paris, J.-B. Baillière, 1880; in-8°.
La médecine du Thalmud ou tous les passages concernant la Médecine, extraits
des vingt-un trnilés du JlialmuddeBabjlone;par]eY)'^J. M. Rabbinowicz.
Paris, chez railleur, rue de Seine, n° 63, 1880; iii-8°.
Traité d'Analyse chimique par la méthode volumétrique ; par le D'' E.
Fleischer, traduit de l'allemand sur la deuxième édition par le D' L. Gau-
tier. Paris, Savy, 1880; in-S".
Revues scientifiques publiées par le journal « la République française »,
sous la direction de M. Paul Bert; 2* année. Paris, G. Masson, 1880 ;
in-8°.
Rapport sur l'Exposition universelle. Sylviculture, faune forestière et agricole;
par M. Burger. Paris, Librairie agricole, 1879; br. iti-8°.
Recherches sur la comète périodique de d'Arrest et détermination des éléments
e«i85i, 1869 et i8'77 ; pwr M. G. Leveau. Sans lieu ni date; in-4°. (Extrait
des Jnnales de l' Observatoire.)
Théorie du mouvement de F esta,- par M. G. Leveau. Sans lieu ni date ;
in-4°. (Extrait des Annales de l'Observatoire.)
Publications de la Société française d'Hygiène. Anmiaire pour 1880. Statuts.
Bureau. Comités d'études. Liste généiale des Membres de la Société. Paris, au
siège de la Société; br. in-8°.
Commission géologique du Canada. Alfred R. C. Selwyn, Directeur :
Rapports des opérations de 1877-78 (traduction), publié par autorité du
Parlement. Montréal, 1879; in-S", avec cartes.
Archives néerlandaises des Sciences exactes et naturelles, publiées par la
Société hollandaise des Sciences à Harlem et rédigées par E.-H. von Baum-
hauer ; t. XIV, livr. 3, 4 et 5. Harlem, les héritiers Loosjes, 1879 ; 2 livr.
in-S".
United States Commission of fish and fisheries ,• Part V : Repoi'l ofthe Com-
missioner for 1877. Washington, Government printing Office, 1879; in-8°
relié.
( 553 )
Feport ofthe meteorologicat councit to the roynl Society for tlie yenr ending
3ist oj mardi 1879. l.oiulnn, G.-E. Eyre and W. Spotliswoode, 1880;
in-8°.
P. G. -St. Ferrari. Siille proluberauze e macchie solnri osservate net 1878
nell'Osservatorio del Coltegio romano. — Riassunlo délie ricerche inlomo alla re-
lazioncfia i massimi e ininimi délie maccliie solar'i e le slraordinarie perturbazioni
magnelii lie. —Delerminazione dei valori magnetici assoliUi. —Siille proluberauze
e le macchie solari ossenale net 1877 neW Osscrvnlorio del Collegio romano.
Roma, 1878-1879 ; 4 br. 111-4°. (E^tratlo dagli Jlti detl' Jccademia pontificia
dei Nitoui Lincei.)
( 554 )
1
FÉVRIER 1880
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9,5
9,2
5,7
13,8
9,3
9,8
3,2
9,6
4,'
61,2
1,0
3,3
27
1,0
27,2
2,1
0,6
'7
9,0
II ,0
10,3
8,7
8,4
11,8
10, I
8,4
3,9
6,7
3,6
63,1
',7
2,6
29
0,6
25,7
1,6
0,5
i8
3,9
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8,6
8,2
3,4
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■0,4
(10,0)
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62,5
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1*7
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12,5
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61,8
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29
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12,1
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10,6
9,5
6,6
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I ti
44
1,5
27,2
1,8
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des
cen
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3,2
3,2
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4,5
3,4
5,5
2, 1
0,2
61,6
1,2
1,8
36
0, 1
27,2
1,4
0,3
35
0,0
1,4
0,7
0,4
0,3
2,8
1,5
1,0
4,5
3,0
61,3
0,3
44
0,0
27,1
■,4
0,3
36
- 1,1
5,0
2,0
2,2
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4,0
3,4
4,0
10,0
0,0
61,0
0,4
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0,0
28,3
■-7
0,3 :
37
0,7
8,2
4,5
3,6
-0,8
16,8
8,0
6,3
3,7
27,8
60,2
0,7
58
0,9
28,0
1,5
0,3
38
1,1
10,7
5,9
6,3
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10,6
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58,7
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■,7
0,4
29
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10,6
8,7
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12,7
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0,8
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6,6
5,9
2,3
56,4
29,7
47
0,7
27,7
1,8
0,4
I FAITES A l'Observatoire de AIontsouris.
( 555
FÉVRIER 1880.
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aiAGNÉTOUÈTRES
PSYCHnO-
^
VENTS.
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a midi.
MÈTBE.
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REMARQUES.
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0 t
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T'J-'l.O
16.53,9
65.28,3
5,6
NNEpuisSE
4,5
9'
Lo i", forte çolée blanche, assez lieau. Le ?, brouillard
54,2
assez dense le matin, puis beau. Le 3, brouillards
2
7(36,2
27,9
7,5
SiSE
4,9
^4
denses persistants, très épais le soir; maximum bavo-
3
767.9
53,7
28,2
2,6
Incertaine
4,5
94
metriqtœ de 7f.5,2 -vers 10 h. Le 4, brouiHards le
matin, beau ciel le soir, petit verglas la nuit. Le 5,
4
765,8
5i,o
29.5
2,8
W.WV pals SSW
4,5
90
beau temps après brouillard modéré le malin, givre
53,0
et verplas la ntiit. Le 6, ciel peu nuageux. Le 7, con-
5
761,3
28,4
9,3
S
4,6
88
tinuellement pluTieui depuis 8 h. du matin ainsi que
6
75s,.
54,5
28,3
12,0
S|SE
4,9
78
le lendeoiain S, mais principaleoient ce dernier jour
entre r h. 3ù et s h. et de 12 h. 45 à li h. \lx\ temps
7
753,9
53,5
29,6
■9,3
S
6,1
96
d'arrêt dans la baisse boroméirique . oscillation d'un
53,0
29.4
•j f •
caractère orageux dont l'elTet est de relever momenta-
S
7'P'7
18,3
SSEhSetW
SàW
6,4
91
nément la pression de 744,6 à t^u,; le 8 entre 7 b et
9
745,8
53,9
29.7
23,7
SSE k SSW
SSW
5,4
83
21 h. Le 9, ciel très nuageux, variable à la pluie.
Le 10, gelée blanche la malin, pluiu assez forte de
10
742.9
53,6
29,5
i3,o
SàEetNE
SW À
5,6
90
99
16 h. i5 à ig h. 30, minimum barométrique de S h. à
II
746,8
5i,7
3o,6
8,3
ShWetNW
INW
6,6
9 h. du 5oi>= 739,6.
Le II, continuellement pluvieux, surtout de i h. 3a à
12
754,9
52,4
3o,6
i5,3
SSW
,
5,9
97
S b. 3o et de II b. 3o 314 h. ; intermittences de brouil-
lards ou bruine. Lo 12, rosée le malin, pluie de 11 h.
i3
f
762,6
756,4
54,8
39-9
7,5
i3,5
Variable
WNW
5,4
85
à i5 h. Le i3, gelée blanche le matin, suivie d'un peu
de pluie; maximum harumctrique de 762,1 uers
M
55,1
3o,5
SSE
SW /i
5,0
82
II h. 3o. Le 14, gelée blancbe le malin, ciel très nua-
i5
75.,4
57.9
29,6
i4,6
SSE
SSW
6,5
82
geux. Lo i5, pluie faible avant le jour. Le 16, leraps de
bourrasques, pluies intermittentes, notamment de 0 h.
i6
738,3
52,5
29,7
26,3
SSE
SSW
7.8
85
â 3 b. Le 17, temps de bourrasques, pluies intermit-
737.3
53,4
23,3
tentes, notamment de 6 b. û midi; minimum baro-
'7
29,9
SSW
SW
7.8
9»
métrique de 734,3 vers i h. 20 du matin. Le 18»
■ iS
746,3
53,8
29.6
28,3
SSW
SW
(7.0)
(77)
pluvieux le malin et vers le soir. Le 19, temps de bour-
rasques, pluie le soir et surtout de 17 h. 3o a 20 h.3û.
' '9
747,^
53,1
29.3
4i,3
SSW
WSW
7,2
67
Le 30, tempi de bourrasques, soirée pluvieuse et no-
/ /
tamment de 13 b, 3o à 21 h.
10
749,4
56,2
28,5
37,8
SW
WSW
6.7
68
Le 21, temps de bourrasques et pluies faibles intermit-
21
75',, G
53,2
29,0
22,3
sw
WSW
7.'
74
tentes après averse entre 0 b. et i b. Le 22, journée
pluvieuse, principalement de 10 h. 3o à 11 h. Le 23,
22
750,1
53,3
29,2
10,7
SWiïlSW
NW
6,8
87
pluvieux dans la matinée après rosée. Le 24, pluie One
'* 23
.
53,6
3o,8
avant le jour. Le 25, uniformément couvert et brumeux ;
702, b
12,0
NW
WàN
5,6
86
maximum barométrique de 766,6 à 11 k. 3o. Le 26,
'i 24
758,9
52,6
3o,i
22,2
Ni NE
NNE
4,9
83
gouttes de pluie dès iS b. Le 27, halo, gelée blanche le
î _
matin. Le 28, gouttes de plulo par intervalles, l'après-
25
-' 26
766,4
53,0
3o,o
i3,3
NWàNE
,
4,.
85
midi et le soir. Le 29,:goultes de pluie plus rares.
757,*
55,5
29,8
.6,4
WSW
w
5,0
9^
"'■ --
754,4
55,4
29,3
.4.8
WNW à SW
NW A
4.9
78
'■* 28
700,0
55,8
28,4
25.7
SW
,
6,2
84
29
751,6
53,6
28,1
18,5
WàS
WiSW
6,7
80
o,i !• déc
757.2
16.53,4
65.28,9
.1,4
5,1
88
fi 2* déc
749,'
54,.
29,8
21,6
6,6
8.3
ù|î 3* déc
755,1
54,0
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•
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753,7
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8 3" ^ :£
Les nombres des colonnes (12)
et (38) sont empruntés aux me-
sures directes trihoraires répar-
ties heure par heure d'après les
indications de l'atmographe.
La moyenne diurne des co-
lonnes (28) et (29) est calculée |
sur les cinq observations diurnes 1
de 6 h. du matin à 6 h. du soir. 1
Les valeurs en direction de la
force magnétique sont ramenées
à la fortification du bastion n° 82.
(5)(i3)(.4) (2.) (26) (3.) (32)
(39) (/|0). Résultats fournis par
les enregistreurs relevés d'heure
en heure.
n
on
û
en OJ
B'S
?|-
Le total de chaque jour est
celui des vingt-quatre heures
commençant à G^ du soir la
veille. Le résultat mensuel de G*"
du matin donné entre paren-
thèses comprend l'évaporation
totale de la nuit. Il n'y est entré
que douze jours.
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9
10
II
Minuit.
Totaux.
0
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 15 MARS 1880.
PRÉSIDENCE DE M. EDM. BECQUEREL.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
MÉCANIQUE CÉLESTE. — Sur un développement particulier (le la fonction
perturbatrice. Noie de M. F. Tisseuand.
« Dans trois Mémoires insérés au Tome XV des Comptes rendus, Cauchy
a proposé un nouveau développement de la fonction perturbatrice; ce
développement se distingue des antres par la nature des transcendantes qui
dépendent du rapport Q des grands axes des orbites; on considère habituel-
lement une triple série de transcendantes repré.sentées par ' > où l'on
donne à / et fi les valeurs o, i, 2, ... et à j les valeurs |, |, f , . . . . Dans
son nouveau développement, Cauchy remplace cette triple série par une
double série de transcendantes 0^^, fonctions de 9.
» Je me propose, dans cette Note, d'arriver d'une manière très simple
au développement donné par Cauchy, et de faire connaître quelques pro-
priétés importantes des fonctions 0^,/ et aussi leur liaison avec les tonc-
d'ù'/"
tions -^.
» Soient /' et r' les rayons vecteurs des deux planètes, leur angle, A la
G. R., 1S80, I" Semestre. (T. XC, !N» 11.) 7^
( 558 )
distance mutuelle des planètes; on a, en supposant r< /■',
(i) - =|-M„-l-M, coso +M2Cos2c?+ . .. 4- M^cos^-o + . .,
où
,, I.3.,.(2/— I
A r, I T"+i ^ 1 hU"+^]{"+^) '-' 1 ...X
2.4...2A- 7-'*+' L i n + i !■' 1.2 (n-\-j){n+i) /■" J
B On développe ordinairement cetteexpressiondeM^suivantles puissances
de I et — — I ; je vais obtenir la formule de Cauchy en développant
seulement, dans l'expression (a),/ (^,)' Je pose
La formule de Taylor me donne
1=0
Je tire de (a)
et il en résulte
«-;^S^^s.(*'"'-')-
/=
,*
La formule (i) donne ensuite
A 2 ^j r' 1.2.../ fW Zj Zj '^ 1.2.../ /(' ^ ''
/=o A=i ;=o
Or le développement donné par Cauchy est le suivant :
(3) { Où
1.3. (2/-.)_^/^_^y ^
On en déduit immédiatement l'expression suivante des transcendantes Q^^
( 559)
de Cauchy :
( ^°*''-.. 3... (•->./-.) M^'' ^ >•
Or, en désignant par F(a, /3, y, a) la série hypergéoinétrique, ou a
Il en résulte donc, en vertu de formules connues,
» Les formules (5) et (7) montrent que les fonctions G^,; sont des séries
hypergéométriques; la formule (6) donne une expression très simple de
0^^;, à l'aide de 0/;_o-
» En parlant des propriétés bien connues de la série hypergéomélrique,
on arrive aisément à la relation suivante :
,(A-+Z + i)0A,;-[A- + Z + i~(A- + 2/+2)(;-]0A,,+,-(/ + |)5-(i-5%y+a = o.
On en déduira, en toute sécurité, 0a,; de 0^,/+, et Qk,i+i'
» Je trouve de même
(A-+{)ô^0A^,,;-l-(/c + /-i)0A_,,, = (A-+/ + A-e=)0,,„
d'où ©A-i,; en fonction de 0a_; et 0a+i,;.
» Enfin, j'ai obtenu la relation suivante :
» On voit, d'après les formules (3), quePA,; est de l'ordre l relativement aux
excentricités des orbites; si donc on néglige les quantités du buitième ordre,
comme on le fait généralement, Z devra recevoir les valeurs o, i, . . . , 7; on
peut se convaincre aisément, en partant de ce qui précède, qu'il suffira de
calculer 0A/_,,, et ©a»,,, pour pouvoir en déduire en toute sécurité, et par des
calculs très simples, toutes les valeurs numériques des transcendantes 0a,/;
k
[k
+ 1).
i^-
+ i
■■-î)
{f'
I.
-■)•
1
i
h
(^
'■ + ')
( 56o )
k' désigne ci-dessus la plus grande valeur de k, qui sera, par exemple, lo
ou 1 1 dans la théorie de Jupiter et de Saturne.
» Pour établir les relations des nouvelles transcendantes avec les an-
ciennes, je suis amené à avoir recours aux formules suivantes :
^^li^'=(2.r)"y'"'(x') + "^"~'^(2x)"->"'-"(.r') + ....
Je pose, en outre,
et je trouve
\ 2 . 4 ... 2 / L jy '
V 2.4. • .2' V -'•/ ' /
Ceux des coefficients des termes de la fonction perturbatrice qui sont de
la forme
se présenteront maintenant sous la forme
Peut-être pourrait-on profiter des relations nombreuses qui existent entre
les $A,/OU les e^,/ pour simplifier ces coefficients.
» En terminant, je ferai remarquer qu'on pourra remplacer, comme je
(56i )
l'ai montré récemment, cos^V par un nombre limilé de termes tels que
où Qi*y est la différence des carrés de deux polynômes dérivés de la série
hypergéométrique; en se reportant à la formule (3), on verra que la fonc-
tion perturbatrice peut être décomposée en termes tels que
oQ.r'^cosai'.r'"^ cosa'p',
les cosinus pouvant aussi être remplacés par des sinus; si donc on désigne
par U et U' les coefficients des cosinus de multiples déterminés des ano-
malies moyennes dans les développements de r^cosat' et r'~'^ cosaV, le
coefficient d'un terme périodique quelconque de la fonction perturbatrice
sera de la forme
I0QUU'.
0 est une fonction de 9 représentée par une série hypergéométrique; Q est
une fonction de l'inclinaison mutuelle des orbites, représentée par deux
polynômes dérivés de la série hypergéométrique; enfin U est une fonction
de l'excentricité e, qui s'exprime à l'aide de la série hypergéométrique et
des transcendantes de Bessel; U' est une fonction analogue de l'excen-
tricité e'.
» On voit donc que la série hypergéométrique joue un rôle fondamental
dans le développement de la fonction perturbatrice. »
MÉCANIQUE. — De la compensalion des températures dans (es chronomètres.
Note de M. Phillips (' ).
« Nous allons maintenant mettre la valeur de — sous une certaineforme.
A cet effet, remarquons que la déformation du balancier est déterminée
par celles de toutes les lames bimétalliques et de toutes les pièces qui se
dilatent librement. Or la variation du moment d'inertie du balancier, due
à une lame bimétallique quelconque, est, en vertu des équations (lo) et
(12), une fonction déterminée des deux variables (7"— 7')^ H- {^" — ^')6'
et 7,9 4- c?, 6*. D'un autre côté, la variation du moment d'inertie du balan-
cier, due à l'une quelconque des pièces qui se dilatent librement, est déter-
(') Voir Comptes rendus, séance du 8 mars 1880.
( 562 )
minée par l'allongement proportionnel correspondant, qui est lui-même de
la forme(i2). Soient donc, pour toutes les lames bimétalliques, x, x\ x" , ...
les différentes valeurs de (7"— y)0 4-(c)"'— c?')6% puis, pour toutes les
pièces qui se dilatent librement et pour les surfaces de séparation de toutes
les lames bimétalliques, x,, a-',, x\, ... les différentes valeurs dey, 5 + cî, 6\
~> et par suite —■> est une fonction déterminée des variables a;, 00, x", ...,
a:,, x\, x\, ..., nulle quand toutes ces variables sont nulles. On a donc,
en se limitant aux. termes du second ordre par rapport à la température,
— = ax -\- a X + a X + ., , -\- a^Xi + a ^x ^-\- ttiX ^ + . . .
I 5 ) I + ^^'^^ + ^'^'^ + ^"■^"' -\- -.'-^ ô\x'\ + h\ x\- -H b\ x\- -i- . . .
-f- cxx' + c'xx" + . . .
+ ix, x\ + i'x, x'\ -h . . . -hjxx, -+- f xx\ 4- . . . ,
tous les coefficients du second membre dépendant uniquement de la forme
et des dimensions du balancier et pouvant se calculer, au moyen de l'équa-
tion (i4)î de la manière qui a été expliquée ci-dessus.
Sous une forme abrégée, l'équation (i 5) peut s'écrire
, „. \-T=r = lax-^la^x^-^lbx'^+lb^x\
( + Zcxx' -\-2ix^ x\ -\- Ij xXf .
» Posons maintenant, pour la clarté des notations,
x'={r-l')5-h{p."-p.')û-' et x\ = y\0-hà\0\
» En se bornant aux termes du second ordre p;u' rapport à la tempé-
rature, on a, en vertu des équations (7), (i3) et (iG), pour déterminer la
perturbation, l'équation
En égalant à zéro les coefficients de Q et de ô" dans le second membre de
l'équation ci-dessus, on a deux équations propres à déterminer deux des
éléments de la construction du balancier de manière à annuler la pertur-
( 563 )
bation. I\Iais il n'est nullement démontré que, quel que soit le système du
balancier, ces équations fournissent des valeurs admissibles de ces deux
inconnues.
)) Supposons donc que le chronomètre soit réglé de manière que ses
marches aux températures extrêmes soient égales. Soient 5=5, et 9 = — 9,
les températures extrêmes. On a
(i8) la{/-i)-hla,y, = -T^
et la perturbation aux températures extrêmes, on l'erreur secondaire, est
donnée par l'équation
{ +2c{f-i)[X'-l')-\-lh,a, + lj{i'-iYi,]0\.
0 L'élément de la construction du balancier déterminé par l'équa-
tion (i8), étant fonction de N et figurant dans une partie des termes du
second membre de l'équation (rg), qui contient en outre N', on voit déjà
que le choix du spiral doit exercer une certaine, peul-élre même une grande
injluence sur la valeur de l'erreur secondaire.
» Supposons maintenant que toutes les lames bimétalliques soient for-
mées par l'association des deux mêmes métaux, ceux-ci étant exactement
dans le même état moléculaire dans foutes ces lames, auquel cas y', y", 5'
et (J" ont les mêmes valeurs pour toutes les lames. Alors l'équation (i8)
devient
(2o). (7"-7')2a + 2rt,7, = -N,
d'où
7 —7
et l'erreur secondaire est donnée par l'équation
7—7 7 — /
I -^(7"-v'r(2A+2c)+2^VI + 2f7r/, + (7"-7')2/7.]5?
» S'il arrivait que l'influence des pièces qui se dilatent librement et celle
delà dilatation des surfaces de séparation des lames bimétalliques fussent
( m )
négligeables, celte équation se simplifierait, et elle deviendrait
» Les trois premiers termes entre parenthèses du second membre de
l'équation (21) dépendent essentiellement du spiral; de plus, le troisième
dépend de la nature des deux métaux qui forment les lames bimétalliques.
Occupons-nous spécialement de ce troisième terme qui entre dans l'erreur
secondaire pour une part égale, en grandeur et en signe, à
-N^^i^îx 86400
7—7
par vingt-quatre heures, le signe — correspondant à une avance et le signe-f-
à un retard. Cherchons à nous rendre compte de l'importance de ce
terme.
» Et d'abord d'observations faites avec un balancier non compensé, par
MM. Delamarche et Ploix, M. Caspari, en se bornant aux termes du pre-
mier ordre par rapport à la température, a conclu, pour l'effet dû au
spiral seul, celui-ci étant d'acier, un retard uniforme de 9% 44 P'*'' degré
et vingt-quatre heures, ce qui donnerait, dans ce cas,
TV _ 9»44
^^ ~" 864oo'
M Des observations faites, dans des circonstances analogues, par M. Airy
et par M. Dent conduiraient sensiblement au même résultat.
» Nous pouvons, au moyen de ce qui précède, pousser l'approximation
plus loin en tenant compte des termes du second ordre. En ap|jliquai]t la
formule (i4) à un balancier non compensé, ou trouve immédiatement,
dans ce cas,
(a3) ^ = .^Q^^Ô\
y et ô étant respectivement les premier et second coefficients de dilatation
linéaire du balancier.
» On a donc, dans ce cas, en vertu de (7),
(a4) f = (N-f-7)e-H(N'-4-N7-Ka)ô»,
M Soient respectivement r/o et d, les marches du chronomètre pour deux
( 505 )
températures 0(,olO,, ces températures étant comptées à partir d'une tem-
pérature uiovenne, d'ailleurs arbitraire. On a
(25) (N 4-7)5,, -f-
et
(N'-^-Nv^-^)5^^3,;„
équations d'où l'on lire
o7-'x -^^'^""^^' '"^'
» 1-anui toutes les observations de MM. Delamarcde et i-'loix, laiteb avec
lin balancier de laiton, nous avons choisi les suivantes, qui nous ont paru
offrir plus spécialement des garanties d'exactitude :
Tomiiéi'.Ttiiic.
o. . .
'9'9
■.'I .<) .
31.'. .
Murcho.
m s
-i-3.33,5
o. 2,7
o. ?.4,> Atiu d'ajjpliijuer 1rs tVirniiiies 371 el 9.8 , prenons n" |>()iii' Icinpi'i;!-
ture moyenne.
» Supposons d'abord 5„ — 19^,9 et ô, = H5". Alors <7o=2i6'',2 et
d,^= 386% r, et les formules (27) et (28) donnent
d 'où
et
IS — 0,0001046,
86400N = 9%o38,
N'= 0,0000001 163,
d'où, pour la part de N' dans l'erreur secondaire,
86400 N'Ô^-"- 4- 2% 26 (pour5,:=r rfciS").
)) Supposons maintenant 6n~= i\",ç) et 5. =: 35". Alors <:/„ — 237',5 et
t/i= 386% I, et les formules (27) et (a8) donnent
N = o,oooio33,
C. R., 18S0, I" Sewestrf. (T. XC, IN» H.) , ')4
( 566 )
d'où
86400N = SSgS
et
N'= 0,0000001 532,
d'où, pour la part de N' dans l'erreur secondaire,
864ooN'6?= + 2%98 (pour ô, = ± i5°).
M Nous croyons pouvoir conclure de ce qui précède que, pour un
spiral d'acier, la valeur très approchée de N peut être regardée comme
étant donnée par la formule
9 '
'■9' 86400 ~~ 9600
)i Quant à N', nous pensons que les expériences de MM. Delamarche et
Ploix ne permettent pas d'en avoir la valeur avec une exactitude suffi-
sante. Pour l'obtenir, pour un spiral déterminé, il faudrait des marches
relevées au moyen d'une étuve à température rigoureusement constante,
lies formules précédentes permettraient alors de calculer N et N'. »
ASTRONOMIE. — Sur l'Iijpothèse de Laplace. Note de M. Fate.
« La belle hypothèse de Laplace sur la formation de notre monde
est trop connue pour qu'il soit besoin de la rappeler ici. Elle paraissait
rallier, il y a peu d'années, la grande majorité et même, d'après notre
célèbre Correspondant feu le P. Secchi, l'unanimité des suffrages des astro-
nomes. Cependant des doutes sérieux se sont élevés à l'étranger dans ces
derniers temps, et le moment parait être venu de soumettre cette hypothèse
à un nouvel examen. C'est une tâche que je vais m'efforcer de remplir
avec le respect que nous devons aux idées de notre grand géomètre et la
réserve qu'impose un sujet si délicat.
)> A l'époque de Laplace, cette hypothèse satisfaisait admirablement
aux conditions que l'on connaissait ou du moins que l'on croyait bien
connaître. Il y a dans notre système, disait Laplace, quarante-trois mou-
vements qui tous s'effectuent dans le même sens, à savoir les circulations
de onze planètes et de dix-huit satellites, puis les rotations de quatorze de
ces corps, à savoir le Soleil, six planètes, la Liuie, les satellites de Jupiter,
l'anneau de Saturne et un de ses satellites. Or on trouve, par le Calcul des
probabilités, qu'il y a plus de 4000 milliards à parier contre i que cette
( 567)
d'fposition n'est pas l'objet du hasard, ce qui forme une probabilité bien
supérieure à celle des événements historiques sur lesquels on ne se permet
aucun doute. Nous devons donc croire, au moins avec la même confiance,
qu'une cause primitive a dirigé dans le même sens que la rotation du Soleil
toutes ces circulations, toutes ces rotations de planètes et de satellites.
» Aussi Laplace a-t-il conçu son hypothèse de manière à assurer le même
sens aux mouvements de circulation autour du Soleil, aux rotations des
planètes, aux rotations des satellites et à leur circulation autour de leurs
planètes centrales dans toute l'étendue du système solaire. Depuis cette
époque, on a découvert plus de deux cents planètes, et l'une d'elles, Nep-
tune, a presque doublé l'étendue de notre système. De cet énorme nombre
de planètes nouvelles trouvées dans des régions différentes, pas une n'est
venue contredire l'idée de Laplace.
» Il y a donc dans cette théorie un point inébranlable : c'est l'idée que
notre système a été formé aux dépens d'une masse primitivement fort
étendue et animée principalement d'un mouvement de rotation de droite
à gauche. Quel que soit le mode de formation des planètes, lesquelles
n'ont d'ailleurs emprunté à la masse primitive que ~û au plus de sa
valeur, la circulation originaire a dû engendrer des planètes se mouvant
dans le même sens dans le plan de l'équateur primitif.
» Cependant, à côté de ces éclatantes confirmations, il s'est produit
aussi des contradictions irrécusables qui ont ébranlé tout le reste de
l'hypothèse. A l'époque de Laplace, les mouvements des satellites d'Uranus
n'étaient pas bien connus. Il a fallu réduire à quatre leur nombre, évalué
d'abord à six. La détermination du sens de leurs mouvements, qu'on
avait crus d'abord directs par pure analogie, exigeait un temps assez long.
On a fini par reconnaître que tous ces satellites sont rétrogrades, ce qui
donne à croire que la rotation de la planète affecte le même sens.
» Mais la théorie était faite. Les astronomes se sont consolés d'abord de
cet échec en pensant, fort gratuitement d'ailleurs, qu'il n'y avait là, au bout
du compte, qu'une exception probablement due à quelque cause extérieure ;
mais, plus tard, on a découvert un satellite à la planète Neptune, bien plus
loin encore qu'Uranus, et ce satellite s'est trouvé encore plus franchement
rétrograde que ceux de cette dernière planète. Il ne s'agissait donc pas là
d'une exception, mais d'un ensemble de faits, et la conclusion que voici,
bien qu'elle n'ait pas été formulée, s'impose désormais. Le système solaire
se divise en deux moitiés : dans l'une, la plus voisine du Soleil, les rota-
tions des planètes et les mouvements des satellites sont tous directs; dans
l'autre xiioitié ils sont tous rétrogrades.
( 568 )
)) L'hypothèse de Laplace ne donne des mouvements directs aux satel-
htes et aux rotations planétaires que par suite d'une idée préconçue dont
je vais indiquer la filiation. Elle admet, en effet, que les anneaux nébuleux
successivement détachés du Soleil tournaient autour de lui tout d'une
pièce dans le sens direct, à la manière d'un anneau solide, en sorte qu'au
bord extérieur la vitesse linéaire de rotation était plus grande qu'au bord
intérieur, dans l'exacte proportion des distances au centre. S'il en est ainsi,
et que l'anneau vienne à se transformer en une masse unique par la con-
centration de toutes ses particules autour d'un centre d'attraction pré-
pondérant, cette masse devra prendre une rotation directe et donner plus
tard naissance à des satellites également directs.
)) Laplace avait profondément étudié la théorie des anneaux de Saturne,
dont la considération l'a évidemment mis sur la voie quand il a voulu
aborder plus lard la formation du système solaire. Or. dans ses recher-
ches analytiques sur ces anneaux, Laplace a adopté et développé une idée
de Maupertuis; il admettait, comme lui, que l'anneau de Saturne est animé
d'un mouvement de rotation autour d'un axe, et il a montré que dans ces
conditions un anneau fluide peut être en équilibre sous l'action mutuelle
de ses particules combinées avec sa rotation et les forces extérieures,
pourvu que la période de la rotation fût celle de la circulation d'un satellite
placé là, et que sa figure génératrice fût une ellipse ayant son grand axe
dirigé vers la planète. Évidemment Laplace a conçu plus tard sur le même
plan tous les anneaux fluides qu'il a imaginés autour du Soleil.
» Or, aujourd'hui, les iilées des astronomes ont totalement changé à ce
sujet. On a abandonné l'idée de Maupertuis et de Laplace pour revenir à
celle de Cassini, qui déjà considérait les anneaux de Saturne comme une
réunion de satellites, à la vérité sans s'appuyer sur des considérations de
Mécanique (').
)) Mais alors les particules de ces anneaux les plus éloignées du corps
central ont les moindres vitesses linéaires, et, si elles viennent à se con-
denser en un seul globe devant donner naissance à une planète entourée
de satellites, les rotations et les circulations de ce petit système seront toutes
rétrogrades, comme cela a lieu dans une moitié du monde solaire.
Seulement l'hypothèse de Laplace ainsi modifiée exigerait qu'il en fût de
même partout, en sorte que pour nous en particulier, habitants de la
Terre, le sens du mouvement journalier du ciel devrait être renversé.
» Ce n'est pas tout : on a découvert il y a trois ans, en Amérique, deux
{') Voir il ce sujet les beaux Ménioiies Je M. Hirn et de feu M. Clerk Maxwell.
( 569 )
satellites à la |)laiièle Mars, qui n'en paraissait avoir aucun du temps de
Laplace. Or le premier circule dans une région interdite par la théorie à
la formation de ces astres. La durée de la rotation d'une planète, disait
Laplace, doit être, dans mon hypothèse, plus petite que la durée de la ré-
volution du corps le plus voisin qui circule autour d'elle. Or le satellite
Phobos fait le tour de la planète en trois fois moins de temps que la planète
ne tourne autour de son axe. Ce n'est pas là la seule exception à la règle
de Laplace : il en est de même, comme l'a remarqué depuis longtemps
M. Roche, d'une partie des anneaux de Saturne. Il y a donc quelque dé-
fectuosité dans l'idée mère de la théorie.
» L'idée mère du système de Laplace, c'est que le Soleil est, sauf l'incan-
descence, un globe comme le uôtre, solide ou liquide, entouré d'une at-
mosphère. Cette atmosphère, enrichie sans doute de quelques matériaux
plus volatils que les autres, s'était étendue autrefois, sous l'influence de la
chaleur originaire, jusqu'aux limites de notre monde, la vitesse de rotation
du globe central se propageant dans ses couches successives par l'effet de
leur friction mutuelle, de manière à régler en parfait accord la rotation de
l'atmosphère sur celle du globe central. Par l'effet du refroidissement, ce
globe central s'est contracté peu à peu; sa vitesse de rotation, et par suite
celle de l'atmosphère, a donc été en s'accélérant. Mais il y a une limite que
celle-ci ne saurait dépasser : c'est celle où la force centrifuge équato-
rialefait équilibre à la pesanteur; tout ce qui est au delà cesse d'appartenir
à cette atmosphère et doit se mettre à circuler planétairement autour
du Soleil. Mais ici on oublie une chose, ce me semble : c'est que, si le
globe central se contracte peu à peu par le refroidissement, il en sera
de même de l'atmosphère. Or rien ne prouve qu'elle ne se contractera
pas assez pour ne pas se laisser atteindre par la limite ci-dessus posée. Il
suffirait qu'à une augmentation de i millième dans la vitesse de rotation
du globe central correspondît une contraction de i 4 millième dans le
rayon de l'atmosphère pour que celle-ci ne laissât jamais rien perdre et
ne donnât jamais lieu à la formation d'une planète.
» Les études modernes ont fait rejeter cette conception. Pour nous, la
masse du Soleil est à l'état de fluidité plus ou moins complète dans toute
son étendue. Il n'y a plus de sol solide ou liquide qui marque le commen-
cement d'une atmosphère. Ce qu'on nomme la photosphère n'est que la
région où l'abaissement progressif de la température interne permet à cer-
taines vapeurs de se condenser passagèrement et de former une zone mobile
de nuages incandescents. Si donc le Soleil s'est étendu plus loin autrefois,
(570)
c'est sa masse entière qui se sera dilatée ; c'est elle qui se sera contractée
tout entière sous l'influence du refroidissement.
» Pour savoir si, dans cette conception, le Soleil a pu abandonner une
faible partie de sa masse sous l'influence du refroidissement et de l'accé-
lération qui a dti en résulter dans son mouvement de rotation, il faudrait
connaître, à ces âges divers, la loi suivant laquelle la densité a varié du
centre à la surface. Nous ne connaissons pas cette loi, mais nous pouvons
la représenter algébriquement par une expression contenant des para-
mètres arbitraires tels, qu'on aura à volonté les genres de décroissement
les plus variés du centre à la surface.
» Soient D la densité centrale, R le rayon de l'équateur solaire, r la
distance d'un point quelconque au centre, n un nombre positif tout à fait
arbitraire, a une fraction très petite. En posant
(0 D[,-(x-«)y/^],
nous aurons une densité finale très faible et en même temps un décroisse-
ment des densités aussi rapide qu'on le voudra du centre à la superficie,
puisque n peut varier de zéro à l'infini et a. être remplacé par zéro ( ' ). En
intégrant der=:oàr=Rla différentielle
(2) 47r'-^^rxD[i-(i-a)^j],
on aura, pour la masse M du Soleil,
(3) M==|;:R'Di^t^.
^ ' 3 I H- i«
M La densité moyenne D 5— peut donc devenir aussi faible qu'on le
voudra par rapport à la densité centrale.
)) Le moment d'inertie I s'obtiendra en intégrant de o à R la même
expression différentielle multipliée par- r", ce qui donne
1 = ^ ttR'D ^-•
i5 1 + 5/2
(') Cette loi est analogue à celle que M. Roche a substituée avec un plein succès, pour
le globe terrestre, à celle de Legendre et de Laplace. Voir V Essai sur l'origine du système
solaire, par E. Roche. Gauthier-Villars, i8'j3.
(571 )
» Par suite, tant que le Soleil ne perdra rien de sa masse, nous aurons,
en désignant par w la vitesse de rotation,
/ / N 8 „,TN I -f- San
(4) -prtR D ^— u = const.
» Représentons cette constante par/?, et éliminons D entre (3) et (4); en
posant, pour abréger,
Q 2 I + 5a/î i-|-3an
''' 5 iH-5« ■ i + 3/j'
il viendra
•^ M
On aura donc, pour la force centrifuge à la distance R,
Si l'on n'admet pas de planètes formées aux dépens du Soleil, nous aurons p
en appliquant l'équation (5) à l'état actuel. Pour cela nous accentuerons
toutes les lettres (sauf/)) qui se rapportent à cet état. Or on trouve qu'au-
jourd'hui le rapport de la force centrifuge équatoriale w'-R' à la pesanteur
Çj- est celui de i à 28000 ('). On aura donc
(6) -^ -- = — ^ ^
^ ' M'P" R'^ 28000 R'= '
» Il ne reste plus qu'à éliminer la constante p entre (5) et (6), ce qui
donne, pour toute époque,
force rentrifuge i p'' Pv'
attraction 28000 p R
S''
» Il suffit de jeter les yeux sur le coefficient ^ pour voir qu'il sera tou-
jours compris entre des limites très resserrées, quelque valeur qu'on donne
à l'arbitraire n. Il en résulte qu'un Soleil ainsi constitué, et se rappro-
chant bien plos de nos idées modernes que celui de Laplace, n'aurait ja-
mais abandonné la moindre parcelle de sa masse en se contractant de ma-
nière à arriver à l'état actuel. »
(') En prenant le rayon du Soleil un peu inférieur à la distance périhélie de la comète
de 1843.
(^7^
CHIMIE. — Réponse aux observations de M. Berthelot,, concernant l'hydrate
de chloral; par M. Ad. Wrnxz.
(( M. Berthelot reconnaît dans sa dernière Note que « tout porte à
» croire que l'hydrate de chloral est dissocié, c'est-à-dire en partie décom-
» posé, à ioo° )', et il admet que la décomposition tend à devenir complète
à ioo° et à une basse pression. Cette opinion se rapprochant beaucoup de
celle que je soutiens, il me semble inutile de prolonger la discussion. Les
appareils ont été décrits, les arguments donnés de part et d'autre : chacun
pourra répéter les expériences, et les physiciens apprécieront.
» Je me borne à ajouter que, dans cette Note, mon honorable coiilra-
dicteur raisonne comme si je n'avais pas expérimenté à la pression ordiniiirc
Ai-je besoin de rappeler que, ayant souvent répété mes expériences dans ces
conditions, je n'ai jamais constaté un développement de chaleur, mais bien
un petit abaissement de température, dont j'ai indiqué la cause : les
vapeurs ne sont pas sèches, et c'est poiu- les dessécher que j'ai abaissé la
pression ? J'ajoute aussi que, dans les essais multiples que j'ai faits, j'étais
arrivé à régler la marche des vapeurs de telle façon que l'hydrate de chloral
se condensât en masse cristalline dans le récipient, et il en passait, dans
les diverses expériences. t\o ■>.n-' à /|oS' en dix minulfs. »
CHIMIE. — Action de L'eau oxygénée sur l'oxyde d'argent et sui l'argent
métallique; par M. Berthelot.
« 1. La Chimie offre peu de réactions plus étranges que celle de l'oxyde
d'argent sur l'eau oxygénée : l'un et l'autre de ces corps perdant, dit-on,
son oxygène, et l'argent libre étant régénéré. Cette réaction a été attribuée
jusqu'ici à quelque mystérieuse action de présence. J'ai été conduit à en re-
prendre l'étude, à la suite de mes recherches, récemment publiées, sur la
décomposition de l'eau oxygénée en présence des alcalis, et je suis arrivé
à des résultats inattendus.
1) 2. On ne saurait révoquer en doute la réduction de quelque dose
d'oxyde d'argent, le métal réduit pouvant être isolé, en dissolvant l'excès
d'oxyde inaltéré par un acide étendu. La poudre impalpable que l'on ob-
tient ainsi est bien de l'argent pur, comme je l'ai vérifié par l'analyse.
» 3. Mais le volume de l'oxygène dégagé est précisément égal à celui que
(573 )
f/eut fournir l'eau oxygénée, contrairement à l'opinion reçue jusqu'à ce
jour. Il en est ainsi du moins avec l'eau oxygénée assez étendue pour ne
pas donner lieu à des élévations de température locaUs, et ca[)ables de dé-
truire par elles-mêmes l'oxyde d'argent, ^'oici des nombres : loo*^*^ d'eau
oxygénée renfermaient, d'après le dosage par le permanganate, i i4'^'^ (vo-
lume réduit) d'oxygène actif. Cette liqueur, traitée par la mousse de platine,
a dégagé en effet 1 1 4", 5 d'oxygène libre. Au contact d'un excès d'oxyde d'ar-
gent aggloméré mais humide, elle a dégagé à froid exactement i i4'^'^. Mêlée
avec une quantité équivalente de nitrate d'argent dissous, dans lequel on a
versé ensuite une quantité précisément équivalente de soude, elle a dégagé
encore ii4'^*^. Enfin j'ai reconnu que le volume de l'oxygène dégagé est
indépendant de la dose d'oxyde d'argent : il a été trouvé le n)ême, soit avec
un grand excès d'oxyde, soit avec des doses égales à r , 4> -f, i, -[î;» 4ô^^
même -^ d'équivalent, par rapport au poids de l'eau oxygénée.
» Ces expériences ont été reproduites avec trois échantillons d'eau oxy-
génée déconcentration inégale.
» 4. La conséquence de ces observations est claire : la matière insoluble
qui subsiste après la destruction de l'eau oxygénée doit retenir la totalité
de l'oxygène de l'oxyde d'argent [)riinitif. Cette masse, d'ailleurs, n'est pas
homogène. Non seulen)ent elle est séparableen oxyde soluble dans les acides
et argent insoluble, par l'action des acides : action que l'on pourrait suspec-
ter, comme suscepliblede produire parelle-mêiue, sur un oxyde déjà modifié,
la décomposition qu'elle manifeste. Mais, la réaction de l'eau oxygénée
sur l'oxyde d'argent étant exécutée en précipitant l'oxyde du nitrate par un
alcali équivalent, au sein de la liqueur même qui renferme l'eau oxygénée ,
on observe, après la réaction, une substance noire, bien plus foncée que
l'oxyde ordinaire, qui vient flotter à la surface, soulevée par les bulles
d'oxygène, tandis qu'une poudre grise d'argent métallique tombe au fond.
La séparation exacte du dernier corps ne peut être faite que par un acide
étendu qui dissout la matière noire; mais la préexistence même du métal
n'est pas douteuse.
)) La matière complémentaire ne saurait être dès lors qu'un oxyde supé-
rieur; sa dissolution, faite à chaud dans l'acide sulfurique étendu, dégage
en effet de l'oxygène ( ').
(') L'acide nitrique très étendu redissout aussi cet oxyde; mais il agit toujours, même à
froid, sur l'argent qui l'accompagne et dont il attaque une portion.
(.. R., i>So, i" Semestre. { l. XC, j\<;' 11.) 7^
( 574 )
» J'ai déterminé les rapports de poids des divers produits. Par exemple :
1) I. 5o'^'^ d'eau oxygénée renfermaient 122"^° d'oxygène actif (volume réduit). Mis en
présence de 12^' d'oxyde d'argent humide, c'est-à-dire d'un excès, ils ont dégagé 123".
» On a versé dans le ballon un excès d'acide sulfurique étendu de 5 volumes d'eau et
l'on a fait bouillir; on a recueilli : oxygène 40*^% c'est-à-dire un tiers du volume fourni par
l'eau oxygénée.
» L'argent métallique régénéré pesait qS', 8?,; il équivalait très sensiblement au tiers de
l'oxygène actif de l'eau oxygénée (oj'jg au lieu de 0,82).
» II. Volumes équivalents de nitrate d'argent et de soude ont été mêlés, le précipité lavé
par décantation, en évitant toute perle, autant qu'il a été possible, et jusqu'à absence com-
plète de uitrate. L'oxyde pur ainsi obtenu, mis en suspension dans l'eau, a été placé en
présence d'uue dose d'eau oxygénée, équivalenteau nitrate d'argent primitif. Après réaction,
j'ai trouvé :
Argent de l'oxyde soluble dans l'acide sulfurique i ,4o
Argent métallique o,65
i> La somme a'^'joS est un peu inférieure aux 2^' ,36 contenus dans la liqueur primitive,
à cause du lavage de l'oxyde d'argent; mais le rapport 3 : i est observé sensiblement, l'ar-
gent métallique formant le tiers du poids total (0,68 au lieu de o,65). Ce dernier réjxtnd
d'ailleurs, comme on voit, à peu près à un rapport équivalent entre le poids de l'eau oxy-
génée et celui de l'oxyde d'argent.
» III. Voici des expériences faites avec un excès considérable d'eau oxygénée : le poids
de l'oxyde d'argent primitif étant déterminé par celui du nitrate d'argent que l'on préci-
pitait par la soude, en présence de l'eau oxygénée étendue.
HO-H- j AgO Ag total =: o,432; Ag réduit = o, i4o
HO'-t-^AgO Agiotai = 0,216; Ag réduit = 0,076
HO'-f-^AgO Agtotal= o,o54; Ag réduite 0,017
C'est toujours le rapport 3 : i .
» 5. Ainsi, la matière qui subsiste après la réaction renferme la totalité
de l'oxygène et de l'argent contenus dans l'oxyde d'argent primitif; mais
la répartition de ces éléments a été changée sous l'influence du bioxyde
d'hydrogène, de façon à représenter un mélange mécanique (séparable par
lévigation) dans lequel un tiers de l'argent est libre et le tiers de l'oxy-
gène correspondant combiné au surplus de l'oxyde d'argent, en formant un
sesquioxyde, dont les acides le dégagent à l'état de liberté :
3AgO = Ag=0'-4- Ag.
Cette réaction a lieu sur la totalité de l'oxyde d'argent employé, tant que le
poids de cet oxyde d'argent demeure inférieur ou tout au plus égal à l'équi-
( 575 )
valent de l'eau oxygénée. Au-dessus , l'excès d'oxyde d'argent demeure
inaltéré. Dans tous les cas, la totalité de l'eau oxygénée est détruite, d'a-
près l'équation suivante :
3H0= + 3AgO = O» + Ag^O» -4- 3H0 -h Ag.
» Ce sont là des faits d'expérience.
» 6. Le sesquioxyde d'argent se présente en flocons noirs, hydratés, tout
à fait distincts de l'oxyde brun ordinaire. Les acides étendus l'attaquent à
froid, en formant une émulsion brune qui traverse les filtres; mais ils ne
tardent pas, surtout à chaud, à le dissoudre, en dégageant de l'oxygène
et eu réeénérant des sels d'argent ordinaire. Cette réaction est très nette
avec l'acide sulfurique, en opérant en présence d'une dose d'eau suffisante
pour dissoudre le sulfate d'argent. L'acide nitrique agit d'une manière
analogue. L'acide acétique attaque le sesquioxyde bien plus difficilement,
surtout à froid. L'acide chlorhydrique le change peu à peu en chlorure,
en dégageant de l'oxygène gazeux, sans que la liqueur filtrée retienne ni eau
oxygénée ni composé oxydant capable d'agir sur l'iodure de potassium.
» Séché, même à froid dans une cloche, au-dessus d'un vase rempli
d'acide sulfurique, le sesquioxyde d'argent perd peu à peu son oxygène
excédant. Il semble dès lors que ce soit un hydrate et que l'oxyde même
soit incapable d'exister à l'état anhydre. Il attire l'acide carbonique de
l'air, en se changeant en carbonate ordinaire.
» 7. Cet oxyde est probablement le même qui se développe dans la
réaction de l'ozone sur l'argent humide, mais en trop petite quantité pour
être étudié. J'avais espéré l'obtenir pur, en faisant passer de l'ozone à
travers l'eau renfermant en suspension de l'oxyde d'argent récemment
précipité. L'action a lieu en effet : l'oxyde d'argent noircit peu à peu, sur-
tout à la surface de l'eau et sur les parois du verre, où il se forme une
couche adhérente et légèrement miroitante; mais cette action est très lente
et très incomplète. L'oxyde ainsi modifié se dissout d'ailleurs sans résidu
métallique dans l'acide sulfurique étendu.
» 8. Si nous nous reportons maintenant à la réaction de l'eau oxygénée
sur l'oxyde d'argent, nous sommes conduits à l'expliquer par la formation
d'un premier composé, dérivé de ces deux corps, analogue au composé
de bioxyde de baryum et d'hydrogène, et tel que Ag'0% 3H0^
» Un tel corps serait formé avec séparation d'argent métallique, à équi-
valents égaux,
3HO-+3AgO = Ag=0% 3H0^H- Ag;
( 576 )
mais ce premier composé se détriiit aussitôt en eau, sesquioxyde hydraté
et oxygène,
Ag^O% 3H0= = Ag-0% 3H0+0'.
» Cette réaction est pareille à celle des dérivés du bioxyde de baryum
(uo/r ce volume, p. 335).
» L'existence réelle d'tin premier composé de cette nature est facile à
apercevoir, lorsqu'on prend, à une température voisine de zéro, l'eau oxy-
génée tnélangée de nitrate d'argent et qu'on y verse goutte à goutte une so-
lution alcaline. Tl se produit d'abord un précipité brun, sans dégagement
gazeux; mais, au bout de quelques secondes, l'effervescence se déclare,
l'oxygène se dégage et la masse noircit de proche en proche. Ce composé
initial est trop instable pour avoir pu être isolé.
» 9. J'ai cherché à déterminer la chaleur de formation du sesquioxyde
d'argent, par l'étude thermique de la réaction de l'oxyde d'argent sur
l'eau oxygénée. Quelles qu'aient élé les proportions relatives des deux
corps, la chaleur dégagée a été trouvée sensiblement la même que celle de
la décomposition spontanée de l'eau oxygénée étendue, soit 10*^"', 8 pour
» J'ai obtenu, par exemple,
Cal
Avec H0^+ - AgO ancien +io,q
Avec HO^-l- - AgO précipitédans la liqueur même +10,8
Avec AgO : HO' niclé avec AzO^\g, puis traité par NaO . . -t- io,5( ')
» HO' mêlé avec NaO, puis traité par AzO°Ag. ... -h 10,8
» AzO'Ag traité par NaO, puis mêlé avec HO'. . . +10,7
» Il résulte de ces chiffres que la transformation de l'oxyde d'argent
ordinaire en sesquioxyde et argent métallique,
3AgO 4- nHO = Ag^O', «HO + Ag,
répond à un phénomène thermique sensiblement nul.
» Par conséquent, si la formation du protoxyde : Ag -1- O = AgO, dé-
gage -I- 3, 5, comme je l'admets, celle du sesquioxyde :
Ag^'-f- O' + «HO = Ag^'O', ?iUO, dégagera -t- io,5.
» La combinaison du sesquioxyde avec l'eau oxygénée doit dégager de
(') En déduisant la chaleur dégagée par AzO'Ag étendu -(- NaO étendu, dans les mêmes
conditions.
( 577 )
la chaleur, comme je l'ai prouvé pour la combinaison de l'eau oxygénée et
du bioxyde de baryum : ce dégagement de chaleur est le point de départ
des transformations consécutives.
» 10. En résumé, la théorie de la décomposition de l'eau oxygénée par
l'oxyde d'argent paraît être la suivante :
» L'eau oxygénée forme avec l'oxyde d'argent, à équivalents égaux, un
premier composé instable, tel que Ag^0',3H0-, avec séparation d'ar-
gent métallique. Puis ce composé se décompose presque aussitôt en ses-
quioxyde hydraté, eau et oxygène ; la somme des deux effets (et probable-
ment aussi chacun d'eux séparément) étant un dégagement de chaleur.
» Si l'oxyde d'argent est en excès, tout en reste là. Mais s'il y a au con-
traire un excès d'eau oxygénée, l'action se renouvelle, parce que le ses-
quioxyde agit à son tour sur l'eau oxygénée pour reproduire la combi-
naison Ag*0',3H0^, laquelle se décompose encore; et ainsi de suite
indéfiniment, jusqu'à destruction totale de l'eau oxygénée.
» 11. La même théorie rend compte de la décomposition de l'eau
oxygénée au contact de l'argent métallique. Ou sait que celte action est
surtout vive avec l'argent très divisé, tel que celui qui résulte de la réduc-
tion antérieure i!e l'oxyde d'argent par l'eau oxygénée. Mais ce n'est pas là
une action de présence, comme on l'avait supposé jusqu'ici ; car l'argent
s'oxyde partiellement dans la réaction. Je m'en suis assuré, en purifiant
l'argent précipité, à l'aide d'une ébuUition réitérée avec l'acide sulfurique
étendu, jusqu'à ce qu'il ne lui abandomiât plus rien. Si l'on fait agir alors
l'argent purifié sur l'eau oxygénée, qu'il décompose avec effervescence, on
peut constater ensuite, au moyen de l'acide sulfurique étendu, une régé-
nération notable d'oxyde d'argent. L'addition d'un peu d'acide chlorhy-
drique ou sulfhydrique à la liqueur filtrée le démontre. L'argent absolument
pur, pris en feuilles minces, agit bien plus lentement sur l'eau oxygénée;
mais il forme aussi quelques traces d'oxyde, manifestées déjà par le change-
ment de teinte que le métal éprouve par places ; traces d'oxyde que l'acide
sulfurique étendu dissout : on les constate ensuite dans les liqueurs filtrées.
» Dès lors, on est autorisé à attribuer l'action décomposante de l'argent
métallique sur l'eau oxygénée à la formation du sesquioxyde d'argent,
jouant le rôle d'intermédiaire continu dans la décomposition de l'eau oxy-
génée.
» C'est ainsi que nous sommes ramenés à la théorie thermochimique
qni envisage les prétendues actions de présence comme dues en réalité à un
cycle régulier de métamorphoses exothermiques. »
( 578 )
MÉTÉOROLOGIE. — Mémoire sur la température de l'air à la surface du sol et de
la terre jusqu'à 36" de profondeur, ainsi que sur la température de deux
sols, l'un dénudé, l'autre couvert de gazon, pendant l'année 1879; par
MM. Edmond Becquerel et Henri Becquerel. (Extrait.)
« Nous avons l'honneur de présenter à l'Académie, comme nous le fai-
sons chaque année, les Tableaux météorologiques contenant les résultats
des observations de température faites au Muséum d'Histoire naturelle de-
puis le i^'' décembre 1878 jusqu'au i" décembre 1879 inclusivement, dans
l'air, puis en terre à des profondeurs variables de i" à 36™, et dans les
parties supérieures du sol, suivant qu'il est dénudé ou couvert de gazon,
pendant la même période de temps.
» Ce travail est la suite des recherches entreprises au Muséum par
M. Antoine Becquerel, il y a plus de dix-sept ans, à l'aide des appareils
thermo-électriques qu'il a imaginés; elles sont poursuivies par les mêmes
méthodes et avec les mêmes instruments (').
» Le Mémoire renferme d'abord les Tableaux relatifs aux observations
de température dans l'air au nord, à 10^,7 au-dessus du sol du Muséum
et au haut d'un mât à 10™ au-dessus du premier.
» Les moyennes trimestrielles et annuelles déduites des maxima et des
minima, comparées à celles des dernières années, indiquent nne tempé-
rature moins élevée, surtout en hiver et au printemps; l'automne de 1879
a peu différé de celui de 1878.
1878. 1879.
Hiver (déc, janvier, février)
Printemps (mars, avril, mai).
Été (juin, juillet, août) i9>3o
Automne (sept., oct., nov
Année (moyenne) ii,45 11, 35 9)95 g,Q5
» La température moyenne de 1879 est donc inférieure de i°,5 à celle
de 1878, ainsi qu'à celle de 1877 qui en avait différé peu; elle est égale-
ment moindre de 1° que celles de 1875 et de 1876.
( ' ) Mémoires de l 'académie des Sciences, t. XXXII, XXXVIII, XL et XLI ; Comptes
rendus, t. LXXXII, p. 587 et 700; t. LXXXVI, p. 1222; t. LXXXIX, p. 207.
Thermo-
Max. Negretti.
Thermo-
Ma\. Negrelti.
inétrographe.
Min
. Rutherfort.
métrograplie.
Min,
. Rutherfort
4,09
3,98
2,35
0
2,24
11,44
1 1 ,3i
8,91
8.97
19,30
19, .8
18,04
i8,o4
10,98
10,93
10,48
10,56
( 579)
» Les températures moyennes annuelles déduites des observations du
thermomètre placé au nord et de celles faites au haut du mât, corrigées
du déplacement du zéro thermométrique, donnent à peu près le même
résultat. On a, en effet :
1878. 1879.
Au haut du mât. Au nord. Au haut du mât. Au nord.
0 0 0 0
ô*" du matin 8,89 9,02 7,69 7,66
9'' du matin 'i>4'' "i^g 9>7i 9>^7
3"^ du soir i4>ï5 i3,5i 12,-20 12,48
Moyenne 11, 48 11, 49 9,87 9,98
» On reconnaît, comme on l'avait déjà observé antérieurement, qu'il y
a presque égalité entre les résultats déduits de l'observation des thermo-
mètres à maxima et à minima et ceux observés au nord et au haut du mât
à 6'', 9^ du matin et S*" du soir.
» Les circuits thermo-électriques donnent, plusieurs fois par mois, la
température à diverses profondeurs, depuis 6™ jusqu'à 36™('). On rapporte
seulement ici le résumé des observations par saison.
HIVER. PRINTEMPS. ÉTÉ. AUTOMNE. Moyenne
Décemb. 1878, Mars, avril, Juin, juillet, Sept-, octob., de
Profondeur, janv. et févr. mai. août. novembre. Année. treize ans.
1S79.
m o o o o 00
1 . . . » » » » » II, 20
6... 12,24 io>64 11,53 12,06 11,61 " >94
II... 12,10 11,56 12,26 iij93 '1)9^ 12,02
16... 12,28 12,22 12,60 12,08 12, 3o '2,09
21... 12,37 '2,19 12,58 12,08 12, 3l 12,12
24... I?>27 12,24 '2,71 12,25 12,37 12,38
3i... 12,35 12,33 12,46 12,36 12, 38 '■îj34
36... 12,48 12,48 12,48 12,48 12,48 12,44
» On avait reconnu, dans les années antérieures, que l'augmentation de
température avec la profondeur n'était modifiée qu'à 16™ et à 26™, là où
se trouvent les deux nappes d'eau souterraines qui se dirigent vers la
Seine et qui donnent à ces profondeurs des températures suivant à peu près
les variations de température de l'air. On trouve, en effet, que les tempé-
ratures moyennes annuelles, à ces profondeurs, sont un peu plus élevées
(') A 1'" de profondeur, l'altération subie par le câble thermo-électrique et constatée
l'an passé n'a pas permis d'observer, en 1879, à celle profondeur.
( 58o )
qu'elles ne devraient l'être, et en cela les observations de cette année con-
cordent avec les moyennes des treize années d'observations continues depuis
l'origine.
» Le Mémoire renferme ensuite les résultats des observations faites sous
des sols dénudés et gazonnés, à des profondeurs variables de o™,o5 ào^.Go,
le matin et le soir; on a reconnu que deux observations à 6"' du matin et
à 3^ du soir suffisaient pour suivre les changements diurnes de la tempé-
rature quand les appareils se trouvaient sous le sol à une profondeur plus
grande que o™,o5. On donne seulement dans le Tableau annexé à cet
extrait les moyennes mensuelles des températures sous les deux sols aux
diverses profondeurs.
>) Ce Tableau montre, comme ceux des années précédentes, que la
marche de la température s'est effectuée d'une manière semblable; ainsi,
comme antérieurement, à o™,o5 de profondeur, la moyenne de chaque
mois est toujours plus élevée à 6^ du matin sous le sol gazonné que sous le
sol dénudé; la différence a été de 3°, i4 en septembre et s'est abaissée
à o°,4o en février, comme l'année passée.
» A 3'' du soir, à la même profondeur de o",o5, de février en octobre,
c'est-à-dire au printemps, en été et au commencement de l'automne, c'est
l'inverse qui a lieu, et l'action solaire sur le sol sablonneux donne à celui-ci
un excès de température variant de 2",i6 à o*,49 sur la température ob-
servée sous le sol gazonné; de novembre à février, c'est-à-dire en hiver, le
refroidissement du sol dénudé est plus grand et sa température est plus
basse de o°,ioà i°, 53 que celle du sol gazonné. En moyenne annuelle les
excès ne se compensent pas, et le sol dénudé a été plus chaud de o", 78 que
le sol gazonné.
B A la profondeur de o"", i o on observe des effets analogues, mais les diffé-
rences de température entre les deux sols sont moins grandes; à partir
de o™, 20 comme à o™,3o et o™,6o, au printemps, la température moyenne
diurne a été plus basse sous le sol gazonné que sous le sol dénudé; mais
dans les autres mois elle a été plus élevée, et la moyenne annuelle a été plus
haute sous le sol gazonné.
» On peut reconnaître, comme nous l'avons fait remarquer dans le
Mémoire de l'année dernière, combien ces effets sont semblables d'un
jour à l'autre dans les diverses années, surtout à la profondeur de o™, qo.
» Nous avions doiuié, dans le précédent Mémoire, un Tableau des
moyennes annuelles aux différentes profondeurs, comparées à la tempéra-
ture de l'air depuis 1872; nous ne citons ci-après que les résultats des
(58i )
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Sol dénudé
Différence
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c. R., l88o, I" Semestre. (T. XC, N» 11.)
76
( 582 )
observations à o^joS sous le sol gazonné, indiquant en moyenne une tem-
pérature un peu plus élevée de o°,3 que la moyenne de l'air. On a, en effet :
DIFFÉRENCE
entre
,^„„,.„. TEMPÉRATURE la température
TEMPERATURE MOYENNE ANNUELLE '^
, ,, . moyenne annuelle du sol nazonné
dans lair. • "
11 — ^1 sous le sol gazonné et la moyenne
Thermo- Max. Négretti. à o", o5 donnée par le
Années. métrographe. Min. Rutherfort. de profondeur. thermométrogr.-iplie
o o u o
1872 11,35 ii,io 11,62 0)27
1873 .1,33 11,36 11,87 o.54
1874 11,44 11,44 11,52 0,08
1875 11,00 1 1 ,o3 '',09 0,09
1876 ii,o3 10,96 11,33 o,3o
1877 11,67 11,60 12,04 0,37
1878 11,45 11,35 11,78 0,33
1879 9,95 9,95 10, i3 0,18
Moyenne... 11, i5 11,10 i'j42 0,-27
» On voit qu'à o'",o5 de profondeur, sous le sol gazonné, la température,
en moyenne annuelle, a élé supérieure de o°,2'] à celle de la température
moyenne au nord, déduite des maxima et des minima.
» Les basses températures observées pendant l'hiver exceptionnel qui a
commencé à la fin de novembre 1879 et qui a duré pendant les mois de
décembre 1879 et janvier 1880 ne peuvent influer que sur les résultats qui
seront publiés l'année prochaine, en même temps que les observations
de 1880; on n'a donc pas à en parler ici. Nous avons déjà eu l'occasion
de présenter quelques observations relatives à l'influence de la neige sur la
température du sul pendant cette longue période de froid ('); nous pen-
sons compléter prochainement les remarques que nous avons faites à cet
égard; on peut seulement ici faire observer qu'en 187g, comme antérieu-
rement, sous le sol gazonné, la température n'est pas descendue au-
dessous de 0°, même à o™,o5 de profondeur, et que le gazon oppose un
obstacle à la pénétration de la gelée en terre. »
[') Comptes rendus, t. LXXXIX, n" 24, p. loii.
( 583 )
GÉOGRAPHIE. — Ëtat actuel de la question du canal interocéanique.
Extraits de Lettres de M. de Lesseps à M, Larrey.
ti Pannma, g février 1880.
» La Commission technique chargée de préparer l'exécution du canal
interocéanique termine ses travaux. Aussitôt que le Rapport sera signé, je
vous en enverrai une copie pour l'Académie des Sciences. La publication de
ce document sera un événement, car il démontrera la possibilité de réunir
les deux océans par un grand canal maritime (d'eau de mer et non d'eau
douce), à niveau constant et sans aucune écluse.
» Le climat de ce magnifique pays a été fort calomnié; nous vous en
apporterons la preuve vivante.
)) Nous devons partir dans trois ou quatre jours pour New-York, d'où je
vous enverrai cette lettre, si, d'ici là, nous n'avons pas de courrier direct
pour l'Angleterre ou pour la France.
» La population de la province de Panama, blanche, grise, jaune, verte
et noire est excellente, et j'ai la certitude que sur un nombre de deux cent
cinquante mille âmes nous trouverons, dans un rayon non éloigné de nos
travaux, la plus grande et la meilleure partie de nos ouvriers. Les hommes
que nous avons employés pour nos études depuis quarante jours, qui ont
été convenablement soignés, payés et dirigés avec bienveillance, nous ont
donné toute satisfaction.
1) Quant aux propriétaires de la ligne du canal, noirs ou demi-blancs,
c'était à qui se disputerait le plaisir de donner l'hospitalité à nos ingénieurs.
Ces descendants d'Espagnols ont hérité de la noblesse et de la générosité du
caractère castillan. Ce qu'il y a de curieux, c'est que, dans les moindres
hameaux, même dans les cabanes d'Indiens, mêlés aux noirs, on parle un
peu castillan, ce qui permet de s'entendre dans les endroits les plus sauvages
avec les gens de la plus humble condition.
» Dans une visite à l'île de Topoga, au fond du golfe de Panama, habitée
seulement par une population noire, j'ai été entouré par un cercle d'indi-
gènes, au milieu desquels s'est présenté un orateur qui, je vous assure, m'a
fait un très beau discours, en pur espagnol, sur les avantages du canal ma-
ritime pour le bien de son pays et pour la civilisation du monde.
)) ... Vous avez pu entendre parler du tremblement de terre qui a eu lieu
dans la République de San Salvador. Je me suis informé. Voici une corres-
pondance que je viens de traduire et qui me paraît offrir de l'intérêt :
( 58/, )
Un volcan surgi du milieu d'un lac (article de la correspondance de San Salvador,
29 janvier 1880, traduit de l'espagnol).
» Comme on le croyait, le centre des tremblements de terre qui, ces jours derniers, alar-
mèrent notre population, existairdans le lac d'Ilopango. Ce fait vient d'être confirmé d'une
manière positive.
» Les eaux du lac ayant baissé, on vit apparaître trois pics, s'élevant plus ou moins du
centre du lac; sur la cime de l'un d'eux, se trouvant à environ 28™ au-dessus de la super-
ficie de l'eau, s'échappaient des flammes aussi hautes que celles du volcan Izaleo et des
colonnes de fumée que l'on voyait de notre ville. L'ancien volcan, qui, en disparaissant,
avait laissé un beau lac, reparaît aujourd'hui dans son antique domaine.
» Les eaux ont eu d'abord une température élevée qui s'affiùblit chaque jour. Jusqu'à
présent elles ont baissé de 12™, 25, Il ne serait pas extraordinaire, d'après ce que l'on dit,
que, dans la suite des temps, elles fussent absorbées et que l'imposant volcan d'Uopango
restât maître absolu de cette vallée.
» Ce notable événement géologique, loin d'être une menace pour noire population, lui
sera probablement favorable, car il créera une nouvelle soupape, qui donnera une facile
sortie aux gaz de l'intérieur de la terre. La preuve en est que les mouvements souterrains
ont cessé presque complètement et, s'il y en avait encore, ou si le cratère du volcan s'élevait
davantage, les tremblements n'auraient pas la gravité d'une commotion produite par la
rupture de la croûte solide de la terre.
« Beaucoup de personnes ont été visiter le lieu où s'est produit le phénomène; mais,
parmi les curieux qui se sont approchés en bateau, plusieurs ont couru des dangers, ce qui a
obligé l'autorité à prendre des mesures pour empêcher les imprudences. >'
1 New-Vork, i" mars i88o.
» Je vous ai envoyé, sous bande, des journaux de New-York, donnant
des détails sur notre séjour dans cette grande ville, où l'accueil qui nous
est fait n'est pas moins considérable que celui de Panama.
» Je m'empresse de vous expédier aujourd'hui, pour notre Académie, le
Rapport de la Commission d'ingénieursetlaCirculaire qui l'accompagnait. «
NOMINATIONS.
L'Académie procède, par la vole du scrutin, à la formation d'une liste
de deux candidats à présenter à M. le Ministre de l'Instruction publique,
pour une place d'Astronome titulaire actuellement vacante à l'Observa-
toire de Paris.
( 585 )
Au premier tour de scrutin, destiné à la désignation du premier candi-
dat, le nombre des votants étant 48,
M. Périgaud obtient 4i suffrages.
M. Leveau » 4
M. Perrotin » a »
Il y a un bulletin nul.
Au second tour de scrutin, destiné à la désignation du second candidat,
le nombre des votants étant 5i,
M. Perrotin obtient 4i suffrages.
M. Leveau » lo «
En conséquence, la liste présentée par l'Académie à M. le Ministre com-
prendra :
En première ligne M. Périgaud.
En seconde ligne M. Perrotin.
MEMOIRES LUS.
PHYSIQUE. — Sur un appareil microphonique recueillant la parole à dislance.
Note de MM. P. Bert et d'Arsonval.
(Commissaires : MM. Fizeau, Becquerel, Jamin, Marey, Cornu.)
« Au cours de recherches sur la surdité, nous nous sommes proposé
de construire un micro-téléphone qui résolût le double problème suivant :
d'une part, renforcer les vibrations sonores de la parole, que le téléphone
ne peut qu'affaiblir en les transmettant ; d'autre part, recueillir ces vibra-
tions à une distance de plusieurs mètres de la personne qui parle.
" Ou sait, en effet, que l'eujploi des téléphones pour la transmission de
la parole exige que la bouche soit placée au voisinage immédiat de
l'instrument. On a fréquemment essayé de remédier à ce grave incon-
vénient par l'adjonction au téléphone de microphones de divers systèmes;
mais pour des raisons multiples, tenant particidièrement au défaut de
réglage des instruments, à la transmission exagérée des bruits solidiens,
à la faible impression des vibrations aérieiuies, on n'est arrivé à aucun
résultat pratique satisfaisant: d'où il suit qu'on ne peut, dans l'état actuel
( 586 )
des choses, transmettre par une ligne télégraphique un discours prononcé
à une certaine distance d'un récepteur micro-téléphonique.
» Dans les recherches que nous poursuivons en commun, nous sommes
arrivés à un résultat qui nous semble mériter d'attirer l'attention de l'Aca-
démie. H est dû aux modifications profondes que nous avons fait subir aux
microphones actuellement connus.
» Ces modifications portent : en premier lieu, sur la nature de l'écran
qui doit recevoir les vibrations aériennes et les transformer en ébranle-
ments moléculaires; en second lieu, et principalement, sur le moyen de
régler le contact des charbons qui constituent le microphone.
') La matière qui, pour la construction de la plaque réceptrice, nous a
donné les meilleurs résultats, est le caoutchouc durci. Nous l'employons en
plaques d'étendue variable; l'épaisseur augmente ou diminue avec la
surface, mais elle n'est jamais moindre de o",ooi, sous peine de voir
reparaître les sons nasillards, si désagréables dans ces sortes d'instru-
ments.
)) A travers cette membrane passe le charbon fixe, soutenu par une
bague mét.illique. Le second charbon, dont les variations de pression dans
son contact avec le premier devront déterminer les variations du courant,
est réglé d'une manière toute nouvelle, à laquelle est dû pour la plus
grande part le bon résultat de notre instrument. Ce charbon est porté
par une tige de fer qui peut pivoter autour d'un axe sur lequel elle est
parfaitement équilibrée, en telle sorte que la pesanteur n'a plus nulle
action sur elle. La mobilité de cette tige de fer est réglée par un aimant
qui l'attire suivant son axe et qu'on peut en éloigner ou rapprocher à
volonté. Lorsque l'aimant est très éloigné, la tige peut tourner indifférem-
ment autour de son pivot. Lorsqu'il est presque au contact, l'aiguille est
fortement dirigée et ne peut avoir que des vibrations d'une très faible
amplitude et d'une grande rapidité : c'est ce qui est nécessaire pour qu'elle
puisse accompagner le charbon monté sur la membrane vibrante, sans
jamais l'abandonner, et par conséquent sans créer d'interruptions. Les
déplacements de l'aimant, très faciles à obtenir avec une grande précision,
constituent un mode de réglage à la fois très délicat et très fixe, et qui
pourra être employé dans beaucoup d'autres circonstances; il est bien
supérieur à celui qu'on obtient avec des ressorts quelconques, dont le
poids et l'inertie présentent toujours de graves inconvénients, surtout
lorsqu'il s'agit de phénomènes moléculaires.
» Tel est notre microphone. Les variations de courant qu'il a engen-
( 587 )
drées aclionnent, soit directement, soit par rinlermédiaire d'une bobine
d'indiiclion, un téléphone récepteur.
M Grâce à cet appareil, les bruits stridents connus sous le nom de crache-
ments disparaissent en même temps que les ruptures de courant qui leur
donnent naissance dans le microphone ordinaire. Le timbre de la voix
transmise ne subit qu'une très légère altération, due probablement au
téléphone récepteur.
» On peut, en parlant à voix très basse, mais au voisinage même du
microphone, transmettre la parole avec une netteté vraiment très remar-
quable.
» A haute voix, on peut se placer juqu'à 4™ ou 5" de l'appareil, dont
la sensibilisation à l'aide de l'aimant est très aisément proportionnée à la
distance.
» Cette première partie de notre étude achevée, la parole ainsi recueillie
à distance, nous cherchons maintenant à en augmenter l'intensité au
téléphone récepteur, et c'est alors que l'application au soulagement de la
surdité pourra être tentée utilement. «
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
MÉCANIQUE. — Règles pratiques pour l'établissement des transmissions
téloclpiamiques. Note de M. H. Léacté, présentée par iM. Rolland.
(Commissaires : MM. Rolland, Phillips, Resal.)
« Les formules que nous avons données dans une précédente Commu-
nication ('), relative à la régularité du mouvement dans une transmission
télodyuamique, montrent que le bon fonctionnement d'une semblable
transmission dépend surtout de la flèche moyenne des brins du câble.
» La discussion de l'expression admise pour le coefficient de régularité
conduit, en particulier, à cette loi que, toutes choses égales d'ailleurs, la
flèche relative au repos, c'est-à-dire le rapport de la flèche au repos/o à la
portée 2/, doit être prise d'autant plus grande que la distance des poulies
extrêmes est plus petite et varier sensiblement en raison inverse de la ra-
cine carrée de cette distance.
» Cela posé, nous ferons la remarque qui suit :
[') Comptes rendus, 8 mars 1880.
( 588 )
» Pour assurer une marche satisfaisante à une transmission télodyna-
mique, il ne suffit pas que le câble soit susceptible de résister aux tensions
qui se produiraient à l'état statique, seul calcul que l'on fasse actuellement:
il faut encore qu'il puisse lui-même assurer l'uniformité du mouvement.
En d'autres termes, il est indispensable de considérer à la fois les condi-
tions relatives à la résistance du câble et celles qui se rapportent à la régu-
larité du mouvement. C'est ce que l'on n'a pas fait jusqu'ici, car dans les
formules pratiques que l'on emploie la régularité ne joue aucun rôle. Il
est donc nécessaire de reprendre la question en ten.int compte des deux
éléments qu'elle comporte, et, puisque, d'après ce que nous venons de
voir, la régularité est intimement liée à la flèche relative - -, la première
chose à faire est de déterminer la valeur à admettre, dans chaque cas, pour
cette quantité.
)) Or la flèche relative, qui peut atteindre le chiffre de -^ o" 27r pour
les petites distances de 20™ à 3o™, ne doit pas, à moins de circonstances
particulières, descendre au-dessous de -^. Il résulte, en effet, d'expériences
nombreuses faites à la poudrerie du Pont-de-Buis par M. Bérard, ingé-
nieur des Poudres et Salpêtres, qu'avec des câbles plus tendus les varia-
tions accidentelles de longueur dues aux changements de température et
d'humidité produisent des modifications trop considérables dans les
flèches et qu'il peut en résulter des efforts dangereux dans le mécanisme.
» Nous ajouterons que ces variations dans les flèches modifient en même
temps le coefficient de régularité et changent, par cela même, les condi-
tions de fonctionnement de la transmission.
» Quoi qu'il en soit, la flèche relative sera tout d'abord fixée, d'après
ce que nous venons de dire; nous la désignerons par m. Nous représente-
rons pary, ety, les flèches du brin conducteur et du brin conduit, et par k
leur rapport, qui doit être au plus égal à 2 pour que le glissement ne soit
pas à craindre.
» Nous aurons alors
et, par suite de l'inextensibilité du câble,
d'où l'on déduit
y,^2,„/y/_^^, /...amZAy/-
k--
(589)
» Quant aux tensions des deux brins, elles sont fournies par les rela-
tions
' 2/1 4'" V 3 ■^^yî 4'" ^ V 2
où p est le poids du cAblo par mètre courant et [i la masse de l'unité de
longueur.
» Si, maintenant, on représente par N le nombre de chevaux à trans-
mettre, V étant la vitesse du cable, il vient évidemment
d'où, pour le poids du câble par mètre courant, exprimé en kilogrammes,
V et / étant en mètres,
3oowiN
V/h ,
^)^^
» La section en fer, en millimètres carrés, sera alors, en admettant
pour densité moyenne du câble, rapportée à cette section, le chiffre
deUiii^
1 4 '
34300WN /
» Nous pouvons déduire de là la tension utile s,, rapportée au milli-
mètre carré, dans le brin conducteur. On a, en effet,
"1^
» Quant à la tension d'incurvation, elle a pour expression, comme on
sait,
ô étant le diamètre des iils qui forment le câble et D celui de la poulie à
gorge, tous deux exprimés en millimètres.
» Si nous admettons maintenant que la tension totale niaxima par milli-
mètre carré doive être égale à 1 5''^, nous avons l'équation
20000^ f.
qui fournit 5 en fonction de D.
C. R., 1880, i"5emejfrc. (T. XC, N'» H.) 77
(590)
» Le diamètre des fils une fois obtenu, on aura leur nombre / par la
relation
S ,t-p
/Tïd'X ^ d-
\t)
ce qui achève de déterminer le câble à employer. »
ÉLECTRODYNAMIQUE. — Sur le rendement économique des moteurs éteclriques
et sur la mesure de la quantité d'énergie qui traverse un circuit électrique.
Note de M. Marcel Deprez.
(Renvoi à la Section de Mécanique, à laquelle MM. Fizeau et Cornu
sont priés de s'adjoindre).
(( Quand, sur le circuit d'une pile, on intercale un moteur, l'intensité
du courant est différente, suivant que le moteur est en repos ou tourne en
développant un certain travail. Soient I l'intensité du courant quand le mo-
teur est immobile, et i son intensité quand le moteur travaille. Après avoir
mesuré ces deux valeurs, arrêtons le moteur et introduisons dans le cir-
cuit une résistance telle, que l'intensité du courant soit ramenée de I à i.
Dans ces conditions, la production d'énergie par la pile est évidemment la
même que lorsque le moteur travaillait, puisque la force électromotrice de
la pile et l'intensité du courant sont restées les mêmes. D'autre part, la
consommation d'énergie n'a évidemment pas varié dans la partie du circuit
étrangère au moteur et à la résistance additionnelle. Nous sommes donc
en droit d'affirmer que, comme consommation d'énergie, le moteur en
travail d'une part, et le moteur en repos et la résistance additionnelle d'autre
part, se remplacent identiquement.
» Or, la quantité d'énergie absorbée dans une simple résistance et con-
vertie en chaleur, pendant l'unité de temps, a pour expression le produit de
la résistance par le carré de l'intensité du courant.
» En représentant par r, la résistance du moteur en repos, par Ta la
résistance additionnelle qui est nécessaire pour ramener le courant à l'in-
tensité i, et par Q la quantité de chaleur qui traverse l'ensemble de ces deux
résistances, on a
q = {r, + r,)i\
» D'après ce qui précède, c'est cette même quantité d'énergie qui traverse
(Sgi )
le moteur en mouvement, tant sous forme de chaleur que sous forme de
travail. Désignons ce dernier par T; on a
T+r,r =(/•, + /'s)/' ou T= rJ^^
En comparant cette portion d'énergie convertie en travail utile à la quantité
totale qu'absorbe le moteur, on a l'expression du rendement
» Cette expression très simple peut être remplacée par une autre, qui a une
grande importance dans le cas où le courant est engendré par une machine
dynamo-électrique. Désignons par E, la force électromotrice de la machine
génératrice, parE la force électromotrice inverse de la machine réceptrice,
qui, par sa rotation même, tend à engendrer un courant de sens contraire
à celui de la machine génératrice. Le courant qui circule dans l'ensemble
du circuit et des deux machines est dû à la différence E, — E; son inten-
sité a pour expression, en désignant par R la résistance statique (' ) des deux
machines et du circuit extérieur,
Er-E
R ■
» Cherchons maintenant la valeur de la résistance r^ qu'il faudrait
ajouter au circuit pour que le courant qui le traverse, quand on s'oppose
à la rotation de la machine réceptrice, ait encore l'intensité I; cette résis-
tance /o sera donnée par l'équation
E,— E_ E.
R "~R + r/
d'où
_ E,R
La valeur du rendement économique absolu de la machine réceptrice sera
égale, d'après le théorème précédent, à ' ? dans laquelle r, devra être
remplacé par la résistance totale R de tout le circuit. Ce rendement, qui
n'est autre que le rapport du travail transmis au travail dépensé, devient
alors, en remplaçant r^ par sa valeur,
E
(') Je désigne ainsi la résistance des machines à l'état de repos.
( ô()^ )
expression remarquable, qui est indépendante de la résistance du circuit
extérieur ('). Ce fait peut sembler extraordinaire au premier abord, et
même contradictoire à certaines expériences, dans lesquelles on ne s'est
peut-être pas préoccupé suffisamment de réaliser les conditions du maxi-
mum de rendement. Pour le rendre moins ])Mradoxal, il suffit de rappeler
que, lorsqu'un courant est employé à produire de l'énergie sous une autre
forme que le travail mécanique, par exemple, la décomposition de l'eati
dans un voltamètre, le nombre d'équivalents d'eau décomposés est tou-
jours égal au nombre d'équivalents de zinc dissous dans chacun des élé-
ments de la pile, quelle que soit la longueur d u circuit extérieur qui , d'ailleurs,
n'a plus d'influence sur le nombre des éléments nécessaires pour opérer
cette décomposition. Il y a donc là un fait expérimental bien constaté,
dans lequel le rendement économique n'est pas influencé par le circuit
extérieur.
M Je passe maintenant à la description de l'appareil permettant de me-
surer la quantité d'énergie qui passe pendant l'unité de temps dans un
circuit électrique compris entre deux points A et B.
» Joignons ces deux points par un circuit auxiliaire d'une grande résis-
tance, dans lequel nous intercalerons un rhéomètre à fil fin et long, tandis
que dans le circuit principal nous plaçons un rhéomètre à gros fil. Cela
posé, cherchons l'expression de la quantité d'énergie qui passe dans le
circuit principal, en fonction des intensités de ces deux courants, mesurées
par les déviations des aiguilles des rhéomèlres (-).
» Désignons par I et R l'intensité et la résistance du circuit principal,
par r et R' les quantités correspondantes dans le circuit auxiliaire. Soit E
la différence des potentiels en A et en B. La quantité d'énergie qui passe
dans le circuit principal est exprimée par RP ou El, tandis que l'intensité
du courant dans le circuit auxiliaire a pour valeur
^ = 1'
R, '
d'où
E = R']',
et par suite
El = R'jr.
{') Cette expression du rendement a déjà été donnée par M. Cabanellas.
(') Je donnerai, dans une prochaine Communication, la description d'un nouveau rhéo-
mètre à indications rapides, dans lequel les déviations de l'aiguille sont proportionnelles
aux intensités.
( %3 )
La quantité d'énergie est donc proportionnelle au produit des intensités
des deux courants, ou au produit des déviations des aiguilles.
» On peut réaliser un instriuiient indiquant à chaque instant la valeur
de ce produit. »
M. P. Prosoroff soumet au jugement de l'Académie un Mémoire sur la
résolution des équations numériques par la méthode de Newton.
(Commissaires : MM. Bonnet, Puiseux, Bouquet.)
CORRESPONDANCE.
M. BocHEFoxTAiNE, M. F. BoNNANGE, M. H. FiLHOL adrcsscHt des re-
merciments à l'Académie pour les distinctions dont leurs travaux ont été
l'objet dans la dernière séance publique.
M. le Coxscf. DE France au Cap de Bonxe-Espéraxce transmet à l'Aca-
démie les observations de la nouvelle comète, visible à la ville du Cap,
faites par M. David Gille.
ASTRONOMIE. — Lois concernant la distrihiilion des astres du système solaire.
Note de M. L. Gaussin.
« Dans une Communication précédente ('), j'ai défini les progressions sui-
vant lesquelles se trouvent placés les différents astres du système solaire.
Si l'on voulait que le premier astre secondaire de chac[ue système occupât
le premier rang de la progression, il suffirait de changer l'unité qui sert à
évaluer les demi-grands axes en la faisant égale à la distance théorique de
ce premier astre. Mais, bien que le plus souvent les premières places soient
inoccupées, il vaut mieux conserver poiu' unité le rayon de l'astre central.
Si les masses des astres d'un même système étaient égales entre elles ou
obéissaient à une loi quelconque de successionj on ne s'expliquerait pas
qu'il pût y avoir ainsi des places vacantes. Mais c'est tout le contraire qu'on
observe : la masse de Mercure est égale à moins de 4-^577 *J® celle de Jupi-
ter; celle des planètes télescopiques prises ensemble est encore plus petite.
('1 Comptes rendus, t. XC, p. 5i8.
( 594)
En outre, les masses des planètes ne présentent aucune apparence de régu-
larité dans leur succession. On ne doit donc considérer comme réelle que
la loi de la progression qui fixe les places qui peuvent être occupées sans
qu'il paraisse nécessaire qu'elles le soient, même par un astre de la dimen-
sion d'un aérolithe. D'ailleurs, le lien qui rattache les unes aux autres les
progressions des différents systèmes vient donner une probabilité de plus à
l'hypothèse qu'elles ont été déterminées par une même cause théorique.
)) 2° Dans chaque système, un astre secondaire dont l'orbite aurait pour demi-
grand axe le trayon de l'astre central du système multiplié par la raison de la
progression élevée à la puissance -| effectuerait sa révolution dans un même
temps.
» Indépendamment des autres causes de perturbation, cette loi, comme
la loi des progressions, obtenue directement de l'observation, ne doit être
théoriquement vraie que si l'on peut négliger les masses des planètes ou
celles des satellites par rapport à la masse du Soleil ou à celles des pla-
nètes. Le rapport— 5 a étant exprime en rayons de l'astre central, repré-
sente le carré de la durée de la révolution d'un astéroïde placé à la dis-
tance I. Cette durée, que je désignerai par T^, varie dans chaque système;
mais, si on la multiplie par la raison de la progression, on obtient un nombre
constant.
(2) TrXA; = const.
Systèmes. Soleil. IMars. Jupiter. Saturne. Uranus.
T, 2i>,79i3 i'',7987 z^^S-jz^ S'^.eSga 3'>, iSSg
T,.XA... 4''48'",5 4i'38'",9 41'43'M 4i'38",4 4i'4o'»,6
La moyenne est 4'' 4'"') 9'
» Il est facile de voir que le produit T^ X k représente -le temps que,
dans chaque système, un astéroïde mettrait à faire sa révolution à la dis-
2
tance rk^.
» Cette loi étant admise, nous pouvons supposer qu'elle s'appliquerait
également aux planètes qui, comme la Terre et Neptune, n'ont qu'un sa-
tellite. Or, puisqu'on peut calculer la durée de la révolution à la distance r,
nous pouvons en conclure la valeur qu'aurait eue la raison si ces planètes
avaient eu plusieurs satellites. On voit ainsi que k est égal à 3,4 pour la
Terre (sans faire, bien entendu, la correction résultant de la masse de la
Lune) et à 1,6 pour Neptune. Nous pouvons en outre déterminer le rang
que la Lune et le satellite de Neptune occuperaient dans chaque série. Ce
( SgS)
rang est le troisième pour notre satellite et le cinquième pour celui de
Neptune. Eu ce qui concerne cette dernière planète, il n'est pas déraison-
nable de penser que peut-être on lui découvrira d'autres satellites. D'après
la relation qui vient d'être établie, on peut présumer que les plus voisins
de celui qui est connu aujourd'hui seraient placés aux distances suivantes :
Positions. 3" .'i» sat. connu. (j' ■}"
Distances 5,3 8,3 i3,o6 20, 5 32,3
» 3° Le iappotl — 1 a étant exprimé en rayions de r astre central, est en rai-
son inverse de la densité de cet astre.
(3) T2xD = const.
» Prenons la formule connue qui sert à calculer les masses des planètes
pourvues de satellites et dans laquelle nous négligerons les masses des
astres secondaires. Exprimons les demi-grands axes en rayons de l'astre
central du système dont ils font partie, et substituons aux masses le produit
de la densité par le volume f îir' ; on obtient immédiatement la relation que
je viens d'énoncer. Cette relation, combinée avec la deuxième loi (2), per-
met d'établir la formule suivante :
(4) jj = const.
» 4° Le carré de la raison de la progression selon laquelle les astres secondaires
sont placés est proportionnel à la densité de l'astre central du sjstème.
» On peut encore exprimer cette loi sous une autre forme qui montre
mieux le lien qui la rattache à la deuxième. En effet, 77 représente la den-
sité qu'aurait l'astre central si sa masse se répandait de manière à occuper
la sphère dont le rayon est rk^. On voit que cette densité serait la même
dans les différents systèmes. Si la loi de progression s'apphquait encore
dans ce cas, la raison étant alors égale à l'unité, il s'ensuivrait que tous les
astres secondaires devraient être réunis à l'astre principal. Mais il n'est pas
à supposer que, dans leur condensation, les astres aient passé par un pareil
état, car leur densité moyenne aurait dû être à ce moment égale à o, 47 en-
viron, c'est-à-dire inférieure à la moitié de celle de l'eau, et l'on a peine à
concevoir un corps liquide ayant une densité aussi faible. Dans le change-
ment d'état des corps, nous voyons que de l'état liquide à l'état solide la
( Ô96)
densité varie peu. Mais il n'en est pas de même quand un corps gazeux se
liquéfie; le changement de densité est alors brusque et considérable. Peut-
être faut-il admettre que c'est lorsque ce changement s'e=t produit que les
différents corps du système solaire ont été distribués dans l'espace sans
qu'il soit nécessaire d'admettre qu'ils ont dû passer par la densité pour la-
quelle la raison de la progression est égale à l'unité. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les sjsièines Jonnés d'équations linéaires
à une seule variable indépendante. Note de M. G. Daruoux.
« Dans une Communication précédente, j'ai montré que si le système
d'équations linéaires
_ = rtH^-| + ... + rt,„.r,„
(■) ]•
/ r, , . . . , //,,... par leurs
valeurs tirées des formules (4) et (5), elles doivent se transformer dans des
fonctions
9,-(C|, . .., C,„ I 7,, ..., 7„),
indépendantes de t.
» Or les formules (4) et (5) peuvent être considérées comme définissant
une substitution linéaire substituant les variables C,-,7, aux variables a-,-, m,-
respectivement. Il suit de là que toute forme invariante du système des
intégrales f se réduira, quand on la multipliera par une puissance conve-
nable du déterminant delà substitution (4), à la forme analogue formée avec
les fonctions «p,-, c'est-à-dire à une fonction des constantes C,, y*. Or une
telle fonction est encore une intégrale. «
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur la réduction des substitutions linéaires.
Note de M. C. Jordan.
« Deux substitutions linéaires S et S', à n variables et à coefficients
réels ou complexes de la forme a + bi, peuvent être considérées comme
équivalentes et appartenant à la même classe si l'on a une relation de la
forme
S'=ESE',
E et E' étant des substitutions à coefficients entiers (réels ou complexes)
et de déterminant i.
( 399 )
» Celte définition posée, on peut établir le théorème suivant :
» Théorème. — Une substitution S de déterminant D est toujours équiva-
lente à une substitution réduite dont tous tes coefficients ont leurs normes infé-
rieures à A„'v A, A désignant la norme de D, et k„ une constante qui ne dépend
que de n.
» Soit
S =
II
h
c
n'
//
c
a"
b"
c
la substitution donnée.
» Deux cas seront à distinguer suivant que les coefficients a, b, ..., c"
sont ou non commensurabies entre eux.
» 1° Dans le premier cas, on voit immédiatement que la démonstration
se ramène au cas où les coefficients a, b, . . . , c" sont entiers.
» On voit ensuite qu'en multipliants, soit en avant, soit en arrière, par
une série de substitutions analogues à la suivante,
(')
1
>.
o
o
I
o
G
o
I
(X entier),
on peut en déduire une substitution équivalente, de la forme
(2
p o o
o pq o
O O pqr
{p, q, r entiers),
Ip
p o
o /j(y o
puis une autre, de la forme
(3)
p o pqr-hXp
dans laquelle on pourra choisir l'entier X de telle sorte que le module du
n — 1
mineur A = pq{pqr -i-lp) ne diffère de A " que d'une quantité au plus
égale à -j modp''q. Mais on a, d'autre part, p-pqpq'~= D, d'où l'on déduit
n — 1
mod. p^q'^à. '" ,
et par suite
( 600 )
n — 1
norme A = ÔA " ,
6 étant compris entre \ et |.
» Cela posé, le théorème étant supposé vrai pour n — i variables, la sub-
stitution (3) pourra être réduite, par des substitutions à coefficients entiers
et de déterminant i qui n'altèrent pas la première variable, à une substi-
tution
P f' V
a" /3" 7"
où les normes des coefficients Ci' , 7', |3", 7" seront inférieures à la limite
A„_," v"orme A;:Avj_,6" 'yA.
» Multipliant en arrière cette substitution par la suivante,
I X
(4)
O I G
O O 1
on obtiendra une nouvelle substitution de la forme
/'>
l>.
7
«'
1"
7
a"
^/'
7'
où (3, = |S + Xp'+ /Jt.p", 7, = Y + ).7'4- p.7", et, si l'on prend pour X et fji
les entiers les plus voisins des racines des équations o = |3 -+- x[i' -\- j^",
0 = 7 + X7'+ j-j", p,, 7, auront leurs normes inférieures à
■^«-,5"-'vA.
)) Multipliant en avant cette dernière substitution par une autre substi-
tution de la forme (4), on réduira de même les normes des coefficients «',
a." à être inférieures à cette limite. Tous les coefficients de la réduite étant
ainsi limités directement, à l'exception du premier, celui-ci lésera lui-même
par la condition que la substitution ait D pour déterminant.
» 2° Supposons, au contraire, que a, b, . . ., c" ne soient pas commen-
( 6oi )
surables entre eux. Les mineurs -— = A, -rr = B, . . . n auront pas de com-
mune mesure. Si d'ailleurs on multiplie S en avant ou eu arrière par la
substitution (i), ces mineurs deviendront
A B *^ I
A'-XA B'-).B C'-XC
A" B" G"
ou
A-XB B G
A'-XB' B' G'
A"-XB" B" G"
« Par la répétition d'opérations analogues, on obtiendra aisément une
nouvelle substitution équivalente à S, et dans laquelle le premier mineur A
n — 1
aura pour norme une quantité aussi voisine qu'on le voudra de A " .
Il — I
» Soit ÔA " cette norme, Q différant infiniment peu de l'unité. On
pourra achever la démonstration comme dans le premier cas. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur l'équation aux dérivées partielles du potentiel.
Note de M. E. Picaiid, présentée par M. Hermite.
« Considérons d'abord l'équation à deux termes
(I)
11?
d'V
» Une fonction V de j: et de j" bien déterminée et continue, ainsi que
ses dérivées, pour tout système de valeurs de x et de j, et satisfaisant à
cette équation, ne peut rester comprise entre deux limites fixes, à moins
qu'elle ne se réduise à une constante. Ge théorème est une conséquence
immédiate d'une proposition fondamentale dans la théorie des fonctions.
Nous pouvons en effet associer à V(a,',j') une fonction V, (jc, j-), elle-
même continue ainsi que ses dérivées pour tout système de valeurs de x et
de ^, et telle que l'expression
V(a:,7)^-iV,(x,Jr)
soit une fonction/ (i;) de la variable imaginaire z = a: 4- ij. Or la fonc-
( 602 )
tion e^'-'^ sera une fonction de z dont le module restera compris entre deux
limites : ce sera donc une constante, et il en sera par suite de même de la
fonction V.
1) Le théorème précédent peut être étendu à l'équation à trois termes
mais on ne peut faire usage de considérations analogues pour la démon-
stration : c'est cette démonstration que je me propose d'indiquer briève-
ment dans cette Note.
» On sait qu'il n'existe qu'une seule intégrale de l'équation (IT), restant
finie et continue, ainsi que ses dérivées, à l'intérieur d'une surface fer-
mée S et prenant des valeurs données en tous les points de cette surface.
Dans le cas où la surface S se réduit à une sphère de rayon R, la valeur de
cette intégrale en un point A de l'intérieur de la sphère est donnée par la
formule connue
^"V=//vbf 4
d ^t
pour les températures supérieures, où l'emploi provisoire du verre de
Bohème, au lieu de la porcelaine, pour le tube compensateur a laissé
quelques incertitudes, nous avons contrôlé les températures obtenues par
les points de fusion connus de l'or et de l'argent. Nous espérons pouvoir
compléter ces essais de contrôle par des comparaisons faites avec d'autres
méthodes. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Electrolyse de L'acide malonique. Note
de M. E. BouRGOiN, présentée par M. Berthelot.
« Théoriquement, les malonatesalcalins devraient dégager au pôle positif,
par une oxydation normale, du méthylène libre.
n Réaction fondamentale :
C''H='Na«0*= Na^* + (CH-O^-f- 0-);
Pûlc IN. Pôle P.
» Au pôle positif,
» Un essai électrolytique a été fait autrefois, mais sans succès, par
M. Berthelot. Malgré cet insuccès, et bien qu'il restât peu d'espoir d'ob-
tenir le méthylène, j'ai repris cette electrolyse en l'étudiant avec le plus
grand soin. Voici pourquoi. J'ai démontré que l'acide succinique ne
fournit de l'éthylène que dans des conditions très limitées : électrolyse-t-on
( 6o9)
une solution concentrée faite avec i molécules de succinate de sodium
et I molécule de soude caustique, il ne se dégage pas trace d'éthylène
au pôle P, même lorsque l'expérience est continuée pendant une semaine
entière; par contre, ce carbure prend immédiatement naissance dès que
l'alcalinité de la liqueur est réduite de moitié.
» L'acide malonique a été obtenu en prenant pour point de départ
l'acide monochloracétique et en suivant une marche plus simple que celles
qui ont été indiquées jusqu'ici. J'ai obteuu, par ce moyen, près de 5oo8'
d'un corps bien cristallisé et parfaitement pur.
» J'ai successivement soumis à l'électrolyse des solutions très concen-
trées, plus ou moins alcalines, le malonate neutre de sodium et l'acide
malonique libre. Voici les résultats obtenus.
» I. Malonate de soude et alcali. — ■ i° Solution très alcaliixe :
aCH^Na^O^'-hNaHO^
Cette solution concentrée, d'une consistance sirupeuse, s'électrolyse avec
une grande difficulté, même lorsque les électrodes sont très rapprochées.
Bien que l'opération marche un peu mieux après l'addition d'une petite
quantité d'eau, le dégagement gazeux au pôle positif se fait toujours très
lentement.
» Le gaz positif est un simple mélange d'oxygène, d'acide carbonique
et d'oxyde de carbone. Privé d'oxygène, il n'éprouve aucune action sous
l'influence du brome, ce qui exclut la présence de tout carbure éthyié-
nique. Ce mélange gazeux prend naissance d'après les équations suivantes :
(C«H=0«+ 0=) = R^0-+ 3C-0^
(C''H»0«+ 0=) + 30==H=0»+ 3C=0\
» 2° 4C^H°Na-0'4-NaHO", — Comme dans le cas précédent, avec cette
solution modérément alcaline, on ne recueille au pôle positif que de l'oxy-
gène, de l'acide carbonique et de l'oxyde de carbone.
» On obtient des résultats analogues en opérant sur des solutions con-
centrées encore moins alcalines que les précédentes.
» IL Malonate neutre de soude. — Ce sel, qui cristallise difficilement,
est déliquescent. A la température ordinaire, il se dissout dans un peu
moins du double de son poids d'eau, en donnant une dissolution siru-
peuse.
» Au début de l'expérience, il ne se dégage que de l'acide carbonique
( 6.0)
et la solution devient fortement acide dans le compartiment P. On peut
conclure de là :
» 1° Que la plus grande partie de l'acide malonique se régénère au
pôle P, par simple hydratation :
« 2° Que l'oxygène, mis en liberté dans cette réaction, est tout d'abord
complètement utilisé pour oxyder une petite quantité d'acide anhydre,
conformément à l'équation suivante :
(C''H^O''-+- O^) + 30^= 3C='0^ + H=0^
» Bientôt la combustion devient un peu moins parfaite, l'oxygène et
l'oxyde de carbone accompagnant l'acide carbonique.
» A la fin de l'expérience les deux compartiments ont été séparés et
chaque liquide a été soumis à l'analyse. Ces dosages conduisent aux deux
conséquences suivantes :
)) 1° Sur la totalité de l'acide malonique mis en liberté au pôle positif,
Yq seulement est détruit par l'oxygène, avec formation d'acide carbonique
et d'oxyde de carbone.
» 2° Les quantités de sel décomposées dans chaque compartiment sont
très inégales, le compartiment P s'appauvrissant surtout, conformément à
la règle générale que j'ai formulée autrefois.
» Ces déterminations numériques permettent, en outre, de préciser l'ac-
tion du courant sur une solution neutre de malonate de soude : il se sépare
du sodium, qui va au pôle négatif, tandis que le reste du sel est mis en
liberté au pôle positif. Le métal décompose l'eau, à la manière ordinaire,
en dégageant de l'hydrogène, alors que les éléments positifs éprouvent
deux séries de réactions :
)) 1° L'acide anhydre reproduit au sein de l'eau l'acide malonique;
» 2° Une petite portion de cet acide est attaquée par l'oxygène pour
former de l'acide carbonique, de l'eau et de l'oxyde de carbone :
(C»H=0« + 0-) -h 20^ -=■ 2C='0^ + C=0* 4- H^O-.
M L'oxygène tire son origine de deux sources différentes : de l'électro-
lyse directe du malonate et de celle de l'alcali régénéré, dernière action
qui rend compte de la préservation du sel dans le compartiment positif.
» lU. Acide malonique libre. — L'acide malonique est très soluble
( 6ii )
dans l'eau, car il se dissout dans moins de son poids d'eau à la tempé-
rature ordinaire. J'ai trouvé que loo |)arties d'eau à i5° en dissolvent
139,37.
» En soumettant à l'électrolyse une solution concentrée, de consistance
sirupeuse, le gaz P, qui ne se dégage qu'avec une grande lenteur, est sim-
plement formé d'oxygène mêlé à une petite quantité d'acide carbonique.
» L'acide malonique libre se comporte, sous l'influence du courant,
à la manière des acides minéraux, l'acide sulfurique par exemple, la seule
différence consistant dans la destruction d'une petite quantité d'acide sous
l'influence de l'oxygène.
)) En résumé, l'acide malonique présente les caractères suivants :
» A l'état libre, il est très stable vis-à-vis du courant et se concentre
régulièrement dans le compartiment positif, double caractère qui l'éloigné
de son homologue inférieur, l'acide oxalique.
» En solution concentrée et alcaline, il ne donne naissance, dans aucun
cas, à un carbure d'hydrogène, ce qui le différencie de l'acide succinique.
» Ces différences sont telles, que si le méthylène libre n'avait pas échappé
jusqu'ici à toutes les recherches, on serait tenté de croire que l'acide malo-
nique de synthèse n'est pas le véritable homologue de l'acide oxalique et de
l'acide succinique ordinaire. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Synthèse des matières ulmiques. Note de M. A. Millot,
présentée par M. Thenard.
0 Lorsque l'on fait passer dans de l'eau acidulée un courant électrique,
en prenant pour électrode négative une lame de platine et pour électrode
positive un charbon de cornue à gaz, le charbon se désagrège promptement
et tombe en poussière au fond du vase. Si l'on remplace la solution acide
par une solution alcaline, le charbon se désagrège encore; mais, en outre,
une notable portion se dissout dans le liquide, qui prend une coloration
noire très intense.
» J'ai employé une solution ammoniacale renfermant 5 pour 100 d'am-
moniaque à 22° (une plus forte proportion d'alcali retarde la réaction).
J'ai électrolysé la solution à l'aide d'une pile thermo-électrique équiva-
lant à peu près à a éléments Bunsen. Le liquide noir que l'on obtient après
filtration est précipité par les acides minéraux, et l'on obtient une matière
qui, dans ses caractères généraux, présente de l'analogie avec le glucose
azoté décrit par M. Thenard.
( r^'2 )
» Le précipité est entièrement soluble dans l'eau quand l'acide a été en-
levé par lavage. La solubilité est plus grande dans l'eau chaude que dans
l'eau froide. Il est insoluble dans l'alcool, qui le précipite de ses solutions.
» Lorsque la matière a été desséchée, elle devient partiellement insoluble
dans l'eau pure; mais elle se dissout intégralement dans l'eau ammoniacale.
Elle devient même complètement insoluble dans l'eau après dessiccation
à i5o°.
>> Contrairement à la plupart des matières organiques azotées, elle ne
donne pas d'ammoniaque par l'ébuUition dans une solution de potasse con-
centrée. Chauffée avec la potasse, elle donne naissance à du cyanure de
potassium.
» Ces réactions sont également celles qui caractérisent le glucose azoté.
» L'analyse de cette matière, précipitée par l'acide chlorhydrique et re-
dissoute à plusieurs reprises, a donné, après séchage à i5o°:
Charbon 54,75
Hydrogène 4 > O"
Azote '3ï4o
Oxygène a8 , 85
» Si l'on emploie, au lieu d'ammoniaque, une solution de potasse très
étendue, on obtient une matière noire dont les propriétés sont sensiblement
les mêmes, si ce n'est qu'elle n'est pas azotée. Le produit précipité par un
acide est soluble dans l'eau et insoluble dans l'alcool et l'éther comme le
précédent.
» Les charbons employés proviennent de sciage du coke des cornues à
gaz. Ils ont été purifiés par un courant de chlore au rouge pendant trente
heures, pour enlever les hydrocarbures que ces produits renferment, c'est-
à-dire au delà du temps nécessaire pour enlever les hydrocarbures et de
notables proportions de fer et de silice. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur les produits du dédouhlement des matières
protéiques. Note de M. Bleunard.
« Dans une précédente Note, j'ai montré que la matière organique de
la corne de cerf se décompose par l'hydrate de baryte d'une façon ana-
logue à l'albumine, en donnant, outre l'ammoniaque et les acides carbo-
nique et oxalique, un mélange amidé répondant très approximativement à
la formule générale C"H-"Az'0% avec une valeur de n inférieure à celle du
(6.3 )
mélange amidé de l'albumine, ce qui faisait prévoir la présence, dans ce
mélange, de glucoprotéines moins riches en carbone. Mes recherclies ulté-
rieures m'ont, en effet, démontré que la plus grande partie du mélange était
constituée par une glucoproléine répondant à la formule CH'^Az^O*. Le
composé du même ordre le moins riche en carbone, trouvé par M. Schût-
zenberger avec l'albumine, avait pour formule C'II"'Az°0\ Il devenait
intéressant de vérifier avec ce nouveau produit, facile à obtenir en grande
quantité, une réaction signalée par M. Schûizenberger. On sait, d'après ses
recherches sur les glucoprotéines en C* et en C*, que celles-ci réagissent
sur le brome, qu'elles transforment intégralement en acide bromhydrique
en se changeant en un composé ou en un mélange répondant à la formule
C"H'"Az-0'.
» On a, d'après lui,
C"H="Az='0'4- H-0+Br== 2BrH + C"H^"Az='0%
C"H-«Az-0= = C'^H=«+' Az0= -t- C*H'*-' AzO%
avec a -h b = n.
» 5s' de glucoproléine CH'^Az^O' ont été dissous dans l'eau et traités par
de l'eau de brome jusqu'à refus de décoloration. L'acide bromhydrique
formé a été dosé sous forme de bromure d'argent. On a constaté que tout
le brome employé se retrouvait à l'état d'acide bromhydrique et que les
5^'' de glucoproléine avaient utilisé /rS4 <^le brome.
» La réaction
C^H'^Az-O* + H^O +Br- = 2 Brll + CH'^Az^O'
exige 4^% 54 de brome.
» Le produit de la réaction, débarrassé d'acide bromhydrique et évaporé
à sec, a donné, à l'analyse, des nombres correspondant à la formule
C'H'^Az'^O''. Le nièiue produit étant dissous dans un peu d'eau et la solu-
tion étant abandonnée à elle-même, on a obtenu une cristallisation de sucre
de gélatine pur et un liquide sirupeux.
» Le produit G" H'" Az^ O^ constitue donc un mélange, à équivalents égaux,
de sucre de gélatine C-IPAzO^ et d'un composé amidé de formule
C*H'AzO^
» Ces résultats s'accordent donc, en tous points, avec ceux qu'a obtenus
M. Schùtzenberger avec les homologues supérieurs dérivés de l'albumine.
Après l'oxydation par le brome, la séparation des acides amidés homo-
C. R., itSo, 1" Semestre. (T. XC, N° H.) 8o
( 6.4)
logues de la leucine s'effectue facilement, et cette réaction peut servir
comme moyen de déterminer la véritable constitution des glucoprotéines.
» Un corps tel que C°H'-Az^O* peut être envisagé comme une combi-
naison moléculaire de CtPAzO" avec G^H'^AzO- ou de C-H^AzO' avec
C^H'AzO''. L'expérience précédente montre que la dernière constitution
est la vraie. La leucéine C^H'AzO'* se change, par oxydation, en un corps
C'H'AzO'C). ))
PHYSIOLOGIE. — Sur les caractères anatomiques du sang dans les phlegmasies.
Note de M. G. Hayeji, présentée par M. A. Vulpian.
« L'étude des altérations anatomiques du sang, et surtout de l'évolution
de ces altérations, montre que les principaux états morbides ont pour ainsi
dire un cachet hémalique spécial dont la connaissance peut être appliquée
au diagnostic et au pronostic d'un certain nombre de maladies.
» Mon attention ayant porté particulièrement sur les rapports qui
existent entre les modifications des hématoblastes et la formation du réti-
culum fibrineux, j'ai constaté que l'examen microscopique du processus
de coagulation fournit des renseignements plus nombreux et au moins
aussi précis que le dosage de la fibrine par les procédés chimiques.
» Nous nous occuperons tout d'abord des phlegmasies et nous aurons
à distinguer : i° les modifications numériques des éléments du sang;
2° les altérations qualitatives de ces mêmes élémenls.
» Cette première Note n'aura pour objet que les variations numé-
riques.
» L Globules blancs. — A l'état normal, le nombre des globules blancs
est en rapport surtout avec l'âge des sujets. Voici les principaux résultats
de mes observations, en prenant pour base le miniraètre cube de sang :
Moyenne
des globules blancs.
Nouveau-nés pendant les quarante-huit premières heures 18000
ï pendant les jours suivants jusqu'à la fin du premier
mois 8000
Enfants de plusieurs mois à quatre ans 6000
Adultes et vieillards 5ooo
(') Ce travail a été exécuté au laboratoire du Collège de France, d'après les conseils de
M. Scbûtzenberger,
(6i5)
» Chez la femme le nombre des globules blancs est le même que chez
l'homme, mais il augmente généralement de i ooo à 2000 pendant la
période menstruelle.
» Cela posé, dans toutes les phlegmasies le nombre des globules blancs
est augmenté. Cet accroissement de nombre est variable : sur soixante-cinq
observations, il a oscillé de 7000 à 365oo. Le premier chiffre a été observé
dans un cas d'érysipèle léger de la face, presque apyrélique, le second
dans un cas de pneumonie caséeuse double avec cavernes. Le plus souvent
le nombre des globules blancs est de iSoooàaoooo; il devient, par con-
séquent, trois à quatre fois plus élevé qu'à l'état normal. On peut dire
qu'en général il est d'autant plus grand que la maladie est plus franche-
ment inflammatoire, que celle-ci soit idiopathique ou symptomatique,
» Relativement à la marche du phénomène, on constate les fails sui-
vants :
» 1° L'augmentation du nombre des globules blancs se produit dès le
début de la maladie et atteint, régulièrement ou par oscillations, un
maximum qui coïncide avec la période de maturité de l'affection, c'est-
à-dire, par exemple, avec la suppuration, dans les cas d'inflammation sup-
purative.
M 1° Dans les phlegmasies en voie de décroissance, le nombre des glo-
bules blancs diminue en suivant plus ou moins étroitement la marche de
la maladie.
» 3° Dans les inflammations suppuratives, le nombre des globules blancs
diminue tout à coup au moment où le pus se fait jour au dehors, pour
augmenter de nouveau lorsque cette issue est suivie d'une suppuration
secondaire.
» 4° Au commencement de la convalescence des formes franchement
aiguës, on voit assez souvent, pendant un temps variable, mais court
(un, deux, trois jours), le nombre des globules blancs s'abaisser sensible-
ment au-dessous du chiffre normal, avant d'atteindre définitivement la
moyenne physiologique.
» L'augmentation dans le nombre des globules blancs n'appartient
pas exclusivement aux phlegmasies aiguës à évolution rapide. Si dans ces
conditions elle atteint son plus haut développement, elle n'en reste pas
moins très accusée dans les phlegmasies snbaiguës ou même chroniques,
que celles-ci soient suppuratives ou même simplement parenchymateuses.
)i II. Hématies. — Les variations numériques des globules rouges dans
les phlegmasies dépendent de conditions si diverses et sont par suite si
(6.6 )
peu régulières, qu'il esl difricile d'en donner une description générale. On
peut dire cependant qu'une inflammation aiguë d'une durée de huit à dix
jours (pneumonie par exemple) détermine presque toujours une perte de
200000 à loooooo de globules rouges par millimètre cube. Mais cette
évaluation n'est pas rigoureuse, car elle n'a pu être faite qu'à l'aide du
chiffre trouvé après le retour complet à la santé.
» C'est au moment de la défervescence que le nombre des hématies
atteint son minimum; il se relève irrégulièrement et d'une manière plus
ou moins rapide pendant la convalescence. A cette époque il n'est pas
rare de le voir atteindre un chiffre très élevé, pour redescendre ensuite.
» Lorsque la phlegmasie est franchement aiguë et suivie d'une guéri-
son rapide, le nombre des hématies redevient physiologique en quelques
jours. Cette réparation numérique est plus longue à la suite des phleg-
masies graves et traînantes. Enfin elle avorte quand à l'état aigu succède
un état subaigu ou chronique. On peut même observer dans ces dernières
circonstances une anémie de plus en plus accentuée (rhumatisme arti-
culaire subaigu, par exemple).
» III. Hémaloblastes. — Le nombre des hématoblastes, qui, à l'état
normal, est de aSSooo, est peu modifié pendant la période d'état des
phlegmasies aiguës à évolution rapide. Dans la pneumonie franche, il est
en général un peu au-dessus du chiffre normal, tandis que dans la plupart
des autres maladies inflammatoires il reste au-dessous de ce chiffre ou
l'atteint à peine. En général, plus la maladie a une durée longue, plus le
nombre des hématoblastes a une tendance à s'abaisser; il peut descendre
ainsi jusqu'à looooo ou même 7J000.
» C'est au moment où la phlegmasie louche à sa fin qu'il atteint son mini-
mum.
» Alors apparaît tout à coup une augmentation rapide et progressive des
hématoblastes, fait capital et constant qui constitue le phénomène le plus
saillant et le plus caractéristique de tous ceux que la numération deséléments
du sang peut mettre en évidence. En deux ou trois jours (dans les cas fran-
chement aigus), le nombre de ces corpuscules atteint un maximum qui est
deux, trois ou presque quatre fois plus grand que le chiffre normal. Cette
accumulation d'hématoblastes, qui constitue par sa constance et son
intensité une sorte de crise hématique, se montre au moment même de la
défervescence; elle débute souvent dès que la température fléchit.
» Elle est intimement liée à l'évolution de la lésion et s'observe aussi bien
( ^i'7 )
dans les cas mortels que clans ceux qui guérissent, pourvu que la partie
enflammée entre en résolution.
» De même, lorsque la maladie se compose de plusieurs inflammations
successives, chacune de ces lésions se termine par une production abon-
dante d'hémaloblastes.
» Enfin, dans les cas où la maladie a une évolution lenle et une défer-
vescence traînante, l'élévation du chiffre des hématoblastes se fait par
poussées successives et elle n'atteint son apogée qu'au bout d'un plus grand
nombre de jours.
» Ce phénomène important coïncide avec l'abaissement du chiffre des
globules blancs; il est éphémère et bientôt suivi de la formation de nou-
velles hématies.
» On doit le considérer,|dans ces circonstances, comme la conséquence
d'une accumulation passagère déjeunes éléments au moment où l'évolution
sanguine, après avoir été entravée par le processus pathologique, reprend
son cours normal. Cette accumulation reste appréciable jusqu'au rétablis-
sementde l'équilibre entre la transformation des hématoblastes en hématies
et la production des éléments nouveaux. »
PHYSIOLOGIE. — Sur l'action digestive du suc de papaya el de la papaïnc
sur les tissus sains ou pathologiques de l'être vivant. Note de M. E. Bou-
CHCT.
« Dans une précédente Communication, le u3 août 1879, j'ai montré qu'il
y avait, dans le suc de papayer et dans le ferment digestif qu'elle renferme
(la papaïne), un agent qui forme avec les matières albuminoïdes (fibrine,
gluten, viande crue, lait) une combinaison ayant tous les caractères des
peptones assimilables. En poursuivant ces expériences avec le suc de pa-
payer dilué ou avec la papaïne, non plus sur des matières albuminoïdes
mortes, mais sur des tissus vivants, sains ou pathologiques, d'adénomes et
de cancers, je suis arrivé à des résultats que je crois dignes d'intérêt.
i » Ces tissus se digèrent et se convertissent en peptones, comme les matières
albuminoïdes mortes. Ainsi, par des injections de i^'' de solution de papaïne
ào^'', 10 par gramme, ou de i^"^ de suc de papayer au cinquième dans le
cerveau, au moyen de la seringue hypodermique, on obtient une diges-
tion de la substance cérébrale qui a été en contact avec le (issu du cerveau.
Toute cette partie, examinée^vingt-qualre heures après la mort, est devenue
(6i8)
jaunâtre, molle, et, sur un point plus restreint, elle forme un foyer de ra-
mollissement pulpeux jaune et d'autres fois rougeâtre. L'animal ne résiste
que deux ou trois heures à cette injection ; il tombe dans le collapsus, pa-
ralysé d'un ou des deux côtés du corps, et il meurt en paraissant beaucoup
souffrir.
» Si l'on injecte, sur le même animal, i^'' de la même solution depapaïne,
ou de suc de papayer dilué, dans les muscles d'une région quelconque du
corps, à la cuisse, à la fesse ou dans les lombes, on remarque, au bout de
vingt-quatre heures, lors de l'autopsie, une altération très prononcée du
tissu musculaire. Dans la partie du muscle où a séjourné la papaïne, on
trouve, entourée par le tissu musculaire normal, une partie ramollie, pul-
peuse et gélatineuse, formée par le muscle digéré. Dans sept expériences,
le résultat a toujours été le même.
» Après ces expériences sur les tissus nerveux et musculaires d'un
animal vivant, j'ai pensé que les tissus pathologiques, tels que les adé-
nomes, cancers, etc., pourraient être digérés et dissous par la papaine et
le suc de papaya. Trois fois, j'ai injecté dans les adénomes du cou la solu-
tion indiquée, soit par une seule piqûre, soit par plusieurs injections, selon
le volume de la tumeur. Les effets de cette injection sont, au bout de deux
heures, très douloureux, et provoquent un violent accès de fièvre. Au bout
de trois jours, les ganglions sont ramollis et convertis en abcès qu'il faut
vider avec l'instrument tranchant; puis, deux fois sur trois, l'abcès a guéri.
» Dans trois cas de cancer du sein et un cas de cancer des ganglions de
l'aîne après castration, rencontrés à l'hôpital Saint-Louis, dans le service
de M. Péan, des injections de papaine ont amené le ramollissement et la
digestion de tumeurs dures, énormes. Le produit liquide, retiré par aspi-
ration d'un de ces cancers gros comme le poing, examiné au laboratoire
de la Faculté par M. Henninger, a paru être une véritable peptone. Cela
démontre que l'action de la papaïne sur le tissu cancéreux a été une vraie
digestion (').
(') En effet, clans une première analyse, sur 47^'' de liquide, M. Henninger a trouvé
26% 91 d'albumine renfermant o^^SôS de peptone séchée à 110°, caractérisée par toutes ses
réactions.
Dans une deuxième analyse, le liquide extrait six jours après la première ponction ne
renfermait que o8',o5 de peptone.
Dans une troisième analyse de la même malade, après une nouvelle injection de papaïne,
le liquide albumineux extrait de la poche étant de 228'' huit jours après la seconde ponction,
il y avait o^^oGS de peptone.
( 6i9 )
» Dans ces cas aussi, la solution injectée, quoique neutre, a produit de
très violentes douleurs et un formidable accès de fièvre.
» Je rapporterai enfin une expérience relative à luie forte grenouille
vivante, en partie dépouillée de sa peau et mise tout entière dans un vase
rempli de suc de papayer, dilué au cinquième. Elle était morte au bout de
douze heures, en partie digérée au bout de vingt-quatre heures, et, après
deux jours, il n'en restait plus que le squelette.
)) Cette expérience et celles qui ont été précédemment rapportées au
sujet des lombrics et des ténias vivants, que la papaïne a digérés, prouvent
que tous les tissus organisés, même lorsqu'ils sont vivants, peuvent être
peptonisés par cette substance, qui est de ]a. pepsine végétale. Elle agit sur
les tissus d'un animal vivant de même façon que sur les matières alimen-
taires albuminoides déposées dans l'estomac ou dans un vase de labo-
ratoire. »
MÉDECINE. — Sur l' anchylosiomiase . Note de MM. L. Concato
et E. Perroncito (de Turin).
« Dans la clinique dirigée par l'un de nous (M. Concalo) viennent d'être
admis, dans l'espace de quelques jours, trois individus affectés d'anchylo-
stomiase. L'examen des fèces indique que le nombre des anchylostomes
contenus dans l'intestin doit être assez considérable, et cette opinion est
corroborée par l'état des malades : tous trois, en effet, sont profondément
épuisés, par le fait d'une grave et menaçante anémie.
» Cette observation acquiert une importance considérable par suite de
cette circonstance, que les malades dont il s'agit sont des ouvriers employés
au percement du tunnel du Saitit-Gothard, et que, d'après ce qu'ils rap-
portent, leurs compagnons de travail sont, par centaines, affectés par Ja
même maladie. Cette assertion est, du reste, confirmée par le médecin
d'Airolo, à qui nous nous sommes adressés pour obtenir des informations à ce
sujet. Aussi avons-nous pensé qu'il était de notre devoir d'attirer l'atten-
tion sur la manifestation épidémique, si étendue, d'une maladie qu'on avait
regardée comme si rare jusqu'à présent.
» De nouvelles recherches donneront des renseignements plus précis.
Pour notre part, nous nous empresserons de communiquer à l'Académie
tous les faits que nous pourrons recueillir à l'égard de celte maladie.
» Déjà, en nous appuyant sur le résultat des expériences faites par l'un
( 620 )
de nous ( M. Perroncito), et d'à près lesquelles les anchylostomes ont succombé
sous l'action directe d'une température de 45" à 46" C, nous avons tenté
l'entéroclysme avec de l'eau portée à une température de 48" à 5o°C. et
plus. Les expériences déjà faites sur les animaux et en voie d'exécution
sur l'homme nous donnent lieu d'espérer une heureuse réussite. »
MINÉRALOGIE. — Sur la production artificielle de feldspatlis à base de bar/ te,
de slrontiane et de plomb, correspondant à l'olirjoclasej au labrador et à
l'anorlhite. Note de MM. F. Fouqué et A. Michel LÉvr.
« Nous nous sommes proposé, dans ces recherches, de compléter l'une
des séries minéralogiques naturelles les plus importantes : celle des feld-
spaths à base alcalino-terreuse. L'analogie du rôle que jouent dans les
minéraux d'une part la chaux, la baryte, la strontiane et le protoxyde
de plomb, d'autre part la chaux, la magnésie, les protoxydes de fer, de
manganèse et de zinc, a été signalée par Ch. Sainte-Claire Deville et
mise en relief parM. H. Sainte-Claire Deville dans son étude synthétique des
apatites et des wagnérites. Il était naturel de penser que la chaux qui entre
dans les feldspaths y figure comme un représentant du premier de ces
groupes; nos expériences justifient cette manière de voir en établissant
qu'elle peut y être remplacée par la baryte, la strontiane ou le protoxyde
de plomb.
» Le procédé que nous avons suivi consiste à opérer la cristallisation à
une température élevée, inférieure au point de fusion, mais voisine de
celui-ci. Il fournit des cristaux enchevêtrés, qui ne sont pas susceptibles
d'être isolés; mais il a l'avantage de se rapprocher du moyen le plus fré-
quemment employé sous nos yeux par la nature pour faire cristalliser les
feldspaths; il démontre donc la possibilité, sinon la probabilité, de
l'existence à l'état naturel d'une partie de nos produits.
0 Les mélanges que nous avons soumis à la fusion consistent en silice,
alumine, carbonate de soude avec strontiane, baryte ou oxyde de plomb;
nous les avons mélangés dans les proportions suivantes, rapportées à leurs
équivalents :
»
Oligoclase. Labrador. Anorthite.
SiO= 4i 3 1
Al'0= I I I
NaO,CO' 7 T o
MO I f »
( 6a. )
» Après quarante-huit heures de chauffe, on obtient des culots entière-
ment cristallisés, que l'on taille en plaques minces pour l'étude microsco-
pique. Les cristaux s'aperçoivent à la lumière naturelle, mais ils se dis-
tinguent mieux entre les niçois croisés; ils sont allongés à la façon des
microlithes feldspathiques et, comme eux, sont susceptibles de se grouper
en sphérolithes. L'intensité de la double réfraction est à peu près celle des
feldspaths, sauf dans la série plombique, qui se pare de couleurs plus
vives.
■ On sait que la zone d'allongement des microlithes feldspathiques est
parallèle à l'arête /jg' et que les extinctions dans cette zone oscillent entre o°
et un maximum, très petit pour l'oligoclase, moyen pour le labrador, très
grand pour l'anorlhite.
» Dans nos produits, les extinctions se font parallèlement au sens de la
longueur pour toute la série barytique, pour l'ohgoclase et le labrador de
stronliane, et pour l'oligoclase de plomb.
» Un des axes d'élasticité coïncide donc avec la direction de l'allon-
gement.
» L'abondance extrême des pointements rectangulaires dans l'anorthite
de baryte, jointe à ses extinctions, fait présumer que ce corps est ortho-
rhombique. Quant aux autres produits à extinctions longitudinales, leurs
pointements sont trop variables pour permettre de déterminer leurs sys-
tèmes cristallins.
» L'anorlhite de strontiane présente des extinctions allant jusqu'à 27°.
Le plan des axes optiques est déterminable dans la lumière convergente
et sensiblement parallèle à la direction de l'allongement.
» Le labrador de plomb se présente en beaux cristaux, certainement tri-
cliniques, dont les extinctions atteignent un maximum de ^5° dans les
sections sensiblement rectangulaires que nous attribuons, comme dans les
feldspaths, à la zone perpendiculaire à g* .
» L'anorthite de plomb est surtout sphérolithique; l'angle sous-tendu par
les branches noires de la croix, entre les niçois croisés, atteint un maximum
de 36°; quelques microlithes isolés s'éteignent également sous des angles
assez considérables.
» Tous ces corps sont dépourvus de la macle de l'albite, caractéristique
des feldspaths tricliniques. Cependant on les observe souvent en cristaux
accolés longitudinalement, à extinction simultanée; ils offrent aussi une
macle en croix, analogue à celle de Baveno.
» Tous rayent facilement le verre. Sauf les oligoclases de strontiane, de
G. R., 1880, I" Semestre. (T. XC, N» II.) 8 I
( 622 )
baryte et de plomb, et le labrador de strontiane, tons sont attaquables aux
acides; le tableau suivant donne leurs poids spécifiques :
Strontiane. Baryte. Plomb.
Oligoclase 2,619 2,906 3,igG
Labrador 2,862 3,333 3, 60g
Auorthite 3,o43 3,573 4)°93
w Pour obtenir les feUlspaths de plomb, nous avons opéré dans des
creusets de terre réfractaire; en fondant rapidement le mélange, on évite
toute attaque sensible des parois du creuset. Nos autres feldspaths ont été
obtenus dans des creusets de platine. Nous avons employé l'acide nitrique
pour l'attaque des feldspaths de plomb, l'acide chlorhydrique dans tous les
autres cas.
» M. Des Cloizeaux (') a récemment signalé un feldspath barytique na-
turel (i '. 3 : 8) triclinique, dont les propriétés optiques sont légèrement dif-
férentes de celles de notre oligoclase similaire; l'analyse faite par M. Pisani
y a décelé une quantité notable de chaux; la densité, égale seulement
à 2,835, éloigne également ce feldspath de nos produits. »
PHYSIQUE DU GLOBE. — Éruption et chute de poussières volcaniques, le /i jan-
vier 1880, à la Dominique (^Antilles anglaises). Lettre de M. L. Bert à
M. Daubrée.
a II existe, à l'île de la Dominique, un volcan qui présente le caractère
intéressant d'être toujours en activité. Son cratère, rempli aux trois quarts
d'eau bouillante sulfureuse, forme un lac à niveau constant, dont la tem-
pérature, sur les bords, peut être estimée à une moyenne de ^S" C. A l'une
des extrémités de ce lac, l'ébullition se manifeste toutes les trois, quatre
ou cinq minutes, par une colonne d'eau, affectant la forme conique, projetée
violemment à une hauteur d'environ 10™, en dégageant de fortes lueurs
et des vapeurs sulfiu'euses. Ce cratère, situé à l'est de la chaîne de mon-
tagnes qui traverse l'île dans toute sa longueur, fait partie du district de la
Grande-Soufrière. L'altitude doit en être évaluée à environ 900™.
» Le dimanche 4 janvier 1880, à ii*" du matin, un grondement sourd
s'est fait entendre, se répétant presque toutes les deux minutes, mais par
intermittences; l'atmosphère s'est obscurcie comme pendant une éclipse de
(') Bull, Soc, minerai., 1878, p. 84>
( G23 )
Soleil ; la pluie tombait par torrents et sans interruption. An'' 2™, j'ai aperçu
un gros nuage noir, se dirigeant par la vallée de Roseau sur la ville et pre-
nant la direction de la mer; à 11'' 3™, par une violente rafale de vent, ce
nuage, mêlé à la pluie, tombait sur la ville eu forme de boue et de sable ;
un bruit lointain continuait à se faire entendre. Cette pluie mélangée de
sable a duré jusqu'à 11'' 10" environ, puis le temps est devenu plus clair.
Le baromètre marquait en ville 752™™, état à peu près normal, et le ther-
momètre 22° C, état normal.
» Je vous envoie une bouteille contenant l'eau de pluie mélangée de
sable, recueillie dans un pluviomètre; vous pourrez juger de la quantité
de matières étrangères mêlées à la pluie par la quantité du dépôt. Je vous
adresse, en même temps, du sable recueilli après la pluie. Ce sable ressemble
à une pouzzolane. Je dois ajouter que, pendant toute sa durée, le phéno-
mène a été accompagné d'une forte odeur sulfureuse. La pluie a continué
par rafales jusqu'au lendemain, après avoir repris son aspect normal.
L'émission de pluie et de sable a donc duré environ dix minutes et n'a été
accompagnée, du moins de notre côté, d'aucune secousse de tremblement de
terre, comme on pouvait s'y attendre. La pluie charriant ce nuage de sable
n'a atteint qu'une partie de l'île, soit la partie qui se trouvait sous le vent
du volcan. La largeur de l'émission a atteint près de 4''"> sur une longueur
de près de 10''™, c'est-à-dire du cratère au bord de la mer.
» Je tiens à relater un fait assez curieux sur le peu de vitesse qu'a acquis
ce nuage charriant le sable, malgré la grande violence du vent.
» Le yacht de plaisance la Louise, de la Martinique, se rendant à Roseau,
capitale de l'île de la Dominique, se trouvait, le dimanche 4 janvier 1880,
à environ ig"*™ de la ville de Roseau. 11 était 5^ du soir; sa position était
vis-à-vis de la ville, quand le nuage s'est abattu sur lui, par une mer rela-
tivement calme, et a laissé sur son pont un résidu pareil à celui que je
vous envoie, et que j'ai recueilli le lendemain sur le pont, à l'arrivée du
navire.
» Une forte secousse de tremblement de terre s'est fait sentir de 11'' à
midi à Marigot, petit village situé sur l'autre versant de la chaîne de mon-
tagnes où se trouve situé le volcan. Une rivière non navigable, la rivière
de la Pointe-Mulâtre, qui prend sa source sur les flancs du cratère, a eu son
lit entièrement rempli par un sable pareil à celui que je vous envoie; ce
sable ne tombait pas avec la pluie, mais provenait naturellement des sources
de la rivière. Aujourd'hui, cette rivière est séchée, et l'eau qui coule de ses
anciennes sources est à peu près de la grosseur de i pouce anglais.
(624 )
» La rivière qui traverse la ville de Roseau a débordé et charrié pendant
toute la journée des sables rouges pyriteux et des sables gris, pareils à
ceux qui sont tombés sur la ville.
» J'attribue cette pluie de sable à une éruption volcanique provenant du
cratère d'eau bouillante; mais je dois vous donner la description de l'en-
droit où le fait s'est pnssé. La contrée où se trouve le volcan est déserte,
complètement inhabitée et située à des altitudes de 600™ à 900". Avant de
parvenir au volcan, il faut traverser, sur le sommet d'un des pics avoisi-
nants, une plaine d'environ lo*"*, complètement composée de sables pyri-
teux, et d'où s'élèvent, presque sans aucune interruption, de petites solfa-
tares ou éruptions de sable de 1™, 5o à 2™ de haut, mais toujours changeant
de place; le sable s'élève en l'air, puis retombe. Il n'y a aucune végétation
sur cette plaine. Depuis dimanche, personne n'a pu aller voir ce qui s'était
réellement passé; des hommes sont partis depuis hier et sont attendus
aujourd'hui.
» J'ai trouvé, par une analyse sommaire, du fer, du soufre et du plomb,
ainsi que du silice et de la magnésie. Je serai très heureux si vous faites
analyser ces substances et si vous voulez bien me communiquer le ré-
sultat. »
GÉOLOGIE. — Examen des poussières volcaniques tombe'es le f\ janvier 1880, à
la Dominique, et de l'eau qui les accompagnait; par M. Daubrée.
« L'échantillon de poussière recueilli par M. L. Bert, après la pluie, est à
grain fin, ayant en moyenne o""",! dans l'échantillon qui nous a été
adressé. Cette sorte de sable est formée, pour la plus grande partie, de
grains pierreux. Parmi les grains incolores, les ims manifestent, sous le
microscope, les formes et les caractères optiques qui appartiennent au la-
bradorite, ainsi que les macles propres à cette espèce de feldspath. D'autres
ont les caractères du feldspath sanidine. Certains cristaux feldspathiques
sont comme corrodés. Les grains verdâtres ont la forme du pyroxène. On
reconnaît aussi du gypse en cristaux isolés.
» Même à l'œil nu, on voit briller beaucoup de petits grains à éclat mé-
tallique. Avec un grossissement convenable, on reconnaît que tous ces
grains consistent en cristaux cubiques, parfaitement nets, parfois striés, sans
facettes modifiantes : ils consistent en pyrite. Leur dimension n'est que de
J5- à ^ de millimètre. Au lieu d'être isolés, ces cristaux sont parfois asso-
Partie soluble dans l'eau.. „ ,^ , , ' ; 3,57
' Sullale de chaux 0,20 ' '
Matières organiques 0,70
( 625 )
ciés et agglutinent les grains pierreux, de manière à montrer qu'ils leur
sont postérieurs.
» Çà et là on a reconnu quelques grains de galène.
» Ce sable volcanique est imprégné de matières salines, en partie déli-
quescentes et très sapides, qui ont attaqué le papier qui l'enveloppait.
» La poussière qui a été recueillie en mer, à une distance de 19 kilo-
mètres du rivage, est de même nature que la partie pierreuse de l'échantil-
lon précédent, mais à un état tout à fait impalpable; elle contient aussi des
parcelles bulleuses et scoriacées, comme la ponce.
» D'après l'examen qui en a été fait au Bureau d'essai de l'École des
Mines, la poussière recueillie à sec, dont il a été question d'abord, a donné
les résultats ci-après :
Chlorure de potassium i ,g6 \
Chlorure de sodium o,63
\
_ . , ,, , ,, . , / Sous-sulfate de fer 6,20 )
Partie solub.'e dans 1 acide \ „ , , , „ /- I „
,, , , . , , . Carbonate de chaux 3,do > Q,6o
chlorhydruiue étendu. . ) , , , . r> \
[ Carbonate de magnésie 0,00 /
Partie soluble dans l'acide ( Pyrite de fer 5,So )
nitrique ( Galène o ,65 ) '^
Cuivre absence
Partie insoluble dans les acides 80, 3o
Total 99)4^
» Comme on le voit, parmi les chlorures, celui de potassium prédomine
beaucoup.
» Quant à l'eau recueillie dans le pluviomètre, elle est chargée de poudre
grossière, dans une proportion qui dépasse 20 pour 100. Les grains dé-
passent souvent o™™,! dans notre échantillon.
» En outre, d'après l'analyse du Bureau d'essai, la même eau contient,
en dissolution, les mêmes sels que la poussière recueillie à sec, c'est-à-dire
beaucoup de chlorure de potassium, avec un peu de chlorure de sodium,
une petite quantité de sulfate de chaux et une forte proportion de matières
organiques. La quantité de ces sels s'élève à 2 pour 100 du poids de l'eau.
» La poussière volcanique, dont il vient d'être question, est particuliè-
rement remarquable par les innombrables cristaux de pyrite qui y sont
disséminés.
» Il y a tout lieu de croire que cette pyrite s'est formée récemment, dans
les flaques d'eau chaude que recèle le massif volcanique, sous l'influence
( 626 )
des abondantes exhalaisons sulfureuses qui, d'après la Note précédente,
se manifestent sans cesse. L'éruption l'a projetée au dehors, avec les ma-
tières pierreuses au milieu desquelles elle s'est développée.
» La pyrite dont il s'agit paraît donc avoir la même origine que celle
que M. Bunsen a reconnue en Islande. Elle en a d'ailleurs l'aspect général,
ainsi que j'ai pu m'en assurer sur des échantillons dont je suis redevable
à l'obligeance de M. le professeur Johnstrup, de Copenhague. Comme dans
les fumerolles d'Islande, où se produit la pyrite, nous remarquons ici que
ce sulfure est associé à du sulfate de chaux.
» Nous avons donc ici un nouvel exemple de la formation contempo-
raine de la pyrite à ajouter à ceux qu'on a antérieurement signalés (' ).
» Jusqu'à présent, on n'a rencontré la pyrite, au milieu de déjections
volcaniques, que dans un nombre de cas très restreints, si on le compare
à l'abondance de cette même espèce minérale dans les anciens dépôts.
» La présence de la galène, associée ici à la pyrite, comme un produit
d'émanation volcanique, est également très digne de remarque. »
MINÉRALOGIE. — Séparation des minéraux dont la densité est plus grande que
celle du quartz, à l'aide de mélanges fondus de chlorure de plomb et de chlo-
rure de zinc. Note de M. R. Bréon, présentée par M. Daubrée.
« L'extraction des minéraux microscopiques des roches est devenue,
dans ces derniers temps, l'une des opérations les plus indispensables de
la Minéralogie et de la Géologie. Elle facilite les analyses minérales et
leur donne un nouveau cachet de certitude; elle contrôle les détermina-
tions optiques fournies par le microscope. Mais les procédés mis en œuvre
jusqu'à présent (emploi de l'électro-aimant, de l'acide fluorhydrique et de
la solution de biiodure de mercure dans l'iodure de potassium) ne s'ap-
pliquent qu'à un nombre de cas restreint. L'extraction des minéraux
dont la densité est supérieure à celle du quartz ne peut notamment s'ef-
fectuer à l'aide de la solution iodurée, qui rend de si grands services pour
ceux qui ont une densité inférieure. Il existait donc là une lacune que
nous avons cherché à combler par l'emploi du procédé suivant.
» Il consiste à soumettre les mélanges de minéraux microscopiques à
une sorte de liqualion dans les liquides à densités élevées que donne 1
(') Comptes rendus, t. LXXXI, p. 858; 1875.
( (327 )
fusion, soit du chlorure de plomb pur, soit du mélange de ce sel avec le
chlorure de zinc. La densité du chlorure de plomb liquide est égale à 5,
celle du chlorure de zinc , dans les mêmes conditions, à 2,4; on peut
donc, en mélangeant ces deux produits en proportions variables, com-
poser un grand nombre de liquides, dont les densités seront comprises
entre ces deux limites et dans lesquels on pourra faire tomber certains
minéraux, tandis que d'autres plus légers flotteront à leur surface. L'ex-
périence réussit facilement; une poudre cristalline composée d'éléments
dont la densité est supérieure à celle du quartz peut être ainsi triée, et
l'opération même fournit des indications utiles sur les poids spécifiques
des minéraux extraits.
» De simples tubes à essai peuvent suffire pour faire ces expériences,
car la température à laquelle on opère n'est pas assez élevée pour détruire
la cohésion du verre. Les minéraux que nous avons traités ne subissent
aucune altération par suite du degré de chaleur nécessaire à la fusion des
chlorures, non plus que de leur immersion dans ces liquides.
» La poudre minérale dont on veut fractionner les éléments est jetée
par petites portions et brassée pendant quelques instants dans les sels
fondus, mélangés en proportions préalablement déterminées. On aban-
donne le tout au refroidissement, et, le tube étant brisé, on retire un
culot solide dont le fond contient les substances qui avaient un poids
spécifique plus grand que celui du mélange de chlorures employé; celles
dont la densité était inférieure sont, au contraire, réunies à la surface. On
n'a plus qu'à détacher la partie que l'on veut examiner; une simple ébul-
lition dans l'eau pure ou additionnée d'acide acétique suffit pour débar-
rasser les minéraux contenus dans ce fragment des sels de plomb et de
zinc qui les englobent.
» Nous avons appliqué ce procédé à des roches pulvérisées et à des
sables marins. C'est ainsi que nous avons pu, en l'employant concur-
remment avec ceux déjà connus, arriver à séparer les uns des autres les
minéraux suivants, cassitérite, fers titanes et oxydulés, grenat, saphir,
zircon, rutile, staurotide, disthène, sphène, andalousile, amphibole,
topaze, pyroxène, glaucophane, tourmaline, micas noir et blanc, éme-
raude, substances qu'on rencontre souvent dans la nature à l'état d'asso-
ciations plus ou moins complexes.
» Le procédé ci-dessus décrit est très précis, d'une application facile
et appelé à rendre de grands services dans la pratique. »
( 628 )
GÉOLOGIE. — aperçu sur la genèse des eaux minérales de la Savoie.
Note de M. L. Lévy. (Extrait d'une Lettre à M. Delesse.)
« Les eaux minérales des Alpes de Savoie peuvent être rangées, au point
de vue de leurs caractères chimiques, en trois catégories, savoir : les eaux
sulfureuses; les eaux salines (chlorurées et sulfatées); les eaux bicarbo-
natées, alcalines, ou calciques, ou ferrugineuses.
» A la première catégorie appartiennent les sources d'Aix, de Marlioz
et de Challes en Savoie, et celles de Bromines, de la Caille et de Menthon
en Haute-Savoie. Les trois premières, analysées en 1878 par M. Willm,
ont accusé les résultats résumés dans le Tableau suivant et rapportés à 1'":
AIX-LES-BAISS.
Source Source
de soufre. d'alun.
Teinpéralure 43°» 5 44°. 6
Hydrogène sulfuré libre 3"'f% 87 à 4"'s%i3 3'"^74
Soufre à l'état d'hyposulfite 3"'", 84 3">f% 60
Total des principes Cxes o«',4925 os^4443
CHALLES.
BiABLioz. Grande source.
Température 11° 10°, 5
Sulfhydrate de sodium oe',o285 o^', 35g^
Total des matières contenues oS^GjBS i8%3453i
» Dans la deuxième catégorie, celle des eaux salines, rentrent les sources
de Brides, de Salins, de l'Échaillon et de Bonneval (Tarentaise) en Sa-
voie, et de Saint-Gervais en Haute-Savoie ; ces eaux, qui sont surtout riches
en chlorures de sodium et de magnésium et en sulfates de chaux et de
soude, contiennent, par litre, de lô^"" (eaux de Salins) à S^"" (eaux de Saint-
Gervais) de matières minérales. Leur température varie de 3o° à 40°; cepen-
dant une des sources de Saint-Gervais n'a que 20°.
» La troisième catégorie, qui est la plus nombreuse, comprend les
sources de Saint-Simon, de Coise, de Farette et de la Bauche en Savoie,
d'Évian et d'Amphion en Haute-Savoie; leur teneur par litre en matières
minérales est toujours inférieure à i^''; pour les eaux d'Evian, qui sont
alcalines et calciques, elle n'est que de o^"", 5o ; pour celles de la Bauche, qui
sont spécialement ferrugineuses, elle atteint o^"', 72. La température des
(629)
eaux de cette catégorie esl celle des eaux de sources ordinaires, soit de io°
à 12°.
» Les sources sulfureuses et salines se trouvent réparties de part et
d'autre de l'axe de soulèvement des Alpes occidentales qui va de Grenoble
à Sailanches, suivant la direction N. 26°E.; les premières se rencontrent à
l'est de cet alignement, dans une région occupée par les calcaires juras-
siques ou crétacés, les secondes plus spécialement à l'ouest, dans le voisi-
nage ou au sein même du terrain triasique, les unes et les autres à proxi-
mité de failles.
)) D'après cela, il est naturel de supposer que ces sources proviennent
d'infiltrations d'eaux pluviales qui pénètrent par les failles jusqu'à une
profondeur plus ou moins grande, suivant leur température, et remontent
par des fissures secondaires, sous l'influence d'une pression égale à la dif-
férence entre les cotes de la ligne d'affleurement de la faille et du point
d'émergence de la source.
1) En circulant dans les calcaires jurassiques ou crétacés, qui renferment
du sulfate de chaux et des pyrites, en rognons, plus ou moins transformées
en sulfates, ainsi que des matières organiques sous forme d'imprégnations
bitumineuses, les eaux acquièrent le caractère des eaux sulfureuses, par suite
de la réaction bien connue des matières organiques sur les sulfates. Quand
les parois du siphon naturel sont constituées par les assises triasiques, qui
se composent, en Savoie, de grès blancs, de calcaires magnésiens, de
schistes lustrés, de gypse avec sel disséminé, et de schistes argilo-ferriigi-
neux, on conçoit aisément que les eaux doivent se charger des sulfates et
de chlorures dont l'analyse révèle la présence dans les sources salines.
» Je ne pense pas qu'il faille attribuer une part quelconque dans la for-
mation des eaux minérales de ces deux catégories aux émanations venant
directement de la profondeur. Car on serait conduit à admettre que, dans la
région peu étendue occupée par les points d'émergence des sources, ces
substances sont puisées à un réservoir commun, et cette hypothèse se con-
cilie difficilement avec les différences observées dans leurs caractères
chimiques.
^) Quant aux eaux de la troisième catégorie, leur origine superficielle
n'est pas douteuse ; elles se différencient cependant des précédentes par
leur mode d'émission, qui est indépendant des grands accidents du sol.
On les trouve soit dans les allusions anciennes (sources alcalines et cal-
ciques d'Évian et d'Amphion), soit dans la molasse (source ferrugineuse de
C. R., i88o, i" Semestre. (T. XC, K' 11.) 82
( 63o )
la Bauche), soit dans les terrains d'éboulis qui recouvrent les roches en
place (source alcaline de Farette, dans les éboulis de micaschistes).
» Les travaux entrepris dans le but de les capter ont permis de recon-
naître qu'elles se forment à une faible distance du sol, dans les mêmes con-
ditions que les sources ordinaires, comme le faisait déjà présumer leur
basse température. Les infiltrations qui leur donnent naissance se pro-
duisent à l'affleurement d'une couche généralement comprise enire deux
lits moins perméables; leur minéralisation est due à l'action dissolvante
que les eaux de pluie chargées d'acide carbonique exercent sur les
matières minérales qu'elles rencontrent dans leur trajet souterrain. C'est
ainsi que les eaux alcalines et calciques d'Évian empruntent leurs princi-
paux éléments aux débris de roches cristallines et sédimentaires répandus
dans les alluvions, tandis que le fer est fourni aux eaux de la Bauche par
les rognons de pyrite plus ou moins oxydés que l'on trouve dans la molasse
ou par la matière calcaire et ferrugineuse qui cimente les grains de cette
roche. »
CHIMIE ANALYTIQUE. - Composition des eaux minérales de Bussang [Vosges).
Note de M. Ed. Willm.
« L'eau minérale de Bussang est une eau bicarbonatée, alcaline, froide
(m° à 12°), légèrement ferrugineuse et manganésée. Elle est fournie par
trois sources. La plus ancienne de ces sources est la source Salmade: c'est la
plus ferrugineuse. La source Marie, ou de la Commune, est captée dans le lit
même de la Moselle. La troisième source, peu utilisée jusqu'à présent, est
désignée sous le nom de source d'en haut; elle domine de quelques mètres
la source de la Salmade, dont elle ne diffère guère pour la composition,
sauf pour le fer et pour l'acide carbonique libre.
» L'acide carbonique total a été dosé sur place, à l'aide du chlorure de
baryum ammoniacal.
» L'analyse a porté en général sur la partie soluble du résidu de l'éva-
poration et sur la partie soluble. La silice ainsi que l'arsenic sont contenus
en totalité ou à très peu de chose près dans la partie insoluble. L'acide
carbonique de cette partie a été évalué d'après la teneur en chaux et en
magnésie ; celui de la partie soluble a été dosé directement par le chlorure de
baryum. L'arsenic a été dosé par la méthode recommandée par MM. Millot
(G3. )
et Maquenne (oxydation de l'hydrogène arsénié, produit par l'appareil de
Marsh, par l'acide azotique fumant, et titrage de l'acide arsénique par
l'acétate d'urane). Le lithium a été isolé sous la forme de chlorure par
l'alcool éthéré, puis pesé à l'état de sulfate qui, pour le contrôle, a été
analysé. Le manganèse enfin a été déterminé par l'excellente méthode
recommandée récemment par M. Beilstein, et qui consiste à précipiter le
manganèse sous la forme de peroxyde, en ajoutant du chlorate de po-
tassium à la solution nitrique bouillante du résidu.
» Le premier Tableau indique la composition élémentaire du résidu
le second, le groupement hypothétique des éléments (').
Composition éléincnlaire de l 'eau de Jiiissang.
Source
1 la Salmacle,
Acide carbonique lol:il (C0=) ['')•■ 2,8719
Silice. o,o64i
Oxyde ferrique. . . o ,oo5cf
Oxyde rouge de manganèse. 0,0019
Alumine 0,0012
Calcium 0,i5i9
Magnésium o,o5o6
Acide carbonique ( CO^ O ) o , 3589
Arsenic 0,00047
Acide carbonique o , 38o 1
Acide sulfurique (SO'Ol 0,0904
Chlore o,o5o7
Sodium o , 3495
Potassium o,o346
Lithium 0,00116
Acide phosphorique )
' . ( traces
Acide borique. Fluor \
Total 1,54143
Poids du résidu à 200° i ,5426
Source
d'en haut,
12°, 5.
er
2 , I 890
O , 0634
0,0024
0,0019
0,0010
O, 1495
o,o5o6
0,3546
0,00026
0,3912
o , 0896
0,0572
o,358o
o,o36o
0,001 3
traces
1 ,55696
I ,5442
Source Marie,
II".
8r
2,4934
o,o536
0,003.4
0,0020
o ,001 1
o, 1880
o,o54o
0,4196
0,00043
o,3o8i
0.0806
0,0497
0,2890
0,0264
0,0010
traces
[ ,47593
4770
(') Ces analyses ont été faites sur la demande du Comité consultatif d'Hygiène publique
de France et exécutées au laboratoire de M. AVurtz, à la Faculté de Médecine.
[') L'eau de la Salmade, transportée à Paris, accusait encore, après trois mois, 2^^,780
d'acide carbonique total.
( G32 )
Groupement hypothétique des éléments
Source
de la Salmade.
gr
Acide carbonique libre (').. i ,7886
Carbonate de calcium o , 8798
» de magnésium. . . 0,1771
>■ ferreux 0,0080
» manganeux 0,0029
Arséniale de fer 0,0012
Phosphate, borate et 1
\ traces
fluorure calciques 1
Silice 0,0641
Alumine o ,0019.
Carbonate de sodium o.(ia85
» de potassium . . , 0,0612
» de lithium 0,0061
Sulfate de sodium o, 1387
Chlorure de sodium o,o836
Total par litre i ,5474
dans l'cnti de
Bussang,
Source
d'en haut.
Source Marie,
I jOgSa
I ,4260
0, 3787
0,4700
0,1770
0 , I 890
0,0029
o,oo3i
o,oo?.9
0,0087
0,0011
0,0007
traces
traces
0,0634
o,o536
0,001 I
0,0010
o,G4o5
OjSoaS
0 ,0637
0,0467
0,00-4
o,oo5i
o,i3a7
0,119'».
0,0943
0 , 082 I
,5607
:,4765
M. Chasles présente, de la part de M. le prince B. Boncompagni, le
numéro d'octobre du Bidletlino di bibliografia e di sloria délie Scienze mate-
maticheefisiclie, qui renferme le complément des recherches de M. C. Henry,
concernant les manuscrits de Fermât et de ses contemporains.
Après avoir donné, dans le précédent C ihier, des essais de démonstration
par Malebranche des deux théorèmes suivants, énoncés par Fermât : Si un
nombre est composé de deux carrés premiers entre eux, il nest pas divisible par
un nombre premier de Informe l\n — i ; Tout nombre divisible par 3 et non
par^ n'est jamais une somme de deux carrés entiers ou fractionnaires, M. Henry
consacre, dans le numéro d'octobre, quelques pages à un médecin nommé
Claude Martin, grand amateur de Mathématiques et ami de Fermât; men-
tionne plusieurs Ouvrages disparus, de Frenicle de Bessy, dont l'un con-
sacré à des problèmes de Fermât; édile l'énoncé d'un problème arithmé-
tique de Frenicle, une solution par Wallis de ce problème, et des remarques
de l'auteur du problème sur la solution de Wallis. Se trouvent ensuite un
essai de résolution, par Malebranche, de l'équation Ax"-+- i =:= 7-^ ; l'extrait
(') Déduit de l'acide carbonique total par soustraction de l'acide carbonique des bicar-
bonates.
( 633 )
d'une Lettre de Fermât à Carcavi sur la comparaison de la spirale avec la
parabole; l'énoncé d'un théorème de Fermât sur une curieuse propriété
du nombre 7; une Lettre de Fermât àMersenne; une Lettre, très proba-
blement, de Fermât à Kénelm Digby, sur les solutions anglaises de certains
problèmes proposés par le géomètre toulousain ; trois pièces sur la méthode
De maximis el minimis; un fragment de Descartes sur les parties aliquotes;
un fr.igment de Fermât sur le même sujet, dans lequel se trouve un remar-
quable procédé pour reconnaître si un grand nombre est premier; un
fragment de Fermât sur les nombres premiers. On remarque ensuite une
Lettre de Fermât à Carcavi; un problème de Géométrie adressé à Mersenne;
une Lettre sans adresse, non signée et non datée, que M. Henry prouve
avoir été écrite à Carcavi, en i656, par Fermât; une Notice sur de cu-
rieuses annotations à Diophante, que M. Henry a pu attribuer à Alexandre
Anderson; des renseignements nouveaux sur un ami de Fermât, Nicolas
Thoynard; enfin, deux pièces d'un grand intérêt : un Mémoire adressé à
Huygens sur le problème d'Adrien Romain, ainsi qu'une relation des
nouvelles découvertes en la science des nombres. Dans ce dernier morceau,
qui est en quelque sorte le testament scientifique de Fermât, l'auteur
énumère les principales applications d'une méthode devenue célèbre dans
la théorie des nombres, et qu'il appelle « descente infinie ou indéfinie ».
A l'exception de la Lettre à Digby, qui fut imprimée à fort petit nombre,
toutes ces pièces sont inédites.
M. R. SiGisMOND adresse, de Weimar, un complément à son précédent
travail sur la chaleur.
A 5 heures et demie, l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 6 heures. J, B.
( 634 )
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
OdVRAGES KEÇDS dans la SÉA^■CE DD l5 MARS 1880.
Ministère de la Marine et des Colonies. Compte général de l'Administration
de la justice maritime pendant les années 1874, 1876 el 1876. Paris, Impr.
nationale, 187g; in-4°. (Trois exemplaires.)
Ministère de l'Intérieur. Statistique des prisons et établissements pénitentiaires.
Compte rendu présenté à M. le Ministre de l' Intérieur pour l'année 1876; par
M. Chopin. Paris, Paul Dupont, 1879; in-8°.
Les essences forestières du Japon j par E. Dupont. Paris, Berger-Levrault,
1880; br. in-8°. (Présenté par M. Duchartre.)
Notes relatives aux kakis cultivés japonais; par E. Dupont. Toulon, typogr.
Massone, 1880; br. in-8°. (Présenté par M. Duchartre.)
Etude de la propagation de la lumière ; par L.-F.-D. Ménétrier. Bar-sur-
Aube, typogr. Lebois et Morel, 1879; br. in-8°.
Rapport sur le nouveau casernement de Bourges; par M. E. Trélat. Paris,
G. Masson, 1879; br. in-8°. (Extrait de la Revue d'Hygiène.)
Note sur i effondrement du marché du Chàteau-d' Eau ; par M. E. Trélat.
Paris, Dejay et C'*, 1880; br. in-8°. (Extrait des Annales des Travaux
publics.)
Supplément à l'exposé des travaux scientifiques du D'' Edouard Fournie.
Paris, impr. Mocquet, 1880; br. in-4°.
Notice sur les travaux scientifiques de M. F. Lucas. Paris, Gauthier-Villars,
1880; in-4°.
Mémoire descriptif d un abri mobile pour proléger la vigne contre la gelée et
la grêle; par M. C. Gorce. Sans lieu ni date; opuscule in-8''.
Mémoires de l' Académie des Sciences, Belles- Lettres el Arts de Lyon. Classe
des Lettres, t. XVIII; Classe des Sciences, t. XXIII. Paris, J.-B. Baillière;
Lyon, Palud, 1878-1879; 2 vol. in-8°.
Annales de la Société d' Agriculture, Histoire naturelle et Arts utiles de Lyon;
4* série, t. X, 1877. Lyon, Pitrat et H. Georg; Paris, J.-B. Baillière, 1878;
in-S".
Le cancer du larynx; par le ly M. Krishaber. Paris, G. Masson, 1880;
in-8°. (Extrait des Annales des maladies de l'oreille el du larjnx.)
( 635 )
Éloge de M. Leymerie ; par M. A. Barthélémy. Toulouse, impr. Doula-
doure, sans date; in-S". (Extrait des Mémoires de l' Académie des Sciences,
Inscriplions cl Belles-Lettres île Toulouse)
Mémoires sur les solutions singulières des équations aux dérivées partielles du
premier ordre; par M. G. Darboux. Paris, Impr. nationale, 1880; in-4°.
(Extrait du t. XXVII des Mémoires présentés par divers savants à l'Académie
des Sciences.)
Etude de législation comparée sur les caisses d'épargne par les postes en Jn-
gleterrCj en Belgique, en Italie, en Hollande et en France; par M. A. de Ma-
LARCE. Paris, Guillanmin, 1880; br. in-S", avec deux Cartes.
Sur l'arêie de rebroussement d'une déueloppable ; par M. E. Lebon. Paris,
Gauthier-Villars, 1880; in-S". (Extrait du Bulletin delà Société mathématique
de France.)
Su di alcuni vasi propri délia Scagliola (Phalaris canariensis). Nota di G. -A.
Pasquale. Napoli, tipogr. dell' Accademia reale délie Scienze fisiche e
matematiche, 1880; in-4°. (Présenté par M.Decaisne.)
Bullettino di bibliografia e di storin délie Scienze matematiche e fisiche,
pubblicato da B. Boncompagni; t. XII, ottobre 187g. Roma, 1879; in'4*'.
(Présenté par M. Cliasles.)
Alti del reale Istituto d' incoraggiamento aile Scienze naturali economiche
e tecnologiclie di Napoli; 1^^ série, t. XVI. Napoli, G. Nobile, 1879 ;
in-4°.
Jtlas accompanjing the Beport on tlie geologj of Neiv Hampshire, C.-H.
Hitchcock, state geologist, 1878. New-York, J. Bien, sans date; atlas
grand aigle.
EBRATA.
(Séance du 8 mars 1880. )
Page 549, ligne i i en remontant, au lieu de position, lisez portion.
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SEA.NCE DU LUNDI 22 MABS 1880.
PRÊSIDENCR DE M. EDM. BECQUEREL.
MEMOIRES ET COMMUIVICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
ASTRONOMIE. — Sur Vorigine du système solaire ; par M. Faye.
« L'hypothèse de Laplace est basée sur la préexistence d'un globe pos-
sédant toute la masse du système solaire, toute son énergie mécanique
sous forme de rotation. Par l'action d'une chaleur intense, d'origine non
définie, l'atmosphère de ce globe, car il lui faut une atmosphère, se
sera dilatée jusqu'aux limites du monde actuel. En se refroidissant, elle
aurait abandonné çà et là, dans le plan del'équateur primitif, les matériaux
des planètes. Sous cette nouvelle forme, l'énergie première subsiste inté-
gralement ; mais, cette fois, c'est dans des circulations qu'on la retrouve
presque en entier. Ainsi, par l'intervention de la chaleur et le jeu de la force
centrifuge, Laplace fait naître une tout autre répartition de la masse et des
mouvements, qui répond jusqu'à un certain point à ce que nous voyons.
Mais cette intervention de la chaleur est elle-même une pure hypothèse ;
pour la justifier, on a dû supposer, avec Poisson, qu'il y a dans l'univers
des plages à températures très différentes et que le globe primitif avait passé,
en vertu de son mouvement de translation, dans une des plus chaudes.
» L'observation nous conduit pourtant à d'autres idées. Les nébuleuses,
C. R., 1880, I" Semeuie. (T. XC, N° 12.) ^3
( 638 )
où la matière est disséminée dans de vastes espaces, nous ont toujours fait,
à nous autres astronomes, l'effet d'être le point de départ d'évolutions bien
différentes aboutissaiît aux formations finales les plus variées, telles que les
soleils simples, les soleils doubles, triples, quadruples, les amas globu-
laires de soleils minuscules se comptant par milliers. Il faut voir cela par
une belle nuit, à l'aide d'un bon télescope, sous la direction d'un astronome
expérimenté qui ait eu la complaisance de choisir d'avance les objets. Le
spectateur se trouve alors, devant la série de ces formes si variées, d'abord
rudimentaires, puis de plus en plus accentuées, dans la situation d'un
naturaliste qui parcourt une forêt, embrassant d'un coup d'œil les phases
de la vie d'une même essence, bien que ces phases exigent en réalité pour
chaque arbre une longue suite d'années. N'est-il pas naturel de s'inspirer de
ces faits, d'autant plus que notre système appartient au type le plus commun,
le plus facile à comprendre, celui d'une nébulosité d'abord vague, puis
présentant une condensation centrale, s'absorbant peu à peu, régulière-
ment, dans une étoile nébuleuse, et finalement dans un soleil unique sur
le fond noir du ciel? Alors la chaleur n'apparaît plus comme un agent
extérieur qu'il faut invoquer arbitrairement : nous la voyons se développer
peu à peu en certains points de la nébuleuse, comme un résultat de l'énergie
propre à toute grande dissémination de matériaux exerçant à distance une
attraction mutuelle. C'est donc une phase natui'elle dans la série de ces
phénomènes ; on peut même concevoir un état antérieur où la matière
disséminée sera restée longtemps obscure et froide. Les indications mer-
veilleuses de l'analyse spectrale et la théorie mécanique de la chaleur con-
firment pleinement cette manière de voir.
» Supposons, pour fixer les idées, que la matière de notre système ait
été disséminée ainsi, à l'origine, dans un espace globulaire d'un rayon
cent fois plus grand que celui de l'orbite de Neptune. Vue à la distance
de la nébuleuse planétaire dont le D'^Brunnow a osé mesurer la parallaxe,
cette année même, à l'Observatoire irlandais de Dunsink, la nôtre n'aurait
apparu qu'avec un diamètre de 5'. La densité de la matière, en l'évaluant
comme si elle était continue, y serait deux cent cinquante milliards de fois
moindre que celle de l'air d'un récipient où l'on aurait fait le vide au mil-
lième. Sa température sera voisine du zéro absolu à luie époque où les
étoiles actuellement visibles pouvaient n'être pas encore formées. Malgré
cette incroyable dissémination, l'attraction de la masse entière ne s'en fait
pas moins sentir partout. Une molécule quelconque, circulant à la super-
ficie, aurait une vitesse dix fois moindre seulement que celle de Neptune. A
(639)
l'intéripiir, l'attraction de la masse entière va en décroissant vers le centre,
juste en proportion de la distance à ce point, et réalise ainsi, passagèrement
il est vrai, c'est-à-dire tant qne durera l'homogénéité de la nébuleuse, une
conception abstraite des forces centrales dont on expose les conséquences
dans les Traités de Mécanique, depuis que Newton l'a signalée comme une
loi tout aussi capable de relier harmonieusement les mouvements d'un
monde que celle de la gravité variant en raison inverse du carré des dis-
tances. Alors tous les corps placés dans cette vaste enceinte décriraient,
sous la moindre impulsion, des ellipses ou des cercles ayant leurs centres au
centre de la nébuleuse; pour tous ces corps, la durée de la révolution se-
rait la même, mille fois plus grande que celle de Neptune. Une molécule
tombant d'un point quelconque vers le centre l'atteindrait dans le quart de
cette durée, c'est-à-dire en quarante et un mille ans.
» Cette nébuleuse se meut. Nous retrouvons, dans la translation du So-
leil vers la constellation d'Hercule, le mouvement de son centre de gravité.
Le mouvement total devait être plus complexe et comprendre une lente
rotation ou plutôt une sorte de tourbillonnement de la masse entière au-
tour d'un certain axe, comme dans les nébuleuses de lord Rosse. Mais ce
n'est que dans le plan centralement perpendiculaire à cet axe que ces ro-
tations ont pu se régulariser et se dessiner d'une manière persistante, parce
qne là elles s'effectuaient juste suivant les mêmes lois qu'une circulation
réglée par la pesanteur propre au système, c'est-à-dire de toutes pièces.
Si alors des traînées de matière à peu près circulaires, en un mot des
anneaux comme ceux deSaturne ou ceux de quelques nébuleuses, telles que
la cinquante et unième du Catalogue de Messier, ont fini par s'établir au
sein de la nôtre près de l'équateur primordial, la vitesse a dû y aller en
croissant du bord interne de chaque anneau à son bord extérieur, propor-
tionnellement à la distance au centre, comme s'il s'agissait de la rotation
d'un anneau solide.
» Toutes les planètes provenant de la rupture de ces anneaux continuent
à circuler dans le sens primitif que nous appellerons direct. C'est là le fait
capital dont l'hypothèse de Laplace rend si bien compte. Seulement leurs
rotations seraient toutes directes si les choses restaient en cet état. Mais, dès
le commencement, je veux dire dès que cette nébuleuse s'est trouvée plei-
nement isolée, il s'est produit un phénomène qui a modifié ces premières
conditions. De toutes les régions qui ne participent pas à ces circulations
réguhères, les matériaux de la nébuleuse tombent vers le centre, en décri-
vant des ellipses très allongées et non des cercles; elles y opèrent une con-
( 64o )
densafion progressive, en sorte que, ahslraclion faite d'une foule de mou-
vements partiels, la densité de la nébuleuse cesse d'être uniforme et finit
par aller en croissiuit régulièrement de la surface au centre.
» Adoptons un moment la loi des densités employée dans la Note pré-
cédente, c'est-à-dire, pour la distance r,
la pesanteur dans la même région aura pour expression
et le carré de la vitesse linéaire du mouvement circulaire
Celte vitesse va donc en croissant jusqu'à
et décroît à partir de là jusqu'au centre. Ainsi la nébuleuse, pendant toute
la période déconcentration, est divisée en deux régions bien différentes :
1° l'extérieure, où les anneaux, en donnant naissance à des planètes, im-
primeront à celles-ci une rotation rétrograde, comme celle d'Uranus ou de
Neptune; 2° l'intérieure, où les planètes auront toutes une rotation directe,
comme Saturne, Jupiter, etc. C'est le phénomène singulier que notre monde
présente et contre lequel vient se buter l'hypothèse de Laplace.Il se trouve
ainsi rattaché au simple accroissement de densité du bord au centre de la
nébuleuse. Sans doute les choses pourraient se passer autrement; si les
anneaux avaient luie niasse prépondérante, ils attireraient à eux tous hs
( ') On ramène à cette forme le cas particulier que Legendre a examiné dans son Traité
des /onctions elliptiques et que M. Gyidén a repris tout récemment en considération dans
un beau Mémoire où, chose curieuse, il exprime l'idée que ses recherches analytiques à ce
sujet pourraient bien plus tard contribuer il l'étude de l'univers stellaire. Je veux parler de
l'expression f;.(r-^ + fi'/-] pour la loi de la pesanteur. Si l'on fait (i = j7r/Dr\ c'est-à-
dire si l'on traite y. comme une fonction de la variable r, ainsi que j'ai dû le faire, cette
expression devient ^ir/D [r -\- }^' r'), et on la reproduit en faisant « = j dans la formule
du texte. Mais, pour traiter complètement ces questions, il faudrait, en outre, considérer D
comme une fonction du temps.
( <3/,. )
matériaux et (îiiiraient par vider tes régions centrales, comme clans la nébu-
leuse de la Lyre.
» Le système ainsi formé n'est nullement définitif; il occupe d'abord un
espace bien plus grand que notre monde actuel; mais, dans la suite des
temps, la condensation centrale progresse toujours, non par refroidisse-
ment, bien entendu, mais par l'appel continu de la gravité. Les orbites
planétaires étaient d'abord plongées dans la masse diffuse et rare de la né-
buleuse. Peu à peu cette masse quitte les régions extérieures aux orbites et
va se concentrer à l'intérieur, vers le centre de ces mêmes orbites. Les aires
décrites en un temps donné dans ces circulations ne changeront pas pour
cela, mais les anneaux ou les planètes se rapprocheront peu à peu du centre,
et leur vitesse ira en s'accéiérant, conformément à la théorie que Laplace a
donnée au quatrième Volume de la Mécanique céleste, pour le cas inverse
où la masse centrale irait en diminuant. Ici, il ne s'agit pas de minces effets ;
mais aussi c'est la masse presque entière de la nébuleuse, à ^xrô P''ès, qui
marche ainsi dans l'espace, d'orbite en orbite, pour se réunir au centre.
A cela s'ajoute une autre cause qui agit exactement de la même manière,
à savoir la résistance des matériaux qui traversent incessamment l'espace
en tombant à peu près directement vers le Soleil et de presque tous les
côtés. Il est d'ailleurs évident que cette double et continuelle contraction
des orbites s'opérera sans altérer en rien le sens de la rotation des planètes
ni le sens de la circulation de leurs satellites.
» Quant aux distances des planètes au Soleil ou des satellites à leur
planète, rien n'empêche qu'elles se trouvent aujourd'hui hors des limites
posées par Laplace; il n'est plus question, en effet, de faire inter-
venir ici le jeu de la force centrifuge pour produire les uns aux dépens
des autres.
» Nous avons supposé que le Soleil absorbait tout ce qui n'était pas
engagé dans la circulation des anneaux voisins de l'équateur primitif. Il
n'en saurait être tout à fait ainsi. Une partie des nébulosités superficielles,
surtout vers les pôles, animées d'impulsions latérales très faibles par di-
verses causes et décrivant autour tlu centre des ellipses très allongées, au-
ront pu traverser les régions centrales sans s'y arrêter. Échappées à l'ag-
glomération où s'est formé plus tard le Soleil, elles ont pourtant subi
son action à plusieurs reprises et auront continué à décrire des trajectoires
allongées, variables de forme et de position, dont le terme final sera une
ellipse ayant son foyer là où l'ellipse primitive avait son centre. Sans
doute se présente ici la difficulté du rétrécissement si rapide qu'ont subi
( 642 )
les orbites circulaires; mais, comme ces parcelles se meuvent dans des
ellipses allongées, atteignant ou même dépassant les limites de la nébu-
leuse, elles ont dû échapper presque complètement à cet effet, puis-
qu'une partie de leurs orbites se trouvaient, dès l'origine, en dehors de la
région où la masse se déplace. La durée de la révolution a dû rester très
considérable et se compter par milliers d'années, comme dans les pre-
miers temps. Quant au sens du mouvement, il sera indifféremment direct
ou rétrograde ; l'inclinaison des plans des orbites sur l'équateur primitif
sera quelconque; en un mot, ce sera le monde des comètes, qui appartient
si visiblement au système solaire, bien que l'hypothèse de Laplace soit
forcée de les en exclure.
» Quoi qu'il en soit de ce point délicat, notre système est devenu stable
à partir du moment où la partie de la nébuleuse non engagée dans les
planètes s'est entièrement absorbée dans le Soleil. Le vide a été fait par-
tout, comme autour des étoiles simples ou doubles que l'on voit sur un
ciel noir. Il reste à dépenser l'énergie transformée en chaleur; mais celle
qui a conservé la forme de mouvement restera.
» Cette conservation n'est pourtant pas absolue. Les attractions pro-
voquent dans tous ces corps des tiraillements internes qui produisent un
peu de chaleur. Les masses cométaires, en passant près du Soleil, se dé-
composent en traînées nébuleuses comme par un retour à leur origine;
celles-ci vont choquer des planètes et y engendrent de la lumière et de la
chaleur. Ainsi s'efface peu à peu une partie de la provision d'énergie méca-
nique, mais ce n'est plus qu'une faible image du passé.
» Il resterait à revenir sur le point de départ, cette mystérieuse dissémi-
nation de la matière obscure qui renferme en puissance tant de merveilles ;
mais ce doit être là le terme infranchissable que l'on rencontre dans toutes
les questions d'origine. Toutefois la possibilité n'est pas à nier : la force
répulsive du Soleil, que j'ai attribuée à l'action des surfaces incandescentes
et où d'autres astronomes voient le jeu des forces électriques, produit soh5
îiosjeux, dans la matière déjà si divisée des comètes, mais en miniature, une
dissémination toute pareille.
» Je demande pour ce rapide exposé l'indulgence de l'Académie, car
je sens combien il est loin de l'incomparable précision qu'on admire dans
l'hypothèse de Laplace. Depuis que celle-ci a été formulée, les deux
Herschel, avec leurs puissants télescopes, les astronomes américains, avec
leurs gigantesques lunettes, nous ont appris à mieux lire dans le ciel ; l'a-
nalyse spectrale et la Thermodynamique ont été créées; enfin Laplace n'a
( 643 )
pas connu des conditions nouvelles que l'observation vient de nous ré-
véler jusque dans ces derniers temps : j'ai cru que le moment était venu
d'essayer de faire entrer tout cela en ligne de compte. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur quelques applications des fonctions
elliptiques. Note de M. Hermite.
« Considérons, pour obtenir la valeur de x-\-i/, l'expression
— ^TrzrjY~^ ^"^ ^" représente la dérivée logarithmique. C'est une fonction
doublement périodique de la variable m, ayant pour pôles, d'une part
« = iK' et de l'autre les racines de l'équation Ç — c? = o. Mais des deux
solutions u =±(^ qu'on en tire, une seule est en effet un pôle, comme le
montre la relation Ç'^ + (7? + a)- = 2,3(Ç - a)(i-Ç»), d'où l'on déduit
en faisant Ç = §. Il en résulte que, si nous prenons pour m = co la valeur
Ç'= -I- /(Y^ H- «), on aura Ç' = — 1(70 + a) pour u= — a, la dérivée
changeant de signe avec la variable. En même temps on voit que le résidu
de la fonction qui correspond au pôle u = ut est 4- «; le résidu relatif à
l'autre pôle u — iK' est donc — n et, par la décomposition eu éléments
simples, nous obtenons
La constante X se détermine en supposant w ;=; o ou Ç = a, ce qui donne
immédiatement
» in[af + a.) H' ( w )
et l'expression cherchée se conclut de la relation
D.log(;r + .j)=-DJog(^ + ,j)=-[X-^ + .j^^J
au moyen d'une fonction doublement périodique de seconde espèce :
, . ,0(o)H(w — «)e'"
Dans cette formule, x^ et j^, désignent les valeurs que prennent x et y pour
644 )
« = o ; elles sont liées par l'équation
^i^l-^rl)
2 n •--
et ne contiennent, par conséquent, qn'uneseule indéterminée. En y joignant
les constantes z„, s^^ et 5, on a donc quatre quantités arbitraires dans l'ex-
pression générale des coordonnées de l'élastique. A l'égard de 5, nous avons
vu que sa valeur doit rester comprise entre b et c; de là résulte que sn^ w,
déterminé par la formule sn^y — ^^77' a pour limites i et -p- On peut
écrire par suite w = R + iv, u étant réel, et poser
X + /j=(^„-f- ij„
a(olH,f;u — u]!?-"
01 «)H, (('uj
Changeons / en
X
i, ce qui change X en — >., on aura
eio)H,(/u + u)e-
lj = {x„
'JoJ
0(k)H,((u)
et ces relations, jointes à celle qui a été précédemment obtenue, à savoir
n[:
,;) = [«_ (n_c)j^]« + («-coJ[^'
donnent la solution complète de la question proposée.
)) XXVI. Les expressions des rayons de courbure et do torsion, R et r,
se calculent facilement, sans qu'il soit besoin d'employer les valeurs des
coordonnées, et comme conséquence immédiate des équations difleren-
lielles
ys"_j"z'=aa,-' + /3;-,
z'x" — z"x' — 01- y' — (isc,
x'/"—x"r'=az' -\- y.
. On trouve, en effet, après les réductions qui s'offrent d'elles-niémes,
^m-^)-^f
pu
is
X-
r'
X
r"
X
f"
2^j[a-è — [a — b)f,n-u]-\-'f
^ « i3(Ç - 5) - j3(ac? -i- 7) + rj.{f - X-
( 645 )
et, par conséquent,
Cette expression du rayon de torsion conduit naturellement à envisager
le cas particulier où elle devient indépendante de Ç et a la valeur con-
stante r = -■ La condition à remplir à cet effet étant
a '
2 ^(«5 + y) — v.(j'^— a°) = G,
je remarque que, en remplaçant l'indéterminée Ç par — -> dans l'égalité
2p(Ç-^)(i-Ç»)-(7Ç+«)» = -2|3(Ç-a)(Ç-i)(Ç-c),
le résultat peut s'écrire ainsi :
{f-u-)[2^{aâ-hy) — a{f-a'')] = 2fi{y-haa){y-hba){y-\-ca),
par où l'on voit que l'une des racines a, b, c est alors égale à — -• Mais
notre condition donne
2^ a'
ainsi l'on doit poser
$-\ --^ = a,b ou c,
1 p
et voici la conséquence remarquable qui résulte de là. Nous avons trouvé
tout à l'heure
i-^ = 2/3[a— 0 — (a — b)sn^u] +7' — a-,
ou plutôt
±=2^[a-5-'-^)-2[,{a-b)su'u',
or cette expression montre que le premier cas, où l'on suppose
doit être rejeté, comme conduisant à une valeur négative pour R*. Mais les
deux autres peuvent avoir lieu et donnent successivement, en employant
la valeur du module k^ = »
^^ = 2 ^{a-b) en- u,
— = 2[i{a — c) dn^«.
c. R., 1880, I" Semestre. (T. XC, N" 12.)
H
( 646)
» Le rayon de courbure devient donc, comme les coordonnées elles-
mêmes, une fonction uniforme de l'arc, en même temps que le rayon de
torsion prend une valeur constante. Ces circonstances remarquables me
semblent appeler l'attention sur la courbe qui les présente, mais ce serait
trop ni'étendre d'essayer d'en suivre les conséquences et je reviens à
mon objet principal, en donnant une dernière remarque sur la formation
des équations linéaires d'ordre quelconque dont les intégrales sont des
fonctions doublement périodiques de seconde espèce, unipolaires (' ).
» X.XVII. Soit, commeau §XXn(p. io8), f{ii)= "'^(^^g,^)"^ eL'"^"J";
désignons par/}(«) ce que devient cette fonction quand on y remplace les
quantités w, X par w,-, X,, nommons enfin /u,, et p.; ses multiplicateurs. Si l'on
pose
r=c,/,(«) + c,/,(«) + ...+c„/„(«),
l'équation différentielle linéaire d'ordre n, admettant cette expression ana-
lytique pour intégrale, se présente sous la forme suivante :
= o.
» D'après cela, j'observe que, le déterminant étant mis sous la forme
$,(îi)r"+<ï',(i/)r"-'-t-...+$„(«)j>
les coefficients *,(«) sont des fonctions de seconde espèce, aux multi-
plicateurs p.,fjio ...f;.„, p.', p.2 . . . [Jt.'„ , ayant le pôle « = o, avec l'ordre de
multiplicité « + i, sauf le premier $o(")> où l'ordre de multiplicité est n.
C'est ce que l'on voit immédiatement en retranchant la seconde colonne
du déterminant de celles qui suivent, attendu que les différences/2(M)--/', («),
Jî{^)—ft{ti), . . . , ainsi que leurs dérivées, ne sont plus infinies pour u = o.
Nous pouvons donc poser, comme je l'ai fait voir ailleurs [Sur l'intégra-
tion de l'équation différentielle de Lamé, dans le Journal de M. Borcliardt,
(') Notre éminent confrère, M. de Saint- Venant, a donné un travail important sur les
flexions considérables des verges élastiques dans le Journal de Mathématiques de M. Liou-
ville(t. IX, 1844), auquel je dois renvoyer; je citerai aussi, sur la même question, un
Mémoire récemment publié par M. Adolph Steen, sous le titre : Derelastike Kim'e,og dens
anvcndelse i bojningsthcorien, Copenhague, 1879.
( 647 )
t. LXXXIX, p. lo),
%W- jf^^ '
les quantités Go,g„,rt, étant des constantes, puis d'une manière semblable,
pour les coefficients suivants :
n+\ !
Il en résulte qu'en décomposant en éléments simples les quotients -4^»
qui sont des fonctions doublement périodiques de première espèce, on
aura
avec la condition
-— — r = const. H rn \ "• S"? \ -+-... H — "—^. ^ 4- ^, , , 1
Ao = -(A, + A.4-... + A„).
c'est donc la généralisation du résultat trouvé au § XXI (p. 106) pour les
équations du second ordre, et il est clair qu'on peut encore écrire
*,(«] . A,sn(7, A, 511(7, A,,sn^„
^ ' = COÎlSt. H ; r + , , r.
*,((7) ' sn«sn(« — fl|) sn«sn(« — a.) sn«sn(;t — a„)
» La détermination des constantes A,, Ao, . . ., qui entrent dans ces ex-
pressions des coefficients de l'équation linéaire, par la condition que les
solutions soient des fonctions uniformes, est une question difficile et im-
portante, que je n'ai pas abordée au delà du cas le plus simple de n = 2;
je me borne à donner la forme analytique générale de ces coefficients et à
observer que, chacune des fonctionsy](M)contenantdeux arbitraires, l'équa-
tion différentielle en renferme en tout an. Les remarques que j'ai à présenter
ont un autre objet, comme on va le voir. Je me suis attaché à cette circon-
stance que présente l'équation de Lamé, y"= [2k' ?,x\-u + h)y, de ne
contenir aucun point à apparence singulière; elle m'a paru donner l'indi-
cation d'un type spécial, à distinguer et à caractériser, de manière qu'on
ait ses analogues, si je puis dire, pour un ordre quelconque. Introduisons
donc la condition $o(") = const. pour amener la disparition des points
à apparence singulière ?^ = «,, rzo, . . . , „, et posons, à cet effet, les ii + i
conditions
rt, =0, f7j = o, ..., <7„=o, g-„ = o.
( 648 )
» J'observerai, en premier lieu, que, dans ce type particulier d'équa-
tions, le nombre des arbitraires se trouve réduit à 2« — (« -f- 1), c'est-à-dire
kfi — I . Je remarque ensuite que, les fonctions $,(?«) ayant toutes les mêmes
multiplicateurs, ces multiplicateurs seront nécessairement l'unité, puisque
l'une d'elles, $o(")' ^^' ""^ constante. C'est dire qu'elles deviennent des
fondions doublement périodiques de première espèce, ayant pour pôle
unique m = o, avec l'ordre de multiplicité maximum n + i. Nous avons,
par conséquent, l'expression
$,.(«) = rt -+- è 4- + cD„-^ + . . . -h //Dr' -4-'
'^ ' sn'tt sn-« sn^«
que la considération suivante va nous permettre encore de simplifier.
« Et, d'abord, il résulte des expressions de $o(") ^t ^)(")> sous forme
de déterminants, qu'on a, en général,
$,(«) = -D„a)o(«).
La condition ^o(w) = const. donne donc
$,(m) = o,
et l'on voit que l'équation d'ordre ii, analogue à celle de Lamé, a la forme
r" + $2(«)r"~' + . . . 4- 0„(")?' = o.
)) Je ferai maintenant un nouveau pas en appliquant l'un des beaux
théorèmes donnés par M. Fuchs, à savoir que le point singulier effectif ii = o
doit être, dans le coefficient $,•{«), un pôle dont l'ordre de multiplicité ne
dépasse pas i, pour que l'intégrale de l'équation différentielle soit une fonc-
tion uniforme de la variable. On a, en conséquence, les expressions sui-
vantes des coefficients, en remplaçant ii par u-{-iK.', afin de nous rappro-
cher autant que possible de l'équation de Lamé :
$2 (m) = «0 -t- a, sn^u,
zinc
» aluminium
Acier trempé (^) et laiton
» or
s argent
» zinc
» aluminium. . .
Valeurs de
Valeurs, pour 9, = ±i5%
S"—o"
de
-N^i^-4«ÎX 86400,
■/ —■/
•/ — /
-+- 0,00047
- 0,952
— 0,00059
-t- I , igS
■+■ 0,0001 5
— o,3o4
— 0,00069
+ i»398
+ 0,00044
— 0,891
— 0,00190
+ 3,847
— o,oi3oo
-+-26,935
— 0,00210
■+- 4,252
— 0,00170
-t- 3,443
— 0, 00085
■+■ ',721
( ') Voir Comptes rendus, séances des 8 et i5 mars 1880.
[') En raison de la très grande difficulté des expériences relatives à l'acier trempé,
M. Hzeau considèie les coefficiints de dilatation qu'il a déterminés pour cette substance
comme douteux. On sait, du reste, que M. Fizeau a en soin de marquer d'un astérisque,
dans ses Tables, les cofficients lui paraissant les plus dignes de confiance.
( 65o )
Valeurs de Valeurs, pour ^, =^i5%
V=^- de -NV^,e;x 86400.
métaux associes. •/' — ■/ ■/' — ■/
s
Palladium et laiton -H 0,00047 — o,q5?.
» or — OjOoogo + 1,823
» argent + 0,00008 — 0,162
» zinc — 0,00075 -+- 1 ,519
» aluminium + o,ooo43 — 0,870
Platine et laiton + 0,00047 — o,q52
» or — 0,00020 H- o,4o5
• argent + 0,00021 — 0,42$
» ïinc — 0,00116 4- 2,344
•> aluminium ■+- 0,00044 — 0,891
Nickel ou cobalt et laiton -H 0,00096 — 1,944
» or + 0,00011 — 0,228
» argent -+- o,ooo5i — i,o33
» zinc — 0,00062 -h- 1,256
» aluminium... -t- 0,00078 — ')479
Or et aluminium ■+■ 0,00084 — •»70i
» Passons maintenant an deuxième terme entre parenthèses du second
membre de l'équation (21), lequel dépend essentiellement du spiral et
entre dans l'erreur secondaire pour une part, toujours en avance, égale
à N'5J X 86400 par vingt-quatre heures. En supposant N = jttM — pour un
spiral d'acier et 6, = dz i5°, on trouve que celte part est égale, dans ce cas,
à o', 2 1 1 .
» Enfin, le premier terme entre parenthèses du second membre de
l'équation (21) dépend essentiellement du spiral et entre dans l'erreur
secondaire pour une part égale à Wô^ x 86400 par vingt-quatre heures.
Si l'on admettait, pour un spiral d'acier, la valeur de N' indiquée plus
haut, cette part correspondrait, comme on l'a vu, pour un pareil spiral, à
un retard de 2 à 3 secondes par vingt-quatre heures. Mais des expériences
plus précises nous paraîtraient nécessaires pour déterminer N'.
» Nous croyons, d'après ce qui précède, qu'en dehors de Informe et
des dimensions du balancier deux éléments principaux j savoir : 1° le spiral
et surtout sa nature, et 2° la nature des métaux qui, associés, forment les
lames bimétalliques, exercent une influence très notable sur l'erreur secon-
daire. Nous pensons donc que, afin de réduire celle-ci le plus possible,
il serait utile que les constructeurs essayent, au point de vue de la compen-
sation et pour chaque type de balancier, les diverses substances métal-
(65. )
liques pouvant former d'une part les spiraux et d'autre part les lames
bimétalliques. Outre l'acier, on pourrait tenter, pour les spiraux, l'alliage
de palladium, dont des spiraux, fabriqués à Genève, figuraient à l'Exposi-
tion universelle de 1878, le bronze d'aluminium, le nickel, le cobalt, le
maillechort, etc. On pourrait essayer, pour les lames bimétalliques, entre
autres, les diverses substances métalliques comprises dans leTableau I, en
se guidant d'après les nombres de la troisième colonne et en observant
que tous ces nombres cliangent dans un même rapport avec le spiral.
» Nous avons supposé dans ce qui précède que le spiral reste isochrone
malgré les changements de température. Pour cela il est une précaution
utile à prendre, que j'ai indiquée dans mon Mémoire sur le spiral réglant
{Annales des Mines, 1861) et que M. Yvon Villarceau a aussi établie à un
autre point de vue : elle consiste à relier le spiral à l'axe par une pièce du
même métal que lui-même.
» Rappelons, en outre, que tout ce qui précède suppose expressément
que, pour chaque lame bimétallique, les épaisseurs des deux lames par-
tielles sont en raison inverse des racines carrées des coefficients d'élasticité
correspondants. A ce sujet, il nous a paru utile de résumer, dans le Tableau
suivant, les coefficients d'élasticité des principaux corps métalliques, sus-
ceptibles d'être employés pour balancier ou pour spiral, tels que nous les
avons déterminés d'après les formules de la théorie du spiral réglant {An-
nales des Mines, t. XV, 1869) :
Tableau II.
Substances. Coefficients delasticité.
Acier 20 , 5 X i o'
' Palladium i4,4Xio'
Alliage de palladium de Genève (') i3,8 X '"'
Platine ig, j X 10'
Nickel 23,2 X 10»
Cobalt 2 1 ,6 X I o»
Laiton 1 1 ,4 X lo*
Or 8,4 X lo'
Argent 7 , 5 X i o*
Zinc 9,7 X 10'
Aluminium 7,8x ïo*
Bronze d'aluininium i3,6x lo*
( ' ) Ce coefficient a été déterminé, au moyen des formules de la théorie du spiral réglant,
par M. Grossmann, directeur de l'École d'horlogerie du Locle.
( 652 )
» A l'appui delà ihéorie précédente, je citerai quelques faits. Vers la fin
de 1878, j'eus l'occasion de dire à M. Ekegrén, l'habile constructeur de
chrononiètres de Genève, l'influence que doit exercer sur l'erreur secon-
daire la nature des métaux employés pour les spiraux et pour les lames
bimétalliques. Je lui dis aussi qu'il serait possible que les nouveaux spi-
raux en alliage de palladium, qui avaient figuré à l'Exposition universelle
de cette année et qui étaient recommandés de préférence à ceux d'acier,
au double point de vue de leur résistance à l'oxydation et à l'état ma-
gnétique, eussent en outre l'avantage de réduire l'erreur secondaire de la
compensation. L'attention ayant été portée sur ce point, des observations
suivies ont eu lieu, et j'ai reçu en novembre dernier, de M. Ekegrén, un état
de seize chronomètres, munis de spiraux en alliage de palladium, ayant
obtenu des bulletins de première classe à l'Observatoire de Genève et
dont le résultat moyen était un retard de o%39 par vingt-quatre heures,
aux températures extrêmes, par rapport à la marche à la température
moyenne. En même temps, je recevais de M. Ekegrén un autre état de
vingt-quatre chronomètres munis de spiraux d'acier et ayant été soumis
aux mêmes épreuves, à peu près aux mêmes époques et dans les mêmes
conditions de température. Pour ces derniers, le résultat moyen était un
retard de i%38 par vingt-quatre heures, aux températures extrêmes, par
rapport à la marche à la température moyenne.
» Je citerai encore, à ce sujet, les résultats obtenus dans ces derniers
temps par M. Th. Leroy aux Concours du Dépôt de la Marine. Ses chrono-
mètres n°' 493 et 495, munis chacun d'un spiral en alliage de palladium,
ont été classés premiers à deux des Concours de 1 879, et le n° 495 a obtenu
la prime de cette année. Le résumé des résultais relatifs à la compensation
a été le suivant :
» Pour le n" 493, l'écart maximum a été un relard de i%i/|, au chaud,
sur la marche à la température moyenne, et l'écart moyen a été un retard
de o% 18, aux températures extrêmes, par rapport à la marche à la tempéra-
ture moyenne.
» Pour le n° 495, l'écart maximum a été une avance de o',8i, au froid,
sur la marche à la température moyenne, et l'écart moyeu a'été une avance
de o', 25, aux températures extrêmes, par rapport à la marche à la tempéra-
ture moyenne.
» Enfin, je citerai encore les l'ésultats obtenus dernièrement par
M. Callier, mon collaborateur dans les expériences que nous poursuivons
sur ces questions.
( 653 )
» Son chronomètre n° 701, muni d'un spiral en alliage de palladium,
lui a donné les résultats suivants :
» L'écart maximum a été ime avance de 0^,9 au chaud sur la marche à
la température moyenne, et l'écart moyen a été une avatice de o',6 aux
températures extrêmes sur la marche à la température moyenne.
» Son chronomètre n° 580, muni d'un spiral en bronze d'aluminium,
lui a donné les résultats suivants :
» L'écart maximum a élé un relard de o', 7 au chaud sur la marche à la
température moyenne, et l'écart moyen a été un retard de o',2 aux tempé-
ratures extrêmes sur la marche à la température moyenne.
» Enfin, son chronomètre n° 606('), muni d'un spiral d'acier, mais
d'un balancier à lames bimétalliques de palladium et de laiton associés,
lui a donné les résultats suivants :
» L'écart maximum a été une avance de i',i au chaud sur la marche à
la température moyenne, et l'écart moyen a été une avance de 1' aux tem-
pératures extrêmes sur la marche à la température moyenne.
» Il est nécessaire de faire quelques réserves au sujet de ce dernier
chronomètre, qui éprouve quelquefois, sans cause appréciable, certaines
irrégularités de marche, qui sont peut-être dues à un défaut d'homogé-
néité du palladium ou à quelques pailles qui paraissent y exister. Les
résultats ci-dessus se rapportent d'ailleurs à des périodes de marche régu-
lières. Il est évident, du reste, qu'il faut, dans chaque cas, un nombre
suffisant d'expériences pour être fixé sur l'avantage de tel métal pour
spiral ou de telle combinaison de métaux pour lame bimétallique. Mais,
dès à présent, il m'a paru intéressant de faire connaître les résultats des
premiers essais tentés dans une voie nouvelle.
» C'est grâce à l'obligeance de M. Sainte-Claire Deville que nous avons
pu nous procurer tous les corps métalliques destinés à nos expériences.
Je tiens à lui en témoigner tous mes remercîments. »
CHIMIE. — Sur le triloxyde d'argent; par M. Berthelot.
« 1. On sait que l'électrolyse de l'azotate d'argent donne naissance à un
composé particulier, observé d'abord parRitter (i8o4), puis par Grotthus,
(') Le chronomètre n° 606 de M. Callier a un balancier de son système, à lames bimé-
talliques rectilignes.
C.R., 1880, I" Semettre. (T. XC, N« 12.) ^^
( 6d4 )
et qui a été l'objet des études de divers chimistes et physiciens. Regardé à
l'origine comme un simple bioxyde d'argent, il contient aussi les éléments
de l'acide azotique, reconnus depuis. C'est ce composé que j'ai soumis à un
nouvel examen, dans le cours de mes recherches sur l'action réciproque de
l'eau oxygénée et de l'oxyde d'argent; le peroxyde dont il dérive jouant un
rôle essentiel dans cette réaction.
» 2. Je l'ai préparé au moyen d'une pile de 4 éléments Bunsen, agis-
sant sur l'azotate d'argent dissous dans lo parties d'eau, les liquides des
deux pôles étant réparés au moyen d'un vase poreux. Dans l'espace de
vingt-quatre heures, j'ai obtenu plusieurs grammes du composé. Je l'ai
agité un instant avec de l'eau pure, pour le priver d'eau mère, puis séché
très rapidement sur du papier buvard, par simple contact et sans pression.
» 3. Le composé se présente sous la forme de grosses aiguilles noires,
lamelleuses, épaisses, striées, brillant d'un aspect métallique. Mais les
cristaux du composé argentique ne subsistent sous cette forme que pen-
dant peu de temps. Le corps, abandonné à lui-même, soit à l'éîat pur, soit
au sein de la liqueur où il s'est formé, ne tarde pas à se décomposer. Les
grosses aiguilles primitives tombent en morceaux, suivant certains clivages,
en perdant leur éclat; puis ces morceaux se réduisent, d'eux-mêmes et
peu à peu, en une poudre noire et amorphe. Cette transformation s'opère
avec dégagement d'oxygène; elle a lieu même à froid, le corps étant à
l'état de décomposition continue. Elle s'accélère avec l'élévation de la tem-
pérature et elle devient explosive un peu au-dessus de ioo°. Les lavages la
précipitent également, l'eau enlevant peu à peu de l'azotate d'argent.
» 4. Voici une expérience exécutée sur i^', 089 de matière. Celle-ci était
contenue dans un petit tube, rempli au préalable de gaz carbonique, ren-
fermant un thermomètre, et disposé presque à frottement dans un tube
de verre mince, ce dernier étant échauffé au sein d'un bain de paraffine
La température du bain étant 112°, celle du thermomètre intérieur io3°,
la décomposition s'est accélérée brusquement, avec projections et produc-
tion explosive de gaz oxygène. Le thermomètre intérieur s'est élevé jus-
qu'à i63°: signe d'un grand dégagementdechaleur, surtout si l'on remarque
combien la masse du corps décomposé (oS'',o8 environ réduite en eau)
était faible, comparativement à celle du thermomètre, du tube et des autres
corps environnants. En même temps, toute la masse s'est changée en une
poudre noire impalpable. Le volume de l'oxygène dégagé, d'après son do-
sage exact, était de 67". Cet oxygène est toujours accompagné par un peu
d'eau. La masse, traitée par l'acide sulfurique étendu et chaud, a dégagé
( 655 )
encore 3'^'=, 2 d'oxygène et s'est dissoute complètement, sans résidu d'argent
métallique, mais en formant du sulfate d'argent et de l'acide azotique. Une
masse analogue, obtenue dans une autre expérience de décomposition, a
été traitée par l'eau, à laquelle elle a cédé de l'azotate d'argent, en laissant
de l'oxyde insoluble. Quand l'oxyde retient un excès d'oxygène et qu'on
le traite à froid par l'acide azotique, il forme d'abord une solution ou
émulsion brune, analogue à celle du sesquioxyde d'argent.
» 5. L'analyse du composé, très récemment préparé, a fourni :
Analyse. Formule.
Ag 76,5 76,3
O(') excédant 8,9 9,0
H0{') .,3 "1,3
Az(') 1,9 2,0
0(de AgOet AzO'Ag) 1 1 ,4 11,4
100,0 100,0
» Ainsi le composé répond à la formule : 4AgO', AzO^Ag, HO.
» 6. A mesure qu'on s'éloigne du moment de la préparation, la dose
d'argent s'accroît, comme je l'ai vérifié ; la composition du corps se rap-
prochant de celle qui répondrait à AzO'Ag -i- 4AgO, lequel fournirait :
Ag = 85,1 Az = 2,2; O excédant nul.
» Cette décomposition lente explique les résultats observés par les sa-
vants qui ont étudié précédemment le composé. M. Fischer (*), qui avait
séché le corps à 35°, a obtenu Ag =: 78,9; M. Mahla (^), qui avait purifié
son corps par un lavage prolongé (autre cause d'altération), a trouvé
Ag = 8i,2. Les doses d'oxygène excédant qu'ils ont déterminées, l'un
par différence, l'autre au moyen de l'acide oxalique, se sont élevées seu-
lement à 6, 1 pour le premier, à 5,o pour le second ; au lieu de 8,9 que
j'ai obtenu effectivement, sous forme gazeuse et en nature, sans échauffer
le corps au-dessus de 112°. C'est en raison de cette perte d'oxygène
que le corps avait été représenté jusqu'ici par du bioxyde d'argent as-
socié à l'azotate.
{') C'est l'oxygène qui excède la composition de l'oxyde d'argent et de l'azotale. 11 a été
dosé en volume, au m A ce moment Le Verrier, avec la coopération de M. Wolf, l'un des
astronomes les plus autorisés de l'Observatoire, venait d'installer la trans-
mission électrique de l'heure de l'horloge des caves, aux différentes pen-
dules des grands instruments.
» Dans la Commission dont il vient d'être parlé, il fut d'abord décidé
qu'un régulateur de cet établissement serait mis en communication élec-
trique avec une des pendules du Conservatoire, par un circuit qui revien-
drait à son point de départ, où son action maintiendrait également, à la
même seconde, un troisième régulateur, construit aux frais de la ville et
placé à côté du premier. Le contrôle réciproque des deux cadrans devait servir
à démontrer que les actions régulatrices ne cessaient pas de se faire sentir
sur tout le parcours. Cette installation a immédiatement donné, entre les
pendules des deux établissements, une concordance dont on fit profiter en
même temps l'horloge de l'Administration des lignes télégraphiques et celle
du Conseil municipal, au Luxembourg.
» Le Verrier s'intéressait beaucoup à cette expérience, et, lorsque sa di-
( 66i )
rectioii vint à nous faire défaut, nos collègues de la Commission, au nombre
desquels plusieurs de nos confrères, MM. Becquerel, Breguel et duMoncel,
qui la composaient avec M. Wolf etiVI. Baron, tinrent à honneur de con-
tinuer avec nous les études nécessaires pour la mise à exécution des moyens
les plus propres à assurer sa solution pratique. Mes collègues voulurent
bien me charger de remplacer Le Verrier dans les rapports de la Commis-
sion avec l'Administration de la ville de Paris, où nous avons rencontré, de
la part de M. Alphand et de M. Huet, le nvême désir de doter notre capi-
tale d'une distribution de l'heure, au moins équivalente à celle qui est
déjà en service dans quelques grandes villes.
» L'horloge directrice, complètement indépendante de la pendule des
caves, avait été tout d'abord maintenue à l'heure au moyen de l'addition,
faite au balancier, d'une petite corbeille dans laquelle on pouvait intro-
duire des poids variés, et ce fut Le Verrier lui-même qui les gradua de
façon à pouvoir corriger, en vingt-quatre heures, la marche de l'horloge,
mais aussi, et par un poids spécial, de manière à dominer, en une heure seu-
lement, l'écart constaté au moment d'un vérification, faite chaque jour et
régulièrement, à la même heure.
» La pendule astronomique de Berthoud, qui fait partie des collections
de notre grand Observatoire, fut munie de cet accessoire indispensable et
des contacts électriques nécessaires, par notre habile confrère M. Breguet,
et le courant parti de l'Observatoire fut ainsi transmis et interrompu à
chaque seconde dans la ligne aboutissant au Conservatoire, où il avait à
actionner un seul électro-aimant, établi par M. Dumoulin-Froment, et dont
l'impulsion devait régulariser l'isochronisme absolu dumouvemeiit du pen-
dule de l'horloge réceptrice, pour le rôle de laquelle un excellent régula-
teur de Jacob avait été choisi. On sait que ce mode de réglage, proposé
par Foucault et par Froment, avait été réalisé par M. Vérité, horloger à
Beauvais, puis amélioré par M. Wolf, à qui l'on doit d'avoir fait agir l'élec-
tro-aimantà la fin de chacune des oscillations simples du pendule.
» La Commission avait eu d'ailleurs à se prononcer sur les inconvénients
que lui paraissaient présenter les simples cadrans électriques, ou tout
autre système d'aiguilles indépendantes, manœuvrées à distance. Elle avait
rejeté ce mode de transmission, qui se trouverait évidemment influencé
par la moindre erreur de contact, tandis que le système que nous venons
de décrire ne devait être aucunement mis eu défaut par des interruptions,
fussent-elles même prolongées pendant un temps assez long.
» D'un autre côté, M. Breguet a bien voulu munir un des régulateurs
C. R., 1880, 1" Semestre. (T. XC, N» 12.) ^"
( 662 )
de Lepaute, au Conservatoire, des mêmes dispositions, qui avaient parfaite-
ment réussi sur celui de Berthoud, et celte pendule nous servit, pendant un
certain temps, sous la conduite de M. Gustave Tresca, qui nous a utilement
aidé dans toutes nos études et installations, à commander l'horloge de
clocher du Conservatoire, qui a été également munie, par M. Vérité lui-
même, d'un électro-aimant au-dessous de son pendule, exceptionnellement
lourd, puisqu'il ne pèse pas moins de 35''s. L'expérience a ainsi montré
que ce mode de transmission, seconde par seconde, pourrait être appli-
qué en toute sûreté dans les différents cas analogues; mais cet essai, pour
ne compromettre en rien l'expérience principale, a été fait isolément et
d'une manière complètement indépendante du courant de l'Observatoire,
au moyen d'une pile locale.
» Après plus d'une année de transmission tout à fait correcte, les expé-
riences ayant paru suffisamment probantes à la Commission, le Conseil
municipal de Paris, sur le Rapport de M. Viollet-le-Duc, a autorisé, confor-
mément au projet qu'elle avait formulé avec les ingénieurs de la ville, une
dépense de 80000*''^ pour l'installation de douze centres horaires, à l'aide
desquels on pourrait entretenir à l'heure, d'abord quarante cadrans envi-
ron, dans Paris, plus tard même un nombre beaucoup plus considérable.
» A cet effet, l'installation des horloges et des piles de l'Observatoire a
été complètement organisée, grâce au concours de notre confrère M. l'ami-
ral Mouchez, directeur de cet établissement, par les soins duquel l'horloge
motrice est chaque jour entretenue à la véritable heure moyenne.
» Les différents horlogers qui s'occupent de transmissions électriques
ayant été consultés dans une conférence spéciale, on a pu former une sorte
de cahier des charges, auxquelles devraient satisfaire les premières horloges
des centres horaires, disposées de manière à être réglées seconde par
seconde, et à servir en même temps de points de départ pour la remise à
l'heure des cadrans placés sous leur dépendance.
» M. Breguet a été chargé d'un premier réseau de ces centres horaires,
au nombre de six, qui sont complètement installés et qui fonctionnent ré-
gulièrement depuis le 3 janvier sur les points suivants : porte extérieure de
l'Observatoire, mairie du VP arrondissement, place Saint-Sulpice; mairie
du II* arrondissement, rue de la Banque; presbytère, rue de la Trinité;
école, près Saint-Philippe du Roule; école, près Saint-François-Xavier, et
pavillon du Bureau des Ponts et Chaussées, place Denfert-Rochereau.
» Avec les installations accessoires, cela constitue aujourd'hui un réseau
de treize horloges fonctionnant synchroniquement sur un parcours de
( 663 )
15""", sans qu'aucune erreur de seconde y ait été relevée pendant un temps
déjà considérable.
» Nous devons signaler toutefois une grave perturbation qui s'est produite
le lo février, dans les deux circuits, mais parliculièrement dans celui de la
Trinité. Les fils ont été cou|)és en divers points par la circulation des
glaces dans les égouts et aussi, par suite de quelques faits d'imprudence,
sans doute, la gutta-percha qui entoure le câble avait été fondue, en déter-
minant un contact de terre entre le câble et son enveloppe. Les horloges
placées au delà des interruptions se sont trouvées livrées à elles-mêmes, ce
qui n'aurait pu déterminer qu'une avance, résultant de leur réglage, de
quelques secondes par jour, avance qu'il était très simple de corriger
manuellement, en temps convenable, aussitôt qu'on aurait été informé de la
rupture du courant. Au contraire, les horloges en communication avec le
circuit actif ont éprouvé des variations de marche très différentes et se sont
finalement arrêtées sous l'influence d'un courant permanent, aboutissant à
la terre et résultant, soit des recherches faites sur les lignes pour recon-
naître les points défectueux, soit aussi d'une communication fortuite, sur-
venue à l'Observatoire même, entre les piles des deux lignes, sans passage
par le régulateur type.
» Depuis lors, les enveloppes de plomb des câbles ont été mieux proté-
gées, et le commutateur de départ a été modifié de manière à éviter ces
accidents de rupture, qui nous avaient paru, a priori^ bien peu à craindre.
» La station du Conservatoire a été d'ailleurs maintenue exactement à
l'heure, parla suppression immédiate des contacts et la marche libre, jus-
qu'au moment où le circuit s'est trouvé de nouveau en état de fonctionner
régulièrement.
» Les ressources accordées devant comprendre l'établissement de six
autres centres horaires reliés par un fil d'un parcours un peu moindre, il
va y être procédé, dans un très bref délai, après une nouvelle étude de la
question et l'examen des nouvelles propositions faites. Ces six centres ho-
raires, qui constitueront un réseau distinct, seront établis de manière à
desservir tous les cadrans dont la remise à l'heure était comprise dans le
projet primitif, et en particulier les vingt hôtels des différents arrondisse-
ments de la capitale, au moyen de la répartition suivante : mairie du V* ar-
rondissement, place du Panthéon; église Saint-Merry, considérée comme
centre annexe de l'Hôtel-de-Ville; mairie du X' arrondissement, faubourg
Saint-Martin; mairie du XI* arrondissement, boulevard Voltaire; école
voisine du boulevard Mazas, et Marché aux chevaux.
(664 )
» Chaque horloge synchronisée est munie, sur la roue des heures, d'un
contact spécial qui permet à une pile locale, de faible énergie, de faire fonc-
tionner, chaque heure ou à des intervalles différents, suivant les cas, une
batterie de relais ordinaires ou im relais multiple, dont la mise en action
servira à faire fonctionner le système de remise à l'heure qui sera adopté
pour chacune des horloges publiques, suivant son mode de construction.
» Chaque entrepreneur de remise à l'heure pourra employer, à l'utilisa-
tion des contacts de ces relais et au moyen de piles appropriées, un sys-
tème spécial, dont il aura la complète disposition et l'entière responsabilité,
mais seulement après un examen préalable qui en aurait démontré l'effi-
cacité. C'est ainsi que les dispositions de MM. Collin, Fenon, Rédier ont
été reconnues applicables à la plupart des horloges qu'il y a lieu de régu-
lariser. Il ne paraît pas opportun de donner dès aujourd'hui des indica-
tions précises sur chacun de ces systèmes de remise à l'heure, qui sont mis
en application en ce moment même, soit aux horloges de clocher les plus
en vue, soit à quelques kiosques de voitures. Nous nous bornerons à dire
seulement que, pour les horloges de précision, la préférence sera donnée
aux systèmes qui n'exigeront aucun déréglage de la marche habituelle de
la pièce à entretenir, ni aucune modification dans ses organes essentiels.
» Nous avons constaté que le public s'intéresse vivement à cette ques-
tion ; chacun met sa montre à l'heure devant les différents centres horaires,
et il y a lieu de croire que l'intérêt ne sera pas moindre, en ce qui con-
cerne les principaux cadrans des grandes voies publiques, qui seront fa-
cilement réglés de manière à ne donner lieu jamais à un écart de plus
d'une minute.
» Les premières installations de remise à l'heure comprendront, outre
les mairies : sur le premier réseau, les cadrans extérieurs deSaint-Eustache,
la Bourse, Notre-Dame de Clignancourt ; sur le second, Saint-Jacques-du-
Haut-Pas, Palaisde-Juslice, Saint-Gervais, Saint-Laurent, Saint-Vincent-
de-Paul, Saint-Denis-de-la-Chapelle, Notre-Dame-de-la-Croix à Ménilmon-
tant et Saint-Jean-Baptiste à Belleville.
» En résumé, le système employé se compose Je deux éléments bien
distincts : i° un certain nombre de centres horaires, distribués sur deux
réseaux télégraphiques, et formés de bonnes horloges qui marcheraient
convenablement si elles étaient livrées à elles-mêmes, mais réglées avec un
peu d'avance et dont la marche est régularisée, à chaque seconde, au-des-
sous du pendule ; 2° les horloges mêmes de la ville, conservées dans leur
état actuel, mais entretenues à l'heure vraie, avec une exactitude dont
( 665 )
l'écart ne dépassera jamais une niinule; leur nombre ira successivement
en augmentant jusqu'à l'achèvement du travail.
» Pour des points plus isolés, l'Administration se propose aussi, mais
exceptionnellement, de se servir du réseau principal des communications
télégraphiques pour remettre à l'heure certaines horloges, en interrompant,
à une heure une fois convenue, la circulation des dépêches pendant quel-
ques minutes seulement, sur une partie de réseau peu fréquentée.
» La plupart de ces installations seront achevées dans le courant de
cette année, et la ville de Paris se trouvera ainsi dotée de la plus importante
distribution électrique de l'heure qui ait jamais été faite.
» Il était de noire devoir de faire connaître à l'Académie la part qui
revient dans cette entreprise à la mémoire de notre illustre confrère Le
Verrier. »
MÉMOIRES LUS.
Rapport fait à l'académie sur les résultats obtenus^ pendant la campagne de ta
Magicienne, pour l'observation du passage de Mercure; par M. l'amiral
Serres.
« Les Cahiers mis aujourd'hui sous les yeux de l'Académie renferment
les calculs et les développements annoncés dans la Note que j'ai eu l'hon-
neur de lui présenter le 9 juin dernier.
» Le premier Cahier contient une étude sur le transport du temps. On
y trouve le résumé des observations faites pendant la campagne de la
Magicienne, au moyen des huit chronomètres confiés à M. Lemercier,
lieutenant de vaisseau, et l'énumération des lieux dont les longitudes ont
été déterminées ou vérifiées par cet officier. L'intérêt principal de la longue
série d'observations poursuivies dans un réseau géographique si étendu
naît de la constatation répétée d'un fait déjà signalé par M. l'ingénieur
Gaspari, et qui peut se traduire comme il suit. Lorsqu'on passe rapide-
ment d'une zone à une autre zone, dont la température est différente, la
marche des chronomètres n'est pas modifiée, comme elle l'eût été si le
passage avait été plus long; de telle sorte que, si dans une traversée la
moyenne des influences thermales s'exerce dans un certain sens, les cor-
rections faites dans le sens de ces influences sont un peu trop grandes; en
d'autres termes, le changement de forme des organes de la montre, déter-
miné par une différence de température, est un phénomène lent qui a sans
( 666 )
doute pour cause la dilatalion et la rétraction des métaux employés, mais
qui est soumis aux effets d'une certaine inertie dont nous ne connaissons
pas la nature, mais dont nous distinguons nettement les effets. M. le com-
mandant Fleuriais se trouve en ce moment dans le Pacifique; il est muni
d'un nombre de chronomètres suffisant pour faire des observations pré-
cises; il recommencera, dans les parages fréquentés par la MagiciennCj des
études analogues à celles qui avaient été confiées à M. Lemercier, et il sera
intéressant de savoir si les résultats signalés par le premier des observa-
teurs, quant à la proportionnalité des accélérations thermales avec les
simples puissances des températures et quant à l'inertie des mécanismes,
seront confirmés pai- le second.
» Le deuxième Cahier contient l'historique de la détermination des dif-
férences de longitude entre Valparaiso, Buenos-Ayres et Montevideo. Avant
peu, sans doute, ce polygone sera complété, avec le secours des lignes télé-
graphiques qui, de Montevideo et Valparaiso, remontent vers le nord,
relié à l'Europe par le câble transatlantique. La géographie est intéressée
à ce que les longitudes de l'autre continent soient fixées avec la précision
que comporte l'emploi du télégraphe. Toutefois, en ce qui touche les
usages pratiques et les besoins de la navigation, nous pouvons regarder
comme exacts les chiffres inscrits dans notre Connaissance des Temps. Les
résultats trouvés pendant la campagne de la Magicienne suffiraient seuls à
justifier cette assertion.
M Dans le troisième Cahier on trouve le détail des observations faites à
Tahiti, pendant les mois de septembre, octobre et novembre 1877. Ces
observations ont eu pour but la détermination des éléments d'un certain
nombre d'étoiles australes et la vérification des latitude et longitude de
l'île. Cette partie du travail de M. Lemercier est d'un grand intérêt. A l'est
de l'île de Tahiti se trouve un immense archipel dont l'hydrographie est
encore imparfaite. C'est à la France, dont la souveraineté s'étend sur le
groupe des Pomotou, qu'il appartient de combler cette lacune, et, comme
Papeetee est le point de départ nécessaire de toutes les déterminations à
effectuer, il est essentiel qu'il ne reste aucun doute sur la valeur de ses
coordonnées géographiques.
» Le quatrième Cahier contient le résumé des observations magnétiques
faites dans tous les lieux où a touché la frégate, depuis le mois de dé-
cembre 1876 jusqu'au mois de mars 1879. On y lit également les résultats
trouvés dans une excursion poussée jusqu'au sommet des Andes, en
avril 1877, résultats qui, comme j'ai déjà eu l'honneur de le dire à l'Aca-
( 607 )
demie, conBrment ceux qui avaient été constatés par MM. Bravais et
Forbes dans les Alpes et les Pyrénées.
» Le cinquième Cahier renferme l'historique d'une étude poursuivie
pendant la campagne de la Magicienne, en vue de substituer des observa-
tions régulières et précises aux appréciations incertaines et souvent er-
ronées des marins sur la force et la direction des vents. En dépit des
résolutions prises dans les Congrès météorologiques, l'accord ne s'est pas
fait pour obtenir des navigateurs des données exactes, et même à bord des
bâtiments de guerre il règne, sur la manière de remplir les colonnes du
journal de bord, une grande incertitude. Cette incertitude va croissant
à mesure que la vitesse de plus en plus grande des navires à vapeur amène
un plus grand écart entre la direction du vent vrai et celle du vent apparent.
Jadis, nous avions l'habitude de traduire en langage ordinaire nos im-
pressions sur la vitesse des courants aériens : faible brise, jolie brise,
brise fraîche, grande brise étaient des indications qui n'avaient rien de
précis, mais non plus rien d'arbitraire, attendu que ces mots se reliaient
par une tradition constante aux effets du vent sur la voilure; tout officier
savait qu'on portait le cacatois par jolie brise, et que, par grande brise,
les perroquets étaient serrés. La plus grande cause d'erreur dans nos ap-
préciations de la force du vent venait de la différence des allures, et la
même brise était souvent appréciée en termes différents parles officiers de
deux navires à contre-bord, dont l'un courait largue portant toute sa toile
haute et dont l'autre au plus près se voyait forcé de prendre des vis. Quant
à la direction, on se proposait d'inscrire le vent vrai, on faisait la part de
la déviation causée par la vitesse, et, comme cette déviation variait dans des
limites assez connues, les chiffres enregistrés présentaient certaines ga-
ranties.
» Aux expressions anciennes on a substitué des échelles numériques;
il est douteux qu'on y ait gagné. D'abord ces échelles, comme le prouve
la discussion qui vous est soumise, ne sont pas identiques, ni bien réglées;
puis on peut se demander si, dans la pratique, leur emploi promet plus
d'exactitude que l'usage des désignations qu'elles ont remplacées. Un
chiffre ne peut exprimer qu'un rapport d'ordre ou un rapport de gran-
deur; dans un cas comme dans l'autre, pour l'appliquer, il faut une
mesure. Percevoir une impression et la traduire par un chiffre, c'est s'ex-
poser à deux erreurs, la première dépendant de l'impression elle-même
et la seconde de la traduction. C'est du reste ce qui arrive, et, lorsqu'on
dépouille des journaux de bord, «n constate que, dans bien des cas, les
( 668 )
officiers ou les tiinonniers ont employé tout au rebours les échelles numé-
riques. En ce qui touche la direction, le désir de noter le vent vrai devient,
lorsqu'on se sert des machines, une cause incessante d'erreur. Les penons
et girouettes subissent l'influence de la vitesse; sous vapeur et par brise
faible, celte influence se traduit par un écart considérable de la ligne du
vent vrai. Le jour, on peut se guider sur la direction des lames ; la nuit, celte
indication est parfois insuffisante; alors on regarde le ciel et on noie le
vent d'après la course des nuages. Or il n'est pas de données plus fautives
que celles qu'on recueille ainsi. Les différentes couches de l'atmosphère
se meuvent dans des conditions très différentes; il nous est arrivé sur la
Magicienne, dans une traversée de Magellan à Sainte-Hélène, d'observer
pendant plus de huit jours consécutifs des vents de surface d'est et d'est-
nord-est alors que les cirrus qui marbraient le ciel arrivaient du sud-est,
nous apportant chaque jour, sans jamais la tenir, la promesse du vent dont
nous avions besoin pour achever une traversée laborieuse.
» Le remède à un état de choses aussi peu satisfaisant pour la Science
ne peut, ce nous semble, se trouver que dans une convention bien établie
et dans l'emploi d'instruments comparables qui permettent de substituer
la mesure à l'impression. Mieux vaut, pour l'avancement de la Météorologie,
un nombre restreint de journaux bien faits qu'une masse confuse de docu-
ments sans garantie et de moyennes sans vérité. L'emploi d'instruments
conduirait d'ailleurs à l'adoption d'une mesure qui nous a toujours paru
la seule rationnelle, l'inscription sur les journaux de bord des vitesses et
des directions apparentes du vent. L'officier de quart peut constater et
lire; il ne faut pas lui demander d'apprécier et de calculer. C'est en dé-
pouillant les journaux, soit mensuellement, soit en fin de campagne, qu'on
doit réduire, au moyen de la vitesse et de la direction du navire, les élé-
ments recueillis.
» Les vitesses du vent observées à la hauteur du pont, c'est-à-dire à
•y™ ou 8™ d'altitude, ne sont pas les seuls éléments inscrits dans les Tableaux
présentés à l'Académie : on y trouve aussi les vitesses du vent observées
dans la mâture à des altitudes de aS™ à So" et les vitesses correspondantes
du navire. L'étude de ces Tableaux est instructive pour le marin et inté-
ressante pour le physicien ; elle prouve que, même sur des bâtiments lourds
et relativement peu voilés, le rapport de la vitesse du navire à celle du vent
est plus avantageuse qu'on ne le suppose généralement; elle conduit à
admettre que les courants aériens de surface subissent les mêmes influences
que les eaux d'une rivière dans son lit, qu'ils perdent par leur frotte-
( <^6f) )
ment contre le sol et la masse supérieure de l'atmosphère une partie no-
table (le leur force vive. Il serait d'un grand intérêt de déterminer ap-
proximativement les limites du phénomène, de constater dans les régions
où régnent les alizés et les vents généraux la hauteur à laquelle la direction
du vent de surface est infléchie ou détournée. Nous avons essayé dans ce
but de faire des observations sur la hauteur et la course des nuages ; mais
les résidtats trouvés n'ont été ni assez nombreux ni assez certains pour
élre présentés à l'Académie.
» Le sixième Gainer renferme l'historique de l'observation du passage
de Mercure. Les éléments nécessaires pour apprécier la précision de la
méthode photographique ont été recueillis dans les conditions que l'Aca-
démie connaît déjà. Je ne ()uis préjuger le résultat des mesures prises sur
les plaques venant de l'observatoire de Payta; mais, soit qu'on se décide
en 1882 à observer simultanément le passage de Vénus avec des lunettes
photographiques et des équatoriaux, soit qu'on se borne à l'emploi de
ces derniers, je me crois fondé à affirmer qu'on trouvera pour l'iustalialion
des observatoires sur les divers points de l'Amérique du Sud visités par
la Maaicienne des facilités exceptionnelles. Dans le détroit de Magellan,
à Piinta-Arenas ou dans une des baies à l'est du cap Froward, il est pos-
sible de s'installer et de vivre à terre; on a de belles chances pendant l'été
d'y voir le ciel. A Lota, dans le golfe d'Araucanie, les conditions, un peu
moins favorables sous le rapport de la latitude, sont excellentes au point
de vue climatérique. On peut en dire autant de Valparaisoou bien encore
de Juan Fernandez. Cette île jouit de l'avantage d'être en dehors de la
bande où régnent les vents du sud qui, pendant l'été antarctique, suivent
la côte ouest d'Amérique et sont parfois assez violents pour gêner les ob-
servateurs. Ces divers points sont voisins les uns des autres, et surtout
placés de telle sorte qu'un seul navire peut, à de courts intervalles, y
déposer le matériel et le personnel des stations. Le passage observé, la
ligne anglaise qui dessert les ports du continent américain et touche à
Bordeaux assurerait aux membres de l'expédition un retour facile et
rapide. Je suis entré dans ces détails pour montrer à l'Académie que la
Marine, dont elle connaît le dévouement aux intérêts de la Science, peut
se rendre très utile lors du prochain passage de Vénus, en se chargeant des
observations australes, et que sou concours sera d'autant plus facile à
obtenir que les stations peuvent et doivent être établies sur des points que
les navires de la division du Pacifique visitent chaque année.
» Le septième Cahier contient la description d'un sillomètre électrique
G. R., 18S0, I" Semestre. (T. XC, N° 12.) ?7
( 670 )
construit, pendant la campagne de la Magicienne, par M. le commandant
Fleuriais et nommé par son inventeur loch à moulinet.
» Il y a bien longtemps que les marins cherchent à s'affranchir de l'obli-
gation de jeter le loch. On est parvenu par différents moyens à constater le
nombre de milles parcouru par le navire dans un jour ou dans un intervalle
donné; mais aucun des instruments connus ne donne ce dont, à bord des
navires de guerre, on a le plus besoin, l'indication permanente et précise
de la vitesse. La régularité des résultats obtenus avec le cercle de Robinson
dans les recherches anémométriques devait suggérer l'idée de mesurer la
vitesse du sillage avec un instrument analogue. Construire un cercle sem-
blable à celui de l'anémomètre, mais plus petit, monter sur son axe un
tourillon mi-partie de cuivre et d'ébonite, envelopper ce tourillon d'une
boîte étanche et le faire embrasser par une pince métallique terminant un
fil conducteur noyé dans un cordage de remorque, mettre ce fil en com-
munication facultative avec une pile et une sonnerie, compter le nombre
de tours faits par le cercle par le nombre de coups frappés sur lui timbre,
réduire les nombres trouvés en nœuds et dixièmes de nœud au moyen d'une
Table, paraissait chose aisée ; mais il se présentait tout d'abord deux objec-
tions. Comment l'étanchéité de la boîte dans laquelle, par le contact alter-
natif du cuivre et de l'ébonite avec les branches de la pince, le circuit
électrique était alternativement ouvert ou fermé, pourrait-elle être mainte-
nue, et puis comment le cercle et sa monture traînés dans le sillage de la
frégate à des vitesses variables se conduiraient-ils? Ne seraienl-ils pas sou-
mis, comme tous les objets remorqués, à des mouvements irréguliers qui
empêcheraient toute relation exacte entre la vitesse des demi-sphères
creuses montées sur les rayons du cercle et la vitesse du navire ? Sous ce
dernier rapport, nous avons été promptement rassurés. A peine l'instrument
était-il à la mer qu'en dépit de sa proximité de la poupe et des remous qui
suivent toujours les carènes il a pris une position d'équilibre stable, stable
quanta la direction et à la verticalité, stableaussi quant à l'immersion. Le
mouvement des ailes laissant dans l'eau une traînée blanche, il était facile
de suivre les positions de la roue et de constater que les méandres qu'elle
décrit sont des courbes tellement allongées que leurs projections sur la
route sont pratiquement égales au chemin parcouru. Il y a plus: la fixité
de position du plan vertical dans lequel se maintiennent les rayons delà
roue est telle, qu'on ne l'altère pas en tordant légèrement la remorque, et,
si la torsion devient suffisante pour forcer Tinstruraent à se renverser, il
fait un tour complet sur lui-même et revient, stable comme avant qu'on
( 671 )
l'ait troublé, présenter au courant la concavité des demi-sphères les plus
basses. Il ne sera pas difficile sans doute de trouvera posteriori une explica-
tion de ces phénomènes ; nous qui n'abordons que bien timidement l'Hy-
drodynamique, nous les avons observés avec curiosité et constatés avec
reconnaissance. Restait l'étanchéité : les insuccès sous ce rapport ont été
nombreux, si nombreux que M. Fleuriais, découragé par les critiques, était
sur le point de renoncer à ses expériences, lorsqu'un jour, après plusieurs
heures d'indications régulières, on retira l'instrument avec la boîte pleine;
le caoutchouc s'était déchiré, le tourillon et la pince avaient été complè-
tement baignés. De ce moment le problème fut résolu : dès que la différence
de conductibilité entre l'eau et le métal était suflisante pour que le circuit
fût à chaque révolution ouvert et fermé, on pouvait dépouiller l'instrument
des accessoires qui en avaient compliqué la construction et le ramener à
l'appareil simple et pratique que l'Académie a sous les yeux.
» La possibilité de connaître à chaque instant, avec une précision qui
va jusqu'au dixième de nœud, la vitesse d'un navire, et cela par une opéra-
tion des plus simples, puisqu'il ne s'agit que de tourner le bouton d'un
commutateur et de compter les coups frappés sur un timbre, sera très ap-
préciée par les marins dans le cours ordinaire du service; elle le sera plus
encore en escadre, où les relations de vitesse entre les navires sont la base
des évolutions; enfin elle nous permettra d'arriver à la solution de plu-
sieurs questions fort intéressantes pour l'art naval et que je demande à
l'Académie, au nom de l'intérêt qu'elle a toujours porté aux choses de la
Marine, d'effleurer devant elle.
» L'opinion des hommes du métier est partagée aussi bien sur l'efficacité
relative des armes actuelles que sur la tactique des combats de l'avenir.
Les uns tiennent pour l'éperon, d'autres pour le boulet, plusieurs pensent
que la torpille est appelée à un grand rôle. Il est admis, en général, que
dans les combats singuliers l'action commencera par un croisement à
contre-bord suivi d'évolutions rapides ayant pour but, soit en marchant
plus vite, soit en tournant plus court que l'ennemi, de le primer de ma-
nœuvre et de décider la victoire par un coup d'éperon. Dans les combats
d'escadre, lorsque des lignes rendues rigides par leur longueur et par le
rapprochement des navires qui les composent s'avanceront l'une sur l'autre,
rien ne pourra empêcher un capitaine de se jeter sur l'adversaire que le
sort lui aura désigné. La question est de savoir s'il pourra le faire avec
avantage, c'est-à-dire s'il pourra, sans s'exposer à être atteint lui-même,
frapper de son éperon une partie vulnérable de la carène ennemie. Ce n'est
( C>T^ )
plus de la manœuvre, c'est de l'escrime. Or la règle de l'escrime est la
même, que l'arme pèse 2 onces ou iooooooo''S : éviter la pointe de l'ad-
versaire par lin écart rapide et toucher le point faible avant opposition.
Dans tous les cas, la courbe d'opposition est plus courte que la courbe
d'attaque; dans tous les cas, l'attaque réussit à la condition qu'entre son
origine et celle du mouvement de défense il s'écoule assez peu de temps
pour que le désavantage d'un parcours plus long soit racheté. On voit dès
lorsque pour apprécier, au point de vue du combat par le choc, les j^ro-
priétés offensive et défensive d'un navire à éperon, il faut construire, avec
une grande exactitude et en fonction du temps, des courbes qui re])résen-
tent sa maninbilitd . Jusqu'à ce jour, nous sommes sans moyen suffisants
de résoudre ce problème; nous connaissons des procédés pratiques pour
tracer les cercles de gyration dont le diamètre et la durée servent de me-
sure à la puissance d'évolution des cuirassés; mais ces courbes d'atlaque
et de défense, dont les ordonnées dépendent de la rapidité de transmission
des ordres et des mouvements, de l'inertie des navires aussi bien que de la
puissance des gouvernails et de la résistance des carènes, nous ne savons
pas les construire, parce que nous n'avons pas de moyen i^ratique de dé-
terminer à chaque instant des vitesses qui varient à chaque changement de
direction. L'instrument de M. Fleuriais nous donnera cet élément qui
nous manquait, et nous le donnera avec d'autant plus de précision que, la
remorque du loch à moulinet étant courte, le chemin décrit par l'instru-
ment dans les évolutions est sensiblement égal à celui de l'arrière du
navire.
» Le sillomètre électrique trouvera dans les essais des bâtiments à va-
peur une application toute naturelle. Nous sommes dans l'usage, quand
une machine doit être essayée, avant livraison ou après réparation, de
conduire le navire devant une base et de déterminer la vitesse maxiiniun
que son propulseur peut lui donner. Quand la base est longue, la mer
tranquille et sans courant, le procédé est exact et dispendieux; quand la
base est courte, comme à Cherbourg, et qu'on est réduit à prendre des
moyennes entre les parcours de montée et ceux de descente, il devient infi-
dèle et parfois dangereux. Avec un sillomètre étalonné, mieux encore, avec
plusieurs silloniètres se contrôlant et fournissant des moyennes, les essais
sur la base deviennent inutiles. Un navire qui prend le large et à bord du-
quel on constate incessamment les consommations de combustible, le
nombre d'unités dynamiques dans les cylindres et le nond^re des nœuds
filés, revient au port avec tous les éléments d'appréciation désirables.
( 673 )
M Je ne présente pas aujourd'hui à l'Acadéniie le résumé des travaux de
MM. Sabalier, Wathelet et Dubois. Le catalogue des collections qu'ils ont
réunies est aux mains de M. le directeur du Muséum, qui a bien voulu
faire connaître à ces messieurs le prix qu'il attache à leur collaboration.
» Messieurs,
» J'avais pris l'engagement de mettre sous vos yeux les résultats obtenus
pendant la campagne de la Magicienne. Dans l'accomplissement de cette
lâche, j'ai trouvé, pour les officiers dont j'ai demandé le concours, tant de
bienveillance, pour moi-même une si honorable attention, que je voudrais
pouvoir me promettre et vous promettre de nouveaux efforts et de nou-
velles recherches; mais ni les marins, ni les soldats n'ont le privilège d'une
éternelle jeunesse, et je vous apporte aujourd'hui un tribut et un adieu.
Un membre de votre Compagnie, un homme dont nous aimons les livres
et les leçons, M. l'amiral Jurien de la Gravière, disait un jour : « Il faut
» bien finir ». J'ai retenu cette parole et j'ai cru bien finir en apportant
une pierre aux ouvriers de la Vérité. «
MÉMOIRES PRESENTES.
ANALYSE MATHlÎMATIQUE. — Sitr les courbes définies par une équation
différenlielle. Note de M. H. Poincaré. (Extrait par l'auteur.)
(Commissaires : MM. Uermite, Bonnet, Bouquet).
« Ce Mémoire a pour but l'étude géométrique des courbes définies par
une équaiion différentielle de la forme
d.v _ dr
x"~ Y'
où X et Y sont des polynômes entiers en x et j.
» Afin d'éviter les difficultés que présenterait l'élude des branches
infinies, j'appelle le point ( x, j) non pas le point dont l'ordonnée et
l'abscisse dans un plan sont j et x, mais la projection gnomonique de ce
point sur la sphère. De cette façon, à un système de valeurs de x et de j
correspondent deux points de la sphère diamétralement opposés.
» Avant d'étudier ces courbes (que j'appelle caractéristiques) dans
toute l'étendue de la sphère, j'ai dû naturellement rappeler les résultats
(674)
auxquels a déjà conduit leur étude dans une région restreinte de la sphère.
On voit ainsi : i° que, par tous les points de la sphère, sauf par certains
points singuliers, passe une caractéristique et une seule; a" que, par cer-
tains points singuliers, passent deux points caractéristiques; 3° que, par
d'autres points singuliers, passent une infinité de caractéristiques; 4° enfin,
qu'une troisième sorte de points singuliers est telle, que les caractéris-
tiques voisines tournent comme des spirales autour de ces points sans
qu'aucune d'elles aille y passer. J'appelle ces trois sortes de points singu-
liers les cols, les nœuds et les foyers de l'équation donnée.
» Envisageant la distribution de ces points singuliers sur la sphère, je
démontre que le nombre des nœuds et des foyers surpasse de deux le
nombre des cols.
» Après avoir démontré divers autres théorèmes, dont l'énoncé ne peut
trouver place dans ce résumé, j'aborde l'étude des courbes dans toute
rétendue de la sphère, et j'arrive au résultat suivant : la sphère est
sillonnée par une série de courbes fermées telles, i° que par les points
ordinaires passe une de ces courbes fermées et une seule; 2° que chaque
col soit un point double d'une courbe fermée ; 3° que par les nœuds et les
foyers ne passe aucune de ces courbes fermées. Parmi ces courbes fermées,
les unes ne sont pas des caractéristiques et ne touchent une caractéristique
en aucun point : je les appelle cycles sans contact; les autres sont des ca-
ractéristiques : je les appelle cjxles limites, parce qu'elles sont asymptotes
aux caractéristiques voisines.
» Aucun cycle sans contact ne rencontre une caractéristique en plus
d'un point. La connaissance du système des cycles sans contact et des
cycles limites fournirait une idée complète de la forme géométrique des
caractéristiques. Je donne d'abord des exemples de cas où l'équation de
ce système est exprimable en termes finis; mais, comme cela n'a pas lieu
en général, je dois avoir recours à un autre procédé. De même que, faute
de pouvoir exprimer les racines d'une équation en nombres commensu-
rables, on les sépare et on les resserre ensuite dans des limites de plus en
plus étroites, je cherche à diviser la sphère en régions acycliques, que ne
traverse aucun cycle limite, et en régions monocj cliques, aussi restreintes
que possible, qui contiennent un cycle limite tout entier et n'en con-
tiennent qu'un. Je donne une méthode générale pour arrivera ce résultat,
et trois applications de cette méthode.
» Les résultats qui sont rapportés dans ce résumé se rapportent au cas
le plus général; mais j'ai dîi examiner, dans le Mémoire, différents cas
( 675)
exceptionnels, sans pouvoir pourtant envisager tous ceux qui se pré-
sentent. »
M. H. Barxoca'in propose l'emploi du chlorure de chaux, pour la des-
truction du Phylloxéra.
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
M. BocTiGNT appelle l'attention de l'Académie sur la résistance des in-
sectes aux agents chimiques.
D'après les observations de l'auteur, des charançons, introduits avec des
semences de coriandre dans des flacons contenant des cylindres de pierre
infernale, ont pu y vivre et s'y multiplier. Des mouches, immergées dans
une solution de soude caustique, et laissées à la surface pendant un jour,
n'ont paru en éprouver aucun effet funeste.
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
CORRESPONDANCE.
L'Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Belgique adresse
le programme des questions qu'elle a mises au concours pour 1881.
La Société médico-psvchologiqle informe l'Académie qu'elle a pris
l'initiative d'une souscription pour élever une statue à Philippe Pinel, sur
la place de la Salpêtrière, à Paris.
MM. A. BoRics, L. Faucher et Boctmy, J.-M. Gacgain, Lecoq de Bois-
BACDRAN, Le Roux adressent des remercîments à l'Académie, pour les dis-
tinctions dont leurs travaux ont été l'objet dans la dernière séance pu-
blique.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance ;
1° Le deuxième fascicule du Tome II du « Traité élémentaire d'Entomo-
logie », par M. Maurice Girard;
2° Un volume imprimé en anglais, et portant pour titre « Recherches
expérimentales sur la température des régions de la tète », par M. J. -.S.
Lombard;
( 676 )
3° Deux volumes intitulés « Recueil de cas cliniques de maladies de
la peau et syphilitiques », par M. C. Manassei;
4° Deux brochures de M. U. Gajon_, intitulées « Sur un procédé nouveau
d'extraction du sucre des mélasses », et « Notes diverses, fermentation des
fruits, altérations des blés, etc. »
M. le Ministre des Affaires étrangères transmet à l'Académie une
Lettre par laquelle le Consul de France en Ecosse lui annonce que des
diamants artificiels auraient été obtenus par M. J. Ballanline Flannay, à
Glasgow.
M. DE Chancocrtois adresse, par l'entremise de M. Daubrée, plusieurs
notices et propositions ayant pour but l'unification des travaux géogra-
phiques et géologiques.
A part les observations que M. Elie de Beaumont a déjà mentionnées en
présentant la Carte géologique détaillée de la France ('), il en est qui
ont été soumises au Congrès des sciences géographiques, tenu à Paris en
1875, et d'autres qui ont fait l'objet d'une conférence au Trocadéro, en
1878. M. deChancourtois a réuni et coordonné ces documents, en vue des
Congrès internationaux de Géographie et de Géologie qui doivent se réunir
en Italie l'an prochain.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les intéijrates de fonctions algébriques ;
par M. A.-E. Pellet.
« Soity (^, y) = o une équation algébrique de degré m enj. Supposons
que l'intégrale fF[.r,y)djc, F{x,y) désignant une fonction rationnelle
de a; et y, se ramène à l'intégrale d'une fonction rationnelle /^(f)f// par
une substitution algébrique. La dernière se compose d'une partie ration-
nelle et d'une somme de termes de la forme AL(/ — A), A et « étant des
constantes. Ou en déduit, d'après un théorème d'Abel, que t peut s'ex-
primer en fonction rationnelle de x et y. Soit
I
t--^P,+ P, J+ Po/ +...-- P,„_, /" - ' ,
Po, P,, . . . , P,„_| étant des fonctions rationnelles de a;.
» Effectuant la substitution dans f^[t)dt, on voit que, pour que l'inté-
grale proposée j¥[x,y)dx se ramèneà l'intégration d'une fonction ration-
(') Séances des 31 juillet et i i août 1873.
( 677 )
nelle par une substilution algébrique, il faut et il suffit que F(.r, j) puisse
se mettre sous la forme
(p'. + p',/-t-...+p',„_,r"')?^-è[P.+ 2P,j4-... +(/«-. )?,„_,:>'"'-']
dy
l'y, P'j, ..., P'„,^, désignant les dérivées des fonctions P par rapport à x.
^^f{^iy) = o représente une courbe luiicursale, cette identification peut
s'effectuer quelle que soit la fonction rationnelle F(.r, j). Mais, dans tous
les cas, à un système de valeurs données pour Po, P,, . . ., P,„_, corres-
pondra une classe de fonctions algébriques dont l'intégrale se ramène à
l'intégrale d'une fonction rationnelle.
» Soit l'équation y- — (f[x-)<]^[x-) ^ o, 9 et '\i{x-) étant des polynômes
entiers en x- et n'ayant pas de racines multiples. Prenons t — '^^
il vient
9' et t|i' désignant les dérivées de 9 et vj/ par rapport à x"^.
1-. v'7 (-'■") .1 .
» Prenons i = — ^^ — ^1 il vient
V7\ ^'f-f
f^m
tW/
dx = Jê{t)(Jt,
f' désignant la dérivée de f{x-) par rapport à x'^. Ces formules com-
prennent comme cas particuliers celles qui ont été données par M. Her-
mite dans son Mémoire Sur imejonnule d'Eitler {Journal de M. Resal, janvier
1880).
)) On déduit facilement, d'un théorème de M. Liouville, que toute fonc-
tion algébrique dont l'intégrale peut s'exprimer à l'aide de fonctions algé-
briques et logarithmiques se décompose en une somme de fonctions, dont
l'intégrale se ramène à l'intégrale d'une fonction rationnelle. «
C.R.,iï8o. 1" Semestre. (T.XC, N" 12.)
88
(678 )
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur une classe de fonctions de plusieurs variables
tirées de l'inversion des intécjrales de solutions des équations différentielles
linéaires dont les coefficients sont des fonctions rationnelles; par M. L.
FucHS. (Extrait d'une Lettre adressée à M. Hermite.)
« De même que ces fonctions de plusieurs variables que l'on appelle
fonctions abéliennes doivent leur naissance aux intégrales des fonctions al-
gébriques, en concevant, d'après Jacobi, les limites supérieiu'es de p inté-
grales d'une fonction algébrique convenablement choisie comme fonctions
de la somme de ces intégrales et de p — i autres sommes composées d'une
manière semblable, de même on fait naître une nouvelle classe de fonc-
tions de plusieurs variables, comme je le démontre dans mon Mémoire, si
l'on part des intégrales des solutions des équations différentielles linéaires
à coefficients rationnels comme fondement.
» Je me suis proposé d'abord le problème de rechercher la nature des
intégrales d'une équation différentielle linéaire homogène de l'ordre m, en
supposant possible de définir z,, z^, . • ., z,,, comme fonctions analytiques
des variables «,, U2, . . ., «,„ par les w équations
m
r,2, .,,, m
où Ç,,Ç2, •••, Cm sont des constantes,/, (z),/2(z), .,.,/„(z) un système
fondamental de solutions de l'équation différentielle.
» J'ai complètement résolu ce problème pour les équations différentielles
du second ordre, et je suis parvenu aux résultats suivants.
)) 1. Étant donnée l'équation différentielle
(A) S + fl-Q^-».
où p, Q signifient des fonctions rationnelles de z, soit f{z), (p{z) un sys-
tème fondamental arbitraire de solutions de cette équation ; que l'on défi-
nisse z,, Za comme des fonctions des variables «,, «2 P'ii" '^s équations
(B) r J\z)dZ'\-i f{z)dz^Ut, j (p{z)dz-{'l (f{z)dz = U2.
En supposant z, , z, fonctions analytiques de m,, 112 et en posant
r., = F,(»,, 11.2), Zo = F,(«,, Un),
( 679 )
on obtient tout d'abord la propriété suivante de ces fonctions,
F,\x,,u, + «ijMo-f- y, c, «21") + cinii'î -I- 72C) = F, (m,, n^),
F2(«,| U, -+- Uf.lU-'r 7l c, «21», -1- «22^2 H- 72^) = F2(«|, Ho)»
(C)
où Ton désigne par c une constante, par a, ,, «121 «211 0^22 'es éléments d'une
substitution
/«Il «lîX
à laquelle on doit assujettir y (2), (35(2) lorsque la variable part d'une va-
leur et y revient en décrivant un contour fermé, et 7,, 72 étant des quantités
déterminées relatives à ce contour.
» Les fonctions F,, Fo reprennent d'ailleurs en général les mêmes va-
leurs pour d'autres systèmes de valeurs de ff, , «2 en nondire infini.
» 2. Soit rt, un point singulier de l'équation (A); soient 7'^', r'^' les racines
de l'équation fondamentale déterminante pour le point rt/, soient, en outre,
j,, ^2 les racines de l'équation fondamentale déterminante pour 2= co . Je
détermine d'abord ces racines de manière que, lorsque zi^, î/2 acquièrent
des valeurs pourlesquelles, des deux valeurs a, b que reçoivent respective-
ment les quantités s,, Z2, l'une coïncide avec un point singulier ou l'une
et l'autre avec deux points singuliers différents entre eux, sans que l'équa-
tion
(D) 4^-4^=0
soit satisfaite par z, = a, z^ = b, les dérivées partielles de z^ et z^ devien-
nent fonctions holomorphes de z,, Z2 dans le voisinage de z, =: a.
z
= b.
j) Il est à remarquer que l'on comprend ici le point z^cc parmi les
points singuliers.
» D'ailleurs, je fais la détermination de manière que, pour des systèmes
de valeurs finies de u,, Uo, z,, z, peuvent acquérir les valeurs indiquées.
» Voici, à cet effet, les conditions nécessaires et suffisantes :
(E)
"i ' "i
A,, «, des nombres entiers et positifs ;
I /' 7 ^
.y, = 1-4--» *2=H--' Av>i»
A, 71 des nombres entiers et positifs.
( 68o )
» Je fais voir alors que les quantités r['\ r['\ s, , s^ peuvent être détermi-
nées, en outre, de manière que, par l'équation
z se définisse comme fonction monodrome de Z, et que, parlant, l'équa-
tion (D)ne puisse être satisfaite que pourz.^ Zj- Les conditions qui sont
alors nécessaires et suffisantes sont les suivantes :
/f'+r ou /r, = 2 et j2=i'| + [ ou j, r=i-|--5 i-^ ■=!+-»
en ajoutant la condition que le développement d'une intégrale de l'équa-
tion (A) dans le voisinage d'un point singulier ne contienne pas de loga-
rithmes.
» Je démontre ensuite que, si
l r;"= - I + ' , /i''=- - I + - ou ;!■■'= - -, ;■(■■)= -,
^^' 3 5
M'i = -» Jo= - ou ^, = 14 — , s„^^ s H — ,
V 2 * 2 n ^ Il
la condition étant en outre remplie que le développement d'une intégrale
de l'équation (A) dans le voisinage d'un point singulier ne contienne pas
de logarithmes, z,, Zj sont des racines d'une équation du second degré
dont les coefficients sont des fonctions analytiques et monodromes de
PHYSIQUE. — Analyse des phénomènes lumineux produits par les décharges
électriques, dans les gaz raréfiés. Note de M. E. Fernet, présentée par
M. Jamin.
« Les gaz offrent cet avantage pour l'étude du mécanisme de la décharge
électrique, que la lumière produite en telles ou telles régions ])eut fournir une
indication sur le passage de l'électricité. Mais, pour tout phénomène ayant
une durée moindre que celle de la persistance des impressions lumineuses,
chaque point de l'espace nous apparaît avec un éclat qui est la résultante
de ceux qu'il a successivement acquis. Ce sont ces considérations qui m'ont
conduit à employer la méthode suivante, pour analyser la décharge dans
un cas particulier, celui des gaz raréfiés, J'indiquerai seulement ici le prin-
cipe de la méthode, et quelques-uns des résultais déjà obtenus.
( 68. )
» Un gros tube vertical, à chacune des extrémités duquel sont soudés
des fils servant à faire passer les déchargea d'une bobine de Rnhmkorff, est
mis en communication permanente avec une pompe de Geissler : on peut
ainsi étudier les transformations du phénomène, sans faire varier, d'une
expérience à une autre, d'autre condition que la pression. Ce tube est placé
derrière un écran, dans lequel est pratiquée une fente verticale. En regard
de la fente, est installé un miroir tournant, mù par une petite turbine, et
dont l'axe de rotation est également vertical : le déplacement de l'image
vue dans le miroir permettra d'observer, sans superpositions, les apparences
successives qu'offriront les points du tube laissés libres par la fente.
» Dès que la raréfaction est suffisante pour permettre le passage du cou-
rant induit inverse, correspondant à la fermeture du circuit inducteur,
aussi bien que du courant induit direct, correspondant à la rupture, on
voit apparaître dans le miroir deux images, d'autant plus étalées que la
rotation est plus rapide, et présentant des dispositions inverses. Si l'on
imagine chacune de ces images décomposée en petites bandes verticales,
de même largeur que la fente, ces bandes successives représentent les
aspects successifs de la fente, pendant la durée d'une décharge (').
» Les trois figures ci-jointes, qui correspondent à trois expériences
faites sous des pressions différentes, montrent, au pôle négatif de chacun
des deux courants, une lueur bleue, dont la hauteur est égale à celle du
fil négatif, et dans laquelle l'étalement dû à la rotation du miroir ne pro-
duit aucune disconlinuité. Au niveau de l'extrémité du pôle positif apparaît
le plus souvent, mais non pas d'une manière constante, une série de ponc-
tuations rougeâtres, distribuées sur une ligne horizontale, et accusant la
discontinuité, dans le temps, du phénomène lumineux en ce point.
M Enfin, et c'est là le phénomène auquel je m'attacherai spécialement,
l'espace compris entre les deux pôles présente une série de courbes bril-
lantes, séparées par des intervalles obscurs. On voit que chacune de ces
courbes, si on la suppose rapportée à deux axes coordonnés, l'un hori-
zontal, l'autre vertical, représente le mouvement d'un même point lumi-
neux, pendant la durée de la décharge : la variation de distance des points
de la courbe à l'axe horizontal représente le déplacement du point lumi-
neux; la variation de dislance à l'axe vertical représente le temps cor-
respondant à ce déplacement. L'examen de la courbe peut même fournir
(') Dans les figures ci-apres, c'est le côté gauche qui correspond au commencement du
phénomène, et l'étalement se produit de gauche à droite. La partie supérieure correspond
au pôle négatif pour le courant de fermeture, au pôle positif pour le courant de rupture.
( 682 )
la vitesse du point lumineux à chaque instant : cette vitesse est d'autant
plus petite, que l'angle formé avec l'horizontale par la tangente menée au
point correspondant est plus petit lui-même {*).
» Voici maintenant les particularités observées sous diverses pressions.
)) La fig. i représente les images fournies par les deux décharges, l'une
Flg. I.
Fig. 3.
directe, l'autre inverse, pour une pression de 5°^™ à 6""", alors que l'ob-
servation du tube à la vue simple ne donne qu'une lueur diffuse et plus ou
moins irrégulière, sans stratifications nettement perceptibles. Ces images
montrent que chacune des deux décharges produit, dans tout l'espace
( ' ) Pour obtenir une évaluation numérique de la vitesse à chaque instant, il suffira de
déterminer, avec précision, le coefficient angulaire de la tangente au point correspondani,
et la vitesse de rotation du miroir.
( 683 )
qui sépare les pôles, excepté au voisinage du pôle négatif, une illumi-
nation que l'on peut considérer comme instantanée. A l'instant immédia-
tement suivant, et pendant tout le reste de la durée de la décharge, la
lumière n'apparaît plus qu'en des points discontinus, distribués à peu près
régulièrement sur une même verticale. Les courbes montrent que chacun
de ces points est animé, jusqu'à l'instant où la lumière cesse, d'un mou-
vement qui l'éloigné du pôle négatif.
La fig. 1 représente le phénomène pour une pression de i""° à 2""", alors
que, à la vue simple, apparaissent çà et là dans le tube quelques strati-
6cations. Dans chacune des deux décharges, la discontinuité du phéno-
mène lumineux semble se produire dès le premier instant; dans les instants
suivants, les points lumineux se déplacent d'abord en s'éloignant du pôle
négatif, comme dans l'expérience précédente; mais, ce qui est particuliè-
rement digne de remarque, c'est qu'à ce mouvement succède un mouve-
ment de sens contraire, c'est-à-dire du pôle positif vers le pôle négatif, et
enfin un troisième mouvement, dans le sens initial. Les courbes montrent
que chacun de ces changements de sens ne se produit pas à un même
instant pour les divers points lumineux, mais d'autant plus tard que l'on
considère des points plus éloignés du pôle négatif (').
» Enfin, la fig. 3 représente les images obtenues avec une pression de un
demi-miUimètre environ, au moment où les stratifications apparaissent
nettement à la vue simple. Chacune des tranches lumineuses discontinues
est encore animée successivement de mouvements en sens inverses, mais
( ' ) Je dois signaler ici une particularité que j'ai fréquemment observe'e. L'une ou l'autre
des deux images, et particulièrement celle qui correspond au courant de rupture, est
parfois sillonnée de lignes obscures, verticales, sans qu'il en résulte de modification appré-
ciable dans la forme ni dans la position des courbes brillantes qu'elles traversent (on a
figuré deux de ces lignes obscures sur la seconde image de \Ajîg. 2). En d'autres termes,
tous les points lumineux en mouvement paraissent s'éteindre brusquement à un même
instant, pour se rallumer à l'instant suivant, et dans la position même où les aurait
amenés la continuation du mouvement antérieur. Ces lignes obscures s'observent surtout
lorsque, après avoir conservé pendant longtemps un même sens aux courants inducteurs,
on intervertit brusquement ce sens, au moyen du commutateur de la bobine : les traits
noirs apparaissent alors très nombreux, mais leur nombre diminue progressivement, si
l'on continue l'expérience sans changer le sens des courants inducteurs. Bien que j'aie déjà
quelques données sur les conditions dans lesquelles se produit ce phénomène particulier, je
ne puis les indicpier encore d'une manière absolument précise. J'ajouterai seulement que
ces lignes obscures paraissent se prolonger avec des traits verticaux lumineux, mais à peine
visibles, qui traversent alors l'espace obscur situé du côté du pôle négatif.
( 68/, )
le mouvement initial semble se produire plutôt du pôle positif vers le pôle
négatif, comme le montre la forme des courbes.
» Il serait sans doute prématuré de chercher à donner une interprétation
de ces faits, avant d'avoir effectué les mesures qui pourront servir à les
préciser, et aussi avant d'avoir étudié l'influence que peuvent avoir les
Fig. 3.
diverses conditions du phénomène, et en particulier les conditions élec-
triques : c'est cette étude que je compte poursuivre. Mais, en me bornant à
la traduction des faits eux-mêmes, je présenterai, dès à présent, les
remarques suivantes.
» 1° L'observation directe, à la vue simple, fait apparaître chacun des
points de l'espace avec un éclat d'autant plus grand, que ce point est
rencontré un plus grand nombre de fois par les tranches lumineuses
( 685 )
dont l'analyse précédente manifeste le mouvement, et aussi selon que ces
tranches le traversent avec une vitesse moindre. Ainsi, en supposant que
les conditions soient celles qui donnent dans le miroir les images de la fuj. i
ou de la fi ) Comptes rendus, même tome, p. 89.
r.. p.., 1S80, 1" Si-mrstrf. (T. XC, N» 12.) 89
( 686 )
des deux étincelles qui se produisent dans les décharges ordinaires, incom-
plètes et partielles des condensateurs.
» En entreprenant ces nouvelles recherches, j'ai commencé à examiner
le phénomène en me mettant dans le cas de la plus grande simplicité pos-
sible; c'est pourquoi j'ai mesuré la chaleur tolale développée par la dé-
charge d'une batterie lorsqu'elle produisait seulement deux étincelles : une
première dans un point quelconque du circuit, et la seconde contre le dé-
chargeur. Les fils du circuit étaient de cuivre et d'une grosseur de 5"™ ; leur
longueur était dequelques mètres, aussi ne s'échauffaient-ils pas sensiblement.
Pour mesurer ensuite la chaleur développée par les deux étincelles, je faisais
produire la première dans un thermomètre à étincelle, et la seconde dans
un appareil que j'ai construit et nommé thermomètre déchargeur. Il était
semblable au thermomètre à étincelle et parfaitement isolé, mais ses élec-
trodes, à l'intérieur du ballon, étaient dénouées et mobiles, de sorte que, par
des mouvements convenables du thermomètre, elles pouvaient venir en con-
tact et fermer le circuit, ou s'éloigner entre elles et l'interrompre, de manière
qu'on peut dire que ce thermomètre consistait en un déchargeur contenu
dans un thermomètre à étincelle, dans lequel la chaleur développée par
l'étincelle était mesurée parle déplacement de la colonne de glycérine. Cela
admis, les expériences ont été faites de la manière suivante.
» On chargeait une batterie de bouteilles avec une quantité constante
d'électricité et ensuite, après avoir introduit les deux thermomètres dans le
circuit, on établissait la communication par un mouvement convenable
du thermomètre déchargeur et l'on excitait ainsi la décharge ordinaire de la
même batterie. La chaleur produite dans les thermomètres par les étincelles
était mesurée par les déplacements des colonnes respectives de glycérine.
On a exécuté ainsi une longue série de mesures en faisant successivement
varier de o au maximum la distance des deux électrodes, et en conséquence
la longueur de l'étincelle, dans le thermomètre à étincelle. Ensuite on répé-
tait les mêmes expériences en mesurant la dilatation de l'air dans les ballons
et par suite son échauffement produit par les étincelles, au moyen des cap-
sules ou tambour à levier de M. Marey, que je substitue au tube de
verre et à la colonne de glycérine de chaque thermomètre ; j'ai obtenu
par cette méthode sur le verre noirci de très belles figures, représentant
graphiquement le phénomène que j'avais étudié.
M Au moyen de ces mesures, et en expérimentant avec les plus grands
soins, j'ai trouvé les lois suivantes, relatives à la chaleur totale développée
par la décharge d'une quantité constante d'électricité.
(687)
» Première loi. — Lorsque dans un arc conducteur se forment deux étiu'
celles, dont l'une est contre te déchargeur, la somme des chaleurs produites par
elles est constante.
» Deuxième loi. — La somme des longueurs des deux étincelles (dont l'une
est contre le déchargeur) est constante.
» Par conséquent :
» Troisième loi. — La résistance électrique totale que les deux étincelles
rencontrent dans le gaz oii elles se forment est constante. Par suite, on en déduit
encore la loi suivante :
» Quatrième loi. — La quantité d'électricité qui constitue la décharge d'un
condensateur est (toutes choses égales d'ailleurs) constante, quelle que soit la
longueur d'ime des deux étincelles (y compris celle qui est contre le déchar-
geur) qui se forment dans la décharge même.
« Après ces recherches, j'ai comparé de nouveau les effets thermiques
des décharges ordinaires, incomplètes et partielles des condensateurs, et, en
mesurant dans chaque cas toute la chaleur produite par ces décharges, j'ai
été amené naturellement à la conclusion suivante.
» En appelant C la chaleur totale produite par la décharge ordinaire
d'un condensateur, sa décharge incomplète dans un condensateur égal
produit une quantité de chaleur exprimée par ^ C, et chacune des deux
décharges partielles en développe ^C; par suite, les trois décharges suc-
cessives produisentunequantilé de chaleur exprimée par J^C -{-|^C-{-{C=: C,
c'est-à-dire égale à celle qui est produite par la décharge ordinaire totale.
» Eu outre, par la comparaison entre la chaleur totale C produite par
la décharge ordinaire d'une batterie et celle (jC + {C = |^ C) produite parles
deux décharges partielles de la même quantité d'électricité accumulée dans
les deux batteries, on obtient la loi suivante :
» Cinquième loi. — La chaleur totale développée par les dijférentes étin-
celles d'une décharge d 'un condensateur est en raison inverse de sa surface.
» Cette loi, qui est analogue à l'une des lois découvertes parRiess, relatives
à réchauffement des fils métalliques, établit une analogie entre les lois de
la chaleur totale produite par les étincelles et celle qui se développe dans les
fils traversés par les décharges; en même temps, elle établit une différence
énorme entre les lois de la chaleur produite par une seule étincelle qui a
lieuparlecircuit etleslois relatives à laquantilé totale de chaleur développée
par les deux étincelles qui se produisent dans la décharge du condensateur,
dans les conditions déterminées dans cette Note. Cette différence conduit
à d'autres phénomènes et à des considérations importantes, qui formeront le
sujet d'une prochaine Communication. »
( 688 )
PHYSIQUE. — Sur un cas de polaiilé véinanenle de l'acier opposée à celle de l'hé-
lice magnétisante qui la produit. Note de M. A.ug. Uigui, présentée par
M. Jailli M.
« On sait que le rapport entre le magnétisme rémanent et le magnétisme
temporaire d'une barre d'acier enveloppée par une bobine magnétisante
devient de plus en plus petit si la barre est de plus en plus courte et grosse.
Or, à ce propos, une théorie générale des phénomènes magnétiques, dont
je m'occupe depuis quelque temps, m'a conduit à une étrange conséquence,
qui est en opposition avec les faits connus, mais que l'expérience a con-
firmée de tout point. Voici la conséquence : Si l'on prend des barres d'un
même acier et de même diamètre, mais de longueurs décroissantes, on doit arriver
à une certaine longueur qui ne donne pas de magnétisation, pendant qu'avec
des longueurs moindres on doit obtenir une polarité rémanente opposée à celle
de la bobine.
» Je me bornerai, quant à présent, à indiquer ce fait inattendu. Iln'estpas
difficile de vérifier que toute barre d'acier recuit, dont la longueur est un
peu plus grande que le diamètre, présente le phénomène de la magnétisation
inverse. Voici toutefois les dimensions d'un de mes appareils et quelques
détails pratiques qui assurent la réussite de l'expérience. On prend une
barre d'acier recuit, extrêmement brachypolaire, selon la dénomination de
M. Jamin,soit longue de o™, o5o et ayant o",o3o de diamètre. On l'entoure
l)ar une bobine d'à peu près même longueur, formée de fil de o™", 5, et
d'environ o™,o5o de diamètre extérieur. Deux ou trois couples Bunsen sont
suffisants. Pour étudier la polarité, on se sert du système mobile d'un gal-
vanomètre à réflexion, ou, pour des expériences démonstratives, d'une pe-
tite boussole ayant son aiguille très mobile et une longueur de quelques
millimètres. Ou ferme le courant dans un godet de mercure, et, après
l'avoir ouvert, on approche la barre, tenue perpendiculaire au méridien,
à l'aiguille ou au galvanomètre. Ces détails ne sont pas inutiles, car il est
possible d'obtenir dans la barre la polarité dans le sens ordinaire en opé-
rant d'une manière particulière.
» Si le courant est très fort, le phénomène de la polarité anomale ne se
produit qu'après avoir magnétisé la barre, quelquefois dans les deux sens.
Tout cela a été prévu avant l'expérience, et j'en réserve l'explication com-
plète pour le travail annoncé plus haut. «
[ (3% )
PHYSiQUii. — Sur la pholocjraphic du spectre solaire. Note de M. E. Conçue,
présentée par M. Desains.
« Dans le mois de février 1879, M. Ch. Gros présenta à l'Académie nn
résumé des recherches relatives à l'action que différentes lumières colorées
peuvent exercer sur une couche de bromure d'argent imprégnée de ma-
tières colorantes organiques. A l'occasion de cette Communication, on dé-
posa sur le bureau des épreuves destinées à manifester les différences des
actions photographiques que des rayons prismatiques exercent sur des
plaques sensibilisées avec des teintures différentes. La source de lumière
employée pour faire ces épreuves était une lampe Drummond. L'appareil
réfringent était en flint; le prisme avait 60° d'angle. Lorsqu'on interposait
sur le trajet des rayons un verre au didyme, on obtenait sur la plaque les
bandes d'absorption si caractéristiques de ce curieux métal.
» Ces photographies avaient été faites au laboratoire d'enseignement de
Physique, à laSorbonne, en janvier et février 1879. Dans les mois suivants,
M. E. Couche, en profitant des indications de M. Gros, fit un grand
nombre d'expériences sur la photographie du spectre solaire. Les épreuves
qu'd publia en juillet dernier donnent, sur une étendue de o",i6 environ,
un spectre commençant à la raie A, se prolongeant jusqu'au violet, et
dans lequel on peut compter à l'œil plus de cent cinquante raies. Ces
épreuves sont actuellement utilisées, au laboratoire, dans tous les exer-
cices relatifs à la Spectroscopie. Depuis l'époque où elles sont ainsi entrées
dans le domaine de l'enseignement, M. Couche a continué ses recherches,
elles clichés qu'il présente aujourd'hui à l'Académie donnent la prolonga-
tion du spectre jusque dans la région obscure symétrique du vert bleu par
rapport au rouge extrême. Les plaques employées sont simplement des
plaques à la gélatine bromurée du commerce. Seulement, il faut une pose
suffisante, et d'autant plus longue que l'on veut s'avancer plus loin dans
la région obscure. Les raies ainsi obtenues sont nombreuses et se groupent
à l'œil en plusieurs paquets principaux, formant des sortes de bandes carac-
téristiques. Il est facile de mesurer leurs distances à la raie D; on connaît,
d'autre part, celles qui, dans l'expérience photographique, séparaient le
prisme de la plaque et la lentille objective. Avec ces données, on peut cal-
culer les distances angulaires de la raie D à chacune des bandes dont il s'agit
et, par suite, comparer les résultats obtenus photographiqueraentà ceux que
( 69° )
l'emploi des thermoscopes a fournis depuis plusieurs années, touchant la
position des principales bandes froides des spectres obscurs. »
CHIMIE GÉNÉRALE. — Sur la densité de l'iode à des températures élevées. Note
de MM. J.-M. Ckafts et F. Meiek, présentée par M. Friedel.
« M. Henri Sainte-Claire Deville a non seulement été le premier à étu-
dier les densités des corps à une très haute température, mais il a su péné-
trer au fond de la question dans ses études sur la dissociation et nous
révéler la cause de beaucoup de cas de densités anomales. Dans les tra-
vaux, de MM. Deville et Troost, la densité de l'iode est déterminée comme
normale à 860° et io4o° et sert comme point de comparaison pour la me-
sure des autres densités. M. V. Meyer trouve, au contraire, la densité de
l'iode anomale à partir de 5go°. Le désaccord qui setnble exister entre
ces résultats nous a déterminés à contribuer à l'étude de ce sujet, en nous
servant d'un procédé différent pour la mesure des températures et d'un
appareil modifié pour les déterminations de densité. M. Victor Meyer a
eu l'extrême obligeance de nous communiquer quelques détails sur son
procédé, afin de faciliter la comparaison des deux séries de résititats.
» La détermination précise de la température nous a paru de la plus
grande importance; voici les motifs qui nous ont conduits à ne pas nous
servir de la méthode calorimétrique dans ces expériences : 1° la difficulté
de retrouver dans une expérience de densité une température précisée par
un essai calorimétrique. M. V. Meyer, en réglant la combustion du gaz dans
un fourneau Perrot au moyen d'un robinet gradué, détermine et mesure
une série de températures qui correspondent avec un débit connu de gaz.
Nous avons mesuré avec un compteur la quantité de gaz brûlée par mi-
nute dans un grand nombre d'expériences, et nous avons reconnu que la
température varie très notablement avec le tirage, de sorte qu'il faudrait,
pour fixer la température, pouvoir mesurer en même temps la quantité d'air
qui traverse le fourneau ; mais une évaluation, même approximative, de cette
quantité est très difficile et l'on ne peut pas être sûr par ces moyens de pou-
voir établir à volonté une température donnée. 2° Les données fondamen-
tales de la méthode calorimétrique ne sont pas encore très bien établies pour
les très hautes températures, et il faudrait des expériences directes pour
constater qu'un bloc de platine, chauffé, comme M. Meyer l'afait, dans un
cylindre de fer doux, prend une température égale à celle d'un cylindre
( 69t )
en porcelaine émaillé, chauffée à flaitime nue dans la même enceinte. Il
nous paraît douteux que toutes les parties d'un cylindre chauffé à flamme
nue prennent une température égale, et dans toutes les expériences sui-
vantes nous avons entouré le cylindre d'un moufle en fer ou en terre
cuite.
» Nous nous sommes servis, pour la mesure des températures, d'une
forme de thermomètre à air décrite dans une Note présentée à la dernière
séance de l'Académie, et les expériences de densité ont succédé immédiate-
ment aux déterminations de température; l'appareil, à cette fin, a été trans-
formé par des ajutages très simples en un tiiermomètre à air de la forme
ordinaire à pression constante. On ferme hermétiquement, après avoir
introduit le vase contenant la substance qui doit se volatiliser, et, à un
moment donné, on fait tomber le vase de la partie froide dans la partie
chaude du thermomètre et on lit l'augmentation de volume.
» L'iode a été purifié par des précipitations fractionnées de sa dissolution
dans l'iodure de potassium, en suivant exactement les prescriptions de
M. Stas. Nous donnons dans les trois premièrescolonnes de la Tablesuivante
les résultats obtenus à différentes températures par M. Meyer, aussi bien
que les nôtres, quicoustituent la seconde moitié de la Table; maisnousavons
déjà développé les raisons qui nous font croire que les deux séries de
mesures de température ne sont pas strictement comparables. Les colonnes
D'
— donnent les rapports entre les densités trouvées et la densité théorique
de l'iode, qui égale 8,786.
Tcmpéi-ature.
o
45o
586
84?.
io3o
1670
M Les chiffres de M. V. Meyer sont tirés d'une Communication publiée
dans le dernier numéro du Bulletin de ta Société chimique de Berlin.
M. Meyer conclut de ses observations que l'iode se dissocie de la même
manière que le chlore dégagé du chlorure de platine, que vers 1000° la
densité se réduit à 0,66 de la densité normale pour rester constante à ce
chiffre jusqu'à iSyo", qu'il regarde comme la plus haute température du
fourneau Perrot. Nous évaluons cette même température à moins de
■e. Densité.
D'
D ■
Température.
Densité.
D'
D ■
8,84, 8.85
445"
8,70, 8,78, 8,75
8,73, 8,71, 8,71
°'99
83o-88o
8,04, 8. II
0,92
6,68, 6,80, 6,80
0.77
IO2O-I05o
7,o'2, 7,18, 6,83
0,80
5,75, 5,74
0,66
1275
6,07, 5,57
0,66
5, Go, 5,67, 5,71, 5,
81
o,65
iSgo
5,5.3, 5,33
0,60
( ^^92 )
i4oo°, et à ce point nous trouvons une densité de l'iode inférieure aux
deux tiers, qui seraient, suivant M. Meyer, la limite extrême de la dissocia-
tion. Nous trouvons la diminution de densité progressive sans point d'arrêt
à partir de 600" jusqu'à la limite de nos observations, et nous supposons
qu'à une plus haute température la densité peut devenir moitié de la
densité normale. Eu d'autres termes, si la cause de la diminution est une
dissociation, on peut admettre que la molécule 1^ tend à se séparer en
2 atomes.
» Nous espérons que des expériences ultérieures permettront de dresser
une courbe qui exprimera avec une exactitude suffisante la relation entre
la densité et la température, et les résultats obtenus avec les halogènes lais-
sent entrevoir la possibilité de trouver un rapport entre la densité anomale
et le poids atomique, rapport qu'il conviendrait de chercher aussi dans les
autres groupes périodiques des éléments.
» Nous admettons que ladensité est normale pour le chlore jusqu'à i35o°,
décidément anomale pour l'iode et probablement intermédiaire pour le
brome.
» Dans sa dernière Communication, M. Meyer développe des hypothèses
qu'il fait pour exphquer la divergence entre ses résultats et ceux de MM. De-
ville et Troost, en supposant que la vaporisation rapide et la présence d'un
gaz permanent peuvent favoriser la dissociation de l'iode. Nous ne voulons
pas discuter ici la première de ces vues, d'autant plus que la seconde nous
a paru très probablement suffisante pour expliquer les petites différences
entre la densité que nous trouvons pour l'iode à 860° et 1040" et les chiffres
de MM. Deville et Troost, et, avant d'avoir connaissance de la Note de
M. Meyer, nous avons fait remarquer, à la Société chimique, que le rappro-
chement ingénieux fait par M. Deville entre les phénomènes d'ébullition
et de dissociation pourrait donner la clef pour la solution du problème. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur un mode de production de Cacélal. Note
de MM. R. Excel et de Girard, présentée par M. Wurtz.
« En faisant passer un courant d'li.ydrogène phosphore non spontané-
ment inflammable dans une solution éthérée d'aldéhyde convenable-
ment refroidie, nous avons obtenu une petite quantité de cristaux blancs,
solubles dans l'eau et qui renferment les éléments de l'hydrogène phos-
phore.
» Dans l'espoir d'obtenir un meilleur rendement, qui nous permît d'étu-
( 69^ )
dier cette matière, nous avons dissous de l'aldéhyde dans un peu plus de
son volume d'alcool absolu et nous avon'^ fait passer dnns le mélange,
pendant trois jours consécutifs, un courant d'hydrogène phosphore. Le
mélange fut eu même temps refroidi à — /\o° pendant phisieurs heures,
puis à — 21° pendant toute la durée de l'opération. Il n'y eut pas dépôt
de cristaux; mais l'eau sépara du mélange un liquide qui, après plusieurs
lavages et dessiccation sur le chlorure de calcium, fut soumis à la distil-
lation fractionnée.
» Ou obtint ainsi plusieurs produits passant au-dessous de 70°, puis
le thermomètre s'éleva rapidement jusqu'à 102° environ et resta alors
presque stationnaire,
» En recueillant séparément le produit passant à cette température et
en le soumettant à une nouvelle distillation fractionnée, nous oblhimes
un liquide bouillant vers io4°, d'une odeur éthérée particulière, ne ren-
fermant pas de phosphore et jouissant de plus des propriétés suivantes.
)) Il est peu soluble dans l'eau. Sa solution aqueuse, saturée à froid, se
trouble sous l'influence d'une élévation de température, et le liquide plus
léger que l'eau se sépare, Il est soluble dans l'éther et dans l'alcool et
dissout lui-même l'iode, la toluidine, l'aniline.
» Traité par un mélange de bichromate de potassium et d'acide sulfu-
rique, il s'oxyde en dégageant des vapeurs d'aldéhyde. L'acide sulfurique
le dissout, puis le colore rapidement en brun. L'acide chlorhydrique le
dissout également, et à chaud le colore en brun, en même temps qu'il se
forme du chlorure d'éthyle. 11 ne réduit pas l'azotate d'argent ammoniacal
comme l'aldéhyde et n'est pas altéré par la potasse.
» Tous ces caractères sont ceux de l'acétal. Pour démontrer plus com-
plètement que le produit que nous avions obtenu n'était autre chose que
de l'acétal, nous avons pris la densité du liquide et celle de sa vapeur.
Voici les résultats obtenus :
Densité du liquide prise à i3". 0,839
Densiié de l'acétal prise à 18" 0,825 ) ,„
Densité de 1 acetal prise a 22°, 4 0,021 ) ^
Densité de vapeur du liquide : trouvé 4j3
Densité de vapeur de l'acétal : trouvé 4>24 (Stas)
Densité de vapeur de l'acétal (théorique) 4)0^
» En faisant passer un courant d'hydrogène phosphore dans un mé-
lange d'alcool et d'aldéhyde à froid, on obtient donc de l'acétal. Le ren-
dement est très considérable.
C R., itSo, I" Semestre. (T. XC, N» 12.) 9*^
( 694 )
» L'expérience a été répétée et a donné les mêmes résultats. Un mé-
lange d'alcool et d'aldéhyde n'a pas donné d'acétal, après avoir été soumis
pendant un temps égal à l'oction du froid. L'iiydrogène phosphore inter-
vient donc dans la production de l'acétal.
» Parmi les produits les plus volatils, on a constaté l'odeur de l'éther
ordinaire.
» Les vapeurs d'acétal ont une action énergique sur l'économie, mais
n'amènent pas l'anesthésie.
» Il est probable que les basses températures auxquelles nous avons
opéré ne sont pas nécessaires. Dans un prochain travail, l'un de nous fera
connaître les résultats d'expériences faites à diverses températures et pré-
cisera les conditions les plus favorables à la préparation de l'acétal par
ce procédé. »
THERMOCHIMIE. — Chaleurs spécifiques des solutions de potasse et de soude.
Note de M. Hammerl, présentée par M. Berihelot.
« J'ai entrepris de mesurer les chaleurs spécifiques des solutions con-
centrées de potasse et de soude, quantités qui se présentent dans diverses
observations thermochimiques.
» La méthode employée est celle de M. Berthelot [Essai de Mécanique
chimique, t. I, p. 270). La solution contenue dans une bouteille de platine
a été maintenue au préalable pendant une demi-heure à température
constante, entre les limites de 3o° à 4o°. Les expériences sont pénibles, à
cause de l'absence de mobilité des liqueurs, de leur peu de conductibilité
et, par suite, de la difficulté d'y établir une répartition uniforme et cer-
taine des températures. Voici mes résultats :
I. — Potasse.
KO conlenu
Équivalents
c,
C,
chaleur
dans loùÉ''^
H=0' pour
Équivalents
Chaleur
chaleurs
moléculaire de
Différence
de dissolution,
, l'i KHO-.
KHO'h-hH'-O--.
spécitique.
moléculaires.
l'eau (18 /t).
C — C.
32,72
4,86
.43,5
0,697
100,0
87,5
-T-12,5
25,48
7, .3
184,3
0,737
i35,8
128,3
-h 7,5
17,60
11,72
267,0
0,780
210,2
21 I ,0
— 0,8
4,98
14,35
3.4,3
0,807
253,6
258,5
- 4,9
Il ,16
20,28
4'21,0
0,845
355,7
365, 0
— 9,3
9,85
23, 4o
477»'î
0,859
409.9
421,2
— Il ,3
7,78
3o,44
6o3,9
o,833
533,3
548,0
->4,7
6,28
38,48
742,6
0,900
673,8
692,6
-18,8
(695 )
» La formule suivante permet de calculer les chaleurs moléculaires
quand on connaît les nombres // d'équivalents H-0- contenus dans la
solution
C = .8«-.8,o8 + ^^^--^^^^.
Je n'ai pas poursuivi cette étude sur des solutions plus étendues, celles-ci
ayant été étudiées par M. Thomsen.
» Soude. — La détermination des chaleurs spécifiques des solutions de
soude présente encore plus de difficultés que pour la potasse, à cause du
peu de fluidité des liquides. J'ai obtenu les résultats suivants :
II. — Soude,
Equivalents C,
NaO contenu H^O' C, chaleur
dans lOuS'' pouri'^i Équivalents Clialeuis chaleurs moléculaire de Difiërence
de dissolution. NaHO=(n). Na H0=+« H'- 0=. spécifiques, moléculaires, l'eau (i8«). C — C
38,34 2,27 80,9 0,816 66,0 40)9 +^5,1
25,54 4j52 121,4 0,862 103,5 81,4 H-3?.,I
19,82 6,47 i56,5 0,869 i36,o 116,5 +19,5
i4,4o 9,74 2i5,3 0,886 190,8 175,3 4-i5,5
7,21 21,67 43o,i 0,924 397,4 390,1 -t- 7,3
Les derniers chiffres sont un peu plus forts que ceux de M. Thomsen
pour des liqueurs analogues.
» Dans une autre série d'expériences, j'ai opéré en dissolvant dans l'eau
des quantités égales de solutions portées à des températures diverses; mais
les résultats ont été moins satisfaisants que par la méthode précédente.
)) La formule calculée est la suivante :
o ... 1 59, 85 235,77 M\
CHIMIE VÉGÉTALE. — Sw les alcalis du grenadier. Note de M. Cu. Tanret,
présentée par M. Berthelot.
« 1. Ainsi qu'il ressort d'une Note précédente (^), l'écorce du grenadier
contient quatre alcaloïdes volatils, dont trois sont liquides et l'autre est
cristallisé. Ay^int déjà indiqué les principales propriétés de celui-ci, je viens
(') Ce travail a été fait an laboratoire de M. Berthelot, au Collège de France.
(') Comptes rendus, t. LXXXVIII, p. 716.
( 696 )
compléter celles des trois premiers, que j'isole maintenant complètement.
Je désignerai ces corps sous les noms de pelleliérine, isopelleliérine, méllijl-
pelletiérine et pseudopelleliérine.
» Séparation. — Étant donné un mélange des quatre alcalis à l'état de
sels, on traite leur solution par un excès de bicarbonate de soude et l'on agite
avec du chloroforme Et) agitant ensuite celui-ci avec de l'acide sulfurique
étendu, on obtient une solution qui contient les sulfates de méthyl et de
pseudopelleliérine. On ajoute alors de la potasse caustique à la première
liqueur, et, en répétant le traitement par le chloroforme et l'acide, on a une
solution des sulfates de pelletiérine et d'isopeiletiérine.
» 2. Métli/lpelleliérine. — Pour isoler cet alcali, j'ai mis à profit le prin-
cipe de la méthode des saturations fractionnées. Prenant le mélange des
sulfates obtenu par le bicarbonate de soude, on le décompose partielle-
ment par un alcali et l'on agite avec du chloroforme; puis on agite celui-ci
avec un acide. La méthylpelletiérine se concentre ainsi dans les premières
portions mises en liberté, et, après avoir suffisamment répété ces traite-
ments, on n'arrive plus à augmenter son pouvoir rotatoire. On peut con-
sidérer comme pur le sel obtenu. Pour obtenir la méthylpelletiérine, on
décompose par un alcali caustique une solution concentrée d'un de ses
sels. On déshydrate l'alcali mis en liberté sur des fragments de potasse
et l'on distille dans un courant d'hydrogène.
» Composition. — Le chlorhydrate, ayant un pouvoir rotatoire de
«[(, = 4-22", a donné à l'analyse les résultats suivants :
Calculé
liouve. , , ,
,^ ^^, pour la lorinulc
I. 11. C"H"Az0=.
C 55,90 56, 3o 56,38
H y, 61 9,32 9,40
Az 7 , 1 5 •• 7 , 3 1
Cl 18,44 " '^'53
» La composition de la méthylpelletiérine peut donc être représentée
par la formulée» H" AzO=.
" Propriétés. — Cet alcali est liquide. Il se dissout dans vingt-cinq fois
son poids d'eau à 12°. Il est très soluble dans l'alcool, l'éther, le chloro-
forme. Il bout à 215".
» Le pouvoir rotatoire du chlorhydrate est de «[b, = -f- 22°.
)) Les sels de cet alcaloïde sont extrêmement hygrométriques.
» 3. Pseudopelleliérine. — Cet alcali est cristallisé. Pour l'obtenir, on
(697)
concenlre la liqueur dépouillée de mélhylpelletiérine et on la lrai(e par la
potasse caustique, puis on agite avec de l'éther. Par évaporation du dis-
solvant, on obtient des cristaux que plusieurs cristallisations donnent tout
à fait purs. La composition de cet alcaloule a été donnée dans la Note pré-
cédente; elle est représentée par la formule C"H"AzO^
» 4. Pelletiérine. — On met à évaporer sur l'acide sulfurique la solution
dessulfates obtenus par l'aclion des alcalis caustiques, puis, quand la masse
est sèche, on l'expose à l'air sur des doubles de papier brouillard. Elle ne
tarde pas à tomber partiellement en déliquescence et abandonne sur le
papier des cristaux à peine hygrométriques. C'est le sulfate de la pelletié-
rine. Quant au sel qui a pénétré le papier et qui, si l'on a eu soin d'arrêter
à temps l'exposition à l'air, n'a pas de pouvoir rotatoire, c'est le sulfate de
l'isopelletiérine. Pour obtenir l'alcali pur, on achève l'opération comme
pour la mélhylpelletiérine, en ayant soin de distiller à basse pression,
l'ébullition à la température ordinaire l'altérant rapidement.
» Composition. — Les analyses de son chloroplatinate et de son chlor-
hydrate lui font assigner la formule C'H'^AzO^
» Avec le chloroplatinate on a obtenu les résultats suivants :
Calculé
Trouve.
^^^ pour la tormulc
" I. II. III. C'"H"Az0',HCI,Pl01'.
C 27,28 27,53 28 27,74
H 4,64 4-88 4,74 4,64
Az 3,80 ■■ » 4>o7
in ?8,37 28,35 " 28,38
» Les analyses de son chlorhydrate ont donné ;
Calculé
Trouve. , ,. ,
^^^ pour la loruiule
I. 11. C"H"AzO'HCI.
C 53,71 5î,2o 54,08
a 8,92 8,97 y, 01
Az . . 7>7o " 1 '88
Cl >9>85 » 20,00
» Propriétés. — La pelletiérine est un alcali liquide et incolore quand il
vient d'être obtenu dans un courant d'hydrogène. Il est remarquable par
la rapidité avec laquelle il absorbe l'oxygèue en se résiuifiant. Sa densité à
zéro est de 0,988. Il se dissout à froid dans vingt fois son poids d'eau, et
il en dissout son poids. Il est soluble en toutes proportions dans l'éther,
l'alcool, le chloroforme. A la pression ordinaire, il bout à igS"; il distille
( %8 )
alors en se décomposant en partie. Sous une 'joression de lo*^"", le point
d'ébullition s'abaisse à laS".
» Le sulfate de pelletiérine a un pouvoir rotatoire de «[0)= — 3o°. Si
l'on porte à too° l'alcali libre, le pouvoir rotatoire disparaît.
)) Les sels de pelletiérine perdent une partie de leur base quand on les
chauffe soit secs, soit en solution aqueuse.
)) 5. Isopelletiërine. — Cette base s'isole comme il vient d'être dit. Voici
l'analyse de son chlorhydrate :
T, Calculé
Trouve.
I - j pour la formule
I. II. 111. C"H'*AzO=HCl.
C 53,20 53,33 53,23 54, o8
H 8,63 8,75 8,85 9,01
Az 7,60 » » 7,88
Cl '9>85 » i> 20,00
)) Sa formule étant, comme celle de la pelletiérine. G"*!!"* AzO-, on peut
considérer ces deux bases comme isomères.
» Propriétés. — L'isopeiletiérine est un alcali liquide sans action sur la
lumière polarisée. Sa densité, sa solubilité dans l'eau et son point d'ébulli-
tion sont les mêmes que pour la pelleliérine. »
MINÉRALOGIE. — Production artificielle d'une leticotéphrile identicpie aux
laves cristallines du Vésuve et de la Somma. Formes naissantes cristalli-
tiques de la leucite et de la néphéline. Note de MM. F. Fouqué et A.
Michel Lévy, présentée par M. Daubrée.
« I. Nous avons eu l'honneur de présenter, le 18 novembre 1878, à
l'Académie une Note contenant la description d'une roche artificielle iden-
tique aux laves de l'Etna et composée d'augite, de labrador et de fer
oxydulé. Des recherches postérieures (') nous ont permis d'obtenir des
associations de leucite et d'augite, comparables aux leucitites naturelles.
)) Mais nous n'étions pas parvenus à réunir dans un même magma cri-
stallin la leucite et les feldspaths tricliniques. Pour combler cette lacune,
nous avons dû modifier légèrement le procédé |)récédemment employé, et
tenir compte de la différence considérable de fusibilité des deux minéraux.
