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HARVAED UNIVERSITY.
THE GIFT OF
,1. D. WHITNEY,
Stuffjis Hooper Professor
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COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SEANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
PARIS. — IMPRIMERIE DE GAUTHIER-VILLABS, QUAI DES AUGU8TINS, 55.
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
PUBLIÉS,
CONFORMÉMENT A UNE DÉCISION DE L'ACADÉMIE
O». vcLte Vit aS c)uiUe^ 4835.
PAR MM. LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS.
TOME QUATRE -VEVGT-OXZIÈME.
JUILLET — DÉCEMBRE 1880.
PARIS,
GAUTHIER- VILLARS , IMPRIMEUR-LIBRAIRE
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCZS,
SUCCESSEUR DE MALLET-BACHELIER,
Quai des Augustins, 55.
"" 1880
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COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 5 JUILLET 1880.
PRÉSIDENCE DE M. EDM. BECQUEREL.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. le Président annonce à l'Académie la perte qu'elle a faite dans la
personne de M. Borchardl, Correspondant pour la Section de Géométrie.
M. le Secrétaire perpétdel communique une Lettre dans laquelle
M. Weierslrass lui annonce la mort de notre éminenl Correspondant
M. C.-tV. Borchardt. En rappelant la place considérable occupée dans la
Science par l'illustre Directeur du Journal de Mathématiques de Berlin,
M. Bertrand se fait l'interprète des sentiments de profonde sympathie
qu'il laisse chez tous ceux de nos confrères qui l'ont personnellement
connu.
(6)
ASTRONOMIE. — Elude de la variation de la ligne de visée, faite au grand
cercle méridien de r Observatoire de Paris, construit par M. Eichens^ au
moyen d'un nouvel appareil ; par M. Lœwy.
M J'ai eu l'honneur d'entretenir l'Académie, dans sa séance du 9 dé-
cembre 1878, d'un appareil que j'ai imaginé pour l'étude de la variation
de la ligne de visée pendant la rotation de la lunette autour de l'axe:
variation produite par un ensemble de causes d'une nature différente et
dont l'évaluation présentait jusqu'ici des difficultés insurmontables.
» La solution de ce problème avait une très grande importance pour
toutes les recherches d'Astronomie de haute précision et surtout pour
l'étude des étoiles fondamentales. Malgré tous les soins apportés dans ces
travaux, et bien que les coordonnées conclues reposent souvent sur des
centaines d'observations, les recherches si intéressantes publiées par
M. Auwers ont prouvé d'une manière tout à fait péremptoire ce que, d'ail-
leurs, on avait maintes fois constaté, que des erreurs très notables affectent
encore les positions obtenues; on trouve que les erreurs systématiques
qui entachent les déclinaisons déterminées, même dans les observations
qui présentent les plus sérieuses garanties d'exactitude, peuvent aller
jusqu'à o",8.
« Les études entreprises à l'Observatoire dans ces derniers temps au
moyen de l'appareil que j'ai imaginé démontrent qu'une partie notable
de ces erreurs doit être attribuée à la flexion, en comprenant sous le mot
flexion l'ensemble des causes qui font varier la ligne de visée.
» Jusqu'à présent, les erreurs causées par la réfraction atmosphérique se
trouvaient confondues avec celles qui ont pour cause la variabilité de la
ligne de visée, et il n'était pas possible de les séparer, puisque toutes deux
dépendent de la direction de l'instrument. Désormais, la distinction est
possible entre ces deux ordres d'erreurset l'on pourra àl'a venir selivrer, dans
toute observation, à l'étude spéciale de la réfraction. A l'aide du nouvel
appareil, il nous a encore été permis de résoudre un problème aussi inté-
ressant au point de vue de la Mécanique qu'au point de vue de l'Astro-
nomie. Il s'agissait de rechercher si la forme des tourillons est rigoureu-
sement cylindrique. On comprend aisément l'importance d'une telle déter-
mination. En effet, si les tourillons ne sont pas parfaitement circulaires, la
lunette ne peut se mouvoir dans un plan et son orientation change à tout
instant.
( 7 )
» La seule méthode connue jusqu'ici pour résoudre cette question est
d'un emploi très compliqué; elle exige l'installation de piliers et de colli-
mateurs spéciaux : aussi n'a-t-elle été essayée qu'exceptionnellement dans
un observatoire ou deux. £nBn, avec le même appareil, on a encore pu
entreprendre avec succès un troisième problème, l'évaluation de la flexion
de l'axe de rotation lui-même pendant le mouvement de la lunette, ques-
tion pour l'élude de laquelle on n'avait jusqu'ici aucun moyen d'expéri-
mentation.
H Cet exposé suffit à montrer que le nouvel appareil permet d'aborder
et de résoudre un ensemble de questions très diverses, qui toutes possèdent
une importance considérable.
," Plusieurs astronomes ont émis quelques doutes sur la possibilité de la
réalisation de cet appareil, dont la partie la plus essentielle consiste en un
petit disque de verre deo'", o3 à o'",o8, qui doit reproduire siinultnnément
trois images dans l'oculaire : i" par réflexion, l'image des fils du réticule
lui-même; 2" celle d'une division tracée sur l'objectif; 3° l'image d'une des
divisions d'une plaque insérée dans le tourillon. Aujourd'hui toute incer-
titude a disparu, et l'exécution, bien que délicate, n'offre même pas de
bien grandes difficultés.
» La confection de la lentille, confiée à MM. Paul et Prosper H enry,a
répondu à toutes les exigences du problème, et plusieurs de nos confrères
ont pu s'assurer que les images obtenues sont d'une netteté parfaite et que
les pointés peuvent être effectués avec la plus haute exactitude.
» La première application a été faite au grand cercle méridien, mais
l'installation, comme cela arrive souvent au début de toute expérience,
n'était pas des plus simples ni des plus favoiables. L'appareil pèse 8^^ et
se trouve suspendu au milieu d'un cube central par des tiges métalliques
d'environ o^j^S, qui servent, dans les conditions ordinaires, à supporter
les pièces d'éclairage. La plus grande partie de l'appareil portait à faux,
dans la direction de l'est à l'ouest, et l'appareil, en vertu de son poids,
éprouvait un mouvement tournant qui ne pourrait pas se produire dans
les conditions normales; mais cette installation défectueuse fait encore
mieux ressortir l'exactitude du procédé.
)> Pour étudier les variations des images produites par la pesanteur de
l'appareil, on a employé le procédé suivant.
» On étudie d'abord les images avec l'appareil tel qu'il est; puis, comme
il 3 une forme tout à fait symétrique, on adapte des poids à ses parois en
( 8)
quatre points, de façon à accroître successivement sa pesanteur. On porte
ainsi le poids de l'appareil de 8"^ à la''^ et à 16"^. En répétant les expé-
riences dans ces conditions, on arrive à déterminer avec une grande rigueur
et d'une double façon tous les effets de déplacement produits par l'appa-
reil lui-même.
» Par l'étude comparative des images produites par réflexion et des
images des traits de l'objectif dans les différentes positions de la lunette,
on parvient à connaître le mouvement de translation de l'appareil perpen-
diculairement à l'axe optique dans les trois cas considérés, et, comme il
était facile de le prévoir, ces mouvements se montrent rigoureusement
proportionnels aux poids.
« De nombreuses séries d'observations ont été effectuées par différents
astronomes de l'Observatoire, par moi-même, par RIM. Périgaud, Renan,
Perrotin, Barré. Le travail des mesures était dirigé par moi et par M. Pé-
rigaud. On variait de if)° en i5° la position de la lunette pour le poids i,
et de 30° en 3o° pour les poids f et 2 ; on trouvera dans le Tableau ci-
après les résultats acquis.
» Toutefois, pour avoir la vraie flexion du centre de l'objectif et de l'ocu-
laire par rapport à l'axe de rotation, il faut multiplier par 2 tous les
nombres inscrits dans le Tableau, parce que la valeur de la vis du micro-
mètre qui a servi à la mesure correspond à un rayon égal à la distance focale
de l'instrument.
» En désignant par F^ le déplacement du centre de l'objectif, par F,,
le déplacement d'un point du réticule, par aie mouvement de translation
de l'appareil perpendiculaire à l'axe optique et causé par son propre poids,
par u le mouvement tournant de l'appareil de l'est à l'ouest, par F^ la
flexion de l'axe de rotation, par a la distance de l'appareil au réticule,
par [3 sa distance à l'objectif, par •/ sa dislance au trait de la division in-
troduite dans le tourillon, l'observation successive aux différentes hau-
teurs d'une division fournira, par la comparaison des lectures du zénith
et des autres positions, les équations de condition suivantes:
^ a „ 7 H- a
Fr-f--F„4-^ «^-w =m,
77
w —-n.
■J. „ 3 /v -)- 3£
IV+-F„-h -['- a-
7 2 \ 7
Fr -f- - F^ -;- 2 ( ^—^ n-{-w]~p.
( 1) )
» De même, l'observation d'un trait de l'objectif donnera
_ a „ 3 a + S ,
» Enfin, l'observation de l'image réfléchie d'un point du réticule con-
duira aux relations suivantes :
mnp, m'n'p, ?n"n"p" étant les données tirées directement de l'observation.
» Dans notre expérience, ^ devient égal à 0,97 :
= ^94: ^ = ^'.3^^ =3,3.
» L'explication de ces formules et la théorie complète se trouveront
dans un Mémoire détaillé que je vais publier sur cette question avec
M. Périgaud, et qui paraîtra dans les Annales de l'Observatoire.
» Le Tableau suivant donne les résultats déduits de nombreuses séries
d'expériences successives:
Observations des traits de la division introduite dans le tourillon.
0°. lô". 30°. 45». G0°. 75". 00". 105". \1()°. 135°. 150°. 1G5». 180°.
Poids (i) m...
-7:98
-7', 56
- 7.38
— 6,22 — 4,6.S —2,37 0,00 -1-3,00
-h5, 12
-1-6,55
+ 8,17
+s,^4
-H 9,35
Poids (|)«...
. —10,66
— 9,30
— 5,9'| 0,00
-+-7.57
-l-i 1,85
+ .3,74
Poids (2)/)...
. — 13,62
—12,04
— 7,5o 0,00
Observations des traits de V objectif.
-H9,63
-t-15,78
-l-i8,i4
Poids (0 "»'•■•
+ 3,97
+3,67
-1- 3,21
-(-2,4'i -H1G9 -1-0,59 -1-0,00 — 0,68
— 1,75
-2,62
— 3,30
-3,89
— 4,12
Poids (4) n' ...
. -1- 3,/|S
+ 2,77
-^\,l\\ -t-0,00
-1,35
- 2,72
- 3,33
Poids (2) y/..
, + 3,2G
H- 2,6.
-(-1,35 -t-o , 00
Observations des fils du réticule.
— i,oS
- 2, .3
- 2, ',5
Poids ( 1 ) m". .
. + 1,32
+1,17
-f- 0,99
-}-o,72 H-o,'i4 -1-0,27 +0,00 —0,12
-0,59
—0,75
— 1,28
—1,46
- >,79
Poids (!)«"..
• -+- o,(ji)
+ 0,60
-1-0,12 -t-0,00
—0,40
— 0,82
— 1,26
Poids (3)//'..
. -H- 0,95
-(- o,Go
-l-o,i8 4-0,00
-0,17
— o,3o
— 0,85
)) L'inspection des trois séries d'équations fait ressortir immédiatement
la parfaite proportionnalité des variations produites et le rapport entre
l'accroissement des poids et les effets qui en résultent.
C. R., 1880, 2« Semestre. (T. XCl, N» 1.) ^
( lo )
» Pour déterminer toutes les inconnues du problème, il faut les tirer de
ces équations parles procédés d'élimination connus; mais, pour la flexion
astronomique, qui n'est autre chose que la différence entre les abaisse-
ments des deux extrémités de l'instrument, on peut l'obtenir immédiate-
ment de trois manières différentes, en combinant entre eux les résultats
trouvés avec l'appareil seul et avec l'appareil chargé de poids. En multi-
pliant les trois équations relatives à la flexion de l'oculaire par le facteur
a -4- ft
et en les retranchant respectivement des trois équations relatives à
pi
a,
l'objectif, on obtient trois valeurs différentes pour l'expression - (F,, — F^).
P
a
Eu les divisant ensuite par le facteur -? on trouve facilement trois déter-
minations indépendantes pour la flexion astronomique. Ces trois résultats,
donnés ci-dessous, accusent une telle concordance, qu'il est aisé de voir
que l'appareil n'exerce aucune influence sur les opérations, puisque les
trois séries d'observations ont été faites avec un appareil modifié chaque
fois par l'adjonction de poids différents.
Flexion astronomique.
Flexions. 0°. 30". 60". 90». lîO". 150°. 180".
Poids I +1,25 +i,3o +o,85 o,oo — 0,62 — o,go — 0,61
Poids -f -l-ij64 -h^A^' +'i24 0,00 —0,58 — i,i4 —0,87
Poids 2 +',43 +')27 -4-1, o3 0,00 —0,77 —1,18 —0,82
)) Les déterminations obtenues avec les poids i et 2 sont en concordance
presque parfaite; les autres, dépendant du poids |, reposent sur un trop
petit nombre d'observations pour pouvoir posséder le même degré de con-
cordance.
» En éliminant a de toutes les équations, on trouve pour toutes les in-
connues les^valeurs suivantes :
0'. 15°. -15». GO». 75°. 80». 90». 105°. lîO». 135». 150°. 165". 180°
M » ",f, " „ " „ " « ir II II II II II
F„ H-3,i2 -1-2,90 -1-3, d6 -H2,oJ -l-i,b6 -1-0,47 OjOO —0,65 —1,59 — a./jS —2,96 —3, ■27 —3,20
F, -1-1,70 -t-i,Ji -1-1,25 -1-0,99 -1-0,56 -t-o,3S 0,00 — o,4o — 0,96 — 1,32 —1,92 — 2,27 — 2,57
F.-F^ -i-i,'|2 -1-1,39 -M,3i -(-i,o4 -t-i,oo -t-o,og 0,00 — o,25 — o,63 — 1,16 — i,o4 — 1,00 — o,63
Fg —1,55 — 1,36 — 0,87 0,00 -1-0,55 -)-o,8o -l-i,o5
a — 'l/'> —^.07 —2,47 0,00 -(-3,42 -1-5,62 -4-6,44
» A la simple inspection de ce Tableau on reconnaît immédiatement l'im-
portance des résultats obtenus ; on peut constater que la flexion astrono-
mique dépasse quelquefois i" et que l'on s'expose à commettre de graves
( II )
erreurs si on la néglige. On remarque aussi, d'un autre côté, que cet élé-
ment ne varie pas proportionnellement au sinus de la distance zénithale.
» Bien des raisons physiques faisaient déjà pressentir que la flexion ne
devait pas suivre une loi aussi simple. En effet, si la matière n'est pas
parfaitement homogène dans toute la longueur des tubes, les effets d'élas-
ticité et par suite de flexion varieront avec la position de la lunette d'une
manière quelconque; il est d'ailleurs évident que des tubes de dimensions
considérables ne peuvent pas être coulés d'une manière régulière. D'autre
part, considéré en lui-même, le micromètre constitue déjà un appareil com-
pliqué et peut provoquer certains changements dans la direction de l'axe
optique.
» Il peut encore se produire un petit déplacement du barillet dans le
tube de la lunette ou de l'objectif lui-même dans le barillet, déplacements
difficiles à éviter si l'on ne veut pas s'exposer à déformer les images en exer-
çant de trop fortes pressions.
» On voit donc que la ligne de visée peut être modifiée par un ensemble
défaits dont l'action simultanée fournit un résultat collectif d'une nature
très complexe. En dehors de toutes les raisons scientifiques qui démontrent
la justesse des résultats obtenus à l'aide de cet appareil et des preuves ma-
térielles fournies par les poids, nous possédons encore un moyen de con-
trôle absolument convaincant.
» J'ai dit plus haut que l'on peut obtenir la flexion horizontale au moyen
de deux collimateurs dont on fait concorder les axes optiques. Ce procédé
donne comme résultat i",i5. En prenant la moyenne entre les deux va-
leurs trouvées avec mon appareil pour la flexion au nord et au sud, on
obtient i",o3. La concordance entre ces deux nombres peut être regardée
comme parfaite, car la différence est si minime, qu'on peut l'attribuer aux
erreurs toujours inévitables des expériences effectuées; elle montre égale-
ment que la flexion du cercle de déclinaison est tout à fait négligeable,
car, en mesurant la flexion seule de la lunette, mon appareil donne la
même valeur que les deux collimateurs qui mesurent à la fois la flexion
de la lunette et celle des cercles.
» La solution du problème fournit encore des renseignements impor-
tants sur la rigidité et l'homogénéité des tubes faits en fonte de fer.
» La lunette a une longueur de 4"; les deux portions du tube qui
portent l'objectif et l'oculaire sont coniques et ont à leur extrémité libre
une ouverture de o™, aS environ. La longueur du côté du cube central est
de o",Go. La flexion linéaire dans les extrémités de lu lunette atteint au
( 12)
maximum o'"'",o65, celle du centre de l'axe de rotation lui-même est de
o""",o32 environ. Ces quantités sont bien faibles pour un instrument de
dimensions aussi considérables; elles accusent une grande solidité dans la
construction.
» Si l'on veut maintenant étudier la loi mathématique suivant laquelle
varient les nombres obtenus, on arrive aux résultats suivants :
// Il II _ "
Fo = + 3,21 cosA — o, 17 sin/i— o,i4cosa« — o,o8sin2rt,
F^ = 4- a,iGcos^ — o,34sin/z— OjSycosaft — o,39sin2^,
F^— Fr = 4- i,o4cosA-t-o,i7 sin^+o,23cos2A+o,3osin2/z,
rt= — 0,62 cos 7^+0,21 sin/j4-o,2i cos2A+o,o4sin2 A,
F„=— i,56cos7i — o,3i sin/2 — 0,20 cos 2^+0,40 sin 2 « + 0,28 cos37/,
w= — 5,62cos7i4-i,oosinA + o,73cos2 7i — o,o5 sin2/i+o,09cos3/?.
» On peut considéi'er comme complètement résolu le problème de la
détermination expérimentale de la variation de la ligue de visée durant la
rotation de la lunette. »
ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Sur la photographie de la chromosphère.
Note de M. Janssen.
tt Eu suivant la méthode du renversement des images par la surpose,
que j'ai communiquée à l'Académie à l'avant-derniére séance, il me
paraît qu'on peut arriver à obtenir la photographie de la chromosphère.
» Il faut que l'action lumineuse solaire s'exerce assez longtemps pour
que l'image solaire devienne positive jusqu'aux bords, sans les dépasser.
Alors la chromosphère se présente sous forme d'un cercle noir, dont
l'épaisseur correspond à 8" ou 10".
» J'ai comparé des photographies solaires positives et négatives obtenues
le même jour, avec le même instrument : la mesure des diamètres montre
que le cercle noir en question est bien en dehors du disque solaire.
» Néanmoins je ne présente ce résultat que sous réserves, des éludes
plus approfondies me paraissant nécessaires pour le corroborer. »
( K^ )
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur l'inléijrationdes équations linéaires^ au moyen
des Sinus des ordres supérieurs. Noie de M. Yvon Villarceac.
« Sur le point île m'absenter, je prie l'Académie de me permettre de lui
faire connaître, sans la démontrer, la solution d'une équation linéaire
d'ordre nui, que M. J. Farkas a résolue explicitement dans le cas de n^2,
au moyen des sinus des ordres supérieurs (séance du 28 juin). Celte équation
est
a,, . . . , (7„_| , (7„ désignant des constantes, et X une fonction explicite de jc.
» Posons
( 2 ) U = p"-ha,p"-' -I- ... 4- rt„_, 5 + a,„
et soient a, b, c, . . . les 71 racines p de l'équation U = o, supposées réelles
et inégales; soient encore
(3) u=\±a, {■'j=\±b, '/=\±c, ...;
la solution de l'équation (i), dans le cas de X = 0, sera donnée par la for-
mule
m — 1 nr—1 rn — i
0 0 u
Les sommes 1 sont au nombre de n; A^^, B|j., C^ désignent ici des constantes
et les (p^^ des sinus de l'ordre m — i , dont le genre est hjperbolique ou ellip-
tique, suivant que les racines a, b, c, ... sont positives ou négatives : dans
ces sommes 1, les indices p. varient de zéro à m — i inclusivement.
» En appliquant la méthode de la variation des constantes arbitraires,
j'obtiens, sous la forme (4), la solution de l'équation proposée (i), au
moyen des valeurs suivantes de A|j., B^, . . .,
A,=
a'"-'
(5)
( ï4)
J'insiste sur l'utilité de la forme (4), parce que, en vertu du mode de déter-
mination des A^, Bji, ..., on peut effectuer mn — i diflérentiations de la
fonction^, en traitant ces quantités comme des constantes; cela permet de
conserver le même nombre de termes, dans le cours de ces différentiations,
que dans l'expression de y elle-même, et de former ainsi très facilement
les relations entre jr et ses dérivées, qui doivent servir à la détermination
des constantes définitives.
» Le cas des racines égales n'offre aucune difficulté : on le résout en po-
sant
(6) j = .^ + S,
E désignant un polynôme en x^ de degré mi—i, et i le nombre des ra-
cines égales de l'équation U = o. Si l'on substitue cette valeur de 7 et
celles de ses dérivées dans l'équation (2) et que l'on transpose, dans le
second membre, la partie algébrique, cette dernière se combinera avec X
et l'on aura une équation linéaire de la forme (i) en vj. La solution résul-
tantde l'emploi des formules (2) à (5) s'appliquera à l'équation en vj, moyen-
nant la suppression des sommes 1 correspondantes aux racines égales de
l'équation U^ o.
» L'emploi des fonctions (p^,_, dans le cas des racines imaginaires, paraît
devoir entraîner de plus grandes complications que l'emploi simple des
exponentielles. »
ÉLECTRICITÉ. — Sur les conséquences de l'expérience de MM. Lontin
et de Fonvielle. Note de M. Jamin.
« Je prie le lecteur de vouloir bien se reporter à la description de l'ex-
périence de M. Lontin, qui a été publiée dans les Comptes rendus du 5 avril
dernier, page 800, et à l'explication que j'en ai donnée page 83q. Cette ex-
plication prévoit des conséquences qui serviront à la confirmer ou à l'in-
firmer, et que je désire signaler aux auteurs de l'expérience primitive. Elles
offriront d'ailleurs un moyen précieux et inattendu d'aborder l'étude
jusqu'à présent incomplète, de l'aimantation alternative par les courants
d'induction.
» Je suppose qu'on ait supprimé l'aimant et que l'on fasse passer dans
le cadre galvanométrique les décharges alternatives d'une bobine de
Rubmkorff. La première aimantera le disque transversalement, et, quand
( '5 )
elle aura cessé, il gardera une portion de son magnétisme. Quand survient la
deuxième décharge, qui est de sens contraire, elle doit produire deux effets
successifs : i" agir sur Je magnétisme rémanent et tendre à déplacer le
disque; 2° détruire l'aimantation première et la remplacer par une autre
qui est contraire. Occupons-nous du premier effet. Au moment où
commence la deuxième décharge, elle tend à retourner le disque de 180°:
il est alors en équilibre instable. S'il est immobile, il ne se déplacera pas;
mais, s'il a reçu primitivement, dans un sens ou dans l'autre, une vitesse
qui l'ait dévié d'un angle a, il doit recevoir une impulsion qui entretien-
dra et continuera son mouvement. Cette impulsion se renouvellera à chaque
changement de direction des décharges; on peut la représenter par
fsinoc et par^' sin a pour les courants directs et inverses, et le couple résul-
tant total par (/"+/"') sina.
» L'action du magnétisme terrestre intervient pour compliquer cette
action. Supposons d'abord le cadre perpendiculaire au plan du méridien :
l'aimantation sera dans ce plan ; le disque sera en équilibre stable pour les
décharges directes, instable pour les inverses, et ce sera le contraire si l'on
change le sens du courant inducteur. L'action terrestre se réduira donc à
un couple ±{(p — o') sin a, et l'effet total sera exprimé par
(/+_/') sin a ± (9 — f') sin a.
» En résumé ; 1° le disque ne prendra aucun mouvement s'il est pri-
mitivement immobile; 2° il continuera de tourner dans un sens ou dans
l'autre si on lui a primitivement imprimé une vitesse; 3° ces deux vitesses
seront inégales; leur somme mesurera/^-f-y, leur différence 9 — f'.
» Les conditions changeront si le cadre est dans le méridien magnétique ;
dans ce cas, les aimantations seront perpendiculaires à ce plan, le couple
terrestre sera ±1(0 — 9') cosa, et le moment total pourra se représenter par
(/+y)sin« ± (9 — 9')cosa :
» 1° L'action terrestre sera prédominante; 2° elle imprimera au disque
immobile un mouvement dont le sens changera avec le courant inducteur ;
3° les deux vitesses seront inégales; leur différence ou leur somme fera
connaître (9 — 9') cosa et (/-h/') sin a.
» Enfin, SI le cadre fait un angle de 90"— ô avec le méridien magnétique,
le couple devient
(y+y')sina ± (9 — 9')cos(5 -4- «),
et il y aura une valeur de 5 pour laquelle l'une des vitesses sera nulle.
( '6 )
» Les valeurs de/et de/' sont proportionnelles au carré de l'intensité
moyenne des décharges, celles de
' Semestre. (T, XCI.N» I.) 5
( % )
se développant dans l'organisme de l'animal, créent l'immunité contre
l'action de la bactéridie charbonneuse vraie, et que cette influence s'exerce
même, surtout peut-être, sur le fœtus pendant la vie intra-utérine.
» Des faits expérimentaux précis n'ont pas tardé à me démontrer qu'il
fallait abandonner cette hypothèse. Le moyen infaillible d'en vérifier la
valeur, c'était de déterminer quelle est l'influence du milieu algérien sur les
animaux européens qui y sont transplantés; c'était de voir si, par leur
séjour et leur reproduction répétée dans ce milieu, les races non indigènes
y perdent leur aptitude bien connue à prendre le sang de rate, ou si, tout
au moins, cette aptitude se modifie sensiblement. J'ai eu la chance de
pouvoir me procurer à Alger deux sujets qui se trouvaient dans les
meilleures conditions pour l'exécution de l'expérience indiquée.
)) Ces sujets appartenaient à un petit troupeau de mérinos entretenu
depuis une douzaine d'années dans une ferme de la commune de Rouiba,
à l'entrée de la plaine de la Mitidja. Le troupeau dont il s'agit a été formé
avec des reproducteurs provenant de la bergerie de l'État jadis installée à
Ben-Chicao. Ces reproducteurs étaient issus de mérinos originaires de
Rambouillet. Le propriétaire considère son troupeau comme étant de pur
sang. Au moins peut-il affirmer qu'il n'y a jamais eu chez lui de croise-
ment avec le mouton du pays. Mes deux sujets, beaux agneaux d'un an,
étaient des descendants à la quatrième ou la cinquième génération des
animaux achetés à Ben-Chicao; ils pouvaient donc être considérés comme
bien acclimatés et complètement imprégnés du milieu algérien, où vit et
s'est développée la famille.
» Le vendredi 2 avril, ces deux sujets sont inoculés en même temps
que trois animaux témoins : une chèvre et deux lapins. On fait l'inocula-
tion exactement dans les mêmes conditions que sur les moutons algériens,
dont l'histoire a été rappelée et complétée ci-dessus. Cette inoculation
donna les résultats les plus nets. Elle fit périr du sang de rate tous les
sujets consacrés à cette expérience. L'un des deux moutons mourait le
4 avril, trente-trois heures après l'inoculation. L'autre mouton succom-
bait huit à dix heures plus tard, dans la nuit du 4 a" 5 avril. Sur tous
deux, l'infection bactéridienne était des mieux caractérisées. Ils jouissaient
donc au plus haut degré de l'aptitude à subir cette infection.
» Cette expérience aura besoin d'être répétée; mais les résultats qu'elle
a donnés sont si clairs, qu'il est impossible de ne pas la considérer comme
une preuve suffisante de l'impuissance du milieu algérien à communiquer
aux moutons de France l'immunité contre le sang de rate.
( 35 )
» Après cette deuxième expérience, on ne peut échapper aux consé-
quences de la première, c'est-à-dire à l'obligation de coiisidérer l'immu-
nité des moutons algériens comme une propriété de race. Tout au moins
est-on forcé d'admettre que les moutons algériens ont une aptitude innée
toute spéciale, qui leur donne la propriété d'acquérir cette immunité dans
le milieu algérien. Peut-être est-il mieux d'accepter provisoirement cette
dernière manière de voir, c'est-à-dire de considérer comme innée l'aptitude
à acquérir l'immunité, plutôt que l'immunité elle-même. Avant d'écarter
définitivement l'influence habituelle du milieu algérien sur la conserva-
tion, sinon sur la formation de cette immunité, il faut savoir ce qu'elle
devient quand les familles de moutons algériens sont transportées dans un
nouveau milieu. Or, certains faits cliniques qui m'ont été communiqués
par un vétérinaire distingué d'Arles, M. Delorme, semblent de nature à
faire croire que l'immunité s'affaiblit à la longue dans les troupeaux algé-
riens implantés dans la Provence. Une bonne démonstration expérimentale
ne tardera pas à nous dire ce qu'il en faut penser. En attendant, la pru-
dence conseille de ne pas aller, dans nos conclusions, au delà de la limite
que nous venons d'indiquer.
» Il me reste à examiner maintenant si parmi les moutons d'Algérie
dont j'ai parlé jusqu'à présent d'une manière générale, en ayant seulement
égard au caractère de l'indigénat, il existe des races plus ou moins privi-
légiées. J'ai pu constater de visu que cette population ovine indigène est
en somme très homogène. Dans la plus grande partie de l'Algérie, les mou-
tons sont remarquables par l'identité des caractères fondamentaux qu'ils
présentent. Ces caractères se retrouvent partout du littoral aux régions
sahariennes. On comprend bien qu'il n'en soit pas autrement quand on
sait que les troupeaux, dont l'élevage est généralement entre les mains
des Arabes, sont presque partout soumis au régime de la transhumance
et se déplacent continuellement du sud au nord et du nord au sud. Les
variations que le type présente dans les provinces d'Oran et d'Alger sont
insignifiantes. Dans la province de Constantine, elles sont beaucoup plus
marquées. La région occidentale, limitrophe à la province d'Alger, pré-
sente en général une population ovine semblable à celle de cette dernière
province, témoin les troupeaux immenses, maintenant quasi sédentaires,
de la tribu des Abd-en-Nour. Comme familles particulières, je signalerai,
avec M. Chevalier, les Amérias, au sud-est de Constantine, et les Sahalias
du littoral. Mais la particularité la plus importante à noter concerne la
région orientale de la province, limitrophe au pays tunisien. Cette région
( 36 )
est occupée par ]a race de moutons à grosse queue dits moutons sjriens,
plus connus dans le pays sous le nom de moutons tunisiens ou barbarins.
C'est seulement dans cette partie de l'Algérie qu'existent les vrais moutons
à queue lipomateuse. Partout ailleurs, les moutons ont la queue plus ou
moins fine, et ce caractère se montre d'autant plus marqué qu'on s'avance
davantage vers l'ouest.
)) Nulle part, dans l'Algérie proprement dite, on ne trouve de moutons
purs ou croisés de la race du Soudan. Il faut aller jusqu'à El Goléali pour
étudier ces singuliers animaux.
» Les moutons algériens sur lesquels j'ai expérimenté en France étaient
tous en provenance de Philippeville : c'étaient des syriens ou tunisiens, plus
ou moins purs, et des moutons des Abd-en-Nour. Parmi ceux qui ont servi
à mes expériences d'Alger, les uns étaient nés dans la plaine de la Mitidja,
d'autres provenaient d'Aumale, quelques-uns avaient été achetés à Djelfa,
les plus beaux étaient originaires des environs de Tiaret. Je n'ai pas con-
staté de différences sensibles d'aptitude entre ces divers sujets. Dans le
nombre, il s'est trouvé deux moutons d'un an qui avaient du sang mérinos.
La marque n'en était visible que dans la toison; mais cette empreinte était
extrêmement nette. Or, ces deux sujets ont parfaitement résisté aux ino-
culations de sang de rate qui leur ont été faites.
» En résumé, tous les moutons indigènes de l'Algérie jouissent, à un
degré plus ou moins marqué, de l'immunité contre le sang de rate, et
peuvent la communiquer par le croisement aux moutons européens.
» Cette propriété est congénitale et naturelle.
» Les familles de moutons français qui se propagent dans le milieu
algérien ne l'acquièrent pas; mais il n'est pas démontré que les familles
de moutons algériens qui se propagent dans le milieu français ne puissent
pas la perdre. On n'est donc pas encore autorisé à refuser toute influence
au milieu algérien, au moins sur la conservation de l'immunité dont les
moutons d'Afrique font preuve. »
MEMOIRES LUS.
GliODÉSlE. — Détermination de la différence de longitude entre Parts et Bonn.
Note de MM. Le Clerc et de Bernardièues.
« L'Observatoire de Montsouris avait déjà produit d'utiles travaux
lorsque le Bureau des Longitudes et l'Institut géodésique international
(^7 )
fixèrent d'un commun accord les bases de l'importante entreprise géodé-
sique destinée à relier la France à l'Allemagne et à la Suisse. C'était faire
connaître les ressources du nouvel établissement et remplir le but qu'on
s'était proposé en le créant que de l'associer à ces intéressantes détermi-
nations. Les opérations franco-suisses furent réservées à M. le lieutenant-
colonel Perrier et aux officiers d'élaf-major, tandis que M. le contre-amiral
Mouchez revendiquait pour les officiers de marine placés sous sa direction
la tâche de mesurer les différences de longitude entre Paris et Berlin et
entre Paris et Bonn. M. le capitaine de frégate Le Clerc et M. le lieutenant
de vaisseau de Bernardières furent désignés pour être les collaborateurs de
M. Lœwy, Membre de l'Institut et du Bureau des Longitudes, qui avait
pris une large part à plusieurs recherches analogues exécutées dans ces
dernières années.
» M. Le Clerc a eu l'honneur de rendre compte à l'Académie des opéra-
tions qu'il a effectuées avec M. Lœwy à Paris et à Berlin, et a fait ressortir
toute l'importance de cette détermination, entreprise simultanément et
d'une façon entièrement indépendante par une mission d'astronomes alle-
mands et par la mission française; il a indiqué en même temps les points
essentiels qui caractérisent les divers appareils et les procédés employés par
les observateurs des deux pays.
» La différence de longitude entre Paris et Bonn a été mesurée dans des
conditions semblables, avec les mêmes instruments astronomiques et avec
les mêmes appareils électriques, agencés par M. Lœwy et si remarquables,
tant au point de vue de la commodité du fonctionnement que de la préci-
sion qu'ils permettent d'atteindre.
» Le directeur de l'Observatoire de Bonn, M. le professeur Schonfeld,
nous avait obligeamment prêté une de ses grandes salles méridiennes, et
notre installation ne laissait rien à désirer. D'un autre côté, les communi-
cations électriques étaient assurées par la ligne de Francfort-sur-le-Mein, et
à défaut par celle de Cologne, au moyen d'un fil direct que l'Administration
des télégraphes mettait chaque nuit à notre disposition. Tout aurait donc
marché à nos souhaits si le temps, avec lequel les astronomes et les marins
sont obligés de compter, n'était venu trop souvent déjouer notre zèle et ra-
lentir nos opérations.
» Sans vouloir médire de Bonn, qui est un charmant séjour, nous devons
à la vérité de constater que l'état de son ciel se ressent du voisinage du
Rhin et n'est guère propice aux observations, pendant l'été surtout; aussi
nous a-t-il fallu nous armer de patience pour arriver à compléter le nombre
( 38 )
de belles nuits nécessaire à l'achèvement de nos travaux. Ces retards
étaient également préjudiciables aux délégués allemands qui devaient
nous succéder à Bonn et se proposaient de relier directement à Paris et à
Berlin, par deux mesures indépendantes, cette station frontière, qui occupe
une position très importante dans le réseau géodésique de l'Europe cen-
trale.
» Suivant le programme arrêté, M. Le Clerc a fait les premières opéra-
tions à Paris tandis que nous commencions à Bonn. Les observateurs se
sont déplacés au milieu du travail et ont déterminé à ce moment, de même
qu'au début et à la fin, la différence de leur équation personnelle.
)) Le Tableau suivant résume les résultats des dix-huit soirées d'obser-
vation ; nous les aurions publiés plus tôt si les obligations de notre service
ne nous avaient tenus longtemps éloignés de France.
Première série.
(M. Le Clerc à Paris, M. de Bernardièrés à Bonn.)
Date. Différence Erreur
1877. de longitude. probable. Poids.
ui s s
Juin 29 19.2,413 rhOjOiS 5,4
Juillet 3 19.2,372 ± 0,023 2,3
6 19.2,351 ±0,017 4»2
7 19.2,304 ±0,014 6,3
II--. 19-2,404 ±0,017 4.2
i5 19.2,310 zh 0,020 3,1
21 19.2,422 ± o,oi5 5,4
Deuxième série.
(M. Le Clerc à Bonn, M. de Bernardièrés à Paris.)
Date. Différence Erreur
1877. de longitude. probable. Poids.
m s s
Août 5 ig.2,6o5 rir 0,024 2, i
6 ig.2,5i4 ±0,020 3,1
8 19.2,459 ± 0,026 1 ,8
lo 19.2,440 ±0,023 2,5
i3 19.2,532 rt o,oi4 6,3
i5 19.2,508 ±0,033 2,3
17 19.2,547 ±0,014 G, 2
18 1 g. 2, 538 ±0,021 2,8
ig.... '9'3, 5o4 ±0,014 ^ ' ^
30 19.2,521 ±0,025 2,0
21 19.2,493 ± o,ou) 3,4
( 39)
» Formant la moyeune pondérée des valeurs individuelles, on trouve :
Première série L, = ig"'2% 377.
Deuxième série . Lv= I9'"?.%5i8
» Chacun de ces résultats est affecté d'une erreur égale et de signe con-
traire, exprimant l'influence des équations personnelles des deux observa-
teurs. La demi- différence — fournit donc la valeur de cet élément; le
nombre ainsi calculé concorde d'une manière satisfaisante avec les évalua-
tions directes.
n La moyenne — ■' = i9"a',445 représente la différence de longitude
entre les deux piliers d'observation. Pour rapporter cette mesure au méri-
dien de Cassini et au centre de l'Observatoire de Bonn, il faut ajouter au
nombre précédent les quantités respectives — o', 238, + o%o62. On ob-
tient ainsi définitivement, pour la différence de longitude entre le méridien
de Cassini et le méridien central de l'Observatoire de Bonn, ig^aSaGg;
erreur probable, ± 0^,009.
» Les astronomes allemands ont trouvé, pour la mesure du même arc,
ig'^a', 23i.
» Ces nombres diffèrent de moins de 0% o4; la valeur si minime de cet
écart réalise pleinement les espérances que nous avions fondées sur la con-
formité des résultats, déterminés l'un et l'autre dans les conditions de haute
précision que comportait ce travail fondamental. »
MEMOIRES PRESENTES.
MM. Marié-Davy et Albert Lévy soumettent au jugement de l'Aca-
démie une Note portant pour titre « Des variations du temps et des chan-
gements de proportion de l'acide carbonique de l'air. »
(Renvoi à la Commission précédemment nommée.)
M. C. Maher adresse, pour le Concours de Statistique, un Mémoire por-
tant pour titre « Statistique médicale de Rochefort en 1879 n.
(Renvoi à la Commission. )
( 4o)
Un Anonyme adresse, pour le Concours du grand prix des Sciences
mathématiques, un Supplément au Mémoire portant pour épigraphe
« Àuxilio fimctionum abeliananim » .
(Renvoi à la Commission.)
M. E. Tdrgan adresse une Communication relative au Phylloxéra.
(Renvoi à la Commission du Pljylloxera.)
CORRESPONDANCE.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
1° Un Ouvrage de JM. Oppolzer, intitulé: « Lehrbiich zur Bahubestim-
niung dcr Rometen und Planeten » ; i" volume. (Présenté par M. Lœwy. )
2° Un Ouvrage de M. F. Pisani, intitulé « Traité pratique d'Analyse
chimique qualitative et quantitative ».
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sw quelques remarques relatives à l'équation
de Lamé. Note de M. Escary.
« I. L'équation de Lamé a été, pendant ces dernières années, l'objet des
recherches profondes de M. Hermite. Elle a également attiré l'attention
de MM. Brioschi, Fuchs et Gyldén. Les travaux de M. Hermite sur ce
sujet sont trop connus pour qu'il soit nécessaire d'insister sur leur haute
importance et leur étendue. On sait aussi que MM. E. Picard et Mittag-
Leffler sont parvenus, en appliquant les méthodes de notre illustre maître,
à intégrer d'une manière générale une classe étendue d'équations différen-
tielles linéaires d'ordre quelconque et à coefficients composés de fonctions
doublement périodiques, c'est-à-dire offrant de l'analogie avec l'équation
dont il s'agit.
» En restant dans l'ordre d'idées inauguré par Lamé et poursuivi par
MM. Liouville et Heine, c'est-à-dire en restant plus près de la théorie du
potentiel et de l'importante extension de la série de Fourier, qui consiste,
comme on le sait, à remplacer les sinus et cosinus des multiples de la va-
riable par des polynômes entiers qui remplissent le même objet et dont les
(^1' )
degrés croissent indéfiniment, nous allons présenter quelques remarques
sur les fonctions rencontrées dans cette voie par Lamé lui-même, et dépen-
dantes de fonctions doublement périodiques.
» Nous rappellerons, à cet effet, que l'intégrale générale de l'équation
(i) (i - .r=)V' + i[(i - x'f\y-^- [n[n + ])(i - .r^) - l']y = o
est
(.) v = GP7^^HPrj^p,^;;rî^ (M,
en posant, pour abréger,
' 2"-'r(?./+ i)ri_« + 1) ^ ' dr"+'
L'intégrale générale de l'équation
( 3 ) T- ( I - a' )y" + i [a- ( I - .r-^ )] 'y' +[n{n + i) a- - P ly = o
est également
(4 ) y = G$'"* + H $'"' f '^'', •
^^' - ' ' J ['£j"']'.rv/l-x^
On l'obtient en remplaçant, dans l'intégrale (2), P^"' par î^"', et, à cause
de ci- = I — .r'^, — — ;par ^-; et supprimant l'accent. La fonc-
I — -^ .r' y/i — x''
tion 5";"' s'obtient elle-même en remplaçant, dans P^"', x'^ par i — ar'', et
supprimant également l'accent (').
n IL Cela étant, nous observerons d'abord que l'identité remarquée
par Lamé, savoir :
(p=-..==)(/i5-g)+(v=- p^)(/.;ï- §)+(,.=- v=)(^g-gj = o.
peut tout aussi bien s'écrire
(') Comptes rendus, t. LXXXVIII, p. 558.
(») Ihid., t. XC, p. i34i.
C. R., iSSo, >' Semestre. (T. XCI, NT) 6
(42 )
Alors, en ayant égard aux six relations distinctes, savoir ( ' )
{a) A?-B? = r-, A7 + C^-=i,
( Al-Bl = P, A^-C^= I,
les trois équations aux différentielles ordinaires de Lamé s'écrivent sous la
forme condensée
(5) B;C;j"-ilB:C:)y+[«(«+.)B:-/^jv=o.
Dans cette équation, la variable indépendante est A,, et l'indice / doit être
successivement supprimé, égal à i, égal à 2. L'intégrale générale de cette
équation est
(6) r = c.^r-^m'fj^;
où l'on a encore posé, pour abréger,
r(/-t-l) n/Vf/ \v."{" — ^] ( /? — 2 ) ■ ■ ■ (n — u -4- I )
Tjl-^i] ^'^■•-^'i.i^f-
n/i—'ii.
' 1=
_ 'r(2/-(-i)r(« + i) "' /IC'-*'
•2-'r^2/ + ijr(« + ij^" ■^'' ZjV ' 1.2.3. ..f*
C'est l'intégrale générale de l'équation de Lamé. Elle a été obtenue pour la
première fois, sous cette forme, par M. Liouville, en laissant toutefois la
valeur du polynôme ^"^ inconnue, et par suite les rôles respectifs des
entiers n et /indéterminés. On voit, par la seconde valeur de <ï>^"', que l'on
doit avoir nécessairement l se
change en P^"'. Pour légal à i, l'équation (5) devient, dans cette nouvelle
hypothèse, impossible. Dans ces deux cas limites, on a égard, bien entendu,
aux valeurs que prennent les fonctions qui entrent dans les relations {a).
n Les intégrales générales des équations
(7)
i AfBfjr"-f ^(Af Bf)'/H-[»(n4-i)Af -P]y = o,
dans lesquelles les variables indépendantes sont respectivement B, et C,,
s'obtiennent de la même manière et sous la même forme. Seulement,
lorsque la variable indépendante est B,, Bo ou C-,, les racines du poly-
nôme <î>/', égalé à zéro, sont imaginaires, et, pour conserver à ce polynôme,
et par stiite aux équations différentielles (7), ainsi qu'à l'intégrale (6), une
forme invariable, on doit remplacer ceite variable indépendante, dans ces
trois cas, respectivement par iB,, iB^, 'C^, la lettre / représentant ici l'ima-
ginaire y — 1 . >
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Intégration d'un nombre quelconque d'équations
simultanées entre un même nombre de fonctions de deux variables indépen-
dantes et leurs dérivées partielles du premier ordre. Mémoire de M. L.-V.
TcRQUAN. (Extrait par l'auteur.)
« z et z, désignant deux fonctions inconnues de jc et j', p et q, p, et ^,
leurs dérivées partielles du premier ordre, on se propose d'intégrer les
deux équations simultanées
J.{a;,)-,z,p,q,z,,p,,q,) = o.
Ces équations déterminent deux surfaces, dont on peut concevoir les équa-
tions mises sous la forme
z = J (.r, a), z, = S^i^, |3),
j'- — g^{JC,,a), Zj = #3(^1, p);
on se propose de chercher ces deux couples d'équations,
■) La résolution du problème dépend de l'intégration du système des
( M\ )
huit équations suivantes
(A)
(A')
dA
Pi
dy dz'^
''A^'Mi
dx ' dz "
dA_
dy
dz.
'lA
d7/l'
'If,
df, df,
dz = p dx + q dj
dz, = p,dx ~\- (],dr
A = o,
dx + Adp
dy
dx
df
A
dq
dp
dA_
dq
¥^
dA
dp,
A
dq,
''A
ip, =: O,
^/' + ;^^/^'^°'
dj
A
dq,
dq,
(fdx-fdy\-,s,(fdx~^Adr
\dq dp - J \dq, dp, ■
= O,
A étant le déterminant
A=:
S^-'l*) (l"-!*
dA
dq
dx ■
f/r
Ûà dx - 'A dy
dq, dp, ^
, , . dq dq,
et S et S, désignant — et -y- •
» Les sept équations (A) ne contiennent explicitement ni « ni |3, on y
peut regarder X comme variable indépendante. En les intégrant, on trou-
vera des valeurs de y\ z, z,, p, q, p,, q, contenant cinq constantes arbi-
traires distinctes seulement, dont une, a, peut être regardée comme un
paramètre variable.
)) On démontre que l'élimination de a donne pour z, p, (/, s,, p,, q, des
valeurs fonctions de x et y qui satisfont aux équations proposées, et que
ces valeurs sont liées entre elles par les relations
dz dz
P=^d:r' 'i = d;-
dz,
dz.
On porte ensuite dans l'équation {k') les valeurs de j, z, r,, p, q, /',, 7,
, , dq dq da.
en fonction de x et a, valeurs deja obtenues. On calcule s =^-;i^-^-^ j^'
j, = ^ + ^ — en fonction de a et de x. Par là l'équation (A') se trouve
d.r da. dx
( 45 )
transformée en une équation différentielle ordinaire entre x et a; d'où
l'on tirera x en fonction de « et d'une nouvelle arbitraire |3.
» Alors on pourra avoir les équations des deux surfaces cherchées sous
la forme
z = J (x, «), z, = ff^{x,p).
Le problème qu'on s'était proposé est donc résohi.
» On a déjà obtenu z et z, en fonction de a: et j- et de quatre constantes
arbitraires. Ces deux valeurs forment l'intégrale complète. On détermine
les quatre arbitraires qui entrent dans z et z, de manière que, pour x = x„,
z et z■^ deviennent des fonctions arbitrairement données de la valeur ini-
tiale j-„ de j-, savoir (fjg et t|//„, et que les dérivées q et q, deviennent en
même temps f')„ et il^'^o- Enfin, de l'intégrale complète, on déduit l'inté-
grale générale.
» La deuxième Partie du Mémoire n'est qu'une généralisation de la
première. »
OPTIQUE. — Sur les raies brillantes spectrales du métal scandium. Noie
de M. RoB. Thalén, présentée par M. Cornu.
a Pendant l'année dernière, M. L.-F. Nilson, professeur de Chimie à
Upsal, a annoncé le premier l'existence d'un nouveau métal, nommé scan-
dium, qu'il a trouvé dans de l'erbine, extraite en partie de gadolinite et en
partie d'euxénite. En mars i8ng, j'ai déterminé d'une façon approxi-
mative les longueurs d'onde des raies spectrales appartenant à ce corps;
cette détermination accompagnait la publication de M. Nilson [Comptes
rendus, t. LXXXYIII, p. G/jS, a^ mars 1879). Cependant, le produit
chimique employé étant très mêlé d'ylterbine, les déterminations spectrales
ne pouvaient s'exécuter que par la méthode d'élimination, c'est-à-dire par
la comparaison directe des deux spectres, savoir celui de l'ytterbine et
celui du mélange d'ylterbine et de scandine. On comprendra donc qu'il
ne m'a été possible d'observer que les raies les plus fortes et les plus
caractéristiques du métal en question. Depuis ce temps, j'ai obtenu du
chlorure de scandium en quantité suffisante, soit par M. Nilson qui l'a
extrait de l'euxénite, soit par M. Clève qui a employé les minerais de
gadolinite et de keilhanite. Mes observations, commencées l'été dernier et
continuées pendant ce mois, ont montré sûrement que les produits obtenus
(46 )
étaient parfaitement purs; ils ont donné des spectres absolument identiques
entre eux. Au lieu d'une trentaine de raies spectrales que j'avais trouvées
auparavant, je peux maintenant en indiquer une centaine. Je donne ci-
contre en détail les résultats obtenus pour le métal dont il s'agit.
» Pour la recherche spectrale, j'ai employé l'appareil d'induction de
Ruhmkorff , grand modèle, 8"^' à lo'' de Bunsen, deux bouteilles de Leyde,
six prismes en flint, dont chacun avait un angle de réfraction égal à 60°,
et le grand spectroscope que j'ai décrit autrefois ('). L'étincelle d'induction
était produite entre des électrodes d'alumine, humectées de la solution du
chlorure à étudier; j'employais l'héliostat de Foucault, construit par
M. Duboscq. L'état du ciel a été très bon : aussi la comparaison des raies
du métal avec celles du spectre solaire a-t-elle pu se faire avec une précision
très satisfaisante. Les nombres obtenus se rapportent à l'Atlas du spectre
solaire d'Angstrôm. Les petites différences qu'on trouve entre mes anciennes
déterminations et celles que je donne ici s'expliquent parfaitement par la
différence notable de dispersion employée dans les deux cas.
» Les raies du scandium sont en général très caractéristiques, soit par
leur groupement, soit par leur éclat. Elles sont presque toutes très fines,
sauf quelques raies de la partie jaune et orangée, et les sept raies fortes
situées dans la partie bleu-violet du spectre qui ont une certaine largeur.
Parmi ces dernières, il y en a une, 4374)0. que j'ai soupçonnée de coïn-
cider avec une raie forte de l'yttrium. Cependant, par une comparaison
directe, je me suis parfaitement convaincu qu'il y a entre ces deux raies une
différence de position sensible, quoique très petite. En effet, c'est In raie du
scandium qui est la plus réfrangible, mais sa longueur d'onde n'est infé-
rieure à celle de la raie de l'yttrium que de o,4 de l'unité choisie.
)) Enfin je dois signaler l'existence dans ce spectre de quelques bandes
très faibles, situées entre Sgoo et SySo. Conformément aux vues soute-
nues par feu Angstrôm, on doit conclure de l'apparence de ces bandes
qu'elles proviennent de l'oxyde du métal en question ; en outre, il n'est pas
tout à fait invraisemblable d'attribuer les raies assez fortes entre
6193 et 6016 à la même cause, parce qu'elles présentent aussi en quelque
sorte l'aspect de bandes nuancées, dont la dégradation d'intensité se
dirige également vers l'extrémité rouge du spectre.
» Voici les longueurs d'onde, exprimées en dix-millionièmes de milli-
mètre ([ indique les raies les plus fortes et 6 les plus faibles).
(') Mémoire sur la détermination des longueurs d'onde des raies métalliques ( Nova acta
reg. Soc, Scient. L/psal.,Z° série, vol. VI, 1868).
[ 47
Couleur
<)es
r.nngueiii-
Inten-
rayons.
d'onde.
63o4,o
sité.
1
Remaniucs
6279,0
5
6^58,0
5
6246 , 0
3
6238,0
3
6210,0
2
6192,5
5
6i53,o
3
6145,0
5
6 I 4o , 0
4
Raies
61 i5,o
2
dégradées
6 I 09 , 5
3
t vers
6100,5
3
6079,0
I
le
6071 ,5
0
rouge.
6064 , 0
2
Orangé.
6037,0
1
4
6016,0
5918,0
5
min .
5886,5
max.
min.
Bandes
5877,0
»
nuancées.
5848,5
max.
min.
très
5842,0
.
faibles.
58og,o
max.
dégradées
min.
58oi,5
"
vers
5772,0
niax.
min.
le rouge.
5736,5
max.
min.
5723,5
4
5716,0
4
57,0,5
2
5707,5
4
Groupe
5699,5
2
très
Jaune.
5686, 0
2
5683 , 2
4
caracté-
5671,0
2
ristique.
5667,5
4
5665,7
4
l
5656,5
2
Couleur
(les Longueur Inlen-
rjiyons. d'onde. site.
Uemarques.
Jaune
(suite).
Vert.
5640 , 0
3
5590,5
5
5564 , 0
5
55a6,o
1
Très forte.
5519,5
3
55i3,5
3
5484,0
»
5481,0
l>
5451,0
6
5445,5
4
5391,3
3
5374,5
4
5355,0
3
5348,5
3
534r,5
6
)
5340,0
6
> Très faibles.
533q,o
6
)
5317,5
5
5284,5
4
5257,5
4
5239,0
2
5218,5
5
5210,0
5
5ii7,o
5
5 100, 5
6
5098,5
4
5096,4
6
5089,5
6
5o86,5
4,5
j
5o85,o
4
1 Groupe
5o83,o
3,5
caractéristique
5o8i ,0
3
j
5075,5
6
5070,0
4
5o63,5
5
5o3o,5
I
4991,0
6
4QTq,5
6
( 48 )
Couleur
des
Longueur
Inten-
rayons.
d'onde.
sité.
Remarques
Vert
suite).
4973,0
4953,5
4921,5
4908,5
4838,0
4833,0
6
5
6 '
() 1
(i
6 1
Extrême-
ment
faibles.
4827,0
6
Bleu.
4753,0
(S
4743,0
3
4739,5
3
Groupe
4737,0
4 ,
caractéris
4733,2
4 1
tique.
47=8'5
f
4
\ 4669,5
0
Couleur
des
Longueur
Inten-
rayons.
d'onde.
sité.
Remarques
Bleu
4572,5
6
suite).
4556,0
6
44'5,o
I
44 00,0
I
4385, 0
6
double (?)
4374,0
I
4354,5
6
Indigo. '
4324,5
I
4320,0
0
4314, 0
I
4306,0
6
4295,0
6
\ 4248,5
I
ÉLECTRICITÉ. — Perfectionnements apportés aux bobines du genre Siemens.
Note de M. G. Trouvé, présentée par M. Th. du Moncel.
« Lorsqu'on trace le diagramme dynamique d'une bobine de Siemens
en lui faisant opérer une révolution complète entre les deux pôles magné-
tiques qui réagissent sur elle, on observe que le travail est presque nul
pendant deux périodes assez grandes de la rotation. Ces deux périodes
correspondent aux temps pendant lesquels les pôles cylindriques de la bo-
bine, ayant atteint les pôles de l'aimant, défilent devant eux. Durant ces
deux fractions de la révolution, qui sont chacune de 3o° environ, les sur-
faces magnétiques destinées à réagir l'une sur l'autre restent à la inéme
distance; la bobine n'est donc pas sollicitée à tourner. Il en résulte une
perte notable de travail.
» J'ai supprimé ces périodes d'indifférence et accru l'effet utile de la ma-
chine, en modifiant ainsi la bobine : les faces polaires, au lieu d'être des
portions d'un cylindre dont l'axe coïncide avec celui du système, sont en
forme de limaçon, de telle sorte qu'en tournant elles approchent graduel-
lement leurs surfaces de celles de l'aimant, jusqu'au moment où le bord
postérieur échappe le pôle de l'aimant. L'action de répulsion commence
alors, de sorte que le point mort est pratiquement évité.
» L'importance de ce perfectionnement a été mise en évidence par une
expérience très simple. On a construit deux bobines Siemens de même
diamètre, même longueur et même enroulement, dont une seulement
( 49 )
avait été modifiée de la manière indiquée; on les a employées successive-
ment en les substituant l'une à l'autre dans un moteur électrique, et l'on a
constaté qu'avec une même pile on obtenait, avec la bobine modifiée, un
accroissement de travail considérable.
» La bobine peut fonctionner en présence d'un aimant permanent;
mais je préfère employer, comme réacteur magnétique fixe, un éleclro-
aimant placé dans le même circuit, ce qui permet de faire varier l'énergie
du courant entre des limites éloignées, sans que les intensités magnétiques
respectives de l'organe fixe et de l'organe mobile cessent de demeurer dans
la relation voulue.
» Le petit moteur que j'ai l'honneur de mettre sous les yeux de l'Acadé-
mie est construit d'après ces principes. Un seul couple de la pile Reynier
lui imprime un mouvement de rotation rapide; avec trois couples, on fait
tourner une machine à coudre. Ainsi complétée par la pile énergique,
constante et inodore de M. Reynier, cette machine devient uu moteur do-
mestique commode et économique. Les mesures dynamométriques prises
sur mon moteur actionné par cette pile donnent des résultats qui s'ap-
prochent, d'une manière très satisfaisante, du rendement théorique indi-
qué par M. Reynier ( ' ).
» Est-il besoin d'ajouter que ce moteur est réversible, et peut, moyen-
nant de légères modifications, être employé comme générateur d'élec-
tricité? »
OPTIQUE PHYSIOLOGIQUE. — Sur la sensibilité de l'œil aux différences de lumière.
Note de M. Aug. Charpentier, présentée par M. Vulpian.
M On sait, par les travaux de Weber, Fechner, Delbœuf, etc., que les
organes des sens ne peuvent distinguer les unes des autres les excitations
qui agissent sur eux que lorsque ces excitations différent entre elles suivant
un certain rapport, constant pour chaque sens et pour chaque genre d'ex-
citation. Ainsi, l'oreille ne distingue deux sons de même nature émis suc-
cessivement que si l'un d'eux est d'un tiers plus faible ou plus fort que
l'autre. L'œil ne dislingue deux lumières que si leur intensité diffère d'un
centième environ. On appelle sensation différentielle la valeur de ce rap-
port minimum entre les intensités de deux excitations distinctes. On a
(' ) Comptes rendus, séance du aS juin 1880.
C. R.,i88o. T Semffxrre. (T.XCl, No I.) 7
{5o )
proposé de prendre cette valeur pour mesure de la sensibilité de chaque
organe des sens. Cela est, en effet, très rationnel quand on se sert, pour
agir sur ces organes, d'excitations de même nature et surtout d'excitations
successives. Mais il est un sens pour lequel on a déterminé la sensation dif-
férentielle en se servant, au contraire, d'excitations simultanées: c'est le
sens de la vue, auquel on a présenté, dans toutes ces expériences, deux
lumières contiguës, dont l'une pouvait varier d'uitensilé par rapport à
l'autre, et qu'il s'agissait de distinguer. Il est évident que l'on apprécie
alors le pouvoir de comparaison des centres nerveux entre plusieurs sen-
sations, et non plus la loi même de l'excitation d'éléments nerveux déter-
minés; la sensation différentielle ainsi obtenue n'est plus la mesure de la
sensibilité visuelle. On en a la preuve en examinant sous ce rapport, non
pas seulement la partie de la rétine correspondant à la vision directe au
point de fixation, mais des parties diverses de cette membrane. .Cela a été
fait, et je l'ai répété moi-même à l'aide d'une méthode spéciale; cette re-
cherche m'a montré, comme on le savait du reste, que la sensibilité aux
différences de lumières contiguës diminue notablement dans la vision in-
directe, et diminue d'autant plus que l'on s'éloigne davantage du point de
fixation.
» Il semblerait donc, d'après cela, que la st^isibilité de l'œil à la lu-
mière est variable suivant les diverses parties de la rétine, tandis qu'une
autre méthode nous a prouvé, à M. Landolt et à moi, que tous les points
delà rétine sont également impressionnés par la lumière (Comptes rendus,
séance du i8 février 1878). Or cette contradiction cesse absolument si, au
lieu défaire agir sur l'œil des lumières contiguës et simultanées, excitant
ainsi des éléments nerveux différents, on emploie une seule lumière sus-
ceptible de variations successives; il est évident qu'alors on agit à la fois
sur les mêmes éléments nerveux et que l'on se conforme ainsi à la règle
suivie en pareille matière pour les autres sensations, telles que sensations
sonores, sensations de pression, de température, etc.
» J'ai donc recherché quelle est, pour mes yeux, la quantité dont il
faut augmenter ou diminuer luie lumière donnée pour que je puisse re-
connaître ce changement d'intensité; en d'autres ternies, j'ai déterminé,
pour ma vue, la valeur de la sensation différentielle sous l'influence d'ex-
citations lumineuses successives. J'ai étudié seulement le cas d'intensités
lumineuses moyennes, plutôt faibles que fortes, mais pouvant varier ce-
pendant dans des limites assez étendues, entre 1 et 5o par exemple. J'ai
utilisé pour ces expériences l'appareil graduateur de la lumière dont j'ai
( 5. )
indiqué le principe à l'Académie le i8 février 1878 et cjiii m'a déjà servi
pour une série de recherches précéilemment communiquées ( ' ).
)) Dans les limites assez larges de mes expériences, j'ai trouvé la sensa-
tion différentielle sensiblement constante et égale à 7 ou 8 centièmes. En
d'autres termes, étant donnée une lumière, forte ou faible, que l'on pré-
sente à l'œil, il faut la diminuer ou l'augmenter de 8 centièmes environ
pour produire une nouvelle sensation distincte de la première. De plus, je
n'ai pas vu changer cette valeur de la sensation différentielle en excitant
des points de la rétine plus ou moins éloignés du centre; elle est donc
sensiblement la même dans la vision directe et dans les différentes direc-
tions de la vision indirecte. Enfin, elle ne m'a pas paru varier quand, au
lieu de lumière blanche, je présentais à l'œil de la lumière colorée, rouge,
verte ou bleue.
» Ces expériences sont assez délicates à répéter, à cause de la persis-
tance des images, qui gène un peu l'observateur; cet inconvénient est sur-
tout sensible quand on modifie très lentement l'intensité de la lumière pré-
sentée à l'œil; mais, dès qu'on opère assez rapidement, on obtient des
valeurs faciles à déterminer et, comme je l'ai dit, sensiblement constantes.
» On peut remarquer que l'œil apprécie beaucoup mieux les différences
d'intensité de deux lumières contiguës que les différences de deux lu-
mières successives, puisque la sensation différentielle est, dans ce dernier
cas, sept à huit fois plus forte que dans le premier (dans le premier cas,
elle n'est guère que de i centième).
» On voit encore que le mode de sensibilité dont il vient d'être ques-
tion est, sous un rapport, comparable à celui que j'ai précédemuienf étudié
sous le nom de sensibilité lumineuse, et qui s'exprime par le minimum de
lumière capable de provoquer la sensation. En effet, la sensibilité de l'œil,
envisagée sous ces deux aspects, est constante pour toute l'étendue de la
rétine. »
TIIERMOCHIMIE. — Etude thermique des polysxdfures d' ammonium et du per-
sulfure d'hydrogène. Note de M. P. Sabatier, présentée par M. Ber-
thelot.
" Polysitlfures d'ammonium. — Les polysulfures d'ammonium ont été pré-
(') Cotnptrs rendus, stances des 18 février 1878, ?.o mai 1878, 27 mai 1878,
27 janvier 187g, 10 février 1879.
(52)
parés d'après les indications de Fritzsche, et étudiés comme les polysul-
fures de potassium (').
» i" AzlPS*. — On l'oblient en cristaux volumineux jaune citron, très
altérables, solubles dans l'eau; les solutions très étendues, d'abord par-
faitement limpides, se troublent subitement en déposant du soufre.
Trouvé. Calculé.
HS 20,2 20,'j3
s excédant Si) > ' 58 ,54
AzH' 20,7 20,73
» Quatre expériences ont donné, pour i"' dissous dans i5oH-0^ au
moins, à la température de 1 1°, 5 :
-4'^"',0, -4*'"',4. -3^"', 96, -4C»',oG;
moyenne — 4^"'; • •
» La dissolution obtenue, traitée par le mélange d'iode et d'acide chlor-
hydrique, dégage pour i"' à 12° :
+ i6C'",7, +!6c»i,5 -hi6'^"',4;
moyenne -f- iG'^°',5.
» 2° AzH'S^ — Ce sont de longues lames orangées translucides, qui se
dissolvent dans l'eau, en déposant du soufre.
Trouvé. Calculé.
HS 16,5 17,35
S excédant 63, o 65,3
AzH' 17,0 17,35
» Les cristaux dissous dans le mélange acide dégagent pour i^''à 12° :
H-12^=',0, -I- 12'"'', 2, +12*^"', 07;
moyenne + 12,1.
» 3° AzIl'S'. — Je l'ai obtenu en faisant digérer du soufre avec l'eau
mère cbaude ou froide du pentasulfure. Ce sont des cristaux rouges, aux-
quels Fritzsche atlribuait la composition AzH'S''; les analyses m'ont con-
duit à admettre AzH''S^
Trouvé. Calculé.
HS 11,3 11,6
S excédant 76,5 76,7
Azll' 11,0 11,6
(') Comptes rendus, t. XC, p. i557.
( 53 )
M Ces cristaux, attaqués par le mélange acide, ont donné pour l'i à 1 2°
4- II'-»', 9, +i2'^''|,i;
-Cal
moyenne + 12" ,0.
» On eu déduit les conséquences thermiques qui suivent :
1" chaleur de J'onnalion h partir des éléments.
Az + H'H-S'solide = AzH'S< solide, dégage -1-34,53
Az-|-H'4-S5solide=: AzH'S' « H-34,73
Az-f-H«-4-S«solide = AzH'S» » H- 34, 83
et
Az -\- W -1- S' solide = AzH"',4 534""", o
Volume du réservoir ^G'",-!^ ^ô"",-}.^ ^6"',-î^
Gaz extrait du compensateur. . . i'''^^,38 i",5o i'^'^,4o
» Température 21 ",6 "^T^l '6°
.. Pression 438"'"' 440""" 434""", 3
» Température déduite i235",5 1241" 1250°
Densité obtenue avec le coeffi-
cient de dilatation de l'air. . . 5,82 5,71 5,65
)) Les nombres donnés dans ce Tableau pour la densité de vapeur de
l'iode ont été calculés en admettant que cette vapeur possède un coeffi-
cient de dilatation constant et égal à celui de l'air. A-t-on raison de faire
cette hypothèse? J'ai cru nécessaire, pour résoudre cette question, défaire
d'autres expériences. Voici les résultats que j'ai obtenus en prenant les
densités à la température constante de l'ébullition du soufre, mais sous des
pressions variables :
I. II. III. IV. V.
Volume du ballon 334'^% 281", 295", 320",3 Sio-^"^
Température de la balance. 9^,5 '9°y^ 20° 20" 18°, 8
Pression atmosphérique... 768™"', 5 758""", 82 755"'", 72 754""">,6o 758'"'"
Excès de poids ^-I6^oIO — oS'-,238 —08^,286 — o«%3o35 — o^^S^S
Airresté 4^%o 0^,7 o",6 o«,63 o",6
« Température 9°, 5 28° 22°, 5 22°, 8 24"
. Pression 768"»", o 676""", 8 495"'" 735'""°, 9 485'"'", 5
Pression à la fermeture.. . 768'"'», o 67'"'", 2 48""", 6 48'"'", Sy 34'"'", 52
Densité obtenue en ap])li-
quant la loi de Mariotte. 8,70 8,20 7,75 7,76 7,35
(56)
» Les nombres donnés dans ce second Tableau ont été calculés en ad-
mettant que la vapeur d'iode suit exactement la loi de Mariotte.
» On voit par ces résultats que la densité de vapeur de l'iode, calculée
avec a = 0,00367 et PV = 1, diminue tout aussi bien à basse qu'à baute
température.
» Toutes les bypothèses que l'on a faites en s'appuyant soit sur une
dissociation de l'iode, soit sur un changement isomérique, me paraissent
dès lors difficilement admissibles. Dans l'état actuel de nos connaissances,
rien n'autorise à supposer qu'un vide partiel suffise pour produire une
modification de cette nature.
» Les seules conséquences nécessaires des expériences faites à hautes
températures ou à basses pressions sont que le coefficient de dilatation
de l'iode est variable avec la température et que son coefficient de com-
pressibilité est variable avec la pression. Toutes les hypothèses proposées
pour expliquer ces résultais devront tenir compte de cette double va-
riation. »
CHIMIE MINÉRALE. — Sur le foifis atomique et sur (juelques sels caractéristiques
de iyilerbiwn. Note de i\L L.-F. Kii.son, présentée par M. Berlhelot.
« En poursuivant mes expériences pour préparer une quantité assez
grande d'ytlerbine pure, je me suis assuré bientôt que je ne pourrais
réussir qu'en employant une quantité des terres mixtes beaucoup plus con-
sidérable que celle dont j'avais pu disposer dans mes recherches précé-
dentes, ou 63e'', RO— 129,5 (Com/nes rendus, t. LXXXVIII, p. 642). M. Nor-
densldôld ayant mis à ma disposition i^s,25o, et M. Waage, à Christiania,
^^^ d'euxénite, minéral si rare et si précieux ('), j'ai eu l'occasion d'en
retirer a**?, 5oode terres brutes. En même temps M. Clève opérait sur une
quantité encore plus considérable de gadolinite; nous avons partagé les
recherches : il traitera l'erbine vraie et la thuliue, et moi l'ylterbine et la
terre que M. Soret désigne provisoirement par x. Comme j'ai obtenu
Tytterbine à l'état de pureté parfaite, j'ai l'honneur de rendre compte à
l'Académie de mes recherches.
» Sans revenir sur les opérations longues et fatigantes auxquelles j'ai
(') Que mes savants collègues nie permetlent de leur en témoigner ici toute ma recon-
naissance.
( -''7 )
dû recourir, j'observe seulement qu'il resin, a[)rès quarante séries de dé-
compositions partielles des azotates par la chaleur, une quantité de terres
pesant aSo^'*'. Leur solution sirupeuse dans l'acide nitrique ne présenta
qu'une seule raie d'absorption dans le spectre, X = 684o, nppartenant au
tluilium, mais les eaux mères obtenues dans les séries suivantes 41-60 pré-
sentèrent néanmoins une autre raie dans le vert, appartenant à l'erbine.
Après soixante-hjiit séries de décompositions, la première raie disparut
entièrement et la terre restante [20^'' seulement retirés d'au moins 6^^ de
ferres brutes) n'était que de l'ytterbine, après que la scandine qui y restait
encore fut séparée par le procédé déjà indiqué. La solution de cette terre,
purifiée par H^S et ensuite précipitée par l'acide oxalique, donna l'oxalate,
et parla calcination de ce sel j'ai obtenu l'ytterbine parfaitement pure. Son
azotate fut soumis à la décomposition partielle par la chaleur et tonte
la terre fut partagée en sept fractions. Une certaine quantité d'oxyde cal-
ciné au blanc de chacune de ces fractions fut combinée avec de l'acide
sulfurique et le poids de sulfate anhydre obtenu fut rigoureusement déter-
miné. Voici les résultats d'où l'on a calculé le poids atomique de l'ytter-
bium pour Yb^O' :
Expériences. Terre pesée.
1 I , Oo63
2 1,0.39
3 o , 85o9
4 0,7371
5 I ,ooo5
6 o , 8090
7 I ,0059
Moyenne 62,147 37,853 i7,3oi
» Comme la très petite variation du poids atomique, déduit de ces dé-
terminations, s'explique aisément par l'hygroscopicité de la terre et du sul-
fate, et que toutes les déterminations donnent ainsi la même valeur, on
peut en conclureque la terre était d'iuiehomogénéité incontestable et d'une
pureté parfaite. Ce nombre est cependant un peu inférieur à celui que j'ai
déterminé autrefois. Cela lient sans doute à ce que la terre alors em-
ployée n'était pas purifiée par H^S. Après plusieurs décomposilions des
azotates dans des capsules de platine, les nitrates basiques insolubles con-
tiennent toujours des traces de ce métal, éliminées par H'S. Du resie,
je suis bien convaincu que celle terre n'était pas parfaitement séparée des
autres terres, son azotate fondu présentant, avant la dernière décomposi-
C. R., i>8o, a'iemeffrf. (T. XCI, N" 1.^ "
fate obtenu.
Ytterbiiiep. loo.
SO'p lou.
Poids atomique
1,6186
62,171
37,829
17,321
i,63i4
62, i49
37,85i
17 ,3o3
I , 3690
62,1 55
37,845
17,308
1,1861
62,145
37,8)5
17,300
I ,6099
62,147
37,853
17,301
1 ,3022
62 , I 26
37,874
17,284
I ,6189
62,134
37,866
17,291
( 58 )
tion, une raie d'absorption verte qui, selon mon expérience actuelle, pour-
rait à peine disparaître par une seule décomposition de plus ; il faut que
l'azotate fondu présente au moins la raieX = 684o, parce que cette raie
disparaît bien après la verle, quoiqu'il me fût" impossible de la remarquer
dans la petite quantité qui resta alors.
Vylterbine Yb^O' se présente à l'état d'une poudre infusible et blanche.
Densité: 9,170. Insoluble dans l'eau, elle se dissout aisément dans les
acides, même étendus, à l'aide de l'ébullition; à froid elle n'est attaquée
que difficilement, même par les acides concentrés. Les solutions, qui ont
une saveur douce et astringente, sont absolument incolores et ne présentent
aucune raie d'absorption dans le spectre. La terre et ses sels ne communi-
quent à la flamme aucune coloration ; mais, à l'aide de l'étincelle électrique,
le chlorure donne un spectre très brillant.
» L'azotate se dépose d'une solution sirupeuse en grands cristaux, qui
fondent à 100° dans leur eau de cristallisation et qui dégagent à chaud de
l'acide nitrique, puis des vapeurs rouges donnant des azotates basiques
plus ou moins insolubles dans l'eau.
» Sulfate anhydre Yb='0^3S0^ — L'ytterbinea été dissoute dansl'acide
nitrique et une quantité convenable d'acide sulfurique fut ajoutée -,13 liqueur
évaporée à 100° fournit le sidfate aqueux en prismes brillants incolores,
qui, chauffés à une température où l'acide sulfurique libre se volatilise,
laissent un résidu opaque : c'est le sulfate anhydre. Il se dissout aisément
dans l'eau froide excédante et supporte une température assez élevée sans
perdre d'acide sulfurique; mais, chauffé au blanc, il perd complètement
son acide si l'on ajoute à la fin un peu de carbonate d'ammonium. Dans
la solution de ce sel évaporée au bain-marie, le sulfate aqueux Yb^O*,
3SO^-l- 8 H* O cristallise en assez grands prismes brillants. Inaltérable à l'air,
il perd son eau de cristallisation à 100°, se dissout lentement dans l'eau
même bouillante et sans résidu dans une solution saturée de sulfate de
potasse.
» Séléniles. — Par le sélénite de sodium il se forme, dans une solution du
sulfate, un précipité amorphe, volumineux et insoluble de sélénite neutre.
Après la digestion de ce sel avec un excès d'acide sélénieux, et après l'éva-
poration à une chaleur douce, on obtient un résidu cristallin et insoluble
àe sélénite acide, Yb='0%3SeO + H^OSeO + 4H=0, qui perd son eau
de cristallisation à 100°. L'analyse a donné 42,34 - 42, 5i Yb^O',
47,07-47, loSeO et 8,o3H^O, au lieu de 42,46, 47,84 et 7,76.
» Oxalate Yb'0''3C='0» + loH^O. L'acide oxalique produit, dans les
( 59)
solutions d'ytterbiiie, d'abord un précipité assez volumineux de petites ai-
guilles très fines, mais elles se transforment bientôt en petits prismes courts,
épais et beaucoup moins volumineux. L'oxalate est très peu soluble dans
l'eau et les acides étendus; à ioo°, il perd 7*"°' de son eau. L'analyse a
donné 49,92Ybn)' et i5,76H'0, au lieu de 49,87 et iS.gS.
» L'ytterbine est un sesquioxyde de la formule Yb-0', ce qui est con-
staté par : 1° la composition du sulfate, analogue aux sels correspondants
de l'yttrium et du didyme, et sans doute aussi isomorphe ; 2° la composi-
tion du sélénite acide, tout à fait caractéristique pour les sesquioxydes;
j ai montré autrefois que les oxydes suivants produisent des sélénites
de la même composition : Cr=0% Fe=0% Ce^O', Di^O% Y-0% Er=0',
Br^O', Sb-0'; 3° la composition de l'oxalate, analogue à celui du didyme,
Di-0°,3C'0^+ ioH-0; 4° la composition du formiate, analogue, selon
M. Marignac('),àceluiderytlrium, Y^O%3CHO H- 4H-0; 5° la chaleur
et le volume moléculaires trouvés pour la terre et son sulfate anhydre et
aqueux, qui prouvent que l'ytterbine appartient à ce groupe de sesqui-
oxydes auquel elle est jointe dans une Note suivante. »
CHIMIE MINÉRALE. — Sur la dissolution du platine dans l'acide sulfurique.
Note de M. Scheurer-Kestner, présentée par M. Wurtz.
« Dans des Communications précédentes ('), j'ai montré que l'acide
sulfurique des chambres de plomb, même lorsqu'il est sulfureux, attaque
le métal des appareils en platine dans lesquels on le concentre pour l'ame-
ner à 66°. J'ai établi aussi que la dissolution du métal est d'autant plus
considérable que le degré de l'acide concentré est plus élevé.
» Depuis que j'ai eu l'honneur de faire ces Communications à l'Acadé-
mie, de nouvelles expériences m'ont appris que la forme donnée aux
conclusions de mes premières recherches était trop générale; que l'acide
sulfurique n'attaque réellement leplatine d'une manière appréciable que
lorsqu'd renferme des composés iiitreux; qu'il suffit de quantités extrê-
mement petites d'acide azoteux pour provoquer la dissolution non inter-
rompue du platine tant que l'acide sulfurique est en contact avec lui ; enfin,
que l'acide sulfiuiqtie complètement pur, exempt de traces d'acide azoteux,
(') J/c/iii'cs des Sciences physiques et naturelles, 1898.
{') Voir Comjjtes rendus, 1875, t. LXXXI, p. 892, et 1878, t. LXXXVI, p. loSc.
( 6o )
petit être impunément bouilli dans les alambics en plaline sans que ceux-ci
soientattaqués.
» Des traces d'acide azotetix, à peine décelées par le sulfate ferreux, suf-
fisent pour provoquer l'attaque du platine, l'acide azoteux servant d'in-
termédiaire pour l'oxydation du platine aux dépens de l'oxygène de
l'acide sulfurique.
» Ces faits avaient échappé à mon observation, mais des essais répétés
avec soin m'ont éclairé sur les causes de l'erreur dans laquelle je suis
tombé; mes premières conclusions, à savoir que l'acide sulfurique des
cliambres, même celui qui renfeime un excès d'aciiie sulfureux, attaque le
platine pendant la concentration à 66°, restent vraies; mais il n'est pas
vrai que l'acide sulfurique exempt de traces de composés azotés agisse de
même à l'égard de ce métal. Il a suffi, pour concilier ces deux thèses, qui
semblent contradictoires, de constater que l'acide des chambres de plomb,
même lorsqu'il est sulfureux, renferme de l'acide azoteux; c'est ce qui se
présente effectivement; la coexistence des deux gaz y est permanente, et,
à moins de détruire l'acide azoteux par le sulfate d'ammoniaque, ce gaz
résiste à l'ébullition de l'acide, même en présence de l'acide sulfureux; ce
dernier corps est expulsé, au contraire, pendant la concentration de l'acide.
» Les expériences ont été faites de la manière suivante : des feuilles de
platine minces, ayant o™,oi5de largeur sur o™,09O de longueur, ont été
introduites dans une même quantité (environ 60^"^) d'acide sulfurique
bouillant et y ont été maintenues pendant plusieurs heures; la quantité du
métal dissous a été déterminée par la pesée de la feuille avant et après
l'immersion dans l'acide.
» I. Acide sulfurique exempt d'acide azoteux, ne donnant pas de réaction avec les
réactifs connus (sulf.ite de fer, diphénylaraine).
• Trois feuilles de platine, pesant i8'',88o, is'',9ii et i^^g^Oi y sont restées inatlaquées;
>> II. Acide sulfurique exempt d'acide azoteux, mais renfermant 20 pour 100 d'acide
anliydre (acide de Nordhausen).
» Les trois feuilles y sont restées inattaquées.
» III. Acide sulfurique pur, exempt d'acide azoteux et soumis à la température de l'ébul-
lition du soufre dans un tube fermé.
» La feuille de platine est restée inattaqiiée.
• IV. Acide sulfurique ordinaire, regardé comme exempt d'acide azoteux; l'acide qui
avait servi à sa préparation renfermait des quantités d'acide sulfureux telles qu'il en répan-
dait fortement l'odeur.
La première feuille de platine a perdu 0,0098
La deuxième » » o,oogg
La troisième " •• 0,0077
( Cu )
» V. Acide siilfuriquc, réputé pur, renfermant iin dix-millième d'acide azoteux.
• Après une ébullition de deux lieures, la feuille de platine a perdu o^'', 0020.
» VI. Le même acide, préalablement bouilli avec du sulfate d'ammoniaque et ne donnant
plus aucune réaction avec le sulfate de fer.
» Après une ébullition de quatre heures, platine inattaqué.
» Après une nouvelle ébullition de deux heures, même résultat.
>■ VII. Acide sulfiiri([ue donnant une très forte réaction avec le sulfate de fer.
» Après une ébullition de deux heures, la feuille de platine a perdu o''',o493.
» Pendant rébullilion de l'acide sulfurique, l'acide azoteux ne s'en
dégage pas; il y resie à l'état de composé stable, comme l'a déjà fait remar-
quer M. Winckler. Cette circonstance explique comment il se fait que des
quantités minimes de composés azotés soient capables d'agir sur une quan-
tité relativement grande de platine.
» Ou peut conclure de ces expériences :
» Que l'acide sulfurique absolument pur n'attaque pas le platine, et
qu'en se servant du sulfate d'ammoniaque recommandé par Pelouze on
peut évitera peu près complètement l'attaque des vases en platine;
» Que l'acide sulfurique qui renferme des traces d'acide azoteux dissout
le platine, et que cette dissolution est d'autant plus active que le degré de
concentration de l'acide est plus grand;
» Que l'acide sulfurique des chambres de plomb, même lorsqu'il ren-
ferme un excès d'acide sulfureux, attaque le platine, l'acide azoteux résistant
à l'action de l'acide sulfureux et s'y trouvant à l'état de combinaison stable ;
» Que, par conséquent, l'attaque du platine est toujours due à la
présence de composés azotés dans l'acide sulfurique; un dix-millième suffit
pour dissoudre une quantité de platine telle qu'elle n'a jamais été observée
industriellement (nous avons vu, en effet, à l'expérience V, que 60^"^ d'acide
sulfurique ont dissous oS"^, 002 de platine). La coideur rose de l'acide sul-
furique des chambres de plomb, causée par la présence du sélénium, et
l'odeur d'acide sulfureux qti'il répand ne sont pas des caractères qui
permettent de juger que l'acide est suffisamment exempt de composés azotés :
il faut recourir à des réactions beaucoup plus sensibles. Ainsi un tel acide,
dans lequel le sulfate ferreux décèle des traces à peine sensibles de composés
azotés, est coloré en bleu par la diphéuylamine; il renferme à la fois de
l'acide sulfureux et de l'acide azoteux et il attaque le platine. Pendant sa
concentration, la quantité d'acide azoteux diaiinue très peu, tandis que
l'acide sulfureux est complètement expulsé. De l'acide sulfurique ayant
1,8376 de densité et renfermant 94,84 pour 100 d'acide monohydraté a
( 62 )
été concentré au quart de son volume. Après la concentration il avait
i,84i3 de densité et renfermait 98,45 pour 100 d'acide monohydraté. Il
renfermait avant la concentration gS millionièmes d'acide azoteux; après
la concentration il en renfermait encore 89. Cet acide dissolvait le platine
des vases de concentration, quoiqu'il ne fût souillé que de proportions infi-
nitésimales d'acide azoteux. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Remarques sur t'élhérificalion des hydracides.
Note de M. A. Villiers, présentée par M. Berthelot.
« 1. J'ai indiqué précédemment (') les résultats relatifs à l'éthérifica-
tion des hydracides. Outre les différences que présentent leurs vitesses
d'éthérification, qui croissent dans l'ordre suivant : acide chlorhydrique,
acide bromhydrique, acide iodhydrique, et qui sont fort différentes entre
elles, j'ai noté plusieurs résultats, sur lesquels je crois utile de revenir.
» 2. Je rappellerai en premier lieu que, pour chacun des trois hydra-
cides, l'éthérification ne se produit plus lorsqu'ils se trouvent, dans les
solutions initiales, en présence d'une certaine quantité d'eau, contrairement
à ce qui a lieu avec les acides organiques.
)) Ce fait doit être attribué à la perte d'énergie qu'éprouvent les hydra-
cides par suite de leur dilution dans l'eau , perte d'énergie qui les rend im-
propres à produire les réactions que produisent les acides anhydres ou leurs
premiers hydrates.
» J'ai montré que, pour l'acide chlorhydrique en particulier, la limite
de dilution à partir de laquelle l'éthérification cesse à la température
ordinaire est peu supérieure à la dilution représentée par la formule
HCl + 4HO, qui est précisément la formule du premier hydrate cristallisé
de l'acide chlorhydrique. Il semble donc que l'acide chlorhydrique ne
puisse être élhérifié à la température ordinaire que pour des dilutions infé-
rieures à celle de cet hydrate, ou plutôt que ce soit l'acide anhydre dissous
dans cet hydrate à la faveur de l'alcool en présence qui s'éthérifie seul.
Une liqueur contenant au début i^"! d'acide en présence de 4^^ d'eau de-
vrait être d'après cela à la limite, et l'éthérification devrait y être nulle
Mais il ne faut pas oublier que cet hydrate éprouve, dès la température
ordinaire, une dissociation partielle, dissociation dont les proportions
('] Comptes rendus, t. XC, p. 1488 et i563.
(63)
sont, du reste, probablement modifiées par l'alcool en présence; l'élhéri-
fication pourra donc avoir lieu grâce à cette dissociation.
» Nous trouvons donc ici encore une application de la conception fé-
conde par laquelle M. Berthelot ( ' ) regarde les dissolutions des hydracides
comme des solutions des hydrates les plus concentrés, et même d'acide
anhydre dans les hydrates plus avancés, cet acide anhydre et ces premiers
hydrates existant dans le mélange dans des proportions déterminées par
les conditions de leur propre dissociation et pouvant manifester directe-
ment leur action individuelle dans les réactions chimiques.
» Si l'on élève la température, les effets de cette dissociation s'accroissent
et deviennent fort notables. C'est ce qui résulte de l'étude de l'éthéri-
fication à 44°, température où l'éther ordinaire ne se produit pas encore,
et à laquelle la dernière dilution à partir de laquelle l'éthérification
cesse d'avoir lieu pour l'acide chlorhydrique correspond à la formule
HC1+ 20HO. A la température de 100°, les effets de cette dissociation
des hydrates de l'acide chlorhydrique s'augmentent encore.
» On conçoit, du reste, que l'effet de la dissociation ne se borne pas à
élever la limite de dilution à partir de laquelle commence l'éthérification,
mais qu'il doit aussi élever les coefficients d'éthérification limites des li-
quides qui s'éthérifient à la température ordinaire. C'est ce que j'ai constaté
plus haut. .....4...
» A la température ordinaire, la dissociation des premiers hydrates
paraît être plus avancée pour l'acide iodhydrique que pour les deux autres;
cet acide peut, en effet, s'éthérifier à cette température dans des liquides
contenant des proportions initiales d'eau en présence desquelles les acides
chlorhydrique et bromhydrique ne s'éthérifient pas.
» 3. Revenons au cas des mélanges ne contenant pas d'eau dans leur
composition initiale. J'ai montré que la limite d'éthérification de ces mé-
langes à des températures où l'éther ordinaire ne se produit pas est infé-
rieure à celle qui correspond aux acides organiques, et que cette limite n'est
pas fixe, mais qu'elle s'élève avec la température, contrairement à ce qui a
lieu pour ces derniers.
B Ce fait ne peut être attribué, comme on pourrait le croire au premier
abord, à l'action de l'eau mise en liberté par la portion de l'acide éihérifiée
sur la portion qui ne l'est pas, et qui amènerait cetle dernière à un état
d'hydratation où l'acide ne pourrait plus agir sur l'alcool. Pour que cela
Essai de Mécanique chimique, t, II, p. i44'
(64 )
put avoir lieu, il faudrait, ainsi qu'on peut s'en assurer d'après les résul-
tats relatifs à l'éthérification des mélanges contenant de l'eau au début, que
l'eau éliminée par l'élhérification fût dans des proportions considérables
par rapport à la quantité non étliérifiée et, par conséquent, que la pro-
portion d'acide éthérifié fût considérable.
» Je pense que l'on peut expliquer la petitesse de la limite observée en
admettant que les hydracides forment avec l'alcool des combinaisons ana-
logues aux hydrates définis qu'ils forment avec l'eau, et dont les combi-
naisons cristallisées de la dulcite avec les hydracides, décrites par M. G.
Bouchardat, montrent des exemples. L'existence de ces composés paraît,
du reste, très nettement indiquée, d'après M. Berthelot ('), par les cha-
leurs considérables dégagées pendant la dissolution des hydracides dans
l'alcool, même dans des conditions où l'étliérification n'a pas lieu, comme
dans le cas de l'acide chlorhydrique dissous dans l'alcool à la température
ordinaire.
X L'éthérification résulterait des équilibres qui s'établissent entre ces
hydrates et ces alcoolates, les uns et les autres étant à l'état de dissociation
partielle (-).
» Cette hypothèse permet de concevoir l'infériorité relative des limites
atteintes par les hydracides et la variation de ces dernières avec la tempé-
rature. Elle rend compte aussi de la différence des limites qui corres-
pondent à l'acide bromhydrique et à l'acide iodhydrique. Ces deux acides
peuvent atteindre une même limite, mais à des températures différentes. »
CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Des bactéries atmosphériques.
Note de M. P. Miquel.
« Dans une Communication précédente (*), j'ai établi que les causes de
recrudescence des spores aériennes des mucédinées étaient la chaleur et
l'humidité ; aujourd'hui, jedirai cjuelques mots des lois qui président à la dif-
fusion des semences infiniment plus petites des microbes appelés bactéries.
» Par des procédés d'ensemencement dont la description allongerait
démesurément cette Note, je suis parvenu à saisir et à nombrer les spores
(') Essai de Mécanique chimi'jue, t. II, p. 68i.
(') Même Ouvrage, p. 684.
(') Comptes rendus, t. LXXXVI, p. iSSa.
( 65 )
ou œufs des microbes hacléries, ce qui m'a peiniisde constater que, si les
germes de ces êtres infimes sont toujours présents dans l'atmosphère, comme
il résulte des belles recherches de M. Pasteur, leur nombre y est soumis à
d'incessantes variations.
» Ainsi, le chiffre des bactéries atmosphériques^ très faible en hiver, croit
au printemps, se montre élevé en été et en automne, puis baisse rapidement pen-
dant les frimas : loi également applicable aux spores des champignons; mais,
tandis que les graines des ynoisissures sont abondantes pendant les périodes
humides, le chiffre des bactéries aériennes devient alors très faible et ne s'élève
de nouveau que lorsque la sécheresse envahit le sol, précisément à l'instant oie
les spores de moisissures se font i-ares; si bien qu'aux maxima des microbes-
moisissures correspondent les minima des microbes-bactéries et récipro-
quement. Ce sont là des faits que les courbes graphiques rendent avec une
netteté saisissante.
» Tant qu'il n'aura pas été possible de préparer un liquide capable de
faire germer indistinctement toutes les semences des schizophytes, il sera bien
difficile de connaître avec exactitude le nombre réel des bactéries voya-
geant à travers l'espace. En opérant avec du bouillon neutre parfaitement
stérilisé, on trouve que le chiffre moyen annuel des bactéries contenues
dans 1""' d'air ne s'élève pas au-dessus de deux cents, ce qui porterait à
croire que l'atmosphère est cent fois plus chargée de spores de moisissures
que de germes de bactéries. Malheureusement, l'expérience démontre tous
les jours que la composition des milieux nutritifs a une grande influence
sur le développement des microbes; pour n'en citer qu'un exemple, le
Bacillus ureœ, agent très actif de la fermentation ammoniacale et organisme
parfaitement distinct du Micrococcus ferment de i'nrée, étudié par MM. Pas-
teur et Van Tieghem, croît très bien dans l'urine, dans les liquides chargés
d'urée, mais se montre incapable de se multiplier dans le bouillon neu-
tralisé. Quoi qu'il en soit, ce dernier liquide est néanmoins un milieu favo-
rable au développement d'un grand nombre d'espèces et se prête à
l'obtention de résultats dont le mérite le moins contestable est d'être com-
paratifs.
» En été et en automne, on trouve parfois à Montsouiis mille germesde
bactéries par mètre cube d'air. En hiver, il n'est pas rare de voir ce chiffre
descendre à quatre et cinq, et de noter des jours où les poussières de 200'''
d'air sont incapables de déterminer l'infection des liqueurs les plus alté-
rables.
» Dans l'intérieur des habitations, en l'absence des causes mécaniques
C. R., 18S0, 2« Semestre. (T. XCI, K» 1.) 9
{66 )
(le va-et-vient, le frottage, etc.) qui soulèvent les poussières répandues à
la surface des objets, l'air ne se montre fécond que sous le volume de 3o'"
à 5o'''; dans mon laboratoire, les poussières de 5'"^ d'air déterminent habi-
tuellement l'altération du bouillon neutre. Dans les égouts de la ville de
Paris, l'infection de la même liqueur est produite par les particules de toute
sorte que charrie i'" d'air.
» On voit combien ces résultats diffèrent de ceux qu'a publiés M. Tyn-
dall. D'après ce savant, quelques centimètres cubes d'air seraient, dans la
plupart des cas, capables d'apporter l'infection dans les infusions les plus
diverses.
M L'intérêt qui s'attache à l'étude des bactéries, agents présumés des
maladies infectieuses, m'a conduit à rapprocher du nombre des décès
causés à Paris par cette classe de maladies le chiffre des bactéries pré-
sentes dans l'atmosphère. De cette comparaison, étendue du mois de
décembre iB'79 au mois de juin 1880, il résulte que toute recrudescence de
bactéries aériennes est suivie à huit jours d' intervalle d'une recrudescence de décès
par les maladies dites contagieuses et épidémiques. Peut être s'agit-il ici d'une
simple coïncidence; aussi, tout en signalant cette relation, du moins étrange,
j'attendrai, avant de me prononcer définitivement sur ce sujet, qu'une suite
ininterrompue de recherches vienne l'affirmer avec la dernière évidence.
J'ajouterai cependant que, si, comme on le prétend, les maladies zymotiques
ont pour cause première l'infection de notre organisme, par des ferments
figurés, telluriques ou miasmatiques, ce sera pendant les temps secs que ces
germes morbides seront le plus abondamment répandus autour de nous.
» Je reviendrai prochainement avec plus de détails sur quelques-uns des
faits qui viennent d'être signalés, et notamment sur les causes de diffu-
sion des bactéries dans l'atmosphère. Je prouverai, contrairement à l'opinion
de plusieurs auteurs, que la vapeur d'eau qui s'élève du sol, des fleuves et
des masses en pleine putréfaction est toujours micrographiquemeut pure,
que les gaz qui proviennent des matières ensevelies en voie de décomposi-
tion sont toujours exempts de bactéries, que l'air impur lui-même qu'on
dirige à travers des viandes putréfiées, loin de se charger de microbes, se
purifie entièrement, à la seule condition que le filtre infect et putride soit
dans un état d'humitlité comparable à celui delà terre puisée à o^jSo de la
surface du sol. Enfin j'indiquerai quelques procédés, d'une application
facile, à l'aide desquels on parviendra, je l'espère, à immobiliser ces germes
prétendus meurtriers, soupçonnés de porter au loin les maladies et leurs ter-
ribles effets. En terminant, je dois cependant à la vérité de reconnaître que
(67 )
jusqu'ici pas une des nombreuses espèces que j'ai isolées et inoculées aux
auimaux vivants ne s'est montrée capable de déterminer des troubles pa-
thologiques dignes d'être mentionnés ( ' ). »
GlIIMIE PMYSIOLOGiQtJE.— Sur un ferment digestif contenu dans le suc de figuier.
Note de jM. Bodchct, présentée par M. Wurtz.
« Les recherches que nous avons présentées à l'Académie, avec M. Ad.
Wurtz, sur l'action digestive du suc de Carica papaya et du ferment digestif,
la papaïne, qu'il renferme m'ont engagé à voir si ce n'était pas là un fait se
raltacliant à une propriété cariiivore générale du latex de beaucoup d'autres
végétaux. Des études spéciales faites avec soin dans cette direction m'en-
gagent à le croire, et dès aujourd'hui, au moins, la chose semble démontrée
pour le suc laiteux du figuier commun.
» Ce suc est peu abondant, d'une récolte longue et assez difficile. On n'en
a pas de grandes quantités. Néanmoins, je me suis fait adresser de la
Provence du latex recueilli au mois d'avril, ce qui est important à retenir,
car le suc change de qualité avec l'état plus ou moins avancé de la végéta-
tion, et, dans le laboratoire de M. Wurtz, nous avons fait des expériences
qui ont donné les résultats suivants :
» 58"' de suc laiteux en partie coagulé, formant une partie séreuse et un
coagulum résineux, blanc, gluant, élastique et parfumé, ont été mis dans
un verre avec 60^' d'eau distillée, lo^' de fibrine humide, àl'étuve de So".
Au bout de quelques heures, la fibrine était attaquée, ramollie, et le soir
elle était digérée, en laissant un petit résidu blanchâtre au fond du verre.
» J'ajoutai successivement dans ce même verre et dans le même liquide
d'abord lo^"' de fibrine humide, qui ont été digérés en douze heures, puis
la»"", puis 15^'', et cela huit fois à un ou deux jours de distance, ayant tou-
jours soin de remettre le vase dans l'étuve. Ces différentes additions ont
employé 90^"' de fibrine pour lui mois d'expérience.
» Chaque quantité de fibrine a été digérée en moins de vingt-quatre
heures et a laissé un résidu blanchâtre homogène, qui s'ajoutait au résidu
de la digestion précédente. La solution donnait une odeur prononcée de
bon bouillon, sans la moindre putridité et avec une odeur agréable, due
au coagulum résineux du suc de figuier, laissé à dessein dans le verre-
(') Ces recherches ont été f;iites à l'Observatoiie de Montsouris.
(68)
» Au bout d'un mois, nous avons cessé l'expérience. Ces digestions de
fibrine n'avaient pas fermenté; elles conservaient une bonne odeur de
viande digérée, plus l'arôme de la résine de figuier. D'autres expériences
semblables ont donné les mêmes résultats.
» Elles prouvent qu'il y a dans le latex du figuier un ferment digestif
puissant, et nous espérons procbainenient dire à la fois quelle est la com-
position du résidu et de quelle nature est ce nouveau principe de pepsine
végétale, capable de digérer ainsi les matières albuminoïdes. »
M. Daperée présente à l'Académie, de la part de M. de Koninck, un
Ouvrage portant pour titre : « Faune du terrain carbonifère de la Belgique » .
L'auteur avait traité le même sujet dès 1842 et avait généreusement offert
à l'École des Mines toute la collection des types décrits par lui. Il vient
de reprendre le même sujet, en mettant à profit les riches et importants
matériaux que lui ont fournis, non seulement la Belgique, mais aussi
toutes les collections de l'Europe. Le nombre total des espèces connues
arrive ainsi à mille ou douze cents.
Les Poissons et les Mollusques céphalopodes forment l'objet de ces deux
premières livraisons et de cinquante belles planches in-folio.
M. P. DE Bkoca adresse, à l'occasion d'une récente Communication de
M. de Fra/sseix{'), une réclamation de priorité, au sujet de « l'Emploi des
objectifs à long foyer pour le pointage des canons rayés ». Cette réclama-
tion est accompagnée de divers documents à l'appui.
M. M. ZiEGi.ER adresse une Note intitulée : « Observations faites sur la
floraison du seigle, provoquée par le contact de certaines substances » .
M. Krarup-Hansen adresse une Note relative à une formule de venti-
lation.
La séance est levée à 5 heures et demie. j. b.
(') Voir Cumptes rendus, séance du 7 juin 18S0, p. i35i, la Noie de M. de Frayssei.x et
les remarques do M. EJ, Becquerel, relatives aux expériences dues, en 1870, à l'initiative
de M. Le Roux.
(69)
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
OdVRAGES reçus dans la séance do 5 JUILLET 1880.
Bibliothèque de l'École des Haiiles Éludes, publiée sous les auspices du Ministère
de i Instruction publique. Section des Sciences naturelles,- t. XX. Paris, G.
Masson, 1880; in-8°.
Traité pratique d'analyse chimique qualitative et quantitative à l'usage des
laboratoires de Chimie; par F. Pisani. Paris, Germer-Baillière, 1880; in-S"^.
Faune du calcaire carbonifère de la Belgique; jKtr L.-G. de Koninck.
Bruxelles, F. Hayez, 1878- 1880, in-folio, texte et planclics. (Présenté par
M. Daubrée.)
Mémoires de la Société d' Agriculture, Commerce, Sciences et Arts du dépar-
tement de la Marne; année 1 878-1 879. Chàlons-sur-Marne, Aug. Denis,
1880; in-8°.
Spirogyra des environs de Paris; par V. Petit. Paris, J. Lechevalier, 1880;
in-8°.
Catalogue des diatomées de l'île Campbell et de la Nouvelle-Zélande ; par P.
Petit. Paris, A. Coccoz, 1877; br. in-8°.
Liste (les diatomées et des des7nidiées observées dans les environs de Paris, pré'
cédée d 'un essai de classification des diatomées; par P. Petit. Paris, A. Coccoz,
1877; br. in-8°.
Enquête sur la situation de l' Agriculture en France en 1 S-jc^, faite à la demande
de M. le Minisire de l'Agriculture et du Commerce par la Société nationale d'A-
griculture. Paris, Bouchard-IIuzard, i879-i88o;2 vol.in-S". (Présenté par
M. Chevreul.)
Société d'Histoire naturelle de Toulouse, 1876- 1877, 3* fascicule; 1878,
/j* fascicule ; 187c), 2^, 3*^, 4^ fascicules. Toulouse, inipr. Gibrac, 1877-1879;
5 livr. in-8°.
Note sur quelques intégrales définies. — Note sur la formule d'addition dans
les fonctions elliptiques. — Sur l'enveloppe de la droite qui joint les extrémités
des aiguilles d'une montre, — Sur les intégrales des équations linéaires aux déri-
vées partielles du premier ordre; parl^U. GiLBEUT. Bruxelles, F. Hayez, 1880;
4 opuscules in.8°, (Présentés par M. Puiseux.)
M. EscARY. — Valeur finale de la fonction Y „ pour des valeurs in(léfinimei](
croissantes de l'entier n, Paris, A, Chajx, 1879; opuscule in-8°,
( 70 )
De l'action physiologique de l'acide snlicylique et du salicylate de soude sur ta
respiration,- par M. Ch. Livon. Marseille, Barlatier-Feissat, 1880; opuscule
iu-8°.
Le globe terrestre ; par MM. Klein efTHOMÉ. Édition française par M. Cn.
Baye; i™ livr. Paris, F. Ebhardt, 1880; in-S''.
Ju pôle nord; par F. von Hellwald; traduction de Ch. Baye, i" livr.
Paris, F. Ebhardt, 1880; in -8°.
Nouveau système de pointage applicable aux bouches à feu rayées et aux
armes à feu portatives de toute nature; par M. Ph. de Broca. Nantes,
liv. Mangin et Giraud, 1875-, opuscule in-8°.
Tokio daigaku ( University of Tokio), ttie calendnr of ihe departments of Law,
Science and Littérature j25'ig-/io{iS'jg-8o). Tokio, Z. -P. Maruya;in-i2 relié.
Transactions of ihe zoological Society of London;\o\. X, Part i3. London,
j879;in-4°.
LehrbuchzurBahnbestimmung der Kometen und Planeten; vonTn. v.Oppol-
zer; zweiter Band. Leipzig, W. Eugelmann, 1880; in-8". (Présenté par
M. Lœwy.)
Einige Bemerkungen ûber die anomalcn Bewegungsirscheinungen einiger
Kometen und iïber das ividcrstand leistende Médium; von Th. v. Oppolzer.
Kiel, C.-F. Mohr; opuscide in-4''. (Présenté par M. Lœwj.)
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 12 JUILLET 1880.
PKÉSIDENCE DE M. EDM. BECQUEREL.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE I/ACADÉMIE.
ASTROISOMIE. — Observations de la comète b 1880 {Sclmebcrle), Jattes à
l'Observatoire de Paris [équatorial de la tour de l'Ouest); par MM. Tisse-
rand et G. BiGouKDAN. Comauiniquées par M. l'amiral Mouchez.
Dates.
1880.
Étoll.
de
comi
es
Ascension droite.
Dccl
inalsoii.
ï.
m*-^
Réfiact.
Parall.
m*-it:
Réliact.
Parall.
Avril 16..
a
-4-
m s
3. 4.78
s
-1-0,02
-i-o',68
- 1.23,6
0 ,0
+ 2", 4
18 .
b
—
6.37,80
0,00
-t-0,22
-H 1 .25,2
+ 0,1
3,4
20..
c
-\-
4.12,96
0,00
-f-0,17
-f- 1.44,0
-1-0,1
3,5
21..
il
—
0. 7,21
0,00
H-0,2I
-+- 0.38,8
0,0
3.4
26..
e
_._
I .53,62
— 0,01
-1-0,52
H- 1.17,8
0,0
0,6
29..
f
—
1. 5,19
-1-0, 06
+0,47
— 10.18,4
-0,2
0,8
3o..
g
—
I . l5,I2
— o,o3
-1-0,46
-1- 5.23,5
-1-0, I
0,8
Mai I..
h
~
3.47,08
—0,06
-ho, 45
-h 9.23,4
-1-0,2
0,9
2..
i
I . 19,36
— 0,07
-l-o,4o
-1-14.33,6
Ho, 4
2,2
3 .
j
^-
i .36,07
— o,o5
+0,42
4- 8.22,3
+ 0,2
1,0
4-
k
-\-
3.36,72
— 0,03
-t-o,4o
-h 5. 1,6
-t-o,l
1,6
c.
R., 1
[880,
3* Semestre,
(T. XCI, NOS,
.)
10
( 7^)
Dates.
188U.
Étoiles Ascension
de ,- -~-^.
comp. ^^* — '^ RélV
droite.
Déclinaison.
ict. Parai! .
m*
^^ RclVact.
Parall.
Mai 5.
. / — 2.46,62 -f 0
01 -i-o,4o
— 1
54,7 0,0
1,3
7-
. m +io.58,g4 —0
,01 -i-0,38
H- 2
3i,4 0,0
1,5
9-
. n -+- 6.19,22 —0
,01 4-0,32
+ 4
29,0 -1-0,2
2,3
1 1.
. 0 - 2. 9,09 -f-o
,o3 -r-0,34
-■4
27,2 —0,4
1,8
14.
. p — 0.26,82 0
,00 -+-0,21
— 2
49,8 -0,2
3,0
16.
. q — 0.28,55 0
,00 -t-o,n
— 0
0,2 0,0
3,4
'7-
r H- 0.5^, Si —0
,01 -1-0,09
- 8
.45,9 -1,4
3,4
'9-
. s — 0.35,07 —0
,o3 +o,io
-17
27,5 —2,6
3,4
Positions des étoiles de comparaison.
Ascension droite
Déclinaison
Dates.
moyenne
Réduction
moyenne nord
Réduction
1880.
Étoiles.
1880,0.
au jour.
1880,0.
au jour.
Avril 16.
a 6789 Arg.-OEItzen. . . .
Il m s
6.)8. 1,97
-^3'o3
76?56'.47'5
+16^4
18.
b 6943 Arg.-OEllzen
6.25. 0,68
-■-2,90
75.21. g, 8
-+-i5,6
20.
c 33oAra. Z73°, T.VI..
6 . I 2 . 25 , 99
1-2,44
73.54.36,9
-t-i5,3
21.
d Anonyme obs. niérid .
6. 16. 12,48
n-2,34
73.13.57,5
i->4,7
26.
c 4o2Arg. 270", T. M. .
6. 16.32,47
+ 2, 10
69-59.49,9
-h. 3,4
29.
/ 6778 Arg.-OE
6.15.45,75
+1,94
68.15.45,1
-!-I2,7
3o.
g 6786 Arg.-OE
6.16. 4)09
+ ■,9'
67.22.56, 1
^ .2,3
Mai I .
/( 6834 Arg.-OE
6. 18.45,92
+ 1,90
66.41.58,4
-1 12,0
2.
i 526Arg. Z6o°, T.VI. .
6. i3.52,2i
-f-i,8i
65.57.36,8
-f-ii,7
3.
j 6752 Arg.-OE
6.13.48,60
+ .,78
65. 3i. 4,7
-1 1 1 ,5
4-
j_ (58oArg.Z64'',T.VI|
'\ -(-67. 4 Arg.-OE. 1
6.12. 5,95
H ',74
64.57.48,5
-T-II ,2
5.
/ 587 Arg. 2 64°, T. VI. .
6.18.47,88
H- 1,77
64. 3i. 5,4
-MO, 9
7-
«66 16 Arg.-OE
6. 5.43,03
+ 1 ,60
63.18.43,1
-Mo, 3
9-
n 835 Arg. Z 62", T. VI.
6. 1 1 . 12,08
-i-i ,5i
62. 9. 9,7
+ 9,7
1 1.
0 890 Arg. Z61», T. VI.
6.20.29,97
-t-i,65
61.25.34,4
+ 9,3
.4.
p 6885 Arg.-OE
6. 20. 14, 12
-n ,60
59.38.53,1
+ 8,4
16.
q 934 Arg., T. VI
6.21 . 16,09
H-i,59
58.35.29,5
-1 7.8
■7-
r R;iddifrei( 1739-^697)
6.20.21 ,77
-1-1,57
58.14.54,2
-i- 7,6
■ ., i8.
1 , ..
s 978 Arg. Z 57°, T. VI.
G. 22. 23, 77
+ 1,57
57.55.26,3
+ 7,6
Positions
géoccntriques de la comète,
rapportées à l
équinoxc et à l'équateur
apparents
de l'époque.
Nombre
Nombre
Date
s. Temps moyen A
scension de
Déclinaison de
Observa-
1880
de Paris.
droite. comp
ar. noi
d. compar.
teur.
Avril I
Il ut 8 b
6. .. i3. 3. 5 6.
m s
ÎI.I0,48 3
7 6°. 55
4-2,7 2
G. B.
•. 1 '
8,... i5.2i.35 6.
18.26,00 3
75.22
54,1 3
G. B.
( 73 )
Nombre
Nomlir
1
Dates.
Temps moyen
Ascension
(le
Dëclinaisoii
de
Observa
1880.
de Paris
h m s
droite,
h m s
compar.
nord.
0 t ti
coni[uu
leur.
l'il 20
i5.i8.38
6.16.41, 56
4
73.56.39,8
4
G. B.
21
I 4 . 5g . I 5
6.16. 8,22
2
73.14.54,4
2
G. B.
26
9. 7.31
6. i4-4' >46
3
70. 1.21,7
2
T.
'9
9.21. i5
6. 14.43, o3
9
68. 5.40,0
4
G. B.
3o
9. 8.22
6. 14. 5i ,3i
3
67.28.32,8
2
T.
^lai I
9. i3. I
6.i5. i,i3
3
66. 5i .34,9
3
T.
a
I i . 6. I
6. i5. 13,71
8
66. II .24,7
4
G. B.
3
9- 9- 7
6.15.26,82
4
65.39.39,7
3
T.
4
10. 4-43
6.15.44,79
5
65 . 3 . 3,0
5
G. B.
5
9.22.36
6.16. 3,44
4
64.29.22,9
4
G. B
7
9.27.15
6. 16.43,94
3
63.21 .26,3
3
T.
9
io.5o.32
6. 17 .33, 12
2
62. i3.5o,9
2
G. B.
II
9.49.51
6. 18. 22,90
2
61.11.17,8
0
G. B
«4
12. 4.54
6. 19. 4g, II
3
5g. 36. i4, 5
4
G. B
16
.3.14.37
6.20.49,24
4
58.35.40,5
4
G. B
'7
I 3 . 2g . I I
6. 21 .20, 73
3
58. 6.17,9
4
G. B
18
I 3 . II . 2G
6 . 2 I . 5o , 34
3
57.38. 7,;
4
G. B
Remarques
. — Jngle de position de la queue.
1
880.
Mesures.
M
ai I
. . 50^7 T.
Si^e G. B.
2
3
. . . 48.2 T.
54.7 G. B.
2
II
. ,
47 i G- B.
5
1880.
Avril 18. . . La comèle a un noyau de 1 1° grandeur et une queue assez étalée de 3' en-
26. . .
Mai I ! . . .
viron de longueur.
» 1 2= grandeur ; la queue paraît plus brillante suivant
sa ligne moyenne.
1 3'' grandeur; le noyau ne se distingue qu'à l'ap-
proche du fd.
» Les mesures précédentes ont été faites avec un micromètre à gros fils,
dont trois en ascension droite, et en employant les grossissements de 97 on
de 128 fois. »
Eléments de la comèle b 1 880, par M. G. Bigovrdan.
« An moyen des premiers éléments donnés par M. Martin ( Aslronomische
Nachr., n° 2310), j'ai calculé une éphéméride qui a servi à former trois
lieux normaux, en employant les observations suivantes :
Premier lieu Avril : 8, Paris; 10, Pela; 11, Strasbourg; i3. Vienne.
Deuxième lieu Avril : 26, Paris; 28, Rome; 2g et 3o, Paris,
Troisième lieu Mai : i4, i6, 17, 18, Paris.
( 7't )
» J'ai trouvé ainsi ces con ectioiis :
Temps moyen Ascension
de Paris. droite. Déclinaison.
s tu
Avril 10,9128g — o,8t — o. 3,8
" 28,62882 H-o,58 —0.40,7
Mai 16,79170 — o,3i —3.49,6
» En les appliquant à réphéméride, j'ai obtenu pour la comète ces
trois positions, rapportées à l'équinoxe moyen de 1880,0 et corrigées de
l'aberration :
Temps moyen Asceiisioii
de Paris. droite. Déclinaison.
Il m s o t ri
Avril '0,91289 6.37.45,24 -+-8i.i5. 6,8
28,62882 6.r4.36,i2 68.33.52,8
Mai "6,79170 6.20.53,53 58.28. i3,o
» De là, en faisant varier la distance géocentrique du premier lien, on a
déduit les éléments paraboliques suivants :
T= 1880, juillet, 1,83846 (t. m. de Paris),
0= 42"3o'56",i ] .
/= ,23o3'36",. ) '''^ '^*^"'°-
log7 = 0,258474,
qui représentent ainsi les trois lieux normaux :
En longitude. En latitude.
(0.-C.)cns/3. 0. — G.
Pretnier lieu H-o", i +0,2
Deuxième lieu -1-3, t 4-0,1
Troisième lieu +0,3 -f-o,5
» Enfin, j'ai calculé avec eux une éphéinéride pour chaque jour, du
6 avril au 3i mai, et voici comment elle représente les observations :
Ascension
'''"■«*• Lieu droite Déclinaison
'880. de l'observation. (O. — C.)cos(î). O. — C.
Avril 6 Ann-Arbor. H-o',o3 -h S"-]
8 Paris(a). +0,19 -t-S.g
9 Princelowu. -1-0,26 -t-'5,4
'O Pol-i. H-o, 44 -f- 0,6
(rt) É(|iiatorial du Jardin.
( 75)
Ascension
Dates. Lieu droite Déelinaison
ISSO. Je l'observation. (O.-C.) cos (J). O.-C.
Avril II Strasbourg. +0,11 — 3,o
i3 Vienne. — 0,49 + 2,2
16 Paris («). -t-0,76 — 1,1
16 Paris(i). — o,38 — 11, 5
18 Paris(6). — o,o4 —8,0
20. Paris [b). — 0,11 — 6,0
■xo Ann-Arlxir. +0,0^ — '0,7
21 Paris (6). » — 4-7
26 Paris (è). -ho, 11 — 4.'
9.8 Rome. -1-0,53 — i ,6
29 Paris [b], — 0,01 -h 5,6
3o. . . Paris(i). -)-o,4o -I- 1,2
Mai I Paris (6). -ho, 33 -h 0,1
1 Paris (Z.»). —0,01 — 3,8
3 Paris (6). -0,18 -h 0,9
4 . Paris(i). -ho, 10 — i,3
4 .\nn-Arbor. — o,32 — ?.,4
5.. Paris (i). +0,42 — 1,4
7 Paris(6). —0,06 — 2,5
9 Paris (è). +o,35 -h 3,2
II Paris (Zi). -ho, 12 — 1,3
14 Paris(è). H-o,i5 + i,3
16 Paris (A). —0,12 -h 5,o
17 Parisl^»). -1-0,26 — 3,5
18 Parisjô). — o,?.3 —3,6
» Ce calcul a été fait sous la direction de M. Tisserand. »
GÉODÉSIE. — Sur le pendule. Note de M. Faye.
« T.e procédé de M. Govi (') rappelle celui de Wliilenust, en 1787, qui
a été appliqué par Bessel avec un plein succès en 1828; mais il a l'inconvé-
nient de faire varier le mode de fixation du poids que l'on doit remonter le
long d'une tige rigide. En outre cette verge, si solide qu'elle soit, ne sau-
rait être absolument rigide. Quand elle oscdie sous l'influence de la ])esaii-
ia] Éqtiatorial (iu Jardin.
[b) É(]uatorial de la tour de l'Ouost.
(') Voirpliis loin, p. io5.
( 7'' )
teur, elle se met à vibrer transversalement, et, si l'on déplace le centre de
gravité, l'amplitude de ces vibrations change.
» Ces questions ont été examinées à diverses reprises au Bureau des
Longitudes. J'ai appelé l'attention de nos collègues sur la nécessité d'opérer
dans le vide et sur un moyen bien simple de supprimer les oscillations des
supports. Il y a plus, en examinant les remarquables observations du
pendule exécutées récemment en Allemagne, j'ai signalé la présence de ces
vibrations transversales dont je viens de parler, dans les expériences faites
à l'aide du pendule à réversion.
» Je me suis arrêté à l'idée que le procédé de Whiterurst donnerait
pleine satisfaction en modifiant le système adopté par Bessel. Bessel faisait
varier d'une toise entière la hauteur du point de suspension et s'assurait,
à l'aide d'une touche à levier, que le poids revenait à la même horizontale.
Je laisse ce point invariable en relevant le poids suspendu à un fil d'une
quantité facile à mesurer avec exactitude (' ). Le mode de liaison du poids
au fil reste le même; le mode de suspension du fil lui-même ne saurait
varier sensiblement. Enfin les réductions se bornent presque exclusivement
à celles de la température, quand on opère dans le vide avec des poids lé-
gers et un support relativement inébranlable. Toute la difficulté se réduit à
obtenir des oscillations bien planes et surtout à réaliser dans cet ordre d'i-
dées un appareil aisément transportable. Je crois y être parvenu. M. Bre-
guet s'est chargé de construire l'appareil ; M. d' Abbadie a bien voulu en faire
les frais. Nous serons bientôt en mesure de soumettre l'appareil à l'expé-
rience. Il n'en est pas moins vrai que la suggestion de M. Govi, qui me
décide à donner ces détails dès aujourd'hui, mérite l'attention des obser-
vateurs; elle serait d'une exécution relativement facile et donnerait de bons
résultats s'il était prouvé que les vibrations transversales du pendule n'ont
pas d'influence sensible et qu'on pût déplacer la masse du pendule sans en
altérer la disposition par rapport à la tige. Notre appareil est disposé de
manière à permettre l'élude du système de M. Govi, du pendule à réversion
de Rater et d'autres combinaisons encore que j'ai moi-même imaginées, et
qui laissent invariables le centre de gravité de l'appareil et sa longueur.
» Toujours est-il que, tant qu'on voudra opérer avec le pendule, il faudra
satisfaire aux deux conditions suivantes :
B Eviter les corrections relatives à l'influence de l'air;
(') Cette disposition ne permet pas d'employer, comme l';i fait Bessel, la méthode des
coïncidences pour mesurer la durée des oscillations.
( 77 )
M Eviter les corrections relatives aux oscillations du support.
» A quoi j'ajoute que je crois devoir lu'attacher à obtenir, en chaque
station, la constante de la pesanteur et non son rapport à la constante d'un
lieu de départ. Il suffit de jeter les veux sur les calculs de M. Clarke (')
pour apprécier les embarras que cause la pratique généralement admise de
déterminer ces rapports, au lieu des grandeurs absolues qu'un appareil
bien conçu donnerait tout aussi aisément. »
CHIMIE GÉNÉRALE. — Observations sur la densité de vapeur de l'iode ;
par M. Beuthelot.
« On admet, dans la théorie abstraite des gaz, que les gaz simples
éprouvent à la fois un même accroissement d'énergie totale et ini même
accroissement de force vive de translation, lorsqu'ils subissent un même
changement de température. Cette conception traduit les expériences des
physiciens sur la chaleur spécifique des gaz (loi de Dulong et Petit), sur
leur dilatation par la chaleur (loi de Gay-Lussac) et sur leur compressi-
bilité (loi deMariolfe).
» On conclut encore des deux dernières lois que la densité d'im gaz,
c"est-à-diro le rapport entre le poids d'un volume donné de ce gaz et le
poids du même volume d'air, pris à la même température et à la même pres-
sion, est constante en principe. Les écarts observés jusqu'ici avaient été
attribués à des perturbations secondaires.
» Ces trois lois n'ont été réellement démontrées que pour trois éléments
(oxygène, hydrogène, azote); elles constituent la seule base scientifique sur
laquelle repose la détermination physique des poids moléculaires et, par
conséquent, la numération des atomes, dans les théories actuelles.
» Au cas où ces lois cesseraient d'être vraies |)our certains éléments,
la définition physique des poids moléculaires de ces éléments et celle du
nombre de leurs atomes deviendraient de pures conventions.
» Or, j'ai déjà fait observer que les expériences de MM. Kundt et War-
burg, sur la vitesse du son dans le gaz mercuriel, étaient incoriciliables avec
l'ensemble des trois lois fondamentales rappelées plus haut [Annales de
Chimie et de Physique, 5" série, t. IX, p. 427).
» Les expériences de M. V. Meyer sur la décroissance de la densité ga-
Geodesy, by lolonel A.-R. Clarke, ]>. 34 1 et suiv.
( 7» )
zeuse de l'iode et des éléments halogènes, sous pression constante, maisàdes
températures fort écartées les unes des autres, sont encore plus contraires
aux lois admises. Ces expériences sont confirmées d'ailleurs et étendues par
celles que M. Troost vient d'exécuter sur le même corps, à une tempéra-
ture constante, mais sons des pressions diverses et faibles, avec la grande
précision qui caractérise ce savant.
» Ainsi la variation de la force vive de translation des molécules
d'iode gazeux, sous l'influence de températures très élevées ou de pres-
sions très faibles, surpasse de beaucoup la même variation observée dans
les mêmes conditions sur les molécules d'air. Les lois de Mariotte et de
Gay-Lussac, établies seulement sur trois gaz simples, ne sont donc appli-
cables ni à l'iode ni aux autres éléments halogènes.
>i C'est ici le lieu de rappeler que la loi des chaleurs spécifiques n'est pas
davantage applicable à ce groupe d'éléments ; car les chaleurs spécifiques
du chlore et du brome gazeux surpassent d'un quart celles des autres gaz
simples, et cela entre la température ordinaire et 200°, températures aux-
quelles aucune dissociation n'est admissible.
» Il en résulte que l'accroissement de l'énergie totale des gaz halogènes
avec la température surpasse celui des trois autres gaz simples étudiés
jusqu'ici (azote, oxygène, hydrogène), aussi bien que l'accroissement de la
force vive de translation : ces deux ordres d'effets semblent corrélatifs.
» La diminution de densité de l'iode gazeux étant progressive d'ailleurs,
il en est de même de l'accroissement de la force vive de translation, et il
n'est permis, comme M. Troost le fait observer très judicieusement, d'en
tirer aucune conclusion correcte, relativement à la variation du nombre
des molécules. Ce genre de raisonnement devient arbitraire, du moment
où le poids de la molécule de l'iode, envisagée soit à une haute tempéra-
ture, soit à une faible pression, échappe aux anciennes définitions.
« Une seule loi demeure applicable aux éléments, avec un caractère ab-
solu et universel : c'est l'invariabilité des rapports de poids suivant les-
quels les éléments se combinent entre eux, c'est-à-dire la notion même des
équivalents. C'est aujourd'hui le seul fondement inébranlable de la science
chimique, m
( 79)
THERMOCHIMIE. — Sur la chaleur de Jormalion de l'acide cyanhydiique
et des cyanures; par M. Berthelot.
« 1. J'ai étudié, en 1871, la chaleur de formation de l'acide cyanhy-
(Irique et celles des principaux cyanures ('); ces chaleurs de formation se
déduisent d'une série de mesures, dont le point de départ repose : d'une
part, sur la transformation de l'acide cyanhydrique en acide formique et
ammoniaque; d'autre part, sur la transformation duclilorure de cyanogène
en acide carbonique, acide chiorhydrique et ammoniaque.
» La chaleur de formation de l'ammoniaque adoptée dans mes calculs,
conformément aux mesures de M. Thomsen que tout le monde acceptait
alors, était réputée égale à + 35, i5 ( AzH^ dissous). Ce nombre devant être
réduit à +21,0, d'après mes nouvelles déterminations, dontfll. Thomsen
a reconnu l'exactitude, il devient nécessaire de diminuer de la différence
entre ces deux nombres, c'est-à-dire de t4,i5, les chaleurs de formation
mêmes de l'acide cyanhydrique et des cyanures, comptées depuis les élé-
ments. On obtiendrait ainsi, pour l'acide cyanhydrique en particulier,
C'4- Az 4- H = C= AzH, absorbe : — 8,4 — i4, i5
= — 22,55, acide liquide; et — 28,25, acide gazeu.x.
M Ces chiffres sont déduits de la transformation de l'acide cyanhydrique
eu acide formique et ammoniaque, combinée avec cinq autres données.
» J'avais pris encore une autre réaction comme point de départ, à savoir
la transformation du cyanure de mercure par le chlore gazeux, suivie des
actions de la potasse étendue et de l'acide chiorhydrique ; transformation
que j'ai dirigée de façon à obtenir comme produits finals l'acide carbo-
nique, le chlorhydrate d'ammoniaque et les chlorures de mercure et de
potassium; ce qui fait intervenir dix à douze données thermiques. On
obtient ainsi, d'après mes expériences,
C^ + Az -I- H = C^\zH absorbe : — 10,1 — i4,i5
=: — 24,25, acide liquide; et — 3o,o, acide gazeux,
» 2. Mais, avant d'adopter ces données comme bases des calculs rectifiés,
il m'a paru nécessaire de mesurer la chaleur de formation de l'acide cyau-
-(' ) Les résultats complets ont été publiés dans les Jn/ialcs de Chimie et de Plijsiquc,
5= série, t. V, p. 433 (iS'jS).
C. R., i88o, 2' Semestre. (T. XCI, N« 2.) ' '
( 8o)
hydrique par des expériences d'une autre nature, tout à fait indépendantes
de la chaleur de formation de l'ammoniaque, et dans lesquelles le nombre
des données auxiliaires fût aussi réduit que possible. J'y suis parvenu en
brûlant par détonation le gaz cyanhydrique mêlé d'oxygène, dans ma
bombe calorimétrique :
C= H Az + O^ = C'^ O* -H Az + HO.
» Trois données seulement interviennent ici : les chaleurs de combus-
tion du carbone, de l'hydrogène et celle de l'acide cyanhydrique.
» 3. On introduit à cet effet l'acide cyanhydrique pur et liquide, par
distillation, dans de petites ampoules de verre mince; en s'arrangeant
pour que le poids de l'acide demeure compris entre les limites conve-
nables (oS',i/ioà oS',i5o, dans mes déterminations).
» Ces limites sont réglées par la capacité de la bombe, la tension de la
vapeur d'acide cyanhydrique à la température de l'expérience et la néces-
sité d'introduire dans la bombe une dose suffisante d'oxygène pour
obtenir une combustion totale.
» La tension du gaz cyanhydrique étant de o'^jSg environ à i8°, c'est-
à-dire de trois quarts d'atmosphère à peu près, il est facile de remplir les
conditions voulues.
» L'ampoule, scellée et pesée, fournit le poids précis de l'acide cyanhy-
drique. On dépose avec précaution cette ampoule dans la bombe, on ferme
celle-ci, on la remplit d'oxygène pur et sec sous une pression convenable,
on referme exactement l'orifice, pnis on brise par de fortes secousses
l'ampoule renfermant l'acide cyanhydrique. Celui-ci se transforme entière-
ment en gaz et constitue avec l'oxygène un mélange détonant.
» Cela fait, on place la bombe dans le calorimètre, on laisse l'équilibre
thermique s'établir, on étudie la marche du thermomètre, puis on procède
à la détonation.
» On suit encore la marche du thermomètre; puis on extrait le gaz avec
la pompe à mercure, et on le fait passer à travers des tubes à potasse, précé-
dés d'appareil dessiccateurs. On purge la bombe, en la remplissant à plu-
sieurs reprises avec de l'air sec, dirigé à son tour à travers les mêmes tubes,
de façon à extraire la totalité de l'acide carbonique. Celui-ci peut être ainsi
pesé, ce qui fournit un contrôle précieux de la combustion.
n Des déterminations spéciales ont appris que la dose des composés ni-
treux formés dans la combustion était négligeable, mais qu'il échappait
toujours une trace d'acide cyanhydrique. Celle-ci a été déterminée chaque
( 8I )
fois dans la potasse, après la pesée; elle est demeurée comprise entre un
demi-centième et un centième du poids primitif. On en a tenu compte.
)) 4. Cela posé, le calcul de la chaleur dégagée a été fait de deux ma-
nières : je veux dire en la rapportant, soit au poids de l'acide cyanhy-
drique employé (déduction faite de la trace non brvilée); soit au poids de
l'acide carbonique obtenu (avec la même déduction). Je vais donner la
liste des résultais observés. On a tenu compte de la chaleur absorbée, en
raison de la tension de la vapeur d'eau dans la bombe, et l'on a accru tous
les nombres observés de + o,4, afi'i de tenir compte de cette autre circon-
stance que la détonation s'opère à volume constant. Les chaleurs de com-
bustion qui suivent sont donc supposées obtenues à pression constante.
» Voici la chaleur dégagée par la combustion de a'^^i- d'acide cyanhy-
drique gazeux (C'AzH = 27), opérée au moyen de l'oxygène libre, sous
pression constante :
D'après le poids initial D'après le poids final
de l'acide cyanliydriqiie. de l'acide carbonique.
i58,9 i63,4
160.0 161,3
i54,2 i55,6
i5c),o 160,4
160. 1 i6o,3
i58,4 160, a
J'adopterai la moyenne générale des deux calculs, soit : i59,3.
» 5. Ce nombre surpasse les chaleurs de combustion réunies du car-
bone et de l'hydrogène contenus dans l'acide cyanhydrique :
C-(diamant)+0'=C=0^ -h 9li,o
H + 0 = HO(liq.) +34,5
128,5
» D'après ces chiffres, la formation du gaz cyanhydrique au moyen de
ses éléments absorbe : + 128, 5 — i59,3 = — 3o,2.
» Ce nombre ne s'écarte pas beaucoup des chiffres déduits de la trans-
formation de l'acide cyanhydrique en acide formique et ammoniaque,
— 28,25, et de la transformation du cyanure de mercure en chlorure de
mercure, chlorhydrate d'ammoniaque et acide carbonique, — 3o,o.
J'adopterai la moyenne des nombres obtenus par les trois méthodes,
c'est-à-dire : — 29,5.
( 82)
» On a donc, en définilive,
C- (diamant) + H + Az = C^HAzgaz, absorbe : — 29,5.
» 6. Voici leTableaudela chaleur de formation des composés cyaniques,
calculé d'après mes expériences antérieures, en tenant compte de la recti-
fication actuelle :
I. — Cyanogène et ses combinaisons avec les métalloïdes.
Chfileur dégagée, le composé
Noms. Composants. Composés. Équivalents. gazeux. liquide. solide.
I C'fttiamanl) + Az.. C'Az 26e"' — 37,3 » »
Cyanogène., j^,^^^, ^,^^, ^^ _ ^^^^.
( C'(diamant) 4- Az-f-H C'HAz 27 — 2q,5 —23,8
Acide cyanliy- 1 „ „ o tt o o f
,. ■' ■' / Cv H- H CyH 27 + 7,8 4-i3,5 »
dnque 1 '
Chlorure de J C= (diamant) + Az + Cl C'AzCl 6i,5 —35,7 —27,8
cyanogène.. ( Cy gaz + Cl CyCi 6i,5 + 1,6 +9,9 »
/ C=( diamant) + Az +1 solide.. C'AzI i53 » » —38,5
loduredecya- ) „ , „ , ro r
{ Cy gaz + I gaz Cyl i56 » » -h ù,i
nogène .,../" ^ '',. , „\ ^, ^'
° \ Cy gaz + I soude Cyl i53 » » — 1,2
II. ■ — Cyanures simples.
/ C= (diamant) -f- Az= + H' C'AzH,AzH' 44 » » + 3,2
Cyanured'am- j Cy + Az + ir CyAm 44 " " +^o,5
monium.... j Cy H gaz + AztP gaz CyHAzH' 44 " » -+- 20,5
( CyH diss. -1-AzH= diss CyH,Az![' 44 . »
, / C= (diamant) -!-Az -h K C'AzK 65, i » » -f-3o,3
Cvanure «'e r- , Tr r ^^ rr , c r-
Cy + K CyK d5, i » » + 67 ,6
potassium . . | ^'^ ^ ^.^^ _^ ^^ ^|.^^ ^^^^ ^^ ^ ^
Cyanure de l Cy + Na CyNa 49 " » »
sodium .... ( Cylî diss. + NaO diss CyNa 49 » » »
/ C'(diamant) -4- Az + Hg C^Azlîg 126 » « —25,6
Cyanure de 1 Cy gaz -f- Ilg liquide CyHg 126 » » +11,7
mercure ... ) Cy gaz -+- Hg gaz CyHg 126 » » +19,4
( CyH diss. -f- H,", 0 précipité . . CyHg 126 u » »
/ C (diamant) + Az + Ag ... . C'AzAg i34 » » — 34, o
Cyanure dar- „,. ^ . 0/ , 1, ■>
•' , oy + Ag Cy Ag 1 34 » » 4-3,3
^ ( CyH diss. -+- AgO précipité. . . CyAg i34 » » "
Cyanatedepo- ^ C=( diamant )+ Az + K4-0=. C=AzK.O' 84,1 » » 4-102, 3
tasse 1 CyK 4 0' CyKO- 84,1 » » +72,0
dissous.
— 33,9
— 67,8
— 23,4
-1- 10,5
(Cydiss.)
4r,3
1,2
36,1
27>4
H,i
3,0
60, 1
2>9
27,1
10,2
'7'9
i5,5
20,9
97 >i
69-7
( 83 )
Noms. Composants. Composés. Ktiiiivalonts.
III. — Cyanures iloiif'li'S.
Acide forro- j 3nC)' diss. + FeO précipité. . CyFcH= 108
cyaniiydrique I Fe + IP-I- 3Cv CyFeH^ 108
/ SIICydis-t-aKOdis+FeOpp. Cy'FeK' i84,3
Fcrrocvanurc 1 „ "„ „ ^ „ , r,;
Fe + K'+Cy' Cy'FeK^ 184,2
de potassium |
_, , „ ./ qCvHdiss. -f- 3FeO précipité
BleudePrussc M „ „ , . . . ^ ,^
, . . . ,, < H- 2 Fe'O' précipite Cy'Fe' 43o
(precpue) jp^,^Cy'... Cy»Fe' 43o
Cyanure de 1
mercure ot ) „ „ ,, _ „ _ ,, ,,
, ^ HgCyH-KCy HgCy, KCy 191,1
de potas - i o j^ j y }
siuin \
Cyanure d'ar- /
gentetdepo- I AgCy 4- KCy AgCy,KCy 199,'
tassium .... (
Chaleur (ic'B.ngcp, lo oomposé
frazi'ux. liiiiiide. solide.
dissous.
4- 12,3
+ 53,6
+ 39,3
-i83,6 -+-186,3
(KCydiss.)
- 24,9
-278,0 »
-8,3 »
-h 11,2
CHIMIE GÉNÉRALE. — Des densités de vapeur du sélénium el du tellure ;
par MM. H. S.*inte-Claire Deville et Troost.
« Dans la séance du 11 mai i863, nous avons donné sommairement les
résultats de nos recherches sur les densités de vapeur du sélénium et du
tellure. Aujourd'hui que ces questions font l'objet des travaux d'un cer-
tain nombre de chimistes, il nous paraît utile de donner les détails des opé-
rations que nous avons exécutées il y a vingt ans environ, et qui sont con-
signés dans les cahiers de procès-verbaux de notre laboratoire.
» Tout d'abord, nous avons essayé de comparer à très haute tempéra-
ture les vapeurs d'iode et de sélénium ; nous trouvons dans le Tome VT
page 339 (janvier 1860), de ces procès-verbaux les nombres suivants et les
réflexions qui les accompagnent, en les transcrivant textuellement:
« Volume du ballon à sélénium 261"
» Température de la balance no
» Pression atmosj)hérique 760"""
>■ Excès de poids , H-qs'' 014
» Pression ;i la fermeture 769™™
» Air resté /ce
» température no
» pression 746'"™
(84)
» Volume du ballon à iode 3,84""
» Température de la balance 6°, 8
» Pression atmosphérique 'j55"
» Pression à la fermeture ■jGo"
» Excès de poids H-o"', ci i
» Air resié . . , . „ 3"=% 5
>) tem])érature ■y"
'> pression 746"
^mm
« Il y a une erreur (') manifeste sur le poids de l'iode resté dans le ballon, car avec le
nombre o^'', on on arriverait à près de ■2000". — A recommencer. »
» Les vases et les moyens de chauffage employés ont été déjà décrits
complètement par nous : nous n'y reviendrons pas.
» Nous avons ensuite employé la méthode qui consiste à comparer di-
rectement le poids de la vapeur de sélénium et le volume de l'air chauffés
dansune même enceinte, enfermés dans deux ballons de porcelaine de même
volume à très peu près et fermés au chalumeau à gaz oxyhydrique au
même moment. Dans ces conditions, nous avons trouvé pour le sélénium
(t. VI, p. 378, des procès-verbaux, janvier 1 860) :
( Volume du ballon à sélénium 288", 5
» Température de la balance ^o
» Pression atmosphérique ij35°"°,3
» Diminution de poids — o^'',o38
» Pression à la fermeture ^35""™
» Air resté 4'"'^, 5
» température n»
» pression "35"""
» Volume du ballon à air a^S"^"^
» Température de la balance n»
» Pression atmosphérique 735'"'", 3
» Pression à la fermeture ^35'"'"
1) Air resté 47", 3
» température n^
» pression ^35"""
» Température déduite 1420°
» Densité trouvée 5,68
B Densité calculée 5 , 54
(') On sait, grâce aux expériences de M. V. Meycr, de Zurich (rappelées dans la Com-
munication faite par l'un de nous dans la dernière se'ance), que ce qui nous paraissait
erroné en 1860 doit être considéré comme exact aujourd'hui.
(85)
» Pour le tellure, on opérant de la même manière, nous avons trouvé à
peu près à la même date (t. "VU, p. loi et io8, des procès-verbaux) :
I.
« Volume (lu ballon à tellure 3oi"
» Température de la balance lo''
» Pression atmosphérique ^SS"""
u Pression à la fermeture 'j58'""',5
» Air resté 2"^, 4
» température 10°
» pression ';65""", 7
» Poids du tellure compris dans l'appareil o^'', 536
» Volume du ballon à air 298"
» Air resté .^8"^
» température 10°
» pression ^65""" , ■j
" Température déduite 14^9"
>> Densité trouvée 9,0
• Densité calculée 8,98
II.
» Volume du ballon à tellure agS'^'^jS
>> Température de la balance 1 5"
» Pression atmosphérique 7 56"
» Pression à la fermeture 'j56"
» Air resté 3'^'^ , 5
» température i5°
» pression 'j56™"'
» Excès de poids o^'', 158
» Volume du ballon à air 295"
» Pression à la fermeture ^56"'" , a
» Air resté 52'^'=
» température 1 5°
» pression 'j56"""
» Température déduite 1890"
>' Densité déduite 9»"^
» Densité calculée 8,g3
.mm
-tinm
(86 )
PATHOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — 6W Ccliolocjie du charbon; par M. Pasteuu,
avec la collaboration de MM. Cliamberland et Roux.
« Une des maladies les plus meurtrières du bétail est l'affection que l'on
désigne vulgairement sous le nom de charbon. La plupart de nos départe-
ments ont à eu souffrir, les uns peu, les autres beaucoup. Il en est où les
pertes se comptent annuellement par millions : tel est le département
d'Eure-et-Loir. Des nombreux troupeaux de moutons qu'on y élève, il
n'en est pas un seul peut-être qui ne soit frappé chaque année. Tout fer-
mier s'estime heureux et ne donne même aucune attention à la maladie
quand la mort n'atteint pas plus de 2 à 3 pour 100 du nombre total des
sujets qui composent son troupeau. Tous les pays connaissent ce fléau.
Il est parfois si désastreux en Russie qu'on l'y nomme la peste de Sibérie.
Doù vient ce mal? comment se propage-t-il? La connaissance exacte de
son étiologie ne pourrait-elle conduire à des mesures prophylactiques fa-
ciles à appliquer et propres à éteindre rapidement la redoutable maladie?
Telles sont les questions que je me suis proposé de résoudre et pour les-
quelles je me suis adjoint deux jeunes observateurs pleins de zèle, qu'en-
flamment comme moi les grandes questions que soulève l'étude des
maladies contagieuses, MM. Chamberland et Roux.
» Longtemps on a cru que le charbon naissait spontanément sous l'in-
fluence de causes occasionnelles diverses : nature des terrains, des eaux,
des fourrages, modes d'élevage et d'engraissement, on a tout invoqué pour
expliquer son existence spontanée; mais, depuis que les travaux de M. Da-
vaine et de Delafond, en France, de PoUenderet deBraûell, en Allemagne,
ont appelé l'attention sur la présence d'un parasite microscopique dans le
sang des animaux morts de celte affection, depuis que des recherches ri-
goureuses ont combattu la doctrine de la génération spontanée des êtres
microscopiques et qu'enfin les effets des fermentations ont été rattachés à
la microbie, on s'habitua peu à peu à l'idée que les animaux atteints du
charbon pourraient prendre les germes du mal, c'est-à-dire les germes du
parasite, dans le monde extérieur, sans qu'il y eût jamais naissance spon-
tanée proprement dite de cette affection. Cette opinion se précisa encore
davantage lorsque, en 1856, le D"' Kock, de Breslau, eut démontré que la
bactéridie, sous sa forme vibrionienne ou bacillaire, pouvait se résoudre en
véritables corpuscules-germes ou spores.
( •'^7 )
» Il y a (leiix ans, j'eus rhonneiir de soumettre au Ministre de l'Agri-
cidlure et au Président du Conseil général d'Eure-et-Loir un projet de
lechercliessurrétiologie du charbon, qu'ilsaccueiilirentavec empressement.
J'eus également la bonne fortune de rencontrer dans M. Maunoury, maire
du petit village de Saint-Germain, à quelques lieues de Chartres, un agri-
culteur éclairé qui voulut bien m'autorisera installer sur un des champs
de sa ferme un petit troupeau de moutons dans les conditions générale-
ment suivies en Reauce pour le parcage en plein air. En outre, le Directeur
de l'Agriculture mit obligeamment à notre disposition deux élèves-bergers
de l'école de Rambouillet pour la surveillance et l'alimentation des
animaux.
» Les expériences commencèrent dans les premiers jours d'aoiit 1878.
Elles consistèrent tout d'abord à nourrir certains lots de moutons avec de
la luzerne que l'on arrosait de cultures artificielles de bactéridies char-
bonneuses chargées du parasite et de ses germes. Sans entrer dans des
détails qui trouveront leur place ailleurs, je résume dans les points sui-
vants nos premiers résultats.
» JMalgré le nombre immense de spores de bactéridies ingérées par tous
les moutons d'un même lot, beaucoup d'entre eux échappent à la mort,
souvent après avoir été visiblement malades ; d'autres, en plus petit nombre,
meurent avec tous les symptômes du charbon spontané et après un temps
d'incubation du mal qui peut aller jusqu'à huit et dix jours, quoique, dans
les derniers temps de la vie, la maladie revête ces caractères presque fou-
droyants fréquemment signalés par les observateurs, et qui ont fait croire
à une incubation de très peu de durée (' ).
» On augmente la mortalité en mêlant aux aliments souillés des germes
du parasite des objets piquants, notamment les extrémités pointues des
feuilles de chardon desséché, et surtout des barbes d'épis d'orge coupées
par petits fragments de o'",oi de longueur environ.
» Il importail beaucoup de savoir si l'autopsie des animaux morts dans
ces conditions montrerait des lésions pareilles à celles qu'on observe
chez les animaux morts spontanément dans les étables ou dans les trou-
peaux parqués en plein air. Les lésions, dans les deux cas, sont identiques,
(') La communication de la maladie par des aliments souillés de spores charbonneuses
est plus difficile encore chez les cobayes que chez les moutons. Nous n'en avons pas obtenu
d'exemple dans d'assez nombreuses expériences. Les spores, dans ce cas, se retrouvent dans
les excréments. On les retrouve également intactes dans les excréments des moutons.
C. R., l»8o. .!• Semestre. (7. XCI, N» 2.) I 2
( 88 )
et par leur nature elles autorisent à conclure que le début du mal est dans
la bouche ou l 'arrière-gorge. Nos premières constatations de ce genre ont
été faites le i8 août, par des autopsies pratiquées sous nos yeux par M. Bou-
let fils et M. Vinsot, jeune élève vétérinaire, sortant de l'École d'Alfort,
qui nous a assistés avec beaucoup de zèle pendant toute la durée des ex-
périences faites à Saint-Germain ( ').
» Dès lors l'idée qui présidait à nos recherches, à savoir que les animaux
qui meurent spontanément du charbon dans le département d'Eure-et-
Loir sont contagionnés par des spores de bactéridies charbonneuses ré-
pandues sur leurs aliments, prit dans notre esprit la plus grande consistance.
» Reste la question de l'origine possible des germes de bactéridies. Si l'on
rejette toute idée de génération spontanée du parasite, il est naturel de
porter tout d'abord son attention sur les animaux enfouis dans la terre.
» Voici ce qui arrive toutes les fois qu'un animal meurt spontanément
du charbon : un établissement d'équarrissage est-il proche, on y conduit
le cadavre. Est-il trop éloigné ou l'animal a-t-il peu de valeur, comme c'est
le cas des moutons, on pratique une fosse sur place, à une profondeur de
o™,5o à o",6o ou I™, dans le champ mêmeoù l'animal a succombé, ou dans
un champ voisin de la ferme, s'il a péri à l'écurie, on l'y enfouit en le
recouvrant de terre. Que se passe-t-il dans la fosse et peut-il y avoir ici
des occasions de dissémination des germes de la maladie ? Non, répondent
certaines personnes, car il résulte d'expériences exactes du D'' Davaine que
l'animal charbonneux, après sa putréfaction, ne peut plus communiquer
[') Dans nos expériences, une circonstance particulière mérite d'êU'e mentionnée. Huit
de nos moutons d'expérience furent inoculés directement par piqûres à l'aide de cultures
de bactéridies, certains même par du sang charbonneux d'un mouton mort quelques heures
auparavant et qui était rempli de bactéridies. Tous les moutons furent malades, avec élé-
vation constatée de leur température ; un seul mourut qui avait été piqué sous la langue.
Un des moutons qui guérirent n'avait pas reçu à la cuisse, avec une seringue de Pravaz,
moins de dix gouttes de sang charbonneux. Ces faits, signalés à M. Toussaint, fort versé
dans toutes les connaissances relatives au charbon, qui, dans le même temps, s'occupait à
Chartres d'études sur cette affection et qui assistait quelquefois à nos expériences sur le
champ de Saint-Germain, lui parurent si surprenants qu'il ne voulut pas y croire et qu'il
tint à faire lui-même une des inoculations. Le mouton survécut comme les autres.
Les poules qui ont été nourries par des aliments souillés du microbe du choléra des
poules, lorsqu'elles ne meurent pas, peuvent être vaccinées. Il y a lieu dès lors de se de-
mander si l'on ne pourrait arriver à -vacciner des moutons pour l'affection charbonneuse
en les soumettant préalablement et g-raduellement à des repas souillés des spores du para-
site.
( «9)
le charbon. Tout récemment encore, de nombreuses expériences ont été
instituées par un des savants professeurs de l'École d'Alfort, grand partisan
de la spontanéité de toutes les maladies. Il est arrivé à cette conclusion
« que les eaux chargées de sang charbonneux, de débris de rate, les
i> terreaux obtenus en stratifiant du sable, de la terre, du fumier avec des
» débris de cadavres rapportés de Chartres n'ont jamais (par l'inocu-
» lation) provoqué la moindre manifestation de nature charbonneuse. »
(Colin, Bulletin de l'Académie de Médecine, iS'j^); mais il faut compter ici
avec les difficultés de la recherche, difficultés que M. Colin a entièrement
méconnues.
» Prélever delà terre dans les champs delà Beauceet y mettre en évidence
des corpuscules d'un à deux millièmes de millimètre de diamètre capables
de donner le charbon par inoculation à des animaux, c'est déjà un problème
ardu. Toutefois, par des lavages appropriés et en profitant de la puissance
contagionnante de ces corpuscules-germes pour les espèces cobayes et
lapins, la chose serait facile si ces corpuscules du parasite charbonneux
étaient seuls dans la terre. Mais celle-ci recèle une midtitude infinie de
germes microscopiques et d'espèces variées, dont les cultures sur le vivant
ou dans les vases se nuisent les unes aux autres ( ' ). J'ai appelé l'attention
de l'Académie sur ces luttes pour la vie entre les êtres microscopiques dans
ces vingt dernières années ; aussi, pour faire sortir d'une terre la bactéridie
charbonneuse qu'elle peut contenir à l'état de germes, il faut recourir à
des méthodes spéciales, souvent très délicates dans leur application : action
(') Je suis même très porté à croire que c'est dans cette infinie quantité de germes mi-
croscopiques qu'il faut aller chercher la solution vraie de la nitrification que MM. Schlœsing
et Mûntz ont si bien démontrée être sous la dépendance exclusive d'une sorte de fermen-
tation. Un jour, c'était, si j'ai bon souvenir, au mois dejuillet 1878, alors que j'étais préci-
sément préoccupé de la présence de tous ces germes microscopiques des terres arables, je
reçus la visite de ces savants observateurs. Ils m'apportaient des billes sortant de leurs tubes
nitrificateurs, affirmant, par les excellentes preuves qu'ils en ont données, que quelque chose
de vivant, existant à la surface de ces billes, devait être l'agent du phénomène. Mais, ajou-
laient-ils, « nous avons beau chercher et observer, nous ne trouvons pas d'êtres microsco-
piques. Voyez, vous-même. » J'examine et je leur dis: » Vous avez raison, il n'y a pas d'êtres
microscopiques ; mais cela fourmille de leurs germes et voilà, je crois, votre agent nitrifi-
cateur ». En d'autres termes, je suis porté à ne pas admettre un ferment spécial, un être
en voie de développement (il dénitrifierait plutôt sous cet état), mais un efl'et physique
d'absorption et de transport d'oxygène sur les éléments do l'ammoniaque par les germes
innombrables de la terre, analogue à celui qui s'effectue sous l'influence du mycoderma aceti
dans les liquides alcooliques en voie d'acétification.
( 1)0 )
de l'air ou du vide, changements dans les milieux de cultures, influence de
températures plus ou moins élevées, variables avec la nature des
divers germes, sont autant d'artifices auxquels on doit recourir pour
empêcher un germe de masquer la présence d'un autre. Toute méthode de
recherche grossière est fatalement condamnée à l'impuissance, et les résul-
tats négatifs ne prouvent rien, sinon que dans les conditions du dispositif
expérimental qu'on a employé la bactéridie n'a pas apparu. L'argument
j)rincipal invoqué par le savant professeur d'Alfort à l'appui des résultats
négatifs de ses nombreuses inoculations est que le charbon disparaît dans
le cadavre d'un animal charbonneux au moment où il se putréfie. Cette
assertion est exacte, et elle était bien connue des équarrisseurs avant même
que le D'' Davaine en donnât une confirmation de fait. Souvent j'ai
entendu les équarrisseurs, que je voyais manier des animaux charbonneux
et que j'avertissais du danger qu'ils couraient, m'assurer que le danger
avait disparu quand l'animal était avancé el qu'il fallait n'avoir de craintes
que s'il était encore chaud. Quoique, prise à la lettre, cette assertion soit
inexacte, elle trahit cependant l'existence du fait en question. Dans un
travail antérieur, M. Joubert et moi, nous avons donné la véritable expli-
cation du phénomène. Dès que la bactéridie, sous son état filiforme, est
privée du contact de l'air, qu'elle est plongée, par exemple, dans le vide
ou dans le gaz acide carbonique, elle tend à se résorber en granulations très
ténues, mortes et inoffensives. La putréfaction la place précisément dans
ces conditions de désagrégation de ses tissus. Ses corpuscules-germes ou
spores n'éprouvent pas cet effet et se conservent, ainsi que le D"" Rock l'a
montré le premier. Quoi qu'il en soit, et comme l'animal, au moment de sa
mort, ne contient que le parasite à l'état filiforme, il est certain que la
putréfaction l'y détruit dans toute sa masse.
» Si l'on s'arrêtait à cette opinion pour l'appliquer aux faits de la nature
d'une manière absolue, on n'aurait qu'une vue incomplète de la vérité.
» Assistons par la pensée à l'enfouissement du cadavre d'une vache, d'un
cheval ou d'un mouton morts du charbon. Alors même que les animaux
ne seraient pas dépecés, se peut-il que du sang ne se répande pas hors du
corps en plus ou moins grande abondance? N'est-ce pas un caractère ha-
bituel de la maladie qu'au moment de la mort le sang sort par les na-
rines, par la bouche et que les urines sont souvent sanguinolentes. En
conséquence, et dans tous les cas pour ainsi dire, la terre autour du cadavre
est souillée de sang. D'ailleurs, il faut plusieurs jours avant que la bacté-
ridie se résolve en granulations inoffensives par la protection des gaz
( 9' )
privt's d'oxygène libre que la pulrét'action dégage, el pendant ce temps le
bullonnement excessif du cadavre fait écouler les liquides de l'intérieur à
l'extérieur par toutes les ouvertures naturelles quand il n'y a pas, par sur-
croît, déchirure de la peau et des tissus. Le sang et les matières ainsi
mêlés à la terre aérée environnante ne sont plus dans hs conditions de la
putrélaction, mais bien plutôt dans celles d'un milieu de culture propre à la
formation des germes de la bactéridie. Hâtons-nous toutefois de demander
à l'expérience la confirmation de ces vues préconçues.
» Nous avons ajouté du sang charbonneux à de la terre arrosée avec
de l'eau de levure ou de l'urine aux températures de l'été et aux tempéra-
tures que la fermentation des cadavres doit entretenir autour d'eux comme
dans un fumier. En moins de vingt-quaire heures, il y a eu multiplication
et résolution en corpuscules-germes des bactéridies apportées par le sang.
Ces corpuscules-germes, on les retrouve ensuite dans leur état dévie latente,
prêts à germer et propres à communiquer le charbon, non seulement
après des mois de séjour dans la terre, mais après des années.