» On fond en un verre homogène les éléments chimiques du mélange;
(^) Bull. Soc, minéral., 1879, p. lii.
( (^99 )
puis on sci nde en deux temps l'opération qui doit amener la formation des cris-
taux. On maintient d'abord pendant vingt-quatre heures le culot au rouge
blanc; les éléments de la leucite s'isolent et passent à l'état cristallin. Puis,
dans un second temps, la matière est maintenue pendant vingt-quatre heures
au rouge cerise, à une température légèrement inférieure à celle de la fusion
du feldspath cherché. Tout le culot se prend alors en une masse cristalline.
1) Nous avons traité ainsi un mélange de silice, d'alumine, de potasse,
de soude, de magnésie, de chaux et d'oxyde de fer, représentant i partie
d'augite, 4 de labrador et 8 de leucite. Les culots obtenus, réduits
en lames minces, nous ont montré au microscope l'augite, le labrador et la
leucite, sensiblement dans les proportions attendues; il s'est produit en
outre de petits octaèdres réguliers de fer oxydulé et de picotite, dont la
consolidation est antérieure même à celle de la leucite, comme dans les
roches naturelles.
» L'augite est en petits microlithes verts, allongés suivant A' g' ; le labra-
dor en grands microlithes maclés suivant la loi de l'albite et allongés
parallèlement à pg'. La leucite se présente en grands et petits trapézoèdres
rt*, ao, b' ; quelques échantillons permettent une mesure très approximative
des angles.
» Tous ces minéraux possèdent les propriétés optiques qui caractérisent
leurs similaires naturels; un grand nombre de cristaux de leucite pré-
sentent notamment lesmacles alternantes suivant les faces de l'octaèdre b' ;
l'interposition d'une lame de quartz rend ces macles très apparentes.
» IL Quand on arrête l'opération au bout du premier temps, c'est-à-
dire après vingt-quatre heures de chauffe au rouge blanc, on retire un
culot à fond vitreux, hérissé de petites sphérules blanchâtres de leucite;
pendant le refroidissement, au milieu des parties d'apparence vitreuse, on
voit brusquement de nouvelles sphérules se développer, comme si les
éléments constitutifs de la leucite, déjà groupés entre eux, n'attendaient
qu'une température favorable pour manifester leur individualité cristalline.
Il est à remarquer que ce phénomène ne se produit qu'après maintien,
pendant vingt-quatre heures, du mélange à haute température.
» L'examen des plaques minces provenant d'un pareil culot présente
un haut intérêt au point de vue des formes naissantes des cristaux de leu-
cite. Les cristallites de ce minéral [fig. i) se présentent en arborisations
sensiblement rectangulaires, dont chaque élément est un petit cristal, à
formes généralement nettes, présentant en profd les faces a^, a- et b\ La
jonction de ces cristaux se fait suivant les faces b* et leur ensemble cou-
( 700 )
stilue un groupement de 6 éléments à angle droit, de telle façon qu'on voit
souvent en plan des croix régulières.
» Enlre les niçois croisés, avec une lame de quartz interposée, les deux
i.CUClli-
séries d'éléments à angle droit se colorent de deux teintes différentes.
L'extinction a lieu simultanément, dans le sens des branches de la croix.
Fig. 2.
Nrplu'liiie
Quand un cristal bien formé sert de centre à ces arborisations, on constate
que ses propres macles sont bien parallèles aux faces b* des éléments ani-
( 7"' )
biaiits. Un pareil assemblage explique les formes pseudo-cubiques si con-
stantes dans la leucite.
» Dans nos expériences de reproduction de la néphéline, il s'est égale-
ment produit des formes naissantes [fig. 2). Les cristallites de néphéline
ne présentent pas la complication de ceux de la leucite. Leur orientation
optique est unique; ils se composent d'éléments allongés, parallèles soit
aux diagonales, soit aux côtés des sections passant par deux arêtes tnin
opposées. »
MINÉRALOGIE. — Reproduction arlificielle du spinelle et du corindon.
Note de M. Stax. Meumer.
« En faisant récemment connaître à l'Académie une méthode qui four-
nit l'enstalite artificielle, avec tous les caractères offerts par cette espèce mi-
nérale dans la substance des-météorites, j'indiquais une modification au
mode opératoire adopté, qui conduirait sans doute à la formation des alu-
minates. Cette prévision a été pleinement confirmée, et je viens annoncer
aujourd'hui non seulement la synthèse de l'aluminale de magnésie, ou
spinelle, mais encore la reproduction artificielle du corindon.
» L'expérience a consisté à mettre en présence, dans un tube chauffé, le
chlorure d'aluminium, la vapeur d'eau et le magnésium métallique. Le
chlorure d'aluminium étant solide, il m'a paru commode de le placer à
l'avance dans le tube, de telle sorte que les rubans de magnésium y fussent
simplement enfouis. Dès que la température a atteint le rouge, on a laissé
arriver la vapeur d'eau. L'opération a pris fin quand l'acide chlorhydrique
a cessé de se dégager.
» Après refroidissement, le tube contient une substance ayant conservé
par endroits la forme des rubans métalliques, et qui, au premier abord,
semble tout à fait amorphe. Au microscope, on constate, au contraire,
qu'elle est cristallisée, au moins pour la plus forte part.
» Les cristaux, groupés ordinairement en druses, sont absolument lim-
pides et incolores; ils consistent, pour la plupart, en octaèdres réguliers et
en cubes absolument inactifs sur la lumière polarisée. Leur dureté extrême
et leur inaltérabilité absolue dans l'acide azotique bouillant les identifie,
comme leur composition, avec le spinelle naturel. Dans certaines portions
du tube, ils sont mélangés de périclase ou magnésie cristallisée, attaquable
dans l'acide azotique et résultant sans doute de l'action, étudiée déjà, de
C. R., 1&80, :" Semestre. (T. XC, K» 12 ) Ql
( 702 ) • .
l'acide chlorhycirique sur la magnésie. On y aperçoit aussi quelques
grains, de forme allongée, très actifs, et qui semblent être du corindon.
» Ce résultat si net, que j'ai eu l'honneur de soumettre à M. Daubrée
et à M. Des Cloizeaux, m'a naturellement engagé à tenter la reproduction
de la galinite ou spinelle zincique, et, pour cela, le zinc prit simplement
dans l'expérience la place du magnésium. Toutefois, l'aluminate de zinc ne
se fit pas, et je crois pouvoir attribuer cet insuccès à la température trop
peu élevée qui fut atteinte, et qui resta inférieure au point de volatilisation
du métal. Celui-ci, réuni en une sorte de lingot, n'avait subi qu'une oxyda-
tion très faible. Pourtant la poudre blanche qui remplissait le tube se
montra parsemée d'une multitude de lamelles hexagonales, d'une netteté et
d'une régularité admirables, tout à fait inactives d'ailleurs sur la lumière
polarisée. Un premier essai ayant démontré que ces cristaux, inatta-
quables aux acides, ne renferment point de zinc, il devint probable qu'ils
étaient constitués par l'ahimine pure et représentaient, par conséquent,
une imitation artificielle du corindon de la nature.
» Pour m'en assurer, je soumis, à l'action de la vapeur d'eau seule, du
chlorure d'aluminium déposé dans un tube de porcelaine chauffé au rouge :
c'était, comme on vx)it, une simple variante de ces expériences célèbres qui
ont donné l'oligiste à Gay-Lussac et la cassitérite à M. Daubrée, et j'ai peine
à croire, malgré le mutisme des livres à cet égard, que les chimistes ne
l'aient pas tenté déjà depuis longtemj)S. Quoi qu'il en soit, cette manipu-
lation si simple a doiuié, avec une abondance extrême, les lamelles hexa-
gonales précédemment signalées et il n'y a |)lus maintenant à douter de
leur vraie nature.
» Ces diverses expériences, faciles à vérifier par tout le monde, contri-
bueront, je crois, à appuyer pour leur part les idées de Davy, de Gay-
Lussac et de M.Daubiée, sur l'existence d'un noyau niélalliqne non oxydé
dans les régions infra-granitiques. L'eau et le chlorure de silicium étant
des agents qui jouent nécessairement un grand rôle dans la chimie des pro-
fondeurs, il semble que les essais dont on vient de lire un exposé sonuuaire
reproduisent un ensemble de conditions réalisées dans la nature. C'est
d'ailleurs un point de vue que je ne fais que toucher ici, me promettant
d'y revenir en décrivant très prochainement la synthèse, obtenue par la
înéthode qui m'occupe en ce moment, de silicates alnmineux et de silico-
ahiminates alcalins. »
GÉOLOGIE. - Sur In présence normale du cuivre finis les piaules qui vivent
sur les loches de la formation primordiale. Note de M. Dieulafait, pré-
sentée par M. Berthelot.
« Be'sumë et conclusions. — Dans tin Mémoire récent ('), j'ai montré que
le cuivre existe à l'état de diffusion complète dans tontes les roches de la
formation primordiale et dans celles qui proviennent directement de lenr
destrnction. Parmi les nombreuses conséquences qu'entraîne ce fait général
se trouve en particulier la suivante : Toutes les plantes qui se développent
sur les roches de la formation primordiale et sur celles qui en dérivent
directement doivent contenir du cuivre en proportion sensible.
» I. J'ai recueilli moi-même, en vue du Mémoire actuel : i° entre Cannes
et Saint-Nazaire (Var), quatre-vingt-douze échantillons de chêne liège;
2° dans la même région primordiale du Var, deux cent soixante-trois échan-
tillons de plantes diverses; 3° du cap Corse à Ajaccio, quarante-huit échan-
tillons; 4° sur divers points de la côte d'Afrique, entre Bône et Alger, cin-
quante-deux échantillons.
» IL La silice et l'alumine qui constituent la partie argileuse des terrains
marneux sont des produits, souvent directs, de la destruction des roches
primordiales. Ces roches et les plantes qui se développent au-dessus d'elles
doivent, dès lors, renfermer du cuivre : j'ai recueilli, dans le grand horizon
marneux de la région de Digne, cent vingt-huit échantillons de chêne
blanc.
III. Il n'est pas de question qui ait été pins agitée par les savants, même
en dehors des géologues, que celle de l'origine et du mode de formation des
terrains dolomitiques; rien n'est plus naturel, car le rôle des terrains dolo-
mitiquesdans la constitution de notre globe est si considérable que, suivant
la solution qui sera donnée de leur origine, les bases mêmes de la Géologie
seront moditiées jusque dans leurs profondeurs. Depuis près de vingt ans,
je n'ai pas cessé de m'occuper de ces questions, et aujourd'hui je suis
arrivé à la conclusion suivante : la chaleur n^a pas pris le moindre rôle dans
la formation des terrains dolomitiques; ce sont des dépôts marins, sédimen-
taires au sens ordinaire du mot, mais souvent effectués dans des eaux ma-
rines déjà concentrées. J'apporterai très prochainement les preuves géolo-
(') Annales de Chimie et de Physique, 5'' série, t. XVill.
( :"4 )
giques et surtout chimiques qui m'ont amené à cette concltisîon. En
attendant, elle entraîne cette conséquence que les terrains dolomiliqiies
doivent renfermer du cuivre à l'état de dissémination, puisque, comme je l'ai
montré ailleurs ('), des combinaisons cuivreuses accompagnent toujours
les dépôts qui se forment dans les eaux marines quand elles se concentrent.
J'ai recueilli : i° sur le grand horizon infraliasiqne du midi de la France,
depuis Mende jusqu'à Nice, soixante-huit échantillons de chêne blanc;
2° sur l'horizon dolomitique du corallien supérieur à Terebralula moravica,
entre Marseille et Nice, quarante-deux échantillons de chêne vert.
» IV. Quelle que soit l'hypothèse que l'on adopte pour expliquer l'origine
du calcaire cristallisé relativement pur, il me semble impossible de ne pas
admettre qu'une grande partie au moins s'est déposée au sein des eaux, et
la pureté même du calcaire entraîne celte conséquence, qu'il s'est formé en
dehors de tout élément vaseux, par conséquent en dehors de tout apport
direct des roches primordiales.il ne devra donc renfermer, de ce chef, que
des traces minimes de cuivre, et il devra en être de même pour les plantes
(rares et peu importantes) qui se développent sur ces calcaires.
M Résultats obtenus. — i° Le cuivre existe dans toutes les plantes qui se
développent sur les roches de la formation primordiale; sa proportion est
suffisante pour qu'il puisse être reconnu avec certitude, même par la réac-
tion de l'ammoniaque, en employant iS"^ de cendre seulement.
)> 2° Chacun des cent vingt-huit échantillons de chêne blanc des terrains
marneux m'a permis de reconnaître la présence du cuivre avec i^'' de
cendre, bien que, en général, la proportion de ce métal fût inférieure à celle
des plantes des terrains primordiaux,
» 3° Tous les échantillons recueillis dans les horizons dolomitiques ont
fourni du cuivre nettement recounaissable dans i°' de cendre; mais, suivant
les échantillons, il y a eu de grandes variations.
» 4° Les plantes qui vivent sur les calcaires relativement purs ne m'ont
plus fourni trace de cuivre dans les conditions des trois groupes précédents.
Pour arriver à le reconnaître avec certitude, j'ai dû élever parfois jusqu'à
loo^"^ le poids de la cendre sur laquelle j'opérais.
» Existe-t-il normalement du cuivre dans les organes des animaux et
dans ceux de l'homme? L'ensemble des faits exposés dans ce Mémoire et
dans le précédent me permet d'aborder cette question si souvent agitée et
cependant si peu résolue. Ces faits, du reste, montrent déjà que la question
(') Loc, cit.
( lo'' )
est moins simple et surtout beaucoup moins .tbsolue qu'on ne l'avait cru
jusqu'ici. J'aurai l'honneur d'apporter procliainement à l'Académie la so-
lution de la partie qui se rapporte aux animaux et à l'homme vivant sur la
formation primordiale. »
PHYSIOLOGIE. — Reclierclies sur l'innervation vaso-motrice, ta circulation du
Joie et (les viscères abdominaux. Note de M. Laffoxt, présentée par
M. Vulpian.
« Dès l'année 1848, après la découverte de l'apparition du diabète
par la piqûre dw plancher du quatrième ventricule, lorsque Cl, Bernard
eut démontré que l'effet de cette piqiu'e était d'augmenter la circulation
des viscères abdominaux, les auteurs se préoccupèrent du mécanisme de
celte suractivité circulatoire. Les uns, avec Cl. Bernard, en présence de la
non-permanence du diabète après la piqûre et de sa disparition après la
section de la moelle à un certain niveau, conclurent que la suractivité cir-
culatoire était le résultat d'une dilatation active des vaisseaux. Le plus grand
nombre ne virent dans ce phénomène qu'une paralysie vaso-motrice, une
dilatation passive.
» J'ai recherché s'il existe pour les organes intra-abdominaux des nerfs
dilatateurs proprement dits, à action centrifuge, dont l'excitation du bout
périphérique produise une dilatation des vaisseaux des organes innervés et
luie baisse de la pression aitérielie dans le même territoire.
» 1° Sur de jeunes chiens de quatre à huit jours, j'ai ouvert le canal
vertébral, sectionné la moelle en deux points, de façon à avoir un tronçon
isolable comprenant les deux premières paires de nerfs dorsaux. L'exci-
tation de ce tronçon par courant faradique faible a produit une con-
gestion nette et progressive du foie, jaune rougeâtre chez ces jeunes
animaux, et qui, sous l'influence de Texcitation, s'est injecté par îlots.
» 2° Sur des animaux adultes, l'excitation faradique faible du bout
périphérique bien isolé des racines de la première paire de nerfs dorsaux
a amené une baisse primitive et d'emblée de la pression artérielle abdo-
minale, interrogée soit dans l'artère mésentérique supérieure, au moyen
d'une canule simple, soit dans l'artère splénique ou hépatique, au moyen
d'un ajutage en T.
» L'isolement parfait du bout périphérique des racines de la première
paire dorsale est absolument indispensable, ainsi que l'emploi d'un cou-
( 7"^' )
rant très faible, car le moindre courant dérivé sur la moelle provoque,
au lieu de l'abaissement de la pression artérielle, une énorme augmen-
tation de cette pression.
» Dans une autre série d'expériences, j'ai pu voir que c'est bien par
l'intermédiaire de ces nerfs dilatateurs que se produit l'effet de la piqûre
du quatrième ventricule, car, à la suite de l'arrachement des deux ou trois
premières paires de nerfs dorsaux, une glycosurie intense, produite par la
piqûre diabétique, est tombée, en une heure trente minutes, de 44^% 5 de
sucre à 12^''.
» C'est encore par l'intermédiaire des mêmes nerfs dilatateurs que sur-
vient la glycosurie signalée par Cl. Bernard à la suite de la faradisation
des bouts centraux des nerfs vagues, car, dans un grand nombre d'expé-
riences, j'ai toujours vu que, sur des chiens curarisés, l'arrachement des
deux ou trois premières paires dorsales supprime la baisse de la pression
artérielle que l'on obtient toujours sans cela, lorsqu'on excite avec un
courant faible les bouts centraux des deux nerfs pneumogastriques. Bien
mieux, après arrachement des deux ou trois premières paires dorsales,
l'excitation faradique des bouts périphériques des deux nerfs vagues
amène une élévation de la pression.
» Un autre point était encore à éclaircir. Les auteurs, et en particulier
M. Vulpian ('), ont pensé que, si l'excitation des bouts centraux des nerfs
vagues produit un abaissement de la pression artérielle, de la même façon
que l'excitation des bouts centraux des nerfs dépresseurs, c'est que cette
excitation des nerfs vagues chez le chien revient à une excitation des
nerfs dépresseurs confondus avec les nerfs vagues chez cet animal.
» Effectivement, j'ai constaté que l'excitation faradique des bouts cen-
traux des nerfs dépresseurs provoque une glycosurie intense (fait signalé
déjà, à mon insu, par W. Filehne, à Erlangen).
» J3e plus, comme pour les nerfs vagues chez le chien, l'excitation fara-
dique des bouts centraux des nerfs dépresseurs chez le lapin ne provoque
plus, après arrachement des deux ou trois premières paires dorsales, sans
lésion de la moelle, l'abaissement typique de la pression artérielle; au con-
traire, on voit survenir dans ces conditions une élévation de cette pression.
» Enfin, l'excitation faradique des bouts centraux des nerfs dépresseurs
m'a encore permis de suivre le mode d'action de la piqûre du plancher du
quatrième ventricule et d'établir l'existence de deux foyers symétriques ou
(') Leçons sur l'appareil vasomoteur, t. I, p. 36o.
( 7"7 )
centres dilatateurs du foie et des viscères abdominaux. En effet, après avoir
préparé les nerfs dépresseurs et pris un tracé type de la pression pendant
l'excitation du bout central de l'un de ces nerfs, je fais la piqûre du qua-
trième ventricule, à gauche par exemple. Immédiatement après, l'excita-
tion du bout central du nerf dépresseur du côté de la piqûre produit encore
son effet classique; mais, une heure après, la même excitation du même nerf
ne produit plus aucun abaissement, mais au contraire une élévation de la
pression artérielle si l'on augmente la force du courant, tandis qu'au même
moment l'excitation portée sur le bout central du nerf dépresseur opposé
amène toujours le même abaissement typique de la pression.
» 11 en est de même, si l'on interroge l'excitabilité des nerfs dépresseurs,
le lendemain, alors que le sucre a disparu des urines.
» Dans ces conditions, l'excitation du nerf dépresseur du côté de la
piqûre n'a aucun effet sur la pression artérielle; l'excitation du nerf dépres-
seur du côté sain provoque constamment l'abaissement de la pression
artérielle.
)) Ainsi, l'effet de la piqûre du plancher du quatrième ventricule est
primitivement une excitation du centre dilatateur; mais, bientôt, l'hémor-
rhagie consécutive à la piqûre amène une paralysie par destruction de ce
centre, d'où disparition de la glycosurie, au bout de vingt-quatre heures
au plus, par cessation de l'excitation et non par suite de la fièvre ou de
tout autre effet du traumatisme, puisque, le lendemain, alors que le sucre a
disparu des urines, j'ai pu reproduire la glycosurie en excitant le bout
central du nerf dépresseur du côté sain ou en piquant le quatrième ven-
tricule de ce côté.
» Conclusions. — Mes expériences, faites sur des chiens et des lapins,
établissent donc :
» 1° L'existence des nerfs vaso-dilatateurs du foie et des organes abdo-
minaux émanant de la moelle par les trois premières paires de nerfs
dorsaux.
» 2° L'hyperglycémie et la glycosurie résultant de l'excitation faradique
des bouts centraux des nerfs vagues chez le chien, des nerfs dépresseurs
chez le lapin et des nerfs sensibles en général est le résultat d'une impres-
sion apportée par ces différents nerfs aux centres vaso-dilatateurs symé-
triques contenus dans le bulbe, d'où partent des nerfs dilatateurs cheminant
dans la moelle jusqu'à la hauteur de la première paire de nerfs dorsaux, à
partir de laquelle, jusqu'à la troisième paire peut-être, ils sortent de la
iiioelii!, pourgagner la chaîne sympathique et de là les nerfs sphuichniques.
( 7o8 )
» 3° L'arrachement des deux ou trois premières paires de nerfs dorsaux
supprime l'effet, sur la circulation abdominale, des excitations des bouts
centraux des nerfs vagues et des nerfs dépresseurs, et de la piqûre du plancher
du quatrième ventricule ('). »
ANATOMIE PATHOLOGIQUE. — Sur les caractères anotomiques du sang dans
les phlecjmasies. Deuxième Note de M. G. Hayem, présentée par M. A.
Vulpian.
(( Altéraùons (jualiiatives des éléments du sang. — Le caractère essentiel
du sang clans les phlegmasies consiste eu une modification profonde du
processus de coagulation.
M I. a. Pour étudier ce processus, il convient de faire une préparation de
sang pur, étalé en lame mince, de façon que la couche de sang ait
environ 71*, 5 d'épaisseur et que par suite les globules rouges puissent se
placer facilement de champ. On voit alors les éléments prendre une dispo-
sition générale toute particulière.
» Les hématies sont réunies sous la forme de piles, serrées les inies
contre les autres et en partie confondues, de manière à former des amas
compactes, dont le bord est relativement peu sinueux. Ces amas volumineux,
reliés presque tous entre eux, circonscrivent des espaces plasmatiques irré-
guliers, plus larges et moins nombreux que ceux du sang sain, espaces qui,
étant entourés de tous côtés par des éléments colorés, prennent l'apparence
de véritables lacs.
n Lorsque, après la coagulation du sang, on cherche à dissocier ces amas,
on reconnaît que les hématies sont reliées entre elles par des filaments de
fibrine extrêmement fins, faisant prendre à un grand nombre des éléments
qui s'écartent des piles une forme étirée, crénelée ou piriforme. Je me suis
assuré que cette particularité n'est que l'exagération d'un fait physiologique,
et je pense que, dans les phlegmasies, le groupement des globules rouges
en amas considérables est dû à la viscosité anomale qu'acquièrent ces
éléments lorsque la petite atmosphère de fibrine qui les englue augmente
d'épaisseur.
» Les autres altérations que les hématies peuvent présenter dans les phleg-
masies ne sont pas indubitablement la conséquence du processus inflam-
(') Travail du laboratoire de Physiologie expérimentale de M. P. F.ert à la Sorbonne.
( 709 )
matoire. Il n'y a pas, même lorsque la fièvre est vive, de morlificalion
sensible dans les dimensions de ces coipuscules.
» b. Dins les lacs circonscrits par les éléments colorés, on remarque
d'abord un nombre insolite de globules blancs.
» Cette augmentation de nombre porte d'une manière égale sur les dif-
férentes variétés, qui conservent entre elles sensiblement les mêmes rap-
ports que dans le sang normal. De plus, ces éléments ne paraissent pas his-
tologiquement altérés; ils présentent les mêmes mouvements amœboïdes
qu'à l'état sain, mais avec cette différence que parfois leur reptation est
entravée par les filaments de fibrine qui les entourent et qui paraissent
pouvoir y adhérer.
» c. Au moment même où la préparation vient d'être faite, les lacs con-
tiennent un grand nombre d'hématoblastes, qui, à l'instar des hématies,
sont devenus plus visqueux, plus adhésifs les uns aux autres et qui, par
suite, forment bientôt desamas dépassant notablement en volume ceux du
sang normal. Néanmoins, un grand nombre d'entre eux restent isolés ou
disposés par petits groupes de deux, trois, quatre.
M Les plus volumineux des amas peuvent atteindre jusqu'à 4o^ dans
leur plus grand diamètre; la plupart n'ont que loi* à 20!^. On trouve d'ail-
leurs tous les intermédiaires, depuis l'hématoblaste isolé jusqu'aux plus
gros amas, composés environ d'une cinquantaine d'éléments.
» Bientôt apparaît un réticulum fibrineux singulièrement plus net et
plus dense que dans aucune autre circonstance. Il est constitué par plu-
sieurs réseaux superposés, dont les mailles étroites et irrégulières régnent
dans toute l'étendue des lacs. Les filaments qui le forment sont à la fois
plus nombreux et plus volumineux que ceux du sang normal ; les princi-
paux d'entre eux partent en rayonnant, et par une base large, des amas
d'hématoblastes, et concourent, en s'effilant, à former les mailles du réti-
culum.
» Pendant celte formation, les hématoblastes ont perdu leur individua-
lité; ils se sont transformés en petits blocs d'aspect céroïde, d'où se héris-
sent une quantité parfois si exubérante de fibrilles, que les plus gros pren-
nent l'apparence d'une boule épineuse tout à fait caractéristique.
» Il faut encore noter, en différents points du réseau, de petits treillis
extrêmement serrés, remplis de points brillants, dus sans doute à l'appa-
rence que prennent les fibrilles, qui, en se portant d'une surface de verre
à l'autre, se présentent de champ à l'observateur.
» IL Pour prendre une connaissance plus complète du réticulum, il est
c. R., 1880, I" Semestre. (T. XC, N° 12.) 9^
( 7IO )
utile de soumettre une préparation de sang coagulé au lavage à l'eau et de
colorer le caillot par l'iode ou par un sel de rosaniline.
» On met ainsi en évidence quelques particularités nouvelles : i° au ni-
veau des points occupés d'abord parles amas d'hématies se montre un ré-
seau extrêmement fin, à petites mailles, relativement régulières, se conti-
nuant avec le réseau des lacs, mais ne contenant ni hématoblastes ni
globules blancs, ces éléments ayant été complètement refoulés dans les es-
paces plasmatiques par l'empilement serré des hématies; 2° au milieu du
réseau des lacs, un certain nombre de globules blancs restent étalés, mal-
gré l'action de l'eau, sous la forme d'une plaque irrégulière, anguleuse,
fixée dans cette position par des filaments fibrineux qui adhèrent manifes-
tement à plusieurs des angles de la plaque et paraissent même en partir.
C'est là une disposition que je n'ai pas encore vue dans le sang sain.
» III. En traitant le sang, dès sa sortie des vaisseaux, par le liquide que
j'emploie pour faire la numération des éléments du sang normal ('), il se
forme dans le mélange des grumeaux insolites dont les plus gros sont visi-
bles à l'œil nu. Au microscope, ces grumeaux se montrent composés
d'amas d'hématoblastes entourés d'une substance finement granuleuse ou
fibrillaire, visqueuse, à laquelle adhèrent un certain nombre de globules
blancs et d'hématies. Cette réaction est constante, d'une extrême sensibi-
lité; elle peut être considérée comme le moyen le plus simple et le plus
expéditif de mettre en évidence l'augmentation de la fibrine dans le sang.
» IV. Les altérations que nous venons de décrire existent aussi bien,
mais à un degré moins accusé, dans les phlegmasies chroniques que dans les
aiguës. Dans ces dernières, au moment de la convalescence, le processus de
coagulation ne reprend pas brusquement ses caractères normaux; il est
encore, dans ces conditions, étroitement lié aux particularités que présen-
tent les hématoblastes. La crise hématique que nous avons signalée dans
notre précédente Note n'est pas uniquement constituée par un accroisse-
ment numérique de ces corpuscules : elle est encore caractérisée par des
modifications qualitatives. A ce moment, en effet, les hématoblastes ne
contiennent plus autant de matière transformable en fibrine; ils se grou-
pent sous la forme d'amas souvent considérables, dans lesquels les élé-
ments, devenus plus résistants, conservent longtemps leur individualité
propre; ils possèdent, en un mot, les caractères particuliers aux éléments
intermédiaires aux hématoblastes et aux globules rouges.
(') Foirh formule de ce liquide dans les Jrch. de Phys. norm, et path., p. 700; 1878.
(7")
» V. Ces laits anatomiques confirment l'importance que les médecins
français ont attachée à la constatation de la couenne inflammatoire et au
dosage de la fibrine concrète. Ils paraissent, en effet, établir que la fi-
brine est un produit élaboré en grande partie, sinon en totalité, par les
éléments anatomiques eux-mêmes, et que les variations quantitatives en
sont, en tout cas, étroitement subordonnées aux altérations évolutives et
nutritives de ces éléments. »
ANATOMIE GÉNÉRALE COMPARÉE. — Sur les cellules godioniiées et le système
hyalin intra-vaginal des nerfs des Solipèdes. Note de M. J. Renaut, pré-
sentée par M. Bouley.
« I. Lorsqu'on a dégagé l'un des faisceaux du médian ou du facial de
tout son tissu connectif périfasciculaire, il se montre, chez l'Ane ou le
Cheval, et après un traitement convenable par l'acide osmique, sous la
forme d'un cylindre régulier, noir et limité extérieurement par la gaîne
lamelleuse. Si l'on fend longitudinalement cette dernière et si on la sépare
du faisceau, on trouve, à sa face interne, des éléments cellulaires parti-
culiers, très nombreux par places, et interposés à l'endothélium de la gaîne
et à la surface du faisceau nerveux.
» Ce sont des cellules dont le volume est à peu près celui des cellules
globuleuses du nodule sésamoïde du tendon d'Achille des Batraciens
anoures. Leur noyau est de forme le plus souvent bizarre; il est contourné
et tordu de diverses façons, et il occupe soit le centre, soit la périphérie de
l'élément. Le protoplasma est clair, transparent comme du verre, et forme
autour du noyau des expansions multiples. Ces expansions entourent le
noyau comme d'une collerette; elles sont limitées par des festons saillants
en dehors. Si l'on soufflait dans de l'eau de savon de manière à produire
une série de bulles entées les unes sur les autres, on aurait une idée approxi-
mative de la façon dont se superposent les expansions protoplasmiques des
cellules que nous décrivons. Leur apparence de collerette, à plis et bouil-
lons multiples, m'a conduit à leur donner le nom de cellules godronnées.
» Le noyau des cellules godronnées se colore en rouge vif par le car-
min, l'éosine, la purpurine et la pyrosine. Le protoplasma reste incolore;
il est réfringent comme du verre; parfois, sur un point de sa surface, il
montre un petit amas granuleux analogue à celui que l'on rencontre dans
le protoplasma clair des cellules du nodule sésamoïde du tendon d'Achille
des Grenouilles.
( 712 )
» II. Les faisceaux nerveux du médian, du facial, du collatéral palmaire
interne du Cheval et de l'Ane, ne remplissent pas tous exactement la cavité
interceptée par leur gaîne lamelleuse. Le tissu connectif intra-fasciculaire
est relié à la paroi de la gaîne par une multitude de petils mésos^ formés
de fines fibres connectives disposées en nattes et croisées de façon à déter-
miner de petites membranes fenestrées analogues à l'épiploon. Ces mésos
conduisent les vaisseaux sanguins de la gaine lamelleuse au faisceau nerveux.
Sur le treillis de faisceaux conjonctifs grêles dont ils sont formés sont dis-
posées des cellules connectives plates qui semblent la continuation de l'en-
dothélium de la gaîne lamelleuse. Dans les mailles comprises dans l'écar-
tement de ces mésos existe un liquide qui, sous l'influence de l'action
coagulante produite par l'acide osmique, se prend en gelée à la façon d'un
caillot de lymphe.
Ces mêmes espaces, surtout lorsqu'ils sont grands, renferment des cellules
godronnées, qui nagent dans le liquide ou qui se disposent en groupes au
sein de ce dernier. Les festons saillants des luies s'insinuent entre les expan-
sions superposées des autres; de plus, de fines fibres connectives, analogues
à celles de la névroglie, passent et repassent entre les éléments cellulaires
délicats que nous venons de décrire. Le faisceau nerveux est donc soutenu
(dans la cavité tubuliforme constituée par sa gaîne lamelleuse) par un sys-
tème formé de loges communicantes, remplies de liquide et distendues
par les cellules godronnées. Tout ce système forme un manchon qui pos-
sède la consistance du corps vitré de l'œil, et dans lequel le faisceau est
plongé comme dans un milieu semi-liquide, incompressible, élastique et
résistant.
» m. Sur les nerfs volumineux, tels que le médian et le tronc du facial,
on voit, sur certains points, le système précité prendre un développement
considérable. Sur un côté du faisceau nerveux, le tissu connectif inlra-
vaginal, chargé de cellules godronnées, cesse de former un mince anneau;
il s'épaissit en un point. Les mailles de tissu connectif à faisceaux grêles
se stratifient de façon à constituer, sur une longueur de quelques milli-
mètres, une petite tige de tissu fibreux homogène et hyalin, dont la direc-
tion suit celle du nerf. Sur les coupes transversales, ces tiges se montrent
comme des cercles, formés de lames concentriques dont les intervalles
sont remplis de cellules godronnées, et dont le centre est occupé par ces
mêmes cellules accumulées. Le faisceau nerveux, ainsi soutenu, se creuse
latéralement d'une sorte de rigole que remplit sa tige de soutènement,
effilée à ses deux extrémités. De distance en distance, on voit se dégager du
gros faisceau des nerfs formés d'une ou de quelques fibres à myéline,
(7'3)
entourées d'une couronne de fibres de Remak. Ces petits nerfs entrent dans
la tige de soutènement, puisse séparent du faisceau principal en perforant
sa gaine lamellcuse. Cette dernière les suit dans leur trajet, doublée par le
tissu fibreux hyalin, chargé de cellules godronnées, et formant an nerf,
uni ou pauci-tubulaire, un épais manchon protecteur intra-vaginal.
» IV. Je n'ai, jusqu'ici, constaté l'existence de ce système hyalin inlra-
vaginnl que chez les Solipèdes; mais, au point de vue morphologique, sa
signification mérite d'attirer l'attention des anatomistes. On voit que, indé-
pendamment du système de la gaine lamelleuse, les cordons nerveux pos-
sèdent, dans certains termes de la série, un appareil de soutènement formé
par une adaptation particulière du tissu fibreux. Les cellules fixes de ce
dernier prennent des caractères spéciaux, analogues à ceux que montrent
les éléments cellulaires de la corde dorsale, du nodule sésamoïde cartila-
giniforme du tendon d'Achille des Batraciens anoures, et enfin du sque-
lette fibreux interne de certains Mollusques [Hélix pomatia). Ce système,
annulé dans les nerfs de plusieurs animaux et de l'homme, semble réap-
paraître pour former la charpente connective des organes spécialisés du
tact, tels que les corpuscules de Meissner de l'homme, et ceux plus simples
de la langue et du bec de certains oiseaux (' ). »
ANATOMIE ANIMALE. — Dit sjsième nerveux de /'Idothea entomon [Crustacé
isopode). Note de M. Ed. Brandt, présentée par M. Blanchard.
« Le système nerveux de VJdothea entomon présente quatorze ganglions:
trois ganglions céphaliques, sept ganglions du tronc, quatre ganglions
postabdominaux.
» Le seul naturaliste qui ait fait des recherches sur le système nerveux de
Vldolliea est H. Rathke (-); mais ses recherches ne sont pas exactes. L'au-
teur décrit un seul ganglion céphalique (il n'a pas vu les deux autres) ; il
a pris le ganglion sous-œsophagien pour le sus-œsophagien; il ne décrit pas
exactement les nerfs qui en émergent.
» Le ganglion sus-œsophagien se compose de six parties : il a deux lobes
médians, ou les hémisphères, qui donnent deux nerfs pour les antennes
(') Travail du laboratoire d'Anatomie générale de la Faculté de Médecine de Lyon.
(') H. Rathke, Anatoinie r/er Idothea entomon oder des Schachtanirmcs (Nette Schrifle/i
dcr nattirf. Gesellschaft in Danzig, 1820; p. 10g, PI, IF,fig. 2).
(7i4)
internes, deux lobes antennaires qui envoient les nerfs des antennes
externes, et deux lobes externes ou lobes optiques qui portent des nerfs
pour les yeux. Le collier œsophagien est court, très épais et donne deux
nerfs pour le labre {nervi labii superioris). Le ganglion sous-œsophagien, qui
est petit, fournit trois paires de nerfs, comme chez les insectes : deux pour
la lèvre inférieure [nervi labii inférions), deux pour les mâchoires [nervi
maxillares) et deux pour les mandibules [nervi mandibulares) . Le troi-
sième ganglion de la tête, que je propose de nommer ganglion pédomaxil-
laire, repose sur une lame particulière, la lame pédomaxillaire ( ' ), et il donne
une paire de nerfs pour les deux pattes-màchoires [nervi pedoniaxillar es). Le
tronc possède sept ganglions, c'est dire qu'il y a pour chaque anneau un
ganglion. Le premier ganglion du tronc est très petit, plus grand toutefois
que le ganglion pédomaxillaire; tous les autres ganglions du tronc ont le
même volume. De chaque ganglion du tronc naît une paire de nerfs pour
les pieds, des connectifs se détachent des nerfs pour les muscles et pour
la peau de l'anneau, comme l'a décrit H. Ralhke. Le ganglion pédomaxil-
laire ressemble en cela parfaitement aux ganglions du tronc, car il émet,
outre les nerfs des pattes-mâchoires, deux autres nerfs pour la partie posté-
rieure de la tête. Il semble, comme le montrent l'innervation et la présence
d'un ganglion à part, que la partie postérieure de la tête de l'Idothea est un
anneau tboracique soudé avec la tête. Celle-ci est donc un céphalothorax
incomplet, mais toujours morphologiquement différent de la tête des in-
sectes. Il y a quatre ganglions postabdominaux, beaucoup plus petits que
les ganglions du tronc ; le dernier est le plus grand, les autres ont le même
volume. Le premier, le deuxième et le troisième ne donnent qu'une paire de
nerfs pour les anneaux correspondants, tandis que le dernier émet quatre
paires de nerfs. Il y a aussi un nerf sympathique, qui est représenté par un
tronc impair, placé entre les connectifs de la chaîne ganglionnaire et inter-
rompu par les ganglions, c'est-à-dire tout à fait le même que celui que
Fr. Leydig (*) a décrit chez le PorceUio scaber. Déjà H. Rathke [loc. ci(.)ra
vu, mais il ne l'a pas reconnu comme étant le sympathique. »
(') Ed. Brandt, Uebereine Cephalothoracalplatte des gemeinen Schachlwurmes [Idolhea
entomon); Saint-Pétersbourg, 1857.
(') Fr. Leïdio, Fom Bau des thierischen Kôrpers, Tûbingen, 1864, p. sSi, et Ta/eln
zur vergl. Anatom., PI. FI, fig. 7.
( 7'5 )
HELMINTHOLOGIE. — Sur la caducité des crochets et du scolex lui-même chez les
Tœnias. Note de M. P. Mégnis, présentée par M. Ch. Robin.
« Dans une précédente Communication, j'ai émis l'assertion que l'état
armé et l'état inerme, chez les Tœnias, sont deux âges différents ou deux
degrés différents de développement, que peut présenter le même parasite,
soit successivement, s'il ne quitte pas le milieu qu'il habite jusqu'à son en-
tier développement, soit en même temps si deux individus de même origine
habitent des milieux différents au point de vue des matières nutritives
qu'ils contiennent, et j'en donnai comme preuve l'origine commune du
Tœnia i)ectinata du lapin (Taenia inerme) et du Tœnia serrala du chien
(Tœnia armé), du Tœnia perfoliata du cheval (Tœnia inerme) et du Tœnia
echinococcus du chien (Tœnia armé), et enfin le résultat de nombreuses au-
topsies de chiens morts d'occlusion intestinale par des pelotes de Tœnia
serrata, pelotes composées de centaines d'individus de la même espèce et
dans lesquelles se trouvaient confondus des Tœnias armés et des Tœnias
inermes avec tous les degrés intermédiaires établissant le passage de l'un à
l'autre.
» Les seules objections réellement sérieuses qu'on ait opposées à cette
nouvelle manière de voir ont porté à peu près exclusivement sur le petit
nombre des faits sur lesquels je m'appuie, car ces faits, on ne lésa pas ré-
futés et l'on ne m'en a pas opposé de contradictoires.
» Aujourd'hui j'ai de nouvelles preuves, non seulement que l'état armé
et l'état inerme sont deux états constants et successifs dans la même espèce
de Tœnia, états plus ou moins persistants suivant les circonstances, mais
qu'il y a un troisième état tout aussi constant que les deux premiers aux-
quels il succède régulièrement : c'est l'état acéphale.
» L'état acéphale, chez les Tœnias, est l'indice et la preuve de la cessa-
tion des fonctions d'un organe que l'on a, jusqu'à présent, regardé comme
permanent et indispensable à la vie de l'individu; je veux parler du scolex,
vulgairement appelé tête. Eh bien, le scolex est un organe transitoire au
même titre que la vésicule hydatique; il n'est autre qu'un des nombreux
moyens de multiplication dont la nature s'est montrée si prodigue dans le
groupe des Tœnias.
» Les Tœnias, lorsqu'ils existent sous la forme de vésicule hydatique,
forme qui succède à l'embryon infusiforme, se multiplient d'abord (ou
( 71^)
ont de la tendance à se multiplier) par dédoublement ou scissiparité (Échi-
nocoque endogène ou exogène, Cœnurus serinlis ou potjluberculosus, Cysli-
cerque staphylocysle de M. Villot).
» Puis apparaît la membrane germinale, indice d'un deuxième mode de
multiplication et de la cessation du premier. Ce nouveau mode, c'est la
niultiplication par scolex, véritables stolons armés de griffes fixatrices et
de ventouses, qiu entrent en action aussitôt que ces stolons, séparés de la
vésicule mère par la destruction de celle-ci, arrivent au contact d'une mu-
queuse intestinale, ou, dans un certain cas, d'une séreuse péritonéale.
» A ce moment, ces scolex ou stolons deviennent le siège d'un troisième
mode de multiplication : cette fois ce sont des bourgeons, poussant toujours
au même point, celui qui est opposé au pôle porteur de la couronne de
crochets, et ces bourgeons, restant adhérents les uns aux autres, donnent
lieu à un chapelet ou strobile plus ou moins long.
» Après avoir émis ainsi des centaines de bourgeons, qui restent accolés
bout à bout, comme les anneaux d'une chaîne, ceux-ci, s'alimentant par
imbibition, grandissent, deviennent sexués hermaphroditeset un quatrième
mode de multiplication commence : c'est la mullipUcalion ovipare.
» La maturation des œufs coïncide, chez les Tœnias, avec le détachement
de l'anneau qui les porte, véritable sac rempli d'œufs et fermé de toutes
parts, qui les met en liberté par sa mort et la destruction de son tissu.
» La maturation des œufs, chez plusieurs espèces de Taenias que j'ai ob-
servés, est le signe de la cessation des fonctions du scolex qui, à ce moment,
cesse de produire des anneaux : son rôle est fini. Alors il se résorbe pro-
gressivement, perd d'abord ses crochets, puis ses ventouses qui s'effacent,
diminue insensiblement de volume et finit par disparaître totalement. Le
Tœnia est alors littéralement acéphale, mais ses anneaux continuent à
grandir, à sesexuer, à se remplir d'œufs et à se détacher successivement
jusqu'au dernier.
» Ainsi finit naturellement le parasite.
» La durée de la vie des Taenias, et par suite celle des différentes phases
par lesquelles il passe et que je viens d'indiquer, est sans doute très va-
riable, suivant les espèces et surtout suivant le milieu dans lequel ils
vivent. Ces phases paraissent relativement courtes chez les Taenias de cer-
tains oiseaux, et c'est précisément chez deux espèces de ces derniers que
j'ai pu les suivre assez facilement : l'une appartient aux Gallinacés, c'est le
Tcenia injundibulifonnis; l'autre aux Palmipèdes, c'est le Tœnia lanceolala,
tous deux décrits déjà par Gœze.
( 7'7 )
» Ces observations, jointes à celles que j'ai déjà faites sur certains Tae-
nias de Quadrupèdes et celles que je poursuis et que je poursuivrai sur
d'autres Cestoïdes, me permettront, j'espère, de généraliser la loi qui pré-
side aux modifications qui se montrent dans les différentes phases du dé-
veloppement du strobile chez les Tœniasdes Gallinacés et des Palmipèdes.
» Dans tous les cas, on comprend que, à la suite de la constatation de ces
faits, la caractéristique de l'espèce chez les Taenias, fondée exclusivement sur
la présence ou l'absence des crochets, soit maintenant tout à fait insuffi-
sante, et qu'un travail de revision dans la nomenclature de ces parasites
soit devenu nécessaire. »
M. L. GoDEFROY adresse une Note sur la transformation rapide d'un
groupe de protubérances observées sur le bord oriental du Soleil.
M. J. Landerer adresse une Lettre par laquelle il réclame la priorité des
idées émises par M. L. Gaussin, concernant l'arrangement des planètes.
M. Larrey, en présentant à l'Académie, de la part de M. da Cunha
Bjsllem, de l'Académie royale des Sciences de Lisbonne, un Ouvrage por-
tugais intitulé La vie médicale au diamp de bataille, en donne sommaire-
ment l'analyse suivante :
«L'auteur rappelle d' abord l'influencedelaMédecinemilitaire aux armées,
depuis ceux qui l'ont honorée le plus. Il expose ensuite l'insuffisance des
ressources matérielles, malgré les progrès de l'art et les moyens de secours,
en présence des engins de plus en plus formidables de la guerre.
» Il passe en revue les inventions expérimentées déjà et celles qui sont
encoreàexpérimenter, d'après l'Exposition universelle de Paris en 1878. Ces
inventions comprennent les voitures et les brancards d'ambulance, ainsi
que les tentes et les baraques, dans toutes leurs variétés.
» Il relate l'organisation et les travaux du Congrès international sur le
service médical des armées en campagne, à savoir, notamment : la question
des soldats brancardiers, la répartition des places de secours, la nécessité de
^autonomie du corps médical pour l'armée française, comme elle existe dans
les armées des autres nations européennes, les meilleurs moyens de trampo7't
des blessés, V hospitalisation sur place et les mojens d' évacuation, parmi lesquels
les voies ferrées rendent de grands services, et enfin l'utile intervention des
Sociétés de secours.
C. R., 1880, I" Semestre. (T. XC, N" l^.) 9^
(718)
» L'auteur ajoute à i'examen de ces imporlantes questions l'exposé du
service médical dans l'armée portugaise et rend hommage aux hommes qui
ont le plus contribué à sa formation et à son développement. »
A 5 heures un quart, l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 6 heures. D.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
OdVRAGES KEÇDS dans la séance do 11 MARS i88o.
Étude sur la ligature élastique ; par le T)^ A. Simon. Paris, Asselin, 1879;
in-8°. (Présenté par M. Bouley pour le Concours Montyon, Médecine et
Chirurgie, 1880.)
Les Insectes. Traité élémentaire d'Entomologie, -par Maurice Girard. T. II,
second fascicule, Paris, J.-B. Baillière, 1879; in-8°, avec Atlas,
Du mouvement psychique et du mouvement expressif; par M. J. Rambosson.
Paris, Al. Picard, 1880; br. in-8°. (Présenté par M. le baron Larrey.)
Réflexions sur l'éducation physique et les mouvements corporels; par R.
ScHENSTROM. Paris, A. Delahaye, 1880; br. in-8°. (Présenté par M. le
baron Larrey.)
Etude historique et clinique sur la trépanation du crâne . La trépanation
guidée par les localisations cérébrales; par le T)' J. Lucas-Championnière.
Paris, V.-A. Delahaye, 1878 ; in-8°. (Présenté par M. le baron Larrey.)
Epuration et utilisation des eaux d'égout de la ville de Paris [presqu'île de
Gennevilliers et forêt de Saint-Germain). Paris, V.-A. Delahaye, i88o;in-8°.
(Présenté par M. Bouley.)
La médecine du Thalmud ou tous les passages concernant la Médecine.
Extraits des vingt et im Traités du Thalmud de Babylone;par le D^ J.-M. Rabbi-
Nowicz. Paris, chez l'auteur, rue de Seine, n° 63, 1880 ; in-8°. (Présenté par
M. Ch. Robin.)
Unification des travaux géographiques et géologiques . Mémoires et docu-
ments réunis à l'occasion du Congrès des sciences géographique s de 1876 à
Paris ; par Begvyek de Chancourtois. Paris, 1874*, in-8° relié.
Transcription des noms géographiques en lettres de l'alphabet latin; par
M. B. DE Chancourtois. Paris, Martinet, 1878; br. in-8°.
( 7^9 )
Conjérence sur l'unification des travaux géographiques; par M. B. de Chan-
couRTois. Paris, Impr. nationale, 1879; in-8°.
La Science potit tous, 1879; 2^^ année. Paris, aux bureaux du Journal,
n° 21, rue du Croissant, 1880 ; in-4°. (Présenté par M. Jamin.)
A. M. DA CuNHA Bellem. Exposicào universal de Paris 1 878 ; a vida médira
no campa de batalha. Lisboa, impr. Sousa Neves, 1879; i""8°- (Présenté
par M. le baron Larrey.)
Expérimental researches on the régional température of the head under condi-
tions of rest, intelleclual activity and émotion; bj J.-S, Lombard. London,
H.-K. T^ewis, 1879; in-8° reHé.
Mittlieilungen aus dem embryologisctien Institute der K. K. Universitdt in
Ff'ien ; von D' S.-L. Schenk ; I Band. Wien, W. BraumûUer, 1880 ; in-8°.
Haccolta di casi clinici délie ynalattie delta pelle e sifilitiche curate nella clinica
e dispensario, pubblicata per cura del cav. D'' C. Mawassei. Roma, tipogr.
Romana e tipogr. Ripamonti, 1876-1877 ; 2 vol. in-8° reliés. (Présenté par
M. Cb. Robin.)
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 29 MARS 1880.
PRÉSIDENCE DE M. EDM. BECQUEREL.
MEMOIRES ET COMMUIVICATIOIVS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — application (le la théorie des Sinus des ordres
supérieurs à l'intécjration des équations différentielles linéaires; par M. Yvo.v
V^ILLARCEAU,
« Dans une suite de Notes, en date des i3, 20 et 27 mai 1878, j'ai in-
diqué comment j'avais été conduit, par suite de recherches concernant
l'Astronomie nautique , à assigner une nouvelle origine aux fonctions
signalées déjà, depuis un demi-siècle, par Hoëné Wronski et désignées, par
cet analyste, sous la dénomination de Sinus des ordres supérieurs. Engagé
dans d'autres recherches scientifiques, j'avais laissé de côté l'étude de ces
fonctions, lorsque, tout récemment, une question relative aux flexions des
lunettes astronomiques et des supports de certains appareils a ramené
mon attention sur cette matière.
» Comme il convient d'indiquer les voies par lesquelles les progrès des
sciences se réalisent, je prie l'Académie de me permettre de lui faire con-
naître comment une question de Mécanique, qui pouvait sembler épuisée,
m'a conduit à reconnaître la grande utilité des nouvelles fonctions, pour
l'intégration d'une classe très étendue d'équations différentielles linéaires
et la place toute spéciale qu'elles viennent occuper dans cette intégration.
C. R., 18S0, I " Semestre. (T. XC, N° 15.) 94
( 722 )
» J'avais autrefois fait l'étude de la flexion des lunettes ; mais, à l'exemple
des ingénieurs qui ont traité de la flexion plane des solides de section
constante, j'ai alors calculé les moments fléchissants sans avoir égard à la
déformation du solide et obtenu une première approximation de la flexion,
qui a été utilisée pour calculer plus exactement les moments dont il s'agit ;
en un mot, j'avais pratiqué la méthode des approximations successives. La
solution du problème n'a pu être achevée qu'au moyen de développements
très étendus et peu propres à mettre facilement en évidence la loi du phé-
nomène. Revenant sur cette question, qui, au point de vue des applica-
tions à l'Astronomie, exigeait une solution précise, j'ai consulté inutile-
ment les Ouvrages français et n'y ai pas trouvé de solution directe^ pour
le cas d'un solide encastré obliquement à l'horizon et sollicité par une force
verticale agissant à son extrémité libre et par l'action de son propre poids.
» La solution directe dépend de l'intégration d'une équation différen-
tielle linéaire du quatrième ordre, dont la caractérislique a une racine nulle
et trois racines distinctes; deux de celles-ci sont imaginaires et s'obtien-
nent en multipliant la racine réelle par les deux racines cubiques imagi-
naires de l'unité.
)) Ayant effectué l'intégration par les méthodes en usage, qui con-
duisent à des combinaisons d'exponentielles avec des fonctions circu-
laires, j'ai été frappé de l'analogie de composition du résultat avec les
sinus du deuxième ordre (genre elliptique); il a suffi d'en grouper conve-
nablement les termes épars, pour reconnaître qu'effectivement la solution
se compose des trois fonctions de cet ordre, multipliées respectivement par
autant de constantes. Ce fut pour moi un trait de lumière.
» Telle est l'origine de la méthode d'intégration des équations linéaires,
que je vais maintenant exposer, en commençant, pour plus de clarté, parle
cas le plus simple, et traitant successivement quelques autres cas plus com-
plexes.
» Rappelons d'abord l'une des propriétés fondamentales des sinus des
ordres supérieurs. Les sinus de l'ordre m — i sont au nombre de m, dont un
cosinus, ou, si on le préfère, ils comprennent un cosinus et 7?2 — i sinus, en
sorte que le nombre des sinus proprement dits est égal au nombre qui sert
à en définir l'ordre. Le caractère du cosinus est de se réduire à l'unité quand
la variable est nulle, et celui des sinus est de s'annuler avec la variable.
Ces nouvelles fonctions se distinguent, comme les sinus du premier ordre,
en deux genres, l'un hyperbolique^ l'autre elliptique.
( 7^3)
» Pour comprendre dans des énoncés généraux les propriétés com-
munes aux deux genres, nous désignons les sinus de l'ordre m — i par
les notations
9o^> «Pl-^. 'il^\ dx 'U-^^^ î^enie I ^„ip,i^^^_
» Prévenons, une fois pour toutes, que les doubles signes que l'on
trouvera, dans nos équations, devant les fonctions ç) se rapporteront, le si-
gne supérieur au genre hyperbolique et l'inférieur au genre elliptique.
» Des formules (i) et (a), on déduit inversement
/Q\ r j .. ( u. étant différent
(i) j Ç5(i,r dx = 'jiji+i X H- const.
(le m — I .
(4) /ç>,„_i JT^X = ± 'j/jX -4- const.
» Nous ne nous arrêterons pas à démontrer que, si l'on effectue m diffé-
rentiations sur les fonctions y, on aura, pour tout indice, y compris l'indice
zéro,
» Chacun pourra vérifier aisément l'exactitude de cette relation fonda-
mentale dans la théorie des équations linéaires binômes, à coefficients con-
stants. Elle montre que la dérivée m'""*' d'un sinus de l'ordre m — i re-
produit le sinus lui-même, avec ou sans changement de signe, suivant le
genre de sinus.
» Celte propriété, que l'on rencontre dans les exponentielles et les
sinus hyperboliques ou circulaires, permet, par exemple, d'écrire immé-
( 7-^4 )
diafement, pour intégrales des équations biuômes du deuxième ordre,
— rp: r'r, = o,
f] — Co^osrx + c^^\\\vx et -/j = rocosrx + c, sin rjr,
la première solution répondant au signe supérieur et la seconde au signe
inférieur. En nous fondant sur la propriété générale (5), nous allons expo-
ser la solution de l'équation plus générale
d^n
où r est une constante égale à la racine m^™" arithmétique du coefficient
de 1]. Il résulte assez évidemment de ce qui précède que la solution de cette
équation est
(7) v3 = C„' = V,
où le terme du second membre est une fonction de la seule variable x.
Nous ferons usage de la variation des constantes arbitraires; en d'autres
termes, nous adopterons pour solution de l'équalion (8) la formule (7),
correspondante au cas où V serait nu!, en considérant les quantités Cj,
C,, . . ., Cm_, comme des variables qu'il s'agit de déterminer de manière à
satisfaire à l'équation (8). Cette dernière condition ne fournit qu'une seule
des m équations nécessaires à la détermination des m inconnues C^. ; on
trouve les m — i autres, en égalant successivement à zéro l'ensemble des
termes des m — i premières dérivées de vj, qui contiennent les dérivées
des C^. On obtient ainsi le système suivant d'équations propres à la déter-
mination de ces dérivées :
'^C„ , rfC, rfCj dC, rfC„_, rfC„,_,
L.'^C» dC, dC, dC, dC„^, r/C,_,
•-^,.^,r.v+—^,r.v +^-> on a tout
•^ ^ ■ 1-1- ax 'JDO
(') Nous avons déjà fait reniartiuer [Comptes rem/us de l'Académie di:s Sciences, t. LIX,
p. 166) (jue le principe de cette méthode se trouvait dans un appareil décrit par M. Hervé
iManyon ( Annuaire de la Société météorologique, t. XI, p. l3g).
{ = ) Vu est le volume du réservoir, c'est-à-dire le volume de l'air pompé dans l'appareil
entier moins l'air pompé dans le compensateur, le tout supposé à 0° tt à ■jôo""". V est le
volume de l'air resté dans le réservoir à la température a; et à la pression extérieure H,
c'est-à-dire le volume de l'air pompé dans le réservoir à la température x moins le volume
puisé dans le compensateur, le tout ramené à 0° et sous ■jôo"""; k est la somme des coeffi-
cients de la dilatation normale et de la dilatation permanente que nous avons établie
[Comptes rendus, t. LIX, p. 169).
G. R., i!-So i" Semestre. (T. XC, N" 13.) 9 ^
( 73o)
ce qu'il faut pour calculer avec une exactitude 1res grande la température à
déterminer.
» Nous ferons seulement remarquer que la détermination de la tempé-
rature et de la pression des gaz recueillis successivement dans le tube gradué
doit être faite avec la plus grande exactitude. Toutes les précautions néces-
saires pour fixer ces nombres doivent être prises avec minutie, en suivant
les méthodes les plus exactes indiquées par Reguault. On doit aussi, entre
le thermomètre et le compensateur d'une part et la trompe de Sprengel de
l'autre, adopter un mode de liaison tel, que le volume de l'espace nuisible
dans le thermomètre soit parfaitement égal au volume du compensateur. Il
y a bien des moyens de satisfaire à cette condition, et il serait inutile de les
décrire ici.
» Dans un Mémoire que nous publierons dans les Jnnales de l'Ecole Nor-
male supérieure, nous donnerons le dessin de l'appareil avec les dispositions
que nous avons adoptées; mais nous pensons que cette description som-
maire suffira parfaitement pour faire comprendre le dispositif de cet appareil
aux savants initiés à ces questions ( ' j. »
M. le Secrétaire perpétuel annonce à l'Académie la perte douloureuse
qu'elle a faite dans la personne de M. W.-Ph. Scliimper, Correspondant de
la Section de Botanique, décédé à Strasbourg le 20 mars 1880.
aiEMOIRES LUS.
M. Ar. Ddmont donne lecture d'une « Note sur le canal d'irrigation du
Rhône ».
(Commissaires: MM. Boussingault, P. Thenard, Phillips, Rolland, Lalanne.)
(') Nous devons dire seulement que la trompe de Sprengel doit être construite sans
l'emploi de caoutchouc et que le tube vertical qui sert de trompe doit, dans les parties où
le choc du mercure contre le mercure s'effectue, être muni d'un lubeen acier ou en platine
pour protéger le verre contre l'effet du marteau d'eau. La nécessité absolue de cette dernière
disposition sera expliquée dans un Mémoire que l'un de nous publiera avec M. Mascart.
( 73i )
CORRESPONDANCE.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la Cor-
respondance :
i" « L'année scientiBque et industrielle », de M. L. Figuier [année 1879).
2° Une brochure de M. C. Henry, intitulée « Huygens et Roberval; docu-
ments nouveaux ».
3° Un travail de M. Ed. Maillot, intitulé « Étude comparée (botanique et
cbiinique) du Pignon et du Ricin de l'Inde » (Thèse pour le diplôme supé-
rieur de Pharmacie à l'École de Nancy). (Cet Ouvrage est présenté à l'Aca-
démie par M. Chatiu.l
4° Un Ouvrage de AT, G.-B. Ercolani, imprimé en italien et portant pour
titre « Nouvelles recherches sur le placenta des Poissons cartilagineux et
des Mammifères ». (Présenté par M. Ch. Robin, pour le Concours du prix
Serres.)
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les séries liypergéométriques de deux va-
riables, et sur des équations dijférentielles linéaires simultanées aux dérivées
partielles. Note de M. Appell, présentée par M. Bouquet. (Extrait par
l'auteur).
« Dans le Mémoire que j'ai l'honneur de présenter à l'Académie, je
m'occupe des séries de deux variables et des équations différentielles qui
ont fait l'objet d'une Note précédente (voir p. 296). En adoptant les nota-
tions employées dans cette Note, je continue à exposer les principaux résul-
tats que j'ai obtenus.
« IV. Considérons les équations (2) et supposons remplies les conditions
indiquées dans le § II. On peut alors démontrer les théorèmes suivants.
» 1° Soient z,, Zo, Z3, z,, z^ cinq fonctions vérifiant les équations (2);
il existe entre ces fonctions une relation linéaire à coefficients constants :
C, z, + C.nZo + . . . -h C5Z5 = O.
» 2° Soient r,, z,, Z3, z^ quatre fonctions vérifiant les équations (2) et
( 73-^ )
telles que le déterminant
D =
■1
-•■3
P< P-2 l'i l\
Il résulte de ce dernier théorème que, si pour a- = Xf,,f = ; „ le déter-
minant D n'est pas nul, il restera différent de zéro tant que x ^t y n'attein-
dront pas un couple de valeurs singulières. [Je dis que (2, v;) est un couple
de valeurs singulières si i — rt,/^, s'annule pour œ =^ c,j = vj, ou si les
coefficients n ei b des équations (2) ne sont pas développables en séries
convergentes de la forme
^m,ii \'-
?)"'(j----v;)",
;7i = 0, fi — (I
m et ?i étant entiers.] Si l'on appelle syslème fondamental d'intégrales un
système de quatre intégrales pour lesquelles D est différent de zéro, on voit
qu'une solution quelconque des équations (2) est une fonction linéaire à
coefficients constants des éléments d'un système fondamental.
)) Soit {jc = S,j>' — vj)un couple de valeurs singulières; soitTune portion
finie du plan des x comprenant le point ^ ; supposons qu'aucun des couples
formés par /j et lui point de la surface T autre que ç ne soit un couple de
valeurs singulières, et que, j' restant égala ïj, les coefficients a et b des
équations différentielles soient des fonctions uniformes de x dans la sur-
( 733 )
face T. Considérons quatre intégrales s,, =o, z.^, z^ formant un système
fondamental, et imaginons que, j restant égal à -n, -v fasse le tour du
point ^ en demeurant sur la surface T. Si l'on désigne par (:;„) la nouvelle
valeur que prend l'intégrale z„ lorsque le tour est accompli, on a
\Z„) =^ Ci„j s, -f- C,.,,.. 3o -h Cj,,.^3 S3 -H C„^i S/, (// ^- I , 2, J, Z| J,
les C étant des constantes. Les conséquences de ces relations sont ana-
logues à celles qui se présentent dans la théorie des équations différen-
tielles linéaires aune variable indépendante (voir, par exemple, Annales
de r Ecole Normale, t. IV, Mémoire de M. Tannery, p. i34 et suiv.).
)) V. L'intégrale générale des équations F2 est
s = C,Fo(«,/3,/5',7,7'.a;,7)H-C2a;'-TfF2(aH- i — y^fi-l- 1 -7,,'3',2-7,7',cr,j)
-r-C3;''-ï'F,(«4-i-7',,'3,p'+i-7',7, 2- -/.œ,)-)
-+-C,a;'-Vj'-r F„(«+ 'i — 7 - 7',jS + i - 7,, '5'+ 1 - 7', 2 - 7, 2 -y\œ,j).
» Les équations F3 se ramènent à la forme F., par la substitution
» L'intégrale générale des équations F, est
- = C,F,(«,/3,7,7',.r,jr)-+-C2x'-'F,,(a+ i --7, fi -h 1-7,2-7 ■/^^'■)')
-r C3j'-^'F,(« + I - 7',|3 + ■ - 7', 7, 2 - 7',x,j)
-i- Ca'-'j'-T'F^fa _;_ u - 7 - 7', ,'5 -f- 2 - 7 - 7', 2 - 7, 2 - 7',x,>).
" Comme je l'ai déjà fait remarquer, on ne peut pas appliquer les théo-
rèmes précédents aux équations F,, j)our lesquelles i — a,b, est nul. On
montre facilement que les équations F, entraînent, comme conséquence
nécessaire, la suivante,
d'où résultent, pour les équations F,, des théorèmes analogues aux pré-
cédents, avec cette différence qu'un système fondamental d'intégrales est
formé de trois fonctions au lieu de quatre.
» VL Je m'occupe ensuite des propriétés des fonctions satisfaisant à
l'équation (3) du § 111; je montre que l'intégrale double considérée dans
ce § III est encore nulle si l'on suppose
V > '/ > "' i'- + ô — 7 — 7' + I > o.
( 734)
et j'applique les formules générales à quelques cas particuliers dont voici
un exemple. Soit le polynôme
on a
U„,,„— (7, in){Y,n)F.,{—in — >i,m-hy, n+ 7', 7, 7', a?, j);
et, si l'on fait
l'intégrale étant étendue aux valeurs réelles de x et j telles que
07^0, y^o, I — X — / = o,
on a
si m H- n^fj. + V, et
r-{m +n -h i)r(y -\- n-h m) r{y'-+-v+ n)
l^.-' _
r(2/7«-+-2rt + 7+7'+l)
si m + « = jj. + V.
» En employant une méthode analogue à celle de M. Hermite [Comptes
rendus, t. LX, p. 370), on peut associer aux polynômes U,„_„ les polynômes
V,„,„ = F.i{ui + « + 7 -i- 7', - m, — n, 7, 7', x,y);
si l'on fait
l'intégrale étant étendue aux mêmes valeurs que la précédente, on a
K,^;:„ - o
tant que [u. — m)- + (v — n)- >> o, et
j^,„,„ _ r(^i-t-i)r(/; + i)r(/;;4-/' + i)r(y)r(Y') _
'"'" {zm ■+- in -hy -i-Y]r{m -hn -hy ■+ Y)
» Les polynômes plus généraux
possèdent des propriétés analogues. Ils vérifient l'équation différen-
tielle(3), dans laquelle a = — (7» + ?;), 0 = ^ -h m + tt. n
( 735 )
ANALYSE MATHÉMATIQUE. ~ Sur une classe de fonctions de plusieurs variables
tirées de l'inversion des intégrales de solutions des équations différentielles
linéaires dont les coefficients sont des fonctions rationnelles; par M. L.
FucHS. (Extrait d'une Lettre adressée à M. Hermite.)
« 3. Aux résultats que j'ai précédemment exposés ('), j'ajoute les sui-
vants. Je fais voir que le nombrep des points singuliers finis de l'équation (A)
ne surpasse pas le nombre 6, en supposant remplies les conditions (G).
» Je marque ensuite l'exemple /2 = 6, rj"= — |, /-^''^ ^, et je fais voir
que, dans ce cas, l'équation (A) est satisfaite par le système fondamental
oùB. {z) = {z — n,). . .{z — a,;), g{z),It{z) sont des fonctions rationnelles
et entières dont le degré ne surpasse pas l'unité. Dans ce cas, les fonctions
F, («,,«2)» F2("o "î) coïncident avec les fonctions hyperelliptiques du
premier ordre.
» Puis je démontre qu'en général l'équation (A), sous les conditions (G),
n'est pas intégrable complètement par des fonctions algébriques, et que,
par conséquent, nos fonctions F, [11,, 1I2), F2{Uf,Un) sont différentes des
fonctions abéliennes.
» J'y applique l'exemple suivant, compatible avec les conditions (G),
savoir nombre des points singuliers finis /5 = 2, r',"= — |, /-^''^ — i-,
/f = — |, / ■-'= — |, s, = f , s^— 2, et je démontre que l'intégrale générale
de l'équation (A) n'est pas algébrique dans ce cas.
» A la fin je remarque que, les conditions (G) étant remplies, les équa-
tions (B) sont transformées par la substitution monodrome, mais générale-
ment non rationnelle, (F) en des équations semblables, dans lesquellesy"(z)
et f{z) sont remplacées par les racines carrées des fonctions monodromes,
mais généralement non rationnelles de Ç, et Ç prend la place de z comme
variable d'intégration.
» J'ajoute le théorème suivant, qui est semblable aux théorèmes d'Abel
pour les intégrales des fonctions algébriques :
» Étant données deux séries de valeurs de z arbitrairement choisies, l'une en
[') Comptes rendus, nièrae tome, p. 6^8.
( 736)
contenant un nombre quelconque n, savoir :^, s,,. . ., r,,^,, l'autre les valeurs Ç,,
Ç2, • • M -/,t-ai étaiit d'ailleurs données lesvaleurs qu acquièrent les fonctions f[z),
(p[z) qui font ensemble un système fondamental d^ intégrales de l'équation (A),
savoir J{Zi) = ai, f[^:] — Ui, 155(2,) = ^,-, ©(Ç,) = /3,-, on peut toujours trouver
deux quantités z^, z,, et d'une seule manière, satisfaisant à lu fois aux équations
'^Jf{z,)dz,= 0, ^^£ 0[z,)d2, = 0
1 " 1 "
et à une équation du second degré dont les coefficients sont des fonctions mono-
drames des quantités z-,, ^3, . . ., r„4.2, Ç,, Ço, ■ . ., Ç«+2» (ir2y b^, a,-, |3,-.
» Ce théorème découle immédiatement du théorème énoncé à la fin
du n" 2. Enfin je remarque que, pour la discussion ultérieure des fonctions
F,,F2,il faut avoir recours aux résultats de mon Mémoire contenu dans le
Journal de M. Borcliardt, t. 76, p. 177. »
HYDRODYNAMIQUE. — Sur la manière dont les frottements entrent en jeu dans
un fluide qui sort de l'état de repos, el sur leur effet pour empêcher l'existence
d' une fonction des vitesses. Note de M. J. Boussinesq, présentée par M. de
Saint-Venant.
« M. Bresse a publié dans le Compte rendu de la séance du 8 mars 1880,
p. 5oi de ce Volume, une ingénieuse démonstration (') tendant à prouver
que, dans tout fluide homogène, même imparfait, dont les mouvements sont
bien continus, les composantes u, i>, u- de la vitesse !>uivant trois axes rectan-
gulaires des X, j, z égalent les trois dérivées partielles en x,y, z d'une même
fonction 'f, pourvu que cela ait lieu à une seule époque, conmie, par exemple,
quand ces composantes étaient d'abord nulles. Or, dans les cas nombreux où
des fluides peuvent être supposés incompressibles, l'existence de la fonction ip
a pour effet d'annihiler l'influence des frottements, vu qu'elle transforme
l'équation de continuité ',-+,- + -'r = o en A.y = o, et qu'elle donne, en
1 dx dy dz i ' j.
conséquence, par ladifférentiation, Aj^^o, ..., o\xbi.UL-—o, ...,cequi
(') M. de Sainl-Venant l'avait du reste déjà donnée dans un Mémoire du i'^"' février 1869
[Comptes rendus, t. LXVIII, p. 227), où il avait remarqué en outre (p. 280) que le frot-
tement des parois s'oppose à ce que la démonstration soit applicable au moins dans leur
voisinage.
( 73? )
annule, dans les équations indéfinies de Navier, tous les termes qui ex-
priment l'action des frottements. Comme il est inadmissible que cette action
ne s'exerce pas dans un fluide qui entre en mouvement et que délimitent
toujours quelques parois, il faut que la démonstration dont il s'agit con-
tienne un défaut caché. Pour le découvrir, il suffit d'appliquer aux trois
équations (3) de l'article de M. Bresse une méthode dont je me suis servi
au n° 197 de l'Essai sur la théorie des eaux courantes [Savants étrangers,
t. XXIII, p. SSa), pour démontrer le théorème de Lagrange dans le
cas des fluides dits par/fli/s. Observons que chacune des équations (3)
citées contient, à son premier membre, la dérivée complète par rap-
port au temps (ou dérivée prise en suivant une même molécule) de l'une
des trois différences « = ;! — ^'/^ = --'7— •• (supposées nulles à l'é-
poque initiale t. — o), et qu'elle contient, à son second membre, des termes
égaux aux produits respectifs de a, |3, y par les dérivées premières finies
de «, V, w en x,y, z, plus une des trois expressions sAoa, ôA^jS, s A,'/, où s
exprime le rapport du coefficient des frottements intérieurs à la densité.
Or, bien que la somme Aj», par exemple, soit nulle, comme a, à l'époque
t = o, rien ne dit que, pour des valeurs de t infiniment voisines de zéro, son
rapport à a reste fini. Si donc on appelle Ka le second membre de la pre-
mière des équations (3) citées, c'est-à-dire la valeur de la dérivée complète
de «, il n'est pas permis d'affirmer, comme on le ferait sans la présence des
termes en i, que K reste fini pour ^ = o, et, comme l'équation -— = K«
çt .
revient à poser a = «0^ (^o désignant la valeur initiale de a), on ne
peut plus de la condition a» ^ o tirer « = o si, par suite de valeurs assez
grandes deK, l'intégrale / Kdt est infinie.
» Pour voir comment A; a peut être, en effet, infiniment grand devant «,
et pour comprendre aussi comment l'influence retardatrice des frottements se
transmet dans toute la masse fluide, à partir des parois, dès que le repos cesse,
concevons, par exemple, un liquide immobile contenu dans un lit d'une lon-
gueur indéfinie, d'une largeur constante et à fond horizontal, en sorte que
nous puissions, dans ce qui suit, abstraire la pesanteur et la pression, qui se
feront équilibre. De plus, admettons que la masse fluide ait sa profondeur et
sa largeur assez grandes pour que tout se passe, dans le voisinage du fond,
comme si la surface supérieure et les bords étaient à l'infini, et concevons
qu'à un moment donné une force constante k, parallèle à un axe horizontal
C. R,, iS8o, i- Semestre. (T. XC, N» iô.) 9"
( 738)
des/ pris sur le fond dansle sens de la longueur, vienne às'exercer sur l'unité
de masse de tout le fluide, de manière à ne laisser en repos que la couche du
fond, maintenue par son adhérence à la paroi. Dans ces conditions, si nous
prenons un axe des z normal au fond et dirigé vers le haut, des conditions
de symétrie évidentes permettront de poser m = o, — = o, -3- = o, en sorte
que la relation de continuité, réduite à -5- = o et combinée avec la condi-
tion spéciale (v= o (au fond), donnera aussi partout «y = o. Il reste, pour
déterminer la vitesse ven fonction de z et t, i" l'équation indéfinie
/ \ (Iv , d'il
(') ,71 ^^•■+-^;^^'
et 2° les deux conditions spéciales i» = o au fond (c'est-à-dire pour s = o,
i > o) et t^ = o dans l'état initial (ou pour t ~ o, s >> o). Ces équations
s'intègrent par une méthode empruntée à la théorie analytique de la
chaleur et qui donne
ou d),,
En effet, d'une part, cette expression de v satisfait aux conditions définies
(ou aux limites z ;= o, f = o), car v y grandit de zéro à kt quand z ou ojq
y croissent de zéro à co , vu que l'intégrale -^ / ( i ^ ) e~"Wco, égale à i ,
comme on sait', pour «0 = 0, a tous ses éléments positifs, décroissants
quand ojg grandit, et qu'elle perd un nombre de plus en plus grand de ces
éléments à mesure que œ,, croît, jusqu'à s'annuler pour w„ =^ 00 .D'autre
part, la fonction sous le signe /, dans (2), étant nulle aux deux limites de
l'intégrale, on peut différenlier une fois cette intégrale sous le signe/. Il
vient (en observant que les dérivées de w^ en < et en z valent — — ^ et — U
La seconde de ces expressions, intégrée par parties, devient
■îksit
et, différentiée elle-même en z, elle donne enfin
(4) ^- ^/ e-^«.
(739)
Orcette dernière (4), jointe à la première (3), montre bien que l'équation
indéfinie (i) est elle-même vérifiée.
» Cela posé, la qtiantité a. de M. Bresse, rédiiile ici à '--» a pour expres-
sion, d'après la seconde (3), -^ 1 e~"'o) -r/w, et, pour t très petit ou Wo
très grand, elle a ses éléments, sous le signe /, incomparablement moindres
que les éléments correspondants de l'expression £Ao« oue-— » laquelle,
d'après (4) différentiée, vaut -.= 6"'"' ou bien ^^ / e""''wowrfw; en effet,
le rapport de ces derniers éléments à ceux de a se trouve comparable au
nombre w„ «', ou encore au nombre w*, qui, pour t très petit, est de
l'ordre de l'inverse de t-, en sorte que fKdt est de l'ordre de l'inverse de
t et devient bien infini, à la limite i = o, comme il a été dit ci-dessus.
» L'excès 1 — 7-5 qui, d'après (2), est fonction de œ„ seulement, mesure
chaque degré d'intensité de l'influence retardatrice de la paroi; on voit,
par la valeur (2) de «„, que ce même degré d'influence se propage à di-
verses distances :; au bout de temps proportionnels à leurs carrés z-. >.
PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Mémoire sur des intégrations relatives à l'équilibre
d'élasticité; par M. Emile Mathieu. (Extrait par l'auteur.)
« Lamé, dans la douzième de ses Leçons sur la théorie de l'élasticité,
examine l'équilibre d'élasticité d'un parallélépipède rectangle, dont il sup-
pose les six faces soumises à des forces normales données; il suppose, de
plus, les forces disposées symétriquement sur deux faces opposées. C'est,
suivant lui, la question la plus importante que l'on puisse se proposer dans
toute la théorie de l'élasticité; mais, après avoir ramené cette question à la
détermination de trois séries de coefficients renfermés dans trois équations,
il remarque qu'on ne peut déterminer ces coefficients par aucun théorème
connu. C'est, dit-il, une sorte d'énigme^ aussi digne d'exercer la sagacité des
analystes que le fameux problème des trois corps de la Mécanique céleste.
» Je ne suis pas parvenu jusqu'à présent à résoudre le problème de
Lamé; mais j'ai résolu une question qui présente avec la sienne la plus
grande analogie et qui, a priori, semble présenter exactement les mêmes
difficultés. Le problème que j'ai résolu est celui-ci :
» Déterminer une fonction u qui satisfasse, à l'intérieur d'un parallélépi-
( 74o )
pède rectangle, à l'équation aux différences partielles du quatrième ordre
A A« = G, qui soit finie et continue dans cette étendue avec ses dérivées
des trois premiers ordres, en supposant que l'on connaisse u et — sur cha-
cune des six faces [dn étant l'élément de normale à la face).
» Ce problème est aussi susceptible d'applications dans la théorie de
l'élasticité.
» L'expression de « peut s'écrire, en désignant par a, b, c les côtés du
parallélépipède,
sm —. -
^j^j a b
Il :=\ \ sin ^ '- sm
X [AE(/z) -f- BC{lz) + CzE(/z) -f DrC(/z)]
avec l = t: i/'~ -+- ^? l'indication + . . . indiquant deux autres sommes
doubles qui se déduisent de la première par un changement de lettre, les
signes sommatoires s'étendant à toutes les valeurs entières positives de n, n',
les lettres E, C indiquant un cosinus et un sinus hyperboliques; A, B, C,
D sont des coefficients. L'expression de u renferme douze séries de coef-
ficients; on peut en éliminer six au moyen des six premières équations, et
il reste six équations et six séries de coefficients. Il restera enfin trois équa-
tions et trois séries de coefficients, si l'on suppose u impair enjc, y, z.
Le système de ces trois équations est tout à fait de même nature que celui
des trois équafions de Lamé; cependant on ne peut pas identifier ces deux
systèmes.
» Je vais indiquer les problèmes auxiliaires qui m'ont servi à résoudre le
problème que j'ai posé et qui me permettent de déterminer les coefficients
de l'expression de m d'une manière indirecte.
» Problème I. — Trouver la fonction de Green pour un parallélépipède
rectangle, c'est-à-dire trouver une fonction U des coordonnées rectangu-
laires de deux points (x, j, z), (x', j', z), qui satisfasse à l'équation aux
différences partielles AU = o dans l'intérieur de la figure, qui y soit con-
tinue ainsi que ses dérivées du premier ordre, excepté au point [x , y', z'),
où elle devient infinie comme -■> r étant la distance des deux points, enfin
qui s'annule sur la surface du parallélépipède.
» Problème IL — D'après un théorème que j'ai démontré il y a onze
( 74> )
ans [Journal de M. Lioitville, t. XIV, 2" série), on peut toujours trouver
une fonction Vde [x, y, z) et de [x\ j\ z') : 1° qui reste invariable quand
on permute x\ j, z avec x' , y\ z'; 2" qui, considérée comme fonction de
X, X, s, varie d'une manière continue dans l'intérieur d'une surface c, ainsi
que ses dérivées des trois premiers ordres, excepté au point {x\ j' , s'), aux
environs duquel son A se réduit sensiblement à -; 3° qui satisfasse à l'équa-
tion AAV ==0; 4° qui se réduise à zéro quand le point (a:, j , z) vient sur
la surface. Je détermine l'expression analytique de la fonction V quand a
est la surface d'iui parallélépipède rectangle.
M Problème III. — Trouver une fonction V, de x,j, zet de x, j', z' :
1° qui, considérée comme fonction de x, y, z, varie [d'une manière con-
tinue dans l'intérieur d'un parallélépipède rectangle, ainsi que ses dérivées
des trois premiers ordres, excepté au point {x', j', z'), aux environs duquel
son A se réduit sensiblement à-; 2° qui satisfasse à l'équation AAV, = o;
3" qui se réduise à zéro quand le point {jc,y, z) vient sur la surface; 4° dont
la dérivée -7-^ s'annule sur cette surface.
an
» Problème IF. — Connaissant la fonction V,, on en peut déduire la
fonction u du problème que j'ai posé au moyen de la formule
u = -T- In —,— aa — -,- \ AV, -rda,
l\Tz J dn l^Tc J du '
les intégrales s'étendant à tous les éléments da de la surface du parallélépi-
pède. ))
PHYSIQUE MOLÉCULAIRE. —Recherches sur la diffusion. Note de M. L. Joulin.
« Ces recherches ont porté sur la condensation des gaz par les corps po-
reux, sur la dissolution des gaz dans les liquides en contact direct ou séparés
par une membrane, enfin sur les équilibres qui s'établissent entre les gaz
condensés ou dissous et une atmosphère limitée ambiante.
» Pour chacun des phénomènes, j'ai étudié l'influence de la pression des
gaz variant de quelques centimètres de mercure à 4""°? et celle de la tem-
pérature entre 0° et îoo°. L'appareil consistait en un tube de verre dans
lequel on plaçait le corps absorbant, en communication, par des tubes de
plomb et des robinets de verre, d'une part avec un réservoir-manomètre
( 742)
de gaz, de l'autre avec une pompe à mercure permettant de faire le vide
dans le tube absorbant à l'origine et de retirer des gaz pour l'analyse. Les
observations comportaient les mesures corrigées des volumes initial et final
et l'analyse de l'atmosphère à différentes époques pour l'étude des équi-
libres.
I — Corps poeeuk.
» 1 . Charbon de bois. — A. Condensation des gaz. — Oxygène, azote, hy-
drogène secs. — 1° La quantité pondérale condensée est, à une même tem-
pérature, sensiblement proportionnelle à la pression. C'est la loi trouvée
par Dalton pour la dissolution de ces gaz par les liquides.
)) 2° A une même pression, la variation des quantités condensées est sen-
siblement proportionnelle à la variation des températures prise en signe
contraire. A o° et i8oo™™, 4^"" de charbon ont absorbé: O, io5™; Az, 97'''';
H, 47"='=. A 0° et 43o""" : Az, 1 1 «^«^ ; H, &"'=.
» 3° La saturation est instantanée, ou plutôt elle est trop rapide pour être
mesurée par les moyens dont nous disposons.
» Acide carboniqtie.— i" A une même température, la quantité condensée
croît plus vite que la pression, jusqu'à Soo™"" environ; à partir de là, l'ac-
croissement est sensiblement proportionnel à la variation de pression.
» 2° A une même pression, la température croissant de o''à 100°, la quan-
tité condensée décroît d'abord plus vite que la température ; ensuite, ses
variations sont sensiblement proportionnelles à celles de la température.
4S'' de charbon ont absorbé 240*^*^ à 0° et 1 700""", loo'^'^ à o*^ et 3oo""".
» 3° Le temps nécessaire pour la saturation croît avec la pression, pour
une même température; il décroît quand la température augmente, pour
une même pression. 240'^" sont condensés à 0° et 1800'"'", en une heure
vingt minutes; 109'='', à 0° et 3oo""", en une heure six niinutes ; 87'='=,
à 100" et 749°"", en dix minutes.
» Mélanges gazeux. — 1° La condensation des mélanges gazeux est plus
lente que celle de chacun des gaz qui les constituent ; à 0° et 1800™", la
saturation par l'an- atmosphérique exige dix-huit minutes, tandis que
l'oxygène et l'azote sont absorbés instantanément.
» 2° Pour un certain nombre de mélanges étudiés (^CO'-i- ^air atm.,
X CO^ + 1 Az, i O -I- ^T Az), les quantités de gaz condensées sont loin d'être
dans le même rapport que celles qui auraient été absorbées si chacun des
gaz eiit été seul, avec la pression qu'il possède dans le mélange.
» B. Sortie des gaz condensés. — La variation de la quantité condensée
est indépendante du sens dans lequel on a fait varier la température et la
( 743)
pression, réserve faite de la rapidité du phénomène, moindre dans le cas de
la sortie que dans celui de l'entrée.
» C. Equilibres entre des cjaz occlus et une atmosphère limitée. — Les expé-
riences n'ont été faites jusqu'ici qu'à la pression et à la température ordi-
naires. Le gaz occlus était l'acide carbonique, 100'''= environ, saturant 4^'^
de charbon; l'atmosphère extérieure a été successivement l'azote, l'oxy-
gène, l'hydrogène, l'air, Soo"'. Voici les principaux résultats :
» 1° Les quantités de gaz nécessaires pour remplacer un même volume
d'acide carbonique sont beaucoup moindres pour l'azote et l'hydrogène
que pour l'oxygène. L'air atmosphérique participe des propriétés de ses
deux composants.
M 2° Le temps nécessaire pour atteindre l'équilibre varie avec la nature
du gaz extérieur; ainsi la condensation de l'hydrogène est atteinte en quel-
ques instants, celle de l'azote en cent heures; celle de l'oxygène est encore
plus lente. Dans l'azote et l'hydrogène, la sortie de l'acide carbonique est
très rapide; elle dure cinq cents heures avec l'air atmosphérique, et dans
ce cas, l'absorption de l'azote étant immédiate, les échanges se font uni-
quement avec des vitesses différentes du reste, entre l'oxygène et l'acide
carbonique.
» Gaz saturés d'Iiumidité. — Mêmes phénomènes qu'avec les gaz secs.
L'introduction de vapeurs dans des cloches renfermant 3oo'"^ (j CO" -h |^air
ordinaire secs), dont l'absorption par Zj^' de charbon a commencé depuis
une heure, a troublé entièrement les équilibres qui tendaient à s'établir :
l'absorption de l'acide carbonique a été immédiatement arrêtée, une partie
de ce gaz rendue à l'atmosphère extérieure, et l'équilibre s'est établi après
cent heures avec une condensation de l'acide carbonique, pour la vapeur
d'eau moitié de celle déjà produite au moment de l'introduction du liquide,
pour la vapeur à'alcool un cinquième seulement de cette quantité.
» 2. Cha-rbon imbibé de liquide. — ^au; les absorptions sont à peu
près les mêmes qu'avec le charbon sec, instantanées pour l'azote, très
lentes pour l'oxygène et l'acide carbonique. Sulfure de carbone : quantité
condensée moindre qu'avec l'eau, saturation instantanée, alcool: conden-
sation encore moindre, saturation en vingt-quatre heures.
» Comme exemple de sorties de vapeur d'eau, concomitantes avec des
entrées de gaz, je citerai l'exagération des phénomènes quand on expose
au soleil la cloche dans laquelle se fait la condensation par du charbon
imbibé. Le charbon s'échauffe plus que les parois de la cloche, vers les-
quelles l'eau intérieure distille abondamment; en même temps, la conden-
sation des gaz par le charbon est accélérée.
( 744 )
» 3. Autres corps poreux. — Dans les limites de température et de
pression indiquées plus haut, les condensations de gaz par les corps po-
reux à faible consistance, mousse et noir de platine, et par le palladium non
fondu, ont été très petites, et leurs variations avec la température et la
pression contradictoires. Je n'insisterai pas sur ces résultats, qui trouveront
place dans une autre Communication.
» Je dirai seulement que, à la température et à la pression ordinaires, dif-
férents échantillons de terre ont donné, en vingt-quatre heures, une petite
quantité d'acide carbonique, et qu'ils ont absorbé en quantité notable les
deux gaz de l'atmosphère, l'oxygène en proportion double de celle de
l'azote. ))
CHIMIE. — Sur une propriété nouvelle des vanadates. Note
de M. P. Hactefeuille, présentée par M. Debray.
« Les vanadates acides de potasse, de soude et de lithine jouissent de
la propriété assez inattendue de rocher à la façon des métaux ou de la
litharge. Ces vanadates, lorsqu'ils passent lentement de l'état liquide à
l'état solide, cristallisent et donnent naissance à de^fines bulles de gaz,
qui produisent en se dégageant un bruit sec analogue à celui de la décré-
pitation du chlorure de sodium et qui déterminent à travers les couches
superficielles solidifiées les premières des épanchements de sel fondu et
des jets de gaz. La cristallisation, troublée par ces phénomènes, est très
confuse et fournit une masse caverneuse présentant les reliefs caractéris-
tiques de l'argent coupelle en grande masse.
» Le gaz qui se dégage d'un vanadate qui roche est, comme celui
qu'abandonne l'argent dans les mêmes conditions, de l'oxygène emprunté
à l'air. Deux pesées successives d'un même vanadate, à l'état cristallisé
et à l'état vitreux, qu'on peut lui donner en le solidifiant brusquement,
m'ont permis de constater que les vanadates fondus au contact de l'air
prennent rapidement une quantité constante d'oxygène. Ainsi, le bivana-
date de lithine absorbe en quelques minutes près de huit fois son volume
de ce gaz au rouge sombre, température à laquelle il est très fluide, et
dégage ce volume de gaz à 600° environ pendant sa cristallisation.
» Pour constater la nature du gaz dégagé et en apprécier très exacte-
ment le volume, j'ai fait rocher les vanadates dans le vide ('). Les vanadates
1 1 \
Je me suis servi il'un appareil semblable à celui (ju'a décrit M. Dumas dans son Mé-
( 74'5 )
vitreux obtenus par la trempe, amenés rapidement en fusion clans le vide,
perdent peu d'oxygène ; mais de nombreuses bulles de gaz se produisent
dès que leur température s'abaisse assez pour permettre leur cristallisation.
Le vide exagère les effets durochage,et, par suite, les vanadales cristallisés
dans ces conditions présentent de nombreuses vacuoles. Une nouvelle
cristallisation après fusion dans le vide ne s'accompagne plus de dégage-
ment gazeux et donne ces vanadates exempts de cavités et cristallisés en
longues fibres accolées les unes aux autres.
» Les vanadates dégagent dans le vide, en passant de l'état vitreux à
l'état cristallin, des quantités d'oxygène variables avec les proportions
relatives de l'acide et de la base, et aussi avec la nature de cette base, ainsi
que le prouvent les résultais numériques suivants :
Oxya'
sne dégagé
Oxygène dégagé
Oxygène dégagé
par
un poids
par un poids
par un poids
Formules
de
Formules
de
Formules
de
des
vanadate trempé
di^s
vanadate trempé
des
vanadate trempé
vanadates
conlenant
vanadates
contenant
vanadates
contenant
de
IS'
d'acide
de
i"' d'acide
de
is' d'acide
potasse.
vanadique.
soude.
vanadique.
litliine.
vanadique.
ce
ce
ce
Va 04 KO.
0.4 ■
VaO^NaO
.. 3,8
VaO^LiO.
.. 3,3
VaO'JKO.
0,5
VaO^NaO
.. 5,0
VaO^LiO.
.. 3,7
Va 04 KO .
2,7
Va 04 KO.
3,4
» Le voliune d'oxygène susceptible de se dégager augmente donc lors-
qu'on diminue la proportion de potasse, de soude ou de lilbine, et le
vanadate de potasse doit contenir au moins 4*^'' d'acide pour i^'i de
potasse pour absorber pendant la fusion et pour dégager en cristallisant
autant d'oxygène que le bivanadate de soude ou de lithine.
» En attaquant l'acide vanadique (') par les carbonates de potasse, de
soude ou de lithine, j'ai constaté des faits qui méritent d'être rapprochés
des précédents, car la production des vanadates acides cristallisés s'accom-
pagne aussi d'un dégagement d'oxygène (-).
moire Sur la présence de l'o.rygène dans l'argent métallique [Annales de Chimie et de
Physique, 4° série, t. XIV, p. 289).
( ' ) L'acide vanadique, en se solidifiant, ne dégage pas d'oxyf;ène, mais il se forme de fines
bulles de gaz lorsqu'on dépasse notablement la température de sa fusion, surtout dans le
vide.
(') Le dégagement d'o.\ygène ne peut être attribué à la décomposition de l'acide vana-
C. R., 1880, I" Semestre. (T. XC, N° 15.) 97
( 746 )
» Les différents vanadates formés dans le vide aux dépens de leurs élé-
ments ont dégagé les quantités suivantes de gaz oxygène :
Oxygène dégagé
Oxygène dégagé
Oxygène dégagé
par i^' d'acide
par iS' d'acide
par I B' d'acide
Formules
vnnacîique
Formules
vanadique
Formules
vanadique
des
réagissant sur
des
réagissant sur
des
réagissant sur
vanadates
le carbonate
vanadates
le carbonate
vanadates
le carbonate
de
de
de
de
de
de
potasse.
potasse.
soude.
soude.
lithine.
lithine.
ce
ce
ce
VaO' KO.
0,0
VaO' NaO.
,. 0,4
VaO^ LiO.
2,5
Va 04 KO.
0,7
VaO^NaO,
■ • 4,0
VaO^LiO.
•• 4,7
VaO^jKO.
1,5
VaO=jNaO,
,. 5,4
VaO'JLiO.
5,8
Va 04 KO.
3,3
Va 04 KO.
•• 4,8
>
» Le volume d'oxygène obtenu en attaquant l'acide vanadique par l'un
quelconque des carbonates alcalins est donc supérieur à celui que dégage
en rocliant le vanadate acide de même composition.
» La synthèse du trivanadate de lithine permet de fixer la quantité maxi-
mum d'oxygène que perd l'acide vanadique cristallisé en se combinant
avec les bases, savoir 5'^'^, 8, mesurés à 0° et sous la pression de 760™™,
pour un poids de trivanadate contenant 1^'^ d'acide vanadique.
» L'existence, comme espèces distinctes, des vanadates acides en fusion,
ainsi que celle des produits vitreux qui n'ont pas perdu la quantité d'oxy-
gène inscrite dans le premier Tableau, n'est pas démontrée, car la cristal-
lisation des vanadates acides est la seule preuve qu'on puisse invoquer
pour établir qu'il y a combinaison entre la totalité des éléments en pré-
sence. Le volume d'oxygène que fixe un vanadate cristallisé qu'on fait
fondre dans l'air peut fournir des indications sur les proportions relatives
d'acide vanadique et de vanadate qui peuvent se mélanger au rouge très
sombre sans entrer en combinaison. La fusion du trivanadate de lithine,
par exemple, mettrait en liberté environ les f de l'acide vanadique de ce
sel, car ce trivanadate absorbe, lorsqu'il est fondu dans l'air, une quantité
d'oxygène capable de restituer aux | de l'acide du sel ce qu'ils ont perdu
en se combinant à la lithine. La synthèse du trivanadate cristallisé, effec-
tuée en fondant dans le vide 2*'' d'acide vanadique avec l'^'Jde monovana-
date de lithine, détermine en effet, d'après des expériences directes, un
dique par la chaleur produite par la combinaison de cet acide avec l'alcali, car c'est un
abaissement de température qui le détermine.
( 74? )
dégagement d'oxygène presque identique à celui qu'on observe dans le
rochage de ce sel acide.
» La cristallisation des vanadates acides n'est pas un simple changement
d'état physique; elle est, comme leur rochage, un des phénomènes qui
manifestent la propriété qu'acquiert l'acide vanadique de former des sels
acides dans certaines conditions.
» Les faits que je viens d'exposer peuvent avoir diverses conséquences ;
je me bornerai à en indiquer une de nature à intéresser les chimistes qui
s'occupent de la détermination des équivalents. Si le véritable acide vana-
dique, isomorphe de l'acide phosphorique, est le corps susceptible de se
combiner, sans perdre de son poids, avec les bases et, en particulier, avec
la lithine, il contient par gramme S"^'', 3 d'oxygène de moins que l'acide
vanadique libre fondu ou desséché à l'air. L'équivalent du vanadium ayant
été fixé par la perte de poids qu'éprouve l'acide vanadique en passant à
l'état de trioxyde de vanadium, je suis conduit à examiner de nouveau
cette méthode de détermination de l'équivalent et à en contrôler les résul-
tats par d'autres n'exigeant pas la pesée de l'acide vanadique. Je donnerai
les résultats de cette étude dans une prochaine Communication, si l'Aca-
démie veut bien l'accueillir. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sw quelques propriétés des mélanges de cyanure de
méiliyle avec l'alcool ordinaire et avec l'alcool méthjlique. Note de
MM. Camille Vincent et Delachanal.
« Nous avons précédemment indiqué (') l'existence, à l'état de mélange
avec le sulfure de carbone et l'alcool oi'dinaire, du cyanure de méthyle dans
les produits légers des benzines brutes de la houille. Nous avons séparé à
l'état de pureté le sulfure de carbone et l'alcool, mais nous n'avons pu
alors obtenir que du cyanure de méthyle renfermant encore 3o pour loo
d'alcool.
» En épuisant l'action de l'acide phosphorique anhydre sur ce produit,
nous avons obtenu une petite quantité de cyanure de méthyle pur. Ce pro-
duit ainsi préparé bout à 8i°,6 sous la pression normale, tandis que les mé-
langes sur lesquels nous avons opéré bouillent vers 73°, c'est-à-dire aune
température beaucoup plus basse que celle des deux liquides mélangés,
(') Comptes rendus, t. LXXXVI, p. 34o.
1 1^^ )
alcool et cyanure, ce qui pouvait faire croire à l'existence d'un troisième
produit dans le mélange.
» Nous avons utilisé le cyanure de méthyle pur dont nous disposions
pour étudier les propriétés de ses divers mélanges avec l'alcool, et nous
avons tout d'abord reconstitué le mélange à 70 pour 100 de cyanure, dont
le point d'ébullition a été trouvé le même que celui du mélange dont nous
étions partis. Nous en avons conclu à l'absence probable d'un troisième
corps dans le mélange primitif, et nous avons été ainsi conduits à étudier les
mélanges d'alcool et de cyanure de méthyle au point de vue de leur point
d'ébullition et de leur densité; puis nous en avons déduit une méthode ra-
tionnelle de séparation de ces deux corps, qui nous a permis d'obtenir à
l'état de pureté des quantités relativement considérables de cyanure de
méthyle au moyen des produits légers de la benzine brute de houille, qui
sont la source la plus abondante de ce produit.
» 1° Points cCébuUilion des mélanges d'alcool et de cyanure de méthyle. —
Nous avons constitué des mélanges renfermant 10, 20, 3o,...,9o pour 100
d'alcool, et nous en avons pris les points d'ébullition au moyen d'un appa-
reil à reflux et à double enveloppe de vapeur, disposé de façon à éviter tout
fractionnement en opérant sur une faible quantité de mélange. Cet appareil
se compose d'un ballon auquel s'adapte un long tube vertical dans lequel
plongent le réservoir et la tige d'un thermomètre. Ce tube est légèrement
resserré vers le premier tiers et porte une toile de platine au-dessus de la-
quelle se rassemblent les produits qui s'y condensent et dont l'excès se dé-
verse par un tube-siphon dans le ballon. Pour éviter le refroidissement
extérieur du tube, la partie comprise au-dessus de l'étranglement est en-
veloppée par un manchon concentrique dans lequel passent les vapeurs
avant de se rendre dans un réfrigérant à reflux; un second siphon ramène
constamment à la partie inférieure du tube les produits condensés.
» La température d'ébullition des mélanges de cyanure de méthyle et
d'alcool décroît d'abord très rapidement à mesure que la proportion d'al-
cool augmente : la température minima d'ébullition (72,6) est celle du mé-
lange renfermant 56 d'alcool et 44 de cyanure, c'est-à-dire presque exac-
tement équivalents égaux des deux corps.
» Les résultats de nos expériences sont consignés dans la cinquième
colonne du Tableau ci-après.
o 2° Densité des mélamjes précédents. — Nous avons détertniné la densité
à o" des mélanges de cyanure de méthyle et d'alcool par la méthode du
flacon.
( 749 )
» Nous avons groupé dans le Tableau ci-dessous les résultats de nos ex-
périences, ainsi que la coniraction produite dans les divers mélanges d'alcool
et de cyanure de mélhyle :
Température Mélanges Température
J«eU.nG«^^ Do.isitcs Contraction debullition. ^^— -^ Densités Contraction d'ébullition.
Alcool. Cyanure; à „". i> o»- ^ Alcool. Cyanure. à o». à o".
o .00 o,8o5.. o 8.,6 60 40 o.8'02 0,00. .1 72,7
,0 qo o,8o59 0,00007 76,8 70 3o o,8..4 0,00177 1^.^
20 80 0,8067 0,00017 74.8 80 20 0,8.27 0,0025. 74,.
3o 70 0,8075 0,00029 73,8 90 .0 0,8. 3o o,oo2M 75,4
40 '
60 o,8o83 0,00046 73.2 95 5 » 0,00.38
5o 5o o',8o93 0,0007. 72,7 «oo « "'^'^'^ ° 7^'^
» 3° Méthode rationnelle de séparation du cyanure de mélhjle de l'alcool
ordinaire. - Nous avons constaté que la distillation fractionnée d'un mé-
lange d'alcool et de cyanure de méthyle donne d'abord, quel que soit
ce mélange, un produit renfermant 56 pour 100 d'alcool, puis de l'al-
cool ou du cyanure plus riche, suivant qu'on opère sur un mélange
contenant plus ou moins de 56 pour 100 d'alcool.
„ Il résulte de ce fait que, pour séparer le cyanure de méthyle de l'al-
cool, il convient de soumettre le mélange à la distillation fractionnée pour
classer les produits, puis de faire dissoudre la plus grande quantité pos-
sible de chlorure de calcium dans le mélange bouillant à la température
minima, afin d'absoiber de l'alcool, enfin de distiller an bain-marie et de
soumettre de nouveau le produit obtenu à la distillation fractionnée. On
obtient ainsi rapidement du cyanure de méthyle très riche, dont on élimine
les dernières traces d'alcool par une distillation sur l'acide phosphorique
anhydre et par une rectification, pour séparer la petite quantité d'oxyde
et d'acétate d'éthyle qui prend naissance dans la réaction de l'acide phos-
phorique.
), En opérant ainsi, nous avons obtenu à l'état de pureté parfaite plu-
sieurs litres de cyanure de méthyle bouillant à la température constante de
81°, 6 sous la pression normale.
» 4° Points d'ébullition et densités des mélanges d'alcool méth/lique et de
cyanure de méthyle. - Les résultats précédents nous ont engagés à étudier les
mélanges d'alcool méthylique et de cyanure de méthyle. Nous avons dû
d'abord préparer de l'alcool méthylique pur; nous avons eu recours, pour
cela, à la décomposition du citrate de méthyle pur par une lessive de po-
tasse. Le produit obtenu a été séché sur la chaux, puis rectifié sur le sodium.
L'alcool méthylique pur ainsi préparé bout à 04°, 8 sous la pression nor-
( vSo )
niale. Cette température s'écartant notablement de celles qui sont indi-
quées, notre thermomètre ayant été vérifié avec soin, nous avons cru
devoir préparer d'autre alcool niéthylique au moyen du formiate de
méthyle, selon le procédé de MM. Bardy et Bordet. Cet alcool, séché d'une
façon absolue sur la chaux, puis sur le sodium, a présenté exactement le
même point d'ébullitiou, ce qui nous autorise à considérer le nombre
64°, 8 comme représentant la température d'ébullition de l'alcool méthy-
lique pur et anhydre sous la pression normale.
» Les mélanges d'alcool méthyliqueet de cyanure de méthyle présentent
des phénomènes analogues à ceux des mélanges d'alcool ordinaire et de
cyanure. Les résultats obtenus sont consignés dans le Tableau ci-dessous :
Mélanges
Température
Densité
Contraction
lol méthylique.
Cyanure.
d'ébullition.
à 0°.
à 0°.
0
100
81,6
o,8o52
0
10
90
74,0
o,8o63
0,00076
20
80
69,2
0,8073
0,00148
3o
70
67,1
o,8o83
0,00218
40
60
65,7
0,8093
0,00278
5o
5o
64,8
0,8102
o,oo332
60
40
64,2
0,81 10
0,00378
70
3o
63,8
o,8ii5
o,oo384
80
20
63,7
o,8ii5
o,oo3i8
90
10
64,0
0,8109
0,00192
100
0
64,8
0,8098
0
» La séparation du cyanure de méthyle de l'alcool méthylique doit
pouvoir s'effectuer de la même façon que de l'alcool ordinaire. L'opération
doit même être plus facile, en raison de la différence plus considérable
des points d'ébullition du cyanure pur et du mélange qui bout à la tem-
pérature minima. »
PHYSIOLOGli:. — Expériences montrant que ianeslhésie due à certaines lésions
du centre céiébro-racliidien peut être remplacée par de riijperestliésie, sous
l'injluence d'une autre lésion de ce centre. Note de M. Brown-Séquard.
« De nombreuses expériences, dont quelques-unes ont été faites il y a
plus d'un an à mon Cours, au Collège de France, m'ont donné des résultais
décisifs contre plusieurs des doctrines atlmises à l'égard de la sensibilité.
(75>)
Je me borne aujourd'hui à mentionner ceux de ces faits qui ont le plus
d'intérêt.
» Sur des animaux de trois espèces (chiens, cobayes et lapins, mais sur-
tout ces derniers), j'ai d'abord coupé transversalement une moitié latérale
de la protubérance annulaire, immédiatement en arrière d'un des pédon-
cules cérébelleux moyens. Les effets de cette lésion ont été très variés, même
à l'égard des troubles de la sensibilité. Néanmoins, parmi les animaux ainsi
opérés (et surtout parmi les lapins), j'ai constaté assez souvent, quant à la
sensibilité, les effets que j'ai signalés comme résultats ordinaires d une
hémisection transversale de la moelle épinière. Il y a eu augmentation plus
ou moins considérable de la sensibilité d'un côté (celui de la lésion) et
diminution plus ou moins notable (et quelquefois perte complète) de cette
propriété de l'autre côté. Ces deux effets (hyperesthésie et anesthésie) se
sont surtout montrés dans les membres pelviens.
» La section de la protubérance ayant été faite à droite dans ces expé-
riences, j'ai constaté, comme je l'ai dit, que le membre pelvien du même
côté (le droit) était hyperesthésiqne, tandis que le membre pelvien de l'autre
côté (le gauche) était anesthésique. Après m'ètre bien assuré de ces faits,
j'ai coupé transversalement la moitié latérale gauche de la moelle épinière
au niveau de la dixième vertèbre dorsale. J'ai bientôt trouvé, après cette
seconde lésion, que le membre pelvien gauche, celui qui avait perdu plus
ou moins complètement la sensibilité après la première lésion, était devenu
non-seulement sensible, mais bien plus sensible qu'à l'état normal. L'anes-
thésie était remplacée par de l'hyperesthésie. Au contraire, le membre pel-
vien droit, hyperesthétique après la première lésion, était devenu anesthé-
tique après la seconde. Il importe que j'ajoute que l'hyperesthésie du côté
de la lésion de la moelle épinière a été tout aussi marquée d;ins ces cas que
lorsque cette lésion a été faite chez un animal n'ayant été soumis à aucune
autre lésion.
» Dans une autre série d'expériences, après avoir coupé la moitié laté-
rale droite de l'encéphale au niveau de l'extrémité antérieure du pédon-
cule cérébral et après avoir constaté une diminution plus ou moins consi-
dérable (et quelquefois la perte) de la sensibilité dans les membres du
côté opposé (gauche), j'ai fait une seconde lésion consistant en une section
transversale de la moitié latérale gauche du bulbe rachidien, chez deux
lapins ou de la moelle épinière, chez six autres. J'ai alors trouvé de l'hyper-
esthésie dans le membre pelvien gauche (qui avait été anesthétique) et
de l'anesthésie dans le membre pelvien droit (qui avait été hyperesthé-
( 7^2 )
tique). Ici encore, comme dans la première série d'expériences, une seconde
lésion a fait cesser les effets de la précédente et a fait apparaître des effets
absolument contraires.
» Si l'on met en présence des résultats de mes expériences les faits si
remarquables, signalés par M. Vulpian, de guérison d'anesthésie, chez
l'homme, par l'application de courants galvaniques (même dans des cas de
lésion organique de l'encéphale), ainsi que les faits si intéressants de trans-
fert d'anesthésie et d'hyperesthésie, chez l'homme, publiés par M. Charcot,
M. Dumont-Pallier, M. Debove et d'autres observateurs, on est conduit
forcément à rejeter la notion que l'aneslhésie due à une lésion encépha-
lique dépend nécessairement de l'altération ou de la destruction soit de
centres percepteurs, soit de conducteurs transmettant les impressions sen-
sitives à ces centres.
» La production d'anesthésie et d'hyperesthésie dans les deux séries
d'expériences que j'ai rapportées peut s'expliquer aisément à l'aide des
notions nouvelles exposées dans mes deux dernières Communications à
l'Académie (voir les Comptes rendus, T879, t. LXXXIX, p. ôSy et 889). J'ai
montré que certains points du centre cérébro-rachidien possèdent une
grande puissance pour faire disparaître les propriétés d'autres parties du
système nerveux, par une influence inhibitoire (influence d'arrêt), et que les
mêmes points ou d'autres sont doués d'une autre propriété jusqu'alors non
étudiée et en vertu de laquelle les lésions irritatrices de ces points peuvent
augmenter les activités, les propriétés ou les actions de parties plus ou
moins distantes. C'est une influence dynamogénique qui se manifeste dans
ce dernier cas. Les faits contenus dans ma Communication d'aujourd'hui
peuvent être facilement expliqués si l'on considère l'anesthésie comme
l'effet d'une influence inhibitoire exercée sur les éléments sensitifs de la
moelle épinière et l'hyperesthésie comme l'effet d'une influence dynamo-
géniquesur les mêmes éléments.
» D'autres conclusions ressortent si naturellement des faits que j'ai rap-
portés, qu'il est presque inutile de les mentionner. Je me bornerai à dire :
1° que l'on n'a plus le droit de se servir de l'apparition de l'anesthésie après
une lésion de l'encéphale pour en conclure que la partie lésée est un centre
percepteur ou un lieu de passage de conducteurs d'impressions sensitives;
2° que, malgré les faits si nombreux qui m'ont conduit à proposer et à faire
admettre la théorie que les conducteurs des impressions sensitives des
membres s'entre-croisent dans la moelle épinière, cette théorie doit être
rejetée ; 3° qu'une moitié latérale de la base de l'encéphale peut suffire à la
( 753 )
transmission des impressions sensilives des deux côtés du corps (puisque,
dans les expériences que j'ai rapportées, une moitié de la base de l'encé-
phale a transmis les impressions sensitives d'abord des membres droits
seuls, puis celles du membre pelvien gauche seul). »
PHYSIOLOGIE. — Effets réflexes de (a ligature d'un pneumogastrique sur le cœur,
après la section du pneumogastrique opposé. Note de M. François-Franck,
présentée par M. Marey.
« La ligature du pneumogastrique droit ou gauche, celui du côté opposé
ayant été sectionné, produit un ralentissement ou un arrêt du cœur presque
aussi notable que si le nerf du côté opposé était intact.
» On ne saurait, dans ces cas, regarder l'effet cardiaque comme la con-
séquence directe de l'excitation du pneumogastrique sur lequel on place la
ligature; en effet, celle-ci ne produit que très exceptionnellement d'effet
modérateur sur le cœur quand on l'applique au segment périphérique du
pneumogastrique. 11 faut donc admettre que l'arrêt du cœur est réflexe et
que le nerf sur lequel on pratique la ligature sert lui-même de voie de
transmission centripète et centrifuge à l'action réflexe modératrice.
» Le passage du réflexe modérateur par le nerf lié est démontré par deux
expériences.
» 1° Si l'on pratique une seconde ligature du même neri au-dessus de la
première, le réflexe cardiaque ne se produit plus, le pneumogastrique op-
posé étant coupé.
» 2"Si l'on opère l'interruption du nerf avec une assez grande rapidité pour
empêcher l'action réflexe de trouver le temps de passer, le cœur ne présente
aucun ralentissement : c'est ce qui s'observe si l'on coupe le nerf brusque-
ment avec des ciseaux très fins et tranchants.
)) Afin de poursuivre l'étude de ce phénomène et de déterminer le temps
minimum nécessaire à l'acte réflexe pour se produire, j'ai fait construire
par M. Galante un appareil que je désigne sous le nom de névrotome à signal
électrique. Un signal de M. Deprez indique sur un cylindre enregistreur
l'instant où commence la constriction du nerf et l'instant où la continuité de
ce nerf est complètement interrompue. On peut ainsi s'assurer, en produi-
sant la compression ou la section des tubes nerveux avec une rapidité va-
riable, que le réflexe cardiaque se produit encore quand il s'écoule plus
d'un dixième de seconde entre l'instant où l'on commence à toucher le nerf
C. R., i88o, }" SemesCre.{T. XC, Ji» Uâ.) 9^
( 754 )
avec la lame de l'instrument et le moment où le nerf est complètement in-
terrompu.
» Avec le même appareil, on peut répéter des expériences analogues sur
les nerfs mixtes des membres et montrer, par un procédé nouveau, que le
phénomène de mouvement provoqué par l'excitation d'un nerf mixte dans
sa continuité résulte de la combinaison d'une secousse simple, directe, et
d'une contraction réflexe ( Wundt). Si, en effet, on interrompt assez vite la
continuité du nerf pour empêcher le réflexe moteur de passer, on n'observe
plus que la secousse simple, identique à celle qu'on obtient par l'irritation
du bout périphérique du nerf moteur. »
PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE. — Contribution à l'élude de la transmission de la
tuberculose. Note de M. H. Toussaint, présentée par M. Bouley.
« Les pathologistes vétérinaires s'accordent en général pour admettre
que la tuberculose est inconnue ou du moins d'une extrême rareté dans
l'espèce porcine. Ce fait n'est cependant point le résultat d'une inaptitude
à contracter la maladie. Les expériences de M. Saint-Cyr en 1874, répétées
depuis par plusieurs pathologistes, mettent en évidence la facilité avec
laquelle se fait l'infection tuberculeuse chez le porc.
)) Rien n'est plus commun, dans les abattoirs, que les organes tuberculeux
de bœuf ou de vache. On y chercherait vainement un tubercule de porc.
» A quoi tiennent donc ces différences chez des animaux également aptes
à contracter la maladie par les procédés expérimentaux ? Les expériences
que je résume dans cette Note me paraissent répondre à cette question.
a Expériences. — Première série. Trois porcs de sept à huit mois ont servi à diverses
expériences ; ils sont depuis cinq mois à l'écurie du laboratoire et sont dans le meilleur étal,
gros et gras; n"' I, 2, 3.
Le 2g septembre 187g, on isole le porc a° 3, et l'on fait manger aux n°= 1 et 2 un pou-
mon entier de vache tuberculeuse provenant de l'abattoir et renfermant une quantité con-
sidérable de tubercules. Les deux animaux le dévorent avec gloutonnerie.
» Deux jours après, le sol de la loge étant lavé avec soin, on y replace le n° 3. Cependant
je mets bientôt dans une loge spéciale le n° 2, truie en état de gestation avancée. Elle ac-
couche, dix-huit jours après, de cinq petits ; mais elle en écrase quatre, dont je ne puis
malheureusement faire l'autopsie, qui d'ailleurs n'eiit servi qu'à peu de chose, car, après
un aussi court espace de temps, les désordres sont peu apparents et sont sujets à contestation.
» N° 1. Il est tué le soixante-dix-septième jour de l'ingestion. Ha considérablement maigri
pendant le dernier mois. L'autopsie montre une tuberculose généralisée très avancée. Les
( 755)
g.inylions sont hypertrophiés; ulcérations ilu voile du palais, granulalions tuberculeuses
dans tous les organes et les séreuses des cavités splanchniques.
» N" 2, truie. Elle meurt dans l'état de maigreur le plus extrême le lo janvier, cent- un
jours après l'ingestion. Ulcérations du voile du palais. État crétacé de tous les ganglions
lympliatiques de l'économie. Mamelles farcies de tubercules. Tous les organes parenchyma-
leux des cavités abdominale et thoracicjue sont criblés de tubercules infdtrés de sels cal-
caires.
» N° k. Le même jour que sa mère, le jeune porcelet meurt également ; il est tuberculeux,
mais ses lésions sont moins avancées ; il présente par contre une forte hépatisation pulmo-
naire.
« N° 3. Celui-ci, placé avec les tuberculeux 1 et 2, se conserve avec son embonpoint.il est
tué le 1 2 janvier après cent jours de cohabitation, et montre une tuberculose commen-
çante et limitée aux ganglions sous-maxillaires et bronchiques, avec quelques granulations
dans le poumon. Il est certain que l'on a dans ce cas une transmission par l'auge com-
mune.
» Deuxième série. N° 3. Le 1 8 décembre, on fait manger à un jeune porc une partie du pou-
monet des ganglions du n° l.On le tue le 12 janvier, vingt-trois jours après l'ingestion. Rien
d'apparent à la surface des organes, mais les ganglions sous-maxillaires sont hypertrophiés
et montrent au microscope des granulations tuberculeuses à leur première période de for-
mation.
» N° 6. Le 18 décembre, sur le n° 1, on prend un ganglion tuberculeux dont on enlève
un point qui est broyé et filtré sur un linge et l'on fait une injection de i'^'^ sur le côté
gauche du voile du palais. Le 16 mars 1880, cinquante-sept jours après, le ganglion sous-
maxillaire gauche est énorme ; celui du côté opposé est à peine tuberculeux. Tous les or-
ganes habituellement envahis sont farcis de granulations tuberculeuses, dont quelques-unes
blanchissent au centre.
" Troisième série. N" 7. Le 1 1 janvier 1880, on donne à manger à un porcelet les débris
tuberculeux de la truie n° 2, morte la veille. Au 20 février, les ganglions sous-maxillaires
sont déjà volumineux. Au 16 mars, l'animal est à toute extrémité. On le tue et l'on trouve
une tuberculose généralisée arrivée à la dernière période. Le voile du palais est tuber-
culeux.
» N° 8. II janvier 1880. Porcelet de deux mois. Injection sous la peau de quelques
gouttes de sang du n" 2.11 s'est formé une tumeurirrégulière,dure et lobulée. Soixante et un
jours après l'injection on le tue et l'on rencontre des tubercules de la peau du ganglion, de
nombreuses granulations grises des plèvres, du poumon, du Toie, de la rate et de l'épi-
ploon.
» En résumé, ces expériences démontrent que les lésions du porc appar-
tiennent à la tuberculose aiguë et qu'elles entraînent toujours la mort
dans un espace de temps très court, quelques semaines. La tuberculose du
porc est analogue à la phlhisie galopante de l'homme. L'espèce bovine, au
contraire, a le plus souvent ime tuberculose chronique. Il résulte de ce fait
que les jeunes porcs provenant de parents tuberculeux résistent peu de
( 756 )
temps à cette maladie et meurent dans le jeune âge, et que, chez les adultes
qui deviennent tuberculeux, la marche rapide de l'affection empêche la
reproduction.
» Au point de vue de la contagion, ces faits confirment également que la
tuberculose se transmet avec la plus grande facilité : i° par l'ingestion de
matières tuberculeuses; 2° par l'hérédité ou l'allaitement; 3° par l'inocula-
tion de la matière tuberculeuse ou du sang; 4° par simple cohabitation.
» Je démontrerai dans une prochaine Note que l'infection, dans le cas
d'ingestion ou de contagion, se fait par la bouche. »
CHIRURGIE. — Sur un mode de traitement de certaines surdités et surdi-mutités
infantiles. Note de M. Bouchehox, présentée par M. Bouley. (Extrait.)
« On sait combien sont fréquentes chez les adultes les complications
auriculaires du catarrhe naso-pharyngien, qui, en se propageant à la
caisse du tympan par la trompe d'Eustache, amène tantôt une surdité
passagère, tantôt une surdité progressive. Le catarrhe naso-pharyngien, si
fréquent chez l'enfant, peut aussi provoquer, dans certaines circonstances,
des complications sérieuses du côté de l'oreille, et les conséquences en sont
encore plus graves que chez l'adulte, car chez l'enfant la surdité est suivie
de mutité.
u Le mécanisme connu de la surdité par suite de catarrhe naso-pharyn-
gien est le suivant. Sous l'influence de l'inflammation, la muqueuse de la
trompe d'Eustache se gonfle et en oblitère le calibre; puis l'air qui est
contenu dans la caisse ne tarde pas à être absorbé. Alors la pression de
l'atmosphère refoule le tympan en dedans, et fait exécuter aux osselets de
l'ouïe un mouvement qui enfonce l'étrier dans la cavité labyrinthique, et
le fait presser fortement sur le liquide du labyrinthe. Ce liquide transmet
intégralement cette pression sur les extrémités du nerf acoustique, qui peut
être écrasé si la compression se prolonge. Le nerf acoustique ime fois détruit,
la surdité et la surdi-mutité sont définitives et incurables. Si la compression
cesse à temps, le nerf acoustique reprend ses fonctions plus ou moins com-
plètement et l'enfant sera capable d'apprendre à parler.
» Pour faire cesser la compression du nerf acoustique, le moyen usité
chez l'adulte, c'est d'insuffler dans la caisse du tympan, par la trompe, une
certaine quantité d'air qui refoule le tympan en dehors et diminue ou
supprime la compression labyrinthique, pendant qu'on modifie les lésions
( 757 )
des muqueuses pharyngo-auriculaires par des cautérisations appropriées et
qu'on diminue la susceptibilité inflammatoire de ces membranes par un
traitement général convenable.
» Mais le cathétérisme de la trompe, les insufflations d'air dans la caisse
du tympan, lescautérisations pharyngées, sont des manœuvres inexécutables
chez l'enfont éveillé; elles exigent une immobilité de l'opéré que le sommeil
anesthésique peut seul réaliser, La méthode d'anesthésie à employer en
pareil cas est celle de M. de Saint-Germain. Par cette méthode, en effet, la
chloroformisation infantile est rapide et inoffensive. En deux ou trois aspi-
rations de vapeur chloroformique, l'enfant tombe dans l'immobilité et la
résolution. Il suffit de deux ou trois minutes pour pratiquer le cathétérisme,
les insufflations d'air et la cautérisation pharyngée avec un pinceau coudé,
imbibé d'une solution d'iode au quart ou au tiers. On répète ces petites
opérations généralement trois fois par semaine, et en même temps on in-
stitue un traitement général approprié (').
» La chloroformisation et l'éthérisation sont, sans contredit, les meilleurs
procédés d'anesthésie applicables en ces circonstances. Cependant on peut
aussi utiliser l'hydrate dechloral à l'intérieur, seul ou suivi delà chlorofor-
misation (Trélat). L'avantage de ces procédés anesthésiques est d'être
moins émouvants pour l'opérateur; mais l'ingestion du chloral procure une
immobilité moins complète de l'enfant, et l'administration répétée de ce
médicament peut amener quelques symptômes de chloralisme (-).
» Indications. — La surdi-mutité la plus fréquente est celle qui survient
chez les enfants dont les parents ou les grands parents sont affectés de ca-
tarrhe naso-pharyngien chronique, à répétition, avec hem fréquent, catarrhe
amenant dans l'âge mur ou la vieillesse une surdité plus ou moins marquée.
C'est aussi chez les enfants un catarrhe à répétition qui cause les accidents
auriculaires; un catarrhe naso-pharyngien intense, accidentel ou consécutif
aux maladies éruptives, peut aussi produire la surdité ou la surdi-mutité.
» Dans les cas où la surdité chez les enfants existe depuis plusieurs mois,
le traitement ramène encore généralement une restauration assez étendue
de l'ouïe; quelques-uns même guérissent après deux ou trois ans de sur-
(') Le cathélérisrae chez les enfants ne peut être exécuté qu'avec une sonde de courbure
et de dimensions spéciales, basées sur la conformation des organes infantiles. Un modèle de
cette sonde est soumis à l'Académie.
(^) La chloroformisation répétée, mais à très petites doses, n'a pas paru cire dangereuse
pour l'économie, car, après plus de six mois d'emploi chez une petite fille, elle n'avait apporté
aucune modification dans la santé.
( 758)
dite, mais dans un espace de temps variable, que prolongent les poussées
successives de catarrhe naso-pharyngien,
» Quand la surdité ou la surdi-mutité persiste depuis plusieurs années, la
restauration d'une partie de l'ouïe n'est possible que si le nerf acoustique n'a
pas été complètement écrasé, détruit d'après le processus signalé plus haut.
Dans les cas assez anciens, il est arrivé d'obtenir un certain retour de la fonc-
tion auditive, qui permet à l'enfant d'apprendre quelques mots et d'être
plus apte à recevoir une instruction ultérieure.
» Il est d'ailleurs très difficile, étant douné un jeune enfant sourd-muet,
de savoir si le nerf acoustique est oui ou non complètemeut détruit; le
traitement pourra donc être institué à titre d'essai.
» Dans les surdi-mutités dites héréditaires, ce qui est surtout primitive-
meut héréditaire, ce n'est pas la surdi-mutité, mais le catarrhe naso-pharyn-
gien constitutionnel, dont la consanguinité peut encore aggraver l'intensité.
En s'attaquant de bonne heure au catarrhe naso-pharyngien et à sa compli-
cation auriculaire par cette médication, on peut très heureusement empêcher
ou atténuer la surdité ou la surdi-mutité.
» Les surdités et surdi-mutités par arrêt de développement de l'encéphale,
par absence du nerf acoustique, par affection méningitique ou encépha-
lique, par destruction irrémédiable de l'oreille interne, ne sont pas justi-
ciables de ce mode de traitement. Ces cas, d'ailleurs, sont beaucoup plus
rares que les surdités par catarrhe naso-pharyngien. »
M. ViNOT adresse une Note concernant les dimensions que notre œil
attribue à la Lune.
La séance est levée à 4 heures et demie. J, B.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE
OnVRiGES REÇUS DANS LA SÉANCE DU 29 MARS 1880.
Jnnuaire de la Marine el des Colonies, 1880. Paris, Berger-Levrault, 1880;
in-S».
Annuaire de la Société nationale d'Agriculture de France; année 1880.
Paris, J. Tremblay, 1880 ; in- 18.
( 759)
Annales de la Société d'Agriculture, Industrie, Sciences, Arts et Belles-Lettres
du département de la Loire; t. XXIII, année 1879. Saint-Étiennc, impr.
Théolier, 1879; in-8°.
Annuaiie de l'Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de
Bclcjicjue, 1880. Bruxelles, F. Hayez, 1880; in-i8.
Annales des Ponts et Chaussées. Mémoires et Documents, 1880. Février :
Personnel. Paris, Diinod, 1880; 2 vol. in-8°.
Démonstration d'une méthode préventive et curative des maladies, de In
phthisie en particulier ,• par le D'' C. GÂ.VBERT. Montpellier, typogr. Boehm
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Sur un procédé nouveau d'extraction du sucre des mélasses ; par U. Gaton.
Paris, G. Masson, 1880 ; br. in-8°.
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Paris, Hachette etC'^, 1880 ; in- 12.
Esquisse historique sur le siphon ; par A. de Hemptinwe. Sans lieu ni date ;
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Mesure de l'intensité calorifique des radiations solaires et de leur absorption
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M. J. Chatin. Meulan, impr. Masson, 1880 ; br. in-8°. (Extrait du Bulletin
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Arboriculture fruitière. Nouveau traitement du pêcher. Système Chevalier
aîné, de Montreuil ; par L. Vauvel. Paris, A. Goin, 1880 ; br. in-8''.
Culture de i asperge à la charrue ; par h. Y awej., Paris, A. Goin, 1880;
br. in-8°.
Du Phylloxéra en 1880. 31éthode rationnelle de préservation de la vigne par
la culture intensive et l'insecticide persistant; par le vicomte de la Lotère.
Paris, Librairie agricole, 1880 ;br. in-8°. (Renvoi à la Commission du
Phylloxéra.)
Résumé des leçons pratiques sur le greffage des vignes américaines, organisées
par la Société centrale d'Agriculture de l'Hérault, à l'Ecole d'Agriculture de
Montpellier, les B>, 9 et 10 mars 1880. Montpellier, typogr. Grollier, 1880;
in-i8. (Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
L'Etat et les chemins de fer en Angleterre. Lettre adressée à M. le Président
( 76o)
de la Commission des Annales des Ponts et Chaussées ; par Ch. de Frawque-
viLLE. Paris, A. Chaix, 1880; br. iii-8°.
Eludes cinématiques ; parM. E.-J. Habich. Paris, Gauthier- Villars, 1879 ;
in-8°.
Recherches sur ta géographie botanique du Lyonnais; par A. Magnin.
Paris, J.-B. Baillière, 1879 ; in-8°. (Présenté par M. Duchartre.)
Huygens et Roberval. Documents nouveaux ; par C. Henry. Leyde, E.-J.
Brill, 1880; in-4°.
Elude comparée du Pignon et du Ricin de l'Inde, Thèse présentée à l'Ecole
supérieure de Pharmacie de Nancy et soutenue publiquement le vendredi 19 mars
1880 ;par M. E. Maillot. Nancy, Berger-Levrault, 1880; in-8°. (Présenté
par M. Chatin.)
diction érosive du sable en mouvement sur des cailloux de la vallée du Rhône;
par M. P. Cazalis de Fondouce. MontpelHer, typogr. Boehm, 1880 ; in-4°.
(Extrait des Mémoires de l'Académie des Sciences et Lettres.) (Présenté par
M. Daubrée.)
G. B. Ercolani. Nuove ricerche sulla placenta nei Pesci cartitaginosi e nei
Mammijeri e délie sue applicazioni alla tassonomia zoologica e ail' anlwpo-
genia. Bologna, tip. Gamberini e Parmeggiani, 1880 ; in-4°. (Présenté par
M. Ch. Robin, pour le Concours Serres de l'année 1881.)
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI li AVRIL 1880.
PRESIDENCE DE M. EDlf. BECQUEREL.
aiEMOIUES ET COaiMUNICATIOIVS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE,
ANALYSE MATHÉM.\T1QUE. — Sur quelques applications des fonctions
elliptiques. Noie de M. Hekmite.
« XXVIII. Considérons en premier lieu les équations du troisième ordre,
que nous savons devoir contenir deux constantes arbitraires. Elles pré-
sentent deux types distincts, et l'un d'eux, découvert antérieurement par
M. Picard, a offert le premier et mémorable exemple de l'intégration an
moyen des fonctions elliptiques d'une équation différentielle d'ordre supé-
rieur au second ('). C'est l'équation
;■'"+( 5^ - (iÂ- sn=«)/-^- Ar = P,
à laquelle on satisfait de la manière suivante.
» Soit
^- 0[u] ^
(M Sur une classe tV équations dilfi'-ir/iticUcs [Comptes rendus, t. XC, p. 128).
C. n., iSîo, i"Semcjf/-e. (T. XC, NO 14.) 99
( 7^2 )
et posons, comme au § V [Comptes rendus, t. LXXXV, p. SaS),
Lï =/f^sn^M ^ — j
0, =-^- su w cn&j dn«,
iî„= A-2 s,;," j^ \_ 'gii-o)— -i — '- ,
de sorte que l'on ait, pour u — /K'+ s,
r = Ce'^ f- - - fis - :^ 0,£= - ^ D..e - . .
C désignant un facteur constant. Les quantités u et X se déterminent au
moyen des relations
3(X*-n) + a-2(i + P) = o,
aX' — 0),O — 40, — /3 = o,
et il a été démontré par M. Picard qu'elles admettent trois systèmes de
solutions, d'où se tirent trois intégrales particulières et par conséquent
l'intégrale complète de l'équation considérée.
» Le second type qu'il faut joindre au précédent pour avoir, dans le
troisième ordre, toutes les équations analogues à celle de Lamé, est
y -h (a — 3^^ sn^ u)j' -h {^-+- y/f^sn^w — 3A* snw cn^dn^);- = o,
avec la condition
3(a-i-F)4-7= = o.
Il présente cette circonstance bien remarquable que, dans les trois
intégrales particulières, la constante X a la même valeur, à savoir : X= — ^•
Cela étant, w s'obtient par la relation
aX' - X (30 -i-P)-n,-p = o.
» En passant maintenant au quatriènie ordre, on obtient quatre équa-
tions A, B, C, D avec trois constantes arbitraires, et pour chacune d'elles
les constantes u et X se déterminent ainsi que je vais l'indiquer.
A.
/"+ {a — 12k- sn-u)f-h^jy-h{'^ -t- 5k^ sn^u)j — o,
avec la condition
( 7^3 )
Les relations entre w et X sont
4X^-X(i2iH-5)-8i>, + /3 = o,
i8)/- 3X^(360 + 7) -i44Xn,-54Q,-3§i:i
— 67 — 2o(n-/i-)-i- iG(i — A-'H-A'') = o.
B.
/'"h- (a — 8 A- sn^'w) ;"+(j3H-7/î^sn^«f — 8A;^ sniicn;^ dnu)}'
+ (§-1- ek-sn-H — 7P snu cuudnu))^ — o,
sous les conditions
4£ = 7-, f-^Sy{c/.-2-2k-) + i6[i=o.
On a ensuite
48(X=-Û)-hi2X7+24a + 37--G4(n-F) = o,
120X* - 72oX='il — 960XD, - 36on,- 6o(X^ - 3XD - 2i2,)v
-i5(X^-Û)7=-i2oa-io(i + /t^)7- + 64(i -/!:'+ A") = o.
C.
y" -t- (oc _ Qfc^ sn^u)/" + (|3 — 12^;^ sr\ucnudnu))'+ (7 4- W sn'ji);^ = o ,
avec la relation
1 2 7 — 5- — 2 0 [ a — 4 ( I + A- )J = o.
Les équations en gj et X sont
6{l--n) + 2^ + 5 - 4(i+A-^)=:o,
2X^ - X(60 + ô) - 40, - /3 = o.
D.
jiv,,. (j^ _ 4A='sn=«)y' + (fi -4- 7A- sn=« — 8A-^ snr^ cnzi cln;^)/'
+ [â -hik'-sn-n — 8A'sn\'/ + 7 A- sumcuî^ dnu)}- ^o.
On a entre les constantes les deux conditions
8 « ~ 32 ( 1 -f- A' ) -r 4 £ -+- 7- = o,
4^-f-7[£-"4(i+A-=)j=o.
» Ce dernier cas présente un second exemple de la circonstance remat -
quable qui s'est offerte dans l'une des équations du troisième ordre, la
quantité X ayant dans toutes les intégrales particulières la même valeur, à
( 7Ô4 )
savoir >. = — y- L'équation en w t-st ensuite
4 ^
9oX^-i5(X=-- Û)[3î-8(i + A=')]-36oX-fl-36oXii,
— 90Û2-90C?- 3o£(i + /t=')+ 16(11 + 4/^'+ 11^') = o.
» XXIX. Les recherches dont je viens d'énoncer succinctement les pre-
miers résuUats ont été étendues par M. Mittag-Leffler aux équations Unéaires
d'ordre quelconque, dans un travail qui paraîtra prochainement. li sera
ainsi établi que la théorie des fonctions elliptiques conduit aux premiers
types généraux, après celui des équations à coefficients constants, dont la
solution est connue sous forme explicite. L'équation de Lamé
D|jr = [n{n -t- i)A-sn-j:- + Ii]j,
ayant été l'origine et le point de départ de ces recherches, doit d'autant
plus appeler notre attention, et j'y reviens pour aborder un second cas,
celui de 71— i, en me jiroposant d'en faire l'application à la théorie du
pendule. Je traiterai ce cas par une méthode spéciale que j'expose avant
d'arriver au cas général où le nombre 71 est quelconque, afin de réunir
divers points de vue sous lesquels peut être traitée la même question. Re-
prenons à cet effet l'équation considérée au § XXI (p. 106) et dont nous
avons obtenu la solution complète, à savoir :
T^o r snn snb 1,
■^ Lsn«sn[a — a) snasn(M — ojj ^
[Asna Bsni i /-.oT
sn«sii(« — fl) sn«sn(« — b) sn'(« — b] J"^
» Soit II — X -h iK', et changeons aussi a ^[ b en a -h iK' et è + / K.', de
sorte que les constantes A et B deviennent ;
sno sn(rt — 0)
B = — ^^— ,-c:,
snasn[0 — a]
L'équation prendra la forme suivante :
„ r sn r snjr 1
^•^ \ sn ti in [X — «) sn6sn(,c — b) \ ■^*'
[A sn.c B sn r i pîl »•
suasn[.c — ri) sab&n[x — b] sn'(a — b) J~'
( 765)
et aura pour solution la fonction de seconde espèce
les quantités w etX étant déterminées maintenant par les conditions
- snnr en a un a stio)
A — L>
). + C
sn/)sn(« — ù] sna snrtsn(« -i- w)
sn h en /> (In /> snw
inasn[b — a) snb snbsn[b -i~ ut)
» Cela posé, considérons le cas où ^ = — «; on trouve aisément, en
chassant le dénominateur sn-j; — sn-a, l'équation
(sn^o; — sn'a)D^ j — 2 siij;cna;dna;D^j-
sn^j;- + CMfsn^a; — sn^a) r = o.
sna \sn'2a J^ ' \^
» Particularisons encore davantage et, observant qu'on a
A = ^ + C,
sn2a
faisons disparaître le terme en sn-^ dans le coefficient dej^, en posant
f.cnaàna i p
sna sn2a
Ce coefficient se réduisant à une constante, l'équation précédente devient
(sn-a; — sn-a)D;j)- — -iiïixcnxànxïi^Y
-\- 2[3A--sn*rt — 2(1 -hk})sn-a + i]f =: o.
Soit donc, pour un moment,
$(j-) = sn-x — sn'-rt;
on voit qu'on peut l'écrire ainsi :
<^[x)D^X — ^'{x)Y)^y + V{a)y = o,
et l'on en conclut, par la différentiation,
<^[x)Tily ~ [<^\x) - r(fl)]D,, j == o.
» Ce résultat remarquable donne, en remplaçant D^./ par z,
^ r<(x)-»i."(«)l ^ ,gp gjjo^ _^ gp gj^,^ _ ^ _ ^^.^^
L *i-^J J
c'est précisément l'équation de Lamé dans le cas de n = 2, la constante qui
( 766 )
y figure f-tant h = 6A.- sn-rt — A — [\k- . Nous n'avons donc plus, pour par-
venir à notre but, qu'à former l'intégrale de l'équation en j, c'est-à-dire
à déterminer les constantes u et X au moyen des équations rappelées plus
1 -r I ■ - rr 1 1- 7 „ ncnaà-na \
haut. Introduisons, a cetettet, les conditions» = — «, (.-= ^o~^'
on en tirera successivement, en les retranchant et les ajoutant,
sn'w sn'rt ( '.'. h- sn^« — i — k'^\
— ' 1
sn^w cn'a dn'«
. sntdcnwdrK.)
De là nous concluons, d'abord pour u, les expressions suivantes
sn' « ( 1 k^ sn'rt — I — A')
sn-cd
3 k'^ sri" a — a I I + /•- ) sii= a
cn*rt ( 9. k^ sn'« — i i
cn-u = — -
, „ (In'a( 2 sn'« — i)
dn- w ^
3X'sn*a — '2(1 + k'')i,xv-a -f- i
On a ensuite
^o _ sn^wcn'wcln^w _ (a/i-'sn'a — i — k^'\[1k■%v}a — ij(2sn'rt
A' — ■; ; ; — r., —
3/' sn*« — 2 [I -t- k-]'i\7 )
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — jïppUcntion (le la théorie des Sinus des ordres
supérieurs à l'intégration des équations différentielles linéaires ('); par
M. YVON VlI.LARCEAlT.
« Soit actuellement proposé d'intégrer l'équation
où p désigne une constante positive, q une constante de signe quel-
conque et V une fonction explicite de x, et convenons que, dans le cas
où h serait nul, la dérivée de l'ordre h représente la fonction j- elle-même ;
nous poserons
d'où
faisant en outre
(i5) m = k — h, r = '\p,
l'équation (i3) deviendra
djf'
'l^r^-O^^,
et son intégrale sera obtenue au moyen de la formule (7) et des va-
leurs (i i) des fonctions Cj^.
» Il ne reste plus qu'à intégrer l'équation (i4)j or celle-ci donne, au
moyen de h intégrations successives, et en désignant par a^, a,, a.,, ■ . . ,
«/,_, de nouvelles constantes en nombre h,
œ'
«A-i
. 2 . 3 . . . ( /i — I ) p 1 . 2 . 3 ... A
r -fidx''.
» Par cette expression, jointe à la valeur de ri [formules (7) et (11)],
l'intégration de la proposée (i3) se trouve effectuée.
» Pour peu qu'on y réfléchisse, on reconnaîtra que les sinus des divers
ordres offrent la solution la plus simple (je dirais la plus naturelle, si une
(') Voir Comptes rendus, séance du 29 mars, p. 721.
( 768 )
telle expression était admise dans le langage matliéinaliqne) des équa-
tions différentielles réductibles à la forme d'équations binômes à coeffi-
cients constants, avec ou sans seconds membres qui soient uniquement
fonctions de la variable indépendante. Leur emploi, dans ces équations,
les place sur un terrain qui leur appartient en propre et dont on ne saurait
les bannir, sans amener des complications, non seulement inutiles, mais
nuisibles à la mise en évidence des propriétés caractéristiques des incon-
nues, dans la solution finale des problèmes que l'on se propose de ré-
soudre.
» Nous limiterons à ce qui précède nos études sur l'intégration des
équations linéaires, notre but principal étant d'attirer l'attention des géo-
mètres sur les ressources qu'ils pourront tirer de rintroduction des sinus
des ordres supérieurs dans l'Analyse mathématique, et de les engager à
poursuivre un travail que nous laissons à l'état d'ébauche, bien convaincu
que les nouvelles fonctions trouveront, entre leurs mains, de nombreuses
applications aux questions de Mécanique et de Physique mathématique, qui
conduisent à des équations différentielles intraitables dans l'état actuel
de l'Analyse mathématique. Sans être en état d'en garantir l'exactitude,
nous pouvons rappeler que l'auteur de la découverte des sinus des
ordres supérieurs affirme avoir fondé, sur leur emploi, l'une des deux
méthodes générales d'intégration qu'il a proposées; il a signalé, du reste,
l'impuissance des méthodes fondées sur le simple usage des fonctions tri-
gonométriques et des développements en séries, pour représenter les phé-
nomènes qui offrent à la fois le caractère de progressivité et celui de jiério-
dicité, quand les variables excèdent les limites où les séries cessent d'être
suffisamment convergentes. L'introduction des sinus des ordres supérieurs
semblerait devoir faire disparaître cet inconvénient, puisque ces fonctions
jouissent du double caractère qui manque aux fonctions le plus généra-
lement en usage, dans la Mécanique céleste, par exemple.
» L'emploi des fonctions elliptiques, récemment introduit dans le do-
maine de l'Astronomie par M. Hugo Gyldén, est certainement un progrès
dans la direction que nous indiquons; mais l'insuffisance de ces fonctions
nous semble déjà accusée par la nécessité, où s'est trouvé cet astronome, de
fragmenter les orbites des corps célestes. Nous regrettons de ne pouvoir
renvoyer aux Ouvrages de Wronski, attendu qu'ils sont à peu près inintelli-
gibles pour ceux qui n'ont pas entre les mains l'ensemble des publications
antérieures à celle qui contient l'objet dont on veut s'occuper, et que ces
publications n'existent, au complet, dans aucune de nos bibliothèques ;
( 7^9 )
celle de l'Atadémie des Sciences en possède à peine deux Volumes, faible
contingent d'une collection très nombreuse.
MÉCANIQUE. — 5«r quelques théorèmes de Cinémalique. Note de M. H. Resal.
« Dans une brochure très intéressante, ayant pour titre Etudes cinéma-
tiques, M. E.-J. Habich énonce plusieurs théorèmes nouveaux se rapportant
aux courbes planes, et parmi lesquels je signalerai le suivant :
» L'accélération d'un point, lorsque sa direction est constante, est propor-
tionnelle au rapport du cube de la vitesse au rajon de courbure.
B Tout en appréciant à leur juste valeur les considérations analytiques
qui ont conduit M. Habich au théorème précité, qu'il me soit permis d'aller
directement au but, en partant de notions très connues.
» Soient v, p, a la vitesse du mobile m, le rayon de courbure de la
trajectoire, l'angle formé par la direction de l'accélération f avec la nor-
male au bout du temps t. On a
v'
e)COS«= -■>
P
d'où
pv cosa
Or vcosoc est la composante de la vitesse suivant la normale à la direction
de l'accélération; elle est donc constante et égale à CgCosao, l'indice o se
rapportant à un instant déterminé /„. Nous avons ainsi
(2) f.
pi'o cosa,,
ce qu'il fallait établir.
» Soit c la corde du cercle osculateur déterminé par la direction de f,
on sait que
par suite,
P
c 2l'„C0Saj
» Donc le rapport du rajon de courbure à la corde interceptée dans le cercle
osculateur par la direction de l'accélération est proportionnel d la vitesse.
» Mais c'est surtout la formule (2) qui peut être employée utilement
c. R., 1880, 1" Semestre. (T. XC, N" 14.) lOO
( 77° )
pour déterminer la courbure en un point d'une courbe définie par la loi
de l'accélération.
» Considérons, par exemple, une parabole décrite par un point matériel
pesant m dont la masse est censée égale à l'unité et dont la vitesse initiale v^
est dirigée suivant l'horizontale maj" du point de départ m^. Soient rn^x
la verticale de nig, F le foyer et 2p le paramètre de la courbe. On a
«0=0, •^=^' X~Vot,
(3) r"= 2 — X — 2/?a,',
(4) /. = 'f
» Le principe des forces vives donne
De l'équation (2) on déduit immédiatement la formule connue
» Je passe maintenant à d'autres considérations, et je vais supposer que
le mobile obéit à l'action d'une force centrale positive ou négative de m
vers le point fixe O. Si r désigne le rayon vecteur Om, on a, d'après le
principe des aires,
i'o'o cosao = vr cosa,
et l'équalion (i) devient
On prendra le signe + ou le signe — selon que y cosao sera positif ou
négatif, le sens de p devant résulter de la discussion de la trajectoire.
)) On a donc ce nouveau théorème :
» L'accélération en valeur absolue d'un point dirigée vers un centre fixe est
proportionnelle au cube de la vitesse, au rajon vecteur et ci la courbure de la
trajectoire.
» ^applications.— 1° A l'ellipse, dont la, 2b sont le grand axe et le petit
axe.
» On peut poser
X = a cosi, j = b s\nt,
■'■' , y
( 77' )
d'où
= -'•,
et, en prenant pour v^ la vitesse à l'un des sommets du grand axe,
('o=i, c/.o~ o, 1-0= a.
L'équation des forces vives donne
V- ~ b- =r — /•- -4- a-,
et la formule (5) conduit au résultat suivant :
P = - 7i
» 2° Â ilijperbole. Soient
cPx _ (Py _
i vient, enchoisissantconvenablementrétatinitial du mouvement, rt, iétant
deux constantes,
p ~ ;r^ =" " ' '
? = >\ r-o ~ Cl, Ko = o, v„= b.
Le principe des forces vives donne
o 7 o o o
t^-=: 6- = /'^— a-,
et l'équation ( 5)
[r^'—a'^b-'Y
r^ TTo ■'
» 3° y4ux courbes en coordonnées polaires r et 0. Soit w la vitesse angulaire
du rayon vecteur. Il est évident que la génération de la courbe dérivera
d'une accélération centrale si, en désignant par k une constante, on a
c„rocos«„ = «/■- =
K
d'où
» L'équation (5) devient alors
(5') ? = =^S-
( 772 )
» On a d'abort!
dr dr k di
,Jt~dô^'~?7Fo
il)
(Pi __ , d I \ dr\ __ . d / i d,\ _ /= / i fPr 2 rf/'\
r ■ ' 1 ' 1 1 '^'' 1 • 1 •
» La vitesse i> étant la resnitante de — et de cor. il vient
dt
/ON /. / 1 dr' y
M D'autre part, l'accélération absolue çj n'est antre chose que la résul-
tanle de l'accélération relative -j- et de l'accélération d'entraînement
— w°7' estimée suivant le rayon vecteur. On a ainsi
d'r „ rPr /.' Pf\ d-r ■>. dr' \
(9) î' = 7/F- "'"'■= ;F - 7' ='T^\Cv'M^-~7^M'~'r
» Enfin la formule (5') donne, en ayant égard aux valeurs (8) et (g),
). Soit /' = fl5'"; on a
» Lorsque m —- \ , on trouve la formule connue relative à la spirale d'Ar-
chimède
2_1_ li'l^
2a'+ >'
Pour la spirale hyperbolique, m =: — i , et
P ~ a\/\r'-f- «')*
» L'équation r= ne'"^ de la spirale logarithmique et la formule (lo) con-
duisent au résultat connu
p — r[nr ^- 1)2. »
( 77^ )
PHYSIQUE. — De la (iélermination des hautes températures. Note
(le MM. H. Saixte-Claiue Deville et L. Troost.
« Il a été publié depuis quelque temps un certain nombre de travaux
qui nous ramènent naturellement à ceux que nous avons effectués depuis
longtemps et que nous n'avons pas entièrement fait connaître.
» Lorsque nous avons donné, en i863, les résultats obtenus pour les
densités d'un certain nombre de vapeurs à haute température, nous avons
omis de parler des tentativesque nous avions faitespour déterminer la tension
de dissociation de l'acide carbonique, par la comparaison des coefficients de
dilatation de ce gaz avec ceux de l'air et de l'hydrogène. Il nous semble
utile aujourd'hui de donner quelques-uns de ces résultats, incompletsencore
au point de vue des questions que nous voulions résoudre, mais utiles
cependant, puisque des savants très distingués tentent aujourd'hui la
recherche de constantes qui manquent encore à la Science.
» Nous nous proposons, dans cette Communication, de donner quelques
indications siu' les températures d'ébuUition du cadmium et du zinc, dont
l'usage s'est répandu'pour obtenir des points fixes. On va trouver les
résultats tels qu'ils sont extraits de nos cahiers de procès-verbaux, avec
toutes les circonstances dans lesquelles nous nous sommes placés, ce qui
permettra de contrôler nos opérations.
» Nos premières déterminations de la température d'ébuUition du zinc
ont été faites en chauffant ce métal dans des bouteilles en fer. Le ballon de
porcelaine contenant de l'air sec et servant de réservoir thermométrique
était protégé par un cylindre en tôle contre la surchauffe des parois.
Volume Pression Pression Température
du ballon. Manomètre. initiale. finale. déduite.
Cahier 8 246'=%36 189"= 756™"', 74 758'""', 97 987°
Page 220 246'^%36 189'^'^ 747'"'", 87 745'°"',53 997»
» Les déterminations ont été faites ensuite en remplaçant la bouteille
en fer par un creuset en terre réfractaire contenant 7''^ de zinc. Ecran en
terre réfractaire.
Volume
Volume
du
Mano-
inter-
Pression
Tempé-
Pression
Tempéra-
ballon.
mètre.
médiaire.
initiale.
rature.
finale.
ture.
Page 232. . .
Page 234. ■ .
Page 236.. .
ce
• 295
295
295
ce
241,8
224,54
247,8
ce
6,02
6,02
6,02
Dini
758,53
757,42
796,73
0
0
19,2
20,7
mm
767,68
757.92
752,69
968^7
9%. 4
950,0
( 774 )
)i De n oiivelles expériences ont été faites en employant un grand creuset
en plombagine contenant i4''^ de zinc.
Volume Volume
du ballon inter- Pression Pression Tempéra-
à T. Manomètre. médiaire. initiale. finale. ture.
ce ce ce mm mm o
Page 252... 274,00 224,76 13,93 763,07 763,00 935
Page 254. •• 274,00 225,57 12,92 763,07 763,79 943
Page 256. . 274,00 241,79 12,92 763,07 725,90 948
Page 258... 265,84 218,17 5,3t 762,00 761,78 935
» Dans les expériences suivantes , où l'on a employé successivement
commecorps thermométrique l'air, rhydrogèneetl'acide carbonique, lezinc
est contenu dans un grand creuset en plombagine. On a introduit dans sa
moitié inférieure 17''^ de zinc fondu. La partie supérieure, destinée à rece-
voir le ballon, en est séparée par un diaphragme percé de trous. Une double
enveloppe en terre réfractaire empêche la surchauffe des vapeurs par les
parois latérales.
Volume du ballon à 0°... . 273^,77 Volume du ballon à T i']']"=,o3
Volume du col g"^,423 Volume du tube de cuivre (i 1") .. . 4''%893
Manomètre 233", 333 Température du laboratoire . . .. 150,4
Pression initiale 754"'",86 Cahier 9, p. i3 (ballon plein d'air sec).
Zinc Température.
Heure. H„. h,. H„-|-/i„. r. t'. distillé, déduite,
h m mm mm mm o o o
10. 3o.... 767,55 —42,60 724,95 10,6 12,1 94o(')
11.00 727,25 — 4i>66 725,59 10,6 12,4 kg 94?
II. 3o 767,25 —41,26 725,99 10,6 12,7 2,4 949
12.10.... 766,77 — 4o,4o 726,37 10,6 12,7 951
12.40.... 766,77 —40,20 726,37 10,6 12,7 95i
i.io.... 766,46 —39,56 726,90 10,6 12,7 2,3 954
1.40.... 766,23 —39,20 727,03 10,6 12,8 954
2.10 766,21 —38,90 727,31 10,6 12,9 954
Vérification 764,51 +27,85 T^^' ^ , 'Oj^ i3,3 11,8
(') Les températures se calculent comme celle-ci à l'aide de la formule
277,032 0,423 4^893 233,333
\ -i- an I + I2,ia i-t-ii,3a i + io,la
-[^^l^rjl-i- n.,5,4„^- , + ,3,5« 1 ^11,8»; 724,95
Ho, pression barométrique finale; //„ pression dans le manomètre; t, température du mano-
mètre; t', température du laboratoire.
( 775 )
Page i5, mêmes appareils. Addition de -j^^ de zinc [ballon plein d'air sec)
Zinc
Heure.
H..
/'..
H.+ A..
t.
('.
distille.
T.
h m
mm
mnt
mm
u
0
f
io.3o . .
763,47
39,31
724,16
9,0
11,2
94'
I I . oo . . .
763,19
-38,73
724,46
9.'
1 1 ,6
ks
941
1 I . 3o . .
762,87
-38,12
724.75
9,1
>i.7
2,1
944
I2.0» . .
762,52
-37,47
725,05
9''
12,1
946
12. 3o . . .
762,14
-36,79
725,35
9,2
.2,3
946
I . oo . .
761,92
— 36,29
725,63
9,«
12 ,0
2,3
947
i.3o...
761,54
-35,89
725,65
9'>
12,5
947
2.00 . . .
761,44
-35,34
726,10
9»'
12,4
1,4
948
Page 16, raêmes appareils. Addition de 7'^^ de zinc [ballon plein d'air sec)
Zinc
Heure.
H..
/'.-
H, + /o se rapporte à la détonation à volume constant.
On passe de là à la chaleur de combustion à pression constante ('), en
ajoutant H- 0,1 4, en raison de la condensation : ce qui fait -(- 34, i4'
)) Ce chiffre s'accorde presque exactement avec celui que j'ai obtenu
antérieurement par la combustion d'un jet d'oxyde de carbone dans
Essai de Mécanique chimique, t. I, p. Ii5.
( 783 )
l'oxj'gène : soit ■+- 34,09 ('); et par voie humide, au moyen de l'acide for-
mique : -i- 34, a5. On peut juger par là de la concordance des méthodes.
» V. Combustion de l'oxjde de carbone ])ar le proloxyde d'azote.
CO + AzO = CO=H-Az, a dégagé +44>Oî +45, i; +44, i.
En moyenne +44,4 P»'" détonation.
" Ce nombre est le même à vohimc et à pression constants.
» La formation du protoxyde d'azote, à pression constante :
Az + 0 ;= Az 0, absorbe -i-34,i — 44i4^ — 'o,3
Favre et Silbermann avaient trouvé — 8, ^ ; M. Thomsen —9,2 par la com-
bustion ordinaire : méthode dont les résultats sont moins certains que
ceux de la détonation d'un mélange fait en proportions définies, lorsqu'il
s'agit d'un comburant formé avec absorption de chaleur et dont on emploie
un excès, susceptible d'intervenir pour son propre compte dans les com-
bustions faites au sein d'une atmosphère de protoxyde d'azote.
» Les expériences par détonation, faites suivant les proportions théo-
riques, ne sont pas sujettes à cette objection. Je regarde donc la valeur
— 10,3 comme préférable. Observons encore que les quantités de chaleur
absorbées dans la formation du protoxyde et du bioxyde d'azote, soit —10, 3
et — 21,6, sont très sensiblement doubles l'une de l'autre.
» 7. D'après ces deux chiffres et ceux de mes expériences antérieures
sur la transformation directe du bioxyde d'azote en acides azoteux, hypo-
azotique et azotique, on obtient les Tableaux suivants, qui doivent être fort
rapprochés de la vérité.
I. ' — Formation thermique des oxydes de l'azote ['].
Protoxyde d'azote : Az -^ 0 = AzO gaz — 10, 3
Bioxyde d'azote : Az + 0- = AzO^ gaz — 21,6
Acide azoteux : Az m- 0' ^= AzO^ gaz — • • , i ; diss. — ^,1
Acide hypoazotique : Az + 0* ^ AzO' gaz — 2,6; liq. -H 1,7
Acide azotique : Az -t- 0^ = AzO' gaz — 0,6; liq. H- i ,8 ; sol. -[- 5,9: diss. -i-i4,3
. , . \ AzH- 0' H- HOiiq. = AzO^Ugaz. — 0,1; liq. -I- 7,1; sol. + 7,7; diss. + i4,3
Acidehydraterj ^z + 0» + H = AzO'H gaz. . . . + 34,o; liq. +4i,6; sol. 4- 42,25 diss. + 48,8
Ammoniaque : Az — H' =^ AzH' gaz +12,2; diss. -1-21,0
Ôxyaiuraoniaque : Az -1- H^ -t- 0^ = Az H' 0^ diss. . -1-19,0
Cyanogène : O (diam.) -i- Az = C^Az gaz — 37,3
(') Annales de Chimie et de Physique, S' série, t. XIII, p. l3; t. V, p. 3i6.
{') Tout entier d'après mes mesures personnelles. — Étant donnée une oxydation qui
(784)
II. — j4zotates.
Azotate de potasse : Az + 0« + K -f 118,7
de soude: Az + O' -4- Na + 1 10,6
d'ammoniaque ('): Az^ 4- 0" 4- H' + 87,9
de stronliane : Az -4- 0" 4- Si- 4-109,8
de chaux : Az + 0*^ + Ca ..4-101,2
deplomb : AZ4-0'' -4-Pb.. .' -1- 52,8
» d'argent : Az -1- 0" 4- Ag 4- 28,7
Éther azotique : C 4- H' 4- Az 4- 0' -r 52 ,4
Nitroglycérine :C° 4- H' 4- Az^ 4-0" -+- 96.4
Nitrobenzine : C'-'4-H=' 4- Az4-0* + 4.2
Binitrobenzine : C'^ 4- II' 4- Az^ + O" 4- 12,7
III. — Sels ammoniacaux.
Chlorhydrate : Cl -I- H' 4- Az 4- 76,7
Dromhydrate : Br (gaz) H- H' 4- Az -h 71,2
lodhydrate : I (gaz) 4- H' 4- Az 4- 56, o
Sulfhydrate : S=(gaz) 4- H«4- Az 4- 42.4
dégagerait Q^"' pour 8«'' d'oxygène iixé; cette oxydation, effectuée par l'acide azotique
étendu, dégagera en moins, en formant :
AzO' gaz : — 16,9; AzO'gaz : — 12, 7 ; AzO= . — 12,0; AzO : — 6,1; Az: — 2,8;
AzH=0=diss. : — i6,4; AzH^ diss. : — 12, i ; AzO' Am diss. : — io,5.
(') MM. Sarrau et Vieille, dans des expériences inédites sur la détonation du colon-
poudre, pur ou mêlé d'azotate d'ammoniaque, ont trouvé pour la chaleur de formation de
ce dernier sel : 4- 89,0, au lieu de 87 ,9; ce qui fournit une confirmation indirecte.
On déduit du chiffre 87,9 la chaleur dégagée par les quatre transformations explosives,
possibles et réalisables, de l'azotate d'ammoniaque :
Cal
AzO^AzH'^ Az=0' 4-2 H' OMiq. dégage +3o,7
= Az= -t- 0' 4- 2H-0= liq. dégage -H 5i ,3
= |Az + |AzO' 4- 2H'0' liq. dégage +5o,o
= Az -4- AzO= 4- 2H'0= liq. dégage +29,7
Le sel fondu, l'eau gazeuse, tous ces nombres devraient être diminués de i5^-"' environ,
en admettant que aH'O' vaporisée absorbe — 20, et que la fusion de AzO^Am absorbe le
même chiffre que AzO'Kou AzO'Na. I,a dissociation simple, qui se produit simultanémen t
dans la préparation du protoxyde d'azote, sur une portion du sel,
AzO'^AzH» solide = AzO'Hgaz4- AzH' gaz, absorbe — 35,5.
C'est le type des décompositions multiples d'une matière explosive.
( 1»'>
Azotite : Az' + H' + O' (M + 64,8
Azotate : Az' + H' + O" ... H- 87,9
Chloi-liyilr.Tte d'oxyamitioniaque : Cl -h II' + Az -t- O'. . -I- 711,8
Oxalate: C (diam.) + H* -1- Az' -t- 0» + 273,4
Oxamitle : O (diam.) + H' + Az' + 0' ; 140,0 '.
MÉTÉOROLOGIE. — Sur le cyclone du 24 janvier dernier à la Nouvelle-Calédonie.
Note de M. Faye.
« Dans les Communications nombreuses que j'ai eu l'honneur de faire
à l'Académie sur les phénomènes identiques connus sous les noms variés
A'ourayans, de cyclones, de typhons ou de tornados, j'ai successivement passé
en revue toutes les parties du monde, excepté l'Océanie australe, et par-
tout nous avons retrouvé, dans les tempêtes, les mêmes lois géométriques
que certains théoriciens s'efforcent encore de dénaturer. Une Lettre que je
viens de recevoir d'un officier de notre marine, M. le capitaine de frégate
Reveillère, commandant la Dives, me met en mesure de rempHr cette lacune.
Voici un extrait du Rapport de cet officier sur le cyclone qui a sévi le
24 janvier à Nouméa:
« Nouméa, 28 janvier i88o.
» Monsieur le Gouverneur,
» J'ai l'honneur de vous rendre compte du cyclone que la Diccs a essuyé le 24 janvier,
en rade de Nouméa.
» Le 23 janvier,le temps était à grains du sud-est, le fond de la brise d'ailleurs maniable;
dans les grains, la pluie était très abondante et les rafales assez fortes. Je fis dépasser les
mâts de perroquet. Le baromètre, bien que bas pour le pays, se maintenait à peu près ;\ la
même hauteur.
» Vers 4'' Ju matin, le vent prit de la force, le baromètre descendit un i^eu ; aus-
sitôt le branle-bas fait, je filai un maillon do la chaîne de bâbord, afin d'avoir largement
du mou dans les chaînes des ancres, affourchées conformément à votre ordre général. Aus-
sitôt après le déjeuner de l'équipage, je fis envoyer en bas les volants, ce qui diminue con-
sidérablement le fardage de la mâture. Le matériel du scaphandre qui était dans la chaloupe
fut embarqué, les tentes envoyées en bas ; enfin je me préoccupai de ramasser tout ce qui
( ' ) La chaleur dégagée par la décomposition de l'azotite d'ammoniaque
AzO*AzH' ^ Az' -+- aH'G'liq. : -)- i38 — 64,8 = + 78 ,2.
J'avais trouvé d'abord des chiffres compris entre 76 et So. jM. Thomsen a donné récem-
ment 'Ji,7- Mais toutes ces valeurs, comme je l'ai dit, n'offrent pas les garanties d'une
grande exactitude.
G. R., 1880, I" Semestre. (T. XO, N» 14.) , ' 02
( 786 )
pouvait nous donner du fardage; je me disposai à embarquer la chaloupe et à hisser les em-
barcations. Jusque vers •;'' rien n'annonçait encore précisément l'arrivée d'un cyclone, bien
que le temps fût évidemment mauvais; ce n'est qu'à partir de 7'' que l'on put constater une
baisse graduelle certaine dans le baromètre. A g'' la Direction du port signala que vous lais-
siez chaque capitaine libre de sa manoeuvre pour la sûreté de son bâtiment. La chaloupe
fut embarquée, les vergues brassées en pointe, les embarcations hissées, les tangons ren-
trés, etc. Je donnai l'ordre d'ctre prêt à allumer les feux. A giiSo™, je fis filer un maillon de
la chaîne de tribord ; la brise fraîchissait et les rafales devenaient très violentes.
■< A 10'', la Direction du port donna le signal de se préparer contre le mauvais temps. Je
fis allumer les feux et me conformai strictement à votre ordre n° 1063 du23 novembre 1878,
concernant les dispositions à prendre dans le cas d'un cyclone. De 8'' à midi le baromètre
descenditde745"""à 739""". Ala finduquart labriseétait déjà d'une extrême violence; à par-
tir de ce moment lèvent continua à forcer et le baromètre à baisser. A i^', l'ouragan éclata
dans toute sa violence. Je mouillai l'ancre de veille de tribord dont je filai les quatre mail-
lons en filant la chaîne de bossoir de tribord ; nos trois chaînes se trouvèrent ainsi bien
égalisées, forçant toutes les trois en même temps, le vent ayant une direction parfaitement
constante qui nous indiquait d'ailleurs que le centre du cyclone allait passer sur nous. La
machine fat mise en marche à cinquante tours, et l'on gouverna de manière à se tenir aussi
strictement que possible debout au vent.
» Ce n'était plus de la pluie, c'était une trombe d'eau furieuse qui passait sur le navire;
le baromètre baissa de 9"'™ en moins d'une demi-heure. Il était impossible de rien voir
autour de soi; la pluie piquait les mains et le visage, autant que le fait la grêle dans les coups
de vent de nord-ouest de la Manche.
» A 2'', notre grand canot, saisi comme par la mer, fut soulevé par le vent seul, un instant
décroché de son jialan, et faillit être enlevé.
» J'estime que le vent, dans toute cette grande furie, dura une heure environ, puis il di-
minua de force très rapidement. A a'^iS™, je crus pouvoir faire stopper la machine.
» Vers o'-So"" ou 3'', il veut une éclaircie notable au zénith; elle me rappela ce que l'on
est convenu d'appeler l'œil de la tempête.
» C'est à 2''45"' que j'ai constaté la plusgrande baisse barométrique : 714""". Labrise mollit
très rapidement, et nous fîmes notre évolution du sud-est au nord-nord-ouest en passant par
l'est, ce qui indique que le cyclone passait un peu au nord de Nouméa ; pendant cette évolu-
tion, la brise fut un instant si faible, qu'on aurait pu porter les cacatois.
» A partir de 3'' 45™, le baromètre eut relativement une ascension assez lente jusque vers 4'',
où il commença à remonter rapidement; la brise fraîchit, puis à 4''2o" reprit subitement sa
première fureur. La machine fut remise en marche, la chaîne de bossoir de bâbord égalisée
avec la chaîne de l'ancre de veille, toutes deux travaillant parfaitement ensemble, grâce à la
direction constante du vent, qui se maintint exactement au nord-nord-ouest, comme elle
s'était maintenue très exactement au sud-sud-est dans la première partie du cyclone.
» A 4''> des éclairs dans le nord-ouest nous annoncèrent la renverse.
» A mon estime, dont je suis d'ailleurs bien loin de garantir l'exactitude, la renverse fut
peut-être un peu moins forte que dans la première partie du cyclone; en revanche, elle fut
plus continue et plus longue, car je fis fonctionner la machine pendant deux heures.
>■ De 4''3o'" à 6^, le vent souffla une seconde fois avec une incroyable furie; de 6''3o™
(787)
à "'', le venl commença à mollir très sensiblement et les rafales à ilevciiir moins fréquentes}
à partir de 7'', le vent tomba avec rapidité; à 8^, il n'y avait plus que petite brise.
» Le lendemain matin nous yîmes que le gréement avait blanchi comme si l'on n'avait pas
goudronné depuis le commencement de la campagne; les amarrages des enfléchures étaient
comme de la filasse.
» Nous n'avons eu aucun accident à déplorer, ce que je ne puis attribuer qu'au sang-
froid et il l'extrême bonne volonté que les hommes ont apportés à l'exécution de votre
ordre n° 1063, relatif aux dispositions à prendre en cas d'ouragan.
» Je suis, etc.
» Le capitaine de frégate, commandant la « Dives
<> Signé : Reveillère. »
» On voit, en premier lieu, combien il importe aux marins d'être bien
informés des véritables lois des tempêtes. Grâce à une connaissance com-
plète de ces lois et à l'emploi rationnel de la vapeur, l'habile commandant
de la D'wes a pu régler d'avance sa lutte contre le cyclone dans ses phases
successives. L'ordre du gouverneur devrait être publié et appliqué sur
toutes les mers du globe, car, sauf les particularités bien connues d'avance
du sens de la gyration et du mouvement de translation, c'est partout la
même chose.
» En second lieu, ce rapport montre, une fois de plus, avec quelle net-
teté géométrique les vents ont opéré. Il faut se rappeler que la Dives se
trouvait à très peu près sur le passage du centre. D'abord les vents du sud-
sud-est, c'est-à-dire les alizés, ont fraîchi, ce qui indique bien que les pre-
mières raffales de l'ouragan se superposaient tout simplement aux vents
régnants; ensuite ces vents ont soufflé en tempête furieuse sans changer
de direction. Puis est venue la région du calme central, et, aussitôt après
son passage, les vents ont repris, mais en totale renveise, c'est-à-dire souf-
flant du nord-nord-ouest. L'impression du capitaine Reveillère est que cette
seconde série a été un peu moins forte, et cela s'explique, puisque l'atmo-
sphère inférieure dans laquelle pénétrait alors la seconde partie du cyclone
se mouvait en masse dans le sens opposé avec une vitesse relativement
faible. La vitesse du vent régnant s'ajoutait dans la première partie au mou-
vement circulaire de la tempête et s'en retranchait dans la seconde.
» Les détails de ces phénomènes sont d'une géométrie si nette, qu'il
est bon d'insister ici sur ce point que la Dives ne se trouvait pas exacte-
ment sur la trajectoire du centre du cyclone. La transition s'est opérée
pour elle dans le sens rétrograde, du sud au nord par Test, mais par une
très faible brise et non par un calme absolu. C'est la Bayonnelle, située un
peu au nord de la Dives, qui s'est trouvée dans ce calme absolu et a éprouvé
en même temps une plus forte baisse barométrique.
( 788)
» Je demande à tous ceux qui ont quelque idée de Mécanique com-
ment devrait se comporter l'air affluant de toutes parts vers ce point cen-
tral, où il prendrait, au dire de certains météorologisles, une direction
brusquement et violemment ascendante, comme dans une cheminée en
plein tirage; je demande si, dans un pareil tourbillonnement centripète
et ascendant, on aurait la sensation d'un calme si profond que, au dire
des marins, on se tiendrait sur le ponl, une chandelle allumée à la main.
» En second lieu, le phénomène si souvent observé sur la trajectoire
du centre, phénomène que nous retrouvons ici et qui consiste en ce que
le premier vent perçu dure sans autre altération qu'une progression for-
midable d'intensité, toujours dans le même sens, et puis aussitôt après le
passage du calme central se renverse bout pour bout, si l'on peut s'exprimer
ainsi, avec la plus extrême violence, dans la seconde partie du cyclone, et
souffle ensuite constamment dans cette direction diamétralement opposée
à la première, ce phénomène, dis-je, est inconciliable avec la théorie des
tourbillons centripètes, où l'on veut absolument faire décrire à l'air des
spirales hyperboliques ou logarithmiques. Je sais bien que certaines per-
sonnes ont quelque peine à se figurer qu'un mouvement purement rota-
toire puisse se propager au sein d'une masse gazeuse en repos ou animée
d'une translation générale. Ces personnes-là trouveraient plus naturel un
mouvement spiroïde et convergent, comme à la base d'une cheminée
exerçant de bas en haut un actif tirage, ou bien encore le phénomène
inverse d'une colonne d'air qui descendrait en s'épanouissant en spires
divergentes. Mais il faut bien les prévenir que ces sentiments de prédilec-
tion n'ont guère de place dans le domaine des sciences. Quand on n'a
pas la théorie mathématique d'un phénomène, il ne faut pas essayer de lui
substituer des fantaisies; la règle que suivent les hommes de science en
pareil cas est de s'en rapporter aux faits. Or celui que je viens de citer et
tant d'autres faits semblables, dont j'ai si souvent entretenu l'Académie
sans que personne ait pu élever le moindre doute sur l'un quelconque
d'entre eux, prouvent non seulement que le mouvement circulaire est
possible, mais encore qu'il est le seul à se réaliser ('). Il suffit d'ailleurs
de jeter les yeux sur la première trombe venue pour s'en convaincre
de visu.
» J'insiste sur ce point capital, parce que, dans une fort intéressante
( ') Du moins, quand on a trouve un mouvement centripète, il m'a été facile de prouver
que l'on avait négligé de tenir compte du mouvement général de translation des couches
basses, très sensible au pourtour d'un cyclone.
( 789 )
étude du typhon du 3t juillet dernier dans les mers de Chine, le savant et
éminent directeur de l'Observatoire de Zi-ka-wei, après avoir conclu et
dessiné d'après d'excellentes observations un mouvement absolument
circulaire, a fini par conclure et par dessiner, dans la partie théorique de
son Ouvrage, un mouvement spiraloïde semblable à un soleil d'artifice.
Telle est la force de la prévention contre laquelle je lutte depuis des années
au nom des faits.
» Je ne puis parler du terrible cyclone de la Nouvelle-Calédonie sans
appeler l'intérêt de l'Académie sur les désastres qu'il a infligés à cette
importante colonie. Voici un court extrait du Journal officiel de Nouméa :
« Dans la matinée du 24, la tempête commença réellement à se déchaîner et, jusqu'à
2''3o'" lie l'après-miili, alla croissant, atteignant les dernières limites de la furie. Les toits
des maisons, qu'ils fussent en tôle ou en tuiles, volaient au loin, menaçant, dans leur par-
cours violent, la vie des personnes qui, affolées, cherchaient des abris.
" Tous les bâiiraents publics, dont la solidité semblait pouvoir, mieux que nos maisons,
affronter l'ouragan, ont été détruits ou ont plus ou moins souffert.
» . . . . L'aspect de la ville est navrant; on dirait que nous avons supporté un long siège:
des maisons sont par terre, les autres n'ont plus de toit, toutes portent le témoignage de leur
lutte contre le fléau; les docks des transports maritimes, dans lesquels étaient déposés des
approvisionnements pour une valeur considérable, se sont effondrés, en détruisant sous
leurs décombres la plus grande partie des marchandises qu'ils contenaient; d'autres grands
magasins, entièrement découverts, ont perdu la plus grande partie des valeurs qu'ils ren-
fermaient. C'est par millions que l'on peut compter les pertes de la seule ville de Nouméa.
» La mer était déchaînée par la tempête, qui déjouait la sécurité pourtant exceptionnelle
de la baie de la Moselle et de nos deux rades, si merveilleusement abritées.
» Les habitants, anxieux, semblaient oublier leur propre ruine, pour suivre du regard
les bâtiments qui soutenaient une lutte impossible contre la tempête.
Le Gladiateur, cotre du pilotage, sombra l'un des premiers, entraînant avec lui les ma-
telots-pilotes Lorrain et Luneau, trois matelots indigènes et un enfant. La goélette la Dum-
ieV/, appartenant à l'administration pénitentiaire, coulait aussi avec trois matelots de l'État,
qui n'ont plus reparu. Le cotre le Bourakê disparaissait à son tour avec deux hommes de
son équipage. Les goélettes l'Étoile-du-Matin, le Nouméa et l'Espérance, et les cotres Age-
noria et la Planète, appartenant au commerce, disparaissaient aussi ou allaient à la côte
sans qu'il fût humainement possible de leur porter aucun secours.
1 Vers 2''3o'" de l'après-midi, le calme se fit presque subitement, et, pour la plupart
d'entre nous, il semblait que nous fussions arrivés au terme d'une aussi douloureuse
épreuve; mais, pour les marins et les anciens colons, ce n'était là qu'une interruption mo-
mentanée de la tempête. On profita de cette interruption, en ville et sur la rade, pour
prendre toutes les précautions en vue de combattre ses derniers efforts. Le cyclone se mon-
trait encore, en effut, vers4'', les vents soufflant cette fois du nord-est avec une intensité
qui était bien faite pour jeter le découragement après les luttes supportées en vain dans la
journée.
» Vers 7''3o>", le temps redevint calme, et cette fois définitivement ■>
( 79° )
GÉOGRAPHIE. — Sur les points de l'Océan arctique de Sibérie qui présentent
le plus d'obstacles pour la navigation. Note de M. Nordenseiold.
« Je suis heureux de pouvoir apporter ici moi-même l'expression de ma
reconnaissance pour les marques d'intérêt que l'Académie des Sciences n'a
pas cessé de donner à l'expédition que je viens de terminer. Avant mon dé-
part, comme pendant mon hivernage dans l'océan sibérien et lors de mon
arrivée au Japon, l'Académie a ainsi encouragé mes efforts et soutenu
mon entreprise, autant qu'il dépendait d'elle.
» Ces témoignages précieux d'estime et de sympathie ont retenti au de-
hors; ils ont, je n'en doute pas, beaucoup contribué à préparer le chaleu-
reux accueil que j'ai rencontré partout, depuis que je suis en France, et
particulièrement dans sa capitale.
» Sans attendre que j'aie eu le temps d'approfondir et de coordonner
mes observations, je demande à l'Académie la permission de lui signaler
les points qui présentent le plus d'obstacles pour la navigation de l'océan
arctique de Sibérie.
I) Un coup d'œil sur la Carte de l'Asie nous montre que ses côtes sep-
tentrionales se développent le long du 70^ degré de latitude, sur l'immense
étendue de plus de i3o°.
» C'est en longeant ces côtes que la Féga a accompli la traversée du pas-
sage nord-est et la partie difficile du voyage dont le succès est accueilli en
France d'une manière si flatteuse pour notre pays et pour nous.
» A maintes reprises, on m'a interrogé sur la possibilité de renouveler ce
voyage. Vous trouverez la réponse dans le document que j'ai l'honneur de
déposer sur le bureau de l'Académie, et qui est intitulé : Sur la possibilité de
la navigation commerciale dans la mer Glaciale de Sibérie.
n La réponse est résumée dans les paragraphes suivants :
» 1° La route par mer de l'Atlantique au Pacifique le long des côtes sep-
tentrionales de la Sibérie doit fréquemment pouvoir être parcourue, en
quelques semaines, par un vapeur convenable, ayant à son bord des marins
expérimentés; mais il est peu probable, d'après la connaissance que l'on
possède actuellement de la mer Glaciale de Sibérie, que cette route de-
vienne dans sa totalité d'une importance effective pour le commerce.
» 2° On peut déjà poser comme thèse qu'il n'existe pas de difficultés
pour l'utilisation, comme route commerciale, de la voie par mer entre
robi-léniséi et l'Europe.
( 79> )
» 3° Selon toute probabilité, la route par mer entre l'Iéniséi et la Lena
et entre la Lena et l'Europe peut être également utilisée comme route de
commerce, mais l'aller et le retour entre la Lena et l'Europe ne pourront
pas se faire dans le courant du même été.
» 4" Des explorations ultérieures sont nécessaires pour décider de la
possibilité de relations commerciales maritimes entre l'embouchure de la
Lena et le Pacifique. L'expérience acquise par notre expédition montre
que l'on peut dans tous les cas introduire, par cette route, du Pacifique
dans le bassin de la Lena, des bateaux à vapeur, des engins pesants et
d'autres effets qui ne peuvent être convenablement transportés sur des
traîneaux ou sur des voitures.
» Beaucoup d'explorations doivent donc encore être exécutées, avant
que ce problème si important reçoive une solution définitive ; mais je crois
qu'on peut, dès maintenant, avec un grand degré de probabilité, fixer les
points sur lesquels la navigation dans ces parages rencontrera les principales
difficultés.
» L'opinion générale est que le capTchéliouskine, point septentrional de
l'Asie, présentera les plus grands obstacles.
» Dans le programme de l'expédition de la Véga, j'ai démontré qu'il
n'en pouvait être ainsi, à cause de l'influence que les grandes masses d'eau
fluviale exercent sur les glaces de la mer polaire littorale. Les masses d'eau
déversées par l'Obi, l'Irtych, l'Iéniséi, la Katanga, la Lena, la Yana, l'Indi-
girka et la Kolyma sont assez immenses pour déterminer un grand cou-
rant maritime qui, sous l'influence de la rotation de la Terre, doit longer
les côtes, de l'ouest à l'est, et, après les débâcles, les débarrasser des glaces,
soit en les chassant, soit en les fondant.
» Ce n'est donc pas entre les embouchures de l'Iéniséi et de la Lena que
doivent se trouver les plus grands obstacles à la circumnavigation de
l'Asie.
» Les mers comprises entre la Nouvelle-Zemble et la presqu'île d'Yal-
mal, entre la terre de Wrangel et le détroit de Behring, sont dans des
conditions hydrographiques entièrement différentes. Ici, point de grands
fleuves; les mers affectent des formes comparables, en plus petit, à celles
de l'Atlantique nord. On peut facilement démontrer que les courants
maritimes doivent se comporter ici comme dans les parages compris entre
le Spitzberg et le Groenland, et entre la Nouvelle-Zemble et le Spitzberg. Je
veux dire par là qu'un courant venant du sud doit chasser les glaces des
parties orientales de ces mers, tandis qu'un contre-courant venant du nord
( 792 )
les amasse dans leurs parties occidentales. De même que le courant arctique
accumule des masses immenses de glaces à la côte est du Groenland et la
rend presque inhabitable à des latitudes relativement basses, de même des
courants analogues accumulent des glaces à la côte orientale de la Nouvelle-
Zemble et à la côte orientale de la terre de Wrangel.
» Les récits des indigènes, les observations que nous avons faites sur les
marées, les migrations des oiseaux montrent que la terre de Wrangel ne
serait pas, comme on la dessine souvent, une île plus ou moins grande,
mais qu'elle doit être une terre étendue ou une partie d'un grand archipel
se reliant aux archipels de l'Amérique du Nord.
)) C'est donc près des côtes orientales de la Nouvelle-Zemble et dans le
détroit au sud de la terre de Wrangel qu'on doit s'attendre à rencontrer
les plus sérieuses difficultés pour la traversée du passage nord-est.
)) L'expérience desdix dernièresannéesprouvequ'on peut, chaqueannée,
franchir en automne la mer de Rara. J'espère que les mêmes circonstances
se retrouveront au détroit de Long, qui sépare du continent la terre de
Wrangel ; en ce cas, on pourrait chaque année, à l'aide d'un bon navire,
monté par un équipage familiarisé avec la navigation des mers polaires,
effectuer la traversée du passage nord-est. »
aiEMOIRES LUS.
MÉCANIQUE. — Sur la manière de présenter la théorie du potentiel dans
l'hypothèse généralement admise de la discontinuité de la matière.
Note de M. J. Boussinesq. (Extrait.)
(Renvoi à la Section de Mécanique.)
« 1. Les géomètres qui se sont occupés de la théorie des potentiels d'at-
traction newtonienne, et qui les ont étudiés pour les points situés au de-
dans même des corps auxquels est due l'attraction dont il s'agit, ont sup-
posé que la matière de ces corps était continue, c'est-à-dire uniformément
disséminée à l'intérieur de toute partie, à dimensions infiniment petites, de
l'espace qu'ils paraissent remplir. On sait qu'alors, pour tout point
'M{3c,f, z) intérieur au corps, le potentiel V= / -^, somme des quotients
obtenus en divisant la masse dm que contient chaque élément de volume
par sa distance r au point M, est sensiblement le même, soit qu'on y com-
( 793 )
prenne la matière située à l'intérieur d'une sphère d'un rayon impercep-
tible R, décrite autour du point M comme centre, soit qu'on ne l'y com-
prenne pas, etc.
)) Mais ces démonstrations, et même leurs résultats, semblent perdre
toute valeur pratique quand, de l'avisa peu près unanime des savants, on
rejette l'hypothèse de la continuité de la matière, et surtout quand on
regarde, avec la plupart d'entre eux, les dimensions des dernières parti-
cules ou atomes comme de très petites fractions de la distance comprise
entre chacune d'elles et ses voisines. Alors, si Von continue à définir le poten-
tiel comme on le Jait clans les Coins, cette fonction, et surtout ses dérivées
partielles de plus en plus élevéespeuvent même cesser d'exister en tant
que Fonctions utilisables, c'est-à-dire en tant que fonctions variant graduel-
lement dans chaque intervalle inlermoléculaire et jouissant ainsi de la con-
tinuité attribuée, dans les diverses branches de la Physique mathématique,
aux fonctions qui expriment une manière d'être déterminée, perceptible
pour chaque petite région de l'espace. Par exemple, d'après le théorème
de Poisson, la somme des trois dérivées secondes de V en r/d:-, dj'^, dz-
sera nulle dans le vide compris entre deux atomes, et elle égalera, à
l'intérieur de chaque atome, le produit du facteur — 4?? pa»' la den-
sité énorme de l'atome au point considéré. Les dérivées secondes du
potentiel ne varieront donc pas graduellement. On pourra en dire au-
tant, si le rapport du vide au plein est très considérable, des dérivées
premières, composantes de l'attraction, et même du potentiel, car, si
l'on suppose la densité de chaque atome suffisamment grande par rap-
port à la densité apparente du corps, le potentiel, tout en restant fini,
deviendra maximum à l'intérieur de chaque atome, minimum dans chaque
intervalle intermoléculaire, et présentera ainsi des milliards de variations
de sens inverses dans des étendues même imperceptibles.
» 2. Il est donc nécessaire d'introduire dans la définition du potentiel
ini changement qui permette à cette notion importante de subsister, de
conserver véritablement son sens concret et son utilité pratique dans
toutes les opinions que l'on peut se former touchant la composition des
dernières particules de la matière. C'est ce que je me propose de faire ici.
» Le changement à introduire ressort de l'usage principal du potentiel.
On s'est aperçu depuis longtemps que les actions exercées sur une parti-
cule de matière sont de deux sortes : les unes, dues à d'autres particules
contiguës, se produisent à des distances totalement imperceptibles et ont
pour résultantes les forces appelées pressions, tensions, etc.; les autres, régies
G. R., lS8o, I" Semestre.{1. XC, N» 14.) ' O'^
( 794 )
par la loi de Newton, sont dues aux particules de matière situées à des dis-
tances visibles de celle que l'on considère, et leur résultante n'est autre
que la pesanteur ou plutôt le poids de la particule. Or, on ne demande au
potentiel que de faire connaître la pesanteur existant en chaque point, car,
dans les équations d'équilibre ou de mouvement qui contiennent ses déri-
vées premières, dans celles, par exemple, de l'Hydrostatique, on ne manque
pas de compter en outre les pressions. Donc le potentiel, tel qu'il est conçu
naturellement, ne doit pas contenir de terme ayant à son dénominateur
une distance /' imperceptible. On peut le définir, pour chaque point
M[œ, j-, z) de l'espace, la somme qu'on obtient en divisant diverses niasses élé-
mentaires considérées m ou dm par leurs distances r au point quelconqueM, et
en ajoutant, non pas tous ces quotients, mais ceux-là seulement qui se rapportent
à des masses extérieures à la sphère déciite, du point M comme centre, avecun
rayon imperceptible et constant R, incomparablement plus grand que la distance
de deux molécules voisines.
» Alors une somme peut, sans difficulté, être remplacée par une inté-
grale, car tous les r y sont assez grands pour ne varier que de fractions
insignifiantes de leurs valeurs lorsqu'on suppose chaque atome pulvérisé
et disséminé dans tout l'intervalle intermoléculaire environnant, etc.
)) D'ailleurs, la valeur absolue de R importe peu : dès que ce rayon de
la petite sphère est supposé, tout à la fois, incomparablement moindre que
les dimensions des corps étudiés et beaucoup plus grand que la distance de
deux molécules contiguès, les variations du potentiel dues aux variations
de R sont totalement négligeables. Il faudrait queR, en diminuant, devint
comparable à l'intervalle qui sépare deux atomes ou tout au moins deux
molécules, pour que V put commencer à augmenter rapidement dans le
voisinage de l'une d'elles, et à devenir notablement diiférent en deux
points très proches l'un de l'autre, de même qu'une série semi-convergente,
mais dont la divergence ne s'accentue qu'à partir de termes très éloignés,
s'approche longtemps et beaucoup d'une limite, pour s'en écarter ensuite
indéfiniment. Dans la question du potentiel, l'hyi^othèse de la continuité
de la matière a pour effet de rendre la somme tout à fait convergente et de
permettre ainsi, giâce à l'effacement des attractions locales produit parla
pulvérisation fictive de la matière, d'étendre l'intégrale à toute la masse
sans vicier les résultats particuliers que l'on cherche, c'est-à-dire sans alté-
rer la valeur de la pesanteur en chaque point. Mais il y a, dans cette ma-
nière de procéder, une fiction, qui consiste à raisonner comme si l'action de
deux points matériels était régie par la loi de Newton jusqu'aux plus petites
( 795 )
distances, hvpolhèse qui, jointe à celle de la continuité de la matière, au-
rait pour n^sultat de réduire à rien ces forces qu'on appelle pressions, ten-
sions,e\c.., et qui sont d'ordinaire les plus considérables.
» 3. La dénnition que je viens de donner du potentiel se prête à une
démonsl ration immédiate et naturelle des propriétés analytiques dont il
jouit. Le point {x, j^, z),e.n se déplaçant infiniment peu, emporte avec lui la
petite sphère, qui occupe à son avnnt quelques éléments nouveaux de vo-
lume et qui en perd autant à son arrière. Comme il correspond à ceux-ci
des éléments nouveaux gagnés par l'intégrale, de même qu'aux précédents
des éléments perdus, la dérivée de la fonction doit comprendre, en outre
de ce que donne la différentiation sous le signe somme, et qui provient des
variations des élémenls qui sont communs à l'intégrale dans ses deux états,
des termes aux limites, exprimant ce qu'apportent ou ce qu'enlèvent les élé-
ments gagnés ou perdus. Or ces termes, négligeables dans les dérivées pre-
mières du potentiel, valent en tout — 4~p dans la somme des trois déri-
vées secondes en dx-, dy-, dz-, d'où résulte immédiatement la formule de
Poisson, etc.
» La petite sphère mobile considérée ici, qui entoure une matière dont
on fait abstraction dans le calcul du potentiel, n'a rien de commun avec la
petite sphère fixe, comprenant actuellement à son intérieur le point mo.
bile [jc, j-, r), que les auteurs classiques emploient pour démontrer le
théorème de Poisson. Cette dernière sphère constitue un artifice ingénieux
de démonstration, mais rien de plus; au contraire, l'introduction de la
sphère mobile est surtout un moyen de transformer la notion même du po-
tentiel, ou mieux, comme on a vu, de la ramener à son vrai sens et de l'uti-
liser pour une matière quelconque, continue ou discontinue. »
mr:tÉ0R0L0GIE. — Hiver de 1 879-1 880 à Clermonl et au Puy-de-Dôme.
Note de M. Allcard.
(Renvoi à la Section de Physique.)
« Un phénomène qui a attiré beaucoup l'attention est la différence de
température des deux stations de l'Observatoire du Puy-de-Dôme, la sta-
tion de la montagne étant moins froide que la station de la plaine.
» Quand la Limagneest enveloppée de nuages et que le Soleil brille au
Puy-de-Dôme, il est naturel qu'il fasse plus chaud en haut qu'en bas;
nous en avons eu un exemple frappant en janvier, du 4 au iZj, pendant une
( 796 )
période de brouillards épais et persistant sans interruption dix jours de
suite. Mais, en décembre, du i5 au 28, par un ciel pur, les températures
maxima ont été constamment plus élevées au Puy-de-Dôme qu'à Cler-
mont, et comme, à la même époque, les températures minima étaient
aussi renversées, il en est résulté que, pendant quinze jours, la température
moyenne de la journée était plus élevée d'environ 10° à une altitude
DECEMBRE 1879
Températures et Vents ( 6 K, m ) à Clermonl el au. Sommet du PvLy-de -Dôme
1 2 3 4 S G 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 13 20 21 22 23 24 25 26 27 20 29 30 31
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de I loo'" au-dessus de Clermont. Cetle^'singularité tient à ce que, à Cler-
mont, dans un air presque calme, la direction du vent était nord ou
nord-ouest, tandis que, au Puy-de-Dome, le veut soufflait avec force du
nord-est, quelquefois du sud-est ou du sud, et d'autres fois de l'ouest (' ).
(') Ainsi, le 26 décembre, à 8'' du matin, le thermomètre marquait — i5°,6 à Clermont,
par un vent presque nul de nord-ouest, et 4- 4°, 7 au sommet de la montagne, par un calme
( 797 )
» Ce qui me paraît encore plus digne d'intérêt, parce qu'il ne s'agit plus
d'un phénomène accidentel, mais d'un phénomène général, c'est la fré-
quente interversion de la température pendant la nuit dans les altitudes
élevées. Elle se produit à l'Observatoire du Puy-de-Dùme, à toutes les
époques de l'année, ainsi que je l'ai annoncé à l'Académie en septembre
1878. Elle est peut-être un peu plus répétée en hiver qu'en été; mais celte
année, pendant les froids rigoureux de décembre et de janvier, elle s'est
accentuée davantage; dans l'intervalle de deux mois et demi, cinquante
et ime nuits ont été moins froides au Puy-de-Dôme qu'à Clermont. Les
différences sont souvent considérables; on en jugera par les nombres sui-
vants, relevés en décembre (').
Clermont. Puy-de-Dôme.
Minima. Miiiima. Différences.
o 00
17 décembre — 16,7 --2,2 i4,5
21 » — i5,7 +3,2 16,9
24 " — i3,6 -(-2,4 '6'0
27 » — i5,7 -+-3,i 18,8
28 » —'4)0 -f-3,i 17,1
» Dans quelles conditions l'interversion de la température avec l'alti-
tude se produit-elle? Y a-t-il quelque relation entre elle et l'état de l'at-
mosphère? Ces questions se lient de la manière la plus intime aux lois qui
règlent les grands mouvements de l'atmosphère. Leur examen m'a conduit
à une solution bien inattendue, et cela grâce à l'hiver rigoureux qui a mis
en évidence certaines particularités difficiles à soupçonner.
» Les observations faites dans les deux stations de l'Observatoire du
Puy-de-Dôme permettent d'établir cette règle générale : Toutes les fois
qu'une zone de hautes pressions couvre l'Europe centrale et surtout la France,
il Y a, clans nos climats, interversion de la température avec l'attitude,
M Naturellement cette interversion se manifeste surtout pendant la nuit,
parce qu'alors on est à l'abri des perturbations produites par la présence
du Soleil au-dessus de l'horizon; mais elle se présente aussi pendant le
jour, quoique plus rarement. On peut ajouter que les différences de tempé-
rature entre Clermont et le sommet du Puy-de-Dôme sont d'autant plus
complet; mais, la veille, un vent de sud assez fort y avait régné, d'où l'explication de cette
différence énorme, 20°, 3.
(M En janvier, ces différences sont moins grandes, quoique notables: elles ne s'élèvent
qu'à 10°, 3. En février et mars, les mêmes phénomènes se repiodiiisent encore.
( 798 )
fortes que les hautes pressions sont plus considérables et que l'atmosphère
se trouve dans des conditions de plus grande stabilité.
» Dès qu'une zone de fortes pressions s'établit sur le milieu de l'Eu-
rope et particulièrement sur la France, la comparaison de nos thermomètres
nous l'apprend ; aussitôt, pendant la nuit, il fait moins froid au Puy-de-
Dôme qu'à Clermont. Une perfurbalion lointaine vient-elle à entamer
cette zone, la forçant à se reculer d'uncôté ou de l'autre, de suite l'inter-
version des températures diminue ou disparaît.
M En terminant, qu'il me soit permis de faire appel aux savants hardis
et dévoués qui se sont déjà illustrés par des voyages aérostatiques et scien-
tifiques; il appartient de trouver jusqu'à quelle hauteur dans l'atmosphère
a lieu cette interversion des températures, en entreprenant des ascensions
sous le régime des hautes pressions. Ce sera aussi le rôle des observatoires
de montagne que, depuis la création de l'Observatoire du Puy-de-Dôme,
on cherche à établir de tous côtés. »
MÉTÉOROLOGIE. — Remarques au sujet de la Communication de M. Jlluard;
par M. Fate.
« M. Alluard vient de mettre en pleine lumière un phénomène de la plus
haute importance pour l'étude de notre atmosphère. « A tonte aire de haute
» pression, ditM. Alluard, répond une interversion frappante dans la suc-
» cession en hauteur de la température aérienne. » La température des cou-
ches successives, au lieu de décroître comme à l'ordinaire, du moins à partir
d'une hauteur minime, va en croissant d'une manière étonnante jusqu'à
une altitude de plus de looo" et ne reprend sa marche décroissante qu'à
partir d'une limite encore inconnue. 3e ferai remarquer, à ce sujet, que
ce grand phénomène contredit absolument les idées que plusieurs météo-
rologistes se sont faites sur les aires de haute pression; ils les attribuent à
des anticyclones, mot bien malencontreux qui tend à se vulgariser. Un
anticyclone est, pour ces savants, l'opposé d'un cyclone, et, comme ils s'ima-
ginent que l'air accourt en spires convergentes vers un cyclone, pour
s'élever ensuite en tournoyant dans l'atmosphère, ils en concluent que,
dans un anticyclone, l'air doit descendre jusqu'au sol en tournoyant en
spires divergentes. Or, si l'air chaud descendait ainsi jusqu'au sol, dans le
cas de ces hautes pressions, il ne nous apporterait pas en bas, pendant
des mois entiers, le froid intense dont nous avons eu à souffrir cet hiver.
( 799 )
La vérité est qu'il n'y a pas d'anlicyclone et que ce sont les cyclones qui
sont descendants.
» Je ne puis m'erapècher de me reporter, à ce sujet, à nos théories astro-
nomiques de la réfraction pour les grandes distances zénithales, et de me
demander ce qu'elles vont devenir en présence de faits pareils. Il aurait
été à désirer que les observatoires européens eussent institué, pendant
ces grands froids, des observations méridiennes d'étoiles basses, pour sou-
mettre ces théories à une épreuve désormais indispensable.
» En tout cas, ces faits prouvent, de la manière la plus éclatante,
l'utilité des observatoires météorologiques à grande hauteur. »
MÉTÉOROLOGIE. — Observatoire météorologique du Puy-de-Dàme. Verglas
du 2 1 novembre 1879. Note de M. Alluard.
(Renvoi à la Section de Physique.)
> Il est clair qu'un corps magnétisable assez fortement trempé pour ne
pouvoir s'aimanter et se désaimanter à point nommé restera insensible à ces
réactions dynamiques successives, et par conséquent immobile, et qu'il
faut employer le fer le plus doux possible dans la construction des mobiles.
Les mêmes phénomènes, surtout avec la spirale, peuvent évidemment se
produire si on la place au-dessus du cadre. Us sont accompagnés, surtout
avec le disque plein, par un son strident, par des aimantations et des dés-
aimantations alternées. Leur production nous parait une confirmation
nouvelle des théories que nous soumettons à l'Académie. »
( 8o4
ZOOLOGIE. — Métamorphose du Puceron des galles ligneuses du Peuplier noir,
PeiuphigLis bursarius, Lin. sub Aphis [partim). Noie de M. J. Lich-
TENSTEIN.
(Renvoi à la Commission du Pliylloxera).
K En indiquant comme synonyme de son Aphis bursaria les Pucerons
dont les galles sont figurées dans la Pi XXVI du Tome III de Réaumur,
sous les n°* 7 à il, Linné à donné un prol)lème à résoudre à ses succes-
seurs, car il y a l'embarras du choix. La ftg. 8 de noire grand observateur
français présente en effet, sous les lettres A, g, u, des galles 1res différentes,
réunies sur le même rameau; aussi les entomologistes qui ont copié Linné
ont-ils pris tantôt une espèce, tantôt l'autre, pour le buisaria.
» Sans vouloir faire ici un travail de critique, je me bornerai à dire que
je regarde comme le Pemphigus (*) bursarius l'insecte de la galle figurée par
Réaumur sous la lettre h. C'est la seule galle qui soit fixée sur l'écorce,
c'est la seule qui soit de consistance dure, ligneuse; aussi ne tombe-t-elle
pas avec les feuilles : elle est persistante et se voit très facilement sur les
penpliers pendant tout l'hiver.
i> Jusqu'à présent, on n'a connu, de l'insecte qui forme cette galle, que la
grosse mère fondatrice et la progéniture ailée émigrante, qui abandonne les
galles en juin et juillet. Personne encore n'a pu découvrir où va cette forme
émigrante et je n'ai pas pu non plus combler cette lacune; mais, en mettant
en tube ces insectes ailés émigrants, je les ai vus bientôt déposer des petits
vivants, tous égaux entre eux, et présentant un rostre bien développé, indice
certain qu'ils sont destinés à prendre de la nourriture; seulement, je n'ai
pas encore pu trouver celle qui leur convient, et ils sont tous morts dans
mes bocaux.
» Or, en liberté, voici qu'au mois d'août, alors que les derniers énii-
(jranls quittaient les galles, j'ai vu arriver sur les peupliers des insectes ailés
qui, tout au rebours des émigrants, semblaient s'efforcer d'entrer au lieu de
sortir, et cela non seulement dans les galles déjà sèches, mais dans toutes les
fissures de l'écorce.
)) L'apparence extérieure de ces Pucerons est presque celle de la forme
(') Le genre Pemphigus fut créé par Harlig en i84i, pour distraire du grand g^nte Aphis
de Linné les Pucerons à antennes courtes, formant prcsijue tous des galles sur les arbres.
( 8o5 )
éniigiai)le : je ne trouverai de différence entre elles que dans le nombre et la
forme des crénelures du troisième article des antennes, qui font tout le tour
de l'antenne chez l'émigrant ot n'en font que la moitié chez le nouveau
venu. Mais leur produit est tout à fait différent; mis en tube, le nouvel
arrivant dépose caque j'ai appelé chez le Phylloxéra des papes, de deux
dimensions, lesquelles se débarrassent très vite de leur enveloppe et laissent
apparaître les petits pucerons sexués, mâle et femelle, dépourvus de rostre et
munis d'organes génitaux. Il y a accouplement, et, bientôt après, la femelle
dépose, entre les rides ou gerçures de la vieille galle qui se desséche,
un petit œuf jaune, entouré d'un duvet ou sécrétion cotonneuse blanche.
» N'est-il pas merveilleux de voir ainsi l'instinct ramener les Pupifères
dans cette demeure, formée par leur arrière-grand'mère, pour y rapporter
les jeunes couples qui doivent fournir l'œuf unique, germe de la colonie
future?
» Cet œuf, je l'ai conservé dans mon cabinet tout l'hiver, en nombreux
exemplaires; car, si chaque femelle n'en donne qu'un, il y a énormément
de femelles. Il est éclos le 1 1 mai; j'ai mis le petit Puceron qui en est sorti,
et qui est naturellement la larve de la forme fondatrice, sur un petit
peuplier que j'ai planté exprés dans mon jardin. Aujourd'hui, 3 avril, j'ai la
satisfaction de voir mes petits artisans à l'œuvre, s'enchâssant dans la tige
tendre des premiers bourgeons et commençant à disparaître sous un petit
bourrelet qui les entoure comme une auréole vivement teintée de carmin.
■' J'aurais voulu pouvoir donner l'histoire complète du cycle biologique
de ce Puceron, mais j'espère que ce que j'en ai vu pourra faciliter aux
observateurs l'étude de ces intéressantes métamorphoses. En tout cas, les
théories que j'ai eu déjà l'honneur d'exposer à l'Académie, à propos du Phyl-
loxéra et de plusieurs autres espèces de Pemphigiens, se trouvent encore
ici pleinement confirmées : il y a les quatre formes larvaires, précédant
les sexués, et, dans ces quatre formes, deux sont aptères et deux sont
ailées ("). »
(') Je regrette de dire que, jusqu'à piiiseut, mes essais d'inoculation de cryptogauies
léthifères n'ont pas réussi. Les épidémies causées par des champignons sont frétiuonles
chez les Pucerons et j'ai vu chez M. Valz, à Saint-Laurent-d'Aigouze, un champ de vesces tout
couvert de cadavres de Pucerons [Siphonoplwra viciœ) tués par une moisissure blanche.
Mais, en mettant un puceron ainsi couvert despores cryptogamiques au milieu de Pucerons
vivants aux racines, qui se promènent et même passent sur lui, je n'ai jamais pu voir se
développer la moindre maladie. Riley n'a pas été plus heureux en Amérique. Cependant
je continuerai à chercher.
( 8o6 )
M. G. Engel adresse une réclamation de priorité, au sujet de l'emploi des
terres siliceuses d'infusoires, comme véhicule du sulfure de carbone pour
combattre le Phylloxéra.
Ce procédé, proposé récemment par M. le D' Hamiii, avait été indiqué,
dès iH'7'7, par M. Engel, et avait été l'objet d'un brevet pris le lo avril de
cette même année. Le produit, fabriqué à Belfort, a été appliqué, denx
années de suite, dans diverses localités; il n'avait donné que des résultats
variables avec la nature des terrains, et M. Engel n'avait pas cru devoir
continuer à l'employer. Le brevet est tombé dans le domaine public
en 1879 : c'est donc uniquement la priorité de l'idée elle-même que l'au-
teur réclame aujourd'hui.
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
M. E. DucRos, M. G. Hême adressent diverses Communications relatives
au Phylloxéra.
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
M. G. Fels adresse, de Barmen (ari'ondissement de Dùsseldorff), une
Note relative aux appareils imaginés par M. Loeb, de Berlin, pour protéger
les organes respiratoires contre les accidents dus à l'inhalation de pous-
sières, gaz ou miasmes divers.
(Renvoi à la Commission des Arts insalubres.)
CORRESPONDANCE.
M. le Maire de Chatillon-sur-Loing, en remerciant l'Académie de l'ac-
cueil qu'elle a fait à la souscription pour l'érection d'une statue à A.-C.
Becquerel^ la prie de vouloir bien désigner quelques-uns de ses Membres,
pour faire partie de la Commission qui devra s'occuper de l'exécution de
cette œuvre.
(Renvoi à la Commission administrative, à laquelle la Section de Physique
est priée de s'adjoindre.)
(8o7 )
MÉCANlQuii;. — Edifies sur la chronométrie (') : de In compensation.
Note de M. C. Rozé, présentée par M. Resal.
(1 I. En désignant par /„ et t les durées des oscillations aux tempéra-
tures T„ et T, et admettant qu'on puisse représenter par une formule para-
bolique le rapport de ces durées, nous pourrons poser
(>) /,:=/[i-^(T-T„KX(T-T„;=],
et alors, w,, et ni étant les marches diurnes correspondantes, on aura
(9.) w = ,„„_(86/,oo4-m„)[ar(T-TJ + X(T-T„)=],
en remarquant que nous ne tenons compte ici que de la seule influence
immédiate de la variation de la température sur la marche.
» Par une déduction facile de la formule (2), on trouve, /;/, étant la
marche répondant à la température T,,
;7z = m,-(864oo + mo)ix + 2X(T, ~T„)](T-T,j + X(ï-T,j^j,
qui s'identifie avec la formule que Lieussou a déduite de l'observation,
m~m^ — c[ïi—Tf,
quand on pose
jr4-2X(T,-T„) = o, (864oo + 7/2,)X = c,
la première de ces deux relations exprimant que T, devient la tempéra-
ture 5, dite de réglage.
» Lieussou a déterminé soixante-six valeurs de c, pour autant de chro-
nomètres compensés, dont la moyenne est o%oi4; comme nig est presque
toujours négligeable à côté de 86400, on conclut que la valeur moyenne
correspondante de X serait environ 0,00000016.
» II. Pour préciser la signification des coefficients Jc et X, remarquons
que la durée des oscillations est donnée par
'--^V
IL
if'
i\i
1 étant le moment d'inertie du balancier, — le moment élastique du spiral
[') Comptes rendus, séances des 21 décembre 1868 et 20 novembre iSnt.
( 8o8 )
répondant à un angle d'écart égal à i, lequel est une fonction du troisième
degré des dimensions du spiral multipliée par le coefficient d'élasticité E.
» Soient I,,, ( — ] ^ E^ les valeurs correspondant à T^, ; I, —, E celles cor-
respondant à T; enfin, pour simplifier, T — T„ = 5. On doit admettre, con-
formément à l'usage, a étant le coefficient de dilatation de la substance du
spiral relatif à T„,
et nous poserons, d'autre part,
M / M
» Égalant les expressions du rapport - ainsi obtenues à celle tirée de (i),
on trouve
X=^
-^''-5(7-r-;5 (1^.-/3):
ou
et encore
r== 2X+ 3 A - 2B H- 3{x + a - (i)- {-2x^.;
■/. -- i[x — |5),
Iv= 2X-2B - .17^-413^ - ^i-.
» m. Si l'on déduit a; et X des marches observées d'un chronomètre à
balancier unimétallique, on pourra en conclure les valeurs de y et T ou
X et K relatives à la substance du spiral en fonction des coefficients de dila-
tation a, A, |3, B, qui sont connus.
» Des observations faites en mars et avril 1870 avec un balancier en
acier recuit m'ont donné, pour l'acier,
X = O,0O0I2l3,
X == 0,00000027,
d'où
X=: 0,000221, y =0,000258,
R r= 0,0000005l , r = 0,00000063,
et, pour le laiton,
X — 0,00018,
( 8o9 )
d'où
X = o,ooo34, 7 = 0,000^)9.
» Les valeurs des coefficients du premier ordre se rapportent à la tem-
pérature 20". La valeur du coefficient K poiu' le laiton est du même ordre
de grandeur que celui relatif à l'acier, et ce dernier, quoique déduit d'une
réduction sommaire d'observations très délicates, est suffisamment ap-
proché pour l'objet actuel. Les coefficients de dilatation ont été empnmtés
aux Tables de M. Fizeau,
» Parmi les substances pour lesquelles j'ai déterminé x, il convient de
citer encore :
Platine 0,00017
r, 11 1- o 1 environ.
Palladium. . . . 0,00000 )
» Si le spiral pouvait être fait de ce dernier métal, ou d'une autre
substance jouissant de la même propriété, la compensation nécessaire
serait beaucoup moindre, plus aisée à obtenir et aussi, sans aucun doute,
beaucoup plus exacte.
» Pour un chronomètre compensé, on a, d'après les formules données
plus haut,
— 2S = x, r, = x-iK--i5c%
la première exprimant que le chronomètre est compensé pour la tempé-
rature à laquelle se rapportent les valeurs des coefficients [3, x, la seconde
pouvant faire connaître B ou X en fonction l'un de l'autre et des coeffi-
cients :6 et R relatifs au spiral. Par exemple, la valeur moyenne de X
déduite plus haut des déterminations de Lieussou donne — 0,00000009
pour la valeur moyenne de B répondant aux mêmes conditions.
» On peut d'ailleurs calculer directement ce coefficient B relatif au
balancier compensateur. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les équations algébriques dont le premier
membre satisjait à une équation différentielle linéaire du second ordre.
Note de M. Lagcerre, présentée par M. Hermite.
« 1. Les équations algébriques, dont le premier membre satisfait à une
équation différentielle linéaire du second ordre, jouissent de propriétés
particulières qui, pour la solution d'un grand nombre de problèmes, four-
nissent des méthodes tout à fait spéciales. Eu me bornant ici au cas où elles
ont toutes leurs racines réelles, je prendrai pour point de départ la re-
marque suivante.
C. R., 1880, I" Semestre. (T. XC, N° 14.) lO'^
{ 8io )
» Soit F[x) =o une équation de degré n dont toutes les racines sont
réelles; désignons par a une quelconque de ses racines et posons, pour
abréger, — ~ =. f[x) ; il est clair que l'équation f{x) = o a toutes ses ra-
cines réelles; par suite, son hessien [n — 2)f'-[x) — [n — ^)J['^)f"{-'^)
ne peut avoir une valeur négative , et, en particulier , l'expression
{n — 2)f'^[a) — («— i)y^(a)/"(a) est positive ou nulle. On a, d'ailleurs,
3 '
d'où la relation
3(« - 2) F"^(a) - 4(n - i) F'(a)F"'(«)> o.
» Supposons maintenant que le polynôme F satisfasse à l'équation diffé-
rentielle du second ordre
P/' + Q/' + Rj^o;
il satisfait également à l'équation
Pj"'+(Q + P')r"+(R-hQ')y + R'jr = o,
que l'on en déduit par dérivation, et de là résulte que F'" (a) et F'(a) F'" (a)
sont respectivement proportionnelles à Q^(a) et à
Q^(«) + Q(a)P'(a)-P(a)Q'(«)-P(a)R(«),
d'où l'on conclut facilement que le polynôme
a une valeur positive ou nulle quand on y remplace x par une racine
quelconque de l'équation F(jr) = o.
» Si donc on suppose que ù ne soit pas positif pour toutes les valeurs
de X (je remorquerai en passant que, s'il était toujours négatif, l'équation
proposée aurait certainement des racines imaginaires), on déduira de là des
limites entre lesquelles sont comprises les racines de cette équation.
)) Considérons, par exemple, le polynôme du degré n étudié par M. Her-
mite dans sa Note sur un nouveau développement en série des fondions ( Comptes
rendus, t. LVIII), et qui satisfait à l'équation différentielle
f- J^f + nf=-.o;
on trouve sans peine
r> n -4-1 ^
ii = n I — -X-,
( «■' )
d'où l'on conclut que la valeur absolue de la plus grande racine est infé-
rieure à ^-==--, M. Hermite lloc. cit.) indique la limite v/^f" — i), nola-
bleiueiit supérieure à la précédente.
» Je considérerai encore le polynôme de Legendre X„ (jui satisfait à l'é-
quation
[x- - I )j" + 2XJ - n[n+i )j = G ;
ou a
il — {fl— \)(?l + 2] -X-,
d'où l'on voit que les racines de l'équation X„= o sont, en valeur absolue,
inférieures à («— j)v/— r-
» Une transformation très simple permet d'obtenir des limites plus ap-
prochées. En supposant d'abord n pair et égal à 2111, je poserai x^ =^ ^ et
déterminerai l'équation du second ordre à laquelle satisfait le poly-
nôme X„(\/|). En appliquant la méthode exposée ci-dessus, on trouve ai-
sément que les valeurs absolues des racines de l'équation X„ =^ o sont com-
prises entre les deux racines positives de l'équation
4('«
— {Zx- — 1)- -f- 2m[2in -h i) (a.-' — x-)->r 6x'' — 4^' -^-'i = o.
» Pour 71 = 2, cette équation devient Sj?^— 1 = 0, et, pour « = 4>
35a;'' — 3ox'- -h 3 = o ; d'où l'on déduit exactement les racines des équa-
tions Xj =: o et X^ = o.
» Pour 7i = 6, on obtient l'équation
429a;* — 398^;- 4- 21 = 0,
dont les racines positives sont 0,2373.. . et 0)9335. . . ; les valeurs ab-
solues de la plus petite et de la plus grande racine de l'équation X^ = o
sont, d'après Gauss, o,2386... et 0,9325....
» Dans le cas où n est impair et égal à (2/?^ -f- 1), on obtiendra d'une
façon analogue, pour limiter la valeur absolue des racines, l'équation
y- :(5a;- — 3)- -t- 2m{2m -h 3) {x'' — x-) + loa;' — i2a;^ + 6 = o.
» Pour n = 3, cette équation devient 5x' — 3 — o, et, pour n = 5,
63a;* — 70a;- -I- 1 5 =:^ o ; d'où l'on déduit exactement les racines des équa-
tions X, = o et X5 = o.
( 8i2 )
» Pour n =: 'j, on obtient l'équation
637a;'' — 678^;^ + 93 = o,
dont les racines positives sont o,4o23. .. et o.gSoi; les valeurs absolues
de la |)lus petite et de la plus grande racine de l'équation X, = o sont
o, 4o58 ... et o, 9492 ....
» 2. L'expression Q, que j'ai considérée jouit d'une propriété qui mérite
d'être remarquée.
» Considérons en effet le polynôme, de degré n, F{x), qui satisfait à l'é-
quation différentielle du second ordre
» Soit
d' y dy , , .
Z'^^+^ïïç + '■/ = « (')
l'équation différentielle à laquelle satisfait le polynôme (7 + d^)" f(- — Ç-
i - \ « ^/ . y.j, _j_ ijç
» Si l'on considère les deux fonctions
ii ^ PR + PQ' - QP' - ^^-^^^ Q=
et
on démontrera aisément qu'elles ne diffèrent que par une puissance en-
tière de y 4- &c.
» En particulier, si iî et w sont du même degré, et si l'on introduit, pour
l'homogénéité des formules, les variables j et vj, on voit que le poly-
nôme w(^, ïj) se déduit du polynôme 9.{x,j) par la substitution
X — a/7 -+- /3^ et j = y/] -t- cî§. »
ÉLECTRICITÉ. — Sur le mesureur d'énercjie. Note de M. Marcel Dëprez.
K Dans une précédente Communication, j'ai démontré que la mesure de
la quantité d'énergie qui traverse un circuit électrique est ramenée à celle
(') Je suppose que P, Q, R, ainsi que/^, , r, sont des polynômes entiers picmiers entre
eu.\.
(8,3)
du produit II' des intensités de deux courants, le premier, d'intensité I,
traversant le circuit principal sur lequel sont situés les appareils destinés
à l'utiliser; le second, d'intensité 1', passant par un (11 long et résistant
greffé sur le fil principal.
» J'ai imaginé plusieurs dispositions qui donnent immédiatement, et par
une simple lecture, la valeur du produit II'. La plus simple d'entre elles con-
siste eu un cadre multiplicateur, d'assez grande dimension, dans l'intérieur
duquel se trouve un second cadre mobile sur des couteaux. Sur le cadre
fixe, est enroulé un fil fin et long, faisant un grand nombre de tours et
constituant le circuit dérivé. Le second cadre est, au contraire, entouré d'un
fil très gros, traversé par le courant principal. Deux petites coupes rem-
plies de mercure, et dans lesquelles plongent des lames attachées au cadre
mobile, permettent de lui amener le courant sans nuire en rien à sa mo-
bilité. Enfin une petite masse fixée au cadre mobile, dans le prolongement
de la droite qui joint l'axe des couteaux au centre de gravité de ce cadre,
permet d'obtenir l'effort antagoniste qui doit faire équilibre au couple ré-
sultant des actions réciproques des deux cadres, lequel est proportionnel au
produit ir des intensités des deux courants qui traversent ces cadres. En
ajoutant à cet appareU un totalisateur que j'ai imaginé eu 1876 (') et quia
été appliqué depuis dansle wagon d'expériences de la Compagnie du chemin
de fer de l'Est, on peut obtenir, à un instant quelconque, la valeur de
l'intégrale / ll'di, qui fait connaître la quantité totale d'énergie qui a
traversé le circuit pendant le temps t.
» Le mesureur d'énergie permettra de réaliser facilement des expé-
riences qui présentent d'assez grandes difficultés quand on emploie la
méthode ordinaire. Parmi elles, je citerai la mesure de la quantité de
chaleur nécessaire pour opérer une décomposition chimique.
» Sa graduation peut être faite soit en calories, soit en kilogrammètres
par minute, soit en chevaux-vapeur. Appliqué à une lampe électrique par
exemple, il indiquera à chaque instant le travail absorbé par la production
de la lumière. Pour le graduer, il faut employer tout le courant qui tra-
verse le circuit principal à chauffer un calorimètre, dont on fera varier la
(') Ce totalisateur diffère de ceux qui sont connus, par radjonction d'un mécanisme au-
quel j'ai donné le nom de servo-moteur cinématique, et qui permet à des appareils très
délicats de commander avec une extrême précision le mouvement d'organes soumis à des
frottements relativement considérables.
( 8i4 )
résistance. A chacune de ces résistances correspondra un nombre dé-
terminé de calories par minute et une position de l'aiguille de l'instrument.
On pourra ainsi déterminer plusieurs points de la graduation du cadran et
achever cette graduation par interpolation graphique. Un instrument
étalon ainsi gradué avec beaucoup de soin permettra de graduer autant
d'instruments que l'on voudra. »
PHYSIQUE. — Sur la chaleur spécifique et la conductibililé des corps.
Note de M. Morisot, présentée par M. Desains.
« J'ai l'honneur de présenter à l'Académie la méthode générale et les
principaux caractères expérimentaux d'un travail que j'ai commencé sur
la chaleur spécifique et la conductibilité des corps.
» Supposons, au milieu d'une enceinte maintenue à o°, un corps assez
bon conducteur pour qu'on paisse l'admettre comme liomotherme, c'est-
à-dire d'égale température en toutes ses parties.
» J'appelle
a: cette température ;
F la capacité calorifique de ce corps;
p la déperdition de chaleur qu'il éprouve en une seconde pour un excès
de i" sur la température ambiante, à cause du rayonnement, du contact
de l'air et des supports.
» Dans ce premier corps, j'en introduis un second que je suppose
aussi homotherme.
» Soient
j- sa température;
C sa capacité calorifique;
£ sa déperdition pour une seconde et pour i° d'excès par tous les points
où il ne touche pas le premier corps;
X sa déperdition par tous les points où il touche le premier corps (ce sera
la conductibilité extérieure).
» L'immersion du second corps dans le premier va faire varier les tem-
pératures X el j selon les équations différentielles suivantes :
'^^Tt=^'^'^J'~ x) — px.
( 8i5 )
» L'intégration donne pour x et j- les fonctions qne voici :
j= Pe-'"'+Qe-"'.
» L'observation fournira, par la marche des températures, les quan-
tités M, N, P, Q, m, n, avec lesquelles on obtient
(0
(3)
(4)
c
— MN
F
PQ '
l
=
-(/?-
.m)MN
»
F
RIQ-
-NP
P
=
/7/M(Q-
-N)-
.nN(P-
-M)
F
MQ-
NP
£
=
mV(Q-
-N]-
"Q(P-
-M)
C
ftiy —
^P
» Une seconde expérience où, F restant constant, C aura été augmenté
d'ime quantité connue k, donnera
et permettra avec (i) de calculer F et C.
» Si le corps plongé n'est pas homotherme, je le suppose, pour sim-
plifier, de forme cylindrique et remplacé par deux corps concentriques,
l'un extérieur, ayant en tous ses points la température s du corps réel à
sa surface, l'autre intérieur, de température j- convenablement choisie
pour que l'ensemble des deux corps remplace le corps réel dans ses effets
sur le corps extérieur. Ce second cas, que j'appellerai la dilhermie, donnera
trois équations au lieu de deux. Les calculs seront plus longs, mais non
plus compliqués, et fourniront, outre les inconnues physiques du pro-
blème précédent, la mesure de la conductibilité intérieure du corps réel.
» Pour se rapprocher des conditions admises dans cette méthode, cer-
taines dispositions expérimentales sont nécessaires.
» 1° Au lieu de noter et d'utiliser seulement les températures initiales et
la température dite finale ou slalionnaire, c'est-à-dire le maximum de x, j'ai
dû, par des observations suffisamment rapprochées et assez longtemps
prolongées, suivre la marche des températures dans le corps qui s'échauffe
et dans celui qui se refroidit.
» 1° Au lieu d'observer seulement, comme dans la méthode dite du
refroidissement, la température des parties centrales du corps chaud, j'ai
{ 8.6 )
dû ajouter, près de la surface, un second thermomètre donnant la tempé-
rature de la zone extérieure.
» J'emploie comme corps s'échauffnnt, comme calorimètre, un cylindre
en laiton recevant, dans une cavité qui !e traverse suivant l'axe, le corps
immergé. Une autre petite cavité, pratiquée dans la paroi métallique assez
épaisse du calorimètre, reçoit, avec un poids connu et très faible d'eau, le
réservoir du thermomètre qui donnera la température x. Le calorimètre
repose par trois pieds aigus sur le fond en liège d'un cylindre métallique
plus grand, noirci intérieurement et entouré de glace fondante.
» Le corps en expérience, liquide ou pulvérulent, est placé dans un
tube en verre mince, à fond plat, entrant à frottement très doux dans la
cavité centrale du calorimètre. Les deux réservoirs thermométriques sont
entièrement entourés par le corps, dont la surface supérieure les dépasse
à peine et affleure le bord du calorimètre. Ce corps étant plus chaud
de quelques degrés que ce calorimètre, j'opère l'immersion et continue
les lectures en les alternant toujours dans le même ordre, de minute en
minute, pour chaque thermomètre.
» Avant toute détermination numérique, j'ai voulu contrôler la méthode
par quelques résultats dans des cas connus. J'ai, par exemple, pris comme
corps chauds des poids déterminés d'eau distillée, en conservant toujours
le calorimètre identique. Douze expériences m'ont donné comme résultat
moyen :
Calorimètre et son ihermomètre réduits en eau 10,52"
Partie ilu tube plongée, avec ses deux thermomètres i ,836
» J'ai aussi dressé le Tableau comparatif suivant :
Valeur expérimentale
Poids d'eau employé. Valeur calculée de -. de — r- pour cbaque cas.
?r
' 0,70713
12,0 0,70853 ) 0,70870
( 0,70604
i3,o o>7%75 I 0,75987
0,76467
i3,5 0,78536 0.78700
,/„ Qo lo,8ii68
'^'•^ "'''"9' î o,8,.48
l 0,86446
lîjO 0,86220 I 0,85476
I o, 86356
( 8'7 )
» Dans une autre série d'expériences, des poids différents de mercure
m'ont donné pour la chaleur spécifique de ce corps des nombres présen-
tant au plus lui écart de 0,00061.
» Je continuerai ce travail en appliquant la méthode à des corps chi-
miquement purs, et surtout à des corps mauvais conducteurs, dont je
déterminerai la conductibilité. »
CHIMIE. — Sur les sulfures et séléniures de chrome. Note de M. H. 3Ioissàn,
présentée par M. Debray.
« On sait que certains oxydes peuvent perdre de la chaleur au moment
même où changent leurs propriétés physiques et chimiques sans que leur
composition soit en rien altérée. Le fait est connu depuis longtemps. Dans
une de ses brillantes leçons sur la Philosophie chimique, M. Dumas, réu-
nissant tous les faits similaires, soulignait ce phénomène en disant : « Lors-
» qu'on chauffe à un certain degré l'acide antimonieux, le peroxyde de fer,
» l'oxyde de chrome et plusieurs autres, ils se contractent, prennent souvent
» une couleur plus foncée et acquièrent la propriété d'être bien plus diffici-
» lement attaquables par les acides. En même temps leur température s'élève
» tout à coup et ils deviennent incandescents " (' ).
» Pour le sesquioxyde de chrome, la différence ne s'arrête pas là. Si
l'on place du sesquioxyde de chrome calciné dans un tube de verre main-
tenu à la température constante de 44o° 6^ traversé par un courant
d'hydrogène sulfuré sec, on n'observe, après plusieurs heures d'expérience,
aucune variation dans l'état de la poudre employée. La composition et
l'aspect du sesquioxyde n'ont en rien changé.
» Sesq uisulfure de chrome. — Si l'on répète la même expérience avec du
sesquioxyde de chrome anhydre, mais non calciné, on obtient une poudre
amorphe d'un noir marron dont la composition répond à la formule Cr^'S'.
Cette substance est très difficilement attaquable par les acides, excepté
par l'acide azotique et surtout l'eau régale qui la dissolvent en donnant
une solution chromique. Chauffée légèrement dans un courant de chlore,
elle devient incandescente et se transforme en sesquichlorure de chrome.
Calcinée au contact de l'air, elle dégage de l'acide sulfureux et laisse un
(' ) Leçons sur la Philosophie chimique, professées au Collège de France par M, Dumas,
p. 328.
C. R., 1880, I" Semestre. {T. XC, !N« 14.) I o6
( 8i8 )
résidu vert de sesquioxyde; à l'abri de l'air, elle dégage du soufre et fournit
un composé moins sulfuré.
» Cette expérience m'a amené à étudier de plus près les sulfures et sélé-
niures de chrome.
» D'après Harten, on obtient aussi le sesquisulfure de chrome en décom-
posant au rouge le sesquichlorure par l'Iiydrogène sulfuré. J'ai répété cette
préparation et j'ai obtenu le sesquisulfure de chrome, non seulement à la
température d'un bon feu de coke, mais encore à la température d'ébullition
du soufre, à 44o°; seulement, pour que tout !e chlorure soit transformé en
sulfure, l'expérience doit durer un temps assez long. On obtient ainsi un
sulfure en paillettes noires, brillantes, qui ont gardé la forme cristalline du
chlorure et qui, par calcination à l'air, se transforment en sesquioxyde, con-
servant toujours l'apparence nacrée du chlorure qui a servi de point de
départ. C'est là un phénomène d'épigénie double bien commun dans les
transformations d'oxydes en sulfures.
)) Prolosulfure de chrome. — Lorsque l'on maintient à une haute tempé-
rature, dans un courant d'hydrogène, le sesquisulfure amorphe obtenu
par l'une des méthodes précédentes, il se dégage de l'hydrogène sulfuré et
du soufre, et il reste une poudre noire qui a la composition du protosul-
fure CrS. Cette poudre se grille facilement en se transformant en sesqui-
oxyde et, chauffée dans un courant de chlore, elle fournit aussi du
sesquichlorure de chrome. Chauffée dans un tube fermé, elle ne dégage
point de soufre comme le sesquisulfure. Les acides l'attaquent difficilement.
)) On peut préparer aussi le protosulfure de chrome en chauflanl à 44o° ^^
protochlorure de chrome dans un courant d'hydrogène sulfuré. Il se dégage
de l'acide cidorhydrique et il reste dans le tube une matière d'un gris noir,
ayant en partie conservé l'aspect micacé du protochlorure et qui a les
mêmes propriétés que le prolosulfure amorphe obtenu précédemment.
» Ces différents sulfures de chrome peuvent donner des sulfures doubles
avec les alcalis. Si l'on projette l'un de ces sulfures dans du sulfure de
potassium fonda, on obtient, en reprenant la masse par l'eau, une poudre
rouge à aspect cristallin qui n'est stable que dans une solution de sulfure
alcalin et que l'eau décompose, en la dédoublant en sulfure de chrome et
sulfure alcalin. On n'a pas étudié davantage cette réaction.
» Sesijuiséléniiire de chrome. — On peut l'obtenir conservant la forme cris-
talline du sesquichlorure en chauffant ce dernier dans un courant d'hydro-
gène sélénié. C'est une matière noire, ressemblant assez au sulfure corres-
pondant, qui se grille avec la plus grande facilité en laissant un sesquioxyde
( 8>9)
de chrome d'une très belle couleur verte. Le sesquiséléniure de chrome
amorphe s'obtient en chauffant dans un tube de verre du sesquioxyde de
chrome non calciné, au contact de vapeurs de sélénium entraînées par un
courant de gaz hydrogène ou azote. C'est une poudre de couleur marron,
assez difficilement attaquable par les acides, qui, chauffée dans un tube
à l'abri de l'air, abandonne une partie deson sélénium.
1) P roloséléniure de chrome. — On le prépare comme le protosulfure en
chauffant le protochlorure dans l'hydrogène sélénié ou bien en réduisant
par l'hydrogène pur le sesquiséléniure obtenu précédemment. Poudre
noire se grillant très bien et attaquée facilement par le chlore. «
THERMOCHIMIE. — Etude tliermochimique des sulfures terreux.
Note de M. P. Sabatier, présentée par M. Berthelot.
« I. Sulfure de magnésium MgS('). — Le sulfure de magnésium a été
préparé par la méthode de M. Fremy, en faisant passer du sulfure de car-
bone sur de la magnésie pure, chauffée au rouge : la matière obtenue retient
une certaine quantité de charbon libre, dont la proportion peut s'élever à
I ou 2 centièmes. La dissolution dans l'eau froide est trop lente pour
se prêter aux mesures calorimétriques. J'ai observé la chaleur dégagée
quand on dissout ce corps dans l'acide chlorhydrique étendu, l'hydro-
gène sulfuré produit restant entièrement dissous.
» Deux expériences ont donné, pour i"' de sulfure, MgS :
moyenne -r- io'^°',9, à la température de i3°.
» On en déduit facilement, à l'aide des données thermochimiques déjà
connues,
Mg -h S solide — MgS dégage. + 36'=''',8.
» On peut également en conclure la chaleur dégagée par l'action pro-
longée de l'eau sur le sulfure, qui est ainsi transformé en magnésie et en
acide suif hydrique dissous :
MgS + aHOliq. — MgO.HO -i- HS diss. dégage + 5^=', 2.
» IL Sulfure d'alummium A\-S^. — J'ai préparé le sulfure d'aluminium
(') Dans ma précédente Communication, t. LXXXIX, p. 234, une erreur de calcul a
été commise : il faut lire partout H- 12'^='', 3 au lieu de H- 10'^"', o.
( 820 )
en faisant agir la vapeur de soufre sur de l'aluminium chauffé au rouge
dans une nacelle de charbon. La combinaison se produit avec lumière ; la
substance obtenue est jaune, homogène, de structure cristalline.
» Elle est attaquée vivement par l'eau en dégageant de Tliydrogène sul-
furé. L'alumine hydratée qui se dépose est mêlée d'un peu de sulfures
étrangers, qui proviennent des métaux contenus toujours dans l'aluminium,
mais qui demeurent inaltérés.
» J'ai mesuré la chaleur dégagée dans cette réaction. Le sulfure est en-
fermé dans un tube de verre mince, placé dans l'eau du calorimètre; une
boule à robinet permet d'introduire un poids connu d'eau. L'acide suif-
hydrique dégagé circule dans un petit serpentin noyé dans le calorimètre,
puis est absorbé dans des volumes connus de solutions titrées d'iode. La
variation du titre indique le poids d'hydrogène sulfuré dégagé. A la fin de
l'expérience, on balaye le gaz par un courant d'hydrogène; on tient compte
d'ailleurs du gaz dissous dans l'eau du petit tube.
M Quatre expériences ont donné, pour 1*1 de sulfure APS^
+ 37'^'",i3, +36'^"',4, +36^^77, +37^=',7,
moyenne + 37"^"', o, à la température de ia°.
» On en déduit facilement la chaleur de formation du sulfure :
AP -+- S' solide = APS» dégage -I- Ga'^»', 2.
)) IIL Sulfure de silicium SiS". — J'ai obtenu ce sulfure par l'action du
sulfure de carbone sur la silice chauffée au rouge. On a de longues aiguilles
soyeuses, qui sont vivement détruites par l'eau. Le rendement élant tou-
jours assez faible, j'ai tenté de préparer le sulfure en chauffant au rouge
du silicium cristallisé dans un courant d'acide sulfhydrique. On trouve,
dans les parties froides du tube, outre les aiguilles blanches signalées plus
haut, une matière brune ou jaunâtre assez abondante, qui paraît être un
mélange de sulfnre SiS^ et de silicium amorphe; on constate d'ailleurs la
présence d'une certaine quantité de silicium cristallisé, déposé en longues
aiguilles sur la paroi du tube. Cela s'explique aisément si l'on admet qu'à
haute température il se forme un sous-sulfure de silicium volatil qui se
détruit, à une température plus basse, en sulfure SiS- et silicium.
» La chaleur dégagée par l'action de l'eau a été étudiée comme pour
le sulfure d'aluminium. Trois expériences ont donné, pour i'^'' de sulfure
+ i9<=^64, -M9"',o5, +i9'^^7'
moyenne + i9*^''S4> à la température de 9°, 5.
( â^»! )
,, La silice formée resle en partie dissoute. Si l'on néglige la chaleur
de dissolution de la silice hydratée, chaleur non mesurée, mais qui paraît
très faible, on déduit aisément la chaleur de formation du sulfure :
r^'^^',2,
Si amorphe + S' solide = Si S' dégage +20'^
quantité de chaleur bien inférieure à celle de la formation de l'oxyde (' ). »
CHIMIE ORGANIQUE. —Sur l'acide oxalique cristallisé. Note de M. A. Villiehs,
présentée par M. Berthelot.
« L'acide oxalique cristallisé C''H^0',4H0 perd, comme on le sait, son
eau de cristallisation, soit par une dessiccation à l'étuve, soit par sublima-
tion; mais l'acide oxalique normal C*H-0' n'est pas connu sous la forme
de cristaux définis.
)) J'ai réussi à l'obtenir en très beaux cristaux, en dissolvant à chaud dans
de l'acide sulfurique concentré de petites quantités d'acide oxalique ordi-
naire, soit I partie environ d'acide oxalique dans 12 parties d'acide
sulfurique. La solution laisse déposer, au bout de quelques jours, quel-
quefois au bout de plusieurs mois, des octaèdres dont la composition
répond à la formule C*H^O'. J'ai vérifié cette composition par un titrage
acidimétrique et un dosage par le permanganate de potasse.
» Ces cristaux sont volumineux et possèdent une transparence remar-
quable. Ce sont des octaèdres droits 'a base rhombe, modifiés en général
par la face p du prisme primitif, avec un clivage parallèle à cette face. Ils
présentent quelquefois aussi la face m. Les angles des faces b' ont élé trouvés
égaux à gg^So' pour les arêtes de la base et à i07°3o' et 121° (calculé
i2i°32') pour les arêtes culminantes. L'angle pb' a été trouvé égal à 49°
(calculé 49° 1 5').
» On sait que l'acide oxalique ordinaire (hydraté) cristallise en prismes
clinorhombiques.
» Ces cristaux, retirés de l'acide sulfurique où ils se sont formés et
exposés à l'air, perdent immédiatement leur transparence et s'effleurissent
rapidement en absorbant de l'eau. J'ai constaté qu'ils reprennent ainsi
exactement 4 équivalents d'eau. Cette efflorescence se fait d'iuie façon
remarquable. Un sillon se produit au début suivant chacune des arêtes de
l'octaèdre, et le cristal se sépare ainsi en huit tétraèdres effleuris, avant de se
déliter complètement.
(' ) Ce travail a été fait au laboratoire de M. Berthelot, au Collège de France.
( 822 )
» L'acide oxalique C*H^O* est presque aussi avide d'eau que l'acide
sulfurique, et ce dernier peut lui céder de l'eau à partir d'une très faible
dilution : aussi n'obtient-on que des cristaux hydratés si l'on dissout l'acide
oxalique ordinaire dans de l'acide sulfurique contenant de très petites
quantités d'eau. On n'obtient encore, du moins au début, que des cristaux
hydratés quand on dissout de fortes proportions d'acide oxalique ordinaire
dans l'acide sulfurique concentré ('); et cela s'explique de même.
» Ces propriétés déshydratantes de l'acide oxalique pourraient, peut-être,
être utilisées dans certains cas. »
CHIMIE. — Sur tes acides amidés de l'acide a-oxy^caproïqiie. Note
de M. E. DuviLLiEit, présentée par M. Wurtz.
« Acide méthylamido-a-caproicjue
CH»-CH=-CH--CH-CH ( AzH . CH' )-C0= H.
Cet acide s'obtient en faisant réagir en vase clos, à ioo°, pendant dix heures
environ, de l'acide a-bromocaproïque (1™°') sur une solution aqueuse de
méthylamine (2™°' à 3™°'); il seforme du bromhydrate de méthylamineetde
l'acide méthylamido-a-caproique. La réaction terminée, on fait bouillir le
produit avec de la baryte, de manière à décomposer le bromhydrate de
méthylamine. On précipite ensuite exactement tout le baryum par l'acide
sulfurique, puis on traite la liqueur par le carbonate d'argent, de manière à
mettre l'acide amidé en liberté. On précipite ensuite par l'hydrogène sul-
furé un peu d'argent dissous, puis on évapore jusqu'à pellicule. Une partie
de l'acide amidé se dépose; on le sépare par pression. Les eaux mères ren-
ferment encore une certaine quantité de ce produit, qu'on extrait en le
traitant par l'alcool, puis par l'éther. On purifie l'acide méthylamido-
a-caproïque en le faisant cristalliser plusieurs fois dans l'alcool et finalement
en lavant le produit avec de l'éthei-.
» L'acide méihylamido-a-caproïque est un corps blanc, cristallin, doux
au toucher. Il est assez soluble dans l'eau. A 1 1°, une partie de cet acide se
(') Dans ce cas l'on peut obtenir deux cristallisations successives, l'une d'acide oxalique
ordinaire, qui se forme à la partie supérieure du liquide, l'autre d'acide oxalique octaé-
drique, qui se forme à la partie inférieure, la densité de ce dernier étant plus grande que
celle de l'acide sulfurique, tandis que celle da premier est plus faible, et la seconde cristal-
lisation ne commence qu'après que la première est terminée.
( 8^3 )
dissout dans 9,8 parties d'eau; il est beaucoup plus soluble dans l'eau
bouillante, d'où il se dépose par refroidissement en houppes d'aiguilles
soyeuses rayonnées. Il est peu soluble dans l'alcool froid. A i3°, une partie
de cet acide exige pour se dissoudre 43,7 parties d'alcool à 94 pour 100;
mais il est beaucoup plus soluble dans l'alcool bouillant, qui le laisse cris-
talliser par refroidissement sous forme de paillettes nacrées. Il est insoluble
dans l'éther.
» La solution aqueuse d'acide méthylamido-a-caproïque est neutre et
possède une saveur amère.
» Cet acide peut être chauffé à 1 10° sans s'altérer; mais, plus fortement
chauffé, il se volatilise sans fondre et sans noircir et se condense sous la
forme d'une poudre très légère; cependant il s'altère et dégage des vapeurs
ammoniacales.
» L'acide méthylamido-«-caproïque ne trouble pas le nitrate d'argent,
même à l'ébullition : il en est de même du nitrate mercureux.
» Le perchlorure de fer donne avec la solution de cet acide une colo-
ration rouge intense à froid. A l'ébullition, il se forme un précipité brun
jaunâtre.
» Cet acide amidé fournit un chlorhydrate cristallisant en feuillets trans-
parents. Ce sel est anhydre, très soluble dans l'eau et l'alcool, insoluble dans
l'éther.
» Le chloroplatinate s'obtient en cristaux orangés groupés. Ce sel est
excessivement soluble dans l'eau, très soluble dans l'alcool et peu soluble
dans l'éther.
» Le chloro-aurate cristallise difficilement.
» Le sulfate forme une masse pâteuse. Il est très soluble dans l'eau et
l'alcool, et insoluble dans l'éther.
» Cet acide fournit avec l'oxyde cuivrique un sel doué d'une belle
couleur bleu tendre, moins foncée que celle du sulfate de cuivre ammo-
niacal; ce sel renferme 2'""' d'eau de cristallisation, qu'il perd à iio".
1) Acide éthylamido-cf.-caproïque
CH»-CH--CH^-CH='-CH, (AzH,C='H'>)-CO^H.
Cet acide s'obtient exactement comme l'acide méthylamido-a-caproïque.
M L'acide éthylamido-a-caproïque obtenu par cristallisation dans l'al-
cool est un corps blanc, cristallin, doux au toucher.
" Cet acide se dissout lentement dans l'eau, car il est mouillé difficile-
( 824 )
ment par ce liquide. A i5°, une partie de cet acide se dissout dans 9,3
parties d'eau; il n'est pas beaucoup plus soluble dans l'eau bouillante.
» Cet acide est peu soluble dans l'alcool froid. A i3°, une partie de cet
acide exige 63,5 parties d'alcool à 94 pour 100 pour se dissoudre; mais
il se dissout beaucoup plus facilement dans l'alcool bouillant, qui l'aban-
donne par refroidissement sous forme de petites paillettes nacrées très lé-
gères. Il est insoluble dans l'éther.
» La solution aqueuse de cet acide amidé est neutre et possède une
saveur a mère.
» Cette solution ne trouble le nitrate d'argent ni à froid, ni à l'ébul-
lition, même après addition d'une goutte d'ammoniaque.
» Le nitrate mercureux n'est troublé ni à froid ni à chaud.
« Le perchlorure de fer donne une coloration rouge intense à froid; à
l'ébuUition, il se forme un précipité brun jaunâtre.
» Enfin, l'acide éthylamido-«-caproïque peut être chauffé à 110° sans
s'altérer; mais, plus fortement chauffé, il se sublime sans fondre et sans
noircir et se condense sous la forme d'une poudre très légère; cependant
il s'altère, dégage des vapeurs ammoniacales et répand une odeur parti-
culière.
» Le chlorhydrate de cet acide amidé est difficilement cristallisable; il
est très soluble dans l'eau et dans l'alcool, il est insoluble dans l'éther.
» Le chloroplatinate se présente en prismes orangés; il est très solubb
dans l'eau, assez soluble dans l'alcool et peu sohible dans l'éther.
)) Le sulfate est sirupeux, très soluble dans l'eau et dans l'alcool absolu,
insoluble dans l'éther.
)) Le sel de cuivre de cet acide amidé se présente en écailles cristallines,
d'une couleur lie de vin; il est très peu soluble dans l'eau, qui n'en
dissout, à la température ordinaire, que de Ss"' à ioS''par litre; il n'est
guère plus soluble à chaud qu'à froid ; il ne renferme pas d'eau de cristalli-
sation ; sa solution est d'un très beau bleu. Il est soluble dans l'alcool. »
CHIMIE INDUSTRIELLE. — Rapport entre le sucre et les matières minérales et
azotées dans les betteraves normales et montées à graine. Note de M. H.
Pellet.
« Dès 1876 MM. Champion et Pellet ont montré que, dans la bette-
rave totale (racine et feuille), il y avait, pour ioo''s de sucre, 14''^, 3o de ma-
( 825 )
tières minérales, 'déduclion faite de l'acide carbonique, et ai'B à 3''f,38
d'azote.
» Nous avons continué nos recherches durant la dernière campagne su-
crière 1879-1880, et nous avons opéré sur des betteraves recueilhes à
AU-Jaûer (Silésie). Nous avons également analysé des betteraves montées à
graine dès la première année de végétation.
>) Le Tableau ci-dessous résume nos analyses :
Matières insolubles
Acide carbonique
Acide sulfurique
Acide phosphoriqiie
Chlore
Chaux
Magnésie
Potasse
Soude
A déduire oxygène pour le chlore
BETTERAVliS NORMALES.
COMPOSITION
des cendros.
Rarinos Fouilles
),83
l,iO
5,38
3,90
2, DO
;,-i'i
s, 52
3,80
1.99
100, 3b
0,56
100,00
Azoto
pour 100
matière
sèche.
0,300
Pour 100
matière
normale
o,o83
12,04
i3,5o
6,86
2,4o
5,25
i3,8o
9j30
1 5 , 55
32,58
[01 , 18
1,18
Azote
pour 100
luatiere
sèche.
0,71/)
Pour 100
lualière
normale
o,o35
OC.VNTITES
DE MATIÈRES
rapportées
à lOol^S do sucre
dans les
0,65
0,74
0,36
Oi93
o, 16
o,5o
0,56
■.99
0,80
6,680
o,o36
6,64
Azote
pour lut
de
sucre.
o,6o5
1,134
1,295
0.655
0,238
0,3-2
i,3i3
0,886
I, io5
2,67
9,648
0,073
9,07.3
pour luo
d(
t; 5
BETTERAVES
MONTÉES A GRAINE.
COMPOSITION
dos cendres.
1.804
2,o35
1 ,oi5
i,i58
0,487
i,8i3
1,446
3 , 090
3,475
16,328
o, T09
1 6 , 2 1 n
Azole
pour luo
do sucre
végétal
complet
0,860
i3,33
i5,oo
4,00
10,60
2,08
6,72
10, 3o
27,20
II ,25
100,48
0,48
Axote
pour luo
m;iUère
sèclie.
236
Pour iiMi
matiOre
normale
0,^100
qi"ant;tes
de matières
raitporteos
a lool^g do sucro
iliins tes
Si!
t~ <. ^
7-3
1 1 ,60
6,00
3,60
lu, yU
9,20
17,60
3l,02
100,84
0,84
100,00
Azote
pour 100
matière
sèclie.
0,024
Pour lOo
malière
normale
0,93
1,0!
0,26
0,74
0, i3
0,45
0,69
1,84
6,So
o,o3
G, 77
Azote
pour lot
de
sucre
0,321
1,817
2,912
i,5i3
0,874
0,950
2,686
5,401
i,4i5
7,821
25,389
o,33o
,38q
Azole
pour itKi
de
sucre
762
2,747
3,922
■,773
i,6i4
1 ,080
3,i36
6,091
3,255
8,571
02,18
o,36o
31,829
Azote
total
pour 100
de sucre
Tégêtal
complet.
1,08
» On déduit de ce Tableau, comparé avec les chiffres précédemment
indiqués par MM. Champion et Pellet, que, pour loo''^ de sucre dans la
betterave normale et mûre (végétal complet, racines et feuilles) :
» 1° Il y a un rapport constant entre le sucre et l'acide phosphorique.
» 2° La chaux et la magnésie varient dans de faibles limites.
G. R., 1880, i"Semeit-e. (T, XC, N" l-i.)
107
( 826 )
M 3° Il y a de grandes variations entre la potasse et la soude, mais, l'une
augmentant, l'autre diminue.
» 4° Cette substitution des alcalis n'a pas lieu poids pour poids, mais
suivant les lois des équivalents, de telle sorte que la quantité d'acide sul-
furique nécessaire pour saturer toutes les bases est à peu prés la même.
» 5° Les racines de Silésie ont beaucoup plus de soude que les racines
françaises.
» 6° Dans les cendres des racines allemandes, il y a moins de chlore,
mais plus d'acide sulfurique que dans les cendres des betteraves françaises.
j) n° L'azote existe dans les racines allemandes en bien plus faible propor-
tion que dans les betteraves recueillies en France, ce qui fait penser qu'on
peut diminuer l'azote dans les fumures des terres à la culture delà betterave.
» 8° Les matières minérales principales étant absorbées par la betterave
complète d'une manière identique pour loo^^ de sucre, on peut calculer
l'importance de chacune d'elles par rapport au sucre.
» Ainsi i''^ d'acide phosphorique correspond à près de loo*" de sucre.
» i''^ de magnésie correspond à près de 'jS''* de sucre.
» i''s de chaux correspond à près de 60'^* de sucre.
» i^^ de potasse, suivant les cas, correspond à i8''^ou 33''5de sucre.
» l'^s de soude correspond à 18^^ ou 66^^ Je sucre.
» l'^s de potasse et de soude ensemble correspond à i5''^ de sucre.
» 1*^5 d'azote, suivant les cas, correspond à i iS*^^ ou à 3o^f de sucre.
)) Par conséquent, vu la fixité du rapport des trois premières matières
minérales, on déduit que l'ordre d'utilité de ces substances dans les fu-
miers est le suivant : 1° acide phosphorique; 2° magnésie; 3° chaux.
Viennent ensuite la potasse et la soude, et enfin l'azote. Donc, avant tout,
pour produire du sucre il faut de l'acide phosphorique.
» 9° Le rapport entre le sucre et l'acide phosphorique a été vérifié par
divers chimistes.
» M. Pagnoul a trouvé ;
1° Acide phosphorique pour loo''^ de sucre o j97
2° s » 1 ,02
» M. Barbet a trouvé :
1° Acide phosphorique pour loo^'^ de sucre 1 ,28
1° » » 1,16
D'après les Tables de Wolf, on calcule i ,28
Moyenne • >i4
( 8^7 )
» D'un autre côté,
Nous avions indiqué, en 1876 i >I9
Nous avons retrouvé en 1878 i , i58
Moyenne i>i7
» 10° La magnésie dans la racine seule est en proportion de l'acide
phosphorique pour former le pyrophosphate de magnésie. On doit donc
supposer que dans la racine tout l'acide phosphorique existe à l'état de
phosphate ammoniacomagnésien, ainsi que M. Peligot l'a montré. Dans
d'autres racines, nous avons encore reconnu ce rapport de pyrophosphate
de magnésie, et par suite le phosphate ammoniaco-magnésien.
)) 1 1° Sachant ce que la betterave absorbe à la terre pour loo**» de sucre
et l'ordre d'utilité des éléments minéraux et azotés, il est facile d'en dé-
duire des formules d'engrais pour produire jusqu'à 10 000''^ de sucre à
l'hectare. Nous devons dire que les formules calculées d'après nos re-
cherches se rapprochent beaucoup de celles qui ont été indiquées il
y a plus de quinze ans, par M. G. Ville, pour la betterave, formules
déduites de la pratique.
M En appliquant des recherches analogues aux autres végétaux, vigne,
blé, elc, etc., on arriverait certainement à des améliorations considérables
sous le rapport de la culture, du rendement, etc., etc.
» Nous dirons de suite que, pour la betterave, plus elle est riche, moins
elle contient de sels, mais plus il y en a dans les feuilles et plus les feuilles
sont chargées de cendres, ainsi que l'a montré M. Peligot; cependant, si
les feuilles sont laissées sur le sol, on restitue àce dernier proportionnelle-
ment plus de substances minérales. Eu résumé, par 100''^ de sucre, on
épuise moins le sol lorsque les betteraves ont une richesse saccharine
élevée.
)) Si l'on compare la betterave normale à la betterave montée à graine,
dès la première année on voit que la différence existe principalement dans
les feuilles et les tiges de la racine montée, car, comme richesse et comme
quantité de substances rapportées à 100'^ de sucre, on observe peu de dif-
férence. On voit aussi combien la betterave montée à graine a besoin de
substances minérales, soit près de trois fois plus dans les tiges et plus du
double dans le végétal complet pour 100''^ de sucre. »
828
ANATOMIE PATHOLOGIQUE. — Sur quelques altérations des capsules surrénales.
Note de M. Bochefontaine, présentée par M. Vulpian (').
« Il y a une dizaine d'années, l'examen nécropsique de plus de cent
aliénés, âgés de quarante ans au moins, et morts pour la plupart en état de
démence paralytique, m'a montré, dans la majorité des cas, un ramollisse-
ment plus ou moins complet de la substance médullaire des capsules surré-
nales. Ce ramollissement occupait l'une ou l'autre capsule, quelquefois
toutes les deux , et s'étendait, chez quelques déments, à la substance corticale
en même temps qu'à la substance médullaire. Parfois la substance médullo-
capsulaire était à l'état de bouillie plus ou moins fluide, constituée dans
quelques cas par une matière sanguinolente semée ou non de détritus jau-
nâtres. Cependant aucun des malades n'avait présenté, pendant la vie, de
coloration bronzée de la peau.
» Ces faits démontrent, ce qui est du reste généralement admis aujour-
d'hui, que le ramollissement des capsules surrénales ne détermine pas la
maladie d'Addison ; mais ils ne pourraient être invoqués pour établir qu'il
y a un rapport nécessaire entre les lésions médullaires des capsules surré-
nales et les maladies mentales, notamment la méningo-encéphalite chronique
diffuse, car il faudrait prouver auparavant qu'ils ne se présentent pas chez
les individus morts de diverses maladies autres que les affections mentales.
Or, les recherches récentes que je viens communiquer à l'Académie des
Sciences conduisent à une conclusion contraire.
» Cette recherche a été entreprise au laboratoire de clinique de l'Hôtel-
Dieu, sur cinquante-deux adultes de tout âge, morts depuis la fin de dé-
cembre dernier, dans les services declinique de l'Hôtel-Dieu, de pneumonie,
de pleurésie, de fièvre t}'phoïde, de tuberculose, d'affections cardiaques,
de cirrhose hépatique, de cancer de l'estomac, du foie, des poumons, du
pancréas, de néphrite parenchymateuse, d'abcès du cervelet, d'embolie
pulmonaire graisseuse, d'infection purulente, d'étranglement herniaire, etc.
Presque tous les sujets âgés de moins de quarante ans ont offert des capsules
normales, tandis que ceux qui avaient dépassé la quarantaine présentaient
pour la plupart des capsules altérées, comme les aliénés.
» Le ramollissement de la substance centrale des capsules n'est donc
(') Travail du laboratoire de l'Hôtel-Dieu.
( 8p.9 )
pas une lésion spéciale aux maladies mentales; il ne peut cependant pas
être considéré comme un phénomène de sénilité. On doit conclure seule-
ment que le ramollissement cadavérique des capsules se produit plus faci-
lement chez les individus avancés en âge.
» Sur les cinquaule-deux sujets examinés au laboratoire de clinique de
riIùtel-Dieii, j'ai étudié un autre point de l'histoire des capsules surrénales :
le rapport qui pourrait exister entre les lésions de la substance capsu-
laire centrale et la présence de la matière chromatogène devenant rose, si-
gnalée il y a vingt-trois ans par M. Vulpian dans la substance médullaire
des capsules.
)) Cette recherche établit qu'il n'y a pas de rapport entre le ramollisse-
ment de la substance médullo-capsulaire et la matière chromatogène rouge,
même dans le ramollissement hémorrhagique de la substance centrale,
comme je l'ai vu dans deux cas de pneumonie gangreneuse hémorrha-
gique.
» Les différentes maladies qui viennent d'être mentionnées, à l'exception
de la maladie de Bright, n'entraîneraient pas la destruction de la matière
chromogène rouge. Dans quatre cas de néphrite parenchymateuse, en
effet, on n'a pu obtenir la réaction rouge des capsules surrénales. Dans
deux cas de dégénératiou graisseuse de la substance corticale du rein, le
même résultat négatif a été obtenu : sur deux sujets, la substance centrale
offrait des tubercules miliaires, et elle a donné la réaction rose normale.
» Il ne faudrait pas conclure pourtant que la matière chroinatogène des
capsules surrénales dépend absolument du rein, parce que, ainsi que je
l'ai constaté, un rein peut manquer, tandis que les deux capsules surré-
nales existent et renferment la matière colorante rouge caractéristique.
» Cette matière colorante n'est pas aussi considérable chez l'homme
que chez les animaux; elle n'est pas plus abondante chez l'homme sain,
décapité depuis cinq ou six heures, que chez le malade dont la nécropsie
est faite vingt-quatre heures au moins après la mort.
» Dans beaucoup de cas de ramollissement des capsules, la décoction de
la bouillie médullo-capsulaire a donné une couleur noire qui a peut-être
des rapports avec la substance signalée dans la substance médullaire du
cheval et du bœuf par M. G. Colin, substance qui devient noirâtre au con-
tact du cyanure ferrico-potassique. <>
( 83o )
MINÉRALOGIE. — .Sur la reproduction simultanée de l'orthose et du quartz.
Note de M. P. Hadtefeuille, présentée par M. Daubrée.
« Les tungstates et les vanadafes alcalins m'ayant permis de préciser
les conditions dans lesquelles les reproductions des feldspaths, du quartz
et de la tridymite peuvent être tentées par la voie sèche, j'ai cherché à
remplacer ces sels par les phosphates, dont la présence a été signalée dans
tous les granités.
» Les phosphates les plus variés font cristalliser la silice. Comme avec
le sel de phosphore déjà employé par G. Rose, les cristaux obtenus pos-
sèdent la densité et les formes de la tridymite.
» Les phosphates de soude et de potasse minéralisent les silico-alumi-
nates. Le silico-alnminate de potasse, en particulier, cristallise par disso-
lution apparente, vers 1000°, sous les formes propres à l'orthose adulaire.
» La reproduction simultanée du quartz et de l'orthose ne peut être
réalisée avec aucun phosphate pur, parce que ce n'est qu'à une tempé-
rature capable de détruire le quartz que les phosphates deviennent des
agents minéralisateurs pour la silice; mais l'addition d'une substance
fluorée à un mélange qui fournirait à très haute température de la tridy-
mite et de l'orthose abaisse la température des réactions qui président à
ces cristallisations et permet de préparer des cristaux de quartz associés à
des cristaux feldspathiques.
» Le quartz obtenu dans ces conditions rappelle le quartz des pegma-
tites graphiques. Les faces les plus développées répondent aux symboles e^,
p et e^. Les stries des pans du prisme sont très accusées et passent à de
véritables cannelures transversales.
» L'orthose présente un aspect fritte ou pierreux. Les cristaux sont
généralement maclés suivant la loi deCarIsbad, comme ceux que l'on ren-
contre dans les trachytes. Quelques-uns rappellent l'adulaire et sont im-
plantés sur les parois de vacuoles formées de petits cristaux de quartz et
d'orthose vitreux adhérents entre eux; ils ressemblent alors aux cristaux
trouvés dans les fours à cuivre de Sangershausen.
)) Les conditions inconnues de la production de l'orthose sur les briques
des fours métallurgiques ont pu être différentes de celles que je viens de
faire connaître; mais les faits que j'ai constatés conduisent à penser que les
fluophosphates alcalins volatilisés et entraînés avec les gaz de ces fours, en
( «3i )
séjournant dans des anfractuosités maintenues à 700° ou 800°, ont pu for-
merdes cristaux feldspathiques aux dépens de l'alumine et de la silice des
parois. Ce n'est pas là une pure conjecture, car j'ai obtenu des cristaux
déterminables en cherchant à rapprocher de ces conditions les expériences
synthétiques. Dans ce but, un phosphate de potasse acide, préalablement
fondu avec de la silice et de l'alumine, a étéintroduit dansun tube en verre
de Bohême avec de la silice additionnée de -— de sou poids de fluosilicate
de potasse. On a ajouté quelques fragments de porcelaine, puis on a fait le
vide et fermé le tube à la lampe. Chauffé à 700°, ce tube de verre, quoique
peu fusible, s'aplatit sous la pression atmosphérique, ce qui incorpore la
silice et le fluosilicate au phosphate ramolli et en répartit le contenu en
plusieurs cavités distinctes communiquant difficilement entre elles. Cet
effet obtenu, la pointe effdée du tube a été brisée, afin de limiter le bour-
souflement que tend à produire le dégagement lent, mais continu, de
fluorure de silicium. L'action combinée de ce fluorure et du phosphate
détermine à la longue, à une température comprise entre 700" et 800°,
une cristallisation, non seulement dans les parties du tube qui contiennent
le mélange pâteux, mais aussi sur les fragments de porcelaine, bien que le
phosphate acide ne forme à leur surface qu'un léger vernis. Les cristaux
adhérents à la porcelaine reproduisent avec tous leurs caractères les cris-
taux d'orthose accidentellement formés dans les fours à cuivre, et, comme
ceux de Sangershausen, on pourrait croire qu'ils ont pris naissance par
volatilisation. Il faut même s'attendre à rencontrer du quartz à côté de
l'orthose sur des briques très siliceuses de quelques foyers métallur-
giques, car, dans l'expérience que je viens de citer, les parties du tube de
verre contenant beaucoup de silice renfermaient des cristaux de cette
espèce.
» Les phosphates employés concurremment avec les fluorures permet-
tent donc de reproduire des minéraux appartenant à des espèces différentes,
non seulement séparés, mais associés entre eux comme ils le sont dans
leurs gisements habituels. »
PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur un tremblement de terre ressenti à Poitiers et dans les
environs, le 22 mars 1880. Lettre de M. de Touchimbeiit à M. Hervé
Mangon.
« J'ai l'honneur de communiquer à l'Académie les observations que j'ai
pu recueillir au sujet du tremblement de terre qui s'est fait sentir à Poitiers
et en divers autres points du département de la Vienne.
( 832 )
. Le 11 mars 1880, à 6''5"' du soir, imc secousse de tremblement de terre, dont la
durée n'a pas atteint deux secondes, a été ressentie dans le département de la Vienne.
» Le temps était absolument beau, le ciel très pur; le vent, de force moyenne, soufflait du
nord-est. Le baromètre accusait une pression de 'j64"'". La température oscillait entre 9" et
10° au-dessus de zéro. Enfin l'aiguille aimantée, suspendue à un fil de cocon sans torsion,
s'agitait faiblement sous un écart de 1°.
.) A Poitiers, le mouvement n'a pas présenté les effets d'oscillation ou de trépidation. Le
bruit produit a été comparable à celui d'un pan de mur qui vient à s'effondrer tout d'une
pièce. La direction du nord-est était parfaitement indiquée.
» Ce tremblement de terre a été ressenti sur tout le sol de notre ville. Plusieurs personnes
ont perdu l'éepiilibre, ce qui indiquerait un mouvement oscillatoire ou de trépidation.
.' A Jaulnay, le phénomène a été constaté à la même heure, et l'on a observé que les
meubles et les batteries de cuisine remuaient sur place. Il en a été de même à Neuville.
» A Celle-l'Évescault, la secousse a été trèsforte ; les fers suspendus au plafond de la boutique
d'un maréchal se sont entre-choqués.
» Ces dernières localités sont peu distantes de Poitiers; mais, à Châtellerault, à Saint-
Gervais-les-Trois-Clochers, sur la limite du déj)artement louchant à celui d'Indre-et-Loire, la
secousse a été très forte; les vitres des appartements tremblèrent et les meubles furent
déplacés.
» Ce tremblement de terre n'aurait-il été ressenti que dans le département de la Vienne? »
M. L. BocRGUET adi^esse le projet d'une disposition qui permettrait de
rendre sensible à un nombreux auditoire le déplacement du pendule de
Foucault.
M. Fr. Michel appelle l'attention de l'Académie sur le moyen qu'il a
soumis à son jugement, en 1869, poiu- prévenir les accidents causés aux
navires par la rencontre de masses de glace flottantes.
M. Chasles présente, de la part deM. le prince Boncompagni, \e Bul-
lellinode novembre 1879. Ce cahier renferme six pièces, toutes intéressantes :
i" un article fort étendu de M. Antonio Favaro sur les nouvelles décou-
vertes de M. le professeur Curtze, relatives aux travaux de Copernic et aux
matériaux de provenance étrangère qu'il utilisa pour l'établissement de sa
doctrine astronomique ; 2" un article de M. Boncompagni, relatif à deux
écrits d'Euler, l'un intitulé Recherches sur une nouvelle espèce de quarrés
magiques, V^utve, présenté à l'Académie de Saint-Pétersbourg, contenant
une observation signalée par Fuss dans le post-scriptum d'une Lettre
d'Euler à Condorcet; 3" un court article de M. A. Genocchi, relatif au cin-
quième postulatum d'Euclide ; 4° une Note de M. le D' S. Gûnther, traduite
de l'allemand en italien par M. le D"' Alf. Sparagna, sur les covariants et con-
( 833 )
travatiniUs des fonctions homogènesdn V. Giacomo Faglini, do Rome; 5° la
traduction du danois en français, par M. Zenthen, d'une Notice de M. Ca-
mille Tyclisen sur Lagrange; 6" enfin une importante Notice d'un jeimeet
savant Suédois, M. Gustave Enestrom, de Stockholm, sur les Lettres inédites
de Joseph-Louis Lagrange publiées par M. Boncompagni; cette Notice, qui
a paru dans le Journal, de Matliémaliques de M. Zenthen, de Copenhague, se
trouve ici traduite du danois par MM. Léouzou Le Duc et Aristide Marre.
A 4 heures trois quarts, l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 5 heures un quart. D.
C. R., i88o i" Semestre. n.^C,^'- ifl) '0°
( 834 )
Mars 1880.
Observations météorologiques
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forme régulière des courbas enregistrées.
L'emploi du cyanomèlre a donné le chiirre moyen o,5o et
pour Its plus beaux ciels de la première période 0,55
el o,6û pour la seconde.
Les perturbations magnétiques ont 6ié ou peu plus fré-
quentes. rSûus signalerons en particulier celles du 17
au 18.
N, B. — Les intensités magnétiques, anté-
rieurement rapportées au parc, sont actuelle-
ment ramenées à la fortification du bastion
82, comme les valeurs de l'inclinaison et de
la déclinaison.
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uo C^ GO 0 — CO ^3- -^t- ■VT -'> on serait conduit à une valeur
voisine de + 2,7.
» 3. J'ai cru utile de mesurer la chaleur de fusion du chlorure d'iode.
A cette fin, je l'ai fondu, maintenu en surfusion, et dissous sous cet état
dans une solution étendue d'acide sulfureux : ce qui a dégagé +43,8 et
4- 43,5; moyenne, + 43,6. Eu admettant -+- 4i,3 pour la même réaction
sur le chlorure d'iode solide, à la même température (+ i6°,5), la chaleur
de fusion rapportée à ICI (soit 162^', 5) serait + 2^^\'i -. nombre qui ne
peut être regardé que comme approximatif.
» La formation du chlorure d'iode liquide, avec le chlore gazeux et
l'iode gazeux, dégagerait : +9,8; avec l'iode liquide, -+- 1 i,3.
» 4. Trie hlorure d'iode. — Par synthèse :
Isolide -+- Cl'gazeiix = ICP solide, a fourni +i5,5
» Par analyse (même procédé que ci-dessus) : -h 17, i .
Essai de Mécanique chimique, t. I, p. aSi.
( 843 )
>■ La moyenne est : + i6,3; l'iode gazeux, on aurait : + 21,7.
ICI solide -I- Cl- gazeux, dégage +g,5
» Mais tous ces résultats ne présentent pas une grande certitude, à
cause de la formation lente et de la dissociation du trichlorure d'iode.
Observons cependant que la chaleur dégagée par le premier équivalent de
chlore uni à l'iode solide est une fois et demie aussi grande que celle qui
répond à chacun des deux équivalents suivants.
» 5. Bromure d'iode. — La formation du bromure d'iode s'elfectue sans
peine, en incorporant l'iode dans le brome; les deux corps ayant été pesés
à l'avance sous des poids équivalents; la masse, d'abord fluide, ne tarde pas
à se soUdifier, en prenant l'aspect cristallin. On réussit moins bien à
obtenir une masse homogène, lorsqu'on verse le brome sur l'iode.
» J'ai opéré cette synthèse dans un tube de verre mince plongé au fond
d'un calorimètre, et j'ai trouvé, vers 17°,
I solide + Briiquide = IBrsolide, dégage -(- 2, 47
d'où l'on tire encore, la combinaison rapportée à l'état solide,
I solide + Brsolide = IBrsolide, dégage -1-3,34
La combinaison rapportée à l'état gazeux des éléments et à la température
deo° :
I gazeux -h Brgazeux = IBrsolide, dégage -1- 11. 9
Ce nombre est extrêmement voisin de -i- 12, i, obtenu pour la formation
du chlorure d'iode solide au moyen des éléments gazeux, c'est-à-dire dans
des conditions comparables.
» 6. Chlorure de brome. — Le brome introduit dans le chlore gazeux
s'y combine; mais le composé reste liquide et offre tous les signes d'une
dissociation. Aussi la mesure de la chaleur dégagée s'applique-t-elle en
réalité à un mélange du composé proprement dit avec une certaine dose de
brome et même de chlore dissous. Je donne le chiffre obtenu à titre de
renseignement; j'ai opéré, bien entendu, à équivalents égaux :
Clgazeux + Briiquide =:BrClliquide(?) -H 0,60
» Avec le brome gazeux, on aurait obtenu -+- 4, 6.
» Si l'on remarque la presque identité des chaleurs de formation des
chlorure et bromure d'iode, et si l'on compare la chaleur de formation
du chlorure d'iode liquide au moyen des éléments gazeux, soit -1-9,8, à
(844 )
celle du chlorure de brome + 4>6, on est conduit à penser que le chlo-
rure de brome était dissocié à moitié environ, dans les conditions des me-
sures précédentes : cela sous toutes réserves.
» Venons maintenant aux combinaisons des éléments halogènes avec
leurs sels alcalins.
» 7. lodure de potassium ioduré, KP. — On sait que ce composé a été ob-
tenu sous forme cristallisée par M. St. Johnson, en 1877. Il se prépare en
dissolvant rf^ d'iode dans une solution très concentrée d'iodure de potas-
sium et en évaporant sous une cloche, au moyen de l'acide sulfurique con-
centré. On obtient ainsi à la longue de gros cristaux noir violet, lamelleux,
dont l'aspect rappelle celui de l'iode. J'en ai vérifié la composition par
l'analyse. Pour en déterminer la chaleur de formation, je les ai dissous,
d'une part, dans une solution très concentrée d'iodure de potassium,
employée comme liquide calorimétrique; et, d'autre part, j'ai dissous dans
le même liquide de l'iodure de potassium et de l'iode successivement, de
façon à obtenir une liqueur identique avec la précédente. L'état final étant
le même, la différence entre les quantités de chaleur observées est préci-
sément égale à la chaleur de formation du triiodure. J'ai trouvé ainsi,
à 1 5° :
Dissolution de Kl dans trente fois son poids environ d'une solution Kl + igHO. — 2,56
Dissolution de P consécutive (en présence de i3KI environ) — 0,78
Somme. ... — 3,34
Dissolution de Kl' dans les mêmes conditions — 3,38
» Il résulte de ces chiffres que la formation du triiodure
Kl solide -1- V solide = Kl' solide
répond à un phénomène thermique sensiblement nul.
» Mais, si l'on rapporte la réaction à l'iode gazeux, afin de la rendre
comparable à la formation des perchlorures, peroxydes, etc., on trouve :
Kl solide -+■ V gaz= KI^ solide, dégage, vers 0°. .... . -f- 10,8
)) 8. La solution d'iodure de potassium employée contenait par kilogramme
49'i^'", 5 de sel, par litre ySyS''. Sa densité était i,537 ; sa chaleur spécifique
0,5 1 5, c'est-à-dire que i*^*^ valait en eau 0,79. On remarquera que la chaleur
de dissolution de l'iodure de potassium dans une telle liqueur, soit : — 2,56,
est la moitié sensiblement de la chaleur de dissolution du même sel dans
( 845 )
l'eau pure(— 5,3). On voit par là que la dilulion de lelies liqueurs con-
centrées absorbe autant de chaleur que la dissolution initiale.
» 9. Iode cl iodure de potassium. — On voit aussi que la dissolution de
l'iode, P, dans l'iodure de potassium concentré, absorbe de la chaleur:
— 0,78 : quantité qui représente seulement le quart de la chaleur de fu-
sion de l'iode.
» La dissolution de l'iode liquide dans la même liqueur, calculée vers 0°,
dégagerait au contraire: -f- i, 5 environ. C'est donc à tort que la chaleur
de dissolution de l'iode avait été réputée nulle.
» Elle diminue quand on opère avec un iodure plus dilué. Cependant,
même avec une liqueur qui contient ^ RI dans i'", c'est-à-dire voisine de
Kl -J- iioH-0', la dissolution de P (en présence de 12 Kl) absorbe — 0,26.
» A partir de l'iode gazeux, on aurait -t- 10, 5 dans une solution étendue
d'iodure de potassium; -h 10,0 dans une solution très concentrée.
» 10. Bromure de potassium bromure, KBr' (?). — Le brome forme avec le
bromure de potassium un composé analogue au triiodure. On sait depuis
longtemps que le brome se dissout abondamment dans les solutions de bro*
mure de potassium, surtout concentrées. Cette dissolution, opérée avec une
solution KBr + 28HO, a dégagé, à 1 5° (Br^ en présence de 5KBr environ):
-+-3,53.
» Si le brome avait été solide, on aurait obtenu -1- 3,3.
» A partir du brome gazeux, on aurait eu + 11, 5; valeur voisine de
celle que fournit l'iode gazeux (+ 10,0), en se dissolvant dans l'iodure
de potassium.
» J'ai cherché à aller plus loin et à opérer sur le bromure bromure, isolé
de l'eau. On obtient en effet un tel composé, en abandonnant pendant
quelques jours, dans un vase fermé, du bromure de potassium sec et très
finement pulvérisé avec du brome liquide, employé dans la proportion
de a^' de bromure pour i'^'' de brome, c'est-à-dire avec un excès du sel so-
hde. Le brome disparaît peu à peu, et il se forme un composé orangé et
cristallin. Cependant ce composé offre toujours les caractères d'un corps
dissocié.
» Pour en évaluer la chaleur de formation, je l'ai dissous dans une solu-
tion concentrée de bromure de potassium, sous un poids déterminé, lequel
renfermait des proportions connues de sel et de brome excédant, et j'ai me-
suré la chaleur dégagée. On peut comparer cette quantité à la chaleur dé-
gagée par la dissolution successive de poids égaux de bromure de potassium
et de brome libre, dans une liqueur identique à la précédente. On en
C.R,, 1880, I" Semetnc. {J. XC, N» 16.) I I O
( 846 )
déduit ainsi la chaleur dégagée par l'union du brome liquide avec un
excès de bromure de potassium solide; déduction qui s'opère suivant un
calcul pareil à celui dutriiodure de potassium. J'ai trouvé de cette manière :
Br'liquide + «KBr, dégage +2,94
» Je rapporterai, pour simplifier, et conformément aux analogies, ce
chiffre à un tribromure. On aura donc
KBr solide -t- Br' liquide, dégage +2,94; Br' solide : +2,7
» On aurait encore
KBr solide + Br' gazeux, vers 0° + 'o,g
» Il est digue de remarque que ce dernier nombre est presque identique
avec la chaleur de formation du triiodure de potassium au moyen de l'iode
gazeux, soit + 10,8 : rapprochement comparable à celui qui a été fait plus
haut entre les chlorure et bromure d'iode. J'ajouterai encore que la
chaleur dégagée par Cl'^ fixé sur ICI, soit + 9, 5, est voisine de la chaleur
dégagée par Br^ gazeux fixé sur KBr, comme aussi de la chaleur dégagée
par I* gazeux fixé sur Kl.
y> 11. La solution de bromure de potassium employée contenait par
kilogramme: SaS*'''' de sel anhydre; par litre : 4 i^s'"- Sa densité était 1,288;
sa chaleur spécifique 0,668; c'est-à-dire que i*^*^ valait en eau 0,87.
» La chaleur de dissolution du bromure de potassium dans trente fois
son poids d'une telle liqueur, à i5°, a été trouvée — 3,45; soit les deux
tiers environ du nombre obtenu dans l'eau pure.
» 12. Observons ici l'analogie des polyiodures et polybromures avec les
polysulfures et peroxydes alcalins. L'aptitude à accumuler plusieurs équi-
valents d'un même élément dans une même série de combinaisons, formées
en proportions multiples, n'a rien qui caractérise l'oxygène ou le soufre, de
préférence aux éléments halogènes; le plus souvent même, il y a parallé-
lisme complet entre la série des dérivés oxygénés ou sulfurés d'un même
métal et la série des dérivés chlorurés, bromures ou iodurés de ce métal ;
tous les dérivés étant rapportés au poids équivalent du métal. Ce sont là
des rapprochements certains, que la notation équivalente manifeste; tandis
que la notation atomique tend à les masquer, en obscurcissant la significa-
tion naturelle de la loi des proportions multiples. »
(847)
MÉDECINE. — La peste dans les temps modernes; sa prophylaxie défectueuse ou
nulle; sa limitation spontanée. Note de M. Tholozan, communiquée par
M. Larrey (').
« La science médicale, dans la prophylaxie des épidémies les plus graves,
comme dans la thérapeutique des maladies ordinaires, a longtemps enre-
gistré comme des conquêtes réelles des succès purement apparents. Sans
se rendre un compte exact du degré de puissance de son intervention, elle
a, pendant des siècles, compté à son profil pour des résuUafs certains des
faits qu'un examen critique sérieux ne permet plus d'admettre au nombre
des triomphes de notre art. Pour la Thérapeutique, cette vérité a été reconnue
depuis plus de cinquante ans, et, loin d'amoindrir la valeur des pi^escriptions
pratiques de la Médecine, elle a permis d'en dresser le bilan d'une manière
plus sûre et de marcher sur un sol ferme à des découvertes positives. La
prophylaxie des épidémies a besoin, à son tour, d'une semblable réforme.
Dire qu'on s'est rendu maître d'une épidémie, qu'on en a arrêté le cours
ou diminué les ravages, est une assertion qui ne doit plus aujourd'hui être
émise sans preuves à l'appui. L'analyse des faits et la critique doivent inter-
venir pour mesurer là, comme dans tout le reste du domaine médical; le
degré d'efficacité de notre intervention. C'est à ce prix seulement qu'on
fondera une prophylaxie véritable des épidémies.
» Le temps actuel semble opportun pour un tel essai. Un fléau qu'on
croyait éteint vient de renaître et semble nous menacer de nouveau.
Depuis i858 il a fait deux apparitions dans la Cyrénaïque, et depuis 1867
il s'est montré cinq fois en Mésopotamie. S'il ne s'est pas étendu au loin,
si ses ravages ont été localisés, en est-on redevable aux mesures appliquées?
» En 1 858, à Benghazi, il y eut en mai quatre-vingt quinze décès de peste
et cinq cent quarante-deux en juin; pourtant, aucune mesure quarante-
naire ne fut prise contre les provenances de ce port de mer avant le i5 juin
par l'Egypte et avant le 23 par Constantinople. A supposer que la maladie
ne datât que du i" mai, elle fut complètement libre de se répandre au loin
parlavoiedemer, pendant un mois et demi. Or son apparition réelle remonte,
selon bien des probabilités, à l'année i856; la maladie eut donc tout le temps
voulu pour se répandre au dehors avant que des barrières lui aient été oppo-
(') Cette Note résume un long travail de l'auteur, actuellement à l'impression.
(848 )
sées. Dans la même régence de Tripoli, si voisine de l'Europe méridionale et
eu rapports fréquents avec les îles de Malte et de Crète, la peste resta complè-
tement ignorée d'octobre 1873 au mois de mai 1874. Pendant ce long laps de
temps, aucune mesure ne fut prise pour préserver par des quarantaines de
mer les pays lointains, aucun moyen ne fut même mis en action pour
garantir la ville de Benghazi. Si, malgré cette complète liberté accordée au
fléau, on le voit se limiter à certaines localités, il faut se garder de croire
qu'une intervention insuffisante et tardive en a été cause. Quand les épi-
démies ne s'étendent pas dans la période de leur culmination, il est bien
rare qu'elles le fassent à leur déclin.
» La même insuffisance de moyens, le même manque absolu de contrôle
sur la marche des épidémies de peste s'observent en Mésopotamie en 1867,
1874, 1875, 1876, 1877. J'ai réuni à ce sujet les documents les plus nom-
breux et les plus complets, officiels et privés, de toutes les sources. Com-
ment aurait-on pu s'opposer au fléau de 1867, s'il avait dû avoir une marche
envahissante, puisque ce ne fut que quatre mois après son début qu'on en
eut connaissance à Bagdad, à deux ou trois journées de marche seulement
du point d'origine? Quant à l'application des premières mesures restrictives,
elle date de plus de cinq mois après l'invasion du mal. La peste de Dagara
et d'Affij, qui à son début fut tout à fait analogue à la morl noire par la
nature et l'intensité de ses symptômes, ne fut connue à Bagdad que le
II avril. Elle avait débuté pourtant dans ces localités, situées à cinq ou six
journées de distance seulement de la capitale, dès la fin de 1873. Elle fut
sur les lieux l'objet de quelques mesures insignifiantes. Il en fut de même
des épidémies de 1875, 1876, 1877 en Mésopotamie : nulle part aucune
mesure suffisante ne fut prise à temps; partant, l'application des moyens
restrictifs et hygiéniques fut tellement défectueuse ou minime, qu'on pour-
rait en annuler d'avance l'influence.
» Après avoir ainsi constaté les imperfections des systèmes sanitaires et
leur manque presque absolu d'adaptation à la pratique, j'ai dià rechercher
s'il n'y avait pas quelque différence, au point de vue de la peste, entre les
pays d'Orient où s'exerce l'action des systèmes sanitaires et ceux où n'existe
aucune administration analogue. J'ai donc comparé aux épidémies ci-dessus
énumérées celles du Hedjaz(pays des Assyrs),où l'état de barbarie, d'igno-
rance et de fanatisme de la population s'oppose à toute mesure hygiénique
ou quarantenaire, et celles de la Perse où l'absence d'une administration
convenable s'oppose depuis douze ans à la franche application des réformes
sanitaires. J'ai constaté ainsi, sans surprise, qu'd n'y avait pas de différence
( 849)
quant à l'intensité et à la durée des épidémies, ainsi que quanta leur répé-
tition entre tous ces pays à administration sanitaire imparfaite ou nulle. Les
faits mis ainsi en parfaite évidence ne nous donnent pas encore, sans doute,
le droit de dire que les cordons, les quarantaines et les autres moyens de
la prophylaxie sont inutiles; mais ils nous permettent d'affirmer que s'ils
sont souvent inefficaces, au moins par suite de leur action défectueuse,
ceux qui les mettent ainsi en action sont presque toujours les témoins
oculaires de la disparition de la maladie et de son extinction naturelle.
» Que s'est-il donc passé dans les pestes don t nous parions? pourquoi n'ont-
elles pas suivi leur cours? comment se sont-elles arrêtées? Il s'est passé là
ce qui se passe dans tous les fléaux que l'homme n'est pas parvenu encore
à maîtriser et dont il ne connaît pas le secret : le mal, après avoir pris nais-
sance en un ou plusieurs points, s'est étendu, est arrivé à son apogée, puis
il a diminué et cessé entièrement ou presque entièrement. Nous ne savons,
au fond, pas plus pourquoi ces fléaux disparaissent que nous ne savons
pourquoi ils apparaissent à certaines époques. Ou ne sait pas bien positive-
ment encore si l'on peut toujours limiter leur extension naturelle en plaçant
des barrières à certains points éloignés de leur lieu d'émergence; mais on
a appris, par l'expérience répétée des vingt dernières années, que la peste,
dans l'empire turc pas plus qu'en Perse et ailleurs, ne s'étend pas toujours
au loin, qu'elle est susceptible de n'envahir qu'une localité et de s'y tenir,
y accomplissant ses ravages sans s'étendre au dehors, malgré les com-
promis les plus variés et les plus nombreux.
» Si les pestes dont nous parlons avaient été influencées par les moyens
sanitaires, nous les aurions vues s'amoindrir et se terminer à des époques
variables, suivant le degré de puissance des moyens hygiéniques. La preuve
qu'elles n'ont pas été influencées par ces moyens, c'est que nous les
avons vues naître, croître et se terminer à des époques identiques.
» Une seconde preuve a posteriori de la justesse de notre démonstration
se tire de l'histoire. La pathologie historique et géographique fait voir en
effet que le plus souvent la peste a été limitée, malgré la nullité ou l'insuf-
fisance des moyens sanitaires. Pour la peste, comme pour le choléra et la
suette, les pandémies sont en effet l'exception, et l'on n'en a enregistré
relativement qu'un très petit nombre d'exemples. D'un autre côté, la com-
paraison que l'on peut faire des épidémies modernes de la Cyrénaïque et
de la Mésopotamie avec celles qui les ont précédées, au commencement de
ce siècle ou dans les siècles passés, mène à cette conclusion que la fin des
( 85o )
épidémies, en i858 et en 1874, 187 5, 1876, 1877, a eu lieu à la même
époque que dans les épidémies antérieures.
1) Démontrer que les mesures prophylactiques dirigées de notre temps
en Orient contre la peste ont été toutes inefficaces et n'ont pu d'aucime
manière influencer la marche du fléau, c'est, j'en ai l'espérance, rendre
un service considérable à la science sanitaire, en l'éclairant sur la vraie
portée de ses moyens et en lui donnant ainsi l'occasion de reviser ses
procédés, de porter remède aux défectuosités de son système et de cher-
cher des moyens d'action plus pratiques, plus humanitaires et plus sé-
rieux. »
NOMINATIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination de Com-
missions de prix chargées déjuger les Concours de l'année 1879.
Le dépouillement donne les résultats suivants :
Grand prix des Sciences matliématiques. — Perfectionner en quelque point
important la théorie des équations différentielles linéaires à une seule va-
riable indépendante.
MM. Bertrand, O. Bonnet, Hermite, Piiiseux et Bouquet réunissent la
majorité absolue des suffrages. Les Membres qui après eux ont obtenu le
plus de voix sont MM. Chasles et Liouville.
Prix extraordinaire de six mille Jrancs. — Progrès de nature à accroître
l'efficacité de nos forces navales.
MM. Dupuy de Lôme, l'amiral Jurien de la Gravière, l'amiral Paris, l'a-
miral Mouchez et Tresca obtiennent la majorité absolue des suffrages. Les
Membres qui après eux ont obtenu le plus de voix sont MM. d'Abbadie et
Yvon Villarceau.
Prix Poncelet: MM. Bertrand, Phillips, Chasles, Rolland et Puiseux ob-
tiennent la majorité absolue des suffrages. Les Membres qui après eux ont
obtenu le plus de voix sont MM. Hermite et Resal.
Prix Plumey : MM. Rolland, Tresca, Phillips, Resal et Dupuy de Lôme
obtiennent la majorité absolue des suffrages. Les Membres qui après eux
ont obtenu le plus de voix sont MM. de la Gournerie et l'amiral Paris.
Prix Montyon (Mécanique) : MM. Phillips, Resal, Rolland, Tresca et
Breguet réunissent la majorité absolue des suffrages. Les Membres qui
( «5. )
après eux ont obtenu le plus de voix sont MM. Yvon Villarceau et Ber-
trand.
Prix Bordin. — Trouver le moyen de faire disparaître ou au moins d'at-
ténuer sérieusement la gène et les dangers que présentent les produits de la
combustion sortant des cheminées sur les chemins de fer, sur les bâtiments
à vapeur, ainsi que dans les villes, à proximité des usines à feu.
MM. Dupuy de Lôme, Rolland, Berthelot, Tresca et H, Sainte-Claire
Deville réunissent la majorité des suffrages. Les Membres qui après eux ont
obtenu le plus de^voix sont MM. Dumas et Fremy.
MÉMOIRES PRÉSEIVTÉS.
VITICULTURE. — Désinfection des véhicules par l'acide sulfureux anhydre.
Note de M. V. Fatio.
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
« Chargé, par le Département fédéral du Commerce et de l'Agriculture,
de faire des essais de désinfection de véhicules, en vue de l'exécution du
second alinéa de l'article 4 de la Convention phylloxérique de Berne, j'ai
fait les expériences qui suivent, le 28 février dernier, en gare de Genève, sur
des wagons de la Compagnie de la Suisse occidentale, au moyen de l'acide
sulfureux anhydre.
» Les essais ont dû porter sur un wagon fermé et sur une voiture à ciel
ouvert.
» Mon premier soin fut de chercher, sur des racines recueillies ad hoc
huit jours auparavant ('), de petits groupes de Phylloxéras susceptibles
d'être facilement isolés sur un fragment réduit desdites racines; puis,
après avoir scrupuleusement compté, à l'aide d'une forte loupe, tous les
insectes préalablement reconnus vivants qui devaient être soumis à l'expé-
rience, je fixai séparément les divers fragments ainsi étudiés dans autant de
petits tubes susceptibles d'être hermétiquement fermés et porteurs d'éti-
quettes indiquant soit le nombre et la position relative des parasites em-
prisonnés, soit les conditions dans lesquelles chacun devait être utilisé.
'' — ^_^^_^___^__^-^^-^^— — .
( ' 1 Ces racines ont été recueillies à Talissieu, près Culoz, dans le département de l'Ain, et
apportées à Genève dans un flacon hermétiquement fermé. Tout ce qui n'a pas été de suite
employé a été immédiatement brûlé.
( 852 )
» Les tubes d'essai ainsi préparés furent disposés, l'ouverture tournée
vers le haut, dans le wagon fermé, cinq sur le plancher du wagon, quatre
dans les angles, un au centre; deux furent suspendus, à mi-hauteur,
contre les parois antérieure et postérieure du véhicule; deux furent fixés,
à mi-hauteur aussi, vers l'ouverture des portes où l'air avait le plus d'ac-
cès; un, enfin, fut suspendu contre le plafond même de la voiture.
» Ce premier arrangement fait, les bouchons hermétiques furent enle-
vés, une petite bande de papier réactif (') fut introduite au fond de chaque
tube et de forts tampons d'une terre argilo-calcaire assez compacte furent
engagés de o™,oi au moins dans l'orifice de deux des flacons inférieurs et
de deux des latéraux à mi-hauteur, l'un des voisins des portes entre autres.
Le tube central du plancher contenait une racine artificiellement englobée
dans un manchon serré de même terre, de o",oo4 à o",oo5 d'épaisseur.
» Après avoir fait déposer, à distance des flacons, sur le plancher du
wagon, quelques jeunes pieds de rosiers, de groseilliers, de poiriers et de
lauriers dégarnis de terre, je fis fermer la voitiu-e, et, de suite après, i'"
d'acide sulfureux anhydre fiit pulvérisé sous sa propre pression (i^'^jS
à a"*'") au centre même du véhicule, au travers du jour de l'une des portes,
au moyen de siphons gradués et d'un mince tube métallique lié à ceux-ci
par un tuyau de caoutchouc.
» Après deux heures, j'ouvris le wagon et constatai que le papier réactif
présenté à la porte de celui-ci était immédiatement décoloré ; il l'était encore
à plusieurs mètres de la voiture, une heure après l'injection.
» Néanmoins, cinq minutes après, je pus entrer dans la voiture. I-es
tampons de terre furent enlevés, et les tubes hermétiquement fermés.
» Les plantes furent remises à un jardinier pour être plantées et sur-
veillées, eu égard à leur reprise problématique.
» Enfin, pour comble de sécurité, je fis encore injecter dans la voiture
vide un second litre d'acide sulfureux.
» Le wagon soumis à l'expérience avait une contenance de 29"", 7. On
sait que le litre d'acide sulfureux anhydre pèse i''^,45o à peu près et que,
dans une température moyenne de +6°, 1''' de cet acide à l'état liquide
correspond à 612''' de gaz environ. Le gaz acide sulfureux étant deux fois
un quart aussi lourd que l'air, il est évident que c'est sur le plancher de la
voiture, seul endroit où de la terre ou des débris de racines infectées pour-
raient demeurer, que l'action du toxique a dû être la plus forte.
(') Papier traité par l'amidon et l'iode.
( »^^ )
» Je procédai comme suit à l'essai beaucoup plus simple de désinfection
des voitures à ciel ouvert.
» A cet effet, deux morceaux de racines phylloxérées furent tirés des
flacons où ils avaient été enfermés et déposés sur le sol, au centre d'une
plaque de carton. L'un de ces fragments était dégarni de terre et portait
vingt-deux parasites épars sur ses diverses faces; l'autre, artificiellement
enveloppé dans un manchon de terre argilo-calcaire assez compacte, de
o™,oo5 à o™,oo6 d'épaisseur, portait dix-sept Phylloxéras.
» Cela fait, je projetai, à o'",4o de distance environ, un petit jet d'acide
sulfureux anhydre pulvérisé sous sa propre pression, au travers d'un petit
tube, sur chacune des deux racines, en pesant, pendant deux secondes
environ, sur le bouton du siphon.
» Puis les deux fragments de racine, d'abord couverts de givre par l'é-
vaporation de l'acide, ayant été réintégrés dans leurs flacons respectifs, je
passai à l'estimation de la quantité de liquide nécessaire à l'intoxication de
toutes les faces internes d'un grand wagon ouvert.
» La voiture en question (modèle G de la Compagnie S.-O.), avec des
parois d'une hauteur moyenne variant de o",95 à i'",23, présentait une
surface intérieure de 32""',44' Il fallut i"' d'acide pour asperger convena-
blement toute cette surface par pulvérisation. L'opération dura au pUis
cinq minutes.
)) Le lendemain 2g février, on procéda à l'examen des fragments de ra-
cines soumis aux deux expériences : tous les Phylloxéras furent retrouvés
en place, surpris par une mort instantanée.
» Plusieurs de ces insectes présentaient des traces de décomposition ou
des taches brunes; quelques-uns étaient déjà ramollis et déformés.
» La majorité des parasites aspergés à l'air libre furent aussi immédiate-
ment et scrupuleusement examinés au microscope, tandis qu'une partie
de ceux-ci étaient mis de côté, pour être soumis à un examen ultérieur,
en même temps que quelques insectes réservés du v^ragon fermé, eu égard
à l'éventualité d'une mort apparente et d'une résurrection possible.
» Quinze jours après ces premières constatations, tous les insectes mis
de côté, avec les fragments de racines sur lesquels ils avaient été intoxiqués,
furent à leur tour attentivement recherchés et étudiés. Pas un n'avait
bougé, tous étaient indiscutablement morts ; beaucoup étaient déjà presque
entièrement fondus. Plusieurs, sur les racines aspergées à l'air libre surtout,
n'étaient même plus représentés que par leur enveloppe.
» L'intoxication, dans les deux conditions où elle a été faite, a été
C. R., 1880, 1" Semestre. (T. XC, N« 18.) 1 J I
{ 854 )
suffisamment énergique pour amener, dans les deux cas, une mort très
rapide du Phylloxéra à l'état d'insecte hivernant.
» Quant à l'appréciation des effets du gaz acide sur les plantes déposées
dans le wagon fermé, les résultats, après cinq semaines d'attente et d'ob-
servations, ne sont pas aussi concluants. Pendant l'injection, la lance qui,
légèrement recourbée à l'extrémité, devait projeter en haut le toxique dans
le centre du wagon, ayant tourné en divers sens, les plantes avaient reçu,
sur les racines et les rameaux, des gouttes d'acide liquide; celles-ci avaient
produit des plaies partout où elles avaient touché.
» Ce n'est qu'après avoir tué les œufs aussi bien que les insectes, et
multiplié tiies expériences dans des conditions diverses, que je pourrai
tirer des conclusions fondées au sujet de la désinfection des véhicules sus-
ceptibles de transporter des germes de contagion dangereux. »
M. Roger soumet au jugement de l'Académie un cinquième Mémoire
sur la « Théorie des phénomènes capillaires ».
(Renvoi à la Commission précédemment nommée.)
M. E. BouRGUET adresse, pour le Concours des prix de Médecine et de
Chirurgie, un Ouvrage intitulé « De l'immobilisation de l'anse intestinale
dans quelques opérations graves de hernie étranglée », Cet Ouvrage est
accompagné d'une analyse manuscrite.
(Renvoi à la Commission des prix de Médecine et de Chirurgie.)
MM. Glaser, Paillet adressent des Communications relatives au
Phylloxéra.
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
M. F. Leclerc demande l'ouverture d'un pli cacheté déposé par lui le
8 mars 1880 et inscrit sous le n° 3392.
Ce pli, ouvert en séance par M. le Secrétaire perpétuel, contient une
Note intitulée « Destruction du Phylloxéra par le vaccinage de la vigne »,
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
( 855)
CORRESPONDANCE.
M. le Secrétaïre perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
1° Un Ouvrage intitulé « Mémoire concernant l'histoire naturelle de
l'empire chinois », par des Pères de la Compagnie de Jésus. I" Cahier, avec
12 planches.
2° Un Ouvrage intitulé « Conchyliologie fluviale de la province de Nau-
Idng et de la Chine centrale », par le P. Hende, VP fascicule. (Ces deux
Ouvrages sont présentés par M. Milne Edwards.)
3° Une Brochure de M. Pecliolier, portant pour litre « Quelle est la vertu
de l'opium?». (Présenté par M. Bouillaud.)
THÉORIE DES NOMBRES. — Sur les fondions cjclolomiques.
Note de M. Ed. Lucas.
« M. Sylvester a énoncé, dans les Comptes rendus (i6 et 23 fé-
vrier i88o), plusieurs théorèmes sur les diviseurs des fonctions cycloto-
miques et leur application à l'analyse indéterminée du troisième degré.
Nous ferons observer tout d'abord que les fonctions cyclotomiques ne
diffèrent que par le changement de variable des fonctions numériques sim-
plement périodiques. Si Ton désigne par a et b les racines de l'équation
z^ — zx -H I = o,
et si l'on pose
le produit des diviseurs propres de la fonction l]„{x) est un polynôme
en x de degré égal à la moitié de l'indicateur y(«) de w, c'est précisément
la fonction cyclotomique d'indice Ji. Les lois signalées par M. Sylvester
ont été démontrées déjà dans mon Mémoire [American Journal of Mathe-
matics, t. I, p. 2JO, ago-Soo) sous le nom de lois de l'apparition et de
la répétition des nombres premiers dans les séries récurrentes simplement
périodiques. Quant à la démonstration donnée par le P. Pépin [Comptes
rendus, 8 mars i88o), elle ne diffère que par la forme de celle du Mé-
( 856 )
moire. De plus, les deux généralisations du théorème de Fermât indiquées
dans la même Note sont des cas particuliers du théorème contenu dans
ma Note Sur l'extension du théorème de Fermât, généralisé par Euler, et du
Canon arithmeticus de Jncobi [Comptes rendus, 5 mars i8']'j). Nous avons
d'ailleurs énoncé la première de ces généralisations sous la forme suivante :
Le plus grand commun diviseur de U,„ et de U„ est égal à Uj, en désignant
par d le plus grand commun diviseur de m et de n. Cependant nous devons
ajouter que cette proposition fondamentale est due à M. Genocchi.
» C;'est dans la réciprocité des lois sur les diviseurs des fonctions U„,
dont l'emploi me semble préférable à celui des fonctions cyclotomiques,
que l'on trouve l'explication de mes diverses méthodes de recherche des
nombres premiers. Ces lois conduisent à la connaissance de séries indé-
finies de théorèmes analogues à celui de Wilson et à celui de Dirichlet
sur la progression arithmétique. Voici plusieurs énoncés de théorèmes
wilsoniens :
» I. Pour que p = 2''''^^ — i soit premier, il faut et il suffit que la fonction
cjclotomique d'indice p -+- 1 soit divisible par p pour x = \l— i .
n II. Pour que p^ ■?} -''^' — i soit premier, il faut et il sufft que la fonction
cj^clotomique d'indice p-\- i soit divisible par p, en supposant x = 3\/ — i.
» III. Pour que p = 2^'"^+^""*-' — i soit premier, il faut et il sujfit que
la fonction cyclolomicjue d'indice p + i soit divisible par p, en faisant
» Plus généralement, connaissant x et n = a'^b^c''. . ., on peut calculer
de diverses manières deux nombres v et ^, de telle sorte que l'on ait, pour
'U„{x) premier, la congruence
U,(^)eeso [mod. U„(.r)],
et réciproquement. On doit choisir v parmi les diviseurs de Vindicaleur
quadratique a"-' U''-'c^-\.. [a''— ■i){h^—i)[c--\)... de n.
» Quant à l'application de la théorie des diviseurs de la fonction \ii[x)
à l'équation cubique, elle constitue un grand progrès dans l'analyse indé-
terminée du troisième degré, dont la Science est entièrement redevable à
M.Sylvester; mais nous ferons à ce sujet les deux remarques suivantes :
1° Le théorème énoncé à la page 289 des Comptes rendus est trop général,
et il n'est pas exact de dire qu'aucun nombre A de la forme
( «57 )
ne peut être décomposé en une somme ou une différence de deux cubes
rationnels; il est facile de donner des exemples numériques, et ainsi, pour
/> = 5 , ^ = 1 1 , on a
'34236i\3 /57241'
^ lOOOJ / \ lobOJ;
2° On a le théorème suivant : Si x, y, z vérifient l'équation
(1) a' — 3xj--\-j^ = ^A.z^,
on peut décomposer te nombre A. en deux cubes rationnels X:Z et Y:Z par les
formules
X= 2Jc' -3x-' r - ^xf--h 2f\
Y= .r'H-3jc-j- — Dx/' + z',
M. Sylvesler arrive au même résultat (p. 347) par des fonctions du neu-
vième degré, tandis que les nôtres sont du troisième. Il y a lieu d'étudier
l'équation (1), que l'on peut considérer comme un cas particulier de la
suivante :
Cette dernière est résoluble en nombres entiers d'une infinité de manières
lorsque le second membre est l'unité; elle se ramène à la précédente en
supposant nulle l'une des inconnues x, j, t. C'est là le point de vue
auquel se plaçait Lejeune-Dirichlet lui-même dans ses recherches sur l'ana-
lyse indéterminée des degrés supérieurs. »
HYDRODYNAMIQUE. — Réponse à tme Note de M. J. Boussinesq (' ) ;
par M. Bresse.
« M. J. Boussinesq a communiqué récemment à l'Académie la critique
d'une démonstration que j'ai donnée dans une Note précédente {Comptes
rendus, séance du 8 mars 1880) et qui, du reste, avait été déjà indiquée
par M. de Saint-Venant (Mémoire du i" février 1869).
» Je n'ai rien à dire sur la question de priorité, sinon que je ne connais-
sais pas le Mémoire de M. de Saint-Venant, et je ne puis que m'excuser de
(') Comptes rendus, séance du 29 mars j88o.
( H58 )
l'emprunt que je lui ai tait sans le savoir. Il est évident, d'ailleurs, qu'en
raison de cette publication antérieure ma Note perd tout son intérêt.
» Les choses étant ainsi, on comprendra sans peine que je me dispense
d'entrer dans une longue discussion sur le plus ou moins de rigueur de la
démonstration dont il s'agit. Le principe sur lequel je l'ai fondée ne diffère
pas notablement de celui qui avait servi à Lagrange pour établir le même
théorème dans le cas des fluides parfaits. L'illustre géomètre supposait
chacune des quantités a, /3, 7 développée en série sous la forme
puis il faisait voir que, si a, |i, 7 sont nuls pour t = o (c'est-à-dire si les
coefficients rto sont nuls), les autres coefficients a,, a.., as, ... le sont aussi,
en vertu des équations du mouvement. Au lieu de cela, je démontre que
les accroissements de a, /3, 7, calculés pour les positions successives d'une
même molécule, après les temps dt, 2dt, ddt, . .., sont constamment nuls,
ce qui revient à peu près au même. On sait que Poisson refusait de recon-
naître comme rigoureuse la démonstration de Lagrange. J'ai cru néan-
moins pouvoir ne pas me montrer plus difficile que ce dernier, et je me
suis borné à faire une réserve au sujet des cas exceptionnels où la démons-
tration se trouverait en défaut.
» M. J. Boussinesq affirme que cette exception se produit toujours pour
les fluides incompressibles coulant sur des parois solides susceptibles de
produire un frottement. Ce serait là sans doute une exception fort étendue,
mais il ne la démontre bien positivement que dans un exemple parti-
culier. »
MÉCANIQUE. — Etudes sur la chronomélrie : de la compensation.
Note de M. C.Rozé, présentée par M. Resai.
« La compensation est définie par les coefficients x et K, relalifs à la
subtance dont le spiral est formé, et par les relations que j'ai données (').
» Pour la réaliser, on recourt exclusivement à l'emploi de balanciers à
lames bimétalliques; chacune de celles-ci, reliée par un de ses points à
l'axe du système régulateur, porte en d'autres points convenablement
choisis les masses dites compensatrices. M. Yvon Villarceau, dans un Mé-
Comptes rendus, séance du 5 avril 1880, p. 807.
( 859 )
moire fort étendu sur le mouvement et la compensation des chronomètres, a
donné, avec beaucoup de développements, la théorie des lames bimétal-
liques et discuté l'influence de certains termes dépendant du carré de la tem-
pérature; les coefficients de dilatation avaient des valeurs constantes.
Depuis, les variations de ces coefficients avec la température ayant été données
par M. Fizeau ( ' ), j'ai aussitôt repris l'analyse de M. Yvon Villarceau, en ne
négligeant aucun terme plus grand que le carré des coefficients de dilatation.
» Je me bornerai anjourd'hui adonner le résultat de l'application des
formules générales que j'ai ainsi établies au cas du balancier usuel des
chronomètres français, type de M. Winnerl par exemple. Soient R et R^
les rayons de courbure, correspondant aux températures T et ï,, de la sur-
face cylindrique commune aux deux lames partielles; e le coefficient de
variation avec la température de la longueur d'un arc de directrice de
cette surface; ô', A', ô", A" les coefficients de dilatation des substances
formant la lame intérieure et la lame extérieure; 7', /' les coefficients de
variation, relatifs aux mêmes substances, du coefficient d'élasticité avec
la température; e l'épaisseur totale de la lame; enfin 5, la différence
T — T,. On trouve, dans le cas indiqué,
---= 1,34— ^-j 1+ 1,106^;,— y -0,084 ^-0,023 ^ + 0,685 (7 -7)
-o,8 5"+o,6c?'-o,8£le,J5,,
d'où, aisément, les coefficients y et $ de la formule
» Il faut conclure de là la variation du moment d'inertie du balancier.
Si p est la distance de l'axe à un point de la surface commune aux deux
lames partielles défini par l'angle w compté à partir de la barrette, ^ la dis-
tance du centre de courbure à l'axe du balancier, comptée positivement
du côté du point d'encastrement, on a
p-=R--h^- + 2'R^cosw.
» D'ailleurs, les lames étant, dans le cas du balancier ordinaire, par con-
struction, circulaires et concentriques à l'axe du système pour une tem-
pérature donnée T,, on a
;' = _R„[(^^-5)5,4-(1>-A)ôn,
Annuaire du Bureau des Longitudes pour 1870.
( 86o )
$ et A étant les coefficients de dilatation de la barrette, et, d'autre part,
OU •
cosw = cosw„ + (9 — £)(5, Wosinuo,
en s'arrétant ici aux termes du premier degré en 5,.
» Ces valeurs et celles de R étant portées dans l'expression de p^, on
trouve facilement
1^, = (H- §5, -h AO,f + 2[(y -(?)(( + 95,) + {'^ - A)5,]Ô, (i - coswo)
— 2(9 — 5)(9 — s)9^«ositiWo>
qui fait connaître la variation du moment d'inertie d'un point matériel
situé sur la surface de contact. La variation du moment d'inertie de cette
surface, supposée de hauteur constante, sera donnée par l'intégrale
M Le moment d'inertie I du balancier étant supposé divisé en trois par-
ties principales, la première /jI se rapportant aux masses compensatrices,
la seconde />'I aux lames, la troisième/;"! à toutes les masses directement
solidaires de l'axe, nous poserons
qui, identifiée à
I = !„(, + 13,5 4-B52)%
donne les conditions
I =p + p'^p"^
2^=pé + p'^'+p"Y,
2 B 4- /3= = /) 'F H- />' 'F' + p'^i'".
» Enfin, en considérant un balancier idéal où les masses et les lames se
composeraient de points matériels situés sur la surface de contact, on
trouve
^ = 2 (9 — îJ) ( I — cos Wo ) 4- 2 5,
f'=20
( «('h )
et
M'' = 2A + Ô-+ 2[ç;(9 — 5) -t- ( — A)] (i — cosc^o) — 2(9 — !i){(p — ï)woSinU(,,
^' = lA ^- Ô-+ 2[(9 -(?)(23 -£) + (o
Bourgogne rouge j3,i — 5,7 — 4>5
Roussillon rouge i5,2 — 6,9 — 5,5
Marsala 20,7 —10,1 — 8,1
» Les liqueurs fermentées se congèlent donc toujours à une tempéra-
ture un peu plus basse que les mélanges d'alcool et d'eau de même titre.
La différence est d'autant plus grande que la proportion d'alcool est plus
forte; elle est, à peu près, de ^7^ de degré centigrade par degré centésimal
d'alcool.
» La partie qui se congèle dans ces mélanges étant formée d'eau pure,
celle qui reste liquide est plus riche en alcool que la liqueur primitive.
Le point de congélation s'abaisse donc à mesure que la congélation fait des
progrès, et de telle sorte qu'il correspond à chaque instant à la richesse en
alcool de la partie liquide, comme l'indiquent les Tableaux précédents.
On peut donc enlever de l'eau aux vins sous forme de glace et amener la
( 868 )
partie non congelée à un degré de concentration plus ou moins grand,
que les données qui précèdent font connaître d'avance, en l'abaissant plus
ou moins au-dessous du point de congélation primitif. »
CHIMIE MINÉRALOGIQUE. — Sur deux nouveaux siUcolitanales de soude .
Note de M. P. Hactefecille, présentée par M. Daubrée.
« La silice amorphe chauffée avec du tungstate de soude fournit de la
tridymiteou du quartz; l'acide titanique cristallise également dans ce sel
et prend alors l'une des formes les plus rares du lilane rutil, caries cristaux
sont maclés comme les échantillons de Grave's Mountain décrits par
G. Rose.
» Le mélange des deux acides, traité parle tungstate neutre de soude à
QOO° environ, donne des cristaux de Iridymite et de rutile associés à quel-
ques cristaux contenant à la fois de la silice, de l'acide titanique et de la
soude. On parvient à éviter la cristallisation des acides libres en employant
un tungstate assez alcalin pour qu'une partie de la silice échappe à la mi-
néralisation à l'état de silicate de soude.
» Je décrirai, dans cette Note, les cristaux obtenus en faisant réagir au
rouge sombre a^'' de silice sur mi tungstate de soude qu'on a maintenu
préalablement au rouge vif avec les éléments de i'"' de titanate de soude.
Ces cristaux appartiennent à deux espèces de composition différente:
4SiO%5TiO% 2NaO et 3SiO% 2TiO%NaO.
» 1° Le silicotitanate 4SiO', 5TiO% aNaO se présente en nodules
hérissés de pointes cristallines et formés de fibres radiées ou bien en prismes
très aplatis et finement cannelés, quelquefois réunis en gerbes. Les faces
des prismes et les sections des nodules possèdent un vif éclat soyeux.
» Ces cristaux sont toujours hyalins et très fortement biréfringents. Ils
rayent le verre, mais ils sont très fragiles. Ils résistent aux acides qui atta-
quent le silicotitanate de chaux naturel.
» L'analyse leur assigne la composition suivante :
Silice (par différence). 3i,83 4SiO= 3i,oo
Acide titanique Sa, 08 5TiO' ^2,97
Soude 16,09 aNaO 16, o3
100,00 100,00
» Les quantités d'oxygène des éléments soude, acide titanique et silice
sont donc entre elles dans les rapports i : 5 : 4
( 869)
» 1° Le silicotitanate 3SiO-, 2TiO% NaO a un tout autre aspect que le
précédent. Les cristaux de cette espèce sont des prismes incolores, transpa-
rents et très réfringenis, isolés ou réunis en druses. Leur forme primitive
est un prisme orthorhombiqiie presque quadratique. Les faces a* et e* se
retrouvent sur tous les cristaux, mais elles sont souvent très petites. Ces
cristaux se clivent parallèlement aux pans d'un prisme de 91°.
mm
h'p.
pa' .
Angles observés.
Aiifyles calculi's,
91°
»
90°
»
143° 28'
D
144" 1 5'
i43''57'
» Ces mesures conduisent à adopter pour le rapport de h kh celui des
nombres 1000 : 544-
» La forme primitive est bien un prisme orthorhombique, car les plaques
parallèles à la base examinées entre les niçois croisés, au lieu de rester
constamment éteintes à la façon des lames perpendiculaires à l'axe prin-
cipal d'un prisme quadratique, se colorent, et s'éteignent seulement .sui-
vant les bissectrices de la base rhombe.
» Ces cristaux sont difficiles à attaquer, même par le bisulfate de potasse
fondu. L'analyse, faite en traitant des cristaux triés par l'acide fluorhy-
drique, donne les nombres suivants :
Silice (par différence). 43,86 3SiO' 44,33
Acide titanique 4°>oo aTiO' 4^.39
Soude 16, i4 f'iaO i5,28
100,00 ICO, 00
» Les quantités d'oxygène des éléments soude, acide titanique et silice
sont entre elles dans les rapports i : 4 I 6.
» Le groupe des silicotitanates s'annonce comme très riche en espèces,
car nul doute qu'eu remplaçant les tnngstates par les vanadales on ne
puisse réaliser des combinaisons intermédiaires entre ces nouveaux com-
posés et le sphène (1:2:2).
» Les deux silicotitanales de soude se distinguent facilement par l'ab-
sence de toute coloration du rutile formé par la voie sèche, toujours jaune
verdâtre quand il n'est pas violet ou bleu.
» Les cristaux de ces espèces, chauffés sur une lame de platine dans le
dard oxydant du chalumeau, fondent immédiatement en fournissant une
goutte vitreuse, limpide et incolore. Ce caractère est important pour les
distinguer des silicates naturels, avec lesquels on pourrait les confondre. Le
G. R., 1S80, I" SemeUTe. (T. XC, N° 15.) ' '^
( 870)
verre obtenu dans la fusion de ces silicotitanates, s'il est refroidi très len-
tement, abandonne des cristaux aciculaires verts qui donnent à l'analyse :
Acide titanique Q^j'^S
Soude 0)54
Silice ( par différence ) 0,71
100,00
» Les cristaux formés dans ce verre appartiennent donc à l'espèce rutile.
» Les silicotitanates cristallisés, chauffés au-dessous de la température
de leur fusion, sont très stables; mais, une fois qu'ils ont été fondus, ils se
dévitrifient avec une remarquable rapidité. La dévitrification les transforme
en une aventurine de rutile aciculaire qui se détruit lorsqu'on la porte au
rouge vif; le silicate alcalin attaque en effet, à cette température, l'acide
titanique cristallisé, en reproduisant un verre limpide susceptible de se
dévitrifier de nouveau à une température convenable.
» La cristallisation de l'acide titanique aux dépens de ces composés vi-
trifiés rappelle les belles expériences de MM. Fouqué et Michel Lévy; les
réactions qui la déterminent sont identiques à celles qui font cristalliser les
silicotitanates dans le tungslate de soude en fusion.
» La comparaison des conditions qui président à ces cristallisations
variées me paraît de nature à établir un lien entre les procédés de ces expé-
rimentateurs et ceux que j'ai fait connaître dans mes publications sur la
reproduction du quartz et sur celle des feldspaths. w
CHIMIE ANALYTIQUE. — Sur l'essai des pyrites par la méthode gravivolumétrique.
Note de M. A. Houzeau.
« On attaque dans un creuset de platine i^"^ de pyrite pulvérisée par un
mélange composé de 4^'' de nitrate de potasse pur et de 'i^'^ de carbonate de
soude également pur. La masse saline est reprise par l'eau chaude, et l'on
sépare, à l'aide de la filtration, le peroxyde de fer du sulfate alcalin. Les
eaux de lavage du filtre sont ajoutées à la liqueur et, après refroidissement
de celle-ci, on complète exactement avec de l'eau distillée le volume d'un
demi-litre.
» On prélève alors un ^volume de lo'^'', qu'on acidulé avec quelques
gouttes d'acide acétique pur, et l'on y dose alors rapidement l'acide sulfu-
rique, comme nous l'avons indiqué pour les eaux séléniteuses, en faisant
usage d'une solution titrée de chlorure de baryum, utilisée par l'intermé-
( 871 )
diaire du gravivolumèlre en remplacement des burettes ordinaires, doxit
l'emploi, dans ce genre de dosage, ne fournit que des résultats erronés.
Dans la gravivolumélrie, c'est le poids de la solution titrée mise en expérience
qui fait connaître la quantité du réactif utilisé. Or, chaque goutte de la
liqueur barytique débitée par le gravivolumètre pèse exactement o6',o5o à
la température de iS".
» Voici des résultats obtenus :
I. II. III.
Soufre contenu dans 100 parties de pyrite ^5,6 45,3 45,5
» Cependant, si l'on compare ces résultats avec ceux que fournit la mé-
thode longue, mais généralement employée, qui consiste à attaquer la
pyrite par de l'acide azotique fumant ou de l'eau régale, puis à peser le sul-
fate de baryte obtenu par une addition convenable de chlorure de baryum,
ou trouve une assez grande différence, qui s'élève parfois à plusieurs cen-
tièmes de soufre.
Voici, en effet, les résultats obtenus sur la même pyrite par l'attaque ni-
trique, le sulfate de baryte obtenu ayant été pesé :
i. îï. III.
Soufre contenu dans loo parties de pyrite 47 , ' 46>7 4? >o
» Laquelle des deux méthodes fournit des résultats exacts ?
» Pour résoudre la question, nous avons eu recours à deux séries d'ex-
périences qui sont relatées dans mon Mémoire. Je ne rapporterai ici que
l'une d'elles.
» Le sulfate de baryte recueilU par la méthode des pesées (attaque ni-
trique) a été fondu avec du carbonate de soude pur, puis le sulfate alcalin,
après sa séparation du carbonate de baryte, a été précipité à nouveau dans
une liqueur acide à l'état de sulfate de baryte et pesé. Ce sulfate barytique
régénéré a été encore purifié plusieurs fois de la même façon, jusqu'à ce
qu'il ne changeât plus de poids. Voici d'ailleurs les chiffres obtenus :
Soufra
pour :oo de pyritei
r gr
Poids du sulfate de baryte trouvé directement à la suite
de l'attaque nitrique o , 843 47 > '
Poids du même sulfate après une première fusion avec
le carbonate de soude OjSSy 47 >^
Poids du même sulfate après une deuxième fusion avec
le carbonate de soude 0,333 4^,7
Poids du même sulfate après une troisièma fusion avec
le carbonate de soude .•..> o,33i 4-*74
(872)
» Ainsi le sulfate de baryte obtenu à la suite du traitement de la pyrite
par l'acide nitrique ou l'eau régale n'est pas pur ; entre autres impuretés, il
renferme du fer. Le fait est logique, car il n'est que la conséquence d'une
ancienne et très importante observation'de l'illustre M. Chevreul sur V affinité
capillaire qu'exercent certains précipités à l'égard du milieu ambiant dans
lequel ils se forment.
)) Il est donc de toute nécessité, dans l'essai des pyrites par la méthode
des pesées, de purifier le sulfate de baryte, si l'on veut obtenir des résul-
tats exacts. Mais là se présentent encore des difficultés que j'ai eu l'occasion
d'observer au cours de ce travail et qui méritent d'être signalées. Pour la
fusion du sulfate barytique avec le carbonate de soude, on devra de pré-
férence employer comme combustible le charbon de bois.
» L'emploi du gaz d'éclairage, outre qu'il peut réduire partiellement le
sulfate, apporte fréquemment aussi un élément sulfuré (HS), qui finalement
se transforme en sulfate de soude dans le creuset de platine où s'effectue
la fusion, soit que le principe sulfuré, ou mieux le gaz sulfureux, passe
à travers le platine devenu poreux par l'incandescence, selon une très
remarquable observation de M. H. Sainte-Claire Deville, soit, comme le
pense M. Debray, que l'acide sulfureux pénètre dans la masse en fusion à
travers l'issue que laisse toujours le couvercle des creusets.
» En résumé, tandis que, parla méthode des pesées, il faut plusieurs jours
pour doser exactement le soufre contenu dans une pyrite, on arrive très
rapidement au même résultat par la méthode gravivolumétrique, puisque,
de même que pour l'analyse des eaux séléniteuses, il est possible d'accom-
plir par cette nouvelle méthode deux dosages de sulfates en moins de trente
minutes une fois que la solution pyriteuse est effectuée.
» En terminant, je signale à l'Académie le concours que m'a prêté dans
ces recherches M. Rivage, préparateur à l'École des Sciences de Rouen ».
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la formation du nitrate de tétraméthylammonium.
Note de MM. E. Ddvillieb et A. Bcisine.
« Juncadella (' ) a indiqué, pour préparer la méthylamine, de faire réagir
en vase clos, à ioo°, sur le nitrate de méthyle, une solution alcoolique
d'ammoniaque.
(') Comptes rendus, t. XLVIII, p. 349; iSSg.
( 873 )
» Nous remplaçons clans cette préparation la solution alcoolique d'am-
moniaque par une solution d'ammoniaque dans l'esprit de bois. On évite
ainsi l'action de l'alcool ordinaire sur l'azotate de niéthyle, qui pourrait,
dans les conditions où nous opérons, donner naissance à une petite quan-
tité d'azotate d'éthyle et par suite à de l'éthylamine.
)) Dans ces conditions, en prenant i"""' d'azotate de méthyle pour i"""'
d'ammoniaque, il se forme surtout de la monoméihylamine, une petite
quantité de diméthylamine et seulement une trace de trimétbylamine.
Nous avons constaté qu'il se formait en outre une petite quantité de
nitrate de tétraméthylammonium.
» En faisant réagir le nitrate de méthyle (i"""') sur la monométhylamine
( 1'"°') en solution dans l'esprit de bois, dans le but de préparer de la dimé-
thylamine, nous avons constaté qu'il restait la moitié environ de la mono-
méthylamine non transformée, qu'il ne s'était formé qu'une petite quantité
de diméthylamine et de trimétbylamine, et que le produit principal de la
réaction était du nitrate de tétramétbylammonium.
» En faisant de même réagir le nitrate de méthyle sur de la diméthyla-
mine, nous avons constaté qu'il ne se formait que peu de trimétbylamine
et que le produit principal de la réaction était encore du nitrate de tétra-
méthylammonium.
» Nous sommes parvenus à isoler le nitrate de tétramétbylammonium qui
se forme dans ces réactions, en opérant de la manière suivante.
» Après avoir chassé des produits de la réaction les bases volatiles,
par une ébuUition en 'présence d'un excès de potasse, on neutralise
exactement le résidu par l'acide sulfurique et on concentre. Par refroi-
dissement, le salpêtre et le sulfate de potasse se déposent. On les sépare, on
concentre fortement l'eau mère et on la traite par deux fois son volume
d'alcool ordinaire bouillant; le nitrate et le sulfate de potasse, insolubles
dans ces conditions, se précipitent. On filtre, on concentre fortement la
liqueur alcoolique, puis on reprend le produit par son volume d'alcool
absolu bouillant, qui laisse insolubles les dernières traces de sulfate de
potasse. Par refroidissement, la solution alcoolique laisse déposer de
grandes lamelles traversant toute la liqueur. Ces lamelles sont purifiées par
une cristallisation dans l'alcool ordinaire. Elles ne renferment pas d'eau de
cristallisation; elles briàlent sans laisser de résidu, avec une flamme jau-
nâtre, caractéristique des produits nitrés; elles peuvent être séchées à
l'étuve à i3o° sans s'altérer. Enfin la potasse bouillante est sans action sur
( 874 )
elles. Soumises à l'analyse, elles fournissent des nombres qui correspondent
à la composition du nitrate de tétraméthyiammonium.
» En outre, en traitant une solution aqueuse concentrée de ce sel par
du chlorure de platine en excès après addition d'acide chlorhydrique, il
se forme immédiatement un précipité jaune cristallin peu soluble dans
l'eau. Celui-ci est séparé, lavé avec un peu d'eau et redissous dans l'eau
bouillante. Par refroidissement lent, il se dépose de beaux cristaux d'un
rouge orangé, en octaèdres réguliers, en tout semblables au chloroplatinate
de tétraméthyiammonium décrit par Hoffmann. Soumis à l'analyse, ils ré-
pondent à la composition de ce sel.
» Le nitrate de tétraméthyiammonium que nous avons obtenu est un
sel non déliquescent, excessivement soluble dans l'eau, peu soluble dans
l'alcool (i partie de ce sel se dissout à ii° dans 3o,5 parties d'alcool à
g4 pour loo). Il est plus soluble dans l'alcool bouillant, d'où il se dépose
par refroidissement en grandes lamelles traversant tout le vase.
» On voit, d'après ce qui précède, que le nitrate de méthyle ne peut
fournir avantageusement que la monométhylamine et le nitrate de tétra-
méthyiammonium; quant à la diméthylamine et à la triméthylamine, on ne
peut les obtenir par ce procédé qu'en petites quantités.
» Nous avons séparé les bases volatiles formées dans ces réactions par
le procédé général que nous avons indiqué précédemment ('). »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur tes alcaloïdes naturels et mjdriatiques de la Bella-
done, du Datura, de la Jusquiame el de la Duboisia. Note de M. A.
Ladenbcrg, présentée par M. Friedel.
« On peut extraire de la belladone au moins deux alcaloïdes; l'un est
celui connu sons le nom d'atropine^ qui a été obtenu pour la première
fois à l'état de pureté par Meyn, et pour lequel Liebig a établi la formule
exacte C"H"AzO'. Il forme de beaux prismes, fondant de ii3°,5àii4°,
et est caractérisé surtout par un sel d'or fondant de i35° à 13^°, qui ne
possède aucun éclat, et que M. de Planta a eu entre les mains à l'état de
pureté.
» M. Rraut et M. Lossen ont trouvé, presque simultanément, que l'atro-
(') Comptes rendus, t. LXXXIX, p. 48; 187g.
(875 )
pine peut èlre dédoublée en iropine C'H'*AzO et acide tropique C*ïl*° O" ,
et j'ai réussi l'année dernière à reconstituer la base au moyen de ces deux
constituants.
» Outre l'atropine, la belladone renferme aussi de V liyosciamine , dont
les propriétés seront indiquées plus bas. Mais ce deuxième alcaloïde n'y
est contenu qu'en petite quantité, de telle sorte qu'il est difficile de l'isoler.
Il est connu dans le commerce sous le nom d'atropine légère, à cause de
son faible poids spécifique.
» Le Datiira stramonium renferme principalement ce dernier alcaloïde,
l'hyosciamine. Une comparaison attentive, dont je ne puis donner ici le
détail, et que j'ai faite en collaboration avec l'un de mes élèves, M. G. Meyer,
a démontré l'identité de la daturine avec l'hyosciamine.
» Outre l'hyosciamine, le Datiira paraît renfermer aussi de l'atropine,
quoique je ne sois pas encore parvenu à en extraire cet alcaloïde dans un
état complet de pureté. On peut, du reste, trouver dans le commerce de
l'atropine impure, provenant du Datura, sous le nom de dalurine lourde.
Celle-ci fond vers ii3° et fournit un sel d'or fondant de i35° à 148°,
qui est à la vérité encore brillant et dont j'ai pu extraire le sel d'or
de l'hyosciamine. Si donc l'existence de l'atropine dans le Datura
n'est pas absolument démontrée, les faits tendent pourtant à la faire
admettre. C'est ainsi, par exemple, que l'on peut se procurer chez
Trommsdorff d'Erfurt, sous le nom de daturine, un alcaloïde qui n'est autre
chose que de l'atropine pure. Les observations de M. E. Schmidt [Berichte
der deutschen cliemischen Gesellschaft , 1880) parlent aussi en faveur de
la présence de l'atropine dans le Datura stramonium.
» La jusquiame renferme aussi deux alcaloïdes, qui tous deux étaient
à peu prés inconnus au point de vue chimique jusque dans ces derniers
temps.
» J'ai étudié avec soin l'un d'eux, que j'appelle hyosciamine. A l'état de
pureté, il forme de petites aiguilles fondant à 108°, 5. Il se sépare néanmoins
parfois de ses solutions sous la forme d'une gelée qui ne cristallise que peu
à peu. Ses réactions le rapprochent beaucoup de l'atropine, avec laquelle
il est isomérique; il s'en distingue surtout parce qu'il fournit un sel d'or
fondant à iSg" et présentant un vif éclat. La baryte transforme facilement
l'hyosciamine en tropine C'H'^AzO et acide tropique CH'^O', et j'ai pu
démontrer complètement l'identité de ces produits de dédoublement avec
ceux provenant de l'atropine. Ce qui est décisif, entre autres, c'est la for-
mation artificielle de l'atropine, qui réussit facilement lorsqu'on fait chauffer
(876)
longtemps le mélange de ces produits au bain-marie avec de l'acide chlor-
hydrique étendu. L'hyosciamine agit sur la pupille en général comme
l'atropine; il doit pourtant exister des différences d'action ; on ne com-
prendrait pas sans cela l'emploi de la duboisine alcaloïde dont il sera
question plus bas.
» Le deuxième' alcaloïde contenu dans la jusquiame est décidément
différent de l'atropine et se caractérise surtout à l'aide du sel d'or qui se
dépose en cristaux brillants fondant à 200°. Je ne puis encore rien dire
des propriétés et de la composition de cette base.
» Je n'ai pu extraire jusqu'ici de la Duboisia myoporoides qu'un seul
alcaloïde, dont j'ai réussi à démontrer l'identité avec l'hyosciamine. Il est
donc probable que l'hyosciamine ou daturine légère du commerce pourra
rendre les mêmes services que la duboisine dans le traitement des maladies
des yeux. »
CHIMIE AGRICOLE. — De l' existence de T ammoniaque dans les végétaux.
Note de M. H. Pellet.
« Depuis un grand nombre d'années, il a été publié par divers savants
des analyses plus ou moins complètes des végétaux, dans lesquelles nous
n'avons pas vu figurer l'ammoniaque. Cependant, pour la betterave, la ques-
tion a été discutée, , et il est reconnu aujourd'hui que cette racine en ren-
ferme de petites quantités. Les doses indiquées pour loo^'' de matière
normale correspondent à 0,01 5 en moyenne d'ammoniaqne.
B Or, à propos d'analyses d'engrais dans lesquelles on devait doser l'am-
moniaque en présence d'un excès d'acide phosphorique libre ou à l'état de
superphosphate de chaux, nous avons été aoienés, avec M. Marchais, à re-
chercher si le phosphate ammoniaco-magnésien était entièrement décomposé
par la magnésie en présence de l'eau dans l'appareil ordinaire de Boussin-
gault usité pour le dosage de l'ammoniaque. Nous avons reconnu en effet
que ce sel cédait totalement son ammoniaque, que les pertes constatées
dans l'analyse des engrais ammoniacaux et superphosphates avaient pour
cause la saturation incomplète de l'acidité par la magnésie en poudre, et
qu'il fallait, avant de procéder au dosage de l'ammoniaque par la magnésie,
saturer par de la soude faible l'acidité phophorique.
» Ayant donc à rechercher l'ammoniaque dans de la betterave, j'ai pris
la racine desséchée, que j'ai attaquée par l'eau et la magnésie. Le
( 877 )
dosage de rammoiiiaque fournissait des nombres voisins des résultats
ordinaires. Mais, en opérant sur du jus de diffusion, la dose d'ammo-
niaque pour 1006'' de sucre était plus élevée que dans le cas de l'analyse
directe sur la betterave. De plus, les dosages de l'acide phosphorique et
de la magnésie étaient dans le rapport de PhO*,2MgO. J'ai donc pensé
que tout l'acide phosphorique pouvait être combiné à la magnésie et
à l'ammoniaque pour former du phosphate ammoniaco-magnésien. Mais
la dose d'ammoniaque trouvée était beaucoup trop faible. J'ai donc cher-
ché un procédé pour estimer la quantité réelle d'ammoniaque contenue
dans les végétaux. En effet, si le phosphate ammoniaco-magnésien pur se
décompose par la magnésie, il pouvait parfaitement résister à cette action,
étant engagé dans des combinaisons organiques. Par conséquent, voici la
marche suivie. Le végétal normal ou desséché à basse température (5o°-6o°,
car, à près de 100°, le phosphate amtnoniaco-magnésien paraît perdre de
l'ammoniaque) est réduit en poudre. On en traite S^' par 200'''= d'eau et S*""
d'acide azotique pur. Laisser en contact plusieurs heures et mettre ensuite
aubain-marie pendant une heure : tout le phosphate ammoniaco-magnésien
se trouve dans la dissolution.
» On sature par 4^' de magnésie et l'on distille de manière à recueillir
loo'^''. L'acide correspond à os% 02 d'azote pour lo'^''. On porte à l'ébullilion
et on laisse refroidir avant de titrer par la soude.
» J'ai obtenu par cette méthode les résultats suivants en ammoniaque,
pour IooB^
BETTERAVES.
,.^_^_^«.^^.ii^— — _^ BLÉ.
LIN.
Graines.
I -, „ . , , Grain Grain de Farine
^^^^^^ ^ ^ i\îlCin6S S6CD6S
Feuilles sèches. 1878. 1879. , ,„ ' ordinaire. Rothamsled. ordinaire.
o",i55 oE%i6S oE%2i6 ■ oE^igG oEf,i47 oS'-.iG o^',i6 os^iSS
» BeUeraves {feuilles). — Les feuilles de betteraves que j'ai analysées
provenaient de Alt-Jaûer (Silésie). Elles ont fourni 8,9 pour 100 de ma-
tière sèche, 2,4o de cendres pour 100 de matière normale et 2,40
d'acide phosphorique pour 100 de cendres : soit o^', 057 d'acide phospho-
rique pour 100 de matière normale.
D Or, si 1006'^ de. matière sèche renferment 0,1 55 d'ammoniaque; les
S^'jQ correspondent à o6'',oi38 d'ammoniaque. Si maintenanton calculece
que les 0^,057 d'acide phosphorique doivent saturer d'ammoniaque en
supposant la formule PhO', 2MgO, on trouve oS'^,oi36.Tout l'acide phos-
phorique et toute l'ammoniaque seraient donc dans les feuilles à l'état de
G. R., 1880, I" Semestre. (T. XC, N» iS.) 1 14
(878 )
phosphate amnioniaco-magnésien. La magnésie, dans ce cas, est en excès.
» Betteraves {racines). — La moyenne des betteraves analysées a donné
17 pour 100 de matière sèche, contenant pour 100 de matière normale
0,1 13 d'acide phosphorique et o,o63 de magnésie. Ce rapport est déjà
parfaitement exact pour former le PhO% aMgO. Comme ammoniaque, en
prenant la moyenne des deux analyses, on a 0^^029, tandis que la dose ré-
clamée par oS',i i3 d'acide phosphorique correspond à oS'",027, ce qui est
peu différent. Dans la racine donc, l'acide phosphorique, l'ammoniaque et
la magnésie seraient à l'état de phosphate ammoniaco-magnésien. La ma-
gnésie peut être cependant en excès.
» Betteraves {graines). — En général, loo^Me graines de betteraves à l'état
normal renferment oS%8o d'acide phosphorique: ce qui correspondrait
à o^'', 191 d'ammoniaque. Notre moyenne fournit le chiffre o^'', 192. La
magnésie est encore en excès.
» M. Peligot,dansun Mémoire des plus importants ('), avait déjà indiqué
qu'il existait une certaine quantité de phosphate bibasique de magnésie
dans le jus de betteraves, quelle que fîit la provenance de la racine, et
qu'une notable quantité de l'acide phosphorique se rencontrait dans le jus
sous forme de phosphate ammoniaco-magnésien.
» Nos résultais montrent que tout l'acide phosphorique est à l'état de
phosphate ammoniaco-magnésien.
» Blé {grain). — L'un provient d'un achat fait à Paris, l'autre nous a été
remis par MM. Lawes et Gilbert, les célèbres agronomes anglais. L'échan-
tillon représente la moyenne de vingt années de culture (1852-1871). Dans
les blés, on peut admettre en général iS'',66 pour 100 de cendres et 45^'
d'acide phosphorique pour 100 de cendres: soit o^"", 177 d'ammoniaque et
o^'', 74 d'acide phosphorique pour 100 de matière normale. Nous avons
obtenu o^'", 16. Dans ce cas, toute la magnésie serait à l'état de phosphate
ammoniaco-magnésien. Quant à l'excès d'ammoniaque, il pourrait exister
dans le grain de blé sous forme de sels doubles de potasse et d'ammo-
niaque.
» D'après les résultats ci-dessus, l'analyse des végétaux devrait donc être
faite sur le végétal normal, et l'ammoniaque dosée, si l'on veut procéder
à quelques calculs relatifs aux groupements des acides et des bases. Ainsi^
pour le blé, en supposant que l'ammoniaque soit fixée aux cendres, sa pro-
portion représenterait 10 pour 100 du poids des cendres.
(') Comptes endus, séance du 25 janvier iS^S.
(879)
» On conçoit également toute l'importance de l'existence régulière de
l'ammoniaque dans les végétaux, ce qui permet en effet de penser que la
magnésie, l'acide phosphorique y pénètrent sous forme de phosphate ammo-
niaco-magnésien, très soluble dans tous les liquides acides extraits des
végétaux.
» On doit maintenant chercher quelle est la quantité d'ammoniaque que
renferment tous les végétaux (tiges, feuilles, racines, grains) et si la dose
en est modifiée par l'addition d'ammoniaque dans les engrais, ou d'azote
sous diverses formes. Nous aurons l'occasion, du reste, de soumettre pro-
chainement à l'Académie de nouveaux résultats sur ce sujet. »
PHYSIOLOGIE. — De quelques faits relatifs à la digestion gastrique des poissons.
Note de MM. Ch. Riciiet et Mourrut, présentée par M. Vulpian.
« Nos recherches ont porté sur les poissons du genre Scyllium et sur la
Baudroie [Lophia piscalorius). Nous avons constaté que l'activité digestive
de la muqueuse stomacale n'est pas comparable chez ces divers poissons.
Alors que 5e'" de l'estomac d'un Scyllium digèrent facilement en quelques
heures 6^'' de fibrine, c'est à peine si 40^"' de la muqueuse de la Baudroie,
convenablement acidifiée, peuvent agir sur 3s' de fibrine. Au bout de douze
heures, la fibrine est encore à l'état de fibrine dissoute, non peptonisée
(c'est-à-dire précipitant par l'acide azotique). Cette expérience ayant été
souvent répétée dans des conditions variées avec les mêmes résultats, il est
permis de conclure qu'il existe chez les divers poissons, comme dans les
autres classes de Vertébrés, de très grandes différences pour la richesse en
pepsine de leur muqueuse stomacale.
» L'acidité des liquides contenus dans l'estomac est extrême, ainsi que
l'un de nous a déjà eu l'occasion de le constater [Comptes rendus, 1878,
t. LXXXVI, p. 676). Cette acidité varie de 68'' à la^'' en poids de HCl par
litre. Un Scyllium pesant 'j^^ contenait dans son estomac 45oB' de matières
pulpeuses, à demi digérées, dont l'acidité totale répondait à ^^',5'j de HCl,
c'est-à-dire environ oS'',5 de HCl par kilogramme de l'animal. Dans d'autres
expériences, nous avons trouvé des chiffres analogues. Ainsi, d'une manière
absolue, comme par rapport au poids de l'animal, la quantité de l'acide
sécrété est très considérable.
» Cette acidité est plus grande pendant la digestion, et, lorsque l'animal
est à jeun, c'est à peine si l'on trouve dans l'estomac quelques gouttes d'un
( 88o )
mucus faiblement acide, rougissant à peine le tournesol. Si d'ailleurs on
expose à l'air et à la chaleur le mélange alimentaire et pulpeux de la cavité
stomacale, on constatera une augmentation de plus du double de la richesse
acide du mélange.
» Pour apprécier comparativement la richesse en pepsine des sucs gas-
triques, soit mélangés aux aliments, soit obtenus par macération de la mu-
queuse, nous avons fait un grand nombre de digestions artificielles com-
paratives. Ces expériences nous ont donné les résultats suivants.
» i°Dans un milieu neutre, il n'y a pas de digestion, mais seulement
putréfaction.
» 2° Si l'acidité est trop considérable, soit de aS^'' de HCl par litre, la
transformation de la fibrine en peptone ne peut plus s'opérer.
» 3° Le liquide alimentaire (suc gastrique mixte) agit d'autant mieux
qu'il est moins purifié. Non décanté, il agit mieux que décanté, et surtout
le liquide filtré est beaucoup moins actif que le liquide non filtré, simple-
ment décanté. Il semble que la pepsine ne puisse passer facilement à tra-
vers le filtre. Peut-être n'existe-t-elle pas à l'état de dissolution, mais
est-elle seulement contenue dans des cellules glandulaires, incomplètement
désagrégées.
» 4° Ss'^du suc gastrique mixte peuvent, dans l'espace de trois ou quatre
heures, transformer complètement en peptone 6^' de fibrine. En prenant
i^'' de muqueuse stomacale, en la broyant avec de l'eau acidifiée, on a un
extrait qui peut peptoniser en trois ou quatre heures 68' de fibrine. Par con-
séquent, la muqueuse de l'estomac peptonise durant un très court espace de
temps six fois son poids de fibrine.
» 5° Si, en dehors de l'état de digestion, on recueille le mucus acide
contenu dans l'estomac, on constate que, même après avoir été convenable-
ment acidifié, c'est un liquide peu actif et peu riche en pepsine, alors
que dans l'état de digestion le contenu stomacal est toujours très riche en
pepsine. Il y a donc sur ce point analogie complète entre ce qui existe
chez les Vertébrés supérieurs et chez les poissons.
» 6° La température augmente la rapidité des peptonisations. Cepen-
dant, à des températures relativement basses, le suc gastrique de poisson
peptonise la fibrine. A la température de 12°, 1^^ de muqueuse stomacale
macérée dans 40^'' d'eau acidulée a peptonise en cinq heures 3^'' de fibrine.
A la même température, os%02 de pepsine de porc très active n'ont pas eu
d'aclion digestive bien manifeste.
» 7° Si l'on compare le suc gastrique de poisson à du suc gastrique de
( 88i )
chien, on voit qu'on ne peut établir de rapport exact entre eux que pour
une température délerminée. A /\o", du suc gastrique de chien l'emporta en
activité sur du suc gastrique de poisson. A 3^°, ce fut le contraire.
» S" Il semble que le suc gastrique de poisson n'agisse sur l'amidon ni à
la température ordinaire, ni à 40°, ni dans un milieu acide, ni dans un mi-
lieu neutre. Peut-être est-ce k cause de l'écoulement perpétuel de salive
dans l'estomac que, chez les Mammifères, il y a saccharification des fé-
cules pendant la digestion gastrique.
» Pour faire ces diverses expériences, il est nécessaire de prendre des
animaux très frais, ou mieux vivant encore, car en quelques heures l'es-
tomac se digère lui-même, et la muqueuse stomacale a complètement dis-
paru, par suite de celte autodigestion. »
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Analyses de chlorophylle.
Note de M. Rogalski.
« J'ai trouvé, dans le n° 9 du 27 février du Botanische Zeitiing, une tra-
duction allemande du Mémoire de M. Arm. Gautier inséré dans les
Comptes rendus du 17 novembre 1879. M. Gautier y présente les résultats
d'une analyse élémentaire de chlorophylle cristallisée et fait remarquer
que les résultats auxquels il est parvenu sont à peu près identiques à ceux
de l'analyse élémentaire publiée par le professeur Hoppe-Seyler dans les
Berichte der deulschen chemischen Gesellschafl du i" septembre 1879 et
relative à un corps qu'il nomme chloroph/ltane.
» Je possède sur ce sujet des résultats personnels que je prends la li-
berté de présenter.
» J'ai donné dans ma dissertation inaugurale, intitulée /îô/e de la chloro-
phylle dans l'assimilation, datée du 3o juin 1879 et acceptée par la Faculté
philosophique de l'Université jagellane de Cracovie, des analyses élémen-
taires de chlorophylle végétale.
» Voici quels ont été mes résultats :
Première analyse.
Pour 100.
/ C 73,199820
^ , . . . H 10,5
1° Substitution organique. / , .
(g ^
2° Cendres (Ca) i ,674
( 882 )
Seconde analyse.
Pour 100.
C 72,830264
H 10, 254978
N 4,4
O „
2° Cendres i ,689
Substitution organique.
Résultats de l'analyse de M. Gautier.
Pour 100.
^ 73,97
H 9 , 80
N 4,i5
Cendre (phosphates) 1,75
0 10,33
» Si l'on considère que toutes les analyses de chorophylle faites jus-
qu'alors se contredisaient complètement, la ressemblance n'en devient que
plus frappante.
» Les résultats analytiques que j'ai obtenus sont, tant soit pen, anté-
rieurs à ceux qui furent publiés par le professeur Hoppe-Seyler et par
M. Arm. Gautier; d'autre part, l'analogie des résultats paraît indiquer
l'individualité du corps analysé.
» Quant à la méthode qui m'a permis d'obtenir la chlorophylle chimi-
quement pure, je me bornerai à indiquer que j'ai eu recours, comme
M. Gautier, à la méthode de Frémieux, basée sur l'emploi de l'alcool con-
venablement dilué. La qualité de la chlorophylle que j'ai obtenue ne diffère
point de celles que décrit M. Gautier, quoique je n'aie pas d'observations
précises sur la figure cristalline de la chlorophylle.
» La chlorophylle que j'ai soumise à l'analyse provenait du Loliitm
pereime; les résultats obtenus détruiront probablement les doutes de
M. Arm. Gautier au sujet des différences entre les chlorophylles des
Monocotylédones. »
ZOOLOGIE. — De ta formation de la coquille dans les Hélix. Note de MM. Longe
et E. Mer, présentée par M. Milne Edwards.
« La coquille des Hélix se compose de deux assises principales de nature
organique et minérale, revêtues d'une cuticule uniquement organique. La
première de ces assises est formée, en commençant par l'extérieur, d'une
( 883 )
couche à striation confuse, ayant à peu près l'épaisseur de la cuticule, et
d'une autre plus épaisse, constituée par des prismes verticaux. C'est à elle
qu'est due la coloration générale de la coquille, de même que celle des
taches et des handes. La deuxième, qui est incolore et que l'on désigne
communément sous le nom de imcrej comprend plusieurs strates de
prismes disposés horizontalement et dont les axes, dans deux couches suc-
cessives, sont à peu près perpendiculaires entre eux. La cuticule et les
assises calcaires sont produites par des régions différentes du manteau,
d'autant plus rapprochées du collier que les couches sont plus superfi-
cielles. La cuticule est formée par un appareil que nous ne croyons pas
avoir encore été décrit et que nous avons appelé appareil culogène. Il est
constitué par deux organes spéciaux, situés immédiatement derrière le
collier. L'un d'eux se compose d'un sillon auquel nous avons donné le
nom de sillon palléal, parallèle au bord du manteau et au fond duquel
viennent s'ouvrir des culs-de-sac glandulaires; l'autre, situé derrière le
premier, apparaît sur une coupe antéro-postérieure, comme un coin épi-
thélial enfoncé dans la substance du manteau. Il est constitué par de
longues cellules verticales, en forme de bouteilles, dont l'orifice s'ouvre à
la base de l'organe que nous désignons provisoirement sous le nom d'organe
épilhélial. Ces cellules renferment des granulations isolables dans la po-
tasse et un noyau situé à leur partie profonde. On doit les regarder comme
des cellules épithéliales différenciées.
» L'appareil cutogène existe déjà chez l'embryon renfermé encore dans
les enveloppes ovulaires. A cette époque, la coquille est déjà pourvue
d'une cuticule. Il subsiste pendant toute la durée de la croissance du jeune
Hélix; l'organe épilhélial s'y montre sous l'aspect d'un liséré blanc, con-
tournant le bord du manteau. Chez l'adulte, il disparaît et se trouve rem-
placé par le tissu du manteau. Les cellules à long col se transforment en
cellules épithéliales ordinaires, pouvant produire de la nacre. Le sillon
palléal subsiste toujours, au contraire, mais les culs-de-sac glandulaires
qui en garnissent le fond s'atrophient peu à peu. La conséquence de cette
disparition et de celte atrophie est qu'une cicatrice de la coquille ne peut
pas plus se recouvrir de cuticule dans cette région que dans les autres
parties du manteau, tandis que cela a lieu lorsque l'animal est encore dans
sa période de croissance.
» D'après nos observations, le rôle de l'appareil cutogène serait le sui-
vant.
» Les glandes du sillon palléal sécrètent du mucus, peut-être cette
( 884 )
substance que les chimistes ont trouvée associée au calcaire des coquilles
et qu'ils ont nommée conchjoline.
» Les cellules à long col de l'organe épithélial déposent ensuite dans la
membrane émanée du sillon palléal les granules qu'elles renferment. La
cuticule est le résultat de celte double sécrétion. Ce qui nous autorise à
penser qu'il en est ainsi, c'est que, lorsqu'un jeune Hélix accroît sa co-
quille, on le voit appliquer intimement le bord du manteau contre la partie
formée en dernier lieu, de manière que l'appareil cutogène affleure cette
partie. Au-dessus du sillon apparaît bientôt une membrane dépourvue de
calcaire. L'animal est si adhérent à la coquille, qu'il ne réagit pas contre de
légères excitations qui, en d'autres moments, l'y feraient rentrer immédia-
tement. On peut parfois arriver à le tuer dans cette position et à pratiquer
des coupes antéro-postérieurcs intéressant à la fois l'appareil et la cuticule
en formation. Dans quelques-unes de ces coupes, nous avons vu une trai-^
née de matière sortir du sillon et s'imprégner, au-dessus de l'organe épithé-
lial, de granulations échappées des cellules de ce dernier, dont le rôle
semblerait être de consolider la membrane sécrétée par les culs-de-sac
glandulaires.
» On sait que le principal caractère des Hélix adultes consiste dans le re-
dressement du bord de la coquille sous forme de visière. D'après ce qui
précède, ce redressement s'explique de la manière suivante. Après l'atro-
phie de l'organe épithélial, la portion du manteau qu'il occupait s'affaisse
et entraine dans cette dépression la partie de la cuticule qui le recouvrait.
La portion antérieure de cette membrane située au-dessus du sillon palléal,
dont le niveau n'a pas varié, se trouve ainsi relevée et ne tarde pas à être
tapissée à sa face interne par les dépôts calcaires que cette région a acquis
la propriété de sécréter.
» Toutes les parties du manteau postérieures à celles que nous venons de
considérer concourent à la formation de la nacre. Quant aux formes pri-
mitives sous lesquelles se déposent les éléments constitutifs des diverses
couches calcaires, nous nous bornerons aux remarques suivantes. Si l'on
examine à plat un lambeau de la fine membrane détaché du bord d'une
coquille en voie d'accroissement, on remarque que la partie la plus récente
est formée presque exclusivement par la cuticule ; un peu plus en arrière,
celle-ci est garnie de traînées de granules sphériques ; plus loin encore ces
granules forment une couche calcaire continue tapissant la face profonde
de la cuticule. C'est d'une autre manière que, sur un jeune Hélix auquel
on a enlevé une portion de l'appareil cutogène, se constitue la couche la
( 885 )
plus extérieure au-dessus de l'endroit mutilé. On voit apparaître d'abord
des bâtonnets de nature calcaire qui se renflent peu à peu aux deux extré-
mités et prennent la forme de bissacs. Par l'addition de nouvelles parti-
cules, ces bissacs se transforment en sphères dont les dimensions aug-
mentent par dépôts concentriques à stries rayonnantes. Ces sphères
finissent par se toucher. La première assise calcaire se forme donc diffé-
remment suivant qu'elle se trouve à nu ou abritée par la cuticule. C'est aussi
sous l'apparence de bâtonnets et de sphères que, chez l'adulte aussi bien
que chez le jeune, se déposent les éléments de la couche la plus extérieure
dans les fragments cicatriciels consécutifs aux dénudations. Il en est de
même dans les épiphragmes, avec cette différence qu'aux sphères à couches
concentriques viennent se mêler des granulations déversées par les glandes
à calcaire du collier. Nous nous sommes assurés que les cicatrices de la
coquille se forment même quand la partie dénudée est recouverte immé-
diatement par un fragment correspondant à celui qui a été enlevé. De
fines lames de mica introduites entre la coquille et le manteau se sont ta-
pissées, à la face interne, d'un dépôt calcaire. »
M. Cii. Antoine adresse un Mémoire sur « les propulseurs hydrau-
liques )) . (Ce travail est destiné à compléter un premier Mémoire présenté le
1 1 avril I 870.)
M. Ch. Trémaux adresse une Note sur la réductibilité au nombre de
vingt et un des trente-six coefficients des équations de l'élasticité de Pois-
son.
L'auteur appuie sa démonstration sur la nécessité, pour l'expression du
travail, d'être une différentielle exacte.
M. Ch. Stewart adresse la description d'une lampe électrique.
M. J. LipPMAKN adresse une Note relative à des expériences d'attraction
électrique.
M. G. Babitscheff adresse une Note sur la transformation de la chaleur
en électricité.
M. A. Braciiet adresse une Note sur la reproduction du diamant.
C. U,, itSo. 1" Semestre. (T.XC, N ^^ IS.) * ' ^
( 886 )
A 4 heures un quart, l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 4 heures et demie. J B.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQCE.
Ouvrages KEçns dans la séance dd 5 avril i88o.
Sur la possibililë de la navicjalion commerciale dans la mer glaciale de Sibérie.
Mémoire soumis à S. M. le roi de Suède et de Norvège; par A.-E. Nouden-
SKIÔLD. Stockholm, Bokfryckeriet, 1879; in-8°.
Les lois de la circulaiion du sang ; par B.. Pidoux. Paris, Asselin etC'*, 1879;
in -8".
De la gourme ou variole du cheval ; par M. Trasbot. Paris, G. Masson,
1880; in-8°.
La médecine du Thalmud ou tous les passages concernant la médecine extraits
des vingt et un traités du Thalnmd de Babylone ,• par le D'' Rabbinowicz. Paris,
chez l'Auteur, 1880; in-8'^. (Présenté par M. le baron Larrey.)
Les moteurs animés des armées; par A. Sanson. Versailles, Cerf et C",
1819-, br. in-8<'. (Extrait de la Philosophie positive.)
Revue géologique suisse pour Vannée 1879; par E. Favre. Genève, H.
Georg, 1880; in-8°.
Les échanges internationaux littéraires et scientifiques ; par Alph. Passier
(1832-1880). Paris, A. Picard, 1880 ;br. in-8°.
Note sur l'action physiologique et thérapeutique de la carica-papaya ; par
le ly MoNCORVo, traduit du portugais par le D"' E. Mauriac, Bordeaux,
impr. Gounouilhou, 1880 ; br. in-8°.
Recherches sur les variations de la scintillation des étoiles selon l'étal de l'atmo-
sphère. — Description d'un nouveau scintillomètre et recherches sur la scintilla-
tion des étoiles. — De l'injluence des aurores boréales sur la scintillation des
étoiles. — Recherches sur les changements de couleurs qui caractérisent la scin-
tillation des étoiles de teintes rouge et orangée, ou du troisième type. — Notice
sur les variations d'intensité de la scintillation. — Notice sur la scintillalion de
l'étoile principale de "^ d' Andromède. — Sur la prédominance de la couleur bleue
dans les observations de scintillation, etc. — Disposition expérimentale appliquée
( 887 )
à l'élude des étoiles colorées ; par M. Ch. Montigny. Bruxelles, impr. F.
Tlaypz, 1876-1879; 8 hr. in-S".
BiilleUiiio di bibliografia e di storin délie Scienze mateinaticlie e juiche,
pubblicato da B. Boncompagni ; t. XII, novembre 1879. Roma, 1879;
in-4". (Présenté par M. Chasles.)
Sailincj directions for (lie coast of Ireland, Part IL — Sailing directions for
llie Bristol Cliannel. — The China sea directory, vol. II. — Juslralia direclory,
vol. II. — Tide tables jor the Brilish and Irish ports for the year 1880. —
A dniirnllj catalogue ofcharts, plans and sailing directions. — The Admirallj
list oflights on the coasis and lakes of British North America, 1 880. — The admi-
raltr list of lights in the TFest-India islands and adjacent coasis, 1880. — The
ndmiralty list of lights on the West, South, and South-East coasts of Jfrica,
Madeira, Canary islands, etc., 1880. — The admiralty list of lights in South
America, Western coast of North America, Pacific islands, etc., 1880. — The
admiralty list of lights in South Jfrica, East-Indies, China, Japan, Australia,
Tasmania and New-Zenland, 1880. — The admiralty list oflights on the norlh
and west coasts of France, Spain and Portugal, etc., 1880. — The admiralty
list oj lights in the M éditer ranean, Black and Azof seas, and gulf of Suez,
1880. — The admiralty list of lights in the Brilish islands, 1880. — The admi-
ralty list of lights in the North sea {Belgium, Rolland, Denmark, Germany,
Russia, Sweden, Norway), tlie Baltic and ihe While sea, 1880. — The admiralty
list oflights in the United States of America, 1880. London, George E. Etre
and W. Spottiswoode. 1879-1880; 16 vol. ou br. in-8'\ avec 35 cartes
grand aigle.
Memorie délia reale Accademia délie .Scienze di Torino, t. XXXI. Torino,
Paravia, 1879; in-4°.
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
SÉANCE DU LUNDI 19 AVRIL 1880.
PRÉSIDENCE DE M. EDM. BECQUEREL,
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
MÉCANIQUE. — Du problème inverse du mouvement d'un point matériel
sur une surjace de révolution ; par M. H. Resal.
« Étant données une surface de révolution et une courbe tracée sur cette
surface, la courbe peut être considérée comme étant décrite par un point
matériel m qui se déplace sur la section méridienne en même temps que
le plan méridien tourne autour de l'axe de révolution. Il y a évidemment
entre ces deux mouvements une certaine dépendance, qui se déduira de ia
nature même de la courbe donnée.
» Nous pouvons supposer que la mas.se du point décrivant est égale à
l'unité, pour ne pas nous embarrasser d'un facteur commun qui disparaî-
trait dans les équations finales.
» Proposons-nous maintenant de déterminer les conditions que doivent
remplir les composantes, suivant la méridienne et la tangente au paral-
lèle, d'une force capable de faire décrire au mobile, dans son double mou-
vement, la courbe donnée. (Il n'y a pas lieu de s'occuper de la composante
normale, qui est complètement arbitraire, pourvu qu'elle soit suffisante
pour maintenir le mobile sur la surface.)
C. R., 1880, \" Semestre. (T. XC, N" IG.) I l6
( 890 )
» Parmi tous les systèmes de ces composantes, dont le nombre satis-
fait aux conditions qu'il s'agit de trouver, il y en aura un qui sera plus
simple que tous les autres, et c'est ce système qu'il conviendra de choisir.
» On évaluera ensuite la composante géodésuiue (perpendiculaire à la
vitesse dans le plan tangent), dont on déduira la position du plan oscula-
teur, et par suite le rayon de courbure de la courbe donnée.
» Emploi des coordonnées sphériqites. — Soient
Oz l'axe de révolution;
0/ la perpendiculaire en un point O de cet axe comprise dans le plan
du méridien mobile;
<\i (longitude) l'angle formé par O/, avec l'une de ses positions anté-
rieures bien définie O 7^0 ;
m la position du mobile correspondant à la longitude ^, à la latitude
0 = mOf et au rayon vecteur v = Om ;
ml = rcosQ le rayon du parallèle passant par m ;
d(7 = \/di.'- -h v^dô- -\- ■o^cos-Q di])- l'arc élémentaire de la section méri-
dienne;
(Z l'angle formé par la normale à cette courbe avec Om, donné par
, , 1 rlr
(0 t^"g* = -r;?o-
» Soient, de plus,
R le rayon de courbure de la section méridienne;
J l'intersection de la méridienne avec Ojr;
T, P les composantes de la force extérieure estimées suivant la méridienne
dans le sens de dQ et la tangente au parallèle dans le sens de ^.
)) Nous avons
(2) mij = 0 -^ Ç)0°— u.
» Si entre les équations de la courbe donnée on élimine successivement
CD et 7', on obtiendra deux relations de la forme
(3) r=F{ô),
(4) '^==f{0),
dont la première n'est auli'e chose que l'équation polaire de la courbe
méridienne.
» L'accélération relative de m est ~- Les accélérations apparentes dues
- 1 . dii
a la rotation — J-sont :
(il
( 89' )
» i'' L'accélération cenliifiige
[a] ^cos6-^,
dirigée suivant ïm ;
)) 2° L'accélération tangentielle d'entraînement changée de sens
{b) vCOSÔ^,
dont la direction est opposée à celle de P ;
» 3° L'accélération centrifuge composée, due à la vitesse relative pro-
jetée sur le plan de l'équateur
(l.ml f/tGos9
lù
4o
i4 2,55 87 o>'72
18 2,10
» La décomposition s'est faite d'abord proportionnellement au temps,
d'après la formule;- = — 0,094 t -f- 3,85 ; laquelle représente les observa-
lions (lu premier mois, aussi fidèlement du moins qu'on pouvait l'espérer,
étant données les variations de la température ambiante. Mais, à partir de
ce terme, la réaction s'est ralentie déplus en plus : son accomplissement
n'aurait pas été terminé même au bout de deux années, ainsi qu'il résulte de
mes observations sur d'autres échantillons, préparés en décembre iS'yy.et
qui renferment encore de l'eau oxygénée. Cependant, au bout d'un temps
plus long encore, toute l'eauoxygénée finit par disparaître, comme le prouve
l'examen d'échantillons plus anciens.
» Ce même ralentis^ement avec la dilution peut être manifesté en
étendant d'eau une solution donnée d'eau oxygénée. Ainsi une liqueur
renfermant a^^io d'oxygène disponible a été étendue avec 20'°' d'eau,
C. R., 1880, I" Semestre. (T. XC, N" 16.) ' ^7
( 898)
c'est-à-dire réduite au titre de 0,100 par litre. Au bout de trente-six
jours, la liqueur concentrée était tombée à 0,400, tandis que la liqueur
diluée n'avait pas varié notablement. Au bout de soixante-neuf jours la
liqueur concentrée était réduite à 0,172; la liqueur diluée à 0,088 seu-
lement.
» 2. La décomposition de l'eau oxygénée pure ou très concentrée est au
contraire beaucoup plus rapide que ne l'indiquerait une simple propor-
tionnalité avec le temps de la conservation. Pendant une certaine période
consécutive il y a proportionnalité, c'est-à-dire que la courbe figurative
du phénomène se confond avec sa tangente; puis la réaction se ralentit,
en suivant une marche asymptotique.
» Ces relations se retrouvent dans l'élude de l'ozone. Par exemple, un gaz
sec renfermant SS^^r d'ozone au litre a perdu 24"^" en vingt-quatre heures.
Une fois réduit à 22™»% il s'est transformé proportionnellement au temps
pendant deux semaines, ce qui l'a réduit à 4'"^'^ ; P"is l'action s'est ralentie
de plus en plus. Après deux mois, tout l'ozone avait disparu (').
» Il est probable que ce sont là des relations générales pour toute dé-
composition exothermique, lentement effectuée dans un milieu homogène.
» 3. La vitesse même de la transformation varie d'une façon extraordi-
naire, avec la présence des substances étrangères contenues dans la liqueur.
Par exemple, une liqueur renfermant 1^^,66 d'oxygène actif au litre, et dont
l'acidité, presque insensible, était due à oS'',oog d'acide chlorhydrique
(associé à quelques milligrammes de chlorure de baryum), s'est décom-
posée d'abord suivant la loi suivante, vérifiée jour par jour pendant deux
mois, dans les mêmes conditions de température que ci-dessus:
j- = — o,oi82< •+- 1,66.
La loi est pareille, mais la vitesse cinq fois moindre. L'examen d'une solu-
tion analogue, rendue acide par l'acide chlorhydrique, renfermant un peu
de chlorure de baryum, et qui a été conservée pendant deux ans, a égale-
ment manifesté plus de stabilité que celui des solutions acidulées par l'acide
sulfurique.
» Au surplus, la stabilité de l'eau oxygénée ne dépend pas de son titre
( ' ) On voit par là que l'eau oxygénée est plus stable que l'ozone. L'éthcr ozone, ce com-
posé singulier qui se forme par la réaction de l'ozone sur l'éther anhydre, est plus stable
encore. J'en possède un échantillon préparé depuis deux ans et demi et qui a conservé la
propriété de fournir de l'eau oxygénée eu dose notable, lorsqu'on l'agite avec l'eau pure.
( 899 )
acide, mais de l'absence de toute trace de base ou d'alcali libre. Tandis
que la moindre trace d'oxyde précipité ou d'alcali soluble, préexistant ou
formé aux dépens du verre, en détermine la décomposition rapide; celle-ci
ne semble guère modifiée par la présence d'une dose plus ou moins no-
table d'un même acide. La nature spéciale de l'acide parait avoir plus
d'influence.
» 4. Je n'ai fait que peu d'essais sur l'influence de la température. Elle ac-
célère la décomposition de l'eau oxygénée; cette accélération étant d'au-
tant moindre, d'ailleurs, que la liqueur est plus diluée. On sait qu'une
portion très sensible d'eau oxygénée passe avec la vapeur d'eau à la distilla-
tion. J'ai vérifié encore qu'il subsiste une dose notable d'eau oxygénée dans
une solution maintenue à ioo° pendant une beure.
)) 5. Quelques mots en terminant sur la stabilité que certains composés
acquièrent sous l'influence delà dilution. Cette stabilité peut être absolue,
comme il arrive pour les hydrates, acides, basiques, ou salins, dont la for-
mation intégrale exige la présence d'une quantité d'eau déterminée ('). Il
en est de même des éthers, que l'eau tend à décomposer, mais dont le dé-
doublement se trouve arrêté à une limite moins avancée , en présence
d'un excès de l'alcool ou de l'acide entrant dans leur composition (^).Pour
d'autres composés, la décomposition, n'étant limitée par aucune influence
contraire, se trouve cependant ralentie, par suite de la raréfaction de la ma-
tière qui se décompose. Le dissolvant agit ici sur le corps dissous, comme
la diminution de pression sur les composés gazeux ('). J'ai développé ail-
leurs cette théorie, dont l'histoire de l'eau oxygénée fournit une nouvelle
application. »
MINÉRALOGIE. — Sur les terres de la samarskite. Note de M. C. Marignac.
« J'ai entrepris depuis deux ans une série de recherches sur les terres
de la samarskite d'Amérique. Je me suis astreint à suivre une marche tout
à fait systématique, qui sera très longue, mais à l'aide de laquelle j'espère,
si je puis la continuer jusqu'à son terme, reconnaître la présence de toutes
(') Essai de Mécanique chimique, t. II, p. i49 à i53.
(') J'ai établi, par de nombreuses expériences, de i854 à 1863, cette influence des pro-
portions relatives, et spécialement celle d'un excès de l'un ou de l'autre des composants sur
la limite d'équilibre des systèmes. [Voir le même Ouvrage, t. II, p. 7g à 87).
(') Essai de Mécanique chimique, t. II, p. 62.
( 900 )
les bases c\e ce groupe qui entrent, pour une proportion un peu nolable,
dans la composition de ce minéral.
» A|)rès avoir extrait les terres brutes par les procédés usuels, je les ai
l)artag(''es d'abord en plusieurs fractions par la décomposition successive
de leurs azotates par la chaleur. Chacune d'elles sera, plus tare), analysée
à son tour par d'autres méthodes.
» Pour le moment, je ne me suis encore occupé que de la portion de ces
terres dont les azotates se décomposent en dernier lieu. C'est la partie
la plus riche en yttria, c'est là aussi que se concentre presque en entier le
clidyme. En revanche, on est sur de n'y rencontrer aucune des terres dont
les azotates se décomposent facilement (erbine, ytterbine, scandine, etc.).
» Pour séparer les diverses terres qui y sont contenues, j'ai eu recours à
leur différence de solubilité dans une solution saturée de sulfate de po-
tasse. Mais, bien qu'elles présentent sous ce rapport de très grandes diffé-
rences, elles s'entraînent réciproquement en telles proportions, que ce
n'est qu'à la suite d'opérations répétées par centaines qu'on parvient à luie
séparation approximative.
» Dès le début de ce travail, on constate qu'à mesure que l'on passe
des terres les plus solubles aux moins solubles elles présentent les modi-
fications suivantes.
» D'abord d'un jaune pâle et d'un équivalent bas, voisin de celui de
l'yttria (76), elles se colorent de plus en plus en jaune orangé en même
temps que l'équivalent s'élève. La coloration atteint son maximum pour
les produits dont l'équivalent est compris entre ii3 et 118, puis elle di-
minue tandis que l'équivalent continue à croître jusqu'à 120 environ. A
partir de ce moment, la solubilité dans le sulfate de potasse décroît très
rapidement, tandis que la coloration jaune s'affaiblit et que l'équivalent
s'abaisse lentement, en se rapprochant de celui de l'oxyde de didyme (112),
tout en en restant cependant encore assez éloigné (11 5 à 116).
)) A la suite de ces observations préliminaires, j'ai partagé mes terres
en quatre poi lions :
» 1° Terres solubles dans moins de 100 parties de sulfate de potasse (' ),
et dont l'équivalent est inférieur à 119;
» 2° Terres solubles dans 100^°' à aoo''"' de sulfate de potasse et dont
l'équivalent varie de 1 19 à 120.
(') J'entends par là que i^"' de terre demeure en dissolution dans moins de loo" de
solution saturée.
( 90' )
» 3° Terres fort peu solubles dans le sulfate de potasse; équivalent com-
pris entre 1 19 et 1 15.
» 4" Terre à peu près insoluble. C'est l'oxyde de didyme, mais retenant
énergiquemeiit une certaine quantité des terres précédentes. J'ai poussé
l'extraction de celles-ci jusqu'au point où la solution saturée de sulfate de
potasse, dans laquelle le sulfate didymo-polassique venait de se former,
ne retenait plus que ^-ô^ôû *^'^ terre. Malgré cela l'oxyde de didyme était
loin d'être complètement débarrassé de ces terres.
» Reprenons successivement les trois premiers groupes.
» I. Terres solubles dans moins de 100"°' de sulfate de potasse. — En conti-
nuant à les soumettre au même traitement, on constate que la plus grande
partie se dissout dans moins de 3o^°' de la solution. Le reste ne doit sa
moindre solubilité qu'à la présence d'une certaine quantité des terres
des groupes suivants, que l'on parvient à y faire rentrer par des opérations
multipliées.
M Quant aux terres les plus solubles, le traitement par le sulfate de po-
tasse ne réussit pas à les séparer, mais on y parvient en se fondant sur la
différence de solubilité des formiates. Je me suis assuré par ce traitement
que ce groupe ne renferme que deux terres déjà connues, l'yttria et la
terbine.
» II. Terres solubles dans iao^°' ù 200^°' de sulfate de potasse. — Si l'on con-
tinue à leur appliquer la même méthode de concentration, en rejetant soit
les parties les plus solubles, riches en terbine, soit les parties les moins
solubles, qui renferment des terres appartenant au groupe suivant, on voit
l'équivalent s'élever encore, mais très lentement. Je n'ai pu dépasser le
maximum de 120, 5.
» La terre ainsi obtenue est soluble dans 100^°' à i5o™' de la solution
de sulfate de potasse. Sa couleur, d'un jaune orangé assez pâle, n'est peut-
être due qu'à la présence d'une petite quantité de terbine que je n'ai pu
parvenir à éliminer complètement. Les sels et les solutions de cette base
sont incolores; ils ne présentent aucun spectre d'absorption; on y distingue
seulement quelques traces des raies de la'décipine et du didyme. Du reste,
tout ce que j'ai vu de ses sels ne diffère en rien de ceux des autres terres
du groupe de l'ytlria.
» Le fait du maximum que présente l'équivalent de cette terre entre
celles des deux groupes voisins prouve incontestablement son existence
comme principe distinct. Elle ne peut être confondue avec aucune de celles
qui ont été signalées jusqu'ici. Sa faible coloration, en supposant même
qu'elle lui appartienne réellement, et l'absence d'un spectre d'absorption,
( 9^2 )
ne permettent de la rapprocher que de l'ytlria et de l'ytterbine. Son équi-
valent élevé l'éloigné complètement de la première; elle diffère de la se-
conde par une plus grande énergie basique. Son azotate résiste plus à la
décomposition par la chaleur que celui de lerbine, qui lui-même se dé-
compose bien plus difficilement que celui d'ytterbine.
» Je désignerai provisoirement cette terre par ¥„; il sera temps de lui
donner un nom quand on pourra l'obtenir à l'état de pureté, et en quan-
tité suffisante pour faire l'étude de ses sels. Peut-être se trouvera-t-elle
identique avec celle dont M. Delafontaine, dans une Note récente ('), dit :
« J'examine aussi une autre base de la samarskite, qui parait se rappro-
» cher beaucoup de l'ytterbine. »
» III. lierres très peu solubles dans le sulfate de potasse. — En poursuivant
sur ces terres l'application delà même méthode de séparation, on y con-
state la présence : i° d'un peu de terbine et d'une quantité notable de la
terre précédente Y^, que l'on élimine, mais jamais complètement, en reje-
tant toujours les parties les plus solubles dans le sulfate de potasse; 2° de
l'oxyde de didyme que l'on sépare, mais incomplètement aussi, soit en
rejetant les parties les moins solubles dans le sulfate de potasse, soit en
fractionnant les produits par la décomposition partielle des azotates par
la chaleur ou par des précipitations successives par l'ammoniaque, en se
fondant sur la plus grande énergie basique de cet oxyde, et 3° enfin d'une
terre qui exige plus de 2000"°' de sulfate de potasse pour se dissoudre, qui
est presque incolore, n'offrant plus qu'une teinte légèrement saumonée
et que je désignerai provisoirement par Yp.
M Son équivalent s'était abaissé à 11 5, 6; la très petite quantité de di-
dyme qu'elle retenait (environ 3 à 5 pour 100) ne pouvait pas influer beau-
coup sur cet équivalent. Je le considère plutôt comme un maximum, en
raison de la présence de la terre précédente.
» Mais le caractère le plus essentiel de cette terre consiste dans son
spectre d'absorption. Ses solutions déterminent, en effet, dans le spectre,
particulièrement dans le bleu et le violet, des raies d'une extrême inten-
sité. D'après mes observations, complétées par celles qu'a bien voulu faire
M. Soret, ces raies correspondent tout à fait à celles que M. Delafon-
taine (^) a signalées comme caractéristiques de sa décipine, et mieux en-
core à la description plus détaillée et plus précise qu'en a donnée M. Lecoq
(') Comptes rendus, séance du 2 février 1880.
{') Comptes rendus, 28 octobre iS^SjCt plu3 tard Archives des Sciences physiques et natu-
relles., mars 1880.
( 9o3 )
de Boisbandran ('), les attribuant à l'oxyde d'un nouveau métal qu'il a
désigné sous le nom de samarium.
» Il est impossible de ne pas admettre que ces trois terres sont identiques,
au moins quant à la nature du principe qui en forme la plus grande partie
et qui détermine leur spectre d'absorption. Il serait du reste difficile de
comprendre qu'il en fût autrement, puisqu'elles ont été retirées toutes les
trois du même minéral par les mêmes procédés.
» Aussi n'aurais-je eu aucune hésitation à désigner ici cette terre sous le
nom de décipine, car il me paraît naturel de conserver le nom que lui a
donné le premier auteur de sa découverte, si elle ne présentait, compara-
tivement à la décipine telle que l'a décrite M. Delafontaine dans sa Notice
la plus récente (^), deux différences importantes dont il m'est impossible
de me rendre compte.
)) Ces différences consistent dans la coloration jaune pâle des solutions
et des sels de ma terre Yp, tandis que la décipine formerait des sels incolores,
et surtout dans l'énorme différence de l'équivalent, qui serait au moins
égal à i3o pour la décipine, tandis que je n'ai trouvé que ii5,6 pour ma
terre et que je considère même ce nombre comme un maximum.
» Ces divergences ne pourront être expliquées que par des recherches
ultérieures que je ne puis poursuivre pour le moment, n'ayant pas pour
cela une quantité suffisante de matière.
» En résumé, cette première partie des terres de la samarskite renferme
donc l'yttria, qui en est l'élément principal, la terbine, une terre nouvelle
Yot, et une petite quantité d'oxyde de didyme et d'une terre qui, si elle n'est
pas la décipine pure, en est au moins en grande partie composée. »
NAVIGATION. — Sur le canal interocéanique de Panama. Note de M. deLesseps.
« Je remercie l'Académie de l'intérêt avec lequel elle a accueilli les
Communications que j'avais prié notre confrère le baron Larrey de lui
faire pendant mon séjour dans l'isthme de Panama.
» Je me propose de soumettre très prochainement à l'Académie toutes
les études de la Commission internationale chargée de préparer l'exécution
du canal maritime interocéanique, à niveau constant, sans tunnels ni
(') Comptes rendus, i'^ février 1879 et 28 juillet 1879.
(^) Archives des Sciences physiques et naturel/es, mars 18S0.
( 9o4 )
écluses, conformément an tracé adopté par le Congrès scientifique tenu
à Paris en 1879.
M La Commission était composée de M. Dirks, ingénieur en chef du
Waterstaat de Hollande, qui a dirigé les travaux du grand canal d'Amsler-
dam à la mer; du colonel du génie américain Totlen, qui a construit et di-
rigé le chemin de fer de Colon-Aspinwal, à Panama; du général du génie
américain Wright, qui était ingénieur en chef du corps d'armée du général
Shermann pendant la guerre de sécession; de M. Boufan, ingénieur du
corps des Mines de France; de M. Dauzats, chef du hureau central des
travaux du canal de Suez; de M. Sosa et de M. Ortega, ingénieurs en chef
du gouvernement colomhien; de M. Abel Couvreux et de M. Gaston
Blanchet, ingénieurs de l'entreprise générale des travaux Couvreux,
Hersent et C'^, entreprise connue par l'exécution du canal de Suez, les
travaux de l'amélioration des eaux du Danube et l'agrandissement des
poits d'Anvers.
» Il est résulté des études sur le terrain faites par les ingénieurs de la
Commission internationale, avec le concours de praticiens sondeurs et
niveleurs, que l'exécution du percement de l'isthme ne présentera aucune
difficulté.
» La longueur du canal d'un océan à l'autre n'aura que;73'"", tandis
que le canal de Suez en a 162. On entrera du côté de l'Atlantique par
l'embouchure du rio Chagres, qui sera asséché à partir du village de
Cruces, où il débouche des montagnes, n'ayant jusqu'à la mer qu'une
pente de î4™- Dans le voisinage de Cruces, un barrage de 46™ de hanteur
sera pratiqué entre deux montagnes qui resserrent le lit du Cliagres. Ce
barrage permettra d'emmagasiner i milliard de mètres cubes d'eau dans
une large vallée entourée d'un cercle montagneux. Des rigoles d'irriga-
tion et d'alimentation apporteront l'eau aux deux villes de Panama et de
Colon, qui en sont à peu près dépourvues.
M Sur le versant de l'Atlantique, le canal maritime empruntera donc
en grande partie le lit du Chagres, où l'on a fait des sondages de 13™
au-dessous du niveau de la mer, ne reticontrant que des terrains meubles,
faciles à enlever à la drague.
» Au delà de Cruces, le canal maritime rencontre le pic de la Culebra
à traverser par une tranchée de 5'"°. Les pierres des excavations serviront
à constituer la montagne artificielle qiù formera le barrage de Cruces.
» Ce passage franchi, le canal empruntera le lit du rio Grande et aura
une magnifique sortie dans la baie de Panama.
( 9o'5 )
» J'ai l'honneur de demander à l'Académie de nommer une Commission,
à l'exemple de ce qui a été fait pour le projet du canal de Suez en iSSy.
Cette Commission sera appelée à donner son opinion sur les études qui
lui seront présentées. M. Boutan prépare son Mémoire sur la géologie de
l'isthme de Panama, en accompagnant son travail des échantillons des
divers terrains. »
NOMINATIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination de Com-
missions de prix chargées déjuger les Concours de l'année 1880.
Le dépouillement donne les résultats suivants :
Prix Lalande : MM. Paye, l'amiral Mouchez, Lœwy, Tisserand et Jans-
sen réunissent la majorité absolue des suffrages. Les Membres qui après
eux ont obtenu le plus de voix sont MM. Liouville et Yvon Villarceau.
Prix Valz: MM. Faye, Tisserand, l'amiral Mouchez, Lœwy et Janssen
réunissent la majorité absokie des suffrages. Les Membres qui après eux ont
obtenu le plus de voix sont MM. Yvon Villarceau et d'Abbadie.
Grand prix des Sciences mathénialiques. — Étude de l'élasticité d'un ou de
plusieurs corps cristallisés, au double point de vue expérimental et théo-
rique.
MM. Fizeau, Bertrand, Hermite, Cornu et Des Cloizeaux réunissent la
majorité absolue des suffrages. Les Membres qui après eux ont obtenu le
plus de voix sont MM. Puiseux et Chasles.
Prix Vaillant : MM. Ed. Becquerel, Fizeau, du Moncel, Breguet et
Cornu réunissent la majorité absolue des suffrages. Les Membres qui après
eux ont obtenu le plus de voix sont MM. Jamin et Desaius.
Prix de Statistique : MM. de la Gournerie, Lalanne, Cosson, Boussingault
et Bouley réunissent la majorité absolue des suffrages. Les Membres qui
après eux ont obtenu le plus de voix sont MM. le général Favé et Puiseux.
C. R., 1&80, I" Semestre. (T. XC, N« 16.)
18
( 9o6 )
MEMOIRES LUS.
ZOOLOGIE. — Observations sur les Mégapodes. Mémoire de M. E. Oustalet.
(Extrait par l'auteur.)
(Renvoi à la Section d'Anatomie et de Zoologie).
« Une mission qui m'a été accordée par l'École des Hautes Études
m'ayant permis de visiter les grands musées de l'Angleterre et de la Hol-
lande, j'ai pu compléter les études que j'avais entreprises sur les Galli-
nacés de la fannlle des Mégapodiidés, et j'ai reconnu que le nombre des
espèces admises par les ornithologistes modernes était trop considérable
et pouvait être réduit à vingt-cinq environ,
» En étudiant comparativement des squelettes de Talégalle, de Maléo,
de Mégapode, de Pénélope, de Pintade, j'ai constaté également que la créa-
tion proposée par M. Huxley (') d'un groupe particulier, celui des Péristé-
ropodes, embrassant les deux familles des Cracidés et des Mégapodiidés,
était pleinement justifiée, mais que les Pintades offraient avec ces oiseaux
certaines analogies de structure que le savant zoologiste n'avait peut-être
pas assez mises en lumière.
» En disséquant un Talégalle, j'ai retrouvé certaines dispositions indi-
quées par M. Garrod chez le Maléo, mais, en revanche, j'ai remarqué que
d'autres particularités dans le mode d'insertion des muscles de l'aile et
de la patte n'avaient pas l'importance zoologique que cet anatomiste avait
cru devoir leur attribuer.
» D'un autre côté, en examinant une collection envoyée récemment par
M. Bruijn, j'ai vu que le Talegallus jobiensis se trouve aussi sur le continent
de la Nouvelle-Guinée, que le Tategallus pjrrhop/ghis possède, à l'âge
adulte, une caroncule sur le devant du cou, et qu'il a toujours les narines
arrondies, le bec et les pattes beaucoup plus robustes que le Tategallus
Citvieri. Des caractères analogues, mais encore plus accentués, peuvent
être observés chez une espèce nouvelle de l'île de Waigiou, espèce que je
proposerai d'appeler Talegallits Bruiinii. Ce Talégalle de Waigiou porte
non seulement une caroncule sur le devant de la gorge, mais, sur le milieu
(') Mémoii-e sur les Alectoromorphœ, inséré dans hs Proceedings de la Société zoolo-
gique de Londres (1868).
( 907 )
du crâne, une véritable crête, qui se continue en arrière par une sorte de
caniail à double pendeloque. Il mérite d'être classé, avec le Talecjalluspyr-
rliopjgitis, dans une nouvelle subdivision du genre Talégalle, le sous-genre
JEpypodius (').
» Des découvertes récentes m'ont forcé à rectifier en partie les frontières
assignées aux Péristéropodes par M. Huxley et m'ont prouvé que la limite
septentrionale de ces oiseaux ne se confond qu'en un seul point, près
de Lombok, avec la ligne de Wallace. Considérée en général, l'aire d'ba-
bitat des Péristéropodes dessine à la surface du globe une bande s'éten-
dant entre le ao*' degré de latitude nord et le 40" degré de latitude sud,
et recoupée, dans le sens des méridiens, par deux vastes lacunes. Les
Hoccos et les Pénélopes occupent une notable portion de cette bande,
celle qui correspond à l'Amérique tropicale, tandis que les Mégapodes et
leurs alliés sont répandus sur des îles qui semblent, pour la plupart, être
des lambeaux d'un ancien continent austral. Ce qui vient à l'appui de
cette hypothèse, c'est que les Mégapodes cessent brusquement vers l'est,
dans la région où commencent les Jtlols. Vers l'ouest, les Mégapodiidés
sont encore plus largement séparés des Cracidés, mais il importe de remar-
quer que de ce côté, sur le continent africain, vivent les Numididés ou
Pintades, dont les affinités avec les Mégapodes sont plus grandes qu'on ne
le croit généralement.
» Ainsi, la distribution géographique des Mégapodiidés semble parfaite-
ment d'accord avec leurs relations zoologiques; mais, quand on étudie
l'habitat de chaque genre, ou mieux encore de chaque espèce, on constate
bien des anomalies qu'il est souvent difficile d'expliquer d'une manière
satisfaisante. Pour n'en citer qu'un exemple, on est étonné de rencontrer
aux îles Nicobar un Mégapode voisin de ceux de la Nouvelle-Guinée,
tandis qu'on ne trouve aucune forme analogue ni à Java, ni à Sumatra, ni
àMalacca. Jenepense pas, avec M. Wallace, que cette espèce ait été importée
par les Malais, mais je crois plutôt qu'elle est restée, avec le Calœnas nico-
barica, comme le témoin d'une faune disparue. Tout concourt à prouver en
effet que les Mégapodiidés représentent, parmi les Gallinacés, un type
extrêmement ancien. Ils semblent avoir retenu, dans leur mode de repro-
duction, quelques traits des Reptiles, puisqu'ils pondent des œufs d'un
(') De aÏTTuç, élevé, et Tto'oiov, support, pied. J'aurais certainement préféré le nom A^Mpy-
pus .T celui A'Mpypodius, si ce dernier n'avait l'avantage de rappeler, par sa désinence, le
mot Mégapodius.
( 9o8 )
volume extraordinaire dont ils abandonnent souvent l'incubation à l'action
des rayons solaires.
» Enfin il n'est peut-être pas inutile de rappeler que, jusqu'à ce jour, on
n'a pas encore découvert dans les terrains tertiaires de nos contrées le
moindre débris qui pût être attribué à un Péristéropode, et, à plus forte
raison, à un Talégalle ou à un Mégapode. D'après ce résultat négatif, on
peut, je ne dirai pas affirmer, mais tout au moins supposer qu'à cette
époque reculée ce type remarquable de Gallinacés était déjà étranger à
l'Europe et se trouvait confiné dans la région indo-australienne. »
MEMOIRES PRESENTES.
PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — r/(eon'e (les phénomènes capillaires (5" Mémoire);
par M. E. Roger. (Extrait par l'auteur.)
(Commissaires: MM. Jamin, Resal, Desains.)
« La première Partie de ce Mémoire est consacrée à établir les formules
générales relatives à l'attraction mutuelle de deux surfaces de révolution
ayant un parallèle commun, l'intensité des forces attractives étant supposée
décroître très rapidement à mesure que la distance augmente.
M Parmi ces fornuiies, il en est une très remarquable : c'est celle qui se
rapporte au cas où le parallèle commun est un équateur. La résultante
des attractions mutuelles pour une unité linéaire de l'équateur s'exprime
ainsi :
» Si les forces attractives décroissent assez rapidement pour qu'on
puisse réduire la résultante R à ses deux premiers termes, de l'équation
ci-dessus découlent alors des conséquences importantes :
» 1° Lorsque les trois courbures -■, t-, -j- deviennent nulles ou égales,
le second terme de R s'évanouit.
» 2° Il en est de même lorsque la courbure T- s'évanouit seule, si en
même temps n et b deviennent identiques; c'est ce qui arrive lorsque les
deux surfaces en présence se réduisent, l'une à une sphère, l'autre à un
cylindre circonscrit à cette sphère.
( 909 )
» 3° Si les courbures j-, j- sont nulles, les deux surfaces sont remplacées
par un cylindre de rayon a. La résultante R renferme alors, avec un pre-
mier terme constant, lui second terme, proportionnel à — •
» Mais ce n'est pas seulement le second terme de la résultante qui s'éva-
nouit, lorsqu'il s'agit d'un ménisque sphérique tangentiel à une paroi cy-
lindrique. Dans la deuxième partie de ce Mémoire, nous établissons que
la résultante se réduit rigoureusement à son premier terme, et, comme
le produit de la liauteur soulevée h par le diamètre D du tube est pro-
portionnel à R, il suit de là que AD est une constante.
» Cette analyse montre que le produit IiD doit être variable ou inva-
riable selon les méthodes d'expérimentation, ces méthodes influant néces-
sairement sur la forme du ménisque. Si le liquide s'élève librement dans le
tube, le ménisque tend à prendre la forme sphérique, à mesure que le dia-
mètre diminue. Mais si, comme dans les expériences de M. Simon (de
Metz), le liquide est refoulé graduellement par un appareil à air comprimé
jusqu'à ce qu'une bulle d'air s'échappe du fond du tube, les choses doivent
se passer comme si le ménisque formé par les molécules libres de se mou-
voir continuait idéalementla paroi; parsuile, le produit AD doit varier, à
une constante près et entre certaines limites d'approximation, en raison
inverse du carré du diamètre du tube.
» Dans la troisième Partie de ce Mén^oire, nous revenons sur la difficile
question de la loi d'attraction. Rectifiant une formule théorique qui n'était
qu'approchée ('), nous montrons que la loi de la raison inverse du carré
des distances trouve ici une application nouvelle, mais sous certaines
réserves que nous faisons connaître. Ces restrictions nécessaires permettent
de soupçonner, autour de chaque molécule, l'existence d'un milieu absor-
bant, de sorte que la loi d'attraction s'exprimerait ainsi :
c étant la base des logarithmes hyperboliques, i une constante arbitraire,
(') Il s'agit ici de l'équation (3) que nous avons donnée page 817 du Tome LXXVI des
Comptes rendus. On doit l'écrire ainsi :
( 910 )
Q une fonction de X. La loi de la gravitation est un cas parliculier de cette
formule générale, et correspond à Q = o. Peut-être aussi doit-on admettre
qu'il s'exerce, entre les molécules contiguës ou infiniment voisines, cer-
taines forces répulsives. La discussion des expériences montre qu'elles se
concilient, sans difficulté sérieuse, avec ces deux interprétations, qui d'ail-
leurs n'ont rien de contradictoire. »
PHYSIQUE. — Sur le gyroscope électromagnétique. Note de M. W. de Fonvielle.
(Renvoi à la Commission précédemment nommée.)
« En revenant de Londres, où j'ai été admis à l'honneur de présenter
cet appareil à la Société royale, dans sa séance du iri avril, je lis ce matin
même l'intéressante explication que M. Jamin a publiée dans le numéro
des Comptes remlus du 12 avril, afin de remplacer celle que M. Lontin et
moi avons soumise à l'appréciation de l'Académie dans la séance du
5 avril. Qu'il me soit permis de dire que nous nous serions arrêtés à
cette manière d'expliquer le phénomène qui a si vivement frappé l'alten-
tion des physiciens s'il ne nous avait été impossible d'obtenir la rotation
avec des bobines d'induction dans lesquelles le fil indiiit est très long, et
par conséquent dans lesquelles la différence que signale M. Jamin est aussi
grande que possible. Nous avons au contraire réussi avec une bobine à
fil gros, construite exprès et donnant une différence qu'on peut consi-
dérer, suivant nous, comme à peu près nulle. C'est cette considération qui
nous a déterminés à accepter l'explication que nous avons proposée et
qui à Londres n'a trouvé, au moins jusqu'à présent, aucun contradicteur.
» J'ajouterai qu'il ne faut pas s'imaginer, comme un passage de la Note
du savant professeur à lÉcole Polytechnique porterait à le croire, qu'il
faut que l'aimant soit très près du mobile. A moins qu'il ne soit très faible,
il rendrait tout mouvement impossible. J'ai démontré ce fait d'une façon
très simple, à l'aide d'un électro-aimant droit, dans une séance que j'ai
donnée dans la Bibliothèque royale, à l'issue de la conférence faite le
16 avril sur Marc-Aurèle, par M. Renan
» Je me suis également assuré que le courant direct de la pile produit
des rotations quand les interruptions sont assez fréquentes. Nous avions
déjà reconnu, M. Lontin et moi, que le courant inducteur produit des
effets analogues. »
( 9'» )
CORRESPONDANCE.
M. M. Deprez prie l'Académie de le comprendre parmi les candidats à
la place actuellement vacante dans la Section de Mécanique.
(Renvoi à la Section de Mécanique.)
M. G. Le Bon adresse des remercîmenfs à l'Académie pour la distinction
dont ses travaux ont été l'objet dans la dernière séance publique.
INI. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
Un Ouvrage intitulé « Description géologique du canton de Genève,
par M. yïlpli. Favre, pour servir à l'explication de la Carte géologique du
même auteur ».
ASTRONOMIE. — Découverte d'une comète par M. Schaberle. (Dépêche
télégraphique de la Smillisonian Institution, communiquée par M. l'ami-
ral Mouchez).
Washinglon, 7 avril 1880.
Comète Schaberle, 6 m'ril, i.!!" soir.
Ascension droite 7'' 20™
Déclinaison -h 84° 25'
\ en ascension droite : . . — So"
Mouvements {,,,.. ,„,
( en déclinaison — 4°
Queue -. 3' »
ASTRONOMIE. — Observations de la comète Schaberle faites à l'Observatoire
de Paris; par MM. Henry et M. Bigocrdan, présentées par M. l'amiral
Mouchez.
OBSERVATIONS FAITES PAR MM. HENRY A l'ÉQUATORIAL DU JARDIN.
Dates
Temps moyen
Ascension
Distance
Étoiles
1880.
de Paris.
droite.
polaire. de
comparaison
Avril 8
b m s
12. 4.55
h m s
6.54.23,94
6°5o'.24",8
a
» 12
10.34.43
6.31.26,87
9.55.45,5
h
» 16
9.89. 5
6 . 2 j . 29 , 4o
12.57.45,6
c
» Ces observations sont corrigées de l'effet de la parallaxe.
(9'2 )
Nom
de l'étoile.
Positions moyennes des cCoilcs de comparaison pour 1 880,0.
Réduction Diblaiicc Réduction
au jour. polaire. au jour.
-f-6,72 6.5o. 0,3 — 17,5
+4,48 9.55.40,3 —16,9
+ 3, ci i3. 3.12,5 — 16,3
Ascension
droite
h m s
a 979 Carrington. 6.45.44,43
b 223 Arg. Z + 80° . 6.37.59,60
d 6789 Arg. OEltzen, 6.18. 1,97
» La comète est petite, avec un noyau assez condensé et une faible
queue de 3' ou 4' de longueur.
OBSERVATIONS FAITES PAR M, BICOURUAN A l'ÉQUATORIAL UE LA TOUR DE l'OUEST.
Étoiles
log. fact. par. de compar.
Ascension Distance
Dates. Temps moyen droite polaire
1880. de Paris. apparente. log. fact. par. apparente
h ni s II m s o f »
Avril 16 i3. 2.43 6.21. 9,78 +(o,i494) i3. 1.82,7 —(0,6891) c
» 18 15.34.21 6.18.24,99 +(i,5564) 14.39.28,3 — (o,865i) d
Positions moyennes des étoiles de comparaison pour 1880,0.
Réduction Distance Réduction
au jour. polaire. au jour.
c 6789 Arg. OEltzen 6.18.1,97 +3'o3 1 3 '.' s'. 1 2 ,"5 — 16"3
d 6943 » 6.25.0,68 +2,89 i4.38.5o,2 — i5,6
Nom
de l'étoile.
Ascension
droite.
h m s
6.18.:
» La comète a un noyau brillant, comme une étoile de grandeur 1 1-12,
et une queue assez étalée, de 3' environ de longueur. »
ASTRONOMIE, — Sur les posilions des principales planètes;
Note de M. P.-E. Chase.
« Les positions des principales planètes sont indiquées plus exactement
par une simple progression harmonique que par la progression géométrique
donnée par M. Gaussin dans les Comptes rendus (séance du 8 mars, t. XC,
p. 5p.o). Si nous prenons pour base fondamentale le demi-grand axe de
Jupiter, nous avons :
Distances
Distances
D'après
Harmon:
ique.
calculées.
réelles.
M. Gaussin.
I
0,400
0,387
0,362
73"
I
0,743
0,723
0,623
7 '
-1-0,020
-G, 100
(9i3 )
Différence.
Distances Distances D après
Harmonique. calculées. réelles. M. Caussin. I. H.
p- '>o4i 1,000 1,073 4-0, o4> +0,073
- 1)734 1,524 1,848 +0,210 +0,334
I 5,ao3 5,2o3 5,483 +0,280
2 10,406 9i53g 9>445 +0,867 — 0'094
4 20,811 i9)«83 16,269 +1,628 —2,914
6» 31,217 3o,o55 28,025 + I , 162 — 2,o3o
» L'approximation de M. Gaussin relativement à la distance de Saturne
offre plus d'exactitude que la mienne; mais, pour tout autre cas, mes
chiffres sont plus près des valeurs réelles. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Remarques sur la formule de quadrature de Gauss.
Note de M. R. Kadau, présentée par M. Tisserand.
« La valeur numérique d'une intégrale étant calculée par la méthode de
Gauss, on atteint, avec n ordonnées, le degré de précision 2n — i, et, en
supposant 9 (:c) représentée par la série ^o + ^'i-^ + ^a-^'H- • • • » la formule
peut s'écrire
f
» Soit encore
on sait que les abscisses a,b,c,... sont les racines de l'équation P(x)r=: o;
la correction Sp est le coefficient de -^ dans le développement de -577^' et,
-^ — - 7 l'intégration donne immédiatement
;i-«=)P'^t«)
» Il est intéressant de rapprocher de ces résultats ceux qu'on obtient en
prenant pour abscisses les racines de l'équation (x- — i) V{x)= o. Dans
ce cas, on atteint le degré 2/^ — i avec n + i ordonnées. Le coefficient des
ordonnées (p(+i), (j>{ — i) a pour valeur R = — ^ — — -r? et, en posant
C. R., 1880, I" Semestre. (T. XC, n° IC.) I ^9
( 9'4 )
[p'( -r ) 1'
(x + i) — — , on trouve sans difficulté l'expression générale
des autres coefficients
» Ici la correction (s^) est le coefficient de ;^^ dans le développement de
p, ; . > et il est facile de voir que (sp) sera du même ordre de grandeur que
ip, mais de signe contraire; en effet (s^ étant toujours la correction de
Gauss), on a
/ X « + 1 , , {n -h iV
\^2nj — - — ^2ni [^in+2)'-
n X ... -, ^ ,2 _|_ j — I
=2n4-2)
» Il s'ensuit qu'en combinant d'une manière convenable les résultats
(G, F) tirés des deux formules on peutj annuler £o„ et diminuer fortement
les corrections suivantes; il suffit pour cela de prendre la moyenne
— Amsi, pour n = 5, les corrections seraient (en prenant pour
unité £,o) :
G +1, -4- 2,73, + 4,73, -I- 6,70, ...,
„ 66„ 6^,. 6,
* —g' —5-2,02, — ^.5,ob, —^.7,42, ...,
6G + 5F
—^ o, — o,o5, — 0,18, — 0,40,
— ~ =10,693 147 180 56, ..,
ou trouve :
Erreur.
G, 5 ordonnées o,6g3i47 15785 —2271
F, 6 ordonnées 0,69314720812 -\- 2756
6G + 5F c o / c /
0,09314710070 -f- 0014
» Gauss a donné les constantes de sa formule jusqu'à « = ■7. L'approxi-
mation qu'on obtient ainsi étant insuffisante pour certaines applications,
j'ai encore calculé ces constantes pour « = 8 et /i = g. Je les transcris ici
avec huit décimales, en même temps que les constantes delà formule complé-
mentaire pour « = 9 et 7Z = 10. Les coefficients sont donnés pour les li-
mites o et I ; il faut les doubler pour avoir les coefficients qui conviennent
aux limites — i et + i .
( 9'5 )
Abscisses pour los limites o et i . „ .„
.,„ . Coefficients.
0,01985507 0,98014493 o,o5o6i4a7
_, q, 1 0,10166676 0,89833324 0,11119052
0,23723380 0,76276620 o,i5685332
0,40828268 0,59171732 0,18134189
0,01591988 0,98408012 0,0406371g
0,08198455 0,9(801555 0,09032408
G(n=r9) ' 0,19331428 0,80668572 o,i3o3o535
0,33787329 0,66212671 0,15617354
0,5 0,16511968
I o I 0,01388889
5 O,o50I210O 0,94987900 0,08274768
F(/z=:9) 0,16140686 o,838593i4 0,13726936
0,31844127 0,68155873 0,17321426
0,5 0,18575964
(o I 0,01 1 1 I I II
o,o4o233o5 0,95976695 o.o66653oo
F(n=io) ( o,i3o6i3o7 0,86938693 0,11244467
I 0,26103753 0,73896247 0,14602134
1 0,41726052 o,58263g48 0,16376988
Abscisses (lim.± i).
dz o ; 960 28986
±0,79666648
dz 0,52553241
±0,18343464
±0,96816024
± o,836o3i 1 1
±0,6133714.3
± 0,32425342
o
± I
±0,89975800
± 0,677 '8628
± o,363i 1746
o
±1
±0,91953391
±0,73877387
±0,47792495
±0, 16527896
MÉCANIQUE. — Synchronisme électrique de deux mouvements quelconques.
Note de M. M. Deprez.
« Je me suis proposé de résoudre la question suivante, qui se présente
dans beaucoup d'applications: Étant donnés tm moteur k et un récepteur Ji
séparés par une distance quelconque, transmettre, par i intermédiaire d' un cou-
rant électrique, le mouvement du moteur A au récepteur B, comme le ferait un
axe rigide réunissant ces deux appareils, de façon que la vitesse angulaire de B
soit toujours égale en grandeur et en signe à celle de A.
» Cette question s'est présentée à moi pour la première fois lorsqu'on me
demanda de transmettre à l'intérieur du wagon d'expériences de la Compa-
gnie de l'Est un mouvement de rotation rigoureusement identiqueàceluides
roues motrices d'une locomotiveatteléeàun train dont ce wagon faisait par-
tie. On ne croyait pas à cette époque qu'il fût possible de la résoudre par l'em-
ploi de l'électricité, et je dus avoir recours à des procédés cinématiques, qui,
d'ailleurs, atteignirent le but proposé; mais l'appareil dont je vais donner
la description est incomparablement plus simple, moins coûteux et moins
encombrant que celui qui figure dans le wagon d'expériences. On ne peut
même établir à cet égard aucune comparaison entre eux.
)> Sur l'arbre du transmetteur A sont fixés deux commutateurs à inver-
(9'6)
sion de courant ; chacun d'eux renverse le courant qui le traverse deux
fois par tour, mais les positions de l'arbre correspondant à ces inversions
ne coïncident pas : elles se suivent à des intervalles d'un quart de tour, de
sorte que, si l'on désigne par -h a ou — a, et par ~{- b ou — b les deux
courants sortant de ces deux commutateurs, on dresse le tableau suivant,
qui montre la relation qui existe entre les courants a et è et les angles dé-
crits par l'arbre de A :
Courant Courant
envoyé envoyé
Angles décrits par le premier parle second
par l'arbre de A. commutateur. commutateur.
o -+-0 -h 0
1 +« -b
2
TT — « — l>
3t , i
— <7 + 0
2
M Les deux circuits qui partent du transmetteur seront donc sillonnés
par des courants dont les alternances forment quatre combinaisons diffé-
rentes à chaque tour, savoir -h a -+- b, -h a — b, — a — b, — a + b.
» Passons maintenant à la description du récepteur. Il se compose es-
sentiellement d'un aimant ou électro-aimant permanent, entre les branches
duquel se trouvent deux électro-aimants droits, susceptibles de prendre un
mouvement de rotation autour d'un axe qui coïncide avec l'axe de l'aimant.
Si l'on fait passer dans chacun des électro-aimants des courants d'égale
intensité, mais de signe quelconque, l'expérience montre que l'angle droit
formé par ces électro-aimants se place dans une position d'équilibre telle,
qu'il est bisséqué par la droite qui joint les pôles de l'aimant permanent et
qu'en outre à chacune des combinaisons de courant indiquées plus haut
correspond une position d'équilibre, et une seule, de l'ensemble des électro-
aimants du récepteur. Il résulte de là que, si l'on fait tourner l'arbre A, les
émissions de courant qui en résulteront imprimeront à l'arbre B un mou-
vement de rotation résultant d'impulsions successives, qui se renouvelle-
ront quatre fois par tour, et que le mouvement transmis en B aura exacte-
ment la même vitesse et le même signe que le mouvement de A.
» L'expérience prouve que cet appareil permet de transmettre le travail
d'un moteur d'un point à un autre avec conservation de la vitesse angiilaire{ce
que ne réalise aucun des moteurs électriques employés jusqu'à présent), cette
dernière variant de o à 2400 tours par miuute. Les courants alternatifs néces-
saires pour son fonctionnement n'ont d'ailleurs pas nécessairement une pile
pourorigine; ilspeuveutêtreengendrésparunemachinemagnéto-électrique.
( 9'7 )
» Un mouvement quelconque pouvant être considéré comme la résultante
de deux mouvements de rotation, cet appareil permet, grâce à l'adjonction
d'un mécanisme simple, de transmettre à distance un mouvement de gran-
deur et de direction quelconques, et par suite le dessin ou l'écriture. »
PHYSIQUE. — Mesure des forces électromotrices thermo-électriques au contact
d'un métal et d'un liquide. Note de M. E. Bocty, présentée par M. Jamin.
« I. J'ai mesuré les forces électromotrices développées quand deux lames
métalliques de même nature plongent dans deux portions d'un même
liquide, maintenues à des températures différentes ('). A cet effet, j'emploie
une méthode d'opposition consistant à compenser la force électromotrice
à mesurer par une dérivation variable prise sur un circuit de résistance
totale connue, traversé par le courant d'un élément Daniell. La déri-
vation comprend : i° l'appareil thermo-électrique formé de deux tubes à
expérience contenant le liquide et les lames-, ces tubes sont réunis par un
long siphon capillaire et plongent l'un dans un bain d'eau froide, l'autre
dans un bain-marie dont on fait varier la température à volonté; 2° un
électromètre de M. Lippmann sensible à 777^:513 de daniell et que l'on
ramène au zéro, dans chaque expérience, en réglant convenablement la
dérivation. Deux thermomètres sensibles donnent la température des
électrodes, et un calcul facile fournit la valeur de la force électromotrice
thermo-électrique en fraction de daniell. L'emploi de l'électromètre évite
le passage du courant dans la dérivation et la polarisation des lames, qui
en serait la conséquence.
)) En général, les deux lames ne sont pas complètement identiques, et
l'on observe une très petite force électromotrice dans un sens ou dans
l'autre quand les deux bains sont à la même température; mais, dès qu'une
différence de température s'établit, la force électromotrice varie, en géné-
ral, très régulièrement; elle revient à sa valeur primitive quand la tempé-
rature redevient la même de part et d'autre. Pour prévenir de graves irré-
gularités, il est nécessaire que les liqueurs aient été préparées avec de
l'eau distillée bien privée d'air par une ébullition récente; on doit aussi
s'abstenir d'élever la température au-dessus de 5o° ou 60° et attendre, pour
faire une mesure, que le mercure de l'électromètre se maintienne à un
(') Divers physiciens, entre autres MM. Pacinotti, Becquerel et Bleekrode ont mesuré
dans des cas particuliers, tels que celui du sulfate de cuivre, la force électroraotrice thermo-
électrique correspondant à une différence de température de 100°. Voir pour cet historique
le Journalde Physique théorique et appliquée, T. VIII, p. 343 et 344; 1879.
( 9i8 )
niveau bien fixe. L'agitation du liquide qui s'échauffe ou se refroidit est,
en effet, accompagnée de la production de forces électromotrices passa-
gères, mais parfois très considérables et qui sont, dans tous les cas que j'ai
observés, de signe contraire aux forces thermo-électriques, qu'elles mas-
quent en partie.
» II. Je n'examinerai ici que le cas d'un métal et d'un sel du même
métal en dissolution dans l'eau, et je prendrai pour type le cuivre et le
sulfate de cuivre. La force thermo-électrique est, dans ce cas, rigoureuse-
ment proportionnelle à la différence de température des deux lames et ne
varie pas sensiblement avec le degré de dilution du sel. Sa valeur moyenne
pour i" est de o"^, 000688; le cuivre chaud est à l'extérieur le pôle positif.
» Les sels de cuivre, de zinc, de cadmium, de protoxyde de fer, de sous-
oxyde de mercure, les chlorures d'or et de platine donnent aussi des
résultats parfaitement réguliers. Dans tous ces cas, le métal chaud est à
l'extérieur le pôle positif. Je résume toutes les observations dans le Tableau
suivant.
Cuivre
Zinc amalga-
mé (')
Cadmium ....
Mercure ....
Or
Ferf»)
:I,o5 à 1,5)
Métal. Liquide.
Platine Chlorure de platine
Sulfate de cuivre
Azotate de cuivre
Chlorure de zinc (D :
Sulfate de zinc
Azotate de zinc
Acétate de zinc
Chlorure de cadmium
Sulfate de cadmium
Azotate de cadmium
Azotate de sous-oxyde de mercure.
Chlorure d'or
Sulfate de fer ammoniacal
Sulfate de protoxyde de fer
Protochlorure de fer
Acétate de fer
Tartrate de protoxyde de fer
Force électromotrice
pour une différence
de température de i".
Da
o,ooo'j35
0,000688 )
0,000704 i
0,000677
o , 000696
0,000692
0,000756
0,00061 5
0,000598
0,000634
o,oooi4o
0,000024
— 0,000024
0,000000
-+- 0,000077
-f- 0,000087
— 0,000127
Moyenne
pour chaque
métal .
Da
0,000735
0,000696
0,000705
0,000616
o,oooi4o
0,000024
0,000002
(') Le zinc non amalgamé est plus ou moins hétérogène et donne des résultats irré-
guliers.
{') Les dissolutions plus concentrées présentent une particularité sur laquelle Je revien-
drai dans une Note ultérieure.
(") Les sels de protoxyde de fer doivent être soigneusement ramenés au minimum.
( 9'9 )
» Ou remarquera i° que les sels d'un même oxyde donnent très sensi-
blement le même nombre; i° que les nombres relatifs au cuivre et au zinc
amalgamé sont à peu près identiques, d'où ce fait, connu depuis longtemps,
que la force électromotrice d'un élément Daniell demeure invariable quelle
que soit la température : en effet, les forces électromotrices développées
aux deux pôles agissent en sens contraires pour modifier de quantités égales
la force électromotrice du couple.
» III. On ne retrouve pas la régularité des expériences qui précèdent
lorsque c'est le métal froid qui est à l'extérieur le pôle positif. Les métaux
jouissant de cette propriété sont souvent attaqués par le liquide qui les
baigne, et alors on peut dire que l'électromètre ne se fixe jamais; ses
oscillations équivalent, dans certains cas, à y^Viï o" Tôinr ^^ daniell, quel-
quefois à plusieurs centièmes, et les mesures deviennent tout à fait incer-
taines. Je crois cependant devoir indiquer ici les principaux résultats :
Métal.
Argent.
Fer.
Nickel .
Magnésium .
Aluminium .
Liquide.
Force électromotrice
moyenne pour 1°
(entre 10° et 3o°).
Da
— 0,0001 65 )
— 0,000240 )
Azotate d'argent
Bain d'argent pour galvanoplaste
Perchlorure de fer — 0,00170
Azotate de fer — o, 0016g
Sulfate de peroxyde de fer — 0,00149
Alun de fer ... — o , 00 1 34
Chlorure de nickel — 0,00208
Azotate de nickel. — 0,00284
Sulfate de nickel — o , 00200
Moyenne.
Da
- 0,000202
— 0,001 56
O, 00214
Valeurs beaucoup plus grandes que les précédentes, mais très incertaines.
» Dans la plupart des cas la variation de la force électromotrice cesse
d'être proportionnelle à la température; les nombres qui précèdent ne
sont que des moyennes correspondant à des différences de température de
moins de 20°.
.) On remarquera que les sels d'un même oxyde fournissent toujours
sensiblement les mêmes nombres. La moyenne relative aux sels de prot-
oxyde de fer est à peu près nulle, tandis que pour les sels de sesquioxyde
elle a une valeur négative considérable. Aussi l'électromètre décèle-t-il
avec sûreté jjj de sesquioxyde de fer dar>s un sel de protoxyde. Le sul-
( 920 )
fate de protoxyde de fer commercial non purifié se comporte à peu près
comme un sel de peroxyde ('). »
PHYSIQUE. — Sur une pompe automatique à mercure.
Note de M. G. Couttolenc.
« L'appareil que j'ai l'honneur de soumettre à l'Académie est une pompe
à mercure fonctionnant à la façon habituelle, mais n'ayant pas de ro-
binets; elle peut, en outre, marcher automatiquement et indéfiniment avec
la même quantité de mercure.
» Cette pompe n'est destinée qu'à terminer le vide; aussi ne marche-
t-elle que sous une pression de 4o™'" ou 60""" de mercure au plus;
comme on le voit, une trompe à eau suffit pour commencer le vide, pourvu
qu'elle soit réunie à l'appareil par un tube desséchant.
M Voici la description de cette pompe. Un réservoir mobile est relié à un
tube vertical de o™, 80 environ. (Ce réservoir n'a besoin de se mouvoir que
dans une limite de o™,3o environ.) A la partie supérieure du tube en verre
se trouve d'abord une soudure latérale munie d'une soupape (très simple
de construction), dont on verra l'utilité plus loin. Immédiatement au-
dessus de cette soudure est fixé, par un mastiquage, un tube d'un moindre
diamètre plongeant dans le premier (de o'^jaS environ). Sur ce deuxième
tube est soudé un réservoir corps de pompe d'une forme convenable, et à
la partie inférieure de celui-ci un tube de o™,oo2 de diamètre, qui après un
coude s'élève verticalement, dépasse de quelques centimètres le réservoir,
est renflé à cette place et conduit enfin au récipient à épuiser. La partie
supérieure du réservoir corps de pompe se termine par un tube de verre
assez fin [--a. f de millimètre de diamètre intérieur), redescendant parallè-
lement au réservoir après un double coude, et plongeant dans une petite
cuvette qui est fixée après lui.
» L'extrémité de ce tube et la cuvette sont entrées et mastiquées dans un
réservoir en verre qui communique d'une part avec la trompe à eau et
d'autre part avec la soupape dont il a été question tout d'abord.
» Ainsi installé, cet appareil fonctionne de la façon suivante. Le gaz de
l'instrument une fois raréfié par la trompe à eau, le mercure s'est élevé
dans le tube vertical suffisamment pour isoler les deux tubes concentriques.
(') Ce travail a été exécuté au Laboratoire des recherches physiques, à ia Sorboniie.
(92' )
Si à ce monienl on relève le réservoir mobile, le mercure montera d'abord
dans la soudure latérale, où la soupape l'arrêtera bientôt, et en même temps
dans le tube intérieur; en passant devant le tube étroit conduisant au réci-
pient à épuiser, il le fermera et remplira le réservoir corps de pompe en
chassant le gaz restant par le tube capillaire supérieur; il s'y engorgera, se
rendra dans la petite cuvette, et l'excès tombera à la partie du second ré-
servoir, au-dessus de la soupape. Si maintenant le réservoir mobile redes-
cend, le mercure abandonnera dans le tube fin une colonne suffisante pour
le fermer, puis, en se retirant du réservoir corps de pompe, y produira un
vide barométrique qui sera mis en relation avec le récipient à vider,
lorsque le mercure aura débouché le tube qui y conduit. Mais, en même
temps que cet effet se produit, le mercure tombé dans l'autre réservoir au-
dessus de la soupape fera retour, en déplaçant celle-ci, dans le tube exté-
rieur. Si l'on remonte encore le réservoir mobile, on voit que les mêmes
effets se reproduiront et qu'à chaque fois le récipient à épuiser sera mis en
relation avec le vide barométrique. Cette pompe fonctionne donc avec ri-
gueur par un simple mouvement de va-et-vient que l'on peut obtenir fa-
cilement avec un moteur (M » •
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur les tropéines, alcaloïdes mjdriatiques artificiels.
Note de M. A. Ladenburg, présentée par M. Friedel.
« Ayant réussi à régénérer V atropine par l'action de l'acide chlorhydrique
étendu sur un mélange de tropine et A'acide tropique., je devais être natu-
rellement conduit à étudier l'action d'autres acides organiques sur la
tropine dans les mêmes conditions. ]'ai pu, très peu après les premiers es-
sais que j'ai tentés dans cette direction, émettre, dans une Communication
insérée aux Monatsberichte de l'Académie de Berlin (août i ^79), l'opinion que
les corps résultant de cette réaction, et pour lesquels je propose le nom de
tropéines, puisqu'ils sont dérivés de la tropine, présenteraient tous une
grande analogie avec l'atropine, et que quelques-uns d'entre eux auraient
probablement de l'importance en Thérapeutique.
(') La soupape que j'emploie est construite de la façon suivante. Dans l'intérieur du tube
à fermer, on introduit à frottement dur un tube en caoutchouc épais, deq'", o3 de long, di-
laté déjà par l'introduction d'un tube de verre de o",02. Le clapet est fait à l'aide d'une
baguette de verre étiré, un léger étranglement du tube enveloppe ne laisse fjue o^jOiS de
jeu, et la pointe étirée, pénétrant dans le tube central, sert à guider la soupape.
C. R., itSo, 1" Semesfe. (T. XC, N" 16.) ' 20
{ 922 )
» Ces vues se sont vérifiées, et je demande à l'Académie la permission de
l'entretenir aujourd'hui d'un de ces corps, qui est destiné à jouer un rôle en
Oculistique.
» Jusqu'ici j'ai préparé et étudié les tropéines des acides suivants : sali-
cylique, oxybenzoïque , paroxybenzoïque, amygdalique, benzoïque et
phtalique.
» La préparation de ces corps est fort simple, mais elle n'est pas toujours
facile à réaliser en grand. Tantôt la condensation par l'acide chlorhydrique
se fait très rapidement; tantôt au contraire elle est très lente, et l'on est
obligé, pour obtenir seulement quelques parties pour loo de pbtalyltro-
péine, de faire chauffer au bain-marie la tropine et l'acide phtalique, avec
l'acide chlorhydrique assez concentré, pendant quinze jours.
» Toutes les tropéines obtenues jusqu'ici sont des corps bien cristallisés,
à l'exception de celle dérivée de l'acide oxytoluique, qui se sépare sous
forme huileuse. Ce sont des bases fortes formant une série de sels bien
cristallisés, que je ne décrirai pas ici.
» Quelques-unes des tropéines ont été étudiées au point de vue de
leur action physiologique, et eu particulier de celle qu'ils exercent sur les
yeux, et je puis déjà dire que, tandis que la salicyllropéine ne dilate pas la
pupille, pas plus que la tropine elle-même et ses sels, Voxybenioyl-
tropéine et V oxjtohiyltropéine possèdent une action mydriatique. L'action
delà première ne présente aucun intérêt particulier; elle est très analogue
à celle de l'atropine et de l'hyosciamine, tout eu étant plus faible. Toute
différente est au contraire celle de l'oxytoluyltropéine, à laquelle, à cause
de son homologie avec l'atropine, j'ai donné le nom d'homatropine. Je
désire ajouter ici quelques observations sur ce corps, à cause de l'impor-
tance que je lui attribue.
» On réussit très facilement à préparer l'homatropine. Lorsqu'on fait
évaporer pendant un ou deux jours la solution de quantités équivalentes de
tropine et d'acide amygdalique dans l'acide chlorhydrique, on obtient
environ 5o pour loo de la quantité théorique d'homatropine, suivant
l'équation
C^H'^AzO + CH^O» nHCl^CH^'AzOSHCl+H^O.
» On précipite la liqueur refroidie par un excès de carbonate de potas-
sium, on agite à plusieurs reprises avec le chloroforme, et l'on distille ce
dissolvant. Le résidu constituant l'homatropine brute peut être purifié
l 923 )
de plusieurs manières : 1° par transformation en bromhyclrate et cristalli-
sation de ce sel ; 2° par précipitation de la solution chlorhydrique avec
le chlornre d'or, cristallisation du sel d'or, décomposition de ce dernier
par l'hydrogène sulfuré ; 3° par transformation du sel en picrate et dé-
composition de ce dernier à froid par le carbonate de potassium. Je préfère
la première méthode.
» Bromhydrate d' homatropine C'*H^' AzO', HBr. — Il se sépare par éva-
poration de sa solution aqueuse en prismes groupés en mamelons. Il est
très soluble dans l'eau.
1) Le clilorhydrale reste à l'évaporation sous forme sirupeuse et ne cris-
tallise qu'à la longue.
» Le sel d'or C'*H=' AzO',HCI, AuCl' est peu soluble dans l'eau et s'ob-
tient, par cristallisation dans l'eau chaude, en petites lamelles.
» Le picrate C'*H^' AzO^CH' Az'O' se sépare de l'eau chaude en
aiguilles ou en lamelles jaunes brillantes et se dissout très peu à froid.
» Je n'ai pas réussi à obtenir la base libre cristallisée.
» La propriété la plus importante de l'homatropine est l'action qu'elle
exerce sur l'œil; les essais ont été exécutés au moyen du chlorhydrate.
Deux ou trois gouttes de la solution à i pour 100 provoquent, au bout
d'environ quinze minutes, la dilatation maxima de la pupille et paralysent
l'accommodation ; ces effets diminuent déjà notablement au bout de quel-
ques heures, et ils ont disparu au bout de vingt-qualie heures.
» Si cette propriété d'exercer des effets mydriatiques aussi passagers est
déjà d'une grande importance et peut être utilisée dans bien des recherches
ophthalmologiques, elle acquiert un intérêt encore plus grand par ce fait
que l'homatropine n'est qu'un poison très faible par rapport à l'atropine (').
» Tandis que oS'',oo2 d'atropine élèvent déjà notablement la fréquence
du pouls d'un chien, o^,o5 d'homatropine n'avaient eu presque aucune
action sur le pouls du même animal, et, en outre, ce dernier ne présentait
aucun autre phénomène particulier que la dilatation de la pupille.
» On peut donc prévoir que les ophthalmologues préféreront, pour
beaucoup d'usages, l'homatropine à l'atropine, et j'ai pris soin qu'elle fût
préparée en grand et mise à leur disposition.
» En terminant, je dois ajouter que, pour les essais ophthalmologiques
et physiologiques, j'ai eu le concours précieux de mes collègues MM. Vol-
(') Depuis ma première Communication je suis parvenu à séparer l'atropine pure du
Daloira.
( 924 )
kers et Qiiincke, qui publieront prochainement des Mémoires étendus sur
les résultats obtenus dans cette direction. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la gélose. Note de M. H. Morin.
« Sous le nom de gélose, Payen a présenté en iSSq à l'Académie des
Sciences une substance appelée commercialement mousse de Chine, dont une
des propriétés les plus remarquables est de donner une solution qui se
prend « en gelée incolore et diaphane par le refroidissement, solidifiant
» ainsi environ cinq cents fois son poids d'eau pure ou formant à poids
» égal dix fois plus de gelée que n'en peut fournir la meilleure gelaline
animale » (').
» Rare à l'époque où elle fut signalée, la gélose a été introduite depuis
quelques années dans le commerce en quantité assez considérable pour
rendre son emploi industriel. Expédiée primitivement sous le nom de
Ta-ô et désignée sous la dénomination impropre cYIsinglass, la gélose ser-
vait à emballer la porcelaine et les bronzes de la Chine. Matière pour
ainsi dire inutilisée dans le principe, elle n'a pas tardé à recevoir des
applications industrielles dans la préparation des gelées alimentaires et
dans l'apprêt de certaines étoffes.
» Ces applicalions m'ont paru rendre intéressante une étude plus
complète que celles faites jusqu'ici de ses propriétés. C'est de l'action
qu'exercent les acides sur la gélose que je me suis occupé en premier
lieu; l'effet produit par les acides concentrés ayant été déjà décrit par
Payen, je me suis surtout attaché à l'étude des effets produits par les acides
dilués.
Il Chauffée avec de l'acide nitrique étendu de la moitié de son poids
d'eau, la gélose se dissout d'abord, puis ensuite est attaquée avec dégagement
d'abondantes vapeurs rutilantes; par le refroidissement, on obtient im
dépôt cristallin d'acide mucique : les eaux mères concentrées fournissent
de l'acide oxalique.
» Si l'eau bouillante ne dissout qu'une petite quantité de gélose pour
l'abandonner par le refroidissement sous forme de gelée, l'action est tout
autre lorsque cette eau est légèrement acide. En effet, il suffit de chauf-
fer au bain-marie loo^ de gélose dans i'" d'eau acidulée par lo^"" d'acide
(') Payen, Comjjtes rendus, i85g, p. Sîi.
[ 9^5 )
sulfiiriqiie pour obtenir une solution légèrement visqueuse, qui n'est
plus susceptible de se prendre en gelée en se refroidissant. T^a quantité
d'acide nécessaire pour obtenir une solution de gélose limpide à froid peut
même être abaissée jusqu'à i^^'' par litre d'eau ; mais alors il faut prolonger
le temps de chauffe. Les acides minéraux ne jouissent pas seuls de la
propriéié de rendre la gélose soluble; on obtient des résultats semblables
avec les acides oxalique, acétique, la proportion de ce dernier devant
néanmoins être augmentée en raison de sa facile volatilité.
» L'eau chauffée sous pression dissout aisément la gélose, mais pour
l'abandonner par le refroidissement à l'état de gelée très compacte : il en
est ainsi pour des pressions de 2*"", 3*"" et 4^'™; mais, si l'on chauffe jusqu'à
gatm y„ gatm^ q^ obticut unc solution visqueuse à froid qui présente un com-
mencement de modification.
» La gélose calcinée répand l'odeur de gomme brûlée, en laissant un
résidu minéral fixe égal à 3,88 pour 100 de son poids. Quoique d'appa-
rence très sèche, elle contient une forte proportion d'eau hygrométrique
qu'elle abandonne à l'éluve à -+- 100°; la perte ainsi obtenue a été trouvée
de 22,85 pour 100. Enfin sa solution laisse toujours en suspension une
matière floconneuse qui, lavée et séchée à + 100", correspond à 1,905
pour 100 de son poids et fournit par l'incinération o, 543 pour 100 de ma-
tières minérales, renfermant ainsi i ,362 pour 100 de matières organiques,
débris d'algues.
» Les solutions de gélose possèdent un pouvoir rotatoire gauche : une
série d'observations, faites sur des solutions de lo^' de gélose dans loo*^"
d'eau en employant le minimum d'acide et examinées à la lumière jaune
du gaz salé dans des tubes de o™,20, a donné une solution constante de
-4°i5'.
» Si, au lieu de préparer une solution de gélose avec la quantité mini-
mum d'acide, on emploie de l'eau acidulée à -pTr^, et si l'on prolonge l'ac-
tion de la chaleur, on observe que le sens de la déviation se modifie, et la
substance, de lévogyre qu'elle était tout d'abord, devient peu à peu dex-
trogyre. Ce résultat ne s'obtient que très lentement et, pour constater la
déviation maxima dextrogyre constante, il est nécessaire de maintenir pen-
dant vingt-quatre heures la solution au bain-marie. On trouve alors que,
dans les conditions ci-dessus, la déviation — 4°i5' est devenue -+■ l^°lo'.
Sous l'action prolongée de la chaleur, on peut donc admettre que les acides
transforment le pouvoir rotatoire d'une solution de gélose d'une égale
quantité en sens inverse.
( 9^6)
» Cette solution dextrogyre réduit à chaud la liqueur cupropotassique,
ainsi que les solutions de bichlorure de mercure et de chlorure d'or.
M L'alcool précipite la gélose de sa solution lévogyre, quoique incom-
plètement, mais ce procédé ne peut servir à l'obtenir à l'état de pureté,
car la proportion des sels minéraux augmente dans le précipité avec le
nombre des traitements à l'alcool.
» Quoique d'origine bien différente, la gélose présente avec les gommes
une certaine analogie qu'il y a lieu de remarquer. Gomme ces dernières,
elle se transforme en acides mucique et oxalique sous l'action de l'acide
nitrique-, elle jouit également de la propriété de dévier à gauche les rayons
de la lumière polarisée, et cette déviation, sous l'influence des acides et de
la chaleur, devient dextrogyre, mais seulement d'une quantité égale ; tandis
que dans les mêmes conditions la rotation dextrogyre des gommes se
trouve doublée ('). »
CHIMIE. — Sur le carbonate d'ammoniaque. Note de M. E.-J. Maumené.
« On sait combien la composition du carbonate ammoniacal ordinaire
(sesquicarbonate) est variable. Les analyses de H. Rose, celles de
M. H. Deville ont offert des différences considérables, moins considé-
rables toutefois que les limites entre lesquelles varient les résultais de
chacun de ces deux chimistes. M. H. Deville a trouvé :
Moyenne.
CO' de 4i,4 à 47,8 44,6
H'Az de 21 ,1 à 2^,2. 22,65
no de 28,6 à 37,5 33, o5
ioo,3o
» La formule adoptée d'après ces analyses est
(CO-)'(H'Az)='(HO)^
» J'ai eu récemment l'occasion d'observer un fait qui peut intéresser
les chimistes : je m'empresse de le communiquer à l'Académie.
)) Deux échantillons de carbonate apportés dans le laboratoire ont pré-
senté, l'un (que je désignerai par la lettre A) une odeur extrêmement
vive, l'odeur bien connue, et sa dissolution, saturée au bout de huit jours,
(') BiOT et Persoz, Annales de Chimie et de Physique, t. LU, p. 72.
( 9*7 )
dans le tonneau même où était placé le sel, a atteint i4° densimétriques
(D = 1 14<^)- l'G deuxième (lettre V>) n'offrait pas, à beaucoup près, l'odeur
vive du premier, et sa dissolution, saturée aussi pendant huit jours, dans
un tonneau semblable au premier, n'a pas marqué plus de 6° (D = 1060).
» Des différences aussi grandes ne pouvaient venir d'une différence
de composition, même égale à la plus forte de celles indiquées par
M. H. Deville; j'ai voulu me l'expliquer par une analyse attentive. En
voici les résultats :
A. B. (CO')'(H'Az)'(HO)'.
co" 4^1 '4 45.96 45,52
H'AZ 21,49 22, 3i 23,44
HO [ par différence ).. . 33,87 Si.^S 3i,o4
100, co 100,00 100,00
» J'ajoute que l'eau admise comme pure l'était bien en réalité; car
S'^'jGoo du sel A n'ont pas laissé plus de 0,001 par évaporalion,
3s'',6oo » B " 0,000 "
Les deux sels n'offraient aucune trace sensible de sulfate ni de chlorure.
» Voici donc deux échantillons, à bien peu près identiques, dont les
propriétés sont assez différentes pour établir, à n'en pas douter, une très
différente structure moléculaire. La composition est parfaitement comprise
entre les limites observées par M. Deville.
» Le temps ne paraît pas ramener promptement les deux sels à un
état identique. Depuis plusieurs mois, les choses n'ont pas notablement
changé. »
CHIMIE AGRICOLE. — De T existence de l'ammoniaque dans les végétaux
et la chair musculaire. Note de M. H. Pellet.
« La quantité relativement considérable d'ammoniaque renfermée dans
les végétaux permet d'expliquer certains faits qui jusqu'ici n'avaient pas
été suffisamment étudiés.
« 1° Dans la fabrication du sucre, lorsqu'on traite les jus par de la
chaux pour opérer leur purification, il se dégage une forte odeur ammo-
niacale. Jusqu'à ce jour, on a attribué l'ammoniaque formée à une attaque
des substances azotées par la chaux sous l'influence d'une température de
60° à 100" plutôt qu'au dégagement direct de l'ammoniaque préexistante
dans la betterave.
(928)
» Les quantités d'ammoniaque que nous avons trouvées étant admises,
il est facile de calculer que dans une fabrique de sucre il doit se dégager
des jus chaulés et chauffés des doses considérables d'alcali volatil. Dans
une fabrique travaillant en moyenne aSoooo''" de betteraves par jour
(vingt-quatre heures), cela représente 76''^ d'ammoniaque (en admettant
oS'',o3o d'ammoniaque pour 100). Aussi a-l-on cherché un procédé pra-
tique pour recueillir cet alcali volatil, qui représente près de 3oo''s de sulfate
d'ammoniaque.
» 2° Dans des cendres de végétaux, on constate que les unes renferment
de l'acide carbonique, comme cela a lieu pour la betterave, le tabac, etc.,
mais que d'autres n'en contiennent pas ou que des traces, comme, par
exemple, pour les cendres de blé.
» Or, dans bien des cas, on a admis que les alcalis combinés à l'acide
carbonique représentaient ceux qui, dans la plante, avaient été combinés
aux acides organiques et à l'acide azotique. Les cendres de blé, au con-
traire, n'en renfermant pas, ou que des traces, pouvaient faire supposer
que les alcalis étaient entièrement combinés aux acides minéraux; mais
alors les calculs n'indiquaient pas des formules connues de sels minéraux.
» Sachant que dans le végétal l'ammoniaque était combinée, ainsi que
la potasse et la magnésie, à l'acide phosphorique, nous avons voulu voir si
ces phosphates doubles, décomposés par la chaleur, n'attaquaient pas les
carbonates. Pour cela, nous avons chauffé 3^'' de phosphate double de
soude et d'ammoniaque avec o6',3 de carbonate de chaux dans un cas et
o^"^, 3 de carbonate de soude. Sous l'influence de la chaleur, le tout entre en
fusion, et, dans les deux cas, après calcinalion à une température modérée,
il lie reste plus d'acide carbonique.
» La dose de o6'",3 de carbonate de soude est suffisante pour montrer
combien les phosphates alcalins peuvent décomposer de carbonates.il n'est
donc pas étonnant que dans le blé, par exemple, vu la dose énorme de
phosphates contenus, on ne retrouve pas d'acide carbonique; il doit en
être ainsi pour tous les végétaux renfermant beaucoup de phosphates alca-
lins. Dans les végétaux, au contraire, qui ne renferment que peu de phos-
phates alcalins, il y a seulement une certaine perle d'acide carbonique.
Ces remarques s'appliquent aussi aux analyses de cendres des substances
animales dont les cendres sont riches eu phosphates, telles que la chair,
les œufs, etc. ; en effet, nous n'avons pas constaté d'acide carbonique
dans ces cendres.
» Dans la chair musculaire, nous avons trouvé pour loo^"^ de substance
(bœuf) o^"', i5 d'ammoniaque. Or le dosage de l'acide phosphorique a donné
( 9^9 )
o^'', 55 d'acide phosphorique devant correspondre à o'^' , 1 3 1 d'ammoniaqne.
Cette dose d'acide phosphorique est normale, puisque, en général, on a 5
de cendres pour loo de matière sèche, 27 de mnlière sèche ou i,35 de
cendres à f\o pour 100 d'acide phosphorique ou qS'', 54o d'acide phospho-
rique pour 100 de matière normale.
» 3° On sait que les graines de betteraves (et beaucoup d'autres, sinon
toutes), traitées par l'eau, fournissent un liquide alcalin. Or il se peut que
cette alcahnité soit due directement à un phosphate double de potasse ou
de soude et d'ammoniaque. Cette alcalinité, ainsi que les phosphates, est
nécessaire pour la végétation première de la graine. Si la dose d'alcalinité
est insuffisante, on peut déduire de ce qui précède qu'il est simple d'y re-
médier, non pas par l'addition de potasse, de soude ou d'ammoniaque
comme on l'a proposé, mais en mettant à la disposition de la graine une
certaine quantité de phosphates doubles de soude, de potasse et d'ammo-
niaque. Il n'est donc pas étonnant qu'on ait activé le développement des
graines en les mélangeant à du purin, qui contient à la fois de l'ammo-
niaque, de l'acide phosphorique et des sels de potasse.
» Ces observations, ainsi que les remarques que nous avons faites sur la
saturation incomplète par la magnésie des solutions acides par l'acide
phosphorique, expliquent pourquoi l'addition de superphosphate de chaux
lors de la levée des graines est plutôt nuisible qu'utile, ainsi que l'a dé-
montré M. H. Vilmorin, et cela pour deux causes : d'abord par l'alcalinilé
indispensable qui est nécessaire au développement de la graine, alcalinité
qui est saturée en partie par le superphosphate; en outre, parce que ce
superphosphate doit conserver longtemps tine légère acidité par suite de la
difficulté de neutralisation en présence des carbonates calcaires que la terre
renferme. »
CHIMIE INDUSTRIELLE. — Sur une falsification du silicate de soude.
Note de M. F. Jean.
« J'ai eu récemment l'occasion d'analyser un échantillon de silicate de
soude provenant de la Bavière, dans lequel j'ai reconnu une falsification
qu'il me paraît utile de signaler.
» L'analyse de ce silicate m'a donné les résultats suivants :
Soude combinée à la silice 8 , 54
Carbonate de soude 6,36
C. R., 1880, i" Semestre. (,T. XC, N" 16.) '2 1
(93o )
Soude combinée à un acide gras 1 i i- • (0,24
/ ou savon alcalin a 2 pour 100 . , „
Matière grasse ) ( 1 ,';o
Silice 21, 4o
Oxyde de fer, alumine, traces de chaux ... 0,74
Sulfates et chlorures alcaUns o ,66
Eau 60, o5
Matières non dosées et perles o,25
» Cet échantillon de silicate de soude renfermait donc 2 pour 100 de
savon anhydre; comme une solution de savon à 2 pour 100 se prend en
gelée consistante par le refroidissement, l'introduction d'une pareille dose
de savon a eu évidemment pour but d'épaissir, de solidifier le silicate, pour
lui donner l'apparence d'un produit très concentré et empêcher la prise
du degré aréométrique. »
ZOOTECHNIE. — De la variabilité des mamelles cliez les Ouidés des basses Cévennes.
Note de M. Tayo\, présentée par M. Bouley.
« Darwin, dans son Livre sur les variations des animaux sous l'influence
de la domesticité, s'exprime ainsi au sujet des mamelles des Ovidés :
o L'existence d'une paire de mamelles est un caractère générique du genre Oi'is, ainsi que
des formes voisines; cependant M. Hodgson a remarqué que ce caractère n'est pas absolu-
ment constant, même chez les vrais moutons, car il a une fois rencontré chez les Agias
(race domestique du pied de l'Hymalaya) des individus portant quatre tétines. Ce cas est
d'autant plus remarquable, que, lorsqu'un organe ou une partie, comparés aux mêmes
organes ou parties dans les groupes voisins, se trouvent en nombre réduit, ils sont généra-
lement peu sujets à varier. »
» Nous avons vu pour la première fois pendant le mois de janvier, à S"""
de Montpellier, chez M. de Saint-Maurice, à Tonnels, dans un troupeau com-
posé de quarante brebis larzac, d'une vingtaine de caussinardes et de
quelques individus croisés (larzac-barbarin et caussinard-barbarin) trois
brebis à quatre tétines donnant toutes du lait. Deux de ces bêtes étaient des
larzacs; la troisième était croisée larzac et barbarin. Chacune d'elles a donné
naissance à un agneau pourvu de quatre tétines. Dans le même troupeau,
un bélier croisé larzac et barbarin présentait en avant des bourses quatre
mamelons égaux. Les caussinardes n'avaient toutes que deux mamelles
apparentes.
» A la suite de cette observation, nous résolûmes d'aller dans le pays où
( 9^1 )
l'on produit et où l'on exploite les brebis laitières, dans l'espérance de
généraliser ce fait.
» Vers les derniers jours de février, nous nous rendîmes sur le plateau
du Larzac, au Caylar, village de l'Hérault, situé à 833"" d'altitude, dans
le troupeau de M. Salze, composé de quatre-vingt-dix bêtes du Larzac ; nous
n'avons rencontré qu'une seule brebis pourvue de quatre mamelles
donnant toutes du lait.
» A Saint-Félix, presque toutes les brebis larzac-barbarines du troupeau
de M. Lallemand, composé de cent dix bêtes, avaient quatre tétines.
» A la Cavalerie (Aveyron), centre de production important et ancien,
nous avons examiné plus de quatre mille brebis, et nous avons constaté
l'existence des quatre tétines chez un très grand nombre de sujets. De
même à Roquefort et à Lauras.
» Le développement des mamelles ou des tétines supplémentaires, tout
en présentant de grandes différences, semble se faire d'après un certain
ordre. Les deux tétines postérieures sont toujours volumineuses et souvent
plus développées que les autres. Elles correspondent par leur situation aux
tétines normales. Les tétines antérieures ou surnuméraires, au nombre de
deux ou de quatre, sont ordinairement plus petites que les premières et
ne donnent pas toujours du lait.
» Quelquefois, il n'y a qu'un mamelon surnuméraire, soit à gauche,
soit à droite, mais toujours situé en avant. Les trayons surnuméraires se
montrent donc sans exception aux parties antérieures de la glande; le
contraire se produit chez nos vaches laitières (Sanson).
» La présence de quatre tétines chez les bêtes ovines des basses Cé-
vennes est donc un fait très commun. Nous l'avons constaté au Caylar, à
Saint-Félix, à la Cavalerie, à Roquefort, etc. Il n'est pas douteux qu'on ne
doive retrouver cette disposition sur d'autres points où l'industrie laitière
atteint une grande perfection, à Camarès et à Saint-Maurice par exemple.
Chez toutes ces brebis laitières, il y a une tendance générale à l'hyper-
trophie, d'abord simple, puis à l'augmentation du nombre des tétines.
.. Si nous connaissions quelque ancêtre des moutons pourvu de quatre
mamelles, nous pourrions songer à un simple retour en arrière vers un
ovidé prototype, à quatre mamelles et ayant vécu à une époque donnée.
» Si les quatre tétines étaient recherchées dans les fabriques de fro-
mage, nous pourrions croire qu'une ou plusieurs brebis à quatre tétines
ont apparu autrefois sans cause appréciable et qu'un éleveur intelligent
les a conservées et propagées intentionnellement.
( 932 )
1) Les bêtes à quatre trayons sont, comme nous l'avons dit, souvent des
individus croisés larzac et barbarin ; de plus, il est difficile de rencontrer
des brebis larzac absolument pures: l'introduction du mérinos en 1810 par
le général Solignac, à Labaume, a laissé des traces sur beaucoup de bêtes
à quatre mamelles. On pourrait se demander si ces croisements avec le
mérinos et le barbarin n'ont pas joué un rôle dans l'apparition des nou-
velles tétines.
« Certaines particularités, dit Darwin, qui, ne caractérisant pas les parents immédiats,
ne peuvent par conséquent provenir d'eux, apparaissent souvent dans la progéniture de
deux races croisées, tandis qu'elles ne se présentent jamais, ou du moins sont extrêmement
rares, aussi longtemps qu'on s'abstient de les croiser. «
» Enfin, l'ancienneté des brebis laitières dans les basses Cévennes et la
traite spéciale à laquelle elles sont soumises peuvent certainement être
invoquées comme causes modificatrices.
» Quelques documents nous permettent en effet d'affirmer que
depuis de longs siècles les bêtes ovines dans le Larzac sont exploitées pour
leur lait. Pline parle des fromages du mont Luzara (Lozère) qu'on appor-
tait de son temps de Nîmes à Rome. Bosc, l'historien du Rouergue, con-
state qu'en 1070 Flotard, de Cornus, faisant une donation de terres au
monastère de Conques, comptait parmi leurs revenus deux fromages qui
devaient lui être payés par chacune des caves de Roquefort.
» L'aptitude laitière a donc pu se transmettre et augmenter lentement
de générations en générations. Les éleveurs d'autrefois et même d'aujour-
d'hui, en choisissant toujours les filles des meilleures laitières, ont obtenu
inconsciemment des résultats auxquels ils n'avaient pu songer.
» Ajoutons à cela qu'on trait la brebis d'une façon digne d'attention. La
traite peut se diviser en trois opérations distinctes : la première consiste à
com/jn'me?' toutes les glandes mammaires à la fois entre les deux mains, comme
sil'on pressait une éponge; la deuxième, la traction des trayons, s'exécute
comme pour les autres femelles domestiques. Quand les glandes sem-
blent ne plus contenir de lait, le berger opère le massage ou soubalage.
11 frappe violemment les masses glandulaires avec le revers de la main et
exécute de nouvelles tractions sur les mamelons. Après cette nouvelle traite,
le massage est fait à nouveau avec la même violence. Un berger habile
doit ainsi traire et soubattre successivement jusqu'à ce que les glandes
refusent de fournir la plus petite quantité de lait. Nous avons vu soubattre
et nous avons pu apprécier l'utilité de cette méthode, qui détermine un
(933)
épuisement complet des cavités glandulaires et en même temps un afflux
sanguin très considérable.
» En résumé, une sélection prolongée et la traite particulière dont
nous venons de parler ont dû concourir à la fois et à augmenter le
volume des deux mamelles et à provoquer l'apparition de deux, quatre
et même de six nouvelles tétines.
» Il n'est pas douteux que nous serions dans peu de temps en posses-
sion d'une variété de brebis à quatre tétines si les éleveurs s'appliquaient
plus qu'ils ne le font à conserver et à fixer celle remarquable variation. »
MÉDECINE. — Sur le traitement de l'élépliantiasis des Arabes par l'emploi simul-
tanédes courants continus et des courants intermittents. Note de MM. Moncorvo
et DA Sylva Aranjo, présentée par M. Gosselin.
« L'éléphantiasis des Arabes ou éléphantiacie, cette maladie qui consiste
en une hypertrophie du derme et du tissu conjonctif sous-cutané, avec
infiltration séreuse permanente dans les mailles de ce dernier, et que d'après
les recherches récentes nous attribuons à une maladie du système lympha-
tique, est fréquente au Brésil.
» On s'en tient habituellement au traitement palliatif par la compression;
mais ce traitement n'empêche pas les sujets de marcher difficilement et
d'être condamnés à un état d'infirmité déplorable. Nous n'avons pas vu
réussir les procédés chirurgicaux conseillés dans ces derniers temps en
Amérique, et notamment la ligature de l'artère principale du membre.
» L'un de nous, M. Moncorvo, a d'abord eu l'idée d'essayer l'électricité
en se servant seulement des courants induits, et il a remarqué sur plusieurs
personnes luie diminution très remarquable de la jambe et de la cuisse;
mais il n'est pas arrivé à une guérison complète. C'est alors que nous eûmes
l'idée, après avoir échangé nos impressions sur l'insuffisance des traitements
employés jusqu'à présent, de combiner l'emploi des courants induits et
des courants continus. En étudiant les effets obtenus, nous avons constaté
que les courants continus avaient pour effet de ramollir et, jusqu'à un cer-
tain point, de liquéfier les tissus indurés, et que les courants intermittents
provoquaientlarésorptiondc'S tissus ainsi préparés parles premierscourants.
» Nos débuts dans cette nouvelle voie ayant été heureux, nous avons
traité ultérieurement un certain nombre de malades qui onl été guéris et
ont été débarrassés de leur infirmité. »
( 934 )
M. GossELiN, en présentant cette Note à l'Académie, croit devoir faire
observer que, dans leur travail un peu concis, les auteurs ont eu le tort de
ne pas dire comment ils distribuaient l'emploi des électricités, s'ils faisaient
l'application simultanée des deux courants sur le membre malade, ou s'ils
les employaient consécutivement le même jour ou à des jours différents.
Il est regrettable aussi que les auteurs n'aient pas dit combien de temps il
fallait pour arriver à la guérison, ni si les malades ont été suivis assez
longtemps pour qu'on soit sûr qu'il n'y ait pas eu de récidive. M. Gosselin se
propose de demander des éclaircissements sur ces points à MM. Moncorvo
et da Sylva Aranjo.
La séance est levée à 4 heures. D.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE
Ouvrages reçus dans la séance du 12 avril 1880.
Description des machines et procédés pour lesquels des brevets d'invention ont
été pris sous te régime de la loi du 5 juillet i844) publiée par les ordres de
M. le Ministre de l'Agriculture et du Commerce ; t. XCVI. Paris, Impr.
nationale, 1880; in-4°.
Mémoires de la Société nationale d'Agriculture, Sciences et Arts d'Angers;
t. XIX et XX, 1876-1877-1878. Angers, impr. Lachèse, 1876-1879-, 2 vol.
in-S".
Les Mammifères fossiles de l'Amérique du Sud [los Mamiferos fosiles de la
America del Sud); par le D"^ H. Gervais et F. Ameghino. Paris, F. Savy ;
Buenos-Aires, Igon Hermanos, 1880 ; in-8°.
Commission de la Carte géologique de la Belgique. Description de gîtes fossi-
lifères devoniens et d'affleurements du terrain crétacé; par le Prof. G. Malaise.
Bruxelles, F. Hayez, 1879; in-4°.
Mémoires de la Société paléontoloqique suisse. Vol. VI, 1879 : Description
des fossiles des couches tithoniques des Alpes fribourgeoises ; par E. Faivre.
Genève, impr. Schuchardt, 1880 ; in-4°.
De l'immobilisation de l'anse intestinale dans quelques opérations graves de
hernie étranglée ; par le D" E. Bourguet, d'Aix. Paris, Asselin, 1879; br.
in-8''. (Renvoi au Concours Montyon, Médecine et Chirurgie, 1880.)
(935 )
Sur l'existence d'un tremblement réflexe doits le membre non paralysé chez
certains hémiplégiques. — Note sur l'état de la moelle épinière dans wi cas de
pied bot équin. — Recherches sur la dégénérescence des nerfs séparés de leurs
centres trophiqucs. — Recherches sur les lésions du système nerveux dans la
paralysie diphtéritique. — Atrophie musculaire et paraplégie dans un cas de
sjphilis maligne précoce; par M. J. Dejérine. Paris, sans date ; 5 brochures
in-8° et in-4°. (Présenté par M. Vulpian pour le Concours Montyon, Méde-
cine et Chirurgie, 1880.)
Un aventuiier viennois à Paris ; par C. -A. Matrhofer. Vienne, impr. W.
Heinrich, 1880; br. in-8°.
jitti deW Accademia pontificia de' nuovi Lincei; anno XXXII, sessione IV^,
del 16 niarzo 1879 ; sessioni V, del 27 aprile; VP, dei aS maggio, e VIP,
del 22 giugno 1879. Roma, 1879; 2 livr. in-4°.
Nova acta Academiae Caesareae Leopoldino-Carolinae germanicae naturae
curiosorum,- t. XXXVII, XXXVIII, XXXIX, XL. Dresdae, 1875-1878;
4 vol. in-4°.
Leopoldina amtliches Organ der Kaiserlich Leopoldinisch-Carolinisch deut-
schen Jkademie der Naturforscher, 1874-1879. Dresden et Halle, 1 874-1 879;
6 livr. in-4°.
Upsala universitets fy rahundraars jubelfest ; seplemher 1877. Stockholm,
Norstedt et soners, 1879 ; in-S".
The contact theory oj voltaic action; Paper n° III; by Prof. W. E. Atrton
onrf John Perrt. London, 1S79; in-4°. (From the Philosophical Transac-
tions ofthe royal Societj ; Part I, 1880)
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 26 AVRIL 1880.
PRÉSIDENCE DE M. EDM. BECQUEREL.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
MÉCANIQUE. — Sur le problème inverse du mouvement d'un point matériel
sur une surface de révolution. Note de M. H. Resal.
c< Dans la dernière séance, j'ai donné la solution du problème en em-
ployant les coordonnées sphériques, auxquelles je vais substituer mainte-
nant les coordonnées cylindriques.
» Soient :; l'ordonnée du mobile m, parallèle à l'axe de révolution Oz;
r le rayon ml du parallèle; /3 l'angle TJj formé parla méridienne avec le
rayon de l'équateur;
(i) r = ¥{z), ^=J{z)
l'équation du méridien et la seconde équation qui sert à définir la courbe.
Nous avons
C. R., i88o, I" Semestre. (T. XC, N" 17.) 123
( 93B )
et, en nous reportant aux formules et notations de l'article précité,
(3)
d^ dr
dC" ^IFt 11'
» En substituant à Nous allons appliquer maintenant les formules ci-dessus aux lignes
tracées sur un tore.
» Soient b ~ CO la distance à Oz du centre C du cercle générateur, dont
le rayon est ;nC ^= a,etf son inclinaison sur OC. Nous supposerons, en nous
basant sur des considérations exposées plus haut, -^ = i ou < — 9. Nous
avons
r = b -h acoscp, z — rtsiny, dG = afI(p, /3 = ip +- 90°.
» En posant ~ = u, les formules (3) et (5) deviennent
T = (é -f- acoso) siïïfii',
P = (b -h a cosœ) 2ua sinç»
tangi= î «.
» Nous ne nous occuperons ici que des lignes géodésiques du tore, qui
sont données par
h -\- a cos r acc>%m\ , .
3 7 — — — \r SU! 2/ = O,
ciij 0 + a cos y a '
d'où, en divisant par v'^,
c ^asm'f r ^ 2 (i -)- a cos
O" "^ saurait espérer une vérification
plus précise. Nous regarderons donc comme complète la coïncidence
numérique des deux coefficients et nous conclurons, par identification, que
logZ et \ogh ne diffèrent que par une constante que nous appellerons logft;
par suite,
(9) ^=^^'-
» Donc la masse de ta matière absorbante est à chaque altitude proportion-
nelle à la pression barométrique, par conséquent dans un rapport constant avec
la masse de l'air atmosphérique.
)) Ce résultat exclut immédiatement la vapeur d'eau comme matière
absorbant les radiations ultra-violettes. En effet, le poids de la vapeur d'eau
est loin d'être en rapport constant avec le poids de l'atmosphère : la propor-
tion diminue au contraire rapidement avec l'altitude. Suivant M. Radau ( * ),
les observations hygrométriques simultanées, exécutées dans les Alpes
sous la direction de Raemlz, Bauerfeind, etc., seraient représentées avec
(') Actinométrie, p. i5. Paris, Gauthier- Villars, ib^V-
( 944 )
exactitude par la lormule
(lo) 2==67oo'"(log/„-log/),
dans laquelle f désigne la force élastique de la vapeur d'eau à l'altitude z.
L'identité de forme entre cette expression et celle qui représente la pression
barométrique (7) rend la comparaison très facile, mais cette fois l'iden-
tification n'est plus possible avec la loi (8) déduite des observations spec-
trales; on voit, en effet, que, malgré l'incertitude qui peut subsister sur la
valeur numérique du coefficient 17761 de (logC — logZ), il est impossible
d'identifier les deux lois, le coefficient de (log^o — 'og/) de l'équation (10)
étant presque trois fois moindre.
» On pourrait objecter que l'équation (10), représentant des détermina-
tions faites dans des circonstances différentes des miennes, ne convient pas
bien à mes propres résultats; mais j'ai pris soin d'observer souvent le
point de rosée r pendant mes observations spectrales. Voici le résultat
pour l'heure de midi, au maximum d'étendue du spectre, dans deux jour-
nées très voisines :
Au Riffelberg(z = 2570'") /•= + i^.o d'où /= 4'"», 9$ le 26 juillet 1879,
A Viège(z = 66o'") r— 120,0 d'où /"= lO"'", 46 le 28 Juillet 1879.
Ces données suffisent pour calculer le coefficient numérique de l'équa-
tion (10), que l'on trouve alors égal à 5870"; la divergence est encore
plus forte.
M On peut donc affirmer que la vapeur d'eau n'est pas ta cause principale
de r absorption des radiations ultra-violettes, comme le pensent plusieurs physi-
ciens, et comme je l'ai cru moi-même au début de ces expériences.
» La démonstration de ce résultat peut être mise sous une forme plus
saisissante et susceptible d'extension à d'autres cas; en effet, substituons
dans l'équation (6)la valeur de logZ tirée de l'expression 2=:;o(log/„— logZ),
qui représente la forme générale rencontrée dans les deux cas précédents :
on en déduit aisément, par identification,
(il) q=-mZo;
c'est la valeur théorique du taux de l'accroissement de visibilité du spectre
ultra-violet avec l'altitude. Si l'on substitue pour m la valeur donnée pré-
cédemment (//i = — 0,048882), et pour z.^ le coefficient numérique 5870™
déduit de mes observations hygrométriques, on trouve q = 286™, g.
)> On en conclut que si l' absorption des radiations ultra-violettes était due
( 945 )
exclusivement à l'aclion de la vapeur d'eau distribuée avec l'altitude suivant
la loi que l'expérience indique, l'accroissement de visibilité du spectre solaire
ultra-violet serait d'une unité (millionième de millimètre) sur l'échelle des lon-
gueurs d'onde pour un accroissement d'altitude de aSô^jQ. L'observation
directe ayant donné trois fois plus, c'est-à-dire une unité pour 868", 2, il y
a lieu de rejeter la vapeur d'eau comme cause exclusive de l'absorption
des radiations ultra-violettes.
» Il est, au contraire, fort vraisemblable d'attribuer aux autres éléments de
r atmosphèi'e, dont la proportion est regardée comme constante à toutes les
altitudes, le pouvoir d'absorber les radiations très réfrangibles, car le coeffi-
cient Zo= i8336 (constante de Ramond), qui caractérise l'épaisseur absor-
bante / dans la formule barométrique (7), donne pour le taux de l'ac-
croissement de visibilité (^ = 896'", 3, c'est-à-dire le nombre observé, à
l'approximation que comporte ce genre de mesures.
» I.e même mode de démonstration servirait à prouver que les poussières
atmosphériques, auxquelles plusieurs physiciens attribuent la plus grande partie
de l'absorption des radiations ultra-violettes, ne jouent qu'un rôle secondaire. On
sait, en effet, que les poussières atmosphériques existent surtout dans les
basses régions de l'atmosphère et disparaissent d'une façon presque com-
plète aux altitudes élevées. C'est, en effet, à l'absence de ces poussières et
ces brumes que l'on attribue généralement la transparence de l'air des
montagnes. On pourrait donc approximativement représenter la loi de
répartition de ces poussières avec l'altitude par une expression de même
forme que précédemment : il suffirait pour en faire usage de déterminer le
coefficient numérique qui la caractérise. Bien qu'il soit difficile d'éviter les
appréciations arbitraires, on peut se former une idée de la progression en
admettant, par exemple, qu'à 1000™ de hauteur il n'existe que la dixième
partie des poussières qui obscurcissent l'atmosphère dans les basses régions :
cette évaluation n'a certainement rien d'exagéré; d'où la condition
1000= — Zo logiV; c'est-à-dire z„ = 1000", d'où l'on conclurait
rn
z„ = 48",8,
ce qui donnerait une progression dans la visibilité près de vingt fois plus
rapide que celle que l'on observe.
M En résumé, la discussion de mes observations sur la limite ultra-vio-
lette du spectre solaire permet de définir, avec une netteté et une approxi-
mation assez inattendues, la loi de répartition dans l'atmosphère, suivant
l'altitude, de la matière absorbant les radiations très réfrangibles venant
C. R., 1880, I" Semestre. (T. XC, N» 17.) • ^3
( 94G )
du Soleil : l'identité de cette loi avec la formule barométrique montre que
l'absorption est exercée par la masse gazeuse de l'atmosphère et non par la
vapeur d'eau, ou par les poussières, qui conduiraient à des progressions
différentes.
» Il est fort curieux que la vapeur d'eau, qui paraît jouer le rôle prédo-
minant dans l'absorption des radiations peu réfrangibles du spectre, ne
soit pas la substance qui exerce l'influence principale dans l'absorption des
radiations ultra-vio lettes ( ' ) . »
CHIMIE. — Etude des propriétés explosives du fulminate de mercure;
par MM, Bertuelot et Vieille.
« 1. L'Académie se rappelle qu'elle m'a fait l'honneur de me désigner,
il y a quelques années, au cboix du Ministre de la Guerre, pour faire
partie du Comité consultatif des Poudres et Salpêtres. Peut-être les re-
cherches théoriques et pratiques que j'avais eu occasion de faire sur les
matières explosives pendant le siège de Paris n'étaienl-elles pas étrangères
à cette désignation. Les problèmes théoriques en particulier, relatifs aux
nouvelles substances explosives, telles que les picrates, la nitroglycérine,
la dynamite Nobel, la poudre-coton, etc., n'avaient guère été posés
avant mes premières publications : Sur la force de la poudre et des substances
explosives (-). Ils ont pris un intérêt de plus en plus vif par suite des
applications croissantes de ces nouveaux composés aux travaux pyrotech-
niques.
(') J'ai tenu à vérifier ce résultat par une expérience directe : j'ai constaté que l'air
saturé d'humidité à iS" et l'air soigneusement desséché, observés sous une épaisseur
de 4"° dans l'appareil précédemment décrit [Comptes rendus, t. LXXXVIII, p. 1290), ne
présentent aucune différence appréciable dans l'absorption qu'ils exercent sur les radiations
très réfrangibles du spectre de l'aluminium.
L'eau, à l'état liquide, agit également d'une manière très différente sur les deux extré-
mités du spectre. M. Soret a montré, en effet, que l'eau distillée est parfaitement transpa-
rente pour les radiations très réfrangibles [Archives de Genève, mars 1878), puisqu'une
colonne d'eau distillée de i™,i6 laisse passer la radiation n" 28 (spectre du zinc, \ = 206);
au contraire, pour les radiations infra-rouges, l'eau est si opaque, d'après les expériences de
notre confrère M. Desains, que o™,oi d'épaisseur enlève au spectre calorifique des métaux
incandescents la moitié de leur longueur et les trois quarts de leur intensité { Comptes rendus,
t. LXXXIV, p. 286).
(2J i'" édition, janvier 187 1; 2' édition, 1872; chez Gauthier-Viilars.
( 947 )
» L'appui donné par l'Académie à cet ordre de recherches n'est pas de-
meuré stérile. En effet, le Ministre de la Guerre a institué récemment une
Commission des substances explosives, destinée à en approfondir l'examen
scientifique. Cette Commission vient aujourd'hui vous présenter, avec
l'autorisation libérale du Ministre, les premiers résultats de la portion théo-
rique de ses études, choisis parmi ceux qui ont paru susceptibles d'être
publiés avec profit pour la Science et sans inconvénient pour la défense
nationale.
» Ces résultats comprennent l'étude des propriétés explosives du fulminate
de mercure, par IMM. Berthelot et Vieille; l'étude des propriétés explosives
du coton-poudre pur ou nitrate et celle de la nitroglycérine, par
MM. Sarrau et Vieille. L'Académie connaît déjà les remarquables travaux
de M. Sarrau sur les diverses poudres. M. Vieille, qui nous a apporté dans
ces dangereuses expériences le concours d'un zèle et d'une adresse con-
sommés, est un jeune ingénieur du plus grand mérite et dont le nom repa-
raîtra sans doute plus d'une fois dans cette enceinte. Je vais exposer les
recherches que j'ai exécutées, avec sa collaboration, sur le fulminate de
mercure.
» 2. Le fulminate de mercure est l'un des types les plus parfaits des
matières brisantes; il joue le principal rôle dans la fabrication des amorces,
comme dans la détonation proprement dite de la poudre-colon et de la
dynamite. Au point de vue de la théorie, aussi bien que des applications,
son étude présente la plus grande importance. Cependant l'examen scien-
tifique de ses propriétés explosives n'a guère été entrepris jusqu'à présent :
soit à cause des dangers que présente le maniement de cette substance,
soit en raison de la date toute récente à laquelle les problèmes théoriques
relatifs aux nouvelles matières explosives ont été soulevés pour la pre-
mière fois.
» Nous avons déterminé dans nos expériences :
» 1° La nature des produits de l'explosion du fulminate, nature qui
avait été soupçonnée, plutôt que reconnue par des analyses exactes; elle
joue un rôle essentiel dans l'interprétation des effets explosifs de la matière ;
» 2° La chaleur dégagée pendant l'explosion du fulminate pur; on en
conclut sa chaleur de formation et une certaine mesure de ses effets
explosifs;
» 3° La densité du fulminate de mercure;
» 4° La pression développée pendant l'explosion en vase clos, dans des
conditions diverses de volume des capacités enveloppantes et de contact
entre leurs parois et le corps explosif.
( 948)
» L'ensemble de ces résultats fournit des notions plus précises sur les
effets explosifs du fulminate de mercure, et il permet de rendre compte
des caractères propres de la détonation de cette substance. Exposons
les faits.
» 3. Le fulminate provenait de l'École d'Arras. Il a fourni à l'analyse :
Expérience. Théorie (C'Az'Hg'C).
Hg(') 71,30 Hg 70,40
CO (') 19,40 CO 19,75
Az (') 9,60 Az 9,85
H (') 0,04
^ ' ^ 100,00
100,34
» Le léger excès de mercure que présentent ces analyses résulte d'un peu
de métal libre, mélangé mécaniquement avec le fulminate, et que l'on
peut manifester en mettant le corps en suspension dans l'acide chlorhy-
drique.
» 4. Gaz dégagés. — L'explosion du fulminate a été déterminée dans l'in-
térieur d'une éprouvette d'acier; 3^'^ de fulminate étant disposés dans une
petite cartouche de papier d'étain, suspendue au centre. L'inflammation a
lieu en portant à l'incandescence, au moyeu d'un courant électrique, un
fil métallique fin qui traverse la cartouche. L'éprouvette avait été remplie
à l'avance d'azote pur et sec, sous une pression et à une température ri-
goureusement connues. Après l'explosion, on a mesuré le volume des gaz
produits et l'on en a fait l'analyse exacte. Dans cinq essais on a obtenu des
nombres qui ont varié entre aSo*^"" et 238*^'^, en moyenne 234"", 2 pour
i^"^ de fulminate : la théorie indique 235"", 8. Cs'S gaz renfermaient sur
100^°':
CyH + CO- o,i5
CO 65,70 1 .
Az 3.,28r^t^P°^' = ^'«^-
H .,87(').
Il résulte de ces données que le fulminate se décompose, suivant une réac-
tion très simple, en oxyde de carbone, azote et mercure :
C*Az-Hg=0* = 2C=0=-4- Az= +Hg^
(') Dosé sous forme de sulfure, après attaque par l'acide chlorhydrique additionné d'un
peu de chlorate de potasse.
[') Déterminé en volume, après explosion en vase clos.
(') Même remarque. Cet hydrogène est probablement accidentel, c'est-à-dire qu'il paraîl
provenir des matières grasses employées pour lubrifier les joints du vase.
(*) Accidentel. Voir plus haut.
( 949 )
i'"î (284^') fournit 66'", 7 de gaz (à 0° et 760"""). D'après cette relation,
la détonation du fulminate ne produit aucun composé susceptible d'une
dissociation notable (') dans les conditions d'expérience; par suite, auciuie
combinaison graduelle, susceptible de modérer la détente des gaz et de
diminuer la violence du choc initial, ne peut avoir lieu pendant la période
du refroidissement : ce qui explique la brusquerie de l'explosion. Elle se-
rait plus brusque encore, si la condensation de la vapeur du mercure ne
venait, vers la fin du refroidissement, apporter quelque tempérament.
En tout cas, la nature des produits explique le caractère du choc
explosif.
» 5. Chaleur produite. — Les expériences précédentes ont été faites en
tenant l'éprouvette d'acier plongée dans un calorimètre plein d'eau, de
façon à mesurer simultanément la chaleur développée, dans les conditions
mêmes de la décomposition analysée. On a trouvé pour i s' : 403"', 5 (moyenne
de cinq essais concordants); ce nombre doit être accru de ^, pour tenir
comptedu mercure mécaniquement mélangé (voir plushaut). On a ainsi, pour
a84S'^ : + I i6'^",o à volume constant; ou + 1 14^°', 5 à pression constante.
Cette quantité de chaleur serait capable de porter les produits, tous ame-
nés à l'état gazeux, jusque vers 4200°.
M 6. Chaleur de formation. — Il est facile de tirer de là la chaleur de for-
mation du fulminate de mercure, depuis ses éléments :
C ( diamant )+Az»-t-0' + Hg'liq=:C'Az=Hg'0\ absorbe: 5 1,6 — i 4,5 = — 62,9.
Cette quantité est négative, comme on devait s'y attendre. La chaleur dé-
gagée dans la décomposition du fulminate résulte donc de deux causes,
savoir : la séparation des éléments et la combustion simultanée du carbone
par l'oxygène.
» Tels sont les résultats obtenus en vase clos et dans une atmosphère
d'azote.
» Au contact de l'air, ou dans un vase qui renferme ce gaz, il se forme
de l'acide carbonique, par suite de la combustion totale ou partielle de
l'oxyde de carbone; celle-ci dégage en plus : +i36'"'',4; ce qui fait en tout
+ 25o'^'',9, la combustion étant supposée totale et opérée à pression con-
stante. Mais cette quantité de chaleur supplémentaire n'intervient pas dans
les effets du choc initial, parce qu'elle résulte d'une combustion consé-
cutive.
(') On néglige ici les traces de dissociation que l'oxyde de carbone manifeste au rouge,
d'nprès M. H. Sainte-Claire Deville, et en vertu desquelles il engendre des quantités à peine
perceptibles de carbone et d'acide carbonique.
( 95o)
« Le contraire a lieu lorsqu'on mélange le fulminate avec du chlorate
de potasse ou avec de l'azotate ; ce qui a également pour effet de transfor-
mer l'oxyde de carbone en acide carbonique, avec un dégagement de cha-
leur qui s'élève, à pression constante, à -+- 258,2 avec le chlorate :
C* Az^" Hg=0^ -h I^CI O» K) -^ 2C=0' + Az= + Hg^" + |RC1,
et à 4- 229,4 avec l'azotate :
C*Az''Hg='0^ + A (AzO«K) :^ |CO'K + 3|C0' + 2|Az + Hg=.
» Le dégagement de chaleur est ainsi double de celui que produit le
fulminate pur; mais le choc initial est tempéré ici par des phénomènes de
dissociation, dus à l'acide carbonique, et qui rendent ces poudres mélan-
gées moins brusques dans leurs effets. I^a température développée est ré-
duite en outre par la répartition de la chaleur entre des masses de produits
plus considérables.
» 7. Densité. — L'évaluation des pressions exercées au contact par le
fulminate exigeant la connaissance de sa densité, nous l'avons mesurée et
trouvée égale à 4> 42.
» 8. Tensions développées en vase clos. — On a provoqué l'explosion du
fulminate dans une éprouvette cylindrique en acier doux, de 22™'° de dia-
mètre intérieur, d'une épaisseur égale au calibre et d'une capacité de 24'^'^, 3.
L'éprouvette est munie à l'une de ses extrémités d'un bouchon renfermant
l'appareil crusher, qui sert à la mesure des pressions (cylindre de cuivre
rouge, dont on mesure l'écrasement); l'autre extrémité est fermée par un
bouchon, portant le dispositif de mise de feu. Pour éviter toute action lo-
cale au contact du métal, la charge a été suspendue au milieu de l'éprou-
vette, sous la forme d'une cartouche cylindrique, de figure semblable à la
capacité intérieure. Un fil de fer fin, susceptible d'être porté au rouge par
l'électricité, traverse la cartouche.
» Voici les résultats observés :
Densité
Poids
Pression en kilogrammes
du chargement.
du fulminate.
2,43
par
centimètre carré.
0,1
477
0,2
4,86
1730
0,3
7.%
2697
0,4
9'72
4272 (■)
(') Un calcul fondé sur la loi de Mariotte, supposée applicable dans de telles conditions,
aurait indiqué une pression moitié moindre : 2070°'"'.
( 95' )
» Dans la dernière expérience, le piston inférieur a été trouvé cassé en
trois morceaux, sans qu'il y ait eu cependant fuite des gaz. En même temps
l'obturateur de cuivre s'était écoulé sous forme de feuille mince, dans
l'intervalle annulaire de 7-^-5 de millimètre existant entre le piston et le canal
concentrique. Ces phénomènes sont caractéristiques de la brusquerie de la
décomposition par détonation.
» Mais, si les actions locales sont plus violentes avec le fulminate qu'a-
vec les matières explosives ordinaires, il ne faudrait pas en conclure que
les pressions moyennes développées sous une densité donnée de charge-
ment soient plus grandes. Loin de là. -la poudre coton, par exemple, afourni,
dans des conditions comparables aux précédentes, des pressions moyennes
à peu près doubles, soit, pour la densité de chargement 0,1 : io85'';
pour o, 2 : 3i2o'' ; pour o, 3 : 5575'' ; pour o,4 : 8'jl^B^.
» Le sens de ces relations est d'ailleurs d'accord avec les données con-
cernant les quantités de chaleur et les volumes des gaz produits par les deux
explosifs.
» 9. Ce ne sont, en général, ni le volume des gaz dégagés, ni la quantité de
chaleur produite qui donnent au fulminate son caractère propre et ses
avantages spécifiques. En effet, il est surpassé, sous ce double rapport, par
la plupart des poudres explosives. La pression développée sous une den-
sité de chargement donnée est moindre aussi, comme on vient de le dire,
pour le fulminate de mercure que pour la poudre-coton , et à peu prés la
même que pour la dynamite à ^5 pour 100, c'est-à-dire inférieure à la ni-
troglycérine pure.
n La supériorité de puissance du fulminate se manifeste surtout dans les
actions exercées au contact, et elle tient à trois causes, savoir : la presque
instantanéité de la décomposition de ce corps par simple inflammation;
l'absence presque totale de dissociation des produits; enfin la grande densité
de la matière. En raison de ces conditions, les produits définitifs de la réac-
tion semblent formés tout d'abord, avant que la matière ait eu le temps de
prendre un volume notablement supérieur à celui qu'elle occupait dans son
état solide primitif. Si donc le fulminate détone dans un récipient au contact
de la paroi même, il développe sur celle-ci, au premier moment, une pres-
sion instantanée n'ayant aucun rapport avec la pression moyenne, réglée par
la capacité du récipient. Nous avons essayé d'évaluer la pression développée
au contact dans ces conditions, en nous appuyant sur ce fait d'expérience
que les courbes représentatives des tensions en vase clos, pour les matières
explosives connues, tendent rapidement vers une asymptote. Cela étant
( 9^2 )
admis, le fulminate, sons sa densité absolue de 4, 42, développerait au con-
tact une pression de 148000="™; tandis que la poudre-coton comprimée,
sous la densité 1,1, telle qu'elle est employée pour les usages militaires,
développerait seulement au contact 24000^'"". Un calcul semblable montre
qu'aucune matière explosive connue ne donne au contact une pression
instantanée comparable à celle du fulminate. Sans insister plus qu'il ne
convient sur ces chiffres, il nous a paru cependant utile de les signaler,
parce qu'ils indiquent le sens général des phénomènes.
» La supériorité des effets dus au choc explosif du fulminate s'explique
par cette circonstance, jointe à l'absence de dissociation : rien ne résiste au
contact direct de cet agent.
» Dans une expérience, le fulminate avait été déposé sur le fond d'une
bombe calorimétrique en acier, la pression moyenne ayant été calculée à
l'avance, de façon à ne pas surpasser So""". Cependant la cuvette en acier
fut emboutie sur toute la surface occupée par la charge, dont les contours
se trouvèrent imprimés sur le métal.
» 10. On sait que le fulminate de mercure est éminemment apte à déter-
miner cette propagation presque instantanée de la déflagration, si distincte
de l'inflammation proprement dite, et qui est indispensable pour permettre
à la dynamite et à la poudre-coton comprimée de développer toute leur
puissance, I/un de nous a donné ailleurs la théorie générale de ces effets
caractéristiques, théorie qui rattache à la violence du choc initial la brus-
querie des décompositions consécutives, ainsi que la grandeur des pressions
exercées au contact pendant le cours de ces décompositions {Sur lajorce de
la poudre, p. 1 65- 166; 1^ édit., 1872). Les fiiits qui viennent d'être exposés
complètent cette théorie et montrent pourquoi le fulminate de mercure est
particulièrement propre à provoquer les détonations proprement dites des
autres matières explosives. »
CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Sur le choléra des poules ; études des condilions
de la non-récidive de la maladie et de quelques autres de ses caractères;
par M. L. Pasteur.
« Dans la Communication que j'ai eu l'honneur de faire à l'Académie
au mois de février dernier, j'ai annoncé, entre autres résultats, que le
choléra des poules était produit par un parasite microscopique, qu'il exis-
tait un virus atténué de cette maladie, qu'enfin une ou plusieurs inocula-
( 95.5 )
tinns de ce virus atléiiué peuvent préserver ces animaux des atteintes
mortelles d'une inoculation ultérieure ('). Par les liaisons frappantes que
notre élude offre avec les effets de la vaccine et de la variole humaines, il
y a un intérêt majeur à savoir si l'immunité dont il s'agit peut être absolue
non seulement pour les régions du corps qui ont subi l'inoculation pré-
ventive, mais quel que soit le point inoculé, quel que soit le mode d'intro-
duction de la maladie, quelle que soit la réceptivité de l'animal (-).
» Afin d'expliquer plus clairement et plus brièvement les résultats dont
i'in à rendre compte, qu'il me soit permis d'employer le mot vacciner pour
exprimer le fait de l'inoculation à une poule du virus atténué. Cette con-
vention étant admise, je pourrai dire, sur la foi de nombreuses expériences,
que les effets de la vaccination sont variables avec les poules, que cer-
taines résistent à un virus très virulent à la suite d'une seule inoculation
préventive du virus atténué, que d'autres exigent deux inoculations pré-
ventives et même trois, que dans tous les cas toute inoculation préven-
tive a son action propre, parce qu'elle prévient toujours dans une certaine
mesure; qu'en un mot on peut vacciner à tous les degrés et qu'il est tou-
jours possible de vacciner d'une manière complète, c'est-à-dire d'amener
la poule à ne plus pouvoir recevoir aucune atteinte du virus le plus
virulent.
)) Je porterai plus sûrement la conviction dans les esprits si j'indique
brièvement la marche et les résultats des expériences de démonstration. Je
prends quatre-vingts poules neuves (j'appelle de ce nom les poules qui
n'ont jamais eu la maladie du choléia des poules, ni spontanée, ni com-
muniquée). A vingt d'entre elles, j'inocule le virus très virulent : les
vingt périssent. Des soixante qui restent, j'en distrais encore vingt et je les
inocule par une seule piqûre à l'aide du virus le plus atténué que j'aie pu
(') M.M. Jloritzel Perioncito et M. Toussaint hii-inême, quoiqu'il ait été plus loin (iiie ses
devanciers, avaient laissé indécise la question du parasitisme de celte maladie. Je me suis
exprimé différemment dans ma précédente Note; mais j'ai reconnu depuis que M. Toussaint
n'avait pu obtenir des cultures successives dans l'urine neutre, mérite que du reste il ne
s'attribue pas. Toutefois, il a celui de les avoir tentées.
(') Ce que j'ai entendu raconter, ce que j'ai lu de la vaccine humaine et ce que je puis
inférer de mes expériences sur le choléra des poules me portent à croire que la vaccine
préserve rarement au mn.viinuin. Quel est, en effet, le vaccinateur qui oserait sans crainte
exposer ses vaccinés à des épidémies meurtrières de variole? On cite même bon nombre de
personnes vaccinées qui ont eu la variole et chez lesquelles la vaccine s'est montrée ensuite
efficace qui ont repris la variole et ont eu jusqu'à trois fois cette affection.
C. F.., iSSo, 1" Semestre. (T. XC, N» 17.) ' ^4
(954)
obtenir (') : auctine ne meurt. Sont-elles vaccinées pour le virus très viru-
lent? Oui, mais seulement un certain nombre d'entre elles. En effet, si sur
ces vingt poules je pratique l'inoculation du virus le plus virulent, six ou
huit, par exemple, tout en étant malades, ne mourront pas, contrairement
à ce qui a eu lieu pour les vingt premières poules neuves, dont vingt sur
vingt ont péri. Je distrais de nouveau du lot primitif vingt poules neuves
que je vaccine par deux piqûres appliquées successivement après un inter-
valle de sept à huit jours. Seront-elles vaccinées pour le virus très virulent?
Afin de le savoir, réinoculons-les par ce virus. Cette fois, et contrairement
au résultat de la deuxième expérience, ce n'est plus six ou huit qui ne
mourront pas, mais douze ou quinze. Enfin, si je distrais encore vingt
poules neuves du lot primitif et que je les vaccine successivement par le
virus atténué, non pas une ou deux fois, mais trois ou quatre, la mortalité,
par l'inoculation du virus très virulent, la maladie même, seront nulles.
Dans ce dernier cas, les animaux sont amenés aux conditions de ceux des
espèces qui ne contractent jamais le choléra des poules.
» Quant à la cause de la non-récidive, on ne peut se défendre de
l'idée que le microbe auteur de la maladie trouve dans le corps de
l'animal un milieu de culture et que, pour satisfaire aux actes de sa vie
propre, il altère ou détruit, ce qui revient au même, certaines matières,
soit qu'il les élabore à son profit, soit qu'il les brûle par l'oxygène qu'il
emprunte au sang.
» Lorsque l'immunité complète est atteinte, on peut inoculer le microbe
le plus virulent dans des muscles quelconques sans produire le moindre
effet, c'est-à-dire que toute culture est devenue impossible dans ces
muscles. Ils ne contiennent plus d'aliments pour le microbe.
)) On ne peut rendre l'impression qu'on éprouve à la vue de ces phéno-
mènes. Voici vingt poules qui n'ont jamais subi les atteintes de la maladie.
Je les inocule au muscle pectoral par le virus très virulent, ou plutôt au
muscle de la cuisse, afin de suivre plus commodément les effets de la piqûre
infectieuse. Le lendemain, toutes les poules sont couchées, très boiteuses,
saisies d'un profond sommeil; le muscle inoculé est énorme, tout lardacé
dans son intérieur, rempli à profusion du parasite. Puis, d'heure en heure,
la mort frappe tantôt une des poules, tantôt une autre. En quarante-huit
heures, les vingt poules ont péri. Voici d'autre part vingt poules, préala-
(') Car il y a des degrés dans raUéniialion comme il y en a dans la virulence, double cir-
constance dont j'espère donner ultérieurement la véritable interprétation.
( 'P5 )
blement vaccinées au maximum, inoculées à la même heure que les pré-
cédentes, à la même place, par le même virus employé eu même quantité :
le lendemain ou le surlendemain toutes sont vives, alertes, mangent,
gloussent, les coqs chantent; c'est le mouvement, c'est la vie dans toute la
plénitude de la santé, et, dans la région inoculée, les muscles de la cuisse ne
présentent rien d'anormal. On n'aperçoit même pas la trace de la piqûre,
et cet étal de santé est durable.
» Mais celte suppression de la possibilité de toute culture du parasite
dans les muscles n'est-elle pas propre seulement à ceux de ces muscles qui
ont reçu les inoculations préventives ? Il importe donc de rechercher ce qui
arriverait en faisant pénétrer le virus mortel soit par le système sanguin,
soit par les voies digestives. J'ai pris dix poules vierges de toute inocula-
tion et dix autres vaccinées au maximum; à toutes, le virus le plus virulent
a été injecté dans la jugulaire. Les dix premières poules sont mortes rapi-
dement, plusieurs déjà après vingt-quatre heures. Les dix poules vaccinées
ont guéri, au contraire, sans avoir été malades, si ce n'est d'une manière
peu accusée, à cause de l'incision à la peau et à la jugulaire. Le sang lui-
même était donc vacciné si l'on peut s'exprimer ainsi, c'est-à-dire que les
cultures préventives lui avaient enlevé ses matériaux de culture.
M Et quelles seraient les suites de l'introduction de la maladie par les
voies digestives? Essayons de provoquer une épidémie analogue à celle
qui frappe les basses-cours à l'aide de repas souillés par la présence du
parasite. Le ii mars, je réunis dans le même local douze poules, achetées
auxHallesle matin, avec douze au très vaccinées i^réa\ah\ement au maximum.
Chaque jour je donne à ces vingt-quatre poules un repas de muscles ma-
lades d'une poule morte du microbe. Les jours suivants, la maladie et la
mortalité s'accusent parmi les douze poules non vaccinées, qu'on distingue
au milieu des autres parce qu'on a eu le soin de passer à travers la crête
des vaccinées un fil de platine. Le 26 mars, on met fin à l'expérience :
sept poules, non vaccinées, ont succombé et l'autopsie a montré, à n'en pas
douter, que le mal s'est insinué soit par les premières voies digestives, soit
et le plus souvent par les intestins, généralement très enflammés et quel-
quefois ulcérés sur une grande longueur, dans la portion d'ordinaire qui
suit le gésier, rappelant par leurs lésions celles de la fièvre typhoïde (').
( ' ) Le sang est rempli de microbe, et les organes internes sont couverts assez fréquem-
ment de pus et de fausses membranes, principalement du côté des anses intestinales, par où
le microbe paraît avoir visiblement pénétré.
( 9^6 )
Les cinq autres poules non vaccinées sont malades, une de la façon la plus
grave ('). Des douze vaccinées pas une n'est morte, et aujourd'hui toutes
vivent encore et sont bien portantes.
» Nous pouvons résumer comme il suit les résultais que je viens
d'exposer :
» C'est la vie d'un parasite à l'intérieur du corps qui détermine la ma-
ladie appelée vulgairement cliolérades poules et qui amène la mort.
» Du moment où cette culture n'est plus possible dans la poule, la ma-
ladie ne peut apparaître. Les poules sont alors dans l'état constitutionnel
des animaux que le choléra des poules n'atteint jamais.
» Ces derniers animaux sont comme vaccinés de naissance pour cette
maladie, parce que l'évolution fœtale n'a pas introduit dans leurs corps
des aliments propres à la vie du microbe ou que ces matières nutritives ont
disparu dans le jeune âge.
» Certes, on n'a pas lieu de trop s'étonner qu'il y ait des constitutions
tantôt aptes, tantôt rebelles aux inoculations, c'est-à-dire aux cultures de
certains virus, lorsque, comme je l'ai annoncé dans ma première Note,
on voit le bouillon de levure de bière, préparé exactement comme le
bouillon de muscles de poules, se montrer absolument impropre à la culture
du parasite du choléra des poules, tandis qu'il se prête à merveille à la cul-
ture d'une multitude d'espèces microscopiques, notamment de la bactéridie
charbonneuse.
» L'explication à laquelle les faits nous conduisent, tant de la résistance
constitutionnelle de certains animaux que de l'immunité que créent chez
les poules des inoculations préventives, n'a rien non plus que de naturel
quand on considère que toute culture, en général, modifie le milieu où
elle s'effectue : modification du sol, s'il s'agit des plantes ordinaires; mo-
dification des plantes ou des animaux, s'il s'agit de leurs parasites; modifi-
cation de nos liquides de culture, s'il s'agit des mucédinées, des vibrioniens
ou des ferments. Ces modifications se manifestent et se caractérisent par
celte circonstance que des cultures nouvelles des mêmes espèces dans ces
milieux deviennent promptement difficiles ou impossibles. Que l'on ense-
mence du bouillon de poule avec le microbe du choléra et qu'après trois
(') Elle est morte le 8 avril, «ne autre le 22 avril. Trois se sont guéries. En tout, neuf
mortes sur douze. Les mortes, du 8 et du 22 avril, avaient un sang contenant le microbe et
dans l'abdomen des suites de péritonite accusées par dts fausses membranes sur les intes-
tins, etc.
(957)
ou quatre jours on filtre le liquide pour éloigner toute trace du microbe,
qu'en dernier lieu on ensemence de nouveau le liquide filtré par ce pa-
rasite : celui-ci se montrera tout à fait impuissant à reprendre le plus
faible développement. D'une parfaite limpidité après sa filtration, le liquide
garde indéfiniment cette limpidité.
» Comment ne pas être porté à croire que par la culture dans la poule
du virus atténué on place le corps de celle-ci dans l'état de ce liquide filtré
qui ne peut plus cultiver le microbe? La comparaison peut se poursuivre
plus loin encore, car, si l'on filtre du bouillon en pleine culture du mi-
crobe, non pas le quatrième jour de la culture, mais le second, le liquide
filtré sera encore apte à cultiver de nouveau le microbe, quoique avec
moins d'énergie qu'au début. On comprend ainsi qu'après une culture du
microbe atténué dans le corps de la poule, on puisse ne pas avoir enlevé
dans toutes les parties de son corps les aliments du microbe. Ce qui en
reste permettra donc une nouvelle culture, mais également dans une me-
sure plus discrète. C'est l'effet d'une première vaccine. Des inoculations
subséquentes enlèveront progressivement tous les matériaux de cnltnre du
parasite. En conséquence, par l'action du mouvement circulatoire, un
moment viendra forcément où toute culture nouvelle sur l'animal restera
stérile. C'est alors que la maladie ne pourra récidiver et que le sujet sera
tout à fait vacciné. On pourrait s'étonner qu'une première culture du virus
atténué s'arrête avant que les matières nutritives du microbe soient épui-
sées. Mais il ne faut pas oublier que le microbe, être aérobie, n'est pas du
tout, dans le corps de l'animal, dans les mêmes conditions que dans un rai-
lieu artificiel de culture. Ici, pas d'obstacle à sa multiplication. Dans le
corps, au contraire, il est sans cesse en lutte avec les cellules des organes,
cellules qui, elles aussi, sont des êtres aérobies toujours prêts à s'emparer
de l'oxygène.
» Est-ce bien là néanmoins la seule explication possible des phénomènes?
Non, à la rigueiu'. On peut se rendre compte des faits de non-récidive en
admettant que la vie du microbe, au lieu d'enlever ou de détruire certaines
matières dans le corps des animaux, en ajoute, au contraire, qui seraient
pour ce microbe un obstacle à un développement ultérieur. L'histoire de
la vie des êtres inférieurs, de tous les êtres en général, autorise une
telle supposition. Les excrétions nées du fonctionnement vital peuvent
s'opposer à un fonctionnement vital de même natme. Dans certaines fer-
mentations, on voit des produits antiseptiques prendre naissance pendant
et par la fermentation même, et mettre fin à la vie active des ferments et
(958 )
aux fermentations longtemps avant l'achèvement de celles-ci. Dans les cul-
tures de notre microbe, il pourrait y avoir formation de produits dont la
présence expliquerait à la rigueur la non-récidive et la vaccination.
» Nos cultures artificielles du parasite vont encore nous permettre de
contrôler cette hypothèse. Préparons une culture artificielle du microbe,
et, après l'avoir fait évaporer à froid et dans le vide, ramenons-la à son
volume primitif au moyen d'un bouillon de culture. Si l'extrait contient un
poison pour la vie du microbe et si telle est la cause de la non-culture pos-
sible du liquide filtré, l'ensemencement du nouveau milieu devra être sté-
rile; or il n'en est rien. On ne peut donc croire que pendant la vie du
parasite apparaissent des substances capables de s'opposer à son dévelop-
pement ultérieur. Cette observation corrobore l'opinion à laquelle nous
avons été conduits tout à l'heure sur les causes de la non-récidive de cer-
taines maladies virulentes. »
ASTRONOMIE. — Observation de la comète Schaberle, faite
à l'Observatoire de Marseille^ par M. Stepban.
Heure , ^ .
. 'og. lact. par.
de 1 observation. Ascension Distance ,^ ^
Dates. Temps moyen droite polaire en ascension en distance
1880. de Marseille. de la comète. de la comète. droite. polaire. Obsenateiir.
h m s h m s ** r tt
Avril 12. II. 18.41 6.31.19,60 9.57.12,3 -t-0,4000 +1,8326 Stephan.
Position moyenne de l'étoile de campai aison pour 1880,0.
Nom Ascension Distance
de l'étoile. Grandeur. droite. polaire. .Vutoritc.
h m s *^ f ti
904 Fedorenko. 8= 6.25.26,20 9.89.10,5 Cat. de Fedorenko.
» La comète est modérément brillante; elle possède un petit noyau
bien défini et une queue de plusieurs minutes. »
COSMOLOGtE. —Sur la météorite tombée, le 10 mai 1879, près d'Estherville
{Emmet Countj, lowa, Etats-Unis). Note de M. J. Lawkexce Smith.
« La chute de cette météorite a offert des circonstances qui la rendent
tout à fait exceptionnelle; aussi n'ai-je pas manqué, dès mon retour en
Amérique, d'aller visiter les localités où le phénomène avait été observé.
( 959)
En même temps, j'ai examiné avec soin les deux volumineuses masses qu'on
a recueillies. Déjà plusieurs Notices ont résumé les particularités de la
chute du lo mai dernier; mais il me paraît indispensable d'y revenir encoie,
en quelques mots, avant de présenter les résultats chimiques auxquels m'a
condin't l'analyse des nouvelles météorites.
» Circonstances de ta clnile. — La région où les météorites d'Estherville
soi\t tombées est exactement située sur la frontière commune des États
d'Iowa et de ]Minnesota (par 43° 3o' de latitude nord et 94° 5o' de longi-
tude ouest). Elle fait partie de ce territoire si remarquable où, dans l'espace
d'un seul mois, se sont succédé les trois chutes de Rochester (Indiana), de
Cynthiana (Kentuclcy) et de Warrington (Missouri). J'en ai donné la carte
dans nn Mémoire inséré, il y a deux ans, dans les annales de Chimie el de
Physique (').
» Ou a constaté, le 10 mai, les phénomènes ordinaires qui accompagnent
les chutes météoritiques, mais avec une intensité fout à fait exceptionnelle.
Le choc des pierres sur le sol fut si fort que deux personnes l'entendirent
nettement à 200" et Soo" de distance.
)) Évidemment il s'est produit deux explosions successives. La première
eut lieu à une certaine hauteur dans l'atmosphère, d'où résultèrent plu-
sieurs grands fragments trouvés en divers points, sur une surface de G*""',
le plus volumineux occupant la situation la plus orientale. Une seconde
explosion arriva au moment où le bolide allait toucher terre, et c'est d'elle
que dérivent les petits éclats trouvés auprès du plus gros bloc.
)) La plus grosse masse gisait à 2™, 5o au-dessous de la surface du sol.
La seconde grosse masse était entrée à 2™,5o de profondeur dans une
argile bleue, à 3""° environ de la première. La troisième ne fut découverte
que le 23 février 1880, après plus de neuf mois de séjour dans le sol.
Celle-ci est tombée à G""" environ de la première. Il y a quelques fragments
plus petits, sans doute détachés de l'échantillon principal, au voisinage de
la surface du sol, car on les a ramassés tout près de lui.
» Les blocs recueillis pèsent respectivement 198'^, 78''^, 42''°, i3''^,
4"^, &, 2''%2, et i''". Un ingénieur des chemins de fer estime à 60"" la
hauteur du bolide quand il apparut et à un nombre un peu moindre son
altitude au moment de l'explosion.
» Examen des masses recueillies. — Ces météorites sont brutes et nodu-
leuses et présentent, de toutes parts, des protubérances irrégulières formant
(') T. XIII, 1878.
( 96o )
de fortes saillies. La croûte noire n'est pas uniforme et offre bien plus
d'épaisseur dans les concavités situées entre les protubérances, lesquelles
présentent très souvent un brillant métallique non altéré et qui trahit leur
nature ferreuse.
» La densité de ces météorites varie, suivant les points, et égale au
moins en moyenne l\,5.
M De grands nodules de métal sont mélangés avec des minéraux pierreux.
Cette météorite est unique, différant entièrement des météorites hétérogènes
de Pallas, d'Atacama et des autres pierres riches en fer qui s'en rapprochent
au premier abord. Sur une surface polie, au travers des nodules, les acides
donnent les figures de Widmanstsetten magnifiquement développées.
» L'analyse a révélé dans le métal :
Fer 92 , oo
Nickel « 7,10
Cobalt o > 69
Cuivre' très faible quantité
Phosphore 0,112
» On reconnaît aussi, à première vue, la présence dans les échantillons
d'un minéral d'un vert olive, remarquable par son clivage net et facile et
en morceaux à contours fragmentaires de o^jOi à o™,o3; ce minéral vert
est irrégulièrement disséminé dans une matière pierreuse grise.
» La partie pierreuse, pulvérisée et débarrassée aussi exactement que
possible du fer métallique à l'aide de l'aimant, se divisa après plusieurs
heures, sous l'action de l'acide, chlorhydrique étendu et chaud, en une
partie soluble et en une partie insoluble. La proportion relative de ces deux
parties est d'ailleurs très variable, puisque la partie soluble représente
tantôt 16 pour J 00 et tantôt 60 pour 100.
» Dans la partie soluble, la chaux fait absolument défaut, circonstance
qui indique l'absence de l'anorthite.
» La partie insoluble, soigneusement analysée par la fusion avec le car-
bonate de soude, donna :
Oxygène.
Silice 54 , 1 229 , 1 2
Protoxy de de fer 2 1 , o5 4)^7
Magnésie 24 , 5o 9 > 80
Soude avec traces de potasse et de lilhine. 0,09 0,028 l i4,4o6
Oxyde de chrome .... traces
Alumine o,o3 o,oi3
99» 79
( 96i )
» Le minéral insoluble rentre donc dans le type SiR ou Si(Mg,Fe),
c'est-à-dire la bronzite ou l'enstatile, si fréquents dans les météorites.
» En examinant le minéral vert déjà cité, je trouvai qu'd représente la
partie facilement soluble dans l'acide. Dans une direclion, il y a un cli-
vage très net. Sa densité égale 3,35. Une fois pulvérisé, il est rapidement
et complètement décomposé par l'acide clilorhydrique ; sa dureté est de 7.
Deux analyses furent faites, l'une par la décomposition à l'aide de l'acide
clilorhydrique, l'autre par l'attaque au carbonate de soude. Les deux opé-
rations, parfaitement concordantes, donnèrent :
Osygène.
Silice 4 ' . 5o 22 , 1 3
Protoxy de de fer 1 4 , 20 3 , i 2
Magnésie 44 i^4 ' 7 , 80
20,98
» Cela conduit à la formule Si,2R, qui est celle du péridot.
» Enfin on rencontre dans quelques parties de cette météorite un silicate
opalescent, d'un gris verdàtre clair et facilement clivable. Bien que je
possède 5''8 à 6''» de la pierre, je n'ai pu séparer assez de ce silicate pour
déterminer positivement ses vrais caractères ; j'espère cependant en décou-
vrir plus tard. Une analyse, exécutée sur o^'^, 100, donna :
Oxygène.
Silice 49>6o 26,12
Protoxy de de fer . 15,78 3,5o ) ^
Magnésie 33 , o i 1 3 , i i .
98,39
résultats qui conduisent à la formule 2 Si 3R, équivalant à Si R + Si 2 R,
c'est-à-dire i atome de bronzite, combiné à i atome d'olivine, forme
de silicate que nous devons nous attendre à rencontrer dans les météorites.
» La trodite existe en très faible quantité. Lorsque de petits fragments
sont chauffés quelque temps avec l'acide cblorhydrique, et qu'on lave et
dessèche le résidu, on reconnaît aiséu)ent la présence de petites particules
noires et brillantes qui consistent en fer chromé. J'ai recherché soigneuse-
ment la présence d'un feldspath et de la schreibersite, sans rencontrer
ni l'un ni l'autre minéral. L'alumine, dont on ne voit que des traces, a
démontré clairement l'absence de tout autre feldspath.
C. R., 1880, I" Semestre. (T. XC, N» 17.) 1 2 J
(962 )
» Le Tableau suivant résume la composition de cette météorite aussi
complètement que j'ai pu la déterminer.
Bronzite Abondant,
Olivine Abondant.
Silicate non défini complètement jusqu'ici Traces.
Fer nickelé . . Abondant.
Chroniite Faible quantité.
Troïlite Traces.
» Bien qu'il n'y ait rien de particulier à noter dans la composition de
cette pierre, il faut cependant lui faire une place à part parmi les météo-
rites, au point de vue des phénomènes qui ont accompagné la chute, et
spécialement de la force de pénétration des échantillons dans le sol et à
celui des caractères physiques, surtout en ce qui concerne le mode d'asso-
ciation des minéraux constituants. »
ÉCONOMIE RURALE. — De rescourgeon comme fourrage vert.
Note de MM. Is. Pierre et Le.métayer.
« Les noùrrisseurs de la banlieue de Paris, les cultivateurs des départe-
ments voisins et les éleveurs du Calvados emploient souvent, comme four-
rage vert, le seigle consommé sur place ou préalablement fauché.
V L'un de nous (')a constaté, par l'analyse, il y a environ vingt-huit ans,
que ce fourrage n'a pas la même valeur comme aliment à toutes les époques
de son développement : ainsi, quand il est parvenu à une hauteur de o"*, 18
à o™, 20, le seigle vert, pris à l'état naturel, dose 5s%8 d'azote par kilo-
gramme; lorsqu'il est complètement desséché, ce même fourrage dose aa^'^.B
d'azote par kilogramme; lorsqu'il commence à épier, le seigle vert, pris à
l'état naturel, dose 4^', 3 d'azote par kilogramme et iS^"', i lorsqu'il est
complètement privé d'humidité.
» \Sescourgeon ou sucrion, employé au même usage par les noùrrisseurs
de la banlieue de Paris, est plus tendre que le seigle et plus recherché par
les animaux; sa valeur sucrée lui a valu le nom de sucrion.
» Nous nous sommes proposé d'examiner la richesse de ce fourrage à
diverses époques de son développement, et l'on trouvera ci-après le résul-
tat de nos études.
Isidore Pierre.
( 963 )
» Nos essais ont été faits en 1878.
» Chacun de nos échantillons d'essai correspondait à une superficie de
a""i. L'examen et l'analyse comparés de ces divers échantillons nous ont
donné les résultats suivants :
Poids total Perte par dessicca- Matière sèche
Époque de la coupe. à l'étal vert. tion pour loo. pour loo.
kg gr gr
1878. 29 avril 5,o3o 94^25 5,^5
16 mai 6,020 88, 6 1 iii^g
3i mai 5,040 80,60 19 j4*'
1 5 juin 3,^00 78,52 21,4s
Azote à l'état Aiote par kilo;;.
Époque de la coupe. vert par kilog. de matière sèche.
1878 . 29 avril 2^84 2 /,'3o
16 mai 2,52 12,90
3i mai 2,4i 9>6o
i5 juin 1,88 6,70
» Il résulte des données du premier Tableau que, dans l'espace de six
semaines, le poids de la matière sèche a quadruplé, et que, dans le der-
nier mois d'observation, ce poids a plus que doublé.
» Ce Tableau nous montre encore que le i5 juin, c'est-à-dire une
quinzaine de jours après l'épiage de l'escourgeon, celui-ci contenait encore
près de 80 pour 100 de son poids d'eau, c'est-à-dire que, sur loo'*^ de
fourrage coupé en vert, il y avait encore près de So'^^s d'eau.
j) Il résulte également de la comparaison des richesses des deux four-
rages que c'est plutôt son abondance et sa précocité qui font rechercher
l'escourgeon que sa richesse en matière azotée.
» Nous nous proposions de pousser ces études jusqu'à la maturité de
l'escourgeon; mais la précocité de cette céréale, qui la fait mûrir avant la
plupart des autres, l'expose aux ravages des oiseaux, et, sous ce rapport,
nous étions dans de fort mauvaises conditions, parce que notre parcelle
d'escourgeon se trouvait seule de son espèce dans la plaine où nous étions
installés. Au moment de la complète maturité de la plante, les épis étaient
presque aussi vides qu'après un battage soigné. »
M. le Président fait connaître les noms des Membres de l'Académie
choisis pour former une Commission qui sera chargée, sur la demande de
- ( 964 )
M. de Lesseps, d'examiner les questions scientifiques relatives au perce-
ment de l'isthme de Panama.
MM. Daubrée, Sainte-Claire Deville, amiral Mouchez, Larrey, La Gour-
nerie, Favé et Lalanne composent cette Commission.
M. DE Lesseps, à l'occasion de la Communication de M. le Président,
s'exprime en ces termes :
« J'aurai l'honneur de remettre à la Commission de l'Académie :
» Les procès-verbaux des séances de la Commission internationale
chargée de préparer l'exécution du catial interocéanique;
» Le rap|iort et les conclusions de la Commission;
» Les Caries, plans, profils en long et en travers qui ont servi à établir
les chiffres du Rapport;
» Le Mémoire spécial de M. Boutan, ingénieur des Mines, sur la géologie
de l'isthme;
» Les dernières observations des ingénieurs et opérateurs qui ont été
laissés sur la ligne projetée du canal et qui continuent leurs études supplé-
mentaires;
» La sténographie d'un meeting de trois heures qui a été rénni à San
Francisco avec le concours des Irigénieurs les plus compétents de la Cali-
fornie et des Membres de la Chambre de commerce, séance dans laquelle
soixante-cinq questions m'ont été posées et qui a été terminée par l'appro-
bation unanime de mes réponses.
» Dans ce moment je prends des arrangements avec les intelligents et
habiles entrepreneurs de travaux publics Couvreux et Hersent, qui se
chargent de l'exécution du canal interocéanique sous le contrôle de nos
ingénieurs.
» Le travail sera très simple et se réduira aux termes suivants :
» 75 millions de mètres cubes à excaver d'un océan à l'autre;
» 8000 ouvriers pendant six ans;
» 2JO journées de travail chaque année, ce qui fera i5oo journées pen-
dant lesquelles on fera par jour 5oooo mètres cubes, principalement avec
l'emploi des machines et de la vapeur. »
M. Th. du Moncfx, au sujet de l'intéressante Communication de
M. Bout/ sur les courants thermo-électriques développés au contact d'un
métal et d'un liquide, croit devoir rappeler la Note de M. Hellesen qui a
( 965 )
été piihViée dan?.\es Comptes renrliis de Tannée 1877, t. LXXXIV, p. 83, et les
expériences qu'il a entreprises Ini-mêine sur celte question en 1872, expé-
riences dont il tire les déductions suivantes (voir les Comptes rendus,
t. LXXV, p. 958, I (oo, i5o4 et la Notice sur ses travaux, p. 11):
« 1° Qnand nn couple est constitué avec des lames d'un même métal
placées dans des conditions identiqnes, et qu'il ne se développe pas de
conrant différentiel à la température ambiante, il suffît de chauffer l'une
ou l'autre de ces lames pour lui donner une polarité électronégative quel
que soit le métal, et lui faire fournir un courant comme si elle représentait
un pôle positif. Si un courant est déjà produit, l'action de la chaleur a pour
effet de diminuer ce courant, quand la lame chauffée est électropositive,
c'est-à-dire quand elle joue le rôle de lame oxydée; elle augmente, au con-
traire, la déviation quand cette lame est électronégative, c'est-à-dire
fournit au courant l'électricité positive. En même temps, les effets de pola-
risation sont notablement amoindris sur la lame chauffée.
» 2° Il résulte de cette action que, si les électrodes sont facilement atta-
quables, le courant produit par réchauffement de l'une d'elles, et qui sera
dans lui certain sens dans l'origine, pourra subir après un certain temps
d'échauffement une inversion; car la lame chauffée, en se dépolarisant
sous l'influence de la chaleur, devient plus facilement oxydable, et tend,
en conséquence, à développer un courant de sens contraire, qui devient
bientôt prédominant et qui peut même se renverser de nouveau par suite
du refroidissement de la lame, quand les effets de polarisation qui s'y
trouvent alors facilement développés ont repris le dessus.
» 3° Les effets de la chaleur sur les électrodes polaires des couples voitai-
ques ne sont pas inhérents seulement aux couples dont nous parlons; ils
se retrouvent également dans les couples où les électrodes sont de nature
différente, et il en résulte alors un accroissement d'énergie dans le courant
qu'ils produisent et une plus grande constance dans les effets déterminés,
quand, toutefois, la lame chauffée est électronégative; mais l'inverse a lieu
quand on chauffe la lame électropositive. Naturellement ces effets sont
d'autant plus marqués que la pile est plus susceptible de se polariser. »
M. MiLNE Edwards offre à l'Académie le quatorzième et dernier Volume
de son Ouvrage intitulé « Leçons sur la physiologie et l'anatomie comparée
de l'homme et des animaux ». Afin de rendre ce Livre facile à consulter,
il y sera joint une Table des matières très détaillée, qui paraîtra prochaine-
{ 966)
ment ; mais, pour la préparation de cette Table, l'intervention de l'auteur
n'est pas indispensable, et, par conséquent, le travail auquel celui-ci a
consacré les vingt-cinq dernières années peut être considéré comme ter-
miné.
M. Dausse communique à l'Académie, sur l'endiguement du Tibre à
Rome, une Lettre qu'il vient d'adresser à M. le Ministre des Travaux
publics du royaume d'Italie,
Dans cette Lettre, M. Dausse rappelle les idées qu'il a déjà exprimées
plusieurs fois sur la nécessité de l'abaissement et du creusement du lit
du Tibre, insiste sur la régularisation du cours du fleuve et condamne
l'exhaussement indéfini des quais.
!XOME\ATIO]\S.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination de Com-
missions de prix chargées déjuger les Concours de l'année 1880.
Le dépouillement donne les résultats suivants :
Prix Bordin. — Etude approfondie d'une question relative à la géologie
de la France.
MM. Daubrée, Hébert, Delesse, Des Cloizeaux et Milne Edwards réu-
nissent la majorité absolue des suffrages. Les Membres qui après eux ont
obtenu le plus de voix sont MM. H. Sainte-Claire Deville et Damour.
Prix Barbier : MM. Gosselin, Vulpian, Chatin, Bussy, baron Larrey réu-
nissent la majorité absolue des suffrages. Les Membres qui après eux ont
obtenu le plus de voix sont MM. Marey et Cosson.
Prix Desmazières : MM. Duchartre, Van Tieghem, Decaisne, Trécid et
Chatin réunissent la majorité absolue des suffrages. Les Membres qui après
eux ont obtenu le plus de voix sont MM. Cosson et Pasteur.
Prix de la Forts Mélicocq : MM. Duchartre, Decaisne, Van Tieghem, Cha-
tin et Trécul réunissent la majorité absolue des suffrages. Les Membres qui
après eux ont obtenu le plus de voix sont MM. Cosson et Naudin.
Prix Tfiore : MM. Blanchard, Duchartre, Milne Edwards, Decaisne et
Trécul réunissent la majorité absolue des suffrages. Les Membres qui après
eux ont obtenu le plus de voix sont MM. Chatin et Lacaze-Duthiers.
(967)
Grand prix des Sciences pliysiqites. — Étude du mode de distribution des
animaux marins du littoral de la France.
MM. Milne Edwards, de Quafrefages, Lacaze-Duthiers, Alph. Milne
Edwards et Blanchard réunissent la majorité absolue des suffrages. Les
Membres qui après eux ont obtenu le plus de voix sont MM. Ch. Robin et
Hébert.
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
HYDRODYNAMIQUE. — Quelques considérations à l'appui d'une Noie du 29 mars,
sur l'impossibilité d'admettre, en général^ une fonction des vitesses dans toute
question d'Hydraulique oii les frottements ont un ràlenolable. Note deM. J.
BocssiNESQ, présentée par M. de Saint-Venant.
(Renvoi à la Section de Mécanique.)
(c Dans une Note du 12 avril 1880 [Comptes rendus, t. XC, p. 857),
M. Bresse reconnaît que la démonstration de Lagrange, relative à l'exis-
tence pour toute époque d'une fonction (p des vitesses dès que cette fonc-
tion existe à une époque particulière, peut se trouver en défaut quand on
l'étend aux fluides naturels ou à frottements, et que je l'ai prouvé bien
positivement sur un exemple particulier; mais il qualifie encore d'excep-
tionnels les cas où cette démonstration ne s'applique pas (cas dont il avait,
du reste, pressenti la possibilité dès son article du 8 mars, quoiqu'il y
ajoutât que leur existence n'était pas facile à établir d'une manière suffi-
samment nette et précise). Or je pense, au contraire, que ces cas embrassent
au moins toute l'Hydraulique pratique et qu'ils s'étendent même à tous les
mouvements des fluides contenus dans des lits solides. Je demande donc à
l'Académie la permission d'ajouter ici quelques réflexions, non pour conti-
nuer une discussion que je regarde, ainsi que mon honorable contradic-
teur, comme terminée quant au point essentiel, mais à cause de l'intérêt
que présente en Hydrodynamique la question controversée.
)> Les phénomènes d'écoulement qui s'observent soit dans un tuyau
plein dont on débouche l'extrémité inférieure, soit dans un canal découvert
où l'on fait naître une pente de surface en soulevant, par exemple, une
vanne, ont pour type, dans leur première période, où ils sont encore par-
faitement continus et réguliers, les mouvements beaucoup plus simples dont
ma Note du 29 mars a donné les lois, et qui sont ceux d'un volume fluide
de dimensions infinies, limité d'un côté par une paroi plane mouillée, quand
(968 )
il se met à couler par filets rectilignes et parallèles sous l'action d'une force
accélératrice constante. En effet, que la force accélératrice provienne, dans
le tuyau ou le canal, soit d'un excès de la pression d'amont sur celle d'aval,
soit d'une pente de superficie, l'influence retardatrice de la paroi sensible-
ment plane comprise entre deux génératrices peu distantes du lit prismatique
ou cylindrique ne se fera d'abord sentir, avec une intensité appréciable, que
dans la région voisine 'de cette paroi même, en sorte qu'il se passera un
certain temps avantque les influences analogues des autres parois atteignent
cette région, et qu'on pourra, par suite, vers le commencement du mou-
vement, y évaluer les variations de la vitesse comme si le fond (c'est-
à-dire la paroi considérée) avait une largeur indéfinie et la masse fluide une
épaisseur également indéfinie. Le cas traité dans la Note du 29 mars est donc
l'expression la plus simple de ce qui se passe au début de tout écoulement fluide,
et il en montre le mécanisme général, dégagé des complications accessoires. Aussi
les valeurs de la vitesse y comportent-elles une forme (inie ou ne contenant
du moins qu'une intégrale définie simple.
» Au contraire, la formule de la vitesse se complique énormément et de-
vient la somme d'une infinité de solutions particulières quand on considère
la période suivante, où chaque filet fluide est désormais soumis à la force
accélératrice donnée et aux influences retardatrices de toutes les parois (').
Mais, la fonction ç) ne s'étant pas conservée dans la première partie du phé-
nomène (à l'origine duquel elle existait), il n'y a plus lieu d'espérer qu'elle
se produira, et c'est bien ce que montre la forme même des solutions parti-
culières (simples), dont l'une, la moins complexe, exprime l'état permanent
ou de régime vers lequel tend le mouvement, tandis que les autres con-
tiennent en facteur des exponentielles affectées d'exposants négatifs propor-
tionnels au temps. En effet, dans chacune de ces intégrales simples, la
vitesse est inégale pour les divers filets, condition sans laquelle il ne se
développerait entre eux aucun frottement. Or, si la fonction tp existait, les
surfaces f = const., perpendiculaires à tous les filets fluides, ne pourraient
différer notablement des sections normales du lit, sections équidistnntes, et
la vitesse, alors égale à la dérivée de 9 dans le sens normal à ces surfaces,
aurait, au moins à très peu près, la même valeur pour tous les filets. Il y a
(') Voir, pour ceUe question, les§§ II, III, IV et VII d'un Mémoire Sur l'influence des
frottements dans les mouvements réguliers des fluides, au Journal de Matliémaliques pures
et appliquées de 1868 (t. XIII). Les formules de l'état variable ne sont réellement acces-
sibles que dans le cas d'un tube plein dont la section est un rectanjjle de base indéfinie.
( 969 )
donc coiilracliction onlie l'existence de la fonction 9 et la manière ordinaire
dont agissent les frottements, ce que prouvait d'ailleurs une remarque du
commencement de ma Note du 29 mars.
» Par suite, il faut, en thèse générale, écarler le théorème de Lagrange
des questions où les résistances passives ont un certain rôle, quoique ce
théorème soit, au contraire, rigoureusement démontrable pour ces fluides
imaginaires appelés y/(((V/e5/)flr/ne75, et quoiqu'on puisse pratiquement l'ad-
mettre pour les (luides réels, avec une approximation plus ou moins grande,
quand il s'agit de mouvements, soit de peu de durée, soit alternatifs, où les
composantes des vitesses naissent dans des temps assez couris pour quela petite
action des frottements y reste masquée. L'exemple simple traité dans la Note
du 2() mars montre d'ailleurs à quelle circonstance tient, pour le cas des
fluides naturels (dits imparfaits) supposés d'abord en repos, le défaut de
rigueur de la démonstration de Lagrange, basée sur l'hypothèse que les
trois différences « = 7; — 7~^ ["^ — •••>7— •• . soient développables, parla
série de Maclaurin, suivant les puissances d'un petit temps t écoulé depuis
l'époque où ces différences étaient nulles. Les frottements font naître a, /3, 7
d'une manière tellement graduelle, qu'ils ne changent brusquement ni
leurs valeurs ni même aucune de leurs dérivées successives par rapport
au temps. Ces fonctions a, /3, y ont donc, pour / = o, leurs dérivées des
divers ordres, jusqu'à l'infnii, nulles, et la formule de Maclaurin, tout en
leur étant applicable quand on y compte son terme complémentaire clas-
sique, n'a cependant aucune prise sur elles, parce qu'elles se réfugient, en
quelque sorte, tout entières, dans ce terme complémentaire non déve-
loppé. »
ÉLECTRICITÉ. — Sur la dépendance de deux gyroscopes éleclro)na(jnéti(Hies
soumis à un même circuit d'induction. Note de M. W. de Fo.wielle.
(Renvoi à la Commission précédemment nommée. )
« Sans rien changer ni à l'intensité du courant primaire ni à la dispo-
sition de la bobine Ruhmkorff à gros fil extérieur, j'ai eu l'idée d'interca-
ler dans le même circuit d'induction une seconde machine gyroscopique
semblable à la première, de sorte que les deux marchent pour ainsi du'e
en tension. Il est facile de constater que la vitesse de la rotation du mobile
placé dans chacun des cadres est moindre que si chacune des machines
C. R., i^So, 1" Semeitre. (T. XC, N» 17.) 1^6
( 97» )
était la seule qui fût dans le circuit. Mais la somme des travaux moteurs
paraît augmentée.
» Les expériences que nous avons exécutées avec une machine réussissent
aussi complètement avec deux machines conjuguées que celles dont l'Aca-
démie a été témoin avec une seule. L'inversion du courant primaire pro-
duit l'inversion du sens de la rotation des deux mobiles aussitôt que la
force vive qu'on a laissé accumuler pendant la rotation précédente a fini
de s'épuiser.
» En intervertissant l'ordre des pôles de l'aimant placé au-dessus du
cadre n° 1, on change la direction de la rotation du solide n" 1, et le
solide n° 2 continue à tourner dans le même sens tant qu'on ne touche point
à l'aimant n° 2, sous l'influence duquel il est placé.
» Mais j'ai cru remarquer que la vitesse de la rotation du solide n° 2
s'est trouvée accélérée quand le solide n° 1 tournait dans le même sens que
lui et diminuée dans le cas où l'on obligeait ce même solide n° 1 à
tourner en sens inverse en intervertissant l'ordre des pôles de son aimant.
Mais ce n'est pas tout. Si l'on enlève le mobile n" 1 de son cadre sans rien
changer aux autres conditions de l'expérience, on voit le mobile n° 2
prendre une vitesse visiblement accélérée. Si dans ce cadre que l'on vient
de rendre disponible on introduit des morceaux de fer ou des aimants, on
voit le mouvement du mobile n° 2 devenir moins rapide; ce ralentissement
est d'autant plus considérable que la masse de métal magnétisable sou-
mise ainsi à l'influence de l'induction est elle-même plus notable. En for-
mant ainsi un plancher continu dans l'intérieur du cadre n° 1 avec trois
ou quatre aimants droits, je suis parvenu à réduire la vitesse du solide n° 2 à
4o pour 1 oo de sa valeur normale.
» Ces expériences pourraient être exécutées à une distance de plusieurs
kilomètres si les deux gyroscopes électromagnétiques étaient conjugués
par deux fils suffisamment longs. Elle réussirait indubitablement quel que
soit le nombre des gyroscopes placés dans le même circuit. Ne faut-il
pas conclure de ces deux expériences si nettes, si faciles à exécuter même
en public, que la symétrie des attractions exercées par le cadre se trouve
rompue par le travail des réactions analogues, développées par le mouve-
ment entre les molécules magnétisables mobiles et les centres magnétiques
fixes ainsi qu'entre ces premières et les courants d'induction? Ne doit-on
pas se dire que la théorie basée sur l'intervention de la force coercitive est
insuffisante pour expliquerdes phénomènes offrant une telle complication
et susceptibles d'agir à distance par une sorte de sympathie.? »
( 97» )
M. LciGi adresse une Communication relative au Phylloxéra.
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
CORRESPONDANCE.
MM. Brandt, Péters adressent des remerciments à l'Académie pour
les récompenses dont leurs travaux ont été l'objet dans la dernière séance
publique.
M. Maurice Levt prie l'Académie de le comprendre parmi les candidats
à la place actuellement vacante dans la Section de Mécanique.
(Renvoi à la Section de Mécanique. )
M. le Secrétaire perpétuel, en annonçant la mort prématurée de M. de
Luca, à qui son long séjour en France avait fait, parmi nous, de nombreux
amis, rappelle quelques-uns des travaux présentés par ce savant à l'Aca-
démie.
M. de Luca, qui a publié un grand nombre de Notes ou Mémoires, a
étudié la composition du blé des diverses régions de l'Italie, la fermentation
alcoolique des fruits, la nature chimique du sol au voisinage de Pouzzoles et
les gaz ou vapeurs rejetés par la solfatare. Dans ces derniers temps, il avait
adressé des recherches chimiques sur divers objets trouvés à Pompéi :
bronzes, matières grasses, substances filamenteuses, carbonisées, etc.
Les chimistes avaient en M. de Luca un représentant très utile et très
actif en Italie. Les études qu'il avait entreprises sur le mode de formation
de l'huile dans les olives et sur les propriétés singulières de la cyclamine
mériteraient d'être poursuivies et complétées.
GÉOMÉTRIE CINÉMATIQUE. — La surface de l'onde considérée comme surface
limite. Note de M. A. Mannheim.
a Cinq conditions permettent le déplacement d'une figure de forme inva-
riable : les points de la figure mobile décrivent alors des lignes trajectoires.
Si la figure n'est assujettie qu'à quatre conditions, ses points décrivent leurs
surfaces trajectoires. Enfin, si la figure est assujettie à moins de quatre con-
ditions, ses points, en général, peuvent être déplacés d'une infinité de ma-
nières. Je dis en général, parce qu'il y a une surface qui limite la région de
( 97^ )
l'espace que les points de la figure peuvent occuper, et que les points
appartenant à cette surface limite ne sont pas susceptibles d'être déplacés
de toutes les manières possibles. Pour les droites et les plans de la figure
mobile, il Y a aiissi des surfaces limites.
» Dans les numéros de juin et octobre 1879 du Qiiarleriy Journal,
M. J.-W.-L. Glaisher a considéré une surface limite de ce genre. Il a déter-
miné l'équation de la surface qui limite la région des positions que peut
prendre le milieu d'une corde de grandeur constante dont les extrémités
doivent rester sur un ellipsoïde donné.
)) Relativement à cette surface, quelques propositions de Géométrie ciné-
matique m'ont conduit à ces résultats : Lorsque pour une position de la corde
mobile les normales à l'eUipsdide, dont les pieds sont les extrémités de cette corde,
se rencontrent, le milieu de cette corde appartient à la surjace limite. La droite,
qui joint ce point milieu au point de rencontre de ces normales, est normale à
cette surface limite.
)) Aujourd'hui je vais donner quelques résultats relatifs à la surface de
l'onde considérée comme surface limite d'une droite liée à une figure
mobile de forme invariable.
» Le regretté M. Painvin, qui a étudié {') le complexe du deuxième ordre
formé par les arêtes d'un dièdre droit dont les faces sont tangentes à un ellipsoïde,
est arrivé à ce théorème :
» Les droites réelles du complexe passent toutes entre les deux nappes d'une
surface de l'onde, sans jamais pénétrer dans l'intérieur de la nappe inférieure :
les positions limites de ces droites sont des tangentes à la surface de l'onde.
» C'est en partant de cette propriété et à l'aide de quelques propositions
de Géométrie cinématique que j'ai trouvé ce qui suit :
» L'arête d'un des dièdres droits circonscrits à l'ellipsoïde est une droite li-
mite G, lorscpie les normales A, B à cette surface, dont les pieds sont les points
de contact a, b des faces (A), (B) de ce dièdre, se renconlicnt.
» Ou autrement : lorsque G est perpendiculaire à sa polaire ab.
» Le point de contact c de G et de la surface limite, qui est une surface de
l'onde, est le point de rencontre de cette droite et du plan (A, B),
» De là résulte cette nouvelle génération de la surface de l'onde :
» Si un angle droit acb circonscrit à un ellipsoïde est tel que son plan est normal
à cette surface aux points de contact a, b de ses côtés, son sommet appartient à
une surface de ionde [c].
» Quel cpie soit le déplacement du plan mobile acb, son fojer est au point de
(') Nouvelles Annales de Mathématiques, n." série, t. XI, 1872.
( 97^ )
rencontre f des normales A, B. La droite cj est la normale à la surface de
l'onde [c].
» Autrement : La normale à la surface de Coude [t] est la droite qui joint le
sommet c de iamjle droit au milieu de la corde de contact ah des côtés de cet
angle.
» Le plan de l' angle droit acb est tangent en son sommet c à un hjperboloide
homojocal à l'ellipsoide.
» On peut déplacer l'angle droit circonscrit acb de façon que son plan,
toujours doublement normal à l'ellipsoïde, reste tangent à cet hyperboloïde
au sommet c. Ce point décrit alors une courbe (c).
» Le long de la courbe [c),la surface de l'onde [c] et cet hypcrbolo'ide se ren-
contrent à angle droit.
» Les cônes circonscrits à l'ellipsoide^ dont une section principale est un angle
droit, ont leurs sommets sur la surface de l'onde [c].
■» Parmi ces cônes, ceux qui sont de révolution ont leurs sommets aux
points coniques de la surface de l'onde.
» On projette orthogonalemenl l'ellipsoide sur son plan tangent en un point
quelconque ni et l'on mène de m des normales à la ligne de contour apparent
ainsi obtenue : les pieds de ces normales appartiennent à la surface de l'onde [c].
» En transformant par polaires réciproques quelques-uns des résultats
précédents, on trouve :
» Les cordes d'un ellipsoïde, qui sont vues à angle droit du centre o de cette
sm'face, ont pour surface limite une surface de l'onde [y],
» Les cordes, qui touchent la surface de l'onde [7], sont telles que les plans
diamétraux qui les contiennent sont respectivement perpendiculaires aux plans
diamétraux qui contiennent leurs polaires prises par rapport à l'ellipsoide.
» Le point oit une corde limite touche la surface de l'onde [y] est le pied de la
perpendiculaire abaissée du centre o sur cette corde.
» Si un angle circonscrit à l'ellipsoïde est toujours tel que le diamètre qui
contient son sommet et les diamètres qui passent par les points de contact de
ses côtés forment un Irièdre trirectangle, le plan de cet angle reste tangent à
une surface de l'onde. Le point de contact de ce plan est le pied de la perpendi-
culaire abaissée du centre de l'ellipsoïde sur la corde de contact de l'angle cir-
conscrit.
» Si la section faite dans l'ellipsoïde par un plan (P) est la base d'un cône de
révolution, dont le sommet est au centre de l'ellipsoïde, et dont l'angle au sommet
est droit, le plan (P) touche la surface de l'onde [7] suivant une circonférence de
cercle.
( 974)
» Enfin on trouve facilement que :
» Les pieds des perpendiculaires abaissées du centre o d'un ellipsoïde sur les
cordes vues de ce point à angle droit occupent dans l'espace une région qui est
limitée par une surface de l'onde.
)) Dans une prochaine séance, je ferai connaître les généralisations de
quelques-uns des résultats renfermés dans cette Note. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur le calcul numérique des intégrales définies.
Note de M. B. Baillapd, présentée par M. Hermite. (Extrait.)
« Gauss a montré que, si dans l'évaluation de l'intégrale
I
jdt
f
on remplace j- par un polynôme entier du degré re, ayant les mêmes valeurs
quej pour ?i-hi valeurs de t, on aura la plus grande précision possible,
en posant
x = i — 2t,
et choisissant pour les « + i valeurs de a; les racines de l'équation
X„+) =o,
X„^., désignant le n+ 1''^™^ polynôme de Legendre. La démonstration donnée
par Gauss est difficile; Jacobi est parvenu au résultat par une voie extrê-
mement élégante; il sera peut-être utile de remarquer que les idées de
Gauss donnent le résultat en quelques lignes comme il suit.
» On reconnaît aisément que les valeurs de t sont les racines d'un
polynôme
T = i"+' -+-«,!!"+ «2 1"-' +...-{- a„^, ,
dont les coefficients satisfont aux « + i équations suivantes :
M,= -; Ht—; 1-.. .+ 7 h- 7— ; =0 [fl — ï, 2, ... «-+-l).
Or ces équations se résolvent immédiatement ainsi :
» La fonction [t. ne diffère que par un facteur constant de celle-ci,
_ (/,_i)|A_2)...(/; — « — i)
h[li -^ l] . . . [h + n -\- 1)
(975)
» Si l'on décompose v en fractions simples sous cette forme,
Bo Bi B„+i
V = — -H 1 h -,
h /i H- I h + n + 1
on trouve
W —( _ ,\n+\ [p + ^)(p + ■>■]■ ..{p-^n-\-i)
"' ^ ' (-/>)(-/> + .)...(-;' + « + .)'
en supposant que l'on n'écrive pas au dénominateur le fadeur qui serait
nul.
» Les quantités
B„ B„_,
"n+t B„_(_i
sont respectivement égales à
a,, «2, . ...
Donc le polynôme T est le suivant :
2/2 + 2 1 (2«-t-2)(2« + l) 1.2 ''"'
OU, en ordonnant suivant les puissances ascendantes de t et divisant par
le terme indépendant de t,
i = I t H { -1-. . .
I I 1.2 1.2
= F[n + 2, — (7z + i), I, t],
F(a, |3, y, x) désignant la série hypergéométrique.
» Si l'on désigne par P„^_, ce que devient X„^., quand on y remplace x
par cos5, on a
P„+, = F|^7i + 2, -(« + ]), i,sin-^J.
» Si donc on pose
I — 2t = JC,
T deviendra la {71 -+- i)'^""^ fonction sphérique X„+,.
^1 La méthode précédente s'applique aussi à la recherche d'une fonction
de la forme
X Xi . X X2 . -V -^yn-ht
sm sm • • • sin 5
22 2
satisfaisant aux conditions suivantes :
r ?(-^)s°n^^-^^^-^'^" (/>=:0, I, 2, .. ,«).
(976)
» En posant
X = 0.0,
on trouve
o{x) = Po„+
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les équations linéaires simultanées et sut-
une classe de courbes gauches. Note de M. E. Picard, présentée par
M. Hermite.
« Considérons le système d'équations linéaires simultanées
l^ = «,,a7, + ...-l-rt,„a;„,
dj:„
là
• ^ lin •^111
où l'on suppose que les coefficients soient des fonctions doublement pério-
diques de la variable t.
)) On pourra étendre à ce système les résultats que j'ai déjà eu l'honneur
de communiquer à l'Académie [Comptes rendus, i6 janvier i88o), rela-
tivement à une équation linéaire unique à coefficients doublement pério-
diques. Je me propose, dans cette Note, de considérer le système suivant,
formé de trois équations
(I)
» Ce système jouit de la propriété de coïncider avec son système adjoint,
tel qu'il a été envisagé par M. Darboux dans une Note récente sur les équa-
tions linéaires simultanées [Comptes rendus^ i6 mars i88o). A et B sont
des fonctions doublement périodiques de t aux périodes aK et ai'K', et je
supposerai, ce que l'on pourra reconnaître aisément, que les intégrales sont
uniformes. Nous allons montrer qu'il y a toujours dans ce cas un système
d'intégrales formé de fonctions doublement périodiques de première espèce,
les périodes pouvant être, dans certains cas, 4K. et liiYJ au lieu de aK. et
lïî ~
— Ai> + Bu',
dv
-hAu- Ctv,
dw
'dc~
: — B^^ + Cv.
( 977 )
2/K'. Soit
(H)
«1
^'l
"•|,
II.,
<'2
"•;,
Ih
«'3
Wj
un système fondamental d'intégrales. On voit sans peine que
(III) «„,?/„-+- P,„f„+ n>,nW„=C,n,n
m et w désignant l'un des nombres i, 2, 3, et /«pouvant être égal à tz; lesC
sont des constantes. Supposons d'abord que le système (II) soit formé de
fonctions de seconde espèce aux multiplicateurs respectifs X,, Aj, Xj etX',,
X'j, X'3. Admettons que les constantes C,,, Cjo, C33 ne soient pas toutes
courbes : il existe une direction telle que la tangente, la normale princi-
pale et la binormale, pour tous les points de la courbesitués à une distance
les uns des autres égale à la période, font avec elle des angles respecti-
vement égaux, »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur la série F3(a, a', j3, /?', 7, x, y).
Note de M. Appei-i., présentée par M. Bouquet.
« La série F3(a, a', /3, j3', 7, x, y) définie précédemment (p. 296) peut
être représentée par une intégrale définie semlilable à celle dont s'est oc-
cupé Jacobi [Journal de Crelle, t. LVI, p. i49)' Posons
/{u, v) = «='-' w"-' ( t — « — w)Tf-^ "'-'
et supposons
(i) a>o, V>o, y — a— a'>o;
on a
/ //_/(«, f)(i - uœ)-?{i - vy)-^-dudv
(2) _r(«)r(a')r(y-a-a') , ,^ ,^, .
— fT^Tj l'ai», «M^i l^'/i-^'JJ'
l'intégrale double étant étendue, ainsi que toutes les suivantes, aux valeur»
réelles de m et v telles que
M^o, fi^o, 1 — u—i>^o.
» Supposons, en particulier, /3 = i, p' = i, et remplaçons dans la for-
C. R., iSSo, \" kemescrf. (T. XC, IS" 17.) ' '■^7
( 97« )
mule (2) X et j respectivement par -et -•, cette formule devient
L'intégrale double du premier membre de la relation (3) est de la forme
de celles qui ont été étudiées par Didon [Annales de l'Ecole Normale,
i" série, t. VII, p. 265). Je vais appliquer à cette intégrale la métliode in-
diquée par Didon, avec quelques modifications faciles à apercevoir.
» Proposons-nous, par analogie avec la question qui se présente dans le
développement d'une fonction d'une variable en fraction continue, de
former un polynôme Q_{x^y), de degré m ■+- n, tel que le produit
(4) Q(^,j)r3 («,«'> I5 1.7' ^'7)'
ordonné par rapport aux puissances décroissantes de ce ety, ne contienne
aucun terme en -v— ,, où h et A" sont des entiers positifs ou nuls vérifiant les
■/J'y» l
relations
(5) h -h k )u''v''c/udi^ = o,
les entiers positifs ou nuls h et k vérifiant les conditions (5). Puis je consi-
( 979 )
dère l'identité suivante indiquée par Didon [loc. cit., p. 267),
{7) { ^ r rQ("'-^)-Q("-''
JJ{-'i){'-rJJ{'-'^('
JJi-^H
II
-+- xxff^{a;,J-, u, v)f{u, v)dudv,
où ^(.r, 7', «,»>) désigne une fonction entière de x,y, u, v.
» Dans le développement du second membre de cette identité, suivant
les puissances décroissantes de x et j", les termes de la forme -^^^ h et k
étant des entiers positifs ou nuls, proviennent de la troisième intégrale seu-
lement; en effet, la première intégrale est une fonction entière de x conte-
nant a; en facteur, la deuxième une fonction entière de j- contenant j- en
facteur, et la quatrième une fonction entière de x et / contenant xj- en
facteur. Mais, dans le développement de la troisième intégrale, le coeffi-
cient A^^. de -J^ est
coefficient qui, d'après (6), est nul dès que h et /t vérifient les conditions (5).
La proposition est donc démontrée; et, quoique la démonstration suppose
remplies les conditions (i), il est évident que la proposition est vraie quels
que soient a, a', 7.
Dans le cas particulier où l'on a 7 = a 4- a'-f- i, le polynôme Q(a;,/)
est (p. 734 de ce Volume), à un facteur constant près, égal à
Fa (— m — ", m ■+- a, n -h a', tx, a', œ, y).
» J'indique, en terminant, les expressions des séries F, et F^ sous forme
d'intégrales doubles,
( ffu^-' l'P'-' (i - M - i;)v-P-P-' {i- ux - vyY^dudv
(8)
= ^^^^^/^F^^'f.(..P,P',7,^.7),
l'intégration étant étendue aux mêmes valeurs que toutes les précédentes
r C u^-'v^-'{ï-up-^-*{i-i'Y-?'-'{i-ux-i>r)-^dudv
(q) 1^0 -^^
r(yjr(7') F2(a.P,P,7W'^'r)- »
(98o )
ÉLASTICITÉ. — Sur l'influence de In température sur ta durée de la période
d'un diapason. Note de M. E. Mercadier.
« Dans lin Mémoire inséré dans le n° 11 (p. 444) des Annales de Phy-
sique et de Chimie de M. G. Wiedemann (octobre 1879), Mémoire dont je
viens de prendre connaissance, M. Kayser, étudiant la question indiquée
par le titre de cette Note, s'exprime ainsi (p. 445) en parlant des phy-
siciens qui se sont occupés avant lui de cette question :
« .... Mercadier s'est le plus occupé de cette question; il a même fait une expérience
sur l'influence de la température, mais il ne l'a pas poussée plus loin et est arrivé à cette
fausse conclusion que, lorsque les variations de température ne sont pas trop importantes,
le nombre des vibrations reste constant à ^ ^^^ ^ près.... »
» Effectivement, dans les Comptes rendus du 3o octobre 1876 et dans
\e Journal de Physique de 1S76, page 212, se trouve la phrase suivante, où
il s'agit d'un diapason :
« .... Pourvu qu'on ne dépasse pas une amplitude de 2""" à 3"'" et qu'on opère à des
tempéràlixrefi peu rJi//érentes, on est certain d'avoir le même nombre de périodes par seconde,
à -, — '■ — près.... »
» Mais il y a là une faute d'impression que j'ai laissé passer je ne sais com-
ment. Il faut lire à yo^ près, au lieu de ^ ^^^^ : sans quoi ma conclusion
serait en eikljausse, comme le dit M. Kayser.
» Il ne saurait y avoir de doute d'ailleurs sur ce point qu'il n'y a là
qu'tuie faute d'impression, car, deux fois dans le courant du Mémoire inséré
daus les Comptes rendus et le Journalds Physique, j'indique que la variation
de période due à la variation d'amplitude et de température (de 3° à 26°)
ne porte que sur le quatrième chiffre. Or, quand le quatrième chiffre d'un
nombre peut être altéré, il est absolument évident qti'ou ne peut compter sur
une exactitude de -nriïïTJ •
» Il suffit, au reste, de regarder les nombres contenus dans ce Mémoire
pour s'apercevoir de l'erreur matérielle commise, car ces nombres indiquent
pour une variation de température de 22°, 5 une variation de période de
—5— ou -*-.
27 KU "" 4 6 6'
» En admettant qu'on entende par ces ïno\.& températures peu différentes des
températures différant de 10°, ce qui est même exagéré, car on a rarement
de ces différences de température dans un laboratoire, et en admettant.
(98' )
comme l'affirme M. Kayser dans son travail, qu'entre o" et So" les variations
des nombres de périodes sont proportionnelles à U température, il résulte
des nombres ci-dessus, pour io°, une variation d'un peu moins de YTurû-
» Telle est la vraie conclusion des quatre seules expériences que j'ai
publiées (la continuation de ce travail, que je vais reprendre, ayant été
arrêtée par suite de circonstances indépendantes de ma volonté).
» Or M. Kavser, quia fnit cent douze expériences, en employant d'ailleurs
la troisième des méthodes indiquées dans mon Mémoire pour l'étude de la
variation due à l'amplitude, a trouvé des variations de njViFû ^ luVoTT ^^"^
le nombre de vibrations de diapasons de soixante-douze à quatre-vingt-cinq
périodes par seconde et cela pour une variation de i° de température. C'est
environ, en nombres ronds, une variation de j^ pour lo^et pour un dia-
pason d'environ quatre-vingts périodes, c'est-à-dire de -^^ ou un peu
moins de y^vô-
» Nous sommes donc à peu près d'accord sur ce point, M. Kayser et moi,
et il n'y a bien dans mon Mémoire, en fait de fautes, qu'une faute d'impres-
sion. »
ÉLECTRICITÉ. — Sur la théorie des courants d'induction.
Note de M. Mascart.
« M. Helmholtz a montré qu'en partant des lois d'Ohm et de Joule on
aurait pu prévoir les phénomènes d'induction produits parle déplacement
d'un système magnétique dans le voisinage d'un courant. Il m'a semblé
qu'une généralisation naturelle des résultats obtenus dans ce cas particulier
permet d'établir la théorie des courants d'induction électrodynamiques
de manière à les rattacher simplement à un principe commun.
» D'après la théorie; d'Ampère, on sait que le travail nécessaire pour dé-
placer une masse magnétique m dans le voisinage d'un courant est égal au
produit de cette masse par l'intensité I du courant et par l'accroissement
de l'angle sous lequel on voit le circuit des deux points qu'occupe succes-
sivement la masse magnétique. L'énergie de la masse m par rapport au
courant peut donc être représentée par Imoi.
» Il est utile de traduire cette propriété sous une autre forme, en em-
ployant la notion des lignes de force de Faradaj'.
)) Si l'on considère la force exercée par un système magnétique sur
l'unité de masse placée en un point, et qu'on mène par ce point un élément
de surface quelconque, on peut appeler //ujc de force (ou nombre de lignes
( 98^ )
de force) qui traverse cet élément le produit de sa surface par la compo-
sante normale de la force. On voit aisément que le flux de force d'une
masse m dans un cône d'ouverture angulaire oj est égal à mw.
» L'énergie d'une masse magnétique par rapport à un courant est donc
égale au produit de l'intensité du courant par le flux de force émanant
de cette masse et qui traverse le circuit. Désignons ce flux de force par y,
et convenons de le considérer comme positif quand les forces entrent dans
le circuit par la surface négative du courant, c'est-à-dire parle côlé négatif
du feuillet magnétique équivalent. L'énergie de la masse m a pour expres-
sion
lino) = — I(p.
» De même, l'énergie par rapport à un courant d'un système magnétique
quelconque est égale à la somme des énergies de chacune des masses,
c'est-à-dire au produit de l'intensité du courant par le flux total de force
du système qui traverse le circuit. Cette énergie diminue lorsque le système
est abandonné à l'action du courant; pour un petit déplacement, le travail
des forces électromagnétiques est égal à 4- Id(p.
» Si ce déplacement s'est effectué pendant le temps dt et qu'on opère
avec une pile à liquides, l'énergie empruntée aux actions chimiques doit
échauffer le circuit et fournir le travail électrodynamique Idç qui cor-
respond à l'accroissement do du flux de iorce, ce qui donne, en appelant E
la force éleclromotrice et R la résistance totale,
(i) Eldt = \''Rdt-hldcp.
On en déduit
L'intensité du courant est la même que s'il existait dans le circuit une
force électromotrice nouvelle (induction) ayant pour valeur
» La force électromotrice d'induction est donc égale et de signe con-
traire à la dérivée par rapport au temps du flux de force qui émane du
système magnétique et traverse le circuit. Cette expression, déduite ici du
principe de la conservation de l'énergie, est équivalente à celle qui a été
obtenue par Neumaïui en partant de la loi de Lenz.
(983 )
» Nous admettrons, comme règle générale, que la force électromotrice
d'induction dans un circuit s'exprime toujours par l'équation (3) en fonc-
tion du flux de force qui le traverse, quelles que soient les causes qui font
varier les forces, telles que le déplacement ou la modification d'un système
magnétique, le changement de forme d'intensité ou de position d'un cou-
rant extérieur, la déformation du circuit lui-même ou la variation du cou-
rant qui le traverse déjà.
» Une telle généralisation peut être justifiée dans tous les cas particuliers
lorsqu'on admet que l'effet produit par un changement dans les aimants et
les courants équivaut à celui qu'on obtiendrait en amenant de l'infini un
aimant ou un courant égal à la variation donnée. La seule considération
des flux de force paraîtra surtout légitime si l'on conçoit que les actions
électriques et magnétiques ne s'exercent pas réellement à distance, mais
qu'elles sont dues à une modification du milieu intermédiaire, caractérisée
en chaque point par la direction et la grandeur de la force.
» Considérons d'abord l'effet d'un courant sur lui-même. Le flux de
force qui traverse le circuit, supposé invariable, est proportionnel à l'inten-
sité du courant et peut être représenté par UI, le facteur U désignant le
flux de force qui correspond à l'unité de courant. Si le courant varie de dî,
la variation du flux de force est U^I, et l'énergie empruntée à la pile
HJdl = d(~
» Tant que le courant n'est pas devenu constant, une partie de l'énergie
de la pile est donc employée à augmenter le terme — > qu'on a appelé Véner-
gie polentielte du courant. Supposons qu'il y ait dans le voisinage un second
courant d'intensité I' dans un circuit de forme constante. Le flux de force
du second courant qui traverse le circuit du premier est proportionnel à
l'intensité; ou peut le représenter par VI'. Le facteur V désigne le flux de
force qui émane de l'un quelconque des deux circuits et traverse l'autre,
lorsque les deux courants ont une même intensité égale à l'unité. Le pro-
duit irV s'appelle énergie potentielle relative des deux courants.
» Lorsque le produit 1' V, par suite d'un changement d'intensité ou d'un
déplacement, varie ded{l'Y}, l'énergie empruntée à la pile du premier
courant est L/(rV). Si les deux modifications sont simultanées et se pro-
duisent pendant le temps dt, on a donc pour le premier circuit
(4) Elih = VRdt + ^/(^) r-L/(l'V),
( 984 )
et, de même, pour le second,
(5) E'l'dt = r-R'dl-hdP^] + l'd{ÏV).
» On obtient, par addition,
(6) [El + E'i')dt = {VR + r-R')(it -^ d(~ + ^^ 4-irv) + irrfv.
\ 2
» Cette équation exprime que l'énergie fournie par les deux piles pen-
dant le temps dt est employée à échauffer les conducteurs, à accroître
l'énergie potentielle de chacun des courants ainsi que leur énergie po-
tentielle relative, et enfin à fournir le travail électrodynamique qui
correspond au déplacement relatif. Si les circuits se déforment, la variation
du flux de force émanant de l'un des courants dans la direction de l'autre
est comprise dans les termes
OPTIQUE. — Su7- ta ihéoiie de la double réfraction circulaire.
Note de M. Gouy, présentée par M. Desains.
« Dans s-s travaux sur la polarisation rotatoire, Fresnel a souvent pris
pour guide une hypothèse bien connue sur la constitution optique des
milieux actifs, sans toutefois, à ce qu'il semble, y voir autre chose qu'une
interprétation analytique des faits d'expérience. Ce point de vue le con-
( ' ) Ces expériences ont été faites au laboratoire de recherches physiques de la Sorbonne.
1 993 )
duisit à la découverte de la double réfraclion circulaire. Depuis lors, on a
souvent regardé ce phénomène comme donnant une preuve expérimen-
tale de la réalité de l'hypollièse qui l'a fait découvrir. Je me propose d'eu
donner ici une théorie indépendante de toute hypothèse; il en résultera
que cette opinion est mal fondée.
» Il nous suffira d'examiner le cas simple où un seul prisme de quariz,
dont l'axe optique est normal à la face d'entrée des rayons, est placé dans
un milieu indéfini, isotrope et inactif. Nous prendrons trois axes rcctan-
^tdaires, la face d'entrée pour plan des xy et l'arête réfringente pour axe
des J-. L'onde incidente est plane et parallèle à la face d'entrée; les vibra-
lions y sont rectilignes et parallèles à l'axe des x; la vitesse vibratoire sur
la face d'entrée est asinsrrL t étant le temps et T la durée d'une vibra-
tion.
» En un point quelconque A pris en dehors du prisme sur la face de
sortie, la vibration réelle sera encore rectiligne, comme le montre l'expé-
rience. La phase sera proportionnelle à la distance z du point A à la face
d'entrée, où les mouvements sont concordants; elle sera donc 271-? en
appelant X un coefficient caractéristique du quartz, qui se trouve défini par
cette expression, et que nous envisagerons à ce seul point de vue ( ' ). Pour
simplifier les formules, nous choisirons notre milieu indéfini de telle sorte
que la longueur d'onde y soit précisément X. La direction de la vitesse au
point A fait, avec la direction qu'elle auraitsi, la phase demeurant la même,
le pouvoir rotatoire p devenait nul, un angle égal à pz. En définitive, les
projections de cette vitesse sur les axes desx et des j- sont respectivement
D27r(^-^).
acospzs\
t z
a sinpz sm 2 7r I = — r
» Soient une direction donnée faisant avec l'axe des zun petit angle a, et
sur elle un point B à une grande distance R du point A. La vitesse au point B,
calculée d'après les principes de la diffraction, aura respectivement pour
projections sur les axes des x et des y, m étant un facteur constant qu'il est
(') Ce coefficient, dans l'hypothèse de Fresncl, est très sensiblement la moyenne des lon-
gueurs d'onde des deux rayons circulaiies.
G. P.., 1880, I" Semestre. (T. XC, M" 17.) ' ^9
994 )
inutile de calculer,
cosor. sin 271
dxdj.
Si la hauteur Y du faisceau incident est assez grande, ces intégrales n'ont
de valeur sensible que lorsque la direction donnée est normale à l'arête
réfringente, ce que nous supposerons réalisé. Il vient alors, tous calculs
faits, en appelant l la distance de B à l'origine et w l'angle réfringent,
^r my\ . (t l
sin(j5iangwH — r- ) '^ sin^ptangw
p tangft
A
2 7ra
ptangM r-
COS2-^---
V = ' COS 3 ïï - — -
2 J \ l k
sin an
[
I — cos I p (angM H — JX i — cosi p tangw — IX
1 taiiCM ■
p tang w —
\
sin p tangto — X sin I p tangw +
p tangw —
p tangw
■]
?. Tra \ ^ / 2 ira \ ,,
I — rosi p tangM H ]X i — cosI p tangw |X
2 7rz
p tangw H — p tangw
Nous ne discuterons ces formules que dans le cas où le faisceau est suffi-
samment large, c'est-à-dire où l'on a X très grand par rapport à
O ' ° '^ '' p lango)
Ti • 1 >p tangw
11 vient alors, pour a = ■>
V=:XYsin2,rfi-{),
r = = Xïco..,i-^
Ce sont les équations d'une vibration circulaire. On aura de même, pour
ce 3= ^ ^"° '* , une vibration circulaire d'égale amplitude, mais de rota-
tion inverse. En dehors de ces deux directions, la vitesse est négligeable.
( 99^ )
» Ainsi notre faisceau incident s'est divisé en deux faisceaux polarisés
circulairenienl et en sens contraires ('). On s'assurera, en continuant le
calcul, qu'on retrouve ainsi tous les autres caractères du phénomène ; on
verra, par exemple, qu'un faisceau incident polarisé circulairement donne
un seul faisceau émergent de même rotation. Il y a donc accord complet
entre ces résultats et ceux auxquelsj conduit l'hypothèse de Fresnel. Je
montrerai ultérieurement que cet accord existe dans tous les cas, et qu'on
pouvait le prévoir a priori.
» En résumé, le phénomène découvert par Fresnel n'est qu'une consé-
quence nécessaire de la polarisation rotatoire. Ce dédoublement remar-
quable, qui, dans les idées de Fresnel, est une double réfraction, devient,
si on l'envisage au point de vue des faits eux-mêmes, un phénomène de
diffraction d'un genre particulier. »
PHYSIQUE. — Influence de la température sur la compressibilité des gaz
sous de fortes pressions. Note de M. Ë.-H. Amagat.
« J'ai étudié l'azote, l'hydrogène, le formène, l'élhylène et l'acide car-
bonique depuis la température ambiante jusqu'à ioo° et, comme limites
de pression, entre 35^"" et 420^"". Quoique les limites de température
soient peu écartées, les variations subies par la compressibilité, surtout
pour les deux derniers gaz, ont été tellement considérables, que j'ai pu
saisir facilement l'ensemble du phénomène.
» Les pressions ont été mesurées par des manomètres à azote, au moyen
des nombres que j'ai donnés pour la compressibilité de ce gaz; je dois
faire remarquer que les petites erreurs qui peuvent provenir de ce procédé,
le seul du reste qui puisse être employé aujourd'hui dans des recherches
demandant quelque précision, ne sauraient en rien masquer les lois géné-
rales, car, dans toutes les séries d'expériences faites sur chaque gaz à
diverses températures, les volumes déterminés correspondent à des indica-
tions sensiblement identiques des manomètres; les résultats obtenus sont
donc parfaitement comparables entre eux.
» Ces résultats ont été représentés par des courbes; les pressions étant
(') Si notre milieu inactif était limité par un ])lan parallèle à la face d'entrée, l'angle des
deux faisceaux dans l'air serait -^ ^— , l, étant la longueur d'onde dans l'air. C'est la
moilié de l'effet produit par un biprhme de même angle.
( 996 )
comptées sur l'axe des abscisses, les ordonnées représentent les valeurs cor-
respondantes du produit pv.
» Toutes ces courbes, sauf celles de l'hydrogène, ont montré un mini-
mum du produit pv, très accentué surtout chez les gaz voisins des circon-
stances de leur liquéfaction, comme l'éthylèue et l'acide carbonique pris
un peu au-dessus du point critique.
» La température augmentant, la convexité des coTirbes va s'effaçant
graduellement, et en même temps l'abscisse correspondant à l'ordonnée
minima se déplace nettement et régulièrement en s'éloignant de l'origine
des coordonnées pour l'éthylène et l'acide carbonique ; pour ces deux gaz,
la trajectoire des points de contact des tangentes horizontales à chaque
courbe se dessine nettement; dans les courbes de l'azote et du formène au
contraire, ce point paraît rétrograder légèrement vers l'origine : je pense
qu'il finirait par en être de même pour l'acide carbonique et l'éthylène si
l'on élevait suffisamment la température.
» Les courbes, peu au delà de l'ordonnée minima, deviennent sensible-
ment droites et parallèles ou asymptotiques pour toutes les températures ;
cette direction commune paraît caractéristique pour chaque gaz.
» Les courbes de l'hydrogène sont sensiblement droites et parallèles
dans toute leur étendue. Ce que deviennent ces courbes sous de faibles
pressions sera l'objet d'une étude spéciale.
» Pour les gaz facilement liquéfiables, les valeurs du rapport ■— su-
bissent au voisinage du minimum des variations extrêmement brusques,
tellement que, pour une assez faible augmentation de température, la valeur
de l'écart change de signe d'une façon très nette ; si l'on considère une ré-
gion du réseau des courbes pour laquelle le rapport -7-7 soit plus grand
que l'unité, puis une région pour laquelle il soit plus petit, les trois lois sui-
vantes apparaissent très nettement :
» 1° Quand un gaz est plus compressible que ne l'indique la loi de
Mariette, sa compressibilité croît quand la température augmente.
» 2° Qnand un gaz est moins compressible que ne l'indique la loi, sa
compressibilité augmente avec la température.
» 3** Cet accroissement, assez rapide au voisinage de l'ordonnée minima,
où le gaz suit accidentellemenlXd loi de Mariotte, se ralentit bientôt, de telle
sorte que sous des pressions constantes l'effet de la température devient de
moins en moins considérable.
( 997 )
» Le Tableau suivant, relatif à l'acide carbonique, montre clairement ces
fails :
V.ILEVBS DE
P'
Températures. entre 390"°, Jo eiilre lâyOïoi.So entre 338"™, 90
et 9i«"n,io. et 328alm, go. et '|ibolm,4o.
o
34,9 3,126 0,549 o,8()4
39,8 2,336 0,562 o,8i5
4g, 9 1,637 0,602 0,821
70,1 i,3i2 o,7Ji 0,840
100,1 '(igB o>929 0,870
)) L'hydrogène, dès la pression normale, se trouve dans le cas de la se-
conde loi: sa compressibililé augmente avec le température. C'est le résultat
auquel j'étais arrivé il y a huit ans (') en étudiant ce gaz entre i'"'" et 2"""
jusqu'à 320°.
» Les autres gaz, au contraire, aux faibles pressions, se trouvent dans le
premier cas : leur compressibililé décroit avec la température. C'est égale-
ment le résultat auquel j'étais arrivé. Ayant suivi cette diminution jusqu'à
320° pour l'air et 25o° pour l'acide sulfureux et l'acide carbonique sans
trouver de changement de signe dans l'écart, j'ai pensé que ce changement
ne se manifesterait point à des températures supérieures; mais les résultats
auxquels j'arrive aujourd'hui prouvent que, si ma conclusion relativement
à l'hydrogène se trouve pleinement vérifiée, il peut se faire que pour les
autres gazelle ne soit exacte qu'entre les limites expérimentales entre les-
quelles j'avais opéré alors. Toutefois, si l'air, par exemple, entre i"""
et 2*'™, devient, à une température suffisamment élevée, moins compressible
que ne l'indique la loi de Mariotte, sa conipressibilité ne continuerait pas à
décroître, la température augmentant toujours; au contraire, le rap-
port 4-7' après avoir pris une valeur très peu inférieure à l'unité, commen-
cerait à croître, la température continuant toujours à s'élever, et le gaz se
rapprocherait de nouveau et indéfiniment de la loi de Mariotte, qui serait
encore la loi limite. J'espère que ce point sera éclairci par les expériences
que je poursuis actuellement. »
( ' ) Annales de Chimie et de Physique, 4° série, t. XXIX.
( 998 )
CHIMIE MINÉRALE. — Recherches sur la poisivité du fer (deuxième Partie).
Note de M. L. Vabenne.
« La Note que je présente aujourd'hui à l'Académie est le résumé de
nouvelles recherches ayant pour but de confirmer les résultats des pre-
mières expériences sur ce sujet et de déterminer les causes de la forma-
tion de celte gaine gazeuse et les influences qui en maintiennent ensuite
l'adhérence.
» I. La détermination de la passivité est toujours précédée d'une action
chimique de durée variable.
» Lorsque l'immersion du métal a lieu dans de l'acide azotique répon-
dant à la formule AzO%HO, il n'y a pas d'action nettement observable;
mais cela ne tient qu'à son peu de durée. En immergeant, en effet, dans
de l'acide azotique marquant 42° B. un morceau de fer ordinaire, on con-
state un dégagement tumultueux de gaz bioxyde d'azote ; la surface du métal
est obscurcie par les bulles de gaz; mais, au bout d'un intervalle de
temps variant entre trois et vingt secondes, elle devient tout à coup bril-
lante et le dégagement s'arrête. Ce phénomène ne saurait être mieux
comparé qu'à celui de Véclair qui se présente dans la coupellation de l'ar-
gent. La passivité est alors déterminée, car, si l'on porte, avec des précau-
tions dont j'indiquerai plus loin la raison, le métal qui a subi cette action
préalable dans de l'acide azotique notablement étendu, il n'y a plus aucune
attaque. La même expérience peut être répétée avec de l'acide azotique
marquant moins de 42° B.; mais j'ai observé que l'on ne peut aller au-
dessous d'une concentration caractérisée par 35° B.
)> Lorsque l'on atteint cette limite, on peut constater que les phénomènes
se modifient de la façon suivante : le dégagement de gaz se produit pen-
dant quelque temps; il est bientôt suivi de la cessation brusque de toute
action chimique, cette cessation étant caractérisée, comme précédemment,
par l'éclairement subit de la surface métallique ; mais ce dernier état n'est
point stable; l'attaque recommence bientôt sur un point du métal, se pro-
page sur toute sa surface, puis s'arrête de nouveau avec le même caractère,
et ainsi de suite. On a en quelque sorte ici une passivité intermittente.
L'explication de cette particularité ne peut être nettement établie qu'à la
suite des expériences suivantes.
» IL La passivité peut être déterminée sur une tige de fer par l'inmieision
d'une fraction seulement de celle tige dans l'acide azotique concentré.
( 999 )
» Une tige de fer de plusieurs centimètres de long est plongée partielle-
ment (o™,©!, par exemple) soit dans l'acide nionohydralé, soit dans un
acide moins concentré, mais marquant plus de 35° B. On la transporte
ensuite avec précaution et sans l'agiter dans de l'acide étendu, contenu
dans une éprouvette à pied, en ayant soin d'immerger entièrement tout
d'abord la partie qui avait été plongée dans l'acide concentré; on enfonce
ensuite très lentement et d'une façon progressive la tige dans le liquide :
il n'y a pas alors d'action chimique apparente. Il s'en produit une cepen-
dant sur les parties du métal, au fur et à mesure de leur immersion, car
on peut constater, par une observation attentive, le dégagement de petites
bulles gazeuses qui se fixent sur le métal, et ce dégagement n'a lieu que
pendant un laps de temps presque inappréciable. La tige est passive, et
cette propriété a pu lui être communiquée par l'immersion d'une fraction
très petite de sa longueur totale dans un acide concentré. C'est ainsi qu'une
tige de fer de o™,22, qui avait été immergée seulement de o",oi dans l'acide
concentré, a pu être plongée complètement dans de l'acide étendu, sans
entrer en dissolution dans celui-ci, qui agissait au contraire énergiquement
sur elle avant que l'une de ses extrémités ait été mise en contact avec l'acide
concentré. Cet état de passivité n'a qu'une stabilité très faible; il suffit, en
général, d'imprimer à la tige un léger mouvement pour que l'attaque com-
mence avec énergie. Cependant, il y a des degrés divers dans cette stabi-
lité; elle est d'autant moins grande : i° que l'acide dans lequel on pratique
la seconde immersion est plus étendu; 2° que la surface du métal est
plus rugueuse; 3° que le diamètre de la tige est plus grand.
» Il m'a semblé que ces phénomènes pouvaient être interprétés de la
manière suivante.
» Le métal étant immergé dans de l'acide azotique concentré, il y a
d'abord action chimique (I).
» D'autre part, il n'est pas admissible qu'il se forme à la surface du mé-
tal une couche d'un azotate ou d'un oxyde insoluble. J'ai déjà fait ressortir
dans une précédente Note combien cette hypothèse était peu plausible
a priori ; mais elle est détruite d'une façon absolue par les expériences que
j'ai citées en dernier lieu (II).
» Si l'on admet, au contraire, comme j'avais été conduit à le faire par
les premières recherches que j'ai eu l'honneur de soumettre à l'Académie,
que la couche protectrice est une couche de gaz, ces phénomènes peuvent
être facilement expliqués. L'action chimique développe des bulles gazeuses;
celles-ci se dissolvent d'abord plus ou moins facilement dans l'eau d'addi-
( lOOO )
tion que contient l'acide qui détermine la passivité; mais, cette solubilité
étant restreinte, les bulles qui se produisent ensuite viennent adhérer au
métal en constituant une gaîne, dont la cohésion, résultant d'actions ca-
pillaires d'un ordre particulier, peut être détruite par suite du mouvement
imprimé au métal dans l'intérieur du liquide. Si l'acide est dans un état de
concentration peu inférieur à la concentration limite, le phénomène, au
lieu d'être continu, subira des intermittences en raison de la lenteur de
dissolution des bulles de gaz par l'eau d'addition : on verra donc s'établir
et disparaître successivement la passivité. Enfin, dans les expériences (II),
la gaîne gazeuse se dispose d'abord sur la partie immergée dans l'acide
concentré; mais, une fois formée sur le métal, elle y adhère, d'après ce qui
précède, par suite d'actions capillaires et exerce ensuite une attraction sur
les bulles gazeuses qui prennent primitivement naissance dansl'acide étendu
lorsqu'on y transporte la tige métallique. L'enveloppe se constitue ainsi de
proche en proche, et la passivité, déterminée d'abord sur une longueur
de o", oi, par exemple, peut ainsi, par influences successives, se propager
sur la tige entière; dans ce cas, comme dans le précédent, les actions mé-
caniques même très faibles suffiront pour la détruire.
» III 11 paraissait intéressant d'étudier comment varie l'adhérence de
cette gaîne gazeuse avec les circonstances dans lesquelles est placé le métal.
Le fer rendu passif perd cette propriété dans le vide, ainsi que je l'ai déjà
annoncé dans la première partie de ce travail. Je me suis proposé encore
d'examiner quelle durée peut avoir celte passivité lorsque le métal est im-
mergé dans un acide azotique étendu.
» a. Fer rendu passif et placé à iahri de l'agitation dans l'acide étendu à
différents degrés de dilution.
Cessation de la passivité Cessation de la passivité
Dilution. au bout de Dilution. au bout de
34 B iiJ 28 B 36''
32 B 5J 25 B 241»
3o B 3-2.^ 20 B 12''
» p. Fer rendu passif et placé sous la cloche à vide dans de l'acide étendu
à divers degrés de dilution. — La partie rendue passive étant exactement im-
mergée dansl'acide étendu, la durée de la passivité est toujours fonction de
la dilution de l'acide, mais de plus elle est beaucoup moins grande, pour
une même dilution, que dans le cas précédent. Dans ce cas, en effet, il y
a à ajouter à l'action du liquide celle de la raréfaction gazeuse.
( 1001 )
» IV. Je puis annoncer dès aujourd'hui, d'après des expériences posi-
tives, que l'on peut déterminer syuthétiquement la passivité par immersion
prolongée du fer dans le bioxyde d'azote sous une pression considérable.
Des difficultés d'exécution que soulève la construction d'appareils appro-
priés m'empêchent de communiquer actuellement à l'Académie les déter-
minations comparatives que j'espère pouvoir lui soumettre bientôt ('). »
CHIMIE ANALYTIQUE. — Sur la teneur en fer des eaux minérales de Rouen
et de Forges- les- Eaux (-). Note de M. A. Hoczeau.
« Les propriétés thérapeutiques bien connues du fer donnent toujours
un intérêt au dosage exact de ce principe dans les eaux minérales qui le
contiennent; c'est pourquoi je pense qu'il y a utilité à faire connaître le ré-
sultat de mes analyses sur ce sujet spécial, en ce qui concerne les eaux de
Rouen et de Forges-les-Eaux.
» L'examen de ces eaux a été d'abord précédé d'une étude destinée à
rechercher la méthode la plus exacte pour doser le fer, méthode contrôlée
d'ailleurs par une vérification synthétique dans laquelle une proportion
déterminée de fer a été sûrement retrouvée à un dixième de milligramme
près.
» Le procédé que j'ai suivi consiste à additionner d'acide sulfurique pur
un volume connu d'eau immédiatement après sa prise à la source; à éva-
porer à siccité jusqu'à dégagement total de l'acide mis en excès, puis à
reprendre le résidu salin, et souvent charbonneux, par de l'acide chlorhy-
drique pur et à doser, à l'aide d'une solution titrée de caméléon, le fer
ramené au minimum d'oxydation par le zinc pur, en se conformant sur ce
point aux précieuses indications fournies par M. Boussingault dans son
important travail sur l'acier.
n Voici les résultats obtenus rapportés à i'".
SOURCE DE ROUEN.
Source du Jardin Marlainville, découverte en 187 a par le D' LePlê.
Matières fixes
h iio". Fer.
Prise du 13. décembre 1872 0,294 20,0
Prise du 3( mai 1876 0,200 24,0
(M Les recherches qui font l'objet de cette IS'ote ont été exécutées au hiboraloire de
M. Fremy, à l'École Polytechnique.
[■\ Ce travail a été fait dans le laboratoire des Hautes Études de Rouen.
G. R., 1880, I" Semestre. (T. XC, N" 17.) ' 3o
( 1002 )
Ancienne source dite Royale de la Maréquerie [aujourd'hui renjermée dans un établissement
industriel, rue d'Amiens],
Matières fixes
à 110°. Fer.
sr mgr
Prise du 6 mars 1876 0,245 i5,6
Prise du 3i mai 1876 o,'ï5o i3,6
Prise du 28 mai iS'jg (analyse de M. Rivage, pré-
parateur) » 11,6
Source de Marin le Pigny, dans le voisinage de l'ancienne iource dite du Pavillon.
• Matières fixes
à 110". Fer.
gr mgr
Prise du 3 1 mai 1 876 . o , aSo -j , 7
SOURCK nE DEVILLE-LÈS-BOUEN.
Source située dans la cave de la maison Blnndcl [rue de l'Industrie]; dans cette cave
se trouve également, à quelques pas de dislance, une source non ferrugineuse.
Matières fixes
à 110°. Fer.
gr mgp
Prise du aS août 1875 o,53o 4i^
Prise du aS février 1876 » ^,8
Prise du 6 juillet 1876 " 7,8
SOURCES DE FORGES-LES-EAUX (').
Matières fixes
à I lo**. Fer.
gr mgr
La Reinette : prise du 20 juin 1876 o, 120 3,-1
La Royale : " » 0,100 7,3
La Cardinale : » i- o>3go 43,8
» Il n'est peut-être pas sans intérêt de rappeler la teneur en fer par litre
qui avait été assignée à ces eaux à différentes époques :
Analyse de M. Robert, Analyse de M. Henry,
1812. 1845.
Matières fixes. Fer. Matières fixes. Fer.
gr oigr gr mgr
La Reinette .. 0,099 ^'^ o,23o 10, 5
La Royale o,2o5 '3,4 o,225 4°»^
La Cardinale o,245 23,2 0,245 58,8
» Ajoutons qu'en 1842 MM. Girardin et Morin, ayant analysé une eau
de Forges de la source dite Nouvelle, ont trouvé, pour i'" d'eau : matières
fixes, oP'-,i58; fer, aS""*?'. »
( ' ) L'eau a été prise dans l'établissement, à l'endroit même où les malades la boivent.
( ioo3 )
CHIMIE ORGANIQUE. — homèies de taphloroglucme. Note
de M, Arm. Gautier, présentée parM.Wurtz.
« Diverses considérations m'ont conduit à penser que les glucosides
végétaux sont aptes à subir dans la plante des déshydratations portant sur
leur radical glucosique, d'où résultent de nombreux dérivés, parmi lesquels
il y a lieu de distinguer la série remarquable des corps qui, par l'action
des acides forts ou la fusion avec les alcalis, fournissent de la phloroglu-
cine. Les quercétines, les catéchines, beaucoup de tannins et de matières
colorantes végétales, la maclurine, le morin, l'acide filicique, la lutéoline,
la scoparine,etc., sont dansée cas. On pouvait donc se demander : d'abord,
si les glucoses sont bien aptes à fournir directement de la phloroglucine
par simple déshydratation; ensuite, si aux divers glucoses pouvant entrer
dans la constitution des glucosides végétaux correspondraient dans leurs
dérivés naturels diverses phloroglucines. Quoiqu'il n'y ait lieu de pré-
voir, d'après la théorie des isomères aromatiques, que trois corps en
C°H"0', même en faisant ici abstraction des polymères et du pyrogallol,
je pense, d'après les considérations précédentes et les observations que je
vais rapporter, que le nombre de ces corps de saveur douce, véritables
glucoses aromatiques par leurs caractères généraux, de composition iden-
tique et de propriétés très analogues à celles de la phloroglucine, aug-
mentera beaucoup à mesure qu'on fera une étude attentive de ces
dérivés.
» (a). Sucre aromatique de la matière colorante C"' H'"'0"' du vin de Ca-
rignane. — Lorsqu'on fond avec les alcalis la matière colorante du vin
rouge de Cariguane, que j'ai décrite ici (t. LXXXVI, p. iSo^), on obtient,
avec d'autres produits de dédoublement sur lesquels je reviendrai plus
tard, une matière sucrée que l'on extrait par l'éther du produit brut de la
réaction neutralisé. Cette substance correspond exactement, après dessicca-
tion à I io°, àla formule CH^O' de la phloroglucine. Elle cristallise comme
elle, avec 2 molécules d'eau qu'elle perd à 100° (eau perdue 22,6, au lieu
de 22,22 théorie).
M C'est une matière de saveur très douce, assez soluble dans l'eau, très
soluble dans l'alcool et l'éther. Les cristaux déposés au sein de l'eau sont
le plus souvent en lamelles rhomboïdales, appartenant au prisme rectan-
gulaire droit ou oblique. Dans l'éther, il se forme des cristaux bien nets,
( ioo4 )
en général dénués de facettes modificatrices et qui m'ont paru être des
prismes rhomboïdaux droits.
» Cette substance réduit lentement à rébullition le réactit cupro-potas-
sique. Elle n'est précipitée que par le sous-acétate de plomb. En solution
alcaline, elle s'oxyde rapidement à l'air, mais sans rougir. L'eau de brome
produit dans ses solutions étendues un abondant précipité blanc ; en un
mot, elle jouit de toutes les propriétés de la phloroglucine, dont elle a la
composition et qui cristallise comme elle avec 2 molécules d'eau.
» Elle en diffère toutefois en deux points : 1° à l'état sec, elle fond à
208°, 5 (corrigé) au lieu de 220°; 2° elle ne prend par le chlorure ferrique
qu'une très légère teinte violette fugace, tandis que la phloroglucine de la
phloridzine se colore en rouge violacé foncé.
» [h). Sacre awmntiqiie dérivé de la quercéline. — La quercétine duquer-
citron fondue avec la potasse donne, comme on le sait, un corps en C°H°0',
que Hlassiwelz pensait être la phloroglucine de la phloridzine. J'ai pré-
paré cette substance, et après purification par l'acétate de plomb, le noir,
et quatre cristallisations dans l'eau, je l'ai examinée avec soin.
» Elle cristallise dans l'eau et dans l'éther en prismes rhomboïdaux
droits ou obliques, à arêtes bien nettes, ou en croûtes armées de pointe-
ments aigus. Elle est peu soluble dans l'eau, très soluble dans l'alcool et
l'éther. Son goût est à peine sucré. Les cristaux hydratés ont pour formule
3C''H''0% aH'O. (Eau perdue à 1 10° : 8,9 pour 100, théorie 8,7); séchée,
elle fond à i ■j4° (corrigé). Elle a d'ailleurs toutes les propriétés générales
delà phloroglucine. Elle en diffère toutefois bien nettement par les carac-
tères suivants :
» 1° Son goût à peine sucré;
» 2° Son point de fusion qui est 174° a" lieu de 220°;
» 3° Sou eau de cristallisation qui répond à 3 CIPO^ 2H-O, au lieu
de CtPO', 2H=0.
•) 4" L'absence de réaction colorée en présence des sels ferriques.
» (c). Sucre aromatique obtenu par l'oxydation du phénol. — On sait qu'il y
a peu de temps MM. L. Barth et J. SchrœJer ont obtenu de la phloroglu-
cine en fondant le phénol avec la soude. J'ai préparé ce produit; il cor-
respond bien à la formule ClfO', et cristallise avec 2 molécules d'eau.
» Ces cristaux hydratés sont de gros prismes à formes diffuses, taillés
souvent en pierres à aiguiser, et qui appartiennent au prisme rhomboïdal
droit. Dans l'éther on obtient des prismes terminés par deux pointements,
groupés souvent entre eux soit en étoiles à six branches formées chacune
( ioo5 )
d'une sorte de feuille lancéolée à nervure médiane, soit en brdnches de
fougère. Celle substance, d'un goût 1res doux, a toutes les propriétés delà
phloroglucine ordinaire. Elle en diffère toutefois par les deux caractères
suivants :
» i°A l'étatsec, elle fonda 200°, 5au lieu de 220°. Déjà à 184° ces cris-
taux s'altèrent et brunissent légèrement sans fondre.
» 2° Elle se colore difficilement, par le chlorure ferrique étendu, d'une
légère teinte violet franc.
» La différence des points de fusion des sucres aromatiques dérivés de la
matière coloranleC-' H-"0'%de l'oxydation du phénol, et de la phloridzine,
et la non-identité de leurs formes cristallines me portent à penser que ces
corps sont isomères, mais sans rien affirmer encore à l'égard des deux
derniers. Il n'en reste pas moins établi que ces trois substances : pliloro-
glucine delà phloridzine, cenoglucine de la matière colorante du vin, quer-
ciglucine de la quercéline, ne sauraient être confondues.
» J'ajoute que Rochleder a dérivé du tannin du griotier une phloroglu-
cine, cristallisant avec 2 molécules d'eau, mais différant de la plupart
des substances précédentes en ce qu'elle ne se colore pas par le chlorure
ferrique. Cette substance, qu'il a appelée isopliloroc/lucine, et sur laquelle il
ne donne presque aucun autre renseignement, était restée inaperçue, et
n'a éjté citée ni dans le Dictionnaire de Watts, ni dans celui de Wurtz.
» On ne saurait méconnaître l'étroite parenté de ces divers composés.
Ils sont tous neutres, cristallins, solubles dans les mêmes dissolvants,
précipitables seulement par le sous-acétate de plomb dont un excès les re-
dissout. Tous se conduisent comme des aldéhydes ou des phénols et s'oxy-
dent aisément à l'air en liqueur alcaline. Tous ont une saveur douce, et
réduisent à chaud le réactif cupro-potassique. Ce sont, en un mot, les vrais
glucoses aromatiques. J'ajoute qu'en chauffant le glucose ordinaire avec la
baryte, je suis parvenu à obtenir uue matière sucrée présentant tous les
caractères des substances précédentes. On ne saurait donc méconnaître ni
l'origine de ces glucines dans le règne végétal, ni leur analogie avec les
glucoses dont ils sont les véritables anhydrides et qu'ils représentent dans la
série aromatique. »
( ioo6 )
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur les produits contenus dans les cokes de pétrole.
Note de MM. L. Prunier etE. Varenne, présentée par M. Berthelot.
« L'un de nous a fait connaître l'année dernière (') l'existence d'un groupe
nouveau de carbures extraits des pétroles de Pensylvanie dans la période
ultime du traitement américain.
)) Ces résultats faisaient pressentir que le coke formant le résidu, actuel-
lement abandonné, de l'opération devait contenir des carbures plus élevés
encore. C'est ce que nous avons entrepris de vérifier, en soumettant à la même
méthode expérimentale les produits mis obligeamment à notre disposition
par M. Deutscb, dont le nom est bien connu dans l'industrie des pétroles.