» Ce ne sont là encore que des expériences de laboratoire. 11 faut re-
chercher ce qui arrive en pleine campagne avec toutes les alternatives de
sécheresse, d'humidité et de culture. Nous avons donc, au mois d'août 1878,
enfoui dans un jardin de la ferme de M. Maunoury, après qu'on en eut
fait l'autopsie, un mouton de son troupeau qui était mort spontanément
du charbon,
» Dix mois, puis quatorze mois après, nous avons recueilli de la terre de
la fosse et il nous a été facile d'y constater la présence des corpuscules-
germes de la bactéridie et, par l'inoculation, de provoquer sur des cochons
d'Inde la maladie charbonneuse et la mort. Bien plus, et cette circonstance
mérite la plus grande attention, cette même recherche des germes a été
faite avec succès sur la terre de la surface de la fosse, quoique, dans l'inter-
valle, cette terre n'eût pas été remuée. Enfin, les expériences ont porté
sur la terre de fosses où l'on avait enfoui, dans le Jura, à 2"de profondeur,
des vaches mortes du charbon an mois de juillet 1878. Deux ans après,
c'est-à-dire récemment, nous avons recueilli de la terre de la surface et
nous en avons extrait des dépôts donnant facilenient le charbon. A trois
reprises, dans cet intervalle des deux années dernières, ces mêmes terres de
la surface des fosses nous ont offert le charbon. Enfin, nous avons reconnu
que les germes, à la surface des terres recouvrant des animaux enfouis, se
retrouvent après toutes les opérations de la culture et des moissons; ces
dernières expériences ont porté sur la terre de nos champs de la ferme de
( 9^ )
M. Maunoury. Sur des points éloignés des fosses, au contraire, la terre n'a
pas donné le charbon.
» Je ne serais pas surpris qu'en ce moment des doutes sur l'exactitude
des faits qui précèdent ne s'élèvent dans l'esprit de l'Académie. La terre,
qui est un filtre si puissant, dira-t-on, laisserait donc remonter à sa surface
des germes d'êtres microscopiques !
» Ces doutes pourraient s'étayer même des résultats d'expériences que
M. Joubert et moi nous avons publiées autrefois. Nous avons annoncé que
les eaux de sources qui jaillissent de la terre à une profondeur même faible
sont privées de tous germes, à ce point qu'elles ne peuvent féconder les
liquides les plus susceptibles d'altération. De telles eaux cependant sont en
contre-bas des terres que traversent incessamment, quelquefois depuis des
siècles, les eaux pluviales, dont l'effet doit tendre constamment à faire des-
cendre les particules les plus fines des terres superposées à ces sources.
Celles-ci, malgré ces conditions propres à leur souillure, restent indéfini-
ment d'une pureté parfaite, preuve manifeste que la terre, en certaine
épaisseur, arrête toutes les particules solides les plus ténues. Quelle diffé-
rence dans les conditions et les résultats des expériences que je viens de
relater, puisqu'il s'agit au contraire de germes microscopiques qui, par-
tant des profondeurs, remonteraient à la surface, c'est-à-dire en sens in-
verse de l'écoulement des eaux de pluie et jusqu'à de grandes hauteurs!
Il y a là une énigme.
» L'Académie sera bien surprise d'en entendre l'explication. Peut-être
même sera-t-elle émue à la pensée que la théorie des germes, à peine née
aux recherches expérimentales, réserve à la science et à ses applications
des révélations aussi inattendues. Ce sont les vers de terre qui sont les
messagers des germes et qui, des profondeurs de l'enfouissement, ramènent
à la surface du sol le terrible parasile. C'est dans les petits cylindres de terre
à très fines parlicules terreuses que les vers rendent et déposent à la sur-
face du sol, après les rosées du matin ou après la pluie, que se trouvent,
outre une foule d'autres germes, les germes du charbon. Il est facile d'en
faire l'expérience directe : que dans de la terre à laquelle on a mêlé des
spores de bactéridies on fasse vivre des vers, qu'on ouvre leur corps après
quelques jours, avec toutes les précautions convenables pour en extraire
les cylindres terreux qui remplissent leur canal intestinal, on y retrouve
en grand nombre les spores charbonneuses. Il est de toute évidence que si
la terre meuble de la surface des fosses à animaux charbonneux renferme
des germes du charbon, et souvent en grande quantité, ces germes pro-
( 93 )
viennent de la désagrégation parla pluie des petits cylindres excrémentitiels
des vers. La poussière de cette terre désagrégée se répand sur les plantes à
ras du sol et c'est ainsi que les animaux trouvent au parcage et dans cer-
tains fourrages les germes du charbon par lesquels ils se contagionnent,
comme dans celles de nos expériences où nous avons conimuniqué le char-
bon en souillant directement de la luzerne. Dans ces résultats, que d'ou-
vertures pour l'esprit sur l'influence possible des terres dans l'étiologie des
maladies, sur le danger possible des terres des cimetières, sur l'utilité de la
crémation !
» Les vers de terre ne ramènent-ils pas à la surface du sol d'autres
germes qui ne seraient pas moins inoffensifs pour ces vers que ceux du
charbon, mais porteurs cependant de maladies propres aux animaux? Ils
en sont, en effet, constamment remplis et de toutes sortes, et ceux du charbon
s'y trouvent en réalité toujours associés aux germes de la putréfaction et
des septicémies.
» Et maintenant, quant à la prophylaxie de la maladie charbonneuse,
n'est-elle pas naturellement indiquée? On devra s'efforcer de ne jamais
enfouir les animaux dans des champs destinés soit à des récoltes de four-
rages, soit au parcage des moulons. Toutes les fois que cela sera possible,
on devra choisir pour l'enfouissement des terrains sablonneux ou des ter-
rains calcaires, mais très maigres, peu humides et de dessiccation facile, peu
propres en un mot à la vie des vers de terre. L'éminent Directeur actuel
de l'Agriculture, M. Tisserand, me disait récemment que le charbon est
inconnu dans la région des Savarts de la Champagne. Ne faut-il pas l'at-
tribuer à ce que dans ces terrains pauvres, tels que ceux du camp de Chà-
lons, par exemple, l'épaisseur du sol arable est deo™, i5 à o",20 seulement,
recouvrant un banc de craie où les vers ne peuvent vivre? Dans un tel ter-
rain, l'enfouissement d'un animal charbonneux donnera lieu à de grandes
quantités de germes qui, par l'absence des vers de terre, resteront dans
les profondeurs du sol et ne pourront nuire.
» Il serait à désirer qu'une statistique soignée mît en correspondance
dans les divers pays les localités à charbon ou sans charbon avec la nature
du sol, en tant que celle-ci favorise la présence ou l'absence des vers de
terre. M. Magne, membre de l'Académie de Médecine, m'a assuré que dans
l'Aveyron les contrées où l'on rencontre le charbon sont à sol argilo-cal-
caire et que celles où le charbon est inconnu sont à sol schisteux et gra-
nitique. Or, j'ai ouï dire que dans ces derniers les vers de terre vivent diffi-
cilement.
(94)
M J'ose terminer celle Communication en assurant que, si les cultivateurs
le veulent, raffection charbonneuse ne sera bientôt plus qu'un souvenir
pour leurs animaux, pour leurs bergers, pour les bouchers et les tanneurs
des villes, parce que le charbon et la pustule maligne ne sont amais spon-
tanés, que le charbon existe là où il a été déposé et où l'on en dissémine
les germes avec la complicité inconsciente des vers de terre; qu'enfin, si
dans tine localité quelconque on n'entretient pas les causes qui le con-
servent, il disparaît en quelques années ('). »
Sur la proposition de M. Thenard, l'Académie décide que le Mémoire
de M, Pasteur sera adressé à M. le Ministre de l'Agriculture et du Com-
merce.
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
MÉTiiOr.OLOGiE. — Ammoniaque de l'air el des eaux. Note de M. Albert Lévy.
(Rinvoi à la Commission précédemment nonunt'>e.)
« Dans deux Communications précédentes (t. I.XXXIV, p. 2^3 et i335),
j'ai indiqué la méthode que j'emploie à l'Observatoire de Montsouris pour
(') Foir\e travail très intéressant que M. Baillet a publié, il y a dix ans, sur les pâturages
de l'Auvergne qui produisent ce que l'on nomme dans ce pays le mal de montagne [Mé-
moires du Ministère de l' Agriculture ; 1870).
Dès i8'j6,un très habile vétérinaire, Petit, avait démontré que le mal de montagne n'était
autre chose que le charbon, résultat confirmé de nos jours, eaux où elle a été de i pour 100.
( 9^' )
le dosage de l'ainmoniaque de l'air et des eaux, ainsi que les premiers ré-
sultats obtenus. Depuis cette époque, les analyses ont été continuées sans
interruption. Tous les jours à midi, avec l'aide de M. Allaire, je dose
l'ammoniaque abandonnée depuis la veille par l'air qui traverse une solu-
tion acide. Chaque eau météorique est soumise à l'analyse. Durant une
année j'ai pris chaque semaine un échantillon de différentes eaux cou-
rantes : Vanne, Dhuis, Ourcq, Marne, Seine en amont et en aval, etc., et
j'ai recherché dans ces eaux, entre autres matières, l'azote ammoniacal
qu'elles renferment.
» De plus, depuis l'année 1878, j'analyse chaque jour de pluie les eaux
recueillies non seulement à Montsouris, mais dans un certain nombre de
stations parisiennes situées : dans le parc desButtes-Chaumont, au dépotoir
de la Villette, à la gare du Nord, à l'École normale d'Auteuil, au Jardin
d'acclimatation, etc. J'ajouterai enfin que depuis le mois de juin 1879 j'a-
nalyse, en même temps que l'air recueilli à Montsouris, l'air recueilli toutes
les semaines dans un certain nombre de stations, situées : au cimetière du
Père-I.achaise, à Gennevilliers, à Clichy, dans les égouts, à l'Hôtel-
Dieu, etc. Les résultats individuels de ces analyses d'air et d'eaux ayant
été publiés jusqu'à la lin de l'année 1879, soit dans V Annuaire de r Obser-
vatoire de Montsouris, soit dans le Bulletin statistique de la ville de Paris, je
n'ai pas à y revenir. Je ne veux indiquer ici que les résultats généraux qui
ressortent de ces recherches.
» Eaux météoriques. — Bien que les analyses individuelles de l'azote am-
moniacal des pluies recueillies dans les différents quartiers de Paris donnent
chaque jour des nombres assez différents les uns des autres, les moyennes
mensuelles, et à plus forte raison les moyennes annuelles, donnent des
résultats sensiblement identiques. Ce fait intéressant et non encore in-
diqué ressort nettement du Tableau delà page suivante, dans lequel sont
inscrits les poids moyens, exprimés en milligrammes, de l'azote ammoniacal
renfermé mensuellement dans i'" d'eau.
» Cette constance des moyennes, qui ressort également de mes analyses
faites en 1876 et en 1877, ^^ retrouve encore dans les résultats obtenus
depuis le i^' janvier de cette année. Je ferai remarquer, en outre, la régu-
larité avec laquelle la quantité d'azote ammoniacal décroit, d'un mois à
l'autre, en passant de la saison froide à la saison chaude. Le minimum dans
toutes les stations apparait au mois de juillet. Dans le Tableau qui suit, je
n'ai pas tenu compte de la neige tombée à Paris en décembre dernier,
et qui a donné à Montsouris les résultats suivants: le 1*' décembre, 2'°8'',43;
C. R.. iliSo, 2- Semestre. iT. XCI, N" 2.) '3
( 9^ )
le 5, i"^",89-, le lo, i'"e',ga; |e i3, a'"-"', i3. Les trois premières analyses
ont été faites sur i'" d'eau provenant de la fonte de la neige recueillie sur
le sol gazonné; la quatrième se rapporte à l'eau de dégel du pluviomètre.
Dépotoir Jardin
Buttes- de la dac- Moyennes
1879. Montsouris. Chaiimont. Villette. climatation. mensuelles.
mgr nisr mgr mgr nigr
Janvier ï,35 i,34 i,3o i,25 i,3i
Février 1,28 i,3i i.aS 1,28 1,28
Mars 1,09 1,28 1,28 i,3o 1,24
Avril i,i5 1,21 1,17 1,09 i,i6
Mai 1,06 1,09 1,02 i,i4 i,o8
Juin i,o5 1,07 1,06 0,95 i,o3
Juillet 0,93 0,97 0,92 0,91 0,93
Août I ,o5 1,06 i,i3 » 1,08
Septembre 1,06 1,07 1,19 i,ii i,n
Octobre i,i5 i,i3 1,08 i,25 i,i5
Novembre i,3g 1,42 1,24 i,38 i,36
Décembre i,3o i,3o i,4o 1,26 i,32
Moyenne annuelle. . . i,i5 1,19 1,17 1,17 1,17
» C'est également dans la saisou chaude, en juillet et en aoi'it, que les
eaux potables qui alimentent Paris contiennent le moins d'ammoniaque
(o™^"",2i d'azote ammoniacal par litre); c'est en décembre qu'apparaît le
maximum (o™^'', 27). La faible différence qui existe d'ailleurs entre ces
deux nombres montre que la proportion d'ammoniaque contenue dans r'"'
des eaux courantes sur lesquelles nous avons opéré varie extrêmement
peu. Les moyennes annuelles obtenues en 1879-1880 sont les suivantes :
mgr mgr
Vanne 0,21 Ourcq 0,22
Dhuis Oj24 Seine.. ..... 0,22
Marne o>24 Égout 20,00
» J'ai ajouté, comme terme de comparaison, la moyenne annuelle de
nos analyses d'eau d'égout.
» En résumant les quatre années d'analyses faites sur l'eau recueillie à
l'Observatoire de Montsouris, on trouve les nombres suivants :
Hauteur Moyenne Azote ammoniacal
Années (septembre à août). de pluie ('). par litre, par métré carré.
mm mgr mgr
1875-1876 541,5 1,98 1074,78
1876-1877 6oi,7 1,54 929.65
1877-1878 600,1 1,91 1149,4°
1878-1879 655,3 1,20 787,32
(') Ces noml>res se rapportent aux jours d'analyses.
( 97 )
» De ces quatre années agricoles, la dernière est celle qui a donné le
plus d'eau; mais l'excédent sur l'année 1877-1878 est presque entièrement
dû au mois d'octobre 1878, qui a donné à lui seul 102""°, 3 de pluie.
» jlir. — J'ai recherché chaque jour, d'une manière non interrompue
depuis quatre années, la quantité d'azote ammoniacal contenu dans l'air
de Montsouris. J'opère chaque jour sur un volume de 3ooo"' d'air. Le ré-
sumé des trois dernières années d'analyses donne, pour 100""= d'air :
i8'j6-i877 3,0
1877-1878 2,3
1878-1879 1,9
» Contrairement à ce que l'on obtient pour les eaux météoriques, c'est
dans la saison cbaiule que l'azote ammoniacal paraît le plus abondant dans
l'air. Ainsi, en 1878-1879, on obtient, en hiver, un poids total de zB'j'^^'^^G,
correspondant à cent cinquante-trois jours d'analyse, ce qui donne 1™^% 68
pour moyenne, tandis qu'en été un poids total de aGg^ôf, 7, correspondant
à cent vingt-neuf jours, donne 2"s',09 pour moyenne. Voici les résultats
obtenus durant l'année qui vient de s'écouler pour 100™*= d'air :
1879. 1S79.
mgr mçr
Janvier 1,9 Juillet 2,1
Février . . 2,0 Août 2,3
Mars I ,g Septembre 3,4
Avril 2,2 Octobre 2,2
Mai 2,1 Novembre 1,9
Juin 2,1 Décembre 1,7
» Ces nombres, très différents de ceux obtenus autrefois par MM. Grâger,
Kemp, Frésénius, etc., se rapprochent beaucoup de ceux indiqués par
M. Ville et par M. Schiœsing.
» Enfin, me bornant aujourd'hui à résumer mes recherches, je donne
dans le Tableau suivant les résultats obtenus, pour l'azote ammoniacal de
l'air, dans nos différentes stations, de juin à décembre 1879; les nombres
sont rapportés à 100""^ d'air :
Juin. Juillet. Août. Sept. Octobre. Nov. Dec.
mgr mgr mgr mgr mgr mgr m
Montsouris 2,1 2,1 2,3 2,4 2,2 1,9 1,7
Père-Lachaise (chapelle),. 2,2 2,2 2,3 » 2,1 2,6 «
Père-Lachaise ( nord ] 1,9 2,3 2,5 2,1 2,2 2,8 »
Gennevilliers 3,2 3,7 3,7 3,7 4>6 3,7 »
Clichy 1,8 1,7 1,7 1,9 1,9 2,7
Égout » 4,9 . 4,6 .. 8,0 9,4
( 9« )
BOTANIQUE. — alternance des générations chez quelques Urédinées.
Noie de M. Max. Cornu.
(Commissaires : MM. Duchartre, Tréciil, Chatin.)
« Plusieurs maladies des plantes, qui ont reçu le nom populaire de
louille, sont produites par des champignons parasites nommés Urédinées et
possédant plusieurs formes reproductrices distinctes.
» Ces formes reproductrices se montrent soit sur la même plante, soit
sur des plantes entièrement différentes ; il y a alternance de végétation sur
des êtres différents ; on dit qu'il y a alternance de génération ou hélérœcie.
» Le règne animal offre des exemples de même nature ; ces migrations
sont en général liées à la nutrition, qui fournit des indications précieuses.
Chez les végétaux, la difficulté est bien plus grande.
» Depuis une douzaine d'années, j'ai, i)resque à chaque saison et dans
des conditions diverses, reproduit, soit seul, soit avec mon ami M. Roze, les
expériences de contamination des Rosacées avec divers Podisoma liabitant
les genévriers ('); j'ai pu cette année obtenir quelques transmissions sur
des végétaux divers.
» 1° IJMcidium [Peridermiwn] Fini, recueilli le iG mai i88o à Gisors, fut
semé dans la nuit du i6 au 17 sur cinq pieds de Senecio vulgaris ; deux
d'entre eux ne tardèrent pas à succomber. Le i'"^ juin, après quatorze jours,
des pustules circinantes d'Uredo furent aperçues sur la tige de deux autres
pieds, et peu après sur le troisième. VUredo se montra ultérieurement sur
les feuilles, et un peu plus de deux semaines après quelques rares téleuto-
spores furent observées qui constituent la forme parfaite ou les iéleutospores
du Coteosj)0)iuni Senecionis.
» Cette alternance avait été indiquée par M. le professeur Wollf, en 18745
pour le Senecio sjluaticus. Quatorze pieds témoins de S. vulgaris demeurèrent
sains ; le S. coriaceus mourut avant la fin de l'expérience; le S. crassifolius
demeura sain. Dans une autre expérience, faite environ trois semaines au-
paravant, trois pieds de Sonchus oleraceus demeurèrent indemnes.
» ï" Des spores d'Jicidiuin Urlicœ, recueillies sur la grande Ortie, furent
semées à la même date sur les feuilles du Carex hirla; après dix-neuf jours
(') Bulletin lie la Société botanique, l. XXIV, p. 21 1, 22 mars 1878; t. XXV, 12 juil-
let i87>S.
( 09 )
les feuilles du Carex monlrèreiU les nombreuses lignes noires de VUredo,
et sept jours après quelques téleutospores du Puccinia Cnticis ; cette alter-
nance a été indiquée en 1873 p;u' mon ami I\I. le D'' Magnus. Le Curex ri-
pai io n'a présenté aucun parasite : la hirge touffe de la plante témoin est
demeurée absolument saine; une autie expérience, faite quelques semaines
auparavant, a donné des résultats analogues. Les spores d'/Ecidium semées
le 26 avril ont produit les spores iVUredo le 16 mai suivant.
» 3° I^es spores de VMc. Rhamni, du Nerprun purgatif, sont semées le
18 mai 1880 sur deux pots contenant des germinations d'avoine; le 1 1 juin
se montrent quelques pustules à'Uiedo Rithigo vera, première forme du
Puccinia coronala; cette alternance a été indiquée par M. de Bary dès 1 864.
» Le 4 juin, les spores clerj?c. Rliamni sont semées sur deux pots con-
tenant de jeunes et florissantes germinations d'avoine; le 20 juin suivant,
après seize jours, de nombreuses pustules d'LVe^/o se voient et deviennent
de jour en jour plus abondantes; dans les premiers jours de juillet, le g,
ont été vues les téleutospores du P. coionata sur les feuilles inférieures.
» L'jEcidiiim provient d'échantillons recueillis au Muséum sur quatre
espèces de Hliamniis, parmi lesquelles Rh. calhaiiica, elœodes, lUilis ; la
présence accidentelle de V/Ec idiiiin est due cette année à la paille d'avoine
contenue dans les fumiers. J'ai, à plusieurs reprises, insisté sur l'introduc-
tion de certains germes par cette voie ( ' ).
» 4° L'f/rec^o du Melampsorella du Mœhringia trineruia, semé sur VAhine
média, s'est montré sur cette dernière plante après neuf jours.
1) 5° Le Puccinia Dianthidii Mœhringia Irinervia, semé le 28 avril sur Voi-
sine média et le Stellaria holostea, s'est montré sans Uredo le 17 mai, comme
je l'ai observé pour le P. Malvacearum (-) et, comme cela est probable, pour
toutes les Puccinies à germination directe.
» L'espace me manque pour donner un abrégé de l'historique et déve-
lopper quelques considérations sur ce changement déplantes hospitalières.
Plusieurs autres expériences n'ont pas donné les résidtats attendus ou in-
diqués. »
M. Lombard adresse, pour le Concours des prix de Médecine et Chi-
rurgie, un Ouvrage intitulé « Climatologie médicale ». Cet Ouvrage est
accompagné d'une analyse manuscrite. (Extrait.)
'-.
)) II. Si l'on désigne par p l'un quelconque des nombres premiers i3,
81, loi, 137, 25;, 33i, 389, 421, 433, 457, 557, 577, . .., représentés par
( >oi )
la forme iir l 2uv -\- <^\>- , l'équation
yL'a-'—i 4 ;■■' — -"
est impossible en nombres rationnels.
» III. De même, l'équation
n'admet aucune solution en nombres rationnels lorsque / est l'un des
nombres premiers représentés par la forme 4"" + 5v", tels que 4'» 6i,
lOf), 149, 241, 269, 281, 389, 409, 421 ; • ■ ■•
» IV. De même encore, l'équation
px' - 39. jr' --= z-
est impossible en nombres rationnels lorsque p désigne l'un des nombres
premiers 17, 73, 89,97, '9^' ^^3' ^4'» 281, 433, . , représentés par la
forme 4"" + 4"''-f-9^''-
» Plus généralement, aucune des équations renfermées dans la formule
px'' —my'' — z-
n'est résoluble en nombres rationnels lorsque /; désigne un nombre pre-
mier non diviseur de m et que, en outre, les deux nombres m et p pré-
sentent l'une des combinaisons suivantes :
V. « = 34, /? = 2;<'H- 17.''= 19, 67,89, 179, a5i, ?.8i, 353,409,433,443, 4^7,
VI. w =3 39, /J = 3«^+ i3«''=:6i, 79, 127, igg, 21 1, 283, 3i3, 337, 373, 433, 571, ...
VII. m :-: 4'>, /.i ^ 2«'-(-23p^:=: 3i, 41, 73, i5i, 223, aSg, 257, 3> I, 449' ^77
VIII. m - 49, p = 2«'+ iiiv -\- 25p'=: 2g, 87, log, 187, 233, 281, 337, 389, 4oi, . . . .
IX. /«= 52, /j = 4"'+ '3<''r=; 17, 29, 1 1 3, 157, 181, 269, 3 13,337, 373, 389, ....
X. m = 5.5, /j =:5n'-i- iic== 31,91, 179, i8i, 191, 33i, 4oi, 419, 421, 449> • • ■ •
XI. m =2 56, p = 4«'+ 4"' -1- i5p'=23, 127, i5i, 239,487, 743, 75i, 967, 1021, 1087,
XII. m-:: 63, p=. 7»'+ 91'' = 37,43, 109, i5i, 193,211, 33i, 337, 379,457, 487,499,
XIII. m 7 : 64, p = 4"'"'" 4"'' ^" i7«''= 17, 4'> 97) 137, 193, 241, 3i3, 433, 457, ....
XIV. nt-GÇ,, /; = 3fi^-i- 22p'=97, i63, 379, 499, 577, 859, . . . .
XV. m :-- 73, p = 2u= + 2?/c-f- 371'== 37, 4i, 61,97, 149, 181, 257, 349, 353,38g, ....
XVI. m ~- 77, p = i4«M- i4"" + 9"'= 37, 53, 137, 421, 44') 61 7, 1061, ....
XVII. m =T 80, p = 9"'-^ 5"'' -I- 9''" = 4') 24') 281, 4o9) 449) 569, 601, 641, 881, 929, . . .
XMII. m — 82, /j = 2tt'H- 41"'= 43) 5g, 78, 11 3, 1 3g, 241, 283, 371, 37g, 4oi, 4'9, • • • ■
XIX. m ~ 84, p = ^u- -h 2ic'= 37, ig3, 277, 421, 541, 678, 881, loog, ....
XX. m -- 96, /) " 4"'-'- 4"" -^ 25»'== 73, ig3, 241, 3i3, 817, 387,577,601, 76g,
XXI. "t ■=-- 97, p = 2m'+ 2«c h- 49"'=^ 53, 61, 78, 89, 109, 198, 229, 269, 3i3, 449)46', •
XXII. m =ioo, /> = 4"'~^ 25(''= 29,41, 61, 89, 229,24») 281, 349, 421, 5og, 601, ....
XXIII. m =142, /9=: 2ft^4- 7rc'= 73,8g, 108, igg, 238, 3i3, 35g, 409, 463, 52 1, ....
XXIV. m ==148, p = 4"'~- 37P'= 4') 53, 78, loi, 187, 181, 288, 298, 337, 349, 397, ....
XXV. m =:i93, p = iii'-v- •'.«(' + 97"'= 97, loi, 109, 137, 198, 241, 817, 409, 46', 577, . .
102
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur quelques remcinjues relatives à l'équation
de Lamé ( '). Note de M. Escarv.
« Le polynôme $;"', exprimé à l'aide des A,, conserve la même forme
pour i siippiimé, égal à i, égal à 2. On obtient ainsi les polynômes de
Lamé, que nous représenterons par NJ"', M\"\ R^"', en conservant, aux
indices près, les désignations de M. Liouviile. Egalé à zéro, il a, dans les
trois cas, ses racines réelles et comprises entre — \/2 et + ya. On peut
aussi l'exprimer à l'aide des B, et à l'aide des C,. En ayant égard aux rela-
tions [a), rappelées dans la Note de la séance précédente, et aux trois sui-
vantes, que Lamé en déduit comme conséquences, en introduisant le module
complémentaire k' ,
le polynôme $^''' s'écrit encore, en [losant
rii + i]
= 11,
3."-'i'(2/-t- i]r(« -f- 1_
sous les six formes suivantes :
0
^^n{ii — -f\{n — i]...{n
H-i) f/"+'i"'"'^
1 . 2 . 3 . . . u.
dz'^'
— S''
,.=/,
ix = 0
^1 = 0
(I)
R^"' = nB^^[S':;(B= - k'-f-v-],^,
- rl"+'IC- I W
i — n',<- - k ) — -^^^ ,
M y
(") _-
nik'
1 ,1,1+1, r^
.JQ.+i
- //i+'iT' I V'
dC"+'
» Sous cette forme, on aperçoit, à première vue, la nature des racines
') Voir Comptes rendus, iiiénie Tome, p. ^o.
( io3 )
de ces différents polynômes égalés à zéro et les limites entre lesquelles ces
racines se trouvent comprises.
» Les polynômes au moyen desquels on intègre les deux équations (■y)
que nous avons indiquées dans la Note de la séance précédente se dé-
duisent encore de $5"' par de simples permutations circulaires. Ou obtient
ainsi les dix-huit formules transcrites plus loin.
» Nous avons ainsi vingt-sept polynômes tous également propres à
intégrer l'équation de Lamé. Ils donnent neuf manières différentes de dé-
velopper une fonction arbitraire des Aj, B,, C,-, suivant les degrés ascen-
dants de ces polynômes, associés par groupes de trois. Ce luxe de repré-
sentation, qui laisse une certaine indétermination dans le choix du déve-
loppement à adopter, doit être regardé, au point de vue des applications,
comme une circonstance heureuse.
(10
iV—"
;* = 0
Mi"'=n(A'= -BÎ)^2][S^A-=-t-B7)*-^-J,=,,
^=0
R;"=:n(B'^ -A'^j^y [S.^(A^ + B^)''-i'],=,,
- /'/'■+' i' A' l'i"
Nr = n(i-A=r^^^.
-rf"+'i A' — II"
;-. = /,
;j. = 0
c. n., i88o, 2- Semestre. (T. XCl, N« 2.)
<4
( io4)
A = /,
(III)
1.=*
Ni"' = n A' y [s.^(A-= - k-f-^^, ,
R^"' = n a; ^ [s?(A^ - r-)*-(^],=,,
M'"'=n(A^ + B2)
R;'" = n(A^ + B:3;
-'rf"+/(Bî— i)"
|rf..+/(B^ — i)"
» A la seule inspection de ces polynômes, on aperçoit l'espèce de toutes
leurs racines et les limites entre lesquelles elles sont comprises. An point
de vue où nous nous trouvons placé, on voit qu'il importe peu que les
racines soient réelles ou imaginaires et que ce qti'il est indispensable de
connaître pour effectuer la représentation d'une fonction arbitraire, ce
sont les limites entre lesquelles toutes ces racines se trouvent comprises.
Enfin l'on peut observer que, en prenant successivement pour variables
indépendantes, dans l'équation différa ntielle de Lamé, les A;, B,-, C,, il
y a toujours un groupe de trois facteurs représenté par des expressions
différentielles, offrant de l'analogie avec ceux qui entrent dans les fonc-
tions Y„. Il est à présumer que les développements auxquels ils donneront
naissance seront d'une étude plus simple et plus facile que les autres. »
( io5 )
GÉODÉSIE. — Nouvelle im'lhode pour déterminer la longueur du pendule simple.
Note de M. G. Govi, présentée par M. Faye.
« Si l'on a une verge rigide assez longue et d'un poids peu considé-
rable suspendue par une de ses extrémités à un axe horizontal , normal à
l'axe de la verge, qui passe en même temps par son centre de gravité; si
l'on fait glisser sur cette verge un curseur assez lourd, qui peut y être
arrêté en différents endroits, sans que jamais son centre de gravité cesse
de se trouver sur l'axe de la verge, et si un pendule ainsi constitué est mis
en oscillation dans le vide sur des supports inébranlables, on peut s'en
servir très facilement pour déterminer la longueur du pendule simple qui
bat la seconde en un lieu quelconque.
» Supposons, en effet, que l'on fasse osciller d'abord le pendule quand
le poids curseur est à l'extrémité inférieure de la verge, et que l'on trouve
la durée de ses oscillations infiniment petites égale à t ['). On pourra en-
suite remonter le curseur d'une certaine quantité b, qu'on obtiendra avec
une grande précision à l'aide d'un cathétomètre ou, pour mieux dire, d'un
viseur à microscopes et d'une règle divisée parfaitement étalonnée. En
fiiisant osciller de nouveau le pendule, on aura une autre durée d'oscil-
lation t,.
» Par un nouveau déplacement du curseur ^2 ('t^s intervalles b,, 6j,. . .
doivent être toujours comptés à partir de la première position du curseur),
on obtiendra une troisième durée d'oscillation ^2, et, finalement, on en
aura ime quatrième ^3 en déplaçant une dernière fois le curseur d'une
quantité bs.
» Cela fait, on déduira la longueur L du pendule simple qui bat la
seconde, dans le lieu où l'on fait les expériences, de la relation suivante,
qu'il n'est pas difficile d'établir :
" " b,b, [t] — tl] [f- i{]-b, b,[i\ - tl) [f'-tl) - b,b, [tl — t\) [C-— t]] '
» Comme il est assez facile d'obtenir quelques autres durées d'oscil-
(') La duiée tics oscillations peut être déleiminée soit par la méthode des coïncidences
imaginée par Mairan, soit par le dénombrement effectif des oscillations pendant un certain
temps qu'on mesure à l'aide d'un clironographe ou d'un instrument analogue.
( ic6 )
lation, en déplaçant de nouveau le curseur, on comprend qu'il est pos-
sible d'en tirer assez rapidement des valeurs de L de plus en plus appro-
chées, et cela sans avoir à évaluer aucune des quantités qu'exigent les
méthodes ordinaires, et qu'il est presque impossible de déterminer avec
quelque exactitude. »
THERMODYNAMIQUE. — Méthode synthétique rapide pour établir les formules
jondamenlales relatives aux changements d'élat. Note de ]\I. C. Viry,
présentée par M. Tresca.
« On sait que M. Clausius obtint pour la première fois ces formules par
la considération d'un cycle élémentaire de Carnot auquel il appliquait
successivement les deux principes fondamentaux de la théorie thermody-
namique.
)) Mais, si, au lieu déconsidérer ce cycle élémentaire de Carnot, je con-
sidère le cycle suivant (voir la figure), qui n'est autre que le cycle parcouru
par la vapeur dans une machine à vapeur fonctionnant avec enveloppe,
lorsqu'on suppose la chute de température très petite et égale à dT, je dis
qu'on arrive ainsi, d'une manière infiniment plus simple, plus claire et plus
rapide, aux mêmes résultats.
» En effet, dans la première phase AB, l'unité de poids du liquide s'é-
)•
u, n
T-t-(ZT
r. c,
rfpi
T
N
i
— -S-cr—
1
p >i
^
l
0
chauffe de T à T-l-c?T, sous ta pression variable de la vapeur saturée, et
absorbe, par conséquent, une quantité de chaleur cdT, c étant la chaleur
spécifique du liquide sous la pression variable de la vapeur saturée.
» Dans la deuxième phase BC, le liquide se vaporise entièrement à la tem-
pérature constante T + dT et absorbe pour cela une quantité de chaleur
égale à r + dr, r étant la chaleur de vaporisation à T°.
» Dans la troisième phase CD, si je suppose que la vapeur se détende, en
{ 'o? )
reslnnl saturée, sa température baissant de r/T, elle a])sorbera une quantité
de chaleur — c,dT, c, étant ht chaleur spéiijvjue de la unpeur saturée à 'l\
» Enfin, dans la quatrième phase DA, la vapeur se condense entièrement
à la température T et rend ainsi au condenseur ime quantité de chaleur
égale à r.
» De telle sorte que, pendant cette évolution, la quantité de chaleur
disparue et transformée en travail a pour expression
cdT -hdr— c^dT.
» Le travail effectué, étant d'ailleurs représenté par l'aire du cycle ABCD,
égale évidemment, à la limite, à l'aire du rectangle AB,C| D (en négligeant
les infiniment petits du deuxième ordre figurés par les surfaces AB,B,
CC,D), aura pour expression
is — a) dp,
cr étant le volume du liquide à T, S le volumedesa vapeur saturée à la même
température.
» Or, 1° en vertu du principe de l'équivalence, la chaleur disparue étant
proportionnelle au travail effectué, on aura, A étant le coefficient de pro-
portionnalité,
cdT + dr— c,dT=^ \{s — G)dp,
ou enfin, en divisant tous les termes par dT et posanti^ — a = «,
(.) c-c,+- = kuj-^-
M Eu vertu du principe de Carnot, le cycle en question étant fermé et
réversible, on a
f
T = «'
ou, en séparant les termes de cette somme relatifs aux quatre phases suc-
cessives du cycle,
cr/T r+dr c.dT r_
T" "*" T-i-^T T X ~ °'
que l'on peut évidemment écrire
(c-^.)'-^+^^(f) =o,
( >o8 )
ou bien, en opérant la différentiation indiquée,
, .dT dr rcU
[C C^) ^ + ^ ^., -
= o
de laquelle on conclut enfin
, . dr r
Or ces deux formules (i) et (2) sont bien les deux formules fondamentales
connues, relatives aux changements d'état. On en conclut immédiatement
pour l'expression générale de la chaleur de vaporisation, en égalant les
deux seconds membres de ces égalités,
(3) '-^ATu^.
» D'ailleurs la relation (2) fournit l'expression générale de la chaleur
spécifique de la vapeur saturée
dr r
'' = '-^dT-r
dans laquelle on peut, vu la très faible compressibilité des liquides, rem-
placer c, faible chaleur spécifique du liquide sous la pression de la vapeur sa-
turée, par C, chaleur spécifique du Mquide sous pression constante. »
PHYSIQUE. — Sur la constitution de la matière et rétat ullra-gazeux.
Extrait d'une Lettre adressée par M. Crookes à M. Dumas.
« On m'a bien souvent demandé de donner corps à l'opinion avancée
par moi que la matière pouvait se présenter sous un quatrième état : à
l'état ultra-gazeux, et beaucoup d'hommes de science doutent encore que
la matière puisse exister par delà l'état gazeux.
» Expliquons d'abord, pour coordonner ces faits, ce qu'est la matière
sous les trois états : solide, liquide, gazeux.
» 1° Solides. — Ils se composent de molécules discontinues, séparées
les unes des autres par des interstices relativement grands, on peut
même dire énormes, si on les compare au diamètre du noyau central
que nous appelons molécule. Ces molécules, formées elles-mêmes d'atomes,
sont régies par certaines lois (forces), entre autres l'attraction et le mouve-
ment. L'attraction, quand elle s'exerce à des distances sensibles, s'appelle
( '"9 )
gravitation ; eWe prend le nom à'adltésion ou de cohésion lorsque ces dis-
tances sont moléculaires.
» Cette force de cohésion est contre-balancée par les mouvements
propres des molécules elles-mêmes, mouvements qui, variant en raison di-
recte de la température, augmentent ou diminuent d'étendue suivant que
la température s'élève ou s'abaisse. Les molécules des corps solides ne se
déplacent pas, mais elles conservent une adhésion et leur position reste
fixe dans leurs centres d'oscillation.
» Il s'ensuit que l'état solide, que nous avons l'habitude de considérer
comme l'état par excellence de la matière, n'est que l'effet produit sur nos
sens par les mouvements des molécules simples sur elles-mêmes.
» 2° Liquides. — La force de cohésion y est très réduite, et l'adhésion,
ou la fixité de position des centres d'oscillation des molécules, est anéantie.
Les liquides étant artificiellement chauffés, les mouvements intermolécu-
laires augmentent en proportion de l'élévation de température jusqu'à
ce qu'enfin la cohésion soit vaincue ; alors les molécules s'échappent dans
l'espace avec une vélocité inouïe.
» Lesliquides possèdent la propriété de viscosité, c'est-à-dire qu'ils offrent
une certaine résistance au passage des corps solides; mais, malgré cela, ils
ne peuvent pas toujours résister à leur action, qu'elle qu'en soit la faiblesse,
si elle devient persistante.
» 3° Gaz. — Leurs molécules s'envolent dans toutes les directions ima-
ginables, avec des collisions continuelles et des vitesses rapides variant
constamment, si l'espace libre qu'elles parcourent est suffisamment étendu
pour qu'elles soient affranchies de la force de cohésion. Étant libres de
circuler, les molécules exercent une pression dans toutes les directions,
et, si la gravitation n'existait pas, elles s'envoleraient dans l'espace. L'état
gazeux se maintient tant que les chocs moléculaires continuent à être
presque infinis en nombre et d'une irrégularité inconcevable.
M Le même raisonnement s'applique à deux ou plusieurs molécules con-
tigùes, pourvu que leurs mouvements soient arrêtés ou contrôlés de telle
sorte qu'aucun choc entre elles ne soit possible; et en supposant même que
cette agrégation de molécules simples, hors d'état de s'entre-choquer, soit
transportée en bloc d'une partie de l'espace à une autre, le mouvement
ainsi produit ne saurait leur conférer la propriété de gaz. Un vent molé-
culaire peut toujours être considéré comme représentant des molécules
simples, de même que la décharge d'une mitrailleuse consiste en projectiles
isolés.
( "o )
» 4° Et-ot- ultra-gazeux ou radiant. — La matière présente alors le résullat •
définitif de l'expansion gazeuse, Par suite d'une grande raréfaction, le par-
cours libre des molécnles est rendu tellement long que les chocs dans ua
temps donné peuvent être négligés par rapport aux non-rencontres. Dans
ce cas, la molécule moyenne peut obéir à ses mouvements et lois propres
sans entrave; et si la distance moyenne des chocs est comparable aux di-
mensions du contenant, les propriétés qui constituent la gazéité se réduisent
au minimum : la matière alors passe à l'état ultra-gazeux.
» Mais le même état de choses se produirait si, par un moyen quel-
conque, nous pouvions agir sur une certaine quantité de gaz, et amener
par quelque force étrangère de la régularité dans les collisions désordonnées
de ses molécules, en les contraignant à prendre un mouvement rectiligne
méthodique.
» En conséquence, l'état gazeux dépend avant tout de collisions.
Un espace donné contient des milliers et des milliers de molécules
qui se meuvent rapidement dans toutes les directions, chaque molécule
ayant des milliers de rencontres par seconde. Dans un tel cas, la dis-
tance moyenne des chocs des molécules entre elles est excessivement
minime si on la compare aux dimensions du réceptacle qui les contient, et
l'on peut observer les propriétés qui constituent l'état gazeux ordinaire de
la matière, lequel dépend de collisions constantes.
» Quel est donc l'état de ces molécules ? Considérons une molécule isolée
dans l'espace ; est-elle solide, liquide, ou gazeuse? Solide, elle ne peut pas
l'être, parce que l'idée de solidité suppose certaines propriétés qui n'appa-
raissent pas dans la molécule isolée. En effet, une molécule isolée est une en-
tité inconcevable, que nous cherchions, comme Newton, à la considérer
comme un petit corps sphérique dur, ou avec Boscovitch et Faraday à la
comme un centre de force, ou avec sir William Thomson à l'accepter
regarder comme un atome tourbillonnant. Mais, si la molécule individuelle
n'est pas solide, à plus forte raison ne saurait-elle être regardée comme
liquide ou gazeuse, car, bien plus que l'état solide, ces états sont dus à des
collisions intermoléculaires. Les molécules simples, par conséquent, doivent
être classées à part comme étant dans un état distinct.
» J'ai démontré que cela a lieu dans le phénomène qui cause les mou-
vements du radiomètre, et j'ai rendu ces mouvements visibles dans mes
dernières recherches sur la décharge négative dans les tubes à vide. Dans
le premier cas, le noir d'ivoire échauffé, dans le second le pôle négatif
électriquement excité donnent la force majeure qui change, totalement ou
( >•! )
en partie, en mouvement rectiligne les vibrations jusqu'alors irrégulières
clans toutes les directions. Je consitlère les molécules comme présentant
les conditions de la matière radiante, dès que les mouvements irréguliers
qui constituent l'essence de l'état gazeux ont été remplacés par un mouve-
ment rectiligne.
» Entre le troisième et le quatrième état, il n'existe pas de ligne nette de
démarcation, pas plus qu'il n'en existe entre les solides et les liquides ou
les liquides et les gaz ; ils se confondent insensiblement l'ini dans l'autre.
» Dans le quatrième état, les propriétés de la matière qui existent même
dans le troisième peu vent être démontrées directement, tandis que dans l'état
gazeux elles ne peuvent l'être qu'indirectement, par viscosité ou autrement.
o Les lois ordinaires qui régissent les gaz sont une simplification des
propriétés de la matière dans le quatrième état; une telle simplification
n'est possible que quand la distance moyenne des chocs des molécules est
petite comparativement aux dimensions du contenant. Pour simplifier,
nous ferons abstraction des molécules simples, et nous supposerons une
matière continue, dont les propriétés fondamentales, telle que la pression
variable selon la densité, et ainsi de suite, sont déjà connues par l'expé-
rience. Un gaz n'est rien autre chose qu'un assemblage de molécules
considéré à un point de vue simplifié. Lorsque nous nous occupons de
phénomènes dans lesquels nous sommes forcés de tenir compte des molé-
cules individuelles, il ne faut plus regarder cet assemblage comme gaz.
» Ces données nous conduisent à ime autre considération bien curieuse.
La molécule, intangible, invisible, difficilementconcevable, est la seule vraie
matière, et ce que nous appelons matière n'est ni plus ni moins que l'effet
produit sur nos sens par le mouvement des molécules ou, comme le dit
John Stewart Mill, « une possibilité permanente de sensation ». Il n'y a
pas plus de raison pour représenter comme matière l'espace parcouru par
des molécules en mouvement qu'il n'y en aurait à considérer comme du
plomb l'air traversé par une balle de iusil. Ce point de vue une fois admis,
il s'ensuit que la matière n'est qu'un mode de mouvement. A la tempé-
rature du zéro absolu, tout mouvement intermoléculaire disparaîtrait, et,
s'il est vrai qu'd resterait encore un je ne sais quoi conservant des propriétés
d'inertie et de poids, la matière, telle que nous la connaissons, cesserait
d'exister. »
C. R., 1880, 3» Semestre. (T. XCI, N° 2.) 1 '>
(lia
OPTIQUE. — Sur les lampes monochromalicjues. Note de M. L. Laurent.
« Relativement à la Noie de M, A. Terqtiem sur des modifications ap-
portées aux lampes monochromatiques (21 juin 1880), j'ai l'honneur de
rappeler à l'Académie que je lui ai présenlé, en différentes fois, des modi-
fications aux brûleurs à gaz et un nouvel éolipyle.
» 1° Brûleurs à gaz. — Dans ces derniers, que je construis depuis plus de
six ans, j'obtiens, par une proportion étudiée des trous d'arrivée du gaz
et de l'air, du diamètre et delà longueur du tube où ces gaz se mélangent,
une flamme violette très chaude, avec un pelit cône intérieur bleu (et non
vert) avec des ouvertures latérales (') sans oscillations de la flamme, et sans
crainte que le brûleur ne s'allume en dedans, pour des pressions variables
à partir de o™,o2o et au-dessus.
» La forme et la place de la cuiller de p'atine, qui sont très impor-
If (') La place des trous d'air est imlifférentc; M. Lecoq de Bolshaïulran les met au-dessus:
ce qui est utile, c'est leui section.
( "3)
tantes, donnent une flamme jaune intérieure étroite, très intense et très
supérieure à celle des brûleurs Bunsen, couslruils par M. Duboscq.
» L'emploi du photomètre pour juger de la valeur intrinsèque de ces
flammes quand on les emploie avec les saccharimètres ne me paraît pas
la meilleure méthode, car elle donne la valeur totnle de la flamme, laquelle
est généralement beaucoup trop grande; les saccharimètres modifiés n'en
utilisent qu'un cercle de o",oo2 de diamètre. Or, ce qu'il faut surtout,
c'est une flamme très intense, lors même qu'elle serait très étroite : c'est
ce que j'ai cherché et ce que j'ai réussi à obtenir.
» la méthode de comparaison la plus rationnelle, dans ce cas spécial,
serait d'essayer un saccharimètre, avec le même tube contenant une disso-
hition sucrée assez foncée, avec ces difi<érents brûleurs, et de comparer
ensuite les moyennes des lectures obtenues avec chacun d'eux.
» Je rappellerai aussi que les nouveaux perfectionnements du polari-
mètre permettent d'employer deux ou plusieurs becs, car ils sont assez
éloignés des cristaux collés pour éviter les anomalies produites par la cha-
leur des becs.
B 2° Dans le cas où le gaz a une pression inférieure à o",oio d'eau,
ou lorsqu'on n'a pas le gaz, j'ai présenté également un éolipyle brûlant
avec de l'alcool, de l'esprit de bois, etc., que l'on trovive partout; il donne
une lumière aussi intense qu'avec le gaz, et il est plus simple que l'emploi
de l'appareil à produire l'hydrogène au moyen de l'acide sulfurique (').
» Le cliché ci-joint montre, en vraie grandeur, la flamme obtenue par
ces brûleurs à gaz et l'éolipyle. »
MAGNÉTISME. — Effets téléphoniques lésiiUant du choc des corps magnétiques.
Note de M. Ader, présentée per M. Th. du Moncel.
« A la suite d'expériences téléphoniques faites à Toulon en 1878,
M. Desportes démontra que des sons pouvaient être déterminés dans un
téléphone sous l'influence d'un choc produit sur un barreau magnétique en-
veloppé par une hélice magnétisante reliée au téléphone. On attribua cet
effet à des courants induits résultant des déplacements du barreau à l'inté-
(') J'ai montré le renversement iks raies D à la Société de Plij'sique, séance de Pâques,
le 2 avril 1880.
( ><4 )
rieur de la bobine sous l'influence du cboc. Certaines expériences que j'ai
entreprises depuis cette époque m'ayant démontré que le phénomène était
plus compliqué, je combinai diverses expériences pour élucider cette ques-
tion, et je suis arrivé [à des résultats intéressants que j'ai l'honneur de
soumettre à l'Académie.
» Je suis d'abord arrivé à démontrer que, si on prend les précautions
convenables pour empêcher tout déplacement d'un noyau magnétique à
l'intérieur de la bobine reliée au téléphone; si, par exemple, on enroule
le fd de cette bobine sur le noyau lui-même, en noyant les spires dans
de la gomme laque, on n'obtient aucun son dans le téléphone en frap-
pant le noyau avec un corps non magnétique. En revanche, on reproduit
parfaitement les sons en frappant avec une masse de fer, ce que l'on com-
prend du reste aisément. On peut encore les reproduire si on enroule li-
brement au-dessus de l'hélice ainsi noyée dans la gomme laque les fils
terminaux de cette hélice; deux ou trois tours suffisent pour cela.
» D'un autre côté, si on place à l'intérieur d'une petite bobine ordinaire
des noyaux métalliques composés de métaux différents, on reconnaît qu'il
n'y a que les métaux magnétiques dépourvus de force coèrcitive persistante
qui provoquent des sons téléphoniques quand ils sont frappés. Ainsi, uu
fil de fer ou de nickel doime des effets très caractérisés, alors qii'im fd
d'acier trempé non magnétisé n'en produit aucun. Mais ce qui est impor-
tant à constater, c'est que ces effets sont d'autant plus énergiques que le
noyau est plus divisé à l'intérieur de la bobine, et les meilleurs résultats
ont été obtenus quand le fil magnétique était composé de bouts de fils de
fer disposés en prolongement les uns des autres et n'ayant que o",ooi
ou o""",oo2 de longueur sur o'"'",ooi de diamètre. Dans ces conditions, on
peut faire un téléphone capable de reproduire la parole très distinctement.
Il suffit pour cela de placer au-dessous d'un diaphragme téléphonique d'en-
viron o™,io de diamètre sur o™", 7 d'épaisseur et muni d'une embou-
chure, une petite bobine à fil fin (n° 40) de o'°,o5 de longueur, remplie de
ces fragments de fils de fer dont il vient d'être question, et d'appuyer avec
une pression convenable le fragment extérieur, qui doit être plus long que
les autres, contre le centre du diaphragme. En parlant alors devant l'em-
bouchure, on détermine une série de vibrations qui, en produisant une
série de chocs correspondants, transmettent la parole d'une manière satis-
faisante, sans nécessiter la présence d'aucune pile.
» Ij'appareil précédent permet en outre de constater un fait importiiut,
( "5 )
qui ne laisse pas que de compliquer la question, car il prouve que le dépla-
cement seul du noyau inaguëlique à l'inléricur (le la bobine ne suffit jxts pour
reproduire les sons, ce qui écarte par conséquent l'hypothèse de l'action
directe du magnétisme terrestre. Il faut qu'il y ait en plus un c/joc effectué
et même un choc multiple. On peut s'en convaincre en soudant au dia-
phragme de l'appareil uu fil de fer enfoncé dans l'hélice. Dans ces condi-
tions, les vibrations déplacent le fil de fer, et, en présence de l'aimant ter-
restre, il devrait se développer des courants capables de reproduire des
sons. Or, il ne s'en produit aucun, et pour les obtenir il faut placer dans
l'hélice un second noyau de fer contre lequel le premier puisse produire
des chocs. On peut en quelque sorte analyser les effets produits eu cette
circonstance par les expériences suivantes:
» Si l'on comprime un noyau de fer muni d'une bobine enroulée entre
deux pièces de cuivre serrées angulairement entre les mâchoires d'un étau,
et que le noyau de fer soit rivé sur l'une de ces pièces, on reconnaît, eu
enlevant brusquement sous pression l'autre pièce de cuivre, qu'il se pro-
duit un son dans le téléphone, et ce son est dû sans doute au mouvement
des molécules magnétiques qui reprennent leur position d'équilibre nor-
mal. Si l'on reproduit une action mécanique analogue sur le noyau, mais
de manière à l'étirer au lieu de le comprimer, on constate encore la pro-
duction d'un son au moment où le barreau reprend ses conditions nor-
males, et il en est de même en exerçant sur le noyau un effet de torsion.
Ou peut donc dire que toute action mécanique ayant pour conséquence de
troubler l'état d'équilibre moléculaire d'un noyau magnétique a pour effet de
développer^ au moment oie ce nojau reprend brusquement ses conditions
d'équilibre^ im courant électrique capable d'impressionner le téléphone^ et,
comme un choc se trouve être dans le même cas que les effets que nous
venons d'étudier, on peut trouver dans ce principe la cause des résultats
qui font l'objet de cette Communication. »
CHIMIE MINÉRALE. — Sur les composés fluorés de l'uranium.
Note de M. A. Ditte.
« Lorsqu'on traite l'oxyde vert d'uranium U'O' par un excès d'acide
fluorhydrique concentré, l'attaque, lente à froid, devient rapide dès que Ion
chauffe vers 5o°; un faible dégagement de gaz se manifeste, et l'on obtient
(1.6)
(l'une part une liqueur jaune, de l'autre une poudre verte très fine et très
légère qui se dépose aisément. Si l'on évapore doucement pour chasser
l'excès d'acide fluorhydrique, puis qu'on reprenne par l'eau bouillante et
qu'on filtre, la substance verte est retenue, et la liqueur jaune qui passe,
lentement évaporée, laisse déposer des cristaux jaunes transparents, qui,
séchés à 120", présentent la formule L1-FP,4HF1.
M Le flijorhydrate de sesquifluorure d'uranium, chauffé dans un creuset
de platine fermé, fond d'abord eu un liquide jaune, puis laisse dégager de
l'acide fluorhydrique en même temps que quelques traces d'une matière
blanche dont il sera question plus loin. Si on laisse l'air arriver dans le
creuset, son oxygène décompose le fluorure avec lequel il se trouve en
contact, et la décomposition, très lente dans un vase fermé, est très rapide
au contraire si la calcination s'effectue à l'air libre. A un instant quel-
conque de l'opération, le creuset renferme du protoxyde d'uranium, sous la
forme de cristaux noirs brillants, et du fluorure non décomposé; celui-ci,
qui a perdu complètement sou excès d'acide fluorhydrique, se dissout faci-
lement dans l'eau et donne des cristaux présentant la formule U^Fl* du
sesquifluorure.
» La substance verte restée sur le filtre est très difficile à laver, car elle
obstrue complètement les pores du papier; elle est insoluble dans l'eau,
très peu soluble, même à chaud, dans les acides étendus autres que l'acide
sulfurique ou l'eau régale; l'analyse conduit à la formule (tJ*0'')Fl. On doit
la regarder comme un fluorure d'uranyle analogue au chlorure (U- 0^)C1,
et non pas comme un oxyfluorure dérivé du sesquifluorure U'Fl'; elle se
distingue en effet du sesquifluorure et de ses dérivés en ce qu'elle est
verte, insoluble dans l'eau, difficilement soluble dans l'acide chlorhydrique
bouillant, en donnant une liqueur verte dans laquelle l'ammoniaque
forme un précipité brun verdâtre de protoxyde hydraté; les autres, au
contraire, sont jaunes, solubles dans l'eau et forment des liqueurs jaunes
dans lesquelles l'ammoniaque donne un précipité jaune d'uranate alcalin.
» Ces données permettent de se rendre compte de l'action de l'acide
fluorhydrique sur l'oxyde vert d'uranium; si l'on regarde cet oxyde
comme capable de se dédoubler, dans des circonstances favorables, suivant
la relation 2(U'0'') = 2(U^0') -h U'O- ; le sesquioxyde, au contact de
l'acide fluorhydrique en excès, donne du fluorhydrate de fluorure; le
protoxyde se comporte comme un corps simple en se combinant au fluor
et mettant de l'hydrogène en liberté, hydrogène qui constitue le faible
( ■■7 )
dégagement gazeux observé. On a donc, pour exprimer la réaction,
2lJ'0* + 9HFi = 2(Un'l%lIFi) + (U=0=)Fl -t- GHO -i- II,
formule que l'on vérifie en traitant un poids connu d'oxyde vert par l'acide
Iluorhvdrique et pesant les composés résultant de la réaction.
)> Le fluorure d'uranyle (U-O'*)?! peut s'obtenir encore en faisant agir
l'acide fluorbydrique concentré à chaud sur leprotoxyde d'uranium; mais
l'attaque est lente, et l'on obtient plus facilement le fluorure (U-O^)Fl en
opérant avec l'oxyde vert.
)) Cette matière, chauffée dans un creuset fermé, fond au rouge; puis elle
émet des vapeurs très denses, surtout si on la porte au rouge vif. Ces
vapeurs se condensent sur les parois moins chaudes du creuset en une
neige très légère, formée de belles aiguilles blanc jaunâtre et transparentes.
La production de vapeurs cesse bientôt, et il ne reste plus au fond du creuset
que des cristaux noirs et brillants de protoxyde d'uranium.
» Les aiguilles volatilisées sont excessivement solublesdans l'eau, qu'elles
colorent en jaune; leur analyse conduit à la formule U^OFF.
» Ainsi le fluorure d'uranyle, soumis à l'action de la chaleur, se
décompose en oxyfluorure U'OFP volatil qui se sublime et en sesquioxyde
d'uranium; mais ce dernier, très instable, perd une partie de son oxygène
et se transforme en protoxyde qui cristallise au sein de l'atmosphère
fluorée. On a donc
2(U-0=FI)= U=OFi='-i- U=0- + O,
et l'on vérifie cette foimule comme la précédente, en pesant séparément le
protoxyde et l'oxy fluorure auxquels peut donrier naissance un certain poids
de fluorure d'uranyle soumis à la décomposition.
» Le sesquioxyde d'uranium, chauffé, donne habituellement de l'oxyde
vert; mais ici l'action des vapeurs fluorées change le mode de décomposi-
tion et permet la formation du protoxyde cristallisé. Ainsi, il suffit d'ajouter
à de l'oxyde vert U'O' quelques gouttes d'acide fluorbydrique, puis de le
calciner, pour que cet oxyde perde le quart de son oxygène et se trans-
forme en protoxyde cristallisé. C'est là même certainement le moyen le plus
simple d'obtenir ce protoxyde; il est bien plus expéditif que celui qui con-
siste à réduire au rouge l'oxyde vert par un courant d'hydrogène.
» L'oxyfluorure U^OFl- est, comme ou l'a dit, très soluble dans l'eau;
il fond au rouge et se volatilise presque immédiatement, en donnant
d'épaisses fumées qui se condensent snr les parties relativement froides du
( ,.8 )
creuset; l'oxygène de l'air décompose immédiatement la vapeur d'oxy-
fluorure et transforme la neige blanche soluble en une suie noire de
protoxyde qui ne se dissout plus. Il arrive même que des aiguilles d'oxy-
fluorure, brusquement chauffées à l'air, deviennent noires et conservent
leur forme, quoique entièrement transformées en protoxyde cristallisé.
» Le fluorure d'uranyle (U'O') FI, chauffé au rouge dans un courant
d'hydrogène, perd peu à peu son fluor et dégage de l'acide fluorhydrique,
qui attaque le tube de verre dans lequel se fait l'opération; il reste finale-
ment du protoxyde cristallisé. Tant que la réaction est incomplète et que
la matière retient du fluor, il suffit de la chauffer fortement en vase clos
pour obtenir un sublimé d'oxyfluorure U-OFP cristallisé.
» Je n'ai pas pu obtenir d'oxyfluorure U^O'Fl, isomère du fluorure
d'uranyie, mais qui, se rattachant au sesquifluorure, compléterait la série
des dérivés fluorés du sesquioxyde d'uranium. »
CHIMIE MINÉRALE. — Sur le poids aloniiqtie et sur quelques sels caractérisliques
(lu scandiuin. Note de M. L.-F. ]\ilso\, présentée par M. Berthelot.
« Après avoir réussi à obtenir une quantité suffisante de scandine pure,
j'ai pu déterminer le poids atomique et étudier quelques sels caractéris-
tiques du métal. La terre a été extraite principalement de Teuxénite; de
plus, M. Clève a bien voulu mettre à ma disposition quelques résidus de
gadolinite et de keilhauite, contenant aussi un peu de scandine.
)) Les propriétés principales de la scandine par lesquelles il est possible
de la séparer de l'ytterbine, avec laquelle elle se trouve toujours mêlée
finalement, sont les suivantes : i° l'azotate de scaiidium se décompose plus
facilement par la chaleur que celui de l'ytlerbine, comme je l'ai montré
précédemment [Comptes rendus, t. LXXXVIII, p. 645); 2" le sulfate de scan-
dium produit dans une solution saturée de sulfate de potasse un sel double
entièrement insoluble, comme le constate l'expérience suivante. Le sulfate
neutre des oxydes mixtes RO = 58, 2G fut traité par la solution dont nous
venons de parler, et, quelques jours après, le sel double précipité fut séparé
de la solution; i*!'',o864 de la terre qui y était encore dissoute et parfaitement
purifiée donnèrent |S', '^486 de sulfate anhydre. Le poids atomique du
métal calculé est égal à 172,88; c'est exactement celui de l'ytterbium.
La terre en solution était donc de l'ytterbine pure. La terre précipitée
comme sulfate double fut aussi purifiée, et son azotate soumis aux décom-
( "9)
positions partielles. Par quatre séries de ces opérations j'ai retiré les quan-
tités suivantes, restant clans les eaux mères :
er
I. 0,3271 du la tone, donnant o,4i)4o de sulfate anliydro. . . RO =80,07
II. o,a3.oo .. 0,5753 » ... R0 = 49,47
•III. o,iG(i5 .. 0,4384 » ... RO=:49,72
IV. 0,1944 » 0,5274 .> ... R0=46,7o
» Quoique le sulfate d'ylterbium soit dans ces circonstances parfaite-
ment soluble, le sel double de scandium contenait un peu d'ytterbine, qui
resta en majeure partie dans l'eau mère après la série I de décompositions
des azotates. Le sulfate de scandine restant après ces opérations fut
traité par H-S; un précipité faible d'un brun foncé fut obtenu par filtration,
additionné d'un peu d'acide nitrique et précipité par l'acide oxalique.
L'oxalalc calciné donna de la scandine parfaitement pure, ce qui est
prouvé par les expériences suivantes, faites pour fixer le poids atomique
du métal. Toutes les déterminations, rigoureusement exécutées, ont donné
le même nombre, quoique j'aie employé dans l'expérience I la terre
telle que je l'ai obtenue immédiatement par la calcination de l'oxa-
late, dans l'expérience II la petite fraction de la même terre retirée par
une décomposition partielle de l'azotate, et dans les expériences III et IV
les fractions qui en restèrent dissoutes dans l'eau mère. En outre, M. ïha-
lén, qui a soumis à un examen spectroscopique cette scandine, n'a pu y
trouver la moindre matière étrangère.
Sciiulino
se
Poitls aiomîquo
Expéi'ionccî.
Terro pesée.
Sulfate oblnmi.
pour 100.
pour 100.
pour Sc'O^.
I
0,3379
0,9343
36, 166
63,834
43,99
Il
0, 3oi5
o,833o
36,, 94
63, 806
44,07
III....
0,2988
0,8257
36,187
63,8,3
44.05
IV
0,3192
0,8823
36,178
63,822
44,02
Moyenne. » » 36,r8i 63,8ig 44, o3
» La scandine Sc^O' est une poudre très légère, infusible, blanche,
essemblant à la glucine ou à la magnésie. Densité : 3,864. Elle se dissout
..ssez facilement à l'aide de l'ébullition dans les acides nitrique et chlorhy-
drique concentrés; à froid elle n'est pas attaquée, et elle ne se dissout que
très lentement au bain-marie; le sulfate s'obtient par des évaporations
r.'-itérées avec l'acide sulfurique. Les solutions des sels neutres ont au
premier moment une saveur douce qui devient immédiatement fort astrin-
gei.te. La scandine n'est pas volatile et ne communique à la flamme
. R., 1880, Semestre. (T. XCI, N" 2.) '^
( 120 )
aucune coloration, mais le chlorure donne un spectre très brillant par
l'étincelle électrique. U hydrale, fort volumineux et gélatineux, ressemble
tout à fait aux hydrates des autres terres rares.
» 'Vazoiale fournit de petits prismes en solution bien concentrée.
Chauffé, ce sel dégage de l'acide nitrique et laisse par refroidissement une
masse fondue, transparente et soluble dans l'eau. Si l'on pousse plus loin
la décomposition, le sel fondu dégage des vapeurs rutilantes, prend une
consistance pâteuse ou se solidifie même; mais l'azotate basique restant
est néanmoins soluble dans l'eau bouillante. Il faut donc chauffer encore
pour obtenir lui résidu insoluble, et la solution, contenant alors l'azotate
fort basique, est blanche, opaque, laiteuse, sans jamais devenir claire, ce
qui est très caractéristique pour la scandine.
)) J.e sulfate de scandiitm a' ohtienl de la même manière que lesel de l'ytter-
bium; le résidu 0|)aque obtenu, chauffé avec précaution à une tempéra-
ture où l'acide sulfurique se volatilise, est le sel anli^'dre Se- O^ , 3S0^; à
une température plus élevée, il perd de l'acide et laisse au blanc de la scan-
dine pure. Ce sel étant traité par un peu d'eau, il ne se dégage pas de cha-
leur, et, quoique le sel soit très soluble dans l'eau froide, il ne donne d'abord
qu'une solution laiteuse, le sel anhydre se combinant assez lentement avec
l'eau, pour se redissoudre de suite; à chaud, on obtient sur-le-champ une
solution claire. Le 5e/ aqtteux Sc^ O'^ , 3S0- -+- 6H^O se sépare d'une solu-
tion sirupeuse du sel précédent en petits agrégats globuleux. Inaltérable
à l'air, il perd 4™'''H'0à 100° et le reste à une température plus élevée.
L'analyse donne 14,26-14,46 et 'y, 16-7,29 H-0, au lieu de 17,88 et 7,44-
» Sulfate double 3K.-0-S0'4- Sc-0', 3SO^. — Les conditions dans les-
quelles on obtient ce sel sont décrites plus haut. Il forme de très petits
prismes, ordinairement groupés en agrégats verruqueux, d'un aspect très
caractéristique, et se dissout très diificileuient dans l'eau, même bouil-
lante, mais nullement dans une solution saturée de sulfate de potasse.
L'analyse a donné 3o,9i-3i,o3 K-0, 1 5, 28-1 5,4 1 Sc-0% 53,2o-53,54 S0%
au lieu de 3i,4o, i5,i4, 53,46.
» Se'lénites. — Le 5e/ neutre s'obtient à l'état d'un précipité amorphe et in-
soluble, enajoutiint une quantité équivalente du sélénite de sodium au sul-
fate, car le résidu laissé sur le filtre ne contient ni scandine ni acide sélé-
nieux. Ce sel, digéré avec 9™"' d'acide sélénieux et évaporé à siccitéà 60°,
laisse un résidu cristallin, insoluble et inaltérable à l'air : c'est du sélénite
acide Sc-0', 3SeO + 3H = 0-SeO. L'analyse a donné 16,46-16, 55Sc=0^
77,20-77,35 SeO", au lieu de 15,89 et 77,80.
( -s. )
« Oxalale Sc=0% 3CrO=+ GIIH). - Une solution du sulfate de scan-
dium, traité avec l'acide oxalique, se comporte parfaitement comme celle
de ryiterbium. L'oxalate, assez solublc dans les acides étendus, même
dans l'eau, est inaltérable à l'air, mais perd deux tiers de son eau à loo".
L'analyse a donné 29,4980=0' et 16, /|3 H*0, au lieu de 29,57 et
i5,65.
» La composition Sc^O^ de la terre est constatée par les faits suivants :
i^la scandine se trouve avec d'autres terres rares R^O' dans les minéraux;
2° les solutions de scandium et d'ytterbium se comportent de la même
manière avec l'acide oxalique; 3" entre les azotates de scandine et d'ytter-
bineil y a beaucoup d'analogie à une température élevée; 4° 1" composition
du sel double 3K-0=S0- -+- ScH.)% 3S0= constate que la scandine appar-
tient au groupe des métaux de la gadolinite et de la cérite, tous ces mé-
taux donnant des sels de la même composition typique; 5° l'insolubililé du
même sel dans une solution saturée de sulfate de potasse signale le scan-
dium en particulier comme membre du groupe delà cérite; 6" par la com-
position des séléniles, la terre présente beaucoup d'analogie d'un côté
avec ¥=0% Er=0% Yb^O% qui dans les mêmes circonstances ont donné des
sélénites neutres, d'un autre côté avec Ai=0% ln=0% CeH)% La^O', qui
ont fourni dans les mêmes conditions des sels acides absolument analogues,
comme je l'ai montré autrefois; j'ai obtenu aussi avec GPO' un sélénite
de la même composition; 7° le poids atomique du scandium est égal à 44 ;
c'est celui que M. Mendéleeff a attribué à l'élément prédit ékabore; les
découvertes du scandium et du gallium confirment les spéculations de
ce savant, qui a su prédire l'existence de ces éléments et en déterminer
d'avance les propriétés principales; 8"^ la cbaleur et le volume molé-
culaires de la terre et du sulfate font de la scandine comme un membre
intermédiaire entre la glucine et l'yltria. »
cniMilî ORGANIQUE. — Acliou ultime du brome sur l'acide malonique ;
biomoforme. Note de M. E. Bocrgoin, présentée par M. Berthelot.
« Les premiers termes de la série des acides bibasiques à S'"'' d'oxygène
donnent, sous l'influence du brome, des produits ultimes dont la nature
est en rapport avec la complication moléculaire, c'est-à-dire avec les quan-
tités de carbone et d'hydrogène que ces acides renferment dans leur mo-
( Ï22 )
léciile. Dans lin beau Mémoire, publié en J 847, M. Cahours a vu que les
oxalales alcalins, traités par le brome, se scindent en acide carbonique et
en bromure alcalin.
» J'ai constaté que, lorsque l'on fait réagir le brome sur une solution
concentrée d'acide oxalique, il se manifeste une vive effervescence, avec
dégagement d'acide carbonique et formation d'acide bromhydrique :
C"II-0* + Br= = 2HBr+ 2CH)\
» D'autre part, indépendamment de la substitution directe du brome à
l'hydrogène dans l'acide succinique, ce qui donne naissance aux acides
mono, bi et tribromosucciniques, j'ai démontré que le brome détermine
finalement la formation d'un nouveau corps cristallisé, l'Ijydrure d'éthy-
lène tétrabromé ou éthane télrabromé, isomérique avec le perbromure
d'acétylène et le bromure d'éthyiène bibromé :
M L'acide malonique, qui vient se placer par sa composition entre les
acides oxalique et succinique, donne lieu à une réaction analogue sous
l'influence du brome.
» Pensant tout d'abord que le brome formerait du perbromure de car-
bone, d'après l'équation suivante,
C«H"0*+4Br== 2C=0"+ C=Br%
j'ai chauffé en tubes scellés le mélange suivant :
Acide malonique 5'''
Brome 10"
Eau I 2<:<:
» L'attaque paraît facile au début, car elle commence déjà à la tempé-
rature ordinaire, et le liquide s'échauffe spontanément; vers 5o° kC)o°, il
se dégage de l'acide carbonique. En portant la température à 120°, même
après dix-huit heures, la réaction est loin d'être complète. Le liquide ayant
ensuite été maintenu pendant le même laps de temps à i45°, il s'est formé
dans chaque tube deux couches distinctes :
» 1° Une couche supérieure, aqueuse, contenant un excès de brome
qui n'entre pas en réaction; 2° une couche inférieure, dense, douée d'une
odeur éthérée.
( '23 )
» A l'ouverture des tubes, il se dégage de l'acide carbonique en abon-
dance et de l'acide bromliydrique. Le même résultat est obtenu plus rapi-
dement en chauffant à 170", pendant six heures seulement, le mélange
suivant :
Acide malonique 5^'', 2
Brome 8™
Eau i2«
» L'eau mère, après une légère concentration, abandonne une notable
quantité d'un acide brome, bien cristallisé, qui répond à la formule de
l'acide Iribromacélique. D'ailleurs, cet acide fond à i35°, comme celui
qui a été obtenu par M. Gai, en traitant par l'eau le bromure d'acélyle
tribromé.
). Le liquide dense qui s'est déposé au fond des tubes, après lavage avec
une dissolution étendue de potasse caustique, est incolore, d'une odeur
éihérée agréable, rappelant celle du chloroforme; sa saveur est chaude et
sucrée. Il se solidifie à quelques degrés au-dessous de zéro et passe entiè-
rement à la distillation à iSo-iSa". Il possède, en un mot, les propriétés
et la composition du bromoforme.
» 0,497 ont donné '>''o de bromure d'argent; soit 94,9 de brome. Sa
formule, C-HBr% exige 94, 86.
» La facilité avec laquelle l'acide carbonique prend naissance aux dé-
pens de l'acide malonique pouvait faire croire que ce dernier est d'abord
attaqué par le brome et transformé en acide acétique; que celui-ci donne
ensuite de l'acide tribromé qui se dédouble à son tour en acide carbonique
et en bromoforme. Cette filiation ne s'est point vérifiée.
» A la vérité, lorsque l'on chauffe au bain d'eau seulement de l'acide
malonique, du brome et de l'eau, il se forme une petite quantité d'acide
acétique que l'on peut isoler par distillation, ce qui rend compte de la
présence ultérieure de l'acide tribromacétique. Mais lorsque l'on substi-
tue l'acide acétique à l'acide malonique et que l'on chauffe le mélange
Suivant :
Acide acétique 4^"^
Brome 1 o'^S 7
Eau 12''
le tout reste limpide et homogène, même après six heures de chauffe à la
température de lôo**.
( 124 )
» Il faut donc conclure de ces faits que l'acide malonique, en majeure
partie du moins, est attaqué par le brome avec formation d'acides bromes,
peu stables dans les conditions de l'expérience, de telle sorte que la réac-
tion finale est exprimée par l'équation suivante :
C''H''0«+ 3Br-= 2C=0' + 3HBr + C-HBr' ;
réaction comparable à celle qui fournit l'éthane tétrabromé au moyen de
l'acide succinique. "
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur i éUiév'tficalion de l'acide sulfuiique. Note
de M. A. ViLLiERS, présentée par M. Berthelot.
« 1. L'acide sulfurique, en qualité d'acide bibasique, peut, en présence
de l'alcool, donner naissance à un éther acide et à un éther neutre; mais
la proportion de ce dernier est extrêmement faible, ainsi que je l'ai indiqué
précédemment ('), et l'on peut très approximativement représenter la pro-
portion d'acide transformé en acide éthylsulfurique, en prenant le double
de l'acide réellement neutralisé.
« 2. Les résultats fondamentaux relatifs à l'éthérification de l'acide
sulfurique ont été établis par M. Berllielot (-), qui a constaté que, l'acide
sulfurique et l'alcool étant mis en présence, leur combinaison se produit
avec une vitesse variable avec les conditions dans lesquelles on opère le mé-
lange, et que la proportion d'acide neutralisé tend vers une limite qu'elle
ne peut dépasser, limite inférieure à celle qui est atteinte dans l'éthérifica-
tion des acides organiques.
» M. Berthelot a constaté aussi que cette limite s'abaisse sous l'influence
d'une température de ioo° suffisamment prolongée, et il a expliqué cette
rétrogradation par la production de l'éiher ordinaire.
» 3. Cette rétrogradation est un phénomène général et s'observe avec
tous les mélanges, quelles que soient leurs proportions, s;i l'on maintient
suffisamment la température de ioo°, et il se produit un équilibre nou-
veau, distinct de celui qui correspond à la température ordinaire et dans
lequel l'éther ordinaire entre en jeu.
^') Comptes rendus, t. XC, p. rigi.
[') Bulletin de la Société chimique, t. XIX, p, 295.
C'HM)'.
'icni"0'.
:4/i
83,2
72,-
■>
64,3
76,0
4(j,5
53,9
45,3
34,7
44,'
32, I
( '25 )
» L'exemple suivant montre la marche de cette rétrogradation à ioo°:
Proportion ('■ihoriliéc sur 100 parties
S'HM)"-H
Ail (!el)tir ''9iO
Après i5 minutes 58,0
>' 2 ~ heures 49 '3
36 lieures 45,5
>' (19 lieiires 4^ ,5
1 154 heuras »
» On voit que la rétrogradation est déjà commencée après un quart
d'heure. Au bout d'iui temps suffisant, la proportion éthérifiée s'est abaissée
de près de | pour la première liqueiu-, des | environ pour la seconde, et de
près des | pour la troisième. Elle diminue aussi pour les liqueurs moins
riches en acide, mais plus lentement, et la limite n'a pu être atteinte après
cent cinquante-quatre heures à ioo°. Cependant, la limite de cette rétro-
gradation paraît moins reculée pour les mélanges contenant beaucoup
d'alcool, et elle parait passer par un maximum correspondant à une cer-
tnine composition de la liqueur initiale.
» Cette rétrogradation s'observe aussi à ioo° avec les mélanges conte-
nant de l'eau au début; elle est même plus considérable dans ce cas, comme
le montre l'exemple suivant :
Proportion cthéritîée sur 100 parties
S'H=0'-)-C'H'0=^
; HO.
Au début 53,0
Après 1 ") iiiiniiles 49)9
» 2 '- heures 4^17
69 heures 38 , 2
« i54 heures 37 ,0
» Je me suis assuré que cette rétrogradation doit être attribuée exclusi-
vement à la formation de l'éther ordinaire, de sorte que la variation du
coefficient d'éthénfication de l'acide sulfurique peut permettre de juger les
proportions d'éther qui se produisent; les proportions les plus considé-
rables paraissent ainsi correspondre aux mélanges contenant de l'eau et en
même temps un excès d'alcool.
» 4-. Cette formation d'éther et la rétrogradation qui en résulte n'ont
pas lieu seulement aux températures élevées, telles que celle de l'eau bouil-
HO.
2H0.
48,4
4",o
1 3() , 3
34,.
35,7
?8,o
33,8
27,5
( >26 )
lante, mais aussi à des températures beaucoup plus basses, ainsi que le
montre l'exemple suivant de mélanges abandonnés pendant plusieurs mois
à la température de 44°-
Proportion élliérifiéc sur loo parties.
S'H=0»-t-
r/H=0'. C'H^O' + jHO. C*H'0' + HO.
Au début SgtO 53, o 48j4
Après ôgjoiirs 4^)7 42>i 39,4
>> 14?- 44 'S 37,9 36,0
» 231 » 44)5 37,4 33,6
» Ces résultats montrent que la rétrogradation tend encorevers une limite
fixe à 44°- O''» de la comparaison des limites qui correspondent aux tempé-
ratures de 44° et de 100° ressort un résultat intéressant : l'identité de ces
limites.
» 5. La rétrogradation paraît commencer à se produire aussi, quoique
très lentement, dès la température ordinaire.
» 6. Les limites atteintes à 100° et à 44° montrent que deux équilibres
différents peuvent s'établir dans les mélanges d'acide sulfurique et d'alcool,
suivant que l'étlier ordinaire se produit ou non dans ces mélanges. La pro-
duction de ce dernier corps paraît du reste se produire, quoique avec des
vitesses fort différentes, à toutes les températures. Le premier équilibre
est très rapidement atteint (en quelques heures pour les mélanges à équiva-
lents égaux d'acide et d'alcool), après quoi le second équilibre s'établit
lentement. 11 en résidte que le coefficient d'éthérification augmente d'abord
rapidement et passe par un maxinumi, qui, si la température n'a pas été
trop élevée, correspond à l'équilibre instable qui peut s'établir en l'absence
de l'éther ; après quoi il diminue et devient égal à celui qui s'établit en pré-
sence de l'éther, ce dernier équilibre étant indépendant de la tempéra-
ture.
» On conçoit d'ailleurs que la valeur du coefficient correspondant au
maximum puisse être plus ou moins élevée. Si l'éthérification de l'acide
sulfurique et sa transformation en acide sulfovinique et en éther sulfurique
neutre commence à une haute température, 1 éther ordinaire pourra se
former dès le dél)ut, quoique avec ime vitesse beaucoup moins grande que
celle qui correspond à l'éthérification de l'acide sulfurique, et le maximum
pourra être inférienr à celui que l'on observe à la température ordi-
naire.
» 7. De même que pour les hydracides, l'éthérification cesse complète-
( '^7 )
mont à partir d'une certaine dilution; mais, contrairement à ce qui a lieu
pour ces derniers, ce sont les mêmes solutions qui cessent de s'élhérifier à
la température ordinaire et à loo". »
ZOOLOGIE. — Sur la ponte du Pleurodeles Waltlii. Note de M, L. Vaillant,
présentée par M. Blanchard.
« On a pu obtenir dans ces derniers temps, à la Ménagerie du Muséum,
la reproduction d'un Batracien urodèle bien connu, le Pleurodeles TValllii
Michaelles, qui n'avait pas jusqu'ici été étudié sous ce rapport, quoique
appartenant à la faune européenne.
» Au mois de mai 1879, je remarquai, avec M. Desguez, un changement
dans la forme de la queue chez les mâles de ces animaux; les crêtes mem-
braneuses, supérieure et inférieure, étaient visiblement plus développées.
Peu de temps après, nous fûmes témoins des actes préparatoires de l'accou-
plement. Ils sont des plus singuliers et, tout en rappelant ce qu'on
connaît pour différents Batraciens du même groupe, offrent des particularités
importantes à signaler.
» Le mâle vient se placer sous la femelle, de telle sorte que la partie
supérieure de sa fête réponde à la région gulaire de celle-ci. Il embrasse
alors les membres antérieurs de sa compagne en élevant les siens propres;
sa patte passe successivement en arrière, en dehors, puis en avant du bras
de l'autre individu, enfin les doigts viennent s'appliquer dans l'aisselle et
compléter le circuit. Le couple se trouve ainsi solidement uni, et même, la
couleur sombre, identique dans les deux .sexes, aidant à la confusion, il
faut y regarder de près pour reconnaître la position réelle des parties et
bien distinguer ce qui appartient à chacun des deux animaux. Le mâle
nage çà et là entraînant la femelle, la(]uelle paraît inerte et ne fait aucun
mouvement ; de temps à autre il se laisse couler à fond sur le sol, détache
une de ses pattes, celle de droite dans les observations assez nombreuses
que nous avons pu faire, et pivote autour du membre gauche, qu'il con-
tinue de tenir serré avec le sien; dans celte manœuvre, il s'étend d'abord
en face de la femelle, les extrémités des deux museaux à peu près l'une
contre l'autre, puis il continue son évolution pour se placer parallèlement
à son côté gauche. Sa queue, à ce moment, exécute de rapides ondula-
tions, une sorte de frémissement qui rappelle les mouvements analogues
décrits par Rusconi chez le Triton crété; par intervalles il cherche à se
C R., iS8o, -i' Semestre. (T. XCI, N" 2.) I 7
( 1^-8 )
renverser sous la femelle pour rapprocher son orifice cloacal du sien ;
suivant toute probabilité, c'est ainsi qu'a lieu l'accouplement effectif,
mais nous n'avons pu jusqu'ici en avoir la certitude. Au bout d'un temps
variable, le mâle reprend sous la femelle sa première situation et se met à
nager de nouveau; ce n'est qu'après avoir répété plusieurs fois ce manège
que les animaux se séparent définitivement.
» A l'époque où pour la première fois ces faits furent observés, ils n'a-
vaient été suivis d'aucun résultat, mais cette année, vers le milieu de fé-
vrier, les Pleurodèles s'accouplèrent de nouveau, et le aS de ce même
mois on vit commencer la ponte, qui se continua pendant au moins deux
mois et demi ; toutefois, elle fut surtout abondante au début, et c'est par
centaines que les œufs ont pu être recueillis.
» Ces œufs, assez semblables à ceux des Axolotls, sont fixés aux corps
submergés, particulièrement aux pierres, et isolés les uns des autres, c'est-
à-dire sans connexions réelles, si, comme cela est fréquent, ils sont rap-
prochés. La sphère albumineuse, transparente, mesure 7™"' à 10""" de
diamètre, l'œuf proprement dit n'ayant guère que 2""". Celui-ci est, au
début, noir dans son hémisphère supérieur, sauf un point polaire central
dont la teinte est jaunâtre, comme celle de l'hémisphère inférieur; au bout
de trois ou quatre jours, il prend en totalité la couleur jaune, et l'on dis-
tingue la boucle produite par l'évolution de la ligne primitive.
» Il me paraît inutile d'insister ici sur le développement, qui ne présente
rien de spécial. En plaçant les œufs dans les medleures conditions de
chaleur et de lumière, les petits sont sortis de l'œuf du seizième au vingtième
jour après la ponte. Les crochels d'adhérence disparaissent au treizième
jour à partir de l'éclosion : les jeunes têtards possèdent à cette époque un
bras Iridactyle; onze jours plus tard, les membres postérieurs ont déjà
un certain développement. Enfin des animaux de deux mois et demi en-
viron mesurent o'",07 à o™,o8, les branchies sont atrophiées et ils ont,
sauf la taille, revêtu les caractères de l'adulte.
» On doit noter, car le fait n'est pas général chez les Urodèles, que les
Pleurodèles ïFalUii observés à la Ménagerie du IMuséum ont accompli toutes
leurs transformations sans sortir de l'eau, et les plus développés s'y tiennent
encore habituellement. »
'-"'.) )
ZOOLOGIE. - Des glandes salivaires citez lea Odonales [Insectes névroplèi es).
Note de M. N. Poletaieu, j)résentée par M. Blanchard.
« Les glandes salivaires des Odonates, niées par les entomologistes,
existent chez toutes les espèces des trois familles de ce sous-ordre d'Insectes.
Elles présentent dans leur structure des caractères communs aux glandes
acineuses et sont constituées par les lobules ou grains glanduleux [ndni),
dont les canaux excréteurs s'unissent peu à peu en deux conduits princi-
paux, un seul pour chaque gLiude. Ces lobules, allongés et d'une forme
ovale, sont plus nombrenx chez les ^schnidées et les Libellulidées que
chez les Agrionidées. VJEsclina grandis L., par exemple, en a plus de cent
cinquante, tandis que chez la Lestes sponsa Hansem. on n'en compte que
soixante, En outre, dans les deux familles mentionnées en premier lieu, ces
lobules sont plus serrés et plus entrelacés par les trachées.
» Les glandes salivaires sont situées dans le prothorax, près ou au-dessus
du premier ganglion thoracique. En général, elles se trouvent en avant
de celui-ci et en même temps en avant de l'abaisseur antérieur d'aile. Dans
quelques Libellulidées, les plus petites, elles sont plus refoulées; elles at-
teignent même l'élévateur de l'aile antérieure [LibeUula scolica Douov., par
exemple). La grappe entière affecte une forme ovalaire.
» Chacun des deux canaux principaux, après avoir gagné l'intérieur de la
tête, s'élargit en un sac ou une ampoule de forme ovale ou sphérique, se
prolonge ensuite en un tube très court et s'abouche avec son congénère
pour constituer un conduit unique, qui s'ouvre directement dans la bouche,
au-dessous de la languette (ligiila). »
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — De l'action des températures élevées et humides
et de quelques substances chimiques {benzoate de soude, acide benzo'ique
acide sulfureux) sur la ger'mination.l^ule de M. E. Ueckel, présentée par
M. Duchartre.
« Le 20 juin 1876, un pharmacien de Nancy avait préparé, pour les
besoins de son officine, du soujre lavé. Cette substance, ainsi privée d'acide
sulfurique et d'acide sulfureux, après avoir été étendue encore humide sur
une caisse en bois très peu profonde, fut placée dans une éttive main-
( '3o )
tenue, pendaHt le jour seulement, entre l\o° et 60° C. Au-dessus du casier
à soufre se trouvaient, dans la même étuve, des semences de Brassica
îiigra (Moutarde noire), qui, pendant qu'un manoeuvre les agitait, tom-
bèrent sur le soufre humide. Dans ce milieu, grâce à la chute de tempé-
rature pendant la nuit (le thermomètre descendait à 20° environ), elles
germèrent très rapidement, et le 21, à lo** du matin, c'est-à-dire vingt-
deux heures environ après leur chute sur le soufre, elles avaient fourni
des pousses de o*", 01 5 de long. A midi, le 22, les germes mesuraient o^jOaS,
mais ils étaient flétris, le soufre ayant perdu toute son humidité. J'attri-
buai d'abord au soufre, sur la foi des auteurs (Delmer, dans Vergleicliende
Physiologie des Keimurujsptocess der Samen, 1880, p. 5i3, réédite cette
erreur), l'accélération de la germination; mais des expériences, dont j'ai
publié le détail ('), me prouvèrent que les fleurs de soufre n'agissent sur
la germination comme accélératrices ou retardatrices que d'après la dose
d'acide sulfurique qu'elles renferment. Je repris dès lors l'étude du phéno-
mène, en recherchant l'action des températures élevées humides, non
continues. Dans la longue série d'expériences que je dus faire pour repro-
duire le fait initial, je fus conduit à employer comme substratum très
humide et très spongieux, capable de remplacer avantageusement le soufre
en accentuant ses qualités, une éponge bien lavée et exempte de sels ma-
rins. Bien imbibée d'eau distillée, cette éponge était placée sur le fond
d'une assiette constamment recouvert d'une couche de même eau, et le
tout était enfermé dans une étuve de Wisnegg, maintenue à ^6° au moyen
d'un régulateur Schlœsing. Des graines de Brassica nicjra avaient été semées
au préalable sur l'éponge et sur le fond de l'assiette. En moins de douze
heures, sous l'influence de cette température humide, des radicules s'étaient
formées dans un grand nombre de graines semées sur l'éponge ; par contre,
rien de semblable ne s'était formé dans les graines immergées dans l'eau
à 48°, et, maintenues dans ces conditions, elles ne germèrent jamais. Les
graines, ayant émis leur radicule, s'arrêtaient là si la température était
conservée à 48°; mais, en la faisant descendre à 20° ou mieux à 1 7°, 5 (degré
favorable), j'obtenais un développement rapide des germes, comme dans
l'étuve de Nancy. Ni le Sinapis alba ni le Lepidiuin sativum n'ont permis la
reproduction du phénomène, bien que l'une et l'autre de ces graines aient
à peu prés le même degré favorable que la Moutarde noire. Il est bon de
(') Bulletin de la Société botanique et horticole de Provence. Marseille, novembre 1879,
j). 93 et suiv.
( li. )
(lire que, daiis les conditions normales, les graines, qu'elles soient im-
mergées dans une faible quantité d'eau ou semées sur des éponges
humides, germent dans le même temps, ce qui nous conduit à admettre
que le fait singulier propre au Brassica nigrn ne reconnaît pas pour cause
une plus prompte imbibition des membranes, comme c'est le cas, par
exemple, quand on fait agir de l'eau légèrement acidulée sur les graines
amylacées.
» Le benzoate de soude ayant été préconisé comme arrêtant le dévelop-
pement des ferments, j'ai cru devoir rechercher son action sur la germina-
tion. Employé à la dose de 05*^,13 pour loo^"' d'eau distillée, j'ai constaté
que, pendant toute la durée du contact de la solution avec diverses graines
[Brassica nnpiis, B. nigra, Phaseolics vidgaris, Fagopyntin esciilenlum), le
processus a été suspendu. Après huit jours d'expérience, j'ai remplacé
la solution saline par l'eau distillée, et le phénomène a pris sa marche ordi-
naire. L'acide benzoïque paraît agir d'une façon plus active, car, à la même
dose en solution dans l'eau, la germination n'a jamais repris son cours
après suspension de son aclion.
» Pour arriver à connaître l'action de l'acide sulfureux, indépendam-
ment de l'acide sulfurique, qui se forme toujours dans les solutions aqueuses
de ce premier corps, j'ai semé mes graines, non plus dans l'appareil de
Nobbe, comme dans les expériences ci-dessus, mais sur du carbonate de
chaux pur. L'acide sulfurique contenu dans la solution se portait sur le
calcaire et laissait ainsi l'acide sulfureux agir isolément sur les graines.
Les plus petites quantités de cette solution saturée ont suffi pour sus-
pendre, mais non définitivement, la germination dans toutes les graines
sur lesquelles j'ai expérimenté (Crucifères, Polygonées, Tropasolées, Géra-
niacées). Seules les semences de Siiiapis alba furent suffisamment altérées
pour ne pouvoir plus germer après l'évaporation de ce corps gazeux :
l'altération se traduit au dehors par un changement de couleur; elles
deviennent verdâtres. Celles de Brassica nigra, mais en petit nombre, ont
germé quand, après huit jours de contact avec l'acide, on les a arrosées avec
de l'eau ordinaire. »
PHYSIOLOGIE. — De faction de la strj'chnine à très forte dose sur les Mammifères.
Note de M. Ch. Richet, présentée par M. Vulpian.
« On sait que la strychnine est un poison qui, à la dose de o^^Goa
à o8',oo3, tue rapidement un chien de moyenne taille. M. Rosenthal
( i32 )
a montré qu'en pratiquant la respiration artificielle on diminue les
convulsions strychniques, et qu'on atténue les effets du poison, de telle
sorte qu'il faut une dose double pour produire la mort. MM. Leube,
Pauscliinger, Buchheiui ont. fait sur le même sujet des expériences assez'con-
tradictoires, mais qui, en général, confirment les expériences de M. Ro-
senlhal.
» Or, j'ai constaté qu'avec la respiration artificielle on pouvait, sans
produire la mort immédiate de l'animal, lui faire absorber vme dose cent
fois plus forte de strychnine (soit, par exemple, oS', 5 de chlorhydrate de
strychnine à un chien de lo^i^'). On peut alors observer des phénomènes
tout à fait différents de ceux que produit la strychnine à faible dose. C'est,
en quelque sorte, un nouveau poison dont les effets sont intéressants à
étudier.
» Si, après avoir adapté une canule à la trachée, on injecte sous la peau
(d'un chien ou d'un lapin) ou dans la veine saphène (') o^"', oi de chlor-
hydrate de strychnine, presque aussitôt l'animal est pris d'une violente
attaque convnisive. Cette attaque serait mortelle sans la respiration arti-
ficielle ; mois, si on pratique l'insufflation pulmonaire, l'attaque cesse au
bout de quelques secondes, et le cœur, après une période de batlements
convulsifs et précipités, reprend un rythme plus régulier.
» On peut alors injecter successivement des doses de phis en plus fortes
de strychnine sans déterminer la mort de l'animal. Les phénomènes d'in-
toxication sont différents suivant la dose injectée. Il y a d'abord une période
lélanique (c'est celle qui a été observée par la plupart des auteurs); plus
tard, une période co/iuw/sùie, caractérisée par des contractions spasmodiques,
incessantes, de tous les muscles. Un peu plus tard encore, quand la quan-
tité de strychnine absorbée dépasse o^"^, oi par kilogramme de l'animal, ap-
paraît une période qu'on pourrait appeler choréique. Elle est caractérisée
par des secousses violentes, rythmiques, très brusques et très courtes, et
se répétant à des intervalles de trois à quatre secondes environ. Dans ces
intervalles, l'animal est en résolution presque complète. A une dose dépas-
sant oS'^,o4 par kilogramme de l'animal, les mouvements choréiformes ne
peuvent se produire; c'est une dernière période, qu'on pourrait appeler
(') L'attaque strychnique survient très rapidement. Dans un cas, après l'injection de
o'^oa, l'attaque s'est produite quatorze secondes après l'injection. On peut ainsi apprécier
le teniD nécessaire pour qu'une molécule de sang passe de la veine saphène dans le cœur
droit a La pression artérielle, qui s'était élevée énormément au début del'in-
toxication, diminue graduellement (dans un cas, de C", 34 de Hg à o^jOo).
La température rectale subit des variations analogues. Elle s'élève pen-
dant les convulsions à 4i° et même 42°:, pour tomber à 36° environ,
pendant la période de résolution.
» Des chiens et des lapins ayant reçu des quantités énormes de strych-
nine (soit o,o5 par kilogramme de l'animal) peuvent ainsi vivre pendant
plusieurs heures, quatre heures et même plus. L'interruption accidentelle
de la respiration artificielle a été le plus souvent, dans mes expériences, la
cause de la mort. Il est en effet à remarquer que, dans la période de réso-
lution stry clinique, il suffit d'interrompre la respiration artificielle pendant
quelques instants, une demi-minute par exemple, pour que lesmouvemenls
du cœur s'arrêtent aussitôt. De même une hémorrhagie, si faible soit-elle,
amène immédiatement la mort.
» D'ailleurs, pour que l'expérience réussisse, il faut injecter la strychnine
aveciine certaine lenteur (par exemple, o^'', 5 en une heure). Il faut surtout
que la respiration artificielle soit très puissante, et la ventilation pulmonaire
très énergique. Aussi réussit-on mieux avec des lapins et des chiens de
petite taille qu'avec les chiens pesant la''^ et plus.
» Si, au lieu d'injecter des doses massives, on injecte des doses plus faibles
de strychnine, soit, par exemple, ofî'^,001 par kilogramme de l'animal, la
mort survient très vite, par syncope. Le cœur s'arrête tout d'un coup. Cette
syncope n'est pas mortelle d'abord; mais, après trois ou quatre syncopes,
il en survient une autre, définitive, et l'animal meurt. Lorsque la dose
injectée est de o,o5 (par kilogramme), on ne voit pas survenir de pareilles
syncopes. Il y a là un véritable paradoxe physiologique dont on ne trouverait
pas ailleurs beaucoup d'exemples.
» Quand la quantité de strychnine absorbée a été très forte, on peut
constater que le pneumogastrique agit à peine sur le cœur. Mais, pour que
cet effet soit obtenu, il faut que la dose dépasse o,o5 (par kilogramme). Les
muscles conservent leur excitabilité normale; quant aux nerfs moteurs,
quoique leur action sur les muscles soit très diminuée, je n'ai jamais pu
constater son abolition complète.
( '34 )
» Il semble donc que l'absence complète de mouvements spontanés ou
réflexes soit due plutôt à l'abolition des fonctions de la moelle qu'à la
perte de fonctions des nerfs moteurs et des plaques motrices terminales.
L'animal est dans un état analogue à celui d'un animal chloralisé ou
alcoolisé. Ainsi la strychnine à très forte dose agit un peu comme le curare
et un peu comme le chloral.
» On ne peut malheureusement espérer avoir dans la respiration arti-
ficielle un moyen héroïque de combattre les empoisonnements par la
strychnine. En effet, à mesure que la dose diminue, par élimination du
poison, les phénomènes cardiaques (affaiblissement du cœur et syncope)
s'accentuent, et la mort survient par arrêt du cœur. Toutefois, comme la
prolongation de la vie, ne fût-ce que pour quelques heures, est une indica-
tion formelle, je pense qu'en présence d'un empoisonnement grave par la
strychnine il sera absolument nécessaire de recourir à la respiration arti-
ficielle, et de la faire énergiquement par la Irachée ouverte.
» Avec la strychnine monochiorée (') ces phénomènes sont plus nets.
L'étude physiologique de cette substance permet de mieux connaître le
mode d'action de la strychnine : j'y reviendrai prochainement ('). »
HISTOLOGIE. — Altérations des tubes nerveux des racines nerveuses antérieures
et postérieures et des nerfs cutanés, dans un cas d'iclithj^ose congénitale géné-
ralisée. Note de M. H. Leloir, présentée par M. Vulpian (').
« Dans une Note précédente, que nous avons eu l'honneur de présenter
à l'Académie des Sciences (29 décembre 187g), nous avons décrit des lé-
sions des nerfs cutanés dans un cas d'ichthyose congénitale.
» Nous avons pu constater des lésions analogues chezun malade atteint
de lamême affection, mort le 22 juillet 1880, dans le service de M. Raynaud,
à la Charité. (Les lambeaux cutanés furent recueillis aussitôt après la mort,
et les filets nerveux furent examinés après avoir été plongés dans l'acide
osmique au deux-centième et colorés ensuite au moyen du picrocarmin.)
Un assez grand nombre des tubes nerveux de ces nerfs cutanés présen-
(') M. G. Bouchardat et moi, dansie laboratoire de M. Berthelot, nous avons pu préparer
cette substance et en étudier les propriétés.
(') Travail du laboratoire de M. Vulpian, à la Faculté de ^lédecine.
(') Travail du Laboratoire de Pathologie expérimentale de la Faculté.
( i35 )
taient des lésions semblables à celles que nous avons décrites dans la Note
précédente
» Mais, outre ces altérations des nerfs cntanés, nous avons pu constater
avec la plus grande netteté des altérations évidentes dans un certain
nombre des tubes nerveux des racines antérieures ou postérieures. (Les
tubes dégénérés étaient plus abondants dans les racines postérieures.) T^es
racines furent examinées après avoir été traitées d'après les procédés ordi-
naires. Nous pûmes ainsi voir qu'un assez grand nombre de tubes nerveux
avaient subi une dégénérescence complète et présentaient les lésions de la
névrite dégénérative atropliique : gaines vides présentant un aspect monili-
forme(la gaine de Scbwann seule persistant et offrant de dislance en dis-
tance des noyaux), disparition complète de la myéline et du cylindre-axe;
en somme, lésions ultimes de la dégénérescence des nerfs. Quelques très
rares tubes nerveux présentaient des lésions plus récentes : fragmentation
de la myéline en gouttelettes et même résorption totale de cette substance
en certains points, disparition du cylindre-axe, apparition d'une matière
colorée en jaune par le picrocarmin dans l'intérieur de la gaine, multipli-
cation des noyaux.
» Les ganglions spinaux n'ont malheureusement pas été examinés. La
moelle que nous faisons durcir en ce moment sera l'objet d'une Communi-
cation ultérieure s'il y a lieu. »
PATHOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — De l'immunité pour le charbon, acquise à la
suite d'inoculations préventives. Note de M. H. Toussaint, présentée par
M. Bouley.
K Les nombreuses expériences que j'ai faites dans ces dernières années
sur la maladie charbonneuse m'ont démontré que la bactéridie, lorsqu'elle
est introduite dans l'économie des animaux aptes à contracter le charbon,
ne s'y trouve pas dans des conditions absolument normales, quoique son
développement se fasse toujours, dans les races françaises du mouton et
chez le lapin, d'une façon suftisante pour entrainer la mort. Elle végète
néanmoins péniblement, et l'on peut en donner comme preuve qu'elle
n'arrive jamais, dans les tissus ou les liquides d'un animal, à parcourir la
période complète de son développement : elle n'y donne jamais de spores, sa
multiplication se fait toujours par une division du mycélium.
M D'un autre côté, certains animaux ne contractent jamais le charbon,
C. R., iS8o, 2' Semestre. (T. XCI, f>« 2.) ï^
( i36 )
quoique leurs conditions de vie parai ssent semblables à celles des espèces
qui le prennent avec la plus grande facilité : tel est le porc. Enfin, d'autres
animaux deviennent facilement charbonneux dans leur jeunesse et perdent
cette faculté dans l'âge adulte ou dans la vieillesse; telles sont les espèces
du chien, du cheval, de l'âne, chez lesquels les jeunes sujets succombent
toujours à l'inoculation, tandis que plus tard un grand nombre résistent.
» M. Chauveau a même démontré que, dans une race de moutons d'Al-
gérie, le plus grand tiombre des sujets est réfractaire à l'infeclion bactéri-
dienne.
» Ces diverses observations m'ont donné l'idée de chercher à mettre
l'organisme dans des conditions telles que la bactéridie n'y trouve plus les
conditions de son développement, et j'ai fait de nombreuses expériences
dans ce but. Après des essais infructueux, je suis enfui arrivé, avec un
moyen d'une grande simplicité, à empêcher la bactéridie de se multiplier
chez les jeunes chiens et chez le mouton ; en d'autres termes, je puis vac-
ciner actuellement des moutons qui résistent aux inoculations et aux injec-
tions intra-vasculaires de quantités considérables de bactéridies; que ces
bactéridies soient à l'état de spores et obtenues par culture, ou qu'elles
soient à l'élat d'articles courts comme on les trouve dans le sang des ani-
maux qui viennent de mourir.
» Voici le récit des expériences terminées jusqu'à présent et qui dé-
montrent pleinement l'assertion que je viens de faire.
» Chiens. — Je me suis assuré que les chiens, de la naissance jusqu'à six
mois, contractent très facilement le charbon par de simples piqiâres et
qu'ils meurent en présentant de très grandes quantités de bactéridies dans
le sang, en même temps que des lésions locales et ganglionnaires extrême-
ment graves.
» Huit jeunes chiens de chasse, provenant de trois mères, ont été mis en
expérience. Quatre ont été vaccinés par le procédé que j'adopte, et quatre
ne l'ont pas été. J'avais choisi mes animaux de telle sorte, que dans l'iui et
l'autre lot il y eiàt des frères.
» Les quatre animaux vaccinés ont résisté à quatre inoculations succes-
sives par piqûres ou injections de sang charbonneux sous la peau.
» Les quatre témoins non vaccinés ont succombé à la première inocula-
tion en deux à quatre jours avec œdème considérable autour du point
d'inoculation; le ganglion le plus rapproché avait augmenté de dix à
quinze fois son volume primitif; il était farci de bactéridies : leur nombre
dans le sang dépassait celui des globules.
( i^^7 )
0 A la première inoculation de charbon, les animaux vaccinés eurent
nn peu de fièvre, et chez deux il y eut un très léger œdème au point
inoculé. Les autres piqûres d'inoculation se comportèrent comme des plaies
simples.
» Moutons. — Ils appartiennent tous à la race du Lauraguais, sur la-
quelle le charbon dit spontané fait souvent de grands ravages. Mes expé-
riences ont porté sur onze de ces animaux. Cinq furent inoculés du charbon
une seule fois, mais à diverses époques, et en moururent en deux ou trois
jours. Je n'ai jamais vu d'ailleurs aucun mouton de cette race, qui sert
depuis trois ans à mes expériences, résister aux bactéridies, quelle que
fût la quantité inoculée.
» Les six animaux restants ont été inoculés préventivement. Après une
seule vaccination, deux furent inoculés du charbon et l'un d'eux mourut
avec les caractères ordinaires. Je fis aux cinq qui restaient une nouvelle
vaccination et, depuis un mois environ, j'ai fait à chacun trois inocula-
tions sous-cutanées avec du sang charbonneux de chien, de lapin, de bre-
bis, et une inoculation de spores sans provoquer aucun phénomène ni
local ni général (') .
» L'absence de phénomènes locaux m'indiquait que le sang lui-même
devait être impropre à la reproduction des bactéridies. J'ai, en effet, in-
troduit dans la veine faciale de quatre de ces animaux deux à trois
gouttes de sang de lapin, ce qui, vu le nombre des parasites, représentait
pour chaque animal un total d'environ deux cents millions de bactéridies
introduites directement dans le sang. Ces quatre moutons n'ont présenté
aucun phénomène morbide.
» Aujourd'hui les cinq animaux sont bien portants et ne se ressentent
nullement de la vaccination ou des diverses inoculations qui l'ont suivie.
Ils seront remis dans un troupeau, et je me propose de les inoculer de
temps eu temps pour déterminer la durée de celte innocuité. Je puis cepen-
dant déjà annoncer qu'elle dure plus de deux mois, les trois chiens et une
brebis ayant été inoculés pour la première fois au commencement de mai
et pour la dernière le i"' et le 6 juillet. »
M. H. Mangon présente à l'Académie, de la part de M. Mascart, un
nouveau Volume des « Annales du Bureau central météorologique » . Ce Vo-
(') Chaque fois que l'on inoculait un animal vacciné, on s'assiirait de l'activité du char-
bon en inoculant un ou plusieurs lapins. Ceux-ci ont toujours succombé.
( i38 )
lume renferme les observations pluviométriques recueillies en France
pendant l'année 1878; il fait suite au Bulletin mensuel, publié d'abord par
notre ancien confrère M. Belgrand et par M. G. Lemoine. Le concours
actif du Ministère des Travaux publics est resté acquis à cette publication,
mais le zèle des Commissions départementales et des correspondants du
Bureau a permis d'augmenter dans une très forte proportion le nombre
des stations. Une Notice de M. JMoureaux et cinq Cartes très intéressantes
complètent ce Volume, et font connaître la distribution de la pluie en
France pour chaque trimestre et pour l'année entière.
M. L.4XDRY adresse une Note sur la décomposition du nombre 2^' -4- i.
(Extrait.)
« Je viens de décomposer le nombre 2'* -I- I ou i8446744°7^7<'9^^'6i7'
Ce nombre est le produit des deux facteurs 27^177, qui est premier, et
6728042 1 31072 1 . J'ignore actuellement si ce dernier facteur est simple on
composé. »
La séance est levée à 5 heures. D.
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉA^XE DU LUNDI 19 JUILLET 1880.
PRÉSIDENCE DE M. EDM. BECQUEREL.
MÉMOIRES ET C0M:\IUMCATI0\S
DES SIEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
THERMOCHiMiE. — Recherches sur tes atcalis organiques/ par M. Berthelot.
« 1. L'étude thermique des alcalis organiques est à peine ébauchée : ce
que nous savons à cet égard est dû principalement aux travaux de M. Lou-
guinine(') sur les alcalis aromatiques, dans les trois séries isomères, etsur
les alcalis substitués, chlorés, nitrés, amidés. M. Thomsen a publié aussi
des expériences sur la chaleur de neutralisation de quelques alcalis. 3Iais
la chaleur de formation des alcalis organiques n'a jamais été mesurée.
» 2. J'ai entrepris celte détermination pour les alcalis susceptibles de
prendre l'état gazeux à la température ordinaire, et j'ai mesuré la chaleur
de combustion de deux d'entre eux, par détonation, dans ma bombe calori-
métrique. Les seuls que j'aie pu obtenir purs sont : l'éthvlamiue, achetée
chezM. Kahlbaum, de Berlin (^), et la triméthylamine, que M. Vincent, avec
('J Annales de Chimie et de Physique, 5' série, t. XVII, p. 229.
{') La méthylamine du même fabricant renfermait au contraire aS pour 100 de dimé-
thylamine dans un échantillon; Sg pour loo dans un autre, acheté à une époque différente.
C. R., 1880, 2- Semestre. (T. XCI, K" 5.) IQ
( i4o )
une rare obligeance, avait bien voulu mettre à ma disposition en quantités
considérables, lors de la dernière Exposition universelle. J'en ai profité
pour pousser plus loin l'étude de cette base, qui m'a fourni des résultats
inattendus, quant à son hydratation et son énergie relative,
» 3. Analyse. — La pureté de ces alcalis a été vérifiée par l'analyse eudio-
métrique, procédé plus sensible que l'analyse pondérale pour de tels com-
posés. Voici les résultats en volume :
Éthylamine
» 4. Chaleur de combustion de iélhjlamine. — J'ai procédé en suivant
exactement la même marche que pour l'acide cyanhydrique, c'est-à-dire
en opérant sur un poids connu d'alcali liquide, renfermé dans une am-
poule scellée (voir ce Recueil, p. 80). Comme contrôle, on a pesé l'acide
carbonique. Dans les détonations, il ne s'est pas formé d'acide cyanhy-
drique, et seulement des traces négligeables de composés nitreux.
» Quatre détonations, faites sur des poids de base compris entre o?' , 1 1 o
et o^'', 1 20, ont fourni, vers 20", 5, avec l'éthy lamine gazeuse (C^ H' Az = 45^"^)
à volume constant (mais en tenant compte de l'eau vaporisée)
C*H'Az-i-0''= 2C^0'+ 7HO + Az.
Diminution totale
Volume
après combustion
du jjaz.
co
' produit.
Azote.
et absorption de CO'.
Trouvé. .
100
100
201
200
5o,5
5o
4'î8
Calculé..
4-5
l Trouvé. .
100
302
5o
58o
mine . . • ■ { ^ , , ,
( Calcule. .
100
3oo
5o
575
D'après le poids
de l'alcali.
Cal
416,3
initial
D'après le poids final
de l'acide carbonique.
Cal
4 1 3 , 0
409,3
4oo,7
402,7
4o3,3
406,4
4'6,4
e... 407,2
409,3
Bloyeune
» La moyenne générale : 4o8, 5, doit être accrue de i ,2, pour passer à la
chaleur de combustion ordinaire sous pression constante; ce qui fait
409^-, 7.
M Ce nombre comporte une limite d'erreur voisine de ±. 4^"', incertitude
qui se retrouve dans les déductions suivantes (' ).
(' ) Sans préjudice d'une limite d'erreur à peu près égale, relative à la combustion des élé-
ments et des comjiosants indiqués.
( ai )
» La chaleur de combustion des éléments étant 4^9)5, on a :
Depuis les éléments : C'(diamant) 4- H' — Az — C'H'Azgaz H- 19,8
Depuis rammnniaque : C H- H' 4- AzH'= C'H'Azgaz + 7,6
Depuis l'éthylènc : C'H<+AzH'= C'H'Azgaz -+-23,0
Depuis l'alcool: C H' (H'O') gaz -t- AzH'gaz = C'H'Azgaz -+- H^O'gaz. . -h 6,1
» 5. Disiolution dans l'eau. — Deux expériences, faites à 19", sur des poids
d'éthylamine gazeuse égaux à 2p'',555 et 2,41 5, dissous dans 400^"' d'eau, ont
donné, pour C^H^ Az(45s'') : -t- 12,90 et 4- 12,90; moyenne, + 12,91.
» Ce chiffre l'emporte de moitié sur l'ammoniaque.
» 6. Formation des sels dissous, à 19°.
C"n'Az[i'''!=7i")4-HCl {i"=i= a''') dégage -+-i3,2
4-C'H'O' » » + 12,9
» -l-SO'H » •> -+- i5,2
chiffres intermédiaires entre la potasse et l'ammoniaque.
n 7. Chaleur de combustion de la Iriméthy lamine. — Trois détonations,
faites sur des poids de base compris entre oS'',! 12 et o^'', 186, ont fourni pour
C H' Az(59'^''), à volume constant,
CMl»Az + 0=* =3C=0''-f-9HO + Az.
» D'après le poids initial : 586, 3 ; 583, 5; 601, i ; moyenne, 590,3.
» D'après le poids final de l'acide carbonique, en moyenne 591,7.
» La moyenne générale est 590, 5 ; ce qui donne pour la chaleur de
combustion à pression constante : 592,0; avec une limite d'erreur voisine de
-+-6*^", incertitude qui s'applique aux déductions suivantes (') :
Depuis les éléments : C°( diamant) 4- H' -h Az ^CH'Azgaz — 9i5
Depuis l'ammoniaque : C-f-H" -+- AzH^ ^ C*H''Az -1-2,7
Depuisl'aic. méthyl.: 3C=H'[H'0']saz-|-AzH'=(C^H=)'AzH'4-3H'0'gaz. — 7 , 3x3
» J'insiste sur les limites d'erreur que comporte ce genre de calcul ('),
afin de prévenir toule illusion. Les déductions précises, tirées des chaleurs
de combustion, ne sont réellement valables que pour des chaleurs de
combustion peu élevées, ou pour des différences très considérables. Dans
les autres cas, il vaut mieux procéder par des réactions effectives, réalisées
de proche en proche et par voie humide.
(') Sans préjudice d'une limite d'erreur à peu près égale, relative aux éléments et aux
composants.
(') Voir sur ce point ce Recueil, t. XC, p. 1246.
( '42 )
» 8. Dissolution dans l'eau. — Trois expériences, faites vers 20°, sur des
poids de base égaux à 4, 7^3; 4.994; 4)933, dissons séparément dans 400^^''
d'eau,ontfoiirnipoiirC'''H"Az(596'')gazense + 27oH-0^environ: -+■ 12,82 ;
-h 12,76-, -^ 1 3, 2; en moyenne: +12*^°', 90.
» Ce chiffre, égal à la chaleur de dissolution de l'éthylamine, accuse
dans les deux bases une affinité toute spéciale pour l'eau. Cette affinité a
pu être mise en évidence plus nettement encore pour la Iriméthylamine,
par les expériences de dilution.
» Une liqueur saturée vers 19° renfermait 4098'', 6 de base par liire, ou
4782'' par kilogramme. Sa densité était : o,858 à i6'\ Elle répondait à
CIPAz H- 7,i7HO. Étendue avec trente fois son volume d'eau, elle a
dégagé : t-3'°',89 à 19*^.
(C«IPAz+'j,5oHO) diluée jusqu'à 25oH0^ .
(OH»Az 4- 23, 7 HO) à 20° (0 = 0,944)
(OIPAz + 54110) à 22°
(C«H'Az-l- io5H0)à22'> u
(eH'Az4- 210IIO) à 22° »
4-3
85
+ I
,44
4- 0
4'
-h 0
.14
+ 0
,00
Cal _
» On voit que CH^Az, en s'unissant à 7, 17IIO, dégage +9'^'', o.
» On rappellera ici que(AzH' 4- 7HO), par sa dilution ultérieure, dégage
seulement : 4-0,82; et (AzH' -\- 19TIO): + 0,02; chiffres qui montrent que
l'ammoniaque a bien moins de tendance que la Iriméthylamine à former des
hydrates. La grandeur de la chaleur de dilution de cette dernière base con-
centrée est double de celle de la potasse et de la soude, au degré équivalent,
et tout à fait comparable à la chaleur de dilution des hydracides.
» De tels chiffres traduisent la formation de certains hydrates successifs
[Essai de Mécanique chimique, t. 11, p. lyi, 167).
» 9. Formation des sels dissous. — J'ai trouvé à 21° :
C"H»Az(ri=:5'";^ HCl(i''i = 2'i') 4- 8,9
4-C'H'0'(i"i = 2'")... 4- 8,3
4- SO' H ( ri = 2''' ) +10,9
Comme contrôle, par double décomposition réciproque :
N-N' = 4-4,7
C''H'Az(i'^i=2''')4-KCl(i'''!=2'') +4 ,40
K0(l'^l=:2''') -+-C«H='Az,HCl(i"i = 2''') .. - 0,28
» La chaleur dégagée par l'union de la potasse avec l'acide chlorhydrique
surpasse donc de -f- 4>7 celle que dégage la Iriméthylamine; ce qui donne,
pour l'union de cette base dissoute avec l'acide chlorhydrique étendu,
( >43 )
+ 9,0; chiffre concordant avec le précédent. On voit aussi que la potasse
déplace entièrement, on à peu près, la trimétliylamine dissoute, de ses com-
posés acides; cependant il .semble qu'il y ait quelque indice de partage.
)) J'ai trouvé encore :
N-N' = + 3,5o
C»H»Az(i"i = 2''';-t-Aiîli%IICI(i"i = 2"') - 2,33
AzH'(ri=:2'i') + eH'Az,HCl(i^i=2'i') -1-1,17
d'où l'on déduit, pour la chaleur de neutralisation de la triméihylamine
par l'acide chlorhydrique : -H S.gS.
M Les trois valeurs trouvées : 8,9, g,o, 8,95, sont concordantes. Elles
sont plus faibles d'un tiers à peu prés que les chaleurs de neutralisation de
la potasse, et même de l'ammoniaque, par les acides correspondants; leurs
valeurs numériques se rapprochent des chaleurs de neutralisation de
l'oxyammoniaque et de l'aniline par les mêmes acides. On a encore :
C'H»A2f8'") + C'0<(26''') clëyage -4-4,4
C»H»Az,HCl(2'")-(-C0'Na(2'") . - 1,17
» Le dernier chiffre indique la transformation du chlorhydrate en chlo-
rure de sodium, la base forte prenant l'acide fort, comme il arrive entre le
chloihydrate d'ammoniaque et le chlorure de sodium, et pour les mêmes
motifs [Essai de Mécanique chimique, t. II, p. 712 et 717). Si l'on suppose
la réaction totale, on en lireque : CO- dissous -1- C°H^Az dissoute dégagerait
4-4,1 en présence de 4'" d'eau. En présence de 17''', l'expérience a fourni
un nombre plus faible, ce qui accuse la dissociation graduelle du carbonate
par dilution, toujours comme avec l'ammoniaque.
» 10. Chlorhydrate de Irimélhylamine. — J'ai donné plus haut la chaleur
de formation de ce sel dans l'état dissous. Pour l'évaluer dans l'élat solide,
j'en ai déterminé la chaleur de dissolution sur un bel échantillon, donné
par M. Vincent, et que j'ai séché avec soin sur du papier buvard. Son
analyse répondait sensiblement à la formule CH'AzjHCI. J'ai dissous lo^'
de ce sel dans Soo^'' d'eau, à 18''. 11 s'est produit ime absorption de chaleur
assez faible et qui répondait à — o'^'^So, pour Cil" Az,HCI = Ç)5^%5.
» D'après ce chiffre,
CH'Azgiiz -h HClgaz = C°HMz,HCl solide, dégage : 4- 39*^^8.
)) Cette valeur est inférieure à la chaleur de formation du chlorhydrate
d'ammoniaque solide, à partir de ses composants gazeux : -f- 42*^"', 5. Mais
le chiffre qui s'en déduit ne représente probablement pas la véritable
( '/n )
chaleur de formation du chlorhydrate de triméthylamine dissous. En effet,
ce sel attire la vapeur d'eau atmosphérique avec une telle avidité, qu'il
tombe presque aussitôt en déliquescence, indice de la formation d'un hydrate
défini dans ses dissolutions ; tandis que le chlorhydrate d'ammoniaque paraît
exister dans ses dissohitions sous l'état anhydre. A la chaleur de formation
du chlorhydrate de triméthylamine anhydre, il convient donc d'ajouter,
dans ses dissolutions, celle de son hydrate, si l'on veut calculer l'énergie
mise en jeu dans la formation du chlorhydrate de triméthylamine dissous,
c'est-à-dire l'énergie réelle qni intervient dans les réactions de ce corps ( ' ).
» 11. Partage d'un acide entre la triméthylamine et l'ammoniaque.^ Exami-
nons ce qui arrive, lorsque l'ammoniaque et la triméthylamine sont
opposées à équivalents égaux à l'acide chlorhydrique étendu. D'après les
chiffres donnés plus haut : /'' de triméthylamine et i"" de chlorhydrate
d'ammoniaque absorbent — u,33; tandis que i"^ d'ammoniaque et i*' de
triméthylamine dégagent + i, [7. Le déplacement total de la triméthy-
lamine par l'ammoniaque exigeant -|-3, 5o, on voit (-) qu'un tiers de la
première base setdement, ou environ, est déplacé par l'ammoniaque, et
cela avec dégagement de chaleur; mais on voit aussi que les deux tiers de
l'ammoniaque sont déplacés réciproquement par la triméthylamine, et
cela avec absorption de chaleur : les deux bases partagent l'acide.
» Cette absorption de chaleur résulte de la dissociation partielle des
hydrates de triméthylamine, dissociation qui se renouvelle jusqu'à une
certaine limite, par suite de la transformation en chlorhydrate de la trimé-
thylamine anhydre, coexistant avec ses hydrates dans les liqueurs primi-
tives (^).
» Le rapport même suivant lequel l'acide se distribue entre les deux
bases varie avec leur proportion relative. Par exemple,
C^H'Az,HCl(i =2''') + 2AzH^(i^''= i'''), à 21°, 5, dégage : + 1,62,
ce qui accuse un partage à peu près par moitié.
('] En lenant compte d'ail!e\irs de son état propre de dissociation en hydrate et sel
anhydre [Estai de Mécanique chimique, I. II, p. 44^)'
(') En négligeant les chaleurs de dilution, qui sont beaucoup plus petites.
(') La dissociation propre, quoicpie très faible, du chlorhydrate d'ammoniaque, en am-
moniaque libre et acide libre, et la dissociation analogue du sel de triméthylamine inter-
viennent aussi [Essai de Mécanique chimique, t. II, p. 219).
( '45 )
» Si la Iriméthylamiiie était anhydre, elle devrait tout prendre, car
C'U'Azgaz + HCI(i''i = 4"'). dégage +21,9
AzH'gaz -h 11 Cillai = 4'"). dégage H- 3.1 ,3
» Inversement, l'iiydrate de trimélhylaniine doit être déplacé par l'am-
moniaque, puisqu'il a perdu toute son énergie d'hydratation.
» C'est en raison de la formation des hydrates dissociés des deux
bases, et de leurs chlorhydrates, qu'il s'établit entre elles un certain
équilibre; cet équilibre pourrait même être calculé, si l'on connaissait le
degré exact de dissociation de chacun de ces composés. Mais je ne veux
pas m'étendre davantage sur cette théorie, que j'ai développée ailleurs {Essai
de Mécanique chimique, t. II, p. Sgô, 601, et surtout p. 642 à 647).
» Aucontraire, il me paraît utile de signaler ici la prépondérance de la tri-
mélhylaniine anhydre sur l'ammoniaque, et en sens inverse la faiblesse rela-
tive de l'hydrate de la première base. J'insisterai également sur la tendance
de la triméthylamine à former des hydrates définis, bien plus stables et
produits avec un dégagement de chaleur plus grand que ceux de l'ammo-
niaque même, et qui établissent ainsi la transition avec la quatrième base
méthylée de M. Hofmann, base tout à fait comparable à la potasse et aux
hydrates alcalins par sa constitution. »
PHYSIOLOGIE. — Modifications des mouvements respiratoires par l'exercice
musculaire. Note de M. Marey.
« Les expériences dont j'ai l'honneur de présenter les résultats à l'Aca-
démie ont été faites, avec le concours du D' Hdiairet, en 1874, à l'école
de gymnastique militaire du fort de la Faisanderie, à Vincennes.
j) On sait que l'exercice musculaire, chez ceux qui y sont peu habi-
tués, produit l'essoufflement, c'est-à-dire une respiration plus forte et plus
fréquente qu'à l'état normal. C'est une conséquence de la plus grande rapi-
dité du cours du sang qui, revenant en abondance des veines dans le cœur
droit, exige, pour traverser le poumon, des respirations plus fréquentes
ou plus amples. Il est en effet démontré que le poumon est d'autant plus
facilement traversé par le sang que l'inspiration le déploie davantage et
en ouvre le système vasculaire.
» Or, l'habitude d'un exeroice musculaire, de la course, par exemple, a
pour effet d'adapter graduellement la fonction respiratoire à la circulation
( i46 )
plus rapide qui doit traverser le poumon. Le type respiratoire acquis par
le gymnaste consiste en un accroissement énorme de l'ampliation de la
poitrine et en un notable ralentissement des mouvements thoraciques.
» On jugera de l'importance de ces modifications par les tracés joints à
cette Noie. Les courbes représentées ci-après sont tracées au moyen de
l'instrument que je nomme pneumographe- chacune d'elles exprime les
phases d'une expiration et de l'inspiration suivante. La hauteur des
courbes, ou amplitude des mouvements, est très sensiblement proportion-
nelle au volume d'air respiré.
» Après avoir constaté que les sujets enlraînés depuis quelques mois
avaient, après la course, la respiration plus large et moins fréquente que
ceux qui n'avaient pas encore fait de gymnastique, nous voulûmes voir
comment se faisait cette transformation. A cet effet, nous avons choisi cinq
jeunes hommes qui arrivaient au fort et n'avaient pas encore pris part aux
exercices. Nous avons inscrit la respiration de chacun d'eux au repos, puis
immédiatement après une course de 600™ faite au pas gymnastique; la du-
rée du trajet fut de quatre minutes environ.
Sur la fg. A, la courbe 1 correspond au type respiratoire d'un soldat
avant la course; sur \sijig. A' la courbe 1 est celle de la respiration après
la course.
)) Cette première expérience avait été faite le 19 août. Un mois après, nous
en fîmes une autre dans les mêmes conditions.
» Le 21 septembre, le tracé fut pris avant la course et donna la courbe 2
{fig. A); après la course, on eut le tracé 2 (/?) En suivant de mois en mois les changements de la respiration de nos
jeunes gymnastes, nous avons obtenu les courbes 3, 4, 5 {fig. A) avant la
course et les courbes inscrites sous les mêmes numéros (ficj. A') ont été
obtenues après la course.
» A travers les petites irrégularités qui s'observent toujours dans les
l'ii;. A'.
Courbes respiratoires prises après une course de 600™ au pas gymnastique.
(Les mêmes numéros d'ordre, dans les deux figures, correspondent à des
tracés recueillis le même jour.)
mouvements respiratoires, on voit nettement se dégager l'accroissement de
l'ainplitutle et la diminution de la fréquence de ces mouvements.
» La comparaison des deux groupes de tracés montre que, dans les
premiers temps, la respiration était notablement modifiée par la course;
mais, vers la fin des expériences, c'est-à-dire après quatre ou cinq mois
d'exercices, il était à peu près impossible de constater un changement de la
respiration sur les hommes qui avaient couru; et pourtant leur allure était
devenue un peu plus rapide, les 600™ étant parcourus en trois minutes
cinquante secondes.
» On voit encore sur ces tracés que la modification des mouvements
respiratoires est permanente, c'est-à-dire qu'elle s'observe même sur
l'homme au repos. Le nombre des respirations s'est réduit, en moyenne, de
vingt à douze par minute, et leur amplitude a plus que quadruplé. On
peut donc conclure que ces jeunes soldats, après avoir subi les effets de
la gymnastique, respiraient environ deux fois plus d'air qu'avant d'avoir
été soumis à I entraînement.
» Nous regrettons de n'avoir pu faire, au moyen du spiromètre, des dé-
terminations quantitatives qui permettent d'assigner leur valeur réelle à
ces larges respirations; mais on peut, sans crainte d'erreur, accepter la
valeur relative des résultats que nous venons de mentionner. »
C. R., lliSo, a- Semestre. {1. XCI, N°3.) - 20
( i48 )
PATHOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — Du renforcement de l'immunité des moulons
algériens, à l'éqarddu sang de rate, par les inocululions picuenliues. Jnjhience
de l'inoculation de la mèresurla réceptivité du fœtus. Note deM. A. Chauveac,
présentée par M. Bouley.
« La constatation du fait sur lequel j'appelle aujourd'hui l'attention
remonte à l'époque de mes premières tentatives d'inoculation de la maladie
bacléridienne aux moutons algériens. J'avais déjà vu l'année dernière
[Revue mensuelle de Médecine et de Chirurgie, 1879, p. 869) que certains
malaises, sur les sujets inoculés successivement plusieurs fois, sont surtout
marqués au moment de la première inoculation ; mais ce sont mes expé-
riences ultérieures qui m'ont définitivement démontré que l'atténuation
des effets des inoculations subséquentes est due à une véritable action
préservatrice de la première. Au moment où j'écris ces lignes, le nombre
des animaux sur lesquels j'ai fait cette étude s'élève à plus de soixante, qui
ont tous été inoculés au moins trois fois, et dont la moitié au moins ont
subi de cinq à huit inoculations successives. Mes observations sont donc
largement suffisantes pour la démonstration du renforcement de l'immunité
contre le sang de rate par lesinoculations préventives sur les sujets algériens,
démonstration que j'ai déjà indiquée dans ma Communication du 28 juin.
» La meilleure marche à suivre pour observer l'influence d'une première
inoculation sur les résultats des inoculations subséquentes, c'est de faire
cette première inoculation par piqûres cutanées à une seule oreille. La
seconde inoculation est ensuite pratiquée à l'autre oreille, et les autres, soit
aux deux oreilles, soit sur tout autre point du corps. Il importe aussi de
les faire toutes avec la même matière infectante, je veux dire avec un agent
de même provenance et de même activité, par exemple le sang frais de
lapins ou de cochons d'Inde sur lesquels on entretient le virus par trans-
missions successives.
» Quels sont les effets produits par la première inoculation ? J'écarte, bien
entendu, le cas possible, et nécessairement très rare, où l'inoculation par
piqûres cutanées ferait périr le sujet du sang de rate. Un certain nombre
de sujets perdent leur vivacité et leur appétit, et il est ainsi très facile de
constater, à première vue, que l'inoculation les a rendus malades. D'autres,
plus nombreux, continuent à manger et à riuiiiner comme des animaux
bien portants, et semblent échapper complètement à l'action de l'agent
( i49)
infectant. Mais il n'en est rien, car une observation attentive démontre
chez eux l'existence manifeste de troubles généraux et locaux, communs,
du reste, à tous les inoculés, qu'ils présentent ou non des signes apparents
de malaises : il s'agit de l'élévation de la température du corps et de la
tuméf\iction des ganglionslymphatiquesqni reçoivent des vaisseaux afférents
en provenance de la région inoculée.
» La tuméfactio!) des ganglions lymphatiques est un effet à peu près
constant de l'inoculation, mais cet effet est plus ou moins marqué suivant
les sujets. Dans un lot d'animaux inoculés de la même manière avec la
même substance, on trouve, en effet, des sujets sur lesquels ce symptôme
est à peine indiqué, d'autres, au contraire, où il est très accentué. Ce sont
les ganglions parotidiens et préscapulaires qui se tuméfient ainsi quand
l'inoculation est faite aux oreilles. Si, comme je le recommande, l'ino-
culation est unilatérale, la comparaison avec les ganglions du côté
opposé permet d'apprécier beaucoup plus facilement l'état de ceux qui
deviennent malades. On peut ainsi constater que le volume de ces ganglions
malades devient parfois cinq à six fois plus considérable que dans l'état
sain; cet énorme accroissement de volume s'observe surtout dans le ganglion
préscapulaire. C'est exactement ce qui se passe sur les animaux français que
l'inoculation fait presque infailliblement mourir du sang de rate.
» Cette tuméfaction ganglionnaire ne se développe pas en général avec
une très gramle rapidité. Elle ne débute guère que le surlendemain du
jour de l'inoculation ; vers le sixième ou le septième jour, elle atteint
son maximum. La décroissance est généralement lente : j'ai vu des animaux
sur lesquels la tuméfaction ganglionnaire était encore apparente un mois
après l'inoculation.
» L'élévation de température, qui accompagne toujours l'évolution du
processus local, est, comme ce dernier, plus ou moins marquée. Les deux
phénomènes suivent souvent une marche parallèle, c'est-à-dire que l'élé-
vation de la température générale du corps est plus marquée sur les sujets
dont les ganglions sont devenus très volumineux. Un rapport plus con-
stant encore existe entre le chiffre de la température et l'intensité du
malaise apparent. Les sujets tristes et sans appétit ont toujours la tempéra-
ture élevée, le pouls, ainsi que la respiration, sensiblement accéléré. La
température rectale, qui, normalement, est environ de Sg", 5, arrive facile-
ment à Zji" et peut même dépasser 42". Cette élévation de température
commence à se marquer vingt-quatre heures à trente-six heures après
l'inoculation et dure de trois jours à six jours.
( i5o )
» Ainsi, même sur les sujets réf'ra claires de l'Algérie, l'inoculation du sang
de rate produit toujours des effets appréciables, tuméfaclion des ganglions
lymphatiques voisins de la région inoculée, élévation de la température
générale, avec ou sans signes extérieurs de malaise, comme l'abattement et
l'anorexie.
» Voyons maintenant ce qui arrive lorsque, tous les phénomènes de la
première inoculation ayant disparu, on en pratique une seconde, suivie
elle-même de plusieurs autres. Les suites de ces nouvelles inoculations ne
ressemblent plus du tout à celles de la première; les animaux ne paraissent
nullement impressionnés par ce nouveau contact avec les agents infectants
du sang de rate. Cette innocuité est surtout frappante sur les sujets que la
première inoculation a sensiblement éprouvés. Non seulement ces sujets
gardent la vivacité et l'appétit qn'ds avaient perdus au moment de la pre-
mière inoculation, mais, de plus, on ne voit pas survenir d'engorgement
ganglionnaire appréciable; c'est à peine si l'on a le temps de constater
une prompte et fugitive élévation de la température rectale.
» Il faut à la première inoculation un certain temps pour exercer son
action préventive à l'égard des inoculations subséquentes. Quand les réino-
culations sont pratiquées trop tôt, en général les effets s'en ajoutent à ceux
de la première inoculation purement et simplement. Le sixième ou le
septième jour, l'influence de cette première inoculation est parfois déjà
évidente; mais c'est surtout après le quinzième jour que cette influence
est nettement établie.
» La répétition des inoculations m'a toujours paru assurer de plus eu
plus l'accroissement de l'immunité naturelle. J'ai encore en ce moment des
moutons algériens qui, du mois de juin 1879 au mois d'avril 1880, ont
subi de sept à huit inoculations; celles que l'on pratique maintenant restent
absolument sans effet.
» C'est particulièrement à l'égard des inoculations subséquentes de
même nature que les inoculations antérieures exercent une influence inhi-
bitoire; j'entends par inoculations de même nature celles qui sont faites par
le même procédé, avec la même quantité de la même matière infectante.
Cependant l'inoculation par piqiires cutanées, répétée plusieurs fois, suffit
souvent pour neutraliser en très grande partie, sinon complètement, les
effets des inoculations par injections sous-cutanées ou même intravascu-
laires avec d'assez notables quantités de virus.
M Tous ces faits ont certainement un grand intérêt, mais le fait le plus
intéressant qui soit résulté de mes expériences sur l'inoculation préventive
( >5. )
des moutons algériens est peiit-élre celui dont il me reste à parler.
» Sur tous les agneaux qui viennent de naitre, on observe, après les
inoculations bactéridiennes, les mêmes phénomènes que chez les adultes :
parfois malaises apparents, toujours élévation de la température rectale
et tuméfaction plus ou moins évidente des ganglions lymphatiques voisins
de la région inoculée. Or, aucun de ces phénomènes ne se manifeste si la
mère du jeune agneau a été inoculée plusieurs fois dans les derniers
mois de la gestation. La résistance du jeune sujet est alors aussi complète
que possible. C'est le 24 septembre 1879 que j'ai constaté ce fait pour la
première fois sur un agneau, né le 8, d'une mère qui avait été inoculée
le 5 et le 2 r juillet précédent. Littéralement couvert de piqûres d'inocula-
tions, à diverses reprises, cet agneau ne présenta jamais trace de tuméfac-
tion ganglionnaire, ni d'élévation de la température rectale. Il en fut exac-
tement de même sur deux autres agneaux dont les mères avaient été ino-
culées trois et quatre semaines avant la mise bas, avec de notables quantités
de virus, introduites par injections sous-cutanées.
» De ce fait découlent d'importantes conséquences pour la théorie de
l'immunité communiquée ou renforcée par les inoculations préventives.
Comme l'a si bien démontré M. Davaine, les bâtonnets bactéridiens ne se
multiplient pas dans le sang du fœtus, même quand on en trouve de pro-
digieuses quantités dans le sang de la mère. Les éléments solides normaux
du sang ne passent pas, du reste, plus communément d'un système vascu-
laire dans l'autre. Seul, le plasma sanguin peut faire l'objet d'échanges
osmotiques actifs entre la mère et le fœtus. On est donc autorisé à conclure,
relativement aux inoculations préventives du sang de rate : 1° que le con-
tact direct de l'organisme animal avec les éléments bactéridiens n'est pas
nécessaire à la stérilisation ultérieure de cet organisme; 2° que les inocu-
lations préventives agissent sur les humeurs proprement dites, rendues
stériles et stérilisantes, soit par soustraction de substances nécessaires à la
prolifération bactéridienne, soit plutôt par addition de matières nuisibles
à cette prolifération. »
M. DE Lesseps communique à l'Académie les observations suivantes, au
sujet de l'établissement du barrage de la Gileppe (Belgique) :
« J'ai eu l'honneur de présenter à l'Académie le résultat des études que
j'avais faites au barrage du Furens, près de Saint-Étienne. Un barrage en-
core plus considérable avait été exécuté postérieurement eu Belgique, celui
( '^2 )
de la Gileppe; je viens de le visiter. La captation et raménagement des
eaux comptenl parmi les travaux les plus utiles pour la richesse agricole et
industrielle d'un pays. A ce titre, le barrage de la Gileppe, comme celui
du Furens, peut servir de modèle. Te remets à l'Académie une Note som-
maire concernant ce grand travail, qui a été exécuté pour supporter une
pression huit fois plus forte que celle qui lui était imposée par les néces-
sités de son exploitation actuelle. »
M. J. Plateau fait hommage à l'Académie d'une Note imprimée, por-
tant pour titre : « Une application des images accidentelles ». (Extrait du
Bulletin de l'Académie royale de Belgique, 2" série, t. XLIX, mai 1880.)
M. Larrey fait hommage à l'Académie d'un Discours prononcé par lui
à la Chambre des Députés, à l'occasion du projet de loi sur l'administra-
tion de l'armée (extrait du Journal officiel du i5 juin 1880).
MEMOIRES PRESENTES.
M. EscARY adresse une suite à ses « Remarques relatives à l'équation
de Lamé ».
(Commissaires: MM. Bertrand, Puiseux, Bouquet.)
M. Ménard adresse un Mémoire relatif à des machines utilisant la poussée
des liquides comme force motrice.
(Renvoi à la Section de Mécanique. )
M. G. Peyre adresse un projet de navigation sous-marine.
(Renvoi à la Section de Navigation.)
M. DELA Ncx, M. LuiGi, M. J. Saiole adressent diverses Communica-
tions relatives au Phylloxéra.
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
( i53 )
CORRESPONDANCE.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la Cor-
respondance, un « Mémoire sur le mouvement d'un point attiré vers un
centre fixe par une force inversement proportionnelle au cube delà dis-
tance, par M. Gascheau. (Présenté par M. Tisserand.)
jM. Ch. Rrame prie l'Académie de vouloir bien le comprendre parmi les
candidats à la place de Correspondant, pour la Section de Physique, laissée
vacante par le décès de M. Lissajous.
(Renvoi à la Section de Physique.)
M. A. BoRirs exprime le désir de faire partie de la prochaine expédi-
tion pour l'observation du passage de Vénus.
(Renvoi à la Commission du passage de Vénus.)
M. le Maire de Clermoxt-Ferrand prie l'Académie de vouloir bien se
faire représenter à l'inauguration de la statue de Biaise Pascal, le 5 sep-
tembre prochain.
ASTRONOMIE. — Epliéméride de In comète b 1880 [Schaeberle);
par M. G. BiGOURDAN. Présentée par M. Tisserand.
« L'éphéméride suivante, calculée pour \i^, temps moyen de Paris, a
été obtenue en partant des éléments que j'ai donnés dans le dernier nu-
méro des Comptes renias. L'éclat de la comète est exprimé en prenant
pour unité celui d'avril 6,5, temps moyen de Paris, date très voisine
de la découverte.
Ascension
Déclinaison
Dates.
droite
nord
1880.
apparente.
apparente.
logA.
Éclat.
Août i5,5 . . . .
Il m s
0 , „
29 . I . 1 (j
0,406448
0,75
'7>5
7. 0. 4,8
28.26.43
0,402808
0,75
'9'5
7. 0. 5,9
27.51.45
0,398981
0,76
21,5
7 . 0 . 2,9
27. 16. 20
0 , 394969
".77
( «54)
Ascension
Déclinaison
Dates,
droite
nord
1880.
apparente.
apparente.
log û.
hiclat.
Août 23,5
h la s
6.59.55,4
0 / ,1
26.40.24
0,390774
0,78
25,5
6.59.43,3
26. 3.56
0,386398
0,78
27,5
6.59.26,4
25.26.52
0,381889
0.79
29»5
6.59. 4,4
24.49. 9
0,377100
0,80
3i,5 ....
6.58.37,0
24. 10.45
0,372184
0,81
Sept. 2,5... .
6.58. 3,9
23. 31.35
0, 367093
o,83
4,5... .
6.57.24,9
22.5i .36
o,36i8'33
0,84
6,5
6.56.39,5
22. 10.44
0, 35'i4o9
0,85
8,5
6.55.47,5
21.28.57
o,35o835
0,86
10,5 . . . .
6.54.48,6
20.46. 9
0,345088
0,88
12,5
6.53.42,3
20. 2.16
0,339207
0,8g
4,5
6.52.28,4
19. 17. 16
0,333192
0,90
16,5
6.5t. 6,5
18. 3i. 4
0,327051
0,92
18,5 ....
6.49.36,3
.7.43.34
0,320793
0.94
20 , 5
6.47.57,3
16.54.44
0,314434
0,95
22,5
6.46. 9,1
16. 4-29
0,307987
0,97
24,0
6.44.11,3
I 5. 12.45
o,3oi465
0-99
26,5....
6.42. 3,4
14.19.27
0,294889
1,01
3.8,5....
6.39.45,0
13.24.32
0,288278
1 ,o3
3o,5....
6.37.15,7
13. .27 .57
0,281658
1,04
Oct. 2,5
6.34.35,0
11.29.39
0,275054
1,06
4,5....
6.3i .42,4
10.29.35
0 , 268493
1,08
6,5 ...
6.28.37,6
9.27.43
0, '262007
1,10
8,5....
6. 25. 20, I
8.24. 3
0,255635
1,12
10,5 ....
6.21 .49,6
7.18.36
0,249414
.,.4
12,5 .. .
6.18. 5,9
6. I I .21
0,243386
1,16
.4,5....
6.14. 8,8
5. 3.24
0,237588
'.'7
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Réponse à wie remarque de M. Sylvester con-
cernanl les Leçons sur la théorie des nombres de Dirkhlel; par ^I. R.
DeO£KIND.
» Dans le § 47 de la Zahlentlieorie de Dirichlet (3^ éd., p. 110), où il
s'agit de l'algorithme contni qui sert à déterminer la valeur du symbole
[~)^ on rencontre cette phrase : « Es zeigt sich uun, dass die damais
i> nothwendige Zerlegung in Primz;thlfactoren (abgesclien von dem Fac-
» for z) ganz ùberfliissig geworden », Ce passage a donné lieu à la re-
( '55 )
marque suivante de M. Sylvester [Comptes rendus du lo mai 1880,
p. j io5): « Ce qui précède ici rend évident (il me semble) que cette ex-
» clusion du nombre :; (due probablement à quelque mésintelligence de
» la part des auditeurs de Dirichlet) est elle-même {uberfliïssig) superflue. »
Je me permets de répondre à M. Sylvester que sa remarque, dont je n'ai
eu connaissance qu'aujourd'hui, 11 juillet 1880, repose sur un malen-
tendu de sa part, en ce qu'il prend pour synonymes les deux mots super/lu
et imvilahle. En désignant comme superflue une opération, on veut bien
dire qu'elle est aussi évitable; mais la réciproque n'est pas juste; une opé-
ration évitable peut en même temps être très-utile, et dans ce cas elle n'est
pas du tout superflue. Comme M. Sylvester l'a remarqué dans une Note
antérieure {Comptes tendus du 3 mai 1880, p. io54), il est évident qu'on
peut toujours former ime chaîne réductive impaire dont les deux premiers
termes sont des nombres impairs donnés. Je me permets d'ajouter que cer-
tainement cette évidence n'a pu échapper à personne et que l'algorithme
de M. Sylvester coïncide à peu près avec celui que Eisenstein a publié il y
a trente-six ans {Journal de Crelle, t. 27, p. Siy); mais, en excluant les
restes pairs et en évitant ainsi la décomposition relative au nombre 2, on
est amené très souvent à une chaîne réductive beaucoup plus longue;
sans aucun doute, l'illustre géomètre anglais se serait aperçu de cette cir-
constance s'il avait voulu traiter, non seulement le deuxième et le troisième,
mais aussi le premier des exemples proposés à l'endroit cité de la Zalden-
tlieorie (p. 1 10). En effet, pour calculer d'après la méthode des restes ira-
-TTT^ )» il faut former la chaîne réductive con-
tenant les 21 nombres suivants :
.847,
365,
-343,
— 321,
299'
277.
-255,
-233,
211,
189,
— 167,
-145,
123,
lOI,
-79'
-5.,
35,
,3,
9'
-5,
— I,
tandis que, dans la méthode des plus petits restes, il suffit de former seule-
ment les deux chaînes
1847, 365, 22 et 365, 11, 2.
» Je suis persuadé que tout calculateur préférera la dernière méthode,
et j'en conclus que la conservation des restes pairs et de la décomposition
relative au nombre a, bien qu'elle soit évitable, n'est pas du tout superflue,
G. R., 1880, 2' Semestre. (T. XCI, N°5.) 21
( i56)
comme le veut M. Sylvester. Je laisse donc au lecteur le soin de juger de
quel côté se trouve la mésintelligence; sans doute, j'aurais pu éviter
d'entrer dans cette discussion, provoquée par M. Sylvester, mais j'espère
que ma réponse ne sera pas tout à fait superflue. »
ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Sur la cause des spectres fugitifs observés par
M. Trouve! ot sur le limbe solaire. Lettre du P. Tacchini à M. le Secré-
taire perpétuel.
« A propos des spectres fugitifs observés près du limbe solaire par
M. Ij. Trouvelot, je demande à l'Académie la permission de lui présenter
les considérations suivantes.
» Au commencement de mes observations spectroscopiques solaires
( 1871 ), j'ai vu des spectres fugitifs, dont l'apparition concordait avec le
passage, au voisinage ou en avant du Soleil, de quelques pigeons, alors
très nombreux à l'Observatoire ; après que les pigeons furent enlevés, je
n'eus plus l'occasion de constater le phénomème.
» A Rome, avec la grande quantité d'oiseaux qu'on appelle rondoni
{^Cypselus apus'L.) et pigeons, j'ai revu très fréquemment des spectres fugitifs,
différant par la largeur, l'intensité et la vitesse; je lésai toujours considérés
comme produits par les passages des oiseaux. Je n'aurais point fait d'obser-
vations spéciales à ce sujet si la Note de M. Trouvelot n'eût pas attiré mon
attention sur ce phénomène, qu'il considère comme solaire, et se produi-
sant en certaines régions du Soleil qui sont soumises à des perturbations
profondes, manifestées par des taches, des facules et des protubérances
brillantes; il ajoute que l'observation du phénomène lui-même, bien rai-
sonnée, exclut la pensée de lui attribuer une origine terrestre.
)) Le 4 juillet, j'ai fait des observ?tions sur différents points du bord
solaire; j'ai toujours trouvé que le phénomène concordait avec les passages,
près du Soleil, d'un grand nombre d'hirondelles. Je pensai alors que, si le
phénomène est dû au passage des oiseaux, la question serait résolue défi-
nitivement en faisant des observations simultanées à Rome et à Palerme, car
à Palerme i! n'y a point d'hirondelles, et dans cette saison les passages des
autres sortes d'oiseaux sont très rares. Je convins donc d'observer simul-
tanément avec M. le professeur Ricco, astronome à l'Observatoire de
Palerme, les mêmes traits du limbe solaire.
( i57)
-) Voici les résultats :
Spectres fugitir»
observés
Temps . — .^ Il
des observations. à Rome. à Palerme.
18S0. r— *r — —
b n m
Juillet 9 7 à 7 .40 7 o
g 8 8.40 8 o
10 8 8.40 17 o
II 8 8 . 4o 32 o
» Il est donc évident que le phénomène n'est pas solaire, mais purement
terrestre, et, dans le cas actuel, limité à la station de Rome.
» Pendant les observations faites les g, 10 et 1 1, j'ai fait noter les pas-
sages des oiseaux sur la projection du Soleil obtenue avec le chercheur de
mon équatorial ; on a obtenu les nombre^ suivants :
Le g juillet g4
10 » 58
11 » 107
» Il n'y a certainement pas de rapport direct entre le nombre des pas-
sages et le nombre des spectres fugitifs observés, et il est facile d'en com-
prendre la raison ; mais ces nombres montrent combien de ces oiseaux
passent devant la fenêtre de ma chambre équatoriale en un petit nombre
de minutes. Or on sait que les hirondelles restent le matin assez bas, en vo-
lant avec une vitesse prodigieuse et en changeant rapidement de direction ;
tandis que, plus le Soleil s'élève, plus ces oiseaux montent, de manière
qu'après lo*" la plus grande partie est à une grande hauteur, et on les voit
précisément quand ils se disposent convenablement pour réfléchir les
rayons du Soleil; ils apparaissent alors comme des points brillants. A une
telle hauteur, le nombre des passages devant l'objectif sera nécessairement
plus petit, et leurs images sur la projection solaire seront plus faibles et
plus lentes. Si donc les spectres fugitifs sont produits par ces oiseaux, leur
nombre devra diminuer vers midi, et c'est précisément ce que nous avons
vérifié. Voici les nombres de spectres et de passages notés hier, en dix mi-
nutes de temps, à différentes heures :
Heures. Nombre de spectres. Nombre des passages,
h ui
8.20... 8, très beaux. 28, très beaux, très noirs, rapides.
8.57... 12, très beaux. 21, très beaux, très noirs, rapides.
9.44- •• ^> quelques-uns faibles et lents. 11, plutôt faibles.
II. 33... 3, faibles et lents. 10, très faibles et assez lents.
( i58 )
» On en peut conclure, ce me semble, non seulement que le phénomène
est terrestre, mais encore que les spectres observés par moi sont dus aux
passages des hirondelles près du Soleil. J'ajouterai que, dans les portions du
limbe solîiire observées, il n'y avait ni taches ni facules; dans la chromo-
sphère même, il ne se présentait aucune particularité spéciale, c'est-à-dire
que la surface solaire était calme.
» Si, au lieu de spectres fugitifs brillants, on veut observer des lignes
noires ou sombres traversant le spectre solaire, il suffira de restreindre la
fente du spectroscope et de viser au centre du disque solaire : il se pro-
duira alors une ligne noire à chaque passage d'un oiseau par le centre de
la projection solaire, comme nous l'avons vérifié plusieurs fois et avec une
certitude complète. Ce phénomène est aussi plus fréquent que celui des
spectres fugitifs.
» Nous publierons d'autres détails, à cet égard, dans les Mémoires des
speclroscopistes ; mais je pense que cette Note suffira pour montrer que les
spectres fugitifs observés par moi à Rome constituent un phénomène
purement terrestre et localisé. Les dates des observations de M. Trouvelot,
qui semblent avoir réussi seulement en été, conduisent à assigner la même
cause aux phénomènes qu'il a observés. »
PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur l'élec triché atmosphérique.
Note de M. Mascaiit.
« Malgré des travaux nombreux, dont les premiers datent déjà de plus
d'un siècle, les lois suivant lesquelles varie l'électricité atmosphérique ne
sont pas encore établies; la connaissance de ces lois est cependant le pre-
mier pas à franchir, si l'on veut arriver à déterminer les causes d'un phéno-
mène aussi important. Je demande à l'Académie la permission de lui com-
muniquer quelques-uns des résultats que j'ai obtenus sur ce sujet.
)) L'appareil dont je me suis servi est un électromètre à quadrants, de
sir W. Thomson, dans lequel les déviations de l'aiguille sont transmises
mécaniquement à un crayon qui trace des traits sur le papier à intervalles
très rapprochés. Les deux paires de quadrants sont maintenues à des poten-
tiels égaux et de signes contraires, par les deux pôles d'une pile dont le
milieu communique au sol, et l'aiguille est en relation avec un vase qui
laisse écouler dans l'air extérieur un filet d'eau continu. Cette disposition
présente l'avantage que les déviations de l'aiguille sont égales de part et
( -59)
d'autre du zéro pour des charges égales et de signes contraires. Le dépla-
cement angulaire est d'ailleurs assez petit, dans les circonstances ordinaires,
pour rester sensiblement proportionnel au potentiel de l'aiguille, c'est-
à-dire au potentiel de l'air au point où la veine liquide se partage en
gouttelettes.
» Les courbes ainsi obtenues n'ont pas la continuité que l'on est habitué
à rencontrer dans la plupart des phénomènes météorologiques; elles pré-
sentent souvent des variations brusques, quelquefois d'un bout à l'autre
de l'échelle à quelques minutes d'intervalle.
w L'examen de ces courbes, au point de vue des changements acci-
dentels, met en évidence un certain nombre de faits qui sont déjà connus
pour la plupart. Le potentiel de l'air est généralement positif, particulière-
ment quand le ciel est pur. Par les temps couverts, le potentiel diminue,
présente des variations rapides et se montre de temps en temps négatif.
La pluie donne presque toujours de grandes déviations négatives. L'ap-
proche d'un orage se traduit, le plus souvent, par une grande variation
négative, suivie d'oscillations très étendues dans les deux sens, avec une
prédominance marquée de potentiels négatifs. Les pluies positives sont
extrêmement rares et ne paraissent jamais se produire en dehors des temps
d'orage.
)) Il est manifeste que les variations accidentelles, grandes et petites,
ne doivent pas entrer en ligne de compte si l'on veut déterminer la marche
normale du phénomène. Le simple aspect des tracés graphiques permet
d'apprécier cette marche; on peut encore calculer les moyennes d'un en-
semble d'observations équidistantes prélevées, soit sur les courbes réelles
dont on a soin d'éliminer les perturbations, soit sur des courbes qui
passent par les positions moyennes du crayon.
» Les phénomènes que j'ai ainsi observés depuis le mois de janvier sont
entièrement d'accord avec ceux que j'avais déjà signalés l'année dernière,
et j'attendais cette confirmation avant de leur attribuer un caractère gé-
néral. L'appareil est installé, il est vrai, au Collège de France, c'est-à-dire
dans l'intérieur d'une grande ville, et l'on peut soupçonner que l'on arri-
verait à des conséquences différentes en rase campagne; cependant des
expériences nombreuses permettent d'affirmer que, sauf les cas de grandes
perturbations, le siège des masses électriques agissantes est très éloigné de
la surface du sol, et il est probable que l'influence d'une ville n'apporte
pas un grand trouble dans la marche diurne.
» Dans l'état moyen, le potentiel de l'air, toujours positif, est beaucoup
{ i6o)
plus élevé et plus uniforme i^la nuit que le jour. De c,^ du soir à S"" du
matin , il varie peu; il baisse au lever du jour, prend une valeur minimum
vers 3^ de l'après-midi, se relève ensuite rapidement et atteint son maximum
vers g**.
» Il n'y a donc qu'un minimum pendant le jour et un maximum presque
constant dans une grande partie de la nuit, c'est-à-dire une seule période
diurne, au moins quand on envisage le terme le plus important du phéno-
mène. L'amplitude de l'oscillation diurne a été notablement plus faible pen-
dant l'hiver. Les froids exceptionnels de décembre 1879 auraient pré-
senté un intérêt particulier; malheureusement, les précautions que nous
avions prises contre la congélation de l'eau d'écoulement ont été insuffi-
santes.
)) Il semble exister un rapport entre l'état électrique de l'air et la tem-
pérature, mais il faudra posséder plusieurs années d'observations pour éta-
blir cette relation avec rigueur et en étudier tous les détails.
» L'existence du maximum de nuit est en désaccord avec la règle géné-
ralement adoptée. On admet, en effet, d'après les expériences de Quetelet
à Bruxelles, qu'il existe deux maxima d'électricité, le matin et le soir, et
deux minima, l'un dans la journée et l'autre dans la nuit. Si les résultats
que j'ai constatés représentent réellement la marche normale, cette discor-
dance doit être attribuée aux méthodes d'observation.
» Tant qu'on s'est borné aux observations directes, on les a faites sur-
tout dans le cours de la journée, et les maxima relatifs du matin et du
soir ont pu souvent faire préjuger l'existence d'un minimum pendant la
nuit, sans qu'il fût directement observé. Toutefois, ce minimum a été
constaté par différents observateurs, soit directement, soit à l'aide d'appa-
reils enregistreurs.