» La matière que nous avons mise en traitement est fortement boursouflée,
d'un noir luisant, à reflets bruns légèrement irisés. Elle est très cassante. Sa
densité est voisine de 2,0. Elle laisse à l'incinération un très faible résidu,
où domine la chaux.
» Traitée par les dissolvants, dans des conditions que nous indiquerons
dans notre Mémoire, elle a fourni ;
» 1° Un résidu insoluble de charbon proprement dit, qui retient éner-
giquement une certaine quantité du dissolvant; l'analyse a donné pour
ce charbon des chiffres qui vont de 97,4 ^ 98,0 pour joo de carbone.
» 2** Une masse provenant de l'évaporation du sulfure et renfermant de
93 à g5 pour 100 de carbone.
» C'est ce produit qui, épuisé aussi complètement que possible par l'al-
cool, l'éther et l'acide acétique cristallisable, employés à l'ébullition, a
fourni une substance débarrassée de produits oxydés et demeurée soluble
dans le sulfure et le chloroforme. La moyenne de plusieurs combustions
concordantes nous a donné 97,7 de carbone et 2,5 pour 100 d'hydrogène.
» L'expression (C'^H^)" exige 97,67. Cette limite avait à peine été atteinte
dans le précédent Mémoire, qui ne contient que des analyses offrant un
maximum de 97,6 en carbone.
» 3° Dans une autre série d'expériences, nous avons cherché à frac-
tionner d'abord par distillation la masse soluble dans le sulfure de car-
bone.
■(') L. Prunier, annales de Chimie et de Physique, 5" série, t. XVII; 1879. Voir aussi
Comptes rendus, t. LXXXVIII, p. 386.
{ >oo7 )
» Nous sommes partis d'un corps contenant gS, 5 de carbone, 2, 5 d'hy-
drogène et 2 d'oxygène environ. Nous opérions au bain métallique, au
moyen du thermomètre de M. Berthelot, à la pression ordinaire ou dans le
vide rehuifque peut donner une bonne trompe d'Alvergniat.
» Cette distillation est difficile à effectuer commodément dans les appa-
reils ordinaires. Nous sommes arrivés, par un tour de main et au moyen
d'un appareil que nous décrirons ailleurs, à fractionner à volonté le pro-
duit depuis 25o°, température à laquelle commence la distillation, jusque
vers 500° et même 55o°.
» La majeure partie des composés recueillis au-dessous de /|00° sont so-
lubles dans l'alcool, dans l'éther ou dans l'acide acétique. Ces produits sont
tous fortement fluorescents et contiennent de l'oxygène.
» Pour une opération poussée jusqu'à 4^o°, le résidu formait les trois
quarts de la masse primitive; il était totalement soluble dans le chloro-
forme et le sulfure de carbone.
» Après l'avoir débarrassé des dernières traces de composés oxydés, nous
l'avons analysé à plusieurs reprises, et nous avons obtenu des chiffres
compris entregy, 7 et 98,1 1 pour 100 de carbone, et le reste en hydrogène;
en moyenne, 97,9. Ces nombres établissent l'existence, dans les cokes de
pétrole, de carbures d'hydrogène complètement solubles, dont la formule
brute serait (C'°H*)", qui exige 97,95, ou même (C"H^)", qui répond à
98, 18 pour 100.
» 4° En résumé, nos expériences nous conduisent à admettre la pré-
sence, dans les cokes de pétrole, d'un ensemble complexe provenant d'un
équilibre pyrogéné dont les proiluits volatils principaux ont été étudiés
dans le précédent travail. La partie la moins volatile (le coke) contient des
corps, plus élevés encore comme condensation moléculaire, qui repré-
sentent la partie complémentaire du dédoublement en question.
» Toutefois, en confirmant et étendant les résultats antérieurs, il est bon
d'ajouter que les carbures s'accompagnent ici d'une proportion notable de
composés oxygénés sur lesquels nous nous proposons de revenir prochai-
nement, en même temps que sur les produits jaunes d'incrustation des ser-
pentins, dont l'origine et la composition sont analogues, sinon identiques.»
( ioo8 )
CHIMIE INDUSTRIELLE. — Sur une explosion singulière produite pendant un
chauffaqe de vin, et sur une nouvelle mélhode de dosage d'alcool. Note de
M. V. Wautha, présentée par M. Pasteur.
« Dans les caves d'une de nos plus renommées maisons de commerce de
vins (de Budapesth), on faisait subir dernièrement à une quantité d'environ
G*"'" d'un très précieux vinde liqueurde Tokai, de i5^°' pour loo d'alcool, le
procédé de M. Pasteur. Ij'appareil employé avait été construit par M. Terrel
des Chênes, et chauffé par un feu de gril ordinaire. Les gaz de combustion
étaient conduits dans une cheminée. Ladite opération fut faite dans un
parterre chauffé à environ 20° C. et au grand jour ; laporte de cet endroit,
conduisant dans une cour, était oiivorte. Au moment où presque toute la
quantité du vin avait déjà passé par l'appareil et qu'il n'y manquait qu'un
hectolitre environ, une explosion terrible eut lieu, par laquelle non seule-
ment le fond du tonneau, d'une épaisseur de o^joS, fut poussé en dehors,
mais aussi les douves en furent séparément brisées en long et volèrent
en éclats. L'ouvrier chargé de l'exécution de cette opération fut lancé au
mur et reçut des blessures assez graves, tandis que le contenu du ton-
neau se perdit naturellement tout entier. Il est donc probable que cette
explosion inattendue fut causée par l'inflammation d'un mélange d'alcool
et d'air ordinaire, contenu dans l'espace vide du tonneau, et aussi d'un
courant d'air et de vapeurs sortant du tonneau qui s'alluma au foyer placé
à i™,5o de distance, et transmit ainsi l'inflammation jusqu'à l'intérieur du
tonneau.
» Autant que je sache, il n'existe jusqu'à présent pas d'observations
exactes sur l'inflammation de l'air saturé de vapeurs d'alcool à des tempéra-
tures différentes, et pour cette raison je me suis livré à une série d'expé-
riences préliminaires afin de faire connaître la température minima à laquelle
l'inflammation desdits mélanges peut encore avoir lieu. Cette question
étant d'une grande importance pratique, je prends la liberté de présenter
à l'Académie quelques résultats de mes» expériences. Pour leur exécu-
tion j'ai adopté la méthode de M. Victor Meyer (Dengler, Polyiec/tn.
Journal, 1879, p. Sa), laquelle, effectuée avec précision, donne des résul-
tats très conformes.
( J009 )
» Il en résulte que la limite de tempéralure des vapeurs dégagées d'uu
liquide contenant les proportions suivantes d'alcool est celle-ci :
Alcool Limite
pour 100, de teuipérature.
8 55 "
9 53
10 5 1
II 5o
is 48
i5 43
t L'explosion dont j'ai parlé n'est donc pas difficile à expliquer. Je me
suis assuré qu'avec l'appareil porté à une tempéralure d'échauffemeiit
d'environ 62-63" C. le vin découlant parvient au tonneau avec une tem-
pérature de 4o° C. Il arriva donc très aisément (et dans ce cas il fut sur)
que la température du vin à échauffer fut portée jusqu'à 70° C. C'est alors
que le danger dut commencer, et il est prob;ible que la limite de 43°C. fut
non seulement atteinte, mais encore surpassée. Il est donc de rigueur, sur-
tout quand l'opération est faite dans une localité à éclairage de lampes avec
des vins de grande richesse d'alcool, de refroidir le vin écoulant de l'ap-
pareil à l'aide d'une petite glacière et de lui rendre sa température origi-
naire, ce qui, d'ailleurs, est toujours fort à désirer.
» Etant actuellement occupé de vérifier la limite d'explosion des mé-
langes d'alcool et d'air à l'aide d'un appareil précis et au moyen de l'étin-
celle électrique, j'espère en obtenir non seulement des nombres plus exacts
encore, mais aussi, si la méthode est assez simple, d'en déduire une nou-
velle manière de doier l'alcool. »
MINÉRALOGIE. — Reproduction s/ntliétique des silicates alumineux et des silico-
aluininates alcalins de la nature. Note de M. Stan. Meunier, présentée par
M. Daubrée.
« En exposant récemment un procédé opératoire grâce auquel on peut
réaliser, à la pression ordinaire et dans une atmosphère de vapeur d'eau,
la synthèse de l'enstatite ('), j'annonçais, entre autres modifications pos-
sibles de l'expérience décrite, la substitution de l'aluminium au magné-
sium métallique. C'est conformément à ce programme que j'ai depuis lors
(') Comptes rendus, même Volume, p. 349.
C. R., 1880, I" Semestre. (T. XC, W 17.) ' 3 I
{ lOIO )
soumis à une étude spéciale l'action simultanée, à la température rouge, de
la vapeur d'eau et de la vapeur de chlorure de silicium sur l'aluminium en
fils assez fins.
» Le résultat varie avec certaines conditions de l'expérience, telles que
la température, et surtout avec la vitesse et l'abondance relative des deux
courants gazeux. Si la vapeur de chlorure de silicium est prédominante,
le produit principal consiste en silicium métallique, qui se présente tantôt
eu petites lamelles cristallines enchevêtrées entre elles, tantôt en fines_^
aiguilles simples ou groupées pouvant atteindre une longueur relativement
considérable. Si c'est la vapeur d'eau qui est en excès, ce qui se dépose
surtout, c'est un mélange d'alumine et de silice terreuses, où il est parfois
très difficile de trouver le moindre vestige d'une substance cristallisée. Au
contraire, lorsque les deux courants gazeux sont réglés de façon qu'ils
puissent se mélanger dans toute la longueur du tube au contact de l'alu-
minium, alors le microscope retrouve dans la poudre grisâtre qui s'est
déposée des myriades d'aiguilles cristallisées, transparentes, enchevêtrées
les unes dans les autres et actives sur la lumière polarisée. Leur action dépo-
larisante est cependant très faible; mais il parait légitime d'attribuer celte
circonstance aux dimensions très exiguës des cristaux.
u II est presque impossible de séparer ces aiguilles de l'excès de ma-
tière étrangère (silicium, silice, alumine) avec lequel elles sont mélangées.
Mais on rencontre des points où elles se sont produites à peu près seules,
et il devient dès lors aisé d'en déterminer la composition chimique. J'y ai
trouvé sur o^"^, gyo :
Silice 4° » 9 •
Alumine 58 , 02
98,93
» C'est, comme on voit, la composition de l'andalousite et du disthène
naturels. Il faudra une étude cristallographique spéciale pour reconnaître
à laquelle de ces deux espèces j'ai eu affaire; mais la dimension des cris-
taux obtenus apporte jusqu'ici des obtacles à cette détermination.
» Ce qui précède montre que la reproduction des silicates alumineux
par la nouvelle méthode est beaucoup plus difficile et beaucoup plus
incertaine que celle des silicates magnésiens; mais, contre toute attente,
l'expérience devient au contraire très facile si, par une complication consi-
dérable, on fait intervenir la potasse caustique au contact de l'aluminium.
Dans ce cas, il se produit, avec une abondance extrême, des cristaux bru-
( lOII )
nâtres, en trapézoèdres réguliers, parfaitement nets et donnant à l'analyse:
Silice 55,83
Alumine 23 , 54
Potasse (par différence) 20, 63
roo,oo
» Tons ces caractères sont ceux de l'amphigène naturelle. Cependant
nos cristaux se distinguent par une inactivité absolue sur la lumière pola-
risée : le fait, qui pourrait tenir à la petitesse des échantillons, dont le
diamètie varie de o™",oo3 à o^^jOia, mérite évidemment d'être expliqué.
» En tout cas, à une température peu différente, j'ai, dans une autre
expérience, obtenu, outre les trapézoèdres, des prismes maclés, offrant
les contours des cristaux d'orthose. Jusqu'ici cette substance ne s'est
pas présentée en quantité suffisante pour que son analyse ait été possible.
La substitution à la potasse de la soude ou du chlorure de calcium m'a
conduit à des résultats qui semblent, à première vue, analogues avec les
précédents.
» Comme on le voit par ces quelques mots, la méthode dont j'ai exposé
précédemment le principe, et qui avait déjà fourni des silicates et des alu-
minates magnésiens, donne aussi des silicates alumineux et des silico-ahi-
minates alcalins semblables à ceux de la nature : elle est donc générale, et
l'on peut prévoir dès maintenant qu'elle pourra conduire à la reproduction
artificielle d'un très grand nombre d'autres espèces minérales.
» Suivant moi, cette méthode se recommande surtout par sa similitude
avec le procédé mis en oeuvre par la nature lors de la formation des cris-
taux que nous avons imités; elle ne fait intervenir que des éléments dont
le rôle minéralisateur aux anciennes époques a été universellement reconnu,
et elle se tient strictement dans les conditions précisées, comme consé-
quences de leurs études, par les observateurs qui ont cherché à se rendre
compte de l'origine des roches.
» Il me suffira, à cet égard, de rappeler d'un mot la grande conception de
Davy, adoptée par Gay-Lussac, et à laquelle l'étude des météorites a
ramené M. Daubrée. Elle consiste à croire que, suivant l'heureuse expres-
sion d'Élie de Beaumont, les roches primitives sont résultées de la coupel-
lation naturelle d'un noyau métallique, sur lequel sont venus s'attaquer
les agents d'oxydation et de minéralisation. Seulement, au lieu de suppo-
ser, avec Davy, que la combustion s'est produite exclusivement à la péri-
phérie du noyau, nous sommes amenés à reconnaître qu'elle se déclare
( tOt2 )
successivement dans toute la masse à mesure que les progrès du refroidis-
sement centripète arrachent de nouvelles couches au domaine de la disso-
ciation.
» Dans le cours du travail dont j'ai soumis successivement à l'Académie
les différentes parties, j'ai constamment pris pour guide cette pensée de
M. Daubrée : « Dans la synthèse des minéraux, ce qui importe, ce n'est
» pas seulement de reproduire telle ou telle espèce minérale, mais d'arriver
« à ce résultat par des méthodes qui paraissent conformes à celles que la
» nature a mises en oeuvre ('). »
ZOOLOGIE. — Sur r origine et le développement de l'œuf chez ta Méduse Eucope
av ml la fécondation. Note de M. C. Merejkowskt, présentée par
M. de I,acnze-Duthiers.
« Les ovaires de la Méduse, disposés à l'intérieur de la cloche, ont l'as-
pect de quntre petits sacs, dus à une évagination de la cavité gastro-vascu-
laire. Dans les parois des ovaires, on trouve de dehors en dedansunecouche
de cellules ectodermiques dont les limites ne sont pas bien définies et l'en-
doderme composé de plusieurs couches de cellules mieux limitées. La
couche la plus intérieure de l'endoderme, celle qui recouvre la surface
intérieure de l'ovaire, est composée des mêmes cellules (garnies d'un cil vi-
bratile) que l'endoderme des canaux radiaux.
» Vers la base de l'ovaire, là où il se confond avec la surface inférieure
de la cloche, la couche endodermique n'est encore formée que d'une seule
couche, comme dans le canal radial; mais, à mesure qu'on avance vers l'in-
férieur de l'ovaire, on voit les cellules endodermiques se diviser dans une
direction verticale à leur longueur et former ainsi deux couches d'endoderme
superposées; ladivi.sion des cellules se continuant dans toutes les directions,
on arrive ainsi à un endoderme de plus en plus épais.
» Entre ces deux feuillets d'endoderme et d'ectoderme formant l'ovaire
se trouve un troisième feuillet plus mince et privé de structure : c'est la
lamelle intermédiaire, qui les sépare d'une manière tranchée et aide à définir
avec sûreté quelle couche produit les œufs de l'Eucope ; ces œufs se trou-
vant toujours sous la lamelle intermédiaire et étant ainsi séparés de l'ecto-
derme par cette lamelle ne peuvent se développer que de l'endoderme.
(') Daubrée, Etiuiex syntlii'tiqncs tic Géologie e.rpéninentaie, p. tj.
( ioi3 )
Mais une antre raison conduit à admettre l'origine endodennique des œufs
de l'Eucope, si l'on observe directement toutes les transitions graduées
entre les cellules endodermiques ordinaires et les jeunes œufs. Les chan-
gements d'une cellule endodermique destinée à se développer en œuf, que
je vais aborder maintenant, consistent en ce que cette cellule augmente en
volume et le noyau se transforme en tache germinative.
» Dans les cellules endodermiques recouvrant les canaux radiaux, le pro-
toplasma est complètement transparent et dénué de grains; le noyau appa-
raît sous la forme d'une tache claire et ronde contenant au centre un nu-
cléolus rond et plus dense. Plus tard nous remarquons que les cellules
ainsi que leurs noyaux et nncléolus augmentent et le protoplasma devient de
plus en plus granuleux. Le nncléolus, d'abord simple et muni d'une petite
vacuole, commence à se diviser. Ainsi que je l'ai décrit au sujet d'une Mé-
duse de la mer Blanche ('), au commencement de la division le nncléolus
s'allonge, s'étrangle dans son milieu, fait une courbe, ce qui lui donne la
forme d'un fer à cheval, et finalement se divise en deux parties, dont cha-
cune possède une vacuole centrale ; ensuite chaque moitié, simultanément
ou non, se divise encore en deux parties, mais dans une direction perpen-
diculaire à la première (similairement à la segmentation de l'œuf ), et ainsi
de suite.
» Quoique ces phénomènes soient constants et normaux chez les Méduses
de la mer Blanche, je ne les ai pu constater que par exception chez les
Méduses du golfe de Naples. Ordinairement, dans cette dernière, la divi-
sion du nncléolus a lieu d'ime manière entièrement différente et non encore
décrite. Lorsque, après s'être allongé, le nncléolus présente un étrangle-
ment médian, il ne se divise pas en deux parties, mais s'allonge tout sim-
plement en forme de bande contournée sur elle-même; des strangulations
se formant encore en plusieurs endroits, le nucléus, de rond qu'il était,
devient une longue bande raoniliforrae et tordue en plusieurs contours.
Chaque division du chapelet est fusiforme ou ronde; elle renferme régu-
lièrement au milieu une très petite vacuole et se trouve réunie aux divisions
voisines par une articulation déliée et parfois assez longue. Quelquefois
cette bande longue et sinueuse, rappelant les nucléus de quelques Infu-
soires {Stentor, Spirostomum), se fend en deux bandes. Finalement, les
grains ou articulations du chapelet se séparent, et, au lieu d'un nncléolus,
(') C. Merejkowskt, Sludies nn Hydroida [Jnnals and Magaz. of nutuial History,
série 5, t I, p. 254, PI. jLlTI,fig. 9-14; 1878).
( ioi4 )
il se forme au centre du noyau tout un groupe de plusieurs dizaines de
petites boules rondes, qui s'assemblent en une sphère disposée à quelque
distance des parois du noyau. Ensuite ces boules continuent pour quelque
temps à se diviser et deviennent ainsi de plus en plus menues, en même
temps que leur nombre atteint plusieurs centaines. Durant tout le temps
que ces phénomènes se produisent, l'oeuf grandit et atteint son diamètre
définitif, qui surpasse près de vingt fois celui de la cellule endodermique
ayant donné origine à l'œuf.
» L'aspect définitif de l'œuf parfaitement mùr avant la fécondation
présente l'aspect d'une sphère de protoplasma granuleux avec un noyau
central et parfaitement uniforme, n'ayant plus les moindres traces d'un
nucléolus, quel qu'il soit. Les quelques centaines de grains en lesquels le
noyau s'est divisé se sont dissous dans le protoplasma du noyau.
» Résumé. — i° Les œufs de l'Eucope se développent des cellules endo-
dermiques.
1) 2° Le nucléolus prend la forme d'un chapelet contourné sur lui-même ;
les grains du chapelet deviennent isolés et continuent à se diviser.
» 3° L'œuf mùr avant la fécondation n'a plus les moindres traces d'un
nucléolus dans son noyau, qui est entièrement homogène. »
MÉDECINE. — Sur les analogies qui semblent exister entre le choléra des
poules et la maladie du sommeil [nelavan). Note de M. Talmy, présentée
par M. Pasteur (' ).
« Les symptômes du choléra des poules, maladie sur laquelle les récentes
investigations de M. Pasteur ont porté une lumière complète, ont tellement
d'analogie avec ceux de la maladie du sommeil, qu'en lisant les récentes
Communications du savant académicien {Comptes rendus, séance du g fé-
vrier i88o) je me suis demandé si cette dernière affection ne devait pas
être rattachée à la même cause.
0 La maladie du sommeil, affection rare, qui n'a été rencontréejusqu'ici
que sur les Nègres de la côte occidentale d'Afrique, a d'abord été signalée par
les médecins anglais (1819), mais n'a été exactement observée et décrite que
(') Voir une description du nelavan au Sénégal dans une Lettre du P. Bosch, de la
mission de Saint-Joseph à N3'azobil, par Dokar, au Sétiégal, dans la Médecine des ferments
du D'' Déclat (n" 10, 1876). [Note ajoutée par M. Pasteur).
{ ioi5 )
beaucoup plus tard (années 1862 et suiv.) par les médecins de la marine
française Dangaix, Nicolas, Guérin, et tout récemment par Corre.
» Dans les deux maladies il n'y a, on peut le dire, qu'un seul symptôme,
le sommeil, un sommeil invincible se terminant fatalement par la mort.
Pour rendre le rapprochement plus frappant, je citerai textuellement.
» M. Pasteur, Choléra des poules [loc. cil.) :
" L'animal est sans forces, chancelant, les ailes tombantes; une somnolence invincible
l'accable; si on l'oblige à ouvrir les yeux, il paraît sortir d'un profond sommeil, et bientôt les
paupières se referment; et le plus souvent la mort arrive sans que l'animal ait cliant;é
de place, après une muette agonie; c'est à peine si quelquefois il agite les ailes pendant
quelques secondes. •
» Ad. Nicolas, Maladie du sommeil [Gaz. hebdom., 1861) :
■> Le malade tient les paupières à demi fermées, comme s'il ne pouvait plus les relever
entièrement; il est pris à divers moments d'un besoin impérieux de dormir.... Plus tard le
malade dort continuellement; il faut l'éveiller pour le faire manger, ce qu'il paraît toujours
faire avec plaisir si on l'éveille suffisamment. A ce moment les malades dorment dans les
positions les plus diverses et les plus pénibles en apparence, mais dont aucune n'exige d'efforts
musculaires; toujours le corps repose en entier sur le sol; ils s'éteignent ainsi progressi-
vement, sans douleur, et sans qu'on puisse saisir le passage du sommeil à la mort. »
» Les premières descriptions de la maladie du sommeil, quoique portant
cependant le cachet de l'observation la plus exacte, n'ont pas noté l'engor-
gement ganglionnaire du cou, que je vois signalé pour la première fois par
M'Carthy (1873), puis par Gore (1875), et enfin par Corre (1877). D'après
le premier, ce phénomène serait constant et très prononcé. M'Carthy est le
seulauteurqui ait signalé l'ablation desdits ganglions comme étant pratiquée
par les Nègres pour guérir la maladie. Ce fait vient de m'ètre confirmé par
mon collègue le D' Frison, qui aurait rencontréà Corée des malades complè-
tement guéris et portant au cou les traces de l'opération qu'ils avaient subie.
Gore parlede l'engorgement ganglionnairecomme existant parfois seulement.
Enfin notre collègue et ami le D' Corre en parle d'autant plus longuement,
qu'il serait même parti de ce fait pour attribuer à la maladie une origine
scrofuleuse. Cependant il reconnaît lui-même que ce symptôme n'est pas
constant; de plus, dans l'immense majorité des cas, l'engorgement ne dépas-
sait pas, dit-il, le volume d'une lentille ou d'un haricot.
» La guérison à la suite de l'ablation des ganglions est compatible avec
l'existence d'une maladie virulente, car nous savons que beaucoup de
celles-ci commencent ordinairement par se localiser dans les ganglions
( ioi6 )
(expériences de Chauveau, Raynaud, etc.) d'où elles se répandraient dans
le reste de l'économie.
» Cependant on peut faire une objection très sérieuse tirée de la
durée de la maladie : chez la poule l'affection, même celle dite atténuée par
M. Pasteur, parait assez courte (l'éminent investigateur n'en fait pas con-
naître la durée exacte). La maladie du sommeil aurait chez l'homme une
durée beaucoup plus longue : trois à quatre mois au plus (Dangaix),
cinq mois à un an (Ad. Nicolas), trois mois à un an (Guérin), quelques
mois à un an ou deux (Corre).
» Mais cette comparaison absolue n'est pas exacte. M. Pasteur nous dit
lui-même que l'inoculation chez le cochon d'Inde est difficile; elle peut
l'être encore davantage chez l'homme, partant la maladie évoluer beau-
coup plus lentement; de plus, dans les expériences de M. Pasteur, il n'est
question que d'inoculation, du moins chez les Mammifères. Il y aurait lieu
devoir si l'alimentation à l'aide de poulets malades ne pourrait pas donner
une autre forme à la maladie. Mais, dira-t-on, la forme atténuée du cho-
léra des poules est toujours bénigne, d'après M. Pasteur, tandis que la ma-
ladie du sommeil, qui serait alors une forme lente et atténuée, est toujours
mortelle : lente, oui; mais rien n'autorise à regarder la maladie du som-
meil comme une forme atténuée. Qui nous dit qu'une alimentation com-
posée de poulets infectés, ayant subi une cuisson plus ou moins complète,
continuée pendant plusieurs jours, plusieurs semaines peut-être, ne créer.„
pas chez des Mammifères une forme très lente, quoique mortelle? C'est là
un point à expérimenter.
M Le D'' Corre, observateur aussi consciencieux qu'habile, énumère en
outre dans son travail un certain nombre de faits qui, convenablement in-
terprétés, me semblent appuyer la thèse que je soutiens. Je vais les citer
brièvement :
» Page 296 {Jrcli. de Méd. iiav., 1877), il dit que :
« Il n'est pas rare de voir dans les villages Sérères les animaux de basse-cour périi-
dans les convulsions : or le nélavane (nom de la maladie du sommeil au Sénégal) s'ob-
serve surtout dans cette partie de la Sénégambie. »
') Plus loin, page 333 :
« Des esprits forts, dit-il, et il y en a partout, m'ont raconté que le nélavane atteignait
les individus qui mangeaient les poulets à gros cou ou les poissons ayant les ouïes gonflées,
habitées sans doute par un anilocre. »
» La place me manque pour faire voir, d'après Corre et quelques autres,
( loi? )
la nature contagieuse de la maladie à peine soupçonnée ou mise en lumière
jusqu'à présent.
« La maladie du sommeil n'existe que chez les Nègres ou chez les Mulâtres vivant de la
vie des Noirs. » (Chassaniol.)
» En résumé :
') I. La maladie du sommeil qui règne chez les Noirs de la côte occi-
dentale d'Afrique pourrait bien être une affection virulente (').
» II. La maladie du sommeil offre de frappantes analogies avec la ma-
ladie étudiée par JMoritz, Perroncito et Toussaint, complètement élucidée
par M. Pasteur, et qui porte le nom de choléra des poules.
» III. A l'avenir, les médecins qui se trouveront en présence de cas de
maladie du sommeil soit à bord, soit à la côte d'Afrique ou dans nos colo-
nies à Nègres, ne devront pas négliger de s'enquérir de l'état de santé des
poulets qui pourraient être consommés ou bien exister dans le voisinage.
Cette étude devra être dirigée au point de vue de la recherche soit du cho-
léra des poides, soit delà diphtérie des volailles, soit de toute autre affec-
tion des gallinacés.
» IV. Au Sénégal, il sera également utile d'étudier les affections dont
les chevaux et les ânes peuvent être atteints, là surtout où règne la maladie
du sommeil dite nélavane. La même attention devra se porter sur les pois-
sons de ce pays dont les ouïes offriraient quelque particularité du genre
de celle signalée par le D"^ Corre.
» V. Il sera intéressant d'étudier l'affection papulo-vésiculeuse du néla-
vane au Sénégal et de tenter son inoculation sur des poules ou tous autres
animaux. »
M. Dacbrée appelle l'attention sur la Carte géologique du canton de
Genève, en quatre feuilles, au -ôToTôi ^^ ^"i" '^ texte explicatif, en deux Vo-
lumes, qui l'accompagne. Après une étude de l'histoire de la Terre, qui
forme une introduction de l'Ouvrage, M. Alph. Favre donne une descrip-
tion précise des terrains dont se compose le sol du canton. La mollasse,
l'alluvion ancienne, le terrain glaciaire, le terrain post-glaciaire et le ter-
rain moderne y sont successivement passés en revue. Puis vient une des-
cription détaillée des diverses parties du canton, avec une série de coupes.
(') Voir à ce sujet la Note du P. Bosch qui parle de la trausmission de la maladie par
la salive, etc. [Note ajoutée par M. Pasteur. )
G. R., i8So, I" Semestre. (T. XC, N" 17.) l32
( irJlS )
Des faits nombreux concernant l'homme préhistorique y sont signalés.
L'intérêt de cet Ouvrage ne concerne pas seulement la Géologie, mais
aussi les applications de cette science à l'Agriculture.
M. Daubuée, en présentant, de la part de M. Démangé, des Tables synop-
tiques manuscrites destinées à faire voir la répartition quotidienne et men-
suelle des chutes de météorites, ajoute les observations suivantes :
« L'auteur croit reconnaître un maximum au mois de mai.
» Ce travail, fondé sur le rapprochement de quatre cent quarante et une
chutes, en fait intervenir un certain nombre qui sont trop anciennes pour
que leur date soit certaine.
» Cependant, quand on fait un relevé de deux cent huit chutes conser-
vées au Muséum, dont la date est bien authentique, on trouve en effet un
maximum très accentué pour le mois de mai, qui, à lui seul, comprend
vingt-cinq chutes.
■» Mais, le plus grand nombre des chutes restant évidemment inaperçues,
les statistiques que nous pouvons établir sont extrêmement incomplètes,
et il serait téméraire d'en tirer des conséquences générales. »
M. J. Landerer soumet à l'Académie, par l'entremise de M. Daubrée,
sous le titre de Géologie lunaire, un travail dans lequel il cherche à déter-
miner la nature lithologique de notre satellite.
« L'auteur, dit M. Daubrée, croit pouvoir conclure de la densité de la
Lune et de l'angle sous lequel elle polarise la lumière du Soleil que les
matériaux de la surface sont analogues à une roche silicatée, telle que la
minette du Morvan. i>
M. Ch. Rabâche adresse une Note sur le nombre d'unités de chaleur
qu'il faut au blé pour arriver à maturité.
La séance est levée à 5 heures un quart. J. B.
loiq
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE,
Odt&aces seçds dans la séance dd ig avril 1880.
Description géologique du canton de Genève, par Al. Favre, pour servir
à l'explication de la Carte géologique du même auteur, suivie d'analyses et de
considérations agricoles, par E. Risler. Genève, Cherbulliezet C'*, 1880;
2 vol. in-8°, avec 4 cartes.
Quelle est la vertu de l'opium? par G. Pécholier. Paris, Asselin ; Mont-
pellier, Goulet, 1880 ; br. in-B". (Pr ésenté par M. Bouillaud.)
Mémoires couronnés et autres Mém oires publiés par l'Académie royale de
Médecine de Belgique j coWeciion in-8°, t. V, 4^ fascicule. Bruxelles, H.Man-
ceaux, 1880; in -8°.
Annales des Ponts et Chaussées. Mémoires et documents, 1880, mars. Paris,
Dunod, i88o; in-8°.
Ministère de l'Agriculture et du Commerce. Direction de l'Agriculture. Com~
mission supérieure du Phylloxéra. Session de 1879. Compte rendu et pièces
annexes. Loi, décrets et arrêtés relatifs au Phylloxéra. Paris, Impr. nationale,
i88o;in-8°.
Conchyliologie jluviatile de la province de Nan-King et de la Chine centrale;
par le R. P. Heude. VP fascicule. Paris, F. Savy, 1880; in-4°. (Présenté
par M. Milne Edwards.)
Mémoires concernant l'histoire naturelle de l'Empire chinois y par des Pères
de la Compagnie de Jésus. Premier cahier, avec 12 planches. Chang-Haï,
impr. de la Mission catholique, 1880 ; in-4°. (Présenté par M. Milne Ed-
wards.)
Étude sur le maïs (Zea maïs). Acidi maizénique ; par le jy J.-Z.-F. Vauthier .
Bruxelles, Alliance typographique, 1880 ; br. in-8°.
Association française pour l' avancement des Sciences. Congrès de Montpellier,
1879. F* et II* sections : Discours d'ouverture et notice historique sur les
travaux mathématiques de l'Association de 1876 à i 878 ; parC.-A. Laisant.
Paris, impr. Chaix, 1880; in-8°.
Des troubles oculaires dans les maladies de l'encéphale ; par le Tf A. Robin.
Paris, J.-B. Bailliète et fils, 1880 ; in-B''. (Présenté par M. Bouley.) (Ren-
voi au Concours Montyon, Médecine et Chirurgie, 1880.)
( I020 )
Traité de théorie musicale; par Ch. Motroud. Paris, Berger-Levrault,
1880; 111-4°.
Baethaud. Note sur une mire parlante à pied et à divisions millimétriques.
Sarlat, impr. Michelet, sans date ; br. in-8°.
Exposé fait à la séance officielle de la Société d'Agriculture de l'Hérault, le
5 janvier 1880, relativement à un procédé pour faire vivre les vignes françaises
malgré le Phylloxéra^; par B. Pages. Béziers, impr. Granié et Malinas,
1880; br. in-8°.
V erhandelingen der Koninklijke Akademie van JVetenschappen : Afdeeling
Natuurkunde, XIX deel ; Afdeeling Lelterkunde, XII deel. Amsterdam,
J. MùUer, 1879; 2 vol. in-4''.
ERRATA.
(Séance du 19 avril 1880.)
Pagegia, ligne i3, au lieu de i3° i'32",7 lisez i3° 4' 19", 7.
» ligne i4, au lieu de i4°39'28",3 lisez i4°37'4o",9.
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 5 MAI 1880.
PRÉSIDENCE DE M, EDM. BECQUEREL.
MEMOIRES ET COMMUNICATIOIVS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
MÉCANIQUE CÉLESTE. — Sur des transcendanles qui jouent un rôle fondamental
dans la théorie des perturbations planétaires; par M. F, Tisserand.
a I. Je pars du développement connu
(l) ' = -hW^.h(*ir.n>sS + è'='coS2 9H-...+ ^'*'cosA5 +...,
y/ 1 4- a' — 1er. cos 8 ^
où a désigne uue quantité réelle comprise entre o et i; on a
/ ^ t.,k\ ' r cos* 9
cos 9
» Les transcendantes dont je vais m'occuper sont définies par la re-
lation
(3) B* =
I „d"b *)
a*
1 . 2 . . . « dx" '
elles inlerviennent, sous forme linéaire, dans la partie constante et dans
t.K., i88o, 1" Remettre. {T. XC. ^«■ 18.) '33
( I022 )
les coefficients des divers termes périodiques de la fonction perturbatrice.
» On trouvera les valeurs numériques de ces transcendantes B„*'dans les
annales de V Observatoire de Paris, où Le Verrier les a calculées pour les
diverses combinaisons que l'on obtient en prenant les planètes deux à deux.
En considérant ces valeurs numériques, ou remarque que, dans le cas de
Jupiter et de Saturne, BJ,"', B^'' et BJ,^' vont en diminuant quand n varie de i
à 5, et que ces transcendantes augmentent pour n = 6 et n=^ 'j; B*„'' com-
mence à augmenter seulement pour 7i = 7 ; ici, le rapport a est égala
o, 545.
. » Pour Vénus et Mars, a — o, 475; B'„*' va toujours en diminuant.
» J'ai été ainsi amené à penser que, X- restant fixe et « augmentant indéfini-
ment, la fonction B'-^^ de a croit indéfiniment quand a est supérieur à ^, et
qu'au contraire elle tend vers zéro quand «est inférieur à ~. Le but du travail
actuel est principa lemen t la démonstration de ce théorème, qui me semble très
important; il en résidte, en effet, que la convergence des séries relativement
aux excentricités sera de beaucoup diminuée pour a > i-, qu'elle sera aug-
mentée au contraire pour oc A; il y
aura lieu de considérer deux cas, suivant que n — A sera pair ou impair.
En tenant compte de (3) et (4), je trouve :
» 1^ Pour 71 — A pair,
(5)
2.4. ..(« — A) 2. 4... («-)-/!) '^ ^'' ■•
où
0)'
(«+2)=— /■= 1.2
(n-hiY-A' (/?-!- 3)'— A-' (/; + ri(« + 2)(«-+-3)(/; + 4) 4
OC -
A'{n-h^y~A' 1.2.3.4
( ioa3 )
» 0° Pour n — k impair,
2.4...(«— /t-f-l) 2. 4... (//-h X -+-,) "^ ^" '
OU
n -1- I
""^ (n+ 3)» — /- 1.2.3
(^) ; (1.0) = ^L^i a -t- ("'^^^'~''' (" + ■)(" + ->■)(" + 3)
(„H_a)'— X-' («-t-4)'-^2 („-+-, )...(„ + 5j ^^
(« + 3)'— /■= («4-5)'—/' I...5
» On reconnaît clans les deux expressions ci-dessus de <Ï>J,*' des coefficients
que l'on rencontre dans le développement du polynôme X^ de Legendre,
où la variable est ar = cos0, ce développement procédant suivant les co-
sinus des multiples de 9.
» C'est qu'en effet on aurait pu remplacer le développement (i)par le
suivant,
^ ' = H-aX, + a-X2+...,
yi -+- a' — 2 a COSO
et l'on en aurait déduit aisément que notre transcendante B'f est le coeffi-
cient de cos^S dans le développement de l'expression
^«Y ^ " + '„«+< Y (/; + ■)(/?+ 2)
» En remplaçant dans cette expression les fonctions de Legendre par leurs
développements connus suivant les cosinus des multiples de (3, on retombe
sur les formules (5) et (6).
» III. Je vais faire connaître deux limites comprenant la transcendante BJ,*'.
Je suppose d'abord n — k pair; je tire de (5)
$(*)^ j ^ {n-^\)[n + i] ^, _^ [n + x][u-^i.][n-^Z)[n-\-t^) ^ , ^ _ _ _
" 1.2 1.2.3.4
ou bien
2$L"<(i - a)-«-' ^ (i + a)-"-';
il en résulte cette inégalité
,.z...[n-k-x] .■3...(/. + /î--i) if/ « y^' , / g V'^n
\7i ^" ^ 2. 4. ..(«-/■) 2. 4. ..(« + /■) «Ll^,-a/ "^^i+aj J"
» En partant des mêmes formules (5) et tenant compte des inégalités
suivantes,
Il ^
[n +4)=— X-' -^ («-(-2)'— /l-^
(/» + 5)'— it' (/7 + 3)'— X-^
(72 + 6)'— A' -^ («-+-4)^— X^'
( 1024 )
je trouve
r(«+i)'-xn' (» + ilf/? + 2)(« + 3)(/> + 4) ,
^" [(„_H2)'-X'J 1.2.3.4
OU bien
20„*)>(,_/3)-"-< + (,^P)-«-,
en faisant, pour abréger,
il en résulte l'inégalité suivante :
(n\ R./o^ ..3. ..(.-/■-.) ,.3... (,, + /!■-.) .r/ g \'-<
ly; '^ ^ 2. 4. ..(«-/■) ' 2. 4. ..(« + /!■) «L\'-P/ \> + P
» Je trouverai de même, en partant de (6), dans le cas où n — /c est
impair, les deux limites ci-dessous,
^ '' " ^2.4...(« — /■ + ij2.4...(«-hx- + i) «L\'-«/ \' + «y
[ g,A, ^ l.3...(« — X) !.3...(/Z + X) /^^ + 3)'-^ _!
, > 1 " --^2.4. . .(« — X-+ 1) 2.4.. .(«H-/ ■ + i) V ('2 + 2)' — X' 5:
( x[(^r'-(^)-j,
]3' étant défini par l'équation
\ /S' . /{" + 2)»— X'
» Ces formules deviennent plus simples pour A = o; on a alors
» 1° Pour n pair,
avec
n -I- I
' « + 2
)) 2° Pour 72 impair,
( 1025 )
avec
p — 5 a.
)) Je fais une application numérique des formules ci-dessus.
» Pour Mercure et la Terre, loga= 1,587822; je trouve
0,006 < h;"' < 0,010;
la vraie valeur est 0,006.
» PourVesta et Jupiter, loga= 1,656948; il vient
o,o3o IV. Je vais prouver maintenant que B'„*' tend vers zéro, quand n tend
vers l'infini, si a. est inférieur ou égal à \.
» Pour de grandes valeurs de n, le produit
i.3...(« — A- — 1) 1.3. . .(«H-A
I
■3..l^...[n — k] 2.4...(« + X-
peut être mis sous la forme
■Ksiri'—k-'X "I
où h est une quantité qui reste finie quand n croît indéfiniment.
» La formule (7) pourra donc s'écrire
a.
I — a
}"'-(t^)"']^
I a / « \"-t-i / a \n+'
si a e>t inférieur à -1 sera plus petit que i; ^M"TT~ ^"*
ront pour limite zéro; donc B* tend bien vers zéro; il en est de même
pour a = ^, car ou a, dans ce cas.
,1-1-1
et le second membre tend bien encore vers zéro, avec -•
n
( I026 )
» Je considère ensuite le cas de «>4--
» La formule (9) nous donnera
-) r — " - T
pour les valeurs de n vérifiant l'inégalité
(12) 2(« + l)>A-=+v/(iP-l)^+l,
on aura, comme on s'en assure aisément,
n -t- I
le second membre de cette inégalité devient, en posant — — =«,
On aura donc, pour toutes les valeurs de n vérifiant l'inégalité (12),
nxK \ n J \i — a. I / a
I + — — J croît constamment avec n et est égal à e" pour ii infini; on a
(-;r^)"<-.
donc
et il en résulte
51*)-^ -^ / . , /'\.-nr^' / «
B. >- i^-h-
Pour a > -î - ( — —\ tend vers l'infini en même temps que n; donc B*
tend lui-même vers l'infini. »
( Ï027 )
CHiMiK. — Sut tes gaz retenus par occlusion dans l' aluminium et le magnésium;
par M. DoiAs.
« J'ai eu déjà l'honneur de communiquer à l'Académie des observations
concernant le pouvoir que possède l'argent d'emprisonner à l'état liquide,
à une haute température, des quantités considérables de gaz oxygène et d'en
conserver une portion très notable après sa solidification, pendant un
temps probablement très long et peut-être indéfiniment.
» Des recherches analogues, poursuivies non seulement sur des métaux,
mais sur divers corps composés fusibles, m'ont conduit à des résultats que
je me |)ropose de réunir dans un travail d'ensemble. Mais, en attendant que
j'aie pu le conduire à son terme, il m'a paru de quelque utilité pour la
science d'en détacher certaines parties de nature à intéresser des questions
actuellement en cours d'étude.
» En soumettant l'aluminium, dans le vide, à l'action d'une température
qu'on élève successivement jusqu'au degré convenable pour déterminer le
ramollissement de la porcelaine, et en faisant agir sur la cornue qui contient
le métal la trompe à mercure jusqu'à complet épuisement, on en retire
des quantités considérables de gaz. La séparation du gaz et du métal semble
même s'opérer tout à coup vers le rouge blanc, à en juger par la baisse
brusque du baromètre qui fait partie de l'appareil d'épuisement. Si l'opéra-
tion exige ensuite quelques heures pour l'amener à son terme, c'est que la
soustraction, par l'action de la trompe, du gaz répandu dans l'espace vide
de l'appareil est nécessairement très lente.
» J'admets donc que l'aluminium chauffé dans le vide au degré de la fu-
sion du cuivre ou de l'argent abandonne des gaz et probablement la totalité
des gaz qui se trouvaient renfermés par occlusion dans le métal. La quan-
tité de gaz ainsi dégagée peut dépasser le volume du métal.
» 2008"^ d'aluminium, représentant 80'^'=, ont donné Sg'^'^jS de gaz à la tem-
pérature de 17° et sous la pression de 755""".
» Ce gaz renfermait :
Acide carbonique i ,5
Hydrogène 88,0
» On peut dire que c'était de l'hydrogène pur. Il n'était accompagné ni
( ioa8 )
d'oxyde de carbone, ni d'azote, ni d'oxygène. L'absence de ce dernier gaz
pouvait être prévue; mais, dans 1 étude de ces phénomènes exceptionnels,
tout est à constater.
» L'aluminium qu'on fait intervenir dans la construction des appareils
délicats destinésà l'étude des gaz amenés à des pressions extraordinairement
faibles pourrait donc fournir de l'hydrogène, dans le cas ou l'on ne l'aurait
pas débarrassé de ce gaz par des opéiations préa'ables de purification,
c'est-à-dire, par l'exposition dans le vide à l'action il'une température élevée.
» Je ferai connaître plus tard les changements que le métal éprouve en
perdant cet hydrogène, sous le rapport de ses qualités physiques.
» Le magnésium, chauffé dans une cornue de porcelaine où l'on avait
fait le vide, présente des phénomènes analogues : à luie tenipér.jture voisine
ilu rouge blanc, ini dégagement brnsque de gaz s'effectue, et, si l'on con-
tinne à faire agir la trompe pour opérer l'extraction du gaz produit, on
voit paraître, peu à peu, des stalactites dans le col de la cornue, qui
finiraient par l'obstruer si l'on opérait sur des quantités suffisamment
considérables.
» A poids égal, le magnésium ni'a donné un \olnme de gaz double tie
celui que m'a fourni l'aluminium. Mais le magnésium, qui est plus léger
que l'alumiiiium, a dégagé seulenu nt une fois et demie son volume de gaz.
40^'' de ce métal représentant 23"^ en ont fourni, en effet, 32'^^'^ environ
» 20S'' de magnésium ont donné :
Hydrogène 12", 3
Oxyde de carbone 4"' '
Total 16 "=,4
» 4o^'' de magnésium d'une autre préparation ont donné à i 5" et 757™™:
Hydrogène 28*^^% 1
Oxyde de carbone '">9
Acide carbonique i",5
Total 3i",o
» Pour ce métal, le gaz renfermé par occlusion consistait encore essen-
tiellement en hydrogène, mais il était accompagné, comme on voit,
d'oxyde de carbone, en quantité plus ou moins notable et vaiiant sans
doute avec les circonstances de la préparation du métal.
» J'ai fait remarquer que, pendant l'opération, on voyait apparaître des
stalactites dans le col de la cornue ; elles sont produites par la conden-
sation du métal volatilisé. Lorsqu'on brise la cornue après le refroidisse-
( '029 )
ment, on constate, en effet, que la totalité du magnésium est venue se
condenser à la voùle de la cornue vers son col, ou même dans une partie
(le la longueur de celui-ci.
» Le magnésium ainsi volatilisé cristallise en se condensant, et les cris-
taux, doués d'un grand éclat et d'un blanc d'argent, peuvent acquérir des
dimensions suffisantes pour permettre des mesures précises.
)) La pureté du magnésium sublimé dans ces conditions me paraît
offrir toutes les garanties nécessaires pour la détermination de l'équivalent
de ce métal, qui reste encore environnée de quelques doutes.
» D'ailleurs, la volatilité du magnésium permettant de le transformer
complètement en vapeurs dans un espace vide d'air, il devient possible de
déterminer directement la densité de la vapeur de ce métal, en faisant
usage des procédés auxquels M. Troost a eu si utilement recours pour les
substances qui n'entrent en ébuUition qu'à de liautes températures, et je lui
laisse volontiers ce soin.
» Je ne crois donc pas sans intérêt de signaler ce procédé de purification
du magnésium, qui permet de le débarrasser de toutes les substances, soit
fixes, soit gazeuses qui l'accompagnent dans les circonstances ordinaires.
» Tundis que l'argent emprisonne de l'oxygène, c'est surtout à l'hydro-
gène que s'adressent l'aluminium et le magnésium. Mais nous verrons par
la suite que d'autres gaz peuvent être préférés par d'autres métaux et que
d'autres substances non métalliques se comportent de la même manière
qu'eux, ou du moins qu'elles abandonnent comme eux, à une haute tempé-
rature et dans le vide, des gaz qu'elles semblent avoir emprisonnés mécani-
quement.
» Il est probable que la force en vertu de laquelle les gaz dont il s'agit
sont coërcés avec tant d'énergie et pour une si longue durée dans les mé-
taux, ou autres corps, se rapproche néanmoins beaucoup de celle en vertu
de laquelle, comme il résulte des intéressantes expériences de M. L.
Varenne, le bioxyde d'azote adhère j)Our un temps plus court à la surface
du fer passif.
» Mais, avant de se former une opinion sur ces questions délicates, il con-
vient de multiplier les épreuves et d'attendre qu'elles aient permis, par
leur comparaison, d'arriver à des conclusions certaines. »
C. R., ii:8o, 1" Semestre. (T. XC, [S° 18.)
i34
( io3o )
CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Sur le choléra des poules; élude ries condilions de
la non-rcc'idive de la maladie et de quelques autres de ses caractères [');
par M. L. Pasteur.
(1 An sujet des propriétés des extraits de cullure arlificielle du microbe
du choléra des poules, une question se présente. Nous avons démon-
tré que ces extraits ne renferment pas de substances capables d'empêcher
la culture du microbe. Slais n'en contiendraient-ils pas qui seraient propres
à vacciner les poules? J'ai préparé une culture dont le volume n'était pas
moindre que lao*^*^. Filtrée et évaporée à froid, toujours par des manipu-
lations incapables d'altérer sa pureté, cette culture a laissé un extrait qui a
été redissous par i'^'^ d'eau pure qu'on a injectés ensuite en totalité sous la
peau d'une poule neuve. Quelques jours après, la poule, inoculée par un
virus très virulent, a pris le choléra et est morte dans les conditions ordi-
naires des poules non vaccinées.
» Ce genre d'expériences conduit à une observation aussi nouvelle que
curieuse sous le rapport pathologique.
» Lorsqu'on injecte sous la peau d'une poule neuve en très bonne santé
l'extrait d'une culture filliéc du microbe, correspondant à un développe-
ment très abondant du parasite, la poule, après un désordre nerveux qui se
(Hssipe en un quart d heure et souvent se manifeste simplement par une res-
piration un peu haletante et un mouvement du bec qui s'ouvre et se referme
à courts intervalles, la poule, dis-je, prend la forme en boule, reste immo-
bile, refuse de manger et éprouve une tendance au sommeil des plus pro-
noncées, comme dans le cas de maladie par inoculation du microbe. La
seule différence consiste en ce que le sommeil est plus léger que dans la
maladie réelle : la poule se réveille au moindre bruit. Cette somnolence
dure environ quatre heures, après quoi la poule redevient alerte, porte la
tète haute, mange et glousse, comme si de rien n'était (-).
(') Voir Comptes rendus, même Volume, p. 952.
(') Voici la suite de; observations dans une des expériences :
Le 4 mars, à io''3o"', on inocule sous la peau d'une poule neuve l'extrait d'une culture
achevée du microbe du choléra des poules, d'un volume de 120". Après quelques instants,
respiration haletante; la langue s'agite dans le l)ec ouvert. Au bout d'un quart d'heure en-
^ iron, se manifeste déjà la tendance au sommeil. Le bec est fermé, la poule calme, immobile,
un peu en boule. Elle ferme les yeux, les rouvre au moindre bruit, puis les referme quel-
( io3i )
» J'ai reproduit plusieurs fois celle expérience en observant les mtmes
faits, et, comme clans chaque épreuve j'avais eu le soin de vérifier qu'un ex-
trait de bouillon pur qui n'a pas cultivé du microbe ne donne lieu à aucune
manifestation analogue, j'ai acquis la conviction que pendant la vie du pa-
rasite il se lait un narcotique, et que c'est ce narcotique qui provoque le
symptôme morbide si prononcé du sommeil dans la maladie du choléra
des poules.
» Par les actes de sa nutrition, le microbe fait la gravité de la maladie et
amène la mort. On peut aisément le comprendre. Le microbe, par exemple,
est aérobie; il absorbe pendant sa vie de grandes quantités d'oxygène et
il brûle beaucoup des principes de son milieu de culture, ce dont il est fa-
cile de s'assurer en comparant les extraits du bouillon de poule avant et
après la culture du petit organisme. Tout annonce que, cet oxygène néces-
saire à sa vie, il le prend aux globules sanguins, à travers les vaisseaux, et
la preuve en est que pendant la vie et souvent loin encore des approches
de la mort on voit la crête des animaux malades devenir violacée,
alors que le microbe n'existe pas encore dans le sang, ou en quantité
si faible qu'il échappe à l'observation nncroscojiique. Ce genre d'asphyxie
serait un des traits les plus curieux de la maladie qui nous occupe. Quoi
qu'il en soit, l'animal meurt par les désordres profonds qu'amène la cul-
ture du parasite dans son corps, par la péricardite et autres épanchements
séreux, par les altérations dans les organes internes, par l'asphyxie; mais
l'acte du sommeil correspond à un produit né pendant la vie du microbe,
quefois; la tète s'affaisse par le sommeil. Si on la touche à peine, elle se réveille, devient
vive, étonnée, puis bientôt la tendance au sommeil la reprend.
Midi. — Même état; elle refuse de manger. Elle est très somnolente. La tète tombe pen-
dant que les yeux sont fermés ; mais toujours le moindre bruit la réveille. Elle a l'altitude
des poules malades : un peu en boule et la queue tombante. Je place à côté d'elle, dans une
cage voisine, une poule inoculée la veille, déjà bien malade et qui sera morte le lendemain.
On ne saurait dire quelle est la plus malade. Cependant la malade de la maladie réelle a le
sommeil un peu plus profond.
i''3o'". — Toujours endormie, si peu qu'elle soit laissée tranquille. Tète tombante, corps
en boule, immobile, ne mangeant pas, mais toujours réveillée par le moindre bruit.
2^. — Même état. Quelquefois elle lève tout à coup la tête, ouvre les yeux, comme si elle
sortait d'un rêve.
5^. — Elle reprend de la vivacité. Elle commence à manger. Elle a la tête haute, l'as-
pect des poules les mieux portantes. Plus de somnolence. Elle fait la toilette de ses plumes.
Tout est fini. Rien de particulier dans la soirée et les jours suivants. Santé parfaite. L'effet
de l'injection hypodermique a duré environ quatre heures.
( I032 )
agissant sur les centres nerveux. L'indépendance des deux effets dans les
symptômes de la maladie est établie encore par cette circonstance que
l'extrait d'une culture filtrée du microbe endort les poules vaccinées au
tnaximum (').
» Ces faits provoqueront sans nul doute les méditations des pathologistes.
» Malgré la longueur peut être exagérée déjà de cette lecture, que
l'Académie veuille bien me permettre de lui signaler brièvement quelques
autres particularités de la maladie du choiera des pontes. Cette maladie,
nous le savons, est terrible et rapidement mortelle, surtout par les suites
d'une inoculation directe de son microbe. Il est donc, assurément, fort
remarquable qu'elle se présente quelquefois, ainsi que nous allons le con-
stater, à l'état chronique; on voit en effet, dans certains cas, des poules
inoculées qui, après avoir été très malades, ne meurent pas et éprouvent,
au contraire, comme une guérison relative. Toutefois elles mangent peu,
deviennent souvent anémiques, ce que prouve la décoloration de leur
crête, maigrissent de plus en plus et finissent par succomber après des
semaines et des mois de langueur. Ce fait n'aurait qu'une importance se-
condaire si dans ces singulières circonstances il n'arrivait, le plus souvent,
que le microbe se retrouve dans le corps au moment de la mort, preuve
manifeste que le parasite était conservé dans l'animal depuis la dernière
inoculation, toujours présent, toujours actif, mais dans une mesure très
discrète, puisqu'il n'amène la mort que tardivement. Il se trouve logé sans
doute dans quelque partie vaccinée, impropre par cela même à une culture
facile. Les poules vaccinées, principalement, offrent ce genre de maladie,
qui, à vrai dire, n'est pas fréquent. On pourrait croire que dans ces con-
ditions il doit y avoir transformation du virus virulent en virus atténué;
ce serait une erreur. Dans les cas dont je parle, la virulence du microbe est
tout au contraire exaltée, ce dont on peut s'assurer en le faisant sortir du
sang de la poule morte par la voie des cultures et en l'inoculant ensuite à
des poules neuves.
» De tels faits aideront à comprendre la possibilité de ces longues incu-
bations de virus, celui de la rage par exemple, qui, après avoir existé
longtemps dans le corps, en quelque sorte à l'état latent, manifestent tout
à coup leur présence par la virulence la plus accusée et la mort.
(') Cependant je devrai ni'efforcer d'isoler le narcotique, recâercher alors si par une
dose convenable il ne pourrait provoquer la mort, et voir si, dans ce cas, on aurait les
désordres internes habituels de la maladie réelle.
( io33 )
» N'éclaireront-ils pas également la pathologie humaine ?
» Hélas ! combien de fois ne voit-on pas les maladies de l'ordre des ma-
ladies virulentes, telles que la rougeole, la scarlatine, la fièvre typhoïde,
avoir des suites graves, de très longue durée, souvent inguérissables! Les
circonstances que je viens de mentionner sont de même nature, mais ici
nous touchons du doigt leur véritable cause.
» Je finis par la constatation d'une autre particularité qui ne mérite pas
à un moindre degré les méditations des hommes de l'art.
» Dans des poules très bien vaccinées, très bien portantes, il apparaît
quelquefois, sur tel ou tel point du corps, un abcès rempli de pus qui
n'amène aucun trouble dans la santé de l'animal. Il est remarquable que
cet abcès soit encore dû au microbe du choléra, qui s'y conserve comme
dans un vase, ne pouvant se propager, sans nul doute parce que la poule
est vaccinée. On peut le retirer du pus de l'abcès par la culture ou par
l'inoculation à des poules neuves, qu'il tue après s'être abondamment déve-
loppé dans la région inoculée, à la manière ordinaire. Ces faits rappellent
de tout point les abcès des cochons d'Inde dont j'ai parlé dans ma précé-
dente Communication et en donnent une explication rationnelle. Il est
très vraisemblable que les muscles des cobayes cultivant le nucrobe
plus lentement, plus difficilement que ceux des poules, le mal se borne à
un abcès et la guérison devient possible.
» Je craindrais d'abuser des moments de l'Académie si je ne bornais là
cet exposé. Le sujet est si vaste et si fécond, que je lui demande de vouloir
bien me permettre de renvoyer à des lectures prochaines le compte rendu
d'autres observations, auxquelles je joindrai celles que je vais de nouveau
recueillir.
1' On ne donnerait jamais rien au public, a dit Lavoisier, si l'on atten-
)i dait d'avoir atteint le bout de la carrière qui se présente successivement
» et qui paraît s'étendre à mesure qu'on avance pour la parcourir.
» Aussi bien, n'est-il pas sans titilité pour moi que les jugements des
hommes compétents m' éclairent ou m'obligent à un contrôle qui ne pourra
que fortifier et agrandir ces recherches. »
CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — De T extension de la tiléorie des germes à téliotogie
de quelques maladies communes; par M. L. Pasteuk.
« Au moment où je me suis trouvé engagé dans les études qui m'occu-
pent présentement, je cherchais à étendre la théorie des germes à certaines
( io34 )
maladies communes. Quand pourrai-je revenir à ces derniers travaux? Dans
mon désir de les voir compléter par ceux dont ils tenteraient l'activité, je
prends la liberté de les présenter au public dans l'état où ils se trouvent.
I. Sur les furoncles. — Au mois de mai 1879, une des personnes
qui travaillent dans mon laboratoire eut de nombreux furoncles se pro-
duisant à courts intervalles, tantôt sur un point du corps, tantôt sur un
autre. Toujours préoccupé de l'idée du rôle immense des êtres microsco-
piques dans la nature, je me demandai si le pus des furoncles ne contien-
drait pas un de ces organismes dont la présence, le développement et le
transport fortuit ici ou là dans l'économie après qu'une porte lui en aurait
été ouverte provoqueraient l'inflammation locale, la formation du pus et
expliqueraient la récidive du mal pendant un temps plus ou moins long. Il
était facile de mettre cette idée à l'épreuve de l'observation.
» Première observation. — Le 2 juin, une piqûre fut pratiquée à la base
du petit cône de pus surmontant un des furoncles, qui était placé à la nuque.
Le liquide de la piqûre est aussitôt ensemencé au contact de l'air pur, bien
entendu avec les précautions nécessaires pour éloigner tout germe étranger,
soit au moment de la prise, soit au moment de l'ensemencement du liquide
de culture, soit pendant le séjour de ce dernier à l'étuve, qui était à la tem-
pérature constante de 35° environ. Dès le lendemain, le liquide de culture
a perdu sa limpidité et donne asile à un organisme unique, formé de petits
points spbériques réunis par couples de deux grains, rarement de quatre,
mais fréquemment associés en amas. Deux liquides ont été préférés dans
ces expériences, le bouillon de muscles de poule et le bouillon de levure.
Suivant qu'on a affaire à l'un ou à l'autre de ces liquides, l'aspect des
développements change un peu. Il faut en être prévenu. Avec l'eau de levure,
les couples de petits grains sont répandus dans toutes les parties du liquide,
qui en est uniformément troublé. Avec le bouillon de poule, les couples de
grains réunis en petits amas tapissent les parois du vase et le liquide reste
limpide, à moins qu'on ne l'ait agité ; dans ce cas, il devient uniformément
trouble par la disjonction des petits amas répandus sur le fond des vases.
» Deuxième observation. — Le 10 juin, un nouveau furoncle apparaît
sur la cuisse droite de la même personne. On ne voit pas encore de pus sous
la peau, mais celle-ci est déjà proéminente et rouge sur une surface de la
grandeur d'une pièce de i''. On lave convenablement la partie enflam-
mée au moyen d'un liquide alcoolique qu'on essuie avec du papier buvard
qui a été passé sur la flamme de la lampe à alcool. Une piqûre faite sur la
partie proéminente permet de recueillir un peu de lymphe mêlée de sang,
( io3i) )
qu'on ensemence en même temps que du sang pris au doigl de la main.
Les jours suivants, le sang du doigt se montre parfaitement stérile; au
contraire, celui qui a été recueilli au centre de la place où le furoncle est en
voie de formation donne une culture abondante du même petit organisme
que tout à l'heure.
') Troisième observation. — Le i4 juin, nouveau furoncle au cou, sur la
même personne. Même examen, même résultat, c'est-à-dire développement
de l'organisme microscopique précité et toujours stérilité du sang de la cir-
culation générale, qu'on avait pris cette fois cependantà la base du furoncle,
au pourtour de la partie enflammée.
» Au moment où je me livrais à ces observations, j'eus l'occasion d'en
parler à M. le D'' Maurice Raynaud, qui eut l'obligeance de m'adresser
un malade ayant des furoncles depuis plus de trois mois. Le i3 juin, j'es-
saye la culture du pus de l'un des furoncles de cet homme. Le lendemain,
trouble général du liquide de culture, toujours par le parasite précédent
et toujours unique.
» Qualrièine observation. — Le i4 juin, le même individu me fait voir un
furoncle volumineux en voie de formation sous l'aisselle gauche; proémi-
nence étendue, rougeur do la peau, mais pas encore de pus apparent. Tou-
tefois une incision de la peau, au sommet de la proéminence, fait sortir un
peu de pus mêlé à du sang. Ensemencement, culture facile dans les vingt-
quatre heures et encore aiiparition du même organisme. On avait recueilli
au bras, loin du furoncle, un peu de sang dont la culture a été tout à fait
stérile.
» Le 17 juin, examen d'un nouveau furoncle sur le même individu;
même résultat, développement du même organisme à l'état de pureté.
)) Cinquième observation. — Le 21 juillet, M. le D' Maurice Raynaud
m'informe qu'à Lariboisière se trouve une femme portant des furoncles
multiples. Elle en avait, en effet, le dos couvert, plusieurs même en sup-
puration, d'autres qui avaient laissé des parties ulcérées. Je recueillis du
pus sur un de ces furoncles qui n'avait jamais été ouvert. Après quelques
heures déjà, le pus ensemencé avait donné un abondant développement.
C'est toujours le même organisme, toujours pur, sans mélange avec aucun
autre. Le sang pris à la base enflammée du furoncle, ensemencé à sou tour,
s'est montré stérile.
» En résumé, il paraît certain que tout furoncle renferme un parasite
microscopique aérobie et que c'est à lui que sont dues l'inflammation
locale et la formation du pus qui en est la conséquence.
( io36 )
» Les liquides de culture du petit organisme inoculé sous la peau à des
lapins et à des cobayes font naître des abcès en général peu volumineux
et qui guérissent promptement. Aussi longtemps que la guérison n'est pas
achevée, on peut retirer du pus de ces abcès l'organisme microscopique
qui les a formés. Il y est donc vivant, se développant; mais sa propagation
à distance n'a pas lieu. Les cultures dont je parle, injectées en petite
quantité dans la jugulaire des cochons d'Inde, ont montré que le petit or-
ganisme ne se cultivait pas dans le sang. Le lendemain de l'injection, on
ne les retrouve pas, même par la voie des cultures. D'une manière géné-
rale, je dois faire observer que les parasites aérobies ont quelque peine à
se cultiver dans le sang tant que les globules de celui-ci sont en bon état
physiologique. J'ai toujours pensé que cette circonstance s'expliquait par
une sorte de lutte entre l'affinité pour l'oxygène des globules du sang et
celle qui est propre au parasite dans ses cultures. Tant que les globules du
sang l'emportent, c'est-à-dire s'emparent de tout l'oxygène, la vie et la
multiplication du parasite deviennent très difficiles ou impossibles. Il est
alors facilement éliminé ou digéré, si l'on peut dire ainsi. Maintes fois
j'ai été témoin de ces faits dans l'affection charbonneuse et même dans celle
(lu choléra des poules, maladies qui relèvent l'une et l'autre de la présence
d'un parasite aérobie.
» La culture du sang de la circulation générale, dans les expériences pré-
cédentes, s'étant toujours montrée stérile, il semblerait que, dans l'état de
ciiathèse furonculeuse, le petit organisme des furoncles n'existe pas dans le
sang. Qu'il ne s'y cultive pas par la raison que je viens de dire et qu'il n'y
soit pas abondant, cela est de toute évidence; mais delà stérilité des cultures
que je rappelle (au nombre de cinq seulement), il ne faudrait pas conclure
d'une manière absolue que le petit parasite n'est pas, à un moment ou
à un autre, charrié par le sang et transporté d'un furoncle où il est en
voie de développement sur un autre point du corps où il peut fortui-
tement s'arrêter, se cultiver et former un nouveau furoncle. Je suis per-
suadé que, si dans la dialhèse furonculeuse on pouvait mettre en culture,
non pas une gouttelette de sang de la circulation générale, mais quelques
grammes ou davantage, on réussirait souvent à avoir des cultures fécondes.
Dans le grand nombre d'expériences que j'ai faites sur le sang des poules
atteintes du choléra, j'ai eu la preuve, à diverses reprises, que, au moment
où le petit parasite de cette affection commence à exister dans le sang, des
cultures répétées de gouttelettes de ce sang prises même dans un seul
organe, le cœur par exemple, ne se montrent pas toutes également fécondes,
( fo37 )
ce qui se conçoit aisément. Une fois même il est arrivé que de dix poules
neuves, inoculées par un sang infectieux, mais qui comn)pnçait à peine à
être envahi par le microbe, trois moururent et les sept autres n'eurent pas
le moindre mal. Le microbe, en effet, au moment où il commence à péné-
trer dans le sang, peut exister par unités dans certaines gouttelettes et pas
du tout dans d'autres gouttelettes voisines. Il y aurait donc, suivant moi,
une grande utilité, dans un cas de diathèse furonculeuse, à rencontrer un
malade qui voulût bien se prêter à de très nombreuses piqûres sur divers
points du corps, loin des furoncles formés ou en voie de formation, afin
qu'on pût pratiquer une foule de cultures, simultanées ou non, du sang
de la circulation générale. Je suis persuadé qu'on rencontrerait parfois
des cultures fécondes du petit organisme des furoncles.
» § II. Sur l'ostéomyélite. — Observation unique. — Relativement àcelte
très grave malaiiie, je ne possède qu'une observation, dont M. le D' Lanne-
longue a pris l'initiative. On connaît le travail très estimé que ce savant
praticien a publié sur l'ostéomyélite et la possibilité de sa guérison par la
trépanation de l'os, suivie de lavages et de pansements antiseptiques. Le
i4 février 1880, à la demande de M.leD'' Lnnnelongue, je me rendisàl'hô-
pital Sainte-Eugénie, où l'habile chirurgien allait opérer luie petite fille
d'une douzaine d'années environ. Le genou droit était très enflé, ainsi que
toute la jambe jusqu'au-dessous du mollet et une partie de la cuisse au-dessus
du genou. Aucune communication quelconque avec le dehors. A[)rès avoir
chloroformisé l'enfant, le D"" Lannelongue pratiqua, au-dessous du genou,
une longue incision qui fit sortir du pus en grande abondance ; l'os du
tibia découvert se montra dénudé sur une grande longueur. Trois trous de
trépan furent pratiqués dans l'os. A chacun de ces trous le pus se montra
en grande quantité. Le pus de l'extérieur de l'os et le pus de l'intérieur
furent recueillis avec tous les soins convenables, et plus tard examinés at-
tentivement et cultivés. L'observation directe au microscope des deux pus
de l'intérieur et de l'extérieur de l'os fut extrêmement intéressante. Il était
sensible que ces pus contenaient en grande quantité un organisme pareil
à l'organisme des furoncles, par couples de deux et quatre grains et par pa-
quets de ces mêmes grains, les uns à contours nets, accusés, les autres peu
visibles et à contours très pâles. Le pus extérieur offrait eu abondance des
globules de pus, celui de l'intérieur n'en montrait pas. C'était comme une
pâte graisseuse de l'organisme furonculeux. Aussi, chose digne de re-
marqtie, en moins de six heures après l'ensemencement des liquides de
culture, le développement du petit organisme était commencé. Je vis alors
C. R., 1880, i" Semestre. {1. XC, N" 18.) '35
( io38 )
que c'était bien exactement l'organisme des furoncles. Le diamètre des
grains a été trouvé de 777*^ de millimètre. Si j'osais m'exprimer ainsi, je
dirais que dans ce cas, tout au moins, rostéomyélite a été un furoncle de
la nioelle de l'os. II sera facile, sans doute, de provoquer artificiellement
i'osléoinyélile sur les animaux vivants.
» § m. Sur la fièvre puerpérale. — Première observation. — Le 12 mars
i8'y8, M. le D"^ liervieux a l'obligeance de me recevoir dans son service de
la Maternité pour vi.siler une femme accouchée depuis quelques jours et
qui est atteinte de fièvre puerpérale grave. Les lochies sont d'utie fétidité
extrême. Je les trouve remplies d'organismes microscopiques de plusieurs
sortes. D'une piqûre à l'index de la main gauche qui avait été convenable-
ment lavée et essuyée avec un linge flambé, on recueillit un peu de sang qui
a été ensemencé d.uis du bouillon de muscles de poule. Les jours suivants,
la culture est restée stérile.
» Le i3, on recueille de nouveau du sang par piqûre au doigt qui, cette
fois, se montre fécond. La mort ayant eu lieu le 16 mars à G^ du matin,
on voit que le sang renfermait un parasite microscopique cultivable trois
jours au moins avant la mort.
» Le I 5 mars, dix-huit heures avant la mort, on ensemence le sang pris
an pied gauche ])ar une piqûre d'épingle. La culture s'est encore montrée
féconde.
» La première culture du i3 mars ne renfermait que l'organisme des
furoncles; la culture suivante, celle du i.'i, contenait un organisme voisin
de celui des furoncles, mais qui toutefois en diffère assez pour en être le
plus souvent très facilement distingué. En effet, taudis que le parasite des
furoncles est par couples de grains, rarement même réunis en petits cha-
pelets de trois ou quatre grains, le nouveau, cehii delà culture du i5, est
en longs chapelets, dont le nombre des grains est pour ainsi dire quel-
conque. Les chapelets sont flexibles et on les voit souvent en petits pa-
quets enchevêtrés comme des fils de perles brouillés.
» L'aulopsiea eu lieu le 17 à a*". Grande abondance de pus dans le péri-
toine. 11 est ensemencé avec toutes les précautions voulues. Du sang pris
dans les veines basilique et fémorale est également ensemencé. On ense-
mence également le pus de la siuface de la nuiqueuse de l'utérus, de celle
des trompes et enfin le pus d'un lymphatique de l'épaisseur de l'utérus.
Voici le résultat des cultures : partout les longs chapelets de grains dont
j'ai parlé tout à l'heure et partout sans mélange d'aiUres organismes, ex-
cepté dans la culture du pus du péritoine, qui, outre les longs chapelets de
( io39 )
grains, a montré également le petit vibrion pyogéniqne ([iie j'ai désigné
sous le nom d'organisme dit pus dans la Note que j'ai publiée en cominim
avec MM. Joubert et Cliamberlaml, le 3o avril 1878 (' ).
» IiUerprélation de la maladie et de la mort. — Apiès ruccoiiclienient,
dans les parties blessées de l'utérus, le pus qui s'y forme toujours naturel-
lement, au lieu de rester pur, s'est associé à de> organismes microsco-
piques venus du dehors, notamment à l'organisme t-n longs cbapelels de
grains et au vibrion pyogéniqne. Ces organismes ont [)as»é par les trompes
ou autrement dans le péritoine, et l'un d'eux dans le sm^^, piobableuunt
par les lymphatiques. La résorption du pus, toujours très facile el prompte
quand il est pur, est devenue impossible par la présence des parasites, dont
il eût fallu tenter d'empêcher l'apparition dès le moment de l'accou-
chemenl.
» Deuxième observation. — Le i4 mars, à l'hôpital Lariboisière, une
femme meurt de fièvre puerpérale, le ventre déjà tout ballonné avant la
mort.
» Par une ponction dans le péritoine on recueille du pus qui s'y trouve
en abondance et on l'ensemence; on ensemence également le sang d'une
veine du bras : la culture du pus fournit les longs chapelets dont il est
question dans l'observation précédente et également le petit vdjriou
pyogénique. La culture du sang ne donne que les longs chapelets 1res
purs.
» Troisième observation. — I^e 17 mai 1879, une femme accouchée
depuis trois jours est malade, ainsi que l'enfant qu'elle allaite. Les lochies
sont remplies du vibrion pyogénique et de l'organisme des furoncles,
celui-ci en faible proportion. Le lait et les lochies sont ensemencés. Le
lait fournit l'organisme en longs chapelets de grains et les lochies seule-
ment l'organisme du pus. La mère est morte. Il n'y a pas eu d'autopsie.
» Le 28 mai, on a inoculé à un lapin, sous la peau du ventre, cinq
gouttes de la culture précédente du vibrion pyogénique. Les jours sui-
vants, un abcès énorme s'est déclaré, qui s'est ouvert spontanément le
4 juin. Il en est sorti lui pus abondant, caséeux. A coté de l'abcès se trou-
vaient des parties dures étendues. Le 8 juin, l'ouverture de l'abcès est con-
sidérable, la suppuration active. Près de ses bords on sent un autre abcès
qui communique visiblement avec le premier, car, par la pression du
doigt, le pus coule abondamment de l'ouverture de ce premier abcès.
{') La théorie des germes et ses applications à la Médecine et à la Chirurgie.
( io4o )
Pendant tout le mois de juin, le lapin est malade et les abcès suppurent,
mais de moins en moins. En juillet, ils sont fermés; l'animal est guéri. On
ne sent plus que quelques nodosités sous la peau du ventre.
» Combien de désordres doit amener dans le corps d'une femme récem-
ment accouchée un organisme pyogénique à ce degré lorsque, par les
lésions du placenta maternel, il a pu pénétrer dans le péritoine, dans les
lymphatiques ou dans le sang! Sa présence est beaucoup plus dangereuse
que celle du parasite à chapelets. Ajoutons que son développement est
toujours imminent, car, ainsi que je l'ai dit dans le travail déjà cité
(avril 1878), on peut facilenient retirer cet organisme de beaucoup d'eaux
communes.
M J'ajoute que l'organisme en longs chapelets de grains et celui par cou-
ples de grains ne sont pas moins répandus et qu'un de leurs habitats est
la surface des muqueuses des parties génitales ('). Vraisemblablement, il
n'existe pas de parasite puerpéral proprement dit. Je n'ai pas rencontré
la septicémie vraie, expérimentale; mais elle doit être au nombre des affec-
tions puerpérales.
» Quatrième observation. — Le i4 jn'»? à Lariboisière, une femme est
très malade des suites d'un récent accouchement; elle est sur le point de
mourir : elle meurt, en effet, le i4 à minuit. Quelques heures avant la
mort, ou recueille du pus d'un abcès qu'elle porte au bras; on recueille
également du sang par une piqûre faite à l'un des doigts de la main. Ces
deux liquides sont ensemencés. Le i5, le flacon où l'on a semé le pus de
l'abcès est rempli des longs chapelets de grains. Le flacon au sang est resté
stérile. L'autopsie a lieu le 16 à lo*" du matin. Le sang d'une veine du
bras est ensemencé, ainsi que le pus des parois de l'utérus et celui d'une
collection de pus située dans la synoviale du genou. Toutes les cultures
sont fécondes, même celle du sang, et toutes offrent les longs chapelets de
grains. Le péritoine ne renfermait pas de pus.
» Interprétation de la maladie et de ta mort. — La blessure de l'utérus
après l'accouchement a fourni, comme à l'ordinaire, du pus qui a donné
asile aux germes des longs chapelets de grains. Ceux-ci, par les lympha-
tiques probablement, ont passé dans les articulations et un peu partout,
déterminant l'origine d'abcès métastatiques qui ont amené la mort.
(') Lorsque, parle procédé que j'ai décrit autrefois, on extrait l'urine de la Vessie, à
l'état de pureté, par le canal de l'urèire, s'il y a des développements fortuits par suite de
causes d'erreur, ce sont les deux organismes dont je viens de parler qui se montrent à peu
près exclusivement.
( 'o4i )
« Cinquième observation. — Le 17 juin, M. Doléris, interne distingué
des hôpitaux, m'apporle du sang recueilli, avec les soins voulus, sur un
enfant qui venait de mourir après sa naissance et dont la mère avait eu,
avant son accouchement, des accidents fébriles, des frissons Ce sang,
cultivé, fournit en abondance le vibrion pyogénique. Au contraire, du sang
prélevé sur la mère le 18 au matin (elle était morte le 18 à i*" du
matin) ne donne lieu à aucun développement organisé quelconque ni
le 19 ni les jours suivants. L'autopsie de la mère a lieu le 19. Chose
assurément digne d'attention, l'ulérus, le péritoine, les intestins n'offrent
rien de particulier; mais le foie est rempli d'abcès métastatiques. Là où la
veine hépatique sort du foie, il y avait du pus dans cette veine, et les pa-
rois de celle-ci, à cette place, sont comme ulcérées. Le pus des abcès du
foie se montre rempli du vibrion pyogénique. La matière même du foie,
prise en dehors des abcès apparents, donne des cultures remplies du nséme
organisme.
» Interprétation de la maladie et de la mort. — Le vibrion pyogénique,
formé dans l'utérus ou plutôt qui était déjà dans le corps de la mère avant
l'accouchement, puisqu'elle avait eu des frissons, a produit dans le foie des
abcès métastatiques, et, communiqué au sang de l'enfant, il a déterminé en
celui-ci une des formes de l'infection dite piu'ulente qui l'a emporté.
» Sixième observation. — Le 18 juin i^jg, M. Doléris m'informe qu'une
femme accouchée depuis quelques jours, à l'hospice Cochin, est très ma-
lade. Le 20 juin, on ensemence le sang prélevé au doigt par une piqûre
d'épingle : la culture reste stérile. Le i5 juillet, c'est-à-dire vingt-cinq
jours après, le sang du doigt est de nouveau ensemencé. Toujours déve-
loppement nul. Dans les lochies, aucun organisme nettement reconnais-
sable; la femme cependant est, me dit-on, très malade, et sur le point de
mourir. Elle meurt, en effet, le 18 juillet à 9'' du matin, comme on le voit,
après une très longue maladie, puisque les premières observations remontent
à un mois: maladie également très douloureuse, car la malade ne pouvait
faire de mouvement sans beaucoup souffrir.
» L'autopsie a lieu le 19 à lo*" du matin; elle offre un grand intérêt.
Pleurésie purulente avec poche considérable de pus et fausses membranes
purulentes sur les parois de la plèvre. Le foie est blanchâtre, a l'aspect
gras, mais il est ferme, sans abcès métastatiques apparents. L'utérus, peu
volumineux, paraît sain; cependant, à la surface externe, on voit des no-
dosités blanchâtres, remplies de pus. Rien dans le péritoine, qui nest pas en-
flammé ; mais il y a beaucoup de pus dans les articulations des épaules et
dans la symphise pubienne.
{ I042 )
» Le pus des abcès, ensemencé, a donné les longs chapelets de grains,
aussi bien le pus de la plèvie que celui des épaules et d'un lymphatique de
Tutérus. Chose curieuse, mais qui se comprend aisément, le sang d'une
veine du bras, recueilli trois quarts d'heure après la mort, a donné une
culture stérile. Rien aux trompes, rien aux ligaments larges.
» Interprélalion de la maladie et de la mort. — Le pus formé dans l'utérus
après l'accouchement s'est associé à des germes d'organismes microsco-
piques qui s'y sont cultivés, ont passé ensuite dans les lymphatiques de
l'utérus, et de là sont allés déterminer du pus dans la plèvre et dans les
articulations.
» Septième observation. — Le i8 juin, M. Doléris nous informe qu'ime
femme est accouchée depuis cinq jours, à l'hospice Cochin, et qu'on craint
pour les suites de la grave opération qu'elle a subie, car il a fallu prati-
quer l'embryotomie. Les lochies sont ensemencées le i8; le lendemain et
le surlendemain, pas de trace de développement organisé quelconque. Sans
avoir eu la moindre nouvelle de cette femme depuis le i8, j'ose affirmer
le 20 qu'elle doit aller bien. J'envoie chercher de ses nouvelles. Voici la
réjîonse textuelle : « La femme va très bien ; elle sortira demain. »
» Interprétation des/aits. — Le pus naturellement formé à la surface des
parties blessées n'a pas été associé à des organismes apportés du dehors.
La natura medicatrix l'a emporté, c'est-à-dire que la vie à la surface des
muqueuses a empêché le développement des germes étrangers. Le pus
s'est résorbé facilement et la guérison a eu lieu.
)) Que l'Académie me permette de terminer en soumettant à son appré-
ciation quelques vues préconçues que je suis très disposé à considérer
comme des inductions légitimes des faits que je viens d'avoir l'honneur de
lui communiquer.
M On range sous l'expression de fièvre puerpérale des maladies très va-
riées, mais toutes paraissent être la conséquence du développement d'or-
ganismes communs qui par leur présence infectent le pus naturellement
formé à la surface des parties blessées, et qui de là se répandent sous une
forme ou sous une autre par telle ou telle voie, sang ou lymphatiques, dans
telle ou telle partie du corps et y déterminent des formes morbides variables
avec l'état de ces parties, avec la nature des parasites et la constitution
générale des sujets. Quelle que soit cette constitution, ne semble-t-il pas
qu'en s'opposant à la production de ces organismes parasitaires vulgaires
la guérison pourrait avoir lieu dans tous les cas, excepté peut-être lorsque
le corps renfermerait, déjà avant l'accouchement, par la présence d'abcès
impurs internes ou externes, des organismes microscopiques, comme nous
( io4:3 )
en avons vu ci-dessiis un exemple frappant (cinquième observation). La
méthode antiseptique me paraît devoir être souveraine dans la grande
majoiité dos cas. Il nie semlile qu'on devrait, oitssilôt après r accouchement,
commencer l'application de ces antiseptiques. L'acide phénique peut
rendre de grands services, nuiis il existe un autre antiseptique dont je serais
très disposé à recommander l'usage, c'est l'acide borique en solution con-
centrée à la température ordinaire, c'est-à-dire à 4 pour loo environ. Cet
acide, dont M. Dumas a fait connaître l'influence singulière sur la vie des
cellules, est si peu acide, qu'il est de réaction alcaline pour certains papiers
d'épreuve, comme l'a reconnu, il y a bien longlemps déjà, M. Che-
vreul ; eu outre, il n'est pas odorant comme l'acide phénique, dont
l'odeur incommode souvent les malades. Enfin, son innocuité sur les mu-
queuses, notamment sur la muqueuse vésicale, a été et est tous les jours
éprouvée dans les hôpitaux de Paris. Voici à quelle occasion on s'en est
servi pour la première fois. L'Académie se souviendra peut-être que j'ai
soutenu devant elle, et le fait n'a jamais été démenti, que les urines ammo-
niacales sont toujours produites par un organisme microscopique, tout à
fait semblable, à plusieurs égards, à l'organisme des furoncles. Ultérieu-
rement, dans lui travail fait en commun avec M. Joubert, nous avons
reconnu que la solution d'acide borique était facilement mortelle pour
cet organisme. Dès lors, et depuis l'année 1877, j'ai engagé M. le D'^ Guyon,
chargé de la clinique des maladies des voies urinaires à l'hôpital Necker,
à essayer les injections d'une solution d'acide borique dans les affections
de la vessie. Je tiens de cet habile praticien qu'il en a obtenu et qu'il en
obtient tous les jours de très bons résidtats. Il m'a confié même qu'il ne
faisait pas d'opération de lithotritie sans l'emploi de telles injections. Je
rappelle ces faits afin de montrer que la solution d'acide borique est inof-
fensive pour une muqueuse très délicate, la muqueuse vésicale, et qu'on
peut sans inconvénient remplir la vessie de la solution tiède d'acide
borique.
» Je reviens aux accouchées. Auprès du lit de chaque malade, n'y aurait-il
pas grande utilité de mettre à sa portée la solution concentrée et tiède
d'acide borique avec des compresses qu'elle renouvellerait très fréquem-
ment après les avoir trempées dans la solution, et cela dès après l'accou-
chement. Ce serait également agir avec prudence que de porter les com-
presses préalablement, avant de s'en servir, dans un poêle à air chaud
à une température de i5o°, plus que suffisante pour tuer tous les germes
d'organismes vulgaires.
( «044 )
» Étais-je suffisamment autorisé à intituler cette Communication De
l'exleinion de (a théorie des germes à l'ëtiologie de quelques maladies com-
munes? J'ai exposé les faits comme ils m'ont apparu et j'en ai hasardé des
interprétations; mais je ne me|dissimule pas que, sur le terrain médical, il
est difficile de se soustraire entièrement à des préoccupations subjectives;
je n'oublie pas davantage que la Médecine et la Vétérinaire me sont étran-
gères. Aussi j'appelle de tous mes vœux les jugements et les critiques. Peu
tolérant pour la contradiction frivole ou de parti pris, dédaigneux du
scepticisme vulgaire qui érige le doute en système, je tends les bras vers le
scepticisme militant qui fait du doute une méthode et dont la règle de
conduite a pour devise : « Encore plus de lumière. »
» Je me plais de nouveau à reconnaître toute l'utilité des secours que
MM. Chamberland et Roux m'ont prêté au cours des observations dont je
viens de rendre compte. Je rappelle également le concours empressé de
M. Doléris. »
MÉTÉOROLOGIE. — Sur une Lettre de M. l'amiral Clouérelative aux trombes.
Note de M. Faye.
« M. l'amiral Cloué, à la suite d'une Communication déjà ancienne de
M. Virlet d'Aoust sur les ramolinos de poluo, a bien voulu m'adresser des
renseignements détaillés sur ces tourbillonsde poussière qu'il a rencontrés
au Mexique. Il proteste que ceux dont il a été témoin n'avaient pas une
hauteur de 5oo™ à 600", que leur attribue M. Virlet d'Aoust, mais tout au
plus de 5o™ à 60™. A cette occasion, M. l'amiral Cloué décrit en détail quel-
ques trombes observées en mer, et en donne des dessins très intéressants.
Je regrette de ne pouvoir les insérer dans les Comptes rendus, mais la
description qu'en fait l'amiral mérite bien d'y trouver place.
« Je n'ai jamais vu les trombes de mer qu'accompagnées de calme ou de folles brises, et
alors que le ciel était chargé de gros cumulus bas, seirés, sur le point de passer à l'élar de
nimbus, mais ne paraissant pas encore chargés de pluie et d'électricité.
» J'ai assisté plusieurs fois à la formation de trombes; voici ce que j'ai vu.
» Supposez que sous un de ces gros nuages denses dont je viens de parler il se forme
tout d'un coup un tourbillon dans les vésicules de brouillard: ce tourbillon apparaît sous le
nuage comme une barbe de bouc. Cela va en allongeant progressivement, et, au bout d'un
quart d'heure, jilus ou moins, alors que cette espèce de trompe a son extrémité plus près
de la mer que du nuage, on s'aperçoit qu'au-dessous de cette extrémité la mer, qui était
unie jusque-là, commence à s'agiter.
( io45 )
» C'est une sorte de clapotis qui va en augmentant et qui prend bientôt un mouvement
de rotalion, comme on voit sur les places ou sur les grandes routes tourbillonner la pous-
sière, les feuilles mortes et autres objets légers.
» Bientôt le tourbillon produit ainsi sur la mer augmente en hauteur pendant que la
trompe qui tient au nuage s'allonge toujours, jusqu'au moment où enfin les deux tour-
billons se joignent, s'unissent et forment la trombe complète.
» J'ai entendu dire que les trombes étaient fort dangereuses et qu'on les crevait à coups
de canon pour éviter leur approche. Je n'ai jamais entendu citer un bâtiment qui se soit
trouvé sous une trombe, et, quoique j'aie rencontré un assez bon nombre de ces météores,
je ne m'en suis jamais trouvé assez rapproché pour songer (]u'il pouvait être nécessaire de
tirer dessus.
» Une fois, cependant, nous allions, avec un brick à voiles, de la Havane à la Marli-
oique; nous avions passé le canal de la Floride et remonté vers l'est pour nous mettre en
bonne position au moment où nous atteindrions la région des vents alizés.
» Nous arrivions à environ i5o lieues dans le sud des îles Berniudes, et, après avoir
bataillé pendant quelques heures avec des folles brises, nous venions d'être pris par une
jolie brise de nord-est et nous avions lestement mis toutes nos voiles dehors, dans l'espé-
rance que nous tenions enfin les vents alizés.
» Nous avions, assez loin devant nous, une ligne de démarcation bien tranchée, au delà
de laquelle on voyait que régnait le calme. Nous y courions avec une tête de brise qui
semblait mal établie, et cinq ou six trombes étaient en vue à l'horizon, dans cette région
de calme qui régnait devant nous.
» Nous y arrivâmes bientôt; les masses d'airen mouvement qui nous poussaient n'eurent
pas d'abord le dessus lorsqu'elles rencontrèrent celles qui étaient stationnaires, en sorte
que nous nous trouvâmes en calme; les voiles, n'étant plus gonflées, tombèrent le long des
mâts, ce qui fit qu'on les cargiia presque toutes, ne conservant que les huniers.
» Bientôt le bâtiment, avec son reste de vitesse, arriva dans un endroit où la mer cla-
potait et tourbillonnait en petits cônes de poussière d'eau, accompagnés chacun d'un bruit
comme une sorte de froufrou.
» Élions-nous là sur le lieu de formation d'une trombe? Je ne puis l'affirmer, n'ayant
pas remarqué si le nuage qui était à noire zénith lançait vers nous un de ces tourbillons de
vésicules de brouillard dont j'ai parlé plus haut; mais, ce qu'il y a de certain, c'est que
nous fûmes en un instant soumis à un fort tourbillon de vent qui fit pivoter le navire sur
lui-même avec une rapidité telle, que je n'ai jamais vu pareille chose. Il est vrai que ce
n'était pas un navire long comme on les fait aujourd'hui : ce brick avait seulement 35'" de
longueur.
» Nous avions amené les huniers tout bas dès que ces tourbillons s'étaient rapproches de
nous, et nous nous sommes trouvés pendant une petite minute dans une espèce de grain de
pluie peu épais. Lèvent de nord-est prit définitivement le dessus; le navire, après avoir pivoté
entièrement, avait repris sa route; les trombes disparurent devant la brise qui s'établissait
définitivement. Nous n'avions fait aucune avarie; nous remîmes toutes les voiles dehors.
>. J'ai toujours pensé que nous pourrions bien être arrivés là juste à point pour inter-
rompre la formation d'une trombe; les nombreux petits tourbillons d'eau qui nous ont
entourés en un moment avaient certainement une relation avec le tourbillon de vent qui
C. R., 1880, I" Semestre. (T. XC, N" IR.) I '^6
( 'o46 )
nous saisit, et nous eût sans doute causé des avaries si la plupart des voiles n'avaient pas été
ramassées à l'avance.
» Je reviens maintenant aux tourbillons de poussière qu'on observe sur les hauts pla-
teaux du Mexique. Je ne vois pas d'impossibilité à ce que le phénomène du nuage tel que je
l'ai décrit plus haut, se produisant au-dessus d'un terrain recouvert d'une épaisse couche
de fine poussière, arrive à produire sur cette poussière un effet analogue à celui que j'ai
vu se produire sur la mer, et par conséquent ne puisse former une trombe à peu près sem-
blable aux trombes de mer, mais dans laquelle la poussière remplacerait une partie des
vésicules d'eau. Pourtant je crois que cela doit être très rare, et en tout cas je maintiens
que les ramolinos de polvo, si communs sur les hauts plateaux du Mexique, ne sont pas
des trombes, car une trombe communique toujours avec un nuage, sans vent ou presque
sans vent, tandis que ces colonnes de poussière de l'Anahuac, celles que j'ai vues du moins,
existent avec de forts vents et alors qu'il n'y a pour ainsi dire pas de nuages.
» Les trombes marines ne vont pas toujours jusqu'à la mer; le tourbillon qui se détache
du nuage ne descend pas toujours assez pour faire produire même un commencement d'agi-
tation de l'eau, ou, du moins, je n'ai pas toujours vu cette agitation au-dessous de cette
espèce de trompe d'éléphant qui tient au nuage. J'ai vu bien des trombes commencer et ne
pas dépasser l'état indiqué au croquis n" 3.
» Je n'estime pas à plus d'une petite heure la durée des trombes marines complètes que
j'ai observées ; beaucoup durent à peine une demi-heure, et, lorsqu'une trombe se brise,
c'est généralement un peu plus bas que son milieu : la partie inférieure disparaît rapide-
ment, la partie supérieure remonte assez lentement vers le nuage et par une succession
d'états analogues à la formation, mais se produisant en sens inverse, c'est-à-dire qu'à la vue
il semblerait que cette espèce de manche à vent qui pend du nuage est retirée dans l'inté-
rieur de celui-ci par l'effet d'une force appliquée à son extrémité supérieure.
» J'ai entendu dire, j'ai même lu que les trombes marines sont plus fréquentes au voi-
sinage des terres qu'en pleine mer. Je crois que c'est une erreur qui provient de ce que, au
voisinage des terres, les trombes ne peuvent guère passer inaperçues; il y a souvent quel-
qu'un qui les voit, tandis qu'il y a certainement un grand nombre de trombes qui se forment
en pleine mer et ne sont vues par personne.
» Je n'ai jamais vu une trombe commençant par s'élever de la mer. Je n'ai jamais vu
une trombe ne tenant pas par sa partie supérieure à un cumulus très dense et qui semble
prêt à passer à l'état de nimbus; en un mot, le cumulus préexiste toujours à la trombe. »
» Plus j'étudie ce phénomène d'après les meilleufs observateurs, et plus
je suis convaincu que l'explication que j'en ai donnée est seule admissible,
plus je suis persuadé que les phénomènes gyratoires peuvent se produire
sons les dimensions les plus variées, depuis les trombes minces que l'amiral
Cloué vient de décrire d'une manière si saisissante, jusqu'aux tornados d'un
quart de lieue de diamètre, aux typhons de plusieurs lieues et aux cyclones
de plusieurs degrés. Il n'y a d'autre différence que la facilité de déforma-
tion que présentent en certains cas les tourbillons de grandes dimensions,
déformations qui vont jusqu'à la décomposition en gyrations partielles,
( 1047 )
bientôt indépendantes les unes des autres. La baisse barométrique centrale
est une suite toute naturelle du mouvement gyratoire qui refoule sur les
bords une masse d'air plus ou moins considérable et produit tout autour
de lui une légère augmentation de pression. Dans la région centrale raréfiée
se précipitent verticalement, de haut en bas, les gyrations sous la forme de
courbes hélicoïdales à rayon progressivement réduit. Lorsque ce mouve-
ment gyratoire fermé par en bas se ralentit, il cesse de descendre et finit
par remonter jusqu'à l'origine, parce qu'd ne descend qu'en vertu d'iuie
gyration intense, employée tout entière, dans son trajet aérien, à refouler
l'air autour et tout le longdesoii axe, formant ainsi une gaine, une manche
à vent, comme dit l'amiral, mais une manche fermée par en bas, complète-
ment isolée du milieu ambiant où elle pénètre de force, et ne l'ecevant que
l'air tournoyant des régions supérieures. Si une force semble ramener par
en haut cette trompe qui pend des nuées et qui retourne se cacher dans
leur sein sans y porter la moindre parcelle de l'air inférieur, c'est tout
simplement que l'aliment de la gyration commence à s'épuiser. Si, au con-
traire, le mouvement gyratoire des couches supérieures s'élargissait de
nouveau et venait à s'accentuer, on verrait la trombe recommencer à des-
cendre; elle se propagerait indéfiniment par en bas jusqu'à ce que le sol
l'arrêtât en subissant les effets de la force vive qu'elle transporte avec elle
et qu'elle concentre de plus en plus sous l'effort de la pression ambiante.
» C'est là un phénomène de la mécanique des fluides tellement général
qu'on le retrouve en grand dans notre monde, non seulement sur le Soleil
où je l'ai tout d'abord signalé, mais sur Jupiter où l'étude attentive des
taches mobiles de son atmosphère semble indiquer des mouvements tour-
nants identiques à nos trombes et à nos cyclones. »
BOTANIQUE. — Formation des feuilles et apparition de leurs premiers vaisseaux
chez des Iris, Jllium, Funkia, Hemerocallis, etc.; par M. A. Trécul.
« Dans toute feuille à accroissement basipète, le sommet est-il la partie
la plus âgée et la base la partie la plus jeune? Le dernier cas parait être la
réalité quand on n'a pas de point de repère. Par en haut les poils naissent
tôt, et, dans certaines plantes, comme V^ubrietia macrostyla, le premier
vaisseau des feuilles du bourgeon terminal, dont la végétation est très
active, commence près du sommet de la lame; mais on revient au doute,
quand, dans les autres bourgeons, on voit le premier vaisseau débuter
dans la tige, près de l'insertion de la feuille, et monter dans celle-ci, bien
( io48 )
que la base semble être plus jeune que le sommet, puisque les poils et plus
tard les principales nervures pinnées naissent de haut en bas [Aubrietia,
Arabis, etc.). Cette ascension du premier vaisseau est le cas le plus fréquent.
Pendant l'accroissement basipète, c'est-à-dire pendant le renouvellement
des cellules, plus longtemps prolongé en bas qu'en haut, les restes de ce
vaisseau et aussi l'existence de vaisseaux plus jeunes sont des témoins de ce
qui a été antérieurement. Leur présence prouve que la partie inférieure de
Ja feuille, quoique sans cesse renouvelée dans ses éléments cellulaires, pen-
dant la jeunesse, est plus âgée morphologiquement qu'elle ne paraît; on
peut croire qu'elle existait avant la partie supérieure, ou tout au moins que
les cellules du bourrelet initial ont concouru à la formation de la base et
du sommet. Le doute n'est plus possible, du moins très fréquemment, quand
il existe une gaine ouverte ou tubuleuse; on observe celle-ci souvent déjà
dans des feuilles de ^ ou de |^ de millimètre. La gaine restant assez long-
temps très réduite, c'est dans la partie inférieure de la lame que l'accrois-
sement prédomine (/ns, Jlliiim niitans, etc.). Dans le Sanguisorba carnea, etc.,
ce n'est pas la foliole terminale qui naît d'abord, c'est la partie inférieure
dUatée du rachis; les folioles apparaissent ensuite de haut en bas, ainsi
que leurs dents, et en elles les premiers vaisseaux de leurs nervures pin-
nées, après ceux de la nervure médiane, bien entendu.
» Il ne peut être contesté que, chez les Iiis, la gaine précède la lame.
Un bourrelet embrassant le sommet de l'axe se forme d'abord. Ce bour-
relet s'exhausse; son accroissement prédominant du côté dorsal, il en ré-
sulte bientôt une sorte de capuchon. Alors seulement commence la lame
ensiforme, qui s'élève sur lui, de bas en haut dans le principe ; mais bientôt
apparaît l'accroissement basipète de cette lame.
» Dans de jeunes individus d'Allium ciliare, dont il ne sort du bulbe que
deux feuilles grêles, il y a toujours, au centre, des feuilles formées par une
simple gaine, qui peut avoir '3"'",oo, 4""",oo, jusqu'à 7""",oo de hauteur,
laquelle gaine ne présente au sommet qu'une petite ouverture oblique.
Les ffuiUes des bourgeons axillaires débutent de la même manière. Ces
feuilles commencent aussi par un bourrelet plus élevé du côté dorsal; mais
on trouve parfois l'ouverture presque horizontale. Le côté dorsal crois-
sant davantage, l'ouverture devient de plus en plus oblique et finit par être
latérale, un peu au-dessous du sommet. Ce sommet, continuant de s'allon-
ger, produit une lame qui surmonte alors la gaîne comme un apicule d'a-
bord très court, puis graduellement de plus en plus élevé. Il est donc bien
évident qu'ici encore la gaîne précède la lame.
( 'o/i9 )
» Pour les Graminées, qui oflrent des faits analogues, je renvoie au
Tome I.XXXVII, p. 1008, des Comptes rendus.
» Ciiez {'Atliitin tiutaits, le bourrelet inilial a o'°'",33 à o"'",35 quand il se
ferme en avant. Alors la gaîiie existe évidemment; mais comment pourrait-
on caractériser la lame? On n'aurait pas même la ressource de dire que
celle-ci est la partie dorsale qui prédomine sur la partie antérieure, car la
limite de la lame et de la gaîiie est nettement accusée à l'extérieur, dans la
feuille parfaite, par le changement de couleur, et, à l'intérieur, par la ces-
sation des faisceaux de la face antérieure de la lame, qui donne lieu à un
sinus profond, étendu de bas en haut sur une longueur de 5""", 00 à 6™™, 00.
Il est donc avéré que la gahie existe quand il est impossible de prouver
la présence de la lame.
1) Voici maintenant un exemple de gaîne ouverte ; je le signale, parce que,
sans un examen attentif, on peut croire à la naissance primitive de la lame.
Il est donné par V Hemerocallis fulvn. La petite éminence commence du
côté dorsal ; elle s'étend latéralement et est déjà embrassante quand elle
n'a que o™™, 19 de hauleur. Pendant qu'elle s'exhausse du côlé du dos, la
partie antérieure reste surbaissée. Celle-ci accuse donc la présence de la
gaine ouverte, quand on ne peut démontrer l'existence de la lame. Bientôt
cependant, la partie dorsale se dilatant en capuchon, la lame alors seule-
ment devient manifeste. Ce capuchon reste terminai et est soulevé par
l'accroissement basipète. La dilatation basilaire, antérieure au capuchon,
prouve, comme l'existence d'une gaîne fermée, que la base de la feuille
existe dès le plus jeune âge, et que le plus grand accroissement de la feuille
a lieu d'abord au-dessus de cette base dilatée, comme au-dessus de la
gaîne fermée de Y AUium iiuians, etc., et même de la gaîne ouverte des Iris,
qui restent quelque temps très réduites.
» Mon opinion de i853 est doue confirmée par ces divers exemples.
Voyons dans quel orJre apparaissent les premiers vaisseaux. Gaudichaud
pensait qu'ils naissent dans le mérithalle tigellaire (') ou, comme l'on dit
à présent, avec MM. J.IIanslein, Sachs, de Bary, etc., dans la trace de la
feuille. J'ai montré qu'ils débutent quelquefois dans la feuille proprement
dite. Dans les plantes que je vais nommer, à part un seul exemple, le
premier vaisseau monte de la tige et s'avance de bas en haut, souvent
sans interruption, dans la première nervure [qui n'est pas la médiane dans
tes Iris).
(') Ce n'est pas là une conQrraalion de la théorie phy ionienne, ni une contradiction à
mes anciens travaux. Je reviendrai procliainemciit sur cette théorie.
( i(-5o )
» La structure la plus simjDle, parmi les plantes citées ici, est offerte
par les Funkia, qui ne présentent que des nervures primaires, c'est-à-dire
de celles dans lesquellesles vaisseaux apparaissent successivement, d'abord
dans la médiane, ensuite dans celles qui sont de plus en plus rappro-
chées des bords. Les plus externes, on le sait, s'arrêtent le plus bas dans
la lame. J'appelle nervures secondaires, tertiaires et quaternaires les nervures
longitudinales qui, dans d'autres plantes, s'interposent aux primaires. Dans
les feuilles des Funkia que j'ai étudiés, il ne se développe entre les
nervures primaires, les unissant entre elles, que les nervules transverses,
plus ou moins obliques et plus ou moins reliées les unes aux autres ; elles
naissent de haut en bas, je le dis une fois pour toutes, dans les plantes dont
je vais parler.
» Dans le Funkia lancifolia, j'ai vu les vaisseaux se développer assez
régulièrement de bas en haut, au moins dans les nervures primaires les
plus proches de la région moyenne. Toutes ces nervures s'unissent à leur
voisine par leur extrémité supérieure, et les groupes vasculaires y prennent
un développement considérable au sommet de la lame : c'est le cas ordi-
naire dans ces sortes de feuilles.
» Dans lé Funkia ovata, les vaisseaux des nervures primaires se déve-
loppent moins régulièrement de bas en haut; ils apparaissent plus fré-
quemment par fragments et commencent quelquefois vers le tiers ou la
moitié de la hauteur, quand on n'en voit pas encore entrer dans la base
de la feuille. A part cette apparition plus fragmentée, tout, du reste, s'ac-
complit comme dans l'espèce précédente.
» Dans les Hemerocallis fulva, flava, disticlia, le premier vaisseau de la
nervure médiane monte de la tige; mais souvent, dès les premières ner-
vures latérales, la formation fragmentée des vaisseaux se présente à di-
verses hauteurs, et parfois même avant qu'il en soit entré dans la base.
Dans ces Hemerocallis, des nervures secondaires, tertiaires et quaternaires
s'interposent aux primaires, d'abord dans la partie supérieure, par l'effet
de l'accroissement de haut en bas, et à différentes hauteurs; leurs vais-
seaux descendent ensuite dans la lame. On en peut trouver ainsi des fasci-
cules s'atténuant de haut en bas et finissant à des hauteurs variables.
Dans ces Hémérocalles, les faisceaux de divers ordres sont ranges sensible-
ment sur le même plan. Ils sont placés de même dans les Agraphis et dans
le Tradescanlia virginica.
1) Une feuille de io2™'".oo d' Agraphis cernua est fort intéressante, en
ce que, en même temps qu'il descend d'en haut des fascicules vasculaires
secondaires ou tertiaires, on trouve encore des faisceaux primaires (les
( io5i )
deuxième, troisième on quatrième de chaque côté) incomplets dans la
région moyenne, leur partie supérieure offrant des vaisseaux descendant
à la rencontre de ceux qui montent d'en bas. Les deux bouts sont d'au-
tant plus éloignés l'un de l'autre que le faisceau est plus externe, c'est-à-
dire plus rapproché du bord.
» Les Âlliitm nutans et odorum présentent un autre caractère : les fais-
ceaux primaires et les secondaires sont sur des plans différents. Des
feudles de 4"",oo A'JUium odorum reçoivent à leur base l'extrémité atténuée
d'un faisceau venant de la lige et en relation avec le réseau de celle-ci.
Dans une feuille de 8™"", 3o, ce faisceau médian, terminé par un seul vais-
seau, arrive à assez petite distance du sommet, tandis qu'un faisceau vascu-
laire entre dans la base d'une nervure primaire de chaque côté. Dans une
feuille de i'7™'",oo quand le vaisseau delà première nervure latérale de
chaque côlé atteignait la hauteiu" de la gaine, il se formait, dans la région
supérieure de chacune de ces deux nervures latérales, lui vaisseau qui
était libre parles deux bouts. Dans une feuille de 36™™, oo un deuxième
faisceau vasculaire pénètre dans la base de la feuille de chaque côté. Les
deux premiers latéraux sont arrivés au sommet de celle-ci, où ils sont
unis avec la nervure médiane; mais, de plus, il y a en fiant deux autres
faisceaux latéraux de chaque côté; les vaisseaux des deux plus avancés de
ces quatre nouveaux latéraux d'en haut descendent vers ceux qui en bas
ne font qu'entrer dans la feuille. Au contraire, les vaisseaux des deux plus
petits latéraux supérieurs, qui sont les plus externes, descendent bien aussi,
mais aucun fascicule vasculaire ne leur correspond encore par en bas. La
feuille est donc beaucoup plus avancée en haut qu'en bas; néanmoins, il
n'y a encore aucun faisceau secondaire. Dans tine feuille de 80™™, oo des
faisceaux vasculaires secondaires sont nés : insérés par en haut sur des
faisceaux primaires, quelques-uns s'étendent sur une grande longueur; ils
finissent vers le milieu de la feuille, quand les faisceaux primaires ne sont
pas encore complétés par en bas. Ce qui est surtout à remarquer, c'est que
sept à huit fascicules secondaires descendent près de la face supérieure
de la lame, tandis que les faisceaux primaires, avec deux ou trois secon-
daires, sont plus rapprochés de la face dorsale. Dans une feuille plus âgée,
les faisceaux de la face supérieure s'arrêtent au-dessus de la gaîne, où ils
sont reliés vasculairement les uns aux autres et avec les primaires latéraux
voisins, de façon à dessiner le sinus vaginal ascendant, dont j'ai parlé plus
haut, qui établit rigoureusement la limite de la gaîne et de la lame.
» L'espace me faisant défaut, je dirai seulement que, dans VJllium
( io52 )
mitans, après le premier vaisseau de la nervure médiane, qui conlinue un
faisceau montant de la tige et s'élève d'ordinaire régulièrement de bas en
haut, ne présentant que bien rarement un fragment à sa partie supériein-e,
les premiers vaisseaux des nervures primaires latérales, au contraire, appa-
raissent d'abord libres par les deux bouts dans la région moyenne de la
lame, avant qu'il en soit arrivé de la tige à leur rencontre; j'ajouterai que
ces faisceaux primaires sont placés un peu en arrière du plan moyen de la
lame et que les faisceaux secondaires, sensiblement sur deux plans, sont
rangés les uns sous la face supérieure de la lame, les autres sous la face
dorsale. Ils peuvent s'allonger par fragments comme les primaires.
)i Dans VÀllium ciliare, j'ai vu le premier vaisseau commencer dans la
nervure médiane, au-dessus de la région moyenne, quand la pointe du
faisceau vasculaire venant de la tige atteignait seulement la base de la feuille.
» L'ascension des vaisseaux, qui a lieu de la tige dans la nervure
médiane, puis dans les nervures de plus en plus latérales, se continue dans
la partie antérieure de la gaine [Jllium mitans, odorum, etc.), de façon que
ce sont les faisceaux les plus rapprochés du milieu de cette face de la gaîne
qui en sont les derniers pourvus. On y voit monter des vaisseaux qui s'y
propagent de bas en haut, ou par fragments se rejoignant à diverses hau-
teurs. Ceux qui sont au-dessous des bords de la lame s'unissent à ceux qui
descendent le long des bords de cette lame; les autres vont se relier par
leur bout supérieur, plus ou moins près du haut de la gaîne, au côté de
celui qui les a précédés immédiatement.
» La singulière forme de la feuille des Iris a frappé tous les botanistes;
on l'a considérée comme une feuille pliée sur elle-même et dont les deux
côtés seraient soudés par la face supérieure. Quand on en fait une coupe
transversale, ou ne lui trouve rien de bien apparemment anomal à
première vue; mais un examen attentif fait voir qu'à la place de la nervure
médiane n'est pas le plus gros faisceau, ni le premier né; il y a là, au con-
traire, un ou deux des phis petits. Les plus forts et les premiers apparents
sont situés vers le milieu de chaque face latérale. En suivant l'apparition des
vaisseaux, on trouve que c'est dans l'un de ces plus gros faisceaux, placé
un peu plus près du dos que du bord antérieur, que monte de la tige le
premier vaisseau. Celui qui vient ensuite entre dans un faisceau situé un
peu plus en avant et du côté opposé, puis il en naît un dans un faisceau
plus dorsal; ils se succèdent ainsi à droite et à gauche de la nervure prin-
cipale ou médiane de chaque face, en sorte que la nervure qui occupe la
place de la nervure médiane vraie de la feuille et qui en a l'orientation
( ino') )
n'en possède que bien après les gros faisceaux du milieu des faces. Toutefois,
ce sont les nervures longitudinales les plus rapprochées du bord antérieur
qui en acquièrent les dernières
)) Le premier vaisseau de chacune des principales nervures primaires
monte ordinairement de la tige; mais, comme ailleurs, les vaisseaux des
nervures plus rapprochées des bords, surtout du bord antérieur, a|)pa-
raissent souvent libres par les deux bouts dans la lame elle-même.
'> L'espace disponible m'obligeant à être bref, j'ajouterai seulement
qu'outre les faisceaux primaires il y a encore des faisceaux longitudinaux
secondaires. On les voit commencer à diverses hauteurs, souvent dans la
région moyenne (Iris (jermanica); d'autres débutent plus haut; d'abord
libres par les deux bouts, Us s'unissent ensuite par leur extrémité supérieure
à un ou deux faisceaux voisins, tandis que l'autre extrémité s'allonge par
en bas [Iris lullienica, bel exemple). Quelques-uns s'étendent par fragments
d'abord isolés, réunis plus tard [Iris lutescens). Tous ces faisceaux secon-
daires ou terliaires, etc., ne descendent pas jusqu'au bas de la feuille;
beaucoup se termineni au côté de l'un des deux faisceaux voisins, aux-
quels ils se relient aussi çà et là par des fascicules transverses.
1) Conclusions. — Les expressions ybrma^jo/i basifuge et formation basipèle
ont été instituées pour désigner l'ordre d'apparition des parties externes de
la feuille (folioles, lobes et dents); les feuilles de la plupart des Monoco-
tylédones n'ayant à l'extérieur, pour les caractériser (les poils n'existant
souvent pas, et la gaîne, quand elle est ouverte, n'étant pas toujours bien
sensible), que leurs nervures longitudinales à peu près parallèles, et les
vaisseaux de celles-ci naissant les uns de bas en haut, les autres de haut
en bas, on ne peut ranger ces feuilles dans un type exclusivement basi-
pèle ; il est donc rationnel de désigner par formation parallèle le type qu'elles
constituent, comme je l'ai fait dès i853. »
THÉORIE DES NOMBRES. —-Sur la loi de réciprocité dans la théorie des nombres.
Note de M. Sylvester.
« Soit (^1 le symbole bien connu de Jacobi, généralisation du sym-
bole ( - j de Legendre. Selon que ( ^ J = + i ou — i , je dirai que l'aspect
quadratique ou simplement l'aspect de Q vers P est positif ou négatif. On
accorde que Q et P peuvent l'un et l'autre être ou positifs ou négatifs, avec
C R., it8o i" Semestre. (7. \C,îi' 18.) 1^7
( io54 )
la convention que (37^) = (p) ^t ( ) ~ '* ^^^^^ i^ ^^t plus ou moins
distinctement reconnu que, Q, P étant tous les deux nombres impairs et
relativement premiers, si Q et P ne sont pas tous les deux négatifs,
( — 1 | — j = I quand Q et P ne sont pas et = — i quand Q et P sont tous
les deux de la forine 4'" + 3.
» Mais, si Q et P sont tous les deux négatifs, ( ^ j ( — J = — i quand Q
et P ne sont pas et == i quand Q et P sont tous les deux de la forme 4 m -+- 3.
» Servons-nous du mot l'este quaternaire pour exprimer le reste minimum
absolu d'un nombre impair par rapport au module 4- Ce reste sera ou
-(- I ou — I. Servons-nous aussi, en général, du symbole ( ) ou ( ) pour
signifier un nombre qui est — 1 quand m et n sont tous les deux négatifs
et H- I dans le cas contraire. Soient a, b deux nombres quelconques posi-
tifs ou négatifs, impairs et relativement premiers, a' et b' leurs restes qua-
ternaires; alors, en vertu des théorèmes précédents, on aura
formule qui constitue le véritable théorème de réciprocité et suffit à elle-
même comme formule universelle de réduction, sans avoir besoin de
supplément (Ergànzung) aucun.
» Je nomme, en général, chaîne réductive une suite de chiffres positifs
ou négatifs dont le dernier est l'unité positive ou négative et dont chaque
terme intermédiaire est un diviseur de la diflérence de ses deux termes
voisins; une telle suite se nomme chaîne réductive impaire quand tous les
termes sont impairs. Il est évident qu'on peut toujours former une chaîne
réductive impaire dont les deux premiers termes sont des nombres impairs
donnés, car dès le second terme on peut trouver des termes continuelle-
ment décroissants qui rempliront les conditions imposées.
» Or je dis que, pour trouver la valeur de ( -j, on n'a qu'à former une
chaîne réductive impaire commençant avec a, b et une chaîne auxiliaire
dont les termes sont les résidus quaternaires des termes de la première;
alors, selon que la somme des nombres des permanences des signes moins
prises dans une suite et dans l'autre est paire ou impaire, Vaspect de b
vers a sera positif ou négatif.
( io55 )
» En voici la preuve. Soient
a , h , c , d , . . . , /^ , k , l ,
à, h', c\ d', ..., K, k', /',
la première une suite réductive impaire et la seconde une suite auxiliaire
formée avec les restes quaternaires de l'autre. Alors on aura
ocm-
-mmy
\"J \" 1 V*/
VI''
^\h)\h')[im
Donc
m
X
c
b
c'
h'
n étant le nombre de fois que les successions a, b; b, c\ ...; h, k; k, l con-
tiennent deux signes — et n' le nombre correspondant pour a', b'; b\ c'; ... ;
h', k'\ k', V; c'est-à-dire l'aspect de h vers a sera positif ou négatif, selon
que n + n' (que je nommerai v) est pair ou impair, ce qui était à démon-
trer.
» Je ferai l'application de cette méthode de calculer le symbole (-| à
des exemples tirés du Traité {Zahlenlheorie) de Lejeune-Dirichlet. Pour
trouver [yHt), on forme la chaîne réductive
1901 195 49 I,
qui donne la chaîne auxiliaire
I I I I.
» On a donc n — \ , n' = 2,v = n + n' = 3;conséquemment(^-^
et, puisque 1901 est nombre premier, 193 est non-résidu quadratique de ce
( ro'iO )
ni
nombre. Pour trouver (-^| = — —]j on obtient les deux chaînes (omet-
\IOI/ \ lOl / ^
tant clans la seconde le chiffre constant i)
loi, 27, 7, I.
-+- -H -1 h
V = I + o = f , et, comme auparavant, 74 est non-résidu au nombre pre-
nner loi.
» Si b ~> a, les suites prendront la forme
a, b, a, (I, /,
a\ b\ n', fl' . . . r,
et, puisque la somme des permanences négatives dans aha et a'b' a' est évi -
demment o, 2 ou 4, on peut faire abstraction de ces parties de la cliaine
double dans le calcul. Ainsi, par exemple, on aura pour (-^)
et pour! ~"^)
io3, 27, 5, 3. r,
-- — + +
'7 /
27, 5, 3, 1,
0 Comme dernier exemple, je trouverai la valeur générale de (^)i c'est-
à-dire de (— T~)' Si l'on donne à ii les valeurs i, 3, 5, 7, on obtient les
chaînes doubles
-t- -I-— -(--— + — ~ -h
I ; 3, r : 5, 3, i ; 7, 5, 3, 1 -.
+ -- - --,.._ __ _ ^_ 4_
et, en général, pour /z = 2/ -i- i, 3, 5, 7, on trouvera très facilement que les
valeurs des quatre chaînes doubles de signes qui y correspondent seront
-i-\' +
-I- -f-
où l'indice supérieur i signifie que les signes contenus dans les parenthèses
doivent être / fois répétés. Il est à remarquer que dans ces suites répétées
de quatre signes il n'arrive jamais que le premier et le dernier signe sont
{ "^'7 )
tons les deux iiégalils; de sorte qu'on n'obtiendra aucune permanence
négative à la jonction de deux de ces suites.
» On aura donc la somme des permanences négatives pour ces quatre
cas égale a
2/, 2/H-I, 2; + i, 2?-t-2,
respectivement : de sorte que l'aspect de 2 vers 8/ + 1,7 est positif et vers
8/ + 3,5 négatif : résultat qu'on a ainsi déduit avec l'aide de la seule for-
mule de réduclion pour les nombres impairs.
)) Il est digne de remarque que, puisque (- j = f 3-)' il s'ensuit que, si,
dans une série réductive impaire quelconque et la série de ses restes quater-
naires, on change simultanément le signe des termes alternés en commen-
çant avec le premier terme en chacune, la somme des permanences des signes
négatifs sera augmentée ou diminuée par un nombre pair. »
NOMINATIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination de Com-
missions de prix chargées déjuger les Concours de l'année t88o.
Le dépouillement donne les résultats suivants :
Prix Savigny :MM. Blanchard, de Quatrefages, Milne Edwards, Cli. Ro-
bin et de Lacaze-Duthiers réunissent la majorité absolue des suffrages. Les
Membres qui après eux ont obtenu le plus de voix sont MM. Alph. Milne
Edwards et baron '. arrey.
Prix Montyon (Médecine et Chirurgie) : MM. Gosselin, Vidpian, Marey,
Bouillaud, baron Larrey, baron Cloquet, Bouley, Milne Edwards et Ch. Bo-
bin réunissent la majorité absolue des suffrages. Les Membres qui après eux
ont obtenu le plus de voix sont MM. Sedillot et de Lacaze-Duthiers.
Prix Godard : MM. Vulpian, Gosselin, Ch. Robin, Bouillaud et baron Clo-
quet réunissent la majorité absolue des suffrages. Les Membres qui après
eux ont obtenu le plus de voix sont MM. Milne Edwards et Bouley.
Prix Dusgate : MM. Vulpian, Bouillaud, Gosselin, Marey et Ch. Robin
réunissent la majorité absolue des suffrages. Les Membres qui après eux ont
obtenu le plus de voix sont MM. Bouley et baron Larrey.
Prix Boudet : MM. Pasteur, Gosselin, Vulpian, Marey et Bouley réu-
{ io^8 )
nissent la majorité absolue des suffrages. Les Membres qui après eux ont
obtenu le plus de voix sont MM. Dumas et Ch. Robin.
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
CHIMIE. — Recherches expérimentales sur la décomposition de quelques
explosifs en vase clos; composition des gaz formés. Note de MM. Saurau et
Vieille, présentée par M. Berlhelot.
(Commissaires MM. Peligot, Sainte-Claire Deville, Berthelot.)
« Ces recherches ont été entreprises pour fixer les conditions d'emploi du
coton-poudre dans les mines.
» Depuis les perfectionnements importants que M. Abel a apportés à la
fabrication du coton-poudre, on prépare cet explosif en masses homogènes,
de forme et de densité déterminées; on le conserve sans danger à l'état
humide; enfin sa puissance explosive, comparable à celle de la dynamite,
est liés supérieure à celle de la poudre. Par suite, son emploi dans les
mines offre de grands avantages. Un inconvénient qu'il présente cependant
est la production, par l'explosion, de gaz méphitiques qui incommodent les
ouvriers dans les galeries. Sa décomposition forme, en effet, de l'oxyde de
carbone. On peut y obvier en ajoutant au coton-poudre un oxydant, tel
qu'un nitrate.
» Dans ce travail, nous étudions comparativement les produits formés, la
chaleur dégagée, la pression développée par l'explosion en vase clos :
)) 1° Du coton- |)Oiidre pur (');
» 2° D'un mélange par parties égales de coton-poudre et de nitrate de
potasse ;
» 3" D'un mélange de 4° parties de coton-poudre et 6o parties de
nitrate d'ammoniaque;
)) 4° De la nitroglycérine;
(') La composition pondérale du coton-poudre, déduite de l'analyse organique et vérifiée
par l'analyse élémentaire des produits de la décomposition, nous a conduits à considérer les
produits de la fabrication courante de l'usine française du Moulin-Blanc comme un mélange
de 3*1 de cellulose trinitrée et l'i de cellulose binitrée,
3[C'=H'(AzO')'0'»]H-C'=H'(AzO'fO'»,
correspondant à la formule brute
C"H"Az"0".
( loSo )
» 5" De la poudre de mine ordinaire (').
» Nous exposons aujourd'hui l'étude des gaz formés pendant l'explosion
en vase clos.
» Des expériences antérieures ayant démontré que la nature et la compo-
sition des gaz dépendent des conditions de leur production, et notamment
de la pression sous laquelle ils se forment, nous avons opéré sur des gaz
recueillis dans une éprouvette close, en y mesurant la pression maximum.
)) L'analyse volumétrique des produits gazeux a été complétée par la
mesure absolue du volume occupé, à la température o** et sous la pres-
sion normale, par les gaz d'un poids déterminé d'explosif.
» Voici les principaux résultats obtenus :
» i" Colon-poudre. — La composition et le volume des gaz ont été déter-
minés dans quatre conditions différant par la densité moyenne des pro-
duits. Il résulte des chiffres d'expérience que, lorsque cette densité aug-
mente, la proportion d'oxyde de carbone diminue progressivement, celle
de l'acide carbonique variant en sens inverse.
» Les formules suivantes, qui représentent très bien la composition des
gaz produits dans les quatre conditions de nos expériences, montrent sui-
vant quelle loi la décomposition de la substance se modifie par la pression.
Ces formules correspondent à la décomposition de i''' de coton-poudre
Densité. Formule de décomposition.
o,oio 33CO-+- i5C0'-+- 8H-MiAzH-2iH0
0,023 3oC0+ iSCO^-f- iiH-+-iiAz-m8H0
0,200... 27CO + 2iC0= -i- i4H -i- iiAz-;- i5H0
o,3oo 26CO-f 2iC0'-l- i5H-l-iiAz+ i4H0
M Elles indiquent que, pour des valeurs croissantes de la densité de char-
gement, l'oxyde de carbone et l'acide carbonique tendent à se produire en
volumes égaux suivant la formule
C*«H"Az«'0«* = 24CO+24CO='h- lyH-f- iiAz+ 12HO,
et l'on peut admettre que cette formule représente sensiblement le mode de
décomposition réalisé dans les conditions ordinaires de la pratique, qui
utilisent généralement le coton-poudre sous de fortes densités de charge-
ment.
» 2° Coton-poudre au nitrate dépotasse. — L'analyse des gaz montre que
l'oxydation de l'explosif est incomplète sous les faibles densités de charge-
('] CeUe poudre est, au dosage : salpélre, 62; soufre, 7,0; charbon, 18.
( io6o )
ment, bien que la proportion de l'oxydant soit notablement supérieure à
celle qui correspond théoriquement à une combustion complète ; mais, à la
densité o,3 et aux densités supérieures, l'oxyde de carbone disparaît et la
décomposition du mélange s'effectue régulièrement suivant la formule
C*»H"Az"C+ i2(AzOn^O)
= 36CO'+ 23 Az + 190 -^ 29IIO -hiiCO'KO.
» 3° Coton-poudre au nitrate d'ammoniaque. — La combustion est com-
plète, même sous de très faibles densités de chargement. Les résultats de
l'analyse montrent que la réaction correspond à l'équation
Q48 H29 Az' ' 0« " -\- 22 (AzO« H, AzH' ) == 48CO=^- 55 Az H- i 1 7 HO -f- 30,
dont le premier membre représente exactement la composition du mé-
lange (déduction faite de l'humidité et du résidu salin contenus dans le
coton-poudre), et dont le second membre est établi en supposait que la
décomposition du nitrate engendre, suivant un des modes étudiés par
M. Berihelot, de l'oxygène, de l'azote et de l'eau.
» 4° Nitrocjlycérine. — Suivant une remarque de M. Berthelot, la com-
position des produits d'une explosion peut être prévue quand lexplosif
contient assez d'oxygène pour transformer les éléments en composés stables
au plus haut degré d'oxydation. Cette condition est remplie par la nitro-
glycérine, et l'expérience vérifie, en effet, que sa décomposition en vase
clos est représentée par l'équation théorique
C''H^\z'0"' = 6CO--+-3Az-^-0 -1- 5HO.
)) 5° Poudre de mine. — La composition des gaz a été trouvée sensible-
ment la même pour des densités égales à o, 3 et 0,6; elle est donnée plus
bas. En résumé, nous concluons de ces résultats la composition qualitative
et quantitative des gaz fournis par chaque explosif dans les conditions
normales de son emploi. Le tableau suivant fait connaître (en litres) le
volume de chacun des gaz par kilogramme de la substance dans ces con-
ditions.
Volume
Désignation de la substance. CO. CO'. H. Aï. 0. C'H'. HS. total.
Coton. poudre pur 284 234 ■'^'^ '07 » " » 74'
Coton-poudre au nitrate de potasse. . » 171 u 109 4^ " " 325
Coton-poudre au nitrate d'aniraon. . » 184 >■ 211 6 » » 4°'
Nitroglycérine « 2g5 » 147 '^5 " " 4^7
Poudre de mine ordinaire 64 i5o 4 ^^ » 4 ^7 3o4
{ io6i )
M™^ Ladadie de Lalande, dans une Communication relative au Phyl-
loxéra, rappelle le procédé dont M. Garros fait usage pour traiter la vigne,
et qui consiste dans l'emploi du mélange suivant : i'"'^ de chaux vive, avec
iSo^'sde sel marin et 8^^ de sulfate de cuivre. Le tout est broyé et mé-
langé à l'aide d'une machine spéciale.
Après avoir indiqué les résultats auxquels M. Garros affirme être arrivé,
l'auteur de la Communication ajoute : « Je n'ai pas eu pour mon compte
un résultat aussi concluant; cependant mes vignes se maintiennent, tandis
que celles de mes voisins, attaquées en même temps, paraissent beaucoup
plus malades. «
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
M. A. PoiROT soumet à l'Académie un moyen de combattre le Phyl-
loxéra, déjà proposé plusieurs fois, et qui consiste à intercaler une ligne de
plants d'absinthe entre deux lignes de ceps de vigne.
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
CORRESPONDANCE.
M. Rresse prie l'Académie de le comprendre parmi les candidats à la
place actuellement vacante dans la Section de Mécanique.
(Renvoi à la Section de Mécanique.)
M. Haton prie l'Académie de le comprendre parmi les candidats à la
place actuellement vacante dans la Section de Mécanique.
(Renvoi à la Section de Mécanique. )
ASTRONOMIE. — Paraboloides comélaires. Note de M.P.-E. Chase.
« Des Communications récentes faites à l'Académie par MM. Gaus-
sin (')etFaye(-) m'ont conduit à examiner à nouveau quelques-unes de
mes discussions antérieures relatives à l'influence des forces de projec-
{') Comptes rendus, t. XC, p. 5i8, SgS
(») lbid.,p. 566.
C. R., 1880, 1" Semestre. (T. XC, N» 18.) l38
( io62 )
tion et des collisions périfocales sur la production de ruptures dans les nébu-
leuses et la formation de noyaux cosmiques (' ). J'ai réuni quelques-uns des
résultats de cet examen en comparant ce que me donne l'application (*) de
l'équation générale
(i) x„^-ç-n'%"'
avec ce que fournit l'équation analogue de M. Gaussin (^)
(2) a=^Kh".
» Si nous prenons le rayon du Soleil /'„=: i, ^ = 16,164, "/j = 1,6252,
Ç= i,oi3, l'équation (1) donne une série d'abscisses paraboloïdales qui
représentent d'importantes relations cosmiques.
» Des corps tombiint vers le centre d'un système cosmique à partir
d'une distance nd acquièrent la vitesse de révolution d, {\lgd) à la distance
Donc —5 ^ j -y-") • • • représentent des points où l'affaissement nébu-
laire tendrait à produire une rupture avec révolution orbitaire en rapport
avec do, df, c?,» • • • •
» Dans le Tableau I, P représente les valeurs données par Stockwell
pour les points périliéliques séculaires de rupture, exprimées en prenant /,,
pour unité; A donne les valeurs aphéliques séculaires; T les distances théo-
riques de rupture déterminées par l'équation (i).
Tableau I.
P. T. A.
y Mercure.... ^>]' Ç* ^i.gi 44j94 5i,i4
T Vénus W K° 72,11 77 '9' 83,07
I Terre ^ryç'^ i33,34 i38,58 152,71
I Mars ?)i' Ç" 210,96 252,93 279,88
I Cérès WK'' 438,66 473,69 5ii,84
I Jupiter tn' t," 878,59 910,80 986,75
; Saturne. ... H»!* Ç" 1606,19 1795,05 1902,03
I Uranus t/;' Ç" 33i9,2i 3632, i4 3881,96
{Neptune.... £/,"?'"" 7408,87 7541,82 7626,46
» Les valeurs périhéliques et aphéliques de ^ Gérés s'obtiennent en pre-
(') Procecd. Am. phiLSoc, t. IX-XII.
{') Ibid., t. XII, p. 520.
(^) Loc. cit., p. 520. L'équation (2) est un cas jiarticulier de l'équation (i), où l'on a
fait <,— i.
( io63 )
liant les valeurs données par Newcomb pour l'excentricité (0,077) et la
distance moyenne (2,769/3,= 594, 06 /-g). Les autres valeurs de P et A sont
empruntées aux éléments de distance planétaire et de variation séculaire de
Stockwell, en prenant 214, 54'',, pour la valeur du demi-grand axe de l'or-
bite de la Terre.
» En divisant les valeurs de T du Tableau I par les coefficients respectifs
de rupture (i. f, f, •..) et exprimant tout en fonction du demi-grand
axe de l'orbite delà Terre pris pour unité, nous obtenons, dans la colonne C
du Tableau II, les valeurs que nous voulons comparer à celles données par
Gaussin, et qui sont indiquées dans la colonne G.
Tableau II.
P. C. G. A.
Mercure 0,297 0'4'9 o,36?, 0,477
Vénus 0,672 0,726 0,623 Oi774
Terre 0,982 0,969 I5O73 1,068
Mars i,3n 1,572 1,848 '57^6
Astéroïdes 2,182 2,760 3,i83 3,954
Jupiter 4>886 5,092 5,483 5,5i9
Saturne 8,784 957^1 9>445 10, 343
Uranus 17,681 19,348 16,289 20,679
Neptune 29,598 3o,i2o 28,025 80,470
» Les valeurs périhéliques et aphéliques de la bande astéroïdale sont
représentées par les distances moyennes de Q) et @. Toutes les autres
valeurs contenues dans les colonnes P et A sont empruntées aux éléments
de Stockwell.
» Les valeurs approchées données par Gaussin pour les distances de
Vénus, la Terre, Mars, Uranus et Neptune sont toutes en dehors des limites
des élongations séculaires de ces planètes. Mes valeurs sont toutes dans
ces limites, et leurs valeurs approchées par rapport aux valeurs moyennes
sont plus près de celles-ci que celles de toutes les autres séries semblables
dont j'ai pu avoir connaissance.
M Les données pour la construction du paraboloïdecosmiquese déduisent
de la considération de l'oscillation linéaire (a), de la force vive (|3, 5),
delà rotation nucléaire et de la révolution orbitaire synchrone (7), de l'os-
cillation sphérique (c?), des actions et réactions de projection intrastellaires
et de l'attraction (a), de l'ondulation lumineuse (Ç), et de l'affaissement et
de la rupture nébulaire universelle.
» a. Le foyer de l'action paraboloïdale est le centre du Soleil, Le lieu
( io64 )
de la directrice est ainsi le lieu du centre linéaire d'oscillation du diamètre
du Soleil, rapporté à la surface du Soleil ( ^ d — r = | r).
» P, y. L'abscisse fondamentale (Ç) est |L; | représente la force vive
relative du centre linéaire d'oscillation (|), et L est la limite de Laplace ou
le lieu de la rotation et de l'évolution synchrone.
)> 5. Le rapport initial (nÇ' = 1,66768) diffère de moins de -j-g-ij d'unité
pour 100 de f , | étant le rapport de la force vive de rupture à la force vive
de rotation qui reste (i — o,4 = 0,6).
» £. I^e champ planétaire est géométriquement intermédiaire entre celui
delà nucléation solaire et celui de la projection stellaire. II y a neuf abscisses
entre la surface du Soleil et ^ Mercure, neuf aux lieux de rupture plané-
taire théoriques, neuf entre ^ Neptune et la région des étoiles fixes.
» Ç. La vingt-septième abscisse à partir de la surface du Soleil ou la dix-
neuvième à partir de ^,(^v7"Ç^°') est LIVItT,,, M étant le module d'élasticité
de la lumière à la surface du Soleil (L=:36,36ro, M = 474>6oor„).
» -ri. La vingt-huitième abscisse à partir de la surface du Soleil (l/j^^Ç^"")
est 46 352440- Quatre estimations récentes de la distance de a du Centaure
donnent des nombres compris entre 45 34oooo et 48479500. Searle (') cite
des auteurs qui placent cette étoile entre 44^52 000 et 49 169000. Newcomb
dit (') : « La moyenne de toutes les mesuresfaites jusqu'ici pour la parallaxe
» de ce couple d'étoiles donne o",93 pour leur parallaxe la plus probable,
» ce qui correspond à une distance de 22 100 unités astronomiques.» Cela
équivaut à 474i334oro.
M On verra aisément que les éléments du paraboloïde {{r„^ L, M) sont
entièrement indépendants de toute distance planétaire observée ou théo-
rique. On ne peut prendre pour ces éléments, dans les limites de l'incertitude
possible, aucune valeur qui vienne infirmer ce fait évident que la position
de rupture nébulaire de plusieurs planètes, le temps de la rotation solaire
et les espaces interstellaires ont été déterminés par les lois qui gouvernent
l'ondulation lumineuse. »
(') Outlines of Astronomy, p. 896.
[^) Popular Astronomy , p. 2o5, note au bas de la page.
( io65 )
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sui les équations linéaires simultanées et sur
une classe de courbes gaucties ['). Note de M. E. Picard, présentée par
M. Hermite.
tt Considérons le système d'équations linéaires simultanées
—y- — Cl, ,or, -+ ...-(- a,„x,i,
où l'on suppose que les coefficients soient des fonctions doublement pério-
diques de la variable t.
i> On pourra étendre à ce système les résultats que j'ai déjà eu l'honneur
de communiquer à l'Académie [Comptes rendus, i6 janvier 1880), rela-
tivement à une équation linéaire unique à coefficients doublement pério-
diques. Je me propose, dans cette Note, de considérer le système suivant,
formé de trois équations
fin . _
(I) { ^; = ^A« -ctv,
—-—~Bu-+- Cv.
Clt
» Ce système jouit de la propriété de coïncider avec son système adjoint,
tel qu'il a été envisagé par M. Darboux dans une Note récente sur les équa-
tions linéaires simultanées (Comyjies renf/us^ 16 mars 1880). A et B sont
des fonctions doublement périodiques de t aux périodes 2R et a/K.', et je
supposerai, ce que l'on pourra reconnaître aisément, que les intégrales sont
uniformes. Nous allons montrer qu'il y a toujours dans ce cas un système
d'intégrales formé de fonctions doublement périodiques de première espèce,
les périodes pouvant être, dans certains cas, 4K. et [\i¥J au lieu de 2K et
2iR'. Soit
(II) I //o V2 W2,
«3 »'3 ^^3
(') Une erreur typographique ayant été commise dans le dernier numéro pour l'impres-
sion de ce Mémoire, on le rétablit ici en entier. [Note du Secrétaire perpétuel .]
( io66 )
un système fondamental d'intégrales. On voit sans peine que
( ni ) U,„ Un + V^ V„ + ÎV„ W„ = C,„„,
772 et « désignant l'un des nombres i, 2, 3, et /«pouvant être égal à «; lesC
sont des constantes. Supposons d'abord que le système (II) soit formé de
fonctions de seconde espèce aux multiplicateurs respectifs X,, Xo, X3 etX'j,
X'2, X'3. Admettons que les constantes C,,, C22) C33 ne soient pas toutes
nulles; soit, par exemple, C,, différent de zéro : on aura alors nécessai-
rement \\, >,,'= i, ce qui démontre le théorème. Si ces trois constantes sont
nulles, il ne peut en être de même à la fois des trois autres, car les six
constantes C ne peuvent être nulles à la fois; on aura, par exemple, C,,
différent de zéro, d'où l'on conclut XjX, =: X', X'2 ; mais le déterminant formé
par le tableau (II) a une valeur constante différente de zéro : c'est ce que
l'on voit aisément. Ce qui montre que XjXjXj = X'jX'jX'j = i, d'où nous con-
cluons X3 = X'3 = I, ce qui établit notre proposition.
» Nous avons supposé qu'un système fondamental était formé de fonc-
tions doublement périodiques de seconde espèce. Supposons que nous
n'ayons que deux systèmes d'intégrales de cette nature, îf,, f,, iv, et m,,
fj, tVj. Nous pourrons compléter notre système fondamental par un sys-
tème Mo, l'o, u'2, tel que
ii2(«-f-2R) = X, «2(^)4- (ZM, (i),
i^2(' + 2R)=X, v._[i).-\- av^ {t),
a étant une constanlej et l'on a pour l'accroissement siK' des équations
analogues. Ceci établi, on conclura de ce que tous les C ne peuvent pas
être nuls, soit Xj = i, soitXg^i, soit X,X, = 1. Oron a d'autre part,
puisque le déterminant formé par le tableau (II) est une constante,
X^Xg = I, et l'on voit que dans ce cas il y aura toujours un des multipli-
cateurs X,, X3 égiil à l'unité.
» Enfin, dans lecas où iln'y aqu'un seul système d'intégrales doublement
périodiques M,, p,, n\, les deux autres systèmes jouiront des propriétés
suivantes :
[(^{t + aK) = X,î<3(f) -f- bu2{t), . . . ,
a et b étant deux constantes ; et, en employant le même genre de considé-
rations que précédemment, on établira que X, est égal à l'unité.
{ >o67 )
D Parmi les systèmes ayant la forme (i), j'envisage le suivant, qui offre
un certain intérêt en Géométrie,
du V
df
u tv
dw
•^-— -^^ — •%
. ., —— _
— ^_ ,
ds R
ds
R /•'
ds
(IV)
» Si R et r désignent les rayons de courbure et de torsion d'une courbe
gauche que nous supposerons exprimés en fonction de l'arc s de la courbe,
on a comme système d'intégrales de ces équations les neuf cosinus que
font avec les axes de coordonnées la tangente, la normale principale et la
binormale. Supposons que R et r soient des fonctions doublement pério-
diques de s, et telles que le système (IV) ait ses intégrales uniformes; la
proposition que nous venons d'établir fait connaître une propriété de ces
courbes : il existe une direction telle que la tangente, la normale princi-
pale et la binormale, pour tous les points de la courbe situés à une distance
les uns des autres égale à la période, font avec elle des angles respecti-
vement égaux. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur Informulé de quadrature de Gauss.
Note de M. O. Callandread, présentée par M. Hermite.
« Les Communications intéressantes de M. Radau sur le calcul approché
des intégrales m'engagent à présenter quelques remarques relatives à
l'emploi des fractions continues algébriques dans le calcul numérique des
fonctions.
1) Je ne sais pas si l'on a remarqué que le sens de l'erreur commise pou-
vait être connu a priori dans une classe étendue de formules de transfor-
mation analogues à celles de Gauss ; on peut même quelquefois obtenir une
expression approchée des termes complémentaires : c'est ce qui arrive pour
la formule de Gauss, en particulier, quand le rapport d'un terme au précé-
dent, dans le développement de la fonction
diminue à partir d'un certain terme, soit a.^nx'^'^ en conservant le même
signe : on a l'équation approchée très simple
i= n
a^x-ha, — -h a^-^-i- ■ ■■ = ce \ 1>J {pix) h- 2îifl2„( -
i = l
[ io68 )
avec les conditions
(i-t-r)' «=n
» Considérons cette formule de transformation, étudiée, il y a déjà
quelques années, par M. Hermite dans son cours à la Sorbonne :
Ao 4- A,jc -j- Aj^c-^ -h . . .
= P,/( p, a;) + P j/ (/?2a;) + . . . 4- P„/( /j„a?) + ea2„x="'+ £'«.„.„ ^"'^' + • • • .
V
Les quantités ^ et P sont les racines et les résidus de la réduite d'ordre n —
de
/■ \ Ao I Al I A] I
9(j:) = 1 ^H ;H ,
et les coefficients e tirent leur signification de l'égalité
^1 devient possible de décider du sens de
l'approximation.
» Fait-on encore cette hypothèse que le rapport d'un terme au précédent,
dans le développement de la fonctiony (a:), diminue en conservant le même
signe quand n augmente, les termes complémentaires demeureront infé-
rieurs à
"2/i^°"(£ -)- s'w^-i- £"w*a;^H- .. .).
' — — » Z = z{z — i) et X = x{x— i); l'identité
I.2.i...« / ^ = (— l)" I -^^ ,
écrite ainsi
D"X" I = I -^ ^ — az H- — I "i.2.3...Ai / r r:-,
( '««^O )
conduit, en faisant usage des fonctions F(«, ^, y) de Gauss, à ce résultat
. , , , c. \ 2 F ( I 4- «, I -t- /?, 2 H- 27?, - )
, , V .r--'' ' / 2.4.6. . .2" y I \ r '
Rv^^) — ^^ iTTr \ i.3.5...2«+J ^' ~T7 r
il — n, — /7, — 2 /?, -
Il suffit, pour le but proposé, d'évaluer le quolient des deux fonctions F du
second membre quand - est remplacé par w,r. En posant oia: = ,— | — :,> et
'■»•'' ^ (»+/)'
faisant usage de la formule (101) du Mémoire Disquisitiones générales circa
seriem
on a
F(i +n, 1 4-n, 2 -f- 2n, M.rl . .^^.„ Ffi -(- », -J-, « + |, .r')
1 v^\
F(— n, — n, — 2«, wa:) ^ "^ l {— «, -i-, — « + -j-, J'
» Quand n est assez grand, la fraction du second membre diffère peu de
l'unité. En simplifiant les coefficients numériques avec la formule de Wallis,
on obtient finalement
2 7:fl,„(^-j • >.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Théorème sur les e'quntions cubique
el biquadratiqiie. Note de M. Desboves.
« Lorsque les deux équations
(r) rtX' + éY' -I- ^XY= -^ lYX' = cZ\
(2) rtX'' + hX" + f/X^ Y= -;-y X' Y 4- g-XY' = cZ^
son[ telles, que les équations obtenues en égalant leurs premiers membres à zéro
ont chacune une solution en nombres entiers^ on peut déterminer une solution
(X, Y, Z) de l'une ou l'autre des équations (i) et (2), connaissant une solution
[x, y, z) d'une équation de même degré, par des formules qui donnent les in-
connues X, Y, Z exprimées, dans le cas de l'équation (1), par des fonctions du
troisième degré en [x,j, z), el, dans le cas de l'équation {2), par des fonctions
qui sont du quatrième degré pour les deux premières inconnues el du huitième
degré pour In troisième.
G. R., itSo, 1" Semestre. (T. XC, N" 18.) ' -^Q
( 1070 )
« On s'appuie, dans la démonstration du théorème, sur la résolution
des équations de la forme
X-+ AXY +BY== V%
X' -f- AX- Y -f- BXY- -h CY' = Y",
telle qu'elle a été donnée par Lagrange dans le Chapitre IX des Additions à
r^lgèbre d'Enter.
« Quand a ou £» est de la forme ar, + Aa?,^, -+- Bjj dans le cas de l'équa-
tion cubique et de la forme
x^ + Aœ-^y, -i-Bx,x'l -r-Cj-^-h {A.- — 2B)jrf s,
+ (AB - 3C)^, j; z, -h ACj'J s, -h (B- - 2 AC)^, s? + BCj, sf -f- C^zJ
dans le cas de l'équation biquadratique, on peut encore obtenir d'autres
formules par les méthodes de Lagrange.
B Comme application du théorème général, on trouve sans peine les
formules que M. Lucas a données dans le numéro du 12 avril dernier.
» En faisant connaître le théorème précédent, mon but a été surtout
d'appeler de nouveau l'attention sur l'importance du Chapitre IX. »
THERMODYNAAIIQUE. — Equation générale donnant la relation qui existe pour
tous les liquides entre leur température et la tension maxitnum de leurs va-
peurs à celte température. Note de M. R. Pictet.
» Cette Note est destinée à exposer sommairement le résultat de notre
étude sur le pouvoir volatil des liquides.
» On sait que les beaux travaux de Regnault sur le pouvoir volatil des
liquides ont conduit cet illustre physicien à une série de formules d'inter-
polation qui resteront classiques. Chaque liquide a sa formule empirique
qui lui est propre.
» L'équation générale que nous allons développer est tirée directement
de la Théorie mécanique de la chaleur, et sous une forme finie, dont l'inté-
gration complète a été possible, elle contient la totalité des équations d'inter-
polation de Regnault pour tous tes liquides volatils connus., c'est-à-dire qu'elle
donne la tension maximum d'une vapeur quelconque à n'importe quelle
température.
)) Pour l'intelligence des raisonnements qui vont suivre, nous rappelle-
{ «o/f )
rons que, pour tout corps liquide passant à l'état de vapeur, on distingue
les éléments calorifiques suivants :
» >, chaleur latente de volatilisation à une température /;
» c, chaleur spécifique du liquide;
» k, chaleur spécifique des vapeurs;
» P, tension maximum des vapeurs à la température t;
• 3, densité des vapeurs, variable suivant la loi des covolunies.
). De plus, nous rappellerons que les vapeurs saturées en contact avec
leur liquide générateur conservent rigoureusement la même tension, pen-
dant la condensation ou pendant la vaporisation, tant que la température
est invariable.
» Considérons maintenant le cycle «uivant, qui est complet et parfaite-
ment réversible.
i> Je prends comme point de départ arbitraire une température t', que
je suppose plus élevée que la température variable t. A cette température t',
je volatilise dans une chaudière i^^ de liquide quelconque sous la pression
P'. Je fais entrer les vapeurs formées dans un cylindre maintenu constam-
ment à la température ^',etje laisse détendre les vapeurs de la pression P'
à la pression P inférieure.
« Pendant la détente, les parois du cylindre maintiennent les vapeurs à
la température t'. Au sortir du cylindre, les vapeurs entrent dans un échan-
geur de température, qui ramène dans la chaudière, par un tuyau central,
le liquide condensé dans un réservoir (maintenu à la température t infé-
rieure à i'). Les vapeurs sortent à la température t de l'échangeur et pénè-
trent dans le condenseur, où elles se liquéfient sous la pression P et à la
température t. De là le liquide entre dans l'échangeur, et, comme la cha-
leur spécifique du liquide est toujours supérieure à celle des vapeurs, en
rencontrant dans l'échangeur un poids égal de vapeur, la température du
liquide ne sera jamais égale à t', mais elle sera inférieure, et la chaudière if
devra lui restituer la différence.
)) Le cycle est fermé et absolument complet : nous avons pris i''^ de li-
quide à la température t' au début, et à la fin nous avons également i''s de
liquide dans les mêmes conditions de température et de pression.
» Nous allons calculer quelle est la somme des quantités de chaleur à
fournir à la température l', puis nous appliquerons le second principe mé-
canique de la chaleur pour savoir quelle est la quantité maximum de tra-
vail que l'on peut obtenir entre les limites t' et t.
» Nous égalerons cette quantité de kilogrammètres au travail effectué
{ '072 )
pai' la détente sur le piston moteur, et de cette équation nous déduirons la
valeur de P en fonction de t. Nous aurons ainsi obtenu I.1 relation cherchée
qui nous fera connaître la tension maximuni des vapeurs d'un liquide à
n'importe quelle température t.
» Nous remarquerons que la chaudière fournit trois quantités de cha-
leur à t'.
V 1° V, chaleur de volatilisation du liquide à i';
F
» 2° TTJ chaleur fournie par les parois du cylindre inoleur pendant la délente des vapeurs
et la production de F kilogrammètrcs;
» 3° (c — ^) [t' — t), chaleur nécessaire pour ramener le liquide sortant de l'échangeur
à la température t' ,
» Appliquons le second principe, et appelons 274 -■ <' la température
absolue centigrade de la chaudière; il vient
(0 [x'H-(c--/t)(^'-0-^']^^ = F-
» Telle est l'équation mère du problème sous sa forme finie, intégrée
entre t' et t.
)) Reste à déterminer F, le travail du piston sous l'action de la vapeur.
Si l'on suppose que la densité des vapeur^ est constante, c'est-à-dire que
la loi de Mariotte et de Gay-Lussac s'applique rigoureusement, on trouve
pour l'expression du travail F l'équation suivante
V
, io333(274 + t') r^^p
^^-' 'i,2935X'274 J V -<.■ '
d'où
/ON T^ io333x (274+^') ,/P'\ , .,
3 ) F = ^ycir—r^ / 15- kilogram me très.
^ ' i,2g3(îX374 \P/
Si, au contraire, on admet que 0 varie suiv.mt la loi des covolumes, il
faut partager le travail du piston en trois parties :
» 1° Admission de la vapeur sous pleine pression P', travail positif;
« 2° Détente des vapeurs de la pression P' à P; dans cette détente, 3 est fonction de la
pression, et l'iotégration est de la forme
V
«77
travail de détente positif;
( '073 )
» 3" Rttour du piston sous la pression P; ce travail est négatif, puisque le sens du mou-
vement est opposé à la pression.
» Ce problème d'Analyse est compliqué de difficultés tirées de l'iiité-
gration de l'équation; nous n'exposerons que le résultat.
» Si l'on fait la somme algébrique des trois périodes correspondant au
travail des vapeurs, en tenant compte de la loi des covolumes, et qu'on
l'égale à la valeur de F tirée de l'équation (3), on trouve que la valeur
numéfi(jue est identique si l'on donne à â, dans l'équation (3), la valeur
de â pour la température t.
» Or, par les travaux de Regnault et de M. Hirn, cette valeur est
connue pour plusieurs liquides et vapeurs. L'équation générale se simplifie
beaucoup par ce fait et rentre complètement dans les problèmes élémen-
taires. En effet, nous n'avons qu'à substituer dans l'équation (i), à F, sa
valeur tirée de l'équation (3), en nous rappelant que â correspond à la
température t, et nous obtiendrons l'équaliou générale cherchée
{f^) { 2,4 + i'
__ io333x(274 + <')^/P'^
1,293^X274 Vi*
» Eu réduisant cette équation et sortant M tj)' on arrive à h forme dé-
finitive
f^^ ./P'\ _[X'+(c-^-)(f'-0]43O< 274x1, 293 J(<'-0
P) '■[pj— 1 0333(274 H- /'){ 374 -f-0
1) Telle est la relation générale pour tous les liquides entre la pression
variable P et la température correspondante t.
» Nous allons montrer, pour l'eau spécialement, combien cette for-
mule est ricjouremej car nous connaissons tous les paramètres avec exacti-
tude.
» Prenons
t' — 200°.
X'==464^"',3.
» Choisissons successivement pour t les températures
t^iSo", / = 100°, ^ = 82", ^ = /iO°, < = o".
( I074 )
» Nous calculerons la pression correspondante P et nous formerons le
Tableau suivant :
Valeurs de t.
Valeurs de S.
p (Regnault).
p (calculé)
o
i5o
o,654
358 1,23
3580,17
I20
0,640
1491,28
I 492 , 00
lOO
o,632
760,00
760,50
82
0,627
384,43
384, 5i
5o
o,6i5
9''98
91,82
20
0,608
•7.^9
17,43
0
o,6o3
4,60
4,59
» Le Tableau qui précède montre clairement qu'aucune formule d'in-
terpolation ne suit plus rigoureusement les résultats de l'expérience.
» Nous avons appliqué la même formule au sulfure de carbone, à la
benzine, à l'acide sulfureux, à l'ammoniaque, à l'étlier sulfurique et à tous
les liquides pour lesquels nous avons pu obtenir des paramètres précis.
Dans toute l'étendue des vérifications expérimentales, l'accord a été com-
plet comme pour l'eau. »
PHYSIQUE. — Résumé des lois qui récjissent la matière à l'état spliéroidal.
Note de M. P. -H. Boctigny.
« Première loi. — Température. — La température des corps à l'état
sphéroïdal est toujours inférieure à celle de leur ébullition ; elle est de
+ 97° pour l'eau.
» Deuxième loi. — Anéquilibre de température. — Le corps à l'état sphé-
roïdal ne se met jamais en équilibre de température avec le vase qui le
contient; sa température est toujours dans un état d'équilibre stable, qu'il
soit dans une capsule à l'air libre ou dans le moufle d'un fourneau à
coupelle. Mais, si le corps à l'état sphéroïdal ne se met pas en équilibre de
température, la vapeur qui en émane s'y met toujours. Ces deux phéno-
mènes se manifestent très nettement lorsqu'on opère dans une sphère
creuse, disposée ad hoc.
» Troisième loi. — Pœflexion du calorique rayonnant. — La matière à
l'état sphéroïdal réfléchit le calorique rayonnant.
» Quatrième LOI. — Volume et masse des sphéroïdes. — Les volumes de
la matière à l'état sphéroïdal sont en raison inverse de leur densité, et
leurs masses sont égales entre elles.
( <075 )
» Cinquième loi. — Force répulsive à dislance sensible. — Cette loi est
la plus importante de toutes, la plus riche en déductions, car nous la
considérons comme l'antagoniste de l'attraction universelle.
» Sur le sol du Panthéon, dans l'axe de la coupole, on place sur un
bon feu de charbon une large capsule de platine, dont on élève la tem-
pérature le plus possible. Cette disposition étant prise, on verse du haut
du Panthéon (70" de hauteur environ) de l'eau qui tombe dans la capsule
sans la mouiller, et qui passe à l'état sphéroïdal instantanément.
» On recommence l'expérience en plein air quand il pleut ou quand il
tombe de la gréle, et les résultats sont les mêmes que dans l'expérience
du Panthéon. Peut-on dire que, dans ces expériences, l'eau et la grêle
sont soutenues dans la capsule par la vapeur qui les enveloppe? Non, assu-
rément; elles sont repoussées instantanément par la force répulsive que la
chaleur fait naître dans la capsule.
» Opérons maintenant avec des corps non volatils qu'on ne peut pas
distiller, mais que la chaleur décompose.
» On chauffe la capsule comme précédemment et l'on y projette de petits
fragments de cire, de suif, d'acide stéarique ou margarique, ou bien quel-
ques gouttes d'acide oléique ou d'une huile fixe, et voici ce qui se passe :
comme les mouvements moléculaires ne se transmettent pas avec une
très grande vitesse, le corps expérimenté reste suspendu sur la capsule
sans vapeur et sans gaz provenant de sa décomposition ; ensuite les gaz pro-
venant de sa décomposition se dégagent, non de sa surface, mais de son
intérieur : ils s'enflamment et le sphéroïde disparaît.
» Évidemment le corps en expérience n'étant pas volatil, ne donnant
pas de vapeur, et les gaz provenant de sa décomposition n'étant pas encore
produits, ce corps ne peut être soutenu au delà du rayon de l'activité
physico-chimique de la capsule que par la répulsion de celle-ci. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Dissociation de l'hjdrate de bulylchloral. Note
de MM. R. Engel et Moitessier, présentée par M. Wurtz.
« La densité de vapeur de l'hydrate de butylchloral n'a été prise qu'une
fois par Krâmer et Pinner, qui, alors, considéraient ce corps comme de
l'hydrate de crotonchloral.
» Ces chimistes n'indiquent ni le procédé dont ils ont fait usage ni la
température à laquelle ils ont opéré. Le poids moléculaire de l'hydrate de
( lo-jG )
crotonchloral étant 191,5, Krâmer et Pinner ont trouvé 24,58 pour den-
sité par rapport à l'hydrogène, soit sensiblement le huitième du poids mo-
léculaire, et par suite le quart de la densité théorique. Ils admettent donc
comme vraisemblable la décomposition de la molécule d'hydrate de cro-
tonchloral en quatre molécules : eau, oxyde de carbone, acide chlorhy-
drique et dichlorallylène.
» Les résultats auxquels nous sommes arrivés diffèrent coiiiplètement de
ceux de Krâmer et Pinner.
» Une densité de vapeur de l'hydrate de bufylchloral, prise par la mé-
thode d'Hoffman dans un courant rapide de vapeur d'essence de térében-
thine (rectifiée; ébuUition, 160°), adonné par rapport à l'air le chiffre 3,328.
» Densité théorique pour 2^°' = 6, 7. La densité trouvée correspond donc
à 4^°' de vapeur. Par le refroidissement de l'appareil, l'hydrate de butyl-
chloral s'est reformé : il n'y avait donc pas eu décomposition,
» Tja dissociation de ce composé est, d'autre part, rendue évidente par
les faits suivants :
» a. L'hydrate de butylchloral n'a pas de point d'ébullition. Il commence
à passer à la distillation à 100°. Le thermomètre s'élève rapidementet reste
stationnaire à i65°, point d'ébullition du butylchloral anhydre. Le liquide
qui distille alors ne se solidifie plus par le refroidissement : c'est du butyl-
chloral anhydre.
» b. A 100° déjà, la tension de vapeur de l'hydrate de butylchloral est
supérieure à la pression atmosphérique : environ o'",S6o.
» c. On sépare facilement l'eau du butylchloral anhydre en distillant
l'hydrate avec du chloroforme.
» d. La dissociation a lieu même lorsque le corps affecte l'état liquide.
Lorsqu'on chauffe l'hydrate de butylchloral au-dessus de son point de
fusion, on voit, en effet, le liquide se troubler, puis même se séparer en
deux couches : une inférieure, qui est une solution aqueuse saturée d'hy-
drate de butylchloral ; une supérieure , formée par du butylchloral
anhydre.
» e. Enfin, l'hydrate de butylchloral n'est plus volatil en présence delà
vapeur d'un des produits de sa décomposition à une tension supérieure à
la tension de dissociation du composé à la même température.
» Pour prouver ce fait, nous avons déterminé les tensions de dissocia-
tion de l'hydrate de butylchloral. Ces tensions ne sont qu'approchées. La
dissociation est, en effet, toujours très lente en présence d'une certaine
quantité des produits de dissociation. Dans la vapeur d'alcool, par exemple,
( >o77 )
après deux heures de chauffe, le mercure baissait encore sensiblement
entre deux lectures faites à dix minutes d'intervalle. ^
» Quoi qu'il en soit, voici les tensions observées :
0 m
A i6,8 o,oi83
A 46 , o o , 0628
A 65 , o . . 0,1 aSo
A 78,4 o,33io
» Deux densités de vapeur prises dans de la vapeur d'eau à une tension
inférieure à la tension de dissociation de l'hydrate ont démontré que, dans
ces conditions, la dissociation a lieu comme dans le vide :
Température. Tension de l'eau. Densité trouvée.
100° t)™,3386 3,55
100° o",4759 3,5o
» A 65°, il nous était possible de mettre de l'hydrate de butylchloral en
présence de vapeur d'eau à une tension supérieure à la tension de disso-
ciation du composé. Dans ces conditions, le niveau du mercure resta le
même avant et après l'introduction de l'hydrate de butylchloral. l^e tube
barométrique fut alors chauffé à 100°, de manière à déterminer ladissocia-
tion. En ramenant la température à 65°, le mercure se fixa au même
niveau que précédemment. Enfin l'on introduisit, en continuant à main-
tenir la température à 65°, du crotonchloral anhydre, et, après quelques
oscillations dues au liquide froid introduit, le mercure monta très lente-
ment, mais d'une manière continue, dans le tube, et se maintint finalement
à près de o™, 02 au-dessus du niveau primitif.
o Nous apportons donc une nouvelle preuve à l'appui de la loi que nous
avons déjà formulée : La dissocialion d'un corps dont les deux composants
sont volatils n'a plus heu en présence de la vapeur d'un des composants à une
tension supérieure à la tension de dissociation du composé. »
CHIMIE ANALYTIQUE. — Sur le dosac/e de la gljcérine dans tes vins.
Note de M. Raynaud, présentée par M. Wurtz.
« Depuis que M. Pasteur, dans ses travaux remarquables, a montré
parmi les produits de la fermentation alcoolique la présence constante de
G. R., 1880, 1" Semestre. (T. XC, N» 18.) I 4^
( '078 )
la glycérine et de l'acide succinique, on sait que ces deux substances se
trouvent dans le vin.
» Les chimistes qui font l'analyse du vin au point de vue des adultéra-
tions qu'il a pu subir sont donc amenés à doser dans ce liquide non seu-
lement l'alcool , mais encore la glycérine et l'acide succinique qu'il renferme ;
en effet, la détermination du rapport entre ces trois principes permet seule
à l'expert de découvrir s'il y a eu addition d'alcool pur au vin.
» M. Pasteur a indiqué la marche à suivre pour opérer ce double dosage;
d'autres procédés, ayant le même but, ont été depuis recommandés.
M J'ai mis les divers procédés en pratique dans les recherches de falsifi-
cation des vins, au laboratoire municipal de la Préfecture de police.
» J'ai observé que le dosage de la glycérine se fait exactement sans dif-
ficulté quand on opère sur les vins purs, tandis que ce même dosage donne
des résultats erronés lorsqu'on l'effectue sur les vins qui ont été plâtrés et
qui renferment toujours du sulfate de potassium.
» Dans ce dernier cas, j'ai toujours obtenu une séparation incomplète,
et la glycérine pesée renfermait constamment du carbonate de potassium
et des matières extractives.
» Dix analyses de vins plâtrés ont ainsi donné les chiffres suivants,
pour i'" :
Glycérine impure renfermant 6" h lo^"'
Glycérine 3,5 5,o
Carbonate de potassium o,5 i ,o
Matières extractives 2,0 ^,0
» Les résultats ont toujours été d'autant plus défectueux que le vin
soumis à l'analyse renfermait plus de sels potassiques.
» J'ai cherché la cause de ces faits; je crois la trouver dans la propriété
que la glycérine possède de dissoudre notablement les sels potassiques et
un grand nombre d'autres substances.
» L'expérience m'a montré que ce pouvoir dissolvant subsiste encore
dans une liqueur élhéro-alcoolique et j'ai observé de plus, tout particu-
lièrement, qu'une solution éthéro-alcoolique de glycérine peut dissoudre
en même temps du carbonate de potassium et des matières extractives.
» J'explique ainsi comment l'extrait d'un vin pur ne renfermant pas
plus de 2^'' à 3^"^ de tartre par litre, soit de o, 4 à 0,6 de potassium à l'état
de carbonate ou d'hydrate, abandonne la glycérine presque pure, par le
traitement avec l'alcool éthéré, tandis que, par le même traitement, un vin
plâtré qui contient de 4^"" à 5^"^ de sulfate de potassium, soit de 16^^,8 à a^'^aS
( '079 )
de potassium, et dont l'extrait devient très alcalin, cède à l'alcool élhéré,
avec la glycérine, une notable quantité de carbonate potassique et une
proportion correspondante de matière extractive.
» De fait, au milieu d'un mélange d'alcool et d'élher, la glycérine dis-
sout ainsi d'autant plus de matières exfraclives qu'elle tient d'abord en
solution plus de carbonate de potassium. Cette observation m'a conduit à
modifier la pratique suivie quand il faut doser la glycérine dans un vin
plâtré, et, dans ce cas, voici comment j'opère.
» Le vin réduit par évaporation au cinquième de son volume est addi-
tionné d'acide hydrofluosilicique, puis d'alcool; les métaux alcalins sont
ainsi précipités, et l'on peut recueillir les fluosilicates si l'on veut doser le
potassium et le sodium. On ajoute ensuite de l'hydrate de baryte en léger
excès, puis on évapore le tout dans le vide sur une certaine quantité de
sable quartzeux destiné à diviser la masse extractive. On épuise par un
mélange d'alcool et d'éther absolument purs, on évapore lentement la
solution et l'on abandonne le résidu dans le vide sec, pendant vingt-
quatre heures, au-dessus de l'anhydride phosphorique.
» La glycérine ainsi obtenue est à très peu près pure; par incinération,
elle ne laisse que quelques milligrammes de cendres.
» Pour vérifier la pureté de la substance que j'obtiens, je me base sur
ce que la glycérine distille sans altération dans le vide à la température
de i8o°, tandis que les matières étrangères qu'elle peut renfermer ne
subissent pas de décomposition à cette même température, et je fais la
distillation dans le vide à l'aide d'un appareil très simple.
» Un tube de verre est disposé horizontalement dans un bain de paraf-
fine; on glisse jusqu'au milieu de ce tube une petite nacelle tarée renfer-
mant la glycérine impure; on ferme une extrémité du tube, on met l'autre
extrémité en communication avec une machine à faire le vide.
j> La température du bain est élevée progressivement jusqu'à i8o° et
maintenue à ce point, puis le vide est fait dans le tube.
» Toute la glycérine se volatilise peu à peu; elle se condense en grande
partie à l'extrémité froide du tube; après quelque temps, il ne reste plus
dans la nacelle que les matières étrangères fixes. On rend l'air, on relire la
nacelle et l'on en prend le poids.
» Comme contrôle, on reporte cette dernière dans le tube et l'on expose
de nouveau dans le vide, à la température de 180°, le résidu pesé. Une
heure après, on pèse de nouveau : on n'observe pas généralement de
perte sensible. Le poids du résidu fixe, s'il y en a, peut être retranché du
( io8o )
poids initial de la glycérine, et cette dernière est ainsi dosée par différence.
» La glycérine dosée dans les vins plâtrés et soumise à cette épreuve ne
m'a jamais donné un dixième de son poids de matière fixe, lorsque j'ai
séparé préalablement le potassium à l'état de fluosilicate.
» Cette méthode par volatilisation de la glycérine peut être appliquée à
un dosage rapide en opérant directement : l'extrait de lo'^'^ de vin est neu-
tralisé par une liqueur alcaline, puis desséché dans le vide à la température
ordinaire. L'extrait neutre est pesé, exposé dans le vide à la température
de i8o° et pesé de nouveau : la perte de poids représente la glycérine.
» Des essais sont entrepris au Laboratoire municipal, sur les échantillons
de vin qu'on y soumet journellement à l'analyse, à l'effet d'établir une
table de correction applicable à ce dosage par différence, m
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la légumine. Note de M. A. Bleunard.
« J'ai opéré avec la légumine retirée des pois comme je l'avais fait pré-
cédemment avec la matière organique de la corne de cerf(').
» Voici les nombres trouvés pour loo^"^ de légumine chauffés dans un
autoclave à i5o° pendant quarante-huit heures avec Soo^"^ d'hydrate de
baryte :
er
Ammoniaque 4»^
Acide carboniqne 3 , i
Acide oxalique 4»^^
Acide acétique 2,8
» Poids du résidu fixe : loo^'.
» L'analyse élémentaire du résidu fixe conduit à la composition centé-
simale suivante :
c 46.4
H 7,64
Az 12,76
» On conclut de ces nombres que la réaction de l'hydrate de baryte sur
la légumine conduit sensiblement aux mêmes résultats que l'action de
l'hydrate de baryte sur l'albumine. Il y a production d'un peu plus d'acide
carbonique et d'un peu moins d'acides oxalique et acétique. Le résidu fixe
(' ) Combles rendus, t. LXXXIX, p. gSS; 1879.
( io8i ;
est sensiblement de la forme C^H-^Az^O^javec m = 8, 5, se rapprochant
beaucoup de la constitution du résidu fixe de ralbiiminc. Mais les diffé-
rences entre les constitutions de ces deux résidus fixes s'accusent plus net-
tement quand on considère l'analyse immédiate du résidu fixe de la légu-
mine. J'ai trouvé en effet pour too^"^ de ce résidu fixe :
er
Tyrosine 3
C'»e"Az'0' et leucine valérique (C'H"AzO'). . 3i
C'H'»Az'0* i5
C'H'*Az'0' et alanine fC^H'AzOM 5i
» Nous avons pour la légumine un excès desglucoprotéines C'H'^Az^O'
et C'°H=''Az'0\ tandis que la glucoprotéine CH'^Az^O', qui est domi-
nante dans l'albumine, devient plus rare dans la légumine (*). »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la gélose. Note de M. PoRruiBARU.
« Depuis'plusieurs mois je m'occupe d'un travail sur la gélose, travail dif-
ficile et long à cause des matières non cristallisées que l'on obtient à chaque
instant. La Note que M. Morin a publiée dans les Comptes rendus sur la
même matière m'oblige à faire connaître les résultats que j'ai obtenus jus-
qu'à ce jour, quoique mon travail soit loin d'être achevé.
» Payen, qui le premier a étudié quelques-unes des propriétés de la
gélose, lui a assigné la composition suivante (^) :
C 42.770
H 5,775
0 5i,445
» Ayant repris cette étude dans le but de préciser les fonctions chimiques
de ce corps, j'ai trouvé, d'après mes analyses effectuées sur un produit pré-
cipité plusieurs fois de sa solution aqueuse, les chiffres suivants :
1. II.
C 44.09 44>34
H 6,20 6,36
0 49.89 49. 3o
déduction faite de 3,5 pour 100 de cendres.
Ce travail a été exécuté au laboratoire de M. Schûizenberger, au Collège de France,
Comptes rendus.
( I082 )
» La formule de la gélose, déduite de ces nouveaux résultats, serait
formule analogue à celle de l'amidon de la lichénine, de l'inuline et de la
tunisine.
1) L'action prolongée de l'eau à l'ébullition transforme progressivement
la gélose en une matière réduisant la liqueur cupropotassique et ne se pre-
nant plus en gelée par le refroidissement.
» Entre i5o° et i6o° en tube fermé, la gélose est complètement trans-
formée par l'eau au bout de vingt-quatre heures en un produit ulaiique,
insoluble dans l'eau, et un autre corps soluble réduisant la liqueur cupro-
potassique et déviant à gauche le plan de polarisation. Après évaporation à
ioo° dans le vide, sa composition centésimale a été trouvée la suivante :
C 35,64 35, ■jo
H 7,10 7,08
0 57,26 57,22
» Elle est représentée par la formule
formule analogue à celle de la glucose plus r équivalent d'eau.
)) Ce produit, fort hygroscopique, ne fermente pas sous l'action de la
levure de bière.
» o^', 2, dissous dans loo*^*^ d'eau et renfermé dans un tube de o™, 20 de
longueur, dévie de — ^''So'le plan de polarisation; So*^*^ de cette liqueur
réduisent 10" de la liqueur cupropotassique normale; pouvoir réducteur à
peu près égal à celui de la glucose.
)) La composition centésimale du produit ulmique, de couleur brune,
est la suivante :
C 64,22 63,67
H 4>42 4,5i
0 3i,36 31,82
1) Pour les températures intermédiaires depuis 100° jusqu'à i5o° et pour
des espaces de temps moindres de vingt-quatre heures, les réactions indi-
quées plus haut sont plus ou moins complètes. A i3o°, la gélose dissoute
est abandonnée par le refroidissement sous forme de gelée compacte, que
surmonte un produit réduisant la liqueur cupropotassique. A i4o°, on ob-
( io83 )
tient trois produits : un liquide réducteur, une gélose floconneuse et un
produit ulmique.
n Une solution d'acide sulfiirique à — -^ transforme, à loo", la gélose en
un produit ulmique et une liqueur qui ne se prend plus en gelée et qui
réduit la liqueur cupropotassique. Cette substance, évaporée dans le vide,
fournit un corps soluble dans l'alcool et cristallisant en longues aiguilles,
et un corps insoluble dont la composition centésimale est la suivante :
c 44,10 43,75
H 6,ao 6,3o
0 49'7o 49'95
formule analogue à celle de la gélose. Ce produit ne fermente pas sous
l'action de la leviire de bière.
» Le chlorure d'acétyle donne, à 100° en tube scellé, un produit soluble
qui ne réduit pas la liqueur de Fehling, et un autre corps de couleur
jaune insoluble dans l'eau et soluble dans l'alcool.
» On voit, par ce qui précède, que mes résultats différent en plusieurs
points de ceux obtenus par M. Morin.
» Ce travail, que j'ai l'intention de poursuivre, a été exécuté au Collège
de France, dans le laboratoire de M. Schûtzenberger, que je tiens à remer-
cier pour les conseils et l'appui qu'il m'a toujours donnés. »
MÉTÉOROLOGIE. — Variations de la température avec V altitude pour les grands
froids de décembre 1879 dans le bassin de la Seine. Note de M. G. Lemoine,
présentée par M. Lalanne.
« Dans le bassin de la Seine, de même qu'aux environs du Puy-de-Dôme,
les grands froids du mois de décembre 1879 ont été moins intenses dans
les stations très élevées que dans celles d'une altitude ordinaire.
» Ce fait remarquable est constaté par le relevé suivant des thermo-
mètres minima qui ont été confiés à un certain nombre d'observateurs du
service hydrométrique du bassin de la Seine. Les plus basses tempéra-
tures de décembre 1879 ont eu lieu du 9 au 10 et du 16 au 17. Les mi-
nima observés sur le massif du Morvan à des altitudes de 600" à 900" sont
inférieurs de plusieurs degrés à ceux qui ont été constatés dans la région
environnante du Nivernais et de la Bourgogne, à des altitudes variant
( io84 )
entre 4oo™ et loo™. A Paris et à Senlis, le froid n'est guère moindre qu'à
Clamecy et à Tonnerre.
Altitude.
ID
902
DuSau 10.
0
— 22,5
Du 16 aui8,
-l3°o?
800
— 17,0
— i3,o
65o
— 17,0
— 17,0
596
-18,0
-.5,2
Plus basses températures
minima.
Haut-FoUin, point le plus haut du Morvan.
Les Coureaux, col situé entre le Haut-FoUin
et les sources de l'Yonne
La Croisette,prèsdu Haut-Follin, au lieu dit
£ois-l'Abbesse
Les Settons (Nièvre), près des sources de la
Cure
Pannetière (Nièvre), près Montreuillon, sur
la rivière d'Yonne 276
La Colancelle (Nièvre), point de partage du
canal du Nivernais 279
Clamecy (Nièvre) 147
Avallon (Yonne) 240?
Tonnerre (Yonne) i4o
Vassy (Haute-Marne). . . . i83
Saint-Maur, près Paris. . 89
Senlis (Oise) . . 61
» Ce moindre refroidissement dans les hautes régions se trouve exprimé
non seulement par les températures minima, mais encore par les tempéra-
tures les plus élevées atteintes dans les vingt-quatre heures. A ce point de
vue, nous disposons seulement d'observations faites avec des thermomètres
ordinaires, vers 2''de l'après-midi. Elles montrent bien que dans la journée
on avait sur le massif du Morvan des températures relativement assez
douces, tandis que dans les pays environnants, le froid se maintenait avec
une grande rigueur :
-26,5
-24,6
— 25,5
—28,0
—28,2
—22,0
—27,0
-24,0
— 21 ,0
-'9,8
-24,8
-20,9
—26,2
-28,0
TEMPÉKATCRES OBSERVÉES
le 9 décembre.
Les Settons Sgô
Pannetière 276
Clamecy i47
Avallon 240
Saint-MaurprèsParis(') 89
Altitude. Minima.
m 0
-4-5
— 22,0
— 24,0
— 22,5
-22,8
K 2^.
o
— 6,0
— 10,0
— 12,4
— 12,5
— 8,9
le 10 décembre.
Minima. A 3*^.
o
- .,5
- 9>7
— i8,o
— 22,0
-25,5
— 23,2
le 1 1 décembre.
Miaima. A a"".
0 o
— 18,2 — 3,o
— i5,o — 5,o
- 8,1
— 10, o
—24,8 — 5,6
-i3,5
— 12,5
-18,5
—0,1
-8,5
-5,4
(') Pour la station de Saint-Maur, les températures inscrites au-dessous des observations
de a*" ont été constatées avec un thermomètre à maxima.
( io85 )
» Ces différences ne sont pas moins remarquables du 18 au 38 dé-
cembre, car à celte époque la température remonte chaque jour l'après-
midi au-dessus de 0° pour la slalion des Sellons, tandis qu'à de basses alti-
tudes elle reste généraleniput au-dessous. Dans l'une des stations élevées,
à la Croisetle (allilude 650™), près du sommet du Morvan, on remarque
que du 18 au 28 le ciel est entièrement pur, jour et nuit, pendant que dans
la plaine il y avait presque continuellement du brouillard et du givre.
Températures observées vers î"" do l'après-niirli.
Altitude.
18.
19.
•20.
21.
09
Les Sellons
m
5q6
0
0,8
0
0,0
3", 0
0
8,5
0
7,2
Pannetière.
276
— 2.0
— 2,2
-1,8
—2,2
2,0
Clamecy. . .
Avallon . . .
'47
2^0
-5,7
-4,5
-t;,2
-4,5
-8,0
-4,5
-G,:i
— 2,0
-5,7
-1,0-
Saint- Maur
p. Paris. .
39
-3,2
-2, G
-1-1
-3,8
-6,8 .
23. 24. 20. 20. 27. 28.
o où n o o
7,0 10,0 7,0 5,7 6,0 5,7
■1,8 3,0 0,2 — 1,0 — 1,8 3,0
5,7 —8,0 — 6,9 — 7,6 —10,0 —9,4 —4,4
-3,o — 1,5 — 2,5 — 5,0 —5,5 i,5
3,3 — 0,7 -4,2 — 1-5 —2,2 —7,4
» Ces observations, déjà communiquées à la Société météorologique en
mars 1880, sont d'accord avec les remarques faites par M. Alluard et
M. Faye dans la séance du 5 avril 1880. Pendant les grands froids de
décembre 1879, corrélatifs des hautes pressions, il y a eu interversion
dans la loi habituelle de variation des températures avec l'altitude. »
ZOOTECHNIE. — Sw la variabilité des mamelles chez les ovidés des basses Cévennes.
Note de M. V. Tayon.
« Dans une première Note insérée aux Comptes tendus le 19 avril, j'ai
fait connaître à l'Académie le résultat de mes observations relativement à
l'existence des quatre mamelles chez les ovidés des basses Cévennes. J'ai
riionneur aujourd'hui d'ajouter quelques développements relatifs à cette
question.
w Le i5 février, à f.aunas, j'ai examiné chez M. Gauthier, propriétaire,
une bête du Larzac pourvue de six tétines également développées. L'agneau
mâle qu'elle nourrissait présentait lui-même quatre mamelons et prenait
indifféremment l'un des six mamelons. M. Gauthier m'a affirmé qu'il
avait livré l'an dernier au boucher une bête larzac pourvue de huit tétines
qui donnaient toutes du lait.
1) J'ai eu l'occasion, le 3o avril, d'examiner dans mon laboratoire, à l'École
<;. R,,i»8o. I" Semeitre. {T.XC, N» 18.) '4'
( io86 )
d'Agriculture de Montpellier, une brebis du Larzac pourvue de quatre tétines.
Une dissection minutieuse me permet d'affirmer que chacun des mame-
lons correspond à une glande indépendante et isolée. On retrouve, comme
chez la vache, deux masses glandulaires latérales séparées par une cloison
médiane, formée de tissu fibreux jaune. Les deux mamelles du même côté
ne sont séparées que par du tissu conjonclif peu serré, mais sont cependant
complètement indépendantes.
» Enfin, j'ai vu encore, dans les environs de Saint-Georges, une chèvre
à quatre tétines, ce qui semble indiquer qu'il y a, chez toutes les bêtes dont
les mamelles fonctionnent anormalement, une tendance à l'hypertrophie
et à l'augmentation du nombre des glandes mammaires. »
zoOLOGir;. — Sur la structure de quelques Coralliaires . Note de M. C. Merej-
KowsKY, présentée par M. de Lacaze-Duthiers.
(' Parmi les Coralliaires, ce sont surtout les Actinées qui ont été étudiéea
le mieux. Le manque presque absolu de faits concernant la structure micro-
scopique des autres groupes m'a décidé à entreprendre une étude spéciale
(le quelques espèces communes dans le golfe de Naples, comme l'As-
troïde, etc. Voici les résultats auxquels je suis arrivé.
» Vectoderme, étudié à l'aide des coupes et de la macération, s'est montré
composé des éléments suivants :
M 1° Cellules ectodermiques ordinaires de formes très allongées, forte-
ment déprimées et dilatées à l'extrémité supérieure, qui n'vst constamment
munie que d'un cil unique. Sous ce rapport, les cellules ectodermiques de
l'Astroïde se distinguent très notablement de celles des Actinies décrites par
M. Heider, qui ont toujours plusieurs cils fort courts.
» 2° Les cellules précédentes, mais avec cette différence qu'elles se trans-
forment à leur base en un filament excessivement long et délié, quelquefois
muni de plusieurs renflements que nos connaissances sur le groupe des
Cœlentérés me permettent d'appeler //ZomeHf nerveux.
» 3" Éléments épilhélio-musculaires composés de cellules n° 1 (plus nor-
males, c'est-à-dire moins longues et plus larges) réunies à leur base à des
fibrilles musculaires. Cette sorte d'élément ne se rencontre point d'ailleurs
aussi souvent ici que dans l'entoderme; à leur sommet se trouve constam-
ment un seul long cil.
» 4° Nématocystes de deux espèces : les unes plus grandes, souvent
( io87 )
entourées de protoplasme avec un nucléus et un long filament (nerveux)
dans la partie postérieure, les autres plus petites, d'une forme différente et
toujours munies d'un long filament postérieur; le filament porte par
endroits de petites nodosités.
» 5° Les derniers éléments de l'ectoderme sont des cellules glanduleuses
toujours en forme de poire et à contenu grossièrement granuleux.
» Mésoderme. — La membrane élastique et sans structure qui sépare
l'ectoderme de l'entoderme varie d'épaisseur dans les différentes parties
du corps; elle forme des protubérances longitudinales sur les faces de deux
cloisons mésembryenthales qui se réunissent à la surface de l'estomac. Les
muscles qui recouvrent d'une seule couche cette membrane élastique sont
longitudinaux à l'intérieur de l'animal et disposés en cercles horizontaux à
l'extériein-. Ce sont ou bien de longs filaments un peu aplatis, dont il n'est
pas facile de constater le rapport avec les autres éléments histologiques,
ou bien des fibrilles faisant partie des éléments épithélio-musculaires.
» H faut mentionner encore un élément fort curieux, consistant en cel-
lules comparativement assez grandes et excessivement aplaties, fortement
ramifiées, unies les unes aux autres par leurs ramifications et remplies
d'un contenu granuleux, avec nucléus et nucléole. Elles sont disposées en
couche et reposent immédiatement sur la face extérieure de la membrane
élastique. Dans quelques cas, j'ai pu me convaincre que leurs ramifica-
tions, qui sans aucun doute sont nerveuses, se continuent en fibrilles
fortement réfringentes. Leur forme, tout leur habitus, leur position sous
une couche d'ectoderme riche en cellules munies de longs filaments se
dirigeant vers la membrane élastique, enfin les fibrilles par lesquelles se
terminent quelquefois leurs ramifications ne permettent plus de douter
que ce ne soient des ganglions nerveux auxquels les nombreuses fibrilles
des différentes cellules ectodermiques viennent aboutir. Cette supposition
est rendue vraisemblable par des faits analogues observés chez les Actinies
et les Méduses.
Entoderme. — L'entoderme n'est composé presque exclusivement que
de cellules épithélio-nuisculaires très typiques. La cellule épithéliale n'est
pas aussi fortement allongée que dans l'ectoderme; elle est plus large et plus
courte, à base très dilatée et munie à l'extrémité d'un seul cil. La fibrille
musculaire est très réfringente, fusiforme, près de trois fois aussi longue
que la cellule elle-même. Outre ces éléments, on rencontre encore des
cellules glanduleuses ne différant pas essentiellement de celles que nous
avons décrites déjà. Ces glandes unicellulaires se rencontrent en grand
( io88 )
nombre, surtout sur les parties des cloisons mésembryenlhales les plus
rapprochées de l'estomac, ainsi que sur les filaments mésembrjenthaux.
» Outre l'Astroïde, je puis encore citer la Sacjarlia parasilica et la Méduse
œquorea sur lesquelles j'ai vu dans lentoderme des éléments é|)ilhélio-
miisculaires en très grand nombre. Quanta la présence d'un seul cil à l'ex-
trémité des cellules ectodermiques, ce n'est point un caractère spécial à
l'Astroïde : il paraît des plus communs dans la classe des Coralliaires; j'ai
pu le constater, par exemple, chez le Paralcyonium elegans, Vlsis, la CarjO'
ph/llia, VAnlhen cerœtis, la Sagarlia parasilica.
» Filaments mésembrjenthaux . — La surface de l'estomac n'est point unie,
mais couverte d'élévations longitudinales dont chacune correspond à l'en-
droit où une cloison vient se réunir à l'estomac. Ces protubérances sont
très riches en cellules glanduleuses et ce n'est qu'ici que l'estomac en pré-
sente. A l'extrémité de l'estomac, les protubérances forment les bords libres
des cloisons mésembryenthales : il y a donc une suite non interrompue de
ces protubérances longitudinales à la surface de l'estomac avec les filaments
mésembryenthaux, et ce fait nous explique l'unité complète dans la struc-
ture de ces deux organes et nous permet d'affirmer qu'ils ne peuvent
fonctionner que comme estomac, c'est-à-dire comme organe de la diges-
tion. Les filaments sont solides et n'ont aucune cavité à l'intérieur; ils ont
au centre un tronc mésodermique formé par la membrane élastique qui se
réunit à celle des cloisons. J'ai pu constater l'absence d'im canal passant
à travers les cloisons et réunissant les chambres formées par elles.
» Les organes de la génération ainsi que le développement de ce corail
feront l'objet d'une Communication prochaine. »
MÉDECINE. — Sur les analogies qui semblent exister entre le choléra des poules
et le nélavan, ou maladie du sommeil. Note de M. Eéclat.
« En présentant à l'Académie une Note de M. ïalmy sur le nélavan,
M. Pasteur a eu la bonté de rappeler deux observations de cette maladie
publiées dans la /Médecine desferments. Je crois utile d'insister en quelques
mots sur l'intérêt que me paraissent avoir les deux guérisons rappelées
par l'illustre académicien.
» La Note de M. Talmy, ainsi que toutes celles qu'il cite et qui ont été
publiées depuis iBig, constate ce triste fait que la maladie du sommeil se
termine constamment par la mort. Dar.s les cas publiés dans la Médecine
( 'o89 )
des Jermenls, deux malades ont été guéris à la suite d'un traitement par la
médication phéniquée. Ces deux faits semblent confirmer l'opinion que
le nélavan est dû à un ferment morbide; du reste, les découvertes de
M. Pasteur sur le charbon, sur la septicémie et sur le choléra des poules
donnent à celte opinion un caractère presque scientifique.
)) Le P. Bosch, procureur de la mission française de Nyazobil, au
Sénégal, a observé avec soin cette maladie incurable; voici un résumé des
symptômes qu'il a décrits: douleur aiguë au cœur et dans la poitrine, raideur
dans les membres, bruissements dans les oreilles aboutissant à la surdité ;
douleur à la tête, à la nuque et dans l'épine dorsale ayant pour consé-
quence l'idiotisme, démangeaisons à la pointe des pieds, éruption aux
amygdales, sommeil lourd, pénible et plein de rêves terribles, frayeur et
surexcitations inconscientes; la peau se recouvre d'une poussière grisâtre ;
chez tous le sang est altéré, les dents se détachent, tous ont de fréquentes
diarrhées, peu abondantes à la fin, mais presque de sang pur ; l'urine prend
ime couleur vert foncé, les yeux sont verdâtres; quand une femme en est
atteinte pendant sa grossesse, l'enfant meurt dans son sein et avec lui la
mère; si elle en est atteinte pendant qu'elle allaite sou enfant, son lait
prend la couleur d'une huile claire ; les hommes perdent la faculté d'être
pères. Les malades conservent un assez bon appétit; ils ont une très grande
soif, ils sont tantôt furieux, tantôt gais, quand ils ne dorment pas.
» Le mal peut durer dix-huit mois et même deux ans, mais toujours la
mort s'ensuit : nul remède ici pour le guérir. Les noirs attribuent ce mal
à un poison que l'on peut recueillir dans la salive des moribontls et com-
muniquer au moyen du lait ou du beurre aux personnes dont on veut se
défaire.
» Ce missionnaire, ayant bien voulu suivre mes indications, m'écrivit à
la date du 19 août 1876 : « Il y a quinze jours, j'ai rencontré un jeune
» homme de vingt-cinq à trente ans foi tement pris du nélavan ; je lui ai
» fait dix injections de 100 gouttes de votre solution d'acide phénique :
» il s'en trouve bien, les malaises ont disparu en partie. » Et plus tard :
« J'ai visité le malade dont je vous ai parlé. Je lui ai pratiqué quatre nou-
)) velles injections: il va si bien que je pense que bientôt il sera guéri. » Enfin,
le Gdécembre 1876, M. Bosch m'annonce la guérisou complète etl'améliora-
tion d'un nouveau cas : il s'agissait d'un malade de trente-cinq ans tellement
malade qu'il dut le faire transporter à la mission en pirogue. « Il se traînait
» dans les rues de Joal, dormant continuellement; il était couvert de plaies
» fortement gonflées, il ne pouvait plus ni marcher ni se tenir debout : je
( 109" )
» désespérai en le voyant ; je n'osais employer l'acide phénique tant le
» malade était misérable, mais je réfléchis que si l'acide phénique ne
» faisait pas de bien, il ne pourrait lui nuire. Je commençai par sept injec-
» tiens de loo gouttes; au bout de dix jours, le malade allant mieux,
» je réduisis les injections à deux par jour. » J'appris plus tard qu'il était
guéri et que d'autres étaient en traitement. Dernièrement, M. Bosch m'a
confirmé, dans une conversation relative à la fièvre jaune (' ), ces deux faits
et plusieurs autres, notamment la guérison d'un enfant de douze ans, et
il m'a appris que le nélavan s'accompagne de petits engorgements gan-
glionnaires du cou, et que les nègres pratiquent l'ablation de ces gan-
glions, mais il n'a jamais eu l'occasion de constater par lui-même que ces
opérations aient été suivies de guérison.
» La médication phéniquée semble donc être, quant à présent, la seule
dans laquelle on puisse espérer trouver un secours utile. Il y aurait de
nombreuses remarques à faire sur la Communication de M. Talmy ; pour
ne pas allonger cette Note, je me réserve de les publier ailleurs et de les
mettre sous les yeux de l'Académie. »
A 4 heures trois quarts, l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 5 heures. D.
BCIXETIN BIBUOURAPIUQITE.
OOVRAGES REÇOS DANS LA SÉANCB DU 26 AVRIL 1880.
Leçons sur la physiologie et ianatomie comparée de l'homme et des animaux,
faites à la Faculté des Sciences de Paris par H. Milne Edwards; t. XIV et
dernier. F* Partie : Fondions de relation (suite) ; considérations générales.
Paris, G. Masson, 1880; in-8°.
Table alphabétique et analytique des matières contenues dans les trente-
cinq Folumes de la^evue maritime et coloniale f/e 1869 a 1878. Paris, Challa-
mel aîné, 1880 ; in-8°.
Cette conversation est publiée dans le n" 21 de la Médecine des ferments, 1880.
( '"9' )
Élude chimique et liygiénicjue du vin en général et du viu de Bordeaux en
particulier ; par V. Carles. Bordeaux, Gounouilhou, 1880; in-S".
Recherches sur le climat des élablissemenls français de la côte septentrionale
du golfe de Guinée; par A. Borius. Paris, Gauthier-Vil lars, 1880; in-S".
(Présenté par M. le baron Larrey.)
Leçons cliniques sur les maladies de la peau, professées à l'hôpital Saint-Louis
parM. le D'E. Guibout. Paris, G. Masson, 1876-1879; 2 vol. in-8°. (Pré-
senté par M. le baron Larrey pour le Concours Montyon, Médecine et
Chirurgie, 1880.)
Chimie pathologique. Recherches d'hématologie clinique; par M. E. Quin-
QUAUD. Paris, A. Delahaye, i88o;in-8°. (Adressé par l'auteur au Concours
Montyon, Médecine et Chirurgie, 1880.)
Recherches statistiques sur l'éliologie de la syphilis tertiaire; par le D"" L.
JuLLiEN. Paris, G. Masson, 1874 ; in-8''.
Traité pratique des maladies vénériennes ; par le D"' L. Jullien. Paris, J.-B.
Baillière, 1879; in-8°. (Ces deux derniers Ouvrages sont adressés au Con-
cours Montyon, Médecine et Chirurgie, 1880.)
^ Notes pour servir à l'étude de la soie, suivies d'une étude sur les étouffoirs
chimiques; par P. Francezon. Lyon, le Moniteur des soies, 1880 ; in-8°.
La structure des trachées et la cirxulation péritrachéenne ; par J. Mac Leod.
Bruxelles, H. Manceaux, 1880; br. in-8°.
Commission de Météorologie de Lyon, 1 877-1 878. Lyon, impr. Pitrataîné,
1879; in-8°.
Pioceedings of ihe royal Society oj Edinburgh ; session 1 878-1879. Edin-
burgh, 1879 ; in-8°.
Transactions of the royal Society of Edinburgh ; vol. XXVIII, Part III,
for the session 1877-1878; vol. XXIX, Parti, for the session 1878-1879.
Edinburgh, 1878-1879; 2 vol. in-4°.
Aslronomical and magnetical and meteorological observations made at the
royal Observatory, Greenwich, in the year i^-jj. London, G. Edward Eyre
and W. Spottiswoode, 1879 ; in-4°.
Factor Table Jor the fourth million containing the least factor of every num-
ber nol divisible by 2, 3or 5 beliveen 3oooooo and l\oooooo', byJ. Glaisher.
London, ïaylor and Francis, 1879; in-4°.
Jlstronomical observations made at the Observatory of Cambridge under the
superintendance ofi.-C Adams ; vol. XXI, for the years 1861, 1862, i863,
1864 and i865. Cambridge, at the University press, 1879; in-4°.
Medico-chirurgical Transactions, published by the royal médical and chirur-
( 1092 )
gical Society of London ; second séries, vol. the fortyfourih. London,
Longmans, Green, Reader and Dyer, 1879; in-S".
Results of nstronomical observations macle at llie royal Obseivatory, Cape of
Good Hope, during ihe year iS-jG, iinder (lie direclion of E.-J. Stone. Cape
Town,Saul Salomon, 1879; in-8°.
Report of the forly-niiith meeting of the british Association Jor the advance-
ment of Science, hetd at Sheffeld in aiigust 1879. London, J. Murray, 1879;
in-8°.
Principios de Geologia y Paleontologia ; por José J. Landerer. Barcelona,
impr. de la Libreria religiosa, 1878; i vol. in-12.
COMPTES KENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SEANCE DU LUNDI 10 MAI IÎS80
PRÉSIDENCE DE M. EDM. BECQUEREL.
AiEMOmiiS ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
MÉCANIQUE CÉLESTii. — Sur des Iranscendanles qui jouent un lùle fondamental
dans la théorie des perturbations planétaires (' ) ; par M. F. Tisserand.
« Nous pouvons remarquer que la quantité
'^ t/g y/ 1 -H a' — 2 a cos U
se transforme en
^ Jo V' — a'siri'f
en posant
sin(5 + o) =^ a siny ;
si donc, pour nous conformer aux uotaiions usitées dans la théorie des
fonctions elliptiques, nous faisons
0 V*' — "^ alU-y
nous aurons ce ihéorème :
[') Comptes rendus, iiiéine volume, page 1021,
C. R., 1S80, 1" Senieslre. (T. XC, N° 19.) 1 4 2
( I094 )
» L expression — — — letid vers zéro, lorsque ji croit indéfiniment, si te
module « est inférieur ou égal à -i; elle tend vers l'infini si le module est supé-
rieur à ^.
» V. Dans le développement de la fonction perturbatrice, on consi-
dère également les transcendantes c<^' définies par l'équation
(i + a^"— 2acos6) ^ = |c(°J-f-c<"cos& + c'^)cos25+...-+-c<*'cosAÔH-...;
on a la formule connue
(„ ^ 3-S...(2/i + .) r , 3 .X + 3 . , ,3.5 {oJ- + i]i2k-^5] ,^ -1
2.4. ..2/ L +ïï^r-:T* -^M(2X-^2)(2/t + 4)« +•••]•
» Je pose
" I . 2 . . . n (/a"
» Je vais chercher la limite de C',f pour 71 infini; en me bornant au cas
de 71 — k positif et pair, je trouve aisément
2.4...(«-A) 2.4...(« + Xj * ^"'
où
(,j + 2)»_/. („ + 4)=_^.. 1.2.3.4 «+....
» En opérant comme précédemment, on trouvera
u„^Ll"-t-ij AJ a.4...(„_x.) 2. 4... (« + >;) «Ll^ ""l^T^J J
ou bien
or, pour a plus grand que | ou égal à i, le second membre croît indéfi-
niment avec 71; donc C* tend vers l'infini en même temps que 71 pour
«^i
» On trouvera aussi
1.3. ..[n — ^— i) 1 .3...;« -f- A- — i) 1
( logS )
en posant
V («-+-2)
— A»
et l'on en conclura sans difficulté que C|," tend vers zéro pour a |, ces termes tendent vers l'infini; il ne peut donc pas être
question, dans ce cas, de l'équation (i4)- Lorsque « est plus petit que |,
les termes tendent vers zéro; la série sera convergente si, à partir d'un
certain rang, chaque terme est plus petit que le précédent. J'admets que la
convergence ait lieu, et je vais calculer /(o); on a
pourA>o; on en conclut
pour l- =: o; on a
«/o
d'où
/(o)=..
COSXO ^g
\J l -H a' — 2aCOs9
coskôdQ = o
d6
y' 1 -(- a' — 2 a cos 9
( '^'O-' )
« Nous aurons donc celle ■vérification :
» La série BJ,*' — B/'+R/' — ... aura ponr somme zéro lorsque k sera
(lifiérent de zéio el 2 lorsque k sera nul.
» La même cliose aura lieu pour la série
'■'0 *-^l -T- <-'2 • • • •
» Donnons une applicalion numérique pour la Terre et Saturne; on a
log« = T,02o5o/|,
B'»= a,oo55aç)
Iî'J== OjIoSsGc)
B'„" = o , 00828 1
On trouve
«,"'= 0,011128
nj =o,ioGi46
Bf — -o,oiGG38
B" = 0,005708
B^ ^ 0,001 326
R|'= 0,008473
B° = o,oooi4i
83':= 0,000463
63-'=: 0,0001 57
B'»'=^o,oooo38
Bj" = 0,000016
B'^i = 0,000042
K' - B,"' 4 15'°' — n;"' -f- r.; =: 2 , ooooo i ,
r.;" - n;" + n,' - is" + v,}: = o, 000002,
r.„* - II,' + B'/' - B;' 4- B;-' = o, 00000 1 . «
ANALYSK iMathi';matiquî:. — Sia une jiropoiilio)i dti la théorie dei Jonctions
e/lipti(jties. Note de I\L Heumite.
« Supposons le module une quantité imaginaire quelconque, de sorte
que l'on ait
k- — a-^ i[i,
et faisons
K = r — ^L,=,
..'0 \ I — (3: + jp) sin'o
/_ T' ^^?
K
La proposition que j'ai en vue consiste en ce que la partie réelle du
K'
rapport — est essentiellement positive; on la démontre facilement comme
il suit.
» Je multi[)lie d'abord les deux termes de la fraction par la quantité
imaginaire conjuguée du dénominateur, que j'a|)j!ellerai K^, en posant
[■X — ip , sin'o
( '"97 )
il suffira ainsi d'obtenir le signe de la pnriie rôelle du produit K'K„. J'em-
ploie, pour cola, celle expression sous forme d'inlégrale double, à savoir :
° Jo .A v'[i-(i-a-/p)sin'' Le Journal de l'Ain signale également, et pour la même date, le phé-
nomène dans ce département.
)) Il est à remarquer, avant tout, que la poussière recueillie, comme on
vient de le voir, à l'altitude de 2000™, est mélangée de filaments organiques,
tout à fait semblables à ceux du filtre grossier sur lequel elle a été recueillie
et auquel elle les a visiblement empruntés.
» Elle a une couleur jaune brun, un peu plus rougeâtre que la poussière
ordinaire de la limonite; elle est à peu |)rès impalpable. Chauffée dans un
tube, elle noircit en donnant lieu à un dégageineut d'eau et de matières
organiques d'une odeur prononcée. Soumise à froid à l'acide chlorhydrique
étendu d'eau, elle fait fortement effervescence et manifeste la présence de
carbonate de chaux en forte proportion. L'acide chlorhydrique bouillant
lui enlève la couleur jaune, laissant un fort résidu. Ce résidu, au chalu-
meau, est fusible en un globule blanc.
» En agitant ce résidu sous l'eau, ou y voit miroiter de nombreuses
paillettes nacrées ressemblant au mica. Quelques-unes sont brunes, forte-
ment dichroïques, et présentent tous les caractères du mica. D'autres la-
melles, complètement transparentes, affectant des contours cristallins très
nets, prennent entre les niçois croisés des teintes fort vives, malgré leur
faible épaisseur, et paraissent être du mica blanc.
» En outre, on y trouve de petits prismes dichroïques et s'éteignant en
long comme la hornblende. Quelques grains violacés, transparents, n'a-
gissant pas sur la lumière polarisée, mais sans contours cristallins, pour-
raient être du grenat.
» Quant aux fragments les plus nombreux, qui sont complètement trans-
parents et agissent sur la lumière polarisée, ils ont souvent des bords rec-
tilignes et quelquefois des contours rectangulaires ou polygonaux qui res-
semblent à ceux des feldspaths. De plus, ils présentent des apparences de
clivage et, entre les niçois croisés, ils se colorent d'une teinte uni-
foru)e, ce qui prouve la structure lamelleuse. Ceux de ces cristaux qui
sont de la forme rectangulaire s'éteignent parallèlement à leurs côtés ; les
( I loo )
autres s'éteignent obliquement. D'après ces caractères, il est vraisemblable
que les fragments dont il s'agit appartiennent à l'orlliose. D'autres, carac-
térisés par la niacle de l'albite, doivent être rapportés à un feldspath Iri-
clinique.
» L'absence de débris transparents et arrondis, attestée par le microscope,
est d'accord avec le caractère de fusibilité, pour démontrer l'absence du
quartz ou au moins la prédominance de l'ortbose, parmi les espèces feld-
spathiqnes. Tous ces grains sont extrêmement petits; la plupart ont de
o°"",oi à o""",o5.
» La quantité de substance qui m'a été adressée était trop faible pour
qu'il ait été possible d'en faire une analyse quantitative.
» M. Poisson, aide-naturaliste au Muséum, dans l'examen qu'il a eu
l'obligeance de faire, a remarqué, outre les feuilles aciculaires visibles à
l'œil nu, et qui appartiennent au mélèze: i° des fibres libériennes et des
fragments de liges; 2° des poils de laine; 3" des grains d'amidon de
légumineuses ; 4° 'les traces de téguments d'infusoires; 5° deux espèces de
diatomées, appartenant aux genres Navicida et Melosira. Sauf ces derniers,
qui peuvent très bien se trouver dans la neige, il est probable que les autres
débris ne lui appartiennent pas, ainsi qu'on l'a dit plus haut.
» Il est à regretter que la poussière ne nous ait pas été envoyée avec
son eau de neige; car on aurait pu recoiuiaître, non seulement les corps
organiques dont elle était réellement mélangée, mais aussi la nature des
sels solubles que cette eau pouvait renfermer.
» Aucune parcelle n'est altirable au barreau aimanté, ce qui montre
qu'il n'y a ni fer natif, ni oxyde magnétique.
» La poussière dont il s'agit n'est donc pas d'origine cosmique.
» Elle est de nature terrestre et a dû être apportée, par îles courants
aériens, de régions plus ou moins distantes. Elle ne peut être assimilée aux
cendres volcaniques que les vents transportent souvent au loin , comme on
l'a vu pour la poussière tombée sur la Norvège et la Suède, en mars 1H75,
et qu'on a reconnue provenir d'Islande, avant qu'on apprît qu'une violente
éruption volcanique avait eu lieu à cette extrémité de l'Europe (' ). Par sa
composition, cette poussière s'éloigne également du sable du .Sahara, riche
en grains quartzeux, qui est souvent aussi entrahié au loin (^).
( ') Comptes rendus, t. LXXX, p. 994 [^^l^]^ '^' P- 'oSc) du même Volume, confirmation
de l'orijjine volcanique aUribuée à celte chute de poussière.
(') Pluie de sable qui est tombée sur une partie de i'archipel des îles Canaries le 18 fé-
vrier iS63 [Coiiiptcs rcnilus, t. LVII, p. 363).
( l'OI )
» Parmi les cliules dépoussière qui ont été observées , et dont M. Cnslon
Tissandier a récemment donné un relevé, dans son intéressanlOuvrag? sur
les Poiissièies de l'air, j'en rappellerai deux, appartenant également à la
France.
» L'une, quia eu lieu les iG et 17 octobre 1846, a été précédée deplu-
sieiu-s orages et a coïncidé avec une grande perturbation de l'atmospbère.
En faisant connaître ces faits, M. Alpbonse Dnpasquier, qui a fait l'exa-
men chimique de la matière terreuse, a remarqué que l'eau tombée
avec elle tenait en dissolution une quantité de sels divers bien plus notable
que l'eau de pluie ordinaire ('). D'après les observations recueillies par
Arago, le phénomène a commencé à la Guyane, s'est étendu sur l'État de
New-York, s'est retrouvé aux Açores, est arrivé dans la France centrale et
orientale, a traversé les Alpes du côté du mont Cenis pour aller s'elfacer
graduellement en Italie (^).
D Une autre pluie de poussière, signalée par M. J. Bouis, a été vue le
1" mai i863, dans les Pyrénées orientales, ainsi que dans les Cerdagnes
française et espagnole, également à la suite d'un orage violent (').
» Les observations météorologiques faites à l'Ecole normale de Barce-
lonnette, qui m'ont été communiquées, ne permettent pas de juger de la
nature des mouvements de l'atmosphère à l'époque où a eu lieu cette der-
nière pluie de poussière et de rechercher son itinéraire.
)) Quoiqu'il en soit, sa composition chimique se rapproche de celle des
pluies des 16 et 17 octobre 1846 et du i*'' mai i863. Ces dernières étaient
également formées d'un silicate alumineux, mélangé de carbonate de chaux
en forte proportion, d'hydrate de peroxyde de fer et de matières orga-
niques.
» On ne peut pousser la comparaison plus loin, parce que les poussières
des dates antérieures n'ont pas été étudiées minéralogi([uement. »
CRISTALLOGRAPHIE. — Sur la jorme crUlaUlne du magnésium;
par M. Des Cloizeaux.
« Notre illustre confrère M. Dumas a bien voulu me confier les beaux
cristaux de magnésium qu'il a présentés à l'Académie dans sa dernière
(') Comptes rendus, t. XXIV, p. 625; 1847.
(») Arago, t. XII, p. 463.
(') Comptes rendus, t. LVI, p. 97'2; i863o
C. R., iSSo, 1" Semestre. (T. XC, N" (9.) l4^
( I I02 )
séance et sur la production desquels il a communiqué des détails très
intéressants.
» Ces cristaux, obtenus par sublimation, ont la couleur blanche et le
vif éclat de l'argent. Leurs faces sont souvent courbes et leurs arêtes
émoussées ; mais les plus nets permettent de reconnaître que leur forme
habituelle est celle d'un prisme hexagonal régulier, terminé par une base
un peu moins éclatante que les faces latérales. Les individus, quelquefois
isolés, sont le plus habituellement imbriqués les uns sur les autres, de
manière à former des groupements qui rappellent certains modèles des dé-
croissements de Haûy et qui, effilés à un bout, se terminent à l'autre bout
par un ou deux angles solides du prisme hexagonal basé. Les arêtes de la
base sont parfois remplacées par une troncature annulaire, dont la combi-
naison avec les faces du prisme rappelle tout à fait celle des cristaux de
tellure. En admettant que trois plans alternes de celte troncature appar-
tiennent au rhomboèdre primitif/» et les trois autres à son inverse e^, on
trouve que l'angle culminant du rhomboèdre primitif auquel peuvent être
rapportées les formes hexagonales du magnésium est de So^S'So".
» En effet, en désignant par a' la base du rhomboèdre primitif et par fi-
le prisme hexagonal dérivé, les angles mesurés directement, comparés aux
angles calculés, sont :
Mesuré. Calculé.
*a'p = a^e^ ii7''5i' moy. «
a'e' 90° moy. 90"
e'e» il9"58' moy. 120°
%_
j/e' adj i2'j°3i'3o"inoy. i27°3i'3
2
» Parmi les métaux rhomboédriques, le magnésium serait donc, après
le zinc, celui qui offrirait le rhomboèdre primitif le plus aigu, car on
admet généralement les nombres suivants :
Angle culminant Angle de la base
(lu rhomboèdre. avec le rhomboèdre.
Zinc 7i°35' à 72=59' i io°3o' à 1 1 loSo' (G. Rose)
Arsenic 85°4i' 122" 9' (Miller)
Tellure 86° 1' i22''24' (Miller)
Antimoine 87°35' 123°32' (G. Rose)
Bismuth 87°4o' 128° 36' (G. Rose)
M Les cristaux de magnésium obtenus par M. Dumas sont très mal-
léables et sectiles. Je n'ai pu y observer aucun clivage. »
( M03 )
VITICULTURE. — Sur une Cicadelte (Hysteropteruiii apterum) qui attaque
les vifjnes dans le déparlement de la Gironde; par M.E. Blanchard.
« A l'automne dernier, on m'apporta des sarments de vigne et des frag-
menls d'échalas chargés de plaques terreuses de forme ovale. On affirmait
qu'un nouveau fléau commençait à sévir dans les vignobles du Bordelais.
Les plaques, d'aspect terreux, étaient dénoncées comme les nids d'un in-
secte très nuisible. Par un examen rapide, il était très facile, en effet, de
s'assurer de la présence d'œufs régulièrement disposés au milieu de la ma-
tière granuleuse. De semblables nids n'avaient encore été signalés nulle
part; je réclamai en vain l'insecte qui les produit.
» Dès le mois de mars de cette année, M. le comte H. de la Chassaigne,
propriétaire dans la Gironde, qui s'intéressait beaucoup à la question, me
procura des nids au moment même où s'effectuait l'éclosion des jeunes
sujets. 11 fut aisé de reconnaître une espèce de la famille des Cicadelles
{ Cercopiiies) . M. Signoret, consulté à cet égard par un viticulteur, s'assura
que l'insecte est du groupe des Issites. Grâce aux soins de M. de la Chas-
saigne, je ne devais pas attendre la fin de l'été pour avoir la forme parfaite ;
quelques individus adultes avaient été recueillis sur son domaine dès
l'année dernière. L'espèce qui s'est tout à coup multipliée dans d'énormes
proportions, dans le département de la Gironde, a été décrite il y a un
siècle par Fabricius sous le nom de Cercopis aplera, en raison de l'absence
d'ailes sous les élytres. Longtemps rattachée au genre Issus, elle est inscrite
aujourd'hui dans les Ouvrages entomologiques sousle nom d' H/steropteruni
apterum (' ).
» Cet Hémiptère, souvent recueUli dans le midi de l'Europe et en Algé-
rie, n'avait donné lieu jusqu'à présent à aucune observation. Pour com-
pléter l'histoire de l'espèce, il faudrait examiner de quelle façon les femelles
construisent les nids. La matière granuleuse qui enveloppe les œufs est,
selon toute probabilité, une sécrétion. Malgré l'apparence, on n'imagine
point qu'une Cicadelle, un insecte suceur, récolte de la terre.
» La grande multiplication des individus, dont le nombre des nids en-
tassés sur les sarments et sur les échalas donne une idée, la longue durée
(') Le Cercopis iminaculata Fabricius a été rattaché à la même espèce, peut-être avec
raison, par Aiuyot [EiUomolcgie française].
( iio4 )
de l'espèce, dont la vie s'étend des premiers jours du printemps à la fin
de l'été, peuvent assurément mettre la vigne en très fâcheuse condition.
Seulement, dans la circonstance actnelle, il dépend tout à fait des viticul-
tenrs de s'é|)argner un nouveau fléau.
» Il y a quelques années, j'insistais sur l'ntilité de couvrir d'un enduit
lescepset leséclialas,en vuedeladestruction de l'œuf d'hiver duPhylloxera.
D'autre part, j'ai saisi toutes les occasions pour montrer l'efficacité d'un
échandage des vignes, soit à l'eau bouillante, soit à la vapeur. Il est acquis,
en effet, qu'un pareil traitement, mis en pratique pour la destruction de la
Pyrale, n'a point d'effet fâcheux pour la vigne. Par ce procédé, on fait pé-
rir tous les insectes qui passent l'hiver à l'état d'œufs, de larves ou de
nymphes. En ce qui concerne la Cicadelle, ou est très assuré, par un
échandage en hiver, d'atteindre tous les oeufs et d'amener sans beaucoup
d'effort la disparition presque complète de l'insecte nuisible. »
THÉORIE DES NOMBRES. — Sur la loi de réciprocité dans la théorie des nombres.
Note de M. Sylvester.
« Il y a tant d'analogie entre la méthode exposée dans un précédent ar-
ticle (') et celles qu'on emploie dans les théorèmes de Newton et Fonrier
sur les racines réelles des équations algébriques, qu'on se sent très porté à
soupçonner que le nombre que j'ai nommé v est la limite supérieure à
quelque affection de a, b k laquelle elle reste toujours congrue par rapport
au module 2; mais de la nature de cette affection, si toutefois elle existe,
je n'ai nulle connaissance.
» De même qu'on a trouvé une expression générale pour l'aspect de
•2 — k vers k, on peut, avec l'aide du théorème de la chaîne, construire,
d'une infinité de manières, des fonctions algébriques de A', dont on saura
d'avance les aspects des unes vers les autres. Ainsi, pour prendre un
exemple très simple, formons la série
I, 2, 5, 12, 29, 70, 169, 408, 985, 2378, ...,
ou
IL,, — 2Wa-, + "A-2, "( = '-^J "0 = lî
et conséquenmient
2
*+ f/t- Oa*-^-
(/.-,)(/■ -3)
(') Voir Comptes rendus, même tome, ji. io53.
( iio5 )
On peut se demander l'expression générale pour l'asi)ecl ijiindnilùiue de
U2i_, vers u.2i pour une valeur quelconque de /'.
» On trouvera sans peine que les suites de signes qui donnent les va-
H- — — _ -i- — — + +_ + — — + + — —,
-t--4-— ' + — — — +■ -+--4- — + -l--i-— '
el, en général, que ('^i^i^ ) donne naissance à la chaîne double
C - :) C : ; :)'
e.(^U
4- -h\'
Dans le premier cas, v est égal à / -t- i, et dans le second à 3/; ainsi les va-
leurs successives de v étant i, 3, 2, 6, 3, 9, 4» 12, 5, . . ., l'aspect de
t/gZ+i à Ugj+i et de Usj+3 à «8/^.4 est positif, mais de «gy+s à "sj+a et de Ui/+^
à t'v+i négatif.
» Dans le Zaldenlheorie de Lejeune-Diriclilet, rédigé par M. Dedekind
(3* édition, p. 110; Braunschweig, 1879), on rencontre celle phrase : « Es
» zeigtsich nun, dass die damais nothwendige Zerlegung in Primzahlfac-
» toren (abgesehen von deni Factor 2) ganzùberfliissiggewordcn ». Ce qui
précède ici rend évident (il me semble) que celte exclusion du nombre 2
(due probablement à quelque mésintelligence de la part des auditeurs de
l'illustre Dirichlel) est elle-même (ii/^e/y/((5s/(/) superflue.
» Je profite de cette occasion pourcorriger la liste que j'ai donnée dans une
Note précédente des nombres qu'on démontre, par le moyen des diviseurs
de x' — "ix -+- I, être indécomposables dans une somme de cubes ration-
nels. Dans cette liste, f^pqt^PiPl^ 9^(72» 9P°9* étaient insérés par erreur ;
la démonstration, en un seul coup, de l'irrésolubililé des seize formes géné-
rales qui restent a paru dans le dernier fascicule de V American Journal oj
Malliematics.
» Post-scriptum. — Dans les exemples très nombreux que j'ai calculés
de l'application de mon algorithme pour déterminer l'aspect de Q vers P,
( iioG )
j'ai toujours trouvé que la différence de n et n' (les nombres de perma-
nences négatives dans les deux suites), prise positivement, est une limite
inférieure au nombre de cas où q est non-résidu de p [q étant un facteur
premier quelconque de Q et ^ de P).
» Si cette remarque est démontrée de validité universelle, elle fournira
un moyen de mettre à l'épreuve, d'une infinité de manières, si un nombre
donné P est un nombre premier. Car, en combinant P avec un nombre
premier arbitraire Q, si o est^plus grand que i , P, devant contenir au moins
â facteurs auxquels Q est non-résidu, sera nécessairement un nombre
composé. Au contraire, quand P est nombre premier, ô sera toujours ou o
ou I, selon la valeur de Q, ce qui constituerait un théorème nouveau sur
le symbole (- ) de Legendre. »
NOMIIVATIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination de Com-
missions de prix chargées déjuger les Concours de l'année 1880.
Le dépouillement donne les résultats suivants :
Prix Gay :MM. Daubrée, Delesse, Hébert, de la Gournerie et le colonel
Perrier réunissent la majorité absolue des suffrages. Les Membres qui après
eux ont obtenu le plus de voix sont MM. Lalanne et d'Abbadie.
Prix Montyon (Physiologie expérimentale) : MM. Vulpian, Marey,
Milne Edwards, Ch. Robin et Bouley réunissent la majorité absolue des suf-
frages. Les Membres qui après eux ont obtenu le plus de voix sont MM. de
Quatrefages et de Lacaze-Duthiers.
Prix Montjon ( Arts insalubres) : MM. Dumas, Chevreul, Boussingault,
Fremy et Peligot réunissent la majorité absolue des suffrages. Les Membres
qui après eux ont obtenu le plus de voix sont MM. Bussy et Pasteur.
Prix Trémont: MM. Dumas, Bertrand, ïresca, Breguet et Thenard réu-
nissent la majorité absolue des suffrages. Les Membres qui après eux ont
obtenu le plus de voix sont MM. Chasles et Rolland.
Prix Gegner : MM. Dumas, Chasles, Bertrand, Boussingault et Milne
Edwards réunissent la majorité absolue des suffrages. Les Membres qui
après eux ont obtenu le plus de voix sont MM. H. Sainte-Glaire Deville et
Fremy .
( II07 )
MÉMOIRES LUS.
HYDRAULIQUE. — Sur le nouveau siphon établi sur le canal Saint-Martin,
et sur les travaux d'assainissement du quartier de Bercy. Note de M. Maurice
Levy. (Extrait par l'auteur.)
(Renvoi à la Section de Mécanique.)
« Les travaux d'assainissement du quartier de Bercy, dont nous avons
été chargé comme ingénieur de la ville de Paris, ont présenté, au point de
vuede l'application delà Mécanique à l'art de l'ingéiiieur, un double intérêt,
dû à ce que : i° les égouts de Bercy, qui se déversaient précédemment en
Seine, étaient, dans plusieurs de leurs parties, plus bas que le collecteur
dans lequel on devait les recueillir; 2° ils étaient séparés de ce collecteur
par le canal Saint-Marlin, qu'il fallait ainsi franchir.
» L'extrême variabilité du régime des égouts, dont le débit peut décu-
pler en quelques heures à la suite de grands orages, eiàt rendu le fonction-
nement d'une machine élévatoire extrêmement difficile et dispendieux.
C'est pourquoi nous avons proposé une solution toute différente.
» Nous avons d'abord réussi, par une série d'artifices de construction que
l'espace ne nous permet pas ici de détailler, à conduire toutes les eaux
pluviales et ménagères du quartier jusqu'au bord du canal Saint-Martin, au
niveau même du collecteur qui devait les recevoir.
» La charge nécessaire pour franchir le canal pouvait dès lors se former
par la retenue d'amont, et l'on pouvait passer par-dessous le canal au moyen
d'un siphon analogue à celui établi par M. Belgrand près du pont de l'Aima.
» Mais réaliser le passage par-dessus et fournir pour l'avenir aux ingé-
nieurs la possibilité de choisir, selon les circonstances, eulre cette nou-
velle solution et l'ancienne nous parut un problème digne d'intérêt et qui
pourrait trouver d'utiles applications.
)) Toutes les fois que cette nouvelle disposition est applicable, on évite
naturellement tout travail de fondation ou de pose sous l'eau; en outre,
tandis que dans un siphon renversé les matières solides charriées par
les eaux d'égout tendent à s'accumuler au point bas du tube, dans un
siphon à point culminant, elles tendent, au contraire, à tomber au dehors,
de sorte qu'on n'a jamais à se préoccuper de son nettoiement. La surface
intérieure peut être, par suite, construite très grossièrement et très écono-
miquement.
( iio8 )
» Notre siphon, pour ne pas gêner la batellerie, devait avoir, au maxi-
mum, 8™ de flèche ou hauteur d'aspiration : c'est, comme on le voit,
l'aspiration d'une excellente pompe. Pour l'amorcer, il nous suffisait de le
mettre en communication avec une conduite sous pression, en ménageant
au sommet un robinet de sortie i)our l'air. Assurer le maintien de l'amor-
çage était plus délicat, parce que, au haut d'uu siphon d'une pareille
flèche, la pression n'est que de | d'atmosphère environ, en sorte qu'il s'y
dégage une partie des gaz en dissolution dans l'eau. M. Cornu, que nous
consultâmes à ce sujet, nous conseilla l'emploi d'une trompe. Nous
sommes heureux de remercier ici le très habile physicien de cette ingé-
nieuse idée.
)) Celte trompe devait valoir, comme puissance d'aspiration , 45oo trompes
de laboratoire; il était à craindre, d'une part, qu'elle dépensât trop d'eau,
et qu'elle fût obstruée, d'autre part, par les eaux sales; il fallait éviter ces
deux écueils.
» i*^ Puissance des trompes. — Un calcul très-simple nous prouva
qu'ime trompe de vingt-sept millimètres d'orifice d'entrée et de cent milli-
mètres ou o™,io d'orifice de sortie devait produire le résultat voulu. Les
premières que nous fîmes fabriquer sous nos yeux, assez grossièrement,
parce que les constructeurs spéciaux ne pensaient pas que des trompes de
telles dimensions fonctionneraient, ne firent d'abord monter le mercure
d'un manomètre à vide qu'à o™, 54 ; mais, prolongées par un tuyau de des-
cente d'une hauteur de 8"" égale à la flèche du siphon , elles le firent
monter à 0^,73. Depuis, nous en avons fait construire de plus perfec-
tionnées qui font monter le mercure à o™, 73 ou o", 74 sans l'aide du tuyau
de descente.
)) Mais la question, ici, ne résidait pas seulement dans le degré dévide
que les trompes pouvaient faire, mais surtout dans le volume de gaz
qu'elles seraient capables d'entraîner par seconde. Nous les avons essayées
à ce point de vue, à l'aide d'un compteur à gaz de 1000 becs em-
prunté à la Compagnie parisienne de l'éclairage, et nous avons reconnu
qu'une trompe seule pouvait évacuer les gaz débités par 2°"= par seconde
traversant le siphon, ce qui est plus que suffisant, le débit en temps ordi-
naire étant de i"""^.
» Ce résultat nous fit concevoir la pensée que les trompes suffiraient
non seulement au but dans lequel elles avaient été construites, c'est-à-dire
au maintien de l'amorçage, mais qu'elles permettraient d'effectuer elles-
m êmes l'amorçage, et, en effet, avec deux trompes des dimensions indiquées,
( ' 't'!) )
nous avons pu amorcer, en six minutes, un siphon d'essai ayant exactement
les dimensions des siphons à étabhr définitivement.
» 2° Dépense d'eau. — Une fois l'amorçage fait, une seule trompe suffit
à le maintenir, et, pour diminuer, autant que possil)le, la dépense d'eau,
nous y avons adapté un flotteur commandant une valve qui ferme automa-
SIPUON DC DASSIN IIE L AHSENAL. — ÉLÉVATION'.
tiquement la conduite de prise d'eau de la trompe, foutes les fois que le si-
phon est amorcé et qui la rouvre dès qu'il a une tendance à se désamorcer.
Soit à l'aide d'une telle trompe munie du flotteur et fonctionnant par inter-
mittences, soit à l'aide d'une troisième trompe que nous avons ftut ftiire,
de o^jOiô seidement d'orifice d'entrée et toujours o™,io d'orifice de sortie,
fonctionnant en permanence, la dépense d'eau était de Soo""' à 35o'"<' par
vingt-quatre heures. C'est une dépense insignifiante, comparée à ce
qu'eussent coûté le combustible, le personnel et l'entretien de machines
élévatoires.
» 3° Obstniclion des trompes, — Pour éviter l'obstruction des trompes,
nous avons surmonté le siphon d'une cheminée au sommet de laquelle
puisent les trompes. Le dessus de cette cheminée s'élève à lo", 5o en
contre-haut du niveau des égouls, de telle sorte que l'eau d'égout ne peut,
en aucun cas, être aspirée à cette hauteur; et, en effet, par cette dispo-
C. R., 1880, 1" Semestre. (T. XC, N» 19.) '44
( !"<' )
silion, nous n'avons jamais eu le moindre engorgement dans les trompes.
M Sipitons définitifs. — Les expériences sont terminées depuis six mois;
les siphons définitifs fonctionnent dei)uis le lo mars dernier sans que nous
ayons rencontré rien d'imprévu.
>) Remarque. — Tandis que ^des pompes élévatoires eussent pu devenir
impuissantes à la suite des grandes averses, les trompes, au contraire, de-
vu; EN LONG lil LN TRAVERS Ul" Il VAL' DE TRItE u' VIB.
\, trompe de o"',o->~j; B, trompe de o", oi6; C, trompe de o°',027 avec flotteur;
R, regard eu verre avec couvercle.
viennent inutiles dans ce cas. Dès que les siphons débitent plus de i"", 200
à i°"^,5oo par seconde, la vitesse de l'eau y est telle, qu'elle entraîne elle-
même les gaz qu'elle dégage, en sorte que les siphons n'ont plus aucune
tendance à se désamorcer.
» Cette importante propriété avait déjà été observée par M. Fizeau sur
des siphons de plus faible flèche. »
1 I ] I )
MEMOIRES PRESENTES.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les fonctions linéaires.
Note de M. A.-E. Pellet.
(Renvoi à la Section de Géométrie.)
« Soit 0(x) — ^' une fonction linéaire, n, b, a\ h' étant des con-
^ ' a .r -'t- u 11''
stantes satisfaisant à la condition ah' — /^/î' différent de zéro, et considérons
la suite
(i) X, 0{x\ 5=(x), ..., 5'"(.r), ...,
où ^^[pc] représente 5[0(j:)] et en général 5'"(x) = 5[5'"^'(.'r)].
» (}/ (a") étant une autre fonction linéaire, la suite ij; ( jr ), i|)5(j?), ...,ij;5'"(.r),...
contient le même nombre de termes distincts que la suite (i). Si l'on pose
i|>(j:) = 7\ ^^(•■ï') = 7,(j")> y\y) sera une fonction linéaire, et l'on aura
'^^"'{x) = yl"[j-). Si l'on connaît la suite ;•, /(jr)» ••■, /'"(/)? ••••. o"
pourra en déduire les termes delà suite (i) par l'équation tj;5"'(,r) = /.'"(/)-
T. -t- \
» Prenons ^ix') —■ ~ — —) X — À' étant différent de zéro. On aura
_\'y — \ , , _ [a'W — b"i. + aV — b]y — n')? + ( // — nM -+- h
^' ~ i—r' '^■^'^' "" |_rt')."— [f — «)X'— b\r — a'-M + b' I.' — a\ + b'
» Deux cas sont à considérer :
» Premier cas. — L'équation a').- — (// — a)l — ^ = o a ses deux ra-
cines distinctes. En prenant pour X et X' les valeurs de ces racines, il vient
/(7) = y.y- a, égal à ^.'-PziTî^b' ^^' ''^""^ ^^ l'équation
{a + b'Y^o.(a'b-/,b']
— « + I = O.
Il en résulte 7;"(j)-a'"j, ^'"(^) ^ ^'-;;^;^^ -^j;;^^^''-
« Si aucune des puissances de a n'est égale à i, tous les termes de la
suite indéfinie (i) sont distincts. Dans le cas contraire, soit fi la première
puissance de « égale à i; 6v-{x) — x; la suite (i) est périodique et ne con-
tient que p, termes distincts.
» De ce qui précède on déduit la proposition suivante, qui permet de
( It'2 )
rccoiinailre les équations irréductibles dont deux racines sont reliées linéai-
rement, et qui, je crois, n'avait pas été remarquée :
» Si les racines d'une équation de degré nij. se partagent en n groupes de [j.
racines d'un groupe pouvant être représentées par x, 0{x), ..., (;'' '(,r),
X étant l'une d'elles, la substitution x = -' — — ramène l'écpiation à la forme
F(jji') = o, F désignant une fonction entière.
» Par exemple, si dans une équation réciproque on remplace x
par > l'équation nouvelle ne contient que des termes de degré pair
en j)-. Celte transformation des équations réciproques offre quelquefois des
avantages sur la transformation ordinaire. Ainsi, en posajitx-=^, il e>t
facile de voir que l'intégrale j - ■ '■ — ^ f(x) étant une fouc-
tion rationnelle, se ramène aux fonctions elliptiques; on en déduit que
^,. ■ , r f[Ad.T , . .
1 nitegrale / _ ■ se ramené aussi aux tonc-
tions elliptiques.
» Second cas.— L'équation n'I- — {b' — a)! — b-^^o -a ses deux ra-
cines égales. Prenant pour X' la valeur de cette racine double et pour 1
un nombre différent de )/, il vient
2rt'
x(j) = r-H.-^(X-X'), y:"ir)=-j-+^{i-n
et l'on en déduit
fl — />' H ) .»: 4- 2 i
X =
("
j._"-±^'
Les termes de la suite indéfinie (i) sont tous distincts. »
cniMlE. — Recherches expérimentales sur la décomposition de quelques explosifs;
analyse des produits. Note de MM. Sarrait et Vieille, présentée par
M. Berthelot.
(Renvoi à la Commission précédemment nommée.)
« Nous avons fait connaître, dans une précédente Communication (' ),
les résultats de nos expériences sur la nature et la composition des gaz
(') Séance chi 3 ni;ii i88o.
( ".3 )
fournis, en vase clos sous des pressions élevées, par la déconiposilion du
coton-poudre pur ou nitrate et de la nitroglycérine. Nous allons exposer
les résultats, fort différents, que nous avons constatés en étudiant la dé-
coniposilion des mêmes explosifs sous une pression voisine de la pression
atmosphérique.
» Ces nouveaux résultats offrent un intérêt théorique, parce qu'ils pré-
sentent un exemple remarquable de l'influence que les conditions exté-
rieures des réactions exercent sur la nature des produits.
» Au point de vue pratique, ils donnent des renseignements sur la nature
des gaz qui peuvent se répandre dans les mines, dans les cas des ratés de
détonation. En effet, dans la plupart de ces cas, l'explosif, simplement en-
flammé par l'amorce, fuse lentement sous de faibles pressions. Nous avons
d'ailleurs vériGé, par une expérience directe, que le mode de décomposition
qui se produit alors dans un milieu peu résistant est tout à fait assimilable
à celui que nous avons réalisé dans nos appareils.
» Comme dans nos recherches précédentes, nous 'avons complété
l'analyse volumétrique des gaz par la mesure absolue du volume occupé,
à la température o° et sous la pression normale, par les gaz d'un poids
déterminé de la substance. Le Tableau suivant fait connaître (en litres) le
volume de chacun des gaz par kilogramme de l'explosif :
Désignation de la substance. AzO*.
Coton-poudre pur iSg
Coton-poudre au nitrate de potasse ( ' ) . 71
Coton-poudre au nitrate d'ammon. ('). 122
Nitroglycérine 218
» On voit que, dans ce modede décomposition, tous lesexplosifsdégagent
dubioxyde d'azote (') et de l'oxyde de carbone. Il importe donc, dans
les travaux de galerie, d'éviter les ratésde détonation, en apportant le plus
grand soin au choix de l'amorce et aux conditions de l'amorçage. »
Volume
00.
ce.
H.
Az.
C'H'. total,
lit
287
.04
45
33
7 565
58
57
3
1
» 196
65
io3
12
1 1 ■>,
" 4 14
162
58
7
6
I 452
C) Parties égales de coton-poudre et de nitrate de potasse.
[■) 40 parties de coton-poudre et 60 parties de nitrate d'ammoniaque.
(M La production du bioxyde d'azote lors de la décomposition du coton-poudre dans le
vide a été signalée par plusieurs expérimentateurs (Necker et Schmidt, Teschenbacher et
Ponet, Karolyi). La multiplicité des réactions possibles, dégageant dans certains cas des
vapeurs nilreuses, a été également remarquée par M. Jungfleisch.
( 'l'A)
M. E. Fabry soumet au jugement de l'Académie un Mémoire intitulé
(i Condition pour qu'une équation différenlielle linéaire soit intégrable ».
(Commissaires : MM. Bertrand, Puiseux, Bouquet.)
M. E. GuYOT soumet au jugement de l'Académie un Mémoire intitulé
« Essai sur la résolution des équations des degrés supérieurs ».
(Commissaires: MM. Hermite, Bonnet, Puiseux.)
M. Dechaux adresse, pour le Concours des prix de Médecine et Chirurgie,
un Mémoire intitulé « De la stérilité de la femme >>.
(Renvoi à la Commission des prix de Médecine et Chirurgie.)
CORRESPONDANCE.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
1° Une circulaire de M. Feddersen, qui se propose de publier un supplé-
ment du « Dictionnaire biographique » de Poggendorff.
2° Un Ouvrage portant pour titre « Physiologie expérimentale. Tra-
vaux du laboratoire de M. Marey » (IV* Volume). (Présenté par M. Marey.)
3° La deuxième édition de la P® Partie du « Traité de Mécanique » de
M. E. CoUignon.
4° Un Ouvrage de M. A. Hannover, intitulé « Le cartilage primordial
et son ossification dans le crâne humain avant la naissance ». (Présenté
par M. Robin.) (Cet Ouvrage est renvoyé au Concours des prix de Méde-
cine et Chirurgie.)
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur la détermination d'intégrales algébriques
de différentielles algébriques. Note de M. Zeuthen.
» On sait que M. Liouville a donné, dans le XXIP Cahier du Journal de
i Ecole Polytechnique, une méthode de la détermination des intégrales al-
gébriques de différentielles algébriques.
» Plus tard, le développement de la théorie des fonctions a fourni de
nouveaux moyens de décider sur la possibilité d'une intégration aigé-
( ".M
brique ; on les trouve notamment clans les travaux de MM. Briot et Bou-
quet. En revenant aux mêmes questions, j'ai essayé d'utiliser les progrès
de la théorie des fonctions ou courbes algébriques.
M Soit donnée une équation algébrique
(.) . /(■'•. :^)=°.
del'ordrep. en y ) et de l'ordre p.' en a; je me propose d'en déduire une re-
lation algébrique
(2) ¥{a:,r + c) — o,
s'il est possible. En déterminant la forme de l'équation (2) à un nombre
fini de constantes près, l'identité des valeurs de -.- déduites des deux équa-
tions, qui doit avoir lieu, me fournira le moyen de déterminer les constantes
ou, si cette détermination est impossible, de voir que l'intégrale cherchée
est transcendante.
» J.e degré de l'équation (2) en c devant être le même que celui de (1)
en ~, l'équation (2) sera du degré p. enj.W suffira donc, pour déterminer
l'ordre n des courbes représentées par l'équation (2), de déterminer la
multiplicité v du point J à l'infini sur l'axe ^ = o ; on aura alors
(3) H — a + V.
» On pourrait déterminer v par des développements en séries (') , mais
nous préférons nous servir du lemme suivant ('-) :
» Soit donné un point singulier d'une courbe à une seule tangente, et soient r le
degré de multiplicité du point, r' celui de la tangente : alors le nombre de points
d'intersection coïncidents de la tangente ainsi que le nombre des tangentes coïnci-
dentes par le point seront tous deux égaux à r -h- r'.
M On en déduit que la multiplicité v d'un point singulier quelconque
(') En erfet, ces développements seront possibles si la courbe est alj^ébrique, et, dans
le cas actuel, une série contenant un coefficient arbitraire n'appartiendra que pour une seule
Valeur de ce cocfiicient à une seule des courbes (2).
['] Je crois que M. Stolz a publié le premier ce lemme, utile à beaucoup de recherches
[Matheniatische Annakn, t. VIII) ; M. Nôther l'a trouvé aussi dans un travail indépendant de
celui de 31. Stolz ^Matli. Ann., t. IX]; le théorème II énoncé par M. Halphen à la page Sa
du Bulletin delà Sucicté mat/icmatiquc, t. IV, en est une généraiisutiou.
( >"6)
d'une courbe algébrique est égale à la différence n' — cj'enlre la classe /i'de
la courbe et la somme a' des degrés de multiplicité de toutes les tangentes
passant par le point, y compris celles qui l'ont pour point de contact.
» Appliquons ce dernier théorème au point singulier J des courbes (2),
et supposons que la droite à l'infini J' soit tangente v'-tuple. Soit l' la
somme des degrés de multiplicité des autres tangentes par J. Alors on aura
(r'=T'+v' et «' = /J.' -H v',
et par conséquent
(4) v = p.'-T';
p.' est déjà connu, et '.' se détermine de la manière suivante :
» Qu'on cherche toutes les valeurs finies x = a qui rendent -— = 30 ou bien
— — o; quon développe ensuite (en se servant au besoin du parallélogramme
de Newton) toutes les séries possibles
^ = A, (jT — a)' + A, (;r — nY + . . ,
<■/>■
où /, , /o) • ■ • ont des valeurs entières, positives et ascendantes : alors je dis que r'
sera écjal à la somme, étendue à toutes ces séries, dont chaque terme est le plus
petit des deux nombres s et f,.
M 11 suffit donc de déterminer les valeurs de ces deux nombres.
» En effet, si .y >> f,, on trouvera la série suivante,
convergente pour de petites valeurs de .r — a. Toute courbe du système
aura une seule branche (système circulaire) représentée par cette série (si
elle en avait deux, x serait une fonction périodique de j). A cette branche
correspond, avec les notations de notre lemme, r — s — t\ , r + ?'' — s, et,
par conséquent, la droite x ~ a sera tangente ^,-tuple de cette branche.
1) Si, au contraire, ^^;^, l'intégration opérée ici devient impossible.
Alors s des ij. racines -7- de l'équation (i) ne donneront aucune branche ordi-
naire d'une courbe du système. La droite x — n sera une partie d'une de
ces courbes (intégrales particulières), et, pour les autres, s des p. points
d'intersection avec la droite se seront éloignés à l'infini ; s sera alors, avec la
( i"7 )
notation du lemme, le nombre /•' correspondatil à une branche passant par
le point J ou bien le degré de multiplicité de sa tangente.
)) L'ordre n des courbes (2) étant délerniiué, nous connaissons l'équa-
lion (2) à un nombre fini de constantes i)rès; ce nombre sera ordinaire-
ment réduit par la circonstance que nous connaissons encore le degré y.
en y. On peut le réduire ultérieurement, soit en faisant usage des propriétés
déjà trouvées du point singulier J, soit en en déduisant d'autres de l'équa-
tion différentielle, soit en déterminant au moyen de celle-ci les abscisses
des autres points où a lien une singularité formée d'une seule branche.
» En beaucoup de cas, il est plus simple de trouver l'équation tangen-
lielle des courbes intégrales. Il suffit pour cela de substituer == «, x ~. — »
n et V =.r -- — pétant les coordonnées d'une tangente. L'équation (() con-
servant alors sa forme, on déduira des équations (3) et (4)
lî — u.' + v', v' = a — T,
où Tse détermine par la règle indiquée pour t'.
» n et n' sont deux des nombres pliickériens des courbes cherchées.
Pour déterminer les antres, il suffit de connaître encore leur genre p..
Celui-ci est égal au genre de la courbe qui sera représentée par l'équa-
tion (1) si l'on y substitue;- à^- En effet, les points de cette courbe et
d'une courbe intégrale se correspondront un à un.
» Les exemples suivants (' ) serviront à montrer la simplicité de la déter-
mination de 71 et 7i' :
m
3.1'— +.»•'= o;
rlx
on a ICI
p. = //=:3, T = t'=0, V = v'=::3, Il
— /^'=: 6.
2°
(|)W + /,)-,.ri^^8.>..=
0;
on a ici
p- = 3,
|x'=/|, T=i, T:'=/i, y==o, v':=2,
n --^ 3,
u'
3° ' x'
'(27^-- + 4«^)(|)V/l^(G/,=a.^ + «^)^
- 8 IP a- ^
0;
(') Nous avons emprunlé le premier à la Théorie des fonctions cUiptiques de MM. Briol et
Bouquet, le deuxième à un Mémoire de M. Rydberg.
C. R., 1880, I" St'mestre. (T. XC, N« 19.) ' ^ '-•
( iii8 )
on a ici
f;. = 3, (J.' =(), T = 3, t' = 2. r H- 2 = 4,
V = 2, V' = O, U = 5, 7i' == G.
)i Les formes de ces équations différentielles montrent que les exposants
de X dans les équations primitives seront pairs dans les deux derniers cas
et des multiples de 3 dans le premier cas. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les équations linéaires simultanées et sur
une classe de courbes gauches ('). Note de M. E. Picaud, présentée par
M. Hermite.
(t Supposons, comme application des considérations précédemment
exposées, que
I "zn , ! s\ T I
K a \(t j r b
a et h étant deux constantes, n un entier positif, etdn(x) étant la troisième
fonction elliptique; on aura comme cas particulier l'hélice circulaire si le
module est nul.
» Le système (IV) a alors toutes ses intégrales uniformes, et, en posant
a 7
— X et - = /?,
on peut l'écrire
du . di' , , ff(v j
— = 2«dnx(', -- = — 2/i dnj"n — /ai', -— = //('.
dr fiJ~ tl.v
» Le système d'intégrales doublement périodiques de première espèce a
la forme
?< = A(, sn-"x -f- A, sn-""-.r + . . . + A„,
V = (AoSn-""' JT + . . .) on.r,
IV = /^A„dll-""^T + . . . ,
in — 1 °
les puissances se succédant de deux en deux dans chacun de ces poly-
nômes; on aura en outre pour zi l'intégrale
,, ^ B„ D--' ^±^ + B. D-- "'•'•^"^^'" + . . , ,
" •< 0(j:) ' -' &[.rj
(') Voir Comptes rendus, séance du 3 mai i88o.
( i"y )
et le changement de j; en —a; donnera la troisième intégrale. sn=w et >.-
sont des fonctions rationnelles de h. Toutes les intégrales u ayant un résidu
nul relativement au pôle ils.', ou voit que les coordonnées X, Y, Z d'un
point de la courbe seront des fonctions uniformes de x, et par suite de
l'arc s.
» Si l'on fait« = r, on a une courbe qui a déjà été rencontrée par
M. Hermite, comme cas particulier de la courbe élastique ( Comptes rendus,
12 mars i8So, p. 645). Les équations donnant &) et Xsout alors
X- — k^ su- u + /r + I = G,
, „ . , „ sn« en w ,,.1 1 .,
X^ — 2X/r — i 1- I H- k'- — dii-w = o.
dnu
» L'élimination de X donne
et l'on a
f r>. /,' sn- w — //' — /■' ) (I n c
x =
2/4'sncd CDU
« On reconnaît de suite que sn- w est compris entre i et ■-> et l'on peut
par suite écrire w = R +- iv, i> étant réel. Les intégrales de première espèce
sont
; — j V = anx cncc, w =:— —anx.
■2 fi' A
» Je n'écris pas les valeurs des coordonnées X, Y, Z, dont la forme est
identique à celle donnée par M. Hermite pour les coordonnées de l'élas-
tique. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur une classe de fonctions de deux variables
indépendantes. Note de M. E. Picard, présentée par M. Hermite.
« La théorie générale des fonctions de deux variables, d'après les prin-
cipes de l'étude des fonctions de variables imaginaires, présente les plus
grandes difficultés. On ne possède pas de propositions générales analogues
à celles qui font la base de la théorie des fonctions d'une seule variable.
Une des causes de la difficulté de ce sujet tient sans aucun doute à ce qu'il
y a en général, pour une fonction de deux variables jc et /, une infinité de
valeurs de x et une infinité de valeurs âe f qui, convenablement asso-
( I 120 )
ciées, forment des couples de valeurs singulières. Supposons que x e[j
restent dans leur plan respectif à l'intérieur de deux contours A et A'. Une
classe particulièrement simple de fonctions de ces variables sera la classe
des fonctions, uniformes ou non uniformes, jouissant de la propriété sui-
vante. Soient x,, x^, . . . , x,„ et ;,, J'a- ■••,;'« certaines positions de j: et j
en nombre fini dans A et A' ; nous supposerons que, dans le voisinage de
toute valeur a de a; et ^ de j ne coïncidant respectivement avec aucun des
points a-,, X.2, ..., x,„ et j»,, };,,...,;•„, la fonction soit holomorphe par
rapport à x et à /. On peut étendre aux fonctions de ce genre divers ré-
sultais relatifs aux fonctions d'une seule variable et se poser à leur égard
divers problèmes sur lesquels je compte revenir; mais c'est l'étude d'une
classe particulière d'entre elles que j'ai eu tout d'abord en vue. Supposons
que les aires A et A' soient les plans tout entiers des x et des j', et soient
o, I et co les positions singulières pour l'une et l'autre des variables. Je
considère une fonction non uniforme F(.r, j') telle qu'entre quatre
branches quelconques de cette fonction existe une relation linéaire et ho-
mogène à coefficients constants. Soient X,, Xo, X, un système d'indices rela-
tif au point a; = o, et de même /J.,, p-o, p.3 et v,, Vo, Vj des systèmes d'in-
dices relatifs aux points a: =^ i el œ ^ x . On aura pareillement pour^" des
systèmes d'indices formés avec les mêmes lettres accentuées. Nous admet-
tons que dans le voisinage de x = o, r ayant une valeur quelconque dif-
férente de o, I , ce , trois des branches de F aient la forme
x'^'i{k„+ A,x -h . ■ ■),
^^■'■..(Co + G,. r + ...),
les A, B, G étant des fonctions holomorphes de y, pour toute valeur dis-
tincte de o, I et co ; et il y a des déterminations de même forme dans le
voisinage des autres valeurs singulières tant pour j que pour .r, les expo-
sants étant dans chaque cas ceux qui sont relatifs à la valeur considérée.
On suppose enfin que 2: ()., + f;., + v,)-— - ( X'^ + [j.\ -+- v', ) = o.
» On peut se proposer d'étudier les fonctions jouissant des propriétés
précédentes, moyennant, s'il est nécessaire, d'autres relations entre les
indices. On voit que le problème que je viens d'énoncer est la générali-
sation de celui que s'est proposé Riemann dans ses belles recherches sur
les fonctions hypergéoniétriques d'une seule variable (Riemann, Malhema-
tisclie JVcrke^ p. G2).
» 11 existe évidemment un système d'équations linéaires aux dérivées
( "2> )
partielles, île la forme
(T) r — ap + l>q + cz, t = a ,[) + b,(j + CtZ,
où p, q, /-et t ont les significations habituelles, auquel satisfait ¥[x,y).
» Soient F|, 1\, Fj trois branches de celte fonction linéairement indépen-
dantes; la première des équations (1) pourra s'écrire
r
P
<1
d'F,
OF,
OF,
Ox-
d.r
oj-
d'Y,
d.r'
ÙF,
dV,
0)
F.
F.
F,
'(.-a-)--"->-^^>'(.
■y)
— o.
» J'établis que, d'après ce qui a été supposé sur la fonction F, cette
équation a nécessairement la forme
en désignant d'une manière générale par P,„„ un polynôme en x et j, de
degré m par rapport à x, et de degré ?i par rapport à y, et je montre de
même que la seconde des équations (I) a la forme nécessaire
j-(j- i)-P,,t=y{y- i)P,,^-4-j;'(x-i)P„3/3 + V,,z.
» Il faut maintenant déterminer les coefficients entrant dans ces poly-
nômes, mais je remets ces calculs, qui présentent quelques complications,
à une Communication prochaine. »
OPTIQUE. — Sur la ihéotie des phénomènes d'interférence oh intervienl
la polarisation rotatoire. Note de M. Gouy.
0 Dans une Note récente ('), j'ai montré qu'on peut faire la théorie des
phénomènes produits par les milieux actifs en se plaçant à un point de vue
différent de celui de Fresnel, et qui lui est équivalent.
1) Dans les expériences d'interférence, ce point de vue l'emporte en
simplicité sur celui de Fresnel, dont l'application devient assez délicate
pour avoir pu donner lieu à une méprise, comme nous allons le voir.
)) Examinons d'abord la question à notre point de vue. Une plaque de
(') Comptes rendus, séance du 36 avril 1880.
( I 122 )
quartz à faces perpendiculaires à l'axe reçoit sous l'incidence normale une
onde homogène, plane et polarisée rectilignement. Sur la face de sortie
nous aurons des vibrations rectilignes partout identiques. Elles enverront
à un point extérieur quelconque une certaine vibration résultante, à la-
quelle nous ne changerions rien en enlevant la plaque, et substituant
à la face de sortie une onde plane, limitée par le même contour, et sur la-
quelle les vibrations seraient ce qu'elles étaient sur la face de sortie. Nous
pouvons donc regarder la plaque comme se laissant traverser par l'onde
incidente, en produisant sur elle un changement de phase et une rotation
du plan de polarisation. Le premier effet peut être produit par une plaque
d'un corps inactif; ainsi, les corps actifs jouent dans les phénomènes d'in-
terférence le même rôle que les corps inactifs, sauf la rotation ordinaire du
plan de polarisation (').
» Celte conclusion est en désaccord avec l'explication que l'on donne
généralement, d'après Fresnel, d'expériences faites par Arago et par lui-
même (^); cette difficulté mérite toute notre attention.
» Pour fixer les idées, nous considérerons les franges de Young pro-
duites dans la lumière polarisée rectilignement au moyen de deux petites
ouvertures égales O et O'. Nous observons les franges sur un plan très
éloigné; soit A un point de ce plan; notre plaque de quartz est normale
aux rayons qui vont de O et de O' en A. Dans le langage de Fresnel, le
rayon qui va de O en A se dédouble dans le quartz en deux rayons circu-
laires inverses D et G ; de même, le rayon venant de O' se dédouble en deux
rayons D' et G'. Il y a donc quatre combinaisons à considérer : D avec D',
G avec G', D avec G', G avec D'. Elles donneront quatre systèmes de
franges d'interférence. Le premier et le deuxième se superposent évidem-
ment : ce sera, dans la lumière blanche, le système central. Le troisième
et le quatrième seront des systèmes latéraux, visibles seulement avec un
analyseur. Tel est, en substance, le raisonnement de Fresnel.
» Comme on le voit, ces systèmes de franges sont regardés comme indé-
pendants. On s'y trompe aisément si l'on ne considère que la lumière
( ' ) Si l'onde incidente est polarisée elliptiqnenient ou ciixulairement (expérience de
Babinet), on la décomposera, comme on sait le faire, en deux ondes polarisées rectili-
gnement, que l'on étudiera séparément. Le changement de direction des composantes recti-
lignes de l'onde circulaire équivaut, comme on sait, à une avance ou à un retard de cette
onde, suivant le sens de la vibration.
(-') Arago, CEuvrcs complètes, t. X, p. gS. — Fuesnel, OEuvres complètes, 1. 1, p. 655.
( >'2-î )
blanche; mais, clans la lumière homogène, on reconnaît que les systèmes
latéraux, pris ensemble, ne sont qu'une forme nouvelle de l'expression du
système central. Pour le démontrer, il suffit de traduire le raisonnement
en formules.
» Prenons trois axes rectangulaires, le plan des ouvertures pour plan
des ay, l'axe des x parallèle à la vibration de l'onde incidente. Soit
rtsin a;:- la vitesse vibratoire aux deux ouvertures. Calculons les vitesses
apportées au point A par les rayons D, D', G et G', et composons ces vi-
tesses en une seule, comme nous avons le droit de le faire, puisque ces
rayons sont issus d'une même onde polarisée. En appelant â la différence
des distances O A et O'A, E l'épaisseur du quartz, >.„ la longueur d'onde
dans l'air, X, et X, celles des deux circulaires inverses dans le quartz, il
vient, pour les projections V et V de la vitesse au point A sur les axes
des jc et des j, à un facteur constant près,
V — cosTî- cos;tE( .- ) sin an ( - — o h
V = cos":^ sinnE i^ — -)sin27r(- — 9)5
?
o étant indépendant de t.
n C'est l'expression d'un système unique de franges, polarisé rectili-
gnement dans un même plan, et entièrement indépendant deE, sauf pour
la direction du plan de polarisation. On pourrait donc supprimer le quartz
sans y changer autre chose que cette direction. Dans la lumière blanche, il
y a une seule frange centrale, donnée par la condition 0=0.
» L'expérience a paru longtemps d'accord avec l'aperçu de Fresnel,
qu'elle avait d'ailleurs précédé, et c'est même la cause évidente de la mé-
prise que nous venons de reconnaître. En effet, avec la lumière blanche
et un analyseur, on voit deux systèmes latéraux de franges colorées (').
Mais M. Righi a montré par des expériences concluantes que, dans la lu-
mière homogène, on n'a qu'un seul système de franges, et que les franges
latérales, dans la lumière blanche, proviennent de ce que certaines couleurs
se trouvent éteintes par le passage du faisceau polarisé à travers un quartz
(') Cette vérification n'était pourtant jïas bien satisfaisante, car la distance des deux sys-
tèmes est double de la distance théorique (Billet, Optique physique, t. II, p. i^'?].
( II24 )
épais suivi d'un analyseur, ce qui fait reparaître les franges en des points
oij il n'y avait qu'un éclairement uniforme (').
» L'expérience et le calcul basé sur la considération des deux rayons
circulaires se trouvent donc bien d'accord avec la théorie exposée au début
de cette Note. »
ÉLECTniClTÉ. — Sur les licjnes é(iuipotcnlieHes d'un plan formé de deux moitiés
inégalement conductrices. Note de M, A. Guébhard.
« Comme complément à ma Note du 2G avril, j'ai l'honneur de pré-
sentera l'Académie la réalisation expérimentale d'un cas plus complexe et
d'autant plus remarquable, qu'il présente un exemple pour ainsi dire
matériel de celte réfraction de l'électricité qu'avait pressentie, à un tout
autre point de vue. Nobili, dès ses premières expériences (^). C'est le cas
d'un plan conducteur formé de deux moitiés différentes, qu'on peut tou-
(') Mémoires de l'Institut de Bologne, 3'" se rie, t. VIII, 1877. Analysé dans \e Journal
de Phjsiquc, t. VII, p. ^5.
(') Bibliothèijue universelle de Genève, t. XXXVI, p. 5; i8'27.
( 1125 )
jours limiter, comme l'a montré Quincke ('), par un cercle ayant les élec-
trodes sur ses bords et la ligne de séparalion pour diamètre. Ce cercle est
en effet toujours compris dans le système des lignes d'écoulement, tandis
que les lignes de niveau présentent dans la première moitié la forme indi-
quée par la figure et dans la seconde moitié celle d'arcs de cercle, comme
s'il n'y avait aucune différence d'homogénéité.
» C'est ce que Quincke a vérifié par des mesures électrométriques très
délicates sur une grande plaque circulaire de cuivre et de plomb, et c'est
aussi ce que montrent avec beaucoup de netteté les anneaux colorés que m'a
donnés, dans de moindres dimensions, l'application du procédé de Nobdi
à des demi-plans ou demi-cercles découpés de cuivre et de nickel ou d'acier,
que je juxtaposais simplement, en les collant sur des morceaux de glace.
J'ai constaté qu'il y avait avantage à éviter ainsi une soudure toujours dif-
ficile à réaliser sur les lames très minces, qui, seules, peuvent donner de bous
résultats. La continuité s'établit par le liquide, et les lignes que l'on obtient
ne figurent pas seulement la distribution électrique dans le plan conduc-
teur, mais, à proprement parler, les sections de surfaces équipotentielles
formées dans l'électrolyte entre les électrodes et la lame métallique. Quoi
qu'il en soit, l'accord parfait que j'ai constamment vérifié entre les données
théoriques et les résultats figurés de mes expériences (-) m'autorise à con-
sidérer dorénavant comme générale une méthode qui, après avoir servi à
vérifier tous les faits déjà calculés, permettra de trouver facilement, dans
tous les cas possibles, des solutions empiriques de l'équation différentielle
— H ^' = o, étendue à des limites absolument quelconques. Au point de
vue expérimental, toute la difficulté est d'obtenir avec suffisamment de
netteté la section des bords, à quoi l'on peut remédier en augmentant
l'épaisseur des plaques en même temps que l'intensité du courant. Dans le
cas de deux métaux, on arrive facilement à une précision suffisante pour
pouvoir emi)Ioyer avec avantage ce i)rocédé à la détermination approchée
de la conductibilité relative, qui entre comme paramètre très simple dans
l'équation des courbes. »
( ') Poggemlorff's Annalen dcr Physik, t. XCVII, p. 389.; i856.
(') Le défaut de temps m'empêche de présenter aujourd'liiii à l'Académie les résultats
analogues que j'ai obtenus, au laboratoire de Physique de la Faculté de Médecine, relative-
ment à la figuration des lignes isothermes sui' des feuilles ou toiles métalliques.
C. R., iS8o, 1" Semestre. (T. XC, N" 19.)
i/|6
( 1126 )
MAGNÉTISME. — Sur tes actions mutuelles d^ aiguilles aimantées plongées
dans des liquides. Note de M. Obatski. (Extrait.)
« Soient deux aiguilles aimantées suspendues an- dessus d'un vase rempli
d'eau par un fil très ténu, distantes l'une de l'autre d'une quantité légère-
ment plus grande que la somme de leurs rayons d'attraction mutuelle et
ayant les pôles de noms contraires en regard.
» Un tuyau en caoutchouc rempli d'eau permet d'élever ou d'abaisser
le niveau du liquide très graduellement, sans la moindre secousse, par son
lent déroulement ou son enroulement siu* un treuil.
» Dès que l'immersion des aiguilles se prononce, on les voit se rappro-
cher l'une de l'autre par leur partie immergée; en continuant à élever le
niveau du liquide, le rapprochement s'accentue, et, enfin, quand l'im-
mersion a atteint le tiers ou le quart des longueurs d'aiguille, le phéno-
mène de l'attraction mutuelle se manifeste : les deux aiguilles se jettent
l'une sur l'autre.
» Il est probable que ce qui s'oppose au rapprochement des aiguilles
est leur propre poids. Les forces magnétiques en présence sont trop faibles
pour vaincre cette résistance, due à la gravité; en affaiblissant cette rési-
stance par l'immersion des aiguilles, ces forces peuvent devenir manifestes.
» Le même phénomène se reproduit lorsque les aiguilles sont suspen-
dues par leurs pôles de même nom.
» Placées à l'air libre, à la distance voulue, pour n'exercer l'une sur
l'autre qu'une répulsion à peine apparente, on voit les extrémités libres
s'écarter graduellement l'une de l'autre, au fur et à mesure que l'im-
mersion se prononce. »
PHYSIOLOGIK EXPlïRlMENTALE. •— Analyse par la méthode graphique des
mouvements provoqués par les excitations du cerveau. Note de MM. François-
Franck et Pitres ('), présentée par M. Marey.
« Les excitations électriques, appliquées aux régions de l'écorce du cerveau
qu'on a désignées sous le nom de zones motrices, provoquent des mouve-
(') Recherches exécutées au Collège tle France, dans le laboratoire de M. le professeur
Marcy et développées dans les Comptes rendus des travaux du laboratoire de M. Marey
(t.IV, 1880).
( II27 )
ments que nous nous sommes proposé d'analyser par la méthode gra-
phique.
» A cet effet, nous avons fixé au tendon détaché d'un muscledu membre
antérieur ou du membre postérieur, chez le chien, le cliat ou le lapin, le
myographe à transmission mis en rapport avec le tambour à levier incripteur;
un signal électromagnétique de M. Deprez enregistrait le temps, pendant
qu'un second signal inscrivait les excitations.
» 1. Caractères des mouvements. — Le mouvement provoqué dans un
groupe de muscles du côté du corps opposé au côté excité du cerveau est
une simple secousse musculaire quand l'excitation corticale est elle-même
une excitation simple; les excitations en série, ne dépassant pas quarante par
seconde, produisent des secousses musculan-es dissociées; si le nombre des
excitations atteint quarante-cinq par seconde environ, chez le chien, les se-
cousse.* musculaire se fusionnent en une contraction parfaite. Il faut un
nombre égal d'excitations par seconde, chez un animal donné, pour pro-
voquer le tétanos complet, qu'on agisse sur le cerveau, sur le nerf moteur
ou sur le muscle.
» Quand, au lieu d'employer des excitations assez énergiques pour
qu'une seule décharge électrique (courant induit ou décharge de conden-
sateur) détermine sûrement une secousse musculaire, on emploie des exci-
tations un peu moins fortes, on observe le phénomène de la sommations-
lés premières excitations ne donnant lieu à aucune réaction musculaire,
on voit apparaître les secousses au bout de quelques excitations.
» Si les excitations sont fortes ou prolongées, il se produit, à la suite du
mouvement simple, directement provoqué, un accès épileptique localisé
dans le groupe de muscles correspondant au centre excité. Cet accès peut
rester localisé à ce groupe musculaire, s'étendre aux deux membres du
même côté ou se généraliser au corps tout entier. L'accès est constitué
régulièrement par deux périodes successives, l'une de contracture ou pé-
riode tonique, l'autre de dissociation des secousses ou période clonique;
quelquefois la période initiale tonique fait défaut. Quand un premier accès
a été provoqué, il suffit souvent de la moindre excitation pour en déter-
miner de nouveaux.
» Ces convulsions localisées ou généralisées ne se produisent pas quand,
au lieu d'appliquer les excitations à l'écorce elle-même, on les transporte
à la coupe des faisceaux blancs sous-jacents, après avoir soigneusement
enlevé la substance grise des circonvolutions excitées. Dans ces conditions
"on n'obtient, avec les excitations les plus intenses, que des mouvements
( II28 j
simples, cessant avec l'excitation. Nous avons noté que l'excitabilité des
faisceaux blancs augmente à mesure qu'on se rapproche de la capsule
interne, si bien qu'à ce niveau de faibles excitations suffisent pour provo-
quer un tétanos violent, à renforcements souvent rythmiques et qui mé-
rite, en raison de ses caractères spéciaux, le nom de tétanos capsiitaire.
» II. Retard des mouvements sur l'instant de l'excitation. — i° Le relard
du mouvement sur l'instant de l'excitation corticale est constant pour un
même groupe musculaire, chez le même animal, quelle que soit la forme
ou l'intensité de l'excitant électrique.
» 2" Une partie notable de ce retard est due à la résistance phjsiologique
de la substance grise corticale. En effet, si, après avoir enlevé la mince
couche d'écorce qui recouvre le centre ovale au point excité, on irrite élec-
triquement la coupe blanche ainsi obtenue, on voit que le retard total
diminue d'un quart et souvent d'un tiers.
» 3° Les mouvements provoqués par les excitations appliquées à un
seul côté du cerveau ne se limitent pas toujours aux muscles situés du côté
opposé du corps; il s'en produit de symétriques, du même côté si les exci-
tations dépassent une certaine intensité. Dans ce cas, le retard est plus
grand pour les mouvements associés qui surviennent du même côté que
l'excitation.
» 4° Quand on excite simultanément deux points du cerveau situés du
mêmecôtéet correspondant l'un au membre antérieur, l'autre au membre
postérieur, on voit apparaître plus tardivement le mouvement de ce der-
nier membre; la différence des retards peut permettre de déterminer la
vitesse de transmission dans la moelle des incitations motrices de prove-
nance corticale. »
MÉDlîCiNE. — Sur les analogies et tes dijférences qui existent entre la maladie
du sommeil et le nelavan. Note de M. Ad. Nicolas, présentée par
M. Pasteur.
« Les Comptes rendus ont publié, dans le numéro du 26 avril dernier,
une Note de M. le D'Talmy, Sur les analogies qui semblent exister entre
le choléra des poules et la maladie du sommeil (nelavan). M. Talmy
s'appuie s-ur un rapprochement qu'il a fait des symptômes du choléra des
voules, décrits parM. Pasteur [Comptes rendus du 9 février 1880), avec ceux
que j'ai indiqués moi-même en 1861 [Gazette hebdomadaire), comme carac-
téristiques de \3i maladie du sommeil.lï ajoute que « les premières descriptions
( "2'.) )
» delà maladie du sommeil, quoique portant cependant le cachet de l'ob-
» servation la j)lus exacte, n'ont pas noté l'engorgement ganglionnaire du
)> cou, signalé pour la première fois par M' Carihy (1873), puis par
1 Gore (iS'yS), et enfin par Corre (1877) ». De la fréquence de ce
symptôme dans le nelavan, il conclut à une analogie, au moins possible,
enire la maladie du sommeil et le choléra des poules.
M Sans contester cette analogie pour le nelavan et le choléra des poules,
et tout en rendant hommage à la justesse de vues de mon confrère et ami
M. Talmy , je crois utile de faire des réserves sur le sujet. Il importe égalemen t,
dans l'intérêt des observations ultérieures, de signaler une confusion qui
tend à s'établir dans les esprits, relativement a l'identité prétendue du
nelavan et de la maladie du sommeil.
» Contrairement à l'opinion exprimée par M. Corre, dont le travail
{Archives de Médecine navale, t. XXVII, p. 292) a d'ailleurs une grande
valeur scientifique, il me semble impossible de reconnaître dans les
symptôu)es qu'il a décrits la maladie du sommeil des observations anté-
rieures.
1) J'ai, le premier, insisté sur ce point caractéristique que la somnose,
comme je l'ai appelée depuis (Thèses de Paris, 1872, p. Sp), est essentiel-
lement constituée par les manifestations physiologiques du sommeil se
prolongeant audelà de ses limites normales. Elle débute par la somnolence,
qui ne diffère en rien de la somnolence normale, et ses progrès sont mar-
qués par les nuances qui séparent la somnolence du sommeil profond, de
plus en plus prolongé, jusqu'à ce que, finalement, le malade ne se réveille
plus. J'avais pris soin d'ajouter à ma description toute une série de
symptômes négatifs, pensant qu'en énumérant ceux qui manquaient
j'éviterais le reproche de ne les avoir pas recherchés et d'avoir tracé un
tableau incomplet de la maladie. Malgré tout, ce reproche s'est reproduit
sous toutes les formes depuis le début de l'observation, où l'on accusait les
premiers observateurs d'avoir pris pour une maladie nouvelle une simple
fièvre paludéenne, comme le professe encore M. Armand {Climatologie,
p. 6a i), jusqu'à l'époque actuelle, où l'on nous accuse d'avoir méconnu
des symptômes d'une importance capitale.
» Cependant, depuis vingt ans, rien n'avait été ajouté à la symptomato-
logie de la maladie du sommeil, quoiqu'elle ait été l'objet de travaux
sérieux, depuis celui de M. Guérin, portant sur cent qurante-huit obser-
vations (Thèses de Paris, 1869), jusqu'à celui tout récent de M. José Argu-
mosa, de la Havane, analysé par M. A. Bertherand dans la Gazette me-
( I [ 3o j
dicale de l' Algérie du i5 février 1880. Je m'en réfère à l'article publié
par M. Leroy de Méricourt dans le Dictioimaire encyclopédique des Sciences
médicales. Le seul point sur lequel on ail fait des réserves est l'éventualité
accidentelle de phénomènes convulsifs. Or, sur dix cas que j'ai eus sous
les yeux, ces phénomènes ont toujours manqué, et, quoiqu'on l'ait attri-
bué à l'inattention de l'observateur, il semble difficile que des convulsions
aient échappé à l'observation, quand on songe dans quelle intimité nous
vivions avec nos malades sur les navires affectés au transport de l'immi-
gration africaine.
» Donc, et ce point, ce me semble, est d'un grand intérêt, tant au point
de vue physiologique qu'au point de vue pathologique, donc il existe une
maladie des Nègres caractérisée exclusivement par la somnolence et le
sommeil, maladie mortelle dans tous les cas observés jusqu'à ce jour.
« Bien autre est le nelavan. La seule lecture de l'observation relatée dans
la Médecine des ferments du D' Déclat, que nous a signalée M. Pasteur, et
qui est due au P. Bosch, missionnaire de Dakar, établit le fait avec la plus
grossière évidence. Douleurs aiguës disséminées un peu partout, phéno-
mènes d'hyperesthésie, hallucinations terrifiantes, urines vert foncé, épais-
sissement des produits de sécrétion, poussière grisâtre sur la peau, tels sont
les phénomènes qui caractérisent le nelavan, en dehors de la somnolence.
» Le travail si remarquable du D' Corre nous suggère la même remarque,
sinon dans ses conclusions, au moins dans le détail de ses observations,
qui sont nombreuses. Nous y trouvons signalés l'hydropisie, les contrac-
tures, les tremblements, les engorgements ganglionnaires, les ulcères, di-
verses dermatoses, la maigreur, des strumes de toute nature, etc. Il semble
étrange que la maladie soit plutôt curable dans les cas compliqués, qu'elle
puisse se guérir à la suite de quelques injections hypodermiques d'acide
phénique (P. Bosch), et qu'elle ait, au contraire, toujours été mortelle
dans les cas simples qui ont fait l'objet des premières observations. Mais,
particularité des plus importantes, le sommeil et la somnolence manquent sou-
vent dans les épidémies de nelavan.
» Ainsi, d'une part, absence fréquente du symptôme essentiel et unique
de la somnose; d'autre part, tout un cortège de symptômes qu'on nous
reproche de n'avoir pas aperçus, vraisemblablement parce qu'ils n'existaient
pas : quelle meilleure preuve pourrait-on donner de la différence des deux
affections ?
)' Que penser maintenant de l'influence du parasitisme dans l'une et
l'autre? Si cette influence est moins apparente pour la somnose, j'avoue que
( >'3. )
toutes les probabilités sont en faveur de l'hypothèse de M. Talmy, en ce
qui concerne le nelavan.
» Cette maladie, au contraire de la somnose, qui se montre constamment
à l'étal sporadique, paraît infectieuse au premier chef. Elle dévaste des
villages entiers; ailleurs, les habitants fuient devant elle; les malades sont
partout un objet d'effroi; déplus, c'est une maladie essentiellement puru-
lente; l'engorgement ganglionnaire est habituel, et l'on dit que l'ablation
des ganglions suppures rétablit la santé d'une manière parfois définitive.
En outre, la somnolence, qui est assez habituelle, lui donne im point de
ressemblance de plus avec le choléra des poules, et, dans certains villages,
on attribue aux poulets mangés une influence infectieuse.
)• Je conclus de ces remarques et de certaines autres que les limites de
cette Note m'obligent à omettre que le nelavan a toutes les allures d'une
maladie parasitaire, mais que les symptômes qui lui sont assignés sous la
forme épidémique qu'il revêt sur le littoral nord de l'Afrique occidentale
le distinguent, d'une manière essentielle, de la maladie du sommeil ou
somnose, que j'ai décrite d'après les cas observés au Gabon, au Congo et
aux Antilles sur les Noirs importés.
)) L'observation de M. Tnlmy, inspirée par les brillants travaux de
M. Pasteur, ouvre à l'expérimentation une voie nouvelle, où les recherches
de nos successeurs ne peuvent manquer d'être fécondes. »
MÉTÉOROLOGIE. — 5«r »ne pluie de boue tombée à Autun. Note
de M. F. DE JcssiEc, présentée par M. Th. du Moncel.
« Le jeudi i5 avril 1880, une pluie de boue, d'une nature singulière, est
tombée sur la ville d'Autun (Saône-et-Loire).
» C'est à l'aurore que ce phénomène s'est manifesté ; le ciel était forte-
ment obscurci; vent d'ouest, sans tourmente ni rafales; temps calme; on
n'a remarqué ni éclairs, ni tonnerre; d'ailleurs l'air était froid; le thermo-
mètre ne s'est pas élevé au-dessus de 5°C.
» Des nuages noirs remplissaient l'espace et laissaient échapper une
pluie très dense. Il semblait qu'un épais brouillard enveloppait la ville ; ses
vapeurs avaient une opacité extraordinaire, témoignant d'un phénomène
insolite. C'est qu'en effet l'eau qui tombait du ciel en grande abondance ré-
pandait en même temps sur son passage une poussière terreuse, exlrémement
fine, (le couleur roucjc, rappelant celle de la bric/ue.
( I l32 )
» Après dessiccation, la couleur ronge est devenue moins vive ; un échan-
tillon joint à la présente Note permettra d'en juger. Cet échantillon est
accompagné de feuilles de pivoine, portant les traces de l'eau boueuse
qu'elles ont reçue. Je les ai ramassées pour montrer la provenance aérienne
de la poussière en question et permettre de se rendre un compte phis
exact du phénomène rapporté. Toutefois, il est bon de noter que je n'ai
cueilli ces feuilles que le lendemain; elles ont donc perdu une quantité
considérable de la boue qui les avait imprégnées; néanmoins, leur épidémie
en a suffisamment conservé pour élre examiné avec fruit.
» Omette poussière est tombée en grande abondance, au point même
d'avoir causé quelques mésaventures en différents quartiers de la ville :
c'est ainsi que des étoffes, blanchies la veille avec soin et laissées en plein
air pour recevoir la rosée de la nuit, se trouvèrent le lendemain matin dans
un tel état de souillure, qu'il fut nécessaire de les lessiver à nouveau; et
d'autres faits du même genre sans intérêt scientifique.
» L'analyse chimique révèle dans la poussière en question la présence
du fer à l'état de combinaison, et peut-être aussi celle du plonth.
» Au moment où nous terminions cette analyse, les journaux nous ap-
prennent qu'une pluie de sable est tombée en Sicile le lo avril dernier. Ca
sable contenait, dit-on, une grande quantité de fer à l'état métallique,
ou recouvert d'une légère couche d'oxyde. Invinciblement, on rapproche
ces deux phénomènes, qui, à cinq jours d'intervalle, se sont produits à une
grande dislance, donnant lieu à des dépôts assimilables. »
M. Daubrée, à l'occasion de cette Communication, fait les observations
suivantes :
« Je viens d'examiner la poussière tombée à Autun, dont M. F. de Jus-
sieu a adressé à l'Académie quelques parcelles.
» Elle présente l'aspect de la poussière recueillie dix jours plus tard dans
les départements des Basses-Alpes, de l'Isère et de l'Ain. De plus, elle en
a les caractères rainéralogiques : effervescence aux acides, mélange de
peroxyde de fer hydraté, présence de paillettes de mica, résidu des acides
fusible et principalement feldspathique.
» La chute de poussière dont il s'agit se serait donc manifestée en
France, dès le quinze avril, et au moins pendant les dix jours suivants. »
( ii33 )
M. DE LcssEPs présente à l'Académie des échantillons de minerai d'argent
de Californie et s'ex|)rime en ces termes :
« M. IMacliav, que l'on appelle en Californie le roi des mines, m'a donné
des échantillons de minerai que j'ai l'honneur de présenter à l'Académie
et qui pourront faire partie de la collection de noire École des Mines.
» Les mines d'argent que dirige M. Mackay à Virginia City sont des
plus importantes. Les galeries sont actuellement creusées jusqu'à en-
viron looo™, et l'intention de M. Mackay est de pousser à une plus grande
profondeur. On sait que la limite la plus grande atteinte en Europe dans
les mines de Bohème dépasse à peine 1000™.
» Dans les mines de M. Mackay, il y a plusieurs étages de galeries. On y
descend au moyen de moteurs hydrauliques, et à chaque étage circulent
des chemins de fer pour le service des galeries.
» On se sert de l'air comprimé pour envoyer de l'air bien oxygéné dans
les parties profondes qui n'en sont pas suffisamment pourvues et pour
produire une ventilation constante. »
M. ScHOTEL, de Strasbourg, a adressé à l'Académie, à l'occasion de
l'hypothèse cosmogonique de Laplace, une Lettre qui a été confiée à un
traducteur. Malheureusement cette Lettre a été égarée et, malgré toutes les
recherches, n'a pu être retrouvée. M. Schôtel est prié d'adresser à l'Aca-
démie une copie de sa Communication.
A 4 heures et demie, l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 4 heures trois quarts. J. B.
ERRJT^.
(Séance du 3 mai 1880.)
Page 1068, ligne i3, au lieu de U, lisez - •
» 1069, ligne 2, au dénominateur de la parenthèse, au lieu de zn + i, lisez 2n — I.
G. R., 18S0, 1- Semestre. (T. XC, N» 19. '4'
( ii34 )
Avril 1880.
Observations météorologiques
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0,6
0,5
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0,5
0,4
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0,3
0,4
0,5
0,6
0,6
0,5
0,6
( ii35 )
ITES A l'Observatoire de Montsocris.
Avril 1880.
MAGNÉTOMETtltS
à midi
(forlificaliim).
Ui)
i3
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12,0
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23,9
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69
La pression, parlie du minimum do 741,8 le 3i marsTers
minuit, esl relevée d'abord rapidement a 75?, 3 le i* a
minull. Un second minimum do 710. = esl atlelnl le 4
a 15 h. 3o et suivi d'une oscillation limilée par -49,2
vers s h. le 5 et le G vers u", h. 3o n 741,1.
Les deux tiers de la pluie du mois ont été recueillis dii-
rant cet intervalle ol principalement aux époques sut-
Tantes ;
Le i" petites averses mêlées de Rrélo dans le jour; le ■>.
marquée de 10 h. no i ig h. 3o. Le 3, par un temps
d'orafre vers i5 h. Le 4, accrue dès 3 h. 4 ■ et forte do
s b. 15 a 10 b. 45, puis ondées successives de n b. 3o
a 19 h. 30 avec éclairs, tonnerre et grêle vers i5 h.; il
éclairait encore le soir. Le 5, dès iS h. 3o, par un
orase lointain. Le C, plus faiblement de 10 h. 3o à midi.
Hausse baromélriqoe soutenue du 7 ou 9 avec maximum
ce dernier jour do 7.50,8 a ?-2 h. io. Belles éclalrcies
lo 7. Gelée blanche le 8, halo, ciel menaçant, quelques
largos gouttes.
Situation indécise jusqu'au 14. Petite averse le 12 Ters
,7 b 30. Atmosphère d'une grande transparence lo i3.
Temps orageux le 14 avec pluie continue de 3 li, to a
3 11. 50 et do 6 b, 45 à 8 b. (5. Reprises après midi et
lo soir. Minimum de pression a 746,2 vers i5 b. i5
pendant l'orage du i5, suivi d'ondées entre i5 h. 40 et
17 h. 40 et de 19 b. 20 à so b. 20. Lncore un peu do
pluie dans la matinée du lO avec lialo.
Assez beau temps à la suite jusqu'au soir du 19, avec va-
riation diurne de température excessive à cette der-
nière date. .,, . ,
Entre le 18 et le 24 se placent deux oscillations baromé-
triques similaires, savoir ;
De 759,5 le 18 â 750,8 le 20 vers 2 h. 5o;
De 7Co,9 le 21 à 8 h. 3o, à 752,8 lo 22 Ters i5 b. 3o, et
retour a 760,0 dans la matinée du 2',.
.Sous rinOuence des bourrasques lointaines qui déter-
minent ces oscillations, le ciel est assez variable 0
jour avec disposition à l'orage, et particuiièrement le
20 avec pluie de 7 b. à 8 b. 3o, de même que dans
l'après-midi du 22, surtout de 17 h. 25 a 19 h. 10. Le
nuits sont plus claires et par suite un pou fraîches.
La belle journée du 24 a débuté par de la gelée blancbe,
mais le baromètre descend vite. Nous avions eu des
perlurhalions magnétiques le 19 et mieux accentuées
encore la nuit du 2. au 22. Les vents de N.-L ont la
prédominance après lo minimum barométrique de 750,6
le .,6 à j5 h 25- Us souillent bonne brise tout le reste
du mois tendant à combler la dépression, mais abaissant
la tempéralure à 2" ou 3" de sa valeur normale.
Pluie le soir du 27, surtout de 19 b, a 21 b 3o, ainsi
que le 28 jusqu'à 7 b. 3o et surtout de 3 h. 25 a 5 h. i5.
Il pleuvait encore lo 29 do 3 b. .lo a G h. 3o,
Les dépôls de rosée le plus abondants sont ceux de»
matinées des 5, 19, 2., 22, 23 et 25, outre les salées
blanches dos 8, i3 et 2V.
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celui des vinf^t-quatre heures
commençant à (i'' du soir la
veille. Le résultat mensuel de (>^
du matin donné entre paren-
thèses comprend l'évaporalion
totale de la nuit.
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COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SEANCE DU LUNDI 17 MAI 1880.
PRÉSIDENCE DE M. EDM. BECQUEREL.
MEMOUIES ET COaiMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. le Président présente à l'Académie la nouvelle édition des Œuvres
de Laplace et donne lecture de la Lettre suivante :
« Monsieur le Président,
« J'ai l'honneur de vous adresser un exemplaire de la nouvelle édition
des OEuvres de mon grand-père, que je vous prie de faire agréer par l'Aca-
démie des Sciences pour sa bibliothèque.
» Cette édition, dont l'Académie des Sciences a bien voulu accepter la
haute surveillance et à laquelle ses deux Secrétaires perpétuels et deux émi-
neiits géomètres, MM. Puiseux et Hoûel, ont consacré tous leurs soins,
renfermera les Traités compris dans la dernière édition revue par mon
grand-père lui-même et, en outre, la collection complète de ses Mémoires,
rangés par ordre chronologique.
» En se conformant, pour cette publication, aux dernières volontés de
mon oncle le général marquis de Laplace, on n'a rien négligé, selon ses
intentions, pour que cet hommage fût digne de la Science et des travaux
auxquels son père avait consacré sa vie.
» Vous aviez voulu que Laplace vous fût attaché par les liens de la con-
C. R., 1880, I" Semestre. (T. XC, N° 20.) l^S
( ii38 )
fraternité pendant sa vie : recevez l'hommage que vous offre aujourd'hui
sa famille reconnaissante en souvenir de cet insigne honneur.
» Veuillez agréer, Monsieur le Président, l'assurance de ma haute con-
sidération.
" P. M'''" DE Colbert-Chabaïvais.
» Paris, ce 12 mai 1880. »
M. le Secrétaire perpétuel appelle l'attention de l'Académie sur la
belle exécution de l'œuvre que M. le Président vient de mettre sous ses
yeux. Rien n'a été négligé pour rendre ce monument digne de la gloire de
Laplace et du respect qui l'environne non seulement en France, mais
dans tous les pays civilisés.
La nouvelle édition a été composée sur l'édition princeps revue par La-
place lui-même. Chaque épreuve a été revue successivement avec un soin
pieux, par M. Hûùel, professeur à la Faculté des Sciences de Bordeaux,
par M. Puiseux, notre confrère, et par mon collègue M. Bertrand. Tous les
calculs ont été refaits par eux, et ce n'est qu'après accord absolu que les
bons à tirer ont été donnés.
Lorsque plusieurs Volumes étaient déjà imprimés, les éditeurs ayant
reçu communication de l'exemplaire de la Mécanique céleste sur lequel
Le Verrier avait consigné toutes les corrections qu'il avait jugées nécessaires
pendant le cours de ses longues études, ils ont eu la satisfaction de re-
connaître qu'aucune des erreurs constatées par Le Verrier ne leur avait
échappé, et que l'édition nouvelle avait pu braver cette décisive épreuve.
Les soins exceptionnels donnés à la partie typographique de l'œuvre
dans les ateliers de M. Gauthier-Villars, si savamment organisés pour tous
les travaux qui concernent les Sciences mathématiques, assignent d'ailleurs
à cette publication le rang le plus élevé et en font un modèle unique, d'une
perfection achevée et défiant toute comparaison.
Les caractères fondus exprès, le papier d'une fabrication spéciale, objet
des plus grands soins, l'encre choisie avec une sérieuse attention, le tirage
effectué à la main et surveillé avec une vigilance constante, rien n'a été
négligé pour donner à cette nouvelle et définitive édition toutes les ga-
ranties de sûreté pour le texte, de facilité pour la lecture des formules et
de résistance à l'action destructive du temps.
L'Académie, ayant décidé que cette édition serait publiée sous ses aus-
pices, par les soins de ses Secrétaires perpétuels, peut s'assurer maintenant
que, grâce à la large libéralité de feu le général marquis de Laplace et de
( i'39 )
M"" 1.1 marquise de Colbert-Chabanais, sa nièce, grâce au dévouement
sans bornes de MM. Bertrand, Puiseux et Hoiiel, l'œuvre patriotique qui
se poursuit répond sous tous les rapports aux espérances des amis de
l'Astronomie, à la vénération dont le nom de Laplace est entouré, aux
sentiments, enfin, de la Science et à ceux du Pays.
ASTRONOMIE. — Observations méridiennes des petites planètes, faites à l'Obser-
vatoire de Greenivich (transmises par l'Astronome royal, M. G.-B.Aiky)
et à l'Observatoire de Paris, pendant le premier trimestre de /'a?i?it'e 1880,
Communiquées par M. Mouchez.
Correction
Correction
Lieu
Temps moyen
Ascension
de
Distance
de
de
Dates.
de Paris.
droite.
l'éphéniér.
0 Pallas.
polaire.
l'éphémcr.
l'observation.
1879.
h m s
h m 3
S
0 / „
Dec. . 3o
12.34.43
7.10.58,74
- 2,87
121 .5i .57 ,0
+ 4:8
Paris.
1880.
Janv. 28
10. 18.39
6.48.52,56
— 2,70
116.44.44,5
+ 2,1
Paris.
29
1 0. I 4 • I 2
6.48.21,45
— 2,74
116.26.16,8
+ 4'0
Paris.
3o
10. 9.47
6.47.52,08
— 2,67
116. 7.20,4
+ 2,7
Paris.
3i
10. 5.23
6.47-24,57
— 2,4.
115.47.57, .
— 0,6
Paris.
Févr. 2
9.56.4.
6.46.34,00
— 2,62
..5. 8. 8,0
+ 1,1
Pai'is.
f
4
9.4s. 7
6.45.5i,o3
- 2,39
.14.26.47,3
+ 0,2
Paris.
5
9.43.52
6.45.31 ,91
— 2,67
1.4. 5.38,2
+ 2,2
Paris.
6
9-39-39
6 4^' '5, 07
- 2,55
(20) Massali
.13.44. 6,5
A.
4-1,0
Paris.
Févr. 1 1
.2.44.37
10. I . 5,78
-t-22,93
79. 2.11,8
+ 122,2
Greenwicli
12
I 2 . 39 . 44
10. 0. 8,62
-t-22,92
78.56.51,2
-1- 122, I
Greenwich
Mars. I
II. 3 . 20
9-43.47.75
-1- 22 , 59
77.24.40,7
+ ii3,9
Paris.