» L'une des causes d'erreur qui me paraît avoir été trop souvent négli-
gée, c'est l'imparfait isolement des appareils. Un électromètre, électrisé par
une influence temporaire ou mis en communication avec un appareil à
écoulement, n'atteint qu'une fraction inconnue, quelquefois très petite, du
potentiel qu'il devrait prendre, si les pertes d'électricité par les supports
étaient négligeables. Or, les propriétés isolantes des supports ordinaires,
des tiges de verre exposées à l'air, par exemple, varient beaucoup avec
l'état de l'atmosphère, et plusieurs causes concourent à augmenter leur
conductibilité pendant la nuit. Il est donc nécessaire d'employer des sup-
ports dont l'isolement soit absolu et indépendant des conditions atmosphé-
riques; on peut craindre que celte cause d'erreur n'ait conduit souvent les
( -61 )
observateurs à méconnaître le maximum de potentiel qui m'a paru régulier
pendant la nuit. »
ÉLECTRICITÉ. — Sur les courants altetiiolifs et la force électromotrice
de l'arc électrique. Note de M. J. Jocbert.
« Les courants alternatifs, tels que les donnent les machines magnéto-
électriques du type de VJlliance ou des types plus récents et plus parfaits
de Gramme et de Siemens ont été jusqu'ici peu étudiés, ce qui s'explique
parles difficultés que l'on rencontre quand on veut appliquer les méthodes
et les iiistrumenls ordinaires à des courants d'une grande intensité et qui
changent de sens cent ou deux cents fois par seconde. Je me suis servi avec
beaucoup d'avantages de i'électromètre Thomson, en l'employant d'une
manière spéciale et que je crois nouvelle. Je supprime complètement toute
source étrangère d'électricité pour charger soit l'aiguille, soit les cadrans.
Les deux paires de cadrans sont isolées, et l'une d'elles est mise en commu-
nication électrique permanente avec l'aiguille également isolée. Dans ces
conditions, la déviation de l'aiguille est proportionnelle au carré de la
différence des potentiels des deux cadrans et, par conséquent, indépen-
dante du signe de cette différence. Si les deux cadrans sont mis en com-
munication avec deux points A et B d'un circuit traversé par un courant
continu d'intensité I, que V, et V, soient les potentiels des deux points A
et B, et R la résistance du conducteur qui les sépare, on a
(i) 1R = V, -V,.
» Si entre deux autres points A' et B', au lieu d'un simple conducteur,
on a un moteur électrique ou tout autre engin capable de transformer
l'énergie électrique en une autre forme de l'énergie, l'équation devient
(2) E-hIR'=V,-V,,
R' étant la résistance propre du moteur au repos et E sa force électromo-
trice pendant le mouvement. L'énergie électrique consommée entre les
deux points A' et B' a évidemment pour expression
(3) I(E-HRO = ''^'~^'^J-'^^'
M Les valeurs des seconds membres des équations (i) et (2) sont four-
( 1^2)
nies immédiatement et sans calcul par réiecfromètre, si on l'a gradué en
volts au moyen d'une pile de Daniell. Un électromètre donnera donc la
mesure de l'intensité, et deux électromètres combinés celle de l'énergie
consommée.
» Si, au lieu d'un courant continu, on a affaire à des courants alter-
natifs se succédant à intervalles petits relativement à la durée de l'oscilla-
tion de l'aiguille, celle-ci, entraînée toujours dans le même sens, quel que
soit le signe du courant, prend une déviation fixe proportionnelle à la
moyenne des valeurs successives du carré de V, — Va. C'est cette même
moyenne que donneraient, dans les mêmes circonstances, abstraction faite
des difficultés très graves que présente leur emploi, les méthodes calori-
métriques ou l'électrodynamomètre (').
)) La connaissance de cette moyenne suffit pour la pratique, mais il était
intéressant de connaître la loi de l'intensité : je l'ai déterminée pour une
machine Siemens à courants alternatifs.
» Le principe de la méthode consiste à diviser la période en un certain
nombre de parties égales, vingt par exemple, correspondant, je suppose, à
des intervalles de ^-ô'ôir ^^ seconde, et à mesurer l'intensité à chacun de ces
instants. Je me sers à cet effet d'un interrupteur monté sur l'arbre même
de la machine et qui ferme à un moment déterminé et pendant un temps
très court, âTurôrr ^^ seconde environ, une dérivation prise sur le circuit
principal. On peut mesurer cette intensité par l'électromètre, mais on peut
aussi employer le galvanomètre, puisque les contacts successifs corres-
pondent toujours à une même phase du courant; dans ce dernier cas, j'em-
ploie une méthode de compensation susceptible d'une grande exactitude.
J'ajoute qu'une espèce de phénakisticope monté sur le même arbre permet
de voir l'arc au même instant et pendant le même temps, et d'étudier opti-
quement la succession des phénomènes dont il est le siège pendant le cours
d'une période.
)) L'expérience m'a donné pour l'intensité une courbe qui se confond
presque rigoureusement avec une sinusoïde; sauf une très légère dissymé-
( ' ) Pour faire brûler une bougie Jablochkoff dans les conditions normales correspondant
à une intensité de 5o becs Carcel, il faut un courant d'intensité moyenne, égale à 8'*'°'"" ou
gwohers. ]^ bougie s'éteint quand l'intensité tombe au-dessous de S^'^'^". La différence
de potentiel entre les deux charbons est de4o'°"' environ. Le travail correspondant à une
bougie normale est donc environ de ^t soit 32^^"" par seconde.
9'°
( i63 )
trie qui déplace le maximum dans le sens du mouvement. Seulement
cette sinusoïde, au lieu d'avoir la position que lui assignerait la théorie,
est déplacée tout d'une pièce, dans le sens du mouvement, d'une quantité
égale à ^ de la période entière. Un fait analogue se rencontre dans toutes
les machines magnéto-électriques, et on l'attribue ordinairement à un
retard dans l'aimantation. L'explication ne peut convenir dans le cas actuel :
la bobine induite est une bobine sans noyau de fer doux qui se déplace
dans un champ magnétique; d'ailleurs, le déplacement est indépendant de
la vitesse et rigouretisement le même pour des vitesses de quatre cents,
sept cents et mille tours par minute. Il est dû évidemment à l'induction du
courant sur lui-même; le courant principal étant de la forme Asin.r, le
courant secondaire est delà forme Bcosa", et la superposition de ces deux
courants donne un courant de la forme Csin(ic+y), ne différant du pre-
mier que par l'amplitude et par la phase.
» J'ai analysé de la même manière la chute de potentiel entre les deux
charbons aux différentes phases de la période. C'était le moyen de résoudre
plusieurs questions d'un grand intérêt. Quelle résistance offre au passage
de l'électricité l'espace qui sépare les deux charbons ? Le courant traverse-
t-il cet espace d'une manière continue ou seulement quand son intensité a
dépassé une certaine valeur? L'arcagit-il comme une simple résistance ou,
comme l'a annoncé M. Edlung, se comporte-t-il à la manière d'une force
électro-motrice? L'expérience répond de la manière la plus nette à toutes
ces questions. Au moment où l'intensité est nulle dans le courant, la dif-
férence de potentiel entre les deux charbons est également nulle; mais,
dans un temps inappréciable, cette différence atteint une valeur de 40"°'"
à 45"°'" qu'elle conserve presque sans variation jusqu'au moment où le
courant atteint de nouveau une valeur très faible. La chute finale est très
brusque, mais j'ai pu cependant la suivre dans ses détails; je n'ai pu en
faire autant pour l'élévation du commencement, qui semble se produire
d'une façon presque instantanée. J'ai constaté de plus ce fait important
que cette différence de potentiel reste non seulement la même pendant
toute la période d'un courant d'intensité moyenne donnée, mais encore
quand on fait varier dans de larges limites l'intensité moyenne du courant.
Je dois ajouter cependant que cette différence diminue quand l'intensité
augmente et que la variation s'élève au maximum à 4™"* ou 5''°'".
» L'explication de ces faits s'impose d'elle-même. La résistance de l'arc
est très faible; elle varie avec la température et diminue quand la tempé-
rature augmente. La différence de potentiel qui existe entre les deux char-
C. R., 1880, 2» Semestre. (T. XCI, N° 3.) 22
( '64 )
bons est due pour la plus grande partie à une force électromotrice indé-
pendante de l'intensité et qu'on peut évaluer à 3o■^°"^ Les choses se passent
entre les deux charbons comme entre les deux électrodes d'un voltamètre :
ils'étabht, par un phénomène de polarisation dont je réserve l'explication,
une chute fixe de potentiel, et, à partir de ce moment, le travail produit
dépend uniquement de la quantité d'électricité qui passe et lui est propor-
tionnel. J'ajouterai que, si l'arc est produit dans un champ magnétique
soumis aux mêmes variations périodiques que le courant, la chute de po-
tentiel entre les deux charbons prend une valeur plus'grande que dans les
conditions ordinaires et croissant avec l'intensité du champ. Je me con-
tente de signaler ce dernier fait, sans insister sur son explication. »
PHYSIQUE. — Sur un nouveau thermomètre à air. Note de M. A. Witz,
présentée par M. Desains.
« L'emploi du thermomètre à air est resté limité aux grandes recherches;
il serait avantageux d'inti'oduire dans la pratique journalière des labora-
toires cet instrument, le plus exact de tous, qui joint à une exquise sen-
sibilité celte autre qualité si précieuse de se mettre instantanément en
équilibre avec le milieu dans lequel il est placé. Pour atteindre ce but, il
faudrait simplifier sa construction, faciliter son maniement et rendre ses
indications indépendantes de la pression atmosphérique : de la sorte,
l'observateur serait dispensé de tout calcul, et la température pourrait être
lue directement. M. de Jolly, professeur à l'Université de Munich, s'était
déjà proposé ce résultat; mais son thermomètre est encombrant, peu ma-
niable, et il exige encore un calcul pour déduire la température de l'ob-
servation des pressions. J'ai adopté une disposition toute différente, beau-
coup plus simple et moins coûteuse; je la crois neuve.
)) C'est une sorte de thermomètre de Leslie, dont une des boules d'air
est maintenue à une température constante; les indications de l'instrument
sont dès lors absolues, et l'on peut graduer en degrés le tube dans lequel
se déplace le liquide.
» Il s'agissait de trouver un régulateur thermique qui fût capable de
conserver l'air de cette boule à une température fixe; c'était la plus grosse
ditficulté du problème : elle a été résolue de la manière suivante. Un fil
de platiiie très fin est enroulé en hélice et introduit dans l'enceinte; il fait
partie d'un circuit, qui est fermé par une colonne mercurielle, mobile dans
( i65)
la partie recourbée d'un thermomètre à alcool analogue à celui de Six et
Bellani, et dont les positions dépendent de la dilatation de l'alcool du
réservoir et partant de la température de l'enceinte. Une des extrémités
de la colonne de mercure est toujours en contact avec le fil de platine;
l'autre, au contraire, ouvre ou ferme le circuit en reculant ou bien en
avançant. Au moment où la température s'abaisse en dessous d'un point
déterminé, le circuit se ferme, le courant passe et le fil s'échauffe, puis la
température se relève et le courant est de nouveau interrompu, La tempé-
rature fixe du régulateur dépassant de lo" environ celle de l'air extérieur,
il y a antagonisme continuel entre l'action extérieure et celle du régula-
teur; il en résulte une oscillation de la température dont l'amplitude ne
dépasse pas o°, r. La constance est donc parfaite, à la condition toutefois
de posséder une source d'électricité qui ne se polarise pas.
» La difficulté du problème me parut d'abord reculée et non résolue,
car aucune pile ne résistait à l'épreuve d'une semaine et le régulateur
succombait dans la lutte contre le refroidissement; mais je trouvai dans
la pile de Poggendorff, montée au bichromate de potasse, une tension,
une quantité et une constance parfaitement appropriées au but. En ayant
soin de renouveler tous les jours une petite partie de l'eau acidulée,
devenue verte par le sulfate de chrome, et d'ajouter un cristal de bichro-
mate dans le vase poreux, deux petits éléments, assemblés en quantité,
maintiennent le régulateur à 29°, 5 pendant une série de jours dont je ne
connais pas encore la limite.
» Telles sont les grandes lignes de ce nouveau thermomètre. La lecture
se fait sur une portion de tube inclinée d'environ i5° sur l'horizon; le
liquide manométrique est l'huile d'amandes colorée par l'orcanette. Le
thermomètre est, par suite, très sensible, et le degré correspond à une
longueur de o™,020 à o™,o3o; l'instrument est, d'autre part, peu en-
combrant, et il peut servir de thermographe, en employant la Photographie
pour enregistrer les mouvements du liquide. Les formes diverses qu'on
peut donner à la boule thermoscopique rendent ce thermomètre propre
à tous les usages, et en particulier à l'observation des températures en
Physiologie et en Médecine; l'emploi d'un tube capillaire d'argent recuit
permet d'explorer les parties les plus difficilement accessibles.
» Ce thermomètre devient un baromètre si l'on supprime la boule
thermoscopique : le liquide se meut alors sous l'action de la pression
extérieure, et l'on peut inscrire automatiquement la pression baromé-
trique. On peut donc l'appeler un iliermobarographe . »
{ i66)
CHIMIE MINI^RALE. — Sur quelques combinaisons fluorées de l'uranium
avec les métaux alcalins. Note de M. A. Ditte.
H Lorsqu'on introduit de l'oxyde vert d'uranium dans du fluorure de
potassium fondu, additionné d'une petite quantité de carbonate de po-
tasse, de manière à le rendre faiblement alcalin, l'oxyde se change au
bout de quelques instants en belles paillettes jaunes et transparentes, très
brillantes, insolubles dans l'eau chaude comme dans l'eau froide, et faciles
à séparer, par conséquent, du fluorure de potassium. Ces cristaux affectent
la forme de tables hexagonales régulières, minces, inaltérables à l'air même
au rouge. Elles se dissolvent avec facilité dans les acides étendus. Si on
les chauffe au rouge dans un courant d'hydrogène après les avoir mé-
langées avec un excès de chlorhydrate d'ammoniaque distillé, l'uranium
passe tout entier à l'état de protoxyde. cristallisé, et le potassium qu'ils
renferment se change en chlorure; cette réaction donne un moyen d'ana-
lyser cette substance, et les nombres obtenus, contrôlés par des pesées de
phosphate d'urane et de fluorure de calcium, lui attribuent la fornude
U=0-FI,2RF1. ^
» Le même sel se produit encore quand on traite l'oxyde vert par du
fluorhydrate de fluorure de potassium : tout se dissout d'abord, mais l'ad-
dition à la masse fondue de carbonate de potasse qui sature tout ce qui
reste d'acide libre détermine la précipitation de belles paillettes, dans les-
quelles tout l'uranium employé reste retenu. Ces cristaux, chauffés dans
un courant d'hydrogène, changent de couleur et deviennent vert foncé;
mais ils ne perdent qu'une très minime fraction de leur poids, et le chan-
gement de teinte est le résultat d'une altération purement superficielle.
» Lorsqu'on dissout de l'oxyde Ll ' O* dansdu fluorure acide de potassium,
on obtient une masse limpide et transparente, qui donne une masse opaque
et jaune après son refroidissement. Celle-ci abandonne à l'eau chaude
du fluorure de potassium à peu près pur et laisse une poudre cristalline
jaune, qui, lorsque la majeure partie du fluorure de potassium libre est
enlevée, se dissout à son tour. On obtient alors une liqueur jaune qui aban-
donne par refroidibsement des cristaux jaune clair, dont la composition
répond à la formule 2 (U" OFI% -^KFi )3H0 ou bien (U=OFl-, 2KFI)3HO,
selon la température à laquelle les cristaux se sont déposés.
» Le même composé peut également s'obtenir en dissolvant d'abord
l'oxyde vert d'uranium dans un excès d'acide fluorhydrique et séparant par
( '^7 )
décanlation le précipité de fluorure d'uranyle qui se dépose. La liqueur
claire est additionnée de potasse, puis concentrée ; elle dépose alors du
fluorure de potassium et de beaux cristaux jaunes, transparents, qui pré-
sentent la composition précédente. Quand on les dissout dans de l'eau
chargée de fluorure acide de potassium et que la cristallisation s'effectue
entre 5o° et 60", les cristaux qui se déposent ne contiennent plus que
j^i d'eau; letu- formule est donc U=0Fl-,2KFl,H0.
» Cetoxyfluo-uranate de potasse, soumis à l'action de la chaleur, perd
son eau ; puis il fond sans se décomposer et donne une masse liquide
jaune, qui devient jaime orangé par refroidissement, en même temps
qu'elle perd sa transparence. Il est beaucoup moins soluble dans l'eau
chargée de fluorure de potassium que dans l'eau pure ; ce sel anhydre,
porté au rouge dans un courant d'hydrogène, devient orangé par suite
d'une altération superficielle qui lui fait perdre un centième de son poids
environ.
» Si, dans les opérations qui précèdent, on remplace le fluorure de
potassium par du fluorure de rubidium, on obtient des résultats tout à fait
du même ordre ; le fluorure légèrement alcalin par un peu de carbonate
donne de beaux cristaux orangés, insolubles dans l'eau, répondant à la
formule U-O^FI, 2 RbFl.
M Le fluorure acide de rubidium dissout l'oxyde U'O*, et la masse, reprise
par l'eau après son refroidissement, donne une liqueur jaune qui dépose
par évaporation des cristaux jaunes du composé U'OFl-, 2 RbFl,6 FIO,
tout à fait analogue au sel correspondant du potassium par son aspect et
par ses propriétés.
» Le fluorure de sodium donne de beaux cristaux d'un jaune d'or, très
brillants, présentant la formule U'O^ FI, aNa FI.
» Le fluorure de lithium, additionné d'une faible quantité de carbonate
de lithine, donne encore des paillettes jaunes insolubles dansl'eau. Comme
les précédentes, elles sont un peu difficiles à purifier, à cause de la faible
solubilité des fluorures de sodium et de lithium ; elles sont, du reste, inso-
lubles dans l'eau, inaltérables par la chaleur et solubles dans les acides
étendus; elles présentent, du reste, la même composition U^O-Fl, aLi FI.
» Le fluorure de thallium se comporte de même et donne des paillettes
cristallines; mais l'opération est difficile, à cause de la volatilité du fluo-
rure de thallium.
» Eu résumé, l'aciion d'un fluorure neutre des métaux alcalins sur
l'oxyde vert d'uranium donne de beaux cristaux insolubles et anhydres de
composés analogues, présentant la formule U^O'FljsMFl; l'action du
( i68 )
fluorure acide de ces mêmes métaux donne des sels solubles et hydratés,
dont la composition peutêtreexprimée parlaformuleU^OFl", 2MFl,nHO. »
CHIMIE MINÉRALE. — Sur le poids atomique et tes propriétés priticipales
du gkicium. Note de MM. L.-F. Nilson et O. Pettersson. (Extrait.)
« Nous avons trouvé, il y a deux ans, que la chaleur spécifique du
glucium entre o° et loo^est égale à o,4o84, et nous en avons conclu que
la glucine est égale à GPO^ et le poids atomique du glucium est égal à
i3,8, la chaleur atomique du métal, dans ce cas, étant 5,64, conformé-
ment à la loi de Dulong et Petit [Comptes rendus^ t. LXXXVI, p. BaS).
Cependant ces résultats ont soulevé des objections de la part de MM. Lo-
thar-Meijer, Brauner et Carnelley. Ainsi, ces savants supposent que :
1° l'équivalent du glucium est évalué trop haut, et qu'avec nos matériaux
purs nous obtiendrons sans doute un nombre inférieur à 4)0; alors le
glucium triatomique pourrait s'insérer dans le système de Mendeléeff
avec un poids atomique égal à ii,o ou ii,5, ce qui autrement ne serait
pas le cas; 2° la chaleur atomique de l'oxygène dans la glucine GPO% ou
2,47? serait moindre que dans tous les autres sesquioxydes, où elle varie
entre 3,5 et 5,i; 3" la chaleur spécifique du glucium entre 0° et 100°
serait certainement égale à 0,4084, mais, aux températures plus élevées,
s'élèverait très rapidement, et, s'il en était ainsi, Gl pourrait être égal à 9,2,
la glucine égale à GlO et la chaleur atomique du métal entre 0° et 100°
égale à 3,76, pour atteindre, à une température élevée, la valeur nor-
male, égale à 6,4, en correspondance avec C, Bo, Si, selon Weber; 4° la
température de fusion du chlorure serait telle, que le métal ne pourrait
être triatomique. Ces remarques ont été pour nous l'occasion de nouvelles
expériences, dont nous avons l'honneur de communiquer à l'Académie
les principaux résultats.
» Ayant trouvé que le chlorure sublimé de glucium contient toujours
une trace de calcium, provenant de l'action corrodante qu'il exerce sur le
tube de verre oia il est préparé, nous ne pouvons pas déterminer l'équi-
valent du métal par l'analyse de cette combinaison. Par la cristallisation
réitérée du sulfate préparé de ce chlorure, les traces de calcium s'éloignent
facilement. Le sulfate cristallisé Be^O", 3SO^ + i2ll=0 fournit de grands
cristaux inaltérables à l'air; ils perdent 6™°' d'eau à ioo°-iio°, le reste
à 25o°, et, chauffés au blanc, laissent un résidu de glucine pure. Le sel
était ainsi parfaitement propre à la détermination en question. Pour éviter
les erreurs de pesée, provenant de l'hygroscopicité de la glucine calcinée,
( 169)
nous avons employé avec succès des desséchants contenant P'O". M.Tha-
lén, qui a soumis la gluciiie pesée à l'examen spectroscopique, n'a pu
y trouver aucune matière étrangère.
Équivalent
Perte de L'eau Perte de H'O et SO' deglueium.
r If. . à 100°. au blanc. Glucine obtenue. ■« -. ^- — -
Eipér. pesé. gr pour loo. gr pour uw. pr pour loo. =8. =:,')6.
1... 3,8oi4 0,7696 20,245 3,2627 85,82g 0,5387 i4)i7' 4j556 4'544
2... 2,6092 0,5282 20,244 2,2895 85,83i 0,3697 14,169 4)552 4>542
3... 4.3072 " » 3,6973 85, 840 0,6099 •4)ï6o 4v545 4' 553
4... 3,0091 » « 2,5825 85,824 0,4266 14,176 4,557 4,55o
Moy. . . ni»»» 85,83i » i^,i6g 4»552 4)543
» L'équivalent du glucium a été déterminé par nos devanciers de 4)9 à
4,6; le nombre trouvé par nous est un peu inférieur. Le poids atomique
du glucium est donc égal à i3,65 si la terre est égale à GPO'; la sup-
position que nous arriverions à une valeur inférieure à C = 12 n'est donc
pas fondée.
» Dans la Note suivante, nous donnons une série de déterminations
de la chaleur moléculaire des sesquioxydes à l'aide du calorimètre Bun-
sen. Elles prouvent que la glucine prend place juste entre ces oxydes, aussi
bien par rapport à la chaleur qu'à l'égard du volume moléculaire. Quant
aux nombres obtenus, nous remarquons que la méthode Bunsen donne
toujours des valeurs un peu inférieures à celles des autres (Regnault,
Neumann) et que nos déterminations, faites suivant uneseule et même mé-
thode, dans des circonstances identiques, sont seules parfaitement compa-
rables entre elles. Pour montrer comment la glucine, à l'égard de la chaleur
atomique de l'oxygène, est intimement liée avec les oxydes de Al, Se, Ga et
In, nous emprunterons quelques nombres delalNote suivante. Soit Cla cha-
leur spécifique; la chaleur atomique de l'oxygène se calcule comme suit ;
Be'O'.c = 18,61 APO'.c = 18,78 Sc=0^c = 20,81
Be'.c ^11,60 AP.c =11,74 Sc^ c = 12,80 (')
7,01 7,04 „,~ 8,01
Ga'O'.r = 19,54 In'O'. c = 22, 17
Ga'. c = 10,91 In', c ;= 12,92
8,63 „ Q,2S ^ Q
— r— = 2,0b -^ =j,ob
o 6
(') Clialeur supposée normale.
( 170 )
On voit par là que la chaleur atomique de l'oxygène dans la glucine, loin
d'être exceptionnelle, coïncide parfaitement avec celle de APO' et est à
peu près égale à celle de Sc^O% Ga-0% In^O'. Avec la composition Gl^O%
la glucine est donc absolument normale à cet égard, et la deuxième
objection, on le voit, n'est pas mieux fondée que la première.
» Pour répondre à la troisième, il faut déterminer de nouveau la chaleur
spécifique du glucium, non seulement entre 0° et 100°, mais aussi aux
différentes températures entre 0° et 3oo°. Dans ces déterminations, faites
aussi avec le calorimètre Bunsen, nous avons employé le même métal
qu'auparavant, après que la poudre la plus fine a été séparée par le blu-
tage, dans la pensée que le reste serait un métal plus pur : l'analyse a
constaté l'exactitude de celte prévision en donnant 94,41 Gl, 4,8961*0%
0,70 Fe. Ce métal fut renfermé dans de petits cylindres de platine, hermé-
tiquement soudés avec de l'or. L'accroissement de la chaleur spécifique
de GPO' et Pt fut aussi déterminé aux mêmes températures.
Chaleur
Température. Chaleur spécifique. atomique. Remarques.
0° à 46°, 5 0,3950 à o,4oo5 5,46 4 ^"pér. dans la vapeur de CS-.
0° à 100°, 18 0,4242 à 0,4250 5,79 2 » » d'eau.
0° à 214°, o 0,4/49 ^ 0,4751 6,48 2 » >> de nitrobenzol.
©"à 299°, 5 o,5o54 à o,5o56 6,90 2 » » de diphénylamine.
» On voit, par le Tableau qui suit, que les chaleurs spécifique et ato-
mique du glucium s'élèvent à peu près comme celle du fer, et que la chaleur
atomique n'est pas, même à 3oo°, aussi grande que celle du fer. Le glu-
cium ne peut donc point être comparé avec C, Bo, Si, dont la chaleur spé-
cifique et atomique s'accroît beaucoup plus rapidement, et si le poids
atomique de Gl est égale à i3,65, la chaleur atomique est complètement
normale.
0°
1 100°.
0° à
3oo°.
Chaleur
Chaleur
Chaleur
Chaleur
spécifique.
atomique.
spécifique.
atomique.
Fer
0,1124
6,29
0 , I 266
7.09
Selon Bède.
Glucium .
0,4246
5>79
o,5o6o
6,90
Selon Nilson et Pettersson
» Quant à la dernière objection, d'après laquelle le point de fusion de
GPCI^ ne correspondrait pas avec celui de APCP, et dont le chlorure, par
conséquent, serait GlCP, nous nous bornerons à remarquer ici que les élé-
ments de la série de l'yttrium, à laquelle appartient le glucium, selon notre
conviction, présenteront sans doute à cet égard bien plus d'analogie que
( '7' )
raltiminium, tMément auquel le glucium, d'après nous, n'est pas intime-
ment lié en particulier. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur (jnelcjnes combinaisons appartenant au groupe
des créalines et des créatinines. Note de M. E. Dcvillier, présentée par
M. Wurtz.
« a-oxybuiyrocyamine . — On obtient cet homologue de la glycocya-
mine et de l'alacréatine en ajoutant à une solution aqueuse, froide et con-
centrée d'acide amido-a-butyrique (i™"') de la cyanamide (1'"°'), puis
quelques gouttes d'ammoniaque et abandonnant le tout à la température
ordinaire. Après quelques jours, on voit apparaître des cristaux en aiguilles
qui augmentent peu à peu. Lorsque le dépôt cristallin ne paraît plus aug-
menter, ce qui a lieu au bout d'un mois environ, on sépare les cristaux.
» L'eau mère, additionnée d'une nouvelle quantité de cyanamide, la
moitié environ de la cyanamide employée précédemment, et de quelques
gouttes d'ammoniaque, fournit une nouvelle quantité de cristaux en ai-
guilles.
» Finalement, après quelques additions successives de cyanamide, il
reste une eau mère renfermant encore une petite quantité d'acide amido-
a-butyrique et une notable quantité de dicyanadiamide.
» Quant aux cristaux obtenus, on les purifie en les lavant à l'alcool
bouillant, dans lequel ils sont presque insolubles, puis en les faisant cris-
talliser dans de l'eau contenant un peu d'ammoniaque. On obtient ainsi
des cristaux en très fines aiguilles n'ayant que o'°,oo2 à o™, oo3 de lon-
gueur.
» Soumis à l'analyse, ces cristaux répondent très exactement à la formule
C^H"Az'0-, qui est celle de l'a-oxybutyrocyamine.
» L'a-oxybutyrocyamine se présente en très fines aiguilles ne renfer-
mant pas d'eau de cristallisation. Ce corps est peu soluble dans l'eau
froide, un peu plus soluble dans l'eau chaude, presque insoluble dans
l'alcool et insoluble dans l'éther. Enfin, les acides étendus le dissolvent fa-
cilement à froid.
» a-oxybutyrocyamidine. — On obtient très facilement cet homologue de
la glycocyamidine. Pour cela on porte à l'ébuUition, pendant quelques
heures, une solution d'a-oxybutyrocyamine (1™°') dans l'acide sulfurique
C. R., lî-So, 1' Semestre. (T. XCI, N" ô.) ^3
( I?^- )
étendu et en excès (a™"' à 3™°'); puis on enlève l'acide sulfuriqiie parle
carbonate de baryte, on évapore à sec et on reprend par l'alcool ordi-
naire, qui laisse insoluble l'a-oxybutyrocyamine non transformée. La so-
lution alcoolique, évaporée pour chasser l'alcool, puis reprise par l'eau,
fournit de longues aiguilles limpides de plusieurs centimètres de lon-
gueur.
» Ces cristaux perdent à i5o°leur eau de cristallisation et répondent à
l'analyse très exactement à la formule C'H'Az'O + H-0, qui est celle de
l'a-oxybutyrocyamidine renfermant i™°' d'eau de cristallisation.
» L'a-oxybutyrocyamidine est assez soluble dans l'eau froide, beaucoup
plus soluble dans l'eau chaude, d'où elle cristallise très bien par refroidis-
sement. Elle est assez soluble dans l'alcool.
» Isooxyvalérocj'amine. — Ce corps s'obtient en faisant réagir la cyana-
mide sur l'acide amido-isovalérique et en opérant comme il a été dit plus
haut pour obtenir l'a-oxybutyramide.
» L'isooxyvalérocyamine se présente en petits cristaux courts ayant une
apparence cubique. Ce corps est peu soluble dans l'eau froide, un peu
plus soluble dans l'eau chaude; il est à peine soluble dans l'alcool et inso-
luble dans l'éther. Enfin il se dissout facilement dans les acides étendus.
» L'isooxyvalérocyamine ne renferme pas d'eau de cristallisation et ré-
pond à la formule C^H'^Az'O*, qui est celle de l'isooxyvalérocyamine.
)) Isooxyvalérocyamidine. — On obtient ce corps en faisant agir l'acide
sulfurique sur l'isooxyvalérocyamine, en opérant exactement comme il a
été indiqué plus haut pour obtenir l'a-oxybutyrocyamidine.
» L'isooxyvalérocyamidine se présente en fines aiguilles brillantes ayant
beaucoup de ressemblance avec l'a-oxybutyrocyamine. Ce corps est assez
soluble dans l'eau froide; il est plus soluble dans l'eau chaude, d'où il cris-
tallise facilement; il est assez soluble dans l'alcool.
» L'isooxyvalérocyamidine perd à i5o° son eau de cristallisation et ré-
pond à la formule C«H*'Az'0 + |H^O.
» Strecker et Erlenmeyer considérant les créatines et les créatinines
comme des guanidines substituées, et Kolbe et Baumann considérant les
créatines comme des produits de substitution de l'urée et les créatinines
comme des produits de substitution de la cyanamide, on devra adopter,
pour l'a-oxybutyrocyamine, l'a-oxybutyrocyamidine, l'isooxyvalérocya-
mine et l'isooxyvalérocyamidine des formules de constitution différentes,
suivant qu'on adoptera l'une ou l'autre manière de voir.
( 173)
» Dans le premier cas, les formules de ces corps devront s'écrire
CH' CH'
I I
I I
/AzH -CH /ÂzH- CH
AzH = CC I AzH=:C; I
^AzH'-CO-OH ^AzH-CO
K-oxj'butyrocyamiiie. a-oxybulyrocyamidine.
CH'CH' CH'CH'
\/ \/
CH CH
I I
/AzH -CH /AzH-CH
AzH=:CC I AzH = C: I
^AzH= CO-OH ^AzH-CO
isooxyvalérocyamine. isooxyvalérocyamidiue.
et, dans le second cas, ils auront les formules
/AzH' /AzH'
\AzH-CO-CH(AzH')-CH'-CH^ \ AzH - CO- CH(AzH') - CH^^^3
isooxyvalérocyamine.
«-oxybutyrocyamine.
„^AzH ^AzH
'^Az-CO-CH(AzH')-Cn'-CH^ •^Az-CO-CH( AzH') -CH
K-oxybutyrocyamidine.
\CH'
isooïyvalérocyamidiiie.
» Ces dernières formules montrent que les créatines peuvent être consi-
dérées comme des uréides d'acides amidés, et j'espère arriver à démon-
trer prochainement que l'on doit adopter pour ces corps cette manière de
voir. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Action du chlorure d'éthyle sur les éthylctmines.
Note de MM. E. Duvillier et A. Buisixe, présentée par M. Wurlz.
K Hofmann (') ^ indiqué que le meilleur procédé pour obtenir les
bases éthylées consistait à faire réagir en vase clos, à ioo°, le chlorure
d'éthyle sur une solution alcoolique d'ammoniaque. Dans ces conditions,
il reconnut que les trois éthylamines prenaient naissance, que, dans le
') Deutsche chemische Gesellschaft, t. HI, p. log; 1870.
( '74)
mélange, la monoéthylamine et la diéthylamiiie dominaient de beaucoup
et que ces deux bases se trouvaient à peu près en parties égales.
» Antérieurement, Groves (') avait reconnu qu'il se formait dans cette
réaction une petite quantité de chlorure de tétraméthylamraonium. Nous
avons vérifié ce fait.
» L'action du chlorure d'éthyle sur l'ammoniaque ne fournit en abon-
dance que la monoéthylamine et la diéthylamine. Dans le but d'obtenir
en grande quantité les autres bases éthylées, nous avons fait réagir, molé-
cule à molécule, en vase clos, à 100°, le chlorure d'éthyle sur la solution
alcoolique du mélange des éthylamines produites par l'action du chlo-
rure d'éthyle sur l'ammoniaque et privées de l'ammoniaque non trans-
formée. Nous avons obtenu, après avoir chassé l'alcool et décomposé les
produits de la réaction par un excès de soude, un mélange de bases vola-
tiles dont nous avons effectué la séparation par le procédé que nous
avons indiqué précédemment (^). Dans ce mélange, la triéthylamine do-
mine, et la monoéthylamine et la diéthylamine sont à peu près en parties
égales.
» Dans le résidu très alcalin des produits de la réaction, traités par la
soude, pour mettre les bases volatiles en liberté, après avoir chassé ces
bases, nous avons recherché la présence du chlorure de tétraéthylam-
monium.
» A cet effet, on sature ce résidu par l'acide chlorhydrique, puis on en
sépare la plus grande partie du sel marin par des concentrations succes-
sives. Il reste enfin une eau mère sirupeuse, qu'on traite par l'alcool pour
précipiter le sel marin. On obtient ainsi, après avoir chassé l'alcool, ime
liqueur sirupeuse de chlorure de tétraélhylammonium que nous avons ca-
ractérisée par ses réactions principales. Ce produit s'obtient en quantité
assez notable; c'est cependant le moins abondant des produits de la
réaction.
» L'action du chlorure d'éthyle sur le mélange d'éthylamines qu'on
obtient en faisant réagir le chlorure d'éthyle sur l'ammoniaque fournit
les quatre bases éthylées. On peut représenter approximativement par les
nombres suivants les quantités relatives de chacune de ces bases que l'on
obtient : triéthylamine l\, diéthylamine 2, monoéthylamine 2, hydrate de
tétraélhylammonium i .
(') Chemical Society quarterly Journal, t. XIII, p. 33i j 1861.
(') Comptes rendus, t. LXXXIX, p. 48 et 70g; 1879.
( '7^ )
» En résumé, l'aclion du chlorure d'élhyle sur rammoiiiaque, étudiée
par Hofmann, et l'action, que nous venons d'étudier, du chlorure d'éthyle
sur les éthylamiues qui prennent naissance dans l'action du chlorure
d'éthyle sur l'ammoniaque, permettent d'obtenir facilement les quatre
bases éthylées en grande quantité.
» L'action du chlorure d'éthyle sur l'ammoniaque et les éthylamines se
fait donc bien plus régulièrement que celle des éthers méthyliques sur
l'ammoniaque et les méthylamines qui ne fournissent, comme nous l'avons
montré (' ), que peu de diméthylamine et de triméthylamine, mais don-
nent surtout de la monométhylamine et des sels de tétraméthylam-
monium. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Action de l'électrolyse sur la benzine.
Note de M. Ad. Renard, présentée par M. Wurtz.
« Les expériences ont été conduites exactement de la même manière
que celles décrites précédemment pour l'élude de l'action de l'électrolyse
sur le térébenthène (^).
» 65<^'= d'alcool, additionnés de iS'^" d'un mélange parties égales d'eau
et d'acide sulfurique, auxquels on ajoute ao"^*^ de benzine, sont soumis à
l'action d'un courant produit par 5 éléments Bunsen.
» Au pôle négatif se dégage de l'hydrogène, tandis que l'électrode posi-
tive, sur laquelle aucun gaz n'apparaît, se recouvre d'une matière noire
goudronneuse, qui vient se rassembler à la partie inférieure du flacon.
» Au bout de deux jours, toute la benzine se trouvant dissoute dans la
liqueur alcoolique, qui a pris une teinte brune très prononcée, on arrête
l'expérience.
» Après avoir réuni ainsi une quantité suffisante de liquide, on y ajoute
deux ou trois fois son volume d'eau, ce qui détermine la séparation d'une
couche huileuse noire, qu'on isole du liquide inférieur.
» Le liquide surnageant, agité avec un excès de lessive de soude, laisse
remonter la benzine qui a échappé à la réaction, simplement mélangée d'un
peu d'acétate d'éthyle provenant de l'électrolyse de l'alcool. Quant à la
liqueur alcaline, saturée par un excès d'acide, elle laisse déposer une forte
proportion d'une matière résineuse brune, solide et friable.
(') Comptes rendus, l. XC, p. 873 et 1426; 1880.
(') action fie l'électrolyse sur le térébenthène [Comptes rendus, t. XC, p. 53i).
( 176)
» Le liquide aqueux, séparé delà benzine, après avoir été saturé par de
la craie, est filtré et soumis à l'évaporation pour chasser l'alcool. On le dé-
colore en partie sur du noir animal, puis on y ajoute une solution d'acé-
tate de plomb. On filtre pour séparer le précipité formé, puis à la partie
filtrée on ajoute de nouveau de l'acétate de plomb et de l'ammoniaque.
On obtient ainsi un abondant précipité qu'on recueille sur un filtre et qu'on
lave, puis qu'on décompose par un courant d'hydrogène sulfuré après l'avoir
mis en suspension dans l'eau. On filtre pour séparer le sulfure de plomb,
et la liqueur filtrée est soumise à l'évaporation jusqu'à consistance siru-
peuse. Par le refroidissement, il se forme un magma cristallin qu'on agite à
plusieurs reprises avec de l'éther. Celui-ci, soumis à l'évaporation, laisse
alors déposer des cristaux jaunâtres d'un nouveau corps, qui, purifié par
quelques cristallisations dans l'eau, se présente sous forme de longues
aiguilles incolores.
» Ce nouveau corps doit élre considéré comme un glycol secondaire
C°H''(OH)^ ou isobenzogl/coL Soumis à l'analyse, il a donné les résultats
suivants :
C«H=(OH)
exige :
c 64,55 64,29
H 7,i5 7,14
O » 28,57
» Il est soluble dans l'eau, l'alcool et l'éther.
» Il fond à 171''. Vers 200°, il commence à se sublimer en se décompo-
sant. Sa solution réduit la liqueur cupro-potassique avec formation d'un
précipité rouge d'oxyde de cuivre; elle précipite le nitrate d'argent, et, si
l'on ajoute de l'ammoniaque, on obtient une abondante réduction d'argent
métallique; chauffée légèrement avec une solution étendue de potasse
caustique, elle brunit fortement.
» L'isobenzoglycol ne précipite ni l'acétate ni le sous-acétate de plomb,
mais donne avec l'acétate de plomb ammoniacal un abondant précipité.
Traité par l'acide nitrique étendu de deux fois son volume d'eau, il s'oxyde
à chaud en dégageant des vapeurs nitreuses ; par évaporation de la liqueur,
on obtient des cristaux d'acide oxalique.
» Chauffé en tube scellé avec de l'acide acétique crislallisable, il n'est
pas attaqué; mais, si on le chauffe à i4o° avec de l'anhydride acétique, on
obtient un liquide incolore qui, par addition d'eau, laisse déposer des
( '77 )
cristaux brillants insolubles d'isobenzoglycol diacétique C'Il''(OC^TT'0)=,
dont l'aualvse a donné les résultats suivants :
C'H'(OC'H'O),
exige :
C 61,7 61,22
H 6,3 6,1?.
O » 32,66
100,00
» Cet éther est insoluble dans l'eau, soluble dans l'alcool et l'éther.
» Il fond à 121°. Vers 3oo°, il entre en ébullition.
» Les expériences précédentes confirment bien la fonction d'alcool se-
condaire diatoniique que j'ai attribuée à ce nouveau corps. On ne peut, du
reste, comprendre sa formation qu'en admettant que 2™°' d'oxyhydryle se
sont fixées sur la benzine. Or, d'après la constitution de cette dernière,
donnée par M. Kékulé, ce corps doit nécessairement renfermer deux
groupes GHOH, caractéristiques des alcools secondaires.
» Je crois en outre devoir faire remarquer les propriétés réductrices de
ce nouvel alcool, qui le rapprochent de la classe des glucoses, spécialement
de la phénose, qui paraît du reste constituer la partie sirupeuse qui l'accom-
pagne, et sur laquelle j'aurai à revenir dans l'étude que j'ai entreprise de
l'action de l'électrolyse sur le toluène. »
HYGIÈNE. — Sur une altération particulière de la viande de boucherie.
Note de M. Poixcaré.
a En examinant une série de viandes refusées à l'abattoir de Nancy,
j'ai rencontré, dans plusieurs spécimens, des éléments hétérogènes qui
m'ont paru être constitués par des parasites non encore signalés, et mériter
d'attirer l'attention des helminthologistes.
» Ces éléments (mot que j'emploie afin de ne préjuger en rien de leur
nature) sont enchâssés, sans la moindre enveloppe kysteuse, entre les
fibres musculaires, mais d'une façon tellement intime, qu'au premier
abord ils paraissent même occuper une zone de la cavité du sarcolemme ;
mais, en les isolant par dilacération, on constate facilement leur indépen-
dance. Du reste, pour beaucoup, cet isolement s'opère sponianément. En
quelques heures, on voit les éléments émerger de plus en plus sur les bords
de la coupe et finir par s'en détacher. Ce résultat ne saurait être attribué
( '78 )
à une véritable migration naturelle. Il s'agit plutôt d'une énucléation,
œuvre du retrait éprouvé par le tissu musculaire, d'autant plus que le fait
s'observe presque exclusivement après l'emploi du picro-carminate ou du
carmin.
» L'élément est cylindrique et présente deux extrémités coniques, dont
l'une est toujours plus efBlée que l'autre. Il possède une cuticule parfaite-
N° 1. Microsc. Swift.
Object. I pouce,
ocul. n° 2.
N°2. Microsc. Swift.
Object. \ pouce,
ocul. n" 2.
N° 3. L'élément dans
le tissu muscu-
laire.
ment appréciable à un fort grossissement. Il existe un grand nombre de
lignes transversales, longitudinales et obliques qui semblent circonscrire
de larges cellules. Au delà, on n'aperçoit qu'une masse granuleuse; il m'a
été impossible jusqu'ici de constater des traces d'organisation intérieure.
» Les proportions moyennes sont o"™,o5 comme largeur et o°"°, 28
comme longueur; mais on peut dire que la taille générale varie beaucoup
et qu'on a toujours sous les yeux des représentants des différentes périodes
de croissance. Les plus grands sont souvent contournés et peuvent même
affecter la forme de noeud, que présentent parfois les lombrics.
» Malgré le défaut d'organisation et l'état purement granuleux de la
masse intérieure, il me paraît impossible de voir là une simple altération
( '7'J )
pathologique du tissu musculaire, en raison de la forme générale qui se
montre constamment la même, en raison aussi de l'indépendance vis-à-yis
des fjbres. Quoique ces éléments n'aient même pas une organisation suf-
fisante pour être considérés, sans contestation, comme des embryons d'hel-
minthes, et quoiqu'ils présentent une certaine analogie avec les grégarines,
comme j'ai rencontré des éléments semblables dans des muscles de porcs
atteints de ladrerie, il est permis de se demander si ce n'est pas là une des
phases ou métamorphoses des tîenioïdes, et si ce n'est pas par leur intermé-
diaire que la viande crue de bœuf donne le taenia à tant de malades.
» Mais je n'insiste pas sur ces vues hypothétiques; pour le moment, je
désire seulement faire connaître un fait et attirer sur lui l'attention des per-
sonnes compétentes. Du reste, pour me former à moi-même une opinion,
j'attends le résultat d'expériences actuellement en exécution et ayant pour
but d'obtenir, sur des chiens, la reproduction du parasite par voie d'inges-
tion à l'état cru et d'inoculation. »
PATHOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — SuT la production du charbon
par tes pâturages. Note de M. Poi\caré.
« .Te crois devoir faire connaître immédiatement les premiers résultats
d'expériences que je me propose de poursuivre, parce qu'ils se rattachent
à la Communication si intéressante que M. Pasteur vient de faire à
l'Académie.
«Dans une ferme isoléedes environs deNancy, dix-neufbêtesà cornes mou-
rurent du charbon dans l'espace de trois semaines. M, Tisserand, vétérinaire,
ayant remarqué que l'herbe du pré où les animaux de la ferme allaient
pâturer était constamment mouillée par un liquide d'apparence marécageuse,
pensa que là pouvait se trouver la cause de cette épizootie locale, d'autant
plus que l'isolement absolu du troupeau semblait exclure tout autre mode
de production. Il engagea le fermier à ne plus mettre ses animaux en pâ-
ture. Un autre vétérinaire, consulté, déclara, au contraire, que, pour faire
cesser la maladie, le mieux était de ne plus rentrer les bétes à l'écurie et de
les laisser constamment en plein air. L'application de ce dernier conseij
donna lieu à trois nouvelles victimes.
» M. Tisserand me remit à la fois de l'eau du pâturage et du sang d'un
des animaux morts. J'ai trouvé, dans le premier de ces liquides, desbacté-
C. R., 1880, 2» Semestre. (T. XCI, N» 3.) 2^
( i«o)
ridies semblables à celles que renfermait le sang. Mais j'ai cru devoir sur-
tout recourir au réactif physiologique.
» Le 3o juin 1880, une injection sous-cutanée d'eau de pâturage fut
pratiquée sur un cobaye. Il devint malade dans la journée du 2 au 3 juil-
let et succomba pendant la nuit du 3 au 4- Son sang, examiné au micro-
scope, présenta l'altération parasitaire décrite par Davaine et fut injecté, le
5 juillet, sur un second cobaye, qui mourut, lui, dans la nuit du 5 au 6.
L autopsie et l'examen microscopique vinrent démontrer la nature char-
bonneuse de l'affection à laquelle il avait succombé. »
HISTOLOGIE. — Observations sur l'origine des fibrilles dans les faisceaux
du tissu conjonclif. Note de M. Laclanié, présentée par M. Bouley.
« L'origine des fibrilles dans les faisceaux du tissu conjonctif est expli-
quée jusqu'ici par deux hypothèses contradictoires : celle de la filiation
cellulaire et celle de la fibrillation spontanée de la substance fondamen-
tale.
» Les travaux de M. Ranvier paraissent écarter définitivement l'hypo-
thèse allemande de l'origine cellulaire. La fibrillation évidemment indé-
pendante du tissu cartilagineux, la coexistence constante des cellules et des
faisceaux connectifs dans le tissu conjonctif embryonnaire, semblent justi-
fier la conclusion à laquelle s'arrête l'éminent hisfologiste du Collège de
France. On pourrait objecter, cependant, que ses observations ont porté
sur des tissus dont le développement était déjà avancé. Que si, dans ces
conditions, les cellules et les faisceaux paraissent indépendants et n'ont,
tout au moins, aucun rapport pouvant témoigner d'une véritable filiation,
on peut faire remarquer que c'est là une observation négative qui ne sau-
rait infirmer l'hypothèse d'une filiation antérieure.
» Les faits que j'ai observés tendent à établir que, si les fibrilles ne pro-
cèdent pas immédiatement des cellules préexistantes, leur formation est ce-
pendant placée sous la dépendance de ces éléments.
» Le tissu qui convient le mieux à ce genre d'observation est le tissu
fnuqueux, répandu à la surface de l'allantoïde. Émanation de la gelée de
Warton, ce tissu se continue, d'autre part, avec celui de l'allantoïde qu'il
recouvre.
» Pour obtenir des préparations bien démonstratives, on insuffle l'allan-
( '8i )
toïde d'ui) fœtus de mouton; il est alors facile d'obtenir par arrachement
des lamelles très minces que l'on tend sur une lame de verre et que l'on
soumet à l'action successive du picro-carminale d'ammoniaque et de la
glycérine, en observant les précautions indiquées par M. Ranvier. La pré-
paration laisse voir un grand nombre de cellules rameuses qui, pour la
plupart, paraissent jetées sans ordre dans la substance fondamentale; mais
en beaucoup de points on les voit manifestement ordonnées en série, de
manière à dessiner des fragments de réseau à deux ou trois mailles, ou
bien des traînées cellulaires simples ou bifurquées.
» La constitution de ces groupes cellulaires est extrêmement intéres-
sante et se présente dans tous avec les mêmes caractères : les travées des
réseaux fragmentaires, les traînées cellulaires sont formées de cellules ra-
meuses paraissant rattachées les unes aux autres par leurs prolongements
protoplasmiques et disposées de manière à former de véritables gaines dans
lesquelles se trouvent emprisonnés des cordons de substance fondamentale :
il est absolument impossible, même à l'aide des plus forts grossissements,
de saisir dans ces portions de substance fondamentale englobées dans les
gaînes cellulaires la moindre trace de différenciation en fibrilles. D'autre
part, en tenant compte de la forme réticulaire de quelques-uns de ces
groupes, on ne peut se défendre de les considérer comme des fragments
arrachés aux parties les plus superficielles de l'allantoïde dans lesquelles
l'organisation est encore inachevée. D'ailleurs, en examinant des lamelles
plus profondes, on trouve à la place de ces réseaux fragmentaires et isolés
un très beau réseau parfaitement continu dans toute l'étendue de la pré-
paration et dont les travées ne diffèrent de celles que l'on trouvait éparses
dans le tissu muqueux superficiel que par cette circonstance que la
substance fondamentale qui les forme a subi la fibrillation. Mais elles sont
toujours recouvertes par leur revêtement de cellules à prolongements pro-
toplasmiques. Les cordons de substance homogène ont donc été remplacés
par des faisceaux connectifs. Plus profondément, enfin, on découvre le
tissu propre de l'allantoïde avec ses travées épaisses et ses mailles circu-
laires. Cette succession permet d'établir la marche du développement de
l'élément fibreux dans l'allaiitoïde. Examiné dans les couches les plus su-
perficielles, cet élément ne se trahit que par le dessin qu'il affectera plus
tard, dessin qui lui est imposé par les cellules dont le groupement et l'or-
donnance régulière constituent le fait primitif. Dans une seconde phase,
les seules portions de substance fondamentale emprisonnées dans les
gaînes cellulaires subiront la fibrillation, et les faisceaux seront formés.
( i82 )
Il y a donc un lien de subordination entre l'apparition des fibrilles et l'ar-
rangement cellulaire, au point qu'il est légitime de conclure que les fais-
ceaux connectifs ne se forment pas indépendamment des cellules, mais que
celles-ci en provoquent le développement, non pas par une transformation
de leur protoplasma, mais par une élaboration propre exercée sur la
substance fondamentale, »
GÉOLOGIE. — Sur les Échinides des terrains tertiaires de la Belgique.
Note de M. G. Cotteau, présentée par M. Hébert.
« Nous venons d'étudier et de décrire les Échinides des terrains tertiaires
de la Belgique. Les espèces, réparties en dix-sept genres, sont au nombre
de trente et une. Celte petite faune, malgré sa pauvreté relative, n'en est
pas moins fort intéressante, soit qu'on l'étudié au point de vue stratigra-
phique, soit qu'on la compare à la faune qui s'est développée dans d'autres
pays aux époques correspondantes, soit qu'on examine les espèces au
point de vue purement zoologique.
» Sur ces trente et une espèces, vingt-trois appartiennent au terrain ter-
tiaire inférieur ou groupe éocène; quatre d'entre elles se rencontrent dans
le système landénien : Holaster Dewalquei, Hemiaster nux et Fincenti,
Schizaster Corneti. Trois sont nouvelles et propres jusqu'ici à la Belgique;
une seule, Hemiaster ymx, était déjà connue et signalée à un niveau plus
élevé, en France, dans les couches à Serpula spirœa de Biarritz, en Italie,
dans le terrain éocène de Vicence et de Vérone, et en Suisse, dans les
couches nummulitiques d'Yberg.
)) Le système le plus riche en Échinides est le laékénien, qui comprend
seize espèces dont quelques-unes très abondantes : Cyphosoma tertiarium
et Vincenli, Caratoinus Lehoni, Nucleolites approximatus, Ecliinulampas af finis
et Duponti, Pygorhjnchus Gregoirei, Echinocyamus propinquus et gracilis,
Lenitapatellaris, Scuiellina lenticularis et rotunda, Brissopsis Bruxellensis, Schi-
znster acuminatus, Spatai^gus pes equulli et Maretia Grignonensis. Cinq de ces
espèces, parmi les plus abondantes et les mieux caractérisées, Pygorhjnchus
Gregoirei, Lenitapatellaris, Scutellina lenticularis et rotunda, Maretia Grigno-
nensis., ont été recueillies dans le calcaire grossier des environs de Paris et
établissent la concordance de ces dépôts avec le système laékénien de la
Belgique. Une espèce, Echinolampas ajfmis, fait défaut dans les environs de
Paris, mais se retrouve en France, à Cassel (Nord) et à Blaye (Gironde),
( '83)
dans l'éocéne, et en Suisse dans le terrain nummulitique d'Yberg. Restent
dix espèces propres jusqu'ici à la Belgique.
» Huit espèces appartiennent au groupe pliocène, systèmes diestien et
scaldisien : Cidaris BelgicOj, Echimis Nysli et Colbeaui, Psammechinus spliœ-
roideus, Dewalquei et Cogehi, Echinocyamus Forbesi et Scliizasler Scillœ. Les
deux dernières seulement ont été signalées en dehors de la Belgique,
Ecliinocjanus Forbesi, commun dans le crag rouge du comté de Suffolk,
et confondu à tort par Forbes avec Y Echinocyanus pusillus des mers
d'Europe et le Scliizaster Scillœ qui caractérise, dans le midi de la France
et dans le nord de l'Italie, les marnes pliocènes de Perpignan, de Nice
et d'Asti.
» Plusieurs de ces espèces, éocènes ou pliocènes, méritent, au point de
vue zoologique, une mention particulière. Nous citerons en première
ligne VHolaster Dewalquei du système landénien; c'est la première fois que
le genre Holaster, si abondamment répandu dans les différents étages du
terrain crétacé, a été rencontré dans le terrain tertiaire. Cette espèce,
bien que la dernière venue dans la série, présente parfaitement tous les
caractères du type; elle est remarquable par sa grande taille, par son
aspect régulièrement cordiforme, par sa face supérieure renflée et sub-
gibbeuse, par son sillon antérieur anguleux et très profond. M. Manzoni
a déjà signalé dans le terrain tertiaire des environs de Bologne une espèce
très voisine de VHolasler Dewalquei, mais cependant distincte, VHemi-
pneustes Ilalicus. Nous citerons également le Caralomus Lelioni, du système
taékénien de Saint-Gilles, espèce très curieuse, différente des vrais Cara-
lomus par la structure des aires ambulacraires antérieures et la forme de
son péristome. Mentionnons encore V Echimis Colbeaui, que nous ne con-
naissons qu'à l'état de moule intérieur, mais qui se distingue de ses congé-
nères par sa grande taille, par sa forme subconique, par sa face inférieure
pulvinée et arrondie sur les bords, et par son péristome s'ouvraut dans
une dépression bien marquée de la face inférieure. N'oublions pas le
Spatangus pes equuli, spécial au terrain éocène de Belgique et qu'on recon-
naîtra toujours facilement à sa forme élevée, hémisphérique, à sa face
inférieure plane et tranchante sur les bords, à son sillon antérieur très
profond et caréné sur les bords. »
M. VuLPiAN fait hommage à l'Académie, au nom de M. E. Pelikan,
président du Conseil médical de Saint-Pétersbourg, et de M. J. Trapp,
( i84)
membre du même Conseil, d'un Ouvrage écrit en langue russe et intitulé
« Pharmacopée russe » .
La séance est levée à 4 heures un quart. J. B.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Ouvrages reços dans la séance on 12 juillet 1880.
Minislère de l'Instruction publique. Annales du Bureau central météorolo-
gique deFrance,publiées parM. E. Mascart ; année 1 878. III : Pluies en France.
Paris, Gauthier-Villars, 1880; in-4°.
Comparaison des ceintures et des membres antérieurs et postérieiit^s dans la série
des Fertébrés; par Ann. Sabatier. Montpellier, Goulet; Paris, A. Delahaye
et E. Lecrosnier, 1880; in-4°.
Traité de Climatologie médicale; par le D^'H.-C Lombard. Paris, J.-B. Bail-
lière, 1877-1880; 4 vol. in-8°.
Climatologie médicale. Atlas de la distribution géographique des maladies dans
leurs rapports avec les climats; par le D'' H.-C. Lombard. Paris, J.-B. Baillière,
1880; in-4°.
(Ces deux Ouvrages sont présentés par M. Bouillaud pour le Concours
Montyon, Médecine et Chirurgie, 1881.)
Annales de la Société de Médecine de Saint-Étienne et de la Loire. Compte
rendu de ses travaux; t. VII, IIP Partie, année 1879. Saint-Etienne, impr. J.
Pichon, 1879; in-8°.
L'oxyde de fer et le Phylloxéra j par M. Ed. Pierre. Paris, P. Dupont, 1879;
opuscule in-4''.
Etude sur divers cas singuliers du mouvement d'un point matériel; par
M. Gascheau. Toulouse, impr. Douladoure, sans date; opuscule in-folio.
Théorie complète des occultations à l'usage spécial des officiers de marine et
des astronomes ; par M. C. BERRY.Paris,Gauthier-Yillars, 1880; in-4''. (Adressé
au Concours du prix Valz.)
La Musique. Part égale du D"^ Fr. Ricard devant le monde savant. Paris,
impr. Bécus, 1880; in-8°.
( i85)
Nouveau système de pointage applicable aux bouches à feu rayées et aux
armes à feu portatives de toute nature; par M. Ph. de Buoca. Nantes, impr.
Mangin et Giraiid, iSyS; br. in-8°.
A. CiviALE. Foyages photographiques daiu les Alpes. Paris, J. Rothschild,
1880; Carte in-8° reliée.
Ornitologia délia Papuasia e délie Molucche di T. Salvadori. Parte prima.
Torino, Stamp. reale, 1880; iu-4°.
Ouvrages reços dans la séance dd 19 juillet 1880.
Société agricole, scientifique et littéraire des Pjrénées-Orientales. Assises ré-
gionales agricoles et scientifiques. Compte rendu. Perpignan, Ch. Latrobe,
1880; in-8<'.
Société agricole, scientifique et littéraire des Pyrénées-Orientales ; t. XXIV.
Perpignan, impr. Ch. Latrobe, 1880; in-8°.
Notions sur les premiers secours à donner aux blessés sur le champ de bataille
et sur quelques maladies ou accidents nécessitant des secours immédiats ; par
M. E. LoNGET. Sans Heu ni date; br. grand in-8° autogr. (Présenté par
M. le baron Larrey.)
Les fibromes utérins au point de vue de la grossesse et de l'accouchement; par
/eD''R. Lefour. Paris, O. Doin, 1880; in-8°. (Présenté par M. Bouley pour
le Concours Montyon, Médecine et Chirurgie, 1881.)
D'^ L'HuiLLiER. De r application des lois de l'Acoustique à l'étude des mala-
dies du cœur, etc. Paris, Berger-Levrault, 1880; in-8°.
Noie sur le Breyeria Borinensis; par A. Preddhomme de Borre. Bruxelles,
1879; opuscule in-8°. (Extrait des Comptes rendus de la Société entomolo-
gique de Belgique.)
Les produits chimiques pyrogénés dérivés du bois ; par k.. Bresson. Paris,
A. Quantin, 187g; br. in-8°. (Extrait de la Revue des industries et des sciences
chimiques et agricoles.)
Revue des fossiles landeniens décrits par de Ryckholt; par G. Dewalque.
Bruxelles, sans date; br. in-8°, (Extrait des Annales de la Société géologique
de Belgique.)
M. E. Trélat. Le fer dans les mains de l'architecte. Paris, Chaix, 1879;
opuscule in-8°.
Mémoires de l'Académie des Sciences, Liscriptions et Belles-Lettres de
rou/o«5e; VHP Série, t. II, i^"^ semestre. Toulouse, impr. Douladoure, 1880;
in-8°.
( i86 )
Table alphabétique des matières contenues dans les dix Volumes de la
VIP série (iSôg-'yS) des Mémoires de l'Académie des Sciences, Inscriptions et
Belles-Lettres de Toulouse, suivie de la Table générale des auteurs. Toulouse,
impr. Douladoure, 1880; in-S".
Melhods and results measurements ofcjravity at initial stations in America and
Europe. Jppendix n° 15. iîeport 0/1876. Washington, Government printing
Office, 1879; in-A".
// binomio di Newton; per J. Cameletti. Genova, tipogr. dei R. Istituto
Sordo-Muti, 1880; br- in-8''.
Parte chimica di un caso di perizia per sospetto veneficio. Storia e considera-
zioni;perF. Ciotto. Padova, Stabil. Prosperini, l88o; in-8°.
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 26 JUILLET 1880.
PRÉSIDENCE DE M. EDM. BECQUEREL.
MEMOIRES ET COMMUNICATIOIXS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. DE QuATREFAGES aclrcsse à M. le Président la Lettre suivante :
« M. Milne Edwards a présenté récemment à l'Académie le dernier Vo-
lume de ses « Leçons sur la Physiologie et l'Anatomie comparées de
» l'homme et des animaux ».
» Quelques anciens élèves de notre illustre confrère ont pensé pouvoir
saisir cette occasion, pour offrir un témoignage public de reconnaissance au
maître que ses travaux ont placé depuis bien des années à la tête des
sciences zoologiques. 11 s'est rapidement formé un Comité, composé : de
M. Dumas, secrétaire perpétuel ; des Membres de la Section de Zoologie
de l'Académie des Sciences ; de tous les professeurs de Zoologie, d'Anato-
mie et de Physiologie de nos grands établissements d'instruction publique
( Collège de France, Muséum, Faculté de Médecine et Faculté des Sciences)
et de M. Masson, éditeur des œuvres de M. Milne Edwards.
» Au nom de ce Comité, j'ai l'honneur de demander à l'Académie de
vouloir bien autoriser l'ouverture, dans ses bureaux, d'une souscription
G. R., iS8(», a« Semestre. (T. XCI, «"4.) 2$
( >88 )
dont le produit sera employé à faire frapper une médaille à l'effigie du
doyen des zoologistes français.
» Permettez-moi, Monsieur le Président et bien honoré confrère, de vous
prier de présenter cette requête à l'Académie, et veuillez agréer l'expression
de mon respectueux dévouement. »
M. le Secrétaire perpétuel pense que l'Académie, qui a suivi avec une
si vive sympathie les travaux que notre illustre confrère a consacrés à son
œuvre monumentale, saisira avec empressement l'occasion de manifester
l'importance qu'elle attache à la voir si heureusement terminée.
L'Académie décide qu'une liste de souscription sera ouverte, à ce sujet,
au Secrétariat de l'Institut.
THERMOCHIMIE. — appareils pour mesurer la chaleur de combustion des gaz
par détonation; par M. Berthelot.
« Voici les figures des appareils que j'ai employés pour déterminer la
Bombe calorimétrifiiie (coupe).
chaleur de formation des oxydes de l'azote, du cyanogène, de l'acide
( i89)
cyanhydriqiie, des principaux carbures gazeux, de l'éther méthylique et
des alcalis organiques (ce Recueil, t. XC, ■ySt, ^^83, iil\o; l. XCI, 79, i3q).
» 'Lnfuj. I représente la bombe calorimétrique qui a servi à la plupart
de mes mesures. Sa capacité est de 21 8*^'"; sa valeur en eau de Si^'. Elle est
formée d'un récipient B'B' et d'un couvercle BB [ficj. 2), assemblés par un
pas de vis muni d'oreilles OO ; tous deux en tôle d'acier épaisse de 2""", 5.
Ils ont été recouverts à l'intérieur, par la galvanoplastie, d'une très épaisse
couche d'or, pesant 22^'' environ, laquelle a résisté à toutes les détonations.
Le couvercle porte latéralement un ajutage d'ivoire isolant /, traversé par
un fil de platine J/, par lequel on fait passer l'étincelle électrique. Les gaz
sont introduits et extraits avec le concours d'une pompe à mercure, com-
binée avec un appareil analogue à l'eudiomètre Reguault, mais d'une plus
grande capacité : on procède à cette introduction par un orifice p, obturé
à volonté par la visVV, munie d'une tète C et d'un canal RR'.
» La ficj. 3 montre la bombe calorimétrique en place, au sein du ca-
lorimètre, avec ses supports et les robinets de verre à trois voies, destinés
à sa manœuvre (').
M. Golaz a aussi construit pour moi un autre appareil d'une forme ana-
logue, doublé intérieurement avec ime feuille de platine épaisse ; la vis et
le tube qu'elle traverse sont entièrement en platine, ce qui permet d'y faire
passer du chlore, des gaz sulfurés ou des gaz acides. La construction de
cette vis de platine est un vrai chef-d'œuvre d'exécution.
)) Donnons le dessin de cet appareil complet [fig. t\). ].ajig. 5 représente
le récipient séparé; la fig. 6, le couvercle muni de sa vis obturatrice; la
fig. 7, la pièce de serrage FF du couvercle; enfin lafig. 8, l'écrou auxi-
^ ' ) Le thermomètre a été figuré, par erreur, en dehors du calorimètre, au lieu du dedans.
( 19» )
liaire R, pourvu de deux goupilles d , a', destiné à serrer la pièce précé-
dente. Cet écrou ne fait pas partie de l'appareil immergé dans le calorimètre.
Fis. 3.
Bombe suspendue dans le calorimètre.
» Ce second appareil a une capacité intérieure égale à 258*^" ; il renferme
662S'' de platine et A'Q^"^ d'acier et vaut, en eau : 70^', 4-
)) J'en ai combiné les dimensions, de façon à le faire fonctionner dans
mon calorimètre de 1'", renfermant Soo»"^ d'eau.
1) Plus de 120 détonations ont été effectuées dans ces instruments, grâce
au concours dévoué et au zèle scientifique de M. Ogier; je dois l'en remer-
cier ici publiquement. Aucun accident ne s'est produit au sein des instru-
ments eux-mêmes, malgré la grandeur des pressions subites développées
pendant les détonations.
M Je dois cependant prévenir les opérateurs que nous avons observé
deux fois l'explosion spontanée des mélanges g azeux^ pendant qu'on les agilait
( i9« )
dans des vases clos et 1res secs, avec du mercure. Cet accident fort grave,
dont je ne connais aucun autre exemple, parait dû à des étincelles élec-
Fig. 4. Fig. 5.
triques intérieures, produites par suite du froltement du mercure sur le
verre des flacons, ceux-ci étant tenus à la main et réalisant des conditions
Fig. 7.
de condensation analogues à celles de la bon teille de Leyde. J'ai entrepris
des expériences spéciales pour pouvoir en préciser les circonstances et les
reproduire à volonté. »
CHIMIE. — Sur la dissoiiition du chlore dans l'eau ; par M. Bbrthelot.
» 1. L'eau dissout des proportions de chlore, qui varient à une même
température avec la durée du contact et l'intensité de la lumière : ainsi j'ai
trouvé, vers 12°, que i'" d'eau pure a dissous tout d'abord, par saturation
dans une atmosphère de chlore pur, sous la pression ordinaire: 4^'',o;cequi
( '92 )
paraît répondre à la vraie solubilité; puis, en prolongeant très longtemps
l'action, on a obtenu 6^'',o (' ). Ces variations sont dues à la décomposition
lente de l'eau et à la formation des oxacides de chlore : c'est en raison de
cette décomposition que Pelouze a pu trouver jusqu'à 8^'', 2 à 10°; le
nombre réel qui répond à la solubilité proprement dite du chlore dans l'eau
étant probablement moitié moindre.
» 2. Les variations dans la chaleur dégagée par la dissolution dans l'eau
d'un même poids de chlore, soit 35^'', 5, ne sont pas moins considérables;
car cette chaleur peut varier, d'après mes anciennes mesures [Annales de
Chimieetde Phjsique, 5* série, t. V, p. 322 à 326), de + i' '', 5o à + 3'"', 77.
Le premier chiffre l'épond à une simple dissolution, le second à une décom-
position de l'eau parle chlore.
» La chaleur dégagée par la formation de l'acide hypochloreux :
CP + nHO==ClO dissous + H Cl dissous + («- i) HO,
serait + 1,9x2;
» Par la formation de l'acide chlorique : + 2,0 x 6;
» Par celle des acides chloreux ouhypochlorique, elle est inconnue, mais
moindre assurément que la chaleur dégagée par le déplacement de l'oxy-
gène, laquelle répond au maximum :
Cl H- «HO = HCl étendu + O dégage : -I- 4, 8 ;
ce dernier déplacement se produit à froid seulement sous l'influence de la
lumière solaire directe; il a aussi lieu avec le concours d'une haute tem-
pérature (-).
» 3. Le déplacement de l'oxygène par le chlore s'effectue bien plus net-
tement avec le bioxyde d'hydrogène, comme MM. Brodie et SchoneTont
observé: réaction qui a donné lieu à des interprétations singulières, mais
que la Thermochimie explique très simplement. En effet.
Cl + HO- étendue = HCl étendu + 0% dégage . + i5,6;
au lieu de + 4i 8 ; c'est-à-dire que la chaleur due à la décomposition propre
de l'eau oxygénée concourt au phénomène. Or c'est un fait général que
(') Les titrages ont été faits sur chaque échantillon par deux mciliodes différentes et
qui se contrôlent: nu moyen de l'acide arsénieux d'une part; au moyen de l'iodure de
potassium, puis de l'acide sulfureux d'autre part.
(') Voir Essai de Mécanique cliimiquc, t. II, p. 5oo.
( '93)
les réactions s'effectuent à une température plus basse et dans un temps
plus court, toutes choses égales d'ailleurs, lorsqu'elles ont lieu avec le con-
cours d'une action auxiliaire dégageant par elle-même de la chaleur [Essai
de Mécanique chimique, t. II, p. 455, /|56, 686).
» 4. Le chiffre maximum, -+- S'^^'.yy, observé dans la réaction directe
de 1^*1 de chlore, Cl, sur l'eau surpasse notablement la chaleur dégagée
par la formation des acides hypochloreux ( -i- 1,9) et chlorique (+ 2,0);
ce qui m'a engagé à chercher l'origine de cet excès dans (juelque réaction
jusqu'ici inconnue.
» J'ai été confirmé dans cette vue par le souvenir d'anciennes expériences,
consignées dans mes cahiers, et dans lesquelles ^'"i de chlore gazeux, CP,
dissous dans la potasse étendue (employée en excès), puis additionnés
d'une quantité d'acide chlorhydrique étendu équivalente strictement à la
potasse, ont fourni un excès thermique égal à -)- 2,9 x 2, par rapport à
la chaleur de formation du chlorure de potassium; au lieu de -+- i,5 x 2,
qui auraient dû répondre à la simple dissolution du poids de chlore em-
ployé. Ces chiffres montrent qu'il n'est pas exact d'admettre que l'acide
hypochloreux et l'acide chlorhydrique dissous régénèrent purement et
simplement du chlore : il se forme aussi d'autres composés.
)) J'en ai poursuivi l'étude, en mesurant les quantités de chlore qui
peuvent être dissoutes dans les solutions salines ou acides, et la chaleur dé-
gagée simultanément.
» 5. Dans les solutions concentrées des chlorures terreux, la solubilité
du chlore est moindre que dans l'eau. Four 1'" de liqueur;
fc'f
CaCl 4- i5H0, vers 11°, saturé de chlore, u dissous. .... +2,45
MgCi-4-i5HO » .. 4-2.33
MnCl -t- I 1 HO » » -+-2,0
La chaleur dégagée a été mesurée avec la dernière liqueur; elle s'élevait
seulement à -h 2'^°', 2 pour SSs'', 5 de chlore dissous : chiffre qui ne s'écarte
pas beaucoup de celui obtenu dans l'eau pure (-t- i,5). Ces nombres sont
peu favorables à l'hypothèse du perchlorure de manganèse; je reviendrai
d'ailleurs sur le chlorure de manganèse et sur sou altération lente par le
chlore.
» 6. La solubilité du chlore dans les solutions des chlorures terreux
augmente avec la dilution. Du moins, la solution précédente de chlorure
de magnésium, ayant été étendue avec dix fois son volume d'eau, a dissous
jusqu'à S^', 5 de chlore par litre. La formation consécutive des oxacides du
( '94 )
chlore dans ces liqueurs étendues s'opère à peu près comme dans l'eau
pure.
» 7. Le chlore se comporte tout autrement en présence de l'acide chlor-
hydrique concentré; car il s'y dissout beaucoup plus abondamment que
dans l'eau, et avec un dégagement de chaleur plus considérable.
» i'" d'une solution aqueuse saturée de gaz chlorhydrique (38 pour loo
environ) a dissous 7^'', 3 de chlore.
M )'" d'une solution renfermant un tiers environ de H Cl a dissous jus-
qu'à I iB"", o de chlore. Cette dernière liqueur était fortement colorée d'une
Huance orangée et rappelait les solutions d'acide chloreux. La teinte per-
sistait encore au bout de deux mois.
» Avec une liqueur plus diluée, on a observé des chiffres moindres.
M i'" d'une solution, renfermant seulement 3 pour 100 de H Cl, a dissous
6^'', 5 de chlore, nombre qui se rapproche de l'eau pure.
» La chaleur dégagée a été mesurée spécialement avec une liqueur qui
répondait à la composition HCl + g, i HO. On a dissous dans i''' de cette
liqueur successivement 2^% 48 et 4*^% 1 5 de chlore : en tout 6^% 63. La quan-
tité de chaleur dégagée par la première fraction, ramenée par le calcula
36s'', 5 de chlore, était de -h 4'^''S8; par la deuxième fraction, + 4'^"'. 4 5 en
moyenne, + 4^'\7-
» Ces chiffres surpassent, non seulement la chaleur dégagée par la
simple dissolution du chlore dans l'eau (+ i , 5), mais aussi par la forma-
lion des oxacides du chlore; ils atteignent même la chaleur dégagée par le
déplacement de l'oxygène (+ 4i8), déplacement qui n'a pas lieu cepen-
dant dans ces conditions. La formation des oxacides du chlore est d'ailleurs
difficile à admettre, d'après les idées reçues, en présence d'un si grand
excès d'acide chlorhydrique, lequel doit tendre à les décomposer.
)) 8. Ainsi la solubilité du chlore dans l'acide chlorhydrique concentré
peut aller à un poids triple de la solubilité normale du chlore dans l'eau
pure; et la chaleur dégagée par chaque unité de poids du chlore ainsi dis-
sous dans l'acide chlorhydrique est triple de la quantité analogue observée
dans l'eau. Ces fails conduisent à soupçonner la formation d'une combi-
naison particulière entre le chlore et l'acide chlorhydrique. A ce point de
vue, les rapprochements suivants sont dignes d'intérêt.
» La fixation de CP sur le protochlorure d'iode ICI, qu'il change
en Irichlorure :
ICI solide + CP gaz = ICI' solide, dégage + ^''^'^G
( >95 )
» La fixation de P gazeux sur l'iodurede potassium, changéen triiodure :
Kl solide + V gaz = KP soliile, dégngo H- lo ,8
Kl dissous 4- V gaz = KP dissous, dégage, suivant la concentralion, de 4- i o , 5 à -1-10,0
» I>a fixation de Br* gazeux sur le bromure de potassium
KBr solide -1- Br' gaz = KBr' solide, dégage. . . 4-10,9
KBr dissous (concentré) 4- Br-ga?. =^ KBr' dissous 4-11,5
» Or, d'après les chiffres trouvés plus haut, on aurait
H Cl dissous 4-CPgaz = HCPdissous +9>4
» Toutes ces valeurs sont voisines et elles s'accordent, je le répète, avec
l'accroissement de solubilité du chlore dans l'acide chlorhydrique pour faire
admettre l'existence d'un perchlorure d'hydrogène, probablement un tri-
chlorure d'Iiydrogène, d'après les analogies. Ce composé ne pourrait exister
d'ailleurs qu'en présence d'un grand excès d'acide, c'est-à-dire à l'état
dissocié.
)) Je rappellerai ici que les solutions concentrées d'acide bromhydrique
dissolvent le brome en abondance; de même l'iode, dans les solutions
iodhydriques. Le gaz iodhydrique même, se décomposant spontanément à
la température ordinaire, fournit un periodure d'hydrogène liquide. Ces
composés rappellent encore les arséniure et phosphure d'hydrogène solides
et saturés de phosphore et d'arsenic, aussi bien que les persulfures et les
peroxydes d'hydrogène. Tous ces corps semblent engendrés de la même
manière, par suite de l'accumulation de l'élément négatif dans les combi-
naisons hydrogénées et conformément à la loi des proportions multiples. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Nole sur la théorie des Sinus des ordres supérieurs;
par M. YvoN Villarceau.
a Les m fonctions ip^,,x de l'ordre m — i se distinguent par l'indice p.,
indice dont les valeurs fixent le rang du sinus et donnent lieu à la suite
ç^.T, Çi-x", (J2^'f-, (fm-i^' En disposant ces fonctions circulairement, on
aura, aux environs de l'indice zéro,
. . . , çî,„..oX, 9,„_|a^, 'fo^, 9,^, Ço'^, •••
)) S'il ne s'agissait que de distinguer le sinus que l'on veut considérer,
C. R.,it8o. 2* Semcitre. (T, XCI, N» -5.) 26
( 196 )
on pourrait évidemment supprimer la lettre m aux indices qui la con-
tiennent, et la suite précédente deviendrait
..., o_2.r, o_,x, ©(,.r, (f,,.T, ffijo-, ...,
suite qui, étendue indéfiniment dans les deux sens, aurait l'avantage d'of-
frir des indices en progression arithmétique.
» L'usage que j'ai fait des fonctions 0(;,a7 m'a suggéré l'idée d'étendre les
valeurs des indices p. à des nombres entiers quelconques, positifs ou néga-
tifs, de sorte que l'on puisse supprimer l'emploi du double signe ± dans
l'expression des théorèmes concernant les deux genres de sinus, hyperbo-
lique et elliptique, et réduire ainsi chaque système de deux théorèmes à une
formule unique. Cette extension ne nécessite aucune précaution particu-
lière quand les sinus appartiennent au genre hyperbolique ,- il en est autre-
ment dans l'autre cas. Il est nécessaire de préciser la signification des fonc-
tions ipi^ a? (qui deviennent alorsy^o?), quand les valeurs de [l sont en dehors
des limites indiquées plus haut. Le point de départ des conventions à éta-
blir, dans ce cas, est dans la relation conventionnelle
» Il résulte de là tout d'abord que, en supposant \i. égal à l'un des
nombres positifs de la suite o, i .. . ?7i — i, on ramènera la fonctiony_,ja:' à
une autre dont l'indice appartienne à cette même suite,si l'on ajoute /« à
l'indice et que l'on change le signe du résultat. Il n'est pas difficile d'en dé-
duire cette règle que, quel que soit l'indice p, positif ou négatif, on ramè-
nera la fonction ^jj. a; à une autre dont l'indice soit un des nombres o, i,
2, . . . , ??z — I, moyennant l'addition ou la suppression d'un nombre conve-
nable de multiples nm de m à l'indice p. et l'application du facteur (— i )"
au résultat.
» Moyennant cetteconvention, les règles pour ladifférentiation ou l'inté-
gration des sinus du genre hyperbolique, règles qui consistent à diminuer
ou augmenter l'indice d'une unité et qui ne pouvaient s'appliquer sans
restriction aux sinus du genre elliptique que pour certaines valeurs de l'in-
dice p., ces règles, disons-nous, s'appliquent sans restriction aucune aux
sinus des deux genres.
» Ayant appelé l'attention de M. J. Farkas sur cette matière, j'ai reçu
de ce géomètre une Lettre, dont on trouvera plus loin un extrait ('), où
(') Voira la Correspondance, pajie 209 de ce numéro.
( '97 )
les règles relatives à l'emploi des indices quelconques sotit démontrées et
appliquées à quelques théorèmes généraux,
» Je terminerai cette Note en faisant connaître à l'Académie que M. J. Far-
kas m'adressait, le 6 juillet, la solution de l'équation différentielle qui fait
l'objet de ma Note du 5 juillet, solution que je lui avais communiquée et
dont il n'avait pu encore avoir connaissance. « Vous m'avez prévenu,
» écrit M. Farkas, et il ne peut y avoir de différence que dans les méthodes
« de déduction. » Nos résultats sont, en effet, complètement d'accord (').»
COSMOLOGIE. — Subslances adressées au Muséum comme des météorites^
avec lesquelles on lésa conjondues à tort. Note de M. Daubrée.
" Outre des météorites authentiques, dont la collection du Muséum s'en-
richit tous les jours, il nous arrive de temps à autre des échantillons de
roches terrestres qui sont adressés comme ayant été vus tomber du ciel.
Il a paru intéressant d'en former une collection spéciale, qui est déjà assez
nombreuse et qui comprend des échantillons de nature minéralogique très
variée.
» Ce qui y domine, ce sont des scories d'usine et de pyrite; mais on y voit
aussi des minerais de fer, tels que le fer oxydulé ou magnétite, l'oligiste, la
limonite de diverses variétés (en rognon ou a;tite, en grain ou pisoli-
thique et terreuse), la sidérose plsolithique, mélangée d'une substance char-
bonneuse, le cobalt arsenical, i'étain métallique en petites paillettes, une
roche volcanique décomposée ou wacke, des grès quartzeux micacés, du
quartz géodique, du limon noirâtre avec restes de végétaux actuels, du li-
gnite.
» On peut s'étonner d'une pareille réunion. Cependant chaque échan-
tillon est pourvu d'une sorte d'état civil, émanant de personnes de très bonne
foi et même, pour plusieurs, habituées à l'observation. La liste des dona-
teurs de ces fausses météorites et des personnes qui nous les ont obligeam-
ment transmises comprend, eu effet, les noms de Le Verrier, Becquerel,
Antoine Passy, maréchal Vaillant, Sauvage, directeur des chemins de fer de
l'Est, Saemann, J. Nicklés, MM. Jules Cloquet, D'' Companyo, Trutat (de
(') Je profite de l'occasion pour rectifier une erreur dans ma Note du 5 juillet. Équa-
tions (5j : au lieu de 98 )
Toulouse), colonel Gazan, Jules Ray, Abrial, ingénieur en chef des Ponts
et Chaussées et iM"^ la duchesse des Cars.
» Quant à la cause d'une erreur qui, à première vue, paraît si considé-
rable, elle s'explique aisément et tient aux circonstances essentielles du
phénomène méléorilique.
» Les effets lumineux et acoustiques de la foudre peuvent, dans certains
cas, être confondus avec l'explosion des bolides et il est assez naturel
qu'une pierre ramassée dans le voisinage d'un point où l'on croit avoir vu
tomber le météore soit prise, si elle est différente des roches du pays, pour
une masse tombée du ciel. La méprise est d'autant plus facile que, par une
illusion inévitable, on se croit toujours à proximité du point de chute,
alors même qu'il est distant de kilomètres et de dizaines de kilomètres.
» Cette remarque s'applique au cas d'un bolide ou d'une étoile filante,
qui laisse dans le ciel une traînée lumineuse et semble tomber verticale-
ment sur le sol, et c'est ainsi que quelques-uns de nos échantillons ont été
ramassés par des personnes qui ont fermement cru observer la place de
leur chute.
» Dans un cas, et sans manifestation lumineuse et bruyante, les vête-
ments de l'observateur ont été saupoudrés tout à coup de paillettes métal-
liques.
» Enfin il suffit souvent de ramasser sur le sol des pays crayeux ces
boules de pyrite radiée, qui proviennent de sa désagrégation et qui en dif-
fèrent complètement, pour que le contraste fasse naître l'idée que les
boules sont étrangères au sol et qu'on les prenne pour des pierres de foudre,
suivant l'expression courante en Champagne et en Normandie. Il en est de
même pour les bélemnites, qui gisent éparses sur le sol argileux de contrées
jurassiques, et même parfois pour des haches de pierre polie que la charrue
fait sortir du sol arable.
» Parmi les conséquences à tirer de ces erreurs, je signalerai notamment
la convenance de se tenir sur la réserve, quand il s'agit d'établir la statis-
tique de chutes, dont nous n'avons plus d'échantillons : ceux-ci, en effet,
malgré la diversité de leurs types, fournissent la seule preuve décisive de
l'authenticité du phénomène.
( '99 )
PHOTOGRAPHIE. — i\ote sur les iraiisformalions successives de l'image
pholographique par la prolongalion de l'action lumineuse; par M. J. Janssen.
M L'objel de cette Note est simplement de constater, devant l'Aca-
démie, l'extension des faits qui concernent le renversement de l'image
photographique par la prolongation ou l'augmentation convenable d'éner-
gie de l'action lumineuse.
» En employant la lumière solaire mise en œuvre par nos appareils de
Photographie céleste, j'ai pu obtenir les transformations successives sui-
vantes de l'image photographique :
» 1° L'image négative ordinaire;
B 2" Un premier état neutre; la plaque devient uniformément obscure
sous l'action du révélateur;
» 3° Une image positive qui succède au premier état neutre (');
» 4° Un second état neutre, opposé au premier, et où la plaque devient
uniformément claire par l'action du révélateur;
» 5° Une seconde image négative, semblable à l'image négative ordi-
naire, mais en différant par les états intermédiaires dont elle en est sé-
parée et par l'énorme différence d'intensité lumineuse qui est nécessaire
pour l'obtenir (');
)) 6° Un troisième état neutre, où l'image négative du second ordre a
disparu et se trouve remplacée par une teinte sombre uniforme.
» Ces faits ont été constatés avec des plaques sensibles préparées au
gélatino-bromure, au tannin, etc. »
M. Cuasi.es fait hommage à -l'Académie de la deuxième édition de son
« Traité de Géométrie supérieure » .
M. DE LA GouRNERiE fait liommageà l'Académie d'un Ouvrage qu'il vient
de publier sous le titre d' « Études économiques sur l'exploitation des
chemins de fer ».
(') Ce premier renversement, dû à la prolongation de l'action de la lumière, avait été
constaté en Allemagne, à notre insu, dans ces derniers temps.
(' I Pour obtenir cette imag<: négative du deuxième ordre, il faut une intensité d'action
lumineuse de plus de i oooooo de fois celle qui donne l'image négative ordinaire.
( 200
RAPPORTS.
GÉNIE CIVIL. — Rapport sur le projet contenu dans les documents déposés par
M. de Lesseps, pour l'ouverture d'un canal interocéanique à Panama.
(Commissaires : MM. Daubrée, Sainte-Claire Deville, amiral Mouchez,
baron Larrey, général Favé, Lalanne, de la Gournerie rapporteur.)
]'REMIÈRE PARTIE.
LE CANAL DE SUEZ A l'aCADÉJIIE DES SCIENCES.
.< En 1854, lorsque Mohammed-Saïd eut donné à M. Ferdinand de Les-
seps la concession du canal de Suez à la Méditerranée, cette oeuvre sortit
de la voie incertaine où elle était engagée.
» Des ingénieurs éminents appartenant à toutes les nations maritimes se
réunirent sur l'appel que leur adressa notre compatriote et arrêtèrent les
bases de l'entreprise. M. de Lesseps fit adopter son idée capitale, d'un canal
à niveau, véritable bosphore que les vaisseaux devaient franchir sans retards
et sans difficultés. En second lieu, il fut décidé que, du côté de la Méditer-
ranée, le canal ne serait pas dirigé vers un port existant, mais qu'on en
construirait un pour lui sur le littoral de l'isthme. Plus tard on recon-
nut la nécessité d'ouvrir une rigole amenant des eaux dérivées du Nil sur
les terrains où le canal devait être établi, pour les rendre immédiatement
habitables et pour assurer dans la suite l'aiguade des navires.
» Lorsque les études générales furent terminées, M. de Lesseps les sou-
mit à l'Académie, qui confia leur examen à xine Commission composée
de Charles Dupin, Cordier, Élie de BeaumonI, Dufrénoy et du Petit-
ïhouars. Dupin lut le Rapport dans la séance du 2 mars 185^. Après avoir
fait l'historique de la question, examiné les détails du projet et recherché
ses conséquences probables, il conclut en disant :
« La conception et les moyens d'exécution du canal maricinie de Suez sont les dignes
apprêts d'une entreprise utile à l'ensemble du genre humain....
» Nous vous proposons de déclarer que les ^Mémoires présentés par M. Ferdinand
de Lesseps, tant en son nom rpi'en celui de ses collaborateurs, sont dignes de notre appro-
bation . »
)) En i858, M. de Lesseps présenta divers projets de détail. L'Académie
en renvoya l'examen à la même Commission, dans laquelle Clapeyron prit
( --^"I )
une place vacante par la mort de Diifrénoy. Le nouveau Rapport, fait par
Dupin, conclut à une approbation.
» Le 20 novembre 1869, soixante-sept navires portant 46000 tonnes
passèrent de la Méditerranée à la mer Rouge; le canal était ouvert dans des
conditions qui permettaient un trafic immense. On pouvait désirer quel-
ques perfectionnements, mais les dispositions générales furent immédiate-
ment considérées comme définitives.
» Attentive aux grandes applications des sciences, l'Académie décerna
un prix au très habile ingénieur qui avait organisé l'outillage des chan-
tiers (' ) ; plus fard elle a ouvert ses rangs à l'homme désormais illustre qui
a été l'âme de l'entreprise.
INDICATIONS Gr.NÉRALKS SUR I,F.S ÉTUDES FAITES T \NS l'iSTHME DE PANAMA
POUR l'ouverture d'un canal.
» Période delà domination espagnole. — En Amérique, la nature a opposé
à la navigation un obstacle du même genre que celui qui a été si heureuse-
ment levé dans le vieux continent. Sous la domination espagnole, lorsqu'il
eut été constaté qu'aucun passage naturel n'existe à travers l'isthme qui
réunit le Mexique au Darien, on a vaguement conçu diyers projets pour y
ouvrir un canal, mais il paraît certain que des études sérieuses n'ont pas
été entreprises. Notre confrère Alexandre de Humboldt a écrit après de
minutieuses recherches :
« Aucune niesure de Iiaiiteur, aucun nivellement du sol n'ont jamais été faits dans l'isthme
de Panama; ni les archives de Simancas ni celles du Conseil des Indes ne contiennent
aucune pièce sur la possibilité de faire des canaux de communication entre les deux mers,
et ce serait à tort que l'on accuserait le ministère de Madrid de vouloir cacher des choses
dont il n'a jamais eu plus de connaissance que les géographes de Londres et de Paris. »
[Essai politique sur la Nouvelle Espagne, Supplément.)
» Projet de MM. Lloyd et Falmarc. — Bolivar, devenu président de la
Colombie, chargea MM. Lloyd et Falmarc de faire les études nécessaires
pour l'établissement d'une voie de communication entre les deux océans.
Le premier de ces ingénieurs a publié dans le Volume de i83o des Tran-
sactions philosophiques de la Société royale de Londres un Mémoire qui
contient le résultat de ses recherches.
)) A cette époque, le commerce opérait dans les mêmes conditions qu'au
(') Comptes rendus, 7 juin 1869; Rapport du général Morin au nom de la Commission
nommée pour le prix de Mécanique de la fondation Monlyon.
( 202 )
siècle dernier : les marchandises expédiées de Panama vers l'Europe étaient
portées à dos de mulet, par des sentiers difficiles, à la Gorgona ou à Cruces,
puis chargées sur des gabarres à fond plat [chalas) ou sur des pirogues
(bongos), qui se rendaient à Porto -Belo en suivant la rivière de Chagres et
la mer. D'après les renseignements donnés par Ulloa, les plus grands de
ces bateaux pouvaient porter 35 tonneaux.
» Afin de diminuer les frais du transport, M. Lloyd propose de con-
struire un chemin de fer depuis Panama ou depuis une baie voisine (Chor-
rera) jusqu'au rio Trinidad, près de son confluent avec le Chagres. Il
projette de plus l'établissement dans la baie de Limon d'un port destiné
à remplacer Porto-Belo et la construction d'un canal dirigé de cette baie
à la partie inférieure du Chagres, en coupant un seuil peu élevé désigné
dans les pièces récentes sous le nom de Loma del Mono. La longueur du
canal ne dépasse pas i'''".
» La baie de IJmon eût été protégée par un brise-lames appuyé à la rive
occidentale et s'étendant sur une longueur d'environ 320o" vers l'île de
Manzanillo. Le port aurait été placé du côté de l'ouest.
» Ce projet mérite d'attirer l'attention, parce qu'il est le premier docu-
ment connu où l'importance de la baie de Limon ait été signalée et dans
lequel on trouve des dispositions générales pour y former un établissement
maritime.
» Projelde M. Garella. — En i843, M. Garella, ingénieur en chef des
Mines, envoyé sur les lieux par le Gouvernement français, fit une étude
complète et en publia dans l'année i845 un résumé suffisamment détaillé.
Il proposa d'ouvrir, de la baie de Panama à celle de Limon, un canal à
écluses franchissant en tunnel la Cordillère et pouvant donner passage aux
plus grands navires. C'est le premier travail d'ingénieur que l'on connaisse
pour un canal interocéanique.
» Les dispositions que M. Garella propose pour la baie de Limon se
rapprochent beaucoup de celles que M. Lloyd avait adoptées. Il fait,
comme lui, aboutir, le canal dans la partie occidentale de la baie, et il éta-
blit le brise-lames du même côté, en ne lui donnant qu'une longueur
de looo™.
» Chemin de fer de Panama à Colon. — De 1 849 à 1 855, le colonel George
Totten a exécuté, pour une Compagnie américaine, un chemin de fer de
Panama à un établissement maritime créé tout exprès sur la baie de Limon,
dans l'île de Manzanillo. Aucun môle d'abri n'a été construit.
» Les dispositions adoptées pour ce nouveau port, connu sous les noms
( 2o3 )
de Colon et d'Aspinwall, sont de tout point contraires à celles qui avaient
été indiquées par jM. Lloyd et par M. Garella. Il est probable que la pro-
fondeur du mouillage près l'île de Manzanillo a été la considération domi-
nante. Dans l'état actuel des choses, les plus grands steamers peuvent
accoster les wharfs de Colon sans que des dragages aient été nécessaires.
» Projets de MM. Litll et Menocal. — En iS^S, une expédition envoyée
par le département de la Marine des États-Unis d'Amérique, sous les ordres
du commandeur LuU et de l'ingénieur Menocal, a fait une étude complète
pour l'établissement d'un canal à écluses de la baie de Limon à Panama.
» Projets étudiés dans les parties de l'isthme éloignées de Panama. — L'étude
des autres parties de l'isthme n'a pas été négligée. En i85i, M. Barnard
établit la Carte de la contrée comprise entre les golfes de Campéche et de
Téhuantépec. La même année, MM. Childs et Fay s'occupèrent d'un canal
parle lac deNicaragua. Apartirde i852,M. Kelley, riche ca[)italiste de New-
York, fit faire des recherches dans le Darien et près la baie de San-Blas. De
grands travaux d'exploration, ordonnés par le gouvernement des États-Unis
d'Amérique, ont eu lieu de 1870 à iSyS sous la direction de M. Selfridge.
» Congrès des sciences géographiques de 1875. Expédition de M. JVyse. —
Au Congrès des sciences géographiques tenu à Paris en 1875, la question
du canal interocéanique fut sérieusement discutée; mais on reconnut que
les renseignements réunis sur le Darien n'étaient pas suffisants et que, par
suite, on ne pouvait pas choisir d'une manière définitive entre les tracés
proposés.
» Une Société civile pour l'achèvement des études se constitua alors à
Paris, sous la présidence du général Tùrr. Elle réunit les capitaux néces-
saires et, vers la fin de 1876, fit partir une expédition commandée par notre
compatriote M. Wyse, lieutenant de vaisseau, qui déjà s'était beaucoup
occupé de celte question. Il avait avec lui un autre officier de marine,
M. Reclus, et plusieurs ingénieurs de différentes nationalités.
» M. Wyse a consacré deux années à son exploration et l'a accomplie
avec un grand succès. Il a étudié, outre le Darien, les contrées voisines de
San-Blas, de Panama et du lac de Nicaragua; il a obtenu du gouvernement
des États-Unis de Colombie qu'un privilège exclusif fût accordé à la Com-
pagnie qu'il représentait pour la construction et l'exploitation d'un canal
interocéanique sur le territoire de cette république. Enfin, avec la collabo-
ration de M. Reclus et celle de M. Pedro Sosa, ingénieur colombien, il a
établi le projet d'un canal à niveau de Panama à Colon.
» Congrès international réuni à Paiis en mai 1879, sous la présidence de
C. R,, i£8o, 2' Semestre. (T. XCI, N«4.) 27
( 2o4 )
M. de Lesseps. — La question présentait une grande complication, par suite
de la variété des tracés étudiés dans des parties très différentes de l'isthme
et des intérêts qui se rattachaient à chacun d'eux. Une discussion libre dans
un Congrès international pouvait seule jeter sur le problème une lumière
suffisante et fixer l'opinion. Cette marche était d'ailleurs conforme à celle
qui avait si bien réussi pour le canal de Suez. Sous les auspices de la Société
de Géographie, M. de Lesseps convoqua à Paris, en 1879, des horameh
considérables de toutes les nations.
» Le Congrès ouvrit ses séances le 1 5 mai. La question y fut étudiée sous
ses divers aspects. On examina les avantages et les inconvénients que pré-
sente chacun des projets eu égard à la salubrité du pays traversé, aux res-
sources locales, aux tremblements de terre, fréquents dans quelques parties
de l'Amérique centrale, et qui pourraient être une cause de destruction
pour les écluses, aux conditions dans lesquelles il est possible d'établir un
canal avec ses deux ports d'accès et aux facilités qui en résulteront pour
Ja navigation, enfin à la dépense probable des travaux et au temps néces-
saire pour leur exécution. On discuta les dispositions générales que doivent
avoir des travaux définitifs pouvant dès le jour de l'ouverture remplir
complètement leur destination.
» Le Congrès se prononça pour un canal à niveau, malgré la dépense
qu'il entraîne. Un ouvrage de ce genre peut en effet, même lorsqu'il n'est
qu'à une voie, avec des garages, suffire à un commerce très considérable :
l'exemple de Suez ne peut laisser aucun doute sur ce point. Un canal à
écluses n'a qu'une puissance limitée et impose aux navires des frais acces-
soires de quelque importance.
» Cette première décision amena le rejet des projets de Téhuantépec et
de Nicaragua. Les difficultés spéciales des tracés étudiés dans le Darien et
près de San-Blas les firent ensuite repousser, et le Congrès se prononça à
une grande majorité pour un canal de Panama à la baie de Limon, suivant
les dispositions générales du projet établi par MM. Wyse, Reclus et Sosa.
» Les comptes rendus du Congrès international de Paris ont été publiés.
On y trouve des Rapports écrits par des hommes éminents et des discussions
du plus haut intérêt. Ce document devra toujours être consulté lorsque
l'on voudra connaître les études qui ont été faites pour la jonction des
deux océans.
» Bien des efforts ont été nécessaires pour amener la question dans l'état
où le Congrès de 1879 l'a trouvée. Plusieurs des contrées qui ont dû être
parcourues sont en effet occupées par des forêts où il est difficile de s'ouvrir
( 205 )
un passage et par des marécages. La pluie, la fièvre jaune, les chaleurs
excessives et les insectes y rendent, en quelques points, le séjour pénible
et très dangereux pendant certaines saisons. Votre Commission aurait dé-
siré laisser dans les Comptes rendus de nos séances un souvenir pour
chacun des hardis explorateurs, des pionniers de la Science, auxquels on
doit des renseignemenis précis sur les différentes réglons de l'isthme, et
surtout pour ceux qui ont succombé aux fatigues (' ) ; mais les limites dans
lesquelles il convenait de renfermer ce Rapport ne nous ont pas permis
d'entrer dans des détails plus étendus.
u Commission technique internationale. Rapport du j^ février 1880. —
Après la clôture du Congrès de Paris, la Société civile présidée par M. le
général Tiirr céda ses droits à M. de Lesseps. Notre confrère réunit alors
une Commission internationale d'ingénieurs et se rendit avec elle à Pa-
nama. Cette Commission était composée de :
» MM. le colonel Totten, ingénieur en chef du chemin de fer de Colon
à Panama, et Wright, général du génie, pour les États-Unis de l'Amérique
du Nord;
» M. Dirks, ingénieur en chef du canal d'Amsterdam à la mer, pour les
Pays-Bas;
» MM. Boutan, ingénieur des Mines, Dauzats, ingénieur, chef de ser-
vice au canal de Suez, Couvreux fils et Gaston Blanchet, ingénieurs de la
maison de construction A. Couvreux et H. Hersent, pour la France ;
» MM. Pedro Sosa et Alejandro Ortega, ingénieurs, pour les Etats-Unis
de Colombie.
» Cette Commission est arrivée sur l'isthme le 3o décembre 1879 et elle
y est restée jusqu'au i5 février 1880. Elle a fait exécuter sous ses ordres
directs des travaux de sondage et des opérations de nivellement qui avaient
été préparés par des agents expérimentés arrivés avant elle.
» Le t4 février, les commissaires, réunis à Panama, ont décrit, dans un
Rapport sommaire qui a été publié, les dispositions qu'ils ont adoptées
pour les ouvrages.
» Ces dispositions forment les bases essentielles du projet que M. de Les-
seps a présenté à l'Académie et que nous allons examiner dans la seconde
Partie de ce Rapport. »
(') Nous croyons pouvoir faire une exception en faveur de M. Durocherj correspondant
de l'Académie, mort des fatigues d'une expédition dans le Nicaragua.
( 206 )
Rapport sur le Mémoire de M. le D' Companyo, intitulé : « Projet d'organi-
sation du service de santé du Canal interocéanique de Panama » ; par
M, Larkey.
« Ce travail manuscrit, d'assez grande étendue, est accompagné d'une
Carte de l'isthme américain, figurant le tracé du canal, ses principales
montagnes avec leurs altitudes, ses fleuves, ses chemins de fer et ses prin-
cipaux lieux habités.
» A cette Carte est jointe une coupe donnant, suivant l'axe du tracé, le
profil de la configuration du terrain de l'océan Atlantique à l'océan
Pacifique, avec les indications géologiques.
» Le D*^ Companyo adresse son Mémoire à notre éminent confrère M. de
Lesseps sous forme de Lettre divisée en deux Parties. La première Partie
comprend un aperçu d'ensemble de l'isthme, son aspect général, sa
description sommaire, l'exposé de ses ressources, sous tous les rapports,
et sa géographie, à laquelle se rattachent l'orographie, l'hydrologie, la
géologie, la minéralogie et la botanique. Un Chapitre est consacré à la
population de Panama.
» L'auteur aborde ensuite la question de climatologie, se basant sur
les données météorologiques les plus précises. Il pose ainsi les conditions
de l'acclimatement et en déduit les conséquences naturelles pour arriver à
la nosologie, nécessairement soumise aux influences climatériques. Il ré-
fute enfin quelques erreurs accréditées jusqu'à ce jour sur la prétendue in-
salubrité de l'isthme de Panama, comme l'a fait, en toute occasion, notre
illustre confrère M. de Lesseps, d'après ses observations directes et plus
encore d'après des documents complets.
» La seconde Partie du Mémoire de M. Companyo est entièrement
consacrée à l'organisation du service médical dans toutes ses applications
et dans tous ses rapports, soit avec la Compagnie, les entrepreneurs, les
employés, les ouvriers et la population industrielle,, soit avec le gouverne-
ment colombien et ses représentants.
» M. Companyo explique comment il conçoit l'organisation du service
médical de Panama et son fonctionnement. Il propose deux inspections
principales, celle de Colon et celle de Panama, comprenant chacune trois
circonscriptions, avec leurs hôpitaux et leurs ambulances fixes ou volantes.
Il indique leurs positions et l'utUité de la création, sur un point choisi,
( 207 )
d'une grande maison de santé on de convalescence, dans le but de
préserver sm'tout les chantiers de tonte influence morbide, épidémique ou
contagieuse. Il propose aussi de former des postes d'observation mé-
dicale, où tous les ouvriers devront être visités avec soin, avant leur ad-
mission au milieu des travaux. Il rappelle, à cet effet, les moyens préventifs
de la variole, et il insiste sur la nécessité des vaccinations, pour en assurer
le service par les moyens connus, en proposant, au besoin, de rechercher
s'il serait possible de former des troupeaux de génisses.
» M. Companyo pose ensuite les bases de l'organisation du service mé-
dical dans son ensemble et des services annexes ou complémentaires, tels
que le service pharmaceutique avec ses dépendances, service nécessaire-
ment subordonné à la direction médicale;
» L'auteur du Mémoire propose, au point de vue de l'hygiène, la créa-
tion de champs d'essai, de pépinières, de cultures variées, de jardins po-
tagers et de plantations d'arbres d'assainissement. Il traite aussi, dans ce
Chapitre, de l'élevage des troupeaux, pour assurer l'alimentation, tout
en admettant, à cet effet, le concours de l'industrie privée.
» Il démontre la nécessité d'établir dans chaque campement des sta-
tions d'observations météorologiques.
» Il entre dans des détails intéressants sur le service de la Chirurgie,
inséparable de la Médecine, et propose de le compléter par l'adjonction
de deux sages-femmes, en déterminant leurs attributions spéciales. Il in-
dique l'utilité d'une bibliothèque médicale, facile à organiser. Il prévoit
et trace l'emplacement des hôpitaux, des magasins d'approvisionnement
et de leurs dépendances, en offrant des plans de baraquement pour vingt
et vingt-cinq lits, destinés à la population européenne, afin de laisser à
la population indigène des ouvriers les installations conformes à leurs ha-
bitudes.
» M. Companyo ne néglige rien de ce qui est relatif à la question si
importante de l'alimentation et propose d'instituer des Commissions
d'examen des denrées, comme il en existe, disons-le ici, dans les grands
établissements de l'armée. Il rappelle ce qui a été fait ou restait à faire à
Suez et ce qu'il conviendra d'établir à Panama. Il entre, à cet égard, dans
d'intéressants détails sur la conservation des denrées alimentaires et sur
toutes les précautions nécessaires pour les préserver sûrement.
» 11 expose les principes de l'hygiène hospitalière dans leur application
aux établissements de l'isthme et du canal des deux océans. Il s'occupe
enfin de la crémation des corps, pour la substituer, s'il le fallait, aux inhu-
mations.
( 2o8 )
» M. Corapanyo n'oublie pas les questions relatives à la Médecine vété-
rinaire, au personnel administratif des hôpitaux, comprenant les em-
ployés, les infirmiers et les sœurs de charité, sous la direction du service
médical, en prévoyant, pour les réfuter ou les éviter, les objections ou les
obstacles à une entreprise de cette importance.
» La conclusion à tirer de ce Rapport sommaire est de reconnaître le
mérite du Mémoire de M. le D' Companyo, en signalant son travail à l'ap-
probation de l'Académie. »
La conclusion de ce Rapport est adoptée.
MEMOIRES PRESENTES.
M. P. -H. BouTiGNY soumet au jugement de l'Académie les résultats de
quelques nouvelles expériences se rapportant à ce qu'il a nommé l'état
sphéroïdal.
Dans l'une de ces expériences, un mélange d'eau et d'acide sulfurique est
projeté dans une capsule de platine chauffée au rouge; à mesure que
l'évaporation augmente la concentration du liquide, on en ajoute de nou-
velles quantités. Il arrive un moment où, la densité et le point d'ébullition
s' élevant incessamment, le liquide s'étale dans la capsule et entre vivement
en ébullition.
(Renvoi à l'examen de M. Desains.)
M. A. PomoT, M. Mary-Lafon adressent diverses Communications rela-
tives an Phylloxéra.
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
CORRESPONDANCE.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance, une Note de M. À. Genocchi, portant pour litre : « Il car-
teggio di Sofia Germain e Carlo Federico Gauss ». (Extrait des Jlli de
l'Académie royale des Sciences de Turin, juin 1880.)
( 209 )
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sui' la théorie des Sinus des ordres supérieurs.
Note de M. J. Farkas, communiquée par M, Yvon Villarceau (').
« I. Pour simplifier l'emploi des sinus, vous proposez d'étendre les
indices o, i, . . . , »z — i des fonctions ç au-dessous de zéro et au delà de
171 — I .
» En désignant par jFjjL a; les sinus de genre hyperbolique, par^j^a; les sinus
de genre elliptique, d'ordre ;ra — i , convenons en effet d'accepter les défi-
nitions
( I ) .^mn+iiX = £^,X,
où n est un nombre entier, positif ou négatif, et o5/u.^m — 1 . Évidemment,
un nombre entier quelconque X, positif ou négatif, peut se mettre toujours
sous la forme 7im 4- ,a.
» En désignant par n' de même un nombre entier, positif ou négatif,
nous aurons d'abord
c'est-à-dire
(3)
£\+n'm = ■£!■>
» Pour trouver les nombres ii et p., il faut seulement diviser par m l'in-
dice donné X; lorsqu'il est positif, la partie entière du quotient sera le
nombre n, et le reste sera l'indice principal p.. Lorsque l'indice X est né-
gatif, la partie entière du quotient diminuée de l'unité sera le nombre n
et l'indice m diminué du reste sera l'indice principal, savoir
d'où n = 7i' — i, p = m — p.'.
( ' ) Voir une Noie de M. Villarceau sur le même sujet, aux CommuDications des Membres,
page 196 de ce numéro.
{ 2IO )
» IL En supposant /Jt, différent de zéro,
djc ~~ dx
-*u.-( "^ — J'nm+|X-l "^j
» En supposant [x = o,
dS„,„.T d£tX
■ïm-l "^ — ^nm- 1 "^l
dx dx
» Ainsi nous aurons
d[(-i)y-(-0'"yx-^>
» En particulier, en vertu des définitions des sinus, si m est un nombre
pair,
'H{— ^) = (- ^ffv^'i
si m est un nombre impair,
£^{-a:)=.[-xy%x, f^{- x) = {- i/S^x.
t> On en conclut
(6) (f^{~x) = {—\f(pyx, (/«pair),
(7) JF),(- x) = (- O^xx, /"x(- a-) = (- i/Jx^'. (/« impair).
( 2.1 )
« IV. La formule géuérale du théorèrfle d'addition est
?ix(-^ -f- r) = ?v^ ?(,r + ?v.-i-r ?,/+... + «j, .r (p^_,j + ?o J^ ?[.;■
où l'on applique les signes supérieurs ou les signes inférieurs, suivant que
l'on entend par y le genre hyperbolique ou elliptique.
» En conséquence des définitions (i), la formule peut s'écrire
?ii{-^-^f) == 'fv-^^O' -+- ?i^-< ^ 90' + • • • -H 9, -r (}3|,_ , j +• OoJc (j)^,j
d'où (2)
?„m+v{x + 7) = ?„„+[, j: 9„ j + ■ . . + ©„,„,, ,_^.r (p(,jr
c'est-à-dire
(8) ?),(j:'+j) = 9xX9„j + (px_,x'j,r + 9x-2X'j,j + ... + y),_,„,_,a7o,„„,j.
» V. Moyennant les relations (6) et (7), de (8) on déduit
l'oj \ y / \ y^ jr / iT A ^ I ("iiinpair).
» L'importance de la généralisation des indices est évidente. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. —Sur la transformation des équations différentielles
linéaires. Note de M. Appell, présentée par M. Bouquet.
« Le théorème que j'ai indiqué dans une Communication précédente
{Comptes rendus, t. XC, p. \/\']']) conduit à une méthode générale pour la
transformation des équations différentielles linéaires.
» L Soient
C. R., i8So, 2' Semestre. ( T. XCI, N» 4.) 28
( 212 )
une équation différentielle linéaire et y,,j.2, ..•,7,, les éléments d'un
système fondamental d'intégrales.
» Proposons-noiîs de former l'équation différentielle linéaire qui admet
pour intégrale la fonction z définie par l'équation
(2) z=j{r,
clx
'J'2>
dx
d"'--y2
dx":
(l'"«yn
drfn.
où y est une fonction algébrique entière des fonctions j,, y\y . . . ,j-„ et de
leurs dérivées ayant pour coefficients des fonctions données de x.
i> Tout d'abord, pour voir quel est l'ordre de l'équation différentielle
en s, remplaçons j,,j-2i •••)/« par les éléments d'un autre système fon-
damental d'intégrales u,, u.2-, . . ., Un en posant
L'ordre de l'équation différentielle en z est égal au nombre de termes
linéairement indépendants qui figurent dans l'expression de z en u,,
U2, ... 1 Un- Soit p ce nombre ; désignons par
les p termes en question linéairement indépendants. L'équation en z sera
(i)
dPz
d.rP
dP^,
dxP
dPnj-,
dxP
dP^f^
dxP
dP-'z
dP-'f,
dP-'i).
dP-'^,
dxP->
dxP-'
dxP-^
' ' dxP-'
z
'h
©2 .
■■ ?P
= o.
Le premier membre de cette équation est une fonction de u^, u^, . , . , u^^
et des dérivées de ces fonctions qui se reproduit, mvdtipliée par un facteur
conbtanf, quand on remplace î/j, u.t,, ■ . , Un par les éléments d'un autre
système fondamental d'intégrales. On peut donc, d'après le théorème pré-
cédemment énoncé et en suivant la méthode indiquée pour le troisième
cas, exprimer le premier membre de l'équation (3) en fonction des coeffi-
cients de l'équation (i) et de leurs dérivées, et l'on obtient ainsi l'équation
cherchée en z.
>) IL Pour appliquer ces considérations générales à quelques exemples,
(2l3)
considérons l'équation différentielle du second ordre
(4) .7? =«^ +*■?■'
et proposons-nous de former l'équation différentielle linéaire admettant
pour intégrale
y, étant une intégrale de l'équation (/|). Si l'on fait d'abord
on voit que z contient trois termes linéairement indépendants ni, u^u.,, ni.
Par suite, l'équation en z est du troisième ordre. En faisant le calcul par
la méthode indiquée dans le § 1, on trouve, pour cette équation,
,^v (Pz o d-z /,, , (la\ dz 1 dh ,\
» De même, si l'on se propose de former une équation différentielle
linéaire qui admette pour intégrale
j-, étant une intégrale de l'équation (4), on trouve pour ; l'équalion du
quatrième ordre
d'z c '^'^ / 1 1 , 'l"\ ^'^
d:;r.-&'^77^+[^^^'-^ob-^-^ —
! -zi&a-b-
,_, ; //• Q o 7 du db d'' a\ dz
(6) \ — 6rt' — 3ort(6 — 7rt-T- + io — -f -— -r
» ' 1 \ ' dx dx dx- j d.v
07™ , da f. db d- h \
ôb- — :>.b-^ 5n— + -— s = o.
dx d.r i/x' )
» Les équations (5) et (6) fournissent des types d'équations différen-
tielles linéaires du troisième et du quatrième ordre dont l'intégration se
ramène à l'intégration d'une équation différentielle linéaire du second
ordre. On voit facilement qu'on peut identifier avec l'équalion (5) toute
équation différentielle linéaire du troisième ordre pour laquelle l'invariant I
de M. Laguerre [Comptes rendus, t. LXXXVIII, p. 116, 22/)) est égal à
zéro.
» III. Soient j-,,j-, deux intégrales distinctes de l'équation (4); la con-
dition nécessaire et suffisante pour qu'il y ait entre ces intégrales une
( 2i4 )
relation de la forme
A, B, C, D étant des coefficients constants, est que le coefficient de z dans
l'équation (5) soit nul :
dh ,
il) S-^-'^'^^o-
Cela résulte immédiatement de ce que l'équation (5) a pour intégrales
7i' T^J^i ï 1-
» De même, en égalant à zéro le coefficient de z dans l'équation (G),
(«)
„ , , ,, , „ , da f, db d'b
on obtient la condition nécessaire et suffisante pour que les intégrales j, , y^
de l'équation (4) soient liées par une relation de la forme
AjJ + 38/^ r, + 3Cr-, r^ 4-D;i = E,
A, B, C, D, E étant des coefficients constants.
» Ainsi qu'il résulte de ce que j'ai dit dans la Note précédente déjà citée,
les premiers membres des équations (7) et (8) sont des invariants par
rapport au changement de variable indépendante. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur une propriété des fonctions et des courbes
algébriques. Note de M. E. Picard.
« Étant donnée une relation algébrique irréductible de degré m entre
deux quantités x et j',
(.) F(.r,r)-o,
deux cas particulièrement intéressants et bien connus sont ceux où le
genre/? de la courbe représentée par cette équation est égal à zéro ou à
l'unité. On sait que, dans le premier cas, x et j" peuvent s'exprimer ration-
nellement à l'aide d'un paramètre, et, dans le second, on peut les regarder
comme des fonctions rationnelles d'une fonction doublement périodique
d'un paramètre et de sa dérivée. On peut donc, dans ces deux cas, mettre
.T, et y sous la forme
(^)
.r = P(z), J=Q(z),
( 2'5 )
P et Q étant des fondions nnifornies du paramètre z, n'ayant d'autres
points singuliers que des pôles. Je me suis posé la question suivante :
Exisle-t-il d'autres courbes algébriques que celles du genre zéto ou i, dont les
coordonnées soient susceptibles de s'exprimer par des fonctions uniformes d'un
paramètre à discontinuités exclusivement polaires? Il semble extrêmement
probable que ces courbes sont les seules jouissant de cetle propriété,
mais je n'ai pu encore l'établir avec une entière rigueur que pour les
courbes hyperelliptiques, c'est-à-dire données par une équation de la forme
(3) j^z^ijc - n,){x -a,)...{a: - a„),
où je supposerai que «,, flo, . . . , a„ sont des constantes différentes. Nous
allons voir que, si n est supérieur à 4i on ne peut mettre x et y sous la
forme (2).
» Si l'on peut prendre x = V[z) de telle sorte que la fonction j de z
déduite de l'équation (3) soit uniforme, il est clair que les équations
P(2) = rt,, P(z) = «2) •••. P(^) = (^H auront toutes leurs racines d'un
degré pair de multiplicité. Considérons alors l'expression
v/(p-«,)(P-«0(P-"3)(P-",)
on voit de suite qu'elle sera une fonction entière R(z) de z, c'est-à-dire
uniforme et continue dans toute l'étendue du plan, et nous pourrons par
suite écrire, en désignant par Po la valeur de P(z) pour r. = z^,
f , '^^ = = rR{z)dz = S(z),
Jp. V'(P-«.)(P-"2)(P-«3)(P-«,) J,, ^' ^'
S(s) étant, comme R(z), une fonction entière.
» On conclut immédiatement de là que P(z) est une fonction double-
ment périodique çi[S(z)] de S(z), et il est utile de remarquer que la dérivée
de . Je considère l'expression
--;r— — — -r> qui est évidemment une fonction uniforme de z; mais on peut,
^«(P. Q) ^ > t »
de plus, établir qu'elle ne devient jamais infinie : c'est une fonction en-
tière G(r), et, par suite, si l'on désigne par Pq la valeur de P pour une
valeur Zq de z, on aura
( 217 )
la valeur initiale de Q étant la valeur Q„ de cette fonction pour z = Z(,, et
G,(c) étant une fonction entière, couime G(z). Admettons maintenant que
le nombre caractéristique /3, relatif à l'équation (i), que nous avons déjà
im])licitement admis être différent de zéro, ne soit pas non plus égal à
l'unité. On peut supposer que le premier membre de l'équation (4), étant
ime intégrale abélienne quelconque de première espèce, a plus de deux
périodes, et, si l'on peut satisfaire à l'équation (4) par une fonction uni-
forme P de z, on arrive alors à la conclusion suivante : Pour une valeur
fixe quelconque donnée à la fonction P, la Jonction G, a une infinité de valeurs
et, l'une quelconque d'entre elles étant considérée, il y en a une infinité d'autres
qui différent de celles-là de moins d'une quantité donnée, aussi petite que l'on
voudra. Mais je n'ai pu jusqu'ici établir avec une entière rigueur l'im-
possibilité de ce fait, que l'on est tout d'abord tenté de considérer comme
évidente. »
MÉCANIQUE, — Sur les causes d'altération intérieure des chaudières à vapeur.
Note de M. Lodin, présentée par M. Resal.
« L'importance des altérations signalées, dans certains cas, sur la surface
interne des chaudières à vapeur nous a amené à entreprendre une évalua-
lion au moins approximative de l'intensité des diverses actions oxydantes
capables d'agir sur les tôles. Pour nous placer dans des conditions aussi
nettement définies que possible, nous avons opéré sur du fil de fer de sec-
tion identique, enfermé dans des tubes scellés à la lampe avec de l'eau
pure ou avec diverses dissolutions.
» Nous avons constaté que l'action prédominante, en présence des eaux
ordinaires, était celle de l'oxygène de l'air dissous, et que cette action n'était
pas plus intense au contact de l'eau distillée qu'au contact des eaux cal-
caires, contrairement à ce qu'auraient pu faire supposer certains faits ob-
servés dans la pratique. Toutes les déterminations numériques indiqueraient
plutôt le contraire : l'absorption d'oxygène par mètre carré et par heure est
d'environ o»', i8 vers 20° et de i^^^GB à 100° en présence de l'eau distillée;
elle est, aux mêmes températures, de o?', aS et de 18% 80 pour l'eau calcaire.
» Une autre cause d'oxydation, d'importante bien moindre, est la dé-
composition de l'eau par le fer. Cette réaction avait déjà été signalée pour
le fer très divisé; nous ne croyons pas qu'elle ail encore été établie pour le
fer travaillé. Le dégagement d'hydrogène a été constant avec toutes les
( 2i8)
dissolutions que nous avons employées; il est minimum avec l'eau pure.
Vers raS" il correspond à une absorption d'oxygène de o^',oo7 par mètre
carré et par heure en présence de l'eau distillée, de o^^ 009 pour l'eau cal-
caire, o^'', 047 pour l'eau de mer, 0='', o35 pour l'eau saturée de chlorure de
sodium et o^^, 12'j pour l'eau contenant un cinquième de chlorure de ma-
gnésium cristallisé. Ces déterminations, qui ne doivent d'ailleurs être consi-
dérées que comme une première approximation, montrent le peu d'impor-
tance de cette action, comparée à la première, du moins dans les conditions
ordinaires.
» Les dépôts calcaires ne pouvant avoir d'adhérence que sur une sur-
face qui a subi un commencement d'oxydation, nous fûmes amené à nous
demander si les divers désincrustants employés dans l'industrie, d'une
manière purement empirique, n'étaient pas simplement des réducteurs
capables d'empêcher l'oxydation des tôles. En ce qui concerne le zinc,
celte explication était indiquée tout naturellement par les propriétés du
métal, qui décompose l'eau à 100° beaucoup plus énergiquement que le fer;
elle a pu être facilement vérifiée. Le fer, enfermé en tube scellé avec
du zinc et de l'eau au-dessus de 100°, conserve son poli, tandis que
dans les mêmes conditions, en l'absence du zinc, il se recouvre rapidement
d'oxyde. Nous avons constaté en même temps que, aux mêmes tempéra-
tures, en présence de l'eau pure, le zinc réduit le minium et la litharge,
ce qui expliquerait l'altération de certains joints au minium signalée dans
la pratique.
)) Le bois de campêche ayant été employé assez souvent comme désin-
crustant, nous avons étudié l'action de l'hématoxyline. Ce corps absorbe
l'oxygène au-dessus de 100° en présence de l'eau, mais il semble activer le
dégagement d'hydrogène au lieu de le réduire. Après réaction^ le liquide
tient en suspension une matière violet noirâtre qui renferme du fer en
proportion très notable.
)) La fécule de pomme de terre, également usitée en pratique, n'absorbe
nullement l'oxygène de l'air; elle semble aussi activer un peu la décompo-
sition de l'eau. Le produit obtenu est noir et contient du fer, comme dans
le cas précédent.
M Ces deux corps n'agissent donc pas comme réducteurs; mais les com-
posés qu'ils donnent avec l'oxyde de fer n'ont que fort peu d'adhérence
avec la tôle et permettent facilement la séparation des dépôts calcaires. »
( a'9 )
ASTRONOMIE. — Sitr une méthode d'autocollimation directe des objectifs
et son application à la mesure des indices de réfraction des verres qui les
composent. Note de M. Ad. Martin.
« On sait que, si l'on place un point lumineux au foyer d'un objectif,
les rayons qui en émanent, réfractés par ce dernier, sortent parallèles par
la surface du crown. Si l'on fait avancer le point lumineux vers l'objeclit
et sans s'écarter de son axe optique, les rayons, après les diverses réfrac-
tions, divergent d'un foyer conjugué virtuel d'autant plus rapproché que
le point lumineux a été plus rapproché lui-même de l'objectif. En conti-
nuant à le déplacer dans le même sens, on arrivera à un moment où les
rayons émergeront normalement à la surface du crown; supposons cette
position du point lumineux atteinte. Il y aura, comme on le sait, partage
de la lumière à cette surface; tandis qu'une partie pénétrera dans l'air, le
reste se réfléchira dans le verre, et, comme cette réflexion aura lieu aussi
normalement à la surface du crown, les rayons reviendront exactement
sur eux-mêmes; ils suivront au retour le même chemin qu'à l'aller et re-
viendront converger de nouveau à leur point de départ, ou tout auprès si
le rayon lumineux était un peu écarté de l'axe.
» C'est cet état de choses que j'ai pu utiliser pour résoudre quelques pro-
blèmes qui se posent dans la construction des objectifs.
» Le premier est relatif à l'homogénéité des matières que l'on emploie.
» Les procédés usités couramment poiu' l'examen des verres à l'aide
d'une loupe qui sert ou d'instrument grossissant ou d'appareil illumina-
teur suffisent à constater certains défauts isolés et d'une étendue limitée;
mais il en est d'autres qui leur échappent et qui ont pourtant une grande
importance : telle est, par exemple, une certaine constitution gélatineuse
ou demi-cristalline que j'ai pu constater dans des verres de toute origine,
et en particulier dans le flint anglais qui était destiné à l'objectif de o'^,'j'i5
que je construis pour l'Observatoire de Paris.
» Pour employer notre méthode, on fixera dans un cadre vertical le
crown, qui aura été amené à la forme d'une lentille convergente, et l'on
installera une source de lumière homogène de petite étendue ,ui point que
nous avons désigné plus haut, et que nous appellerons foyer d'autocolli-
mation, où les rayons qui ont subi deux réfractions et une réflexion
viennent converger de nouveau vers leur point de départ. En plaçant l'œil à
C. R., 1880, a» Semestre. (T. XCI, N" 4.) 29
( 220 )
quelques millimètres en arrière de ce point, on verra la surface du verre
entièrement illuminée, et l'on découvrira très facilement les défauts d'ho-
mogénéité du crown. On les notera, puis on lui adjoindra le flint, qui aura
été travaillé de manière que l'ensemble de ces deux verres constitue un
objectif aussi sensiblement achromatique que possible. On fera l'auto-
coUimalion par la réflexion des rayons sur la surface extérieure du crown,
et, plaçant l'œil un peu en arriére du foyer d'autocollimation, on aperce-
vra les défauts de l'ensemble des deux verres; on en déduira ceux qu'on
sait appartenir au crown et l'on connaîtra ainsi ceux que renferme le flint.
En faisant tourner un des verres autour de son axe, on saura, par la per-
sistance ou le déplacement de la position où se voient les défauts, si ceux-ci
appartiennent au verre 6xe ou à celui qu'on a fait tourner.
Mesure des indices de réfraction des deux verres qui composent l'objectif,
» La même méthode convient parfaitement à la mesure des indices de
réfraction des verres employés; les résultats obtenus sont exacts à moins
d'une unité près du troisième ordre décimal, ce qui est très suffisant pour
le calcul définitif des courbures à donner aux objectifs. Elle présente d'ail-
leurs cet avantage que les quantités sont mesurées dans des conditions qui
sont identiques à celles dans lesquelles elles concourent au résultat défi-
nitif. On commencera par mesurer l'indice du crown. Pour cela, on in-
stallera une aiguille fine au foyer d'autocollimation. On éclairera avec de
la lumière homogène, réfléchie par une petite glace parallèle inclinée der-
rière l'aiguille, la partie centrale de la surface du verre; l'aiguille et son
image se détacheront sur ce champ lumineux; on s'assurera, à l'aide d'un
microscope faible visant à travers la glace parallèle, qu'elles sont bien à la
même distance du crown, et l'on mesurera cette distance p avec le plus
grand soin. Soient R le rayon de la première surface, R' celui de la surface
où a lieu la réflexion normale, e l'épaisseur centrale du crown ; on aura
p[K + ■&.'— e]
» En opérant avec les précautions nécessaires, j'ai trouvé, pour le crown
d'un objectif de o"',!^ de diamètre que j'ai construit spécialement pour
ces études, n = i,522o5; en opérant la collimation sur le même verre
retourné et mesurant la nouvelle valeur de /?, j'ai obtenu n = i,5222.
Enfin la mesure par le goniomètre sur un prisme fait avec un fragment du
même verre m'a donné n = i ,52 1 5.
( 221 )
>' Cet indice étant connu, on assemble et on centre les deux verres dans
leur monture, qu'on rend verticale, le flint tourné vers l'observateur; on
place l'aiguille au foyer d'autocollimation, on éclaire le champ comme
précédemment, et l'on mesure la distance commune de l'aiguille et de son
image à la surface du verre. La connaissance des rayons de courbure
du flint, de son épaisseur centrale e' , deys et de P, permet d'obtenir la
valeur de l'indice «'• Je l'ai trouvée ainsi égale à 1,619. L'' ui^sure au
goniomètre sur un prisme fait avec un fragment de ce flint m'avait donné
«'z= j,6igi. La marche qu'on suit ici rend la mesure de n' indépendante
de la valeur de n et assure ainsi l'exactitude du résultat.
» En retournant l'objectif entier et opérant l'autocoUimation sur la sur-
face extérieure du flint, mesurant la distance P\ du nouveau foyer au verre,
admettant n = 1, 5a2, j'ai trouvé n'= 1,6196.
» La concordance entre toutes ces déterminations montre que la mé-
thode peut suffire à tous les besoins de la préparation et de la construction
des objectifs astronomiques. Elle renseigne aussi d'une manière exacte sur
l'état de leur achromatisme. En effet, les rayons se présentant norma-
lement à la surface extrême de l'objectif, il n'y a pas de réfraction à cette
surface, et le retour des rayons aura lieu sans que l'état d'achromatisme
soit changé par leur double trajet à travers les verres. Si l'objectif est
achromatique pour l'observation par collimation, il le sera mieux encore
pour l'observation directe. »
ASTRONOMIE. — Sur remploi du spliéromètie. Note de M. Ad. Martin.
« La détermination des indices de réfraction qui a fait l'objet de la pré-
cédente Communication suppose la connaissance exacte des rayons de
courbure des verres auxquels elle s'applique. Pour l'obtenir, je me sers du
sphérométre, qui est d'un emploi commode et sûr ; mais, tel qu'il était con-
struit généralement, sa sensibilité n'était pas en rapport avec la limite de
ses indications : il pouvait indiquer le dix-millième de millimètre et n'était
réellement sensible qu'au cinq-centième.
» Pour remédier à cet inconvénient, j'ai vu qu'il fallait 1° rendre l'in-
strument plus léger tout en lui conservant une rigidité suffisante, 2° abaisser
le centre de gravité le plus possible, et surtout 3° amener ce centre de gra-
vité dans l'axe de la vis à l'aide d'un contre-poids faisant équilibre à la petite
règle qui sert à mesurer le nombre de tours du plateau.
» Après un premier essai dans cette voie en 1867, ^' ^^' m'avait donné
( 222 )
de bons résultais, j'ai demandé à M. Eichens, qui me les a construits avec
une grande perfection, deux instruments de grandeurs différentes, l'un
de o™,o5, l'autre de o™,i 34 de diamètre. Ce dernier a les pieds et le cercle
qui les relie, ainsi que l'écrou central avec sa vis, en bronze d'aluminium;
ses pointes seules sont en acier. Le plateau, son bouton et la traverse qui
qui porte le contre-poids sont en aluminium. L'instrument accuse nettement
et avec sûreté le dix-millième de millimètre.
» Les procédés généralement employés pour mesurer le rayon r du
cercle qui passe par les pointes sont défectueux. Celui auquel j'ai recoursa
cet avantage qu'il mesure la quantité — dans des conditions qui sont les
mêmes que celles dans lesquelles elle devra être employée.
M Je prends un miroir de verre et l'outil sur lequel il a été poli, je place
une aiguille en son centre de courbure, et je m'assure qu'elle occupe cette
position en constatant, à l'aide d'un microscope faible, que cette aiguille et
son image sont en coïncidence ; je mesure avec soin leur distance au verre,
et j'ai ainsi avec exactitude le rayon R de la surface.
» Cela fait, je rends le miroir horizontal, et, après avoir posé sur lui le
sphéroraètre, je fais tourner la vis jusqu'à ce qu'elle soit en contact avec la
surface, ce dont je m'assure à l'aide d'une louche faite d'un mince fil de
laiton emmanché. Je lis les indications de l'instrument et j'opère de la
même manière sur un plan éprouvé par la méthode optique.
» Le chemin parcouru par la pointe de la vis, évalué en dix-millièmes de
millimètre, me donne la valeur de la flèche de courbure fi. Introduisant
dans la formule connue les valeurs de A et R mesurées ainsi directement,
j'en déduis la valeur de - qui me servira dans les mesures ultérieures.
» J'opère de la même manière sur l'outil qui a servi à polir le miroir, et
j'ai une nouvelle valeur de h qui, reportée dans la formule avec R, qui n'a
pas changé, me donne la valeur de — correspondant aux surfaces con-
vexes.
» Avec mon sphéromètre de o™,i34» -est égal à 2262 pour les surfaces
concaves et à 2246 pour les surfaces convexes. La différence n'est pas insi-
gnifiante,car, pour une flèche de courbure égale à i""",o74,- = 2246 m'a
donné R = 2",09i7, tandis qu'avec - = 2252 j'aurais eu R = 2™, 0973, ce
qui aurait introduit des erreurs très appréciables dans le calcul des indices
de réfraction. »
( ^23 )
PHYSIQUE. — Sur les causes du magnétisme terrestre. Note de M. Selim
Lemstrom, présentée par M. Tresca.
« Dans son Mémqire intitulé Théorie des phénomènes électriques^
M. Edkind a expliqué les effets galvaniques par un courant d'éther dans
le circuit et les phénomènes électrostatiques par des condensations et des
raréfactions de cet éther. 11 suit de là qu'un corps isolant, mis en mouve-
ment avec une vitesse comparable à celle de l'éther dans le courant gal-
vanique, doit produire les mêmes phénomènes. Mais comme, suivant la
théorie, les molécules matérielles agissent en sens contraire, la différence
entre les effets provenant de la répulsion des molécides d'éther et de l'at-
traction des molécules matérielles devient seule perceptible, d'où il suit
que le phénomène doit être d'une manifestation assez difficile et qu'il ne
se produira que dans des cas exceptionnels.
» Partant de ces idées, j'ai fait établir un tube en papier, avec deux
parois concentriques, pouvant être mis en rotation rapide autour d'un cy-
lindre de fer doux, librement suspendu dans la direction de l'axe vertical
de rotation. En me servant d'une paire d'aiguilles asiatiques, avec miroir
suspendu par un fil d'argent très fin, j'ai réussi à constater que le tube à
parois creuses agit comme un courant galvanique, en aimantant le cylindre
de fer doux, dans l'un ou l'autre sens, suivant la direction de la rotation.
Une explication minutieuse de ces expériences dépasserait de beaucoup les
limites de la présente Note, et je dois me borner à indiquer les résultats
suivants :
» 1° r représentant la distance en centimètres entre l'axe du cylindre de
fer et l'axe vertical de la paire d'aiguilles, F et B les déviations en degrés,
suivant que le tube tournait dans l'un ou l'autre sens, a les moyennes en
valeur absolue de ces déviations, a' les chiffres calculés par une formule
conforme à celle de la théorie potentielle, en supposant que la force varie
en raison inverse du carré de la distance, l'expérience a conduit aux ré-
sultats suivants :
2
a.'
r.
F.
B.
corrigé.
calculé.
Différence.
l6,0
17.5
19,0
20,5
54, i5
40, 40
30,37
20,87
98,03
74, o3
47.93
33,53
76,1
57,3
39,2
2"6,7
80,7
52,9
35,8
36,7
+ 4,6
-4,3
-3,4
0,0
22,0
23,5
25, 0
15,17
11,53
10,98
37,37
.8,43
i3,33
21 ,3
i5,o
13,2
20,4
.7,0
12,6
— 0,9
-h 2,0
+ 0,4
( 224 )
» Il faut remarquer que chaque degré répondait à i i",i6 d'arc.
» 1° En variant la vitesse de la rotation, on a constaté entre autres la
série suivante, dans laquelle a' est calculé en supposant les déviations pro-
portionnelles à la vitesse de la rotation :
2
a'
i
observé.
ralculé.
Différences.
102,3
102,4
+ 0,1
57,8
58,9
+ 1,1
43,5
43,2
+ 0,3
36,4
35,6
— 0,8
28,3
27,5
— 0,8
» Comme c'est la vitesse relative entre les molécules d'étherdu tube
tournant et celles du cylindre de fer doux qui produit l'effet magnétique,
il arrivera aussi que celui-ci s'aimantera d'une manière déterminée si on
le fait tourner autour de son axe dans l'un ou dans l'autre sens, d'où il
suit qu'un corps magnétique, tournant dans un espace isolant et, à plus
forte raison, dans un espace dépourvu de molécules matérielles, doit s'ai-
manter comme s'il était entouré d'une bobine dans laquelle circulerait un
courant galvanique d'une intensité déterminée parla vitesse de rotation et
les dimensions du cylindre.
» La Terre est formée, selon toute probabilité, d'un noyau incandescent,
entouré d'une couche refroidie dont l'épaisseur est d'environ 5o'"°ou 60""".
Les matières à l'état d'incandescence n'ont plus la faculté de s'aimanter;
c'est donc la couche refroidie seule qui devient magnétique sous l'influence
des forces d'aimantation.
» Suivant les géologues, la croûte terrestre contient environ 2 pour 100
de fer, et, si l'on imagine que toutes les molécules magnétiques soient con-
centrées sur une même couche à l'intérieur de la croûte, on aura une couche
de matières magnétiques d'une épaisseur d'environ i'"". Cette couche ma-
gnétique, qui est à peu près une sphère creuse et qui se trouve à une pro-
fondeur d'environ So""" au-dessous de la surface terrestre, doit présenter,
sous l'influence d'une certaine force, un moment magnétique presque égal
à celui qu'elle présenterait si elle était une sphère solide.
» La Terre, étant un corps magnétique, tournant dans un espace d'éther,
doit s'aimanter, parce que les choses se passent, au point de vue du magné-
tisme, à peu près comme si la Terre restait en repos et si l'espace éthéré
tournait en sens contraire. Si l'on imagine la Terre divisée en une infinité
découches minces, normales à l'axe, on peut choisir à volonté une de ces
( 225 )
couches et y considérer un point quelconque. Choisissons la couche équa-
toriale et le point q situé dans la couche magnétique a, que nous supposons
composée des aimants moléculaires. Quand l'aimant moléculaire q se dé-
place dans la direction de l'ouest à l'est, par suite de la rotation de la Terre,
d'un petit chemin ds^\\ se produira un effet semblable à celui qui provien-
drait de ce que, la Terre restant en repos, les molécules d'espace d'éther par-
courraient un chemin —ds dans une direction opposée dans le plan, d'où
proviennent une infinité d'éléments de courant qui agissent sur l'aimant
moléculaire. En suivant un diamètre de la Terre passant parc, nous recon-
naîtrions facilement qu'aux deux extrémités de ce diamètre se trouvent
deux éléments de même grandeur, mais de directions contraires ; ces deux
éléments s'entre-détruisent. Tous les éléments efficaces se trouvent donc
entre les limites d'une sphère d'un diamètre égal à celui de la Terre. Si nous
appliquons la formule bien connue de l'effet d'un courant élémentaire sur
un pôle magnétique et si nous faisons la somme de tous les éléments effi-
caces, nous trouvons pour la force S, qui dirige notre aimant moléculaire
suivant l'axe de la Terre, l'expression
où fA signifie le moment magnétique de l'aimant moléculaire, I l'effet d'un
élément de courant d'une section et d'une longueur égales à l'unité dans
le plan de l'équateur, r le rayon de la Terre et h la distance de la couche
magnétique à partir des limites de l'atmosphère.
» Pour tout le moment magnétique M, dans la direction de l'axe de la
Terre, nous aurons, en ayant égard aux variations de la vitesse relative et
de la direction de la force,
» Ces explications concordent avec la formule de Gauss, et la discussion
à laquelle nous nous sommes livré exphque tout à la fois la position de
l'axe magnétique ainsi que les variations séculaires, annuelles et diurnes ;
elle est d'ailleurs en parfaite concordance avec les phénomènes accidentels
des orages magnétiques et des aurores boréales. »
( 236 )
ÉLECTRODYNAMlQUE. — Sur un paradoxe éleclrodjnamique. Note
de M. Gérard-Lescuyer, présentée par M. Thenard.
« Les machines dynamo-électriques, dont la machine Gramme est le
type le plus connu, sont réversibles, c'est-à-dire que, si on les fait tra-
verser par un courant, elles donnent du mouvement et peuvent servir à
transmettre de la force. Dans les mêmes conditions, les machines magnéto-
électriques à courants continus jouissent des mêmes propriétés. Il n'y a là
rien de neuf. Mais, si l'on envoie le courant produit par une machine dy-
namo-électrique dans une machine magnéto-électrique, on assiste à un
phénomène étrange, que nous allons décrire.
» Aussitôt que le circuit est fermé, la machine magnéto-électrique se met
en mouvement; elle tend à prendre une vitesse de régime, en rapport avec
l'intensité du courant qui l'anime ; mais subitement elle se ralentit, s'arrête
et repart en sens contraire, pour s'arrêter de nouveau et tourner dans le
même sens que précédemment. En un mot, elle est animée d'un mouvement
alternatif régulier, qui dure autant que le courant qui l'actionne.
» Quelle est la cause de ce phénomène?
» Évidemment, le courant moteur doit changer de sens ; un galvano-
mètre, introduit dans le circuit, le prouve. Mais comment cette inversion
de courant peut-elle se produire lorsque la vitesse de la machine géné-
ratricedu courant ( machine à vapeur, roue hydraulique, etc.) ne varie pas ?
» Il faut donc qu'une cause extérieure vienne renverser les polarités des
inducteurs de la machine dynamo-électrique génératrice, pour que cette
machine donne naissance immédiatement à un courant de sens opposé qui
vient inverser le sens de rotation de la machine réceptrice. Nous constatons
ce renversement des polarités des inducteurs en plaçant dans leur voisinage
une simple boussole, dont l'aiguille tourne brusquement d'un demi-tour
à chaque changement d'aimantation des inducteurs.
» Or nous constatons que ces mouvements de la boussole coïncident
avec ceux du galvanomètre : nous pouvons donc être assurés que ces deux
phénomènes sont liés entre eux, et d'une manière si intime, que l'un doit
être la conséquence de l'autre.
» Mais cela ne nous explique rien. Faisons une hypothèse, et supposons
pour un instant, que la machine magnéto-électrique réceptrice peut, pour
une raison que nous ne rechercherons pas, avoir périodiquement un accrois-
( 227 )
sèment de vitesse. Dans les conditions de celte liypothèse, notre machine
magnc'to-éleclrique réceptrice, au lieu de continuer à tourner sous l'action
du courant auquel elle était d'abord soumise, en vertu de sa vitesse accrue,
donnerait naissance à un courant propre qui irait à son tour traverser la
machine dynamo-élrctrique. Comme ce courant serait précisément de sens
inverse de celui qui provenait de la machine dynamo-élecirique généra-
trice, ce serait lui qui viendrait renverser les polarités des inducteurs et
donner naissance à un nouveau courant, de même sens que lui, qui à son
tour renverserait le sens de rotation de la machine réceptrice.
» Nous avons vu plus haut que le galvanomètre et la boussole constatent
ces elfets; mais, si notre hypothèse est vraie, ce phénomène ne devra plus
se produire lorsque nous empêcherons, par un moyen quelconque, la
machine magnéto-électrique réceptrice d'augmenter sa vitesse : pour cela,
il suffit d'y adapter un frein.
)) Or, aussitôt que ce frein entre en jeu, les effets précédents dispa-
raissent: la rotation de la machine demeure constamment dans le même
sens, le galvanomètre et la boussole demeurent immobiles.
» Que devons-nous conclure ? Rien, sinon que nous nous trouvons en
présence d'un paradoxe scientifique, dont l'explication se fera, mais qui ne
laisse pas d'être intéressant.
» L'expérience est très facile à réaliser; elle réussit autant de fois qu'on
le veut, quelle que soit la vitesse choisie. Cependant, il est nécessaire de
le dire, avec une machine génératrice telle que la machine Gramme ordi-
naire, dont les inducteurs sont en fonte, l'expérience est plus délicate et
demande certaines conditions de vitesse, assez simples, en somme. Nous
croyons que cet effet est dû à la nature même de la fonte, dont le magné-
tisme rémanent offre une certaine résistance au courant inverseur provenant
de la machine magnéto-électrique réceptrice. Toute machine à inducteur
en fer doux, prise comme génératrice, permet au contraire de réussir du
premier coup, sans aucune précaution ni soin.
» Habituellement nous nous servons pour cette expérience, comme gé-
nératrice, d'une machine dynamo-électrique de Siemens, à courants con-
tinus, et, comme réceptrice, d'une petite machine Gramme de laboralou'e,
à aimant permanent ordinaire, construite par M. Brtguet. »
C. R., 1880, 1' Semestre. (^X. XCI, IS» 4.) 3o
( 2^8)
CHIMIE GÉNÉRALE. — Recherches sur l'ozone. Note de MM. P. Hactefecille
et J. Chappuis.
« A des températures très élevées, la transformation de l'oxygène en
ozone et celle de l'ozone en oxygène obéissent probablement aux lois de
la dissociation des systèmes homogènes, ainsi que M. Troost et l'un de
nous l'ont déjà fait remarquer dans une Communication à l'Académie sur
les corps susceptibles de se produire à une température supérieure à celle
qui détermine leur décomposition complète.
» Aux températures moyennes, la décomposition de l'ozone est réputée
toujours complète, lente à la température ordinaire, rapide dans le voisi-
nage de 25o° : c'est que la réversibilité, cette condition physique néces-
saire et sulfisante pour limiter les changements d'état, ne s'observe pas pour
l'ozone à ces températures. L'instabilité de ce corps sera donc comparable
à celle de l'acide hypochloreux ou à celle du chlorure d'azote en vapeur.
Mais, tandis que la chaleur nécessaire pour constituer ces composés explo-
sifs n'a pu jusqu'à ce jour être empruntée qu'à une réaction secondaire
simultanée, la transformation allotropique de l'oxygène peut être déter-
minée par l'effluve électrique seule. L'acte de l'électrisation place momen-
tanément l'oxygène dans les conditions analogues à celles des corps jouis-
sant de la propriété de se combiner directement ou de se polymériser sous
l'action de la chaleur.
» On admet que la température et la pression exercent une influence
sur la proportion d'ozone formée dans l'oxygène. Les données numériques
manquent à ce sujet : c'est que, si la pression peut varier à notre gré et
être mesurée, il n'en est pas de même de la température du gaz pendant
la formation de l'ozone. La température du gaz peut bien être incessam-
ment ramenée à un degré fixe de l'échelle thermométrique, celle qu'il
possède lors du passage de l'effluve n'en reste pas moins inconnue; cette
indétermination rend les recherches sur l'ozone particulièrement difficiles
et prive l'ensemble des résultats de celte simplicité qui caractérise les lois
physico-chimiques des décompositions et des transformations limitées.
» Malgré ces difficultés, une Table à double entrée donnant les tensions
de transformation de l'oxygène en ozone ferait connaître les conditions de
température et de pression les plus favorables à la production d'une pro-
portion d'ozone supérieure à celle obtenue jusqu'à ce jour, et permettrait
d'acquérir quelques notions sur les lois de la transformation.
( 229 )
» L'appareil imaginé par M. Berthelot pour soumettre à l'effluve un
volume limité de gaz est le meilleur qu'on puisse employer toutes les fois
qu'on cherche à apprécier l'influence de la température sur la proportion
d'ozone formée, parce que l'oxygène, placé dans un espace annulaire très
resserré, est en contact avec une surface très grande.
» Les variations de pression éprouvées par l'oxygène qui se transforme
partiellement en ozone dans ces appareils peuvent servir à mesurer les
proportions relatives des deux gaz pendant i'électrisation ou mieux immé-
diatement après. La détermination du poids d'ozone formé, par les li-
queurs titrées, contrôle utilement les résultats-; mais cette méthode em-
ployée seule ne permet pas de suivre les phases de la transformation et
d'en constater la rétrogradation, qui se produit toujours sous certaines
pressions.
)• Voici les proportions d'ozone qu'on peut obtenir en faisant varier la
pression et la température :
— 23°. 0°. 20°. 100°.
Tension Proportion Tension Proportion Tension Proportion Tension Proportion
cie
(lel'ozone
de
de l'ozone
de
do l'ozone
de
do l'ozone
?ssîons.
i'o/.one.
en poids.
l'ozone.
en poids.
l'ozone.
en poids.
l'ozone.
en poids.
760...
108,70
0,2t4
82,84
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53,qfi
0, 106
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1)
380 .. .
5 1,68
0 , 204
38,76
0 , 1 5?,
3., 54
0, 125
1,48
0,01 17
3oo . . .
40 , 20
0,201
3o,6o
0 , I SsS
22,20
0,112
..
n
9.35 . . .
24,80
0,191
22,95
0, i53
i5,52
0, 104
0,088
o,ot 18
180. ..
22 , 3o
0,181
16, 58
0,137
10,52
0,089
n
»
» La tension de transformation de l'ozone dans l'oxygène soumis à
l'effluve varie donc avec la température et avec la pression que supporte
le mélange gazeux. Cette tension augmente rapidement de valeur lorsque
la température s'abaisse : elle double, ou à peu près, en passant de 20° à
— 23°. Des recherches en cours d'exécution nous permettront de fixer la
température pour laquelle la transformation serait totale.
)) Ces résultats montrent bien que les tensions de transformation qui
limitent ces phénomènes complexes ne sont pns fonctions de la température
seule; elles dépendent manifestement des pressions. Ces équilibres ne
peuvent donc être rapprochés de ceux qui s'établissent dans les décompo-
sitions chimiques des combinaisons fixes et dans la production des vapeurs
saturées aux dépens des corps solides ou liquides. L'analogie avec les phé-
nomènes qui nous sont familiers est plus difficile à trouver que pour les
transformations allotropiques du phosphore.
( 23o )
» Mais les résultats numériques cilés plus haut établissent que le rapport
du volume de l'ozone au volume total est à peu près indépendant de la
pression entre des limites assez étendues. Ce rnpport, peu variable entre
l'ozone et l'oxygène, signale une analogie entre la transformation allotro-
pique de l'oxygène soumis à l'effluve électrique et la dissociation des com-
posés gazeux, car la dissociation de l'acide iodhydrique et celle de l'acide
sélénhydrique, pour ne citer que les exemples les plus simples, sont, à cer-
taines températures, limitées par des tensions sensiblement proportion-
nelles aux pressions totales. Les fractions d'acide iodhydrique décomposées
à 440° sont :
Ea
centièmes.
atm
Sous la pression de 4,4 ^4 î*^'
11 ?. , 3 25,5
" 1,0 ?.6 , o
» 0,2 29,0
» La proportion d'iode et d'hydrogène libres croît, en réalité, à mesure
que la pression diminue; la proportion d'oxygène par rapport à l'ozone
croît plus nettement encore à mesiu'e que la pression du mélange diminue.
La combinaison de l'iode avec l'hydrogène et la transformation de l'oxy-
gène en ozone, qui absorbent l'une et l'autre de la chaleur, seraient donc
favorisées par un accroissement de densité.
» Aux températures supérieures à 0°, la proportion d'ozone est maxi-
mum pour o'""',^ environ; l'élévation de la température ralentissant
la production de l'ozone, il est plus difficile d'épuiser l'action de l'ef-
fluve qu'au-dessous de o", surtout dans l'oxygène peu raréfié. 11 n'est
donc pas impossible que ce maximum soit une conséquence de la lenteur
avec laquelle se fait la transformation au-dessus de 0°.
» L'influence de la pression sur la limite s'exerce d'ailleurs, à toutes ces
températures, d'une façon parfaitement continue. Les expériences faites
sous des pressions inférieures à 100"'" pourraient faire croire à des phé-
nomènes de discontinuité. Nous les décrirons dans une prochaine Note
sur la rétrogradation de la transformation de l'ozone pendant l'acte de
l'électrisalion, ainsi que ceux que l'on observe au point de vue de la for-
mation de l'ozone, en opérant sur des mélanges d'oxygène et de gaz va-
riés. B
( ^^^' )
CHIMIE. — Sur une nouvelle modification isomérique de l'Iiydrate d'alumine.
Note de M. D. Tommasi.
« L'hydrate d'alumine ordinaire, tel qu'on l'obtient en précipitant une
solution d'alun avec l'ammoniaque, abandonné à lui-même en présence de
l'eau, éprouve, auboutde trois mois environ, une modification moléculaire;
de soluble qu'il élait auparavant dans les acides et les alcalis, il est devenu
insoluble, ou du moins fort peu soluble, comme l'alumine calcinée, bien
qu'il renferme toujours ses 3"'"' d'eau (').
» Les acides chlorhydrique et azotique concentrés ne dissolvent pas im-
médiatement le trihydrate d'alumine 5 humide; pour que la solution ait
lieu, il faut environ soixante heures, en employant pour 2?''à 3^'' d'alumine
hiimide 20'^'' d'acide. Pour saturer un poids donné d'acide chlorhydrique
avec l'alumine (?, il faut environ un mois. Si l'on emploie pour la même
quantité d'alumine So'^'^ d'acide chlorhydrique ou nitrique dilué au dixième
il faut alors plus de vingt- cinq jours pour que l'alumine puisse se dis-
sou Ire. 2?'' à 3^'' d'alumine humide, traités par 20"'' d'une solution très
concentrée de potasse, ne se dissolvent qu'au bout de soixante heures.
Avec une solution diluée de potasse (solution primitive lo'^'^-l- 5o^<= d'eau)
l'alumine ô ne s'était pas encore entièrement dissoute après quarante jours.
» L'acide acétique cristallisable n'a pas non plus d'action sur l'alumine â.
Ainsi 2'^'' à 3^'' d'alumine 0 humide, traités par 20'^'^ d'acide acétique, ne se
dissolvent qu'en très petite quantité; la presque totalité de l'alumine était
restée sans se combiner à l'acide, même après quarante jours de contact.
» L'acide sulfurique concentré, ou peu dilué, se combine de suite avec
l'alumine â ; Bo'"' d'acide sulfiuique à quatre centièmes ne dissolvent 2^''
à 3^'' d'alumine qu'au bout de six jours.
» Enfin, un autre caractère plus saillant permet de distinguer le trihy-
drate a (alumine normale) du Irihydrate d'alumine â : c'est que, tandis que
l'alumine normale forme avec son chlorure un oxychlorure, l'alumine ô
ne se combine pas avec son chlorure. »
( ') Je propose de désigner p.ir la leUrc rj ce nouvel isomère du trihydrate d'aluinine, afin
de le distinguer de ses trois autres isomères, savoii' : le triliydrate a (alumine normale),
le triiiydrate p (gibbsitel et le liiliyilralc '/(alumine colloïdale de Graliani).
( 232 )
CHIMIE ORGANIQUE. — Observations relatives à une Note de M. E. Boiirgoin
sur l'action ultime du brome sur l'acide malonique. Note de M. B. Pe-
TRIEFF.
« Dans une Note insérée aux Comptes rendus{'), M. Eourgoin a indiqué
que, en chauffant pendant six heures, 3170° el en tubes scellés, un mélange
d'acide ;ïialoniqne et de brome, on observe la formation de notables quan-
tités d'acide tribromacétique et de bromoforme.
» Je rappellerai à l'Académie que j'ai étudié l'action du brome sur l'acide
malonique il y a plus de cinq ans.
» J'ai décrit les produits de substitution, l'acide monobromo et l'acide
dibromomalonique, et, dès cette époque, j'ai montré que, par l'action du
brome en excès sur l'acide malonique dissous dans l'eau, il se forme de
l'acide carbonique, les acides dibromacétique et tribromacétique, et enfin
du bromoforme [Berichte der Deutsche chemische Gcselschajl, t, VIII, p. 73o).
» S'il existe une différence entre les expériences de M. Bourgoin et les
miennes, elle réside tout entière dans un détail d'opération. M. Bourgoin, en
effet, chauffe la matière en tubes scellés et à une température assez élevée,
tandis que j'ai réalisé cette réaction à l'air libre et à la température ordi-
naire. »
CHIMIE MINÉRALE. - Sur la chaleur el le volume moléculaires des terres rares
et de leurs sulfates. Note de MM. L.-F. Nilson et O. Pettersson.
« Après avoir terminé un très long travail pour séparer et purifier
quelques-unes des terres rares, nous sommes maintenant en état de com-
muniquer la première série des déterminations concernant les propriétés
physiques de ces terres qui, au point de vue chimique, sont d'une haute
importance, savoir la chaleur et le volume moléculaires.
» Les déterminations suivantes, qui sont faites, dans les mêmes cir-
constances, avec des combinaisons chimiquement pures dont le poids
moléculaire dans chaque cas est déterminé, sont donc parfaitement compa-
rables entre elles. La chaleur spécifique est déterminée de 0° à 100° avec le
So.inre tin 12 juillet 18S0, pnge i-îi de re Volume.
( =^33)
calorimètre Bunsen ('); les sulfates aqueux ne pouvant supporter d'être
chauffés à loo" sans décomposition, leur chaleur spécifique a été détermi-
née à 46°-47°daus la vapeur de CS'-. Les densités ont été obtenues par une
méthode particulièrement adoptée pour éviter les erreurs provenant de
l'adhésion de l'air aux substances pulvérulentes (-). Les nombres donnés
sont les moyennes d'au moins deux déterminations bien correspondantes.
M. Lecoq de Boisbaudran a bien voulu mettre à noire disposition o^', i38
de gallium, et M. Clève l'erbine la plus pure qu'il ait obtenue jusqu'ici.
Poids
Chaleur
Ch.ilcur
Volume
mo-
spé-
mo-
mo-
Combinaison.
Formule.
IccuKiire.
Oxydes,
Densilo.
cilique.
léculaire.
léculaii-e.
Glucjne
GPO'
75,3
102 ,8
3,016
0,2471
0, 1827
0,1879
18, 6i
24.97
25,76
25,76
Alumine
Al'O^
3,990
3,990
18,78
19,32
Saphir
APO^
102,8
(ai^I
Chrysobéril
1 -1^0'
(Be^ )"
95,9
3,734
O,20o4
19,22
25,69
Scandin6-
Sc'O^
1 36 ,0
3,864
V
0 , i53o
20,81
35,19
0
Oxyde de gallium.. .
Ga^O^
.84,0
0, 1062
'9'5i
Yuria
Y=0=
227,0
274,8
5,o46
7. '79
0 , 1026
23,29
22,17
44.99
38,28
O.xyde d'indium. . . ,
In'O'
0,0807
Erbine
Er»0=
38o ,0
8,64o
9.175
6,480
o,o65o
24,70
25,45
24,43
43,98
42,94
5o,3i
Ytterbine
Yb 0'
394.0
326,0
0 , 0646
0,0749
Oxyde de lanthane .
La^O'
Oxyde de didyme. .
Di=0=
34., 0
6,950
0 , 08 1 0
27,62
49»o7
Zircone
ZrO^
122,0
5,85o
0,1076
i3,i3
20,86
Bioxyde de cérium . .
CeO=
171,5
6,739
0,0877
i5,o4
25,45
Thorine
ThO^
264,0
Sulfates anhy
9,861
drei .
o,o548
14.47
26,77
^ m^\^ A ABJ\tf •«*•■ « ■■ *
Sulfate de gluciuna. .
GP, 3S0'
3i5,3
2,443
0,1978
62,37
129,07
u d'aluminium.
Al=,3S0'
342,8
2,710
o,i855
63,59
126,50
de scandium
Sc^3S0*
376,0
2,579
0,1639
62,42
145,80
" de chrome. . .
Cr^3S0'
392,4
3,012
0, 1718
67,41
i3o,27
ftrrique
Fe%3S0'
400 ,0
3,097
0, i656
66,24
129, 16
" de gallium . .
Oa%3SO<
424,0
u
0, 1460
61,90
..
" d'yttrium . .
Y^3S0'
467,0
2,6l2
o,i3i9
61 ,60
178,80
" d'indium. . . .
In',3S0'
5i4,8
3,438
0 , I 290
66,41
i49'77
[') Voir notre recherche précédente {fViedemann's Ann., t. IV, p. 572; Comptes rendus,
I. LXXXVI, p. 823).
^^) Voir OiToPKTTERSsoN,.l/o/e/«/a/po/«/7i/«rt, etc. [Nuv. Act.R. Soc. Se. Ups., t. III, 1878).
( 23/, )
Poids
Chaleur
Chaleur
Volume
mo-
spé-
mo-
mo-
Combinaison.
Formule.
Sulfates
léculaire.
anliydres
Densité.
(suite).
cifique.
léculaire.
léculaire.
Sulfate de lanthane.
La',3S0'
566, o
3,600
0, 1 18a
66,90
157,22
" de céiium. .
Ce',3S0'
567,0
3,912
0,1168
66,23
•44,9i
» de didyme .
Di=,3S0'
58 1 ,0
3,735
0, I 187
68,96
i55,55
» d'erbium. . .
Er%3S0'
620,0
3,678
0, io4o
64,48
168,57
" d'ytterljimn.
Yb',3S0'
634,0
3,79>
0, 1039
65,87
167,15
V de ihoiiuni .
Th',2S0'
424,0
»
0,0972
4', 2,
"
Sulfates aqueux.
Sulfate de gluciiun.
Gi^
,380', 12 11=0
53i,3
i,7i3
0
-i
310,17
» d'yttrium . .
Y',
3S0S 8H'0
61 1 ,0
2 ,540
0,2257
137,91
240 , 55
» de lanthane
La--
,3S0', glPO
728,0
2,853
o,2o83
i5i,64
255,17
» de ceriura . .
ce
,3S0S SIPO
637,0
3,220
0,1999
i3i,33
204, o4
• de didyme.
Di'
,3S0\ 8H'0
7?.5,o
2,878
0,1948
i4i ,23
25i ,91
» d'erbium...
Ei =
,3S0', 81P0
764,0
3,180
0,1808
i38,i3
240,25
X d'ytteibium
Yb=
,3S0\ 8H=0
778,0
3,286
0,1788
i39,ii
236,79
» En soustrayant de la chaleur et du volume moléculaires trouvés pour
les sulfates aqueux les mêmes valeurs pour les sulfates anhydres, on oblient
un reste exprimant la chaleur et le volume moléculaires de l'eau unie aux
sulfates. Pour chaque molécule d'eau, il reste ainsi :
Mo-
Chaleur
\ olume
Mo-
Chaleur
VoUimo
Sulfate
lécules
molé-
molé-
SuUale
lécules
molé-
molé-
aqueux.
cVeau.
culaire.
culaire.
aqueux.
d'eau.
culaire.
culaire.
D'yttrium . . . .
8H=0
9'4i
7>:'
De cérium ...
. 5H'0
l3,02
11.82
D'erbium . . .
81P0
9,20
8,95
De lanthane . .
• gH'o
9>4o
10, 85
D'ytterbium .
, 8H'0
9,i5
8,70
De didyme. . .
. 8H-0
9,o3
12, o4
» Pour i'"'^'' d'eau libre, ces valeurs sont égales à 18. La chaleur et le
volume moléculaires de l'eau unie à ces sulfates sont donc diminués consi-
dérablement et ont donné en effet une valeur minimum jusqu'ici inconnue.
» Si l'on juxtapose des combinaisons isomorphes, par exemj)le, de Y,
Er, Yb ou de La etDi, on voit facilement que la chaleur moléculaire des
combinaisons intimement liées par isomorphisme s'accroît en même temps
que le poids atomique du métal s'élève, tandis que, au contraire, le vol utue
moléculaire diminue
» Pour ce qui concerne en particulier la question de l'atomicité du glu-
cium, les nombres donnés ne laissent pas que d'être fort importants. Nous
relevons ainsi que : 1° la chaleur atomique de l'oxygène est complètement
( u35 )
normale dansGPO', l'ait drjà prouvé clans la Noie précédente; 2° la cha-
leur et le volume moléculaires de GPO' et de A1°0' sont à peu près iden-
tiques, que l'alunnne soit examinée comme saphir cristallisé ou comme
poudre amorphe ; le chrysobéril, considéré, non comme un aluminate,
1*1 7 j
j_ \ O', donne aussi des valeurs complètement identiques;
Gl' )
3° la chaleur et le volume moléculaires du sulfate de Gl, comparés avec
les mêmes nombres pour les sulfates de Al, Se, Ga, Y, etc., parlent aussi
en faveur de la formule Gl-0% que nous adoptons. Si l'on compare
toutes les circonstances mentionnées ici el dans nos recherches précédentes,
avec ce fait que la chaleur spéciBque et le volume atomique du glucium,
ainsi que la chaleur et le volume moléculaires de la glucine et du sulfate,
prendraient des valeurs exceplionuelles dans toute la Chimie si la terre
était vraiment GlO, nous sommes convaincus que la question de la valence
du glucium est tranchée définitivement. Il n'y a en effet aucune propriété
physique du métal, de la terre ou du sulfate qui ne confirme notre opinion.
Au point de vue chimique, le cas est entièrement le même. Ne pouvant
pas revenir ici sur les nombreuses raisons qui pourraient être citées à ce
sujet, nous renvoyons le lecteur à notre Mémoire détaillé, cité |)lus haut,
où elles sont déjà relatées, et remarquerons seulement que déjà le glucium,
par son sulfate double
3K-0=SO= + Gl-0«,3SO=,
typique pour tous les métaux de la gadolinite et de la cérite, se montre
comme appartenant à la série de ces éléments, qui est certainement placée à
côté, mais bien séparée d'une autre série qui donne un autre sulfate double
K=0-SO=' + R=0'' 3S0= + 24H= O
ou alun. Le fait d'où l'on a voulu tirer un motif pour la bivalence du glu-
cium, que le chlorure fond et se volatilise à luie température plus élevée
que Al^Cl", n'est d'aucune importance, car, dans la série de l'ytfrium, avec
des chlorures qui fondent et se volatilisent encore plus difficilement, se
présentent bien des analogies pour le glucium, à cet égard aussi bien que
sous tous les autres rapports. »
G. R.. 1880, 2« Semestre. (T. XCI, N° i.) 3l
( 2H(; )
CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Sur une jermentalion nouvelle du glucose.
Note de M. L. Boutroux, présentée par M. Wurtz.
« Dans la séance du 4 mars 1878 (t. LXXXVI, p. 6o5), j'ai en l'honneur
de présenter à l'Académie une Note intitulée Sur la fermentation lactique.
Je dois maintenant rectifier une erreur que j'ai commise dans ce travail.
L'acide qui se produit dans la fermentation que j'ai étudiée n'est pas,
comme je le pensais, de l'acide lactique, de sorte que le titre même de la
Note est inexact. Voici les principales propriétés de cet acide.
» Il est incolore, inodore, sirupeux, incristallisable. La chaleur le dé-
compose très facilement. Chauffé à 58°, il brunit et perd lentement de son
poids.
)) Tous les sels qu'il forme sont, comme lui, facilement décomposés par
la chaleur. Le sel d'ammoniaque se décompose lentement à 100°. Il brunit;
puis, perdant toujours de son poids, il laisse un résidu tout à fait noir. Les
sels de chaux, de baryte et de cadmium résistent à la dessiccation à 100°.
Mais vers i4o° le sel de chaux commence à brunir. Quand on porte l'acide
ou l'un quelconque de ses sels à une température plus élevée, il noircit et
se boursoufle comme le caramel.
» Cet acide est fortement réducteur. Il réduit à froid le nitrate de sous-
oxyde de mercure à l'état métalHque; à l'ébullition, il réduit les sels d'ar-
gent et d'or. A l'état libre, il réduit très faiblement la liqueur de Fehiing
bouillante ; mais cette réduction doit être causée par une impureté, car
elle est nulle quand on emploie, au lieu de l'acide libre, le sel de chaux,
ou celui d'ammoniaque, ou celui de soude.
» Il s'oppose à la précipitation du perchlorure de fer par l'ammoniaque
et à celle du nitrate neutre de bismuth par l'eau.
)) Tous ses sels sont solubles dans l'eau et insolubles ou très peu so-
lubles dans l'alcool ; il existe cependant un sel basique de plomb insoluble
dans l'eau. J'ai obtenu à l'état cristallisé les sels d'ammoniaque, de
chaux, de baryte, de strontiane, de magnésie, de zinc, de cadmium et de
plomb; je n'ai pas pu faire cristalliser ceux de potasse, de soude, de fer et
de cuivre. La plupart des cristaux obtenus sont microscopiques : mais le
sel d'ammoniaque se présente en gros cristaux mesurables; ce sont des
prismes orthorhombiques, avec les modifications g', A% b\ a-, e", e'' ; la
face/? est supprimée; l'angle du prisme est de 98°42', et le rapport de la
( :^37 )
base à la haufeur de o,863. Le sel neutre de plomb cristallise en très
petites tablettes hexagonales régulières.
» Je n'ai trouvé aucun pouvoir rotatoire au sel d'ammoniaque ni au sel
de chaux.
» Pour préparer l'acide, je fais fermenter un mélange d'eau de levure
et de glucose en présence d'un excès de craie, en y semant l'organisme que
j'ai isolé et que j'ai appelé par erreur fennenl lacliqiie dans ma première
Note. J'obtiens ainsi le sel de chaux. De ce sel je passe au sel d'ammo-
niaque au moyen de l'oxalate d'ammoniaque; en cliaufi'ant le sel d'ammo-
niaque avec de la baryte, je prépare le sel de baryte; en précipitant
celui-ci par le sulfate de cadmium, j'obtiens le sel de cadmium; dans ce
dernier je fais passer un courant d'acide suif hydrique, je filtre et j'évapore
dans le vide : j'obtiens ainsi l'acide pur.
» L'analyse de cet acide m'a donné la formule C'-H'-O". C'est donc
un produit d'oxydation du glucose. J'ai fait aussi l'analyse élémentaire du
sel de chaux, en le brûlant par du chromate de plomb additionné
d'un dixième de bichromate de potasse. J'ai trouvé ainsi la formule
pour le sel séché à 1 00°. Le dosage des bases dans les autres sels m'a donné
les formules suivantes :
Sel d'ammoniaque (séché à froid dans le vide). . C''H' = 0"AzH'
Sel de baryte (séché à 100') C''^H"BaO" -)- HO
Sel de cadmium (séché ii 100°) C"H"CdO".
» La formule trouvée pour l'acide est la même que celle de l'acide gluco-
nique, obtenu en 1870 par Hlasiwelz et Habermann ('), par l'action du
chlore sur le glucose. Les formules des sels sont également les mêmes, sauf
pour l'eau de cristallisation ; mais cela pourrait tenir à ce que la dessiccation
n'a pas été faite à la même température. Comme d'ailleurs les propriétés de
cet acide, telles qu'elles ont été décrites par ces deux chimistes, appar-
tiennent toutes à l'acide que j'ai obtenu, je dois conclure à l'identité de
ces deux acides.
» La production de l'acide gluconique dans la fermentation que j'ai
étudiée se fait sans aucun dédoublement, par xuie simple oxydation; j'ai
vérifié que dans le liquide fermenté le glucose disparu est remplacé par
un poids un peu supérieur d'acide et que pour i'^'' d'acide formé il y a
2'^'' d'oxygène absorbés.
[^) An II aie n dcr Chcinic uiid Pluuinacic. l. CLV, p. r.>3; iS^ji
( -238 )
» Ce n'est donc pas là nne fermentation proprement dite, si l'on réserve ce
mot pour les modifications profondes, accompagnées de dégagement de
gaz, que subissent les matières fermentescibles sous l'influence de cellules
vivantes. D'ailleurs, l'orgauisme qui produit celte transformation, au lieu
d'être anaérobie comme ceux qui produisent les fermentations propre-
ment dites, est essentiellement aérobie.
M Les faits qui précèdent laissent subsister tous ceux qui sont mentionnés
dans ma première Note, pourvu qu'on remplace partout le mot lactique
par le mol gluconique. Je renvoie donc à cette Note pour tout ce qui con-
cerne l'élude morphologique et physiologique du ferment.
M Le résultat que j'ai annoncé dans cette même Note sur l'identité de ce
ferment avec le mycoderma aceli a été confirmé par mes nouvelles expé-
riences. Le même organisme, semé dans un milieu sucré, produit l'acide
gluconique, et, semé dans un milieu alcoolique, produit l'acide acétique.
Seulement il existe plusieurs espèces de mycoderma aceli, et je ne sais si
toutes ces espèces sont également propres à la production de l'acide glu-
conique. »
PHYSIOLOGIE COMPARÉE. — De l'absorption et de l'élimination des poisons
chez les Céphalopodes. Note de M. E. Yung, présentée par M. de La-
caze-Duthiers.
« M. Paul Bert a constaté, dans son étude physiologique de la Sepia offi-
cinalis, que cet animal se comporte vis-à-vis du curare et de la strychnine
à peu près comme les animaux classiques de l'expérimentalion. Les
jioisons étant des instruments physiologiques d'une grande délicatesse et
par cela même très propres à nous éclairer sur la nature fonctionnelle des
animaux inférieurs, j'ai étendu les observations de M. Berl à un grand
nombre de Céphalopodes divers et j'ai expérimenté avec plusieurs poisons.
» Ces éludes ont surtout porté sur Octopus vulcjaris et macropus, Eledone
mosclmta, Sepia officinalis, Lolicjo vulcjaris, et elles m'ont donné chez tous des
résultats comparables.
» L'absorption par la peau n'a heu que d'une manière très faible. Un
Poulpe, par exemple, peut porter impunément sous sa peau, pendant plu-
sieurs heures, une dose de sulfate de strychnine dont la dixième partie
suffirait pour le tuer immédiatement si elle était portée sur les branchies.
C'est par ces derniers organes que l'absorption est en général la plus
prompte; elle est même instantanée pour certaines substances (strychnine.
( 239)
nicotine); pour d'aulres, au contraire (curare, upas antiar), elle ne se fait
que fort lentement. Delà des différences apparentes dans la violence d'action
des poisons, qui trouvent leur explication dans le pouvoir osmotique des
substances employées. C'est ainsi que, si, au lieu de plonger l'animal dans
une solution de curare et d'attendre longtemps que l'absorption branchiale
ait produit la paralysie, on découvre la grosse artère céphalique et qu'on
y injecte quelques gouttes de la solution, l'effet toxique se fait sentir très
rapidement. Dans plusieurs cas d'absorption lente par les branchies, j'ai dû
avoir recours à ce stratagème.
» La résistance relative que présentent certains animaux à l'action de
certains poisons réside surtout dans la difficulté de l'absorption.
» Quant à l'élimination des poisons, elle s'effectue, chez les Céphalo-
podes, concurremment par deux organes, le foie et la poche du noir. On
peut le démontrer d'une façon élégante avec la nicotine, par exemple. On
empoisonne un Poulpe ou un Élédone en lui introduisant quelques gouttes
du poison dans la cavité branchiale. Ilsurvient rapidement des convulsions;
les mouvements respiratoires sont bientôt abolis, mais les cœurs veineux
et artériel continuent à battre quelques instants. Si après quelques minutes
on retire le foie et la poche du noir, et qu'on les coupe en morceaux dans
un vase renfermant un autre individu sain, ce dernier donne bientôt tous
les signes de l'intoxication.
» Je ferai connaître prochainement l'action spéciale des différents
poisons. »
PHYSIOLOGIE ANIMALE. — Vitesse de transmission de l'excitation motrice dans
les nerfs du Homard. Note de MM. L. Frédéricq et G. Vandevelde, pré-
sentée par M. de Lacaze-Duthiers.
« Grâce à l'hospitalité si libérale que M. le professeur de Lacaze-
Duthiers a bien voulu nous accorder dans ses laboratoires de Roscoff, nous
avons ])u compléter au bord de la mer les expériences que nous avions
entreprises au laboratoire de Physiologie de l'Université de Gand, sur
la vitesse de transmission de l'excitation nerveuse motrice dans les nerfs
du Homard (nerf qui anime le muscle fléchisseur du doigt mobile de la
pince). Nous avons eu recours à la seconde des deux méthodes (la mé-
thode graphique) employées par Helmholtz dans ses recherches sur la pro-
pagation de l'influx nerveux moteur chez la Grenouille.
» A Gand, par une température de -h io°C. à + i2°C. (février et
{ a4o)
mars 1879), uous avions trouvé que celte vitesse est de 6'" environ par
seconde. Nous avons obtenu des chiffres plus élevés, 10" à 1 2™ par seconde,
dans les expériences exécutées à Roscoff en été (température de + 18°
à + 20°).
» L'excitation motrice se propage donc avec infiniment plus de lenteur
chez le Homard que chez la Grenouille ou chez l'Homme. »
OPTIQUE PHYSIOLOGIQUE. — Sur la sensibililé différentielle de l'œil pour de
petites surfaces lumineuses. Note de M. Aug. Charpentier, présentée par
M. Vulpian.
« Il est admis, comme je l'ai rappelé dans une précédente Communica-
tion (5 juillet 1880), que l'oeil distingue l'une de l'autre deux surfaces
éclairées conliguës, pourvu que leur éclairement diffère au moins de ~j
environ. Or il est curieux de voir que cette valeur s'accroît dans de très
larges proportions quand les deux surfaces sont suffisamment petites ou,
ce qui revient au même, quand on les regarde d'assez loin.
» J'ai constaté ces faits à l'aide de l'appareil, déjà connu, qui me sert
à graduer la lumière; cet appareil contient une lentille qui produit l'image
d'un objet lumineux sur un écran en verre dépoli; en faisant varier à
l'aide d'un diaphragme spécial la surface libre de cette lentille, on change
dans la même proportion l'éclairement de l'image produite. Or on peut,
en collant sur une des faces de cette lentille un pelit prisme en verre,
d'étendue et d'angle convenables, dévier ime porlion des rayons lu-
mineux qui tombent sur elle, de manière à former sur l'écran deux images
contiguës; il sera, dès lors, facile de faire varier l'éclairement relatif de ces
deux images à l'aide du diaphragme mobile contenu dans l'appareil.
« L'expérience consiste à rechercher jusqu'à quel point on peut ob-
scurcir ou éclairer l'une de ces deux images par rapport à l'autre sans
cesser de les juger également éclairées.
» En donnant à chacune de ces deux surfaces lumineuses contiguës la
forme d'un carré de o'°,oo2 de côté, j'ai placé à 3'° une personne de vue
normale, et j'ai dû augmenter de ^"„ en moyenne l'éclairement de l'un des
deux carrés pour qu'il pût être distingué de l'autre. L'image formée par
chaque carré sur la rétine devait avoir alors un peu plus de j^^ de mil-
limètre de côté.
» Pour une distance moitié moindre (i"',5o), et par suite pour une
(24l )
imnge rétinienne de largeur à peu près double, la sensation différentielle
a été de f^nj.
M On voit combien ces nombres sont supérieurs au chiffre moyen de -^,
adopté pour la distinction de plus grandes surfaces lumineuses, chiffre
qui, dans les expériences faites sur ces dernières, s'est montré indépen-
dant de l'étendue des objets lumineux.
» Il y a donc, dans nos résultats, deux faits très spéciaux qui paraissent
caractériser la vision des petits objets : le premier, c'est la remarquable
faiblesse du pouvoir distinctif de l'œil pour les petites surfaces lumineuses;
le second, c'est la proportionnalité qui semble exister entre ce pouvoir
distinclif et le diamètre des petits objets (ou plutôt de leurs images réti-
niennes). »
PALÉONTOLOGIE. — Contributions à ta flore pnléozoiqite. Note de M. L. CuiÉ,
présentée par M. Chatin.
« Il n'est pas de fossiles qui aient donné lieu à autant d'hypothèses que
les Bilobites [Cniziana, Frœna, Fiicoides), dont les plus anciens vestiges ont
été observés vers l'horizon des grès à Eopliflon de la Scandinavie. Les
remarquables travaux de MM. Hall, Unger, Torell, Nathorst et Liunars-
son, bien que jetant quelque jour sur cette question pleine d'intérêt, pré-
sentent des résultats d'une étonnante diversité. Chez nous d'ailleurs, dans
nos musées, dès qu'il s'agit de ces empreintes, tout est à l'état de docu-
ments épars, et, aussi bien pour les Bilobites que pour les Tigillites, c'est
la multiplicité, la confusion qui dominent. A cet égard, les recherches que
j'ai pu faire dans les quartzites inférieurs de l'ouest de la France ont été
fructueuses. Une riche série de Cruziana, provenant de Chemiré-en-Char-
nie (Sarthe), m'a permis d'opérer le discernement de plusieurs formes
étudiées sur place. J je Frœna Goldfnssii'B.h., a surtout attiré mon attention,
et, si je ne possède pas encore tout l'ensemble du Bilobite, je vois cepen-
dant le mode de bifurcation de ses parties essentielles avec une grande
clarté. L'espèce est constituée par des cordons plus ou moins tubuleux,
dont la largeur n'excède guère o™,oio. Chaque accolade présente une
dépression centrale et deux sillons latéraux parallèles. Sans trace du réseau
superficiel, si compliqué chez certains types [Cruziana jurcifera, Bronnii,
Bugosa), les cordons, d'abord réunis, se bifurquent de la façon la plus
nette; il existe aussi des indices de ramification qui permettent de croire
( 243 )
que les cordons étaient ramenx et l'accolade amincie laisse voir la conver-
gence des deux sillons latéraux vers la dépression centrale. Ce fossile en
apprend plus que les nombreux fragments entassés dans nos musées.
» Que les Frœnn ne comprennent pas des formes unilobées et des
formes bilobées, comme on l'avait supposé, c'est un point sur lequel
l'échantillon de Chemiré-en-Charnie ne peut laisser aucun doute. Le
Frœna Goldfussii est effectivement unilobé on bilobé suivant le point
observé; l'empreinte laisse voir cette communauté d'origine en fai-
sant toucher au doigt les causes accidentelles qui ont amené la rupture
entre les diverses parties. J'incline à voir en cette production les vestiges
d'une grande Algue tubiforme, dont l'analogie avec certains Cylindrites du
lias ne saurait être méconnue. Rien parmi les Thallophytes de nos mers
actuelles ne représente ces Algues du type paléozoïque. Si l'interprétation
du Frœna Goldjussii est assez avancée pour qu'il soit permis d'établir
quelque chose de précis à son égard, il est vrai de dire que la plus grande
réserve est commandée dès que nous étudions les autres Frœna, qui nous
sont presque toujours parvenus d'une manière obscure et fragmentaire.
Un document tel que celui de Chemiré-en-Cliarnie peut seul produire, en
pareille matière, la conviction scientifique. Des recherches ultérieures me
permettront de faire connaître plus complètement l'organisation de ce
fossile. Aujourd'hui j'ai cru utile d'insister sur le mode de bifurcation des
tubes ou cylindres constituant vraisemblablement la partie stipitale de
l'Algue : c'est là que se décèle la nature végétale du Frœna Goldfussii. Les
paléontologistes qui verront l'échantillon de Chemiré-en Charnie (Sarthe)
n'auront nul doute sur ce point; notre empreinte leur en fournira une cer-
titude absolue. »
PHYSIQUE DU GLOBE. — La Loire ^ le Loiret et les courants souterrains
du val d'Orléans. Note de M. Sainjon, présentée par M. Daubrée.
« Le val d'Orléans est situé sur la rive gauche de la Loire; on sait que
ce val est sillonné par des courants souterrains, auxquels sont directement
empruntées les eaux qui alimentent la ville d'Orléans depuis l'année 1864 ;
c'est également à ces courants qu'est liée l'existence des sources fort con-
nues du Loiret.
» Les eaux souterraines dont il s'agit proviennent de laLoire elle-même,
mais elles y rentrent toutes, après un trajet relativement peu considérable.
( ^^/|3 )
» On peut indiquer le point où commencent les premières pertes souter-
raines de la Loire. Ce point est situé près cki hameau de Bouteille (com-
mune de Guilly), à /[i'''"en amont d'Orléans. [1 ne peut y avoir de doute à
cet égard, car des jaugeages comparatifs que j'ai fait faire avec le moulinet
de Vollman n'accusent pas de différence sensible à Bouteille et en amont
de Bouteille, tandis qu'Us donnent des chiftres plus faibles à peu de dis-
tance en aval.
» On peut également indiquer et même préciser le |)oint où la rentrée
en Loire des eaux perdues s'est intégralement effectuée; ce point coïncide
avec l'embouchure du Loiret (g'^^'en aval d'Orléans), et l'on retrouve immé-
diatement en aval de cette embouchure les ménies débits qu'en amont de
Bouteille : c'est ce qiù résulte également des nombreuses opérations faites
avec le moulinet de Voltman.
» La restitution à la Loire des eaux qu'elle a perdues n'a pas unique-
ment lieu à ciel ouvert par le Loiret; elle a lieu en outre par des rentrées
de fond, dans le lit même de la Loire. Ces rentrées ne commencent
qu'auprès d'Orléans, de sorte que c'est là que le fleuve est réduit à son
minimum de débit, ou, en d'autres termes, c'est au droit d'Orléans que la
somme des courants souterrains du val atteint sou débit maximum.
» Les variations d'état de la Loire amènent nécessairement des varia-
lions corrélatives dans ses pertes souterraines, et celles-ci en amènent
h leur tour dans les débits du Loiret.
» La Loire a donc, entre Bouteille et le confluent du Loiret, deux cours,
l'un à ciel ouvert, le long des escarpements qui régnent presque sans in-
terruption sur la rive droite, l'autre à travers le v;d d'Orléans, et celui-ci
est souterrain, du moins en grande partie, puisqu'une fraction seulement
des eaux dérivées devient visible au Loiret.
» Quant au val d'Orléans, il se présente sous la forme d'une grande
dépression, d'une superficie de i44oo''', dont le niveau moyen est seule-
ment de 4"" à 5"" au-dessus des plus basses eaux de la Loire, et il est limité
sur la gauche par des coteaux. C'est au pied de ces coteaux que coulent
d'abord le petit ruisseau du Dhuy, puis le Loiret, qui n'est que la conti-
nuation du Dhuy, mais du Dhuy brusquement transformé par les sources
abondantes provenant do la Loire.
» La configuration topographique que je viens d'indiquer est la consé-
quence du mouvement de dislocation qui a déterminé la faille dans la-
quelle s'est établi le cours de la Loire. Or cette faille se subdivise, à Bou-
teille, en deux branches qui se rejoignent au confluent du Loiret : la Loire
C. R., ibSo, 2» S<;mfSCr^. (T. XCI, N» ■4.) -"2
( 24/, )
conle dans la branche de droite, le Loiret dans la région la plus accen-
tuée de la branche de gauche, et l'îlot compris entre ces deux branches
s'est affaissé pour former le val d'Orléans.
» Les sondages ont appris, de plus, qu'il existait dans le val dOrléans
de nombreuses fissures et même des cavernes. Cela est facile à comprendre,
car l'affaissement auquel ce val correspond n'a pu s'opérer, sans fendiller
les couches calcaires dans bien des directions. Il faut donc se représenter
les deux branches, rive droite et rive gauche de la faille, comme commu-
niquant ensemble, sous le val d'Orléans, par un plus ou moins grand
nombre de conduits souterrains.
» Tout s'explique dès lors : la Loire arrive à Bouteille par une faille
unique à travers l'argile plastique; la faille se bifurque à Bouteille, et cette
bifurcation concorde avec l'apparition, sous les sables et graviers du lit du
fleuve, des calcaires fissurés, à travers lesquels commencent les pertes qui
alimentent les courants souterrains du val d'Orléans. Puis, à partir du
point où les calcaires émergent dans les branches de la faille, c'est-à-dire
près du château de la Source pour celle de gauche, et d'Orléans pour
celle de droite, une partie des eaux souterraines donne naissance au Loi-
ret qu'elles grossissent graduellement, tandis que le surplus rentre suc-
cessivement en Loire. Aucun de ces courants ne s'égare en dehors, parce
que l'affaissement dont j'ai parlé plus haut a rompu toute communication
entre les couches calcaires des escarpements de droite et des coteaux de
gauche et celles correspondantes du val, qui sont brusquement à un niveau
inférieur, de sorte que le débit de la Loire se reconstitue intégralement au
point où les deux branches de la faille se referment, c'est-à-dire au con-
fluent même du Loiret.
» Quant à la manière dont s'effectuent matériellement les pertes et les
rentrées d'eau qui font l'objet de cette étude, les choses s'expliquent
d'elles-mêmes là où les couches fissurées affleurent au fond même du lit.
Rien de plus simple également ])artout où les fissures sont directement en
contact avec les sables et graviers. Mais le plus souvent les sables et gra-
viers sont séparés des couches fissurées |)ar des dépôts argileux, ou plus
ou moins argilo-sablonneux, et la communication n'est alors possible que
sur les points accidentels où ce toit imperméable a disparu.
» Il est probable d'ailleurs que ces cheminées de communication cor-
respondent plutôt à des cavités et cavernes qu'à de simples fissures, car il
ne se passe guère d'année où l'on n'ait à signaler, dans le lit de la Loire,
des effondrements partiels qui donnent lieu soit à des pertes, soit à des
( 2/,5 )
rentrées d'eau, suivant la région dans laquelle ils se produisent, et se pré-
sentent presque toujours sous la forme d'entonnoirs circulaires ou cônes
renversés, à talus réguliers, par le fond desquels le terrain meuble de la
surface disparaît presque instantanément.
» Des effondrements se sont produits et se produisent encore dans le
val d'Orléans, et par conséquent en dehors de la Loire; on en a constaté
des exemples eu 1846, lors de la construction du chemin de fer de Vierzon,
et les entonnoirs d'ancienne date, aujourd'hui plus ou moins comblés, qui
sont si multipliés sur le territoire des communes de Saint-Denis-en-Val et
de Saint-Jean-le-Blanc, n'ont pas une autre origine. »
PHYSIQUE DiLi GLOBii. — Sur le gisement de silex taillés cCEl Hassi [Sahara
algérien). Note de M. G. Rolland, présentée par M. Daubrée.
« M. H. Weisgerber rapporte du Sahara une grande quantité de sdex taillés,
pointes de flèches et débris de tailles, recueillis à la surface du sol tout le
long de l'iliiiéraire de la mission de Laghouat-El Goleah-Ouargla-Biskra.
» M. Jourdan et moi avons découvert à El Hassi, à mi-chemin entre
Laghouat et El Goleah, un gisement de ces silex, recouverts par un dépôt
récent de sources calcaires, aujourd'hui disparues.
» Les puits d'El Hassi se trouvent à la tète de la vallée sèche de l'Oued
Sobti. Cette vallée est excavée dans le plateau crétacé du Mzab et d'El Go-
leah, lequel est constitué par un système presque horizontal de couches cal-
caires, appartenant à l'étage turonien. AElHassi, le calcaire est blanc, com-
pacte, dur, sans fossile. Les bancs crétacés sont traversés par des veinules
de calcaires concrétionnés quaternaires, qui forment des croûtes à la
surface. Ces croûtes empâtent accidentellement des silex provenant des ni-
veaux supérieurs. Le fond de la vallée est occupé par un poudingue
bréthiforme, composé de débris de calcaires crétacés et d'un ciment com-
pacte de calcaire concrétionné. Le poudingue quaternaire est recouvert par
une faible épaisseur de limon et celui-ci par un travertin récent. Ces dépôts
successifs ont été ravinés par le petit ruisseau de l'Oued Sobti, où leur
superposition apparaît clairement, et le long duquel j'ai relevé une série
de coupes géologiques.
» Un des puits supérieurs d'El Hassi est creusé dans le lit même du
ruisseau. En ce point, la berge droite est verticale et a 2™. Elle montre le
limon nettement recouvert par le travertin. A la partie supérieure du limon,
( ^46 )
c'est-à-dire au niveau de la surface de l'ancien sol, se présente un lit de
sables quartzeux, identiques aux sables des dunes, avec petits débris de cal-
caires légers, ayant sans doute été transportés par les vents. C'est à ce
niveau que nous avons trouvé, M. Jourdan et moi, des silex inconteslable-
ment taillés de main d'homme; ils sont en place et entièrement pris dans la
couche sal)leuse. Nous en avons recueilU sur une longueur de 3o™, en sui-
vant l'affleurement et en pratiquant de petites sous-caves sous le travertin.
» Le travertin superposé comprend plusieurs nappes distinctes. Le cal-
caire est poreux et blanchâtre vers le bas, compacte et brun vers le haut.
L'épaisseur est de o^jGoau bord du ruisseau; elle peut atteindre l'^jSo au
maximum. Le travertin occupe toute la largeur de la vallée, soit à peu près
5oo™; en aval, il suit le thalweg, se rétrécit et ces5e à iSoo™ environ plus
loin. Ce dépôt de sources est de l'époque actuelle; la durée nécessaire à
sa formation peut n'avoir pas été longue, même si on la rapporte aux
temps historiques.
» Les sources ont entièrement disparu à El Ilassi, et les puits qu'on y
rencontre sont alimentés par de petites nappes d'infiltration, renfermées
dans les couches crétacées sous-jaceutes. Ce fait vient s'ajouter à d'autres
tendant à prouver que le Sahara, depuis qu'il est habité par l'homme, est de
plus en plus privé d'eau, et par suite de plus en plus désert. »
AÉROSTATION. — Sw Ics moyens d'oblenir des épreuves photographiques en
ballon libre. Noie de M. l*. Desm.vrets, présentée par ]M. Janssen
(Extrait.)
« Les aéronautes ont toujours été frappés de la netteté avec laquelle les
objets terrestres se dessinent à leurs pieds; ils ont souvent comparé les
paysages qu'ils apercevaient à des Cartes en relief. Aussi l'idée de tir^r des
clichés photographiques du haut de la nacelle est-elle fort ancienne.
» M. Nadar réussit, en 18G8, à obtenir quelques clichés à bord de la
nacelle du ballon captif de M. Henri Giffard, à l'hippodrome du bois de
Boulogne. En 1878, M. Henri Giffard, ayant fait construire le ballon captif
des Tuileries, autorisa M. Dagron à reprendre les expériences de M. Nadar.
)) Mais il restait à résoudre le problème plus important de prendre des
photographies en ballon libie. Quoique, dans le récit de son ascension
dans le FoUa pendant le siège de Paris, récit qu'il a adressé à l'Académie,
M. Junssen ait fait très judicieusement remarquer que ces opérations
- ( --^-'M )
délicates devaient réussir dans un grand nombre de cas, on ne saurait citer
aucune tentative sérieuse..,..
» Dans l'ascension que j'ai exécutée le i/i juin dernier, à 5''Zi5'" du soir,
à l'occasion des fêtes de Rouen, j'ai été assez heureux pour obtenir deux
clichés, dont je mets des épreuves sous les yeux de l'Académie.
» La chambre noire était carrée, du format ordinaire, demi-plaque à
châssis doubles, à glaces i8 X i8.
» I/objectif, de la maison Derogy, était un aplanélique 21x27. Son
foyer mesurait o™,29 et son diaphragme o'",o35 de diamètre. Les lentilles
avaient o'",o44 d'ouverture.
» L'obturateur électrophotographique a été combiné par moi, de
concert avec M, de Combettes, en m'inspirant du système d'obturateur
instantané que M. Janssen a organisé d'une façon si parfaite pour son
Observatoire de Meudon. Il se compose d'un disque en caoutchouc durci,
percé de deux ouvertures circulaires placées sur un même diamètre et
égales en grandeur à celle des lentilles de l'objectif. Ce disque est mis en
rotation rapide par un mouvement d'horlogerie. Les déclanchements
s'opèrent au moyen d'un courant électrique, agissant sur deux électro-
aimants Bourbouze, et obtenu à l'aide de 2 petits éléments à renver-
sement au bisulfate de mercure de M. Trouvé.
» J'ai employé, comme plaques sensibles, des glaces au gélatino-bromure
d'une fabrication spéciale et préparées par M. Laisné. Je me suis servi du
développement à l'oxalate de fer pour révéler mon image.
» Je n'ai pu encore exécuter les expériences nécessaires pour évaluer
quelle a pu être la fraction de seconde pendant laquelle la plaque iuipres-
sionnable est restée exposée à la lumière ('); mais, comme les épreuves
sont très nettes, il faut que le temps de pose ait été extrêmement ré-
duit,... »
La séance est levée à 5 heures un quart. D.
Yx lie seconde.
( 248 )
BULLETIN BIBLIOURAPUIQDE.
OOTB&GES REÇUS DANS LA SÉANCE DU 26 JUILLET l88o.
Traité de Géométrie supérieure ; par M . Chasles. 2" édition. Paris, Gauthier-
Vil lars, i88o;in-8°.
Études économiques sur l'exploitation des chemins de fer ; par M. J. de la
GouRNERiE. Paris, Gauthier-Villars, 1880; in-8".
Chambre des Députés. Discours prononcé par M. le baron Larrey dans la séance
du i^juin 1880. Projet de loi sur l'administration de l'armée. Paris, A. Wit-
tersheim et C'% 1880; in-8°.
Une application des images accidentelles ; par^ . J. Plateau. Bruxelles, iujpr.
F. Hayez, 1880; opuscule 111-8".
Ministère de la Marine et des Colonies. Jide-Mémoire d'Artillerie navale;
i'^^livr.,1880. Paris, typ. G. Chamerot, 1880; 2 livr. in-8° et Atlas in-folio.
Ministère de la Marine et des Colonies. Mémorial de l'Artillerie de la Marine;
t. VIII, i'" livr. Paris, typogr. G. Chamerot, 1880; texte in-8°, Atlas in-folio.
Tératologie entomo logique. Recueil de Coléoptères anormaux; par feu
M. S. MocQUERTs, avec Introduction par M. J. Bourgeois. Rouen, impr,
L, Deshays, 1880; in-8°.
Annales de la Société d'Agriculture, Histoire naturelle et Arts utiles de Lyon;
5* série, t. I, 1878. Lyon, Pitrat aîné, H. Georg ; Paris, J.-B. Baillièrt',
1880; in-8''.
Monographie géologique des anciens glaciers et du terrain erratique de la
partie moyenne du bassin du Rhône; par A. Falsan et E. Chantre. Lyon,
impr. Pitrat aîné, 1875; Atlas in-folio.
Ornithologie de la Sarthe. Échassiers, — Rop'ces, Grimpeurs, Pigeons,
Gallinacés, — Palmipèdes, — Passereaux; par Amb. Gentil. Le Mans, impr.
Monnoyer, 1 878-1 880; 4 !>'■• in-8°. (Deux exemplaires.)
Traité pratique des affections cutanées ou maladies de la peau ; par le J}' Th.
Brame. Paris, E. Savy, sans date; in-8°. (Présenté par M. le baron Larrey.)
La forme ptotogénique dans les trois règnes, ou la matière, le mouvement et
la vie. — Eloge de Velpeau. — Essai sur l'air atmosphérique dans ses rap-
ports avec l'Hygiène et l'Agriculture. — Recherches sur la cristallisation du
soufre. — Sur l'état utriculaire de l'eau. — Quelques traits de l'histoire physico-
chimique et naturelle de l'eau. — Lumière, spectre solaire, couleurs propres des
(249)
objets, contrasles. — Eludes sur les l'ins. — Râle des nitrates en agriculture. —
Sur le chaulage-pralinage à la potasse caustique et au sable, et sur le citaulage
alcalin. ~ De la loi des proportions multiples de Dalton et des atmosphères parti-
culaii es ; par M. Ch. Brame. Paris et Tours ; i t brocli. in-8°.
Le globe terrestre et ses merveilles naturelles ; par MM. KLEI^ et Thomé.
Édition française par M. Ch. Baye. 2" livr. Paris, Fr. Ebhardt, 1880; in-S".
Au pôle nord ^- par F. von Heli.wald. Traduction de Ch. Baye. 2^ livr.
Paris, Fr. Ebhardt, 1880; in-8°.
Rapport entre les silex taillés préhistoriques et les ossements fossiles de Pachy-
dermes dans les lieux mêmes ; par le D'' E. Robert. Saint-Denis, impr. Lambert,
sans date; opuscule in-8°. (Deux exemplaires.)
De la meilleure disposition à donner aux caisses et cartons des collections d'in-
sectes; par A. Preudhommede Borke. Bruxelles, impr. Weissenbrucb, 1880;
in-8°. (Extrait des Annales de la Société entomologique de Belgique.)
Tableau statistique du nombre des Belges qui ont pris part aux diverses expo-
sitions industrielles; par k. de Hemptine. Sans lieu ni date; br. in-S". (Extrait
du Bulletin du Musée de l'Industrie de Bruxelles.)
Meteorological obseï votions al stations of the second orderJortheyeariS'jS.
London, J.-D. Potter, 1880; in-4''.
Contributions to our knowledge of the meteorology of the arlic régions;
Pari II. London, J.-D. Potter, 1880; in-4".
Meteorological observations made at the Adélaïde Observatorj during the
year 1878, under the direction of Ch. Todd. Adélaïde, printed by E. Spiller,
i879;in-4°.
Memorie délia Socitta degli Spellroscopisti ilaliani; disp. 3", marzo 1880.
Roma, A. Paolini, 1880; in-4°. (Deux exemplaires.)
A. Bartoli. Una nuova esperienza sulla elettrolisi con deboli elettromotori.
— Fenomeno delC elettrolisi deU'acido solforico concentrato, etc. — Relazione
fra la coesione specifica, la densita e il calorico specifco di una classe di liquidi.
— Dimostrazione elementare di un leorema relaliuo alla teoria del raggiamento
dalo dalprof. R. Clausius. — Su le polorilà galvaniclie, etc. - Jppareccino per
la deterrninazione dell' equivaletUe meccanico del calore. — Le leggi délie po-
laritàgalvaniche. Pisa, Salvioni, 1 879-1 880; 7 broch. in-8°.
( 25o )
El\RATÀ.
(Séance du 19 avril 1880.)
Page 890, ligne 16, supprimer =: 1^! .
Page 890, lignes 19 et 28, et page 892, ligne 24, remplacer r par t.
Page 893, ligne 2, au lien de cos9, lisez cosi.
(Séance du 19 juillet 1880.)
Page 172, ligne i5, au lieu de a-oxybutyramiclo, lisez «-oxybiityi'oeyamine.
Page i'j3, au lien de
I
CH=
I
/AzH -CH
AzIIz=C; I
^AzH' CO-OH,
Uses
lu lieu de
Usez
I
CH'
AzH = C;
^AzH= CO,OII,
CH'CIP
\/
CH
I
/AzH -CH
AzHr^C; I
^Azli- CO-OII,
CH'CH'
\/
CH
I
/AzH-CH
AzH = C; I
^AzH' CO,HO.
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 2 AOUT 1880.
PRÉSIDENCE DE M. EDM. BECQUEREL.
MEMOIRES ET COMMUIVICATIOIVS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
CHIMIE. — Sur la préparation du chlore; par M. Berthei.ot.
« 1. La préparation du chlore, au moyen du bioxydede manganèse et de
l'acide chlorhydrique, est accompagnée de circonstances singulières qui ont
attiré, souvent l'attention des chimistes.
M En effet, la réaction est fondée sur la formation du chloriiremanganeux,
MnCi, corps dont la composition ne répond pas à celle du bioxyde MnO".
Mais le dégagement du chlore est précédé par la production d'une liqueur
brune, regardée en 182 1, par Forchammer, comme renfermant un sesqui-
chlorure; en i865, par Nicklès ('),et depuis par M. Fisher (^), comme con-
(') Annales de Chimie et de Physique, ^' série, t. V, p. 162. Nicklès pensait avoir ob-
tenu ce bichlorure à l'état de combinaison éthérée, en traitant le bioxyde de manganèse par
le gaz chlorhydiique, en présence de l'éther. Mais, chose singulière, il semble ressortir du
langage de l'auteur que la préparation ne réussitpas avec le chlore et le chlorure manganeux.
(') Journ. oftlie Chem. Soc, t. XXXIII; Transactions, \i. ^oij; 1878.
C. R., 1880, 2» Semestre. (T. XCI, N" 3.) ^^
( 252 )
tenant un bichlorure de manganèse. Cette liqueur n'est complètement déco-
lorée que par l'ébullition. Si on l'étend avec une grande quantité d'eau,
elle se trouble et dépose un peroxyde de manganèse hydraté (Forchammer),
démontré identique avec le bioxyde, quelle qu'ait été la composition origi-
nelle du suroxyde dissous dans l'acide chlorhydrique, d'après M. Fisher.
» J'ai repiis l'étude de ces réactions, au double point de vue thermique
et chimique; les faits que j'ai observés prouvent qu'elles sont accompagnées
de phénomènes d'équilibre, dans lesquels les proportions relatives d'eau,
d'acide chlorhydrique et de chlore jouent un rôle essentiel. Ils montrent
que la formation du composé brun soluble n'exige pas seulement la pré-
sence du chlore et du manganèse, mais aussi celle d'un notable excès
d'acide chlorhydrique : ce serait un chlorhydrate perchloriu'é de manga-
nèse.
» Voici mes observations.
» 2. Actiondu chlore sur le chlorure manganeux. — Une solution concentrée
de ce sel, renfermant environ MnCl + i i HO ('), a été saturée à refus par
le chlore gazeux en présence d'une atmosphère de ce gaz pur ; elle en a
dissons seulement a^'^o par litre vers 12°; c'est-à-dire moitié moins que
l'eau (4^'',o) et à peu près autant que le chlorure de magnésium concentré
(2S"^,3). Les rapports équivalents dans cette liqueur étaient à peu près
145 MnCl: Cl.
)) Dans un autre essai, fait à 19° avec un courant plus prolongé et avec
commencement de décomposition de l'eau, 1'" du même chlorure manga-
neux a dissous 3^',5 de chlore (SoMnCl: Cl). La chaleur dégagée dans cet
essai a été trouvée pourlestroispreraiers quarts moindre quepour le dernier
quart ; soit, en la rapportant par le calcul à un même poids de chlore 35s'",5 :
-+- 2'^", 2 au début ; + 3*^°', 3 à la fin. Ces chiffres sont de l'ordre de ceux qui
expriment la chaleur de dissolution du chlore dans l'eau pure (+ iS^jS
sans action chimique, et jusqu'à 4- 3^'^,'j avec formation d'oxacides du
chlore).
» Ces faits sont peu favorables à l'hypothèse d'un simple bichlorure de
manganèse.
» 3. La liqueur précédente n'a pas tardé à laisser précipiter quelque
peu de bioxyde de manganèse, en même temps qu'elle absorbait une
nouvelle dose de chlore, aux dépens de l'atmosphère du flacon; cette double
réaction continuait encore au bout d'un mois. Cependant, même après
(') Densité : i,38o; chaleur spécifique: 0,64 5.
I
( 253 )
deux mois, le rapport équivalent entre le chlore absorbé successivement et
le chlorure manganeux n'avait pas atteint i : 55.
» On peut se rendre compte de cette réaction lente et limitée, en remar-
quant que les sels mélailiques sont en partie décomposés par l'eau qui les
dissout : le chlorure manganeux dissous renferme donc un peu d'oxyde
manganeux, susceptible d'être peroxyde par les oxacides du chlore. Mais
la formation de l'acide chiorhydrique, corrélative de celles des oxacides du
chlore, arrête la réaction à un certain terme, parce que cet hydracide tend
à dissoudre en sens inverse le bioxyde de manganèse.
4. S'il en est ainsi, la ddutiou doit accroître la formation du bioxyde de
manganèse, car elle accroît la quantité de chlorure manganeux décomposé.
» En effet, la solution concentrée de chlorure manganeux saturée de
chlore ayant été étendue avec neuf fois son vol mue d'eau, il s'y est produit
un abondant précipité de bioxyde de manganèse, lequel a augmenté pen-
dant un certain temps. La même chose arrive si l'on mêle le chlorure man-
ganeux concentré avec dix fois son volume d'eau de cldore.Le rapport
était ici 5Mn Cl : Cl. Au bout de deux mois, il restait encore dans la liqueur
diluée du chlorure manganeux et du chlore libres, coexistant avec l'acide
chiorhydrique formé et avec le bioxyde précipité: ce qui établit l'existence
de certains équilibres.
5. Action de l'acide chiorhydrique sur le bioxyde de manganèse. — On a
pris du bioxyde naturel, lavé avec l'acide chiorhydrique très étendu, puis
séché à une douce chaleur. Ce bioxyde se dissout complètement dans l'acide
concentré. On en a pesé o^'", loo, que l'on a mis en suspension dans 10'='= d'une
solution renfermant 06', 160 d'hydracide, c'est-à-dire, un léger excès de
bioxyde par rapport à l'hydracide. Il s'est produit, à froid, du chlore et
une liqueur brune; mais la réaction est demeurée fort incomplète.
» A 100°, avec les mêmes matières dans les mêmes pi'oportions, mainte-
nues en contact pendant vingtheures dans un tube scellé, l'aclionaété plus
loin, sans cependant devenir complète. La liqueur, après refroidissement, a
régénéré peu à peu du bioxyde de manganèse hydraté, adhérant aux pa-
rois, et dont la formation a duré plusieurs jours.
Cette rétrogradation a été plus marquée encore dans un tube, où un léger
excès de bioxyde de manganèse anhydre avait été chauffé à 200°, pendant
vingt heures, avec de l'acide chiorhydrique à 3 pour 100.
On voit par là que les limites de l'équilibre qui caractérise ces réactions
changent avec la température; ce qui s'explique à la fois par la décomposi-
tion croissante du chlorure manganeux sous l'influence de l'eau et par la
dissociation croissante des hydrates d'acide chiorhydrique.
{ 254 )
» 6. Action du chlore sur te chlorure manganeux el l'acide chlorhydrique.
— Une solution concentrée du sel (MnCl + iiHO) a été mêlée avec la
moitié environ de son volume d'acide concentré (renfermant 3o pour loo
de HCl) et l'on y a dirigé un courant de chlore. La liqueur a bruni aussitôt,
mais sans donner lieu à un précipité, même au bout de trois mois. Sa-
turée à refus vers i/J", dans une atmosphère de chlore, elle contenait 58',9
de chlore libre par litre.
» Les mêmes solutions de chlorure manganeux et d'acide chlorhydrique,
ayant été additionnées séparément de dix fois leur volume d'eau, puis
mélangées et saturées de chlore vers i4°, i"'du mélange a absorbé 58'',35
de chlore, sans qu'il y eût d'abord ni coloration ni précipité. Mais au
bout de quelques semaines une trace très visible de bioxyde de manga-
nèse, adhérente aux parois du flacon, s'est manifestée. On voit par là que
le bioxyde peut se former dans des liqueurs étendues, même en présence
d'un grand excès d'hydracide (Cl + 3HCI -I- 2, 7 MnCl + 370 H=0^).
» 7. Revenons aux solutions concentrées. La solubilité du chlore
(5^'', 9 par litre) y est triple des chiffres observés avec le chlorure manga-
neux pur (2,0); la chaleur dégagée est également beaucoup plus forte.
Avec une solution renfermant MnCl+ 1 1 HO, additionnée des f de son
volume d'une solution concentrée (3o pour xoo d'hydracide), j'ai trouvé :
Première partie de chlore dissoute, i,57,adégagépour35s'',5dechloreabsorbé H-4,6.
Deuxième » o,5i, » H- 3,2.
Troisième » o>^4> * 4-3,3,
» Le premier chiffre est double de la première quantité de chaleur
( -f- 2,2) dégagée parla dissolution du chlore dans le chlorure manganeux.
Les absorptions consécutives du chlore produisent des quantités de chaleur
plus faibles et fort voisines l'une de l'autre.
» Il semble donc, d'après les solubilités aussi bien que d'après les cha-
leurs dégagées, que la première action du chlore sur le chlorure manga-
neux mêlé d'acide chlorhydrique concentré produise un composé spécial,
lequel ne se forme pas en l'absence de l'hydracide : c'est un véritabh,'
cliloihj'drale perchloruré de manganèse, dérivé sans doute du perchlorure
d'hydrogène, signalé dans une Note précédente, et tel que
HCl'+«MuCI, ou Mn^d' + nPICi.
■n 8. C'est k ce composé que sont atiribuables les circonstances connues
de la préparation du chlore, ainsi que les faits que je viens de décrire.
» En effet, ce composé étant dissocié, la liqueur renferme toujours du
( 255 )
chlore libre, qui se dégage dès que sa proportion surpasse celle qui est
déterminée par le degré propre de dissociation du composé.
» La dissociation croît avec la température, comme le prouvent les ex-
périences de rétrogradation par refroidissement; mais celles-ci ne sont pos-
sibles que parce que le chlore demeure en présence de la liqueur dans des
tubes scellés.
» Si le chlore est entraîné au dehors, comme il arrive dans la prépara-
tion ordinaire de ce corps simple, non seulement la rétrogradation n'aura
pas lieu, mais l'équilibre initial ne pourra subsister, et la décomposition
du chlorhydrate perchloruré de manganèse se poursuivra jusqu'à devenir
totale.
» 9. L'influence de la température étant ainsi comprise, il reste à ex-
pliquer celle de l'eau, je veux dire la précipitation du bioxyde par la di-
lution. Cet effet est dû en partie à la séparation partielle du chlorure man-
ganeux en oxyde et acide libres par la dilution, comme il a été dit plus
haut ; mais il résulte aussi et principalement de la diversité d'état chimique
de l'acide chlorhydrique dans les liqueurs concentrées, comparées aux
liqueurs étendues. Les liqueurs étendues, en effet, ne renferment guère que
des hydrates chlorhydriques saturés d'eau [Essai de Mécanique chimique,
t. II, p. 149 a i5i), hydrates ayant perdu dès lors une dose d'énergie
plus grande que l'hydracide anhydre contenu dans les liqueurs concentrées.
La différence est telle que, s'il ne se produisait pas de phénomène se-
condaire, le chlore devrait transformer entièrement le chlorure manga-
neux étendu en bioxyde de manganèse, car
MnClétendu + aHO -+- Cl gaz = MnO= + 2HCI étendu, dégage : + 3*^", 7.
La réaction générale se passe, en effet, d'après cette équation. Cependant
elle ne devient pas totale, mais c'est à cause de la formation du chlorhy-
drate chloruré de manganèse signalé plus haut et du dégagement de cha-
leur auxiliaire (+4>6) qui en est la conséquence.
» Ce composé se produit donc d'une manière nécessaire ; mais, comme
il est dissocié, il ne se forme que jusqu'à une certaine hmite,' laquelle
dépend des proportions relatives des composants et de la température : de
là les équilibres signalés plus haut. Voilà ce qui arrive dans les liqueurs
étendues.
') Au contraire, dans les liqueurs concentrées, renfermant une dose suf-
fisante d'hydracide non saturé d'eau, il ne pourra se produire de bioxyde
de manganèse, parce que la réaction de ce corps sur l'hydracide anhydre
( 256 )
contenu dans les liqueurs dégage de la chaleur. On aurait en effet
MnO^ + 2HCI gaz = MnCl anhydre + Cl gaz -+- aHO gaz: -+- i2'^",9.
» Cette conclusion s'applique aussi aux dissolutions concentrées d'hy-
dracide, parce que, dans l'état dissous, une portion d'hydracide n'est pas
combinée à l'eau sous forme d'hydrate stable et que cette portion est apte
à dégager encore + lo*^^' à 12*^*' environ, comme je l'ai montré ailleurs :
quanlité^capable de compenser et au delà les -4- 3^"', 7 qui répondent à l'ac-
tion inverse.
» J'ai eu occasion de développer bien des fois et d'expliquer cette op-
position entre les réactions des hydracides étendus et celles des hydra-
cides concentrés vis-à-vis des métaux, des sulfures métalliques, des sub-
stances réducùhles, elc. [Essai de Mécanique chimique^ t. II, p. i53, 409,
5o5, 529, 534, 55g, etc.), opposition qui a pour effet le renversement des
réactions avec la dilution. La même théorie s'applique en principe à l'at-
taque du bioxyde de manganèse par l'acide chlorhydrique concentré.
Cette attaque se produit d'autant plus sûrement qu'elle est facilitée par le
concours de la chaleur de formation (+ 4>6) du chlorhydrate perchloruré
de manganèse, composé dont la formation et la dissociation servent d'in-
termédiaires au développement du chlore gazeux. »
THERMOCHIMIE. — Sur les chaleurs de combustion; par M. Berthelot.
« M. Thomsen vient de publier, dans les Berichte de la Société chi-
mique de Berlin, les résultats de ses expériences sur la chaleur de com-
bustion des gaz carbonés et des composés cyaniques. Ces publications,
postérieures, les unes de plusieurs mois, les autres de plusieurs semaines,
à celles que j'ai faites dans les Comptes rendus, confirment de la façon la
plus remarquable la plupart des nombres que j'ai obtenus. Par exemple,
j'avais trouvé pour la chaleur de combustion de l'oxyde de carbone
C^O^, + 68,3o: M. Thomsen, rectifiant le nombre 66,8 qu'il avait publié
il y a quelques années, donne maintenant -1- 68,37. Pour le gaz des ma-
rais, j'ai trouvé -+- 2i3,5 : M. Thomsen donne un chiffre identique ('). A
( ') Pour les autres gaz hydrocarbonés, il y a des différences sensibles, qui me paraissent
dues, soit à la pureté inégale des corps, soit au caractère incomplet des combustions ordi-
naires des gaz riches en carbone.
(257)
Pour le cyanogène, j'ai trouvé + 262,5 : M. Thomsen, + 261,3. Pour le
gaz cyaniiydrique, j'ai trouvé(') + i59,3 : M. Thomsen (-): + iSq, 5.
» Les derniers chiffres s'écartent à peine, comme je l'ai montré (^), de
ceux que l'on déduit de mes anciennes expériences sur la transfor-
mation de l'acide cyanhydrique par voie humide, en les calculant avec
la vraie chaleur de formation de l'ammoniaque. Ils établissent que la
chaleur de formation du gaz cyanhydrique par le cyanogène et l'hydro-
gène gazeux est positive (+ 7,8) : ce qui est conforme de tout point aux
vues qui m'ont conduit l'année dernière à réaliser cette synthèse.
)) Quoi qu'il en soit, la concordance des résultats numériques obtenus
de part et d'autre pour les oxydes de l'azote et les composés cyaniques est
des plus précieuses pour les savants qui s'occupent de Thermochimie ;
elle efface les dernières traces de l'erreur commise sur la chaleur de for-
mation de l'ammoniaque, et, par suite, des corps que l'on y avait rattachés :
erreur dont les conséquences ont pesé pendant bien des années sur la
Science. »
CHIMIE. — Synthèse de l' hexamélliylbenzine et de l'acide inellique;
par MM. C. Friedel et J.-M. Crafts.
« Dans notre première Communication sur une méthode générale de
synthèse d'hydrocarbures {*), nous avons annoncé que l'on peut obtenir
le toluène et d'autres benzines méthylées, en faisant passer un courant de
chlorure de méthyle dans de la benzine additionnée de chlorure d'alu-
minium et légèrement chauffée. Nous signalions la formation d'hydrocar-
bures bouillant au-dessus de 190°, point d'ébullitiou de la benzine
tétraméthvlée (durol), et nous pensions alors déjà que parmi ces hydrocar-
bures se trouvaient la pentamélhylbenzine et l'hexaméthylbenzine, non
encore connues.
» Nous avons depuis répété en grand l'action du chlorure de méthyle,
non plus sur la benzine, mais sur le toluène, que l'on peut se procurer
dans un état de pureté aussi grand, et ce qui a beaucoup facilité pour nous
(') Comptes lendits, séance du 12 juillet, parus le l'j.
(') Berichte, parus le aGjuillet.
(') Ce Volume, p. 79 et 81.
(*) Comptes rendus, t. LXXXIV, p. i394'
( 258 )
l'opération, c'est l'emploi du chlorure de méthyle liquéfié, que l'on peut se
procurer maintenant dans le commerce, grâce aux intéressants travaux de
M. Camille Vincent. Le chlorure de méthyle, sortant du cylindre, passe à
travers un appareil à boules, rempli d'acide sulfurique concentré, puis
encore dans un tuhe à ponce sulfurique; il passe ensuite successivement
dans deux ballons à long col, dans lesquels on a introduit le toluène, addi-
tionné d'environ ^ de son poids de chlorure d'aluminium ; il n'est pas
inutile de faire plonger le tube de dégagement dans une éprouvette ou dans
un tube rempli de mercure, de manière à exercer sur le gaz une pression
de loo"™ à ] 5o"'°de mercure. Le tube à mercure lui-même est plongé dans
un vase plein d'eau, de manière à permettre l'absorption de l'acide chlor-
hydrique qui se dégage sans que l'humidité puisse entrer dans les ballons
à toluène. Ceux-ci sont plongés dans un bain -marie à niveau constant,
dont la température, constante également, est réglée à 80° environ. Dans ces
conditions, l'opération peut marcher d'une manière continue, jour et nuit,
et l'on arrive assez rapidement à saturer le toluène de méthyle, ou au moins
à obtenir un produit qui renferme principalement les produits de substi-
tution les plus élevés.
» Lorsqu'on pense être allé assez loin, on verse dans l'eau, en agitant le
contenu des ballons, on décante la couche supérieure huileuse, et l'on
soumet à la distillation fractionnée, d'abord avec un appareil Le Bel-Hen-
ninger, puis, pour les parties bouillant au-dessus de 200", avec un appareil
formé d'un ballon mince à long col, auquel est soudé dans la partie supé-
rieure du col un tube latéral. On arrive à séparer, après quelques distil-
lations, et dès la première lorsque la méthylation a été poussée assez loin,
des parties restant liquides et d'autres qui se solidifient. Ces dernières,
encore mélangées de liquide, sont exprimées dans un linge, puis pressées
entre des doubles de papier. En répétant ces opérations et les fraction-
nements, on arrive à obtenir des portions bouillant d'une manière con-
stante vers 190°, vers 225° et à 264°. Toutes trois sont solides : la première
fond à 110°, c'est le durol ; la deuxième à 5o", c'est la pentaméthylbenzine ;
la troisième à i64°, c'est l'hexaméthylbenzine, ainsi que l'indiquent les
nombres trouvés à l'analyse et les densités de vapeur :
Densité. Théorie.
Pentaméthylbenzine 5,2^ 5, 12
Hexanu'thylbenzine 5,-^3 5, 61
» Les portions intermédiaires, formées de mélanges de ces mêmes
produits, peuvent être purifiées par de nouvelles distillations.
{ 259 )
» C'est 1.1 manière la plus commode d'arriver à la séparation. Nous avons
essayé de l'effectuer par des cristallisations dans l'alcool; le liquide dissout
plus facilement le durol et la pentamélhylbenzine que l'hexaméthylben-
zine. Celte dernière est peu soluble à froid dans l'alcool, et, par des cris-
tallisations fractionnées, on arrive à enrichir les mélanges eu hexaméthyl-
benzine, ce que l'on reconnaît à l'élévation de leurs points de fusion. Mais
ce procédé est lent et incomplet.
1) Nous avions pensé pouvoir nous servir de l'acide sulfurique, qui sem-
blait devoir attaquer les benzines non entièrement méthylées, en respectant
l'hexamétliylbenzine. Nous avons, en effet, reconnu que le durol peut être
facilement enlevé aux mélanges, mais il ne paraît pas en être de même de
la pentaméthylbenzine ; de plus, lorsque l'action de l'acide sulfurique se
prolonge, il se forme des composés renfermant du soufre, qui ne sont
solubles ni dans l'eau ni dans les alcalis, et dont la présence souille l'Iiexa-
mélhylbenzine qui était restée indissoule.
» En employant ces divers procédés de purification, mais particulière-
ment la distillation fractionnée, noussonunes parvenus à préparer plusieurs
centaines de grammes d'hexaméthylbenziue pure, fondant à 164°.
» Dès que nous en avions eu en mains une petite quantité, nous avions
essayé de l'oxyder, afin d'en dériver si possible un acide hexacarbonique,
qui devait être, ainsi que l'ont fait voir les beaux travaux de M. Baeyer,
l'acide mellique. M. Baeyer a montré, en effet, que l'acide mcllique est un
acide dérivé de la benzine, au même titre que l'acide beuzoïque, avec cette
différence que l'acide benzoique renferme une fois legroupe (CO'H)', rem-
plaçant H, et que l'acide mellique renferme six fois le même groupe (CO- H)'
remplaçant les 6^' d'hydrogène de la benzine. L'hexaméthylbenzine ren-
fermant six fois le groupe (CH')' remplaçant les 6H de la benzine, si l'on
parvenait à transformer ces six groupes méihyle en autant de carboxyles,
on devait tomber sur l'acide mellique.
» Notre premier essai, fait sur une petite proportion de carbure avec
l'acide azotique légèrement étendu, nous avait donné un acide ayant
quelques caractères de l'acide mellique et fournissant un sel d'argent dont
la composition se rapprocbait du mellale d'argent.
» Plusieurs autres expériences, faites avec l'acide azotique seul, à divers
degrés de concentration, puis avec cet acide d'abord et avec le perman-
ganate de potassium, pour achever l'oxydation commencée par l'acide
azotique, n'ont pas donné de bons résultats. Nous avons obtenu des acides,
ou plutôt des mélanges d'acides, dans lesquels pouvait se trouver un peu
C. R., liSo, 2» Semestre. (T. XCI, M» 3) 34
( 26o )
d'acide melliqiie, mais en même temps de l'acide oxalique et d'autres
acides cristallisables. On ne s'en étonnera pas, si l'on veut se rendre compte
du grand nombre d'acides différents qui peuvent se former dans cette oxy-
dation. Le nombre des acides méthylés et carboxylés, avec substitution
totale des six hydrogénés de la benzine, ne doit pas être moindre que
douze, sans compter ceux qui peuvent se former avec oxydation complète
et séparation d'un certain nombre de groupes méthylés. Or, dans pkisieurs
oxydations, nous avons constaté un dégagement d'acide carbonique.
» Nous avons été plus heureux en nous servant, comme moyen d'oxy-
dation, du permanganate de potassium en solution aqueuse à froid. L'hexa-
méthylbenzine, finement pulvérisée, a été laissés en contact pendant
longtemps (plus de deux mois) avec la solution de permanganate. Celle-ci
ne s'est pas entièrement décolorée, quoiqu'il s'y soit déposé une grande
quantité d'oxyde de manganèse. On y ajoute un peu d'alcool pour déco-
lorer la sohition, on filtre, puis on évapore à siccité au bain-marie. Il reste
une masse saline qui renferme de l'acétate de potassium, provenant de
l'oxydation de l'alcool, et un autre sel qui donne exactement les mêmes
réactions que le mellate de potassium préparé avec l'acide naturel.
» L'un comme l'autre a donné : avec le chlorure de baryum, un précipité
gélatineux, qui s'est transformé en une masse de petits prismes cristallins;
avec le chlorure de calcium, un précipité en fines aiguilles ; avec le sulfate de
cuivre, un précipité amorphe; avA; le sulfate de zinc, un précipité soluble
dans un excès du réactif, et précipitant par la chaleur en petits prismes
groupés, qui paraissent orthorhombiques; avec l'azotate d'argent, un préci-
pité amorphe; pas de précipité avec le sulfate de magnésium.
» Le sel d'argent a donné à l'analyse les nombres correspondant à la
composition du mellate.
» Il déflagre en laissant un mélange de charbon et d'argent.
« Le sel de potassium est insoluble dans l'alcool, comme le mellate, et
peut ainsi être séparé de l'acétate, qui s'y dissout facilement.
» L'oxydation de l'hexaméthylbenziue a donc été complète, et nous avons
obtenu l'acide mellique; la constitution que nous avions admise pour le
carbure, d'après les analogies, se trouve par là complètement vérifiée. En
même temps, nous avons réalisé, par une voie encore assez directe, la
synthèse d'iui des acides naturels les plus complexes et les plus inté-
ressants. «
( ^6i )
PHYSIOLOGIE. — Études sur la marche de /'/ioiumey par M. Marey.
« Les études sur la marche humaine, dont j'ai l'honneur de présenter à
l'Académie les premiers résultats, vont être reprises en opérant sur un
grand nombre d'individus de tailles et de forces différentes, portant des
chargés plus ou moins gi-andes, et chaussés de diverses ninnières. M. le
Ministre de la Guerre a bien voulu mettre à ma disposition de jeunes sol-
dats soumis à des exercices gymnastiques progressifs, dont il sera impor-
tant de constater les résultats.
» C'est au moyen de l'odographe que sera étudiée la marche, ainsi que les
circonstances qui modifient la longueur ou la fréquence des pas. La figure ci-
dessous représente l'odographe, appareil qui inscrit sousforme d'unecourbe
le nombre de pas exécutés en un temps donné. J'ai donné ailleurs la des-
cription de cet instrument et ses applications diverses ('). Il suffit de rap-
peler qu'il est formé d'un cylindre qui tourne uniformément sous l'in-
fluence d'un rouage d'horlogerie placé à son intérieur et d'une plume qui
trace sur ce cylindre. La plume s'élève, à chaque pas, d'une petite quantité,
toujours la même; ce mouvement lui est communiqué par un petit soufflet
à air pfacé sous le pied et relié avec la partie supérieure de l'odographe
(M Voir Z« méthode grapJiique. Paris, 1878; in-8°.
( .762 )
par un lube de caoutchouc qui monte à l'intérieur du pantalon. Cette
partie supéiieure de l'instrument contient un rouage spécial, chargé de
conduire la |>tume suivant une ligne verticale. Chaque appui du pied, souf-
flant une petite quantité d'air, fait passer une dent de ce second rouage et
fait monter la plaine d'une petite quantité. Plus les pas se répètent vite,
plus la plume s'élève rapidement parallèlement à l'axe du cylindre.
» Si le cylindre était immobile, la plume tracerait une ligne verticale
sur le papier qui le recouvre; mais, par l'effet de la rotation du cylindre,
la ligne résultante sera oblique, ainsi qu'on le voit sur la figure. On y re-
marque d'abord une ligne horizontale, à gauche et en bas du pajner ; cette
ligne exprime que la plume était immobile et que le cylindre seul était en
mouvement; plus loin, dans le sens ordinaire de la lecture, on voit une
ligne oblique ascendante résultant des mouvements coaibinés de la plume
et du cylindre : c'est qu'alors on marchait; enfin, une nouvelle ligne ho-
rizontale annonce que la marche avait cessé et que le cylindre seul était
en mouvement sous l'influence du rouage d'horlogerie.
» Les tracés de cet instrument sont donc identiques à ceux que l'admi-
nistration des chemins de fer donne à ses employés, et qui expriment, par
des courbes plus ou moins inclinées, les vitesses et les arrêts des trains aux
différentes heures du jour.
1) Le nombre des pas se compte, sur l'odographe, par la projection de
la courbe tracée sur l'axe des ordonnées, le temps par la projection de la
même courbe sur l'axe des abscisses. Mille pas font élever la phune de
o",oio; une heure fait tourner le cylindre de o'", 060.
M Si le pas d'un homme avait 1™ de longueur, i""" parcoiu'u ferait donc
élever le style de o'",oio; mais on constate que [)our ce parcours le style
s'est élevé de o"', oi3, o'", oi4 et parfois o'^jOiy : on en conclut que la lon-
gueur moyenne du pas était deo"','^6, o™, 71 et même o"',6o. Or un grand
nombre de circonstances modifient la longueur du pas.
» Le pas est plus long en moulée qu'en descente, plus long pour
l'homme non chargé que pour celui qui porte des fu'deaux, plus long poiu'
celui qui a des chaussures à talons très bas que pour celui qui porte des
talons élevés, plus long pour le marclienr dont la semelle est épaisse et se
prolonge un peu en avant du pied que pour celui dont la chaussure est courte
et flexible.
» Ces faits, que j'ai fréquemment constatés sur moi-même, doivent être
analysés avec grand soin.
» 11 faut chercher les limites entre lesquelles chacune des influences dont
( ^'^"' )
il vient d'èlre question produit l'eflVt le plus avantageux. Ain>i, il semble
qu'on puisse avec profit abaisser indéfiniment la baiiteur du talon des
chaussures, mais il ne paraît pas avantageux d'en allonger les semelles au
delà d'une certaine limite, ni de leur donner uiie rigidité absolue. L'expé-
rience seule, si elle porte sur un grand nombre de sujets, pourra détermi-
ner la forme exacte que doit avoir la chaussure du marcheur.
» D'autre |5art, la fréquence du pas est un élément non moins important
de la question ; on l'estime au moyen de l'odographe avec toute la |iréci-
sion désirable. Les moindres changements dans le rythme de la marche
s'accusent par des inflexions de la ligne tracée; celle-ci n'est rectiligne que
dans le cas de parfaite uniformité du rythme du pas ; elle présente une
concavité tournée en haut quand le pas s'accélère, une concavité tournée
en bas si le pas se ralentit. Or, il peut arriver que telle influence qui aug-
mente la longueur du pas en ralentisse le rythme ; c'est le cas de la pente
ascendante du terrain, qui est, comme on le sait, une cause de ralentisse-
ment delà marche. Mais, d'autres fois, le pas s'allonge et s'accélère en même
temps : il en résulte une marche plus rapide. Ces deux facteurs, longueur
et fréquence du pas, augmentent parallèlement dans la marche en plaine ;
il suffit alors d'accélérer le rythme de la marche pour faiie des pas plus
longs, ou réciproquement d'augmenter la longueiu' de ses enjambées pour
en accélérer le rythme. J'ignore si le pas s'accélère également quand on
en augmente la longueur par la forme des chaussures; il semble qu'il en
ait été ainsi dans quelques expériences que j'ai faites sur moi-même. Tdais
j'estime que les résultats seront beaucoup plus concluants quand ils seront
obtetuis sur des hommes ignorant complètement ce qui devra se produire
dans chacune des expériences auxquelles ou les soumettra.
» Jl y aura lieu également d'étudier l'influence de la nature du terrain
sur lequel se fait la marche, les effets de la température ambiante, de l'état
d'abstinence ou de digestion, de fatigue ou de repos du marcheur, etc. Ou
comparera enfin la marche libre à celle dont le rythme est réglé par le tam-
bour ou parle clairon. Enfin, on suivra les modifications que pourra pro-
duire la gymnastique dans la marche des soldats qui seront soumis à ces
exercices.
» Dans mes premiers essais, il me fallait une chaussure spéciale pour
me servir de l'odographe; aujourd'hui je me borne à introduire d.ins la
chaussure du marcheur une petite semelle qui porte dans son épaisseur le
soufflet relié au tube de l'odographe. Cette simplification permet d'expéri-
menter sur tout individu et avec toute espèce de chaussure. »
( ^64")
RAPPORTS.
GÉNIE CIVIL. —Rapport sur le projet contenu dans les documents déposés par
M. de Lesseps, pour l'ouverture d'un canal interocéaiuque à Panama (' ).
(Commissaires : MM. Daub.rée, Sainte-Claire Deville, amiral Mouchez,
baron Larrey, général Favé, Lalanne, de la Gournerie rapporteur.)
SECONDE PARTIE.
ÉTDDF. DU PROJET PRÉSENTÉ.
K Pièces communiquées à la Commission. — Les pièces remises à la Com-
mission sont :
» 1° Une étude géologique de la région comprise entre Panama et Co-
lon, par M. Boutan; à ce travail sont jointes de nombreuses roches recueil-
lies dans les tranchées du chemin de fer et sur le parcours du canal pro-
jeté;
» a^Un Mémoire rédigé par M. Dauzats à la date du 9 juillet 1880, dans
lequel on trouve des détails sur les études techniques et une description
générale des ouvrages du canal ;
» 3° Un exposé sommaire de l'installation des chantiers et de la marche à
suivre dans l'exécution des travaux, signé par MM. Couvreux fils et Gaston
Blanchet ;
» 4° Un Mémoire sur le service desanlépar M. leD'Companyo(*);
» 5° Divers documents imprimés dont les principaux sont le Rapport de
la Commission techniqiie internationale et un projet de traité avec
MM. A. Couvreux et H. Hersent pour une entreprise en participation.
» On a, de plus, communiqué à la Commission les résultats des sondages
et des nivellements et quelques plans.
M Description sommaii^e de la contrée traversée par le canal. — Dans la
partie voisine de Panama, sur une longueur de plus de 600'''", la direction
générale de l'isthme, à partir de l'Amérique méridionale, est de l'est à
l'ouest. La mer des Antilles se trouve au nord et l'océan Pacifique au
midi. Par suite de cette disposition, les Espagnols ont donné à ces mers les
(') Voir Comptes rendus, même Tome, p. 2.00.
(^) M. le baron Larrey a présenté (p. 206J un Rapport spécial sur ce travail.
( P.G5 )
noms de mer du Nonl et mer du Sud, que nous emploierons quelquefois,
parce qu'ils indiquent parfaitement la situation.
» La partie la plus étroite de l'isthme se trouve à 49*"" de Panama, entre
l'embouchure du Bayano et la baie de San-Blas, sur l'Atlantique. La dislance
des deux mers n'y est que de 5o'''"; elle atteint 58'"" à Panama; mais, la
Cordillère qui, au droit de San-Blas, s'élève à plus de 3oo'", éprouve devant
Panama une dépression considérable sur une longueur d'environ 45'"",
depuis les ^/(05 de Maria Enrique iusciii' aux flancs escarpés du Ci no de
Trinidad. Dans la partie orientale de cette étendue on remarque quelques
collines qui sont appelées los Ormigeros. Plus loin, la Cordillère, vue de la
mer, se présente comme un plateau très boisé et sillonné par quelques
cols. Le plus abaissé de ces passages est le col de la Culebra, situé au
nord-ouest de Panama. Son altitude n'atteint pas 88". Le chemin de fer
de Colon y est établi.
» Rivière de Chagres. — La chaîne principale de la Cordillère est rap-
prochée de la mer du Sud, et les cours d'eau qui existent sur son versant
méridional ont peu d'importance. Sur l'autre versant, la rivière de Chagres
coule de l'est à l'ouest, au pied des montagnes. Près du village dfe Mata-
chin elle reçoit le rio Obispo, qui descend du col de la Culebra, se détourne
vers la mer du Nord et y porte ses eaux, généralement troubles, en suivant un
lit sinueux ouvert dans une vallée qui est marécageuse en plusieurs endroits.
» La superficie du bassin de cette rivière paraît être de aôSo'""''. L'alti-
tude de Matachin au-dessus de la mer est d'environ iS™.
» Au même endroit, le débit moyen du Chagres est évalué à ioo""',par
seconde. Il se réduit à i 5*" ou 20"" à l'étiage et atteint 5oo'" ou 600"" dans
les crues ordinaires. Certaines crues exceptionnelles donnent un débit de
1200™. Diverses observations tendent même à établir que celle qui a eu
lieu en novembre 1879 a fourni pendant quarante-huit heures i865'"
par seconde.
» Porl sur le Pacifique. — Les navires qui viennent à Panama mouillent
à 4"^ de la ville, dans une excellente rade abritée par un groupe d'îles,
dont les principales sont celles de Perico et de Flamenco. Le débarque-
ment des marchandises ne peut être fait qu'à l'aide d'un transbordement
dans des chalands d'un faible tirant d'eau. On emploie des pirogues du
même genre que celles qui naviguaient entre Cruces et Porto-Bello.
» Le canal devra être prolongé jusqu'au mouillage de Perico. Il avait
été question de l'établir, dans la baie, entre deux jetées de protection. Les
études faites sur les lieux ont conduit à penser qu'il sera suffisant d'entre-
( 2G6 )
tenir par des dragages une passe convenablement balisée, ayant une lar-
geur de i5o'" ou 200'".
» M. Garella avait adopté une autre disposition. Le canal qu'il a pro-
jeté débouche dans la petite baie de Vacadel Monte, où l'eau n'a que 3"',5o
de profondeur à mer basse. On l'eût creusée de manière qu'elle pût rece-
voir à mi-marée les grands navires, qui auraient attendu le moment d'entrer
dans le canal à un bon mouillage situé près de l'île de Taboga, à 10'""
de la côte.
» La disposition actuelle paraît préférable à celle de M. Garella, tant
sous le rapport nautique que parce que celte dernière conduit à faire
passer le canal à un col plus élevé de 5o'" que celui de la Culebra.
» Port sur l'AÛaniique. — Depuis les premières années des conquêtes
espagnoles, Panama a été l'unique port de transit pour le commerce des
côtes occidentales de l'Amérique du Sud ('), mais l'établissement mari-
time correspondant sur la mer du Nord a été déplacé deux fois. Établi
d'abord à Nombre de Dios, point situé à peu près sur le même méridien
que Panama, il a été transporté vers l'ouest dans l'année i584, par l'ordre
de Philippe II, et fixé à Porto-Bello, où les navires ont trouvé une baie
sûre et profonde, entourée de hautes montagnes.
» Il n'est pas possible d'amener un canal à Porto-Bello; mais, malgré
l'excellence de son port, l'abandon de cette ville n'est pas à regretter. Des
chaleurs extrêmes et l'humidité produite par les eaux qui découlent des
montagnes y entretiennent pendant plusieurs mois une grande insalubrité.
Porto-Bello a eu de l'importance quand tout le commerce se faisait, avant
la saison dangereuse, dans une foire de quarante jours; mais il serait
impossible d'y appeler un mouvement commercial qui doit, avec plus ou
moins d'activité, se continuer pendant l'année entière.
» Les ingénieurs et les marins s'accordent à reconnaître qu'un port ne
peut être établi à l'embouchure même duChagres; mais près de là se trouve
la baie de Limon, qui est convenablement disposée. Elle a une étendue de
35''""', dont un tiers présente des mouillages de g"" à 11". Sa rive orien-
tale est prolongée par l'ile de Manzanillo, sur laquelle la ville de Colon a
été bâtie, et qui est maintenant réunie à la côte par le chemin de fer de
Panama.
(') Cette ville n'a pas loujouis eu exactement la position qu'elle occupe sur sa baie.
Fondée en i5i8, à l'einljouchure ilu rio Alj,'arobbo, elle fui détruite en 1670 par le pirate
anylais Morgan. On l'a reconstruite à 8""" vers l'ouest, sur un rocher placé à l'e-xirémite
d'une plage connue sons le nom de pl/ija Prieta.
(267 )
» Le port de Colon est fréquenté |3ar de grands paquebots depuis i855.
En temps ordinaire lesdébarqueinentsy sont faciles. On lit dans les instruc-
tions publiées par le Ministère de la Marine (n" 564) :
« La baie (de Limon) étant complètement ouverte aux venis du nord, dans la saison où
ils régnent, il y entre une forte houle; mais la tenue y est excellente et un bateau à vapeur y
court peu de risques en s'aidant de sa machine. Ces vents ne soufflent guère qu'en décembre
et en janvier. Ils sont du reste peu fréquents, et il est rare qu'ils soient violents. »
» A la suite on trouve des renseignements précis sur des sinistres arrivés
dans la baie de Limon. En octobre i865 et eu janvier 1873, des coups de
vent ont causé de graves dommages aux ouvrages du port et aux navires,
dont plusieurs se sont perdus. Nous ajouterons qu'en novembre 1879 un
bâtiment a été drossé contre l'un des wharfs et l'a démoli,
M Dans l'opinion générale, des ouvrages d'abri seraient très utiles.
)) M. Lloyd et M. Garella avaient proposé d'établir une jetée se déta-
chant de la rive occidentale et de placer le port près de cette rive. La
création de la ville de Colon sur l'ile de Manzanillo a modifié la question.
Il est nécessaire de faire aboutir le canal du côté de l'est, et d'assurer sur-
tout le calme dans la partie voisine de la baie. La Commission technique
internationale pense que ce résultat sera obtenu par la construction d'un
môle de 2*"" de longueur ayant son origine à l'ile de Manzanillo, au nord
des quais de Colon, et se dirigeant vers l'ouest avec une légère inflexion.
» Votre Commission, Messieurs, est portée à regarder cette disposition
comme la meilleure; toutefois, les renseignements qu'elle possède ne sont
pas assez complets pour qu'elle puisse se prononcer d'une manière for-
melle. Elle croit qu'il serait nécessaire d'avoir des informations précises
sur l'action du courant littoral , qui parait porter de l'ouest à l'est, et .sur les
lieux où se déposent les vases entrahiées par le Chagres.
» En résumé, notre opinion est que la baie de Limon réunit d'une ma-
nière certaine les conditions nautiques nécessaires pour qu'on puisse y
établir le port du canal sur l'Allantique, mais que les études pour les
ouvrages à y construire doivent être complétées.
» 3'racé général du canal. — Il est maintenant facile d'indiquer d'une
manière généralele tracé du canal. Il prend son origine sur la mer du Nord,
dans la baie de Limon, traverse le seuil de Loma de! Mono, se développe
dans la vallée du Chagres, qu'il abandonne, à Matachin, pour celle de
l'Obispo, franchit par une tranchée la Cordillère au col de la Culebra et,
suivant la vallée d'un cours d'eau coniut sous le nom de rio Grande, ar-
C. R., 1880, 2' Semestre. (T. XCI, N" S.) 3t
( 268 )
rive dans la mer du Sud, près de Panama, en face de Perico. Sa direction
générale est celle du nord-nord-ouest au sud-sud-est.
» La longueur totale développée depuis la baie de Limon jusqu'à Perico
est de 73""".
» Profils. Gares de croisement. — En dehors de la tranchée de la
Cnlebra, la largeur au plafond est de 22™, comme au canal de Suez; les
berges sont réglées aux mêmes talus, mais la profondeur est portée de 8"
à 8",5o pour satisfaire à un article de la concession, qui exige que les na-
vires tirant 8'" d'eau puissent naviguer dans le canal.
» Au passage de la Cordillère, sur une longueur de 25'"", les parois du
rocher auront un talus de i" de base pour 4'"j25 de hauteur. Afin que
l'aire de la section ne soit pas trop réduite et que dans aucun cas les navires
ne puissent talonner, on a fixé la largeur au plafond à 24" et la profon-
deur à 9™.
i> Des lisses en bois fixées de chaque côté à la hauteur de la ligne d'eau
protégeront les navires contre tout frotleraent sur les rochers.
» Le canal devant être à une voie comme celui de Suez, on a projeté
six gares de croisement de grandes dimensions.
)) Réservoir de Gamboa. Rigoles latérales. — Nous arrivons à la grande
difficulté de l'entreprise: l'établissement d'un canal maritime au fond d'une
vallée parcourue par une rivière ayant des crues considérables et subites.
M Le Congrès de Paris a admis deux solutions : la dérivation totale du
Chagres dans un lit nouveau à ouvrirsurlariveorientaleducanal,ou bienla
construction en amont de Matachin d'un barrage formant dans la vallée
un réservoir régulateur, d'où l'on ferait graduellement écouler les eaux.
» L'étude des lieux et les renseignements certains obtenus sur le ré-
gime du Chagres ont convaincu la Commission technique internationale
qu'une dérivation totale était inexécutable. Établir à côté du canal un lit
artificiel assez large et assez profond pour conduire à la mer des eaux qui,
libres maintenant de s'étendre dans toute la vallée, y produisent quelque-
fois luie véritable inondation serait une opération secondaire plus con-
sidérable que le travail principal.
» En conséquence, cette Commission a adopté la seconde solution,
c'est-à-dire la construction d'un barrage assez élevé pour recueillir les eaux
des plus grandes crues et d'une rigole pour les conduire à la mer avec un
débit maximum de 200™ par seconde. Cette rigole, qui recevrait en outre
les affluents de la rive droite du Chagres, pourra aboutir à l'orient de l'île
de Manzanillo. Le courant littoral étant dirigé vers l'est, il n'est pas à
{ 369)
craindre que les vases déposées en cet endroit soient entraînées dans la baie
de Limon.
» L'étude du régime de la baie, qu'il parait nécessaire de faire, com-
prendra naturellement la question de l'embouchure de la rigole.
» La Commission technique a de plus décidé qu'une seconde rigole serait
ouverte le long du canal, du colé de l'ouest, pour recevoir le rio Trinidad
et les autres affluents de la rive gauche. Ce collecteur occupera sur une
assez grande longueur le lit actuel du Chagres.
» Les nivellements faits par l'expédition américaine de 1875 pour l'é-
tablissement d'un réservoir nécessaire à l'alimentation des biefs d'un canal
à écluses ont fourni des renseignements précieux que l'on a complétés. Il
a été reconnu qu'un barrage établi à égales dislances de Matachin et de
Cruces, sur une longueur de iSoo™ à 1600™, entre le Cerro Gam-
boa au sud et le Cerro Baruco au nord, et élevant les eaux à 38™ ou
4o™ au-dessus de l'étiage actuel du Chagi'es, déterminerait une inon-
dation qui s'étendrait jusqu'à 38''"' sur les vallées div Chagres et de ses
affluents, le Chilibre, le Gatun supérieur et le Pequeiii. Le calcul approxi-
matif de la capacité de ce réservoir a donné i milliard de mètres cubes,
volume plus que suffisant pour le but à atteindre.
» La Commission technique avait pensé que le barrage de Gamboa pour-
rait élre fait en maçonnerie, et, dans son Rapport du i4 février 1880, elle
a porté pour cette dépense la somme de 100 millions ; mais les sondages
exécutés depuis cette époque ont montré que le rocher ne se trouve qu'à
une grande profondeur, et, dans l'état où la question se trouve aujour-
d'hui, l'exécution en maçonnerie de cet ouvrage ne saurait être proposée.
» La solution qui se présente le pUis naturellement à l'esprit serait de
construire dans les vallées du Chagres et de ses affluents des digues en terre
de moyenne hauteur, de manière à former plusieurs réservoirs à des
niveaux différents. Il existe des gorges convenablement disposées pour
recevoir des barrages. La Commission américaine de iSyS en a signalé une
très étroite près du village de la Campana, à 24"" de Gamboa. Elle
avait projeté d'y construire la digue du réservoir d'alimentation nécessaire
pour le canal qu'elle proposait.
» Les ingénieurs de la maison Couvreux et Hersent ont indiqué une
combinaison différente.
» On doit d'abord remarquer qu'une étanchéité absolue n'est nullement
utile pour le barrage de Gamboa et qu'un écoulement normal de i5™ ou
20™ par seconde serait sans inconvénient.
( 270 )
» Il importe, d'un autre côté, que les déblais de la Culebra soient déposés
à une petite distance de la tranchée. Ces considérations ont conduit à
penser qu'on pourrait former le barrage avec ces déblais, simplement
déversés des wagons. Le côté d'amont recevra en plus grande quantité les
petites pierres et les débris, dont on augmentera le volume, naturellement
considérable, en brisant des blocs.
» Lorsque l'ouvrage aura atteint de grandes dimensions, les filtrations
seront faibles; alors on portera du côté du réservoir les produits des
dragages faits pour l'ouverture du canal en aval de Malachin. Si pour
obtenir une étanchéité suffisante il est nécessaire d'ajouter des terres, on
en trouvera sur les coteaux. L'épaisseur moyenne de l'argile au-dessus du
rocher est évaluée à 4"°-
» Cette construction, tout à la fois digue de réservoir et cavalier pour le
retroussement des déblais, aura les dimensions suivantes :
m
Hauteur apparente .^ 4^
Largeur au sommet , 240
Largeur au fond de la vallée 960
Longueur à la partie supérieure, de. i5oo'" à 1600'"
La hauteur maxima de l'eau dans le bassin sera de 38
» Le barrage emploiera de 18 à 30 millions de mètres cubes. La tranchée
de la Culebra doit en donner 28 millions. Les 8 ou 10 millions d'excédent
proviendront des attaques du versant méridional et seront déposés dans les
petites vallées voisines du rio Grande. On y prendra d'ailleurs les pierres
nécessaires pour l'écluse dont nous parlerons plus loin.
» Dans l'exécution des travaux, on commencera par établir des émis-
saires en maçonnerie ayant leur radier à ime dizaine de mètres au-dessus
du fond de la vallée et pouvant, après l'achèvement des ouvrages, débiter
sous pression 200™'' par seconde lorsque leurs vannes seront levées. On
les établira en tunnel dans les rochers des Cerros auxquels s'appuie la
digue.
» Au nord du Cerro Baruco se trouve luie dépression, oîi l'on creusera
une tranchée pour y établir un large déversoir qui, dans le cas d'une forte
crue, suppléera à l'insuffisance des émissaires.
» En même temps que les travaux qui viennent d'être indiqués, on fera
plusieurs ponts de service pour le transport des déblais sur l'emplacement
de la digue; on élèvera cet ouvrage sur les deux rives du Chagres ; puis,
quand une hauteur suffisante aura été atteinte, et que les émissaires ainsi
( ^7- )
qno 1»^ déversoir seront terminés, on profitera de l'époque des pltis basses
eaux pour barrer la rivière de vive force, en y portant des pierres par des
trains qui se succéderont sans interruption jour et nuit.
» Ensuite on élèvera progressivement la crête du déversoir au niveau du
plan d'eau de la retenue.
» Les eaux qui filtreront à travers le barrage et celles des émissaires seront
versées, pendant toute la période des travaux, dans le lit du Chagres et
dans les parties ouvertes du canal. Plus tard, ces mêmes eaux et celles que
donneront les affluents de la rive droite seront conduites à la mer par la
rigole dont il a été question. On pourra cependant, à l'aide de déversoirs
munis de vannes, rejeter dans le canal une partie des eaux peu vaseuses
qui formeront la couche supérieure.
» M. Couvreux fils a reconnu devant votre Commission qu'il serait utile
d'établir, avec les précautions convenables, un massif d'argile dans l'inté-
rieur de la digue de Gamboa, sur toute sa longueur.
» En tenant compte de cette modification, nous pensons. Messieurs, que
l'ensemble des ouvrages projetés ne présente rien qui soit contraire aux
principes de l'art des construclions et qu'on peut trouver dans les méthodes
indiquées une solution économique d'un problème difficile. Cependant,
les travaux étant d'un genre nouveau sous plusieurs rapports, il serait
prématuré d'en arrêter les détails d'une manière définitive.
» Dans leur étude, MM. Couvreux et Hersent se sont guidés sur les résul-
tats qu'ils ont obtenus d'une digue composée de pierres et de graviers pour
barrer le vieux lit du Danube près de Vienne; mais la charge d'eau était
bien plus faible et le nouveau lit ouvert au fleuve assurait l'écoulement des
plus grandes crues.
» Il est possible qu'à Gamboa on soit conduit à tenir le niveau de la
retenue à une hauteur moindre que celle de 38™, ou bien que, pour empê-
cher les vagues qui se développeront dans un aussi vaste réservoir de dé-
ferler sur la partie supérieure du barrage, il devienne nécessaire de le
surélever en réduisant sa largeur et redressant son talus à l'amont. L'expé-
rience guidera. On pourra apprécier la situation bien avant que la digue
soit terminée, et, si cela est nécessaire, on établira un second barrage à
la Campana pour former un réservoir supérieur.
)) Volume el nalure des déblais. — D'après les diverses dispositions qui
viennent d'être décrites, et en tenant compte des banquettes qu'il sera né-
cessaire d'établir à diverses hauteurs dans les tranchées de la Culebra pour
éloigner les eaux pluviales et prévenir les dégradations, on a calculé que
( ^72 )
le volume total des déblais est de 75 millions de mètres cubes, dont 35 mil-
lions en rocher.
» Les échantillons rapportés par M. Boutan ont été examinés par l'un
de vos commissaires. Ce sont principalement des roches de nature volca-
nique, Irachydolérites, brèches doléritiques compactes, conglomérats dolé-
ritiques et Irachy tiques de différents degrés de dureté.
» Ecluse de Panama. — D'après des observations, dont plusieurs sont
anciennes et qui devront être vérifiées, l'amplitude totale des marées varie
dans la mer du Nord de o™,i9 à o"", 49, et dans celle du Sud de 2°", 42
à 6"", 49- Le Congrès de Paris a pensé que les courants que produiraient
dans le canal les dénivellations du Pacifique seraient trop grands pour
qu'on pijt les laisser s'établir librement, et il a admis qu'on construirait une
écluse à Panama. Les eaux du canal seront maintenues au niveau peu va-
riable de la mer du Nord qui correspond à la surface d'équilibre de la mer
du Sud.
» Les hommes les plus compétents du Congrès de Paris n'ont pas été
parfaitement d'accord sur le temps qu'exige le passage d'un grand navire
à une écluse, mais il a été reconnu que, eu égard à l'irrégularité des arri-
vages, un seul sas ne pourrait suffire au mouvement commercial qui doit
se produire naturellement. On a donc adopté une écluse à trois sas indé-
pendants, dont chacun sera muni de quatre paires de portes, deux d'ebbe
et deux de flot. La variation des niveaux relatifs rend cette disposition né-
cessaire.
)> Dans ses estimations, la Commission technique internationale a porté
12 millions pour la construction de l'écluse et du bassin d'attente.
Cette dépense est considérable; mais, si les marées du Pacifique se propa-
geaient dans le canal, il serait nécessaire, pour permettre aux grands
navires d'y naviguer à mer basse, d'abaisser le plafond de 3™, aS sur une
certaine longueur, près de Panama. Une semblable excavation faite sous
l'eau et en partie dans le rocher serait fort coi!iteuse.
» Les navires qui arriveront du Pacifique à Panama s'y arrêteront pour
régler diverses formalités, acquitter le péage et prendre quelques appro-
visionnements. Ces nécessités entraîneront un temps bien plus que suffisant
pour le passage de l'écluse.
» Enfin le libre jeu des marées dans le canal pourrait devenir pour la
navigation une cause de retard, car, si le courant atteint une vitesse un
peu grande, un navire allant dans le même sens ne voudra pas se laisser en-
traîner par lui, et, d'un autre côté, la marche à contre-courant présentera
( ^73 )
des difficultés dans la tranchée de laCulebra, parce que l'aire de la section
y est réduite.
» Les suffrages qui ont accueilli le projet d'un canal à niveau, malgré
l'énorme capital qu'il exige, peuvent faire apprécier les inconvénients que
les écluses présentent, en général, dans un canal maritime ; mais l'existence
d'un barrage à l'une des extrémités du canal interocéanique ne saurait
changer sa nature.
» Du reste, l'écluse adoptée en principe ne doit pas être commencée im-
médiatement. Les excellents ingénieurs qui iront à Panama continueront les
observations commencées sur les marées, détermineront la durée de l'étalé,
exécuteront à diverses époques des jaugeages tant sur le Chagres que sur
ses affluents, et feront pour tout le régime des eaux une étude détaillée. Ou
verra alors s'il est possible, comme le pensent quelques personnes
éclairées, de laisser les marées de la mer du Sud se propager dans le canal.
Une discussion sur ce point n'est pas nécessaire aujourd'hui et paraît même
prématurée.
» Modifications nécessaires au tracé du chemin de fer de Coton à Panama. —
Le chemin de fer de Colon à Panama croise le tracé du canal en plusieurs
points et se trouve rapproché de lui au col de la Culebra. Il sera néces-
saire de le maintenir entièrement sur la rive orientale, ce qui n'entrahiera
que peu de dépense. A la Culebra, on pourra probablement le placer sur
l'une des banquettes élevées de la tranchée. Quelques ouvrages de pro-
tection et de sûreté seront alors indispensables.
» Exécution des travaux. — M, de Lesseps s'est adressé à MM. Couvreux et
Hersent, qui ont montré au canal de Suez et dans d'autres grandes entre-
prises une habileté réelle pour l'organisation des chantiers et la mécanique
des travaux de construction.
» Deux des ingénieurs de cette maison, MM, Couvreux fils et Gaston
Blanchet, ont, comme il a été dit, rédigé un Mémoire sur la marche à
suivre pour la construction du canal. Votre Commission a vu cet écrit avec
intérêt; elle y a trouvé la preuve que la question a été étudiée sérieu-
sement, mais elle ne doit pas vous entretenir en détail de dispositions dans
lesquelles rien n'est positivement nouveau et qui seront sans doute bien
modifiées dans l'exécution.
» MM. Couvreux fils et Gaston Blanchet évaluent à iSooo chevaux la
puissance qui sera nécessaire pour l'ensemble des travaux et les transports
sur le Chagres. Cette puissance sera produite principalement par la vapeur.
( 27^. )
mais on se propose d'utiliser divers cours d'eau. La chute que l'on ob-
tiendra au barrage de Gamboa doit être employée à comprimer l'air pour
faire mouvoir les perforateurs.
» Le nombre des ouvriers est évalué à neuf mille.
» Toule grande entreprise bien dirigée amène des perfectionnements
dans les procédés d'exécution. Nous avons la confiance qu'une oeuvre
aussi considérable que le canal de Panama laissera une trace durable dans
la science de la construction.
» La Commission technique a pensé que les travaux exigeraient huit
années et que la dépense s'élèverait à 843 millions, somme qui se décom-
pose comme il suit :
Déblais de toute nature faits à sec 523 millions.
Dragages et excavations sous l'eau 4? "
Barrage Je Gamboa loo «
Rigoles ']5 »
Écluse de Panama 12 »
Jetée dans la baie de Limon 10 »
Dépenses imprévues 76 »
Total 843
» MM. Couvreux et Hersent indiquent également huit années pour l'exé-
cution des travaux, mais ils ne portent la dépense qu'à 5i2 millions. Les
frais généraux de la Compagnie et la somme nécessaire pour la construction
d'une écluse sont en dehors de leur évaluation.
» Conclusions. — Nous sommes arrivés au terme de notre tâche, car
nous croyons qu'elle ne comprend ni l'examen du contrat projeté avec
MM. Couvreux et Hersent, ni l'appréciation des résultats financiers que l'on
peut attendre de l'entreprise, ni même l'étude des modifications que le
commerce général éprouvera par suite de l'ouverture du canal. Ces der-
nières questions ont été discutées au Congrès de Paris. 11 nous suffit que
l'œuvre entraîne d'une manière certaine des avantages considérables pour
toutes les nations, et notamment pour la France, qui doit être l'objet de
nos principales préoccupations.
» Nous terminons en appliquant au canal de Panama les paroles de la
Commission de 1857 sur celui de Suez, que « la conception et les moyens
» d'exéculion de cet ouvrage sont les dignes apprêts d'une entreprise utile à
)) l'ensemble du genre humain », et, sous le mérite des diverses observa-
( --75 )
lions contenues dans ce Rapport, nous vous proposons de déclarer que les
Mémoires présentés par M. Ferdinand de Lesseps sont dignes de votre ap-
probation, 1)
Les conclusions de ce Rapport sont adoptées.
MÉMOIRES LUS.
VITICULTURE. — Sur le Phylloxéra ijallicole el le Phjlloxera vastalrix.
Note de M. Laliman.
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
« Il y a quatre ans que j'eus l'honneur de communiquera l'Académie le
résultat de mes études, ou plutôt de mes expériences pratiques, au sujet du
Phylloxéra des feuilles, que je crus devoir nommer Phylloxéra conscruatrix,
parce qu'd laissait vivre certaines vignes françaises sur lesquelles je l'avais
trouvé. Je viens aujourd'hui corroborer les mêmes faits, et apporter un
cépage de plus, le malvoisie de la Drôme, qui se trouve couvert de galles,
chez moi, et qui, depuis que l'on a placé dans son voisinage un taylor,
lui communiquant tous les deux ans cet insecte, ressuscite avec une éton-
nante vigueur. Tous les malvoisies sont pourtant morts chez moi, tués par
le Phylloxéra vastatrix. Donc celui-ci est préservé par le Phylloxéra gal-
licole. C'est peut-être le cas de faire remarquer que, ni eu Espagne, ni en
Portugal, ni en Italie, ni dans les Charentes, ou n'a pu trouver jusqu'ici
un seul Phylloxéra gallicole. Je citerai un fait qui se passe au Jardin bota-
nique de Bordeaux, qui prouvera que les assertions les plus classiques ne
sont pas toujours d'accord avec les faits.
)) On nous dit : « Lorsque le Phylloxéra vaslalnx trouve des feuilles de
» vignes américaines, particulièrement des riparias, il quitte les racines et
» va se nourrir sur leurs feuilles, sa nourriture habituelle et naturelle. »
« Voilà sept ans que l'éminent botaniste M. Durieu de Maisonneuve a
arlificiellement introduit le Phylloxéra vailalrix sur les vignes de ses ceps
américains du Jardin des Plantes de Bordeaux, qui n'en possédait pas, et
pas un seul cas de Phylloxéra gallicole n'a été constaté dans ce jardin
depuis, pas plus qu'd n'en a été trouvé sur les nombreux clintons de
M. Guiraud de Pommerol, ou ceux du maire de Floirac, M. Faure.
» Ainsi, non seulement le cycle phylloxérique, par ces faits aussi nom-
C. R., ibSo, i- Semestre. ( T. XCI, K* o.J 36
( ^76 )
breux que patents, reçoit une atteinte, mais le Phylloxéra radicicole, iden-
tique, comme je l'ai annoncé en juillet 1869, avec le Phylloxéra gallicole,
reçoit, par l'expérience en plein champ, en plein air, un accroc qui exige
de nouvelles études avant de se prononcer sur cette identité.
» L'œuf d'hiver est dans le même cas; les mêmes études s'imposent, car
ni en Amérique, ni à Madère, ni en Autriche, ni en Suisse, ni en Italie, ni en
Australie, ni au cap de Bonne-Espérance, ni en Allemagne, ni en Russie, ni
en Grèce, ni même en France (sauf dans le Libournais), il n'a été trouvé
jusqu'ici.
» Et les vignobles dans lesquels on s'applique à le détruire, dans le
Libournais, ont-ils été sauvés? Il n'y a qu'à interroger la Société d'Agri-
culture et M. Bâillon, pour être certain du contraire, et, du reste, le per-
spicace explorateur de l'œuf d'hiver plante lui-même des vignes américaines,
par dizaines de mille à la fois !
» Est-ce à dire que je viens ici fairele panégyrique des vignes américaines?
!Non, car je dis tous les jours que l'on s'est lancé dans un océan inconnu
à leur sujet, en indiquant une multitude de cépages non résistants, qui
meurent aujourd'hui en Amérique comme en France : ce qui ébranle
singulièrement l'origine américaine du puceron ! En 1869, j'écrivais à
M. le Ministre de l'Agriculture de se défier, et de ne pas faire venir la plupart
des cépages exotiques dont on a inondé la France. Si l'on m'avait cru, on
aurait évité bien des dépenses et bien des déboires, car il n'y a que six ou
sept variétés, que j'ai signalées en 1869 au Congrès deBeaune, qui résistent
toujours depuis quinze ans au Phylloxéra, et plus de cent cinquante
variétés américaines ont été tuées chez moi par le Phylloxéra.
» C'est dire qu'il y a encore beaucoup à étudier sur les questions déjà
examinées : c'est appeler l'attention vers l'étude plus approfondie des deux
insectes et de l'œuf d'hiver, étude, du reste, reconnue insuffisante par la
Commission supérieure du Phylloxéra elle-même.
» Enfin c'est dire que, si par les procédés chimiques on peut espérer
de vivre dans un état de tolérance supportable avec le Phylloxéra vaslatrix,
on peut aussi espérer le même avantage avec certaines et rares vignes
américaines bien choisies, c'est-à-dire lorsque l'on mettra la pratique et
l'expérience au rang qui leur appartient, comme en toutes choses.
M IJuilede pépins devicjnes américaines. — Il serait inopportun de parler ici
en détail des vignes américaines, mais je ne voudrais point laisser passer
cette ci rconstance sans prier l'Académie de faire étudier, au point de vue chi-
mique, l'huile dont j'ai l'honneur de déposer ici un échantillon, etqui jouit
( 377 )
de l'avantage de ne se congeler qu'à 16" au-dessous de zéro, tandis que
les autres huiles gèlent à 2" au-dessous de zéro.
» Si, à cet avantage, elle en joint d'autres que je n'ai su découvrir, elle
pourra servir à certaines industries, telles que l'horlogerie — »
MÉAIOIRES PRÉSENTÉS.
M. A. -P. Zazareff adresse une Note relative à une pile électrique à
pTession. Dans cette pile, la production de l'électricité est due au passage
d'une solution de glycérine, sous l'action d'une pression plus ou moins
grande, au travers d'un mélange de coke et d'anthracite.
(Renvoi à l'examen de M. Desains.)
M, IVavel adresse quelques considérations sur les principes des diverses
sources d'électricité.
(Renvoi à l'examen de M. Desains. )
M. Th. Lagkange, M. E. Monjadze, M. J. Lalanne adressent diverses
Communications relatives au Phylloxéra.
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
CORRESPOND AIVCE.
M. le Directeur de l'Ecole des Ponts et Chaussées transmet à l'Aca-
démie, pour être replacé dans ses archives, le manuscrit d'un Mémoire de
Sophie Germain sur les surfaces élastiques.
Ce Mémoire avait été classé d'abord parmi les manuscrits légués aux
archives de l'École des Ponts et Chaussées par le baron de Prony ; mais il est
manifeste que M. de Prony ne l'avait entre les mains qu'à titre de Membre
de la Commission chargée de l'examiner. M. le Ministre des Travaux publics
en a autorisé la restitution aux archives de l'Académie des Sciences.
M. le Ministre de la Guerre transmet à l'Académie un certain nombre
de Rapports émanant des services locaux de l'artillerie et du génie, et
indiquant les résultats des observations faites, dans les établissements
( ■>:^ )
militaires, sur le fonctionnement des paratonnerres frappés par la foudre
de 1868 à 1880.
(Renvoi à la Commission des paratonnerres,)
La Société HELVÉTIQUE des Sciexces naturelles adresse le programme des
réunions qu'elle doit tenir à Brigue (Valais) à partir du 12 septembre
prochain.
L'Académie reçoit également l'annonce d'un Congrès international pour
la destruction du Phylloxéra, qui doit s'ouvrir à Saragosse au mois
d'octobre.
M. le Secrétaire PERPÉTUEL signale, parmi les pièces imprimées delà
Correspondance, une brochure de M. E. Gilbert, portant pour titre :
o Philtres, charmes, poisons. Antiquité, moyen âge, renaissance, temps
modernes ».
(Renvoi au Concours du prix Barbier.)
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur la théorie des Sinus des ordres supérieurs.
Note de M. J. Farkas, communiquée par M. Yvon Villarceau.
« Avant d'établir un théorème entièrement nouveau (Ilï) dans la théo-
rie des sinus, je me propose de généraliser, en quelques points, mes re-
cherches précédentes sur ce sujet.
» L En supposant o = fj!.<7?i — i, votre définition des sinus du (m — i )'<■'"«
ordre est (t. LXXXVI, n° 19)
w^x = x^Y~i
jjn
W -I- fi ) ! ( 2 /H -t- fi )
où le symbole <^^ désigne le |jl'™* sinus de [m — i)'f™« ordre, du genre hyper-
bolique ou elliptique, suivant que l'on y considère les signes supérieurs
ou inférieurs. Le o""™* sinus est ce que devient ^^x lor.sque l'on y fait
," ! / iJi=o
» Ecrivons .re '" , au lieu de x, dans cette définition.
( ^79 )
» Si k est lin nombre pair, nous obtenons
si i est impair
f [xe "■) = e '■• X^\ - rp ■ r-, +•■••,
par conséquent
im|)air
o^\xe "')=:e '" ç3j,.T, (itpair).
-Au- / / — - k t\ , fi \i.-Z
Ainsi nous aurons
V'-l ^-
=-- e
JiM X — G
— - ^ imn-i-\>.)-
v^-
. ( '
v-,'-^
J-l
''%{xe''"')
; A- pair),
V^i n
A|a\
^— — / (;;7/7-i-]ji'ir
— ^ J^' " J nm+^^
*tim+\i.\^
U,.X^e ' '") = ev'-' "^fX^e"^' '" )
[k impair),
v'=I-
kjnm + f^-r.
=:e
JF[jiX=e
,— A-lnm + !J-W
^nm-hyj.^^ I
c'est-à-dire
(i) ?A^e '") = e
['2) £,\xe "')=e -fyx, j\xe
n-'^--,
>/=\.
{k pair).
s/-^'
r= e
fx [k impair).
» II. Dans ma Note précédente, de vos formules d'addilion (r3) j'ai
déduit
!3),(.r 4- j) = Eu supposant o5v^m — r, uu terme (hi deuxième men)bre est
( 28o )
fx^,,jc(f,,r. Écrivons ce terme -/,-, ^ ?m+i y,
par conséquent,
?x(^ + j) = %-sOC 'fv J -1- Ç>>-v-i -a^ Çv+.J" 4- • • . -H çj^-v
et, Z étant un nombre entier,
)> Posons X — v= 7, //72 + v=^y, nous obtenons à l'instant
» III. Pour séparer la partie réelle et imaginaire des fonctions œ, posons
(4) ^'°(ï~') sine
f sin — sin —
I m m
où A: désigne un nombre entier arbitraire, mais ne contenant pas le divi-
seur m; nous aurons
(5) x~p-\-qe '".
» 1° Soit k pair : il viendra, en vertu de (i) et (3),
^ {7' -t- M — l)
. . . + fy-m+lP ?y'+'"-I 7 '^•'S -5-!^ i
+ V - I [^t/J^y'? sm -- + f^_,p 9y^, 9 sm -^'— h . .
( 28l )
» a° Soit A- impair : en désignant pnr ^ le genre hyperbolique ou ellip-
tique, suivant que 9 désigne le genre elliptique ou hyperbolique, alors nous
aurons (a)
ç^^Y^ = hP '{'y'9 cos -^^^ + î!^,_, /> 4. Les mêmes apparences s'observent avec le chlore; les gouttes lu-
mineuses sont verdâtres et beaucoup moins brillantes que celles du fluo-
( 3«3 )
rurede silicium. Ce gaz, sous la pression ordinaire, oppose une réiiist;ince
très grande au passage de l'électricité; les surfaces électrisées doivent
être très voisines, car, si elles sont à o",oo2, par exemple, les traits
lumineux, sans avoir le caractère de l'étincelle, s'en rapprochent par l'in-
tensité lumineuse. Ce mode de décharge se distingue des précédents par
le petit nombre des traits lumineux et par les aigrettes brillantes qui ser-
pentent à la surface des parois des tubes de verre pour réunir entre eux les
traits successifs, situés quelquefois à plus d'un centimètre les uns des
autres.
» 5. Dans l'oxygène, l'effluve est à peine visible; le gaz devient très
peu lumineux ou plutôt phosphorescent; cependant on parvient à con-
stater dans l'obscurité absolue et à l'aide de la loupe le grenu de la surface
des tubes concentriques et, si le gaz n'a pas une trop faible tension, les
globules lumineux distincts comme dans les autres gaz.
)) 6. La constitution des lueurs d'un blanc laiteux que produisent les
décharges alternatives dans l'acide carbonique rappelle celle des lueurs
observées dans l'oxygène, mais l'analyse en est plus facile.
» Ces décharges ne sont silencieuses, dans tous ces gaz, qu'à faible pres-
sion; elles le sont aussi à la pression atmosphérique dans l'hydrogène. La
pluie de feu est accompagnée, dans les autres gaz, d'un crépitement d'au-
tant plus facile à distinguer des interruptions du commutateur de la bo-
bine de Ruhmkorff que l'effluve lumineuse se divise en globules élémen-
taires plus nettement limités.
» Les tubes à effluves, tels qu'ils sont construits par M. Alvergniat,
peuvent donc servir à montrer dans les Cours la pluie de feu sous les dif-
férents aspects qu'elle prend dans les différents gaz et sous différentes
pressions.
» Nous aurons à insister, dans une prochaine Note, sur les conséquences
des variations de pression sur ces phénomènes, c'est-à-dire sur le passage
de la pluie de feu à l'étincelle ou à l'effluve proprement dite par augmen-
tation ou diminution de pression. »
('.. R., 1K80. a" Scmescre. (T. XCI, N' .H.)
;^7
( 284 )
PHYSIQUE. — Recherches sur les piles. Note de M. A. d'Arsonval.
« L'action chimique ne s'arrête jamais complètement dans les piles à
deux liquides lorsque le circuit est ouvert. Cela tient au mélange des li-
quides qui s'opère à travers le vase poreux, soit par endosmose, soit par
simple diffusion dans les piles sans vases poreux du système Callaud.
» J'ai cherchéà parer à cet inconvénient, et voici deux moyens différents
qui m'ont bien réiissi.
» Premier moyeu. — Il est fondé sur les propriétés absorbantes du noir
animal et il s'applique à toutes les piles où le liquide dépolarisatenr est un
sel métallique. Si l'on filtre, sur du noir animal lavé, une solution d'un sel
métallique (cuivre, plomb, mercure, etc.), le sel est retenu parle char-
bon et on recueille de l'eau pure. Dans certains cas, le sel métallique se
trouve même décomposé; par exemple, avec les acétates métalliques, on
peut recueillir de l'acide acétique libre.
» En partant de cette observation, j'ai construit une pile au sulfate de
cuivre, dans laquelle la solution cuivrique ne peut se diffuser sur le zinc. Je
prends pour cela lui élément Callaud ordinaire, au fond duquel je dépose
une couche de sulfate de cuivre pulvérisé, que je recouvre de noir animal
lavé en poudre. Le zinc est placé à la partie supérieure du vase et se trouve,
par conséquent, séparé du sulfate de cuivre par la couche de noir animal.
L'élément voltaïque ainsi constitué ressemble à une pile de Minotto, dans
laquelle on aurait remplacé le sable par du noir animal.
» Dans ces conditions, le zinc reste complètement inaltéré. Depuis plus
de trois ans déjà, M. Gaiffe emploie une pile démon système, qui lui sert
d'étalon, sans avoir éprouvé le moindre changement.
» Le seul inconvénient de cette modification est l'augmentation de résis-
tance intérieure que crée la présence du noir animal, inconvénient que
présente d'ailleurs le sable sans offrir les mêmes avantages. J'ai essayé, avec
M. Gaiffe, de faire des vases poreux en noir animal aggloméré : jusqu'ici,
nous avons échoué. M. Carré, qui, sur ma demande, a bien voulu tenter
l'essai, n'a pas été plus heureux. Tel qu'il est, ce couple est excellent pour
obtenir des excitations électriques constantes, suivant la méthode que je
ferai connaître dans une prochaine Note,
» Second moyen. — Ce procédé, beaucoup plus général que le précé-
dent, consiste à prendre comme corps dépolarisatenr un liquide qui
I
I
( 285 )
donne un précipité par son mélange avec le liquide qui attaque le zinc.
Le diaphragme qui sépare les deux liquides se trouve, de la sorte, rendu
complèlemeiit imperméable. Le précipité formé dans les pores du vase
poriMix doit satisfaire à deux conditions : i° il doit être conducteur de
l'électricité; 2° il doit être éicctrolysable.
» Les combinaisons satisfaisant à ces conditions sont excessivement
nombreuses ; j'en ai pour ma part essayé au moins vingt. Je ne peux citer,
dans cette Note, que les principales :
I. Précipités formés par le mélange de deux sels. Couple au nilrale d'argent.
— Ce couple est constitué de la façon suivante : dans le vase extérieur,
zinc-chlorure de zinc ; dans le vase poreux, se trouve argent-nitrate d'argent.
Ces deux liquides ne peuvent se mélanger el donnent lieu à un précipité
de chlorure d'argent, qui bouche le vase poreux et le rend imperméable.
Ce précipité conduit très bien l'électricité et, de plus, est éicctrolysable. Une
pareille pile est très peu résistante; sa force électromotrice est égale à
i'°", 5, alors que le même couple au chlorure d'argent n'a que o''°'*,g. Le
prix élevé du sel d'argent ne rend malheureusement ce couple applicable
que dans des circonstances particulières, comme l'électricité médicale ou
la charge des électromètres.
» Un couple plus pratique est le suivant : zinc-sulfate de zinc, plomb-
nitrate de plomb; sa force électromotrice est très faible, o™",6 à o^°",7^.
» n. Précipités formés par le mélange d'une base et d'un sel métalliques. —
Dans ce cas, le zinc est attaqué par une base, potasse, soude ou ammo-
niaque. J'ai essayé les combinaisons suivantes :
» 1° Soude-sulfate de cuivre, qui m'a donné comme force électro-
motrice jusqu'à i'°", 5;
» 2° Soude-perchlorure de fer, qui peut aller jusqu'à 2™'S4-
» Les couples à potasse ont une résistance énorme, qui tient, d'après
moi, à ce que le carbonate de potasse, qui se forme à l'air, laisse dégager
son acide carbonique au contact du sulfate de cuivre, et que les bulles de
ce gaz viennent s'emmagasiner dans les pores du diaphragme el supprimer
sa conductibilité. J'ai rendu, d'ailleurs, la solution dépotasse plus con-
ductrice par l'adjonction de sel marin ou de sulfate de soude ('). »
(') La combinaison soude-siilfale de cuivre a été reproduite récemment par M. Rey-
nier, qui ignorait mes reciierches faites en 1878 avec la collaboration de M. Gaiffe pour la
mesure des constantes. J'ai d'ailleurs breveté, en 1879, ^^* P'^" ^ liquides précipitables. J'ai
( 286 )
PHYSIQUE. — Sur les propiiétés optiques des mélanges de sels isomorphes.
Note de M. H. Dcfet, présentée par M. Daubrée.
« Un cristal formé d'un mélange de deux sels isomorphes a des indices
de réfraction qui varient conlinûment avec la composition, de telle sorte
que la variation dans la valeur de l'indice est proportionnelle au nombre
d'équivalents d'un des sels introduits dans le mélange. Si N est l'indice du
sel mixte, n et ?î' les indices des sels composants, p et p' les nombres
d'équivalents des deux sels, on a
j^_ pn-hp'n' ^
Cette loi a été démontrée par des mesures effectuées sur des mélanges de
sulfates de nickel et de magnésie, et communiquées dans une Note du
8 avril 1878.
» Je l'ai vérifiée plus complètement par des mesures que je me suis ef-
forcé de rendre aussi précises que possible, et portant non plus sur les
indices, mais sur l'angle des axes optiques. J'ai étudié ainsi quelques mé-
langes de sulfates de zinc et de magnésie. La loi précédente permet de
calculer, pour un mélange de composition connue, les trois indices prin-
cipaux, et par suite l'angle des axes, soit intérieur, soit extérieur. L'angle
des axes optiques, dépendant des différences entre les indices principaux,
varie très rapidement avec ces indices; il en résulte que la loi se trouve
ainsi vérifiée avec un haut degré d'exactitude.
» L'angle des axes mesuré directement et l'angle calculé au moyen de
la composition des sels s'accordent à quelques minutes près; on ne peut
guère espérer, dans des mesures d'angle des axes optiques, obtenir l'angle
à plus de 2' ou 3' près. On peut donc affirmer que l'écart entre le calcul
et l'expérience reste compris dans les limites des erreurs expérimentales.
Voici d'ailleurs le Tableau donnant, pour les sels étudiés, la composition
renoncé, en pratique, à la soiule qui coûte trop cher et qui se carbonate à l'air. M.Reynier
a obtenu de bons résultats en faisant, comme M. Carré, le vase poreux en parchemin. J'avais
essayé, pour remplacer la soude, un mélange de chaux et de carbonate de soude, qui poui'-
rait peut-être donne^ de bons résultats avec la pile de M. Reynier.
( 2^1 )
centésimale et atomique, l'angle des axes mesuré et l'angle calculé d'après
la composition :
PHOPOBTION
ÉQCIVALEKTS
ANGLE EXTÉnirau
SELS.
pour 100 de
de
dei aies optiques
•g
MgO,SO>,7HO.
ZnO,SO",7HO.
MsO,S0',7H0.
ZnO.SO', 7IIO.
mesuré.
calculé.
a
0 , H
0 / ff
1 II
MlîO.SO'. 7HO
100
0
100
0
78.18
n
»
Mélange 1
7S,2o
21 ,S0
80,8
19.2
7r3.55.30
76.58
+2 .3o
» '2 . . . .
rr\s
27,-57
75,5
=4.5
76.36
76.37
-hi
3 ....
38, 96
61,04
42,75
57,25
75.15
74.16
-hi
1 . . . .
37,20
62,80
40, gj
5g, o5
74- 9
74. 8.40
— 0, 20
» .)....
26,59
73,4.
39,8
70,2
73.16
73.17.20
H-i .20
ZnO,SO',7HO
0
100
0
100
70.57
»
"
» Les mesures d'angle des axes se rapportent à la raie D.
» Le point le plus important, dans une semblable vérification, c'est
d'obtenir, pour les deux sels extrêmes de la série, ici le sulfate de zinc et le
sulfate de magnésie, les valeurs des trois indices principaux avec une ap-
proximation suffisante; ce sont, en effet, ces indices qui servent à calculer
ceux des sels mixtes, et par suite les angles des axes optiques.
» Les sels étudiés cristallisent, comme on sait, en prismes orthorhom-
biques, dont l'arête coïncide avec l'axe de moyenne élasticité. Le caractère
optique est négatif; l'axe de plus grande élasticité, bissectrice de l'angle
aigu des axes optiques, est perpendiculaire à un clivage facile, correspon-
dant à la face g^ . Des lames de clivage permettent donc de déterminer
l'angle des axes. Les prismes étaient taillés de manière que leur arête coïn-
cidât avec l'axe de moyenne élasticité; ils donnent comme indice ordinaire
l'indice moyen. Cette détermination une fois faite, le prisme est placé sur
la plate-forme d'un goniomètre de Babinet, donnant les lo", et reçoit les
rayons incidents sous un angle quelconque; il donne deux images, dont
on détermine la déviation et, surtout avec grand soin, la distance. La dé-
viation ordinaire permet de calculer l'angle d'incidence des rayons, et à
l'aide de l'angle d'incidence et de la déviation extraordinaire on obtient
l'indice extraordinaire. D'ailleurs, l'angle que le rayon intérieur fait avec
un des axes d'élasticité se détermine facilement, une fois les mesures ter-
minées, en clivant le prisme, ce qui donne une face perpendiculaire à
l'axe de plus grande élasticité. On obtient ainsi l'indice extraordinaire avec
la même approximation que l'indice moyen. Les différentes valeurs de
( 288 )
l'indice extraordinaire n ainsi obtenues sont reliées aux deux indices
cherchés a et 7 par la relation connue
où r désigne l'angle du rayon intérieur avec la normale à une face, et i|/
l'angle de cette même normale avec l'axe de plus grande élasticité.
» Si l'on appelle /3 l'indice moyen et 0 le demi-angle intérieur des axes
optiques, on a, comme on le sait, l'équation
» Sans entrer dans les détails du calcul, il est facile de voir, en discutant
l'équation (1), que le mode de calcul le plus exact consiste à combiner
l'équation (2) avec l'équation (i), prise pour des valeurs de n voisines
de a. C'est ainsi que j'ai opéré. Les valeurs des indices trouvées avec
divers prismes ne différaient que par la cinquième décimale. Voici les
valeurs moyennes :
y-
Sulfate de magnésie 1 ,46o83
Sulfate de zinc 1 , 48445
» On peut aussi donner à /• des valeurs voisines de tj;, de manière à dé-
terminer directement l'indice y. Les valeurs de a et de y ainsi trouvées,
indépendamment de l'angle des axes, doivent le donner par le calcul, si
elles sont suffisamment exactes. Pour le sulfate de zinc, les indices donnés
par quatre prismes, dont deux donnaient des valeurs de n voisines de a.
et deux des valeurs voisines de y, sont
7=i,4844o5 et «=1,45682.
L'angle des axes calculé est de 45° 58' au lieu de 46" 10'.
» Dans toutes ces mesures, les prismes étaient recouverts de lames de
glace, à faces à peu près parallèles, qui étaient d'abord étudiées au gonio-
mètre, de manière à permettre, sous chaque incidence, de faire des cor-
rections convenables aux déviations observées. Je préfère employer des
lames franchement prismatiques, pourvu que l'angle ne dépasse pas
quelques minutes; les faces sont plus planes et les itnages meilleures. Ces
calculs de correction ne présentent d'ailleurs aucune difficulté; ils sont
/3-
K.
1,45529
1 ,43207
I ,48010
1,45683
( ^89)
longs et fasti(1ieux, mais sont nécessaires pour obtenir l'exactitude que
j'espérais atteindre.
)) Je crois, en définitive, avoir démontré, au moins pour les sulfates de
la série magnésienne, l'existence de la loi que j'ai énoncée. Cette loi
existe-t-elle d'une manière aussi précise pour d'antres sels isomorphes? Je
pense, comme je l'ai établi dans ma première Note, qu'il en est ainsi toutes
les fois que les sels ont le même équivalent en volume, c'est-à-dire lorsque
la densité est proportionnelle à l'équivalent. C'est ce qui arrive dans de
nombreuses séries de sels isomorphes, comme M. Ropp l'a démontré par
des mesures directes, n
PHYSIQUE. — Influence de la température sur la distribution des sets
dans leurs solutions. Note de M. Ch, Soret.
a Dans une série d'expériences, dont quelques-unes ont été publiées, il
y a plusieurs mois déjà, dans les Archives des Sciences physiques et naturelles^
j'ai cherché à déterminer l'état d'équilibre vers lequel tend, au point de
vue de sa concentration, une solulion saline primitivement homogène,
dont deux parties sont portées à des températures différentes. De nouveaux
résultats ayant complètement confirmé ceux que j'avais obtenus précédem-
ment, je crois devoir les communiquer à l'Académie.
» Les solutions à étudier étaient introduites, comme pour le remplis-
sage d'un thermomètre, dans des tubes de verre effilés aux deux bouts, de
o™,3o de longueur sur o^joa environ de diamètre intérieur. La partie su-
périeure, fermée, était introduite dans des moufles de enivre verticaux,
pratiqués au fond d'une petite chaudière, dont la température était main-
tenue constante par l'emploi d'un régulateur à gaz d'Andreac. La partie
inférieure des tubes plongeait dans l'eau froide d'un réservoir un peu
profond, placé au-dessous, et était effilée en une longue pointe recourbée
vers le haut, de façon que l'extrémité ouverte restât toujours au-dessus du
niveau de l'eau froide et put être fermée à la lampe après l'établissement
de l'équilibre de température. Cette disposition permettait de remplir les
tubes sans y laisser de bulles d'air, puis de les mettre en place et de les ôter
sans déranger l'appareil. Pour ouvrir ces tubes, après les avoir doucement
retirés de la chaudière, on cassait la pointe recourbée inférieure, puis la
pointe supérieure, et l'on recueillait successivement dans trois flacons le
liquide à mesure qu'il s'écoulait.
( 290 )
» Voici maintenant les résultats que j'ai obtenus sur des sels fort diffé-
rents quant à la variation de leur solubilité avec la température et quant à
leur poids moléculaire. Les chiffres ci-dessous représentent, en centièmes
du liquide analysé, les concentrations des parties extrêmes des tubes.
Pour ne pas allonger inutilement, je ne donne pas ici les valeurs trouvées
pour la partie intermédiaire.
Partie chaude Partie froide
Durée (78° G.) (lô'-iS- C.) Différence F — G
de l'expérience. G. F. F — G. F *
azotate de potasse.
10 jours 4j978 5,069 0,091 1.
19 jours 5,019 5,io4 o,o85 »
24 jours 2,^45 2,293 0,048 »
25 jours 9*454 9,683 0)229 "
23 jours 2o,55i 2 1,1 56 1,590 »
Chlorure de sodium,
1 5 jours 5,847 5,897 o,o5o »
1 5 jours io,83i 11,148 0,3 17 »
25 jours 20,547 21,423 0,876 »
56 jours 5,849 6,097 0,248 o,o4i
56 jours 10,781 11,446 o,665 o,o58
56 jours 16,733 '7,696 0,963 0,054
56 jours 20,536 21,654 1,118 o,o52
Chlorure de potassium.
5o jours 9,827 10,540 '0,713 0,068
5o jours 11,846 12,522 0,676 0,054
5o jours 16,712 17,937 1,225 0,068
5o jours 23,191 24,885 I >694 0,068
» Une série analogue, effectuée sur du chlorure de lithium, m'a donné
des différences dans le même sens, mais plus faibles encore.
» En résumé, il ressort de mes recherches que :
» 1° Pour tous les sels que j'ai étudiés, la concentration de la partie
chauffée diminue, tandis que celle de la partie froide augmente.
» 1° La différence qui s'établit croît avec la concentration primitive; les
chiffres obtenus pour NaCl et RCI, au bout de cinquante à cinquante-six
jours, sembleraient indiquer que, dans l'état d'équilibre, elle est à peu
près proportionnelle à la concentration primitive.
^ 3° Dans la série des chlorures alcalins, la différence est d'autant plus
( 291 )
grande, pour une même concentration absolue, que le poitls moléculaire
du sel est plus élevé.
» 4° T-e phénomène paraît être sans relation avec la courbe de solubi-
lité du sel.
» Le temps considérable pendant lequel il fallait maintenir conslante la
température de la chaudière, et la petitesse des différences à mesurer, ont
rendu ces expériences assez difficiles. Les chiffres que j'indique ne peu-
vent donc être considérés que comme une première approximation. »
PHYSIQUE. — Sur l'élévation du point zéro dam les thermomètres à mercure.
Note de M. J.-3I. Crafts, présentée par M. Friedel.
« C'est un fait bien connu qu'un thermomètre à mercure qui est resté
quelque temps à la température 04-dinaire subit un abaissement temporaire
de son point zéro de quelques dix.ièmes de degré si on le chauffe à ioo° ou
au-dessus, tandis qu'une exposition prolongée à une haute température fait
contracter la boule d'un thermomètre et produit une élévation de la colonne
de mercure sur l'échelle. C'est ce dernier phénomène que l'on désire
discuter dans cette Communication. M. Person a observé une élévation du
point zéro de 12°, 1 5° et 17° dans trois thermomètres chauffés longtemps
à 44o°. MM. Deville et Mascart ont trouvé, pour trois thermomètres chauffés
pendant trois heures à 266°, à 206° et à 166°, une élévation du point
zéro de i3°, 5, 12°, 5 et 11°, 4- Ce phénomène a été observé à un moindre
degré pendant l'usage ordinaire des thermomètres, et l'on peut citer comme
exemple d'un effet inusité de la température un thermomètre anglais en
cristal dont le point zéro est monté de 11° pendant quelques mois qu'il
a servi à faire des distillations fractionnées d'une substance bouillant vers
320°; on observe presque toujours des déplacements de 4° à 7° dans les
thermomètres nouveaux en cristal qui servent pendant quelques mois à des
opérations semblables entre 200° et 340". Les expériences suivantes
donnent une mesure approximative de la relation entre l'effet produit à
une température fixe et la durée du temps. Dans la première colonne sont
inscrites les dates de chaque observation du jjoint zéro. Les huit
colonnes suivantes donnent les positions du point zéro sur huit thermo-
mètres une heure après le chauffag3. La dernière colonne indique la tempé-
rature et le temps compris entre deux observations des points zéro. La
G. R., 1880, a* Semestre. (T. XCl, N« S.) 38
( 292 )
température de 355° a été maintenue constante au moyen du mercure en
ébullition.
1S79.
1,
11.
m
IV.
V.
VI
VU.
VllI
TE.MPS.
TEMPÉRATURE.
Octobre 6. . .
+ 7.0
-h 5,0
-H- H, 9
— 0, i5
— o,o5
48 heures
355"
" 10...
16,8
1-1,3
20,8
- 0,45
5,8
11,0
5o »
»
» i3. . .
19,0
i9>9
23,7
+ 9.7
7,65
12,95
0,0
-f- 0,26
i5 »
»
» 1 3 . . .
1 9 , .3
20,2
24,0
10,3
7,8
i3,o
3.7
7,00
3o »
•
17...
'9.7
20,0
24,7
".-
8,1
i3,5
7.0
11,63
70 »
»
» 20. . .
'21,2
22,4
2H,'i
■'1,4
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■5,4
9,8
10,00
5o .
„
» 2:i . . .
22,7
23,7
25,4'
i(i,i
10,55
16,95
11,3
16,68
12 jours
7 »
3o minutes
io°-i5'>
Novemb. 3...
22,2'
23,8
25,3 =
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10,5
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11,5
17,00
»
•* 10. . .
22,3
23,8
25,4
i(), i5
10,60
i5,8
11,5
17,00
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» 1 o . . .
22,3
23,8
25,',
16, i5
10,60
i5,8
11,5
17,21
6 heures
216°
» 10. . .
20,0
23,7
26,0
i(:,5
11,0
11,8
i7.o'l
4 jours
lo'-iâ»
.',...
23,0
23,7
26,0
iii,(i
1 1 ,0
II. 9
I "^ , 06
6 heures
3o4°
.. .4...
23,20
2'l/(
26,2
16,9
1 1 . 2
12,1
17,22
4 jours
5»-i5°
» iH...
» -4...
23,3
22,93
24,3
23,95
26,3
",9
16,8
,6,7
11,2
10,95
•
.7. ''g'
.7.43'
ChauU'é 3 fois,
i5"chaquefois
3o4«
1880.
' 6i mois
Juin 12
23,5'
23,8
26,0
1(1,95
11,1
12,1
17,62 ' ,
j 40 minutes
0°-20"'
3o4»
» l'i
2^,0
2(1,0
1(1, (j
1 1 ,0
11,0
l5''-20°
1 I jour
2(5,0
i(),(i
II. 7
,,. , 8 jours
17, bJ ' . .
l5°-20''
» 2J
23.5
24,0
26,0
16, G
11,8
304°
i
Juill. 5
23,5
23,8
25,8
16,55
10,7
11,4
1 20 minutes
1
C * ) Ces tliermomètros sont restés a la température ordinaire dep
[lis la dernière ubservati
m.
( - ) Los theriuumèlros 1, 111 el VI araieiil la colonne divisée en p
irtid ou en totalité paru
le bulle d'air, dû sorte que les dernières déterminations sont
trop élercos. Immédiatement avant do faire les oiiservations niarqui
es. on a réuni la colonne
eu faisant bouillir le mercure.
(' ) Le thermomètre n" 1 fut ouvert en cassant la pointe. Le poin
l zéro était alors 23,3; il est resté le
même quekiues mois après, et finalement est
! monté u 23,3.
1
» Les quatre premiers thermomètres sont en cristal français. Les n°' I, II
et III avaient été en usage pendant un ou deux ans, et leurs points zéro
étaient montés de 5°, 6° ou 7". Le n° IV est un thermomètre de M. Baudin
que l'on a fait cliaufler pendant huit jours de 3oo°à 32o°, avant la gradua-
tion, de sorte qu'une élévation probable du zéro de 6° ou 8° doit être
ajoutée aux chiffres tie la Table. Les quatre derniers thermomètres sont
en verre de soude allemand, exempt de plomb.
)) On peut tirer de ces expériences les conclusions suivantes :
» Le point zéro monte plus rapidement et plus lom dans les titermomètres en
cristal que dans ceux en verre sans oxyde de plomb.
» Ij élévation du point zéro est beaucoup plus rapide au commencement et
( -"-gs )
tend probablement vers une limite pour un chauffage très prolongé à une tem-
pérature fixe.
» On a arrêté les expériences, avant d'arriver à l'effet maximum, pour
dcterinincr si l'élévation acquise reste constante, et l'on a trouvé que :
» Lepoint zéro, qui s'est élevé par l' action longtemps prolongée d'une haute
température, se fixe à celte nouvelle hauteur lorsque l' instrument est conservé à
la température ordinaire, et l'effet produit par une température élevée rend le
thermomètre plus stable sous l'influence de la chaleur à toute tempér'atnre inférieure.
» Cette dernière conclusion est non seulement basée sur les expf'riences
citées plus haut, mais aussi sur de nombreux essais faits avec seiza thermo-
mètres nouveaux, A partir de 200", on obtient une élévation notable du
zéro après un chauffage de plusieurs heures à une température constante,
et l'effet augmente rapidement si l'on emploie des températures plus
élevées; mais les données ne sufliseut pas pour déterminer dans quelle
proportion. Le phénomène de la dépression temporaire du zéro intervient
pour masquer les résultats, et l'on peut remarquer, dans les chiffres du Ta-
bleau, certaines perturbations qui proviennent de celte cause. On discutera
dans une autre Communication l'interprétation à donner à ces faits, et,
pour simplifier la question, on ne citera ici que quelques expériences dans
lesquelles l'élévation du point zéro est si considérable, que l'on est dispensé
de tenir compte de la dépression temporaire, qui ne dépasse jamais quelques
dixièmes de degré. Voici les résultats avec des thermomètres en cristal.
Thermomètre A : chauffé cent minutes k 3o4°, le zéro est monté depuis
+ i°,8 à 2°, 5; chauffé encore cinquante minutes à la même température,
le zéro est monté à 3", 2; chauffé encore quatre-vingt-quinze minutes, le
zéro est à 4°, 3; chauffé encore quarante-deux minutes, le zéro est à 4°)7'
Un autre thermomètre B, chauffé trente minutes à 34o", a changé son
point zéro de 1°, [ à 3°, 6. Un antre thermomètre C, chauffé quarante-cinq
minutes à 340", a changé son point zéro de + o°,i à 4", 9; chauffé encore
soixante minutes à 3o4°, le zéro esta 5",!; chauffé encore cent vingt minutes
à 3o4°, le zéro est à 5°, 4; chauffé encore soixante minutes à 3o4°, le zéro
est à 5°, 5. On voit bien, dans cette dernière expérience, comme dans celles
à 355°, que le chauffage à une température plus élevée a protégé le thermo-
mètre contre l'action de la chaleur à 3o4''- »
( 294 )
CRISTALLOPHYSIQUE. — Développement^ par pression, de l' électricité polaire
dans les cristaux liémièdres à faces inclinées. Note de MM. Jacques et Pierre
Cdrie, présentée par M. Friedel.
« 1. Les cristaux possédant un ou plusieurs axes dont les extrémités
sont dissemblables, c'est-à-dire les cristaux hémièdres à faces inclinées,
jouissent d'une propriété physique spéciale, celle de donner naissance à
deux pôles électriques de noms contraires aux extrémités des axes susdits,
lorsqu'ils subissent xuie variation de température : c'est le phénomène
connu sons le nom de pjroélectricilé.
» Nous avons trouvé un nouveau mode de développement de l'électri-
cité polaire dans ces mêmes cristaux, qui consiste à les soumettre à des
variations de pression suivant leurs axes d'hémiédrie (' ).
)) Les effets produits sont entièrement analogues à ceux causés par la
chaleur: pendant une compression, les extrémités de l'axe sur lequel on agit
se chargent d'électricités contraires; une fois le cristal ramené à l'état neutre,
si on le décomprime, le phénomène se reproduit, mais avec une inversion
des signes; l'extrémité qui se chargeait positivement par compression de-
vient négative pendant la décompression, et réciproquement (-).
» Pour faire une expérience, on taille deux faces parallèles entre elles
et perpendiculaires à un axe d'hémiédrie dans la substance que l'on veut
étudier; on les revêt de deux feuilles d'étain qu'on isole extérieurement
par deux plaques en caoutchouc durci; le tout étant placé entre les mâ-
choires d'un étau, par exemple, on peut exercer des pressions sur les
deux faces taillées, c'est-à-dire suivant l'axe d'hémiédrie lui-même. Pour
constaterl'électricité, nous nous sommes servis d'un éleclromètre Thomson,
On peut montrer la différence de tension des extrémités en mettant chaque
feuille d'étain en communication avec deux des couples de secteurs de
l'instrument, l'aiguille étant chargée d'une (électricité connue. On peut
aussi recueillir séparément chacune des électricités; il suffit pour cela de
( ' ) Bulletin de la Société minéralogique, 1880.
(^) Les crislaux hémièdres à faces inclinées sont les seuls Cristaux pyroélectriques; ce
sont aussi les seuls capables d'acquérir l'électricité jiolaire par pression. Certains cristaux
holoèdres, comme le spath, se charj^ent Lien par pression, mais d'une seule électricité; c'est
là lin phénomène de surface, entièrement différent, et dont l'effet était insensible dans les
conditions de nos expériences,
( --^95 )
mettre une des feuilles d'étain en communication avec la terre, l'autre
étant en communication avec l'aiguille et les deux couples de secteurs
étant chargés à l'aide d'une pile.
» Quoique n'ayant pas encore abordé l'étude des lois qui régissent le
phénomène, nous pouvons dire qu'il présente des caractères identiques à
ceux de la pyroélectricité tels que les a définis Gaugain dans son beau
travail sur la tourmaline.
2. Nous avons fait l'étude comparée des deux modes de développement
d'électricité polaire sur une série de substancesnon conductrices, hémièdres
à faces inclinées, qui comprend à peu près toutes celles qui sont connues
comme pyroélectriques (').
M L'action de la chaleur a été étudiée à l'aide du procédé indiqué
par M. Friedel, procédé qui est d'une si grande commodité (°).
» Nus expériences ont porté sur la blende, le chlorate.de soude, la
boracile, la tourmaline, le quartz, la calamine, la topaze, l'acide tartrique
droit, le sucre, le sel de Seignette.
» Pour tous ces cristaux, les effets produits par compression sont de
même sens que ceux produits par refroidissement; ceux dus à une décom-
pression sont de même sens que ceux dus à un échauffement.
» Il y a là une relation évidente qui permet de rapporter dans les deux
cas le phénomène à une cause unique et de les réunir dans l'énoncé sui-
vant :
» Quelle que soit la cause déterminante, toutes les fois qu'un cristal hémièdre
à faces inclinées, non conducteur, se contracte, il y a formation de pôles élec-
triques dans un certain sens; toutes les fois que ce cristal se dilate, le dégagement
d'électricité a lieu en sens contraire.
n Si cette manière de voir est exacte, les effets dus à la compression
doivent être de même sens que ceux dus à réchauffement dans une sub-
stance possédant suivant l'axe d'hémiédrie un coefficient de dilatation
négatif ('). »
(') On peut prévoir qu'il en existe beaucoup d'autres parmi les substances cristallisées
artificielles. Les corps actifs sur la lumière polarisée, par exemple, fournissent des cristaux
dont certains diamètres ont leurs extrémités dissemblables.
(') Bulletin de la Société iiiinéralogiejuf, 1879.
(') Ce travail a été fait au laboratoire de Minéralogie de la Faculté des Sciences.
(296)
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur les bases p/ridiques. Note de M. Oechsneh
DE CoiMNCK, présentée par M. Wurtz.
« La distillation de la cinchonine (i partie) avec la potasse caustique
(3 parties) fournit des huiles basiques d'où l'industrie extrait la qui-
noléine. Dans la même réaction prennent naissance un certain nombre
de bases pyridiques, que l'on peut séparer au moyen de la distilla-
tion fractionnée, et qui sont isomériques avec les bases du goudron de
houille ou de l'huile de Dippel. On a obtenu ainsi luie lulidine, une coUi-
dine et une parvoline nouvelles. Ces bases sont difficiles à purifier; même
après plusieurs rectifications, elles restent mélangées avec une substance
étrangère très adhérente, dont on ne peut les débarrasser qu'au moyen
d'un traitement spécial.
» On ajoute aux diverses fractions un excès d'acide chlorhydrique
étendu ; la solution limpide est épuisée deux ou trois fois par l'éther. Après
avoir séparé l'éther, on décompose la solution acide par un excès de les-
sive de potasse; le tout est agité de nouveau avec l'éther, et la solution
éthérée est séchée sur la potasse anhydre. Finalement, on distille dans un
appareil à boules,
» La lutidine pure, C^H'Az, est un liquide parfaitement incolore, mobile,
réfringent, d'une odeur spéciale et d'une saveur brùilante. Elle est très hygro-
scopique et presque insoluble dans l'eau. Elle bout à i65°. Sa densité de
vapeur a été déterminée au moyen de l'appareil deMeyer; on l'a trouvée
égale à 3,8 (le nombre théorique étant 3,71). Sa densité à 0° est de
0,9593 (').
» Le chlorhydrate de lutidine, C^H'Az, HCl, se présente sous forme de
cristaux blancs lamelleux; il est excessivement déliquescent.
» Le bromhydrate constitue de petits cristaux blancs assez déliquescents.
» Le chloroplatinate cristallise en belles paillettes d'un rouge orangé.
Il est modifié par l'eau bouillante, qui lui fait perdre 2™'^' d'acide
chlorhydrique. Le sel modifié est cristallisé en paillettes jaunes.
» Le chloroaurate se présente sous forme d'une poudre cristalline d'un
jaune éclatant.
» La collidine pure, C'H' ' Az, bout à 195°; son aspect rappelle tout à fait
celui de la lutidine. Elle est aussi très hygroscopique et à peine soluble
(') M. Greville Williams a déjà signalé l'isomérie de ceUe lutidine avec celle du goudron
d'os.
( ^-97 )
dans l'eau. Sa densité de vapeur a été trouvée égale à l\,i'S (nombre théo-
rique, 4>ï9)- Sa densité à o" est *le 0,9656.
» Le chloroplatinate forme une pondre cristalline d'un rouge orangé.
L'eau bouillante lui fait subir la même transformation qu'au sel corres-
pondant de lutidine. Le cliloroplatinate modifié est cristallisé en petites
paillettes jaunes.
» La parvoline n'a pas encore été obtenue à l'état de pureté; elle bout
vers 220°. Le chloroplatinate constitue une poudre cristalline d'un jaune
légèrement brunâtre.
» L'étude des produits d'oxydation de toutes ces bases fera l'objet
d'une seconde Note.
» Le Tableau suivant permet de comparer les points d'ébullition et les
densités des bases provenant soit de l'huile de Dippel, soit de la distillation
de la cinchonine :
Bases de l'huile d'os. Bases de la cinchonine.
^ . ,. ( Point d'ébullition iSS", 5 i65°
Lutidine. ... \ ^ . , ' ^ „
( Densité o , 940 o , gogS
„...,. , , ( Point d'ébullition 180° iq5°
Collidine('). { . , ,, -^ .^.
' ( Densité Ojg44 0,9606
Parvoline... Point d'ébullition 188° bout -vers 220° (M a
THERMOCHIMIE. — Recherches sur tes chaleurs de combustion de quelques corps
de la série grasse. Note de M. W. Locguinine, présentée par M. Berthelot.
« Ces recherches font suite à celles que j'ai publiées précédemment
dans les Comptes rendus; elles sont destinées à éclairer la question de la
chaleur de formation des différents isomères, ainsi que de quelques autres
substances dont l'élude présentait de l'intérêt. Quelques-unes de ces sub-
stances ont été analysées par moi; pour plusieurs autres, je suis redevable
à l'obligeance de M. Menschoutkine, qui les avait conservées depuis ses
expériences sur l'éthérification.
» 1 . Alcool all/lique CH^CHCH" OH non saturé primaire. — Sa chaleur de
combustion, suivant l'équation
C'H''0liq. + 80gaz. = 3C0* gaz. 4-3H=Oliq.,
(') La collidine préparée par M. Wurtz à l'aide de l'aldol ammoniaque est identique avec
l'aldéhydine de MM. Baeyer et Ador. Elle bout de 177° à 179".
(') Ce travail a été fait au laboratoire de M. AVurIz.
( 298)
est, pour i*"^ de substance,
cal
^63o,5
7610,9
7654,2
Moyenne. . . 7681 ,g
et par molécule en grammes
7631,9x08 = 442650"', 2.
L'alcool allylique est isomérique avec l'acétone, qui présente uneslructure
toute différente :
CH'\
:co.
CH'/
Favre et Silbermann ont trouvé, pour la chaleur de combustion de l'acétone,
73o3 X 58 = 423574'»',
nombre inférieur de 19076"' à celui que j'ai donné pour l'alcool allylique,
c'est-à-dire de plus de 4 pour 100 de la valeur de cette dernière. On voit
que dans ce cas la différence de fonction influe d'une manière notable
sur la différence entre les chaleurs de combustion. L'alcool allylique
diffère, par 2 H en moins, de l'alcool propylique normal; à ces 2 H corres-
pond une différence de 37663"' dans les chaleurs de combustion de ces
deux alcools, tous les deux primaires, mais' l'un saturé et l'autre non sa-
turé.
» 2. ÈlhylvinylcarbinoL C'H'C= H^CIIOH. - Ce corps, obtenu par
M. Wagner, de Saint-Pétersbourg, n'est pas, à proprement parler, im
homologue de l'alcool allylique, car c'est un alcool secondaire; mais il
appartient à la même série d'alcools non saturés. Sa chaleur de combustion,
suivant l'équation
CH'-'O liq. + 140 gaz. = 5C0=gaz. + 5H=0 liq.,
est, pour i^',
cal
8765,4
88i5,8
8725,3
8726,7
Moyenne. . . 8758,3
( 299 )
et par molécule en grammes
8758,3x8G= 7532i3"',8,
ce qui donnerait dans cette série d'alcools, pour chaque CH' de différence,
une diflérence de i5528i"',8 dans les chaleurs de comhustion. L'éthylvi-
nylcarhinol est isomérique avec l'aldéhyde valérique, que je compte étu-
dier sous peu.
» 3. Glycol projiylénique normal
CH'OH
I
I
CH'OH.
— Cette substance a été étudiée sur deux échantillons. La chaleur de com-
bustion, suivant l'équation
a H»0=' liq. + 80 gaz. = 3 CO^ gaz. + l^W O liq. ,
est, pour le premier échantillon (point d'ébullition, 2io°-2i3'') et pour i?"'
de substance,
5664T6,
56il,4;
pour le second échantillon, plus pur (point d'ébullition, 2i3°-2 14°) et éga-
lement pour 1^' de substance,
cal
5682,9,
5663,7.
C'est la moyenne de ces deux derniers nombres que je crois pouvoir
adopter pour cette chaleur de combustion, qui sera par gramme
56^3"', 3, et par molécule en grammes
5673, 3 X 76 = 431170'-"', 8.
» 4. Glycol isopropy Unique
CH'OH
I
CHOH
I
CH=.
— Isomérique avec le précédent. Point d'ébullition, i89°-i9i''. La chaleur
de combustion, suivant la même équation que précédemment, est, pour i^"",
cal
5764,2
5756,2
5699,7
Moyenne. . . 5-40,0
C. R., 1S80. 3" Semestre. (1. XCI, 1S° S.) 3()
( 3oo )
et par molécule en grammes
5740 X 76 = 436 240"', o,
nombre ne différant de celui trouvé pour le glycol isomère que d'un peu
plus de I pour 100 : différence insignifiante et pouvant être attribuée à ce
que les chaleurs totales de vaporisation de ces deux corps peuvent ne pas
être identiques. Elle est, du reste, telle, que l'étude de ces deux glycols ne
fait que confirmer les conclusions auxquelles m'a amené l'étude compa-
rative des alcools primaires, secondaires et tertiaires. Cette différence est,
par exemple, à peu près quatre fois moindre que celle que j'ai constatée
entre les chaleurs de combustion de l'alcool allylique et de l'acétone. Favre
etSilbermann ont trouvé, en comparant sous ce rapport les éthers et les
acides gras qui leur sont isomères, des différences allant jusqu'à 16 pour
100 pour les homologues inférieurs et diminuant à mesure qu'on s'élève
dans la série.