9
10.26. 2 1
9.3s. 14 7 2^-
76.52. 3o, I
Paris.
10
10.21 . 5o
9.37.39,54
(T) CÉRÈS.
76.49. 3,9
Paris.
Févr. 1 1
12 52. 5
10. 8.34,65
-^ 9.89
62. 6.54,0
+43,2
Greenwich,
12
12.48. i5
10. 7.41,18
+ 9.89
61 .59.50, i
+4', 4
Greenwich
21
.2. 3.44
9.59.31 ,52
+ 9 '94
61 . 5. 7 ,6
+38,4
Greenwich,
Mars. 6
10.47.49
9.47.56,27
-+- 9,62
60.17. 6,6
+34,1
Paris.
8
10. 38. 33
9.46.32,53
-t- 9,58
60 . I 4 • I 2 , 9
-1-33,3
Paris.
9
.0.33.58
9.45.52,54
-+- 9.47
60.. 3. 8,4
+32,9
Paris.
( ir4o )
Correction
Correction
Lieu
Dates
Temps moyen
Ascension
de
Distance
de
de
1880.
de Paris.
droite.
réphémér.
polaire.
l'épliémér.
l'observation
(T) Cérès (suite).
Mars, lo
10.29.28
9.45.14,09
+
g, 55
60. i2.ig,4
+ 33,3
Paris.
i3
10.25. 8
q. 43. 26, 75
4-
g,3i
60 . 1 1 . 1 7 , 9
+32,3
Greenwich
75
10. i6. la
9.42.23,00
+
g, 20
60.11.47,4
+ 3o,7
Greenwich
'7
10. 'J.23
9.41.25,68
+
9,i3
60. I 3. 12,7
_j--^
•9.7
Greenwich.
i8
10. 3. I
9.40.59,53
+
9''5
60. 14. 16,4
+
3o,i
Greenwich.
22
9.45.50
9. 39.31 ,35
-f-
8,82
60.20.37,0
4-28,2
Greenwich
23
9.41 -36
9.39.13,42
4-
8,58
60. 22. 44)4
+
î8,9
Greenwich
24
9.37.24
9,38.57,59
+
8.72
60.25. 3,2
+
'9.0
Greenwich
25
9.33. 14
9.38.43,27
-\'
8,64
60.27 .3i , 7
+27,1
Greenwich
26
9-I9-47
9.38.30,95
-h
8,75
6o.3o. i3,o
+
î7»7
Paris.
(u) Parthénope.
Févr. 1 1
i3. 3.2')
10. 19.56,72
-i-
3,94
76.30.42,4
+
7,8
Greenwich
12
12.58.36
10. ig. 3,74
-h
4,^^7
76.23.53,1
-4-
9'3
Greenwich
21
12. 14.58
10. 10.47 ,92
+
4,44
75.22.50,8
+
8,3
Greenwich
Mars.. 6
io.5S.i3
9.58.22,83
-h
4,45
73.58.43,8
+
3,4
Paris.
8
10.48.46
g. 56. 46,99
-+-
4,20
73.48.35,7
+
5,7
Paris.
9
■0.44- 4
9.56. 0,83
73.43.42,6
Paris.
10
10.39.23
g. 55, )5,6o
®
JCNON.
73.38.57,8
Paris.
Févr. 12
i3.ii.26
87.38. 7,7
+
8,5
Greenwich
21
12.2S.41
10.24.33, 16
-4-
4,g8
86.10.53,7
4-
8,3
Greenwich
Mars. 6
1 1 . i3. i3
10.13.24,76
-1-
4,78
83. 5o. g, 7
-l-
7,8
Paris.
8
II. 3.56
10. II .59,25
4-
4,90
83.30.4*3,3
+
8,1
Paris.
9
10.59. '9
10.11.17,77
+
4,84
83.21. 7,2
+
7,3
Paris.
10
10.54.42
10. 10.37,25
-1-
4,76
83.11.38,7
+
8,2
Paris.
10
II. 4- 2
10. 10.37,79
-h
5,56
83.11.36,0
+
g, 2
Greenwich
>7
10.32. 19
10. 6.25,39
-+-
4,95
82. 8.28,5
+
8,4
Greenwich
18
10.27.52
10. 5.54,2g
-{-
4,93
81 .59.57,0
+
5,4
Greenwich
22
10. 10.17
10. 4- 3,09
-h
4,72
81 .27 .36, g
-!-
7,6
Greenwich
24
10. 1.39
10. 3. 15,95
-f-
4:80
8r. 12.21,8
-1-
5,6
Greenwich
25
g. 57. 21
10. 2.54,3o
-+
4,64
81. 5. 2,4
-1-
7,7
Greenwich
26
9.43.46
10. 2.34,28
-r-
4,57
80.57.53,7
+
7,5
Paris.
(Il») Althxa,
Mars, g 12.22.32 1 1.34. 44, 3 1 + 5,4i 92.14.21,6
10 12.17.47 11.33.55,09 + 5,73
- 4,6
Paris.
Paris.
( >"'ll )
Correction
Correction
Lieu
Dates.
Temps moyen
Ascension
de
Dislance
de
do
1880.
da Paris.
droite.
l'éphémér.
polaire.
l'éphémér.
l'observai
'(g) Hébé.
h m s II m 9 s o , ,1 „
Mars. 24 II.44-30 11.46.24,39 -;- G, 20 73.47.26,0 — 0,1
26 11.25.41 ii.44-45»45 ■+ ^)94 73.33. 3,9 -4- 2,4
(78) DlANl'..
I\Iars. 26 11.42.17 12. 1.25,07 — 8,23 9S.5o.53,o — 76,0
@ EUNOMIA.
Mars. 26 I2.i4-i9 i2.33.3i,4o -1- 9,5o 111.59.29,7 +57,4
Greenwich.
Paris.
Paris.
Paris.
» Les comparaisons de Cérès, Pallas et Junon se rapportent aux éphé-
mcrides du Naulical Almanac, celle de Diane à l'éphéméride de la Circu-
laire n" 131 du Berliner Jahrbuch, et tontes les autres comparaisons aux
éphémérides du Berliner Jahrbuch.
» Les observations de Paris ont été faites par M. H. Renan. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la saccharine ; par M. Enc. Peligot.
« Dans une précédente Communication (' ), j'ai fait connaître quelques-
unes des propriétés de la saccharine, substance qui résulte de l'action des
alcalis sur le sucre interverti, sur la glucose et sur la lévulose. N'ayant
alors à ma disposition qu'une quantité insuffisante de matière, j'avais laissé
de côté la détermination de ses propriétés optiques. Je viens aujourd'hui
combler cette importante lacune.
» La saccharine est dextrogyre, comme le sucre ordinaire, dont elle pré-
sente, comme on sait, la composition centésimale; son pouvoir rotatoire,
déterminé à l'aide du polarimètre de M. Laurent, avec la lumière salée, est
représenté par 98° 5' : dans les mêmes conditions, et avec le même appa-
reil, le pouvoir rotatoire du sucre ordinaire est exprimé par 67° 18'.
» Il était intéressant de rechercher si la lumière polarisée exerce la
même action sur la saccharine provenant de la glucose d'amidon et sur la
saccharine extraite de la lévulose. Dans ce but, deux échantillons, pré-
parés l'un avec le lévulosate de chaux cristallisé, l'autre avec la glucose
(') Comptes rendus, «^''décembre 1879.
{ Il42
d'amidon, ont été soumis à l'observation optique. Le pouvoir rofaloire a
été le même pour les deux : il n'existe donc pas de saccharine gauche.
)) Le caractère essentiel de la saccharine est sa stabilité relative et l'inertie
qu'elle présente aux agents qui agissent d'une manière spéciale sur les
autres matières appartenant au groupe des sucres. Ainsi elle ne fermente
pas ; elle est volatile presque sans décomposition. J'ai dit qu'elle ne rédui-
sait la dissolution tartro-alcaline de cuivre qu'à l'aide d'une ébuUition pro-
longée : j'ai constaté depuis que, même dans ces conditions, cette dissolu-
tion n'est nullement réduite. Une dissolution de o»"^, 5 de saccharine dans
5o'"'^ d'eau, versée dans une liqueur contenant So*^*^ de potasse au dixième
et i*^'' de liqueur Fehling, ne donne aucune réduction après une ébuUition
prolongée ; la moindre trace de sucre interverti produit immédiatement le
précipité rouge d'oxydule de cuivre.
» La saccharine peut-elle se transformer en sucre fermentescible lors-
qu'on la soumet à une ébuUition prolongée en présence de l'acide sulfu-
rique dilué? La réponse à cette question est également négative. Un liquide
composé de So'"'' d'eau, i" d'acide sulfurique et o^'', 5 de saccharine, après
avoir été chauffé à ioo° pendant vingt minutes, n'a donné aucune réduc-
tion avec la dissolution alcaline de cuivre.
» L'acide sulfurique concentré se combine néanmoins avec les éléments
de la saccharine. Il se produit un corps analogue à celui que j'ai désigné,
dans mon premier travail sur les sucres, sous le nom d'acide sulfosaccharique.
» Une dissolution très concentrée de potasse caustique reste sans action,
même à chaud, sur la saccharine; néanmoins celle-ci forme avec la potasse
une combinaison dont on peut la séparer facilement au moyen de l'acide
sulfurique et de l'alcool. Un composé de même nature, soluble dans l'eau,
insoluble dans l'alcool, résulte du contact de la chaux éteinte avec une
dissolution de saccharine. Ces corps sont analogues aux sucrâtes.
» Le permanganate de potasse transforme lentement la saccharine en
eau et en carbonate de potasse, i^' de cette matière exige, pour cette oxy-
dation, 4^'', 6 de permanganate cristallisé; une partie du manganèse se
sépare à l'état de bioxyde hydraté.
M L'acide azotique n'agit sur la saccharine qu'autant qu'il est très con-
centré; l'un des produits qui se forment est l'acide oxalique; les matières
qui accompagnent la saccharine lors de sa formation par l'action de la
chaux sur la glucose ou sur la lévulose, notamment les acides glucique et
mélassique, étant bien plus attaquables par cet acide, j'ai mis à profit la
résistance plus grande de la saccharine pour l'extraire, au moyen de l'acide
(.143)
azotique, de l'eau mère qui reste après sa cristallisation partielle. Cette
liqueur, qui est fortement colorée en brun, est traitée à chaud par de l'acide
azotique qu'on ajoute par petites portions : elle prend une teinte d'un jaune
clair ; convenablement concentrée, elle donne bientôt la saccharine à l'état
cristallisé. L'action de l'acide azotique est accompagnée d'un dégagement
plus ou moins abondant d'acide carbonique et de gaz nitreux; il est pro-
bable qu'il se produit de l'acide saccharique, dont la formation précède
celle de l'acide oxalique. Les cristaux qu'on obtient sont quelquefois un
mélange de ce dernier acide et de saccharine. La séparation de ces deux
substances s'effectue facilement au moyen de la craie ; la liqueur filtrée et
neutre ne renferme plus que la saccharine.
» Aux procédés que j'ai indiqués pour la préparation de cette substance,
j'ajouterai un renseignement qui offre un certain intérêt : la saccharine s'ob-
tient beaucoup plus facilement au moyen dulévulosate de chaux cristallisé
que par l'emploi du sucre interverti ou de la glucose d'amidon. Lorsque ce
sel a été recueilli sur le filtre, en opérant conformément à mes précédentes
indications, on traite celui-ci par l'eau bouillante, qui y laisse une partie du
précipité jaune chamois résultant de la décomposition du produit calcaire;
la liqueur, filtrée, est portée à l'ébullition jusqu'à ce que ce même pré-
cipité cesse de se produire ; filtrée de nouveau et concentrée après addition
d'une quantité d'acide oxalique équivalente à la chaux qu'elle renferme,
elle fournit ^au bout de quelques heures une abondante cristallisation de
saccharine.
» Bien que l'étude des conditions dans lesquelles cette substance se
produit soit encore loin d'être coini)lète, je pense que les renseignements
qui précèdent seront accueillis avec faveur par les chimistes qui s'occupent
des matières sucrées. Je ne mets pas en doute que, en raison même de
sa stabilité relative, la saccharine ne se retrouve bientôt dans quelques-uns
des produits commerciaux qui dérivent des matières sucrées ; ses propriétés
optiques doivent jeter quelque trouble dans les indications du sacchari-
mètre et sa présence dans les sucres bruts, dans les mélasses, etc., lors-
qu'elle aura été constatée, permettra d'expliquer quelques-unes des ano-
malies qu'offre parfois l'usage, aujourd'hui si répandu, de ce précieux
mode d'analyse. »
( ii44 )
CHIMIE ANALYTIQUE. — Recherches, sur Ut proportion de l'acide carbonique
dans Vair. Deuxième Note de M. J. Reiset.
a Au mois de juin 1879, j'ai commencé, à la campagne, une nouvelle
série de recherches qui ont été poursuivies jusqu'aux premières gelées, en
novembre. La moyenne générale déduite des quatre-vingt-onze expériences
faites de jour ou de nuit, pendant cette période de temps, à la station des
champs, est de 29,78 acide carbonique, en volume, pour looooo air
atmosphérique sec à 0° et à 760""".
» Dans une précédente Communication, j'annonçais que du 9 sep-
tembre 1872 au 20 août 1873 la moyenne avait été de 29, /Ja. Je suis
heureux de voir ces résultats se contrôler et se confirmer d'une manière
absolue. Après six ans d'intervalle, je retrouve la même proportion d'acide
carbonique dans l'air.
M Pour ces analyses, qui demandent une précision rigoureuse, j'ai suivi
la méthode volumétrique décrite avec quelques détails dans ma Note
du 19 mai 1879 ('). Quand les expériences devaient durer douze ou vingt-
quatre heures, pour un débit de 600"' d'air, l'emploi de la batterie des
trois barboteurs à boules donnait les meilleurs résultats. Cependant il
convenait d'avoir un appareil d'absorption plus énergique, permettant de
recueillir exactement, en peu d'heures, l'acide carbonique dans un grand
volume d'air.
» L'ingénieux appareil construit par M. Schlœsing pour le dosage de
l'ammoniaque atmosphérique {-) présentait quelques dispositions très heu-
reusement applicables et dont j'ai profité.
» Description du nouveau barboteur. — Ainsi que l'indique la figure ci-
jointe, trois capsules de platine C, C, C", à parois minces, flexibles et
légèrement coniques, sont ajustées à frottement dans un tube T de cristal,
bien recuit. Chacune des capsules a o'",o4o de diamètre; leur surface
plane est percée de cent vingt trous de o"™,5. Le tube T, d'une hauteur
de o"", 5o, est fixé dans un flacon F présentant deux tubulures; la jonc-
tion avec le tube de cristal a lieu en J au moyen d'un manchon conique,
en caoutchouc épais, parfaitement adapté. Avant l'expérience, on verse
dans le flacon 3oo'^'^ d'eau de baryte limpide. Le tube A communique
avec l'aspirateur. L'air à analyser arrive par le tube t, qui s'engage dans
[') Comptes rendus, t. LXXXVIII, p. 1007.
(') Comptes rendus, t. LXXX, j). 265.
( >'/|5 )
la petite tubulure t' . Dès que l'appareil est mis en marche, l'eau de haryle
reste soulevée dans chacun des compartiments B, B', B", qui agit séparé-
ment, comme barboleur, sur l'air très divisé traversant les trous des trois
cribles en platine.
» Après l'expérience, l'eau de baryle se trouve très chargée de carbo-
nale dans le barboteur B et dans le flacon F, trouble et; laiteuse dans le
barboteur B', tout à fait limpide dans le barboteur B".
)' Le tube I, contenant de la ponce sulfurique, retient l'eau atmosphé-
rique; il est pesé avant et après l'expérience. Dans la courbure des tubes
en U on a soudé une ampoule destinée à recueillir l'acide sulfurique dilué;
cette disposition a l'avantage de maintenir constante la pression, qui s'éle-
vait à mesure que le liquide acide obstruait le passage de l'air dans la
partie cintrée des tubes habituellement employés. Le tube II, également
pesé, indique le nombre de centimètres cubes d'eau distillée qui doivent
être ajoutés à l'eau de baryle pour remplacer l'eau évaporée pendant le
passage de l'air sec. On procède aussi au lavage des parois du tube en
faisant couler lentement et par petites portions loo'"'' d'eau distillée, ajoutés
au volume total par l'orifice O. Au moyen d'une petite pompe foulante
fournissant de l'air décarl/onalé, le mélange du volume liquide est f;ut avec
la plus grande facilité, en passant alternativement dans le flacon ou dans
les trois compartiments du tube. Enfin, quand le mélange est terminé, on
fait la prise de l'eau de baryte qui sera titrée après la séparation du carbo-
nate. Un siphon plongeant jusqu'au fond du flacon F est ajusté dans la
tubulure t', pendant que la pompe agit en pression par le tube A; l'eau de
baryte mélangée de carbonate est ainsi recueillie dans un flacon que l'on
bouche à l'émeri.
G. R., iSbo, i" Scmeure. (T. XC, iN°20.) '49
( >i46)
» Ces diverses manipulations sont facilement exécutées en un quart
d'heure, tandis que le lavage méthodique des trois barboteurs à boules
en verre exige des précautions minutieuses et beaucoup de temps.
» Ce nouvel appareil d'absorption sera, je l'espère, d'un bon service; il
m'a été particulièrement utile alors que je désirais analyser l'air recueilli
pendant la journée, en plein soleil, six ou sept heures suffisant aisément
pour obtenir le débit de 600'" d'air.
» Voici quelques-unes des conclusions à déduire de la nouvelle série
d'expériences que j'ai l'honneur de présenter à l'Académie.
» Après six ans d'intervalle, je retrouve dans l'air la même proportion
d'acide carbonique : en volume, 29,78 pour 100 000 air atmosphérique, à
la station des champs. Les plus grandes différences observées n'atteignent
que les cent-millièmes.
» L'air recueilli pendant la nuit contient plus d'acide carbonique que
pendant le jour : 28,91 dans looooo est la proportion trouvée pour le
jour, entre g*" du matin et 4*" du soir; 3o,84 est la proportion pour la nuit;
il est vrai que plusieurs nuits brumeuses sont comprises dans cette moyenne.
» Théodore de Saussure, en 181G, et plus récemment M. Boussingault,
ont signalé très nettement cette influence du jour et de la nuit. Cependant,
en présence des nombreuses anomalies que présentaient les observations par-
tielles, notre savant confrère ciojail devoir déclarer que, pour admettre
celte opinion d'une manière définitive, il convenait d'attendre de nouvelles re-
clterches{'). J'espère que les résultats publiés aujourd'hui viennent apporter
la solution.
» L'examen des Tableaux montre encore que les maxima observés cor-
respondent à des temps de brouillard ou de brume. Douze expériences
faites dans ces conditions ont donné une moyenne de 3 1,66 pour 100 000;
le maximum absolu 34, 1 5 a été obtenu le 3 septembre 1879, par un brouil-
lard intense. La vapeur vésiculaire qui constitue le brouillard peut donc con-
denser une petite proportion d'acide carbonique dans un volume déterminé
d'air; mais cependant je n'ai pu trouver aucune relation à établir entre l'état
hygrométrique de l'atmosphère et la proportion de gaz carbonique.
» Le poids de l'eau, en vapeur, dans i'"*^ d'air, a varié entre 4*^', 2i5
(12 novembre) et 16°"^, 552 (11 août), la moyenne générale étant de
iqB'-, i35 pour 1""=.
» Dans une Communication faite à l'Académie le 5 janvier 1880 (-),
(') Annales de Chimie et de Physique, 3"= série, t. X, p. 4^5.
['] Comptes rendus, t. XC, p. 32.
( ■■47 )
M. Marié-Davy, directeur de l'Observatoire météorologique de Mont-
souris, a présenté les résultats analytiques obtenus pendant quatre années
dans cet établissement par M. Albert Lévy et son aide, M. Allaire. Ces
résultats sont insérés chaque mois dans les Comptes rendus. On peut y
voir que la quantité de gaz carbonique trouvée dans looooo parties
d'air, en volume, oscille entre 22 et 36. M. le directeur de l'Observa-
toire croit pouvoir expliquer ces variations du gaz carbonique par les chan-
gements d'allure des grands courants aériens. Ce gaz deviendrait ainsi un
des éléments de la prévision du temps à longue échéance A partir du mois
d'octobre dernier, et spécialement du 24 de ce mois, les observateurs de
Montsouris voient baisser d'une manière très accentuée la proportion
d'acide carbonique renfermée dans l'air. C'était, pour eux, l'indice d'un
changement complet s' opérant dans le mode de circulation de l'atmosphère dans
nos régions.
» Je n'ai pas à discuter ici la valeur de cette hypothèse, mais je dois faire
remarquer que les variations de 22 à 36, signalées par M. Marié-Davy, sont
en complet désaccord avec mes expériences. En outre, je n'ai trouvé aucune
diminution anomale dans la proportion de l'acide carbonique, du 2 octobre
au i4 novembre 1879. Pendant cette période, trente analyses ont donné
une moyenne de 3o, i acide carbonique, en volume, pour looooo parties
d'air; ce chiffre est plutôt un peu plus élevé que celui de la moyenne géné-
rale. La diminution du gaz carbonique, annoncée comme un signedu temps,
ne s'est donc pas manifestée dans notre contrée.
» La méthode adoptée par les observateurs de Montsouris peut-elle
donner des résultats précis et rigoureux.? Il est permis d'en douter, après
la lecture du passage fuivant, extrait de V Annuaire de 1879 (p. 425):
« Nous dosons chaque jour le volume d'acide carbonique fixé dans une dissolution de
potasse par l'air qui pénètre dans trois barboteurs. Le volume d'air mesuré au compteur
et le volume d'acide dosé sont sensiblement à la même température, à la même pression et
tous deux saturés de vapeur, ce qui dispense de l'aire les corrections que nécessiterait le
dosage en poids. »
)) Ainsi, le volume d'air mis en mouvement par une trompe est mesuré
dans un compteur à gaz; on se dispense de faire les corrections nécessaires
de température et de pression pour le gaz carbonique et potir l'air : sui-
vant moi, une pareille méthode, sans doute très expéditive, ne doit donner
que des résultats approximatifs, et l'on ne peut sérieusement les invoquer
pour établir des lois sur les grands mouvements atmosphériques.
» Dès l'année 18 iG, les savants les plus éminents se sont préoccupés de
( n48 )
l'iiifliience du mouvement des atmosphèies sur la composition de l'air.
Théodore de Saussure publiait alors ses observations sur les varialions du
cjaz acide carbonique dans l'air. Cette publication souleva une discussion
scientifique qui reste encore aujourd'hui pleine d'intérêt ; en la relisant,
j'ai été vivement frappé de la critique si judicieuse et si vraie adressée par
Gay-Lussac.
)) Je partage absolument l'opinion de cet illustre physicien sur ladijfusion
uniforme de l'acide carbonique, et, ne pouvant l'exprimer aussi bien et
avec autant d'autorité que lui-même, je transcris ici les quelques lignes
insérées, sous forme de Note, dans les Annales de Chimie et de Phjsique
(t. II, p. 200)
« .... II est très raisonnable de dire que l'air est toujours en mouvement, soit dans le
sens horizontal, soit dans le sens vertical, et que le même lieu est alternativement baigné,
dans des espaces de temps peu considérables, par l'air des pôles et par celui des tropiques. Il
faut que le vent soit bien faible pour qu'il ne parcoure que 6 lieues à l'heure, et néan-
moins, dans cette supposition, il ne lui faudrait que (juinze heures pour parcourir la dis-
tance qui sépare Paris de Genève et pas huit jours pour venir du pôle ou de l'équateur en
France. Un mouvement aussi rapide de l'air et les courants continuels ascendants et des-
cendants suffisent pour produire une diffusion uniforme de l'acide carbonique dans l'atmo-
sphère, quoique les sources de ce gaz soient très variables sur la surface de la Terre, et nous
ne pensons pas qu'on l'ait jamais conçue autrement. »
NAVIGATION. — Sur le barrage du Furens. Note de M. de Lesseps.
u M. de Lesseps rend compte de la visite qu'il vient de faire, près de
Saint-Étienne, au grand barrage du Furens, de 56" de hauteur.
» Un tel travail, regardé comme le plus beau en ce genre et qui fait un
si grand honneur aux ingénieurs français, doit servir de type au barrage
du Chagres dans l'isthme de Panama.
» M. de Lesseps était accompagné dans cette visite parles ingénieurs en
chef des Ponts et Chaussées, MM. de Montgolfier, Jollois, Lefort et les ingé-
nieurs ordinaires du département.
» La dépense totale du barrage du Furens, y compris les travaux acces-
soires pour la conduite des eaux, a coîité 1 G/(4ooo'^' et produit déjà à la
ville de Saint-Étienne un reveiui de 35oooo'' par an. Ce sera un bon
exemple à suivre pour beaucoup de villes de France.
» Or, d'après ce précédent, le barrage du Chagres, d'une hauteur de
40", en multipliant la dépense par la longueur de l'ouvrage, ne coûterait
( >"Vj)
pas plus de aS millions de francs, somme bien inférieure an devis primitif,
ôvahu' à loo millions. Le barrage du Cliagres permettra en outre, en dehors
do son utilité pour le canal maritime, de fournir l'eau potable en abon-
dance aux deux villes de Colon et de Panama, qui en sont aujourd'hui à
peu près dépourvues.
» ]\I. de Lesseps joint à cette Note la copie d'une plaque de marbre pla-
cée à l'extrémité du pont du barrage du Furens et donnant la décomposition
de la dépense de i 644000*^' :
■1 Cai)acilé Ju réservoir, 1 Gooooo""", tlont i 200000 pour conserver l'eau destinée aux
fonlaines et usines, et 400000 île vide pour retenir les eaux d'inondation.
I 902000''' pour le mur du réservoir, haut de 56'", long de 100'",
épais de 49'" au pied ;
18000'^'' pour le tunnel supérieur, de 65'", (jui sert à écouler les
eaux d'inondation ;
Dépense totale, I 102000'^'' pour le tunnel inférieur, de iS5'", par oîi se fait la prise
l644ooo'^''. ] d'eau pour les tuyaux, robinets, elc;
S'ioooo'^' )iour le canal de décharge;
1^7000''' pour les indemnités;
3ôooû''' pour le petit barrage et les vannes de manœuvre qui
\ sont à 1600'" à l'amont.
» Le barrage du Pas du Riol est à 2200'" de distance. »
M. lePiiÉsioENT annonce à l'Académie la perte nouvelle que vient de
faire la Science. M. Peter», Correspondant de la Section d'Astronomie, est
mort à Riel à l'âge de soixante-quatorze ans. Successeur de Petersen dans
la direction du célèbre Recueil fondé par Schumacher [Aslronomische
Nacliriclilen), M. Peters était comptédepuis plus d'un demi-siècle parmi les
astronomes les plus actifs et les plus dévoués à la Science, tant de fois
enrichie par ses travaux.
INOMIINATIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la noinination de Com-
missions de prix chargées déjuger les Concours de l'année 1880.
Le dépouillement donne les résultats suivants :
Prix Delalande-Guériiieau : MM. de Lesseps, d'Abbadie, Miliie Edwards,
Cosson et Mouchez réunissent la majorité absolue des suffrages. Les
( ii5o )
Membres qui après eux ont obtenu le plus de voix sont MM. Boussingault
et Perrier.
Commission chargée de présenter une question de grand prix des Sciences
malhématiques pour 1882 : MM. Bertrand, Puiseux, Tisserand, Hermite et
Bouquet réunissent la majorité absolue des suffrages. Les Membres qui après
eux ont obtenu le plus de voix sont MM. O. Bonnet et Resaj.
Commission chargée de présenter une question âe prix Bordin (Sciences
physiques) pour 1882 : MM. Puiseux, Bertrand, Fizeau, Phillips et Tis-
serand réunissent la majorité absolue des suffrages. I^es Membres qui après
eux ont obtenu le plus de voix sont MM. Resal et Hermite.
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
THÉRAPEUTIQUE. — Sur quelques effets iiutrilifs des alcalins à doses modérées,
d'après r expérimentation sur l'iiomme dans l'étnl de santé. Mémoire de
MM. Martix-Damourette et Hyades. (Extrait par les auteurs.)
(Renvoi au Concours des prix de Médecine et Chirurgie.)
« Nous avons institué des expériences sur l'homme sain dans le but de
fixer le genre d'influence qu'exercent les alcalins sur la nutrition.
» Pour cela, nous avons pratiqué l'hématimétrie et le dosage de l'urée
et de l'acide urique des urines comparativement dans l'état physiologique
et dans l'état expérimental.
)) Les expériences ont été faites sur quatre adultes bien portants et qui
ont suivi une hygiène identique pendant toute la durée des observations.
» Les alcalins employés ont été tantôt le bicarbonate de soude à la
dose de 5^'', pris en deux fois aux repas, tantôt l'eau de la source Elisabeth
de Cusset, prise à la dose de o'",5 à i'" aux repas et en dehors des repas.
Nous avons tenu à n'employer que ces doses modérées, susceptibles de
modifier la nutrition, et avec elle certains états morhides constitutionnels,
à l'exclusion des doses massives et perturbatrices ou altérantes, qui ont un
autre objectif thérapeutique.
» Ces expériences ont donné les résultats déjà constatés par l'un de
nous il y a vingt-six ans, c'est-à-dire la diminution constante de l'acide
urique et l'augmentation de l'urée sous l'influence du régime alcalin.
Elles paraissent établir en outre une augmentation du chiffre des globules
rouges du sang.
( «'Si )
» Une seule différence existe entre les résultats fournis par les deux
sortes d'alcalins employés , et son importance n'échappera à personne :
c'est que l'usage du bicarbonate de soude pendant six jours a déterminé
des troubles gastriques (inappétence, dyspepsie, pyrosis, etc.), tandis que
l'emploi de l'eauÉlisabelhpeudantle mémetempsatoujoursaugmentél'acti-
vité des fonctions digestives lorsqu'elles étaient un peu languissantes, et
ne les a nullement troublées quand elles étaient parfaites.
« Des Tableaux détaillés permettent de se rendre un compte exact des
effets que nous signalons et de quelques autres qui ne sont pas sans
intérêt. Nous nous bornerons à en indiquer les principaux chiffres. Notons
d'abord que les quatre sujets qui se sont mis en expérience pendant six
jours ont pris : le premier, S^' de bicarbonate de soude par jour; le
deuxième, une bouteille d'eau Elisabeth de Cusset; le troisième, une
demi-bouteille de cette eau minérale, elle quatrième, trois quarts de bou-
teille.
» Les modifications produites par le régime alcalin ont été les sui-
vantes :
>j 1° La quantité de C urine a augmenté et sa densitéa diminué, excepté chez
le sujet de la première observation, où elle s'est accrue.
» 0.° Le chiffre de l'urée a augmenté chez les quatre sujets : de 5,62 pour
loo chez le premier sujet ; de 8,4o pour loo chez le deuxième; de 29^21
pour 100 chez le troisième ; enfin de 88,23 pour 100 chez le quatrième.
M 3" L'acide unique a considérablement diminué dans tous les cas : de 24,63
pour 100 chez le premier sujet ; de 4» 68 pour 100 chez le deuxième ; de
23, 3i pour 100 chez le troisième , et enfin de 3x, 26 pour 100 chez le qua-
trième.
» Chez les sujets de la deuxième et de la troisième observation, les urines
donnaient, à l'état physiologique, un dépôt d'urates qui disparut dès le
deuxième jour de l'usage de l'eau Elisabeth. Quelques jours après la cessa-
tion du régime alcalin, le dépôt reparut légèrement, mais pour disparaître
ensuite et ne se montrer de nouveau qu'à des intervalles assez éloignés et
passagèrement.
» Chez le sujet de la quatrième observation, le seul où l'acide urique fut
dosé après la cessation du régime alcalin, le chiffre de cet acide remonta
dès le deuxième jour.
» Un autre fait très digne d'intérêt à signaler dans cette quatrième ob-
servation, c'est l'augmentation énorme de l'acide urique qui se produisit
pendant le premier jour du régime alcalin, établissant d'une manière très
( Il52 )
nette l'action éliminatrice de l'acide inique que possède l'eau de Vichy.
Le même fait se produisit chez le sujet de la deuxième expérimentation,
tandis que chez le premier sujet, où sans doute il n'y avait pas d'acide
urique emmagasiné, il y eut une diminution considérable de l'acide urique
dès le premier jour de l'emploi du bicarbonate de soude.
» 4" Chez les sujets sur lesquels l'hématimétrie fut pratiquée pendant
l'état physiologique et l'état expérimental, il y eut, sous l'influence des
alcalins, une augmentation du chiffre des globules rouges du sang, qui
montèrent de ZtgGoooo à 5419000 chez le premier sujet et de 4278000
à 5 084 000 chez le troisième.
» Des conclusions qui ressortent de ces expériences physiologiques,
nous ne voulons retenir que les suivantes :
» 1° Les alcalins sont des agents Iroplnques, aux doses modérées où nous
les avons expérimentés. Ils activent la nutrition, en la perfectionnant dans
toute la série des actes qui la constituent, et notamment ils élèvent le
chiffre des globules sanguins et favorisent la désassimilation, comme l'at-
testent l'augmenlalion de l'urée et la diminution de l'acide urique des
urines.
» Ce surcroît de dépense communique une impulsion plus grande à
l'assimilation, et, de ce chef, les alcalins sont des nutritifs déperditeurs, à la
façon de l'exercice musculaire, de l'hydrothérapie, de la respiration oxy-
génée, etc. Par conséquent, c'est une erreur de croire que les eaux de
Vichy sont débilitantes et contre-indiquées chez les anémiques, dont, au
contraire, elles favorisent merveilleusement la reconstitution, quand elles
sont employées dans une juste mesure.
» 2° Le second fait qui se dégage avec la plus grande netteté de nos expé-
riences, c'est l'énorme diminution de l'acide urique des urines sous l'in-
fluence de l'eau de Vichy, même à la faible dose d'une demi-bouteille par
jour, et comme, d'autre part, l'eau alcaline augmente les urines et assure
l'élimination des urates, on comprend que les alcalins soient un admirable
préventif des attaques de goutte et de gravelle, lorsqu'on sait y recourir
en temps opportun. La clinique témoigne hautement en faveur de ce
résultat physiologique.
» 3° Nous ne terminerons pas sans faire remarquer l'importance qui
s'attache au choix de l'alcalin et à son dosage au point de vue des effets
nutritifs à obtenir. Nos expériences démontrent que le bicarbonate de
soude à la dose de 5°'" par jour détermine déjà des troubles gastriques et
que, par conséqiient, l'eau minérale alcaline doit être préférée pour un
.,:,:•,)
Iraitement d'une certaine durée. Elles établissent en outre que, sans
dépasser la dose d'une demi-bouteille d'eau de Vicliy par jour, nous avons
obtenu toutes les modifications utiles contre les maladies de la nutri-
tion. »
M. A. Picard adresse un Mémoire intitulé « Sur la théorie du gyroscope
électromagnétique i'.
(Renvoi à la Commission précédemment nommée.)
CORRESPONDANCE.
M. Boussi.N'ESQ prie l'Académie de le comjjrendre parmi les candidats à
la place actuellement vacante dans la Section de Mécanique.
(Renvoi à la Section de Mécanique.)
ASTRONOMIE. — Positions de la comète b de j 880, déterminées à l'Observatoire
de Bordeaux. Note de M. Rayet.
Tomps moyen Ascension Étoiles
Dates. de bordeaux. dioile. Décliiiaisun. de coniparaisun.
Il m s ni s r ff
1880. Mai 10 10.41.20,2 0.40, 5 +3.3,6 a
» i'3 10.21.38,7 0.18,5 -5.5,3 b
» ■' 14 10.52.14,5 0.27,6 —1.25,8 c
Positions moyennes pour !88u,o.
Ascension
Étoiles de comparaison. droite. Déclinaison,
u 11 tii s u / //
« Aiyelaniler, zone + 61, n° 887 6.18.34,6 61.37.35
b » " -(- 60, n" 97 1 6.19.36,6 60 . 1 3 . 1 o
c » » -(-59, n° 98'( . . . . . 6.20.12,9 5g. 3g. 1 5
» La comète est très faible et diffuse, ce qui rend les observations dif-
ficiles.
)) Ces positions ont été obtenues à l'aide de l'équatorial de 8 pouces que
la Commission du Passage de Vénus a confié à l'Observatoire de Bor-
deaux. »
c K., it8o, i" Semestre. {J.\C,ti<>W.) l5o
( ii54 )
MÉCANIQUE CÉLESTE. — Su7' des transcendantes qui joiienl un rôle fondamental
dans la théorie des perturbations planétaires. Note de M. O. Callaxdreau,
présenlée par M. Tisserand.
« L'objet de cette Note est la démonstration de l'important théorème
communiqué par M. Tisserand dans la séance du 3 mai.
» Dans la formule
cos m fl fia
=• r -
2 a cos 6)^
j sera toutefois supposé compris, comme *^i — -
5
h avant la signification que lui donne M. Heine (§ 4-1), c'est-à-dire étant
une certaine puissance fractionnaire de n. La première partie de l'intégrale
est comparable à e"" (e positif) ; la seconde est égale au produit de - par
une quantité finie. Il suffit donc d'avoir égard à la seconde partie,
n ■
ou
L
n
' ^+"-'(i —/•')-'/''• — '■a\-j
j^ ll-«4-az)' y- i-a + a^j ^'
en posant c = i — r. On fait maintenant m = zn, et l'on suppose « très
grand. La valeur approchée de l'intégrale précédente est alors
ou, plus simplement,
ff_-^r{.-^)-
» En simplifiant l'autre facteurau moyen des équations connues
T(s)T(i-s) = -^^ et T(z) = z"h-'s/-àn
pour z très grand, on arrive à ce résultat :
x^ d"h, _ 4'~' / _ \i-2î __'_/' _J^'*
1.2. ..«1^?^ ~r=(*)^' '^' n'-'\i — xi
pour « très grand.
( I I 5(i )
» Si l'on fait j= -, l'expression du second membre se réduit à
» On peut remarquer que l'entier m ne figure pas dans ces formules.
» Les nombres suivants montrent l'utilité pratique de la formule précé-
dente.
M D'après M. Tisserand (voir ce Vollune, p. loaS), on a, dans les derniers
d'' /;'»'
exemples cités, -. —r~- égal à o,o3'3 et à o,o55 ; nous trouvons o,o35
f I . 2 . . . b do." o ' ' '
et o,o58.
» Dans la tliéorie de Vénus et de la Terre, d'autre part, où
« = 0,723332, on a, d'après M. l.e Verrier, a*-y^ =17'. 78 et par la
formule approchée 178,45. »
GÉOMÉTRIE. — Sur le nombre des groupes cycliques dans une transformation
de l'espace. Note de M. S. Kantoii, présentée par M. Chasles.
« Dans une Note communiquée à l'éminent M. Cremotia pour les An-
nali di McUeniatica, j'ai déterminé le nombre des groupes cycliques d'iuie
transformation rationnelle dans le plan. On peut étendre cette détermina-
tion à l'espace, et je prends une transformation rationnelle D du troi-
sième degré à quatre points doubles fondamentaux.
1) Soient A, B, C, Det A',B',C',D'Ies points fondamentaux des deux espaces
superposés. Le point A', appartenant aussi au premier espace, se trans-
forme successivement en A',, A'^, . . . , A'„ ; la droiteA'B', après la 7^'^"'^ trans-
formation, devient une courbe gauche (A'B')„ de l'ordre 3", qui a un point
( 3n-^)tapie en chacuH des points A', , B^ , C^ , D|, , où j = o, i ,...,« — i , et
A'q = a' , et qui passe par A'„ ,B„, mais non par C'„ , D'„ .
» Un plan quelconque après n transformations devient une surface T„,
de l'ordre 3", ayant en A^ un point (2 . S""''"' )'"p''' et qui contient la courbe
(A'B'), comme courbe (3«-^-' )t"pie.
» Je prends deux droites arbitraires a, h, qui se coupent, et une troi-
sième c, qui ne les coupe pas. Le faisceau de plans dont a est l'axe et celui
des surfaces T„ correspondantes sont projeclifs et engendrent une sur-
face Ua de l'ordre 3"-!- i. Les surfaces Ua et U4 se coupent suivant une
( "57 )
courbe de l'ordre (3" -h i)-, qui se compose : i° de la courbe d'intersec-
tion, d'ordre 3", du plan «i avec la surface T„ qui lui correspond; 2° des
courbes (A'B'),, où (A'B')^ compte pour une intersection du {^y ,y(»-!-i)y^<«<>
ordre et l'ensemble de toutes les courbes (A'B')^ pour une courbe de
l'ordre 1 3"-' ( 3"— i); 3" d'une courbe gauche A„, d'ordre 2 .3"+ i , par
conséquent. Cette courbe est le lieu des points dont les n'*""^' transformés
sont, avec les points eux-mêmes, situés sur des droites passant par le
point (nb).
» A„ liasse 3""'-' fois par A', , B', , C', , D^ . Il faut trouver le nombre des
points oii A„ rencontre les courbes (A'B'),. Le plan A'B'C contient deux
droites variables des U^ et U* dont le point d'intersection appartient à A„ :
ainsi, sur chacune des arêtes A' B' sont situés i(2 . 3"— 3.3""')=: 3"~' points
de A„. Alors je prends le premier transformé S, du plan A'B'C; 5, coupe
d'ailleurs les Ua, Uj suivant deux courbes planes du troisième ordre qui
ont trois points communs. Les 5, et A„ se rencontrent, en outre de ces
points et des points A', B', C, D', A', , B', , C, , en
3(2.3"-^ i)~ 3- 8. 3"-'- 6. 3"^' -3.3"-= =r: 3"
points; donc le A„ et la courbe (A'B'), se rencontrent en 3"~' points. En em-
ployant successivement les .y'^"'" transformés du plan A'B'C, on trouve que
A„ a, sur la courbe (A'B')^, 3" ' points autres que les points fondamentaux
et leurs transformés.
» Cela posé, on prend la surface U,.. Les points communs à A„ et à U,.
sont : 1° les A', B', C^, D^, qui comptent ensemble pour 82", 3='*-"; 2° les
points de A„ sur les courbes (A'B')j, qui comptent pour 6. 3""' 2", 3^-' ;
3° 2.3" points qui dépendent de ceux dans lesquels la droite c coupe le
cône qui a pour sommet le point {ab) et pour directrice la courbe A„;
4" les k points de l'espace qui correspondent à eux-mêmes, et 5° un
nombre Z de points dont il faut que les «'*""" transformés coïncident avec
eux, Z = 2 . 3" 4- 2 — A".
» Donc k = S. Voici un théorème sur ces huit points, qui peuvent être
appelés poiiUs doubles de l'espace : Ils sont huit points associés dans le système
linéaire de surfaces du second degré qui est formé par les quatre paires de plans
BCn, B'CD', ....
» Mais, en considérant que, si ley*"° transformé de /j coïncide avec /?, il
en est de même pour le n''"'" transformé quand/ est facteur de n, on doit
donc écrire
Z„-i-2Z.= 6(3"-'- 1),
( ii58 )
où Z„ désigne le nombre des points qui ne se reproduisent qu'après Ji
Iransformalions. De celte formule on tire, par un calcul un peu prolixe, la
conclusion suivante :
» En opérant une Iransformnlion D de l'espace, on trouvera
groupes cycliques contenant chacun ii points qui ne sont transformés en eux-
mêmes qu'après ii transformations successives. Les sommes s'étendent sur tous
les facteurs simples de n.
" Plus généralement, on peut établir ce théorème :
i> Si ce,, .Tj. . . . , JCr+i sont les n paramètres d'une variété linéaire à r dimen-
sions et si Von applique à ses éléments une transformation du r'""'' degré ex-
primée par
e-j:- •>- _'.'. .1
A, Aj Ar+,
OÙ les S, sont les paramètres de l'élément transformé et oii les A désignent des
jonctions homogènes du premier degré en a-, , a^o, . . . , ir^^, , alors il y a
groupes dont les n éléments se transforment en les mêmes éléments dans un
certain ordre, de sorte que chaque élément ne revient à son ancienne place qu'a-
près n transformations.
» Au lieu de l'expression élément, on peut mettre un sjslème de valeurs
des X.
» Il va sans jdire qu'au moyen d'ini procédé analogue on arrive au
nombre des groupes cycliques d'une transformation quelconque de l'es-
pace. »
PHYSIQUE. — Les tensions des vapeurs saturées ont des modes de variation
différents selon qu elles sont émises au-dessus ou au-dessous du point de
fusion. Note de M. Paul de Mondesir.
" V. Regnauh et d'autres physiciens ont trouvé que l'état solide ou
liquide d'un corps n'a pas d'influence sensible sur la tension de ses vapeurs,
l ' ' 5() )
soit au point de fusion, soit à des températures inférieures, dans le cas de
surfusion. En admettant cette conclusion comme définitive, même pour le
dernier point, il reste cependant à examiner si, lorsque l'on prend des par-
cours de températiu'e un peu considérables au-dessus et au-dessous du
point de fusion, le mode de variation des tensions reste le même des deux
côtés. Cette question ne paraît pas avoir été nettement posée jusqu'ici et
cela se conçoit, cnr en considérant chaque corps isolément on ne peut rien
voir de précis. Il n'en est pas de même lorsqu'on applique le procédé que
j'ai indiqué précédemment pour la comparaison des diverses vapeurs. Je
rappelle que ce procédé consiste à prendre dans la Table d'une des va-
peurs des températures également espacées et les tensions qui sont en re-
gard, à chercher pour la seconde vapeur la série des températures qui
correspondent à ces mêmes tensions, puis à prendre les différences succes-
sives de ces températures. Lorsqu'on opère sur deux corps liquides, les
différences pour le second corps varient lentement; mais, si l'on arrive à un
point de solidification, la variation change toujours et s'accentue dans de
très fortes proportions, comme le montre le Tableau ci-dessous :
Chlorure
Hydrocarbure
de
de
Eau.
cyanogèue.
brome.
Benzine.
0
0
V
0
1 7,5o
>'
ïj
u
\ 7 = 35
n
il
0
Parties liquides. .
■ \ 7>'8
u
»
»
6,78
29, I I
5,83
.r,44
1 6,26
79,72
5,97
1 1 ,'3o
Points de fusion .
/ 4,86
23,00
6,3o
9,43
Parties solides. . .
] 4,35
»
6,89*
9»°'
■( :
"
8,18
7,79
»
io,86
„
» La variation de l'hydrocarbure est en sens contraire des autres; mais
le chlorure de carbone, dont Regtiault a rejeté la partie solide, et l'acide
carbonique, depuis sa solidification vers — 07° jusqu'aux plus basses tem-
pératures obtenues par Faraday, marchent comme l'eau, la benzine et le
chlorure de cyanogène. L'hydrocarbure est donc un cas isolé dont je prie
le lecteur de ne pas s'occuper pour le moment.
« Il n'existe pas pour l'eau de bons termes de comparaison, car Regnault
n'a étudié sur aucun autre corps des tensions à beaucoup près aussi
basses. J'ai |)ris la comparaison avec la térébenthine, bien que celle-ci
( m6o )
soit le corps le plus suspect comme pureté, parce que c'est la seule qui
permette de descendre pour l'eau jusqu'à — 9°. La variation tout à fait ex-
ceptionnelle que cette comparaison présente dans la partie liquide a
d'ailleurs l'avantage de faire voir que, si l'on prend les taux pour 100 des
variations sur les parcours thermométriques des deux parties, celui de la
partie solide est encore cinq fois plus fort que l'autre.
» Le chlorure de cyanogène est comparé à l'eau liquide. L'hydrocar-
bure est comparé aussi à l'eau; mais celle-ci devient solide à l'intervalle
marqué par un astérisque, et l'ettetqui en résulte, s'exerçant dans le même
sens que celui de l'hydrocarbure, accélère la variation. Les chiffres de ces
deux corps sont pris sur les courbes de Regnault. La benzine est comparée
à ralcool; ses chiffres sont pris sur les observations, parce que Regnault
reconnaît que sa courbe ne représente pas bien les bas degrés.
» J'ai, d'ailleurs, varié les comparaisons de bien des manières et avec
beaucoup d'autres liquides : les résultats changent un peu d'apparence,
mais conservent le même fond ; le passage par le point de fusion amène
toujours une variation au moins quatre ou cinq fois plus forte que le maxi-
mum de ce qu'on trouve sur deux liquides dans un égal parcours thermo-
métrique. Ce fait sans exception, toujours du même ordre, ne peut être un
hasard de calcul.
» Il reste toutefois une objection: c'est que Regnaidt aurait dû aperce-
voir des variations aussi marquées. Mais l'illustre physicien a toujours
étudié chaque vapeur isolément, et dans ce cas les variations d'allure ne
peuvent apparaître que par des difficultés dans l'établissement de la for-
mule. Or l'exponenlielle empirique est assez flexible pour représenter la
majeure partie des variations que je signale. Toutefois il en reste, comme
je l'expliquerai plus tard, une petite portion qui crée des difficultés; aussi
Regnault l'a-t-il vue, quoiqu'elle ne soit peut-être pas le dixièuie du total ;
mais, ne pouvant en reconnaître la nature, il l'a appelée inérjularité.Yoici
les conséquences de cette irrégularité, si petite qu'elle soit.
» Dans le chlorure de carbone, Regnault a retranché la partie solide
comme pouvant troubler le reste. Pour le chlorure de cyanogène, il déclare
que la courbe ne représente pas bien l'état solide. Pour la benzine, après
avoir recommencé quatre fois l'ajustement de la courbe, il conclut que
pour suivre la partie solide il faudrait élever le point le plus bas à 5"""
au lieu de 2"", 80 que lui ont donnés deux observations concordantes.
Dans les Tables de l'eau, il a pris une courbe spéciale au-dessous de 0°
et, bien qu'il disposât de trois coefficients pour ajuster cette courbe sur un
( ii6. )
parcours de Sa" seulement, il en a encore mis de côlé la moitié pour
revenir aux chiffres des expériences.
» Cet ensemble de faits prouve, à mon avis, que le passage par le point
de fusion a toujours, dans les expériences, amené un changement très
marqué du mode de variation des tensions. Que ce changement résulte
réellement du phénomène physique ou de la présence de corps étrangers,
ou de changements isomériques, il y a une première conchision qui restera
toujours la même : c'est qu'il faut séparer la représentation des vapeurs
données par le liquide et des vapeurs données par le solide, comme Regnault
a été amené à le faire dans son étude si précise sur la vapeur d'eau. »
MÉTÉOROLOGIE. — Sur l'interversion des températures de l'air avec la hauteur.
Note de M. Ch. André.
« L'interversion remarquable signalée par M. Alluard ( ' ) dans les tem-
pératures de l'air à Clermont et au sommet du Puy-de-Dôme se produit
dans les mêmes circonstances pour des points de l'atmosphère séparés par
des distances verticales beaucoup moins grandes et très voisines ; on peut
même dire qu'elle a alors lieu d'une façon continue presque à partir du
niveau du sol.
» C'est ce que montrent les faits suivants, qui sont un argument de plus
à l'appui des considérations dont M. Faye a fait suivre la Communication
de M. Alluard.
» L'Observatoire de Lyon a fait, l'hiver dernier, des observations régu-
lières au parc delà Téte-d'Or (175™ d'altitude) et au fort du mont Verdun,
à lo""" de Lyon (625"" d'altitude); dans les conditions que j'ai rappelées
plus haut, les maxima et minima observés au mont Verdun sont plus
élevés que ceux observés au parc, et la différence est parfois plus grande
que celle constatée à Clermont. Je citerai, comme exemple, les nombres
suivants :
MlNlMA. MAXIMA.
Mont . nifférence Mont Différence
Dates. Parc. Verdun. Verdnn-Parc. Parc. Verdun. Verdun-Parc.
000 000
Dec. 19 -i3,8 —10,0 4- 3,8 —3,1 —7,4 —4,3
20 — 13,6 - 5,8 -H 7,8 -1,5 -3,8 -2,3
21 — i3,i — 4'5 + 8,6 +0,8 —0,8 —1,6
(') Comptes rendus, même tome, p. 795 et suiv.
C. R., 18S0, i" Semestre. (T. XC, N" 20.) 1 5 I
( 1 102 )
MIN1M\. MAXIMA.
Mont Différence Mont Différence
Dates. Parc. Verdun. Verdun-Parc. Parc. A'erdun. Verdun-Parc.
o o o o o o
Dec. 22 —'■^A O'O +'3,4 — 0,6 -^0,4 -+-!,<)
23 — 13,5 — 3,8 -)- 9,7 —''9 — ij2 +0,7
24 — '3,7 — 3,0 -1-10,7 — ''^ -1-5, o -t-6,8
25 — 15,6 — 1,0 -!-r4,6 — 3,2 — 0,4 +2,8
26 —14,8 — 5,0 -I- 9,8 —5,6 — 4'0 -1-1,6
27 —16,3 — 6,5 -+- 9,8 — 4>4 —2,6 -f-i,8
28 — 14,1 — 1,6 -1-12,5 — 2,9 -1-9,, G +4j9
29 —12,8 H- 3,8 -i-i6,6 -4-3,8 -f-6,4 -1-2,6
3o. . . . — 0,8 -1- 1,8 -1- 2,6 -+-5,5 -1-2,5 — 3,0
« Cette interversion dure moins entra les deux stations précédentes
qu'entre celles de l'Observatoire du Puy. Dans les deux cas, elle commence
par les minima, mais elle se produit d'abord au Puy-de-Dôme, et nous ne
l'apercevons que quelques jours après; de même, elle se termine plus tôt
pour nos deux stations.
» On la trouve d'ailleurs, dans les mêmes circonstances, entre deux
stations de hauteur bien moins différentes encore. Ainsi, M. Maxime
Benoît, secrétaire de la Commission départementale de Météorologie du
Rhône, fait depuis de longues années des observations régulières à
Saint-Irénée, faubourg de Lyon (à a4o™ d'altitude). Or son registre d'ob-
servations donne, pour la même époque, les résultats suivants :
MINIMA. MAXniA.
Différence. Différence.
Dates. Parc. St-Irénée, St-lrénée-Parc. Parc. St-Irénée. St-Irénée-Parc.
o o rt 000
Dec. ig — 13,8 — 12,7 -1-0,9 — 3,i — 2,0 +0,9
20 — 13,6 — 13,3 -1-1,4 — iî5 — 2,2 — 0,7
21 — i3,i — 11,5 -1-1,6 +0,8 0,0 — o,S
22 — 13,4 — 11,3 -1-2,2 —0.6 — 0,4 -1-0,2
23 — 13,5 — '1)7 -f-i,8 — 1,9 — 0,3 ^-i>7
24 — 13,7 —11,6 +1,9 —1,8 -4-0,2 -1-2,0
25 — 15,6 — 12,8 -f-2,8 — 3,2 — 1,5 -l-'>7
26 — 14,8 — '3,9 -+-059 — 5,6 — 1,4 -1-4)2
27 —16,3 —'4,5 -1-1,8 ' —4)4 — 4'6 —0,2
28 — i4,i — 13,3 -1-0,8 — 3,9 — 1,0 -^-I^9
29 — 12,8 — 11,5 -1-1,3 H-3,8 +3,3 — 0,6
3o — 0,8 0,0 -HO, 8 -+-5,5 -+-5,5 0,0
» Sans atteindre l'importance qu'elle a pour le Puy-de-Dôme et pour le
( ii63 )
mont Verdun, l'interversion des températures est manifeste et se produit
d'ailleurs en même temps que pour le mont Verdun et le parc.
» Dans les circonstances qu'a signalées M. Alluard, la température de
l'air va donc bien en croissant d'une manière continue presque à partir du
niveau du sol jusqu'à une limite supérieure qui reste à déterminer.
)) J'ajouterai que celte interversion des températures avec la hauteur
ainsi que sa relation avec la pression barométrique ont été signalées il y a
bien longtemps, par un de mes prédécesseurs à l'Observatoire de Lyon,
Fournet, dont les travaux météorologiques sont malheureusement trop peu
connus ( '). »
CHIMIE GÉNÉRALE. — Sur les mélanges réfrigérants formés d'un acide
et d'un sel hydraté. Note de M. A. Ditte.
« L'un des mélanges réfrigérants les plus employés dans les laboratoires
est celui d'acide chlorhydrique et de sulfate de soude, pris en diverses pro-
portions; on attribue le refroidissement à une simple dissolution du sel
dans l'acide, dissolution s'effectuant avec une absorption considérable de
chaleur.
» Or, si l'on examine le mélange de sulfate de soude avec de l'acide
chlorhydrique en excès, on s'aperçoit immédiatement qu'il se passe tout
autre chose ; les prismes de sulfate disparaissent presque instantanément et
sont remplacés par une poudre blanche et fine formée de cubes très nets.
Tout le sulfate est ainsi transformé en chlorure, pendant que l'acide sul-
furique est mis en liberté. C'est que, en effet, l'acide chlorhydrique con-
centré, celui du commerce par exemple, qui contient environ le tiers de
son poids d'acide réel, ne dissout pas sensiblement de sel marin entre — iS"
et +20°. La réaction est la suivante :
iS'aO, SO», 1 o HO solide + H Cl dissous = Na Cl solide + SO^ HO dissous -+- loHO liquide.
Elle a lieu conformément au principe du travail maximum. En effet, d'après
les données fournies par M. Berthelot, la formation du sulfate solide depuis
ses éléments dégage lô^"^"', 2 ; l'union de ce sel avec loHO pour faire l'hy-
drate solide en dégage 2, 3. La formation de l'acide chlorhydrique à 8*1 d'eau
( ' ) Sur l'interversion de la température atmosphérique dans les hivers rigoureux ( Annales
de la Société d' agriculture de Lyon, iSSg, t. II, \i. 461 et suiv.)
( 1164 )
(qui est à peu près l'acide du commerce) dégage environ 35*^"', 4» ce qui
fait au premier membre 200'^''', g. Le chlore et le sodium, eu formant du
sel marin solide, donnent 97''''', 3, et la formation de l'acide sulfurique dis-
sous en dégage 104,7, ^" ^^^^ ^^^ second membre ao2"',o (en admettant
que l'acide sulfurique se dissout dans une liqueur renfermant de l'acide
chlorhydrique comme dans l'eau part). Si, à cause de cette hypothèse, ces
nombres ne mesurent pas très exactement le phénomène, au moins ils en
indiquent le sens. La transformation du sulfate en chlorure s'effectue avec
dégagement de chaleur, et, en effet, si l'on mélange 7 parties de sulfate
anhydre avec 10 d'acide chlorhydrique, on voit la température monter de 5°
à 6°.
» Avec la même quantité d'acide et 16 parties de sulfate cristallisé, on
observe au contraire un abaissement de température de 32° environ. Cela
tient à ce que le cldorure qui se produit est anhydre; toute l'eau com-
binée au sulfate, et qui ne joue au fond aucun rôle dans la réaction, devient
libre; celle-ci une fois terminée, tout est liquide, à l'exception du précipité
de sel marin. Tout se passe donc comme si l'eau, solide dans le sulfate
cristallisé, devenait liquide une fois qu'elle en est séparée et empruntait
au liquide environnant toute la chaleur nécessaire à ce changement d'état,
ce qui produit l'abaissement de la température.
» L'influence du changement d'état est bien mise en évidence en prenant
les mêmes proportions, 10 et 16 parties d'acide et de sulfate, et les mé-
langeant après les avoir portées préalablement à une température voi-
sine de 33", d'abord en maintenant le sulfate solide, ensuite en le fondant
dans son eau de cristallisation. Au premier cas, la température de la masse
descend presque immédiatement vers —8°; au second, l'on n'observe
qu'une très faible variation dans la température du liquide; il se forme du
reste les mêmes produits, acide sulfurique dissous et chlorure de sodium
précipité.
)) Le sel marin n'est pas tout à fait insoluble dans les dissolutions moins
concentrées d'acide chlorhydrique. Aussi, lorsqu'on mélange des quantités
équivalentes de cet acide et de sulfate, la réaction commence, du sel marin
se dépose ; mais, au fur et à mesure de sa production, la liqueur s'appauvrit
en acide chlorhydrique, et bientôt la dissolution d'une partie du chlorure
formé devient possible; dès lors, il s'établit, entre les quatre corps qui se
trouvent en présence, un état particulier d'équilibre, variable avec la tem-
pérature et la concentration du liquide. On observe une série de phéno-
mènes comparables à ceux que j'ai signalés, par exemple, dans l'action du
( ii65 )
sel marin sur le sulfate de plomb; la réaction demeure incomplète, et une
partie du sulfate échappe à la décomposition. Il faut donc, pour utiliser
tout ce sulfate, faire en sorte qu'après son entière transformation en chlo-
rure la liqueur soit encore assez riche en acide chlorhydrique pour ne pas
dissoudre sensiblement de sel marin. On doit, d'autre part, éviter un trop
grand excès de cet acide, qui, jouant le rôle de corps inerte, diminuerait
l'abaissement de température ; avec iG parties de sulfate et 12 d'acide, on
obtient un refroidissement de '33" environ.
» Des phénomènes du même ordre se produisent avec des mélanges
de phosphate de soude et d'acide azotique, de sulfate de soude et de
ce même acide, d'aluns et d'acide chlorhydrique, de phosphate de
soude et d'acide chlorhydrique, à part quelques particularités qui ne sau-
raient trouver place ici. Je ferai remarquer seulement que l'action de l'acide
chlorhydrique sur le phosphate de soude jjcrmet de préparer l'acide phos-
phorique avec une très grande facilité. 11 suffit de diriger, dans une solu-
tion de phosphate de soude, un courant d'acide chlorhydrique, de manière
à saturer la liqueur : tout le sel marin se précipite; le liquide clair, décanté
et distillé, dégage de l'acide chlorhydrique qui peut servira une opération
nouvelle, et le résidu dans l'appareil distillatoire consiste en acide phos-
phoriqne sirupeux pur.
» Ainsi donc, lorsqu'on mélange un sel hydraté avec un acide, ce n'est
pas à la simple dissolution du sel que le refroidissement est dû : il y a tou-
jours une double décomposition, conformément à la loi du travail maxi-
mum. Cette décomposition, totale quand le nouveau sel formé est complè-
tement insoluble dans la liqueur acide, est ordinairement incomplète et
limitée par la réaction inverse, et elle s'accompagne d'un dégagement de
chaleur. L'abaissement observé de la température provient de ce que les
sels employés renferment une grande quantité d'eau; celle-ci n'intervient
en rien dans la réaction, qui produit seulement un sel anhydre; mais,
en même temps, elle se sépare du sel hydraté solide, dont elle faisait
d'abord partie, et les choses se passent comme si elle devenait liquide; ce
changement d'état absorbe la chaleur que la réaction dégage, emprunte au
liquide lui-même le surplus de force vive nécessaire à son complet accom-
plissement. De là résultent un abaissement considérable de température et
les propriétés réfrigérantes du mélange d'acide et de sel. »
ii66
PHYSIOLOGIE. — De l'injluence des milieux alcalins ou acides tsur la vie
des écrevisses. Note de M. Ch. Richet, présentée par M. Vulpian.
'< Il est presque impossible d'étudier sur des animaux à respiration
aérienne l'influence des milieux alcalins ou acides, leur mode de respira-
tion se prêtant mal à un pareil genre de recherches. Au contraire, les
écrevisses, dont le tégument externe n'est pas attaquable par les substances
chimiques, se prêtent très bien à cette expérience.
« J'ai pu constater ainsi que les liquides acides ou basiques ne sont pas
toxiques en raison directe de leur acidité ou de leur basicité.
» A. Ainsi, dans de l'eau contenant aSs"" par litre d'acide acétique, une
écrevisse peut vivre pendant deux ou trois heures; àaos'' par litre, il y a con-
servation complète de toutes les fonctions nerveuses, circulatoires et mus-
culaires de l'animal pendant pi-ès d'une demi-journée.
» L'acide tartrique se comporte à peu près de la même manière, mais
les acides minéraux sont plus toxiques, et l'acide oxalique agit presque
comme un acide minéral. Dans de l'eau contenant 5^"^ par litre d'acide
sulfurique (SO'OH), une écrevisse meurt en moins d'une heure; avec i^"^
par litre, elle peut vivre dix à douze heures.
» L'acide azotique est plus toxique encore : à la dose de o8',5 par litre, il
tue les écrevisses en deux ou trois heures; à la dose de i^'' par litre, il tue
en une demi-heure tout au plus. Il résulte donc de ces faits qu'à poids égal
l'acide azotique est cinq fois pUis toxique que l'acide sulfurique, et vingt-
cinq fois plus que l'acide acétique.
» Lorsqu'une écrevisse a été plongée quelque temps dans une solution
acide mortelle en trois ou quatre heures, le tissu musculaire paraît atteint
tout d'abord. Le muscle de la pince ne peut plus se contracter avec la même
énergie qu'auparavant, ou plutôt son relâchement ne s'opère plus avec la
même facilité. Chaque effort de contraction est suivi d'une contracture
permanente qui ne peut se relâcher qu'au bout de quelques minutes.
Si alors on remet l'animal dans de l'eau pure, il arrive souvent qu'il se
rétablit. Toutefois le muscle de la pince reste encore pendant longtemps
atteint. Alors que toutes les autres fonctions (innervation volontaire et
réflexe, mouvements de progression et de natation, respiration) paraissent
avoir repris leur intégrité, le muscle de la pince reste faible ou impuissant,
et d'autre part il se contracture avec une extrême facilité : la faiblesse du
muscle et sa contracture sont deux phénomènes qui coïncident.
( i'67 )
» B. D'une manière générale, les bases exercent sur les fonctions névro-
musculaires et respiratoires des Crustacés une action plus funeste que les
acides. La hase la moins toxique est la baryte : une écrevisse peut vivre
deux à trois heures dans de l'eau contenant S^"" de baryte par litre. La soude
et la chaux sont toxiques en deux ou trois heures, à la dose de iK'',5 par
litre, la potasse, à la dose de i^"' par litre.
» Mais, de tous les alcalis, le plus toxique est sans contredit l'ammo-
niaque. A la dose de o^', 5 par litre, son action est presque instantanée, et
une écrevisse plongée dans ce liquide faiblement ammoniacal meurt en
quelques minutes. Même à dose plus faible, l'ammoniaque est encore un
poison : en effet, une écrevisse ne peut guère vivre plus d'une ou deux
heures dans de l'eau contenant o^"", r d'AzH' par litre. A la dose de o^"", o5,
l'ammoniaque affecte encore en une demi-journée la vie des écrevisses.
Son action sur les Crustacés semble être plus marquée que sur les gre-
nouilles, au moins à cette faible dose.
» Ainsi l'ammoniaque est, à poids égal, trente fois plus toxique que la
baryte, et quinze fois plus que la soude. Il est à remarquer que l'ammo-
niaque agit bien plus énergiquement que la strychnine : en effet, j'ai pu
faire vivre pendant plusieurs heures des écrevisses dans de l'eau contenant
2^' de chlorhydrate de strychnine par litre.
» C. J'ai aussi cherché à étudier la toxicité des acides et des bases, non
plus en raison de leur poids, mais de leur capacité de saturation acide ou
basique. En faisant des solutions acides telles que i'" de liquide réponde
à i^', 2^', 3^% etc., de chaux, on voit que, pour que la toxicité soit à peu
près la même (mort au bout de deux ou trois heures), il faut des liquides
acides tels qu'ils saturent :
CaO.
Pour l'acide azotique 0°'', 5
Pour les acides chlorhydrique et sulfurique i^
Pour l'acide oxalique 4°'
Pour l'acide acétique ji^''
» De même on trouvera pour les bases des quantités correspondant :
CaO.
Pour l'ammoniaque, à o»'", 20
Pour la potasse, à oS"", -j5
» La soude, la baryte et la chaux semblent avoir, à valeur basique égale,
la même puissance toxique.
') Comme toutes ces substances, injectées dans le système circulatoire,
seraient probablement mortelles, on peut supposer que les différences de
( ii68 )
toxicité tiennent surtout à des différences d'absorption par l'appareil res-
piratoire ('). »
PHYSIOLOGIE. — Sur quelques-unes des conditions de l'excitabilité corticale.
Note de M. Couty, présentée par M. Vulpian.
« En continuant au Muséum de Rio des expériences commencées dans
le laboratoire de M. Yulpian, j'ai constaté sur des chiens, et surtout sur
des singes des espèces Cebus robustus, Lagottirix canna, Simiamjcetes, etc.,
une nouvelle série de faits qui me parait confirmer des conclusions anté-
rieures (').
» Sur les singes légèrement anesthésiés, la simple mise à nu d'un des
côtés du cerveau, suivie d'excitations diverses de la zone fronto-pariéfale,
a toujours suffi pour produire un abaissement considérable de la tempé-
rature du corps. Cet abaissement progressif, d'abord assez lent, puis plus
rapide, atteint son maximum au bout de deux à cinq heures. Il peut en-
suite diminuer e( même faire place peu à peu à un phénomène inverse ; mais
dans la plupart de mes expériences, au moins pour celles qui regardent
le singe, l'animal a succombé pendant celte première période. Au moment
de la mort, qui est produite par l'arrêt des mouvements cardiaques et res-
piratoires, au lieu de 37°,9 à 39°, chiffres normaux, le thermomètre placé
dans le rectum indiquait des températures variant entre 34° et 29°, et
même, dans deux cas, 26° et 25°, 4- Ce refroidissement primitif des grands
traumatismes nerveux peut donc exister sur un animal très élevé, comme
le singe, à la suite de lésions corticales fort minimes, et la vie est, dans quel-
ques cas, restée compatible pendant un temps assez long avec un refroidisse-
ment véritablement extrême. Ce trouble calorique, très variable suivant les
cas, ne semble pas du reste avoir par lui-même d'influence sur la nature ou
la valeur des autres troubles nerveux. Très facile à étudier sur les singes, il
est beaucoup moins marqué sur les chiens, qui survivent presque toujours
à ces troubles primitifs, même si la lésion corticale est plus considérable;
mais, pour ces deux sortes d'animaux, la mort, quand elle se produit à cette
période, est toujours précédée de la même série de troubles successifs.
I) Au début du refroidissement, toutes les fonctions paraissent d'abord
(') Trav.ill du laboratoire de M. Vulpian, à I.i Faculté de Médecine.
(') Comptes rendus, mars 187g.
( 1'% )
rester intactes, et l'animal est seulement un peu affaibli et apathique; puis
la circulation se modifie et le pouls cesse d'être sensible; à peu près en
même temps le cerveau perd toutes ses fonctions, et l'animal, étendu dans
des positions diverses, immobilisé dans une sorte de coma, est incapable de
tout mouvement véritablement spontané; mais il réagit encore si on l'excite
et il exécute même alors des mouvements coordoiuiés de phonation, de
marche, de défense. Plus fard, cette excitabilité finit par diminuer, quelque-
fois assez rapidement; les excitations périphériques ne déterminent plus
que des cris incomplets et des mouvements réflexes irréguliers; il faut en-
suite appliquer sur le nerf sciatique des courants de pins en plus intenses
pour obtenir des mouvements des quatre membres, et les excitations les
plus fortes finissent enfin par ne produire que quelques efforts de cris
aphones et une contraction réflexe limitée à deux membres, puis à un seul.
A ce moment, ou d'autres fois un peu plus tard et quand l'excitabilité
réflexe médullaire est devenue complètement nulle, les mouvements res-
piratoires, depuis longtemps modifiés et ralentis, finissent enfin par s'ar-
rêter, et cet arrêt est suivi bientôt de celui des contractions cardiaques.
» J'ai cherché ce que devenait l'excitabilité corticale pendant la succes-
sion de tous ces phénomènes. En la mesurant à l'aide du chariot de du Bois-
Reymond, j'ai toujours vu qu'elle restait normale ou à peine diminuée sur
des singes déjà refroidis de plusieurs degrés, plongés dans le coma et sans
mouvements spontanés ; un peu plus tard, quand le pouls était insensible,
quand un thermomètre enfoncé dans la pulpe cérébrale marquait 34°,3o°,
quand l'excision de l'écorce corticale donnait à peine quelques gouttes de
sang, les effets de la faradisation corticale persistaient encore, quoique
diminués, avec tous leurs caractères. Plus ou moins tardivement, il est vrai,
ces phénomènes se modifiaient, la zone sensible à l'électricité se limitait à
un plus petit nombre de points, et il était nécessaire de courants plus forts
pour déterminer des mouvements moins nombreux et moins compliqués;
mais à ce moment déjà l'excitabilité réflexe du sciatique était très diminuée
et les mouvements consécutifs cessaient d'être coordonnés ou même se li-
mitaient à deux membres ou à un seul. Quand la paralysie de la moelle est
encore plus complète, la faradisation corticale perd enfin toute action ; mais
à ce moment aussi, ou très peu après, ou un peu auparavant, le bout central
du sciatique a cessé d'être excitable, et dans les cas simples tout au moins,
au bout de quelques minutes, les mouvements respiratoires et cardiaques
finissent par s'arrêter ; dans un cas même, j'ai trouvé sur le cerveau d'un
singe un point excitable deux minutes après l'arrêt de la respiration spon-
C. R., iS-So, I" Semestre. (T. XC, N" QO.) ' ^2
( '»70 )
tanée, et dans un autre cas, où j'avaisotivert largement la poitrine d'un singe
déjà très paralysé et très refroidi, l'excitabilité corticale a persisté près de
dix minutes après cette mutilation et quatre minutes après l'arrêt de toute
contraction diaphragmalique.
» Dans ces conditions de paralysie successive des organes nerveux cen-
traux, 1res différentes de celles de la paralysie brusque réalisée par l'anes-
thésie, l'asphyxie,' etc., la perte de l'excitabilité corticale est donc un phé-
nomène ultime; elle survient longtemps après la suppression complète des
fonctions et de la nutrition cérébrale; elle suit la même marche que tous
les phénomènes de paralysie médullaire. Tout en tenant compte de cas
rares et complexes qui seront étudiés plus tard, les mouvements produits
par la faradisation du cerveau semblent varier comme les contractions
moins complexes que détermine la faradisation du bout central du sciatique,
et il est donc logique de chercher à ces deux ordres de mouvements une
origine commune dans les mêmes éléments bulbo-méduUaires, qui, seuls,
seraient en rapport direct avec les muscles. «
THÉRAPEUTIQUE. — Ânesthésie locale et générale produite par le bromure
d'élhyle. Note de M. Terrillon, présentée par M. Vulpian.
« Le bromure d'éthyle ou éther bromhydrique C*K'Br est un liquide
incolore, plus lourd que l'eau. Sa densité est de 1,47; il bout à [\i° e\
s'évapore en produisant un froid très sensible. Son odeur éthérée est
agréable; ses vapeurs ne sont pas irritantes; elles sont difficilement inflam-
mables. Placé à la surface de la peau, il n'est pas irritant et s'évapore très
rapidement. Si l'on pulvérise ce liquide sur un corps chauffé au rouge, il
ne s'enflamme pas. Ces différentes propriétés permettent de l'employer
pour produire l'anesthésie locale et l'anesthésie générale; voici les princi-
paux résultats des expériences que j'ai pratiquées. Pour toutes ces expé-
riences, le liquide employé avait été préparé par M. Yvon, pharmacien;
' elles ont été faites avec son concours.
» \J aneslhésie locale est obtenue en pulvérisant le bromure d'éthyle avec
un appareil de Richardson. Cet appareil doit fournir suffisamment de li-
quide pour humecter la peau. Afin d'augmenter l'évaporation du liquide,
M. CoUin a ajouté, d'après mes indications, un tube latéral donnant un
courant d'air supplémentaire. L'extréuiité de l'instrument ne doit pas être
maintenue à plus de o^jOÔ à o™,o8 de la peau. Après un temps qui varie
( ri;! )
d'une à trois minutes, l'anestliésie est obtenue et rendue évidente par la
formation d'une plaque blanche dont l'étendue varie avec la quantité de
liquide fournie par le pulvérisateur. On peut hâter la formation de cette
plaque en pratiquant sur la peau une piqûre ou une éraillure superficielle.
Pendant la pulvérisation, le malade accuse une sensation de froid, quelque-
fois désagréable, mais peu douloureuse; dans quelques cas, elle est presque
nulle. Lorsqu'on cesse la pulvérisation, la plaque blanche disparaît rapi-
dement et est remplacée par une rougeur assez vive, mais passagère.
» Pendant la durée de la plaque blanche, on peut inciser la peau, et sou-
vent même une couche mince de tissu sous-jacent, sans que le malade
éprouve de douleur.
» L'anesthésie locale avec le bromure d'éthyle est plus rapide et plus sûre
qu'avec les autres liquides ordinairement employés. Mais son principal avan-
tage est de ne pas être inflammable; aussi est-il permis de faire certaines
opérations avec le thermo-cautère. Il suffit alors de prendre les précautions
suivantes. Avant de commencera opérer, il est nécessaire d'attendre quel-
ques secondes après la formation de la plaque d'anesthésie, afin que les
parties plus profondes soient elles-mêmes anesthésiées. Il ne faut jamais
dépasser la plaque blanche. Lorsque les parties qu'on veut sectionner
sont épaisses, on peut, après avoir coupé les parties superficielles anes-
thésiées, interrompre l'opération et obtenir l'anesthésie des parties pro-
fondes en continuant la pulvérisation. Le thermo-cautère doit être main-
tenu à une température assez élevée pour ne pas être éteint par le liquide
pulvérisé.
» Vaneslhésie générale a été obtenue sur les animaux et sur l'homme.
Sur les chiens, l'anesthésie est produite avec rapidité si le bromure d'éthyle
est donné tout de suite à dose assez forte, le liquide étant versé sur une
éponge contenue dans une muselière laissant passer un faible courant d'air.
Le pouls est accéléré, ainsi que la respiration; les pupilles se dilatent lar-
gement; la conjonctive devient insensible; pendant ce temps, l'animal se
débat un peu. La respiration ensuite se ralentit, et la résolution complète
survient. En faisant des intermittences légères, on peut facilement prolonger
le sommeil ; il suffit de surveiller la respiration, qui paraît surtout embar-
rassée par la salive et les mucosités du pharynx. Si l'on prolonge l'emploi du
bromure sans intermittences et en laissant parvenir très peu d'air, l'animal
peut mourir au bout d'un quart d'heure environ. On ne voit pas survenir
cette syncope rapide que produit si souvent, au moment de la résolution
musculaire, l'emploi du chloroforme. Le cochon d'Inde et le lapin s'en-
( 1172 )
dorment rapidement sans agitation-, sur eux également, la surveillance de
la respiration et l'emploi gradué du bromure permettent d'entretenir le
sommeil.
» h'aneslhésie générale a été obtenue par nous chez l'homme dans douze
cas. Les résultats ont été à peu près identiques à ceux signalés par TurnbuU
et Lewis, chirurgiens américains. La durée de l'aneslhésie provoquée pour
des opérations de nature diverse a varié entre cinq et vingt minutes. Voici
la méthode employée : on verse dès le début 58'' à 6^' de bromure sur une
compresse pliée en plusieurs doubles et recouvrant complètement toute la
figure; on fait respirer largement le malade. Il y a peu de suffocation au
début; la respiration est facile, et rapidement, souvent en moins d'une
minute, excepté chez certains alcooliques, l'anesthésie est produite.
» La résolution musculaire survient une ou deux minutes après, si l'on
continue l'emploi du bromure à dose assez forte. Avant la résolution, on
voit se produire une contracture plus ou moins prononcée, mais calme et
sans l'agitation violente que donne souvent le chloroforme. On constate le
plus ordinairement des phénomènes de congestion de la face et du cou,
s'accompagnant ensuite de sueurs plus ou moins abondantes. Les conjonc-
tives sont injectées, les pupilles moyennement dilatées. Le pouls, accéléré,
devient quelquefois fin et dur. La respiration devient ronflante, mais régu-
lière. La présence de mucosités pharyngiennes gênant la respiration a con-
stitué le seul phénomène pouvant donner lieu à des inquiétudes, mais il
est facile de les enlever. Pour prolonger l'anesthésie, il suffit de faire par-
venir une certaine quantité d'air avec les vapeurs de bromure, mais il ne
faut pas interrompre longtemps l'administration de l'agent aneslhésique ;
l'élimination du bromure étant très rapide, le réveil se produirait facile-
ment. Le réveil est rapide, ne laissant le plus souvent aucun malaise. Les
alcooliques sont assez rebelles au bromure comme aux autres anesthé-
siques, surtout pour l'anesthésie générale. Des nausées, des vomissements
glaireux peuvent survenir pendant l'anesthésie, au moment des intermit-
tences; il suffit, pour les faire cesser, d'augmenter la dose de bromure. Ces
vomissements paraissent rares au moment du réveil; ils surviennent quel-
quefois plusieurs heures après, lorsque le malade a pris quelque aliment.
» D'accord avec les chirurgiens cités plus haut, nous pensons que le
bromure d'éthyle est moins dangereux que le chloroforme, puisqu'il ne
paraît pas susceptible de produire des accidents rapides et souvent inat-
tendus, tels que l'arrêt brusque de la respiration et du cœur. Les phéno-
mènes d'asphyxie qui pourraient se produire dans certains cas mal sur-
("73)
veillés, soit par excès dans l'adminislralion du bromure, soit par l'embarras
de la respiration, dû aux mucosités pharyngiennes, peuvent être facilement
évités, puisqu'ils viennent progressivement. L'élimination rapide du bro-
mure mettrait à l'abri de ces accidents si l'on enlevait la compresse imbibée
de liquide.
» Enfin, le bromure d'éthyle doit être principalement recommandé pour
les opérations de peu de durée, ne nécessitant pas une résolution muscu-
laire complète, mais seulement l'anesthésie. La rapidité avec laquelle sur-
vient celle-ci, l'absence d'accidents primitifs ou r.ipides, le réveil complet
et non désagréable justifient cette conclusion. Pour les opérations de plus
longue durée, l'expérience ultérieure montrera si le bromure d'éthyle est
supérieur aux autres anesthésiques. u
CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Des vai'ialiotis de l'urée dans V empoisonnemenl
par le phosphore. Note de M. Thibaut, présentée par M. Vulpian.
« J'ai choisi comme mode d'administration du phosphore l'injection
hypodermique d'huile phosphorée; par cette méthode on peut appré-
cier, mieux que par toute autre, la quantité de substance réellement
absorbée. Je dois noter, en passant, que je n'ai que rarement eu à constater
des abcès à la suite des piqûres. Le phosphore était administré à petites
doses (o?'', o 1 par jour), quelquefois o?", 02 ; souvent même, pour prolonger
la vie de l'animal, nous ne donnions la dose de phosphore que tous les
deux ou trois jours. La quantité de phosphore nécessaire pour amener la
mort a varié de oS',02 à oS',07. Les animaux ont vécu en moyenne sept
jours-, quelques-uns ont survécu onze jours. On voit donc que dans nos
expériences nous avons choisi un empoisonnement lent et non aigu, afin
de faire arriver le foie et les reins au dernier état de la dégénérescence
graisseuse. Pendant la vie de l'animal, nous avons dosé l'urée dans le
sang et dans les urines par le procédé d'Yvon. On recueillait l'urine des
vingt-quatre heures. Le sang était tiré de l'artère fémorale et immédiate-
ment analysé. A l'autopsie, nous prenions du foie, du muscle, du cerveau
pour y doser l'urée. Outre ces dosages d'urée, nous avons noté la tem-
pérature, l'état histologique du foie et des reins, ainsi que l'état du muscle.
L'acide phosphorique des urines a aussi été dosé. Voici un résumé des ré-
sultats obtenus, d'après onze expériences, toutes concordantes.
» La quantité d'urée dans les urines suit une courbe descendante
( "7^ )
d'abord, puis ascendante, pour diminuer finalement d'une façon considé-
rable. Ainsi, dans une de nos observations, nous trouvons i56'',66 d'urée
par jour au début; on tombe ensuite à 5^', ■77, pour remonter à iiS'',59 et
retomber ensuite à o»', 20. A mesure que l'urée diminue dans les urines,
elle augmente dans le sang. Ainsi nous voyons, en prenant une de nos
observations pour exemple, le sang de l'animal contenir, avant l'injection
du phosphore, o^', 223 d'iu'ée par litre, et à la mort en contenir a'''', 20.
Après la mort, nous avons trouvé une dégénérescence graisseuse plus
ou moins prononcée du foie, des reins et même des muscles. D'autre part,
le dosage de l'urée dans le foie a montré que sa proportion était augmentée.
Ainsi le foie, qui contient à l'état normal, à jeun ou en digestion , de 0°'', 1 5
àoS'',38 environ d'urée pour 1000, peut en contenir, après l'intoxication par
le phosphore, jusqu'à oS',938 dans certains cas. Les muscles, où la présence
de l'urée est douteuse à l'état normal, en renferment jusqu'à 1 s'', 5o pour 1 000.
Le cerveau lui-même, où l'on ne rencontre que de petites quantités d'urée,
en contient jusqu'à 1*^^,02 pour 1000. En présence de ces faits, il m'a sem-
blé qu'on pouvait expliquer par des accidents urémiques la mort dans
certains cas d'empoisonnement lent par le phosphore. Tout nous pousse à
admettre cette hypothèse : l'abaissement de la température, la similitude
des accidents terminaux, tantôt couvnlsifs, tantôt comateux. Dans certains
cas, c'est la diarrhée ; dans d'autres, ce sont les vomissements qui dominent
la scène. Enfin, conformément aux expériences de MM. Morat et Ortille,
nous avons trouvé l'ammoniaque en plus grande quantité dans le liquide
intestinal que dans le sang. L'état anatomo-pathologique des reins arrivés
au dernier état de la stéatose est un obstacle au fonctionnement régulier
de ces organes. Les urines, alors, ne sont plus excrétées qu'en faible pro-
portion; l'urée et tous les composés organiques de l'urine s'accu-
mulent dans l'organisme où nous les retrouvons, et viennent produire les
accidents que nous avons constatés avec une gravité proportionnelle à la
dégénérescence plus ou moins complète de ces organes. Il importe toutefois
que l'on ne se méprenne pas sur notre opinion et qu'on ne la fausse pas en
la généralisant outre mesure. Ces phénomènes se rencontrent dans les em-
poisonnements lents lorsque la stéatose rénale a eu le temps de s'effectuer,
c'est-à-dire dans les empoisonnements dits phosphoriques par Lecorché.
» En groupant nos expériences d'une certaine façon, nous nous croyons
autorisé à en tirer des conclusions relatives à rhy|)othèse qui place dans
le loie le loyer principal delà production de l'urée. Nous avons d'abord
constaté le peu de différence qu'il y a entre le sang de la veine porte et
( >>75 )
celui de la veine sus-hépatique sous le rapport de l'urée contenue dans le
sang(oS'", oiào8'",02 an plus). Nous avons vu, en outre, que la quantité d'urée
contenue dans le foie est toujours inférieure à celle du sang, soit à l'état
normal, soit à l'état toxique. De plus, la diminution de l'urée dans les
urines à la suite des empoisonnements lents par le phosphore n'a pas
pour cause unique et principale l'altération du foie, car nous avons vu
que c'est surtout à l'état des reins qu'il faut l'attribuer. Nous croyons donc
pouvoir légitimement conclure que le foie n'est pas l'unique foyer de
production de l'urée dans l'organisme, mais que ce corps se produit un peu
partout dans l'économie. »
CHIMIE ANIMALE. — De iitifluence de l'engraissement des animaux sur la con-
stitution des graisses formées dans leurs tissus. Note de M. A. Mcntz. (Extrait
par l'auteur. )
« On sait que la constitution des graisses contenues dans les tissus des
animaux varie d'une espèce à l'autre et, dans la même espèce, avec l'âge et
les conditions individuelles, qu'elle varie aussi suivant les organes dans
lesquels les graisses se sont accumulées. Ces faits ont été établis scientifi-
quement; nous avons voulu les compléter par l'étude des modifications
apportées dans la composition des graisses par l'engraissement.
» Toutes les personnes qui ont été à même d'observer les tissus graisseux
d'animaux dont l'engraissement avait été poussé très loin ont pu remar-
quer qu'ils avaient moins de consistance que chez les animaux plus maigres.
Nous avons voulu voir si cette observation concordait avec l'analyse des
graisses et jusqu'à quel point elle pouvait présenter le caractère d'une loi
physiologique.
» Le concours annuel des animaux gras au palais de l'Industrie nous a
fourni l'occasion d'étudier l'influence de l'engraissement sur la nature des
graisses qui remplissent les tissus adipeux des animaux. Celte étude nous a
été suggérée par M. E. Tisserand. Nous avons employé une méthode d'ana-
lyse très simple, mais donnant des indications suffisamment précises pour
le but que nous nous proposions; elle consiste à prendre le point de fusion
des graisses ou, mieux, le point de fusion des acides gras mis en liberté par
la saponification. Ce point de fusion permet, à l'aide des Tableaux dressés
par M. Chevreul dans le cours de ses mémorables travaux sur les corps
gras, de déterminer les proportions relatives d'acides gras solides et d'acides
gras liquides.
( "7(>)
» Au point de vue dn parti que l'industrie tire des graisses animales, des
déterminations de ce genre ont un grand intérêt. La valeur vénale des pro-
duits riches en graisses concrètes est notablement plus élevée que celle des
produits dans lesquels dominent les graisses liquides; aussi les suifs se
vendent-ils au titre exprimé par le point de fusion des acides gras qu'on en
retire.
» La conslitution des graisses variant dans les diverses parties du corps,
nous avons toujours prélevé dans les mêmes organes les échantillons à
comparer. La graisse, extraite par la fusion des tissus qui la renfermaient,
a été saponifiée par un mélange de lessive de soude et d'alcool, d'après la
méthode indiquée par M. Dalican. Ou a placé un thermomètre gradué en
dixièmes de degré dans les acides gras préalablement fondus et chauffés
à une température supérieure à leur point de fusion, surveillé la
marche descendante du thermomètre pendant le refroidissement et noté
la température au moment où elle restait stalionnaire, point facile à observer
puisque cet arrêt est suivi d'une élévation de température, généralement
très appréciable, due à la chaleur latente de solidification. C'est donc
réellement le point de solidification qu'on a observé, toujours im peu diffé-
rent, pour les graisses, du point de fusion, dont la détermination présente,
du reste, d'assez grandes difficultés.
» Voici les résultats obtenus avec la graisse des intestins :
„ . Pour loo.
Po'"' — -^^.^^^— — -,
de fusion Acide Acide
Désignation des animaux. Poids. des acides gras, concret, liquide.
kg o
Bœuf rharolais, prix (l'tionneur 9^0 4°>4 38 62
. durham, 1" prix 898 89,5 35 65
3." prix 940 38,3 3- 68
» charolais ordinaire ']5o 4^) • 4^ 58
» maigre 65o 49i7 77 ^3
Vaclie durham, prix d'honneur 910 29,0 34 66
i> (liirham-cliarolaise, ■2''prix .... 'J96 3i,5 20 80
» • maigre .... 375 47>2 6' Sg
Porc normand, prix d'honneur 2^4 36,5 28 72
» ordinaire i65 38,3 32 68
» Pour compléter ces données, on a pris un lot de moutons Southdown
de même âge, élevés dans les mêmes conditions et d'un poids sensiblement
égal. L'un de ces moutons a été abattu immédiatement, trois autres ont été
engraissés avec des aliments différents.
( "77 )
» Voici les résultats obtenus pour la graisse des intestins :
Pour 100.
Point . „
de fusion Acide Acide
Désignation dos animaux. Poids. des acides gras, concret. liquide.
Mouton avant l'engraissement 49 49i2 74 26
» engraissé an maïs .... 61 4*^)7 60 4°
» « au son 58 45'9 ^^ 44
> « an tourteau. 67 ^6,5 58 ^2
» Pour la graisse des côtes des mêmes animaux :
Pour 100.
Point ...
de fusion Acide Acide
Désignation des animaux. Poids. des acides gras, concret, liquide.
ks o
Mouton avant l'engraissement 49 44>7 ^^ 4^
» engraissé au maïs 61 4o>2 38 62
» .) au son 58 35,7 26 74
» » au tourteau 57 3g, 5 35 65
). On voit à l'inspection de ces chiffres que, chez les animaux soumis à
l'engraissement, la graisse est toujours plus pauvre en corps gras solides.
Ces recherches viennent à l'appui de l'opinion adoptée d'après des données
empiriques et montrent que cet effet se produit d'une manière constante.
» Au point de vue des applications industrielles, il y a donc lieu d'attri-
buer, d'une manière générale, une valeur moins grande aux graisses des
animaux dont l'engraissement a été poussé très loin, d
CHIMIE VÉGÉTALE. — Sur la fixité de composition des végétaux. Analyses
du Soya hispida ou pois oléagineux chinois. Note de M. H. Pellet.
« Depuis quelques années, nous avons cherché à montrer que la com-
position de plusieurs végétaux était beaucoup moins variable que ne le
faisaient supposer les analyses qui avaient été publiées.
» D'un antre côté, pour certains végétaux, tels que la betterave, nous avons
reconnu que, si des différences existaient dans la composition des substances
minérales qu'elle renfermait, ces différences avaient lieu suivant les lois de
l'équivalence, c'est-à-dire que, les acides principaux étant fixes, surtout
l'acide phosphorique, les bases au contraire pouvaient varier dans de cer-
taines limites, mais que cette variation n'avait pas lieu poids pour poids,
mais équivalent par équivalent.
C.K., 1880, 1" Semestre. (T. XC, N» 20.) ^ 53
» D'autres végétaux, tels qiie le blé, ne comportent pas de variations
bien grandes. Mais dernièrement nous avons eu l'occasion d'examiner le
So^a liispida ou pois oléagineux chinois, et nous avons reconnu que cette
plante présentait une fixité de composition assez remarquable (').
» Les^échantillons que nous avons analysés ont été mis gracieusement
à notre disposition par M. Pailleux, membre de la Société d'acclimatation
et qui s'occupe depuis quelques années de la culture et de l'ulilisation de
ces pois oléagineux pour la fabrication d'un fromage de pois. Cette fabri-
cation a été décrite par M. P. Cliampion, et M. L'Hôte a publié également
quelques analyses de ce végétal et du fromage obtenu (").
» Nos essais ont porté sur trois échantillons, récoltés dans des condi-
tions complètement différentes.
» Le n° 1 provient directement de Chine et a été remis à M. Pailleux
par M. le D"^ Adrien Sicard.
■» Le n° 2 provient de Hongrie (région de Presbourg).
» Le n° 3 enfin a été récolté à Étampes par M. Blavet, président de la
Société d'Horticulture de cette ville.
N» 1. K° 2. N" 3.
Eau 9,000 10,160 9,740
Matières grasses i6,4oo 16,600 14, 120
Matières protéiqiies ( azote coagulable X 6 , aS ) . . . 15 , 5oo 27 , •j.'jo 3 1 , ^So
Amidon, dextrine et principes sucrés (') 3, 210 3, 210 3, 210
Cellulose 11 ,65o 1 1 ,65o 1 1 ,65o
Ammoniaque (') 0,290 0,2^4 o,3o4
Acide sulfurique o,o65 0,234 ' Oi'4'
a pliosphoriqiie i , 4 ' 5 1 , 554 i ,63 1
Chlore o,o36 o,o35 o,o3'j
Potasse 2,187 -• ^04 2,317
Chaux 0,432 o,3i6 o,23o
Magnésie.. ",397 o,3i5 o,435
Substances insolubles dans les acides o,o52 o,o55 0,061
Traces de soude, de (er et substances minérales
non dosées 0)077 0,104 0,247
Matières organiques diverses 19,289 25,53g 24, 127
100,000 100,000 100,000
[') Sofn hispieJa Moench ou Glycina hispida. Nom chinois: Ilnangt-eoa ou Honang-teoii.
(') Stanislas Julien et P. CnAinpiON, Industries anciennes et modernes de l'empire
chinois, p. i85 et suiv.
(') Par suite de défaut de substance, ce chiffre, ainsi que celui de la cellulose, représente-
la moyenne des trois échantillons.
(') Le chiffre du n" 1 représente la moyenne des n"' 2 et 3.
( "79 )
N" 1. Noo. N» 3.
Azote (le rammoniaquc o,23o 0,225 0,2^0
Azote cojyulabk- 5,68 (') 4,44o 5, 080
Azote total de l'ammoniaque el îles substances coa-
S'ilaWes 5, g, 4,G65 5,33
Azote total dosé directement 5,91 4)72o 5>44
D'où traces azote soluble.
Cendres totales pour 100 de matière normale ob-
tenues par lessivage ( 4- CO') 4,86 4,87 5,i5
Substances solubles insolubles dans l'eau bouillante
et l'acide acétique 67, lu 68, 4o 65, 80
u INIalgré les pays différents dans lesquels ces pois ont été récoltés, on
voit par l'anal} se combien il y a peu de différence dans la composition
organique et minérale de ces trois échantillons.
» Les compositions des cendres étaient les suivantes :
N° 1. N» 2. N° 3.
Acide carboni(iue 4 > '° l ,20 i ,00
» pbosphorique 2g, i3 3i,92 3i,68
sulfurique 1 ,37 4j''^o 2,74
Chlore 0,75 0,75 0,75
Potasse. ... 45>o2 4^)27 4^,02
Chaux 8 , 92 6 , 5o 4 > 4*^
Magnésie ^> '9 t),48 ^Al
Insolubles 1,10 1,10 1,20
Traces soude, fer, etc i ,5q 2, i5 4>83
100, 17 100, 17 100, 17
A déduire oxygène pour le chlore. . . 0,17 0,17 0,17
100,00 100,00 100,00
» On voit que la quantité d'acide pUosphorique est peu variable, ainsi
que la teneur en potasse, qui sont les substances principales formant à elles
deux les trois quarts des cendres. Il y a un peu plus de variation pour
les alcalis terreux; mais aussi la partie comprenant la soude est un peu
plus forle là où les doses de chaux et de magnésie sont inférieures.
(') Voyant par les deux autres essais que l'azote coagulable représentait sensiblement
l'azoïe total, moins l'azote ammoniacal, nous avons calculé qu'il devait y avoir environ
5 ,6S d'azote coagulable. Mais le chiffre 35 ,5 de substances protéiques, calculé en multipliant
par 6, 25, est un peu trop élevé, puisqu'il y a de petites quantités d'azote soluble. Le chilfre
correspondant aux matières organi(iues diverses est donc, par suile, un peu faible.
ii8o )
» La quantité d'acide phosphorique, en moyenne, est de i, 53 pour loo
du végétal normal, et la dose d'ammoniaque de 0,29. Or la dose d'am-
moniaque nécessaire pour avoir le rapport j- ^st de o,36.
» Il y a donc plus d'ammoniaque qu'il n'en faut pour que la magnésie
seulement soit à l'état de phosphate auunoniacomagnésien. L'acide phos-
phorique a donc dû pénétrer dans la plante, comme pour le blé, à l'état de
phosphate double de potasse et d'ammoniaque. Comme conséquence de
cette haute dose d'acide phosphorique, il y a peu d'acide carbonique dans
les cendres, et, à ce propos, nous avons reconnu que les sels doubles de
soude et d'ammoniaque décomposaient les carbonates alcalins, non seule-
ment à l'état normal, mais encore après calcination, c'est-à-dire que le sel
de soude calciné laisse un résidu qui, chauffé avec du carbonate de soude,
chasse complètement l'acide carbonique. Les carbonates terreux paraissent
moins facilement attaquables par les phosphates; c'est pourquoi le n° 1,
ou la dose de la chaux et de la magnésie est plus élevée, a pu retenir plus
d'acide carbonique (' ). »
ZOOLOGIE. — Sur l'appareil respiratoire et circulatoire de cpielques larves
de Diptères. Note de M. H. Viall.4nes, présentée par M. Alph. Milne
Edwards.
« Il faut remonter aux travaux de Verloven, de MM. Leidig, Weissmann,
Graber et Daresle pour trouver quelques indications sur les étals larvaires
du vaisseau dorsal des insectes; mais aucun de ces anatomistes n'a observé
cet organe à un état de développement aussi peu avancé que celui auquel
j'ai pu l'étudier en examinant diverses espèces de larves de Diptères appar-
tenant à la famille des Limnobides et probablement au genre Ctenophora.
L'étude de ces larves, faite au Muséum dans le laboratoire de M. Milne
Edwards, m'a non seulement permis de fixer quelques points de l'histoire
du développement du vaisseau dorsal, mais encore m'a fait connaître une
disposition fort curieuse de l'appareil respiratoire, disposition qui, je crois,
n'a pas encore été signalée.
I) Le vaisseau dorsal d'une jeune larve de Ctenophora est un long tube
contractile ouvert seulement à ses deux extrémités. Il prend naissance en
[') Dans ce travail, nous avons eu l'Iiabile concours de MM. E. Laugiois et J. Bierer.
( '•«• )
arrière dans le dernier anneau. Cet anneau est renflé à sa partie moyenne,
rétréci en avant. Son bord postérieur et supérieur porte deux stigmates
d'où partent deux gros troncs trachéens longitiulinaux. Presque aussitôt
après sa naissance, chacun de ces troncs émet par toute sa surfiice une
multitude de rameaux trachéens plus petits qui se divisent peu et se ter-
minent tous par une extrémité tronquée dans la cavité du dernier anneau;
ces trachées sont si nombreuses, qu'elles le remplissent presque tout en-
tier; toutes.se dirigent en avant, à l'exception de celles qui naissent le plus
en arrière en dedans des troncs trachéens : celles-ci, en effet, se dirigent
directement en dedans et s'entrelacent avec leurs congénères. L'extrémité
postérieure du vaisseau dorsal est située dans ce dernier anneau, entre
les deux troncs trachéens principaux ; cette extrémité, librement ouverte,
comme nous l'avons vu plus haut, n'est séparée de la paroi terminale du
dernier anneau que par un étroit espace renfermant les rameaux trachéens
à direction transversale dont nous avons parlé tout à l'heure et qui ferment
l'orifice postérieur du vaisseau dorsal comme par une sorte de grillage.
Ainsi le dernier anneau est une cavité pleine de sang et dans laquelle
flottentun nombre immense de trachées; le vaisseau dorsal, tube ouvert
à son extrémité postérieure, plonge jusque près du fond de cette cavité.
Il suffit d'observer la circulation chez l'animal vivant pour comprendre le
but physiologique de la disposition que je viens de décrire. Quand l'extré-
mité postérieure du vaisseau dorsal se contracte, le sang afflue jusqu'au
fond du dernier anneau; dans ce trajet, il s'oxyde au contact des innom-
brables trachées qu'il rencontre. Quand la même extrémité se dilate, le
sang qui remplissait le dernier anneau afflue dans son orifice béant. Si
quelque globule a échappé à l'action de l'oxygène, il rencontre, à l'entrée
du vaisseau dorsal, le treillage trachéen dont nous avons parlé tout à
l'heure et qui protège, pour ainsi dire, l'organe central de la circulation
contre l'introduction de tout globule non vivifié. Ainsi, chez les animaux
qui nous occupent, la fonction respiratoire est localisée dans le dernier
anneau et le vaisseau dorsal est un cœur artériel.
» Le vaisseau dorsal, ouvert seulement à ses deux extrémités, s'étend du
dernier anneau aux ganglions cérébroïdes, sous la commissure desquels il
passe. C'est un tube formé d'une substance contractile parfaitement homo-
gène, renfermant des noyaux fusiformcs à direction longitudinale et très
également espacés. Ces noyaux sont eux-mêmes contractiles et prennent
une forme sphérique au moment de la systole. La paroi contractile du
( Il82 )
vaisseau dorsal présente en outre, à la partie tout à fait antérieure, deux
renflements latéraux fusiformes contractiles logés dans son épaissenr et qui
peuvent s'appliquer l'un contre l'autre pour empêcher le reflux du sang
dans le vaisseau dorsal.
» Le vaisseau dorsal, tel que nous venons de le décrire, est plongé, à la
partie antérieure du corps, pour ainsi dire à nu, dans le fluide sanguin de la
cavité générale. Plus en arrière, il se recouvre d'un revêtement formé d'une
seule assise de grosses cellules que je désignerai sous le nom de cellules
pérkardkjues. Sur les parties latérales, ces cellules péricardiques se multi-
plient activement, s'étalent en membrane, émettent des prolongements
protoplasmiques et se fixent aux parois du corps. Ainsi se constitue lesinus
péricardique primitif. Les orifices latéraux du vaisseau dorsal se constituent
alors; leur place est indiquée par un lieu de contraction plus énergique du
vaisseau et par l'absence de celhdes péricardiques sur les parties latérales.
Ils se forment par enfoncement de la paroi propre du cœur; ce sont d'abord
de simples trous bordés eu dedans d'un bourrelet contractile.
» En résumé, j'ai montré : i" que le cœur des insectes est d'abord un
simple tube, ouvert seulement à ses deux extrémités; 2" que, tant qu'il n'a
pas d'orifices latéraux, le cœur est complètement artériel; 3" j'ai indiqué
le mode de formation des orifices latéraux et du sinus péricardique. »
A 4 heures, l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 6 heures et demie. D.
BDLLETIiV BIBLIOURAPUIQUE.
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J.-W.-L. Glaisiier. On the value of the Constantin Lcc/endre's formula for
llie number oj primes inferior to a given number. — On défunte intégrais invol-
ving elliptic junclions. — Note on ttie emimerations of primes of the forms
f\n-\-i and /^n + 3. — Falues of the thêta and zêta functions for certain
values ofthe argument. — Separate enumerations oj primes oj the form 4'? + i
and of the form l\n ^- 3. — Varions papers and notes thaï hâve appeared in
the Quarterly Journal of Mathematics and the Messenger of Mathemafics
during the year 1879. Cambridge, 1879-1880; 7 broch. in-S".
Soprn un giudizio dclsig. À. TVinnecke intorno aW opéra le Steile dei P. An-
gelo Secchi, pel P. G. -St. Ferrari. Eoma, tip. délie Scienze mat. e fis.,
sans date; br. in-8°. (Présenté par M. l'amiral Mouchez.)
Risposta ad una critica del sig. Filippo Relier intorno aile osservazioni délia
dcclinazione magneticn faite alT osservatorio del Collegio romnno negli anni 1 875
e 18'j'j sotto la direzione del P. Àngelo Secchi; pelV. G. -St. Ferrari. Roma,
tipogr. délie Scienze matematiclie e fisiche, 1880; in-4''. (Présenté par
M. l'amiral Mouchez. )
Slaliunca meteorologica din Braila. Obseruatiuni meteorologice facute in amda
1879 (i januario 3 1 -décembre); par St^f.fan C. Hepites. Sans lieu ni date;
in-4°.
Economia nœale. La Filossern considerata nella economia rurale. Nota di
M. E.-G. Cantoni. Milano, tipogr. Bernardoni, 1880; br. in-8".
Ouvrages heços dans i.k séance dd io mai 1880.
Ecole pratiipie des Hautes Etudes. Physiologie expérimentale. Travaux du
laboratoire de M. Mare)'; t. IV, années 187S-1879. Paris, G. Masson, 1880;
in-8°.
Traité de Mécanique; par Ed. Collignon. 1"^ Partie : Cinématique.
a*" édition. Paris, Hachette, 1880; in-S".
Mémoires de Chirurgie ; parle D"^ G. Nepveu. Paris, Delahaye, 1880; in-S",
(Adressé par l'auteur au Concours Montyon, Médecine et Chirurgie, 1880.)
( ii8/f)
De la résection précoce de toute la diapliyse du tibia dans certains cas d'osle'o-
tnyélo-périostile diffuse aiguë; pnr le D"" A. Faucon, Bruxelles, H. Manceaux,
1880; in-8°. (Présenté par M. le baron Larrey.)
La phthisie dans l'armée; par k. Marvaud. Paris, J.-B. Baillière, 1880;
in-8°. (Présenté par M. le baron Larrey pour le Concours de Statis-
tique, 1880,)
Des matières fertilisantes ; par A. Petermann. Bruxelles, G. Mayolez,
1880; br. in-8°.
Recueil de Mémoires et observations sur iHycjiène et la Médecine vétéri-
naires militaires; 2" sér\e, t. VI. Paris, Dumaine, 1879; i"-8°-
Histoire et statistique de l'instruction primaire à Troyes depuis la Révolution
jusqu'à nos jours; par A. Thévenot. Troyes, L. Lacroix, 1880; in-S".
(Adressé par l'auteur au Concours de Statistique, 1880.)
Science. Sentinelle perdue; par V. Gkanget. Magny-en-Vexin, Bourgeois,
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annales de l' Observatoire de Moscou, publiées par le Prof. D'' Tn. Bredi-
chin; vol. Yl, 2'' livr. Moscou, A. Lang, 1880; in-4°.
Tracheotomy in laiyncjcal diphlheria [membranous croup) ivitli especial ré-
férence la after-treatmenl ; by R. W. Parker. London, David Bogue, 1880;
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Fita e scrilli di Carlo Ragnis. Commemorazione, per C. Cadorna. Roma, E.
Botta, 1880; in-8''.
Toxemic diseuses and their treatmcnt ; by W. R. Sevier. Sans lieu ni date;
br. in-8<'.
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 24 MAI 1880.
PRÉSIDENCE DE M. EDM. BECQUEREL.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
GÉODÉSIE, — Sur les variations séculaires de ta figure mathématique de la Terre;
par M. Paye.
(( Les géologues constatent que le sol des continents a été soumis, dans
la suite des âges, à une série de soulèvements et d'affaissements successifs;
une longue période glaciaire s'est établie à une certaine époque, puis a dis-
paru; les constructions des polypiers témoignent, dans les derniers âges,
d'une ascension lente et graduelle du niveau des mers, etc. Ils se tour-
nent vers l'Astronomie pour lui demander la cause de ces phénomènes.
Mais cette science ne peut leur offrir, en fait de variations séculaires, que
celles de l'obliquité, de l'excentricité et du périhélie de l'orbite terrestre.
Quant à l'axe de rotation de la Terre, dont les déplacements supposés sont
la dernière ressource de quelques géologues, on en démontre la fixité
presque absolue. Reste la radiation du Soleil aux époques géologiques, mais
c'est l'inconnu; nous demanderions aux géologues des renseignements à ce
sujet plutôt que de leur en donner. Ainsi il n'y a rien à chercher de décisif
de ce côté-là.
» Jamais les géologues ne se sont adressés à la Géodésie, sans doute
C. R., 1^80, I" Semestre. (T, XC, N° 21.) I 54
( ii86 )
parce que cette science n'étudie que la figure actuelle du globe terrestre.
Pourtant nous allons voir que cette figure porte l'empreinte profonde des
âges passés et qu'il y a des âges géodésiques en correspondance avec les
âges des géologues. C'est donc vers la Géodésie qu'il faut se tourner.
» Mais je dois d'abord rappeler tout au long une difficulté singulière
qui pèse depuis longtemps sur cette science. C'est en l'étudiant que nous
trouverons une réponse aux questions précédentes.
» Il y a deux manières de déterminer la figure de la Terre : l'observation
du pendule en divers lieux donne l'intensité de la pesanteur; les opéra-
tions géodésiques en donnent la direction. Considérons d'abord la di-
rection.
)) Elle est localement altérée par le voisinage d'une montagne ou même
d'une simple colline. C'est ainsi que Maskelyne a déterminé, par l'atlrac-
tion du mont Shehallien en Ecosse, la densité du globe terrestre. Même
opération et même succès par une des collines d'Edimbourg, V Jrlhuv-Seat.
Mais lorsqu'il s'agit de plateaux élevés, de massifs montygneux d'une
grande puissance, le géodésien est tout surpris (sa surprise dure depuis un
siècle) de ne pas trouver de déviations en rapport avec ces énormes masses.
De là l'opinion fort répandue, bien qu'un peu naïve, que ces massifs mon-
tagneux recouvrent de vastes cavités dont le vide compense l'excédent de
matière qu'on voit en saillie au-dessus du niveau de la mer.
M L'autre genre d'observation, celui du pendule, conduit à un résultat
analogue encore plus embarrassant. Bouguer et Poisson ont donné la cor-
rection qu'il faut retrancher de la pesanteur observée pour tenir compte
de l'attraction du continent sur lequel on opère. Mais on a remarqué que
cette correction ne fait qu'accroître la discordance des mesures; on la laisse
donc de côté, c'est-à-dire qu'on traite les continents comme s'ils n'exis-
taient pas. Rien de plus frappant à cet égard que les dernières observations
des Anglais aux Indes. Impossible de découvrir, dans cette longue suite de
mesures poussées jusque dans le massif de l'Himalaya, le moindre indice de
la pré.sence de ce massif, tandis qu'avec le même instrument on trouverait une
différence d'attraction du pied au sommet d'une des pyramides d'Egypte.
Mais ce n'est pas assez dire : au lieu de l'excès d'attraction auquel on s'at-
tendait sur les continents, c'est un défaut d'attraction que l'on constate,
comme si une immense cavité régnait non pas seulement sous les massifs
montagneux, mais sous tout un continent et sous chaque continent.
» Il y a là quelque chose de plus singulier encore. L'Académie se rap-
pelle le grand mouvement qui s'est produit à la fin du dernier siècle et
( ii87 )
dans le premier tiers de celui-ci en faveur de l'observation du pendule.
Les géomètres, ne pouvant prévoir une déconvenue dans un sujet si géo-
métrique, y avaient poussé de toutes leurs forces. Les Espagnols en char-
gèrent Malespina ; les Anglais envoyèrent plus tard Sabine et Poster, les
Russes l'amiral Lûtke, l'Académie Freycinet et Duperrey. On a porté le
pendule partout, sur les continents, sur les côtes, au milieu des mers, sur
des îles ou de simples îlots raadréporiques. Mais quand il a fallu réunir,
comparer et calculer par la formule de (Mairaut les résultats de ces expédi-
tions, on a trouvé que, si la pesanteur sur les continents est trop faible,
malgré l'excédent de matière qui y dépasse le niveau des mers, par contre,
la pesanteur sur les mers est constamment trop forte, bien qu'il y ait là un
déficit évident. M. Saigey, qui aimait assez prendre la Science contempo-
raine en défaut, a mis la contradiction en pleine lumière, il y a quarante
ans, par un simple classement des faits (' )• Il a rangé d'un côté les attrac-
tions trop faibles, de l'autre les attractions trop fortes. Sauf deux, toutes
les attractions trop fortes avaient été observées en pleine mer; sauf une,
toutes les attractions trop faibles l'avaient été sur les continents.
» Ainsi il ne suffisait pas de dire, comme les géodésiens, qu'il y a des
cavités sous les continents; il faudrait encore qu'il y eût en pleine mer,
sous chaque île, des matériaux d'une densité considérable. Le silence du
découragement s'est fait peu à peu sur celte étonnante contradiction et
l'embarras des esprits n'a pas médiocrement contribué à arrêter l'essor des
entreprises scientifiques de nos marins. Mais, chaque fois qu'en d'autres
pays on a repris ces mesures de la pesanteur, la même contradiction a
reparu. Elle se représente aujourd'hui avec une force singulière à l'occa-
sion des dernières mesures des Anglais aux Indes : en dépit de l'Himalaya,
toutes les attractions sur l'Inde anglaise présentent des écarts négatifs.
» Nous allons étudier cette question dans les admirables mesures géodé-
siques que nous possédons aujourd'hui. Laissant de côté l'Asie avec ses
niasses énormes, nous prendrons les arcs mesurés en d'autres parties du
monde. En Europe, où ils se trouvent presque tous, il n'y a pas à craindre
de déviations considérables. Elles ont été calculées d'avance par M. Saigey,
que j'aime à citer ici, pour montrer que ces questions, qu'on n'ébidera
plus désormais, ont été agitées chez nous il y a quarante ans. Voici les re-
(') Petite Phys'uiue du globe, t. II, p. 187.
( ii88 )
sultats qu'il a obtenus, en ramenant, il est vrai, notre continent à
forme circulaire, afin de faciliter les calculs :
Distance
au centre
de l'Europe.
Elévation
du niveau
des mers.
Déviation
du fil
à plomb.
0
O
m
94
0
I
93
3,7
2
3
9»
85
7,5
11,2
4
,8
i4,o
5
70
i5,8
6
61
i5,8
7
53
14,0
8
46
M ,2
Distance
Ùl
évation
Déviation
au centre
du
niveau
du (il
de l'Europe.
des mers.
à plomb.
n
m
9
4'
8'; 3
10
37
7.4
II
33
6,5
12
3o
5,9'
i3
27
5,6
4
24
5,4
i5
21
5,3
i5.4o'
'9
5,2
» Si faibles que soient ces déviations, nous n'en retrouverons pas trace
dans l'arc russo-suédois, le plus central de tous. En employant cet arc
énorme, l'arc anglo-français, dont nous aurons bientôt la continuation en
Espagne et en Algérie, les arcs de Prusse, de Danemark et de Hanovre,
l'arc de parallèle algérien, qui figure pour la première fois dans ces calculs,
l'arc du Pérou et celui de Lacaille au Cap de Bonne-Espérance, refait et
étendu considérablement par Maclear , j'ai obtenu , avec la précision
extrême que comportent ces données, le demi-grand arc de notre globe. Sa
valeur est "5 2-] 2562'', avec une incertitude de ± 44^. Mais l'aplatissement
— ^-— n'en ressort pas avec une grande précision, parce que l'arc du Pérou
294,5
n'a malheureusement pas une étendue suffisante. Eh bien, si avec ces élé-
ments je calcule l'énorme arc anglo-indien de i 353 000^, que j'ai laissé
de côté, je trouve qu'il est représenté à 100^ près. Ainsi la Terre est,
à très peu près, un ellipsoïde de révolution, qu'on la prenne en Europe ou
en Afrique, ou qu'on la considère au beau milieu de ce continent asia-
tique qui la surplombe de si haut. Ou est donc pleinement autorisé à réunir
toutes ces données dans un même calcul, comme l'a fait dernièrement un
savant officier anglais qui a pris une grande part aux travaux géodésiques
de son pays. M. le colonel Clarke a combiné indistinctement toutes les
mesures de iHindoustan avec celles que je viens d'énumérer sauf l'arc algé-
rien, et obtenu les résultats suivants (' ) :
rt := 3 272 514"^ i 38''', f/.
293,5 zt I,
Geodesy ; by colonel A. -R. Clarke, 1880, p. 3ir).
( >'89 )
a L'accord avec les précédents, où l'Inde ne figure pas, est remar-
quable. Voici la marche des écarts en latitude, depuis l'extrémité nord de
cet arc de 24" qui débute dans les hautes régions de l'Inde pour aboutir
au cap Comorin :
Stations.
Sliahpur. . .
Khimnana.
Kalinna. . .
Garinda.. .
Rliamor..
Kalianpur .
Fikri
Écarts
en Uititiule
- 3':6
H- o, I
+ 3,,
+ '-9
-r- 2,0
- 1.4
— 2,9
stations.
Walwari
Damargidda. .
Darur
Honur
Bangalore. . . .
Patchapolliam.
Kudankul.ira. .
Écarts
on latitude.
+ 4,5
+ 1,2
4.4
j
— 3,7
-1- 2,9
— 2,2
— 3, 1
» Il est sans doute satisfaisant de trouver, par des calculs décisifs sur des
arcs dont l'amplitude totale va à 90°, que la Terre est sensiblement un
ellipsoïde de révolution, ce qui permet, par exemple, de discuter les ob-
servations du pendule par la formule de Ciairaut, ou n'en diffère que par
des ondulations très faibles ('); mais, en même temps, on est profondé-
ment frappé de voir que les masses énormes qui dépassent sa surface ma-
thématique sont sans influence sur celle-ci, alors qu'une simple boule de
terre de 640™ de rayon produirait localement des déviations deux ou trois
fois plus fortes. Or, à lui seul et pour ne parler que de lui, le massif de
l'Himalaya équivaut à un cylindre de i5ooo pieds anglais de hauteur et
de a5o lieues de diamètre; il devrait élever de 600 pieds le niveau de la
mer si on l'amenait jusqu'à lui dans des canaux.
,, Il y a bien longtemps que cette inactivité de l'Himalaya, qui se pré-
sente à nous aujourd'hui d'une double manière si frappante, est connue.
Elle a été signalée, pour la première fois, dès que l'arc indien a atteint Ka-
liana, par le R. Archidiacre de Calcutta, M. Pratt, dans un Mémoire re-
marqué en Angleterre. L'astronome royal, sir G. Airy, en a même proposé
autrefois une explication. Il suppose que ce massif, d'une densité égale à
celle des couches superficielles, plonge par sa base, en vertu de son poids,
dans les couches encore liquides de l'intérieur dont la densité est plus
grande en sorte que l'excès de son attraction en haut est compensé par le
défaut d'attraction du liquide déplacé en bas. Mais cette ingénieuse sug-
gestion ne s'adapterait pas aux phénomènes inverses observés en mer avec
(') Qu'on étiidieia plus tard à l'aide des théorèmes de M. Villarceau.
( i'9o )
le pendule, M. Pratt en conclut seulement, sans prétendre assigner une
cause physique, que les choses se passent comme s'il y avait sous les conti-
nents un défaut de matière, sous les mers un excès, de sorte que chaque
colonne verticale aboutissant au centre possédât, dans toute région, le
même pouvoir attractif sur un point de la surface.
» C'est la question elle-même qui se trouve ainsi posée; ce n'est pas une
solution.
)) Voici, je crois, cette solution : Sous les mers, le refroidissement du cjlobe
marche plus vite et plus profondément que sous les continents ( ' ). Au fond des
mers, à 4ooo™ de profondeur, on rencontre une température très basse de
1° ou de i°,5. A cette même profondeur, sous un continent, on trou-
verait 16"+ -^7^ = 149"- Ainsi la surface solide de la Terre se présente
dans les deux conditions suivantes, fort dissemblables. Sous un continent,
la surface de niveau située à une lieue de profondeur est maintenue à 149°
par ime couche supérieure presque absolument imperméable à la chaleur;
si pourtant un flux de chaleur la traverse, il est presque insensible et ne
peut contribuer au refroidissement que pour une très petite fraction de degré.
Là, la croûte terrestre augmente à peine d'épaisseur dans la suite des âges.
Sous la mer, au contraire, la surface située à cette même profondeur d'une
lieue est en communication presque immédiate avec le froid de l'espace
qui abaisse sa température à 1° au lieu de i5o°, et, au lieu d'avoir au-
dessus d'elle une couche imperméable au calorique d'une lieue d'épais-
seur, elle a une couche d'eau, assurément fort peu conductrice, mais où
le moindre flux de chaleur est immédiatement absorbé par le froid polaire
La même différence se retrouve encore plus bas, car l'imbibition des
couches sur lesquelles pèse la mer pénètre bien plus avant que sous les
continents; de là encore un refroidissement plus rapide, non par conduc-
tibilité, mais par conduction verticale de l'eau échauffée dans des couches
poreuses. Plus les bassins actuels des mers dateront d'une époque an-
cienne, et plus la croîite qui les supporte sera épaisse par rapport à celle des
continents. Enfin les matières poreuses contenant de la vapeur d'eau plus
ou moins dissociée seront plus près de la surface sous les continents que
sous les mers.
» Si la Terre avait un mode unique de refroidissement, ce qui était tacite-
(') Laissant de côté les premières couches formées et remaniées sous l'aclion directe des
eaux, j'admets seulement que le refroidissement dans les couches profondes entraîne une
contraction et un accroissement de densité.
( "9' )
ment admis jusqu'ici, la croûte solidifiée aurait partout la même épaisseur ;
le niveau des mers ne varierait que par l'effet d'une imbibition progres-
sive; il n'y aurait pas de continents fortement soulevés au-dessus de la
surface d'équilibre des eaux, mais seulement des lies nombreuses, comme
cela a eu lieu en effet dans les premiers temps (' ). L'ellipsoïde de révolu-
tion primitif n'aurait pas varié. Mais, comme il y a un double mode, le
fond des premières mers s'est épaissi avant la croûte sèche; il a exercé
une pression croissante sur le noyau liquide. Cette pression, transmise
dans toute la masse fluide, a soulevé les parties faibles de la première
croûte, c'est-à-dire les terres non mouillées. Celles-ci se trouvant réunies
à peu près autour du pôle nord, le niveau des eaux s'est élevé peu à peu sur
notre hémisphère et a baissé au sud. L'ellipsoïde de révolution est devenu
un simple sphéroïde. Mais, le refroidissement continuant dans le même
sens, les bassins des mers australes ont exercé une attraction de plus en
plus forte et y ont rappelé les eaux. Celles-ci se sont donc élevées peu à
peu sur l'hémisphère sud, tandis que leur surface de niveau revenait peu à
peu à la forme ellipsoïdale, qui se trouve même, je crois, un peu dépassée
aujourd'hui.
» Voilà donc trois phases principales par lesquelles a dû passer la
figure de la Terre. Il appartient aux géologues d'examiner quelle concor-
dance existe entre ces phénomènes et les grandes époques de la Géologie.
Inutile d'ajouter que, pour un lieu donné, il ne suffit plus de considérer
ces causes générales de variation du niveau de la mer; il faut alors tenir
compte des mouvements de bascule alternatifs de certaines parties de
l'écorce terrestre, mouvements déterminés invariablement par l'excès de
poids des croûtes maritimes et par les points de moindre résistance au
milieu des continents ou au bord des mers. »
CHIMIE. — Sur les mélanges réjrigémnls formés par un acide et un sel hydraté^
par M. Berthelot.
u 1. J'ai lu avec beaucoup d'intérêt la Note sur cette question, publiée par
M. Ditte dans la dernière séance. Je suis complètement d'accord avec lui
relativement à l'interprétation générale du phénomène. J'ai montré en
(') Les temps qu'on pourrait nommer période lunaire, car c'était alors, sur la Terre,
ce qu'on aurait aujourd'hui sur la Lune, sauf la température, si l'on y versait de l'eau.
{ II92 )
effet que les mélanges réfrigérants produits par voie chimique sont tou-
jours la conséquence d'une réaction fondamentale, accomplie en vertu du
principe du travail maximum {Essai de Mécanique chimique, t. II, p. 44^
et 444)- Dans le cas particulier de la réaction du sulfate de soude hydraté
sur l'acide chlorhydrique, le froid produit résulte principalement de la
séparation chimique entre le sulfate de soude et son eau de cristallisation
et de la liquéfaction de celle-ci (même Ouvrage, p. 45 1 et 647)-
)) 2. Le calcul présenté par M. Ditte {Comptes rendus, t. XC, p. 1 i63)
montre fort bien, par exemple, que la transformation, par l'acide chlor-
hydrique dissous, du sulfate de soude hydraté en chlorure de sodium an-
hydre, acide sulfurique dissous et eau solide, dégage de la chaleur, mais
que la liquéfaction immédiate de cette eau produit un froid qui l'emporte
sur la chaleur précédente. Il rend raison du résultat final, dans ce cas par-
ticulier. Toutefois, je crois ce calcul insuffisant, parce qu'il ne s'applique
pas à un certain nombre de cas analogues, et surtout parce qu'il ne tient
pas compte du véritable point de départ des réactions, le maximum ther-
mique répondant à la formation du bisulfate de soude, et non à celle de
l'acide sulfurique. C'est ce que je vais tâcher d'expliquer par une analyse
approfondie des phénomènes.
» 3. Cherchons d'abord le véritable mécanisme qui détermine la sépa-
ration de l'eau de cristallisation. Le sulfate de soude hydraté SO^Na, loHO
possède, comme on sait, une certaine tension de dissociation, c'est-à-dire
qu'il doit être envisagé comme renfermant à la fois du sulfate hydraté réel,
mêlé avec quelque dose de sulfate anhydre et d'eau libre, le tout formant
un système en équilibre. Cela posé, mettons-le en présence d'un corps ca-
pable de réagir sur lui, tel que l'acide sulfurique, l'acide chlorhydrique, etc.;
ce corps agira d'abord sur la petite dose de sulfate anhydre qui existe dans
le système, attendu que celte réaction n'exige pas le travail complémentaire,
nécessaire pour séparer l'eau du sulfate hydraté. Mais la disparition de cette
petite dose de sulfate anhydre détruit l'équilibre du système initial et dé-
termine la régénération d'une nouvelle proportion de sulfate anhydre,
laquelle est attaquée à son tour, et le phénomène se poursuit ainsi jusqu'au
bout; comme il arrive toutes les fois que les produits de nouvelle formation
ne sont pas de nature à donner lieu à des équilibres spéciaux qui limitent
la réaction {Essai de Mécanique chimique, t. II, p. 44^ ^ 444 et p. 452).
» En général, lorsqu'un corps est dissocié, c'est-à-dire partiellement dé-
composé, c'est l'énergie de ses composants, et non celle du composé Ini-
méme, qu'il convient d'envisager d'abord.
( "9M
» Ainsi, si l'on opère une réaction chimique sur le sulfate de sonde hy-
draté SO*Na, loHO, son eau se sépare à mesure, à cause de la disso-
ciation, et prendra l'état liquide ; de là résulte une absorption de chaleur,
qui peut être supérieure au dégagement produit par la réaction proprement
dite. C'est celle-ci qu'il s'agit d'expliquer.
a 4. Examinons donc maintenant la réaction chimique. L'acide chlorhy-
drique et le sulfate de soude, pris à équivalents égaux, réagissent ; mais ils
ne sauraient engendrer simplement du chlorure de sodium et de l'acide
sulfiirique, car l'acide sulfurique et le chlorure de sodium, prisa équiva-
lents égaux, ne sauraient coexister, soit à l'état séparé de l'eau, soit à l'état
dissous, sans donner naissance à du bisulfate de soude et à de l'acide chlorhy-
drique, composés dont la formation répond au maximum thermique [Essai
de Mécanique chimique, t. II, p, 586 à Sqi, sels anhydres; p, 64a à 647» sels
dissous). Nous parlerons seulement ici de ce qui arrive par voie humide.
On devrait obtenir du bisulfate de soude et du chlorure de sodium :
2 SO» Na -4- HCl = S= O" NaH 4- NaCl.
» S'il n'y avait pas quelque décomposition partielle des produits, l'ac-
tion s'arrêterait là, et elle demeurerait la même, quel que fiât l'excès
d'acide chlorhydrique employé.
1) La présence du dissolvant introduit de nouveaux phénomènes, parce
qu'elle détermine une décomposition partielle du bisulfate de soude en
sulfate neutre et acide sulfurique libre, ces trois corps formant avec l'eau
un système en équilibre {Essai de Mécanique chimique, t. Il, p. Sig à SaS).
Les lois de cet équilibre dépendent des proportions relatives des quatre
composants, suivant les mêmes principes de Statique chimique que j'ai mon-
trés applicables aux éthers, aux sels des acides faibles, etc.
» Il serait très simple, si l'on avait affaire au bisulfate de soude pur ;
mais il est rendu plus compliqué par la présence du chlorure de sodium.
En effet, l'acide sulfurique, formé aux dépens du bisulfate de soude par
l'action de l'eau, agit à son tour sur le chlorure de sodium, contenu dans
la même liqueur, pour régénérer quelque dose de bisidfate de soude et
d'acide chlorhydrique. Le tout constitue en définitive un système en équi-
libre, renfermant six composants distincts (eau, acides chlorhydrique
et sulfurique, chlorure de sodium, sulfate et bisulfate de soude), lesquels
agissent réciproquement les uns sur les autres. J'ai établi l'existence d'un
tel équilibre et les règles de ses variations, par de nombreuses expériences
(Ouvrage cité, t. II, p. 642 à 647).
G, R., 1880, I" Semestre. (T. XC, N» 21.) I 55
( "94 )
« 5. Voilà ce qui se passe lorsque les composants du système demeurent
tous dissons, et cet état de choses doit être défini soigneusement, parce
qu'il est l'origine de ce qui arrive lorsque l'un d'entre eux vient à s'élimi-
ner, par insolubilité ou volatilité. Alors, en effet, l'équilibre ne pourra
subsister. Il en est ainsi lorsqu'on met en présence du sulfate de soude
un excès d'acide chlorhydrique aqueux, mais concentré à un degré tel
qu'il ne puisse dissoudre le chlorure de sodium. Ce dernier sel est éliminé
par insolubilité, et l'équilibre, je le répète, ne peut subsister. Le sulfate
neutre, présent dans la liqueur, est attaqué aussitôt par l'excès d'acide
chlorhydrique, qui le transforme partiellement en bisulfate, acide sulfu-
rique et chlorure de sodium. Le tout constituerait encore un système en
équilibre, si ce second système demeurait entièrement dissous. Mais, en
raison de la présence de l'acide chlorhydrique concentré, le chlorure de
sodium s'élimine de nouveau par insolubilité.
« Une élimination semblable se reproduit, jusqu'à ce que la transforma-
tion du sulfate de soude soit devenue totale, dans le cas d'insolubilité ab-
solue du chlorure. Ce cas extrême, sur lequel M. Ditte appelle à juste titre
l'attention, ne pourra cependant se produire, que si l'on emploie un certain
excès d'acide chlorhydrique très concentré; de telle façon que cet acide ne
rencontre pas plus d'eau qu'il n'est nécessaire pour former un hydrate dé-
fini, voisin par sa composition de HCl + i3à 16HO; hydrate dans lequel
l'acide anhydre ne présente plus de tension appréciable de dissociation
{Essai de Mécanique chimique, t. Il, p 149 à i54). Un tel terme d'hydra-
tation répond, en effet, d'après mes expériences, à l'insolubilité presque
totale du chlorure de sodium ( ' ).
i> 6. Ce que je viens dédire ne s'applique passeulement aux mélangesdu
sulfate de soude hydraté avec l'acide chlorhydrique, mais aussi avec l'acide
azotique et les autres acides ; il s'applique également aux mélanges du
phosphate de soude hydraté et de tout autre sel hydraté avec les acides,
ou les bases, ou les autres sels.
» 7. Dans le cas du phosphate de soude en particulier, l'explication de
la réaction chimique est même plus simple; car les phosphates de soude
Iribasique, bibasique, monobasiqiie sont décomposés d'une façon à peu
près complète dans leurs dissolutions par l'acide chlorhydrique étetidii,
d'après les recherches que nous avons faites avec M. Louguinine [Essai
de Mécanique chimiquej t. II, p. 653-654). M- Ditte confirme ce résultat.
[') Annales de Chimie et de Physique, 5^ série, t. IV, p. 49^.
( iigs )
avec cette différence qu'en opérant avec l'acide chloi hydrique concentré
il détermine la précipitation consécutive du chiot ure de sodium.
)) 8. En résumé, les mélanges réfrigérants constitués par des sels
hydratés, associés aux acides, aux bases ou à d'autres sels, sont réglés par
la théorie suivante : le phénomène anomal que ces mélanges manifestent
résulte du concours des énergies chimiques av*c des énergies étrangères.
Les énergies chimiques agissent conformément au principe du travail maxi-
mum, pour déterminer une première réaction exothermique, dont toutes les
autres sont la conséquence. Les énergies calorifiques interviennent ensuite
en sens inverse pour déterminer une absorption de chaleur, sous la qua-
druple forme de dissociation (sulfate de soude hydraté), de désagré-
gation (') par le dissolvant (équilibre entre le bisulfate de soude et l'eau),
de dissolution (laquelle ne joue qu'un rôle intermédiaire dans le cas du
sulfate de soude et de l'acide chlorhydrique concentré), enfin de liqué-
faction (eau de cristallisation). Telle est, je croi.=, l'interprétation véritable
des phénomènes. »
CHIMIE MliSÉRALE. — Action des acides sur les alliages du rhodium avec le plomb
et le zinc. Note de M. H. Debkay.
« Le plomb ne s'allie ni à l'iridium ni au ruthénium. Ces métaux se
dissolvent seulement dans ce métal à haute température et y cristallisent
par refroidissement, de sorte que, si l'on traite le culot de plomb qui les
contient par de l'acide azotique étendu, on les obtient sous forme de
poudre cristalline brillante, insoluble dans tous les acides et même dans
l'eau régale.
» Le platine et le rhodium, au contraire, se combinent au plomb, avec
dégagement de chaleur et de lumière, et peuvent donner avec lui des al-
liages cristallisés. Dans le cas où le plomb est en grand excès (plus de
5 parties de plomb pour i de métal précieux), on obtient un alliage très fu-
sible, facilement attaquable par l'acide azotique étendu, qui laisse un résidu
de platine ou de rhodium combiné à une certaine quantité de plomb. Dans
le cas du platine, ce résidu est un véritable alliage très divisé qui contient
II pour loo de plomb et que l'eau régale dissout avec la plus grande faci-
(') Sur l'énergie de désagrégation et sa signification réelle, voir Essai de Mécanique chi-
mique, t. II, p. 202, et aussi p. j6i.
( "96)
lité('). Pour le rhodium, le résidu est d'une tout autre nature, et son
élude offre un intérêt particulier.
» action du plomb sur le rhodium, — En fondant à haute température
dans un creuset de charbon i partie de rhodium et 2 à 3 parties de
plomb, on obtient un culot cristallin ayant la couleur du bismuth. L'acide
azotique étendu l'attaque en lui enlevant son excès de plomb et laisse un
résidu composé de petits cristaux brillants d'un alliage bien défini (PbRb')
de deux métaux, et d'une matière noirâtre plus légère que l'alliage et que
l'on peut en séparer par lévigation ou par l'action de l'eau régale. Ce
réactif dissout la matière noire sans altérer l'alliage cristallisé. La propor-
tion de cette matière noire augmente avec la quantité de plouib allié au
rhodium : quand le culot de plomb renferme i5 pour 100 de rhodium au
plus, elle constitue la totalité du résidu, qui est composé d'aiguilles noi-
râtres, friables et sans éclat métallique. Au microscope, ces aiguilles ne
présentent aucune face plane, mais bien des surfaces rugueuses, corrodées
par l'acide au milieu duquel elles se sont déposées. Si l'on élève progres-
sivement la température de cette matière, elle perd d'abord un peu d'eau;
puis, vers 4oo°, elle éprouve une véritable déflagration, avec production de
chaleur et de lumière. Cette déflagration estaccompagiiée d'un dégagement
de gaz azote et oxydes d'azote; elle laisse un résidu fixe formé de rho-
dium et de plomb incomplètement oxydés. La matière noire contient donc
du plomb, du rhodium, de l'azote et de l'oxygène, avec un peu d'eau,
qu'elle perd vers 200° et reprend à l'air à la température ordinaire.
» L'eau régale un peu concentrée la dissout facilement; il en est de même
de l'acide sulfurique concentré et chaud, ce dernier en dégageant de l'acide
suliureux en abondance.
» I-a composition de ce résidu n'est pas d'ailleurs absolument constante;
elle dépend de la richesse en rhodium du culot de plomb et aussi de
l'action plus ou moins prolongée de l'acide azotique sur le résidu. On y
trouve de 63 à 66 pour 100 de rhodium, de i5 à 20 pour 100 de plomb,
de a à 3 pour 100 d'eau hygrométrique et le reste, c'est-à-dire de i5 à
17 pour 100 d'oxygène et d'azote (*). Les analyses faites en vue d'évaluer
(') Nous avons, M. H. Sainte-Claire Deville et moi, fait connaître cette différence d'ac-
tion du plomb sur le platine et l'iridium dans notre méthode d'analyse du platine iridié,
publiée il y a déjà plusieurs années.
(^) On opère l'analyse de la substance en la dissolvant dans l'acide sulfurique concentré
après l'avoir desséchée dans le vide à 200°. Toute la matière se dissout à une température
( "97 )
l'azote et l'oxvgèiie montrent que ces deux corps sont à peu près dans la
proportion où ils existent dans l'acide azotique. On peut donc exprimer la
composition élémentaire de ce corps en disant qu'il contient du rhodium,
du plomb et les éléments de l'acide azotique.
» Mais comment convient-il de grouper les éléments de ce corps singulier
pour que, en partant d'analogies bien constatées, on puisse se rendre compte
de ses propriétés? Nous écarterons tout d'abord la supposition qui en ferait
un azolile basique de rhodium et de plomb. La matière ne contient pas assez
d'oxygène pour l'oxydation du rhodium, du plomb et de l'azote; aussi le
produit de sa décomposition n'est-il pas de l'acide azoteux et un mélange
d'oxydes. La potasse, qui enlèverait à un azotite métallique basique son
acide, n'a aucune action sur lui. Enfin la destruction d'un sel métallique
ne produit pas généralement de dégagement de chaleur; ordinairement elle
en absorbe.
n On pourrait peut-être assimiler cette matière aux composés nitrés
de la Chimie organique, dans lesquels de l'hydrogène est remplacé par une
quantité équivalente d'acide hypoazotique, et qui font explosion quand
on les porte à une température convenable. Toutefois, rien dans les faits
connus ne démontre la possibilité du remplacement du rhodium ou du
plomb par l'acide hypoazotique. D'ailleurs, en étudiant de plus près les
divers résidus que le zinc allié à une petite quantité des métaux de la fa-
mille du platine laisse quand on le traite par l'acide chlorhydr^que, on
trouve des faits simples, manifestement analogues au précédent et dont
l'interprétation ne nécessite pas une telle hypothèse.
inférieure à celle de l'ébullition de l'acide, avec dégagement d'acide sulfureux. La liqueur
refroidie est étendue de beaucoup d'eau, et, en la maintenant durant cinq à six heures à la
température de loo", le plomb se précipite tout entier à l'état de sulfate facile à laver. On
eu déduit le poids du plomb.
La liqueur, filtrée, est évaporée avec précaution, d'abord dans un grand vase, puis, quand
la majeure partie de l'acide sulfurique est chassée, dans une petite capsule tarée que l'on
chauffe jusqu'au rouge sombre dans une capsule plus grande, pour constater qu'il n'y a pas
eu de projection. Le sulfate de rhodium se décompose partiellement. Cela fait, on calcine au
rouge la matière sèche et on réduit l'oxyde de rhodium ainsi obtenu dans le g.iz de l'éclai-
rage. Celte méthode est assez délicate, mais elle est plus rapide que celle qui consiste à
précipiter le rhodium par l'acide formique après avoir saturé par l'acétate d'ammoniaque.
On dose l'azote à l'état gazeux comme dans les matières organiques nitrées, en mélangeant
préalablement la matière avec i5 à 20 parties de cuivre en poudre, pour modérer la
déflagration.
( 1^98)
» Le résidu laissé par le zinc chargé de platine est uu alliage ordinaire
de platine et de zinc ; mais ceux qui proviennent du zinc chargé de rhodium,
d'iridium et de ruthénium doivent être envisagés comme des modifications
isomériques des véritables alliages, susceptibles de se transformer par une
simple élévation de température en alliage ordinaire, avec un dégagement
considérable de chaleur et de lumière ; c'est-à-dire que, si nous prenons le
résidu noirâtre donné par le zinc rhodifère dans l'acide chlorhydrique
concentré et bouillant, nous trouvons qu'il retient toujours environ 20
pour 100 de zinc pour 80 de rhodium et que, chauffé dans le vide, il déflagre
avec vivacité vers 4oo°, sans dégagement appréciable de gaz. Le produit de
la déflagration a pris alors l'aspect métallique, qu'il ne possédait pas primi-
tivement, et il est en outre devenu à peu près insoluble dans l'eau régale,
où le résidu non déflagre se dissout avec une extrême facilité. Les mêmes
phénomènes se reproduisent avec les résidus que donne le zinc contenant
un peu d'iridium et de ruthénium.
» Il y a donc, pour plusieurs métaux de la famille du platine, et en
particulier pour le rhodium, des alliages avec le zinc qui peuvent exister
à deux états isomériques, sous lesquels ils présentent des réactions chi-
miques bien différentes. Comme cela a lieu dans tous les cas analogues
d'isomérie, c'est la modification renfermant la plus grande quantité de
chaleur latente qui est la plus altérable.
» L'action de l'acide azotique sur ces résidus est particulièrement inté-
ressante. Cet acide les attaque difficilement, c'est-à-dire que, mis en contact
du résidu de rhodium contenant 20 pour 1 00 de zinc, par exemple, il dissout
peu de zinc et de rhodium; mais une notable proportion d'acide se fixe sur
le résidu, qui devient alors plus explosif quand on le porte à la température
à laquelle le changement isomérique de la matière primitive a lieu. Ces
mêmes produits, chargés d'acide azotique, prennent aussi naissance, comme
on pouvait s'y attendre d'après ce qui précède, quand on traite le zinc
chargé de rhodium et d'iridium par l'acide azotique. Dans ce cas, l'explosion
est accompagnée d'un dégagement de gaz contenant de l'azote et des pro-
duits oxygénés de l'azote. Le résidu de la déflagration est composé de métal
précieux et de zinc incomplètement oxydés.
» Il est manifeste qu'il y a la plus gi-ande analogie entre ces composés
nitrés et celui que nous a donné le rhodium; on peut donc dire de celui-ci
qu'il est essentiellement formé par un alliage explosif de rhodium et de
plomb, qui, à raison sans doute de sa grande porosité, a absorbé une no-
table quantité d'acide azotique, par un de ces phénomènes d'affinité capillaire
( "99 )
dont notre illustre confrère M. Clievreul a montré l'extrême fréquence en
Chimie.
1) Dans une proclîaine Note, je montrerai l'application que l'on peut faire
des singulières propriétés du composé de rhodium et de plomb pour
l'extraction rapide et économique du rhodium métallique contenu dans
les résidus de la préparation du platine, et je ferai connaître quelques nou-
veaux faits relatifs à l'histoire de ce métal. »
ART DES CONSTRUCTIONS. — Détermination de l'emplacement d'un pont
à établir sur le Danube, près de Silistrie. Note de M. Léon Lalanne.
" J'ai riiouneur de présentera l'Académie, au nom de M. le Ministre des
Affaires étrangères, Président du Conseil, un Recueil de documents diplo-
matiques qui forme lui des Livres jaunes actuellement en cours de distri-
bution aux Membres du Parlement, sous le titre : Commission technique
européenne formée en vertu d'un accord inlervenu entre les puissances signataires
du traité de Berlin .
» Les opérations de cette Commission ont été motivées par une des
questions les plus intéressantes que puisse actuellement avoir à résoudre
l'art de l'ingénieur : le choix du meilleur emplacement pour l'établissement
d'un pont sur le Danube, dans le voisinage et à l'Est de Silistrie, ouvrage dont
l'exécution exigera toutes les ressources de l'art moderne. Les considéra-
tions historiques et techniques qui se rattachent à ce difficile problème
expliquent et justifient l'hommage que le Président de la Commission
internationale réunie à Silistrie le 27 octobre dernier a été autorisé à faire à
l'Académie dont il a l'honneur d'être Membre. Dans le Rapport qui termine
le Recueil, j'ai dû entrer dans des détails qui rendent à la France des titres
trop peu connus dans l'histoire des progrès de l'art des constructions ; les
noms de Papin et de Triger ont été rétablis au premier rang, en ce qui con-
cerne l'exécution si importante des fondations à de très grandes profondeurs,
sans parler de ceux qui, comme Coulomb et notre confrère M. de la Gour-
nerie, ont su tirer un si bon parti de l'idée première de Papin pour les ou-
vrages à opérer sous une nappe d'eau peu épaisse. Il serait difficile de mé-
connaître que des considérations stratégiques et politiques viennent
compliquer la question purement technique, puisque, aux termes du traité de
Berlin, la frontière séparative de l'État roumain et de la nouvelle princi-
pauté de Bulgarie, sur la rive droite du Danube, dépend de l'emplacement
qui sera adopté pour le pont. Or, le tracé de cette frontière assurera à
( 1200 )
l'une ou à l'autre des deux principautés la possession de la colline qui, lors
du siège de Silistrie en i854, couverte à la hâte de quelques ouvrages de
campagne, et détendue par le contingent égyptien, acquit une si grande
célébrité sous le nom cVJrab-Tabia. On conçoit donc que, d'un côté la
Bulgarie à laquelle le Traité de Berlin a laissé la ville de Silistrie, et que de
l'autre la Roumanie qui va s'étendre sur les deux rives du fleuve, tiennent
beaucoup à posséder cette formidable position. La Commission européenne
n'a pas eu à s'occuper de ce dernier ordre d'idées, qui n'est pas néanmoins
de nature à amoindrir l'importance du problème à résoudre. »
MÉMOIRES PRÉSEIVTÉS.
M. L. GuYOT adresse deuxNotes : « Sur les équations d'ordre composé »
et « Sur le polynôme ©2„, », destinées à compléter le Mémoire qu'il a sou-
mis au jugement de l'Académie.
(Renvoi à la Commission précédemment nommée.)
M. MocRA adresse, pour le Concours du prix de Physiologie expérimen-
tale (fondation Montyon), un Mémoire, en trois Parties, portant pour titre
« Statistique millimétrique des diverses parties de l'organe de la voix ».
(Renvoi à la Commission. )
M. L. Deligny adresse, pour le Concours du prix de Statistique (fonda-
tion Montyon), un Mémoire, intitulé « Étude statistique et hygiénique
des communes rurales des deux cantons de Toul ».
(Renvoi à la Commission,)
M. Fromentin adresse, pour le Concours du prix de Mécanique (fonda-
tion Montyon), plusieurs documents relatifs à un appareil qu'il appelle
« alimentateur semi-automoteur à niveau constant pour machines à
vapeur ».
(Renvoi à la Commission.)
Un Acteur adresse, pour le concours du prix Gay, un Mémoire portant
pour épigraphe « Le travail est la seule ressource qui soit donnée... ».
Ce Mémoire a pour titre « Oscillations du sol depuis Dunkerque jusqu'à
la Bidassoa ».
(Renvoi à la Commission.)
( I20I )
Un AuTECR, dont le nom est contenu dans un pli cacheté, adresse, pour
le Concours du prix Dusgate, un Mémoire, en deux fascicules, intitulé
« Sur la détermination de la mort réelle par le caustique de Vienne ».
(Renvoi à la Commission.)
M. Latapie adresse une Communication relative au Phylloxéra.
(Renvoi à la Commission.)
CORRESPONDANCE.
M. le Secrétaire PERPÉTUEL donne lecture de la Lettre suivante, qui lui a
été adressée par M. Dubrunfaut :
• Monsieur,
» Je possède tlans ma colleclion d'autograplics beaucoup de pièces (Lettres, Mémoires et
Rapports) qui ont appartenu aux archives derAcadéraie. Si ces pièces étaient utiles pour
reconstituer les archives, je les mettrais volontiers à sa disposition.
• Pour asseoir votre opinion sur la valeur de ces documents, je vous en remets ci-joint
un certain nombre.
» J'y ajoute une Lettre de Descartes au P. Mersenne, cjui a dû faire partie du lot de
soixante-cinq Lettres dérobé par Libri. »
» L'Académie accepte avec reconnaissance l'offre de M. Dubrunfaut et
décide que des remercimenis lui seront adressés. »
MliCANiQUE CÉLESTE. — Siu^ des transcendantes qui jouent un rôle fondamental
dans la théorie des perturliations planétaires. Note de M. O. Callanoreau,
présentée par M. Tisserand.
« On passe du cas dans lequel s est inférieur à l'unité ( ' ) au cas général
en considérant l'intégrale définie
Aa'" / (i - a2,.y,^n-H.-i ^, _ r)-''dr,
où,j recevant la valeur générale, /est, comme plus haut, supposé inférieur
(') Voir ce Volume, p. 1 154.
C. R., iS8o, \" Semestre. {1. XC, N» 21.) > 56
( I202 )
à l'unité: c'est l'excès de s sur le plus grand entier e contenu dans s. A est
un coefficient numérique qui sera choisi dans un instant.
» Cela posé, le terme en a'""*"-' de b'"", savoir
^;..-i-i)...f.v + / — Il .s-(.v + 0...fj + /«-n- — i) „^2,
1 . 2 . . . ( I . 2 . . . ( /H -1- I )
peut ê(re déduit du terme correspondant dans l'expression ci-dessous,
. ^ f j + I ) . . . f .< + / — 1 1 r f /?i -+- .»■' 4- (') r ( I ~s')
1.2.../ r ( TO + '■-+- 1 )
en multipliant par le facteur
2 (.V -I- /Il -hi — I , {s -h III + i — 2). . . 1 ■«' 4- 'Il -+- i)
rii — / r *■
» Dans celte fraction, le numérateur, multiplié par a*, peut être censé
formé par une combinaison linéaire des factorielles introduites par les
dérivations successives relatives à a jusqu'à l'ordre e inclus, de sorte qu'il
suftira, pour obtenir l)'"'\ de poser
A =
'r{i — s']rU)
de prendre la dérivée d'ordre e de l'expression ci-dessus, augmentée d'une
combinaison linéaire des dérivées d'ordre inférieur, et de multiplier
par a*.
« Tout se réduit, comme dans le cas traité d'abord, à évaluer la dérivée
d'ordre ri de
n étant un grand nombre.
» On multiplie par * et l'on met au numérateur et au dénomi-
' ' 1 . 2 ... «
nateur le facteur (r — af; il vient, pour ia valeur approchée de
.r' cl" b',"-
5
. 2 ... « " sont différents entre eux; le degré de ces idéaux
est égal à J, c'est-à-dire que leur norme est donnée par l'équation
» Ce théorème général revient à celui de M. Kummer pour le cas
n Dans un Mémoire sur la dépendance entre la théorie des con-
gruences et celle des idéaux (Gôttingue, 1878), j'ai démontré que les
équations irréductibles de degré n auxquelles satisfont les nombres en-
tiers d'un corps quelconque il de degré n, prises par rapport à un module
premier p, se résolvent en facteurs irréductibles, dont les degrés coïn-
cident, en général, avec les degrés des idéaux premiers^ qui divisent le
nombre p. Par suite, la condition pour que ces congruences aient des
racines commensiirabtes consiste dans l'existence d'un tel idéal j" dont le
degré soit égal à i . En faisant l'application de ce fait à notre exemple, où il
( '2<'7 )
s'agit des équations i|/(ï])=o de la division du cercle, on voit bien que
les racines jr de la congruence cyclotomique i|^(a?)sso (mod. p) ne se-
ront commensurables que dans le cas/=i, c'est-à-dire dans le cas que
p soit congru, suivant le module m', à l'un des nombres h du groupe {h).
Pour descendre finalement de la théorie générale aux théorèmes deM.Syl-
vester, il suffit d'observer que le corps Q du degré ^(p[m), qui provient
du nombre vj = 5 -h 5~', correspond au groupe {h) des deux nombres
/i^dz I (mod. m). »
ANALYSE MATHI£MATIQUE. — Intégration de certaines équations différentielles
à l'aide desjonctiotis 6. Noie de M. Appell, présentée par M. Bouquet.
« Le théorème de Riemann sur les zéros des fonctions 0 de plusieurs
variables (') conduit aux conséquences suivantes, qui me semblent dignes
d'être remarquées.
» I. Soit d'abord
J{x) = {a,.v + b,){anjc -\- b^)[aiX -h l>3){a^x+ h^)[a^x -+- b^)
un polynôme en x du cinquième degré, et soient
(')
uM)— —=Ach, uAt)=^\ Zl dt
les deux intégrales abéliennes normales de première espèce correspondant
à l'équation algébrique
» Considérons une des fonctions ©(jt, j) formée avec les périodes nor-
males des intégrales (i). D'après le théorème de Riemann, la fonction
&[x, j) s'annule idenliquement pour les valeurs de a: et j" données par
les formules
(2) .T = ^^,(«) — C,, y — u^{t) — C^,
C, et C2 étant deux constantes convenablement déterminées et t un para-
(') OEuvres (le Riemann, \i. igS. — Théorie des fonctions abéliennes de M. Briot, p. i45.
( 1208 )
mètre variable. Or, si l'on différentie les équalioiif (2), on en tire d'abord
dy_cc't-h^' .____^.
djc af-f- S ' dr ,'
puis, remplaçant t par cette expression dans l'équation
dœ = ^±âdt,
on arrive à l'équation différentielle du deuxième ordre
[{ficcd'y- dy d-x){ a^' - ,S«' )-
(3)
I =^[ocdy— a'dx){ltdy— iL^dx)['K.dy — ]j.idjc)...[l^dy — iJ.i,dx),
où l'on a posé
X„ — ab„ — [^a„, ij.,, = a'b„ — /3'«„ (n— r , 2, 3, 4, 5).
» On conclut de là que l'intégrale générale de r équation différentielle (3)
est
(4) e{œ + A,y + B) = o,
Aet B étant deux constantes arbitraires.
» On peut remarquer que l'équation (3) donne l'expression de la cour-
bure en un point delà courbe (4) en fonction de l'angle que fait la tan-
gente en ce point avec un axe fixe.
» II. Pour étendre la proposition précédenle à des fonctions 0 d'un
nombre quelconque de variables, considérons une équation algébrique
F{x,y) = o
représentant une courbe de genre p, et soient
(5) «,(x,j) = £^^./r (/=.,... ,/')
les p intégrales abéliennes normales de première espèce correspondantes;
soit en outre
0(r.,,Z2. .. ., Zp)
une des fonctions 0 formée avec les périodes normales des intégrales (5).
D'après le théorème de Riemann, cette fonction 0 s'annule identiquement
( i^og )
pour les valeurs de z,, z.j., ■ -, Zp données p.ir les formules
(G) Zi--^Ui{x,,j-,) + Ui{x.,)-,)-h ..+ f/,-(a7p-,, j/,_,)— C,- (/= 1,2. ,..,/?>
les Celant des constantes convenablement déterminées et .r,, x^i ■ ■■, ^p-i
des paramétres variables.
» Les équations (6) définissent l'une des variables, z, par exemple,
comme fonction des "autres. A l'aide de ces équations, on pourra exprimer
les séries partielles du premier ordre
ôz, Hz, (Jz,
en fonction algébrique de x,, cc^, ■ ■ ., 0Cp_,. Ces expressions une fois
formées, on en déduira les expressions des '~ dérivées partielles du
deuxième ordre
()■:, (Pz,
-— 2 ) -, — ,— > • • •
dzj àZidz^
en fonction algébrique des mêmes paramètres a.-,, a\, . . ., Xp_^, et, par l'é-
limination de ces paramètres, on obtiendra ^^ équations aux dérivée s
partielles définissant les dérivées secondes en fonction algébrique des dé-
rivées premières. L'intégrale générale du système d'équations simultanées
aux dérivées partielles ainsi formées est
H( = , H- A,, î;^ -f- a., ..,, Zp 4- A
\
/'/' — "'
A,, Ao, ..., Ap étant des constantes arbitraires.
» IIL On peut présenter ce résultat sous une forme un peu différente
en considérant, dnns les équations (6), p — 2 des variables z, par exemple
Z.J, X4, . . ., Zp, comme constantes, et eu faisant varier seulement z, et z^. Ces
équations définissent alors s, comme fonction de:;^, et l'on a, en différen-
tiant,
""* — C-' l'Z :r\ "-^1 -t- ■ -f- w-T— — TUXp^t,
1)
F_,.(.'>-„j>-,)
F'
Des [p — 2) dernières équations précédentes, on tire
dx, dr-, dxp_,
les 9 étant des fonctions algébriques de jl\^x.^, .
l< H —
/)-!•
C R., iSSo 1" .Scmor/e. fl. XC, N» 21.) 1^7
( irio )
» En divisant membre à membre les deux premières équalions (7),
et remarquant que le second membre de l'équation obtenue est homo-
gène en dxi, dœ.,, . . ., dxp_,, ce qui permet de remplacer ces différentielles
par les quantités proportionnelles 9,, cp.,, . . . , fp^,, on obtient ^ en fonc-
tion algébrique de a,, 3C.,, . . . , Xj,_f. De la même façon on forme ensuite
f/z.
f/'z,
. , „
rtZj dz\ • dz'. dzP
en fonction algébrique des mêmes va-
riables œ^, X.,, . . , Xp_i . L'élimination de ces variables conduit à une équa-
tion différentielle
IdPz, dP-'z, d'z, dz,
^1
O,
f/Zl
\dzl dzP~' dz\ ■ dz,,
dont le premier membre est une fonction algébrique des dérivées '-y-i ■ •
-^' L nitpgrale générale de cette équation est
0(2, +A,,r, + A,, A3, ... , Ap):
A,, Ao, . . . , Ap étant des constantes arbitraires. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur l' éliminalion . Noie de M. C. Le Paige.
(Extrait d'une Leitre adressée à M.Hermite.)
« Je mettrai le déterminant d'Euler sous la forme remarquable que lui
a donnée M. Mansion, forme qui se prête parfaitement à la transformation
que je me propose d'effectuer.
» Pour éviter la longueur des calculs, j'envisage deux équations du troi-
sième ordre. On s'aperçoit aisément que le mode de transformation est
général.
)) Soit
0
0
rt„
«1
a^
a
0
-«0
-«,
- r/2
-a.
0
«0
ch
f-i
«3
0
0
K
h,
lu.
h.
0
0
0
-iH
-h,
~h
-^3
0
0
0
K
h,
b.
b
le déterminant d'Euler
( '211 )
>> Je le imiltiplip, colonne par colonne, par
E =
o
o
^3
lu_
lu
K
o
-Ih
-/;,
-h,
~K
o
K
K
h,
/'o
^^
o
«3
— (7,
-fi,
-^0
o
o
o
«3
a. y
^(
^0
o
o
o
-r?3
— rto
-a,
~a
« En représentant par («,6/,) le délerminant [oibi, — ajji), on voit que
(«0^3) ('ïo'^2) K*.) o o
{a^b,) {a,b,) {û,b^)
- E- =
o
o
o
o
o
o
o
o
o
o
o
(«3^0)
o
o
(aob„
o
o
o
{n^b,) {a^b,)-^{a,bo
{a,b._) [ajK)
{a^bo)
d'où
» Si l'on désigne par B le déterminant de Bézout, on voit que
— E==-B=,
E = £B,
£ désignant l'unité positive ou négative.
» On démontre, de la même manière, le théorème de M. Mansion sur
l'égalité des mineurs principaux des deux déterminants.
» En effet, on trouve, par exemple.
{a,b-^)
«0
-^1
-a.
-«3
0
-*3
~b.
-b,
a,
n.
«3
0
b.
b.
b,
h.
{a,b.
b.
b.
b.
0
-^3
— a..
-a,
-rt„
[ft^b.
bo
-b,
~-b.
- b.
0
«3
«2
rt,
d'où
E, = £B,,
en désignant par E,,B, les premiers mineurs principaux de E et de B. Il
est inutile, je pense, de faire voir que le procédé s'applique encore lorsque
les équations proposées sont de degrés différents. »
( ]■?.]■?.)
PHYSIQUE APPLIQUÉE. — Ulilisalion industrielle de la citaleur solaire.
Mémoire de M. A. Mouchot. (Extrait par l'auteur.)
« J'ai rhoniieiir de présenter à l'Académie de nouveaux résultats rela-
tifs à l'utilisation industrielle de la chaleur solaire. Mes expériences, com-
mencées près d'Alger (') le 6 mai 1879, ont duré presque sans interruption
jusqu'à ce jour ; elles ont été parliculiéremeut favorisées par les chaleurs
torrides de l'été dernier. Eu attendant l'installation des grands appareils
qui devaient me servira résoudre complètement les importantes questions
de la distillation solaire et de l'utilisation de la force motrice du Soleil, je
me suis occupé d'expériences de Chimie industrielle.
» Les miroirs de o™, 80 permettent déjà d'effectuer dans le verre des
opérations n'exigeant pas plus de 4oo° à 5oo° de température. Parmi les
opérations qui m'ont réussi, je citerai la fusion et la calcination de l'alun,
la préparation de l'acide benzoïque, l'épuration de 1 huile de hn, la con-
centration des sirops, la sublimation du soufre, la distillation de l'acide
sulfurique, la carbonisation du bois en vase clos, etc.
» Les petits alambics solaires ont été perfectionnés; ils peuvent mainte-
nant servir à distiller les essences et se prêtent à l'emploi du bain-marie
ou du bain de sable. La marmite de Papin a donné d'excellents résultats;
il en est de même du bouilleur solaire et du digesteur à distillation con-
tinue de Payen.
» Mon grand récepteur solaire est construit sur le modèle et dans les
dimensions de celui de Tours. Le miroir, dont la surface d'insolation est
de 3", 80, résiste aux plus forts coups de vent. La chaudière, épaisse de
o^.ooS, afin de pouvoir se prêter à des essais variés, est munie pour la pre-
mière fois d'une chambre de vapeur suffisante et d'une disposition inté-
rieure qui maintient constamment le liquide à vaporiser en contact avec la
surface de chauffe tout entière. C'est à ce double perfectionnement que
j'attribue la supériorité de ce récepteur sur ceux qui l'ont précédé.
» L'appareil, essayé le 18 novembre avec 35''' d'eau froide, portait en
quatre-vingts minutes le liquide à l'ébullition, puis accusait, une heure et
demie plus tard, une pression de 8^"". L'effort total supporté par les parois
de la chaudière excédait alors 8oooo''8. Appliqué à la distillation directe,
(') villa Baiier, climat de i-'rance.
( ...3)
l'appareil fournissait encore par heure, au solstice d'hiver, près de 3 ou de
5ioo"' de vapeur à la pression normale, et distillait, le 2/j décembre, 25'" de
vin en quatre-vingt-cinq minutes, avec rendement de 4'" d'eau-de-vie.
» La distillation à la vapeur a réussi de même avec un alambic muni
d'tui serpentin réchaufleur qu'on mettait en communication, d'une part,
avec la prise de vapeur de la chaudière solaire et, d'autre part, avec son
tuviui d'alimentation. La circulation delà vapeur portait assez rapidement
i5'" d'eau ou de vin à l'ébullilion dans la chaudière de l'alambic, placée à
un niveau supérieur.
» Le fait le plus important que j'aie à signaler à l'Académie est la réus-
site définitive de mes essais d'utilisation mécanique de la chaleur solaire.
Dès les premiers jours de mars, mon récepteur faisait marcher une ma-
chine horizontale sans détente ni condensation à raison de cent vingt tours
par minute, sous pression constante de 3="™, 5. Le calcul indiquant
alors un travail disponible d'environ 8''^'", j'en ai conclu la possibilité de
faire actionner par mon récepteur une pompe donnant le débit d'une
noria commune. Le 18 mars, le succès répondait à mon attente, et je
voyais un appareil élévatoire encore bien imparfait donner un débit de
6'" par minute à 3",5o ou de 1200'" par heure à 1", et lancer à 12™ un jet
d'arrosage. Ce résultat, qu'il sera facile |d'améliorer, s'obtient d'une ma-
nière constante de 8*" du matin à 4** du soir, et ni les vents les plus forts
ni les nuages passagers ne le modifient sensiblement.
» J'ai, de plus, l'honneur de présenter à l'Académie un projet de moteur
solaire automatique qui, sans éluder aucune des difficultés de la question,
me semble les résoudre foutes avec assez de bonheur. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Combinaisons des alcools avec la barjle el la chaux;
produits de la décomposition, par la chaleur, de ces combinaisons ('). Note
de M. A. Destrem.
« On sait, d'après les travaux de M. Berthelot, que l'alcool ordinaire
mis en contact prolongé avec la baryte s'y combine; mais, dans ces condi-
tions, on n'obtient qu'une faible quantité de produit au bout d'un temps
assez long.
» En traitant en vase clos, à une température variant de i5o° à 175°, de
(') Ce travail, dont je poursuis le développement, a été fait au laboratoire de
M. Scliiitzenberger, au Collège de France.
( I2l4 )
l'alcool absolu et de la baryte caustique, on oblient en quelques heures la
combinaison complète de ces deux corps ; il en est de même entre la chaux
et l'alcool. J'ai étendu cette méthode à plusieurs alcools, qui tous se sont
combinés, dans les mêmes conditions, à la baryte et à la chaux.
» Dans cette Note, je me propose de faire connaître les produits de la
décomposition, par la chaleur, de certaines de ces combinaisons.
» Alcool ordinaire et baryte. — Vers 3oo°, la décomposition a lieu en
donnant de l'éthylène et de l'hydrogène à volumes presque égaux.
» Il ne m'est pas encore possible de donner l'équation capable de rendre
compte de cette décomposition, un terme du dédoublement m'ayant sans
doute échappé; j'espère bientôt combler cette lacune.
» 'L'alcool amylique, combiné avec la baryte, donne des résultats ana-
logues, l'éthylène étant dans ce cas renijilacé par l'ainylène.
» En général, avec tous les alcools primaires que j'ai combinés à la ba-
ryte, les produits de la décomposition par la chaleur consistent toujours
en volumes presque égaux d'hydrogène et de carbure C" H"" du radical
de l'alcool.
» La décomposition n'a pas lieu de la même manière pour la combi-
naison des alcools avec la chaux; dans ce cas, le carbure C"H-" n'est pas
mis en liberté, et il se dégage simplement comme produit gazeux de l'hy-
drogène, en même temps qu'il distille un liquide plus léger que l'eau, d'une
odeur aromatique. Ce produit intéressant fera l'objet d'une nouvelle Note.
» Je vais faire connaître maintenant les produits importants de la dé-
composition, par la chaleur, de la glycérine combinée à la chaux.
« La glycérine sèche se combine d'une façon remarquable à la baryte
caustique et à la chaux vive. Si l'on mélange les deux corps de façon à
former luie bouillie pâteuse, et que l'on porte ce mélange à 5o° environ,
on le voit devenir d'aljord fluide, puis se coulracler en se solidifiant, avec
un dégagement considérable de chaleur; enfin la masse se réduit eu poudre
grenue en augmentant de volume; la chaux est pour ainsi dire éteinte
dans la glycérine sèche. Pendant cette combinaison il se dégage un peu
de vapeur d'eau.
» Décomposition, par la chaleur, de la glycérine combinée à la chnux. — Les
produits de cette décomposition sont de l'eau, de l'hydrogène, de l'acide
carbonique et enfin un liquide plus léger que l'eau. Ce liquide séché,
soumis à la distillation, passe entre des limites de température assez
étendues, de y5° à 210°.
» Après plusieurs distillations, j'ai séparé les produits de i5°en j5°,
( )2l5 )
Iractionnonieiit qui est insuffisant, mais que je rectifierai en opérant sur
une grande quantité de matière. Les diverses parties de ces composés,
prises à leurs différents pointsd'ébuUition, jouissent toutes des mêmespro-
priétés.
» Elles se combinent directement au sodium en formant un composé
gélatineux. Elles se combinent aussi à la baryte, au biome.
» Distillées avec l'iodure de phosphore, elles donnent un iodure qui,
traité par l'acétate d'argent, fournit un éther acétique.
» De ces principaux caractères on peut conclure que ces corps jouissent
des propriétés des alcools incomplets.
» L'analyse du produit distillant entre i6o° et 170°, et qui semble se
former en plus grande abondance, a donné, en centièmes,
C 'J7 ,03.
H 12,35
O 10, 63
nombres très rapprochés de ceux qu'exigerait la formule C'"H-°0 :
C 76,89
H 12,82
O 1 o , 2g
» La légère différence provient du mélange, en proportions inégales,
de composés homologues en C"H""0.
M Quant au mode de formation de ces composés, il peut être expliqué
en faisant l'hypothèse que l'action a lieu entre i, 2, 3, 4' ■ • -, n molécules
de glycérine :
Cni»0'= C=H*0 -i- CO- + 4H,
2{CnV0') r-..: C"H«0 1- 2(C0-y + 6H -f- H^O,
3(C'H«(J^)r^ CH'^O -I 3(C0»)+ 8H + 2(H'0),
1
/z(C'H*0') = C="H'"'0-+-/i(C0^) + (2«+ 2)H-^(«- i)H-0.
Ces équations rendent bien compte de la formation des termes homologues
de la série C"H-"0 et de plus donnent en même temps tous les termes
trouvés par expérience dans le dédoublement de la combinaison glycérine
et chaux. »
I 2l6 )
CHIMIE AGRICOLE. — Des réactions qui se produisent entre les sels ammonia-
caux et le carbonate de chaux. Noie de M. Nivet, présentée par M. Hervé
Mangon.
« On sait, d'après Dulong ( ' ), que la généralité des carbonates insolubles
réagissent, à la température de l'ébuliition de l'eau, sur les sels ammonia-
caux, et qu'il se produit, dans ce cas, du carbonate d'ammoniaque qui est
volatilisé avec la vapeur d'eau. En distillant un semblable mélange, on
arrive à enlever complètement l'ammoninque. Nous avons étudié cette
réaction au point de vue des rapports qui existent dans la nature enire les
sels ammoniacaux et le carbonate de chaux.
» Le carbonate de chaux a des firopriétés alcalines excessivement
faibles; nous avons comparé son action à celle de la magnésie, dont
M. Boussingault se sert pour doser l'ammoniaque en présence de matières
organiques azotées.
» Une solution d'asparagine maintenue à l'ébuliition en présence du
carbonate de chaux a donné o^', 00087 d'ammoniaque; en présence de la
magnésie, dans les mêmes conditions, on a eu également o?'', 00087 d am-
moniaque. De l'urine étendue d'eau en présence du carbonate de chaux a
donné oS'',o558 d'ammoniaque et o^', o546 en présence de la magnésie.
1) Ces expériences montrent que l'action du carbonate de chaux est
semblable à celle de la magnésie et qu'on pourrait employer indifférem-
ment ces deux substances.
» Examinons maintenant ce qui se passe à la température ordinaire
entre les sels ammoniacaux et le carbonate de chaux.
» 08', 5 de chlorhydrate d'ammoniaque et 2^'^ de carbonate de chaux
ont été mis en présence dans une assiette avec 200'^'' d'eau. Au milieu de
chaque assiette, on avait placé un verre contenant 10" d'une liqueur titrée
d'acide sulfurique, destinée à absorber l'ammoniaque résultant de la
double décomposition des sels mis en présence. Chaque assiette était isolée
de l'air ambiant par une cloche rodée. L'ammoniaque dégagée a été de
08% 0044 en quarante jours à une température moyenne de 8°. On peut
donc dire qu'à la température ordinaire, dans un mélange qui contient
un sel ammoniacal et du carbonate de chaux, il y a toujours de l'ammo-
(') Annales de Chimie et de Physique, l' fiéne, t. LXXXII, p. 278.
( '217 )
niaque dégagée, très probablement à l'état de carbonate d'ammoniaque.
» Envisageons maintenant ce qui se passe dans les ferres.
» L'ammoniaque qui se trouve normalement dans le sol peut être con-
sidérée comme étant principalement à l'état de carbonate d'ammoniaque;
celle qu'on ajoute comme engrais est généralement à l'état de sulfate.
» D'après les expériences précédentes, ce sel réagit sur le carbonate de
chaux contenu dans la terre, et il se forme du carbonate d'ammoniaque
volatil. Il y a donc là une cause de déperdition d'ammoniaque, qui doit
varier avec la nature des terres dans lesquelles se passe cette réaction. Les
propriétés absorbantes du sol doivent intervenir ici. Nous avons opéré sur
une terre calcaire très riche en humus, sur une terre très argileuse, sur
une terre sablo-siliceuse, sur du sable de Fontainebleau. Ou a incorporé
à ces terres, ramenées à un degré d'humidité égal, du chlorhydrate d'am-
moniaque et du carbonate de chaux; on les a placées dans des vases plats
contenant dans un verre de l'acide sulfurique titré. Le vase était fermé
par une plaque rodée. Les expériences ont duré vingt-trois jours à une
température moyenne de 23". Elles ont donné les résultats suivants :
Ammoniaque
dégagée.
Terre riche en humus o , oo3o3
Terre argileuse o,oo3io
Terre sablo-siliceusc 0,01390
Sable de Fontainebleau o ,02120
» Il y a donc eu des différences très grandes entre les quantités d'am-
moniaque dégagées de ces différentes terres.
» On obtient également la volatilisation de l'ammoniaque en faisant
passer un courant d'air privé d'acide carbonique dans nue dissolution de
divers sels ammoniacaux mis eu présence du carbonate de chaux.
» En remplaçant le courant d'air pur par un courant d'acide carbo-
nique pur, il n'en est plus de même, et, dans ce cas, l'ammoniaque se vola-
tilise dans des proportions presque inappréciables. La présence de l'acide
carbonique entrave donc la volatilisation de l'ammoniaque.
» On sait que l'atmosphère des sols où se trouvent des matières orga-
niques contient des quantités très notables d'acide carbonique. Dans ces
sols, l'ammoniaque se trouve donc toujours en présence d'un excès d'acide
carbonique, et sa tendance à se diffuser dans l'atmosphère peut se trouver
ainsi diminuée.
C. R., 1880, 1" Semestre. (T. XC, ff°2I.) l58
( iiïS )
» En résumé, ces expériences nous montrent, dans le sol et dans les
eaux, une double décomposition, dont le résultat conduit à une déperdi-
tion d'ammoniaque d'autant plus sensible que le sol est doué de pro-
priétés absorbantes moindres ou qu'il se forme dans son sein des quantités
moindres d'acide carbonique ('). «
ANATOMIE GÉNÉRALE. — Sur la formation du cal. Note de MM. Bigal
et W. ViGNAL.
« Dès i865, M. Ranvier (-), en s'appuyant sur des expériences, mon-
trait que le cal, dans les fractures simples de l'homme aussi bien que des
animaux, passait d'abord par une période cartilagineuse, tandis que, dans
les fractures compliquées, il devenait directement osseux au milieu de
bourgeons charnus provenant de la sjibstance médullaire de l'os fracturé.
» Il démontrait de plus que l'inflammation suppurative n'avait aucune
influence sur la marche de l'ossification dans le cal cartilagineux, lorsque
celui-ci était déjà formé.
» Les expériences de M. Ranvier établissaient un fait méconnu avant
lui et sollicitaient des recherches pour savoir quelles sont les causes qui
font que la cicatrice osseuse se forme, suivant les cas, par deux processus
différents. C'est cette question que nous nous sonnnes proposé de ré-
soudre.
» Nous avons repris les expériences de notre maître et nous avons obtenu
les mêmes résultats. Nous avons en outre remarqué :
» 1° Que, même dans les fractures simples, le bouchon central devenait
toujours directement osseux au milieu de la moelle redevenue embryon-
naire ;
» 2° Que, lorsqu'on ruginail une partie de l'os, soit jusqu'au canal mé-
dullaire, soit moins profondément, la cicatrice était toujours directement
osseuse, même lorsqu'il y avait réunion par première intention, fait déjà
reconnu par M. Ranvier;
» 3" Que, dans une fracture compliquée, même lorsqu'on laissait les frag-
ments de l'os exposés à l'air pendant un temps assez long, si l'on parvenait
(') Ce Iravail a été fait à l'Institut national agronomique, sous la direction de M. Mûniz.
(') Ranvier, Thèse de doctorat, Paris i865, p. 46 et suiv. — Corail et Ranvier, Ma-
nuel d' Jnatomie pathologique. Paris, 1869, p. 366 et suiv.
( '219 )
à éviter rinflanimatioii suppurative, et si, par conséquent, on obtenait une
réunion par première intention, le cal passait par une période cartilagi-
neuse.
» 4" Que, dans une fracture compliquée et suppurant, le cal était d'abord
cartilagineux dans les points non envahis par la suppuration, tandis que
dans les fractures simples, mais dont les fragments baignaient, soit pour
une cause, soit pour une autre, au milieu du pus, on obtenait un cal di-
rectement osseux.
» Ces différents faits nous ont conduits à penser que si, dans les frac-
tures compliquées de plaie, le cal était de suite osseux, c'était parce que
le périoste, ou plus exactement la couche cellulaire sous-périostée, se trou-
vait détruite par le fait même de la suppuration, et nous en avons conclu
que c'est à cette couche seulement que l'on doit attribuer la formation du
cartilage, et que la moelle tant des canaux de Havers que du canal central
forme directement de l'os.
M Après avoir essayé à plusieurs reprises de faire reproduire du tissu
osseuxà de la moelle transplantée dans le tissu cellulaire sous-cutané etaprès
avoir constamment échoué de même que M. Ollier, tandis que le périoste
transplanté nous donnait invariablement, comme à cet auteur, un os d'abord
cartilagineux, nous avons fait l'expérience suivante. Sur le tiers moyen
du tibia d'un lapin adulte, nous avons enlevé deux ou trois fois de suite le
périoste, afin de bien détruire toutes ses propriétés ostéogéniques ; puis,
quinze jours après l'avoir enlevé pour la dernière fois, nous l'avons frac-
turé à son milieu. Douze jours après la fracture (à cette époque on a tou-
jours, chez le lapin, un cal cartilagineux), l'animal fut sacrifié, et l'examen
de la fracture nous montra qu'au milieu de bourgeons charnus, provenant
des canaux de Havers agrandis, se formait un cal périphérique directement
osseux. Cette expérience, plusieurs fois répétée, nous a donné toujours les
mêmes résultats.
» Une autre expérience encore plus démonstrative est la suivante. Nous
avons enlevé à deux reprises, à quinze jours d'intervalle, le périoste. La
plaie s'étant cicatrisée, nous avons fracturé l'os en son milieu comme dans
les expériences précédentes et nous avons sacrifié l'animal douze jours après.
A la partie postérieure, où le périoste avait été conservé, le cal se formait,
comme dans les fractures simples, à l'aide d'un cartilage, tandis qu'à la
partie antérieure il se formait au milieu de bourgeons charnus, comme dans
les fractures compliquées et suppurant.
» Ces expériences nous semblent donc bien établir que la couche sous-
( I220 )
périosiée, lorsque l'irritation est vive, comme dans les fractures, contribue
à la réparation de l'os, en se transformant en tissu cartilagineux.
» Cette production de cartilage par la couche sous-périostée nous paraît
être liée à l'irritation intense que subit le périoste par le fait de la fracture
et de l'épanchement sanguin qui en est la suite. Il existe, eu effet, des cas
nombreux où l'on voit la couche cellulaire sous-périostée produire directe-
ment du tissu osseux; nous pourrions presque dire qu'il en est ainsi dans
tous les processus inflammatoires des os. Expérimentalement, on peut fa-
cilement, sans décoller le périoste, lui faire reproduire à volonté du tissu
osseux ou du tissu cartilagineux.
» Chez le même animal (afin que les conditions autres que celles que l'on
créera soient bien les mêmes), après avoir fendu la peau d'une des jambes
et écarté avec précaution les muscles jusqu'à ce que l'on arrive sur le pé-
rioste, on irrite celui-ci assez fortement en le frottant avec un corps bien
poli (comme un brunissoir d'agate) et en évitant tout froissement des
parties voisines. Sur le périoste de la jambe opposée, on répète la même
opération en irritant vivement le périoste, en contusionnant fortement les
parties molles avoisinantes,de manière a amener un épanchement sanguin.
Puis la plaie des deux jambes est fermée par quelques points de suture, et
l'animal est sacrifié entre le dixième et le douzième jour.
B Dans le cas où l'on a obtenu une réunion par première intention de
la plaie des deux jambes, on trouve sous le périoste de la première quel-
ques ostéophytes, tandis que sous celui de la seconde on a des masses car-
tilagineuses plus ou moins considérables,
» Cette dernière expérience explique la formation directement osseuse
des points ducal sous-périostique les plus éloignés du siège de la fracture.
Nous avons constamment remarqué, en effet, que le sommet et la base de
l'ovoïde plus ou moins parfait que forme le cal périphérique sont toujours
directement osseux dans les fractures simples: cela tient à ce que, l'inflam-
mation dans ces points étant moins vive, la couche cellulaire sous-périostée
forme directement du tissu osseux ('). »
PHYSIOLOGIK. — Expériences relatives au choc périloiléal. Note de
MM. P. Reynier et Ch. Ricuet, présentée par M. Vulpian.
« On sait que certains traumatismes, et principalement ceux du péri-
(') Ce travail a été fait au laboratoire d'Histologie du Collège de France.
( I22I )
toine, déterminent un état grave, rapidement mortel, sans qu'on puisse
assigner d'autres causes à cette terminaison fatale qu'une sorte d'épuise-
ment nerveux. Les chirurgiens ont désigné sous le nom de choc Iraumalique
l'ensemble de ces symptômes.
» Nous avons pu reproduire expérimentalement quelques-uns des sym-
ptômes du choc traumalique.
» A. En injectant dans l'abdomen d'un lapin une petite quantité (de 5^'^
à 2^^'') d'eau bouillante, nous avons toujours vu la température de l'animal
baisser avec une grande rapidité. Plus la brûlure est étendue, par la masse
plus ou moins considérable et la chaleur plus ou moins grande de l'eau
injectée, plus l'abaissement de température est prononcé et rapide. Dans
des brûlures modérées, l'animal survit, et, au bout de cinq à six heures,
la température revient à l'état normal. Dans les cas de brûlure plus in-
tense, la température s'abaisse graduellement (jusqu'à 29° environ), et
l'animal meurt en moins de vingt-quatre heures dans un état adynamique,
sans suppuration du périloine.
» B. On peut mieux graduer les effets de l'excitation péritonéale en
remplaçant l'eau bouillante par le perchlorure de fer. Ce caustique ne
passant pas dans le système circulatoire, les accidents qu'il amène ne
peuvent être attribués à une intoxication véritable, mais seulement à l'ex-
citation du péritoine.
» En injectant i^"^ d'une solution concentrée de perchlorure de fer dans
l'abdomen d'un lapin, nous avons constamment vu la température rectale
baisser avec une rapidité extrême, de 1°, 5 par heure dans quelques cas.
La mort survient entre six et douze heures après l'injection, suivant les
sujets ('). A l'autopsie, nous n'avons jamais trouvé ni suppuration du péri-
toine, ni caillots dans le cœur, ni congestion pulmonaire.
( ' ) Voici un exemple :
Température
rectale.
A lo'^, injection 38°, i
ni- 36°,5
?.>'.■ 34°,?.
Si-So"' 3i°,8
4''3o'" 28"
4''4o™ . mort.
Il va sans dire que nos lapins, après l'opération, étaient toujours laissés en liberté.
( i2aa )
» C. On peut se demander si cette hypothermie extrême dépend d'une
perte exagérée de calorique (par suite de la dilatation des capillaires de
la périphérie) ou d'une diminution des phénomènes chimiques calorifiques
de l'organisme (hématose ou combustion interstitielle).
» Il n'est pas probable qu'une dilatation des capillaires delà peau et
un refroidissement exagéré par la périphérie soient la cause de ce refroi-
dissement central, car la température périphérique s'abaisse beaucoup
plus rapidement que la température centrale.
» D'autre part, on ne peut attribuer l'hypothermie à une insuffisance de
l'hématose, c'est-à-dire à une diminution de l'oxygène du sang. En effet,
plongés dans de l'oxygène, les lapins qui ont reçu du perchlorure de fer
dans la cavité abdominale se refroidissent aussi vile qu'à l'air libre.
» Nous avons donc été conduits à admettre que cette hypothermie ré-
sulte de la diminution des processus chimiques calorifiques des tissus, di-
minution qui est la conséquence de l'épuisement nerveux général.
» Le froid, l'adynamie, la mort, tels sont donc les résultats de cet épui-
sement nerveux qui porte sur toutes les fonctions de l'organisme (circula-
tion, respiration, combustions interstitielles). La mort survient sans cris,
sans convulsions, sans autres phénomènes apparents que l'abaissement de
température et la diminution des forces. En somme, cet état est comparable
à l'état des lapins dont on a coupé la moelle dorsale, l'excitation exagérée
de la moelle amenant les mêmes résultats que sa paralysie.
1) D. On peut jusqu'à un certain point démontrer le fait de l'épuisement
nerveux. En effet, si, avant de faire l'injection de perchlorure, on engourdit
au préalable le lapin avec du chloral, l'animal, au lieu de mourir six à
dix heures après l'injection, ne meurt souvent que vingt-quatre heures après,
cinq à six heures après s'être réveillé de l'engourdissement produit par
l'aneslhésique. L'influence du chloral, dans ce cas, ne peut s'expliquer
qu'en admettant qu'il supprime l'excitation de la moelle par les nerfs
péritonéaux.
)) E. Il est à remarquer que la muqueuse intestinale est beaucoup moins
sensible que le péritoine. L'injection de i^' de perchlorure de fer dans
l'intestin produit un abaissement de température passager ; mais souvent
l'animal se rétablit, ce qui n'a jamais lieu quand le caustique a été injecté
dans la cavité du péritoine.
)) Enfin, en excitant pendant près d'une heure par des courants élec-
triques forts le péritoine et l'intestin, nous n'avons pas pu obtenir de
( 1223 )
refroidissement. Il en est de même de l'excitation du nerf sciatique, qui
fait baisser la température de quelques dixièmes de degré, diminution qui
n'est pas comparable à celle que produit la cautérisation du péritoine (' ). ■»
PHYSIOLOGIE. -- Siirla forme et le siège des mouvements produits par l' excitation
corticale du cerveau. Note de M. Cocty, présentée par M. Vulpian.
« J'ai indiqué, dans deux précédentes Communications, des faits destinés
à prouver que les contractions produites parla faradisatioii du cerveau ont
leur origine réelle dans une excitation des divers appareils bulbo-médul-
laires. Cette conclusion me semble encore confirmée par l'observation exacte
d'autres faits auxquels on attribue généralement une signification inverse.
» Si l'on excite le cerveau d'un chien ou surtout celui d'un singe avec
un courant interrompu de moyenne intensité, insensible au doigt, suppor-
table à la langue, chaque électrisation produit presque toujours des con-
tractions multiples dans des groupes musculaires très différents, queue et
paupières, lèvres et membres postérieurs, oreille, queue et trois mem-
bres, etc.; mais il est impossible, presque toujours, de reconnaître dans ces
contractions simultanées rien qui ressemble à une association volontaire,
à but défini. D'autres fois, il est vrai, les mouvements associés présentent
une forme déterminée plus ou moins reconnaissabie : ce sera im redresse-
ment des deux paupières supérieures, ou une flexion des membres posté-
rieurs, ou un mouvement de préhension des deux membres antérieurs, ou
plus souvent l'adduction d'un membre antérieur avec abduction de l'autre,
ou plus souvent encore une contraction unilatérale des lèvres et du membre
antérieur, etc. Mais ces associations bien coordonnées portent sur des mou-
vementshabituelsà l'aide desquels le singe gri m pe,marche, saute, mange, etc.,
et tous les physiologistes admettent que les mouvements de cette nature
peuvenlse produire, en dehors de toute intervention cérébrale, par un mé-
canisme purement médullaire. Si l'on faradise le cerveau avec un courant
plus fort ou plus prolongé, au moins dans certaines conditions mal ana-
lysées encore, on obtient, on le sait, au lieu de quelques contractions
associées, un véritable accès convulsif, hémiplégique ou généralisé, et il
est encore évidentque cette contraction d'ensemble, épileptiforme, quoique
(') Travail du laboratoire de M. Vulpian, à la Faculté de Médecine.
( 1224 )
consécutive à une excitation corticale isolée, a son origine dans une exci-
tation du bulbe et de la moelle, ou mieux de la protubérance.
» Mais on a surtout insisté sur ces contractions bornées à un seul
groupe musculaire, telles que la pronation, la supination, la flexion d'un
membre, le redressement de la queue, mouvements que l'on produit en
faradisant avec un courant faible le cerveau d'un animal normal ou avec
un courant intense le cerveau d'un animal épuisé : or, ces mouvements
n'ont une forme définie que parce qu'ils sont isolés, et ils n'indiquent, du
reste, aucun but volitionnel reconnaissable; ils portent presque toujours
sur les muscles qui sont les plus mobiles, les lèvres, le membre antérieur
pour le singe, et ils doivent être considérés comme le début, comme la
forme atténuée des contractions associées précédentes. Il suffit en effet
d'augmenter ou quelquefois simplement de prolonger l'excitation pourvoir
sur un animal normal un mouvement, isolé d'abord, se compliquer ensuite
des contractions les plus diverses et se perdre enfin dans un accès con-
vulsif généralisé. En résumé, ayant pratiqué desfaradisations très multiples
sur le cerveau de chiens et de singes qui souvent même étaient laissés nor-
maux et sans anesthésie, je n'ai jamais pu observer de mouvement voli-
tionnel correspondant à un but déterminé, pas plus que je n'ai jamais vu
de ces réactions motrices émotionnelles qui devraient être si faciles, à la
face, par exemple : il semble donc que l'on doit refuser complètement aux
mouvements produits par la faradisation du cerveau cette forme spéciale
du mouvement ayant un but défini, non habituel, dont on a fait, sans
l'avoir suffisamment constatée, un argument en faveur de l'existence des
prétendus centres moteurs.
» Du reste, l'impossibilité d'admettre rien qui ressemble à un centre dé-
fini de mouvements est encore mieux établie par les faits suivants.
» L'étendue et la forme de la zone dite motrice varient considérablement
sur les différents singes; le plus souvent, toutes les circonvolutions parié-
tales sont inexcitables; quelquefois il en est de même des frontales paral-
lèles, de sorte que celte zone, toujours très vaste, d'après quelques descrip-
tions, peut dans quelques cas être réduite à la face convexe de la frontale
ascendante: j'ai toujours trouvé, en effet, le lobule paracentral insensible
à l'électricité. Sur le chien aussi, la zone excitable, très étendue dans
quelques cas, peut dans d'autres être réduite à un point unique, de situation
variable.
» Le nombre des prétendus centres est aussi, suivant les animaux, en-
( 1225 )
tièrement différent; jamais je n'ai pu produire sur un seul singe tous les
mouvements indiqués comme constamment possibles; chez l'un les oreilles
et le membre postérieur, cbez d'autres les paupières, la queue, cliez presque
tous les mâchoires restaient toujours immobiles, et les mouvements produits
par les excitations les plus diverses pouvaient se limiter à deux ou trois
groupes musculaires.
» Enfin et surtout, la valeur et la disposition réciproque de chacun des
points excitables sont excessivement variables: si l'on compare, par exemple,
les effets de la faradisation du tiers supérieur de la frontale ascendante, on
voit cette excitation déterminer sur un premier singe un effet nul ; sur un
deuxième, l'extension du membre antérieur; sur d'autres, un mouvement de
la queue ou du membre postérieur; sur d'autres encore, des mouvements
associés d'une sorte différente. Il est même impossible d'admettre que
les régions fronlo-pariétales supérieures sont surtout en rapport avec les
membres, et les inférieures avec la face et la tète, et l'on ne saurait donc
accorder une valeur réelle aux descriptions topographiques qui ont été
souvent tentées.
'1 Mais, ce qui est encore plus important, c'est que l'on peut observer
les mêmes variations en comparant, non plus plusieurs animaux, mais le
même singe au cours d'une seule expérience. Si l'on faradise un cerveau de
quart d'heure en quart d'heure, on voit la forme et l'étendue de la zone
excitable varier souvent considérablement entre deux excitations ; on voit
aussi le nombre et la disposition des points excitables contenus dans cette
zone se modifier de toute façon, ou l'électrisation d'un même point déter-
miner successivement les mouvements les plus divers.
» En résumé, pour des individus différents comme pour le même
individu, il n'y a aucun rapport entre la région corticale excitée et la
forme ou le siège du mouvement produit. Les quelques faits qui avaient
servi de base à l'hypothèse des centres corticaux doivent donc être revisés,
et l'explication de ces phénomènes, complexe encore dans bien des cas,
n'est possible que si l'on admet la théorie d'après laquelle les fibres
blanches corticales sont des conducteurs d'excitations bulbo-médullaires,
comparables aux conducteurs périphériques, malgré leur trajet et leurs
connexions beaucoup plus compliquées. »
C. R,, 1880, 1" Semestre. (T. XC, Pi» ÎSl.)
iSg
( 1226 )
PHYSIOLOGIE. — Sur le pouvoir fixateur de certains organes pour les alcaloïdes
introduits dans le sang qui les traverse. Note de M. P. Héger, présentée par
M.. Marey.
(' I. Quand on soumet un organe isolé, encore vivant, à une circulation
artificielle de sang défibriné contenant une certaine dose d'alcaloïde (nico-
tine, atropine, quinine, etc.), on constate que le sang qui sort de l'organe
contient une quantité d'alcaloïde not;iblement moindre que le sang qui y
est entré : il y a donc eu diffusion de la substance à travers les parois vas-
culaires et fixation dans le tissu.
» On le démontre : i° par le dosage de l'alcaloïde dans le sang quia tra-
versé l'organe ; ce dosage est pratiqué avec la méthode optique, qui a
l'avantage de permettre un contrôle ultérieur par l'expérimentation phy-
siologique; 2° par l'analyse du parenchyme après un rinçage qui a pour
but d'enlever toute trace d'alcaloïde mêlé au sang dans l'intérieur des vais-
seaux; on voit ainsi que, pour la nicotine, par exemple, le foie absorbe
environ le tiers de l'alcaloïde injecté; 3" par la reproduction du phéno-
mène de l'emmagasinage dans les organes chez l'animal vivant; o^^ooi à
o^'',oo2 de nicotine injectés dans la veine porte sont arrêtés au passage et
fixés dans le foie.
» II. En comparant le pouvoir absorbant de différents organes ou tis-
sus, on voit que c'est le tissu hépatique qui retient au passage la plus forte
proportion d'alcaloïde, tandis que les poumons n'en absorbent que des
quantités minimes.
» III. On peut facilement transporter à l'animal vivant les résultats ob-
tenus avec les circulations artificielles sur des organes isolés; on s'adresse,
dans ce but, à des réseaux vasculaires délimités :
» i°Foie.— Quand on injecte dans le bout central d'une veine mésenté-
rique o8'^,38 de nicotine et que l'on recueille le sang des veines sus-hépa-
tiques jusqu'à la mort de l'animal, on retrouve dans ce sang oS"^, 17 de
nicotine, tandis qu'il en resie une quantité un peu supérieure dans le
parenchyme du foie. Les résultats sont les mêmes pour la quinine, la
morphine, la strychnine.
» 2° Tissus musculaires, etc. — En injectant dans le bout périphérique
de l'artère crurale une dose connue de nicotine, on constate que les y de
( '227 )
l'alcaloïile traversent le réseau des membres inférieurs et se retrouvent
dans le sang qui s'écoule par la veine fémorale.
» 3° Poumons. — Quand on a injecté 4''' de quinine dans la jugulaire,
l'analyse des poumons, après lavage de leurs vaisseaux, montre que le tissu
pulmonaire ne fixe pas de quantités appréciables d'alcaloïde.
» La réaction physiologique s'accorde avec les réactions chimiques pour
montrer le fait de l'emmagasinage des alcaloïdes par le foie chez l'animal
vivant. On sait que les alcaloïdes, arrivés au contact de l'endocarde, pro-
voquent, par voie réflexe, des troubles du rythme cardiaque consistant en
un ralentissement plus ou moins marqué. Cet effet s'observe nettement
quand on injecte la substance par la jugulaire, du côté du cœur; il fait
complètement défaut ou se montre très atténué si l'on injecte une dose au
oins égale de l'alcaloïde dans le bout central d'une veine mésentérique.
Le foie a donc retenu au passage la substance capable d'agir sur le cœur ;
on la retrouve en effet dans son parenchyme par l'analyse chimique.
» Mais cette localisation dans le foie n'est pas définitive; au bout d'un
certain nombre d'heures, on retrouve des traces d'alcaloïde dans la lymphe
qui provient du foie; on en constate également la présence dans la bile.
Certaines substances jaassent plutôt dans la lymphe (nicotine), d'autres
plus rapidement dans la bile (strychnine). »
MÉDECINE. — Découverte de uaccin horse-pox. ^ote de M. de Pietra-Sakta,
présentée par M. Pasteur.
« On parle beaucoup de la fréquence d'accidents vaccinoïdes sur la
vache et sur le cheval; mais, en réalité, il n'est pas toujours facile d'arriver
au moment propice pour recueillir la précieuse lymphe, la porter sur les
génisses et la cultiver avec succès.
» .... Le 5 mai, M. Alexandre signalait à M. Le Blanc un cas de Itorse-
pox spontané, dans les écuries de M. Marx, aux Champs*EI)sées, sur un
cheval de sang arrivé d'Allemagne. La lymphe vaccinale, recueillie sur des
lancettes, fut portée par M. Chambon sur une génisse de trois mois par
trois piqûres sur la mamelle. Ces pustules évoluèrent normalement, et
avec leur lymphe pure et limpide nous piîmes inoculer, le i3, une deuxième
génisse avec succès. Effectivement, le 19, nous montrionsà MM. Le Blanc et
Hervieux, de l'Académie de Médecine, une superbe éruption vaccinale
( 1228 )
(soixante pustules). La lymphe vaccinale de ces pustules a servi, le 20 et
le 21, à l'inoculation de deux génisses (troisième et quatrième), qui assu-
reront désormais le service des vaccinations de la Société d'Hygiène, à
partir du mardi aS mai. »
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Sur un phénomène de sensibililé observé
clans /'Acacia. Note de M. T.-L. Phipson.
« Au mois de septembre dernier, j'ai ftnit une expérience sur le dévelop-
pement de la sensibilité chez le Robinia pseudo-acacia. Le sujet est un fort
bel arbre, de cinq à six ans, dont le feuillage est très luxuriant. J'ai voulu
voir si l'on pourrait déterminer dans cet arbre quelques phénomènes de
sensibilité, ou plutôt d'excitabilité (pour me servir du mot de Dutrochel),
analogues à ceux qu'on observe dans la Sensitive.
» La première expérience se fit le 17 septembre, à S*" So*" du soir, vent
sud-sud-est, température i']°C., et par un beau soleil. J'ai pu faire dor-
mir les feuilles de cette plante, pendant qu'elles étaient encore vi-
vement éclaiiées par les rayons solaires, en soumettant la foliole termi-
nale à une série de coups frappés avec le doigt. Après avoir appliqué sur
la foliole terminale de dix à vingt petits coups assez forts, les autres folioles
commencent bientôt à se rapproclier, et, au bout de cinq minutes, elles sont
toutes rabattues, ou dans un état de sommeil, comme au milieu de la
nuit. Dans celte expérience, les folioles latérales se courbent l'une après
l'autre, en commençant par celle qui est le plus près de la pointe de la
feuille, c'est-à-dire de l'endroit frappé.
» Le lendemain, 18 septembre, à midi et demi, je fis encore la même
expérience et j'obtins les mêujes résultats : les feuilles sur la foliole ter-
minale desquelles je frappai une vingtaine de petits coups secs avec le doigt
s'endormirent de la façon décrite, en l'espace de quatre minutes et demie.
En observant une feuille à laquelle j'avais fait prendre ainsi les allures du
sommeil en plein soleil, j'ai remarqué qu'elle a exigé de deux à trois
heures d'éclairage par les rayons solaires pour reprendre sa position pri-
mitive, c'est-à-dire pour que les folioles latérales devinssent de nouveau
horizontales.
» Dans ces expériences, la chute l'une après l'autre des folioles à partir
de rextrémilé de la feuille est parfaitement semblable à ce que l'on observe
{ 1239 )
dans la Sensitive. Relativement à cette dernière, dans un travail publié en
1876, où il est quostion du mouvement dans les plantes en général ('),
j'ai dit :
« La raison pour laquelle les mouvements de la Sensitive ont été regardés comme si mer-
veilleux esl que, jusqu'à présent, ils ont été envisagés comme quelque ciiose de tout à fait
exceptionnel, tandis que ce n'est que le plus haut degré de développement d'un phénomène
dont nous pouvons suivre les traces à travers le règne végétal tout entier. »
» J'ai cité dans ce même "Volume de nombreux faits à l'appui de cette
opinion, et la nouvelle expérience que je viens de faire connaître me paraît
non moins importante sous ce rapport.
» Je fis encore une autre expérience pour essayer l'action d'une vive cha-
leiu" appliquée à la foliole terminale, ce qui, comme on sait, agit immé-
diatement sur la Sensitive; mais ici, avec l'Acacia, en crispant etbriàlant
même la foliole terminale au moyen d'une petite flamme, je ne parvins pas
à faire abattre les folioles latémles. Cela me paraît démontrer que le suc
est bien moins mobile dans le tissu de l'une de ces plantes que dans celui
de l'autre. »
GÉOLOGIE. — Sur tes tetraii^s lerliaires de la Bretagne. Environs de Safjré
[Loire-Inférieure) . Note de M. G. Vasseur, présentée par M. Hébert.
« Les terrains tertiaires de Saffré occupent, à 7 lieues au nord de
Nantes, une dépression des terrains anciens limitée au sud par le sillon de
Bretagne, à l'est par les hauteurs qui s'étendent de Nort à Abbaretz, au
nord enfin par des collines orientées de l'est à l'ouest.
» Ce petit bassin formait le fond d'un golfe communiquant avec l'Atlan-
tique par les marais de Campbon, de Saint-Gildas et de la Grande-Brière,
oîi l'on retrouve plusieiu's témoins de la formation éocéne.
1) Le niveau le plus inférieur des terrains tertiaires de Saffré est constitué
par un sable gris, fin, renfermant plus de quatre cents espèces fossiles,
parmi lesquelles cent cinquante mollusques du calcaire grossier parisien
et près de deux cents formes nouvelles (2). L'affleurement de ce dépôt,
généralement masqué par le terrain quaternaire (9), est visible au Bois-
Gouët, dans les mortiers Libeaud, où je le découvris en 1877 (^). Dans les
[') Familiar Letters on sortie mysteries of nature, etc., p. i3g.
['] Butt. de la Soc. géol, de France, 3' série, t. VI, p. 81 (19 novembre 1877)
( I23o )
fouilles que j'entrepris en cet endroit pour la recherche des fossiles, on tra-
versa le sable sur 3™,5o d'épaisseur, sans pouvoir en atteindre la base, les
sources étant trop abondantes à ce niveau. Ce terrain affleure dans le vallon
de Tromer et à l'Esturmel, et représente, comme je l'ai déjà indiqué ('),
la base du calcaire grossier supérieur de Paris. Il est recouvert, au Bois-
Gouët, par des grès et des marnes sableuses grises et brunâtres (3), ayant
.JUUn^ loV
Echelles; he 3"Sôï> ;1 . So.ooo
6™ d'épaisseur et correspondant par leur faune [Cerilhium tricarinatum,
Cardium triangulum, Venus texta, Corbula angulata, etc.) aux sables co-
quilliers de Campbon. Ces couches renferment aussi de belles empreintes
végétales, et particulièrement des feuilles de lauriers.
» Le même grès se retrouve dans le voisinage, aux Landes, à Puceul,
sur la butte du Grand-Moulin et à Pouvroux, reposant sur les schistes
métamorphiques, vers 3o™ou4o™ d'altitude, et présentant une faible incli-
naison vers le centre du bassin; il constitue, autour de la butte du Télé-
graphe, une terrasse plus continue, surmontée, à la Praie, par des sables et
des poudingues à gros éléments de quartz anguleux; à Grémil enfin, il
renferme des empreintes de Cerithiuni Iricarinalum, Venus texta et Corbula
angulata.
» Les grès du Bois-Gouët passent, à leur partie supérieure, à des marnes
blanches et verdâtres, sans fossiles (4), analogues aux couches supérieures
de Campbon et représentant les caillasses du calcaire grossier.
» C'est immédiatement au-dessus de ce terrain, dont je n'ai pu observer
la limite supérieure, que se place la série des couches du miocène infé-
rieur, argile verddtre (5), calcaire marin à arcliiacines (6), calcaire à limnées(i)
et meulières (8), dont j'ai déjà fait connaître la succession (^).
(•) Bull, de la Soc. géol. de France, 3^ série, t. VI, p. 82.
(') Comptes rendus, 23 décembre 1878.
( 123l )
» Il existe donc en Bretagne une importante lacune, correspondant aux
sables de Beaucliamp et à Véocène supérieur.
» J'ai acquis la certitude que la base du dépôt miocène, que je n'avais
pu observer jusqu'à présent, est constituée par une argile verdâtre (6),
sans fossiles, comparable par sa position aux argiles inférieures à Natica
crassatinaj de Rennes. Cette couche a été rencontrée dans plusieurs puits,
sur 6°" d'épaisseur, et dans le fond des carrières où l'on exploitait autrefois
Carte géologique des environs de Saffré ( Loire Inf^'
Échelle !
a, contour du golfe tertiaire; 1, terrain quaternaire; 2, terrain quaternaire recou-
vrant les terrains anciens; 3, calcaire lacustre de Saffré {calcaire de Beauce);
4, calcaire marin à ^rchiacines {sables de Fontainebleau) -^ 5, argiles inférieures;
6, marnes et argiles éocènes; 7, grès à végétaux et à cérites du Bois-Gouët;
8, sables coqiiilliers du Bois-Gouët (6, 7, S, calcaire grossier supérieur); 9, serpen-
tine; 10, quartzites; 11, houille; 12, schistes métamorphiques; 13, gneiss.
le calcaire marin de Saffré. Un lambeau de ce calcaire miocène existe à la
( 1232 )
Rabinière, près de Nort, et présente à sa partie supérieure des couches
lacustres à Billnnia Diibuissoni.
» J'ai déjà montré que le calcaire de Bréhain appartient à la même for-
mation {'). J'en signalerai un nouveau gisement situé sur le bord de la
Vilaine, à Langon. Jadis exploité au Hainlé et au Vaulais, le calcaire pré-
sente dans celte localité le même faciès qu'à Rennes et repose sur des
schistes ardoisiers. Les couches supérieures, formées d'argile verdâtre et
de calcaire siliceux à cérites et cyrénes (banc des Brûlemorts, de Rennes),
sont visibles dans la tranchée du chemin de fer, entre la station et le pays
de Langon.
» Le miocène inférieur est donc représenté en Bretagne par cinq gise-
ments : Rennes, Langon, Bréhain, Saffré et Nort.
» Le Tableau suivant résume la succession des phénomènes géologiques
que nous déduisons de nos observations actuelles ou plus anciennes {')
sur la Bretagne :
Èrelagne. — Dnpôis.
Manque.
Miocène inférieur
Terrains égulTalonls du bassin de Paris.
I Calcaire de l'Orléanais.
I Calcaii'e de Beauce.
I Sables de Fontainebleau.
supérieur.
Éocène ( ""'ï''"'
Gypse.
Sables de Beauchamp, etc.
supérieur.
inférieur.
Calcaire grossier
Sables de Cuise, etc.
Calcaire lacustre de Saftré.
Calcaire marin de Rennes et de Saffré.
Manquent.
Sables, grès et marnes du Bois-Gouët.
inférieur. Le Four, Machecoul, Arthon.
Manquent
Piiéuomèiies.
Période d'émersion.
Exhaussement. Lagunes.
» Mer.
AfTaissement,
Période d'émersion.
Exhaussement. Loguncs
0 Mer,
Affaissement.
Période d'émersion.
M. Ed. Saavedra adresse une réclamation de priorité relative à une
théorie des voûtes (extrait d'une Lettre communiquée par M. Yvon Vil-
la rceaii) :
K Dans le Cahier de mars dernier des Annales des Ponls et Chaussées^ j'ai
trouvé un résumé d'une théorie des voiîtes, par M. de Perrodil, dont le
développement se trouve dans un Ouvrage et dans deux articles du même
auteur, que je me suis empressé de consulter. Je me crois en droit de reven-
diquer la priorité de cette théorie, car je l'ai établie pour la première fois
en 1860, accompagnée de Tables toutes calculées pour l'application pra-
tique dans mon Livre Instruccion sobre la estabilidad de las construccio-
nesj p. 117.
(') Comptes rendus, 23 décembre 1878.
h] Ihid.
( ia33 )
» J'ai publié, en ouiro, des expériences sur la déformation élastique des
voiîtes, en 1866, à la Bevisla de obras publicas.
» Comme je me réserve le droit de revenir sur cette théorie si j'en ai le
loisir, en corrigeant certaines appréciations fautives dans lesquelles M. de
Perrodil et moi nous sommes tombés, je tiens à faire cette déclaration, dont
un ingénieur si distingué ne peut être nullement off-Misé. »
M. Bruele adresse quelques remarques sur l'utilisation médicale d'un
sulfure double de mercure et de sodium, dont il communique la prépa-
ration.
]M. Peyraud soumet à l'Académie une Note intitulée « Sur un signe de
la mort réelle, tiré des caractères de l'eschare produite j)ar l'application
des cautères et en particulier par l'application du caustique de Vienne »
(extrait) :
« La mort réelle peut être reconnue d'une façon pratique au moyen de
l'application de cautères sur le sujet que l'on suppose mort : si l'eschare
ne se produit pas, le sujet est mort; si elle est jaune et transparente, le sujet
est mort; si elle est noire ou rouge brun, le sujet est vivant. »
A 4 heures un quart, l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 5 heures un quart, J. B.
BUI-LETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
OdVRAGES hEÇOS DANS LA SÉANCE DU I^ MAI 1880.
Œuvres complètes de Lnplace, publiées, sous les auspices de l'Académie
des Sciences, par MM. les Secrétaires perpétuels; t. I,II, IIL Paris, Gauthier-
Villars, 1878; 3vol.in-4°.
Comité international des Poids et Mesures. Procès-verbaux des séances de
1879. Paris, Gauthier-Villars, 1880; in-8°.
C. R., 1880, I" Semestre. (T. XC, !S°2!.) ' ^^
( ri34 )
Annales de la Société académique de Nantes et du déparlement de la Loire-
Inférieure,- 187g, 2^ semestre. Nantes, V"^" Mellinet, 1880; in-8°.
OEuvres du D'' Jules Guérinj i^" livraison. Paris, au bureau de la publi-
L-ation, rue de Vaiigirard, 46, 1880; in-8°, avec Atlas in-4°.
Contribution à l'étude de la syphilis cérébrale; par le D"' E. Mauihac. Bor-
deaux, G. Gounouilliou, 1880; br. in-8°. (Extrait du Journal de Médecine
de Bordeaux. )
Mémoires couronnés et autres Mémoires publiés par l'Académie royale de
Médecine de Belgique; collection in-8°, t. V (5* fascicule). Bruxelles,
H. Manceaux, 1880; in-8°.
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SEANCE DU LUNDI 51 MAI 1880.
PRÉSIDENCE DE M. EDM. BECQUEREL.
MEMOIRES ET COaiMUNlCATlONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
PHYSIQUE. — Sur une lampe électrique automatique ; par M. Jamin.
« J'ai eu l'honueur de soumetire à l'Académie, dans sa séance du 1 7 mars
187g, le principe d'un brûleur électrique nouveau. J'ai réussi depuis à
construire une lampe pratique que je vais décrire. Elle repose sur une base
d'ardoise {fi(j.i),que l'on fixera dans des globes ou des lanternes, suivant
les besoins de lu décoration, et qui soutient vers le bas une gouttière de
cuivre HHH, large, mais peu épaisse, afin d'éviter les ombres, et vers le
haut une autre gouttière en fer doux G, destinée à s'aimanter et à attirer
une palette mobile EF. Le courant alternatif d'une machine Gramme passe
d'abord dans un fil de cuivre fin, replié quinze ou vingt fois dans les
deux gouttières, et qui constitue le circuit directeur. C'est au milieu
de ce cadre et dans son pian que se placent les bougies ou couples de
charbons entre lesquels va jaillir l'arc. Il y en a trois, mais on peut eu
placer un plus grand nombre si l'on veut prolonger l'éclairage. On in-
troduit chacun de ces charbons dans un support tubulaire de cuivre où
ils se tieiment verticalement, serrés par un ressort, la pointe en bas.
L'opération n'offre aucune difficulté et n'exige aucune adresse. Il n'y a
C. R.,j88o. i"Seme»fre. (T. XC, «"22.) iGl
( 1236 )
point de matière isolante entre les charbons. Ceux de j^droite |SA,... sont
fixes et verticaux; ceux de gauche a, ... pendent hbrement autour des
articulations B,B',B",...; les sommets de leurs supports sont reliés par une
Fig. I.
Fig. 2.
barrette CC'qni leur imprime un mouvement commun ; la palette EF est rat-
tachée par un levier ED à cette barrette, qu'elle pousse vers la gauche par
son poids, ce qui rapproche les charbons jusqu'à ce que l'un d'eux vienne
buter contre sou compagnon. Il est à remarquer que le contact ne se fera
que pour une seule des bougies, la plus longue, ou celle dont les pointes
sont le plus rapprochées: c'est celle qui s'allumera,
» Le courant électrique, après avoir traversé le circuit directeur, arrive
à la fois aux trois charbons mobiles et peut revenir indifféremment par les
trois charbons fixes; il passe entre ceux qui se touchent et les allume.
Aussitôt l'aimantation se fait, la palette EF est attirée, les trois couples de
charbons s'écartent à la fois, deux restant froids et l'arc s'étalant dans le
troisième. 11 y persiste tant qu'il y a de la matière à brûler, maintenu aux
pointes par l'action du courant du'ecteur et y revenant nécessairement si
( '^37 )
une cause étrangère l'en écartait. Quand le courant s'arrête, la palette
retombe et le contact se rétablit; s'il passe de nouveau, les charbons se
rallument et s'écartent comme la première fois. Ainsi l'allumage est auto-
matique, instantané et renouvelable à volonté.
» Quand la première bougie est consumée, il faut qu'une autre lui succède.
A cet effet, le porte-charbon de gauche, qui était resté fixe, est articulé à
son sommet et peut se déplacer, non dans le plan du cadre, mais dans le
plan perpendiculaire {fig. 2). Il est poussé par un ressort R, qui l'écarte;
mais il est maintenu dans la verticale par un fil de laiton /3, recourbé en
crochet à son extrémité et qui passe à frottement dur dans une filière où
un ressort le presse. Quand la combustion de la bougie a amené la flamme
jusqu'en i, elle fond le fil, un déclanchement se produit tout à coup, les
deux charbons s'écartent brusquement, l'arc s'éteint, mais il se rallume
aussitôt dans la bougie voisine. L'action est si prompte que l'on s'aper-
çoit à peine du changement et que les autres lampes du même circuit ne
subissent aucun affaissement. Il faut remarquer d'ailleurs que cette substi-
tution d'une bougie neuve à sa voisine usée ne se produit que toutes
les deux heures, que le fil de laiton n'a été fondu qu'à son extrémité, qu'il
suffit de couper sa pointe, de le recourber et de l'avancer un peu dans sa
filière quand on veut remettre des charbons neufs, et qu'il sert un grand
nombre de fois.
Un des plus grands inconvénients de l'éclairage électrique est l'extinction
possible et subite d'une des lampes, ce qui entraîne aussitôt celle des huit
ou dix bougies placées dans le même circuit, bien qu'elles soient en bon
état. Les nôtres sont peu sujettes à ce danger; il faut pourtant le prévoir
et y remédier. A cet effet, l'un de mes élèves, M. KrouchkoU, a imaginé un
système de parachute dont la description serait trop longue; il a pour
effet : i°d'ouvrir, au moment même de l'accident, un circuit secondaire qui
continue le courant à travers tous les appareils sains en supprimant son
passage à travers la bougie malade; 2° de remplacer la lampe éteinte par
une résistance égale, ce qui laisse les autres dans l'état où elles étaient
d'abord. Cette addition est fort importante, en ce qu'elle permet d'allumer
beaucoup ou peu de bougies, sans changer leur éclat.
n En résumé, notre lampe réunit plusieurs qualités essentielles : elle s'al-
lume et se rallume autant de fois qu'on le veut; elle n'exige qu'un circuit
pour toutes les bougies voisines; elle remplace automatiquement celles
qui ont brûlé en totalité par des charbons neufs; elle n'emploie aucune
matière isolante de nature à altérer la couleur des flammes ni aucune
( 1338 )
préparation préliminaire des charbons, ce qni diminue notablement la
dépense. Si à l'origine elle éprouvait, comme toutes les autres, des varia-
tions d'éclat, cela tenait, non à elle, mais à la préparation défectueuse des
charbons; ces variations ont disparu depuis, grâce à M. Cirré, à qui l'on
doit déjà tant et qui vient de donnera ses charbons l'homogénéité néces-
saire. Il nous reste à dire combien on peut allumer de bougies avec un
travail donné, quelle est la quantité de lumière et de chaleur produites
et à quelle distance on peut les conduire.
» J'ai employé dans ces recherches la machine Gramme; elle était ac-
tionnée par le moteur Otto, avec lequel 0:1 peut à chaque histanl mesurer
le travail dépensé, qui est rigoureusement proportionnel au nombre des
explosions : il suffît de les compter. On sait que la machine Gramme est
composée de deux organes distincts : la machine à lumières, constituée par
des électro-aimants tournant rapidement dans un tore de fer enveloppé de
fils induits, et une excitatrice à courants continus, qui ne sert qu'à aimanter
les électro-aimants. Elle ne fait qu'un travail de préparation.
» Le courant qu'elle produit augmente rapidement avec sa vitesse. Si
petite que soit celte machine, on peut toujours atteindre l'aimantation né-
cessaire; mais on est obligea une dépense de force considérable et limitée par
réchauffement croissant de l'orgnne. J'ai réussi, en me laissant guider par
la théorie et par une meilleure distribution des fils, à réduire la chaleur au
quart et la dépense au tiers, tout en produisant le même effet.
I\Iachine Machine
primitive. modiliée.
Dépense en clievaux i'''',394 o'^'',5i
Intensité du courant .... o,ci8 o,(^
Vitesse i447 1433
1) La dépense de travail, réduite à la moitié d'iui cheval-vapeur, est
devenue insignifiante.
I) On a construit divers types de machine Gramme à lumière; les plus
gros et les plus coûteux allument habituellement 24 bougies de o'",oo4;
les plus petits sont destinés à en faiie 4. Je me suis aperçu que ces derniers
n'ont un si faible rendement que parce qu'on les emploie mal. Quand on
leur donne peu de vitesse, ils prennent peu de force au moteur; quand
on porte cette vitesse à aSoo tours, ils absorbent jusqu'à 10 chevaux, et,
comme ce travail se transforme eu chai 'ur dans les circuits, il est évident
qu'on doit obtenir un nombre d'autant plus grand de foyers el une somme
d'autant plus considérable de lumière que la vitesse est plus grande.
{ 1^39 )
Cependant on ne l'a pas fait, parce que la chaleur développée dans la ma-
chine est telle, que les isolants fondent et que les fils brûlent, il était bien
facile de remédier à ce défaut en diminuant la résistance de la machine et
en augmentant celle du circuit, ce que j'ai fait avec un succès complet et
ce qui m'a permis d'allumer jusqu'à a/j foyers avec un moteur de 8 che-
vaux et la machine dite à quatre lumières.
» Je me contente de citer ici un des nombreux résultats de mes expé-
riences :
Vitesse : i53o tours.
intensiu': Dépense en chevaux
Nombre . — i^^.^ -^ — , , , , .
de la machine
de de chaque ,^,^,p .
lampes, lampe. totale. par bon(;ie.
I i34 i34 2,8i ?.,8i
2 1 1 3 9.26 3 , 58 ' ' 79
3 icj 321 4î07 1,38
4 io5 4'o 4i43 ' 1 ' •
5 95 4:5 4.70 0'94
Ci 96 576 4i9' 0,82
7 93 65i 5,o4 0,72
8 92 736 5,11 0)64
9 8(1 761 ^■>°9 0,5"]
10 74 74° 5,07 o,5i
II 70 771 5,04 0,46
I?. (>2 740 5,01 0,42
1 3 56 718 4 > ^o " j 3 7
14 5o 700 4'^o 0,32
» On remarquera que la dépense en chevaux ainsi que la lumière to-
tale augmentent jusqu'à g lampes, puis que ces deux quantités di-
minuent ensuite. Il est clair que, si l'on veut avoir une grande totalité de
lumière, il faut s'arrêter à ce maximum, mais que, si l'on veut avoir
beaucoup de foyers plus faibles, il faut le dépasser : c'est ainsi qu'on
arrive à 24 bougies de o'",oo4 de diamètre, ne demandant qu'un tiers de
cheval chacun. Mais il vaut mieux s'arrêter à 2 bougies d'un demi-
cheval; elles sont plus belles et moins sautillantes. A mesure que les char-
bons se perfi^ctionneront, on reculera cette limite.
1) Quant à la lumière de chaque lampe, elle diminue avec leur nombre;
une seule avec la vitesse de i5oo tours vaut i34 carcels, 2 se ré-
duisent chacune à 11 3, et quand on en a il\, elles ne valent plus
que 5o : c'est la division d'une somme totale, avec un quotient décroissant.
» On peut remarquer que cette quantité de lumière est bien plus con-
( I2/jO )
sidérable que par les bougies ordinaires : la cause en est dans la direction
des charbons, qui brûlent par le bas, non par le haut. Par le haut, on
éclaire le ciel, ce qui est inutile; par le bas, on illumine le sol, ce qui est
nécessaire. D'autre part, la flamme de l'arc, qui tend toujours à monter,
abandonne les pointes et ne les réchauffe pas quand elles sont dirigées
en haut ; elle les enveloppe et les noie au contraire dans une atmosphère à
énorme température quand elles regardent le sol, ce qui exagère nota-
blement leur éclat et prévient leur refroidissement. Une comparaison pho-
tométrique de deux bougies identiques dans le même circuit a dé-
montré que l'éclat des pointes en bas est cinq fois égal à celui des pointes
en l'air. Bien que leur température soit énorme, la quantité de chaleur
n'est pas grande, parce que le foyer est petit. J'ai comparé cette chaleur à
celle d'une carcel en mettant successivement cette lampe et un brûleur
électrique dans un même calorimètre. En moyenne et à lumière égale, la
combustion de l'huile développe 45 fois autant de chaleur que l'arc élec-
trique.
)) Il ne me reste plus qu'à parler de la distance à laquelle on peut con-
duire la lumière; elle est d'autant plus grande que la machine tourne plus
vite : avec i5oo tours, ou peut introduire dans le circuit i''™ de fil de cuivre
ayant o™,ooi de diamètre sans que la diminution d'éclat soit sensible;
avec 2000 tours, on peut aller jusqu'à 4^" de ce fil ou 16''™ de o'",oo2. On
conçoit ainsi la possibilité d'éclairer toute une grande ville par une usine
unique rayonnant dans tous les sens.
)) Les expériences et les essais multipliés auxquels j'ai dû consacrer mon
temps exigeaient des moteurs, des machines, toute une installation qui dé-
passaient de beaucoup mes ressources. J'ai eu la bonne fortune de trouver
un concours efficace et illimité chez M. Durrieu, président de la Société
du Crédit industriel et commercial. J'ai trouvé également en M. Denay-
rouze, répétiteur à l'Ecole Polytechnique, un collaborateur dévoué. Enfin
deux de mes élèves, MM. Maneuvrieret Rrouchkoll, ont exécuté avec moi
toutes les mesures avec un zèle qui ne s'est jamais démenti. «
THERMOCHIMIE. — Sur la chaleur de combustion des principaux gaz
hjdrocarbonés ; par M. Berthelot.
Il l.En publiant, il y a quelques mois (voir ce Volume, p. 779), mes expé-
riences sur la chaleur de formation des oxydes de l'azote, exécutées par déto-
{ '24l )
nation dans une petite bombecalorimétrique en tôle d'acier, platinée à l'inté-
rieur, j'ai annoncé que je comptais employer le même appareil pour mesurer
les chaleurs de combustion des principaux gaz hydrocarbonés : ce sont ces
résultats que je viens présenter aujourd'hui à l'Académie. Ils comprennent
tous les gaz formés de carbone, d'hydrogène et d'oxygène qui ne se
liquéfient pas au-dessus de o". Je reviendrai bientôt sur les gaz azotés et
chlorés. Mes nombres expriment la chaleur de combustion à volume
constant. C'est la chaleur de combustion à pression constante qui a été
mesurée jusqu'ici; mais il est facile de passer de l'un des nombres à l'autre,
d'après les formules données dans mon Essai de Mécanique chimique, t. I,
p. 1 15. On déduit encore de là la chaleur de formation.
1. Oxyde de carbone. — J'ai trouvé par détonation, pour C-0-= 288' :
68, o à volume constant; 68,3 à pression constante ('). Par combustion
ordinaire, j'avais trouvé, il y a quelques années, en briilant le gaz pur, ce
qui n'avait jamais été fait : 68,2; et par voie humide : 68,5 [Annales de
Cliimie efde Physique, 5* série, t. V, p. 3i6, et t. XIII, p. 1 3). En admettant
que C-( diamant) + 0^ = C-O* dégage : + 94,0, on déduit de là :
C" (diamant) + O- = C-0-, dégage : + 20, 7.
» 2. Hydrogène. — J'ai trouvé par détonation, pour H"^ 2'^'' : 69,2. Il
n'y a pas lieu de distinguer ici entre les chaleurs de combustion à volume
et à pression constants, parce que le produit se liquéfie entièrement. Le
nombre 69,2 se confond avec 69,0 que j'avais obtenu en prenant la
moyenne des résultats antérieurs de Dulong, Hess, Grassi, Favre et Sil-
bermann, et Andrews (").
Les expériences postérieures de M. Thomsen (') et de MM. Schuller et
Wariha ne changent pas sensiblement cette moyenne.
( ' ) D'après Favre et Silbermann, 67 , 3 ; Andrews, 68, i . M. Thomsen a annoncé depuis :
66,8, sans aucun détail; ce nombre est trop faible de 2,2 pour 100. Tous ces expérimen-
tateurs ont opéré sur un mélange d'oxyde de carbone et d'hydrogène, et non sur l'oxyde
de carbone pur, que personne n'avait réussi à brûler avant mes expériences.
(-) Annales de Chimie et de Physique, 4° série, t. VI, p. 36o ( i865).
[') M. Thomsen a donné 68,3, nombre un peu inférieur à ceux des autres expérimen-
tateurs. L'importance que l'on attache à juste titre aux mesures de M. Thomsen m'engage
à entrer dans quelques développements sur l'origine de cette divergence. En effet, l'écart
me paraît attribuable, en partie aux erreurs commises de part et d'autre, en partie à l'emploi
d'une méthode de compensation, fort analogue à celle de Rumford, pour corriger les pertes
du refroidissement, laquelle n'est pas conforme aux usages actuels des physiciens.
» Non seulement les deux périodes repondant aux excès thermiques de signe contraire
( 1242 )
» 3. C/tinof/ène. - J'ai donné dans le présent Volume (p. 781) la chaleur
de conibuslion de ce gaz, par détonation : soit -+- 261,8 pour C'Az" = 52°''.
Par combustion ordinaire, j'avais trouvé -+- 2G3,2. La moyenne, + 262,5,
s'applique également à la combustion à volume constant et à la combustion
à pression constante. On en déduit
C' (diamant) -1- Az- = C*Az'-, absorbe : - 7/1,5.
4. Formène : C^H\ — Trois détonations ont donné, en tenant compte
de la portion d'eau qui conserve l'état gazeux dans le récipient, pour
C-H^ = 16*' :2i3,2; 2i4)3; 210,7; iiiojenne, 212,4 a volume constant,
ce qui fait 21 3,5 à pression constante. Le poids du gaz brûlé a été conclu
du poids de l'acide carbonique formé, mode d'évaluation qui s'applique
également a tous les gaz suivants. Les mesures antérieures de Dulong
ne sont pas identiques, dans plusieurs des exemples cités par M. Thoinsen, mais l'écart est
d'autant plus réel que les chiffres publiés par cet auteur, comme les températures initiales et
surtout finales de ses observations, ne résultent pas de lectures directes; car ils sont obtenus
par un certain calcul de moyennes. En raison de cette manière un peu fictive d'enregistrer
les résultats, la grandeur vraie de la correction due au refroidissement demeure inconnue.
Cette correction existe cependant au fond dans ce mode d'opérer, aussi bien que dans
les autres ; mais sa valeur et son existence même y sont dissimulées par le procédé
opératoire. Au lieu de masquer ainsi les corrections, je pense qu'il est préférable de les
naettre en évidence. La chose est d'autant plus nécessaire que la loi théorique du refroidisse-
ment, sur laquelle s'appuient et la méthode de Rumford et celle de M. Thomsen, n'est pas
conforme en général à la loi réelle du refroidissement des caloiimètres. Ces deux méthodes
supposent en effet que le refroidissement dépend uniquement de l'excès de température du
calorimètre sur celle d'un thermomètre placé dans l'air au voisinage. Or les physiciens
ont reconnu depuis longtemps que cette hypothèse ne représente pas le refroidissement
véritable: celui-ci dépendant aussi de diverses conditions plus complexes, et susceptibles même
de changer le signe du refroidissement calculé d'après la première hypothèse ( voir, entre
autres, les expériences publiées dans mon Essai de Mécanique chimique, t. I, p. igc) à 2o5 ).
C'est pourquoi M. Regnault, M. Pfaundler, M. de Marignac et moi-même, pour ne pas citer
d'autres noms, nous avons remplacé ce procédé inexact de correction par d'autres, plus
modernes et plus corrects, que les physiciens ont généralement adoptés (p. 207 à 210).
Si je donne ces renseignements, c'est afin de montrer l'origine des petites différences qui
existent entre les cliiffres des divers expérimentateurs, spécialement dans les déterminations
ordinaires des chaleurs de combustion, expériences toujours assez longues. Dans les expé-
riences de courte durée, les corrections étant insensibles, cette cause de divergence n'appa-
raît pas. La combustion par détonation est si rapide, qu'elle supprime aussi à peu près com-
plètement ce genre de corrections : de même qu'elle supprime la correction due à la
combustion incomplète des gaz hydrocarbonés, correction douteuse, et cependant inévitable
dans les combustions ordinaires. Ce sont là de grands avantages du nouveau procédé.
( 1243 )
avaient donné : 211,0; Favre et Silbermann : 209,0; Andrews: 209,8.
L'écart entre ces nombres ne surpasse pas les erreurs d'expérience. Tou-
tefois je regarde mon chiffre comme préférable, parce qu'il ne comporte
aucune correction relative au caractère toujours incomplet des combus-
tions ordinaires, et aussi parce que la mesure calorimétrique ne dure pas
plus de trois minutes.
5. Méth/le ou hydrure d'éth/tène : {CR^f ou C*H*. — La chaleur de
combustion de ce gaz n'avait pas été mesurée jusqu'ici. Je l'ai préparé par
l'électrolyse des acétates, suivant le procédé de M. Rolbe. J'ai trouvé par
détonation, sur un échantillon dont la composition avait été vérifiée par des
analyses spéciales : 384,6; 388,7; 389,7; ^" moyenne, 387,4 à volume
constant, et 388,8 à pression constante, pour G*H° = Zo^^.
6. £'f/i;-/è/ie(diméthylène) : (C^H')' ou C H* ^ 28s^ — Quatre détonations
ont donné 34 1,0; 34t,4; 337, o; 34 1,9 : moyenne, 34o,3 à volume con-
stant; ce qui fait 34 1, 4 à pression constante. Par la combustion ordi-
naire, Dulong avait trouvé 336,8; Favre et Silbermann, 332, o; Andrews,
334,4; Thomsen, 334,8; moi-même, 334,5; tous nombres moins exacts
pour les motifs exposés plus haut (* ).
7. Acétylène (protohydrure de carbone) : (C^tl)* ou C*H'' = 26s^ — Deux
détonations ont fourni 3i8,7 et 3ii,o : moyenne 3i4,9 à volume con-
stant; ce qui fait 3i 5, 7 à pression constante. J'avais trouvé antérieurement,
par combustion ordinaire, 317, 5; par voie humide, 32i (-). Ces nombres
montrent les limites d'erreur. J'adopterai la moyenne : 3i8, i.
8. Élhermélhjlique (oxyde de méthyle)(C^H'0)>ou C^H='(eH*0='=46s'-.
— Sa chaleur de combustion n'avait pas été mesurée. Trois détonations
( ' ) Les expériences de M. Thomsen conduisent même à un nombre voisin de 34o, si l'on
écarte la correction suivante qu'il a cru devoir faire. Il a supposé que l'éthylène, préparé au
moyen de l'alcool et de l'acide sulfurique, renfermait un huitième de formène [Poggendorff's
Annalen, CXLVII, p. 386). Or, on sait que ce gaz est entièrement absorbable (à i pour loo
près), par le brome et par l'acide sulfurique concentré, ce qui en exclut le formène. L'excès
d'iiydrogône trouvé par M. Thoniscn dans ses analyses, et qu'il a traduit par l'existence du
formùne, me paraît dû en partie aune carabustion incomplète, en partie à la présence de
la vapeur d'eau et de la vapeur d'éther. C'est en tenant compte de cette dernière que l'on
arrive à 34o.
(') Annales de Chimie et de Physique, 5°série,t. IX, p. i65;et t. XIII, p. i4-M. Thom-
sen a trouvé de son côté, par combustion ordinaire, + 3i i, chiffre un peu faible. Il admet
d'ailleurs, diins son acétylène, la présence de 4 centièmes d'éthylène, gaz qui ne se ren-
contre pas dans l'acétylène préparé au moyen de l'acélylure cuivreux. L'excès d'hydro-
gène, base de son calcul, doit provenir d'une dessiccation imparfaite des gaz.
C, R., ib8o, I" Semestre. {T. XC, N» «2.) 162
( 1244 )
ont fourni 343,4; 34", o; 345,8; en moyenne, 343, i à volume constant :
ce qui fait 344^2 à pression constante.
9. Hjdrure de propylène : CH*. — Sa chaleur de combustion était in-
connue. J'ai opéré sur deux échantillons distincts de ce gaz : l'un préparé
en 1867, à l'époque où je l'ai découvert, et conservé depuis lors, avait été
obtenu(')dansla réaction de l'acide iodhydriqueconcentrésurl'éthercyan-
hydrique, C*H*(C^HAz), puis séparé de l'hydrogène formé simultanément
par l'action de l'alcool absolu, dont je l'avais isolé ensuite de nouveau (").
Il renfermait, d'après l'analyse, 97 pour 100 en volumes d'hydrure C'H*,
2 pour 100 d'hydrogène et 1 pour 100 d'azote. Sa combustion a fourni
(hydrogène déduit) : 556, o à volume constant.
» L'autre échantillon a été préparé ces jours-ci par la réaction de l'acide
iodhydrique concentré sur l'éther isopropyliodhydrique. Il renfermait
sur 100 volumes : 48,1 CH' ; 5o,o H; 1,9 Az. L'existence de l'hydrure de
propylène a été vérifiée en l'extrayant de ce mélange par l'alcool, comme
plus haut, le séparant du dissolvant et le soumettant à l'analyse eudio-
métrique. La détermination de la chaleur de combustion a été faite sur le
mélange primitif, qui contenait à peu près moitié d'hydrogène. La chaleur
de combustion de ce dernier étant déduite, j'ai trouvé pour l'hydrure de
propylène : 547,8 à volume constant. Je prendrai la moyenne des deux
chiffres observés avec ces deux échantillons, soit 55 1,9 à volume constant,
et 553, 5 à pression constante.
» Je dois dire ici que les expériences faites avec l'hydrure de propylène
sont moins régulières qu'avec les autres gaz, et que j'ai an écarter plusieurs
combustions incomplètes, dues probablement à un commencement de
liquéfaction du gaz dans les conditions des expériences.
» 10. Propylène (triméthylène): (C^H^)' ouC'H'^. —Sa chaleur de com-
bustion était inconnue. Trois détonations ont donné : 509, i ; 5io,o;
498,6; soit en moyenne 5o5, 9 à volume constant. D'où l'on conclut: 507, 3
à pression constante, pour C'H" = 42^''.
» 11. Allylène-.C^Yl" . — Sa chaleur de combustion était inconnue. J'ai
opéré sur le gaz dérivé de l'acétone chlorhydrique, C°H'Cl. Cinq détona-
tions ont fourni : 47^, i ; 459, 7 ; 458,3; 47^,2; 462,7; moyenne, 465, 4 à
volume constant; ce qui fait : 466,5 à pression constante. Les détonations
des gaz très condensés, tels que les trois composés propyliques, fournissent
des chiffres moins réguliers que celles des gaz plus légers.
(') Annales de Chimie et de Physique, t. XX, p. 480-
(^) Ibid., p. 435.
( 1245 )
» 12. Tels sont les résultats observés; je vais en résumer le tableau,
pour en tirer quelques conséquences.
Chalexir de formation
Chaleur depuis les éléments.
de combustion i ■■ —
à pression Carbone Carbone amorphe
Gaz. Formules. constante. diamant. d'origine organique.
Hydrogène H'. 69,0
Oxyde de carbone C=0^ 68,3 -(-25,7 +28,7
Cyanogène (C=Az)' ou C'Az^ 262,5 —74,5 —68,5
Formène C^H'. 2i3,5 -+- i8,5 +21, 5
Méthyle (C=H'l' ou C'H" . 388,8 -i- 6,5 + i2,5
Éthylène (C^H')= ou C'H' . 34i,4 — i5,4 — 9,4
Acétylène (OHj^ouC'H^ 3i8,i —60, 4 —54,4
Éther niéthylique (C'H'O)'. 344,2 -)-5o,8 +56,8
Hydrure de propylène. C"H» 553,5 + ^,5 + i3,5
Propylène (C'H^)' ou CH" . 507, 3 — i8,3 — 9,3
AUylène CE* 466,5 —46,5 —37,5
» 1° Ces nombres montrent d'abord que la chaleur de combustion d'un
carbure d'hydrogène n'est jamais égale à celle de ses éléments. Elle est
moindre pour les carbures saturés ou forméniques C-"H-"'*'^, l'écart étant
plus grand d'ailleurs pour le formène que pour ses homologues plus
élevés : c'est-à-dire que la chaleur dégagée par la formation du formène
depuis les éléments est la plus grande, caractère qui s'accorde avec sa sta-
bilité relative. Pour les hydrures de propylène et d'éthylène, l'écart est
à peu près le même; et si le chiffre demeure constant pour les homologues
plus élevés, on pourrait admettre, sans sortir des limites d'erreur des expé-
riences, que leur chaleur de combustion se confond avec la somme de
celle du carbone (diamant) et de l'hydrogène qui les forment.
» a° La chaleur de formation des autres carbures est négative, l'écart
s'accroissaut à mesure que le carbure est moins 'hydrogéné. En d'autres
termes, l'acétylène joue le rôle d'un radical, par rapport à l'éthyléne et au
méthyle , et la même relation existe entre l'allylène , le propylène et
l'hvdrure de propylène. J'ai insisté ailleurs sur ce caractère général de
l'acétylène, qui se traduit de la façon la plus nette dans toutes ses réac-
tions. Le cyanogène offre le même caractère.
> 3° La fixation de H- sur l'acétylène dégage +45; sur l'allylène
+ 28,2, le caractère propre de la série homologue étant plus accentué dans
son premier terme, conformément à ce qui a été dit pour le formène.
» 4° La fixation de H^ sur l'éthyléne dégage + 21,9; sur le propylène
-+- 22,8 : c'est à peu près le même chiffre.
( 1246 )
» 5° Entre deux homologues consécutifs, les écarts des chaleurs de com-
bustion sont : dans la série forménique, 175,3 et 164,7; dans la série
éthylénique, i65,9', dans la série acétyiénique, i48,4 : la combustion de
C* (diamant) -f- H^ étant i63. Il est probable que cette dernière valeur se
retrouverait de plus en plus vérifiée, à mesure qu'on s'élèverait dans les
séries.
)> 6° Les deux gaz dont la composition est la même avec des condensa-
tions inégales, l'éthylène et le propylène, sont formés, depuis les éléments,
avec des absorptions de chaleur très voisines.
» C'est ici le lieu de faire observer que le calcul des chaleurs de for-
mation des composés organiques au moyen des chaleurs de combustion
est irréprochable en principe, mais qu'il ne doit être employé qu'avec des
réserves croissantes, à mesure que la chaleur de combustion rapportée au
poids moléculaire devient plus considérable. En effet, les petites différences
tendent de plus en plus à se confondre avec les erreurs d'expérience, qui
peuvent s'élever à i centième ou plus. Par exemple, on ne doit rien con-
clure d'une différence voisine de 3 à 4 unités dans la série éthylique, de 5
à 6 unités dans la série propylique, de 8 à 10 unités dans la série amy-
lique, etc. Cette remarque doit toujours être présente à l'esprit, lors des dé-
ductions tirées des chaleurs dé combustion. Aussi est-il préférable, dans
l'étude thermique des réactions organiques, de les effectuer par voie de
transformations directes au sein du calorimètre.
» 7° On pourrait discuter ici la chaleur de formation des alcools au
moyen des carbures, ainsi que celle de l'éther méthylique ; mais je pré-
fère réserver ce sujet pour l'époque prochaine où j'exposerai les chaleurs
de combustion des gaz chlorés, sulfurés, azotés, etc. J'observerai seulement
aujourd'hui que la chaleur de combustion de l'éther méthylique est fort
voisine de celle de l'éthylène, dont il diffère par les éléments de l'eau. »
ASTRONOMIE. — Sur les idées cosmogoniqiies de Kant, à propos d'une réclamation
de priorité de M. Schlôtel. Note de M. Faye.
« M. Schlôtel, de Wùrzbourg, écrit à l'Académie
« Je ne suis pas assez familiarisé avec l'iiistorique des Sciences mathématiques et phy-
siques pour pouvoir personnellement donner de la valeur à mes réclamations de priorité
contre des reproductions de mes idées, et il me serait en ce moment difficile de songer à
compléter cette partie de mon instruction; mais il est un fait, c'est que M. Faye ne peut
( 124? )
revendiquer comme sa découverte de l'an i88o les idées qu'un dilettante avait, dés
l'année 1S71, laissé tomber de sa plume. La réclamation de priorité ne se rapporte qu'à la
seconde partie du Mémoire de M. Faye, à commencer par la page 56ç) ('). Elle est fondée
sur une petite brochure de 4o pages, intitulée : Sur l'origine du inonde d'après le D' Corné-
lius, tragi-comédie d'un concours académique.
• Dans cette brochure, en effet, il est dit, à la page 12, avec une intention de blâme :
« une rotation pourrait aussi s'établir par la même cause (mouvement dans un milieu ré-
» sistanl),etc'estlà cequ'il n'a pas remarqué ». M. Faye se prononce d'une manière analogue
page 598, en disant qu'un anneau de Saturne constitué de particules discrètes devrait avoir
une rotation inverse de celle que nous observons. Il ne tient pas compte de la division de
l'anneau que notre philosophe Kant avait prédite.
» Page 14, sur la concordance remarquable des orbites de tontes les planètes, je dis :
« La faible excentricité s'explique aussi dans la supposition d'un milieu résistant; seule-
» ment, dans ce cas. Mercure devrait avoir la plus petite excentricité et non la plus grande.
» La faible inclinaison des orbites s'expliquerait déjà par les perturbations mutuelles des
» planètes ou bien en tous cas par les perturbations de longue durée produites par les
» étoiles fixes. Les très faibles inclinaisons des planètes extérieures concorderaient particu-
li lièrement avec cette manière de voir. On pourrait aussi les expliquer par le milieu résis-
• tant en attribuant à chacune de ses particules des mouvements originaux qui auraient pu
» faire naître une rotation commune de tout le milieu, rotation qui se serait développée
» après maintes perturbations et états intermédiaires. Alors les planètes qui étaient par-
» venues dans ce milieu animé d'un mouvement de rotation durent inévitablement appro-
» prier de plus en plus leurs orbites à la rotation commune, tandis que leur propre rotation
» fut à peine influencée. D'ailleurs, ces considérations ne peuvent suffire à expliquer tous
» les phénomènes connus, par exemple la conformité de la rotation de toutes les pla-
» nèles. »
» Ensuite, six lignes plus loin : « Cette théorie ne fait aucune supposition inadmissible ;
» les faits qu'elle contient sont en partie indubitables; elle explique presque tout, si toute-
» fois elle explique quelque chose. Mais il semble que l'accélération du mouvement de ro-
» tation, provenant de la contraction du globe gazeux, suffit seulement à compenser la
» diminution du volume quant à son influence sur la force tangentielle, et qu'elle est inca-
» pable de faire équilibre, même approximativement, à l'augmentation de la force centrale
» qui résulte également de la concentration. De même l'aplatissement de la sphère gazeuse,
» résultant de l'accélération de la rotation, augmente la force centrale sans affecter la force
» tangentielle, surtout si ce globe est composé de particules ténues, solides, ou fluides. »
Cela est, je crois, concordant avec la nouvelle théorie de M. Faye. »
» M. Schlotelcite encore deux brochuies de lui : l'une de 187/j, contre
l'Académie des Sciences de Berlin et contre son éminent secrétaire; l'autre,
de l'an dernier, intitidée Nobilingschrift, qui doit être parvenue, assure-t-il,
à l'une des Sections de l'Institut. Il termine en disant :
( ' ) 11 s'agit de ma Note du i5 mai-s.
( 1248 )
a J'ai présenté cet ensemble de Notes pour éviter à vos astronomes le chagrin de re-
produire de vieilles théories et observations d'un dilettante. Si les académiciens français,
pareils à leurs confrères allemands, font la sourde oreille à tout ce qui vient de moi, le
droit n'en sera pas moins de mon côté [so soll mir auch das Redit sein). J'attends seule-
ment que, si je vous prends sur mes brisées, la faute soit publiquement et honnêtement
reconnue. »
» Je crois bien voir que M. Schlotel, dans sa brochure de 1871, s'est
inspiré des idées de Kant et d'Herschel que l'on comprend ordinairement
sous le nom anglais de nebular lijpothesis, idées qui ont assurément un
point de départ commun avec celles que j'ai exposées dernièrement à
l'Académie (ce que je n'ai pas omis de faire remarquer), mais il m'est im-
possible de reconnaître la moindre analogie entre les citations de M. Schlotel
et les idées qui me sont propres. L'auteur allemand me suppose même, en
plusieurs endroits, des opinions dont je n'ai pas besoin de prouver que je
suis fort éloigné.
» En présentant à l'Académie la critique de l'hypothèse de Laplace et
en cherchant à la corriger, je ne pouvais prétendre à faire l'historique de
cette grande question ; je me suis borné à rappeler sommairement les idées
et les découvertes d'Herschel. Si j'avais eu plus de temps ou de place,
j'aurais fait mention de l'essai cosmogonique de Kant, qui, malgré des
erreurs manifestes, n'en est pas moins, après Descartes, l'initiateur par
excellence de la nebular hjpothesis. La Lettre de M. Schlotel, en rappelant
le nom de son illustre compatriote, est pour moi une occasion de combler
cette lacune. Je le fais avec d'autant plus de plaisir que les idées de Kant
sur la Cosmogonie sont beaucoup moins connues en France que ses grands
travaux de Philosophie pure.
» Le début de Kant est identiquement le même que celui de Laplace;
mais Kant reporte à Descartes la conception première d'un univers formé
sous l'empire des lois mécaniques, ainsi que le faisait dernièrement
encore avec tant de raison M. Daubrée, dans une Notice savante consacrée
tout entière à remettre en lumière les idées cartésiennes sur la Cosmologie
et la Géologie. Voici la traduction ou plutôt la paraphrase d'un article de
son Opuscule intitulé : La seule base possible d'une démonstration de l'exis-
tence de Dieu. Ne pas oublier que cet écrit de Kant date de cent vingt
ans (1763).
» Le spectacle des planètes circulant toutes dans le même sens autour
du Soleil, précisément dans le sens où le Soleil tourne lui-même sur son
axe, et presque dans le plan de cette rotation, a depuis longtemps con-
( 1^49 )
vaincu les investigateurs que le système solaire tout entier devait avoir
une origine mécanique. Les Cartésiens ont expliqué cette origine par la
doctrine des tourbillons, doctrine qui a survécu longtemps aux coups
décisifs que Nevi^ton lui a portés. Nous savons aujourd'hui que les tour-
billons moteurs des planètes ne se trouvent nulle part dans le ciel, et que
même les queues des comètes se meuvent à travers leurs gyrations pré-
tendues, sans en être troublées le moins du monde.
)) Il faut avouer pourtant que, du moment où l'espace est vide de toute
matière sensible, on ne voit plus comment on pourrait assigner une ori-
gine mécanique au mouvement commun des planètes autour du Soleil, à
moins d'admettre que Dieu est intervenu et qu'il les a lancées dans l'espace,
juste dans la direction et avec la vitesse nécessaires pour leur faire décrire
leurs cercles actuels autour du Soleil (' ). Mais ce serait là une excursion par
trop forte hors du cadre de la Science. En réalité, il n'y a qu'un moyen de
sauver l'idée d'une origine mécanique : c'est d'admettre que l'espace pla-
nétaire où règne aujourd'hui le vide a été autrefois rempli de matière, de
manière à produire, dans la sphère d'action du Soleil, un mouvement
commun autour de lui. Car, comme ces corps et le Soleil lui-même ont dû
se former aux dépens de cette matière éparse, leurs mouvements actuels
ne peuvent résulter que de ceux dont ils étaient animés à l'état de dif-
fusion.
» Supposons donc que, dans l'espace occupé par ces matériaux, il se soit
trouvé quelque centre d'attraction prédominante ; c'est là que se sera
formé plus tard le Soleil. De là aussi une tendance générale de toutes les
particules vers cette région, où la masse accumulée aura toujours été en
augmentant. Mais, bien qu'au commencement chaque région présentât un
mélange de matériaux de toute densité, on comprend que les parties les
plus lourdes ont seules pu se frayer à travers ce chaos un chemin
plus ou moins facile vers le centre d'attraction. Or les résistances
éprouvées ne purent jamais être assez égales, assez symétriques, pour qu'il
ne se produisît pas, dans la chute de tant de particules, une déviation
(') Les Newtoniens ont même calculé à quelle dislance du centre de chaque planète a
dû passer l'impulsion première pour produire leurs doubles mouvements de rotation et de
circulation. De cette hypothèse cosraogonique d'un moment est restée, chez les lettrés,
l'idée qu'exprime Lamartine dans ces vers :
Et d'un pied dédaigneux la lançant dans l'espace (la Terre)
Rentra dans son repos.
( X25o )
quelconque dans un certain sens. Et même ici je retrouve cette loi de la
nature d'après laquelle les mouvement gênés par des chocs, des obstacles,
des frottements de toute sorte, se déterminent finalement dans la direction
de la moindre résistance. De cette tendance commune à beaucoup de par-
ties, il a dû résulter des actions latérales dont la résultante a produit
une circulation commune dans un sens déterminé. Et comme les particules
qui ont formé le Soleil lui arrivaient avec ces mêmes déviations, cet astre
a du prendre lui-même une rotation conforme à la circulation générale.
» Il résulte d'ailleurs des lois de la gravitation que les molécules animées
primitivement de vitesses quelconques ont dû traverser le plan de cette
circulation générale, c'est-à-dire celui qui est devenu plus lard l'équateur
solaire. Dès lors elles ont dû s'accumuler dans le voisinage de ce plan, se
pousser, se choquer les unes les autres jusqu'à ce qu'elles aient réussi à
prendre la direction où elles n'exerçaient plus les unes sur les autres que la
moindre action. Autrement dit, les seules particules qui aient pu se mou-
voir sans éprouver des chocs ou des résistances incessantes furent celles qui
possédaient juste la vitesse et la direction nécessaires au mouvement dans
des cercles concentriques. Les autres, et ce fut le plus grand nombre,
tombèrent avec une vitesse continuellement entravée vers le centre d'at-
traction prépondérante et y formèrent le Soleil.
» Je laisse au lecteur réfléchi le soin de développer l'accord que cette
théorie présente avec plusieurs particularités remarquables du système so-
laire. Ainsi les agrégats formés dans les régions les plus éloignées du centre
et surtout du plan fondamental du système, c'est-à-dire les comètes, n'ont
pu acquérir la régularité des mouvements circulaires dont les planètes sont
animées. Enfin, bien que l'espace planétaire ait été ainsi vidé de tous ses
matériaux, il a pu se trouver des particules très légères venant également
des régions les plus lointaines, et qui depuis se seront mues librement en
cercle autour du Soleil, sans se réunir en globes planétaires : telle serait
l'explication de la lumière zodiacale.
» Voilà, sauf une erreur capitale, de grandes idées, de nobles spécula-
tions dont on est heureux de se rapprocher par quelque côté. Quel dommage
que le grand philosophe de K.œnigsberg n'ait pas insisté sur la pensée sui-
vante :
« Maintenant que la doctrine des tourbillons, cet instrument favori de tant de systèmes,
a passé de la sphère des réalités dans le limbe Miltonien des chimères, il serait bien digne
des efforts d'un philosophe de chercher positivement, sans recourir à des moyens de pure
imagination, si la nature ne nous présente pas d'elle-même l'explication de ces impulsions
( I25l )
qui dirigèrent dans un même sens la circulation des planètes. Et cela suffirait, puisque tout
le reste se déduit de la donnée de la gravitation. Du moins je peux dire que le plan de ma
théorie ne s'écarte pas de la règle de l'unité, puisque les impulsions latérales elles-mêmes
résultent de cette force naturelle. »
» Kant, en écrivant ces mots, sentait donc le point faible de son système
qui ne pouvait aboutir qu'à un Soleil sans planètes. Il y manque, en effet,
ce que le cartésianisme lui aurait donné, à savoir une gyration préalable
dont les éléments subsistent aujourd'hui dans la circulation des planètes
et dans la rotation de tous les corps. Il lui manque ce que Laplace a com-
mencé par se donner, à savoir la rotation du Soleil, ou bien encore cette
remarque qui me sert de point de départ, à savoir que, le centre de gravité
de la nébuleuse primitive étant incontestablement animé d'une translation
dans l'espace (vers la constellation d'Hercule actuellement), cette transla-
tion devait être accompagnée, dès l'origine, d'un mouvement de rotation
ou de tourbillonnement général, dont le monde des nébuleuses nous offre
effectivement plus d'un indice. On verrait bien mieux les défauts de ce sys-
tème cosmogonique si je citais ici ce que Kant imagine pour expliquer les
anneaux de Saturne et aboutir à assigner trop hardiment à cette planète
une rotation de 5''4o'", alors qu'Herschel devait, peu d'années après, obte-
nir, par ses mesui-es, une durée de xo''29'"i7'. Il n'en est pas moins vrai
que le début de son hypothèse cosmogonique a été pleinement vérifié par
les brillantes découvertes d'Herschel sur les nébuleuses, et par tout ce que
nous savons aujourd'hui de ces amas de matériaux diffus. Ce début est
désormais le seul acceptable; il se substitue forcément à l'idée de Laplace,
et, si l'on veut aller plus loin et comparer plus d'un passage de^Kantà ce
que nous pouvons faire aujourd'hui, on rencontre des traits de ressem-
blance dont on a droit d'être fier. Quant à la réclamation de M. Schlotel,
s'il était vrai qu'il se trouvât de pareilles analogies entre nos travaux et ce
que l'auteur nomme lui-même des fantaisies tombées du bout de sa plume,
il n'y aurait pas lieu sans doute d'éprouver le même sentiment. Si elles
existaient pourtant, ce dont on ne se douterait guère d'après les extraits
qu'il nous adresse, on n'hésiterait pas à le reconnaître ; mais il faudrait
pour cela qu'au lieu de nous envoyer des passages qu'on est porté à juger
très défavorablement, peut-être parce qu'ils sont tronqués, l'auteur eût
mis sous les yeux de l'Académie la tragi-comédie elle-même du docteur
Cornélius. »
C. R., 1880, i« Semestre, (T. XC, NoSÏ.) '^^
( laSa )
NOMEXATIOIVS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un
Membre, qui remplira, dans la Section de Mécanique, la place laissée
vacante par le décès de M. le général Morin.
Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 56,
M. Bresse obtient .... 32 suffrages
M. Maurice Levy » .... 22 »
M. Boussinesq « .... 2 »
M. Bresse, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est proclamé
élu. Sa nomination sera soumise à l'approbation du Président de la Répu-
blique.
3IÉM0IRES LUS.
CHIMIE ORGANIQUE. — Synthèse de l'acide citrique. Note
de MM. E. Grimacx et P. Adam.
« L'acide citrique est un acide-alcool tribasique et tétratoraique; ses
relations avec l'acide aconitique et l'acide tricarballylique, sa transfor-
mation en acétone par oxydation ont permis d'établir sa constitution et
de déterminer les places relatives des éléments dans la molécule.
M On arrive ainsi à la formule suivante,
CH'-CO^H
1 /OH
*î^\CO^H
CH^-CO=H,
formule qui a été déjà proposée par M. G. Salet en 1868. En la prenant
pour point de départ de nos recherches synthétiques, nous en prouvons
l'exactitude par le succès de nos tentatives.
» En considérant cette formule, on voit que l'acide citrique se rattache
à l'acétone ou plutôt à l'alcool isopropylique ; on peut le représenter
comme dérivant de 1™°^ d'alcool isopropylique, dont 3^" d'hydrogène
sont remplacés par le groupe X30-H, résidu de l'acide formique CH-0^,
et qui caractérise les acides organiques, comme l'a montré Gerhardt.
( 1253 )
» On peut encore rapprocher l'acide citrique de l'acide acétonique ou
oxy-isobutyrique C*H*0% que Staedeler a obtenu par l'action de l'acide
cyanhydrique et de l'acide chlorhydrique sur l'acétone,
» L'acide acétonique étant
et l'acide citrique
CH'-CO'H,
CFP-CO'H
on voit qu'il suffirait d'introduire dans l'acide acétonique deux groupes
CO^ H pour obtenir l'acide citrique. On y arriverait évidemment en par-
tant de l'acide acétonique bichloré
CH'Cl
I /OH
fxCO'H
CH'Cl
dans lequel 2'^' de chlore remplaceraient chacun i"* d'hydrogène des
groupes Cil'; il n'y aurait qu'à remplacer ensuite ces 2"' de chlore par
le cyanogène, puis à saponifier ce cyanure par les acides ou les alcalis, sui-
vant la méthode bien connue indiquée en 1847 par MM. Dumas, Malaguti
et Le Blanc, et que M. Simpson a appliquée à l'obtention des acides poly-
atomiques.
» Comme on ne saurait penser à obtenir directement le dérivé bichloré
de l'acide acétonique, qui s'oxyde sous l'influence du chlore ainsi que
tous les acides-alcools, nous avons dû chercher un moyen détourné pour
préparer ce dérivé, en traitant l'acétone dicblorée elle-même par l'acide
cyanhydrique et l'acide chlorhydrique.
» Mais il existe deux acétones dichlorées isomères, l'une provenant de
l'action du chlore sur l'acétone, l'autre formée par l'oxydation de l'éther
dichlorhydrique de la glycérine. Dans la première, les a'"' de chlore sont
substitués à l'hydrogène du même groupe méthyle; dans l'autre, les
atomes de chlore sont fixés à des atomes de carbone différents. La consti-
tution de l'acide citrique nous montrait qu'il fallait prendre cette dichlora-
cétone symétrique pour point de départ.
( 1254 )
» Ces vues théoriques, qui ont précédé toute tentative expérimentale,
ont été absolument confirmées; les faits se sont passés comme ils étaient
prévus, et rien n'est venu donner un démenti à ces inductions. Voici com-
ment nous avons opéré.
» La dichlorhydrine a été préparée au moyen de la glycérine et du
chlorure de soufre, puis oxydée par le bichromate de potasse et l'acide sul-
furique. La dichloracétone symétrique a été purifiée par combinaison avec
le bisulfite de sodium, puis chauffée au bain-marie avec de l'acide cyanhy-
drique concentré. La cyanodichloracétone, qui est un corps cristallisable,
n'a pas été isolée, mais a été traitée par l'acide chlorhydrique. Après réac-
tion, on distille dans le vide, on épuise par l'éther; l'éther laisse, après
évaporation, un sirop épais qui se prend après quelques jours en une
masse de cristaux d'acide dichloracétonique
CH'CI
CH'Cl
en lames transparentes, fusibles à 90°-92°, très solubles dans l'eau, l'alcool
et l'éther, ne distillant pas sans décomposition, mais se sublimant par une
douce chaleur sous la forme de lamelles entrelacées.
» L'acide dichloracétonique est alors saturé par du carbonate de
soude et chauffé avec 2"°' de cyanure de potassium en solution con-
centrée. La liqueur renferme du dicyanacétonate de soude', dont on
peut extraire l'acide dicyanacétonique; mais, pour le transformer en
acide citrique, nous n'avons pas jugé nécessaire de l'isoler. On a saturé la
liqueur d'acide chlorhydrique gazeux, chauffé au bain-marie pendant
quinze heures, puis on a distillé dans le vide, et l'on a extrait l'acide
citrique du résidu en le traitant avec précaution par un lait de chaux.
» Ce sel de chaux, insoluble, a été ensuite décomposé par l'acide sulfu-
rique, et la solution, concentrée dans le vide, a été abandonnée à l'évapo-
ration spontanée.
» Après deux à trois jours, il se sépare des cristaux que les caractères
suivants identifient avec l'acide citrique. Ils sont durs, d'une saveur acide
caractéristique, très solubles dans l'eau, moins solubles dans l'alcool, fai-
blement solubles dans l'éther; ils perdent, à 100°, 8,6 pour 100 d'eau : la
formule CH^O'.sH-O exige une perte de 8,5 pour 100. Séchés à 100°, ils
donnent à l'analyse les chiffres de carbone et d'hydrogène exigés par la
( 1255 )
théorie. Ils présententau microscope les mêmes formes que l'acide citrique;
mais les petites quantités que nous en avons eues jusqu'à présent ne nous
ont fourni que des cristaux maclés, impropres à des déterminations cris-
tallographiques. Ils fondent à i46°-i47° comme l'acide citrique du citron,
avec lequel nous l'avons comparé.
» Les propriétés du sel de chaux sont également caractéristiques : par
l'addition d'eau de chaux en excès, l'acide ne donne aucun trouble à
froid, mais se trouble à l'ébullition en déposant un précipité floconneux
qui se redissout par le refroidissement; dissous dans un acide, puis addi-
tionné d'ammoniaque, ce précipité se forme de nouveau par l'ébullition,
mais à l'état cristallin ; enfin, comme l'acide citrique, il précipite l'acétate
de cuivre à l'ébullition, et, quand ses solutions sont très étendues, le pré-
cipité de citrate cuivrique disparaît rapidement par le refroidissement.
» Tous ces caractères ne laissent aucun doute sur la nature de notre
acide synthétique ; malgré la complexité de sa molécule, l'acide citrique,
le seul des acides végétaux qui avait échappé jusqu'ici à la synthèse, a pu
être reproduit artificiellement, grâce à la connaissance exacte de sa consti-
tution, donnée par les recherches analytiques. «
MEMOIRES PRESENTES.
CHIMIE ORGANIQUE. — Recherches sur les matières albuminoïdes du cristallin,
au point de vue de la non-identité de celles qui sont solubles, avec ralbumine
du blanc d'œuf et du sérum. Mémoire de M. A. Récuanp. (Extrait par
l'auteur.)
(Commissaires : MM. Dumas, Milne Edwards, Peligot, Fremy, Cahours.)
« Le sujet du travail que j'ai l'honneur de présenter à l'Académie est
un des plus controversés. La matière albumineuse, soluble dans l'eau, que
le cristallin du bœuf contient, est-elle spéciale, distincte de l'albumine du
sérum sanguin, de celle du blanc d'œuf, de la globuline et de la caséine ;
ou bien faut-il l'identifier avec quelqu'une de ces substances en les suppo-
sant elles-mêmes différentes, ce qui est contesté? Cette matière est-elle
unique, ou bien, comme quelques auteurs l'admettent, le cristallin con-
tient-il deux matières albuminoïdes solubles différentes et suffisamment
( 1256 )
caractérisées? Enfin, la matière insoluble dont les fibres cristalliniennes
sont formées est-elle particulière et est-elle de nature albuminoïde?
» Selon Berzélius, qui le premier a fait l'analyse du cristallin, la matière
soluble est unique; elle est coagulable par la chaleur et identique à la
matière également coagulable du globule sanguin, supposée incolore et
exempte de fer. De là les noms de crislaUine et de (jlobuline indifféremment
donnés à la matière qui m'occupe.
» La même substance a été étudiée en tant qu'homogène et analysée,
sous le nom de cristalline, par MM. Malder, Rûsing et Lehmann.
» M. Fr. Simon, qui avait cru la globuline semblable à la caséine, a
reconnu deux substances dans la cristalline de Berzélius : à l'une il con-
serva le même nom; l'autre a été supposée être de l'albumine.
» Selon M. Alex. Schmidt, la partie soluble du cristallin contient une
matière précipitable par l'acide carbonique, mais qui se redissout quand
on expulse ce gaz par un autre gaz inerte ; l'autre est simplement coagulable.
)) MM. Fremy et Valenciennes ont nettement distingué deux matières
solubles dans le cristallin de bœuf; elles sont inégalement coagulables.
L'une a été nommée métalbumine, l'autre rapprochée de l'albumine, mais
non confondue avec elle. Les mêmes auteurs ont reconnu que la matière
insoluble des fibres cristalliniennes n'était pas identique avec la fibrine;
mais l'analyse élémentaire la rapproche des substances alburnineuses.
» Dans les recherches de MM. Briicke, Kùhne et Panum, les choses
paraissent beaucoup plus compliquées. Elles sont au contraire très simples
dans celles de M. Lieberkiihn. Selon cet auteur, la matière albuminoïde
du cristallin qui est soluble n'est que de l'albuminate de potasse, ce qui la
confond avec la caséine, qui ne serait pas autre chose, et avec l'albumine
du sérum considérée comme albuminale de soude.
M Enfin, selon M. Vindschgau, il paraît bien y avoir des matières iné-
galement coagulables dans le cristallin ; mais ce ne sont que des apparences,
car, si l'on opère dans des circonstances identiques, l'albumine du sérum,
celle du blanc d'oeuf et celle du cristallin présentent les mfrmes réactions
et la même coagulabilité par la chaleur : toutes les différences s'effacent.
L'opinion de M. Vindschgau prévaut, et l'on écrit que ce savant « a dé-
» montré l'identité de la globuline du cristallin et de l'albumine ».
» En résumé, pour la plupart des savants qui se sont occupés de la partie
soluble du cristallin, rapprochements et distinctions reposent sur l'appli-
cation d'une propriété contingente : la coagulabilité, qui dépend de con-
ditions variées, et sur l'apparence ou la permanence du coagulum.
( 1257 )
» La question que j'agite n'intéresse pas seulement l'histoire du cristal-
lin ; elle est plus haute, puisqu'elle touche au grave problème de l'unité
substantielle des matières albuminoïdes.
» Le résultat des longues et minutieuses recherches auxquelles je me
suis livré conduit : i° à l'égard du cristallin, à admettre, dans sa partie
soluble, deux matières albumineuses bien distinctes, et à nettement sépa-
rer, confirmant ainsi une ancienne observation de M. Fremy, la matière
insoluble des fibres cristalliniennes de la fibrine; 2° à l'égard des matières
albuminoïdes, à nier l'unité substantielle pour affirmer leur pluralité spé-
cifique.
» Dans tout le cours de ces recherches, j'ai accordé une importance très
secondaire au phénomène de la coagulation ; mais j'ai donné une impor-
tance extrême à l'analyse immédiate et à la détermination des pouvoirs
rotatoires, ne considérant comme pure une substance isolée que lorsque
j'avais réussi à l'obtenir d'un pouvoir rotatoire constant. C'est le seul cri-
térium de certitude que j'aie appliqué à des corps incristallisables.
» Les détails sont dans le Mémoire que j'ai l'honneur de déposer. Voici
les noms, les propriétés et le pouvoir rotatoire des matières que j'ai isolées.
» La partie soluble contient :
» La phacozjmase. — C'est une substance qui reste soluble dans l'eau
après qu'elle a été précipitée par l'alcool. Sa solution, dans un certain état
de concentration, commence à se coaguler vers 55° C. Elle fluidifie l'em-
pois de fécule et peut arriver jusqu'à la transformation en dextrine et peut-
être en glucose. Son pouvoir rotatoire est de [ajy = 4i°\- Sa solution
dans l'acide chlorhydrique fumant se colore en violet après qu'on l'a portée
pendant quelques secondes à l'ébuUition.
•» La crist albumine. — Elle devient insoluble dans l'eau lorsqu'elle a été
précipitée par l'alcool, mais cette insolubilité ne se manifeste pas instanta-
nément : au moment de la précipitation, si l'on ajoute de l'eau, elle se
redissout. Son pouvoir rotatoire, en solution acétique, est [a]y = 80", 3\;
en solution ammoniacale, il est [a]j = 76°, 6\. Elle se colore en violet par
l'acide chlorhydrique fumant, après ébullition.
» Il convient de noter que ces deux substances sont précipitées à l'état
de combinaison plombique par l'extrait de Saturne et par l'extrait de Sa-
turne ammoniacal, et que ces précipités, contrairement à ce qui arrive
pour les albumines du blanc d'œuf et du sérum, ne sont pas décompo-
sables par l'acide carbonique.
» Les deux pouvoirs d'inégales grandeurs que je viens de faire connaître
( 1258 )
sont tels, que leur moyenne exprime sensiblement le pouvoir rotaloire de
leur mélange dans la solution des parties solubles du cristallin. Cette so-
lution, directement observée, a donné le pouvoir rotatoire [a]y = 47°>'\'
» Le pouvoir rotatoire des fibres cristalliniennes bien débarrassées de
produits solubles par un lavage prolongé, en solution acétique, est
[oc]/ = 76°, 3\. Mais c'est là le pouvoir d'un mélange. Si l'on dissout ces
fibres dans l'acide chlorhydrique très étendu, la solution filtrée fournit
par l'ammoniaque un précipité blanc mat. Ce précipité, en solution acé-
tique, a pour pouvoir rotatoire [a]/ = 80°, 2\, le même que celui de la
cristalbumine. Je propose de nommer ce produit cristalfibrinine.
» La cristalfibrinine, dissoute dans l'acide chlorhydrique fumant, se
colore difficilement et faiblement en violet, même après l'ébullition.
» N'est-il pas évident que, pour que l'on puisse identifier les matières
albuminoïdes du cristallin avec les albumines du blanc d'œnf, du sang,
du lait, la caséine, etc., il faut que toutes ces matières aient le même pou-
voir rotatoire? Or, le Tableau suivant permet de se prononcer. Je mets en
regard les pouvoirs rotatoires que j'ai obtenus pour les principales ma-
tières albuminoïdes et ceux des matières cristalliniennes qu'on a identifiées
avec elles :
Albumine du blanc d'œuf 4o'0\
» (en totalité) 42- o\
Première albumine du blanc d'œuf. 33. iV
Deuxième albumine du blanc d'œuf. 53. S'Y
Troisième zymase du blanc d'œuf. . 70. 8\
Albumine du sérum 62 . o\
Caséine 1 1 o . o\
Lactalbumine 64. 8\
VITICULTURE. — Sw l'emploi des sables volcaniques dans le traitement des
vignes attaquées par le Phylloxéra. Extrait d'une I-iettre adressée par
M. G. Novi à M. Dumas.
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
« L'ensablage tue mécaniquement le Phylloxéra souterrain; mais, dans
la plupart des cas, le sable des rivières ou des dunes ne possède pas de
principes fertilisants; c'est pourquoi on y mêle des cendres, du guano, du
Matières solubles du cristallin (en „ ,
totalité) 47., N^
Cristalbumine 80. 3V
Phacozymase 4 ' • o\
Cristalfibrinine 80 . 2\
( i^Sg )
fumier de ferme, etc., en quantités considérables, ce qui augmente d'autant
le prix de revient des 80"" on 100'" de sable versés au pied de chaque cep.
» J'ai pensé à substituer aux sables stériles les sables des volcans, con-
tenant jusqu'à 7 pour 100 de potasse et d'acide phosphorique. On augmente
considérablement leur action fertilisante en les arrosant avec de l'urine.
J'ai vu des ceps ainsi traités porter une quantité triple de grappes formées
de grains beaucoup plus gros.
» D'après mes observations, les gaz qui se développent parla réaction
de l'urine sur les terres volcaniques nuiraient considérablement à l'insecte;
j'ai trouvé aussi qu'un mélange de lapilli (cendres, sables et boues
qui ont enseveli Pompéi) était préférable à tout autre. Ces immenses
couches naturelles de substances volcaniques, ces énormes amas de lapilli
entassés par la main de l'homme pour arriver à continuer les fouilles dans
cette ville morte, peuvent être livrés gratuitement par leGouvernementitalien
et être embarqués tout près de Pompéi, sur le rivage même de la mer.
» On peut ajouter au mélange des huiles d'asphalte, de goudron, de
résine et d'autres corps qui tuent l'insecte sans nuire à la vigne.
)i Les expériences que j'ai faites depuis trente années sur les débris
volcaniques animalisés m'inspirent la conviction qu'ils recèlent une
grande fécondité et une singulière puissance d'effet comme moyen pré-
ventif et comme moyen répressif, quand ils sont mélangés avec des ma-
tières toxiques. »
M. A. Werebrinson soumet au jugement de l'Académie un Mémoire in-
titulé : « Sur les inégalités séculaires du grand axe des orbites planétaires,
du troisième ordre par rapport aux masses. »
L'auteur rappelle que l'Académie avait proposé cette question pour sujet
d'un prix à décerner en 1878, et que la question fut retirée du Concours,
aucun Mémoire n'ayant été présenté.
^ (Renvoi à la Section d'Astronomie.)
M. J.-A. Pennés soumet au jugement de l'Académie im Mémoire sur
l'emploi d'un liquide antiseptique. Ce Mémoire est accompagné de divers
documents et de pièces anatomiqucs et zoologiques.
(Commissaires : MM. Fremy, Bouley, Alph. Milne Edwards.)
M. Gacgcé adresse la description et le plan d'un moteur à air comprimé.
(Ce Mémoire est renvoyé à l'examen de M. Dupuy de Lôme.)
C. R., if-So, I" Semestre. (T. XC, N» 22.) • 6/|
( laGo )
M. L. Mauger adresse nne Communication relative au Phylloxéra.
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
L'Académie reçoit, pour les divers Concours dont le terme est fixé an
i^juiu, outre les Ouvrages imprimés mentionnés au Bulletin bibliogra-
phique, les pièces suivantes :
GRAND PRIX DES SCIENCES MATHÉMATIQUES (Perfectionner en quelque point
important la théorie des équations différentielles linéaires à une seule
variable indépendante).
Anonyme. — Mémoire portant pour épigraphe « Nihil optimum nisi
mathesis et noTi est mortale quod opto > .
Anonïsie. — Mémoire portant pour épigraphe « Auxilio functionura
abelianorum ».
Anonyme. — Mémoire portant pour épigraphe « Perfaciliora ad diffici-
liora deveniendum ».
Anonyme. — Mémoire portant pour épigraphe « Nous sommes si mal-
heureux que nous ne pouvons prendre plaisir, etc. » .
Anonyme. — Mémoire portant pour épigraphe « C'est ici lui Livre de
bonne foy, lecteur ».
PRIX EXTRAORDINAIRE DE SIX MILLE FRANCS.
M. F. Fournier : « Moyen de transmettre à distance la force produite par
de la chaleur. Moyen d'utiliser la chaleur des milieux ambiants, etc. ■».
GRAND PRIX DES SCIENCES MATHÉMATIQUES (Étude de l'élasticité d'un ou de
plusieurs corps cristallisés, au double pomt de vue expérimental et théo-
rique).
Anonyme. — Mémoire portant pour épigraphe « Frappez et l'on vous
ouvrira ».
CONCOURS BRÉANT.
M. V. BcRQ : « Sur l'action du cuivre contre le choléra ». Brochures et
pièces manuscrites.
L'auteur prie l'Académie d'admettre au Concours Bréant les Notes et
Mémoires qu'il a communiqués sur la même question depuis i85o.
( I26l )
PRIX BORDIN (sciences MATHÉMATIQUES).
Anonyme. — Mémoire intitulé « Exposé d'un système de foyer fumivore
pour usines et bateaux à vapeur et d'un nouveau système de chauffage
pour locomotives, etc. ».
Anonyme. — Mémoire portant pour épigraphe « Croire tout découvert,
c'est une erreur profonde, etc. ».
PRIX BOKDIN (sciences PHYSIQUES).
M. GossELET. — Une Brochure avec Atlas, intitulée « Esquisse géolo-
gique du nord de la France » . Cinq cahiers manuscrits intitulés « L'Ardenne
et ses dépendances ». Six planches de coupes et une carte.
CONCOURS MONTYON (MÉDECINE ET CHIRURGIE).
M. E. Ferray : « De la bétulalbine, nouveau principe extrait du
bouleau, etc. ». Mémoire et résumé.
M. BoDCHERON : « Du traitement du strabisme ».
M. J. IIambosson : « Propagation à distance des affections et des phéno-
mènes nerveux expressifs ».
M. REAL : Il Traitement de l'érysipèle ».
CONCOURS MONTYON (STATISTIQUE).
M. A. Pamard : « La mortalité dans ses rapports avec les phénomènes
météorologiques dans l'arrondissement d'Avignon (1873-1877) ».
CONCOURS GAY.
M. A. Chévremont : « Les mouvements du sol sur les côtes occidentales
de la France ».
M. J. Girard : « Étude sur les transformations littorales des côtes de
France. «
CONCOURS DUSGATE.
M. G. Le Bon ; « Recherches expérimentales sur les signes diagnos-
tiques de la mort et sur les moyens de prévenir les inhumations préma-
turées. »
CONCOURS BARBIER.
M. E. Ferray : « De la bétulalbine, nouveau principe extrait du bou-
leau; ses propriétés, son emploi, etc. » Mémoire et résumé.
( 1202 )
MM. G. Le Bon et G. Noël : « Les variations fonctionnelles du système
nerveux. Recherches expérimentales sur une nouvelle méthode d'étude
de ces variations et sur son application à la Physiologie et à la Médecine ».
Anonyme : « Plusieurs pièces manuscrites et imprimées ; « Sur les pro-
priétés caustiques et locales du bromure de potassium. »
Anonyme : « Des eaux distillées ».
CONCOURS BOUDET.
M. A. Gcérin : « De l'action des germes ou ferments sur la production
de l'infection purulente et de l'infection putride. » Ce Mémoireest accom-
pagné de quatre Notices imprimées.
M. DÉCLAT : Mémoire avec Notes additionnelles.
CONCOURS GEGNER.
Anonyme : « Sur les principales opérations de l'Arithmétique ».
CONCOURS PLUMEY.
Anonyme : « Réflexions d'un observateur sur l'emploi de l'hélice dans
la navigation maritime et fluviale, etc. ».
CONCOURS VAILLANT.
M. L. GoDEFROY : « Sur un avertisseur téléphonique. »
Anonyme. -- Mémoire portant pour épigraphe « Ce que nous connais-
sons est peu; l'inconnu, c'est tout ».
CORRESPONDANCE.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces de la Correspon-
dance, l'Ouvrage intitulé « La Phytographie, ou l'art de décrire les végé-
taux » , par M. j/lph. de Camlolle, Associé étranger de l'Académie.
L'auteur, considérant que l'art de décrire est intimement lié à l'art d'ob-
server, de comparer et de classer sous des noms réguliers les faits ou les
phénomènes, s'attache à montrer combien l'importance des descriptions
bien faites s'accroît avec le nombre des espèces qu'il s'agit de mettre en
ordre. Un savant illustre, Cuvier, signalait l'Histoire naturelle commeayant
sa place marquée dans l'éducation de la jeunesse. « De même que la
( 1263 )
Géométrie lui apprend la logique, disait-il, de même l'histoire des êtres
organisés et leur classification naturelle lui apprennent la méthode. Il n'est
pas rare de rencontrer dans le monde, ajoutait-il, des administrateurs qui
font remonter à leurs études de Botanique et aux habitudes qu'ils en ont
contractées la facilité avec laquelle ils rangent les pièces brouillées d'un
dossier compliqué. » N'en était-il pas lui-même le plus éclatant exemple ?
M. de Candolle fait remarquer avec raison que ce n'est pas dans les
études anatomiques ou physiologiques qu'd faut chercher cette initiation à
la méthode, mais dans la détermination des espèces et dans leur classement
pargenres et groupes naturels. Cette remarque mérite l'attention particu-
lière des personnes chargées de l'enseignement de la jeunesse.
M. Alpli. de Candolle est appelé, par l'objet même de son Ouvrage, à
traiter la question, toujours renaissante, de la formation des noms des
genres et de ceux des espèces. Doivent-ils être significatifs sous peine de se
convertir en longues phrases? Ne vaut-il pas mieux les choisir courts, sonores
et insignifiants? Question que chaque génération et chaque science voient
renaître, et dont la solution ne sera peut-être jamais la même au midi et
au nord, quoique l'auteur ait opposé avec bonheur à la terminologie ha-
bituelle de la langue allemande, si riche en mots composés d'une longueur
exagérée, la langue élégante et sobre de Linné et celle de l'auteur des Me7a-
morplwses des plantes, Goethe, qu'il offre en modèles à ses compatriotes.
L'art de décrire les végétaux repose sur l'observation directe de la na-
ture et place au premier rang de ses ressources les herbiers, dont l'auteur
fait ressortir avec une autorité incontestable le rôle prépondérant dans
l'histoire du Règne végétal. Aussi s'est-il appliqué à faire connaître la col-
lection publique ou privée dans laquelle se trouve chacun des herbiers
renfermant des plantes authentiques et formés par des botanistes connus.
Cette énumération, qui occupe près de deux cents pages deson Livre, con-
stitue la mine d'informations la plus précieuse. Les ressources spéciales dont
l'auteur est possesseur, et qui représentent près d'un siècle de travail non
interrompu dans sa famille, pouvaient seules lui permettre de réunir ces
indications, dont tout botaniste appréciera l'importance,
M. le Secrétaire perpétuel signale, en outre, parmi les pièces imprimées
de la Correspondance :
1° Le second Volume de la deuxième édition du « Cours de Calcul dif-
férentiel et intégral » de M. J.-J. Serret.
( '264 )
■1° Une brochure de M. F. Le Blanc, portant pour titre « Notice nécro-
logique de Pierre- Antoine Favre » .
ASTRONOMIE. — Sur les réfraclionsde Bessel. Note de M. R. Radau.
« Les réfractions que Bessel a publiées dans les Fundamenta ont été
calculées à l'aide de formules qui supposent que la densité de l'air (S dé-
croît en progression géométrique. Bessel pose, en effet, p = p„e~P^, où s
représente l'altitude et ]3 une constante dont la valeur numérique se déduit
des réfractions observées, en même temps que celle de la constante a. Par
vingt-quatre étoiles circompolaires de Bradley, Bessel trouve « = 57", 538,
^ =: ^/jS", 75 pour une pression de agPjô à 5o''F. et une température de
48°, 75 F. (5o°du thermomètre de Bradley). Les réfraclions moyennes des
Tabulœ Regiomontanœ sont celles des Fundamenta multipliées par i, 00828,
afin de représenter les observations méridiennes de Rœnigsberg; mais,
comme elles supposent B = 2^^,Ç) à o°C., l'augmentation se réduit, en réa-
lité, à 0,001 78. L'écart n'est que de i" pour z —■ 85°, et il disparaît si l'on
rejette la correction assez problématique du thermomètre de Bradley. En ad-
mettant que la modification ne porte que sur la constante a, on trouve que,
pour B:= 75i""", 5 à'o° C. et i = 9*',3 C, la constante des Tabulée Regiomon-
tance est 07", 726, et celle des Fundamenta 57", 625. Mais cette constante n'a
pas la même signification physique que dans la théorie de Laplace. En effet,
soient ^x. l'indice de réfraction de l'air, h l'altitude, s =^ > et posons
u.^— \ -^ 2Cp, ^=1 — w a = " — , A = = — -—,
' Po I-f-2Cpo 1 — a 1 -+- f po
la réfraction pourra s'exprimer par l'intégrale
( I — s]d(o
(i) /'= A sinz l -
/cos^ z -h 2s sin' z ■ — 2 aw
•) Bessel supprime le facteur (i — s), qui ne produit qu'environ 1" à
l'horizon ; maison néglige ainsi les termes — o", 076 tangz-i-o", oooiStang'^,
et l'erreur s'élève à +o",075 vers 45", à -i-o", 2 vers 70°, à -+-o",6
vers 85°. Il en résulte que Ja valeur de a qui se déduit des réfraclions ob-
servées est un peu trop faible, et qu'en conservant à cette constante sa
( 1265 )
signi6cation ordinaire on aura, pour les Tabulée liegiomoniaiiœ,
a = 57",8oi = 0,0002802,
d'où ^y.„ =■■ I ,oooag32 pour B = 760 et ^ = o" C.
« La formule (i) est, d'ailleurs, la moins commode de celles dont on
se sert habituellement. On aurait tout avantage à la remplacer par la sui-
vante,
(2) r = Ao r -==^^==,
Jf) \COt Z -+■ 24' — 2aw
où A„ = A ( I 4- - — ^) est le coefficient de tangz dans la série de Laplace,
et /„ = 7997'"(i + o,oo366^). Cette formule est sensiblement exacte pour les
distances zénithales moyennes; à l'horizon, elle est en erreur de — i",
tandis que la formule (i) l'est de -+- i". En posant p =p(,e~'^', le théorème
de Lagrange, appliqué de trois manières différentes, fournit les trois déve-
loppements
où ^„ = \ln ij; ( ^n'ï), et
J;(T)= r e'"- "dt.
» Dans les deux premières séries, T = \/^pcotr; dans la troisième,
T=i/ — ^^— -cotz. En prenant a = 57". 801, A,,-- 67", 750, cette dernière
donne, pour z - go",
r= 2222", 33 — 5o",37 -h 3", 61 — ... = 2175", 2.
Mais on sait que les Tabulée liegiomontanœ s'arrêtent à 85°. Une table sup-
plémentaire donne les réfractions observées par Argelander (en dehors du
méridien), depuis 85" jusqu'à 89°, 5; Bessel les a corrigées d'une erreur
constante de 5", 9, déterminée par la comparaison avec sept étoiles ob-
servées au méridien. On aurait des nombres un peu différents en se servant
directement de ces étoiles; ainsi, je trouve :
2. Réfr. obs. Fuiid. >i\,oo32S. Argelander.
p Persée 85 586", 2 586",5 584", 6
7 Cygne, s Persée. . . . 85,5 687,9 638,4 ^^9,6
( 1266 )
a Dans le voisinage de l'horizon, les réfractions d'Argelander sont sen-
siblement plus faibles que celles des Fimdamentci; pour 89°, 5, la correc-
tion des Tables est — ^4" par les étoiles (— 54" par le Soleil). M. Sawitch
a montré, en i854, que ces réfractions d'Argelander sont assez exactement
reproduites en prenant |3 = yaS. En faisant le calcul par la [)remière des
trois séries (3), avec a = SyjBor, je trouve les résultats suivants :
^- /3 = 743>7J- /3 = 723. /3 = 709. ;3 = 700. Tab. R.
45." 57",68 57",68 5''",68 57,68 s/.GB
75 212,1 a 12,0 2''i9 2i[,r) 212,1
80 3i6,2 3i5,8 3i5,6 3i5,4 3.6,2
S-; 586,6 584,6 583,4 582,6 fgl'l]
87 858,9 853,8 85o,6 848,5 854,6
89 i483,6 i465,7 1454,5 1447,2 i46:i,6
89,5 1774'! '717-^ 1731,4 1720,8 17^3,5
90 2175,2 2134,9 2iog.g 2of)3,9
1) L'hypothèse |3 = 709 est adoptée par M. Stone dans une récente
Communication à la Société astronomique, où il insiste sur la nécessité de
diminuer les réfractions de Bessel. En 1867, M. Stone avait proposé d'y
appliquer le facteur (i — o,oo53), et les réfractions ainsi diminuées ont
été employées à Greenwich de 1868 à 1876. Depuis, on est revenu aux
réfractions de Bessel; il n'en est pas moins vrai que les observations dis-
cutées par M. Stone semblent exiger une diminution des réfractions; mais
M. Stone pense aujourd'hui qu'il suffira de les diminuer graduellement à
partir de 45° en modifiant la constante p, de manière que la correction
soit d'environ 3" vers 85°.