» La comparaison des chaleurs de combustion de l'alcool allylique et
de l'acétone montre que la réserve d'énergie est plus grande dans le pre-
mier corps , ce qui semble répondre à son aptitude à éprouver des réactions
plus variées. La transformation de l'alcool en acétone serait accomplie
avec dégagement de chaleur.
» On trouve une assez grande concordance en comparant les chaleurs
de combustion des glycols éthylénique et propylénique à celle des alcools
correspondants. En effet, la chaleur de combustion est la suivante :
cal
Alcool ordinaire 33o464
Glycol éthylénique 288293
Différence... . 47' y'
Alcool propylique normal . i . . 4^03 1 3
Glycol propylénique normal 43' 171
Différence 49 '4^
M Dans la série propylénique, les différences entre les chaleurs de com-
bustion sont plus grandes entre l'alcool et le glycol qu'entre ce dernier et
la glycérine :
Première différence 49'4^
Seconde différence 386 16
( ^i- )
PATHOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — Identité de la septicémie expérimentale aiijuë
et du choléra des poules. Note de M. II. Toussaint, présentée par
M. Bouley.
« Lorsqu'on étudie le choléra des poules et la septicémie aiguc, on est vite
frappé de l'analogie qui existe entre ces deux maladies : deux animaux de
même espèce, inoculés avec le sang de l'une et l'autre maladie, et de la
même manière, présentent des symptômes identiques, meurent dans un
même temps et montrent des lésions exactement semblables; le parasite
est le même.
» Pour bien établir ce rapprochement, j'ai institué des séries d'expé-
riences parallèles : avec le sang provenant d'animaux morts du choléra,
et avec des matières animales plus ou moins putréfiées.
» Depuis les expériences de MM. Coze et Fellz en 1866, Davaine, Vul-
pian, Bouley, etc. en 1872 et 1873, les discussions que soulevèrent les faits
de septicémie à l'Académie de Médecine et les travaux de savants allemands,
il est démontré que certaines matières animales en voie de putréfaction,
injectées ou inoculées sous la peau du lapin et de quelques autres animaux,
amènent après quelques inoculations la production d'une maladie très
rapidement mortelle, inoculable avec des dilutions presque infinitésimales,
et qui se reproduit indéfiniment sous cet étal.
M La présence d'un parasite dans la septicémie qui présente ce caractère
a été soutenue, puis niée; on a parlé de bactéries, de vibrions de différentes
formes, de produits de putréfaction. Je puis dire, après plusieurs séries
d'expériences comprenant plus de deux cent cinquante cas, que, dans la
maladie à forme rapide qui tue le lapin ei] dix à vingt heures et qui s'ino-
cule si facilement aux oiseaux, existe un microbe de forme et de propriétés
bien déterminées, dont l'action est toujours identique, qui est celui que
M. Pasteur a si parfaitement étudié et dont j'ai déjà démontré l'existence
dans la maladie qu'on désigne sous le nom de choléra des poules.
» Le choléra des poules n'est donc autre chose que la septicémie aiguë,
contractée spontanément par ces oiseaux dans les lieux qu'ils habitent, et
il est nécessaire, pour que le choléra existe, qu'il y ait à leur portée des
matières en putréfaction.
» Je suis autorisé à affirmer l'existence de ces matières putréfiées et leur
introduction par le tube digestif. J'ai reproduit exactement les lésions du
( 3o. )
choléra el de la septicémie par l'ingestion de sang ou de matières prove-
nant de septicémiqiies, et j'ai pu les comparer à ces maladies à l'état spon-
tané. Dans l'un et l'autre cas, tous les ganglions lymphatiques de la tète
et du cou sont tuméfiés, durs, marqués de taches sanguines, et l'examen
microscopique décèle entre leurs éléments, et surtout dans les follicules, le
parasite en quantité prodigieuse, en même temps que des hémorrhagies
abondantes siégeant surtout à la périphérie du ganglion. Les deux chaînes
ganglionnaires cervicales des oiseaux morts du choléra spontané sont sur-
tout remarquables par le volume, la coloration et les ecchymoses de ces
organes; de même chez le lapin pour les ganglions sous-maxillaires et pré-
scapulaires.
» Je rappellerai que, le 8 juillet 1878, j'avais l'honneur de communiquer
à l'Académie une Note sur une maladie causée par un vibrion aérobie que
je rapprochais de faits de MM. Leplat et Jaillard et de l'affection que
M. Davaine a appelée maladie de la vache, mais que je reconnais avec lui
être de la septicémie. Le sang qui avait servi à la première inoculation pro-
venait d'un cheval mort avec tous les symptômes du charbon, maisje recon-
nus aussitôt qu'il ne pouvait être question de cette maladie, car les bacté-
ridies faisaient absolument défaut. Le cheval était mort de septicémie.
» A la même époque, un cheval mourait de la {;/j/i05e à l'Ecole de Toulouse.
Une goutte de son sang tuait un lapin en douze heures, avec les mêmes lé-
sions que le précédent.
» Dans une troisième série, la matière infectieuse provenait du foie pu-
tréfié dans la cavité abdominale d'un cheval mort vingt heures après un
grand traumatisme. La première inoculation tua un lapin en neuf heures. Le
sang du lapin fit mourir des pigeons dans le même espace de temps, et je
constatai nettement ici les caractères du choléra, car à cette époque
(29 septembre 1879) je les avais étudiés très exactement.
\> D'autres cas encore se sont présentés. Un vétérinaire des environs de
Toulouse m'envoie du sang de moutons morts du cbarbon. Ce sang a subi
un commencementde putréfaction ; inoculé au lapin, il le tue, et l'on trouve
dans le sang un mélange de bactéridies et de granulations. A la deuxième
ou à la troisièmeiuoculation, les bactéridies disparaissent; le microbe, plus
actif et plus rapide dans son action que le parasite du charbon, persiste
seul et tue les poules avec toutes les lésions du choléra.
» Je conserve des premières et deuxièmes cultiues du sang des animaux
où les deux parasites sont mélangés. En les inoculant aux moutons, aux
chiens ou aux cobayes, ces animaux meurent constamment du charbon,
( 3o3 )
et le nombre des bactéridies reste considérable dans le sang ; mais, si l'on
inocule des lapins, le microbe de la septicémie a bientôt éliminé la
bactéridie.
» Dans toutes les séries d'expériences, un certain nombre d'animaux,
lapins ou poules, sont morts saiiS avoir été inoculés; ils présentaient des
lésions semblables^ à celles de la mort par ingestion, on, si l'on veut, de l'i-
noculaiion à la bouche.
» Les phénomènes que l'on provoque par l'inoculation aux animaux
qui résistent sont aussi exactement identiques avec l'un et l'autre sang. Je
rappelais plus haut le cas du cobaye. Injeclé sous la peau du cheval, de
l'âne, du chien, du mouton, le sang septicémique ou celui du choléra
provoque la formation d'une tumeur œdémateuse qui se résout en un
abcès et qui est accompagnée de phénomènes généraux très graves, sans
que cependant le sang possède de propriétés contagieuses. Cette faculté est
réservée à la sérosité de l'œdème, et plus tard au pusdel'abcès, qui la con-
serve même après le retour des animaux à l'état normal.
» On observe aussi que, si l'on fait sur le même animal réfractaire des
injections successives sous-cutanées, la fièvre et les phénomènes locaux
s'amendent de plus en plus à chaque inoculation, et bientôt elles ne
donnent plus qu'une simple papule ou se comportent comme des pipùres
ordinaires. »
M. TocssAiNT, en adressant la Note qui précède, demande l'ouverture
d'un pli cacheté qui a été déposé par lui le 12 juillet 1880.
Ce pli, ouvert en séance par M. le Secrétaire perpétuel, contient la Note
suivante :
Procédé pour la vaccination du mouton et du jeune chien,
a J'ai tout (l'abord employé la filtration du sang charbonneux provenant du chien, du
mouton ou du lajiin. Pour cela, je recueillais le sang d'un animal inoculé au moment où
il allait mourir ou immédiatement après la mort. Ce sang était ensuite défibriné par le bat-
tage, passé sur un linge et filtré sur dix ou douze feuilles de papier. C'est avec ce procédé
qu'ont été vaccinés trois chiens de trois mois et la première brebis. Mais c'est un moyen dan-
gereux et nullement pratique, car souvent les filtres laissent passer des bactéridies que le
microscope reconnaît difficilement, paice qu'elles sont très rares, et l'on tue les animaux
que l'on voulait préserver.
» En face de ces accidents, et ne pouvant me procurer de filtre donnant la matière fil-
trée en quantité suffisante, j'ai eu recours à la chaleur pour tuer les bactéridies et j'ai
porté le sang défibriné à 55° pendant dix minutes. Le résultat a été complet. Cinq mou-
( So/-, )
tons, inoculés avec 3'' de ce sang, ont été inoculés depuis avec du sang charbonneux
très aclif et ne s'en sont nullement ressentis.
» Mais cependant il est nécessaire, pour assurer l'innocuité complète, de faire plusieurs
inoculations. Ainsi, après la première inoculation préventive, j'ai inséré, sous la peau des
oreilles de deux moutons, du sang charbonneux de lapin et des spores de culture. L'un
d'eux mourut avec une immense quantité de bactéridies dans le sang. J'inoculai alors de
nouveau les quatre moutons restants avec le sang même du mouton mort, après l'avoir
porté à 55°, et, depuis cette époque, chaque mouton a élé inoculé deux fois avec du sang
charbonneux sans en ressentir le moindre mal.
» Non seulement les animaux sont réfractaires au charbon, mais les inoculations les plus
chargées de bactéridies ne produisent aucun effet local injlammatoire ; les plaies se cica-
trisent comme des plaies simples, ce qui me porte à penser que l'obstacle au développement
du charbon n'est ])as seulement dans les ganglions, mais aussi dans le sang ou la lymphe,
dans les liquides de l'économie, qui sont devenus impropres à nourrir le parasite.
» Les moyens pratiques qui pourront servir à inoculer tous les animaux d'un troupeau
vont être recherchés immédiatement. J'espère que les difficultés seront faciles à surmonter
et que, d'ici à peu de temps, je pourrai rendre publique la méthode renfermée dans cette
Note. .
ZOOTECHNIE. — Formation de races iwuvelles. Reclierclies d'os[éologie comparée,
sur une race de Bœufs domestiques obseivée en Sënégambie. Note de
M. A. -T. DE RocHEBRUKE, présentée par M. de Qiiatiefages.
« Les naturalistes et les voyageurs de toutes les époques, poiu' des rai-
sons qui nous échappent, ont gardé le silence le plus absolu sur une race
de Bœufs domestiques propre à la Sénégambie, dont l'étude présente un
intérêt particulier.
» Appartenant, comme la plupart de ses congénères africaines, au groupe
des Zébus de grande taille {Bos indiens Aucl.)^ elle paraît être originaire des
hauts plateaux du Fonta-Djalion, d'oii les Pouls, peuples pasteurs, l'ont dis-
persée, dans un but commercial, sur tout le littoral cotnpris entre le cap Blanc
et la pointe de Joall, les deux rives du Sénégal et la presque totalité du
Cayor; sur cette vaste étendue de territoire, les Nègres et les Maures de la
côte l'etnploient, sous la dénomination de Bœufs porteurs, au transport des
gommes et des produits du pays.
» Un caractère éminemment exceptionnel la distingue des autres races:
ce caractère consiste dans la présence sur la région nasale d'une véritable
corne, identique aux cornes frontales par sa nature même et son mode de
développement. Propre aux femelles tout aussi bien qu'aux mâles, cette
( 3o5 )
corne, parfois conique, pins fréquemment développée en forme He pyramide
quadrangnlaire tronquée, atteint une hauteur moyenne de o^jOÔo à o^jC^S
sur o'", o55 de large et o™, odo d'épaisseur; ses faces sont sillonnées de côtes
et de dépressions perpendiculaires, des stries d'accroissement horizontale-
ment stratifiées régnent de la base au sommet ; les os propres du nez sur les-
quels elle repose, plus courts que dans les Zébus en général, ne s'articulent
pas directement avec les frontaux ; ils en sont séparés par un wormien tra-
pézoïdal, dont la base s'unit avec eux par une suture droite et horizontale.
A partir de ce point, ils s'élèvent obliquement et forment une protubé-
rance haute et allongée; il est facile de voir qu'un travail physiologique
spécial s'est établi dans cette région; sous l'influence du rôle que les sus-
nasaux étaient appelés à remplir, leur tissu, ordinairement compacte, est
devenu le siège d'une vascularisation des plus accusées, et l'hypergénèse de
leurs éléments constitutifs a provoqué l'ostéoporose fonctionnelle, dont
l'aspect caverneux peut être comparé à celui des noyaux osseux des cornes
frontales.
» Ce phénomène, que l'examen d'un seul individu tendrait à faire con-
sidérer comme simplement tératologique, acquiert une valeur réelle lors-
qu'on étudie un grand nombre de sujets. En effet, sur un troupeau de cent
têtes par exemple, on rencontrera toujours cinquante-cinq à soixante
individus porteurs d'une corne nasale parfaitement définie; les quaranle-
cinq ou cinquante autres n'en auront pas, mais tous invariablement montre-
ront un gonflement de la région nasale, recouvert d'une lame cornée mince
et rugueuse. Il devient dès lors manifeste que l'on est en présence d'un
caractère héréditairement transmis par suite de générations successives et
consécutif d'une race depuis longtemps fixée.
» Indépendamment de ce caractère, l'ensemble du squelette différencie
la race sénégambienne des races de Zébus de Madagascar et de l'Inde aux-
quelles nous l'avons comparée. La tête, osseuse, plus allongée dans sou dia-
mètre antéro-postérieur, moins trapue, a la ligne frontale rectiligne, for-
mant un angle droit avec le plan perpendiculaire de l'occipital; la face, au
contraire, est remarquable par sa brièveté relative et le développement plus
considérable de la portion médiane des maxillaires supérieurs. Les incisifs,
courts, onduleux, offrent en outre une particularité que ne possède aucune
espèce de l'ordre des Ruminants : c'est la présence, à lapartie externe, d'un
large trou que l'on pourrait appeler incisif, auquel succède une gouttière pro-
fonde, très probablement destinés l'un et l'autre à loger une branche anasto-
motiquedu trijumeau et de l'artère palatine, disposition en ce cas spéciale,
( 3o6 )
et que nous ne serions pas éloigné de considérer, avec M. le D"' Goubeau,
directeur de l'École vétérinaire d'Alfort, comme ayant un lien deconnexité
avec l'ostéoporose fonctionnelle des os propres du nez. Le développement
d'un épiai sur les apophyses épineuses des vertèbres dorsales, caractéris-
tique du Bos concavifions (Hogdes)et que l'illustre E. Geoffroy Saint-Hilaire
a su découvrir dans la série mammalogique, mais plus particulièrement
dans le genre Bœuf, se montre exceptionnellement considérable chez le
Zébu sénégambien.
» Les limites de ce rapide exposé ne nous permettent pas de développer
les considérations auxquelles nous ont conduit ces caractères différentiels;
nous ne pouvons non plus discuter les causes que l'on pourrait invoquer
en faveur de l'origine probable de cette race remarquable : qu'il nous suffise
dédire qu'elle ne constitue point une exception dans l'ordre des Ruminants,
car la corne nasale du Zébu sénégambien présente une frappante analogie
avec celle d'un genre également africain, la Girafe; appelons également
l'attention sur les résultats qu'une sélection artificielle méthodiquement
dirigée pourrait amener, et, laissant de côté les hypothèses auxquelles a
donné lieu un animal problématique, disons, avec notre savant maître, M. le
professeur de Quatrcfages, que le genre Bœuf seul, peut-être, donnera un
jour la solution d'une énigme que les observateurs n'ont pas encore pu
trouver. »
PHYSIOLOGIE COMPARÉE. — Sur l'aclion des poisons chez les Céphalopodes.
Note de M. E. Yiîng, présentée par M. de Lacaze-Dutliiers.
« Les phénomènes toxiques que je vais décrire sont identiques chez
tous les Dibranchiaux que j'ai examinés. Les différences dans la résistance
à un même poison ne sont que faibles d'une espèce à l'autre.
» Curare. — Administré sous la peau, il demeure sans action. Sur les
branchies, il en faut une dose quinze fois plus forte que la dose capable
de tuer un lapin, pour conduire à une paralysie générale, qui, toutefois,
ne va pas jusqu'à amener la mort de l'animal. Deux on trois gouttes suf-
fisent, au contraire, lorsqu'elles sont injectées dans l'artère céphalique,
pour paralyser presque instantanément les muscles du manteau, puis
ceux des bras. Dans cet état, l'animal paraît mort; les cœurs continuent
cependant encore à battre, et le jeu des chromatophores demeure intact.
» Strychnine. — L'action de ce poison est extrêmement intense. ^ ^, ^ ,, „ dans
( 3o7 )
l'eau de mer suffit pour prorltiire l'intoxication. Le premier signe de l'em-
poisonnement consiste dans )e relâchement des muscles des chromato-
phores et la fermeture de ces derniers. L'animal pâlit entièrement. Les
mouvements respiratoires deviennent plus pnissanis, et, à la suite d'une
notable augmentation dans leur nombre, ils tombent rapidement à quatre
ou cinq par minute (la moyenne normale est de vingt-huit à la minute); puis,
le tétanos survient, après un temps qui varie selon la dose du poison. Les
bras se roidissent, s'étalent en éventail; le corps tout entier entre en con-
vulsions; les mouvements respiratoires se font par saccades. L'animal vide
sa poche du noir, et au bout de quelques minutes il paraît mort, dans un
état de grande rigidité mnsculaire. Si on l'ouvre à ce moment, on trouve
que les cœurs veinenx battent encore.
B Nicotine. — Ce poison est encore plus actif que le précédent. Il en
suffit de gQQQp, et même moins encore, pour provoquer les phénomènes
toxiques qui lui sont propres. Contrairement à ce qui a lieu avec la strych-
nine, la nicotine produit d'abord une contraction des muscles des chro-
matophores; ceux-ci se dilatent, et l'animal prend une coloration très
foncée ('). Les mouvements respiratoires s'accélèrent (jusqu'à un par
seconde) pendant une minute à peine, puis cessent complètement. Le
manteau devient flasque. Les actions volontaires sont abolies, tandis
que, si la dose est faible, les réflexes continuent longtemps. Il y a des
mouvements convulsifs dans tout le corps, et particulièrement dans les
bras, mais non un véritable tétanos. Les cœurs sont arrêtés en systole.
» L'action de l'atropine est assez complexe. Je ne puis penser à la décrire
ici. Je dirai seulement que les Céphalopodes paraissent rebelles à l'action
de ce poison et qu'il en faut une dose considérable pour qu'il manifeste
son effet, qui consiste principalement dans l'abaissement lent, maiscontinu,
des mouvements du cœur et de ceux de la respiration.
» La veratrine, au contraire, agit à la dose de yû^^. Irritation exces-
sive, manifestations de grande douleur, puis diminution irrégulière des
mouvements respiratoires. Les actions volontaires sont abolies; l'animal se
meut encore, mais sans régularité (à la manière d'un poulpe privé de
cerveau). Après dix minutes, les actions mécaniques ne provoquent plus
l'acte réflexe; ceux-ci ne se réveillent qu'à la suite d'une forte excitation
électrique. Les cœurs sont arrêtés en systole.
(') Il suffit d'insufQer, sur un point quelconque de la peau du manteau, de la fumée de
tabac, pour amener immédiatement une coloration locale intense.
C. R., iS8o, 2" Semestre. (T. XCI, N" o.) /|0
( 3o8 )
» La miiscnrine agit sur les chromatophores comme la nicotine, quoiqu'à
un moindre degré. En outre, elle se comporte, au plus haut point, comme
poison du cœur. Si la dose est faible , les cœurs veineux et artériel subissent
toujours une accélération avant d'entrer dans la période de ralentissement ;
mais, si l'on injecte directement le poison dans le cœur veineux, la paralysie
est instantanée. Pour produire le même effet en injectant dans l'aorte cépha-
lique, il faut une plus forte dose. Quant à son action sur les glandes, la
fréquence et l'abondance du jet du noir semblent indiquer une augmen-
tation de la sécrétion; mais il est assez difficile de la mettre nettement en
évidence.
» De même que pour le curare, l'absorption de Vupas anliar est si lente
par les branchies, qu'il faut recourir à l'injection dans l'aorte céphaliqne.
Dans ces conditions, une ou deux gouttes suffisent pour jeter l'animal
dans de violents mouvements convulsifs. L'action se concentre surtout sur
les mouvements cardiaques, qid deviennent très irrégaliers; les cœurs
veineux éprouvent des soubresauts, un temps d'accélération auquel suc-
cède l'arrêt en systole. »
MÉTÉOROLOGIE. — Sur l'orage à grêle qui a éclaté à Paris le 3o juillet 1880.
Note de M. E. Ferrière.
• « Vendredi, 3o juillet, l'orage a éclaté, faubourg Saint-Honoré, quelques minutes après
5'' du soir. Jusqu'à 5'' 20™, la grêle et la jiluie sont tombées avec violence; à partir de
5''2o"', les torrents d'eau ne contenaient plus de gréions.
■> 1° A 5'', mon therniome'trographe, exposé au nord, marquait 22°, 5. A 5' 20", il ne mar-
quait plus que i3'',o; soit un abaissement de 9° en vingt minutes. A partir de 5'' 20"",
la température s'est relevée : elle était de 16" quand la crise a pris fin.
). 2° De 5^ à S* 20"", les girouettes ont pris et gardé la direction nord, en oscillant, par
suite des réflexions du vent contre les parois voisines. A 5'' 20'", elles ont viré au nord-ouest.
Or, la trajectoire de l'orage était du sud-ouest au nord -est.
» Cette corrélation, entre la chute de la grêle, l'abaissement de la température et la direction
prise par les girouettes durant cette première phase de la tempête, m'a semblé digne d'éire
notée, soit au point de vue thermique, soit au point de vue de la théorie gyratoire des
ouragans. »
M. H. Pellet adresse une Note sur le dosage du sucre cristallisable, en
présence du glucose et de la dextrine.
Il Le principe de ce procédé est le suivant. L'acide acétique, en quantité
( 3c9 )
suffisante, peut toujours, après un certain temps, transformer complètement
le sucre cristallisable en sucre interverti, sans attaquer la dextrine ni les
autres produits pouvant donner du glucose sous l'action des acides miné-
raux étudiés — »
La séance est levée à 4 heures et demie. J. B.
BCI>LETI\ BIBLIOGRAPHIQUE.
OUVEAGES REÇDS DANS LA SÉANCE DO 2 AOUT l88o.
Annales des Ponts et Chaussées. Mémoires et documents. 1880, juillet.
Paris, Dunod, 1880; in-8°.
Mémoires couronnés et autres Mémoires publiés par l'Académie royale de
Médecine de Belgique; collection in-8°, t. VI, i" fascicule. Bruxelles,
H. Manceaux, 1880; in-8°.
Philtres, charmes, poisons. Antiquité, moyen â(je, renaissance, temps mo-
dernes; par M. E. Gilbert. Paris, impr. Renou, Maulde et Cock, 1880;
in-S". (Renvoi au Concours Barbier, 1881.)
Etudes nouvelles sur les jus et les pulpes de diffusion, etc.; par H. Pellet.
Paris, bureaux du Journal des fabricants de sucre, 1880; in-8°.
La Géographie et la Politique. Applications de la Géographie à l'étude de
l'Histoire et de la Politique; parM. L.Drapeyron. Paris, Ch. Del a grave, 1880;
br. in-8°.
Étude sur la colonisation de l'Algérie et en particulier sur le département de
Constantine;parE. Ott. Paris, P. Dupont, 1880; in-8°. (Deux exemplaires.)
E. Ott. De la vigne en Algérie en général et dans le département de Con-
stantine en particulier. Paris, P. Dupont, 1880; opuscule in-8°. (Deux exem-
plaires.)
La télescopie électrique basée sur l'emploi du sélénium; par A. de Paiva.
Porto, typogr. de Ant. José da Silva, 1880; br. in-8°.
Le mercure dans l'eau minérale de Saint-Nectaire, Mémoire par M. le D'
F. Garrigou. Paris, impr. F. Malteste, 1880; in-4°.
Ministère de l'Intérieur. Commission de la Cai te géologique de la Belgique.
( 3io )
Texte explicatif du levé géologique de la planchette de Boom; par M. le baron
O. vanErtborn, avec la collaboration deM. P. Cogels. Bruxelles, F, Hayez,
1880; in-8°, avec une Carte.
5. Tommaso d'Aquino, Leone XIII e la Scienza. Riflessioni del sac. A. Fisi-
CHELLA. Catania, tipogr. G. Pastore, 1880; 10-8°.
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SEANCE DU LUNDI 9 AOUT 1880.
PRÉSIDENCE DE M. WURTZ.
MÉMOIRES ET COMMUIMCATIOIVS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
ZOOLOGIE. — Compte rendu sommaire d'une exploration zoolocjique faite dans
le golfe de Gascogne à bord du navire de l'Etat le Travailleur ; par M. Alph.
MiLXE Edwards.
« Je puis dès aujourd'hui donner à l'Académie quelques détails sur
l'exploration zoologique qui vient d'être faite, à bord du navire de l'État
le Travailleur, dans le golfe de Gascogne, depuis la fosse du cap Breton
jusqu'au cap Pénas, sur la côte septentrionale de l'Espagne. Depuis plu-
sieurs années, l'intérêt des naturalistes a été vivement excité par l'élude
de la faune des grandes profondeurs de la mer; mais ces recherches
n'avaient pas été encouragées en France. Au contraire, en Scandinavie,
en Angleterre et en Amérique, des expéditions importantes étaient orga-
nisées. Les mers du Nord devenaient l'objet d'études suivies de la part
des zoologistes norvégiens et suédois. Les navires anglais le Lightnincj, le
Porcupine eX le Faloious exploraient une partie des mers de l'Europe; le
Challenger accomplissait son voyage de circumnavigation; le Hassler^ de
C. R., 1880, j< Semestre. (T. XCI, N«C.) 4 '
( 3i2 )
la marine des États-Unis, contournait l'Amérique, et le Blake fouillait
la nier des Antilles et la région du Gulf-Stream.
» A ce point de vue, nos côtes occidentales restaient presque inex-
plorées. Cependant les recherches personnelles, entreprises depuis 1869,
mais avec des moyens d'action trop limités, dans la fosse du cap Breton,
par un naturaliste dévoué à la Science, M. de Folin, avaient montré que
le golfe de Gascogne fotu-nirait une ample récolte aux zoologistes qui
pourraient y faire des dragages profonds. Il y avait là une vaste région
presque entièrement inexplorée, car, dans ses croisières de 1870, le Porc-
Epic s'était tenu fort éloigné des côtes de France, et, dans cette région, il
n'avait pas dépassé le 1 2^ degré de longitude ouest. Cette année, grâce à l'aide
que nous ont donnée la marine de l'État et l'Administration supérieure de
l'Instruction publique, nous avons eu les moyens de commencer une série
de recherches dans le golfe de Gascogne, et je puis dire que les résultats
obtenus ont dépassé nos espérances.
» Par un arrêté en date du 23 juin dernier, M. le Ministre de l'Instruc-
tion publique a formé à cet effet une Commission spéciale. M. H. Milne
Edwards, comme président, a été chargé de l'organisation de l'expédition.
Les autres membres qui devaient prendre la mer étaient: M. de Folin;
M. L. Vaillant, professeur au Muséum d'Histoire naturelle; M. Marion,
professeur à la Faculté des Sciences de Marseille; M. P. Fischer, aide-
naturaliste au Muséum; M. Périer, professeur à l'École de Médecine et de
Pharmacie de Bordeaux; enfin, l'auteur de ce compte rendu. Deux natu-
ralistes anglais, M. Gwyn Jeffreys, de la Société royale de Londres, et
M. A. Merle Norman avaient été invités à assister à nos opérations en mer.
M. le Ministre de la Marine a bien voulu affecter à cette campagne un
aviso de l'État, le Travailleur, stationnaire du port de Rochefort, et M. le
vice -amiral de Jonquières, préfet maritime, a mis, avec la plus grande
libéralité, toutes les ressources que présentait l'arsenal à la disposition de
la Commission et du commandant du bâtiment, M. E. Richard, lieutenant
de vaisseau. Le Travailleur esl un navire à roues, pourvu d'une machine
de i5o chevaux, très stable à la mer et jaugeant près de 1000 tonneaux.
La Commission ne saurait trop remercier M. Richard du zèle qu'il a montré
pour nous aider dans nos recherches, et nous nous empressons de déclarer
que le succès de nos opérations a été dû en grande parlie à l'excellente
organisation que nous avons trouvée à bord du Travailleur et à l'ardeur
scientifique qui animait tous les officiers, MM. Mahieux, Jacquet, Ville-
gente et Bourget.
( 3i3)
» Des dragues de différentes grandeurs et de différents modèles avaient
été construites en vue de la nature des fonds que l'on pourrait rencontrer.
12000™ de cordage de chanvre étaient destinés à remonter les dragues;
aSooo"* de lignes de sonde avaient aussi été préparés. Les appareils de
sondage, construits dans l'arsenal, sur un modèle un peu différent de celui
dont avait fait usage le vaisseau anglais l'Hydre^ étaient disposés de
manière à rapporter des échantillons du fond qu'ils avaient touché et à se
débarrasser en même temps du poids qui les avait entraînés. Il est très im-
portant de pouvoir faire un sondage avec rapidité et précision, car cette
opération doit toujours précéder celle du dragage, et elle doit aussi être
répétée pendant que la drague est immei'gée, car on ne pourrait, sans
cela, se rendre compte des différences de niveau qui peuvent se présenter,
même sur un espace restreint. Ces sondages ont été beaucoup aidés par
l'emploi d'un appareil construit spécialement à cet effet dans le port de
Rochefort et d'après les procédés indiqués par sir William Thomson. Il
consiste en un tambour sur lequel sont enroulés plusieurs milliers de
mètres d'un fil d'acier de faible diamètre, mais très solide et employé d'or-
dinaire comme corde de piano. Ce fil, ne présentant que peu de résistance
à l'eau, se déroule verticalement et avec rapidité quand il est suffisamment
chargé •, il n'est pas entraîné par les courants : aussi donne-t-il avec une
précision extrême les indications bathymétriques. Un frein réglait la vitesse
de rotation du tambour et un compteur enregistrait chacun de ses tours,
permettant à tout instant de connaître la longueur du fil immergé. En
quelques minutes la sonde atteignait ainsi des fonds de près de 3ooo™. Cet
appareil nous a rendu les plus grands services, et il a facilité un travail qui,
sans lui, aurait présenté des difficultés sérieuses. Une machine auxiliaire de
la force de 16 chevaux, et fjjisant mouvoir plusieurs tambours, avait été
installée sur le pont pour relever les dragues et les lignes de sonde. Je
n'insisterai d'ailleurs pas davantage sur la disposition de ces appareils,
car M. le commandant Richard, qui en a combiné l'arrangement, les fera
probablement connaître plus en détail.
» Les grands fonds du golfe de Gascogne sont couverts d'une épaisse
couche d'un limon vaseux et d'un gris verdàtre, rappelant, quand il est
desséché, les assises jurassiques des Vaches-Noires. Ce limon, très plas-
tique, remplissait rapidement nos dragues sans s'y tamiser, et, si nous nous
étions bornés à l'usage de ces engins, nos récoltes auraient été peu fruc-
tueuses; mais nous avons eu soin d'employer aussi de grandes vergues,
alourdies par des poids et auxquelles on suspendait des houppes de chanvre,
( 3i/, )
des fauberts, des filets et même des paquets de brindilles. Ces différents
objets balayaient le fond, les animaux y restaient accrochés, et souvent
nous avons ainsi ramené des espèces d'assez grande taille et d'une grande
fragilité. Les grands filets connus des pêcheurs sous le nom de chaluts
nous ont été fort utiles et sans leur emploi nous n'aurions pu nous pro-
curer plusieurs espèces remarquables. Un soir le chalut avait été traîné à
une profondeur de près de 600" et on le retirait vers minuit : il avait ra-
mené de grands Gorgoniens du genre Isis, appartenant probablement à
une espèce nouvelle. Ces Isis nous ont offert un spectacle merveilleux :
toute la partie du sarcosome située entre les zooïcies émettait une lumière
phosphorescente verte d'une telle intensité, que, lorsque l'on agitait ces
animaux, ils semblaient produire une pluie de feu; au milieu d'une
nuit des plus obscures, il nous a été possible de lire ainsi des caractères
très fins.
» Pendant toute notre campagne le temps a été assez beau pour nous
permettre d'utiliser tous nos instants, et, dans le cours de la seconde quin-
zaine de juillet, nous avons dragué à vingt-quatre reprises différentes; sou-
vent nous descendions deux dragues à la fois, l'une à l'arrière et l'autre par
le côté du navire. La plus grande profondeur atteinte a été de plus de
2700"" et la moindre a dépassé Sûo"". Nous avons pu réunir ainsi une collec-
tion très importante, comprenant non seulement la plupart des espèces dé-
crites par les naturalistes anglais et Scandinaves, et que nos musées ne pos-
sédaient pas, mais aussi beaucoup d'animaux qui n'étaient pas connus.
» Pour l'utilisation de ces richesses, les différents membres de la Com-
mission se sont partagé le travail: M. L. Vaillant s'est chargé de l'étude
des Poissons, des Némertiens et des Spongiaires; M. P. Fischer, de celle des
Mollusques; M. Marion a porté spécialement son attention sur les Anné-
lides, les Écliinodermes et les autres Zoophytes; M. de Folin doit examiner
les Foraminiferes ; je me suis chargé des recherches relatives aux Crustacés;
M. Périer a fait les observations thermométriques, et il doit analyser les
échantillons des fonds qui ont été rapportés soit par les sondes, soit par les
dragues. Chacun va maintenant étudier en détail les animaux qui lui ont
été confiés, et, quand le travail sera terminé, je m'empresserai d'en faire
connaître lesrésullatsà l'Académie. Les détails préliminaires, que j'exposerai
dans une prochaine Noie, sont donc l'œuvre de cliaciin des naturalistes
dont je viens do citer les noms. »
( 3.5 )
PATHOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — Expériences tendant à démontrer que les
poules vaicinéts pour le cliolcra sont réfrnctaires au charbon. Lettre de
M. Pasteur à M. Dumas.
" Arbois, ce G août i8So.
» Vous connaissez l'explicalion que j'ai proposée de la non-récidive de
la maladie du clioléra des poules. J'ai envisagé l'organisme comme un
milieu de culture qui, par une première atteinte du mal, perdrait, sous
l'influence de la culture du parasite, des principes que la vie n'y ramè-
nerait pas ou n'y ramènerait qu'après un certain temps. Bonne ou mau-
vaise, cette explication satisfait l'esprit présentement, parce qu'elle rend
compte des premiers faits acquis. Tant qu'on lui trouvera cette vertu, il
sera sage de chercher des vérifications expérimentales aux déductions
qu'elle suggère.
» Dans ma première Note du mois de février dernier, je disais que
cette explication devait paraître d'autant plus admissible que, si, après
quelques jours d'ensemencement du microbe du choléra dans un de ses
milieux de culture, on vient à filtrer ce milieu et qu'on le réensemence
parce même microbe, la nouvelle semence se montre absolument stérile,
quoique, ajoulais-je, cette stérilité ne soit pas propre à tous les organismes
microscopiques, notamment à la bactéridie charbonneuse. Ce dernier fait
me portait à conclure qu'on devrait pouvoir donner le charbon à des
poules vaccinées pour le clioléra des poules.
» De nombreuses expériences m'ont démontré que ces cultures de la
bactéridie dans un milieu épuisé par le microbe du choléra, quoique
réelles, sont relardées, peu abondantes, fort pénibles.
» Contrairement aux prévisions que je viens de rappeler, il se pourrait
donc que les poules vaccinées pour le choléra fussent réfractaires au char-
bon. Ce serait r immunité charbonneuse créée sur un animal au moyen d'une
maladie parasitaire de tout autre nature. Tel est précisément le résultat inat-
tendu que j'ai obtenu dans quelques expériences, encore trop peu nom-
breuses pour que je puisse donner le fait comme établi sûrement, mais
assez intéressantes pour mériter d'être communiquées à l'Académie.
a Si ce résultat se confirme, et principalement s'il se généralise pour
d'autres maladies virulentes, on pourra en espérer les conséquences théra-
peutiques les plus importantes, en ce qui concerne même la pathologie
des maladies vindentes propres à l'espèce humaine. »
( 3.6)
MÉMOIRES LUS.
M. L. Pagel donne lecture d'une Note portant pour titre « Ouvrages
sur l'Astronomie nautique ».
(Commissaires : MM. Paye, Villarceau, Mouchez.)
M. Ch. Pigeon donne lecture d'une Note portant pour titre « Rôle de
l'électricité dans l'organisme animal ».
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
M. A. Lebel, m. J. Bossert, M. Delmas-Combette, M. de la Nix adres-
sent diverses Communications relatives au Phylloxéra.
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
CORRESPONDANCE.
ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Résultats des observations de taches et facules
solaires, pendant les deux premiers trimestres de 1880; par le P. Tacchini.
« Le temps a été assez avorable : le nombre de jours d'observations
s'élève à cent tret\te-six, savoir soixante-dix dans les mois de janvier,
février, mars, et soixante-six en avril, mai et juin.
» L'accroissement progressif de l'activité solaire est très bien indiqué
par les nombres suivants :
Fréquence relative des taches. . .
Fréquence des jours sans taches ,
Grandeur relative des taches. . . .
Grandeur relative des facules
Janvier. Février Mars. Avril.
c),i3 7,38 5,46 10,32
0,17 0,1g o,i5 0,11
18,95 26,90 12,04 17,77
Mai. Juin.
9,66 14,57
0,08 0,04
35,89 53,93
29,56 26,66 6g, 65 3i,o5 48>i2 87,17
» La fréquence de jours sans taches a presque toujours diminué; c'est
l'indice que nous approchons rapidement de l'époque du maximum. Le
nombre des taches présente un minimum relatif dans le mois de mars.
(3i7)
» Les jours sans taches, pendant le semestre, se trouvent réunis en
cinq groupes, séparés par un intervalle moyen de vingt-neuf jours, c'esl-à-
dire qu'il y a eu un hémisphère solaire ou les taches se formaient avec
difficulté, et précisément l'hémisphère visible à la fin de décembre 1879,
qui se montre même alors dépourvu de taches pendant plusieurs jours.
Cette différence d'activité dans les deux hémisphères a disparu dans le
mois de juin, quoique un maximum des taches se soit produit peu après
la moitié du mois. Je dois même faire remarquer le nombre extraordinaire
des facules dans le mois de mars, tandis que celui des taches était un peu
faible. Dans une prochaine Note, je rendrai compte des observations des
protubérances et des éruptions solaires ('). »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur wie classe d' équations différentielles linéaires
du second ordre. Note de M. Brioschi.
0 La classe d'équations différentielles du second ordre que je vais con-
sidérer dans cette Communication comprend, entre autres, l'équation de
Lamé, celles de M. Hermite et de M. Gyldén, enfin celles que j'ai étudiées
dans deux articles publiés dans les Annali di Matematica (^).
» Soient/,, y 2 deux intégrales particulières de l'équation différentielle
en posant )-,j' ., = 2, on a
y\=\lze^ , y\ = '4ze ,
; dX.
» Soit o[x) = [\x^ — g^x — g^ et e une racine quelconque de l'équation
ç)(x) = o. Supposons
2 \ o
,- ..-^-^-
(') Au sujet des spectres fugitifs dont j'ai parlé dans ma Note précédente, j'ajouterai
que, les hirondelles [rondoni] ayant quitté définitivement la ville le i5 juillet, le phéno-
mène a immédiatement disparu : aujourd'hui, on ne voit de spectres fugitifs que très rare-
ment, au moment du passage d'un oiseau.
(') Hermite, Journal de Borckardt,Ed. 98, p. 18; Gyldén, Comptes rendus, février! 880;
Annali di Matematica, t. IX, X.
(3i8)
équations dans lesquelles p, a, ]3 sont trois indéterminées; et indiquons
par F {x) un polynôme du degré n :
r(x) = x" -+- ax"-' + bx"" -h.-.-h/c.
» On a trois cas à considérer :
» 1° Les valeurs de a, /3, z, Z{x) sont
« = — n(n + p + i), ^ = {in-hp — i)a — pne,
z=F{x), Z{x)= I -^
(x-.)=F(.r)v/ï(^)
Les coefficienls a, b, ... de F(j?) sont tous déterminés en fonction de n,
p et des racines de l'équation (:p[x)^o, sauf dans le cas où p = o, car dans
ce cas l'un de ces coefficients, par exemple a, reste indéterminé. C'est le
cas de l'équation de Lamé pour laquelle on a, comme il est connu,
==F(x), z(^)=r^
dx
vTI^
» On voit tout de suite que, en supposant p nombie entier, positif ou
négatif, pour p impair les intégrales/,, /o sont algébriques, pour p pair
elles sont elliptiques.
.) 2° On a
a = — \{2n~p + i){^7i + p + 3), ^=z iva — {{2n - p- + p)e,
z = {x-e) ' ¥{x), Z{x)
J [^-
dx
'F(^)\/ï(
Les coefficienls a,b^ ... sont tous déterminés et les intégrales/,, jo sont
algébriques pour luie valeur quelconque de p.
» 3° Dans le troisième cas,
a = -('î — /5 + ')("-*-2), ^j = [2n — p + i)a — {-2n — pn-p + i)e.
2 = (x-e)'-PF(x), Z[x):
f dx
J(.,:_^)'-iF(
^F(.r)v/^
Les coefficients rr, h,... sont tous déterminés, sauf que pour p = 2 l'un
( 3...) )
d'eux, par exemple «, reste indéterminé. Ainsi, si p = o., et par consé-
qnent
« = — (« — i)(« + 2), ^ = {in — i)(i + c,
/(-) = /,
les intégrales ^',, ^2 sont elliptiques et le coefficient |3 est indéterminé,
comme dans l'équation de Lamé.
» Dans ce troisième cas aussi, pour p impair, les intégrales sont algé-
briques; pour (5 pair, elliptiques.
» Quant à la valein- de la constante C, si l'on indique par w une racine
de l'équation F(jr) =o, on trouve, pour les trois cas.
C = ±[<^-ey F'(m)v'?v")»
C = ±[o^-ey F'(c.)v?(o.),
3° C = it(w-e) ^F'(u)v/9(co). I)
physique:. — Expériences sur la décharge dans (es gaz raréfiés.
Note de M. A. Richi.
« l. Si, pendant que l'on produit, avec la bobine de Rulimkorff, l'illu-
mination d'un tube de Crookes (par exemple de l'un de ceux dont l'élec-
trode négative est cylindrique ou sphérique), on approche du verre un
conducteur connnuniquanl avec l'électrode négative, et qu'en même temps,
avec un aimant, on oblige la décharge à s'infléchir vers le même côté du
tube, on voit une tache obscure se produire au milieu de la fluorescence
verte, là où le verre est chargé négativement. Il semble donc que le verre
devient lumineux au point où il agit comme électrode positive; cela résulte
également des deux expériences suivantes.
» 2. On isole, au moyen de longs fils de soie, un de ces tubes, et l'on ap-
proche de la paroi une boule communiquant avec le conducteur positif
d'une machine de Hollz. Les électrodes du tube répandent dans l'air de
l'électricité positive, et de la négative est répandue par une pointe appli-
quée au conducteur. La fluorescence verle apparaît sur la paroi élec-
trisée du tube, laquelle fonctionne comme électrode positive dans la
décharge intérieure.
(;. R., i88û, a- Semestre. {T. XCl, N°C.) 4^
( 320 )
» 3. J'ai approché la même boule, ou une pointe mélallique, de la paroi
d'un petit tube de Geissler cylindrique, contenant du sulfure de calcium
ou de strontium phosphorescent. La poudre devient fortement lumineuse
vis-à-vis de la boule si celle-ci est négative, et très faiblement si elle est
positive. Si, la boule étant négative, elle est placée près de l'extrémité du
tube, de manière qu'entre la boule et la poudre se trouve une des élec-
trodes, on voit nettement se projeter sur la poudre l'ombre de l'électrode.
On obtient donc, dans un tube de Geissler ordinaire, un des phénomènes
saisissants qui ont été décrits par M. Crookes.
» 4. La lumière pâle, azurée ou violette, qu'on voit remplir les tubes de
Crookes, est vivement influencée par la main ou par des conducteurs qu'on
approche du lube. J'ai fait communiquer les électrodes du tube avec les
conducteurs de la machine de Holtz (sans condensateurs), en ménageant
une interruption où éclatent des étincelles, et j'en ai approché tour à tour
des boules isolées, communiquant avec les deux électrodes. J'ai trouvé
toujours que la lumière due à la décharge est attirée par la boule positive
et repoussée par la boule négative, c'est-à-dire que la décharge agit
comme un corps électrisé négativement. J'ai observé ce phénomène, quoique
avec moins d'évidence, dans des tubes de Geissler, et particulièrement
dans de petits tubes contenant de l'azote ou de l'acide carbonique. D'ordi-
naire, la main repousse la décharge, peut-être parce qu'elle se charge sous
l'influence du tube (n° 5).
M 5. M. Crookes a montré que tout conducteur isolé, introduit dans un
de ses tubes, se charge positivement. L'expérience suivante peut expliquer
ce phénomène.
» Si, pendant que l'on fait passer le courant d'une machine de Holtz dans
un long tube de Crookes, on en approche à angle droit, par une de ses
électrodes, un petit tube de Geissler dont l'autre électrode est tenue à la
main, on voit dans ce dernier tube une décharge, dirigée du long tube à
la main. Si l'on réduit à zéro le potentiel du conducteur positif, le petit
tube devient obscur; si, au contraire, on touche le conducteur négatif,
le petit tube est traversé par la décharge. Il semble donc que le long tube
presque tout entier a un potentiel peu différent de celui de l'électrode posi-
tive, et que, près de l'électrode négative, il se produit une chute très
grande de potentiel. Il est donc probable que, pendant la décharge, l'élec-
trode négative s'échauffe beaucoup plus que l'électrode positive.
)) 6. Cela est démontré, selon moi, par l'expérience suivante. On envoie
la décharge induite d une bobine dans le radiomètre électriquej en le tenant
( 32. )
couché de manière que le moulinet ne puisse pas tourner. On interrompt
alors la décharge, et l'on redresse l'appareil jusqu'à sa position normale,
en ayant soin de ne pas faire tourner, par des secousses, le moulinet dans
le sens ordinaire, ou même en lui imprimant une rotation négative. Bientôt
on voit le moulinet se mettre à tourner presque avec la même vitesse, et
dans le même sens que si l'appareil était encore traversé par la décharge.
La cause qui fait tourner le moulinet est donc vraisemblablement la cha-
leur développée lorsque les ailettes fonctionnaient comme électrode néga-
tive.
» D'après cela, la cause des actions mécaniques propres à l'électrode
négative serait la même que dans Je radiomèlre, La force électrique de
l'électrode négative, sur les molécules qui s'en éloignent chargées négati-
vement, doit tendre à les diriger normalement à la surface de l'électrode
même. Lorsque ces molécules choquent le verre, elles s'y déchargent, et
le verre devient lumineux (n° 1). On voit souvent, en effet, des décharges
allant de l'électrode positive aux portions fluorescentes du verre. »
PHYSIQUE. — Sur quelques propriétés des flammes. Note de M. Neyreneuf.
« Une flamme produit sur le jet qui l'alimente deux effets contraires,
qui, en général, ne se compensent pas. Elle détermine un appel du gaz, par
le courant des produits dilatés qui la surmontent, et un refoulement, par
l'expansion même due à la combustion. On peut, à volonté, rendre pré-
dominant l'un ou l'autre de ces effets, en modifiant la grandeur de l'ori-
fice de sortie. Le refoulement est prédominant pour toute flamme à con-
tour nettement conique; pour les flammes cylindriques, c'est l'appel qui
l'emporte.
» Ces résultats se vérifient facilement par l'emploi du flacon à flammes
conjuguées, dont j'ai déjà indiqué l'usage pour la vérification du principe
de Bernoulli. Si l'on produit d'abord une seule flamme, le gaz sortant
librement par l'autre tubulure, on la voit s'allonger quelquefois de la moitié
de sa longueur primitive, quand on a allumé la seconde flamme. C'est
l'inverse qui se produit quand les orifices ont de o"", oo4 à o™,oo5 de dia-
mètre,
» Si, dans le cas du refoulement, on entoure l'une des flammes d'un
tube, de manière à réaliser l'expérience de l'harmonica, un nouvel allon-
gement se produit pour la flamme non sonore, d'autant plus marqué que les
( 3:«a )
vibrations ont plus d'amplitude. Le mouvement vibratoire a certainement
pour effet de diminuer l'appel propre du tube, mais l'état de vibration agit
aussi sur l'énergie de la combustion, et, par suite, sur sa puissance de
refoulement. Nous verrons plus loin des effets de cette modification
d'énergie, que l'on peut vérifier directement par l'expérience suivante. Un
mélange formé de i d'oxyde de carbone et de i d'oxygène brûle sans
bruit et avec une grande lenteur dans une éprouvette à gaz ordinaire; la
combustion est, au contraire, très rapide, si on la produit dans un tube de
plus petit diamètre, mais tel que l'inflammation à l'ouverture produise des
vibrations sonores.
» Ainsi, le gaz alimentant une flamipe se trouve animé, le plus généra-
lement, de deux mouvements inverses, dus, l'un à la vitesse propre d'écou-
lement, l'autre au refoulement par la combustion. En diminuant la vitesse
d'écoulement sans modifier la combustion, on pourra régulariser ces
mouvements, de manière à les transformer en vibrations de la nature de
celles qui produisent le son. L'effet se manifeste de lui même vers la partie
supérieure des flammes un peu grandes, qui présentent vers les bords des
stries bien caractérisées, ou pour une pression moindre, mais avec un
débit plus considérable, des sillons hélicoïdaux accompagnés d'un bruis-
sement intense. Si l'on rend, dans le premier cas, la combustion plus
égale suivant toute la longueur, en couchant la flanime, il n'est pas rare
d'obtenir un son grave très sensible.
» On obtient de meilleurs effets de sonorité en faisant choquer la
flamme contre une tige arrondie, ou, mieux encore, en faisant choquer deux
flammes. Si l'on fait choquer deux flammes un peu grandes, sans qu'il soit
nécessaire d'augmenter la pression ordinaire du gaz d'éclairage, on peut
produire des sons assez forts, aigus quand le choc a lieu vers la base des
flammes, graves quand il a lieu vers la partie moyenne.
» Si l'on produit une flamme à l'extrémité d'un tube de laiton à bords
grossièrement dressés, ou, plus sîirement, si l'on introduit dans l'intérieur
du tube un fil de fer tordu, de manière à avoir des aspérités, elle fait en-
tendre un son aigu faible, qui n'est que le renforcement du son rendu par
l'écoulement même du gaz. On le rend plus fort par l'introduction d'une
tige arrondie dans l'intérieur de la flamme, à o™,oi ou o'",02 de l'ouverture.
Si l'on couche une pareille flamme, elle vibre dans son ensemble avec
beaucoup d'énergie, se partageant en zones imbriquées dans le sens de sa
longueur. Ce mode de production de flammes sonores ne diffère pas essen-
tiellement du précédent et rentre dans le cas du choc de veines gazeuses.
( 3.3 )
» Si le choc a lieu entre deux flammes données, l'une par nn tube à
bords réguliers, l'autre par un tube à fil de fer, il est très facile d'obtenir
soit des sons aigus, soit des sons graves, ces derniers prenant un éclat re-
marquable. Si l'on dérange légèrement les tubes, de manière que le son soit
confus, la flannne devient douée d'un pouvoir renforçant spécial, an point
de répéter un air que l'on siffle à quelque distance d'elle. Des modifications
bien moins marquées que celles relatives aux flammes dites sensibles ac-
compagnent ce singulier phénomène. Le son rendu se prolonge pour cer-
taines notes; quelquefois, un unisson satisfaisant est troublé par la sensation
d'une note à l'octave grave, ce qui donne une allure toute spéciale à ce
chant de la flamme. J'ai retrouvé le même effet de résonnance, limitée seu-
lement à trois ou quatre notes consécutives, dans des flammes sensibles
données par certains de mes tubes à bords irréguliers.
» Nous retrouvons, dans ces études sur la flamme, en dehors du rôle
propre à la combustion, les circonstances signalées par Savart dans
la constitution des veines et des nappes liquides. Il reste, pour pouvoir
conclure, à déterminer les modifications que produisent sur nos veines
complexes les vibrations sonores, en les observant au moyen du miroir
tournant. C'est un travail que je me propose de poursuivre. »
PHYSIQUE. — Indices de réfraction des dissolutions aqueuses d'acide acétique
et d'hyposulfite de soude. Note de M. Damien.
« J'ai l'honneur de soumettre à l'Académie les premiers résultats des
recherches que j'ai entreprises sur les indices de réfraction des mélanges
et des dissolutions salines. Je me propose :
» 1° De chercher si l'excès de l'indice sur l'unité est proportionnel à la
densité, et cela avec des liquides amenés même à l'état de surfusion ;
» •2.° D'étudier le mélange des corps;
» 3° D'étudier aussi les solutions salines à l'état ordinaire et à l'état de
sursaturation.
» La méthode suivie est la méthode du prisme. Pour chaque solu-
tion, on obtenait, à o,oooi près, le titre, la densité et les indices des trois
raies de l'hydrogène. On calculait ensuite les coefficients de la formule de
Cauchy
B C
( 32/, )
» I. L'acide acétique anhydre dont je me suis servi a été obtenu par
des cristallisations successives; son point de solidification est 16°, 7. De
20° à 8°, les indices varient régulièrement d'environ o,ooo4 par degré.
La représentation graphique des résultats montre que les variations du
coefficient A et celles de la densité rfsont tout à fait analogues. J'ai dès lors
été conduit à représenter le pouvoir réfringent d'un corps par — - — De
nombreuses expériences me permettent d'énoncer, avec MM. Landolt et
Wùllner, la loi empirique suivante :
» Pour un même corps, l'expression — — est constante, indépendante de la
température et de la réfrancjibUilé de la lumière.
» La loi des mélanges de Biot doit donc aussi être modifiée et s'énoncer
comme il suit :
» En mélangeant des poids p, p', ... de corps, on aura un poids P d'un
mélange tel que
_ A — 1 a — I , a' — I
» n. J'ai étudié quinze solutions d'acide acétique anhydre dans l'eau.
Voici quelques résultats obtenus à 20° :
N°' Titre. Densité. Hrf. H^. H/. A.
1... . I I ,o5o7 1,3702 1,3768 i,38o6 1,36217
2 o,86g6 1,0673 1,3762 i,383o 1,3869 1,36790
3 o,8i63 i,o683 1,3756 i,3825 i,3864 1,36728
4 0,7692 1,0710 1,3747 1 ,38i6 1,3855 i, 36635
5 0,7273 1,0680 1,3727 1 >3797 1,3835 1,36248
6 0,6250 2,0640 1,3683 1,3572 'j379i i,35g95
7.... o 0,99827 i.33ii 1,3370 1,3403 1,32387
» On peut déduire de ce Tableau les conséquences suivantes :
» 1° Le maximum de densité ne coïncide pas avec le maximum des
indices; le premier semble correspondre à l'hydrate C*H'0^-f- 2 HO et le
seconda G* H' 0'+ HO.
» 2°Appliquonslaloi des mélanges et comparons, avec les valeurs de ~
déduites des expériences, celles que fournit le calcul. Pour les solutions
précédentes, les différences sont considérables et atteignent 0,0099.
Pour les solutions étendues, les différences sout très faibles, toujours
inférieures à o,ooo5. L'analyse optique semble donc indiquer l'existence
d'hydrates définis dans les solutions concentrées. M. Grimaux est arrivé à
( 3a5 )
une conclusion analogue en étudiant le point de solidification de ces mêmes
solutions.
» III. Les solutions d'hyposulfite de sonde conduisent à des résultats
analogues aux précédents.
» 1° Une solution dont le titre est OjqSSi, la densité i,632i et le
point de solidification 46°» ^ été étudiée de 56° à 19°. Ici encore on peut
1 II .A — I
regarder comme constante 1 expression
d
)> 2° J'ai préparé dix solutions d'hyposulfite de soude dans l'eau. La
loi des mélanges, modifiée comme je l'ai dit plus haut, est complètement
vérifiée. Ces solutions peuvent être considérées comme des mélanges avec
l'eau de l'hydrate NaO,S^O-+ 5 HO.
» 3° Pour des solutions très concentrées, la question est beaucoup plus
complexe. Ces solutions peuvent, en outre, donner par refroidissement
des cristaux moins hydratés NaOS'O- + 2 HO, signalés pour la première
fois par M. Gernez. J'ai pu mesurer les indices des solutions de ces cristaux,
mais les résultats sont moins nets. J'espère néanmoins parvenir à élucider
cette question si délicate de la nature des hydrates dans les solutions. »
PHYSIQUE. — Sur un perfectionnement apporté à lapile de Bunsen par M . Azapis.
Note de M. Ducretet.
« Ce perfectionnement consiste essentiellement dans le remplacement
de l'eau acidulée où baigne le zinc, par une solution d'environ i5 pour 100
de cyanure de potassium, de potasse caustique, de sel marin, ou de sel
ammoniac ordinaire. Quant au liquide du vase poreux qui reçoit la lame
de charbon, il est le même que dans la pile Bunsen : c'est de l'acide azo-
tique ordinaire.
» L'intensité du courant n'est pas inférieure à celle de la pile Bunsen ;
tes zincs nonl pas besoin d'être anialgamés, l'usure du zinc est moins consi-
dérable, la constance du courant est remarquable. Elle est d'une durée plus
grande.
» Depuis quatre jours, nous avons une pile de 25 éléments : elle est
restée montée sans interruption ; tous les soirs elle est utilisée pour faire de la
lumière électrique. Le sel employé est le sel ammoniac ordinaire. Cette
pile donne très peu d'odeur, »
( 3a6 )
SPECTROSCOPIK. — Sur les spectres de l^yllerbium et de ierbium.
Noie de M. Rob. Thalén, présentée par M. Cornu.
« En 1873 j'ai examiné le spectre des raies brillantes appartenant au
corps nommé alors eibiuin ('). Le chlorure employé fut préparé par
M. Hôglund pour la détermination du poids moléculaire du corps en ques-
tion. En 1878, M. Marignac a fait, comme on le sait, cette découverte im-
portante, que la terre nommée jusqu'ici erbine est en réalité un mélange de
deux terres distinctes : l'une, blanche, à laquelle il a donné le nom ù'yller-
binej l'autre, d'un rose pur, présentant des bandes d'absorption bien mar-
quées, Verbine. On conçoit donc qu'une nouvelle recherche spectrale rela-
tive à ces deux corps était urgente, et, en ce qui concerne l'ytterbium,
l'examen spectral en a été réellement entrepris, en 187g, par M. Lecoq de
Boisbaudran (-).
1) En soumettant à l'action de l'étincelle d'induction le chlorure aqueux
d'ytterbium obtenu par M. Marignac, il a trouvé que le spectre de l'ytter-
bium consiste principalement en bandes, groupées entre les raies solaires
D et F et ombrées presque toutes du rouge au violet. Or, conformément
aux vues généralement admises, les spectres des corps simples ne consistent
pas en bandes dégradées, mais en raies parfaitement distinctes. On sera
donc porté à croire que l'étincelle d'induction de M. Lecoq de Boisbaudran
n'a pas été suffisamment puissante, et par suite que le spectre observé par
lui doit être attribué soit au chlorure ou à l'oxyde du corps, mais non au
métal lui-même.
» Quoi qu'il en soit, je crois qu'il n'est pas sans intérêt d'indiquer ici
les résultats auxquels je suis arrivé en soumettant à l'expérience spectrosco-
pique le chlorure de Tytterbium obtenu par M. Nilson.
» Par cet examen j'ai trouvé non seulement que le spectre de l'ytterbium
est en réalité un spectre des raies, mais aussi que ces raies sont, à peu
d'exceptions près, identiquement les mêmes que celles attribuées autrefois
à l'crbium de M. Hoglund. Ainsi on peut vraiment dire que le spectre de
(') A'. FeUnskaps Akailcmie?is Hciric/li/tgar,'B> J'espère conlinuer les recherches actuelles en les concentrant pour le
moment dans la série grasse. »
CHIMIE. — Réaction secondaire entre l'hydrogène sulfuré et V hyposulfite de soude .
Note de M. F. Bellamy.
« Lorsque l'on fait bouillir une solution de sulfite bisodique SO'Na-
avec du soufre soluble pour obtenir de l'hyposulfite de soude, on ne con-
state rien de particulier pendant l'ébullition; la liqueur fdtrée, abandonnée
à elle-même, laisse bientôt déposer des cristaux d'hyposulfite et reste lim-
pide jusqu'à la fin.
» Avec le soufre insoluble, on perçoit, pendant l'ébullition, une odeur
d'hydrogène sulfuré; quelquefois même, la liqueur devient opaline; puis,
lorsque, après filtration, la liqueur est mise à cristalliser, elle continue
d'exhaler l'odeur d'hydrogène sulfuré; elle se trouble de plus en plus,
devient laiteuse et laisse déposer, en même temps que des cristaux d'hypo-
sulfite, une notable quantité de soufre blanc.
» Le soufre soluble et le soufre insoluble avec lesquels j'ai opéré ont été
obtenus avec de la fleur de soufre épuisée par du sulfure de carbone.
» En bouillant avec du sulfite sodique, le soufre insoluble s'y dissout
en plus grande proportion que le soufre soluble. Il est difficile d'attribuer
ce résultat à une ténuité plus grande de la fleur de soufre. En effet, ayant
pulvérisé avec soin des cristaux de soufre, j'ai obtenu une poudre dont les
particules sont au moins aussi ténues que les vésicules insolubles de la fleur
de soufre. C'est ce que j'ai reconnu en comparant l'une et l'autre au micro-
scope. »
( 33i
CHIMIE. — Sur l'acide obtenu par M . Boiilroux dans la fermentation du glucose.
Note de M. Macmexé.
« L'acide hexénique C'-H'°0''' a été signalé dans mon rra(7e9S
{ 334 )
ce qui conduit à la formule
CH^ ( Cl J
PtCl«.
» La solution qui renferme le chlorure de la propylène-névrine laisse dans
le vide des cristaux incolores. On les obtient plus facilement en chauffant
à loo" la chlorhydrine propylénique avec la triméthylamine sèche. Les
cristaux obtenus doivent être séparés rapidement, lavés à l'alcool absolu et
desséchés dans le vide. Ils sont incolores, transparents, trèshygroscopiques.
Exposés à la lumière, ils brunissent à la surlace. Une portion de ces cristaux
ayant été convertie en chloroplalinate, ce dernier a donné: Pl=3o,52;
théorie = 3o,5o.
» Lorsqu'on fait bouillir le chlorure de propylène-névrine avec de l'eau
el de l'oxyde d'argent, ce dernier est réduit et la solution renferme une base
sirupeuse. A froid et en présence d'un grand excès d'oxyde d'argent, la
réduction est à peine sensible, et la liqueur renferme une base qui est sans
doute l'hydrate de propylène-névrine. Elle ne cristallise pas dans le vide
sec. J'ai montré ailleurs {Be7\ Chem. Gesetscli., t. XIII, p. 222) que la
chlorhydrine élhylénique, chauffée à 100° avec une solution aqueuse de
dimélhylamine, donne un produit de condensation
/OH
>°
r-'H»
\A7.(CH=)%
et que la même chlorhydrine forme avec la monométhylamine un composé
correspondant. Il ne paraissait donc pas impossible que la chlorhydrine
propylénique donnerait avec la triméthylamine un tel produit de conden-
sation, à condition d'employer moitié moins de base que dans le cas
précédent, c'est-à-dire 2'"' de chlorhydrine pour i'""' de triméthyla-
mine. L'expérience n'a pas vérifié cette prévision. Les tubes chauffés à 100°
renfermaient de la propylène-névrine. Le chloroplalinate a donné :
Pt = 30,70 (théorie =: 3o,5o).
» Molécules égales de chlorhydrine propylénique et de dimélhylamine en
solution ont été chauffées pendant quelque temps à 100°. Le liquide obtenu
était neutre et a donné un chloroplatinate cristallisable de l'alcool en fines
aiguilles. On y a trouvé Pt — 3 1,88. Ce nombre est identique avec celui
( 335 )
(3 1,88) qui est exigé par la formule
011
Iptci'
\ ^ /CHMICl I
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — liijluciice de la lumière sur lu transpiration
des plantes. Note de M. H. Cojies, (Extrait.)
« — Les résultats de mes recherches expérimentales sur la transpira-
tion des plantes se trouvent entièrement d'accord avec les laits déjà acquis
par la Physique, et je les résume dans les propositions suivantes (-) :
» 1° L'émission de la vapeur d'eau qui a lieu chez les plantes est sou-
mise non seulement àl'action des agents physiques qui ont de l'induencesur
l'évaporation ordinaire d'une libre surface d'eau, mais aussi à l'influence
de la lumière; par conséquent, à parité de conditions, une plante transpire
plus sous l'action de la lumière que dans l'obscurité.
» 2" L'action exercée par la lumière sur la transpiration des plantes
augmente en proportion de son intensité; par conséquent, à parité de con-
ditions, la transpiration arrive à son maximum peu de temps après midi.
» 3° La lumière favorise la transpiration seulement pour la portion qui
en est absorbée par la substance colorante de l'organe; donc, à parité de
conditions, l'organe qui est coloré avec plus d'intensité transpire davan-
tage, et la transpiration est plus active dans la partie du spectre où la
lumière se trouve plus absorbée.
» 4" Les rayons lumineux qui sont absorbés par la substance colorante
d'un organe favorisent seuls la transpiration de ce même organe; donc, à
parité de conditions, la transpiration d'un org.me coloré atteindra le mi-
nimum sous l'influence de la lumière de la même couleur que l'organe et le
maximum sous l'influence lumineuse de la couleur complémentaire. »
(') Ces reclierclies ont été faites au laboratoire de M. Wurlz.
(^) On trouvera le détail des expériences, les données numériques et les tableaux ainsi
que riiistorique dans les Mémoires de la Reale Accadcmia dei Lincei, aan. CCLXXVII
(1879-1880), Mem. dclla Classe di Se. fis., mat. e nat., Z" série, t. VII, 7 mars i88o.
C. R., i.-So, ï' Semestre. (T. XCI, N" C.) kk
( 336 )
PHYSIOLOGIE ANIMALE. — 'Sur la source du trivail musculaire et sur les pré-
tendues combustions respiratoires. Note de M. A. Saxsov, présentée par
M. Ch. Robin.
« Df recherches expérimenlales qui ne sont que hi continuation et le
développement de celles que l'Académie a bien voulti encourager, et dont
les résultats détaillés seront exposés très prochainement dans un Mémoire
publié par le Journnlde l'Ànatomie et de la Physiologie de MM. Ch. Robin et
G. Pouchet, avec les faits déjà acquis à la science sur le même sujet, j'ai
cru pouvoir déduire les propositions suivantes, dont l'importance physio-
logique me semble évidente.
» 1. L';icide carbonique éliminé par la respiration, recueilli et dosé à
r.iide des divers appareils construits à cet effet, notamment à l'aide de
l'appareil de Peftenkofer, ne donne nullement la mesure de l'acide carbo-
nique formé durant le même temps, dans l'économie animale. Il en est
ainsi parce que son élimination dépend de circonstances étrangères à sa
formation, telles que les conditions de température extérieure, dépression
barométrique, d'étendue de surface [déployée du poumon, et de nombre
des mouvements respiratoires dans l'unité de temps. Conséqucmmenf, les
conclusions tiréss des expériences de respiration, à l'égird de la théorie
des pliénomèues de nutrition, sont dépourvues de valeur. A une élimina-
tion plus forte peut correspondre une formation plus faible, et récipro-
q?iement.
» 2. La richesse proportionnelle du sang en acide carbonique ne peut
pas donner la mesure de la formation de cet acide, le rapport entre la for-
mation et l'élimination n'étant point constant. A une fi)rmation accrue dans
une certaine proportion, peut correspondre une éliminaliou accrue dans une
proportion phis forte, ou inversement, une élimination moindre à une for-
nialion plus faible. Après un travail muFCulaire qui provoque notoirement
ime formation plus grande d'acide carbonique, la proportion de celni-ci se
montre diminuée dans la masse du sang, l'élimination par le poumon en
étant auf!;mentée par ce travail.
» 3. Il n'y a aucun rapjsort nécessaire entre la quantité d'acide carbonique
formée durant un temps déterminé, dans l'économie animale, et la quantité
d'oxygène introduite par la respiration durant le même temps. T^a formation
de l'acide carbonique dépend du travail des éléments anatomiques, travail
(337)
chimique de nutrition ou travail musculaire; la quantité d'oxygène intro-
duite dépend de la température, de la pression et du nombre des mouve-
ments respiratoires, ou de la fréquence de renouvellement du mélange
gazeux contenu dans les poumons.
» 4. Le travail musculaire a pour conséquence une consommation des
substances albuminoïdes, des hydrates de carbone et des substances grasses
de l'économie qui dégagent l'énergie qu'elles contiennent, pour subvenir
aux besoins de ce travail et de la chaleur animale. Lorsque l'équilibre
u'est pas maintenu, entre l'énergie dépensée sous les deux formes et l'énergie
introduite sous forme d'aliments, le corps diminue de poids et s'amaigrit. Les
principes immédiats ainsi détruits s'éliminent principalement sous les deux
formes d'acide caibonique et d'urée, dont les quantités sont exactement pro-
portionnelles à l'énergie dépensée comme IravaU. Il ne parait y avoir aucun
rapport entre la quantité d'acide carbonique formée et la chaleur perdue sous
l'influence de l'abaissement de la température extérieure, sa pro[)orlion
dans le sang s'étant montrée moindre à basse température (— 3"C.) qu'à
une température moyenne ( — i3"C.).
» 5. LJjypolhèse qui fait attribuer la chaleur animale et le travail mus-
culaire à la chaleur dégagée dins l'économie par la combinaison directe
du carbone et de l'hydrogène des aliments, des tissus et des humeurs, avec
l'oxygène de l'hémoglobine introduit parla res|)iration, n'est plus admissible
dans l'état actuel de la science. D'abord cette combinaison directe^ qui
serait une véritable combustion, dégagerait des quantiiés de chaleur bien
inférieures à celles qu'il est permis de constater, indépendamment des
réactions organiques connues comme s'accomplissant avec absorption de
chaleur et qui consomment ainsi une partie de celle qui se dégage; ensuite,
il n'est piis possible que la chaleur dégagée, par combustion ou autrement,
se transforme en travail musculaire, la condition nécessaire à la transfor-
mation faisant défaut dans la machine animale, qui, de la sorte, n'est point
semblable à la machine à feu.
» 6. L'absence de cette condition nécessaire, d'une différence de tem-
pérature entre le corps qui dégagerait la chaleur et celui sur lequel elle se
transformerait en énergie mécanique, rend indispensable que celle-ci, dans
la machine animale, ait une source autre que la combustion. Il n'est pas
possible d'admettre scientifiquement que l'énergie actuelle des principes
immédiats se manifeste d'abord comme chaleur sensible, puis comme
énergie potentielle mesurée en travail. Elle doit nécessairement se dégager
de suite en taut qu'énergie potentielle, pour se manifester après, en tota-
( 338 )
lité ou en partie, comme chaleur sensible, selon qu'elle a été plus ou moins
complètement dépensée en travail.
7. L'expérience rend extrêmement probable que le dégagement de l'éner-
gie, dans la machine animale, est dû, sinon en totalité, du moins pour la
jiius grande partie, à des phénomènes de dissociation analogues à ceux qui
se passent dans les fermentations proprement dites, attribuées à l'activité
des organismes cellulaires ài[s ferments figurés. En présence des éléments
analomiques, des globules sanguins en particulier, les principes immédiats
du plasma sont dissociés, abandonnent de l'acide carbonique et sans
doute aussi d'autres composés, qui empruntent de l'oxygène à l'hémoglo-
bine |)our se constituer et cèdent leur énergie aux éléments musculaires,
qui la manifestent ensuite sous forme de travail en se contractant, ou bien
au sang lui-même pour l'entretien de la chaleur animale. Ces dissociations,
dédoublements ou mutations, effectués avec le concours de l'oxygène de
l'hémoglobine et qui sont évidemment impossibles sans lui, dégagent des
quantités d'énergie considérablement plus fortes que celles qui pourraient
résulter des simples combustions, et rendent ainsi compte des phéno-
mènes mécaniques et calorifiques de l'organisme,
8. Il ne paraît donc pas y avoir, dans l'économie animale, de véritables
combustions, et, en tout cas, point de combinaison entre le carbone des
principes immédiats et l'oxygène respiratoire, donnant de l'acide carbo-
nique et dégageant de la chaleur, qui serait ia source du travail muscu-
laire. L'acide carbonique du sang, du moins pour une forte partie, sinon
pour la totalité, se dégage comme tel de ses combinaisons organiques, en
même temps que l'énergie constituante de celles-ci, en temps qu'énergie
mécanique. Cette dernière a sa source principalement, sinon exclusive-
ment, dans les principes innnédiats aibuminoïJes, les moins combustibles
de tous, mais aussi les plus complexes. Ce n'est pas à tort, pour ce motif,
que, d'après l'observation et l'expérience, ils ont été qualifiés d'aliments de
force, par les auteurs qui se sont occupés scientifiquement de l'alimen-
tation. »
HYGIÈNE PUBLIQUE. — Sur l'emploi de l'azotite d'éthyle pour assainir
les locaux contaminés. Note de M. Peyrusson. (Extrait.)
« En résumé, l'azotite d'éthyle, ou éther azoteux, possède, à l'état de
vapeur, toutes les propriétés physiques et chimiques nécessaires pour
( 339 )
attaquer les produits morbides qui peuvent se trouver dans l'air. Son
aclioii est analogue à celle de l'ozone comme comburant; mais il est beau-
coup plus actif dans ses effets.
» Il ne présente pas plus d'inconvénients que l'ozone comme odeur
ni comme action irritante sur les tissus; tandis que l'ozone est impossible
à produire d'une façon pratique, il suffit, pour employer cet élber, d'en
vider, matin et soir, quelques grammes dans un flacon qu'on laisse dé-
bouché dans l'appartement dont on veut purifier l'air (').
>' C'est maintenant à la pratique médicale qu'il appartient de décider
si ce corps aura, dans tous les cas, les heureux effets qu'on est en droit
d'en attendre. »
ZOOLOGIE. — Complcmenl de l'évolution biologique des Pucerons des galles du
peuplier (Pemphigus bursarius Lin.). Note de M. J. Lichtexstein.
« Lorsque j'eus l'honneur de communiquer à l'Académie l'histoire par-
tielle du Puceron des galles du peuplier (-), j'eus le regret d'y laisser une
lacune, celle de la vie de cet insecte depuis le moment où il quitte la galle
comme émigrant jusqu'à celui où il revient sur le tronc des peupliers comme
pupifére. Cette lacune, je viens la combler.
» Après des tentatives inutiles sur les racines de graminées et d'autres
plantes, j'eus l'idée d'essayer l'élevage sur le Filago germanica. Ce qui me
conduisit à cette idée, c'est que, tandis que je ne connaissais que les deux
premiers étals, fondateur et émigrant, du Pemphigus bursarius, je ne con-
naissais que les deux derniers états, bourgeonnant et pupifére, du Pem-
phigus fdaginis Boyer.
» Je refis ici ce que j'avais fait, en 1873, pour prouver les migrations
du Phylloxéra du chêne : je couvris d'une cloche une plante de Filago, en
y insérant une galle de peuplier remplie d'émigrants ailés. La plante se
couvz-it bientôt de la sécrétion laineuse propre au Pemp/i/^!/sy?/a(/i;iii-. En
même temps (du 1^' au 1 5 juillet) toutes les plantes de FiVa^o croissant en
liberté autour de la cloche se couvrirent de la même sécrétion et furent
(' ) Un seul flacon suffit pour un loral de 100"" ; mais il vaut mieux employer ce co)-j>s
mélangé avec de l'alcool à parties égales.
(^) Comptes rendus, séance du 5 avril 1880.
( 34o)
garnies des Pucerons verts et noir de velours formant la phase bourgeon-
nante (' ) de cet insecte.
» Le développement de la forme ailée pupifère marche très vite; une
vingtaine de jours lui suffisent. Si les auteurs allemands disent que ce Pu-
ceron est rare, c'est qu'ils ne l'ont pas cherché au bon moment. En juillet,
il est très commun ; avant ou après il est des plus rares, puisqu'il n'existe
plus comme puceron du Filago.
» En effet, en rapportant dans mon cabinet la cloche et la plante de
Filago qu'elle recouvrait, j'ai vu les insectes ailés abandonner les capitules
de la fleur où ils s'étaient développés et chercher à s'échapper de la cloche.
» Je ne pouvais pas songer à leur donner la liberté et à les suivre dans
l'espace pour voir où ils iraient se poser ; mais j'insérai un morceau d'écorce
de peuplier sous la cloche : aussitôt ils se rassemblèrent dessus et se mirent
à pondre les sexués. J'en laissai échapper une centaine, qui, après avoir
volé dans la chambre, se réunirent contre les carreaux de la fenêtre. Là
aussi, je plaçai un fragment d'écorce de peuplier, et, malgré leur état de
liberté relative, ces petits animaux vinrent aussi chercher les fissures de
l'écorce pour y déposer leurs sexués. En même temps, les troncs des peu-
pliers de mon jardin se garnissaient du même insecte, au point qu'un mor-
ceau d'écorce pris au hasard en renfermait toujours quelques-uns.
» Malgré le soin que j'ai apporté dans mon expérience, on pourra
m'objecter que je n'avais pas semé la plante de Filago sur laquelle j'ai
élevé mes Pucerons sous cloche et qu'il pourrait y avoir eu un œuf d' hiver
ayant donné naissance au Pemphigus fdaginis. Cela est vrai, et, si ce fait
s'était produit, ce serait même un argument sérieux contre mes quatre
phases larvaires, puisque cet insecte pai:serait de fondateur à pupifère sans
transition.
» Aussi ai-je préparé plusieurs fragments d'écorce de peuplier qui sont
farcis de sexués et d'œufs provenant du Pempliigus filaginis. Au printemps,
en les attachant à des rameaux jeunes du peuplier, je dois pouvoir provo-
quer la formation de galles du Pempidgus bursaiius, et c'est alors seulement
que je dirai avec une pleine certitude ce qui me paraît aujourd'hui très
probable : le Pempidgus filaginis est le même Puceron que le Pemphigus
buTsarius à une autre phase de sou existence. "
[') Chez celle espèce de Puctron, la phase bourjjeoiiiianle est simple et non multiple comme
chez le PhjUo.ic'ia vasCatrix, et tous les individus qui en proviennent deviennent ailés.
( 34i )
ZOOLOGIE. — Sur les affinités du genre Polygordius avec les Annélides
de ta famille des Opheliid.ie (' ). Note de M. A. Giard.
« Le Polygordien que j'ai particulièrement étudié se trouve à la pointe
de Beg-Meii, près Concarneau, où je l'ai découvert pendant les grandes
marées d'avril. Il vit dans un sable coquillier grossier, analogue à celui
qui recouvre les tubes de Terehelln concliilega. En tamisant ce sable entre
les doigts on peut, en quelques minutes, recueillir un grand nombre de
Polygordius. Cette espèce, que je crois nouvelle, appartient au même groupe
que le Polygordius lacteus Scbneider et le P. Villoti Perrier, groupe carac-
térisé par la dioïcité, la longueur du corps, le cercle de glandes anales, etc.
» Mac Intosh avait décrit, plusieurs mois avant Perrier, sous le nom de
LinoUypane apogon une Annélide qu'il a cru depuis pouvoir identifier avec
le P. Filloti. Il est bien certain que ce Linolrj pane est un Polygordien, et,
comme il me paraît nécessaire de sectionner le genre Polygordius, je pro-
pose, pour éviter de compliquer la nomenclature, d'appliquer le nom de
Linolrjpnne aux Polygordiens dioïques, réservant le nom de Polygordius aux
espèces hermaphrodites, de petite taille et à caractères plus archaïques.
» Le genre Polygordius, ainsi compris, renferme les espèces P.purpureiis
Schneider (Helgoland et Sébastopol), P. flavocapitaiusVliamn (Sébastopol ).
» Le genre Linotrypane comprend : L. larten Schneider (Helgoland),
L. apogon Mac Inlohh (Shelland), L. Filloti Perrier (Roscoff), L. erylhro-
phthalma, nov. sp. (Concarneau). Le L. erjlhrophthnlma est le Polygordien
que nous avons étudié. Il peut atteindre plus de o", i de long. Sa couleur
est d'un rose très vif, à reflets irisés. Il ressemble beaucoup à L. Filloti et
L. apogon, mais il se distingue immédiatement de ces deux espèces par ses
points oculaires ronges. L. Filloti est aveugle et L. apogon a les yeux pig-
mentés de noir. De plus, le sang de notre espèce est vert, ce qui n'existe
chpz aucun autre Polygordien connu.
» A la partie antérieure du corps, les métamères sont séparés par un
trait noir très fin; ils sont indistincts extérieurement à la partie postérieure
et marqués seulement par les dissépiments et les renflements du tube
digeslifquand l'animal est vu par transparence.
(') Les éléments de cette Note ont été recueillis à Concarneau, grâce aux puissants
moyens de recherche mis à ma disposition par M. le sénateur Robin, grâce aussi au zèle
scientifique de M, le lieutenant Lefebvre, commandant le cutter de l'État le Moustique.
( 342 )
» La cuticule est fort épaisse et il n'y a pas de fibres musculaires annu-
laires sous la couche matrice. Je n'ai pas non plus trouvé de muscles annu-
laires à l'intérieur de la couche longitudinale. Avec Rajevoky, je considère
le revêtement interne de cette couche comme un tissu de nature conjonclive,
renfermant de chaque côté de la cavité générale de nombreuses cellules
endothéliales et formant un mésentère au-dessus et au-dessous de l'intestin.
L'appareil vasculaire se compose d'un vaisseau dorsal et d'un vaisseau
ventral, reliés dans chaque métamère par des anses latérales sur lesquelles
se développent les produits génitaux. Le système nerveux est formé de deux
plaques sus-œsophagiennes, d'un collier et d'une chaîne ventrale placée
immédiatement sous l'épiderme, et très facile à étudier sur les coupes
transverses. Les organes segmentaires sont droils et ciliés dans toute leur
étendue. Le L. eijthropldludina renfermait des œnfs mûrs et des spermato-
zoïdes pai'failement agiles, dès la fin du mois d'avril.
» Je ferai connaître plus en détail l'anatomie de ce type intéressant ; mais
je voudrais insister aujourd'hui sur les affinités qu'il présente avec une
famille importante de Chœtopodes, les OjiheUidœ, affinités entrevues déjà
par Mac Intosh et qui me paraissent au moins aussi grandes que celles des
Polygordiens a.V€c\e Saccocimis, mises en avant par Uljanin.
» Le type Polyyordius n'est pas, comme on l'a dit, un type de Ver in-
termédiaire; c'est un type d'Annélide archaïque et aberrant.
» he Pohrjordius n'est pas un type intermédiaire entre les Annélides et
les Nématodes. La ressemblance avec les Nématodes consiste uniquement
dans la disposition générale de la musculature, et surtout dans le dévelop-
pement excessif des feuillets musculaires longitudinaux, d'oi'i résulte un
habitus très particulier et un genre de progression caractéristique. Mais la
même disposition existe chez certains Annélides {Polyophlhatmus), dont
la démarche estmotiifiée dans le même sens; c'est un caractère dû à une
convergence facilement explicable par l'adaptation à des milieux spéciaux.
» Le Polycjordius n'est pas davantage un type intermédiaire entre les
Annélides et les Némerliens, dont la parenté avec les Gymnoloca me paraît
des plus problématiques. Les fossettes vibratiles céphaliques des Polygor-
diens ne sont nullement comparables à celles des Némertes. De semblables
organes vibialiles, fixes ou exsertiles, existent chez des Annélides appar-
tenant aux familles les plus diverses : Slaurocepludus Chiajii Clap., Pœdo-
phylax veriKjtr Clap., Syllis siinilliina Clap., Jricia OEnltdlii Clap.,
Cltnodrdus pardalis Clap., Jmmolrypane aulog aster J^dÛike, Oplielia, etc.
» L'absence de cils vibratiles extérieurs chez les Polygordiens dont le
( 343 )
tube digestif est intérieurement cilié dans foute sa longueur s'explique par
1 cpaississemeiit de la cuticule et le grand développement de la muscula-
ture. La cuticidede L. eiyllirophlhalina porte, de distance on distance, des
traces de bouquets ciliaires analogues à ceux des Polyophthalmus, et je ne
serais nidloment étonne qu'on roirouvàt, parmi les Polygordiens, des types
fortement ciliés à l'extérieiu'. Les Slanrocephalidœ, dont la forme embryon-
naire n'est pas sans analogie avec les Polygordiens, présentent chez certaines
espèces un revêtement ciliaire complet [Prionognathus cilinlas Keferstein).
» L'absence de soies chez un Cha^topode ne doit pas plus nous étonner
que l'absence de membres articulés chez certains Arthropodes [Sacculinaj
Cryplnniscm, etc. ). On peut suivre la disparition progressive de ces organes
dans la série des Oplicliidœ, depuis les Opiielia jusqu'aux Pol/ophtlialmiis et
Ammolrypane , dont certaines espèces, décrites par Mac Intosh, sont presque
totalement dépourvues de soies.
» L'organisation des Pol/ophlhalmus diffère à peine de celle des Lino-
Irjpane. J'ai étudié à Concarneau un Po/}'o/;/i 1° Le pilosisme téralologiqiie. Il commence dès que !e faciès spécific[ue
est altéré et acquiert son maximum d'aclion quand les modificalions sont
assez profondes pour éveiller la notion d'une espèce nouvelle. Un grand
nombre de conditions capables de produire des troubles nutritifs dans les
plantes peuvent faire naître ce pilosisme particulier;
» 3" Le pilosisme par piqûre d'insectes on par balancement organique. Il se
distingue nettement du précédent en ce que, étant très localisé [Galles-
Fustet, filets des Verbascum à anthères avortées), il ne peut altérer la
j)liysionomie de l'espèce.
» Deux faits appartenant à la deuxième catégorie m"ont paru assez
importants pour être signalés à l'altenlion de l'Académie ('). Le Lilium
Martagon L. est frappé depuis deux années, à la Sainte-Baume (Var), d. sp.), Lyonsia
[nov. sp.?], Pholadomya Loveni? (fragments), etc.
SoLÉNOcoNQUES : Cœdulus cylindratus, C. tumidosus, C. subfusifurmis, C. Jeffreysi, C- Oli-
vii, Siphonodenlaliuin lofolcnsc, S. tetragoiium, Dcntalium filam, D, nov. sp. (très grand et
voisin du D. candidum], etc.
Gastropodes : Actœon ejrilis, A. nuv. sp., Scaphandcr puricto-striatus, Bidta subrotunda,
Bulla nov. sp., Ringicula pulchella, R. leptochilai Pliiline quadrata, Eulima stenostoma,
Coriocella [ très grande espèce obtenue vivante ), Rimula asturiana [nov. sp.), Cliiton alveo-
lus, Turbo glabralus, Segueitzia formosa, Buccinuin humphiesianum, Fusas bcrniciensis.
( 358 )
« L^s Vers chétopodes se sont montrés abondants à toutes les stations de
dragage et ils appartiennent à des genres représentés surnos côtes. Les Mal -
daniens, les Clyménieus et les Euniciens dominent. Une grande espèce
à'Hyalinœcia est particulièrement remarquable, A l'entrée de la fosse de
Cap-Breton, par Soo" et ^oo™, les Sternaspis elles Peclinai ta sont très com-
muns. Une espèce de Balanoglossus a été recueillie, mais à l'état de frag-
ments, qui suffisaient cependant pour indiquer une espèce voisine du Bala-
noglossus Talaboti des fonds de la Méditerranée.
» Parmi les types de Vers les plus intéressants, il faut signaler l'être
ambigu connu sous le nom de Clieloderma ; les quelques exemplaires re-
cueillis dans le goHe de Gascogne semblent différer du Ch. lùtidulum, et ils
rappellent dans une certaine mesure le Neomenia gorgonoplnla Rovv,
trouvé dernièrement au large de Marseille, et dont la morphologie se rap-
prochebienplusdecelledesiVeomeniacflnna/a, du typedesChétodermes vrais.
Les Géphyriens sont nombreux et fort curieux; ils comprennent, outre
deux ou trois espèces nouvelies dont l'une est très proche des Sipunculus,
des PhascoHon, des Pliascolosoma et des Aspidosiphon. Plusieurs de ces types
rappellent des formes déjà signalées dans les mers arctiques.
» Les Coelentérés occupent une place importante dans la faune pro-
fonde du golfe de Gascogne; l'exploration du Travailleur a. montré que de
4oo™ à 2700™ les Zoanthaires et les Alcyonaires soiit nombreux et très
variés.
» On doit citer, parmi les Zoanthaires malacodermés, une belle espèce
nouvelle û'Edwardsia ou (.VJIyanllttis, dont la colonne est bien moins ru-
gueuse que celle des espèces de la côte, une Jdamsia d'un beau rouge,
fixée sur les branches des Isidiens, et enfin un Bunode de très grande taille ;
ce Bimode correspond au genre Cliiloimclis (Fischer), qui joue à côté des
Bunodes vrais le rôle des Phélies vis-à-vis des Sagarties. Il faut aussi men-
liotmcr une espèce nouvelle de Zoanthus trouvée sur les radioles du Doro-
cidaris pnpiltala.
» Les Zoanthaires sclérodermés sont représentés par le CcxryophyiUa
F. nttcnuatus, ColumheUa Haliœti, Hela tcnclla, Tarants Môrchli, Plciirotoma pinguis,
P. galeiita, Drfraiicia formosa, Niissa semistriata, CItcnopus scrresianus, etc.
HÉTÉROPODEs : Carinarla vitrea, Atlanta sp. ?
Ptéropodes : Hyalea inflexa, Clcodora cuspidata-, etc.
Brachiopodes : Platidiaanomioides, Teiehratulina capiU-serpcntis, Crama anomala, Mer'
sclia truncata.
( 359)
claviiSj par une belle espèce de Paiacyallius, par de beaux Flabdhim, dont
l'un doil constituer une espèce nouvelle, et enfin par le Loplielia pwlljcra,
dont les colonies ont été fréquemment ramenées par la drague, mais tou-
jours en fragments dont les zcoides paraissaient morts depuis longtemps.
M Les Alcyonaires des grands fonds du golfe de Gascogne forment une
collection des plus remarquables. Les Gorgonides sont représentés par des
Jsis de deux sortes, atteignant une taille extraordinaire. Outre ces deux
espèces d'Isis, les engins du Travailleur ont capturé des fragments d'une
Mopsen rappelant une espèce décrite par S;irs, divers exemplaires de deux
espèces de Funiculina, des Kophobelemnun et enfin un bel exemplaire du
type si rare connu sous le nom générique d' Uinbelhilarin. Ces divers
Penuatulidiens étaient considérés comme appartenant aux mers arctiques;
il est probable qu'ils font partie de la faune profonde de toutes les mers de
l'Europe. A. côté d'eux s'est trouvée une belle espèce méditerranéenne,
V yilcyonium palmalum , var. pedunculalum.
» Les Échinodermes offrent tous un intérêt considérable. La famille des
Échinothurides, à laquelle se rapportent les beaux Oursins mous signalés
pour la première fois par i\L Wyville Thomson, est représentée par une
belle espèce nouvelle de Phormosomaj distincte du P. placenta par les orne-
ments des plaques et par les radioles de grande taille et spatulifornies in-
sérés sur la face orale. Les Dyastérides, longtemps considérés comme éteints,
ont donné le Pourtalesia Jejfreysii. Il faut signaler encore deux types
nouveaux et fort remarquables de Spatangoïdes, VEchimts microstoma
W. Thomson, le Dorocidaris papillata et le Brjssopsis lyrijera.
» Les Astéridés sont tous intéressants et rares; ils appartiennent aux
espèces appelées Archaster teuuispina, À. bifrom, Aslropecten Andromedn,
A. irregalaris. Une belle espèce de Brisinga [B. coronala), aussi fragile que
ses congénères des mers du Nord, a été recueillie sur divers points.
» Les Ophiuridés sont beaucoup plus abondants que les Astéridés. Les
espèces déjà connues sont: Amphiiira Chlajei, A. fdiformis, A. lenuissima,
Ophiolhrix fragiliSj Oplnocnida Danielseni. Plusieurs autres formes proba-
blement nouvelles appartiennent aux genres Asleronyx, Opliioglyplin,
Upliiomusium, Ophiacanlha, 0/^/i(omj.ïay une très grande et très belle espèce,
constituant, suivant toutes probabilités, un type absolument nouveau, mé-
rite une mention spéciale.
» Les Holothuries comprennent plusieurs espèces nouvelles et fort belles,
ainsi que VEcliinocucumis iypica des mers septentrionales et le Sticlwpus
Tcgalis de la Méditerranée.
( 36o )
M Le groupe des Crinoïdes ne nous a fourni que deux exemplaires d'un
petit Antedon, voisin de YAntedon Sarsii des mers du Nord.
)) Les Éponges siliceuses les plus remarquables parmi celles que nous
avons recueillies appartiennent an groupe des Hexactinellides, dont les
spicules blancs et allongés ressemblent à du verre filé. Les Hyalonema, les
HoUenia, V Àskonema, le TFyviUt-Thomsonia , le Farrea ont été ramenés par
la drague de profondeurs variant entre Soo"" et 2000™.
» Nous avons trouvé dans les grands fonds une quantité de Foramini-
féres ; outre les formes communes, dont le test est calcaire, poreux ou por-
cellané [CrisleUaria,Nonionina, Coniuspirn, Orbutina, Quinqueloculina, Bilocu-
Unaj etc., et le remarquable Orbiloliles teimissimaj dont nous avons obtenu
des exemplaires de grande taille), nous possédons une magnifique série de
Foraminifères arénacés {Liluola subglobosa, Psammosphœra fusca, Àstrorhiza
arenaria, Rhabdammina sp.), dont l'étude a pris, depuis plusieurs années,
une grande importance.
» Cet exposé peut donner une idée des travaux zoologiques accomplis
pendant la croisière du Travailleur. D'autres résultats importants ont en
même temps été obtenus, et les cent trois sondages faits depuis la fosse de
Cap-Breton jusqu'au cap Pénas rendent un compte exact du relief du fond
de la mer, dans cette région qui semble continuer sous l'eau notre massif
pyrénéen. A peu de distance des côtes, des profondeurs de prés de 3ooo'"
ont été trouvées ; on a pu constater l'existence de pentes abruptes, de fentes
presque verticales, surtout au nord deSantander et du cap Machichaco,
et ces brusques différences de niveau sont venues bien souvent contrarier
nos dragages. Au contraire, à l'ouest, entre Tina Mayor et le cap Pénas,
il existe un plateau que nous avons désigné sous le nom de plateau du
Travailleur. 11 n'est couvert que d'environ 170™ d'eau et contraste par son
horizontalité avec la région accidentée située plus à l'est; celle-ci se relie
à la fosse de Cap-Breton par une série d'ondulations. Ce travail hydrogra-
phique sera fort intéressant pour les géologues; tous les éléments en ont
été réunis avec un soin extrême par i\I. Richard, qui doit les grouper en
un Rapport adressé à M. le Ministre de la Marine.
M En terminant, qu'il me soit permis d'exprimer le vœu que cette expé-
dition si féconde ne soit pas la dernière de ce genre et que l'année prochaine
il nous soit possible d'explorer de la même manière nos côtes méditerra-
néennes; les découvertes que M. Marion a faites au large de Marseille,
nous permettent d'espérer encore une nouvelle et riche récolte. »
36i )
GÉOGRAPHIE. — Sur i établissement des stations hospitalières de VAjriqiie
équaloriale; par M. de Lesseps.
« La Section française de l'Association internationale africaine, dont j'ai
été élu président, a désigné les deux chefs qui doivent créer nos premières
stations hospitalières et scientifiques, l'une à l'orient, l'autre à l'occident
de l'Afrique équatoriale.
» *A l'orient, le capitaine Bloyet a écrit, le 1 5 juin, qu'il était, à cette date,
sur la rive gauche du Kingani, à Mounié-Kondo, où il organisait une cara-
vane de trois cents hommes pour se rendre à sa destination. Il arrivait
dans rOussagara le 2 juillet,
» A l'occident, M. Savorgnan de Brazza recherche le meilleur point
géographique où s'installera la première station sur l'un des affluents du
fleuve Ogooiié, dépendant de notre colonie du Gabon, M, l'amiral Jauré-
guiberry a bien voulu, sur ma demande, accorder un congé régulier k
M. Mizon, enseigne de vaisseau, qui ira prendre la direction de la première
station occidentale.
» La Section belge de notre Association internationale a déjà pu livrera
la publicité un certain nombre de résultats importants, consignés dans
trois fascicules que j'ai l'honneur de déposer sur le bureau de l'Académie.
- J'y joins un remarquable vocabulaire français-kisouahili, dressé par le
docteur Dutrieux.
» Le programme du roi des Belges, qui consiste à rayonner graduelle-
ment et pacifiquement au centre du continent africain, en y créant, à titre
définitif, des postes scientifiques et hospitaliers destinés à se relier entre
eux, assure une conquête civilisatrice lente, mais sûre.
» Désormais les voyageurs, encouragés par nos établissements partiels, où
ils seront certains de recevoir des renseignements et des secours, exécute-
ront leurs expéditions avec plus de sécurité, pendant que les stationnaires,
bravant les difficultés et les périls des initiateurs, feront la fructueuse ex-
périence de la vie africaine en cherchant à entretenir des relations amicales
avec des populations encore barbares, livrées à la chasse et au trafic de
leurs semblables.
» Il était nécessaire que la France figurât dans cette œuvre éminemment
humaine et civilisatrice. J'ai la satisfaction de faire connaître à l'Acadé-
mie la part honorable que la Section française aura dans le succès de
( 362 )
l'Association internationale fondée et présidée par S. M. le roi des Belges.
» Je remets à l'Académie une Note de M. Mizon, chef de notre station
occidentale, et une copie du journal que le capitaine Bloyet a écrit pen-
dant son voyage de Zanzibar jusqu'à son point de destination dans l'Ous-
sagara.
» Pour la partie septentrionale de l'Afrique, l'Académie sait que le gou-
vernement de la République s'occupe activement de préparer les moyens de
mettre en communication l'Algérie avec le Sénégal et le Soudan. Plusieurs
Membres de notre Académie ont été désignés par le Ministre des Travaux
publics pour faire partie de la Commission appelée à donner son opinion
sur cette importante question.
» Mon avis a été de commencer, en dehors de notre rayon actuel, par
établir aussi loin que possible des lignes télégraphique?, qui serviront suc-
cessivement de jalons pour la pose des rails. Il n'y aura qu'à imiter l'expé-
rience faite par les Américains entre New-York et San-Francisco, par les
Anglais entre le sud et le nord de l'Australie, sur un parcours de 700 lieues,
et par la Russie en Asie, travaux qui ont précédé la construction de che-
mins de fer. Cette opinion a reçu l'adhésion de nos collègues. Les fils élec-
triques deviendront ainsi, dans l'intérieur de l'Afrique, de véritables
conducteurs de la civilisation. »
ME3IOIRES PRESENTES.
ZOOI-OGIE. — Sur les embtyons accompagnant les Cjslicerques
dans la viande du Porc. Note de M. Poixcaré.
(Commissaires : MM. H. Milne Edwards, de Quatrefages, E. Blanchard.)
K Dans la Note que j'ai eu l'honneur d'adresser à l'Académie le
12 juillet 1880, et qui est relative à la présence accidentelle, dans la viande
de Bœuf, d'un parasite non encore décrit par les auteurs français, je faisais
remarquer qu'on en trouvait un analogue chez le Porc atteint de ladrerie,
et j'émettais l'hypothèse qu'il pourrait bien représenter une des phases
d'un tœnioïde. Depuis, j'ai eu l'occasion d'examiner le tissu musculaire de
plusieurs Porcs entachés de Cyslicerques, et les faits observés m'ont paru
de nature à confirmer cette hypothèse.
» Je peux d'abord poser eu fait que la viande de Porc renfermant des
kystes de Cysticerques présente, en outre, constamment, des êtres à contenu
( 363 )
gr.imiloiix et pouvant affecter une forme générale analogue à celle des Né-
niatoïdes. Ces êtres sont parfois excessivement nombreux, et leur fréquence
est toujours en raison inverse de celle des kystes de Cysticerques, ce qui
semble indiquer qu'il y a réellement là deux états successifs d'un même
individu, et que, suivant le degré d'avancement de la maladie, c'est l'une ou
l'autre des deux phases qui prédomine.
» L'animal affecte, le plus souvent, une forme ramassée qui le fait res-
sembler à une chrysalide. Il apparaît alors comme un sac ovoïde, froncé et
renfermant exclusivement une masse de protoplasma granuleux. Ce sac peut,
par des mouvements spontanés, s'allonger considérablement et se con-
tourner de toutes manières. Plus il se déploie, plus il perd de son aspect
froncé, de sa largeur et de l'intensité de sa teinte. Cette plus grande trans-
parence s'explique par la dissémination du contenu granuleux. Du reste,
l'animal peut, à volonté, répartir ce dernier inégalement dans son enve-
loppe, et faire apparaître ainsi des points noirs qu'on prendrait, au premier
abord, pour des orifices naturels ou des organes spéciaux. La plupart de ces
êtres sont munis de cils vibratiles, qui sont toujours plus nombreux et plus
longs vers les extrémités. Beaucoup apparaissent contenus dans une fibre
musculaire, qui se renfle et pâlit à leur niveau; mais il est évident qu'ils
peuvent en sorlir, car plusieurs sont manifestement libres.
» Tels sont les faits que l'on constate dans les muscles de Porcs atteints
de ladrerie. Ils ne sont point l'exacte reproduction de ce que j'ai rencontré
dans la viande de Boeuf, mais les différences ne sont point telles qu'elles ne
puissent s'expliquer par des variétés de terrain.
!) En tout cas, il est plus que probable que, chez le Porc, ces organismes
granuleux représentent une des phases de formation ou de transformation
du Cysticerque, et il est possible qu'ils puissent, aussi bien que celui-ci, en-
gendrer le Ttenia. C'est donc à tort que l'on tolère, dans beaucoup de villes,
la vente des parties qui paraissent saines, à l'œil nu, chez les Porcs dont la
ladrerie n'est pas encore généialisée. Ces parties peuvent, en effet, receler
ces germes microscopiques qui échappent complètement à l'inspection or-
dinaire. Il me paraît même urgent de renoncer à la consommation de la
viande crue, ou même simplement saignante, qu'elle soit de porc ou de
toute autre provenance. »
C. R., iSSo, 2' Semestre. (T. XCI, N» 7.) , 48
( 304 )
CORRESPONDANCE.
M. le Maire DE la ville de Blois annonce à l'Académie que l'inaugura-
tion de la statue élevée à Denis Papin dans cette ville aura lieu le 29 août.
11 exprime l'espoir que l'Académie des Sciences voudra bien se faire re-
présenter à cette cérémonie par l'un de ses Membres.
(Renvoi à la Commission administrative.)
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur quelques formules relatives aux fonctions
hypergéomélriques de deux variables. Note de M. Appell.
* Les séries précédemment indiquées (') ne définissent les fonctions
hypergéométriques de deux variables que pour les valeurs des variables a; et^
pour lesquelles la convergence alieu;poin' définir ces fonctions pour toutes
les valeurs de la variable, on peut, comme pour la série de Gauss, se servir
des équations différentielles auxquelles elles satisfont. Je continuerai à
employer les notations F,, Fj, F3, F, pour désigner les quatre fonctions
ainsi définies, même dans le cas où les séries correspondantes seraient
divergentes.
» I. JjCS fonctions F, et F3 peuvent s'exprimer à l'aide de F^. Tout
d'abord F, peut s'ejtprimer à l'aide de F^ de la façon suivante.
» On a, en ordonnant la série F, par rapport aux puissances de x,
où F désigne la série de Gauss. Or, d'après Gauss [FFerke, 111 Bd, p. a 18,
équation 92),
F(a-r- /», p', ■/ + ni,r) = (• -rr 1' (;-'. 7- «' V + '"> - ~.
en substituant dans le second membre de (i), on trouve
(2) F.(a,/3,,3',7,j:,j) = (i-jtP'F,(^a,7-a,/3,fi',V.^. -
formule qui exprime F, à l'aide d'une fonction F., particulière.
r
1 — r
') Comptes rendus, t. XC, \i. 9.96, 781, 977.
( 365 )
» II. Voici maintenant de quelle façon la fonction F3 peut être exprimée
à l'aide de F^. Les équations différentielles F, se ramènent à la forme F^
par les substitutions x ^= -■> y= -■> c^^^/j* «; on a donc, en se reportant
à l'expression donnée précédemment de l'intégrale générale des équa-
tions F^,
' Fj(a,a',p,/S', 7,jr,j)
— kx-'-^y-"^' ¥.Àa + «' — 7 + 1, «, a', « — fi + i, «' — jS'+ I, -, - j
+ Cx-^"''' Fi U 4- p'- 7+ r , a, [5', a - j3 + i , p'~ «'+ 1 , -. -
+ Ux-P v-^' ¥.h> + a'_ 7 + , , i^, «', fi - « -H I , a' - /3'+ I , V
où A, B, C, D sont des constantes dont voici les valeurs. Posons
ou a
A = /(a,a',/3,/5'), B --=/(fi, fi', a, «'),
C=/(«,/3', fi,«'), D=/(/3,«',«,/3').
» Cette formule (3) doit être rapprochée de celle que donne Gauss
[l-Ferhe, III Bd, p. 220, équation gS).
» III. Les formules précédentes transforment les fonctions hypergéomé-
triques les unes dans les autres. Voici de nouvelles formules qui con-
tiennent une seule de ces fonctions :
( F,(a, /3,p', 7,x,7)
^^^ ' =(.-^) ^:.-7rP'F,(7-a,i3,,e',7,^^,
j— I
; F,(«,(3,,S',7,7',^,y)
(5j ) =('— ^r^F,(a,7-/3,ri',7>V'.-7Tb'
V • • \ 1 — X I — j; J
\ =(i-jrF,(«, ri,7'-i3',7//. 7^.' - 7^7-)'
d'où
j F.(«,/3,ri',7,7',a',,>-)
I =('-^^-JrF,(a,7-^i,7'-f5^7^/^^--^-^-,---y^-)
( 360 )
et enfin
F^la, /5, 7» '/,■*■ v>')
r(7"ir(fi -a, Nai?/ , ' , O'^'
d'où l'on déduirait une formule analogue en ])ermutant x avec j et 7
avec 7'.
» Ces formules se démontrent facilement au moyen des équations diffé-
rentielles auxquelles satisfont les fonctions F,, ou bien au moyen des
expressions de ces fonctions par des intégrales définies (Comptes rendus,
t. XC, p. 977). Quelques-unes d'entre elles, comme par exemple (2),
s'obtiennent à l'aide des relations connues auxquelles satisfait la série F
de Gauss. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur diverses lenlaliues de démoiistralion du théo-
rème de Fermât. Extrait d'une Lettre du P. Pépix à M. le Secrétaire
perpétuel.
« Les Comptes remlus du i[\ juin 1880 renferment une tentative de
démonstralion du dernier théorème de Fermât, sur laquelle Libri a pro-
noncé depuis longtemps un jugement qu'il n'est peut-être pas inutile de
rappeler. Dans son Mémoire Sur la théorie des nombres, qui fait partie du
ïouie IX du Journal de Crelle, après avoir démontré que le nombre des
solutions des congruences
x^ -i' J^ + i ^ o (moà. p = 3/1 -i- i),
jr. 1 _|_ j-4 _j_ I ^^ Q (mod . p = /\ h -h i)
va en croissant avec le nombre/;, il ajoute :
n Ert général, on pourrait démontrer que, étant donnée la congruence à deux inconnues
^"+ y" + 1^0 (mod./;), on pourra toujours assigner une limite de p telle, que, passé
cette limite, le nombre des solutions de cette congruence ira toujours en augmentant. Ce
théorème n'est pas sans importance pour parvenir à la démonstration de l'impossibililé de
résoudre l'équation «"+ f" = z" en nombres entiers, car il prouve que l'on tenterait en vain
de démontrer celte impossibilité en voulant établir que, si cette équation était résoluble,
l'une des inconnues seialt divisible par une infinité de nombres premiers. Nous faisons cette
( ^67 )
observalion |)aicc que nous avons ilfs motifs de croire (jue plusieurs analystes ont tenté ce
genre de démonstration. »
» L'assertion de Lihri est facile à justifier pour l'exposant 3. Si l'on
désigne par a, a,, ^o, ... les résidus cubiques du nombre p = 3// + t
compris parmi les nombres i, a, 3, . , . , /; — i , la congruence
(i) « + £Z| -H I ;^o (mod. p),
en supposant/? premier, admet un nombre de solutions exprimé par la
formule
(2) 7Z r= '- ,
■ 9
où l'on désigne par L la racine positive ou négative du carré L^ dans l'équa-
tion lip=zL'--+- 27M-. Or, à chaque solution de la congruence (i) corres-
pondent neuf solutions de la congruence
(3) x^ -H j-^ + 1 e:^ o (mod. /;).
On les obtient en combinant les trois solutions de la congruence x^i^=«
(mod. p) avec les Irois solutions de la congruence x'_^a, (mod.p). Le
nombre des solutions de la congruence a:'' + j'M- i ^ o (mod. p) en nom-
bres entiers, positifs et inférieurs à p, est donc
(4) N-p + L-S,
et le signe de L est déterminé par la formule L;::^i (mod. 3). Soit /; — 7;
4x7 = 1-4-27.1-, L=i, N = o.
Soit p =^ 13;
4 X i3 = ri--+ 27.1-, L - - 5, N = o.
Ainsi les deux nombres premiers 7 et i3 ne peuvent diviser la somme de
trois cubes sans diviser l'un de ces cubes. Mais ils sont les seuls nombres
premiers 3/i -t- i qui jouissent de cette propriété, car on a évidemment
L >. — 2 \/p, N > \'p{\/p — 2) — 8, et le second membre de cette inégalité
est positif à partir de /; = 19. Si p est >> 121, on a N > 91, et ce nombre
croît en même temps que p.
') La formule (2), qui nous sert de fondement dans celte démonstration,
est une conséquence immédiate de celles par lesquelles Gauss effectue le
partage des racines de l'équation =^0 en trois périodes (D.. 7, art. 338).
( 368 )
Elle se trouve démontrée directement et de différentes manières dans mon
Mémoire Sur les rvsiclus cubiques [Journal de Mathématiques de M. Resal,
t. II, p. 319) et dans une Note des Comptes retidus (t. LXXIX, p. 1407). »
SPECTROSCOPlE. — Observation faite sur un (jroupe de raies dans le spectre
solaire. Kote de M. L. Thollon, présentée par M. E. Mouchez.
« A la fin de l'hiver dernier, je me suis occupé d'organiser une installa-
tion pour les observations spectroscopiques sur la montagne où se construit
actuellement le magnifique Observatoire de Nice. Mes études sur le Soleil,
commencées vers le milieu de mai, se sont continuées jusqu'aux premiers
jours de juillet. Bien que la saison ait été des plus défavorables, les résultat
obtenus avec mon appareil à grande dispersion m'ont offert une sorte
de compensation; ils seront exposés dans une prochaine Note. Pour le mo-
ment, je me bornerai à appeler l'attention de l'Académie sur une particula-
rité fort remarquable que m'a présentée un groupe de quatre raies, situées
dans l'orangé.
" La fig. I représente ce groupe tel qu'on le voit dans mon appareil le
matin ou le soir, quand le centre de l'image solaire setrouvesur la fente. Les
deux raies b, c appartiennent au fer. Leurs longueurs d'onde, détermi-
nées par M Tlialén, sont
b — 5976,1,
c = 5974,6.
Les deux autres sont telluriques, et, d'après mes mesures, elles auraient
pour longueurs d'onde
a = 5976,35,
^=5974,36.
Les différences « — é = o, 25 et c — r;^ = o, 24 représentent les intervalles
abe\. cd, qui sont presque égaux.
» Supposons maintenant qu'on déplace l'image solaire et que l'on
amène sur la fente l'extrémité orientale de son diamètre équatorial ; si le
mouvement de la source lumineuse peut modifier la longueur d'onde des
radiations qu'elle émet, il est évident que les raies du fer se déplaceront
de gauche à droite, tandis que les raies telluriques conserveront une po-
sition invariable. Ce déplacement, facile à calculer, sera représenté par
( 3G9 )
le nombre o,o4, qu'il faudra ajouter à o.aS et retrancher de o, 24, ce qui
donne ah = o, 29 et cr/= o, 20. Ces deux intervalles,' primitivement égaux,
seront à très peu près dans le rapport de 3 à 2. L'effet inverse aura lieu
si l'on observe le bord occidental du Soleil. Or, ce que prévoit la théorie
se réalise expérimentalement sur ces quatre raies avec une précision, une
netteté qui ne laissent pas le moindre doiile. On voit, dans les /?r/. 2 et 3,
rig. 1.
iib cit
l'ig. ■>..
ab Ctl
Fifi. 3.
l'aspect que prend le groupe dans les deux cas. Plusieurs savants ont bien
voulu vérifier le fait à l'Observatoire de Paris : ils se sont tous accordés à
affirmer qu'il est d'une évidence absohimerit incontestable.
» Pour que le phénomène soit bien visible, il ne faut pas que les inter-
valles ab, cd soient trop grands, car le rapport — resterait sensiblement
égal à l'unité; ils ne doivent pas être trop petits, car on ne les distin-
guerait plus suffisamment; les raies doivent avoir à peu près la même
intensité, une grande finesse et une netteté parfaite; enfin il est nécessaire
que les raies du fer soient toutes deux internes ou toutes deux externes.
Ces nombreuses conditions se trouvent remplies d'une manière tout à fait
surprenante dans le groupe que je signale à l'attention des savants. Il serait
difficile d'imaginer un assemblage plus heureux et mieux proportionné
pour rendre très visible un phénomène si délicat. Grâce à celte particu-
larité, une des lois les plus importantes de l'Astronomie physique peut
être soumise journellement à toutes les vérifications, à tous les contrôles.
L'expérience, par sa simplicité même, échappe à toute objection; elle n'a
pas recours à l'emploi de deux faisceaux lumineux, qui, n'entrant pas dans
le collimateur dans des conditions identiques, peuvent produire et pro-
duisent quelquefois des effets de parallaxe propres à fausser entièrement
( 370 ) .
les résultats; elle se prête aux mesures les plus rigoureuses et n'exige aucun
dispositif spécial. Si l'on considère qu'elle vient à l'appui d'expériences
célèbres faites par d'illustres savants, il doit être permis de considérer la
formule de M. Fizeau comme entièrement démontrée pour la lumière aussi
bien que pour le son.
» En terminant cette Noie, je dois adresser tous mes remei'ciments à
l'Académie, qui a bien voulu me confier un de ses sidérostats, à M. le
contre-amiral Mouchez, qui m'a prêté un excellent objectif de 12 pouces,
et à M. Bisclioffsheim, qui, avec une noble libéralité, a fait tout son pos-
sible pour faciliter mon installation au mont Gros. »
PHYSIQUE. — Sur la cause des variations des points fixes dans les thermomètres.
Note de M. J.-M, Cuafts, présentée par M . Friedel. (Extrait.)
« — Il ne sera pas inutile de citer quelques expériences, qui réduisent à
un rôle nul ou très petit la part delà pression dans l'élévation permanente
du point zéro.
» Un thermomètre (n" Vil) qui est rempli d'azote, et qui a un excès de
pres^sion intérieure à 355°, a montré à cette température la même élévation
du zéro que d'autres thermomètres privés d'air. Si l'on soustrait un ther-
momètre à la pression extérieure de l'atmosphère, en le renfermant dans
un tube privé d'air, et qu'on le chauffe, on obtient le même résultat. On
obtient également une contraction du vase et une élévation du point zéro,
tout à fait semblable à celle d'un thermomètre ordinaire à mercure, quand
on chauffe à la même température un thermomètre à poids, ouvert à l'air.
Une preuve plus frappante encore que la contraction du verre est indépen-
dante de la pression consiste dans l'élévation des points zéro dans les
thermomètres à gaz, sous un fort excès de pression intérieure. Je ne con-
nais qu'une seule donnée sur ce sujet; elle s'applique à un grand ballon
épais que Regnault a soumis à un calibrage indirect, avant et après l'avoir
chauffé à 5ii°, sous une pression intérieure surpassant celle de l'at-
mosphère. Il s'attendait à trouver une augmentation de volume, mais on
peut déduire de ses chiffres une diminution, dans la proportion de
10 000 :9975. Cette expérience est très importante, puisqu'elle indique, avec
toute la précision que Regnault savait apporter à ses travaux, que les
grands ballons épais subissent, à une très haute température, les mêmes
transformations que l'on peut observer à des températures inférieures avec
( 37' )
les boules minces des tlierinomèlres à mercure. J'ai souvent eu l'occasion
d'observer une élévation du point zéro dans les thermomètres à gaz, et
je peux mentionner deux instruments en verre ordinaire, qui, chauffés
huit heures dans le soufre bouillant, ont montré, à un calibrage indirect,
une contraction de la boule de 0,0028 et de o,oo33, quoique la pres-
sion intérieure fût deo^jS et de o'^iQ en excès sur la pression extérieure.
» On peut conclure de ces expériences que le verre soufflé à ta lampe et
expose pendant lomjlemps à radian de la chaleur diminue de volume par suite
d un travail intérieur, et il ri est pas démontr'é que la pression joue un râle quel-
conque dans te phénomène.
» La théorie émise par Despretz pour expliquer la dépression tempo-
raire du point zéro peut être appliquée aussi à expliquer l'élévation per-
manente du zéro, et elle sert à rendre compte de l'anomalie apparente de
l'action de la chaleur, qui produit deux effets en sens contraires. Cet au-
teur dit :
1 Toutes les fois que les ruoiécules d'un corps solide éprouvent un déplacement par une
cause mécanique, comme la pression, la traction ou la torsion, par une cause physique,
comme une élévation ou un abaissement de température, elles ne reprennent pas exactement
leurs positions primitives lorsqu'elles sont soustraites à ces causes, c'est-à-dire que, si le
volume a été diminué oiuaugmenté d'une manière plus ou moins considérable par une force
quelconque, il reste plus ou moins longtemps diminué ou augmenté après que celte force a
cessé d'agir. >
» Ainsi, on peut conclure que les particules du verre écartées au souf-
flage ne reviennent pas immédiatement à leur position normale à une tem-
pérature inférieure; on observe, pendant quelque temps, des perturbations,
et ensuite le verre peut rester très longtemps (indéfiniment ?) dans un état
de tension à la température ordinaire. L'action de la chaleur, aune tempé-
rature donnée (355° par exemple), en donnant une plus grande mobilité
aux particules, favorise leur retour à la position normale et donne lieu à
une contraction; tuais le verre, en se refroidissant à partir de cette der-
nière température, retient une partie de l'écartement propre à 355°. En
chauffant de nouveau à une température inférieure (à 3oo° par exemple),
on pi^oduit une nouvelle diminution de volutne, et ainsi de suite, de sorte
qu'un refroidissement très lent, qui produit successivement tous ces effets
sur les particules du verre, doit amener le plus grand rapprochement à
l'état normal, et par conséquent la plus grande stabilité.
« La théorie de Despretz fut proposée pour expliquer pourquoi une aug-
mentation de volume, c'est-à-dire une dépression temporaire du zéro, est
C. R., iSSj, j' Semestre. (T. XCI, N" 7.) 49
( ^72 )
produite par un chauffage à loo", et M. Lowenliirz a démontré que cette
dépression disparait pendant un refroidissement très lent. On simplifie la
discussion de ces pliénomènes, si l'on envisage l'élévation permanente du
zéro, que l'on observe à 200°, 3oo° ou 355°, comme la disparition d'une
augmentation de volume (dépression du zéro) produite à la température du
ramollissement du verre, et l'on observe la marche d'une dépression tempo-
raire correspondant à une température donnée dans des conditions plus
favorables, en écartant préalablement la tendance à une élévation du
zéro. Je ne me suis pas spécialement occupé de ce sujet, mais je demande à
l'Académie la permission de lui présenter quelques observations faites pen-
dant ces recherches.
» La loi établie par M. Peruet pour les températures comprises entre 0°
et 100°, d'après laquelle les dépressions du zéro sont proportionnelles aux
carrés des températures, n'est pas vraie à de hautes températures. Un ther-
momètre, par exemple, qui donne une dépression de o°,3 après une longue
exposition à 100", devrait donner à 355° une dépression de 3°, 8. Les dé-
pressions que l'on observe sont bien moins considérables.
» On peut préparer un thermomètre en le chauffant plus ou moins
longtemps à diverses températures et en refroidissant lentement ou brus-
quement, ou par une période de repos, de manière à faire baisser ou monter
son point zéro de quelques dixièmes de degré après qu'il a été chauffé une
demi-heure à 100", et l'élévation ou la dépression peut être produite à vo-
lonté, en se guidant par les vues théoriques proposées plus haut.
» H est surtout important de déterminer si la plus grande stabilité,
amenée par une longue exposition à une haute température et un refroi-
dissement lent, correspond avec une plus petite dépression temporaire du
zéro. Ce résultat parait avoir été obtenu avec les thermomètres en cristal ;
mais plusieurs des thermomètres en verre de soude se sont montrés peu mo-
difiés à cet égard. Le thermomètre n° VIII, mentionné dans la Communica-
tion précédente, a une échelle divisée en dixièmes de degré, qui permet
d'estimer avec une lunette le centième de degré. On l'a fait fabriquer avec
un large réservoir supérieur, pour pouvoir le chauffer à 355", et c'est ce
thermomètre qui a servi spécialement à étudier l'effet d'un long chauffage
sur la dépression temporaire du zéro. Après quelques mois de repos, la dé-
pression avant et après le chauffage présente à peu près la même valeur,
c'est-à-dire o", 3 ou o°,4- Dix-ueuf jours après le chauffage à 355°, en
chauffant une demi-heure à 100", on a diminué la plus grande tension pro-
duite à 355°, et l'on a obtenu une élévation du point zéro, de 0°, 21, au lieu
d'une dépression. »
( ^73 )
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur ta fermentation nlinoUqiie rapide. Note de
INI. .1. BorssixGAUi-T, présentée par M. Chevreiil. (Extrait.)
Ces expériences permettent de conclure que la glycérine apparaît
pendant la fermentation rapiJe. On peut se ilemander si les produits ac-
compagnant généralement l'alcool, tels que l'alcool mélhylique, l'aldé-
hyde, etc.. ne se forment pas en plus fortes proportions. Cette question
restait en dehors du but qu'on s'était proposé, celui de faciliter l'analyse
des vins très sucrés, en signalant ce fait curieux d'une fermentation ac-
complie dans un liquide en ébullition, sous une pression assez faible pour
(376)
que la chaleur n'altère pas l'organisme du ferment et suffisante cependant
pour expulser l'alcool et l'acide carbonique. »
SPECTROSCOPIE. — Examen spectral du thulium. Note de M. R. Thalén,
présentée par M. Cornu.
« J'ai soumis à l'examen spectroscopique quelques solutions aqueuses,
reçues de M. Clève, qui devaient contenir le nouveau métal thulium et
j'en ai étudié le spectre d'absorption, celui d'émission et enfin les raies
spectrales brillantes qu'a produites l'étincelle d'induction.
» Pour les observations sur l'absorption j'ai employé deux solutions
concentrées du nitrate, dont l'une, d'une couleur rose, fut annoncée comme
riche en er/^ù/m, l'autre, presque incolore, riche en thulium. En comparant
entre eux lesdeuxspectres d'absorption, j'ai trouvéquela plupart des bandes
ont été, par rapport à leurs positions moyennes, identiques pour les deux
spectres, tandis que leur intensité aussi bien que leur largeur ont varié
beaucoup selon la nature de la solution employée. Ainsi, dans le spectre
du thulium, où toutes les autres bandes sont beaucoup plus faibles et plus
minces que les bandes correspondantes dans le spectre de l'erbium, on
observe deux bandes très larges, d'une intensité très notable. La bande la
plus noire, indiquée déjà dans la première Communication qu'a faite
M. Clève sur ce sujet ('), est située entre les raies fraunhofériennes C et B,
et très voisine de B (À^ 6840), lorsque la solution est diluée; mais, dans
le cas d'une solution concentrée, elle s'étend au delà de B et s'avance
presque jusqu'à la raie a (X = 6800-7070). Cette bande se distingue en ce
que, toutes choses égales d'ailleurs, elle conserve parfaitement son obscu-
rité, même quand on augmente beaucoup la dispersion du spectroscope.
L'autre bande, située dans le bleu (). = 465o), se présente très large et
assez noire dans les faibles spectroscopes, tandis qu'elle s'atténue beaucoup
si la dispersion devient un peu grande. Ces deux bandes, surtout la pre-
mière, doivent, il nous semble, être attribuées au thulium.
» Quant aux autres bandes, quiappartiennent toutes à rerbium,je me dis-
pense d'en donner ici les mesures que j'ai reprises. Comme on le sait bien,
l'aspect des bandes d'absorption change beaucoup soit avec le degré de
Comptes ri;n. = 348 ; enfin à la bande plus pâle X — 33o, 5 à 328, 5, un peu avant Q. »
CHIMIE MINÉRALOGIQUE. — Siti Verbiiu'. Note de M. P.-T. Clève,
présentée par M. Wurtz.
(( La vraie erbine, caractérisée par son spectre d'absorption et par sa
belle couleur rouge, a enfin, après un travail excessivement long et pénible,
pu être obtenue dans un degré de pureté assez grand pour permettre
la détermination exacte de son poids moléculaire. La méthode dont je me
suis servi consiste dans la décomposition partielle des azotates par la
chaleur. Je n'ai pu trouver encore un autre procédé. I^'erbine la plus pure
que j'aie pu obtenir montrait encore des traces des raies d'absorption de
la thulineet de la terre X (ou holmine). J'ai faitdelongues, mais vaines ten-
tatives, pour les séparer complètement. Il n'a pas été difficile de séparer
complètement l'une de ces terres, mais on n'y réussit qu'en sacrifiant une
quantité considérable de matière, et dans l'erbine ainsi débarrassée d'une
des autres terres on rencontre encore des traces de l'autre; or, pour la
séparation de cette dernière, la quantité que je possédais n'était pas suffi-
sante. La quantité d'erbine vraie qui se trouve dans l'erbine ancienne
n'est pas si considérable que celle de l'ytterbine, qui formait la majeure
partie de l'erbine obtenue par MM. Bunsen, Hoglund, etc.
( 382 )
» Les traces de thuliiie et de la terre X contenues dans mon erbine
n'ont pu exercer aucune influence appréciable sur le poids atomique. J'ai
divisé la terre, par la décomposition partielle de son azotate, en quatre
fractions et j'ai déterminé le poids moléculaire des deux fractions extrêmes.
La première a donné pour le mêlai (Er) le poids atomique i66,25; la
dernière 166,21 et 166. Plusieurs fois j'ai obtenu le nombre 166 par la
détermination du poids atomique des fractions les plus pures. Je crois que
ce nombre est exact ou qu'il ne diffère de la vérité que par quelques
dixièmes d'unité. Il ne diffère d'ailleurs du poids atomique de l'ytterbium
ou 173 que par 7 unités.
y L'oxyde d'erbium est une poudre de la plus belle et pure couleur
rose, et il la conserve même après une forte calcination. Il se dissout len-
tement dans les acides, pourvu qu'ils ne soient très concentrés. Son poids
spécifique est, d'après une détermination de M. Petterson, 8,64. Ses sels
possèdent aussi une très belle et intense couleur rouge.
» Vazotale, Er'-(AzO^)° + loH^O, forme de grands cristaux, inaltérables
à l'air.
» Le sulfate cristallise avec 8H^0.
» Le sulfate double potassicjuej Er-K^(SO*)'' + 4H^O, est très soluble
dans l'eau froide.
» Le sel correspondant ammoniacal, Ei'^(AzH^)%4S0'' + 8H*0, est
aussi soluble.
» Le Ae7eVu', o,g
Raie 49^7 (Vngstriim) 0)4^
Groupe B entre /es longueurs d'onde 6866 e/688o dans iinu même après-midi.
Intensité,
h m
■2 . 3o 2,8
4. 3o 3,5
5.10 4i3
5.35 4,7
1) Ces expériences, comme on le voit, sont restées fort incomplètes, à
cause du mauvais temps. Cependant, elles montrent quels services on doit
attendre de ces mesures, pour toutes les questions qui se rattachent au
spectre solaire : on voit, par exemple, qu'une seule série met en parfaite
évidence la nature tellurique du groupe B. »
PHYSIQUE CRISTALLOGRAPHIQUE. — Sur iéleclricilc polaire dans les cristaux
héinièdres à faces inclinées. Note de MM. Jacques et Pierre Curie, pré-
sentée par M. Desains.
« 1 . Dans l'avant-dernière séance, nous avons présenté à l'Académie la
description d'un nouveau mode de développement de l'électricité polaire
dans le^ cristaux liémièdres à faces inclinées; nous avons montré pour tous
Comptes rendus, i5 décembre 187g.
( 384 )
les cas connus qu'une relation constante existe entre le sens des effets pro-
duits par des variations de température et le sens de ceux dus à des varia-
tions de pression, relation qui permet d'énoncerle phénomène d'une façon
générale en disant que, quelle que soit la force déterminante, toutes les
fois qu'un cristal hémièdre à faces inclinées se contracte, il y a formation
de pôles électriques dans un certain sens; toutes les fois que le cristal se
dilate, les pôles électriques se forment en sens inverse.
» Nous allons montrer à présent que, dans toutes les substances non con-
duclrices étudiées, ce sens est lié à la position des facettes hémièdres. Pour
cela nous allons passer en revue les cristaux pyroélectriques, décrire pour
chacun d'eux les particularités de leurs formes ainsi que la situation des
pôles électriques. Les résultats contenus dans l'énumération qui va suivre
ne sont pas de nous pour la plus grande partie et sont acquis depuis long-
temps, mais leur rappel était nécessaire pour établir avec netteté la con-
cordance de tous les faits connus.
M 2. Système cubique. — Les cristaux hémièdres à faces inclinées appar-
tenant à ce système ont quatre axes d'hémiédrie qui sont les quatre axes
ternaires du cube; ces directions sont aussi les axes d'électricité polaire.
» £/enf/e (Friedel). — La forme hémiédrique est un tétraèdre; sur un
petit tétraèdre nous avons trouvé que le pôle positif par contraction est
situé vers le sommet ; le pôle négatif par contraction, vers la base.
« Chlorate de soude. — Ce qui vient d'être dit pour la blende lui est ap-
plicable.
Helvine. — Idem. Seulement nous n'avons pu étudier sur ce minéral
que l'action de la chaleur, et sur la base seulement; les cristaux étant en-
châssés dans leur gangue n'ont pu être comprimés.
« Système hexagonal. Tourmaline. — L'axe principal est l'axe d'hé-
miédrie et d'électricité polaire; l'une des extrémités est terminée par un
rhomboèdre surbaissé b' ; l'autre, par un rhomboèdre aigu e' ; le pôle
positif par contraction se forme du côté du sommet e' (Hatiy).
Quartz. — La forme hémièdre à fnces inclinées est un ditrièdre; il a
trois axes hémièdres horizontaux allant d'iuie arête du prisme hexagonal à
l'arête opposée. Si l'on coupe le ditrièdre par im plan horizontal, la section
est un triangle équilatéral; les trois hauteurs de ce triangle sont les trois
axes d'éleclricité polaire qui coïncident donc avec les axes d'hémiédrie;
le pôle positif par contraction est situé du côté du sommet du triangle, et
le pôle négatif par contraction du côté de la base (Friedel).
Système orthorhomeiqtje. Topaze (Friedel). — L'axe vertical est l'axe
( 385 )
d'hémiédi'ie et aussi celui d'électricité polaire. Un cristal présentait à l'une
des extrémités les facettes e' et a' (parfois hémièdres), très développées,
alors qu'elles l'étaient peu à l'autre; de plus, cette dernière extrémité était
polie et brillante alors que la première était rugueuse et terne; nous avons
pu constater que le pôle positif par contraction était situé vers le sommet
où les facettes e* et a' étaient le plus développées; mais, pour pouvoir cer-
tifier le sens du phénemène, cette expérience demanderait à être reprise
sur des cristaux véritablement hémièdres; ces derniers sont malheureuse-
ment rares.
') Calamine. —• L'axe vertical est l'axe d'hémiédrie et d'électricité po-
laire. L'une des extrémités est formée par la base p et les facettes hé-
mièdres rt' et e' ; l'autre extrémité est formée par l'octaèdre aigu e,;
le pôle positif par contraction est situé vers ce dernier sommet (Hauy).
» Sel de Seignetlc. — La forme hémièdre la plus ordinaire est un té-
J-
traèdre h'-; les axes d'électricité polaire sont dirigés d'un sommet de ce
tétraèdre à la base opposée; ils ne coïncident donc avec aucun des axes
cristallographiques; quant à leur direction exacte, nous ne l'avons pas
encore déterminée : la prévoir théoriquement ne nous a pas été possible,
le tétraèdre étant irrégulier, et la trouver expérimentalement demanderait
une série de mesures très délicates des quantités d'électricité développées
suivant des directions voisines; du reste, cela n'a pas d'importance pour la
question qui nous occupe: il suffit de savoir que l'axe va du sommet à un
point de la base du tétraèdre; le pôle positif par contraction est situé vers
le sommet.
» SystIîme clinorhombique. Acide tartrique dioit. — L'axe horizontal
est l'axe d'hémiédrie et aussi celui d'électricité polaire. Les faces e' se
trouvent à une extrémité et n'existent pas à l'autre; le pôle positif par
contraction se forme du côté qui porte les facettes hémièdres (Hankel).
)) Sucre. — Ce qui vient d'être dit pour l'acide tartrique lui est appli-
cable.
» Substance pseudocubique. Boracile. — Elle se présente sous la forme
d'un cubododécaèdre, avec faces d'un tétraèdre. Tl y a quatre axes d'élec-
tricité polaire suivant les quatre axes ternaires du cube. Les pôles positifs
par contraction prennent naissance vers les bases des tétraèdres (Hauy).
» 3. Si l'on rapproche ces résultats les uns des autres, on voit que pour
toutes les substances étudiées, sauf une exception, celle de la boracite, le
pôle positif par contraction prend naissance à l'extrémité de l'axe d'élec-
( 386 )
tricité polaire qui porte les facettes hémièdres formant avec lui les angles
les plus aigus. La boracife, qui paraît être une exception, vient au con-
traire apporter au rapport ci-dessus une intéressante confirmation.
M. Mallard a en effet démontré, par l'étude des propriétés optiques de
cette substance, que, quoique présentant cristallographiquement la symé-
trie cubique, elle est en réalité formée par la juxtaposition et l'enchevêtre-
ment de douze pyramides; ces pyramides proviennent de six prismes
orlhorhombiques hémièdres dont les axes d'hémiédrie sont parallèles aux
arêtes du cube (').
» Sans entrer ici dans la description de ce groupement, nous ferons seu-
lement remarquer que, suivant chaque moitié d'un axe ternaire du pseudo-
cube, se trouvent juxtaposées trois pyramides. Du côté où se trouve la
facette pseudotéiracdrique, les extrémités modifiées des axes d'hémiédrie
des trois pyramides sont situées sur l'axe ternaire ; du côté qui ne porte
pas de facettes tétraédriques, ce sont les extrémités non modifiées des
axes d'hémiédrie des trois autres pyramides qui se trouvent sur l'axe ter-
naire. L'extrémité de l'axe ternaire qui porte la facette tétraédrique et qui
est négative par contraction correspond aux extrémités modifiées des vé-
ritables axes d'hémiédrie.
» 4. Tous les faits jusqu'à présent sont donc d'accord pour montrer
que, dans toutes les substances non conductrices hémièdres à faces inclinées
étudiées, il y a une même liaison entre la position des facettes hémié-
driques et le sens du phénomène de l'électricité polaire.
» L'extrémité de l'axe d'électricité polaire qui est terminée par le»
facettes hémièdres, formant avec lui les angles les plus aigus, se charge
positivement par contraction, et négativement par dilatation ; l'autre extré-
mité, ou qui ne porte pas de facettes hémièdres, ou qui est formée parla
base ou par les facettes hémièdres faisant avec l'axe les angles les plus
obtus, se charge positivement par dilatation et négativement par con-
traction.
» On sentira mieux la signification physique de ce qui précède en
disant plus vulgairement, mais plus rapidement, que l'extrémité la plus
pointue de la forme hémièdre correspond au pôle positif par contraction,
tandis que l'extrémité la plus obtuse correspond au pôle négatif par con-
traction. ))
') Mallard, Âitn. des Mines, t. X.
( ^»7 )
M. V. Thenahd présente les observations suivantes au sujet de celle
Communication :
« Celle Communication me remet en mémoire fies expériences de mon
fils, expériences qui datent bien de quinze ans, et qui lui ont donné l'oc-
casion d'observer le mémo phénomène.
» Il cherchait à compter les raies que développe l'argent sous l'influence
de l'arc vollaïque.
» L'appareil se composait d'un spectroscope à six prismes, d'une lampe
Foucault et de 60 éléments de Bunsen, modèle des théâtres. Un parallélépi-
pède rectangidaire d'argent, pesant bien 2''% remplaçait le charbon au pôle
inférieur qui, par la direction du courant, était le pôle chaud, et une ba-
guette du ménie métal était ajustée au pôle supérieur.
)) Déjà il avait compté cinq cent quatre-vingts raies ; mais il en était qui
disparaissaient, pour ne plus revenir que vingt-quatre heures après, quand
il reprenait l'expérience, et disparaître encore.
» L'arc vollaïque, avec le développement que lui donnaient 60 éléments
bien montés, étant d'ailleurs très mobile, il attribua d'abord ce phénomène
à cette mobilité de l'arc, et, comme elle entraînait encore bien d'autres in-
convénients que chacun comprend, il eut l'idée de le fixer, en lui opposant
un électro-aimant par les fils duquel passait tout son courant. Nécessaire-
ment l'arc voltaïque se réduisit de longueur, il n'eut guère plus de o'",ooi;
mais, par contre, son intensité lumineuse devint telle, que le nombre des
raies dépassa dix-sept cents; les cinq cent quatre-vingts premières res-
tèrent parfaitement visibles, et l'incertitude se reporta sur les autres.
» Or, un jour qu'il faisait grand vent, et que les fenêtres étaient ou-
vertes pour donner issue à l'épais brouillard vert qui remplissait le labo-
ratoire, les choses allèrent comme par miracle : il ne s'agissait, en effet,
pour réussir, que de ventiler la lanterne et de la débarrasser du brouillard
invisible qui la remplissait et qui, sans qu'on s'en doutât, obscurcissait la
lumière.
» M. Desains a donc bien raison d'attribuer l'affaiblissement d'intensité
des raies solaires, après a*" du soir, aux brouillards invisibles qui, à ce
moment, commencent à s'élever de la Terre. «
G. R., iSSo, -2' Semestre. (T. XCl, N" 7.) ^ '
( 388 )
PHYSIQUE APPLIQUÉE. — Nouveaux résultais d'ulilisation de la chaleur solaire
obtenus à Paris. Note de M. A. Pifre, présentée par M. H. Mangon.
« La moyenne des expériences faites par M. Mouchot dans le sud de
l'Algérie, pendant l'été de 1877, comparée à la moyenne des mesures
actinométriqnes de M. Violle dans le même pays à la même époque, semble
montrer que l'on n'a pas utilisé plus de 5o pour 100 de la chaleur arrivant
sur le sol.
)) Ayant accepté de M. Mouchot la tâche de poursuivre l'étude pra-
tique de ses récepteurs solaires, je me suis efforcé d'augmenter le rende-
ment de ses appareils et d'en simplifier la construction.
» I^es appareils que je construis aujourd'hui ont un rendement de
80 pour 100, C'est un gain de 3o pour 100 sur les anciens. Tel est le
résultat important que j'ai l'honneur de soumettre à l'Académie. Des pesées
exactes ont permis, en effet, de constater, à Paris, une utilisation de chaleur
s' élevant jusqu'à la*^"', 12 par minute et par mètre carré de surface d'inso-
lation, tandis que les appareils anciens n'ont jamais donné, même à Biskra,
par un beau soleil d'août, une utilisation supérieure à ^"^"^,2.
» Cet accroissement de rendement tient à deux causes : 1° au change-
ment de forme du réflecteur; 2° au changement de forme de la chaudière.
» La surface réfléchissante adoptée par M. Mouchot était celle d'un
tronc de cône à génératrice recliligne inclinée de 4S° sur l'axe. La chaleur
réfléchie chauffait la chaudière beaucoup plus à sa partie supérieure qu'à
sa partie inférieure. Pour remédier à cet inconvénient, j'ai cherché à me
rapprocher du paraboloïde de révolution.
» Le nouveau réflecteur est formé de trois troncs de cône se raccordant
suivant un parallèle, c'est-à-dire que sa génératrice est une ligne brisée. Le
milieu de cette génératrice reste incliné à 45°. Sa partie inférieure forme un
angle au centre plus ouvert et sa partie supérieure un angle plus fermé,
mais tous les deux assez faibles pour que, suivant les expériences de
M. Desains, la chaleur réfléchie ne perde rien de son intensité en arrivant
sur la chaudière. Le foyer se trouve ainsi concentré sur une longueur beau-
coup moindre, la zone de chauffage maximum se rapproche de la partie
inférieure de la chaudière et les lois d'un chauffage rationnel sont mieux
observées.
» Cette disposition du réflecteur permet également de diminuer de moitié
(389 )
la hauteur de la chaudière sans qu'il soit nécessaire d'augmenter pour cela
son diamètre, car auparavant on était obligé de glisser un cylindre plein
dans son intérieur, afin de diminuer sa capacité. Il en résidte que les pertes
par rayonnement extérieur diminuent aussi de moitié. Cette modification
est d'une importance capitale dans le cas de production de vapeur sous
pression.
» Le réflecteur de rnon nouvel appareil présente au soleil une ouverture
utile de 9""', aS. Sa chaudière contient 5o''' d'eau. Lorsque le ciel est
clair, l'ébullition s'obtient en moins de quarante minutes et la pression
monte de i^"™ toutes les sept ou huit minutes. A diverses reprises, six minutes
ont suffi, même pour monter de la cinquième à la sixième atmosphère.
» La machine à vapeur estd'un modèle nouveau, étudié spécialement pour
les récepteurs solaires. Elle fait corps avec l'appareU. Elle est établie de telle
sorte que son arbre de couche conserve une direction fixe, bien qu'elle
participe au mouvement d'orientation de tout l'ensemble. La pompe rota-
tive qu'elle met en mouvement élève, sous pression constante, même pen-
dant l'alimentation de la chaudière, 99"' d'eau par minute à 3™ de hauteur.
Cela représente, pour chaque mètre carré de surface d'incidence des rayons
solaires, un effet utile six fois plus grand que celui obtenu récemment à
Alger avec un appareil ancien ('). Cependant, il faut remarquer que le
moteur est trop fort pour le récepteur employé. Il devrait être actionné
par un réflecteur ayant au moins 20""' d'ouverture utile, soit 5'^,5o de
diamètre à sa grande base. Il produirait, dans ce cas, une force effective de
I cheval-vapeur.
» J'ajoute, en terminant, que j'ai substitué au mouvement parallactique
précédemment employé pour l'orientation un mouvement analogue à celui
du théodolite. Il est beaucoup plus simple que le mouvement parallac-
tique. Il est plus léger et donne un équilibre plus stable sans contre-poids
De plus, il rend beaucoup plus faciles et plus commodes l'alimentation de
la chaudière, le placement du niveau d'eau, la distribution de la vapeur au
moteur et la transmission de la force. »
CHIMIE. — Production de cristaux de sesquichlorure de chrome, de couleur
verte persistante. Note de M. A. Mejvgeot. (Extrait.)
« Si l'on fait agir de l'acide chlorhydrique sur du bichromate de potasse
en dissolution dans l'eau, on voit peu à peu le hquide se foncer, et, au bout
(') Comptes rendus, séance du 2 4 '""i 1880.
( 390 )
de quelques jours, il a atteint une couleur brun noirâtre; pendant tout ce
temps, il se dégage une odeur de chlore très prononcée, et, si l'on ferme le
flacon, on voit parfaitement la teinte verte du gaz.
» Si, maintenant, on laisse ce liquide s'évaporer lentement pendant une
dizaine de mois, on trouve, en décantant, le fond du vase tapissé de beaux
cristaux violet foncé de sesquichlorure de chrome Cr^CP; mais, parmi les
gros cristaux violets, se trouvent de petits cristaux verls d'un sel de chrome,
cristaux sur lesquels je reviendrai tout à l'heure.
» L'action de l'acide chlorhydrique sur le bichromate de potasse doit,
selon moi, être exprimée par la formule
KO, 2CrO' + 7HCI = 3C1 -H Cr-Cl' H- 7HO + RCl.
» Dans la réaction, il doit se former des traces de protochlorure de
chrome, car le sesquichlorure est insoluble habituellement ; mais, lorsqu'il
est mélangé avec des traces (htctô seulement, dit M. Peligot) de proto-
chlorure, il devient soluble dans l'eau. Ce sesquichlorure, ainsi rendu
soluble, se dépose en cristaux ayant la forme d'un polyèdre termhié par
huit faces hexagonales égales.
)) Mais le fait curieux, c'est la production des sels verts. En effet, d'après
tous les ouvrages de Chimie : 1° les sels verts ne se forment qu'à 100°; 2° ils
ne crislallisent pas; 3° ils repassent peu à peu à l'état violet. Or la production des
cristaux verts a eu lieu à la température ordinaire, et, depuis plus de deux
ans que je les ai, ils sont toujours restés verts. Ces cristaux sont très petits;
ils sont solubles dans l'eau et présentent tous les caractères et toutes les
réactions afférentes aux sels de chrome. »
CtlIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Sur les inconvénients que présente, au point de vue
des 1 éaclions physioloqiqucs , dans les cas d'empoisonnement par la morphine,
la substitution de l'alcool amylique à l'étlicr dans le procédé de Stas, Note de
MM. G. lÎEKGERox et L. L'IIoTE, présentée par M. Peligot.
« Lu méthode généralement employée pour la recherche des alcaloïdes
dans les cas d'empoisounement est celle de f.L Slas. Les organes suspects,
préalablement divisés, sont traités par l'alcool en présence de l'acide tar-
trique à la température de 70°. Les liqueurs, évaporées dans le vide à la
température ordinaire, donnent, après une série d'opérations, une solution
aqueuse acide, à base d'alcaloïde, qu'on déconipose par le bicarbonate de
soude. L'alcaloïde mis en liberté est dissous dans l'élher.
( 391 )
» Pour définir un alcaloïde, on emploie le réactif cinmique (acide sulfu-
riqiie, nitrique, corps oxydant, etc.) et le ;c'ar///"/5/(j.s(o/oy(V/ue (grenouille, co-
baye, lapin, etc.). On conclut à l'existence d'un alcaloïde connu, lorsqu'il ya
un accord complet entre les propriétés chimiques et les effets physiolo-
giques. Nous avons toujours constaté que, lorsqu'un extrait provenant d'or-
ganes non altérés donne des résultats négatifs avec les réactifs chimiques
spéciaux, l'action sur les animaux est nulle.
» Un certain nombre de modifications, basées sur le peu de solubilité de
certains alcaloïdes dans l'éther, ont été apportées au procédé de M. Stas.
MM. Erdmann et Uslar ont substitué l'alcool amylique à l'éther comme
dissolvant; cette modification a é(é surtout recommandée pour la recherche
de la morphine. L'alcool amylique est un alcool de fermentation, bouillant
à une température élevée, se séparant difficilement des solutions aqueuses
et présentant des effets toxiques. On doit se demander si l'emploi d'un pa-
reil dissolvant dans les recherches de Chimie légale ne présente pas de
graves inconvénients (').
» Nous avons donc recherché quel était le degré d'énergie toxique de
cet alcool et fait, dans ce but, des expériences que nous allons rapporter.
» L'alcool amylique qui nous a servi a été purifié au laboratoire ; son
point d'ébuUition était de i32°.
.) Piemicre expérience. — On ajoute à loo'''" d'eau distillée k/"^ d'alcool amylique qui
forment une couche distincte; on aijite et on décante. Le liquide décanté et filtré est parfai-
tement limpide : il n'y a donc pas trace d'alcool amylique en suspension.
» A 5'' 37™ on injecte sous la peau du dos à une grenouille \"^ du liquide ; à 5''43"' l'ani-
mal est immobile, dans un état de complète résolution, insensible à toute excitation; la res-
piration est lente, ainsi que les battements du cœur; à 5''45'" l'animal est sans mouvement,
la respiration et les battements du cœur ont cessé.
» Deuxième expérience. — L'injection d'un demi-centimètre cube d'une solution de o^'',5
de chlorhydrate de morphine pour 20" d'eau, faite snr une grenouille, n'amène aucun acci-
dent, et cependant la quantité de chlorhydrate de morjihine injectée est de qS"', oiaS.
» Il résulte de ces expériences que des traces d'alcool amylique injectées sous la peau
(') Tout récemment, dans une expertise où l'un de nous, pensant ù un empoisonnement
par la morphine, avait employé la méthode de Stas modifiée, on avait observé, à la suite
d'expériences laites sur des grenouilles, des effets physiologiques analogues à ceux du nar-
cotisme, et cependant les réactions chimiques n'avaient décelé aucune trace de morphine.
Ce résultat négatif nous a fait penser que les accidents observés chez les grenouilles mises en
expérience pouvaient tenir à ce que l'extrait, bien que chauffé longtemps, n'était pas entiè-
rement débarrassé de toute trace d'alcool amylique.
( 392 )
chez une grenouille amènent très rapidement l'immobilité, la résolution générale et bientôt
la mort.
» Dans une seconde série d'expériences nous avons pris des animaux d'assez forte taille,
tels que cobayes et lapins.
» Troisième expérience, — On agite avec 100'^° d'eau distillée 10'='= d'alcool amylique
purifié, on décante et on filtre. L'alcool amylique étant à peine soluble, il n'en reste dans
le liquide que des traces.
» A 5''4i'" on injecte à un cobaye, sous la peau du dos, 2'^%5 de la solution filtrée. A
5'' 45'" l'animal est sur le coté droit, dans un état de résolution presque complet; la respi-
ration est ralentie, les pupilles sont dilatées. Cet état peut facilement être confondu avec le
narcotisme. Vers 5''5S"^ l'animal se remet sur ses pattes et peut marcher un peu; mais ses
membres sont agités de tremblements convulsifs. L'animal se rétablit peu à peu, et une heure
après il ne paraît plus sensible aux suites de l'opération.
1) Quatrième expérience. — En injectant seulement i" on n'obtient sur un cobaye
aucun effet appréciable ; il en est de même en injectant sur le même animal, une demi-heure
après, encore i"'. La quantité injectéefa") est suffisante pour donner lieu à des accidents;
mais l'élimination se fait très rapidement, et, pour que l'effet se produise, il faut que la quan-
tité de 2'='^ ait été injectée d'un seul coup.
I. Cinquième expérience. — Sur un lapin on injecte 5" d'un liquide obtenu en agitant
10" d'alcool amylique purifié avec loo'^'^ d'eau distillée et en filtrant. On n'obtient aucun
résultat. Une demi-heure après, nouvelle injection de 5'^'^ : rien.
» Sixième expérience. — 10" du même liquide ont été injectés sous la peau du dos sur
un lapin. L'expérience est faite à 4''3o"'. Au bout de quelques instants, l'animal tombe dans
un état de complète résolution. La pupille est dilatée , la cornée est insensible. L'animal
n'est sensible qu'aux très fortes excitations. Son état est tout à fait analogue à celui d'un
animal narcotisé. Vers 4'^ 55"" la sensibilité revient, et à 5''3o"' l'animal, d'abord affaibli et
un peu somnolent, paraît entièrement rétabli.
» Septième expérience. — Comme il arrive souvent que l'alcool amylique non purifié
renferme de l'alcool butylique, nous avons mélangé à So-'^ d'eau 5"^'^ d'alcool butylique. On
a filtré. On a injecté i" sous la peau d'une grenouille. L'expérience a été faite à 5'' 19"".
L'animal a été pris presque immédiatement de raideur tétanique, avec quelques secousses
convulsives dans les membres et incurvation du tronc. Il y a une grande analogie entre ces
accidents et ceux qu'on observe après injection d'une solution très étendue de strych-
nine.
» Il résulte de ces expériences que l'injection sous-cutanée, faite sur
des grenouilles avec quelques gouttes, sur des animaux plus élevés tels que
cobayes et lapins avec quelques centimètres d'eau agitée avec de l'alcool
amylique, a donné lieu, chez ces animaux, à un coma profond, avec réso-
lution des membres, insensibilité de la cornée. Il est vrai qu'au bout de
peu de temps l'animal revenait à lui ; mais, par le fait de l'expérience, il
avait toute l'apparence d'un animal narcotisé,
» La quantité d'alcool amylique ainsi injectée est des plus faibles, et
( 39'^ )
l'action produite, ainsi qu'on l'a vu, ost presque immédiate et très
énergique.
» Si l'on se reporte à la description assez vngne donnée par le professeur
Selmi, de Bologne, des accidents produits par l'injection des alcaloïdes
cadavériques appelés ptomaires, et si l'on se rappelle que l'alcool amyliqne
est employé pour l'extraction des ptomaires, on peut se demander si l'action
toxique de ces alcaloïdes ne serait pas due en partie à l'alcool amylique
mélangé souvent d'alcool butylique employé pour les extraire.
» Nous venons de voir qu'à très faibles doses l'alcool amylique produit,
chez les animaux, des accidents très voisins du narcolisme. Or, on ne peut
jamais être sûr d'avoir débarrassé l'extrait cadavérique sur lequel on opère
de toute trace d'alcool amyliqne. lien résulte qu'on ne peut recourir avec
confiance à l'expérimentation physiologique dans le cas où, soupçonnant
un empoisonnement par la morphine, on a suivi le procédé de Stas modifié,
c'est-à-dire l'emploi de l'alcool amyliqne. »
PHYSIOLOGIE. — Sur l'expérience du grand sympathique cervical. Note
de MM. Dastue et Morat, présentée par I\î. Gosselin.
« Tout ce que l'on sait des fonctions du système nerveux sympathique
est fondé, à peu près uniquement, sur les deux expériences de Pourfonr
du Petit (1727) d'une part, et d'autre part de Cl. Bernard et Brown-
Seqnard (i85i). Pourfonr du Petit a fait connaître la direction ascendante
des fibres nerveuses dans le cordon cervical, ce qui est une notion pure-
ment anatomique. L'expérience de Cl. Bernard a montré que le sympa-
thique cervical contenait des nerfs destinés à resserrer les vaisseaux san-
guins, des nerfs vaso-consiricleurs. Les faits que nous communiquons à
l'Académie complètent ces notions, en démontrant l'existence, dans ce
même cordon, de nerfs antagonistes des précédents, de neifs vaso-dila-
tateurs.
» L'expérience qui établit ce résultat est celle même de Cl. Bernard,
comme l'expérience de Cl. Bernard était celle même de Pourfonr du Petit.
Cl. Bernard a rappelé que tous les physiologistes avant lui, et lui-même
pendant longtemps, avaient répété l'expérience classique de Pourfonr du
Petit sans en apercevoir l'effet le plus saillant; nous ajoutons, à notre
tour, que tous les physiologistes ont reproduit l'expérience de Cl. Bernard
sans en apercevoir l'effet le plus saillant, au moins lorsqu'on l'exécute sur
(394)
l'animal le plus expérimenté, sur le chien. Si nous l'avons constaté nous-
mêmes, c'est parce que l'enchaînement de nos travaux nous obligeait à le
rechercher, tandis que toutes les notions courantes nous en détournaient.
» Voici le fait. Lorsque l'on excite le sympathique cervical, i! se pro-
duit une dilatation primitive, immédiate, souvent énorme, des vaisseaux
dans la moitié correspondante de la cavité buccale, c'est-à-dire dans la
muqueuse du palais, des gencives, des lèvres, et dans la peau des lèvres
et des joues, à la mâchoire supérieure et à la mâchoire inférieure. La rou-
geur devient intense, et l'on voit se manifester en même temps les autres
signes de la dilatation des vaisseaux : chaleur, tuméfaction, redressement
et ombilication des poils. Tous ces signes sont exactement limités à la
moitié de la face qui correspond au nerf excité. Ils disparaissent presque
immédiatement quand l'excitation a cessé. Une ligne nette sépare la ré-
gion rouge écarlate de la région pâle, et ce qui rend le spectacle ])lus
remarquable et plus significatif encore, c'est que d'autres organes, l'oreille
et la moitié de la langue du même côté, pâlissent et s'anémient, tandis
que les organes précités rougissent et se congestionnent, de telle sorte
que le contraste des couleurs de la langue est exactement inverse du con-
traste des couleurs de la cavité buccale et le fait ressortir davantage. Ces
phénomènes se sont montrés à nous d'iuie manière constante et avec une
telle évidence, qu'ils constituent une bonne expérience de Cours lorsque
les conditions sont favorables, c'est-à-dire lorsque la gueule est faiblement
pigmentée, que le nerf n'est pas fatigué, que l'animal est traixjuille ou
immobilisé par une faible dose de curare.
» S'ils n'étaient si nets, ces faits seraient qualifiés de paradoxaux, car
ils sont exactement opposés aux notions couramment enseignées depuis
l'expérience fondamentale de Cl. Bernard et Brown-Sequard. Mais, nous
nous hâtons de le dire, ils ne contredisent pas plus cette expérience cé-
lèbre que celle-ci ne contredisait celle de Pourfour du Petit. Ils la complè-
tent seulement. Les recherches que nous pousuivons depuis quatre ans sur
l'innervation des vaisseaux nous avaient amenés à découvrir le premier
vaso-dilatateur cutané qui eût encore été signalé, celui de l'oreille, et nous
l'avions trouvé dans le sympathique. De même, nous avons trouvé dans le
sympathique les dilatateurs du memltre inférieur, ceux du membre supé-
rieur et de quelques viscères, enfin les origines des dilatateurs de la région
bucco-labiale. C'est en poursuivant le trajet de ces derniers que nous
sommes arrivés au cordon cervical. Sachant déjà qu'ils n'appartenaient
point au maxillaire supérieur, que MM. Jolyet et Laffont ont eu tort, à cet
( 395 )
égard, d'appeler un ({ilalaieur type, qu'ils n'appartenaient uiéme pas au
système nerveux de la vie de relation, puisque nous les avions niauitestés
dans l'anneau de Vieussens, nous devions les retrouver dans le synijia-
ihique de la région du cou. L'excitation du cordon cervical les a, en etiet,
mis en évidence ( '). »
ZOOLOGIE. — Signification movjihologiqite des appendices servant à ta sus-
pension des chrysalides. Note de M. J. Kunceel, présentée par M. Milne
Edwards.
« Réaumur, dans ses Mémoires, a décrit avec le plus grand soin la trans-
formation des chenilles en chrysalides; il a étudié « l'industrie des chenilles
qui se pendent verticalement la tète en bas pour se métamorphoser » et a
expliqué « comment la crisalide {sic) se trouvait pendue par la queue dans
la place où était la chenille ». Après s'être longuement appesanti sur la
manière dont la chenille desVanesses se suspendait par les pattes postérieures,
l'observateur s'est attaché à décrire le mécanisme à l'aide duquel la chry-
salide dégageait sa queue de la peau de la chenille et réussissait à se pendre
par les crochets qui garnissent cette queue. Les auteurs qui ont décrit
les transformations des Lépidoptères, Swammerdam, de Geer, Bonnet,
Latreille, Godard et Duponchel, Kirby et Spence, Lacordaire, Boisduval,
Westwood , Agassiz, M. Blanchard , etc. , ajoutent fort peu aux observations de
Réaumur. Les uns, et c'est la grande majorité, répètent que les chrysalides
des Papilionides et des Nymphalidess'attachent ou se suspendent par laqueue,
suivant l'expression consacrée; les antres (Latreille, M. Blanchard) se con-
tentent de dire que les nymphes se fixent par l'extrémité du corps. L'étude
des chrysalides d'un grand nombre de Lépidoptères diurnes, et mieux encore
l'observation des métamorphoses des Vanessa lo et «ro5
H- 4,54
80.18.25,6
+ 7,0
Paris.
6
8.58.26
10. 0.28,81
.+ 4,33
79.50.29,4
-i- 7,7
Paris.
7
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79.45.25,7
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Paris.
Avril.
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11.40. 2,55
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Paris.
7
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Paris.
Avril.
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Avril
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Paris.
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12.22.50,68
+ 9,47
I 1 I . 2 . 44 , 0
+57,7
Paris.
8
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I 2 . 2 I . 59 , 1 6
+ 9,32
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Paris.
16
10.43. 7
12. i5.3i ,67
-1- 9,01
110. 8.53,1
460,5
Greenwich
20
10.24.31
12.12.38,89
+ 9,12
109.43. 16,1
+ 60,9
Greenwich
@ Némaiisa.
Avril
i5
11.59. 9
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+ 5,67
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-90,2
Greenwich
16
I 1 . 54 . 24
13.27. 0,88
+ 5,23
91. 1.47,9
-91,7
Greenwich
20
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11.35.32
13.23. 52, 16
-4- 5,21
89.24.28,0
-90,6
Greenwich
24
II. 7.32
13.20.53,78
+ 5,42
88.5o. 21 , 2
—89,0
Paris.
26
10.58. 16
13.19.29,37
+ 5,54
88.34.34,5
-89,3
Paris.
29
10.44.29
1 3. 17.29,80
+ 5,16
88.12.42,5
—90,7
Paris.
3o
iQ.39.55
i3. 16.52, o5
+ 4,84
88. 5.56,1
—91,6
Paris.
Mai.
I
10.35.23
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+ 4,67
87.59.22,9
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Paris.
( 4o3 )
Correction
Correction
l.ieu
Dates.
Temps moyen
Ascension
de
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1880.
lie Paris.
droite.
l'éphémér.
polaire.
1 epliémér.
l'obscrvalioM
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95. 1 3. 55, 7
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Greenwich
20
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+ 18,3
Greonwicli
=4
11.40. 5
13.53.32,43
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94.37.52,2
+ .8,4
Paris.
26
I I .3o. 17
i3. 51.35,37
+ 3, 16
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+ 17,6
Paris.
29
II .15.37
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Paris.
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Paris.
Mai. I
II. 5.53
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Paris.
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Paris.
5
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Paris.
7
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8
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29
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Paris.
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Paris.
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i5
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Greenwich.
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Paris.
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Paris.
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4.25. 4,88
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( 4o4 )
Correction
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Lieu
Dates Temps moyen
Ascension
de
Distance
(
le
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1880.
de Paris.
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l'éphémér.
polaire.
l'éphémér-
l'obserTalion.
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Paris.
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Paris.
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+ 17.75
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Greenwich
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Dates
Temps moyen
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Greenwich
21
10.37.22
16.29.58,57
+ 1,63
106,18. 3,1
-t-
6,3
Greenwich
a2
10.23.21
16.29. '2,4'
-h 1,49
106.21 .3l,2
4-
4,9
Paris.
23
10. 18.40
16.28.27,55
+ 1,47
io6.25. 7,1
-1-
5,6
Paris.
24
10.14. ■
16.27.44,19
+ 1,43
I 06 . 28 . 46 , 2
-4-
5,4
Paris.
28
9.55.4.
16.25. 7,20
-t- «,47
106.44. 3,8
4-
4,6
Paris.
29
g.Si.io
16.24.32,22
+ 1,48
(?) Iris.
106.48. 4,5
-f-
5,6
Paris.
Juin. 28
12. 26. I 5
18. 56. 5,83
+ 3,73
109. 82.27 >7
—
5,5
Paris.
29
12.21 . i5
i8.55. 2,11
+ 3,74
109.31 .37,6
—
7,0
Paris.
» Les comparaisons se rapportent, pour Cérè.s, Junon et Vesta, aux
éphémérides du NnuticcU ^Imanac; pour Diane, Némausa, Ino, aux Circu-
laires du BerUner Jahrbuchj pour Héra, à l'Éphéméride publiée dans les
Comptes rendus (8 mars 1880).
» Toutes les autres observations se rapportent au Berliner Jahrbuch.
I) Les observations de Paris ont été faites par M. H. Renan. »
PHYSIOLOGIE. — Caractères dislinciifs de la pulsation du cœur, suivant qu'on
explore le ventricule droit ou le ventricule gauche. Note de M. Maret.
K Les expériences dans lesquelles nous avons étudié, M. Chauveau et moi,
la pression du sang dans les ventricules du cœur nous ont fait voir que les
phases des variations de cette pression ne sont pas les mêmes dans les deux
ventricules. Le cœur droit donne dès le début de sa systole le maximum
de son effort, tandis que, dans le ventricule gauche, la pression s'élève
d'ordiniiire jusqu'à la fin de la phase systolique.
( 4o6 )
» J'ai cherché longtemps si la pulsation du coaur, qui traduit les change-
ments de consistance des ventricules, c'est-à-dire les variations delà pres-
sion du sang dans ces cavités du coeur, n'offrirait pas les mêmes diffé-
rences de forme, et j'ai constaté en effet que, suivant la région où l'on
explore la pulsation, on recueille des tracés déformes différentes.
» Le cœur de l'homme présente son ventricule droit un peu en avant,
son ventricule gauche un peu en arrière ; il suit de là que, si l'on ap-
plique l'explorateur de la pulsation dans le quatrième espace intercostal et
au-dessous du mamelon gauche, c'est la pulsation du ventricule droit qu'on
doit recueillir, tandis que, si l'on place l'explorateur o^jOZi ou o",o5 plus
en dehors en faisant coucher le patient sur le côté gauche, on doit obtenir
le tracé du ventricule gauche.
» On constate, en effet, que les deux tracés ainsi obtenus présentent des
caractères différents et tels que la théorie les faisait prévoir; mais, comme
la position du cœur varie assez souvent d'un sujet à un autre et comme
certaines maladies peuvent augmenter encore ces variations individuelles,
il ne serait pas prudent de s'en rapporter exclusivement au lieu où la pulsa-
tion a été recueillie pour affirmer qu'elle tient à l'un ou à l'autre ventricule.
J'ai dû chercher un contrôle qui levât toute hésitation à cet égard : mes
expériences m'en ont fourni plusieurs, parmi lesquels je ne citerai que les
deux suivants.
» 1° Le cœur droit et te cœur gauche ne se comportent pas de ta même ma-
nière pendant un arrêt de ta respiration.
» On sait que le poumon est plus facilement traversé par le sang quand
on respire que pendant l'arrêt respiratoire ; il en résulte qu'une stase se pro-
duit dans le cœur droit si la respiration est arrêtée. On voit aussitôt changer
les caractères de la pulsation du cœur droit ; celle-ci perd de son amplitude et
finit par être trois ou quatre fois plus faible qu'au début de l'arrêt respira-
toire, lorsque cet arrêt s'est prolongé pendant trente à quarante secondes.
Cette diminution d'amplitude de la pulsation du cœur se produit par suite
de l'élévation du minimum des courbes; les sommets restent toujours sur la
même ligne horizontale. L'explication de ce phénomène est très simple : il
tient à ce que le cœur, se vidant de moins en moins, à cause de la résistance
pulmonaire, offre de moins en moins ces chutes de pression qui traduisent
sa vacuité.
» Si l'on explore le cœur gauche pendant l'arrêt respiratoire, au lieu
d'une diminution d'amplitude des pulsations on constate, au contraire, que
celles-ci offrent un léger accroissement.
( 4o7 )
» 2° Relentissement des ondes aorliques dans le tracé de la putindon du ven-
tricule gauche.
» J'ai maintes fois signalé la solidarité intime qui unit les variations de
la pression du sang dans le ventricule gauche et dans l'aorte, solidarité d'où
résulte une similitude de forme entre les pulsations du ventricule gauche
et de l'aorte pendant la période syslolique. J'ai même ohservé que, si une
influence quelconque, en faisant baisser la tension artérielle, fait naître des
ondes dans l'aorte, ces ondes retentissent dans le tracé de la pression du
ventricide gauche, où elles se traduisent par une bifurcation ou une trifur-
cation du sommet, selon que les ondes aortiques sont au nombre de deux
ou de trois pendant la systole du ventricule.
)) On voit apparaître ces ondes sur les pulsations cardiaque et aortique
quand on f;iit baisser la tension artérielle par l'exercice musculaire, par
l'inhalation de nilrite d'amyle, par l'hémorrhagie, etc. On les voit naître
aussi après un effort prolongé quelque temps avec occlusion de la glotte.
» Sur l'homme, nous ne pouvons constater directement l'existence de
ces ondes sur l'aorte, mais nous devons admettre qu'elles existent dans
les mêmes conditions où nous les voyons se produire sur les grands
mammifères. Or, dans ces conditions, le tracé du ventricule gauche pré-
sente des ondulations multiples, tandis que le ventricule droit ne montre
ces ondes qu'à l'état de vestige et par propagation de voisinage.
» Des deux signes que nous venons de donner pour distinguer auquel
des deux ventricules appartient la pulsation que trace le cardiographe, le
premier est le plus facile à employer et semble devoir être très utile dans
la pratique médicale, où souvent les signes d'auscultation ne permettent
pas de déterminer avec certitude sur quelle moitié du coeur porte une
lésion valvulaire. »
ÉLECTRICITÉ ATMOSPHÉRIQUE. — ^xern/j/e remarquable de foudre verticalemetU
ascendante. Note de M. A. Thécul.
» Pendant l'orage de jeudi soir, 19 août, il y eut des cas de foudre qui
me paraissent dignes d'être signalés à l'Académie. Les étincelles, ou plutôt
les traits fulgurants qui traversaient horizontalement la nue, avaient une
dimension extraordinaire. Quelques-uns avaient en apparence la largeur
de ma main, c'est-à-dire environ o"',o8 à o'^jOg; mais ce ne sont pas
ceux-là que je veux signaler. Plusieurs autres s'élevaient verticalement, de
( /io8 )
derrière les arbres de la place Jussieu, à une distance qui devait être com-
prise dans l'enceinte de l'Entrepôt des vins. Il me semble qu'ds parlaient
de paratonnerres de cet entrepôt, que pourtant je ne distinguais pas, la nuit
commençant.
» Le premier que j'aperçus, et quelques autres ensuite, s'élevaient isolé-
ment, puis s'éteignaient à une petite hauteur, en s'épanouissant en un
magnifique éclair à peu près circulaire, dont la lumière diminuait du
centre à la circonférence. L'un de ces épanouissements, moins étendu que
les précédents, plus nettement délimité au sommet que sur les côtés,
très lumineux, avait une figure obovée, large de o", 20 à o™, 25, terminant
la colonnette de feu.
» Epfin, à deux reprises, je vis deux de ces colonnetteslumineuses,s'élevant
simultanément et parallèlement, à une distance que je jugeai égale à l'in-
tervalle de deux paratonnerres voisins. A une certaine hauteur, qui ne
devait guère dépasser celle des paratonnerres, elles se précipitaient l'une
vers l'autre, exactement à angle droit. Elles étaient alors terminées en
pointe et s'éteignaient, sans déflagration et sans bruit, avant de s'être
réunies. »
M. le Secrétaire perpétuel annonce à l'Académie la perle douloureuse
qu'elle vient de faire dans la personne de M. Dominique-Alexandre Godwn,
Correspondant de la Section de Botanique, décédé à Nancy.
Cette nouvelle est communiquée à l'Académie par une Lettre de M. Paul
Godron, fils de notre regretté Correspondant.
MEMOIRES LUS.
M. Ch. Brame donne lecture d'une Note portant pour titre: « Des cyclides
et des encyclides » .
(Renvoi à la Section de Chimie. )
/jun )
MEMOIRES PRESENTES.
PHYSIQUE. — Le Soleil induirait semiblement la Terre alors même que son
pouvoir magnétique serait sinijitenient égal à celui de notre globe. Induction
de la Lune par la Terre et variation diurne lunaire des boussoles terrestres j
par M. Qui.T.
(Renvoi à la Section de Physique.)
« Le Soleil induit la Terre de diverses manières : par sa rolalion, parla
vitesse du globe sur l'orbite, par la rotation de la Terre et par les va-
riations qu'd éprouve dans sa constitution électrique. Je montrerai plus
tard que les forces électromotrices dues aux trois premières causes sont
la première environ i4 fois plus grande que la deuxième, et celle-ci
environ ■72 fois plus forte que la suivante. C'est de l'induction due à la
révolution de la Terre que je vais ni'occuper; si elle est sensible, la ré-
sultante des trois forces le sera aussi. Avant de traiter cette question, il est
bon de rechercher jusqu'à quel point la Terre induit avec efficacité les
conducteurs qui, à sa surface, sont animés de très faibles vitesses relatives.
» J'ai mis à plat, sur une table, lui nudtiplicateur rectangulaire dont le
fil communiquait par ses deux bouts avec les extrémités fixes du fil d'un
galvanomètre. Pendant une demi-révolution du multiplicateur, qui était
produite autour d'un axe parallèle aux longs côtés du rectangle et très
rapproché de l'un des faisceaux du fil, la vitesse du milieu du faisceau le
plus éloigné de l'axe était à très peu près de o",! par seconde et l'ai-
guille du galvanomètre se déviait de plus de 85°. La théorie de ces sortes
d'expériences permet de passer du fait observé dans un lieu déterminé au
fait général et d'en conclure que, sur tous les points du globe, l'induction
des conducteurs en mouvement relatif produit des effets sensibles lorsque
la vitesse est de o™, i, pourvu que la direction de cette vitesse ne fasse pas
un trop petit angle avec celle tie l'aiguille d'inclinaison. Comme le mou-
vement de rotation commun à la Terre et au conducteur ne produit pas
d'induction, on peut en faire abstraction et regarder dans ce qui précède
la vitesse relative connue une vitesse absolue.
» Admettons maintenant que la Terre et le Soleil aient le même pouvoir
magnétique, de telle sorte que, à parité de longitude et de latitude, l'ori-
gine des longitudes étant convenablement choisie, la déclinaison, l'incli-
C. R., 1880, 2' Semestre. (T. XCI, ^• 8.) ^4
(4io )
naison et l'intensité magnétiques soient égales sur les deux surfaces. Il est
clair que deux conducteurs égaux éprouveront des inductions égales s'ils
sont placés en deux points correspondants des deux surfaces, et qu'ils
soient animés de vitesses relatives égales et inclinées du même angle sur les
directions des deux forces magnétiques. Le conducteur qui se mouvra à la
surface du Soleil avec une vitesse relative de o"*, i éprouvera donc une
induction sensible, comme nous l'avons montré par une expérience faite
sur la Terre.
» Menons un rayon vecteur du centre du Soleil à celui de la Terre, et
concevons le conducteur placé sur ce rayon tour à tour à la surface du
Soleil et au centre de la Terre. Dans ces deux positions, il se mouvra
parallèlement à la direction que suit le globe, et il aura sur le Soleil une
vitesse relative de o'", i et dans le globe une vitesse égale à celle de la
Terre. Il s'agit de comparer les deux forces éleclromolrices produites dans
ces deux conditions.
» En général, la force électromotrice produite par le Soleil sur un con-
ducteur et due à la vitesse de ce dernier est proportionnelle au produit
de trois quantités : la force magnétique D de l'astre au point où se trouve
le conducteur, la vitesse Y de ce mobile, et le sinus de l'angle d que la
direction de la vitesse fait avec celle de la force magnétique. Sa valeur est
donnée par cette formule
KDVsinr;
Sur (ui même rayon vecteur mené du centre du Soleil, la force magnétique,
qui reste sensiblement parallèle à elle-même, varie à peu près en raison
inverse des cubes des distances; elle s'affaiblit donc beaucoup lorsque la
distance devient très grande. Mais cela n'empêche pas que la force électro-
motrice ne puisse conserver une valeur très notable : il suffit en effet que,
par compensation, la vitesse devienne assez grande. Cette force ne chan-
gerait même pas si la vitesse, restant parallèle à elle-même, variait en rai-
son directe du cube des distances.
» Si le conducteur placé au centre de la Terre avait une vitesse absolue
deo™, I, la force éleclromolrice qu'il éprouverait serait 9887158 fois plus
faible qu'à la surface du Soleil, ce nombre étant le cube de 214,68 et la
dislance de la Terre au Soleil étant de 214,68 rayons solaires. Sa force
électromotrice resterait la même que sur le Soleil si sa vitesse devenait
9887153 fois o"", 1 , ou de 98871 5™, 8. Comme cette dernière vitesse est envi-
( 4ii )
ron 32 fois plus grande que celle de la Terre, il s'ensuit que le conducteur
éprouvera une induction Sa fois plus faible qu'une force dont les effets
sont rendus sensibles par des expériences faites sur la Terre; elle est donc
elle-même une force sensible, et à plus forte raison en est-il ainsi de la
résultante des trois inductions.
» On arriverait à une conclusion analogue si aux points correspondants
de la Terre et du Soleil, la déclinaison et l'inclinaison restant les mêmes,
l'intensité magnétique était 2,3,... fois plus faible sur le Soleil que sur
la Terre. Si Von remarque que dans notre expérience on aurait pu très
notablement diminuer la vitesse de rotation du multiplicateur sans que
l'écart de l'aiguille du galvanomètre cessât d'être sensible, on en conclura
que l'induction de la Terre par le Soleil ne pourrait être insensible que si
le pouvoir magnétique de l'astre était de beaucoup inférieur à celui de la
Terre. Cette grande faiblesse de pouvoir magnétique n'est pas probable,
et il est naturel de supposer, au contraire, un grand pouvoir magné-
tique à un astre qui, sous tant de rapports, jouit d'une puissance énorme.
» Par ce genre de raisonnement, et sans être obligé de faire d'hypo-
thèse, on verra facilement que l'induction delà Lune due à sa révolution au-
tour de la Terre donne lieu à une force électromotrice qui est ai fois
plus petite que celle dont les effets sont rendus sensibles par une expé-
rience faite sur la Terre, et qui, par conséquent, est elle-même sensible.
Comme l'induction du satellite produite par la rotation de la Terre est
27 fois environ plus grande que la précédente, ainsi que nous le verrons
plus tard, la résultante sera une force sensible, et il en sera de même
de la réaction sur les courants électriques particulaires de la Terre, ce qui
nous conduira à une variation diurne des boussoles terrestres qui est ré-
glée sur les heures lunaires. »
M. P. -A. Picard adresse une Note relative au mouvement alternatif
d'iuie machine magnéto-électrique actionnée par le courant d'une machine
dynamo-électrique, mouvement qui a été signalé dans une Note récente de
M, A. Gérard, portant pour titre : « Sur un paradoxe électro-dynamique ".
(Commissaires : MM. Edm. Becquerel, Jamin, P. Thenard.)
M. A. Netter adresse une Note intitulée: «Fait expérimental démontrant
que, chez les fourmis, il n'y a ni langage antennal ni échange d'idées ».
(Commissaires : MM. H. Milne Edwards, Ein. Blanchard.)
( /|I2 )
M. MouRGUE adresse un Mémoire portant pour litre : « Origine, nature et
rôle économique des atterrissemenis primitifs ».
(Commissaires : MM. Daubrée, Hébert, Des Gloizeaux.)
M. MouRGUE adresse une Note « Sur le rôle de la phlogose névrasculaire
pneumogastrique dans les maladies du cœur ».
(Renvoi au Concours des prix de Médecine et Chirurgie.)
M. Ed.m. Lippmann adresse un Mémoire intitulé: « De l'alimentation dans
le ii^ réginiput de dragons ».
(Renvoi à l'examen de M. Larrey.)
M. Rattieu adresse une Noie concernant un moyeu de combattre le
Phylloxéra par l'échaudage des vignes.
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
Le Mémoire de M. J. Boussixgault sur la termentation alcoolique rapide,
dont un extrait a été inséré aux Comptes rendus de la séance précédente, est
renvoyé à l'examen d'une Commission composée de MM. Chevreiil, Pas-
teur et Wiulz.
M. PoiNCARÉ demande et obtient l'autorisation de retirer du Secrétariat
son Mémoire sur les formes cubiques ternaires et quaternaires, sur lequel
il n'a pas été fait de Rapport.
CORRESPONDANCE.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
i" Une Brochure de M. fF.-À. Goodyear, publiée par ordre du gouver-
nement du Salvador, sur les phénomènes volcaniques survenus eu dé-
cembre 1879 et janvier 1880, dans la région d'Ilopango, département de
San Salvador. (Cette Brochure est transmise à l'Académie par le Consul
général de la République du Salvador.)
1° Deux Ouvrages de M. J. Cral, écrits en langue allemande et portant
(4.3 )
pour litres : « Manuel du service télégraphique, 3' édition, 1880 », et « Los
éléments du service télégra|)hiqiie, 8"^ édition, 1880 ».
PHYSIQUE. — Sur les vnrintioiu (ht coef/iciciit de dilalalioii du verve.
Note de M. J.-3I. Cuafts, présentée par M. Friedel.
« Dans des Communications précédentes, j'ai essayé de compléter les
expériences d'antres observateurs et de résumer les théories les plus im-
portantes sur les variations des points fixes des thermomètres; mais il reste
à discuter la question de la variation du coefficient de dilatation du verre;
ce phénomène, qui présente un inconvénient bien plus grave que les va-
riations déjà observées des points fixes, paraît avoir échappé jusqu'ici à
tous ceux qui se sont occupés du sujet.
» Si la boule d'un thermomètre se contracte d'une manière permanente
toute la colonne de mercure est déplacée sur l'échelle, d'un certain nombre
de degrés, et l'on corrige chaque observation de température en déduisant
ce chiffre du nombre observé; mais, si le coefficient de dilatation v;irie, l'in-
tervalle entre deux points fixes varie en conséquence et la graduation
devient inexacte. Des thermomètres chauffés longtemps à 355° ont eu lenr
coefficient de dilatation diminué, de sorte que, pendant que le point zéro
est monté de t degrés, le point 100 est monté à 100 H- ^ + l' . La Table sui-
vante fait voir la valeur de celte variation sur sept thermomètres :
I. U. III.
Déplacement du zéro 23,o 24,0 26,0
Déplacement du point 100. 28,9 24,45 26,85
Intervalle de o" à 100°. .. . 100,9 'oo,45 100, 85 100, 5 180,7 100,8 100, 5
» On ne peut pas attribuer une grande exactitude à ces chiffres, parce
qu'un système erroné de graduation ou un calibrage défetuenx |)eut influer
sur les résultais. On a cherché une preuve plus positive de l'existence de ce
phénomène, en laisant des expériences avec un thermomètre à poids. Le
coefficient luoyen de dilatation du verre, k, fut déterminé par la méthode
de Regnault entre o" et 100", ol entre 0° et 2i6",i/|. Le thermomètre
fut alors vidé de mercure, renfermé dans un tube scellé pour le protéger
contre la poussière, chauffé dans le soufre bouillant pendant cent heures
el refroidi graduellement pendant cinquante heures. La Taille suivante
IV.
v.
VI.
vu.
&s
ir,o
i5,8
"'7
7.'
■'>7
16,6
12,2
( 4i4 )
donne les valeurs du coefficient moyen de dilatation ha avant le chauffage
et k^ après le chauffage :
o"- loo".. . . /,„= 0,00003788, 0,00002788, 0,00002781, 0,0000277g,
» ^4= 0,00002743, 0,000027^0, 0,00002740, 0,00002789,
0°-2l6°,l4. /^a= 0,0000297g,
1) /-j = o , 000029 1 4.
» La variation du coefficient observée n'aurait augmenté que d'en-
viron o°,28 la valeur de 100° sur l'échelle de ce thermomètre; mais l'effet
moins prononcé de la chaleur, dans ce cas, s'explique probablement par
le fait que le réservoir de ce thermomètre était formé d'un tube en verre
rançais ordinaire, tandis que les thermomètres examinés pUis haut avaient
des boules soufflées à la lampe. On remarque que la valeur de la variation
du coefficient devient plus considérable pour la plus haute température.
» Un plus grand nombre d'observations à des températures différentes
permettrait de calculer la loi qui fixe les valeurs de k suivant la formule
/îj = « + ht^ CL-,
et il serait intéressant de déterminer si ces valeurs deviennent identiques
pour une même espèce de verre après un long chauffage et un refroidisse-
ment lent. Cette question aune importance pratique pour la fabrication des
thermomètres, parce que, s'd est exact de supposer que les irrégularités
dans le coefficient de dilatation d'un verre puissent venir des divers degrés
de tension (') produits pendant le soufflage de la boule, et que l'on puisse
les faire disparaître par le traitement indiqué dans ces essais, on pourrait
revenir à l'idée de Regnault de définir les espèces de verre par leur com-
position chimique, de sorte que, en déterminant le coefficient de dilatation
propre à chaque espèce, on pourrait déterminer d'avance la marche d'un
thermomètre fait avec ce verre. Un verre contenant une forte proportion
d'oxyde de plomb serait convenable pour ces études, parce que toutes
les recherches de Regnault, aussi bien que les observations que l'on
vient de décrire sur la dépression plus faible des points zéro, indiquent
l'usage du cristal pour des thermomètres qui doivent servir à des mesures
( ') L'existence d'un élat de tension dans le verre refroidi brusquement paraît être dé-
montrée parles expériences de il. Dufour, qui a trouvé qu'il y a un dégagement de chaleur
quand on fait éclater les larmes bataviques. M. Dahlander a observé qu'une tension méca-
nique appliquée à un fil métallique augmente son coefficient de dilatation par la chaleur.
( 4>.'5 )
très exactes de température jusqu'à i 5o°. Ce sont des questions que je n'ai
pas essayé de ^poursuivre plus loin; ces recherches ont eu pour but de
trouver les moyens pratiques de remédier aux plus graves inconvénients
des thermomètres destinés à servir à de hautes températures.
» L'usage est déjà répandu de thermomètres à éclielle limitée, c'est-
à-dire ayant une échelle qui n'indique que les températures entre deux
points choisis comme limites, 200° à 3oo° par exemple, et ces thermo-
mètres sont les seuls qui doivent être employés dans des expériences exactes
à de hautes températures, parce que ce sont les seuls qui permettent
de chauffer toute la colonne de mercure. Les thermomètres à échelle
limitée que l'on fabrique à Paris ont l'avantage sur les thermomètres alle-
mands de donner le point zéro et quelques divisions jusqu'à l\° ou 5°; à
partir de là, un réservoir soufflé sur la tige reçoit le mercure correspondant
à la partie de la tige que l'on veut supprimer (de 5" à 200° par exemple).
On voit facilement qu'un déplacement considérable du point zéro dans
un tel thermomètre fait monter le mercure dans le réservoir, et il est très
important de rendre la boule incapable de se contracter avant de remplir
le thermomètre. Un essai dans cette direction, fait avec un thermomètre en
verre ordinaire français et avec un autre en verre de soude allemand très
fusible, démontre que l'on peut arriver à un bon résultat en chauffant
pendant cent heures dans le soufre bouillant et en refroidissant lentement
pendant cinquante heures. Ces thermomètres furent ensuite remplis de
mercure, laissés pendant deux mois en repos, et leurs points zéro furent dé-
terminés; après ce traitement, on les chauffa pendant quarante-huit heures
à 355°, et l'on trouva que les points zéro avait monté de moins de un
degré. Il faudrait essayer si une autre opération, plus facile à exécuter
dans une fabrique, ne pourrait pas donner des résultats encore meilleurs;
on pourrait, par exemple, employer un refroidissement très lent et mettre
ime semaine pour faire passer un thermomètre de la chaleur rouge sombre
à la température ordinaire. »
CHIMIE MINÉRALE. — Sur l'acide lungsloliorique. Note de M. D. Klein,
présentée par M. Wurtz.
« Quand on introduit dans une solution d'un tungstate alcalin, main-
tenue à l'ébuUition, de l'acide boiique, il ne se produit pas de dépôt d'acide
tungstique : il se forme des borates et lui paratungslate. Le tungstate de
( 4i6 )
sodium donne lieu, en particulier, à la réaction exprimée par l'équation
i2Na-0,Tu0^4- aSBoO'H^
= 5Na=0, i2TiiO' + 7(Na-0,2Bo=0') -h /jaH^O.
Le sel correspondant de potassium donne lieu à une réaction analogue, ne
différant de celle-ci que par la nature des borates formés.
» Avec le tungstate de sodium on obtient une eau mère très dense, qui
finit par abandonner des cristaux de paralungstate et un sel en masses
radiées qu'une cristallisation subséquente déconi[)ose en borax et para-
tungslate de sodium. C'est probablement une combinaison moléculaire de
ces deux sels. Quand on augmente la proportion d'acide borique et qu'on
prolonge l'ébullilion, on donne lieu à la produclion de sels particuliers.
En maintenant à l'ébullition pendant quatre à cinq heures SooS"^ de tungs-
tate de sodium et ^So^'' d'acide borique dissous dans 4''' d'eau, et séparant
les produits formés par voie de cristallisations successives, nous avons
d'abord obtenu divers polyborates de sodium, puis comme résultat final en-
viron Soo^'' d'une eau mère d'une densité su|)érieure à 3. Ce liquide, ab.ui-
donné k lui-même pendant un mois, a fini par se prendre en une masse vis-
queuse, blanchâtre et opaque, ayant tout à fait la consistance d'un mastic.
Jusqu'à présent nous n'avons pu eu extraire aucun produit offrant assez de
garanties de pureté pour être susceptible d'analyse.
» Avec les sels de potassium on obtient une réaction beaucoup plus nette;
les cristallisations s'opèrent avec une facilité remarquable,
» Quand on opère comme il a été dit ci-dessus, avec poids égaux d'hy-
drate borique et de tiuigstate de potassium, on obtient par concentration et
refroidissement :
» 1° Un dépôt d'acide borique et de pentamétaborate monopotassique
Bû'0"'RH' + 2lF0;
» a" Un sel en cristaux aciculaires, qui se dépose ensuite (sel A);
« 3° Une cristallisation confuse, mélange de divers sels;
» 4° Un deuxième sel en cristaux aciculaires analogue au premier, mais
de composition différente (sel B);
I) 5° Une cristallisation confuse, mélange de divers sels, dont quelques-
uns fort solubles.
» Nous n'avons pu convenablement étudier, jusqu'à préseni, que le pre-
mier sel aciculaire (sel A). 11 est aisé de le purifier par cristallisations et la-
vages à l'alcool. Ce sel est assez soluble dans l'eau; à 20°, 9 parties d'eau
( 4>7 )
en dissolvent environ 5 parties. A chand, l'ean en dissout trois à qnalro
fois son poids. La densité de sa soiiiiion saturée à 20° est i,3G.
» Son analyse présente cerl.iiiics (lifficidfps; nous avons dû appliquera
l'acide i)orique qu'il renferme le seul procédé analytique employé : l'expul-
sion par le traitement à l'acide fliiorhydrique et l'évalualion par différence.
)> La potasse et l'acide tnngstique ont été dosés par le procédé de
M. jNIar^ueritte. Nous avons o!)fenu les résultats suivants :
Eau cliasscc à 190° 8,02 7 1 73 7 lOfi
Perte par calcina lion 1 )4<' i ,35 »
Acide tungstiqiie 8r,2'> Si ,08 So,'jf)
Poiassc 6,90 6,G6 "
Anhydriile borique et perte (par (lifiï'rence) . 2,45 3, 18 »
Total.. 100,00 100,00 >i
« La perte par calcination comprend évidemment une certaine propor-
tion d'acide borique; elle ne représente pas tout entière l'eau combinée,
dont les dernières traces ne s'en vont que difficilement. En chauffant ce
sel avec ménagement à inie température voisine du rouge sombre jusqu'à
cessation de perte de poids, et évitant toute influence réductrice, on le dé-
compose totalement ; d jaunit: la perte par calcination est alors limitée
à 0,7 pour 100. Telle est, probablement, la proportion à laquelle s'élève
l'eau qu'une température de 190" ne chasse pas.
» Nos analyses concordent assez bien avec la formule :
II Aq 7,64
2HO 1,39
9TUO' 80,93
2K'0 7,29
Bo^O'. 2,85
100,00
» Sur les 2™°' d'eau de constitution, 1""' se sépare au-dessous de 190°,
l'autre au rouge sombre.
» Nous faisons des réserves quant à l'existence dans ce sel de 2™"'
d'eau de constitution; ce qui, toutefois, rend leur existence probable,
c'est qu'il possède une réaction aci le assez tranchée et que i™"' d'eau au
moins ne se sépare qu'à une température assez élevée.
» La proportion d'acide carbonique chassée en fondant ce timgsto-
borale desséché à 190° avec im poids doiuié de carbonate de soude con-
cordp avec les nombres que nous a donnés l'analyse.
C. K., iS8o ■i' Semestre (7.XCI, N 0.' 33
(4>8)
,) Cette perte, dans deux essais, a été de 17,71 pour 100 et de 17,54
pour 100, rapportée à 100 parties de sel à ii"'»^ d'eau de cristallisation.
» Dans les conditions de l'expérience, i"""' d'anhydride borique déplace
^moiji'ajjjje carbonique; quant à l'anhydride borique, on sait qu'il se sub-
stitue à l'acide carbonique équivalent à équivalent.
» Le calcul nous a donné, pour la perte de poids dans cet essai,
9C0=-I-H'0= 17,56 pour 100.
» L'acide tungstoborique diffère, quant à sa constitution, de divers
autres acides borotungstiques que nous avons pu préparer; c'est l'ana-
logue de l'acide décatungstique inconnu,
,0 (Tu ^ ^'^^) - 6H^0 =:. (TuO'V», 4H=0.
» Il se forme par l'union à 9™°' d'acide tungstique, de 1™"' d'hydrate
OI-T
dimétaborique Bo-O- , avec élimination de 6""'^ d'eau. Sa formation
^ ^ OH
est exprimée par l'équation suivante :
q('Tu^^'°"V^fBo^/^'°°V6"'0=:9TaO%Bo^O%4H»0
^\ \o,oHy V \o,oHy
» Nous avons pu isoler cet acide, en employant la méthode suivie par
M. de Marignac pour préparer les acides silicolungstiqiies.
» L'acide tungstoboriqne rend donc probable pour l'acide tungstique
l'existence d'anhydroliydrates supérieurs à l'acide métatungstique, de vé-
ritables acides polytungstiques analogues aux acides polymolybdiques ,
qui, eux, sont parfaitement étudiés.
» Ainsi se trouve confirmée une des prévisions d'Auguste Laurent.
1) 11 est plus que probable, il est même certain pour nous que Laurent,
avant éturlié les borates et les tungstates, doit forcément avoir obtenu le sel
que nous signalons, ou un sel analogue, qu'il aura pris pour un tungstate.
» Nous n'en avons cependant pas trouvé trace dans ses OEuvres; mais,
par le seid fait qu'il a étudié séparément les borates et les tungstates, il
a dû rechercher les réactions réciproques de ces sels et de leurs acides
géiîérateurs ( '). "
(M Ce Iravail a été fiit au lahoratoire de AI. Wiirt?..
( 419
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur les produits de la distillation de ta colophaue.
Note de M. A». Rexard, présentée par M, Wuriz.
« Les produits de la distillation de la colophane, soumis à de nom-
breuses distillations fractionnées, après avoir été agités avec de la lessive
de soude pour les débarrasser de plusieurs acides de la série grasse, four-
nissent, entre autres hydrocarbures que je me propose d'étudier, un car-
bure bouillant de io3° à io6°, dont l'étude fait l'objet de la Note que j'ai
l'honneur de présenter à l'Académie.
M Pour l'avoir pur, on le lave une dernière lois avec de la lessive de
soude, on le sèche sur du chlorure de calcium, on le laisse ensuite en
contact pendant quelque temps avec du sodium, puis enfin on le distille
sur un fragment de ce même métal dans un courant d'acide carbonique.
» Il a donné à l'analyse les résultats suivants :
C
H
C"H'=exii;e
87,2
87,3
87,5
12,7
12,7
12,5
100,0
qui conduisent à la formule C H' ^, confirmée par sa densité de vapeur, qui
a été trouvée égale à 3,22 (théorie, 3,3i).
» Ce carbure, pour lequel je propose le nom lïheplène, est incolore,
mobile; il possède une odeur partictUière, il est soluble dans l'alcool et
l'éther. Sa densité à + 20°= o,8o3i. Il est sans action sur la lumière po-
arisce. Il bout de 103" à loG".
» Placé sur le mercure dans une cloche pleine d'oxygène, il absorbe
rapidement ce gaz, en même temps qu'il se forme une très petite quantité
d'acide carbonique.
» Il est sans action sur les solutions ammoniacales de chlorure cuivreux
ou de nitrate d'argent.
» Traité par le chlore, il fournit des produits résineux en dégageant de
l'acide chlorhydrique. Le brome réagit sur lui avec violence en dégageant
de l'acide bromhydrique.
» En faisant tomber ce corps goutte à goutte sur le carbure refroidi et
abandonnant ensuite le mélange, en présence d'un excès de brome, pen-
dant deux ou trois jours à l'ombre, ou obtient un liquide épais qui, lavé à
l'eau alcaline pour enlever l'excès de brome, laisse une huile lourde, oran-
( 420 )
gée, qui, traitée par l'étlier, laisse déposer un composé brome cristallisé
que l'on purifie par quelques cristallisations clans l'élher bouillant et dont
l'analyse conduit à la formule CH^Bt^. Ce corps fonda i34° et, vers i 5o°,
se décompose en dégageant de l'acide bromhydrique.
» Si dans l'opération précédente on abandonne le mélange en présence
d'un excès de brome pendant buit ou dix jours au soleil, jusqu'à ce que
tout dégagement d'acide bromhydrique ait cessé, on obtient un dérivé
liexabromé liquide, isomère du précédent, qui se présente sous forme d'une
huile très épaisse, de couleur brune. Comme son isomère solide, l'heptène
hexabromé liquide se décompose vers iSo" en dégageant de l'acide bromhy-
drique.
» Enfin le brome peut encore donner avec l'heptène un bibromure
C'H^'Br^. Pour l'obtenir on fait tomber goutte à goutte une solution du
carbure dans l'éther dans une solution de brome également dans l'éther et
bien refroidie. Les deux corps se combinent sans dégagement d'acide
bromhydrique. On cesse d'ajouter du carbure un peu avant que la li-
queur de brome soit complètement décolorée. En l'abandonnant ensuite à
l'évaporation spontanée dans des capsules, on obtient le bibromure sous
forme de cristaux blancs très instables, qui, quelques minutes après leur
formation, verdissent en dégageant de l'acide bromhydrique. Ce n'est qu'en
déteiminant la quantité de brome nécessaire poiu' saturer un poids connu
d'heplène, ce dont on est averti par la coloration rouge que prend la li-
queur, que j'ai pu arriver à établir sa composition.
» L'acide nitrique fumant réagit sur l'heptène avec beaucoup de violence
en donnant naissance à des produits résineux. Avec l'acide nitrique de den-
sité 1,1 5, l'attaque est calme et ne conuiience que vers 80°. Il ne se pro-
duit pas de vapeurs nitreuses, mais il se dégage de l'oxyde de carbone mé-
langé d'un peu d'acide carbonique en même temps qu'il distille un mélange
d'acide acétique et d'acide formique. Quant au résitiu de l'opération, après
l'avoir fait boiullir quelque temps avec de l'acide nitrique ordinaire pour
dissoudre la petite quantité de résine qui a pris naissance, on le soun)et à
l'évaporation, et par le refroidissement on obtient une masse cristalline
formée par un mélange d'acide oxalique et d'acide succinique.
«L'heptène, traité par l'acide chlorhydrique gazeux, se colore en vert
foncé sans produire de chlorhydrate; il en est de même si l'on fait usage de
sa solution dans l'alcool ou l'éther. Chauffé à 100° en tube scellé avec de
l'acide chlorhydrique aqueux, il n'est pas sensiblement attaqué et on le
letiouve à peu près intact après l'opération.
(42. )
» Traité par l'acide sulfiirique ordinaire, ou mieux l'acide sulfiirique
fumant, l'iiepténe s'échauffe en dégageant de l'acide sulfureux. En opérant
avec précaution et en refroidissant, presque tout le carbure se dissout dans
l'acide. Après vingt-quatre heures de contact, en ajoutant de l'eau, on voit
remonter une couche hiuleuse qui, distillée a[)rès avoir été lavée à la soude
et séchée sur du chlorure de calcium, commence à bouillir vers i lo"; il
passe alors de l'heptène non altéré, puis la température monte rapidement
au delà de 200°. Eu soumettant à des distillations fractionnées les produits
recueillis de 200° à 25o°, on obtient un carbure polymère du premier, le
diheplène CH"*, bouillant de 235" à 240°, qu'on purifie par une dernière
distillation sur du sodium dans un courant d'acide carbonique.
M Soumis à l'analyse, il a donné les résultats suivants :
G" H" exige
C 86,9 87,5
H 13,2 12,5
lOOjO
>) Ce carbure est très oxydable; exposé à l'air, il se résinifie ?apidemenf.
Introduit au-dessus du mercure dans une éprouvette pleine d'oxygène, il
absorhe ce gaz huit à dix fois plus vite que l'heptène. Il est sans action sur
la Imnière polarisée. Quant à la liqueur acide provenant de l'action de
l'acide sulfurique sur l'heptène, elle renferme une petite quantité d'un acide
sulfoné, dont le sel de baryum est très soluble et incristallisable.
I) Enfin l'heptène peut s'unir avec les éléments de l'eau pour former un
hydrate cristallisé, sur lequel je me propose de revenir prochainement, et
que l'on obtient en abandonnant dans des ballons incomplètement bouchés
quelques centimètres cubes de carbure et d'eau ('). »
GÉOGRAPHIE. — Sur le projet d'élablissemenl d'une station hospitalière aux
sources de l'Ogôouéj par lu Comité français de l'Association africaine. Noie
de M. MizoN, présentée par M. de Lesseps.
« La production industrielle s'est considérablement développée en Eu-
rope, pendant que les nations autrefois tributaires des usines européennes
se sont appliquées à manufacturer chez elles les produits ouvrés que nos
(') Je me fais un devoir de signalera l'Académie le concours que m'a prêté dans ce tra-
vail M. Henri Rôze, élève du laboratoire de l'École d'industrie de Rouen.
( 422 )
industriels exportaient. Les débouchés diminuaient en ruéme temps que
s'augmentait le nombre des fabriques européennes, et c'est ainsi que s'ex-
plique, en grande partie du moins, la crise commerciale et industrielle que
subit l'Europe. Il importe de rechercher de nouveaux marchés de consom-
mation.
» La Chine, avec ses 4oo millions d'habitants, paraissait devoir con-
sommer des quantités de produits européens; mais les Chinois, trompant
notre attente, achetant peu et nous vendant leurs matières premières,
attirent à eux le numéraire européen.
» L'Ah'ique, que l'on considérait comme un vaste désert inhabité, s'est
heureusement révélée à l'Europe, toute différente, grâce aux voyages en-
trepris depuis le commencement du siècle. Très fertile, peuplée de près
de I20 millions d'habitants qui sont avides de marchandises européennes,
l'Afrique semble destinée à absorber largement tout l'excès de la pro-
duction européenne. Les nations européennes ont toutes vu cet avenir, et
chacune d'elles cherche le meilleur moyen de pénétrer à son profit dans
l'intérieur du continent africain, par la voie la plus courte ou la plus éco-
nomique.
» Au point de vue de son exploitation commerciale, l'Afrique peut être
divisée en sept régions, dont cinq, connues, sont en contact avec les Eu-
ropéens. Les deux dernières régions, qui sont les plus vastes, les plus
peuplées, et plus importantes que les cinq premières réunies, compren-
nent le bassin du Niger et celui du Congo. Le bassin du Niger est peuplé
d'environ 20 millions d'habitants; celui du Congo de 4o millions.
» Les essais tentés jusqu'ici pour pénétrer directement dans les bassins
du Niger et du Congo, en remontant ces fleuves à partir de leur embou-
chure, ont malheureusement été infructueux. Le de! ta du Niger, marécageux,
sous un climat torride, semble interdire toute organisation permanente.
Le Congo, navigable pendant 80 milles jusqu'aux chutes de Yellaba,
devient aussitôt impraticable sur un espace de aSo milles, jusqu'à Slanley-
Pool, à cause des sauts et des rapides. A partir de Stanley-Pool, le fleuve,
sur un cours de Bood""", n'a qu'un seul obstacle.
» Il était évident que, pour arriver à l'exploitation régulière des deux
grands et riches bassins du Niger et du Congo, il fallait éviter leurs em-
bouchures, les tourner; or, de toutes les nations européennes, la France
est celle qui est dans la meilleure situation pour tenter cette entreprise et
y réussir. En effet, deux fleuves secondaires, partant de nos colonies du
Sénégal et du Gabon, et s'enfonçant dans l'intérieur, ne sont séparés du
( 423 )
Niger et du Congo que par des plateaux étroits. Qu'une route soit frayée
ou qu'une voie ferrée soit installée sur ces plateaux séparatifs, et aussitôt les
deux grandes roules commerciales du Soudan viendront déboucher, l'une
dans notre colonie du Sénégal, l'autre dans notre comptoir du Gabon.
» Nos établissements du Sénégal, réduits, il y a trente ans, aux quatre
points de Saint-Louis, Gorée, Bakel et Joal, se sont étendus vers l'intérieur;
notre commerce, affranchi des tributs que l'on payait aux riverains, a pu
s'effectuer en toute sécurité; le pavillon français a flotté sur le haut Sénégal
et sur la Faleiné. MM. Mage et Quentin ont pénétré jusqu'à Segou et par-
coiu'u le plateau qui joint les deux fleuves.
» La route commerciale du Niger est donc connue, ouverte. Aujourd'hui
une mission étudie cette route, et dans quelques années les produits du
Bornou, après avoir descendu le Binoué, remonté le Niger pour redes-
cendre le Sénégal, arriveront à Saint-Louis ou à Dakar après avoir par-
couru 800 lieues en eau.
» Si l'on examine le bassin du Congo, plus vaste, plus peuplé que celui
du Niger, on est frappé d'y voir une situation identique : un vaste fleuve
pénétrant au cœur de l'Afrique, traversant des régions fertiles, peuplées,
d'après les estimations des derniers voyageurs, d'environ 4o millions d'ha-
bitants; une emhouchure qui ne permet pas de le remonter à partir de la
mer. Mais, comme pour compléter la similitude, un autre fleuve, l'Ogooué,
débouchant dans notre colonie du Gabon, permet d'arriver jusqu'à un
point où, par la traversée d'un plateau sablonneux, sans ondulations Mp-
préciables, sans végétation, on arrive à la partie navigable du Congo.
» Eu 1867, le Congo n'était connu que par les dires des Noirs. A cette
époque, le Delta fut visité et le fleuve exploré, jusqu'à sa jonction avec le
N'Goumié, par les canonnières de la station. Des chaloupes à vnpeur, ap-
partenant à des maisons de commerce, le remontèrent jusqu'à S:im-Quita,où
des factoreries furent fondées : ces factoreries existent encore et reçoivent
les produits du haut Ogooué, c'est-à-dire l'ébène, l'ivoire, le bois rouge, qui,
s'il n'est pas d'une grande valeur commerciale, assure aux navires venant
au Galion un fret de retour, et surtout le caoutchouc, employé aujourd'hui
à tant d'usages et devenu l'une des matières premières les plus recherchées.
)) M,\L de Brazza et Baliay ont remonté l'Ogooué et traversé le plateau
qui sépare ce fleuve de l'Alima, grand affluent du Congo, sans saut ni ra-
pide, se jetant dans le fleuve au-dessus de sa dernière chute.
» Le Comité français de l'Association africaine va fonder une station aux
sourcesde rOgôoué,près du plateau où prennent naissance, avec l'Ogooué,
( 424 )
l'Alima et la Licona, tontes deux tributaires du Congo; il est vraisem-
blable que, de ce plateau, d'autres rivières doivent couler vers le Binoué on
le Chiré. Dans ce dernier cas, le niveau du lac Tchad étani peu inférieur
à celui du plateau, on pent supposer que ces rivières auraient un lit peu
accidenté et qu'en conséquence une nouvelle voie serait ouverte, de ce
côté, au commerce du Soudan, qui viendrait aboutir tout entierà nos deux
colonies du Sénégal et du Gabon.
» I^a slalion que le Comité français de l'Association africaine va fonder
sur le haut Ogooué sera scientifique et hospitalière :
» Scientifique, elle poursuivra la reconnaissance hydrographique du haut
fleuve; elle étudiera le pays environnant au point de vue de laGéographie,
des produits naturels du sol et des cultures qui pourraient y èlre faites, des
conditions de l'exploitation commerciale de la contrée.
» Ilospildlière, et organisée dans ce but militairement, sur le modèle des
postes sénégalais, elle prêlera un appui constant et désintéressé aux voya-
geurs, aux commerçants, à tous ceux qui, ayant un but scicntifiqiie, civi-
lisateur ou commercial, viendront dans cette partie de l'Afrique; elle ha-
bituera les peuples de ces régions à la vue et auconlact des Eurt)péens, elle
leur fera connaître la France, dont le pavillon flottera sur la station. »
M. Maxgot adresse un projet de conslniclion de deux tunnels entre la
France et l'Angleterre.
I.a séance est levée à 4 heures. J. B.
EBRATÀ.
(Séance du iG août 1880.)
Fa^'e 3q3, lignes 5 et 6, au lieu sur les ordonnées, on obtient pour l'hydro-
( /P9 )
gène des lignes sensiblement droites depuis la tempéra tnre ordinaire jus-
qu'à ioo°. Pour les températures voisines du point critique, les courbes de
l'acide carbonique et de l'éthylène deviennent très rapidement droites après
l'ordonnée minima, et l'aspect du faisceau des courbes construites de lo"
en io° montre de suite que, la température croissant, celles-ci se relèvent
dans leur ensemble et finissent par devenir des lignes droites sensiblement
parallèles à la partie rectiligne dont il vient d'être question.
» Le coefficient angulaire de ces lignes a une importance considérable ;
en effet, d'après le cboix des coordonnées, l'équation générale des courbes,
étant pv=J[p)^ devient, quand les lignes sont droites,
pc = «p -{- b, ou ^(1» — «) = const.
En écrivant sous la forme p — a = -> on voit que, pour /? = ce ,(' = «; «est
donc le plus petit volume que puisse prendre la masse gazeuse sous une
pression illimitée.
» Dupré avait déduit de considérations exposées dans son Ouvrage la
relation /j(p + c) = const., comme second degré d'approximation de la loi
de Mariolte; c était négatif pour l'bydrogène, et positif pour les autres gaz,
Cette loi, dite du covoUime, se vérifie assez bien pour l'hydrogène au moyen
des nombres de Regnault; pour les autres gaz, la vérification est beaucoup
moins satisfaisante, ce qui devait être.
» L'interprétation du covolume de Diipré n'a donc rien de comunui avec
la quantité a définie plus haut, et la loi du covolume ne saurait être consi-
dérée que comme une formule empirique, s'appliquant assez approximati-
vement dans des limites très restreintes de température et de pression.
» M. Hirn a admis a priori, ce qui est loin d'être évident, que, la partie
variable du volume étant (f — <'o), if^ étant le volume atomique, on devait
avoir, pour les gaz chez lesquels le travail interne est négligeable,
p{v — Vo)^= const. Cette hypothèse se trouve justifiée par mes recherches,
en ce sens que la forme des courbes m'a conduit directement à l'expres-
sion p(t^ — a) — const., comme loi limite aune température suffisamment
élevée.
» Dans le cas où l'on pense qu'il n'y a plus lieu de négliger l'action réci-
|)roque des molécules, M. Hirn admet une pression intérieure, s'ajoutant,
dans la formule, à la pression extérieure : j'ai déjà fait voir, et mes nou-
velles recherches montrent encore plus clairement, que, même en tenant
compte du volume atomique, la pression interne ne peut expliquer les écarts
( 43o )
de la loi de Mariotte; pour l'acide carbonique, par exemple, à 35° et entre
jQQatm çf ^oo^'", la formule p{v — «) = const. s'applique régulièrement,
sans qu'il soit nécessaire de faire intervenir la pression interne, laquelle, au
contraire, entre r''^'"et loo""", jouerait un rôle tellement important, qu'elle
devrait rendre compte de la plus grande partie de la variation de volume,
ce qui est évidemment contradictoire. La formule /?((' — a) = const. peut
être interprétée en disant que les choses se passent comme s'il y avait, entre
les particules matérielles, un fluide infiniment subtil, suivant rigoureuse-
ment la loi de Mariotte, les particules n'ayant d'autre effet que d'occuper
un certain volume et fonctionnant comme de simples parois.
» Pourquoi ce fluide ne serait-il pas l'éther condensé ? Ce fluide doit
certainement jouer un rôle dans la théorie des gaz et des liquides. Imagi-
nons les molécules entourées de petites atmosphères d'éther condensé;
voici ce qui arrivera : tant que les molécules seront assez écartées pour
pouvoir, tout compte tenu des volumes des atmosphères d'éther, se mou-
voir assez librement, la théorie des chocs développée par M. Clausius peut
tout expliquer; les molécules s'entre-gênant de plus eu plus quand le volume
diminue par la pression, une partie de la force vive de translation passant
dans les mouvements intérieurs ou dans ceux de rotation, le produit pv
diminue; quand les atmosphères d'éther finissent par se toucher, les mou-
vements de translation sont sensiblement éteints, la pression contre les
parois est produite par la réaction de l'éther formant un fluide continu,
dans lequel sont noyées les molécules, et la loi p{i> — a)= const. est suivie
rigoureusement, sauf des perturbations secondaires pouvant t( nir, par
exemple, à l'attraction réciproque des molécules; je crois, toutefois, que
cttte attraction est bien plus faible qu'on ne le pense généralement, et qu'on
lui attribue une grande partie du travail qui s'effectue, non pas entre les
molécules, mais dans l'intérieur de celles-ci. Cela s'applique, non seulement
aux gaz, mais aux liquides, ces corps paraissant soumis à la loi
p{^v — tt)^= const. avec une assez grande exactitude : c'est ce qui a lieu
pour l'acide carbonique liquide à i8°, entre loo^'^'et 400""",
)) Quand la température s'élève , les petites atmosphères d'éther se
dilatent, leur rôle devient de plus en plus prépondérant, et l'on peut se
rendre compte ainsi facilement de l'effet de la température sur la compres-
sibilité.
)) J'ai calculé, au moyen de mes résultats numériques, les coefficients de
dilatation de plusieurs gaz entre des limites variées de pression et de tem-
pérature; ces variations peuvent devenir énormes pour l'acide carbonique;
( 43i )
le coefficient moyen de dilalation, ramené à l'unité de volume, rst, entre
/(0° et Go°, égal à 0,0074 sous la pression de 40™ de mercure, à o,o5o sous
la pression de 80™ et à 0,0037 sous la pression de 32o"; sous 80'" de
pression, le volume de l'acide carbonique double en passant de 40" à 60°.
» Je résume ici les lois relatives à la dilatation et à la compressibilité,
auxquelles m'ont conduit les recherches faisant l'objet du présent Mémoire:
» 1° Le coefficient de dilatation des gaz (pour des températures non
trop supérieures à la température critique) augmente avec la pression, jus-
qu'à un maximum, à partir duquel il décroît ensuite indéfiniment.
» 2° Ce maximum a lieu sous la pression pour laquelle le produit /j<'
est minimum, alors que le gaz suit accidentellement la loi de Mariotle.
» 3° Ce maximum diminue pour des températures de plus en plus éle-
vées et finit par disparaître.
» 4° A w"^ température suffisamment élevée, la compressibilité des
fluides est représentée par la formule ^(c — a) = consl., a (') étant le
plus petit volume que puisse occuper la masse de fluide; c'est la loi limite.
Pour chaque gaz, a a une valeur spéciale.
» 5° Pour les pressions inférieures à la pression critique, l'écart, d'abord
positif pour une températiue suffisamment basse, devient nul, puis négatif,
la température croissant; mais, à partir d'une certaine valeur négative, il
diminue indéfiniment sans changer de signe.
» 6" Pour les pressions comprises entre la pression critique et une
limite supérieure, spéciale à chaque gaz, la période pendant laquelle l'écart
est positif est précédée, à plus basse température, d'une période où il est
négatif, de telle sorte que l'écart change deux fois de signe.
» 7° A partir de la limite supérieure de pression indiquée dans la loi
précédente, l'écart est toujours négatif, quelle que soit la température; il
diminue en général quand la température augmente, sauf pour les pressions
voisines de la limite, où sa variation est plus compliquée.
» Ces écarts (de la loi de Mariotte) sont relatifs, bien entendu, à deux
pressions quelconques, choisies arbitrairement dans les limites de pression
indiquées par les lois. »
(') a étant rapporté à l'unité tle volume, à 0° et sous la pression uormule, j'ai trouvé
les nombres suivants :
Acide carbonique 0,00170
Éthylùne 0,00282
Hydrogène 0,00078
( 432 )
M. Ch. Brame adresse un Mémoire « sur les vapeurs de mercure,
d'iode et de soufre, à la température ordinaire ».
(Renvoi à la Section de Chimie.)
CORRESPONDANCE.
L'Académie de Stanislas, de Nancy, adresse à l'Académie le Volume de
ses Mémoires pour l'année 1879.
Ce Volume contient, en particulier, le dernier travail de noire regretté
Correspondant, M. D.-A. Godron, sur les « modifications qu'éprouvent
les plantes des lieux humides ou des eaux tranquilles, lorsqu'elles se dé-
veloppent accidentellement dans une eau courante ».
SPECTROSCOPIE. — Observation d'une protubérance solaire le 3o août 1880.
Note de M. L. Thollon, présentée par M. Mouchez,
« J'ai eu l'occasion aujourd'hui même, à l'Observatoire de Paris, d'exa-
miner une protubérance solaire que je crois devoir signaler à l'Académie,
en raison de ses dimensions extraordinaires et des particularités vraiment
curieuses de sa formation.
» Vers II"" du matin, alors que j'observais le Soleil depuis un certain
temps, et en un point où je n'avais encore rien remarqué, j'ai aperçu, par-
tant du bord oriental du Soleil, et près de l'équateur de cet astre, un jet
lumineux mince et très brillant. Observé avec la fente étroite de mon spec-
troscope, ce jet m'a présenté des déviations de la raie C paraissant corres-
pondre à une vitesse de SS*™ par seconde. En continuant à l'observer, je
vis ses dimensions s'accroître d'une manière extrêmement rapide, en même
temps que son éclat diminuait sensiblement, surtout vers la base.
» Au moment où la protubérance vint passer par le point de tangence,
ce qui eut lieu vers i2''/|5'", elle avait atteint des proportions vraiment
prodigieuses, tout eu conservant la forme d'un jet lumineux d'une direc-
tion presque normale au bord du Soleil. J'en fis alors des mesures répétées
en laissant courir l'image du Soleil sur la fente du spectroscope et obser-
vant le temps écoulé entre les instants des passages de la base et du som-
met [iZ& pour le passage du Soleil et 3G' pour le passage de la prolubé-
( 4'^3 )
rance). J'ai trouvé ainsi pour la hauteur de la protubérance une valeur
au moins égale à la moitié du rayon solaire, soit environ 343 000""".
» Lorsque je terminais mes mesures, la protubérance avait déjà perdu
beaucoup de son éclat, mais le sommet restait encore brillant. Quelques
minutes après, c'est-à-dire vers i'' de l'après-midi, elle n'était plus qu'à
|3eine visible.
» En terminant, je dois signaler une particularité qui m'a vivement
frappé : tandis que la partie inférieure et la partie moyenne de la protubé-
rance donnaient une déviation de la raie C vers le violet, le sommet pré-
sentait au contraire une déviation à peu près égale du côté du rouge. Je
me borne pour le moment à signaler le fait, sans vouloir en tirer aucune
conséquence. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur les amylamines de l'alcool amyUque inaclif.
Note de M. R.-P. Plimpton, présentée par M. Wurtz.
« L'amy lamine a été obtenue d'abord par M. Wurtz dans le cours de ses
recherches classiques sur les éthers cyaniques [Annales de Chimie et de Phy-
sique,2>^ série, t. XXX, p. 447)- M. Hofmann l'a préparée, en même temps que
les bases secondaire, tertiaire et quaternaire correspondafites, par l'action
de l'ammoniaque sur le bromure et l'iodnre d'amyle. Plus tard, M. Silva a
démontré que les aminés secondaire et tertiaire se forment en même temps
que la base primaire dans la réaction découverte par M. Wurtz.
» Depuis, M. Pasteur a découvert ce fait imporlantque l'alcool amylique
de fermentation est en réalité un mélange de deux alcools, l'un actif, l'autre
inactif, et M. Wurtz a démontré que le pouvoir rotafoire de l'alcool actif
se maintient dans les dérivés de cet alcool. Il paraît donc désirable de pré-
parer les aminés amyliques en opérant isolément sur l'un et sur l'autre al-
cool, isolés à l'état de pureté. Cela est possible depuis que M. A. Le Bel a
indiqué un procédé qui permet de les séparer [Comptes rendus, t. IjXXVII,
p. 1021) et qui consiste à traiter le mélange par le gaz chlorhydrique :
l'alcool inactif est attaqué d'abord et converti en chlorure.
» On a donc préparé une quantité notable de ce chlorure inactif. Il bout
à 100°, 5. Examiné au polariscope dans un tube de i"", il s'est montré
inactif, Ce chlorure est attaqué très lentement à 100°, soit par l'ammo-
niaque aqueuse, soit par l'ammoniaque alcoolique. A i5o°, toutefois, il
est complètement décomposé, en une heure ou deux, par l'auunoniaque
c. R., 1880, 2» Semestre. (T, XCI.No 8.) ^1
( 434 )
alcoolique. Le mélange riu chlorure avec un peu plus de son poids delà
solution ammoniacale salurée a été chauffé à iSo" dans un autoclave par
portions de aoo^' à 3oot-''' de chlorure à la fois. La pression ne dépasse
pas 17'"'". La masse cristalline ainsi obtenue est épuisée par l'alcool chaud,
qui laisse du chlorure d'ammonium, et la solution filtrée est distillée à sic-
cité. Le résidu, qui est un mélange de chlorure, a été distillé avec de la
potasse jusqu'à ce que le thermomètre marquât 1 10° : il passe de l'amyla-
mine, qu'on sature par l'acide chlorhydrique ; la solution, évaporée, laisse
séparer une trace d'alcool amylique. L'amylamine inactive pure, séparée
du chlorhydrate et rectifiée à plusieurs reprises sur la potasse caustique,
bout à 96°, 5 sous la pression 766""". Une petite quantité d'humidité
abaisse le point d'ébullition de 2° à 3°. Densité à 22°, 5 : 0,7517.
» M. Wurtzavaitindiqué 95°pour le point d'ébullition de l'amylamine,
IMM. Brazier et Gosleth 93°, M. Custer 92°-93°.
» L'amylamine obtenue par M. Schwanerl bouillait pareillement à 97°
[Annalen der Cliemie und Pharmacie, t. Cil, p. 221).
» Le chlorhydrate d'amylamine, très soluble dans l'alcool chaud, est in-
soluble dans l'éther. On y a trouvé :
Théorie.
Cl 28,85 28,74.
Le chloroplatinate se dépose de l'eau chaude en lamelles :
Analyse. Théorie.
Pt 33,43 33,66.
Le sel d'or se dépose en lamelles jaunes, par le mélange des deux solutions
et par l'évaporation lente en cristaux clinorhoinbiques ressemblant à ceux
de i'augite. Il se dissout dans l'alcool et dans l'éther.
» La diamylaniine et la Iriamylamine inactives se trouvent dans le ré-
sidu des bases brutes d'où l'amylamine a été séparée, sous forme d'une
couche oléagineuse, qui a étéséchée sur de la potasse et soumise à la dis-
tillation fractionnée; au-dessous de 200" on a employé l'appareil Le Bel-
Henninger.
» On a obtenu ainsi les fractions suivantes :
0 o
Alcool amylique i25-i3o
Diamylaniine iSS-iSj
Mélange de diamylamine et de triamylamine. . . 2io-235
Triaraylamine 235-239
( 435 )
» Cettedeinièrefractionaétédistilléede nouveau: latriamylaminea passé
à 237°. Comme on aindiqué 256° pour son point d'ébullilion, j'ai cru néces-
saire d'employer une nouvelle méthode pour la séparation de ces bases,
et qui consiste à traiter par l'éther le mélange dis chlorures. Celui de
triamylamine s'y dissout; celui de diamylamine y est insoluble. Ce dernier
cidorure, purifié par cristallisation dans l'eau, a fourni une diamylamine
bouillant à iSS*^. M. Hofmann a indiqué 176°, M. Custer 187°, pour un
produit préparé avec la niirosodiamylamine.
» Le chlorhydrate de diamylamine est en magnifiques lames :
Analyse. Théorie.
Cl 18,3 18,34
Peu soluble dans l'eau chaude. Le chloroplatinate cristallise bien; il se
dissout dans l'alcool, mais non dans l'eau. L'analyse a donné :
Théorie.
Pt 26,89 ^7' '^
Le sel d'or est en aiguilles insolubles dans l'eau, solubles dans l'alcool.
» La triamylamine, séparée de son chlorhydrate pur, bout à 287° (non
corrigé). M. Hofmann indique 256°. C'est un liquide oléagineux, insoluble
dans l'eau. Le chlorhydrate se dépose de l'éther en prismes déliés. Le do-
sage de chlore a donné :
Théorie.
Cl i3,i i3,36
Il est très soluble dans l'éther et dans l'alcool, moins soluble dans l'eau. Il
fond au-dessous de 100°:
» Le chloroplatinate est insoluble dans l'eau :
Analyse. Théorie.
Pt 22,8 22,78
Le sel d'or cristallise de l'alcool en magnifiques aiguilles, insolubles dans
l'eau.
■; Dans la réaction qui donne naissance à ces bases, il ne paraît pas se
former de base quaternaire.
« J'ajoute que i""^ de chlorure a donné iS^"" à 20»'^ d'amylamine, iSo^"^
de diamylamine et environ l'io^'' de triamylamine (' ). »
(') Ces recherches ont élé faites au laboratoire de M. Wurtz.
(436)
ZOOLOGIE. — Les Étoiles de mer des régions profondes du golfe du Mexique.
Note de M. Edm. Perrier.
« Durant deux années consécutives, M. Alexandre Agassiz a opéré, à bord
du navire américain The Blake, une série de dragages dans les régions
profondes du golfe du Mexique II en a obtenu les plus brillants résultats
et m'a fait l'honneur de me confier le soin d'étudier et de décrire les nom-
breuses Étoiles de mer qu'il a recueillies, et qui forment une collection de
plus de trois cents exemplaires. Ce travail est à peu près terminé, et, tout
en regrettant qu'il ne m'ait pas été donné d'en comparer les résultats avec
ceux que fournira sans doute une récente expédition sur les côtes de France,
je demande la permission à l'Académie de lui soumettre, en quelques mots,
le résumé de mes recherches.
» Les Luidia, les Archnslei et les Gomaslendœ forment le fonds de cette
forme importante; mais on y trouve aussi des Lincfcia, des Echinaster, des
Solaster, plusienrs Pteraster, et la grande division des Asleriadœ y est re-
présentée par quelques formes extrêmement remarquables, auxquelles je
consacrerai cette première Note. En 187/1, Wy ville Thomson a décrit sous
le nom de Zoroasler fuUjens une Etoile de mer de la section des Asleriadœ,
qui n'a été rencontrée qu'une seule fois dans l'Atlantique par le Chal-
lenger, à une profondeur de 767 brasses. Le genre Zoroaster, qui se
distingue, dans la famille à laquelle il appartient, par l'épaisseur et la régu-
larité du squelette des Astéries qu'il renferme, est représenté dans la collec-
tion de M. Alex. Agassiz par deux espèces nouvelles, auxquelles je pro-
poserai de donner les noms de Zoroasler Sigsbeci et de Zoroaster Jchleji,
en l'honneur du capitaine du vaisseau américain et de son lieutenant. Le
Z. Sigsbeci se distingue immédiatement parla saillie considérable que font
les énormes ossicules de son disque, qui est ainsi nettement distinct des
bras et relativement volumineux. Les bras, à peu près rigides, sont coniques,
et leur squelette se compose de neuf séries régulières d'ossicules carrés.
Chez le Z. Ackleyi, les ossicules du disque ne sont pas saillants; le disque
est tout d'une venue avec les bras, qui ont environ douze fois la longueur de
son rayon, de sorte que l'animal a la physionomie d'un Chœtaster. Ces bras
sont beaucoup plus mobiles que, ceux des autres espèces et formés de dix-
sept rangées d'ossicules assez petits. Dans les deux espèces que j'ai sous les
yeux, les plaques de la région ventrale des bras sont couvertes de petits
( 437)
piquants aplatis, serrés, entremêlés de piquants plus grands, tic manière à
rappeler le revêtement de la face ventrale des Luidia; les plaques adanibu-
lacraires portent même, comme chez ces dernières, un peigne de piquants
comprimés, dont la direction est perpendiculaire à celle de la gouttière
ambulacraire et dont le plus interne est recourbé en lame de sabre, comme
chez les Aslropeclinida. Les tentacules ambulacraires sont quadrisériés à la
base des bras, mais bisériés à l'extrémité, ce qui montre une fois de plus
combien est artificielle l'ancienne division des Astéries adoptée par MùUer
et Troschel. Ces tentacules sont terminés par une ventouse très petite, ce
qui rapproche encore les Zoroaster des Luidia; ils sont entremêlés de petits
pédicellaires droits : on nomme ainsi quelques-uns de ces organes disséminés
entre les plaques dorsales. Les Zoroasters ont été ramenés par la drague,
en vue de Saint-Kilts, de profondeurs variant de 120 à 32 1 brasses.
» L'Astérie pour laquelle je propose le nom d'Hj-menodiscus Àgassizii
est plus remarquable encore. J'en ai pu étudier deux échantillons qui se
complètent mutuellement : l'un est un disque complet, mais dépourvu
de bras; chez l'autre, les bras sont assez bien conservés, mais le disque
est perforé à son centre. Ils ont été recueillis en vue de Dominique
par 321 et 45o brasses de profondeur. Ce sont des Astéries fort délicates
et qui constituent un type intermédiaire bien autrement accusé que
les célèbres Brisinga d'Abjornssen. Les Hjmenodiscus rappellent en effet
les Ophiures par leur disque arrondi, nettement distinct des bras, qui
sont grêles, allongés, mobiles, pourvus d'une rangée latérale de pi-
quants comme ceux de ces animaux, et ne semblent également servir
que d'organes de locomotion. Mais ces bras sont au nombre de douze,
tandis qu'il n'y en a jamais plus de sept chez les Ophiures, et très généra-
lement cinq seulement. Le disque est aplati, très mince, dépourvu de
squelette, de sorte qu'il n'est représenté que par un cercle transparent,
membraneux, tendu sur la couronne formée par l'ensemble des premiers
ossicules des bras, et presque en contact avec la membrane buccale. L'es-
tomac n'a guère, pour se loger, qu'une épaisseur comparable à celle d'une
feuille de papier; on se demande quelle peut être la nourriture habituelle
d'un animal ainsi constitué. Des spicules en forme de plaques calcaires
fenestrées, supportant chacun une petite épine, sont disséminés dans
l'épaisseur de la membrane dorsale. A travers ses parois, on aperçoit net-
tement le canal circulaire qui entoure la bouche et les vaisseaux ambu-
lacraires qui en partent, pénètrent dans les bras, pour se terminer à leur
extrémité, en donnant naissance sur leur trajet à une rangée seulement
double de tubes ambulacraires. Je n'ai pas trouvé trace des longs prolon-
( 438 )
gements en cul-de-sac que l'estomac envoie dans les bras chez tous les
Slellérides, et je n'ai pu malheureusement observer, sur les individus que
je possède, les glandes génitales. Je n'en ai pas trouvé le moindre vestige
dans les bras; mais on ne saurait en conclure cependant que ces glandes se
développent dans le disque chez les Hjmenodiscus comme chez les
Ophiures. Le squelette des bras est à la fois très simple et d'une structure
toute particulière. Il est formé de quatre séries longitudinales de pièces.
Les deux séries médianes forment l'arête dorsale; elles se prolongent
latéralement en une sorte d'écusson qui recouvre en partie les pièces des
deux séries latérales. Celles-ci alternent avec les précédentes et forment le
bord de la gouttière ambulacraire; chacune d'elles porte en son milieu
une longue épine latérale, recouverte par une gaîne molle, renflée en
massue et portant à son sommet un bouquet de pédicellaires. Ces pédiccl-
laires sont des pédicellaires croisés, caractéristiques, comme je l'ai montré
dans de précédents travaux, de la grande division des Jiteriadœ.
» Ces quatre séries de pièces forment une gouttière dans laquelle repose
le vaisseau ambulacraire, exactement comme le vaisseau ambulacraire des
Comatules repose dans la rainure du squelette des bras. Les pièces ambula-
craireSjjusquici absolument caractéristiques de la classe desStellérides, manquent
chez les Hymenodiscus. Quelques trabécules calcaires irréguliers, unissant
les pièces latérales du squelette des bras, les représentent seuls au voisinage
de la bouche. Il est à noter que les caractères fournis par les pédicellaires
ont survécu aux caractères fournis par la constitution jusqu'ici considérée
comme tY[)ique de la gouttière ambulacraire, ce qui est une confirmation
de la valeur que j'ai cru pouvoir attribuer aux pédicellaires, dans la classi-
fication des Étoiles de mer, lorsque j'ai proposé de substituer les indications
qu'ils fournissent à celles tirées du nombre des rangéesde tubes ambulacraires
qu'avaient invoquées Mûller et Troschel. L'absence de pièces ambula-
craires et de pièces calcaires recouvrant la gouttière de la face orale des
bras ne permet de rapprocher l'organisation des bras A' Hymenodiscus
que de celle des bras de Comatules. Le contraste entre les bras et le disque,
l'absence probable dans les bras de glandes génitales et de cœcums diges-
tifs, rapprochent d'autre part les Hymenodiscus des Ophiures; par l'absence
de piècesaaibulacraires,et par conséquent de ])ièces buccales, ds s'éloignent
de tous les Stellérides connus; leurs pédicellaires indiquent toutefois
qu'ils constituent une forme aberrante de la division des Asteriadœ, dans
laquelle ils viennent se placer, mais comme famille distincte, à côté des
Labidiaster, des Pedicellaster et des Brisinga, qui ne possèdent comme eux
que deux rangées de tubes ambulacraires. Les Labidiaster ont un nombre de
( 439 )
bras beaucoup plus considérable; les Pedicellaster n'en ont (|iii=> cinq; les
Brisingn, onze à treize, mais tout différemment organisés. Ces animaux
rentrent en effet, sans aucune difficulté, dans le type ordinaire des Étoiles
de mer, dont les /7r»3fin0f//5o/5 constituent une forme tout à fait différente
de ce que l'on coiuiaissait jusqu'ici et présentent les caractères les plus
exceptionnels. »
PHYSIOLOGIE. — De l'influence des milieux alcalins ou acides sur tes Cépha-
lopodes. Note de M. E. Ypng, présentée par M. de Lacaze-Dulhiers.
« Une Note récente de M. Ch. Richet ('), qui m'est parvenue pendant
que je poursuivais des recherches physiologiques sur les Céphalopodes à
la station zoologique de Naples, a appelé mon attention sur ce point
spécial, et je suis heureux d'avoir pu confirmer chez ces animaux les
principaux résultats auxquels il est arrivé, en opérant sur des écrevisses.
Les faits que j'ai constatés sont, en particulier, parfaitement conformes à
la loi posée par M. Richet, que les liquides acides ou basiques ne sont pas
toxiques en raison directe de leur acidité ou de leur basicité.
» Les Céphalopodes sont extrêmement sensibles à l'action des acides
minéraux; là où le papier de tournesol annonce à peine la présence d'un
acide, un jeune poulpe ou un jeune calmar y manifeste immédiatement
une vive douleur, et l'on a beaucoup de peine à l'y maintenir. Toutefois,
pour devenir toxique, la dose doit s'élever plus haut.
» A faible dose, tous les acides étudiés ont pour effet de provoquer une
accélération des mouvements respiratoires. Quatre Eledone moschola, de
même tadle, et donnant de vingt-quatre à vingt-six mouvements respira-
toires par minute, furent placés chacun dans un vase renfermant 2'" d'eau,
à laquelle on ajouta o'''',5 d'acides sulfurique, azotique, chlorhydrique
et oxalique.
» Cinq minutes plus lard, ces animaux donnaient :
Aspirations par minute.
Dans l'acide azotique 56
» chlorhydrique 4^
» suifurique i 3o
» oxalique 3o
Voir Ch. Richet, Comptes rendus, t. XG, p. n66.
( 44o )
« Quatre heures après, alors que ces animaux paraissaient s'être accli-
matés à leur nouveau milieu et que les mouvements respiratoires avaient
peu à peu repris leur chiffre normal, on double la dose des acides (i'^'= dans
2''' d'eau). Ils deviennent alors toxiques (sauf l'acide oxalique). La respi-
ration, passagèrement accélérée, diminue bientôt; les mouvements réflexes
s'effacent, les muscles des chromatophores se relâchent et i'animal pâlit.
La mort survient au bout de deux heures dans l'acide azotique, trois heures
dans l'acide chlorhydrique et quatre heures et demie dans l'acide sulfurique.
B On voit que, à dose égale, l'acide sulfurique est le moins toxique des
acides minéraux.
» Quant aux acides organiques beaucoup moins énergiques, c'est l'acide
tannique qui agit le plus rapidement. Vient ensuite l'acide oxalique; pour
qu'il provoque la mort dans le même temps que l'acide sulfurique, il en
faut une dose cinq fois plus forte, etc.
» Pour ce qui concerne les bases, je suis arrivé également à des résul-
tats tout à fait comparables à ceux qui ont été publiés par M. Richet, c'est-
à-dire que, sous le rapport de leur pouvoir toxique, les alcalis se rangent
dans l'ordre suivant : ammoniaque, potasse, soude, chaux, baryte.
» L'action de l'ammoniaque est extrêmement rapide. A la dose de i
pour 1000, elle tue presque subitement, tandis qu'avec la même dose de
potasse un jeune Octopus peut vivre de deux à trois heures. Les mouve-
ments respiratoires sont d'abord accélérés; puis, après avoir atteint un
maximum qui varie avec la base employée, ils diminuent progressive-
ment. Les mouvements réflexes cessent peu après les mouvements volon-
taires. )!
PHYSIOLOGIE. — De l'influence des lumières colorées sur le développement des
animaux. Note de M. E. Ycxg, présentée par M. de Lacaze-Duthiers.
« J'ai l'honneur d'annoncer à l'Académie que j'ai pu confirmer, ce prin-
temps, sur des animaux marins, à la station zoologique de Nai)les, les ré-
sultats que j'ai obtenus précédemment en opérant sur des animaux d'eau
douce (').
» Des œufs de Loligo vulgaris et de Sepia officinalis, provenant d'une même
ponte, ont été placés dans des vases d'une contenance de 2''', dans lesquels
(') Voir E. YuKG, Comptes rendus, t. LXXXVII, p. 998; i6 décembre 18^8.
( 44i )
l'eau était constamment et régulièrement renouvelée. Ces vases étaient
renfermés eux-mêmes dans des bocaux de même forme, mais d'un plus
grand diamètre, et, dans l'espace qui les séparait, on laissa couler des
solutions diversement colorées. Leur bord supérieur était recouvert d'un
carton épais, de telle manière que les œufs ne recevaient qu'une lumière
à peu près monochromatique. Dans ces conditions, ils se développèrent
inégalement, ainsi que cela se passe pour les œufs de Rana esculenla, Salmo
trutta et Lymnea slagnalis.
» Le développement est activé par les lumières violette et bleue, relardé
au contraire par la rouge et la verte. La lumière jaune est celle qui, à ce
point de vue, se rapproche le plus de la lumière blanche.
» Une circonstance particulière nï'a permis de constater, une fois de plus,
la différence d'action des diverses couleurs. Il circule constamment, dans
les bassins du grand aquarium de la station de Naples, des quantités con-
sidérables de larves de la Ciona inteslitialis ;\es parois sont couvertes d'adultes
de cette belle ascidie. Mes bocaux ayant été placés dans la circulation gé-
nérale de l'aquarium, les larves commencèrent à s'y fixer peu après leur
installation, et je pus bientôt constater que celles qui avaient élu domicile
dans le vase violet croissaient plus rapidement et donnaient naissance à des
individus plus vigoureux que dans les autres vases.
» Je dois faire remarquer, en terminant, que, contrairement à mes pre-
miers résultats, le développement, quoique retardé, s'est bien effectué dans
les vases rouges et verts.
» Si l'on rapproche ces résultats de ceux qui ont été obtenus par
M. Serrano-Fatigati (') sur les infusoires, on ne refusera pas d'admettre
qu'ils révèlent un caractère général pour les animaux aquatiques. Il s'agit
de voir maintenant s'il en est de même pour les animaux aériens. »
PHYSIOLOGIE. — Sur les nerfs vaso-dilatateurs des parois de la bouche.
Note de MM. Dastre et Mokat, présentée par M. Gosselin.
« La dilatation vasculaire provoquée par l'excitation du cordon cervical
sympathique se reproduit avec la même netteté lorsque l'on agit, chez le
chien, sur les rameaux communicants des deuxième, troisième, quatrième
(')E. Serrano-Fatigati, Influence des diverses couleurs sur le développement et la res-
piration des infusoires [Comptes rendus, t. LXXXIX, p. gSg).
C. R., iSSo, 2- Semestre. (T. XCI, N- 9.) 58
( /i42 )
paires dorsales et sur le segment de la chaîne ganglionnaire auquel abou-
tissent ces rameaux. En deçà ou au delà de ce département, l'excitation
reste snns effet, c'est-à-dire que ni les filets dont la réunion forme le nerf
vertébral, ni la portion inférieure de la chaîne thoracique n'influencent la
circulation de la muqueuse buccale dans le sens d'un accroissement.
» Nos expériences font ainsi connaître l'existence, l'origine et le trajet
des nerfs vaso-dilatateurs de la région buccale. Elles ont été conduites de
manière à vérifier les troisxonditions nécessaires et suffisantes pour établir
la réalité d'un nerf vaso-dilatateur. Il fallait prouver en effet : i" que les
filets nerveux dont l'excitation amène la dilatation vasculaire observée
appartiennent bien au sympathique et ne sont point des fibres d'emprunt
ayant une autre source; 2° que la dilatation est priinilivej c'est-à-dire
qu'elle n'est pas le résultat de l'inertie d'un nerf vaso-constricteur fatigué
par l'excitation ; 3° enfin que la dilatation observée est directe et non réflexe,
c'est-à-dire que le phénomène se passe tout entier à la périphérie, sans in-
tervention possible de l'axe cérébro-spinal.
» Ces trois conditions ont été vérifiées. La dilatation des vaisseaux des
lèvres et de la bouche est primitive. Nous nous sommes assurés qu'elle sur-
vient d'emblée, sans conslriction préalable, en opérant alors que, par suite
de conditions particulières, la région était déjà légèrement congestionnée.
Une autre preuve surabondante résulte de ce fait qu'au moment où la dila-
tation survient les constricteurs compris dans le même cordon nerveux
font pâlir les parties voisines, langue, voile du palais, ce qui n'arriverait
pas s'ils étaient épuisés.
» En second lieu, les preuves que la dilatation est directe sont tirées des
expériences dans lesquelles nous avons détruit la moelle cervicale et le
bulbe, centres possibles des réflexes, sans que ces opérations aient empêché
la production du phénomène. D'ailleurs, une très forte présomption contre
la possibilité d'un réflexe résultait a priori de ce que la dilatation est uni-
latérale, c'est-à-dire exactement limitée au côté du nerf excité, tandis que
la bilaléralité est toujours plus ou moins marquée dans les dilatations
réflexes.
» Enfin, uous avons sectionné ou lié le tronc du nerf vague à sa sortie
du crâne, au point où il est nettement séparé du cordon sympathique et
du ganglion cervical supérieur, et après cette opération les résultats sont
restés les mêmes.
» Nous concluons delà que les filets nerveux indiqués plus haut sont
bien de véritables nerfs dilatateurs. Les vaso-dilatateurs de la région
I
( 443 )
buccale tirent donc leur origine delà moelle par les rameaux communicants
desdeuxième, troisième et quatrième paires dorsales, suivent le cordon iho-
racique, traversent le ganglion étoile, l'anneau de Vienssens et le ganglion
cervical inlcrienr; ils font partie intégrante du cordon cervical au même
titre que les nerfs vaso-constricteurs et vont ensuite se répandre avec le tri-
jumeau dans les parois buccales. C'est dans cette dernière partie de leur
cours que Prévost (de Genève) a pu rencontrer ceux qui sont destinés aux
fosses nasales et que, plus tard, MM. Jolyet et Laffont ont nettement re-
connu les autres en prenant précisément pourpoint de départ l'observa-
tion de Prévost.
» Nos expériences ont été exécutées sur des chiens soit indemnes de toute
substance toxique, soit chloralisés, chloroformés ou ciirarisés. Cette der-
nière condition est la plus favorable. »
priYSlOLOGlE. — D'un mode particulier d'asphyxie dans l'empoisonnement
par la strychnine. Note de M. Cii. Iîiciiet, présentée par M. Gosselin.
« J'ai montré [Comptes rendus, 12 juillet 1880) qu'on peut injecter
des doses énormes de strychnine [0^', 5 à un chien de 10''^^ (')] sans provo-
quer la mort immédiate de l'animal, pourvu qu'on pratique la respiration
artificielle (-). Cette expérience m'a amené à constater différents faits qui
servent à connaître une des causes de la mort dans l'empoisonnement par
la strychnine.
» Si l'on injecte sous la peau d'un chien o,oo3 de chlorhydrate de
strychnine, bientôt l'animal est pris d'une violente attaque de tétanos. Cette
première attaque est souvent mortelle. En effet, tout d'un coup les convul-
sions cessent. Le cœur, qui avait jusqu'alors continué à battre, ralentit peu
à peu ses mouvements, qui enfin disparaissent, et l'animal meurt. Ce genre
de mort n'est autre que l'asphyxie, car si l'on fait faire au thorax, en le
(') Les chiffres donnes ici se rapportent tous à 10^^, poids d'un chien de taille moyenne.
(') Dans la Note précédente je disais qu'il faut injecter h strychnine avec lenteur : en réa-
lité, il vaut mieux injecter rapidement. L'expérience réussit surtout si l'on fait des injections
sous-culanées, de manière à ne pas agir directement sur l'endocarde. Il faut .ilors se servir
d'une sohition concentrée de chlorhydrate de strychnine, et faire l'injection par doses mas-
sives, simultanément, en plusieurs points du tissu cellulaire sous-cutané. En procédant
ainsi, on évite presque tout à fait les grandes convulsions de l'animal, ou du moins elles ne
durent que peu de temps.
( 444 )
pressant, quelques mouvements respiratoires, bientôt les mouvements
spontanés de la respiration reviennent, et l'animal continue à vivre. La
mort eût donc été due à l'asphyxie, asphyxie dépendant de deux
causes, premièrement [de la contracture des muscles respirateurs tétanisés,
en second lieu de l'épuisement des centres nerveux de la respiration. C'est
à cette asphyxie primitive que remédie d'abord la respiration artificielle.
M Mais il est une autre asphyxie qui n'a peut-être pas encore été décrite,
et qui est une des principales causes de la mort par la strychnine : c'est
l'asphyxie qui résulte de la combustion interstitielle énorme qui se fait
dans les muscles violemment tétanisés.
» En effet, si, après avoir injecté à un chien une dose mortelle de strych-
nine, soit 0,007, on pratique la respiration artificielle suivant les mé-
thodes classiques (vingt à trente fois par minute), l'animal meurt, quel-
quefois au bout de dix minutes, en tout cas au bout d'une heure ou deux
tout au plus. Or, si, pendant la vie, on examine le sang artériel, on peut
constater que ce sang est noir et violacé, absolument comme du sang vei-
neux. C'est ainsi que les choses se passent lorsqu'on fait vingt-cinq respira-
tions artificielles par minute. Avec cinquante respirations, le sang est
moins noir, et cependant il n'a pas encore repris la rutilance du sang ar-
tériel normal.
» Cette coloration noire du sang artériel coïncide avec la production
plus grande d'acide carbonique et l'absorption plus grande d'oxygène, ces
deux phénomènes étant liés à la contraction violente et prolongée de tons
les muscles de l'animal. Un autre phénomène corrélatif, c'est l'élévation
énorme de la température. (J'ai noté dans une expérience 44°>8. M. Vul-
pian a noté 44° dans une autre expérience.)
» Par conséquent, le sang n'est pas suroxygéné, comme l'ont supposé
quelques auteurs. Il est, au contraire, très pauvre en oxygène. C'est pour-
quoi la suspension, même très courte, de la respiration artificielle amène
immédiatement la mort. Il n'y a plus suffisamment d'oxygène dans le sang
pour entretenir , fût-ce pendant une demi-minute, la vie du système ner-
veux et du muscle cardiaque.
» Il est facile de prouver que la coloration noire du sang est bien due
à la combustion musculaire interstitielle. En effet, si à un animal strych-
nisé, soumis à la respiration artificielle, et dont néanmoins le sang
artériel est tout noir, on injecte une petite quantité de curare, peu à peu
les muscles se relâchent, et en même temps la température s'abaisse, et le
sang artériel redevient rouge. On n'a cependant modifié sensiblement ni
( 445 )
l'excitabilité ni l'excitation du système nerveux. On a fait seulement cesser
le tétanos ninsculaire : la couleur violacée du sang artériel, indiquant
l'état d'asphyxie de l'animal, est donc sous la dépendance de ce tétanos
musculaire généralisé.
» Ce qui prouve que cet état d'asphyxie est réellement une des causes
de la mort par la strychnine, c'est qu'on peut faire vivre des chiens qui
ont reçu 0,007 de chlorhydrate de strychnine, si l'on a pris soin de para-
lyser leur système musculaire par une dose suffisante de curare.
» Donc, si l'animal strychnisé meurt rapidement malgré la respiration
artificielle faite d'après les méthodes classiques, c'est que la contraction de
tous les muscles du corps a privé le sang d'oxygène, et y a introduit beau-
coup d'acide carbonique, et peut-être encore d'autres produits de désassi-
milation. Il y a asphyxie, comme après l'oblitération des voies aériennes;
le résultat est le même, quoique le mécanisme en soit tout différent.
» On peut s'expliquer maintenant ce paradoxe physiologique que la
strychnine à la dose de 0^*^,5 tue bien moins rapidement qu'à la dose
deo,oo5. A la dose de o,5 la substance grise de la moelle est si forte-
ment empoisonnée, qu'elle ne peut plus donner de convulsions et que le
tétanos musculaire est remplacé par la résolution de tous les muscles. C'est
ainsi que le chloral, le chloroforme, l'alcool, font cesser les convulsions té-
taniques de la strychnine ; ils paralysent la substance grise de la moelle
épinière. Quant au curare, il fait cesser aussi les convulsions, mais en
agissant sur l'innervation motrice des muscles.
» Il s'ensuit de ces faits physiologiques qu'en présence d'un empoison-
nement par la strychnine il faudra faire la respiration artificielle, tant qu'il
y aura un tétanos convulsif, très énergique et très fréquente (au moins
soixante fois par minute), car autrement on n'introduirait pas dans le
sang une quantité d'oxygène suffisante pour remplacer celui qui disparaît
dans les muscles tétanisés. On pourra aussi introduire dans l'organisme
des substances qui, comme le chloroforme, l'alcool et le curare, empê-
chent le tétanos musculaire de se produire. En effet, c'est ce tétanos mus-
culaire généralisé qui est la 'cause immédiate de l'asphyxie promptement
mortelle ('). »
(') Travail du laboratoire de M. Vulpian, à la Faculté de Médecine.
( 446 )
MÉTÉOROLOGIE. — Suf l'intensité de quelques phénomènes ci éleclricilé atmo-
sphérique observés dans le nord du Sahara. Note de M. L. Amat, présentée
par M. Larrey. (Extrait.)
« En parcourant, ces jours derniers, les Comptes rendus de l'année i84o,
mon attention s'est arrêtée sur une Communication faite par Arago, dans
la séance du 2 novembre, sur un phénomène assez curieux d'électricité at-
mosphérique, qui m'a rappelé un certain nombre de faits analogues que
j'ai observés pendant mon séjour dans le sud de la province d'Alger.
» Arago donnait connaissance à l'Académie d'une Lettre de M. Ledin-
ghen, lieutenant du génie, dans laquelle cet officier racontait qu'étant en
marche de Blidah vers Alger il vif, pendant un coup de siroco, dont les
gorges de la Chiffa sont le vrai canal de prédilection, chaque bouffée de ce
vent faire jaillir des étincelles de la frange de ses épaulettes.
» D'autre part, M. Zurcher rapporte, dans son petit Traité sur les phéno-
mènes de l'atmosphère, que, le 8 mai i83i, des officiers se promenant tête
nue sur la terrasse du fort Bab-Azoum, à Alger, chacun, en regardant son
voisin, remarqua avecctonnement de petites aigrettes lumineuses aux extré-
mités de ses cheveux tout hérissés. Quand ils levaient les mains, des
aigrettes se formaient aussi au bout de leurs doi"ts.
» L'explication de ces phénomènes n'est plus à rechercher aujourd'hui.
Ils nous fournissent unemf>surede la surcharge électrique de l'atmosphère
et de l'écoulement de l'électricité par le sommet des corps placés un peu
au-dessus du sol —
» Le corps humain, comme celui des animaux, n'a pas le même état
électrique que l'atmosphère et d'autres corps environnants. De plu'^, luie
distinction a été depuis longtemps établie par l'abbé Noiet {Recherches sur
l'éleclricilé, t. VI, p. 281; Paris, 1764) entre les animaux et les malières ani-
males comme la soie, les cheveux, les poils, les ongles, la corne, les os, etc.
Ces substances, presque toujours sèches, donnent des signes d'électricité
quand on les frotte, tandis que la matière vivante, le protoplasma rendu
demi-fluide par son eau d'imbibition, n'en peut fournir. Un chat rasé dont
on frotte la peau ne donne plus d'étincelles. Une foule d'expériences bi-
zarres ont été imaginées pour manifester l'électricité des matières animales ;
Carpenter en donne, dans sa Phjsiolocjie, des exemples curieux. Patrice
Br3done, physicien anglais, qiii prétendait évaluer l'électricité dégagée par
( 447 )
lin chat que l'on caresse, avail institué l'expérience suivante : deux per-
sonnes, dont les chevelures étaient restées intactes pendant plusieurs mois,
s'isolaient sur des tabourets et, dans celte position, se peignaient mutuelle-
ment. Les dents du peigne dégageaient alors, sous forme d'étincelles,
une grande quanlité d'électricilé
» Habitant la région située au delà du 35* degré de latitude, tantôt à la
cote de i loo" (porte de Djelfa), tantôt à celle de ySo™ (porte de Laghouat),
ou plus bas encore, au pied du revers méridional du grand Atlas, j'ai con-
staté à plusieurs reprises, soit sur moi-même soit sur des animaux, pendant
l'été de i8'j6, des faits analogues aux précédents, mais plus concluants, en
laveur de l'intensité d'action de l'électricité atmosphérique. Sans qu'il ait
été nécessaire de ni'isoler du sol, il m'est bien souvent arrivé de faire jaillir
de larges étincelles en passant un peigne de poche à travers les cheveux ou
les poils de la barbe, d'une longueur moyenne de o", o5 à o™,07 et pres-
que toujours très secs. Les conditions les plus favorables à la production
de ce phénomène étaient un temps sec et chaud, le retour d'une longue
course dans les plaines arides ; le moment le plus propice était aussi le
soir, de 7'' à 9''. Dès que les poils étaient un peu humides ou le temps lé-
gèrement couvert, ils ne produisaient plus d'étincelles ou de crépitations.
» Les animaux, et en particulier les chevaux, présentent à un plus haut
degré que l'homme le pouvoir de manifester ces phénomènes électriques.
Les membres de la Commission scientifique de l'expédition du Mexique ont
fait la remarque que, sur les hauts plateaux de l'Amérique du centre, les
poils ainsi que les crins des chevaux arabes ou mexicains dégagent des
étincelles sous le passage de la brosse ou de l'étrille. Dans le sud de l'Al-
gérie, pendant les chaudes et sèches journées d'été, on voit, sur les che-
vaux arabes, de longs crins divergeant du centre de la queue, à la manière
des filaments d'un balai déviés en éventail. Pour peu que l'on caresse de
la main la queue de l'animal, on entend une série de petites crépitations
dues au pétillement des étincelles imperceptibles pendant le jour, mais
évidentes le soir et à la nuit close.
» J'ai constaté que l'électricité dégagée par la queue des chevaux est
positive et que les crins déviés se laissent attirer par une canne cirée au
vernis de térébenthine. Après une petite pluie , ou pour peu que le sol
soit humide, cette tension électrique n'est pas aussi considérable ; dans les
écuries, elle est moins sensible qu'au grand air. L'homme, en communica-
tion directe avec le sol, ne présente pas une accumulation de fluide élec-
trique bien considérable, et le frottement est nécessaire pour le dévelop-
( 448 )
per; mais ce fluide semble s'accumuler en plus grande quantité sur le
cheval, chez lequel la corne des sabots paraît jouer le rôle de corps isolant.
» Il résulte de mes observations que, dans les contrées tropicales, les
phénomènes de l'électricité de la couche atmosphérique avoisinant le sol
sont plus accentués que dans les régions tempérées. »
M. Ch. Guérin adresse une Note sur un procédé pour faire varier la ten-
sion des piles.
M. B. Nappée adresse une Note sur les pressions et les densités de l'air
dans l'atmosphère à diverses hauteurs, et une Note sur la puissance des
projectiles dans les armes à feu.
La séance est levée à 4 heures. J. B.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQCE.
OoVaACES REÇUS DANS LA SÉANCE DC 23 AOUT 1880.
Annales de l' Observatoire de Paris, publiées sous la direction de M. le
contre-amiral Mouchez, Directeur de l'Observatoire. Mémoires, t. XV;
Observations, 1 868- 1869. Paris, Gauthier-Villars, 1880; 2 vol. in-4°.
Histoire miraculeuse des eaux rouges comme sang, tombées dans la ville de
Sens et ses environs te jour de la grand' Fesle-Dieu dernière, 161 7. Amiens,
Ed. Bonvallet, 1880; in-i8.
Photographie de la parole; par H. Brunet. Agen, impr. Noubel, 1879;
br. in-8°. (Adressé par l'auteur au Concours Jean Reynaud.)
Sur les fonctions linéaires; par M. A.-E. Pellet. Clermont, typ. Thibaud,
sans date; br. in-S".
Compte rendu des travaux de la Société de Médecine, Chirurgie et Pharmacie
de Toulouse, 1880. Toulouse, impr. Douladoure, 1880; in-8°.
Banet-Rivet. D'un prétendu inventeur de la transposition par les nombres. A
M. le violoniste Vieuxtemps. Paris, typ. Morris, sans date; opuscule in-8°.
Comptes rendus des séances de la Commission permanente de l'Association
géodésique internationale pour la mesure des degrés en Europe, réunie à Genève
du 16 au 20 septembre 1879, rédigés par les Secrétaires C. Bruhns et
A. HiRscH. Berlin, G. Reimer, 1880; in-4°.
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU r.UNDI 6 SEPTEMBRE 1880.
PRÉSIDENCE DE JJ. WURTZ.
Î^IEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. Chasles, en présentant à l'Académie une Brochure qu'il vient de
publier, sous le titre d'Exposé historique concernant le Cours de Machines dans
l' emeicjnement de l'École Polyleclmique, donne lecture des lignes sui-
vantes, qui servent de préambule à cet exposé :
« Dans une des séances du Conseil de perfectionnement de l'École Polytechnique, il y a
quelques mois, un membre (51. Rolland) a proposé que l'on révisât les programmes d'in-
struclion des deux années d'études, lesquelsont éprouvé en i8jo un affaiblissement considé-
rable. Le Conseil a eu plusieurs fois la pensée d'y remédier, et quelques mesures ont été
prises dans celte vue, nolamment en i8Gj; mais diverses circonstances, particulièrement
en i8''0, en ont toujours fait ajourner la réalisation. L'entreprise est très multiple. Dans
son enbemble, le sujet demanderait une étude générale de l'organisation de l'Ecole et des
modifications successives qu'elle a éprouvées depuis sa fondation. Je me propose simple-
ment, dans ce moment, de détacher une seule des parties du sujet, celle qui se rapporte
au Cours de Machines, qui, nonobstant les demandes unanimes des Écoles d'application
pour son maintien, à cette époque de i85o, a éprouvé, d'une manière fort imprévue, une
altération très fâcheuse et nullement motivée, dont on attend la réparation.
» J'aborde l'étude de ce sujet particulier, dès l'origine de la fondation de l'École Poly-
technique. »
C. R., l88o, 2« Semestre. (T.; XCI, N° 10.) ^.9
(45o)
CHIMIE. — Recherches sur les sels basiques et sur l'atcikamite;
par M. Berthelot.
H 1. J'ai eu occasion de faire quelques observations sur un sel basique
remarquable, l'atakamite, formé par l'association d'un chlorure métal-
lique et d'un oxyde, sel qui existe dans la nature et qui se produit parfois
dans le laboratoire. Ces observations jettent un certain jour sur les
conditions générales qui règlent la formation et les réactions des sels
basiques.
M 2. La substance sur laquelle j'ai opéré m'avait été donnée par M. De-
bray. Elle répondait à la formule connue
CuCl,3CuO,4HO.
Trouvé. Calculé.
Cu 57,5 57, 1
Cl 16, I 16,0
HO 16,9 16,2
» 3. Ce corps peut être séché sans perte notable d'acide ; mais sa dessic-
cation exige une température assez élevée. "Vers la fin, il se sublime une
trace de chlorure de cuivre; en même temps, la masse noircit, se ramollit
et devient visqueuse et adhérente aux parois de la nacelle, comme si elle se
trouvait alors séparée en chlorure cuivrique fondu et résinoide, et en oxyde
soUde : on reviendra sur ce point. L'atakamite séchée avec précaution
répond à la formule
CuCl,3H0.
Trouvé. Calculé.
<^' 19. 1 19»!
» 4. J'ai déterminé la chaleur de formation del'oxychlorure de cuivre
tant hydraté qu'anhydre, en le dissolvant dans l'acide chlorhydrique
étendu.
CuCl,3CuO,4HO(222e')+4HClétendu, dégage + i6'^'",5
CuCl, 3CuO -t- 4HCI étendu ^ » +.2r,Cai^^
» En admettant, d'autre part,
CuCl + eau = Cu Cl étendu + S'^'^S 1
3CuO + 3H Cl étendu 4- j.S X3 = 22Ca',5 \ =28,0
( 45i )
on tire d'abord de ces chiffres :
3CuO +CuCI -H4H01iqiiide = CuCl,3CuO,4HO, dégage... + ii,5
l'eau étant envisagée comme solide, on aurait + 8,6.
» Le dernier nombre ne varie guère entre i5° et loo"; mais le premier
croît, avec chaque degré de tempéraUne, d'une quantité voisine de la diffé-
rence qui existe entre les chaleurs spécifiques de l'eau liquide et de l'eau
solide, soit pour 4HO: + o, oi8 t : ce qui fait à loo" une variation de
-H 1,53 et porte la chaleur totale de formation de l'atakamite à ioo° vers
4-i3'^»',o.
» La valetu' 4- 1 1, 5 a été vérifiée en traitant l'atakamite par la potasse
étendue, qui la change en hydrate de cuivre :
3CuO,CuC1,4HO + KOétendue, dégage + o, i 7
» La potasse étendue, dans les mêmes conditions, développe
+ i3,7 - 7,5 = +6,2,
en agissant sur le chlorure cuivrique étendu ; d'où il résulte que la réaction
dn chlorure cuivrique dissous, sur l'oxyde de cuivre, a dû dégager au préa-
lable + 6,2 — o, 17 = H- 6,0. Si l'on ajoute à ce nombre la chaleur dé-
gagée par la dissolution préalable du chlorure cuivrique anhydre, soit
-+- 5, 5, on retombe sur -h 1 1,5.
» 5. On voit par là que la réaction du chlorure cuivrique dissous, soit
sur la potasse, soit sur l'oxyde de cuivre, dégage à peu près la même quan-
tité de chaleur : le déplacement de la potasse par l'oxyde de cuivre employé
en excès, dans le chlorure de potassium, n'exigerait donc que le concours
d'une faible énergie supplémentaire.
» 6. La formation de l'oxychlorure de cuivre anhydre ne dégage que
très peu de chaleur :
CuCl-+-3CuO=3CuO,CuCl, dégage +28,0 — 27,4 = 4-0,6,
» On conçoit dès lors que ce composé présente, surtout à chaud, des
propriétés fort voisines de celles d'un simple mélange. La stabilité remar-
quable de l'atakamite résulte de la perte d'énergie qui s'est produite, lors
de l'association de l'eau avec le chlorure de cuivre et l'oxyde de cuivre,
perte représentée par + 11^°', 5 avec ces corps séparés, + io'^°',9 avec les
mêmes corps déjà associés ; en d'autres termes, cesl l'eau qui sert de lien
principal au sjslème complexe/orme par ioxycidorure.
( 452)
» Cette circonstance ne permet pas d'admettre que l'atakaniite résulte
de la substitution de l'oxyde métallique à l'eau d'hydratation du chlorure
cuivrique, comme on l'avait supposé autrefois pour certains sels basiques.
En effet,
Cii Cl + 2 HO (solide), dégage +')9
CuCl +3CuO dégage seulement +0,6
» 7. La chaleur de formation de l'atakamile est si considérable, qu'elle
explique la production de ce composé, observée dans une multitude de
circonstances. Par exemple, l'oxyde de cuivre hydraté, employé en excès,
doit précipiter le chlorure de cuivre de ses dissolutions. En effet, la chaleur
dégagée par cette précipitation est égale à + 11, 5, chiffre fort supérieur
aux +• 5*^°', 5 développées par la simple dissolution du chlorure anhydre. En
fait, je me suis assuré qu'il suffit d'ajouter 3 équivalents de potasse à une
dissolution renfermant 4 équivalents de chlorure de cuivre, pour préci-
piter la totalité du cuivre et obtenir une liqueur neutre et incolore. Avec
2 équivalents de potasse et 3 équivalents de chlorure cuivrique, au
contraire, la précipitation est incomplète.
» J'ai confirmé ces résultats, en mesurant la chaleur dégagée dans la
précipitation fractionnée du chlorure cuivrique :
CiiCl(i«'î = 2'") + ■fKO(i'i= 2'") dégage +2,24
\-\K0 » +4,38
-HfKO 0 +6,0
» -+- I KO » -1-6,2
)) On voit d'abord que les premières fractions de potasse dégagent plus de
chaleur que celle qui répondrait à une séparation d'oxyde de cuivre équi-
valente ( -t- 2,2 au lieu de -j- 1 ,5; 4- 4,4 au lieu de + 3,1 ); on voit, en
outre, que presque toute la chaleur est dégagée par les trois premiers quarts
de potasse, lesquels ne laissent pas de sel de cuivre en dissolution.
» Ce sont là des observations fort importantes pour l'analyse, car elles
montrent qu'un sel métallique peut être précipité complètement, et la
liqueur résultante être neutralisée, sans qu'il y ait équivalence entre l'alcali
précipitant et l'acide du sel métallique : une portion de ce dernier peut,
on le voit, être entraînée dans le précipité. Un grand nombre de sels métal-
liques se comportent d'une façon analogue.
» 8. Montronsenfin comment on peut concevoir la formation del'oxychlo-
rure de cuivre, au sein d'une solution aqueuse de chlorure cuivrique, sous
l'influence de réchauffement et surtout en présence decertains sels. 11 suffit
( 453 )
pour cela d'envisager, d'une part, la diminution graduelle de la chaleur de
formation du chlorure de cuivre dissous avec la température; et d'autre
part, la dissociation, c'est-à-dire la décomposition partielle en chlorure
moins hydraté, sinon même anhydre, des hydrates de chlorure cuivrique
existant dans les dissolutions de ce sel. Précisons par quelques données
numériques.
.. » 9. La formation du chlorure cuivrique étendu, au moyen de l'oxyde
de cuivre et de l'acide chlorhydrique étendu, vers i5°,
HCI-+-200HO-1- CiiO = CuCl 4- ■201 HO, dégage -4-7,5
» Celle quantitéest d'ailleurs à peu'près la même avec l'oxyde anhydre et
avec l'oxyde hydraté. A 100°, d'après les chaleurs spécifiques données par
M. Marignac, elle se réduit à -4-6,0. Ces chiffres peuvent être envisagés
comme se rapportant à des liqueurs qui renferment surtout un chlorure
de cuivre hydraté, tel que CaCl,2H0. Mais la chaleur de formation d'un
équivalent de chlorure de cuivre anhydre, supposé séparable des liqueurs
par quelque réaction supplémentaire, à partir des mêmes composants,
serait moindre; elle se réduirait à -f- 4? o vers 100°, soit -1-12,0 pour 3CuCl.
Or ces chiffres sont tels que la décomposition des 3 équivalents CuCl, en
oxyde et acide, nécessaire pour la formation de l'atakamite, peut être
effectuée par le travail exprimé parles i3'°' dégagées à 100°, lors de la
réunion des 3CuO produits par cette décomposition, avec un quatrième
équivalent de chlorure. Il suffira donc que quelque condition, telle que
réchauffement, ou la présence d'un sel étranger, détermine au sein des
liqueurs la dissociation de l'hydrate de chlorure cuivrique et la formation
d'un peu de chlorure anhydre, pour voir apparaître l'atakamile.
)) Sans entrer plus avant dans cette discussion, que les données connues
ne permettent pas d'approfondir davantage, je crois en avoir dit assez pour
faire comprendre comment la dissociation des hydrates salins dans leurs
dissolutions mêmes, la diminution de la chaleur de formation des sels dis-
sous avec la température, enfin la chaleur propre de formation des sels
basiques permettent de rendre compte de la décomposition des sels métal-
liques sous l'influence de l'eau qui les tient en dissolution. »
( 454 )
CHIMIE. — Contributions à Chisloire des éthers; par M. Berthelot.
« 1. J'ai mesuré, il y a quelque temps, la chaleur de formation de
l'éther mélhylique gazeux ; pour en compléter la comparaison avec celle
des autres éthers, j'ai cru utile de déterminer aussi la chaleur de disso-
lution. J'ai trouvé, à 17°, en dissolvant i partie d'éther en poids dans
200 parties d'eau, que
(C'H'0)' = 4^^'', s'est dissous en dégageant + 8,16 et + 8,36; moyenne. . . . +8*^°', 26.
On déduit de ce chiffre, joint à mes autres données et à la chaleur de com-
bustion de l'alcool méthylique (F. et S.) :
[O H' 0)' -t- H' 0= = 2 C H' 0', absorbe, tous les corps gazeux : — i , 8 ; tous dissous .., — 0,1,
nombres du même ordre de grandeur que ceux qui se rapportent à l'éther
ordinaire :
(C'H'0)'-t-H'0' = 2C'H''0', absorbe, tous les corps gazeux: — 3, o ; tous dissous, -t- o,5.
» On voit que la transformation des éthers simples en alcools répon-
drait, pour l'état dissous, à un phénomène thermique à peu près nul.
» 2. J'ai mesuré la chaleur de combustion de l'éther chlorhydrique
gazeux, en plaçant dans mon détonateur quelques grammes d'eau, afin de
ramener l'acide chlorhydrique à un état final bien défini ('). La quantité
d'éther brûlé a été estimée, d'une part, par la pesée de l'acide carbonique,
et d'autre part, par la détermination de l'acide chlorhydrique dans l'eau.
» Ces deux procédés se contrôlent. J'ai trouvé, pour la réaction à vo-
lume constant :
G* H' Cl gaz 4-0'= + «H0 = aC'0*gaz -1- HCl dissous dans (/i -h 4) HO,
I. D'après HCl -t- 326,4
II. D'après HCl , + 824,0 )
*^ o D /- Moy. : +326,3.
D'après CO^ + 828,6 \ ^
La moyenne générale, + 326,35, doit être accrue de + o,54, à pression
(') Cette dose était d'ailleurs assez faible pour que son action dissolvante sur le gaz
carbonique fût négligeable.
( 455 )
constaDte, ce qui donne + 326,9. En retranchant alors la chaleur de dis-
solution de nCl, on a en définitive
C'H'Cl gaz-l- 0"n= aC^O' gaz + zH^O^ liquide + HCl gaz = 809,5.
On lire de là
C (diamant) +II'+ Cl- car Cl gaz, dégage +348 — 809,5 = + 38,5
C* fP Cl liq. dégage... +45, o
C'H'gaz + HCIgaz = C'IPClgaz, dégage , + 84i ,4 — 809,5 = + 3i ,9
» Le dernier chiffre est plus élevé que je ne l'avais supposé autrefois :
il est à peu près double de la chaleur de formation du chlorhydrate
d'amylène gazeux, au moyen de l'acide et du carbure gazeux (+ 16,9).
Il paraît donc exister, entre les chaleurs de formation des éthers chlorliy-
driques primaires et celles des éthers chlorhydriques secondaires, une diffé-
rence analogue à celle qui se manifeste entre les sels ammoniacaux des acides
forts [kzlV + HCl = AzH^HCl solide, dégage + 42,5) et ceux des acides
faibles (sulfhydrale, + 23, o; cyanhydrate, + 20, 5); cet écart, dans un
cas comme dans l'autre, répond, d'ailleurs, à l'inégile stabilité des com-
posés.
» Je compte répéter encore une fois ces mesures, et les étendre à l'élher
méihylchlorhydrique et à quelques autres. »
CHARBON ET SEPTiCliMIE. — Sur l'étiolocjie des affections charbonneuses.
Lettre de M. Pasteur à M. Dumas.
(Suite à une précédente Communication par MM. Pastedr, Chambebiand et Roux.)
« Arbois, ce 27 août 1880.
» Dans la lectureque j'ai faite récemment à l'Académie, en mon nom et an
nom de MM. Chamberhind et Roux, j'ai fait connaître un ensemble de ré-
sultats qui donnent la clef de l'étiologie de l'affection charbonneuse dans
les pays où cette maladie est enzoolique. Je la résume en quelques mots :
Un animal charbonneux est enfoui; le parasite, cause de la maladie, et
dont le sang est rempli, se cultive dans la terre qui entoure le cadavre; il
s'y réduit à l'état de germes. Ceux-ci seraient inoffensifs s'ils restaient à l'in-
térieur de la terre, mais les vers de terre les ramènent des profondeurs à la
surlace. Alors les pluies et les travaux de la culture les répandent sur les
plantes ou les eaux les entraînent dans les ruisseaux quand les circon-
( 456 )
stances s'y prêtent. Ensuite ces germes du mal pénètrent dans le corps des
animaux et y développent le parasite infectieux.
» Je veux ni'efforcer d'entourer ces principes de toutes les preuves qu'ils
comportent, afin que les esprits, même les plus prévenus en faveur de la
spontanéité des maladies transmissibles, soient obligés de se rendre à l'évi-
dence.
» Il y a deux ans, une épizootie charbonneuse se déclara sur les vaches
d'un petit village du déparlement du Jura, que la maladie n'avait pas visité
depuis un grand nombre d'années. Elle fut provoquée très probablement
par ime vache qui venait du haut Jura et qui était charbonneuse à l'insu
du boucher qui l'avait amenée.
» Dans Tine prairie de plusieurs hectares, un peu inclinée, on a enfoui, à
a™ de profondeur et à des places distinctes, trois des vaches mortes char-
bonneuses au mois de juin 1878. L'emplacement des fosses est aujourd'hui
encore parfaitement reconnaissable à deux signes physiques : une petite
crevasse, formée tout autour de la terre qui recouvre les fosses, délimite
celles-ci comme par un cercle; en outre l'herbe a poussé plus dru sur les
fosses que dans le reste de la prairie. Notez enfin que depuis deux ans, à
intervalles variables de quelques mois, nous avons recueilli, soit de la terre
meuble, soit des déjections de vers de terre à la surface des fosses, et que
dans tous les cas nous y avons constaté la présence des germes du charbon,
tandis qu'à quelques mètres seulement de ces fosses on n'en découvrait pas.
B Comment douter que des vaches, en allant paître dans cette prairie, ne
puissent y trouver l'occasion d'y devenir charbonneuses? Mais, comme rien
ne vaut une preuve directe, nous avons fait établir sur une de ces fosses un
très petit enclos à l'aide d'une barrière à claire-voie et nous y avons placé
quatre moutons; dans un autre enclos pareil sur le mèmecliamp et à 3""
ou 4" en amont du premier, là où l'on n'avait pas enfoui de vaches charbon-
neuses en 1878, nous avons installé quatre autres moutons témoins. La
double expérience commença le 18 août. Dès le aS août, un mouton est
mort charbonneux, le sang rempli du parasite de l'affection, dans l'enclos
sur la fosse. Les moutons témoins se portent très bien. Quelle saisissante
démonstration de la théorie que j'ai rappelée tout à l'heure, et combien est
évidente la prophylaxie de l'affection charbonneuse!
» Permeltez-moi, avant de terminer, de vous faire une autre confidence.
Je me suis empressé, également avec le concours de MM. Chamberland et
Roux, de vérifier les faits si extraordinaires que M, Toussaint, professeur à
l'École vétérinaire de Toulouse, a annoncés récemment à l'Académie. Sur
( 457 )
la foi d'expériences nombreuses et qui ne laissent pas place an doute, je
puis vous assurer que les iuterprélations de M. Toussaint sont à reprendre.
" Je ne suis pas davantage ,d'accord avec M. Toussaint sur l'idcnlité
qu'il affirme exister entre la septicémie aiguë et le choléra des poules. Ces
deux maladies diffèrent du tout au tout. »
M. BouLEY présente, à propos de la Note précédente de M. Pasletir, les
observations suivantes :
« Je crois devoir profiter de l'occasion qui m'est offerte par la Commu-
nication de M. Pasteur, pour donner à l'Académie quelques renseignements
sur les expériences de M. Toussaint, en cours d'exécution. L'Académie se
rappellera peut-être qu'après l'ouverture du paquet cacheté, où M. Tous-
saint avait exposé son procédé d'inoculation préventive contre le charbon,
M. Marey ni'ayant demandé comment M. Toussaint interprétait le mode
d'action du liquide avec lequel il vaccinait les moulons, je lui répondis
qu'il y avait dans la Communication de M. Toussaint deux questions qu'il
fallait disjoindre, celle de fait et celle d'interprétation; que sur celle-ci il
pourrait y avoir des divergences d'opinion, mais que, si l'autre était éta-
blie et démontrée rigoureusement vraie par l'expérimentation, ce serait là
la chose principale au point de vue pratique; qu'après tout, ce n'était pas
une question absolument éclaircie que celle du mode d'action de la vac-
cine comme préservatif de la variole, mais qu'on n'en bénéficiait pas moins
de son action préservatrice.
» Les premiers faits recueillis par M. Toussaint, dans son laboratoire,
me paraissant démontrer qu'il avait réussi à vacciner des moutons contre
le charbon, j'ai demandé à M. le Ministre de l'Agriculture, qui a bien
voulu l'accorder, d'autoriser M. Toussaint à faire l'essai de son vaccin sur
une vingtaine de sujets du troupeau d'Alfort. Sur les vingt animaux soumis
à cette épreuve, quatre périrent dans les quatre premiers jours, et leur au-
topsie démontra qu'ils étaient morts par le charbon. C'était là la preuve
que le liquide inoculé n'était pas destitué de bactéridies. M. Toussaint, en
présence de ce fait, qu'd apprit à son retour de Cambridge, fit ses réserves
à Reims, devant les membres de l'Association pour l'avancement des
Sciences, à l'endroit de l'interprétation que pouvait comporter l'action de
son liquide vaccinai
» De son côté, M. Pasteur, une fois connu le procédé de M. Toussaint,
fit faire des expériences de vérification à l'École Normale par ses coUabo-
C. R., iS8o, 2' Semestre. (T. XCl, WIO.) 6o
( 458 )
râleurs; il en fit lui-même dans le Jura, et il a eu la délicatesse de
s'abstenir de toute critique détaillée pour laisser à M. Toussaint le soin de
se contrôler lui-même.
» Quoi qu'il en soit de la nature du liquide dont M. Toussaint s'est
servi pour pratiquer l'inoculation préventive du charbon, je crois que les
faits déjà constatés autorisent à admettre que cette inoculation est réelle-
ment préventive ou, autrement dit, qu'elle investit de l'immunité les mou-
tons qui ont résisté à son action. Ainsi M. Toussaint a actuellement à Tou-
louse dix moutons et un lapin qui sont invulnérables par le charbon. A
Alfort, sur les seize moutons survivant à l'inoculation vaccinale, deux ont
été inoculés avec un charbon très actif, sans en rien ressentir. Un lapin,
témoin, inoculé avec le même virus, y a succombé. Voilà donc treize su-
jets qui témoignent actuellement des propriétés préventives de l'inoculation
faite d'après le mode conseillé par M. Toussaint. Ces expériences vont être
continuées avec les autres moutons vaccinés^ et la présomption est bien
grande qu'elles réussiront comme sur les deux premiers, car ils ont été
malades comme eux, à la suite de l'insertion du virus réputé vaccinal.
» Si tous ces animaux résistent à l'épreuve de l'inoculation charbonneuse
à laquelle ils vont être soumis, la question expérimentale sera définitivement
jugée dans le sens affirmé par M. Toussaint, c'est-à-dire de l'immunité
sûrement donnée par une inoculation préventive.
)) Restera la question pratique, celle de l'application de la vaccination
aux troupeaux pour les rendre inattaquables par le charbon dans les pays
où sévit cette maladie. Pour faire entrer cette vaccination dans la pratique,
une condition est indispensable : c'est que l'activité du virus préventif soit
maintenue, par son mode de préparation, dans une telle mesure qu'il ne
produise toujoui's que des effets bénins, ou, autrement dit, que la maladie
qu'il donne soit supportable pour l'organisme et qu'il puisse la surmonter.
C'est là le problème à résoudre, et il sera résolu, j'en suis convaincu, par
l'expérimentation. Une fois la pratique en possession de cette ressource
conservatrice, bien des perles seront épargnées à l'Agriculture, qui sera
redevable à la Science d'un grand service de plus.
» J'iniagine que, une fois que l'inoculation préventive contre le charbon
sera devenue pratique, on pourra réussir à faire, non pas des races, mais des
générations réfractair es au charbon, en s'inspirant du fait si intéressant, que
M. Chauveau a signalé, de la complète immunité contre le charbon des
agneaux qui naissent de mères inoculées dans les derniers mois de la
gestation. On sait, d'après les expériences de M. Chauveau, que, si les races
( ''|59 )
algériennes sont réfractaiies au charbon en ce sens qu'elles lui résistenr,
elles ne laissent pas d'en ressentir les effets, se traduisant, après l'inocu-
lation, par l'élévation de la température du corps, les engorgements gan-
glionnaires et même, chez quelques sujets, par la tristesse, l'inappé-
tence, etc. Ce sont là les signes de l'infeclion bactéridienne, dans un milieu
qui n'est pasfavorable au développement de la bactéridie. Or, de ces signes,
aucun n'apparait sur l'agneau né d'une mère inoculée à la dernière période
de la gestation. Sur lui, l'inoculation reste absolument stérile. Son orga-
nisme a acquis l'immunité en même temps que celui de sa mère, car il est
remarquable que, si les moutons réfractaires de l'Algérie sont sensibles à
une première inoculation charbonneuse, ils deviennent insensibles à toutes
les autres. C'est encore ce que démontrent les expériences de M. Chauveau.
Cela étant, supposons que nous soyons en possession d'un liquide d'ino-
culation si bien mesuré dans son intensité qu'il fasse l'office d'un véritable
vaccin : rien ne serait simple comme de pratiquer l'inoculation préventive
sur les mères à la dernière période de la gestation. On ferait d'une pierre
deux coups: l'inoculation pratiquée aux mères serait préventive pour elles-
mêmes et pour leurs fœtus, et, quand ceux-ci viendraient au monde, ils se
trouveraient comme naturellement blindés contre le charbon. Toutes ces
espérances sont autorisées, et j'ai, pour ma part, une grande foi dans leur
réalisation. »
ASTRONOMIK. — Planète (m), découverte par M. Coggia, à l' Observatoire
de Marseille, le 3o août 1880. Note de M. Stéphan.
Log. fact. par.
Pli ascension en distance
droite. polaire. Observateur.
Heure
de l'observation
Dates.
(temps moyen
Ascension droite
Distance polaire
1880.
de IMarseille).
de (2n).
de (^.
oût 3o .
h m s
i3. 47.80
h m s
p.3.i6.5i,32
0 , „
94.21 .23,2
.. 3i .
10.41.53
23. 16. a3, 66
94.31.49,1
+ î,io85 —0,8169 Coggia
— T,3i5'5 — o,8i55 »
» Position moyenne, pour 1880,0, de l'étoile de comparaison commune
aux deux observations précédentes :
Étoile de comparaison. Ascension droite. Distance polaire. Autorité.
h m s i> / w
8x23 B. A. C 23..4.o,9'f 94.34.6,3 Cat. B.A.C.
( /|6o )
HISTOIRE DES SCIENCES. — Sur ta part qui revient à Claude de Jouffroy dans
l'histoire des applications de la vapeur. Note de M. de Lesseps.
« La pelite-lille du célèbre savant Claude de Jouffroy m'a écrit pour
exprimer le regret que, dans le discours prononcé à Blois, au nom de
l'Académie, à l'occasion de l'inauguration de la statue de Denis Papin, il
n'ait pas été fait mention de son illustre aïeul, qui, à la fin du siècle dernier,
avait appliqué la force de la vapeur à la navigation, fait constaté par une
Commission de l'Académie des Sciences dont Arago avait été le rapporteur.
» Je lui ai répondu que, ayant eu seulement à rappeler les inventions
antérieures à Papin et celles de Papin lui-même, je n'avais pas dû men-
tionner le nom de Claude de Jouffroy, né en 1701.
» J'ai ajouté que, si j'avais eu à faire l'histoire de la vapeur, il n'eût pas
été permis d'oublier qu'en 1783 Claude de Jouffroy avait inventé le
pyroscaphe, qui remonta pendant seize mois la Saône avec une vitesse de
deux lieues à l'heure.
» J'ai alors promis à M"' Marthe de Jouffroy que, respectant le louable
sentiment qui avait dicté sa Lettre, je serais heureux, dans une des pre-
mières séances de l'Académie, de faire connaître son regret et la réponse
que j'avais eu l'honneur de lui adresser. Elle s'est montrée très reconnais-
sante de mon intention, et j'espère que l'Académie voudra bien accéder à
son désir, en permettant que cette Note soit insérée dans les Comptes
rendus. »
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
VITICULTURE, — Les ennemis du Phylloxéra cjnllicole. Noie de M. Coste.
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
« En observant la vie évolutive du Phylloxéra des feuilles, comme
préparation à l'élude du cycle biologique complet du destructeur de nos
vignobles, je me suis trouvé en présence de plusieurè ennemis du Phyl-
loxéra épigée, les uns bénins, les autres assez sérieux, que je crois devoir
signaler, en les décrivant d'une manière sommaire.
» 1. Dans la catégorie des ennemis bénins, doit être rangée une larve
d'Acarien qui présente les caractères suivants .
( /if.l )
» Corps aptère, ovale, un peu serré au thorax, de couleur rouge orange et d'une di-
mension très ri'duile, sensiblement égale à celle d'un jeune Phylloxéra qui vient ù peine
d'éclore. Tête articulée, distincte du thorax, portant deux fortes pinces de fixation, teruii-
nées chacune par deux crochets et par des palpes épineux. Bouche en petite trompe trian-
gulaire, armée de deux pinces d'asiiiralion. Six pattes à six articles; le dernier, plus fort
que les autres, est armé de trois ongles. Poils très courts et cloisonnés sur le corps, plus
longs et descendant sur les pattes.
» La larve en qiieslioti est celle du Trombidium fulirjinosuin (Hefm.).
Elle a été trouvée dans des galles de trois cépages amérioains, le Clinton,
le Yialla et l'Oposta, suçant la pondeuse; parfois aussi, attachée ati flanc
d'un Thrips et se faisant voiturer par lui, jusqu'à ce qu'un accident la fasse
se détacher ou que la mort de sa victime s'ensuive. En raison de son peu
d'agilité, celte larve n'est pas capahie de nuire considérablement au
Phylloxéra; elle ne peut s'attaquer qu'aux pondeuses immobiles, jamais
aux jeunes, qui sont très agiles.
» Il n'en est pas de même de l'adulte, qui est doué d'une grande agilité
et fait la chasse au Phylloxéra, sur les feuilles et dans les grosses galles
ouvertes, où nous l'avons parfois trouvé entouré de cadavres déjeunes.
Toutefois, on ne doit pas trop compter sur lui pour diminuer sensiblement
la population phylloxérieinie des feuilles. Les moyens de multiplication,
comme ceux de tous les Acariens, sont bien trop limités, en regard des
facilités étonnantes qu'accorde la parthénogenèse à la propagation du
terrible parasite de la vigne.
)) 2. En examinant les premières galles formées, cette année, sur les
vignes américaines de la pépinière départementale de Vauciuse, mon
attention fut vivement sollicitée par un très petit insecte, de couleur
claire, extrêmement agile et très flifficile à capturer. Je trouve à son sujet
la descri[)tion stiivante sur iiîon journal d'observations :
« Corps aptère, lisse, en forme de houclier, de couleur jaune verdâlre dans son ensemble,
mais présentant, vu au microscope, trois zones distinctes : une claire au milieu, une
seconde plus foncée autour delà première, et enfin le pourtour, qui est blanchâtre, et forme
une sorte d'auréole. lîuit pattes à sept articles, portant des poils descendants, plus nom-
breux et plus longs sur le sixième article que sur les autres. Le septième article, très mo-
bile, est liliforme et terminé par une caroncule plissée en éventail, susceptible de s'étaler
tt accompagnée de deux ongles.
» Bouche en trompe pyramidale, constituant un rostre armé d'une paire de mandibules
pertractiles en pinces.
» A ces caractères, je reconnus bien vite un jeune Gamase non sextié,
et M. Méguin, l'homme de France qui connaît le mieux les Arachnides, à
( 462 )
qui je l'adressai, me répondit qu'il appartenait à l'espèce que, dans son
excellent Ouvrage, il a nommé Gamasm viridis. Depuis, j'en ai trouvé un
certain nombre d'exemplaires, sur les feuilles et dans les galles, sans qu'il
m'ait jamais été possible de le surprendre, d'une façon bien certaine, dé-
vorant le Phylloxéra. Toutefois, l'état des galles où il avait élu domicile ne
peut guère me laisser de doutes sur ce point.
» 3. Le 2 juillet, en ouvrant des galles de Vialla, j'en vis sortir un
très petit insecte, à mouvements très vifs. Placé sur le porte-objet du
microscope, il se montra avec les caractères suivants :
» Corps allongé (j de millimètre), aptère, de couleur jaunâtre, serré au thorax et renflé
à l'abdomen. Celui-ci présente des sillons transversaux, qui portent des poils, et diminuent
successivement de largeur en allant vers la partie postérieure.
» Six pattes fortes ut courtes, à trois articles, le dernier terminé en massue et portant des
palpes épineux. Bouche placée au-dessous de la tête et s'avançant vers le corselet; elle est
en petite trompe courte et conique (comme celle des Orthoptères), armée de palpes cloison-
nés et de deux petites pinces d'aspiration. Tête presque ronde, portant deux yeux de cou-
leur brune et deux antennes à quatre articles; le supérieur, plus long et plus large que
les autres, est terminé par trois poils divergents; il en porte aussi latéralement.
» A ces caractères on pouvait soupçonner la larve, au premier âge, d'un
insecte de la tribu des Tluipsiens.
» Bientôt après,les galles phylloxériennes montrèrent la même larve, plus
grosse, plus ramassée, à antennes rabattues en arrière sur le corselet, et
montrant quatre fourreaux d'ailes : c'était la nymphe. L'insecte parfait ne
se fit pas longtemps attendre. Il apparut bientôt, ayant quatreailes étroites,
très finement poinlillées, à nervures parallèles, et portant des poils raides
et longs, surtout vers les extrémités. Le corps, un peu plus allongé que
celui de la larve, atteint environ f de millimètre de longueur. Il est de cou-
leur jaune, couvert de poils courts, un peu aplati à l'abdomen et terminé
postérieurement par une partie plus longue que celle qui la précède immé-
diatement. C'est une sorte de petite queue en éventail, armée de six piquants
raides, que l'insecte relève et abaisse à volonté.
» Pour tout le reste, l'insecte est semblable à la larve et à la nymphe.
C'est un Thripsien'qui nous paraît pouvoir être rangé dans le sous-genre
Heliotlirips de Halyday. Nous espérons pouvoir bientôt en déterminer l'es-
pèce.
» Depuis, le 1 5 juillet, une nouvelle larve de Thrips s'est montrée dans
les galles sous la forme d'un insectide rotige, dont le corps, à sillons trans-
versaux, est très allongé, tubuleux et terminé en pointe. Celle-ci porte deux
(463 )
longs poils divergents. Ses antennes ont sept articles; le dernier, filiforme,
est couvert de nombreux poils; tous les autres, en cône renversé, ne
portent que quelques poils.
u Le 20 juillet, l'adulte commença à se montrer dans les galles.
» Son corps est de couleur jaune verdàtre, avec quelques parties un peu rougeâtres.
L'insecte a deux yeux latéraux et trois ocelles disposés en triangle au-dessus de la tête. Ses
ailes étroites, plus longues que le corps, n'ont que des nervures parallèles; elles sont ciliées
sur les bords et portent oo 42", 5o
Extension moyenne des pro-
tubérances i°,64 ?.°,oi 2",i4 2", 19
» L'accroissement de l'activité solaire est manifesté même par les obser-
vations des protubérances hydrogéniques, quoique les phénomènes de la
chromosphère augmentent assez lentement; cela s'accorderait avec le retard
de leur maximum, comparé à celui des taches.
)) Quant à la distribution des protubérances, nous avons trouvé, dans la
nouvelle série, la même loi que dans les deux trimestres précédents, c'est-à-
dire que le maximum de fréquence a lieu, dans chaque hémisphère, entre
les parallèles de 3o° et do", comme le montrent les nombres suivants ;
Nombre des protubérances aux différentes latitudes hélioccntriqucs.
Protuliérances.
[.aliludes. l" trimestre 1880. 2« trimestre 1880.
De -h 90 à -t- 70 o I
De -4- 70 à 4- 5o . 3i 43
De -I- 5o à ^ 3o 65 54
De + 3o il -h 10 33 39
De -f- I o à o o 4
De oà — 10 5 5
De — 10 à — 3o 2J 40
De — 3o à — 5o 68 69
De — 5o à — 70 II 27
De — 70 a — f)0 I o
( 467 )
» Pour les facules, nous avons obtenu des résultats parfaitement com-
parables à ceux des trimestres précédents. Voici les nombres obtenus :
Nombre desfacules aux différentes latitudes hétiocentriqttes.
Facules.
Lalitudes. 1" trimestre 1S80. 2' trimestre 188U.
De + go à 4- ^o o o
De -+- 70 à -H 5o 5 o
De H- 5o à 4- 3o 87 i4
De -1- 3o à -f I o 62 62
De + 1 o à o 3 6
De o à — I o 8 2
De — I o à — 3o 4o 29
De — 3o à — 5o 2 8
De — 5o à — 70 3 o
De — 70 à — go o o
» Le maximum de fréquence pour les groupes des facules tombe plus
près de l'équateur solaire que celui des protubérances. Le nombre des
groupes de facules dans l'hémisphère nord est bien plus grand que dans
l'hémisphère sud ; il est à peu près double, tandis que les protubérances
sont également réparties dans les deux hémisphères.
» Je donnerai encore le nombre et la distribution des groupes de taches
solaires :
Nombre des groupes des tfchcs aux différentes latitudes.
Taches.
Latitudes. 1" trimestre 18S0. '> trimestre 1880.
De 4- 90 à -f- 70 o o
De -r- 70 à -f- 5o o o
De -f- 5o à 4- 3o 3 o
De 4- 3o à 4- I o II 1 4
De4-ioà4-o o o
De oà — 10 6 2
De — 10 à — 3o Il 10
De — 3o à — 5o o x
De — 5o à — 70 o o
De — 70 a — 90 o o
x Le maximum de fréquence des taches et des facules s'est donc produit
dans les mêmes zones pour les deux hémisphères solaires; seulement, les
protubérances se présentent assez près des pôles du Soleil. «
( 468 )
ÉLECTRICITÉ. — Sur In loi des machines mognéto-électriqiies.
Note de M. J. Joubert.
« J'ai eu dernièrement l'honneur de communiquer à l'Académie (') les
méthodes expérimentales que j'emploie pour étudier les lois des courants
alternatifs utilisés pour la production de la lumière électrique. L'applica-
tion de ces méthodes à la machine à courants alternatifs de Siemens m'a
montré que l'intensité moyenne du courant donné par cette machine se
trouve très exactement représentée par la formule
T- ^
dans laquelle R est la résistance totale du circuit, m une constante qui ne;
dépend que de la vitesse et varie en raison inverse de la durée T de la
période, enfin C une autre constante égale au quotient par v'2 de la valeur
maxima de la force électromotrice de la machine marchant à circuit
ouvert mesurée directement.
» La simplicité de ce résidtat et la concordance parfaite des expériences
avec la formule m'ont fait penser que j'étais en présence, non pas seule-
ment d'une formule empirique, mais de l'expression même de la loi du
phénomène, et j'ai été conduit à chercher si la théorie ne pourrait pas me
ramener à cette formule.
» Supposons la machine animée d'un mouvement uniforme. Soient E la
valeur, à un instant donné, de la force électromotrice résultant du champ
magnétique primitif, c'est-à-dire du champ tel qu'il existe quand le sys-
tème induit est au repos, et I la quantité d'électricité mise en mouvement
pendant le temps dt à partir de cet instant. Le travail électromagnétique
est égal à Eldt, et ce travail se retrouve dans le travail calorifique du cou-
rant VRdt et dans le travail des forces électromotrices inverses qui naissent
des réactions des diverses parties de la machine. L'expérience montre
que les réactions sur les électro-aimants inducteurs sont négligeahles, car
le courant de l'excitatrice, mesuré à un galvanomètre de sensihilité extrême,
n'accuse aucune variation quand on ferme ou quand on ouvre le circuit
induit ; les réactions se réduisent donc à l'induction du courant sur lui-
(') Comptes rendus, séance du 26 juillet 1880.
( 469 )
même. Si l'on représente par U le flux de force émanant du système induit
quand il est traversé par l'unité de courant, et par conséqnf nt par — ce
qu'on appelle le coefficient de sclf-iiutuclion, le travail de l'extra-courant
pendant le temps dt a pour valeur UI -jf^l- On a donc l'équation
El (Il = r-(lt + IJI-yr/f
OU, en divisant par I et par dt
« Cette équation n'est autre que l'équation donnée par Helmholtz et
dont il a déduit les lois des courants induits qui se produisent au moment
de la fermeture et de l'ouverture du circuit de la pile, avec cette différence
cependant que, dans la formule de M. Helmholtz, la quantité E est une
constante, tandis qu'ici elle est ime fonction du temps.
» Pour déterminer cette fonction, j'ai opéré de la manière suivante,
3'ai mis le système induit en communication avec un galvanomètre Thom-
son à oscillations non amorties, et, l'arc qni correspond à la demi-période
de la machine ayant été divisé en dix parties égales, j'ai, au moyen d'un
dispositif très simple, fait parcourir brusquement et successivement au
système induit les dix intervalles consécutifs. L'arc d'impulsion du galva-
nomètre mesure chaque fois la quantité totale d'électricité mise en mouve-
ment, et, par suite, la force électromotrice qui correspond aux déplace-
ments successifs. La force électromotrice, ainsi mesurée, est bien celle qui
résulte du champ primitif, puisque, dans chaque déplacement, les quan-
tités d'électricité dues aux réactions ont une somme identiquement nulle.
La courbe ainsi obtenue ne diffère pas d'une sinusoïde d'une manière
sensible; on peut donc admettre que E est de la forme Eosin/?;^, le temps
étant compté à partir de l'instant où l'axe de la bobine induite coïncide
avec l'axe de la bobine inductrice.
» Dans ces conditions, et en posant
?.7r U
(2) fangarry--^ ^,
l'intégrale de l'équation (i) peut s'écrire
sin2 7: f^ — 9 1 = AsinsTif- —
( 47'J )
la constante étant déterminée par la condition que t = oT quand l'intensité
est nulle. L'intensité du courant à chaque instant est donc représentée par
une sinusoïde dont A est l'amplitude et o la phase (').
» La quantité totale d'électricité qui passe dans le circuit pendant une
demi-période a pour valeur
9=/ i(lt = A j s'w[nit — 2T:'f}cIi = — ,
et l'on trouve, pour l'intensité moyenne I,
(4) I = ^ = - -
» L'électromètre, dans les conditions où je l'emploie, ne donne pas
cette intensité moyenne, mais la racine carrée de la moyenne des carrés
des intensités, c'est-à-dire une intensité V satisfaisaut à la condition
ou en déduit
et, par suite,
• 2
^ 2 y/2
La formule à comparer aux expériences est donc
(5) r=-
5.
c'est-à-dire la formule à laquelle j'avais été conduit empiriquement. »
(') Dans ma Communication du 6 juillet, j'avais annoncé que le retard était indépen-
dant de la vitesse, qu'il éta't de j de la période et le même pour des vitesses de 5oo, ^oo
et looo tours par minute. Les expériences avaient été faites dans les conditions de travail
maximum. Dans ces conditions l'intensité est constante et la phase toujours égale à -j.
( 47' )
riITSiQUE. — Sur les variations des points fixes dans les thermomètres à mer-
cure et sur le moyen d'en tenir compte dans l'évaluation des températures.
Note de M. J. Pebxlt, présentée par I\I. O.-J. Broch.
« Dans un IMémoire présenté à l'Académie et inséré en partie dans les
Comptes rendus des séances du i6 et du 2'3 août, M. Crafts a communiqué
d'intéressants résultats de reclierches sur le déplacement du zéro dans les
lliermomètres à mercure qui ont été exposés à de hautes températures. Il
arrive à celte conclusion, que ses expériences réduisent à un rôle nul ou
très petit la part de la pression dans l'élévation permanente du point zéro.
» Occupé depuis plusieurs années de l'étude des thermomètres à mercure,
autant que mes autres travaux le permettent, je suis arrivé déjà en 1875
à une conclusion tout à fait analogue. Je ne puis donc que confirmer, en
principe, la manière de voir de RI. Crafts. Je pourrais même rappeler que
j'ai cité dans mon Mémoire (') précisément la même phrase de Desprelz
pour expliquer et l'abaissement temporaire des zéros des thermomètres ex-
posés à des températures entre 0° et 100° et l'élévation lente qui se pro-
duit pendant les premières années qui suivent leur coustruclion. En 1876,
je suis arrivé également à ce résultat, qu'on peut faire varier à volonté
le zéro entre certaines limites, en chauffant plus ou moins longtemps les
thermomètres à des températures convenables et en les refroidissant len-
tement jusqu'à une température donnée. Me laissant guider par ces vues
théoriques et surtout par la relation qui existe, dans les limites de 0° et
100°, entre les dépressions du zéro et les températures auxquelles le ther-
momètre vient d'être soumis, j'ai réussi à éliminer l'effet de ces varia-
tions, si nuisible à la précision de la mesure des températures (-). Ainsi,
pour un thermomètre dont le zéro éprouvait une dépression de o°,8C.
après la détermination du point 100°, j'ai pu restreindre à 7^ de degré,
pendant plusieurs heures, les variations du point zéro. Sans les précau-
tions que j'ai prises, les variations auraient été de plusieurs dixièmes de
degré, dans les mêmes conditions.
M Toutefois il est bon de déterminer avec le plus grand soin, iminédiate-
( ' ) Beitrcige zur Thcrmometric {Repcrtoriian von Cari, BanJ XI, p. 267 ; Munich, iS^S j.
('] Voir le Rapport présente, sur la dcmanJe du Comité permanent, au Congrès inter-
national des Météorologistes (Rome, 1879). 3Ieltorologisc/ic Zcilsc/iri/t, p. l3o, 206 et
263 , Wicn, 1879;.
( U12 ]
ment avant et après les observations, dans l'intervalle de 25° à ioo°, les mi-
nima du zéro. Si, pour une raison quelconque, il n'est pas possible de
les observer, ou pourra les calculer avec une approximation suffisante
par la formule
„ ^ /„ ^ -i _J_ . 1 1 \
où z^ représente le zéro oljservé après un long repos du thermomètre et
un séjour prolongé dans la glace, et z,p„ le minimum observé immédiate-
ment, après avoir porté à plusieurs rt-prises le thermomètre à loo'^,
» Si, des observations faites à la température t, on déduit les minimaz,
du zéro (calculés d'après la formule précédente ou déterminés directement
par l'expérience), et si l'on adopte (suivant l'exemple donné par Regnault,
M. Pierre et M. Berthelot) pour la valeur du degré la centième partie de
l'intervalle compris entre le point ioo° elle zéro observé immédiatement
après la détermination de ce dernier, on éliminera complètement toutes les
corrections provenant des déplacements du zéro.
» S'il s'agit seulement de déterminer des diflérences de température très
petites, comme dans les recherches calorimétriques, les corrections prove-
nant du déplacement du zéro s'éliminent d'elles-mêmes.
» Il en est autrement quand il s'agit de déterminer des coefficients de
dilatation, parce que les écarts des températures auxquelles le corps doit
être exposé sont nécessairement assez considérables. Pour déterminer avec
soin les coefficients de dilatation absolue, il importe beaucoup d'éliminer
les erreurs constantes qui pourraient les affecter. Je suis persuadé qu'une
partie des différences observées dans les coefficients de dilatation apparte-
nant à une même substance s'expliquent par la manière différente dont on
a tenu compte des variations du zéro.
» Même après une comparaison soignée d'un thermomètre à mercure avec
le thermomètre à air, les températures mesurées à l'aide du premier peuvent
rester incertaines dans des limites assez étendues, si l'on néglige de faire in-
tervenir dans les calculs les minima du zéro qui correspondent à ces tem-
pératures. Les erreurs seront d'autant plus graves, que la marche de la
tem])érature pendant les expériences différera davantage de ja marche
suivie pendant la comparaison avec le thermomètre à air.
(') Il est évitlcnt qu'eu ne pourra pas appliquer ceUe formule à des températures dé-
passant de beaucoup la liante de loo". D'après les reelierthes de M. 'SlWhlPhilosnphkal
Magazine, London, vol. VI, july 1878), le verre des tlieruiomètres en eristal commence
déjà à se ramollir entie 120° et iSo", de faron que le zéro monte (piclquefois de 8°.
( 47^^ )
» Mais, si l'on tient compte des déplacements du zéro, de la façon qui
vient d'être indiqnée, les corrections à appliquer aux indications d'un ther-
momètre à mercure pour les réduire à celles d'un thermomètre à air res-
teront toujours les mêmes.
» En calculant les températures par cette méthode ('), on trouvera que
les thermomètres du même verre s'accordent dans les limites des erreurs
d'observation, c'est-à-dire à io", oi C. près, même s Us sont traités diffé-
remment. Les écarts entre les thermomètres de verres différents deviennent
plus petits, et les discordances entre le thermomètre à air et le thermomètre
à mercure diminuent considérablement dans l'intervalle de o° à loo".
» M. Crafts a démontré ce fait très important, que le coefficient du verre
diminue sensiblement quand on porte un thermomètre à la température
de l'ébullition du mercure. Heureusement il n'en est pas de même quand
les températures auxquelles le thermomètre est exposé ne dépassent pas la
limite de ioo°. On peut considérer alors la distance fondamentale comme
constante, dans les limites des erreurs d'observation. Si l'on se sert de
moyens convenables, on peut restreindre ces erreurs à ± o°,oi C, et dans
cette limite la distance fondamentale ne paraît pas varier dans le courant
des années, même si la première détermination a été faite immédiatement
après la construction de l'instrument.
» Quant à l'effet de la pression sur le déplacement des points fixes des
thermomètres, il me semble que les expériences publiées jusqu'à présent
par M. Mills et M. Crafts ne sont pas tout à fait concluantes, peut-être seu-
lement parce que les détails de leurs expériences n'ont pas été donnés. Il
importe de remarquer que, si l'on prouve qu'une pression temporaire
n'exerce aucune influence, il ne s'ensuit pas qu'une pression continue n'en
produira pas non plus. Il suffit de se rappeler qu'une règle en métal sup-
portée par ses deux bouts peut revenir à sa position primitive après avoir
subi une charge relativement très considérable, tandis qu'elle peut fléchir
d'une façon permanente uniquement sous l'influence de son propre poids
dans le courant d'une dizaine d'années. »
(') Mon collègue M, Marek, qui de son côté s'est occupé de recherches semblables, a été
conduit à des résultats tout à fait analogues.
C. R., 1880, 2« Semesire. [T. XCI, N» 10.) fi»
( klk )
CHIMIE. — Sur l'acide borodëcitiingslique et ses sels de sodium.
Note de M. D. Kleix, présentée par M. Wiiitz.
« L'acide tungslique se dissout dans une solution de borax maintenue à
l'ébullition. En prolongeant l'opération pendant plusieurs heures, em-
ployant un excès d'hydrate tungstique et de borax additionné du double
de son poids moléculaire d'acide borique cristallisé, et séparant par fiUra-
tioii l'hydrate tungstique non dissous, on obtient une solution qui aban-
donne par cristallisation de l'acide borique et des polyborates de sodium.
)) L'eau mère concentrée et abandonnée dans le vide sec laisse déposer
du borax, puis des cristaux d'un sel excessivement soluble dans l'eau. Ils
sont solublcs à froid dans moins du quart de leur poids d'eau ; ils peuvent
cristalliser en masse grenue quand on les dissout à l'aide d'une goutte
d'enu chaude et qu'on laisse refroidir leur solution. A chaud, une goutte
d'eau paraît en dissoudre une proportion quelconque. Ils ne sont pas déli-
quescents, mais s'humectent facilement au contact des doigts.
» Ils sont fort difficiles à purifier par cristallisation, vu leur grande solu-
bilité. Leurs faces sont maies et en quelque sorte non terminées ; les angles
sont émoussés, comme si la cristallisation s'était opérée dans une eau mère
présentant tous les degrés de consistance, variant de l'état solide à l'état
liquide au voisinage des faces du cristal. Toutefois, nous avons pu voir
qu'ils appartenaient au système clinorhombique et offraient les faces M
du prisme, modifiées par un dôme de deux faces e, et par deux faces g:,.
» Ils paraissent perdre toute leur eau de cristallisation à 190°, ou du
moins, à cette température, n'en retenir qu'une proportion insignifiante.
» hn formule
2Na=0,2H=0, ioTuO',Bo=0' -f- 11 Aq
représente assez exactement leur composition. Nous avons contrôlé nos
analyses par la perte en acide carbonique, déterminée par la fusion avec
un excès de carbonate de soude; cette perte est :
Trouvé. Calculé.
16,42 16,23
16,27 "
11 Nous sonmies porté à admettre dans ce sel l'existence de 2'""'
( 475 )
tl'eau de constitution. Il présente une réaction légèrement acide, qui tire au
bien par l'addition d'une trace d'alcali, mais l'acidité reparaîtbientôt. Quand
on l'additionne d'une proportion de soude rigoureusement égale à celle qu'il
renferme, il donne une liqueur difficilement cristallisable, qui nous a
fourni quelques cristaux différents de ceux que nous venons de décrire,
mais sur lesquels nous n'avons pu faire aucune analyse précise, tellement
ils étaient empalés d'eau mère visqueuse.
» Le borodécitungstate bisodique précipite par les sels de mercure; du
l^récipité, on peut extraire l'acide borodécituiigstique.
» Cet acide, de même que l'acide boroduodécitimgstique, correspond
aux acides silicodécitungstique et silicoduoflécitungstique décrits par M. de
Marignac. Leurs sels présentent des caractères voisins des silicodécitungstales
et silicoduodécitunsgtates correspondants; aussi, dans toutes nos analyses,
avons-nous soigneusement établi l'absence de la silice.
» Des recherches semblables à celles dont nous venons d'exposer les
résultats exigent beaucoup de temps. La masse d'acide tungslique existant
dans les composés que nous avons obtenus en détermine en partie les pro-
priétés et la manière d'être.
» Ces composés sont fort voisins les uns des autres; certains se rap-
prochent de ceux qu'a obtenus M. de Marignac: aussi l'esprit est-il tenté
d'hésiter, même en présence de résultats analytiques suffisamment précis.
» Nous nous réservons de continuer noire étude; elle paraît devoir
donner des résultats intéressants permettant d'élucider la constitution des
tungstates (' j. »
PATHOLOGIE COMPARÉE. — Inoculation de ta morve au lapin; (leslruclion de
l'activité virulente niorveuie par la dessiccation; transmission de la morve par
r inoculation de la salive. Note de M. Galtiek, présentée par M. Bouley.
M. Boui-EY donne le résumé de cette Note :
(c A. 1° La morve est transmissible du cheval au lapin et du lapin à
l'âne, mais elle ne se transmet pas sûrement, en sorte que, lorsqu'on se
sert du lapin, comme réactif, pour reconnaître, dans les cas douteux, la
nature d'un jetage chez le cheval, les résultats positifs seuls'ont delà valeur;
(') Les recherclies qui font l'objet de cette Communication ont été exécutées au labora-
toire de M. Wurlz.
( 476 )
mais on ne saurait inférer que le jetage n'est pas morveux de ce que l'ino-
culation au lapin est restée sans effets.
» 2° La morve du lapin ne se traduit pas ordinairement par les sym-
ptômes pathognomoniques de cette affection chez le cheval.
» 3° Ses lésions ressemblent à celles de l'infection purulente. Elles
restent localisées le plus souvent, sous forme de foyers caséeux, au tissu
conjonctif sous-cutané et s'étendent aux ganglions lympathiques. Ce n'est
que par exception que l'on rencontre des lésions dans les poumons et sur
la pituitaire.
» B.Le virus morveux perd toute sou activité virulente dans les matières
qui le recèlent, liquides ou tissus, après quinze jours de dessiccation com-
plète, à plus forte raison au bout d'un mois ou deux, d'où cette consé-
quence que la ventilation des locaux qui ont été habités par des chevaux
morveux est un moyen très efficace de leur assainissement.
» C. La morve a été transmise à un âne par injection hypodermique
de la sahve d'un cheval morveux. Ce fait peut être invoqué pour expliquer
la propagation de la morve dans les grandes agglomérations de chevaux,
dans les quartiers de cavalerie notamment. Il est admissible, en effet, que
l'eau des abreuvoirs communs puisse servir de véhicule aux germes de la
morve. Lorsque le cheval boit, une certaine partie de l'eau qu'il pompe
s'échappe souvent par la commissure de ses lèvres; quand il a bu, il en
laisse retomber une certaine quantité qui n'a pas été déglutie. Rien que par
la salive l'eau peut être souillée; elle peut l'être aussi par les liquides qui
s'échappent des voies nasales au moment de la déglutition.
» Sans doute que l'on ne fait pas boire à l'abreuvoir commun des che-
vaux chez lesquels la morve est déclarée ; mais celte maladie peut exister à
l'état latent chez un certain nombre qui restent dans les rangs et peuvent
être les agents de la contamination, par l'intermédiaire des abreuvoirs tout
particulièrement.