» L'hypothèse de Bessel suppose, comme on sait, que la température
diminue très lentement (de o°,i2C. pour les premiers 100™). En faisant
j3 = 709, le décroissement initial serait de o°,27 par 100™. En tout cas,
cette hypothèse ne peut guère fournir qu'une formule d'interpolation, et
dès lors on a tout avantage à se servir de formules qui se prêtent mieux
au calcul numérique. Ainsi M. Oppolzer a fait voir que les réfractions de
Bessel peuvent être représentées parla formule très simple
r = 3363" 1(20,46 cot:;),
qui se déduit de (2) en posant p = p^ e"*'"'*"^"'. Pour les distances zénithales
voisines de 85°, il faut évidemment tenir compte des variations de la loi de
décroissement des températures. C'est une question que j'ai tenté d'appro-
( 1267 )
fondir clans un Mémoire que j'espère pouvoir prochainement soumettre
au jugement de l'Académie. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur une extension aux fonctions de deux variables
du problème de Riemann relatif aux fonctions liypergéométriques. Note de
M. E. Picard, présentée par M. Hermite.
« Dans une Communication récente, je me suis occupé de certaines
fonctions de deux variables indépendantes dans lesquelles il n'y avait
pour X et pour j- qu'un nombre limité de positions singulières. La suite
de cette étude m'a montré que l'on ne pouvait réaliser de cette manière
l'extension du problème de Riemann relatif aux fonctions hypergéomé-
triques d'une variable. C'est en me plaçant au point de vue suivant que
j'ai réalisé l'extension cherchée. J'envisage une fonction F[x, j") des deux
variables illimitées a? et j-, jouissant des propriétés suivantes. Tout d'abord,
il existe entre quatre déterminations de la fonction une relation linéaire et
homogène à coefficients constants. Dans le voisinage de tonte valeur k dex
et p de y ne coïncidant avec aucun des points o, i et co , et, de plus,
différentes entre elles, la fonction est bolomorphe par rapport à .r et à^;
a étant une valeur diflérente de o, i et co , trois des branches de la fonc-
tion ont dans le voisinage de a- = o, 7- = ce les formes suivantes linéaire-
ment indépendantes
l^(x,v), P2(.^,r). a:-''"*-'P3(.ï%.r),
P,, Po et P, étant des fonctions îiolomorphes de x et de y pour x = o,
j = a, et l'on suppose que ). + b, n'est pas un entier. Pareillement, dans le
voisinage de a? = i, on aura les déterminations
et enfin, dans le voisinage de ^r .^ 7 = 2c , on a
[x'-'-^' n, (^',^v), Jc'-''-'R,{x',y), ,r'*-'-'*.-V^)R3(..r',j),
R,, Ro et R, étant holomorphes dans le voisinage de x' = o,y = a. On
suppose que b,-+- b^-h b., n'est pas entier.
» On a de même des rléterminations analogues quand, faisant varier a;
dans le voisinage d'une valeur distincte de o, i et 00 , on doiuie à y des va-
C. R., 1S80, 1" Semestre. (T- XC, N° 22.) I^î
( 1268 )
leurs voisines de ces derniers, les divers exposants étant représentés par les
mêmes lettres accentuées. Enfin, pour a: =^ j' = a, a étant une quantité
quelconque différente de o, i et co , on a les déterminations
k,{x,y), X2{x,y), (a; — y)^-^V2, //g = X, X' = h^.
Dans ce cas, les équations (I) et (I)' ont trois intégrales communes
linéairement indépendantes.
)) Il résulte aussi du Mémoire cité que ces équations sont vérifiées par
les intégrales
M^-' (« - i)*.-' {u-jf-' {u-xf-'du,
i:
g et h désignant deux des quatre quantités o, i, J, x, et une intégrale ne
( «269 )
devant être, bien entendu, considérée que si, d'après les valeurs des
constantes Z»,, b-^, h^ et )., elle a un sens déterminé. On voit que les inté-
grales analogues relatives à l'équation (I)' auront la même expression, à
cause des relations (a).
» Les fonctions que nous venons de considérer ont déjà été rencontrées
à un tout autre point de vue par M. Appell, dans ses intéressantes recherches
sur les fonctions hypergéométriques.
» Faisons, en effet,
i, = n-fi + P'- Y, b^^-j-a, ^?3=.i-j5', X=i-/5;
la fonction F,(a, /3, /3', y, a-, j), considérée par M. Appell [Comptes
rendus, 16 février 1880), satisfait à nos équations (I) et (I)', et il est d'ail-
leurs facile de passer des équations F, (loc. cit.) a ces dernières équations.
» Ces résultats sont évidemment susceptibles d'être généralisés. Con-
sidérons l'équation
l)x"
;ii)
f,=n — I
-^(- .)"-M(X-A- ,)„_,.^(«-A;(^)+ (X-- k- .)„_,. .ci.<«-^-<)(^-)] ^ - o,
A = 0
ou
et
:p{x) = {x-a,){x-a,)...{x- a„_,) {x - j)
'i'ix) = ffl(a:) ■ i- ... -i 1
et soit (II)' l'équation obtenue en changeant dans l'équation (II) x en j" et
j- en jc, et accentuant les constantes è,, ^2, ■ ■ ■-. ^« et 1. Si l'on pose
b\ = b,, B., — b^, . . . , /»'„_, =: h„_ I , è'„ —\, X — bn,
les équations (II) et (II)' admettront des intégrales communes, que l'on
peut, comme précédemment, exprimer sous forme d'intégrales définies. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur une classe de deux fonctions doublement
périodiques. Note de M. J. Farkas, présentée parM.Yvon Villarceau.
« Dans une brochure intitulée Généralisation du logarithme et de l'ex-
ponentielle, que vous avez bien voulu présenter à l'Académie ('), je dé-
'J Comptes rendus, t. LXXXIX, n<'24.
( J2-0 )
montre (articles t, 3, 4, 6, 12) que' en posant
Jo v'' — "V'i
(lu
: cos'a \Ji — u sin'a
(o), — (0)2^(0)3 = + 1,
on a
, , , > _ [(■r),(.r]3— (j-),][(r'!jr1a— (.r]i1 — Wo(j)„(j)|fr)isin'2cos=y.
, V , _ s _ fx), (r)i [(x),f.r),— (j),] [(.r],(.r)3 + bj.] + W.(r]o sin'a cos'a
I2j (.r rii- LW,(.r)3-(x),]i(j),(j)3+(r),] + (-'-Mr).l.r],(r),sm=acos'=='
. __ ^ (.r)i(j)3— (.r)i __ ^ (.r), sinucosa
^"■■' ^ '' (.r)„sinacosa ( j;)j(a;), -+- [a-],
(4) (x + 25),==
I
» Divisons les numérateurs et dénominateurs des expressions (i) et (2)
|)ar (,r)„(j)osiii-a:cos-a. En ayant égard aux relations (3) et en écrivant
(5) (a' ^ 5), = (x/,
nous aurons
-)'(r)''
f . , _ . _(.r)'+(-^),(r^.(-^V
17; l-^ JJi-(,^)'+(.r),(^),(^)''
et, comme (— x), —j-^, (— .r)'— — (j:)',
(8) {x + j), = ,. , . „ — , , , w'
'^.r'
d'où, en vertu de (4),
(^o) (X I ,-y_(---V+(rMr)'(.>-). _(.rr+ixUxVf,-),
, . , y_ (r),(.^r-(^l,(.r)' _f.r),(xy-(,rl,frr
( '^7' )
» Les deux fonctions ( ), et ( )' ont les périodes 4 5 et
r*
^f
du
y' I — if^i — « cos'a ^ I — u sin^a
» Les formules d'addition des arguments dans les deux fonctions ne
contiennent qne cesdiles deux fonctions comme fonctions irrationnelles
l'nne de l'autre, et c'est la circonstance qui m'a décidé à les signaler à
votre attention.
» En supposant, dans l'intégrale elliptique de première espèce, le mo-
dule k ég;d à tangua, j'ai (arlicle 24)
[■2{i -^ k)jc]' = \j'— lisn{\J— \ x). "
MÉCANIQUE. — Détermination de trois axes d'un corps solide sur lesquels les
forces centrifuges exercent, par suite de la rotation, un effet maximum. Noie
de M. E. Brassinne.
« L'ellipsoïde central rapporté aux axes principaux a pour équation
Ax^ -i-Bj'^ + C2- = i; par une transformation des coordoruiées en d'antres
axes rectangulaires x', y', z', on rétablit dans l'équation les trois termes
qui contiennent les rectangles des coordonnées. Si l'on fait usage des for-
mules connucj, simplifiées en faisant 0 = 0 [Mécanique céleste, t. I, p. y3),
il reste l'angle S des axes z, z' et l'angle 6 de la trace du plan x'y' sur les
xy avec les x. Le calcul effectué, les coefficients des rectangles x' z', y' z'
seront exprimés par des lignes trigonométriques; on les identifiera aux in-
tégrales fx'z'chn, fy'z'dm, qui donnent les moments de leviers dont l'ori-
gine est l'appui et le bras sur la ligne des z' égal à l'unité (ou voit en effet
que la force, centrifuge en un point dm est dinru>- et qu'elle agit sur un
levier z', ou que cette force est dmrr' w- en la faisant agir sur un levier
égal à l'unité ; la rotation a a lieu autour de l'axe z'). La somme des carrés
des intégrales sera le carré d'une résultante agissant à l'unité de distance sur
les z' et le maximum de cette résultante donne le plus grand moment
ou effort possible.
» Les conditions du maximum et du minimum renferment deux fac-
teurs polynômes qu'on ne peut simultanément égaler à zéro, comme on le
constate par l'élimination de 6; il reste, pour satisfaire aux conditions, à
( J272 )
poser 6 — 90°, iji = 4 5° ou ô = 4^°î ^ = 90", ce qui démontre le théorème
énoncé.
» Si A = B, les conditions sont satisfaites, indépendamment de ^, par la
valeur 0=^45°, el les axes du maximum forment un cône droit autour des z.
» Dans le cas général, les moments maxima sont en raison de A — B,
A-C, B-C. »
PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Sui' f équilibre cl' élasticité d'un prisme rectangle.
Mémoire de M. E. Mathieu. (Extrait par l'auteur.)
« Lamé, dans la Xll*" de ses Leçons sur la théorie de l'élasticité, représente
comme le problème le plus difticile et le plus important de cette théorie,
au point de vue des applications, celui de l'équilibre d'élasticité d'un
parallélépipède rectangle homogène soumis sur ses six faces à des forces
normales données, dans l'hypothèse que ces forces soient disposées symé-
triquement sur des faces opposées. Je crois avoir complètement résolu cette
question.
» Pour simplifier les formules, je vais réduire ici le problème de Lamé
à deux dimensions; il s'énonce alors ainsi :
» Un prisme rectangle homogène a ses deux hases appujées contre deux
parois parallèles et fixes; des pressions normales données sont exercées dans toute
l'étendue des quatre faces latérales de ce prisme. Les pressions sont les mêmes
sur une même face tout le long d'une ligne parallèle aux quatre arêtes latérales;
de plus ces jnessions sont disposées symétriquement sur les faces latérales opposées.
On demande de déterminer ladéjormation du prisme et la résistance que devront
opposer les deux parois sur les bases de ce prisme.
» Désignons par^, {)-], /^{x) la pression normale sur les faces a; = ± a
et^^::; ±b, et faisons m = ■ — » 71 ~ ^> p^q étant entiers; enfin, supposant
ces fonctions paires, posons
j\[y) -~ lA,iCOSJlJ^, /2('^) = -S»'^mCOS/72X,
le signe sommatoire se rapportant aux valeurs o, i, 2,. xi âep,q.
La dilatation cubique 6 peut se mettre sous cette forme
Ô = l'\?omE{mj-) cosmx + lB„E{nx) cosny,
( •27^'^ )
et tonte la question est ramenée à la détermination des coefficients B„, iPo,™.
Posons
et considérons les fonctions fournies par des séries
Imb
^,[n,n') -2,(„,«-H„»i^(,„^+„'M^
n'
, . lm'>>\
l'a
^*('"'")=Sk^^'^3("',«),
et les fonctions ç, (7ra, ?n'), ^^('^ "î)i ■ • ■ ? qu'on déduit des précédentes par
la permutation des lettres m et 7z, a et b. Les signes sommatoires se rap-
portent à toutes les valeurs entières de />, q, p\ q', depuis i jusqu'à l'infini.
On doit aussi remarquer que les fonctions Oj, o^, . . . sont respectivement
égales aux fonctions $2, $4, . , .. Cela posé, on a
, /mb\
0/71= COS —
2
.^,.„^(^)cos'^[^-^^,4-^$.(m,n)
2 V , , I m b\ mal , ,v 04
abll
S, fm'b\ m'nV , ,v 64 / a
64' ,
( 1274 )
A
f^ + f^) > .,
„ nb
o«'cos
1
> m .\.,„ i^ — cos — , - ,,, 4- -j $., ( m, n
04 /'-cos
nb ).
PJ«lY
^«'A„4('-^')cos'-^[$,(«,n')+^<ï),(«,»')
M J'ai démontré la convergence de toutes les séries qui entrent dans
cette solution d'iuie manière très rigoureuse et 1res simple. Cette solu-
tion est donc irréprochable au point de vue théorique. I^a seule difficulté
à l'appliquer consiste dans le calcul numérique des fonctions 0|,4>,,i9
899'
,63
9013
.75
Mo3enne = 793623
» Favre et Silbermann donnent pour cette chaleur de combustion
788357'^°', nombre qui ne diffère de celui de mes expériences que de o, 7
pour 100.
» V. Le dimélhylélhylcarbinol
(CH')='C»H5C0H liq. + i5 0 gazeux = 5CO- gazeux + &YPO liq.
dégage dans la combustion :
Par molécule
en
Par gramme. grammes,
cal cal
9012,23 793076
8976,76 789955
8932,80 786086 •
8919,93 784953
8961 ,87 788645
Moyenne =r 788543
nombre qui ne diffère que de o, 67 pour 100 de celui que j'ai trouvé pour
l'alcool amylique de fermentation.
» La comparaison des nombres trouvés pour les alcools propyliques et
amyliques indique que dans ces cas l'isomérie de substances ayant une
même fonction chimique, mais différant dans leur structure interne, n'influe
pas d'une manière appréciable sur leur chaleur de combustion et sur leur
chaleur de formation, et que par conséquent, dans ces cas, les différents
( 1282 )
groupemenis des atomes de C, H et () correspondant à ces alcools
exigent pour se produire la même quantité de chaleur. Il suivrait de là
également que les différentes opérations qui permettent par exemple de
transformer un alcool primaire en alcool secondaire ou tertiaire produisent
un effet calorifique dont la somme est égale à zéro. Ces conclusions ne sont
du reste vraies que dans la supposition que les chaleurs totales de vapori-
sation des différents alcools isomères étudiés dans ce travail ont une même
valeur. Elles sont conformes, d'ailleurs, à celles de M. Berthelot sur la
même question.
» VI. OEnanUiol. — L'étude de ce corps présentait un certain intérêt. Il
m'adonnépourréquationC'H'*01iq.4- 2oOgaz.= 7C0'gaz + yH^OIiq.
Par molécule ^
en
Par gramme. grammes.
9352,06 io66i35
9296,51 1059802
93i4>49 io6i852
Moyenne = iû625g6
» L'étude thermique de l'alcool correspondant à cet aldéhyde n'a pas
été faite. D'après la Table donnée par Favre et Silbermann, sa chaleur de
combustion devrait être de i 099680"' , c'est-à-dire de 37094"' supérieure
à celle de son aldéhyde. Ce nombre est moindre que celui qui correspond
à la différence entre l'alcool propylique et l'acétone (54ooo"' ); il est vrai
que ces différences, déduites de nombres dont la grandeur va croissant, sont
de plus en plus affectées par les erreurs d'expérience. L'élude thermochi-
mique des aldéhydes (') n'est du reste que commencée, et je compte la
.compléter prochainement. »
CHJMiE GÉNÉRALE. — Sur les mélanges réfrigérants formés de deux sels cris-
tallisés. Note de M. A. Ditte, présentée par M. Sainte-Claire Deville.
« J'ai montré, dans une Communication récente (^), que le refroidissement
qui accomi)agne le mélange de certains sels cristallisés avec des acides
(') Cf. les recherches de M. Berthelot sur la formation thermique de l'aldéhyde [J,-i-
nales de Chimie et de Physique, 5' série, t. IX, p. 178) et sur celle de l'aldéhyde ortho-
propjlique [ibid., t. X, p. 369).
(') Même Volume, p. ii63. Voir à ce sujet [Mécanique chimique, t. II, p. 45l, 647,
( 1283 )
concentrés doit être attribué à la Jiquéfaction de l'eau qui se sépare du sel
hydraté. En prenant comme point de départ ce changement d'état de
l'eau de cristallisation, on peut arriver à constituer des mélanges réfrigé-
rants à l'aide de deux substances solides dont l'une est un sel fortement
hydraté. Il suffit pour cela de provoquer des doubles décompositions telles
que le dégagement de chaleur qui les accompagne soit très faible et que
le grand nombre de calories empruntées par le changement d'état de l'eau
soit, au point de vue thermique, le fait dominant de la réaction.
» Considérons, par exemple, im mélange de nitrate d'ammoniaque avec
des sels très hydratés, tels que les sulfate, carbonate, phosphate de soude. Le
premier est un sel anhydre; si de son mélange avec l'un des trois autres
peut résulter une double décomposition, elle donnera naissance : i° à du
nitrate de soude anhydre dans les conditions de l'expérience; 2° à des
sulfate, carbonate, phosphate d'ammoniaque, qui dans les circonstances
ordinaires ne retiennent pas non plus d'eau de cristallisation. Or, les con-
stantes thermiques que M. Berthelot a déterminées et l'application du
théorème du travail maximum vont nous permettre de discerner si une double
décomposition est possible et quelle sera, danscecas, l'intensité des phéno-
mènes calorifiques qui pourront l'accompagner.
» 1° /azotate cf ammoniaque et sulfate de soude. — On a
AzO^AzH^Osol. + SO'NaO,ioHOsol.
= SO'AzH*Osol.-l-AzO*NaOsol.H- loHO.
» Si l'on ne se préoccupe pas des 10*^1 d'eau, qui n'interviennent que
par leur changement d'état, la formation du premier système correspond
à 80,7 + (i63, 2 + 2,3) = 246,2 unités de chaleur, celle du second
système à 157,2 -i- 88,9 = 246, 1 calories. Ces deux quantités sont sensi-
blement égales; la double décomposition s'accomplira sans variation sen-
sible de chaleur; mais, comme les lo'^'' d'eau rendus libres exigeront pour
fondre un grand nombre de calories, on peut être certain que la réaction
s'accompagnera d'un notable [refroidissement. Si, en effet, on broie dans
un mortier un mélange à équivalents égaux des deux sels, la masse se
liquéfie presque de suite et la température descend d'environ 20°.
» Les produits formés concourent du reste à l'abaissement de la tempé-
65i) des recherches de M. Berthelot qui m'avaient échappé lors de ma première Communi-
cation. Il a également signalé le mélange réfrigérant formé par le carbonate de soude et
l'azotate d'ammoniaque solides, et il en adonné la théorie (p. 718).
C. R., lis 80, 1" Semestre. (T. XC, N° 22.) '67
( 1284 )
rature en se dissolvant en partie dans l'eau mise en liberté, car la dissolution
de ces sels aux températures ordinaires absorbe de la chaleur : le nitrate
de soude absorbe — k'"'^i']'i le nitrate d'ammoniaque, — 6™', 2; le sulfate
d'ammoniaque, — i '^^', 35 ; le sulfate de soude, — i '^^^ [Essai de Mécanique chi-
mique, 1. 1, p. 532-535). Il y a, comme on le voit, avantage à décomposer
totalement le sulfate de soude et à introduire un léger excès de nitrate
d'ammoniaque, qui, en se dissolvant en même temps que le nitrate de soude,
contribuera au refroidissement, et cela d'autant plus que la température
sera déjà plus basse. M. Berfhelot a établi en effet que, si la dissolution
d'un sel minéral anhydre à la température ordinaire absorbe de la chaleur,
cette absorption croîtra sans cesse à mesure que la température initiale
s'abaissera davantage (MecnnîVjf»e chimique, t. I. p. 127).
» 2° Azotate d'ammoniaque et phosphate de soude :
2 (AzOî^AzH^O) sol. + Ph0^2:Na0H0, 24HO sol.
= 2(AzO^NaO)sol.+ PhO%2AzH'OHOsol.-l-24HO.
En laissant encore de côté l'eau de cristallisation, la formation du premier
système correspond à 2 x 80,7 + (4i3,6 + 1 1) = 586™'. Pour le second,
les données relatives au phosphate d'ammoniaque manquent; mais, si
l'on observe que la chaleur de formation des azotate, sulfate, formiate,
acétate d'ammoniaque solides est de 5™' à lo'^''' environ inférieure à celle
des composés de soude correspondants (Mécanique chimique, t. I, p. 389),
on en conclura une valeur approchée de la chaleur de formation du phos-
phate d'ammoniaque, et l'on constatera que les nombres de calories qui
correspondent à chacun des deux systèmes sont fort peu différents l'un de
l'autre; que, par suite, la double décomposition pourra avoir lieu sans
autre changement notable de température que celui qui est dû à la hqué-
facfion de l'eau. On observe en effet que, en mélangeant dans un mortier
équivalents égaux de nitrate d'ammoniaque et de phosphate de soude, la
masse se liquéfie en même temps qu'elle se refroidit de 18° environ.
» Le mélange de carbonate de soude et de nitrate d'ammoniaque donne
lieu à des remarques analogues et à un refroidissement d'environ 25°(*).On
observe en même temps une odeur d'ammoniaque libre qui tient au peu
de stabilité du carbonate neutre. On sait en effet (^) que, mis au contact de
(') Voir Essai de Mécanique chimique, t. II, p. 718.
(') FoirXes recherches de M. Berthelot sur la constitution du carbonate d'ammoniaque
dissous et sur les équilibres qui existent dans ses dissolutions, même Ouvrage, t. II, p. 234
à 239.
( 1285 )
l'eau, ce sel se dédouble avec une facilité extrême en ammoniaque et ses-
quicarbonate, ou même bicarbonate alcalin.
» Des réactions du même genre se passent encore quand, dans les expé-
riences qui précèdent, on remplace le nitrate d'ammoniaque par le chlorure
d'ammonium : la liquéfaction du mélange se produit en même temps que sa
température s'abaisse. M. Berthelot a également observé que le carbonate
de potasse sec et l'azotate d'ammoniaque donnent lieu à un mélange réfri-
gérant; le froid est ici dû à la dissociation du carbonate d'ammoniaque (*).
» Ces phénomènes montrent une fois de plus combien, à l'aide de consi-
dérations fondées sur les données thermiques, il est facile de se rendre compte
de la possibilité de certaines réactions ainsi que des phases qu'elles pourront
présenter; ils établissent en outre la possibilité de constituer des mélanges
réfrigérants à l'aide de deux substances salines, dont l'une retient beaucoup
d'eau de cristallisation, quand la double décomposition qui peut résulter
de leur contact s'effectue sans dégagement notable de chaleur. »
CHIMIE. — Hydrate h/drofluosilicique cristallisé. Note de M. Kessler.
« Lorsqu'on prépare l'acide hydrofluosilicique Fl^'Si -4- FlH parle pro-
cédé ordinaire, qui consiste à faire passer du fluorure de silicium dans de
l'eau et en séparer la silice qui se dépose, il est impossible d'obtenir un
acide concentré : le dépôt volumineux de silice l'absorberait en totalité.
On ne peut pas non plus arriver à le concentrer par évaporation, parce
qu'il se décompose alors partiellement en ses deux éléments. Il y a quelques
années, les difficultés inhérentes à la séparation de cette silice m'ont suggéré
un autre mode de préparation que j'ai publié et employé à une fabrication
industrielle.
» Il consiste à opérer par synthèse et, au lieu de demander la forma-
tion de cet acide à la décomposition de l'eau, à faire simplement passer un
courant de fluorure de silicium dans de l'acide fluorhydrique. Lorsque ce
dernier est suffisamment concentré, il ne se dépose pas de silice et l'excès
même de fluorure de silicium n'est pas absorbé.
» Eu appliquant ce procédé, il m'est arrivé de voir tout à coup le tuyau
(') Il signale la même réaclioii comme s' opérant à froid, plus lentement à la vérité, entre
le carbonate de chaux et les sels ammoniacaux ( loco citato, p. 718). M. Nivet a insisté ré-
cemment sur les applications de ce fait à l'Agriculture.
( 1286 )
qui amenait le fluorure de silicium dans le récipient, et ce récipient lui-
même, remplis par des cristaux, les uns en masse compacte, les autres,
au-dessus, eu aiguilles. L'eau mère pesait 55° à l'aréomètre de Baume.
» Ces cristaux, plusieurs fois fondus et reformés par un refroidissement
suivi d'un égouttage, étaient de l'acide liydrofluosilicique hydraté pur.
» Ils étaient exempts d'acide fluorhydrique; car leur dissolution aqueuse
précipitée par un excès de chlorure de potassium ne produisait pas la
moindre érosion sur le cristal. Ils ne renfermaient non plus aucun excès
de fluorure de silicium; car le fluosilicate de potasse ainsi formé, lavé
d'abord à l'eau alcoolisée, ne laissait dans l'eau de lavage évaporée aucun
résidu de silice insoluble. Le fluosilicate alcalin lavé avec de l'acide
fluorhydrique n'en abandonnait pas non plus.
» L'acide hydrofluosilicique cristallisé est incolore; il fond vers 19° C.
Chauffé un peu au-dessus de ce point, il entre en ébuUition, par suite d'une
dissociation partielle en acide hydrofluosilicique mêlé de fluorure de
silicium, qui se dégage, et d'acide fluorhydrique mêlé d'acide hydrofluosi-
licique plus aqueux et moins volatil, qui reste.
» Au contact du verre, il dégage du fluorure de silicium pendant que le
verre se trouve rongé. Il est d'une excessive déliquescence, quoique son
mélange avec l'eau ne m'ait pas paru dégager de chaleur sensible à la main.
Il répand à l'air d'épaisses fumées. Il est très dur, et, quand on le fond
dans une capsule de platine, ses cristaux, se reformant sur les points non
chauffés du métal, y contractent une telle adhérence que je n'ai pas pu les
en séparer par crainte de déformer le vase.
» Par ces diverses raisons, je n'ai pu songer à en mesurer les angles au
goniomètre; mais, comme ses cristaux atteignent facilement plusieurs
centimètres, il m'a été facile de voir leur forme et d'en tracer les contours.
C'est celle que j'ai reproduite très approximativement avec des morceaux
de liège, que je joins à celte Note ; ils dérivent du cinquième système.
» Il est également difficile de le peser sans qu'il s'y ajoute de l'eau.
L'essai qui m'en a donné le moins correspondait à un peu moins de
2'"i,5 d'eau pour i de YP SiFl H. Il est donc probable que sa formule est
FPSiFlH + 2H0.
» C'est, je crois, le seul hydrate d'hydracide connu qui cristallise à la
température ordinaire, et il serait intéressant de voir si, par le même
procédé, on n'obtiendrait pas l'hydrate d'acide hydrofluoborique, ou des
combinaisons de fluorure de silicium avec d'autres hydracides, comme
l'acide hydrobromique, l'acide hydriodique, etc. »
( 1287 )
CHIMIK ANALYTIQUE. — Proportion d'acide carbonique dans l'air. Noie
de M. Marié-Davy, en réponse à la seconde Note de M. Reiset,
« Dans une seconde Communication faite à l'Académie dans la séance
du 17 mai courant, M. Reiset, a lait connaître la suite de ses recherches
sur la proportion d'acide carbonique de l'air. Je n'ai pas à discuter ces
nouveaux résultats de M. Reiset, dont l'habileté est bien connue; mais je
crois nécessaire de répondre aux critiques qu'il fait des recherches ana-
logues poursuivies régulièrement tous les jours de l'année, depuis le mois
d'avril 1876, par mon collaborateur M. Albert Lévy et son aide, M. P. Al-
laire. M. Reiset nous reproche de mesurer dans un compteur à gaz le vo-
lume d'air qui passe dans nos appareils et de ne pas effectuer les correc-
tions nécessaires de température et de pression.
» En ce qui concerne les compteurs dont nous faisons usage, je dirai
que ce sont des compteurs de précision adoptés par M. Regnault, qu'ils
sont contrôlés au moyen du gazomètre ordinaire et qu'ils fonctionnent
toujours dans les mêmes conditions.
)) En ce qui concerne les corrections de température et de pression, je
les considère comme indispensables dans les expériences de M. Reiset, qui
dose en poids l'acide pris à l'air et qui se croit obligé de transformer ce
poids en volume sous la température et la pression variables de l'air exté-
rieur, ou, ce qui revient au même, de ramener à 0° et à la pression 760""" le
volume de l'air analysé.
» Nous, nous préférons doser directement le volume de l'acide dans les
conditions mêmes de température et de pression de l'air extérieur. Ce der-
nier procédé nous paraît plus direct et plus simple. Il a tout au moins
l'avantage de diminuer singulièrement les corrections dont parle M. Rei-
set. Nous ne négligeons cependant pas ces corrections; mais, comme elles
ne portent que sur les variations quotidiennes de la température des eaux
delà ville, ou du baromètre, elles ne s'élèvent au maximum qu'à une ou
deux unités du chiffre du troisième rang, ce qui est à peu près la limite de
précision que nous attribuons à nos analyses. C'est pour nous une garantie
que les erreurs du fait des corrections sont négligeables.
» Si nous comparons les nombres que nous obtenons à Montsouris,
dans l'enceinte de Paris, avec ceux que M. Reiset déduit de ses expé-
riences faites en rase campagne, près de la mer, à 8*"" de Dieppe, nous
( 1288 )
voyons que, du i octobre au i4 novembre 1879, trente opérations ont
donné à M. Reiset un volume moyen de 3o'",i d'acide carbonique pour
100 000'" d'air, nombre qu'il trouve un peu supérieur à sa moyenne géné-
rale. Du 1 octobre au 3i du même mois, vingt-buit analyses faites à
Montsouris donnent pour moyenne 3o"',2, nombre identique à celui de
M. Reiset. Il est vrai que notre moyenne descend à 29'",! si l'on joint aux
vingt-huit analyses d'octobre les onze analyses de la première quinzaine
de novembre.
» M. Reiset ne retrouve pas à Dieppe la diminution d'acide que
M. Lévy a constatée à Paris à partir des derniers jours d'octobre. Cette
discordance serait assez grave si l'on pouvait admettre que les vents ont
toujours les mêmes allures et les mêmes propriétés sur les bords de la mer
que dans l'intérieur du continent, et surtout si la comparaison, au lieu
d'être limitée à quelques jours, s'étendait sans interruption à plusieurs
années.
» M. Reiset constate que, à la suite de deux séries d'analyses faites à un
intervalle de six années, la proportion d'acide carbonique n'a pas changé,
et il en conclut à la stabilité de cette proportion. M. Reiset, dans ses deux
séries d'expériences, aurait obtenu deux résultats si différents, qu'on n'au-
rait pas plus le droit d'en inférer un changement permanent de la propor-
tion d'acide que de la température moyenne de 1879 °" *^^ peut inférer
un rehoidissement permanent du climat de Paris.
» Il est vrai queM. Reiset, invoquant une ancienne opinion de Gay-Lussac,
considère que les courants continuels qui agitent l'atmosphère suffisent
à produire une diffusion uniforme du gaz carbonique dans l'air. Cette con-
clusion serait rigoureusement vraie si la quantité de ce gaz était arrivée à
l'état permanent, sans causes de diminution ou d'augmentation, au lieu
d'être dans un état d'équilibre toujours mobile entre ces causes agissant
sans relâche. Il ne saurait en être autrement de l'acide carbonique que de
l'oxygène de l'air, avec cette différence que, en raison de l'inégalité des
proportions, un même changement absolu correspond à un changement
relatif beaucoup plus grand pour l'acide que pour l'oxygène. looooo par-
ties d'air en volume renferment 20980 parties d'oxygène et seulement
3o parties d'acide carbonique. M. Regnault a pu constater que cette pro-
portion d'oxygène peut, dans certains cas, et notamment dans les pays
chauds, descendre à 2o3oo. Si tout l'oxygène disparu était remplacé sur
lieu par du gaz carbonique, la proportion de ce dernier monterait de 3o à
660 : nous sommes bien loin des variations constatées à Montsouris.
( 1289 )
» A la théorie de l'uniformité de proportion d'acide on peut opposer des
faits nombreux et bien observés. Sans les rappeler ici, je puis citer les ré-
sultats de M. Truchot, qui a trouvé: Jt,3 d'acide carbonique dans l'air
de Clermont-Ferrand, à l'altitude de 395™; 20, 3 dans l'air du sommet du
Puy-de-Dôme, à l'altitude de 1446"°; 17,2 au sommet du pic de Sancy, à
l'altitude de 1 884"°. Est-il permis d'attribuer ces écarts progressifs à des
erreurs d'expérience ou à des corrections imparfaites?
» A côté de la question d'altitude, il y a aussi la question de latitude.
Les régions équatoriales et polaires, les régions maritimes et continentales
contiennent-elles partout et en tout temps la même proportion d'acide?
Nous l'ignorons, et des analyses accidentelles ne pourraient pas plus nous
l'apprendre que quelques observations isolées du thermomètre ne pour-
raient nous renseigner sur les températures des divers climats.
» Deux années pluvieuses, pendant lesquelles nous avons été, à Paris,
sous l'influence du courant équatorial, nous ont fourni une forte propor-
tion d'acide carbonique. Une année antérieure, qui avait été plus sèche,
sous l'influence d'un mode différent de circulation atmosphérique, nous
en avait donné notablement moins. En voyant la proportion du gaz dimi-
nuer à la fin d'octobre 1879 et cette diminution devenir permanente en
s'accentuant même à certains moments, nous avons conclu de ce fait, joint
à d'autres, que nous entrions probablement dans une période sèche. Jus-
qu'à présent cette probabilité s'est bien réalisée. Est-ce une simple coïnci-
dence comme il s'en présente tant en Météorologie? L'avenir nous le dira.
Mais la réponse à celte question serait beaucoup plus prompte et facile si,
en quelque autre endroit queMontsouris,on entreprenait les analyses qu'on
y pourstiit régulièrement depuis plus de quatre années. M. Reiset nous
donne la preuve de l'intérêt qu'il y attache, et le point en discussion méri-
tait d'être signalé aux météorologistes. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Préparation de l'acide malonique. Note
de M. E. BouRGOiN, présentée par M. Berthelot. (Extrait.)
« L'acide malonique, découvert en i858 par Dessaignes en oxydant
l'acide malique par le bichromate de potassium, a été obtenu synthétique-
ment en 1864 par Hugo Mûller et par Kolbe.
» Malgré les nombreuses recherches dont cet acide a été l'objet, sa pré-
paration par synthèse a toujours été une opération difficile et peu produc-
( 1290 )
tive. Ayant eu besoin, pour mes électrolyses, d'une notable quantité de ce
produit, j'ai été amené non seulement à répéter et à comparer les diverses
méthodes de préparation qui ont été successivement proposées, mais encore
à faire un grand nombre d'essais en vue de simplifier et de régulariser cette
réaction. Après bien des essais infructueux, j'ai résolu la question. Yoici le
procédé auquel je me suis définitivement arrêté pour effectuer facilement
la synthèse de l'acide malonique.
» Je dissous loo^"' d'acide monochloracétique dans le double de son
poids d'eau, et je sature la solution par du bicarbonate de potassium cris-
tallisé, environ i lo^"^. J'ajoute alors 76^' de cyanure de potassium pur, sim-
plement pulvérisé. Après dissolution, je chauffe avec précaution au bain-
marie : une ébullition brusque, accompagnée d'un vif dégagement de
chaleur, ne tarde pas à se manifester. Après la réaction, le liquide reste
parfaitement incolore.
» On ajoute à ce liquide le double de son volume d'acide chlorhydrique
concentré, on sépare le chlorure de potassium qui se dépose et on sursa-
ture par un courant d'acide chlorhydrique gazeux, opération qui se fait
avec une grande élévation de température. Il se forme encore du chlorure
de potassium, accompagné cette fois de chlorhydrate d'ammoniaque qui
cristallise en partie par le refroidissement. On sépare ces sels sur un tam-
pon d'amiante et on déplace l'eau mère qui les imprègne avec un peu d'a-
cide chlorhydrique; on ajoute l'eau de lavage à la solution acide que l'on
évapore, d'abord à l'ébullition, puis au bain-marie.
» Le résidu, presque sec, peu volumineux, est facilement épuisé par
l'éther, véhicule qui abandonne d'abord par distillation ou par évaporation
70^'' d'acide malonique parfaitement pur. L'eau mère, après une légère
concentration, donne encore une vingtaine de grammes d'acide malonique
cristallisé sensiblement pur , second dépôt que l'on purifie par cristallisa-
tion dans l'éther, sans perte appréciable.
M En suivant exactement cette marche, les réactions secondaires sont
si restreintes que les eaux mères, peu abondantes du reste, cristallisent en
quelque sorte jusqu'à la dernière goutte, à tel point qu'en opérant avec
beaucoup de soin et sur des produits purs on obtiendrait sans doute le
rendement théorique. Tout au plus, dans les conditions précitées, observe-
t-on la formation d'une très petite quantité d'acide acétique, conformé-
ment à l'équation suivante :
C''H*0«=C'0'-f-C*H^O*.
( '291 )
En résumé, le procédé que je viens de décrire présente plusieurs avan-
tages sur ceux qui ont été publiés jusqu'à ce jour : i° il est simple, expédi-
tif; 2° il donne des liquides incolores qui fournissent du premier jet un
acide bien cristallisé; 3° le rendement est très satisfaisant, presque théo-
rique. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Préparation de Véthersulfurkjue neutre.
Note de M. A. Villieus, présentée par M. Berthelot.
o L'éther sulfurique neutre (C''H'')^S-H-0' a été découvert en 1848
par Wetherill, qui l'a obtenu par l'action de l'acide sulfurique anhydre
sur l'alcool et sur l'éther. Ce procédé de préparation, le seul employé
jusqu'à ces derniers temps, donne en majeure partie de l'éther sulfurique,
mais aussi des proportions notables d'éther iséthionique , et peut-être
d'éther éthionique, comme le montrent les produits de décomposition de
cet éther obtenus par Wetherill et par M. Erlenmeyer. Le rendement est,
du reste, assez faible. Depuis, plusieurs auteurs l'ont préparé en traitant
par l'alcool l'éther chlorosulfurique résultant de l'action du chlorure de
sulfuryle sur l'alcool.
» J'ai été conduit à une préparation plus simple fondée sur l'action de
l'acide sulfurique ordinaire sur l'alcool. L'éther neutre se produit en
très petites quantités dans les équilibres qui s'établissent soit à la tempé-
rature ordinaire, soit à 100° dans les mélanges d'acide sulfurique et d'al-
cool, et on peut l'isoler en traitant par un dissolvant, tel que l'éther ou le
chloroforme, le mélange étendu d'eau glacée. J'ai trouvé ainsi 5s'' à yS""
pour 4oo8'' d'alcool mélangés avec une quantité équivalente d'acide sul-
furique (' ).
» J'ai pensé qu'on pourrait obtenir de plus grandes quantités d'éther
neutre en retirant celui-ci par la distillation à mesure qu'il se produit
dans les mélanges d'alcool et d'acide sulfurique, de manière à empêcher
l'équilibre normal de s'établir.
» Préparation. — L'éther neutre peut en effet se préparer en distillant
dans le vide un mélange d'acide sulfurique et d'alcool. 200^^^ d'alcool
( ' ) M. Claesson, qui, le premier, a constaté la formation de l'étlier neutre dans ces con-
ditions, en aurait obtenu ainsi 7.5^'. Je n'ai pu dépasser la proportion que j'ai indiquée
en appliquant exactement le procédé qu'il a donné.
C.R., i8So, I" Semestre. (T. XC, N» i!2.) l68
( 1292 )
absolu, distillés lentement dans le vide avec deux fois leur volume d'acide
sulfurique concentré, m'ont ainsi donné jusqu'à So^' d'éther neutre. Le
rendement moyen est de aS»'. Il est d'autant plus considérable que la dis-
tillation est menée plus lentement, et celle-ci doit durer toute une journée.
La fin de l'opération est indiquée par la formation d'une mousse abon-
dante et par l'augmentation de la pression intérieure. Un réfrigérant doit
être adapté à la cornue.
» Le liquide qui passe dans le récipient se divise en deux couches; la
couche inférieure est constituée par de l'éther neutre pur et incolore. On
peut le rectifier dans le vide; les premières gouttes entraînent les traces
d'eau et d'acide sulfureux qu'il peut dissoudre, puis le liquide distille à
point fixe jusqu'aux dernières gouttes. On n'augmente pas le rendement
en prenant de l'acide sulfurique fumant. L'éther ordinaire dans les mêmes
conditions donne de faibles quantités d'éther sulfurique.
» On obtient aussi de petites quantités d'éther neutre en distillant un
mélange d'alcool et d'acide sulfurique sous la pression ordinaire. On sait
que c'est lui qui, mêlé avec des carbures polymères de l'éthylène, constitue
ï huile douce de vin.
» Voici les températures auxquelles il bout sous diverses pressions :
Pressions. Points d'ébullitiou.
mm o
45 120,5
4o 118,0
36 ii5,5
3i 1 13,5
» Le point d'ébuUition s'abaisse régulièrement, comme on le voit, du
moins sous de faibles pressions, de 2°, 5, quand la pression diminue
de S-"". Il cristallise et fond vers — 24°, 5.
» Il se dissout immédiatement dans l'eau de baryte chaude et donne la
proportion théorique de sulfovinate de baryte et d'alcool, ainsi que je l'ai
constaté par un dosage volumétrique. Cette décomposition ne donne nais-
sance, du reste, qu'à du sulfovinate de baryte ordinaire; je m'en suis assuré
en décomposant 220'^'^ d'éther neutre par la baryte et mesurant les cristaux
obtenus par des évaporations successives.
» Le mode de décomposition de l'éther neutre permet de le regarder
comme l'éther éthylsulfurique de l'alcool. Aussi ai-je essayé de le préparer
parl'éthérification directe de l'acide sulfovinique.Maisjen'ai pu déterminer
ainsi que la production classique de l'éther ordinaire, qui paraît com-
mencer à se produire dès la température ordinaire. »
( 1293 )
CHIMIE AGRICOLE. — Présence dans le Soja, hispida. [Mïmcli.) cV une quantité
notable d'une substance sotuble dans l'alcool et facilement transformable en
glucose- Note de M. A. Levallois.
« M. Pellet a donné récemment ( ' ) les résultats de quelques analyses
de Soja liispida (ou pois oléagineux). La somme des quantités de sucre,
d'amidon et de dextrine trouvées par ce chimiste est de 3, lo pour loo.
)) J'ai eu moi-même, l'année dernière, l'occasion de faire plusieurs
analyses de cette graine, et je suis arrivé à un résultat différent (-).
» En effet, d'après mes dosages, la graine en question contient de 9 à 11
pour 100 d'une substance soluble dans l'alcool. Cette substance ne réduit
la liqueur de Fehling qu'après quelques minutes d'ébuilition avec l'eau
acidulée par l'acide sulfurique. Son pouvoir dextrogyre est considérable;
l'ébullition avec l'eau acidulée le ramène à peu près à celui du glucose.
Par ses caractères optiques elle se rapproche de la dextrine, mais elle
semble en différer par la rapidité avec laquelle elle se transforme en
glucose.
» Disposant d'une quantité de matière qui m'avait fait défaut jusqu'ici,
je me propose de faire une étude plus complète de ce corps. »
ZOOLOGIE. — Fonctions de la vessie natatoire des Poissons.
Note de M. C. Marangoni.
« Mes observations et mes expériences m'ont conduit aux conclusions
suivantes :
» i" La vessie natatoire est l'organe qui règle l'émigration des Poissons. Les
Poissons qui vivent toujours au fond de la mer sont privés de vessie et
n'émigrent pas, parce qu'ils sont toujours dans des eaux peu profondes et
par suite tièdes (Raies, Turbots, Soies). Au contraire, les Poissons qui
émigrent (Thons, Esturgeons, Morues, Harengs) ont tous une vessie nata-
toire. Ils vivent dans des eaux profondes et froides et émigrent pour aller,
à la surface, déposer leurs œufs dans des eaux plus chaudes.
(') Comptes rendus, t. XC, p. 1177.
(') annales de la Société d'Horticulture d'Etampes.
( 1294 )
» La vessie natatoire des Poissons de mer est parfaitement close. On sait,
depuis Biot, que la proportion d'oxygène qui s'y développe sous l'influence
des corps roux augmente avec la profondeur. Si l'on admet qu'au moment
de la reproduction et sous l'inflLience d'un état hypertrophique des corps
roux l'oxygène sécrété augmente et fasse gonfler la vessie, on comprendra
comment les Poissons sont poussés à la surface. Il se passe quelque chose
d'analogue dans l'acte de la fécondation des plantes phanérogames aqua-
tiques.
2° Toutefois, les Poissons ne s'élèvent pas comme des ludions et ont à lutter, à
l'aide de leurs nageoires, contre l'injluence de leur vessie natatoire. En mettant
ensemble des petits Poissons morts etvivantsdans un flacon aux trois quarts
plein d'eau, et dans lequel on comprime ou on dilate l'air en soufflant ou
aspirant au moyen de la bouche, on voit, si l'on augmente la pression, les
Poissons morts tomber au fond et les vivants s'élever à la surface, la tête en
avant. Si l'on raréfie l'air, les Poissons vivants se dirigent vers le fond, les
morts remontent en haut. Les Poissons combattent donc par des mouve-
ments continus les influences passives dues à la pression hydrostatique, dont
ils ont tout à craindre, car Biot et Delaroque ont observé que les Poissons
péchés à de grandes profondeurs et amenés rapidement à la surface y
arrivent avec la vessie déchirée.
» 3"La vessie natatoire produit chez les Poissons une double instabilité, une de
niveau, Vautre de position. Le Poisson, ayant ime fois adapté sa vessie pour
vivre à une certaine profondeur, peut, sous l'influence de la plus faible
variation de pression, ou être précipité en bas ou poussé vers le haut,
comme l'a démontré M. Moreau et comme on peut facilement le prouver
avecle ludion. Les Poissons sont donc eu équilibre instable quant au niveau.
Ils le sont aussi quant à la position. Eu effet, la vessie étant placée dans la
région ventrale, le centre de gravité est au-dessus du centre de pression, et
les Poissons sont toujours menacés d'être retournés sens dessus dessous.
Ils prennent cette position quand ils sont morts ou moribonds.
» Cette double instabilité force les Poissons à une gymnastique conti-
nuelle et contribue sans doute à les rendre forts et agiles. Les plus agiles
dos animaux terrestres sont aussi ceux qui ont la moindre stabilité. «
( '295 )
BOTANIQUE. — Recherches sur la structure de l'axe au-dessous des feuilles
séminales chez tes Dicotylédones, Note de M. R. Gérard, présentée par
M. P. Diichartre.
« Les résultats que j'ai l'honneur de soumettre à l'Académie ont été
fournis par des travaux ayant pour but la recherche du point où l'axe,
perdant les caractères de la racine, prend ceux de la tige et le mode d'union
de ces deux organes.
» Ce point [collet ou nœud vital), d'après les idées ayant généralement
cours, correspondrait au lieu où l'épiderme lisse de la tige fait suite à
l'épiderme villeux de la racine. Les deux organes seraient disposés comme
deux cônes opposés par leur base.
» L'étude de nombreuses plantes,appartenant à trente famillesdifférentes,
me fait regarder cette opinion comme complètement erronée. Jamais les
faits n'ont présenté cette concordance. Dans quelques cas, jusqu'à présent
rares (plantules très volumineuses), le changement de structure s'opère
avant la mutation de l'épiderme ; le plus souvent on ne l'observe qu'au-
dessus du point où elle a lieu et à des hauteurs différentes. Généralement,
la portion de l'axe hypocotylé qu'on regardait comme appartenant à la
tige ne revêt en aucun de ses points la structure bien nette de cet organe;
même dans un très grand nombre de cas, pour ne pas dire la majorité
(plantules de faible diamètre), la structure de la racine se retrouve presque
intacte jusqu'au-dessous des cotylédons. Il est alors fréquent de voir la
nervure médiane des cotylédons formée à la base par un faisceau ligneux
isolé à développement centripète, orientation caractéristique de la racine.
» Le passage n'est jamais brusque; il se divise en plusieurs phases qui
peuvent se succéder plus ou moins rapidement. On peut en observer une
ou plusieurs sans que les autres se produisent; c'est alors qu'on retrouve
la structure de la racine sur toute l'étendue de l'axe hypocotylé. L'épiderme
lisse cuticularisé est superposé sans transition à l'épiderme villeux.
» La couche sous-jacente, dont on a méconnu jusqu'à présentie rôle
important, me semble constituer le véritable organe protecteur de la jeune
racine (l'épiderme villeux devant être regardé eu raison de ses cellules à
parois minces, demi-cylindriques, par conséquent faiblement unies, et de
peu de durée, comme un org.-^ne essentiellement dévolu à la nutrition).
Composée de cellules allongées radialement et fortement unies entre elles.
( 1296 )
cette couche forme une membrane continue, subérifiée en partie, comme
l'indique sa coloration noirâtre. Je la distinguerai sous le nom de membrane
épidermoïdale. Après le changement d'épiderme, ses cellules s'arrondissent
et tendent à se confondre avec le cylindre cortical. Elle n'a plus le même
rôle à jouer.
» Le cylindre cortical sous-jacent est formé par un parenchyme arrondi
à nombreux méats; sa puissance et sa structure varient peu sur tout le
trajet. La couche protectrice, plus ou moins nette, peut se retrouver jusqu'à
la naissance des cotylédons.
» La couche rhizogène se comporte de façons très différentes, selon
l'activité de ses cellules. Toujours plus persistante, en face des faisceaux
vasculaires,elle se confond souvent, dans la partie supérieure, avec le liber
et perd ses caractères.
» Les faisceaux libériens restent simples, se bifurquent ou se trifurquent.
Dans le premier cas, ils repoussent les membranes rhizogène et protectrice
et, s'étalant latéralement, débordent les faisceaux vasculaires en passant au-
dessus, et s'unissent en un anneau continu. Dans les autres cas, rien de
pareil; les deux masses ou les deux masses latérales (lorsqu'il y a trois
faisceaux) se rapprochent des faisceaux vasculaires primaires, et ce sont
ceux-ci qui viendront se superposer au liber. Le faisceau médian passera
dans le bourgeon.
» La première modification que subissent les faisceaux vasculaires est
un mouvement de retrait vers la couche rhizogène. De là résultent : 1° la
formation de la moelle dans les axes qui en étaient dépourvus, son agran-
dissement dans les autres; a° la disposition sur plusieurs rangs des vais-
seaux primitivement unisériés. La deuxième phase consiste dans la péné-
tration de la moelle dans leur intérieur , pénétration qui donne à ces
faisceaux la forme d'un V ouvert, du côté du centre. Les extrémités libres
des branches vont s'appuyer sur les masses libériennes voisines. Parfois le
faisceau se trouve séparé totalement en deux masses parallèles. Dans un
troisième temps, les faisceaux, de centripètes qu'ils étaient plus bas, de-
viennent centrifuges et se superposent au liber; la structure de la tige se
réalise.
» Trois causes amènent ce mouvement et, selon que l'une ou l'autre ou
plusieurs agiront à la fois, le mécanisme sera différent. 1° Le mouvement
est dû à une multiplication radiale des cellules de la couche rhizogène
opposées au faisceau et à la prolification des cellules conjonctives latérales.
Le faisceau poussé de front et sur ses faces tourne sur ses extrémités internes
( '^97 )
adossées au liber comme une porte à deux battants sur ses gonds. Les
branches du V se séparant dans ce parcours, il en résulte finalement deux
faisceaux libéro-ligneux. 2° Le tissu conjonctif agit seul; les (ou la) tra-
chées primitives restent accolées à la couche rhizogène. Les vaisseaux plus
internes tournent seuls pour se superposer au liber. 3° Le troisième cas
s'observe lorsque les faisceaux libériens se réunissent pour former un anneau
continu. Aussitôt après leur fusion en dehors d'un faisceau vasculaire, leur
partie interne cambiale, devenant activement génératrice, repousse les vais-
seaux vers l'intérieur. Dans ce cas, il peut ne pas y avoir de mouvement
de volet, mais un véritable chevauchement des vaisseaux les uns sur les
autres, les phénomènes préparatoires ne s'étant point produits. Cette action
est de beaucoup la plus active des trois, et c'est elle qui détermine la struc-
ture de la tige avant le changement d'épiderme.
» Je continue ces recherches, les étendant à toutes les plantes vascu-
laires. »
GÉOLOGIE. — Itinéraire de Biskra chez les Touaregs.
Extrait d'une Lettre de M. Roche à M. Delesse.
El Biôd, 2 mai 1880.
« La mission du colonel Flatters, à laquelle je suis attaché, devait étu-
dier l'un des tracés du chemin defer traus-saharien et pousser aussi loin que
possible son exploration au sud de l'Algérie. Elle a pu s'avancer jusqu'à
•ySo*"" au delà d'Ouargla, sur la route de Temassinin à Rhat; mais, à
cause des exigences croissantes des Touaregs, qui n'ont d'ailleurs pas de
véritable chef, le colonel Flatters a cru devoir retourner, d'autant plus que
notre itinéraire véritable aurait dû être la ligne passant par la sebkha
Amadghor.
» La mission rapporte des renseignements assez sérieux sur la question
du chemin de fer. Pour ma part, j'ai pu examiner les terrains géologiques
peu nombreux qui constituent ces contrées; ils appartiennent seulement
au quaternaire, au crétacé et au dévonien.
» Le dévonien forme tout le massif du plateau des Azgueurs (Azdjers),
qui est découpé par des rivières fortement encaissées. Il se compose d'une
série de couches de grès quartzeux, dur, plus ou moins fin, quelque-
fois un peu argileux, auquel cas on y rencontre quelques fossiles : Orthis,
Rhynchonella, Orthocères et même Trilobites. Il est vraisemblable qu'il
existe d'anciens volcans dans le plateau, car j'ai rencontré sur un certain
( 1298 )
nombre de points des morceaux de lave roulée; cette lave contenait par-
fois du péridot et des zéolilhes.
« Le crétacé présente une bande le long du plateau; il se compose de
quelques couches de calcaire plus ou moins marneux et de marnes avec
beaucoup de gypse. On y rencontre aussi des fossiles.
)) Le quaternaire constitue un dépôt immense depuis Biskra jusqu'à El
Biôd. La question des dunes est la plus importante relativement à ce ter-
rain; elle a été étudiée déjà par MM. Va tonne, Pomel et H. Le Châtelier, mais
je n'ai pas encore eu le temps de coordonner d'une manière bien complète
mes idées sur ce sujet. »
aNATOMIE générale. — De la structure et du développement du tissu denti-
naire dans la série animale. Note de M. E. Magitot, présentée par
M. Robin.
« On désigne, depuis R. Owen, sous le nom de tissu dentinaire ou denline
le tissu fondamental qui entre dans la constitution anatomique de certains
organes, tels que les écailles et les épines des poissons cartilagineux, la
partie essentielle de l'organe dentaire de la plupart des animaux, etc.
» La structure de ce tissu a été considérée jusqu'à ce jour comme con-
stituée par une substance fondamentale homogène creusée de canalicules.
» Un ensemble de recherches récentes nous a montré que cette interpré-
tation doit être regardée comme inexacte et nous a conduit à décrire les
faits anatomiques d'une manière toute différente.
)) En effet, si l'on prépare, sous l'eau et en évitant soigneusement toute
tendance à la dessiccation, une coupe histologique de dentine prise sur
un des organes désignés plus haut et fraîchement séparé de l'animal, la
composition de ce tissu apparaît sous l'aspect suivant :
M 1° Une substance fondamentale homogène ou finement granuleuse
forme la masse du tissu. Elle est dure, résistante, demi-transparente et
d'une composition organo-minérale dans la proportion de ^.
» 2° Un faisceau de fibrilles molles disposées à leur point de départ par
troncs parallèles, puis ramifiées et anastomosées dans tous les sens pendant
leur trajet au sein de la substance fondamentale, et aboutissant, à la limite
du tissu, à une série de petites dilatations formant dans leur ensemble un
système terminal d'anastomoses réciproques. Ces fibrilles sont intimement
adhérentes au tissu ambiant, sans interposition d'aucune membrane ou
substance quelconque. Elles font partie intégrante de la masse.
( '299 )
3° Un organe mou, de nature papillaire, occupant invariablement une
cavité creusée au centre ou au-dessous de la masse du tissu dentinaire. Cet
organe est simple ou divisé, c'est-à-dire que la cavité qui le renferme est
unique ou pourvue de prolongements [vaso-denline, plici-denl'me de Tomes).
Toute sa surface est recouverte d'une couche non interrompue de cellules
épithéliales, cellules de la denline ou odontoblastes. L'organe est en outre
abondamment pourvu de vaisseaux et contient une quantité considérable
de nerfs de sensibilité dont les extrémités terminales sont en continuité avec
les cellules elles-mêmes par l'intermédiaire d'un système de filaments et de
cellules spéciales [subslratum des odontoblastes). D'autre part, ces odon-
toblastes présentent à leur extrémité périphérique des prolongements fili-
formes (queues des odontoblastes), lesquels pénètrent dans la substance de
la denlineety représentent précisément par leur ensemble le réseau fibril-
laire.
V Dans un examen ainsi pratiqué d'une pièce fraîche préparée sous
l'eau, avec ou sans ramollissement préalable dans les acides faibles, il est
impossible de discerner aucune autre particularité anatomique essentielle,
non plus qu'on ne peut apercevoir la trace de canalicules indépendants.
L'existence universellement admise de ceux-ci ne repose que sur une
erreur d'interprétation résultant de l'observation de pièces sèches, dans les-
quelles la dessiccation de la fibrille a produit l'apparence purement arti-
ficielle d'un tube resté vide.
» La démonstration de cette manière de voir sera complète si l'on étudie
une coupe fraîche de dentine soumise à l'action prolongée des acides
faibles; on se convaincra aisément que le réseau fibrillaire isolé au sein
d'une masse devenue gélatiniforme constitue en réalité la trame unique du
tissu.
» La dentine doit donc être regardée comme un tissu fibrillaire inclus
dans une masse dure et homogène à laquelle on ne saurait attribuer la
structure canaliculée, pas plus qu'on ne serait fondé à l'admettre pour un
muscle ou tout autre organe parcouru par un réseau de fibrilles nerveuses.
Le tissu osseux lui-même, occupé, comme on sait, par des cellules ramifiées,
ne saurait être davantage regardé comme creusé de cavités et de canaux
qu'en raison de la même erreur d'interprétation résultant de l'observation
de pièces sèches.
» Les faits du développement du tissu dentinaire concourent d'autre
part à la démonstration de ces vues anatomiques.
» On observe, en effet, dès le début de la formation de la dentine, que
C. R., iSSo, I" Semestre. (T. XC, N° 22.) ^^9
( i3oo )
les éléments de la substance fondamentale élaborés par la couche des cel-
lules ou 0(/on/o6/(75te5 se déposent molécule à molécule autour du filament
caudal de chacune de ces cellules. Ils forment ainsi à ce filament et à
toutes ses subdivisions une véritable gaîne complète en contact absolu
avec lui. Chaque filament fibrillaire représente donc l'axe de développe-
ment d'une gaîne de dentine, tandis que l'ensemble des fibrilles forme
comme le squelette général du tissu.
» Si nous cherchions une comparaison qui frappe l'esprit, nous dirions
que le phénomène est comparable à celui qui se produit au sein d'une
source calcaire pétrifiante lorsqu'on y plonge la tige ramifiée d'une
plante, laquelle se recouvre d'une masse calcaire continue et homogène.
» La formation de la dentine, ainsi commencée par le groupement des
matériaux organo-calcaires autour des prolongements périphériques des
odontoblasles, se continue de dedans en dehors par l'allongement progressif
de chaque filament et l'augmentation proportionnelle en épaisseur de la
couche de dentine. Ce phénomène est permanent; il se poursuit pendant
toute la période qui j)récède la chute de l'organe (écaille, épine ou dent),
lequel est généralement soumis, comme on sait, à un renouvellement plus
ou moins actif pendant le cours de la vie.
» La dentine, ainsi formée à la surface d'une couche de cellules spé-
ciales et autour de filaments émanés de ces cellules mêmes, est un tissu
éminemment pourvu d'un mouvement nutritif, rénovation moléculaire
complète. H est doué, d'autre part, d'une sensibilité propre, dont l'agent
essentiel est la fibrille, laquelle est mise, par l'intermédiaire des odonto-
blastes, en communication directe avec les extrémités terminales des nerfs
de sensibilité; ces ramifications nerveuses sont les mêmes que celles qui
alimentent les papilles sensitives de la peau, dont les organes pourvus de
dentine ne sont que des dépendances (tissu phanérophore et phanères de
de Blainville).
» Ainsi constituée, la dentine n'est nullement assimilable à un produit
sécrété, ainsi que l'idée en a été formulée par quelques auteurs; c'est un
tissu vivant, sensible, sans analogue dans l'économie animale, où il possède
une physionomie et un rôle qui lui sont propres.
» Tandis que le développement en épaisseur de la couche de dentine
s'est continué de dedans en dehors à la surface de la couche des odonto-
blastes, la surface extérieure du tissu se recouvre soit d'un revêtement
osseux (cément), comme cela a lieu pour la défense de l'éléphant, soit
plus ordinairement d'une lame protectrice formée d'un autre tissu composé
( 130. )
(le prismes parallèles. Ce dernier tissu, appelé émail, est, aussitôt après sa
formation, dépourvu de tout mouvement nutritif. Il fait, à la surfcicedela
dentine, l'office d'un épitliélium durci. »
ANATOMlE GÉNÉRALE. — Sur la muqueuse de la région cloncale du rectum.
Note de MM. G. Herrmann et L. Desfosses, présentée par M. Robin.
« La muqueuse de l'extrémité inférieure du rectum ne se continue pas
directement avec le tégument externe. Il existe à ce niveau une zone
circulaire, haute de o™,oo6 à o^jOi 2, répondant aux saillies musculaires de
Morgagni, et qui représente une partie persistante du cloaque de l'embryon.
Celte région cloacale est revêtue par une muqueuse spéciale qui se trouve
nettement limitée du côté du rectum et se continue au contraire avec la
peau par une transition sensible.
» Chez l'homme, son épitliélium présente, sur les parties saillantes, la
forme polyédrique stratifiée à cellules superficielles aplaties; dans les dé-
pressions et les sinus, il prend le type prismatique stratifié à cellules superfi-
cielles allongées et transparentes. Lechorion a la structure du derme, sauf
une plus grande richesse en éléments fibro-plastiques et embryo-plastiques.
» Cette région présente de petites glandes en grappe vers la partie
moyenne, quelques glandes en tubes simples, semblables à celle du rectum
vers sa limite supérieure, et enfin des follicules clos d'un petit volume dans
toute son étendue.
» Au fond dessiuuslimités par les valvules semi-lunaires, l'épithélium se
prolonge dans des sortes de canaux irréguliers qui s'étendent vers le
sphincter interne, au contact duquel ils s'élargissent fréquemment, formant
des excavationsanfractueuses. De ces dernières on voit partir un ou plusieurs
conduits, tapissés par le même épithélium et assez semblables à des tubes
glandulaires. Ces conduits suivent un trajet sinueux dans les cloisons de
tissu cellulaire qui séparent les faisceaux musculaires et traversent ainsi le
sphincter dans toute son épaisseur; arrivés dans le tissu conjonctif interposé
entre ce muscle et la couche longitudinale, ils présentent plusieurs rami-
fications courtes qui finissent en cœcums au milieu de petits amas de
cellules rondes ou polyédriques ayant l'aspect de follicules clos.
» Lorsqu'on étudiecomparativementla muqueuse cloacale chez le chien,
on trouve un appareil glandulaire bien plus développé ( indépendamment
des glandes anales proprement dites, qui débouchent sur la peau et non
( l302 )
dans le cloaque). Les glandes sont plus volumineuses, et beaucoup d'entre
elles sont situées en dehoi s du sphincter interne, qui se trouve ainsi tra-
versé par un certain nombre de conduits excréteurs, notamment vers son
extrémité inférieure ; on voit également d'énormes follicules clos, mais tous
sont placés à la surface de la muqueuse.
» Ces données d'Anatomie comparée expliquentdansunecertaine mesure
les singulières dispositions que l'on constate sur l'homme. On peut con-
sidérer, en effet, les conduits ramifiés qui existent chez ce dernier comme
des organes rudimentaires répondant aux glandes delà muqueuse cloacale
des animaux. Celte interprétation paraît d'autant plus vraisemblable, que
ces formations sont également réduites à quelques vestiges sur les singes
anthropoïdes (gorilles) et qu'on les voit se développer dans l'homme,
tout comme de véritables glandes, par des bourgeons épithéliauxqui tra-
versent le sphincter au quatrième ou cinquième mois de la vie foetale.
» Au point de vue chirurgical, ces longs conduits tortueux, coiffés à leur
extrémité par de petits follicules clos, présentent un certain intérêt, eu égard
notamment au rôle qu'ils peuvent jouer dans la production des fistules
compliquées qu'on rencontre si fréquemment dans cette région ( ' ). »
PATHOLOGIE COMPAnÉE. — Sur l'inoculabUité du charbon symplomalique el
les caractères qui le différencient du sang de rate. Note de MM. Arloing^
CoRNEAiN et Thomas, présentée par M. Bouley.
« I, Les animaux de l'espèce bovine présentent, dans plusieurs localités
(parmi lesquelles nous signalerons le Bassigny, dans le département de la
Haute-Marne), une maladie toujours mortelle, qui débute brusquement
par de la tristesse, de l'inappétence et l'apparition d'une tumeur irrégu-
lière, mal circonscrite, sur le tronc, l'encolure, l'espace inter-maxillaire ou
sur l'un ou l'autre membre. Dans tous les cas, cette tumeur progresse
avec une rapidité étonnante, envahissant les muscles et les interstices
musculaires; d'abord homogène et très douloureuse, elle devient peu à
peu insensible, crépitante et sonore à son centre; les tissus qui la forment
sont noirs, friables et laissent échapper, par incision, un sang rouge, puis
noir, et enfin une sérosité spumeuse et une assez grande quantité de gaz.
Pendant que la maladie évolue localement, les symptômes généraux s'ag-
(') Ce travail a été fait dans le laboratoire il' Histologie de la Faculté de Médecine.
[ i3o3 )
gravent ; la température de l'aniiual s'élève, puis décroît ; bref, en trente-six
ou quarante-huit heures, le malade est emporté.
» Ce tableau répond à l'affection appelée par Chabert charbon symplo-
matiqtie, lequel constitue, avec le sang de rate et la pustule maligne, son
groupe des affections charbonneuses.
» Grâce aux observations ou aux recherches de Rayer, Davaine, Pol-
lender, Delafond, Brauell et surtout de MM. Roch, Pasteur, Toussaint, on
sait que l'une des maladies charbonneuses de Chabert, le sang de rate, est
le résultat de l'évolution du Bacilliis anlliracis ou bacléridie charbonneuse.
Le charbon symptomatique serait-il, lui aussi, un des modes de manifes-
tation de la présence du BaciUus anlhracis , ou doit-il être distrait du
groupe des affections dont le type est la fièvre charbonneuse ou sang
de rate ?
» En Allemagne, Feser et Bollinger appellent le charbon symptoma-
tique tumeur enphysémato-gangréneuse, et Feser dit avoir reproduit cette
maladie en inoculant la boue des marais près desquels vivent les bœufs
exposés à ses attaques. En France, M. Boulet-Josse et M. Vernant ont
supposé, d'après les faits cliniques, une différence de nature entre le sang
de rate et le charbon symptomatique; mais une démonstration rigoureuse,
expérimentale, était encore à donner.
» II. Dans le sang des animaux malades ou morts du charbon dit
symptomatique, généralement on ne voit aucun élément étranger;
quelquefois on aperçoit de rares granulations isolées, mobiles, difficiles
à déterminer histologiquement, et des bâtonnets bien plus rares encore,
sur lesquels nous reviendrons. Mais, sous l'influence de conditions qui
nous échappent encore pour le moment, le sang se charge de corpuscules
ovoïdes, brillants, isolés ou accolés bout à bout, au nombre de deux ou
trois, et de bâtonnets courts, mobiles en tous sens.
» Ces mêmes microbes sont très peu nombreux dans la sérosité de la
tumeur, mais ils se présentent en nombre considérable dans le tissu
conjonctif inter et intra-musculaire, ainsi que dans l'intérieur des faisceaux
contractiles de la tumeur. On peut les rencontrer aussi dans les ganglions
lymphatiques, les reins, la rate et le poumon. Le microbe cantonné en
ces points, d'où on l'extrait par raclage, diffère de la bactéridie charbon-
neuse par ses caractères objectifs et biologiques, ainsi que par ses effets
pathologiques. Il est plus court et plus large qu'elle, très mobile, arrondi
à ses deux extrémités et presque toujours pourvu près de l'une d'elles,
jamais au milieu, d'un noyau clair.
( i3o4 )
» III. Avec les tissus delà tumeur et l'eau distillée, nous avons préparé
une pulpe riche en microbes. Injectée dans l'épaisseur des muscles ou dans
le tissu cellulaire sous-cutané, elle produit des accidents dont les caractères
varient suivant le siège de l'inoculation et l'espèce des sujets inoculés.
» Sur le veau et le mouton, nos inoculations ont été constamment
mortelles dans l'espace de trente à soixante heures; dans le tissu cellu-
laire, elles ont produit un oedème chaud et douloureux de la région,
crépitant, surtout chez le veau , s'étendant gradiiellement aux parties
déclives; dans les muscles, elles ont entraîné la formation d'une tumeur
qui offrait tous les caractères de la tumeur spontanée.
» Sur le cobaye, elles ont tué presque toujours; nous avons vu, chez un
animal inoculé avec un produit qui avait passé déjà par l'organisme de
plusieurs sujets, se développer au point inoculé une tuméfaction énorme,
qui s'est terminée par l'ouverture spontanée de deux abcès.
» Sur le rat blanc, on obtient des effets locaux (gangrène, escharres) ;
mais, d'ordinaire, cette espèce survit à l'inoculation.
» Le lapin inoculé avec la pulpe d'une tumeur recueillie sur le bœuf
quelques heures avant la mort a succombé en présentant localement les
lésions caractéristiques du charbon symptomatique; mais les pulpes pré-
parées avec la tumeur du boeuf deux jours après la mort ou avec la tumeur
expérimentale fraîche du mouton et du cobaye n'ont produit que des abcès
et parfois des accidents pyohémiques.
» L'âne et le cheval résistent aux inoculations; ils ne gagnent qu'un en-
gorgement local des muscles et du tissu cellulaire voisin, douloureux et
chaud pendant quelques jours, qui disparaît bientôt complètement.
)) Le chien et la poule nous ont paru absolument hors des atteintes du
microbe du charbon symptomatique.
)) IV. Si l'on filtre les pulpes sur le plâtre, d'après le procédé de M. Pas-
teur, le liquide rougeâtre qui a traversé le filtre est inoffensif.
» Conclusions. — i°Le charbon symptomatique de l'espèce bovine est
inoculable au bœuf et à certaines autres espèces animales.
» 2° Il est transmis par un microbe qui pullule dans les tissus muscu-
laire et conjonctif de la tumeur, qui est très rare ou même absent dans le
sang; c'est donc surtout dans la tumeur qu'il faut le chercher.
» 3" Ce microbe est retenu par le filtre en plâtre.
» 4" Par ses caractères, les effets qu'il produit et les espèces animales
qui sont propres à son évolution, il diffère nettement du Bacillus anlhrads.
» 5° Donc le charbon symptomatique du bœuf ne doit plus être cou-
( i3o5 )
fondu avec le sang de rate dans le groupe des affections charbonneuses.
» Nous poursuivons nos recherches, et, dans une Note ultérieure, nous
ferons connaître les résultais obtenus quant aux caractères biologiques
du microbe et les conséquences médicales qui en découlent. »
GÉOGRAPHIE. — Sur le voyage d'e.x])toration de M. Rolilfs dans le Sahara
oriental. Extrait d'une Lettre de M. Berhoux à M. Yvon Villarceau.
« Au mois de juin 1879, l'Académie a inséré dans les Comptes rendus
une Note que je vous avais adressée sur les Tables géographiques de
Ptolémée. Pour démontrer l'exactitude de ces Tables et la valeur de la
première école de Géographie aslronomique, j' indiquais d'avance les décou-
vertes que devait faire, dans le Sahara oriental, l'expédition conduite par
M. Rolîlfs. J'avais dressé, d'après Ptolémée, la Carte de cette région, et je
l'avais envoyée au chef de l'expédition allemande.
» L'épreuve a pleinement réussi. Malheureusement l'expédition a été
arrêtée à moitié chemin, et elle a dû revenir sur ses pas avant d'atteindre
un des points les plus curieux de la terre africaine. Mais, pour toute la por-
tion du désert libyen qu'elle a explorée, les indications fournies par les
Tables de Ptolémée ont été d'une grande exactitude.
» L'expédition préparée par les géographes de Berlin avait d'abord es-
sayé de pénétrer dans le Sahara oriental par Sella (vers 1 5° longitude E. de
Paris, q8°4o' latitude N. ). Je lui avais annoncé qu'elle trouverait, dans
cette direction, une ancienne voie romaine, jalonnée de pyramides ou
grandes bornes, et un long ouadi. M. Rohlfs n'a pu suivre cette route, mais
ses guides lui ont appris qu'on y trouve des pierres portant des inscriptions.
C'était déjà un commencement de preuve en faveur de mes prévisions.
» Après le premier échec, l'expédition alla chercher une autre route
plus loin vers l'ouest, à Augila (vers 18° 55' longitude E., 29°4' latitude N).
Sur cette nouvelle route, les Tables de Ptolémée indiquaient deux grands
traits. En premier lieu, les voyageurs devaient rencontrer, à 4°3o' d'Au-
gila, une chaîne ou massif montagneux mesurant i°3o' de l'ouest à l'est,
C'était le mont Azar, qui était habité par les Azari à l'époque de Ptolémée.
)) Après cela, si l'on s'avançait plus loin vers le sud, à 4° 12' environ du
massif d' Azar, on devait atteindre un long ouadi, se développant sur une
étendue de 8° 45' au moins, que les anciens nommaient le Ger oriental et
( i3o6 )
où l'on rencontrait six villes. Tout cela prouve combien les solitudes du
Sahara oriental cachent de régions intéressantes.
M M. Rohlfs n'est pas allé jusqu'au Ger, mais il est arrivé jusqu'au massif
des anciens Azari. Ce massif est bien véritablement à 4°3o' d'Augila, et il
s'étend de l'ouest à l'est, comme le signalent les Tables, sur un développe-
ment de i"3o'. Plusieurs groupes de ce massif, qui s'appellent aujourd'hui
Haouari (Hauari), gardent peut-être le nom des Azari. La chaîne princi-
pale se nomme le Djebel Neri, et l'oasis est celle de Koufra. (Le Djebel, les
marais, deux lacs, tout y est, écrit M. Rohlfs.)
» Pour les détails, l'exactitude des Tables n'est pas moins grande. Elles
indiquent quatre terres habitables sur la route d'Augila au massif des
Azari, et ces quatre terres ont été retrouvées parles explorateurs modernes.
Mais ces détails demanderaient des explications qui ne peuvent trouver
place dans une Note comme celle-ci; je les ai communiqués à M. Rohlls,
et je les publierai prochainement.
» Ces faits prouvent combien il est fâcheux que l'expédition allemande
ait été arrêtée à Koufra. Les voyageurs ont été attaqués dans cette oasis, et
ils ont eu de la peine à échapper aux agresseurs. L'attaque s'explique natu-
rellement, quand on sait que ces régions sont dominées par des sociétés
secrètes musulmanes qui sont hostiles aux Européens. Ces sociétés étendent
leur influence sur une grande partie du Sahara et opposeront probable-
ment des obstacles à l'expédition française qui opère an sud de l'Algérie.
» A cause des difficultés de ce genre, la nouvelle expédition africaine
qui se prépare à Berlin ne prendra pas la route d'Augila. La découverte du
Ger oriental est donc ajournée. Mais l'expérience faite à Koufra est déjà
suffisante pour que l'on reconnaisse la valeur des Tables de Ptolémée et
pour que l'on relève ce magnifique Ouvrage de la proscription injuste dont
il est frappé, o
GÉOGRAPHIE. — Expéditions françaises dans V Afrique centrale. Note
de M. Marius Foxtane, présenté par M. de Lesseps. (Extrait.)
« Le crédit de 100000^^ inscrit au budget de la République, à titre de
subvention, pour rétablissement de deux stations scientifiques et hospitalières,
une sur la côte occidentale et Vautre sur la côte orientale d' Afrique, nous a per-
mis, joint aux sommes que nous ont apportées les fondateurs, les membres
( '3o7 )
ordinaires et les membres donateurs de la Section française, de préparer
l'installation, à l'orient et à l'occident de l'Afrique équatoriale, de deux
premières stations.
» A l'orient, notre but est d'établir une station à Kirassa, près de Riora,
soit à environ 25o''" de Bagamoyo.
» Le capitaine Bloyet,de la marine marchande française, désigné comme
chef de ce premier poste, est parti de Marseille pour Zanzibar. M. A. d'Ab-
badie, à qui cette mission revenait de droit, et M. Grandiilier ont bien voulu
initier M. le capitaine Bloyet aux exigences scientifiques de son mandat.
» La lâche du capitaine Bloyet sera largement simplifiée, au point de
vue matériel, dès le début, grâce à l'intervention d'un Français séduit
par la grandeur du but recherché : M. Sergère, qui, le premier, tente d'or-
ganiser des relations commerciales suivies entre la côte orientale de l'A-
frique et l'intérieur, a misa notre disposition, avec une abnégation absolue,
et son expérience pratique des choses africaines et les avantages de ses
propres installations dans le pays.
» Nous avions demandé pour le capitaine Bloyet, aux professeurs du
Muséum, des indications et des encouragements. Les éminents professeurs
du Muséum ont spontanément remisa notre stationnaire, non seulement
des instructions précieuses, mais encore une provision d'objets de nature
diverse qui serviront bien la bonne volonté scientifique de notre station-
naire et vaudront à la science de meilleurs résultats.
» M. l'abbé Debaize, frappé sur sa route, y a laissé des instruments,
des armes, des munitions que le Ministre de la Marine lui avait confiés.
Voulant en quelque sorte continuer l'œuvre de M. Debaize, à laquelle il
s'était si patriotiquement intéressé, M. Georges Perin a demandé pour nous
et a obtenu que ce qui avait été confié au malheureux abbé Debaize le
fût désormais à M. le capitaine Bloyet.
1) A l'occident de l'Afrique équatoriale, la fondation de la première station
se présentait comme un problème plus délicat, sinon plus difficile qu'à
l'orient : les terres y étaient moins connues.
» On se souvient de l'héroïque persévérance avec laquelle M. Savorgnan
de Brazza et M. le D"" Ballay, il y a quelques années à peine, décou-
vraient les sources de l'Ogoouë. C'est M. Savorgnan de Brazza qui s'est
chargé d'explorer à nouveau cette partie de l'Afrique, de désigner le point
de la première station et d'y installer le stationnaire. M. Savorgnan de
Brazza s'est embarqué à Liverpool le 3 janvier. Le courageux compagnon
de M. de Brazza, le docteur Ballay, se dispose à le rejoindre.
C R., ihSo, I" Semestre. (T. XC, N» 22.) I T^
( i3o8 )|
» Le but de ces deuxexplorateurs est, après avoir rempli la mission qu'ils
ont acceptéede la Section française, après avoir installé le stationnaire, de
reprendre la grande mission géographique qu'ils se sont volontairement
donnée et dont la découverte des sources de l'Ogoouë et des grands
affluents du Congo, l'Alima et la Licona, ne fut à leurs yeux qu'un
commencement.
» La Société de Géographie de Paris ayant pris sous son patronage les
importantes explorations que MM. Savorgnan de Brazza et le D"^ Ballay
se proposent d'entreprendre après avoirfondé la station, le Comité français
a offert aux explorateurs un canot à vapeur gréé.
)) S. M. le Roi des Belges a fait offrir, au nom de l'Association interna-
tionale, pour le cas où nos premiers moyens financiers seraient insuffisants
à assurer le maintien de nos installations africaines, une somme de
40000'"^. Déjà le Ministère de la Marine et des Colonies nous a accordé
une somme de 12 ooo*^^ et le Muiistère des Affaires étrangères une somme
de 10 000^'.
» Le 12 mai, M. Ferdinand de Lesseps a fait, au Cirque des Champs-
Elysées, une conférence sur l'entreprise du percement de l'isthme de
Panama, au profit de notre Société. »
M. Fr. Ji»ie\ez adresse une Carte céleste projetée sur riiorizondeMexico,
accompagnée d'une explication (extrait) :
« La Carte céleste projetée sur l'horizon de Mexico, divisée en quatre
planisphères portant les numéros I, II, III, IV qui indiquent la position du
ciel pour chacun des équinoxes et solstices, a été dressée en prenant pour
chacun d'eux la situation du ciel correspondant au passage de l'équinoxe ou
du solstice par le méridien de Mexico, dont la latitude géographique est de
i9°26'û"N. Le tracé des méridiens ou cercles horaires de i5° en i5°
ou d'heure en heure et celui des cercles de déclinaison de i5°en i5° ont
été calculés d'après le système de projection de Lorgna.
» L'écliptique, sur chaque planisphère, est divisée de degré en degré de
longitude; on a marqué avec des chiffres arabes les indications corres-
pondant à chaque trentaine de degrés. Outre les degrés de longitude, on
trouve les dates des jours de l'année, marquées par de petits cercles noirs
sur l'écliptique même et numérotées de cinq en cinq, avec l'indication du
mois répondant à chaque quinzième jour. Les pôles de l'écliptique sont
indiqués.
( i3o9 )
» En dehors dii cercle qui limite la projection de chaque planisphère
se trouvent tracés d'autres cercles concentriques qui la limitent extérieu-
rement, lesquels sont divisés en arcs de i5' en i5' et numérotés de io°
en io°, depuis o° dans la partie supérieure, ou le nord de l'observateur,
jusqu'à i8o° vers l'est et l'ouest, dans le but de trouver graphiquement
l'azimut d'un astre à une date et une heure déterminées, ainsi que sa dis-
tance zénithale.
» Dans la partie inférieure de chacun des planisphères sont dessinées :
dans celui de gauche, une échelle universflle des ascensions droites; dans
celui de droite, une échelle universelle de déclinaisons, permettant de
trouver les coordonnées célestes de chaque étoile ou d'en tracer d'autres
qui ne s'y trouvent pas placées. A la partie supérieure, on voit les échelles
de grandeur des étoiles. A la gauche, dans la partie supérieure du plani-
sphère n° I, se trouvent des lignes qui indiquent les distances relatives
des planètes primaires au Soleil, en prenant pour unité celle de Neptune,
avec indication en outre du nombre de satellites de chaque planète.
» A la droite du planisphère n° III, sont des lignes qui marquent les
valeurs relatives des diamètres de ces mêmes planètes, en prenant pour
unité celui de Jupiter, qui est très approximativement dix fois moindre
que celui du Soleil.
» A la gauche, dans la partie supérieure du planisphère n° II, on a
placé une Table qui indique les volumes, masses et densités des planètes,
en prenant pour unité ceux de la Terre, la quantité de lumière et de
chaleur qu'elles reçoivent de l'astre central, et la durée de leurs révolu-
tions et rotations.
» A la droite du planisphère n° IV, se trouve un diagramme qui indique
l'inclinaison des orbites de ces mêmes planètes par rapport à l'écliptique ou
à l'orbite de la Terre.
» Dans les planisphères, on trouve les étoiles divisées par constellations,
qui sont séparées les unes des autres par des lignes pointillées. »
M. Chasles présente le Bullellino di bibliografia e di sloria délie Scienze
matemaliche efisiche de M. le prince Boncompagni, et signale les articles
suivants: i° ( p. 847-862) un Mémoire inédit de Pierre Maggi intitulé: Jn-
torno ai principii di meccanica motecotare del signor Dottore Ambrosio Fusi-
nieri, précédé (p. 339-346) d'une Notice de M. Biadego sur ce Mémoire;
2° (p. 863-88o) une Note de M. Boncompagni sur une édition très rare
intitulée : Opéra d'abbaco del reverendo padre don Smiraldo Borghetli da Lucca;
( .3io )
m Venelia^ i Sg/), dont on re connaît que deux exemplaires, l'un à la Biblio-
llièqne nationale de Paris, et l'autre à la Bibliothèque ducale de Gotha;
3° (p. 881-890) une addition à l'article intitulé «Sur les vies inédites des
» trois mathémnciens Danck, Linières et Luca Pacioli, écrites par Bernar-
» dino Baldi n, précédemment publié dans le Bulleitino (352-438). Ce
supplément, ajouté par M. Boncompagni à sa publication citée ci-dessus,
renferme des documents inédits d'un grand intérêt, qui datent des années
i497-i5i I ; 4° (p- 891-89'i) une traduction de l'allemand en italien, par
M. le D' Sparagna, d'une Notice de M. Eilard Wiedemann relative à l'his-
toire des Sciences naturelles chez les Arabes ; 5° (p. 895-898) une traduc-
tion, faite aussi par M. Sparagna, d'un article allemand de M.Guillaume Von
Bezold, sur VJJistoire de l'Optique physiolocjique ; 6° (p. 809-80?) autre tra-
duction, faite par M. Sparagna, d'un écrit de M. E. Gerland sur V Histoire
de l'invention de l'aréomètre ; 'j° (p. 904-912) une étude historico-mathé-
matique de M. Aristide Marre sur deux mathématiciens de l'Oratoire ( les
PP. Claude Jacquemet et Louis de Bizance), Dans ce Mémoire, M. Aris-
tide Marre fait voir que c'est au P. Jacquemet, éminent professeur à Vienne
(Dauphiné), et non au P.Malebranche, qu'il faut attribuer nombre de pièces
manuscrites sur l'Arithmétique supérieure, l'Algèbre, les Sections coniques
et la Gnomonique qui se trouvent dans trois volumes manuscrits de la Bi-
bliothèque nationale, provenant du fonds de l'Oratoire. 8° Enfin les pages
suivantes (913-961) font connaître les publications les plus récentes sur
les Mathématiques, la Physique et l'Astronomie, en toutes langues.
» J'éprouve un vif regret d'avoir à annoncer à l'Académie que ce Bullei-
tino termine la publication que M. le prince Boncompagni a entreprise il
y a douze ans, avec un zèle profond pour le progrès des Sciences physiques
et mathématiques, et un travail continu et personnel qu'exigeaient de très
nombreuses recherches en toutes langues comme en tous pays. »
M. L. MoNGARDON adresse la description d'un moteur aérostatique auquel
il donne le nom de nacelle mécanique.
M. BocLANGiER adressc un Mémoire intitulé « Étude sur le relief du
sol ».
A 4 heures et demie, l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 6 heures et demie. D.
( i3ii )
COMITE SECRET DU 24 MAI 1880.
La Section de Mécanique présente, par l'organe de son dojen, M, de
Saint-Venant, la liste suivante de candidats à la place vacante dans cette
Section par suite du décès de M. le général Morin :
En première ligne M. Bresse.
En deuxième ligne, ex aequo , par ( M. Bovssinesq.
ordre alphabétique I M. Levy.
En troisième ligne M. Hato\ de la Goupillière.
En quatrième ligne M. Sarrau.
Les titres de ces candidats sont discutés.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Ouvrages keçus dans la séance du 24 ^^^ 1880.
Ministère de la Marine et des Colonies. Manuel de pyrotechnie à l'usage de
l'artillerie delà marine; t. I. Paris, typogr. G. Chamerot, 1879; in-8°.
Aide-mémoire d'artillerie navale ;Visv. 11, 12, 13, 14, 16, 17, 18, 19, 21.
Paris, typogr. G. Ciiamerot, i876-i879;9 livr. in-8°, avec Allas in-folio.
Mémorial de l'artillerie de la mnrine;\iyr. 14, 15, 16, 17, 19, 20, 22. Paris,
typogr. G. Chamerot, 1876-1879; 7 livr. in-8°, avec Atlas in-folio.
La Chimie pour tous; par A.-D. Deluc. I : Métalloïdes et métaux. Paris,
Fouraut, r88o; in-8°.
Chimie s)'nthétique. Reproduction de quelques substances minérales, etc.; par
M. E. MoNiER. Saint-Denis, impr. Ch. Lambert, sans date; br. in-8°.
Usage du cercle méridien portatif pour la détermination de l'heure et des posi-
tions géographiques; par M. P. Hatt. Paris, Impr. nationale, 1880; in-8°.
(Présenté par M. Yvon Villarceau.)
Mémoires et bulletins de la Société de Médecine et de Chirurgie de Bordeaux;
3* et 4^ fascicules, 1878. Paris, G. Masson; Bordeaux, Féret, 1879; in-8°.
( l3l2 )
Melun et sn transformation depuis i83o; par M. Vaeangot. Melun, H. Mi-
chelin, 1880; br. in-8°.
Notes sur les inconvénients et tes difficultés du tunnel étudié sous le mont
Blanc et de ses lignes d'accès projetées. Avantages incontestables d'un chemin de
fer international par le Simplon; par M. D. Colladon. Genève, impr. Sciiu-
chardt, 1880; in 8°.
Jetés de la Société linnéenne de Bordeaux; 4" série, t. IIT, 6" livr., 1879 :
Procés-yer^auxc^e /'année 1879. Bordeaux, impr. Durand, 1879- r 880; 2 livr.
in-8''.
Mémoires de la Société académique de Maine- et- Loire ; t. XXXV : Science:.
Angers, inipr. Lachèse et Dolbean, 1880 ; in-8°.
Réforme de la nomenclature botanique; par le D"' Saint-Lager, Lyon, Asso-
ciation typogr. G. Riotor, 1880; in-8'.
// gabinetto di Minetalogia e Geologia délia R. Universita di Padova. Cenni
del prof. G. Omboni. Padova, F. Sacchetto, 1880; br. in-8°.
Transactions of ihe royal Societj of Edinburgh, vol. XXIX, Part \,forthe
session 1878- 1879. Edinburgh, 1880; in-4°.
Verhandelingen der koninklijke Jkademie van Wetenschappen . Afdeeling
natuurkunde. Deel XXIX. Amsterdam, J. Muller, 1879; in-4°.
Ouvrages adressés aux Concours de 1880.
Prix Montton (Mécxnique). — Associations des propriétaires d'appareils à
vapeur du nord de la France, normande et parisienne. Défauts de tôles, corro-
sions, incrustations, etc.;par M. E.Gornut. Lille, impr. Danel, 1878; in-8''.
Prix Montton (Médecine et Chirdrgie). — Contributions à la chirurgie
des voies urinaii-es; par le D'' Guillon père. Paris, J.-B. Baillière, 1879;
in-8°.
Recherches expérimentales comparatives sur l'action du chloral, du chloro-
forme et de l'éther; par S. Arloing. Paris, G. Masson, 1879; i""8°> avec
pièces diverses.
Méthode rationnelle du traitement des plaies chez te cheval et chez l'homme;
par M. CouLET. Poitiers, impr. Diipré, 1880; br. in-8°.
Traité pratique et clinique des blessures du globe de l'œil; par /e D"" A. Yvert.
Paris, Germer-Baillière, 1880; in-S".
Prix Dusgate. — Mort réelle et mort apparente; par F. Gannal. Paris,
A. Coccoz, 1868; in-8°, avec pièces.
Prix Desmazières. — Catalogue des lichens du mont Dore et de la Haute-
( .3.3 )
Vienne; par Ed. L\my de La Chapelle. Paris, au siège de la Société bota-
nique de France, .880; in-S", avec suppléments.
Pr.x Barbier. — Le hoàng-nàn, remède tonquinois contre la rage, la lèpre
et autres maladies; par E.-C. I.esserteur. Paris, J.-B. Bailiière, 1879; in-8°.
Pr.x Godard. — Des abcès chauds de la proslale et du phlegmon périprosta-
tique,-par /eD"^ P. Second. Paiùs, G. Massoii, .880; in-8°.
OuTnAGES BEÇDS DANS LA SÉANCE DU 3l MAI 1880.
Àjfaires étrangères. Commission technique européenne formée en vertu d'un
accord intervenu entre les puissances signataires du traité de Berlin^ i S'jg. Paris,
Impr. nationale, 1880; in-4°.
Détermination de l'emplacement d'un pont à établir sur le Danube dans le
voisinage et à l'est de Silistiie; par M. L. 1..alanne. Paris, Dunod, 1880; br.
in 8°.
Cours de Calcul différentiel et intégral; par J.-k. Serret. 2* édition. T. II :
Calcul intégral. Paris, Gauthier-Villars, 1879; i.i-8''.
Nouveaux éléments de Physiologie humaine; par H. Beaunis. 2* édition.
IP Partie : Physiologie de l'individu, pages 465 à 800. Paris, J.-B. Bailiière,
1880; in-8°.
A. Y Any-Ei.." Annuaire entomologique pour .880. Caen, chez l'auteur, rue
d'Auge, .6; Paris, Buquet, .88o;in-i8.
Recherches philosophiques et physiologiques sur la nature de l'homme et de
l'être vivant; par C-k. BV Péan. Paris, Ghio, 1880; in-8°.
Racines adventices ou volantes créées par une méthode nouvelle et mises hors
des atteintes du Phylloxéra; par E. jNIaffre. Montpellier, typogr Boeh.n,
1880; br. in-8°. (Renvoiàla Commission.)
Étude des cours d'eau; par Ch. IIauvel. Clermont (Oise), impr. Daix,
1880; br. in-8°.
Notice sur le surchauffeur différentiel de M. Ch. Hauvel. Clermont (Oise),
impr. Daix, .880; br. in-8°.
Le Phylloxéra; ^ar Maurice Girard. 3* édition. Paris, Hachette et C'^,
1880; in-. 8.
La téléphonie, sa théorie, ses applications. Le pantéléphone ; par L. de
Locht-Labte. Paris, aux bureaux du journal l'Electricité, 1880; in-8°.
Etude sur le i-elief du sol et recherche des lois qui y président; par A. Bou-
langier; V et IP fascicules. Paris, Dunod, 1880; 2 Parties in-8°.
Epidemiology, or the remote cause of épidémie diseases in the animal and in
( '3i4 )
the vegeiable création^ etc. ; by John Parkin. Part II, second édition. London,
David Bogue, 1880; in-8° relié.
De la cloralizacion en la exlraccion de las cataratas, etc., por L. Oliveres
Y DE BoNEN. Badajoz, lip. La Induslria, 1880; in-8°.
BuUettino di bibliogiafia e di sloria délie Scienze malematiche e fisiclie, pubbli-
cato da B. Boncompagni; t. XII, dicembre 1879. Roma, 1879; in-4°. (Pré-
senté par M. Chasles.)
Ouvrages adressés aux Concours pour l'année 1880.
Concours BouDET. — Nouvelles applications de l' acide pliénique en Médecine
et en Chinircjie,- par M. le D'' Déclat. Paris, A. Delabaye, i865; in-8°. Avec
un Mémoire manuscrit-
De la fièvre dite bilieuse inflammatoire à la Guyane ,• par le D'' P. Bdrot.
Paris, Doin, 1880; in-8°.
Concours Barbier. — La méthode graphique et les appareils enregistreurs ;
par le Jy G. Le Bon. Paris, E. Lacroix, 1879; in-8°.
Concours MoNTTON (Statistique). — La démographie figurée de l'Algérie;
par /eD''R. Ricoux. Paris, G. Masson, 1880; in-8''.
Concours Montton (Arts insalubres). — Des os et de leur emploi dans
la fabrication du noir animal, du suif, du sulfate d'ammoniaque, des boutons, etc.,
procédés nouveau.x ; parM.. Huyard. Bordeaux, impr. Gounouilliou, 1880;
in-8°* Avec documents divers.
Questions maritimes. Lenavire insubmersible ; par Cu .Li^brovss^. Fascicules
letll; Paris, chez l'auteur et chez Challamel, 1879; in-8°. Avec pièces
diverses. (Adressé aussi au Prix extraordinaire de six mille francs et an prix
Plumey.)
Concours Montyon (Physiologie expérijientale). — Physiologie nouvelle
de l'hydrothérapie; par P. Delmas. Paris, Germer-Baillière, 1880; in-8°.
(Adressé aussi au Concours de Médecine.)
»4
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 7 JUIN 1880.
PRÉSIDENCE DE M. EDM. BECQUEREL.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. le Ministre de l'Instruction publique adresse l'ampliation du décret
par lequel le Président de la République approuve l'élection de M. Bresse
à la place devenue vacante dans la Section de Mécanique, par suite du
décès de M. le général Morin.
Sur l'invitation de M. le Président, M. Bresse prend place parmi ses
Confrères.
M. le Président annonce à l'Académie la perte qu'elle a faite dans la
personne de M. IF. MlUer, Correspondant pour la Section de Minéralogie.
CHIMIE ORGANlQUK. — Sur un dérivé brome de la nicotine.
Note de MM. A. Cahours et A. Étard.
« C. Huber a décrit, dans les Jnnaien der Clieni. luidPliarin. (t. CXXXI,
p. 257), un dérivé brome de la nicotine, auquel il attribue la formule
C^''H'^Az=Bi^^ C-"H'^\z-Br-,HBr, Br^
c. R., 1880, I" Semeslre. (T. XC, N" 23.) J 7 '
( i3i6 )
)) Ce composé, considéré par lui comme un biomhydrate de bromure
de nicotine bibromée, a été préparé par l'action du brome sur une solu-
tion éthérée de nicotine.
» Nous n'avons pas ici à traiter de ce corps, que nous n'avons pas
essayé de reproduire ; mais, d'après les circonstances mêmes de sa prépa-
ration, nous avons pensé que, le brome réagissant sur l'élher, l'acide
bromhydrique qu'il renferme pouvait bien provenir, non du remplacement
de l'hydrogène de la nicotine par du brome, mais bien de l'attaque de
l'étlier par ce corps. Afin de nous affranchir de cette cause de perturba-
tion, nous avons remplacé la solution éthérée de nicotine par une solu-
tion aqueuse, de manière à fixer, par addition, du brome sur les noyaux
]iyridiques qui, ainsi qu'il résulte des expériences que nous avons publiées
et d'observations antérieures, existent, ainsi qu'on n'en saurait douter,
dans la nicotine.
» Ou prend, à cet effet, une solution de i partie de nicotine dans envi-
ron 5o parties d'eau, et l'on ajoute, en ayant soin d'agiter, 4^' de brome
pom- i'"''' de nicotine. Il se forme un précipité floconneux, jaune, d'aspect
résineux et très abondant. On porte la température à 65°- 70° à l'aide
d'un courant de vapeur d'eau, en ayant bien soin de ne pas s'écarter de
ces limites. On filtre, et, par le refroidissement, il se sépare des cristaux en
abondance.
» La partie non dissoute, traitée de même par de l'eau à 70°, fournit
un dépôt cristallin identique au précédent. Si dms ces préparations il se
perd un peu de brome par évaporation, il faut le remplacer, un léger excès
de ce corps ne nuisant pas au succès de l'opération.
» Les cristaux obtenus par la méthode indiquée ci-dessus affectent la
forme d'aiguilles d'un rouge de bichromate de potasse, fines, longues de
plusieurs millimètres et n'éprouvent aucune altération à la température
ordinaire. Elles agissent sur la lumière polarisée. Chauffées à sec dans un
tube de verre, elles laissent dégager du brome et de l'acide bromhydrique,
puis se charboiinent. Solubles dans l'eau chaude, elles perdent du brome
au sein de ce liquide dès qu'on dépasse la température de 70° : c'est ce qui
explique la nécessité de ne pas aller au delà de ce terme dans la prépara-
tion de ce composé. Dissous dans une solution suffisamment concentrée
d'acide bromhydrique, il acquiert de la stabilité et ne perd plus sensible-
ment de brome. Par le refroidissement, il laisse déposer un produit cris-
tallisé moins rouge que le précédent et qui, selon toute vraisemblance, est
le bromhydrate du dérivé primitif.
( '^'7 )
« Des dosages de brome parAiitement concordants et qui s'accordent
parfaitement avec le calcul conduisent à établir pour cette substance la
formule
C=''H'*Az=Bi%
et nous pensons, jusqu'à plus ample information, que le composé signalé par
>Huber n'est autre que le bromhydrate de ce dérivé par addition, qui aurait
pris naissance en vertu d'une réaction secondaire dont nous avons évité la
production (').
)) On sait aujourd'hui que la plupart des alcaloïdes renferment des
groupes pyridiques et, de plus, qu'ils donnent immédiatement, par le
contact du brome et de l'iode, des dérivés solides qui, pour ce dernier,
ont été déjà décrits par M. Jœrgensen comme des produits d'addition net-
tement définis. Il est probable, d'après cela, que les dérivés bromes amenés
à l'état de cristaux pourront de même être sériés.
« Le tétrabromure de nicotine est décomposé par une solution aqueuse
de potasse. Dans l'action réciproque de ces corps, il se forme des produits
dérivant d'une oxydation profonde de la nicotine, sur lesquels nous nous
proposons de revenir prochainement. Cette oxydation serait déterminée
par l'hypobromite dépotasse, qui se forme tout d'abord, ainsi qu'il est
facile de le constater par l'examen des liquides avant la fin de l'opé-
ration.
» Notre but, en faisant cette Communication préalable, est de signaler
nos premiers résultats à un moment où bien des recherches sont dirigées
dans ce sens, afin de pouvoir en poursuivre convenablement l'étude. Nous
signalerons, en terminant, et sans en décrire les résultats, une réaction qui
nous a fourni d'assez grandes quantités d'un nouveau dérivé dont nous
ferons connaître prochainement les caractères. En traitant i™°' de nicotine
étendue de deux fois son poids d'eau par 4"' . -^i^t
\>* \
Bruxelles;
Le Ba.vre ~^^-.. ^^-/'j
\ «RoueK— '*Bauva,i£
NORMANDIE
BflETAGNE
xMcintes
0 ri e a'n s. ;
La ligne représente le contour des lagunes où les lignites se sont formés,
La ligne (Igure le contour du golfe des sables de Bracheux, et le prolon-
gement représente le cordon littoral des poudinguosde Nemours.
» A cette époque, cette partie moyenne de la Manche était donc sous
des eaux tantôt saumâtres, tantôt salées, et l'on peut s'assurer, en suivant
la trace des dépôts marins, qu'ils venaient bien de la mer du Nord, Nous
reviendrons tout à l'heure sur ces dépôts marins.
» Les lagunes où se formaient les lignites étaient sensiblement au niveau
de la mer, puisque celle-ci les a envahies à plusieurs reprises, les recou-
vrant d'un dépôt marin régulier, souvent très mince, sans qu'il y ait trace
{ ,3ai )
du moindre phénomène de ravinement. La substitution des eaux salées
aux eaux douces s'est faite sans trouble mécanique, ce qui ne peut s'expli-
quer que par luie égalité presque absolue entre le niveau de la lagune et
celui de l'océan.
» Or, aujourd'hui, les lambeaux de ces formations saumàlres sont, sur
les plateaux de la Normandie, à une altitude de plus de 80" à Varangé-
ville, près de Dieppe, et à joo" à Criel.
» A cette époque, le niveau relatif de la mer était donc plus élevé de
près de 100^. Les falaises n'existaient point. La Manche était simplement
une dépression à pentes douces qui, dans la suite des temps, par l'effet
d'un exhaussement du sol, a été creusée sous l'action prolongée de la mer.
» On comprend que, les plateaux continentaux (Picardie, Normandie)
se trouvant si voisins du niveau de l'océan, de faibles oscillations du sol
devaient déterminer des variations considérables dans le figuré du littoral
et transformer la lagune en golfe ou réciproquement.
» La ligne [fig. i) représente les limites des lagunes des lignites.
» Si l'on cherche à se rendre compte de la forme du golfe que la mer
occupait antérieurement à l'époque des lignites, c'esl-à-dire pendant le
dépôt des sables de Bracheux, on trouve que (ligne ) la mer
du Nord s'étendait à l'ouest jusqu'à Londres, à l'est jusqu'à Mons; de
Londres à Calais, elle longeait le massif crayeux de la rive droite de la
Tamise. Le rivage s'étendait au sud-est vers Calais, le Boulonnais étant alors
réuni à la région qui lui fait face en Angleterre. Les falaises qui s'étendent
aujourd'hui de Erighton à Douvres et à Margate faisaient corps, par le
prolongement des couches de craie qui les constituent, avec celles qui
leur font face en France, depuis l'embouchure de la Somme jusqu'à Calais.
Il est donc bien certain qu'à ce moment le pas de Calais n'était pas ouvert,
et ce n'est en effet que dans des temps beaucoup plus récents qu'a eu lieu
cette ouverture. Le Boulonnais formait l'extrémité d'un promontoire*, la
mer le contournait, s'avançait à l'ouest, d'Élaples vers Brighton, revenait
ensuite au sud-est vers Dieppe, passait au nord du pays de Bray, qui déjà
formait une saillie, et couvrait la dépression parisienne entre Beauvais,
Paris et Reims. Le rivage oriental s'étendait de Reims à Mons.
» C'est à cette mer qu'est diî, indépendamment des sables de Bracheux
qui ont précédé les lignites, le dépôt des couches marines intercalées dans
ceux-ci.
» La mer du Nord, couvrant une grande partie de la Belgique et la plaine
des Flandres, pénétrait donc alors dans le bassin de Paris par un assez large
détroit dont Douai était le centre; Mais ce détroit était peu profond, et un
( i3a2 )
léger mouvement d'exhaussement général du sol à l'est, et d'affaissement à
l'ouest, l'a mis à sec, et a reculé plus à l'ouest les limites de la dépression
qui, partant du bassin de Paris, s'étendait sur l'emplacement de la partie
centrale de la Manche vers l'île de Wight.
» C'est dans cette vaste dépression que se sont formés les lagunes et
leurs produits saumâtres etligniteux.
» Le pays de Bray y constituait une île. La mer s'était retirée vers le
nord, abandonnant non seulement les enviions de Londres, mais la Bel-
gique entière, car les couches saumâtres à Cjrena cuneiformis découvertes
à Ostende prouvent que les lagunes s'étendaient encore plus au nord.
)i Quant au Boulonnais, uni à la région crayeuse des Wealds, il s'est
trouvé tantôt formant une île comme le pays de Bray, tantôt, par suite de
la mise à sec du détroit de Douai, constituant un promontoire entouré à
l'ouest par les lagunes; dans ce cas, celles-ci ne pouvaient communiquer
que de ce côté avec la grande dépression septentrionale de la mer du Nord.
1) Un mouvement d'oscillation inverse du précédent a ramené les
choses dans l'état où elles étaient lors du golfe de Bracheux; une nou-
velle faune marine, celle des sables de Cuise, est venue habiter la dé-
pression parisienne.
» Ainsi, pendant la première phase de la période tertiaire, celle de
l'éocène inférieur, une partie de l'emplacement actuel de la Manche a été
couverte par la mer du Nord, qui communiquait avec le bassin de Paris
par les plaines de l'Artois. Dès lors, on s'explique aisément comment
cette même mer a pu s'avancer jusqu'à Valognes à l'époque précédente
(danieune) et aussi à l'époque suivante, celle de l'éocène moyen, comme
je l'ai admis depuis longtemps pour expliquer la présence dans le petit
bassin de Carentan de dépôts qui ont la plus grande analogie avec notre
calcaire grossier.
» Mais il existe au sud de la Bretagne, dans le département de la
Loire-Inférieure, des couches marines qui viennent d'être étudiées avec
beaucoup de soin et de sagacité par M. Vasseur. D'après les résultats de
cette élude que j'ai eu récemment l'honneur de présenter à l'Académie,
ces dépôts appartiennent à l'époque du calcaire grossier supérieur. Ils
offrent, avec ceux de la même époque que l'on trouve dans le Cotentin,
une parfaite identité. De part et d'autre la faune est la même, et c'est
une faune très remarquable par le nombre et la beauté des formes spé-
cifiques. L'identité est même plus grande qu'avec le calcaire grossier du
bassin de Paris.
n II est impossible de ne pas admettre avec M. Vasseur une commu-
( i323 )
nication directe de la mer entre le Colenlin el la Loire-Inférieure. On
démontre facilement que celte communication ne pouvait, en raison du
relief du sol, avoir lieu à travers la Bretagne, de Valognes à Rennes. La
mer devait nécessairement contourner la Bretagne, comme l'indique la
fi(j. 2 (ligne }.
,''' .Londres <^
MER DUi- \ \''
NORD'/ /
WuxeUés\ ,-
::::, BRETAGNE ::?Rennes
-,.--I.de-Wiplrb .:.-ï6i '■ ; ^r ^ ■
: • '=' / ^'z'^. \' •Valeucienues
.,-a;.: ...•■■•p^;^^->--.. \\ ARDENNES
•) ~- ( .iMantes ; ^Reims .
PLATEAU
CEtvITFiAL
Mer du calcaire gvossici' inférieur.
Mer des sables de Fontainebleau.
Prolongement hypothétique du canal à l'époque des sables de Fontaine-
bleau.
» On a ici la preuve que le canal de la Manche était, sauf le détroit de
Calais, complètement ouvert à l'époque de l'éocène moyen, et, par con-
séquent, c'est une présomption pour que celte ouverture ait pu exister à
l'époque de la craie supérieure.
» Lajtg. 2 montre l'étendue couverte, dans l'Europe septentrionale, par
la mer du calcaire grossier inférieur; mais rien ne prouve que le bassin de
Paris commîiniquât avec la mer du Nord pendant la formation du calcaire
grossier supérieur, le calcaire à cérites d'Alex. Brongniart. Aucun dépôt
correspondant à cette époque n'a été signalé sur le pourtour de la mer du
Nord, ni sur les côtes orientales de l'Angleterre, ni en Belgique, ni dans
l'Allemagne septentrionale, où l'éocène manque en entier. Il est extrême-
ment probable que le bassin de Paris était alors limité au nord par la
C. R., i88o, I" Semestre. (T. XC, N» 23.) >7^
( i324 )
saillie connue sous le nom d'axe de l' Artois, laquelle, se continuant en
Angleterre vers le comté de Wilts, séparait le bassin de Londres de celui
du Hampshire et fermait également de ce côté toute communication avec
le nord.
M C'est donc de l'Atlantique que dépendait à ce moment le golfe parisien,
dont les eaux, souvent saumâtres, ont été quelquefois remplacées par des
eaux douces, surtout dans les parties méridionale et orientale de la
dépression.
" Ces conditions expliquent pourquoi la faune du calcaire grossier
supérieur de Paris est assez pauvre et pourquoi l'on n'y trouve que bien
rarement des espèces marines de taille un peu forte.
» Les recherches de M. Vasseur, exécutées dans un petitbassin du littoral
de l'Atlantique, nous font connaître un grand nombre de formes franche-
ment marines associées aux espèces saumâtres du bassin de Paris. Elles
nous permettent d'avoir une idée exacte de la faune marine de cette
époque. »
M. Daubrée, en présentant une Étude intitulée : Descartes, l'un des créa-
teurs de la Cosmologie et de la Géologie, en fait le résumé suivant :
« L'influence extraordinaire que Descartes a exercée sur les progrès de
l'esprit humain a été bien souvent appréciée. Chacun sait combien, en par-
ticulier, les Mathématiques et la Physique lui sont redevables. Cependant,
il ne paraît pas que l'on ait, jusqu'à présent, rendu un assez complet hom-
mage à ce puissant génie, et qu'on ait reconnu en lui un des créateurs de
la Cosmologie et de la Géologie.
» Dans une synthèse des plus hardies, et dont l'esprit humain n'avait
pas encore offert d'exemple, Descartes, continuant à transporter la Mathé-
matique dans des régions entièrement nouvelles, osait, le premier, consi-
dérer tous les phénomènes célestes comme de simples déductions des lois
de la Mécanique.
)) Affirmer l'idée mère de la belle théorie cosmogonique par laquelle
Laplace a couronné le magnifique édifice dont Copernic, Kepler et Nevrton
avaient élevé les assises; proclamer l'unité de composition de l'univers phy-
sique : telles sont, entre autres, les propositions fondamentales qu'avait
suggérées à Descartes une intuition merveilleuse qui n'appartient qu'au
génie.
« Je montre, dit-il, comment la plus {jrande partie de ce chaos devait, ensuite de ces lois,
( i325 )
se disposer et s'arranger d'une certaine façon ijdi le rendait semblable à nos cieux, comment
quelques-unes de ses parties devaient composer une terre et quelques-unes des comètes, et
quelques autres un Soleil et des étoiles fixes ('). »
» Pour comprendre combien était neuve et capitale l'introfluction clans
la philosophie naturelle de cette grande idée, qui faisait dériver tons les
mouvements des corps célestes des principes de la Mécanique, il faut se
rappeler qu'on parlait encore de force animale, A'appétit Jiaturel {Copernic)
ou cVàine (Kepler), qu'on supposait gouverner tous ces mouvements.
» Ainsi que le dit Laplace, Descartes substitua aux qualités occultes des
péripatéticieus les idées intelligibles de mouvement, d'impulsion et de force
centrifuge.
» Descartes dit ailleurs :
0 II n'est pas malaisé d'inférer de tout ceci que la Terre et les cieux sont faits d'une même
matière {')■ "
» D'une part, l'analyse spectrale est parvenueà surprendre dans le Soleil
et jusque dans les étoiles les indices d'éléments matériels semblables à ceux
qui abondent dans notre planète. D'autre part, une ressemblance bien plus
intime encore qu'on n'aurait osé le croire trouve sa démonstration tangible
dans ces nombreux débris errants qui, venant échouer sur notre planète,
nous apportent des échantillons des astres dont ils sont détachés. Non seu-
lement les météorites n'ont fourni aux investigations les plus approfondies
aucun corps simple qui nous soit étranger, mais aussi, parmi les combi-
naisons minérales qui constituent ces débris célestes, la plupart sont abso-
lument les mêmes, dans leur forme cristalline comme dans leur nature
chimique, que celles qui appartiennent à certaines masses terrestres. Lors-
qu'elles en diffèrent, il est facile, par une opération chiuuque des plus
simples, de les réduire à l'identité.
» De tels rapports achèvent de nous prouver que les astres loin tains dont
ces fragments nous fournissent le témoignage ont passé par les mêmes évo-
lutions que celles qu'a subies notre planète, et que nous entrevoyons déjà
dans le Soleil et dans les étoiles. Ainsi l'histoire de notre Terre s'agrandit
dans la profondeur de l'espace comme dans celle du temps, et elle devient
un exemplaire abrégé de l'histoire de l'univers.
)) Aujourd'hui donc que resplendit plus clairement que jamais l'unité
I ' ) Discours sur la méthode, V° Partie.
(2) Les principes de la Philosophie, écrits en latin par René Descartes et traduits en
français par un de ses amis. II" Partie, § 22, p. 72, édition de 1668. — C'est eni644 que cet
Ouvrage parut d'abord en langue latine.
( i326 )
qui règne dans la constitution matérielle du monde, combien ne devons-
nous pas rendre hommage au grand homme qui parmi nous, il y a plus
de deux siècles, a ouvert un tel horizon !
)) Descartes reconnut aussi que la chaleur a rempli un rôle capital dans
la formation du globe terrestre. Il considéra la Terre, ainsi que les autres
corps opaques connus sons le nom de planètes, comme des astres refroidis
à leur surface et enveloppés d'une croûte solide.
« Feignons, dit-il, que cette Terre où nous sommes a été autrefois un astre..., en sorte
qu'elle ne différait en rien du Soleil, sinon qu'elle était plus petite, mais que les moins
subtiles parties de sa matière, s'attacliant peu à peu les unes aux autres, se sont assemblées
sur sa superficie et y ont composé des nuages ou autres corps plus épais et obscurs, sem-
blables aux taches qu'on voit continuellement être produites, et peu après dispersées, sur la
superficie du Soleil ('). »
» Si l'on se reporte à l'époque de Descartes, lors même qu'on se place
en présence d'idées que faisaient entrevoir les immortelles découvertes de
Copernic, de Kepler et de Galilée, il faut reconnaître que c'était une inno-
vation bien hardie que d'assimiler les astres obscurs, tels que la Terre, aux
astres lumineux, tels que le Soleil.
» Poursuivant avec méthode et rigueur la pensée qui l'avait guidé dans
sa conception de l'univers, ainsi que dans celle de l'origine de notre pla-
nète, Descartes voulut aussi considérer, au point de vue de la Mécanique,
l'histoire du globe terrestre, ainsi que l'arrangement et les déplacements de
ses différentes parties. Il rattacha les dislocations que présente de toutes
parts la voiite terrestre au refroidissement et à la contraction de la masse
qui la supporte.
» On ne peut exprimer plus clairement qu'il n'a fait que l'émersion des
continents et la formation de leurs inégalités sont le résultat d'un dépla-
cement relatif des voussoirs de la croûte terrestre (-).
» Une telle vue s'était présentée à l'esprit de Descartes, quoique l'étude
du sol n'eût pu encore lui fournir aucune base d'induction.
» Cependant la belle conception du philosophe français sur l'origine des
aspérités du globe, malgré l'appui que Sténon lui avait prêté, fut pendant
longtemps méconnue, cédant la place à des hypothèses auxquelles on n'ac-
corde plus aujourd'hui aucun fondement, et ce n'est qu'à la suite de vives
(') Les principes de la Philosophie, édition française de 1668, TV Partie, § 2, p. 286.
(') Édition française de 1668, W Partie, § 42, p. 822 et 323. — Une figure représente
très nettement la pensée de Descartes.
( «327 )
et longues luttes que la Géologie a été ramenée à l'idée si féconde de Des-
cartes.
» C'est par le feu central, reste de la cbaleur initiale, que Descartes
explique l'arrivée des métaux dans les filons, sous forme cV exhalaisons.
Son assertion que les fiions ont été remplis par des émanations partant de
ta projondeiir, complètement adoptée par Siénon, fut confirmée un siècle
plus tard par Hutton. D'innombrables observations ont établi ultérieu-
rement que les filons métallifères ont, en effet, des relations intimes
avec les régions internes et avec les dislocations du sol. On arrive à recon-
naître que, pour la plupart, il est vrai, ils ont dû être remplis par des sub-
stances pierreuses ou métalliques, tenues en dissolution dans les eaux
thermales, dont ces dernières ont incrusté leurs canaux d'ascension. Ce
mécanisme rentre complètement, comme on le voit, dans la formule de
Descartes.
» Comme si ce n'était pas assez de tant d'autres titres qui le recommandent
aux siècles futurs, et malgré des erreurs qui sont de son temps et de l'hu-
manité, Descartes nous apparaît donc, en résumé, comme un initiateur de
ces sciences que nous nommons aujourd'hui Cosmologie et Géologie.
)) Dans nos jours d'activité fiévreuse, où chacun poursuit ses recherches
sans s'inquiéter toujours de ceux qui lui ont préparé les voies, il m'a paru
équitable et opportun d'exercer une sorte de revendication publique, en
signalant à la reconnaissance de tous ces idées sublimes de l'homme qui,
à l'éternel honneur de la France, sut pénétrer d'un même regard le monde
de la matière et celui de l'esprit. »
M. Th. dd Moxcel, en présentant à l'Académie la troisième édition de
son Ouvrage sur le téléphone, le microphone et le phonographe, s'exprime
de la manière suivante :
« Depuis le mois de décembre 1878, époque à laquelle'a paru la deuxième
édition de cet Ouvrage, bien des expériences intéressantes ont été entre-
prises avec le téléphone et ont conduit à des résultats très inattendus :
ainsi, on est parvenu à former des téléphones avec un simple fil de fer tra-
versé par un courant; on a pu faire parler des portes et des tables; la trans-
mission de la parole a pu se faire à haute voix, sous l'influence d'actions
chimiques encore inexpliquées, et des compagnies se sont formées dans
divers pays pour permettre l'échange des idées entre les divers habitants
( i328 )
d'une ville. Ces installations, très nombreuses en Amérique, commencent
à s'organiser en Europe, et à Paris il existe aujourd'hui deux compagnies
pour ce genre de service, qui ont déjà un nombre assez grand d'abonnés.
Le téléphone, on le voit, n'est pas resté un simple instrument de curio-
sité, comme on l'avait cru un instant; il constitue une des inventions les
plus importantes de notre siècle, et ses applications se multiplient chaque
jour.
» Dans ma nouvelle édition, qui a été considérablement augmentée,
j'entre dans de longs détails sur toutes ces applications et sur tous les per-
fectionnements qu'on a cherché à apporter à l'instrument primitif de Bell :
c'est ainsi que je décris les appareils de Gower, de Blake, de Crossiey, d'Ader,
deBoudetde Paris, de Bourseul, de Champvallier, de P. Bert et d'Arsonval,
d'Edison, de Dolbear, etc., les expériences curieuses de MM. Coulon,
Righi, Trêve sur le condensateur chantant, celles de MM. Watson et Ader
sur les transmissions téléphoniques à circuits ouverts, celles plus curieuses
encore de M. Crépaux sur la réception des sons à travers les murailles sans
récepteur téléphonique, celles de M. Hughes avec son audiomètre et sa
balance d'induction, etc., etc. La question n'est, du reste, qu'à son début,
et bien d'autres découvertes viendront encore d'ici à peu de temps nous
surprendre, et je suis heureux que l'intérêt public qui s'y attache me per-
mette de renouveler à des époques assez rapprochées les diverses éditions
de mon Ouvrage. »
NOMINATIONS.
L'Académie procède, parla voie du scrutin, à la nomination d'un Corres-
pondant pour la Section de Chimie, en remplacement de feu M. Favre.
Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 43,
M. Chancel obtient [\i suffrages.
M. Houzeau » i ^>
M. Reboui » I »
M. Chancel, ayant obtenu la majorité des suffrages, est proclamé élu.
( '329 )
MEMOIRES PRESENTES.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Théorèmes sur la décomposition des polynômes.
Mémoire de M. D. Carrère. (Extrait par l'auteur.)
(Commissaires : MM. Bonnet, Puiseux, Bouquet.)
«1 Ce Mémoire comprend deux Parties :
)) Dans la première Parlie, je démontre un théorème qui permet de
déduire immédiatement, des restes obtenus en cherchant le plus grand
commun diviseur d'un polynôme et de sa dérivée, les restes mentionnés
dans le théorème de Sturm.
» Dans la seconde Partie, je me propose principalement de montrer
que, en modifiant le procédé suivi actuellement pour décomposer un poly-
nôme qui a des racines égales en polynômes n'ayant que des racines simples,
on peut obtenir les nombres respectifs de racines réelles de tous les poly-
nômes composants, à l'exception d'un, sans effectuer aucune opération
sur ces polynômes et même avant de les connaître. »
VITICULTURE. ~ Résultat des traitements effectués sur les vicjnes atteintes par le
Phylloxéra. Note de M. P. Boiteac.
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
« Par celte Note, je me propose de faire connaître à l'Académie le ré-
sultat des traitements effectués sur nos vignes et leur état de végétation.
» Les viticulteurs, dans les premières années du mal, ne peuvent
pas croire à la ruine qui les menace et ne font aucun effort pour faire
disparaître le minuscule puceron qui, après deux ou trois années de
présence, anéantit leurs plus belles espérances. Ce n'est que lorsque les
vignes sont tombées dans un état de décrépitude avancé qu'ils jugent du
désastre et qu'ils cherchent à disputer le peu qui leur reste. Souvent toutes
les peines et toutes les dépenses sont perdues : le mal est sans remède. Il
existe des cas où, cepen 'ant, le moribond se relève presque toujours et où
l'on ne travaille pas en pure perte : c'est lorsqu'on a affaire à déjeunes
vignes, qui sont toujours capables de reconstituer leur système radiculaire,
( i33o )
si délabré qu'il soit. Pour les vieilles vignes, il ne faut pas chercher à
les restaurer si le mal est trop avancé : ce serait perdre son temps et son
argent. Dans ce cas, il vaut mieux les arracher et opérer de nouvelles plan-
talions, que l'on soignera dès leur jeune âge.
» Nous tenons également à prémunir les viticulteurs contre la végétation
relativement belle de celte année. 11 est certain qu'en général la pousse
se fait bien et que les vignes ont de beaux pampres et beaucoup de fruits.
Il ne faudrait pas croire, pour cela, que le Phylloxéra a abandonné la partie
et qu'il n'y a plus qu'à se croiser les bras et à laisser agir ki nature. C'est
le moment d'être plus attentif que jamais et de chercher à profiler de
cette accalmie pour engager une lulte qui tournera à l'avantage de ceux
qui voudront se défendre.
» Si la végétation se fait mieux cette année que les années précédenles,
cela tient à plusieurs causes, que nous allons énumérer.
» Il est certain que le Phylloxéra est en décroissance dans les contrées
fortement atteintes. Le peu de racines saines qui restent, surtout la petite
quantité de radicelles, nuit énormément à la prolifération de l'insecle et à
la formation des nymphes, et par suite aux sexués. Le levain est cependant
toujours assez puissant pour que la multiplication recommence sa marche
ordinaire, dès que les conditions se modifieront.
» L'année 1879 a été très pluvieuse, surtout pendant la période estivale,
ce qui a nui d'un côté aux migrations du Phylloxéra et à sa multiplication
et de l'autre a favorisé la végétation de la plante et la formation de nou-
velles racines qui sont restées assez saines. L'hiver dernier a été très froid
et très sec, ce qui a ameubli le sol et préparé une bonne végétation pour
cette année. La végétation relativement froide de cette année a forcé le dé-
veloppement des pampres et la sortie de nombreuses radicelles qui n'ont
pas encore été atteintes par le Phylloxéra.
» Toutes ces circonstances étant favorables au végétal et nuisibles ou
indifférentes à l'insecte, il n'est pas étonnant que la première période de la
végétation se passe dans de très bonnes conditions et que la vigne en pro-
fite pour réparer le mal qui lui avait été causé. Seulement cet état ne durera
pas longtemps et, dès que les migrations des insectes deviendront assez in-
tenses pour paralyser la force végétative, cette amélioration perdra bien
vile ce qu'elle avait pu gagner par suite de circonstances atmosphériques
particulières.
» Les viticulteurs ne doivent pas se fier à cette amélioration factice et ils
doivent agir immédiatement, pour profiter de ce répit, en maintenant par
( i33i )
la culture et par les engrais cette exubérance de sève, de manière à arriver
à l'hiver prochain dans de bonnes conditions pour que le traitement d'alors
produise tout son effet.
» Les vignes que nous avons traitées depuis trois ans sont dans un état
de végétation qui ne laisse rien à désirer. Les accidents, survenus par suite
des traitements intempestifs des deux premières années , sont presque
effacés, et l'on se figurerait difficilement l'état dans lequel se trouvaient ces
vignes il y a deux ou trois ans.
)) Il y a cependant une limite d'âge qu'il ne faut pas dépassersi l'on veut
restaurer utilement un vignoble. Les vignes au-dessous de quinze ou vingt
ans se reconstituent d'une manière remarquable, quel que soit leur état de
maladie ; mais il n'en est pas de même de celles qui sont trop âgées et qui
ne peuvent pas refaire leur système radiculaire. Pour ces dernières, il est
préférable de les arracher et de leur substituer de jeunes plantations.
M Dans les contrées relativement humides, il est démontré que, si l'on
prend une vigne tout à fait au début du mal, il est possible de la maintenir
en bon état de santé, en lui appliquant un seul traitement cultural tous les
deux ans. Pour les vignes très malades, il faut persévérer pendant trois
années dans les traitements consécutifs; ce n'est qu'après cette période
qu'on peut les alterner.
Tous les viticulteurs et tous les syndicats qui ont opéré d'après mes der-
nières indications n'ont eu qu'à se louer des résultats: il n'y a pas eu un
seul accident d'arrêt dans la végétation. La mortification des racines dans
le rayon d'action et à la profondeur que j'ai déterminés l'année dernière
s'est fait observer encore cette année ; seulement ces accidents ont été
moins fréquents et moins prononcés, à cause de la sécheresse de l'hiver
dernier. Il faut toujours se tenir en garde contre ces accidents inévitables et
chercher à les rendre le moins offensifs possible.
M Malgré nos observations et nos indications, quelques personnes ont
voulu opérer à leur guise ou d'après des procédés que nous avions con-
damnés; mal leur en a pris, car nous avons constaté, ces jours derniers,
des mortifications, ou un arrêt de végétation qui équivaut presque à la
mort, par l'application de quatre injections autour des ceps et à des dis-
tances de o^jso, o'",25 ou o",3o, avec des doses de 8^'' par injection, soit
32^' par cep. Ces faits se sont renouvelés toutes les fois qu'on a entouré les
pieds de vigne d'une ceinture de trous, soit par un traitement simple, soit
par des traitements réitérés. Nous engageons les viticulteurs et les direc-
teurs de travaux à se départir de ces procédés et à ne plus employer que
li. R., 1880, I" Semestre. (T. XC, Pi' 23.) ' 7^
( i332 )
la méthode à lignes parallèles, avec les doses de 20^'' par inètre carré appli-
quées à deux ou trois trous. Nous avons des centaines d'hectares traités
dans ces conditions où pas un seul accident n'a été signalé.
» Je connais un grand vignoble du Médoc où, après avoir employé pen-
dant l'hiver le sulfure de carbone en nature, on applique en ce moment le
sulfocarbonate de potassium, à la dose de 50^^^ par mètre carré avec 3o'"
d'eau. Dans les deux cas, les résultats sont remarquables et nul accident
n'a été constaté.
» La défense devient générale, les syndicats se multiplient, et si, pen-
dant la saison dernière, le sulfure de carbone n'avait pas inanqué, il se
serait traité une surface double de celle qui l'a été. La campagne pro-
chaine se présente avec un entrain général et les viticulteurs ne réclament
plus que du sulfure de carbone pour sauver leurs vignobles. Tout ce que
je désire, c'est que beaucoup ne soient pas déçus dans leurs espérances par
suite de la rareté de la marchandise.
» Il est un fait que peuvent constater les pessimistes et les détracteurs de
tous les traitements : c'est que les vignes traitées depuis deux ou trois ans
ont les pampres de toute beauté, comme grosseur et comme couleur, et que
les fruits sont des plus abondants. Il me semble même, seulement je ne le
donne pas comme absolu, que la végétation des vignes traitées est plus luxu-
riante que cellequ'elles possédaient avant d'être atteintes par l'insecte. Si, par
cas, le sulfure de carbone produisait, par le soufre qu'il contient, un effet
stimulant ou amenait une assimilation plus complète de quelque agent de
la végétation, on pourrait être dédommagé des dépenses que l'on est obligé
de faire pour vaincre le Phylloxéra.
» Des analyses sont en cours d'exécution afin de nous fixer sur ce qu'il
pourrait y avoir de fondé dans cette manière de voir. Dans tous les cas, le
sulfure de carbone ne stérilise ni le sol ni la vigne. »
M. E. d'Arras adresse une Communication relative au Phylloxéra.
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
M. A. Béchamp soumet au jugement de l'Académie un Mémoire compre-
nant le résumé de ses recherches sur les matières albuminoïdes.
(Commissaires: MM. Dumas, Milne Edwards, PeUgot, Fremy, Cahours.)
Un Anonyme adresse un Mémoire pour le concours du grand prix des
( i333 )
Sciences nialhématiqiies; le nom de routeur est renfermé dans un pli ca-
cheté portant pour devise « Non inultus premor ».
(Renvoi au Concours.)
M. HuET adresse, pour le grand prix des Sciences physiques, un Mémoire
intitulé « Nouvelles recherches sur les Crustacés isopodes ».
(Renvoi au Concours.)
M. Gélineac adresse à l'Académie im Mémoire portant pour titre
« De la narcolepsie ».
(Renvoi au Concours des prix de Médecine et Chirurgie.)
M. Cii. MoROT adresse à l'Académie, par l'entremise de M. Bouley,
un Mémoire intitulé « De l'origine des pelotes stomacales des lièvres et
des lapins ».
(Commissaires : MM. Bouley, Vulpian, Marey.)
CORRESPONDANCE.
M. le Ministre de l'Instruction publique transmet à l'Académie une
Lettre du Consul de France à Charleston dans laquelle se trouve signalée la
découverte du zircon aux environs d'Asheville, dans les montagnes de la
Caroline du Sud.
M. DuBRUNFAUT adressB deux cent dix pièces qui ont appartenu aux
archives de l'Académie.
L'Académie renouvelle ses remercîments à M. Dubrunfaut.
GÉOMÉTRIE CINÉMATIQUE. — Nouvelle génération de la surface de l'onde
et constructions diverses. Note de M. A. Mannheim.
« J'ai l'honneur de communiquer à l'Académie les généralisations que
j'ai annoncées dans ma dernière Communication (') et quelques construc-
tions nouvelles.
(M Voir séance du 26 avril 1880.
( '334 )
» Les arêtes des dièdres droits, dont les faces sont respectivement tangentes à
deux ellipsoïdes liomojocaux donnés, forment un complexe du deuxième ordre.
M U arête d'un de ces dièdres occupe une position limite, lorsqu'en menant
aux ellipsoïdes les normales A, B, dont les pieds sont les points de contact a, b
des faces (A), (B) de ce dièdre, on obtient des droites qui se rencontrent.
» Dans leurs positions limites les arêtes de ces dièdres sont tangentes à une
même surface de l'onde [c].
» Le point de contact c d'une droite limite G et de [c] est le point de rencontre
de G et du plan (A, B).
» De là résulte cette nouvelle génération de la surface de l'onde.
» Si un angle droit acb, dont les cotés sont respectivement tangents à deux
ellipsoïdes homofocaux donnés, est tel que son }>lan est normal à ces deux surfaces
en chacun des points de contact a, b de ses côtés, son sommet appartient à une
surface de l'onde.
» Quel que soit le déplacement du plan mobile ach, son foyer est au point de
rencontre J des normales A, B; la dioite cj est la normale à la surface de
l'onde [c].
» Autrement : La normale à la surface de l'onde [c] est la droite qui joint
le sommet c de l'angle droit au milieu de la droite ab.
» Le plan de l'angle droit acb est tangent au sommet c à un liyperboloïde
liornofocal aux ellipsoïdes donnés.
a Si deux cônes de même sommet, circonscrits aux ellipsoïdes, sont tels que dans
l'un de leurs plans principaux communs les génératrices de l'un des cônes sont
respectivement perpendiculaires aux génératrices de l'autre, leur sommet appar-
tient à la surface de l'onde [c].
» Parmi ces cônes, ceux qui sont de révolution ont leurs sommets aux
points coniques de la surface de l'onde [c].
» On projette orthogonalement l'un des ellipsoïdes sur le plan tangent en un
point m de l'autre et l'on mène de ce point des normales à la ligne de contour
apparent ainsi obtenue : les pieds de ces normales appartiennent à la surface
de l'onde [c].
» Les droites telles que G forment une congruence dont la focale se
compose de deux nappes : l'une est [c] et l'autre une certaine surface [e].
» Proposons-nous de construire le point e oh G touche [e] et la normcile E
en ce point à cette surface.
» La droite G est la projection du diamètre oc de [c] sur le plan (T),
tangent en c à cette surface, ou encore, la droite G est l'aréle du dièdre
droit, dont les faces sont (T) et le plan diamétral (o, G).
( i335 )
» Fixons à ce dièdre le plan qui coïncide avec (A, B), c'est-à-dire mené
par c perpendiculairement à G. Nous avons alors un trièdre trirectangle
dont les arêtes sont : G, la normale C en c à la surface de l'onde, et une
droite menée de c perpendiculairement à ces deux droites.
» Si nous déplaçons d'abord ce trièdre de telle façon seulement que (T)
reste tangent à [c] et que C soit toujours normale à cette surface, tous les
déplacements de cette figure de forme invariable peuvent s'obtenir au
moyen d'une infinité de couples d'axes de rotation. Ces axes sont, comme
l'on sait ('), des droites menées, à partir des centres de courbure princi-
paux situés sur C, dans les plans des sections principales de [c].
» Mais puisque la face (o, G) du trièdre mobile doit toujours contenir
le centre o, les axes D, A, au moyen desquels on peut obtenir tous les
déplacements du trièdre, sont alors déterminés : ils doivent rencontrer la
perpendiculaire élevée de o au plan (o, G). On a donc cette construction :
.) Du point o on élève une perpendiculaire au plan (o, G); celte droite ren-
contre en a, ^ les plans des sections principales de [c] pour le point c; on joint
respectivement «, j3 aux centres de courbure y,, y.^; les droites ay,, P72 ^ont les
axes D, A cherchés.
ï) Ces axes permettent de répondre immédiatement à la question posée :
» Les perpendiculaires à G, qui rencontrent D, A, sont les normales C, E aux
nappes de la focale, et les pieds e, c de ces perpendiculaires sont les points de
contact de G avec cette focale.
» Considérons le paraboloïde hyperbolique dont les directrices sont D, A
et dont (A, B) est le plan directeur. Les points c, e sont les points de ren-
contre de G et de ce paraboloïde. Pour avoir e, coupons ce paraboloïde
par le plan (0, G) ; la section se compose de C et d'une droite qui contient e.
Mais cette droite passe par o et elle doit être dans un plan parallèle à D, A;
donc, le plan mené par o parallèlement à D, A coupe G au point cherché e.
» Ce plan rencontre C en un point /, qui appartient à la droite eo. On a
yii «o
» Conséquemment, le point i partage y, ya ^" segments proportionnels aux
tangentes des angles que le plan (o, G) fait avec les plans des sections princi-
pales de [c].
(') Voir Cours de Géométrie descriptive de l'École Polytechnique, comprenant les Éléments
(le la Géométrie cinématique, p. a^S.
( i336 )
» D'après cela, il est facile de construire /, el par suite d'obtenir e, au
moyen de la droite ioe.
» Il en résulte aussi que le point i est le centre de courbure, correspondant
à c, de la courbe de contour apparent de [c] projetée ortliogonalement sur
(A,B).
» Au moyen de la construction de Mac-CuUagh, on peut faire dériver [c]
d'un certain ellipsoïde (L).
>- Le point c de [c] correspond à un point l de (L).
» On peut construire, pour ce point Z, une droite G' analogue à G; les
droites G' forment une congruence dont la focale se compose de ( L) et d'une
autre surface. Sur G', on peut déterminer, comme nous venons de le voir,
le point e' où cette droite touche celte dernière surface.
)) En vertu d'un théorème que j'ai démontré ('), les points o, e, e' sont en
ligne droite.
» Il résulte de là qu'on peut trouver e, au moyen des éléments de cour-
bure de (L), sans avoir besoin de connaître les éléments de courbure de [c].
» Les droites D, A permettent aussi de construire le point où la face du
Irièdre, qui coïncide avec (A, B), touche la surface à laquelle elle reste
tangente; il suffit pour cela de prendre sur cette face le pied de la droite qui
lui est perpendiculaire et qui rencontre D, A.
» On a ainsi le point où le plan de l'angle droit acb, qui entre dans la
nouvelle génération de la surface de l'onde, touche la surface à laquelle il
reste tangent. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les formes cubiques ternaires. Mémoire
de M. H. PoiNCARÉ, présenté par M. Hermite. (Extrait par l'auteur.)
« Le but de ce Mémoire est d'appliquer à l'étude arithmétique des formes
cubiques ternaires la méthode ingénieuse qui a conduit M. Hermite à des
résultats si remarquables en ce qui concerne les formes décomposables en
facteurs linéaires et les formes quadratiques. Mais, avant d'aborder ce pro-
blème, j'ai dû résoudre diverses questions purement algébriques, relatives
aux formes cubiques ternaires.
» Je classe d'abord les transformations linéaires en quatre catégories.
Voir Comptes rendus, séance du i6 juin 1879.
( i337 )
A l'égard de la substitution linéaire
j'envisage l'équation en S
(2)
l X, = a, £
a?3 = aoÇ, 4-
'/s Çs»
a, — S
«3
/3.
H 2
^3
7.
73 -S
et je dis que la transformation (i) est de la première catégorie si les
racines de cette équation et les puissances entières semblaljles de ces
racines sont toutes distinctes, de la deuxième catégorie si les racines sont
distinctes sans que les puissances semblables des racines le soient. Si les
racines ne sont pas distinctes, la transformation sera de la troisième caté-
gorie si elle peut être regardée comme une puissance entière d'une trans-
formation de la deuxième catégorie, et de la quatrième catégorie daiislecas
contraire.
» Puis je définis les puissances fractionnaires, incommensurables, ou
imaginaires d'une substitution donnée.
» Je classe ensuite les formes cubiques ternaires en sept familles, d'après
les propriétés de la courbe du troisième ordre que représente en coor-
données trilatères l'équation obtenue en égalant la forme à zéro. La forme
sera de la première ou de la deuxième famille si celte courbe n'a pas de
point double, de la troisième famille si cette courbe a un point double à
tangentes distinctes, de la quatrième famille si elle a un point de rebrous-
sement, de la cinquième famille si elle se réduit à une droite et à une
conique qui se coupent, de la sixième famille si elle se réduit à une droite
et à une conique qui se touchent, enfin de la septième famille si elle se
réduit à trois droites. C'est la septième famille que M. Hermite a étudiée,
et je n'ai pas eu à revenir sur ces formes. Je définis dans chaque famille
une forme plus simple que les autres et que j'appelle la canonique de cette
famille.
» Je cherche ensuite, étant donnée une forme cubique ternaire, à trouver
le groupe des substitutions linéaires qui la reproduisent, et j'arrive aux
résultats suivants :
» 1° Les formes des trois premières familles ne sont reproductibles que
( i338 )
par des transformations de la deuxième catégorie. 2° Les formes de la qua-
trième et de la cinquième famille sont reproductibles par les puissances
d'une même substitution de la première catégorie. 3° Les formes de la
sixième famille sont reproductibles par une infinité de transformations dont
les coefficients dépendent de deux paramètres arbitraires. 4° Les formes
des première, deuxième, troisième et cinquième familles ne peuvent être
reproduites que par des substitutions de déterminant i ; il n'en est pas de
même de celles de la quatrième et de la sixième famille. 5° Les formes
qui se reproduisent par une transformation donnée de la première, de la
troisième ou de la quatrième catégorie doivent satisfaire à une équation
aux différences partielles donnée.
» J'ai cru devoir résoudre le même problème en ce qui concerne les
formes cubiques quaternaires, parce qu'il entraîne l'application de principes
un peu différents et une discussion délicate, et qu'une fois résolu il per-
mettra d'étendre sans trop de peine les résultats de ce Mémoire aux
formes cubiques quaternaires.
» Ayant résolu ce problème algébrique, j'aborde les questions arithmé-
tiques relatives à ces formes. J'appelle d'abord substitution réduite toute
substitution qui transforme la forme œ^-i-œl-{~ xl en une forme quadra-
tique réduite (définie comme le font MM. Korkine et Zolotareff, Mathema-
tisclie Annalen, t. VI). J'appelle forme réduite toute forme qui dérive de
la canonique par une substitution réduite. En ce qui concerne les formes
de la quatrième et de la sixième famille, qui peuvent dériver de leur ca-
nonique pardessubstitutions de déterminant i ou de déterminant différent,
je distingue les réduites principales qui en dérivent par une substitution
de déterminant i et les réduites secondaires.
» M. Jordan a démontré [Comptes rendus, 5 mai 1879) que, si le discri-
minant n'est pas nul, il ne peut dériver d'une même canonique qu'un nombre
fini de réduites à coefficients entiers. Je donne une démonstration nouvelle
de ce théorème, et, l'appliquant aux formes des deux premières familles,
je limite les coefficients de ces réduites en fonctions des invariants S et T.
Il Le nombre des classes dérivées de chaque canonique est fini dans la
première et la deuxième famille (et aussi dans la cinquième famille, toutes les
fois que T est négatif ou que 4 S n'est pas puissance quatrième parfaite).
Au contraire, le nombre des classes dérivées de chaque canonique est infini
dans la troisième, la quatrième et la sixième famille (et aussi dans la cin-
quième famille, toutes les fois que T est positif et 4S puissance quatrième
parfaite). Mais alors les classes se répartissent en genres, les réduites d'un
( >339 )
même genre se dédiiisaiU aisément l'une de l'Hutre, et le nombre de ces
genres est fini dans la troisième et la cinquième famille, infini dans la
quatrième et la sixième.
» J'étudie ensuite la distribution des réduites dans chaque classe. Les
classes des trois premières familles contiennent une réduite et une seule en
général. Celles de la quatrième famille ne contiennent qu'une réduite prin-
cipale et un nombre fini de réduites secondaires; celles de la cinquième
famille contiennent un nombre fini de réduites principales; enfin celles de
la sixième f^imille contiennent un nombre inïini de réduites principales et
secondaires.
» Quand une classe contient plusieurs réduites, il peut se faire qu'elles
se disposent en une chaîne où chacune d'elles est contiguë à celle qui la
précède et à celle qui la suit. Si le nombre des réduites est infini, cette
chaîne est indéfinie, et on peut la suivre indéfiniment sans retomber sur la
même réduite (c'est ce qui arrive pour les réduites principales de la sixième
famille). Si le nombre des réduites est fini, il peut arriver que la chaîne
reste indéfinie et que les réduites s'y reproduisent périodiquement, comme
dans le casdes formes quadratiques binaires (ce qui arrive pour la cinquième
famille, toutes les fois que T est négatif ou que 4 S n'est pas puissance
quatrième parfaite, et aussi pour certaines classes de cette même famille,
quand T est positif et /jS puissance quatrième parfaite). Il peut se faire
aussi que la chaîne soit limitée (ce qui arrive pour les réduites secondaires
de la quatrième famille et pour les réduites principales de certaines classes
de la cinquième famille, quand T est positif et S puissance quatrième par-
faite). Enfin, il peut arriver que les réduites, au lieu de former une chaîne,
forment un réseau, comme dans le cas des formes quadratiques ternaires
indéfinies (ce qui arrive pour les réduites secondaires de la sixième famille).»
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les fonctions irréductibles suivant un module
premier. Note de M. A.-E. Pellet,
« La théorie des fonctions cyclofoiniques conduit à une méthode pour
former directement des fonctions irréductibles de degré X, lorsque le
nombre X ne renferme que les facteurs premiers du module augmenté de
l'unité.
» Soienty^(a:) = o l'équation de degré 74
( i34o )
degré Iç'(A) transformée de l'équation /"( a;) = o en posant 7 = ;r + -•
p étant un nombre premier ne divisant pasA, y^(x) se décompose suivant
Je module p en 2-LJ facteurs irréductibles de degré v, plus petit nombre
tel que p'' — i soit divisible par k. Si y, (^)eseo (mod. p) admet une racine
entière a, le trinôme x^ — 2ax -+- i divisey(x) suivant le module/). Deux
cas peuvent se présenter : 1° x"^ — 2ax + i^^o{moà.p) a ses deux racines
réelles; alors les deux congruencesy(j:)^EO,y, (j-)^o ont toutes leurs
racines réelles, et k divise/? — i ; 2°x^— 2ax -h isso(mod./j) est irréduc-
tible; alors /(a?) se décompose en facteurs du second degré suivant le
module p. D'ailleurs, le produit des racines de x^ — lax -{- 1^0 étant
congru à i, x^^' — i est divisible par :c* — i, ou p -j- i par k. Les racines
de la congruencey, (^)^o(mod.y7) sont toutes réelles. Ces propositions
ont été l'objet de Communications antérieures de MM. Sylvester, Pépin,
Lucas et Dedekind. Si k ne divise aucun des nombres p + i, p — i,/i{/)
se décompose suivant le module p en facteurs d'égal degré, puisque les
racines de la congruencey, {j)^Eio peuvent toutes s'exprimer rationnelle-
ment en fonction de l'une quelconque d'entre elles, et ce degré est supé-
rieur à I, de sorte que/", (7) est irréductible {mod.p) si ^({i{k) est premier,
oe qui a lieu pour les valeurs de k égales à 9, 18, à un nombre premier ou
au double d'un nombre premier de la forme 2q + 1, q étant lui- même pre-
mier, comme 5, 7, 11, 23, 47, 5g, ....
» Supposons que k soit un diviseur de p -\- i autre que 2; si l'on rem-
place, dans. r^— aax 4- I, a; par x'^,X étant un nombre impair ne renfermant
que les facteurs premiers de k et étant premier avec ^-7— 5 x'^'' — 2ax^-h i
A*
est irréductible suivant le module /j (Serret, Algèbre supérieure, n°' 355 et
suiv.). b étant un nombre non divisible par/), la fonction
est également irréductible (mod.p). Elle ne contient que des termes de
degré pair en x; en remplaçante:^ pai' J*> 1^ nouvelle fonction sera, a for-
tiori, irréductible (mod . p) et de degré X ; si Â:= /)4- i , on peut prendre pour X
un nombre impair quelconque ne renfermant que des facteurs premiers
de /) + I . k étant un diviseur de /) — i autre que 2, et X étant un nombre
impair, premier avec — j— et ne renfermant que des facteurs premiers
( <3/ii )
fie A, ' > ' ^ '^ se décompose suivant le module n eu
•i{i — a) ' '
deux facteurs irréductibles de degré X; en remplaçant dans cette fonction
X- par j-, ou obtient une fonction irréductible de degré X, car autrement
la substitution de x- kj ne donnerait pas deux facteurs irréductibles de
degré X, puisque X est impair. Si l'on fait fc — 3, l'un des deux nombres ^ + i,
/j — I est divisible par 3 pour p > 3; on peut faire X égal à 3", « étant un
nombre entier quelconque si^-^ — n'est pas divisible par 3; — aa est alors
égal à I.
» Lorsqu'on a une fonction irréductible (mod. /)), de degré v, j'ai
démontré un théorème [Comptes rendus, 29 avril 1878) qui permet de for-
mer facilement des fonctions irréductibles de degré v . 2'. Eu effet, si l'on
remplace x par x' dansj\x), la fonction nouvelle f{x') est irréductible
ou se décompose en deux facteurs irréductibles de degré v suivant le
module p. Dans le premier cas, d'après le théorème que je viens de rap-
peler, le produit A des carrés des différences des racines dey(j:-)^o est
non-résidu quadratiqvie (mod.p)*, dans le second cas, A est résidu quadra-
tique. Or A = ( — i)"'2"'y(o)Aj, en supposant que le coefficient de a?"'
dansy(x) est égal à i, et A, représentant le A de/{x). Donc la fonction
—f{ax--i-b) sera irréductible si (— i)''"-^^ est non-résidu quadratique.
Cette condition étant satisfaite, la fonction -/[ax^^'-h b) sera également
irréductible suivant le module/;, quel que soit l'entier i, si v est pair. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Remarque relalive à deux intégrales obtenues
par Lamé dans la théorie analytique de la chaleur. Note de M, Escauy.
« Nous avons vu [Comptes rendus, t. LXXXVII, p. 646) que la fonction
(Il (c- - x'^)^rx"'-'- (^'-o(^-^-')^.y«-^-. ]
^ ' ^ ' |_ 2(2/2 — l) J
se met sous la forme
' ~2"-'r(2/+i)r(/2 + i)V'' '■ J dV"+' '
le polynôme entre crochets étant, à un facteur constant près, le coefficient
( i342 )
de a""' dans le développement de
1 +1
2
Or, si dans le polynôme P^"' on remplace, après avoir effectué les dériva-
tions indiquées, )/ par \Jc- — X''', ce polynôme s'écrit
aM - ^(^"-0 rS'ïi- xY "'"-''(^-^
J-i — 2•-'^[1t-^-l)^[/l-+■ i) ZjL i.2.3...f/.
I — 2]... In — ,"• + il
1^ = 0
X
dz"+
Jz=l
en posant n — l = ih, n tt l étant de même parité. Si « et ^ étaient de
parités différentes, on aurait en outre, comme facteur accompagnant X', le
radical \/c- — X-, et h serait égal à ■ •
» Maintenant nous multiplierons le polynôme sous le signe 2 par(— i)*,
ou, ce qui est la même chose, nous changerons c^ — X- en X- — c*. Alors,
posant X- — c'- = x-, le polynôme 'P^'', égalé à zéro, donne l'équation
qui, rendue rationnelle et décomposée en deux autres, a 2/ racines imagi-
naires et égales à ic en valeur absolue, et « — / racines réelles, inégales et
comprises entre — c et + c. Donc l'équation
'Pi"' = o
a L racines nulles et qui peuvent être considérées comme étant réelles ou
imaginaires, et n — l qui sont réelles, inégales et comprises entre — c\/2
et + c y/2.
I) Si, dans le polynôme
on remplace p' par ip\ substitution à laquelle on est conduit par la géné-
ration du polynôme entre crochets au moyen du développement de la
puissance
5/-H
(i — 2a/p'-f- a-c') '■' ,
( «343 )
il prend une forme identique à celle du polynôme (i) et peut s'écrire, en
posant //3'= z et prenant l'imaginaire z pour variable indépendante,
' ~2"-'r(2/-M)r(« 4-1)*^ ' dz"-^'
Remplaçant dans ce dernier polynôme z par \jc- — p'^, ce qui suppose
p- — p'' = c', on obtient
— 2)...(/J — p. + l)
, . ;''^' -2"-'r(2/+i)r(« + i)P ZL^ ^ 1.2.3. ..f.
(,2j ^ 1^ = 0
x^??^^'"'(^'-''') 1=,'
fonction qui est de même forme que 'f/". Donc l'équation R^" = o présente,
à l'égard de ses racines, les mêmes circonstances que l'équation ($'/" = o.
Elle a, par conséquent, / racines nulles et ii — l qui sont réelles, inégales
et comprises entre — c y/a et 4- c ^2.
» La relation entre trois fonctions consécutives à laquelle satisfont les
polynômes P)"', savoir
(„_/)p(")_(2«-l)X'P<"-" +(« + /- l)c=P5''-''=0,
devient, par le changement de X' en \/c- — X'-,
(3) (n - /)$<"' - (2« - 0 Vc' - X^ 23
2^ U-iraeslre 1879 4^4 '3o
4= .. 1877 420.43
4= ■> 1876 4i8,6o
2= » 1876 4i5,54
» 3. La diminution des vitesses en fonction du temps de chargement est
encore rendue manifeste par les abaissements déplus en plus grands du point
moyen des coups, lorsque l'on tire le fusil d'infanterie avec des cartouches
de différentes époques de fabrication. Le Tableau suivant donne les résultats
obtenus dans un tir de justesse, fait à 200™ avec un fusil placé sur un
affût et pointé avec précision à l'aide d'une lunette.
Expériences faites le 27 avril iQQo.
Dates du chargement Abaissements des points moyens
des cartouches. au-dessous du but visé.
m
24 avril i88o 0,60
Juillet 1878 0,61
Mai 1878 0,68
Mai 1877 OjQS
Août 1876 o»90
» 4. On a constaté, en outre, dans les mesures des vitesses, que les écarts
étaient d'autant plus grands que la cartouche était plus ancienne. Par suite.
( '3/,9 )
la justesse devait diminuer quand on employait des cartouches chargées de-
puis longtemps. Cette prévision a été confirmée parles tirs de justesse, qui
ont montré que les rectangles contenant tous les coups tirés avaient des
surfaces plus grandes pour les vieilles cartouches que pour les neuves.
» 5. On a mesuré les poids des charges de poudre et des balles et l'on a
reconnu que ces poids différaient des poids réglementaires de quantités trop
faibles pour expliquer les variations observées de vitesse, de portée et de
justesse. On a été conduit à attribuer ces variations aux états différents et
à l'altération progressive de la poudre, états révélés par un examen atten-
tif des charges et caractérisés par la présence d'agglomérations grises, par-
fois mélangées de substances verdâtres.
» 6. L'analyse chimique des matières agglomérées recueillies dans des
cartouches fabriquées en 1876 a prouvé que ces matières étaient un mé-
lange de : charbon, soufre, salpêtre, sulfure de potassium, sulfate de po-
tasse, carbonate de potasse, sesquicarbonate d'ammoniaque, auquel
s'étaient joints encore des sels métalliques provenant de la combinaison
du laiton des étuis avec les corps constitutifs de la poudre (sulfures et sels
basiques).
» Le Tableau suivant donne le dosage des poudres extraites de car-
touches, modèle 1874, chargées à des époques différentes.
Dates du char-
gement
des cartouches. Charbon.
4"trim. 1877. 14,994
4°trira. 1876. 14,975
a'^trim. 1876. 14^967
» Ces résultats indiquent que la poudre s'est décomposée progressive-
ment et que les transformations qu'elle a subies par le temps ont été d'autant
plus grandes que les diminutions constatées des vitesses des balles sont
plus considérables.
» 7. Les essais faits sur des cartouches de différentes provenances et
conservées dans des magasins du nord et du midi de la France ont donné
des compositions très variables. D'autre part, l'analyse des poudres dé-
posées dans des barils et non en contact avec des métaux a révélé égale-
ment des mélanges non identiques. On est donc porté à conclure que les
transformations de la poudre dans les étuis métalliques dépendent à la fois
de son état primitif au moment du chargement et des conditions dans les-
quelles ont eu lieu la fabrication et la conservation des cartouches.
» 8. Les quantités de poudre transformées dans les étuis sont, dans le
Sesquicar-
Sulfure
Sulfate
Carbonate
bonate
de
de
de
d'ammo-
Soufre.
Cuivre.
Zinc.
potassium.
potasse.
potasse.
niaque.
Salpêtre.
7,708
0,219
o,i3i
0,1 54
i,i85
»
0,557
74,984
7,663
0,339
o,.84
0,l3l
1,545
»
o,383
74.741
7,637,
0,359
o,i88
0,176
1,743
traces
o,236
74,678
( i35o )
même temps, plus ou moins considérables suivant les influences atmosphé-
riques, et spécialement l'humidité, qui ont agi soit au moment de la fabri-
cation, soit pendant la conservation en magasin. Ces altérations peuvent
avoir lieu même en dehors du contact des métaux, quoique à un moindre
degré.
» 9. On a placé au contact d'une poudre, dont la composition avait été
déterminée préalablement, différents métaux usuels : cuivre, fer, étain,
plomb et zinc. On a ajouté de petites quantités d'eau et, au bout d'un cer-
tain temps, on a analysé de nouveau la poudre. On a trouvé qu'il s'était
produit des composés nouveaux, entre autres des sels du métal expérimenté
et du sulfate de potasse. On a même reconnu des traces d'hyposulfile et de
carbonate de potasse.
» La durée de l'action de l'eau et du métal sur la poudre a été déter-
minée par l'emploi du téléphone, modifié dans certains cas par la substi-
tution à l'aimant d'une tige de fer ordinaire, et par l'interposition, sur le
trajet du courant, d'une résistance variable, disposée de façon à rendre le
son à peine perceptible.
B On a ainsi reconnu que le zinc, puis le cuivre devaient occasionner
les transformations les plus importantes de la poudre humide. Le plomb,
l'étain et le fer paraissent agir d'une manière moins efficace. Cette conclu-
sion est d'accord avec les résultats des analyses chimiques.
» 10. L'étude de l'influence de la chaleur sur la poudre en contact avec
les métaux a été faite en employant seulement le zinc et le cuivre. Lorsque
la poudre bien sèche est placée dans une boîte, faite avec l'un de ces mé-
taux et hermétiquement fermée, l'action de la chaleur est nulle.
» Si la poudre est humide, la transformation est, au contraire, accélérée
par une température élevée. »
BALISTIQUE. — Tir optique intérieur dans les batteries couvertes.
Note de M. B. de Fraysseix.
0 Les bouches à feu en usage dans la marine sont devenues depuis
quelque temps de véritables armes de précision. Cependant le mode de
pointage n'a pas suivi ces progrès et ne permet pas d'utiliser la portée et
la justesse des canons dans toute leur perfection.
M Dans le mode de tir actuel, le boulet atteint le but si la ligne qui joint
le but au guidon de mire passe par le cran de la hausse, cela est indubi-
table. Or le tireur ne peut savoir que cette condition est remplie qu'en
maintenant son œil dans le prolongement de cette ligne eu arrière du cran
( .35. )
de la hausse, et c'est pourquoi il est exigé de lui une extrême habitude,
avec les plus hautes qualités de la vue et du sang-froid. Nos tireurs sont
exercés et leur valeur ne peut être contredite, mais quel excellent tir ne
pourrait-on pas attendre d'eux si, de leur poste de tir, ils voyaient plus
aisément le but à battre et s'ils pouvaient, au moyen d'un instrument d'op-
tique de précision, être avertis de l'instant favorable pour faire feu!
» Voici comment ce double problème peut être résolu dans les batteries
couvertes.
» On sait que les rayons qui frappent une lentille convergente en sortent
parallèlement à eux-mêmes et que la ligne qui joint un point à sa propre
image passe par le centre de la lentille. Ceci posé, on dévissera la masse de
mire du canon et l'on vissera à sa place une lentille dont le centre corres-
pondra au sommet du guidon de la masse de mire. Cette lentille pourra
glisser sur son axe dans un double manchon gradué pour la mise au point
et qui servira de télémètre.
)) Les rayons venus de l'objet à battre seront transmis par la lentille sur
un petit écran blanc fixé au cran mobile du curseur de la hausse, et sur
lequel le point de tir correspondant au sommet du cran sera fixé par l'in-
tersection de deux lignes perpendiculaires. L'horizontale servira à pointer
d'avance le but en hauteur et, le pointage en direction l'amenant à passer
sur le point de tir, le tireur fera feu. Il bénéficiera de la finesse de la vue de
la lentille et de la position qu'elle occupe près de l'ouverture du sabord.
Des rideaux légers et opaques suffiront à empêcher le jour d'entrer par le
sabord autrement que par la lentille.
» Le tir ne devant avoir lieu qu'au moment précis du contact de l'image
du but avec le point de tir, les défauts de position de l'écran, ses inclinai-
sons ou déformations autour du point d'attache au cran de mire, n'ont
aucune importance pratique. Mais, quand l'écran s'élève avecla hausse, la
ligne de mire traverse la lentille de plus en plus obliquement, et le calcul
de la marche de la lumière dans la lentille montre que cette ligne ne sera
pas déviée de façon à nuire à la précision du tir.
ù Le pointage sera donc d'une précision mathématique et la chance d'at-
teindre le but aussi grande que possible. »
M. Ed. Becquerel, à propos de la Note intéressante de M. de Fraysseix,
fait remarquer que des expériences ont déjà été faites pour remplacer par
un objectif le guidon des pièces d'artillerie d'un fort calibre.
Une Communication de M. Faye à la séance de l'Académie du 12 dé-
( i352 )
cembre 1870 (') mentionne l'installation d'un système de ce genre, dû à
l'initiative de M. Le Roux. Depuis cette époque, des essais ont été faits, et
les résultats, tout à l'avantage de ce système, 'sont indiqués dans le Mé-
morial de V Arlillerie de la Marine.
CHIMIE. — Sur V oxyde de fer colloïdal. Note de M. L. Magxier de la Source,
présentée par M. Wurtz.
« En soumettant à la dialyse les dissolutions basiques de perchlorure
de fer découvertes par M. Béchamp (^)et considérées par cet auteur comme
des oxychiorures à composition définie, Graham(') parvint à éliminer
une proportion notable du chlore qu'elles renfermaient et obtint un pro-
duit dont la composition pouvait être exprimée par la formule
SoFe^O' + Fe^Cl";
mais Graham n'ajoute pas si, à son point de vue, le chlorure ferrique
non encore séparé doit être considéré comme une impureté ou s'il est en
combinaison avec l'oxyde, si une dialyse plus prolongée, en un mot, ne
parviendrait pas à l'éliminer.
B L'industrie, dans le but d'une application thérapeutique, prépare
aujourd'hui, sous le nom de fer dialyse, des dissolutions fortement basiques
de perchlorure de fer présentant toutes les propriétés des oxychiorures de
M. Béchamp.
» J'ai analysé un certain nombre de ces dissolutions, et je leur ai trouvé
une composition très variable.
)) La plus pauvre en oxyde renfermait i2Fe^0''H- Fe-Cl*, et la plus
riche 3oFe=0'-+-Fe=Cl°.
» Cette dernière, provenant de la maison Bravais, ne différait donc pas
du produit obtenu par Graham. Sept échantillons de fer Bravais furent
analysés successivement : six d'entre eux conduisirent à la formule
3oFe-0' -t-Fe-CI" ; unseul se rapprocha davantage de agFe-O' 4-Fe^Cl''.
» Fallait-il attribuer cette invariabilité de composition du fer Bravais à
l'impossibilité de séparer au moyen de la dialyse la dernière molécule de
chlorure ferrique? Était-on là en présence d'une combinaison véritable, d'un
(') Comptes Tendus, t. LXXI, p, 872 .
(') BÉCHAMP, Annales de Chimie et de Physique, 3" série, t. LVI et LVII.
(') Graham, Annales de Chimie et de Physique, 3" série, t. I/XV.
( i353 )
oxyclilorure limite? Tel est le problème que je me suis efforcé de
résoudre.
» J'ai étendu le fer Bravais de quatre fois sou poids d'eau, de manière
à obtenir une solution renfermant 0,80 pour 100 d'oxyde de fer environ,
et j'ai soumis ce liquide à une dialyse prolongée pendant trois mois. Le
produit, analysé au début de l'expérience, puis de mois en mois, a pré-
senté des variations décomposition exprimées par les rapports suivants,
3oFe-0' + Fe-Cl%
64Fe=0=+Fe-ClS
)02Fe*0'-+-Fe-Cl%
ii6Fe='0' + Fe='Cl%
et, après cette dernière analyse, il passait encore des traces de chlore à
travers la membrane; mais la difficulté d'apporter quelque précision dans
le dosage d'un élément n'existant plus, pour ainsi dire, qu'à l'état de
traces dans le produit ne m'a pas permis de pousser plus loin mes déter-
minations quantitatives. Je puis seulement affirmer que la solution renfer-
mantFe-Cl°-f- ii6Fe-0' perd encore du chlore par dialyse.
» Je crois pouvoir conclure de cette expérience que l'hydrate ferrique
est, dans certaines conditions, soluble par lui-même, sans qu'il soit besoin,
pour expliquer sa solubilité, d'admettre que cet hydrate est engagé dans
une combinaison plus ou moins complexe. M. Debray (*), par des con-
sidérations d'un ordre différent, a été conduit, il y a déjà longtemps, à une
conclusion identique.
M L'hydrate ferrique, en se séparant du chlorure, ne change pas d'as-
pect. Sa dissolution, de très légèrement acide, devient d'une neutralité
complète au papier de tournesol le plus sensible. Elle est limpide par trans-
parence et par réflexion (quand elle n'a pas subi l'action prolongée de la
lumière). Traitée par le ferrocyanure de potassium et l'acide acétique, elle
donne du bleu de Prusse; il convient donc d'admettre avec Graham que
le peroxyde de fer soluble appartient au type de l'hydrate normal
2Fe''0',3H20
etnon au type modifié Fe^O% H- O ou métaperoxyde de fer de Péan de
Saint-Gilles. La dessiccation dans le vide à la température ordinaire du fer
Bravais confirme cette manière de voir.
Debbay, Comptes rendus, t. LXVIII, p. 916.
( »354 )
» Évaporé dans le vide sec (à la température de i5°-i8°), le fer Bravais se
transforme en écailles brunes que l'eau ne dissout plus, mais qui, triturées
avec ce liquide, lui donnent une coloration jaune assez intense et lui commu-
niquent la propriété de précipiter abondamment l'azotate d'argent. L'hy-
drate et le chlorure sont dès lors séparés, mais celui-là a perdu sans retour
sa solubilité. Le poids total du produit sec, poids déterminé par l'expé-
rience, peut être calculé en fonction des poids de fer et de chlore renfermés
dans une solution de composition connue : Fe^Cl''+ 3oFe^O'.
» En effet, si l'hydrate est l'hydrate normal 2Fe^0% 3H^0, le produit
sec aura pour composition
i5(2Fe-0%3FFO)+Fe='Cl%4H='0 = 6oo7,
et, comme ôaFe = 3472, il suffit de prendre le poids du fer renfermé dans
une dissolution pour pouvoir, au moyen d'une simple proportion, déter-
miner à l'avance le poids de l'extrait sec, la formule 2Fe-0% 3H-0 étant
considérée comme exacte.
» Deux déterminations ont été faites, et l'accord entre la théorie et l'ex-
périence a été complet :
Extrait sec rapporté à loo"^" de fer Bravais.
Théorie. Expérience.
1 4'^32 4=%34
II. . ; 4''%72 4"'. 72
» lia composition de l'hydrate ferrique soluble est donc bien celle de
l'hydrate normal, et c'est à tort que cet hydrate a été quelquefois confondu
avec le meta peroxyde de fer, dont il n'a du reste ni l'aspect ni les propriétés.»
CHIMIE. — Sur un nouveau sulfate d'alumine [sulfate d'alumine sesquibasique).
Note de M. P. Marguerite.
0 L'alumine et l'acide sulfurique se combinent en proportions variables.
La plus connue de ces combinaisons estlesulfate monobasique AP O', 3S0' ;
tel qu'on l'obtient industriellement, il contient presque toujours un excès
d'acide et d'eau, sa cristallisation en paillettes retenant toujours une quan-
tité notable de liquide interposé.
» En étudiant le sulfate d'alumine résultant de la décomposition de l'alun
d'ammoniaque par la chaleur, nous avons isolé un nouveau sulfate d'alu-
mine, correspondant à la formule
AFO',2SO%i2HO.
( .355 )
» Si l'on rapporte cette formule à 3**1 d'acide sulfiirique, elle s'écrira
|Al=0',3SO',i8IIO.
» Comparé aux sulfates monobasique, bibasique et tribasique, le nouveau
sulfate correspondra donc au sulfate sesquibasique, et c'est ainsi que nous
le désignons.
» Il se présente sous forme de cristaux nets et définis; ce sont des rhom-
boèdres tantôt simples, tantôt terminés par des pyramides à quatre pans:
sa cristallisation diffère donc totalement de celle du sulfate d'alumine ordi-
naire, dont les paillettes nacrées ont un aspect onctueux bien connu.
» L'eau froide et l'eau chaude le dissolvent aisément, et on peut le faire
cristalliser de sa dissolution suffisamment concentrée : une solution saturée
à i5° en contient environ 45 pour loo. Cette solubilité est donc voisine de
celle du sulfate ordinaire; la différence de solubilité des deux sels est pour-
tant suffisante pour qu'on puisse séparer par cristallisation le sulfate ses-
quibasique dans une liqueur saturée des deux sels.
» Calciné, il se décompose, comme le sulfate ordinaire, en donnant de
l'alumine. Il est à peu près neutre au papier de tournesol, auquel il commu-
nique seulement une teinte vineuse, et sans action sur l'outremer.
» La moyenne des analyses adonné :
Alumine. . , . . 21 ,20
Acide sulfiirique 33,84
Peroxyde de fer o,oi
Eau 44 >9°
Perte o,o5
100,00
d'où l'on a déduit la formule précédemment indiquée.
» Le premier mode de préparation au moyen duquel il a été obtenu est la
décomposition de l'alun d'ammoniaque par la chaleur. Quand on chauffe
au rouge avec ménagement de l'alun d'ammoniaque, il reste après l'opéra-
tion du sulfate d'alumine anhydre; si la calcinalion a été poussée plus loin,
il y a eu décomposition partielle. La matière, reprise par l'eau, donne une
liqueur qui, concentrée, laisse déposer des cristaux de sulfate sesquiba-
sique; on les purifie par des lavages à l'eau froide faits rapidement et une
nouvelle cristallisation.
» Le mode de production par l'alun d'ammoniaque n'est pas le seul pos-
C R., 1880, I" Semestre. (T. XC, N» 25.) I 7^
( i356 )
sible. Nous avons opéré sur le sulfate d'alumine ordinaire; desséché et cal-
ciné légèrement, il donne lieu à la même réaction. L'opération est assez dé-
licate : si la température n'est pas assez élevée, la décomposition ne se fait
pas; si elle l'est trop, on n'obtient que des sous-sels ou de l'alumine pure.
» On peut obtenir également le sulfate sesquibasique par voie humide.
Deux méthodes se présentent à cet effet : i° séparer une partie de l'acide
en l'engageant dans d'autres combinaisons; 2" en éliminer une certaine
quantité en y ajoutant de l'alumine.
» Pour la première, le mode de réduction qui réussit le mieux est le traite-
ment par le zinc; on n'obtient pourtant ainsi que de petites quantités de
sulfate sesquibasique. La seconde demande des dosages rigoureux ; mais,
avec des ménagements, elle permet d'obtenir le sulfate en question.
» Le nouveau produit présente précisément deux qualités qui manquent
au sulfate monobasique : il est nettement cristallisé et ne contient aucun
excès d'acide; en outre, éminemment soluble à chaud et à froid, il contient
21 pour 100 d'alumine, c'est-à-dire deux fois plus que l'alun et moitié
plus que le sulfate ordinaire.
» Au point de vue purement scientifique, ce sulfate d'alumine n'est pas
moins intéressant. En effet, si l'on compulse les divers Traités de Chimie, on
trouve, en y comprenant le nouveau produit, que les combinaisons d'acide
sulfurique et d'alumine aujourd'hui connues peuvent être classées ainsi :
Composition
Numéro. Désignation. Formule. Al^O'. SO'. HO.
1. Sulfate monobasique Al'OSSSO', 18HO i5,32 36, o3 48,65
2. Sulfate sesquibasique Al'0%2S0% 12HO 21, 3i 33,47 45,18
3. Sulfate bibasique 2 APO',3SO',36HO 18,69 21,97 59.34
4. » 3Al'0%4SO',3oHO 26,24 27,44 46,32
5. Sulfate tribasique 3Al^O%3SO%27HO 29,65 23,25 47,10
6. Sous-sel 4APOS3SOS36HO 3i,5o 18, 5o 5o,oo
7. >. 3APO',2SO%i8HO 38,73 20,25 41,02
8. .. 5APO%3SO',36HO 36, 5o 17,15 46,35
9. » 2AP0% S0%i6H0 35,67 '3>99 5o,34
10. » 5Al'0',2S0%36H0 38,69 '2,14 49,17
» La première remarque que suscite ce Tableau est la richesse exception-
nelle du sulfate sesquibasique qui représente un maximum, au moins pour
les composés notablement solubles dans l'eau ; mais, les rapports entre les
( >357 j
quantités d'acide et de base ne se présentant jias sous une forme simple, si
l'on rapporte le tout à une même quantité d'acide sulturique, la comparaison
devient plus facile :
Numéro. Désignation. l'ormule.
1. Sulfate raonobasique 2A1'0',6S0% 36HO
2. Sulfate sesquibusique 3Al'0%GS0% 36HO
3. Sulfate bibasique 4A120=,6S0% ■jaHO
'*■ » M''0%6S0', 45HO
5. Sulfate tribasique 6A1'0%6S0% 54HO
6. Sous-sel 8AP0%6S0% 72HO
7. » 9Al=0%6SO% 54HO
8. ioAl'0\6S0% 72HO
9- ■■ i2AP0%6S0S 96HO
10. ■• i5A1=0\6SO%io8HO
» En examinant cette liste, on voit que tous les équivalents d'alumine sont
dans un rapport simple avec ceux de l'acide sulfurique, sauf un ; nous re-
marquerons que le produit qui y correspond a été peu étudié et reconnu
seulement une fois après Berzélius ; d'ailleurs, son exposant | diffère peu de
•^ ou 5, chiffre demandé d'après la loi indiquée par les autres.
» Parmi les composés dont l'existence semble indiquée par la liste ci-
dessus, on peut déjà considérer comme à peu près certain que le premier
terme manquant Al'0%6SO%77zHO sera isolé ; en effet, quand on ajoute de
l'acide sulfurique au sulfate ordinaire, on obtient une masse présentant des
indices de cristallisation. «
CHIMIE. — Action du chlore sur le sesquioxyde de chrome.
Note de M. H. Moissas.
« Lorsque l'on maintient du sesquioxyde de chrome fortement calciné
dans un courant de chlore sec ou humide à la température d'ébullition du
soufre, à 44o°, l'oxyde n'est pas attaqué. Son aspect et sa composition ne
changent point. Si l'on répète l'expérience en employant un courant de
chlore sec et de l'hydrate de sesquioxyde de chrome (') que l'on porte
f ') L'hvdrate de sesquioxyde de chrome employé dans ces expéiiences a été préparé en
précipitant par l'ammoniaque : 1° une solution de sesquichlorure de chrome subliiué lavé
à l'eau distillée et dissous par une petite quantité de protochlorure; 2" une solution de
sesquichlorure préparée par l'action du l'alcool et de l'acide chlorhydrique sur le chromate
( i358 )
progressivement jusqu'à la température de 44o°> on voit d'abord de la
vapeur d'eau se dégager, puis, lorsque la température est voisine de 440",
d'abondantes vapeurs rouges apparaissent et viennent se condenser en un
liquide ayant l'odeur caractéristique de l'acide chlorochromique CrO'CI.
» Ce liquide se décompose au contact de l'eau en donnant une solution
rouge, qui, traitée par le sous-acétate de plomb, donne un précipité de
jaune de chrome, par l'eau de baryte un précipité jaune clair, par l'alcool
à l'ébuUition une solution verte laissant précipiter par les alcalis ou le
suifhydrate d'ammoniaque de l'hydrate de sesquioxyde de chrome. EnGn,
agité avec de l'éther et de l'eau oxygénée, ce liquide fournit la coloration
caractéristique de l'acide perchromique. On obtient donc bien, dans ces
conditions, des vapeurs d'acide chlorochromique.
» Voyons mainlenant comment peut s'expliquer cette réaction. Si nous
faisons passer à l^l^o° un courant de chlore parfaitement sec sur du ses-
quioxyde de chrome anhydre, mais non calciné, l'oxyde est attaqué; mais
on n'obtient plus d'acide chlorochromique. Le sesquioxyde est partielle-
ment transformé en sesquichlorure de chrome. La transformation n'est
complète que si l'on enlève par des lavages à l'eau additionnée de proto-
chlorure le sesquichlorure qui s'est formé et qui, en recouvrant l'oxyde,
rend beaucoup plus lente une attaque ultérieure.
» Si, au lieu d'employer du chlore sec, on fait agir à 44o° un courant de
chlore saturé de vapeur d'eau à une température de 8° ou 10°, les vapeurs
d'acide chlorochromique se produisent avec abondance. Une assez grande
quantité de chrome est ainsi entraînée à l'état de combinaison volatile. La
poudre marron résidu de celte opération, lavée, séchée avec soin et placée
dans les mêmes conditions, fournit de nouveau de l'acide chlorochro-
mique. En faisant barboter le chlore dans de l'eau portée à la température
de 20°, on n'obtient qu'une très petite quantité d'oxychlorure CrO'Cl,
bien que le sesquioxyde soit encore attaqué.
» Lorsque l'on fait agir ce même courant de chlore saturé d'eau à 10°
sur du sesquichlorure de chrome maintenu à 44o°> il se forme encore de
l'acide chlorochromique. Au contraire, un gaz inerte comme l'acide carbo-
nique saturé de vapeur d'eau à 10°, passant sur du sesquichlorure de
chrome à 44o°) "6 produit pas de vapeurs rouges.
» Enfin, si l'on analyse l'hydrate de sesquioxyde de chrome obtenu pré-
de plomb; 3" du sesquichlorure obtenu en saturant d'acide sulfureux un mélange de
bichromate de potasse et d'acide chlorhydrique.
( i359 )
cédemment et desséché à 44o°5 on remarque que l'oxyde ainsi préparé
n'est pas anhydre et qu'il renferme encore de 5 à lo pour loo d'eau.
» Ces difiérentes réactions expliquent facilement l'expérience qui nous a
servi de point de départ.
» Sous l'action du chlore sec, le sesquioxyde de chrome anhydre qui
n'a pas subi le phénomène d'incandescence, qui le rend difficilement atta-
quable par les acides, se transforme en sesquichlorure de chrome; mais,
s'il se trouve alors à 44f>°> soit dans le courant de chlore, soit dans l'oxyde,
une certaine quantité d'eau, celte eau sera décomposée, et il se produira
de l'acide chlorhydrique et de l'acide chlorochromique (') :
Cr=0'4-7iCl = Cr=Cl» + 30 + (7î - 3) Cl,
Cr=CP+ 4H0 -h«CI = 2CrO-Cl + 4HCl-+-(« -3) Cl.
» L'oxygène nécessaire à la formation de l'acide chlorochromique pro-
vient de la décomposition de la vapeur d'eau par le chlore à 44o''- Chaque
fois qu'à cette température l'oxygène et le sesquichlorure de chrome se
trouveront en présence, l'oxychlorureCrO^ Cl tendraà se former. On obtient
en effet des vapeurs rouges en faisant passer, à la température d'ébuUition
du soufre, un courant d'oxygène sec sur du sesquichlorure Cr-CP.
» Si l'on arrête l'action du chlore humide sur le sesquioxyde de chrome
non calciné au moment où se dégagent d'abondantes vapeurs rouges, et
que l'on ait soin de chasser l'excès de chlore par un courant longtemps
maintenu d'acide carbonique pur et sec, on obtient, en place du sesqui-
oxyde, une poudre brune dont la composition se rapproche des oxy-
chlorures de Moberg. Ce corps est un produit intermédiaire moins oxydé
que l'acide chlorochromique et décomposable par l'eau.
» Nous voyons donc que l'action du chlore sur le sesquioxyde de
chrome à 44o° sera très différente suivant que l'on emploiera l'oxyde
qui a été calciné ou celui qui ne l'a pas été.
» L'oxygène agira de même. Le sesquioxyde de chrome calciné ne
change point à 44o° dans un courant d'oxygène sec ou humide; le sesqui-
oxyde non calciné augmente de poids et donne un corps d'un gris noir dont
la composition se rapproche de la formule CrO*. Ce composé a pour pro-
priété caractéristique de dégager du chlore soit avec l'acide chlorhy-
(') La vapeur d'eau ne devra se trouver qu'en petite quantité en présence du sesqui-
oxyde de chrome et de l'acide chlorochromique, un excès de cette vapeur détruisant l'oxy-
ehlorure formé.
( i36o )
drique, soit avec un mélange de chlorure de sodium et d'acide sulfurique.
Ce caractère le rapproche du bioxyde de manganèse MnO*.
» En résumé, les différences que présentent les deux sesquioxydes de
chrome à 44°° en présence de l'hydrogène sulfuré, ainsi que je l'ai dé-
montré dans une Note précédente, en présence du chlore et de l'oxygène,
sont plus accusées que celles présentées par les différentes variétés allotro-
piques de protoxyde, d'oxyde magnétique et de sesquioxyde de fer. Leses-
quioxyde de chrome sera donc pour nous le type de ces oxydes dont le
changement de propriétés coïncide avec un dégageaient de chaleur. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur une combinaison de l' alcool allyliijue avec la baryte
anhydre. Note de MM. C Vincent et Delachanal.
o6
52,26
2,5o
0,00
■■-^
i,i4
o,o5
3,74
7,08
10,82
o,5i
44, 5o
182,00
226,50
10,86
.■^4>o4
342,00
466,04
22,35
76,86
116,78
193,64
9,28
47,38
22,64
70,02
3,35
Matière sèche dans le tubercule pour 100. 20,89
A déduire 6,00
Dîiférence (fécule) i4)^9
Fécule totale par hectare ^oS^^'^'jG
Acide
iulfurique
pour
saturrr
ios bases
5,ofi
1,52
2,12
0,06
8,76
Pommes de terre farineuses rouges
récoltées à Verrières (Seine-et-Oise)
en 187-; (H. Vilmorin).
Acide
sulfurujue
pour
saturer
las ijases
Pour
Tuber-
cules,
Fanos.
Tolal.
rûo kg
de
fécule.
kg
27010
kg
29S50
57360"
Go58
3o'l9
8107
Soooo
II
»
39.377
7,868
47,245
1,072
i',994
5,707
17,751
o,4o3
3,877
53,786
57,663
i,3o8
6,7=4
12,642
19,366
0,439
190-948
74,i53
265, 101
6,oi5
9,389
10,204
19,593
0,444
1,576
76,633
7,560
16,164
9,i36
92,797
0,207
2,I05
345,060
.382,000
727,660
■6,497
263,985
17', 97"
435,855
9,880
72,938
22,908
93,846
2,. 74
22 ,02
6,00
16,02
[,857
5,878
>, [Il
',577
8,
De ce Tableau on déduit :
« 1° Qu'il y A un rapport constant entre l'acide phospliorique total contenu dans le végé-
tal complet [tubercules et fanes) et la fécale ;
» 1° Quil y a également un rapport entre la fécule et le total des substances minérales
absorbées, la silice étant déduite ;
( i363 )
• 3" Qu'il y II fie grandes différences dans la proportion des principaux alcalis, chaux
et pottissc, rapportée à loo''^ de fécule ;
» 4° Mais qu'il f a eu substitution équivalente de ces alcalis^ de telle sorte que la
quantité d'acide sul/urique nécessaire pour saturer toi/tes les bases est sensiblement la même;
» 5° Que ces rapports ont été trouvés sur des pommes de terre de nature difrérinte, ro-
coltées sur deux sortes de terrains et à des époques assez éloignées ;
» 6° Que la silice varie dans d'assez grandes limites, de même que l'azote, ce que nous
avions montré déjà pour les betteraves.
» Ces analyses montrent bien la fixité de composition du végétal complet,
rapporté à loo''^ de fécule, la substitution équivalente et dans de grandes
limites de la chaux à la potasse, avec peu de variation pour les autres élé-
ments et une fixité remarquable dans la proportion d'acide pliosphorique
pour loo*"^ de fécule. Une autre variété de pomme de terre, dite chardon,
récoltée également à Verrières, en 1877, chezM. H. Vilmorin, a été analy-
sée complètement par M. Joulie. D'après ses résultats, nous avons trouvé
encore i''^, 10 d' acide pliosphorique pour 100''° de fécule. Le poids total des
cendres sans silice était un peu plus faible et n'atteignait que 8, 22.
u Enfin, une autre espèce, dite rose hâtive, a fourni le nombre 0,989
d'acide phosphoriqiie pour 100''^ de fécule. Le poids des cendres est descendu
à 7*'^. Mais ces différences peuvent s'expliquer, non pas pour Vacide phos-
phorique, car tous ces chiffres sont des plus rapprochés pour des expériences
et des calculs de cette nature, mais pour le poids des cendres : c'est que le
dosage de la fécule n'a pas été fait directement, mais la proportion estimée
d'après les indications de Payen. Néanmoins, le rapport de i''^, i d'acide
phosphorique pour 100''^ de fécule était, croyons-nous, déjà important à
signaler. Il est sensiblement le même que celui qui existe entre le sucre et
l'acide phosphorique dans la betterave. Prochainement nous aurons l'hon-
neur de soumettre à l'Académie les lois nouvelles de la composition des vé-
gétaux. »
CHIMIE AGRICOLE. — Analjse de graines de betteraves.
Note de MM. H. Pellet et M. Liebschctz.
« On a pris un mélange à parties égales des quatre sortes de graines ci-
après désignées: 1° betterave blanche à sucre à collet rose; 2° betterave
blanche Vilmorin améliorée; 3° collet vert et 4° la variété rose. Cent
graines de ce mélange pesaient 2S'',o83. Nos analyses ont été faites dans le
but non seulement de connaître la composition de la graine, ce qui a été
G. R., 1880, I" Semestre. (T. XC, N" 25.) ' 77
( i364 )
déjà publié, mais en outre de connaître aussi la différence de composition
qui pouvait exister entre les deux parties de la graine que nous avons dé-
signées, l'une sous le nom de dentelle ou partie extérieure, l'autre sous le
nom de noyau ou partie intérieure.
» On a pris un certain poids de graines, et par petites portions (de trois
à quatre grains) on les a passées entre deux surfaces de toile métallique
de fer en leur faisant subir une certaine friction. Après quelques se-
condes, la partie dite dentelle est à peu près détachée du noyau. Lorsque
la quantité de matière ainsi travaillée est jugée suffisante, on passe le tout
au tamis. Les noyaux restant sont de nouveau frictionnés, afin de séparer
auliuit que possible les deux parties à analyser.
» Sur chacune des matières ainsi séparées on a procédé à une analyse
aussi complète que possible. Les résultats ont été les suivants:
Composition de la graine de betterave a sucre.
Eau
Silice et matières insolubles
Acide phosphorique
Acide sulfurique
Clilore
Potasse
Soude
Chaux
Magnésie
Acide azotique
Ammoniaque
Matières azotées coagulables par l'eau
bouillante et l'acide acétique
Matières grasses et colorantes
Amidon, dextrine
Cellulose
Matières protéiques solubles
Matières indéterminées
Acide carbonique
Total ■.
Oxygène à déduire pour le chlore
Pour 100 gr
de
matière normale.
l4,000
4,869
0,340
0,596
0,283
2,690
1,267
2,090
2,344
o,o63
0,1 34
dont
dont
9,420 dont
2,000
13,729
26,000
3,750 dont
16,488
100,063
o,o63
0,016
0, II 1
1,507
0,600
2,23^
Pour 100 gr
de
cendres.
29,530
2,o63
3,614
1,718
16,298
7,684
12,680
I 4 ) 2 1 5
12,590
100,387
0,387
Pour 100 gr
de
matière normale.
0,142
0,898
0,225
0,147
1 ,020
o,55o
1,180
0,708
Traces.
o,io3 dont
8,280 dont
5,536
18,071
2o,83o
4>2g3 dont
27,105
ioo,o38
o,o33
OjOgG
■ i3i7
0,68;
Pour 100 gr
do
cendres.
2,Goo
i6,4io
4,120
2,695
18,617
10,047
2i,53o
12,888
11,750
100,607
0,607
CaVINE NOBM.ILE.
Pour 100 gr
de
matière normale.
11,446
0,845
o,8i5
0,280
o, 167
1,268
0,657
i,3i5
",947
0,009 dont
0, 108 dont
8,4o6 dont
5,010
17,425
21,600
4,211
25,526
ioo,o35
o,o35
,.
100,000 lioo,ooo
0,002
0,089
1,345
0,665
( i365 )
» Dans l'opération préalable que nous avons fait subir aux graines,
nous avons obtenu, pour loo*^' de graines :
er
Dentelle ou enveloppe '4)^7
Noyau 85, i3
100,00
» Les cendres ont été préparées par le lessivage des substances carbo-
nisées. On déduit de ces analyses que la quantité de matières minérales
renfermée dans la dentelle est près de trois fois aussi forte que celle de la
partie intérieure ou noyau, tandis que dans celle-ci la richesse en matière
grasse et en amidon est plus grande que dans la dentelle. Nous nous pro-
posons de conserver ces graines quatre ou cinq années, afin de vérifier si
l'oxydation de la matière grasse n'est pas la cause de leur non-germination
après un certain temps de conservation, ainsi que l'a constaté i\I. Ladu-
reau sur d'autres graines, spécialement sur les graines oléagineuses. »
CHIMIE AGRICOLE. — De ta désinfection et de la conservation au point de vue
agricole des matières animales, et notamment du sang, par l'emploi du bisul-
fate d'alumine et de l'acide nitrique. Note de M. Et. Vautelet.
« J'ai l'honneur de soumettre au jugement de l'Académie lui pro-
cédé destiné à traiter tous les détritus organiques provenant notam-
ment des abattoirs et des marchés, tels que le sang, les abats sans valeur,
boyaux, etc., etc., en un mot toutes les matières animales, si faciles à se
corrompre et à compromettre la santé publique. Pour ne citer qu'un
exemple, le sang provenant de la plupart des abattoirs, et même des abat-
toirs de Paris, est toujours traité d'une manière primitive, à l'air libre et
sans désinfection préalable. Il y a là une cause énorme d'insalubrité et en
même temps une perte considérable de matières utiles. Tout y est con-
traire aux lois hygiéniques les plus élémentaires et aux progrès de la
Science moderne.
» Le procédé que je propose consiste dans l'emploi des matières sui-
vantes dans des proportions déterminées: i° sulfate d'alumine; a" acide
sulfurique; 3° acide nitrique. Par l'addition de l'acide sulfurique au sul-
fate d'alumine, il se forme un bisulfate qui, moins soluble que le sulfate,
provoque rapidement une parfaite coagulation du sang. Le rôle de l'acide
( i366 )
nitrique est tout indiqué : coagulation de l'albumine du sang et formation
de nitrate.
» Ce traitement des matières organiques et surtout du sang provoque
une complète désinfection et empêche toute altération ultérieure, en
conservant à ces matières leur valeur fertilisante au point de vue agri-
cole. »
PHYSIOLOGIE. — Sur les effets plijsiologiqiies de l'érylhrophUine. Note
de MM. G. Sée et Bocuefontaine ('), présentée par M. Vulpian,
« L'érythrophléine, découverte par MM. N. Gallois et E. Hardy
en iSyô (*), est le principe actif extrait de l'écorce de VErylhrophlewn gui-
neense, de la famille des Légumineuses ; c'est un alcaloïde auquel ces auteurs
ont reconnu expérimentalement un pouvoir toxique considérable et une
action remarquable sur le cœur.
» L'action de l'érythrophléine sur le cœur, ainsi constatée, nous a sug-
géré l'idée d'introduire cette substance dans la thérapeutique des affections
cardiaques; mais il était nécessaire, auparavant, de contrôler par de nou-
velles expériences de Physiologie le pouvoir toxique de cet alcaloïde et sur-
tout d'étudier ses principaux effets physiologiques, notamment ceux qui
peuvent être enregistrés au moyen de l'hémodynamomèlre, du sphygmo-
scope et du pneumographe. C'est le résultat de cette étude que nous venons
communiquer très brièvement à lAcadémie.
» Les recherches, commencées sur des batraciens, ont été continuées sur
les lapins et les chiens. Nous mentionnons seulement des expériences pra-
tiquées sur ces derniers mammifères à l'aide de l'injection hypodermique
d'une solution déterminée d'érythrophlcine, parce que les limites de cette
Note ne permettent pas de rapporter les expériences faites sur les autres ani-
maux, soit par le même procédé, soit par d'autres méthodes d'introduc-
tion de l'agent toxique dans l'organisme.
» o^'^, oi d'érythrophléine introduit sous la peau d'un chien pesant 9''^
est demeuré sans effet appréciable ; o^'', 02 ont tué en deux heures un autre
animal de la même espèce, du poids de 14''^, 5. En d'autres termes, chez le
chien, l'injection hypodermique d'un milligramme d'érythrophléine par
(') Travail du laboratoire de clinique de l'Hôtel-Dieu.
(^) Archives de Physiologie cl Société de Biologie, 1876.
( '367 )
kilogramme de ranimai ne produit pas d'effets toxiques évidents; i'"*^', 5 au
contraire par kilogramme est mortel au bout de quelques heures.
» Plusieurs expériences comparatives établissent que le pouvoir toxique
de l'érylhrophléine est à peu près le même que celui de la digitaline
amorphe de MM. Homolle et Quevenne!
» Les premiers signes de l'intoxication consistent dans un peu d'agita-
tion, d'inquiétude, suivies d'une période d'affaissement qui précède les
efforts de vomissement ou les vomissements. Ces derniers phénomènes
sont en réalité les vrais symptômes initiaux de l'intoxication, et, si la dose
de poison n'est pas trop considérable, ils peuvent cesser : l'animal revient
alors assez promptement à son état normal.
» Le fonctionnement de l'appareil circulatoire est troublé comme celui
de l'appareil digestif. On observe l'augmentation de la pression sanguine
intra-artérielle, l'irrégularité, puis le ralentissement du pouls que l'on
trouve déjà notés dans le Mémoire de MM. N. Gallois et E. Hardy. La
période de ralentissement est remarquable par la régularité des battements
cardiaques, par l'énergie de chaque pulsation et par l'uniformité de la pres-
sion sanguine intra-artérielle. Cette pression, en effet, n'est pas modifiée
par les mouvements respiratoires, comme elle l'est ordinairement à l'état
normal, car, sur les tracés hémodynamométriques ou sphygmoscopiques,
les ondulations qui résultent de l'influence de la respiration sur la pression
sanguine, chez l'animal non intoxiqué, ne s'observent plus chez l'animal
qui subit l'action de l'érylhrophléine. Cette période est suivie d'une autre
pendant laquelle le pouls est extrêmement faible et accéléré ; les oscillations
de la pression sous l'influence de la respiration reparaissent; cette pression
diminue graduellement; les battements du cœur, de plus en plus faibles,
cessent par moments, puis s'arrêtent définitivement, tandis que la pression
sanguine devient nidle.
)) Les mouvements respiratoires semblent influencés directement par
l'érythrophléine, en même temps qu'ils le sont secondairement par les
troubles cardiaques. D'une manière générale, ils sont, au début, légère-
ment ralentis et plus amples. Lorsque les pulsations cardiaques sont
accélérées, dans la période terminale de l'empoisonnement, les mouvements
respiratoires sont extrêmement énergiques et plus fréquents. Dans presque
toutes les expériences, sinon dans toutes, les mouvements respiratoires
ont cesséau moment del'arrêtdu coeur. Plusieurs fois, à ce moment, l'animal
a poussé un grand cri. Une, deux et même trois minutes après la cessation
des battements du cœur, les mouvements respiratoires ont reparu, encore
( i368 )
énergiques, pendant deux ou trois minutes, pour s'arrêter alors définiti-
vement.
» Les fonctions de diverses parties du système nerveux paraissent trou-
blées par l'érythrophléine. Ainsi, l'excitation faradique des bouts thora-
ciques des nerfs vagues à la région cervicale n'a pas déterminé l'arrêt du
cœur chez l'animal intoxiqué comme il le produit sur l'animal sain. La
chute brusque de la pression sanguine qui survient sous cette influence
s'est au contraire manifestée également dans les deux cas. L'action frénatrice
ou modératrice du nerf pneumogastrique sur le cœur est donc modifiée
par l'érythrophléine, et l'on peut, avec cette substance, dissocier pour
ainsi dire physiologiquement les deux phénomènes circulatoires qui
résultent de l'excitation des bouts périphériques des filets cardiaques des
vago-sympathiques.
» L'excitation faradique des bouts céphaliques des pneumogastriques,
dans une période avancée de l'iiitoxicalion, n'entraîne pas l'accélération
du pouls qu'elle détermine tout d'abord dans les conditions normales,
mais elle agit sur la tension artérielle comme elle fait d'ordinaire, c'est-
à-dire en l'augmentant: c'est là encore une disjonction des effets phy-
siologiques.
w La faradisation des bouts cardiaques ou des bouts céphaliques des
nerfs vago-sympathiques entraîne donc, chez l'animal à l'état normal, les
mêmes modifications de la pression que chez l'animal qui a reçu de
l'érythrophléine. Le rythme du cœur, au contraire, est respecté par les
mêmes excitations faradiques chez l'animal intoxiqué par cet alcaloïde.
» Lorsque l'animal vient de mourir, on peut voir que le cœur
est en diastole, flasque et cependant rempli de sang. Quelquefois, les ven-
tricules cardiaques sont animés d'un mouvement de trémulation semblable
à celui qui succède à la faradisation de ces ventricules. Généralement, le
cœur n'a pas perdu sa contractilité électrique. Le nerf pneumogastrique a
conservé son action sur l'estomac. L'excito-motricité des nerfs phréniques
est ordinairement diminuée ou même parfois abolie, tandis que celle du
sciatique ou du sympathique cervical n'est pas amoindrie.
>> En résumé, la Physiologie démontre que l'érythrophléine agit non
seulement sur le cœur, mais encore sur l'appareil respiratoire, et cette
double action, sur ces appareils si importants, nous conduit à en faire
l'application à la clinique et plus particulièrement au traitement des affec-
tions cardiaques ou respiratoires. Nous soumettrons prochainement le
résultat de nos observations au jugement de l'Académie. »
( i369 )
ZOOLOGIE. — Sur quelques caractères anatomiques des Chiroptères du genre
Cynonycteris. Note de M. Robin, présentée par M. A. Milne Edwards.
« Parmi les grands Chiroptères frugivores réunis ordinairement sous le
nom de Roussettes, le genre Pleropus est presque le seul qui ait donné lieu
à des recherches anatomiques suivies ; la structure des autres genres, à part
le squelette et quelques particularités de l'appareil digestif, est à peu près
inconnue. La libéralité avec laquelle M. le professeiu' A. Milne Edwards a
mis à ma disposition un grand nombre d'exemplaires des divers groupes de
cet ordre m'a permis d'entreprendre une série de recherches à ce sujet. J'ex-
poserai ici les principaux résultats auxquels m'a conduit l'étude du Cyno-
nycteris amptexicaudata.
>) L'appareil salivaire est extrêmement développé; les côtés et la partie
supérieure du cou et de la tète, depuis l'épaule jusqu'à o™,oi en avant du
méat auditif, sont recouverts par deux masses glandulaires qui se rejoignent
sur la ligne médiane du dos. Il est facile d'isoler par la dissection les diffé-
rentes parties constitutives de ces masses glandulaires ; on reconnaît alors
que chacune d'elles est formée par l'intricalion d'une parotide et de deux
sous-maxillaires. La parotide ne présente aucune particularité intéressante,
si ce n'est que, contrairement à ce qu'ont observé, chez les P/ero/Jus, Cuvier
et M. R. Owen, elle est peu développée relativement aux sous-maxillaires
et forme à peine le tiers delà masse totale. La duplicité des sous-maxillaires
est, au contraire, un fait d'autant plus intéressant qu'il est peut-être com-
mun à l'ordre tout entier; au moins l'ai-je retrouvé chez toutes les Rous-
settes que j'ai étudiées et, parmi les Chauves-Souris ordinaires, dans plusieurs
espèces de Ve.spertilionides. Les deux glandes, très inégales en dimensions,
donnent naissance à deux canaux de Wharton qui, dans toute leur lon-
gueur, sont intimement accolés et vont déboucher par deux pores extrê-
mement rapprochés à la face inférieure d'une sorte de sous-langue rudi-
mentaire. Les glandes sublinguales sont bien développées comparativement
à ce qu'elles sont chez les Chauves-Souris insectivores et se rejoignent en
avant sur la ligne médiane, derrière la symphyse maxillaire, de manière à
former une sorte de fer à cheval qui tapisse la moitié antérieure de la
mandibule.
» Le tube digestif est très voisin de celui des Pleropus et ne présente
aucune particularité digne de remarque, sice n'estque, contrairement à ce
( '370 )
qui a lieu d'ordinaire chez les Chiroptères, il est facile de distinguer le gros
intestin de l'intestin grêle, sinon par le diamètre, au moins par la structure
de la muqueuse. En effet, tandis que la face interne de la première partie
de l'intestin est lisse ou du moins couverte de villosités peu accentuées, on
voit apparaître subitement à l'origine du gros intestin des plis longitudinaux
assez développés qui se continuent jusqu'à l'anus. Dans l'un des exemplaires
que j'ai eus à ma disposition, le diamètre était même sensiblement plus
considérable en ce point; mais l'état de conservation laissait trop à désirer
pour que j'ose en tirer une conclusion.
» La partie de l'organisme qui m'a présenté les dispositions les plus in-
téressantes est l'appareil génital. La femelle, en effet, présente deux utérus
entièrement distincts et ouverts séparément à la surface d'un museau de
tanche unique , disposition qui n'a été observée que chez un petit nombre
de Rongeurs et d'Edentés et qu'il est curieux de retrouver chez des ani-
maux que le perfectionnement de leur organisation fait d'ordinaire ranger
parmi les Primates. Cette duplicité de l'utérus est d'autant plus surprenante,
que ces animaux semblent ne jamais mettre bas qu'un seul petit à la fois;
au moins n'ai-je trouvé qu'un fœtus dans les deux individus que j'ai observés,
et qui étaient l'un et l'autre en état de gestation. Chacun des utérus est tu-
buliforme, très allongé et, à l'état de vacuité, d'un diamètre sensiblement
égal dans toute sa longueur. Son extrémité se termine abruptement par
une ligne presque transversale, à l'angle de laquelle naît un oviducte très
court, entièrement renfermé dans l'épaisseur du repli péritonéal qui con-
stitue la capsule de l'ovaire et ouvert par un pavillon non frangé dans la
lèvre même de l'étroite boutonnière qui fait communiquer cette capsule
avec la cavité abdominale.
» Les organes génitaux du mâle, très développés, comme ils le sont chez
tous les Chiroptères, sont surtout caractérisés par l'absence de vésicules sé-
minales et la présence d'un utérus mâle constitué par deux tubes longs
de o™, o3, repliés sur eux-mêmes, étroits à leur base et très renflés au con-
traire près de leur extrémité aveugle. »
ZOOLOGIE. — Sur la métamorphose du Prosopistoma. Note
de M. Alb. Vayssière, présentée par M. Blanchard.
« J'avais eu l'honneur de présentera l'Académie, en août 1878, et en
collaboration avec le D"^ E. Joly, une Note sur l'organisation du Prosopi-
stoma punctifrons.
( '37. )
» Nous avions eu à notre disposition, pour les éludes dont nous expo-
sions le résumé, un assez grand nombre d'individus vivants, et cependant
nous n'avions pu observer aucune transformation chez ces curieux In-
sectes. Nous étions ainsi amenés à accepter l'opinion de M. MacLachIan et
à admettre avec lui que le Prosopistome n'est qu'un Éphémérien adapté à
une vie aquatique permanente. Nos observations anatomiques, et plus
spécialement celles relatives à la concentration considérable du système
nerveux, semblaient confirmer cette hypothèse.
)) Elle doit être décidément rejetée : j'ai pu voir, le 3 juin, la métamor-
phose de deux Prosopistoma capturés dans le Rhône, près d'Avignon, en
avril dernier.
>) Voici les principales phases de cette métamorphose. Vers la fin du
mois passé, la coloration jaune ambré de quelques-uns des insectes que
je gardais en captivité s'était assombrie; je pus bientôt apercevoir par
transparence les premiers linéaments du nouvel individu, et, deux ou trois
jours après, l'animal se dépouillait de son enveloppe nymphale. Pour s'en
dégager, l'Insecte emploie les mêmes procédés que les autres types d'Éphé-
mériens.
» A l'état parfait, le Prosopistome ressemble assez exactement au Cœiiis
et rentre par suite, d'une manière définitive et indiscutable, dans la famille
des Éphémériens; son dernier anneau est muni de trois soies rudimentaircs
représentant les soies natatoires qu'il possède pendant ses états aquatiques.
0 Les modifications anatomiques amenées par cette métamorphose
seront étudiées plus tard dans une monographie complète de ce genre. »
ZOOLOGIE. — Sur une modification particulière d'un Acarien parasite .
Note de M. Méonin, présentée par M. Robin.
» Chez un grand nombre d'insectes parasites de végétaux on voit souvent
la femelle prête à pondre ou à donner naissance à des larves se couvrir
d'une sécrétion cotonneuse ou byssoïde, qui sert non seulement à la pro-
téger elle-même, mais encore à préserver sa progéniture de tout accident
pendant les premiers temps de la vie : c'est ce que l'on voit chez la plupart
des Cochenilles et chez le Puceron lanigère.
» Certaines Arachnides, aussi parasites de végétaux, jouissent de la même
propriété, et une espèce de Tétranique a précisément reçu le nom de Té-
tranique tisserand [T. telarius) à cause de cela. Dans ce cas, la sécrétion
C. R., i88o, i" Semestre. (^T. XC, N» 25.) '7'^
{ i372 )
cotonneuse de l'Acarien constitue une véritable nidification, exclusivement
destinée à protéger les œufs pendant les diverses phases de l'incubation et
pendant l'éclosion, car la femelle ne reste pas fixe pendant la ponte comme
les Coccides et l'Aphidien dont j'ai parlé plus haut : elle pond successive-
ment dans plusieurs nids.
)) Jusqu'à présent on n'avait observé rien de pareil chez les Acariens pa-
rasites des animaux ; le hasard vient de me rendre témoin d'un fait exac-
tement semblable chez un oiseau. Je me disposais à disséquer un Gros-bec
d'Amérique {Cardinalis fulgens Ch. Bonap.) quand, après avoir arraché les
plumes du thorax, je fus frappé de la présence de nombreuses taches
blanches ressemblant à de petites plaques de muguet, dont la partie nue,
médiane et sternale de la peau qui recouvre la face inférieure de la poi-
trine était parsemée. (J'ai conservé cette partie de peau étalée sur une
lame de verre.)
)) A la loupe, ces petites plaques blanches ont l'aspect d'une petite tache
de moisissure ; mais au microscope, et surtout après les avoir imbibées de
glycérine, qui les rend diaphanes, ces taches se montrent constituées par
un fin tissu sous lequel apparaît un groupe d'oeufs à différents degrés d'in-
cubation, de coques d'œufs vides et de petits Acariens jaunes en voie
de sortir de ces coques ou qui en sont déjà sortis. Ces Acariens ne sont
autres que des larves octopodes, qu'aux caractères anatomiques du rostre
et des pattes il est facile de reconnaître comme appartenant à l'espèce que
j'ai nommée Chelejtus Iteteropalpus da.ns le Mémoire consacré à la descrip-
tion d'un groupe nouveau d'Acariens parasites des rongeurs et des oi-
seaux, avec lequel j'ai constitué une tribu des Cheylélides parasites [^).
)) Dans sa belle étude sur l'anatomie et la physiologie des Sarcoptides
plumicoles (^), M. le professeur Ch. Robin a montré que ces derniers dé-
posent leurs œufs en tas à l'aisselle des barbes des plumes. Je pensais que
mes Cheylétides parasites agissaient de même, attendu qu'ils vivent com-
plètement avec eux et même leur font la chasse; je n'avais pourtant
jamais rencontré leurs œufs, qui sont remarquables et très grands (o™"", i8
sur o™", I [), avec ceux des Sarcoptides plumicoles. L'observation que je
viens de rapporter montre comment ces œufs sont pondus et quelle pré-
caution prennent les Cheylèles parasites pour les protéger, fait qui les rap-
proche singulièrement des Tétraniques, avec lesquels ils sont, du reste, si
( ' ) Journal de V Analomic et de la Physiologie de M. le professeur Ch. Robin, i8^8.
( - ) Comptes rendus, 3o avril iS68.
( i373 )
voisins comme organisation ; elle montre, de plus, que les larves de celte
espèce sont octopodes en naissant, caractère que n'ont pas celles des Té-
traniques, ni même celles des Cheylètes vagabonds, comme le Cheylelus
erudilus, »
MÉDECINE. — Observations helminthologiques et recherches expérimentales sur
la maladie des ouvriers du Saint-GothariL Note de M. E. Perroxcito,
présentée par M. Bonley.
a Dans une précédente Communication, faite en commun avec le pro-
fesseur Concato ('), nous avons appelé l'attention sur les causes de l'anémie
pernicieuse qui lait tant de victimes parmi les ouvriers occupés au perce-
ment du tunnel du Saint-Golhard. Nous avons signalé à cette époque la
présence, dans l'intestin des malades, de l'helminthe habituellement connu
sous le nom d'anch/loslome, et qui doit porter le nom de Dochmius
duodenalis.
» De nouvelles observations, plus nombreuses et plus précises, me
permettent aujourd'hui d'affirmer la nature essentiellement parasitaire de
la maladie. De plus, elles m'autorisent à déclarer que celle-ci est sous la
dépendance de trois espèces dilférentesd'helminthes, le Doc /imms^uoc/ena//s
de Dubini, VAnguillula stercoralis et V Anguillula inteslinalis de Bavay. Chez
certains individus, les anchylostomes existent seuls ou en grande majorité;
chez d'autres, au contraire, ce sont les anguillules qui prédominent ou se
rencontrent exclusivement, bien qu'il ne soit pas toujours possible d'établir
nettement le diagnostic différentiel entre ces deux variétés d'infection.
» Mes assertions reposent essentiellement sur ces faits, à savoir : i° que
certains sujets éliminent principalement des œufs qui offrent tous les
caractères de ceux des anchylostomes, et qui, après incubation, donnent
naissance à des larves appartenant à cette espèce; 2° que, chez d'autres
malades, les déjections contiennent un plus ou moins grand nombre d'oeufs
présentant les caractères anatomiques et l'éclosion très irrégulière des œufs
d'anchylostomes, mais produisant des larves très nettement distinctes des
premières par leurs caractères et par leurs mœurs, et que je déclare appar-
tenir à l'espèce Anguillula intestinalis de Bavay. En outre, chez les sujets
spécialement porteurs d'anguillules, j'ai fréquemment trouvé, dans les
[') Comptes rendus, séance du i5 mars i88o.
( "374 )
fèces récemment évacuées, parmi un nombre plus ou moins considérable
d'oeufs, des larves assez abondantes, s'agitant en tous sens, et présentant
tons les caractères anatomiqiies de V Jnguilhila siercorniisde B^vrj .
» J'ai tenté l'éducation des larves de ces trois espèces dans des condi-
tions particulières, et j'ai pu observer ainsi les diverses phases de leur vie
à l'état libre. Il résulte de ces recherches que l'embryon du Dochmius
duodenalis devient larve adulte sans subir aucune mue, mais en présentant
une transformation remarquable du pharynx. De plus (et c'est là sans
doute un fait d'une très grande valeur), la dernière phase du développe-
ment des larves à l'état de liberté est caractérisée par Vencapsulement, c'est-
à-dire par la formation d'une sorte de capsule chitinoïde transparente,
sécrétée par le tégument et enveloppant la larve d'une manière plus ou
moins étroite. Cette capsule s'imprègne de sels calcaires et devient géné-
ralement rigide. Cette phase marque évidemment le degré ultime du
développement de la larve en dehors du corps humain ; elle paraît corres-
pondre à la phase d'enkystement des vers à transmigrations et, comme
dans ce dernier cas, la larve doit infailliblement mourir si elle n'est
introduite dans l'organisme de l'hôle qui lui convient. J'ai constaté en
outre que ces larves peuvent, après leur encapsulement, résister à la
dessiccation pendant vingt- quatre heures au moins; cette résistance
démontre qu'elles sont susceptibles d'être transportées à distance par le
vent, en vertu de leur ténuité, avec les poussières en suspension dans l'air,
et d'infecter ainsi des localités jusqu'alors saines. Enfin, ces larves encap-
sulées vivent très activement dans les eaux, et l'on conçoit facilement
qu'elles puissent ainsi produire l'infection, même à des distances consi-
dérables s'il s'agit d'eaux courantes.
» Les larves de V Anguillula intestinalis s'entourent également d'une cap-
sule, quoique celle-ci soit très difficile à percevoir, mais leur mode de vie
est assez différent de celui des larves d'anchylostomes. Tandis que ces der-
nières, en effet, ovaiit leur encapsulement, ne peuvent pas vivre dans les
substances liquides, celles de l'anguillule, au contraire, meurent rapide-
ment en dehors de l'eau. La mort se révèle, comme dans les larves de
l'anchylostome, par une dégénérescence granulo-graisseuse des tissus,
donnant assez bien l'apparence de la mue que certains auteurs ont supposée
ou décrite précisément pour celles-ci. Quant aux larves de l'^nguillula in-
Itstinalis, elles sont émises, comme je l'ai dit, avec les fèces, à différents
degrés de développement, parfois même encapsulées.
» J'ai soumis les trois espèces de larves à l'action d'une température
( i375 )
graduelle, ati moyen de la table de Schullze, et j'ai pu constater, dans de
nombreux essais, qu'elles menrent constamment à 5o° C, et dans un laps
de temps qui ne dépasse jamais cinq minutes. J'ai également expérimenté,
sur les larves du Doclnuiits diiodenalis et de V Ainjuillnln inteslmalis,V aclion de
différentes substances médicamenteuses. Ces différentes recherches con-
duisent à entrevoir la possibilité d'établir la prophylaxie et même le trai-
tement curatif de la grave maladie qui nous occupe.
» En résumé, il est constant que tous les individus revenus du tunnel
du Saint-Gothard sous le coup de l'anémie ou oligoémie pernicieuse (et ils
sont déjà nombreux ) sont porteurs d'un nombre tellement considérable
d'anchylostomes et d'anguillides, que la présence seule de ces vers suffit à
expliquer le développement de l'anémie. J'ajouterai que l'apparition de
cette anémie pernicieuse, dans les conditions dont il s'agit, n'est pas un
fait isolé. Le D"' Giaccone, actuellement médecin de la compagnie du
Saint-Gothard, affirme qu'une maladie identique s'était déjà développée
pendant le percement du tunnel de Fréjiis.
» Il s'agit donc d'une question qu'on peut à bon droit qualifier d'inter-
nationale, et qui mérite la plus sérieuse attention. »
M. Chasles présente à l'Académie, de la part de M. le prince Bon-
compagni , un fascicule in-4° comprenant la reproduction en Jnc-simile
de cinq Lettres de M"*^ Sophie Germain à C.-F. Gauss; les trois premières
des 24 novembre i8o4, 21 juillet et 16 novembre i8o5, portent la signature
Le Blanc, et les deux autres, des 20 février et 27 juin 1807, celle de Sopliie
Germain.
Ces Lettres sont reproduites d'après les originaux que possède la Société
royale des Sciences de Gôttingue (Berlin, 1880).
M. d'Abbadie présente à l'Académie le travail publié l'an dernier au
Japon par M. E. Rnipping sur les cyclones de 1878 dans les mers de la
Chine. M. d'Abbadie ajoute que ce résumé, fait sans parti pris, mérite
d'être consulté. Le cyclone du 19 septembre parcourut une ligne brisée,
et sa vitesse de translation varia de 4""" à 46'™ par heure. Celle du
vent atteignit, par intervalles, jusqu'à 52''". La moindre hauteur ob-
servée du baromètre fut de 711'"'", ou un peu plus que les 708™'" con-
statés par M. Bouquet de la Grye, dans une autre occasion. Le parcours
total du météore dépassa Soco'"", et dans ce trajet la pluie tombée fournit
( i376 )
une quantité d'eau que M. Knipping évalue en millions détonnes. Comme
cause ou effet des cyclones, cette averse prodigieuse doit entrer en ligne
de compte chez tous les savants qui aborderont la théorie de ces grands
phénomènes.
M. Max. Cornu demande et oblientTautorisation de retirer du Secrétariat
un Mémoire sur lequel il n'a pas été fait de Rapport.
M. ScHLŒTEL adresse une Note « Sur une théorie cosmogonique ».
A 4 heures trois quarts, l'Académie se forme en Comité secret,
La séance est levée à 5 heures et demie. J. B.
BCM,ETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
oovrages reçds dans la séance du 3l mai 1880.
(suite.)
Ouvrages adressés aux Conxours de 1880.
Concours Montyon (Médecine et Chirurgie). — Des paralysies corticales
du membre supérieur. Monoplégies brachiales; par le D'' G. Decaisne. Paris,
J.-B. Baillière, 1879; in-S".
Ln fumée du tabac. Recherches chimiques et physiologiques; ])ar M. G. Le
Bon. Paris, Asselin, 1880; in-S".
Note sur l'angirie de poitrine. — Sur un cas de sclérodermie. — Sur une
corrélation paihogénique entre les maladies du cœur et l'hystérie chez l'homme.
— Action rapidement favorable de l'eau froide (^dj'aps mouillés) daris im cas de
fièvre typhoïde, etc.- — Relation d'une petite épidémie d'hystérie obseivée à Bor-
deaux dans une école de jeunes filles. — Notesurun cas de catalepsie chez une hys-
térique, etc ; par le W Armaingadd. Paris, V. A.Delahaye, 1880; 6 br. in-S".
Recherches comparatives sur l'exhalation de l'acide carbonique dai\s lespoumons
et sur les variations de cette fonction. — Absorption de l'oxyde de carbone par
l'organisme vivant. — Sur le mode d' élimination de l'oxyde de carbone par les
poumons; par M. Gréhant. Paris, Masson, 1874-1880; 3 br. in-^"-
( '377 )
Les parasites et les maladies parasitaires; par V. Mégnin. Paris, G. Masson,
1880; I vol. in-8°, avec Allas.
lîechtrcltes sitrla ciiculalion du sanij dans les poumons. — Expériences sur la
circidation du sang dans les organes isolés. — Notice sur l 'absorption des alca-
loïdes,- par!fA. leD'' P. Hbger. Bruxelles, H. Manceaux, 1873-1880; 3 br.
in-8°.
Puix Bréant. — Traite des maladies épidémiques ; par Léom Colin. Paris,
J.-B, Bailiière, 1879; m-S°.
Prix Thore. — Notice sur la cause du verdissement des huîtres; par M. PuYsÉ-
GUR. Paris, Berger-Levrault, 1880; br. in-8°.
Prix Delalande-Guérineau. — Ménwires de la Société académique indo-
chinoise de Paris. T. II : L' ouverture du fleuve Rouge au commerce et les événe-
ments du Toncj-liin (i 872-1 873). Journal de voyage et d'expédition de J. Du-
pais. Paris, Challamel aîné, 1879; in-4''- Avec documents divers.
Prix Bordin. — Description géologique des environs d'Aix en Provence;
par h. CoLLOT. Montpellier, typ. Grollier, 1880; in-4°-
ERRATA.
(Séance du 26 avril 1880.)
Page 996, ligne ■^ en remontant, au lieu de croît, lisez décroît.
» liyne 2 en remontant, au lieu de constantes, lisez croissantes.
Page 997, ligne iG, au lieu rfe décroît avec la température, lisez décroît quand la tempé-
rature augmente.
(Séance du 3i mai 1880.)
Page 1266, ligne 4 en remontant, au lieu de 3363, lisez 2363.
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 14 JUIN 1880.
PRÉSIDENCE DE M. EDM. BECQUEREL.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIOIVS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
CHIMIE ORGANIQUE. — Stir la papaïne. Contribution à l'histoire des ferments
solubles; par M. Ad. Wuiitz.
« Je dois à l'obligeance de M. le D'' Bouchiit d'avoir pu instiliier quel-
ques expériences chimiques sur le ferment soluble du suc du Carica
papaja, ferment dont nous avons indiqué les principaux caractères dans
une Note publiée en commun [Comptes rendus, t. LXXXIX, p. 425).
» La facilité relative avec laquelle on peut se procurer ce ferment m'a
engagé à entreprendre quelques recherches sur sa composition et sur son
mode d'action. Je présente aujourd'hui à l'Académie la première partie de
ces recherches.
» Nous avons fait connaître, M. le D'" Bouchut et moi, que le suc laiteux
de Carica papaya subit, après son écoulement par incisions pratiquées soit
dans le tronc, soit dans les fruits verts, une sorte de coagulation, se
séparant en un liquide aqueux et en une pulpe blanche dont le volume
peut égaler et même dépasser celui du suc aqueux. Le liquide, précipité
par l'alcool, fournit le ferment que nous avons nommé papdine ; la pulpe
peut en donner elle-même, car par une longue digestion avec l'eau elle
se dissout, probablement en s'hydratant, et la solution concentrée et pré-
C. R., iS8o, I" Semestre. (T. XC, N° 24.) I 79
( i38o )
cipitée par l'alcool fournit un ferment digestif. Cela a été prouvé par des
expériences répétées. Ainsi, laS^' de suc de papaya obtenu par incision du
fruit vert ont été filtrés, et le résidu a été exprimé ; la solution précipitée
par l'alcool a fourni o^"^, 89 d'une papaïne très riche en cendres et renfer-
mant, déduction faite de ces cendres :
c 45,62
H 6,72
» La pulpe exprimée a été broyée dans un mortier avec laS^"^ d'eau et
jetée sur un filtre au bout de vingt-quatre heures; ce qui est resté sur le
filtre a été broyé de nouveau avec go^"" d'eau. La première et la deuxième
eau de lavage, concentrées dans le vide avec addition de quelques gouttes
d'acide prussique, ont fourni 28'',3 de papaïne. Après ces deux lavages, la
pulpe, déjà très réduite, a été soumise à deux nouveaux lavages avec de
l'eau (i^îi'^"^, puis iSo*^"^), et les eaux, réunies et concentrées dans le vide,
ont encore fourni iB"', i de papaïne, c'est-à-dire une proportion plus forte
que le suc aqueux primitif. Cette papaïne, qui digérait énergiquement la
fibrine, renfermait, déduction faite des cendres :
C 49>77
H 7,21
Elle présentait donc une composition différente de celle du ferment primi-
tivement dissous dans le suc.
» Après ces quatre lavages, le résidu blanc pulpeux, peuabondanf, a été
de nouveau digéré avec 5o" d'eau, et l'eau de lavage a été mise en diges-
tion avec lo^'' de fibrine humide. Au bout de deux jours il ne restait
que 8^"' de fibrine, et la liqueur, filtrée, précipitait légèrement par l'acide
nitrique : la cinquième eau de lavage renfermait donc encore une petite
quantité de ferment. Après ces cinq lavages il n'est resté que 5^"^ de pulpe
humide, représentant o^'', 564 de matière sèche. 2^"", 5 de cette pulpe, mis
en digestion avec 10^'' de fibrine humide à 5o°, n'ont laissé, au bout de
deux jours, que 6^"^ de fibrine humide, et la liqueur filtrée précipitait abon-
damment par l'acide nitrique.
» Dans une autre opération, on a délayé dans l'eau loo^"^ de suc obtenu
par l'incision du fruit et formant une pulpe épaisse que l'on a lavée à trois
reprises avec de l'eau. On a réuni les eaux de lavage à la liqueur première,
on a concentré le tout dans le vide et l'on a précipité par l'alcool. La pa-
païne (I),très blanche, ainsi obtenue a été analysée. D'un autre côté, la pulpe
( i38i )
qui était restée sur le filtre a été délayée dans une grande quantité d'eau.
Après filtration, la liqueur, concentrée dans le vide, a fourni une nouvelle
quantité de papaïne (II) qui renfermait, comme dans le cas précédent,
une plus forte proportion de carbone (').
Déduction
faite des cendres.
I. II. I. 11.
Carbone 42,21 44. '8 46>9o 48,55
Hydrogène 6,28 6,28 6,99 6,90
Cendres 10,00 9»oo » "
» Il est donc démontré que la pulpe, débarrassée par les lavages du
ferment soluble qui pouvait y adhérer, fournit encore, par l'action de
l'eau pure, un ferment capable de digérer la fibrine.
» Rappelons ici que le ferment gastrique parait être contenu sous
forme insoluble dans les glandes pepsinifères, car celles-ci ne le cèdent
pas à l'eau pure.
» Les analyses que je viens de citer montrent que le ferment soluble
du Carica papaya, tel qu'on peut l'obtenir en précipitant par l'alcool la
solution aqueuse qui le renferme, ne présente pas une composition con-
stante.
» Les nombreuses analyses de papaïne brute que nous avons faites ont
donné, en effet, des résultats assez divergents en ce qui concerne la propor-
tion de carbone et d'azote, le carbone ayant varié entre 46 et 53 pour 100
et l'azote entre 1 4 et 18 pour 100, déduction faite des cendres. La proportion
de ces dernières varie de même; généralement elle est forte et s'élève de 4
à 10 pour 100, et même davantage : une fois elle a atteint 20 pour 100.
On s'est assuré que ces cendres étaient formées en majeure partie de phos-
phate de chaux. Elles cèdent à l'eau des sels solubles. On y a signalé de
l'acide sulfurique et une petite quantité de potasse.
» Il résulte de ce qui précède que l'alcool précipite du suc de papaya
frais ou digéré avec de l'eau un principe de composition variable, ce
qui ne parait point surprenant, le ferment pouvant être mêlé avec d'autres
principes amorphes, notamment avec des matières albuminoides modifiées
par son action, c'est-à-dire des peptones. Ces dernières étant plus dialy-
sables que le ferment lui-même, on pouvait espérer que celui-ci se con-
(') Les analyses de pulpe épuisée par l'eau, l'alcool et l'éther ont donné des résultats
variubles. Ce résidu renferme encore de l'azote.
( i382 )
centrerait sur le dialyseur. L'expérience a prouvé, en effet, que le résidu
de la dialyse fournit un ferment plus riche en carbone et ne renfermant
plus que de I à 3 ou 4 pour loo de cendres. Voici quelques analyses du
ferment ainsi purifié; on fait remarquer que le précipité blanc obtenu par
l'alcool a été épuisé par l'éther, puis séché dans le vide à 75°:
Papatne purifiée par dialyse, déduction faite des cendres.
Carbone 50,77 5i,8o 50,70 53,77
Hydrogène 7,28 6,71 7,00 7,47
Azote » u » 1 5 , ï T
M Ces analyses montrent que le produit purifié par dialyse se rapproche
par sa composition des matières albuannoïdes elles-mêmes, et cette analogie
est fortifiée par ce fait que la papaïne renferme une assez forte proportion
de soufre. Dans deux échantillons, on a trouvé pour 100 (') :
I. II.
Soufre 2,61 2,2
» Les analyses précédentes offrent trop de divergences pour qu'on puisse
en conclure que le produit est défini et homogène. On a donc été conduit
à tenter un autre mode de purification. L'albumine et les peptones étant
précipitées par le sous-acétate de plomb, on pouvait espérer les séparer à
l'aide de ce réactif, qui précipite incomplètement les solutions de papaïne
brute. On a donc ajouté à une telle solution, avec précaution, du sous-
acétate de plomb, jusqu'à ce qu'une portion filtrée ne donnât plus de pré-
cipité; on a séparé ce dernier, et l'on a dirigé un courant de gaz hydrogène
sulfuré dans la liqueur filtrée. Celle-ci s'est colorée en noir, mais le sulfure
de plomb ne s'est peint précipité en flocons. Pour le séparer, on a con-
centré la liqueur dans le vide, et l'on y a ajouté de l'alcool goutte à goutte,
de façon à entraîner le sulfure de plomb par les premières portions de
papaïne précipitées. Le dépôt ayant été séparé par le filtre, la liqueur
claire a fourni par l'alcool un précipité blanc de papaïne. Deux opéra-
tions faites sur de la papaïne brute de provenance différente ont fourni
des échantillons de papaïne purifiée qui, après épuisement par l'éther et
dessiccation à ^5° dans le vide, renfermaient :
(') On a opéré sur des produits qui avaient été soumis à une longue dialyse et qui ne
devaient plus retenir de sulfates. Néanmoins les chiffres obtenus demandent à être con-
trôlés.
( i383 )
Papaïnc purijlée par le soiis-acétatc de plomb [iléd action faite des cendres) ( '),
I. II. III.
Carbone 52,36 52, iç) Sa, g
Hydrogène 7 > ^7 7 > i ^ •
Azote 16,94 16, 4o 16,44
Cendres 2,60 4)-2 3,4»
» Un troisième échantillon renfermait i pour 100 de carbone de moins.
Soumis à la dialyse pendant vingt-quatre heures, il a fourni les nombres
inscrits sous le n° III.
» Ajoutons que 08', i de l'échantillon III a digéré énergiquement 58"^ de
fibrine humide, même après avoir été chauffé à io5°.
» Les analyses précédentes démontrent que le ferment digestif du Catien
papaya, que nous avons nommé papdine, M. Bouchut et moi, possède la
composition d'une matière albuminoïde. Aux caractères que nous avons
attribués a cette substance j'ajouterai les suivants, qui se rapportent à la
papaïne purifiée par le sous-acétate de plomb.
M Elle est très soluble dans l'eau et peut se dissoudre dans moins de son
propre poids de ce liquide, à la manière de la gomme. La solution, même
étendue, forme par l'agitation une mousse abondante. La papaïne brute,
redissoute dans l'eau, laisse quelquefois un résidu blanc insoluble.
» La solution de papaïne se trouble par l'ébuUition sans se coaguler à
la manière de l'albumine. Abandonnée à elle-même pendant quelques
jours, elle se trouble pareillement, et si on l'examine alors au microscope
on la trouve remplie de vibrions et de bâtonnets.
» Elle précipite abondamment par l'acide chlorhydrique, et le précipité
se dissout facilement dans un excès d'acide.
» L'acide nitrique, ajouté en petite quantité, précipite des flocons épais,
jaunâtres, qui se dissolvent dans un excès d'acide.
» Les acides phosphorique ordinaire et acétique ne la précipitent pas;
l'acide métaphosphorique donne un précipité abondant.
» Le prussiate de potasse additionné d'acide acétique donne un pré-
cipité.
» Le sublimé corrosif ne précipite pas immédiatement la solution de
papaïne pure ou ne donne qu'un léger trouble. A la longue, le trouble
(') On n'a pas dosé le soufre, l'hydrogène sulfuré étant intervenu dans la préparation.
( i384 )
devient plus apparent; à l'ébullition, il se forme un précipité floconneux
abondant.
» Le sous-acétate plombique ne la précipite pas ou ne donne qu'un léger
trouble, soluble dans un excès de réactif. La liqueur, additionnée d'un
excès de potasse et chauffée, se colore en noir, par suite de la formation
du sulfure de plomb.
» Le sulfate de cuivre donne un précipité violacé qui devient bleu à
l'ébullition et qui se dissout dans la potasse avec une belle couleur bleue.
M Le chlorure de platine donne un précipité abondant. Il en est de même
de l'acide tannique.
» L'acide picrique donn« un abondant précipité insoluble dans un excès
de réactif.
» Le réactif de Millon donne un abondant précipité blanc jaunâtre, qui
devient rouge brique lorsqu'on chauffe légèrement.
» Ces caractères, on le voit, sont ceux des matières albuminoides avec
quelques variantes, notamment en ce qui concerne le sublimé corrosif
et le sous-acétate de plomb.
» Par son action sur les matières albuminoides, la papaïne se rapproche
du ferment pancréatique nommé trypsine par M. Riihne, qui en a fait une
étude attentive. A la différence de la pepsine, la trypsine paraît se rappro-
cher des matières albuminoides; son action sur ces dernières semble être
plus énergique que celle de la papaïne. Celle-ci dissout rapidement de
grandes quantités de fibrine, même en liqueur neutre; mais, pour que
la liqueur ne précipite plus par l'acide nitrique, il faut faire intervenir une
quantité relativement assez forte de papaïne, par exemple o^"', 3 pour lo^"^
de fibrine humide, et prolonger la digestion à 5o° pendant deux fois vingt-
quatre heures. Dans ce cas, il ne reste qu'un résidu insignifiant de dyspep-
tone très riche en matières minérales, et la solution filtrée ne forme avec
l'acide nitrique qu'un trouble insignifiant, qui peut être dti à la présence
de l'excès de ferment. Au reste, dans toutes ces digestions, indépendamment
des corps précipitables par l'acide nitrique et par l'alcool, il se forme une
certaine quantité de peptones plus hydratées, qui sont solubles dans l'alcool
ordinaire, surtout à chaud.
» La rapidité avec laquelle les solutions de papaïne se remplissent de
microbes m'a engagé à rechercher si ces derniers n'interviennent pas dans
la liquéfaction rapide de la fibrine par ce ferment. Il n'en est rien. La
dissolution de la fibrine par la papaïne a lieu en présence de l'acide prus-
( i385 )
siqiie, de l'acide borique, de l'acide phéniqiie même, c'est-à-dire dans des
conditions qui excluent la formation des microbes.
» En terminant, j'ajoute que j'ai retiré du suc de Cnricn papnya une
matière grasse saponifiable et un principe azoté cristallisable en mamelons
blancs, qui reste en dissolution dans la liqueur d'où la papaïne brute a
été précipitée. J'y reviendrai prochainement. »
GÉOLOGIE. — Histoire géologique du cannt de la Manche; par M. Hébert.
(IP Partie.)
« L'Académie voudra bien remarquer que, dans ce que j'ai eu l'honneur
d'exposer précédemment, je me suis servi, pour apprécier le relief de la région
que j'étudie, d'un procédé des plus siirs : l'observation des nivellements
successifs qui ont été opérés dans ces contrées par la mer elle-même. Nous
savons en effet que, lorsque nous rencontrons une alternance de minces
couches marines avec des couches saumâfres ou d'eau douce, en stratifi-
cation régulière et concordante, la surface sur laquelle se formaient ces
dépôts était sensiblement au niveau de la mer.
» Cette alternance, que nous avons déjà signalée pendant l'éocène infé-
rieur et à l'époque du calcaire grossier supérieur, se retrouve à la fin des
sables de Beauchamp, lesquels terminent l'éocène moyen. Ces .sables,
essentiellement marins dans la presque totalité de leur épaisseur, ont été
déposés dans un golfe dont la forme était à peu près la même que celle du
golfe du calcaire grossier inférieur [fig- 2, ligne -, ante,\^. iSaS), mais
dont l'étendue était un peu moindre. Le pourtoin- en est nettement marqué
par une ligne de dunes ou par un cordon littoral de galets roulés, de
roches perforées, etc.
» Sans aucun doute, ce golfe communiquait avec le bassin du Hampshire,
où la même faune se retrouve, et probablement aussi avec le bassin de la
Loire inférieure. Communiquait-il avec la mer du Nord? Cela est très pro-
bable, en raison des affinités de la faune des sables de Beauchamp avec
celle du calcaire grossier, dont la patrie était la mer du Nord. Mais, pour
que cette question soit résolue d'une façon certaine, il est nécessaire que
les dépôts signalés en Belgique comme étant de la même époque soient
mieux connus dans leur faune.
» L'éocène moyen a été suivi, pour l'Europe septentrionale, d'un exhaus-
sement qui a transformé le bassin anglo-parisien en lacs ou en lagunes; c'est
( i386 )
l'époque de l'éocène supérieur. Dans mon opinion, aucune trace de dépôts
de celte époque, caractérisée par la faune paléothérienne du gypse, n'existe
au nord du bassin, à partir du seuil des Flandres, du Boulonnais et des
Wealds; mais la partie centrale de la Manche était restée une dépression
où, comme dans le bassin de Paris, se sont formés des lacs ou des lagunes.
» Ici, comme à l'époque des lignites, ces lagunes de l'éocène supérieur
étaient presque au niveau de la mer, car celle-ci y a pénétré à plusieurs
reprises pour y déposer de minces couches marines, les marnes à Pliola-
donija htdensis, et d'autres couches aveclucines, cérites, etc. La différence
que présentent ces dépôts dans l'île de Wight d'une part et à Paris de l'autre
pourrait faire supposer que la première localité communiquait avec l'Atlan-
tique, la seconde avec la mer du Nord.
» Quoi qu'il en soit, un affaissement notable à l'ouest a déterminé la
rentrée de la mer du Nord, non seulement dans le bassin de Paris, mais
sur une grande partie de la Belgique, sur la Westphalie, le Hanovre sep-
tentrional et la Prusse. Contournant le Hariz et les montagnes hercy-
niennes, celte mer a pénétré par un long canal jusqu'à la vallée du Rhin
à Mayence, et s'est étendue dans cette dépression qui existait depuis long-
temps déjà depuis Bingen jusqu'au pied du Jura, au delà de Bâle (').
» La communication du bassin de Paris avec le bassin du Hampshire est
démontrée pour cette époque; il y avait là un petit golfe {Jig. 2, ..., aiUe,
p. i323), et très probablement le Cotenlin était une lagune dépendant de
ce golfe. L'extension à l'ouest est plus incertaine : j'ai indiqué cette incer-
titude par un prolongement en ligne ponctuée à points plus espacés. Sans
aucun doute, la partie occidentale de la Manche restait, à ce momertt, une
dépression peu élevée au-dessus du niveau de la mer, une sorte de seuil
précédant l'Atlantique, où nous retrouvons la faune des sables de Fontai-
nebleau dans un petit fiord qui s'étendait du sud au nord, de Nantes à
Rennes.
j) Ainsi, pendant le dépôt des sables de Fontainebleau, comme pendant
les époques précédentes de la période tertiaire, la Manche restait une dé-
pression à pentes peu inclinées et sans falaises entre l'Atlantique et la mer
du Nord. De l'Atlantique au Pas-de-Calais, cette dépression occupait sen-
siblement l'emplacement actuel de la Manche; mais, au lieu du détroit, la
saillie crayeuse qui s'étendait du Boulonnais à Brighton et à Londres con-
tinuait à s'opposer à la communication directe.
Bulletin de la Société géologique de France, 1' série, t. XII, p. 760; i855g
( i387 )
» Quelle qu'ait été la profondeur des eaux dans le bassin de Paris pen-
dant le dépôt des sables de Fontainebleau, qui s'y sont accumulés sur une
épaisseur de plus de 70'" quelquefois, nous constatons à la partie supé-
rieure de ces sables cette alternance de petites couches marines et d'eau
douce qui indique qu'à ce moment le fond de la dépression se trouvait de
nouveau au niveau de la mer.
» Pendant cette série de dépôts qui comblaient le fond du bassin, celui-ci
s'affaissait peu à peu et se trouvait encore au niveau de la mer, bien que
des couches solides comme celles du calcaire grossier ou meubles comme
les sables de Beauchamp et de Fontainebleau, d'une épaisseur totale de
plus de 100'", se fussent accumulées les unes sur les autres,
» Or, aujourd'hui, la couche déposée alors au niveau de la mer se
trouve, aux environs de Paris, à 160™ d'altitude; elle s'abaisse au sud : elle
n'est plus qu'à 120" à Étampes, à i25'" à Fontainebleau; mais elle s'élève
considérablement au nord, car elle atteint 25o'" dans la forêt de ViUers-
Cotterets. Toutes ces hauteurs ne sont que les témoins de la nappe hori-
zontale de sable qui formait alors le fond uni de la dépression parisienne,
et qu'un léger mouvement ascensionnel a transformé en lac : le lac du cal-
caire de Beauce et des meulières de Jleudon et de Montmorency. Ce lac
a commencé par être au niveau de la mer, puisque ses premiers dépôts
alternent avec les derniers sédiments marins. Sans aucun doute, il n'y a eu
à cette époque aucun changement considérable dans le relief du nord de
la France. On pourrait seulement légitimement supposer que le sol s'est
un peu affaissé vers le sud-est, ce qui expliquerait la plus grande épaisseur
du calcaire lacustre dans cette direction. Mais le soulèvement qui a porté
ces couches, dans le nord, à des hauteurs qui dépassent leur niveau actuel
en Touraine de iSo^au moins, est un phénomène postérieur au calcaire
de Beauce.
» Jusqu'à la fin du calcaire de Beauce, nous avons pu nous faire une idée
générale, suffisamment nette, du relief du sol de la France septentrionale
pendant toutes les époques de la période tertiaire, et nous avons établi
que ce relief s'est toujours maintenu en rapport avec celui de la dépression
de la Manche.
» A partir de ce moment, les moyens de contrôle nous échappent. Nous
sommes souvent réduits à de simples conjectures, que nous émettrons
plutôt pour appeler de noutelles recherches que pour donner des solu-
tions.
» Nous savons cependant encore d'une manière certaine que, par suite
C. R., i8«o, i« Semestre. (T. XC, K" 24.) '8o
( i388 )
d'un exhaussement du sol au nord-est et d'un affaissement au sud-ouest,
la pente régulière du sol s'établit dans cette dernière direction : les calcaires
de Beauce furent mis à sec au nord-est et plongèrent au sud-ouest sous les
eaux de l'Atlantique, qui vinrent occuper d'une manière permanente la
Touraine et y déposer les couches connues sous le nom dejalims (miocène
moyen). Les rivages de cet ancien golfe sont marqués dans beaucoup de
points. Ils sont aujourd'hui environ à loo" au-dessus du niveau actuel de
la mer.
» Le plongement régulier du calcaire de Beauce d'Étampes à Tours
est loin de suffire pour expliquer le relèvement de ces couches à plus de
aSo™ à Villers-Cotterets ; ce relèvement est donc dû à un phénomène
distinct et postérieur.
» On doit donc séparer le mouvement général d'exhaussement qui a
émergé toute l'Europe septentrionale après l'époque des sables de Fon-
tainebleau et qui, plus accentué encore après le calcaire de Beauce,
a fait pénétrer l'océan Atlantique en Touraine par la vallée de la Loire; on
doit séparer, dis-je, ce mouvement général du soulèvement qui a donné
à certaines parties septentrionales du bassin de Paris un relief exceptionnel.
» Ce qui paraît certain, c'est que la mer des faluns de Touraine n'a
recouvert aucune partie de l'Europe septentrionale et qu'elle n'a point
occupé la dépression de la Manche, où elle n'a laissé aucune trace de
sa présence. La mer pliocène, au contraire, a recouvert une partie du Co-
tentin, et là ses dépôts sont restés à peu près au niveau de la mer; on sait
d'ailleurs qu'elle occupait l'emplacement actuel de la mer du Nord, qu'elle
dépassait même à l'ouest, en s'étendant sur une partie des comtés d'York,
Norfolk, Suffolk et Essex, et à l'est, sur la région d'Anvers.
» Le golfe pliocène du Coten tin était-il une dépendance de la mer du Nord,
ou appartenait-il à l'océan Atlantique? Cette dernière hypothèse semble peu
probable, puisque jusqu'ici on n'a encore signalé aucun lambeau pliocène
marin sur les côtes de l'Atlantique, ni en Bretagne, ni dans l'Aquitaine.
Toutefois, je nie borne à poser la question.
» Entre l'époque du calcaire de Beauce, fin du miocène inférieur, et
celle des marnes pliocènes du Cotentin, pendant toute la durée du miocène
moyen et du miocène supérieur, le relief de la France septentrionale a
pu subir d'importantes modifications. Le relèvement vers le nord du cal-
caire de Beauce et de toutes les assises qui le supportent, relèvement bien
constaté au commencement du miocène moyen, a dû se faire sentir sur le
versant méridional de la vallée de la Manche, dont les assises plongèrent
( '389 )
alors vers le sud, et, comme ce relèvement ne paraît pas avoir affecté au
même degré les côtes de l'Angleterre, il en résulterait que la partie cen-
trale de la dépression a di*i, à cette époque, se soulever, former un bom-
bement anticlinal et peut-être se fissurer de manière à présenter à la mer,
lors de sa rentrée, un passage à bords escarpés, sans doute très peu élevés,
mais sur lesquels l'action des eaux a pu s'exercer avec plus d'énergie (').
Mais il est inutile de pousser plus loin cette hypothèse. J'abandonne donc,
comme un sujet qui m'est complètement inconnu, l'histoire du relief de la
Manche pendant les temps qui se sont écoulés entre le miocène inférieur
et la période quaternaire, par laquelle je terminerai ces observations.
» Ici nous rencontrons quelques faits intéressants.
» Le soulèvement principal, qui a porté les couches tertiaires à de si
grandes hauteurs et que nous avons distingué de l'exhaussement général
du sol, a paru à plusieurs géologues, parmi lesquels d'Omalius d'HalIoy et
Élie deBeaumont ('), être en rapport avec les éruptions volcaniques des
bords du Rhin. Or, ces éruptions sont quaternaires.
» C'est également à la période quaternaire que d'Archiac {') attribue
l'ouverture du détroit de Calais.
» Je n'ai aucune raison pour ne pas adopter ces deux opinions, au moins
d'une manière générale. Je considère même comme parfaitement fondée
l'idée de d'Archiac que, pendant une partie de la période quaternaire,
les îles Britanniques continuaient à être rattachées au continent euro-
péen, d'où leur sont venus ces nombreux troupeaux de mammouths et de
rhinocéros dont les débris abondent en Angleterre.
)) D'Archiac suppose que l'ouverture de l'isthme est due à une rupture
violente. Faut-il voir dans les phénomènes volcaniques de la région rhé-
nane la cause ou du moins un fait concomitant de cette rupture et
en même temps du soulèvement si considérable du nord de la France? Je
ne vois rien qui s'y oppose, et certainement, dans ce cas, on se rendra aisé-
ment compte de la formation de nos falaises si escarpées.
» On ne peut nier d'ailleurs que la période quaternaire n'ait été le
théâtre de violentes secousses de l'écorce terrestre. Les volcans d'Auvergne
(') D'Archiac [Histoire des progrès de la Géologie, t. II, p. 635j a traité cette question
d'une manière différente.
(') Notice sur les systèmes de montagnes, p. 568.
(') Loc. cit., p. I2y et l'^o. — Bulletin de la Société géologique de France, t. X, p. 222;
1839.
( ï39o )
comme ceux de l'Eifel datent du milieu de cette période. On peut donc
légitimement voir dans ces phénomènes les effets des dislocations du
genre de celles qui ont ouvert les défilés du Rhin, de la Meuse, du détroit
de Calais, et de beaucoup d'autres accidents récents dans l'Europe occi-
dentale.
» Pendant cette période quaternaire, l'hémisphère nord a été tout entier
soumis à des oscillations d'une amplitude véritablement surprenante. Nous
ne trouvons rien de comparable dans la période tertiaire, non seulement
jusqu'à la fin du miocène inférieur dans notre Europe septentrionale, mais
jusqu'à la fin des marnes pliocènes subapennines dans l'Europe méridio-
nale. Partout on constate, pendant toute la durée des temps miocènes ou
pliocènes, ces mouvements lents qui changent insensiblement et sans dis-
location la distribution des terres et des eaux.
» Les phénomènes physiques et dynamiques de la période quaternaire
constituent, et par leur énergie et par leur généralité, quelque chose de
tout à fait anomal, qui vient brusquement changer la nature des mouve-
ments du sol, jusque-là analogues, pour ainsi dire, à ceux de la nature
actuelle, excepté dans quelques cas particuliers et locaux.
» Pour ces divers motifs, nous attribuerons à cette période l'ouverture
du détroit de Calais et l'état final actuel des falaises de la Manche. »
ANTHROPOLOGIE. — Craiiiologie des races nègres africaines.
Races non dolichocéphales ; par M. A. de Qcatrefages.
« J'ai l'honneur de présenter à l'Académie, au nom de M. le D'' Hamy
et au mien, ainsi qu'au nom des éditeurs, la neuvième livraison de nos
Crania Elhnica. Cette livraison comprend la fin de la description craniolo-
gique des races nègres africaines, y compris les races Boschismane et
Hottentote, ainsi que le commencement de nos études sur les races jaunes
ou mongoliques. Je n'entretiendrai aujourd'hui l'Académie que d'un
groupe de populations appartenant aux premières. Elle comprendra aisé-
ment les motifs qui me font insister sur un point relativement restreint de
ce vaste sujet.
» On a universellement admis jusqu'à ce jour que tous les Nègres afri-
cains sont dolichocéphales, c'est-à-dire que leur indice céphalique est égal
ou inférieur à 75,00. On avait bien rencontré quelques exceptions à cette
règle; mais, à l'exception des deux crânes de Noubas décrits en 1866
( i39, )
par M. Ecker, on n'avait pas trouvé d'indice céphaliqiie supérieur à 77,77,
limite extrême de la sous-dolichocéplialie. Ces cas, du reste très rares,
avaient été considérés comme de simples écarts individuels, analogues à
ceux que présentent presque tous les autres caractères ethnologiques.
» Mais, en 1872, i\I. Hamy ayant eu l'occasion de calculer l'indice cé-
plialique d'un Nègre de Fernand-Vaz, mesuré par M. Lartigue, trouva que
cet indice s'élevait à 80,00. Il se souvint alors que M. du Chaillu avait
rapporté de la même région un lot considérable de têtes osseuses que
M. Richard Owen avait sommairement étudiées. M. Ilamy reprit les
chiffres publiés par le savant anglais, calcula les indices céphaiiques et
arriva à un résultat fort inattendu. Sur g3 crânes, 66 seulement étaient do-
lichocépiiales, 1 4 étaient mésaticéphales, 11 sous-brachycéphales, avec des
indices supérieurs à 80,00, mais inférieiu's à 83,33; enfin 2 étaient de vrais
brachycéphales, dont les indices montaient à 84,2^.
» Une fois sur la voie, M. Iljmy continua ses recherches et mit à profit
tous les matériaux recueillis par les voyageurs français ou étrangers. Les
résultats de cette étude, poursuivie pendant plusieurs années, peuvent être
formulés dans les termes suivants : Bien loin que tous les Nègres d'Afrique
soient dolichocéphales, il existe sur ce continent des populations diverses
formant deux groupes distincts qui passent successivement de la sous-bra-
chycéphalie à la mésaticéphalie et à la sous-doiichocéphalie pour aboutir
à la véritable dolichocéphalie. En d'autres termes, le rapport du diamètre
transverse au diamètre antéro - postérieur va eu diminuant progressive-
ment. Le calcul des indices moyens donne pour cette espèce de série dé-
croissante les nombres 82,57; 77,29; 76, 40 et 75, 40. Ce raccourcissement
delà tète coïncide d'ailleurs avec d'autres particularités caractéristiques du
crâne et de la face; et l'on peut dès à présent partager cet ensemble de
Nègres non dolichocéphales en trois ou quatre races distinctes.
» M. Hauiy a donc ajouté un chapitre entièrement nouveau à l'histoire
anthropologique de l'Afrique. Il nous a montré sur ce continent la répéti-
tion de faits parfaitement analogues à ceux que nous avons eu à signaler
en décrivant les têles osseuses des populations océaniennes. Tous ces ré-
sultats, dont l'importance est facile à comprendre, lui appartiennent
d'ailleurs en propre. Eu en parlant aujourd'hui à l'Académie, je ne fais que
remplir le rôle de rapporteur.
0 Parmi ces races, caractérisées craniologiquement pour la première
fois, la plus intéressante, à coup sûr, est celle des Négrilles. M. Hamy a
donné ce nom à un ensemble de populations qui ont depuis longtemps
( i392 )
attiré l'attention parla petitesse de leur taille. Leurs tribus orientales, in-
complètement connues des anciens, ont donné lieu à bien des exagérations
et des fables ; mais les découvertes modernes mettent hors de doute que les
récits relatifs aux Pygmées d'Homère, d'Hésiode, d'Aristote, etc., avaient
un fondement réel.
» Une de ces tribus, celle des Akkas, a spécialement attiré l'attention
dans ces dernières années. Un compte rendu inexact de la description qu'en
avait faite, pour la première fois, M. le D"" Schweinfûrth, avait conduit
quelques anthropologistes à penser que ces Akkas étaient la plus petite
race bumaine et que chez eux la colonne vertébrale ne présentait qu'tme
seule courbure à concavité antérieure, comme celle des singes. Des rensei-
gnements plus exacts et des photographies ramenèrent bientôt à des idées
plus justes. On reconnut que ces petits Nègres sont tout aussi cambrés que
les autres races humaines. Quant à leur taille, elle paraît se rapprocher
beaucoup de celle des Mincopies des îles Andaman, mais reste supérieure
à celle des Boschismans, chez lesquels la hauteur du corps descend peut-
être jusqu'à I™, à coup sûr jusqu'à i™, i4.
» Malheureusement aucun crâne d'Akka n'est encore parvenu en Eu-
rope, et les mesures prises sur le vivant sont en fort petit nombre. En outre,
presque toutes ont été recueillies sur de jeunes sujets. La moyenne de ces
mensurations placerait ces Négrilies parmi les mésaticrphales. Mais ce ré-
sultataurait pu être attribué à l'âge des individus. Heureusement M. Marno
a pu observer une jeune femme de vingt à vingt-cinq ans, haute de i^jSô,
dont l'indice s'élevait à 82,85 et qui, par conséquent, était fortement sous-
brachycpphale. D'autre part, 1\1. Schweinfiirth, dont les notes et les
descriptions détaillées ont malheureusement été perdues, attribue aux Akkas
un crâne presque sphérique. Il est donc probable que cette race se rap-
proche de la brachycéphalie vraie, au moins autant que les Négrilies occi-
dentaux dont nous allons parler.
» Les documents relatifs à ces derniers sont beaucoup plus complets.
Un certain nombre de leurs crânes figurent aujourd'hui dans les collec-
tions de France et d'Angleterre à côté de tètes osseuses prises dans les
mêmes contrées. En réunissant ces diverses données, M. Hamy a pu déter-
miner les caractères de la race dont il s'agit et apprécier jusqu'à un certain
point le rôle qu'elle a joué dans la formation de quelques-unes des popu-
lations actuelles.
» Nulle part encore on n'a rencontré les Négrilies réunis en corps de
nation quelque, peu nombreuse. Ils sont disséminés au milieu des autres
( '393 )
Nègres ou tout au plus groupés eu tribus qui paraissent être en voie d'extinc-
tion. Tel est, en particulier, le cas desAkoas, dont M. l'amiral Fleuriot de^
Laiigie a décrit un individu, âgé d'environ quarante ans et qui mesurait
environ i"',35-i™,4o.
» Ce savant marin avait un des premiers insisté sur la forme arrondie du
crâne de ces individus, forme si différente de celle qui caractérise la tête
ordinaire du Nègre. Un crâne masculin, recueilli par lui chez les Oroun-
gous du cap Lopez, justifie pleinement cette appréciation. Ici l'indice
s'élève à 83,63 et accuse par conséquent une véritable brachycéphalie. Ce
crâne est d'ailleurs fort petit; sa capacité est de layS" seulement. Vu d'en
haut, il présente dans toute sa moitié postérieure une courbe presque ré-
gulièrement hémisphérique, dont les branches s'infléchissent et se rap-
prochent en avant pour circonscrire un front relativement assez large.
Quand on le regarde de profil, on voit ce front s'élever presque verticale-
ment, puis s'infléchir assez brusquement en dessinant une courbe surbaissée
qui se continue jusque vers le milieu des pariétaux. Là elle s'infléchit rapi-
dement, présente un léger ressaut à la hauteur de l'occipital et s'étend en-
suite jusqu'au trou de même nom, en présentant quelques légères oscilla-
tions.
» La face est remarquable par la réduction de toutes ses dimensions,
surtout de la hauteur. L'indice facial est seulement de 58,33, chiffre qui
ne se rencontre guère que chez des individus dont l'évolution n'est pas
achevée. Mais ici l'état de la dentition atteste que le sujet était bien adulte.
» Le squelette du nez est remarquablement réduit. Les os propres sont
en partie soudés entre eux et avec les branches montantes du maxillaire
supérieur. Ils sont à peine surélevés sur la ligne médiane, dessinent une
courbe concave sur le profil et se prolongent seulement en bas en un
mince crochet osseux. L'indice nasal (57,77) pl^ce ce Négrille parmi les
platyrrhiniens les plus accusés. Terminons cette esquisse descriptive en
disant que l'intermaxillaire est d'une brièveté extrême et que le progna-
thisme est peu considérable.
» Un crâne féminin, recueilli également par l'amiral Fleuriot deLangle,
chez les M'Boulous, au fond de l'estuaire du Gabon, ressemble beaucoup
au précédent. Il est seulement un peu plus allongé (indice céphalique
78,36).
» Cinq crânes de Cammas ou N'Ramis, provenant de l'embouchure du
Fernand-Vaz et faisant partie des collections du Muséum ou de la Société
d'Anthropologie, présentent des variations fort étendues. L'un d'eux, par
( i394 )
sa petitesse, par les contours généraux de la têle, par son indice céphalique,
81,92, rentre bien dans le groupe dont nous parlons. Toutefois le front
est un peu moins vertical, et la voûte crânienne plus surbaissée. A la face,
l'inlermaxillaire a plus de hauteur, et surtout le nez s'est allongé et rétréci.
Ij'indice nasal, 5i,o6, place ce sujet parmi les mésorrhiniens. Les autres
crânes de même provenance passent progressivement aux Guinéens ou
Nègres proprement dits.
Des faits analogues ont été découverts dans le bassin de l'Ogooué par
nos courageux voyageurs, MM. de Brazza, Ballay et Marche. Le dernier
nous apprend que la taille des Bongos ne dépasse pas i™, 5oà i"", Saetque
celle des N'Javis n'atteint pas i^jôo. Il leur a trouvé en outre la tête glo-
buleuse, la figure ronde et peu prognathe. MM. de Brazza et Ballay, en
revenant de leur périlleuse expédition à l'intérieur, ont recueilli dans une
île un squelette entier et quatre crânes bien conservés d'Adoumas.
■>) Des cinq têtes qui composent cette petite, mais bien précieuse collec-
tion, trois présentent les caractères nigritiques très franchement accusés.
Les deux autres sont presque entièrement semblables à celle que l'amiral
Fieuriot de Langle a rapportée du cap Lopez.
» Ainsi, dans toute cette région, M. Hamy a retrouvé des faits analogues
à ceux qui ressortaient de l'étude faite par lui de la collection du Chaillu.
Partout il a constaté qu'à l'élément Nègre classique s'ajoutait un autre
élément ethnologique, caractérisé essentiellement par la petitesse de la
taille et par un crâne sous-brachycéphale en moyenne, mais atteignant
parfois la brachycéphalie. M. Hamy n'a pas manqué de rappeler à ce pro-
pos ce que nous avons vu chez les races nègres océaniennes. Là aussi, à
côté d'une race grande et dolichocéphale, existe une race petite et sous-
dolichocéphale. Quoiqu'il n'y ait pas identité craniologique entre les
Pycjmées de l'Afrique et ceux de l'extrême Orient, quoique les caractères
extérieurs diffèrent, il est bien difficile de ne pas voir dans les Négrilles le
terme correspondant anthropologique du Négrito, comme le Nègre clas-
sique est celui du Papou.
» En poursuivant ses études sur les Nègres non dolichocéphales. M, Hamy
a retrouvé ce caractère chez des populations fort différentes des Négrilles;
mais il y est moins accusé.
» Depuis longtemps les indigènes du Congo avaient été signalés comme
se distinguant par l'ensemble de leur physionomie des Nègres proprement
dits ou Guinéens. L'étude d'un crâne de cette région, faisant partie des
collections du Muséum, justifie cette appréciation. L'indice céphalique
( i395 )
s'élève à 78,30. La capacité est de i465". La courbe antéro-postérieure,
d'abord assez oblique, se relève à la bosse Ironlale médiane, qui est très
accusée, s'infléchit de nouveau et se prolonge d'une manière régulièrejus-
quà son extrémité. Les arcades surcillères, sans être aussi accusées que
chez certains Papous, le sont sensiblement plus que chez les Guinéens. La
face est large et massive. Les os du nez, presque exactement quadrilatères,
forment une arête bien prononcée, indiquant un nez assez saillant; mais
l'indice nasal s'élève à 68,82 et place par conséquent cet individu parmi
les platyrrhinieus les plus accusés.
» Les autres crânes congos mesurés par divers observateurs sont loin
d'être aussi bien caractérisés que celui-ci, et, en somme, l'indice moyen
est de 76,40.
» M. Hamy réunit en une seule race les Noubas, les Fours, les Gallas,
les Niani-Niam, etc. Il rattache à ce groupe oriental les Haoussas, placés
à l'ouest du lac Tchad, bien qu'une population craniologiquement distincte
se trouve placée entre eux.
)) Comme je l'ai dit plus haut, la tête osseuse des Noubas a été décrite
dès 1866, par M. Ecker, d'après deux exemplaires. Leur indice moyen
est de 78,29. Le crâne n'offre rien de bien caractéristique dans sa confor-
mation, mais il en est autrement de la face. En particulier, le prognathisme
présente ici des particularités spéciales. Dès l'espace interorbilaire, le sque-
lette facial se porte en avant et en bas. Mais un singulier mouvement de
torsion ramène en bas et en arrière l'arcade maxillaire, en dilatant les ma-
laires dont l'angle inférieur forme une sorte de bec au-dessous des pom-
mettes.
n M. Hamy a retrouvé ce trait caractéristique dans trois crânes du Kor-
dofan. Il est aussi bien marqué sur un crâne de Haoussa, qui est figuré
dans notre atlas. Cette dernière tête présente d'ailleurs les autres caractères
signalés par M. Ecker. Son indice céphalique s'élève même à 79,78. Tout
justifie donc le rapprochement qu'a fait M. Hamy.
» Les Nègres Haoussas présentent en général un type élevé qui a frappé
tous les voyageurs. Grâce aux photographies recueillies par M. de Lacaze-
Duthiers à Alger, en 1862, sur des individus venus deSégo, on peut suivre
ce type jusque chez les Bambaras, sur les rives du Niger occidental. Il est
probable que les caractères ostéologiques indiqués ci-dessus se retrouve-
ront également, au moins dans une partie de cette population.
» Pour terminer ce résumé des études de M. Hamy, il me reste à dire
quelques mots de la race Ranori, qui habite le Bournou et sépare, par con-
C. R.,it8o, I" Semestre. (T.XC, N" 24.) '^'
( '396 )
séquent, les Noubas des Haoussas. Celle-ci est représentée dans la collection
du Muséum par un squelette complet, donné à notre établissement par
M. le baron Larrey. Le crâne de cet individu est mésaticéphale, avec un
indice de 76,40. Les contours en sont remarquablement arrondis. Toutes
les saillies osseuses, toutes les aspérités sont comme émoussées. Seuls les
arcs sourcillers dessinent un relief sensible au-dessous duquel le haut de la
face s'enfonce quelque peu. Le nez est court et dilaté, si bien que l'indice
nasal s'élève presque à 60,00. En même temps, l'intermaxillaire est très
peu élevé, contrairement à ce qui existe chez les Haoussas. Quelques por-
traits de Nègres du Bournou, entre autres luie photographie due encore à
M. de Lacaze-Duthiers, présentent des traits qui concordent parfaitement
avec les caractères que je viens d'indiquer.
» Malgré la brièveté forcée de ce résumé, l'Académie aura compris,
j'espère, que les éludes de M. Hamy ont une importance sérieuse. L'auteur
de ce travail a montré que l'absence de la dolichocéphalie caractérise en
Afrique, non pas seulement quelques individus isolés, mais des populations
entières, occupant des espaces considérables et dont quelques-unes s'éten-
dent de l'est à l'ouest, à travers les quatre cinquièmes environ du continent.
Il a suivi et précisé les manifestations diverses de ce caractère. Il a pu ainsi
caractériser nettement des races jusque-là plus ou moins confondues.
Il a donc fourni à ses successeurs un nouveau moyen d'analyse ethnique
pour les races africaines. Aces divers titres, cet ensemble de recherches sera
à coup sûr accueilli avec une juste faveur par tous les anthropologistes. »
PATHOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — Nouvelles expériences sw la résistance
des moutons algériens au sang de rate. INote de M. A. Chauvead.
« Dans la séance du 23 juillet 1879, j'ai eu l'honneur de communiquer
à l'Académie le résultat d'expériences sur le sang de rate dans lesquelles
neuf moutons de provenance algérienne se sont montrés réfractaires à la
maladie. J'ai indiqué, dans ma Communication, l'imporlance que ce fait
présente soit au point de vue des applications pratiques qu'il est possible
d'en faire en Economie rurale, soit pour l'étude générale de la prédisposi-
tion et de l'immunité en Pathologie; mais j'ai eu soin de réserver toute con-
clusion définitive sur ces points jusqu'au moment où de nouvelles expé-
riences démontreraient qu'on se trouve en présence d'un fait général et non
pas d'une simple particularité accidentelle. Ces nouvelles expériences ont
( '397 )
été faites. Le nombre en est aujoiircrhui suffisant pour faire une preuve
complète. Il est de mon devoir de les faire connaître.
)» La première série de ces expériences complémentaires a été exécutée
en France sur sept moutons de la province de Constantine, arrivés depuis
peu de jours. Ces animaux furent inoculés à la lancette, à une oreille, par
piqûres sous-épidermiques et sous-dermiques, avec de la matière charbon-
neuse provenant d'une rate desséchée dont la virulence était extrêmement
active. Du reste, on inocula comparativement un mouton du pays (dau-
phinois), pour éprouver directement l'activité de la matière infectieuse.
» C'est le 24 septembre que l'inoculation fut pratiquée. Le 26, le sujet
d'épreuve présentait une tuméfaction considérable des ganglions parotidien
et pré-scapulaire du côté de l'inoculation. Il succomba au milieu de la nuit,
ayant probablement encore une température élevée, car, cinq à six heures
auparavant, la cavité du rectum marquait 42", 3. L'autopsie démontra que
cet animal était bien mort du sang de rate.
» Quant aux sept sujets algériens, aucun d'eux ne prit le charbon après
cette inoculation. Ils présentèrent seulement un peu d'élévation de tempé-
rature, avec tuméfaction extrêmement légère des ganglions parotidien et
pré-scapulaire. Les symptômes observés offrirent la même bénignité à peu
près sur tous les sujets, même sur cinq d'entre eux qui subirent une
réinoculation, le 27 septembre, avec la pulpe du ganglion parotidien de
l'animal témoin mort la veille. Un nouvel animal témoin, mouton du Lyon-
nais, en bonne santé, inoculé avec la même pulpe ganglionnaire, prit au
contraire un sang de rate type et ne survécut que quatre jours et quelques
heures à l'inoculation. La température rectale était exactement 39",6, au
moment précis de la mort sur ce dernier sujet.
» Une troisième inoculation comparative fut pratiquée sur les cinq der-
niers sujets dont il vient d'être question et sur quatre beaux moutons de
provenance italienne : 1" un mouton toscan, noir; 2° une brebis toscane,
noire; 3^ un agneau blanc né de cette dernière; 4° »n superbe mouton
piémontais à oreilles pendantes. Un lapin fut ajouté à ce lot de moutons
d'épreuve. Le j8 mars dernier, tous ces animaux furent inoculés de la
même manière, par piqûres aux deux oreilles, avec la pulpe fraîche d'une
rate de lapin extrêmement riche en bactéridies charbonneuses. Les résul-
tats de l'inoculation furent on ne peut plus démonstratifs. En effet, tous
les animaux témoins étaient morts le 20, et l'autopsie démontrait qu'ils
avaient succombé au sang de rate. Au contraire, les cinq moutons algériens
ne furent nullement éprouvés et continuèrent à jouir de la plus parfaite
santé.
( -398 )
» En résumé, dans cette expérience, à laquelle on ne consacra pas moins
de treize moulons, six appartenaient à des races européennes : dauphinoise,
lyonnaise, toscane et piémontaise. Ces animaux succombèrent au sang de
rate, tous les six, après une seule inoculation. Sept étaient de provenance
algérienne et la plupart subirent trois inoculations : tous résistèrent parfai-
tement. Cette expérience a donc été exécutée dans des conditions particu-
lièrement remarquables au point de vue de la signification des résultats
qu'elle a donnés.
)) Les autres expériences dont j'ai à rendre compte ont été faites en Algérie
même. J'y avais apporté comme matière à inoculation diverses substances
infectantes. Deux seulement se sont trouvées actives : i° la pulpe splénique
d'un mouton charbonneux, écrasée entre deux plaques de verre qu'on
avait enveloppées dans des feuilles d'étain; 2° une culture en tube, pré-
parée suivant la méthode de M. Pasteur. C'est le lapin qui m'a servi à
éprouver l'activité de ces substances infectantes. En arrivant à Alger, où
la plupart de mes expériences ont été faites, j'ai eu la satisfaction de con-
stater que cette espèce animale y possède au même degré qu'en France
l'aptitude à contracter le sang de rate. J'ai pu ainsi, dans tous les cas sans
exception, pratiquer des inoculations d'épreuve sur des sujets témoins, de
manière à assurer certitude complèteaux résultats de mes expériences sur
le mouton.
w J'ai à faire une observation préalable importante avant de faire connaître
ces résultats. La plupart des expériences dont il va être question ont été
instituées, non plus dans le simple but de constater si les inoculations
charbonneuses prennent sur les moutons algériens, mais avec l'intention
de tenter de vaincre, par certains procédés, la résistance bien établie que
ces animaux opposent, en général, aux inoculations pratiquées dans les
conditions ordinaires. Ces tentatives, dont je parlerai avec détail dans une
autre Communication, ont été parfois suivies de succès. Nonobstant, les
résultais de ces expériences d'Alger sont d'accord, dans leur ensemble,
avec ceux de mes expériences antérieures. Il m'a donc paru qu'à celles-là
je pouvais réunir celles-ci et grossir ainsi les chiffres de ma statistique. Ce
n'est pas indifférent, parce que la question de nombre joue un rôle prépon-
dérant dans une question du genre de celle que je traite. La multipli-
cité des expériences pouvait seule en effet permettre de décider si la résis-
tance des moutons algériens aux inoculations charbonneuses constitue un
caractère très général. Cela dit, je passe à l'indication des résultats de ces
expériences algériennes.
» Un premier lot de trois moutons est inoculé le 27 mars, en même temps
( '399 )
que deux lapins témoins. Ceux-ci meurent du sang de rate. Les moutons
résistent non seulement à cette première inoculation, mais encore à deux
antres qui suivirent, à trois et à six jours d'intervalle, et qui firent périr
tons les animaux témoins.
» Quatre brebis, dont deux pleines, forment un deuxième lot, (jui tst ino-
culé une première fois le 3o mars, une seconde fois le 2 avril. Les lapins
témoins succombent très rapidement au sang de rate. Quant aux brebis,
une meurt le 5 avril, avec les lésions types de la fièvre splénique. Sur les
trois autres, on observe une inappétence très passagère, un peu d'élévation
de la température rectale, sans engorgements ganglionnaires bien sensibles.
Après ces troubles très légers, ces trois brebis ne tardent pas à reprendre
tous les signes de la plus parfaite santé.
)) Le troisième lot comprend huit animaux; on les inocule le 2 avril. Le 10,
il en meurt un du sang de rate. Les sept autres sujets, pas^agèrement
éprouvés pour la plupart, reviennent très rapidement à leur état normal.
Naturellement, tous les lapins inoculés comme sujets d'épreuve avaient
péri du sang de rate.
M J'ai enfin à signaler un dernier lot de seize animaux, sur lesquels une
inoculation fut faite le 17 avril, avec pleine et entière réalisation des condi-
tions supposées propres à assurer le succès. On réussit à en faire mourir six
sujets du sang de rate. Les dix autres deviennent presque tons un peu
malades et retrouvent avec ra|)idité la plénitude de leur santé. Il y eut
aussi, dans ce cas, des lapins d'épreuve qui furent tués par l'inoculation;
mais la réussite de cette inoculation sur plusieurs moutons parle bien autre-
ment encore en faveur de l'activité de la matière employée.
» Une récapitulation générale de ces expériences comparatives montre
qu'on y a consacré douze moutons européens de diverses races et quarante-
sept moutons algériens.
» Les douze moutons européens sont tous morts du sang de rate après
une seule inoculation, exécutée dans les conditions ordinaires (').
( ' ) Depuis que mon attention est appelée sur la résistance spéciale des moutons algé-
riens, j'ai inoculé, en sus des douze sujets européens qui ont servi dans ces expériences
comparatives, une quinzaine de moutons appartenant aux races du sud-est et du centre de
la France ou du nord de l'Italie. Pas un n'a échappé au sang de rate. Tous sont morts ra-
pidement, à l'exception d'un mouton toscan, qui, après avoir (l'abo)d laissé croire à une
immunité absolue, a été tué au bout de neuf jours par une infection bactéridienne localisée
fort curieuse, dont je parlerai plus tard. Cependant je n'hésite pas à reconnaître, comme
dans ma première Note, que les inoculations charbonneuses jieuvent échouer sur les moutons
( '400 )
» Sur les quarante-sept moutons algériens, huit seulement ont succombé ;
trente-neuf ont résisté aux inoculations multipliées qu'ils ont subies. Les
huit victimes appartenaient toutes à la catégorie des animaux sur lesquels
l'inoculation avait été faite dans des conditions spéciales.
» Il découle de ces faits que la résistance des moutons algériens au sang
de rate doit être considérée comme un caractère très général et que cette
précieuse qualité peut, en toute sûreté, être exploitée dans l'intérêt des
opérations zootechniques.
» Je me borne aujourd'hui à signaler et les faits bruts et la conclusion
pratique générale qui en résulte. J'exposerai à part, dans des Communica-
tions successives, les autres études que les moutons algériens m'ont permis
de faire sur la physiologie pathologique du sang de rate. »
IXOMINATIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un Cor-
respondant poiu" la Section de Chimie, en remplacement de feu M. Zinin.
Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 45,
M. Stas obtient 4o suffrages.
M. Baeyer « i
M. Cannizaro > i » .
M. Kekulé » i »
M. Melsens » i
M. Meyer « i «
M. Stas, ayant obtenu la majorité absolue des suffrages, est proclamé élu,
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'une Com-
mission de deux Membres qui sera chargée de vérifier les comptes de
l'année 1B79.
MM. CuEVREDL, Rolland réunissent la majorité des suffrages.
de France, et j'ai déjà déterminé l'une des conditions dans lesquelles cela arrive. La con-
Uance des succès fournis par mes expériences actuelles tient à ce que j'ai toujours agi dans les
mêmes conditions, avec des matières infectantes d'une seule et même provenance.
( i4oi )
ME»IOIRES LUS.
PHYSIQUE. — Sur la valeur de la pesanteur à Paris.
Note de M. C.-S. Peirce.
(Commissaires, MM. Faye, d'Abbadie, Mouchez.)
« L'accord très satisfaisant entre les chiffres donnés par Borda et par Biot
pour la valeur de la pesanteur à Paris et la quantité trouvée par Rater à
Londres, corrigée pour Paris au moyen des résultats des transports des pen-
dules invariables, nous a donné une grande confiance dans l'exactitude
de ce résultat.
» Voici les trois valeurs pour la longueur du pendule à secondes :
Dim
Borda 998 ,827
Biot 993,845
Kater 998 , 867
» Néanmoins, on pourrait peut-être dire que l'accord entre ces chiffres
n'est qu'un hasard. On sait, en effet, qu'on n'a fait sur aucun de ces nombres
la correction exprimant l'inertie de l'air entraîné par le pendule, correc-
tion importante faite pour la première fois par Bessel. Or, on n'aurait au-
cune raison de s'attendre, avant d'avoir fait les calculs, à ce que cette correc-
tion devrait être de la même grandeur pour le pendule de Borda, fait d'une
boule de platine et d'un fil de fer de 4™? pour celui de Biot, composé d'un
fil de cuivre de o'°,6 auquel il avait adapté la même boule que Borda, et
pour celui de Kater, qui était en laiton et de forme irrégulière. Mais l'ef-
fet de l'atmosphère sur une sphère suspendue à un mince cylindre est par-
faitement susceptible d'être exactement calculé par les formules que
M. Stokes a données dans son important Mémoire sur ce sujet. Deux élé-
ments concourent à produire cet effet : l'un résulte de la simple pression
atmosphérique, et l'autre de celte propriété de l'air que les physiciens an-
glais appellent sa viscosité et les Allemands la friction intérieure. Pour le cal-
cul de ce dernier élément, il faut prendre la valeur de la viscosité de l'air
donnée par les expériences modernes, celles de Maxwell, par exemple.
M. Stokes a adopté pour la viscosité un chiffre beaucoup trop petit ; cela
( l402 )
affecte surtout les chiffres exprimant les effets de la viscosité sur les fils de
suspension ; c'est pourquoi les comparaisons faites par Stokes entre l'ob-
servation et la ihcorie ne font pas ressortir la véritable valeur de celle-ci.
Les effets almospliériques produits sur les calottes qui attachaient la boule
de plaliue, aussi bien que les modifications des effets atmosphériques cau-
sées par les parois des vitrines où oscillaient les pendules de Borda et de
Biot, peuvent être calculés approximativement. Il est bien entendu que
ces correclions ne sont pas moins corroborées par l'observation des pé-
riodes d'oscillations des pendules à différentes pressions que par l'analyse.
» Les observations de Biot ont aussi été affectées par l'oscillation des sup-
ports. Quant aux supports employés par Borda, je pense, d'après sa descrip-
tion, qu'ils étaient d'une grande solidité, et la correclion à faire à la valeur
de la pesanteur, étant en raison inverse de la longueur du pendule employé,
doit être minime dans ce cas. Les supports de Biot existent encore à l'Ob-
servatoire; seulement ils ont subi deux modifications: i° ils ont été ren-
forcés sur les côtés de deux traverses ; 2° la pièce qui soutenait le pendule a
été remplacée par luie autre très solide. Avec l'autorisation que m'accorda
obligeamment M. l'amiral Mouchez, j'ai écarté les traverses et j'ai alors
mesuré la flexion des supports (munis toujours de la nouvelle tète), sou-
mis à l'effet d'une force de 2"*^ et de S""'', ai)pliquée dans un sens horizon-
tal. Voici mes mesures :
Ecart avec i^',
l3,2
12.9
Moyenne i 3,2
Par kilogramme. . 6,6
Ecart avec 5'''.
■34'! 8
34,8
35,5
35,6
35,3
Moyenne 35,2
Par liilogrannne. . 7,0
» Pourapprécierl'effetproduit par le mouvement non plus du grand sup-
{ i4o3 )
port, mais de la petite pièce qui soutenait le pendule ilans les expériences
(le Biot, il faut une soigneuse étude expérimentale aidée de l'application
d'une théorie toute différente de celle qui s'applique aux supports élas-
tiques. Pour le moment, je néglige cet effet.
» En appliquant les autres corrections, j'obtiens les nombres suivants:
Borda. Biot.
Longueur donnée. ... 993827 9g3845
Effets hydrodynamiques 3i ,4 3i ,4
Viscosité, Sphère 35 , o 23 , i
» Fil 22,6 1,8
Effet de la calolte 2,1 6,2
» vitrine 0,2 0,2
Flexion (portion connue) » 5,o
Longueur corrigée gc)3c)i8,o 993913,0
Nouvelle mesure 993934
» Si l'on adopte sept microns pour l'effet de la portion inconnue de la
flexion du support Biot, on voit que, loin d'affaiblir notre confiance dans
l'exactitude des observations de ces illustres physiciens, nos corrections ne
font que disparaître la différence enire les résultats qu'ils ont obtenus. Le
chiffre exprimant le résultat de mes expériences (993934) s'écarte sensible-
ment des autres ; néanmoins, une étude attentive de toutes les causes d'er-
reur m'a convaincu qu'il est exact à dix microns près.
» La longueur du pendide à secondes à Paris, calculée d'après les expé-
riences de Kater, est o™, 99387, c'est-à-dire plus courte que ma détermina-
tion deo™'",07. Si nous en croyions les expériences faites par le général
Sabine à différentes pressions avec le pendule de Kater, il faudrait ajouter
à la mesure de celui-ci une correction non moindre que o™™, 16, correc-
tion plus de deux fois trop grande pour l'accord des déterminations. Mais
le général Sabine a fait des expériences trop peu nombreuses pour pouvoir
établir un résultat aussi improbable. On ne peut donc tirer aucun parti
des expériences de Rater. En tout cas, je crois avoir suffisamment prouvé
par ce qui précède que le chiffre donné jusqu'ici sur la valeur de la pe-
santeur à Paris doit être augmenté d'un dix-millième. »
C. R., 1880, I" Semestre, tï, XC, N"> «4.)
102
( i4o4 )
MEMOIRES PRESENTES.
MÉCANIQUE. — Développement d'une fonction à une seule variable, dans un
intervalle donné, siiivarjt les valeurs mojennes de cette Jonction et de ses
dérivées successives dans cet intervalle. Mémoire de M. H. Léacté. (Extrait
par l'auteur.)
(Commissaires : MM. Bertrand, Piiiseux, Bouquet.)
« Les problèmes ordinaires de Mécanique appliquée se ramènent, en
général, à la détermination d'une fonction assujettie à certaines conditions,
et il suffit, dans la plupart des cas, de déterminer cette fonction dans un
certain intervalle que fixent les conditions mêmes du mécanisme étudié.
» D'autre part, les équations de la Mécanique appliquée, étant toujours
approximatives, sont surtout propres à fournir les valeiu's moyennes (')
des quantités qui y figurent.
» Ces deux considérations montrent qu'il y a intérêt, au point de vue
des applications, à substituer au développement de Maclaurin, où entrent
les valeurs de la fonction et de ses dérivées successives en un point déter-
miné, un autre développement procédant suivant les valeurs moyennes de
la fonction et de ses dérivées dans l'intervalle que l'on considère.
» C'est la recherche de ce développement qui constitue le présent
travail.
M Je résous d'abord la question suivante :
» Trouver le polynôme en x de degré n tel que sa valeur moyenne et celles
de ses n dérivées, dans l' intervalle de — Ii à -h /i, soient égales à n -\- J quan-
tités données Y,,, Y, , . . . , Y„.
» On trouve que le polynôme y peut se mettre sous la forme
jr=PoYo+P,Y, + ... + P„Y„,
Po, P,, ..., P„ étant des polynômes en x et h de degré égal à leur indice,
que je désigne sous le nom de polynômes auxiliaires et qui sont indépen-
dants des valeurs de Yo, Y,, . . . , Y„ que l'on s'est données.
(') La valeur moyenne de/"(x) dans l'intervalle de a à b esl 7 / /[x)d.c.
( I/.05 )
» Le problème est ainsi ramené au calcul des polynômes auxiliaires.
» Or il est facile de voir que ces polynômes jouissent des propriétés
énoncées ci-après :
» 1° Chacun d'eux est indépendant du degré du polynôme ^ que l'on
veut former et ne dépend que de son degré à lui-même, de telle sorte que
tous ces polynômes forment une suite indéfinie parfaitement déterminée.
» 2° La valeur moyenne dans l'intervalle considéré d'un polynôme quel-
conque est égale à zéro, sauf pour le premier, dont la valeur moyenne est
égale à l'unité.
» 3° Chacun de ces polynômes auxiliaires est la dérivée du polynôme
de degré immédiatement supérieur.
» Cette dernière propriété, qui fait rentrer les polynômes auxiliaires
dans la classe de ceux étudiés par M. Appell ('), suffit, avec la précédente,
pour les déterminer complètement.
» Cela posé, le polynôme P„ étant pris sous la forme
je montre que les coefficients B„, B,, ..., B„ sont indépendants de h, que
tous les coefficients d'mdice impair sont nuls et que les coefficients d'in-
dice pair sont fournis par l'équation
B, B] B„_,
-tH tH h -^— = o,
pi p — 2 ! 1
où l'on donne successivement à p la suite des valeurs impaires et où l'on
fait Bo égal à l'unité.
» La fonction génératrice de ces coefficients est alors
Quant à la fonction génératrice ^{x, z) des polynômes auxiliaires, elle est
donnée par
» Les polynômes de degré impair ont pour racines — h, zéro et -h fi,
excepté le premier, qui est égal à x; les polynômes de degré pair ont une
(') Appell, Sur une certaine classe de polynômes [Annales de l'École Normale, 2* série,
t. IX, l88o).
{ i4oG )
racine réelle comprise entre — h et zéro, el une entre zéro et +h. J'éta-
blis d'ailienrs que les polynômes auxiliaires ne peuvent avoir, dans l'inter-
valle de — // à + h, d'autres racines réelles que celles indiquées, et je
prouve qu'ils n'ont pas forcément toutes leurs racines réelles.
)) Le développement auquel on est conduit pour représenter une fonc-
tion j-j dans l'intervalle de — /î à + /?, est le suivant :
y = (^moy.yj_ + 3-^^moy.-j_ + -3^^^moy.
3.3! V •'•r/.r^y_,, ' 3.4.' \"'"J-dx')^n
On voit que, lorsque l'intervalle considéré diminue indéfiniment, la série
précédente devient celle de Maclaurin, ce qui devait être.
» Dans la plupart des questions de Mécanique appliquée, il suffira d'em-
ployer les deux ou trois premiers termes du développement. Cela revient
à remplacer la courbe représentative de la fonction inconnue soit par une
droite parallèle à la corde extrême, soit par un arc de parabole. Dans tous
les cas d'ailleurs, la ligne substituée à la courbe réelle traverse cette der-
nière de manière à déterminer une surface équivalente et à avoir la même
direction moyenne.
» Il en résulte que les erreurs à craindre dans l'intervalle considéré
sont, en général, moindres que si l'on avait fait usage de la formule de
Maclaurin. Cette formule, en effet, qui donne une grande approximation
dans les environs du point de départ, expose à des erreurs très sensibles
dès que l'on s'éloigne de ce point particulier. Or, dans les questions de
Mécanique pratique, c'est surtout la marche générale du phénomène qu'il
importe de saisir plutôt que son expression exacte en un point donné.
Aussi conviendra-t-il, dans la généralité des cas, d'employer de préférence
le mode de développement précédemment indiqué. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur la résolution de r équation x" -{- y" = z"
en nombres entiers. Mémoire de M. Lefébuise. (Extrait par l'auteur.)
(Commissaires : MM. Hermite, Bonnet, Bouquet).
« Le Mémoire que j'ai l'honneur de présenter à l'Académie contient
divers théorèmes auxquels j'ai été conduit dans mes recherches sur la réso-
jution de l'équation j:" + j>"= z" en nombres entiers, ainsi que la méthode
( i407 )
que j'ai suivie pour trouver ces solutions. Dans celte méthode je fais usage
des résidus des puissances^ des nombres obtenus par la division des nombres
premiers de la forme 2/72 + i. Je remarque que la suite illimitée de ces
nombres premiers peut se partager en deux groupes. Dans le premier se
placent les nombres /> = a/îvz + i , qui conduisent à des résidus tels, que la
somme algébrique de trois quelconques d'entre eux ne peut être un
multiple de p. Le second groupe comprend ceux qui conduisent à des
sommes algébriques de trois résidus multiples de p.
» J'établis la proposition suivante :
» Tous les nombres premiers p du premier groupe sont nécessairement des
diviseurs de l'un des trois termes x, y, z d'une solution entière de jc" +■ y" = z" ;
par suite, tout nombre premier p=^ aA/z 4- i est un diviseur de x, j ou z, ou
bien il fait partie du second groupe.
» J'en conclus que, si le premier groupe est composé d'un nombre in-
fini de termes, x" -h f" =^ z" n'a pas ds solution entière. La démonstra-
tion est donc ramenée à établir ce dernier point.
» Je fais voir que les considérations qui précèdent ne sont pas appli-
cables au cas de « = 2.
» Ainsi, le premier groupe doit être limité et le second illimité pour
que.r"+^" = z" puisse avoir des solutions entières. Mais on ne saurait
admettre que le premier groupe est limité et en même temps le second
groupe illimité; donc x" -+- y" =:;" n'admet pas de solution entière.
» J'indique pourquoi cette méthode n'est pas applicable au cas de
n = 2. n
PHYSIQUE. — Recherches expérimentales sur la polarisation rotatoire magnétique
dans les gaz. Mémoire de M. Henri Becquerel, présenté par M. Fizeau.
(Extrait par l'auteur.)
(Commissaires : MM. Fizeau, Berthelot, Desains.)
« J'ai eu l'honneur de montrer l'année dernière à l'Académie (') com-
ment on pouvait manifester et mesurer le phénomène de la polarisation
rotatoire magnétique dans les gaz à la température et à la pression ordi-
naires. L'étude de cette question a été poursuivie avec les appareils décrits
à cette époque. Je rappellerai seulement que, par des réflexions successives,
Comptes rendus, t. LXXXVIII, p. 709, mars 187g.
( i4o8 )
on fiùsait passer plusieurs fois les rayons polarisés au travers d'un tube en
cuivre de 3", 27 de long, fermé par des glaces parallèles; ce tube contenait
les gaz à étudier et était soumis à l'action électromagnétique de six grosses
bobines dans lesquelles passait le courant électrique d'une pile de 80 grands
éléments à acide azotique. Une boussole des sinus donnait à chaque
instant l'intensité du courant électrique, et l'on mesurait la double rota-
tion du plan de polarisation de la lumière, en renversant le sens du cou-
rant dans l'appareil.
» Le réglage du système optique pouvait se faire avec assez de perfection
pour que l'on obtînt un grand nombre d'images réfléchies sans déforma-
tion. Les mesures ont porté sur les quatre premières images réfléchies qui
correspondent à trois, cinq, sept et neuf passages des rayons lumineux à
travers l'appareil.
» Un Mémoire détaillé que j'ai l'honneur de présenter aujourd'hui à
l'Académie contient la discussion et la mesure de toutes les petites correc-
tions qui peuvent affecter les observations directes. On a vérifié, par expé-
rience, que les réflexions successives des rayons lumineux, ainsi que leurs
passages à travers les glaces, n'apportent aucune perturbation dans les me-
sures, par suite des phénomènes de polarisation elliptique très faibles qui
pourraient prendre naissance. Parmi les corrections qu'il faut faire subir
aux mesures directes, la plus importante est due à l'influence du magné-
tisme sur les glaces qui ferment le tube et qui se trouvent à o™, i4 environ
en dehors des bobines. Cette correction a été déterminée avec le plus grand
soin par des expériences spéciales, et l'on a vérifié que la valeur adoptée
satisfaisait aux observations faites avec l'appareil plein d'air, soit en in-
terposant les glaces sur le trajet des rayons lumineux, soit en retirant
celles-ci.
» Par suite du passage du courant électrique, l'appareil s'échauffe nota-
blement et atteint parfois 3o° à 35° C. Un manomètre, adapté au tube,
mesure à chaque instant la pression des gaz et permet de se servir du tube
comme d'un thermomètre à gaz pour en déduire la température moyenne.
u Les résultats ont été ramenés à la température de 0° et à la pression
de 760°"" de mercure. Pour éviter les effets de compression sur les glaces,
les gaz étaient introduits par déplacement sous l'influence d'un excès de
pression très faible.
» On a employé comme source lumineuse la chaux incandescente d'un
chalumeau oxyhydrique, en interposant sur le trajet de la lumière divers
écrans colorés ne laissant passer qu'une région étroite du spectre, et l'on
( >4o9 )
a déterminé la longueur d'onde moyenne des rayons qni arrivent à l'œil
dans chaque cas, en mesurant, pour ceux-ci, la rotation magnétique du plan
de polarisation au travers d'une colonne de sulfure de carbone liquide.
» Cinq gaz ont été étudiés jusqu'ici dans cet appareil : ce sont l'oxygène,
l'azote, l'acide carbonique, le protoxycle d'azote elle gazoléfiant. Pour ces
gaz, excepté pour l'oxygène, sur lequel je reviendrai plus loin, j'ai reconnu
que les rotations maijnét'upics des plans de polorisalion des rayons de diverses
longueurs d'onde sotit à très peu près en raison inverse du carré des longueurs
d'onde, comme pour les corps solides et liquides non magnétiques.
» En se fondant sur cette relation, on peut déterminer avec une grande
précision la rotation que l'on obtiendrait avec la lumière jaune de la soude.
La discussion des résultats montre que les erreurs ne peuvent dépasser
0,02 delà valeur des nombres observés.
» On a mesuré en outre avec grand soin la rotation magnétique obtenue
dans l'appareil pour les rayons jaunes de la soude traversant une colonne
de sulfure de carbone liquide, à la température de 0°, et soumise à l'in-
tensité électromagnétique qui a servi d'unité. On a trouvé que, pour un
passage des rayons lumineux à travers l'appareil, cette rotation était
de 4520'.
)) Parmi les nombreux résultats obtenus, je citerai les nombres suivants,
relatifs à la lumière jaune de la flamme de sodium.
Rotations magnétiques
rapportées
mesurées au sulfure Indices Rapports
(neuf passages) de carbone liquide de réfraction R
Gai. (raie D). R. n. /,'(,/=_,^'
t
Oxygène 5, 96 o, 000146 1,0002706 0,26g
Air atmosphérique.. 6,48 OjOOoiSg 1,0002936 o>277
Azote 6,56 o, 000161 1,0002977 0,274
Acide carbonique. . . 12,28 o,ooo3o2 i, 000^544 0,332
Protoxyde d'azote... 16,02 0,000893 ijOOoSiSg o,38i
Gazoléfiant 32,62 OjOOoSqt 1,0006780 0,590
» J'ai montré il y a quelques années que le pouvoir rotatoire magnétique
des corps solides et liquides non magnétiques était lié à leur indice de
réfraction, et que pour ceux-ci le quotient de la rotation R par la fonction
îi-[n- — i), dans laquelle « représente l'indice de réfraction, était un
nombre qui variait peu. En prenant pour unité la rotation du sulfure de
carbone liquide, les valeurs du rapport — — ;—— ont varié entre 0,1 et o,5.
( i4io )
Il est très remarquable de retrouver avec les gaz des valeurs de ce rap-
port presque identiques, alors que les rotations magnétiques sont dix mille
fois plus faibles. Les valeurs du rapport -—- ^ r sont indiquées dans la
dernière colonne du Tableau qui précède. Elles vont régulièrement en
augmentant avec les indices de réfraction, ce qui tendrait à montrer que la
fonction n-[n- — i) n'est qu'une expression approchée du phénomène. On
petit observer que, pour les cinq gaz précédenis, les rotations magnétiques
augmentent un peu moins vite que la fonction (« — i)-. La faible valeur
des indices de réfraction des gaz et le nombre restreint des gaz étudiés ne
permettent pas de déterminer avec précision quelle est la fonction de l'in-
dice qui satisfait au phénomène, et l'on doit se borner à reconnaître la
liaison intime des deux propriétés des corps.
» L'oxygène a donné des résultats particulièrement intéressants; ce gaz
a manifesté pour les rayons rouges une rotation très peu supérieure à celle
des rayons verts. Les différences entre les deux rotations sont trop faibles
pour que l'on puisse affirmer que ce corps disperse les plans de polarisa-
tion de la lumière à l'inverse des autres substances, comme cela semble
résulter des expériences; il y a toutefois une anomalie bien nette, car,
pour les mêmes rayons lumineux, les autres gaz donnent des rotations magné-
tiques dont le rapport est environ i,5o, le plan de polarisation des rayons
verts étant plus dévié que celui des rayons rouges. Ce fait est assez remar-
quable si on le rapproche de la propriété qu'a l'oxygène d'èlre très magné-
tique. J'ai démontré dans un travail antérieur que les corps solides et
liquides magnétiques doués d'un pouvoir rotatoire négatif dispersent les
plans de polarisation des divers rayons lumineux suivant une loi différente
de celle que suit le phénomène dans les corps diamagnétiques. Bien que
les rotations données par l'oxygène soient positives, l'ynomalie que l'on
vient de signaler semble liée aux propriétés magnétiques de ce gaz. En se
reportant à mes précédentes recherches, on reconnaît que l'on peut ima-
giner un mélange de deux corps, l'un magnétique, l'autre diamagnétique,
qui donnerait lieu au phénomène que présente l'oxygène. »
CHIMIE ANALYTIQUE. — Sur la constance de la proportion d'acide carbonique
dans l'air. Note de M. Th. Schlœsing.
(Renvoi à la Section d'Economie rurale.)
« Les résultats des déterminations de l'acide carbonique dans l'atmo-
sphère, fort divergents d'abord, se sont resserrés entre des limites très voi-
( '411 )
sines, à mesure que les procâclcs d'analyse onl acquis une précision plus
grande; ceux que l'on doit depuis quelques années aux observateurs les
plusautorisés,telsqueM.Schull7.e, M.Reiset, etc., ne présentent plus que des
différences de — environ. M. Reiset attribue celte constance du taux
d'acide carbonique au brassage incessant de l'atmosphère; cette opinion
pouvant être contestée, il me parait utile de la fortifier par les considéra-
lions suivantes.
» On peut distinguer deux sortes de variations possibles du taux de
l'acide carbonique atmosphérique : une variation lente du taux mojen de
l'almosphcre entière, provenant d'inégalités dans les phénomènes naturels
qui produisent de l'acide carbonique ou en consomment; elle sera révélée
par des séries de dosages comparatifs exécutés, par un même procédé, à de
longs intervalles de temps; |)uis des variations à courtes périodes, locales,
les seules que nous puissions saisir actuellement et qu'il soit permis de
discuter.
)) Il est certain qu'il existe des causes de production et de consommation
d'acide carbonique soumises à des variations considérables et relativement
rapides : telles sont la végétation et la combustion lente des résidus orga-
niques, dont l'activité dépend de la température. Mais, outre que ces varia-
tions s'accomplissent en sens inverses dans les différentes régions du globe
et doivent se balancer en partie, il y a pour les restreindre un régulateur
puissant qui combine son action avec celle de la circulation et du brassage
de l'atmosphère : c'est la mer.
)) A diverses reprises, j'ai déterminé dans l'eau de la Manche la propor-
tion d'acide carbonique et celle des bases existant à l'état de carbonates ;
j'ai constamment trouvé les résultats suivants : i'" d'eau de mer contient
gS^s^S d'acide carbonique et une quantité de bases carbonatées équivalant
à 99'"^, 3 d'acide sulfurique anhydre. J'ai toute confiance dans le dosage
de l'acide carbonique; la détermination des bases est moins précise, à cause
de la silice en dissolution dans l'eau de mer. Le rapport en équivalents de
l'acide carbonique aux bases est '^^l'i d'où l'on voit que l'acide est, pour
la majeure partie, engagé dans des bicarbonates, ainsi qu'on pouvait s'y
attendre.
)) Or j'ai montré [Comptes rendus, juin et juillet 1872) que l'eau pure,
mise en contact à la fois avec un carbonate terreux et une atmosphère con-
tenant de l'acide carbonique, se charge d'une quantité de bicarbonate qui
croît, suivant une loi mathématique, avec la tension de l'acide carbonique
C. R., 1880, i" Semestre. (T. XC, N" 24.) ^ ^^
{ I4l2 )
dans cette atmosphère. Lorsqu'on introduit, dans l'eau un sel neutre de
soude, de chaux, de magnésie, la quantité de bicarbonate formé peut dif-
férer de celle qui se ferait dans l'eau pure; mais elle croit avec le taux
d'acide carbonique, et il se produit encore un état d'équilibre encre elle et
la tension du gaz carbonique.
» Cet état tend sans cesse à se produire dans l'eau de mer, qui, depuis
des milliers de siècles, est en contact incessant avec l'atmosphère et les
carbonates terreux de son fond, de ses bords et des apports des fleuves. Il
ne peut être réalisé d'une manière absolue; l'équilibre parfait n'est pas
compatible avec le mouveuient, pas plus dans les mers que dans l'atmo-
sphère; des échanges continuels doivent donc se produire entre les deux
milieux : quand arrivent des variations du taux d'acide carbonique dans
l'air, la tendance à l'équilibre que je viens de rappeler provoque soit un
dégagement d'acide des eaux marines et une précipitation de carbonate
neutre si la variation est en moins, soit une absorption d'acide et une dis-
solution de carbonate si elle est en plus. Dans ce jeu continuel, la mer peut
évidemment exercer sur le taux d'acide carbonique aérien une action régu-
latrice, si, dans le partage de l'acide carbonique, elle a pris la plus grosse
part et qu'elle remplisse ainsi la condition indispensable à tout régulateur
agissant comme réservoir, celle de posséder une quantité d'acide carbo-
nique disponible beaucoup plus grande que la quantité qui constitue la
variation dans l'air.
» Essayons donc de calculer les quantités respectives d'acide carbonique
marin et aérien, pour savoir si cette condition est satisfaite.
» On admet que la mer, étendue sur toute la surface du globe en une
couche uniforme, aurait une profondeur de 1000"". La quantité d'acide
carbonique contenue dans un prisme vertical de cette couche ayant pour
base I™'' est 98''",3. Ces 98''°, 3 formant des bicarbonates, la moitié, soit
49"^=, est disponible pour exercer l'action régulatrice, l'autre moitié est
retenue par des bases. En supposant que notre atmosphère ait une compo-
sition uniforme et renferme en volume 7^^^ d'acide carbonique, un
prisme vertical de cette atmosphère ayant pour base i°"ï contient seule-
ment/!'^''', 7 d'acide. Ainsi la mer tiendrait en réserve, dans ces hypothèses,
une quantité d'acide carbonique disponible pour les échanges avec l'air
dix fois plus grandeque la quantité totale contenue dans l'atmosphère, et
bien plus grande, a fortiori, que les variations de cette quantité. Quoique
ces chiffres n'aient rien d'absolu, on peut certainement conclure que
la mer est beaucoup plus riche que l'atmosphère en acide carbonique
( i4'3 )
disponible et doit dès lors jouer le rôle de régulateur que je lui prête.
» Je rappellerai, en terminant, que j'ai déjà attribué aux eaux marines
la fonction de régler la circulation de l'ammoniaque atmosphérique. Ainsi
la mer est le réservoir et le régulateur de distribution de trois aliments
essentiels des plantes, l'eau, l'ammoniaque et l'acide carbonique. »
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Des causes qui tendent à gnucfiir tes poutres des
ponts en fer, et des moyens de calculer ces poutres, pour résister aux efforts
gaucliissants. Mémoire de M. S. Périsse, présenté par M. Yvon Villar-
ceau. (Extrait par l'auteur.)
(Commissaires : MM. Yvon Villarceau, Phillips, Resal, Bresse, Lalanne.)
a Les formules ordinaires de la théorie de la flexion plane, appliquées
aux diverses pièces des ponts en fer, supposent que ces pièces conservent
leur verticalité, comme les charges qui les fléchissent, et que ces charges
sont appliquées dans le plan même de la flexion. Ces conditions ne sont pas
toujours réalisées. Deux causes y font obstacle :
» 1° Le mode ordinaire d'assemblage des pièces de pont;
» 2° Les compressions longitudinales, exercées sur la plate-bande supé-
rieure des poutres.
» Sous l'effet de ces deux causes, le gauchissement ou flambage des
poutres de rive tend à se produire; celles-ci se déverseraient et perdraient leur
position verticale, si certaines pièces de contreventement ne les y mainte-
naient. A moins d'avoir des poutres d'une raideur horizontale exception-
nellement grande, leur déversement ne sera empêché que par des entre-
toises formant contreventement supérieur, ou, à défaut de ces entretoises,
le déversement ne sera arrêté que par des montants verticaux, suffisamment
forts et convenablement disposés.
» Les constructeurs connaissent l'importance de ces pièces, et ils les dé-
terminent par comparaison avec des ouvrages plus ou moins analogues,
ayant déjà reçu la sanction de la pratique. Mais, à notre connaissance, on
n'a indiqué jusqu'ici aucune formule pour le calcul des contreventements
supérieurs et des montants verticaux.
I) Cette question n'est traitée, ni dans les Ouvrages français, ni dans au-
cun des Cours spéciaux qui sont professés dans nos grandes Écoles. L'au-
teur du Mémoire a essayé de combler cette lacune, et, si son exposé théo-
rique peut laisser à désirer, il a néanmoins la conviction d'avoir ouvert la
( i4i4 )
voie aux ingénieurs théoriciens et d'avoir indiqué, en attendant les résul-
tats de leurs recherches, des formules qui permettront de munir les ponts
en fer des pièces nécessaires pour empêcher le déversement des poutres.
» L'auteur a considéré un pont à une seule travée de portée L, avec
deux maîtresses poutres de hauteur H, et n pièces de pont, inférieures et
équidistantes, de hauteur h.
» Première cause. — Les moments gaiicliissants développés, sur les poutres, par
l'assemblage des pièces de pont, varient avec leur mode d'appui et d'attache;
chacune de ces pièces transmet à la poutre une charge P, à une distance d
du plan de flexion.
» Il importe peu que la poutre puisse résister à la torsion, sans perdre
son élasticité; il faut qu'elle ne se déforme pas et qu'elle reste verticale, ce
qui revient à chercher son équilibre, sans tenir compte de la résistance à
la torsion. Pour cela, deux séries de forces extérieures t^ et t, sont néces-
saires. Chaque pièce de pont exerce une force t,, faisant avec l'horizontale
un angle a connu, et appliquée à la distance X de la semelle. La force t^ ho-
rizontale, de signe contraire à t,, est exercée par une entretoise supérieure,
placée au-dessus de chaque pièce de pont. Les inconnues t, et t^ ont la va-
leur suivante, obtenue en projetant sur un plan horizontal et en prenant
les moments par rapport à un axe longitudinal, passant par les points d'ap-
plication des forces t, :
. Vd Pd
» Les pièces verticales ou inclinées qui composent la paroi âme doivent
. r • . 1 1 • ^ RI P""' . 11- 1
satisfaire a la relation 2 ^177 = 7^ — r ?', r étant la distance des sections con-
sidérées, à la plate-bande supérieure.
» IjCS montants verticaux remplacent les entretoises du contrevente-
ment, à la condition d'être encastrés sur la pièce de pont; mais ils n'em-
pêchent pas d'une façon absolue le déversement de la poutre : ils le limi-
tent à l'angle a. Chaque montant vertical doit satisfaire à la relation
RI „ , H — /j
= Prf
V H — X
» Lorsque le contreventement supérieur existe seulement au droit des
iPd
appuis, il est soumis à une force horizontale T^^ —rri — tî' ^^ l'équilibre
( i4i5 )
peut être obtenu, si la plate-bande supérieure est assez raide par elle-même.
Comme précédemment, l'entreloisemenl supérieur peut être remplacé par
un ou plusieurs montants verticaux, encastrés au-dessus du sabot d'appui,
qui doivent satisfaire à la relation 2 -- =
V ^(H — a)
» Seconde cause. — Les efforts de compression sur la plate-bande supé-
rieure tendent à la faire fléchir comme un prisme chargé debout, suivant
sa ligne moyenne. Une flexion horizontale peut se manifester si l'on peut,
pour un point quelconque, poser ^ = '~77~' Alors la plate-bande se trouve
dans un équilibre instable si elle est abandonnée à elle-même. L'auteur a
exprimé cette relation en fonction d'une seule variable x, p étant la charge
par unité de longueur, E le coefficient d'élasticité du fer rivé , I le moment
d'inertie minimum; il a trouvé
3 s ^'EI
relation qui peut se mettre sous la forme d'une équation bicarrée; en posant
TT^EI =R et J^ = A, on obtient
O II
Aa:* — AL='a;''+K = o
ou bien
2 T" I^
j-2 _ i^.j. 4- - = o ;
d'où
■^ 2 — V 4 A
» Pour que la plate-bande supérieure n'éprouve pas de flexion horizon-
tale, il faut que les valeurs de j" soient imaginaires, ce qui exige que la
quantité sous le radical soit négative. On en conclut l'expression suivante
de la longueur L de la poutre, qu'il ne faut pas dépasser, si l'ouvrage est
dépourvu de pièces de contreventement :
'EIH
I
j) En pratique, il faut appliquer un coefficient de sécurité. »
( i4i6 )
M. GcroT adresse un Mémoire intitulé : « Sur la résolution des équa-
tions des degrés supérieurs. »
(Renvoi à la Commission précédemment nommée.)
M. P. -A. Picard adresse une Note relative au « gyroscope électroma-
gnétique ».
(Renvoi à la Commission précédemment nommée.)
CORRESPONDANCE.
M. CnAiscEt, nommé Correspondant pour la Section de Chimie, adresse
ses remercîmfnts à l'Académie.
M. le Secrétaire-perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
1° Un Ouvrage de M. J. Chalin intitulé : « Organes des sens dans la
série animale ».
2° Plusieurs brochures d'Anatomie et de Physiologie de M. N. Joly.
M. le Secrétaire perpétuel annonce à l'Académie une nouvelle perte de
la Science : M. Jean-Mothée Gaugain, dont les beaux travaux sur l'électri-
cité avaient été encouragés et récompensés par le prix Gegner pendant les
cinq dernières années, a succombé, le 3i mai 1880, à une longue et dou-
loureuse maladie.
MÉCANIQUE CÉLESTE. — Sur des transcendantes qui jntient un rôle important
dans la théorie des perturbations planétaires. Note de M. G. Darboux.
« Dans les séances du 3 et du 10 mai, M, Tisserand a fait connaître des
propositions très importantes relatives à certaines transcendantes qui sont
définies par la formule
( i + n^ — 2 a cos'j )~' = |- h'f + //_"' cos ç -f- . . . + /<* cos ko -\- .. .
et à leurs dérivées par rapport à la variable a dont elles dépendent. Depuis,
M. Callandreau, dans deux Notes successives, a donné une expression
( i4i7)
approchée des dérivées d'ordre très élevé de ces fonctions. Je me propose
de montrer qu'en suivant la méthode indiquée duns mon Mémoire Sur
l'approximation des fondions de cjrands nombres, on ohtient sans difficulté
non seulement le premier terme de ces expressions approchées, donné
par M. Caliandreau, mais autant de termes qu'on le voudra.
a Je ferai d'abord remarquer que ces transcendantes^* se ramènent
aux fonctions P(X, j') considérées par Legendre dans le Tome 11 du Traité
des Jonctions elliptiques (p. 53 1). On a
et
le symbole F désignant une série hypergéomélrique.
« Cette série est, comme on sait, finie et continue, ainsi que ses dé-
rivées, tant que le module de à^ est plus petit que l'unité; elle conserve la
même propriété en tous les points du cercle de convergence, à l'exception
de celui qui correspond à la valeur a^ = \ . L'application de la méthode
d'approximation que j'ai proposée exige que l'on recherche d'abord com-
ment la fonction devient discontinue dans le voisinage de la valeur a- = i.
» Je me servirai pour cela de la formule
donnée par M. Kummer dans son beau Mémoire Sur la série hypercjéomé-
fn'aue, formule que l'on peut aussi, en s'aidant d'autres résultats obtenus
par M. Kummer, mettre sous la forme
P()., s) = T{\-s -l)T[i-s-h ).)a-'F [^ + X, ^ - X, j + ^, - ^^^^ 1
+ 2— î:i^^a-^(i-a)'-"Fri+X,i-X,^-.,-iif^n.
r'(.«) *■ ' La 2 2' 4" J
» La fonction P(X, 5) nous apparaît ainsi, dans le voisinage du point
a = I, comme composée de deux parties : la première, qui demeure finie
et continue, ainsi que ses dérivées, pour a = i ; l'autre, au contraire, qui
cesse d'être continue et bien déterminée pour a — i. Conformément à la
( i4i8 )
méthode que j'ai rappelée, je néglige la première et je développe la seconde
suivant les puissances de i — a. J'obtiens ainsi un développement que l'on
pourrait écrire d'une manière générale, mais dont je me contenterai de
donner les cinq premiers termes :
— — — i[\—af"'\ i-H "^^ri r I-" ' + ir^^ ri-"
r'(.îj L 2 4(3 — 2i) ^ ' 8^3 — 2,v) ^ '
"•"' 32i3-25j(5 — 2jr) ('— '^j +-.-J.
Il n'y a plus qu'à remplacer dans celte expression a par a + x et à déve-
lopper suivant les puissances de x. En réunissant les différents coefficients
de a:", on aura
r(/j + 1) (■/«»
--^''"f, ^v-;.-«r(« + 2^-i)
X [1 I (•^-')('-^0 I (' - .0 (4 - 3.^ + 2A=) (. - a).
n -\- is — 2 2 (« -H 2i — 2) (« -H 2* — 3)
(6— 5.t + 6V)(.v— i)(j — 2)(i — a)'
2(/^^-2i■ — 2)(« + 2J — 3)(« + 2^ — 4)
96 — laSf + 35.ï'+ i4o/.'— 6o.(X=^+ l\i
9I) — 120 J + JD.VH- 140/.' — 0O.(A- + 4/.' , ,, ,, ,,
+ xr, — '— r— ^ TT, — F-vf'î— i)(-s — 2)(i— «)' + .
b(«-|-2i- — 2)(n+2J — 3)(re + 2J— 4)("+2^ — 5) ^ '^ '^ '
C'est l'expression approchée cherchée. Il importe de remarquer qu'elle
demeure exacte même quand 2s est entier, bien que les formules em-
ployées comme intermédiaires se présentent alors sous forme indéter-
minée.
M Avant de continuer cette étude, j'indiquerai quelques applications
numériques, où je conserverai les notations employées par Le Verrier dans
le Tome II des Annales de l'Observatoire.
» Pour Mercure et Vénus, on a loga = 1,7284839, et l'on trouve, en
employant les différents termes de la formule précédente :
Un terme. Deux lermcs. Trois ternies. Quatre termes. Valeur exacte.
c\ 4290,52 4456,72 4460, 58 4459,91 4458,92
< '» • 4445,13 4447, i5 44I7.80
r', .. » 4398,78 4408,88 4405,24
c\ .. « 432.1,53 4345,10 4338,60
c\ » » 42'3,37 4^55,79 4'238,59
( '4'9 )
» Pour Vénus et la Terre, log« — 7,8593378 :
lii\ ternïP. Doux tonnes. Trois toi-inos. Valeur exaclo.
b'1 9.^3i){).oi ■>.^-j7.ï ,00. 3.37';g,38 28772,3
li'^ .. » 23826,07 238o5,5
ùl u » 2396G, 10 23909,(1
l/'l >. » 2)199,56 24085,8
ij » " 2.4526,37 24346,6
» On voit que l'approximation, très remarquable pour des valeurs
faibles de l'indice supérieur, diminue quand cet indice augmente nota-
blement. J'indiquerai d'autres démonstrations de la formule approchée
qui rendent compte de ce fait. »
ASTRONOMIE. — Sur la figure de la planète Mars. Note de M. H. Hennessy.
<( Dans une Note publiée dans les Comptes rei^dus en octobre 1878 (' ), j'ai
réclamé la priorité de la découverte de la formule qui établit une relation
entre l'aplatissement polaire d'une planète, sa densité moyenne et sa den-
sité à la surface. Me basant sur ces formules, j'en ai tiré quelques conclu-
sions relatives à la configuration de la planète Mars.
» Tout récemment, un astronome américain, M. le professeur C.-A.
Young, a publié une série d'observations sur les diamètres équatoriaux et
polaires de la planète Mars. Ces expériences paraissent avoir été faites avec
le plus grand soin et dans les circonstances les plus favorables; les obser-
vations étant réduites et corrigées des légères influences d'aberration, on
a la valeur finale de e ou de la compression polaire
I
219
» Il est facile de démontrer que cette valeur s'accorde mieux avec l'hy-
pothèse d'une fluidité antérieure de la planète qu'avec l'hypothèse d'une
érosion superficielle par l'action d'un océan liquide ayant la même densité
que l'eau.
H Si la planète Mars avait été primitivement dans un état de fluidité dû
à la chaleur, la masse se trouverait distribuée en surfaces sphéroidales
d'égales densités, la densité croissant de la surfice au centre.
Comptes rendus, n" 22, i868; American Journal of Science, niarch 1880, p. 206.
C. K.. i>8o, i".Sfm«lre. (T. XC, ISoï-5.) I 8/j
( l420 )
» L'ellipticité dépendrait de cette loi et de la périodicité du temps de
rotation de la planète, comme c'est le cas pour la Terre. Dans un pareil
liquide sphéroïdal
où Q' est le rapport de la force centrifuge à la gravité à l'éqnateur et r(a')
une fonction du rayon dont la forme est subordonnée à la loi qui régit les
variations de densité en allant de la surface au centre.
) Si nous désignons par T' le temps de rotation de la planète, par a' son rayon moyen,
par M' sa masse et par g' l'intensité de la force de gravitation à sa surface, nous aurons
et, couséquemment,
pour la Tene, nous avons
de là
et, par conséquent,
^ T'-'g^' ^ a''
V. T'= M'
1 = " a-
«-o(I)'g)-^.
» Les astronomes admettent généralement que — = S"! environ.
» T = 86164", T'= 24''37'" 29.', 7 ouT'= 886427". Si nous admettons pour les niasses
de la Terre et de Mars la valeur déterminée par Le Verrier, nous aurons
M = ., ■' et M'= ' Q=^-j-"^
33.44 J9 :>.t>iat)-2b ?-i-)t)
par suite,
T
224, 07
5
» Pour la Terre, e = - QF(rt), et, si F(«) a la même valeur dans Mars ou, pour mieux
dire, si la densité varie de la surface au centre comme i)our la Terre, — = - ou f'':= -■- e,
« Mais, comme la dernière détermination de <• donne c = — ;r — y-^i le calcul conduit à
293,46
e'=-V-
227 ,DI
( '/l^l )
» Comme la planète Mars offre à sa surface l'apparence d'un fluiile
aqueux, on a pu recourir à une théorie quelquefois invoquée pour expli-
quer la figure de ISIars. On a supposé une érosion de la surface combinée
avec la force centrifuge qui résulte de la rotation autour de l'axe planétaire.
Cette théorie a été soutenue par sir Charles Lyells dans les éditions succes-
sives de ses Principes de Géologie; bien qu'il ait été démontré qu'elle se
trouve en désaccord avec les résultats mathématiques, elle est encore ad-
mise par un grand nombre de géologues d'Angleterre et d'Ecosse. Cette
théorie avait été originairement proposée dans ce dernier pays par Play-
fair, et l'autorité de cet illustre mathématicien servit à la propager (').
» En ce qui regarde la théorie de l'érosion par un liquide en mouvement
sur la surface d'une planète, j'ai trouvé pour l'ellipticité du liquide enve-
loppant
_ 5QD + G(n' — i)s
^ ~ Q(5L)-3) '
£ étant l'ellipticité de la surface solide, D la densité moyenne et D' la den-
sité de ses matériaux solides à la surface; la plus grande valeur que e puisse
prendre correspond à e = e, et alors
tqd
Q(5D — 3) — 6(D'-
)) Pour ce qui regarde la Terre, les valeurs généralement admises pour la
densité moyenne de la planète et la densité de la croûte solide sont, en
nombres ronds, D = 5, 6 etD'= 2,6. Avec ces nombres il est évident que
e ne peut excéder -, —
» La plus petite valeur que l'on puisse donner àD dans le présent élat de
nos connaissances est à peu près égale à deux fois D' ; et par suite
e— -Q=7
7 4^4»*^
» Comme je l'ai déjà fait observer, la théorie de l'érosion ne peut rendre
compte de la figure de la Terre d'une manière aussi satisfaisante que la
théorie de l'entière fluidité primitive.
)) Si Mars était un solide homogène, la théorie de l'érosion rendrait aussi
bien compte de l'ellipticité observée que s'il s'agissait d'un fluide horao-
gène, car, dans l'un et l'autre cas, e serait alors 7 Q', d'oue' = T>va-
o ' ' ' 4 ' 79' '^4
') Illustrations nf t/is hultoniun Theory [Playfair's fVorks, t. I, p. 480)
( '422 )
leur qui est sensiblement plus grande que le résultat obtenu par les meil-
leures observations.
» Les recheiches de divers astronomes ont récemment démontré que la
surface de Mars offre une distribution bien définie de matière solide et de
matière liquide. Les terres paraissent former des groupes d'îles et non de
grands continents.
» Si la figure de la planète différait de celle qui est déduite de l'hypo-
thèse de la fluidité primitive, si son aplatissement était moindre ou bien
plus grand, une pareille distribution de terres et d'eau ne pourrait exister.
Avec un grand aplatissement, la terre formerait une grande ceinture vers
l'équateur ; avec un aplatissement minime ou une figure sphérique, la terre
formerait deux continents circumpolaires ayant lui océan équatorial inter-
médiaire. Tous les observateurs récents s'accordent à donner à la planète
mie distribution différente de celle qui aurait lieu dans ce dernier cas. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur t équivalence des formes.
Note de M. C. Jordan.
2 et à coeffi-
cients complexes les méthodes employées par M. Hermite dans ses re-
cherches sur l'équivalence des formes quadratiques. Nous établissons en
effet les théorèmes suivants :
« IV. Toute forme F à coefficients entiers est équivalente à une réduite
dont les coefficients ont leurs modules limités en fonction entière des modules des
( i423 )
invnfin7ïls dcF. (5/ F avait des covariants idenliquemenl nuls, ce quiiiunivcra
cerlainemenl que dans certains cas jtarticuliers, la limite dépendrait également
des entiers nutnériques qui figurent dans l'expression des coefficients de ces cova-
riants).
» V. Les formes à coefficients entiers algébriquement équivalentes à une forme
donnée quelconque se distribuent en un nombre limité de classes.
» VI. Soient F, G deux formes à coefficients entiers, à n variables et de de-
gré m. Le nombre des substitutions distinctes qui transfoimentF en G sera limité
en fonction de m et de n, et les modules de leurs coefficients seront limités en
fonction des mêmes quantités et des modules des coefficients de F et de G.
)) On pourra donc, par un nombre limité d'essais, reconnaître si F et G
sont équivalentes et déterminer toutes les substitutions à coefficients entiers
qui transforment F en G .
» Les théorèmes IV, V, VI peuvent se trouver en défaut dans les deux
cas suivants : i° si les formes considérées sont quadratiques; 2° si leur dis-
criminant est nul. Dans ces cas exceptionnels, une nouvelle étude est né-
cessaire. M. Poincaré, dont les travaux siu' ce sujet concordent avec les
nôtres, vient d'effectuer cette discussion pour les formes cubiques ternaires
{Comptes rendus, séance du 7 juin 1880). »
PHYSIQUE. — Les tensions des vapeurs saturées ont des modes de variation
différents selon qu elles sont émises au-dessus ou au-dessous du point de fusion.
Note de M. Paul de Mondesir.
« Pour faire voir que le passage par le point de fusion change le mode
d© variation des tensions des vapeurs, j'ai eu recours, dans une Note pré-
cédente, à des différences numériques. Lorsqu'on examine la même ques-
'fton sur les courbes, voici ce qu'on observe en comparant un corps A qui
reste liquide dans toute l'étenduo de sa courbe avec un corps B dont la
courbe contient au contraire le "point de fusion. Dans ce cas, on ne
réussit jamais, par l'emploi des paramètres, à identifier les deux courbes
dans toute leur étendue; lorsque la superposition se produit bien pour les
parties liquides, la partie solide de B se sépare nettement de la piirtie
liquide correspondante de A. La divergence ne se réduit pas d'ailleurs à
une variation du paramètre : elle est de nature plus complexe, car, si l'on
prend isolément la portion de courbe qui correspond au solide, ou ne peut,
en général, l'identifier à aucune courbe de corps liquide.
( 14^4 )
» J'ai déjà rencontré celte objection que, si les différences étaient aussi
marquées, elles auraient dû être aperçues, notamment lorsqu'on cherche
à représenter par une seule courbe les vapeurs de l'état solide et de l'état
liquide. Il est donc utile de donner quelques explications sur ce point.
Admettons que pour les vapeurs d'un même corps il y ait deux courbes,
relatives l'une à l'état liquide, l'autre à l'état solide. Ces deux courbes se
coupent sous un angle très obtus, et leurs parties efficaces forment ainsi une
sorte d'accent circonflexe très aplati, dont le sommet est au point de fu-
sion. Il s'agit de voir comment on peut représenter approximativement cet
ensemble par une seule exponentielle. Or Regnault a maintes fois insisté
sur le fait suivant : quand on calcule les coefficients d'une exponentielle
à trois termes pour représenter une vapeur, il arrive toujours que le der-
nier terme n'est qu'un terme de correction agissant seulement sur les bas
degrés. Dans le cas actuel on peut donc prendre la formule de l'état
liquide et modifier son dernier terme, afin d'abaisser la partie inférieure
de la courbe sans qu'il en résulte de changement pour la partie supérieure.
Si la modification n'agit qu'au-dessous du point de fusion, toute la partie
liquide reste intacte, mais la courbe ne peut descendre assez vite pour
suivre la courbe de l'état solide; elle reste donc d'abord au-dessus, puis
elle la coupe assez loin sous un angle aigu qui permet la confusion, ou elle
la coupe plus près sous un angle alors très notable : le premier cas se réalise
dans la courbe de l'eau spécialement calculée entre o° et ioo°; le second
est celui du chlorure de cyanogène. Si, au contraire, la nouvelle courbe
commence à descendre au-dessous de celle de l'état liquide à 20° ou 3o°
avant le point de fusion, le maximum d'écart sera en ce point, et, grâce à
cette sorte de préparatif, la nouvelle courbe ira, un peu plus loin, couper
celle de l'état solide sous un angle extrêmement aigu et se confondre avec
elle ou ensuite passer un peu au-dessus : ces conditions sont exactement réali-
sées par la courbe générale de l'eau, par celles de la benzine et du chlo-
rure de carbone. Dans tous les cas, l'écart de représentation est petit, et l'on
voit qu'il n'a aucun rapport de grandeur avec la divergence réelle des
courbes des deux états solide et liquide.
» Ce que je viens d'indiquer comme résultat de modifications successives
de la courbe se réalise de prime abord lorsqu'on cherche à représenter
une série d'observations sur l'état solide et sur l'état liquide, et les diffé-
rents cas dont j'ai parlé se produisent, sans que l'opérateur en ait con-
science, par cela même que l'un des points par lesquels la courbe est
assujettie à passer tombe plus ou moins près du point de fusion.
( '425 )
Ces circonstances expliquent bien que Regnault, voyant des écarts se
présenter sous des aspects très variables, les ait considérés comme des acci-
dents et en ait donné des explications qui, je crois, ne sont plus applicables
lorsqu'on envisage l'ensemble de tous les corps.
» En effet, la première explication est que le corps solide donne moins
aisément que le liquide l'équilibre de température et de tension nécessaire
à l'exactitude des mesures. Mais si ce fait avait exercé une influence ap-
préciable, ce serait surtout dans les études spéciales faites aux environs des
points de fusion. Or il n'en est rien : nous devons donc admettre que Re-
gnault, tout en signalant la difficulté, a réussi à la surmonter. La seconde
explication, la principale, est que, lors du passage à l'état solide, de petites
quantités de matières étrangères, qui, noyées dans la niasse liquide du
corps principal, étaient sans influence, peuvent se séparer et changer
la tension de vapeur. Cette cause expliquerait très bien pourquoi l'hy-
drocarbure de brome, à l'opposé de tous les autres corps, présente au-
dessous du point de fusion un relèvement très marqué dans la marche des
tensions, d'autant plus que les expériences donnent des résultats très irré-
guliers où l'on voit la même tension pour des températures différant de
6°. Mais la présence de corps étrangers n'est pas admissible pour l'eau,
l'acide carbonique, ni pour la benzine, dont Regnault dit qu'il ne pou-
vait avoir aucun doute sur sa pureté.
» Les explications basées sur des erreurs d'expérience étant écartées,
il ne reste plus, ce me semble, qu'à admettre la réalité des différences de
marche des tensions au-dessus et au-dessous du point de fusion. Mais, en
m'arrétant à cette conclusion, je tiens à bien préciser que je la restreins à
son énoncé et que, dans mon opinion, elle n'implique rien sur l'existence
d'un point saillant, d'une tangeuce ou même d'un ressaut au point de fu-
sion, ni sur une différence de tension entre le corps à l'état de surfusion et
le corps solide à la même température.
» Dans ma Note précédente, je me suis trompé en disant que pour la
Table de l'eau au-dessous de zéro Regnault avait en partie abandonné sa
formule; mais cette erreur n'a aucune influence sur l'ensemble de la
question. »
( '426 )
CHIMIE ORGANIQUE. — Action du bromure de mélhyle et de l'iodure de mé-
thyle sur la monométhy lamine. Note de MM. E. Duvillier et A. Buisine,
présentée par M. Wurtz. •
« Dans nne précédente Note ('), nous avons montré que dans l'action
du nitrate de méthyle sur la monométhylamine il se formait, comme pro-
duit principal de la réaction, du nitrate de tétraméthylammonium et seule-
ment une petite quantité de diméthylamine et de triméthylamine.
« Dans le but d'obtenir la diméthylamine en quantité notable, nous
avons essayé l'action du bromure de méthyle et de l'iodure de mélhyle sur
la monométhylamine. Nous sommes arrivés à des résultats identiques à
ceux que nous avait fournis le nitrate de méthyle. Ce sont ces résultats que
nous allons faire connaître.
)) Nous avons fait réagir à 100° en vase clos le bromure de méthyle (1™°')
sur une solution dans l'esprit de bois de monométhylamine (i"""'). La réac-
tion terminée, on décompose par la potasse les produits de la réaction,
afin de mettre en liberté les bases volatiles. Celles-ci, comme nous l'avons
constaté, sont formées presque entièrement de monométhylamine non
transformée et ne renferment qu'une très petite quantité de diméthylamine
et de triméthylamine. Ceci nous conduit à rechercher dans les produits de
la réaction la présence du bromure de tétraméthylammonium.
» A cet effet, on reprend les produits d'où l'on a chassé les bases vola-
tiles par l'ébullition en présence d'un excès de potasse. Ces produits sont
saturés par l'acide sulfurique. Par concentration, la plus grande partie du
sulfate de potasse se sépare. Les eaux mères sont amenées à sec et reprises
par l'alcool bouillant qui laisse insoluble la plus grande partie du bromure
de potassium. Par refroidissement, la solution alcoolique laisse déposer en
abondance de grandes lamelles qu'on purifie par quelques cristallisations
dans l'alcool. Ce sel, soumis à l'analyse, a fourni des nombres qui répondent
parfaitement à la composition du bromure de tétraméthylammonium. Ce sel
est le produit principal de la réaction.
» L'action du bromure de mélhyle sur la monométhylamine ne nous
ayant pas fourni les résultats désirés, nous avons eu recours à l'action de
l'iodure de méthyle.
(') Comptes rendus, t. XC, p. 872 ; 1880.
( i427 )
» Nous avons fait réagir Tiodure de niéthyle (1°'"') sur une solution clans
l'esprit de bois de monométhylamine (i™"'), on faisant tomber goutte à
goutte l'iodure de niéthyle dans la solution de la base. Il se produit aussi-
tôt une réaction violente et il se forme immédiatement un précipité très
abondant d'iodure de tétraméihylammonium. On termine ensuite la réac-
tion en chauffant doucement, puis on sépare le précipité et on traite la li-
queur par la potasse pour en chasser les bases volatiles. Celles-ci sont
formées presque entièrement par de la monométhylamine ; elles ne ren-
ferment qu'une petite quantité de diméthylamine et de triméthylamine.
» L'action du bromure et de l'iodure de méthyle sur la monométhyl-
amine est donc en tout semblable à celle du nitrate de méthyle sur la mo-
nométhylamine. Elle ne peut servir qu'à préparer la base quaternaire.
» L'action de ces trois éthers sur la méthylamine est donc comparable
à l'action de l'iodure de méthyle sur l'annnoniaque. Hofmann a constaté
que dans ce cas il se formait, comme produit principal de la réaction, de
l'iodure de tétraméihylammonium (').
» Ces expériences montrent que la production de la diméthylamine est
une opération longue, puisque cette base ne se forme qu'eu très faible
quantité dans ces différentes réactions. On connaît, il est vrai, d'autres pro-
cédés pour produire la diméthylamine : ainsi Bœyer et Caro (-) ont proposé
de décomposer la nitrosodiméthylaniline parla potasse et Mertens (') a
conseillé de décomposer la dinitrodiméthylaniline par la potasse. Mais,
comme ces procédés exigent des manipulations longues et laborieuses,
nous croyons devoir recommander, comme étant la soince la plus avanta-
geuse de la diméthylamine, le produit désigné dans le commerce sous le
nom de trimélhj'lamine.
» Nous avons donné la composition de ce produit et le procédé à suivre
pour en retirer, à l'état de pureté, les différentes bases qu'il renferme, dont
la moitié environ est formée par de la dimétliylamine ('). Ce produit se
recommande en outre par la modicité de son prix. »
(') Annales de Chimie et de Physique, 3' série, t. XXXIII, p i/lli: i85i
(*) Deutsche chemische GcsclUchaft, t. VIT, p. çfi?>: 1S7Î.
(') Deutsche chcmisclie Gcscllschnft, t. X, p. ggS ; l^V;-
(') Comptes rendus, t. LXXXIX, p. 48 et 709; 1879.
G. R., 1880, I" Semestre. (T. XC, N" 24.)
i85
( i4=8 )
CHIMIE OBGANIQUR. — Sur la transformation du térébentliène en cj'mène.
Note de M. Brdère, présentée par M. Cahours.
« La transformation d'un carbure C"!!*""* en carbure aromatique ne
s'obtient qu'avec difficulté, soit qu'on opère une soustraction d'hydrogène
par l'action du brome, soit qu'on l'oxyde par l'acide sulfurique concentré,
comme dans la préparation du térébène. Au point de vue de la prépa-
ration, le moyen le plus rapide et le plus économique d'obtenir le cymène
consiste à laisser tomber goutte à goutte de l'essence de térébenthine
rectifiée sur une couche d'acide sulfurique additionné de 2™°' d'eau
et maintenu en ébuUition dans un ballon spacieux. Le mélange d'eau,
d'acide sulfureux, de térébenthène inaltéré et de cymène qui résulte de
cette réaction est dirigé dans un réfrigérant. Le produit, après la sépara-
tion de l'eau, est débarrassé de l'acide sulfureux par l'addition de carbo-
nate de soude; on le dessèche ensuite sur du chlorure de calcium; puis,
après un ou deux tours de fractionnement avec l'appareil à plateaux de
Lebel-Henninger, on purifie complètement le cymène en l'agitant à froid
avec de l'acide sulfurique, afin de polymériser le térébenthène qu'il pourrait
retenir. Finalement, on rectifie et l'on prend ce qui passe entre 176° et
176°. Il se sépare dans cette opération un résidu charbonneux assez
abondant.
» Après diverses tentatives infructueuses pour remplacer l'acide sulfu-
rique, qui, en raison de son action trop énergique, charbonne une partie
du térébenthène, par des bisulfates alcalins ou des oxydants tels que les
acides arsénique et chromique, j'ai été amené à étuiiier la réaction sui-
vante, dont les résultats sont d'une netteté parfaite.
» Lorsque l'on traite 1™°' de térébenthène par i""' de sulfate neutre
d'éthyle en vase clos, à 120", pendant dix ou quinze heures, le mélange
se colore fortement et présente parfois des Ions violets très riches. li'examen
du contenu des tubes montre qu'ils renferment de l'acide sulfureux, du
cymène et de l'éther éthylique formés en vertu de l'équation suivante :
C'°W + SO*(C^H=^)^ = S0= + (C-H^)= O + H^O. "
L'essence de térébenthine et le sulfate d'éthyle, plus dense qu'elle, ne se
dissolvent pas à froid, quelque temps que l'on prolonge leur contact. Pour
tâcher d'expliquer la réaction précédente par une combinaison transitoire
( «429 )
peu stable, analogue à celles trouvées dans ces derniers temps pour l'acide
sullurique, j'ai chauffé pendant cent heures, au bain-marie et en vase
clos, le mélange de térébenlhène et de sulfate d'éthyle ci-dessus. Dans ces
conditions, les deux couches disparaissent peu à peu, et le liquide devient
parfaitement homogène ; il est plus dense que l'eau, stable à la température
ordinaire et présente une couleur jaune citron et une odeur particulière.
Placée dans un mélange réfrigérant à — 20°, cette solution, se comportant
en quelque sorte comme les corps plus solubles à chaud qu'à froid, se
sépare en deux couches formées de ses composants primitifs, déposés par
ordre de densité, couches qui d'ailleurs se dissolvent de nouveau par l'a-
gitation, dès que la température remonte à — 10°.
» D'après ces observations et les poids moléculaires mis en jeu, il paraît
donc se former une combinaison très peu stable de térébenthène et de
sulfate d'éthyle C'°H'%SO'*(C-H^),qui, par sa destruction ultérieure sous
l'influence de la chaleur, donne du cymène et de l'éther ('). »
CHIMIE ORGANIQUE. — Préparation de l'mdoline et de SCS composés.
Note de M. E. Giraud (^).
« Dans une Note précédente ('), j'ai indiqué la préparation de la flavin-
dine de Laurent et sa transformation en indoline, produit découvert par
M. Schûtzenberger ; mais ce mode de formation, qui consiste à sublimer
la flavindine avec de la poudre de zinc, est très imparfait et donne de très
mauvais résultats. J'ai cherché à lui en substituer un autre.
» La flavindine, dissoute dans une solution de soude caustique très
étendue, est mise en contact prolongé (deux ou trois jours environ) avec
de l'amalgame de sodium à 3 pour 100. On voit se déposer peu à peu dans
la solution une poudre jaune sale, provenant de la réduction de la flavin-
dine par l'hydrogène naissant. Après réduction complète, on lave la masse
à l'eau pour lui enlever la soude en excès, on fait dissoudre le produit
dans l'alcool pour le purifier, on le précipite par une grande quantité d'eau
et on lave ; on a ainsi un produit qui ne laisse que des traces de cendres.
Si l'on voulait obtenir l'indoline chimiquement, il suffirait de la sublimer
dans un creuset de porcelaine.
(') Ce travail a été exécuté au laboratoire de M. Cahours, à rÉcoie Polytechnique.
(') Ce travail a été fait au laboratoire de M. Schùlzenberf;er, au Collège de France,
[') Comptes rendus, t. LXXXIX, p. io4'
( i43o )
» On peut représenter la réaction de J'amalgame de sodium sur la flavin-
dine par l'équation suivante :
C"H"Az*0' + i41I=2(G"'H'Uz-)+5H^O.
» J'ai pu reproduire la réaclion de l'acide picrique indiquée par M. Schût-
zenberger et obtenir par substitution quelques composés de ce corps.
» Une solution d'indoline d:ms le chloroforme, traitée par le chlore sec
et purifiée par une seconde dissolution dans le chloroforme, donne un
produit assez semblable à l'indoline et dont l'analyse conduit à laformule
f tO [112 AS i C'
C 11 Az ^ Cl
» L'indoline, traitée à chaud par l'acide nitrique, donne une solution qui
est précipitée par l'eau. Le produit solide, purifié par cristallisation dans
l'alcool, est d'un beau jaune orangé; il correspond à la formule
C'OH'^Az^
AzO>
AzO'
w En chauffant pendant une heure à i8o° l'indoline avec de l'acide sul-
furique fumant, on obtient une masse qui, saturée par le carbonate de
soude, donne un sel cristallisé dont l'analyse a conduit à laformule
C'°H'-Az^
SO^Na
SO'Na'
ZOOLOGIE. — Sur iexistence d'une circulation lymphatique chez les Pleuro-
nectes. Note de M. S. Jourdain, présentée par M. Alph. M ilne Edwards.
« On sait qu'il existe dans les diverses parties du corps des Poissons
osseux un ensemble de vaisseaux et d'espaces interorganiques renfermant
un liquide qui présente les caractères essentiels de la lymphe.
« Il était intéressant d'observer à l'aide du microscope, sur des animaux
vivants, ces vaisseaux et leur contenu.
» Nous avons fait choix pour cet examen de très jeunes Pleuronccles
(Plalessa vulgaris Cuv., Plat, flesus Cu\.), qu'on peut se procurer, à mer
basse, dans les ruisseaux qui sillonnent nos plages sablonneuses. Couchés
sur le flanc, leurs nageoires impaires s'appliquent sur la lame porte-objet,
laissant voir par transparence, avec une grande netteté, les vaisseaux san-
( I/43I )
giiins el lympli;Uiqiies qui s'y distiibiient. Pour bien observer les laits que
nous allons exposer, il convient de s'adresser à des sujets qui viennent
d'être péchés et d'employer un grossissement de 2JO à 3oo diamètres.
» Chacun des rayons des nageoires se montre accompagné de six vais-
seaux [vaisseaux épiiieiLx), trois d'un côté, trois de l'autre. Des trois vaisseaux
de chaque groupe, l'un contient du sang coloré, les deux autres du sang
blanc. Des deux vaisseaux épineux à sang coloré, l'un fonctionne comme
artère, l'autre comme veine. L'artère et la veiue d'un même rayon com-
muniquent par plusieurs arcs anastomotiques.
» Les deux vaisseaux qui accompagnent l'artère d'un côté et la veine de
l'autre contiennent un liquide hyalin charriant de nombreux globules
lymphatiques. Ils se distinguent, en outre, des vaisseaux à sang coloré :
i" par leur diamètre plus irrégulier; 2° par un contenu moins riche en glo-
bules; 3° par le transport moins rapide de ces derniers, que, sous les gros-
sissements indiqués, on peut suivre de l'oeil, ce qui est impossible pour les
hématies.
» iMais ce qu'il est important de remarquer, c'est que, dans les deux
vaisseaux lymphatiques accolés à l'artère et à la veine épineuses, lympha-
tiques qui communiquent à leur partie terminale par une anse anastonio-
tique, le cours de la lymphe s'effectue en sens inverse. L'un de ces lym-
phatiques est destiné à porter la lymphe vers l'extrémité du rayon, l'autre
à la ramener vers la base de celui-ci. L'artère et la veine épineuses sont
donc accompagnées chacune d'un vaisseau lymphatique afférent et d'un
vaisseau efférenl, d'une artère et d'une veine lymphatiques, si l'on peut
s'exprimer ainsi.
» Il existe donc dans les Pleuronectes, et probablement dans les Téléo-
stéens en général, une circulation de la lymphe comparable à la circulation
du sang. Des vaisseaux sont chargés de transporter la lymphe vers les
parties périphériques, tandis que d'autres la rapportent vers un réservoir
centrai. Ce qui rend encore plus étroite la ressemblance entre le système à
globules colorés et le système à globules lymphatiques, c'est l'existence,
dans les branchies, d'un ensemble de vaisseaux lymphatiques disposés sur
le plan des vaisseaux à sang coloré et constituant vraisemblablement, pour
la lymphe, un système afférent et efférent, grâce auquel ce liquiJe vient
se mettre en rapport avec l'air, comme le sang lui-même.
» Fohmann, se fondant uniquement sur des considérations d'ordre ana-
tomique, avait entrevu ces afférents et ces afférents de l'appareil respira-
toire que J. Millier se refusa à admettre.
( i432 )
» Dans les jeunes Pleuronectes, mesurant o™,020 à o™,o25 de longueur,
on n'aperçoit point, sauf à la base de la nageoire, d'anastomoses transver-
sales entre les vaisseaux à hématies de deux rayons voisins. On constate,
par contre, la présence de |)lusieurs branches traversant la membrane
interépineuse et unissant entre eux les lymphatiques épineux tant affé-
rents qu'efférents. Il existe donc une période pendant laquelle ce sont les
vaisseaux à sang blanc qui apportent les matériaux de nutrition aux tissus
interépineux. Remarquons aussi que les lymphatiques se prolongent jusque
vers l'extrémité du dernier article, dont les vaisseaux à sang coloré atteignent
à peine la base.
» Lorsque l'animal demeure quelque temps en observation sur la lame
porte-objet, la circulation de la lymphe ne tarde pas à devenir languis-
sante, alors que celle du sang paraît avoir conservé toute son activité.
» Dans les jeunes Pleuronectes conservés en captivité, la circulation
lymphatique perd, au bout de quelques heures, son énergie; des embolies
globulaires se produisent, et une anémie lympltalique s'accuse par la dimi-
nution notable du nombre des globules blancs.
» Quel est l'agent moteur dans la circulation delà lymphe ?Pour répondre
à cette question d'une façon satisfaisante, de nouvelles recherches sont né-
cessaires. Dans les Pleuronectes, en particulier, il ne faut point chercher
de réservoir central pourvu de muscles intrinsèques. Les fibres contractiles
qui agissent sur lui sont des éléments d'emprunt, fournis par la muscula-
ture de l'appareil respiratoire et établissant entre ce dernier et l'appareil
lymphatique une solidarité fonctionnelle, dont le Congre nous a déjà pré-
senté un exemple.
» La circulation lymphatique se retrouve-t-elle dans des Vertébrés autres
que les Téléostéens? Il n'y a pas témérité, croyons-nous, à pencher pour
l'affirmative. »
PHYSIOLOGIE. —Sur r action pitysiologique duThaViclrum macrocarpum.Nole
de MM. BociiEFONTAiNE et Doassaxs ('), présentée par M. Vulpiau. .
« L'un de nous, M. Doassans, a étudié dans ces ''erniers temps une
plante de la famille des Picnonculacées, du genre Thalictrum, le Thalic-
Irum macrocarpum, Gren. Cette espèce, remarquavile par le volume de ses
(') Travail du laboratoire de M. Vulpian.
( <433 )
parties souterraines, représente à elle seule, en Europe, la section des
Physocarpum et vit dans une partie très limitée des Pyrénées, c'est-à-dire
dans la région calcaire de la haute vallée d'Ossau (Basses-Pyrénées).
» Des expériences préliminaires ayant démontré que l'extrait de Thalic-
trum macrocarpiitu est toxique, M. Doassans tenla d'en séparer la partie
active, et c'est alors qu'il retira des racines de ce pigamon pyrénéen une
matière colorante cristallisée en petits prismes jaune clair, non azotée, dé-
pourvue de propriétés physiologiques évidentes, ainsi que Ta constaté
M. Vulpian, et qu'il désigna sous le nom de macrocarpine.
» M. Doassans entreprit donc de nouvelles recherches afin d'isoler l'élé-
ment actif de l'extrait de Thaliclntm, et il obtint un autre corps, cristallisable
sous forme d'aiguilles ténues, incolores, groupées autour d'un centre com-
mun, à peine solubles dans l'eau, solubles dans l'alcool, possédant les réac-
tions des alcaloïdes, et capables de se combiner avec des acides pour for-
mer des sels solubles dans l'eau; il donna à cette substance le nom de
Tlialictrine. Nous pûmes voir facilement alors que la thaliclrine jouit des
propriétés toxiques et de l'action physiologique reconnues à l'extrait de
Tlialictrum, et que, par conséquent, elle constitue le principe actif des ra-
cines de cette plante. Restait à préciser le pouvoir toxique et l'action
physiologique du Tlialictrum macrocarpum.
» Notre étude expérimentale sur ce sujet a été poursuivie dans quelques
cas avec la thalictrine elle-même, le plus souvent avec l'extrait de Tlialic-
trum. Elle a été faite sur des grenouilles et sin- des mammifères, tels que
chiens, lopins, cobayes, et ses résultats nous ont paru mériter d'être pré-
sentés à l'Académie.
» Avant d'aller plus loin, il convient de faire remarquer que l'extrait de
Tlmlictrum détermine des effets locaux irritants dont le sulfate et le chlor-
hydrate de thaliclrine sont dépourvus, et de dire que ces effets ont été
évités dans toutes les expériences qui servent de base à noire analyse des
propriétés toxiques et physiologiques de la thaliclrine.
» Chez la grenouille, la dose d'extrait inséré sous la peau et nécessaire
pour déterminer la mort est de o^^oa ou o«%o3; l'animal meurt dans
l'espace de trois à quatre heures. La thalictrine étant très peu soluble
dans l'eau, nous avons dû rechercher sa puissance toxique au moyen de ses
sels, les sulfate et chlorhydrate de thalictrine, qui sont mortels, à la dose
de oB'',oo2 à 08^,005, dans l'espace de vingt à quarante minutes environ.
» Chez les mammifères comme lechien, i»' ou i^'', 5 d'extrait de Tlialic-
trum injecté dans une veine donne la mort au bout de cinq à dix minutes.
( i434 )
Introduit sous la peau, à la dose de 3^"' à 4^', l'extrait tue dans \in intervalle
de temps qui varie entre trois et six heures.
» La grenouille qui a reçu de la thaliclrine perd sa motilité spontanée,
puis sa motilité réflexe dans toutes les parties du corps, excepté dans les
globes oculaires. Ces derniers mouvements finissent par disparaître, et le
cœur, irrégulier d'abord, puis ralenti progressivement, s'arrête en diastole.
» Sur le chien, les premiers symptômes de l'intoxication consistent dans
un état de somnolence avec affaiblissement général, bientôt accompagné
de vomissements répétés, de défécation et de miction. La pression sanguine
diminue considérablement. L'affaiblissement paralytique augmente rapi-
dement, sans convulsions, et la sensibilité générale disparaît presque tota-
lement. Les battements du cœur sont énergiques, tandis que le pouls est accé-
léré et très faible. La respiration est plus fréquente et les mouvements
respiratoires deviennent plus amples.
» Tout d'un coup, l'animal qui s'est affaissé complètement pousse des cris
aigus de douleur; il est pris d'une convulsion générale suprême, les pupilles
sont dilatées, et l'on peut s'assurer que les respirations et les pulsations
cardiaques, devenues plus lentes, sont arrêtées.
» Le cœur est alors définitivement arrêté, tandis que les mouvements
respiratoires reparaissent encore quelques instants. Toutefois, si 1 a quantité
de substance n'est pas trop considérable, la période terminale qui suit
cette convulsion générale peut se prolonger pendant un certain temps, la
respiration rappelant quelques mouvementsdu cœur, mais jamais l'animal
ne revient à la vie.
)) Aussitôt après la mort, on voit que l'excito-motricité des nerfs et la
contractilité musculaire sont diminuées, et que les courants faradiques les
plus intenses sont impuissants à provoquer la moindre contraction u
cœur.
» Ces recherches, qui doivent être complétées, autorisent à conclure que
la thalictrine porte son action d'abord sur le sj'stème nerveux central
encéphalo-médullaire, puis sur le cœur, pour en arrêter les fonctions et en
abolir les propriétés, qu'elle atteint l'excito-motricité nerveuse et diminue
la contractilité musculaire.
» La thalictrine pourrait être rapprochée de l'aconitine, autre principe
éminemment toxique fourni, comme on le sait, par une plante de la même
famille que notre Thnlictnim, à cause des effets iphysiologiques multiples
qu'elle détermine; mais elle en diffère en ce sens que les phénomènes de
paralysie du système nerveux qu'elle détermine sont plus accusés que
( i435 )
ceux qui sont dus à l'aconitine, tandis que les vomissements et les troubles
respiratoires sont plus marqués avec l'aconitiue qu'avec la thalictriue.
Enfin l'aconitineest toxique à dose beaucoup plus faiblequela ihalictrine;
partant, celle-ci est plus facile à manier, et il est probable qu'elle présen-
terait pour cette raison quelques avantages si l'on venait à l'importer dans
la Thérapeutique. »
PHYSIOLOGIE. — Sur l'anal) se micrographique des eaux. Note de M. A. Certes,
présentée par M. Pasteur.
« Les services que l'analyse chimique rend chaque jour à la Médecine et
à l'Hygiène publique sont trop connus pour qu'il soit nécessaire de les
rappeler ici. Il est néanmoins certain qu'elle est impuissante à faire con-
naître la nature et même à déceler la présence des êtres microscopiques
que l'on rencontre dans les eaux les plus pures et qui pullulent dans
les eaux chargées de matières organiques. Pour ces recherches, il faut né-
cessairement recourir au microscope.
» Dujardin, il y a longtemps déjà, signalait la difficulté de récolter des
microzoaires en dehors des infusions naturelles ou artificielles dans les-
quelles certaines espèces très communes se multiplient dans des proportions
énormes. Or, lesinfusoires sont des géants en comparaison de ces microbes
dont les travaux de M. Pasteur ont mis en évidence le rôle prépondérant
dans l'origine et la marche des épidémies et des maladies contagieuses.
» Dans les eaux pures, plus encore que dans les liquides de l'organisme,
la chasse au microbe est soumise au hasard. La patience et l'habileté de
main n'y peuvent rien ou presque rien. Fort heureusement, certains n'ac-
tifs chimiques, notamment l'acide osmique ('), tuent les organismes sans
les déformer. Une fois tués, ils tombent et se déposent au fond du récipient
en quantités appréciables, si l'on a eu soin d'opérer sur des masses suffi-
santes de liquide.
» Une expérience simple permet d'apprécier la sensibilité de ce procédé.
)) On met dans un tube à essai So'^''' d'eau distillée, dans un second tube
So"^*^ de cette même eau après l'avoir agitée à l'aide d'un bâton de verre
dont l'extrémité a été préalablement trempée dans une eau chargée d'infu-
soires. On traite les deux liquides par la même quantité d'acide osmique.
(') Cf. Note sur une méthode de coiiseri'ution des infusoires, par M. A. Certes [Comptes
rendus, séance du 3 mars 1879).
C. R., 1880, 1" Semestre. (T. XC, N»24.) '86
( i/i36 )
x Dans le premier tube, l'examen microscopique ne découvre aucun
élément figuré; dans le second, on retrouve intacts les organismes trans-
portés dans la faible quantité de liquide qui s'était altachéeà la baguette de
verre. Cette expérience est concluante. Elle montre à la fois la sensibilité du
procédé et la principale difficulté que rencontre l'observateur qui veut ar-
river à des résultats d'une exactitude absolue. Il faut en effet, préalablement
à toute analyse, laver à l'acide sulfurique les verres, les baguettes, les porte-
objets, etc., dont on se sert, si l'on veut n'avoir dans le dépôt à examiner
que les organismes existant dans le liquide traité par de l'acide os-
mique (').
)) En vue de faciliter la tâche de ceux qui voudraient contrôler mes expé-
riences, j'indiquerai succinctement les procédés techniques auxquels je me
suis arrêté après une expérience de plusieurs mois.
» Pour les eaux potables, filtrées ou non, peu chargées de matières or-
ganiques, je fais usage d'une solution d'acide osmique à i,5 pour loo.
D'après mes expériences, moins de i" de celte solution suffit pour So'"'' à
40'"' d'eau. A cette dose tous les organismes microscopiques animaux et vé-
gétaux sont rapidement tués et fixés dans leurs formes (^). Au bout de
quelques minutes, et afin d'atténuer l'action de l'acide osmique, qui à la
longue noircit trop les tissus, on ajoute autant d'eau (') que le permet la
dimension de l'éprouvette dont on fait usage.
» Dans certaines eaux très riches en organismes, l'examen microsco-
pique du dépôt peut avoir lieu au bout de quelques heures. Pour les eaux
très pures il faut attendre vingt-quatre ou même quarante-huit heures. Dans
tous les cas, ce n'est qu'après un délai assez long que le liquide doit être
décanté avec précaution, de manière à ne conserver que le dépôt dans i"^"
ou 2'^'^ de liquide. A ce moment, l'opération est terminée.
» L'emploi des réactifs colorants présente cependant des avantages que
l'on ne saurait passer sous silence. Parmi les plus utiles, je citerai le picro-
carminate de Ranvier, le vert de méthyle, l'éosine, l'hématoxyline, le violet
de Paris, suivant la nature des organismes et le but qu'on se propose. S'il
ne s'agit que de rendre plus facile l'examen micrographique d'organismes
(') Les diatomées ne sont cependant |)as désorganisées par l'acide sulfurique.
(') Infusoires, flagellés, amibes, rotifères, vibrions, bactéries, monades, spores, algues,
acariens, annélides, arachnides, etc., etc. L'action toxique et fixatrice de l'acide osmique
paraît générale.
{') Il faut évidemment faire usage d'eau distillée ou de l'eau analysée à l'exclusion de
toute autre.
( «437 )
très petits et très transparents, le violet de Paris doit être préféré. Même
très dilué, ce réactif colore fortement les objets. La cellulose des végétaux
est colorée en bleu, la matière amyloide en violet rougeâtre; les cils vibra-
tiles, les flagellum et le protoplasma desinfusoires prennent une teinte bleu
violet. L'excès de la coloration constitue même la principale difficulté dans
l'emploi de ce réactif.
)> Quel que soit le réactif colorant, il est toujours préférable de l'intro-
duire mélangé à la glycérine diluée; mais il faut prendre des précautions
pour que l'action de la glycérine soit très lente et n'amène pas le ratatine-
ment des tissus. Dans ces conditions, l'élection des matières colorantes se
fait mieux; les organismes restent transparents et, si l'on veut conserver des
échantillons, la glycérine constitue un milieu conservateur et maintient les
organismes à l'abri de l'évaporation.
)) Il paraît superflu d'insister sur les avantages que l'Histoire naturelle
et l'Hygiène publique sont appelées à retirer des progrès de l'analyse micro-
graphique des eaux, bien qu'en aucun cas elle ne puisse tenir lieu de
l'étude de l'organisme vivant pour la solution des problèmes physiolo-
giques ('). y.
BOTANIQUE. — Sur le lieu de Jormation des racines adventives des Mono-
colylédones. Note de M. Mangin, présentée par M. Van Tieghem.
« Les racines adventives des JMonocotylédones, dont l'existence est si
fréquente sur les tiges bulbeuses ou rhizomateuses, se développent sur ces
organes suivant un procédé très analogue à celui qui a été décrit pour la
production des radicelles latérales sur la racine.
» Elles prennent, eu effet, naissance en dedans de la gaîne protectrice,
qui reste fréquemment discernable dans la tige, tantôt en conservant les
caractères qu'elle a dans la racine, tantôt en en prenant d'autres. La
couche dans laquelle se forme la jeune racine a les caractères d'un méri-
stème secondaire. Elle comprend plusieurs assises de cellules souvent or-
données en séries radiales, et reste entièrement extérieure aux faisceaux
(') Les procédés d'analyse niicrographique décrits dans la présente Note peuvent très
probablement être utilisés pour la recherche des parasites qui se développent dans les tissus
et les liquides de l'organisme. Je n'ai eu, jusqu'à présent, ni le temps ni l'occasion de faire
des essais dans ce sens, si ce n'est sur les batraciens anoures.
( i438 j
longitudinaux de la tige qui, à l'époque de la première ébauche des ra-
cines, sont déjà différenciés.
1) Par ses relations avec les tissus qui sont en contact de sa face externe
et de sa face interne, cette couche est donc l'analogue de la couche rhizo-
gène ou péricambium des racines. On peut, en outre, constater sur des
planlules de germination [Iris siberica, Funkia ouata, etc.) la continuité
effective de la couche considérée avec le péricambium de la racine primaire.
Comme on voit à l'insertion d'un rameau sur la tige principale les diffé-
rentes formations du rameau se continuer avec les formations homologues
de la tige, on conçoit que, dans la plante entière, la couche génératrice
des racines peut être considérée comme continue depuis la racine primaire
jusqu'au sommet des rameaux végétatifs. En réalité, dans la plupart des
cas, la plantule de germination a disparu longtemps avant que les rameaux
de la plante soient arrivés à leur grosseur normale.
» La couche dont nous nous occupons serait toutefois incomplètement
désignée par l'expression de couche rhizogène de la lige, parce que, à l'in-
verse de ce qui a lieu dans les racines, son activité ne se borne pas à la
production des racines latérales. Un travail de différenciation s'établit dans
cette couche et donne naissance à des faisceaux libéro-ligneux disposés en
réseau (très développés dans VJconis calamus,îor\. réduits dans le Polygo-
natum vulgare). Ces faisceaux établissent des connexions entre le cylindre
central de la racine et les faisceaux de la tige, et ils apparaissent toujours
après l'évolution de ceux-ci. Après la constitution du réseau, il peut se
faire que le niéristème non employé passe à l'état de sclérenchyme, contri-
buant à donner de la solidité à la lige.
» Si l'on considère l'état des tissus au voisinage du point végétatif, on
voit d'ailleurs que la couche dont nous nous occupons se rattache au plé-
rôme, dont elle est une différentiation tardive par rapport aux faisceaux
communs. Cette formation manque dans les axes aériens dépourvus de la
propriété de produire des racines adventives, tels que les hampes florales.
Elle peut n'exister que sur une fraction de la circonférence de la tige
[Monslera deliciosa. Iris graminea).
» Cette couche a été décrite par M. Van Tieghem, dans ses Recherches
sur les Aroïdées, sous le nom de zone génératrice. Elle est comprise dans ce
que M. Guillaud appelle propériméristème ou periméristème. Ce dernier
terme, désignant spécialement l'anneau d'accroissement des Dracœna, ne
peut être conservé.
» Dans un travail plus étendu, je compte faire prochainement l'histoire
( '439 )
détaillée de cette couche, et justifier ainsi le nom de couche diclyogène
que je proposerai de lui appliquer. «
M. PuxY Earle Chase adresse à l'Acacléniie une Note intitulée : « Pho-
todynamique. Comparaison des unités lumineuses et thermiques ".
M. PoiNCARÉ demande et ohtient rautorisation de retirer du Secrétariat
un Mémoire présenté le 22 mars 1880, sur lequel il n'a pas été fait de Rap-
port.
La séance est levée à 5 heures. D.
(
i/,4o )
Mai 1880.
Observations météorologiques |
Par MM. Mariê-Davy, I
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756,8
i* déc.
753,2
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2* déc.
754,7
3" déc.
759, 1
Mois. .
755,8
I
MAGNÉTOMÈTRF.S
à midi
(fortificalion ).
(?.l
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53,7
53,5
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53,0
02,4
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65.28,4 1,9284
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Mai 1880.
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4.3
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6,8
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55
45
2G
62
REMARQUES.
38
r>ii i" au :.. oscillalion barométrique de 750.3 à 745, fi,
minlmam du ^ vers 14 h ;io m., coïncidant aiec un
orage lalcral a l'ouest. Retour à -iSj entre 7 h. et 8 h.
le 5. Perturliations magnétiques dans les trois premiers
Jours. Ciel très variable le 4 avec petites ondées vcraécs
par des nuapes d'aspect orageux. Éclairs encore dans
la soirée du b et quelques gouttes d*ean seulement le 6
Ters le milieu du jour.
tmre le G et le i?, la température moyenne est d'envi-
ron i° au-dessous do sa moyenne de Go années. Le ba-
romètre, étant redescendu a -jin,^ le 6 vers iG ti. i5 m ,
atteignait 757 le s vers 8 h. et baissait ensuite â 7S0
le II a iG h. ,\f> m. Le ciel est resté nuageux, niais
sans une seule goutte d'eau.
Tu 1.1 au 17, élévation do température ln>s marquée,
4', 5 au-dessus de la moyenne normale. Pression baro-
méirique peu variable, un peu au-dessous de la moyenne.
État du ciel variable. Éclairs dans la matinée du tb;
journée lourde; quelques nuances menaçants, mais pas
de pluin. Perturbations magnétiques les 14 et iS, avec
aKilation persistante pendant la semaine soirante.
Jusqu'au ?r, hausse barométrique un peu tourmonléo
jusquan maximum 7G::',4 du 51 vers 7 h. 10 m. Il se pro-
duit alors une cbuie assez rapide qui nous rcpttrte le
b-ndemain y.3 a 7^2,1 vers 1:1 h. is m. Les vent-i lnurnenl
dans le sens direct du N. â l'U. par te S., et, jusqu'au
57, date d'un second minimum de 7s?-, 6 vers iG li., le
ciel est 1res charge de nuages. L'absence do pluie
persiste cependant. Des halos se montrent les ?5 et îG.
Le 77 seulement nous donne quelques gouttes d'eau
dans laprés-midi ; pluie dans la matinée du ?s.
Pcriurbaiions magnétiques prononcées du 7G au 9R. Le
mouvement de hausse barométrique est 1res accenlué.
Le maximum 7G7,.^ est atteint le 79; mais la baisse
succède également très franche. L'cclairement du ^o
est de GT,i, valeur égnlo aux (>,«o du cliifTro calculé.
Depuis le ?^, la température moyenne est do nouveau
inférieure a la normale; le ciel tend a se couvrir de
plus en plus, et la proportion d'acide carbonique do
l'air tend à monter.
( i442 )
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COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 21 JUIN 1880.
PRÉSIDENCE DE M. EDM. BECQUEREL.
MÉMOIRES ET COMMUIVICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
GÉODÉSIE. — Sur la réduction des observations du pendule au niveau
de la meryparM. Fave.
« A l'occasion du Rapport sur le Mémoire de M. Peirce ('), je désire
faire une remarque qui se déduit immédiatement de ma Note du 24 mai (^)
sur la manière de réduire au niveau de la mer les oscillations du pendule.
La formule de réduction qu'on emploie est
(0 ./„ = / +
/W / 3 J
/„ désignant la longueur réduite au niveau de la mer, l la longueur ob-
servée sur un continent à l'allitude h, R le rayon de la Terre, A sa densité
moyenne, ô celle du continent La saillie continentale étant compensée
(') Voir plus loin, p. i463.
( ' 1 Sur les variations séculaires de la figure mathématique de la Terre ( Comptes rendus,
même Tome, p. 1186). Il faut en corriger le passage suivant : p. 1186, ligne 12 en re-
montant, au lieu ile dire on traite les continents comme s'ils n'existaient pas, lisez //
faudrait traiter les continents comme s'ils n'existaient pas; et p. 1 188, ligne i5, au lieu de
Si faibles que soient ces déviations, lisez .Sï marquées, etc....
G. R., 1880, I" Semestre. (T. XC, N° 2i>.) «87
( i/'.44 )
partout, à très peu près, par le défaut d'épaisseur de la croûte solidifiée
sous les continents, il n'y a pas lieu d'en tenir compte, et la formule doit
être réduite à
(2) ^" = ^ + ir-
» Le passage bien connu de la Mécanique céleste où Laphce traite de
cette correction, à propos des observations de Bouguer à Quito, en est la
meilleure preuve. Laplace trouve pour la diminution de la pesanteur de-
puis la mer jusqu'à Qiiilo
3 ?
2
22^7 \ ■-'. A
» C'est la formule ( i ).
« Bouguer, dit-il (en abrégé), a conclu de ses expériences sur la longueur du pendule cette
P y
diminution égale à -5^7-) ce qui donne - = 0,2. Cette partie du continent américain n'au-
rait donc qu'une densité égale à peu près à celle de l'eau. Mais cette singularité s'explique-
rait dans l'hypothèse où ce pays éminemment volcanique renfermerait de grandes cavités
dans son intérieur. »
» Je fais remarquer à l'Académie que quand le pendule donrte des attrac-
tions trop fortes, en pleine mer, observé sur des îlots volcaniques, tels que
Lipari, Guami, Mowi, etc., on en conclut avec la même hardiesse que cela
tient à la densité supérieure de leurs matériaux, en sorte que, suivant les
besoins de la cause, les volcans sont tantôt creux et légers, tantôt pleins
de matériaux très denses.
» Il est facile de voirqu'en supprimant le second terme, comme je le pro-
P
pose, la diminution de pesinteur calculée se trouverait — ^t à peu prés celle
que trouve Bouguer lui-même.
» Il n'est donc pas nécessaire de conclure autre chose si ce n'est que le
deuxième tertne est une superféfation, non d'accord avec les faits. C'est ce
qu'on voit mieux encore en présentant le calcul sous la forme habituelle,
mais sans tenir compte de l'attraction du plateau de Quito :
Longueur du pendule Longueur
observée réduite au niveau
par Bouguer (' ). Altitude. de la mer.
mut m Dim
Au lac des Incas 990,91 1 78 990,985
A Quito 99° j '-•! 2857 991 ,009
Différence 0,074
( ' ) D'après les réductions de M. Saigey, qui a tenu compte de l'erreur signalée par Bessel
dans la réduction au vida.
( «445 )
» La différence est de l'ordre des erreurs d'observation. L'action du
continent, qui devrait s'élever à o""",3io, est donc insensible, malgré une
épaisseur de 2800™. C'est la première fois que cette singularité s'est pré-
sentée. Depuis Bouguer on l'a retrouvée en tous pays, et dernièrement
encore, sur la plus grande échelle, dans l'Inde anglaise ('). J'en ai fait con-
naître la cause dans ma Note du o.l\ mai
M Mais il doit être bien entendu que, si l'épaisseur des continents au-
dessus des mers ne doit pas entrer en ligne de compte, il n'en sera pas de
même, par exemple, de la masse de la grande pyramide d'Egypte, si l'on
va observer le pendule à son sommet. Alors, après avoir réduit au niveau
de la mer la longueur observée par la formule (2), il faudra en retrancher
l'effet de l'attraction de la pyramide à partir du sol. De même, lorsque
Bouguer a porté son pendule sur le Pichincha, i Soo"" au-dessus du niveau
des terres à Quito, il faudrait tenir compte de l'attraction de cette mon-
tagne sur le pendule de Bouguer. Nous avons bien l'observation de Bou-
guer, mais, comme les documents nécessaires manquent pour le calcul de
la montagne, je vais le faire pour un cas semblable, plus facile et plus
proche de nous.
M M. Bruhns donne la longueur du pendule observée au sommet de
rinselsberg, montagne de forme à peu près parabolique, s'élevant sur le
continent, dont l'altitude moyenne est là de SaS"". La hauteur de la colline
au-dessus de la surface continentale est 585™. L'altitude de la station est
donc de 9x0'°, el la réduction correspondante au niveau de la mer, par la
formule /„ = / h ~i est de + o'"'", 28. Pour calculer l'attraction de la col-
line, à laquelle on peut attribuer la forme d'un paraboloïde de révolution
ayant un rayon de base égal à quinze fois sa hauteur, le savant astronome
de Leipzig emploie la formule
ihl I '\^\i ^ ^
~T V ~4 îj V ~ 75 8Â
en faisant (? = 2, A = 5,6, et obtient ainsi o'"'", i3. Ces o""", i3, exprimant
(') Geoflesy, by colonel A.-R.Clarke, p. 35o. Ainsi ona trouvé à More, altitude 1 5 000'''",
une erreur deo""",5i sur la longueur du pendule, tandis qu'en supprimant dans la ré-
duction au niveau de la mer l'attraction du continent, l'accord serait complet entre la
théorie de Clairaul et l'observation. Wéme remarque d'un bout à l'autre de l'Indoustan,
jusqu'au haut plateau sur lequel s'élèvent les cimes de l'Himalaya. Il n'y a d'exception que
pour une île indienne et le voisinage immédiat de la mer.
( 1446 )
l'attraction de cette petite montagne à son sommet, doivent être retranchés
de o*"'", 28, en sorte que la correction finale est + o™, i5, tandis que la ma-
nière ordinaire de calculer ces réductions a donné + o""", 21. La longueur
du pendule parfaitement observée au sommet de rinseisberg étant 993™", 69,
cette longueur réduite au niveau de la mer sera 993'""',84 (' )• Il ne s'a-
git ici que d'une différence de o"™,o6, mais elle est loin d'être négligeable.
» De même, lorsqu'on observe en mer, sur un îlot, il n'y a pas lieu de
corriger la longueur du pendule observée de l'effet dû à la faiblesse de la
densité de l'eau par rapport à celle des terres continentales, car l'épais-
seur considérable de la croûte sous-marine fait compensation : mais il faut
tenir compte de l'attraction propre au pilier naturel sur lequel on est placé,
pilier qui est l'île elle-même. En d'autres termes, il faut déterminer par des
sondages la forme de la partie sous-marine de l'îlot, calculer son attrac-
tion en lui accordant la densité d* — i , et retrancher son effet de la longueur
observée. On verra alors disparaître les anomalies signalées depuis si long-
temps pour les observations en mer, lesquelles donnent presque toutes des
attractions trop fortes, et nous aurons effacé de la science cette contradic-
tion presque enfantine qui consiste à affirmer que les montagnes volca-
niques sont pleines de grandes cavités quand on se trouve en face d'un
pendule trop longj et qu'elles sont pleines de matériaux très denses quand
on y observe un pendule trop cotu-t.
» Les règles que je propose sont fondées sur la loi de compensation que
présente l'écorce terrestre, loi qui tient à ce que la croûte sous-marine s'est
formée plus vite et plus profondément que la croûte sous-continentale.
Sans doute cette compensation, à laquelle est due la forme actuelle du globe
terrestre, ne saurait être parfaite dans toutes les régions; il en résulte
quelque incertitude sur la réduction du pendule au niveau de la mer, mais
cette incertitude est du même ordre que les anomalies locales de la pesan-
teur dues à diverses causes et se confond avec elles. La seule manière
d'étudier ces discordances, c'est de faire les observations du pendule dans
les contrées les plus diverses, en s'éloignant toutefois des accidents super-
ficiels et visisibles dont on a toujours quelque peine à estimer correctement
les effets. »
(') A quoi il faut encore ajouter de o""",2o à a""",22 pour tenir compte de l'os-
cillation des supports.
• 447 )
OPTIQUE. — Sur les effets de renversement des images jiliotograijhiqiies par la
prolongation de l'action lumineuse. Note de M. J. Janssen.
« J'ai l'honneur de faire part à l'Académie de la découverte d'un fait
auquel je viens d'être conduit par mes études sur l'analyse de la lumière du
Soleil et de ses images idiotographiques.
» Ce fiiit consiste en ce que les images photographiques peuvent s'in-
verser et passer du négatif au positif par l'action prolongée de la lumière
qui leur a donné naissance.
1) AMeudon, nos images solaires s'obtiennent en un temps d'action lumi-
neuse qui est variable suivant l'état de l'atmosphère et la nature des phé-
nomènes qu'on veut mettre en évidence; mais ce temps d'action est bien
rarement supérieur à y^j^ de seconde quand on veut obtenir les gra-
nulations photosphériques. Lorsqu'U s'agit de plaques photographiques
préparéesavec legélatinobromure d'argent, ce temps, déjà si court, s'abaisse
considérablement et peut descendre à Yîrlî'irv ^^ seconde et moins encore.
Or, dans ces conditions, si l'une de ces plaques sèches reçoit l'impression
de la lumière pendant une demie ou une seconde, c'est-à-dire pendant un
temps dix mille ou vingt mille fois plus long que celui qui eût donné une
bonne image négative, l'action du corps révélateur fait apparaître une image
positive qui présente le disque de l'astre en blanc et les taches en noir,
comme ce disque est vu dans les lunettes. Cette image positive peut acqué-
rir toute la finesse de l'image négative qu'elle a remplacée. Il existe un
temps d'action de la lumière, intermédiaire entre ceux qui donnent les
images opposées, pour lequel l'image n'est ni positive ni négative et où
la plaque présente une teinte sensiblement uniforme; mais, si on dépasse la
période pour laquelle l'image est positive et qu'on laisse la lumière agir
beaucoup plus longtemps, alors cette dernière image disparaît à son tour:
le révélateur ne provoque plus de dépôt métallique sur l'image, qui apparaît
uniformément transparente sur le fond noir du ciel. Ce fond disparaît
lui-même par une action lumineuse beaucoup plus prolongée.
» Ainsi, pendant la première période de l'action lumineuse, période
qui n'atteint pas ordinairement, dans nos images solaires, Yvtô "^'^ se-
conde, une première image se forme, et cette image] est négative ; c'est-
à-dire qu'elle présenterait, élant développée, des parties d'autant plus
opaques que la lumière les aurait frappées plus vivement. L'action lumi-
neuse continuant, cette image persiste encore dans le sens négatif, mais
( i448 )
en perdant de sa netteté et de sa vigueur ; puis il arrive bientôt un mo-
ment où l'image négative disparaît entièrement et où la plaque passe par
un état neutre, c'est-à-dire où aucune image appréciable n'apparaîtrait par
l'action du corps révélateur. Mais, sous l'action toujours maintenue de la
lumière, une pbase nouvelle s'ouvre et un phénomène inverse se produit.
L'image négative de la première période d'action fait place à une image
positive où la distribution des ombres et des lumières est exactement in-
verse; et cette image, si le temps d'action lumineuse a été bien réglé, pos-
sède tous les détails et toute la finesse de celle qu'elle a remplacée. Puis,
si l'on veut encore dépasser cette période et laisser la lumière continuer
son action, un second état neutre tend à se produire, état inverse aussi du
premier, en ce sens que, si celui-ci nous montrait l'image uniformément
obscure, le second état neutre nous la donne uniformément claire, le corps
révélateur ne provoquant plus aucun dépôt métallique.
» C'est l'inversion des images du Soleil qui se produit avec le plus de
facilité, à cause de l'énorme puissance de rayonnement de cet astre. Mais
cette inversion n'est pas la seule possible ou même la seule facile. En effet,
j'ai déjà pu obtenir:
» 1° Des images solaires de o™, lo de diamètre donnant l'aspect de l'astre
dans les lunettes, c'est-à-dire avec disque blanc et taches noires;
» 2° Des vues en images positives, où le paysage se présente par transpa-
rence tel qu'il est vu naturellement; temps de pose, une heure à trois
heures ;
» 3° Une vue du parc de Meudon, où le disque solaire se détache en
blanc sur le fond obscur du ciel;
» 4° Des contre-types qui sont de même signe que le type original, c'est-
à-dire positifs si le type est positif, négatifs si celui-ci est négatif.
» Dans ces photographies, ce sont les mêmes rayons spectraux qui ont
donné l'image négative d'abord et sa transformation en image positive.
» Tels sont les premiers résultats obtenus, résultats dont je désirais faire
part immédiatement à l'Académie.
M Dans une prochaine Communication, j'exposerai les résultats d'une
manière plus complète : je donnerai une analyse des travaux, surtout
d'ordre spectral, qui touchent à ce sujet et auxquels se rapportent les noms
d'éminents observateurs, comme MM. Abney, Draper, Vogel, etc.; j'es-
sayerai aussi d'aborder l'examen des conséquences que ces faits apportent
à la théorie des phénomènes photographiques et, en général, à celle des
actions de la lumière sur les corps. »
( '^i49 )
THERMOCHIMIE. — Sur In chaleur déformation des oxydes de l'azote
et de ceux du soufre; par M. Berthelot.
« I. — I. Les données numériques de la Tliermochimie offrent, dans
leur détermination précise, des difficultés qui ne peuvent être tranchées que
par le concours des travaux d'un grand nombre d'expérimentateurs. M. de
Marignac faisait observer avec juste raison, il y a quelque temps, que ces
données sont sujettes à éprouver des changements successifs et des perfec-
tionnements, ainsi qu'il est arrivé pour les équivalents ou poids atomiques,
matériaux fondamentaux de toutes nos analyses et théories. Aussi doit-on
savoir le plus grand gré au dévouement des savants qui consacrent leur
temps à une tâche si pénible et en apparence si ingrate, quoique d'une si
haute importance.
» Parmi ces données, quelques-unes, telles que la chaleur de forma-
lion de l'eau et celle de l'acide chlorhydrique, ont été obtenues dès l'ori-
gine avec une approximation que les recherches ultérieures ont accrue sans
doute, mais sans apporter de changement radical aux nombres eux-mêmes.
Il en a été autrement pour la plupart des composés formés par deux élé-
ments qui s'unissent en proportions multiples, tels que les oxydes du car-
bone, objets de controverses prolongées mais aujourd'hui vidées; tels sont
aussi les oxydes du soufre, sur lesquels je reviendrai tout à l'heure, et les
oxydes de l'azote.
» 2. La chaleur de formation de ces derniers avait été d'abord subor-
donnée à celle de l'ammoniaque, et une erreur considérable commise par
M. Thomsen dans la mesure de celte dernière chaleur de formation avait
faussé presque toutes les valeurs relatives aux composés oxygénés et autres
de l'azote. J'ai expliqué dans ce Recueil (t. LXXXIX, p. 877) comment j'ai
été amené à la rectifier et comment j'y suis parvenu par une méthode nou-
velle. M. Thomsen, avec la sincérité que l'on devait attendre d'un savant
aussi distingué, n'a pas tardé à répéter mes expériences, à reconnaître son
erreur et à tomber d'accord avec moi.
« 3. Cette rectification en entraînait d'autres, comme je viens de le dire ;
il m'a paru indispensable, pour la rigueur des déductions ultérieures, de
les déterminer par une méthode propre, qui fût indépendante de la cha-
leur de formation de l'ammoniaque, et même de toute autre donnée
antérieure. J'ai obtenu, par exemple, la mesure de la chaleur de forma-
( i45o )
tion du bioxyde d'azote, en retranchant l'un de l'autre les nombres obtenus
par la détonation d'un même gaz combustible (cyanogène on éthylène),
mélangé d'une part avec l'oxygène pur et d'autre part avec le bioxyde
d'azote. Je doute qu'il soit possible de trouver une méthode plus simple et
plus exacte. Mes résultais ont été présentés à l'Académie le 5 avril 1880
(voir ce Volume, p. 783) : l'exécution des expériences mêmes, nécessai-
rement fort longues, avait duré depuis le mois de novembre 187g. Au
moment même de cette publication, M. Thomsen annonçait de son côté à
la Société chimique de Berlin qu'il avait rectifié ses propres nombres, en
prenant comme base la chaleur de décomposition de l'azotite d'ammo-
niaque ; c'est-à-dire en perfectionnant une méthode que j'avais inventée
autrefois, mais que j'avais cru devoir abandonner dans mes nouveaux
essais. Cette méthode, fondée sur la décomposition explosive de l'azotite
d'ammoniaque, comporte des limites d'erreur beaucoup plus étendues, en
raison des difficultés pratiques de l'exécution (provoquée par l'introduc-
tion d'une source de chaleur étrangère), et surtout parce qu'elle fait dé-
pendre la chaleur de formation des oxydes de l'azote de celle de l'eau, de
celle de l'ammoniaque gazeuse, de la chaleur de dissolution du gaz ammo-
niac et de huit ou dix autres données expérimentales encore (' ). Quoi qu'il
(') Les Tableaux numériques de M. Thomsen et les miens, publiés à quelques jouis
d'intervalle, présentent à première vue une concordance excessive, si ce n'est pour le prot-
oxyde d'azote. Mais je dois dire que la concordance poussée à ce degré est plus apparente
que réelle: elle résulte de certaines compensations fortuites, établies par le calcul entre des
données un peu différentes. Tandis que j'obtiens la chaleur de formation du bioxyde d'azote
(Az + 0' = AzO'absorbe : — 3r,6), en reti-anchant l'un de l'autre deux chiffres mesurés
immédiatement par détonation, M. Thomsen ne parvient à un chiffre identique qu'en com-
binant douze données expérimentales, savoir : !°la chaleur de formation de l'eau ; 2° la cha-
leur de combustion du gaz ammoniac ; 3° sa chaleur de dissolution ; 4° '» chaleur de for-
mation du gaz hypoazotique par le bioxyde d'azote ; 5" sa chaleur de dissolution ; 6° la
chaleur d'oxydation de cette liqueur par le chlore, ou par le permanganate ; 7° et 8" les cha-
leurs de formation et de dissolution du gaz chlorhydrique (données qu'il emploie dans l'éva-
luation delà chaleur de formation du permanganate et de l'acide azoteux) ; 9° la chaleur
de neutralisation de l'acide azoteux par l'ammoniaque ; 10° la chaleur de dissolution de
l'azotite ; 1 1° la4-haleur de décomposition de l'azotite d'ammoniaque ; 12" enfin la chaleur
introduite par la source étrangère.
Or, sur presque aucune de ces données nous n'acceptons l'un et l'autre des chiffres tout
à fait identiques. Par exemple, pour la chaleur de formation des 4HO qui interviennent,
l'écart s'élève à -t- 1 ,4 ; pour les chaleurs de combustion du gaz ammoniac, -I- 0,7 ; po\ir
sa chaleur de dissolution, + o,4 ; pour la chaleur de formation de l'acide .Tzoteux par le
bioxyde d'azote (chiffre que j'ai mesuré par une voie différente et plus directe), — 0,8, etc. De
( •45i )
en soit, je suis heureux de constater que les résultats nouveaux obtenus
par M. TIlOinsen et par moi, dans ces expériences simultanées et indépen-
dantes, concordent suffisamment pour fournir désormais aux physiciens et
aux chimistes des données plus certaines que les anciennes et qui pa-
raissent définitives. Voilà l'essentiel : car ce qui importe à la Science en
pareille matière, ce n'est pas que chaque auteur se transforme en apologiste
de ses propres expériences, mais plutôt qu'il tâche d'en établir, avec une
modestie sincère, la critique et les limites d'erreur véritables; notre devoir
à tous, c'est de nous efforcer de rendre la vérité impersonnelle.
» II. — 1. La chaleur de formation des oxydes du soufre n'est pas
encore fixée avec une certitude absolue, quoique les divergences soient
moindres que pour les oxydes de l'azote. Elle est subordonnée à celle de
l'acide sulfureux. Or voici les nombres obtenus à cet égard par les divers
expérimentateurs : S H- 0'- = SO^(32S') dégage, d'après Dulong, 4ii6;
d'après Hess, 4i> i j d'après Favre et Silbermann, 35,6; d'après Andrews,
36,9. J'ai obtenu moi-même, en 1877 ('), 34,55; M. Thomsen, qui a repris
tout récemment la même mesure, 35,54.
» 2. Ces écaris sont d'autant plus remarquables, qu'ils portent sur la
combustion du soufre, expérience d'une exécution facile. Ils surpassent
notablement les erreurs d'expérience, erreurs dont l'étendue peut être
assignée jusqu'à un certain point, même en l'absence des détails spéciaux,
d'après une autre série de mesures de M. Thomsen, celles-ci faites non sur
le soufre octaédrique (rhombique) comme les précédentes, mais sur le
soufre prismatique (monoclinique). En effet, ce savant assigne pour la cha-
leur de combustion du dernier corps le chiffre 35,84- Si les nombres étaient
absolument exacts, il serait permis d'en conclure que la métamorphose de
la seconde variété de soufre dans la première dégage 4- o, 32. Or la cha-
là résulte sur la décomposition même de l'azotite d'ammoniaque, prise comme base, un
écart de H- 1 ,5. Cet écart est de l'ordre des limites des erreurs probables dont est affectée la
réunion des douze données expérimentales employées par M. Thomsen. Il se retrouverait
entre nos résultats relatifs à la chaleur de formation du bioxyde d'azote, si M. Thomsen
avait fait son calcul à l'aide de données identiques à celles que je crois les plus exactes et
que j'emploie dans mes propres calculs.
Ces remarques ont surtout pour objet de montrer comment des expériences autonomes
peuvent aboutir à des chiffres identiques par compensation, malgré des diversités sensibles
dans les données, et comment cette identité ne fournit pas la véritable mesure de leur pré-
cision respective.
(') Annales de Chimie et de Physique, 5' série, t. XIII, p. fi.
C. R., 1880, 1" Semestre. (T. XC, N« 28.) 1 "°
( '452 )
leur ainsi développée a été mesurée directement par Mitscherlich ('), qui
a trouvé seulement -f-o,o4. L'erreur relative commise par M. Thomseu
est donc de +o,3, ou un centième environ (-). On voit qu'il n'est permis
de tirer aucune couclusion d'une différence de cet ordre pour les iso-
niéries du soufre.
» 3. Les écarts signalés ci-dessus étaiit beaucoup plus grands, il con-
vient d'en chercher une autre interprétation : ces écarts me paraissent dus
principalement à la formation simultanée de plusieurs degrés d'oxydation
du soufre, et parfois même à la présence de la vapeur d'eau dans les gaz.
« En effet, la transformation du gaz sulfureux en acide sulfurique dégage
en surplus :
S0'+ O = SO'gaz (expériences inédites) +ii,3
S02-t-0=S0' solide -^-'7)2
SO^H-0 + HO = S0' H liquide ■■ +27,5
S0=-+-0 + HO -1- Eau =SO'Hétendii +36,o
Elle accroît donc la chaleur de combustion du soufre, supposé changésim-
plement en acide sulfureux, d'une quantité ég:ile au tiers, à la moitié, et
même elle la perte au double, suivant la nature des produits.
)) De là résulte dans les mesures de chaleur de combustion un excès pro-
portionnel au poids de l'acide sulfureux suroxydé.
» 4. Cette formation simultanée de l'acide sulfurique dans la combus-
tion du soufre est bien connue. On peut la démontrer dans un Cours public,
en sus|)eiulant un petit creuset contenant du soufre enflammé, au sein d'un
flacon rempli d'oxygène sec ou même d'air ordinaire: tout autour du
creuset, et surtout dès que la combustion devient moins vive, on voit se
développer en longues stries des fumées blanches d'acide sulfurique
anhydre, qui finissent par rendre opaque l'atmosphère du flacon. Lorsque
tout le soufre est brûlé, l'acide sulfurique se dépose peu à peu sur les
parois. A ce moment, le gaz sulfureux étant rapidement expulsé à l'aide d'un
(') Annales de Chimie et de Physique, 3* série, t. XLVI, p i2/|; i866.
(^) C'est en raison d'une erreur analogue que la chaleur de transformation du soufre
insoluble en soufre octaédrique est donnée par quelques auteurs comme négative et égale
à — 3, 1, d'après Favre. Mais ce chiffre n'exprime autre chose que les erreurs commises
en oxydant complètement le soufre par l'acide hypochloreux. En réalité, la transformation
môme du soufre insoluble en soufre octaédrique dégage, d'après les expériences directes
que j'ai faites, une quantité de chaleur positive, quoique fort petite, vers iio°, et sensi-
blement nulle à 18".
( i453 )
soufflet, on observe même quelquefois que des gouttelettes d'iodure de po-
tassium projetées dans le flacon jaunissent par places : inilice probable de
la production de quelque trace d'acide persulfiirique, comme M. Schiitzen-
berger l'a déjà signalé.
» Si, au contraire, le soufre a été fortement échauffé par la combustion
initiale, on voit parfois, vers la fin de l'opération, se sublimer aux parois une
substance brune et huileuse, composé de soufre et d'acide sulfurique
anhydre découvert autrefois par Vogel; mais ce composé n'apparaît que
par exception.
» Au contraire, la condensation de quelque dose d'acide sulfurique
anhydre sur les parois de la chambre à combustion a toujours lieu. Celle
dose condensée ne 7'eprésente — j'insiste sur ce [îoint — qu'une fraction de la
dose réellemenl prodiiile. En effet, la tension du gaz sulfurique est fort con-
sidérable (')• Je l'ai trouvée égale à o'", 177 vers 18** : c'est près de un quart
d'atmosphère. M. Schultz-Sellack avait indiqué o", 200 vers 20°; ce qui
concorde.
M 5. Il est donc nécessaire de peser l'acide sulfurique formé pendant
la combustion du soufre, non seulement en dosant l'acide condensé dans
la chambre à combustion, comme M.Thomsen l'a essayé, mais aussi l'acide
sulfurique gazeux, qu'il ne semble pas avoir soupçonné : dans quelques-
unes de mes mesures, le poids de ce dernier était six fois aussi grand que
celui de l'acide solide. Ces proportions relatives varient d'ailleurs d'une ex-
périence à l'autre.
» Ce dosage n'est pas sans difficulté. D'une part, l'acide gazeux forme,
en traversant les absorbants aqueux, d'épaisses fumées que rien ne con-
dense immédiatement. La perte de poids résultant de ces fumées peut com-
penser et au delà le gain dû à la fixation de l'oxygène sur l'acide sulfureux.
Je suis parvenu à recueillir ces fumées dans un grand flacon renfermant
une couche d'eau: elles s'y déposent peu à peu, dans l'espace d'une demi-
heure à une heure. On y dose alors l'acide. D'autre part, l'absorption de
l'acide sulfureux mêlé d'oxygène par des liqueurs aqueuses ne donne lieu
à une séparation exacte de ces deux gaz que si elle est instantanée et
opérée en présence d'une liqueur qui demeure constamment alcaline. Si la
liqueur devient acide, et surtout si elle contient du bisulfite, elle absorbe
( ' ) Rappelons encore que l'acide sulfurique anhydre est un mélange de deux corps dis-
tincts, l'un très fusible et qui bout à 46°; l'autre, probablement polymérique, qui peut être
porté jusqu'à 100", sans fondre.
( i454 )
l'oxygène d'une façon très notable et continue. L'emploi de la potasse
concentrée et certaines dispositions convenables des vases collecteurs per-
mettent d'éviter cet accident.
» J'ai fait ainsi une série de mesures : les poids réunis des acides ab-
sorbés dans la potasse, de l'acide sulfurique contenu dans les fumées et
du même acide condensé dans la chambre, comparés au poids du soufre
brûlé, fournissent la dose totale d'oxygène fixé sur le soufre : ce qui permet
d'évaluer la proportion relative des deux degrés d'oxydation. Mais cette
marche est pénible et compliquée.
M 6. Dans une autre série de mesures, j'ai préféré doser directement l'acide
sulfurique formé, ou, plus exactement, une quantité qui lui est proportion-
nelle, à l'aide de l'artifice suivant. Je prépare une liqueur normale, con-
tenant un poids rigoureusement connu d'iode absolument pur et sec,
dissous dans l'iodure de potassium sous un volume déterminé, soit y^ d'équi-
valent par litre. Je prends Sûo*^' de cette liqueur, distribués dans divers
vases laveurs, et j'y fais passer les produits de la combustion d'un poids
strictement équivalent de soufre pur, brûlé dans le calorimètre par l'oxy-
gène sec : soit o^'', 800. Cela posé, si tout le soufre se changeait en acide sul-
fureux, tout l'iode disparaîtrait. La dose d'iode qui subsiste est stricte-
ment proportionnelle au poids de l'acide sulfurique formé : celui-ci est
donc mesuré directement par le poids de l'iode demeuré libre.
» Les causes d'erreur dues à l'acide persulfurique (traces négligeables)
ou à l'entraînement de l'iode par les gaz (entraînement nul, c'est-à-dire
inférieur à une goutte de la liqueur normale, d'après des mesures directes
et comparatives) ne pourraient que diminuer la dose calculée de l'acide
sulfurique, au lieu de l'accroître.
» J'ai obtenu, par exemple, dans un essai, en brûlant oS'",8oo de soufre :
Soufre total changé en acide sulfurique o, oig
réparti de la façon suivante :
Acide gazeux condensé dans la liqueur o,oi53 |
Acide gazeux entraîné dans les fumées 0,0010 > 0,019
Acide condensé dans la chambre à combustion 0,0027 )
» La dose d'acide sulfurique varie beaucoup avec la vitesse de l'oxy-
gène. Elle serait notablement accrue si l'on brûlait le soufre sur une lame
de platine, comme on l'a fait quelquefois : ce métal déterminant l'oxydation
de l'acide sulfureux. C'est sans doute en raison de cette circonstance que
( i4!>5 )
M. Thomsen a trouvé jusqu'à 2 centièmes d'acide sulfurique condensés
dans la chambre à combustion, sans préjudice de l'acide gazeux; au lieu
de 3 à 4 millièmes récoltés dans la chambre, lors de mes propres essais.
J'ajoute que le soufre ne doit pas être purifié par cristallisation dans le sul-
fure de carbone, dont il retient toujours quelque trace, qui surélève la
chaleur de combustion.
» 7. Voici mes résultats définitifs, toute correction faite.
» S + O" = SQ- gaz dégage :
!'■'' série (SO' dosé d'après le titre restant de l'iode) . +34,70 \
2^ série (gaz recueilli dans la potasse) +34,69 > +34,63
3* série + 34 ,5o )
» Cette moyenne me paraît plus rapprochée de la vérité qu'aucun des
chiffres antérieurs, dans lesquels la détermination des deux degrés d'oxy-
dation du soufre n'avait pas été faite exactement. Elle ne change rien
d'ailleurs aux nombres que j'ai donnés pour les oxydes du soufre, les sul-
fates, etc. Enfin elle s'applique également au soufre octaédrique, au soufre
prismatique (sauf un excès de + o,o4) et au soufre insoluble. »
OPTIQUE. — Sur le spectre lumineux de l'eau. Note de M. Huggins,
« Quoique la flamme de l'hydrogène soit peu lumineuse, M. Stokes
trouva, en iSSa, que cette flamme est puissante pour produire les phéno-
mènes de la fluorescence, et par conséquent qu'elle est riche en rayons
ultra-violets.
» En janvier dernier, je fis des expériences sur le spectre photogra-
phique de la flamme de l'hydrogène brûlant dans l'air, et aussi de la flamme
du chalumeau à oxygène et hydrogène. Dans la partie visible du spectre
delà flamme de l'hydrogène, on ne voit pas de raies brdiantes, mais seu-
lement un spectre continu très faible. Mais sur la plaque photographique
on obtient un groupe de raies brillantes, fortes dans la partie ultra-violette
du spectre. Il est peu douteux que ces raies brillantes sont le spectre de la
vapeur d'eau. Le groupe commence du côté le plus réfringent par deux
raies fortes, X Soôa et X 3o68. Ensuite viennent une raie moins forte et né-
buleuse, X 3o8o, une raie forte, X Sogo, qui est suivie d'un groupe de raies
très rapprochées, dont les longueurs d'onde sont données plus loin.
{ i456 )
B La flamme du chalumeau à oxygène et hydrogène donne un spectre
identique avec celui de l'hydrogène bridant dans l'air.
» Si l'on remplace l'hydrogène pur dans le chalumeau à oxygène
et hydrogène par du gaz ordinaire, on voit sur la plaque, outre le spectre
de l'eau, une raie extrêmement forte près de G, X43io, une bande nébu-
leuse un peu moins réfringente, une raie X 3872 et une raie XSSgo, qui est
la première d'un groupe qui s'étend vers R. Ces raies nouvelles montrent
la présence du carbone.
» La flamme peu lumineuse de l'alcool donne le spectre de l'eau et aussi
ces autres raies qui accusent la présence du carbone. Dans les photogra-
phies des spectres des étincelles d'induction, on peut toujours reconnaître
ce spectre remarquable de l'eau, si la moindre trace d'humidité se trouve
sur les électrodes ou dans le gaz.
Table des longueurs d'onde des raies principales du spectre lumineux de l'eau.
3062
3i52,5
3o68
3i56
3073
3i59,5
3074
3i63
3077,5
3167
3o8o
3171
3082
3175
3o85
3i8o
3ogo
3i84
3 094
3189
3og5
8192,5
3099
3,98
3io5
3201
3ii I
3207,5
3i 17
3211
3l22,5
3217,5
3127
3223
3t3o
3228
3i33
3282
3i35
3242,5
3,39
3256
3i42,5
3262
3i45
3266
3i49
3276
( i457 )
CHIMIE ANALYTIQUE. — Proportion de l'acide carbonique dans ('air;
réponse à M. Marié-Davy. Note de M. J. Reïset.
(Commissaires : MM. Dumas, Deville, Hervé Mangoii, Berthelot, Debray.)
« Après avoir lu les explications très sommaires que contient la Note
adressée à l'Académie par M. Marié-Davy, le 3o mai dernier, je persiste à
regretter que, pour doser chaque jour depuis quatre ans l'acide carbonique
dans l'air, les observateurs de Monisouris aient cru devoir adopter un
système invariable, qui ne présente pas, suivant moi, toutes les garanties
d'une exactitude rigoureuse, soit pour mesurer l'air analysé, soit pour
mesurer le gaz acide carbonique obteiux en volume. (Voir la description
de ce procédé analytique dans l'Annuaire de l'Observatoire de Monisouris,
année 1877, p. SgS.)
» M. le Directeur de l'Observatoire nous apprend, il est vrai, que les
compteurs dont on fait usage à Montsouris pour mesurer le volume de l'air
sont des compteurs de précision, adoptés par M. Regnault; ils sont con-
trôlés au moyen du gazomètre ordinaire, et ils fonctionnent toujours dans
les mêmes conditions.
» Que M. Marié-Davy me permette de croire et même d'affirmer que, si
l'illustre physicien dont il invoque ici le nom et l'autorité avait institué des
recherches pour déterminer les cent millièmes d'acide carbonique dans l'air
atmosphérique, il aurait laissé à l'usine à gaz ses compteurs de précision ;
il aurait employé, comme toujours, les méthodes si parfaites que l'on
retrouve dans ses beaux travaux et qui immortaliseront, dans la Science,
le nom de M. Regnault.
» A la suite de deux séries d'analyses faites après un intervalle de six
années, j'ai reirouvé la même proportion d'acide carbonique dans l'air, et
j'ai annoncé ces résultats, qui ne me paraissent pas dus au hasard. Cepen-
dant, M. Marié-Davy, sans doute un peu contrarié dans ses théories sur les
allures des grands courants aériens, déclare qu'il peut opposer des faits
nombreux et bien observés à mon opinion sur la stabilité du gaz carbo-
nique et sa diffusion; puis, sans vouloir rappeler ces faits nombreux et bien
observés, il cite les expériences faites par M. Truchot à Clermont-Ferrand,
au sommet du Puy-de-Dôme et au pic de Sancy pour établir l'influence de
l'altitude (').
(') Comptes rendus, t. LXXVII, p. 675.
{ i/j58 )
)> Je transcris les conclusions de M. Truchot ;
« La proportion d'acide carbonique diminue assez rapidement à mesure qu'on s'élève
clans l'atmosphère; et ce résultat n'a rien d'étonnant lorsque l'on considère, d'une part,
que c'est à la surface du sol que se produit l'acide carbonique et, de l'autre, qu'il est nota-
blement plus lourd que l'air. »
» Tout en rendant hommage aux efforts tentés par M. Truchot, qui a
dû certainement rencontrer de grandes difficultés, je ne puis admettre que
l'influence de l'altitude soit absolument démontrée par une seule expé-
rience au pic de Sancy et au sommet du Puy-de-Dôme. Voici mes raisons :
M. Truchot opérait sur un volume de lo'" d'air, à l'altitude de 1884™, sous une
pression de 578™'" au pic de Sancy; après correction, le volume d'air ana-
lysé devait être réduit à 7448™; la quantité totale d'acide carbonique obte-
nue dans cette expérience était de o^'jOoaS en poids, de i'^'',3 en volume,
» L'acide carbonique a été fixé dans l'eau de baryte, titrée avant et après
l'expérience, par l'acide sulfurique dilué : trois tubes de o™, 10 de long,
communiquant entre eux par des tubes plongeurs, composaient l'appareil
d'absorption; chacun des tubes recevant, avant l'expérience, 10™ d'eau
de baryte. Rien de plus simple que cette disposition. Mais on n'a pris au-
cune précaution pour ramener au même volume, après l'expérience, l'eau
de baryte traversée par l'air plus ou moins saturé d'himiidité.
» On voudra bien m'accorder qu'au sommet du Puy-de-Dôme, par une
température de 21°, sous une pression réduite à 638""", l'eau de baryte a
dû éprouver une évaporation notable; cet effet de concentration peut donc
très justement expliquer les résultats analytiques de M. Truchot.
» J'ose espérer qu'après avoir lu mes observations, M. Marié-Davy me
permettra d'attribtier à des corrections imparfaites la plus large part dans
les écarts progressifs obtenus sous l'influence de L'altitude.
» En opérant d'ailleurs sur des volumes aussi petits, on doit craindre
que la moindre erreur relative, multipliée ensuite par loooo, ne donne une
erreur absolue considérable.
» Enfin, si l'influence de l'altitude était bien établie par les expériences
citées, comment expliquer la moyenne générale de 4O59 acide carbonique
pour looooo trouvée à Clermont-Ferrand, à l'altitude de SgS", par
M. Truchot lui-même, tandis qu'à Paris nous admettons pour moyenne
générale 3o,o pour looooo, à une altitude qui n'atteint pas 60™?
» Quant à moi, je considère que de nouvelles expériences sont néces-
saires : je les appelle de tous mes vœux, dût-on nous prouver nettement
( -459 )
que la proportion d'acide carbonique diminue à mesure qu'on s'élève dans
l'atmosphère.
» Je signale avec confiance cette question si intéressante de Physique
générale et de Météorologie à l'attention de M. Alluard, le savant directeur
de l'Observatoire du Puy-de-Dôme; il pourrait la résoudre et doimer à la
Science une grande satisfaction, en établissant une série d'expériences com-
paratives, faites aux mêmes heures, par les mêmes méthodes, à Clermont
(en dehors de la ville) et au sommet du Puy-de-Dôme; la différence entre
l'altitude de ces deux stations étant de iioo™, on obtiendrait ainsi des ré-
sultats tout à fait sérieux et dignes d'intérêt.
» Avant de terminer cette Note, je tiens encore à expliquer ma pensée
sur la diffusion uniforme de l'acide carbonique. En reproduisant, dans ma
dernière Communication à l'Académie ('), cette formule trouvée par Gay-
Lussac, j'ai voulu, comme lui, indiquer l'état d'équilibre, pour ainsi dire,
permanent dans lequel se trouvent les différents gaz qui constituent notre
atmosphère. Est-ce dire que je ne reconnais pas les causes de diminution
ou augmentation du gaz carbonique et de l'oxygène? Mes expériences
sont là pour démontrer que j'ai cherché à saisir l'importance de ces varia-
tions, pour l'acide carbonique, en recueillant l'air à analyser dans les con-
ditions les plus différentes: soit au centre aies foyers de réduction, au milieu
des récoltes en végétation, sous l'influence des rayons solaires ; soit au
centre àes foyers de production, dans une grande ville, comme Paris, près
d'usines dont les cheminées émettent jour et nuit des torrents d'acide
carbonique.
M Le /HiH/mum absolu a été de 27,99 pour 100 000 le 10 juillet 1873,
pendant le jour, dans un champ d'orge avec luzerne, foyer de réduction.
» Le maximum absolu, 35, 16 pour 100 000, a été obtenu le 27 janvier
1879, à Paris, ybrer de jnvduction, dans son intensité.
» On voit que l'écart entre ces deux proj>ortious extrêmes est de 7,1 pour
100,000.
» Je maintiens donc toutes les conclusions de mes précédentes Commu-
nications et j'espère pouvoir continuer mes expériences, en cherchant tou-
jours à les perfectionner. »
(') Comptes rendus, t. XC, p. Il44; 1880.
C. R,, i88o, 1" Semestre. (T. XC, N" 28.) I Hf)
( i46o )
MINÉRALOGIE. — NoHveau minéral météorittque, avec un complément d'infor-
mations au sujet de la chute de météorites observée dans l'Ioiva^ en mai 1 879.
Note de M. J. Lawrence Smith, présentée par M. Daubrée.
« J'ai déjà signalé dans une précédente Communication (') le minéral
qui fait l'objet du présent travail ; mais, m'étant procuré, depuis ma première
publication, un supplément de substance, je me suis trouvé en état d'en faire
une détermination plus précise. Cette nouvelle étude m'a fait persévérer
dans l'opinion que le minéral que j'ai rencontré diffère de tous ceux qu'on
a jusqu'ici signalés dans la composition des météorites.
» Dans deux ou trois échantillons, ce minéral fait saillie à la surface des
pierres et tranche sur la nuance de la croûte fondue par sa couleur jaune
foncé. Une fois brisé, il montre un clivage assez facile, un aspect gras et
opalescent, et une couleur jaune verdâtre. Sa structure au microscope est
nettement différente de celle de l'olivine.
» N'ayant pas à ma disposition d'appareils convenables, je n'ai pu étu-
dier les caractères optiques de ce minéral; mais il m'a été possible d'en
étudier les caractères physiques et chimiques.
» La densité, prise sur oB%3oo, a été trouvée de 3,23.
» L'analyse exécutée sur deux échantillons a donné (-) :
I. 11. Oxygène.
Silice 49>6o 49'% 25,^3
Protoxyde de fer i5,78 17,01 3, 77
Magnésie 33, 01 32, 5i '2,76
9*^»39 99,11
)) Les résultats consignés dans la colonne I concernent un fragment
de o^"', 100 que j'ai moi-même extrait de la météorite. Ceux de la colonne II
représentent la composition d'un autre morceau de o8%35o que m'avait
envoyé un ami.
» Des proportions relatives d'oxygène contenues dans la silice et dans le?
bases on déduit très approximativement la formule
SiR-+-|(Si,2R)
(') Comptes rendus du 26 avril 1880, p. 961. Dans cette Note, la formule a été établie
d'une manière incorrecte.
(-) M. Lawrence Smith n'a pas indiqué si la substance est attaquable ou non par l'acide.
( »46i )
ou peut-être plus exactement
2SiR + Si,2R,
qui représente 2^' d'enstatite ou bronzite unis à i'" d'olivine.
» J'ai jugé convenable d'appeler ce nouveau minéral du nom de peckha-
mite, en l'honneur du professeur Peckham, qui a été si habile à recueillir
les minéraux de la région de nos lacs et à qui je suis redevable de toutes
facilités dans mes recherches sur les météorites.
» Je saisis cette occasion pour résumer un supplément de faits intéres-
sants relatifs à la relation déjà donnée de la chute des météorites d'Emmel
County. Des enfants qui gardaient des bestiaux sur la limite commune de
ce comté et de celui de Dickson, à S""" ou 10''" au sud-ouest du point où
les grosses météorites furent trouvées, assurèrent avoir vu et entendu,
immédiatement après le passage du bolide, une grêle de pierres tomber
dans l'eau qui submergeait une prairie voisine. On avait oublié ce récit
quand, il y a quelques semaines, c'est-à-dire près d'un an après le phéno-
mène, on trouva sur le sol, dénudé par l'incendie de la prairie desséchée,
quelques petites météorites. L'attention fut tellement éveillée alors, que
plusieurs centaines de personnes, hommes, femmes et enfants, s'appli-
quèrent à explorer la surface du sol jusqu'à iS""" de distance. Il résulta de
ce travail la découverte de milliers de fragments, dont les plus petits sont
à peine gros comme un pois, tandis que d'autres, beaucoup plus rares,
pèsent jusqu'à Soo^^ On estime à trois mille au moins le nombre de ces
échantillons et leur poids total à 3o^?. Pour la forme et les dimensions, ils
ressemblent beaucoup aux météorites de Pultusk, qui sont cependant un
peu plus régulières; mais ils en diffèrent par leur nature essentiellement
métallique. Us consistent en effet en fer nickelé, et les plus grands eux-
mêmes ne possèdent que des quantités très faibles de minéraux pierreux.
Un fait remarquable est que, malgré leur séjour de près d'un an au sein
de l'eau, ils n'ont pas éprouvé le moindre commencement d'oxydation;
plusieurs même sont tout à fait brillants et ressemblent, comme celui que
je joins à cette Note, à des pépites de platine natif. Peut-être celte pré-
servation est-elle due à l'existence d'un revêtement, d'ailleurs invisible à
cause de sa minceur, de silicates fondus.
» Il est évident pour moi que le passage rapide à travers l'atmosphère
de la météorite a désagrégé la surface de celle-ci : la substance pierreuse
s'est pulvérisée complètement, tandis que les granules métalliques, privés
du ciment qui les retenait ensemble, sont tombés successivement tout le
( i462 )
long de la trajectoire du bolide, c'est-à-dire sur plusieurs kilomètres de
dislance. Grâce à cet éparpiliement, nous pouvons maintenant reconnaître
la vraie direction de cette trajectoire, orientée non pas N.O.-S.E., comme
on le croyait tout d'abord, maisS.O.-N.E.
» En terminant, j'ajouterai que nous devons beaucoup d'obligations à
M. Charles Birge, de Keokuk (lowa), pour le soin avec lequel il a recueilli
les divers faits que je viens de résumer. »
M. ScHEFER adresse des documents relatifs à l'emploi du bitume de
Judée contre les maladies de la vigne. Ce fait, auquel les auteurs arabes ont
attaché une grande impoi'tance, a déjà été signalé à l'Académie et étudio
par M. Louis Lortet dans un Mémoire sur les gîtes bitumineux de la
Judée (').
» Un auteur persan qui jouit en Orient d'une grande célébrité, Nassiri
Khosrau, a fait pendant la première moitié du xi* siècle un voyage en
Syrie, en Egypte et en Arabie dont il a laissé une relation.
» Tl raconte que, pendant son séjour à Tibcriade, il a entendu raconter
qu'il se détachait du fond de la mer de Loth (la mer Morte) une substance
dont les morceaux étaient aussi gros qu'un bœuf, qu'elle était de couleur
noire et qu'elle avait l'apparence de la pierre sans en avoir la dureté. On
la recueille, dit-il, on la casse en morceaux et on l'exporte en tous pays.
Jjorsqu'on en met au pied d'un arbre, elle le préserve des attaques des vers
et ses racines sont à l'abri des ravages de tous les insectes qui vivent sous
terre. Les droguistes, ajoute Nassiri Rhosrau, achètent celte substance et
la mettent dans leurs marchandises pçur en écarter un insecte qui porte
le nom de naqrah.
» Un auteur plus moderne, le cheikh Abdoul Ghany, originaire de la
ville de Naplouse, visita la Palestine en l'année i loi de l'hégire (1689). Il
se rendit sur les bords de la mer Morte et il consigne ses observations
dans le récit de son voyage.
o La mer Morte, dit-il, produit la substance appelée hamniar (bitume). C'est le seul en-
droit de la terre où on le trouve. Il y en a de deux espèces : l'une est recueillie sur le ri-
vage où elle est rejetée par les flots, l'autre provient des fouilles que l'on fait non loin du
bord de la mer. Au moyen du feu et de l'eau chaude on débarrasse cette dernière espèce de
la terre et du gravier auxquels elle se trouve mêlée : ce procédé est le même çjue celui qu'on
emploie pour séparer la cire du miel.
(') Bulletin de la Société géologique, 2' série, t. XXIV, p. /{T.,
( 1/163 )
» Ainsi purifiée, celte substance a une couleur grise d'une teinte uniforme. Son odeur se
rapproche de celle du goudron de l'Iraq. Le biiumc qui est rejeté par la mer est lourd et
dur. On le frelate en le mêlant à de la poix. Quand il est pur, sa couleur ne s'altère point
en vieillissant. Celui que l'on extrait de la terre est meilleur que celui que l'on trouve sur
le sol et il entre dans la composition de la thc'riaquc. Ces deux espèces sont chaudes et
sèches au troisième degré. On les adoucit en y mêlant de l'huile. Les habitants du pays s'en
servent ainsi pour en frotter leurs vignes et les préserver des ravages des insectes.
» Les gens de cette contrée, ajoute ce voyageur, nous racontèrent que pendant l'hiver on
entend au sein de la mer Morte des grondements d'une extrême violence et des bruits qui
ressemblent aux roulements du tonnerre. Ce phénomène leur apprend que la couche de bi-
tume a été rompue. Ils se rendent alors sur la rive pour en recueillir les morceaux. »
» Cette notice est suivie de l'énumération des maladies pour le traitement
desquelles les médecins arabes du moyen âge prescrivaient le bitume. Je
n'ai voulu que signaler l'emploi du bitume de Judée pour préserver les
racines des vignes et des arbres fruitiers des ravages des vers et des in-
sectes, tel que je l'ai trouvé mentionné dans deux auteurs orientaux, dont
l'un a vécu au xi" et l'autre au xvii* siècle. »
RAPPORTS.
GÉODÉSIE. — Rapport sur un Mémoire de M. Peirce (') concernant la constante
de la pesanteur à Paris et les corrections exigées par les anciennes déter-
minations de Borda et de Biot.
(Commissaires : MM. d'Abbadie, Mouchez, Faye rapporteur.)
« Une des conquêtes les plus intéressantes de la Science, c'est assuré-
ment celle qui nous a appris qu'en faisant osciller un poids quelconque
au bout d'un fil de longueur connue, près du pôle et à l'équateur, on
pouvait en conclure la figure du globe terrestre. Tout se réduit à compter
les oscillations en un temps donné et à mesurer la longueur du fil. Pour
que le pendule batte la seconde aussi bien à l'équateur qu'au pôle, il faut,
à l'équateur, le raccourcir de 5""". C'est de ces 5"™ qu'on déduit l'apla-
tissement par la formule de Clairaut. Si l'on obtient celte petite quantité
à Jj de millimètre près, on en tire l'aplatissement à -^^ c'est-à-dire avec
une précision bien supérieure à celle que la célèbre Commission du système
Voir un extrait de ce Mémoire dans les Comptes rendus de la séance précédente.
( j464 )
métrique avait obtenue en combinant l'arc de France avec cekii du Pérou-
Si l'on mesurait ces 5°"" à o""",or près, on aurait la précision de ~^, su-
périeure à celle que donne aujourd'hui l'ensemble des mesures géodé-
siques actuellement connues.
» On est loin cependant d'avoir atteint ce degré de précision dans une
mesure si simple en apparence, non seulement à cause des irrégularités du
globe terrestre, mais surtout à cause des erreurs d'observation. C'est un
échec sérieux pour la Science, et il importe de s'en rendre compte. Cet échec
tient à deux sources d'erreur connexes qu'il aurait été bien facile d'éviter.
On a mal calculé les effets de la résistance de l'air; on a trop compté sur
la fixité des supports. Bessel, le premier, a montré que la réduction au
vide qu'on applique depuis Bouguer aux observations du pendule doit être
presque doublée. Il aurait fallu en conclure qu'on doit opérer dans le vide.
En second lieu, on a fini par reconnaître que les supports d'un lourd pen-
dule sont entraînés par lui (' ), en sorte que la pesanteur n'est pas seulement
employée à faire osciller le pendule : une partie notable de cette force
s'absorbe dans les oscillations communiquées au support. Il aurait fallu en
conclure qu'on doit opérer avec un pendule très léger.
» Ces deux causes d'erreur sont connexes. En effet, si l'on donne au
pendule une lourde masse, laquelle déplace forcément ses appuis pour peu
qu'on l'écarté de la verticale, c'est pour lutter contre la résistance de l'air,
faire durer plus longtemps les oscillations et en déterminer la durée avec
plus d'exactitude. Supprimez l'air et vous pourrez réduire la masse au cen-
tième ou au millième, et par conséquent faire disparaître du même coup
l'entraînement des supports et les incertitudes de la réduction au vide. On
ne s'est pas avisé de cette solution si simple. Tout au contraire, une re-
marque ingénieuse de Bessel ayant donné l'idée qu'on parviendrait à éli-
miner l'influence de l'air, sans faire le vide, par une disposition particulière
du pendule à réversion, on a été conduit à donner à celui-ci un poids con-
sidérable, tout en diminuant la stabilité du support afin de rendre l'in-
strument plus transportable.
» C'est alors que la seconde cause d'erreur, fortement accrue, a fini
par frapper les observateurs : il ne s'agissait plus de centièmes, mais
de dixièmes de millimètre. Malgré la remarquable exécution du pendule
transportable construit par les frères Repsold, on n'avait réellement pas
(' ) M. Peirce a lui-même insisté sur ce point dès i8^5, à une époque où les observateurs
croyaient fermement à la fixité absolue de leurs supports.
( i465 )
fait un progrès. Ce fut du moins le signal d'études fort sérieuses sur
cette cause d'erreur, complètement négligée jusqu'alors. M. Hirsch
trouva le moyen de la rendre frappante par une amplification optique con-
sidérable; M. Plantamour, aidé de cet appareil, en fit l'objet d'expé-
riences décisives; MM, Cellerier et Peirce la soumirent à l'analyse et par-
vinrent, indépendamment l'un de l'autre, à une formule de correction
tout à fait pratique. Dans ces circonstances, M. Peirce, chargé par la Di-
rection du Coast Survey, aux États-Unis, de l'étude de la pesanteur, a jugé
que le moment était venu de soumettre à une révision minutieuse les dé-
terminations fondamentales exécutées autrefois dans les divers pays. Pour
ce qui regarde la France, il a repris les excellentes observations de Borda
et de Biot, afin de leur appliquer les corrections les plus délicates qu'in-
dique aujourd'hui la théorie, en tenant compte non seulement de la réduc-
tion correcte au vide, mais aussi de la viscosité de l'air et de l'ébran-
lement des piliers. Admis libéralement par notre confrère M. le Directeur
de l'Observatoire dans cet établissement, il a pu remettre à très peu près
les supports de Biot dans leur état primitif, en les débarrassant des tra-
verses dont MM. Laugier et Winnerl avaient, il y a bien longtemps,
reconnu la nécessité pour leurs expériences sur des pendules d'horloge
très lourds. Il a mesuré expérimentalement l'effet de leur oscillation, à peu
près dans les circonstances oii Biot avait opéré. Enfin il a déterminé lui-
même la longueur du pendule simple par son propre appareil, et nous
croyons, malgré le vice inhérent à cet appareil lui-même, pouvoir inscrire
son résultat sur la même ligne que ceux qu'il est venu perfectionner. Nous
avons ainsi :
Longueur du pendule
à Paris. Altitude.
mm m
Par Borda 993,918 67
» Biot 993-9'3 74
0 Peirce 993,934 74
)) Voilà enfin un résultat entièrement digne de confiance; on peut espérer
que la moyenne donne pour Paris, à l'altitude de 72™ environ, l'intensité
de la pesanteur, à un cent-millième près, ou la longueur du pendule avec
la précision d'un centième de millimètre.
» Si l'on considère l'intérêt qui s'attache de nouveau à cette question,
un peu délaissée chez nous depuis cinquante ans, mais que l'Association
géodésique internationale a remise à l'ordre du jour des grandes entre"
prises scientifiques, le travail que vient de faire M. Peirce à l'Observatoire
( i466 )
ne paraîtra pas un simple hommage rétrospectif à deux illustres savants,
Borda et Biot, mais un service réel rendu à la Science française. Nous
prions l'Académie de vouloir bien en témoigner à M. Peirce toute sa satis-
faction. »
Les conclusions de ce Rapport sont mises aux voix et adoptées.
MEMOIRES PRESEÎVTES.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur le problème de l'inversion. Mémoire
de M. Elliot. (Extrait par l'auteur.)
(Commissaires : MM. Bertrand, Hermite, Bouquet.)
« J'ai indiqué précédemment (') deux propriétés des fonctions B"' où
entrent p intégrales abéliennes normales de première espèce et (y intégrales
normales de troisième espèce. Quand on remplace ces intégrales par des
quantités arbitraires, 0'*' devient une fonction de p -i- q variables indépen-
dantes. Dans le nouveau travail que je soumets au jugement de l'Académie,
je me suis proposé de montrer comment, à l'aide de ces fonctions 0"' et en
suivant la marche de Riemaun, on peut intégrer un système d'équations
différentielles abéliennes étendues à des intégrales de troisième espèce.
MM. Clebsch et Gordan ont traité ce problème (-) d'une façon toute dif^
férente, et les intégrales de troisième espèce qu'ils considèrent sont supposées
infinies pour les deux racines qui correspondent aux deux branches d'un
point double, ce qui nécessite l'emploi préalable d'une transformation
birationnelle.
» En désignant par u'-'\x,j) et v'''''>{x,f) les intégrales normales de première
et de troisième espèce, les équations différentielles dont il s'agit sont
(0
fl,(^lnj'hl
h=i
[£'*), >,(')]/iF;.(x/i,J;l
dxu = ih'^, (^ = 1,2, ..,7).
<^i{x^y) est un polynôme du degré 7?2 — 3, (fi^[x,y) un polynôme du degré
Comptes rendus, 23 février 1880,
Théorie der abelschcn Functioncr),
( 1467 )
m — 2; le symbole [^<''', •/;'''] représente un déterminant qui est le premier
membre de l'équation de la droite passant par les deux infinis de l'intégrale
i''*''(a7, ; ), et l'indice h signifie qu'on y a remplacé x et/ par a-/, et j/,. On
regarde, dans ces équations, les quantités œ,, comme fonctions des p + q
variables «, et c^. Inexistence du système intégral se démontre comme pour
le cas du problème de Jacobi ( ').
» Les propriétés des fonctions 0''" sont complètement analogues à celles
des fonctions 0. Je me borne à l'énoncé du théorème suivant :
» Soient (p[jc,j') = o, '^{JC, j) = o les équations de deux courbes données
du degré n, [c/.i, /3/) les mn points d'intersection de la première avec la courbe
fondamentale F[x,y) = o, [a], ^\) les mn points d'intersection de la seconde,
les deux produits
0(7) f
" = n
1=1
L /^=i ^fci J
L A=l A=l J
p_ T-r ■]> {■>■/„ n)
CiClCk étant des constantes convenablement choisies, ne diffèrent que par une
constante.
» Si l'on suppose que les points (a;-/,, j/,), qui sont quelconques, sont pré-
cisément ceux qui constituent le système intégral des équations (i), la fonc-
tion TV deviendra, en tenant compte de ces équations,
„,,„ , _ -py e(?)[», - ..(■)(«;, p;) - c-, r, - ..«■)(«;, ^,) - o]
» Remplaçons maintenant la courbe <^{x, j) = o par la courbe
ç(jr, ;■) + >. ij/(x,r) = o,
X étant un paramètre arbitraire. La fonction P deviendra
h=p+q
Briot, Théorie tics fonctions abéliennes, Chap. IX.
C. R., 1880, \" Semestre. (T. XC, «"23.) '9^
( i468 )
En l'ordonnant par rapport à X, les coefficients seront des fonctions symé-
triques des rapports'^' *' /'.- Appelons E la constante
"'(o. o)
on aura
f'f-'itlni'k) =EP,
et, en donnant p -r- q valeurs distinctes à X, on aura p + q équations du
premier degré qui permettront d'exprimer les fonctions symétriques au
moyen des p -h q fonctions îr(z/;, Vj,) répondant aux valeurs attribuées à X.
On obtiendra en particulier des fonctions symétriques des X/, en faisant
f = i, ^ ^ jc, en sorte que les JC/, seront racines d'une équation algébrique
dont les coefficients dépendent des fonctions u'(i^,, 4'^). »
BALISTIQUE. — Sur un appareil destiné à enregistrer la loi du mouvement d'un
projectile soit dans rame d'une bouche à feu, soit dans un milieu résistant.
Note de M. Sebert. (Extrait par l'auteur.)
(Commissaires : MM. Bertrand, Phillips, Berthelot, Cornu, Favé.)
« On cherche depuis longtemps le moyen de déterminer la loi du
mouvement d'un projectile dans l'âme d'une bouche à feu, afin d'en dé-
duire la loi des pressions développées par la combustion de la charge, loi
dont la connaissance permettrait d'améliorer le mode de construction des
pièces et le mode de fabrication et d'emploi des poudres.
« Les procédés qu'on a tenté d'employer pour obtenir ce résultat ne
donnent qu'avec de grandes difficultés un petit nombre de points de la
courbe des espaces parcourus par le projectile en fonction des temps, et
ils exigent le tronçonnage ou la perforation des parois de la pièce; par suite,
ils ne sont pas applicables à l'étude des nouvelles pièces de gros calibre,
dont le prix de revient atteint une valeur considérable.
» J'ai récemment réussi, par un procédé nouveau et sans toucher en rien
à la pièce, à obtenir la loi du mouvement du projectile au moyen d'un
mécanisme logé dans l'intérieur de ce dernier et qui enregistre automati-
quement les valeurs des espaces parcourus pendant une longue série de
durées successives, égales chacune à une fraction très petite de seconde,
fraction que j'ai pu faire descendre jusqu'à ôtt'utj.
( «469 )
» Ce mécanisme se compose simplement {fig. i) d'une tige métallique,
à section carrée, placée dans l'axe du projectile et qui sert de guide à une
Fiiï- 1.
® K
JJucfielcl Si
masse mobile. Cette masse porte un petit diapason vibrant dont les
branches se terminent par deux petites plumes métalliques qui laissent les
traces de leur passage sur l'une des faces de la tige, recouverte, à cet effet,
de noir de fumée.
M Cette masse est amenée, avant le tir, contre la face antérieure du pro-
jectile, et les branches du diapason sont alor.s maintenues écartées par l'in-
troduction d'un petit coin qui est fixé sur la tige.
» Au moment du tir, la masse, par son inertie, tend à rester en place ;
le projectile se déplace brusquement en entraînant la tige; il arrache ainsi
le coin et détermine la mise en vibration du diapason, dont les plumes
tracent sur le noir de fumée deux courbes sinusoïdales symétriques.
» En déplaçant à la main, avant le tir, la masse mobile le long de la
tige, mais laissant alors le diapason au repos, on a préalablement tracé
deux droites parallèles qui constituent les axes ou médianes de ces traces
sinusoïdales.
» Les intersections de l'une quelconque des deux courbes avec la ligne
médiane correspondante font connaître les positions relatives du projectile
et de la masse inerte au bout de chacun des intervalles de temps égaux
que représentent les vibrations du diapason.
( i47o )
» Il est facile de démontrer que, par suite de l'extrême
rapidité du mouvement imprimé au projectile, la masse
inerte ne peut se déplacer dans l'espace que d'une quantité
négligeable sous l'influence du frottement et des résistances
passives qui peuvent tendre à l'entraîner en avant pendant
le temps que le projectile met à se déplacer de sa propre
longueur, temps qui n'atteint pas un centième de seconde.
Par suite, le mouvement relatif de la masse inerte, enre-
gistré par le diapason, peut être considéré comme exactement
égal, en sens inverse, au mouvement du projectile que l'on
veut déterminer.
» Tout le mécanisme est disposé d'ailleurs de façon à
pouvoir tourner autour de l'axe de la tige centrale, dont les
extrémités forment tourillons; par conséquent, il ne participe
pas au mouvement de rotation imprimé au projectile par les
rayures, et l'on évite ainsi les effets perturbateurs qui seraient
dus à cette rotation.
)) Les premiers essais de projectiles enregistreurs de ce
genre ont eu lieu le sS mars de cette année, au champ de
tir de la poudrerie de Sevran-Livry, où les projectiles sont
dirigés dans des chambres à sable qui permettent de les
recueillir facilement. On a opéré avec le canon de o™,24
(modèle 1870) de la marine et des projectiles cylindriques
du poids réglementaire de x44''°-
» r^a résistance qu'il était nécessaire de laisser aux parois
pour éviter des ruptures dans les chambres à sable n'a pas
permis de donner à ces projectiles une longueur supérieure
à o™,6o et de laisser, par suite, une coiu'se libre de plus
deo™,4o à la masse inerte; dans un tir horizontal sur une
plage unie, il serait possible de dépasser beaucoup cette
limite.
» Les diapasons employés dans ces expériences donnaient
environ 3ooo vibrations par seconde; ou a tiré aux charges
de i4''s, 2i''iJ et 28''^ de poudre, imprimant aux projectiles
des vitesses respectives de Soo™, 370™ et 440"; la dernière
charge est la charge réglementaire. On a obtenu des tracés
très nets et très réguliers dont un spécimen est donné par la
figure ci-jointe [fiçj. 2) pour la charge de 28''s.
( '^J?' )
)) Ces tracés, relevés au microscope, ont permis d'obtenir, pour cliacun,
une vingtaine de points de la courbe des espaces parcourus par le projectile
en fonction des temps, sur une longueur de o™,4*3 environ. De celte courbe
on a pu déduire, suivant la métbode connue, la courbe des vitesses acquises
et la courbe des forces accélératrices en fonction des tem|)s.
» En supposant connues les résistances passives dues aux rayures et au
forcement dans l'âme, résistances que l'on peut déduire d'expériences spé-
ciales, on peut donc déterminer, par ce procédé, la loi des pressions déve-
loppées par les gaz de la poudre sur le culot des projectiles en fonction des
temps ('). Ces mesures ne s'appliquent qu'à la première partie du par-
cours dans l'âme; mais c'est cette partie qui présente le plus d'intérêt, car
c'est celle pendant laquelle les poudres développent les effets qui les ca-
ractérisent. J'indiquerai d'ailleurs plus loin le moyen d'obtenir la loi du
mouvement sur une plus grande longueur, m
M. J.ViARD adresse à l'Académie un Mémoire portant pour titre : «Étude
sur l'électricité ».
(Commissaires : MM. Fizeau, Jamin, Desains.)
CORRESPONDANCE.
M. Stas, nommé Correspondant pour la Section de Cliimie, adresse ses
rcmercîments à l'Académie.
M. le Secrétaire perpétuei. donne lecture d'une Lettre de M. Dubrun-
faut, accompagnant l'envoi d'une nouvelle série de deux cent treize pièces
autographes qui ont appartenu aux archives de l'Académie.
L'Académie renouvelle ses remercimeiits à M. Dubruufaut.
(') M. Le Roux a, depuis longtemps, propose de loger dans un projectile un méca-
nisme spécial, destiné à enregistrer directeniinl les pressions développées sur le culot de
ce projectile en différents points de son parcours dans l'àme.
Ce n'est que par suite de l'impossibilité de réaliser actuellement les installations néces-
saires pour recueillir un semblable projectile après le tir, sans m détériorer les organes,
que j'ai été conduit à me contenter de l'enregistrement de la loi du mouvement au lieu de
l'enregistrement direct de la succession des pressions.
( ï472 )
MÉCANIQUE CÉLESTE. — Sur des transcendantes qui jouent un rôle important
dans la théorie des perturbations planétaires. Note de M. G. Darbocx.
'c Dans ma précédente Communication, j'ai remarqué que la formule
qui fait connaître comment la fonction P(X, s) se comporte dans le voisi-
nage de la valeur a = i devient indéterminée quand 2s est un nombre
entier. Elle n'est donc pas directement applicable aux cas que l'on étudie
en Astronomie, et il m'a semblé qu'il pourrait être utile d'indiquer le
résultat a*uquel on arrive lorsqu'on fait disparaître l'indétermination. Les
transcendantes P(X, 4), P(X, 5^), ••■ s'expriment, comme on sait, d'nne
manière très simple au moyen des transcendantes P()., \); il suffira donc
de considérer seulement le cas où l'on a * — ^.
» On obtient alors, par un calcul que je supprime.
en désignant par L la somme
et par AF l'expression
I I
3 aX —
^ + dp + ^J^j'^(^-'i^'V. '-^")'
où l'on remplace, après les différentiations, a, ]3, y par). -\- ~, ^, i.
» Il serait facile de donner à l'équation précédente des formes nou-
velles, mettant en évidence le carré de X, qui seul doit figurer dans les for-
mules. Je ne m'arrête pas à ces transformations, et je vais indiquer une
expression, sous forme d'intégrale définie, des quantités P(X, s) qui conduit
à une démonstration nouvelle de la formule d'approximation que j'ai
donnée dans ma première Communication.
» J'emploierai dans ce but l'équation suivante, relative à la série hyper-
géométrique,
/
' /?-! f , ;')f+ï-a-f— 1
(I — ixY
r(7 + p — a-
^î^f^^^F(.,p, ,,..),
( «473 )
qui se démontre aisément par des procédés élémentaires et qui peut aussi
se déduire d'un théorème de Jacobi, donné dans le Tome 56 du Journal
de M. Borchardt. Si l'on y change t en /-, et qu'on l'applique au polynôme
P(X, s), on aura
'^^'''^)-r{s)T{p + i-is)
» Cette formule contient, on le voit, un paramétre p dont on peut dis-
poser de manière à obtenir des expressions très variées de P(X,5). Pour
trouver une expression simple des dérivées de P(X,,9), je donne à p la
valeur i et j'obtiens
r'(5)r(2 — 2j)
\^ -^ rt'F(l -5 + X, I — 5, 2 — 2^, I - i-)ch.
" u
» Décomposons — en fractions simples, ce qui donne
[ai] +
I — fl!/! '^ ' 3 1 — (It 1 1 -h at
et substituons cette expression dans la formule précédente. Si l'on prend la
dérivée n''""' de P(X, s), n étant supérieur à X — 2, les termes provenant de
la partie entière o{at) disparaissent, et l'on obtient l'expression très
simple
P(.v)r(.-..0_^p
_ r' 2j+u«-./,_^2\.-2^r — \ (-1)'-+" 1^^^
Cette expression pourrait aussi se déduire, par un changement de variables,
de la formule élégante
r{n -t- i) rfa"
qui ma été communiquée par M. Tisserand.
( i474 )
» La formule, sons sa première forme, se prèle de la manière la plus
simple à l'évaluation de la dérivée 7i''"° de P(X, s) quand n est très grand.
On reconnaît sans peine que l'on peut négliger le second terme et même se
contenter d'évaluer
X
1
t
51+>.+ll-l I
— (lt]"->
F(i — s + 1, \ — Sji — 2s, t - l-)(ll,
où £ est une quantité fixe aussi petite qu'on le veut. Si l'on fait^une der-
nière transformation pour mettre en évidence le carré de X, on a
dl.
» Posons Z' = i — fl, t= r-) M étant une nouvelle variable, et déve-
loppons suivant les puissances de h; nous retrouverons la formule déjà
donnée.
» J'aurais encore d'autres propositions à signaler relativement aux
transcendantes P(X, i). Je mécontenterai, en terminant, d'indiquer la for-
mule
qui permet de déduire les transcendantes relatives à i — j de celles qui se
rapportent à s.
» Cette formule se trouve d'ailleurs donnée dans le Traité de Legendre,
au moins pour le cas où s est entier. »
MÉGANIQUE CÉLESTE. — Sur la méthode de Cauchj pour le développement de
la fonction perturbatrice . Note de M. Ch. Trépied, présentée par M. Pui-
seux.
« Le but de celte Note est de faire connaître un cas qui se présente dans
l'application de l'une des méthodes données par Cauchy pour le dévelop-
pement de la partie- de la fonction perturbatrice. Pour abréger l'exposi-
tion, j'emploierai les notations dont M, Puiseux fait usage dans son Mé-
moire inséré au Tome VII des Annales de l' Observatoire de Paris (').
Annales de l' Observatoire de Paris, t. VII, p. 178 et 17g.
( '475 )
» L'une des méthodes de Caiichy repose sur la résolution de l'équation
A^ = o
par approximations successives; dans cette méthode intervient laquantitéS,
définie par la relation
y = tang I - arc sin -
K et H désignant des nombres positifs qui dépendent des excentricités et
des inclinaisons. La considération de la même quantité (9 est du reste né-
cessaire si l'on veut développer - sous la forme
en posant
X = Hri + |cos(f-«)],
Y = i'C0S2i|;',
et éviter ainsi la résolution pénible de l'équation A- = o. On se trouve
alors en présence de transcendantes deLaplace ayant Q pour argument.
» Or il peut arriver que l'on ait
» Ce cas se présente pour la comète Faye, troublée par Jupiter; en don-
nant à la comète quarante positions équidistantes en anomalie moyenne
sur son orbite, je rencontre par trois fois des valeurs de — supérieures à
l'unité :
Valeurs de f. Valeurs de — •
142.12.17,3g 1,000170
1 43 . 36 . 44 > 54 1 , 000 1 6 1
145. 0.43,43 1,000111
» Il est facile de constater que celte circonstance ne pourrait se pré-
senter si l'on n'avait égard qu'aux termes de K et II indépendants des
excentricités et des inclinaisons; mais, dans le cas de la comète Faye, les
termes qui dépendent de ces éléments prennent des valeurs considérables,
d'où les valeurs précédentes de -? auxquelles peut correspondre une assez
faible distance de la comète et de Jupiter.
0. R., i88o, I" Semestre, (T. XC, N» 28.) '9'
( i476 )
» Cette difficulté peut être levée de la manière suivante. L'expression de
A^ pour une valeur particulière de l'anomalie excentrique de la planète
troublée est
A2 = H + Kcos(f — oj) + i'cos2f ;
mais on a aussi
A' = H + /'+ K cos(f — w) - a/'sin'f .
» Cette formule, ayant lieu pour toute valeur de <](', a lieu pour
tj;' = 71 -f- w ; on obtient alors
(A«) = H + j'-(K + 2i'sin='w),
le symbole (A^) désignant ce que devient A^ lorsqu'on y fait ^' =^n + w. Il
en résulte quon aura toujours
H + /' > K + 2 /' sin- fo,
et a forliori
H + i'>K,
puisque i' etK désignent des nombres positifs. Il suffira donc de remplacer
H par H + i' et cos2ij;' par — 2 sin-(J)'. L'équation A- = o devient en effet,
après quelques transformations,
6' désignant la valeur de 0 qui résulte de la substitution de H -t- /' à H.
» On retrouve donc les solutions approchées
X'
o, x'=- ôe'^'^-'.
comme dans la méthode de Cauchy, et il n'y aura de changement que dans
la deuxième approximation.
» De même, si l'on veut employer la forme de développement
on remplacerai! par H + /', et les transcendantes de Bessel fourniront, par
l'appUcation du théorème connu de Cauchy, le coefficient de l'exponen-
tielle e"'^'^-' dans le développement de -•
» Même dans les cas où la quantité — est inférieure à l'unité et où, par
suite, la forme de Cauchy est applicable, il est à remarquer que la substi-
( '477 )
tution de H -4- j' à H augmentera la convergence du développement, et cela
d'autant plus que la valeur numérique de H sera moindre. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les équations différentielles linéaires à
une variable indépendante. Note de M. Appell, présentée par
M. Bouquet.
H Je me propose, dans cette Note, d'indiquer pour les équations diffé-
rentielles linéaires un théorème analogue au théorème sur les fonctions
symétriques des racines d'une équation algébrique.
» I. Soient
(i)
d"y
dx"
f/n-2
-d.t
-h .
• + finy— O
une équation différentielle linéaire sans second membre, et y^^ jy,, . . . , j,^
un système fondamental d'intégrales. Le théorème en question est le sui-
vant :
» Toute fonction algébrique entière F de j-^, y,,, . . . , j„ et des dérivées de
ces fondions^ qui se 7-eproduit multipliée par unjacteur constant différent de
zéro quand on remplace j-,, j^, . . . , j„ par les éléments d'un autre système
fondamental d'intégrales, est égale à une fonction algébrique entière des coeffi~
cients de l'équation différentielle et de leurs dérivées multipliée par une puissance
de e-^".''*.
» La fonction supposée F doit, en particulier, se reproduire, à un fac-
teur constant près, quand on permute entre elles les fonctions )',, J'^, ■ • -,
j-„. Il résulte de là que cette fonction contient les dérivées de )\, /,, ...,/„
jusqu'au même ordre de dérivation. Soit p cet ordre; la démonstration du
théorème comprend trois parties :
M 1° Si l'ordre p des plus hautes dérivées de j,, j-„, . . . , y„ qui figurent
dans F est moindre que n — t, la fonction F se réduit à une constante.
» 2° Si p = 71 — I, la fonction F est, à un facteur près indépendant de
j,,j^2, • • • ) 7"/!» unp puissance du déterminant
I<
dy\
dx
d'y,
dx'
d-'-'y.
J2
dy.
dx
d'y,
dx'
d-'-'y,
r/.r"-'
Tn
dy.
dx
d'y.
dx'
dx"-
( 1478 )
c'est-à-dire, d'après un théorème de M. Liouville, une puissance de e"^"'''''.
» 3° Si p est plus grand que 71 — i, on peut toujours, à l'aide de l'équa-
tion différentielle (i), remplacer dans F toutes les dérivées de j^',,^,» • • ■ ■>
y„ d'ordre supérieur si Ji — i par les autres. Cette opération n'introduit
évidemment dans F que des fonctions entières des coefficients de l'équation
différentielle et de leurs dérivées. On transforme ainsi la fonction F en une
autre de même nature qui ne contient plus que les dérivées de^,, 72» • ■ ■ ■>
j„ jusqu'à l'ordre n — i inclusivement; par suite, d'après le deuxième cas,
cette fonction est une puissance de e~^''^''^ multipliée par un facteur qui ne
peut être qu'une fonction algébrique entière des coefficients de l'équation
différentielle et de leurs dérivées; ce qui démontre le théorème.
» II. Parmi les applications de ce théorème se trouve la formation de cer-
tains invariants ou semi-invariants des équations différentielles linéaires (voir
deux Notes de M. Laguerre, Comptes rendus^ t. LXXXVIII, p. 1 16, 224).
» Cherchons, par exemple, la condition nécessaire et suffisante pour
qu'il y ait entre les éléments d'un système fondamental d'intégrales de
l'équation (i) une relation algébrique entière de la forme
(2) ?A-,(jn r2, • • ■,?'«) + ?A, (7,, j2. . • -, >'«) + ■ • •+?*„,( Ji»j2; • ■ •>;•«)="'
où les (p sont des fonctions homogènes de j, , j'j, . , . , ^„ d'un degré mar-
qué par l'indice. La relation (2) ne change évidemment pas de forme si l'on
passe du système fondamental 7,, j.,, ...,Jk à un autre système fonda-
mental quelconque; elle contient un nombre
j 1.2.../,
de coefficients constants. Si l'on différentie N — i fois l'équation (2) par
rapport à x, on obtient un système de N équations homogènes et de pre-
mier degré par rapport aux N coefficients constants. Le résultat de l'élimi-
nation de ces constantes est un certain déterminant D égalé à zéro. Ce dé-
terminant est une fonction de J,,j2, •• ■,J'n et de leurs dérivées qui
rentre dans les conditions du théorème I. On peut donc, d'après ce théo-
rème, exprimer D en fonction des coefficients de l'équation différentielle
et de leurs dérivées, et l'on a ainsi la condition cherchée D = o.
» Cette fonction D est un semi-invariant par rapport au changement de
variable indépendante; elle est un invariant complet si la relation (2) est
homogène par rapport à j-, , ;? o, . . . , j„.
( '479 )
» ITI. Le ihcorème qui fait l'objet de cette Note peut s'étendre aux
équations diflerentielles linéaires simultanées aux dérivées partielles du
genre de celles que j'ai considérées précédemment (voir p. 296, 731 de ce
Volume). »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur certaines équations différentielles linéaires
du second ordre. Note de M. E. Picard, présentée par M. Hermite.
« On doit à M. Klein une méthode très remarquable pour reconnaître
si une équation différentielle linéaire donnée du second ordre, à coeffi-
cients rationnels, peut ou non être intégrée complètement au moyen des
fonctions algébriques {Bulletin des Sciences malhématiques, iSy^, et Math.
Annalen, t. IX). Les considérations si profondes dont s'est service savant
géomètre peuvent être employées pour l'étude d'une classe d'équations du
second ordre à coefficients doublement périodiques : c'est ce que je me
propose de montrer dans cette Note.
» Soit
une équation linéaire à coefficients doublement périodiques. Je veux consi-
dérer la classe de ces équations pour laquelle toute intégrale y satisfait
à une équation de la forme
r'" + A,y"-'4-...+ A,„ = o,
où les A sont des fonctions uniformes de œ dans toute l'étendue du plan.
» Désignons par yj le quotient de deux solutions particulières distinctes
de l'équation (i). Il satisfait à l'équation du troisième ordre
■Ci satisfera à tme équation de la même forme que j, et, réciproquement,
si y) satisfait à une équation algébrique à coefficients uniformes, il en sera
de même de toute intégrale de l'équation donnée, pourvu toutefois que
e^P^'^'^ jouisse de la même propriété. Nous nous trouvons donc amené à
étudier la classe des équations pour lesquelles le quotient de deux solutions
distinctes satisfait à une équation algébrique à coefficients uniformes.
( i48o )
it Nous pouvons appliquer ici la méthode dont s'est servi M. Klein
(voir les Mémoires cités) pour trouver la forme de l'équaJion donnant v;.
Il résulte de cette étude que ces équations, abstraction faite des transfor-
mations linéaires que l'on peut faire subir à vj, se réduisent à cinq, conte-
nant chacune un paramètre arbitraire R. Par suite, les intégrales de l'é-
quation différentielle en vj doivent être données par une de ces équations,
en remplaçant R par une fonction uniforme convenable de x, et nous
avons à chercher maintenant quelle peut être la nature de cette fonction
uniforme dans le cas où, comme je l'ai supposé, p^ et p, sont doublement
périodiques aux périodes 2K et a/K'.
» La première des équations aura la forme bien simple
(3) -c^^RH,
où n est un entier arbitraire. Quand on change ce enx -+- 2K, les racines
de l'équation ainsi obtenue devront être des fonctions linéaires (fraction-
naires ou entières) des racines de la première; donc, a, j3, y et $ étant des
constantes convenables, l'équation (3) et la suivante,
(4) (7-/Î + 5)'' = (a-/î+/5)"R(^ + 2K).
devront avoir une racine commune. Soit d'abord n = i ; la fonction R(a;)
satisfera alors aux deux relations
R(^+.K)=ZJ|^^, R(.4-./K')=ffl4ti;,
les a, |3, 7 et â étant des constantes. On montre facilement que l'on peut
trouver quatre quantités A, B,C et D telles que, en posant F{x)= ^. ' -,
F (a:) satisfasse à l'un ou l'autre des systèmes de relations qui suivent,
F{x-h-2K) = p.F{x), et F(a;+2z'K') = p/F(^)+X',
, p. I où l'on a d'ailleurs, condition nécessaire, X(i — p.') = X'(i — p.),
^ F(^ + aR) = -F(a-), F(^^2/R')=--|:^.
et l'on voit, par suite, que F[x) et par conséquent R(.r) pourront s'ex-
primer à l'aide des transcendantes de la théorie des fonctions elliptiques.
» Passons au cas où n est différent de l'unité. Je montre que, en laissant
de côté le cas, rentrant dans le précédent, où R(^) est la puissance n"^"*
d'une fonction uniforme, les équations (3) et (4) ne peuvent avoir de so-
( "48r )
lutions communes que si 7^ = o et «,'5 = o; on en conclut que R(^) satis-
fera à l'un des systèmes de relations qui suivent :
R(a^ + 2K)= /xH(^) et R(x-+2iK')= (J-'^i^),
(6)
R(^-l-2K) = ± R(^) et R(a.-+2/K')= ^^,
R(a' + 2K)= -f^ et R(^ + 2jK') = ±R(a7),
^i--^-^-)= ^) et R(x-+2.-K') = ±^.
» L'équation différentielle correspondant à l'équation (3) est
W :i\n'j ~" R' 2\r7 "^ irr \V. } '
Pour qu'elle coïncide avec l'équation (2), il faudra que
» On devra satisfaire à cette équation en prenant pour R une fonction
satisfaisant à l'une ou l'autre des équations (5) si /j =: i et, dans les autres
cas, à l'un des systèmes de relations (6). On reconnaît d'ailleurs immédia-
tement que, en prenant pour R une fonction quelconque satisfaisant à l'un
de ces systèmes, le premier membre de (■7) est une fonction doublement
périodique ordinaire.
» On vérifie facilement sur l'équation (i) si le quotient de deux solutions
est uniforme. Laissant donc de côté le cas de « — i, on aura à reconnaître
si l'on peut satisfaire à l'équation (7), pour une valeur convenable de «,
par des fonctions R jouissant des propriétés indiquées : c'est là une ques-
tion d'Algèbre qui n'est pas sans intérêt. Je dirai seulement ici qu'on peut
déterminer a priori la valeur possible de /z, si elle existe; cette première
détermination effectuée, nous remarquerons qu'en posant -—=v\e premier
membre de (7) devient une fonction rationnelle de v, v' et t'", et, comme
ici V devra être une fonction doublement périodique de première espèce,
on poura faire facilement la vérification dans l'équation transformée.
M La seconde équation de M. Klein peut s'écrire
•/3=«+-/l«[2-4R(x-)] + 1 = 0.
u Je me bornerai à indiquer le résultat pour « = i. On trouve que, en
( i482 )
supposant l'équation précédente irréductible, pour ne pas retomber dans
le cas précédent, la fonction R(^) satisfait à deux équations de la forme
(a — 7)'+4«7Ï^('^) (a — 7')'+ 4a 7'R{x)
les a et y étant des constantes.
» L'étude des trois autres formes de M. Klein dépasserait les limites de
cette Communication ; elle se fait d'après les mêmes principes, et, dans tous
les cas, la fonction R(^) peut s'exprimer à l'aide des transcendantes de la
théorie des fonctions elliptiques. »
' ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les fonctions ellipliques. Noie de M. J. Farkas,
présentée par M. Yvon Villarceau.
« I. Posons (') [a;], = ( — ^1 5 [x]'= f — -| ; nous aurons
[X+20]' = [.X],,
/ r^ _^ vl - [■'■].[■>■].- [^]'[ry _ [■r],[-r]'-lrl[j]'
^ -^^J'- .-[x-],Lvj,M'[r]'-[r],[.r]'-[^],b-]''
\r,.,__ [^].[.r],[r]' + [^]' _ [^Uxllry+lrY
( L-^ -+-7] - [.,■], [.r]'[r]' + [/], [j],[.r]'b]' + W,'
(2) [-^1, = ^, [-.,]'= _[x]',
P .., [,r],± ^/sin'a + [.r]J cos-av'cos'a+ [jr]^ sin'a
'-'■ J (i — [x] J ) sina cosa
(0
(3)
(l — [.r]; ) sina cnsa
— [.r]|itv/sin'a + [-r]] cosV. y/ cos' a + [x]\ sin'a
(4) ^= J^T=
d[.r]
^siii^a -1- [.r]j cos'a^cos'a -1- [:r]j sin'a
» En écrivant [y/— i x], = e^' dans l'intégrale, nous obtenons
■ sin'aa sin'3
(') Sur une classe de deux fonctions doublement périodiques [Comptes rendus, t. XC,
p. 1269).
( 1483 )
par conséquent, z = amx (niod = A' = sin 2a) ; c'est-à-dire
j log[v- i.r], = V— jauiJ',
( [\/— lo-'J, = cn^ H- y— isn.r,
et, en vertu de la relation (3), comme [0]'= o,
C^)
r -1/ I— (Ini- / /sn.r
(b) \\J— ix\ = d— l —, -rrry— I— —
» Des relations (5) et (6) nous lirons
d'où
(7) Â(.-[^]?)(,-[,r]-) + 4[^].M'=o,
(s;
- 1 ^ [.<.']' rh V^sin'a + [.c]'^ cos-a ^cos^a 4- [x]'' siii^a
-' -'' (i — [a:]'') siiiacosa
(i — [■'•■]''] sinacosa
» Pour dérivées des deux fonctions, on trouvera aisément
(9)
rflog[.r]' _ I + [x]] _ /— en (y^— l.r)
» Désignons par 4" 'e plus petit module des périodes réelles et par aw'
le plus petit module des périodes imaginaires de la fonction sna; : les plus
petits modules des périodes des fonctions [jo],, [x]' seront [(5), (6)],
4w' des périodes réelles, 4w des périodes imaginaires, et nous aurons (Ge-
uéralisalioii du logarilfime et de l'exponentielle, u° 44),
7r . TT 1/ I MTT . ÏT
COS 7—, .t + Sin y—; .r n = » COS ; « + Slll ;■ X
(ïo) M'= — ; — -i^n —
4/ — l oit:
COS -T — - .f — Sin -; — ; X »
)
n — I COS ; Il — Sin 7 .r
d'où, comme [.r — w'j , = [j;]',
n = «:
(li) [^]'=tang^,a; JJ lang ^ (.i;-+- 2^- i M«)tang|^,(-^ -a^-iw^).
C. R., 1880, :" ^emeifrf. (T.XC, K« 23.) ^9^
( i484 )
X II. Ainsi, la classe des trois fonctions elliptiques sno;, cna-, dnx peut
se réduire en une de deux fonctions. On a
sn(^+j) sn.rcn>-(lnv + snrcn.rdn.r
dn [x -\-y) dnxdnj — /:-sn.rsnj-cnj;ciij
et
sn.rcn.idny — snjcnj>'dn.r
cn[x-{-j) =
siia;cn/dn7 — snj cnxdn.c
» En posant -, — = bna", on en déduit
^ dnx '
11, , bn.' =: \/ 2g '-J — — sera la vitesse pour l'orifice inférieur, en appelant
h la différence des niveaux.
» Si nous supposons a^ h{\ — d),
^=\/^
hil-cl]
v' = o et
Si l'on a
a<,h{i —d),
on voit que l'air rentrera par l'orifice inférieur. Il est difficile d'assigner,
dans ce cas, à p la vraie valeur qu'elle doit prendre par suite de la com-
plexité du phénomène; il est clair qu'elle doit être toujours de même sens.
» Ces conséquences de la formule de Bernoulli paraissent peu suscep-
tibles de vérification, à cause de la petitesse du terme h{\ — d), quand
on ne donne pas à h des valeurs considérables; on peut néanmoins les
mettre en évidence d'une manière très nette par la disposition suivante.
» Un flacon à trois tubulures porte deux tubes droits, de longueurs
inégales, et un tube recourbé, servant à l'introduction de gaz d'éclairage.
On enflamme les deux jets et l'on tourne le robinet de conduite de manière
à diminuer graduellement la vitesse desortie. Pour une certaine position
du robinet, la flamme inférieure est très petite, tandis que l'autre garde une
hauteur de plusieurs centimètres. Si l'on continue à tourner le robinet, la
flamme inférieure s'éteint ou rentre dans le tube suivant la section de ce
dernier, puis l'air rentre, en même temps que la flamme supérieure grandit
en diminuant d'éclat.
» L'effet que je signale est des plus sensibles, et il suffit, pour le pro-
duire d'une manière marquée, de substituer au système précédent un tube
( i488 )
en Y, servant à l'usage du chalumeau. Le gaz arrive par la branche unique,
et les flammes sont produites aux autres extrémités. Lorsque la vitesse du
gaz est assez petite, la flamme la plus basse s'éteint et la seconde pâlit en
grandissant. Il y a là le principe d'un niveau, d'usage peut-être commode,
dont j'étudie, en ce moment, la disposition la plus avantageuse.
» La flamme a certainement, dans les expériences précédentes, un rôle
spécial ; mais mes recherches ne sont pas assez avancées pour pouvoir
l'assigner sûrement. Je me contenterai en ce moment d'indiquer une flamme
sensible, obtenue par l'emploi d'un brûleur Bunsen, dont la virole est
tournée de manière à empêcher l'arrivée de l'air. Il suffit de tourner len-
tement le robinet de la prise de gaz pour obtenir, à un moment donné,
une flamme pâlie et allongée, dont la section à la base est plus petite que
la section de l'orifice. En même temps que la flamme allongée, très sen-
sible au moindre bruit, se produit une flamme rentrante qui échauffe le
bec, comme s'il brûlait en dedans. Il n'est pas inutile de faire remarquer
que cette expérience n'est qu'une modification de celles faites soit avec
le tube en Y, soit avec le flacon à trois tubulures. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur L'éiliérification de l'acide bromhjdrique.
Note de M. A. Villiers, présentée par M. Berthelol.
« Je me suis proposé d'étudier l'éthérification des acides minéraux, tels
que les hydracides et l'acide sulfurique. On sait que MM. Berthelot et
Péan de Saint-Gilles, dans leurs recherches sur l'éthérification, s'étaient
bornés aux acides organiques, réservant la question des acides minéraux.
C'est pour compléter leur travail que ces recherches ont été entreprises.
Je me suis attaché aux questions suivantes : vitesse et limite de l'éthérifi-
cation à diverses températures et en présence de diverses proportions rela-
ives d'acide, d'alcool et d'eau. J'ai contrôlé les expériences par les dé-
compositions réciproques entre l'eau et les éthers.
1. Acide bromhydrique et alcool absolu
( Température ordinaire].
Proportion d'acide éthérifié sur loo p.
jHBr + C'H«0' JjfHBr-i-C'H«0'
Après I jour . 18, 3 3,8
'' 2 » 26 , 5 5,2
" 7 " • 4' jO 10,7
» 78 » 60,0 34,1
>' 4o6 » 67,2 49 >o
» 657 .. 68,0 52,5
iHBr+C'H'O'.
■JjjHBrH-C'H'O-.
79)6
59 »9
»
60,0
( '4 «9 )
» Ce Tableau montre que l'acide bromhydriqiie s'éthérifie beaucoup
plus vite que l'acide acétique (' ). La première solution paraît avoir atteint
sensiblement sa limite après quatre cents jours; au bout de ce temps,
une très petite couche d'élher est séparée dans cette solution , ce qui doit
altérer, mais dans de faibles proportions, la valeur de cette limite. La
deuxième solution reste homogène.
Température de^^".
» Voici les limites observées à 44°; température où l'éther ordinaire ne
se produit pas encore dans les mélanges d'alcool et d'hydracides. A cette
température, ainsi qu'à 100°, la réalité de ces limites a pu être vérifiée par
la décomposition inverse de l'éther bromhydrique :
Limites trouvées après i5o jours.
\_
Dans l'éthéritication directe
Dans la décomposition de l'éther bromhydrique. .
» Dans la première solution, l'éther bromhydrique séparé forme les
I du volume total, ce qui empêche de faire aucune comparaison utile entre
les limites respectives des deux solutions. La deuxième solution reste en-
core homogène.
» Les nombres obtenus à 44° ainsi qu'à la température ordinaire mon-
trent que les limites de l'éthéritication de l'acide bromhydrique à ces tem-
pératures sont inférieures à celles des acides organiques, soit environ 83
pour un demi-équivalent et gS pour -j^ d'équivalent d'acide en présence
de 1^' d'alcool.
» En second lieu, la comparaison des limites atteintes par la première
liqueur à la température ordinaire et à 44° indique déjà que la limite
d'éthérification n'est pas fixe et indépendante de la température, comme
cela a lieu pour les acides organiques.
Température de 100".
» A 100°, l'éther ordinaire apparaît et vient compliquer le système.
Cette production entraîne la mise en liberté d'une quantité équivalente
(') Au bout de quatorze jours, la proportion éthérifiée dans un mélange à équivalents
égaux d'alcool et d'acide acétique est seulement 11 ,0; elle est égale à 12, 5 après vingt
jours, etc. Une solution plus étendue et contenant un demi-équivalent d'acide acétique en
présence de i*' d'alcool s'éthérifierait encore plus lentement et n'atteindrait sa limite
qu'après plusieurs années.
( i49o )
d'acide et d'eau, en même temps que la disparition d'une quantité équi-
valente d'alcool. L'acide qui reste se trouve donc, d'une part en présence
d'une quantité d'alcool moins considérable et d'nne quantité d'eau plus
grande, mais d'autre part aussi en présence de l'éther, sur lequel il exerce
une action propre.
» La limite à ioo° est encore plus grande que celle qui correspond à la
température de 44"-
Limites trouvées.
^HBr-t-C'H«0=. .J;;HBr-)-C'H''0'.
Dans réthérification directe 88,7 (') 80,0 (^)
Dans la décomposition de l'éther bromhydriqiic. . » 79 > ^
» L'existence d'une limite à 100" témoigne de l'équilibre qui s'établit à
celte température.
» On voit, en outre, combien l'élévation de température élève la valeur
du coefficient limite.
2. Acide bhomhtdriquf., eau et alcool.
Coefficient
d'éihérification
après 657 jours Limites
h la température -- — ^^^ **' -
ordinaire. à 4^°■ '^ ioo°.
iHBr + C'H'O' 68,0 79,6 88,7
-t-2H0 32,7 57,8 72,4
» +IOHO G 4>° 20,5
jVllBr + C^H«0= 52,5 59,9 80,1
o + 2HO o 4,5 19,8
» ■+- loHO o o o
» Ce Tableau montre que l'éthérification de l'acide bromhydrique cesse
complètement à partir d'une certaine dilution^ contrairement à ce qui a
lieu pour les acides organiques, pour lesquels l'addition de l'eau abaisse
progressivement la limite d'élhérification, sans que cependant celle-ci de-
vienne jamais nulle. On voit, en outre, que des mélanges qui ne sont pas
éthérifiés à la température ordinaire sont notablement éthérifiés à 44° ^^
à 100°.
» 3. L'étude de l'éthérification de l'acide bromhydrique nous donne
donc les résultats suivants :
Ce nombre est très notablement altéré par l'hétérogénéité de la liqueur.
Cette liqueur reste homogène.
( i49i
» 1° La limite de l'éthériftcalion nest pas égale à celle qui correspond aux
acides organiques ;
1) 2" Celte limite n'est p is fixe, mais elle s'élève avec la tempérctuie;
« 3° L'étliérification cesse complètement dans les mélanges qui contiennent
une certaine proportion d'eau;
M 4° La limite de dilution à partir de laquelle l'étliérification cesse n'est pas
fixe, et elle s'élève avec la température.
» 4. Les deux derniers faits peuvent s'expliquer par l'existence des hy-
drates définis de l'acide bromhydriqueet par la dissociation de ces hydrates
sous l'action d'une élévation de température.
» Les deux premiers indiquent l'existence de combinaisons de l'acide
bronihydrique avec l'alcool, alcoolates comparables aux hytirates définis
et susceptibles d'une dissociation analogue.
» Je reviendrai prochainement sur ces deux points. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur wx hydrate d'iodure de méthyle.
Note de M. de Forcuano, présentée par M. Berthelot.
« MM. Berthelot (') et Duclaux ont obtenu des hydrates cristallisés de
sulfure de carbone soit en faisant passer dans ce composé un rapide courant
d'air, soit en l'abandonnant à l'évaporation spontanée. Ou peut répéter
les mêmes expériences avec l'iodure de méthyle.
» Lorsque, après avoir versé quelques gouttes de cet éther dans lui petit
verre à pied, on y introduit une bande étroite de papier à filtrer, on voit, au
bout de très peu de temps, les extrémités des filaments du papier se recou-
vrir de houppes cristallines, qui grandissent bientôt de manière à former
une couche épaisse de plusieurs millimètres de petits cristaux ayant l'appa-
rence du givre; ils sont incolores si l'éther dont on s'est servi ne contient
pas d'iode libre. A partir du moment où le liquide a complètement disparu
dans le verre, il se produit à l'extrémité de chaque cristal une très petite
gouttelette d'eau, grossissant peu à peu à mesure que le cristal diminue, et
qui finalement est absorbée par le papier.
» En recouvrant la boule d'un thermomètre d'un fragment de papier
humecté d'éther méthyliodhydrique, l'instrument peut marquer —16" et
— i5°pendantla formation descristaux, latempératureinitialeélantde 4- 16"*
(') Annales de Chimie et de Physique, Z' série, t. XLVI, p. 490j i856. Les hydrates des
chlorure et bromure de méthyle y sont aussi brièvement signalés.
C. R., 1880, \" Semestre. (T. XC, N» 23.) IQS
( i492 )
à + 18°. Si l'on place cet éther dans un flacon où l'on fait passer un cou-
rant d'air rapide, les parois intérieures du vase se tapissent de cristaux; il
est inutile de charger artificiellement de vapeur d'eau l'air atmosphérique,
qui en contient toujours assez.
» Dans plusieurs expériences où je faisais passer avec la même vitesse
un même volume d'air bien desséché et d'air atmosphérique dans la même
quantité d'iodure de méthyle, j'ai obtenu :
Première expérience.
Air Air
desséché. non desséché.
Température initiale -+- 16° -+- 16°
u finale — i3° — 10°
Seconde expérience.
Air Air
desséché. non desséché.
Température initiale ■+- 18° -+- 18°
B finale — 11° "" 9°
» En même temps, j'ai remarqué qu'avec l'air non desséché il se formait
des cristaux; avec l'air desséché, il ne s'en produisait pas. Ces essais
prouvent que la température s'abaisse moins avec l'air humide qu'avec l'air
sec; il se dégage donc de la chaleur pendant la formation de l'hydrate.
D'ailleurs les cristaux, fondant à — 4°> ne peuvent pas être attribués à
de la glace.
» Ces phénomènes, ainsi que leur analogie avec ceux que présente le
sulfure de carbone, rendent très probable l'hypothèse de la production
d'un hydrate défini; les analyses que j'ai faites viennent la confirmer.
» J'ai opéré sur l'hydrate formé sous l'action d'un courant d'air; j'y ai
dosé l'iode à l'état d'iodure d'argent d'après la méthode de Carius. La
combinaison d'eau et d'éther se fait dans un tube en verre fermé à l'émeri
dont le bouchon est creux et étiré extérieurement en une pointe fixe ; après
la pesée, on l'introduit avec un excès d'acide azotique dans un tube épais
que l'on ferme à la lampe : il suffit alors de quelques secousses pour briser
l'extrémité effilée du petit tube et permettre l'oxydation complète de l'io-
dure de méthyle à i2o°-i3o''.
» J'ai obtenu les nombres suivants en centièmes :
Calculé
pour
I. II. III. IV. V. Moyenne. C'H'I,H0.
C'H'I... 94,53 93,56 94,18 9^,82 93,82 93,78 94,04
HO 5,47 6,44 5,82 7,18 6,18 6,22 5,96
( -493 )
» Ces résultats s'accordent donc très sensiblement avec la formule
C'H'I,HO.
» En opérant de la même manière, j'ai pu obtenir des hydrates ana-
logues avec le chloroforme, le bromure d'éthyle, l'iodure d'éthyle : ces
composés ont le même aspect que les hydrates de sulfure de carbone ou
d'iodure de méthyle. J'ai l'intention, dans un travail plus étendu, de re-
prendre l'étude des hydrates cristallisés que forment à basse température
les différents éthers chlorhydriques, bromhydriques ou iodhydriques et
leurs dérivés (')• »
MINÉRALOGIE. — Sur ta reproduction artificielle de l'analcime.
Note de M. A. de Schulten.
« Le procédé employé pour obtenir ce minéral consiste à chauffer en vase
clos, à la température de i8o° à i 90°, une dissolution de silicate de soude ou
de soude caustique en présence d'un verre alumineux. L'opération dure
dix-huit heures. Au bout de ce temps, on trouve adhérents sur les parois du
lube employé des petits cristaux d'environ un dixièmede millimètre, plongés
dans une couche lamelleuse de silice gélatineuse. A l'aide de l'action alter-
native de l'acide chlorhydrique et d'une solution chaude de soude caus-
tique, on enlève cette silice et les autres impuretés qui souillent les cristaux
et l'on recueille alors ceux-ci sous la forme d'une fine poudre blanche.
» En examinant ces cristaux au microscope, on voit qu'ils sont d'une
limpidité parfaite; leurs facettes sont brillantes, leurs angles d'une grande
netteté. Leur forme est celle du trapézoèdre du système cubique. Ils sont
pour la plupart d'une régularité complète.
» Entre les niçois croisés on reconnaît qu'ils agissent sur la lumière pola-
risée. Généralement, dans les préparations microscopiques, ils se placent de
telle sorte que le milieu de leur surface supérieure se montre occupé par
un sommet tétragonal A; alors, si les sections principales des niçois sont
dirigées suivant les arêtes AA, la figure en vue apparaît divisée en quatre
secteurs éclairés, séparés par les branches d'une croix noire dirigée suivant
les arêtes AA qui aboutissent en son milieu. En faisant tourner la prépa-
ration entre les niçois croisés, on observe que le cristal s'éteint dans deux
Ce travail a été fait au laboratoire de M. Loir, à la Faculté des Sciences de Lyon.
( 14^1 )
directions à angle droit, lesquelles coïncident avec les diagonales AC des
faces du sommet tétraèdre A. En outre, si l'on introduit sur la préparation
une lan)e de quartz parallèle à l'axe et donnant la teinte sensible, de telle
sorte que son axe coïncide, par exemple, avec la direction AG des faces i,
on voit les secteurs comprenant ces faces prendre une teinte bleu violacé
tandis que les secteurs comprenant les faces i se colorent en jaune. Des
pliénomèncs de f)olarisation analogues ont été observés sur lanalcime
naturelle et étudiés particulièrement par Brewster, Biot et M. Mallard.
H est intéressant de les retrouver sur des cristaux artificiels offrant la même
forme cristalline et, comme nous le verrous ci-après, la composition de
l'analcime naturelle.
» Les phénomènes optiques qui viennent d'être décrits s'expliquent très
bien si l'on considère les cristaux en question comme formés par une
niacle avec pénétration de quatre cristaux élémentaires a3'anl leur base
appliquée sur les faces de l'octaèdre (pointement C) et convergeant vers
le centre du trapézoèdre formé par leur réunion. Les cristaux élémentaires
en question sont à un axe optique; car, si on les observe entre les niçois
croisés à la lumière convergente en employant un objectif à immersion et
un concentrateur convenable, on peut leur faire présenter le phénomène
connu de la croix et des anneaux. Il suffit pour cela d'amener au centre
de la figure un sommet trièdre C: alors un des cristaux élémentaires est
vu seul dans le sens de son axe optique et donne le phénomène en ques-
tion, lequel n'est pas modifié par les autres cristaux élémentaires placés
trop obliquement.
» Les teintes que prennent les secteurs du trapézoèdre avec la lame de
quartz montrent, en outre, que ces cristaux élémentaires à un axe optique
sont positifs.
» Leur mode de groupement tend à leur faire attribuer la symétrie ter-
( 1^95 )
nairo, et la figure ci-jointe montre la direction des axes a. de plus grande
élasticité et y de plus petite.
» L'acide chlorhydrique n'attaque que lentement les cristaux artificiels
dont il s'agit; c'est un caractère que présente aussi l'analcime naturelle.
M Enfin l'analyse chimique conduit aux résultats suivants :
Analcime
artificielle, naturelle.
Silice 54,6 54,4
Alumine 21,8 23,3
Soude (par différence) i5,o i4, i
Chaux traces »
Eau 8,6 8,2
100,0 100,0
» Les études microscopiques ci-dessus consignées ont été effectuées,
avec l'aide des conseils bienveillants de M. Fouqué, dans le laboratoire de
Géologie du Collège de France, et le travail chimique dans le laboratoire
de Chimie de la Sorbonne. »
GÉOLOGIE. — Présence et caractère spécial des marnes à huîtres de Carnetin
[Seine-el- Marne). Note de M. S. Meuxiek.
« La meulière de Brie est exploitée à Carnetin avec activité, et la carrière
offre en ce moment, de haut en bas, la coupe suivante :
m
6. Terre végétale o,4o
5. Limon quaternaire ...... 0,20
k. Argile sableuse remplie d'innombrables bitliynies o,5o
3. Calcaire très dur, plein de fossiles marins o,25
2. Marne argileuse verdâtre avec nids de sable et rognons de niarnolite
géodique 1,20
1. Meulière de Brie visible sur 6,00
M La meulière présente, suivant les points, tous les passages minéralo-
giques depuis le calcaire pur jusqu'au silex pur; elle est pétrie de lymnées,
de planorbes et d'autres coquilles d'eau douce. En certaines places, et tout
en restant aussi riche en vestiges organiques, elle est constituée par du
calcaire blanc, terreux et traçant à la manière de la craie.
» L'argile (couche n° 2) pourrait, au premier aspect, être confondue avec
( i4/> )
les marnes vertes immédiatement supérieures au gypse. Elle contient, à
divers niveaux, de très nombreux rognons tuberculeux de marnolite, dans
les retraits desquels la calcite a cristallisé et dont les surfaces extérieures
sont parfois enduites de dépôts manganésifères.
» Mais je désire surtout signaler en quelques lignes la couche qui
surmonte cette argile. Cette couche, qui porte le n° 3 dans la coupe précé-
dente, est constituée par un banc continu d'une roche calcaire assez dure
pour fournir d'excellentes bordures de trottoirs. On y observe en abon-
dance, à l'état de moules : Ostrœa longirostris, 0. c/alliula, Cytherœa
incrassata, Cerilhium plicatum, etc., c'est-à-dire les espèces les plus carac-
téristiques des marnes marines qui forment la base des sables supérieurs.
» L'argile superposée, pleine de bithynies, rappelle celle qui gît à
Montmartre dans une situation analogue, au-dessus d'une couche calcaire
à grains lithographiques.
» Le fait que je signale aujourd'hui, et que je connais depuis plusieurs
années, comme en témoignent des échantillons déposés dans la collection
du Muséum, paraît avoir un double intérêt pour la géologie parisienne.
D'abord il prouve la nécessité de modifier les indications fournies par la
Carte géologique détaillée, qui n'indique sur le coteau situé à l'est de
Carnetin que de la meulière de Brie, tandis que le terrain miocène
y est très nettement représenté. En second lieu, la présence à la surface
du coteau des marnes à bithynies, non remaniées malgré leur nature essen-
tiellement délayable, paraît devoir contribuer à modifier les idées que
professent encore quelques géologues à l'égard du mode d'érosion qui a
donné naissance aux accidents topographiques du sol parisien. »
HYDROLOGIE. — Prévisions relatives à la tenue des eaux courantes dans te
bassin de la Seine, pendant l'été et l'automne de la présente année.
Note de M. G. Lemoine, présentée par M. Lalanne.
« Dans un bassin où dominent les terrains perméables, les pluies des
mois chauds ne profitent presque point aux cours d'eau, à cause de la part
considérable qu'enlève l'évaporation. Aussi, dans le bassin de la Seine,
lorsqu'à la fin de mai les sources sont arrivées à de faibles débits, elles ne
se relèvent plus jusqu'en octobre, époque habituelle de leur minimum. En
partant de ces principes, nous avons, M. Belgrand et moi, prévu en 1870,
1874 et 1875, dès le mois dejuin, les caractères hydrologiques de la saison
( '497 )
chaude qui commençait. Quelle est, à ce point de vue, la situation actuelle?
» I, La quantité de pluie de la dernière saison froide, examinée seule,
incliquerait pour les eaux courantes une baisse sérieuse. C'est surtout la
pluie des mois froids qui constitue la provision des nappes souterraines.
Or, du i" octobre 1879 au 3o avril 1880, la hauteur de pluie n'a été que
les trois quarts de la moyenne. Comparons sous ce rapport, dans les régions
d'où sortent les principales sources, les hivers les plus pauvres en pluie :
Pluie tombée du 1" novembre au 3o avril [en millimètres).
Rapport
Moye-ine. à la moyenne
1859-75. 1857-58. 1867-68. 1869-70. 1873-74. 1879-80. pour 1S79-S0.
mm mm mm mm mm mm
Pouilly (Cote-d'Or) 3i6 262 281 219 200 278 0,00
Montbard (Côte-d'OrV 822 233 3i6 216 193 241 0,75
Chanceaux (Côle-d'Orj 432 345 877 385 234 339 0,78
Châtillon-sur-Seine (Côte-d'Or) . . 325 » 291 246 193 265 0,82
Vassy (Haute-Marne) 401 " 3i5 3oi 25i 292 0,78
Suippes (Marne) 27g » 25o 194 174 179 0,64
Sens, Saint-Martin (Yonne) 237 127 211 178 108 175 0,74
Paris, la Villette 22g » 187 i83 n^i 112? 0,49
» II. Vétat actuel des eaux courantes n'indique point cependant encore
partout la pénurie qu'amènerait ce déficit de pluie s'il agissait seul. Il est
vrai que beaucoup de nos campagnes manquent déjà d'eau. Dans les en-
virons de Noyers-sur-Serein (Yonne), àChâtel-GérardjIesmaresétaientàsec
le I*' juin et l'eau se vendait un franc la feuillette de 1 36'". Dans les calcaires
oolithiques du département de la Côle-d'Or, la Seine à Gomméville et
rOurce à Autricourt étaient, à la fin de mai, aussi basses qu'en mai 1874 :
la Laignes supérieure, qui se perd dans son lit à des distances variables
suivant la sécheresse, était déjà tarie à 3oo"en amont du village deVillaines-
en-Duesmois, tandis qu'en octobre 1879 l'eau allait encore jusqu'à 1700"
en aval. Enfin la Seine, à Paris (pont d'Austerlitz), est descendue le
1" juin au zéro del'écbelle; à Mantes, le 3 juin, à la cote o",6o (l'étiage
traditionnel de Mantes est à la cote o",86). Depuis i854, on ne trouve que
six années où de semblables abaissements aient eu lieu aussitôt.
» Mais, d'autre part, les sources issues des nappes puissantes de la craie
sont encore en ce moment très bien alimentées. La petite rivière de la
Somme (Marne), véritable type de celles de la Champagne sèche, n'avait
encore, le i" juin, tari qu'à 16™ au delà de sa première source. Les ingé-
( '498 )
nieurs de la ville de Paris ont constaté, pour les eaux de la Vanne et de
la Dhuis, les débits suivants (exprimés en litres par seconde :
Ensemble des sources de la Vanne achetées par la ville de Paris,
Janv. Févr. Mars. Avril. IMai. Juin. Juillet. Août. Sept. Cet. Nov. Dec.
ut lit lit lit lit lit lit lit lit lit lit lit
1870 ioi5 1112 970 927 891 859 829 784 788 717 760
1874 909 966 886 85 1 882 833 838 760 724 729 763 725
1875.. . ioi4 1206 1078 925 884 861 935 935 ? 930 1225 1142
1876... . 1202 n35 1904. i836 1814 1367 1292 1167 1193 1078 1016 io45
1879 1896 2159 2223 20o3 ign 1991 1860 1617 i633 i435 i4o5 1387
1880 1477 i4n 1437 i352 1278 1308
Source de Cérillr [l'une des sources de la vallée de la Vanne],
1870 i53 2o3 175 126 126 113 129 no 100 101 ii5 »
1871 » » « » 188 184 193 168 107 93 87 83
1873 269 3oo 3o3 310 3oi 271 259 245 174 i55 i52
1874 133 133 126 ii5 ii4 97 io5 90 76 72 72 75
1875 i55 208 173 i43 127 108 io5 io5 107 97 i4i 188
1876 178 159 256 293 300 277 2i3 169 i56 i32 127 129
1879 264 291 311 289 281 273 259 25i 247 287 216 201
1880 226 225 240 222 209 193
Sources de la Dhuis à leur arrivée à Paris [Ménilnwntant],
1874.. . 244 226 233 222 221 214 201 169? » 164 198 233
1879 360 3ii 343 332 3o3 288 255 » ■■> 246 » »
1880 » » » 2i3 25i 243
» III. Les circonstances antérieures à l'année 1880 expliquent très bien ces
différences. Lorsqu'une source est due à l'une de ces vastes nappes d'eau
souterraines continues des terrains perméables si bien décrites par M. Bel-
grand, son débit ne dépend pas seulement de la quantité de pluie des der-
niers mois froids : c'est en quelque sorte une intégrale où entre, quoique à
des degrés très divers, l'influence des pluies antérieures. Malgré un hiver très
sec, ces sources profondes seront encore suffisamment alimentées si l'année
précédente a été très humide, parce que la nappe souterraine, semblable à
une éponge, a pris alors une provision d'eau qui met longtemps à s'épuiser.
Tel a été précisément l'effet de l'exlrème humidité de l'avant-dernicr hiver
( i499 )
(1878-1879), sur lequel, M. Lalnnne et moi, nous avons eu l'occasion d'ap-
peler l'attention [Comptes rendus, 3i mars 1879). Les relevés ci-dessus mon-
trent qu'en avril 1879168 débits des sources ont atteint ceux des printemps
de 1876, 1873 et 1867, les plus forts des vingt dernières années. Depuis
1879, ils n'ont presque pas cessé de diminuer, tant l'apport des pluies
d'hiver a été faible; ils n'en restent pas moins assez élevés, par suite de la
provision antérieure. Celle situation de 1880 est analogue à celle de 1868;
elle est inverse de celle de i858, où des pluies d'hiver comparables à celles
de 1867-68 et de 1879-80 ont été suivies d'une sécheresse exceptionnelle,
à cause de la sécheresse antérieure de 1857.
M Ces effets se modifient naturellement pour les diverses sources d'après
leur origine géologique et suivant qu'elles sont profondes ou de pure su-
perficie. Lorsque la nappe souterraine est continue, haute et très étendue,
l'influence de l'année précédente estbeaucoup plus considérable; mais aussi
la source, une fois diminuée, subit beaucoup plus lentement l'influence de
nouvelles circonstances atmosphériques.
M IV. Concluons de ces rapprochements le caractère hydrologique pro-
bable de la saison chaude actuelle jusque vers le mois d'octobre 1880. Elle
rappellera celle de 1868, soit pour les sources, soit pour les cours d'eau.
La Seine entre Paris et Rouen, qui résume l'ensemble de la situation
de son bassin, aura probablement, ainsi que ses grands affluents, un
de ces abaissements sérieux et prolongés de débits qui ont eu lieu plu-
sieurs fois depuis trente ans, notamment en i863, 1868, 1871; ce sera
une sécheresse ordinaire, mais non pas une sécheresse extraordinaire et
absolument exceptionnelle, comme en i858, 1870, 1874. Dès lors, les ca-
ractères hydrologiquesdela saison chaude pourrontétre plusfacilenient mo-
difiés parles événements météorologiques de l'année que s'il s'agissait d'un
cas extrême. Aussi l'étude actuelle n'est-elle pas une prévision aussi accen-
tuée que celles que nous avions émises, M. Belgrand et moi, en 1870, 1874
et 1875; son but est surtout de faire ressortir l'influence qu'a encore l'hu-
midité de l'hiver de 1878-1879 pour amortir l'effet de la sécheresse de
l'hiver de 1879-1880. »
M. Daubrée présente, de la part de M. Boulan, ingénieur des Mines, une
Notice Sur la constilution géologique de l'isthme de Panama au point de vue de
l'exécution du canal interocéanique.
En sa qualité de membre de la Commission technique chargée d'étudier
les conditions définitives d'exécution du canal interocéanique, M. Routan,
G, R., \iSo, V Semestre. {T. XC, îi'iS.)', ^9^
( i5oo )
dans le voyage qu'il a entrepris au commencement de cette année, à la suite
de notre illustre confrère M. Ferdinand de Lesseps, a examiné spécialement
la nature des roches que traversera le canal, suivant le tracé adopté en 1879
par le Congrès tenu à Paris.
L'attention de l'auteur s'est portée particulièrement sur les caractères
que présentent les roches à entailler, soit sous l'eau, soit hors de l'eau, au
point de vue de leur dureté et de leur sensibilité plus ou moins grande aux
agents atmosphériques.
Les roches situées sur Je parcours du canal consistent principalement en
trachydolérifes, en brèches doléritiques compactes, en conglomérats do-
léritiques et trachy tiques, les uns durs, d'auti'es demi-durs, d'autres tendres,
enfin en argiles, vases, coraux, alluvions et terres végétales.
Deux profils en long, l'un du canal, l'autre du chemin de fer, résument
clairement l'ensemble des faits observés.
Ces documents sont renvoyés à la Commission de l'Académie qui est
chargée d'examiner les questions scientifiques relatives au percement de
l'isthme de Panama.
M. Cbasles présente, de la part de M. Joseph Poggioli, de Rome, un
Volume des Œuvres de son père sous le titre Lavori in opéra di Scienze natu-
rali, del già professore Michelangelo Poggioli.
Cet Ouvrage renferme diverses pièces différentes:
1° Un Mémoire de Physiologie botanique resté inédit jusqu'à ce jour
et intitulé De ph^'toph^siologia sive de plantarum functionibus ;
a° Une Lettre sur les moyens d'améliorer le Jardin botanique de Rome,
adressée au baron de Tournon, préfet de Rome sous le gouvernement de
Napoléon I";
3° Un Mémoire sur le même sujet, lu par Michelangelo Poggioli à ses
confrères de l'Académie degU antichi Lincei ;
4° Un fragment retrouvé d'un Traité perdu de Poggioli sur les Tables de
Cesi^ sous le titre lUustrazione délia prima Tavola filosofica del Cesi (^on sait
que Federico Cesi, duc d'Aquasparta, fonda en i6o3, à l'âge de dix-huit
ans, la célèbre Académie dei Lincei) ;
5° UnRapportdontMichelangeloPoggioli fut l'un des principaux auteurs
sur les améliorations à apporter dans le régime des hôpitaux de Rome
[Parère intorno al miglioramento degli Ospedali) ;
6° Une collection d'éloges et comptes rendus des travaux de Michel-
angelo Poggioli, extraits des principaux journaux scientifiques de l'Italie, et
( i5oi )
de Lettres adressées à Joseph Poggioli, l'éditeur des Œuvres posthumes de
son père, par de nomhreux savants, parmi lesquels nous rencontrons les
noms de MM. Charles Naudin et Guizot ;
7° Enfin, le Prospectus plijsiologiciis sanilalis, retrouvé dans les papiers de
Michelangelo Poggioli, puis le Catalogue complet de ses Œuvres, publiées
ou restées inédites.
M. Bouquet adresse à l'Académie un Mémoire intitulé « Nouvelle méthode
pour obtenir toutes les racines d'une équation numérique quelconque ».
M. E. Debrun' adresse une Note intitulée « Sur un appareil propre à
liquéfier les gaz ».
La séance est levée à 4 heures et demie. J. B.
BULLETIN BIBLIOGRAPUIQUE.
OdVR&GES reçus dans la séance du 7 JUIN i88o.
Ministère des Travaux publics. Mémoires pour servira l'explicalionde la Carte
géologique détaillée de la France. Le pays de Bray; par A. de Lapparent.
Paris, A. Quantin, 1879; in-4°.
Ministère des Travaux publics. Mémoires pour servir à l' explication de la
Carte géologique détaillée de la France. Minéralogie micrograptnque. Roches
éruptivesjrançaises; par F- Fouqué et A. -Michel Lévy. Paris, Quantin, 1 879;
I vol. in-4°, avec Atlas in-folio.
Descartes, l'un des créateurs de la Cosmologie et de la Géologie; par
M. Daubrée. Paris, Impr. nationale, 1880; in-4°. (Extrait du Journal des
Savants.)
Le téléphone^ le microphone et le phonographe ; par le comte Th. du
MoNCEL. Paris, Hachette et C'*; i vol. in-12.
La loi périodique de M. Mendéléjejfen ce qui concerne le problème de l'imité de
la matière et la théorie de i atomicité ; par H, k, de Sousa. Porto, E. Chardron,
1880; br. in-8°.
( l502 )
Des aberrations du sens génésique; par le D'' Moreau (de Tours). Paris,
Asselin et C'% 1880; in-8°. (Adressé par l'auteur au Concours Godard.)
Utie épidémie de fièvre scarlatine à Nevers, etc.; par le D^ Ch. Fichot.
Nevers, impr. Vincent, 1880; br. in-8°.
Homot/pie des membres. Conformation de l'humérus des Vertébrés; par
M. Lavocat. Toulouse, impr. Douladoure, 1880; br, in-8°.
Notice nécrologique sur Pierre-Antoine Favre; par M. Félix Le Blanc.
Paris, J. Tremblay, 1880; in-4°. (Extrait du Bulletin de la Société d'encou-
ragenunt. )
CinqLettres de Sophie Germain à Charles-Frédéric Gauss,publiées par'B. Boîf-
coBiPAGNi, d'après les originaux possédés par la Société royale des Sciences de
Gôttincjen, Berlin, Institut photolithographique des frères Burchard, 1880;
in-4°. (Présenté par M. Cliasles.)
Determinacion de la longilud del pendulo de segundos y de la gravedad en
Mexico a 2283" 5067e el nivel del mar, por los ing. Fr. Jimenez / L. Fernan-
DEz (1878-79). Mexico, impr. Fr. Diaz de Léon, 1879; in-8°.
Obsetvatorio aslronomico central. Caita céleste proyectada sobre el horizonte
de Mexico en cualra planisferios. Carte en quatre feuilles, avec Brochure
explicative in -8°.
Atti deW Accademia pontificia de' Nuovi Lincei, compilali dal Segretario ;
anno XXXIII, sessione l'del 21 dicembre 1879. Roma, 1880; in-4°.
Mines and minerai Statistics. Annual Report of the department of mines, New
South Wales, for the year 1877. Sydney, T. Richards, 1878; in-4°.
Journal and proceedings ofjhe royal Socielj qf New South Wales, 1878;
vol. XIL Sydney, T. Richards, 1879; in-S".
Report of the Council of éducation upon the condition of the public Schools
and of the certified denominational Schools for the year 1878. Sydney, T.
Richards, 1879; i"-8° relié.
Memoirs of the geological survey of India. Palœontologia indica; série II :
The fossilflora of the upper Gondwanas ; série XIII : Salt-range fossils; by W.
Waagen. Calcutta, 1879; ^ '^^'''- Jn-4°>
Memoirs of the geological survey of India; vol. XVI, Parti. Calcutta, 1879;
in-8°.
Records ofttie geological survey of India; vol. XII, Part II, III. Calcutta,
1879; 2 livr. in-8°.
Annals of the aslronomical Observatory of Harvard Collège; vol. XI,
Parti, II. Cambridge, John Wilson and Son, 1879; ^ ^°'- i^-A"-
( i5o3 )
OaVRAGES hEÇOS DANS L\ SEANCE DO l;} JUIN 1880.
Crania ethnica. Les crânes des races humaines, décrits et figurés par MM. A.
DE QuATHEFAGF.s et E.-T. Hamy. 9* livp., feuilles 45 à 5o, planches LXXXI
à XC. Paris, J.-B. Baillière, 1878- 1879; in-4°.
Une lacune dans la série tératologique, remplie par la découverte du genre
iléadelplie. — Nouvelles reclierches tendant à établir que le prétendu Crustacé
décrit par Lalreille sous le nom de Prosopisloma est un véritable insecte de la
tribu des Éphémérines, — Sur le placenta de l'Àî^Ersidy pus tridactylus Linné).
— Exposé sommaire de la doctrine de Charles Darwin. — Études sur l'em-
btyogénie des Éphémères, notamment chez la Palingenia virgo. — Contribu-
tions à l'histoire naturelle et à l'anatomie des Éphémérines ; par M. N. Joly,
Correspondant de l'Institut. Toulouse, Montpellier et Paris, 1876 à 1880;
6 br. in-8°.
Les organes des sens dans la série animale; par J. Chatin. Paris, J.-B. Bail-
lière, 1880; in-8''. (Adressé au Concours Montyon, Médecine et Chirurgie.)
A bas l'éther! par'i. Bourdin. Paris, Gauthier-Villars, 1880; in-12.
L' Afrique explorée et civilisée. Journal mensuel, i"^^ année, 1879-1880. Ge-
nève, Sandoz, 1879; in-8°.
Mémoires de la Société d'Agriculture, de Sciences et d'Arts séant à Douai;
2« série, t. XIV, 1876-1878. Douai, L. Crépin, 1879; in-8°.
Notice explicative servant de complément à la Carte géologique des environs
de Lennick-Saint-Quentin; par M. G. Velge. Bruxelles, F. Hayez, i88o;br.
in-8°, avec Carte en une feuille.
Manuel pratique de thérapeutique, de matière médicale, de pharmacologie et de
l'art de formuler; par /eD'' M. Camboulives. Paris, F. Savy, 1880; in-12.
Tableaux des essais de combustibles minéraux faits au bureau d'essai de l'Ecole
des Mines; parM. Ad, Carjvot. Paris, Dunod, 1879; in-8°.
Mémoires cowormés et autres Mémoires publiés par l'Académie royale de
Médecine de Belgique; collection in-8°, t. V (sixième et dernier fascicule).
Bruxelles, H. Manceaux, 1880; br. in-8°.
L'aire de la selle turcique;par le D"^ J. Sapolini. Bruxelles, impr. H. Man-
ceaux, 1880; in-8°.
Annales des Ponts et Chaussées. Mémoires et documents; mai 1880. Paris,
Dunod, 1880; in-8°.
Du rhumatisme. Nouvelle théorie fondée sur la Physiologie, l'Anatomie pa-
thologique et l'observation; par le D'' Vovaed. Paris, G. Doin, 1879; in-8°.
(Adressé au Concours Montyon, Médecine et Chirurgie.)
( i5o4 )
Report on standard time to the american melrotogical Society; by Cleveland
Abbe. ( Proceedings of the american melrotogical Society, niay 1 879) ; br. in-S".
Papers on time-reckoning and the sélection of a prime meridian to be com-
mon to ail nations. Sans lieu ni date; br. in-S".
Contribucion al estudio de la fonografia; por'R. RoigtTorkes. Barcelona,
redaccion y adrainistracion de la Cronica cientifica, 1880; br. in-8°.
ERRATA.
(Séance du i4 juin 1880.)
Page 1 4 • 7 > ligne 6 en remontant, au lieu de V [i — s ~\)V [i — s + 1), lisez
r(i.2.)(-ir
r(i — s — \)T[i — s-^\)
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 28 JUIN 1880.
PRÉSIDENCE DE M. EDM. BECQUEREL.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. le Président annonce à l'Académie la perte qu'elle a faite dans la
personne de M. Lissajous, Correspondant pour la Section de Physique.
M. le Secrétaire perpétpel rappelle les titres considérables auxquels
M. Lissajous avait dû le choix que l'Académie en avait fait, pour une place
de Correspondant, et qui assurent à sa mémoire tous les regrets des amis
de la Science précise et élevée. Le nom de M. Lissajous reste pour toujours
lié à la création d'une méthode pour l'étude optique des mouvements
vibratoires. Les solutions élégantes qu'il avait données par ce moyen
nouveau aux plus délicates questions de l'Acoustique en ont bientôt
généralisé l'emploi et avaient rendu son nom populaire.
M. Lissajous s'était retiré depuis quelque temps à Plombières, où il a
succombé jeune encore, en laissant parmi nous un durable souvenir.
0. R., l88o, 1" Semestre, (T. XC, !N» 26.) I9'>
( i5o6
CHALEUR RAYONNANTE. — Recherches sur la détermination des longueurs
d'onde des rayons calorificjues à basse température. Note de MM. P.Desains
et P. Curie.
« Dansune série de recherches récentes, M. Mouton a fait connaître une
méthode par laquelle on peut déterminer avec beaucoup de précision les
longueurs d'onde des rayons calorifiques obscurs, et il a étudié lesrel.tions
qui existent entre ces longueurs d'onde et les indices de la réfraction que
les rayons qu'elles caractérisent éprouvent à travers différentes substances,
le flint, le crown et le sel gemme.
» La méthode suivie par M. Mouton suppose que les rayons sont trans-
mis à travers des polariseurs et des analyseurs, et jusqu'ici les seuls polari-
seurs ou analyseurs qui aient paru propres à ses expériences ne sont en
aucune façon perméables à la chaleur venant de sources qui n'ont pas une
très haute température.
» Dans ce cas spécial nous avons cherché à résoudre le problème par un ^
emploi convenable des réseaux de Fraunhofer, et nous demandons à l'Aca-
démie la permission de lui soumettre nos résultats.
» Le réseau que nous avons le plus souvent employé était une nappe de
fils métalliques de ^ de millimètre de diamètre. Ils étaient tendus paral-
lèlement entre eux sur np cadre résistant et à des distances sensiblement
égales aussi à | de millimètre, de telle sorte que l'élément optique du ré-
seau avait une longueur égale à ^ de millimètre, ou plutôt, d'après l'obser-
vation directe, à o°"", aSa. Étudié optiquement, ce réseau a laissé peu de
chose à désirer, et, en l'employant à déterminer la longueur d'onde de la
lumière du sodium, nous avons obtenu les résultats ordinaires.
» Pour opérer avec ce réseau, nous le placions à o™, 5o environ d'une
fente par laquelle passait un rayon de chaleur obscure, sensiblement homo-
gène, dont la direction était perpendiculaire à celle du réseau. Immédia-
tement contre celui-ci et du côté de la fente était une lentille de sel gemme
d'environ o™, aS de foyer. L'image calorifique de la fente se faisait de
l'autre côté de la lentille, à une distance voisine de o™, 5o, et dont la va-
leur rigoureuse était calculée d'après la connaissance des indices des
rayons employés.
» En ce point et perpendiculairement au rayon central, on plaçait une
règle divisée, le long de laquelle pouvait se mouvoir une pile thermo-élec-
( i5o7 )
trique dont les déplacements pouvaient se mesurer à j^ de millimètre
près (').
» La fente de la pile et la fente d'admission avaient le plus souvent une
largeur de o™",5 ou de i""°; quelquefois nous avons porté cette largeur à
2""". Ces variations n'ont jamais eu d'influence que sur l'intensité absolue
des maxima observés et nullement sur leur position.
» La méthode que nous exposons suppose nécessairement l'emploi de
rayons calorifiques homogènes, et, pour que les résultats aient une utilité
scientifique, il faut préciser la position occupée dans le spectre par chacun
des rayons employés.
» On satisfait de la manière suivante à cette double condition.
» On commence par faire un spectre en prenant pour source une lampe
de MM. Bourbouze et Wiesnegg, à dôme de platine incandescent, et un
appareil réfringent tout en sel gemme, dans lequel le prisme ait un angle
bien connu, 60° par exemple. Puis, comme s'il s'agissait d'étudier la dis-
tribution de la chaleur dans le spectre, on dispose, à l'endroit où ce spectre
est bien net, une pile dont le mouvement peut être exactement mesuré.
» Alors on détache la pile de la plaque porte-fente contre laquelle elle
est d'ordinaire fixée; mais cette plaque reste en place, attenante au pied à
mouvement, et par suite la fente peut être amenée successivement en toutes
les régions du spectre et dans toutes ses positions : sa distance aux rayons de
la flamme sodique peut être exactement mesurée. Il est dès lors toujours
possible d'isoler à travers cette fente un faisceau de rayons homogènes et
de réfrangibilité connue. Il est entendu que, les choses ainsi disposées, on
fixe le pied de la règle porte-fente et l'on ne déplace plus que la fente
elle-même. Dans la pratique, avant de séparer la pile de la fente, il est
bon de déterminer la position exacte du maximum et la valeur des inten-
sités en quelques autres points.
(M Quand la pile était placée de façon à recevoir le rayon central lui-même, l'effet tlier-
moscopique produit était maximum et, en général, considérable. Il diminuait rapidement
dès qu'on écartait la pile de cette position dans un sens ou dans l'autre. Bientôt l'intensité
de l'action atteignait un minimum qui souvent n'avait d'autre valeur que zéro; puis, en
continuant le tnouvement toujours dans le même sens, on atteignait un nouveau maximum,
dont la valeur atteignait environ le cinquième cJe l'intensité du rayon central. La pile était
alors en coïncidence avec le premier spectre. En continuant à l'éloigner de l'image cen-
trale, nous avons plus d'une fois trouvé un second minimum el un second spectre.
Dans tous les cas, le phénomène s'est toujours montré symétrique par rapport au rayon
central.
( i5o8 )
» Dans le spectre produit comme nous l'avons indiqué plus haut, les
rayons distants du jaune d'un angle égal à i° 55' n'étaient plus transmissibles
à travers une lame de verre de o™,oi d'épaisseur, et pourtant, sans prendre
de fente de largeur supérieure à o'",ooi, nous avons pu aisément faire des
déterminations de longueurs d'onde sur des rayons dont la dislance aux
rayons jaunes atteignait 2°43'et nous avons trouvé xette longueur égale
ào'"'",oo56. Pour les rayons situés à 3°i6'de ceux de la raieD, la faiblesse
de l'intensité nous a forcés à porter les largeurs des fentes à o'",oo2j mais
les minima n'en ont pas été moins nettement accusés.
» Il nous a paru convenable de faire quelques essais pour fixer les rela-
tions qui existent entre les rayons d'une longueur d'onde aussi considé-
rable et ceux qui sont émis par les sources franchement obscures, par
exemple une lame de cuivre noircie et chauffée à 3oo° ou même à i5o°.
Dans ce but nous avons fait les expériences suivantes :
» Un spectre étant formé avec un appareil réfringent tout en sel et la
lampe Bourbouze comme source, nous l'avons étudié au point de vue de
la distribution calorifique.
» Au rouge extrême l'action galvanométrique était 4oo, au maximum
58oo, etc. Ces déterminations faites, au platine incandescent nous avons
substitué une lame de cuivre chauffée à Soo". En observant alors les indi-
cations de notre ihermoscope, nous avons constaté qu'elles étaient nulles
tant que la distance de la pile à la position qu'elle occupait quand elle
recevait les rayons d'une flamme sodique n'atteignait pas i"; à partir
de ce moment, lorsqu'on avançait vers la région de moindre réfrangibilité,
les effets thermiques marchaient rapidement vers un maximum pour
décroître plus lentement ensuite. La position de la pile au moment de
l'action maximum a été prise par nous comme définissant ce que l'on
pourrait appeler l'indice moyen, ou plutôt l'indice des rayons de plus
grande efficacité de la lame.
» En rétablissant alors le spectre primitif, c'est-à-dire en remettant le
platine incandescent à la place de la lame de cuivre, on déterminait la lon-
gueur d'onde des rayons correspondant à cet indice moyen, et on la
prenait pour longueur d'onde moyenne des rayons émis par la source
obscure.
» Nous avons cherché à contrôler l'exactitude des résultats que nous
venons de faire connaître et nous y sommes arrivés en employant comme
réseaux des échantillons de toiles métalliques du commerce. Ces toiles
sont plus ou moins serrées, mais en général elles sont bien régulières et,
( i5o9 )
dans la lumière homogène, elles donnent avec beaucoup de netteté et
d'éclat les phénomènes des franges successives. En employant des toiles
de numéros différents, nous sommes toujours arrivés aux mêmes lon-
gueurs d'onde pour des rayons de même indice,
)) Enfin, dans les régions voisines du maximum, nous avons constaté
que les résultats de nos observations s'accordent d'une manière satis-
faisante avec ceux que l'étude de celte même région avait fournis à
M. Mouton.
n Le Tableau suivant résume l'ensemble de nos recherches.
» Dans la première colonne sont simplement transcrites les divisions de
la règle le long de laquelle se mouvait la pile; dans la deuxième, la dis-
tance angulaire qui séparait les rayons étudiés de ceux de la flamme so-
dique; dans les troisième, quatrième et cinquième, les intensités qui cor-
respondaient à ces rayons quand on employait comme source la lampe à
platine incandescent, la plaque à 3oo", la plaque à i5o°; dans la sixième,
les longueurs d'onde. Les nombres inscrits aux troisième, quatrième et
cinquième colonnes ont été obtenus avec des appareils de sensibilités dif-
férentes soigneusement comparés. Ils sont rapportés à une même unité.
Divisions
de la règle.
Distance
angulaire
aux rayons
dn sodiiint.
o o
4 l3,20
q 3o,oo
i4 4t l'ioduBC ordinaire solide, Kl, avec lui dégagement de chaleur
égal à la chaleur de vaporisation de l'iode (io,8).
» Avec le tribromure, RBr% et avec lespolysulfures alcalins (Sabatier),
les mêmes relations se vérifient approximativement.
» De même la chaleur de formation des hydrates salins les plus .com-
plexes, comptée depuis les hydrates les plus simples, est faible et très voisine
de la chaleur de solidification de l'eau; c'est-à-dire qu'elle est proportion-
nelle au poids de ce composant et à peu près la même pour les divers sels,
quels qu'en soient d'ailleurs les éléments.
» On voit à quelles conditions la chaleur dégagée devient proportion-
nelle à l'un des éléments et indépendante du corps antagoniste.
M II. Fondions chimiques. — J'ai établi par de nombreuses expériences
que les composés organiques de même fonction dégagent à peu près la
même quantité de chaleur, lorsqu'ils éprouvent une même transforma-
tion. Ainsi, la fixation de H' sur les carbures élhyléniques dégage -f- 22*^'';
la fixation de O* sur un aldéhyde, avec formation d'acide, -f- yS; la fixa-
tion de H" O" sur un carbure, avec formation d'alcool, -+-17; l'iuiion d'un
hydracide gazeux avec un carbure éihylénique, +i5; la fixation des élé-
ments de l'eau sur un éther composé, + 2,0 environ ; sur un amide, -f- i ,0 ;
surunchlorureacide,de+ 2 à -1- 5; la formation d'un dérivé nitré, -H 36, etc.
Les corps isomères de même fonction ne dégagent que des quantités de
chaleur très petites par leur transformation réciproque; mais il y a au
(') Annales de Chimie et de Physique, 5° série, t. XVIIF, p. 4^5.
( ,5,5 )
contraire un grand dégagement de chaleur quand la fonction chimique
change.
» Les mêmes relations se retrouvent parfois, en Chimie minérale, dans
la formation des surcomposés. Ainsi les bases alcalines, en formant des
sels dissous avec les acides énergiques, dégagent en général de + i3*''''à
+ 16'^°'; les proloxydesdes métaux oxydables proprement dits, fer, nickel,
cobalt, cadmium, zinc, de + 10 à + i3.
» Les divers états du soufre solide se changent les uns dans les autres
avec des dégagements de chaleur faibles ou nuls, etc.
» L'étroite analogie qui existe entre les équivalents, comme entre la
plupart des propriétés du nickel et du cobalt, se retrouve dans la presque
identité des chaleurs de formation de leurs composés binaires. Le fer
demeure aussi voisin du nickel et du cobalt, sous le double rapport de
l'équivalent et de la chaleur de combinaison. Le calcium (Ca = 20) et le
strontium (Sr = 43,8) donnent lieu à de pareils rapprochements ther-
miques. Il en est de même du thallium (Tl = 204), comparé au plomb
(Pb = io3,5) ; du platine (Pi = 99), comparé au palladium (Pd = 53). De
même le chlore et le brome gazeux, unis soit à l'iode, soit à l'oxygène à équi-
valents égaux. De même les chlorures, les bromures, les iodures phospho-
reux et arsénieux, comparés deux à deux.
» Ce genre de rapprochement est trop marqué dans plusieurs des cas
précédents pour être accidentel. Cependant, chose étrange, il fait place
avec le plus grand nombre des éléments à une relation bien différente. »
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Sur les régulateurs à ailelles, construits
par M. Breguet. Note de M. Yvon Villarceac.
« Les dernières Communications que j'ai eu l'honneur de faire à l'Aca-
démie, sur les nouveaux régulateurs, remontent au mois de juillet
(i4et 21) 1873. L'une d'elles avait pour objet l'appareil que la Commission
du passage de Vénus a fait construire, par M. Breguet, pour la station d'Ioko-
hama. On y a rendu compte du degré de précision, au point de vue de
l'isochronisme : pour des charges motrices comprises entre 8''S,6 et 32*'", 4,
l'isochronisme était réalisé k j^'^pj prés; en ramenant les limites des charges
à i7''s,4 et 32''8,4, l'erreur d'isochronisme s'abaissait à y^^.
{ i5i6 )
» Depuis cette époque, un premier perfectionnement a été apporté
à l'appareil : le manchon a été muni de galets et les erreurs d'isochronisme
ont été réduites de plus de moitié [Bulletin de la Société d'encouragement,
1875-76). Jusque-là, on n'avait pu produire que des résultats isolés, et
l'on n'était pas fondé à affirmer que le degré de précision obtenu se main-
tiendrait dans une fabrication courante.
» Nous sommes heureux de pouvoir être aujourd'hui plus affirmatif sur
ce point et d'avoir à signaler un progrès considérable dans le degré de pré-
cision réalisé. Ce progrès est dû à un simple perfectionnement dans la con-
struction du régulateur et à des améliorations dans l'établissement du cy-
lindre enregistreur des vitesses de rotation.
» Ne prévoyant pas, à l'origine, le degré de précision qu'il serait pos-
sible d'atteindre, on n'avait pas adapté de galets au manchon; le succès de
l'emploi ultérieur de ces organes a fait espérer qu'en adaptant des contre-
pivots aux axes des articulations, on augmenterait encore la précision. Ce
perfectionnement est le seul que nos régulateurs aient reçu depuis 1875 :
l'expérience en a pleinement démontré l'efficacité, dès que l'appareil enre-
gistreur a pu recevoir, de son côté, des perfectionnements qui ont permis
d'effectuer plus exactement l'opération du réglage.
» Ainsi que nous l'avons exposé, la théorie du nouveau régulateur est
rigoureuse, et l'opération du réglage a pour objet de parer aux effets des
inexactitudes inévitables dans la construction et la détermination des den-
sités des métaux et alliages employés. Les données du calcul relatif au
réglage sont les vitesses de rotation , fournies par le cylindre enregistreur et
les écarts angulaires correspondants des tiges oscillantes, par rapport à l'axe
central du régulateur; l'exactitude des résultats du calcid est ainsi subor-
donnée à l'exactitude des indications du cylindre enregistreur.
" Tout récemment, M. Breguet a été chargé, par l'Observatoire de Lis-
bonne, de la construction de trois appareils pour la détermination des
équations personnelles, lesquels comprennent, chacun, un régulateur à
deux ailettes et un cylindre enregistreur. Eu cette circonstance, M. Breguet
a pu donner tous ses soins au fonctionnement exact de ces appareils.
« Les résultats ayant paru de nature à intéresser l'Académie, nous nous
empressons de les mettre sous les yeux de nos confrères.
» Le Tableau suivant présente les écarts de la durée d'un tour du cy-
( i5i7 )
lindre enregislreur, par rapport à la durée moyenne (60' environ), et cor-
respondants à des charges motrices variables de lo'''' à /j5''6.
•*-"C'>î Rc{;ulatoiir à dcui nilottds (V lyi>o).
des tiges avec Poids — — "^ — -^ — — ^ ■
la verticale. moteur. "° 1^- n° 'S. ii" 19.
0 k^ s s s
4o 10 + o,oo65 — 0,0009 — 0,0019
35 i3 — 0,0045 — 0,0048 — 0,0018
3o ig -f- o,ooo5 + o,oo44 + 0,0002
25 25 4- 0,0025 — 0,0049 — o,ooo3
20 Si — 0,0057 "^ o,ooi3 + o,oo33
i5 38-39 — 0,0016 + o,oo3i -H 0,0001
10 45 H- 0,0024 H- 0,0017 "t- o,ooo4
Moyennes ± 0,0039 — o,oo34 ± 0,001 5
d'isochronisme TïTiT rrè-w rrÙTT
Erreurs nioy. , , , .. „ ,, „
( de la vitesse i ; 37700 i :43ooo i : 98000
» Chacun des nombres de ce Tableau a été fourni par la moyenne de
deux observations de la durée de cinq tours du cylindre.
» Voici donc trois résultats d'une fabrication courante, pour lesquels
les erreurs moyennes d'isochronisme sont respectivement de : un quinze-
millième, un dix-huit millième et un quaranle-milUème. Ils accusent,
comme nous l'avons dit, un progrès considérable.
» Est-il possible d'aller plus loin ? Nous le pensons. Toutefois, cela
exige que l'on tienne compte de l'influence de la température (') et de la
pression atmosphérique (celte dernière n'aurait d'influence qu'au point de
vue de la masse d'air restant adhérente à l'appareil et de la perte de poids
des masses dont il se compose).
» D'un autre côté, l'expérience a montré, comme on l'avait prévu,
qu'avec les régulateurs à Irois ailettes les effets des irrégularités de
construction sont mieux compensés qu'avec ceux à deux ailettes. Enfin,
le jeu qu'il est nécessaire de laisser aux pivots, dans les articulations,
(') D'après la théorie, les régulateurs (V^type) subiraient des effets de température
exprimés par la formule
a T
— =; 0,00001078 Ô9,
obtenue en faisant usage des coefficients de dilatation de M. Fizeau. En d'autres termes, la
durée de la rotation de ces appareils croîtrait d'environ un cent-millième par degré de
température.
( i5i8 )
permet de légères variations dans leurs distances à l'axe central, et,
lorsque, accidentellement, les pivots se maintiennent dans une position un
tant soit peu excentrique, la vitesse de rotation du régulateur subit une
variation qui persiste avec l'excentricité des pivots.
» Nous sommes parvenu à diminuer cette variation, en adaptant, à la
roue qui conduit le pignon du régulateur et qui fait un tour par seconde,
une masse excentrique qui détermine de très légères oscillations pério-
diques des ailettes, et ramène constamment les huiles sur les pivots. On
réduira les anomalies provenant de l'irrégularité de la situation moyenne
des pivots, en augmentant le nombre des ailettes et, aussi, en augmentant
les distances des points d'articulation des tiges à l'axe central de rotation.
» Tel est l'état actuel de la question des régulateurs à ailettes : nous
nous proposons, M. Breguet et moi, de poursuivre l'étude de ces appa-
reils et nous espérons trouver, dans l'installation de l'établissement inter-
national du mètre, des facilités qu'en France on ne saurait trouver
ailleurs, pour élucider les questions relatives aux variations de tempé-
rature. L'extrême obligeance de son éminent directeur, M. Broch, nous
sera d'un grand secours. Nous comptons également sur l'habileté dont
M. Roger a donné les preuves, pour la bonne exécution des appareils et
leur installation.
M II serait sans doute désirable de pouvoir indiquer, dès à présent, les
applications plus ou moins importantes auxquelles se prêteront nos régu-
lateurs : nous attendrons, pour signaler ces applications, que les travaux
de recherche, dont nous venons d'esquisser le plan, aient été exécutés. »
ZOOLOGIE. — Sur une nouvelle espèce du genre Dasjure, provenant
de la Nouvelle- Guinée; par M. Alph. Milne Edwards.
« Les collections qui ont été faites, dans ces dernières années, à la
Nouvelle-Guinée indiquent des ressemblances que l'on ne soupçonnait pas
entre la faune de cette grande île et celle de l'Australie. Beaucoup de Mam-
mifères que l'on croyait spéciaux à la Nouvelle-Hollande ont été trouvés
sur la terre des Papous, et, parmi les plus remarquables, je citerai les Échid-
nés représentés par deux formes bien distinctes, les Phalangers propre-
ment dits, les Phalangers nains et les Phalangers volants ou Belidés, les
Couscous, les Kangourous, les Péramèles et les Phascogales. Mais jusqu'à
présent aucun des types carnassiers australiens n'avait été signalé à la
( i5i9 j
Nouvelle-Guinée. Cette lacune vient d'être comblée par la découverte,
fiiite aux monts Arfak, d'un représentant du genre Dasynre. Plusieurs
espèces de ce petit groupe étaient déjà connues en Australie; les unes attei-
gnent la taille d'un chat, le Dnsyurtis macrounts, par exemple; les autres
sont moins grandes : ce sont les Das)urus Geojfroyi, viveirinus et lialluca-
tii'i. Toutes sont facilement reconnaissables aux mouchetures blanches de
leur pelage.
» La nouvelle espèce, que je désigne sous le nom de Dasyiirusfuscus, est
plus petite que les Dasyures déjà décrits par les zoologistes; sa taille ne
dépasse pas celle d'un gros rat. Son pelage est d'un l)rnn très foncé, sur-
tout sur les parties supérieures; il devient plus clair sur les flancs et les
côtés de la tête. La gorge, la poitrine et le ventre sont jaunâtres. De petites
taches blanches, arrondies et espacées, se remarquent sur le dessus du corps,
sur les flancs, sur les épaules et sur les cuisses; elles sont peu distinctes
sur la tète, et elles manquent sur les membres et sur la queue. Ces taches
sont plus petites que chez aucun autre Dasynre. Les oreilles sont courtes,
larges et à peine poilues. La queue est longue, cylindrique et brune; elle
n'est pas touffue comme celle des Dasyurus viverrinus et Geojfroyi. Les
pattes antérieures portent cinq doigts armés d'ongles aigus; le premier
doigt est le plus petit de tons, les deuxième et troisième sont à peu près
égaux, et le cinquième est plus court que le quatrième. Le pied postérieur
est pouvu d'un pouce très court et sans ongle, semblable à celui du Da-
syitnis liallucatus; les quatre autres doigts sont longs, bien détachés les uns
des autres, à peu près égaux et terminés par des ongles aigus.
H Le corps, depuis le museau jusqu'à la base de la queue, mesure o^jiS;
la queue mesiire o'^jig.
>i Le Dasyurus fusais a été trouvé sur les monts Arfak, à l'entrée de la
baie de Gelwinck, sur la côte nord de la Nouvelle-Guinée, par les chas-
seurs de M. Bruijn, de Ternate, et le Muséum d'Histoire naturelle en a fait
l'acquisition. Il est intéressant de constater que l'espèce d'Australie dont
il se rapproche le plus, le Dasyurus liallucatus, dont les pattes de derrière
sont aussi pourvues de cinq doigts, ne se rencontre que vers l'extrémité
septentrionale de ce continent.
M En Australie, les Dasyures varient beaucoup de couleur : les uns sont
noirs, les autres fauves, les autres grisâtres, et pendant longtemps on a
cru à tort que ces différences caractérisaient autant d'espèces. Il est pro-
bable que, quand on connaîtra mieux le Dasyurus fuscus de la Nouvelle-
Guinée, on constatera des différences du même oidre dans les teintes de
son pelage. »
( 1320 )
ANTHROPOLOGIE. — Craniolocjiedes races nègres africaines; races dolichocéphales,
par MM. A. de Quatrefages etL.HAMY.
« Les races nègres africaines, à lète fortement allongée d'avant en ar-
rière, ou dolichocéphales, constituent le groupe des Nègres proprement
dits et que l'on pourrait qualifier de classiques. C'est à elles, en effet, que
s'appliquent exclusivement les descriptions données par les fondateurs de
l'ethnologie africaine; ce sont elles qui ont été le plus sérieusement étudiées
jusqu'à ces dernières années par un grand nombre de voyageurs et d'an-
thropologistes, dont nous ne saurions citer les noms dans ce court résumé.
Les Nègres dolichocéphales occupent une étendue de beaucoup la plus
considérable dans l'aire géographique dévolue à la race entière sur le
continent africain. Considérés dans leur ensemble, ils présentent une assez
grande homogénéité quant aux caractères les plus essentiels; mais, les
différences d'habitat et le mélange d'éléments étrangers ont fait varier dans
des limites parfois assez étendues les caractères secondaires, tant exté-
rieurs qu'anatomiques. Par suite, on a pu déjà reconnaître dans cet en-
semble un certain nombre de groupes distincts, groupes qui se multiplie-
ront sans doute et se caractériseront de plus en plus à mesure que les
matériaux d'étude deviendront plus abondants. Il nous est permis d'espérer
qu'à ce point de vue le travail que nous avons l'honneur de présenter à
l'Académie sera de quelque utilité. Nous avons eu soin d'écarter toutes
les têtes osseuses de provenance inconnue faisant partie des collections que
nous avons pu consulter. Nous avons tenu compte seulement de celles
dont l'origine était bien certaine. Celles-ci sont au nombre de 296. On
comprend que nous ne pouvons qu'indiquer ici sommairement les ré-
sultats généraux de cette longue étude. Nous ne saurions même men-
tionner toutes les populations dont il est question dans le texte, et nous ne
parlerons guère que de celles dont les deux sexes sont représentés dans nos
Tableaux de mensuration.
» Nous avons placé en tête de ces races nègres le groupe soudanien,
qui, au moins à certains égards, présente la réalisation la plus complète du
type général. Ce groupe occupe tout l'espace compris entre le Sahara au
nord, la Sénégambie à l'ouest, la Guinée au sud, la vallée supérieure du
Nil à l'est. On peut le partager en Soudaniens occidentaux et orientaux.
» Les premiers ont été étudiés d'abord par Bory de Saint-Vincent; la
tête osseuse, représentéesous ses trois faces dans noireAtlas, est celle que cet
( l521 )
elhnologiste regardait comme typique de son espèce êllnojnenne. Vu de
profil, le crâne montre une courbe anléro-poslérieure d'abord élevée au
front, s'infléchissant progressivement à parlir de la bosse frontale et se con-
tinuant d'une manière régulière, en présentant quelques ondulations lé-
gères, jusque vers la crête occipitale externe. Là, elle se recourbe en
dessous, en s'aplatissant davantage, mais en restant ondulée.
» A la face, les arcs sourciliers sont médiocrement accusés; les os
propres du nez décrivent une courbe fortement concave et se relèvent en
avant ; l'épine nasale est bien saillante. Le prognathisme maxillaire et den-
taire est très accusé aux deux mâchoires. De là il résulte que les dents se
joignent en formant un angle très marqué et que le menton, assez pointu,
est comme refoulé en arrière et en bas.
» La capacité crânienne moyenne des Soudaniens occidentaux est de
1300*=* seulement. Elle est inférieure à celle de toutes les autres races nègres
du même type, à en juger par l'examen des matériaux dont nous avons pu
disposer. Leur indice céphalique moyen descend à 69,78. Aucune autre
race nègre africaine ne présente une dolichocéphalie aussi prononcée,
sauf peut-être le groupe des Sérères-Ouolofs (69,79).
i Nous voyons l'hypsisténocéphalie des Papous reparaître chez les Nègres
africains, c'est-à-dire que chez eux le diamètre vertical du crâne est plus
considérable que le diamètre transverse maximum. Chez les Soudaniens
occidentaux, l'indice vertical s'élève à 104,72.
» Parmi les Nègres continentaux, les Krous sont les seuls qui les dépassent
à cet égard (indice vertical, 109,02). Les Betsimsarakas de Madagascar sont
dans le même cas (indice vertical, 106,01).
» L'indice facial, qui mesure l'élongation de la face dans le sens vertical,
s'élève, chez les Soudaniens occidentaux à 71,09. Il est quelque peu infé-
rieur à celui des Sérères-Ouolofs (72,53), des Béchuanas (72,09) et surtout
à celui du seul Féloupe que nous ayons mesuré (76,86), mais il est supé-
rieur à celui de tous les autres groupes.
» L'indice nasal, qui exprime le rapport entre la largeur et la longueur
du nez, est, chez les Nègres dont il s'agit, de 54,00. Il descend donc bien
près de la limite assignée par M. Broca à ses Platyrrhiniens (53, 00). Ce carac-
tère présente du reste chez les Noirs africains plus de variations que les précé-
dents. Si chez la plupart d'entre eux l'indice s'élève au-dessus du chiffre
de nos Soudaniens, il descend au-dessous dans un certain nombre de groupes.
Chez les Krous, il n'est même que de 51,92, nombre qui ferait passer ces
Nègres parmi les populations mésorrhiniennes. Le crâne féminin atténue
C. R., 1880, I" Semestre. (T. XC, N" 2C.) ^ 97
( iSaa )
quelques-uns des caractères précédents. La dolichocéphalie est bien moins
accusée (indice horizontal, 73,68) ; i'hypsisténocéphalie diminue (indice
vertical, ioi,58); la face est moins allongée (indice facial, 66,94). Mais en
revanche le nez s'élargit (indice nasal, 64,28) et la capacité crânienne des-
cend à 1270'^'=.
» Les Soudaniens orientaux rentrent entièrement dans le type précédent;
seulement quelques-uns des traits les plus caractéristiques s'atténuent.
Ainsi la dolichocéphalie est moins accentuée, par suite à la fois du raccour-
cissement et de l'élargissement du crâne; le prognathisme est un peu moins
accusé.
» On peut rattacher aux Soudaniens orientaux les Nègres qui habitent les
rives du haut Nil et des grands l;ics d'où sort ce fleuve. Une tète de jeune
Négresse donnée au Muséum par M. Raffray et celle du squelette décrit par
M. Ecker permettent même de suivre ce type jusque dans l'Ounyamouezi.
Mais quelques crânes isolés, provenant de tribus inconnues de l'intérieur,
présentent des modifications réelles. Par exemple, sur deux têtes recueillies
à Bagamoyo par M. le D' Pichon, l'indice horizontal s'élève à 74,72 et
I'hypsisténocéphalie disparaît. Évidemment, ces régions, où les Européens
commencent à peine à pénétrer, gardent aux anihropologistes bien des
nouvelles études à faire, bien des problèmes à résoudre.
» Revenons maintenant à l'ouest.
» Là nous trouvons d'abord le groupe des Nègres mandingues, tel que
le général Faidherbe l'a circonscrit dans son beau travail sur les populations
noires des bassins du Sénégal et du haut Niger. Il s'étend du Soudan occi-
dental jusqu'à Sierra-Leone. Ces populations, en contact avec les repré-
sentants de deux types précédemment décrits, les Haoussas et les Soudaniens,
tiennent évidemment de l'un et de l'autre. Leur indice céphalique est
précisément intennédiaire entre celui des deux extrêmes (73,77); par les
proportions générales de la face, elles touchent aux Haoussas, taudis qu'elles
ont le nez et les orbites des Soudaniens.
» Le général Faidherbe a réuni en un seul groupe les Ouolofs et les Sérères,
qui habitent non loin des Mandingues. Nos études craniologiques con-
firment pleinement ce rapprochement. Tous les voyageurs s'accordent pour
placer les Ouolofs parmi les représentants les plus élevés de leur race. L'étude
des crânes justifie encore cette appréciation. Ici la capacité moyenne s'élève
à 1495'='' chez les hommes; chez un tiers d'entre eux, elle varie de 162^"'' à
1630*=^ Cet agrandissement résulte d'ailleurs du développement propor-
tionnel de toutes les parties; si bien que les rapports entre les mesures
( i5a3 )
linéaires ne sont modifiés que très légèrement. En particulier, l'indice
céphalique horizontal a seulement o,oi en plus et l'indice vertical 2,49
en moins que ceux des Soudaniens.
» La femme oiiolove, tout en restant supérieure aux autres Négresses,
s'en rapproche encore davantage par ses caractères craniologiques.
» Nous ne saurions parler ici de toutes les populations dont les crânes,
malheureusement souvent trop peu nombreux, ont été examinés par nous.
Plusieurs d'entre elles accusent des mélanges ethniques. L'Afrique n'est pas,
en effet, cette terre immobile qu'on se figure d'ordinaire. Ce continent a eu
comme les autres ses grands mouvements de peuples et de races. En
particulier, un courant, tantôt lent, tantôt plus ou moins rapide, qui paraît
dater de plusieurs siècles, entraîne les populations nègres de l'intérieur,
placées au nord-est du golfe de Guinée et les amène vers la côte. Trois
peuples, que distinguent assez bien leurs caractères craniologiques,
méritent une mention spéciale parmi ces conquérants : ce sont les Aschantis,
les Dahomans et les Fans ou Pahouins.
» Les premiers ont une physionomie qui diffère assez de celle des vrais
Nègres pour que plusieurs voyageurs en aient fait un petit groupe à part.
Selon Williamson, qui a pu en étudier soixante et une têtes osseuses, cette
population présente une grande homogénéité de caractères. Le crâne est
modérément développé, ovale et bien fait; les os de la face ont des pro-
portions agréables; le front est fréquemment perpendiculaire. Mais les os
du nez sont oblongs et sur un même plan, l'orifice nasal trapézoïde et le
prognathisme très accusé aux dents aussi bien qu'à la mâchoire. Cinq crânes
de femme, ayant fait partie de cette collection et placés aujourd'hui dans
nos galeries, répondent bien à cette description. L'ossature en est fine, et tous
les traits en sont fort adoucis. Elles ont évidemment appartenu à des sujets
de fort petite taille. La capacité moyenne est seulement de ii^S'"'. C'est le
chiffre moyen le plus bas que nous ayons encore rencontré. Une Mincopie
et une Tasmanienne nous ont seules fourni des nombres inférieurs. Mais,
si ces Aschanties se rapprochent des Négrilles par la petitesse de taille que
suppose la réduction de leur squelette céphalique, elles s'en éloignent par
la forme générale de la tête, car celle-ci reste dohchocéphale et hypsisténo-
céphale (indice horizontal, 73,35; indice vertical, 101,61). Le seul crâne
masculin d'Aschanti que nous ayons mesuré cube i33o'=^ Il est par consé-
quent inférieur sous ce rapport à celui des Ouolofs, des Mandingues, etc.
» Chez les Dahomans, la capacité crânienne est au contraire supérieure
à celle des mêmes populations et s'élève à 1 5o5<=' . Ce sont, du reste, de vrais
( l52/j )
Nègres bien dolichocéphales et légèrement hypsislénocéphales (indice
horizontal, 71, 27; indice vertical, loi, 53).
» Nulle part mieux qu'au Gabon l'on ne peut apprécier la nature et
l'importance du mouvement qui pousse les populations de l'est à l'ouest.
Ici les Gabonais ont subjugué et absorbé les Négrilles, Akoas et autres; puis
les Bakalés les ont poussés vers l'ouest, et ces derniers sont à leur tour
refoulés par les Fans, qui arrivent de l'intérieur sur un front de bandière
évalué par quelques voyageurs à près de 400'"". Ces nouveaux venus, dont
on n'a guère eu coimaissance que depuis une trentaine d'années, sont
encore de véritables Nègres par leur dolichocéphalie bien accusée (indice
horizontal, 72,43); mais, chez eux, l'hypsisfénocéphalie disparaît (indice
vertical, 98, 5o). Par leur capacité crânienne, i38o'='^, ils sont inférieurs aux
Dahomans, mais supérieurs aux Aschantis.
» Le défaut absolu de matériaux nous a forcés de laisser en dehors de
nos études toutes les populations placées au sud du Congo jusqu'aux
colonies anglaises et d'aborder sans intermédiaires l'examen des groupes
échelonnés sur la côte orientale. Là nous nous sommes trouves en présence
d'une grande formation anthropologique comprenant toutes les tribus
que l'on désigne habituellement par le nom de Cafres et qui se donnent
souvent elles-mêmes le nom de Bantous.
» L'un de nous, dans ses Cours au Muséiun et ailleurs, a cherché depuis
longtemps à montrer que ces populations, loin d'être un des types les plus
distincts de l'humanité, comme on l'a souvent affirmé, sont au contraire
des populations métisses dans lesquelles les éléments nègres et boschismans,
mêlés à des degrés divers, s'étaient en outre compliqués par places d'élé-
ments arabes et peut-être aussi d'éléments malais, de même origine que ceux
que nous allons trouver à Madagascar. La petite bande de Zoulous qui se fit
voir en Européen i853 aurait suffi pour justifier la plupart de ces conclu-
sions. Sur onze individus, six ou sept étaient des Nègres plus ou moins
purs; trois au moins, dont une femme, tournaient visiblement au Hottentot;
un autre était fortement arabisé. L'examen des têtes osseuses confirme ces
déterminations. Les caractères du Nègre y dominent en général, et la doli-
chocéphalie est toujours très accentuée. Mais l'hypsisténocéphalie disparaît
chez les Amakosas, les Amazoulous, les Béchuanas. Les deux caractères
semblent au contraire s'exagérer chez les Basoutos. La tète d'un chef, décrite
par Anders Retzius, avait pour indice horizontal 66,48 et ii3,82 pour
indice vertical. Les Makouas, qui vivent au nord duZambèze, et dont nous
possédons des crânes et des moules peints sur nature, présentent la même
( i525 )
diversité. On comprend que nous ne saurions entrer ici dans le détail de ces
variations.
» Signalons toutefois un fait fort intéressant. Le D'' Rirk a rapporté en
Europe six crânes d'iiommes adultes pris sur les bords du Sliiré, qui conduit
au Zambèze les eaux du lac Nyassa. Les moyennes de ces six crânes les
rattachent à ceux des Nègres soudaniens. Ce fait, rapproclié de quelques
autres, conduit à admettre que le type placé en tête de cette étude occupe
la plus grande partie de l'Afrique centrale.
M Si du continent nous passons à la grande île de Madagascar, qui en
est si proche, nous rencontrons encore des populations mélangées et qui,
par la plupart de leurs caractères céphaliques, sont bien plus rapprochées
des Bantous qu'on n'aurait été porté à le penser. L'élément malais intervient
d'ailleurs dans leur composition d'une manière incontestable. Nous vou-
lons parler des Howas, que M. Grandidier regarde comme originaires de
Madoura ou des environs. Ces étrangers ont influé principalement sur les
caractères crâniens des Sakalaves. Leur influence est moins accusée chez
les Betsimsarakas, dont les crânes présentent même une hypsisténocéphalie
supérieure à celle des têles soudaniennes (indice vertical, to6,oi).
M A leur tour, les Howas ont subi probablement quelque peu l'action du
métissage. L'ensemble du crâne s'est agrandi; sa capacité s'élève à 1585'="
chez l'homme, à r 375"'= chez la femme. Mais, à en juger par le peu d'indi-
vidus que nous avons eus à notre disposition, la tête est seulement mésafi-
céphale chez l'homme (indice horizontal, 78,08); elle redevient sous-do'i-
chocéphale chez la femme (indice horizontal, 76,04) et dans les deux
sexes elle atteint tout juste à l'hypsisténocéphalie (indice vertical, 100,00).
M Malgré la couleur ocracée qui la caractérise, malgré les particularités
ostéologiqnes qui la distinguent de toutes les populations dont nous venons
de parier, on ne peut isoler la race bosjesmme des races nègres, au milieu
desquelles elle constitue une sorte de sous-type aberrant. On sait que c'est à
elle qu'appartenait Sarah Bartmann, si connue sous le nom de la Vénus liol-
tenlote, qui a été étudiée de son vivant et après sa mort par une Commis-
sion dont faisaient partie Cuvier et Geoffroy Saint-Hilaire, et dont le mou-
lage et le squelette sont conservés au Muséum.
» Nous avons pris pour type masculin de la race le crâne même décrit par
Blumenbach et dont le Muséum possède le moulage. Ce crâne est dolicho-
céphale (indice horizontal, 73, o3); mais l'hypsisténocéphalie a manifes-
tement disparu. La capacité crânienne est seulement de 1220". La ligne
antéro-postérieure s'élève presque verticalement au front, se coude presque
( i526 )
à angle droit au-dessus de la bosse frontale, se continue presque horizonta-
lement jusque vers le milieu des pariétaux; là, elle s'infléchit d'abord pour
dessiner un brusque ressaut en atteignant l'occipital, dont la courbure
inférieure est presque effacée. Les saillies sourcilières sont à peine indiquées.
Le profil du front se continue directement jusque vers le milieu des os du
nez, qui sont intimement soudés l'un à l'autre. L'épine nasale est à peine
marquée, le prognathisme maxillaire et dentaire médiocrement accentué.
Les os malaires sont volumineux et se terminent en dehors et en bas par
une sorte de bec, qui rappelle celui des Noubas.
)) Le crâne de Sarah Bartmann ressemble beaucoup au précédent. Tou-
tefois, l'indice horizontal s'élève à 76,43, l'indice vertical descend à 90,22
et la face est un peu plus élargie.
» Les Bosjesmans sont les véritables indigènes de l'Afrique méridionale ;
les Hotteutots, les Koranas, les Gonaquas, les Namaquas ne sont autre
chose que des métis de cette race, croisée à divers degrés avec la race
nègre. Aussi voit-on quelques-uns des caractères de celle-ci reparaître par
suite du mélange. La dolichocéphalie s'accentue davantage et l'hypsisténo-
céphalie reparaît. En outre, chez les Namaquas, le prognathisme atteint
les plus fortes dimensions connues. Sur une des têtes osseuses que possède
le Muséum, la projection faciale atteint o"',oj2. Nous avons reproduit dans
notre Atlas cette tête exceptionnelle. »
PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE. — Des causes qui jieiivenl Jaire varier les résultats
de l'inoculation charbonneuse sur les moutons algériens. Influence de la quan-
tité des agents injectants, ^applications à la théorie de l'immunité. Note
de M. A. Chauveac.
Il Les expériences exposées dans ma dernière Communication prouvent
que la résistance des moutons algériens aux inoculations charbonneuses
doit être considérée comme un caractère très général, mais non absolu.
On a vu, en effet, que quelques-uns d'entre eux peuvent contiacter le vrai
sang de rate et en mourir. Pour que cela arrive, des conditions de deux
ordres me semblent nécessaires. Il faut : 1° que la matière d'inoculation ait
des qualités particulièrement actives; 2° que l'inoculation soit pratiquée
par un procédé qui mette d'un seul coup l'économie en contact avec un
grand nombre d'agents infectants. Ajoutons que ces deux conditions doivent
être favorisées par la condition fondamentale inhérente aux sujets eux-
( i5.7 )
mêmes, à savoir une immunité amoindrie, c'est-à-dire une moindre inap-
titude à l'infection par la bactéridie charbonneuse.
» De la première condition, j'ai peu de chose à dire. Il est prouvé que les
agents virulents du charbon bactéridien n'ont pas tous ni toujours la même
aptitude à infecter les organismes éminemment prédisposés. A Jorlioii
doit-il en être de même quand on inocule ces agents sur des organismes
plus ou moins réfractaires à leur action.
» Sur la seconde condition, je possède de nombreux documents, dont
quelques-uns ont été recueillis spécialement dans le but de l'étudier. On
devine qu'il s'agit des expériences complémentaires que j'ai déjà indiquées
dans ma dernière Communication, et surtout des inoculations faites eu Al-
gérie.
» Certains faits recueillis dans mes premières expériences semblent être
en contradiction avec la proposition que je cherche maintenant à établir,
sur l'influence de la quantité des agents infectants. C'est ainsi qu'on a pu
voir [Revue mensuelle de Médecine et de Chirurgie j 1879) que quatre moutons
algériens ont reçu dans la veine jugulaire du sang contenant huit milliards
de bactéridies et qu'ils n'ont pas contracté le sang de rate. L'immunité
naturelle des sujets aurait été peut-être assez forte par elle-même pour
résister à l'action infectante de ces huit milliards de bactéridies; mais ces
moutons avaient été mis, comme je le démontrerai plus tard, dans des
conditions spéciales qui avaient renforcé chez eux l'immunité naturelle
contre le sang de rate. Il était nécessaire de le dire pour prévenir une ob-
jection contre les faits dont je vais parler maintenant.
M Dans la première série de mes expériences complémentaires, on fit
seulement quelques piqûres d'inoculation, avec la pointe d'une lancette, à
la peau de la face interne d'une oreille. On ne mit donc en contact avec
l'organisme qu'un nombre très restreint d'agents infectants. Ils suffirent
cependant à tuer rapidement six beaux moutons européens; mais ils ne
portèrent presque aucune atteinte à la santé des sept moutons algériens
inoculés en même temps que ces derniers. C'est en rapprochant de cette
expérience type les conditions et les résultats des expériences suivantes
qu'on appréciera celles-ci à leur valeur.
o Je rappellerai que mes inoculations d'Alger, dont j'ai maintenant à
faire ressortir l'intérêt spécial, ont été faites sur quatre lots de moutons.
» Avec le premier lot (trois animaux), on essaye d'abord les inoculations
par piqûres cutanées avecla pointe d'une lancette, comme sur les sujets dont
il vient d'être question. Non seulement aucun de ces animaux ne meurt,
( i528 )
mais ils ne paraissent nullement incommodés. Trois et six jours après cette
première tentative d'infection, on réinocule deux fois ces sujets, en même
temps et dans les mêmes conditions que les animaux des deuxième et troi-
sième lots. Ils résistent également. Toutefois, tous trois furent alors un peu
indisposés. Or ces nouvelles inoculations avaient été faites, comme on va le
voir, avec des quantités notables de virus très actif, qui auraient dû même
produire des effets plus marqués, si ces trois sujets ne s'étaient trouvés, par
le fait de la première inoculation (j'expliquerai plus tard pourquoi), dans
des conditions favorables à l'immunité personnelle.
» Sur les quatre brebis formant le deuxième lot, d'une part, l'inocula-
tion par piqûres à la peau fut pratiquée à une oreille avec une lancette
imprégnée de pulpe ganglionnaire fraîche extrêmement riche en bactéri-
dies; d'autre part, on fit à la face interne d'une cuisse, avec un excellent
liquide de culture, une injection hypodermique de cinq gouttes au moins.
Trois jours après cette première inoculation, on inocula de nouveau ces
quatre sujets, en même temps et dans les mêmes conditions que les animaux
du troisième lot. De notre deuxième lot, trois des sujets devinrent nettement,
quoique légèrement malades; le quatrième, une brebis pleine, mourut du
sang de rate au commencement du septième jour après la première inocu-
lation. Il n'est pas douteux pour moi que sur ces quatre sujets les effets des
inoculations n'aient été aggravés par la quantité relativement très grande
de matière active employée pour faire ces inoculations.
» Le troisième lot, qui se composait de huit animaux (quatrebrebissuitées),
fut inoculé avec deux liquides de culture très riches en mycélium et en
spores. A l'un de ces liquides on ajouta de l'humeur extraite de ganglions
lymphatiques prodigieusement garnis de bâtonnets bactéridiens. Au lieu
de faire de simples piqûres cutanées à la lancette, on introduisit, an moyen
d'une seringue à injection hypodermique, les deux matières infectantes
sous la peau de la face externe des oreilles, Tune d'un côté, l'autre de l'autre,
à la dose de cinq à six gouttes de chaque côté pour les brebis, de trois à
quatre gouttes pour les agneaux. Sur l'un de ces derniers il ne fut pas pos-
sible de saisir le moindre trouble de la santé; mais tous les autres sujets
présentèrent du malaise, et l'un d'eux, une brebis, mourut du sang de rate
huit jours pleins après l'inoculation. Voilà des résultats qui ressemblent
beaucoup à ceux observés sur le lot précédent ; ils doivent recevoir la même
interprétation.
» Enfin le quatrième lot, qui ne comprenait pas moins de seize animaux,
se divisait en trois parts, formées chacune de sujets de même provenance.
( i529 )
même âge, même taille. On se servit aussi, pour l'inoculation, de li-
quide de culture riche en spores, additionné de pulpe ganglionnaire très
active. Dans chaque part, la moitié des sujets reçurent sous la peau d'une
oreille i" du liquide infectant, l'autre moitié un peu plus de o",5.
On a vu, par ma dernière Communication, que sur les seize animaux
ainsi inoculés, six moururent du sang de rate. Or, parmi ces derniers,
un seul appartenait à la catégorie de ceux qui reçurent la moins grande
quantité de liquide infectant. Ceux qui survécurent avaient presque
tous perdu, le lendemain de l'inoculation, leur vivacité et leur appétit,
qu'ils retrouvèrent bientôt, car le sixième jour ils étaient en état de santé
parfaite. Il ne fut pas possible de constater une différence sensible dans la
gravité des symptômes observés sur les sujets des deux catégories. Cepen-
dant ceux qui avaient été inoculés avec la plus grande quantité de liquide
présentèrent généralement une élévation de température plus forte et plus
soutenue.
» Je me garderai bien de dire qu'aucun des animaux qui ont succombé
dans ces expériences, après avoir été inoculés avec de notables quantités
de virus très actif, n'aurait péri si le virus avait été seulement inséré en
très minime quantité par piqûres cutanées. Puisque, parmi les moutons
algériens réunissant exactement les mêmes conditions et inoculés de la
même manière, les uns meurent du sang de rate, les autres y échappent,
il faut bien admettre que l'immunité n'est pas également assurée dans tous
les sujets. On comprend donc qu'elle puisse, très exceptionnellement, être
assez faible pour permettre la réussite complète d'une simple inoculation
par piqûres sous-épidermiques; mais il n'en reste pas moins prouvé, par
l'ensemble de mes expériences, que la grande quantité des agents infec-
tants dans les inoculations de sang de rate aux moutons algériens est une
des conditions qui permettent de vaincre la résistance que ces animaux
opposent en général au virus charbonneux.
» Un certain intérêt s'attache aux faits que je viens d'exposer, quand on
les considère au point de vue de leurs rapports avec les essais de théorie
générale de l'immunité. Dans une Communication récente, M. Pasteur a
montré que les milieux qui ont servi à une première culture du microbe du
choléra des poules ont perdu toute aptitude à une nouvelle culture, par
épuisement de certains principes nécessaires au travail de prolifération.
Il a rapproché ces milieux culturaux épuisés, et devenus ainsi inféconds, de
l'organisme des poules auxquelles il donne l'immunité par plusieurs inocu-
lations préventives : sur celles-ci, comme dans ceux-là, il manque quelque
C. R., iSeo, 1" Semcare. (T. XC, N" 26.) '9*^
( i53o )
chose qui est indispensable à la vie et à la multiplication du microbe du
choléra des poules, et c'est là ce qui rend les deux sortes de milieux égale-
ment inféconds. Selon toute vraisemblance cette séduisante théorie, basée
sur une des plus intéressantes séries de ces expériences nettes et décisives
dont M. Pasteur est coutumier, s'applique à la plupart des cas d'immunité
acquise par inoculation préventive; mais il me paraît difficile de l'adapter à
l'immunité naturelle dont jouissent les moutons algériens à l'égard de la
maladie bactéridienne. Les faits que je viens de faire connaître démontrent,
en effet, que la bacléridie charbonneuse se comporte, dans l'organisme des
moutons algériens, non pas comme s'il était privé de principes nécessaires
à la vie bactéridienne, mais bien plutôt comme si c'était un milieu rendu
impropre à cette dernière par la présence de substances nuisibles. En très
petit nombre, les bactéridies sont arrêtées dans leur développement par
l'influence inhibitoire de ces substances. Très nombreuses, au contraire,
elles peuvent surmonter bien plus facilement cet obstacle à leur proliféra-
tion. »
VITICULTURE. — Résultats obtenus dans le traitement des vignes par le sulfo-
carbonate de potassium. Lettre de M. H. Mares à M. Dumas.
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra).
« J'ai été souvent sur le point de vous écrire pendant les deux mois qui
viennent de s'écouler, et j'ai toujours ajourné, attendant le moment où se
produiraient sur les vignes des résultats, soit en bien, soit en mal. Ce mo-
ment me paraît être venu.
» Je constate à Launacsur toutes mes vignes traitées, et plus particuliè-
rement sur celles qui ont reçu du sulfocarbonate de potassium dissous, une
reprise des plus remarquables, qui dépasse de beaucoup celle de l'année der-
nière. Nous nous rapprochons de l'état normal, nous l'atteignons même sur
divers points avec le sulfocarbonate, après être tombés, en 1878, au dernier
état de délabrement sous la double influence du Phylloxéra et delà séche-
resse.
» Nous en sommes actuellement à la troisième application sur la superficie
totale des vignes, seul mode de défense efficace, car j'ai parlout reconnu
que le traitement des seuls points d'attaque d'une vigne envahie n'aboutit
à aucun résultat sérieux. Dans ce cas, le Phylloxéra change de place et
s'étend plus rapidement aux portions encore vigoureuses de la vigne, et il
( i53i )
arrive alors que celles-ci périssent tout aussi vite, tandis que le point d'at-
taque trop éprouvé pour se remettre finit aussi par succomber. Tout trai-
tement doit donc comprendre la totalité de la vigne pour donner réellement
les résultats qu'on est en droit d'en attendre. Les parcelles qu'on laisse
sans traitement sont presque toujours des nids de Phylloxéras, d'où l'in-
secte part pour continuer et perpétuer ses ravages. C'est un point des plus
imporlants; j'en fais à Launac l'expérience dans de bonnes conditions,
car je n'ai plus de voisinage phylloxéré : toutes les vignes autour de moi
sont mortes et arrachées; les miennes sont donc isolées, et je profite à
présent du bénéfice de cette situation. Il se traduit par une plus grande effi-
cacité des traitements et une reconstitution plus rapide. [1 est facile de com-
prendre combien la démonstration du fait dont je vous entretiens est
capitale. Comment préserver utilement des vignobles dont le traitement
sera isolé, au milieu d'un grand ensemble de vignes forcément abandonné
à lui-même? Je crains bien que l'alternative ne soit de tout défendre ou de
tout abandonner, au moins pour le moment où nous en sommes.
» J'ai fait l'an dernier deux applications de sulfocarbonate dilué, à 200''^
de sulfocarbonate et 120""^ d'eau par hectare, la première eu avril, la
seconde fin juillet et août. Je m'en suis très bien trouvé et je recommence
cette année; mais le retard qu'a mis M. Mouillefert à m'envoyer les appa-
reils m'a obligé à faire mes premiers traitements en mai et en juin. Je ferai
la différence des résultats; peut-être sera-l-elle à l'avantage du traitement
retardé. 11 y a à cela plusieurs raisons, mais c'est à la pratique à pro-
noncer.
» Mes cultures ont beaucoup souffert du retard apporté aux traitements.
Pendant ces contrariétés, le ver gris, larve de la Noclua aquilina, qui se
terre au pied des plantes qu'elle dévore, faisait un ravage incessant, dévo-
rant la nuit les bourgeons à mesure qu'ils se développaient. Cette étrange
invasion d'insectes s'est étendue à presque tout le Midi et y a maltraité les
vignobles sur une échelle jusqu'alors inconnue, dans les deux mois d'avril
et mai. De plus, nous avons eu des nuées d'Altises, dont les larves sont en
pleine éclosion. Je n'en ai pas moins persisté, car je tenais au résultat de
cetie année, résultat que je constate avec bonheur, et qui confirme vos
découvertes et vos prévisions.
» J'ai fait sur la pratique du sulfocarbonatage des vignes et sur le Phyl-
loxéra une série d'observations que j'ai besoin de mettre en ordre. Ilya là
des faits très curieux. Un de ceux qui semblent se confirmer le mieux est
celui de la concentration du bain sulfocarbonate autour du cep, sur
( i532 )
une surface qui n'a pas besoin d'être très considérable. Ce bain produit
sur les racines l'effet d'une vraie médication. Des tissus se refont et il en
part une série de racines jeunes qui reconstituent le cep. Le Phylloxéra fait
subir à la vigne une sorte d'intoxication qui se manifeste par les lésions
toutes spéciales des tissus; les bains de sulfocarbonate guérissent ces lésions
et les cicatrisent. Concentrés autour du tronc de la souche et des racines
principales, ils les conservent mieux, pénètrent profondément le sol sur les
points mêmes où leur action doit être plus spécialement énergique, et sont
une des meilleures garanties pour empêcher l'étisie complète des sujets
traités en temps utile. Il en résulte une plus grande facilité pour l'emploi et
l'administration du sulfocarbonate dilué, et plus d'efficacité dans les résul-
tats. M
GÉOGRAPHIE. — Sur la salubrité de l'isthme de Panama.
Note de 31. de Lesseps.
« J'ai demandé à notre Président la permission de signaler un fait inté-
ressant, parce qu'il concerne une question soulevée l'année dernière à l'Aca-
démie à propos de l'utilité ou de l'inutilité des quarantaines, qui, dans
mon opinion, n'empêchent pas les maladie épidémiques de se répandre,
lorsque leur propagation est favorisée par des circonstances atmosphériques
et qui, dans tous les cas, sont une gène constante pour les relations commer-
ciales et maritimes.
» L'ingénieur qui dirige dans ce moment les opérations préparatoires
pour l'exécution du canal interocéanique m'adresse la Lettre suivante, à la
date du 26 mai :
. On a beaucoup parlé dernièrement à Panama, et plus encore aux États-Unis, de la fièvre
jaune existant ici; mais il n'en est rien. Les cas très rares qui se sont présentés prouvent que
cette maladie n'a pas pris naissance dans ce pays et qu'elle ne s'y est pas développée.
- Vous savez que l'on pousse ici très loin les principes de liberté. Nous avons eu dernière-
ment des carijaisons de malades atteints de la fièvre jaune parfaitement caractérisée. Débar-
qués sans que personne se soit cru autoriséà lesen empécher,on avait prétendu que ceux qui
sont morts de la maladie (ju'iis avaient apportée ont été victimes du climat. Comme vous
l'avez vu vous-même, nous n'avons pas de précautions sanitaires, pas plus à Colon qu'à
Panama, point de règlement hygiénique. Cependant la fièvre importée n'a pas pu se déve-
lopper en dehors des personnes atteintes avant leur débarquement. On verra dans ce fait
la preuve évidente de la salubrité de l'isthme de Panama, qui, dans un court espace entre
les deux océans, reçoit tour à tour et sans arrêt les brises salutaires de l'Atlantique et du Paci-
fique.
» Signé : Pedro Sosa. »
( i533 )
M. BoiTLEY, à la suite de la Communication de M. de Lesseps, soumet
à l'Académie les observations suivantes :
K Eli l'absence des Membres de la Section de Médecine, je crois de mon
devoir de ne pas laisser dire, sans protestation, devant l'Académie, que
« les quarantaines sont inutiles pour empêcher les maladies épidémiques
» de se répandre lorsque leur propagation est favorisée par des circonstances
atmosphériques ». Qu'elles soient une gêne constante, comme le dit M. de
Lesseps, pour les relations commerciales et maritimes, je n'y contredis pas ;
mais cet inconvénient se trouve si supérieurement compensé par les garan-
ties qu'elles donnent à la santé publique, que nous ne devons pas nous
départir de cette mesure préventive, dont l'expérience démontre tous les
jours l'efficacité certaine. C'est depuis que la police sanitaire internationale
veille sur l'Egypte et la préserve, par des mesures quarantenaires, de l'inva-
sion du choléra, aux époques redoutables des pèlerinages, que les menaces
de cette maladie sont moins à craindre pour l'Europe. C'est par les qua-
rantaines que nous nous maintenons à l'abri des contagions que les vais-
seaux peuvent si facilement transporter, notamment la fièvre jaune, dont il
est question dans la Lettre que vient de lire M. de Lesseps.
» Les circonstances atmosphériques, qui rendraient nulles, d'après lui,
l'action des quarantaines, ne peuvent contribuer à la propagation des ma-
ladies épidémiques qu'autant qu'on laisse à ces maladies la liberté de
prendre leur essor en dehors des vaisseaux qui en renferment les germes.
Mais ces germes ne sont pas des aura insaisissables, des vapeurs subtiles,
des effluves qui auraient la propriété de se répandre falalemenl, sans qu'on
puisse rien contre leur expansion. C'est le contraire qui est le vrai.
» Grâce aux recherches de la Science expérimentale, le principe de la
contagion n'est |)lus l'inconnu d'autrefois; il a pris un corps, et on peut
l'étudier et le suivre dans ses manifestations. Mais, même avant que ces
notions fussent acquises, la pratique, s'inspirant de l'observation, avait
donné la preuve que, par une surveillance attentive exercée sur les hommes
et les choses de provenance des pays suspects, on pouvait prévenir
l'expansion des maladies contagieuses dont les uns et les autres étaient sus-
ceptibles de receler les germes. Cette surveillance, c'est par les quaran-
taines qu'elle peut être exercée efficacement. Il est donc nécessaire de les
maintenir, malgré les inconvénients qu'elles peuvent avoir pour les relations
commerciales et maritimes. »
( i534 )
M. DE LA GocnNEuiE fait hommage à l'Académie d'une Note intitulée
« Expériences pour déterminer la direction de la pression dans les arches
biaises; réponse à une critique de M. Emile Trélat »,
Ce travail est extrait des Comptes rendus du Congrès de Montpellier.
MEMOIRES PRESENTES.
PHYSIQUE. — Sur une nouvelle forme de galvanomètre. Note
de M. L. GosTYNSKi, présentée par M. Desains.
(Commissaires : MM. Janssen, Desains.)
« J'ai l'honneur de présenter à l'Académie un nouveau galvanomètre
pour les courants thermo-électriques, qui se distingue particulièrement
de tous ceux que l'on connaît par l'assemblage de deux systèmes asiatiques
de même sens.
» Le principal avantage de cet appareil consiste dans la proportionna-
lité, que j'ai pu étendre jusqu'à près de 90°, ce qui dispense de la con-
struction des Tables, souvent insuffisantes d'ailleurs.
» Ayant à faire et à vérifier un grand nombre de déterminations sur la
transmission de la chaleur à travers l'eau sous diverses épaisseurs, j'ai cher-
ché des moyens de mesure à la fois simples, commodes et précis. L'appa-
reil en question réunit ces conditions et peut être rendu très sensible. Il
est à bobine continue, c'est-à-dire sans fente pour le passage du système
astatique. Un équipage en fil d'aluminium en forme d'U, suspendu par un
fil de cocon, supporte deux systèmes astatiques de même sens, croisés sous
\in angle d'envirou 45° et réunis l'un à l'autre. Dans un petit miroir ver-
tical surmontant l'équipage et entraîné par le double système astatique
dans son mouvement de rotation sous l'action du courant, viennent se
mirer les divisions d'une échelle demi-cylindrique ayant le fil de cocon
pour axe et se projeter sur une petite mire verticale fixe placée derrière le
miroir. Le zéro de l'échelle correspond à la position de l'équipage pour
laquelle l'un des deux systèmes astatiques est parallèle aux spires de la
bobine, le sens du courant étant tel que l'autre système se dirige vers le
point de départ du premier.
» Depuis près de deux mois je vérifie la proportionnalité à gauche et à
droite du zéro pour diverses déviations. Plus de cent cinquante séries
( i535 )
d'observations croisées, chaque série comprenant an moins six détermina-
tions partielles, sont venues confirmer cette proportionnalité.
» En terminant cet aperçu sommaire, je considère comme un devoir
d'exprimer toute ma gratitude ;i MM. P. Desains et J. .Tanssen, qui ont
provoqué et encouragé mes recherches.
» Je dois signaler aussi le concours obligeant que j'ai trouvé dans la
maison Cnrpentier, en particulier auprès de M. Guerout, qui a dirigé avec
beaucoup de soin et de complaisance la construction de mes appareils. »
BALISTIQUE. — Sur un appareil destiné à enregistrer la loi du mouvement d'un
projectile, soit dans rame d'une bouche à feu, soit dans un milieu résistant.
Note de M. Sebert. (Extrait par l'auteur.)
(Commissaires : MM. Bertrand, Phillips, Berthelot, Cornu, Favé.)
« Le succès des expériences relatées dans ma précédente Communica-
tion ('), sur l'emploi de projectiles enregistreurs à diapason vibrant, pour
la détermination de la loi du mouvement des projectiles dans l'âme même
de la bouche à feu, m'a conduit à appliquer le même système à la
mesure de la loi du mouvement d'un projectile dans un milieu résistant,
comme un massif en terre ou même une muraille cuirassée.
» Si l'on tire un projectile muni du mécanisme enregistreur qui a été
décrit plus haut, mais en prenant la précaution de placer ce mécanisme à
['arrière et non à l'avant, la masse inerte reste appliquée contre le culot
tant que le projectile éprouve une accélération dans son mouvement;
mais, aussitôt que le mouvement devient retardé, la masse, en vertu
de son inertie, prend, par rapport à la tige qui la guide, un mouve-
ment propre dont le diapason, rendu libre à cet instant même, enregistre
la loi.
M Si l'on munit cette masse d'une goupille de sûreté suffisamment résis-
tante pour que son déplacement ne soit pas provoqué, par la simple ré-
sistance de l'air, à une faible distance de la bouche à feu, on arrive à la
faire mettre en marche au moment où le projectile éprouve une brusque
résistance, en pénétrant, par exemple, dans une chambre à sable.
» L'expérience a été faite, dans ces conditions, le i5 mai dernier, à la
(') Voir même Volume, p. i468. — Par suite d'une erreur de dessin, le trait ondulé
des fig. 2 et 3 a été fait beaucoup trop fort ; dans les tracés obtenus, ce trait était,
au contraire, très £în et très délié et permettait d'obtenir une très grande précision dans les
lectures.
( i536 )
poudrerie de Sevran-Livry, au moyen de projectiles de o"', lo, du poids
de 12'*", munis de mécanismes enregistreurs dont le diapason donnait
6000 vibrations par seconde; ces projectiles arrivaient dans la chambre à
sable avec une vitesse de 270™ ( ' ).
» Les tracés obtenus sont très satisfaisants, mais moins nets que dans
le cas de l'enregistrement du mouvement dans l'âme, ce qui s'explique
aisément [fig. 3).
Fig. 3 (échelle 4-).
iS mai 1880, n° 3. Charge, i''",2oo. Vitesse reslante, J70. Diapason 11" 10 donnant 5^4? vibrations.
» Ces tracés ont permis de déterminer les espaces parcourus parle pro-
jectile en fonction des temps à partir de son arrivée dans la chambre à
sable et d'en déduire la vitesse perdue, et par conséquent la résistance
opposée à chaque instant par le sable. Il est à remarquer que, contraire-
ment à ce qui se passe lors du parcours dans l'âme, le projectile enregis-
treur fait connaître la loi de son mouvement, dans le cas actuel, sur un
parcours plus grand que la longueur de la course laissée à la masse inerte.
Cela tient à ce que cette masse n'est plus ici immobile dans l'espace, mais
est, au contraire, animée, comme le projectile lui-même, d'une très grande
vitesse à son arrivée dans le sable, de sorte qu'elle continue à avancer pen-
dant que se produit le déplacement relatif du projectile.
» Dans les essais effectués, avec un projectile qui ne laissait à la masse
inerte qu'une course libre de o"", 20 environ, le mouvement s'est trouvé
enregistré sur un parcours de près de o™,8o dans le sable, ce qui corres»
pondait, dans les conditions de l'expérience, à une perte de vitesse de
100™ environ.
» La réussite de ces essais donne la certitude de pouvoir enregistrer la
loi du mouvement d'un projectile au travers d'une muraille cuirassée et
(') Ces tirs ont eu lieu en présence de M. Bertiielot, Membre de l'Institut et président
de la Commission des substances exiilosives, ainsi que de M. le général Frébault, dont
l'appui et la confiance m'ont toujours soutenu dans mes recherches et m'ont assuré les res-
sources nécessaires iiour leur exécution.
Les appareils avaient été préparés par 51. le garde d'artillerie Létard, dont l'active et
intelligente collaboration m'a été d'un grand secours, tant pour la création même des
appareils, dont plusieurs détails lui sont dus, cjue pour l'exécution des expériences et des
longs calculs qu'elles exigent.
( 'S^y )
de pouvoir, pnr suite, déterminer le temps nécessaire pour traverser une
semblable muraille et la résistance (pi'eile oppose à chaque instant; ces
données seront d'une grande importance pour les ingénieurs cliargés de la
construction des navires comme pour les artilleurs chargés de les attaquer
par le canon.
» La remarque faite précédemment sur la cause qui permet au projectile
enregistreur, pénétrant dans un milieu résistant, d'enregistrer la loi de son
mouvement, sur un parcours su|)érieur à sa propre longueur, donne le
moyen de construire un projectile qui, sous une longueur réduite, per-
mettra d'enregistrer la loi de son mouvement sur le parcours entier de
l'âme. Il suffira, en effet, d'imprimer à la masse inerte une vitesse propre,
dans le sens du mouvement, pour accroître l'espace parcouru par le pro-
jectile pendant le temps que cette masse mettra à franchir l'espace libre qui
lui est laissé.
» On réalisera aisément cette conception en plaçant dans l'axe du pro-
jectile une tige, à double nervure, guidant deux masses indépendantes qui
seront pourvues chacune d'un diapason enregistreur. Ces deux masses
seront placées, avant le tir, à l'avant du projectile; l'une, laissée entièrement
libre, se mettra en mouvement dès le premier déplacement de ce dernier et
enregistrera la loi du début de son parcours.
') La seconde masse sera maintenue par un arrêt qui sera brusquement
eiilevé par l'effet même du choc produit par l'arrivée de la première masse
à l'extréiuité de sa course. Cette seconde niasse commencera donc son
mouvement relatif au moment où elle possède déjà, en commun avec le
projectile, une vitesse très grande, vitesse que le tracé donné par le premier
diapason permet de connaître exactement. Le deuxième diapason viendra
ainsi relayer le premier et fera connaître la loi du mouvement du projec-
tile sur un nouveau parcours, qui sera beaucoup plus grand que le pré-
cédent.
» L'emploi de diajiasons disposés de façon à se relayer, comme il vient
d'être dit, permettra également d'enregistrer le mouvement retardé du pro-
jectile dans l'air et de mesurer, par suite, la résistance de l'air dans le voisinage
immédiat de la bouche à feu, et peut-être même sur un parcours assez long;
mais, pour que l'enregistrement fie la loi du mouvement puisse s'étendre
sur une portion notable de la trajectoire du projectile, il sera sans doute
nécessaire de compléter l'appareil par un dispositif qui ralentisse, dans
une proportion comme, le mouvement de la masse inerte, ainsi qu'avait
proposé de le faire M. le commandant Florentin, dans un projet, déjà
ancien, de projectile enregistreur destiné à l'étude de la résistance de l'air. «
C. R., iï8o, i" Semestre. (T. XC. ^<"iG.^ '99
( i538 )
HYGIÈNE. — Sur l'existence, dans la fumée du tabac, d'acide prussique, d'un
alcaloïde aussi toxique que la nicotine et de divers principes aromatiques.
Note de MM. G. Le Bon et G. Noël, présentée par M. I.arrey.
(Commissaires : MM. Wurtz, Cahours, Friedel.)
« Nous avons l'honneur d'adresser à l'Académie trois flacons contenant les
produits suivants, que nous avons réussi à extraire de la fumée du tabac.
Ce sont : 1° de l'acide prussique; 2° un alcaloïde à odeur agréable, mais dan-
gereux à respirer et aussi toxique que la nicotine, puisqu'il tue les animaux
à la dose de -^ de goutte ; 3" des principes aromatiques encore indéterminés,
qui contribuent, avec l'alcaloïde précédent, à donner à la fumée du tabac
son parfum.
» C'est autant aux substances qui viennent d'être mentionnées qu'à la
nicotine qu'elle contient que la fumée du tabac doit les propriétés toxiques
attribuées uniquement jusqu'ici à la nicotine.
» L'alcaloïde que nous signalons paraît identique à un composé, la
collidine, dont l'existence avait déjà été signalée dans la distillation de
plusieurs substances organiques, naais dont les propriétés physiologiques et
toxiques étaient ignorées. Il joue un rôle fondamental dans la fumée du
tabac. C'est à sa présence que la fumée de certains tabacs peu riches eu
nicotine et cependant très forts doit ses propriétés.
» Dans un Mémoire imprimé, récemment adressé à l'Académie pour le
Concours du prix de Médecine, on a décrit avec soin les procédés employés
pour retirer de la fumée du tabac les composés qui viennent d'être men-
tionnés et reconnaître leurs propriétés physiologiques. »
M. Aliand communique, pour la destruction du Phylloxéra, la prépa-
ration d'un mélange solide renfermant du sulfure de carbone. (Extrait.)
« On dissout dans le sulfure de carbone une huile lourde, provenant
de la fabrication de l'anthracène et saponifiable par la chaux; la solution
est additionnée de chaux vive; la pâte obtenue est trempée dans l'eau et
séchée dans une chaux hydraulique qui forme une croûte isolante.
» On obtient ainsi un insecticide très actif qui n'opère que lentement.
Toutes les opérations indiquées se font à froid, ce qui évile l'évaporation du
sulfure de carbone. »
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
( i53p )
M. H. DE Vallandé adresse une Note sur l'emploi de l'arsenic contre le
Phylloxéra .
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
M. J. Secre soumet au jugement de l'Académie un Mémoire intitulé :
« Recherches sur les propriétés électriques du collodion simple, suivies de
réflexions sur la nature de l'électricité statique. » (Extrait.)
« Le collodion en feuilles minces est négatif avec tous les corps.
» Dans l'interprétation des effets thérapeutiques du collodion, on peut
tenir compte de son pouvoir électrique, dont l'intensité varie avec la na-
ture des tissus.
» La gutla-percha, substance polymorphe comme les corps qui possèdent
la qualité idio-électrique, présente, quand elle est électrisée, des modifica-
tions analogues à celles qu'on observe sur le collodion.))
(Commissaires : MM. Fizeau, Berthelot, Cornu.)
M. L. CoMPANVO adresse un Mémoire avec Supplément sur l'organi-
sation du service sanitaire du canal de Panama.
Cette Communication se rapporte à l'état sanitaire du personnel et des
travailleurs occupés aux travaux de construction du nouveau port de Ba-
tavia à laiidjeng-Priok, avec un canal, un chemin de fer et une grande
route reliant le nouveau port à la ville de Batavia. Les travaux sont exé-
cutés dans les alluvions et les marais qui se trouvent à l'est de la ville de
Batavia.
(Renvoi à la Commission du Canal de Panama.)
Un Anonyme adresse un Supplément au Mémoire qu'il a présenté, pour
le Concours du grand prix des Sciences mathématiques, avec la devise
laquelle ne
contient que des puissances de a toutes paires ou toutes impaires, est
égale, à un facteur près, à l'intégrale
X
r"
„ {,_ a, ■!'+'+/
-f/r,
augmentée d'une série convergente d'intégrales analogues dans lesquelles
l'exposant négatif de i — a.r est augmenté de nombres positifs.
» Je vais déterminer la partie principale du coefficient de a" dans le
produit du développement de l'intégrale ci-dessus par {-, — A ou plutôt
le coefficient de a-'"^", en remplaçant le dernier facteur par (i — «-)'.
» En ayant égard à l'identité /-(i — a=) — (i — ra)[2 — (i - ra)] — (i — /'-)
et faisant ç = ^ + e -\-f, on trouve l'équation approchée
D''^" (' - "')' = (_ i).-g(g + ,). . .(7 + 2/ + „ _ ,),-" ^' "~'2.,>„;
elle donne pour la valeur principale du coefficient
1.2. . (2^■ + /2) J^ K J >
et, dans le cas où s' — \, A ne dépendant pas de ?i, on a, en définitive,
A
,ii-J--''+<
» Les autres intégrales donneraient des résultats très petits par rapport
au précédent, et la conclusion est celle-ci :
)) La série transformée convergera, comme celle qui donne bf.si l'ordre /
2 '
des différences est augmenté d'une unité pour chaque dérivée et de deux
unités quand on passe d'un des indices ^, |, ... à l'indice suivant. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE, — Sur T application de ta théorie des Sinus des ordres
supérieurs à C intéijration des équations différentielles linéaires. Note de
M. J, Farkas. (Extrait d'une Lettre adressée à M.Yvon Villarceau.)
a En écrivant, dans l'équation
( '543 )
où p est une constante et X une fonction de la seule variable a;,
en vertu de vos développements [Comptes rendus, t. XC, n°' 13 et 14),
on a
les constantes d'intégration sous-entendues.
» Quelquefois il sera peut-être plus avantageux d'appliquer immédia-
tement h intégrations successives à l'expression doimée , ce qui nous
fournit
X = m — 1 ,
1=^."^ n{rx)f l'avantage de l'emploi des sinus.
» Cependant la solution de l'équation
par exemple, se fait aussi d'une manière avantageuse au moyen des sinus
[ 154/. )
de l'ordre rn~i. Soit, en général, l'équation
, , d'""f il'
a„ sont des constantes. Posons
ou «,,
(3)
d'où
d'""x d^y d"'z
et éliminons les dérivées mn, m{ii — i) de l'équation pioposée (2), nous
aurons
'rt. -/^.) " - X = [/;, (-7, - y;,) — (rto — /^,)J
daf
rfj:'"("-")
En égalant à zéro les coefficients des dérivées de j, nous obtenons
u = — ^- — ) ,
(4)
\-\- a^u-\- rt, li' + ■ ■ --T- cinU" = o,
— Pn-2 = '^«- 1 « + «« "^ ,
— Pn-3 = an-1 " + ««-. «' + ««"' ,
-P2
a,u -h rt.fr -{-a.ir +. .^a„u"
(5)
f/.r"
^ ^-(rt,-/^,)z = X.
» Ainsi, au lieu de l'équation ( 2) nous avons les équations (3) et (5) dont
les coefficients sont déterminés par les expressions (4)- Dans le cas de n = 2,
l'équation (2) se transforme en (i) et les expressions (5), (3), moyennant
les relations (4), deviennent
(Il — \/a'' — ^a.
dxT'
dx"'
7 = h
d"! „,— ^a\ — ^a, d-'r , -7, ^-v/flî— 4«,
-^ : Z--A, ■j^^-\ y=z.
dx'
dx
( iS45 )
Écrivons
(«) ^ -±/-,, ^ '.,
nous aurons, pour solutions de l'équalion (i),
<, ~fii-\
(•9) { „:::. - , ,.,
PHYSIQUE. — Des vibrations à la surface des liquides. Mémoire de M. F. Lechat,
présenté par M. Desains. (Extrait par l'auteur.)
« Dans la séance du 4 ^oùt dernier, j'ai annoncé à l'Académie les
résultats d'un travail que j'ai entrepris sur les vibrations à la surface
des liquides. Dans une Note insérée aux Comptes rendus, j'ai fait une
courte analyse de ce travail et indiqué les conclusions que je croyais de-
voir en tirer. Mes expériences n'avaient porté que sur des vases de forme
carrée. Depuis, j'ai examiné ce qui se passe dans les vases de forme rec-
tangulaire, et j'ai l'honneur de présenter à l'Académie un Mémoire com-
prenant tout ce que j'ai fait sur les vases rectangulaires en général. Ce
Mémoire est composé de deux Parties.
» Dans la première Partie, en partant des équations générales des petits
mouvements dans les liquides, j'ai établi la théorie mathématique des mou-
vements vibratoires k la surface. On admet, avec Lagrange et avec Pois-
son, que la pesanteur est la seule force extérieure qui sollicite les molé-
cules liquides et que les molécules de la surface libre y restent constamment
pendant le mouvement, et l'on arrive ainsi k poser les conditions pour
qu'un liquide soit animé k la surface de mouvements périodiques ayant
partout la même période et k écrire les équations générales des lignes no-
dales et des lignes ventrales pour le cas des vases de forme rectangulaire.
Je discute ces équations et je construis les lignes nodales et les lignes ven-
trales dans un grand nombre de cas particuliers.
» Dans la seconde Partie, je me suis proposé d'étudier le phénomène
expérimentalement, et j'ai déterminé le mouvement vibratoire du liquide
(') Il reste à examioer le cas où a et p seraient imaginaires. Y. V.
C.R.,i»8o. \" Scmcttre, IT.XC, NogG.) 300
( <546 )
en agissant directement sur ce liquide en un point de la surface et en pro-
duisant en ce point un mouvement périodique. La disposition que j'em-
ploie est analogue à la pièce principale de l'interrupteur électrique de Léon
Foucault. Elle me permet de faire varier, dans des limites très étendues, la
durée de la période et de déterminer cette durée. En plaçant le liquide
dans des vases à parois épaisses, on peut admettre que le vase et son sup-
port ne participent pas sensiblement au mouvement. Pour certaines valeurs
de la période, on obtient ainsi, à la surface du liquide, des divisions par-
faitement fines. C'est qu'alors le liquide est animé d'un mouvement vibra-
toire régulier.
» L'étude de l'état de la surface, la reconnaissance de la position des
lignes uodales et des lignes ventrales se font par un procédé optique très
simple. Un faisceau de lumière parallèle ou légèrement conique tombant
sur la surface liquide est réfléchi par cette surface et reçu à une petite dis-
tance sur un écran blanc. Lorsque le mouvement à la surface est régulier,
on voit se produire sur l'écran une figure composée de points très brillants,
de lignes éclairées et d'espaces relativement obscurs. Les points brillants
correspondent aux ventres de vibration, les lignes éclairées aux lignes ven-
trales et les lignes les plus obscures aux lignes nodales. J'ai dessiné trois de
ces figures, qui donnent une idée du phénomène.
)) Ayant ainsi un moyen de connaître la forme de la surface en mou-
vement, j'ai cherché comment la durée de la période varie avec la profon-
deur du liquide, les dimensions du vase et la forme de la surface. Les
résultats généraux de ces expériences sont compris dans les conclusions
suivantes :
» L Les figures de la surface liquide en vibration sont exactement celles
que donne la théorie mathématique. Il y a donc, sous ce rapport, accord
complet entre la théorie et l'expérience.
M IL La supposition de Lagrange, d'après laquelle, au delà d'une pro-
fondeur très faible du liquide, l'influence de la profondeur serait nulle sur
les mouvements à la surface, est inadmissible.
» IIL L'influence de la profondeur du liquide sur les vibrations à la
surface est, au contraire, complètement d'accord avec la théorie, dans
laquelle on ne fait aucune supposition sur la valeur de cette profondeur.
» IV. Dans la théorie mathématique, l'expression du coefficient 7 du
temps est
/e'/* — c-l''
7 — y e,/. 4. e-î* ëH i
( i547 )
es expériences m'ont conduit, pour représenter y, à la formule enipirique
7= (0,07087 4-^)^/^
-e ■!''
Dans ces expressions, q est un nombre qui est lié à la forme de la surface
et ;iux dimensions du vase, h la profondeur du liquide, et b un coefficient
à peu près constant. Les deux valeurs de y sont incompatibles.
» Or, la forme théorique de y a été obtenue en faisant deux suppositions :
la première consiste à admettre que le liquide n'est soumis qu'à l'action
de la pesanteur; la deuxième, à admettre que toute molécule de la surface
libre y reste pendant le mouvement. Il y aurait donc lieu d'examiner si,
avec la pesanteur, il ne faudrait pas considérer d'autres forces agissant sur
le liquide. Autrement, la seconde supposition serait inadmissible. »
ACOUSTIQUE. — Relation entre les modes majeur et mineur dans la gamme
accordée suivant le tempérament égal. Note de M. F. Ricard, présentée
par M. Cornu.
« La gamme en tempérament égal qui est propre à rendre les diversités
de modulation auxquelles la Musique moderne doit ses principaux effets
pourrait bien avoir une valeur doctrinale qui serait la raison de sa grande
commodité pratique. Pour saisir la relation constitutive de l'effet musical,
j'imaginai de soustraire les formes de cette relation à toute idée musicale
préconçue, et je réalisai la neutralité du clavier en le composant de touches
en répartition régulièrement alterne sur deux rangées et la neutralité de
l'écriture en en faisant l'image stricte du clavier avec le moins de con-
vention.
» Toutes les conventions de cette forme nouvelle de la Musique sont
contenues dans les deux formules O = un = A et 00 = trois, où l'on
trouve explicitement que les relations des touches transverses sur le clavier
sont transverses dans l'écriture; que, deux signes tangents et d'aspect
différent étant en distance trois (demi-tons teuipérés), les touches des deux
rangées ont des signes d'aspect différent, d'où deux signes d'aspect diffé-
rent pour des distances impaires, et que les distances ont pour unité le
tiers du diamètre. La durée unité sonore a pour unité d'image un rond,
( .548 )
et la durée unité silencieuse deux petits traits en situation angulaire; les
diverses quantités de durée exprimées en unités de durée sont figurées
par de semblables quantités en unités de forme.
» Sur ce clavier neutre, l'exécution de la gamme est plus facile que sur
les claviers à intention de gamme; une gamme majeure s'y fait partout de
la même manière, avec la même figure : trois touches consécutives sur une
rangée, suivies sans interruption par quatre touches consécutives sur
l'autre rangée. La position des touches est repérée sur des lignes; il suffit
"J
Renversez le papier : on a
» La première fois que je signalai ce fait à M. Cornu, il attira mon atten-
tion sur l'emploi, trouvé extraordinaire par les musiciens, de cet accord de
septième de sensible dès le début de la marche nuptiale du Songe d'une
nuit d'été. On peut bien débuter par un accord de septième de dominante
( i55o )
pour une résolution majeure. J'ai transcrit ce passage remarquable, dont
toute l'étrangeté s'évanouit en renversant le papier : l'inversion montre la
relation la plus usuelle, un accord de septième de dominante se résolvant
sur l'accord parfait de tonique.