» Cette condition étiologique étant donnée comme possible, une indica-
tion prophylaxique en ressort : ce serait d'aménager les écuries de telle
manière que l'eau pût être distribuée à chaque cheval dans l'auge disposée
devant lui, et qu'ainsi fussent évités les dangers de l'abreuvement en com-
mun. Ce mode d'aménagement est déjà réalisé dans certains établissements.
Il y aurait tout bénéfice, au point de vue sanitaire, à ce qu'il fût adopté
pour la cavalerie. »
( "177 )
M. Lahuey présente, à ce sujet, les observations suivantes:
« L'importante Note que vient de communiquer M. Bouley sur la morve
chez les chevaux et sur l'opportunité d'une mesure d'hygiène qui les ferait
boire isolément les uns des autres me rappelle semblable proposition que
j'ai entendu faire autrefois par divers médecins mihtaires de la cavalerie,
lors de mes inspections du service de santé de l'armée. Cette proposition,
malheureusement, n'a pas eu de suite, mais elle me permet d'en citer une
tout à fait comparable et qui, après bien des efforts inutiles auprès de
l'Administration militaire, a fini par obtenir le plus favorable résultat.
» Je veux parler à l'Académie, comme j'ai eu occasion d'en dire un mot
à la Chambre ( ' ), d'une maladie très commune autrefois dans l'armée, alors
que les soldats mangeaient à la gamelle commune. C'était une affection de
la bouche, de nature inflammatoire et ulcéreuse, de forme sporadique
d'abord, par l'effet de causes locales, mais devenant ensuite épidémique,
sous l'mfluence d'une véritable contagion, chez les hommes soumis à la
gamelle commune. Ils entraient dans les hôpitaux par dizaines à la fois ou
plus encore, et la maladie, que nous avons appelée alors stomatite ulcéreuse
des soldats, sans offrir beaucoup de gravité par elle-même, démontrait cepen-
dant combien elle nécessitait la suppression d'une coutume aussi malpropre
et aussi malsaine. Les faits ou les observations se multiplièrent à l'infini, et,
au Val-de-Gràce notamment, j'eus à les signaler souvent dans mes leçons
cliniques, en même temps que, en i85i, l'un de mes élèves distingués, le
docteur Louis Bergeron, en faisait le sujet de sa thèse inaugurale.
» Je m'efforçai dès lors auprès des autorités administratives de demander
la suppression de la gamelle commune dans l'armée. Les résistances furent
grandes et les difficultés prolongées, jusqu'à ce que je fusse parvenu direc-
tement auprès de l'autorité militaire à faire reconnaître les sérieux incon-
vénients de cette coutume. Le maréchal Magnan surtout avait bien voulu
me prêter son appui, et enfin le maréchal de Saint-Arnaud, Ministre de
la Guerre, par décision du 24 décembre i852, établit que les gamelles indi-
viduelles seraient substituées aux gamelles communes dans tous les corps
de troupes.
» La cause était gagnée, comme je souhaite à M, Bouley de gagner
celle qui est relative au développement de la morve chez les chevaux. »
( ' ] Discours à la Chambre des députés dans lu discussion du projet de loi sur radiiiini?-
tration de l'armée ( i5 juin i88o).
( ''n» )
M. Ch. GrÉRiN adresse un complément à sa Noie sur un procédé pour
faire varier la tension des piles.
M. L. Nalansox adresse une Note relative à la théorie du sommeil.
M. Ckasles présente à l'Académie ini exemplaire d'iui trivail de
M. Aristide Marre (extrait du dernier nimiéro paru du Biillctlino de
M. le prince Boncompagni), intitulé Deux mathématiciens de i Oratoire.
c< Ce travail offre un réel intérêt pour l'histoire des sciences mathéma-
tiques en France à la fin du xvii* siècle. Il nous fait connaître un savant
mathématicien, le P. Claude Jaquemet, de Valenciennes, professeur à
Vienne en Dauphiné, ignoré de tous les biographes, bien qu'il fût en haute
estime auprès du marquis de l'Ilospilal et passât, comme le dit le P. Adry,
historien de l'ordre de l'Oratoire, pour l'un des premiers mathématiciens
du royaume.
» M. Aristide Marre a retrouvé, dans les manuscrits de l'ancien fonds de
l'Oratoire, aujourd'hui cotés sous les n°* 24235, 24236 et 25308 du fonds
français de la Bibliothèque nationale, des copies d'une importante corres-
pouilance mathématique du P. Jaquemet, et notamment une Lettre aulo-
rjraphe, complètement inconnue jusqu'à ce jour, datée de Vienne, 26 jan-
vier i6go, et adressée au P. Bizance. »
La séance est levée à 4 heures. J, B.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Odvrages reçds dans la séance du 33 AOOT 1880.
( SUITE.)
jEneidea, or crilical, e.xegetical and œstlielical renvuhs on the JEneis, etc.; hy
J. Henry. VoML Dublin, 1879; in-S".
Earlliqiiake and volcanic plienomcnn, dccember 1879 and janwir/ 1880, in
the republic oj Salvador central America; hy W. A. Goodyear. Panam.i, Jamer
Boyd, 1880; in-8°.
Bulletin of the philoso diical Society of TFashinglon; vol. I, m;irch 1871-
{ 479 )
jtine 187/1; ^'°'- ï^^j november 1878-june 1880. Washington, 1874-1880;
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Tite Iransacûons of ihe royal imli Academy;\6\. XXXVI : Science. Dublin,
Williams Norgate, 1879; in-4°.
Royal il ish Academy « Cnnninghani Meinoirs ». N° 1 : On cubic Iransfor-
iiialions ; lij iolm Casey. Dublin, Williams Norgate, 1880; in-4°.
T'he transactions of ihe royal irisli Academj. Irish manascripl ; séries, vol. I,
Parti. Dublin, Williams Norgate, 1880; iii-4°.
United Slates coast and geodclic Siirvey. Carlile P. Palterson superintendant.
Deep-sea sounding and dredging a description and discussion of ihe melltods and
(ippliances used on board ihe coast and geodetic Survey steamer « Btake » ; by
Charles D. Sigsbee. Washington, Government printing Office, 1880; in-4"
relié.
Ponlifuia Universitn gregoiiana, coiitinuazione del « BuUellino nieteorologico
dell' Osservalorio del Collegio roniano », fondato dut P. Ang. Secciii;
vol. XVIII. Roma, 1879; in-4°. (Présenté par 31. l'amiral Mouchez.)
OaVBAGES KEÇDS DANS LA SÉANCE DD 3o AOUT 1880.
Mémoires de l'Académie de Stanislas, 1879; 4"^ série, t. XII. Nancy, impr.
Berger-Levraulr, 1880; iu-8".
Société de Médecine légale de France^ fondée le lojévrier 18G8. Bulletin;
t. VI, !"• fascicule, Paris, J.-B. Baiilière, i88o;in-8°.
Annales des Ponts et Chaussées. Mémoires et documents; 1880, aoi!it. Paris,
Dunod, 1880; in-8°.
La peste en Turquie dans les temps modernes. Sa prophylaxie défectueuse^ sa
limitation spontanée; par J.-D. Thoi.ozan. Paris, G. Masson, 1880; in-8°.
(Présenté par M. le baron Larrey.)
Des luxations traumaticpies de l'atlas sur l'axis [variété antérieure); par
le B' A. Faucon. Paris, J.-B. Bailiière, 1880; in-S". (Présenté par M. le
baron Larrey.)
Le monde physique; par Amédée Guillemin. i"^" série, livr. I à 10. Paris,
Hachette etC'% 1880; gr. in-S".
Note sur l'envenimation ophydienne, étudiée dans les différents groupes de
serpents; par le D"" A. Viaud-Grand-Marais. Nantes, impr. C. Mellinet,
1880; br. in-8°. (Extrait du Journal de Médecine de l'Ouest.) (Présenté par
M. le baron Larrey.)
Instruction populaire sur les maladies charbonneuses des bêtes bovines; par
H. -M. Tanguy. Morlaix, typogr. Haslé, 1880; opuscule in-8°.
( 48o )
Sur l'unijormilé de la laîirjite géologique; par G. Dewalque. Liège, impr.
Vnillant-Carmanne, 1880; br. in-8°.
Commission de la Carte géologique de la Belgique. Texte explicatif du levé
géologique de la Planchette d'Anvers ; par M. le baron O. van Ertborn, avec
la collaboration de M. P. Cogels, Bruxelles, F. Hayez, 1880; br. in-8'',
avec trois cartes ( n"' 2, 3 et 4).
Carie géologique détaillée de la France : n° 78, Noge)it4e-Rotroii ; n° 93,
le Mans. Paris, 1880; 2 cartes, avec Notice explicative.
Transactions of ihe zoological Society of London; vo]. X, Part 13. Lon-
don, 1879; i"-4"-
Thezoological report for 1878 being volume fifleenlh oftlie record of zoolo-
gical littérature: eliled by Ed. Caldwell Rye. London, John van Voorsf,
i88o;in-8°.
Faclor table for llie fifth million, containing tlie leastfaclor of cvery numbcr
not divisible by 2, 3 or 5 between 4000000 and 5 000 000; by J. Glaisher.
Lonclo!i,Taylor and Francis, i 880; in-4° relié.
Bulletin ofthe philosophical Society oj TFashington ; vol. II, october 10"',
i874;november2^, 1878, Washington, 1875-1880; t vol. in-8°.
Transactions and Proceedings and Report ofthe philosophical Society of Adé-
laïde, South Jiislralin, for 18'jc). Adélaïde, 1879; in-8°.
Proceedings of the americnn Academy of Arts and Sciences ; nevr série?,,
vol. VII; whole séries, vol. XV, Part IL Boston, University press, 1880;
in-8°.
Nederlindich meteorologisch janrboek voor 1879, uitgegeven door het
koniiiklijknederlandschmeteorologischlnstitiuit.Eenendertigstejaargang;
eersie deel.Utreclit. Komink en Zoon, 1880; in-4'' oblong.
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE nu [,UNni l^ SEPTEMBRE 1880.
PRRSIDENr.R DE M. EDAf. BEf-OUKREL.
MEMOIRES PI\ESEI\ÏEJ<.
M. F.-J. Tesak soumet au jugement de l'Acadéniie un Mémoire, écrit
en latin, sur « la densité île la surface de la Terre et la masse de la Lune,
déterminée par des mesures des axes terrestres et du pendule ».
(Commissaires : MM. Paye, Lœwy, Mouchez.)
M. C.-F. Vernay, m. J.-O. Montigxam, M. Bonnard d'Apollon adres-
sent diverses Communications relatives au Phylloxéra.
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
CORUESPOINDAIVCE.
La Société de Géographie de Lisbonne informe l'Académie qu'elle vient
d'opérer sa fusion avec la Société permanente de Géographie, et que la
nouvelle Société a été reconnue comme institution d'utilité publique.
M"^ Cl. Claret, petite- fille de Charles Dallery , écrit à l'Académie pour
C. R., 1 tSo. 1' Semetfe. (T.XCI, N" 11.) 63
( 482 )
rappeler que, le 17 mars t845, nne Commission, composée de MM. Arago,
Dupin, Poncelet et le général Morin rapporteur, a reconnu les droits de
Ch. Dallery à l'invention de l'iiélice appliquée à la navigation à vapeur.
Elle demande que ces droits ne soient pas mis en oubli, à l'occasion de
l'inauguration de la statue de Sauvage, qui doit avoir lien à Boulogne. Le
brevet de Sauvage est daté du 29 mars i8o3.
(Renvoi à la Section de Mécanique.)
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance, trois Opuscules de M. G. Govi, imprimés en italien.
Le premier contient le texte d'un Discours prononcé le 26 janvier 1616,
par le prince Frédéric Cesi, à une séance de l'Académie des Lincei. à laquelle
assistait Galilée, qui était membre de cette Académie depuis le aS avril 161 1 .
Le prince Cesi avait fondé, en i6o3, l'Académie des Lincei, qu'il présida
jusqu'à sa mort, arrivée en i63o. Le texte inédit de ce Discours a été re-
trouvé par M. Govi, à la Bibliothèque nationale de Naples; il l'a fait pré-
céder de quelques considérations relatives à la date qu'il lui faut assigner.
Le deuxième Opuscule se rapporte à l'invention des ludions ou diables de
Descartes, que M. Govi prouve avoir été imaginés pour la première fois
en 1648, par Raphaël Magiotti de Montevarchi, membre de l'Académie del
Cimento, qui les décrivit et en expliqua le jeu dans un Opuscule très rare,
publié à Rome la même année. C'est en 1754, dans ini article de VEncy-
clopédie, que d'Alembert donne (pour la première fois peut-être) le nom
de diables cartésiens aux ludions, que personne n'avait songé jusqu'alors à
attribuer à Descartes.
Le troisième Opuscule contient la traduction de deux Notes sur les
Miroirs magiques des Chinois et des Japonais, publiées par M. Govi en' 1 864
et en 1866, et destinées à fournir la preuve que les effets de ces miroirs ne
sont dus qu'à des différences de courbure des diverses parties de leur sur-
face. M. Govi en donne plusieurs démonstrations expérimentales, dont
quelques-unes ont été reproduites récemment par d'autres, comme étant tout
à fait nouvelles. Il montre surfout qu'en y appliquant rapidement la
chaleur ou le froid, on peut rendre excellent le plus mauvais miroir ma-
gique. C'est en partant de cette observation et de l'explication donnée par
M. Govi que M. Duboscq a réussi dernièrement à produire le même effet,
en remplaçant l'action de la chaleur par celle d'une couche d'air qu'on
comprime ou qu'on raréfie à la partie postérieure du miroir, et qui, de
( 483 )
même que la chaleur, tend à exagérer les différences de courbure des di-
verses parties de la surface réfléchissante.
M. le contre-amiral Buoss.vud de Coiibigny, appelé au commandement
de notre division navale dans l'océan Pacifique, informe l'Académie, par
l'entremise de M. l'amiral Paris, qu'd se met à sa disposition, pour les
études scientifiques qui pourraient être exécutées par les officiers placés
sous ses ordres.
(Renvoi à une Commission composée de MM. Paris, Mouchez, Fizeau,
de Qiiatrefages, Decaisne).
ASTRONOMIE. — Obsewalions de la comète Faje et de ta comète b 1880
[Scliaeberle), fuites à i Obseivatoire de Paris {équalorial de la tour de l'Ouest);
par M. G. BiGouRDAN. Communiquées par M. l'amiral Mouchez.
Comète Fate,
Étoile Ascension droite. Déclinaison.
Date. de compa-
1880. raison. ^«— j^-. Réfraction. Parallaxe. ^* — )f. Réfraction. Parallaxe.
Septembre 11.. a — S^gi o%oo 4-o%o3 — 9'23",6 — o",3 +5",i
Position de l'étoile lie comparaison.
Étoile Ascension
Date. decompa- droite moy. Réduction Déclinaison raoy. Réduction
1880. raison. Grandeur. i8So,o. au jour. 1880,0. au jour. Autorité.
Sept. II.. a 55 Pégase 5 23'>o'"57S55 +4%42 4-8''45'4o",9 +28",2 Seven Tears' Cat .
Position géocentrique de la comète, rapportée à l'équinoxe et à l'équateur apparents
de l'époque.
Date. Temps moyen Ascension Nombre de Nombre de
1880. de Paris. droite. comparaisons. Déclinaison. comparaisons.
Septembre 1 1 ..: . u'-S^'-o' 23'=o«'58%o9 3 + 8°36'5o",3 3
y. La comète paraît comme une étoile de i3* grandeur, sans queue ni
noyau apparents. L'observation donne pour l'éphéméride de M. Moeller
[Berliner Jahrbucli pour 1882) les corrections suivantes : en ascension
droite, — 2', 45; en déclinaison, — 2",o.
( 484
" 4
) _
Comète b i88o
SCHAEBERLE
•
Dates.
1880.
Étoile
de compa- -
raison.
Ascension droite.
Déclinaison.
^* — ^. Réfraction.
Parallaxe.
^*-*.
Réfraction
Parallaxe
Septembre
8..
d
— 0.19,59 — 0,01
» »
— 2.16,43 —0,01
— 0, 16
— 0,17
»
+6.57, 9
■+-7. 28, 0
+ 8.3i,32
+ 0,3
+ 0,4
+ 0,6
+ 2,4
+ 2,5
y- •
10. .
■' • /
»
II..
S
+ 2,6
Positions des étoiles de comparaison
Dates.
Étoiles
Gran- Ascens. dr. moy.
Réduction
Déclinaison moy.
Réduction
1880.
de comparaison
deur. 1880,0.
au jour.
1880,0.
au jour.
Autorité.
Sept.8. Ji3596Lal. 8 6.56. i,5o +3,io +21.2046,8 -2,8 Lalande
9. e 1620-21 Weisse H. VI 8 6.55. 5,59 +3, 12 +20.59.49)2 —2,6 Weisse
>• 10. y 1677-78 >i 4 6.56.59,42 +3,i4 +2o.44-4o'7 ^2,7 »
» II. g- 1668 Arg., zone +20° 8,5 6.54.i5,3o +3,17 +2o.i5.52,8 —2,4 A. Jl.,t.\l.
Positions géucentriques de la comète, rapportées à l'équino.re et à l'équateur apparents
de l'époque.
Dates.
1880.
Septembre 8. .
9--
» 10..
» 11..
Temps moyen
de Paris.
Il m s
i5. 80.57
14.59.44
i5. 8.33
14. i4' 10
Ascension Nombre do Nombre de
droite. comparaisons. Déclinaison, comparaisons.
h m s
6.55.44,84
6.54.45,95
-21.27.44,6
-21. 7.17,7
»
20.24.24,9
» J'ai retrouvé la comète b 1880 le 5 septembre, mais l'arrivée du jour ne
m'a permis alors que de déterminer à peu près la correction de l'éphémé-
ride; et depuis, sauf le 8 septembre, les nuages ont empêché d'en faire des
observations complètes.
» Il résulte de ces positions les corrections suivantes pour mon éphémé-
ride (voir le n° 3 des Comptes rendus , 2* semestre 1880, p. i53) :
Ascension droite. Déclinaison.
Septembre 8 +1,0
9
10 + I >i
» II »
•1,6
■2,0
1,8
4»5 )
ASTUON.OMIE. — Sur le mouvement orbital probable de quelques systèmes
binaires du ciel austral. Note de M. L. Cuuls, transmise par S. M. don
Pedro et présentée par M. Tresca.
« Dans la série des étoiles doubles observées à l'Observatoire impérial
de Rio, et qui par leurs positions échappent complètement aux observatoires
de l'autre hémisphère, ou tout au moins ne sont visibles que fort impar-
faitement pour un très petit nombre d'entre eux, j'en ai rencontré quel-
ques-unes qui me paraissent accuser un mouvement orbital bien défini,
quoique lent. Ces étoiles n'ont été observées que par J. Herschel, au Cap,
et par le capitaine Jacob, à Poonah, dans l'Hindoustan. Voici leurs obser-
vations comparées aux miennes et les mouvements que j'en conclus. Les
positions sont réduites à 1 880,0.
533o du Catalogue de J. Herschel : M = 2'î'' 17™; distance polaire = i3o" 19'.
Dates.
Grandeurs.
Position.
Distance.
Observateurs
I 836, 756
(ii-ii)
95,9
3,0
Herschel.
1879,602
(8-8)
90,0
3,4
Cruls.
42,846
5,9
» L'angle de position d'Herschel est renversé de 180°, erreur assez fré-
quente dans ses observations, ainsi que l'a déjà fait remarquer M. Flam-
marion. Ce système accuse un mouvement rétrograde de 6" en 43 ans
environ.
3940I du C;it. d'Herschel et 76 du Cat. de Jacob : M = 7''8"'; distance polaire = i45°23'.
Dates.
Grandeurs.
Position.
Distance.
Observateurs
l835,o
(8-8)
0
221,7
5,0
Herschel.
1848,10
(8-8)
224,3
7''
Jacob.
ï879>97
(6-6)
228,1
8,7
Cruls.
âi,Qi
6,4
» Même remarque pour l'angle de position d'Herschel. Le mouvement
orbital direct, d'environ 6°, 5 en 45 ans, paraît bien accusé aux trois
époques; une augmentation du rayon vecteur apparent l'est également.
(486 )
4i26duCat. d'Hj et io5 du Cat. de Jacob : m = 8'' 36'"; distance polaire = 142" Bg'.
Dates. Grandeurs. Position. Distance. Observateurs.
1834, 3o (7 ") 2.8,0 i5,o Herschel.
1847,12 (6-9) 3o,o 16,4 Jacob.
1879,97 (6-9) 32,7 i3,5 Cruls,
45,67 4,7
Mouvement orbital progressif de 4", 7 ^n 45°"%67.
4o58| du Catalogue d'H, : M = 8^S"'; distance polaire = i58''i6'.
Dates.
Grandeurs.
Position.
Distance.
Observatc
l835,o
(5-9)
17,5
Co
H,.
1879,988
(5-9)
25,0
4,8
Cruls
44,988 7-5
Mouvement orbital direct de 7'',5 en 45 ans environ.
4og4| du Catalogue d'Hj : m. = 8'' 20"»; distance polaire ;= i6i°8'.
Dates. Grandeurs. Position. Distance. Observateurs.
O M
i835,2 (^-6) 52,7 ' 60,0 Hj.
1879,988 (6-6) 57,6 66,5 Cruls.
44,788 T9
Mouvement direct d'environ 5° en 45 ans.
4 125 du Catalogue d'Hj : iR=:8''35"'; distance polaire =^ i52'>26'.
Dates.
Grandeurs.
Position.
Distance.
Observatei
l835,2
(7-1.)
23o°,3
8'; G
H,.
1880,071
(6-9)
242,3
7,0
Cruls.
44,871 12,0
Mouvement direct de 12° en 45 ans environ. »
ASTRONOMIE. — Recherches speclroscopiques sur quelques étoiles non encore
éludiées. Note de M. L. Crcls, transmise par S. M. dou Pedro et pré-
sentée par M. Tresca.
« Voici quelques résultats de mes recherches speclroscopiques sur un
groupe d'étoiles non encore étudiées. Tout en faisant, pour le moment, des
( /1H7 )
réserves au sujet dti cinssemeul en types propose par le P. Secchi, et sur
lequel je me propose de revenir plus lard, en décrivant les spectres avec
détails, j'ai toutefois adopté ce classement dans l'exposé des résidtals de
ces observations, qui ont été faiies avec un speciroscope à vision directe,
monté sur l'équatorial de 9 pouces d'ouverture.
Désignation do l'étoile
Constellations. et tle sa conïcur. Grandeur. Spectres et remarques.
Abeille a, bleu pâle. /^ Type I.
p, blanche. 4 Type I.
7, blanche. 4 Type I.
» S, blanche. 4 Type I.
•> S' et i;', jaune jiâle. 6 Type I, spectre faible.
» », bleu pâle. 5 Type I.
.... E, rouge orangé. 5-j Type IV, bandes bien définies.
Croi.x a, bleu pâle. » Type II.
.. p, bleu pâle. - Type II.
» y, jaune orangé. ■> Type III.
• S, bleu très pâle. ■> Type II.
Centaure.. .. p, jaune pâle. » Type I, raies de l'hydrogène
bien accusées.
» .... y, S, e, blanche. » Type IL
....£. » Type II.
» 4^72 B. A. C, jaune. ■> Type II.
» Aciiemar et Canopns appartiennent toutes deux au type I : la raie F de
l'hydrogène y est setde bien nettement définie; les autres sont visibles,
mais faibles. »
SPECTROSCOPIE. - Sui quelques phénomènes solnires observés à Nice.
Note de M. L. Thollon, présentée par M. Mouchez.
« Le 28 mai, à midi 4o™. une prottibérance très brillante .se montrait
vers le bord occidental duSoleil, dans l'hémisphère nord. Cette protubé-
rance, dont les dimensions n'ofiraient rien d'extraordinaire, était d'abord
tout à fait à droite (côté du violet) et en dehors de la raie C, et conservait
sensiblement le même aspect, que la fente fût large ou étroite ; plus haut
et plus à droite encore, se voyaient deux masses incandescentes entièrement
isolées et d'un éclat beaucoup plus faible. Le pliéuomène changeait rapi-
( 4S8 )
(leraent d'aspect e(, au bout de dix minutes, la masse principale de la protu-
bérance se montrait en partie sur la raie C, en partie à gauche de cette
raie, et quelques instants après tout avait disparu. La fig. i représente
les deux phases du phénomène.
Le 27 juin, dès S** du matin, je vis, dans une région de petites taches, un
point qui me parut être un cenire de grandes perturbations. Ce point était
à 6', 27 au sud de l'équateur et à i3', 12 du cenire vers le bord occidentaL
Durant toute la journée, j'ai suivi avec la pins grande attention les phéno-
mènes qui se produisaient en celte région. La raie C y éprouvait des chan-
gements continuels et rapides; elle s'élargissait, se tordait, s'illuminait, se
réduisait eu masses isolées comme des grains de chupelet, s'étalait tantôt
à droite, tantôt à gauche. Les phénomènes se succédaient si vite, qu'il m'a
été impossible d'en faire un dessin exact. Le temps de tracer un léger cro-
quis, de prendre et de noter une mesure, tout avait changé d'aspect. Les
figures a, b, c, d, . . .^ g{fi(j.2), où j'ai cherché à reproduire de mémoire et
en grandeur naturelle quelques-uns de ces effets, pourront donner une idée
de la prodigieuse activité qui se manifestait en ce point du disque solaire.
Les graduations à droite et à gauche de C donnent, en centaines de kilo-
mètres, les vitesses correspondant aux variations de réfrangibilité : adroite,
ce sont les vitesses de rapprochement ; à gauche, les vitesses d'éloignement.
» En imprimant à l'image solaire i\n petit mouvement de va-et-vient
/,89 )
horizontal et fnisant ainsi courir snrla fente la région observée, les impres-
sions qui se succédaient produisaient l'illusion d'un mouvement tourbillon-
naire. Une foule de petits détails, paraissant d'abord sans importance, se
Fie. 2.
SlsISCISflS iisiiCillll
-Ifilltt
reliaient entre eux de la manière la plus frappante et contribuaient à rendre
l'illusion du mouvement aussi complète que dans le phénakisticope.
C. R., 188a, 3* Semestre. (T. XCI, N° H .) ^4
( 490 )
» Le 3o juin, cette même région, ayant atteint le l)ord occidental, pré-
sentait en dehors dn disque une protubérance très brillante et très remar-
quable. Observée avec la fente étroite, elle a offert successivement les
aspects représentés par \es fig. 3, 4 ft 5 à vingt minutes d'intervalle. Un
Fig. 3.
Protubérance observée le 3o juin iSSo, à lo^'S!!" matin, à l'observatoire
du mont Gros (Nice), avec la fente étroite au bord occidental. —
T, point de tangence. Vitesse maximum, Sôo"" par seconde.
noyau très brillant, situé sur la raie C, semble être le centre d'un vaste tour
billon animé d'une prodigieuse vitesse. Cette protubérance paraissait être
entièrement composée de minces filets lumineux à peu près parallèles et
extrêmement brillants.
» Après avoir répété un très grand nombre de fois l'expérience décrite
( 49' )
dans tua Note du i6 août, je n'hésite pas à affirmer que tout mouvement
de la surface solaire ayant, suivant la ligue d'observation, une composante
qui n'est pas nulle, donne lieu à un déplacement des raies spectrales. La
réciproque est-elle vraie? Tout déplacement de raie correspond-il à un
iMg. 4.
Protubérance observée le 3o juin 1880, à io''5o" matin, à l'observatoire
du mont Gros (Nice), avec fente étroite au bord occidental. — T, point
de tangence. Vitesse maximum, 360'"" par seconde.
mouvement? Je dis que c'est extrêmement probable, mais non absolument
certain. Il semble difficile d'admettre que deux causes différentes puissent
produire des effets identiques ; mais, indépendamment de cette considéra-
tion, l'expérience paraît confirmer cette manière de voir. Si l'on compare,
en effet, les vitesses qu'indiquent les déplacements de raies aux vitesses con-
statées bien des fois dans la formation des protubérances, on voit que ce
{ 492 )
sont des grandeurs tout à fait de même ordre. En outre, il m'est arrivé
d'observer, à la base d'une protubérance, une petite région très brillante et
produisant dans la raie C une déviation très marquée, qui se déplaçait ra-
Fi.'. 5.
Protubérance obserïée le 3o juin i8So, à 1 1'' lâ" matin, à l'observatoire
du mont Gros (Nice), avec fente étroite au bord occidental. — T, point
de tangence. Vitesse maximum, Soo*^" par seconde.
pidement par rapport à laprotubéranco, s'en détachait et formait en peu de
temps une nouvelle ramification, d'une étendue considérable. Il y a donc
lieu d'espérer qu'un jour ou l'autre l'observation tranchera la question
d'une manière définitive. »
•" i' '•'
( 493 )
ÉLECTRICITÉ. — Sur la loi des machines électromagnétiques.
Note de M. J. Jodbert.
« Je douiaiide à rAcadémie la permission de lui soumettre quelques-uns
des résultats les plus remarquables, tous vérifiés par l'expérieuce, qui se.
déiluisent de la formule que j'ai eu l'honneur de lui présenter dans sa der-
nière séance.
» Cette formule exprime la loi d'une classe importante de machines
magnéto-électriques, caractérisée par la condition que les variations du
champ magnétique primitif suivent la loi du sinus. Elle donne pour l'in-
tensité moyenne
2K„
1^
et pour la phase des courants élémentaires
tang2 7ry = -^■
» La théorie indique, et l'expérience vérifie, de la manière la plus rigou-
reuse, que la valeur maximum de la force électromotrice Eo pendant le
cours d'une période est proportionnelle à la vitesse ; si l'on appelle eo sa valeur
quand la machine fait un tour par seconde, et s'il y a « périodes par tour,
on peut, pour une intensité donnée du champ, poser
La formule de l'intensité moyenne devient alors
, 2 e„
» On voit que celte intensité ne croît pas indéfiniment avec la vitesse,
mais qu'elle tend vers une valeur limite
(494)
très voisine d'ailleurs de celles qu'on obtient pour des vitesses modérées
et des résistances faibles.
» Le travail électrodynamique total de la machine a pour expression,
en désignant par l' la racine carrée de la moyenne des carrés des intensités,
in'[K'-T-h ^-^'V
Cette expression tend vers zéro quand la résistance augmente indéfiniment
et devient nidle quand le circuit est ouvert; l'expérience montre, en effet,
que dans ce cas on n'a d'autre travail à vaincre que celui des résistances
passives ('). Mais, contrairement à ce qui se passe avec une pile, son maxi-
mum ne correspond pas à une résistance extérieure nulle. Le travail croît
d'abord quand la résistance augmente et passe par un maximum qui cor-
respond à l'équation
RT = 2nU.
M Les conditions du maximum de travail peuvent toujours, comme ou le
voit, être réalisées soit pour une vitesse, soit pour une résistance données,
et il est toujours avantageux de faire travailler la machine dans ces con-
ditions.
» L'équation de la phase donne alors
tang27:y = i, ou Ç5,„=|,
celle de l'intensité moyenne
L„= ""
«^2 7î'U
enfin celle du travail maximum
e I
^ '" 8«'7rU T
» Ainsi, pour une intensité donnée du champ, quelles que soient
d'ailleurs les autres conditions dans lesquelles la machine fonctionne, du
moment où elle donne le travail maximum,
Le retard est éyal à ^ de ta période entière;
( ' ] Il n'en est pas de même si le système mobile dans le champ magnétique renferme des
pièces métalliques de quelque étendue, et en particulier des masses de fer doux.
( 49'î )
L'intensité est constante et égale au quotient par \J2 du maximum absolu
d 'intensité;
Le travail électromagnétique est proportionnel à la vitesse;
La vitesse est dans un rapport constant avec la résistance.
» Dans la machine Siemens (machine à quatre foyers), sur laquelle ont
porté mes expériences, U = o, io4 et n = 4- Quand l'inducteur est excité
par un courant de lo webers, Cq = 2 2''°'",56; le maximum absolu d'inten-
sité égale G"'''""''',!, et l'intensité qui correspond au travail maximum
est égale à 4"''''"\3r. Le travail maximum est de -^'-^ kilogrammètres par
seconde; enfin, la vitesse qu'il faut donner à la machine pour obtenir ce
maximum est donnée par l'équation
RT = 27iU = o,653 ('). "
CHIMIE. — Sur l'acide boroduodécitungstique et ses sels de potassium.
Noie de M. D. Kleiv, présentée par M. Wurtz.
« Nous avons précédemment signalé un nouvel acide minéral complexe,
dérivé de l'acide tungstique, l'acide tungstoborique, que nous avons pu
isoler, et dont nous avons préparé le sel do potassium,
» Cet acide cristallise en petits octaèdres quadratiques, non modifiés; sa
composition est représentée assez exactement par la formule
9TuO%Bo^O%4HO-4- i6Aq.
Il fond à 49°; sa fusion commence vers 40", par suite d'un phénomène de
liquation tout à fait semblable à celui que présente l'acide silicoduodéci-
tungstique décrit par M. de Marignac.
» Il présente d'ailleurs une teneur en acide tungstique fort voisine de
ce dernier, ce qui explique leurs analogies physiques, et la quasi-coïncidence
de leurs points de fusion. Ce n'est pas là la seule combinaison que paraissent
former les acides borique et tungstique.
» Quand on fait bouillir une solution de pentamétaborate de potassium
Bo^O'^RH* -h2H-0, qu'on y projette par petites portions un très grand
( ') Ces expériences ont été faites au laboratoire de la Société générale d'électricité.
( /i96 ^
excès d'hydrate tiingstique et qu'on prolonge l'ébnllition pendant plusieurs
heures, en ayant soin de remplacer au fur et à mesure l'eau évaporée de
façon à ne pas abaisser sensiblement la température du liquide, le penta-
métaborate est décomposé. Il se dépose de la liqueur filtrée, pendant le
refroidissement de l'hydrate borique, puis par concentration, un sel cris-
tallisé en fines aiguilles, que l'on débarrasse de l'acide borique Ubre qu'il
renferme par lavages à l'alcool. On achève de le purifier par cristallisations
successives.
» Il ressemble beaucoup, par son aspect extérieur, au tungstoborate de
potassium; comme lui, il cristallise en aiguilles appartenant à un système
droit; il est très solubledans l'eau froide : 8 parties d'eau à ao" dissolvent
5 parties du sel.
» Les détails que nous avons donnés pour l'analyse du tungstoborate de
potassium nous dispensent de nous étendre plus longuement sur celle du
composé que nous décrivons aujourd'hui.
» La moyenne de plusieurs analyses nous conduit à lui attribuer la for-
miile
2R'0,Bo'0', i2Tu0',2H^0+ i5Aq.
» Une des 2™°' d'eau que nous sommes conduit à regarder comme de
l'eau de constitution n'est chassée qu'à une température voisine du rouge
sombre, l'autre est expulsée à 190°, après les 15"°' d'eau de cristallisation.
» La fusion d'un poids donné du sel préalablement desséché à igo" avec
une quantité déterminée de carbonate de sodium fondu nous a permis de
contrôler ces résultats par la perte en eau et en acide carbonique. Cette
perte, rapportée à 100 parties de sel non privé de son eau de cristallisation,
a été, dans deux expériences, de 16,59 et de i6,4o pour 100.
» La perte calculée, i"""' d'anhydride borique déplaçant à très peu
près 2"°' d'acide cabonique, est de 12"""' d'acide carbonique, plus 1"°'
d'eau, soit
laCO^ + H^O = i6,3i pour 100.
» Dans les eaux mères du boroduodécitiuigstate bipotassique que nous
venons de décrire, nous avons obtenu à diverses reprises un sel blanc,
cristallisé en tables d'apparence orthorhombique, d'un éclat gras. Ce sel
s'est surtout produit quand la liqueur ne présentait pas la teinte bleuâtre,
indice d'un commencement de réduction et fort difficile à éviter, que pré-
sentent certaines solutions tungstiques.
» Nous n'avons jamais obtenu que de très petites quantités à la fois;
( 497 )
cependant nous avons pu en recueillir quelques grammes, assez pour en
déterminer exactement la composition, après l'avoir purifié par cristalli-
sation.
» Ce sel est fort dense et excessivement soluble dans l'eau. Après une
courte ébullition avec l'acide clilorhydrique, il nous a donné un dépôt
d'une notable quantité d'acide tungstique ; sa composition, déterminée
par trois analyses, est représentée avec une très grande exactitude par la
formule
4K=0,Bo=0', laTuO'H- 2iAq.
Il possède une réaction très légèrement alcaline. Ce sel présente la compo-
sition du boroduodécitiingstate tétrapotassique; il ne renferme pas d'eau
de constitution; chauffé avec ménagement au rouge sombre, il n'éprouve
qu'une perte de poids insignifiante.
» Toutefois, nous sommes plutôt porté à le rattacher à un isomère de
l'acide boroduodécitungstique. En effet, de même que le tungstoborate de
potassium, le boroduodécitungstate bipotassique est très stable en pré-
sence des acides. Sa solution, portée à l'ébullition en présence d'un excès
d'acide clilorhydrique, reste limpide et n'abandonne pas d'acide tungs-
lique, ainsi que le fait la dissolution du sel que nous décrivons.
» Acide boroditodécilumjslique. — En traitant par l'azotate mercureux
une solution concentrée de boroduodécitungstate bipotassique,
2K*0,Bo^O% i2TuO%2H=0 + i5Aq,
on obtient un précipité blanc et floconneux, qui se rassemble par l'ébulli-
tion en une poudre dense, d'un blanc jaunâtre. En traitant ce précipité,
convenablement lavé, par la quantité d'acide chlorhydrique strictement
suffisante pour le décomposer, et le débarrassant d'une trace de mercure
resté dissous par quelques gouttes d'une solution d'hydrogène sulfuré, on
obtient une liqueur qu'on peut évaporer par ébullition ou au bain-marie,
jusqu'à consistance sirupeuse.
» Si l'on essaye de pousser plus loin à chaud la concentration, il se
dépose de l'hydrate tungstique jaune et pulvérulent.
M II faut terminer l'évaporation dans le vide sec; on obtient ainsi l'acide
boroduodécitungstique, que jusqu'à présent nous n'avons pas eu le loisir
d'étudier autrement.
» Si l'on filtre le liquide sirupeux au sein duquel s'est déposé l'hydrate
tungstique, par suite d'une décomposition partielle de l'acide boroduodé-
C. R., i8So, J- Semestre. (T, XCr, N» 11.) 65
(498)
citungstique, et que l'on continue l'évaporation à chaud d'abord, dans le
vide ensuite, ou obtient des octaèdres basés, jaunâtres, déliquescents,
ayant une composition voisine de celle d'un hydrate de l'anhydride
complexe
ioTuO',Bo=0'.
» Comme l'acide tungstoborique, cet acide ne perd ses dernières traces
d'eau qu'à une température voisine du rouge. Il devient alors insoluble
et se décompose en un mélange d'anhydrides borique et tungstique ('). »
ANATOMlE ANIMALE. — Sur les lymphatiques sous-cutanés du Pjtlion deSéba.
Note de M. S. Jourdain, présentée par M. Alph. Mihie-Edwards.
« Dans une précédente Communication, nous signalions l'existence d'un
véritable transport circulatoire de la lymphe chez les Pleuronectes. Nous
inclinions à croire qu'une telle circulation se retrouve dans la généralité des
Téléostéens, en nous fondant sur les analogies si étroites qu'on remarque
dans la morphologie du système lymphatique chez les divers Poissons
étudiés jusqu'à présent à ce point de vue.
» La lymphe circule-t-elle chez des Vertébrés autres que les Poissons?
Observer directement le cours de la lymphe est impossible dans la plupart
des cas; mais, d'une analogie morphologique, il nous est permis de con-
clure à la probabilité d'une analogie physiologique.
)) Dans cet ordre d'idées, il y a intérêt à mentionner chez un Ophidien,
le Python de Séba, une disposition des lymphatiques superficiels, qui se
retrouve très probablement dans tous les animaux de ce groupe, d'une
grande homogénéité anatomique, disposition qui rapproche d'une manière
bien digne d'attention les Ophidiens des Téléostéens (^).
» Rappelons d'abord brièvement ce que l'on observe chez les Téléo-
stéens. Chez ces Vertébrés, on rencontre, sous la peau de la région post-cé-
phalique, trois troncs lymphatiques longitudinaux, qui débouchent en
avant dans de vastes réservoirs occupant la région coracoïdienne. L'un de
(') Ces reclieiciiei oui éié effectuées au laboratoire de M. Wurtz.
(') C'est en étudiant le péritoine du Python de Séba, sur un spécimen mis obligeamment
à notre disposition par M. le professeur Léon Vaillant, que nous avons eu occasion de
recueillir des notes sur la disposition générale, encore imparfaitement connue, du système
lymphatique de cet Ophidien.
( 499 )
ces troncs {tronc ventral) occupe la ligne médiane du ventre, depuis l'anus
jusqu'à la ceinture coracoïdienne. Les deux autres sont placés, un de chaque
côté, dans la région des flancs, qu'ils parcourent dans toute leur longueur:
ce sont les troncs latéraux.
» Ces trois troncs communiquent entre eux à l'aide d'un grand nombre
de branches transversales, assez régulièrement disposées. Les branches ra-
diales des lymphatiques des nageoires impaires forment une des origines ou
des terminaisons périphériques des troncs sous-cutanés longitudinaux. Il
est donc évident que la lymphe y circule dans un sens déterminé.
» Ces trois troncs des Téléostéens se retrouvent dans le Python. Le tronc
ventral est représenté par un vaisseau impair, placé sur la ligne médiane du
ventre, en rapport avec l'intersection aponévrotique qui constitue une
longue ligne blanche. Dans la région des flancs, on retrouve de chaque
côté un tronc /rtieVa/qui la parcourt dans toute sa longueur. Des branches
transverses, régulièrement espacées, relient le tronc ventral aux troncs laté-
raux, de telle sorte que, la peau étant étendue, l'ensemble de ces vaisseaux
lymphatiques tégumentaires représente une double échelle à montants
parallèles.
» Des troncs latéraux, on voit se détacher, de distance en distance, des
branches qui contournent le corps et perforent les espaces intercostaux
pour s'unir aux lymphatiques costaux, et déboucher, ceux de la région anté-
cardiaque dans la gaîne lymphatique de l'aorte antérieure, ceux de la ré-
gion postcardiaque dans le grand sinus lymphatique qui loge l'aorte posté-
rieure.
» En avant, le tronc ventral et les troncs latéraux se fusionnent avec
les sinus de la région collaire; en arrière, ils ont des relations avec les ré-
servoirs de la région anale. Au niveau des grands sinus cardiaques qui
correspondent aux sinus coracoïdiens des Poissons, ils nous ont paru com-
muniquer largement avec ces collecteurs (').
» Après cette description, il nous paraît superflu d'insister sur l'analogie
évidente des vaisseaux lymphatiques auxquels nous avons imposé les mêmes
noms chez les Téléostéens et chez le Python. Lorsque l'observation directe
(') Les vaisseaux que nous venons de décrire n'ont point fixé l'attention des anatomistes;
ils paraissent toutefois avoir été entrevus par Jacobson. Ce savant, en effet, parle d'un
canal lymphatique sous-cutané, existant de chaque côté du corps des Serpents, canal en rap-
port avec des espaces lymphatiques, également situés sous la peau.
( 5oo )
aura permis de reconnaître dans quel sens chemine la lymphe du vaisseau
ventral et des vaisseaux latéraux, il y aura de sérieuses raisons de présumer
que la lymphe circule dans la même direction dans les vaisseaux corres-
pondants du Python et des Téléostéens. »
ZOOLOGIE. — Dragages profonds exécutés dans le lac de Tibériade [Syrie),
en mai 1880. Note de M. Lortet, présentée par M. Alph. Milne-
Edwards.
« Au printemps de celte année, M. le Ministre de l'Instruction publique
me chargeait d'une mission scientifique dont un des objectifs devait être
l'élude de la faune profonde du lac de Tibériade. Les animaux qui vivent
dans cette belle nappe d'eau avaient déjà fait l'objet de mes études en 1 875,
et quelques-uns d'entre eux m'avaient offert une organisation des plus
remarquables.
» Le niveau du lac est 3213" au-dessous de la surface de la Méditer-
ranée. La plus grande profondeur que nous ayons constatée est de aSo™
et se trouve à l'extrémité nord, en face de l'embouchure supérieure du
Jourdain. Sur les deux rives du lac, des terrasses parfaitement régulières
sont recouvertes de nombreux galets roulés, qui se rencontrent jusqu'à une
altitude qui correspond à la pression barométrique de o™,76. Ce fait prouve
jusqu'à l'évidence que le niveau du lac était jadis le même que celui de la
Méditerranée. Je n'ai point à rechercher, pour le moment, si le bassin du
Jourdain était en rapport direct avec la mer; cette communication pou-
vait se faire très facilement par la plaine d'Esdrelon et la vallée du Kishon.
De légères dénivellations, dues aux éruptions de basaltes et de laves si
fréquentes à une certaine époque dans le bassin du lac de Tibériade, ont
pu facilement rompre ces communications. Il est probable aussi qu'an-
ciennement les eaux du lac devaient être très salines, intermédiaires en
quelque sorte entre les eaux saumâtres et celles sursaturées de la mer
Morte. A la suite des violentes convulsions volcaniques dont le pays montre
partout des traces nombreuses, le niveau de ce dernier bassin s'étant abaissé,
le Jourdain a dessalé petit à petit, par la masse de ses eaux, celles du lac, qui
aujourd'hui sont devenues potables, quoique très légèrement saumâtres.
Ces conditions physiques indiquent l'intérêt qu'il y avait à étudier avec
soin la faune du bassin du lac de Tibériade, dont les eaux, anciennement
( Soi )
salées, devaient nourrir des formes animales spéciales; peut-être en retron-
verait-on des traces dans les grandes profondeurs, où le liquide plus dense
aurait pu rester emmagasiné; peut-être rencontrcrait-on des types d'ani-
maux et de végétaux en voie de se transformer et d'adapter leur organisme
à une eau devenue presque douce. Ce sont ces vues théoriques qui ont été
le point de départ de mes recherches.
» Après m'ètre assuré des services d'une des rares barques qui se trouvent
à Tibériade, j'ai exécuté les pêches, les dragages et les sondages pendant le
mois de mai. Lorsque la température, toujours très élevée à cette époque,
me le permettait, les journées entières étaient passées sur le lac. Mes
dragues, d'un diamètre moyen, avaient été construites sur les dessins de
celles qui avaient servi au Challenger. Elles m'ont donné d'excellents résul-
tats, le fond n'étant rocheux nulle part et la profondeur ne dépassant pas
25o". Les pêches ont été faites au moyen d'un grand nombre d'engins qui
nous ont permis de capturer les représentants de toutes les espèces de pois-
sons. L'eau des grandes profondeurs a été ramenée à la surface au moyen
d'un appareil très simple, imaginé et construit par un de mes compagnons,
M. Pelagaud.
)) Les espèces de poissons que nous avons pu pécher sont au nombre de
douze au moins. Il y a plusieurs formes nouvelles, qui sont actuellement à
l'étude. Les espèces déterminées sont:
Clarias macranthus.
Capocta damascena.
Barbus Beddnmii.
Chromis Andrce.
» paterfamilias .
» Simonis.
Chromis iiilotica.
Il nov. sp,
1) nov, sp.
» nov. sp.
( Un genre nouveau indéterminé.
Lahrobarbus canis.
» J'appelle tout particulièrement l'attention de l'Académie sur les diffé-
rentes espèces du genre C/iroînzs^ qui toutesincubentleurs œufs etélèvent leurs
petits dans l'intérieur de la cavité buccale. Les œufs sont d'un vert foncé
et très gros. Il est probable que toutes les espèces du même genre jouissent
de cette faculté. Les Chromis fourmillent dans le lac de ïibériade: en quel-
ques coups de filet, on peut en remplir le fond d'une grande barque.
» Les MoUusquesont été dragués, les uns tout prèsde la surface, les autres
à de très grandes profondeurs. Parmi ces derniers, il y a plusieurs espèces
nouvelles, étudiées avec soin par M. A. Locard. Elles sont distribuées très
( 502 )
régulièrement suivant des zones de profondeurs différentes. Les formes
draguées sont au nombre de dix. Ce sont :
Neritina Jordani, Butt.
Melania tuherculata. Millier.
Melanopsis premorsa, L.
» costata, Olivier.
Cyrena fluminalis. Millier.
Unio terminalis. Bourg.
» tigridis. Bourg.
» Lortetij Locard.
» Pietri, Locard.
>• Maris Galilœi, Locird.
» Les Melanopsis et les Melania sont àjacies marin. C'est là une faune de
passage entre celle des eaux salées et celle des eaux douces. La drague ne
nous a ramené aucun animal plus inférieur, si ce n'est une larve rougeâtre
que nous n'avons encore pu déterminer. Sur les bords, à une très petite
profondeur^ on trouve une petite Crevette, le Crabe Telphusa Jluviatilis, le
Cistudo europœa et les Emjs caspica et tigris. Dans les grands fonds, les
dragues remontaient une vase très fine, d'origine volcanique, qui renferme
des diatomées, des foraminifères et d'autres organismes inférieurs. Aucune
algue, aucune conferve n'a été ramenée par nos filets. Cette absence ab-
solue de végétaux inférieurs a lieu de surprendre, surtout lorsque l'on con-
state qu'on se trouve en présence d'une eau saumâtre ayant une tempéra-
ture de +24°. Enfin l'expérience nous a démontré que l'eau du fond n'était
pas plus saumâtre que celle de la surface. A aSo™, les coquilles d'Unio
morts étaient en quelque sorte ramollies, friables, converties en craie blan-
châtre, et semblables aux fossiles de certains gîtes tertiaires du midi de la
France. Ce changement moléculaire remarquable parait être dû surtout
aux effets de la pression.
» Tels sont brièvement les résultats des nombreux et pénibles dragages
que j'ai exécutés pendant douze jours, dans un air embrasé, sous un ciel de
feu et dans des conditions matérielles rendues plus difficiles encore par la
nonchalance et souvent par le mauvais vouloir de notre équipage arabe. »
GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. — Sur l'existence^ au Soudan, de vignes sauvages, à
tige herbacée, à racines vivaces et à fruits comestibles. Extrait d'une Lettre
de M. Th. Lécard à M. le Ministre de l'Instruction publique.
« Les immenses et dangereuses solitudes du Soudan, absolument
inexplorées jusqu'à ce moment, réservaient de nombreuses surprises, sur-
( 5o3 )
tout au point de vue des produits du sol; chaque jour, je récolte des
plantes nouvelles, qu'aucun botaniste ne pouvait soupçonner et dont l'iin-
portance sera étudiée. Parmi ces nouveautés, je puis dès aujourd'hui signa-
ler des Vignes sauvages, àjniits délicieux, à lige herbacée et à racines vivaces;
la beauté et l'abondance des fruits, la vigoureuse rusticité de la plante, la
facilité de culture par suite de la simple plantation annuelle de ses racines
tuberculeuses, font espérer que ces espèces nouvelles sont susceptibles de
changer complètement les conditions de la culture de la Vigne en France et
d'en augmenter la production dans des proportions inconnues.
» On pourra les cultiver en France comme on le fait pour les Dahlias;
peut-être cette découverte est-elle le seul remède à opposer au Phylloxéra.
» Je possède, en grand nombre d'exemplaires, dans mes herbiers, la plante
dans tous ses divers développements, et j'ai, en outre, une grande quantité
de graines à distribuer à tous les établissements agricoles ou scientifiques
de France, d'Algérie et même d'Europe ('). »
MÉTÉOROLOGIE. — Sur un orage observé à Laigle {Orne) le 6 août 1880.
Note de M. J. Rouïer. (Extrait.)
» Lundi soir, 6 septembre 1880, un violent orage est passé sur Laigle, se dirigeant de
l'ouest à l'est.
» Dès 7"^ se manifestèrent des éclairs en nappe, très étendus, apparaissant derrière des
nuages épais toutes les quatre à cinq minutes.
» Vers 9''3o, ces éclairs en nappe, et plus rarement eu zigzag, devinrent extrêmement
fréquents; je me mis à les compter, et je continuai pendant une heure et demie. J'arrivai au
chiffre de 47oo> soit environ 53 éclairs par minute en moyenne. Mais à certains moments
je voyais certainement 100 éclairs par minute ; il y a même eu jusqu'à 3 éclairs dans la
même seconde (').
(') M. Durand, mon aide-naturaliste, se rend au premier poste français qu'il pourra
atteindre, par les montagnes de Bambouk, pour faire parvenir cette Lettre.
(') Déjà un fait analogue a été communiqué à l'Académie par M. Colladon, il y a
quelques années (séance du 12 juillet 1876). Un orage de grêle s'était abattu aux environs
de Genève, de Lucerne et de Zurich. De 1 1'' à minuit, on observa, dit l'auteur, 2 à 3 éclairs
par seconde, soit environ 9000 à l'heure. Mais il faut remarquer que cette énumération n'a
pas été faite avec toute la précision désirable, et il semble qu'il a dû en résulter une exagé-
ration dans le chiffre total. Quoi qu'il en soit, le nombre a été considérable, et ce fait peut
être rapproché de celui que je viens de constater à Laigle.
Le !"■ octobre 1874 et le lundi 1 1 juin 1877, j'avais pu faire moi-même des observations
de même nature.
( 5o4 )
» La pluie commença vers io''45'" et elle continua pendant environ une heure et demie.
Elle a donné au pluviomètre i i"™,S d'eau; il n'est pas tombé de grêle.
)> Bientôt l'orage passa à l'est ; les éclairs apparurent encore assez fréquents pendant dix
minutes, puis devinrent de plus en plus rares et finirent par disparaître, ce qui donne une
durée d'environ deux heures pour ces manifestations électriques répétées.
» Pendant tout cet orage, on entendait le tonnerre presque continuellement, comme une
sorte de bourdonnement, puis de temps en temps des roulements plus forts.
» Au moment du passage de l'orage surLaigle, j'entendis trois fois le tonnerre en fracas :
la foudre était tombée deux fois sur l'extrémité est de la ville.
» La première fois, sur l'angle d'une maison placée à mi-côte ; le fluide s'était dirigé
sur un tuyau de tôle de 2", 5o, surmontant une cheminée en briques, puis de là sur l'angle
inférieur du toit, dont les tuiles furent soulevées sur une étendue de o'"i,25. Le long du
bord inférieur du toit se trouve une gouttière hoiizontale, communiquant à cet angle avec
un tuyau de décharge en zinc, d'un petit calibre, conduisant les eaux pluviales dans une
grande auge en granit posée sur le sol.
» Les traces du passage du fluide électrique le long de ce tuyau sont faciles à constater
par la présence de trois trous, un en haut, un autre vers le milieu et le troisième un peu
au-dessous de celui-ci. Le premier est carré, de o",o6 à o'",07 de côté; le deuxième, carré
également, de o"',o4 à o", o5 de côté ; le troisième est absolument semblable au trou fait par
une balle. Ils sont tous trois placés en des points oh la paroi est double, par suite de l'emboî-
tement des tuyaux les uns dans les autres. Or, il y a là cette particularité remarquable que
les bords de ces ouvertures présentent des déchirures irrégulières renversées en dedans du
calibre du tuyau sur la feuille intérieure et en dehors sur la feuille extérieure ( ' ) .
» Une personne habitant la maison foudroyée se trouvait, au moment du coup, dans une
pièce voisine, du même côté, près de l'extrémité opposée du bâtiment. Elle ressentit une
commotion peu énergique ; aussi elle put se portera la fenêtre, attirée d'ailleurs par le fracas
des tuiles qui lonib;iient, et elle aperçut sur le sol une lueur 'diffuse, mais assez vive, près
du bassin en granit; celte lueur resta ainsi visible pendant plusieurs secondes.
» Le deuxième coup de foudre frappa un arbre situé à SSo"" environ de cette maison, à
l'angle nord-est d'un plant comprenant des pins, des mélèzes, des hêtres et des peupliers.
C'est un arbre de cette dernière essence, un peuplier de Suisse, qui fut touché. Il s'éclata
dans sa longueur, mais sur les deux tiers inférieurs seulement; dans ce long trajet de g" à
10", le fluide, tout en suivant une trace spiroïde, ne décrivait que les deux tiers d'une
spire.... u
(') Je ne connais pas d'exemple de cette disposition. Un fait présente une certaine ana-
logie: c'est celui du coup de foudre qui frappa, en août 1777, la croix de fer qui surmon-
tait la flèche de l'église de Crémone. Au-dessous se trouvait une girouette en cuivre étamé
et recouverte de peinture sur ses deux faces; elle fut projetée au loin. On reconnut qu'elle
était percée de dix-huit trous, dont les déchirures étaient parallèles, mais renversées moitié
d'un côté, moitié de l'autre. Neuf faisaient saillie sur une face, et neuf sur la face opposée.
La séance est levée à 4 heures. J. B.
5o5
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
OnVEAGES REÇDS DANS LA SÉANCE DU 6 SEPTEMBRE 1880.
Mémoires de ta Société académique d'Agriculture, des Sciences, Arts et
Belles-Lettres du département de l'Aube; t. XVI, 3* série, année 1879. Troyes,
L. Lacroix, 1880; in-8°.
Compagnie des Chemins de fer de Paris à Lyon et à la Méditerranée. Applica-
tion du sulfure de carbone au traitement des vignes phytloxérées; 4^ année. Rap-
port sur les travaux de l'année 1879 et sur les résultats obtenus; par M. A. -F.
Marion. Paris, P. Dupont, 1880; in-4°.
Nouvelles recherches sur la pleuropneumonie exudative de l'espèce
bovine, etc.; par le D'' Wii.lems. Bruxelles, H. Manceaux, 1880; in-8°. (Pré-
senté par M. Bouley pour le Concours Montvon, Médecine et Chirurgie,
i88i.)
De l'abus du tabac dans les écoles; par M. le D"" A. Coustan. Chambéry,
impr. Châtelain, t88o; in-8°. (Présenté par M. le baron Larrey.)
La mortalité dans ses rapports avec les phénomènes météorologiques dans
l'arrondissement d'Avignon (1873-1877); par le D' A. Pamard. Paris, J.-B.
Baillière, 1880; in-8°.
Assurances sur la vie et annuités pour une seule tête; par E. Dehais. Gau-
thier-Villars, 1880; in-8°. (Adressé par l'auteur au Concours de Statistique
1881.)
Nivellement de précision de la Suisse exécuté par la Commission géodésique
fédérale, sous la direction de A. Hirsch et E. Plantamour ; VIP livr. Ge-
nève, Bâle, Lyon, H. Georg, 1880; in-8°.
Bulletin de la Société de Médecine du département de ta Sarthe; année 1879.
Le Mans, typogr. Monnoyer, 1880; in-8°.
Nouveau manuel de Chimie simplifiée, pratique et expérimentale, sans labo-
ratoire; par Y^. TouRNiER. Paris, F. Savy, sans date; in-iS".
Prologus N. Ocreati in Flelpech ad Adetardum botensem, magistrum suum.
Fragment sur la multiplication et la division, publié pour la première fois par
M. Ch. Henry. Sans lieu ni date; opuscule in-8°.
Sur l'origine de la convention dite de Descartes ; par M. Ch. Henry. Paris,
Didier et C'«, 1878; opuscule in-8''. (Extrait de la Revue archéologique.)
C. R., 1880, 2' Semestre. {T. XCl, N" II.) 66
( 5o6 )
Sur l'origine de quelques notations mathématiques ; par M. C. Henry. Paris,
Didier et C'% 1879; opuscule in-8°. (Extrait de la Revue archéologique.)
Deux mathématiciens de l'Oratoire; par A. Marre, Rome, 1880; in-4°.
(Extrait du Bullettino di Bibliografin e di Storia délie Scienze malematiche e
fisiche.)
Recherches sur les queues des comètes; par Th. Bredichin. Sans lieu ni
date; in-4°.
Estadislica bibliografica de la literalura chilena ; por don Ramon Briseno.
T. II. — Lei de presupuestos de los gastos jenerales de la administracion publica
de Chile para el nfio de 1879. — N° 1 . Sesiones ordinarias de la Camara de se-
nadores en 1878. — N" 2. Sesiones eslraordinarias de la Camara de senadores
en 1878. — N" i. Sesiones ordinarias de la Camara de diputados en 1878. —
N° 2. Sesiones eslraordinarias de la Camara de diputados en 1878. — N° 4..
Sesiones eslraordinarias de la Camara de diputados en mayo de 1878. — Esta-
distica agricola de la Republica de Chile, correspondiente à los nnos de 1877 i
1878. — Cuenta jeneral de las entradas i gastos fiscales de la Republica de
Chile en 1878. — Santiago de Chile, 1879; 9 vol. in-4°.
Odvragks reçus dans la séance do i3 septembre 1880.
académie des Sciences et Lettres de Montpellier. Mémoires de la Section de
Médecine, t. V, IP fascicule, année 1877- 1879; Mémoires de la Section des
Sciences, t. IX, IIP fascicule, année 1879; Mémoires de la Section des Lettres,
t. VI, IV* fascicule, années 1878- 1879. Montpellier, Bœhm et fils, 1879-
1880; 3 vol. in-4".
Exposition universelle à Melbourne en 1880. France. Notices sur les dessins,
modèles el ouvrages relatifs aux services des Ponts el Chaussées, des Mines, des Bâ-
timents civils et Palais nationaux, réunis par les soins du Ministère des Travaux
publics. Paris, Impr. nationale, 1880; in-8".
Calculs des propulseurs hélicoïdaux; par M. Ch. Antoine. Paris, Berger-
Levrault, 1880; in-8°. (Deux exemplaires.)
EuG. Marchand. Note sur la distribution de la chaleur solaire sur les diffé-
rents points du globe terrestre dans les jours d'équinoxe et de solstice. Paris,
au Secrétariat de l'Association française pour l'avancement des Sciences;
opuscule in-8°.
Conférence sur la doctrine des engrais chimiques et l'utililé des champs d'expé-
riences agricoles; par M. E. Marchand. Rouen, impr. H. Boissel, 1880;
in-8°.
( ^07 )
Fini arinual Report of tfie deparimenl of stalintics and ijeology of llie State of
Jiidiann, 1879. Indianapolis, Douglass et Carloii, 1880; iii-S" relié.
Report ofthe superintendant of tlie United States coast Survej sliowinfj the
proqress of ihework for tke fiscal year ending with jiaie, 1876. Washington,
governineiit printing office, 1879; in-4°, texte et atlas.
Verhandclingen van liet Bataviaascligenoolschap van kunsten enWetenschappen;
Deel XXXIV, 2' Stuk ; Deel XJ.l, i" Stuk. Batavia, W. Biiiining, 1880;
2 liv. in-8".
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 20 SEPTEMBRE 1880.
PRÉSIDENCE DE M. WURTZ.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
HYGIÈNE PUBLIQUE. — Sur les odeurs de Paris. Note de M. H. S.viNTE-CLAinE
De VILLE.
« Vers la fin du mois d'août dernier, en passant par la rue Saint- Jacques,
en face du n° 278, mon attention fut attirée par l'odeur qu'exhalait une tran-
chée de 1™ environ de profondeur. On en avait extrait 1™"= ou 2""" de celte
terre noire, colorée par le sulfure ou l'oxydule de fer, dont M, Chevreul a
depuis bien longtemps constaté et expliqué la formation (' ).
» Cette terre était imbibée d'eau, mais la boue n'était pas liquide. Elle
avait en même temps l'odeur de l'hydrogène sulfuré et du gaz de l'éclairage.
J'en pris à la surface S''^ environ, pour en faire une analyse dont je vais
donner les résultats.
)) 2''8,35odela terre ont été introduits dans un flacon et mouillés avec i''*
(') Voir, Dictionnaire des Sciences naturelles, t. XXII, p. 29?, l'article eau naturelle,
écrit par M. Chevreul en 1819 et publié en 1821; Mémoires de l'Académie des Sciences,
t. XXIV, p. 211 (i854) ; Comptes rendus, l.-^U.i\,\^. I28[i856),et t.LXXI, p. 43i (1870).
C. R., 1880, 2' Semestre. {-X. XCI, N» 12.) 67
( 5io )
d'eau à peu près. On agitait fortement et l'on décantait le liquide avec la
matière noire qu'il tenait en suspension et que l'on versait dans un antre
flacon. Quand cette matière était déposée, on recommençait l'opération
avec la même eau devenue limpide, jusqu'à ce qu'on eût introduit dans le
second flacon tous les éléments légers ou noirs que l'on pouvait entraîner
ou dissoudre.
» Le résidu de celte opération, répétée jusqu'à huit ou dix fois au moins,
est un gravier presque décoloré et composé de plâtras, de cailloux calcaires,
de grès concassé ou pulvérisé, de débris de toutes sortes, cuir, carton, etc.,
enfin de toutes les matières que le remaniement si fréquent du pavage de
Paris peut faire pénétrer dans le sous-sol.
» Le liquide, chargé de sels et de matières solubles dans l'eau, a été séparé
par filtration ; et la boue noire, recueillie sur un filtre, séchée incomplète-
ment, a été pesée pour être analysée à part.
» 1° L'eau de lavage était troublée par du sesquioxyde de fer ou du sous-
sulfate provenant de l'oxydation du sulfure et de la suroxydation de l'oxy-
dule de fer. Elle était sensiblement alcaline et contenait des sulfures, des
hyposulfites, des sulfates, des chlorures, de la chaux, de la magnésie, de
la soude, et des traces d'ammoniaque que l'ébuUition avec la baryte ne
rendait pas sensibles à l'odorat, mais qui agissait faiblement sur la teinture
rouge de tournesol. L'excès d'alcali était saturé par des acides organiques,
répandant une odeur acétique et butyrique, et une matière également acide,
réduisant les sels d'argent et dont la combinaison avec la chaux ou l'argent
était explosible, rappelant ainsi les propriétés des acétylures de M. Ber-
thelot.
» Le résidu de l'évaporation de celte eau à basse température pesait
iS^"", 5oo. H contenait :
Sulfate tle chaux 5,ooo
Chaux 2,386
Magnésie , o , 200
Sel marin o , 892
Potasse o,36i
Eau et matières organiques 5, 161
i3,5oo
» 2° La matière pulvérulente noire, pesant o''^, 902, a été lavée parl'éther
dans Tui a|)pareil à digestion et à distillation continues. L'éther contenu
dans le bouilleiu' a bientôt laissé déposer tuie grande quantité de cristaux
( 5.. )
jaune brun et brillants, peu sohibles, car il a falhi plus de deux jours de
traitement pour épuiser la uialière. On a retiré de la solution éthérée :
Soufre ti'islalliso et contenant une matière orga-
nicjue clc'coni|)osabli.' par la chaleur j,700
Soufre crislallisc avec un peu de goudron et de
naphtaline 4)736
Goudron de ijaz ou coaltar i ,6/|0
10,076
» Les conclusions de ces analyses sont faciles à tirer :
» 1° Si l'on évalue à un demi-litre la quantité d'eau qui imprègne les
2''°,35o de boue humide ('), on voit que la quantité de sels que cette eau
dissout doit être d'environ 258' à 3o8'' par litre, c'est-à-dire qu'elle est rela-
tivement concentrée, ce qui est la conséquence d'un phénomène très simple.
Le sous-sol de Paris n'étant pas drainé, les pavés et les intervalles garnis
de sable qui les séparent deviennent imperméables dès que leur surface est
mouillée. Quand ces intervalles se sèchent, l'eau du sous-sol peut s'évapo-
rer, en se concentrant, jusqu'à ce que l'eau de la pluie et des arrosages,
entraînant avec elle toutes les matières solubles, salines ou organiques, et
imbibant l'intervalle des pavés, rende de nouveau la surface imperméable.
L'eau des boues noires doitdoiic se concentrer déplus en plus. En outre elle
reçoit ces poussières de fer provenant du fer des chevaux et des roues de
voitures, que M. Chevreul considère, avec juste raison, comme l'origine des
sulfures, de l'oxydule de fer et de la coloration noire du sous-sol de Paris.
» 2° Les fuites de gaz de l'éclairage, estimées en moyenne au dixième
du volume du gaz qui circule dans les tuyaux, y ont amené une partie du
soufre, les hydrogènes carbonés et le goudron qu'on y rencontre si abon-
damment (-).
» Ce goudron, ou coaltar, est une matière antiseptique par excellence,
employée efticaceinent en Chirurgie pour assainir les plaies et empêcher l'in-
tection des hôpitaux. Son acide phénique arrête les fermentations et détruit
les germes les plus dangereux.
( ') La détermination exacte de cette quantité d'eau était impossible sur des cchanlillons
où. il fallait conserver les matières volatiles amenées par !e gaz. Le soir même du jour où la
prise d'échantillon a été faite, la tranchée dont elle provenait était remblayée.
(-) Le gaz de l'éclairage est en réalité un brouillard très léger où flottent dos cristaux de
naphtaline, comme les aiguilles de glace des stratus et du goudron en vésicules très ténues
résistant à toute condensation, comme les vésicules d'eau des nuages.
5i2 ) ■
» En résumé, grâce aux fuites de gaz du sous-sol de Paris, celui-ci est
assaini et ne peut exhaler aucune odeur dangereuse ; c'est une faible
odeur d'hydrogène sulfuré, qui n'est pas plus nuisible que l'atmosphère
des eaux minérales sulfureuses, et une odeur de produits empyreumatiques,
qui est aussi saine que l'atmosphère environnant les gazomètres de Paris,
autour desquels on envoie respirer les enfants alleints de certaines affec-
tions épidémiques ou contagieuses, la coqueluche par exemple.
» Il n'en est pas de même des odeurs provenant des matières excrémen-
titielles que l'on constate malheureusement à Paris et aux environs de Paris.
Elles sont nauséabondes, ce qui ne les rend pas, il est vrai, nécessairement
nuisibles ; mais elles peuvent empruntera la source dont elles proviennent
les germes auxquels on attribue aujourd'hui les maladies cholériformes et
typhoïques, que l'on redoute de voir devenir endémiques à Paris, comme
elles le sont depuis longtemps dans l'Inde.
» Mon savant et ilhistre ami, M. Pasteur, nous donnera sans doute, avec
des démonstrations rigoureuses, malgré le danger que de pareilles recher-
ches font courir, la cause et peut-être les remèdes préventifs de ces redou-
tables fléaux; mais dès aujourd'hui, grâce à ses travaux, devenus clas-
siques, nous pouvons fixer les conditions auxquelles il faut soumettre le
transport et le traitement des matières excrémentitielles pour qu'elles cessent
d'être fétides et ne puissent devenir dangereuses pour la santé publique.
» Il est possible qu'un jour ces matières, reçues dans des vases métal-
liques sans avoir jamais de contact avec l'air extérieur, soient transportées
sous terre dans des tuyaux métalliques, canalisation aussi gigantesque que
celle qui conduit l'eau et le gaz, et dans laquelle on entretiendra une cer-
taine dépression. Ces matières, reçues dans de grands vases métalliques,
neutralisées ou même acidifiées par des substances appropriées et parfai-
tement connues, portées à une température égale ou même supérieure
à ioo°, qui suffit à détruire tous les germes, enfin séchées dans ces appa-
reils, seraient livrées à l'agriculture à qui on les doit sans perte d'aucune
substance utilisable et sans avoir porté dans l'atmosphère aucune trace de
matières odorantes ou nuisibles (' ).
» Toutes ces conditions, conformes aux prescriptions formulées par le
ConseildesalubritéetleComitéconsultatifdes Arts et Manufactures, peuvent
être réalisées avec les procédés connus ou légèrement perfectionnés. Il reste
(') M. Chevreul a recommandé l'étanchéilé absolue des fosses d'aisance: il est clair
qu'elle est possible seulement par l'emploi des vases métalliques.
( 5.3 )
seulement à savoir si les sommes considérables qu'il faudrait consacrer
à celte réalisation seraient en proportion avec les avantages qu'en retire-
raient riiygiène publique et la désinfection absolue des grandes villes. Rien
ne dit, par exemple, que l'intérêt du capital ainsi dépensé, si on l'applique
à l'amélioration du régime des hôpitaux, à l'assainissement des logements
insalubres, etc., ne sauverait pas plus d'habitants de Paris chaque année
que les épidémies partielles n'en peuvent faire périr,
» La Science peut donc indiquer les solutions absolues, mais c'est aux
économistes et aux ingénieurs à décider si leur application est désirable ou
possible.
» Les analyses que je publie aujourd'hui prouvent seulement que les
odeurs de Paris provenant de la terre noire placée au-dessous des pavés
ne peuvent en aucune manière être nuisibles, à cause des produits empy-
reumatiques et antiseptiques qu'y apporte constamment le gaz d'éclairage. »
M. P. DE TcHiHATCHEF donne lecture de la Note suivante. (Extrait.)
« Je viens demander à l'Académie la permission de lui faire hommage
d'un travail auquel j'ai donné le titre : Espagne, Algérie et Tunisie. Lettres
à Michel Chevalier. C'est l'Algérie qui a été l'objet principal de mon voyage
en Afrique, et j'ai essayé de tracer un tableau général, non seulement de
sa constitution physique, mais encore de ses conditions sociales et poli-
tiques, tandis que l'Espagne et la Tunisie ne figurent dans mon Ouvrage que
d'une manière accessoire, bien que ces deux pays m'aient fourni l'occasion
de me livrer à plusieurs intéressantes recherches historiques et géogra-
phiques, comme, entre autres, celles qui ont pour objet l'exploitation en
Espagne des mines d'argent par les Carthaginois et les Romains, les prodi-
gieuses richesses métalliques que possédait cette péninsule d'après les té-
moignages des auteurs anciens, l'origine relativement récente du grand
lac tunisien désigné par le nom de ta Gouletle et qui, d'après Edrisi, aurait
été creusé de main d'homme, l'appréciation des causes de la disparition
complète des restes de Carthage, la question si longuement agitée et non
encore résolue relative à l'introduction des eaux du golfe de Gabès dans
l'intérieur de la Tunisie, etc.
» Si l'étranger qui entreprend l'exploration physique de l'Algérie ne
peut guère se flatter d'ajouter beaucoup à ce qui y a déjà été fait par les
savants français, notamment en ce qui concerne la flore, que monéminent
confrère et ami M. Cosson a étudiée de manière à décourager les glaneurs,
( 5.4 )
il n'en est pas de même, peut-être, des questions placées en dehors de la
Science proprement dite, telles que l'appréciation des résultais matériels et
moraux qu'a eus pour l'Algérie son annexion à la France, du mode dont
y fonctionnent les nouvelles institutions administratives et sociales, de l'as-
similation de l'élément arabe avec l'élément chrétien, etc.; sur toutes ces
questions et bien d'autres encore, si intimement liées avec l'avenir de cette
belle contrée, le témoignage d'un étranger familiarisé avec l'Orient et ayant
visité l'Algérie plus d'une fois et à de longs intervalles offrirait, si je ne me
trompe, certaines garanties d'impartialité et d'indépendance que le public
n'accorde pas toujours à ceux qu'il croit prononcer en quelque sorte dans
leur propre cause.
i> Or je m'estime heureux tl'avoirété conduit, dans cet ordre d'études, à
des conclusions bien plus satisfaisantes que celles qui avaient été générale-
ment formulées jusqu'à présent, car je me flatte d'avoir démontré par des
faits irrécusables que, contrairement . à l'opinion, souvent reproduite,
d'après laquelle les Français ne posséderaient point au même dtgré que
quelques autres peuples le don de la colonisation, la France n'a absolument
rien à envier sous ce rapport aux nations les plus privilégiées, et que l'œuvre
accomplie en Algérie n'a été surpassée nulle part et égalée que très rare-
ment.
» Ainsi j'ai cherché à faire voir que la question de l'assimilation de la
race arabe avec la population chrétienne n'est qu'une question de temps,
et le temps fera juslice des appréhensions et des doutes si souvent mani-
festés à cet égard....
» Je me dispenserai de parler des considérations exclusivement scienti-
fiques qui occupent une partie assez étendue de ce travail, car, ainsi que je
l'ai déjà dit, je ne puis prétendre au mérite d'avoir ajouté des matériaux
nouveaux de quelque importance à ceux recueillis par les savants français;
cependant je me permettrai de mentionner quelques-unes de mes observa-
tions relatives à la géologie ou à la géographie botanique de l'Algérie, entre
autres celles concernant la distribution des roches éruptives, les monts
Aurès tels qu'ds avaient été décrits par Procope, au vi^ siècle de notre ère,
les modifications que la physionomie végétale des deux bords de la Médi-
terranée a pu subir dans le courant des époques historiques, etc.
» En tout cas, le but que je m'étais proposé en entreprenant une explo-
ration rapide, mais consciencieuse, de l'Algérie serait complètement réalisé
si j'étais assez heureux pour appeler l'attention sérieuse du public sur une
contrée aussi importante pour la France, mais dont la valeur réelle et par
( 5.5 )
conséquent l'avenir ont été pendant trop longtemps l'objet d'opinions
très diverses et souvent contradictoires. J'ose espérer que, en soumettant à
un examen impartial les conclusions auxquelles mes recherches m'ont con-
duit, on ne pourra se refuser d'admettre que le beau pays qui a coiité tant
de sang et d'argent possède d'inépuisables ressources, capables de com-
penser amplement tous les sacrifices faits ou encore à faire en sa faveur, et
que, de plus, la domination française, solidement établie dans cette partie
de l'Afrique, assure à la France u^i rôle prépondérant dans le grand mou-
vement civilisateur du continent africain —
» Enfin, quelle que soit l'importance de l'Algérie sous les rapports ma-
tériel et politique, elle possède encore l'avantage d'offrir un champ im-
mense à l'activité scientifique, et sans doute le moment n'est pas éloigné où
les sciences physiques et naturelles, surtout la Géologie et la Météorologie,
qui, peut-être, ne sont pas encore suffisamment représentées en Algérie,
viendront à leur tour prendre possession définitive de cette magnifique
contrée et compléter ainsi la plus belle et la plus bienfaisante conquête des
temps modernes. »
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
M. Fromkxtiv adresse le bulletin officiel de marche de son appareil
« alimentaleur à niveau constant ».
(Renvoi à la Commission du prix de Mécanique.)
M. C. PnzEciszEwsKi adresse une Communication relative au Phylloxéra.
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
CORRESPONDANCE.
M. le Ministre de la Guerre informe l'Académie que MM. Chastes et
Perrier sont désignés pour faire partie du Conseil de perfectionnement de
l'École Polytechnique, au titre de Membres de l'Académie des Sciences.
M. le Ministre de l'Agriculture et nu Commerce remercie l'Académie de
l'envoi qui lui a été fait de cinquante exemplaires du Mémoire de M. Max.
Cornu, sur le Phylloxéra.
(5i6)
M. le Secrétaire perpétpel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
Les discours prononcés à rinaugiiration de la statue de Biaise Pascnt k
Clermont-Ferrand, le samedi /[ septembre 1880, par: M. Mézières, au nom
de l'Académie française; M. Cormi, au nom de l'Académie des Sciences;
M. Paul Janelj au nom de l'Académie des Sciences morales et politiques,
M. le Secrétaire perpétuel présente à l'Académie une Notice biogra-
phique de H. -A. TVeddell, par M. Eiuj, Fournier, et lit le passage sui-
vant :
> En un mot, le développement du style et celui des étamines sont constamment en raison
» inverse l'un de l'autre. » Ne voit-on pas là comme la première ébauche des observations
tant répétées depuis en Angleterre sur le dimorphisme floral? »
ASTRONOMIK. — Obsenalions de la nouvelle planète Coggia (in), faites à l'Ob-
servatoire de Paris [équatorial de la tour de l' Ouest), par M. G. Bigourdan,
communiquées par M. l'amiral Mouchez.
Ascension
droite.
Déclinaison.
Dates.
Étoiles
__»— -,
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1880.
Je comparaison.
Grandeur.
Plauèlc — )<•.
Rùfiaction.
Planète — * .
Réfraction
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8i34 B. A.C.
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Anonyme
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( 5.7 )
Positions des étoiles de comparaison.
Étoiles
Ascension
Dales.
lie conip.!-
droite moy.
Roduction
Déclinaison moy.
Réduction
1880.
raisoii.
i88o,o.
au jour.
1880,0.
au jour.
Autorité.
Sppt. 3 et
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+ 28,1
Cat. de Washington
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1 1 .
d
23. 8. 6, ]o
+ 4,44
-6.4. .44,5
-t-28,2
Sci'eit Yaars' Cat.
i3...
c
23. 8.3o
»
Positions de la plaiirte, rapportées à l'équino.re et à l'équateur apparents de l'époque,
non corrigées de la parallaxe.
Dates.
Temps moyen
1880.
de Paris.
.Vscensîon droite.
Log, fact. par.
DécHnaîson.
Log. fact. par
Septembre
'^
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Il m ^
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23.13. 35, 18
-(2,956)
— 5.33. 12. ,7
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..
6
... 10. i3. 5
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— 5.44-26,0
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23. 10. 6,o4
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-6.45.38,5
+ (o,863)
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... I I . 46 . 5 I
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»
OPTIQUE. — Sur une nouvelle expérience destinée à montrer le sens de la rotation
imprimée par les corps à la lumière polarisée. Note de M. G. Govi.
« C'est un fait bien connu des physiciens que, si l'on produit un spectre
très pur avec de la liuiiière polai'isée rectilignement, à laquelle on fait tra-
verser d'abord une plaque de cristal de roche perpendicidaire à l'axe, puis
un analyseur (prisme de Nicol, de Foucault, etc.), ce spectre est sillonné
par une ou plusieurs bandes noires qui se déplacent quand on fait tourner
soit le polariseur, soit l'analyseur. Le mouvement des bandes a lieu du
rouge vers le violet ou du violet vers le rouge (l'analyseur ou le polariseur
tournant toujours dans le même sens) suivant que la plaque de quartz
interposée est dextrogjre ou lévoyjre. On a donc, dans la direction de ce
mouvement, un indice auquel on peut reconnaître, même en projection,
le sens de la rotation imprimée au plan de polarisation par la substance
interposée.
c. R.. 1880, 2° Semcsire. (T. XCI, IN" 12.) 68
{ 5.8 )
» Si l'on prend comme limites du spectre les lignes B et G, il faut que la
plaque de quartz ait environ 4"^", 3 d'épaisseur pour qu'on voie paraître
sur le spectre une seule bande noire assez bien définie; avec un quartz de
8'"",5 le spectre présente deux bandes à la fois; il y en a trois pour i7""",o,
quatre pour 21"'"', 3, cinq pour 29""", 9, etc.
» Supposons maintenant que, par un artifice quelconque, on puisse im-
primer au spectre et à l'analyseur un même mouvement de rotation ; le
spectre ayant son extrémité, rouge ou violette, au centre du cercle dont il
représente un rayon, on verra, si l'on tourne lentement, que la bande
noire unique, par exemple, glissera sur le spectre de quantités sensible-
ment proportionnelles aux angles dont on aura fait tourner l'analyseur ( ' ).
Or un point qui glisse sur le rayon d'un cercle proportionnellement à la
quantité dont ce rayon tourne décrit sur le plan du cercle une spirale
d'Archimède ; si donc le mouvement du spectre tournant est assez rapide
pour que l'impression dans l'œil devienne continue, on verra se dessiner,
dans l'espace ou sur l'écran, deux branches noires de spirales diamétrale-
ment opposées, sur un disque spectral ayant le violet ou le rouge au
centre, et le rouge ou le violet à la circonférence.
» Si au lieu d'une seule bande noire il y en a plusieurs sur le spectre, il
paraît alors autant de doubles spirales équidistantes qu'il y a de bandes
noires dans le spectre, ce qui donne à ce phénomène beaucoup d'élégance.
» La substitution d'iuie plaque de quartz lévogyre à une plaque dextro-
gyre intervertit le sens delà spirale et permet ainsi de distinguer immédia-
tement le sens de la rotation dans la plaque employée. Ce phénomène rap-
pelle, jusqu'à un certain point, les spirales d'Airy, quoiqu'il soit dû à une
cause tout à lait différente.
« En interposant une lame de mica d'une demi-onde entre la source de
lumière polarisée et la plaque de quartz, et en imprimant à cette lame
un mouvement lent de rotation, on fait tourner les spirales, ce qui paraît
les dilater ou les resserrer, suivant qu'on tourne la lame dans un sens ou
dans l'autre.
(') Si l'on admet la lliéorie de la dispersion formulée par Caiichy, et si l'on se contente
du degré d'approximation que donnent les deux premiers fermes de la série qu'il en a dé-
duite pour représenter Vindice de réfraction, on peut exprimer l'intervalle c qui sépare sur
le spectre deux lonjjueurs d'onde \a> '>x P^i'
■' = ^'Â-h
( 5i9 )
» Si la lame de mica est placée après la plaque de quartz, on reproduit
le même phénomène, et l'on renverse en même temps le sens des spirales,
comme si la plaque de quartz avait été remplacée par une autre de rotation
contraire.
1) On peut obtenir d'autres phénomènes curieux en remplaçant la lame
de mica par des lames de gypse, de quartz parallèle à l'axe, etc., ou en
employant des prismes compensés de M. Soleil, en quartz perpendiculaire
à l'axe, au lieu de plaques de différentes épaisseurs.
» Ces phénomènes peuvent être observés directement ou projetés sur un
écran. La projection en est très belle quand on se sert de la lumière du
soleil.
M L'itistrument à l'aide duquel on les obtient a été imaginé et construit
par M. Duboscq pour projeter d'autres phénomènes de polarisation. Il
consiste en un tube de laiton qu'on peut faire tourner rapidement autour
de son axe et dans lequel on introduit les prismes biréfringents, le prisme
de Nicol, le prisme d'Amici (prisme à vision directe), etc., qu'on veut em-
ployer dans les expériences. Le polariseur reste fixe; une lentille donne,
à travers tout le système, une image nette du petit trou par lequel la lu-
mière pénètre dans l'instrument. »
à la condition toutefois que la déviation A ne s'éloigne pas trop de sa valeur élémentaire
A = «(« — i), a étant l'anyle et « l'indice du prisme.
En admettant, en outre, comme sunisamment exacte (au moins pour le quartz) la loi de
rotation donnée par Biot, qui relie également l'angle de rotation p^; à la longueur d'onde \x
par la relation
l'intervalle angulaire y entre les plans de polarisation de deux longueurs d'onde déterminées
>„ et l:, est donné par
d'où l'on déduit que la rotation du plan de polarisation, en passant d'un point à un autre
du spectre de dispersion, est pioportionnelle à la distance qui sépare ces deux mêmes points
sur le spectre.
( 520 )
SPECTHOSCOPIE. — hliide sur ks raies telluriqiies du spcctie solaire [Observa-
toire de Nice). Noie de M. L. Thollon, présentée par M. l'amiral
Mouchez.
« Nous ne connaîtrons bien la constitution de l'atmosphère terrestre
que le jour où nous aurons une connaissance exacte et complète des raies
telluriques, des éléments qui les produisent, des variations d'intensité
qu'elles éprouvent suivant la chaleur ou le froid, suivant l'état hygromé-
trique de l'air, suivant la hauteur du Soleil au-dessus de l'horizon. Cette
grave question a déjà préoccupé bon nombre de savants; elle a été de leur
part l'objet de travaux importants et fort remarquables; néanmoins, le but
à atteindre est encore bien éloigné. Pour continuer avec chances de succès
l'œuvre commencée, il est indispensable d'avoir recours aux instruments
les plus puissants, aux procédés de mesure les plus délicats et les plus
précis, afin de pouvoir individualiser chaque raie; il faudra faire des expé-
riences difficiles, coûteuses et montées sur une grande échelle; il faudra
surtout se livrer à des études minutieuses, poursuivies pendant longtemps
avec tine méthode irréprochable.
» La marche à suivre dans ce long et pénible travail paraît tout indi-
quée : 1° résoudre les groupes telluriques en leurs éléments simples et
séparer ainsi ces éléments les uns des autres aussi bien que des autres raies
métalliques; 2° déterminer, avec toute l'exactitude possible, leurs positions
sur l'échelle spectroméli-ique; 3° étudier avec soin leurs variations d'inten-
sité et les circonstances qui s'y rattachent; 4° déduire de cette étude l'élément
d'origine de chaque raie et vérifier expérimentalement ces déductions.
•» Mettant à profit la grande puissance de mon spectroscope, je crois
avoir rempli d'une manière satisfaisante les deux premiers points de ce
programme pour les groupes telluriques B, D et a d'Angstrom. Les dessins
que j'en ai faits, et que j'ai l'honneur de présenter à l'Académie, sont le
résultat de déterminations faites avec un soin extrême. La position relative
de chaque raie m'a été fournie par la moyenne de six pointés faits avec un
micromètre oculaire. Les longueurs d'onde peuvent être obtenues par
interpolation. Les erreurs commises dans le groupement des raies ne dé-
passent certainement pas ^ de millimètre, et, comme l'échelle est de i5"S
ces erreurs n'affecteraient pas d'uneunitéla huitième décimaledes nombres
exprimant leurs longueurs d'onde eu fractions du millimètre.
( 521 )
» Dans chaque dessin, la nioilié supérieure représente l'aspect du groupe
à midi et la moitié inférieure le représente tel qu'il apparaît au coucher du
Soleil. Mais, si la position des raies est fixée avec toute la précision conve-
nable, l'étude des variations d'intensité est loin d'être complète. C'est un
travail de longue baleine, qui demande beaucoup de temps et un procédé
convenable de mesures photoraélriques. Les observations déjà faites me
donnent la conviction qu'il fournira des résultats du plus haut intérêt.
» Le groupe B, quo je croyais avoir résolu le premier, avait déjà, en oc-
tobre 1878, fait l'objet d'une étude fort remarquable de M. Langiey. Au
moyen d'un de ces admirables réseaux dus à M. Rutherfurd, il a non
seulement résolu parfaitement ce groupe, mais il a mesuré directement les
longueurs d'onde des raies qui le composent. En même temps que mon
dessin, j'ai cru devoir mettre sous les yeux de l'Académie celui qu'a publié
M. Langiey. Bien que l'échelle soit différente, on reconnaîtra sans peine
leur parfaite ressemblance. Il peut être utile, en outre, de comparer les ré-
sultats fournis par le réseau et par mon appareil dans l'extrême rouge,
c'est-à-dire dans des conditions de dispersion qui sont tout à l'avantage du
premier et au désavantage du second. On pourra voir que, malgré la grande
inégalité des conditions, mon appareil conserve une supériorité marquée
sur le réseau; les résolutions sont plus nettes, et un certain nombre de raies
que j'ai dessinées ne se trouvent pas dans le dessin de M. Langiey.
» Je voudrais bien emprunter à ce savant la belle description qu'il
donne de ce groupe si remarquable ; mais, pour ne pas sortir des limites
de cet article, je me bornerai à dire qu'on ne sait rien encore sur l'élément
atmosphérique qui produit ce curieux phénomène d'absorption. La régu-
larité de sa structure et la surprenante ressemblance qu'il a avec le
groupe A ne permettent pas d'admettre qu'il provienne de diverses sub-
stances. Or M. Janssen, en étudiant directement le spectre de la vapeur
d'eau, a constaté en B l'existence d'une bande d'absorption. D'autre part,
Angslrom a vu se dessiner, avec une remarquable intensité, le groupe B
par un froid de 27°. Moi-même j'ai fait plusieurs fois des observations ana-
logues à Montsouris, par le temps sec et froid du mois de décembre der-
nier: le résultat obtenu a été le même que celui du savant suédois. Les faits
ainsi observés semblentse contredire; mais la contradiction peut être plus
apparente que réelle, car au coucher du Soleil les raies du groupe deviennent
si noires et si larges, que la superposition d'un nouveau système de raies
pourrait fort bien être impossible à distinguer.
» Si l'on compare mon dessin du groupe « d'Angstrom avec ceux qui ont
( 522 )
«Méfaits avec des dispersions moindres, on trouve une si grande différence,
que l'assimilation des raies devient presque impossible. Un très grand pou-
voir dispersif peut seul donner une idée exacte de la constitution de ce
groupe, qui est d'une résolution difficile.
)> Le dessin de la région D présente aussi une assez grande différence
avec ceux qui ont été publiés jusqu'à ce jour, mais l'assimilation des raies
est possible, facile même. J'ai marqué par la lettre y le groupe mentionné
dans ma Note du i6 août 1880.
» Quant au groupe D en lui-même, c'est une sorte de test sur lequel se
sont exercés tous les inventeurs de nouveaux appareils. Les descriptions
publiées à ce sujet relatent des résolutions surprenantes dans les raies du
sodium, et ces résolutions, j'ai pu les observer moi-même; mais aussi j'ai
pu constater qu'elles étaient de pures illusions provenant soit de la qualité
de la flamme, qui produit parfois une succession de renversements, soit
d'un défaut de réglage de l'appareil, soit d'un défaut d'équilibre dans la
température des prismes. Pour fixer les idées sur ce point, il me paraît
utile de publier ce que j'ai vu et très exactement mesuré sur cette partie
du spectre.
» La distance angulaire des raies D étant de 12' dans mon appareil, je
prendrai pour unité la seconde, et, désignant par 0,, â-,^ c?3 , • les raies
comprises entre D, et Do (D, représentant la moins réfrangible de toutes),
les positions seront données par les nombres suivants, qui peuvent être
considérés comme exacts, à moins de 5" près.
D,— 0 Na .
i>>
(5, = 98 Te. . .
0-4
,î,=i 116 Te.. .
. 1-5
^3=183 Te. .
. 16
^4 = 290 Te . .
• 2-7
S, = 35i Te. .
. 1-5
0% = 366 Ni . .
. 5
0% =374 Te...
. 0-5
3, =424 Te..
. 4-8
S, = 509 Te . .
• 3^7
*,o=5i8 Te. . .
. 0-5
^,, = 573?....
■ 4
^,, = 647 Te.. .
. 0-2
D,= 720 Na. . .
10
il Les nombres de i à 10 marquent les intensités. »
CHIMIE GÉNÉRALE. — Sw ta liquéfaction de l'ozone et sur sa couleur à l'étal
gazeux. Noie de MM. P. Hautefeitille et J. Cuappdis.
(( L'ozone, tel qu'on le prépare habituellement, possède dans l'oxygène
une si faible tension, 53'""' au plus, que les propriétés physiques de ce corps
sont à peine connues et distinguées de celles de l'oxygène.
( 523 )
» On sait les difficultés qu'a surmontées si habilement M. Soret pour dé-
lerminer la densité de l'ozone en opérant sur l'oxygène faiblement ozonisé.
» Parmi les constantes physiques de ce corps, sa chaleur de formation
a été obtenue avec précision par M. Berthelot, malgré l'état de dilution où
il se trouve en sortant des appareils à effluve ordinaire.
» La préparalion d'un mélange très riche en ozone est donc la première
condition à remplir pour acquérir des notions nouvelles sur ce corps
curieux. Nous avons établi précédemment que la transformation isomé-
rique de l'oxygène soumis à l'effluve électrique obéit à des lois simples et
que la proportion d'ozone ne croît que très peu avec la pression pour
chaque température, tandis qu'en passant de 20° à — 55° la proportion
d'ozone quintuple. Soustrait à l'action des décharges électriques, le mélange
d'oxygène et d'ozone cesse d'être un système homogène en équilibre ; mal-
gré cela, le mélange se conserve sans altération appréciable pendant tout
le temps qu'on maintient la température constante, si l'on opère au-dessous
de 0°. Cette stabilité relative de l'ozone nous a permis de comprimer ce
mélange et d'obtenir des tensions d'ozone de plusieurs atmosphères.
» I. Comme il importe de préparer l'ozone destiné à ces essais sous la
plus forte tension possible, il faut ozoniser l'oxygène à très basse tempé-
rature. En conséquence, l'oxygène séjourne un quart d'heure dans un
appareil à décharges alternatives, dont les tubes concentriques en verre
mince sont plongés dans du chlorure de méthyle; puis, on le fait passer
dans l'éprouvette terminée par un tube capillaire de l'appareil Cailletet.
Ce réservoir, de 60'^'^ environ, primitivement vide et maintenu à — 23°, ne
pouvant se remplir en une fois sous une pression voisine de 760'""^, est mis
rapidement en communication cinq fois de suite avec l'appareil à effluve,
dont la capacité ne peut surpasser 20'=''. Eu une heure et quart, on parvient
par ce procédé à remplir l'éprouvette d'un mélange d'oxygène et d'ozone
très chargé de ce dernier gaz.
1) L'éprouvette est alors retirée du chlorure de méthyle et séparée de
l'appareil à effluve par un trait de lime : le gaz qu'elle contient est refoulé
avec lenteur par du mercure refroidi à 0° dans le tube capillaire, main-
tenu à —23°.
» Lemercure, qui transmet la pression delà presse hydraulique, n'appauvrit
pas le mélange gazeux aussi vite qu'on pouvait le craindre; il se forme à la
surface du métal un vernis solide qui limite rapidement l'action ; réchauffe-
ment du gaz pendant la compression est plus redoutable. Malgré ces diffi-
cultés, on parvient à augmenter la tension de l'ozone dans une forte pro-
portion. Dès les premiers coups de piston, le tube capillaire devient bleu
( 524 )
fl'azur; cette coloration s'accentue au fur et à mesure qu'on réduit le vo-
lume du gaz; et, si la tension de l'ozone est amenée par la compression à être
de plusieurs atmosphères, le gaz est bleu indigo et le ménisque de mercure,
vu à travers le gaz, est alors bleu d'acier. La couleur bleue du gaz devient
moins intense et le mercure reprend son aspect métallique habituel lors-
qu'on diminue la tension de l'ozone.
M II. Le mélange précédent contient assez d'ozone pour qu'on observe un
épais brouillard blanc au moment de la détente qui succède à une com-
pression de ']^""'\ Il n'est donc pas besoin de comprimer l'oxygène ozonisé
autant que l'oxygène pur (3oo''"") pour qu'une brusque détente détermine
la formation momentanée d'un brouillard, signe certain d'une liquéfaction
ou même d'une solidification. Une étude comparative entre les mélanges
d'oxygène et d'ozone et ceux d'oxygène et d'acide carbonique montre que,
dans des conditions bien comparables, la détente doit être sensiblement
plus forte avec l'ozone qu'avec l'acide carbonique pour que l'on commence
à apercevoir un brouillard. L'ozone serait donc un peu moins facile à li-
quéfier que l'acide carbonique,
» III. Le mélange d'oxygène et d'ozone, contenant un gaz explosif, doit
toujours être comprimé avec lenteur et refroidi ; car, si l'on ne satisfait pas
à ces conditions, l'ozone se décompose avec dégagement de chaleur et de
lumière, et l'on a une forte détonation accompagnée d'un éclair jaunâtre.
M. Berthelot a établi que la transformation de l'oxygène en ozone absorbe
i4' '',8 par équivalent (O' = 24^' ); l'ozone vient donc se placer à côté des
gaz explosifs : nos expériences établissent que, comme eux, ce corps est
susceptible d'une brusque décomposition.
» IV. On ])eut aussi observer une partie de ces faits nouveaux en com-
primant l'oxygène qui a traversé lentement à la température ordinaire un
appareil à effluve; car, si l'on comprime rapidement ce gaz dans un tube
capillaire placé dans de l'eau à 25°, on détruit souvent l'ozone avec ex-
plosion; mais, si ce même gaz est refroidi à — 23°, l'ozone qu'il contient
peut être amené à une tension de 10""" et peut être conservé des heures
dans ces conditions de température et de pression si le gaz est séparé du
mercure par une colonne d'acide sulfurique. On constate alors presque
aussi nettement que dans l'expérience précédente, plus difficile à réaliser,
que l'ozone est un gaz d'un beau bleu azur : car sa couleur est assez in-
tense, quand on décuple sa densité, pour que nous ayons pu la voir dans
un tube de o"',ooi de diamètre intérieur, alors que nous opérions dans une
salle très peu éclairée du laboratoire de l'École Normale.
» V. Il est donc établi que l'ozone sous une forte tension est un gaz
( 525 )
coloré; ni.iis en est-il de même de l'ozone à la tension de quelques mil-
limètres? La couleur bleue caractérise l'ozone aussi sûrement que son
odeur, car pour toutes les tensions on la retrouve en examinant le gaz
sous une épaisseur suffisante ('). Il suffit, pour la rendre manifeste, d'inter-
poser entre l'œil et une surface blanche un tube de i^de long, traversé par
le courant d'oxygène qui a passé dans l'appareil à effluve de M. Berthelot.
La couleur que possède alors le gaz rappelle la couleur bleue du ciel : ce
bleu est plus ou moins foncé suivant que l'oxygène a séjourné plus ou
moins longtemps dans l'appareil à effluve et qu'il est, par suite, plus ou
moins ricbe en ozone. Dès qu'on interrompt l'effluve, la coloration bleue
disparaît, l'oxygène ozonisé étant remplacé par de l'oxygène pur. »
TRAVAUX PUliLlCS. — Sur la machine à lunnels de Bruiiton.
Note de M. Biver, présentée par M. Delesse.
« La Société des charbonnages des Bouches-du-Rhône, ayant depuis
longtemps le projet d'établir une galerie d'écoulement entre les mines de
lignite du bassin de Fuveau et la mer, galerie qui doit atteindre près de
i5'"" de longueur, a étudié quel serait le moyen le plus rapide et le plus
économique pour exécuter cet important ouvrage. Les machines perfora-
trices que l'on a employées au mont Cenis, au Saint-Golhard, etc., per-
mettent bien d'aller beaucoup plus vite qu'avec la main d'homme; mais
le travail de ces machines se combine, comme le travail à main d'homme,
avec l'emploi des explosifs. La machine proposée par M. J. Dickinson
Brunton pour le percement] du tunnel sous la Manche supprime, au con-
traire, complètement l'emploi des explosifs; dès lors on pouvaiten espérer
des avantages, et il était naturel d'en faire l'essai dans les mines du bassin
de Fuveau : nous donnerons ici les principaux résultats obtenus.
» Essais faits à Gardanne. — Les disques-ciseaux de celte machine sont
employés avec succès, dans un certain nombre d'usines, pour raboter ou
pour tourner le granit et d'autres pierres dures; par conséquent, on devait
réussir à faire un tunnel dans des calcaires, à la condition d'employer une
force motrice suffisante. M. Brunton estimait qu'avec 3o chevaux de
force on pourrait creuser au moins o™,Go par heure d'un luiinel ayant
(') Dans une prochaine Note, nous ferons connaître quel rôle ce corps coloré peut
ouer dans l'atmosphère et (luclle peut être son inlluence sur les diveiics radiations.
C. r,., liSo, 2- Semestre. {T XCI, N» 1?.^ "Q
( [)26 )
2™, 20 de tliamèlre, ce qui représenterait 355o'*e'" par mètre cube tle
roche désagrégée.
» La Société des charbonnages a poursuivi, dans la mine de Gardanne,
le creusement d'un tunnel qui avait déjà 800™ de long et dans lequel elle
devait établir un traînage par chaîne flottante; la machine motrice, placée à
/|Oo'" du tunnel, était capable de développer 5o à 60 chevaux. On se décida
à essayer dans ce tunnel une machine Brunton construite pour le diamètre
de 2™, 20. La chaîne sans tin avait deux fois 1200"" de longueur; elle en-
tourait de deux tours un tambour porté sur un chariot rattaché à la machine
Brunton par 40"" d'entretoises; ce tambour donnait un mouvement: raj)ide à
une poulie portant une corde sans fin métallique, ou câble télédynaïuique,
quiaboutissaità une poulie égale, montéeà l'arrière de la machine Brunton.
Au commencement, l'arrière de la machine Brunton se trouvait près de la
poulie de retour de la chaîne sans fin; à mesure que la machine perforait
le tunnel, elle s'éloignait de la poulie, et le tambour, entraîné par la ma-
chine, s'en rapprochait ; au bout d'un avancement de 4o'"» 'e tambour serait
venu toucher la poulie de retour, qui aurait dû être reportée à 4^'" plu'
loin; dans la partie du tunnel creusée par la machine, la chaîne sans fin
aurait été allongée de 80™, puis le travail aurait recommencé.
» Les essais ont d'abord porté sur l'étude de la forme la plus conve-
nable à donner aux outils (ciseaux-disques) pour faire le plus d'avance-
ment possible sans les changer. La durée de ces outils a varié de o'", 34
d'avancement avec la forme primitive à ^'^,5^ avec la dernière forme em-
ployée. Sur ce point, on voit que le succès a été très satisfaisant.
» Les essais ont porté ensuite sur la direction de la machine. Au début
du travail, celle-ci, après quelques instants de marche, déviait de sa posi-
tion normale, ce qui produisait des coincements et des torsions de divers or-
ganes. Au bout de quelques décimètres d'avancement, la machine ne pou-
vait plus fonctionner et il devenait nécessaire de retoucher à la main les
parois du tunnel.
)» Après avoir n)uni les pièces principales de moyens de vérification
aciles, tels que niveaux à bulle d'air et lunette, on est arrivé à maintenir
constamment la machine dans la position normale et à éviter complètement
les coincements contre les parois.
)) Ces deux points menés à bonne fin, il restait à augmenter l'avancement
journalier, qui était loin d'être satisfaisant et qui était cependant le point
le plus important. Dans les meilleurs essais, l'avancement a été de 2'"™ à
2""", 8 par minute ou o"\i2 à 0'°, 17 par heure de travail effectif, .ai
( 527 )
lieu de o^jOio par minute ou o"',6o par heure que l'on avait espéré
obleuir. Il était évident que la force motrice appliquée à la machine
était insuffisante; on n'obtenait que i5oà 210 tours de l'arbre moteur, au
lieu de 3oo tours sur lesquels on avait compté; et il fallait employer les
engrenages destinés au travail dans les roches les plus dînes. D'autre part,
le mode de transmission de la force amenait des dérangements incessants
qui rendaient les essais extréinement pénibles.
» Avant de démonter la machine, on voulut se rendre compte de la
force réellement transmise. Des expériences dynamométriques faites sur
cette machine, en même temps que des diagrammes étaient relevés sur le
cylindre moteur, ont démontré que pour 5i chevaux de force au moteur
il n'y avait que i2^'"',4 transmis à la machine à tunnels, tandis que 38'''"',6
étaient perdus par transmission.
)) Ces essais de la machine à creuser les tunnels ont été échelonnés sur
ces trois dernières années, cl ils ont occasionné une dépense qui s'élève à
près de 200000*^'. Les résultats obtenus sont nouveaux et de nature à inté-
resser les ingénieurs. »
ARTS MILITAIRES. — Lunette à double effet jiour lepoinlage des canons à longues
l-orlèes. Note de M. P. de Bnoc.v, présentée par M. l'amiral Mouchez.
« Cette nouvelle invention, destinée à compléter celle du double guidon
de pointage que j'ai déjà fourni à l'artillerie de terre, est basée sur une dis-
position particulière des longues-vues en usage, qui permet de voir en
même temps les objets les plus éloignés sur lesquels on peut avoir à tirer et
ceux qui sont très rapprochés de l'œil, tels que la hausse et le guidon des
bouches à feu, ainsi que l'objectif de la lunette elle-même. Il en résulte
qu'avec cet appareil optique on peut recliher le pointage comme on le fait
à l'œil dans le tira petite distance, et qu'en outre il n'est besoin d'aucun
mécanisme ou installation spéciale pour que l'axe optique soit toujours en
relation exacte avec les diftérentes lignes de mire des canons. On manœuvre
la lunette à la main, soit en appuyant l'objectif contre la hausse, soit en
la plaçant sur un chevalet en arrière de la culasse, ce qui est la manière
la plus commode de s'en servir.
M La vision simultanée des objets éloignés et des objets rapprochés,
qui seule peut permettre de pointer avec un appareil optique comme on
le fait à la vue naturelle, s'oblient par l'emploi d'une demi-lentille convexe
( 5^8 )
achromatique, coupée exactement an centre, que j'interpose sur le trajet
des rayons himineux, soit entre l'objectif et le quatrième oculaire, soit en
avant de la lentille de champ de l'oculaire composé de Campani. Cette
demi-lentille supplémentaire, qui doit toujours être à court foyer, peut
même, convenablement choisie, être collée sur le verre de champ et donner
le résultat indiqué plus haut. Déjà, à l'Observatoire de Paris, on se sert
d'un objectif supplémentaire pour voir nettement une marque tracée sur
l'objectif des grandes lunettes, afin de pouvoir mesurer l'erreur de l'axe
optique produite par la flexion du corps de l'instrument; mais cet objectif
est entier et son emploi n'a aucun rapport avec l'observation des objets
éloignés. Depuis que j'ai réalisé mon invention, j'ai appris qu'on avait
expérimenté dans l'artillerie une lunette qu'on plaçait sur les canons et
qui., au moyen d'une lentille supplémentaire qu'on retirait à volonté, per-
mettait de voir successivement le guidon de pointage et le but à atteindre.
Ici encore la lentille supplémentaire était entière et ne réalisait en aucune
façon les avantages produits par la demi-lentille que j'emploie. I,es diffi-
cultés d'installation de cette lunette sur les pièces, ainsi que la double
opération à laquelle il fallait se livrer pour mettre son axe optique paral-
lèle à la ligne de mire, sont sans doute cause qu'elle n'a pas été adoptée.
Or, c'est précisément la faculté qu'a le pointeur de voir en même temps l'objectif
de ma lunette, la hausse et le guidon du canon, ainsi que le but sur lequel
il vise, qui fait toute la valeur du nouveau procédé et rendra pratique,
dans le tir, l'emploi des longues-vues munies de ce système.
» Ainsi que je l'ai dit, la vision simultanée d'objets situés à des distances
très différentes l'une de l'autre résidte entièrement de l'emploi d'une
demi-lentille convexe ayant son centre sur l'axe optique de l'instrument
et que je place en avant du quatrième oculaire, en la réglant de façon à
donner une vue bien nette de l'objectif; mais je dois ajouter, et j'insiste
particulièrement sur ce fait, qu'il est indispensable que cette demi-lentille
soit à court foyer (o™,025 à o™,o3o pour les lunettes du genre de celles de
la guerre), afin que sa combinaison avec le jeu d'oculaires ne donne que
des images sans grossissement des objets rapprochés. Sans cela, lorsque cette
demi-lentille serait réglée pour la vision bien nette de l'objectif, on n'aper-
cevrait pas distinctement le guidon, ce qui est absolument nécessaire pour
obtenir un effet véritablement utile de l'appareil.
» I.'ohjectif de ma lunette a son centre déterminé par le sommet d'un
petit triangle de papier noir collé simplement sur sa ftice plane, et c'est par
ce sommet que l'on dirige la visée {fig. i). On remarquera que, dans ce
{ 5^9 )
nouvel instrument, l'axe optique se trouvant déterminé, d'un côté, par la
petite ouverture où l'on place l'œil et de l'autre par le centre de l'objec-
tif, le diaphragme qui se trouve au foyer du verre de l'œil de l'oculaire
Fig. I.
Objectif.
composé de Campani doit, dans ma lunette, être couvert sur une de ses moi-
tiés, sauf au centre {firj. 2), où se trouve une petite échancrure demi-circu-
laii'e, par laquelle on voit les images des objets rapprochés données par la
l'ig. 2.
Diaphragme.
demi-lentille objective. Cette échancrure a pour effet de limiter la vue de
l'objectif en empêchant l'œil d'apercevoir l'intérieur de l'instrument. Par la
partie libre du diaphragme on voit les objets éloignés, et par la petite
échancrure le centre de l'objectif, la hausse et le double guidon de pointage.
Le contact des images de ces différents objets se fait au centre du diamètre
CD. La demi-lentille objective, étant placée dans une monture indépen-
dante des oculaires, il n'y a qu'à l'enlever, ainsi que le diaphragme à demi
couvert, pour avoir à sa disposition une lunette ordinaire. Toutes les bonnes
longues-vues bien centrées peuvent donc, avec une dépense insignifiante,
être transformées en instruments de pointage pour les canons. Dans les lu-
( 53o )
nettes directes, lorsque la detni-lentille destinée à montrer les objets rap-
prochés est collée sur le verre de champ de l'oculaire, il est nécessaire,
pour éviter la confusion des différentes images, de couvrir à moitié le petit
diaphragme qui se trouve au foyer du quatrième oculaire ; mais alors il
n'y a point à modifier le diaphragme placé au foyer de la lentille de l'oeil.
En terminant, j'ajouterai qu'avec un objectif et une seule lentille oculaire
achromatique, centrée exactement au centre, avec les bords bien exempts
d'éraillures, il est possible d'établir des lunettes dans le genre des lunettes
astronomiques, qui, tout en donnant des images renversées des objets
éloignés, permettent néanmoins de voir les guidons des canons dans leur
position naturelle. Tous ces divers instruments, en raison de la facilité avec
laquelle on peut diriger exactement la visée par leur axe optique,
pourraient probablement recevoir d'utiles applications dans les opérations
de nivellement ou dans les travaux géodésiques. »
M. F. Garcin adresse une Noie sur les pertes en fabrication dans l'indus-
trie du vinaigre. (Extrait.)
« Les pertes en fabrication par les procédés allemands sont dues en
partie à l'évaporation, et en majeure partie à la combustion de l'acide
acétique par le mycoderma. Cette combustion peut être prouvée par la
proportion d'acide carbonique existant dans les produits de la ventilation
des appareils.
» Les procédés allemands ne peuvent supporter la perte considérable à
laquelle ils donnent lieu qu'à cause du bon marché relatif des mélanges
d'eau et d'alcool par rapport au vin.
» En s'appuyant sur les travaux de M. Pasteur, on peut appliquer son
procédé aux alcools mouillés et éviter ainsi deux tiers ou trois quarts de
la perte, tout en n'employant que les matières premières de plus bas
prix. »
M. PouPARD adresse une Note relative au traitement des arbres fruitiers
atteints par la gelée dans l'hiver de 1 879-1 880.
La séance est levée à 4 heures et demie. J. B.
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 27 SEPTEMBRE 1880.
PRÉSIDENCE DE M. ^VURTZ.
MEMOIRES ET COMMUNICATIOIVS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
PATHOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — Sur la non-récidive de l'affedion charbonneuse;
par M. Pastfur, avec la collaboration de M. Chasiberland.
« J'ai été chargé par M. le Ministre de l'Agriculture et par le Comité des
épizooties de porter un jugement sur la valeur d'un procédé de guérison du
charbon des vaches, imaginé par un habile vétérinaire du Jura, M. Lou-
vrier. M. Chamberland a bien voulu s'adjoindre à moi pour ces recherches
et c'est en mon nom et au sien que j'en communique à l'Académie les
résultats.
» Le procédé de M. Louvrier a été décrit dans le Recueil de Médecine
vétérinaire de notre confrère M. Bouley.
» L'auteur s'efforce de maintenir l'animal à une température élevée par
des frictions, par des incisions à la peau dans lesquelles il introduit un lini-
ment à la térébenthine , enfin en recouvrant l'animal, la tète exceptée, d'une
couche épaisse de o", 20 de regain, préalablement humecté de vinaigre
chaud, qu'on retient par un drap qui enveloppe tout le corps.
» Le i4 juillet 1879, nous avons inoculé à deux vaches cinq gouttes
d'une culture du parasite charbonneux derrière l'épaule droite. Nous dé-
signerons ces vaches par les lettres M et O. Dés le lendemain un œdème
C. R., 18S0, 1' Semestre. (T. XCI, N° 15.) 7°
( 632 )
sensible se manifeste sur les deux vaches, moins élendu sur la vache M
que sur sa voisine. Le i6 juillet, l'œdème de M paraît déjà diminué; celui
de O n'a fait que s'accroître et il descend même sous le ventre ('). La vache
est très malade, très faible sur les jambes de derrière, qu'elle écarte comme
pour ne pas tomber. La température de celte vache, qui était au début
de 38°, 8, est montée à 4i°,5. C'est alors que M. Louvrier commence à lui
appliquer sa méthode de traitement le i6, à o,^ du soir.
I) Le 17 juillet, la vache M va bien. Sa température, qui ne s'est pas éle-
vée, est toujours la température du début. La vache O est très malade; les
ganglions près de la cuisse sont durs, très engorgés.
» Le 18 juillet, la vache M n'a plus d'œdèuie. Elle est guérie et n'a ja-
mais été sensiblement atteinte. C'est évidemment une vache qui était natu-
rellement réfractaire au charbon. La vache O, au contraire, est toujours
malade, avec un énorme œdème sous le ventre et les ganglions de la cuisse
droite durs et douloureux. Sa température est cependant descendue à 39",7.
Le 19 et le 20 juillet, la vache O paraît aller mieux. Le 21 juillet, sa tempé-
rature est de 39°, quoique l'œdème sous le ventre, devenu fluctuant, soit
toujours considérable.
)) A partir du 22 juillet, la température de cette vache est normale;
l'œdème dimuiue et se résorbe. La guérison devient peu à peu complète.
» La vache M s'étant montrée réfractaire et témoin infidèle, on essaye de
suppléer à ce terme de comparaison, qui fait défaut, en réinoculant celte
vache M à la place précédemment indiquée et une nouvelle vache P qui
n'a pas encore servi. On emploie cette fois dix gouttes de culture du para-
site charbonneux au lieu de cinq. C'était le 4 août. Les jours suivants, la
vache M n'a pas changé de température et n'a pas offert d' œdème. La
nouvelle vache inoculée P présente un œdème dès le lendemain, et sa
température a passé de 38°, 8 à 39°, 3. Le 8 aoîit, elle marque l\i°,2;
l'œdème s'est étendu, et les ganglions de la cuisse droite, du côté inoculé,
sont enflammés.
( ' ) Notons, en passant, le fait des tumeurs, des œdèmes chez les vaches inoculées. Dans les
cas de chavhoa spontané chez les vaches, rien n'est plus rare que la présence des tumeurs
symptomatiques. C'est que, suivant les conclusions de mon Rapport du 17 septembre 1878,
au Ministre de l'Agriculture, le charbon spo/itané i'mocu\e par les voies digestives. Dans les
cas rares de tumeurs charbonneuses, il doit y avoir eu inoculation directe, par exemple
l)ar des mouches piquantes dont le dard vient de puiser le charbon sur un cadavre char-
bonneux, par la morsure d'un chien de berger qui a dévoré des chairs charbonneuses, etc.
M. Boiitet m'a dit un jour : « Sur cent vaches charbonneuses, il n'y en a pas une avec
tumeur. »
( 533 )
» Le 9 août, on note ^i°,5. L'œdème est descendu sous le ventre; il est
de plus en plus volumineux. La vache est fort Irisle et 1res malade.
» A partir du lo août, la température commence abaisser. Le i3, elle
est de 39°, 5. Le i4, elle est de 38°, 3. La vache est guérie.
» Je répète que cette vache n'a pas été traitée, parce qu'elle était desti-
née à servir de témoin pour la vache O qui avait subi les remèdes Louvrier.
1) En résumé, une vache traitée par M. Louvrier a guéri, et une vache
non traitée a guéri également. Une troisième vache s'est montrée naturel-
lement réfractaire au charbon.
» Ces expériences ne permettent donc pas de porter un jugement sur l'effi-
cacité du remède dont nous avions à juger la valeur pratique. Nous résolûmes
de les recommencer; mais, nos travaux nous rappelant à Paris, nous don-
nâmes rendez-vous à M. Louvrier, dans le Jura, pour l'époque des vacances
de 1880. Je vais faire connaître les résultats de ces nouvelles expériences;
mais, auparavant, que l'Académie me permette de l'entretenir du sujet prin-
cipal de cette Note, de la question de la récidive ou de la non-récidive du
charbon, dont la solution s'offrait naturellement à nous.
» Nous venons de constater que des vaches auxquelles on a donné le
charbon par inoculation et qui en ont subi les effets de la manière la plus
grave peuvent se guérir spontanément. Telles sont les vaches O et P, qui
ont eu des tumeurs douloureuses énormes, des élévations de température
considérables, et qui ont été, à un moment, si malades, qu'elles pouvaient
à peine se tenir sur leurs jambes. Nous avons voulu savoir si ces vaches
pouvaient reprendre la maladie. Dans l'espoir que du sang charbonneux
frais serait plus actif peut-être que les cultures de bacléridies, précédem-
ment employées, nous avons, le i5 août 1879, réinoculé la vache O,
très bien guérie, avec du sang charbonneux pris à un cochon d'Inde qui
venait de mourir, le sang rempli de bacléridies. On essaye également
l'effet de ce sang sur la vache M, qui jusque-là avait résisté à deux inocu-
lations de cultures très chargées du parasite.
» Le 16, rien d'apparent dans la région des inoculations.
» Le 18, léger oedème aux deux vaches, sans élévation de température.
■■ Le 19, pas d'aggravation.
» Le 20, les œdèmes, toujours très faibles, diminuent; la température
est normale.
» Ce jour, nouvelle inoculation à chacune des deux vaches par dix gouttes
d'un liquide de culture de bactéridies. Les jours suivants, rien de visibleaux
points inoculés et pas d'élévation de température.
( 534 )
1) Ces ftiits, et particulièrement ceux qui concernent la vache O, qui avait
été une première fois malade, avec un oedème considérable et une tem-
pérature élevée de 3°, démontrent qu'une première atteinte de la maladie
préserve l'animal d'atteintes ultérieures. Le charbon ne récidiverait pas. On
peut présumer en outre qu'une récidive, si elle a lieu, est de moins en
moins accusée.
» Je passe aux résultats de notre étude récente en i88o.
» Le 6 août 1880, à 1 1'' du matin, on inocule quatre vaches A, B, (], D
par cinq gouttes d'une culture du parasite charbonneux. Leurs températures
sont comprises entre 38°, 5 et 39° au moment de l'inoculation. On décide
que les vaches A et B seront hvrées à M. Louvrier, qui leur appliquera sa
méthode de traitement dans l'écurie même où se trouvent les quatre vaches.
Les vaches C et D seront conservées comme témoins.
I) Le 10 août, à 2*" du matin, c'est-à-dire quatre jours après l'inoculation,
les vaches B et D meurent charbonneuses, après avoir eu de fortes tumeurs
et une grande élévation de température.
» B estunedes deux vaches auxquellesM. Louvrier a appliqué sa méthode
de traitement ; D est une des vaches non traitées. Quant aux deux autres,
la vache A, traitée par M. Louvrier, s'est guérie, mais également la vache
C, non traitée, et toutes deux ont manifesté des symptômes morbides fort
accusés jusqu'au 12 août, jour à partir duquel la température a commencé
à diminuer, les ganglions à être moins douloureux et les œdèmes à se
résorber, après avoir été énormes, pendants sous le ventre, contenant
certainement, disait M. Louvrier, plusieurs litres de sérosité (' ).
( ' ) Détail des observations de la maladie des deux vaches A. et C :
7 août. Vache A, léger œdème, 39".
1. Vache C, pas d'œdèrae, 38°, 7.
8 août. Vache A, œdème, 4i°>i-
r. Vache C, pas d'œdème, 38°, 6.
q août. Vache A, œdème descend sous le ventre, 4'°) 5. Le traitement pour celte vache
commence à g*" du soir.
1) Vache G, léger œdème, 38°, 6.
10 août. Vache A, œdème considérable, ganglions gros et sensibles, 4i°.
Vache C, gros œdème sous le ventre, ganglions engorgés, 39°.
11 août. Vache A, température 4i°)0.
Vache C, >■ 4l^5.
12 août. Vache A, » !^o'',5.
Vache C, » 4i°,5.
Puis, les jours suivants, les températures vont en décroissant assez rapidement.
( 535)
» En résumé, nouvelle impossibilité de rien conclure louchant l'effica-
cité du remède Louvrier, puisque des deux vaches qu'il a traitées une est
morte, que l'autre a guéri, et que des deux témoins une est également
morte et que la seconde également a guéri.
I) Il n'est pas inutile de faire la remarque que, si les vaches A, B, C, D
avaient été distribuées différemment, que les vaches A et C eussent été
confiées à M. Louvrier, et que B et D eussent servi de témoins, on aurait
eu l'illusion de croire que le remède avait été souverain, puisqu'il aurait
guéri deux fois sur quatre et que les deux vaches témoins seraient mortes.
Il ne faut jamais oublier que, dans certaines xjuestions, la méthode expéri-
mentale peut être sujette à ces dangereux hasards.
» Laissons donc sans jugement la valeur du remède Louvrier, et essayons
de soimiettre de nouveau à une épreuve expérimentale le problème théo-
riquement si important de la récidive du charbon.
)) Le i5 septembre 1880, les deux vaches guéries A et C, qui ont été fort
malades, comme on vient de le voir, à la suite des premières inoculations
charbonneuses du 6 août, sont réinoculées du côté gauche, c'est-à-dire du
côté opposé aux premières inoculations. On se sert de cinq gouttes d'une
culture de bactéridies du charbon, bactéridies provenant d'une vache
charbonneuse et non d'un mouton, car nous avons reconnu qu'entre
ces deux sortes de bactéridies il existe une différence sur laquelle nous re-
viendrons.
» Les jours suivants, pas d'œdème sensible ni sur l'une ni sur l'autre
vache, et pas d'élévation de température. La question est donc éclaircie :
le charbon ne récidive pas, et si Ton se rappelle que dans une Note récente
(12 juillet 1880) nous avons signalé que, en 1878, dans nos expériences
de Saint-Germain, près de Chartres, sur un des champs de la ferme de
M. Maunoury, sept moutons sur huit qui avaient été malades à la suite de
repas souillés de cultures charbonneuses ont résisté à des inoculations
directes du sang charbonneux, même à haute dose, on peut dire que le
fait de la non-récidive s'applique aux moutons de races françaises comme
aux vaches (').
(') Sur sept vaches auxquelles nous avons communiqué le charbon par inoculation
directe, deux seulement ont péri. N'en soyons pas surpris. Dans les expériences faites de
i85o à i852 par V Association médicale de Chartres dans le but de résoudre la question de
l'inoculation possible du charbon aux divers animaux, sur vingt vaches inoculées, une
seule a péri. La vache est liien plus réfractaire au charbon inoculé que le mouton. Elle en
( 536 )
» Par mes Communications sur le choléra des poules (9 février et
a6 avril 1880), nous connaissions une maladie virulente parasitaire qui est
susceptible de ne pas récidiver. Nous en avons maintenant un second
exemple dans l'affection charbonneuse. Nous savons également que, dans
le charbon comme dans le choléra, des inoculations qui ne tuent pas sont
préventives, et qu'enfin, de même que dans le choléra, on peut sans doute
prévenir à tons les degrés.
» L'importance de ces résultats ne saurait échapper à personne, car la
pathologie humaine nous en offre d'analogues, et ils tendent une fois de
plus à rapprocher les maladies virulentes à parasites microscopiques des
maladies virulentes dont la cause étiologique est encore inconnue. Rappe-
lons que la non-récidive est, au moins pour un temps plus ou moins long,
un caractère habituel des maladies virulentes proprement dites, et j'ai eu
soin de faire remarquer antérieurement que les faits d'observation de
vaccine humaine permettaient de conclure qu'on pouvait être vacciné
à divers degrés et que peut-être on l'était rarement au maximum.
» Et maintenant rapprochons des observations précédentes le fait que
M. Chauveau vient de constater sur des moutons algériens dans une suite
de Notes très intéressantes. Après avoir démontré que la race des moutons
algériens est moins apte à prendre le charbon que les moutons des races
françaises (8 septembre 1879 ^^ ^^ ^' ^^ J^"" 1880), l'éminent directeur
de l'École vétérinaire de Lyon a fait voir que cette immunité devient plus
marquée à la suite d'une première inoculation, quand celle-ci n'a pas
entraîné la mort (19 juillet 1880). M. Chauveau est portéàcroire quel'im-
est malade le plus souvent, mais elle guérit facilement. Sur quarante-^ept moutons ino-
culés directement par VAssociation médicale de Chartres, trente-cinq sont morts, douze
ont survécu (voir le Rapport de M. Boutet, de i852). Par les motifs indiqués dans la Noie
du 12 juillet que je viens de rappeler, on doit pouvoir rencontrer des moutons réfractaires
au charbon dans les pays où l'affection est enzootique; mais il est sensible que les vaches
jouissent d'une immunité constitutionnelle relative. Il peut également s'en trouver qui
soient réfractaires à la suite d'inoculations spontances .
Je dois faire ici un erratum à ma Note du i^ juillet 1880. Il est dit dans celte Note
p. 87, ligne 36, du compte rendu : Les spores, dans ce cas, se retrouvent dans les c.rcréments
des cobayes et également dans les excréments des moutons. Cela va au delà des faits que
nous avons constatés. Nous avons reconnu seulement que les excréments des coba3'es et
des moutons peuvent donner le charbon ; mais les spores charbonneuses ingérées y sont-
elles intactes ou s'y sont-elles développées en partie? C'est ce que nous ignorons. Nous le
recheicherons.
( 537 )
mniiité relative des moulons algériens et son renforcement piir inoculation
préalable « sont dus à des matières nuisibles à la prolifération de la
«bactéridie », et, fort de cette opinion qui n'est pourtant qu'une vue pré-
conçue sans appui dans l'expérience, M. Chauveau croit trouver dans les
faits qu'il a observés une objection à l'explication que j'ai proposée de la
non-récidive du choléra des poules et des maladies virulentes. Je ne puis me
ranger à sa manière de voir, qui a déjà mis en défaut la sagacité de notre
savant confrère M. Bouley. L'immunité relative des moutons algériens me
paraît être, comme tous les faits du même ordre, un effet de constitution,
de résistance vitale. Celle-ci s'oppose à la prolifération de la bactéridie,
comme celle de la poule non refroidie s'y oppose, comme chez la poule
encore cette même résistance vitale s'oppose à la prolifération mortelle des
virus atténués du choléra des poules... Pas n'est besoin, comme le pense
M. Chauveau, d'invoquer l'existence de matières nuisibles à la vie de la
bactéridie. Certes, pour la poule, ce n'est pas vraisemblablement une
matière nuisible à la vie de la bactéridie qui empêche celle-ci de proliférer,
puisqu'il suffit de refroidir la poule pour qu'elle devienne charbonneuse.
Et quant au fait du renforcement de l'immunité par de premières inocula-
tions, ne se confond-il pas avec le fait de la non-récidive de l'affection
charbonneuse et ne s'explique-t-il pas par la stérilité qu'amènent plus ou
moins à leur suite dans un même milieu une ou plusieurs cultures succes-
sives d'un organisme microscopique. Loin de voir avec M. Chauveau,
dans les faits relatifs aux moutons de l'Algérie, une objection à la
théorie de la non-récidive des maladies virulentes, telle que je l'ai
exposée dans mes Communications sur le choléra des poules, ils me
paraissent en être une confirmation, car ces faits sont exactement du même
ordre que ceux qui, à la suite de mes études sur le choléra des poules, ont
provoqué ma manière de voir. Je n'abandonnerai pas facilement cette
théorie de la non-récidive des maladies virulentes; elle repose sur des
observations qui lui sont pour ainsi dire adéquates, et elle satisfait l'esprit
dans une question qui défiait jusqu'à l'hypothèse. Quel mystère, en effet,
que celui de la non-récidive d'une maladie virulente! Et combien plus ce
mystère s'est accru lorsqu'il fut démontré que la non-récidive s'appliquait
également à une maladie virulente parasitaire, le choléra des poules! Tant
que la théorie que j'ai proposée de la non-récidive rendra compte des
faits acquis, et, suivant moi, elle a toujours cette vertu, notamment de
par les observations mêmes de M. Chauveau, qu'elle eût pu prévoir et
qu'elle a peut-être provoquées à l'insu de leur auteur, il sera sage, ainsi
( 538 )
que je le disais récemment dans une Lettre à M. Dumas [Comples rendus,
séance du 9 août), de conserver et de tenter de fortifier cette théorie.
Dans tous les cas, ces tentatives seules pourront devenir le critérium de
son triomphe ou de sa faiblesse. »
GÉOGRAPHIE. — Sur les résultats obtenus par M. Roudaire dons sou exploration
des chotls tunisiens et algériens. Note de M. de Lesseps.
■ J'ai déjà annoncé le retour en France de M. le commandant d'état-
uiajor Roudaire, qui venait d'achever sur les lieux les études complémen-
îiiires indiquées par la Commission de l'Académie des Sciences au sujet du
remplissage par la mer des chotls tunisiens et algériens.
» M. Roudaire, après avoir réuni dans un travail consciencieux les ré-
sultats de toutes ses opérations, exécutées avec l'aide de praticiens habiles,
a dû passer plusieurs mois pour les coordonner et rédiger son Rapport au
Ministre de l'Instruction publique.
» Ce Rapport est terminé ; l'Académie des Sciences en recevra commu-
nication, et alors la Commission pourra se réunir pour le juger.
» Les conclusions du commandant Roudaire sont complètement favo-
rables à la facilité du remplissage des bassins situés entre le golfe de Gabès
et la ligne projetée du chemin de fer de Biskraà Tuggurt. Ces bassins pour-
ront créer utilement une mer intérieure de 400""" de longueur et de 1600'""
de circonférence. "
MEMOIRES PRESEIXÏES.
PHYSIQUE. — Manomètre à tension de vapeur pour analyser les liquides et
mesurer les pressions. Note de M. L. Pekkier, présentée par M. Wurtz,
(Renvoi à l'examen de M.Desams.)
« Ce manomètre est basé sur les lois qui régissent les tensions des va-
peurs.
» Il se compose d'un tube effilé à sa partie inférieure. La pointe in-
férieure P plonge jusque vers le fond d'une petite cuvette soudée au tube
au point D. Cette cuvette est remplie de mercure jusqu'au niveau M. Au-
( 539)
dessus ilu mercure se Irouvent emprisonnées quelques gouttes d'un liquide
volatil ; ce liquide varie suivant le but qu'on se propose d'atteindre.
» Ce manomètre ayant été tout d'abord appliqué à l'alcooméirie, son
fonctionnement sera plus facilement démontré par la descri[)lion de
l'appareil destiné à peser les liquides alcooliques. Cet alcoomèire déter-
mine la richesse alcoolique d'im liquide en comparant la tension des va-
peurs de ce dernier avec la tension des vapeurs du liquide contenu dans la
cuvette du manomètre.
» Une coupe de l'appareil montre le liquide à doser L enfermé dans la
petite cliaudière A. Une lampe porte ce liquide à l'ébullition ; la tension de
sa vapeur est alors égale à la pression barornétrique. La cuvette au mano-
mètre plongée dans ces vapeurs équilibre avec elles sa température.
» En désignant jiar T la tension de L, on peut formuler T — P (P dési-
gnant la pression barométrique).
» Le liquide du manomèlre(la constante) doit toujouis émettre des va-
peurs ayant une plus grande tension que les liquides à déterminer.
C. R., i88o, 1' Semestre. (T. XCI, N- J3.) 7>
( 5/,o )
» L'équilibre de température établi, les vapeurs de la constante se dis-
tendent, forcent le mercure à monter dans la colonne du manomètre, et leur
tension a pour mesure la colonne mercnrielle soulevée, plus la pression at-
mosphérique qui pèse sur cette colonne.
» En appelant cette tension T',on peut formuler T' = P 4- A, ^désignant
la hauteur de la colonne mercnrielle soulevée.
» Dans ces deux équations
T = P,
T' = P + h,
P et P sont toujours, pour chaque cas particulier, d'ime valeur identique;
on n'a donc pas à en tenir compte.
» Si par une expérimentation préalable la valeur de Ii est déterminée
pour chaque combinaison alcoolique, on peut graduer la tige du manomètre
de telle sorte que, étant donnée plus tard une combinaison alcoolique in-
connue, on la déduira de la valeur de h.
» La déduction sera directe; il n'y aura à tenir compte ni des pressions
ni des températures; chaque liquide, mélange ou combinaison de liquide
s'accusera par la comparaison des tensions de ses vapeurs.
» En opérant de la même façon et variant la constante, on peut détermi-
ner de nombreux liquides.
» Un appareil destiné à comparer des tensions de vapeur est forcément
d'une grande sensibilité; c'est surtout la transmission du calorique qu'il
est important de régler. Dans ce but, j'ai construit une lampe à double cou-
rant d'air et à niveau constant. La chaudière se fixe dans un tube E con-
centrique à la lampe; il en résulte que le foyer et les points chauffés sont
toujours dans une position identique.
» La transmission du calorique n'est pas directe et se fait soit par une
couche d'air chaud occupant l'espace annulaire, soit par la conductibilité
des tubes métalliques.
» Un petit cône métallique contre lequel vient se briser la flamme ne
permet pas à celle-ci d'intéresser directement les parois de la chaudière.
» ]je réfrigérant peut varier de capacité et de forme selon que l'on veut
obtenir un point fixe d'une durée plus ou moins longue ou que l'on veut
se baser sur le moment précis durant lequel les vapeurs sortant de ce réfri-
gérant équilibrent juste la pression atmosphérique. Dans ce cas, un petit in-
dicateur en verre surmonté d'un miroir métallique décèle la buée qui vient
S) condenser.
( 54. )
» Ce inanomètre peut apporter dans la mesure des tensions une extrême
sensibilité. S'il était nécessaire, on pourrait lempiacer par un liquide fixe,
d'une densité de beaucoup inférieure, le mercure de la cuvette; la colonne
indicatrice présenterait alors des différences de niveau inversement propor-
tionnelles à la densité des liquides. »
M. E. Clémext soumet au jugement de l'Académie des Tables de l'état
civil de Valenciennes et plusieurs Tableaux généalogiques.
(Renvoi à la Commission des prix de Statistique. )
M. Ch. Brame adresse à l'Académie, par l'entremise de M. Yvon
Villarceau, une Note intitulée « Cristallogénie : soufre, phosphore ».
Cette Note sera renvoyée à l'examen de la Section de Physique, ainsi
que le travail dont M. Brame a donné lecture dans la séance du 23 août.
CORRESPONDANCE.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur une propriété de la fonction de Poisson et
sur l'intégration des équations aux dérivées partielles du premier oulre.
Note de M. Ph. Gilbert.
« I. Soient .r,, x,, . ., x,,, p,, p^, ... p,, 2« variables quelconques,
entre lesquelles existent m équations
(•)
F, = o, F, = o,
F,„ T= o.
d'où l'on tire les valeurs de m quantités p^, p.,, . . ., p,,, eu fonction des
autres, sous la forme
(2) /;, = X, (,r , x,„ p,„^, , . . . , /;„), p., rr-_ X.,
» Désignons par A le déterminant fonctionnel
!,"<
- •>
» Prenons deux quelconques des équations (4); soient F^, Fj les fonc-
tions F qui y figurent; faisons u =Xj.j étant l'un des nombres i, 2, ..,/?,
et ajoutons ces deux équations multiphees respectivement par — ; — - —
Nous aurons, comme on le voit sans peine,
\'j,PlJ \Pn/'jldj-i \p„pjjd.rj \['n,.Pil d'j
Multiplions toute l'équation par (— i)'^A|'5, [j, désignant, pour abréger, la
somme \ + 2 + r + s, et faisons la somme des équations semblables obte-
nues en attribuant à r et à i- toutes les valeurs comprises dans la suite i,
^-
( 54^ )
m. Il viendra
(7)
S(-rA;:.D(,^')+;|S(-o'A;'.o(^)
» Si l'on observe maintenant que, d'après la loi de formation des déter-
minants, on a
on voit aussitôt que les coefficients de -r^ et de-p, dans l'équation (7),
peuvent s'écrire
_ / F|, F;, . ■ ., F„,\ / F|, F;, . ■ . ,
\pnPj, ...,p,„/' \Pj,P'y •■■,
et que les coefficients des dérivées suivantes s'annulent comme détermi-
nants ayant deux lignes identiques. Faisant successivement, dans l'équa-
tion réduite, / = i, 2, ..., ?i, et ajoutant, nous aurons, d'après la défini-
tion de la fonction de Poisson,
iJ^ ' ' • -^ " " Zal \p„Pj,..., pj '/.'7 \/'/, Pn ..., p„. I ^2); l'équation peut donc s'écrire
D'ailleurs, au lieu des fonctions >., et X., on peut évidemment prendre deux
autres fonctions X, et ï^; le raisonnement est le même et l'équation (3)
est démontrée. Il est clair qu'elle subsiste intégralement quand les seconds
membres des équations (i), au lieu d'être nuls, sont des constantes quel-
conques, puisque les dérivées partielles des fonctions F n'en sont nulle-
ment modifiées.
» Dans une prochaine Communication, j'indiquerai les conséquences
importantes de ce théorème pour l'intégration des équations aux dérivées
partielles. »
ANALYSE MATiiÉMATiQuiî. — Sur la théorie des Sinus des ordres supérieurs.
Extrait d'une Lettre de M. J. Farkas à M. Yvon ViUarceau.
« I. La fonction (fx{x + x) P^^*"^ ^""^ développée évidemment, pour
toutes valeurs de x etj, en une série entière des deux variables. Le théo-
rème de Taylor nous fournit donc
(ï) ç>(x^-r)^?>Aj) + 7?x-.(r)-^7:^9>.-2(jr)4-....
Ordonnons celle série de la manière suivante :
4- nij
Comme
où le signe supérieur ou l'inférieur est valable suivant que y désigne le
( :-4.^ )
genre hyperbolique ou elli[)lique, nous aurons
= m — 1
— (t+WJ j-lA+ÎW
H = 0
c'est-à-dire la formule fondamentale d'addition des arguments : déduction
très simple, sur laquelle celle que vous avez donnée (l. LXXXVI, n" 19) a
l'avantage d'être immédiate.
» II. Dans un journal hongrois [Journal pofy technique, i8G6), M. J.
Ronig a proposé la question :
') Etant donnée lu valeur J{x) de la série rt„ -i- <7,x + fljX^ + . ., com-
ment peut-on exprimer au moyen de la fonction J [jc] la série
(1,.^^ + rtt^.,„-r^"'" + a,,^„„x^^"'' -h
[oii évidemment p. et m (chez M. Konig, i et p) sont des nombres entiers po-
sitifs] ?
» En résolvant la question
A = m— ]
j'en ai donné cette démonstration élémentaire : si je pose
5(*_„1,:
le coefficient de n/,.v\ dans la série de la somme 3, est
l=;n — 1
1
e>^---:e-
1) Le niuuérateur du second membre est toujours o; le dénominateur
ne l'est que dans le cas de k = [x-h nm, où ii est évidemment un nombre
entier positif. Or, dans ce cas,
> ~in — l
£^ :z^ m.
1
» Ai)pliquons ce théorème général aux tondions e'^ e
\ = 0
( 546 ;
restera qu'à séparer la partie réelle de l'expression (la partie imaginaire
s'annule identiquement), pour obtenir le résultat dont vous avez donné
la déduction immédiate (t. LXXXVI, n° 20).
» III. Désignons par C une courbe fermée décrite, dans le sens positif,
parla variable z, et supposons o < modz< i ; nous aurons
(2) V^^2^?,x(^)-= / e^T^'
OÙ y est de genre hyperbolique ou elliptique, suivant que l'on conserve le
signe supérieur ou l'inférieur. On s'en assure aisément. Comme
en vertu de l'identité
r - , I — ■ï''
/ e' Z^~* llz = \j— I 27T — >
I , 3'"
— ^ = 1 — T.'
nous avons
e' -^^^ ih — \! — 127:^ -'•- I
On en conclut
C' ; (IZ.
• 4- T
(p-Hw)! ((A-
■X
_ ,(3/H-ljHi+;ji— I
e' llz.
où, si O <^ niodz ^^ i , lorsque n tend vers l'infini, l'intégrale tem! vers zéro.
» Moyennant l'expression (2), on peut vérifier facilement tous les théo-
rèmes fondamentaux de la théorie, auxquels, profitant de l'occasion,
j'ajoute le suivant : Si l'on désigne par Rj-' (a partie réelle, par \j la partie
imaginaire de la quantité j\ on a
, Rç)(/c^'-"^j==w-Bç),(/-e-V-"'),
( hir{rc^'~''>).= --]fy{re-^'~">).
Écrivons en effet, dans les expressions de ^ et q [Comptes rendus, 1 août i88o\
— 5 au lieu de B et, en même temps, — k au lieu tie /■, ce qui est évidem-
ment permis; alors p et g conservent leurs signes et leurs valeins, et, dans
( 547 )
les expressions de 5i4, 34ooo »
Cartilage et Alger. .. . 0,028 » 852, 37000 »
( 562 )
d'où il résulte que la vitesse moyenne de propagation d'un signal est voi-
sine de 40000*"", vitesse dont on peut se faire une idée en remarquant
qu'un signal électrique pourrait parcourir en une seconde la circonférence
de ia Terre. »
GÉOGRAPHIE. — Exploration tnilitaire et géographique de la région comprise
entre le haut Sénégal et le Niger. Note de M. F. Perrier.
« Une grande expédition, à la fois militaire et géographique, vient d'être
organisée en France; elle a poiu* but de relier d'une manière définitive,
par une voie ferrée, nos possessions françaises du Sénégal avec le bassin du
Niger, et par suite avec le Soudan. Il s'agit, comme on le voit, d'amener
vers la côte le commerce intérieur de l'Afrique centrale, d'ouvrir un im-
mense débouché aux produits de notre industrie et de faire pénétrer la civi-
lisation dans ces régions lointaines, en y créant ou utilisant des voies de
communication rapides, toujours praticables et sûres.
» C'est le Ministère de la Marine qui a conçu le projet de cette vaste
entreprise, qui en a préparé les voies et moyens, et qui est chargé d'en
poursuivre l'exécution, avec les ressources que le Parlement français a déjà
mises ou mettra généreusement à sa disposition.
» Le commandement supérieur de l'expédition est dévolu au comman-
dant Desbordes, de l'artillerie de marine, qui aura sous ses ordres des
troupes delà marine, combattants et ouvriers, en nombre suffisant pour
assurer la sécurité de la colonne, pour construire et garder les petits forts
qui doivent jalonner la route entre le Sénégal et le Niger.
» A cette colonne, dont le rôleest purement militaire, vient s'adjoindre
ime mission topographique, recrutée principalement parmi les officiers de
l'armée de terre et placée sous la direction de M. le commandant Derrien,
de l'ancien corps d'état-major; elle est composée d'officiers astronomes,
géodésiens et topographes, et chargée d'exécuter, sous la protection de la
colonne, mais d'une manière indépendante au point de vue technique, la
reconnaissance topographique du pays.
» C'est demain, 5 octobre, que les commandants Desbordes et Derrien
doivent s'embarquer à Bordeaux, avec leurs officiers, pour se rendre à
Saint-Louis.
» De Saint-Louis, ils remonteront le Sénégal en bateau jusqu'à Médine
et prendront ensuite la voie de terre en longeant la rive gauche du fleuve
( 563 )
jusqu'à Bafoulabé, au confluent du Bafing et du Bakhoy. C'est en ce point
que doit èlre conslruit le premier fortin et que doivent être organisés les
escortes et le convoi; c'est là, à 3oo lieues environ de la côte, que doit com-
mencer la reconnaissance et le levé du terrain.
» Le programme des opérations à entreprendre est formulé comme il
suit :
« Les brigades topographiques auront à faire une reconnaissance complète et, s'il est pos-
sible, la triangulation générale de tout le terrain compris entre Bafoulabé sur le Sénégal
d'une part, et, d'autre part, Dina et Bamakou sur le Niger; elles devront surtout déterminer
les positions géograpbiciues et les altitudes des sommets, cols, plateaux, etc., ainsi que la con-
figuration des vallées, leur largeur, leur profondeur, etc.
» Le but cherché est un levé général du terrain, pour faciliter l'étude du tracé de la voie
ferrée qui, partant de Médine et passant par Bafoulabé et Fangalla, aboutira au Niger. »
» Au delà de Bafoulabé, la colonne ne rencontrera aucune difficulté
pour atteindre, en longeant la rivière, la station de Fangalla, située au con-
fluent des deux rivières qui forment le Bakhoy ; un deuxième fortin sera con-
struit en ce point. Le tracé de la voie ferrée doit suivre, dans cette région,
le cours même du fleuve.
» C'est seulement à partir de Fangalla que les doutes subsistent sur le
meilleur tracé à suivre, et une reconnaissance topographique détaillée
pourra seule fixer les incertitudes.
» Les documents que possède la marine permettent de croire qu'on n'aura
aucun obstacle sérieux à franchir dans cette bande de terrain de 4oo'"" de
longueur qui sépare Fangalla du Niger. Des fortins seront créés à Gonia-
kouri, à Rita, à Bangassi, au milieu de tribus qui se sont placées volontai-
rement sous le protectorat de la France; en s'avançant ainsi de proche en
proche vers le sud-est, on atteindra la ligne de faite qui sépare les deux
bassins, ligne peu élevée, très proche du Niger, à travers laquelle il est
permis d'espérer qu'on trouvera un passage facile pour gagner, sur le
fleuve, soit Bamakou, soit Dina, deux villes situées en amont de Yamina
et de Ségou.
u La reconnaissance topographique permettra de limiter la zone qui
contiendra le meilleur tracé; des profils en long et en travers seront ensuite
exécutés dans une campagne suivante; un tracé définitif sera enfin adopté,
et nos chantiers pourront s'ouvrir dans ces régions lointaines pour la con-
struction de la voie ferrée.
V Une fois le Niger atteint, la voie ferrée construite, on pourra gagner
Tombouctou, en descendant le cours du fleuve sur des canonnières bien
[ 564 )
armées, établir solidement en ce point une station commerciale, rayonner
de là vers l'Afrique centrale et tendre la main aux explorateurs qui, de
tous les côtés, cherchent à pénétrer le continent africain.
» C'est là une oeuvre utile et grandiose, qui fera honneur à la France, à
notre marine et à notre armée, et je suis assuré d'être l'interprète des sen-
timents de l'Académie en souhaitant, en son nom, un bon voyage et un
heureux retour aux vaillants explorateurs qui vont, au péril de leur vie,
planter le drapeau de la France et porter la Science française dans ces
contrées encore mystérieuses. »
BOTANIQUE. — Ordre d'apparition des premiers vaisseaux dans l'épi
(/liLepturus subulatus; par M. A. Trécul.
« La plante, en produisant des rameaux de divers ordres, donne des
épis de moins en moins riches en épillets. Les épis les premiers nés ont
souvent quinze, seize et jusqu'à vingt et vingt et un épillets de chaque côté,
tandis que les épis des dernières branches peuvent n'avoir que trois épillets
dans chaque rangée, plus l'épillet terminal. J'ai déjà dit que les mérithalles
du rachis naissent de bas en haut (p. 58 et suiv. du t. XC), mais que, dans
les épis de moyenne grandeur que j'avais seuls pu étudier, l'accroissement
prédominant de très bonne heure au sommet du rachis, ce sont les épillets
supérieurs qui se développent les premiers (p. 62, t. XC). Mes nouveaux
résultats sont identiques. Je vais appuyer davantage sur l'apparition des
rameaux ou épillets.
» Il est formé d'abord, de bas en haut sur le rachis, des bourrelets
annulaires très peu saillants. La partie axillante plus proéminente est un
peu surbaissée, décrivant ainsi une courbe dans laquelle naîtra le rameau
axillaire. La partie opposée du même anneau est moins saillante ; c'est à
cet endroit que naît le rameau correspondant de la série opposée. En bas
du rachis, ces anneaux sont parfaitement continus; plus haut, les côtés en
sont souvent à peine sensibles. A la place qui doit produire un rameau, il
se fait de chaque côté, en travers de l'anneau, un sillon oblique, de façon
à dessiner, très légèrement dans le principe, un espace lenticulaire, allongé
horizontalement dans l'aisselle du bourrelet foliaire précédent. Cet espace
lenticulaire n'est d'abord que très peu proéminent. Il ne l'est pas davantage
que le faible bourrelet initial. Mais les côtés, qui, en s'élevant, ont formé
les sillons obliques, continuent de croître et délimitent latéralement la
( 565 )
cavité au fond de laquelle sera inséré le rameau. 11 est fait ainsi de bas en
haut, dans toutes les aisselles, de telles lentilles ou espaces lenticulaires.
Si l'on lient à appeller rameau l'espace lenticulaire, on peut dire, dans beau-
coup de cas, que les rameaux naissent de bas en haut; mais il arrive aussi,
l'accroissement étant trèsprompt, que des lentilles assez haut placées sont
formées en même temps que les inférieures. En outre, on trouve très sou-
vent que les mérithalles, ou mieux les articles supérieurs (qui comprennent
un bourrelet axiilant et une lentille gemmipare), sont dès leur début plus grands,
plus étendus verticalement que les articles uiférieiirs: ce qui prouve que,
dans cette plante, la prédominance de l'accroissement, dans la région
supérieure de l'épi, coïncide à peu près exactement avec la naissance des
rameaux ou épillets, C'est pour cela que, dans les épis de moyenne grandeur,
les lentilles supérieures s'élèvent tout de suite chacune en un rameau, et
qu'ainsi les rameaux vrais apparaissent de haut en bas. Eu effet, ils ont en
haut des dimensions relativement considérables, quand les lentilles infé-
rieures n'ont pas changé d'aspect (' ).
» C'est là toujours le cas dans les épis qui ont jusqu'à neuf et dixépillets
de chaque côté. Mais, dans les grandes inflorescences, il n'est pas rare
de trouver que c'est la onzième ou la douzième lentille, à compter d'en bas,
qui la première croît en un rameau. Alors, au-dessous les rameaux se dé-
veloppent de haut en bas, et au-dessus de bas en haut. Un peu plus tard,
l'accroissement prédominant par en haut, ces rameaux supérieurs dépassent
tous les autres en hauteur.
» Il me semble que ce dernier exemple est favorable à l'opinion que
j'ai émise sur la naissance préalable des rameaux supérieurs des épis de
moyenne grandeur, car, pour soutenir l'avis contraire, c'est-à-dire que
toujours les rameaux naissent de bas en haut, il faut admettre que constam-
ment l'accroissement va en s'exagérant de bas en haut. Or, il est évident
que cette assertion n'explique pas les cas mentionnés ici, puisque, par
exemple, dans un épi de i™'",45, qui avait dix-huit articles de chaque
côté, c'est le onzième qui, seul encore^ était accru en rameau; dans un autre
épi un peu plus avancé, c'étaient le dixième d'un côté et le onzième de
l'autre, qui avaient le plus de développement. On est donc bien forcé de
(') Quand on regarde de profil ces espaces lenticulaires, ils apparaissent chacun comme
un triangle à côtés un peu courbes. On est alors tenté de considérer la hauteur du iriangle
commecelledu rameau. C'est une erreur. La vraie hauteur est donnée par la perpendiculaire
menée sur le milieu de la corde de l'arc formé par le côté libre. Cette hauteur n'est que d'un
demi ou un quart de centième de millimètre, et souvent même, au bas du rachis, ce côté
libre est limité par une droite.
( 566 )
reconnaître que, dans certains cas, c'est la région moyenne du jeune rachis
qui a le plus d'activité, comme dans d'autres c'est la région inférieure, et
ailleurs la re'^fîo/i supérieure. Je crois devoir rappeler, à cet égard, l'inflo-
rescence du Nardus stricta, où l'observation n'est pas gênée par la naissance
préalable de bourrelets foliaires axillants (p. 61,62, t. XC).
» Apparition des premiers vaisseaux du rachis. — J'ai rattaché l'in-
florescence du Lepturus subulalus au troisième type que j'ai décrit à la page
212 du tome XC. Des coupes transversales faites vers la région moyenne
de l'épi montrent en effet deux systèmes de trois faisceaux opposés, situés
dans le plan perpendiculaire an plan suivant lequel sont insérées les deux
séries d'épillets. Plus bas, un ou deux faisceaux s'interposent aux deux arcs
ou systèmes, ou s'ajoutent aux côtés de ceux-ci, en sorte qu'à la partie in-
férieuredu rachis il y a quatre à cinq faisceaux danschaque système latéral.
Dans le pédoncule encore jeune on retrouve les deux systèmes opposés,
avec le plus gros faisceau au milieu de chaque arc. Vers le haut du rachis, le
nombre des faisceaux diminue graduellement et est réduit aux deux fais-
ceaux primaires près du sommet, rarement à un seul. Il faut ajouter qu'à
un âge avancé des faisceaux périphériques existent sous les faces convexes
et vertes du rachis, et, au-dessous de» épillets, leurs anastomoses sont plus
nombreuses que plus bas.
» Le premier vaisseau qui apparaît dans le rachis existe dans l'un des
deux faisceaux primaires. On le trouve à des hauteurs variables.
)) I. Deux épis (de i™'",35 et de i'^'",7o) me l'ont montré dans la moitié
supérieure du rachis. — II. Deux épis (de i'""',2oet de i""",8o) l'avaient
dans le troisième quart de la hauteur du rachis. — III. Un épi de i"™,95
avait son premier vaisseau, long de o'"", 38, vers la moitié de la hauteur du
rachis. — IV. Un épi de i'"", ']5 avait un court vaisseau vers le tiers infé-
rieur du rachis. — V. Un épi de i''"', 3o avait un vaisseau dans chacun des
deux faisceaux primaires : l'un plus long, étendu du voisinage de la base
du rachis jusqu'assez près du sommet; l'autre plus court, occupant la région
moyenne. — VI. Un épi de i""",65 avait deux vaisseaux montant un peu
plus haut que le rameau latéral le plus élevé et descendant au niveau de
l'aisselle du deuxième de la série A (celle qui a le rameau inférieur le plus
bas placé). Les épis qui précèdent n'avaient que cinq à neuf épillets de
chaque côté. — VII. Un épi de 2'""", 80, ayant dix-huit épillets de chaque
côté, avait un seul vaisseau étendu depuis le niveau du cinquième épillet
de la série A jusqu'au onzième, à compter d'en bas. — VIII. Dans un épi
haut de 2""", 20, ayant dix-sept épillets de chaque côté, le seul vaisseau
existant était élendu depuis le niveau du quatrième épillet de l'une des
(567)
séries jusqu'au treizième épillet. — IX. Un autre épi de 3""",45, ayant vingt
épillets de chaque côté, avait deux vaisseaux étendus : l'un depuis le troi-
sième rameau de A jusqu'au vingtième; l'autre depuis le niveau du cin-
quième rameau jusqu'au dix-neuvième. — X. Un épi de 2""", 2 5 avait
aussi deux vaisseaux : l'un descendait jusqu'au niveau du troisième épillet
d'en bas, l'autre jusqu'au sixième; ces deux vaisseaux montaient jusqu'au-
près des épillets latéraux supérieurs. — XI. Un épi de i4""" n'avait en-
core de vaisseaux que dans les deux faisceaux primaires. — XII. Un autre
épi, de i4°"", 5o, avait des vaisseaux dans chacun des deux faisceaux pri-
maires, et, de plus, il offrait, de chaque côté de l'un seulement des deux fais-
ceaux primaires, un vaisseau dans le premier faisceau latéral voisin. Ces
vaisseaux n'existaient qu'au niveau du cinquième et du huitième épillet
de la série A. Il y avait donc quatre faisceaux du rachis pourvus de vais-
seaux. Cela est d'autant plus remarquable qxi'aucun des épillets ne conte-
nait encore de vaisseaux. — XIII. Dans le rachis d'un épi de 26™™, ayant
douze épillets dans chaque série, il y avait de chaque côté des deux faisceaux
ptimaires, dans la partie inférieure de l'épi, jusque vers le cinquième et le
sixième épillet d'en bas, un vaisseau dans le faisceau latéral voisin. Par
conséquent, il y avait six faisceaux, opposés trois à trois, pourvus de
vaisseaux, bien qu'il n'y eût encore de vaisseau dans aucun épillet. —
XIV. Un état analogue fut donné par un épi de 18™".
» Apparition des vaisseaux dans les rangées d'épillets. — Il est
utile de rappeler que, dans ces jeunes épis, les épillets supérieurs sont de
beaucoup les plus avancés ; il n'est donc pas étonnant que les premiers ils
présentent des vaisseaux.