«Cette nouvelle doctrine de la Musique est traitée comme application d'un
système de Philosophie pratique dans un Volume en cours d'impression,
Musique et sens commun, ou Philosophie des sentiments et des actes, et Musique
doctrine et pratique. Tous les effets de Musique sont tirés des seules pro-
priétés du cercle à cause de la périodicité de l'octave. »
M. Cornu, en présentant cette Note, sans partager toutefois les idées de
l'auteur sur la constitution des échelles musicales, croit devoir attirer l'at-
tention des acousticiens sur la curieuse ^inversion remarquée par M. Ri-
card et la transformation des mélodies majeures en mélodies mineures.
Cette remarque est d'ailleurs indépendante de la considération du tempé-
rament égal ; mais elle paraît devoir jeter quelque lumière sur les questions
encore si obscures relatives à l'interprétation des modes majeur et mineur,
ou tout au moins sur la direction à donner à ces recherches.
ÉLECTRICITÉ. — Pile voltaïque énergique et constante, fournissant des résidus
susceptibles d'être régénérés par électrolyse. Note de M. E. Reynier, pré-
sentée par M. Th. du Moncel.
« J'ai l'honneur de présenter à l'Académie une pile hydro-électrique
comparable, comme énergie, aux couples à acide nitrique, dont elle n'a pas
les inconvénients.
» Le zinc de cette pile plonge dans une solution de soude caustique ; l'élec-
trode négative, qui est en cuivre, est dépolarisée par une dissolution de
sulfate de cuivre, séparée de la liqueur alcaline par une cloison perméable.
Le couple ainsi constitué est constant; sa force électromotrice est assez
élevée: i''°",3 à i™", 5, selon la concentration des liqueurs.
» Les solutions de soude et de sulfate de enivre ont une conductibilité
médiocre; j'ai diminué leur résistance par l'addition de sels convenablement
choisis. D'autre part, j'ai notablement réduit la résistance de la cloison
poreuse en adoptant, pour sa fabrication, le papier parcheminé, déjà utilisé
dans le même but par M. F. Carré ( ' ). Je superpose plusieurs feuilles de ce
(') Comptes rendus, t. LXVI, p. 612.
( .551 )
papier pour modérer sa perméabilité, et je f;ns mes vases poreux en foraie
de prisme rectangulaire aplati, afin de pouvoir donner aux électrodes des
surfaces efficaces relativement grandes.
» Ces vases prismatiques [fig. \) sont obtenus avec des feuilles planes
Fig. I.
dont on relève les bords, sans collage ni couture, au moyen de plis déter-
minés géométriquement. Tu^fig. 2 montre un vase développé et étalé sur le
Fig. 2.
N
\
\
4
/
1
\
/
1
2,
/
3
\ i
/
/
\
V
plan de sa base, les plis creux étant indiqués par des traits forts, et les plis
saillants par des traits fins.
» Je passe sur d'autres détails moins importants de la construction de
la pile, pour arriver à l'exposé des résultats qu'elle fournit.
. La force électroinotrice initiale du couple zinc ordinaire et cuivre, monté avec mes
liqueurs, est i"",47; elle descend jusqu'à i™'',35 après une longue fermeture en court
circuit. La résistance est o°''"',075 pour le modèle présenté, dont la hauteur est de o"',20
et la capacité de 3'''.
• Pour déterminer le rang que cette pile occupe dans la série des couples auxquels on
( i552 )
pourrait la comparer, j'ai dressé la liste de ces piles, en indiquant, pour chacune d'elles, la
force électromotrice E, la résistance intérieure R, et le travail e.rtérieur ina.rimum T, ex-
primé d'abord en kilograinmètres par seconde, valeur calculée au moyen de l'expression
E'
» En divisant les valeurs en kilogrammèlres par l'équivalent mécanique de la chaleur,
on a obtenu les valeurs du travail en calories (gramme-dej^ré), inscrites dans la dernière
colonne du Tableau.
Constantes. Travail.
Désignation des piles. E R T T
en voila. en oliius. en kilogrammètros. en caluries.
Pile Bunsen, modèle ordinaire rond,
hauteur o'", 20 i ,80 o,?4 o,344 o>79^
Pile Bunsen rectangulaire modèle Ruhm-
korlf, hauteur G™, 20 1,80 0,06 1,378 8,189
PileDaniell modèle rond, hauteur o"',ao. 1,06 2,80 0,010 0,028
Pile horizontale W. Thomson ('), élec-
trodes de 12''"") • 1,06 0,20 0,143 o,33i
Pile cylindriqueF. Carré, hauteur o"',6o. 1,06 0,12 0,288 o,55i
Pile Reynier, modèle rectangulaire,
hauteur 0'", 20 1 ,35 0,076 0,619 ''44°
» On voit que mon nouveau couple rectangulaire de o",ao surpasse en
énergie les plus grandes piles à sulfate de cuivre et sulfate de zinc; il est
environ deux fois plus fort que le couple Bunsen rond ordinaire des
laboratoires, et n'est surpassé que par le couple Bunsen rectangulaire
modèle Ruhmkorff.
» Le zinc n'est pas amalgamé; néanmoins, il n'est pas attaqué en cir-
cuit ouvert par la liqueur alcaline qui le baigne; par conséquent, le poids
du zinc consommé est en parfait accord avec la dépense théorique et
peut donner la mesure de la quantité d'électricité dégagée.
» La nouvelle pile, ai-je dit, n'émet pas de |)roduits volatils; par con-
séquent elle contient, après fonctionnement, toutes les substances em-
ployées, autrement combinées, mais sans perte. Il est donc possible de
régénérer ces produits, c'est-à-dire de les ramener à peu près à l'état neuf.
Il faut, pour cela, faire traverser les liquides épuisés par une quantité
d'électricité peu supérieure à celle qui a été dégagée par la pile, en dissol-
vant le cuivre déposé et déposant le zinc dissous.
» En demandant à des machines magnéto-électriques l'électricité néces-
( ') Alf. INiAUDET, Traité de la pile électrique, 7,' édition, p. 98.
( i553 )
saireà la revivification, le renouvellement des liquides et des métaux de la
pile est ramené à une dépense de force motrice. Économiquement produite
dans l'usine de régénération à l'aide de puissantes machines, rélectricité
se trouvera emmagasinée dans les liquides régénérés à l'état d'énergie dis-
ponible et transportable. Ce transport indirect de rélectricité engendrée
par les machines serait, dans la plupart des cas, plus praticable et plus
avantageux que la transmission directe par câbles.
» Actuellement, en n'employant que dts liquides neufs, le nouveau
couple offre déjà une notable économie de matière et de main-d'œuvre
sur les couples à acide nitrique.
» Quant à la réalisation industrielle du procédé de régénération qui doit
rendre ma pile économiquement applicable aux petits moteurs électriques
et à l'éclairage privé, elle est encore retardée par certaines difficultés
d'ordre pratique qui ne me paraissent pas insurmontables. »
M. Edm. Becquerel, à l'occasion de la Note précédente, dit que les élé-
ments proposés par M. Reynier ne constituent pas une pile nouvelle; il
rappelle que M. Becquerel père a employé fréquemment le papier parche-
min comme diaphragme d'appareil voltaïque et a fait également usage de
l'action de dissolutions alcalines (potasse ou soude) sur le zinc, dans des
tubes en U et dans les couples servant à ses recherches, en faisant obser-
ver que la force électromotrice due à l'action exercée sur le zinc par les
dissolutions alcalines s'ajoutait à celle qui résulte, dans chaque couple à
deux liquides, de l'action des dissolutions l'une sur l'autre.
On peut se reporter, du reste, aux observations déjà présentées par
M. Edm. Becquerel à l'occasion de la Communication de M. Carré citée
dans la Note précédente ('), ainsi qu'aux Ouvrages de MM. Becquerel.
MAGNÉTISME. — Sur tes effets mécaniques produits dans un noyau magnétique
soumis à l'action aimantante d'un courant électrique. Note de M. Ader,
présentée par M. Th. du Moncel.
« J'ai soumis à l'Académie, dans sa séance du 17 mars 1879, un
certain nombre d'expériences qui m'avaient conduit à combiner un ré-
cepteur téléphonique sans diaphragme, composé seulement d'un fil de
(') Comptes rendus, t. LXVI, p. 6i5.
C. R., 1880, I" Semestre. (T XC, N» 'a!6. ***'
( '55/, )
fer soudé entre deux masses métalliques inertes et entouré d'une hélice
magnétisante. J'attribuais, avec M. du Moncel, les sons produits dans ces
conditions à des vibrations longitudinales résultant d'allongements et de
raccourcissements du noyau magnétique sous l'influence des aimantations et
des désaimantations. Il est vrai que M. Luvini n'avait pu les constater, mais
M. Boudet de Paris, par l'intermédiaire de son microphone, est parvenu à
les révéler. J'ai voulu toutefois, pour me rendre compte du phénomène,
arriver à les mesurer, et j'ai combiné à cet effet trois appareils qui non
seulement ont fourni ces mesures, mais ont démontré ce principe impor-
tant : que tous les barreaux de nature magnétique soumis à une action méca-
nique de compression, de torsion ou de traction^ tendent à reprendre leur dispo-
sition moléculaire primitive sous l'influence du courant qui les aimante.
» Les appareils que j'ai employés dans mes expériences ont pour organe
principal un petit électro-aimant droit dont le noyau est constitué par un
fil de fer deo", o4 ou o™, o5 de longueur, dont l'une des extrémités est
taillée en biseau et sur lequel réagit un long levier qui sert à la fois d'in-
dicateur et d'excitateur d'action mécanique. A cet effet, ce levier se termine
par un index qui se meut devant une échelle graduée au devant de la-
quelle se trouve une loupe, et est relié au noyau magnétique d'une ma-
nière différente suivant la réaction mécanique à laquelle on veut le sou-
mettre.
» Quand on veut étudier les effets produits sous l'influence d'une com-
pression exercée sur le noyau de fer, on appuie l'électro-aimant vertica-
lement sur un disque de cuivre incrusté dans la planche support, et l'on
introduit une petite pièce de cuivre munie de deux coches anguleuses
(placées en sens inverse) qui termine le levier indicateur du côté opposé
à l'index, entre le biseau du noyau magnétique et un couteau d'acier soli-
dement fixé sur un support. Le système constitue alors une bascule dont
l'un des bras n'a que o", ooi de longueur et l'autre i™ et qui produit, par
conséquent, sur le noyau magnétique formant pivot, une pression repré-
sentée [)ar le poids du levier multiplié par jooo. Quand on veut étudier
les effets produits sous l'influence de la traction, l'électro-aimant droit est
fixé au haut d'un support vertical, et son noyau se recourbe à sa partie
inférieure de manière à former un couteau sur lequel appuie l'une des
coches anguleuses du levier indicateur précédent, et celui-ci se trouve
arrêté par un second couteau qui s'enfonce dans la seconde coche. Dans
ces conditions, le poids amplifié du levier tend à allonger le noyau magné-
tique et à exercer par conséquent un effet de traction.
( i555 )
» Quand, enfin, on veut éliidier les effets sous l'influence delà torsion,
l'electro-aimant droit est fixé horizontalement par une de ses extrémités
siu' un support vertical, et le levier indicateur est adapté (par le boTit
opposé à l'index) siu' l'autre extrémité. Or voici les effets que l'on observe
quand on fait passer à travers la bobine de l'électro-aimant le courant
d'un élément Leclanché ou à bichromate de potasse.
» 1° Dans les deux premiers cas, il se produit deux effets distincts et
n'ayant pas la même origine. En laissant le courant fermé pendant quel-
ques instants, on voit l'index se déplacer lentement, se portant vers le haut
dans le cas de la compression, se portant vers le bas dans le cas de la trac-
tion, avec un écart important dépendant de l'intensité de la pile et du
temps de fermeture du courant. Cet effet est évidemment dû à la dilatation
du noyau magnétique, sous l'influence de la chaleur développée par le
courant, car il s'obtient avec un noyau de cuivre. En ne fermant le courant
que momentanément, le levier se relève instantanément dans les deux cas
et retombe aussitôt que le courant est interrompu. En même temps, un son
sec peut être perçu à chaque fermeture et à chaque ouverture du cou-
rant quand on applique l'oreille contre la table qui supporte l'appareil.
Or, les déplacements indiqués dans les deux cas correspondent à deux
effets mécaniques diamétralement opposés, c'est-à-dire à un allongement
et à un raccourcissement du noyau magnétique. Ils ne peuvent donc être
dus qu'à une action ayant pour effet d'annuler l'action mécanique préven-
tive à laquelle est soumis le noyau.
» Dans le troisième cas, c'est-à-dire dans celui de la torsion, l'index
s'élève toujours au moment de la fermeture du courant et s'abaisse au mo-
ment de l'interruption, et cela d'autant plus que l'action mécanique
exercée est plus forte, ce dont on peut s'assurer en faisant courir un petit
poids sur le levier. Dans ce cas, les effets thermiques ne se révèlent pas,
puisque le levier indicateur ne change pas de position par suite de l'allon-
gement ou du raccourcissement du noyau magnétique. La magnétisation,
dans ce cas, tend donc, comme dans les expériences de flexion de MM. Guil-
lemin et Coulon, à détordre le fil de fer.
» Si on calcule la q, antité dont se modifie la longueur du noyau magné-
tique sous l'influence d'une fermeture momentanée du courant, on recon-
naît qu'elle est moindre de tôjtoTTû'ôu "^'^ mètre. Elle est la plus grande avec
les effets de torsion et la moins grande avec les effets de traction. »
,' i*i56 )
PHYSIQUE APPLIQUÉE. — Compas Optique indépendant pour les cuirassés
d'escadre. Note de M. de Fraysseix.
« Les évolutions d'escadre sont rendues fort délicates par les erreurs
que subissent les compas. Les compas d'habitacle ne peuvent, en effet,
échapper à l'action des masses de fer du navire, et ce n'est qu'à partir
d'une certaine hauteur qu'ils pourraient devenir indépendants.
» Depuis longtemps les navires anglais construits en fer et qui font le
commerce de la Chine, ne pouvant faire régler leurs compas dans ces
contrées, ont renoncé à cette opération et se servent d'un compas ordi-
naire élevé sur l'arrière à une certaine hauteur au moyen d'un grand tré-
pied. Le timonier s'y rend par une échelle et donne à la barre des compa-
raisons qui permettent de se servir des compas d'habitacle. Ce moyen de
comparaison, très suffisant quand on ne doit l'employer qu'une fois ou
deux par jour, est impraticable dans une escadre en évolution, quand
la route change à chaque instant. J'ai cherché à remplacer l'échelle.
» Le problème à résoudre est donc celui-ci : « Etant donné un compas
de route placé au-dessus du pont à la hauteur voulue pour cpt'il devienne insen-
sible à l'action du navire, trouver le mojen d'avoir constamment devant les
jeux, à portée de la barre, les mouvements de ce compas indépendant.
» L'électricité peut facilement transmettre les mouvements de la rose
indépendante à une autre rose située dans l'habitacle, mais elle peut aussi
avoir le danger de troubler l'action de la Terre sur la rose aimantée et de
ne plus transmettre que des caps erronés.
» L'Optique élémentaire semble fournir la solution du problème.
» On sait que, si l'on place sur l'axe d'une lentille convergente, au double
de sa distance focale principale, un objet éclairé, son image renversée se
reproduira nettement et en vraie grandeur de l'autre côté de la lentille,
sur un écran blanc placé sur l'axe au double de la dislance focale.
» Cela posé, on suspendra à l'extrémité de trois tiges rigides en cuivre,
de 6" environ, et directement au-dessus de la barre, une boîte contenant
une rose aimantée, dont toute la graduation sera écrite en lettres renversées
et en sens inverse de ses pôles, le nord inscrit à la pointe sud, l'est au
rhumb ouest, et inversement, afin que l'image se trouve redressée.
» La boîte sera cylindrique dans sa partie supérieure, tronconique dans
sa moitié inférieure, pour que la face graduée de la rose soit vue de tous
( .,^:-.7 )
les environs do pont et éclairée par la mer comme par en dessus par le
ciel. Du centre de la glace inférieure s'élèvera une aiguille supportant la
rose, et du centre de la glace supérieure descendra un godet renversé assez
rapproché de l'agate pour que la rose ne puisse être lancée au-dessus de
l'aiguille. La rose pourra donc suivre tous les mouvements du roulis; ses
plus fortes inclinaisons ne donneront jamais à son image que des défor-
mations elliptiques insignifiantes et qui ne modifieront pas sa position sur
le plan de réflexion par rapport à la ligne de foi.
» La nuit, la boîte sera munie d'une bonne lampe avec abat-jour et
recouverte d'une lanterne qui la tienne à l'abri du vent.
» A mi-hauteur, entre les tiges, est fixée une lentille de i",5o de foyer au
sommet d'un cornet de 3"° de hauteur, qui sert de chambre noire et qui
est fermé à sa base par une glace dépolie bien centrée, portant une ligne de
foi diamétrale et servant à recevoir l'image de la rose.
» Cette image se meut comme la rose ellemême ; son axe passe par l'axe
de la lentille et par l'agate de la rose, quelle que soit l'inclinaison des tiges
et de la chambre obscure. L'image sera vue soit par dessous par une
manche d'étoffe, soit par dessus par le côté du cornet ouvert à cet effet
et muni de plusieurs manches.
B Les manipulateurs de la barre étant superposés, rien n'est plus simple
que de transmettre celte première image par une seconde lentille sur une
rose disposée près du manipulateur de la batterie basse ou du faux pont;
elle est encore suffisamment claire pour permettre de gouverner là même
où aucun compas ne saurait être employé.
» A bord du vaisseau amiral le Colbert, le manipulateur de la passerelle
est élevé de iS™ au-dessus de la mer; en y ajoutant les 6'" de hauteur de la
colonne du compas optique, on arrive à placer le compas indépendant à
2 1™, ce qui lui assure un fonctionnement aussi parfait que possible. »
THERMOCHIMIE. — Étude tlierini(]iie des jjoty suif ares alcalins. Note
de M. P. Sabatieu, présentée par M. Berthelot.
« Lorsqu'on attaque un polysulfure alcalin par l'acide chlorhydrique
étendu, il peut se former une certaine dose de persulfure d'hydrogène.
Ainsi que je le montrerai dans une Communication prochaine, cette pro-
duction absorbe de la chaleur. Pour l'éviter, j'ai détruit les polysulfures
alcalins par l'acide chlorhydrique en excès, en présence d'un excès d'iode
( i558 )
dissous dans l'iodure de potassium. Le poids d'iode disparu dans la réac-
tion correspond exactement à l'acide sulfhydrique dégagé par le sulfure.
J'ai tenu compte de la chaleur spécifique de la dissolution d'iode, ainsi que
de la chaleur absorbée dans sa formation. Le soufre qui se dépose est pul-
vérulent, rougeàtre, partiellement soluble dans le sulfure de carbone.
» I. Polysuljures depolassium. — J'ai étudié spécialement le tétrasulfure,
que l'on peut obtenir cristallisé, d'après Schœne.
» Dans une solution concentrée de monosulfure, on dissout 3^^ de soufre ;
la liqueur, évaporée dans le vide, donne de gros cristaux rouges, déliques-
cents, RS',2HO ;
Trouvé. Calculé.
K 32, 0 32,2
S(deHS) 12,6 i3,2
S excédant . . 38,2 39,6
J'ai mesuré sa chaleur de dissolution dans l'eau. Dix expériences ont donné,
pour 1^*1 de sulfure dissous dans aSoH'O' au moins, à 12°, des valeurs com-
prises entre — 3'^°',93 et — 3'^'", 60; la moyenne est — y''\']5.
» Ces cristaux s'effleurissent dans le vide sec et laissent une substance
jaune vif qui répond à la formule RS% |H0 :
Trouvé. Calculé.
K 35,9 36,2
S(deHS) 14,0 i4,8
S excédant .... 44 > 7 44 j^
Deux expériences ont donné, pour i"! de sulfure dissous dans 100 parties
d'eau à 1 1°,3: — i'^''\i'], — i*^'507; moyenne, — i'^''',i2.
» Le sulfure effleuri RS*, jHO, chauffé dans une atmosphère d'hydro-
gène, se déshydrate au-dessous du rouge sombre et fournit une substance
fondue, rouge, translucide, qui est formée par du sulfure anhydre RS\
souillé par un peu de sulfate provenant d'une légère oxydation :
Trouvé. Calculé.
K 37,7 37,86
S (deHS) i5,6 i5,53
S excédant 44 > ^ 4^ ,6
Il se dissout dans l'eau, en dégageant à i5°,7, pour i^'J : -1- o'^^'^ô.
» La solution étendue de tétrasulfure, obtenue au moyen des précé-
dents, a été traitée par le mélange d'acide chlorhydrique et d'iode. Quatre
expériences ont donné, pour 1'^'' de RS^ dissous, à 12°, 5 : + i5'^^',g,
+ 15*^»', 8, + i5^^',8. H- i5^»',85; moyenne, + i5^=',85.
( '559 )
» Ces résultats conduisent à quelques conséquences thermiques impor-
tantes :
1° Chaleur de formation à partir des éléments.
Cal
K + S' solide .= KS' dissous dégage -4-58,9
K -f S'solide = KS« anhydre -i-58, 3
2° Chaleur de formation h partir du monosuif urc .
Cal
KS dissous - S' solide ~ KS* dissous -¥ 2,6
KS anhydre -f S» solide - KS« anhydre -(-6,2
3" Chaleur d^ hydratation.
Cal
KS« anh. -h ; HO =: KS», | HO (eau solide^ -;- i ,33
KS' anh. -,- 2 HO = KS', 2 HO -7-2,88
KS*, ;H0-i-|H0=3KS',2H0 4-1,55
M II. Potjsulfiires de sodium. — J'ai préparé un polysulfure anhydre en
chauffant au-dessous du rouge sombre, dans une atmosphère d'hydrogène,
lui mélange de sulfure de sodium effleuri aNaS, 9HO avec un excès de
soufre ; la matière obtenue, rouge, translucide, est voisine de NaS% quoique
contenant un léger excès de soufre :
Trouvé. Calculé.
Na 25,6 26,4
S(deHS) i6,9 18,3
S excédant 55 , 3 55 , i
Deux expériences ont donné, pour i^'i dissous dans 6ooH°0' à 16°, 5 :
» N'ayant pu obtenirassezpurletétrasulfure cristallisé décrit par Schœne,
j'ai préparé les solutions des divers polysulfures, en dissolvant du soufre dans
une liqueur concentrée de sulfure neutre. Je n'ai jamais pu dissoudre plus
de 3*1, 6 de soufre. En ajoutant au liquide obtenu des quantités convenables
de monosulfure et d'eau, on a facilement des dissolutions étendues qui
contiennent NaS% NaS', NaS*.
» Quand on mélange dans le calorimètre deux liqueurs diluées de mono-
sulfure et de tétrasnifure, on ne constate aucun effet thermique sensible,
quelles que soient les proportions employées. Il faut en conclure que,
dans les solutions étendues, les équivalents successifs de soufre sont dissous
sensiblement avec la même quantité de chaleur. C'est ce que vérifie d'ail-
leurs l'étude directe.
( i56o )
» Les dissolutions de polysulfures ont été traitées par le mélange d'acide
chlorhydriqiie et d'iode; la chaleur dégagée a été, pour i*'' à i 2° :
Moyenne.
Cal Cal Cal Cal Cal
Pour NaS= 4 18,0 H- 17,9 + i7)9 -t- 18,0 +■ 17, gS
« NaS' -f- 17,0 -+- 17,0 » ■) -i- 17,0
» KaS' 4- 16,2 4- 16,1 4- i5,8 >■ 4- 16,1
» On en déduit divers résultats thermiques :
i" Chaleur de formation à partir des éléments.
Cal
Na 4- S* solide = NaS* dissous dégage 4-54,i
Na 4- S= solide — NaS' dissous 4-53,2
Na 4- S= solide =r NaS' dissous 4-52,3
Na 4- S* solide = NaS' anhydre 4- 49>2
2° Chaleur de formation h partir du monosalfurc.
Cal
NaS anhydre 4- S' solide = NaS' anhydre 4- 5, i
NaS dissous 4- S^ solide = NaS* dissous 4- 3,5
NaS dissous 4- S' solide = NaS= dissous 4- 1,6
NaS dissous 4- S solide ;= NaS' dissous 4-0,7
» Ainsi, les équivalents successifs de soufre se dissolvent dans le sulfure
de sodium étendu, en dégageant environ -|- o'^^\% pour i'^'', quantité d'ail-
leurs assez petite, et cette valeur est la même pour les tétrasulfures de po-
tassium et de sodium ( ' ). »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la transformation de l'amylène et du valérjlène
en cymène et en carbures benzéniques. Note de M. G. Bocchardat, pré-
sentée par M. Berthelol.
« J'ai précédemment montré que le valéryléne obtenu avec l'alcool amy-
lique de fermentation, et l'isopréne obtenu par la distillation du caoutchouc,
carbures de la formule C'"!!', pouvaient être facilement transformés en
carbures polymères par l'action d'une température de aSo", maintenue
pendant quelques heures. Parmi ces polymères, les plus importants sont
les carbures C^H''^ •iC'H', qui se rapprochent de l'isotérébenthène ou
essence de térébenthine modifiée par la chaleur, principalement par la pro-
(' ) Ce travail a été fait au laboratoire de M. Berlhelot, au Collège de France.
( isr.. )
prière de former des dichlorhydratos C'^H" 2 H Cl, isomériqiies entre eux
et avec le dichlorhydrate de terpilène.
» Depuis, j'ai réussi à trausformer le carbure C-°H", divalérylèue poly-
mère du valérylène, en cymène et eu sulfocyménate de baryte. J'ai obtenu
ainsi synthétiqTiement des composés que l'on considère comme des dérivés
immédiats de la benzine, en partant de l'alcool amylique. Les quantités
de cymène et de sulfocyménate de baryte que j'ai préparées en ])artant de
ce carbure pnrticulier C-^H'" sont comparables à celles que j'ai pu obtenir
en appliquant les mêmes méthodes à des poids égaux d'essence de térében-
thine. Ces recherches font l'objet de cette Note.
» Pour partir d'un produit d'origine parfaitement définie, j'ai préparé
d'abord l'amylène provenant de S"*^ d'alcool amylique pur bouillant à point
fixe, en faisant tomber l'alcool sur du chlorure de zinc fondu. J'ai con-
staté ainsi: 1° que l'amylène (triméthyléthylène?), produit principal de la
réaction, renferme toujours de l'hydrure C'^H'-, bouillant à 32°, en pro-
portion variable suivant les préparations et pouvant atteindre le tiers du
poids de l'amylène; a" que les produits très volatils, et particulièrement
ceux passant aux environs de 20'' à 2^°, ne sont pas constitués par un
amylène isomérique du premier, mais doivent leur volatilité plus grande à
de notables proportions d'éthylène, de propylène et de butylène dissous
que j'ai pu isoler et reconnaître à l'état de bibromures. I.a presque totalité
de l'amylène, rectifiée cinq fois à l'appareil à boules, passe à la distillation
à -\- 42", point d'ébullition indiqué par M. Rékulé.
.1 Cet amylène a été transformé en bromure C'^H'^Br^ puis en amylène
brome et en valérylène de IM. Reboul. Chacun de ces trois produits, amy-
lène, bromure d'amylène et amylène brome, a été soigneusement rectifié de
façon à éliminer toute impureté à chaque phase de la préparation. Ces
rectifications, longues et pénibles, sont indispensables pour éliminer les
produits accessoires qui, s'accumulant, masqueraient totalement les pro-
priétés du produit final.
» Le valérylène brut, bouillant de 45" à 5o°, a été enfin transformé en
polymères par l'action de la chaleur, comme je l'ai indiqué précédemment.
Un quart environ du produit brut échappe à l'action de la chaleur et est
formé non par du valérylène, mais par un amylène particulier qui s'est
régénéré sous l'action de la potasse alcoolique à l'yS". Les portions du
carbure polymérisé bouillant de 170° à 190°, et qui sont formées princi-
palement de divalérylène, ont été dissoutes dans le double de leur volume
de sulfure de carbone, et additionnées de la quantité de brome, également
C. R.. i88q, I" Semestre. (T. XC, N°260 ^°^
( i562 )
dissoute dans le sulfure de carbone, correspondant à a"" pour i'"" de car-
bure C-°H". Le produit brome, après expulsion du dissolvant, a été détruit
d'abord parla chaleur, puis, pour terminer, par de la potasse alcoolique.
» Le produit rectifié provenant de cette série d'actions et recueilli de
170° à 190° a été agité à froid avec son volume environ d'acide sulfurique
ordinaire, pour détruire et résinifier le reste des carbures C'^H" qui aurait
pu échapper à l'action du brome. Par la distillation des parties ayant ré-
sisté à l'acide sulfurique ordinaire, on a obtenu un carbure d'hydrogène
bouillant de 170° à i85° et qui possède les propriétés physiques princi-
pales du cymène C^^H'*. Ce produit a été additionné d'acide sulfurique
fumant, en ayant soin de refroidir la masse. Il s'y est dissous entièrement
en donnant des acides sulfoconjugués, dont les sels de baryte sont so-
lubles dans l'eau et ont pu être ainsi séparés de l'excès de sulfate.
» La masse saline est formée par deux sels de baryte différents, que j'ai
pu séparer assez facilement, leur solubilité étant notablement différente à
chaud et à froid. Le premier, beaucoup plus soluble à chaud qu'à froid
dans l'eau, se sépare par le refroidissement des dissolutions bouillantes.
Ce n'est autre chose que le sulfocyménate de baryte ordinaire, celui que
l'on obtient en partant soit du camphre, soit de l'essence de térébenthine.
Purifié par trois cristallisations, il se présente sous forme de paillettes nacrées
caractéristiques, modérément solubles dans l'eau froide et présentant la
composition voulue : eau de cristallisation, 8,86; baryum, 22, i pour le
sel cristallisé ; baryum, 23, 9 pour le sel desséché.
» La formule de ce sel est donc C^^H^BaS-O" +3H0. Les autres pro-
priétés de ce sel l'identifient avec le sulfocyménate de baryte.
» Le second sel de baryte, moins soluble encore à froid que le sulfo-
cyménate, possède presque la même solubilité à chaud. Il se dépose dans
les solutions chaudes sous forme de petits mamelons, et on peut en séparer
la majeure partie en décantant à chaud le liquide supérieur, riche en sul-
focyménate. On le purifie facilement par plusieurs cristallisations. Ce sel
est anhydre : il ne perd pas d'eau, même lorsqu'il est maintenu pendant
dix heures à la température de 160". Il ne cristallise jamais qu'en très pe-
tits cristaux, assez durs et mamelonnés.
1) 11 a donné à l'analyse les nombres suivants :
Baryum 25,7 à 25,4
Soufre 11,5
Cette teneur en baryum et en soufre correspond exactement à celle du sel
( i563 )
anhydre de baryum de l'acide siilfoconjugiié du mésitylène C'*H'*. Ses
propriétés semblent être les mêmes ; cependanr je n'ai pu constater l'exis-
tence de i"' d'eau de cristallisation que l'on dit exister dans le sel dérivé
du mésitylène ou Iriméthylbenzine.
» J'ai ainsi pu transformer l'alcool amylique de fermentation et le valé-
rylènequi en dérive en carbures benzéniques, en cymène C-"H" par des
soustractions successives d'hydrogène et en un second carbure C" H'*.
» J'ai également essayé de transformer directement le diamylène
Q2ofj2o gjj cymène, en cherchant à enlever en deux fois 4°" d'hydrogène
par l'action successive du brome et de la potasse. Je n'ai pu obtenir dans
ces conditions trace de sulfocyménate de baryum. Mes expériences con-
firment eu cela les résultats annoncés récemment par M. Tougok'ssoff ('). «
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur V élhériftcalion de l'acide iodhydrique et de l'acide
chlorhydrique. Note de M. A. Villiers, présentée par M. Berthelot.
« J'ai indiqué dernièrement (-) les résultats relatifs à l'éthérification de
l'acide bromhydrique. L'acide iodhydrique se comporte d'une façon ana-
logue.
1. Acide iodkïdrique et alcool absolu.
Proportion d'acide éthérifié sur loo p.
à la température ordinaire.
iHI-l-C'H'0=(") f,Hl + C-H«0'
Immédiatement 33,8 o,3
Après I jour 53,4 6' 9
7 • 69.» '9'9
» 78 - 71.4 •
■■ 4o4 ■• 7'. 4 59,5
" 65^ » 61 ,0
» L'éthérification se fait avec une vitesse beaucoup plus grande encore
que celle de l'acide bromhydrique, et la limite pour la première liqueur est
presque atteinte au bout d'une semaine.
(') Ce travail a été fait au laboratoire de M. Bertlielot, au Collège de France.
(^) Comptes rendus, même Volume, p. i488.
( ') Dès les premiers jours, cette liqueur laisse déposer une couche d'éther iodhydrique,
qui occupe finalement la moitié du volume total; les coefficients pour cette liqueiir sont
altérés par celle séparation.
( i564 )
« Je réunis dans le Tableau suivant les limites obtenues à diverses tem-
pératures, limites qui ont pu être vérifiées pour la deuxième liqueur, restée
homogène à toutes ces températures, par l'identité des limites obtenues
dans l'élhérification directe et dans la décomposition de l'éther iodhydrique,
de même que pour l'acide bromhydrique.
Limites
àla tcnipéiatuie
ordinaire. i'I'l"- àioo°(').
iHI-+-C'H«0= ,1,4 . 94,2
f„HI + C'H«0' . 69,9 85,5
» On peut faire les mêmes remarques que pour l'acide bromhydrique
sur la différence de ces limites avec celles des acides organiques, et sur
l'accroissement de ces limites avec la température.
» On voit, en second lieu, que les limites des deux acides bromhydrique
et iodhydrique sont elles-mêmes différentes. La limite pour l'acide brom-
hydrique est en effet, dans le cas d'une solution analogue à la deuxième,
59,9 à 44° et 80,0 à 100°.
2. Acide iodhydrique, eau et alcool,
» De même que pour l'acide bromhydrique, l'élhérification cesse à partir
d'une certaine limite de dilution, limite qui s'élève avec la température.
Coefficient
J'éthérificalioii
après 65-; jours Limites
h la teraiiérature — ~ - — -^ — ~
ordinaire. î* 4^''• à 100',
iHI + C'H'O' 71,4 . 94,2
-+-2HO 5o,i 73,3 85,0
-+- loUO 4,7 23,6 44,9
îVHI-f-C5 9)3
» Les limites, encore, sont plus élevées que dans le cas de l'acide
bromhydrique; on peut voir aussi que l'éthéritication peut se produire
dans des solutions contenant des proportions d'eau eu présence desquelles
l'acide bromhydrique ne s'éthérilie pas.
Cj A 100", l'ether ordinaire intervient dans l'équilibre.
( i565 )
3. Acide cuLOKHyoRiQUE et alcool absolu.
» L'acide cblorhydrique s'étliérifie beaucoup plus lentement que les
deux autres hydracides, et aussi que les acides organiques ('), et je n'ai pu
atteindre les limites correspondant aux températures où l'éther ne se
produit pas.
Proportion d'acide éthéiifié sur loop.
à la température ordinaire.
iHCI + C'H''0'. tVHCI + C'H'O'.
Après I jour traces traces
» 8 » 1,3 1,1
» ii8 » g, 4 3,5
344 " 3i ,6 16,9
" 600 0 40,9 a3,8
• 852 » 44j4 27,0
» Cette vitesse augmente rapidement avec la température, et à loo** la
Imiite est atteinte en vingt-quatre heures par les liqueurs précédentes; elle
ne serait atteinte qu'après cent vingt heures avec l'acide acétique.
4. Acide chlorhtdkiqde, eao et alcool.
Coefficients d'éthérification
. ,/„/,, Limites
à la temp. ordinaire , _^^___ à
après 719 jours. après 63J. après22ij. loa'.
;hci + c8o, i"Sem«ire. (T. XC, M" '^6.) 203
( i5'jo )
» J'insiste sur ce fait, que la première forme larvaire desDragonneaux dif-
fère beaucoup decelledesNématoïdes. Chez ces derniers, y compris les genres
aberrants {Mermis et Sphœrularia), l'embryon et la larve sont représentés
par le lype de l'Anguillule [Rliabddis). Or, il faudrait faire de grands efforts
d'imagination pour rattacher à ce type la larve du Gordins. L'ordre des
Gordiacés, tel qu'il a été établi par Von Siebold, ne saurait donc être con-
servé par les zoologistes, qui attachent aujourd'hui la plus grande impor-
tance aux caractères fournis par l'embryogénie et la morphogénie.
» La deuxième forme larvaire diffère autant de la première que celle-ci
diffère delà forme sexuée. Elle est essentiellement caractérisée par la perte
des stylets, la chute des crochets et la disparition des annulations.
» Les deux périodes larvaires comprennent chacune deux phases bien
distinctes, celle du parasitisme et celle de la vie aquatique; mais ces deux
phases ne se présentent pas chaque fois dans le même ordre. Sous sa pre-
mière forme larvaire, le jeune Gordius passe de la vie aquatique à l'état de
parasite; sous sa seconde forme larvaire, il abandonne son hôte pour re-
tourner dans l'eau. Les deux phases du parasitisme, bien que se succédant
immédiatement, diffèrent essentiellement l'une de l'autre. Tant que dure la
première, le jeune ver, enfermé dans son kyste, reste immobile et ne paraît
prendre aucune nourriture, aucun accroissement. Pendant la seconde, au
contraire, il est libre, vit aux dépens de son hôte et se développe très rapi-
dement.
» On a admis jusqu'ici que le passage de la première terme larvaire à la
seconde est lié à une migration, à un changement d'hôte. Les observateurs
qui avaient vu des larves de Dragonneau s'enkyster dans des larves d'Éphé-
mérides supposèrent que les Dytiscides avalent ces larves enkystées avec leur
proie et que les jeunes Gordius se développent dans la cavité viscérale de
leur nouvel hôte.
» A cette hypothèse, qui est encore classique, j'en avais substitué une
autre, qui me paraissait d'une application plus générale. J'ai dit que les
Dragonneaux parasites des Poissons proviennent de larves préalablement
enkystées chez diverses espèces de Tipules,dont les larves vivent également
dans l'eau, et je fondais mon raisonnement sur cette considération que les
Poissons sont, en général, très friands de ces Insectes. Les deux hypo-
thèses se trouvent contredites par ce fait bien constaté que les deux formes
larvaires des Gordius vivent indifféremment chez les divers hôtes indiqués.
Je considère donc aujourd'hui comme très probable que les deux phases
du parasitisme des Dragonneaux s'accomplissent dans un seul et même hôte.
( >57i )
» L'observation démontre aussi que les larves des Gonlius ne choisissent
point leur hôte. Elles s'enkystent et se développent chez les animaux les
phis différents (Batraciens, Poissons, Crustacés, Arachnides, Insectes et
Mollusques). Il s'en faut donc de beaucoup, quoi qu'on en ait dit, que les
larves des Dragonneaux soient des parasites propres aux Insectes. Quant
aux Poissons, ce sont bien, ainsi que je l'ai affirmé, les animaux qui hé-
bergent ces larves le plus souvent et en plus grand nombre. Il suffit d'ou-
vrir quelques individus appartenant aux espèces que j'ai indiquées pour se
convaincre de la réalité du fait.
» Il est non moins évident que les hôtes normaux des Dragonneaux sont
tons des animaux exclusivement ou temporairement aquatiques. L'eau est,
en effet, le milieu normal des Gordius. C'est dans l'eau qu'ils deviennent
adultes et qu'ils se reproduisent. C'est dans l'eau que leurs larves vivent
tout d'abord au sortir de l'œuf, et c'est eiîcore dans l'eau que doit s'effec-
tuer leur migration.
» Le parasitisme des larves des Dragonneaux chez des animaux terres-
tres a un caractère essentiellement anomal et exce[)tionnel, et il faut re-
courir, pour l'expliquer, à des conditions très particulières. Ces conditions
sont purement physiques. Dans les pays de plaines, elles se trouvent réali-
sées par les inondations périodiques des grands cours d'eau et par les
arrosages méthodiques auxquels on soumet, pendant toute la belle saison,
les prairies naturelles ou artificielles. Dans les montagnes, et généralement
sur les terrains inclinés, c'est autre chose. Ruisseaux et torrents sortent
trop souvent de leur lit. Les pluies d'orages, qui sont si fréquentes dans
ces régions, forment de véritables nappes d'eau qui entrauient tout sur
leur passage : les terres, les végétaux et les animaux. Beaucoup d'Insectes
terrestres (Carabes, Mantes, Grillons et Sauterelles) doivent périr de cette
manière, et les vers qu'ils contiennent, mis en liberté, n'ont qu'à s'aban-
donner au courant. Aussi trouve-t-on souvent des jeunes Gordius dans les
réservoirs très primitifs, creusés dans un tronc d'arbre, qui servent aux
montagnards pour recueillir les eaux d'infiltrations.
» La fréquence des larves de Dragonneaux chez les Insectes, que l'on
opposé d'ordinaire à ma manière de voir, est plus apparente que réelle.
Il faut tenir compte de ce fait que les Insectes sont représentés par un
grand nombre d'espèces et qu'ils sont recherchés par la plupart des natu-
ralistes. »
( 1572 )
ZOOLOGIE. — Sur un Acarien destructeur du Phylloxéra gallicole.
Note (le M. P. Picuard, présentée par M. Robin.
« Dans la pépinière départementale de vignes annexée à la station agro-
nomique de Vaucluse, des galles phylloxériques ont apparu cette année, il
y a un mois environ, sur les feuilles de VOporto (tribu des Cordifolia).
» En ouvrant quelques-unes de ces galles, j'ai remarqué dans la cavité,
outre là pondeuse ordinaire et ses oeufs, de petits points d'un rouge vif
qui ont fortement attiré mon attention. Ces points sont dus à la présence
d'un animal autre que le Phylloxéra; en voici la description sommaire.
» Acarien du genre Trombidium. — Aptère hexapode de corps ovoïdo-
sphérique, d'un rouge vermillon, d'une longueur moyenne, inférieure de
moitié au moins à celle d'un Phylloxéra gallicole adulte. Peau mince, fragile,
avec plissements onduleux très délicats. Tète arrondie, non distincte du
thorax. Deux ocelles ronds. Bouche en trompe courte, charnue, non arti-
culée, constituant un rostre minii de deux chélicères terminés en griffe.
Les pattes à six articles, le dernier avec deux ongles charnus. Pas d'organes
sexuels. A ces caractères, on reconnaît la larve d'un Acarien du genre Trom-
bidium. Nous ignorons de quelle espèce d'individus sexués il représente
la larve.
» On a déjà signalé deux Acariens, le Thyroglyphus Phylloxerœ et l'Ho-
plophora arctata, comme ennemis du Phylloxéra des racines, mais aucun
parmi les ennemis du Phylloxéra des galles.
» Rapports de l' Acarien avec le Phylloxéra. — On rencontre quelquefois
dans la même galle deux, trois, quatre et même cinq de ces animaux à
divers états de grosseur; le plus souvent il n'y en a qu'un ou deux. Quand
on ouvre la galle, on les trouve attachés aux flancs ou au ventre de la
pondeuse ou des pondeuses; aussi les enlève-t-on facilement avec celles-ci.
A ce moment, les petits, très vifs ettrèsagiles, s'échappent souvent. Les gros
adhèrent au corps du Phylloxéra. Sous le microscope, on voit l'animal, la
trompe appuyée sur le corps de la pondeuse, s'y cramponnant avec ses
ongles et agitant les pattes de temps en temps. Le véritable moyen par
lequel il se fixe à la proie est l'usage de ses mandibules ou chélicères
comme pinces. En effet, ces organes restent immobiles pendant des heures
entières, malgré les contorsions de la victime. Nous ne savons pas encore
la conformation intérieure de la trompe; elle agit certainement comme
( i573 )
appareil de succion. On n'a pas rem;trquc que l'animal mangeât les œufs.
On l'a vu sous le microscope en rouler un entre ses pattes antérieures,
agiter ses chélicéres, mais sans les fixer. Le fait est à étudier de nouveau.
Les jeunes Phylloxéras, après l'éclosion, semblent lui échapper facilement,
sans doute à cause de leur agilité. Cependant nous en avons trouvé quelque-
fois à l'état de cadavres en vidant la galle. Il recherche de préférence le
corps de la pondeuse, qui offre une proie abondante presque immobile.
» Un fait qui paraît lié à l'action destructive de l'Acarien est la présence,
dans certaines galles encore très fraîches sur des feuilles robustes, d'un
petit corps noir, arrondi en boules, dur, isolé dans la cavité parfaitement
nette de la galle. Ce corps noir, examiné au microscope, présente les formes
d'un Phylloxéra adulte desséché. C'est le cadavre de la pondeuse atteinte
par son ennemi avant la ponte. On sait d'ailleurs que les galles aban-
données renferment toujours une poussière formée de débris d'œufs.
» Localisation de iAcavien. — On ne trouve pas l'Acarien dans toutes les
galles d'une même feuille. On le rencontre surtout dans les grosses galles
des feuilles anciennes. Les petites galles des jeunes feuilles ne le renferment
jamais. L'entrée de ces dernières galles est d'ailleurs difficile d'accès,
étroite et garnie de gros poils piquants. Dans les grosses galles, au con-
traire, l'ouverture est large et praticable.
» L'Oporto est le seul cépage de la pépinière qui ait, cette année, présenté
des galles. Ses racines sont exemptes du Phylloxéra et de l'Acarien rouge.
Nous ne savons pas s'il s'attaque aussi aux radicicoles. Plusieurs cépages
chargés en ce moment de Phylloxéras radicicoles ne portent pas l'ennemi
du gallicole.
» L'an dernier, le Fiatla et le Tojlor, de la tribu des Cordifolia comme
VOportOy étaient couverts de galles. On n'y a pas remarqué cet animal. Ces
plants, aussi bien que l'Oporto aujourd'hui, étaient très vigoureux malgré
leurs nombreuses galles. »
GÉOLOGIE. — Le zinc ; son existence à l'état de diffusion complète dans toutes
les roches de la formation primordiale et dans les eaux des mers de tous les
âges. Mémoire de M.'L. Dieulafait, présenté par M. Berthelot. (Extrait
par l'auteur. )
« Résumé et conclusions. — Zinc dans la formation primordiale. — Le
zinc existe à l'état de dissémination complète dans toutes les roches de la
( '574 )
formation primordiale. J'ai examiné sept cent quatorze échantillons systé-
matiquement répartis dans toute son épaisseur, et embrassant en surface
l'Ernope occidentale, la Toscane, la Corse et le nord de l'Algérie. Le plus
grand nombre de ces roches m'ont donné du zinc parfaitement reconnais-
sable avec un poids de So^"^; toutes m'en ont donné avec un poids de loo^^
» Zinc dans les terrains sédinientaires inférieurs. — J'ai examiné cent cin-
quante-cinq échantillons de schistes lustrés, d'âge paléozoïque, mais non
fossilifères : tous m'ont donné du zinc avec 'jo^'' de roche. J'ai examiné
cinq cent soixante dix-neuf échantillons appartenant aux terrains fossili-
fères inférieurs (silurien, dévonien, carbonifère et permien) : tous m'ont
fourni du zinc parfaitement reconnaissable avec So^' de roche; mais, toutes
les fois que j'opérais sur des schistes sulfurés (schistes houillers en parti-
culier), j'ai toujours pu reconnaître le zinc avec des poids de roches qui
parfois n'ont pas dépassé 5^'.
0 Zinc dans les mers. — Le zinc n'a jamais été reconnu, ni même, je crois,
•cherché directement dans les eaux des mers modernes. Forchhammer l'a
seulement signalé dans les cendres de deux plantes delà mer du Nord. J'ai pu
facilement reconnaître d'une manière directe le zinc dans 5o<=<'des dernières
eaux mères des marais salants du midi de la France. En ne tenant compte
que du zinc dissous dans les eaux mères, les eaux de la Méditerranée à
l'état normal contiennent au moins oS'',oo2 de zinc par mètre cube; mais
ce n'est là qu'un minimum.
» Zinc dans les boues des estuaires marins. — Les boues des marais salants
(Rognac, Berre, Martigues, Giraud), des estuaires isolés, complètement ou
incomplètement desséchés (Lavalduc, l'Olivier, Pourra, l'Estomac, Cilis),
des estuaires communiquant encore avec la mer (Aléria en Corse, du
Gloria, etc.), contiennent du zinc parfaitement reconnaissable avec 5oë' de
boues desséchées et souvent avec un poids beaucoup moindre.
» Zinc dans les dépôts salifères et certains dépôts dolomiiiques. — Les dépôts
salifères de tous les âges sont, pour moi, de véritables dépôts d'estuaires;
je les ai donc étudiés tout spécialement. J'ai examiné cent vingt-huit échan-
tillons de cargneules appartenant en grande partie au trias supérieur,
recueillies (toutes par moi-même) depuis Bex (Suisse) jusqu'à Nice et de
Nice jusqu'à Rodez, Tous ces échantillons m'ont fourni du zinc bien
reconnaissable avec SoS'^ de roche et souvent avec une quantité dix fois
plus faible. Il en a été de même pour les roches dolomiiiques de ces étages
inférieurs.
» Origine des minerais de zinc. — Le zinc existe dans la nature à l'état de
( i575 )
sulfure, de carbonate et de silicate. Le zinc sulfuré se trouve dans la forma-
tion primordiale, mais surtout au contact de cette dernière avec les ter-
rains scdiinentaircs. Le zinc carbonate est presque toujours intercalé dans
des terrains sédimentaires d'âges bien définis. Les minerais si riches de la
Belgique et de la Vieille-Montagne sont dans le terrain carbonifère; ceux
de la Silésie, plus riches encore, sont en plein trias. En rappelant ce qui a
été établi, la concentration du zinc dans les schistes c:irboniféres et dans
les horizons salifères du trias, on se trouve naturellement amené à cette
conclusion que le zinc aujourd'hui réuni dans ses gisements a été extrait
des roches primordiales par l'action des eaux marines, s'est concentré une
première fois dans des dépôts d'estuaires où il a été repris plus tard par
des eaux qui l'ont redissous et transporté ailleurs à l'état plus ou moins
pur, et sous forme de sulfure si l'eau n'était pas oxygénée, sous forme de
carbonate si l'eau était de l'eau atmosphérique.
» Groupe des minerais mélutlifères à gangue de sulfate de barj'le. — A l'heure
actuelle, j'ai démontré que les roches de la formation primordiale renfer-
maient, à l'état de dissémination complète, la lithine, la strontiane, la
baryte, le zinc, le manganèse et le cuivre; je démontrerai très prochaine-
ment qu'il en est de même pour le plomb. Enfin, j'ai fait voir que ces
substances se concentraient dans des dépôts vaseux toujours sulfurés. Que
de l'eau tenant en dissolution de l'oxygène et de l'acide carbonique agisse
sur ces dépôts, les substances qui nous occupent vont subir une série de
transformations jusqu'à ce que chacune d'elles ait atteint son état d'équi-
libre moléculaire le plus complet. Mais, pour chaque corps, cette combi-
naison est loji d'être la même : pour le strontium et surtout le baryum,
c'est le sulfate; pour le manganèse, ce sont des oxydes dont l'évolution
ultime correspond au bioxyde; pour le plomb, c'est le sulfure; pour le
zinc et le cuivre, c'est le sulfure ou le carbonate, suivant la quantité d'air
qui arrivera. D'un autre côté, ces transformations s'effectueront, pour
chaque corps, en des temps très différents. Dès lors, malgré un point de
départ commun^ il y aura séparation plus ou moins complète et dépôt de
chaque substance souvent à des distances très considérables. iMais la baryte
amenée, comme les autres combinaisons, à l'état de sulfure dans les dépôts
marins a été, comme eux aussi, reprise par les eaux aérées; seulement, le
sulfure de baryum marchant vers une combinaison définitive toujours la
même, le sulfate s'est déposé sous cette dernière forme dans toute la lon-
gueur du parcours suivi par les eaux, aussi bien, par conséquent, avec les
minerais métallifères les plus variés (sulfures, oxydes, carbonates, etc.)
( i576)
que dans les intervalles stériles laissés entre eux par les différents minerais.
Voilà pourquoi les minerais de toute une classe sont toujours accompagnés
par le sulfate de baryte, et voilà pourquoi, réciproquement, «... on ne
» rencontre que rarement un filon riche en baryte sulfatée sans minerais
» métalliques » (DUFRESNOY, Tr ailé de Minéralogie, t. II, p. 263).
» Une conséquence d'un autre ordre ressort encore de cette première
partie de mes recherches : c'est que les minerais à gangue barytique ne
sont séparés de la formation primordiale que par une seule évolution
(ceux qui ont été repris n'ont pas été suivis par le sulfate de baryle); ils
renferment donc, à côté du métal principal, des traces des autres métaux
rares qui les accompagnent dans les roches primordiales. Voilà pourquoi
les trois métaux nouveaux, le thallium, l'indium et le gallium, ont été
rencontrés dans des minerais à gangue barytique. J'irai plus loin encore :
ce n'est pas dans les minerais à gangue barytique qu'il faut chercher des
métaux nouveaux, c'est dans les minerais qui n'ont pas éprouvé de modi-
fications ou au moins de déplacements et de triages notables; c'est aux
schistes cuivreux du Mansfeld, de la Russie et de la Bolivie qu'il faut
s'adresser. Si l'idée qui domine toutes mes recherches est vraie, on trou-
vera dans ces schistes non seulement le cœsium, le rubidium, le thallium,
l'indium et le gallium, mais très probablement d'autres métaux absolu-
ment inconnus. »
GÉOLOGIE. — Sur te terrain crétacé du Sahara septentrional.
Note de M. G. Rolland, présentée par M. Delesse.
« L'itinéraire de la mission transsaharienne dont j'étais membre m'a
permis, entre Laghouat, El Goleah et Ouargla, d'étudier le terrain crétacé
du Sahara septentrional. J'ai constaté que le plateau crétacé du Mzab se
prolonge vers le sud jusqu'au delà d'El Goleah ; que cette formation
figure au centre du Sahara algérien un grand bombement, dont l'axe est
environ nord-sud et plonge au sud ; que ses couches appartiennent à uu
même système stratigraphique, et équivalent, comme âge géologique, aux
étages turonien et cénomanien.
» On sait que le Sahara septentrional est généralement rocheux et parfois
accidenté. Le terrain crétacé y constitue des hamada, ou plateaux élevés,
en calcaire dur, nu et poli par les sables, sans eau, s'étendant sur des
espaces immenses. Les couches sont très faiblement inclinées; elles pré-
( '577 )
sentent engrand tlelarges ondulations, accompagnées de fractures. Certaines
régions sont découpées, suivant le plongement des strates, par des réseaux
de ravines enchevêtrées : tel est le plateau du Mzab et de Metliii, qui a été
décrit par M. Ville. J'ai pu l'explorer à l'ouest et au sud de la région déjà
comme. J'ai vérifié qu'd se poursuivait vers le sud jusqu'à El Goleali. A
une journée au delà, au rétrécissement des grandes dunes, j'ai constaté,
du sommet du Guern el Chouf, que la hamada calcaire se continue à perte
de vue avec les mêmes caractères : elle doit se poursuivre, par le Djebel
Baten, jusqu'à l'escarpement d'In Salah.
M Du Mzab à El Goleah, le plongement du plateau crétacé est au sud-est,
ainsi que la pente des vallées. Vers l'ouest du Mzab, le plateau se termine
brusquement à l'El-Loua par un grand escarpement, qui règne sur plus
de loo''" du nord au sud. A la hauteur de Metliii, cet escarpement, avecles
terrasses d'ail uvion étagées sur ses flancs, domine d'environ 200™ le bas-
fond de l'Oued Loua et l'immense plaine d'atterrissement qui s'élève vers
l'ouest jusqu'à la base de l'Atlas Oranais. Plus au sud, sur iSo'", il n'y a
plus d'escarpement limite : le plateau plonge d'une part à l'est, d'autre part
à l'ouest ; de ce côté, il disparaît bienlôt sous les grandes dunes de sable.
A El Goleah, l'escarpement reparaît, dominant l'oasis etlasebka.
» J'ai été amené ainsi à admettre que les couches crétacées formaient au
centre du Sahara algérien un bombement, dont l'axe avait une direction
environ nord-sud et une penlesud. Dhayet Bou Faqroun, à la clef de voûte,
est une cassure entr'ouverte. A l'El Loua, cassure beaucoup jjIus grande; le
bord ouest n'apparaît pas, et il y a peut-être faille. A l'est du bombement, le
crétacé plonge sous les alluvions quaternaires de l'Oued Bhir, puis, réappa-
raissant au delà des dunes du Souf, constitue les immenses hamada du sud
de la Tunisie et de la Tripolitaine. A l'ouest, il s'infléchit également sous les
atterrissements de l'Oued Giiir, et, d'après M. Pomel, doit se prolonger à
travers le ftlaroc et le bassin de l'Oued Dra jusqu'à l'océan Atlantique.
» La crête du bombement forme le faîte principal de séparation des eaux
du Sahara algérien; elle délimite le bassin oriental de l'Oued Rhir et le bas-
sin occidental de l'Oued Guir. Cette ligne de démarcation se continue vers
le sud : l'escarpement d'El Goleah se relie, par une courbe tournant sa
convexité vers l'ouest, à l'escarpement d'In Salah. Les couches crétacées
tournent graduellement, dessinant la grande cuvette de l'Oued Rhir; au
sud, elles plongent vers le nord, et reposent directement sur les couches
dévoniennes à Timassinin ; les hamada crétacés de Tinghert et d'Eguelé
se fondent ensuite vers l'est dans l'immense Hamada el Homra.
C. R., 1880, I" Semestre. (T. XC, N" 2G.) 2o4
(i578)
» Les coupes d'El Loua, du Mzab et d'El Goleah m'ont semblé équiva-
lentes stratigraphiquement : ce qui est confirmé par des considérations
paléontologiques. Dans la région de Goleah, de nombreux fossiles ont été
découverts. Ils ont été soumis à MM. Bayle et Douvillé, ainsi qu'à
MM. Colfeau et Péron. De ce premier examen ressort une correspondance
intéressante entre la faune d'El Goleah et la faune des étages cénomanieu et
turonien du sud de Bou Saada, de Batna, etc. L'escarpement et les gours
d'El Goleah comprennent une corniche calcaire de 12™ et un talus mar-
neux de 60™; dans les calcaires supérieurs, j'ai trouvé VOstrenflabellata,
ÏOstrea africana, le Rliabdocidaris Pouyannei, la Janira œqidcoslala, \eSlrom-
bus Mermeli, etc. Le plateau qui couronne l'escarpement est en calcaire
dur et poli; j'y ai recueilli un Spliœrulite et des Ammonites. Le Gour
Ouargla, à une journée au sud-est de Goleah, repose sur ce plateau; il est
calcaire et a 60™ ; il possède un niveau à Cyphosoma, SpliœruUles syriacus, etc.
A deux journées au sud-est de Goleah, à Mechgarden, le même plateau
offre une découpure de 35™, où les marnes dominent, et où j'ai trouvé
VHemiaster Pseudofourneli, VH. Zilteli, la Plicatula auressensis, une Ostrea
sans doute nouvelle, etc. Les bancs calcaires supérieurs renferment des
Sphœrulites, etc.
» Ainsi les escarpements d'El Goleah et de Mechgarden sont cénoma-
niens; le plateau supérieur, ainsi que le Gour Ouargla et autres gours
superposés, sont turoniens. Au Mzab, mêmes étages; M. Thomas a décou-
vert dans les calcaires marneux inférieurs des fossiles cénomaniens;
M. Durand a trouvé des rudistes à la base des calcaires dolomitiques du
plateau. *
» Le crétacé du Sdiara algérien n'offre donc qu'un seul système de
couches, savoir: une croûte turonienne calcaire constituant le plateau et
recouvrant des marnes et calcaires cénomaniens. Cette conclusion peut être
étendue au crétacé de tout le Sahara septentrional. Les fossiles recueillis
par Barlh, Overweg, Bou Derba, Bussetil, Duveyrier, Vafonne, indiquent,
d'après M. Pomel, « l'étage de la craie chloritée et un horizon un peu plus
» élevé paraissant représenter la craie tuffeau et la craie des Charentes. »
Ajoutons que des couches supérieures au turonien semblent exister dans la
partie orientale de la Hamada el Homra. »
( '579)
PALÉONTOLOGIE. — Sur la découverte de Mammifères nouveaux dans les dépôts
de phosphate de chaux du Qiiercy. Note de M. H. Filhol, présentée par
M, A. Milne Edwai'ds.
« L'exploitation des gisements de phosphate de chaux du Quercy permet
de découvrir tous les jours de nombreux débris de Vertébrés ayant vécu
à l'époque éocène supérieure. Plusieurs des ossements trouvés durant ces
derniers temps m'ont paru provenir de Mammifères encore inconnus, et
j'appellerai l'attention de l'Académie sur les plus intéressantes de ces nou-
velles formes animales.
» Insectivores. — Unelèfecomplète, qui m'a été remise parM. Rossignol,
provient d'un Insectivore offrant des caractères intermédiaires à ceux des
Erinaceus et des Gymnurus. La formule dentaire supérieure était : inc, 3;
can., I ; prém., 4; mol., 3. La longueur de la série dentaire en arrière de
la canine était de o, 022. Les prémolaires augmentaient de volume d'avant
en arrière. La première et la deuxième avaient deux racines. Les deux pre-
mières molaires rappelaient les dents correspondantes du Gymnurus, mais
la troisième était dilférente, par suite de l'absence de talon. Je désignerai par
le nom de Cayluxolherium elegans cet Lisectivore, qui devra être placé, dans
le cadre de nos classifications, à côté du Palœoerinaceus.
» Carnassiers. — M. Rossignol m'a également communiqué iinr maxil-
laire inférieur provenant d'un Carnassier à prémolaires très étranges. Ces
dents énormes avaient une forme semblable à celle des prémolaires des
Dasyures; seulement, àl'inverse de cequi a lieu sur ce Carnassier, elles allaient
en diminuant de volume d'avant en. arriére. La carnassière était tricuspide
à son lobe antérieur et usée à la manière de la dent correspondante du
Hyœnodon. Sa forme, ainsi que celle des deux tuberculeuses, rappelait beau-
coup la disposition que l'on observe sur les Cynohjœnodon, à côté desquels
notre Carnassier nouveau devra prendre place. Je le désignerai par le nom
de Quercy therium tenebrosum.
» Je signalerai sous le nom de Palœoprionodon Lamandini une petite Mus-
lélidée très voisine des Prionodon qui vivent actuellement dans l'Inde. La
pointe interne de la carnassière était plus accusée sur notre fossile.
» Pachydermes. — J'ai eu des gisements de Caylux un maxillaire inférieur
de Pachyderme à dents en série continue. Les molaires étaient semblables
par leur élément antérieur à celles des Jnoplolherium, mais elles doivent
( i58o )
être distinguées des dents de ces derniers animaux parleur deuxième lobe,
constituant une crête transversale presque semblable à celle qui existe sur
le deuxième lobe des molaires des Paclijnolophus. L'étendue de la série des
prémolaires inférieures de ce Pachyderme, que je propose d'appeler Meso-
iherium mirabile, était de 0,096. La dernière dent en série avait un troisième
lobe.
» Je désignerai par le nom de Mixtollierium cuspidalum un Pachyderme de
plus petite taille à dents en série continue. Au maxillaire supérieur, il
existait une forte canine. Les molaires supérieures à cinq pointes aiguës,
dont trois antérieures, avaient leur second lobe très réduit, elles mamelons
internes, fortement creusés en dehors, étaient séparés l'un de l'autre par
une épaisse saillie d'émail. L'étendue des molaires supérieures était de 0,0^2,
La portion du crâne que je possède présente ime crête sagittale énorme,
plus détachée que sur aucun Carnassier connu.
)) Un autre Pachyderme à dents en série continue m'a paru également
devoir être rapporté à un genre nouveau. Le Plesfdacrylherium elegans
avait des dents supérieures semblables à celles des Dacrytherium^ mais on
ne trouvait pas, comme sur ces derniers, en avant de l'orbite une large
cavité constituant un larmier. L'espace occupé par les molaires supérieures
et les deux dernières prémolaires mesure o,o38.
» Lémuriens. — Je rapporterai au genre Necrolemur une nouvelle espèce
de Lémuriens. IjC Necroltmw Edwardsi [spec. nov.) se différenciait du
Necrolemur antiquus par l'étendue presque double de la série de ses
molaires inférieures, alors que la hautein* du corps du maxillaire était à
jnim p|,^g j^ même au-dessous de la première molaire.
» Edentés. — L'étude de quelques métacarpiens trouvés à Limogne m'a
permis de découvrir l'existence ancienne d'un nouveau genre d'Edenté.
L'animal dont proviennent les os qui m'ont été remis avait une taille puis-
sante, car son troisième métacarpien mesure 0,180 de longueur. I^a forme
des extrémités articulaires inférieures est semblable à celle des extrémités
inférieures des métacarpiens du Macrotherium giganleum^ mais les surfaces
carpiennes sont absolument différentes. Le premier doigt paraîtne pas avoir
existé. Le troisième métacarpien s'articulait avec le grand os et peut être
avec le trapézoïde.
» Je nommerai le genre nouveau dont proviennent les pièces que je
viens de signaler Limognitlierium ingens. »
( i58i )
PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE. — Sur la transmissibilité de la tuberculose
par le lait. Note de M. F. Peuch, présentée par M. Boiiley.
« Afin d'éciairer la question si controversée de la transmissibilité de la
tuberculose par le lait, j'ai institué les expériences suivantes. Ayant
reconnu l'existence de la phtisie sur une vache vendue pour la boucherie
et qui donnait encore 3'" à 4''' de lait par jour, je fis consommer le lait
de cette vache par deux porcelets et deux lapins dans les conditions indi-
quées ci-après.
» D'une part, le aS novembre dernier, trois porcelets âgés de deux
mois, issus de la même truie, furent répartis en deux lots, l'un composé
de deux animaux, n°' 1 et 2, et l'autre formé par un seul, classé sous le
n° 3 et conservé comme témoin. La nourriture de ces porcs consistait en
barbotages préparés avec du son et de la farine d'orge d'excellente qua-
lité; en outre, matin et soir, on présentait aux porcs n°* 1 et 2 le lait tel
qu'on venait de l'extraire du pis de la vache phtisique, et ces animaux le
buvaient ensemble avec la plus grande avidité.
» D'aulre part, le 5 décembre, on adjoignit à ces porcelets trois lapins
âgés de deux mois, provenant de la même portée, divisés en deux lots :
l'un composé de deux animaux, n°* 1 et 2, et l'autre d'un seul, n° 3, con-
servé comme témoin. Ces deux lots de lapins, placés dans une caisse divisée
en deux compartiments par une cloison complète, furent nourris avec de
la luzerne et de l'avoine; de plus, dans le compartiment occupé par les
lapins n°' 1 et 2, on mit chaque jour une écuelle contenant o'", 25 du lait
de vache phtisique. Au bout de deux ou trois jours, les lapins se mirent
à boire le lait qu'on leur servait, et chaque matin l'écuelle était vide.
M I.e 29 décembre, soit trente-cinq jours après le commencement de
l'expérience, on sacrifie le porc n° 1; j'estime qu'il avait bu environ 55'"
de lait, soit un peu plus de i''',5 par jour. L'autopsie ne montre aucune
lésion dans les viscères digestifs; l'intestin, ouvert dans toute son étendue,
ne présente point de granulations tuberculeuses; les ganglions mésen-
tériques et gastriques sont sains; il en est de même du foie, de la rate
et des reins. Dans le lobe droit du poumon, immédiatement sous la
plèvre, je trouve deux graïudations de la grosseur d'un grain de mil, gri-
sâtres, demi-transparentes, qui, examinées au microscope, présentent tous
les caractères du tubercule; dans le lobe gauche, U existe trois autres gra-
nulations identiques aux précédentes.
( i582 )
» Au bout de cinquante-deux jours, on tue le lapin n° 1, qui a bu
pendant ce temps 6'" de lait, et l'autopsie montre deux granulations
tuberculeuses sous la muqueuse de l'iléon, sans aucune autre lésion.
» Le porc n° 2 est égorgé le i^'' mars, c'est-à-dire après quatre-vingt-
treize jours. Cet animal a bu 276'" de lait, soit près de 3"* par jour. Il est
gros et gras. A l'autopsie, on trouve dans le foie une grande quantité de
granulations tuberculeuses, jaunâtres et molles, disséminées irrégulière-
ment à la surface et dans l'intérieur de cet organe. Indépendamment de ces
granulations tuberculeuses, on rencontre çà et là, sous l'enveloppe du foie,
quelques vésicules de la grosseur d'un grain de chènevis, contenant un
liquide albumineux et transparent, et l'examen microscopique démontre
que ces vésicules ne sont autre chose que des vers cystiques naissants,
n'ayant encore ni ventouses bien dessinées ni crochets. Nombreuses gra-
nulations tuberculeuses dans l'intestin grêle; ulcérations tuberculeuses sur
la principale plaque de Peyer. Les ganglions mésentériques et gastriques
sont hypertrophiés et présentent sur leur coupe quelques points jau-
nâtres, tuberculeux. Les ganglions sous-maxillaires ont acquis le volume
d'un œuf de poule, et leur tissu est parsemé de traînées jaunâtres, sinueuses,
simples ou ramifiées, formées par des granulations tuberculeuses, con-
fluentes. A la surface du poumon, on trouve quelques nodules tubercu-
leux disséminés çà et là sous la plèvre, principalement vers la face dia-
phragmatique; en outre, près du bord inférieur du poumon, plusieurs
granulations se sont réunies pour former une masse jaunâtre, lenticulaire,
entourée d'une auréole inflammatoire.
» Le porc n" 3, témoin, est sacrifié également le i" mars, et l'autopsie
en est faite parallèlement à celle du n° 2. Or on trouve, vers la partie ter-
minale de l'iléon et sous la muqueuse, une granulation tuberculeuse nette-
ment caractérisée et une autre granulation de même nature à la surface du
foie. Les ganglions mésentériques et gastriques, examinés avec le plus grand
soin, n'offrent aucune altération ; il en est de même des ganglions sous-maxil-
laires. Dans le poumon, on trouve quatre granulations tuberculeuses, demi-
transparentes. Tous les autres organes sont parfaitement sains.
» La vache phtisique qui fournissait le lait ayant été abattue le 26 février,
l'autopsie a confirmé de la manière la plus complète le diagnostic établi
du vivant de l'animal : les lésions étaient très accusées dans le poumon
et les plèvres, le foie et les ganglions.
» Le lapin n° 2, qui avait bu du lait de cette bêle d'abord pendant
cuiquante-deux jours en commun avec son frère, le n° 1, consomma ensuite
( i583 )
à lui tout seul les o''',25 de lait que l'on plaçait chaque jour dans son
écuelle jusqu'au 26 février, soit pendant trente jours, et j'estime qu'en
quatre-vingt-deux jours il a bu i4"S25 de lait. Vers le i5 mars, cet animal,
jusque-là très vigoureux et en bon état de chair, commença à maigrir, et,
tandis que le lapin n° 3, témoin, placé dans le compartiment voisin,
broutait la luzerne et mangeait bien son avoine, le n° 2 y touchait à peine.
Bientôt il fut atteint d'une diarrhée abondante et réduit au dernier degré
d'étisie. Enfin, le i4 avril, cent trente jours après le cominencemont de
l'expérience, je le trouvai mort dans sa loge. L'autopsie dévoile les lésions
suivantes : très nombreuses granulations tuberculeuses dans l'intestin, prin-
cipalement à la partie terminale de l'iléon, où elles forment, par leur con-
fluence, des amas de la grosseur d'un pois; ulcérations sur les plaques de
Peyer; ganglions mésentériques, gastriques, bronchiques et sous-maxil-
laires hypertrophiés et parsemés de granulations tuberculeuses; tuber-
cules à la surface des reins; quelques fines granulations tuberculeuses à la
surface du foie et de la rate; multitude innombrable de tubercules dans
le poumon qui est littéralement farci de ces productions morbides. Par
contre, l'autopsie du lapin témoin, pratiquée sur-le-champ, ne montre
absolument aucune lésion soit dans l'appareil digestif, soit dans le poumon
ou le système ganglionnaire.
» Cette expérience sur le lapin a donné des résultats d'une remarquable
netteté. Il n'en a pas été de même dans l'expérience faite sur le porc : les
circonstances ne m'ayant pas toujours permis de surveiller moi-même la
distribution du lait, on a mis quelquefois la nourriture du porc témoin
dans la sébile qui avait contenu le lait de la vache phtisique, et les lésions
constatées sur le porc n° 2 me paraissent résulter de cette cause, tandis
que l'absence complète de lésions sur le lapin n" 3 s'explique par ce fait
que le vase dans lequel on présentait le lait aux lapins n"^ 1 et 2 n'a
jamais été employé que pour ce seul usage et pour ces seuls animaux.
» En résumé, les faits précédents démontrent que la phtisie est trans-
missible par le lait tel qu'il est extrait de la vache. Il restera à rechercher
si ce liquide perd ses propriétés contagieuses quand on le soumet à l'ébul-
lition : c'est ce que j'établirai par de nouvelles expériences. »
M. Boulet, après avoir donné le sommaire de cette Communication,
met sous les yeux de l'Académie un flacon contenant des fragments de
poumon, de foie, de rate, de centre phrénique du diaphragme, de
ganglions bronchiques et sous-maxillaires provenant d'un porc de cinq
( '584 )
mois, tué soixante-sept jours après une inoculation de 2'^'' de jus de
viande, exprimé avec la presse du commerce, d'un fragment des muscles
ischio-tibiaux de la vache tuberculeuse dont il est question dans la Note
de M. Peuch. Celle expérience a été faite à Toulouse par M. Toussain,
de l'École vétérinaire, dont l'Académie a déjà récompensé les travaux.
L'examen des pièces contenues dans ce flacon fait voir des lésions tuber
culeuses à un degré 1res avancé.
« J'ai pensé, dit M. Bouley, que ces faits, démonstratifs incontesta-
blement de la transmission de la tuberculose de la vache par l'usage
alimentaire du lail non bouilli ei pM' l'inoculation du jus de viande cniCj
ne devaient pas demeurer cachés. Ils ne sont pas uniques, du reste. Déjà,
en Allemagne, des expériences de même ordre ont été faites et ont donné
des résultats identiques, auxquels on ne semble pas avoir attaché une
importance suffisante.
» Le danger est donc réel, et il est bon que le public en soit prévenu
pour qu'on se mette en garde, à une époque surtout où l'usage alimen-
taire de la viande crue est assez souvent prescrit pour remédier aux
anémies.
» Il ressort de ces faits que, dans les abattoirs, l'inspection doit se
montrer rigoureuse à l'endroit des vaches phtisiques, et qu'il serait pru-
dent de ne faire usage que du lail bouilli, surtout pour l'alimentation des
jeunes enfants, quand on n'est pas sûr de la source dont il provient. La
cuisson, qui éteint la vie cellulaire comme celle des parasites, doit rendre
en effet inoffensils et le lait et la viande. C'est ce qui doit rassurer sur
l'usage des viandes que consomme l'armée. Il n'est pas rare que les ani-
maux d'où ces viandes proviennent soient affectés de tuberculose; mais la
cuisson extrême à laquelle elles sont soumises éteint nécessairement en
elles toute propriété nocive, au point de vue de la contagion. »
M. Larrey. présente les remarques suivantes sur le même sujet.
« Je désire soumettre une observation à l'Académie relativement aux
intéressantes recherches de M. Peuch sur la transmissibilitc de la tuber-
culose par le lail non bouilli et aux judicieuses remarques de M. Bouley
sur les dangers d'une pareille alimentation, démontrés aussi par l'inocu-
lation du jus de viande crue. Il est utile, en effet, d'avertir le public de la
possibilité des accidents de la tuberculose non seulement par le lait, mais
( i585 )
encore par la viande des vaches mortes de phtisie, mais il serait regret-
table de répandre l'idarme en exagérant un avis salutaire.
» L'examen attentif des animaux nudades ou suspectés de l'être et les
précautions prophylactiques de la transmission morbide doivent être ce-
pendant recommandés.
u On a soin, par exemple, dans l'armée, d'assurer le plus possible la
cuisson complète de la viande de boucherie, pour la préserver de toute
altération, dont elle conserverait les germes si elle était moins cuite.
» Cette précaution doit s'appliquer surtout à la viande de charcuterie,
qui, mal ou trop peu cuite, peut produire, par exemple, la trichinose, dont
on a tant parlé dans ces dernières années.
» J'en dirai autant de la mauvaise viande de porc en particulier, qui
peut produire le tœnia, comme on l'a constaté, notamment lors de l'ex-
pédition du Mexique, sur bon nombre d'hommes d'ini bataillon de chas-
seurs, ayant fait abus de ce genre de nourriture.
» J'ajouterai enfin que la bonne qualité de la viande importe essen-
tiellement à l'alimentation, aujourd'hui surtout, et en voici la raison :
l'anémie, beaucoup plus fréquente et mieux observée qu'autrefois, oblige
les médecins à prescrire aux malades anémiques un régime reconstituant
dont la viande crue est souvent la base; c'est pourquoi il importe, pour
un tel régime, que le choix de cette viande soit fait avec soin, afin de
prévenir de telles maladies, de même que le choix et la cuisson du lait,
pour prévenir la tuberculose. »
M. H. Mangox présente, au nom de l'auteur, M. H^ild^ Directeur de l'Ob-
servatoire physique central de Russie, un magnifique « Atlas des isothermes
de l'année et des mois pour la Russie ». La seconde Partie de l'Ouvrage de
M. Wild sur la température de l'air en Russie est sous presse et ne tardera
sans doute pas à paraître.
M. DELA GocRNERiK préscnleà l'Académie, de la part de M. Domenico
Tessari, professeur au Musée industriel italien, le second et dernier fascicule
d'un « Traité sur les ombres et le clair-obscur ».
A 5 heures un quart, l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 5 heures et demie. D.
C. R., 1880, I" Semestre. (T. XC, ti'iG.) 2o5
( i586 )
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQVE.
OoTRàOES KEÇnS DAWS LA SEANCE DH 21 JUIN 1880.
Muséum d'Histoire naturelle. Rapports annuels de M M . les Professeurs et Chejs
de service; 1879. Paris, impr. Paul Dupont, 1880; in-8°.
Mémoires de l'Académie des Sciences, Lettres et Arts d'Arras; 2^ série,
t. XI. Arras, impr. Rohard-Courtin, 1880; in-8°.
Annales de la Société linnéenne de Lyon; année 1878, nouvelle série,
t. XXV. Lyon, H. Georg ; Paris, J.-B. Baillière et fils, 1878; in-8°.
Etude sur les eaux d'Epernay; par E. Robinet. Épernay, typogr. Bonne-
dame et fils, 1880; br. in-i2.
Thèses présentées à la Faculté des Sciences de Marseille, par M. F. Morges :
Recherches sur la constitution des sels doubles et sur leur électrolyse thermique.
Marseille, typogr. Barlatier-Feissat, 1880; in 4°.
Etudes des radiations émises par les corps incandescents. Mesure optique des
hautes températures; par M. A. Crova. Paris, impr. Gauthier-Villars, 1880;
br. in-8''. (Extrait des Annales de Chimie et de Physique.)
Conférence sur le Phylloxéra; par le D" F. Garrigou. Bordeaux, Féret et
fils; Toulouse, Gimet, 1880; br. in-8°.
Sur l'amortissement des primes d'assurance sur la vie ; par M. G. Fouret.
Paris, impr. Gauthier-Villars; br. in-8°. (Extrait du Journal des Actuaires
français.)
Pratique journalière delà Chirurgie ; par Adolphe Richard. Paris, Germer-
Baillière, i88o;in-8°.
Hygiène alimentaire. Moyen de combattre la goutte, le rhumatisme, l'asthme,
l'obésité, etc.; par M. Ch. Yves. Evreux, impr. Ch.Hérissey; opuscule in-i 8.
(Deux exemplaires.)
North american fungi. Century I, II. Edited and published by J.-B. Ellis,
Newfield, N. J., 1878; printed by S. Chew, Camden N. J.; 2 vol. in-4°
sous cartons.
Eighth, ninth and tenth annual Reports of the geological Survey of Indiana
mode during the years 1876-77-78; bj E.-T. Cox. Indianapolis, 1879; in-8°
relié.
Interprétations oj the structure and function of the kidney ; by Andrew W.
Smtth, iVI. D., of New-Orleans. Sans lieu ni date; opuscule in-8°.
( «587 )
Proceedings of tlie mnerican Association jor theadvancement of Science, Iwentj-
seventli meeting held at St-Loiiis, Missouri, august 1878. Salem, 1879; in-8°.
fFar department ojfice of tlie cliief signal officer. Daily bulletin of weather-
Rcports signal- service United States army, etc., for the month of april, may 1 877.
Washington, Government printing Office, 1879; 2 livr. in-4''.
Astronomical papers preparedfor the use of the american ephemeris and nau-
ticalAlmanac, etc. ,• vol. I, Part II : Transformation of Hansen's lunar tlieory.
Washington, Bureau of navigation, 1880; in-4°.
Reports on telescopic observations of the transit qf Mercury; may 5-6, 1878.
— Zones of stais observed at the United States naval Observatorj ivith the meri-
dian circle in the years 1847, '^^*^ '^"^ 1849. — Tables of instrumental
constants and corrections for the réduction of transit observations made at the
U. S. naval Observatory. — Declinations offixed stars; by assistant Lewis Boss.
— Zones of stars observed at the United States naval Observatory ivilh the me-
ridian transit instrument in the years 1846, 1847, 1848 and 1849. ~ Zones of
stars observed al the United States naval Observatory ivith the mural circle in
the years 1846, 1847, '^48 and 1849. Washington, Government printing
Office, 1 872-1 873; 6 vol.in-4°.
Proceedings of the american pharmaceutical Association at the twenlj-sixth
annuat meeting held in Atlanta, Ga.,november 1878, also the constitution, by-
laivs and roll of members. Phiiadelphia, Sherman and G", 1879; in-8°.
Materiali per la carta geologica délia Svizzera, etc.; vol. XVII: // canton
Ticino méridionale ed i paesi finitimi, spiegazione del foglio XXIV, etc.; per
T. Taramelli. Berna, J. Dalp, 1880; in-4°.
Elemente de fisica de E. Bacaloglo. Bucuresci, tipogr. Gurtei, 1871 ;
in-S".
Anatomia descriptiva de N. Kretzulescu; vol. I : Osteologia, Arthrologia,
Miologia. Bucuresci, tipogr. Carol Gobi, 1878; in-8°.
Charta României méridionale publicata din ordinea màriei selle princepelui
c/o;?i/iiîonu Alessandeu Joanne I. Bucuresci, i864; carte en 112 feuilles.
Lavori in opéra di Scienze naturali del già prof. Michelangelo Poggioli ora
pubblicati dair avvocato Giuseppe suo figlio. Roma, tipogr. délie Scienze ma-
tematiche e fisiche, 1880; in-8°. (Présenté par M. Chasles. )
Cesare Yigna. Intorno aile diverse influenze délia musica sul fisico e sul
morale. Milano, Ricordi; in-8°. (Présenté par M. le baron Larrey et renvoyé
au Concours Montyon, Médecine et Chirurgie.)
Ensajo sobre el infinilo ; por A. Portuondo. Madrid, impr. Aribau, 1880,
in-i2°. (Deux exemplaires.)
Ueber Stàrkemehlvon Hans Jordan. Stuttgart, A. MûUer, 1873-, br. in-8°.
{ i588 )
OnvRAGEs hEçns dans la séance dd 28 JUIN 1880.
M. J. DE LA. GouRNERiE. Expéricnces pour déteriniiier la direction des
presèioîjs dans tes arches biaises. Paris, impr. Chaix, 1879; opuscule in-8".
L'Écrevisse, introduction à l'étude de la Zoologie; par Th. -H. Huxley.
Paris, Germer-Baillière, 1880; iH-8°. (Présenté par M. Milne Edwards.)
Propagation à distance des affections et des phénomènes nerveux expressifs ;
par M. J. Rambosson. Paris, G. Masson, 1880; br, in-8°. (Présenté par
M. le baron Larrey.)
La fumée du tabac. Recherches chimiques et physiologiques ; par le D'' G. Le
Bon. Paris, Asselin, 1880; br. in-8". (Présenté par M. le baron Larrey.)
Paléontologie française ou description des fossiles de la France ; 2* série :
Végétaux. Terrain jurassique ; liv. 3o : Conifères ou j^ciculariees; ])ar M. le
comte DE Saporta. Texte, feuilles 3o à 32, planches LXXIV à LXXIX
du t. III, mai 1880. Paris, G. Masson, 1880; iu-8°.
La feuille florale et le pistil ; par M. D. Clos. Sans lieu ni date; br. in-S".
Extrait des Mémoires de l'Académie des Sciences, Inscriptions et Belles- Lettres
de Toulouse.)
Annales des Ponts et Cliaussées. Mémoires et Documents ; 1880, juin. Paris,
Dunod, 1880; in-8^
Bulletin de la Société' zoologique de Fiance pour l'année 1879; 5* et
6' Parties. Séances de novembre et décembre. Paris, au siège de la Société,
7, rue des Grands-Augustins, 1880; in-S".
Histoire des Coléoptères de France ; par le D'' Seriziat, précédée d'une In-
troduction àl'étudede l' Entomologie ; par M. Cn.'NAVDm . Paris, FirminDidot.
(Présenté par le baron Larrey pour le Concours au prix Thore.)
Mémoires de la Société d' agriculture, Commerce, Sciences et Arts du départe-
ment de la Marne ; nunée 1878-1879. Châlons-sur-Marne, A. Denis, 1880;
in-8°.
Mesures micrométriques corrigées des étoiles doubles ; par O. Struve. (Sup-
plément au Vol. IX des Observations de Poulkova.) Sans lieu ni date, br. in-4-
Tabulœ quantitatum Besselianarum pro annis 1880 ad i884 computalœ,
Edidit Otto Struve. Petropoli, i879;iu-8°.
Eleventh anmial report of the United States geological and geographical
Survej ofthe territories embracing Idaho and Wyoming being a report ofprogress
of the exploration for the year 1877; bj F.-V. Hatden. Washington, govern-
ment printing Office, 1879; in-8" relié.
Catalogue of the library of the zoological Society of London. London, W.
Clowes and Sons, 1880; in-S".
( >5«9 )
Photometric rescarc/ies; by W. H. Pickering. Cambridge, John Wilson
and Son, 1880; in-8°.
Anntml déport upon the Survejs of northern and noriliwestern Iakcs and tlie
il7(ss«/^/;jn'i'ec, in c/mrjfeo/C.-B.CoMSTOCK. Washington, governmentprinting
Office, 1879; in-S".
Meteorologia agrarla. I guasii nrrecati aW agricoltura daW inverno 1879-80.
Nota del prof. G. Cantoni. Milano, tipg. Bernardoni, 1880; br. in-8°.
Navegacion aérea al alcance de tos sabios trabajos y observaciones de 1870
à 1880; por J.-B. DuTHU. Madrid, tipog. G. Estrada, 1880; br. in-8°.
Jpplicazioni delta Geometria desailliva; Vol. I : La theoria délie ombre e del
chiaro-scuro, deW /» lisez ( _ ^ j •
FIN DU TOME QUATRE-VINGT-DIXIÈME.
COMPTES RENDUS
-IL
DES SEANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
TABLES ALPHABETIQUES.
JANVIER — JUIN 1880.
TABLE DES MATIÈRES DU TOME XC.
Pajes.
Académie. — État de l'Académie au i" jan-
vier 1880 5
— M. Dauhrée, Président sortant, rend
connpte à l'Académie de l'étot où se
trouve l'impression des Recueils qu'elle
publie, et des changements survenus
parmi les Membres et les Correspon-
dants pendant l'année 1879 14
Acariens. — Sur une modification particu-
lière d'un Acarien parasite; Note de
M. Mégnin i Sy 1
Acétylène. — Sur la préparation de l'acé-
tylène; par M. E. Jungflcisch 364
Acoustique. — Influence de la température
sur la durée de la période d'un diapa-
son ; par M. E. Mercadicr 980
— Relation entre les modes majeur etmineur,
dans la gamme accordée suivant le tem-
pérament égal ; par M. F. Ricard 1547
— Observation de M. Cornu relative à la
Communication précédente i55o
Arrostation. — M. L. Mnngardon adresse
la description d'un moteur aérostatiqvie
auquel il donne le nom de nacelle méca-
nique I j 1 0
Air ATMOspHÉniQUE. — L'acide carbonique
de l'air, d;ins ses rapports avec les
grands mouvements de l'atmosphère;
Note de M. Marié-Davy 3a
— Recherches sur la proportion de l'acide
carbonique dans l'air; par M. J. Rciset. 1 144
C. R., 1880, i" &emeslTe.{'\. XC.)
Pages.
— Proportion d'acide carbonique dans l'air;
Note de M. Marié-Dnv) 1287
— Réponse à M. Marié- Dm>j ; par M. /.
Reiset 1 457
— Sur la constance de la proportion d'acide
carbonique dans l'air; Note de M. Th.
Scldœsing 1410
— M. H, il/rtfflo-nr) adresse une Note relative
à la composition de l'air, déterminée à
Palerme en divers points de la ville. . . î3o
Alddminoïdes (Matières). —Recherches sur
les matières albuminoïdes du cristallin;
par M. A. Béchnmp ia55
— M. A. Béchamp adresse le résumé de
ses recherches sur les matières albumi-
noïdes 1 33a
Alcools. — Propriétés des mélanges de
cyanure de méthyle avec l'alcool ordi-
naire et avec l'alcool méthylique; par
MM. Vincent et Delachanal 747
— Sur le point de congélation des liqueurs
alcooliques; Note de M. F. -M. Raoull. 865
— Sur une nouvelle méthode de dosage
d'alcools ; par M. V.U'anlia 1008
— Combinaisons des alcools avec la baryto
et la chaux; produits de la décomposi-
tion, par la chaleur, de ces combinai-
sons; Note de M. A. Dcstrcm 121 3
— Sur une combinaison de l'alcool allylique
avec la baryte anhydre ; Note de
MM. C. Vincent et Delachanal i36o
206
Aldéhydes. — Action de l'anhydride acé-
tique sur quelques aldéhydes phénols;
par M. P. Barbier
— Sur la synthèse des aldéhydes aromati-
ques; essence de cumin; Note de
M. Étnrd
AtDMi.MUM ET SES COMPOSÉS. — Sur les gaz
■ retenus pnr occlusion dans l'aluminium
et le magnésium; Note de M. Dumas. .
— Sur un nouveau sulfate d'alumine sesqui-
basique; Note de M. P. Marguerite. . .
Ammoniaque. — De l'existence de l'ammo-
niaque dans les végétaux; Note de
M.H.Pe/lct
— Sur le carbonate d'ammoniaque; Note de
M. £.-/. Maumené
— De l'existence de l'ammoniaque dans les
végétaux et la chair musculaire; Notede
M. H. Pellct
— Des réactions qui se produisent entre les
sels ammoniacaux et le carbonate de
chaux ; Note de M. A'/iW
Analyse MATiiÉMATiQl'E. — Sur quelques ap-
plications des fonctions elliptiques ; Notes
de M. Hcrmite
io5, 201, 478, 643, 761 et
— Sur une classe d'équations différentielles
linéaires; Note de iM. E. Picard
— Sur les équations différentielles linéaires à
coefficients doublement périodiques;
Note de M. E. Picard
— Sur les fonctions doublement périodi-
ques de seconde espèce ; par M. AJittag-
Lefjler
— Sur la théorie des équations différentielles
linéaires ; par M. Mittag-Lcfjlcr
— Sur les équations différentielles linéaires
à coefficients doublement périodiques;
par M. Mittag-Leffer
— M. L. .'ta/tel adresse une Note intitulée :
« Méthode pour lever l'indétermination
résultant d'un nombre infini de solutions
communes dans divers systèmes de /■
équations à X- inconnues »
— Sur des fonctions de deux variables à
trois ou quatre paires de périodes;
Note de M. Appell
— Sur les séries hypergéométriques de
deux variables, et sur des équations dif-
férentielles linéaires aux dérivées par-
tielles ; par M. Appell ag6 et
— Sur la détermination d'équations numé-
riques ayant un nombre donné de ra-
cines imaginaires; par M. Laguerre. . .
— Sur une é(|uation différentielle linéaire
du second ordre ; par M. H. Gyldén. . .
— Sur quelques équations différentielles
linéaires du second ordre; par M. H.
( 1592 )
Pages, Pages.
Grldén 344
Sur les diviseurs des fonctions cycloto-
37 miques ; Notes de M. Srhester. . 287 et 345
Sur la loi de réciprocité de Legendro,
étendue aux nombres non premiers;
534 Note de M. >^. Gt'«ofc/»' 3oo
■ Sur l'impossibilité de la relation algé-
brique X"-f- Y" -4- Z"= o; Note de M.^.
Korhinc 3o3
- Sur l'approximation des fonctions circu-
laires au moyen de fonctions algébriques;
par M. Laguerre 3o4
■ Généralisation de deux théorèmes sur les
fonctions 0; Note de M. Elliot 35a
• Sur les formulés de quadrature à coeffi-
cients égaux; Note de M. R. Radau. . . 5ïo
■ Sur les systèmes formés d'équations li-
néaires à une seule variable indépen-
dante; Notes de M. G. /)«/Ao(/x. 524 et 596
■ Démonstration d'un théorème de M. Syl-
vester sur les diviseurs d'une fonction
cyclotomique ; par le P. Pépin 5î6
Sur la réduction des substitutions li-
néaires; Note de M. C. Jordan 598
Sur l'équation aux dérivées partielles du
potentiel ; par M. E. Picard 601
Sur les intégrales de fonclionsalgébriques;
par M. A.-E. Pellet G76
Sur une classe de fonctions de plusieurs
variables tirées de l'inversion des inté-
grales de solution des équations diffé-
rentielles linéaires dont les coefficients
sont des fonctions rationnelles ; Notes de
},\.L.Fuclis 678 et 735
Application de la théorie des sinus des
ordres supérieurs à l'intégration des
équations différentielles linéaires; Notes
(le M. Y l'on fillarceau 721 et 767
Sur les équations algébriques dont le pre-
mier membre satisfait à une équation
différentielle linéaire du second ordre;
Note de M. Laguerre 809
Sur les fonctions cyclotomiques; Note de
M. Ed. Lucas 855
Remarques sur la formule de quadrature
de Gauss; Note de M. R. Radau gi3
Sur le calcul numérique des intégrales
définies ; Note de M. JB. Baillaud 974
Sur la série F, (a, a', (3, |5', 7, x, y] ; Note
de M. Appell 377
Sur la loi de réciprocité dans la théorie
des nombres; Notes de M. Srlvester. . .
io53 et 1104
Sur la formule de quadrature de Gauss;
Note de .M. O. Callandrcau 1067
Théorème sur les équations cubique et
biquadralique; Note de M. Desbot^es.. 1069
Sur les fonctions linéaires; Note de
1027
i354
876
926
1216
1096
128
293
'77
218
299
174
iSo
ao8
( i593
M. J.-E. Pellet un
• Sur la d(5lermination d'iiU6i;r,iles algé-
briques de différ(;nliollt.'S algébriques;
Note de M. Zeuihen 1 1 1 4
■ Sur une classe de fondions de deux
variables indépendantes ; Note de
M. Picard 1 1 19
• Sur un théorème général dans la théo-
rie des covarianls; Note de M. Faà de
Bruno rio3
■ Sur la théorie des nombres complexes
idéaux ; Note de M. R. Dcdekind iao5
• Intégration de certaines équations diffé-
rentielles à l'aide des fonctions t); Note
de M. ApjyeU 1 207
■ Sur Téliminalion ; Note deM. C. Le Paige. 1210
• Sur une extension aux fonctions de deux
variables du problème de Rlemann rela-
tif aux fonctions hypergéométriques;
Note de M. E. Picard 1267
■ Sur une classe de deux fonctions double-
ment périodiques; Note de X!. J. Fcirhas. 1269
• Théorèmes sur la décomposition des
polynômes ; Note de M. D. Carrère. . . . 1329
Sur les formes cubiques ternaires ; Note de
M. H. Poincnré 1 336
• Sur les fonctions irréductibles suivant un
module premier; Note de M. A.-E.
Pellet 1339
• Remarque relative à deux intégrales obte-
nues par Lamé dans la théorie analy-
tique de la chaleur; Note de M. Escary. i34i
■ Sur la partition des nombres; Note de
M. Bm'id l344
■ Développement d'une fonction à une seule
variable, dans un intervalle donné,
suivant les valeurs moyennes de cette
fonction et de ses dérivées successives
dans cet intervalle; Note de M. H.
Léauté 1 404
- Sur la résolution de l'équationx" -4- ;^-"= ="
en nombres entiers; Note de M. i.e/p'i«re. 1406
- Sur l'équivalence des formes; Note de
M. C. Jordan M"
- Sur le problème de l'inversion ; Note de
M. EUiot 1466
- Sur les équations différentielles linéaires
à une variable indépendante; Note de
M. Appcll 1477
- Sur certaines équations différentielles
linéaires du second ordre ; Note de M. J?.
Picard 1 479
- Sur les fonctions elliptiques; Note de
M. /. Forhas 1482
- Sur l'application de la théorie des sinus
des ordres supérieurs à l'intégration des
équations différentielles linéaires; Note
de M. /. Farkas l54î
Pages.
46
i5oi
i35
— M. /f'. Polio adresse une Note intitulée :
« Résolution des équations du deuxième
et du troisième degré par les procédés
goniométriques »
— m", p. Prosoroff iidrcsie un Mémoire sur
la résolution des équations numériques
par la méthode de Newton SgS
— a.E. /"air/ adresse un Mémoire intitulé:
« Condition pour qu'une équation diffé-
rentielle linéaire soit intégrablo » »ii4
— M. E. Giirot adresse un Mémoire inti-
tulé : « Essai sur la résolution des équa-
tions des degrés supérieurs i>..iii4 et 141G
— M. E. Guyot adresse deux Notes « Sur les
équations d'ordre composé » et « Sur le
polynôme ©,„, » •_• '^°°
— M. Bouquet adresse un Mémoire intitulé :
« Nouvelle méthode pour obtenir toutes
les racines d'une équation numérique
quelconque »
Voir aussi Géonwtrie.
Anatomie animale. — Sur les confluents
linéaires et lacunaires du tissu conjonc-
tif de la cornée; Note de M. /. Reunui.
— Sur l'appareil respiratoire et circulatoire
de quelques larves de Diptères; Note de
M. H. Vicdlanes 1 1 80
— Sur la muqueuse de la région cloacale du
rectum ; Note de MM. G. Hcrrmann et
L. Desfosses i3oi
— Sur l'existence d'une circulation lympha-
tique chez les Pleuronectes; Note de
M. S. Jourdiiin i43o
Voir aussi Embryologie, Nen'eux {Sys-
tème), Zoologie, etc.
Anatomie PATHOLOGIQUE. — Sur la structure,
le développement et la signification patho-
logique du tubercule ; Note de MM. Kiener
et Poulet 194
— Sur l'anchylostomiase; Note de MM. X.
Concato et E. Perroncito 619
— Sur quelques altérations des capsules
surrénales; Note de M. Bochefontaine . . 828
Anthropologie. — Craniologie des races
nègres africaines; races non dolichocé-
phales; Note de M. ^. de Quatrefnges . iSgo
— Craniologie des races nègres africaines;
races dolichocéphales, par M. ^^. de Qua-
trcfages i520
Astronomie. — Lois concernant la distribu-
tion des astres du système solaire ;
Notes de M. L. Gaussin 5i8 et SgS
— Sur l'hypothèse de Laplace; Note de
M. Paye 566
— Sur l'origine du système solaire; Note de
M. Faye 637
— M. /. Landerer adresse une Lettre par
laquelle il réclame la priorité des idées
émises par M. L. Gaussin, concernant
l'arrangement des planètes
M. ^r/i/oYf/ est prié d'adresser à l'Acadé-
mie une copie d'une Communication
qu'il a faite précédemment sur l'hypo-
thèse cosmogonique de Laplace, et qui
a été égarée
Sur les idées cosmogoniques de Kant, à
propos de la Communication précédente
( '594 )
Paffes.
717
i33
Pages.
de M. Schlbtel; Note de M. Paye ia46
Sur les réfractions de Bessel ; Note de
M. R. Radaii. 1-^64
M. Schullel adresse une Note « Sur une
théorie cosmogonique » 1376
M. Fr. Jimenez adresse une Carie céleste
projetée sur l'horizon de Mexico i3o8
Voir aussi Comètes, Mécanique céleste.
Nébuleuses, Planètes, Soleil, etc.
i35i
i535
Balistique. — ïir optique intérieur, dans les
batteries couvertes; Note de M. B. dn
Fraysseix 1 35o
— Observations de M. £f//«. Becquerel reXi-
tives à la Communication précédente...
— Sur un appareil destiné à enregistrer la
loi du mouvement d'un projectile, soit
dans l'âme d'une bouche à feu, soit dans
un milieu résistant ; Notes de M. Sebcrt.
1468 et
Voir aussi E.rplnsii'es (Matières).
Benzine et si s dérivés. — Sur la prépara-
tion des dérivés iodés et bromes de la
benzine ; par M. Jf'.-H. Grcene 40
Botanique. — Évolution de l'inflorescence
chez des Graminées; par M. A. TrécuL 58
— Évolution de l'inflorescence chez des
Graminées; types de structure du rachis
primaire; ordre d'apparition des pre-
miers vaisseau,\ ; par M. A. Trécul a 11
— Évolution de l'inflorescence chez des
Graminées; ordre d'apparition des pre-
miers vaisseaux dans des Phleum, Cy/io-
sunis, Pofi; par M. A. Trécul 281
B
— Des vaisseaux à suc propre dans les Grami-
nées ; par M. A. Trécul 342
' — Formation des feuilles et apparition de
leurs premiers vaisseaux chez les Iris,
Allium, Funkia, Hemerocallis, etc.; par
M. A. Trécul 1047
— Recherches sur la structure de l'axe au-
dessous des feuilles séminales chez les
Dicotylédones; par M. A'. Gérard lagS
— Sur le lieu de formation des racines adven-
tives des Monocotylédones ; par M. Man-
g'" 1437
— M. le Secrétaire perpétuel, en signalant un
Ouvrage de M. Alp/i. de Candolle, inti-
tulé : 0 La Phylographie, ou l'art de
décrire les végétaux », donne un aperçu
de cet Ouvrage 1262
Boussoles. — Compas optique indépendant,
pour les cuirassés d'escadre; Note de
JI. de Frnrsseix 1 556
Bulletin BIBLIOGRAPHIQUE, 47, I48, 200, aSo,
255, 327, 475, 55o, 634, 718, 758, 886,
934, 1019, 1090, 1182, 1233, i3ii,
1376, i5oi, 1587.
Calorimétrie. — Sur la chaleur spécifique et
la conductibilité des corps; Note de
M. Morisot 814
Candidatures. — M. Fr. Ascllo prie l'Acadé-
mie de le comprendre parmi les candidats
à l'une de ses places de Correspondant. aSi
— M. /'. Lucas prie l'Académie de le com-
prendre parmi les candidats à une place
vacante dans la Section de Mécanique. . 357
— M. M. Deprcz fait la même demande. ... 911
— M. M. Léij fait la même demande 971
— M. Bresse et M. Haton font la même
demande io6i
— M. Boussinesq fait la même demande. . . 11 53
Capillarité. — M. Roger soumet au juge-
ment ds l'Académie un cinquième Mé-
moire sur « la théorie des phénomènes
capillaires » 85^! 1
— Théorie des phénomènes capillaires; Note
de M. E. Roger 908
Chaleur ratonna.me. — Recherches sur
la détermination des longueurs d'onde
des rayons calorifiques à basse tem-
pérature; par MM. P. Desains et P.
Curie ,5o6
Charbonneuse (Maladie). — Sur l'inocu-
labililé du charbon symptomatique
et les caractères qui le différencient
dusaiig de raie; Note de MM. Arloing,
Cornevin et Tliomas i3o2
— Nouvelles expériences sur la résistance
des moutons algériens au sang de rate;
par M. A. Chauveau iSgô
— Des causes qui peuvent faire varier les
résultats de l'inoculation charbon-
neuse sur les moutons algériens; in-
( '595 )
Pages.
fluenco de la quantité des agents in
feclants: applications à la théorie do
l'immunité; Note deM. J. C/ininenu.. . i5a6
Voir aussi liifcctieuses (Maladies).
CuAi'x. — Sur la chaux anhydre cristal-
lisée; Note de MM. Lcvalhis et Meu-
nier 1 566
CniMiK. — Sur l'hydrure de cuivre. Ré-
ponse à M. Berthelot ; par M. Ad.
fruriz 12
— Remarques sur les métaux nouveaux
de la gadolinite et de la samarskito;
par M. M. DcUifontninc aai
— Eludes sur l'acide persulfurique; de sa
formation par électrolyse ; Note de
M. Berthelot 2G9
— Action de l'eau sur le tluorure de silicium
et sur le fluorure de bore; dissolution
du cyanogène dans l'eau ; Note de M. H.
Homme ri 3 1 a
— Stabilité chimique de la matière en
vibration sonore; Note de M. Ber-
thelot 487
•- Sur une propriété nouvelle des vana-
dates ; par M. P. Hautefeuillc 744
— Sur les sulfures et séléniures de chrome;
par M. H. Moissari 817
— Sur les terres de la samarskite; Note
de M . C. Marignnc 899
— Sur le carbonate d'ammoniaque; Note
de M. E.-f. Maumené 926
— Recherches sur la passivité du fer; par
M. L. Varenne 998
— Sur les gaz retenus par occlusion dans
l'aluminium et le magnésium; Note de
M. Dumas 1027
— Action des acides sur les alliages du
rhodium avec le plomb et le zinc;
Note de M. H. Debrar i igâ
— Hydrate hydrofluosilicique cristallisé ;
Note de M . Kessler 1285
— Sur l'oxyde de fer colloïdal; par M. L.
Magnier de la Source i352
— Surun nouveau sulfate d'alumine (sulfate
d'alumine sesquibasique) ; par M. P.
Marguerite 1 354
— Action du chlore sur le sesquioxyde
i365
Pagei.
— Rapport entre le sucre et les matières
minérîJcs et azotées dans les betteraves
normales et montées à graine ; par
M. H. Pellet ". 8a4
— De la désinfection et de la conservation,
au point de vue agricole, des matières
animales, et notamment du sang, par
l'emploi du bisulfate d'alumine et de
l'acide nitrique; Note de M. Et. f'au-
telet •
Voir aussi Économie rurale.
Cni.MiE ANALYTIQUE. — Remarques sur
l'emploi de la pile de Smithson pour
la recherche du mercure, particuliè-
rement dans les eaux minérales; par
M. /. Lefort i4i
— Sur le dosage de la glycérine dans les
vins; par M. Raynaud 1077
Voir aussi Eaux naturelles.
Chimie animale. — Sur les produits du
dédoublement des matières protéiques;
Note de M, Bleunard 61a
— Recherches sur les matières alburai-
noïdes du cristallin, au point de vue
de la non-identité de celles qui sont
solubles avec l'albumine du blanc d'œuf
et du sérum; Note de M. J. Bé-
champ
— Sur le pouvoir fixateur de certains or-
ganes pour les alcaloïdes introduits
dans le sang qui les traverse; Note
de M. P. Héger iaa6
Chimie industrielle. — Sur une falsifica-
tion du silicate de soude ; par M. F.
Jean
— Sur les produits contenus dans les cokes
de pétrole; par MM. L. Prunier et
E. Varenne 1006
— Sur une explosion singulière produite
pendant un chauffage de vin, et sur
une nouvelle méthode de dosage d'al-
cool ; Note de M. V. JVartha 1008
— Préparation de l'acide sulfurique neutre;
par M. A. T'illiers 1291
Chimie organique. — Action de l'anhydride
acétique sur quelques aldéhydes phé-
nols ; par M. P. Barbier 87
1255
929
de chrome; Note deM. H. Moissan. . . i3J7 - Sur une nouvelle synthèse de la sali-
— Sur de la chaux anhydre cristallisée;
Note de MM. Alb. Levallois et S. Meu-
nier 1 560
— M. G. Aupce adresse une Note relative
à l'action de la lumière sur le phos-
phate de fer en présence de l'acide
lactique 549 ~" ^°'^ *'^'" '^^ acides qui prennent nais-
Chimie agkicole. — Sur la potasse con- . sance lorsqu'on redistille les acides
tenue dans l'argile des sols arables; ! gras bruts dans un courant de vapeur
Note de M. A, Pcrrey 9 1 d'eau surchauffée; par MM. A.Cuhours
génine ; par M. JF.-H. Greene 4°
— Sur la préparation des dérivés iodés et
bromes de la benzine; par M. fF.-H.
Greene 4o
— Sur le lévulosate de chaux; Note de
M. Eug. Peligot i53
( ïSgô )
Pages,
et Eug. Demarcay 1 56
Note sur de nouveaux dérivés de la ni-
cotine; par MM. A. Cahnurs et A.
Étard 275
Sur la préparation de l'acétylène ; par
M. E. Jiins^Jleiscli 364
Sur la synthèse des aldéhydes aroma-
tiques; essence de cumin; Note de
M. A. Étard 53 i
Synthèse des matières ulmiques ; par
M. A. Mdlot 611
Sur un mode de production de l'acétal ;
Note de MM. R. Engcl et de Girard. . . 692
Sur quelques propriétés des mélanges
de cvaimre de méthyle avec l'alcool
ordinaire et avec l'alcool mélhylique;
Note de MM. C. Vineent et Dcln-
chnnal 747
Sur l'acide oxalique cristallisé; Note de
M. A. rUlicrs 8ai
Sur les acides amidés de l'acide a-oxyca-
proïque ; Note de M. E. Duvillicr 822
Sur la formation du nitrate de tétramé-
thylammoiiiiim; Note de MM. £. jD«-
villicr et .-/. Bidsine 872
■ Sur les tropéines , alcaloïdes mydria-
tiques artificiels; par M. A. Laden-
biirg 921
Sur la gélose; par M. H. Marin 924
• Sur la gélose; Note de M. Porumbaru.. . 1081
Isomères de la phloroglucine ; Note de
M. Arm. Gautier ioo3
Dissociation de l'hydrate de butylchloral;
par MM. K. Engel et Mnitessier 1075
• Sur la saccharine; Note de M. Eug.
Pcligoi 1 1 41
■ Syntlièse de l'acide citrique; par MM. E.
Grimaux et P. Adam 1262
• Préparation de l'acide malonique; par
M. E. Bour°nin 1 289
- Préparation de l'éthcr sulfurique neutre;
par M. A. FUlicrs 1291
- Sur les dérivés bromes de la nicotine;
Note de MM. A. Cahnurs et A. Etard. i3i 5
- Sur une combinaison do l'alcool allylique
avec la baryte anhydre ; Note de MM. C.
Vincent et Delaclianal 1 36o
- Action du bromure de méthyle et de
l'iodure de méthyle sur la monométhyla-
mine; Note de MM. E. Dmillier et A.
Buisine 1 426
- Sur la transformation du térébenthène
en cymène ; par M. Bruère 1428
- Préparation de l'indoline et de ses com-
posés ; par M. E. Giraud 1 429
- Sur un hydiate d'iodure de méthyle ;
Note de M. de Forc/and i4gi
- Sur la reproduction artificielle de l'anal-
Pages.
cime; par M. A. de Schulten 1493
— Sur la transformation de l'amylène et du
valérylène en cymène et en carbures
benzéiiiques; par M. G. Boucluirdat.. . i56o
Chimie végétale. — Sur les alcalis du gre-
nadier; par M. Ch. Tanret 695
— Sur les alcaloïdes naturels et mydria-
tiques de la belladone, du datura, de la
jusquiame et de la duboisia; par M. A.
Ladenburg 874
— De l'existence de l'ammoniaque dans les
végétaux ; Note de M. H. Pellet 876
— Analyses de chlorophylle; par M. Ro-
galski 881
— Sur la légumine; Note de M. A. Blcu-
nnrd 1080
— Sur la fixité décomposition des végétaux ;
analyses du Soya hispida ou pois
oléagineux chinois; Note de M. H.
Pellet 1 177
— Présence dans le Snya hispida (Miinch.)
d'une quantité notable d'une substance
solubledans l'alcool et facilement trans-
formable en glucose ; Note de M. A.
Lci'allois 1293
— Sur la fixité de composition des végétaux;
rapport entre la fécule, l'acide phospho-
rique et les substances minérales dans
la pomme de terre; Note de M. H.
Pellet i36i
— Analyse de graines de betteraves; Noie
de MM. //. ''Pellet et M. Liebschiitz i363
Chirorcie. — Sur le traitement de l'éléphan-
tiasis des Arabes par l'emploi simultané
des courants continus et des courants
interniiltentg;Note de MM. Moncon'o et
da Sylva Aranjo gSS
— Observations de M. Gosselin relatives à
la Communication précédente 934
— Sur la formation du cal; Note de MM. Ri-
gal et fF. Vignal 1218
— M. E. Bnurguel adresse un Ouvrage inti-
tulé : « De l'immobilisation de l'anse in-
testinale dans quelques opérations graves
de hernie étranglée » 854
Chloral. — Réplique à M. Berthelot sur la
chaleur de formation de l'hydrate de
chloral ; par M. Ad. Wurtz 24
— Observations de M. H. Sainte-Claire
Deville au sujet de cette Communication. 56
— Sur la tension de dissociation de l'hydrate
de chloral et sur la tension de vapeur
du chloral anhydre ; Note de MM. Moi-
lessicr et R. Engcl 97
— Sur la chaleur de formation de l'hydrate
de chloral ; Note de M. Berthelot 1 12
— Note sur l'hydrate de chloral ; par M. Ad.
IVurtz 118
— Sur la chaleur de combinaison de l'hydrato
de chloral; Noio do ^[. Aii. ffnrtz 33;
— Observations de M. H. Sairitr-Clnire
Devillc à propos de celte Communica-
tion 341
— Nouvelles remarques sur la chaleur de
formation de l'hydrate de chloral gazeux ;
par M. Bcrllielot ." 491
— Réponse aux observations de M. Berlhelot ;
par iM. y4tl. Jf'urtz 572
Chlore. — Sur la densité du chlore à de
hautes températures; Note de M. J.-M.
Crafts l83
Chlobopiiylle. — Remarques sur la chloro-
pli} lie; par M. Pn/if;s/wini i5i
— Aiuilysesdechloroplnlle;pari\I./îrti,'c(/.v/Î7. 881
Choléra. — M. /.v. Cof'fin adresse im Mé-
moire relatif à un traitement du choléra. 5i5
Voir aussi Infectieuses [Muliidics].
Chro.me et ses composés. — Sur les sulfures
et séléniures de chrome ; Note de M. H.
Mnissan 817
— Action du chlore sur le sesquioxydo de
chrome; Nuto de M. H. Mnissan iSS;
Chrono.mètres. — De la compensation des
températures dans les chronomètres; par
!\I. Phillips 483, 50 1 et 649
— Études sur la chrononiétrie : de la com-
pensation; par xM. C. ./îo;c"' 80701 858
CiRcrLATio.N. — Des variations de la force du
cœur; Note de M. Alarey iSg
— Recherches sur l'innervation vaso-mo-
trice, la circulation du foie et des vis-
cères abdominaux ; par JM. Lnffont joS
— Sur l'existence d'une circulation lympha-
tique chez les Pleuronecles; Note de
M. S. Jourdain 1480
Voir aussi San^;.
Comètes. — S. M. don Pedro adresse une
dépêche télégraphique annonçant la dé-
lîouverte d'une grande comète 290
— Dépèche de S. M. don Pedro donnant
les éléments de la nouvelle comète 357
— M. le Consul de Fnince nu Cap de Bonne-
Espérance transmet à l'Académie les
observations de la nouvelle comète,
visible à la ville du Cap, faites par M. Da-
vid Gille 593
— Découverte d'une comète ; par M. Scha-
berle 911
— Observations de la comète Schaberle; par
MM. Henry et M. Bii^ourdan gi i
— Observation de la comète Schaberle, faito
à l'Observatoire de Marseille ; par .M. Ste-
phan 958
— Parabolo'ides cométaires; Note de M. P.-
E. Cliase loC F
— Positions de la comète b de 1880, déter-
( '^97 )
P.iges
Pages.
minées <\ l'Observatoire do Bordeaux;
par M. Ravet 1 1 53
Commissions spéciales. — MM. Chastes et
Dccaisne sont nommés Membres de la
Commission centrale administrative pour
l'année 1 880 1 3
— M. Atpli.-Milnc Edwards est adjoint à la
Commission nommée pour juger le Con-
cours du grand prix des Sciences phy-
siques 3'i
— Commission chargée de juger le Concours
du grand prix des Sciences mathéma-
tiques de l'année 1879 : MM. Bertrand,
O. Bonnet, Hermite, Puiseu.r^ Bouquet. 85o
— Commission chargée de juger le Concours
du prix extraordinaire de six mille francs
de l'année r 879 : M.M. Dupur de Lôme,
l'amiral Jurien de la Grnvière, l'amiral
/'d/v.f, l'amiral Mouchez, Tresca 85o
— Commission chargée de juger le Concours
du prix Poncelet de l'année 1879 :
MM. Bertrand, Phillips, Chasles, Rol-
land, Puiseux 85o
— Commission chargée de juger le Concours
du prixPlumey de l'année i87g:MM.iJo/-
laud, Tresca, Philli/is, Resal, Dupuy de
Lôme 85o
— Commission chargée déjuger le Concours
du prix Montyon (Mécanique) de l'an-
née 1879 : mm'. Phillips, Resal, Rolland,
Tresca, Breguct 85o
— Commission chargée de juger le Concours
du prix Bordinde l'année 1879 : MM. Du-
puy de Lôme, Rolland, Berthelot, Tresca,
H. Sainte-Claire Deville 8 jo
— Commission chargée déjuger le Concours
du prix Lalande de l'année 1880 :
MM. Paye, l'amiral Mouchez, Lœivy,
Tisserand, Janssen
— Commission chargée de juger le Concours
du prix Valz de l'année 1880 : WS\.Faye,
Tisserand, l'amiral Mouchez, Lœwy,
Janssen
— Commission chargée déjuger le Concours
du grand prix des Sciences mathéma-
tiques de l'année 1880 : MM. Fizeau,
Bertrand, Hermite, Cornu, Des Cloi-
zeait.v go5
— Commission chargée de juger le Con-
cours du prix Vaillant de l'année 1880:
MM. Edni. Becquerel, Fizeau, du Mon-
cel, Brcguet, Cornu goS
— Commission chargée déjuger le Concours
du prix de Statistiipie de l'année 1880 :
M.M. de la Gourncric, Lalcinuc, Cosson,
Boussingauli, Bouley goS
— Commission chargée déjuger le concours
de l'année 1880 pour le prix Bordin
go3
go 5
966
966
966
966
io57
io57
( 1598
Payes.
(Étude approfondie d'une question rela-
tive à la géologie de la France) : MM. Dau-
hrée, Hébert, Detcsse, Des Clnizraiix,
Milne Edwards 966
- Commission chargée de juger le Concours
du prix Barbier de l'année 1880 :
MM. Gosselbi, Fidpian, Chatin, Bussy,
Larrey
- Commission chargée de juger le Concours
du prix Desmazières de l'année 1880 :
MM. Dachnrtre, Van Tieghem, De-
caisne, Tréciil, Clmtin
- Commission chargée de juger le Concours
du prix de la Fons-Mélicocq de l'an-
née 1880 : MM. Dachnrtre, Decaisne,
Van Tieghem, Chntin, Trccid
- Commission chargée de juger le Concours
du prix Thorc do l'année 1880: ^VA. Blan-
chard, Diicliartre , Mdne Edwards,
Decaisne, Tràcul . . ,
- Commission chargée déjuger le Concours
du grand prix des Sciences physiques de
l'année 1880 : MM. Mdne Edwards,
de Qantrefages, de Lacaze -Duthiers ,
Àlph.-Milne Edwards, Blanchard 966
- Commission chargée déjuger le Concours
du prix Savigny de l'année 1880 :
MM. Blanchard, de Qiiatrefages, Milne
Edwarils , Ch. Robin , de Lacaze- Dii-
thiers 1057
Commission chargée de juger le Concours
du prix Montyon (Médecine et Chirurgie)
de l'année 1880 : MM. Gnsselin, Vulpian,
Marey , Bmnllaud, Larrey, Cloriuet,
Bntdey, Milne Edwards, Ch. Robin. . .
Commission chargée déjuger le Concours
du prix Godard de l'année 1880 :
MM. Vulpian, Gnsselin, Ch. Rabin,
Bouilland, Cloquet
Commission chargée déjuger le Concours
du prix Dusgate de l'année 1880 :
MM. Vulpian , Bouilhuid , Gnsselin ,
Marey, Ch. Robin 1067
Commission chargée de juger le Concours
du prix Boiulot de l'année 1 880 : MM. Pas-
teur, Gnsselin, Vulpian, Marey, Bouler.
Commission chargée déjuger le Concours
du prix Gay de l'année 1880 : MM. Dim-
brée, Delesse, Hébert, de la Gourncrie,
Verrier l
Commission chargée déjuger le Concours
du prix Montyon (Physiologie expéri-
mentale) de l'année 1880 : MM. Vulpian,
M'irey, Milne Edwards, Ch. Robin,
Boitley 1 1 06
Commission chargée de juger le Concours
io57
106
Pages.
du prix Montyon (Arts insalubres) de
l'année 1880 : MM. Dumas, Chevreul,
Boussingault, Fremy, Pelignl 1 106
— Commission chargée déjuger le Concours
du prix Trémont de l'année 1880 :
Mil. Dumas, Bertrand, Tresca , Bre-
guet , Thenard i loG
— Commission chargée de juger le Concours
du prixGegner de l'année 1880: MM. Du-
mas, Chasles, Bertrand, Boussingault,
Milne Edwards 1 106
— Commission chargée déjuger le Concours
du prix Delalande-Guérineau de l'an-
née 1880 : MM. de Lesseps, d'Jbbadie,
Mdne Edwards, Cossnn, Mouchez .... 1 149
— Commission chargée de présenter une
question de grand prix des Sciences ma-
thématiques pour 1882 : MM. Bertrand,
Puiseux, Tisserand, Herniite, Bouquet . 1 1 49
— Commission chargée de présenter une
question de prix Bordin (Sciences phy-
siques) pour 1882 : MM. Puiseux, Ber-
trand, Fizeau, Phillips, Tisserand . ... ii5o
— MM. Cherrrul et Rolland sont nommés
membres do la Commission chargée de
vérifier les comptes de l'année 1879... i4oo
Concours pour les prix proposés par l'A-
cadémie. — Pièces adressées à l'Aca-
démie pour les divers Concours dont le
terme est fixé au i" juin 1260
— Un Anonyme adresse, pour le Concours
du grand prix des Sciences mathéma-
tiques, un Mémoire portant pour devise:
« Non inultus prcmor » 1 332 et i539
— M. Huct adresse, pour le grand prix des
Sciences physiques, un Mémoire iniitulé:
« Nouvelles recherches sur les Crustacés
isopodes » i333
— M. Gélincau adresse un Mémoire portant
pour titre « De la narcolepsie » i333
Condensateurs électriques. — Sur un nou-
veau condensateur voRaïque; Note de
M. il' Arsont'al 1C6
— Emploi du verre trempé pour la construc-
tion des condensateurs; Note de M. G.
Ducrctct 363
— Sur les lois thermiques des étincelles
électriques produites par les décharges
ordinaires, incomplètes et partielles des
condensateurs; Note de M. E. Villari. . 685
CuisTALLOGRAPHiE. — Sur la fomie cristal-
line du magnésium; par M. Des Cloi-
zeaux I loi
Curare. — Sur les plantes qui servent 599 )
D
Pages.
DÉCÈS DE Membres et Coruespondv.ms de
l'Acadé.mik. — M. le Président annonce
à l'Académie le décès de M. le géné-
ral Marin a33
— Discours prononcé aux funériiillos de
M. Mnrin , au nom de l'Académie des
Sciences et du Conservatoire des Arts et
Métiers, par M. Trcsca 234
— M. le Secrf taire perpétuel annonce à l'Aca-
démie le décès de M. P.-.-l. Fovrc, Cor-
respondant de la Section de Chimie 329
— 51. le Secrétaire perpétuel rappelle les
services rendus à la Science par M. /v-zcrc. 329
— M. le Président annonce à l'Académie le
décès de M. Zinin, Correspondant de la
Section de Chimie 4g8
— M. le Secrétaire perpe'luel annonce à l'Aca-
démie le décès de M. Jf^.-Pli. Schimpcr,
Correspondant de la Section de Bota-
nique 730
— M. le Secrétaire perpétuel, en annonçant
hi mort de M. de Luca, rappelle quelques-
uns des travaux de ce savant 971
— M. le Président annonce à l'Académie le
décès de M. Peters, Correspondant de la
Section d'Astronomie 11 49
— M. le Président annonce à l'Académie le
décès de M. fF. Miller, Correspondant
de la Section de Minéralogie i3i5
— M. le Secrétaire perpétuel annonce à
l'Académie le décès de M. J.-M. Gaii-
gain 1416
— M. le Président annonce à l'Académie le
décès de M. Lissajous , Correspondant
de la Section de Physique i5o5
— M. le Secrétaire perpétuel rappelle les
services rendus à la Science par M. Lis-
sajnus 1 5o5
DÉCHETS. — M. le Minisire de l'Instruction
publique adresse l'ampliation du décret
par lequel le Président de la République
approuve l'élection de M. le colonel Per-
rieren remplacement de feu M. de Tes-
son io5
— M. le Ministre de l'Instruction publique
adresse l'ampliation du décret par lequel
le Président de la République approuve
Pagei.
l'élection de M. Bresse en remplacement
de M. le général Mnrin i3i5
Dentaire (Système). — Pc la structure et du
développement du tissu dentinairo dans
la série animale ; Note do M. Ji. Magiiot. 1298
Diamant. — M. le Secrétaire perpétuel in-
forme l'Académie qu'elle a reçu du Con-
sul de France à Glascow une Commu-
nication relative à la production artiû-
ciello du diamant laS
— M. le Ministre de V Instruction publique
transmet une Lettre du Consul de France
à Glascow, contenant de nouveaux ren-
seignements au sujet des cristaux qui
avaient été obtenus par M. Maclear et
qui avaient été considérés comme des
diamants 249
— M. le Ministre des Affaires étrangères
transmet une Lettre par laquelle le Con-
sul de France en Ecosse lui annonce
que des diamants arliliciels auraient été
obtenus par M. /. Ballantine Flannay,
à Glascow 676
— M. A. Brachet adresse une Note sur la
reproduction du diamant 885
Diffusion. — Du mouvement engendré par
la diffusion des gaz et des liquides; Note
de M. H. Sainte-Claire Deville 18
— Recherches sur la dilTusion; par M. L.
Joulin 741
Digestion et APPAREIL digestif. — Sur l'ac-
tion digestivodu suc do papaya et de la
papaïne sur les tissus sains ou patholo-
giques de l'être vivant; Note de M. E.
Bùuclmt 617
— Sur la papaïne; Note de M. Ad. Wurtz. 1379
— De quelques faits relatifs à la digestion
gastrique des Poissons ; Note de MM. Ch.
Ricliet et Mnurrut 879
— Sur quelques effets nutritifs des alcalins
à doses modérées, d'après l'expérimen-
tation sur l'homme dans l'état de santé;
Note de MM. Martin-Damourette et
Hyades i i5o
— M. Ch. Morot adresse un Mémoire inti-
tulé « De l'origine des pelotes stomacales
des lièvres et des lapins » i333
Eaux naturelles. — Remarques sur l'em-
ploi de la pile de Smithson pour la
recherche du mercure, particuUèrement
dans les eaux minérales; par M. /.
C. R., 1880, 1" iemejrre. (T. XC.)
E
Lefort
M. F. Garrigou adresse un complément
d'information sur le procédé qui lui a
permis d'affirmer la présence du mer-
307
14
( i6oo
Pages,
cure dans les eaus minérales de Saint-
Nectaire 255
— Sur la composition des eaux de Cransac
(Aveyron) ; Note de M. Ed. Willm 547
— Composition des eaux minérales de Bus-
Siing ( Vosges) ; Note de M. Ed. Willm. 63o
— Aperçu sur la genèse des eaus minérales
de la Savoie ; par M. L. Lévy 628
— Sur la teneur en fer des eaux minérales
de Rouen et de Forges-les-Eaux; Note
de M. A. Houzeau looi
— Sur l'analyse micrographique des eaux;
Note de M. A. Certes i435
Éclairage électrique. — Influence de la
nature des charbons sur la lumière élec-
trique; Note de M. Th. du Moncel 64
— Sur une lampe électrique automatique;
Note de M. Jumin 1235
— M. E. Gentet adresse une Note concer-
nant diverses expériences sur la pro-
duction de la lumière électrique 23o
— M. Ch. Sicu'art adresse la description
d'une lampe électrique 885
Économie rurale. — La lumière, le couvert
et l'humus, étudiés dans leur influence
sur la végétation des arbres en forêt;
Note de M. Giirnnitd 144
— De l'influence des climats sur la matura-
tion des blés ; Note de M. Batland iSg
— De l'escourgeon comme fourrage vert;
Note de MM. Is. Pierre et Lemclayer, 962
— De l'influence de l'engraissement des ani-
maux sur la constitution des graisses
formées dans leurs tissus; Note de M. A.
Mitntz 1 175
— W. Ch. Rabâche adresse une Note sur le
nombre d'unités de chaleur qu'il faut au
blé^our arriver à maturité 1018
Voir aussi Chimie agricole.
Elasticité. — Mémoire sur des intégrations
relatives à l'équilibre d'élasticité; par
M. E. Mathieu 789
— Sur la déformation des tubes de verre
sous de fortes pression? ; Note de
M. E.-H. Amagat
— Sur l'équilibre d'élasticité d'un prisme
rectangle; Note de M. E. Mathieu
— M. Ch. Trémaux adresse une Note « sur
la réduclibilité, au nombre de vingt et
un, des trente-six coefficients des équa-
tions de l'élasticité de Poisson » 885
Voir aussi Mécanique appliquée.
ÈLBCTRiciTÉ. — Sur une méthode expérimen-
tale propre à déterminer les lignes de
niveau dans l'écoulement stationnaire
de l'électricité à travers les surfaces
conductrices; Note de M. A. Guébhard. 984
— Sur les lignes équipotenlielles d'un plan
863
1272
)
Pages,
formé de deux moitiés inégalement con-
ductrices; Note de M. A. Guébhard... 1124
— M. J. Lippmann adresse une Note rela-
tive à des expériences d'attraction élec-
trique 885
— M. G. Babitschcff" adresse une Note sur
la transformation de la chaleur en élec-
tricité 885
— M. J. Fiard adresse un Mémoire portant
pour titre: « Étude sur l'électricité ». 1471
— M. J. Seure adresse un Mémoire inti-
tulé : « Recherches sur les propriétés
électriques du coUodion simple, suivies
de réflexions sur la nature de l'électri-
cité statique » i539
Voir aussi Condensateurs électriques.
Eclairage électrique , Electrochimie ,
Electrodynamique , Electromagnétisine,
Piles électriques , etc.
Électrochimie. — Action de l'électrolyse sur
le térébenlhène;NotedeM. Ad. Renard. 53i
— Électrolyse de l'acide malonique ; par
M. E. Bourgoin 608
Électrodynamique. — Sur de nouveaux
tubes lumineux; Note de M. Trêve.... 36
— Sur les lois thermiques des étincelles élec-
triques, produites par les décharges
ordinaires, incomplètes et partielles des
condensateurs; Note de M. E. VilUiri.. 89
— Sur le rendement économique des mo-
teurs électriques et sur la mesure de la
quantité d'énergie qui traverse un cir-
cuit électrique; Note de M. Marcel
Deprez Sgo
— Sur le mesureur d'énergie; Note de
M. Marcel Deprez 812
— Synchronisme électrique de deux mou-
vements quelconques ; Note de M. Mar-
cel Deprez giS
— Analyse des phénomènes lumineux pro-
duits par les décharges électriques dans
les gaz raréfiés; par M. E. Fernet 680
— Mouvements gyratoires continus produits
par une machine d'induction rotative;
Note de MM. fV. de Fonvielle et
D. Lnntin 800
— Sur , l'explication de l'expérience de
MM. Lontin et de Fonvielle; par
M. Janiin 839
— Sur la théorie des courants d'induction;
Noie de M. Mascart 981
— Mesure dos forces électromotrices thermo-
électriques au contact d'un métal et d'un
liquide; par M. E. Buuty 917
— Sur les courants thermo-électriques déve-
loppés au contact d'un métal et d'un
liquide; Note de M. Th. du Moncel... 964
— Mesure absolue du phénomène de Peltier
( i6oi )
Pages
35
au contact d'un métal et de sa dissolu
tion ; Note de M. E. Bnuty 987
— Mesure de la différence de potentiel de
deux métaux en contact; par M. //.
Pellnt ggo
Voir aussi PUcx c'icctviqucs .
ÉLECTno.M-AGNÉTisME. — Sup Une application
de la préexistence des courants d'Am-
père dans le fer doux ; Note de M. Trcve.
— Sur le galvanomètre de Thomson ; Note de
M. A. Gaijfe 94
— Sur un nouvel électro-aimant; Note de
M. Chnmbrier 3G3
— M. Roiii adresse une observation relative
aux électro-aimants à noyau creux pro-
posés par M. Cliambrier 549
— Sur le réglage électrique de l'heure à
Paris; Note de M. Tresca
— Sur un cas de polarité rémanente de l'acier,
opposée à celle de l'hélice magnétisante
qui la produit; Note de M. Ang. Righi.
— Sur le gyroscope électromagnétique; Note
de M. ff^. de Formelle 910
— Sur la dépendance de deux gyroscopes
électromagnétiques soumis à un môme
circuit d'induction; Note de M. ff^. de
Fonvielle 969
— M. P.- A. Picard adresse deux Notes rela-
tives à la théorie du gyroscope électroma-
gnétique ii53 et 1416
— Mesure directe de la résistance intérieure
des machines magnéto-électriques en
mouvement; Note de M. G. Cabanellas . i346
— Sur les effets mécaniques produits dans
un noyau magnétique soumis à l'action
aimantante d'un courant électrique ; Note
660
688
Pages .
de M. Ader i553
Voir aussi Galfnnomèlres.
Embryologie. — Sur la parlurition du Mar-
souin commun ; Note de M. S. Jourdain. i38
— Histologie, développement et origine du
testicule et de l'ovaire do la Campnnii-
hiria antidata (Uincks); Note de M. J.
Fraipnnt 43
— De la formation des ovules et de l'ovaire
chez les Mammifères et les Vertébrés
ovipares; Note de M. O. Cadiui 371
— Sur l'origine et le développement de l'œuf
chez la Méduse Eucope avant la féconda-
tion; Note de M. G. Mcrcjkowsky loia
Entozoaires. — Sur la caducité des crochets
et du scolex lui-même chez les Taenias;
Note de M. P. Mégnin 7^5
Errata, 47, 148, 257, 328, 38o, 634, loa».
ii33, 1377, i5o4, 1589.
Éthers. — Préparation de l'éther sulfu-
rique neutre; par M. A. ViUiers lagi
— Sur l'éthériBcation de l'acide bromhy-
drique ; Note de M. A. Vdlicrs l488
— Sur l'éthérificalion de l'acide iodhydrique
et de l'acide chlorhydrique; Note de
M. A. niliers i563
Explosives (Matières). — Étude des pro-
priétés explosives du fulminate de mer-
cure ; Note de MM. Berthehi et Vieille. 946
— Recherches expérimentales sur la décom-
position de quelques explosifs en vase
clos; Notes de MM. Sarrau et Vieille.
io58 et ma
— Transformations des poudres de guerre
dans les étuis métalliques des cartouches
d'infanterie; Note de M. E. Poihier... i348
Fer et ses composés. — Recherches sur la
passivité du fer; par M. L. Varenne.. 998
— Sur l'oxyde de fer collo'i'dal; Note de
M. L. Magnier de la Source l352
Fermentations. — Sur un ferment digestif
qui se produit pendant la panification;
Note de M. Scheurer-Kestner SSg
— Observations de M. Cosson relatives à la
Communication deM. Scheurer-Kestner. 370
— Sur la papaïne; contribution à l'histoire
des ferments solubles; Note de M. Ad.
JFurlz 1 379
Voir aussi Infectieuses (Maladies).
Galvanomètres. — Sur le galvanomètre de
Thomson ; Note de M. A. Gaiffe 94
— Sur une nouvelle forme de galvanomètre ;
Note de M. Gostinskr i534
Gaz. — Expériences sur la compression des
mélanges gazeux; par M. L. Caillctet.. 210
— Sur la densité du chloré à de hautes tem-
pératures; Note de M. J.-M. Crafts. .. i83
Sur la densité de quelques gaz à une
haute température; Note de M. J.-M.
Crafts 309
Sur la densité de l'iode à des températures
élevées; Note de MM. J.-M. Crafts et
F. Meier 690
Influence de la température sur la com-
pressibilité des gaz sous de fortes près-
( l6o2
Pages. I
sions ; Note de M. E.-H. Jument ggS
— Sur les gaz retenus par occlusion dans I
l'aluminium et le magnésium; Note de
M. Dumas 1 027 1
— Sur l'écoulement des gaz; Note de '
M. Neyreiiciif 1 487
— M. E. -DfZira/; adresse une Note intitulée:
« Sur un appareil propre à liquéfier les
gaz 1) i5oi
Géodésie. — Détermination de la différence
de longitude entre Paris et Bregenz ; Note
de MM. Lœwy et Oppolzer 26/
GÉOGRAPHIE. — M. Lmrey communique à
r.4cadémie l'extrait d'une Lettre reçue
de M. de Letseps, à son arrivée en
Amérique i65
— Lettre de M. F. de Lesseps à M. Larrey,
au sujet du projet du canal interocéa-
nique 4g6
— Étal actuel de la question du canal inter-
océanique ; Note de M. de Lesseps 583
— Sur le canal interocéanique de Panama;
Note de M. F. de Lesseps goS
— M. le Président fait connaître les noms
des Membres de la Commission chargée
d'examiner les questions scientifiques
relatives au percement de l'isthme de
Panama g63
— M. de Lesseps met à la disposition de cette
Commission divers documents relatifs au
percement de l'isthme de Panama g64
— W. Dnubrée présente, de la part de
M. Bniitan, une « Notice sur la consti-
tution géologique de l'isthme de Panama
au point de vue de l'exécution du canal
interocéanique » i4g9
— Sur la salubrité de l'isthme de Panama;
Note de M. de Lesseps 1 532
— Observations de M. Boidey sur l'utilité
des quarantaines, à propos de la Com-
munication de M. de Lesseps i533
— M. L. Conipnnyo adresse un Mémoire sur
l'organisation du service sanitaire du
canal de Panama 1 53g
'Voir aussi Foynges'SscieritiJîques.
GÉOLOGIE. — Présentation de la seconde
Partie des « Études synthétiques de
Géologie expérimentale » ; par M. Dait-
brée 49
— Sur le delta pliocène du Rhône à Saint-
Gilles (Gard) ; Note de M. Colhi 548
— Sur la présence normale du cuivre dans
les plantes qui vivent sur les roches de
la formation primordiale; Note de
M. Dieulafdit 703
— Sur les terrains tertiaires de la Bretagne;
environs de SalTré (Loire-Inférieure);
Note de M. G. Vasseur 1229
Pages.
• Histoire géologique du canal de la
Manche; par M. Hébert i3i8 et i385
■ Présence et caractère spécial des marnes
à huîtres de Carnetin (Seine-et-Marne) ;
Note de M. S. Meunier i495
- Sur le terrain crétacé du Sahara septen-
trional ; Note de M. G. Rolland 1576
- M. Daubrée présente une brochure de
M. le général f/e //e/meri-ffl, intitulée:
« Rapports géologiques et physico-
géographiques de la dépression aralo-
caspienne» i47
- M. Daubrée présente un travail de M. G.
Vzielli, intitulé « Mémoire sur les
argille seagliose delVApennino » l47
- M. Daubrée, en présentant une étude
intitulée « Descartes, l'un des créateurs
de la Cosmogonie et de la Géologie n,
donne un aperçu de cet Ouvrage i324
- M. de Chancourtois adresse plusieurs
Notices et propositions ayant pour but
l'unification des travaux géographiques
et géologiques 676
- M. Dnubrée appelle l'attention sur la
Carte géologique du canton de Genève de
M. Ali)h. Fnvre 1017
- M. y. Landerer soumet à l'Académie, sous
le titre de « Géologie lunaire », un travail
sur la nature lithologique de notre satellite 1018
- M. Boulanger adresse un Mémoire intitulé
« Étude sur le relief du sol » i3io
jÉométbie. — Sur les polygones inscrits à
une conique et circonscrits à une autre
conique; Noie de M. G. Darboux 85
— Sur les courbes définies par une équation
différentielle; Note de M. Poincaré . . . . 673
— La surface de l'onde considérée comme
surfacelimile \'^\iXeAeW..A.Mannheim. 971
— Nouvelle génération de la surface de
l'onde et constructions diverses; Note
de M. J. Mannheim 1 333
— Sur les équations linéaires simultanées et
sur une classe de courbes gauches; Notes
de M. E. Picard g76, io65 et 1 1 1 8
— Sur le nombre des groupes cycliques
dans une transformation de l'espace;
Note de M. S. Kantor 1 156
— M, Benson adresse une Note relative à
diverses questions de Géométrie élémen-
taire 46
— M. /. de Merényi adresse un Mémoire
sur la solution de divers problèmes de
Géométrie 5 1 5
— M. de la Gournerie présente, au nom de
}\.Domenico 7'c.«ar/, le dernier fascicule
de son « Traité sur les ombres et le
clair-obscur » i585
Voir aussi Analyse mathématique.
( i6o3 )
Gyroscopes. — Sur le gyroscope électro-
magnétique ; Note do M. //". de Fom-icllc.
— Sur la dépendance de deux gyroscopes
électromagnéliqnes soumis à un même
circuit d'induction; Noie de M. //'. de
Pagps.
910
Papps.
FonvieUc ijGg
M. P. -.t. Pidird adresse deux Notes
relatives à la théorie du gyroscope élec-
tromagnétique ii53et i4)C
H
Heube. — Sur le réglage électrique de
l'heure à Paris ; Note de M. Tresca GGo
Histoire des Sciences. — M. C. Henry
adresse une Noie sur une valeur appro-
chée de \/2,due à l'auteur indien Bau-
dhâyana,et sur deux valeurs approchées
de v'^, qui ont été données par Archi-
mède 46
— M. Clinsles présente à l'Académie, de la
part de M. le prince Snncompngni,
diverses livraisons du Bullettinn
3aG, 632, 832 et iSog
— M. Chnstes présente à l'.^cadémie, de la
part de M. le prince Boncompagni, un
fascicule contenant la reproduction en
fac-.timile de cinq Lettres de M"' Sophie
Germain à Z.-V. Gauss 1375
— M. le Président donne lecture d'une
Lettre de M"» la marqlli^e de Colbert-
Chabannis, faisant hommage à l'Aca-
démie des trois premiers Volumes des
« Œuvres de La|ilace » 1137
— M. le Secrétaire perpétuel appelle l'at-
tention de l'Académie sur la belle exé-
cution de cet Ouvrage 1 138
— M. le Secrétaire perpétuel donne lecture
d'une Lettre de M. Dubrtmfnut, mettant
à la disposition de l'Académie un certain
nombre d'autographes qui ont appartenu
à ses archives 1201
— M. Dubriinfaut adresse deux cent dix
pièces qui ont appartenu aux archives
de l'Académie i333
— M. le Secrétcdrc perpétuel donne lecture
d'une Lettre de M. Dubrunfnut^ accom-
pagnant l'envoi d'une nouvelle série de
deux cent treize pièces autographes qui
ontappartenuauxarchivesdel'Académie. 1471
— M. Cltasles présente, de la part de M. /.
Poggioli, un Ouvrage intitulé « Lavori
in opéra di Scienze naturali del già pro-
fessore Michelangelo Poggioli » i5oo
Hydraulique. — Note sur l'utilité des lames
courbes concentriques, pour amorcer
alternativement les siphons au moven
d'une colonne liquide oscillante; par
M. A. de Calignr 1 1 g
— M. Cil. Antoine adresse un Mémoire sur
a les propulseurs hydrauliques » 885
HyDROLOGiE. — Sur le désaccord apparent
entre les hauteurs observées récemment
sur la Seine et les prévisions du Service
hydrométrique dans la traversée de Pa-
ris; Note de MM. L. Lalanne et G. Le-
moine
— Observations de M. Dumas relatives à la
Communication précédente
— Remarques de M. le général Morin sur
la même Communication
— M. X Inspecteur général de In Nm'igntion
adresse les états des crues et des dimi-
nutions de la Seine, au pont Royal et
au pimtde la Tournelle, pendant l'an-
née 1879
— Sur la température des eaux souterraines
de Paris pendant le mois de décembre
1879; Note de M. yélf. Durnnd-Claye.
— M. A. Gaudin adresse une Note relative
aux causes qui ont déterminé la crue
anomale de la Seine dans les premiers
jours de janvier
— Sur le nouveau siphon établi sur le ca-
nal Saint-Martin, et sur les travaux
d'assainissement du quartier de Bercy;
Note de M. Maurice Le\>Y
— Prévisions relatives à la tenue des eaux
courantes dans le bassin de la Seine,
pendant l'été et l'automne de la présente
année ; Note de M. G. Lenwine
— M. Ar. Dunwnt donne lecture d'une
« Note sur le canal d'irrigation du
Rhône »
— M. Dausse communique à l'Académie,
sur l'endiguement du Tibre à Rome, une
Lettre qu'il vient d'adresser à M. le Mi-
nistre des Travaux publics du royaume
d'Italie
Hygiène publique. — M. Am. Chaasagne
adresse unMémoireintitulé: «Statistique
du développement du corps humain par
les exercices gymnastiques pratiqués à
l'École normalemilitaire de gymnastique
de .Toinville-le-Pont (Seinel »
— M. G. Ff/.f adresse une Note relative aux
appareils imaginés par M. Loeb pour
protéger les organes respiratoires contre
les accidents dus à l'inhalation de pous-
sières, gaz ou miasmes divers
65
Cg
69
laS
■97
'99
1496
73o
966
32
806
— Désinfection des véhicnles par l'acide
sulfureux anhydre; Note de M. V. Fatio.
— Sur l'exiistence, dans la fumée du tabac,
d'acide prussique, d'un alcaloïde aussi
toxique que la nicotine et de divers
principes aromatiques ; Note de MM. G.
( i6o4 )
Pages. I
85i
Pages.
Le Bon et G. iW/ i538
— Sur la salubrité de l'isthme de Panama;
Noie de M. dr Lessrps i532
— Observations de M. Bouler, à propos de
la Communication de M. de Lesseps, sur
l'utililé des quarantaines i533
I
Infectieuses (Maladies). — Sur les mala-
dies virulentes, et en particulier sur la
maladie appelée vulgairement choléra
des poules ; Note de M. L. Pasteur..,.
— Sur le choléra des poules ; étude des
conditions de la non-récidive de la ma-
ladie et de quelques autres de ses ca-
ractères; Notes de M. L. Pasteur
952 et
— Sur les analogies qui semblent exister
entre le choléra des poules et la maladie
du sommeil (ncfaran); Note de ^{.Tcdmy.
— De l'extension de la théorie des germes
à l'éliologie de quelques maladies cora-
289
io3o —
1014
munes ; Note de M. L. Pasteur io33
Sur les analogies qui semblent exister
enire le choléra des poules et le nelavan,
ou maladie du sommeil ; Note de M. Dé-
clnt
Sur les analogies et les différences qui
exislent entre la maladie du sommeil et
le nelavan; Noie de M. Jd. Nicolas. .
M. J.-A. Pennés soumet au jugement
de l'Académie un Mémoire sur l'emploi
d'un vinaigre antiseptique 1269
Voir aussi Charbonneuse (Maladie] et
Médecine.
1088
H28
LÉGUMINE.
Sur la légumine; Note de M. A. Bleunard 1080
M
Machines a air. — M. Gauguê adresse la
description et le plan d'un moteur à air
comprimé laSg
Machines a vapeur. — M. Fromentin adresse
plusieurs documents relatifs à un appa-
reil qu'il appelle « aliraentateur semi-
automoteur à niveau constant, pour ma-
chines à vapeur » 1200
Magnésium. — Sur la forme cristalline du
magnésium ; Note de M. Des Cloizcaux. 1 101
— Sur les gaz retenus par occlusion dans
l'aluminium et le magnésium; Note de
M. Dumas 1027
Magnétisme. — Sur quelques expériences
nouvelles d'attractions magnétiques; par
M. Jder 864
— Sur les actions mutuelles d'aiguilles ai-
mantées plongées dans des liquides; Note
de M. Obalski 1 126
Magnétisme terrestre. — Variations de la
déclinai.^on magnétique, déduites des
observations régulières faites à Monca-
lieri dans la période 1871-78; Note du
P. Fr. Denza 92
MÉCANIQUE. — Sur les déformations des 1
corps soit élastiques, soit plastiques, I
soit fluides; Notes de M. de Snint-
Venant 53 et
— Équation des petites oscillations d'un fil
inextensible en mouvement dans l'es-
pace ; Note de M. H. Léauté
— Détermination des tensions moyennes
développées aux extrémité d'une corde
pesante oscillant autour d'une position
de repos apparent; Note de M. H.
Léauté
— Recherche du coefficient de régularité
du mouvement dans les transmissions
par câbles; Note de M. H. Léauté
— Règles pratiques pour l'établissement des
transmissions télodynamiques; Note de
M. H. Léauté 587
— Fonction des vitesses ; extension des théo-
rèmes de Lagrange au cas d'un fluide
imparfait ; par M. Bresse 5oi
— Sur la manière dont les frottements entrent
en Jeu dans un fluide qui sort do l'état
de repos, et sur leur effet pour empêcher
l'existence d'une fonction des vitesses;
Note de M. J . Boussinesq 736
— Sur la manière de présenter la théorie
du potentiel dans l'hypothèse générale-
209
290
354
498
( i6o5
Pages,
ment admise de la discontinuité de la
matière; Note de M. /. Boussincsq 791
— Réponse de M. Bresse à une Note de
M. J. Boussinesq 85;
— Quelques considérations sur l'impossibi-
lité d'admettre, en général, une fonction
des vitesses dans toute question d'My-
drauliqueoù les frottements ont un rôle
notable ; par M. /. Boussinesq 967
— Sur quelques théorèmes de Cinématique;
Note de M. H. Resnl 769
— M. Resal présente à l'Académie le Tome V
de son « Traité de Mécanique générale ». io5
— Du problème inverse du mouvement d'un
point matériel sur une surface de révo-
lution; Noies de M. H. Resal. . 889 et 987
— Détermination de trois axes d'un corps
solide sur lesquels les forces centrifuges
exercent, par suite de la rotation, un
effet maximum; Note de M. £. Bras-
sinne 1 27 1
— Des vibrations à la surface des liquides;
Noie de M. F. Lecliat i545
Voir aussi Elaslicilé.
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — De l'influence de
la température et de l'élasticité sur les
câbles des ponts suspendus; Note de
M. H. Resal 179
— Application du téléplione à la mesure de
la torsion de l'arbre moteur des ma-
chines en mouvement; Note de M. C.
Resio
— Sur un nouvel indicateur dynamomé-
trique ; Note de M. M. Dcprez
— Des causes qui tendent à gauchir les
poutres des ponts en fer; Note de M. S.
Périsse'
— M. Ed. .Çfloi'f(//-(7 adresse une réclamation
de priorité relative à la théorie des
voûtes 123-2
— M. L. Bourgiiet adresse le projet d'une
disposition qui permettrait de rendre
sensible à un nombreux auditoire le
déplacement du pendule de Foucault ..
Voir aussi TnmiK.c publics.
Mécamque céleste. — Détermination, par
la méthode de M. Gyldén, du mouve-
ment de la planète Héra (io3); Note de
M. O. Callandrcau
— Sur un développement particulier de la
fonction perturbatrice ; Note de M. F.
Tisserand 557
— Sur des transcendantes qui jouent un rôle
fondamental dans la théorie des per-
turbations planétaires; Notes de M. P.
Tisserand 1021 et logS
— Sur des transrendantes qui jouent un
rôle fondamental dans la théorie des per-
604
861
i4i3
832
82
)
Pagea.
turbations planétaires; Notes de M. O.
Callandrcau ' 1 54 , \ioi et 1 54o
— Sur les variations séculaires de la figure
mathématique de la Terre; Note de
M. Faye 11 85
— Sur des transcendantes qui jouent un
rôle important dans la théorie des per-
turbations planétaires; Notes de M. G.
Darboux 1416 et r472
— Sur la méthode de Cauchy pour le déve-
loppement de la fonction perturbatrice;
Note de M. C. Trépied 1474
— M. A. ff^crebrinson soumet au jugement
de l'Académie un Mémoire intitulé :
« Sur les inégalités séculaires du grand
axe des orbites planétaires, du troisième
ordre par rapport aux masses. » laSg
MÉDECINE. — De quelques exemples relatifs
à l'antagonisme entre l'hérédité et le
milieu ; Note de M. E. Mer 875
— Contribution à l'étude de la transmission
de la tuberculose; Note de M. H. Tous-
saint 754
— Sur un mode de traitement de certaines
surdités et surdi-mutités infantiles;
par M. Boucheron 756
— La peste dans les temps modernes; sa
prophylaxie défectueuse ou nulle; sa li-
mitation spontanée; Note de M. Tholo-
zan 847
— Observations helminthologiques et re-
cherches expérimentales sur la maladie
des ouvriers du Saint-Gothar ; par
M. E. Perroncito 1378
— M. Déclat adresse une Note sur un trai-
tement de la fièvre typho'ide par l'acide
phénique et le phénate d'ammoniaque. 55o
— M. Larrey présente, de la part de M. da
Cunlia ^e/Zf//;, un Ouvrage intitulé : « La
vie médicale au champ de bataille ».. 717
— M. G. Picard adresse, pour le Concours
du prix Dusgate, un Mémoire intitulé:
« Les signes de la mort » 248
— Un ^«/(-«r adresse un Mémoire intitulé:
« Sur la détermination de la mort réelle
par le caustique de Vienne » 1201
— M. Bruele adresse quelques remarques
sur l'utilisation médicale d'un sulfure
double de mercure et de sodium ia33
— M. Peyraud adresse une Note intitulée :
« Sur un signe de la mort réelle, tiré
des caractères de l'eschare produite par
l'application du caustique de Vienne ». i233
Voiraussi Cliarbonneuse [M(dadie), Infec-
tieuses [Maladies], Vaccin, etc.
MÉTÉORITES. — Sur la météorite tombée, le
10 mai 1879, près d'Estherville (Emmet
County, lowa, États-Unis); Note de
( I
Pages
M. /. Lawrence Smith g58
— Nouveau minéral météoritique, avec un
complément d'informations au sujet de
la chute précédente; Note de M. /.
Laivrence Smith 1 46o
— M. Daubrée présente, de la part de
M. Démange, des Tables synoptiques
manuscrites destinées à faire voir la ré-
partition quotidienne et mensuelle des
chutes de météorites ici 8
MÉTÉOROLOGIE. — Sur les observations mé-
téorologiques du mois de mai, à Zi-ka-
wei, en Chine ; Note de M. Paye 5o
— Hiver de 1879-80 à Clermont et au
Puy-de-Dôme; Note de M. Alluard 795
— Remarques de M. Fore au sujet de la
Communication de M. Alluard 798
— Observatoire météorologique du Puy-de-
Dôme. Verglas du 21 novembre 1879;
Note de M. Alluard 799
— Variations de la température avec l'alti-
tude pour les grands froids de décembre
1 879 dans le bassin de la Seine ; Note de
M. G. Lemuine io83
— Sur l'interversion des températures de
l'air avec la hauteur ; Note de M. Ch.
André , j6,
— M. H. Mangon présente, au nom de
M. JFild, un k Allas des isothermes de
l'année et des mois pour la Russie ».. . i585
— M. de Trnicliimbert adresse une photo-
graphie de formes de neige observées à
Poitiers 46
— M. L. GodcfroY adresse quelques détails
sur un givre qui s'est produit à la Cha-
pelle-Saint-Mesmin, le 12 janvier 1880. 147
— M. L. Hugo adresse une Note relative
aux cristallisations observées dans le
givre aSo
Voir aussi Physique du globe.
Météorologiques (Observations), 102, 2,58,
554, 63.T, 834, ii34, 1440.
MÉTHVLE. — Sur un hydrate d'iodure de
méthyie; Note de M. de Forcrand 1491
Microphones. — Sur un appareil micropho-
nique recueillant la parole à distance;
Note de M.M. P. Ben et d'Jrsnnml. . . 585
Minéralogie. — Reproduction artificielle de
la scorodite; Note de MM. Fenieuil et
Bourgeois 223
— Reproduction de l'amphigène; Note de
M. P. Hautefcuille 3i3
— Sur lamartile du Brésil; Note de M. Gor-
ce'> 3i6
606 )
Pages.
— Production et cristallisation d'un silicate
anhydre (enstatite) en présence de la
vapeur d'eau à la pression ordinaire;
Note de M . Stan. Meunier 34g
— Sur un silicate de sesquioxyde de fer
et de potasse correspondant à l'amphi-
gène; Note de M. P. Hnutefeuilte 378
— Sur deux nouveaux silicates d'alumine et
de lithine; Note de M. P. Hautcfeuille. 541
— Sur les phosphates et les borophosphates
de magnésie et de chaux provenant du
dépôt de guano de Mejillones: Note de
M. Domey/io 544
— Sur la production artificielle de feldspaths
à base de baryte, de strontiane et de
plomb, correspondant à l'oligoclase, au
labrador et à l'anorthite; Note de MM. F.
Fouqué et A. Michel Lén- 620
— Séparation des minéraux dont la densité
est plus grande que celle du quartz, à
l'aide de mélanges fondus de chlorure
de plomb et de chlorure de zinc; Note
de M. R. Bréon 626
— Production artificielle d'une leucotéphrite
identique aux laves cristallines du Vé-
suve et de la Somma; formes naissantes
cristallitiques de la leucite et de la né-
phéline; Note de M.M. F. Fouqué el A.
Mic/iel Lévy 6g8
— Reproduction artificielle duspinelle et du
corindon; Note de M. Slan. Meunier. . 701
— Sur la reproduction simultanée de l'or-
those et du quartz; Note de M. P. Hau-
tefeuille 83o
— Sur deux nouveaux silicotitanates de
soude; par M. P. Hautefeudle 8C8
— Sur l'essai des pyrites par la méthode
gravivolumétrique ; par M. A. Houzeau. 870
— Reproduction synthétique des silicates
alumineus et des silico-aluminates alca-
lins de la nature ; par M. Stan. Meunier. 1009
— M. de Lessejjs présente à l'Académie des
échantillons de minerai d'argent de Ca-
lifornie 1 133
— M. le Mi/lis/ /e de l'Instruction publique
transmet à r.\cadémie une Lettre du
Consul de France à Charleston, signa-
lant la découverte du zircon dans les
montagnes de la Caroline du Sud i333
- Le zinc; son existence à l'étal de ditTu-
sion complète dans toutes les roches de
la formation primordiale et dans les eaux
des mers de tous les âges; Note de
^L L. Dieulafait 1578
( '^o? )
N
Pages.
Navigation. — M. le Directeur génénit dex
Douanes adresse un exem|il;iire du Ta-
bleau général des mouvemenls du ca-
botage en 1878 174
— Sur les points de l'océan Arctique de Si-
bérie qui présentent le plus d'obstacles
pour la navigation ; Note de M. Norden-
skiôld 7go
— Compas optique indépendant, pour les
cuirassés d'escadre; Note de M. du
Fraysseix 1 556
— M. Fr. Michel rappelle le procédé qu'il
a proposé en 1869 pour prévenir les
accidents causés aux navires par la ren-
contre de masses de glace flottantes. . . 832
NÉBULEUSES. — Nébuleuses découvertes et
observées à l'Observatoire de Marseille;
Note de M. E. Stephnn 887
Nerveux (Systèsie). — Sur les cellules go-
dronnées et le système hyalin intra-
vaginal des nerfs des Solipèdes; Note de
M. /. Renaat 711
— Du système nerveux de \' Idothea entomon
(Cruslacé isopode); Note de M. £d.
Brandi 713
— Recherches expérimentales et cliniques
sur l'anesthésie produite par les lésions
des circonvolutions cérébrales; par
M. R. Tripier 1 3 1
— Expériences montrant que l'anesthésie
due à certaines lésions du centre cérébro-
rachidien peut être remplacée par de
rhypereslhésie, sous l'influence d'une
autre lésion de ce centre; par M. Brown-
Pa(|ra,
Sequard 75o
— Elïets réflexes do la ligature d'un pneu-
mogastrique sur le cœur, après la sec-
tion du pneumogastrique opposé; Note
de M. Françnis-Franck 753
— Analyse, par la méthode graphique, des
mouvements provoqués par les excita-
tions du cerveau ; Note de MM. Fran-
çois-Franck et Pitres 1 126
— Sur quelques-unes des conditions de l'ex-
citabilité corticale ; Note de M. Couty. . 1 168
— Sur la forme et le siège des mouvements
produits par l'excitation corticale du
cerveau ; Note de M. Couty xii'i
NicoTi.NE ET SES DÉRIVÉS. — Sur dc nou-
veaux dérivés de la nicotine ; Note de
MM. A. Cahnurs et J. Etard 275
— Sur les dérivés bromes de la nicotine;
Note de MM. Cahours et Etard i3i5
Nominations de Membres et Correspon-
dants DE l'Académie. — M. F. Perrier
est élu Membre de la Section de Géo-
graphie et Navigation, en remplacement
de feu M. de Tessan 3i
— M. Bresse est élu Membre de la Section
de Mécanique, en remplacement de M. le
général Morin 1 252
— M. Chancel est élu Correspondant pour
la Section de Chimie, en remplacement
de feu M. Favre i328
— M. Stas est élu Correspondant pour la
Section de Chimie, en remplacement de
feu M. 7Arûn i ioo
o
Observatoires. — M. le Ministre de l'In-
struction publique invite l'Académie à
lui adresser une liste de deux candidats,
pour l'une des deux places d'Astronome
titulaire créées par le Décret du 21 fé-
vrier 1878 248
— M. G. Leveau prie l'Académie de le
comprendre parmi les candidats à l'une
de ces places 357
— M. Péri^aud^ M. Perrolin font la même
demande 5i6
— Liste de deux candidats présentée à M. le
Ministre de l'Instruction publique pour
la place d'Astronome titulaire vacante à
l'Observatoire de Paris : i°M. Périguud;
1° M. Perrotin 584
Optique. — Sur de nouvelles franges d'in-
C. K., 18S0, 1" Semestre. (T. XC.)
terférence; Note de M. Gouy 307
Sur la théorie de la double réfraction
circulaire; Note de M. Gouy 992
Sur la théorie des phénomènes d'interfé-
rence où intervient la polarisation rota-
toire; Note de M. Gouy 1 121
Recherches expérimentales sur la polari-
sation rotatoire magnétique dans les
gaz ; par M. H. Becquerel 1407
Sur quelques modifications apportées à la
construction de la lampe Bunsen et des
lampes monochromatiques; Note deM.^.
Terquem 1484
M. Ménétrier adresse une Note sur la
propagation de la lumière et son appli-
cation à la théorie de l'arc-en-ciel. ... 5i5
M. f'inut adresse une Note concernant les
208
dimensions que notre œil attribue à la
Lune
Voir aussi Spectroscopie et Vision.
( 1608 )
Pages.
-58
Pages.
OxALionE (Acide). — Sur l'acide oxalique
cristallisé ; Note de M. .4. Villiers 821
124
1443
i4oi
i463
Paléontologie. — Sur la découverte de
Mammifères nouveaux dans les dépôts
de phosphate de chaux du Quercy ; Note
de M. H. Filhol 1579
Paratonnebres. — M. le Ministre de la
Guerre prie l'Académie de lui faire con-
naître son opinion sur les idées émises
dans l'Ouvrage de M. Melsens, a Des pa-
ratonnerres à pointes, à conducteurs et
à raccordements terrestres multiples ».
Pen'dule. — Sur la réduction des observa-
tions du pendule au niveau de la mer;
Note de M. Fnye
Pesanteur. — Sur la valeur de la pesanteur
à Paris; Note de M. C.-S. Peirce
— Rapport de M. Fnre sur un Mémoire de
M. Peirce concernant la constance de
la pe-anteur à Paris et les corrections
exigées par les anciennes déterminations
de Borda et de Biot
Phonographes. — M. G. Gnmard adresse la
description d'un phonographe à plateau,
à mouvement rectiligne et à feuille de
cuivre 3 S;
Phosphorescence. — Recherches expéri-
mentales sur la phosphorescence du
Lampyre; par M. Joiisset de Bcllesme . 3i8
Photographie. — Sur la photographie du
spectre solaire; Note de M. E. Conclie. GSg
— Sur les effets de renversement des images
photographiques par la prolongation de
l'action lumineuse; Note de M. /. Jans-
scn 1447
Phylloxéra vastatris. — Voir l'article
Fiticulture .
Physiologie animale. — Sur la valeur com-
parée des impressions raonochroma-
tiques chez les Invertébrés; Note de
M. J. Chatiit 4 '
— Sur la glycogénèse chez les Infusoires;
Note de M. J. Certes 77
— Résistance des Pucerons aux froids rigou-
reux ; Note de M. /. Lichtrnstcin 80
— Effets des injections intra-veineuses de
sucre et de gomme; Note de M. R.
Moulard-Miirtin et Ôh. Ricliet 98
— Sur les phénomènes consécutifs à la liga-
ture de la veine cave inférieure, pra-
tiquée au-dessus du foie ; Note de M. P.
Picard 1 00
— Recherches sur les mouvements de l'uté-
rus ; par M. Polaillon 228
— Étude sur les modifications apportées par
l'organisme animal aux substances albu-
minoïdes injectées dans les vaisseaux
\y série : Injections intra-veineuses de
ferments solubles); Notes de MM. /. Bé-
cliamp et E. Battus 3-3 et 539
— Sur la mort apparente résultant de l'as-
phyxie ; Note de M. Fort 53g
— Sur quelques effets nutritifs des alcalins
à doses modérées, d'après l'expérimen-
tation sur l'homme dans l'état de santé;
Note de SIM. Martin- Damourette et
Hyades 1 1 5o
— De l'influence des milieux alcalins ou
acides sur la vie des écrevisses; Note de
M. Ch. Richet 1 166
— Anesthésie locale et générale, produite
par le bromure d'éthyle; Note de
M. Terrillon 11 70
— Expériences relatives au choc péritonéal;
par MM. Reynier et Ch. Richet 1110
— Fonctions de la vessie natatoire des Pois-
sons; Note de M. C. Marangoni lagS
— Sur les effets physiologiques de l'éry-
throphléine; Note de MM. G. Séc et
Bochefonlaine 1 366
— Sur l'action physiologique du Thalictrum
macrocarpum ; Note de MM. Boclie-
fonlaine et Doassans 1 432
— M. Dechaux adresse, pour le Concours
des prix de Médecine et Chirurgie, un
Mémoire intitulé « De la stérilité de la
femme » 1 1 1 4
Voir aussi Circulation, Curare, Digestion,
, Nerveux [Système), Respiration, Sécré-
tions, etc.
Physiologie végétale. — Sur un jihéno-
mène de sensibilité observé dans l'Aca-
cia; Note de M. T.-L. Phipson 1228
— M. Max. Cornu adresse un Mémoire por-
tant pour titre « Le Meunier, maladie
des laitues, Pcronospora gangliiformis
(Berk)» 357
Physique du globe. — 5Ï. le Secrétaire
perpétuel communique une Lettre con-
cernant un moyen de prévenir les
désastres que peut produire la débâcle
de la Loire, par le sciage de la glace. . . i25
— M. l'amiral Paris communique, à ce pro-
pos, les procédés qui ont été employés.
( '6o9
Pages.
en i85j, pour dégager des glaces les
navires de l'exinklilion do Kil-Bouroun. 126
— M. D. C'nltadon adresse une Nulo con-
cernant divers moyens mis en iisago
pour déterminer la rupture des couches
de glace formées à la surface de leau. . 217
— M. A. Coudiii soumet au jugement de
l'Académie un procédé pour diviser les
amas de glaçons 218
— M. A. /foMirmdrcssouneNoteconcernant
un procédé du même genre, pour la
destruction successive des banquises de
glace 218
— M. L. Hii^o adresse une Note « sur
l'érosion des glaçons des rivières » . . . . 40
— JI. Miirllia-Bcc/icr adresse une Note
relative aux phénomènes des lii\ ers ri-
goureux 124
— La température des lacs gelés; Note de
M. F.-A. Forel 322
— Les deltas torrentiels ; Note de W.Desor. 324
— Sur la température de l'air à la surface du
sol et de la terre jusqu'à 3G'" de profon-
deur, ainsi que sur la température de
deux sols, l'un dénudé, l'autro couvert
de gazon, pendant l'année 1879; Note de
MM. Eclin. Becquerel et Henri Bec-
querel 578
— Sur le cyclone du 24 janvier dernier à la
Nouvelle-Calédonie; Note de M. Fnje.. 785
— Sur une Lettre do JL l'amiral Cloué
relative aux trombes; Note de M. Faye. 1044
— M. il'Ahharlie présente le travail publié
au Japon par ftf. E. Knipping sur les
cyclones de 1878 dans les mers de la
Chine 1 376
— Un Auteur adresse un Mémoire portant
pour titre « Oscillations du sol depuis
Dunkerque jusqu'à la Bidassoa » 1200
Voir aussi .'///■ atmosphérique, Méléoro-
ln«ie et T'olcatiiqucs [Phénomèiiex).
Physique mathématique. — Comparaison
entre les courbes des tensions des va-
peurs saturées ; Notes de M. Paul de
Mondésir 3Go et 'J28
— Équation générale donnant la relation qui
existe, pour tous les liquides, entre leur
température et la tension maximum de
Pages.
leurs vapeurs à cette température; Note
de M. K. Pictet 1 070
— Les tensions des vapeurs saturées ont des
modes de variation diflérents, selon
qu'elles sont émises au-dessus ou au-
dessous du point de fusion ; Notes de
M. Paul de Mondésir 1 1 58 et \ ,j.i
Piles électriques. — Pile voltaïquo éner-
gique et constante, fournissant des ré-
sidus susceptibles d'être régénérés par
électrolyse; Note de M. G. Reynier. . . . i55o
— Observation de M. .£■(■//«. .fîcec/Hcvt'/ rela-
tive à la Communication précédente... i553
Planètes. — Observations méridiennes des
petites planètes, faites à l'Observatoire
de Greenwich (transmises par l'astro-
nome royal, M. G.-S. Airy) et à
l'Observatoire de Paris pendant le qua-
trième trimestre de l'année 1879;
communiquées par M. Mouchez 261
— Éphéméride de la planète (î«) Héra,
pour l'opposition de 1880; par M. O.
Callandreau 82 et 5 1 7
— Sur les positions des principales planètes ;
Note de M. P.-E. Chase 912
— Observations méridiennes des petites
planètes, faites à l'Observatoire de
Greenwich ( transmises par l'astronome
royal, M. G.-B. Airy) et à l'Observa-
toire de Paris pendant le premier tri-
mestre de l'année 1880; communiquées
par ^L Mouchez 11 Sg
— Sur la figure de la planète Mars; Note de
M. H. HennessY 1 419
Voir aussi Mécanique céleste.
Po.mpes. — Sur 'une pompe automatique à
mercure ; Note de M. G. Couttotenc. . . 920
Présidents de l'Académie. — M. H'urtz
est élu Vice-Président pour l'année 1880. i3
Prix décernés par l'Académie. — Tableau
des prix décernés dans la séance du
lundi i" mars 1880 470
Prix proposés par l'Acadéjiie. — Tableau
des prix proposés pour les années 1880,
1881, 1882 et i883 471
— Tableau, par année, de ces mômes prix. 47^
R
RÉFRIGÉRANTS (MÉLANGES). — Sur les mé-
langes réfrigérants formés d'un acide et
d'un sel hydraté; Noie de M. A. Ditte. ii63
— Sur les mélanges réfrigérants formés par
un acide et un sel hydraté; Noie de
Jf . Bcrthcht 1191
— Sur les mélanges réfrigérants formés de
deux sels cristallisés; Note de M. A.
Ditte 1282
Régulateurs. — Sur les régulateurs à ai-
lettes construits par M. Breguet; Note
de M. Yvon Filtarceau 1 5 1 j
( i6io )
Pages.
Respiration. — Recherches sur l'action
physiologique de l'acide salicylique sur
la respiration; par M. Ch. Limn S«i
— Sur la mort apparente résultant de l'as-
phyxie ; Note de M. Fort
Pages .
539
Sang. — Sur les caraclères anatomiques du
sang particuliers aux anémies intenses
et extrêmes; Note de M. G. Hayem. . . ii5
— Sur les caraclères anatomiques du sang
dans les phlegmasies; par M. G. Hnytm.
614 et 708
SÉCRÉTIONS. — De quelques faits relatifs à la
sécrétion urinaire; Note de MM. Ch,
Riclwt et R. Mont a ni -Martin 1 86
— Sur les lésions du rein et de la vessie
dans l'empoisonnement par la canthiiri-
dine; Notes de M. V. Cornil. .. 18S et 536
— Des variations de l'urée dans l'empoison-
nement par le phosphore; Note de
M. Thibault 1173
Sections de l'Académie. — La Section de
Mécanique présente la liste suivante de
candidats à la place vacante par suite
du décès de M. le général Morin :
1° M. Bresse; -2° MM. Boussincsq,
M. Lcvy; 3° M. Haton de la Gnupillière ;
4° M. Sarrau 1 3 1 1
Sociétés scientifiques. — V Académie des
Sciences, Belles-Lettres et Arts de Bel-
gique adresse le programme des ques-
tions qu'elle a mises au concours
pour i88i 675
Solaire (Chaleur). ■— M. E. Delauricr
adresse une « Étude sur les concentra-
teurs solaires » 38o
— Utilisation industrielle de la chaleur so-
laire ; Note de M. A. Mouchot 1212
Soleil. — Remarques sur une Communica-
tion récente, relative au réseau photo-
sphérique; par M. J. Janssen 26
— Cyclone solaire; Note de M. Thollon 87
— Sur la disposition cratériforme des facules
et des granulations solaires; Note de
Dom Lamey ig6
— Statistique des taches solaires de l'an-
née 1 879 ; par M. R. Wolf. 254
— MM. E. Delaurier et Ed. IViart adressent
un Mémoire sur un essai de détermina-
tion de la température du Soleil a55
— Observations des taches et protubérances
solaires pendant les troisième et qua-
trième trimestres de 1879; par le
P. Tacchini 358
— M. L. Godefroy adresse une Note sur la
transformation rapide d'un groupe de
protubérances sur le bord oriental du
Soleil 717
Sourds-Muets. — Simplification des appa-
reils audiphones américains destinés aux
sourds-muets; par M. D. Collndon.. . . \it
Souscriptions scientifiques. — M. le Minre
de Cliâtitlon-sur-Loing informe l'.ica-
démie qu'une souscription est ouverte
pour l'érection d'une statue à A.-C.
Becquerel sur une des places publiques
de cette ville 477
— M. le Maire de C hâtillnn-sur-Loing prie
l'Académie de désigner quelques-uns de
ses Membres pour faire partie de la
Commission qui devra s'occuper de
l'érection de cette statue 809
— La Société médico-psychologique informe
l'Académie qu'elle a pris l'initiative
d'une souscription pour élever une
statue à Philippe Pinel, sur la place de
la Salpêtrière, à Paris 675
Spectroscopie. — Sur les spectres photo-
graphiques des étoiles; Note de M. If'.
Huggins 70
— Sur la photographie de la portion infra-
rouge du spectre solaire; Note de
M. Abncy 1 82
— Mesure spectrométrique des hautes tem-
pératures ; par M. A. Crova 252
— Sur la loi de répartition, suivant l'altitude,
de la substance absorbant dans l'atmo-
sphère les radiations solaires ultra-vio-
lettes ; Note de M. A. Cornu 940
— Étude de la distribution de la lumière
dans le spectre; par MM. /. Macé et
fF. Nicati 1 275
— Sur le spectre lumineux de l'eau; Note
de M . Huggins i455
Sphéroidal (Etat). — Résumé des lois qui
régissent la matière à l'état sphéroïdal;
par M. P. -H. Boutigny 1074
Statistique. — M. le Secrétaire perpétuel
signale, parmi les pièces imprimées de
la Correspondance, 1' « Album de Sta-
tistique graphique (l" Partie) » publié
par M. Cheysson 293
— M. L. Deligny adresse un Mémoire inti-
tulé « Étude statistique et hygiénique
des communes rurales des deux cantons
de Toul » 1200
Sucres. — Sur la saccharine; Note de
M. Etig. Peligot 1 141
( '6.r )
Pages.
TÉLÉMÈTHES. — Siir Un nouveau télénnMre ;
Note (le M. Lainhli Go3
TÉLÉPHONES. — Applic.ilion du tcMi^plionc à
la mesure de la torsion de l'arbre niolour
des machines en mouvement; par M. C.
Rc.iio 6o4
— Téléphone à surexcitalion magnétique;
par M. Adcr laj-J
— si. Th. ilit Mnnccl présenlo à l'Académie
la troisième édition de son Ouvrage
« Sur le téléphone, le microphone et le
phonographe » 1327
Températures. — Mesure spectrométrique
des hautes températures; parM. J.Crofn. o.'ii
— Sur un ])rocédé pour la mesure des tem-
pératures élevées; Note de MM. J.-M.
Crnfls et Fr. Mcier 606
— Sur la détermination des températures
élevées; Notes de MM. H. Sainle-CUiire
Dcfille et L. Trnost 727 et 778
Tératologie. — Recherches sur le mode de
formation des monstres otocéphaliens ;
par M. C. Darcste 191
TiiERMOciiiMiE. — Chaleur de formation de
l'acide persulfurique; Note de M. Bcr-
thdol 33 1
— Sur la décomposition de l'eau oxygénée
en présence des alcalis et sur les dérivés
du bioxyde de baryum; Note de
M. Bertlwlot 334
— Détermination des chaleurs de combus-
tion de la glycérine et du glycol éthylé-
nique ; par M. IP'. Lnugidnine 367
— Action de l'eau oxygénée sur l'oxyde
d'argent et sur l'argent métallique ; Note
de M. Bcrthclnt 572
— Sur le tritoxyde d'argent; Note de
M. Berthelnt 653
— Observations sur la décomposition du
permanganate de potasse par l'eau oxy-
génée ; par M. Berllicht 656
— Chaleurs spécifiques des solutions de po-
tasse et de soude ; Note de M. Hammerl. C94
— Sur la chaleur de formation des oxydes
de l'azote; Note de M. Berlhclot 779
— Étude thermochimique des sulfures ter-
reux ; par M. P. Sabntier 819
— Sur quelques composés des corps halo-
gènes ; Note de M. Berthcht 841
— Sur les déplacements réciproques des
éléments halogènes; Note de M. Brr-
tlwlot 893
— Sur la stabilité de l'eau oxygénée; Note
de M. Bertlwlot 897
Sur a chaleur de combustion des princi-
pales,
paux gaz hydrocarbonés; Note de
M. Bcrthclnt 1 1^,0
- Chaleur dégagée dans la combustion de
quelques alcools isomères de la série
grasse ainsi que de l'œnanthol; Note de
M. ff . Loiigiiinine 1279
- Sur la chaleur de formation des oxydes
de l'azote et de ceux du soufre ; Note de
M. Bcrthclnt 1 J49
- Sur la chaleur de vaporisation de l'acide
sulfurique anhydre; Note de M. Berthe-
lnt 1 5 10
- Sur quelques relations générales entre la
masse chimique des éléments et la cha-
leur de formation (le leurs combinaisons;
Note de M. Berthelnt i5i r
— Étude thermique des polysulfures alca-
lins ; Note de M. P. Sabaticr 1 557
Voir aussi Chlnral.
Thermodynamique. — M. P.-E. Chaxe
adresse une Note intitulée « Pholody-
namiquo. Comparaison des unités lumi-
neuses et thermiques » 1439
Travaux publics. — État des travaux de
percement du Saint-Gothard ; Note de
M. Colladmi 73
— Note au sujet de la rencontre des deux
galeries d'avancement du grand tunnel
du Saint-Gothard ; par M. D. Colladnn . 492
— Sur le barrage du Furens; Note de M. de
Lcsscps 1 1 4 8
— Délermination de l'emplacement d'un
pont à établir sur le Danube, près de
Silistrie ; Note de M. Lénn Lalannc. . . iigg
— Des causes qui tendent à gauchir les
poutres des ponts en fer, et des moyens
de calculer ces poutres pour ro'sister
aux efforts gauchissants; Note de M. S.
Périsse 1 4 1 3
— M. de Ict Gouriierie ià\\. hommage à l'Aca-
démie d'une Note intitulée : « Expé-
riences pour déterminer la direction
de la pression dans les arches biaises;
réponse à une critique de M. Emile
Trélat i534
— M. Lalanne présente, au nom de M. Che-
min, un Ouvrage intitulé « Tramways;
construction et exploitation » 55o
— M. Ed. Sam'cdra adresse une réclama-
tion de priorité relative à une théorie
des voûtes 1282
Tuberculose. — Contribution à l'étude de
la transmission de la tuberculose; par
M. H. Tniissalnt 754
— Sur la transmissibilté de la tuberculose
( l6l2 )
P.-iRes. I
par le lait; Note de M. F. Peuch i58i
Remarques de M. Bnuley relatives à la
Communication précédente t583
Pages.
— Observations de M. £«r;ro-relatives à la
Communication de M. Peuch et aux re-
marques de IM. Bouley i584
Vacci.v. — Découverte de vaccin horse-pox;
Note de M. de Pietra-Santa 1227
Vanadii;m et ses composés. — Sur une
propriété nouvelle des vanadates ; Note
de M. P. Hautefeuilli' 744
Vapeurs. — Comparaison entre les courbes
des tensions des vapeurs saturées; Notes
de M. Paul (le Miimlesir 36o et iaS
— Équation générale donnant la relation qui
existe, pour tous les liquides, entre leur
température et la tension maximum de
leur vapeur à cette température; Note
de M. R. Pictct 1 070
— Les tensions des vapeurs saturées ont
des modes de variation différents, selon
qu'elles sont émises au-dessus ou au-
dessous du point de fusion; Notes de
M. Pfiul de Mondésir 1 158 et 1423
— M. Grii^nard adresse une Note relative
à une loi approximative comprenant
les résultats obtenus par Regnault sur
les tensions de la vapeur d'eau aux
diverses températures aSo
Vins. — Sur le dosage de la glycérine dans
les vins ; par M. Rdrntnid 1077
Vision. — Sur l'astigmatisme; Note de
M. C.-J.-A. Leroy 1277
Viticulture. — Du traitement des vignes
phylloxéréi's; Notes de M. H. Ma-
res 28 et 74
— M. Gacliasxin-Liifte adresse une Com-
munication relative au Phylloxéra Sa
— M. F. Billière, M. Juhrcvitle adressent
diverses Communications relatives au
Phylloxéra 124
— Sur l'emploi du sulfure de carbone pour
la destruction du Phylloxéra; Note de
M. Boitenu 167
— Sur la résistance du Phylloxéra aux
basses températures; Note de M. M.
Girard. 173
— M. G. Focx adresse diverses photogra-
phies relatives au Phylloxéra et aux
vignes américaines et une collection de
modèles grossis de graines de vignes. . 174
— 51. G^^rrfadresse une Communication rela-
tive à un mode de traitement des vignes
phylloxérées 1 74
— M..^. Deriizot , M. Marti/i-Raget aûressenl
diverses Communications relatives au
Phylloxéra 218
- M. Girond adresse une Lettre relative
à un procédé de greffage de la vigne,
destiné à la mettre à l'abri du Phylloxéra. 248
- M. ]
— Action de l'eau oxygénée sur l'oxyde
d'argent et sur l'argent métallique. . .. 572
— Sur le tritoxyde d'argent G53
— Observations sur la décomposition du
permanganate de potasse par l'eau oxy-
génée 656
— Sur la chaleur de formation des oxydes
de l'azote 77g
— Sur quelques composés des corps halo-
gènes 84 1
— Sur les déplacements réciproques des
éléments halogènes 893
— Sur la stabilité de l'eau oxygénée 897
— Étude des propriétés explosives du ful-
minate de mercure. (En commun avec
M. Vieille.) 946
— Sur les mélanges réfrigérants formés par
un acide et un sel hydraté 1 191
— Sur la chaleur de combustion des prin-
cipaux gaz hydrocarbonés 1240
— Sur la chaleur de formation des oxydes
de l'azote et de ceux du soufre i449
— Sur la chaleur de vaporisation de l'acide
sulfurique anhydre i5io
— Sur quelques relations générales entre
la masse chimique des éléments et la
chaleur de formation de leurs combi-
naisons I "i 1 1
(
MM.
I
— Est nommé Membre de la Commission
chargée de juger le Conoours rie
l'année 1879 pour le prix Bordin 85i
BEUTIIAND (.1.) lit l'Éloge historique de
M. Maric-Françnix-Eiii^pne Jif/^niml. 469
— 51. le Mrrré/(iirf/)pr/ictiiclaimo\\cc le décos
de M. ff'.-I'h. .Sf/Hw/'CT, Correspondant
de la Section de Bolaniqiie, 780; — de
M. lie Luca, et rappelle quelques-uns
des travaux de ce savant 971
— Donne lecture d'une Lettre de U.Dnbnin-
ftitt, meltantà la disposition de l'Acadé-
mie un certain nombre d'autographes qui
ont appartenu à ses archives, 1201 ; —
donne lecture d'une lettre de M. Dubrun-
faut, accompagnant l'envoi d'une nou-
vellesérie de deux cent treize piècesauto-
graphes qui ont appartenu aux archives
de l'Académie 1171
— M. le Secrélnire perpétuel s\2,m\&.,\i?ctmi
les pièces imprimées de la Correspon-
dance, divers Ouvrages de MM. Kœnis-
berger, Muntz, Martin de Brettcs et
Vinot, 81. — L'Album de Statistique gra-
phique [i'° Partie) publié par M. Cheys-
son, 293. — Divers Ouvrages de MM. Fi-
guier, Henry, Maillet et Erculani, 781.
— Un Mémoire sur 1' «histoire naturelle
de la Chine; conchyliologie fluviale de la
province de Nanking », et une brochure
de M. Pécholier, 855. — Divers Ou-
vrages de MM. Feddersen, Marey, Colti-
gnoti et Hiuinoi'er 1 1 1 4
— EstnomméMembre de la Commission char-
gée de juger le Concours de l'année i S79
pour le grand prix des Sciences mathé-
matiques 85o et 900
— Et de la Commission du prix Poncelet. . . 85o
— Et de la Commission du prix Trémont. . 1106
— Et de la Commission du prix Gegner. ... 1 106
— Et de la Commission chargée de présenter
une question pour le grand prix des
Sciences mathématiques pour 18S2. . . . ii5o
— Et de la Commission du prix Bordin
(Sciences physiques) ii5o
BIGOURDAN. — Observations de la comète
Schaberle,faitesàrObservatoirede Paris.
{En commun avec M. Henry.) 911
BILLIÈRE (F.) adresse une Communication
relative au Phylloxéra 124
BL.\NCHARD (É.m.) est nommé Membre de la
Commission chargée déjuger leConcours
du prix Thore pour l'année 1880 966
— Et de la Commission du grand prix des
Sciences physiques 967
— Et de laCommission du prix Savigny. . . . 1037
— Observations à l'occasion d'une Note de
M. Rommier sur l'influence toxique que
6.7 )
MM. Paces.
le mycélium des racines de la vigne
exerce sur le Phylloxéra 5i3
— SuruneCicadelle [Hystempterunuipterum]
qui a tt;H|ue les vignes dansledépartement
do la Gironde i io3
BLEUNAUD. — Sur les produits du dédouble-
ment des matières protéiques (ii».
— Sur la lésumine loSo
BOCIIEFONTAINE. — Sur quelques altéra-
tions des capsules surrénales 828
— Une mention honorable lui est accordée au
Concours Montyon, Médecine et Chi-
ruigie, année 1879 i25
— Adresse ses remereiments à l'Académie. 593
— Sur les efTets physiologiques de l'érythro-
phléine. (En commun avec M. Sêe. ) . . . i3GG
— Sur l'action physiologique du Tludiclrum
niacrocfirpum. (En commun avec M.
Doassans. ) 1 4 32
BOITEAU. — Sur l'emploi du .sulfure de car-
bone pour la destruction du Phylloxéra. 167
— Résultat des traitements eflèctucs sur les
vignes atteintes par le Phylloxéra 1 329
BONNANGE. — La Commission du prix de
Statistique de la fondation Montyon,
année 1 879, lui accorde une mention très
honorable pour son Atlas graphique et
statistique du commerce de la France. 407
— Adresse ses remereiments à l'Académie. 593
BONNET (0.) est nommé Membre de la
Commission chargée de juger le Concours
de l'année 1879 pour le grand prix des
Sciences mathématiques 85o
BORIUS. — La Commission du prix de Statis-
tique de la fondation Montyon, an-
née 1879, lui accorde un rappel du prix
obtenu en 1875 pour son Ouvrage sur le
climat de Brest 402
— Adresse ses remereiments à l'Académie. 676
BOUCHARDAT (G.). — Sur la transforma-
tion de l'amylène et du valérylène en
cymène et en carbures benzéniques. . . i5(5o
BOUCHERON. — Sur un mode de traitement
de certaines surdités et surdi-mutités
infantiles 75G
BOUCHUT (E.). — Action digesiive du suc
de papaya et de la papaïne sur les tissus
sains ou pathologiques de l'être vivant . . G17
BOUILLAUD est nommé Membre de la Com-
mission chargée de juger le Concours
du prix Montyon (Médecine et Chirurgie)
pour l'année i88o 1057
— Et de la Commission du prix Godard. . . . 1057
— Et de la Commission du prix Dusgate. . . io57
BOULANGTER adresse un Mémoire intitulé :
« Étude sur le relief du sol » i3io
BOULEY. — Observations à l'occasion d'une
Note de M. de Lesscps sur la salubrité
( i6
MM. Pafî«'-
de l'isthme de Panama 1 533
— Observations sur une Note de M. Pciirli
relalive à la transmissibililéde la tuber-
culose par le lait i583
— Est nommé Membre de la Commission
chargée de juger le Concours de l'an-
née 1880 pour le prix de Statistique goS
— Et de la Commission du prix Montyon
(Médecine et Chirurgie) 1067
— Et de la Commission du prix Boudet loS;
— Et de la Commission du prix Montyon
(Physiologie expérimentale) i loG
BOUQUET est nommé Membre de la Com-
mission chargée de juger le Concours de
l'année J879 pour le grand prix des
Sciences mathématiques 85o
— Et de la Commission chargée de présen-
ter une question de grand prix des
Sciences mathématiques pour 1 882 .... 1 1 5o
— Adresse à l'Académie un Mémoire inti-
tulé : « Nouvelle méthode pour obtenir
toutes les racines d'une équation numé-
rique quelconque » 1 5o i
BOURGEOIS. — Reproduction artificielle de
la scorodite. (En commun avec M. t'er-
rieuil. ] rii
BOURGOIN. — Une somme de quatre mille
francs lui est accordée, sur le prix Jecker,
année 1879, pour ses travaux de Chimie
organique 407
— Adresse ses remercîmenls à l'Académie. 5i6
— Électrolyse de l'acide nialonique (3o8
— Préparation de l'acide malonique 1289
BOURGUET (E.) adresse, pour le Concours
des prix de Médecine et Chirurgie, un
Ouvrage intitulé: «De l'immobilisation de
l'anse intestinale dans quelques opéra-
tions graves de hernie étranglée » 854
BOURGUET (L.) adresse le projet d'une
disposition qui permettrait de rendre sen-
sible à un nombreux auditoire le dépla-
cement du pendule de Foucault 832
BOUSSINESQ (J.). — Sur la manière dont
les frottements entrent en jeu dans un
fluide qui sort de l'état de repos, et sur
leureffetpourempècher l'existence d'une
fonction des vitesses 730
— Sur la manière de présenter la théorie du
potentiel, dans l'hypothèse généralement
admise de la discontinuité de la matière. 792
— Quelques considérations à l'appui d'une
Note précédente, sur l'impossibilité d'ad-
mettre, en général, une fonction de
vitesse dans toute question d'Hydrauli-
que où les frottements ont un rôle no-
table 967
— Prie l'Académie de le comprendre parmi
les candidats à une place vacante dans
18)
MM. Pages,
la Section de Mécanique ii53
— Est présenté par la Section de Mécanique
pour la place vacante par le décès de
M. le général Morin i3i i
BOUSSING.\ULT est nommé Membre de
la Commission chargée de juger le Con-
cours de l'année 1880 pour le prix de
Statistique 9o5
— Et de la Commission du prix Montyon
(Arts insalubres) 1106
— Et de la Commission du prix Gegner
BOUTIGNY appelle l'attention de l'Acadé-
mie sur la résistance des insectes aux
agents chimiques 675
— Résumé des lois qui régissent la matière
à l'état sphéroïdal 1074
BOUTMY.— LeprisMontyon,Artsinsalubres,
Concoursde l'année i879,luiestaccordé.
(En commun avec M. Fauchera) 44i
— MM. Bouimy et Fimchei- adressent leurs
remerciments à l'Académie 5i6
BOUTY (E. ). — Mesure des forces électro-
motrices thermo-électriques, au contact
d'un métal et d'im liquide 917
— Mesure absolue du phénomène de Peltier
au contact d'un métal et de sa dissolu-
tion 987
BOUVET (A.) adresse une Note concernant
un procédé pour la destruction des ban-
quises de glace '218
BRACHET (.\.) adresse une Note sur la re-
production du diamant 885
BRANDT(E.). — Le prix Thore, année 1879,
lui est décerné 421
— Du système nerveux de l'/i'to/ienew/owo/;
(Crustacé isopode) 7i3
BRASSINNE (E.). — Détermination de trois
axes d'un corps solide sur lesquels les
forces centrifuges exercent, par suite de
la rotation, un effet maximum 1271
BREGUET est nommé Membre de la Com-
mission chargée de juger le Concours de
l'année 1879 pour le prix Montyon (Mé-
canique ) 85o
— Et de la Commission du prix Vaillant. . . goS
— Et de la Commission du prix Trémont.. 1106
BRÉON (R.). — Séparation des minéraux
dontla densité est plus grande que celle
du quartz, à l'aide de mélanges fondus
de chlorure de plomb et de chlorure de
zinc 626
BRESSE. — Fonction des vitesses; exten-
sion des théorèmes de Lagrange au cas
d'un fluide imparfait 5oi
— Réponse à une Note de M. Bnussinesq. .. 85/
— Prie l'Académie de le comprendre parmi
les candidats à une place vacante dans
la Section de Mécanique 1061
MM.
i6
Page».
— Est présenté par la Section de Mi^ca-
nique pour la place vacante par le décès
de M . le général Morin 1 3 1 1
— Est élu Membre de l'Académie pour la
Section de Mécanique i2 5i
BROWN-SEQU.VRD. — Expériences mon-
trant que l'aneslhésie due à certaines
lésions du centre cérébro-rachidien peut
être remplacée par de l'hyperesthésio,
sous l'inliuence d'une autre lésion de ce
centre ySo
BRUELE adresse quelques remarques sur
l'utUisation médicale d'un sulfure double
-9)
MM. V»z^i'
de mercure el de sodium i333
BRUÈRE. — Sur la transformation du téré-
benlliène en cymène M'S
BUISINE (A.). — Sur la formation du nitrate
de tétraméthylammonium. (En commun
avec M. E. Duvillier. ) 872
— Action du bromure de méthyle el do
l'iodure de métliylo sur la monométhyl-
amine. (En commun avec M. Diifi/lirr.). 1426
BUSSY est nommé Membre de la Com-
mission chargée déjuger le Concours du
prix Barbier pour l'année 1 880 966
CABANELLAS (G). — Mesure directe de la
résistance intérieure des machines ma-
gnéto-électriques en mouvement
CADÙT (0.). — Delà formation des ovules
et de l'ovaire chez les Mammifères et les
Vertébrés ovipares
CAHOURS (A.). — Note sur les acides qui
prennent naissance lorsqu'on redistille
les acides gras bruts dans un courant
de vapeur d'eau surchauffée. (En com-
mun avec M. £. Dcmarçar. )
— Note sur de nouveaux dérivés de la ni-
cotine. (En commun avec M. ^.^Vflrc/.).
— Sur un dérivé brome de la nicotine. (En
commun avec M. J. Ètard. )
CAILLETET (L.). — Expériences sur la com-
pression des mélanges gazeux
CALIGNY (A. de). — Note sur l'utilité des
lames courbes concentriques, pour amor-
ceralternativement lessiphonsau moyen
d'une colonne liquide oscillante
CALLANDREAU (0.).— Détermination, par
les méthodes de M. Gyidén, du mouve-
ment de la planète (Jm) Héra
— Ephéméridede la planète Q Héra, pour
l'opposition de 1 880
— Sur la formule de quadrature de Gauss. .
— Sur des transcendantes qui jouent un rôle
fondamental dans la théorie des pertur-
bations planétaires i'54, \m\ et
CARRÈRE (D. ). — Théorèmes sur la décom-
position des polynômes
CERTES (A.). — Sur la glycogénèse chez
les Infusoires
— Sur l'analyse micrographique des eaux..
CHAMBRIEII. — Sur un nouvel électro-
aimant
CHANCEL est nommé Correspondant pour la
Section de Chimie
— Adresse ses remercimcnts à l'Académie. .
CHANCÛURTOIS (de) adresse plusieurs No-
i346
37>
i56
275
i3i5
82
5i7
1067
i54o
1329
77
1435
363
i328
1416
tices et propositions, ayant pour but
l'unification des travaux géographiques
et géologiques
CHASE (P.-E.). — Sur les positions des
principales planètes
— Paraboloïdes cométaires
— Adresse à l'Académie une Note intitulée
« l'hotodynamique. Comparaison des
unités lumineuses et thermiques >'
CH.4.SLES présente à l'Académie, de la part
de M. le prince Bonconipagni, diverses
livraisons du Bultettino. 326,632, 832 et
— Présente à l'Académie, de la part de M. le
prince Bnncowpagni, un fascicule con-
tenant la reproduction en fac-similé
de cinq Lettres de Sophie Germain à
C.-F. Gauss
— Présente, de la part de M. J. PoggioU, un
Ouvrage intitulé Lnvori in opcra di
Scienze natiindi ^ del già p/vjcssnre
676
912
loGi
— Est élu Membre de la Commission centrale
administrative pendant l'année 1880..
— Et de la Commission chargée déjuger le
Concours de l'année 1879 pour le prix
Poncelet
— Et de la Commission du prix Gegner. . . .
CHASSAGNE (Am.) adresse un Mémoire
intitulé : « Statistique du développe-
ment du corps humain par les exercices
gymnastiques pratiqués à l'École nor-
male militaire de gymnastique de Join-
ville-lo-Pon t ( Seine ) »
CHATIN (J.). — Sur la valeur comparée des
impressions monochromatiques chez les
Invertébrés
CHATIN est nommé Membre de la Commis-
sion chargée de juger le Concours du
prix Barbier pour l'année 1880
— Et de la Commission du prix Desmazières.
— Et de la Commission du prix de La Fons
Mélicoq
1439
1309
1375
i5oo
■4
85o
1106
32
966
966
966
( 1620 )
J
MM. Pages.
CHAUVfiAU (A.). — Nouvelles expériences
sur la résistance des moutons algériens
au sang de rate iSgG
— Des causes qui peuvent faire varier les
résultats de l'inoculation charbonneuse
sur les moulons algériens. Influence de
la quantité des agents infectants. Appli-
cation à la théorie de l'immunité i5-2 6
CHEVREUL est nommé Membre de la Com-
mission du prix Montyon (Arts insa-
lubres) pour l'année 1880 1 106
— Et de la Commission chargée de vérifier
les comptes de l'année 1879 '"^ %
CLOQUET est nommé Membre de la Com-
mission chargée de juger le Concours
Montyon (Médecine et Chirurgie) pour
l'année 1880 1057
— Et de la Commission du prix Godard. . . io5i
COFFIN (Is. ) adresse un Mémoire relatif à
un traitement du choléra 5 1 5
COLLADOX. — État des travaux de perce-
ment du Saint-Gothard
— Simplification des appareils audiphones
américains destinés aux sourds-muets. 121
— Adresse une Note concernant divers
moyens mis en usage pour déterminer
la rupture des couches de glace formées
à la surface de l'eau 317
— Note au sujet de la rencontre des deux
galeries d'avancement du grand tunnel
du Saint-Gothard 492
COLLIGNON. — Le prix Dalmont, année 1879,
lui est accordé pour l'ensemble de ses
travaux sur la Mécanique, la Construc-
tion et la Géométrie SgS
— Adresse ses remerciments à l'Académie. 5i6
COLLOT. — Sur le delta pliocène du Rhône
à Saint-Gilles (Gard) 548
COMPANYO (L. ) adresse un Mémoire avec
Supplément, sur l'organisation du service
sanitaire du canal de Panama iSSg
CONC.A.TO (L.). — Sur l'anchylostomiase.
(En commun avec M. PcrroncUo .).... 619
CONCHE (E.). — Sur la photographie du
spectre solaire 689
CONSUL DE FRANCE AU CAP DE RONNE-
ESPÉRANCE (LE) transmet à l'Aca-
démie les observations de la nouvelle
comète visible à la ville du Cap, faites
par M. Darid Gille SgS
CORNEVIN. - Sur l'inoculabilité du char-
bon symplomatique et les caractères qui
le différencient du sang de rate. (En
commun avec MM . Arloing et Thomas. ) 1 3o2
CORNIL (V.). - Sur les lésions du rein et
de la vessie dans l'empoisonnement ra-
pide par la cantharidine 188
— Sur les lésions du rein dans l'empoison-
MM. Pages,
nement lent par la cantharidine 536
CORNU ( .4. ). — Sur la loi de répartition, sui-
vant l'altitude, de la substance absorbant
dans l'atmosphère les radiations ultra-
violettes 940
— Observations à propos d'une Note de
M. Ricard sur la relation entre les modes
majeur et mineur dans la gamme accordée
suivant le tempérament égal i55o
— Est nommé Membre de la Commission
chargée de juger le concours de l'année
1880 pour le grand prix des Sciences
mathématiques go5
— Et de la Commission du prix Vaillant.. . go5
CORNU (Max.) adresse un Mémoire por-
tant pour titre « Le meunier, maladie
des laitues [Vcronospora gangUiformis
Berk.) » ^. 357
— Demandée! obtient l'autorisation de reti-
rer du Secrétariat un Mémoire sur lequel
il n'a pas été fait de Rapport 1376
COSSON. — Remarques à l'occasion d'un
Mémoire de W.Schewer-Keslner, sur la
fabrication du pain 370
— Est nommé Membre de la Commission
chargée déjuger le Concours de l'année
1880 pour le prix de Statistique goS
— Et de la Commission du prix Delalande-
Guérineau i i4g
COUTTOLENC (G.). — Sur une pompe au-
tomatique à mercure 920
COUTY. —Surquelques-unes des conditions
de l'excitabilité corticale 1168
— Sur la forme et le siège des mouvements
produits par l'excitation corticale du
cerveau 1223
CRAFTS ( J.-M. ). — Sur la densité du chlore
à de hautes températures i83
— Sur la densité de quelques gaz à une
haute température 3og
— Sur un procédé pour la mesure des tem-
pératures élevées. (En commun avec
M. Meier.) 606
— Sur la densité de l'iode à des tempé-
ratures élevées. (En commun avec
M. Meier. ) 6go
— Une somme de deux mille francs lui
est accordée , sur le prix Jecker, an-
née 1879, pour ses travaux relatifs à la
Chimie organique 407
— Adresse ses remerciments à l'Académie. 5i6
CRIÉ. — Un encouragement de sept cent
cinquante francs lui est accordé sur le
prix Desmazières, année 187g 418
CROOKES (W.). - Un prix de trois mille
francs lui est décerné pour l'ensemble de
ses expériences 445
CROV.\ ( A. ). — Mesure spectrométrique des
MM.
hautes températures aSa
CURIE (P.)- — Recherches sur la détermi-
nation des longueurs d'onde des rayons
( 1621 )
Pages. MM.
calorifiques à basse température. (En
commun avec M. Dc.iains. )
Pn(;es
i-îoG
D
n.VRBOUX (G.). — Sur les polygones in-
scrits à une conique et circonscrits à
une autre conique 85
— Sur les systèmes formés d'équations li-
néaires à une seule variable indépen-
dante 524 et 59G
— Sur dos transcendantes qui jouent un rôle
important dans la théorie des perturba-
tions planétaires i {16 et 1472
DARESTE (C). — Recherches sur le mode
de formation des monstres otocéphaliens. 191
DA SYLVA ARANJO. — Sur le traitement
de l'éléphanliasis des Arabes par l'em-
ploi simultané des courants continus et
des courants intermittents. (En commun
avec M. Mnncnrvo. ) gSS
DAUBRÉE, Président sortant, rend compte
à l'Académie de l'état oîi se trouve l'im-
pression des Recueils qu'elle publie, et
des changements survenus parmi les
Membres et les Correspondants pendant
l'année 1 879 14
— Présente la seconde Partie de ses « Études
synthétiques de la Géologie expérimen-
tale » 49
— Allocution à l'ouverture de la séance pu-
blique annuelle du i" mars 1880 38i
— Examen des poussières volcaniques tom-
bées le 4 janvier 1880 à la Dominique et
de l'eau qui les accompagnait Q,i\
— Sur une pluie de poussière observée du
21 au 25 avril 1880 dans les départe-
ments des Basses-Alpes, de l'Isère et de
l'Ain 1098
— Observations sur une Note de M. de
fussicii, relative à une pluie de boue
tombée à Autun 1 1 Sa
— Appelle l'attention sur la Carte géologique
du canton de Genève de M. J. Favre . 1017
— En présentant une étude intitulée : « Des-
caries, l'un des créateurs de la Cosmo-
gonie et de la Géologie », donne un
aperçu des matières contenues dans cet
Ouvrage 1 824
— Présente une brochure de M. le général
f/f //f//«t7«v/, intitulée : «Rapports géo-
logiques et physico-géographiques de la
dépression aralo-caspienne » 147
— Présente un travail de .M. G. Uzielli in-
titulé: « Mémoiresurles argille scagliose
degli Apeunini » 147
— Présente, de a part de M. Démangé, des
Tables synoptiques manuscrites, desti-
nées à faire voir la répartition quotidienne
et mensuelle des chutes de météorites.
— Présente, de la part de M. Boutai/, une
Notice sur la constitution géologique de
l'isthme de Panama, au point de vue de
l'exécution du canal interocéanique . . .
— Est nommé Membre de la Commission
chargée de juger le Concours du prix
Bordin pour l'année 1 880
— Et de la Commission chargée d'examiner
les questions scientifiques relatives au
percement de l'isthme de Panama
— Et de la Commission du prix Gay
DAUSSE communique à l'Académie, sur l'en-
diguement du Tibre à Rome, une Lettre
qu'il vient d'adresser à M. le Ministre
des Travaux publics du royaume d'Italie.
DA'VAINE. — Le prix Lacaze pour l'année
1879 lui est décerné
DAVID. — Sur la partition des nombres . . .
DEBRAY (H.). — Action des acides sur les
alliages du rhodium avec le plomb et le
zinc , .
DEBRUN (E.) adresse une Note intitulée;
« Sur un appareil propre à liquéfier les
gaz »
DECAISNE est élu Membre de la Commission
centraleadministralivepourrannéei88o.
— Et rie la Commission chargée de juger le
Concours du prix Desraazièrespour l'an-
née 1880
— Et de la Commission du prix Thore ....
— Et de la Commission du prix de La Fons-
Mélicoq
DECHAUXadresse,pour le Concours des prix
de Médecine et Chirurgie, un Mémoire
intitulé: «De la stérilité de la femme».
DÉCLAT adresse une Note sur un traitement
de la fièvre lypho'i'de par l'acide phé-
nique et le phénate d'ammoniaque
— Sur les analogies qui semblent exister
entre le choléra des poules et le nelavun,
ou maladie du sommeil
DEDEKIND (R.). — Sur la théorie des
nombres complexes idéaux
DELACHANAL. — Sur quelques propriétés
des mélanges de cyanure de méthyle avec
l'alcool ordinaire et avec l'alcool méthy-
lique. (En commun avec M. Vinrent. ).
— Sur une combinaison de l'alcool allylique
avec la baryte anhydre. (En commun
1018
1^90
966
964
I io(j
96G
437
i344
iigj
i5oi
96G
9G6
966
it4
1088
I205
MM, Pages,
avec M. Jlncent. ) 1 36o
DELAFONTAINE (M.). — Remarques sur
les métaux nouveaux de la gadolinile et
de la samarskite 221
DELAUNÂY (G.) est cité pour un Mémoire
intitulé : « Études de Biologie comparée,
basées sur l'évolution organique, » Con-
cours Montyon, Médecine et Chirurgie,
année 1 879 4^7
DELÂURIER ( E. ) adresse un Mémoire sur un
essai de détermination de la température
du Soleil. (En commun a\ec M. Ed.
JVinrt. ] 255
— Adresse une « Étude sur les concentra-
teurs solaires » 38o
DELESSE est nommé Membre de la Com-
mission chargée de juger le Concours
du prix Bordin pour l'année 1880 966
— Et de la Commission du prix Gay 1 106
DELIGNY (L.) adresse un Mémoire intitulé:
« Étude statistique et hygiénique des
communes rurales des deux cantons de
Toul n 1 200
DEMARÇAY (E.). — Note sur les acides qui
prennent naissance lorsqu'on redistille
les acides gras bruts dans un courant de
vapeur d'eau surchauffée. (En commun
avec M. A. Cahours. ) 1 56
DENIZOT (A.) adresse une Communication
relative au Thylloxera 218
DENZA (Fr.). — Variationsde la déclinaison
magnétique, déduites des observations
régulières faites à Moncalieri dans la
période de 1871-1878
DEPREZ(M.). —Sur le rendement écono-
mique des moteurs électriques et sur la
mesure delà quantité d'énergie qui tra-
verse un circuit
— Sur le mesureur d'énergie
— Sur un nouvel indicateur dynamomé-
trique
— Synchronisme électrique de deux mouve-
ments quelconques 9 1 5
— Prie l'Académie de le comprendre parmi
les candidats à une place vacante dans
la Section de Mécanique 911
DESAINS (P.). — Recherches sur la déter-
mination des longueurs d'onde des rayons
calorifiques à basse température. (En
commun avec M. Curie. ) i5oG
DESBÔVES. — Théorème sur les équations
cubiques et biquadratiques 1069
DES CLOIZEAUX. — Sur la forme cristalline
du magnésium 1101
— Est nommé Membre de la Commission
ch;irgée de juger le Concours de l'an-
née 1880 pour le grand prix des Sciences
mathématiques . . 906
( 1622 )
MM. Pages.
— Et de la Commission du prix Bordin. . . . 966
DESFOSSES (L.). — Sur la muqueuse de la
région cloacaledu rectum. (En commun
avec M. Herrmann. ) 1 3oi
DESOR. — Les deltas torrentiels 3a4
DESTREM(A.). — Combinaisons des alcools
avec la baryte et la chaux; produits de
la décomposition, par la chaleur, de ces
combinaisons i2i3
DIEULAFAIT. — Sur la présence normale
du cuivre dans les plantes qui vivent
sur les roches de la formation primor-
diale 7o3
— Le zinc ; son existence à l'état de diffusion
complète dans toutes les roches de la
formation primordiale et dans les eaux
des mers de tous les âges i573
DIRECTEUR GÉNÉRAL DES DOUANES
(le) adresse un exemplaire du Tableau
général des mouvements du cabotage
en 1878 174
DITTE (A.). — Sur les mélanges réfrigérants
formés d'un acide et d'un sel hydraté. . iiG3
— Sur les mélanges réfrigérants formés de
deux sels cristallisés 1 282
DOASSANS. — Sur l'action physiologique du
Tholictrum macrocarpum. (En commun
avec M. Boclu'foiitaine, ] i432
DOMEYKO. — Sur les phosphates et les
borophosphates de magnésie et de chaux
provenant du dépôt de guano de Meji-
llones 544
DUBRUNFAUT adresse deux cent dix pièces
qui ont appartenu aux archives de l'A-
cadémie i333
DUCHARTRE est nommé Membre de la Com-
mission chargée de juger le Concours du
prix Dosmazières pour l'année 1880 . . . 9G6
— Et du prix de La Fons-Mélicoq 966
— Et du prix Thore 9(56
DUCRETET (G.). — Emploi du verre trempé
pour la construction des condensateurs. 363
DUCROS (E.) adresse une Communication
relative au Phylloxéra 806
DUJARDIN-BEAUMETZ. — L'un des prix de
la fondation Montyon, Médecine et Chi-
rurgie, année 1879, lui est décerné. (En
commun avec M. Aiidige. ) ^11
— Adressent leurs remercîments à l'Aca-
démie 5 1 G
DUMAS. — Observations sur une Commu-
nication de MiM. Lalanne et Lemoine
relative à la hauteur des eaux à Paris. . 69
— Sur les gaz retenus par occlusion dans
l'aluminium et le magnésium 1027
— M. le Secrétaire perpétuel informe l'Aca-
démie qu'elle a reçu du Consul de France
à Glascow une Communication relative
9'-
5go
812
861
MH.
( l
Pages
à la production arlificiellp du diamant,
à lai]Liclle l'auteur deniiuido qu'il ne soit
donné aucune suite i9.5
— Communique une Lettre concernant un
moyen de prévenir les désastres que
peut produire la débûclo de la Loire,
par le sciage de la glace 12 j
— Annonce à l'Académie la jierte qu'elle
vient de faire dans la personne de
M. P.-J. Fiifrc, Correspondant do la
Section de Chimie 32y
— Rappelle en quelques paroles les services
rendus à la Science par M. Fur/v Sag
— En |iri'sentant une Note imprimée de
5LM. C/i. Brnngriiiirt et Mcix. Cornu,
intitulée : « Épidémie causée sur des
Diptères du genre Syr-phns par un
Champignon entomoplilliora », appelle
sur ce genre de phénomènes l'attention
des naturalistes qui habitent les régions
attaquées par le i'hylloxera 249
— Annonce que le Tome LXXXVIII des
Comptes rcriiliis est en distribution . . . 477
— Appelle l'attention sur la belle exécution
de la nouvelle édition des OEuvres de
Laplace 1 138
— En annonçant le décès de M. Lissojous,
rappelle les services qu'il a rendus à la
Science 1 5o5
— Signale, parmi les pièces imprimées de
la Correspondance, un Ouvrage de
M. l''ihbé Moigw), i25. — Une brochure
de M. Vimont, sur « le Phylloxéra en
1879 », 249. — Divers Ouvrages de
MM. Buis, Schenck- P. £crt, Tré/at,
623 )
MM. Pages-
Fnrrl et Sorct, 5 16. — Divers Ouvrages
do M\\. 31. Girard, /.-S. Lombard, C.
nj/innssci et U. Ciiyon, 6-5. — Un Ou-
vrage de M. A. Favre, 911. — Divers
Ouvrages de MM. de Candolte, Scrret
et Le Blanc, 1262. — Divers Ouvrages
de MM. C/iiifin et /o/y, 14 id. — Divers
Ouvrages de MM. Huxley et Marchand. 1 539
— Annonce le décès do M. Gaiigaui t4iO
— Est nommé .Membre de la Commission
chargée de juger le Concours du prix
Montyon (Arts insalubres) pour l'an-
née 1880 I loG
— Et de la Commission du prix Tréniont.. . tio6
— Et de la Commission du prix Gegner. ... 1 106
DUMONT (.4r.). — Note sur le canal d ir-
rigation du Rhône 730
DUPUY DE LOME est nommé Membre de la
Commission chargée de juger le Con-
cours de l'année 1879 pour le prix
extraordinaire de six mille francs 85o
— Et de la Commission du prix Plumey . . . 85o
— Et (le la Commission du prix Bordin 85 1
DURAND-CLAYE (Alpii.). — Sur la tempé-
rature des eaux souterraines de Paris
pendant le mois de décembre 1879 .... 197
DUVILLIER (E.). — Sur les acides amidés
de l'acide a-oxycaproïque 822
— Sur la formation du nitrate de tétramé-
thylammonium. (En commun avec M.-:/.
Buisinc. ) 872
— Action du bromure de mélhyle et de
l'iodure de méthyle sur la monométhyl-
amine. (En commun avec il. Buisine.). 1426
EDWARDS ( Alpii. -Milxe). — Sur une nou-
velle espèce du genre Dasyure provenant
de la Nouvelle-Guinée i5i8
— Est adjoint à la Commission nommée pour
juger le Concours du grand prix des
Sciences physiques , 32
EDWARDS (H.-MiLNE) offre à l'Académie le
quatorzième et dernier Volume de son
Ouvrage intitulé : « Leçons sur la Physio-
logie et l'Anatoniie comparée » 962
— Est nommé de la Commission chargée de
juger le Concours du prix Bordin pour
l'année 1 880 966
— Et de la Commission du prix Thore. . . . 96G
— Et de la Commission du grand prix des
Sciences physiques 967
— El de la Commission du prix Savigriy. . . io5-
— Et de la Commission du prix Moniyon
(Médecine et Chirurgie) 1067
— Et de la Commission du prix Montyon
C.R., li-So, I" Semr.iire. (T. XC.)
(Physiologie expérimentale) 1106
— Et de la Commission du prix Gegner. . . 1 106
— Et de la Commission du prix Delalande-
Guéiineau 1 149
— Présente le Tome XI « des Archives du
Muséum d'Histoire naturelle de Lyon »
et signale deux Mémoires contenus dans
ce Volume 5 5o
ELLIOT. — Généralisation de deux théo-
rèmes sur les fonctions 0 352
— Sur le problème de l'inversion i46(J
ENGEL (R.). — Sur la tension de dissocia-
tion de l'hydrate de chloral et sur la
tension de vapeur du chloral anhydre.
( En commun avec M. Moilessier. ) 97
— Sur un mode de production de l'acétal.
(En commun avec M. de Girard.) 692
— Dissociation de l'hydrate du butylchloj'al.
( En commun avec M. Moilessier. ). . . . 1075
ENGEL (G.) adresse une réclamation de
2 iO
( i624 )
MM. Pages.
priorité au sujet de l'emploi des terres
siliceuses d'infusoires, comme véhicule
du sulfure de carbone, pour combattre
le Piiylloxeia 806
ESCARY. — Remarque relative à deux inté-
grales obtenues par Lamé dans la théorie
analytique de la chaleur i34i
MM. Pages.
ÉTARD (A.) —Sur de nouveaux dérivés
de la nicotine. (En commun avec M. Ca-
lioiirs .) 275
— Sur la synthèse des aldéhydes aroma-
tiques ; essence de cumin 534
— Sur un dérivé brome de la nicotine. (En
commun avec M. Cohoitrs. ] 1 3 1 5
FAA DE BRUNO. — Sur un théorème géné-
ral dans la théorie des covariants i2o3
FABRY (E.) soumet au jugement de l'Aca-
démie un Mémoire intitulé : « Condition
pour qu'une équation différentielle li-
néaire soit intégrable » 111}
PARKAS (J.). — Sur une classe de deux
fonctions doublement périodiques laCg
— Sur les fonctions elliptiques 1482
FATIO (V.). — Désinfection des véhicules
par l'acide sulfureux anhydre 85i
FAUCHER.— Le prix Montyon (Arts insalu-
bres), Concours de l'année 1879, leur est
accordé. fEn communavec i\l./?"»^»y.) 44'
— MM. Faucher et Butitinr adressent leurs
remercîments à l'Académie G7 J
FAVÉ est nommé Membre de la Commission
chargée d'examiner les questions scien-
tifiques relatives au percement de
l'isthme de Panama 964
F.\YE. — Sur les observations météorolo-
giques du mois de mai à Zi-ka-wei,
en Chine 5o
— Sur l'hypothèse de Laplace 506
— Sur l'origine du système solaire G37
— Sur le cyclone du 24 janvier dernier à
la Nouvelle-Calédonie 785
— Remarques au sujet d'une Communica-
tion de M. AUiiard, relative à l'hiver
de 1879-1S80 à Clermont et au Puy-de-
Dôme 798
— Sur une Lettre de l'amiral Chue relative
aux trombes 1044
— Sur les variations séculaires de la figure
mathématique de la Terre 11 85
— Sur les idées cosmogoni(|ues de Kant, à
propos d'une réclamation de priorité de
M. Sclil.otcl 1246
— Sur la réduction des observations du pen-
dule au niveau de la mer 1443
— Rapport sur un Mémoire de M. Peircc
concernant la constante de la pesanteur
à Paris et les corrections exigées par les
anciennes déterminations de Borda et
de Biot 1463
— Est nommé Membre de la Commission
chargée de juger le Concours de l'an-
née 1880 pour le prix Lalande goS
— Et de la Commission du prix Valz goS
FELS (G.) adresse une Note relative aux
appareils imaginés par M. Lneb pour
protéger les organes respiratoires contre
les accidents dus à l'inhalation de pous-
sières, gaz ou miasmes divers 80G
FERNET (E.). — Analyse des phénomènes
lumineux produits par les décharges
électriques dans les gaz raréfiés 680
FILHOL (Henri). — Le grand prix des
Sciences physiques, année 187g, lui est
décerné 4i5
— Adresse ses remercîments à l'Académie. SgS
— Sur la découverte de Mammifères nou-
veaux dans les dépôts de phosphate de
chaux du Quercy 1579
FIZEAU est nommé Âlembre de la Commis-
sion chargée de juger le Concours de
l'année 18S0 pour le grand prix des
Sciences mathématiques go5
— Et de la Commission du prix 'Vaillant. . . 905
— Et de la Commission du prix Bordin.. . . ii5o
FOEX (G.) adresse diverses photographies
relatives au Phylloxéra et aux vignes
américaines, et une collection de modèles
grossis de graines de vignes 174
FONTANE (Marius). — Expéditions fran-
çaises dans l'Afrique centrale 1 3o6
FONVIELLE ( W. de). — Mouvements gyra-
toires continus produits par une ma-
chine d'induciion rotative. (En commun
avec M. Lontin. ) goo
— Sur le gyroscope électromagnéticiue. ... gio
— Sur la dépendance de deux gyroscopes
électromagnétiques, soumis à un même
circuit d'induction ggg
FORCRAND (de). — Sur un hydrate d'io-
dure de méthyle 1491
FOREL (F.-A.). — La température des lacs
gelés 322
FORT. — Sur la mort apparente résultant
de l'asphyxie 53g
FOUQUÉ (F.). — Sur la production artifi-
cielle de feldspalhs à base de baryte, de
stronliane et de plomb, correspondant
à l'oligoclase, au labrador et à l'anor-
Ihite. (En commun avec IL M. Lén'. ) 620
— Production artilicielle d'une leucoté-
MM.
( i6
Pages
phrito identique aux laves cristallines
du Vésuve et de la Somma. Formes
naiss.intes rristaniti(]ues de la loucilo et
delanéphéline. (En commun avec M. y/. -
M. Lt'vy. ) 698
FRAIPONT (.T.). - Histologie, développe-
ment et origine du testicule et de
Tovaiie de la Campanularia antidata
(llincks) 43
FRANÇOIS-FRANCK. - Effets réHexes de
la ligature d'un pneumogastrique sur le
cœur, après la section du pneumogas-
trique opposé 753
— Analyse, par la méthode graphique, des
mouvements provoqués par les excita-
lions du cerveau. (En commun avec
M. Pitres. ] 1 1 26
— Le prix de Physiologie expérimentale,
fondation Montyon, lui est accordé,
Concours de l'année 1 879 487
25 )
MM. Paf;es.
— Adresse ses remcrcîmonts à l'Académie. 5i6
FRAVSSEIX(B. de). — Tir optique intérieur
dans les batteries couvertes i35o
— Compas optique indépendant, pour les
cuirassés d'escadre i556
FREMY est nommé Membre do la Commis-
sion chargée de juger le Cimcours du
prix Montyon (.Vrts insalubres) pour
l'année 1880 1 106
FROMENTIN adresse plusieurs documents
relatifs à un appareil qu'il appelle « ali-
mentateur semi-aulomoteur à niveau
constant, pour machines à vapeur »... 1200
FUCUS ( L. ). — Sur une classe de fonctions
de plusieurs variidjles tirées de l'inver-
sion des intégrales de solution des équa-
tions ditTérentielles linéaires dont les
coelFicients sont des fonctions ration-
nelles 678 et 735
GACHASSIN-LÂFITTE adresse une Commu-
nication relative au Phylloxéra 3a
GAIFFE (A.). — Sur le galvanomètre de
Thomson 94
GAMARD{G.) adresse une description et
une photographie d'un phonographe à
mouvement rectiligne et à feuille do
cuivre 357
GARD adresse une Communication relative
à un mode de traitement des vignes
phylloxérées 174
GARRIGOU (F.) adresse un complément
d'information sur le procédé qui lui a
permis d'affirmer la présence du mer-
cure dans les eaux minérales de Saint-
Nectaire 255
GAUDIN (A.) adresse une Note relative aux
causes qui ont déterminé la crue ano-
male de la Seine dans les premiers jours
de janvier 199
— Soumet au jugement de l'Académie un
procédé pour diviser les amasdeglaçons. 218
GAUGAIN. — Le prix Gegner, Concours de
l'année 1879, lui est accordé 444
— Adresse ses remerciments à l'Académie. 675
GAUGUÉ adresse la description et le plan
d'un moteur à air comprimé laSg
GAUSSIN(L.). — Lois concernant la distribu-
lion des astres du système solaire. 5 18 et 593
GAUTIER (An.M.). — Isomères de la phlo-
roglucine ioo3
GÉLINEAU adresse un SIémoire portant pour
titre « De la narcolepsie » 1 333
GENOCCHI. — Sur la loi de réciprocité de
Legendre, étendue aux nombres non
premiers 3oo
GENTET (E.) adresse une Note concernant
diverses expériences sur la production
de la lumière électrique 23o
GÉRARD (R.). — Recherches sur la struc-
ture de l'axe au-dessous des feuilles sé-
minales chez les Dicotylédones i2g5
Gl.ARD (Alf.). — Syrphes et Entomophtho-
rées. . . . , 5o4
GIRARD. — Sur la résistance du Phylloxéra
aux basses températures 173
GIRARD (de). — Sur un mode de produc-
tion de l'acétal. (En commun avec
M. Eni^cl. ) 692
GIRAUD (É.). - Préparation de l'indoline
et de ses composés 1429
GIROUD adresse une Lettre relative à un
procédé de greffage de la vigne, destiné
à la mettre à l'abri des atteintes du
Phylloxéra 248
GLASER adresse une Communication rela-
tive au Phylloxéra 854
GODEFRUY (L.) adresse quelques détails sur
un givre qui s'est produit à laChapelle-
Saint-iMesmin le 12 janvier 1880 147
— Adresse une Note sur la transformation
rapide d'un groupe de protubérances
observées sur le bord oriental du Soleil. 717
GOSSELIN. — Observations relatives à une
Note de MM. Mnncon'o et da Sylva
Jranjo sur le traitement de l'éléphan-
tiasis des Arabes 934
— Est nommé Membre de la Commission
chargée de juger le Concours du prix
Barbier pour l'année 1880 966
( 1626 )
MM. Pages.
— Et de la Commission du prix Montyon
(Médecine et Chirurgie) loOy
— Et de la Commission du prix Godard. . . 1067
— Et de la Commission du prix Boudet. . . 1067
— Et de la Commission du prix Dus^ate... 1067
GOUCEIX. - Sur la martile du Brésil 3i6
GOSTYNSKI (L.). — Sur une nouvelle forme
de galvanomètre 1 534
GOUY. — Sur de nouvelles franges d'inter-
férence 307
— Sur la théorie delà double réfraction cir-
culaire 99?.
— Sur la théorie des phénomènes d'inter-
férence où intervient la polarisation ro-
tatoire 1121
GRASSET est cité pour différents travaux,
et notamment pour ses « Leçons sur les
maladies du système nerveux », Concours
Montyon, Médecine et Chirurgie, an-
née 1 879 427
GREENE (W.-H.). — Sur une nouvelle
synthèse de la saligénine 4°
— Sur la préparation des dérivés iodés et
bromes de la benzine 40
GRÉHANT est cilé pour un Mémoire in-
titulé : « Sur l'absorption de l'oxyde de
carbone par l'organisme vivant», Con-
cours Montyon, Médecine et Chirurgie,
année 1 87g 427
— Adresse ses reraerciments à l'Académie. . 5i6
GRIGNARD adresse une Note relative à une
loi approximative, comprenant les résul-
tats obtenus par Regnault sur les ten-
sions de la vapeur d'eau aux diverses
températures 23o
GRIMAU.X (E.). — Synthèse de l'acide ni-
trique. (En commun avec M./*, ^cfem.). i25a
GUÈBH.\RD (A.). — Sur une méthode ex-
périmentale propre à déterminer les
lignes de niveau dans refoulement sta-
tionnaire de l'électricité k travers les
surfaces conductrices 984
— Sur les lignes équipotentielles d'un plan
formé de deux moitiés inégalement con-
ductrices 1124
GUÉRIN (.\lph.). — Le prix Godard lui est
accordé. Concours de l'année 1879 43i
GURNAUD. — La lumière, le couvert et
l'humus, étudiés dans leur influence sur
la végétation des arbres en forêt i44
GUYOT (E.) adresse un Mémoire intitulé:
« Essai sur la résolution des équations
des degrés supérieurs » 1 1 1 4
— Adresse deux Notes 0 Sur les équations
d'ordre composé » et «Sur le polynôme
&-'" », destinées à compléter le Mé-
moire précédent 1200
— Adresse un nouveau Mémoire intitulé :
«Sur la résolution des équations des de-
grés supérieurs » i4i6
GYLDÉX (H.). — Sur une équation différen-
tielle linéaire du second ordre 208
— Sur quelques équations différentielles li-
néaires du second ordre 344
H
HAMM. — Mémoire sur les moyens appli-
cables à la destruction du Phylloxéra. . 5o6
HAMMERL(H.). —Action de l'eau sur lo
fluorure de silicium et sur le fluorure de
bore; dissolution du cyanogène dans
l'eau 3 12
— Chaleurs spécifiques des solutions de po-
tasse et de soude 694
HAMY (L.). — Craniologie des races nègres
africaines; races dolichocéphales. (En
commun avec M. de Quntrefnges .) . . . i520
HARO. — Un encouragement de mille cinq
cents francs lui est accordé, prix Mon-
tyon, Arts insalubres, Concours de l'an-
née 1 879 442
— Adresse ses remercîments à l'Académie. 5i6
HATON DE LA GOUPILLIÈRE prie l'Aca-
d'mie de le comprendre parmi les can-
didats à une place vacante dans la Sec-
tion de Mécanique 1061
— Est présenté par la Section de Mécanique
pour la place vacante par le décès de
M. le général Morin i3i ,
HAUTEFEUILLE (P.). — Reproduction de
l'amphigène
— Sur un silicate de sesquioxyde de fer et
de potasse correspondant à l'amphigène.
— Sur deux nouveaux silicates d'alumine et
de lithine
— Sur une propriété nouvelle des vana-
dates
— Sur la reproduction simultanée de l'or-
those et du quartz
— Sur deux nouveaux silicotitanates de
soude
HAYEM (G.). — Sur les caractères analorai-
ques du sang particuliers aux anémies
intenses et extrêmes
— Sur les caractères anatomiques du sang
dans les phlegmasies 614 et
HÉBERT. — Histoire géologique du canal de
la Manche i3i8 et
— Est nommé Membre de la Commission
chargée de juger le Concours du prix
Bordin pour l'année 1880
— Et de la Commission du prix Gay
3i3
378
54 >
744
83o
868
225
708
i385
966
1 106
( i6
MM. Pages.
HEGFR (P.). — Sur le pouvoir fixateur do
cerlains organes pour les alcaloïdes iii-
troduiis dans le sang qui les traverse. .. 1226
HÈME (C.) adresse une Communication
relative au Phylloxéra 80G
HENNESSy (II.). - Sur la figure de^a pla-
nète Mars i.jig
HENRY (C. ) adresse, par l'cntremipe de
RI. Piiisiiix, une Note sur une valeur
approchée de \/2, due à l'auteur indien
Baudhayana, et sur deux valeurs appro-
chées de y'S, qui ont été données par
Archimède 46
HENRY (Pet Pr.). — Observations de la co-
mète Schaberle, failesà lObservatoire de
Paris. {EncommunavecM. £igoiiri/tin.). 911
HER.MITE. — Sur quelques applications des
fonctions elliptiques. 106,201,478, 683 et 761
— Sur une proposition de la théorie des fonc-
tions elliptiques 1096
— Est nommé Membre de la Commission
chargée de juger le Concours de l'année
1879 pour le grand prix des Sciences
mathématiques 85o
— Et de la Commission chargée de présenter
une question de grand prix des Sciences
mathématiques pour 1 882 1 1 5o
27 )
MM. Pages.
-— Est nommé Membre de la Commission
chargée du juger le Concours de l'année
1880 pour le grand prix des Sciences
mathématiques go5
HERRMANN (G.). - Sur la muqueuse de la
région cloarale du rectum. (En com-
mun avec M. Des fosses. ) 1 3oi
HOUZEAU (A.). — Sur la teneur en fer des
eaux minérales de Rouen et de Forges-
lesEaux 1001
— Sur l'essai des pyrites par la méthode
gravivolumétrique 870
HUET adresse, pour le grand prix des Sciences
physiques, un Mémoire intitulé : «Nou-
velles recherches sur les Crustacés iso-
podes » 1 333
jHUGGLNS (W.). — Sur les spectres photo-
graphiques des étoiles 70
|— Sur le spectre lumineux de l'eau i455
HUGO (L. ) adresse une Note « Sur l'érosion
des glaçons des rivières » 46
— Adresse une Note relative aux cristallisa-
tions observées dans le givre aSo
HYADHS. — Sur quelques effets nutritifs des
alcalins à doses modérées, d'après l'ex-
périmentation sur l'homme à l'état de
santé. (En commun avec M. Martin-
Damourette. ) 1 1 5o
INSPECTEUR GÉNÉRAL DE LA NAVIGA-
TION (l') adresse les états des crues
et des diminutions de la Seine, obser-
vées au pont Royal et au pont de la
Tournelle, pendant l'année 1879 i25
JAMIN (J.). — Sur l'explication de l'expé-
rience de MM. Lnntin et de FanvieUe. . 839
— Sur une lampe électrique automatique. . i235
JANSSEN (J.). — Remarques sur une Com-
municaiion récente, relative au réseau
photosphérique 26
— Sur les effets de renversement des images
photographiques par la prolongation de
l'action lumineuse i447
— Est nommé Membre de la Commissiun
chargée de juger le Concours de l'an-
née 1880 pour le prix Lalande 903
— Et de la Commission du prix Valz goS
JEAN (F.). — Sur une falsification du sili-
cate de soude 929
.IIME.NEZ adres,-e une Cnrte céle-te projetée
sur l'h-jrizon de Mexico, accompagnée
d'une explication 1 3o8
JORDAN (C). — Sur la réduction des sub-
stitutions linéaires 598
— Sur l'équivalence des formes 1422
JOULIN (L.). — Recherches sur la diffusion. 741
JOURDAIN (S.). — Sur la parturition du
Marsouin commun [Phoccena com-
miinis ) i38
— Sur l'existence d'une circulation lympha-
tique chez les Pleuronectes i43o
JOUSSET DE BELLESME. — Recherches
expériment.iles sur la phosphorescence
du Lam|)yre 3i8
JUNGFLEISCll. — Sur la préparation de
i'acétvlène 3C4
JURIEN DE LA GRAVIÈRE est nommé
Membre de la Commission chargée de
juger le Concours de l'année 1879 pour
le prix extraordinaire de six mdK- francs. 85o
JUSSIEU (de). — Sur une pluie de boue
tombée à Autun 1 1 3 1
( 1628 )
K
MM. Paçes.
KANTOR (S.). — Sur le nombre des !;roiipps
cycliques dans une transformation de
l'espace 1 1 56
KESSLER. — Hydrate hydrofluosilicique
cristallisé 1285
MM. Pages.
KIENER. — Sur la struclure, le développe-
ment et la signification pathologique du
tubercule. (En commun avec M. Pi-w/ef.). 194
KORKINE (A.). — Sur l'impossibilité de la
relation algébrique X"-i- Y"-f- Z" = o. . 3o3
LABADIE DE LALANDE (M"") adresse une
Communication relative au Phylloxéra. 1061
LACAZE-DUTHIERS est nommé Membre de
la Commission chargée déjuger le Con-
cours du grand prix des Sciences phy-
siques pour l'année 1 880 gf'iy
— Et de la Commission du prix Savigny.. . 10 "17
LADENBURG ( A. ). — Sur les tropéines, alca-
loïdes mydriatiques artificiels gji
— Sur les alcaloïdes naturels et mydriatiques
de la belladone, du datura, de la jus-
quiame et de la duboisia 874
LAFFONT. — Recherches sur l'innervation
vaso-motiice, la circulation du foie et
des viscères abdominaux 70Î
LA GOURNERIE (de) fait hommage à l'Aca-
démie d'une Note intitulée : « Expé-
riences pour déterminer la direction de
la pression dans les arches biaises;
réponse à une criti(|ue de M. E. Trélat.. i534
— Présente, au nom de M. Donirnim Tcs-
sari, le dernier fascicule de son « Traité
sur les ombres et le clair-obscur ». . . . i585
— Est nommé Membre de la Commission
chargée de juger le Concours de l'an-
née 1880 pour le prix de Statistique.. goS
— Et de la Commission scientifique chargée
d'examiner les questions relatives au
percement de l'isthme de Panama 964
— Et de la Commission du prix Gay 1 106
LAGUERRE. — Sur la détermination d'équa-
tions numériques ayant un nombre
donné de racines imaginaires 180
— Sur l'approximation des fonctions circu-
laires au moyen des fonctions algé-
briques 3o4
— Sur les équations algébriques dont le
premier membre satisfait à une équa-
tion différentielle linéaire du second
ordre 809
LALANNE (Léon). — Sur le désaccord appa-
rent entre les hauteurs observées récem-
ment sur la Seine et les prévisions du
Service hydrométrique dans la traversée
de Paris. (En commun avec M. G. Le-
mnine.) 65
— Détermination de l'emplacement d'un
pont à établir sur le Danube, près de
Silistrie I igg
— Présente, au nom de M. Chemin, un
Ouvrage intitulé « Tramways; construc-
tion et exploitation » 55o
— Est nommé Membre de la Commission
chargée de juger le Concours de l'an-
née 1880 pour le prix de Statistique.. . gos
— Et de la Commission chargée d'examiner
les questions scientifiques relatives au
percement de l'isthme de Panama 964
LAMEY (dom). — Sur la disposition cra-
tériforme des facules et des granulations
solaires ig6
LANDERER (J.) adresse une Lettre par
laquelle il réclame la priorité dos idées
émises par M. Gnii.yun, concernant l'ar-
rangement des planètes 717
— Soumet a l'Académie, sous le titre de
« Géologie lunaire », un travail dans
lequel il cherche à déterminer la nature
lithologique de notre satellite 1018
L.ANDOLT. — Sur un nouveau télémètre.. 6o3
LARRLY communique à l'Académie l'extrait
d'une Lettre de M. e/e Lesseps, à son
arrivée en Amérique i65
— Présente, de la part de M. da Cunha
Bcllcm, un Ouvrage intitulé : « La vie
médicale au champ de bataille » 717
— Remarques sur une Note de M. Pciich
relative à la transuiissibililé de la tuber-
culose par le lait i584
— Est nornmé Membre de la Commission
chargée de juger le Concours du prix
Barbier pour l'année 1 880 966
— Et de la Commission du prix Montyon
(Médecine et Chirurgie) 1057
— El de la Commission chargée d'examiner
les questions scientifiques relatives au
percement de l'isthme de Panama 964
LATAPIE adresse une Communication rela-
tive au Phylloxéra 1201
LAV/RENCE SMITH. — Sur la météorite
tombée, le 10 mai 1879, près d'Esther-
ville (Emmet counly, lowa, États-Unis) . gSS
— Nouveau minéral météorique, avec un
compléiuent d'informations au sujet de
( '6
MM. Pages,
la chute de météorites observée dans
riowa en mai 1 871) 1 460
LÉ.VUTÉ. — Équalions dos petites oscilla-
tions d'un fll inextensible en mouvement
dans l'espace 290
— Dc'terminaiion des tensions moyennes
développées aux extrémités d'une corde
pesante oscillant autour d'une position
de repos apparent 354
— Recherches du coefficient de régularité
du mouvement dans les transmissions
par câbles 498
— Règles pratiques pour l'établissement des
transmissions lélodynamiqiies 687
— Développement d'une l'onction à une seule
variable, dans un intervalle donné, sui-
vant les valeurs moyennes de celte
fonction et de ses dérivées successives
dans cet intervalle i4o4
LEBON. — La Commission de Statistique de
la fondation Moniyon, année 1879, lui
accorde un encouragement pour ses
« Recherches anatomiques et malhénia-
liques sur les lois des variations de vo-
lume du cerveau. » • 4o4
LE BON (G.). — Sur l'existence, dans la
fumée du tabac, d'acide prussique, d'un
alcaloïde aussi toxique que la nicotine,
et de divers principes aromatiques. (En
commun avec M G. iVo^/. ) i538
LECHAT [F.). — Des vibrations à la surface
des liquides i545
LECLERC (F.) demande l'ouverture d'un
pli cacheté déposé par lui le 8 mars
1880 et contenant une Note intitulée :
« Destruction du Phylloxéra par le vac-
cinage de la vigne » 854
LECOQ DE BOISBAUDRAN. — Le prix La-
caze, année 1879, lui est décerné 410
— Adresse ses remercîments à l'.Académie. G75
LECÛRCHÈ. — Une mention honorable lui
est accordée au Concours Montyon, Mé-
decine et Chirurgie, année 1 879 42G
LEDOUBLE. — Un prix Godard, de mille
francs, lui est accordé. Concours de
l'jinnée 1879 43i
LEFÉBURE. — Sur la résolution de l'équa-
tion x-"-hy" = z" en nombres entiers. . i4o6
LEFORT(J.). — Remarques sur l'emploi de
la pile de Smilhson pour la recherche
du mercure, paiticulièrement dans les
eaux minéiales '4'
LEMÉTAYER. — De l'escourgeon comme
fourrage vert. (En commun avec M. 7^.
Pirne. ) 962
LEiMOINE (G. ). — Sur le désaccord apparent
entre les hauteurs observées récem-
ment sur la Seine et les prévisions du
29')
MM. P«Ge«-
Service hydrométrique dans la traversée
de Paris. (En commun avec M. L. Ln-
iinnc. ) 65
— 'Variations de la température avec l'alti-
tude, pour les grands froids de décembre
1879 dans le bassin de la Seine io83
— Une récompense de mille francs lui est
accordée sur le grand prix des Sciences
physiques, année 1879 4'6
— Prévisions relatives à la tenue des eaux
courantes, dans le bassin de la Seine,
pendant l'été et l'automne de la pré-
sente année 1496
LE PAIGE (C). — Sur l'élimination laio
LE ROUX. — Le prix Lacaze, année 1879,
lui est décerné pour ses travaux de
Physique 396
— Adresse ses remercîments à l'Académie. 675
LEROY (C.-J.-A.). — Sur l'astigmatisme. . . 1277
LESSEPS (de). — Sur le projet du canal
maritime interocéanique 496
— État actuel de la question du canal inter-
océanique 583
— Sur le canal interocéaniipie de Panama., goî
— Met à la disjiosition de la Commission
divers documents relatifs au percement
de l'isthme de Panama 964
— Sur la s.ilubrité de l'isthme de Panama. . i532
— Présente à l'Académie des échantillons de
minerai d'argent de Californie 1 133
— Sur le barrage du Furens 1 1 48
— Est nommé Membre de la Commission
chargée de juger le Concours de l'an-
née 1880 pour le prix Delalande-Guéri-
neau 1149
LEUDUGER-FORT.MOREL. — Un encoura-
gement de sept cent cinquante francs
lui est accordé sur le prix Desmazières,
année 1879 ^ 418
— Adresse ses remercîments à l'Académie. 5i6
LE'VALLOIS (A.). — Présence dans le Snjn
IiisiAila (Munch.) d'une quantité notable
d'une substance, solulile dans l'alcool,
facilement transformable en glucose . . . 1293
— Sur la chaux anhydre cristallisée. (En
commun avec M. Meunier. ] 1 5G6
LEVEAU (G.) prie l'Académie de le com-
prendre parmi les candidats à l'une des
places d'Astronome titulaire de l'Ob-
servatoire de Paris 357
LÉ'VY (L.). — Aperçu sur la genèse des
eaux minérales de la Savoie C28
LÉVY (Maurice) prie l'Académie de le com-
prendre parmi les candidats à une place
vacante dans la Section de Mécanique. . 971
— Est présenté par la Section de Méca-
nique pour la place vacante par le
décès de M. le général Morin i 3i i
(
MM. Pages.
— Sur le nouveau siphon établi sur le canal
Saint-Martin, et sur les travaux d'assai-
nissement du quartier de Bercy 1 107
LÉVY (Michel). — Sur la production arti-
ficielle de feldspatlis à base de baryte de
strontiane et de plomb, correspondant à
l'oligoclase, au labrador et à l'anortliite.
(En commun avec M. Fouqaé.) 620
— Production artificielle d'une leucotéphrite
identique aux laves cristallines du Vé-
suve et delà Somma. Formes naissantes
cristallitiqucs de la leucite et rie la iié-
phéline. (En commun avec M. Foiirjdé.) 6g8
LICHTENSTEIN (J.). — Résistance des Puce-
rons aux froids rigoureux 80
— Métamorphose du Puceron des galles
ligneuses du peuplier noir, Peniphigiis
Imrsnriiis, Lin., sub Jphis (partim)... 8o4
LIEBSCHUTZ. — .\nalyse de graines de bet-
teraves. (En commun avec M. Pettct.). i363
LIPPM.\NN (J.) adresse une Note relative à
des expériences d'attraction électrique. 885
LIVON (Cii.). — Recherches sur l'action
physiologique de l'acide salicylique sur
la respiration Sai
LCEWT. — Détermination de la différence
i63o
MM
Pages.
de longitude entre Paris et Bregenz.
(En commun avec M. Oppnlzer.) 264
— Est nommé Membre de la Commission
chargée de juger le Concours de l'année
1 880 pour le prix Lalande goS
— Et de la Commission du prix Valz 905
LONGE. — De la formation de la coquille
dans les Hélix. (En commun avec M. E.
Mer.) 882
L0NT1N(D.). — Mouvements gyratoires con-
tinus produits par une machine d'induc-
tion rotative. (En commun avec M. de
Fonvielle . ) 800
LOUGUININE (W.). — Détermination des
chaleurs do combustion de la glycérine
et du glycol éthyléuique 367
— Chaleur dégagée dans la combustion de
quelques alcools isomères de la série
grasse ainsi que de l'œnanthol 1279
LUCAS (F.) priel'Académiedele comprendre
parmi les candidats à une place va-
cante dans la Section de Mécanique. .. 357
LUCAS (Ed. ). — Sur les fonctions cycloto-
miques 855
LUIGI adresse une Communication relative
au Phylloxéra 971
MACAGNO(H.) adresse deux Notes relatives
l'une à la composition de l'air à Palerme,
l'autre à la production du tannin dans
les feuilles du sumac
MACÉ(J.). — ■ Étude sur la distribution de
la lumière dans le spectre. (En commun
avec M. Nii-ali. )
M.\GITOT (E.). — Delà structure et du déve-
loppement du tissu dentinaire dans la
vie animale . . . .<
MAGNIER DE LA SOURCE (L.). - Sur
l'oxvile de fer colloïdal
MAIRE "de CH.\T1LL0.N-SUK-L0ING (le)
informe l'Académie qu'une souscription
est ouverte pour l'érection d'une statue à
J.-C. Becquerel sur une des places
publiques de cette ville
— Prie r.^cadéniie de désigner quelques-
uns de ses Membres pour faire partie de
la Commission qui devra s'occuper de
l'érection de celte statue
MANGIN. — Sur le lieu de formation des
racines adventives des Monocotylé-
donps
MANGON (H.) présente, au nom de
M. fnid, un « .\tlas des isothermes de
l'année et des mois pour la Russie »...
MANNHELM. — La surface de l'onde consi-
dérée comme surface limite
M
— Nouvelle génération de la surfacede l'onde
et constructions diverses i333
MANOUVRIEZ. — Un encouragement de
a3o mille francs lui est accordé sur le prix
Barbier, année 1879 417
MARANGONI (C). — Fonctions de la vessie
1275 natatoire des Poissons 1293
MARES (H.). — Du traitementdesvigr.es
phylloxérées 28 et 74
1298 — Résultats obtenus dans le traitement des
vignes par le sulfocarbonate de potas-
i352 sium i53o
MAREY. — Des variations de la force du
cœur 1 59
— Est nommé Membre de la Commission char-
géede juger le Concours Montyon (Méde-
477 cine et Cliirurgie) pour l'année 1880. . . 1057
— Et de la Commission du prix Dusgate. . . 1057
— Et de la Commission du prix Boudet. . . 1057
— Et de la Commission du prix Montyon
806 (Physiologie expérimentale) 1106
MARGUERITTE (P.). -Sur un nouveau sul-
fate d'alumine sesquibasique i354
1437 MARIÉ-DAVY. — L'acide carbonique de
j l'air, dans ses rapports avec les granils
I mouvements de l'atmosphère Si
i585 — Proportion de l'acide carbonique dans
t l'air 1287
971 ■ MARIGNAC (C. ). — Sur les terres de la sa-
739
1272
926
i5
( I
MM. Pacos.
marskile Sgy
MARTH.V-BECKER adresse uno Note rela-
tive aux phénomènes des hivers rigou-
reux 12^
MARTIN-nAMOUUETTE. - Sur 'quelques
cflels nutritifs des alcalins à doses mo-
dérées, d'après l'expérimentalion sur
l'homme dans l'élatde santé. (En com-
mun avec M. Hyadcs .] nSo
MARTINRAGET adresse une Communication
relative au Phylloxéra 218
MASCART. — Sur la théorie des courants
d'induction oSi
MATHIEU (E.). — Mémoire sur dos inté-
grations relatives à l'équilibre d'élasti-
cité
— Sur l'équilibre d'élasticité d'un prisme
rectangle
MAUGER(L. ) adresse une Communication
relative au Phylloxéra 1260
MAUMENÉ ( E.-J. ). — Sur le carbonated'am-
moniaqne
MÉGNIN (P.). — Sur la caducité des cro-
chets et du scolex lui-même chez les
Taenias
— Sur une modification particulière d'un
Acarien parasite i3-;i
MEIER(Fr.). — Sur un procédé pour la me-
sure des températures élevées. (En com-
mun avec M. Cmfis. ] 606
— Sur la den^ilé de l'iode à des tempéra-
tures élevées. (En commun avec
M. Crnfts.) 690
MÉNÉTRIER adresse une Note sur la pro-
pagation de la lumière et son application
à la théorie de l'arc-en-ciel 5i5
MER (E.). — De quelques exemples relatifs
à l'antagonisme entre l'hérédité et le
milieu 3-5
— De la formation de la coquille dans les
Hélix. (En commun avec M. Longe. ). .
MERCADIER (E.). - Sur l'induencè de la
température sur la durée de la période
d'un diapason
MEREJKOWSKY (C). - Sur l'origine et le
développement de l'œuf chez la Méduse
Eucope avant la fécondation 1012
— Sur la structure de quelques Coral-
•jaires 1086
MERÉNYI (J. de) adresse un Mémoire sur
la solution de divers problèmes de Géo-
métrie 5,5
MEUMER (Stam.). —Production et cristal-
lisation d'un silicate anhydre (enstatile)
en pré.^ence delà vapeur d'eau à la pres-
sion ordinaire
— Reproduction artificielle du spinelleetdu
corindon -01
C. R., iSSo, 1" Semeitrt. (T. XC.)
882
980
Si
■49
63i )
MM. Pnees.
— Reproduction synthétique des silicates
alumineux et des silico-aluminates alca-
lins de la nature 1009
— Présence et caractère spécial des marnes
à huîtres de Carnetin (Seine-et-Marne). 1495
— Sur la chaux aiihyilie cristallisée. (En
commun avec M. Lefnlhis) iSGfi
MICHEL (Fn.) appelle l'attention de l'Aca-
démie sur le moyen qu'il a soumis à son
jugement, en iSGg, pour prévenir les acci -
dents causés aux navires par la rencontre
de masses de glace llottantes 833
MILLOT (A.). — Synthèse des matières ul-
miques 61 1
MINISTRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE
(le) adresse l'amplialion du décret par
lequel le Président de la République ap-
prouve l'élection de M. le colonel Pcrrier,
en remplacement defeu M. de Tcssan . . io5
— Invite l'Académie à lui adresser une liste
de deux candidats pour l'une des deux
places d'astronome titulaire créées par
le décret du 21 février 1878 248
— Transmet une Lettre du Consul de France
à Glascow. contenant de nouveaux ren-
seignements au sujet des crisiaux qui
avaient été obtenus par M. Mactc'ar et
qui avaient été considérés comme des
diamants 249
— Adresse l'ampliation du décret par lequel
le Président de la République approuve
l'élection de M. Bresse dans la Section
de Mécanique i3i5
— Transmet à l'Académie une Lettre du Con-
sul de France à Charleston, dans laquelle
se trouve signalée la découverte du
zircon aux environs d'Ashville, dans les
montagnes de la Caroline du Sud i333
MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES
(le) transmet une Lettre par laquelle
le Consul do France en Ecosse lui
annonce que d:_-s diamants artificiels
auraient été obtenus par M. /. bnllan-
tine Fliinnay, à Glascow 676
MINISTRE DE L.\ GUERRE (le) prie l'Aca-
démie d'inviter la Commission des para-
tonnerres à faire connaître son opinion
au sujet des idées émises parM.7l/fA-/?.t
sur les « Paratonnerres à pointes, à con-
ducteurs et à raccordements terrestres
multiples » 124
— Adresse, pour la Bibliollièiuedel'lnstitut,
le Tome XXXV (3« série) du « Recueil
des Mémoires de Médecine, de Chirurgie
et de Pharmacie mililaires » 5i6
MITTAGLEFFLER. - Sur les fondions dou-
blement périodiques de seconde espèce. 177
ai I
64
964
MM. Pages.
— Sur la théorie des équations différentielles
linéaires ai8
— Sur les équations différentielles à coeffi-
cients doublement périodiques 299
MOISSAN (H.). — Sur les sulfures et sélé-
niures de chrome 817
— Action du chlore sur le sesquioxyde de
chrome i357
MOITESSIER. — Sur la tension de dissocia-
tion de l'hydrate de chloral et sur la ten-
sion de vapeur du chloral anhydre. (En
commun avec M. lî. Engcl. ] 97
— Dissociation de l'hydrate de butylchloral.
(En commun avec M. Engcl.) 1076
MONCEL (Th. nu). — Influence de la nature
des charbons sur la lumière électrique..
— Sur les courants thermo-électriques déve-
loppés au contact d'un métal et d'un
liquide
— Présente la troisième édition de son
Ouvrage sur le téléphone, le microphone
et le phonographe 1 327
— Est nommé Membre de la Commission
chargée de juger le Concours de
l'année 1880 pour le prix Vaillant 905
iMONCORVO. — Sur le Iraitement de l'élé-
phantiasis des .\rabes par l'emploi simul-
tané des courants continus et des cou-
rants intermittents. (En commun avec
RI. rtfi Syha Araiijn.]
MONDESIU (Paul de). — Comparaison entre
les couibes des tensions des vapeurs
saturées 36o et
— Les tensions des vapeurs saturées ont des
modes de variation différents, selon
qu'elles sont émises au-dessus ou au-
dessous du point de fusion.... n58 et 1423
MONGARDON adresse la description d'un
moteur aérostatique auquel il donne le
nom de nacelle mécanique i3io
MORIN (le général). — Observations sur
une Communication de MM. Lahinne ti
Lcmoine relative à la hauteur des eaux
à Paris
MORIN (H.). — Sur la gélose
MORISOT. — Sur la chaleur spécifique et la
conductibilité des corps Si 4
( i632 )
MM. Pages.
MOROT (Ch.) adresse à l'Académie un Mé-
moire intitulé ; « Do l'origine des pelotes
stomacales des lièvres et des lapins ». . i333
MOUCHEZ. — Observations méridiennes des
petites planètes, faites à l'Observatoire de
Greenwich (transmises par l'Astronome
royal M. G.-B. Airy) et à l'Observatoire
de Paris pendant le quatrième trimestre
de l'année 1879 261
— Observations méridiennes des petites
planètes, faites à l'Observatoire de Green-
wich (transmises par l'astronome royal
M. G.-B. Airy] et à l'Observatoire de
Paris pendant le premier trimestre de
l'année 1 880 1 1 Sg
— Est nommé Membre de la Commission
chargée de juger le Concours de l'an-
née 1879 pour le prix extraordinaire
de six mille francs 85o
— Et de la Commission du prix Lalande. ... goS
— Et de la Commission du prix Valz goS
— Et de la Counnission chargée d'examiner
les questions scientifiques relatives au
percement de l'isthme de Panama 964
— Et de la Commission du prix Delalande-
Guérineau 1 1 49
MOUCHOT (A.). — Utilisation industrielle
de la chaleur solaire iivx
MOUR.\ adresse un Mémoire portant pour
litre : « Statistique millimétrique des
diverses parliesde l'organe de la voix ». 1200
MOURRUT. — De quelques faits relatifs à la
digestion gastrique des Poissons. (En
commun avec M. Richet.) 879
MOUTARD-MARTIN (R.). — Effets des in-
jections intra-veineuses de sucre et de
gomme. (En commun avec M. Ch.
liicliet. ) 98
— De quelques faits relatifs à la sécrétion
urinaire. (En commun avec M. Richet.). 186
MOUTARD. — Le prix Poncelet, année 1879,
lui est décerné pour l'ensemble de ses
travaux mathématiques SgS
MUNTZ (A.). — De l'inffuence de l'engrais-
sement des animaux sur la constitution
des graisses formées dans leurs tissus. . 1 175
9Î
52S
69
9-'4
N
NEYRENEUF. — Sur l'écoulement des gaz. 1487
NICATl (W.). — Étude sur la distribution
de la lumière dans le spectre. (En com-
mun avec M. Macé. ) 1275
NICOLAS (Ad.). — Sur les analogies et les
différences qui existent entre la maladie
du sommeil et le nekwan 1128
NIVET. — Des réactions qui se produisent
entre les sels ammoniacaux et le carbo-
nate de chaux 1216
NOËL (G.). — Sur l'existence, dans la fu-
mée du tabac, d'acide prussique, d'un
alcaloïde aussi toxique que la nicotine, et
de divers principes aromatiques. (En
commun avec M. Le Bon. ) i538
NORDENS&IOLD. — Sur quelques-unes des
( i633 )
MM. Pages,
collections rapportées de l'expédition
(lu passage Nord-Est par l'océan Glacial
de Silicrie 34y
— Sur les points rie l'océan Arctique do
Sibérie qui présentent le plus d'obstacles
MM. Pa|;e8.
pour la navigation 790
NOVI (G.). — Sur l'emploi des sables vol-
caniques dans le traitement des vignes
attaquées par le Phylloxéra 1^58
OBALSKI. — Sur les actions mutuelles d'ai-
guillos aimantées plongées dans des li-
o
quidcs iia6 0UST.4LET (E.). —Observations sur les
OPPOLZER (Th. von), - Détermination
de la différence de longitude entre Paris
etBrfgenz. (EncomniunavecM. Lœivy.)
264
Mégapodes 906
PAILLET adresse une Communication rela-
tive au Phyllo.xera 854
PARIS (L'A.MinAL) communique, à propos
d'une Note sur le sciage de la glace
pour prévenir les désastres que peut
produire la débâcle de la Loire, les pro-
cédés qui ont été employés en i855
pour dégager des glaces les navires de
l'expédition de Kil-Bouroun liC
— Est nommé Membre de la Commission
chargée de juger le Concours de l'an-
née 1879 pour le prix extraordinaire de
six mille francs 85o
PASTEUU. — Sur les maladies virulentes,
et en particulier sur la maladie appelée
vulgairement choléra des jmiilcs
239, 952 et io3o
— Remarques à l'occasion d'une Note de
M. liommicr. relative à l'influence toxique
que le mycéimm des racines delà vigne
exerce sur le Phylloxéra 5 12
— Réponse à M. Blandiard 514
— De l'extension de la théorie des germes
à l'étiologie de quelques maladies com-
munes io33
— Est nommé Membre de la Commission
chargée déjuger le Concours du prix Bou-
det pour l'année 1880 1075
PEDRO (S. M. don) adresse une dépêche
télégraphique annonçant la découverte
d'une grande comète 290
— Dépêche donnant les éléments de la
nouvelle comète 357
PEIRCE (C.-S.). - Sur la valeur de la pe-
santeur à Paris 1401
PELIGOT (Eue). - Sur le lévulosate de
chaux 1 53
— Sur la saccharine i[4i
— Est nommé Membre de la Commission
chargée de juger le Contours Montyon
(Arts insalubres, pour l'année 1880). . .. 1106
PELL.\T (H.). — Mesure de la différence de
potentiel de deux métaux en contact., gg
PELLET (A.-E.). — Sur les intégrales des
fonctions algébriques 676
— Sur les fonctions linéaires nu
— Sur les fonctions irréductibles suivant un
module premier iSSg
PELLET (IL). —Rapport entre le sucre et les
matières minérales et azotées dans les
betteravcsnormaleset montées à graine. Sa4
— De l'existence de l'ammoniaque dans les
végétaux 876
— De l'existence de l'ammoniaque dans les
végétaux et la chair musculaire 927
— Sur la fixité de composition des végétaux.
Analyses du Soya lûspidn ou pois oléa-
gineux chinois 1177
— Sur la fixité de composition des végé-
taux. Rapport entre la fécule, l'acide
phosphorique et les substances miné-
rales dans la pomme de terre i36i
— Analyse de graines de betterave. (En
commun avec M. iJebschulz. ) 1 363
PENNÉS (J.-A.) soumet au jugement de l'A-
cadémie un Mémoire sur l'emploi d'un
liquide antiseptique. . 1239
PEPIN (leP-). — Démonstration d'un théo-
rème de M. Syh'csicr, sur les diviseurs
d'une fonction cyclotomique 52G
PÉRIGAUD prie l'Académie de le comprendre
parmi les candidats à la place d'astro-
nome titulaire, vacante à l'Observatoire
de Paris 5 1 6
— Est présenté à M. le Ministre de l'In-
struction publique comme premier can-
didat pour cette place 585
PÉRISSE (S.). — Des causes qui tendent à
gauchir les poutres des ponts en fer, et
des moyens de calculer ces poutres
pour résister aux efforts gauchissants.. i4i3
PERREY (A.). — Sur la potasse contenue
dans l'argile des sols arables gi
PERRIER (F.) est élu Membre do l'Aca-
3a
1106
(
MM. ..... ^*«"-
demie, pour la Section de Géographie
et Navia;ation, en remplacement de feu
M. fie Tessan
— Est nommé Membre de la Commission
chargée de juger le Concours de l'an-
née 1880 pour le prix Gay
PERRONCirO ( E. ) • — Sur l'anchylostomiase.
(En commun avec M. Concatn.) 619
— Observations helminlhologiques et recher-
ches expérimentales sur la maladie des
ouvriers du Saint-Gothard 1373
PERllOTIN prie l'Académie de le comprendre
parmi les candidats à la place d'astro-
nome titulaire vacante à l'Observatoire
de Paris 5i6
— Est présenté à M. le Ministre de l'In-
struction publique comme deuxième can-
didat pour cette place 585
PETERS (C.-H.-F.). — Le prix Lalande,
année 1879, lui est décerné pour ses
découvertes planétaires 394
PEUCH (F.)- — Sur la transmissibilité de
la tuberculose par le lait i58i
PEYRAUD adresse une Note intitulée : « Sur
un signe de la mort réelle, tiré des carac-
tères de l'escliare produite par l'applica-
tion de cautères et en particulier par
l'application du caustique de "Vienne » .
PHILLIPS. — De la compensation des tem-
pératures dans les chronomètres.
483, 56i et
— Est nommé Membre de la Commission
chargée de juger le Concours de l'an-
née 1 879 pour le prix Poncelet 85o
— Et de la Commission du prix Plumey. . . 85o
— Et de la Commission du prix Montyon
(Mécanique) 85o
— Et de la Commission du prix Bordin i i5o
PHIPSON (T.-L.). — Sur un phénomène de
sensibilité observé dans rAc;icia 1228
PICARD (A.) adresse un Mémoire intitulé
« Sur la théorie du gyroscope électro-
magnétique » II 53
— Adresse une Note relative au « gyroscope
électromagnétique » i4i6
PICARD (E.). — Sur une classe d'équations
différentielles linéaires
— Sur les équations différentielles linéaires
à coefficients doublement périodiques. .
— Sur l'équation aux dérivées partielles du
potentiel 601
— Sur les équations linéaires simultanées
et sur une classe de courbes gauches. .
976, io65 et II 18
— Sur une classe de fonctions de deux va-
riables indépendantes 11 19
— Sur une extension, aux fonctions de deux
variables, du problème de Rieraami rela-
i634 )
MM. Pages,
tif aux fonctions hypergéométriques. . . 1267
— Sur certaines équations différentielles
linéaires du second ordre i479
PICARD (G.) adresse, pour le Concours du
prix Dusgate, un Mémoire intitulé : « Les
signes de la mort » 248
PICARD (P.). — Sur les phénomènes consé-
cutifs à la ligature de la veine cave in-
férieure, pratiquée au-dessus du foie. . 100
PICHARD (P.). — Sur un Acarien destruc-
teur du Phyllnxera gallicole 157a
PICTET (R.). — Équation générale dunuant
la relation qui existe, pour tous les li-
quides, entre leur température et la ten-
sion maximum de leurs vapeurs à cette
température 1070
PIERRE (Is.). — De l'escourgeon comme
fourrage vert. (En commun avec M. Le-
iiiétayer. ) 962
PIETRA-SANTA (de). — Découverte du
vaccin liorsepox 1 227
PITRES. — Analyse, par la méthode gra-
phique, des mouvements provoqués par
les excitations du cerveau. (En commun
avec M. Fm/içois-fraiick. ) 1 126
PLANCHON (G.).'— Sur les plantes qui
servent de base aux divers curares. ... i33
POINCARÉ (H.). — Sur les courbes délinies
par une équation différentielle 673
— Sur les formes cubiques ternaires i336
— Obtient l'autorisation de retirer un Mé-
moire sur lequel il n'a pas été fait de
Rapport 1439
POIROT (A.) adresse une Communication
relative au Phylloxéra 1061
POLAILLON. — Recherches sur les mouve-
ments de l'utérus 228
POLLO (W.) adresse une Noie intitulée:
« Résolution deséquaiions du deuxième
et du troisième degré par les procédés
goniomélriques > 4^
PONt^ET est cité pour ses recherches sur
a l'Anatomie pathologique de l'œil »,
Concours Montyon, Médecine et Chi-
rurgie, année 1879 4^7
PORAK est cité pour un Mémoire intitulé :
« De l'absorption des médicaments par
le placenta et de leur élimination par
l'urine des enfants nouveau-nés », Con-
cours Montyon, Médecine et Chirurgie,
année 1 879 4^8
PORUMBARU. — Sur la gélose 1081
POTHIER (E.). — Transformations des pou-
dres de guerre dans les étuis métalliques
des cartouches d'infanterie i348
POULET. — Sur la slructuie, le développe-
ment et la signification pathologique
du tubercule. (En commun avec M. Kie-
1233
649
128
393
( i6.^5 )
MM. Paces.
rifr.) 19I
PRÉSIDENT (lk) annonce à l'Acndémie la
porte qii'i'lliî vient ilo fnirc dnns la per-
sonne de M. le général Muin 233
— Annonce le décès de M. Zinin, Corrcs-
(londant do la Section do Chimie 498
— Fait cunnaitre les noms des Membres do
la Commission chargée d'examiner les
questions scicntificivies relatives au per-
cement de l'i^tllmede Panama ; MM. Daii-
brée, Srii/i/e-C/iiirc Dfi'iilr, nntirnl ALut-
chcz, Lnrrey, La Gourncrii', Fiifc et
Ltiliiiinc 964
— Donne lecture d'une Lettre deM""" la mar-
quisecA.' Colbcrt-Cltabd'iais, faisant hom-
mage à l'Académie des trois premiers
volumes des « Œuvres deLiiplace »... 11 37
— Annonce le décès de M. ÏF. Miller, Cor-
respondant pour la Section de Minéra-
logie 1 3 1 3
i5o5
161
MM. Page»
— Annonce la décès de M. Lisstvnus, Cor-
respondant pour la Section do Phy.'-ique.
PRINOSIIEIM. — Uemarqucs sur la chloro-
[ihylle
PROS0hOFF( P.) adresse un Mémoire sur la
résolution desé(]uations numériques par
la méthode do Newton 593
PRUNIER (L.). — Sur les produits contenus
dans les cokes de pétrole. (En commun
avec M. E. farcnnc.) looG
PUISEUX est nommé Membre de la Com-
mission chargée de juger le Concours
de l'année 1879 pour le grand prix des
Sciences matliénialiques 85o
— Et de la Commission du prix Poncelet. . . 85o
— Et de la Commission chargée de présenter
une question de grand |irix des Sciences
mathématiques pour 1882 ii5o
— Et do la Commission du prix Bordin. ... i i5o
Q
QUATREFAGES (A. de). — Craniologie des
races nègres africaines. Races non doli-
chocéphales i3go
— Craniologie des races nègres africaines;
laces dolichocéphales. (En commun avec
M. Haiiiy.) iSao
— Est nommé Membre de la Commission
chargée de juger le Concours du grand
prix des Sciences physiques pour l'an-
née 1 880 967
— Et de la Commission du prix Savigny . . . 1057
R
RABACHE (Cn.) adresse une Note sur le
nombre d'unités de chaleur qu'il faut au
blé pour arriver à maturité 10 18
RADAU (R.). — Sur les formules de qua-
drature à coefficients égaux 52o
— Remarques sur la formule de quadrature
de Gauss 9 1 3
— Sur les réfractions de Bessel 1264
R.AOUl.T (F.-M.). — Sur le point de congé-
lation des liqueurs alcooliques 865
RAYET. — Positions de la comète b de 1880,
déterminéesàl'observatoiredeBordeaux. ii53
RAYNAUD. — Sur le dosage de la glycérine
dans les vins 1077
REISET (J.). — Recherches sur la propor-
tion de l'acide carbonique dans l'air. . . 1 144
— Proportion de l'acide carbonique dans
l'air; réponse à M. Marie-Dtn-y 1467
RENARD (Ad.). — Action de l'électrolyse
sur le térébenthène 53 1
RENAUT (J.). — Sur les confluents linéaires
et lacunaires du tissu conjonctif de la
cornée i35
— Sur les cellules godronnées elle système
hyalinintra-vaginaldesnerfsdesSolipèdes. 71 1
RESAL présente à l'Académie le Tome V de
son c< Traité de Mécanique générale « . .
— De l'inlluence de la température et de
l'élasticité sur les câbles des ponts
suspendus
— Sur quelques théorèmes de Cinématique.
— Du problème inver.'^e du mouvement d'un
point matériel sur une surface de révolu-
tion 889 et
— Est nommé Membre de la Commission
chargée de juger le Concours de l'an-
née 1 879 pour le prix Plumey
— Et de la Commission du prix Montyon
(Mécanique)
RESIO (C). — Application du téléphone à
la mesure de la torsion de l'arbre moteur
des machines en mouvement
REYMEU (P.). — Expériences relatives au
chocpéritonéal. (EncommunavecM.C/j.
Rirhft.)
REYMEK (E.). — Pile volta'iiiue éneriiiquo
et coujtante, fournissant des résidus
susceptibles d'être régénérés par élec-
trolyse
RIBAN. — Une somme de quatre mille francs
'49
769
937
85o
604
1220
i55o
( i636 )
MM. Pages.
lui est accordée sur le prix Jecker,
année 1879, pour l'ensemble de ses tra-
vaux
— Adresse ses remercîments à l'Académie..
RICARD (F.). — Relation entre les modes
majeur etmineur, dans la gamme accor-
dée suivant le tempérament égal
RICHET (Cii. ). — Effets des injections intra-
veineuses de sucre et de gomme. (En
commun avec M. Moutard-Martin.) . .
— De quelques faiis relatifs à la sécrétion
urinaire. (En commun avec ^\. Moutard-
Martin.)
— De quelques faits relatifs à la digestion
gastrique des Poissons. ( Eu commun
avec M. Mourrai.)
— De l'intluence des milieux alcalins ou
acides sur la vie des Écrevisses
— Expériences relatives au choc poritonéal.
(En ccmimun avec M. P. Rrrrdcr.). . . 1220
RIEMBAULT est cité pour un Mémoire inti-
tulé : « Appareil de transport pour les
Ijlessés en général et notanmient les
blessés des mines », Concours Montyon,
Médecine et Chirurgie, aimée 1879 (\i%
RIGAL. — Sur la formation du cal. (En
commun avec M. IF. P'ignal.). 121 8
RIGHI (A.). — Sur un cas do pohirité réma-
nentede l'acier, opposéeà celle de l'hélice
magnétisante qui la produit 688
ROBIN. — Sur quelques caractères anato-
miqucs des Chéiroptères du genre Cyno-
i/ycteris iSGg
ROBIN ( Cii. ) est nommé Membre de la Cora-
407
5i6
i547
98
186
879
1166
MM. Pages,
mission chargée de juger le Concours du
prix Savigny pour l'année 1880 1057
— Et de la Commission du prix Montyon
(Médecine et Chirurgie) 1057
— El de la Commission du prix Godard 1067
— Et de la Commission du prix Dusgate. . . 1057
— Et de la Commission du prix Montyon
(Physiologie expérimentale) 1 106
ROCHE. — Itinéraire de Biskra chez les
Touaregs 1 297
ROGALSKI. — Analyse de la chlorophylle. . 881
ROGER soumet au jugement de l'Académie
un Mémoire sur la théorie des phéno-
mènes capillaires 854
— Théorie des phénomènes capillaires .... 908
ROITI ( A. ) adresse une observation relative
aux électro-aimants à noyaux creux pro-
posés par M. C/ia/iibrier 549
ROLLAND est nommé Membre de la Com-
mission chargée de juger le Concours
de l'année 1S79 pour le prix Poncelet.. 85o
— Et de la Commission du prix Plumey. . . 85o
^ Et de la Commission du prix Montyon
( Mécanique ) 85o
— Et de la Commission du prix Bordin. ... 85 1
— Et de la Commission chargée de vérifier
les comptes de l'année 1879 1400
ROLLAND (G. ). — Sur le terrain crétacé du
Sahiira septentrional 1576
R0MM1F,I\ (A.). — Sur l'influence toxique
que le mycélium des racines de la vigne
exerce sur le Phylloxéra 5i2
ROZÉ (C). — Études sur la chronométrie :
de la compensation 807 et 85g
SAAVEDRA (Ed.) adresse une réclamation
de priorité relative à une théorie des
voûtes 1232
SABATIER (P.). — Élude Ihermochimique
des sulfures terreux 819
— Élude thermique des polysulfures alca-
lins 1557
SAINT-GENIS. — Le prix de Statistique de
la fondation Moiilyon, année 1879, lui
est décerné pour ses deux Ouvrages sur
la ville de Cliàlelleraut 402
SAINT- VENANT (de). — Sur la cinématique
des déformations des corps soit élastiques,
soit plaslKiues, soit fluides 53
— Complément à la Note du 12 janvier 1880
sur la déformation des corps 209
SAINTE-CLAIHE DEVILLE (H.). — Du mou-
vement engendré par la diffusion des
gaz et des liquides 18
— Quelques observations sur une Note de
M. fFurtz 5
— Observations sur une Communication de
M. fFurtz relative à la chaleur de com-
binaison de l'hydrate de chloral 341
— Sur la détermination des températures
élevées. (En commun avec M. Troost.) 727
— De la détermination des hautes tempéra-
tures. (En commun avec M. Troost. ).. 773
— Est nommé Membre de la Commission
chargée de juger le Concours de
l'année 1879 pour le prix Bordin 85i
— Et de la Commission chargée d'examiner
les questions scientifiques relatives au
percement de l'isthme de Panama 964
SALTEL (L.) adresse une Note intitulée:
« Méthode pour lever l'indétermination
résultant d'un nombre infini de solu-
tions communes dans divers systèmes
d'équations à /■ inconnues 46
SARRAU. — Recherches expérimentales sur
la décomposition de quelques explosifs
en vase clos ; composition des gaz
( 'f
MM. Pages.
formés. (En commun avec M. Fieille.) io58
— Reclierclios cxporiiiioiUalos sur la dé-
composition do qucli|U('s explosifs; ana-
lyse des produits. (En commun avec
M. riciltt:. ) 1 1 1 2
— Est présenta par la Section de Mécanique
comme candidat à la place vacante par
le décès de M. le général Moriti i3i i
SC11.\BERLE. — Découverte d'une comète. 91 1
SCHEFEU. — Sur l'emploi du bitume de Judée,
en Orient, dans la culture de la vigne. 1462
SCHEURER-KESTiNER. - Sur un ferment
digestif qui se produit pendant la pani-
Ccation 369
SCHLŒSING (Tu. ). — Sur la constance de la
proportion d'acide carbonique dans l'air. 1410
SCHLCETEL est prié d'adresser à l'Académie
la copie de cette Communication, qui a
été égarée 1 1 Î3
— Adresse une Note « Sur une théorie cos-
mogonique 1376
SCHULTEN (A. de). - Sur la reproduction
artificielle de l'analcime i493
SEBERT. — Sur un appareil destiné à enre-
gistrer la lui du mouvement d'un projec-
tile, soit dans l'âme d'une bouche à feu,
soit dans un milieu résistant.. 1^68 et i'J35
SEE (G.). — Sur les effets physiologiques
de l'érytlirophléine. (En commun avec
M. Bnclicfniitnine.) l36G
SERRES (l'amiral). — Rapport fait à l'Aca-
démie sur les résultais obtenus, pendant
la campagne de la Magicienne, pour
l'observation du passage do Mercure. . . 665
SEURE (J.) soumet au jugement de l'Aca-
démie un Mémoire intitulé : « Recherches
37 )
MM. Pa0e».
sur les propriétés électriques du collo-
dion simple, suivies de rétlexions sur la
nature de l'électricité statique » iSSg
SIGISMUiN'D (U.) adresse un complément à
siin précédent travail sur la chaleur... 633
SIMONIN. — Une mention honorable lui est
accordée au Coni'ours Montyon, Méde-
cine et Chirurgie, année 1879 4^7
— Adresse ses remerciments à l'Académie. 5i6
SOCIÉTÉ MÈDICO- PSYCHOLOGIQUE (la)
informe l'Académie qu'elle a (iris l'ini-
tiative d'une souscription pour élever
une statue à P. Piwl sur la place de la
Salpêtrière, à Paris 675
SOUILL.\IlT. — Un encouragement do mille
francs lui est accordé sur le prix Da-
moiseau, année 1879, pour ses travaux
sur les éclipses de .lupiter SgS
— Adresse ses remerciments à l'.^cadémie. 5i6
STAS est élu Correspondant pour la Sec-
lion de Chimie 1400
— Adresse ses remerciments à l'Académie.. 1471
STEPIIAN (E. ). — Nébuleuses découvertes et
observées à l'Observatoire de Marseille. 837
— Observation de la comète Srhaberle, faite
à l'Observatoire do Marseille 958
STEW.\RT (Ch.) adresse la description d'une
lampe électrique 885
STUDER. — Le prixCuvier, Concours 1879,
lui est décerné 444
— Adresse ses remerciments à l'Académie.. 5i6
SYLVESTER. — Sur les diviseurs des fonc-
tions cyclotomiques 287 et 345
— Sur la loi de réciprocité dans la théorie
des nombres io53 et i io4
TACCHINI (le P.). — Observations des
taches et protubérances solaires, pen-
dant les troisième et quatrième tri-
mestres de 1879 3^^
— Sur la présence du fer dans les chutes
de poussières en Sicile et en Italie . . . 563
TALMY. — Sur les analogies qui semblent
exister entre le choléra des poules et la
maladie du sommeil [ne!avan) 1014
TAMIN-DESPALLES prie l'Académie de ren-
voyer au Concours des prix de Méde-
cine et Chirurgie (fondation Montyon)
son Ouvrage intitulé 0 Oxythérapie et
Azothérapie » 293
TANRET (Ch.). — Sur les alcalis du grena-
dier 695
TARDIEU (Amb.). — Le prix Chaussier lui
est décerné, Concours de l'année 1879. 433
TAYON. — De la variabilité des mamelles
chez les Ovidés des basses Cévennes, . .
930 et io85
TERQUEM (A.) — Sur quelques modifica-
tions apportées à la construction de la
lampe Bunsen et des lampes nionochro-
matiques 1484
TERRILLON. — Anesthésie locale et générale
produite par le bromure d'éthyle 11 70
THENARD est nommé Membre de la Com-
mission chargée de juger le Concours
du prix Trémont pour l'année 1880.. . . 1 106
THIBAUT. — Des variations de l'urée dans
l'empoisonnement par le phosphore. ... 1 173
THOLLON. — Cyclone solaire 87
— Le prix Trémont lui est décerné, Con-
cours de l'année 1 879 444
— Adresse ses remerciments à l'Académie. 5i6
THOLOZAN. — La peste dans les temps
modernes; sa prophylaxie défectueuse
( i638 )
MM. Pat;es.
OU nulle; sa limitation spontanée 847
THOMAS. — Sur l'inociilabilité du charbon
symptomalique et les raractères qui le
différencient du sang de rate. (En com-
mun avec M.M. Comcvin et Jrloing. ]. . i3o2
TILLAUX. — L'un des prix de la fonda-
tion Montyon, Médecine et Chirurgie,
année 1879, lui est décerné 422
TISSERAND (F.). — Sur un développement
particulier de la fonction perlurbatrice.. 55-
— Sur des transcendantes qui jouent un
rôle fondamental dans la théorie des
perturbiitions planétaires 1021 et logS
— Est nommé Membre de la Commission
chargée de juger le Concours de l'année
1880 pour le prix Lalande goâ
— Et de la Commission du prix Valz goS
— Et de la Commission chargée de présenter
une question de grand prix des Sciences
mathématiques pour 1882 i i5o
— Et de la Commission du prix Bordin. ... 1 i5o
TOUCHIMBERT (de) adresse une photo-
graphie de formes de neige observées à
Poitiers (Vienne) 46
— Sur un tremblement de terre ressenti
à Poitiers et dans les environs, le
22 mars 1 880 83 1
TOUSSAINT. — Le prix consistant dans la
rente annuelle de la fondation Bréant
lui est accordé 42g
— Adresse ses remercîmcnts à l'Académie. 5 16
— Contribution à l'étude de la transmission
de la tuberculose 764
TRÉCUL (A ). — Évolution de l'inflores-
cence chez des Graminées. 58, 211 et 281
— Des vaisseaux à suc propre dans des
Graminées 342
— Formation des feuilles et apparition de
leurs premiers vaisseaux chez des Iris,
Allium, Funkia, Humerucallis, etc 1047
— Est nommé Membre de la Commission
chargée de juger le Concours du prix
MM. Pages
Desraazières pour l'année 1880 gC6
— Et de la Commission du prix de la Fons-
Mélicoq 9G6
— El de la Commission du prix Thore 96G
TRÉ.MAUX (Cii.) adresse une Note sur la
réductibilité, au nombre de vingt et un,
des trente-six coefficients des équations
de l'élasticité de Poisson 885
TRÉPIED (Ch.). — Sur la méthode de Cau-
chy pour le développement de la fonc-
tion perlurbatrice 1 474
TRESCA. — Discours prononcé aux funé-
railles de M. Morin, au nom de l'Aca-
démie des Sciences et du Conservatoire
des Arts et Métiers 234
— Sur le réglage électrique de l'heure à
Paris 660
— Est nommé Membre de la Commission
chargée de Juger le Concours de
l'année 1879 pour le prix extraordi-
naire de six mille francs 85o
— El de la Commission du prix Plumey. . . 85o
— Et de la Commission du prix Montyon
(Mécanique ) 85o
— El de la Commission du prix Bordin.. . . 85 r
— Et de la Commission du prix Trémont .. 1106
TREVE. — Sur une application de la préexis-
tence des courants d'Ampère dans le fer
doux 35
— Sur de nouveaux tubes lumineux 36
TRIPIER (R.) — Recherches expérimentales
et cliniques sur l'anesthésie produite
par les lésions des circonvolutions céré-
brales i3i
TROOST (L.). — Sur la détermination des
températures. (En commun avec
M. Sainte-Claire Dei'illc. ) 727
— De la détermination des hautes tempéra-
tures. ( En commun avec M. Stiinle-
Clnire Detille. ) 773
TROUVELOT. — Le prix Valz, année 187g,
lui est décerné pour ses travaux sur les
planètes Mars, Jupiter et Saturne 894
VALLANDÉ (H. de) adresse une Note sur
l'emploi de l'arsenic contre le Phylloxéra. i539
VAN TIEGHEM est nommé Membre de la
Commission chargée de juger le Con-
cours du prix Desmazières pour
l'année 1 880 966
— El (lu prix de la Fons Mélicoq 9C6
VARENNE (L.). — Recherches sur la passi-
vité du fer (II" Partie) 998
- - Sur les produits contenus dans l?s cokes
de pétrole. (En commun avec M. L.
Prunier.) 1006
VASSEUR (G.). — Sur les terrains tertiaires
de la Bretagne, environs de Sa ffré (Loire-
Inférieure) 1229
VAUTELET (Et.). — De la désinfection et
de la conservation, au point de vue agri-
cole, des matières animales, et notam-
ment du sang, par l'emploi du bisulfate
d'alumine et de l'acide nitrique i365
VAVSSIÈRE ( Alb. ). — Sur la métamorphose
du Prnsniiisiniiin 1 370
VEUNEUIL. — Reproduction arlificielle de
la scorodite. (En commun avec M. Bour-
( i6
MM. Pages.
geois .) 223
VIALLANES (H.). — Sur l'appareil respira-
toire et circulatoire de quelques larves
de Diptères 1 1 80
VIARD (.1.) adresse à l'Académie un Mé-
moire portant pour titre ; « Étude sur
réleclricité » 1171
VIEILLE. — Étude des propriétés explosives
du fulminate de mercure. (En commun
avec M . Berlhclot. ] g4G
— Recherches expérimentales sur la décom-
position de quelques explosifs en vase
clos; composition des gaz formés. (En
commun avec M. Sarrau. ) io58
— Recherches expérimentales sur la décom-
position de quelques produits explosifs:
analyse des produits. (En commun avec
M. Sarrau. ) 1112
VIGNAL (W.). — Sur la formation du cal.
(En commun avec M. Rigat. ) 121 8
VILLARCEAU (Yvon). — Application de la
théorie des sinus des ordres supérieurs
à l'intégration des équations difïércn-
tielles linéaires 721 et 767
— Sur les régulateurs à ailettes, construits
par SI. Breguet 1 5 1 5
VILLARI ( E. ). — Sur les lois thermiques des
étincelles électriques produites par les
décharges ordinaires, incomplètes et
partielles des condensateurs .... 89 et C85
VILLIERS (A.). — Sur l'acide oxalique cris-
% i
MM. . P.tfjes.
tallisé . 821
— Préparation de l'éther sulfurique neutre. 1291
— Sur l'éthérification de l'acide bromhy-
driquo 1488
— Sur l'éthérilication de lacide iodhydrique
et de l'acido chlorhydrique i563
VILI.OT (A.). — Sur l'organisation et In
développement des Gordiens 1 jGg
VINCENT (C). — Sur quelques propriétés
des mélanges de cyanure de mélhyle
avec l'alcool ordinaire et avec l'alcool
méthylique. (En commun avec M. Deii-
chaïuil. ) 74 7
— Sur une combinaison de l'alcool ally-
lique avec la baryte anhydre. (En com-
mun avec M. Dclachanal. ) 1 3Go
VINGT adresse une Note sur les dimensions
que notre œil attribue à la Lune ;58
VOISIN (A.). — L'un des prix do la fon-
dation Montyon, Médecine et Chirurgie,
année 1879, lui est décerné 4^2
VULPIAN est nommé Membre de la Com-
mission chargée de juger le Concours
du prix Barbier pour l'année 1880 gCG
— Et do la Commission du prix Montyon
( Médecine et Chirurgie ) 1057
— Et de la Commission du prix Godard. . . loby
— Et de la Commission du prix Dusgate.. . 1057
— Et de la Commission du prix Boudet 1057
— El de la Commission du prix Montyon
(Physiologie expérimentale) 1106
w
WALCKENAER (Cii. ). — Le prix fondé par
M"" la marquise de Laplace lui est remis.
WARTHA (V.). — Sur une explosion sin-
gulière, produite pendant un chauffage
de vin, et sur une nouvelle méthode de
dosage de l'alcool
WEREBRIKSON (A.) adresse un Mémoire
intitulé : « Sur les inégalités séculaires
du grand axe des orbites planétaires
du troisième ordre par rapport aux
masses »
WIART (Ed.) adresse un Mémoire sur un
essai de détermination de la température
du Soleil. (En commun avec M. Delau-
rier. )
\MLLM (Ed.). — Sur la composition des
eaux de Cranssac ( Aveyron )
■443
1008
1259
255
547
— Composition des eaux minérales de Bus-
sang (Vosges) 63o
WOLF (R.). — Statistique des taches so-
laires de l'année 1 879 251
WURTZ (Ad.) est élu Vice -Président pour
l'année 1 880 1 3
— Sur l'hydrure de cuivre ; réplique à
M. Berthelol 22
— Sur la chaleur de formation de l'hydrate
de chloral ; réplique à M. Bcrthelot. .. 24
— Note sur l'hydrate de chloral 118
— Sur la chaleur de combinaison de l'hy-
drate de chloral 337
— Réponse aux observations de M. Ber-
ihelot, concernant l'hydrate de chloral. 572
— Sur la papaïne; contribution à l'histoire
des ferments solubles 1 379
ZEUTHEN. — Sur la détermination d'intégrales algébriques de différentielles algébriques 1114
GAUTHIER-VILLARS, IMPRIMEUR-LIBRAIRE DES COMPTES RENDUS DES SEANCES DE L ACADEMIE DES SCIENCES
Paris. — Quai des Augustins, 55.
212
C. R., 18
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