» Dans un épi de 3o™™ qui, comme les derniers exemples cités, a, dans
la partie inférieure du rachis, des vaisseaux dans six faisceaux, deux épil-
lets seulement sur vincjt-cinq sont pourvus de vaisseaux. Ce sont l'épillet ter-
minal et le latéral le plus haut placé.
» Un épi de 47™", ayant vingt-trois épillets, ne présentait de vaisseaux que
clans les trois épillets supérieurs, et le terminal, plus avancé que les autres,
avait seul des vaisseaux dans les étamiues.
» Un épi de So™™, ayant vingt-neuf épillets, avait, dans les cinq épillets supé-
rieurs, des vaisseaux d'autant moins développés que ces épillets étaien
situés plus bas. Ici encore l'épillet terminal seul avait des vaisseaux dans
ses étamines. A l'intérieur des glumes se retrouvaient les vaisseaux ascen-
dants et les vaisseaux descendants que j'ai décrits ailleurs, et sur lesquels
je reviendrai plus loin.
» Ces exemples suffisent ; j'ajouterai seulement que les vaisseaux appa-
C. R., iH^o, 2' Semtstre. [T XCl,Nol4.) ';5
( 568 )
raissent successivement dans les épillets de plus en plus bas placés, de sorte
que ce sont toujours les inférieurs qui en sont les derniers pourvus.
M Ordre d'apparition des premiers vaisseaux de chacun des épil-
lets. — L'épiliet terminal et les épillets latéraux m'ont offert quelques
différences notables. L'épiliet terminal étant ordinairement le plus avancé,
c'est par lui qu'il convient de commencer.
,> Épillet terminal. — Dans l'épiliet terminal d'un épi de 26""° il existait,
dans le bas de la nervure médiane de la glume inférieure, un fiiscicule qui
prolongeait l'un des faisceaux vasculaires primaires du racbis. Dans la
glume supérieure montait, à uue petite hauteur aussi, un fascicule; mais il
était libre par les deux bouts, et sa base se dirigeait vers le haut de l'autre
faisceau primaire du racbis. En outre, dans la partie supérieure des deux
glumes était ungroupe vasculaire descendantvers le fasciculequi montait. De
ce groupe vasculaire descendant partaient de chaque côté deux ou trois fas-
cicules qui descendaient dans des nervures latérales, nuxquelles, par en bas,
n'arrivait encore aucun vaisseau. 11 y avait aussi sous la glumeile inférieure
un fascicule terminé par un vaisseau, qui montait assez haut dans la ner-
vure médiane et qui était libre par en bas. Tout près, au-dessous des
organes sexuels, était un autre fascicule gros et court, libre aussi par les
deux bouts.
» Un épi de 25°"° était vasculairement plus avancé que les précédents.
Le faisceau vasculaire de la nervure médiane de chacune des deux
glumes de l'épiliet terminal prolongeait un des deux faisceaux primaires
du rachis, et ces deux faisceaux glumaires étaient renflés à leur insertion
dans le réceptacle. Mais le fascicule de la nervure médiane de la glumeile
inférieure était encore libre par la base, et aussi un court vaisseau du
réceptacle, placé à quelque distance au-dessous des organes sexuels. Les
étamines n'avaient pas de vaisseaux.
» Dans un épi de 3o™™, c'était la glume inférieure de l'épi terminal qui
était la plus avancée au point de vue vasculaire, puis la glume supérieure,
ensuite la glumeile inférieure de la fleur; la glumeile supérieure n'avait
pas de vaisseaux; les étamines en possédaient.
» Epillels latéraux. — J'ai toujours trouvé, dans ce Leptunis, que les
premiers vaisseaux des épillets latéraux naissent libres, indépendants de
ceux du rachis, et relativement loin d'eux, et, bien que j'aie vu quelque-
fois le premier fascicule de la glume plus avancé que celui de la glumeile
inférieure, je ne l'ai jamais rencontré seul ; toujours, au contraire, le pre-
mier vaisseau ou fascicule apparu appartenait à la glumeile inférieure de
la fleur. Ensuite seulement naît le premier vaisseau ou fascicule de la ner-
( 569 )
vure médiane de la glume, et peu de temps après un vaisseau ou fascicule
court un peu au-dessous des organes sexuels. Les élamines n'acquièrent de
vaisseaux que plus tard, et, dans les cas convenables observés, le premier
vaisseau de la glumelle supérieure, né dans le réceptacle, était bien moins
avancé que ceux qui étaient nés dans les étamines. Ces derniers étaient
toujours libres parla base, éloignés des autres vaisseaux du réceptacle.
» Après ces premiers vaisseaux apparaissent ceux des nervures latérales
des glumes et des glumelles. La naissance de ces vaisseaux latéraux m'a
présenté une différence remarquable dans les glumes et dans les glumelles
inférieures : c'est que dans les glumes le développement des vaisseaux des-
cendants prédomine de beaucoup, tandis que, dans les glumelles inférieures,
ce sont les vaisseaux ascendants qui sont prédominants. Dans les glumes,
je le répèle, on trouve souvent qu'un fort groupe de cellules vasculaires
naît près du sommet de la nervure médiane, même avant que le fascicule
qui monte du réceptacle ait atteint la base de la lame; puis du sommet de
ce groupe supérieur part de chaque côté un groupe secondaire qui descend
dans une nervure latérale. Pendant que ces trois faisceaux s'allongent par
en bas, il nait sur leurs côtés d'autres groupes vasculaires qui descendent
dans des nervures interposées de troisième ou de quatrième ordre, ou dans
des marginales. Ces vaisseaux arrivent souvent près de la base de la lame
avant que l'on y voie entrer des vai.sseaux venus de l'axe. Cependant on
trouve de bonne heure de nombreux fascicules épars dans l'insertion de
l'épillet, dont je vais m'occuper maintenant.
)) Insertion vasculaire des épillets. — Sous les jeunes épillets laté-
raux, qui n'ont encore que les premiers fascicules, vasculairement libres,
de la glume, de la glumelle, etc. Ces premiers vaisseaux sont entourés par
l'ébauche d'un faisceau de cellules incolores, qui est obliquement étendu
jusqu'aux deux faisceaux primaires du rachis, si c'est un des épillets supé-
rieurs que l'on observe. Un peu plus tard, les divers faisceaux de l'épillet
s'allongent par en bas et se trouvent reliés entre eux et aux deux faisceaux
primaires par un épatement vasculaire formé dans ce tissu d'insertion.
» Si c'est un des épillets inférieurs d'un épi plus âgé, c'est-à-dire situé
dans la partie du rachis où il y a deux systèmes opposés de trois, quatre
ou cinq faisceaux, il se fait sous chaque épillet un arc vasculaire continu,
qui réimit les faisceaux latéraux (du côté correspondant) des deux systèmes
de faisceaux. Cet arc ou épatement vasculaire s'écarte et constitue un peu
plus haut l'axe court de l'épillet, etc.
» J'ai dit qu'en faisant, de bas en haut, des coupes transversales du rachis,
on remarque que le nombre des faisceaux de ce rachis diminue graduel-
( ^7° )
lement : c'est que çà et là un des faisceaux du rachis se termine dans une
de ces insertions d'épillets, de sorte que l'on arrive à n'avoir plus succes-
sivement que six, cinq, quatre, trois et deux faisceaux principaux, rarement
un seul, dans le rachis. Ce sont les faisceaux les plus rapprochés des
deux primaires qui disparaissent les derniers.
» Ce n'est pas tout : dans des épis suffisamment âgés, on trouve que ce
plexus ou épatement qui constitue l'insertion vasculaire des épillets est
relié aux fascicules périphériques du rachis, dont un grand nombre monte
dans la glume correspondante, où ils se terminent à une petite hauteur en
s'unissant aux faisceaux de celte glume. »
M. DE Lesseps fait hommage à l'Académie de la collection du « Bulletin
bimensuel du canal interocéanique », du i" septembre 1879 jusqu'au
i" de ce mois.
« Cette publication, dit M. de Lesseps, rédigée par M. Henry Bionne,
ancien officier de marine, docteur en Médecine et en Droit, contient les
renseignements scientifiques qui peuvent se rattacher aux études et aux
travaux du canal de Panama. Nous continuerons à y insérer toutes les ob-
servations qui nous paraîtront devoir intéresser la Science..
» Au moment où mon entreprise va passer de l'état de projet à la période
d'exécution, je me félicite de donner à mes confrères la première nouvelle
de l'organisation d'un syndicat formé par les principaux établissements
financiers des États-Unis d'Amérique et de l'Europe. Ainsi se réalise la pré-
diction d'un des plus forts capitalistes d'Amsterdam, qui annonçait derniè-
rement, pour la réalisation du canal interocéanique, la fructueuse et bien-
faisante alliance de la Science et du capital. »
MEMOIRES PRESENTES.
CHIMIE INDUSTRIELLE.— Sur iul'disation des cristaux des chambres de plomb.
Note de MM. Ch. Girard et A. Pabst.
(Renvoi au Concours des Arts insalubres.)
« L'application des cristaux des chambres de plomb à l'industrie est
longtemps restée limitée à la décoloration de la soie; leur emploi dans
les réactions chimiques du laboratoire a été indiqué par M. Stenhouse
pour obtenir les phénols nitrosés, par exemple la dinitrosoorcine.
(571 )
)i L'introduction des dérivés diazoïques dans la fabrication des matières
colorantes devait conduire à une méthode facile de préparation de ces
corps, qui s'obtiennent par l'action de l'acide nitreux; ou d'un nitrite avec
un acide, sur une aminé aromatique primaire. Les nitrites étant difficiles
à f;ibriquer, surtout dans les pays où l'alcool est grevé de droits, nous
avons pensé que les cristaux des chambres de plomb offriraient une
source abondante et économique d'acide nitreux, et nous avons pu pré-
parer en grand les corps diazoïques, l'amidoazobenzol et la nitroalizarine,
en faisant réagir l'acide nitrososulfurique sur les dérivés amidés correspon-
dants, ou bien l'aniline et l'alizarine. Mais on sait que ces cristaux sont
décomposés par l'eau en acide sulfurique et acide nitreux, lequel est ensuite
décomposé en acide nitrique et bioxyde d'azote; on ne peut donc les em-
ployer qu'en présence d'une quantité d'acide sulfurique ou nitrique suffi-
sante pour empêcher cette décomposition.
» L'excès d'acide nitrique était à rejeter, puisque, à cette concentration, il
agit surtout en donnant des dérivés nitrés ou en oxydant les produits.
Aussi, nous avons choisi l'acide sulfurique d'une concentration déterminée.
Mais nous avons constaté que, en opérant avec les dérivés méthylés ou les
aminés du toluène et du xylène, les cristaux brûlaient les groupes méthy-
liques, et que nous obtenions des produits d'oxydation ; nous avons dû
recourir aux bromure et chlorure de nitrosyle. La préparation de ce der-
nier corps avait été indiquée par M. Tilden, en condensant les vapeurs
de l'eau régale dans l'acide sulfurique et chauffant la solution avec du sel
marin. Nousavonssimplifié ce mode de préparation, en partant des cristaux
des chambres de plomb, obtenus industriellement par l'action de l'acide sul-
fureux sur l'acide nitrique, ou dans la fabrication un peu modifiée de
l'acide sulfurique; les cristaux sont mélangés avec du chlorure de sodium
dans un appareil en fonte, et le chlorure de nitrosyle qui se dégage est
dirigé dans la solution chlorhydrique refroidie de diméthylaniline, par
exemple, pour obtenir la nitrosodiméthylaniline. En opérant avec un
excès d'acide sulfurique, nous avons constaté que, suivant la concen-
tration et la température de la réaction, nous obtenions les produits
recherchés, ou bien des produits d'oxydation de ces corps. En effet, l'acide
sulfurique agit comme dissolvant, et en même temps con)me agent de
substitution , en donnant des dérivés sulfoconjugués : l'élévation de
température qui résulte, d'une part de la combinaison, d'autre part de l'ab-
sorption, par l'acide sulfurique excédant, de l'eau formée dans cette combi-
naison, est suffisante pour déterminer une action oxydante de la part du
( ^7^ )
dérivé nitreux : on se trouve donc dans les conditions générales où les
acides nitreux et nitrique agissent comme oxydants.
» Nous avons alors pensé que l'application d'un tel mélange à l'oxyda-
tion des produits sulfurés, gras et aromatiques, devait complètement les
détruire: c'est ce que l'expérience a démontré pleinement. En faisant passer
les gaz qui s'échappent soit dans la dessiccation des matières des vidanges,
soit dans la transformation en sulfate de l'ammoniaque qui en provient,
soit dans la carbonisation des matières animales par la calcination ou sous
l'influence de l'acide sulfurique, nous avons pu oxyder et détruire complè-
tement les produits odorants. Ces gaz se composent, comme on le sait, de
produits entraînés mécaniquement par l'air chaud ou parla vapeur à l'élat
vésiculaire, et sont surtout formés d'indol et de scatol, de mercaptans et
de cyanures ou isocyanures gras et aromatiques. Les égouts entraînant une
quantité considérable de vidanges et communiquant avec les fosses d'ai-
sances, nous avons pu constater, dans les gaz qu'ils entraînent, la présence
d'une certaine quantité de ces corps. La difficulté de se procurer une
grande quantité de ces gaz et de pouvoir doser la proportion des divers
produits qu'ils renferment nous empêche de donner encore des indications
plus précises; nous espérons pouvoir bientôt communiquer à l'Académie
le résultat de nos recherches. »
CORRESPONDANCE.
M. le Sechétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance:
1° Le premier Volume des « OEuvres mathématiques et physiques de
George-Gabriel S lokes » ;
2° L'« Album de Statistique graphique, juillet i88o », publié par le
Ministère des Travaux publicii.
,3° Un Ouvrage de MM. Fatsanet Chantre, intitulé « Monographie géolo-
gique des anciens glaciers et du terrain erratique de la partie moyenne du
bassin du Rhône ». (Cet Ouvrage, présenté par M. Daubrée, est renvoyé
à la Commission du prix Bordin | our i88o.)
4" Le « Bulletin de la Société |JoIyteclit)ique militaire », Cours gratuits
destinés aux officiers de la réserve de l'armée active et de l'armée terri-
toriale.
( 573 )
ASTRONOMIE. — Observations de la comète Faye, faites à l' Observatoire de
Florence- j^rcetri, par M. Tempel. Note présentée par M. Lœwy.
K IM. Tempel a retrouvé la comète de Faye le 1 1 août ; mais elle était, à
cette époque, trop faible pour pouvoir être observée. Plus tard, l'éclat de
ia Lune a empêché toute observation. Ce n'est que le ^5 août qu'elle a
pu être comparée à plusieurs étoiles; mais elle étiiit, dans cette soirée, très
oetite et très peu lumineuse, à cause du crépuscule, delà lumière de la Lune
du mauvais état de l'atmosphère. Les journées suivantes, bien que petite,
elle était assez brillante pour pouvoir être facilement observée. Voici les
observations effectuées :
Dates. Temps moyen
ISSO. d'Arcetri. A«(^*— *). M{^*— ih)- Étoiles,
h m s m s / »
Août 25... ... 8.55.39 +o.i4,85 -f- 0.42,9 10'", indéterminée.
» 25 9. 1.35 — 0.48,12 +4-25,6 B.D. 4910, indéterminée.
25 9-43- I +3.21,00 >' Lai. 45446-
.. 27 8.52.42 +3.12,32 —0.33,6 Schjell. 95456.
'I 3i 8.46.42 +2. o,3o +3. 3 1,3 Lam. 333o.
Septembre 22. . . 7.26.49 +0.37,98 +5.23,i Ann. de Paris 1 858.
» Les positions des trois dernières étoiles de comparaison sont :
• Positions moyennes, iS8o,o. Réduction au jour.
K. ij. Ak. AJ.
h m s o , n s //
Sclijell. 9545-6 23.6.34,36 +10.18.5,7 +4,32 -^26,1
Lam. 333o 23. 5.39,65 + 9.54. 5,7 +4.36 +26,7
1 858 Paris 22.53.44,42 + 6.42.52,4 -l-4>44 +29,0
» Les trois observations deviennent donc :
Dates. Temps moyen
18S0. d'Arcetri. a. app. ^«. J app. ^*.
hms hms (> r tt
Août 27 8.52.42 23. 9.51 ,00 + 10. 17.58,2
.. 3i 8.46.42 23.7.44,31 9.58.3,7
Septembre 22 7.26.49 22.54.26,84 + 6.48.44i5
374)
PHYSIQUE. — Sur quelques questions thermoméUiques. NotedeM. J.-M. Crafts,
présentée par M. Friedel.
« M. Pernet, dans une Communication du 6 septembre, fait mention
d'une opinion, fondée sur des expériences récentes, d'après laquelle « le rôle
de la pression dans l'élévation permanente du point zéro dans les thermo-
mètres à mercure est nul ou très petit «, et il dit qu'il est déjà arrivé en
1875 à « une conclusion tout à fait analogue ».
M Un aperçu historique sur quelques faits de thermométrie, que j'ai déjà
préparé pour un Mémoire plus détaillé, m'adonne l'occasion de citer bien
souvent l'important travail de M. Pernet, en suivant le texte de son Mémoire
ue 1875 ; mais, comme je n'ai pu donner, dans les limites d'une Commu-
nication à l'Académie, le développement désirable aux vues de plusieurs
auteurs, j'ai voulu prévenir toute question de priorité en disant expressé-
ment que j'avais « essayé de compléter les expériences d'autres observateurs
» et de résumer les théories les plus importantes. »
» Encore aujourd'hui, je me trouve embarrassé pour rendre justice ici
aux vues intéressantes exprimées par M. Pernet dans son long Mémoire ;
mais, en relisant ce Mémoire, je n'y trouve pas l'expression de la conclu-
sion ci-dessus. Il dit bien que la part de la pression dans la dépression tem-
poraire du zéro est réduite à un rôle subordonné, et il a fait des expériences
sur ce sujet; mais, quand il s'agit de re'/eWï/on ^er/naHenfe du zéro, il donne,
dans un résumé général, comme causes : 1° le travail intérieur, suivant la
théorie de Despretz; 2° la pression atmosphérique. Dans deux autres en-
droits (p. 262-263 et 271), il parle seulement de la pression atmosphé-
rique comme cause de l'élévation du zéro qui a lieu dans le cours des
années. En examinant le travail de M. Pernet, je trouve, de plus, peu
d'analogie entre nos méthodes expérimentales.
» Il s'est occupé des dépressions temporaires du zéro, et les expériences
qu'il a faites sur l'action de la pression se rapportent exclusivement à ce
phénomène; elles ne me paraissent pas offrir les indications nécessaires
pour fonder une hypothèse sur la cause de l'élévation permanente du zéro.
M. Pernet a divisé en trente-trois parties, à l'œil, sans appareil micromé-
trique, l'espace d'un dixième de degré, qui est égal, sur son meilleur ther-
momètre, à o™"", 52. Il observe des variations qui ne dépassent paso'',4, en
admettant une erreur moyenne de rp o'^'^jOiô. Je me suis contenté d'une
(575)
approximation pins grossière, et, en observant des quantités qui s'élèvent
à 26°, j'ai essayé de combiner des expériences de manière à pouvoir appré-
cier une augmentation ou diminution notable de l'élévation permanente
du zéro, si un tel effet avait lieu par suite d'un excès de pression exté-
rieure ou intérieure. Ces expériences m'ont paru nécessaires avant de
pouvoir combattre l'opinion encore très répandue ('), que la pression
atmosphérique est l'agent principal qui fait contracter les boules des
thermomètres.
» Tout en admettant a priori que l'action lente de la pression puisse
très probablement produire une déformation permanente du verre, je pré-
tends que cette hypolhèse reste encore à prouver, et que les effets beaucoup
plus considérables du travail intérieur du verre masquent complètement
l'action de la pression, dans tous les phénomènes observés jusqu'à présent
sur les thermomètres, quand il s'agit d'un changement de volume permfl-
nent. Il ne me paraît pas nécessaire à présent d'admettre aucune différence
de nature entre les effets que l'on peut produire à 355° ou à la tempéra-
ture ordinaire.
» Je me permets d'ajouter quelques réflexions sur la question très im-
portante de la fixilé de l'intervalle entre les points 0° et 100°, qui dépend
nécessairement de la fixité du coefficient de dilatation moyenne du verre
entre ces limites.
» Ou sait que le coefficient absolu de dilatation du verre, comme de tous
les corps solides ou liquides, augmente avec la température; et ce n'est qu'à
l'état gazeux qu'on observe le plus fort coefficient, qui reste presque fixe
et qui est commun à tous les corps. On peut supposer que l'augmentation
du coefficient de dilatation est due principalement à l'écart plus considé-
rable des particules, qui diminue leurs attractions mutuelles (cohésion),
et l'on peut poser la question suivante : Un même changement de volume
produit par une cause quelconque peut-il avoir pour conséquence, entre cer-
taines limites, un effet presque identique ?
» Comparons la variation du coefficient qui accompagne la contraclion
permanente de l'ampoule d'un thermomètre, avec les variations de volume
et de coefficient que l'on observe à différentes températures. Lorsqu'un
vase en cristal est refroidi de 220° à So", son volume diminue dans le rap-
port de 1,0039 à I. Son coefticient moyen de dilatation pour un intervalle
(') M. Biiff a exprimé nés neUement cette opinion en 1878 [Berichte der deutschcn
Chein. Gesell., t. XI, p. 1078).
G. K., 1S80, î' Semestre. (T. XCI, M- 14.) 76
( 576 )
de ioo°, entre 170° et 270°, est o,oooo236, et ce coefficient devient égal
à 0,0000228 pour l'intervalle entre 0° et 100°. J'ai observé, sur trois ther-
momètres en cristal chauffés longtemps à 355°, une diminution permanente
de volume dans la proportion de t,oo4o à i, et en même temps les coeffi-
cients moyens de dilatation entre 0° et 100" ont diminué dans la propor-
tion de o, 000023g à 0,0000228. Des essais effectués avec des thermo-
mètres en verre de soude ont donné des résultats analogues.
» Je ne fais qu'étabhr une comparaison générale entre ces deux phéno-
mènes ; il faudrait des mesures plus nombreuses et plus exactes pour
pouvoir soumettre la question k l'analyse mathématique, mais il me paraît
que la liaison entre ces propriétés de la matière est constatée : il est
très probable que le moindre changement de volume est accompagné par
un changement du coefficient de dilatation, et qu'une étude très minu-
tieuse pourrait révéler cette variation dans les thermomètres qui ont subi
un petit déplacement permanent du zéro.
» Ces essais préliminaires ont été faits en vue d'un nouveau système
de graduation des thermomètres, que je demanderai bientôt à présenter à
l'Académie. Us ont eu pour but de remédier à des défauts (') qui enlèvent
aux thermomètres toute exactitude à de hautes températures; je n'ai
cherché à examiner à fond que les sujets qui avaient une influence directe
sur cette question. »
CHIMIE GÉNÉRALE. — Sur la décomposition des sels par les liquides.
Note de M. A. Ditte.
« J'ai montré dans plusieurs Mémoires (^) que la décomposition d'un
sel par l'eau s'effectue suivant des lois tout à fait analogues à celles qui
régissent la dissociation des corps par l'action de la chaleur, ou plutôt
que ces dernières, telles que M. H. Sainte-Claire Deville les a formulées,
sont entièrement applicables aux phénomènes de dissociation par l'eau.
J'ai également établi que la présence d'un sel ou d'un acide étranger, sans
action sur le sel qui se décompose, ne trouble pas plus la réaction que ne
(') Je désire signaler ici un travail de M. Lôwenherz [Bciichte der deutschen Cheni.
Gesetl., 1877, p. 4t>9)i qui a proposé des moyens en partie identiques avec les miens pour
rendre les indications d'un thermomètre plus constantes.
(') Comptes rendus, t. LXXIX, p. giS, gSô, 1254.
( 577 )
le fait la présence d'un gaz étranger dans une enceinte où se dissocie un
corps, tel que le carbonate de chaux par exemple, c'est-à-dire que la disso-
ciation d'un sel par une dissolution aqueuse, saline ou acide s'effectue
suivant les mêmes lois que la décomposition par l'eau pure. Les lois de la
dissociation par voie de dissolution sont les mêmes, quel que soitle liquide
décomposant. Prenons comme exemple l'oxychlorure de calcium. Ce
composé s'obtient aisément par l'action d'un lait de chaux sur une disso-
lution concentrée et chaude de chlorure de calcium ; la liqueur filtrée
donne par refroidissement de belles aiguilles présentant la composition
3CaO,CaCl,i6HO.
L'eau les décompose en dissolvant le chlorure. A mesure qu'on en
ajoute davantage, on voit les cristaux disparaître, en même temps qu'il se
dépose lentement, au fond du vase, une couche de chaux hydralée en
poudre très ténue; mais la décomposition cesse dès que, à la température
de io° par exemple, la liqueur confient par litre 85^'' de chlorure de
calcium; elle dissout alors l'oxychlorure sans le décomposer. Si donc on
introduit un lait de chaux dans une dissolution de chlorure de calcium, on
comprend que la base se conduira d'une façon bien différente selon qu'elle
trouvera dans la liqueur telle ou telle proportion de chlorure. Ainsi, à io°,
elle sera sans action si cette proportion n'atteint pas 85s'' par litre; mais,
si cette limite est dépassée, la chaux s'emparera de ce sel, de manière à
n'en laisser que SS^"" à l'état de liberté ; elle transformera le reste en oxy-
chlorure, qui se dissoudra à raison de ii"'' environ par litre et qui se
déposera une fois la liqueur saturée.
» L'alcool se comporte comme l'eau. Il décompose l'oxychlorure, du
chlorure de calcium se dissout, de la chaux se dépose, tant que, à la tem-
pérature de 17°, 1'" de liqueur ne renferme pas iSo^"^ environ de chlo-
rure de calcium. Une telle dissolution n'a plus d'autre effet sur l'oxychlo-
rure que de le dissoudre jusqu'à en être saturée. Si l'on ajoute à cette
liqueur de la chaux, elle n'a aucune influence; du chlorure de calcium,
il se dissout tout simplement; mais l'addition d'alcool détermine une
décomposition nouvelle du sel double, et celle-ci ne s'arrête qu'après la
destruction totale de ce composé ou le retour de la liqueur au titre de iSo^"'
par litre de chlorure de calcium.
» Si, d'autre part, prenant une solution alcoolique de chlorure de
calcium saturée à 17°, on lui ajoute de la chaux, on constate que le titre
( 57^ )
de la dissolution s'abaisse. La chaux absorbe le chlorure, se combine avec
lui, jusqu'à ce qu'il ne reste plus dans i'" d'alcool que l'io^'^ de chlo-
rure libre, puis la réaction s'arrête. On retrouve bien, on le voit, la
même composition limite de la liqueur, soit qu'on décompose par l'alcool
pur l'oxychlorure de calcium, soit qu'on introduise un excès de chaux
dans de l'alcool saturé de chlorure de calcium.
» Ainsi, la chaux, l'alcool et l'oxychlorure sont en équilibre relatif
dans une liqueur renfermant, à 17°, i^-iot'"' de chlorure de calcium par litre
d'alcool. Si cette quantité diminue, l'alcool décompose de l'oxychlorure,
jusqu'à ramener la liqueur à ce titre; si, au contraire, la dose de chlorure
de calcium augmente, la chaux en excès le transforme en oxychlorure, de
manière à n'en laisser que iSoS"" à l'état de liberté.
)) I/alcool butylique décompose également l'oxychlorure de calcium,
et, soit qu'on le décompose par ce liquide, soit qu'on introduise un excès
de chaux dans de l'alcool butylique chargé de chlorure de calcium, on
arrive à la même composition limite de la liqueur. Au premier cas, la
décomposition s'arrête dès que l'alcool à 16° renferme par litre 54^'' envi-
ron de chlorure; au second cas, la chaux forme avec le chlorure de l'oxy-
chlorure moins soluble, jusqu'à ce qu'il ne reste plus que 54^"^ de chlorure
dans i''' de liqueur. Du moment qu'à 16° l'alcool butylique contient
cette quantité de chlorure, il y a équilibre entre la chaux, le chlorure et
l'alcool.
» Avec l'alcool amylique tout se passe de la même façon. Ce liquide,
chargé de chlorure de calcium, en abandonne une partie à de la chaux
qu'on lui ajoute, jusqu'à ce que, à 16°, i'" d'alcool ne contienne plus
que 48^'' de chlorure dissous. La chaux, à partir de ce moment, ne
joue plus aucun rôle; les éléments eu présence sont en équilibre, et la
dissolution de 4^^^' de chlorure dans 1'" d'alcool amylique est inca-
pable de décomposer à 16° l'oxychlorure de calcium. Si avec l'iui quel-
conque de ces alcools ou élève la température, une nouvelle quantité du
sel double se décompose, jusqu'à ce que la concentration de la liqueur
en chlorure de calcium libre corresponde à l'état d'équilibre qui convient
à la nouvelle température.
» L'alcool propylique, l'élher, etc., se comportent de même. On observe
les mêmes j^hénomènes avec d'autres composés, tels que le chlorure
double de maguésiiun et de potassium, par exemple.
« Les lois de la dissociation par la chaleur, qui s'appliquent à la décom-
position des sels par l'eau pure et par les dissolutions salines ou acides,
( ^79 )
s appliquent donc encore à In décom position parles alcools. Il ne paraît
p.is téméraire de |ienser qu'elles réj^issent, d'une manière générale, les
décompositions des sels par voie humide, quel que soit d'ailleurs le dis-
solvant employé. »
PHYSIOLOGIE EXPiiRlMENTALK. — Sur l'actioii plij'stologique du Conium
maculatum. Note de M. Bociiefoxtaixe ('), présentée par M. Gosselin.
« Dans nne Communication à l'Académie, le 27 mai 1878, nous avons,
M. Tiryakian et moi, émis l'idée que le Conium waculaluui (grande ciguë)
contient « deux principes actifs, au moins, doués de propriétés différentes» :
l'un d'eux, la conme (conicine ou cicutine), possédant raction physiolo-
gique de la grande ciguë, celle qui a été signalée par Ortila, Giibler,
M. Christison, est paralysant du système nerveux central; l'autre, reconnu
également par ddférents autours et se comportant à peu près comme le
curare. De plus, un certain nombre d'expériences, avec un sel bromhy-
drique retiré de la grande ciguë par M. Mourrut, nous ayant donné des
résultats sensiblement pareils à ceux de la conine, nous avons adopté pour
ce sel le nom de bromhydrale de conine.
» Depuis, le 21 juillet 1879, M. J.-L. Prévost (de Genève) a présenté à
l'Académie les conclusions d'un travail tendant à établir que « la paralysie
» produite par le bromhydrate de conine est le résultat de la paralysie
» des nerfs moteurs qui perdent aussi leur excitabilité ». Enfin, M. Prévost,
sans mentionner aucune expérience avec la conine elle-même, se range à
l'opinion de « MM. KôUiker, Guttmann, Martin-Damourelte et Pelvet,
» Jolyet, Cahours et Pélissard, Lautenbach, etc. » et ailmet que cet
alcaloïde possède une action paralysante sur les nerfs moteurs.
» Lps conclusions de ]\I. J.-Ij. Prévost étaient donc absolument diffé-
rentes de celles auxquelles nous étions arrivés, M. Tiryakian et moi. Il
m'a paru nécessaire de chercher à découvrir les raisons de cette différence,
et j'ai fait, dans ce but, de nouvelles expf^riences sur l'action physiolo-
gique et thérapeutique de la grande ciguë. Ce sont les résultats de ces
récentes recherches que je viens soumettre à l'Académie.
» La conine n'est pas absorbée par la muqueuse de l'appareil digestif
chez le chien seulement ; elle l'est encore chez l'homme, car, après avoir
(') Travail du laboratoire de M. Vulpian.
( 58o )
été donnée en potion à plusieurs individus, elle a déterminé de l'affaiblis-
sement général et la disparition de violentes douleurs d'estomac. Quelques
goultes de cet alcaloïde appliquées directement sur certaines membranes
muqueuses se sont comportées comme un analgésiant et même ont déter-
miné de la somnolence pendant plusieurs heures. Or, de tels phénomènes
ne sont pas produits par le curare.
» Les expériences qui suivent font ressortir d'autres dissemblances entre
l'alcaloïde de la grande ciguë et le curare.
» 1. Sur un chien bien portant, de forte taille, on injecte dans une veine saphène os%07
environ de conine en solution hydro-alcoolique convenable, après avoir sectionné un nerf
sciatique. La réflectivité de l'axe gris bulbo-médullaire est prompteraent abolie, et la faradi-
sation du bout central du nerf sectionné ne détermine plus de manifestations de douleur ni
de mouvements réflexes, ou, pour être plus précis, ne provoque plus, comme avant l'injec-
tion, de cris ni de mouvements de la tète ou des membres, tandis que la même excitation
du bout périphérique produit ses effets habituels.
11 Ne convient-il pas de rappeler ici une autre différence caractéristique signalée par
MM. Jolyet et Pélissard, puis par 51, J.-L. Prévost, entre le curare et notre alcaloïde, ce
dernier parah'sant les nerfs pneumogastriques avant tous les autres nerfs, c'est-à-dire agis-
sant à l'inverse du cura-re?
» 2- Sur deux grenouilles on sectionne le sacrum en travers, et on lie le tronc à sa partie
moyenne à l'exception du plexus ischiatique. On introduit alors sous la peau de l'avant-bras
d'une grenouille une gouttelette de curare; sur l'autre on introduit de même une solution con-
venable de conine. Lorsque les deux animaux sont en résolution, on pince sur chacun d'eux
les doigts du membre antérieur intact, ou bien on touche la peau de l'aisselle, du flanc
d'un côté, ou le pourtour de l'anus, avec une gouttelette d'acide : la grenouille curarisée
exécute aussitôt, avec les membres postérieurs, les mouvements adaptés de défense ou de
fuite, tandis que l'autre reste immobile.
» Il ressort de ces expériences que la conine diminue ou abolit les pro-
priétés physiologiques des centres nerveux avant d'agir comme le curare
sur la substance « jonctive nervo-musculaire (Vulpian) ». Sur le chien et
sur la grenouille, cet alcaloïde finit toutefois par abolir l'cxcito-motricité
nerveuse, s'il est donné en quantité suffisante; niais alors il est fatalement
mortel pour les batraciens aussi bien que pour les mammifères.
» L'action physiologique de notre substance est donc différente de celle
du curare.
» Quant aux effets des bromhydrates retirés de la ciguë, voici le résumé
des résultats obtenus avec des produits cristallisés sous une même forme
géométrique et préparés par M. Mourrut, la plupart au laboratoire de
M. Vulpian,
( 58i )
» On peut diviser ces bromhydrates en deux groupes :
)' (I. Les lins gardant une couleur ambrée et ressemblant aux échantillons dont nous nous
sommes servis, M. Tiryakian et moi. Ces types de bromhydrate de conine, plus toxiques que
ceux de la catégorie suivante, se comportent sensiblement comme la conine; ils représentent
donc l'action physiologique principale de cet alcaloïde,
» b. Les autres, incolores ou légèrement nacrés, puriiiés par plusieurs cristallisations, et
dont un était pareil à celui dont M. J.-L. Prévost a fait usage, se sont montrés moins toxiques
que les sels jaunâtres, et n'ont pas agi de la même façon qu'eux. Les grenouilles paralysées
par o^'',oi5 ou o^jO^o de ces bromhydrates purifiés ont perdu l'excito-motricilé nerveuse,
à l'instar des grenouilles cuiarisées; mais aucune n'est revenue à la vie comme l'ont fait les
grenouilles engourdies par le curare et placées d'ailleurs dans les mêmes conditions. Une
dose un peu inférieure, capable cependant d'engourdir incomplètement les grenouilles de
sorte que ces batraciens gardent quelques mouvements spontanés, donne encore la mort
au bout de deux et même trois jours.
« En quoi ces deux sortes de bromhydrates diffèrent-ils au point de vue
chimique ? C'est une question à laquelle je ne saurais répondre à présent.
» Je me bornerai à remarquer que les cristallisations successives tendent
à éliminer le principe paralysant des centres nerveux, en fixant le principe
curarisant.
» Quanta l'action comparée de la grande ciguë et du curare, il semble
que l'on pourrait la formuler ainsi : La ciguë peut agir comme le curare ^
mais elle produit, en outre, des effets physiologiques qu'on n'observe pas chez les
animaux soumis à l'action du curare. «
TÉRATOLOGIE ET TÉRATOGÉNIE VÉGÉTALES. — Dimorphisme floral et pélalodie
staminale, observés sur le Convolvuliis arvensisZ,.; création artificielle de
celte dernière monstruosité. Note de M. Ed. Heckel, présentée par M. A.
Chatin. (Extrait.)
« Le Convolvulus arvensis présente, dans la région méditerranéenne, trois
variations quant à la couleur de la corolle : i° certains pieds portent des
fleurs d'un rose plus ou moins foncé, avec des bandes extérieures plus
accusées, correspondant aux plis de préfloraison ; 2° d'autres ont la corolle
blanche, pourvue à l'extérieur des mêmes taches purpurines ; 3° d'autres
enfin présentent une décoloration complète inlus et extra de cet organe.
Cette dernière forme, moins répandue que les précédentes, me paraissait
depuis longtemps déjà être une application des règles formulées par Darwin
dans son Cross and self fertilisation, relativement à la disparition du coloris
( 582 )
corollin dans les plantes longuement aiitofécondées, quand des faits téra-
toiogiques sont venus me confirmer dans cette opinion.
» Il y a trois ans, j'ai observé que des phénomènes de pétalodie staminale
se montrent exclusivement dans les variations 2° et 3", et plus fréquemment
dans la dernière. Ces monstruosités consistent dans la naissance, sur le dos
du filet, d'une languette décolorée, verticale et parallèle à la partie supé-
rieure de la corolle, ou réflexe et engagée dans son tuhe. Cet appendice
peut atteindre ou dépasser le bord de la cupule florale, et se souder
même à la corolle sur la ligne de jonction de ses pièces. Le plus souvent,
deux d'entre elles seulement sont frappées de cette monstruosité : ce sont
les plus courtes. Quand ces modifications se produisent profondément,
elles retentissent sm' l'ovaire, qui, sans cesser toujours d'être fécond, de-
vient monstrueux. Il y a séparation ou indice de séparation entre les deux
loges de l'ovaire, et formation d'une troisième corne stygmatique. Les an-
thères deviennent rarement pélaiodiques et portent un pollen normal. Ces
monstres sont donc souvent fertiles (').
» Jugeant que la fécondation directe devait avoir présidé à cette for-
mation monstrueuse, j'entrepris, dès 1877, quelques expériences pour vé-
rifier cette opinion. Je pratiquai des autofécondations sur les deux formes 1°
et 3° (à fleurs roses et fleurs blanches), et j'en semai les graines en 1878. Les
plants issus de cette première génération ne présentèrent rien que de normal ;
il en fut de même pour la deuxième génération autofécondée de 187g. La
troisième génération, semée en aviil 1880, m'a donné en août deux pieds,
sur six, atteints de monstruosité pétalodique semblable à celle que je
viens de décrire, mais sur un filet seulement. Aucune altération corrélative
de l'ovaire ne s'est montrée, comme c'est le cas du reste dans les monstres
spontanés à une seule étamine pétalodique. Je sèmerai eu avril prochain
les graines, en petit nombre, que je viens de recueillir sur mes monstres
artificiels, pour voir si l'altération des étamiues se compliquera dans le
sens que j'ai observé dans les conditions naturelles. Les 'pieds issus des
semences du Liseron à fleurs rouges autofécondé pendant trois géné-
( ') Ce mode spécial cle pétalodie n'a été signalé jusqu'ici dans aucune autre plante, si ce
n'est lexes cjenerated by two corrélative planes ; by T. Archer Hirst.
Sans lieu ni dafe; br. in-8°. (Présenté pai' M. Cbasles.j
Atti dell' Accademia pontificia de' miovi Lincei compilait dal Segretario ;
anno XXXIII, sessionelJ, III, IV, gennaio-marzo 1881. Roma, 1880; 2 bvr ►,
in-4''.
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SEANCE DU LUNDI 11 OCTOBRE 1«80
PRÉSIDENCE DE iM. WURTZ.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. le Présidext annonce à l'Académie que, en raison de la séance
publique annuelle des cinq Académies, qui aura lieu le lundi aS octobre,
la séance ordinaire de l'Académie des Sciences sera remise au mardi 26 oc-
tobre.
En raison des fêtes de la Toussaint, la séance du lundi i*" novembre
sera également remise au mardi 2 novembre.
THERMOCHIMIE. — Su7- te rôle du temps dons la formntion des seL;
par M. Berthelot.
« Le rôle du temps dans les actions chimiques était autrefois méconnu,
ou attribué au défaut de contact et d'homogénéité, en tout cas regardé
comme de peu d'importance. Il a été surtout signalé à l'attention des chi-
mistes, qu'il me soit permis de le rappeler, à la suite de mes recherches sur
la synthèse des corps gras neutres et des éthers polyatomiques, résultant
de l'union des acides et des principes sucrés ( i854), combinaisons formées
par la voie directe et le seul contact prolongé des corps réagissants.
C. R., ib8o, 2' iemcjtre. (T. X.CI, N° 13.) " 7^
( 588 )
)) C'est en 1860-1862, dans le cours de mes études sur les éthers, que
j'ai exécuté les premières déterminations systématiques, au double point
de vue expérimental et théorique, sur la vitesse des réactions chimiques (' ),
sujet qui a été, dans ces dernières années, l'objet des expériences et des
spéculations d'un grand nombre de savants. Si je cite ces divers travaux,
c'est pour rappeler l'opposition qu'ils ont mise en évidence enlre les réac-
tions éthérées, ordinairement lentes et progressives, même dans les systèmes
homogènes (liquides ou gazeux), elles réactions salines, dont la durée est si
courte, dans la plupart des cas, qu'elle échappe à nos moyens présents de
mesure.
» Que l'on fasse agir un acide dissous dans l'eau sur une base ou sur un
sel dissous, ou bien une base dissoute sin- un acide ou sur un sel dissons,
ou bien encore deux sels dissous l'un sur l'autre : toutes les fois que les pro-
duits résultants sont également solubles et forment un système homogène,
la réaction n'exige en général, pour s'accomplir, aucun intervalle de temps
ap|)réciable, autre que celui nécessaire pour effectuer le mélange exact des
deux liqueurs. C'est ce qui peut élre vérifié, soit par la mesure initiale des
variations de température produites par le mélange, mesure contrôlée par
l'étude thermique réciproque du système final, au bout d'une durée quel-
conque de conservation; soit par la mesure de la densité, ou des propriétés
optiques et physiques de toute nature des liquides, tant au début qu'après
une durée quelconque de conservation.
» Certains doutes ayant été émis a priori sur la durée réelle des réac-
tions salines, quelles qu'elles soient, il est opportun de montrer que ces
doutes n'ont aucun fondement et qu'ils sont contredits formellement par
l'observaiiou,
» En efièt, l'étude calorimétrique des systèmes finals, conservés depuis un
temps quelconque, a été faite dans plus d'un millier de cas, parles méthodes
de décompositions réciproques que je rappellerai tout à l'heure et qui sont
susceptibles d'une grande précision; elles n'ont accusé, en général, aucun
excédent thermique, correspondant à une variation lente dans l'arrange-
ment intérieur de la dissolution. Je possède des liqueurs dont la prépara-
tion remonte à plus de dix années et qui ont gardé une constitution chi-
mique invariable, depuis les premières secondes de leur préparation. Non
seulement les propriétés thermiques, mais toutes les propriétés physiques
connues de semblables mélanges, propriétés dont quelques-unes se prêtent
Essai (le Mécanique chimique, t. II, p. i3, 38, et surtout 58, 92, log.
( 589 )
à des mesures excessivement précises, demeurent en général invariables, à
partir du moment où le tliermomèire a lui-même cessé de monter ou de
descendre.
» Précisons davantage ce genre de démonstration.
11 Lorsqu'un système liquide, solide, ou gazeux, éprouve des change-
ments lents, par suite de quelque modification progressive dans sa con-
stitution physique ou chimique, ces cliaiigemenis n'échappent point aux mé-
thodes thermiques, quel que soit d'ailleurs le temps nécessaire à leur accom-
plissement. Il ^uf^lt, pour les étudier, de recourir au théorème des actions
lentes ( ' ), d'après lequel : la clioleur dégagée dans une action lente est la dif-
férence entre les quantités de chaleut dégagées lorsque l'on amène à un même
état finalj, à l'aide d'un même réactifs le système des composants et celui des pro-
duits de la réaction lente.
)) J'ai fait de nombreuses applications positives de ce théorème à l'étude
de diverses questions, parmi lesquelles je citerai : la formation lente des
éthers et des amides ; la formation électrique de l'ozone; les états variables
du soufre; ceux des corps récemment fondus et des précipités; la décom-
position spontanée du phosphate triammoniacal dans sa dissolution même;
l'hydratation lente de certains corps anhydres au sein des dissolutions
aqueuses qu'ils forment tout d'abord (acide acétique anhydre, bisulfate de
potasse anhydre, etc.); la séparation progressive, à froid et à chaud, entre
l'acide et la base des sels ferriques dissous, etc.
» Mais, dans les réactions salines, le temps n'intervient ainsi que
pour des corps tout à fait spéciaux, susceptibles de varier par leur hy-
dratation ou leurs états isomériques. En général, la même méthode, appli-
quée dans des centaines d'expériences aux actions réciproques des acides
solubles, des bases solubles et des sels dissous, démontre que ces réactions
sont accomplies et que l'équilibre chimique résultant est atteint au bout
d'un temps excessivement court.
» Celte méthode comporte des applications extrêmement diverses et
qui se contrôlent les unes les autres. Il suffit, par exemple, de former sépa-
rément deux sels, par l'union d'une même base avec deux acides différents,
et de mesurer au moment même leurs chaleurs de form; L'équation (8), d'après Wronski, eslV équation réduile, et l'équation (6)
est généralement appelée réduile ou résolvante. »
PHYSIQUE DU GLOBE. — Tremblement de terre de Smyrne, du 29 jinllet 1880.
Extrait d'un Mémoire adressé par M. le D"^ Carpextin (').
(Renvoi à la Section de Minéralogie et Géologie.)
L'Académie ayant demandé à M. Pellissier de Reynaud, consul général
de France à Smyrne, des renseignements sur le tremblement de terre qui
venait d'affliger cette ville, M. le D"' Cirpeutin, médecin sanitaire, s'e.st
empressé de faire les recherches dont on donne ici le résumé :
« Le 29 juillet 1880, à 4''53'° du matin, un terrible tremblement de
terre, de douze à quinze secondes de durée, le plus fort depuis 1778,
ébranla la ville entière, en jetant la consternation parmi les habitants.
» La direction générale des mouvements était NNO-SSE; mais ils se sont
manifestés de diverses manières, en produisant l'effet d'une poussée verti-
cale souterraine, suivie d'ondulations et de mouvements gyratoires, en sorte
que ce tremblement de terre, composé de plusieurs secousses, paraît devoir
être considéré comme ayant été produit par des mouvements mixtes.
n A défnut d'indications notées par un sismographe, j'ai pu recueillir
les éléments fournis par im instrument enregistreur qui en a rempli l'office.
C'est un piano dont les angles ont gravé, sur les murs d'un salon, des em-
preintes qui constituent des données suffisantes pour établir approximati-
vement l'intensité du tremblement de terre, le nombre de secousses dont il
était composé, la poussée verticale, le mouvement dans les différents sens :
longitudinal, transversal, vertical, gyratoire et hélicoïdal. C'est ce dernier
mouvement, résultant delà combinaison des autres, qui a dû déterminer la
projection presque régulière, sur le sol, de l'eau contenue dans les bassins,
dans les terrines ou autres vases circulaires, qui étaient à peu près vidés
après la catastrophe.
M Des cheminées et des pignons ont été renversés, tantôt vers le sud et
tantôt vers le nord. Il en a été de même pour plusieurs objets d'étagères,
statuettes, etc., qui sont tombés dans différentes directions (^).
(') Ce Mémoire, fort étendu, contient un ensemble de documents sur les tremblements
de terre ressentis à Smyrne depuis l'antiquité la plus reculée jusqu'au 26 septembre 1880.
On n'a reproduit ici que les principaux détails de la catastrophe du 29 juillet dernier.
[') Dans la chapelle de l'hôpital français, une croix en cuivre de o", 60 de longueur.
( 602 )
)) Uinlensilé de ce tremblement de terre a été très forte, comme on peut
en juger par les effets produits. Il se produisit des cr;iquements dans toutes
les maisons et des écroulements nombreux.
)) D'après les renseignements que j'ai pu me procurer, le mont Sipyle,
et plus particulièrement sa partie occidentale, appelée Imamlar Dayhj
aurait été le centre du mouvement, dont le maxinumi d'intensité se serait
manifesté dans le voisinage du bourg de Ménémen.
» Le mode de propagation du inouvemeni paraît avoir été concentrique. En
effet, la violence des secousses a été d'autant moins accusée que les points
où elles ont été senties sont plus éloignées du foyer. C'est ainsi que, dans
le périmètre de l'aire de propagation de ce phénomène, Balukesser,
Brousse, Mughla et Rhodes ont à peine senti des trépidations, tandis que
Mételin, Aivalik, Pergame, Kirk-Agatsch, Ak-Hissar, Alascheir, Denisli,
Samos et Chio ont ressenti des secousses plus fortes, mais incapables d'y
causerie moindre dégât, alors queNasIi, Aïdin, Tliyra,Odemisch,Baindur,
Echelle-Neuve, Tschesmé, Vourla, Sevdikeuï, Boudja et Cassaba, plus près
du centre du mouvement, ont été plus violemment secouées, sans avoir ce-
pendant souffert réellement. Les villes le plus éprouvées après Ménémen
sont Bournabat, Sniyrne et Magnésie, c'est-à-dire les plus proches du
Sipyle.
» Ce tremblement de terre a donc été localisé à la plus grande partie
de la province de Smyrne.
» La vitesse de propagation du mouvement n'a pu être appréciée, faute
d'observations exactes sur l'heure où le phénomène s'est manifesté dans les
diverses localités; mais le peu d'étendue du pays engagé dans l'ébranle-
ment du sol et la violence de l'impulsion centrale font supposer une
différence peu sensible en ce qui concerne le moment précis où ont été
ressenties, dans chaque lieu, les premières oscillations.
» L Parmi les pliénoniènes précurseurs qui ont précédé le tremblement
de terre du 29 juillet, les uns sont éloignés, les autres rapprochés.
à large base, qui reposait sur le tabernacle, à 2'",5o de hauteur, a été projetée de l'est à
l'ouest, à 4'" de distance, sur les dalles du sanctuaire, où elle s'est brisée, tandis qu'une
statue, à peu près de grandeur naturelle et située à quehjues pas de là, a glissé, sans tomber,
de l'est à l'ouest, de plusieurs centimètres, avec son socle. En même temps, dans la sacristie,
une statuette décrivait sur elle-même un quart de circonférence, pendant qu'une autre statue,
presque de grandeur naturelle, faisait, à Bournabat, chez les sœurs de Saint-Vincent de
Paul, un demi-tour sur son piédestal [mou{'ciiunt gyratoire).
[ 6(.3 )
» Dans les premiers, il faut noter l'excessive rigueur de l'hiver, la séche-
resse relative de la période hivernale et absolue de l'été, et la chaleur tor-
ride de cette saison.
» Parmi les seconds, ou doit citer l'état particulier de l'atmosphère, peu
de temps avant la catastrophe et au moment même, et, ici, je ferai observer
que, pendant le mois de juillet, à l'extrême sécheresse s'ajoutait luie dimi-
nution sen-sible dans le débit des puits artésiens, dont l'eau s'écoulait quel-
quefois d'une manière intermittente.
» Des nuages orageux, survenant de q*" à lo'^ du matin, couvraient une
grande partie du ciel et étaient accompagnés, jusqu'au i 7, de grondements
de tonnerre, espèce d'orage avorté qui se dissipait chaque soir au coucher
du Soleil pour reparaître le lendemain, en se comportant de la même
façon
» La température s'éleva plus que jamais du 18 au aS juillet, en attei-
gnant, le 2-2, un maximum de 4 '"56 C. La tension éieclrique de l'atmo-
sphère était considérable
» Le 28, à S^ du soir, le baromètre, qui baissait depuis le 25, descendit
au minimum de 754""",53 pour remonter, à 10'' du soir, à 756'"™, 91; une
légère brise de nord-nord-est au sud-ouest, constante pendant trois heures
(de i''4o°à 4''4o™), fit place à un faible vent de nord-est à4''53"', au
moment où un mugissement souterrain, accompagné d'émanations sidfu-
reiises ('), signala le commencement du tremblement de terre —
» II. Phénomènes qui ont accompagné le tremblement de terre. —
1° Ménémen. Voici un extrait du procès-verbal (masbala) dressé par les
autorités de cette ville, le lendemain de la catastrophe :
a Sur I i4o maisons dont se compose Ménémen, dit ce document, 220 sont inhabitables,
et le nombre des maisons et boutiques entièrement écroulées s'élève à 455. Toutes les
mosquées, au nombre de ■j, ont été endommagées; 6 ont perdu leurs minarets, et leurs
coupoles menacent ruine. L'église grecque est hors de service. On compte 6 morts et
3i blessés. La population campe dans les vignes.
» A une denii-heure de distance de Ménémen, du côté de l'ouest, la terre s'est fendue
en plus de 160 endroits différents, et les fentes se sont refermées après avoir vomi,
pendant trois heures, des eaux vert noirâtre qui ont inondé une grande partie de la
plaine. »
» Quelques-unes de ces crevasses, de o", 20 à o™,3ode largeur, ont donné
(') Ces émanations ont été senties par quelques personnes dignes de foi.
C. P.., 1880, -i' Semestre. (T. XCI, N" IH.) 8o
( 6o4 )
issue à des eaux d'abord jaillissantes, puis courantes, pendant trois jours.
En un point, où une grande ouverture avait englouti un champ de blé,
on a vu sourdre un volume d'eau considérable, dans lequel il y avait des
herbes marines, quoique la mer fût à une distance de trois heures ( ' ). Cette
eau était froide et saumâtre. Partout on sentait l'odeur caractéristique du
soufre.
■< Les villages d'Émir-Aleni, Siileymanli, Bariidjé, Hissar, Borgliir et Telekler, sis aux
environs de Ménémen et composés chacun d'environ i5o maisons, ont été presque
anéantis, et c'est à peine si 5 ou G habitations sont restées sur leurs fondements dans
chacune de ces localités. »
« A Émir-AIem, des éboulements ont eu lieu. D'énormes blocs de ro-
chers se sont détachés de la montagne et ont roulé à plus de 3o" dans la
plaine. Les moulins à vent sittiéssur les collines, à l'entrée du bourg, sont
presque tous détruits,
» Entre Ménémen et Cordélio, à l'échelle de Thomasso, 3oo à 4oo cha-
meaux venaient d'apporter des charges de pastèques et de melons. Ils
étaient agenouillés et ruminaient tranquillement, lorsqu'ils ont senti les
premières secousses du sol. Pris de frayeur instinctive, ils se sont livrés à
une danse désordonnée, en poussant des beuglements affreux.
)i A Oidoudjak, beaucoup de maisons ont été endommagées. A Cor-
délio, des habitations ont été lézardées.
» La ligne du chemin de fer de Smyrne à Cassaba, qui traverse le foyer
du tremblement de terre, a été assez dérangée, dans la région du Boghaz,
sur un parcours de 3*"°, pour qu'un Irain venant de Magnésie se vit forcé
de rebrousser chemin. M. Redeuil, ingénieur dancais et administrateur de
cette ligne, m'a affirmé que, sur plusieurs jtoin's, le terrain sur lequel
reposent les rails s'était affaissé deo^jôo, par glissemcnl, d'après lui, attendu
que la chaussée est nivelée dans des terres d'alluvion assises sur les pentes
de la montagne. L'eau qui a jailli sur la voie ferrée par des crevasses
venait du Guédyze et contenait du t^able du lit de ce cours d'eau, très rap-
proché de la ligne en certains endroits. Deux ponts du chemin de fer ont
subi un affaissement et des détériorations
» La plaine, entre Ménémen et Magnésie, a été également bouleversée
(') Ce fait paraît explicable, le terrain d'alluvion où il s'est produit ayant été gagné
peu à peu sur la mer par les dépôts dus aux nombreux débordements du Guédyze (ancien
Hermus).
( 6o5 )
de fond en comble. En différents points, ont surgi des sources d'eaux ther-
iiudcs ou froides, qui paraissent être sulfiueuses. Ailleurs, la terre s'est
fendue, et de larges et profondes crevasses se sont formées.
» 2" Ilouniabat, ville de plaisance, à 8'"" de Smjrne et à 17*"'", en ligne
directe, de Ménémen, a été tiès maltraitée. Plus de 25o maisons ont été
délabrées. Presque toutes léclament des réfiaralions importantes.
» Au delà, les villages de Narlikenï, Hadjilar, Bonnarbachi, Icliiklai' et
Nympbio n'ont été que fortement secoués. A Coucloudja, l'église et le
clocher ont été endommagés.
» 3" Sinjnie, ville de 200000 habitants, distante de Ménémen de
I y'"",7, en ligne droite, a subi des perles matérielles incalculables. 4 per-
sonnes ont trouvé la mort sous les décombres, et 3o autres oi»t été blessées
plus ou moins grièvement. ..
» Aucune couslruclion n'est exempte de réparations; le chiffre des
cheminées renversées et des murs crevassés ne peut être évalué, même
approximativement.... Cependant, les maisons construites près du quai et
le quai lui-même, bien que fortement ébranlés pendant le phénomène,
n'ont pas conservé, autant que les autres constructions de Smyrne, les
traces tles violences de ce tremblement de terre.
» Plusieurs raisons expliquent, je crois, cette différence. La première,
c'est que ce nouveau quartier est placé sur un terrain rapporté, pris sur
la mer, à l'aide de remblais récents, en sorte qu'il y a eu là, dans la trans-
mission du mouvement, une déperdition de force plus grande que dans le
roc ou dans les terrains jdus anciens, tassés dipuis longtemps. La seconde
raison, c'est que les constructions nouvelles ont des fondations largement
assises sur des poutres de bois horizontales ou verticales (pilotis), solide-
ment enchevêtrées ou profouilément enfoncées dans la terre : de là, et
grâce aussi à la nature du sol, une grande élasticité qui adoucit les mou-
vements imprimés et rend, par suite, leurs effets moins désastreux. En
outre, il ne faut pas oublier que ces maisons neuves n'avaient encore été
ébranlées par aucun tremblement de terre.
>) Le long des quais, dans les bassins des établissements de bains, on
constata que l'eau de la mer, soulevée de bas en haut, produisait une sorte
de bouillonnement sur place, sans éprouver des mouvements rapides de
flux et de reflux, comme ceux qui ont été remarqués ailleurs, d.iiis des
circonslancts analogues.
» Les eaux du lac de Tantale se sont comportées de la même façon que
celles de la mer
( 6c6 )
M 4° Magnésie j ville éloignée de Ménémen de 3o'"°,5, sur le chemin de
fer de Cassaba, a relativement peu souffert. Deux mosquées, dont l'une
très ancienne, ont perdu leurs minarets et leurs coupoles, et plusieurs
personnes ont été mortellement atteintes par la chute des débris de ces
monuments.
» .... Voilà bientôt deux mois écoulés depuis ce grand tremblement de
terre, et l'écpiilibre du sol ne paraît pas encore près de se rétablir. Sans
compter les trépidations plus ou moins accentuées qui se produisent presque
journellement, on entend, de temps à autre, quelques petits craquements
dans l'intérieur des maisons, symptômes qui paraissent résulter des lasse-
meiits qui s'effectuent pi^obablemeut dans le sol.
» En résumé, les ravages et les phénomènes produits par ce tremblement
de terre ont été limités à la chaîne du Sipyle et aux plaines qui entourent
ces montagnes, dans un périmètre de quelques lieues scvdement.
» Ce|)endant le contre-coup de cet ébranlement s'e>t fait sentir, comme
je l'ai dit plus haut, à de grandes distances du foyer (à Brousse, à
Rhodes, etc.). Les journaux d'Atliènes ont annoncé que les chronomètres
de celte ville se sont arrêtés le 2g juillet, au moment même où les terribles
secousses avaient failli détruire notre ville (').
» Smyrne, située, pour ainsi dire, à califourchon sur les ramifications
souterraines des volcans de l'Arcliipel, des foyers volcaniques du groupe du
Kizil-Dagh et de ceux du mont Sipyle, occupe une position dangereuse qui
lui a valu déjà, à travers les siècles passés, des destructions et des recon-
structions nombreuses.
» Les foyers des tremblements de terre qui ont détruit si souvent cette
ville, dans l'antiquité comme de nos jours, paraissent toujours siéger au
nova, sous le Sipyle, point 011, depuis i362 environ avant J.-C, c'est-à-dire
depuis |ilus de trois mille ans, on peut admettre l'existence d'un volcan,
trop faible pour s'ouvrir un cratère permanent, mais assez fort cependant
pour bouleverser le sol et renverser des villes à des époques presque pé-
riodiques. Aussi suis-je tenté de dire, avec l'auteur de la relation du
tremblement de terre de 1778 :
« Il faut avouer que ce pays n'est guère habitable que pour ceux que la nécessité y re-
tient. Les malheurs de Smyrne, dans les différentes époques de son histoire ancienne et
moderne, offrent un tableau qui donne de l'épouvante aux plus intrépides, et ce n'est pas
(') L' Impartial, iovanvàX de Smyrne, numéro du 26 août liàbo.
( 6o7 )
une ville où l'on doive se fixer de préférence, malgré la liberté dont on y jouit et quelques
agréments que l'on y trouve dans les temps tranquilles (']. »
» Je ne dois pas oublier de faii'c remarquer, en termiiiaiit, la coïnci-
dence du dernier tremblement de terre de Smyrne avec les catastrophes du
même genre qui ont eu lieu dans d'autres parties du monde. On a signalé,
en effet, du 12 au 21 juillet, les terribles bouleversements dont Manille a
été le théâtre (-). Des notivelles de Lisbonne ont annoncé qu'à la fin du
même mois une île av;iit surgi, dans le groupe des Acores, à la suite d'iui
Iretiiblement de terre ('). Le 25 juillet, des secousses ébranlèrent le sol des
environs de Naples et donnèrent naissance, le 27, à detix nouveaux cra-
tères dans le Vésuve ("). Entin, après tine dépression barométrique pro-
gressive depuis le aS, survint, le 29 du même mois, le tremblement de
terre qui «branla Stnyme et ses environs, en terminant la série des dé-
sastres volcaniques qu'une période néfaste de dix-sept jours venait d'enre-
gistrer au profit de l'histoire géologique du globe. »
VITICUI.TURE. — Sur les effets pioduits par la culture de l'absinthe comme
iuseclifuge et sur son application préventive contre le Phylloxéra. Note
de M. PoiROT (Extrait).
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
« Je n'ai jamais vu, partiii l*'s plantes d'absinthe qui couvrent d'immenses
terrains de l'Amérique du Nord, ni mouches, ni fourmis, ni vers, ni insectes
quelconques, et je pourrais ajouter ni scorpions, ni tarentules, ni serpents à
sonnettes.
)) .... Je crois que le Phylloxéra ailé ne pourrait vivre longtemps à côté de
plantes d'absinthe et que le Phylloxéra souterrain ne pourrait subir ses
métamorphoses dans ini terrain modifié par l'engrais d'absinthe.
» Jj'absinthe, je viens d'en faire l'expérience, croît aussi facilement ici
que dans le nouveau monde, et la quantité de tiges dont on peut débarras-
ser la plante deux ou trois fois par an est considérable.
» lies tiges, laissées sur le sol et recouvertes de terre, peuvent former un
(') B.-F. Slaars, Ouftngc cilé, \^. i33.
('1 Lti Hi-for.-iie, iov\rnù\ île Sinyrne, numéro du 17 août 1880.
(') L'Iiiiparlial,i(i\irna\ de Smyrne, numéro du 4 août i8So.
(') L'Impartial, louTmi\ de Smyrne, numeio du ii août 1880.
( 6o8 )
engrais suffisant pour fertiliser le sol et aider heureusement au rétablisse-
ment de la vigne. »
M. DE LA LoYÈRE adresse une Note relative à l'emploi des huiles pro-
venant des calcaires bitumineux de Seyssel, pour combattre le Phylloxéra.
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
M. A. GuiLLocD adresse divers documents sur les essais faits par lui pour
combattre le Phylloxéra au moyen du brome.
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
M. A. Lehmaxn, m. Doublet, M. A. Laverré, M. H. Willard adressent
diverses Communications relatives au Phylloxéra.
(Renvoi à la Conunission du Phylloxéra. )
MM. BouTMY et LuTADD adressent, par l'entremise de M. Pasteur, une
Note sur la composition des eaux de Seltz artificielles.
(Renvoi à la Commission des Arts insalubres.)
M. le Secrétaire PERPÉTUEL annonce qu'il a reçu, soit directement, soit
par l'entremise du Minisière de l'Agriculture ou du Ministère de l'Instruc-
tion publique, un certain nombre de Lettres dans lesquelles différents viti-
culteurs demandent à être compris dans la distribution, qui pourra être faite,
des phiiits on graines d'une vigne à tige herbacée et racine bulbeuse, cultivée
au Soudan et signalée par M. Lécard ( ' ).
Ces diverses demandes seront transmises, ainsi que celles qui pourront
arriver ultérieurement, à la Commission du Phylloxéra. Il y sera fait droit
dès que l'envoi annoncé par M. Lécard sera parvenu à l'Académie.
CORRESPONDANCE.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
t° Le « Bulletin météorologique du département de l'Hérault,
année 1879 ».
(') Comptes rendus, iéance àw 1 3 septembre 1880, p. 5o2.
( (^"9 )
2° Une Thèse de M. A.-H. TVnrthmann, de Genève, intilidée « Recherches
sur l'encliondrome; son histologie et sa genèse ».
ASTRONOMIE. — Éphémpridede lacomèAc h 1880 (suite), par M.G.Bir.oiiBDW.
Présentée par M. l'amiral Mouchez.
Ascension
Dates.
Temps moyen
droite
Déclinaison
!880.
de Paris.
apparente.
apparente.
log i.
Éclat.
Oclobre. . .
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h m s
6.14. 8,8
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0,205726
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4.49.58,;
— 13.27.31
0,208807
,11
..
,5,5
4.43.17.4
— 14.32.22
0,21 1578
,08
..
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4 36.36,5
- 15.34. I.
o,2i55i8
,04
»
19,5
4.29.57,0
- 16.32.45
0,220088
1,01
u .
2*1,5
4.23.20,7
- 17.27.52
0,225263 c
'>97
>) Celte éphéméride est la suite de celle que j'ai donnée dans le n** 3 des
Comptes rendus (deuxième semestre 1880, p. i 53) et a été calculée avec les
mêmes éléments. "Voici ses corrections :
Dates.
1880.
Septembre 3o.
Octobre II...
Correclion
en ascension
Correction
droite.
en déclinaison.
+ IS5
-^2',6
-1- 1%0
-^2',8
>> Maintenant l'éclat réel de la comète est bien inférieur à l'éclat calculé.
» Le 3o septembre, par un beau ciel, l'éclat delà comète m'a paru an
plus égal à celui du 18 mai, quoique à celte dernière date l.i comète fiJt
( Gk. )
moins élevée au-dessus de l'horizon. L'éclat calculé étant 0,82 pour le
18 mai, i,o4 pour le 3o septembre, il résullerait de là une diminution
d'éclat de i à o, 79 par une cause étrangère à la v,u'ialion des distances de
la conièle au Soleil et à la Terre. »
ASTRONOMIE. — Observations de la comète d 1880 [découverte le 29 septembre
par M. le V Hartwig, à Strasbourg), faites à C Observatoire de Paris {équa-
torial de la tour de l'Ouest), par M. G. Bigoiirdan. Communiquées par
M. l'amiral Mouchez.
Étoiles Ascension droite. Déclinaison.
Dates. de Gran- -^ '^.— _^ — . -^^ — .
188U. conip. deur. ^*—-i>C Refiact. Parall. ^*— -J^ Réfiact. Paraît.
Cet. I.. n 8 -+-1.14,17 —0,02 +0,82 —6.10,4 —0,5 -Ml,l
4.. h 4.5 -.1.1(^,11 0,00 +0,67 —5.46,5 —0,2 -(- 8,3
8.. c 9,5 —0.49,71 0,00 +0,60 -i-i.i5,2 0,0 + 8,4
Positions des étoiles île comparaison.
Ascension droite Déclinaison
Dates. moyenne Rédnction moyenne Réduction
1880. Étoiles. 1880,0. au jour. 1880,0. au jour. Autorité.
h
Oct. I. n 27145 Lalande . . 14.48. 8,69 +i,6t +28.59.45,8 —4,9 4 o^'-- f"ér. Paris.
4. i 7 Couronne 15.37.42,23 +1,72 +26.40.35,7 —0,6 539 Sternen.
8. c 2989Arjj.-Z.+22° 16.28.22, 6 .> -)-22.47,6 » Arg.-Z.
Positions grocentriques de la comète, rupportces h l 'équateiir et h l 'ëquinoxe apparents
de l époque.
Temps
Nombre
Dates.
moyen
Ascension
de
1880.
de Paris.
droite.
Déclinaison.
comparaisons
h m s
h m s
0 < »
Oct. I
8.23. 2
14.49.20,27
^- 28.53.41,1
22 : i5
4... .
7.14.42
15.39. i3, 83
-t- 26.34.56,7
19: '9
8.. . .
8.52.2g
u
»
19: 12
» Remarques, — Octobre i : la comète a un bean noyau, parfaitement
rond, de 9" de diamètre environ ; la chevelure met de dix à douze se-
condes à passer. Avec un grossissement de 58 fois, la queue a paru
avoir un peu plus de 1° de longueur.
» Angle de position de la queue ; l\i°, 9.
» Les observations du l\ et du 8 octobre ont été faites par un ciel très
nuageux ; on n'a plus aperçu de queue. »
{ l'équation qui fait connaître les valeurs
que prend la fonction y^'( a;) = S pour toutes les valeurs de a; qui sont
racines de l'équation entière /(a;) = o, n'a pas de terme du premier degré.
C. R., 1880, 2' Semestre. (T. XCI, N» la.) ^ I
( 6.2 )
» Cette équation fournit donc une relation de la forme
(7) z=!p(z) = m'")'"-' - (i - m)'"-' A'"/'",
où a>{z) désigne une fonction entière du degré m — 2, homogène en z et
kj', et nous avons, pour toutes les valeurs de x qui sont racines de l'é-
quation (2),
z v/y(z) = y/,w'«j>/'«-< - (1 — *72)'"-'/{:'"j'" .
» L'équation différentielle (3) peut alors se naettre sous la fornne
dx dy
» Introduisons maintenant une nouvelle variable t^ en posant
z = kyt,
il vient, en vertu delà relation (5),
m , ï -4- I , mdt
a; = ;5 I + A .r = •, dx =
/i[t+i — m) t-hi — m /<[C-i- 1 — my
» La fonction cp[z) prend alors la forme
({/(<) désignant une fonction entière de la variable /, à coefficients numé-
riques et du degré m — 2, et l'équation (8) peut s'écrire, après quelques
transformations simples,
m
, . m dt k - d)
(9) - ~
[m — i~t][i-\-t]sl-if[t) ^m'"x— k-"'{i — m)"'-'r'
» Le résultat annoncé est alors manifeste, car, si l'on pose
mdt k^ dy ,
(m — I — t){i ^-f)v'^I'(^) v^m'-r — k"'(i ~ mf-'y'
u est une fonction connue de la variable j,u=i? {j) ; c'est en même temps
une fonction déterminée indépendante de p et ç' de la variable t, de sorte
qu'on peut écrire «=:R(m), en appelant R la fonction inverse de celle-là.
On a donc
(10) < = R[F(j)].
( 6.3)
» Pour le cinquième et le sixième degré, R est le symbole d'une fonc-
tion elliptique; c'est une fonction abélienne pour les degrés supérieurs.
» S'il s'agit de résoudre l'équation (i), on remarquera qu'on doit avoir
^= -.y» p = — h',
et, par conséquent,
<' Le cadre restreint de cette Note m'empêche de donner les détails de
calcul qui seraient nécessaires pour la compléter. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur une propriété de la foncùon de Poision et
sur t'inlécjrnlion des équations aux dérivées partielles du premier ordre.
Note de M. Ph. Gilbert.
« II. Si, dans l'équation (3) de ma Communication précédente,
r, s
on suppose que les fonctions F,, Fj. . . . , F,;, vérifient, pour deux valeurs
quelconques de r et de .y prises dans la suite 1,2, . . . , m, la relation
(B) (F„FJ = o,
et que le déterminant A ne soit pas nul, on aura, pour deux indices quel-
conques / et k pris dans la suite 1 , 2, ...,?«, en vertu de l'égalité (A), la
relation
(C) (^,— >.,, /^A- >-a)=0.
Cette équation, qui esl fondamentale dans la théorie de Jacobi, donne lieu
à deux observations essentielles : i°la démonstration précédente ne sup-
pose nullement que p,, P2-, ■ • 1 Pn soient les dérivées partielles, par rap-
port à x,,a;27 • ••. ^ni d'une même fonction z de ces variables, mais
uniquement que les fonctions F,, F,, ..., F,„ vérifient les —^ con-
ditions (B); 2° les équations (B) peuvent être des identités, indépendantes
de toute relation entre les y.n variables jt,, ..., x„, p,, ..., p„., ou des
équations qui résultent des relations données F, = 0, . . ., F„ = o j toujours
( 6i4 )
les relations (C) auront lieu identiquement, puisque les seules variables
j", , . . , o-n, pm+t, ■ ■ -, p„ qui y figurent ont été traitées jusqu'ici comme des
variables indépendantes.
» III. Supposons, dans ce qui précède, m — n, de sorte que les équa-
tions (i) ou (2) donnent les valeurs de p,, ..., p„ en fonction de .r ,,..., jr„.
Si, dans l'équation (6), on pose successivement y =:i, 2, .., n, et que l'on
ajoute, on trouve évidemment
^^'•'■y^l'ÏHm'&r-
1=1 /=i
Mais les coefficients de —et de -^' sont des déterminants égaux et de
signes contraires; donc, si les valeurs de/?,, . , /?„ tirées des équations (r)
sont telles que p^dx,^ . . .-hp„dx„ soit une dilférenlielle exacte, à cause
de la relation connue
dp, _ (fpi
dxj djTi
l'équation précédente se réduira à
(B) (F„F,):---:0
pour des valeurs quelconques de /■ et de s prises dans la suite i , 2, ...,//.
C'est une des formes principales de la condition d'intégrabilité données
parJacobi, et, d'après une remarque déjà faite, les seconds membres des
équations (1) seraient des constantes quelconques, puisque l'équation (B)
subsisterait.
)> Quant à la réciproque de ce théorème, elle est comprise dans notre
équation (A); il suffit encore de supposer m = n dans les relations (i). Si
les fo'nctions F,, . .., F„ satisfont, pour toutes les valeurs de r et de i' prises
dans la suite i, 2, . . ., n, à la condition (B), l'égalité (C) aura lieu pour
des valeurs quelconques de i et de k prises dans la même suite, et, connue
\i,y.k ne renferment ici aucune lettre /;, la condition (C) prendra la forme
d7t^d:^i~°''
ce qui revient à dire que )., r/jc, + H- In^^^n sera une différentielle exacte.
Cette réciproque devient d'ailleurs inutile dans notre manière d'exposer la
théorie de Jacobi.
( (J>5 )
» IV. L'utilité de ces piiiicipes, pour l'intégration des équations aux
dérivées partielles, ressortira des remarques suivantes.
» En premier lieu, il semble que ni Jacobi ni les géomètres qui ont
depuis simplifié ses travaux n'aient toujours indiqué avec une précision
suffisante, parmi les équations qui expriment sous différentes formes les
conditions dintégrabilité, celles qui sont des identités, indépendanles de
toute relation entre les variables x et p, et celles qui sont simplement des
équations, résultant de relations données.
» Ainsi, soit
le système iiitéqrable définissant p,, .-., p„ en fonction de x,, ..., j:„; si l'on
résout ce système de proche on proche sous la forme
p,=f,{x,, ...,x,„a,p.2. . -p,,),
p.—JJx\, . .,x,„a,a,,p,., . ■ ..pn),
on a, d'après Jacobi {Nova Methodus, § VI),
Ces relations sont-elles des identités? M. Imschenetsky le dit, mais des
exemples fort simples montrent qu'il n'en est rien. Or ce point est impor-
tant, car dans la méthode de Jacobi on se sert des conditions d'intégrabi-
lité pour prouver que certaines équations aux dérivées partielles, dans
lesquelles les variables p fujurenl comme variables indépendanles, sont véri-
fiées.
» En second lieu, dans la théorie de Jacobi, on fonde les relations (C),
dont on se sert pour parvenir au système intégrable, sur ce théorème :
» Sip ,/)„ sont des fonctions dex,,,.., x„ telles que p^dxy + . .+pndx„
soit une différentietle exacte, elsi l'on exprime deux quelconques des quantités p
(Pj-etp^) en Jonction des variables x et d'autres quantités p en nombre quel-
conque, leurs expressions ç), et (p/, vérifieront la condition
» Mais lorsque, partant de l'équation proposée p^ — fn on détermine
par la méthode de Jacobi les équations
( 6i6 )
qui doivent former avec la première le système intégrable, on ne sait pas
encore, lorsqu'on leur appliqué les relations (C), si ces équations appar-
tiennent réellement au système intégrable, car ces fonctions Fj, Fj, ...
sont définies par des équations partielles linéaires fournies par la condi-
tion (B) et qui admettent plusieurs intégrales distinctes. On n'est donc pas
autorisé, lorsqu'on choisit arbitrairement l'une de celles-ci pour la fonc-
tion Fj ou F3 que l'on cherche, à lui attribuer les propriétés du système
intégrable, et, en particulier, à appliquer aux valeurs p, = ç),-, p/,=^(p/, tirées
de ces équations le théorème ci-dessus, qui concerne exclusivement les
expressions tirées du système intégrable.
» Ces difficultés disparaissent lorsqu'on fait reposer la méthode de
Jacobi sur notre équation (A), comme nous le ferons voir ailleurs. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur une classe très étendue d'équations diffé-
rentielles linéaires à coefficients rationnels dont la solution dépend de
la quadrature d'un produit algébrique irrationnel. Note de M. Goran
DiLLNER, présentée par M. Hermile.
« Conduit par la Note ingénieuse de M. Brioschi ('), je me suis proposé
de traiter la question suivante :
» Trouver toutes les équations différentielles linéaires possibles à coeffi-
cients rationnels dont la solutioir dépend de la quadrature d'un produit algé-
br^ique irrationnel.
>' Voici les traits principaux des résultats que j'ai obtenus.
» Posons l'équation différentielle linéaire d'ordre n à coefficients ra-
tionnels
(1) y"-+/j,7'f«-"+. . 4- /?„_, j' + />„ J -= 0
et les produits algébriques suivants,
(1)
^ ' } B = (x-è,)P'...(x -b;)\
Voir Comptes rendus, 9 août 1880.
(6.7 )
où les quantités a, a, h, |3 sont des constantes; posons ensuite
(3)
X^logA.-.X"-'=3(-,)"i«|;j;;r^
Y==|.-.Y"')=--(-i)'',^^(^P^ ■
Si l'on substitue dans l'équation (r)
br)"^
e
,X+1
(4) r
on obtiendra une équation différentielle d'ordre n et de degré n à coef-
ficients rationnels
(5) F(V"', ■•.vî')--o,
équation qui ne contient pas le terme en vj. Posons dans cette équation,
pour C = const.,
(6) ■, = cj^.-., V-^' •'3" = -VY, v,"'=V(Y=-Y'). .. ;
alors, ipo, Ç),. -, Ç,i étant des fonctions rationnelles de .r, l'équation
transformée (5) prendra la forme suivante,
/c\" /c\"~' c
(7) (b) '>-Kb) ?. + --+5?«-'-^î'" = °'
équation qui doit être identiquement satisfaite. Maintenant, 7?2, . , m,
étant des nombres entiers positifs on négatifs, posons
(8) P.-^^ (r=T,2,.. ,V),
où au moins un des nombres m,, . ., ni^ soit premier avec n; alors, f-j
étant rationnelle, tandis que les autres puissances ne le sont point, la con-
dition nécessaire et suffisante pour que l'équation (7) soit une identité est
que les équations
(9) (g)"?"^?"^"' ?. = 2=^-- = ?n-i = 0
soient aussi des identités. Mais chacune de ces n équations contient linéai-
rement au moins un des coefficients/?,, . . p„, qui, par là même, seront
( 6r« )
déterminés. En posant
(lo) C^---Cp" (?•= I, a. . . .,«),
une solution particulière jv prendra, à l'aide de (3), (4) ft (6), la forme
(ri) r.= Ae '' « (r= 1,2,. ,fi).
En observant que, à l'aide de (10), C, -f C, -i- . . . +- C„ = o, le produit de
ces n solutions prend la forme
{i-i) r,j....r„^-k".
» Pour l'équation dn second ordre, remarquons les deux cas suivants.
L'équation transformée (5) étant de la forme
V5"+ X"+ /), (■'?'-l- X') + p,-i-{r/-{- X')- ^ o,
on aura, d'après (9), les identités
|V + X" + p,X'-+-/J2 + X'- = o et /;, -Y-f-2X'=o,
qui détermineront les coefficients p, et jd, de l'équation (i).
» 1° En supposant 2 a^ = /S^ = i et n^ = /^^ (r = i , 2, . . . , |j.) , la rel.i-
tion
p JS-^ _'v -^ - -f ?^ + -<'-]
donne la solution de M. Brioschi.
» 1° Si le produit B ne contient d'autre irrationalité que
y/i — X- y I — k' X- ^
on obtiendra la classe des équations du second ordre qui se résolvent par
les fonctions elliptiques ordinaires.
» Pour l'équation du troisième ordre, il faut remarquer que, dans le cas
où le produit B ne contient d'autre irrationalité que [(i — jr^)(i —k^x'^)Y
(.9 = 1,2), on obtiendra une classe d'équations qui se résolvent par des
tondions dont le rapport aux équations du troisième ordre est analogue à
celui des fonctions elliptiques aux équations du second ordre. Le même
raisonnement s'appliquera à une équation d'ordre quelconque. »
( G^9 )
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Principes d'un calcul algébrique qui contient comme
espèces particulières le calcul des quantités imaginaires et des quaternions.
Note de M. Lipschitz. (Extrait d'une Lettre adressée à M. Hermite.)
« .... Quant à la notion de l'Algèbre, je suis convaincu de la justesse de
l'énoncé que l'objet de cette science est défini par les résultats d'un nombre
limité d'opérations^addition, soustraction, multiplication et division, ces opé-
rations faites sur des quantités réelles. Sous ce point de vue, l'introduction du
radical propre aux quantités imaginaires parait fondée sur le fait algébrique
que le produit de deux sommes de deux carrés s'exprime également par
une somme de deux carrés. De même les règles du calcul des quaternions,
introduit par Hamilton, découlent de la représentation, proposée par Euler,
du produit de deux sommes de quatre carrés comme une somme de quatre
carrés. Or mon attention s'est fixée sur la circonstance que la composition
de deux sommes de quatre carrés s'est présentée dans votre premier Mé-
moire sur les formes quadratiques, publié dans le Tome XLVII du Journal
de Crelle, à l'occasion de la transformation de la somme de trois carrés en
elle-même. Partant, la méthode que vous avez trouvée, vous-même et
M. Cayley, pour la transformation de la somme de n carrés en elle-même
m'a conduit à découvrir les régies d'un nouveau genre de calcul algébrique,
oii le calcul usuel des quantités imaginaires et le calcul des quaternions
sont contenus comme les deux premiers cas. Si vous voulez suivre l'ex-
plication que je vais vous en faire maintenant, vous verrez la différence qui
existe entre ma méthode et l'extension du calcul des quaternions donnée
par Hamilton dans les Tomes VII, VIII, IX daPIdlosophical Magazine. Je me
réserve de comparer mes recherches au travail de M. Frobenius, publié
dans le Tome LXXXIV du Journal de feu notre ami Borchardt.
» Soient données —5^ quantités réelles quelconques X^j, oii a et b
parcourent les valeurs 1,2, . ..n et où 7.^4 + lia = o. On en forme, avec
les variables réelles J7,, ...,a7„ et y,, . ...y„ les k équations
œ,-hl.2tX^-\- ... 4-X„,a:'„=j, +>>,o72 + •■• + ^^.«J»,
l,.,x,-+-x., -i- ■•■-h'k„.,Jc„ — l.,,y,-hy., -\- . . . ~h l^njn,
l,„x, + l2„x.^ -h ... -ha;„ — X„,,j, +^,2^^ + . . . + j„,
C. R., 1880, a« Semestre. (T. XCI, N» IS.) 82
( 62 ) )
d'où suit l'équation
xl^ xl+ . . . + x„2 =- yl + Ji + • • • -^ 7,?-
Alors le déterminant M du système îles coefficients à gauche et à droite a
la propriété d'être égal à la somme de l'unité et de 2"-* — 1 déterminants
gauches impairs, partant de 2"-' carrés, dont les bases sont des fonctions
rationnelles entières des lab- Suivant une proposition donnée par Jacob!
dans le tome 2 du Journal de CreUe,ie désignerai chaque base en affectant
la lettre 1 d'indices d'un sei\l terme pris dans l'ordre correspondant, par
exemple
Donc la fonction lahcd.../, P^i'" "»e permniafion quelconque des indices dif-
férents, se change en elle-même ou dans sa valeur négative selon que la
permutation est réductible à un nombre pair ou impair de changements de
deux indices. Pour la valeur n = 2, le système des coefficients à gauche
et à droite est construit ainsi que dans chacun les termes de la première
et de la seconde ligne verticale ne diffèrent entre eux que par l'ordre et
par les signes ± y appliqués. Au contraire, pour chaque valeur de ji
plus grande que 2, les n équations formulées permettent d'en déduire
2"-' — n équations nouvelles, qui, jointes aux premières, fournissent
un système dont les coefficients, qui ne sont autre chose que les fonctions
"^abcJ fi o"t la propriété que les termes des lignes verticales ne diffèrent
entre eux que par l'ordre et par les signes ± qui y sont appliqués.
» Comme chaque équation nouvelle sera caractérisée parle coefficient
douta?, sera affecté, distinguons le cas du coefficient ■X,2j...pel du coefficient
■X23 „. En appliquant aux équations données successivement pour le pre-
mier cas les facteurs
O) ^31.../>) ^45.../>,2l ••■! '^2:!.../),l )
pour le second cas les facteurs
^23 ..7) ^'31.. .7,1» ••■1 ^123. ..(?-()!
l'addition donne respectivement les équations
^I23...p^l + '>^3-l.../)'5"2 -+-■•• +'>^23...f/>-l)'^/'+ ^'(/9+l)23. ..p''^pH I + • ■ . "h \i,i'>....pX ^
^ ^I23...pj'l "^ ^3^...pJ'2 "t" •••
+ ''•1Z...{p-\)-^p '^(p+l)23.../;J)';ii I ■•• ~ '-«,23 ../)JK;m
^^23...?^'l + '^34. ..7,1 '■^^2 + ■ . • + '>M2...(7-I)^Î+ "^(y^-OlS-î^ï' \ -'r ■ ■ • +- >«,|...y^„
= ^-23. ..7.? I "^ '"34... 71 ^2 + • • •
"+" •^\1...{q-\)^q ^(7H-I)l2...7jt 'I - • • • '•«,12... 7 V,,.
( ^^' )
De celles-ci suivent toutes les équations désirées, en substituant pour
23 ... p et pour 23 ... (7 toutes les combinaisons de nombres, qui diffèrent
entre eux et de l'unité. Miunlenant on voit facilement que la somme des
termes gauches du système complet de 2""' équations, élevés au carré, de-
vient égale au produitdudéterminant A>.etde lasommea;j-+-a7^ -I-... -i-a;^, la
somme semblable à droite au produit de A>. et de la somme jj -hyl -i-.-. 4- j"^,
d'où suit encore l'équation de transformation de la somme de n carrés en
elle-même. Voici les faits d'Algèbre qui servent de base à ce que je vais
exposer. »
ANALYSE MATHiîMATlQUE. — Sur la parution des nombres. Note
de M. David, présentée par M. Resal.
« J'ai donné dans les Com/jto /enf/us (année 1880, 1" semestre, p. i344)
une loi pour écrire immédiatement toutes les solutions de l'équation
p, -i-2p.,-+-3p3-h . . . — Il,
sans calcul, sans omission, sous la seule réserve qu'on les écrive dans
l'ordre déterminé par cette loi. Voici une seconde solution du même pro-
blème, qui présente la même simplicité, et dont l'emploi pourra dans cer-
tains cas être préférable.
» Le nombre r étant un quelconque des nombres i, 2, 3, ..., on a
une solution en posant p, = ?i— 2/', p-2 = f- De cette première solution on
déduit toutes les autres, correspondant au nombre r, par le Tableau sui-
vant, dans lequel on a omis comme précédemment, pour abréger, les va-
leurs nulles des/j :
p, = fl-
2/'
p, = n — 2r
— I
p,^n— 2r -
p,= r
p,= r-i
P2^=r — 2
p,= 2
p^ — 7l — 2 /■ -
/).,= /• — I
p, = fî
P2=r-
p,= 3
p,=
P,=
P^ =
! /^.=
p^ =
2r — 3
3
— 2 r — 3
— 2
l — 2/'
- I
( 622 )
Chaque groupe d'une ligne verticale donne naissance à un ou deux
groupes de la ligne verticale suivante, en prenant pour p, le même nombre
diminué de l'unité, et en ne faisant, varier, dans les autres valeurs de/Jo,
P3, /?4, . . ., que les deux dernières si elles sont consécutives, et la dernière
s'il en est autrement: si elles sont consécutives, diminuer l'avant-dernière
de I et augmenter la dernière de i, puis diminuer la dernière de i en in-
troduisant une nouvelle quantité^ égale à i et d'un indice supérieur de i,
ce qui donne deux solutions nouvelles; si elles ne sont pas consécutives,
diminuer la dernière seulement de i en introduisant encore une nouvelle
quantité p égale à i et d'un indice supérieur de i , ce qui ne produit
qu'une solution nouvelle.
» En faisant successivement r=i, 2, 3, . . ., on a toutes les solutions en
nombres entiers et positifs, pourvu que l'on ne continue pas les opérations
pour les groupes dans lesquels les valeurs de p, ou p, deviennent négatives.
» Il est clair, d'ailleurs, que la première résolution et celle-ci ne dif-
férent que par la loi qui groupe les solutions, c'est-à-dire par la manière
dont les nombres qui satisfont à l'équation proposée sont onlonnés, et il
en serait évidemment de même de toute autre résolution analogue de cette
équation. »
PHYSIQUE. — Sur tes actions mécaniques de la lumière; considérations théoriques
pouvant servir à interpréter les expériences réalisées par M. G. Bell. Note
de M. Ch. Cros.
tt M. le Secrétaire perpétuel donne lecture d'une Note par laquelle
M. Ch. Cros rappelle qu'il a adressé à l'Académie, le 20 mai 1872, un Mé-
moire, publié en partie dans le journal la Synthèse médicale [no\i\.-x\oyemhr&
1879), dans lequel il était conduit, par des considérations théoriques, à
affirmer a priori les résultats d'expériences qui lui paraissent présenter
une analogie remarquable avec celles qui viennent d'être communiquées
àricadémie, aujourd'hui même ('), par M. G. Bell. Il ajoute que, en tout
cas, ces considérations ne seront peut-être pas inutiles pour expliquer ces
expériences.
Voici le passage principal de ce Mémoire ( - ), auquel l'a'iteur fait allusion :
« § 26. — Pour concevoir les actions mécaniques réelles delà luniière sur la matière, il
[') Voir plus haut, p. 5g5.
('] La Synthèse médicale, octobre 1879, p. ii5.
( 623 )
faut retourner les lois des actions Je la niaiiùre sur la lumière, telles cjue les lois de réfrac-
tion, de réflexion, etc.
" Puisque la lumière, en passant d'un milieu dans un autre de densité différente ( mi-
lieux séparés par une surface oblique à la direction des rayons), subit une déviation, on
doit en conclure que, si le milieu agit sur elle, elle réagit sur le milieu. Le principe méca-
nique universel de la réaction me permet donc d'affirmer que :
• ["La lumière tend à ramener la densité du milieu qu'elle traverse vers celle du milieu
d'où elle sort ;
« 1" Elle tend à déplacer le corps transparent dans un sens oppose à la déviation qu'elle
subit;
« 3° Enfin, dans le fait de réflexion, le corps réfléchissant subit un recul.
» Voici quelles expériences je ferais sur ces lois, si j'en avais le loisir et les moyens :
» A. On ferait entrer, dans un tuyau renforçant une note de n vibrations à la seconde,
un rayon lumineux interrompu et rétabli n fois par seconde. La raréfaction ou la conden-
sation alternative du milieu gazeux pourrait peut-être faire parler le tuyau.
» La chaleur rayonnante sera une cause d'erreur à écarter ou à corriger.
» B. Un appareil, analogue à la balance de Coulomb, porterait, au lieu du disque de
clinquant, une])etit niasse de forme commode en une substance transparente, très réfringente.
Cette masse serait équilibrée à l'autre bout du levier. L'appareil étant bien immobile, placé
dans l'obscurité et dans le vide, on ferait passer un rayon lumineux intense à travers la
masse réfringente et l'on observerait s'il y a déplacement sensible.
» Il faut s'enquérir si la réflexion partielle à la surface du milieu réfringent ne fait pas
obstacle à l'effet mécanique.
u C. Pour étudier le déplacement par réflexion, il faut remplacer la masse réfringente
par un miroir léger, toujours dans le vide, à cause des résistances et des courants d'air ( ' ).
» Ou encore on essayerait de faire vibrer une lame métallique bien polie ou une
membrane argentée par une suite de n éclairs à la seconde, cette relation du nombre au temps
étant donnée par le corps vibrant.
o Ces expériences, exécutées et réussies, feront très justement un nom à leur auteur.
Mais, je le répète, le principe universel de réaction permet d'affirmer les lois ci-dessus
avant véridcation expérimentale. .-
OPTIQUE PHYSIOLOGIQUE. — Étude de la dislribulion de la lumière dans
le spectre solaire. Note de MM. .1. Macé et \V. Nicati, présentée par
M. Vulpian.
« Dans ime précédente Communication que nous avons eu l'honneur de
faire à l'Académie (^), nous indiquions les principes sur lesquels on doit
(') Le radiomèire de M. Crookes me paraît avoir été construit depuis, au nom de
théories analogues; mais on sait que c'est la chaleur cjui le fait mouvoir.
(') Comptes rcfidiis, séance du 3i mai i88o.
(624 )
s'appuyer pour comparer entre elles, au point de vue de leurs inlensilés,
des liuiiières de couleurs différentes. Nous décrivions, en outre, la marche
générale des expériences que nous avions entreprises pour les appliquer à
V étude de la distiibiilion de la lumière dans le spectre solaire.
» Le Tableau ci-dessous résume une série de recherches entreprises par
cette méthode, relatives uniquement à Irois observateurs de vue normale
et ne présentant en particulier aucune trace de daltonisme. Nous avons eu
soin, pour construire ce Tableau, de transformer, par le calcul, les
nombres donnés directement par l'expérience, en ceux que nous aurions
obtenus si nous avions opéré sur un spectre normal, ou en longueurs d'onde.
Pour permettre une comparaison plus facile, l'intensité maximum a été,
dans tous les cas, représentée par looo.
Longueurs d'onJe ,
" .,,.. i" observateur,
en millièmes „,„ ,„,
de millimètre. I, = i,oo. I^ = ioeuv. 1^ = 0,5 env. a' observateur. 3° observateur.
o,68i i5,i » i5,4 » 22,8
o , 64 1 III 112 III 200 1 6 , 3
o,Gi3 252 " >■ 355 »
0,589 768 768 776 768 745
0,567 1000 « u 1000 1000
o,55o 954 935 973 » 925
0,534 5' 2 » » 5l2 n
0,520 3i4 317 299 299 320
0,507 128 » 129 u »
0,497 4'')2 ''5,8 52,81 86,9 66,3
0,476 5,47 " " » "
0,458 1)84 " 3,97 11)37 3,00
0,442 0,521 « 1,21 5, 14 »
0,428 o,i83 » o>494 '>07 0,870
i> Les conclusions qu'on peut tirer des nombres compris dans ce Tableau
sont les suivantes :
» 1° Dans tous les cas, l'intensité maximum est dans le jaune, en un point
très voisin de la raie D, conformément à Vopinion généralement reçue ( ' ). L'in-
tensité décroît très rapidement de part et d'autre de ce point, et devient
déjà très faible dans le bleu.
» 2° Si l'on compare entre eux les résultats obtenus pour un même
observateur (colonnes 2, 3 et 4 du Tableau) avec des quantités de lumière
(') NEvyroN, OjJliqiw, Liv. I, F" Partie, p. 109.
( 625 )
(le plus en plus faibles ('), on voit la vérification complète du fait établi
par Piirkinje, que nous avons étudié dans notre dernière Note. On constate
en effet que, avec la'diminution de l'éclairage, la courbe représentative des
intensités se relève beancoiip à partir du bleu, ce qui revient à dire que
1(1 perception du hleu et du violet diminue beaucoup plus lentement avec la dimi-
nution de r éclairage que celle des couleurs moins réfrancphles.
M Nous signalons en outre ce fait important, établi, croyons-nous, pour
la première fois, que depuis l'extrême rouge jusqu'au vert de longueur d'onde
o^^, 5 ejiviron, la loi de distribution de l'intensité reste absolument la même, quel
que soit l'éclairage, aux erreurs près d'observation.
» 3° Si l'on compare entre eux les résultats obtenus pour les divers obser-
vateurs, placés dans les mêmes conditions (même valeur de l'acuité visuelle,
colonnes 2, 5 et 6 du Tableau), on trouve des variations notables, surtout
dans le bleu, à partir du même pomt que ci-dessus (o^^, 5), m;iis aussi dans
le rouge. Il faut en conclure qu'il y a, entie différents yeux également ca-
pables de discerner les couleurs j des différences très sensibles. Ces mêmes diffé-
rences se retrouvent, fortement exagérées, dans les cas de daltonisme :
c'est ce qui fera le sujet d'une prochaine Note. »
ACOUSTIQUE. — Formes vibratoires des pellicules circulaires de liquide snpo-
saccharique. Note de M. C. Decharme. (Extrait par l'auteur.)
« Dans une Note que j'ai eu l'honneur de soumettre à l'Académie (séance
du 29 septembre 1879), sont exposées les relations générales qui existent
entre les diamètres des bulles de liquide glycéiique, les vitesses de vibrations
et les nombres de nodales correspondants. Depuis, j'ai cherché à découvrir
des lois analogues pour les diverses figures pelliculaires que l'on peut pro-
duire avec ce liquide, ou ses congénères. C'est le résultat de ces recherches
que je vais faire connaître, en ce qui concerne les pellicules circulaires seu-
lement.
» Donnons d'abord une première idée du phénomène. Lorsque, au moyeri
(') Nous croyons uliie de rappeler que notre méthode consiste, pour coinp.nrer entre
elles deux régions d'un même sperti'e, à les ramener successivement à l'identité, par une
variation convenable de l'une d'elles, identité obtenue, par définition, lorsque l'acuité vi-
suelle de l'observateur est redevenue la même. En tète des colonnes ?., 3 et 4 se trouvent
désignées les quantités de lumière rouge (1^) employées dans ces trois séries d'expériences.
L'intensité 1,:= i correspond à une distance de l'observateur à l'objet égale à 1'", 10.
( 626 )
d'un liquide pompholygène ( liquide glycérique, sapo-saccharique ou
autre) (') et à l'aide d'un cadre de o™, i5 à o™, 20 de diamètre, on a ob-
tenu une pellicule plane, si l'on approche de son centre, soit à petite dis-
tance, soit au contact, une tige vibrante munie d'un appendice à son extré-
mité, on verra se produire, sur la pellicule, des ondes et des circonférences
nodales concentriques, très nettes quand les circonstances sont favorables
et d'autant plus nombreuses que le mouvement vibratoire est plus rapide;
phénomène analogue à celui des bulles, et que j'ai décrit précédem-
ment (-).
» Je ne m'arrêterai pas aux détails des dispositions expérimentales, faciles
à imaginer. Je dirai seulement que j'ai employé des cadres métalliques de
o",o5, o™, lo, o'",i3, o",20, o",25 de diamètre et de 6""" d'épaisseur, avec
lesquels on obtient de belles lames bien planes et d'une très grande sen-
sibilité. Chacun de ces cadres était muni de trois pieds équidistants.
» Après avoir comparé les divers moyens de mettre les pellicules en
vibrations (par influence, par contact, par communication médiat»', etc. ),
je me suis arrêté au suivant. J'ai employé, comme pour les bulles, une
lame d'acier de o^.aS de longueur etde o™,ooi4 d'épaisseur, à l'extrémité
de laquelle se trouvait fixé, à la cire molle, l'excitateur proprement dit :
un verre de montre ou un disque de liège de o™,02 de diamètre, pour le
procédé par influence, ou, dans le procédé par contact, un petit cylindre
en bois de o™, oo3 d'épaisseur, auquel la pellicule adhérait suffisamment
pour en suivre toutes les oscillations lentes ou rapides. La tige était serrée
au moyen d'une vis de pression sur un supjtort très lourd.
» Pour faire une expérience, on retire du liquide le cadre portant la
pellicule; ou le place horizontalement, on fait avancer la tige jusqu'à ce
que son appendice, qui lui est perpendiculaire, arrive au centre de la pel-
licule ; on fait vibrer la lige (soit avec l'ai c het, soit en lui donnant de légers
chocs avec le doigt, ou en se servant d'un marteau eu caoutchouc). Il se
produit alors, sur la pellicule, des nodales concentriques que l'on observe
par réflexion de la lumière à sa surface. Ces lignes sont d'autant plus nom-
breuses que la partie vibrante de la lige est plus courte. On fait varier cette
(') Le liquide emploj'é dans mes espéi'iences, et que je nomme, par abréviation, s/ipo-
facc/iarique, était une dissolution aqueuse de savon, sans glycérine, dont M. Terquem a
indiqué la composition (eau, 100; savon, i; sucre, 4o); liquide facile à préparer et don-
nant les lames suffisamment durables pour le but que je me proposais.
(') Annales de Chimie et de Physique, 5" série, t. XVIII, p. 898; novembre 1879.
( 627 )
longueur jusqu'à ce que les nodales soient nettes, fixes et faciles à faire
apparaître au plus léger choc. Il ne reste plus qu'à lire siu* la tige graduée
le nombre de centimètres et de millimètres correspondant. Ij'appréciation
exacte de cette longueur est une difficulté dans ces sortes d'expériences.
» On répèle les mêmes opérations pour les divers systèmes de i, 3, 4»
5, G, 7 nodales et l'on trouve, après correction des résultats à l'aide d'une
construction graphique, cette relation générale :
« Pour un tnèine diamètre de pellicule, les nombres de nodales sont inverse-
ment proportionnels aux longueurs de tige vibrante correspondantes.
» Cette relation fondamentale est la même que l'une de celles des bulles.
Par suite, toutes les autres lois, avec leurs conséquences, sont identiques
pour les deux phénomènes, ce que j'ai d'ailleurs vérifié expérimenta-
lement.
» Il suffit donc de rappeler la formule générale qui contient toutes ces
lois,
cl _ N/ « _ d" N'
d ~W7 °" ^ ~ 7^ ^ ÏT'
(d'après la relation — = ^, connue en Acoustique), rf, «7' représentant les
diamètres des pellicules; N,N' les nombres des nodales; Z, l' les longueurs
de tige vibrante; n, n' les nombres de vibrations.
)) La première formule peut se réduire à r/=CN/, oià C est une con-
stante (dépendant de la nature et de l'épaisseur de la tige, ainsi que du
poids de l'appendice), qui, dans les conditions de nos expériences, avait
pour valeur moyenne C = o, 264. «
CHIMIE GÉNÉRALE. — 5»?' la place que le bore occupe dans la série des corps
simples. Note de M. A. Étard, présentée par M. Cahours.
« Pendant un certain temps le borure et le horocarbure d'aluminium
cristallisés ont été considérés comme du bore, et classés à côté du carbone
et du silicium, en raison de leur ressemblance extérieure avec le graphite
et le diamant. Les recherches de MM. Wiihler et H. Sainte-Claire De-
ville sur le bore graphitoïde et celles de W. Hampe {Liebig's Ann. Chem.,
t. CLXXXIII, p. 75) sur le bore adamantin ont montré la véritable nature
de ces corps, et le bore, exclu de la famille du carbone, n'a pu trouver de
place dans la classificotion.
c. R., 188a, a' Semeare. ( T. XCI, N" JS.) 83 .
( 6a8 )
1) M. Mendeleeff, dans sa Table systématique des éléments, basée sur un
rapprochement numérique des poids atomiques, place le bore en tête de
la série de l'aluminium, bien que BoCI' ne corresponde pas à AP Cl°, dérivé
d'un corps tétratomique, et que Bo-0' soit un acide caractérisé alors que
APO' est un oxyde basique. Les oxydes basiques de scandium et de gal-
lium, découverts depuis et appartenant à la famille de l'oxyde d'alumi-
nium, accentuent encore cette différence de fonctions et d'analogies.
» D'autre part,iM]M. F. Nilson et O. Pettersson (Z)eu 2. hobutjlacélal. — Obtenu de la même façon, on le sépare ])ar des
distillations fractionnées. Liquide incolore, bouillant à 168-170°, inso-
luble dans l'eau, soluble dans l'alcool et l'éther. D = 0,816 à 22°. L'acide
sulfurique le charbonne à froid. L'acide chlorhydrique le dissout sans le
colorer. Une solution bouillante de potasse caustique ne l'altère pas. Il
ne réduit pas le nitrate d'argent anunoniacal.
» L'acide acétique cristallisable le dédouble à 100° en aldéhyde et
acétate d'isobutyle bouillant à io5-io7".
» 3. Points d'ébutlition des acétals :
Le dimétliyliicétal bout à 64°
L'acétal « 1 04°
Le propylacétal » i46"-i48"
» Il y a une différence constante de 4o° environ qui concorde avec la
règle de IL Kopp : élévation de 2X20°=4o° pour 2CH- introduits
dans la molécule. Le butylacétal normal inconnu doit donc bouillir à
186-188°.
» La comparaison des points d'ébuUition des composés correspondants
( 63i )
de l'alcool biityliqiie normal et isobiityliquc fournit une différence con-
slante de 8 environ :
Normal. Iso.
Alcool bulyliquo ï'6,9 io8,4
Cliloruif ■j'j,6 69
Bromure 100, 4 92
lodurc 129,6 121
Acide butyliciue i63 i54
Acétate de InUyle 1 14 io5-i07
» L'introduction du radical isobiityle à la place du radical biityle nor-
mal abaisse donc de 8° à 9° le point d'ébidlilion. Le remplacement de deux
fois le radical butyle par l'isobutyle l'abaissera de 16° à 18". Par suite,
l'isobutylacélal devra bouillir à 186"— iG" — 170°. C'est, eu effet, le point
d'ébuUition trouvé pour l'isobulylacétal. 0
M. A. FouRxiER adresse une Note concernant la formule du rapport de
la circonférence au diamètre.
]\L S. RosoLiMos adresse une Note intitulée : « L'occlusion des orifices
auriculoventriculaircs ; expériences et critique ».
A 4 beures un quart, l'Académie se forme en. Comité secret.
La séance est levée à 4 heures trois quarts. D.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
Ouvrages REçns dans la séance du i i octobre 1880.
Ministère des Travaux publics. Ports marilimes de la France; [.IV : D'Ouessaiit
au PouUguen. Paris, Impr. nationale, 1879-, i vol. in-8°, avec Atlas grand
aigle.
Bulletin météorologique du département de l'Hérault, publié sous les auspices
( 632 )
du Conseil général; année 1879. Montpellier, lypogr. Boehtn et fils, 1880 ;
in-4".
La queiiion du Tibre; par M. Dausse. Grenoble, Baratier et Dardelet,
1880; hr. in-8°.
Recherches sur l'enchondrome; son histologie et sa genèse; par le D"' A. -H.
Wartmann. Genève et Bàle, H, Georg-, Paris, G. Masson, 1880; in-8°.
Elude sur les orbites hyperboliques et sur l'existence probable d'une réfraction
stellaire j par V . Breton. Paris, Gauthier-Villars, 1880; in-S".
Découvertes et idées nouvelles sur les mondes duciel;parC. Ferrandi. Bastia,
G. Olivieri, 1880; br. in-8°.
Memorie délia regia Accademia diScienze, Leltere edArli in Modena; t. XIX.
Modena, 1879; in 4"-
Sui temporali ossetvati neli Italia superiore durante l'anno 1877. Relazione
di G. ScHiAPARELLi c P. Frisiani. Milano, U. Hoepli, 1880; in-4°.
Lehrbuch der organischen qualitativen Analyse ; von D' Cu. Th. Barfoed.
Kopenhagen, fr. Hôst, 1880; in-8°.
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SEA.NCE DU LUNDI 18 OCTOBRE 1880.
PRÉSIDENCE DE M. WURTZ.
MEMOIRES ET COMMUNICATIOIVS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. Faye, en présentant à l'Académie le Volume de la Connaissance des
Temps pour 1882, s'exprime ainsi :
)i J'ai été chargé par le Bureau des Longitudes de faire hommage à
l'Académie du deux-cent-quatrième Volume de la Connaissance des Temps,
celui de l'année 1882. L'Académie me permellra de lui signaler rapide-
ment les améliorations qui distinguent particulièrement ce Volume.
» 1° Les savants qui iront en divers pays observer cette année-là le second
passage (le Vénus, le dernier de ce siècle, y trouveront une Table donnant,
sans calcul, pour tous les points du globe d'où le phénomène sera visible,
les instants de toutes les phases de ce passage, avec la précision même des
Tables astronomiques. C'est là une innovation dont les observateurs nous
sauront gré.
» 2° Une autre Table, également nouvelle, permettra aux marins, aux
géodésiens, aux voyageurs et aux topographes de déterminer avec exacti-
tude, par un simple relevé de la Polaire, l'origine des mesures azimutales,
je veux dire la direction du méridien.
» 3° La Connaissance des Temps, qui donnait autrefois les positions, de dix
C. R,, I^8o. 2- Semcttre. (T.XCI, N^' IG.) 84
( 634 )
jours en dix jours, de vingt étoiles fondamentales, en fournit aujourd'hui
trois cents; elledonne aussi les positions, jour par jour, de dix étoiles po-
laires. Il importait de mettre le monde savant en état d'apprécier l'exacti-
tude de ces données capitales. Le Volume actuel contient la comparaison
de toutes ces étoiles avec les dix dernières années d'observations méri-
diennes faites à l'Observatoire de Paris.
» 4° Enfin il nous restait à satisfaire à un dernier desideratum. On connaît
le rôle que jouent les éphémérides de la Lune dans la Navigation et la
haute Géographie. Les Tables de Hansen, dont nous nous servons encore
et qui représentent si bien les observations d'un siècle entier, de 1750 à
i85o, sont en erreur, depuis vingt ans, de quantités qui se sont graduelle-
ment accrues jusqu'à 10" ou 12". Il peut en résulter, sur les longitudes
conclues des observations à l'aide de nos éphémérides, des erreurs de 5'
à 6'. Le Volume actuel contient les corrections empiriques qu'il faut ap-
pliquer aux éphémérides pour tenir compte, autant que faire se peut, de
ces erreurs. Les Tables actuelles n'étant pas fondées exclusivement sur la
théorie, il n'est pas possible de procéder autrement.
» A cette occasion, je rappellerai à l'Académie que l'achèvement des
Tables de la Lune de Delaunay, dont le calcul a été arrêté par la mort si
regrettable de cet éininent astronome, a été confié par le Bureau des
Longitudes à M. Tisserand; nous espérons, nous sommes certains que
dans un délai assez court ces Tables seront achevées par l'habile et savant
collègue qui a bien voulu accepter cette lourde tâche, et alors un vœu de
Laplace aura reçu enfin son entier accomplissement : les Tables et les
éphémérides de la Lune seront exclusivement basées sur la théorie de
l'attraction universelle.
» Je ne puis m'em pêcher de faire remarquer à l'Académie qu'à cette
époque toute la Connaissance des Temps, disons mieux, tonte l'Astronomie
de position, sera basée sur les travaux de deux Membres de l'Académie et
du Bureau des Longitudes : M. Le Verrier pour les planètes de notre sys-
tème, M. Delaunay pour la Lune. C'est là, c'est dans ce double et colossal
effort que se trouve la principale contribution de la Science française à
l'Astronomie du xix^ siècle.
» J'avais dessein de vous dire, en terminant, que la Connaissance des
Temps avait enfin atteint le degré de perfection que nous nous étions
proposé d'obtenir et que désormais nous ne voyions plus de progrès nou-
veaux à réaliser; mais il paraît bien qu'en fait de Science il n'est jamais
temps de dire : C'est assez! car, dans la dernière séance du Bureau des
(635)
I.ongitudes, M. Lœwy lui-même nous a signalé de nouvelles améliora-
tions dont les navigateurs lui seront certainement reconnaissants. Elles
figureront dans le prochain Volume.
» Il nous restera en outre à reprendre en sous-œuvre la Table des posi-
tions géographiques, qui, à vrai dire, ne fait pas partie essentielle de la
Connaissance des Temps. Peut-être même le Bureau jugera-t-il à propos de
la publier à part. Toujours est-il qu'avec les progrès incessants de la
Science moderne et les exigences conslantes de la pratique on n'est jamais
sûr d'avoir accompli toute sa tâche. Le Bureau des Longitudes s'efforce
du moins de maintenir la sienne au plus haut niveau où les forces humaines
et l'appui de l'État lui permettront d'atteindre.
» Messieurs, si la Connaissance des Temps s'est élevée en peu d'années
au degré, je ne dirai pas de perfection, mais d'achèvement où elle se
trouve aujourd'hui, nous le devons d'abord à la libéralité éclairée du Gou-
vernement qui nous a donné les ressources nécessaires. Nous le devons
aussi au zèle de nos collaborateurs de tout ordre attachés à nos bureaux
de calcul; mais, scientifiquement, nous le devons avant tout à la supério-
rité avec laquelle ces moyens puissants ont été mis en oeuvre par notre
savant confrère M. Lœwy. C'est un hommage que je me plais à lui rendre
devant vous, hommage ratifié d'avance, je le sais, par les astronomes de
tous les pays, »
GÉOGRAPHIE. — Longitude de ta côte du Brésil. Note de M. E. Mouchez.
« Une mission scientifique, sous la direction de MM. Green et Davis,
officiers de la marine des États-Unis, vient de terminer un important
travail géographique entrepris en 1878 : à l'aide du câble transadanlique
qui depuis quelques années relie l'Europe au continent sud-américain, elle
a fixé d'une manière définitive la longitude de ce continent.
» L'absence d'astronomes et d'observatoires dans l'Amérique du Sud et
le grand éloignement de cette contrée pour le transport du temps par les
navires à voile avaient rendu longlemps difficile la détermination de cette
longitude, et permis de proposer les résultats les plus différents, n'ayant
guère d'autre valeur que celle qu'ils tenaient de la compétence supposée
des observateurs. Il est intéressant aujourd'hui de constater les approxi-
mations qu'on avait obtenues par les anciennes méthodes, dans les derniers
levés de ces côtes.
( 636 )
» Chargé, vers 1860, d'entreprendre l'hydrographie du Brésil et de la
Plnfa, j'eus pendant pKisieurs années l'occasion de faire une série nom-
breuse d'observations astronomiques diverses, dont la concordance et la
comparaison avec les anciennes observations m'avaient permis d'affirmer,
dans le Mémoire publié en 1866 à l'appui de ces travaux, que la longitude
de ce continent était désormais connue à i^oii 2^ près, c'est-à-dire avec une
précision à peu [)rès du même ordre que celle des grands observatoires
d'Europe, avant qu'ils fussent reliés par le télégraphe ou un réseau géodé-
siqiie; mais, un savant astronome, établi à cette époque au Brésil, ayant
contesté ces résultats devant l'Académie et fait adopter pendant quel-
ques années, par la Connaissance des Temps, une longitude provenant
de ses propres observations dijférant de près de 3o^ de la mienne, il en
est résulté depuis cette époque un doute regretlablesur l'exactitude de mes
observations du Brésil, qu'il importe d'autant plus de dissiper aujourd'hui,
que les soixante-dix Cartes résumant ces travaux sont actuellement entre
les mains de tous les navigateurs des côtes orientales de l'Amérique du Sud.
Cette comparaison permettra, d'ailleurs, d'apprécier le degré d'exactitude
que peuvent obtenir les marins dans la détermination des positions géogra-
phiques, à l'aide des procédés applicables pendant de courts séjours dans
les ports, quand ils apportent à ce travail tous les soins qu'il exige.
» La mission américaine a fixé la position de six points de celte côte, de
1000 lieues d'étendue : les deux points extrêmes, Para et Buenos-Jyres, et
quatre pointsintermédiaires,Pernrtmiuco, Bahia, Rio de Janeiro et Montevideo.
» Le degré de précision que j'avais indiqué se trouve complètement
confirmé, comme le montre le Tableau suivant, qui présente dans la
colonne Cet D les longitudes défir)itives que viennent d'obtenir MM. Green
et Davis par le télégraphe électrique, et dans la colonne M les résultats que
j'ai obtenus pour les mêmes localités à l'aide d'observations astronomiques
et chronométriques.
» J'extrais ces derniers résultats du Mémoire publié en 1866 à l'appui
de mes travaux :
Lieux. LonfjitiidesG et D. Lonjjitudes M. Et-rour.
h m s II m s g
Para (Douane) 3.23. 21 ,o4 3.23. 18,77 ~l" 2 ,27
Pp.rhaihbuco (Picao ) 2.9.8.48,77 2.28.47,57 +1,20
Bahia (San Antonio) 2.43.29,37 2.43.27,03 -f- 2,34
Rio DE Janeiro 'observatoire). . 3.2.2,4i 3.2.o,3o -1-2,11
Montevideo (Catliédrale) 3.54-10,02 3.54- 9,00 -h 1,02
Edenos-Ayres (Douane) 4- ^■49'9^ 4- ^■49>33 -+- 0,62
(637 )
» Il résulle de ce Tableau que la plus forte erreur de mes longitudes est
seulement de 2*, 3/|, tandis que celle qu'avait adoptée la Conunis.snnce des
Temps (3'' i'°3', 5), de préférence à la mienne, était en erreur de 27', 4- Celle
qui figure encore aujourd'hui dans ces Tables, d'après M. Penaud, est en
erreur de 7% 4, et celle de Montevideo, qui a été déterminée par la mission
des premiers méridiens envoyée par le Bureau des Longitudes en 1868, et
introduite dans la Connaiisance des Temps postérieurement à la publication
de mes travaux, est en erreur de 4% 8. Je n'avais que 1' d'erreur sur ce
dernier point.
» On voit d'ailleurs dans le Tableau que, les erreurs étant toutes de
même signe, s'il faut reporter la côte entière du Brésil de la très faible
quantité d'environ 2^ vers l'ouest (un peu moins de i''"), les longitudes
relatives par rapport à Rio de Janeiro, tout le long de ce continent, sonl
exactes à quelques dixièmes de seconde près.
» Il n'était guère possible d'espérer un tel degré de précision dans les
circonstances où je me trouvais et avec la rapidité qui a dû toujours pré-
sider à mes travaux ; dans nidle autre mer, même en Europe, on ne trou-
verait une aussi grande étendue de côle mieux déterminée, car des erreurs
de 2' à 3' sont encore quelquefois signalées jusque dans la Méditerranée,
et le dernier Volume du Dépôt de la Guerre, présenté il y a peu de jours
à l'Académie, contient la récente détermination télégraphique d'Alger,
qui corrige de 4' la position adoptée jusqu'ici comme la plus exacte.
)) J'ai cru inutile de donner la comparaison des latitudes: la plus forte
erreur signalée par la mission américaine est de 9", et j'ai toujours donné
comme exactes à moins de 10" près seulement toutes les latitudes déter-
minées à l'aide du sextant et de l'horizon artificiel, degré d'exactitude
bien suffisant pour la construction des Cartes hydrographiques et les besoins
de la navigation.
M II est intéressant maintenant d'examiner l'approximation qu'adonnée
chacune des méthodes que j'ai pu employer. Voici les divers résultats
extraits du Mémoire cité :
Par les chronomètres.
Erreur.
h m s s
2 traversées d'Europe du Lamothe-Piquet ( 3. i .5g, i 3,3
avec 5 chronomètres (1864-1866) j 3.2. o,g i ,5
I traversée du (V Entrecasteau-T (1862] i.i. ^,Z i ,9
29 traversées des paquebots, dont je réglais les 3 chro-
nomètres à chaque traversée 3.2. i,g 0,5
( 638 )
Far les observations astronomiques directes.
Erreur,
h m s
36 culminations lunaires (i858- 1862) 3.2. i,3 1,1
4 contacts d'une éclipse annulaire 3.2. 0,9 1 ,5
Satellites de Jupiter 3.2. 7, 3 4>9
Occultation f/ Lion 3.2.1 4, 3 ï • j9
i> A Ophiuchus 3.i.4i,3 21,1
» Ces résultats donnent une nouvelle preuve de la grande précision qu'on
obtient avec les chronomètres bien étudiés, et de la remarquable certitude
qu'ils offrent pour la détermination des positions géographiques; les écarts
sont toujours très faibles. Je ferai d'ailleurs remarquer que, lorsque l'in-
fluence de la température était sensible sur les marches, je l'ai toujours cor-
rigée à l'aide d'un simple coefficient sans avoir recours à aucune des diverses
méthodes plus ou moins laborieuses proposées depuis quelque temps, qui,
malgré ce qu'on peut leur accorder de fondé en théorie, n'ont encore
fourni dans la pratique aucun résultat utile connu, aucune application d'une
supériorité réelle. L'application qui en a été faite à la cote du Brésil par un
des auteurs de ces méthodes a donné un résultat moins exact que ceux
que j'ai cités plus haut : son erreur est de 7% 2, beaucoup plus forte que
celle de mes trois traversées.
» Les culminations lunaires, observées avec de petits instruments mé-
ridiens portatifs, donnent aussi avec facilité des longitudes à peu près cer-
taines à moins de 3* ou 4^ près, quand on les observe dans de bonnes con-
ditions. On peut même espérer obtenir une précision de 2* quand on a un
nombre sufGsant d'observations et des positions de la Lune bien corrigées.
Je l'ai vivement recommandée aux observateurs des missions officielles du
Sahara et du Niger, qui viennent de partir il y a peu de jours, après s'être
exercés à l'Observatoire de Paris et à Montsouris.
)) Les occultations d'étoiles donnent généralement de meilleurs résidtats
que ceux que j'ai obtenus, mais pour peu que l'étoile passe un peu loin du
centre de la Lune, comme cela a eu lieu ici, une légère incertitude sur la dé-
clinaison ou sur la latitude peut avoir une influence très nuisible dans les
résultats, surtout quand ou n'a observé qu'un contact.
» T^e beau phénomène des éclipses annulaires, par la précision absolue
avec laquelle on peut observer les quatre contacts, principalement les deux
contacts intérieurs, donne certainement le procédé le plus exact et le plus
sûr pour déterminer une longitude; mais c'est malheureusement un phé-
nomène qu'on a bien rarement l'occasion d'observer, car il est nécessaire
( 6'^9 )
d'avoir la possibilité d'aller se placer sur la ligne centrale, comme j'ai pu
le faire en 1862.
» L'observation des satellites de Jupiter est trop incertaine et ne peut
être recommandée qu'aux voyageurs qui traversent les continents peu
connus; elle est insuffisante pour les besoins actuels de l'Hydrographie.
» Le résumé de cette vérification de la longitude absolue du Brésil et des
longitudes relatives de tous les points de la côte, en confirmant l'exacti-
tude complète de mes travaux, est une nouvelle preuve de ce que j'ai
toujours dit en faveur des chronomètres, qui offrent, en l'absence du té-
légraphe, le procédé le plus sûr, le plus simple et le plus exact pour
déterminer cet important élément géographique, sans qu'il soit nécessaire
d'en corriger les données autrement que par la méthode 1res simple et très
efficace que j'ai toujours recommandée et qui m'a constamment donné les
meilleurs résultats.
» Le dernier Volume du Dépôt de la Guerre fournit encore une nou-
velle preuve de cette assertion. M. le colonel Perrier vient de rattacher au
méridien de Paris, à l'aide du télégraphe, la longitude du cap Carthage,
que j'avais déterminée avec trois chronomètres en 1876, quand j'ai été
chargé de lever la Carte des deux Syrtes ; l'erreur signalée n'est que de o', 4;
j'avais donné comme exactes, à 1* près, les longitudes des 200 lieues de
côte que comprend mon dernier levé. »
CHIMIE VÉGÉTALE. — Sur tes matières sucrées contenues dans lejruit du caféier ;
par M. BoussixGAULT.
« La baie ou cerise du caféier a la grosseur d'une merise; à l'état de
maturité elle est rouge; sa pulpe, jaunâtre, possède une saveur légèrement
sucrée. Chaque fruit renferme deux coques ellipsoïdes, presque rondes,
planes d'un côté, accolées par leurs faces aplaties et enveloppées de deux
minces tuniques. L'épaisseur de la pulpe comprise entre l'épiderme et la
graine est très faible; on en jugera par les dimensions prises sur une cerise
de forme à peu prèsovoïde: grand axe, o™, 01 5 à o'",oi6; petit axe, o'", 012.
L'épaisseur de la couche charnue a varié de o'^.ooa à o™, oo3.
» Dans les plantations du Venezuela, lorsque je les visitai, on dégageait
les graines de café du fruit en désagrégeant la pulpe. A cet effet, les fruits
étaient étendus sur une aire légèrement inclinée. La fermentation avait lieu
presque immédiatement en répandant une odeur vineuse. Le suc fermenté
s'écoulait ou se desséchait. Après quelques jours d'insolation, les fruits secs
( 64o )
étaient soumis à deux triturations : la première pour obtenir le grain, la se-
conde à l'effet d'en briser l'enveloppe coriace pour le décortiquer.
1) Dans mes notes, je lis que i'"'" de cerises rend de 3B^^ à 40''^ d*^ café
marchand.
» Durant mon séjour dans les vallées d'Aragua, à Maracay, j'avais re-
connu dans le fruit du caféier plusieurs sucres, dont il restait à spécifier la
nature ; mais les moyens dont je disposais et aussi l'état de nos connaissances
ne me permirent pas alors de continuer des recherches qui seraient res-
tées inachevées, si, à ma prière, l'empereur du Brésil, auquel on ne s'adresse
jamais en vain lorsqu'il s'agit de l'intérêt des sciences, ne m'eût fait parve-
nir, par l'interuiédiaire de notre éminent et regretté confrère le général
Morin, des cerises de caféier mises dans l'alcool immédiatement après la
cueillette. Ces fruits parvinrent au Conservatoire des Arts et Métiers en sep-
tembre 187g.
» De l'une des dames-jeannes on retira :
A. Alcool dans lequel les fruits avaient séjourné 6^°,4oo
B. Fruits imbibés d'alcool g''^, o3o
)) A. L'alcool A, d'une teinte ambrée, d'une saveur légèrement sucrée,
laissant un arrière-goiit amer, ayant une réaction acide, a été distillé dans
le vide jusqu'à réduction au volume de i'". C'est dans ce résidu de la
distillation qu'on a dosé les matières sucrées que l'alcool avait dissoutes,
après un traitement préalable par le sous-acétate de plomb. Le liquide,
débarrassé du plomb introduit en excès, fut amené à consistance sirupeuse; le
sirop, placé dans le vide sec, se prit, en vingt-quatre heures, en une masse
cristalline. Les cristaux obtenus par expression, puis purifiés par cristalli-
sation dans l'alcool, présentaient un assemblage d'aiguilles déliées, inco-
lores, d'une saveur fraîche et peu sucrée. Ces cristaux, ne possédant pas de
pouvoir rotatoire, entraient en fusion à la température de 166". Ce sont là
les caractères de la mannite qui existerait dans les cerises du caféier mêlée
à du sucre interverti et à du saccharose, dont on a déterminé les quantités.
M B. Les cerises imbibées d'alcool, pesant g'^joSo mises à l'étuve, ont
été réduites au poids de 3''S,8oo; on y a dosé les sucres et la mannite.
» Voici les résultats des dosages :
B.
A. Dans les SI'e, Soo
Dans l'alcool, de cerises sèches. Total.
Mannite 72,0
Sucre interverti 233,3
Sucre de canne 65, g
er
gr
20,0
92,0
3i,.
364,4
3^,7
98,6
( 64r )
» En restituant aux cerises sorties de l'étuve, pesant 38ooS'', les matières
sucrées que l'alcool A avait enlevées, Syi^', 2, on a, pour le poids des
cerises sèches, environ ^i']i^'\2.
" Pour 100 de cerises séchées à l'étuve, (ians l'état où elles sont parve-
nues à Paris, on aurait :
Alanoite 2,21
Sucre interverti , 8,^3
Sucre de canne 2,37
Substances indéterminées 86, 6q
100,00
» Dans les matières indéterminées se trouvaient la pulpe privée de sub-
stances solubles et les graines avecleurs tuniques cartilagineuses (endocarpe).
On a constaté en outre, dans les solutions alcooliques, de l'acide malique
et de la caféine.
Les cerises desséchées à l'étuve ont donné pour 100 : graines nettes. . 47)9^
Des cerises retirées d'une autre dame-jeanne 4? >8i
» Une dessiccation que je fis sur des cerises fraîches, cueillies sur un
caféier de Venezuela, a produit pour 100 :
Graines non décortiquées .... 33 ,4
Pulpe sèche 5,6
Eau par différence 61 ,0
Pulpe humide, 66,6.
100,0
» De Huuiboldt, considérant la promptitude avec laquelle la cerise du
caféier fermente et la masse énorme de substances organiques fournies par
des plantations de cent mille arbustes, était étonné qu'on n'eut jamais
pensé à en retirer de l'alcool ('). Je ne saurais partager l'étonnement du
célèbre voyageur, et je doute que la distillation des baies du caféier soit
lucrative; je la crois même difficilement praticable. D'abord cette cerise,
l'analyse l'indique, est relativement pauvre en pulpe sucrée, si on la com-
pare à la cerise ordinaire, à la merise et autres fruits à noyaux avec les-
quels, en Europe, on prépare des liquides alcooliques. Ainsi, tandis que la
cerise du caféier ne renferme pas au delà de 66 pour 100 de pulpe :
La cerise ordinaire en contient qo
La prune à guetchenivasser gS
(') De Humboldt, Voyage aux régions équinoxialcs, t. V, p. 86.
L. R., 1880, 2« Jtme«re. ( ^ . XCI, i\" IG.) 85
( 642 )
M J'ajouterai que, i)our faire fermenter le fruit du caféier, il faudrait re-
courir aux procédés suivis dans la préparation du kirsch'enwasser, du
quetchenwasser : o]iérer en vases clos et soumettre à la distillation dans un
espace de temps fort limité la totalité de la masse fermentée, graines coui-
prises. Or, il est douteux qu'après une coction dans l'alambic les graines
de café ne perdent pas de leur qualité. Il convient, d'ailleurs, de remar-
quer qu'en présence de la culture de la canne, ce grand producteur de
sucre et par conséquent d'alcool, il n'y a réellement aucune raison pour
distiller le fruit du caféier, ne donnant, ainsi que je m'en suis assuré,
qu'une eau-de-vie sans ces parfums qui font coter si haut au-dessus du
prix de l'alcool ordinaire les alcools de merises, de mirabelles, de quet-
chen. Au reste, il n'est pas exact d'af6rmer qu'on n'ait pas tenté d'obtenir
un liquide alcoolique du fruit du caféier. On lit, en effet, dans les Mé-
moires (te l'Académie des Inscriptions, « que les habitants de l'Arabie
» prennent la peau qui enveloppe la graine et la préparent comme le
" raisin; ils en font une boisson pour se rafraîchir pendant l'été. Celte
» liqueur vineuse semble posséder toutes les propriétés excitantes que l'on
» apprécie dans leca(e('). »
M Dans cette préparation, on fait fermenter la pulpe après eu avoir ex-
trait la graine, qui ne saurait, par conséquent, subir aucune altération;
quant au vin de café, il est naturel qu'il ait, à un certain degré, la faculté
excitante de l'infusion, puisque la cerise cède, comme on l'a vu, de la ca-
féine à l'alcool, et que des principes fixes de la pulpe restent dans le liquide
après la fermentation, qui ne détruit que les matières sucrées. »
BOTANIQUE. — Ordre d'apparition des premiers vaisseaux dans l'inflorescence
du Mibora vt-rna; par M. A. Trécul.
« J'ai dit (t. XC, p. Sg) que la tige foliifère du Mibora verna produit
d'abord un petit axe d'inflorescence droit, nu, cylindrique, et que cet axe
devient légèrement flexueux sur deux côtés opposés. Plusieurs sinus très
faibles peuvent déjà débuter sur des axes de vingt centièmes de niilli-
mètre de hauteur. Ce sont les sinus inférieurs qui apparaissent les premiers.
Bientôt les siiuis saillants deviennent plus proéminents, et ceux du milieu
ne tardent pas à dépasser les inférieurs. Un peu après ils sont eux-mêmes
(') Mémoires de t^ Académie des Inscriptions [Hisluire], t. XXII, p. 28.
{ 643 )
dépassés par les supérieure. Chacun de ces sinus devenant un rameau, les
?ameaux supérieurs sont plus avancés que les inférieurs. Alors le sommet
de l'axe produit l'épillet terminal qui, le premier, présente ses enveloppes
et les organes sexuels. Après lui, c'est le rameau latéral le plus haut placé
qui donne le deuxième épillet, et ainsi de suite des autres régulièrement
de haut en bas. H est ainsi formé fréquemment huit ou neuf épiliets, plus
rarement dix ou onze.
» Quand les premiers vaisseaux du rachis sont apparus, ceux de ses
jeunes rameaux ou épillots naissent, non dans l'ordre d'apparition des
sinus, c'est-à-dire de bas en haut, mais dans l'ordre de formation des
fleurs (chaque épillet étant uniflore), c'est-à-dire que ce sont les rameaux
ou épiliets supérieurs qui sont les premiers pourvus de vaisseaux et les
inférieurs les derniers (').
» Voici comment s'accomplit l'apparition des premiers vaisseaux dans
les épis de cette intéressante petite plante.
» I. Dans une inflorescence de o""",85 qui, outre l'épillet terminal, en
avait quatre latéraux dans la série A (celle dont l'épillet inférieur est le
plus bas placé) et trois dans la série A', il y avait dans le rachis un seul vais-
seau flexueux comme lui. Ce vaisseau, libre par les deux bouts, s'arrêtait
par en bas au niveau du deuxième épillet de la série A, à coujptcr d'en
bas, tandis que, par en haut, il arrivait à la hauteur de l'aisselle de l'épillet
latéral le plus élevé.
» II. Dans un épi un peu plus âgé, haut de i"",25, qui avait le même
nombre d'épillets, il n'y avait aussi, à l'intérieur du rachis, qu'un seul
vaisseau, également libre par les deux bouts; il descendait au niveau de
l'aisselle de l'épillet le plus bas placé, et, par en haut, il arrivait au récep-
tacle de la fleur terminale.
H III. Dans luie inflorescence un peu plus avancée, ayant aussi huit
épiliets, il existait dans le rachis deux fascicules pourvus de vaisseaux. Le
plus ancien avait deux vaisseaux, qui s'étendaient jusque dans le réceptacle
de la fleur terminale; par en bas, ils descendaient dans la tige proprement
dite (feuillue), où ils étaient renforcés par d'autres cellules vasculaires.
(') Je crois devoir rappeler qu'outre le Mihora verna, dont il s'agit ici, et le Lcpturus
subulatus, décrit à la page 667 de ce volume, j'ai cité antérieurement le Nardiis stricta
comme préseniant des vaisseaux d'abord dans ses épiliets supérieurs, et en dernier lieu dans
les inférieurs (t. XC, p. 2i4) J tandis que, chez d'autres Graminées, ce sont les épiliets de
la région moyenne qui, les premiers, possèdent des vaisseaux (t. XC, p. 2i5 et 281).
(6.4)
Ces vaisseaux montaient dans la fleur terminale an niveau desglumelles,
mais ni celles-ci ni les g lûmes n'en possédaient encore; et cependant les étamines
en avaient dans toute la longueur de leurs filets. Le deuxième faisceau du rachis
avait un seul vaisseau, qui descendait de même jusque dans la tige propre-
ment dite et, d'autre part, montait seulement jusqu'au niveau de l'inser-
tion de l'épillet supérieur de la série A', qui n'était que le troisième épillet,
à compter d'en haut. Malgré cela, dans cet épillet supérieur de A' et dans
le supérieur de la série A, qui était le plus élevé de tous les épillels laté-
raux, chaque étamine avait un vaisseau, bien que les glumes et les glumelles
n'en eussent pas encore. Le court fjédicelle lui-même de ces deux épillets laté-
raux supérieurs ne possédait pas de vaisseaux, tandis que, je le répète, les
étamines en étaient pourvues. Dans une de ces étamines, et j'ai vu cela plu-
sieurs fois dans le Mibora, le premier vaisseau n'existait encore que dans la
moitié supérieure du filet. Tous les autres épillets, placés au-dessous, étaient
sans vaisseaux, et ils étaient d'autant moins avancés dans leur développe-
ment qu'ils étaient insérés plus bas. Par conséquent, sur huit épillets, trois
seulement avaient des vaisseaux, et le seul épillet terminal en possédait dans
son axe. Les deux autres en avaient seulement dans leurs étamines.
» La présence des vaisseaux dans les étamines avant qu'il en existe dans
les glumes et dans les glumelles, et même dans l'axe des épillets, n'est-ce
pas là un fait des plus intéressants? Je l'ai observé si souvent que cela paraît
être le cas ordmaire dans cette plante. Je vais en citer d'autres exemples.
» IV. Un épi de 2"'™, 3o, outre les vaisseaux des deux faisceaux primaires
du rachis, a des vaisseaux seulement dans tes étamines de la fleur terminale.
» V. Un épi de 3™"*, ayant neuf épillets, n'a de vaisseaux que dans les
étamines des deuxfieurs les plus élevées (la terminale et la latérale supérieure),
et point dans les glumes ni dans les glumelles.
» yi. Un autre épi de 3°"" a des vaisseaux dans les étamines de trois fieurs,
et pas dans les glumes ni dans les glumelles. Ces trois fleurs sont la termi-
nale et la supérieure de chacune des deux séries A et A'.
» VIL Un épi de S'""", 3o, ayant neuf épillets, présentait des vaisseaux
dans tes étamines des cinq fleurs supérieures. Un des deux faisceaux vasculaires
du rachis montait jusque dans le réceptacle de l'épillet terminal, et il en
partait un vaisseau qui avançait dans la base de la glume supérieure. 11
n'existait de vaisseaux ni dans la glume inférieure ni dans les glumelles.
Dans les quatre épillets latéraux supérieurs, dont les étamines avaient des
vaisseaux, il n'existait de ceux-ci ni dans les glumes, ni dans les glumelles,
7ïi même dans t axe de ces épillets.
( 645 ]
» Vlll. Dnns nn épi de 7™™ de hauteur, ayant onze épillets, chacuu des
deux fiiisceaux primaires du rachis avait plusieurs vaisseaux dans sa partie
inférieure, mais un seul dans les inérilhalles supérieurs, excepté à la place
sur laquelle devaient s'insérer les vaisseaux de l'épillet latéral le plus haut
situé, où le plus grand faisceau du rachis était épaissi de quelques cellules
vasculaires. Ce f.iisceau, le premier né. arrivait dans l'épillet terminal, à la
base duquel, et plus haut dans le réceptacle, les vaisseaux étaient plus nom-
breux. Il en montait un fascicule de deux ou trois assez haut dans la ner-
vure médiane de chaque glume (celui de la supérieure était le plus élevé).
On u'en voyait pas dans les glumelles, mais il y en avait dans les élawines, et
ils étaient libres par leur base. — Il y avait de même des vaisseaux dans
les étamines de toutes les fleurs, sauf la fleur de l'épillet inférieur. De plus,
il n'y avait des vaisseaux que dans l'axe de quatre des épillets latéraux les plus
haut placés, et ces vaisseaux axiles étaient d'autant moins développés que
les é|)illets étaient insérés plus bas. Voici quel était l'état de ces vaisseaux
des épillets latéraux, en les étudiant de bas en haut du rachis. Je répète
que dans l'épillet le plus bas placé, appartenant à la série A par conséquent,
il n'y avait de vaisseaux ni dans l'axe de l'épillet, ni dans les glumes, ni dans
les glutiielles, ni dans les étamines elles-mêmes; mais, dans les trois épillets
suivants de la série A et dans les deux épillets inférieurs de la série A', il
existait des vaisseaux dans les étamines, et il n'y en avait ni dans les glumes,
ni dans les glumelles, ni dans l'axe de ces épillets. — Le premier épiliet qui
en présentait dans son axe était le troisième de la série A' (à compter d'en
bas); il contenait au bas du réceptacle un tout petit groupe vasculaire,
atténué en pointe au bout inférieur, qui était libre et éloigné des vaisseaux
du rachis, puisqu'il ne descendait pas même au niveau de l'aisselle de cet
épiliet. — Dans l'épillet placé directement au-dessus, le groupe vasculaire
sous-réceptaculaire était un peu plus fort, en forme de cône renversé, et
commençait à se diviser par en haut. — Dans les deux épillets latéraux les
plus élevés, chacun étant le supérieur de sa série, le faisceau vasculaire du
petit axe descendait jusqu'à l'aisselle de l'épillet, mais il était encore libre
par en bas. Par en haut il émettait de chaque côté, un peu au-dessous de
son sommet libre, qui n'atteignait pas les vaisseaux staminaux, une petite
branche qui se dirigeait vers la base de la glume correspondante. — Enfin,
dans l'épillet terminal, les vaisseaux du réceptacle, déjà assez nombreux,
continuaient le vaisseau unique du premier faisceau du rachis, comme je
l'ai dit plus haut en décrivant ce faisceau rachidien. — Quant au
deuxième faisceau de ce rachis, dont je n'ai rien dit encore, et qui des-
( 0/,6 i
cendait dans la partie supérieure de la tige mère, il s'arrêtait par en haut
au-flessous de l'épillet supérieur de la série A, avec les vaisseaux duquel il
ne communiquait pas encore. — L'épillet supérieur de la série A' devait
insérer ses vaisseaux sur le côté du premier faisceau rachidien, qui était
déjà renflé pour les recevoir, ainsi que je l'ai dit plus haut.
» IX. Dans un autre épi de 7""", un peu plus avancé que le précédent,
et n'ayant que huit épillets, le plus ancien des deux faisceaux primaires
atteignait le réceiUacle dans l'épillet terminal, où les vaisseaux étaient en
plus grand nombre et s'arrêtaient un peu au-dessous de ceux des éta-
mines. Un fascicule latéral s'écartait, de chaque côté, de ces vaisseaux
axiles, et montait très haut dans la nervure médiane de la glume
correspondante. — Dans les trois autres épillets supérieurs latéraux,
les vaisseaux de l'axe des épillets étaient de moins en moins avancés, sui-
vant que ces épillets étaient plus bas placés, comme dans l'exemple
précédent. — Dans les quatre épillets inférieurs, il n'y avait pas en-
core de vaisseaux dans le petit axe de chacun d'eux, et pourtant il existait
des vaisseaux c^flns les ctamines de toutes les /leurs, même dans celles de la fleur
de l'épillet inférieur. — Dans cet épi, l'épillet latéral le plus élevé, qui
appartenait à la série A', était inséré sur le côté du premier faisceau du
rachis ; mais le deuxième faisceau du rachis se terminait sous l'épillet su-
périeur de la série A, vers lequel il dirigeait sa pointe vasculairement libre
encore.
» X. Dans un épi de 11™'", les étamines de toutes les fleurs étaient pour-
vues de vaisseaux, mais tous les épillets n'avaient pas des vaisseaux dans
leur axe. Voici la progression que suivait le développement des vaisseaux
dans ces épillets examinés de bas en haut du rachis. Les deux épillets infé-
rieurs (un de chaque côté) n'avaient de vaisseaux ni dans leur axe, ni dans
les glumes, ni dans les gluiiielles, mais les étamines en possédaient. — Dans
le deuxième épillet de chaque série apparaissaient des vaisseaux dans le
réceptacle, un peu au-dessous de la base libre des vaisseaux des étamines.
— Dans l'épillet suivant, de chaque côté, un petit vaisseau parti du groupe
vasculaire de l'axe réceptaculaire entrait dans la base de chaque glume. Les
vaisseaux axiles de ces épillets étaient encore libres par en bas. — Dans
l'épillet venant au-dessus, ses vaisseaux axiles étaient insérés sur ceux du
faisceau le plus jeune du rachis. — Dans trois épillets plus élevés, lesvais-
seaux étaient en relation avec les deux faisceaux du rachis. Les vaisseaux
étaient très nombreux dans le réceptacle, et il en montait très haut dans
les glumes.
( 647 )
» Dans plusieurs des exemples décrits ci-dessus, j'ai dit qu'au bas du
réceptacle de la fleur de chaque épillet latéral il se développe d'abord un
groupe vasculaire, qui par en haut s'élève au niveau de l'insertion des glu-
raelles et qui s'allonge par en bas vers le rachis, pendant que, de chaque
côté, il en part un fascicule qui entre dans chacune des glumes, etc. Une
seule inflorescence m'a présenté, dans deux épillets superposés delà même
série, une exception à cette disposition. Au lieu d'un seul groupe vascu-
laire placé à quelque distance au-dessous de la base des vaisseaux des éta-
mines, et descendant vers le rachis, il y en avait deux: l'un à la hauteur des
glumelles, l'autre prés de l'insertion des glumes. — L'épillet le plus bas
placé des deux présentait l'état vasculaire le moins avancé. Il y avait dans
l'axe de cet épillet, près des glumes, un très court vaisseau bien isolé, et
plus haut, relativement loin, près de l'insertion des glumelles, un autre
vaisseau notablement plus développé que l'inférieur. — Dans l'autre épil-
let, inséré directement au-dessus du précédent, le vaisseau inférieur était
beaucoup plus allongé que le supérieur. Simple dans sa partie inférieure, il
ne descendait pas encore jusqu'à l'insertion du petit axe sur le rachis ; près
de son sommet, qui atteignait le niveau de l'insertion des glumes, il était
doublé d'un court vaisseau. Le vaisseau sous-glumellaire était bien plus
court, et était aussi doublé d'un autre vaisseau dans sa partie supérieure.
A quelque distance au-dessus étaient les vaisseaux des étamines, qui étaient
libres comme à l'ordinaire. Il y avait donc dans ces deux épillets trois étages
de vaisseaux superposés, et à cet âge indépendants les uns des autres.
» Je n'ai parlé jusqu'ici que de l'apparition des premiers vaisseaux des
deux faisceaux primaires du rachis; mais il naît postérieurement, dans la
partie inférieure de ce rachis, un troisième faisceau vasculaire, et assez
souvent un quatrième, à une époque que je n'ai pas déterminée, comme je
l'ai fait pour les faisceaux latéraux ou secondaires du rachis du Lepturus
subidatus, etc. Le troisième faisceau du rachis du Mibora verna occupe
souvent les deux entre-noeuds inférieurs; alors il finit par en haut dans l'in-
sertion du troisième épillet (à compter d'en bas). Assez fréquemment il
n'existe que ces trois faisceaux dans la région inférieure du rachis (sans
compter, bien entendu, les faisceaux d'insertion des épillets); mais assez
souvent aussi on en trouve un quatrième, que je n'ai rencontré que dans
l'entre-nœud le plus bas placé, c'est-à-dire entre les deux épillets inférieurs.
Ce faisceau m'a paru finir d'ordinaire dans l'insertion du deuxième épillet
d'en bas. Ces quatre faisceaux sont prolongés dans toute la longueur du
pédoncule. Il y en a deux un peu plus gros, opposés l'un à l'autre, et deux
( 648 ';
plus pelits, alternes avec les gros. Une seule fois j'ai trouvé un cinquième
petit faisceau dans le pédoncule. Quand il n'y a que trois faisceaux dans
l'entre-nœud inférieur du rachis, le quatrième faisceau du pédoncule se
termine à la base de Tépillet inséré le plus bas. »
PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE. — Sur la résistance des animaux de l'espèce
bovine au sang de rate et sur la préservation de ces animaux par les inocula-
tions préventives. Note de M. A. Chauveau.
« J'ai constaté, comme vient de le faire M. Pasteur [Comptes rendus,
27 septeu'ibre 1880), l'exactitude des faits antérieurement connus sur la ré-
sistance des animaux de l'espèce bovine à l'inoculation de la bactéridie
charbonneuse. Après m'ètre tenu pendant longtemps dans une certaine
défiance à l'égird des résultats des inoculations de sang de rate pratiquées
sur les sujets du pays de Chartres par l'Association médicale d'Eure-et-Loir,
j'ai dû accepter ces résultats comme parfaitement exacts. En effet, j'en ai
obtenu d'identiques sur un certain nombre de veaux du Charolais et de la
Bresse. Jusqu'à présent même, le hasard a voulu que je n'aie pu réussir à
tuer un seul de mes sujets d'expériences par les inoculations charbon-
neuses. Les bœufs français se sont donc montrés, dans mes expériences, aussi
réfractaires à l'infection bactéridienne que les moutons de l'Algérie. J'ajoute
qu'il en a été de même des boeufs algériens. Sur dix jeunes mâles inoculés
à Alger dans le courant des mois de mars et avril derniers, j'ai obtenu les
effets types que j'ai décrits sur le mouton, particulièrement les engorge-
ments ganglionnaires et la fièvre constatée par l'élévation de la température
rectale; mais aucun sujet n'a été très sérieusement malade.
» En somme, cette force naturelle de résistance qui, dans l'espèce ovine,
se montre, avec ce caractère de généralité, seulement sur nos moutons d'Al-
gérie, paraît être beaucoup plus commune dans les diverses races de l'es-
pèce bovine, tant françaises qu'algériennes.
» En France, les faits expérimentaux s'accordent assez bien avec les faits
cliniques. Le mouton, que l'inoculation montre très apte à contracter le
charbon, est le grand propagateur de cette maladie infectieuse. Les cas
d'infection spontanée sont incomparablement moins fréquents dans
l'espèce bovine, relativement au chiffre de la population animale. C'est au
mouton qu'il faut imputer le plus grand nombre des cas de pustule
maligne chez l'homme. Néanmoins, la fréquence du sang de rate sous
( (54<) )
forme épizootique dans l'espèce bovine est encore assez grande pour pa-
raître un peu contradictoire avec la grande résistance des sujets de cette
espèce à l'inoculation expérimentale.
» Cette sorte de contradiction semble encore plus manifeste quand on
observe ce qui se passe en Algérie: Pendant la mission que j'y ai remplie
cette année, j'ai fait, avec le concours de plusieurs vétérinaires, au nombre
desquels j'ai à citer plus particulièrement M. Delamotte, du 7*^ d'artillerie,
une enquête sur la distribution des maladies charbonneuses dans nos pos-
sessions algériennes. De cette enquête il résulte que le sang de rate est,
pour ainsi dire, inconnu sur le mouton dans les provinces de Constantine
et d'Alger; tnais la maladie se montre parfois sur les sujets de l'espèce
ovine du côté d'Orau. Contrairement à ce qu'on observe en France, c'est
bur les sujets [de l'espèce bovine que les maladies charbonneuses se mon-
trent le plus fréquemment et font le plus de victimes. Dans les tribus
arabes, on constate assez communément les tumeurs extérieures qui con-
stituent la maladie appelée charbon sympiomalique. Les expériences faites
à l'Ecole vétérinaire de Lyon, par MM. Arloing et Cornevin, ont démontré
que ces tumeurs sont dues à une forme bactérienne très différente de l'a-
gent spécifique du sang de rate. Il faut doue éliminer cette maladie de notre
enquête. Mais la vraie maladie bacléridieune, saïuj de rale,Jicuic thaibon-
neuse, existe aussi sur le bœuf, avec toute sa gravité, et se rencontre bien
plus fréquemment que chtz le mouton. Ou signale, en effet, le sang de
rate de l'espèce bovine non seulement dans la province d'Oraii, mais en-
core dans la province d'Alger. Il a fait à plusieurs époques certains r;.-
vages aux environs de Blidali; je ne l'y ai pas observé moi-même, mais j'ai
vu sur un malade de l'hôpital de Blidah une pustule maligne à laquelle il
n'était pas possible d'attribuer une autre provenance. Du reste, la plupart
des rares cas de pustule maligne qui se présentent à l'observation des chi-
rurgiens ont cette origine bovine.
» Qu'est-ce qui favorise ainsi les effets de l'infection spontanée dans
l'espèce bovine, si résistante à l'infection provoquée? Il faut nécessairement
chercher la cause de la différence, soit dans le mode d'introduction du
virus, soit dans des conditions qui modifieraient l'activité de l'agent infec-
tieux et le rendraient plus apte à se développer dans l'organisme du bœuf.
Les quelques expériences que j'ai faites en suivant cette direction m'auto-
risent à penser que l'explicaliou ne saurait tarder à se laisser découvrir.
» La résistance du bœuf au sang île rate rendant cet animal aussi apte
que le mouton algérien à l'étude des inoculations préventives, je n'ai pas
C. K., iS8o, 2' Semeiire. (T. XCI, N" IG.) 86
( 65o )
manqué de lue servir aussi des animaux de l'espèce bovine pour démontrer
qu'une première inoculation à laquelle survit le sujet exerce une influence
inhibitoire marquée sur les effets des inoculations subséquentes. C'est en
187g [Revue mensuelle de Médecine el de Cldiurcjie, p. 85,'^ à 870), que j'ai
signalé cette influence pour la première fois sur le mouton. J'ai démontré
alors que les troubles généraux, particulièrement celui qui est seul con-
stant, c'est-à-dire la fièvre constatée par l'élévation de la température rec-
tale, se montrent à la suite de In première inoculation surtout [loc. cit.,
p. 869). Le 5 juillet 1880 [Comptes rendus), je signale de nouveau l'action
préventive d'une première inoculation dans plusieurs passages d'une Com-
munication qui avait un autre objet et où j'annonce une Communication
spéciale sur cette influence préventive. Je citerai un de ces passages,
où il est question de trois moutons inoculés une deuxième et luie troisième
fois et qui ne furent que très légèrement atteints : « Or, ces nouvelles ino-
» culations avaient été faites... avec des quantités notables de virus très
» actif, qui auraient dû même produire des eflets plus marqués si ces trois
» sujets ne s'étaient trouvés, par le fait de la j)remière inoculation (j'expli-
» querai plus tard pourquoi), dans des conditions favorables à l'inHiiu-
» nité personnelle ». Enfin, le 19 juillet [Comptes rendus), je fais la Com-
munication particulière annoncée sur les inoculations préventives étudiées
sur les moutons algériens.
» J'aurais pu joindre à cette Communication mon étude des mêmes ino-
culations préventives étudiées sur l'espèce bovine ; mais le fnit fondamental
de la non-récidive était suffisamment établi par mes expériences sur le
mouton et par les faits que M. Pasteur avait observes de son côté en 1878
et qu'il a fait connaître dans la séance du 12 juillet 1880. J'ai donc cru
devoir ajourner l'exposition de mes rcchercbes sur le sang de rate du
bœuf au moment où j'en aurais fini avec la série de mes Communications
sur le mouton, série interrompue par le temps des vacances et que je re-
prendrai dinis la prochaine séance.
M C'est s;u- huit sujets de l'espèce bovine, quatre algériens et quatre
charolais ou bressans, que j'ai étudié l'influence d'une première inoculation
chatbonneuse sur les inoculations subséquentes. Les faits observés ont été
absoliunent identiques à ceux que j'avais constatés sur le mouton. Voilà
donc huit nouveaux faits de non-récidive sur le bœuf à ajouter à ceux que
M. Pasteur a fait connaître dans la séance du 27 septembre. Je publierai
ailleurs le détail des observations.
» Dans la Note qui relaie les faits dont je viens de m'occupcr, M. P.isleur
( G5. )
discute de iiouvenii {Comptes rendus, p. 53G) l'iiiterprétalion qu'il convient
(le donner de l'immunité acquise ou renforcée par une première inocula-
tion. Quoique mon nom soit mêlé à cette discussion, je ne serais pas inter-
venu s'il ne m'avait paru que M. Pasteur n'a pas bien compris ma pensée
et mes intentions. Je n'ai pus eu la prétention tl'édifier une théorie de l'im-
munité (le moment ne me paraît pas venu encore) et de l'opposera celle de
M. Pasteur. Chemin faisant, j'ai rencontré un fait à l'expUcation duquel il me
paraissait difficile d'apphqucr la théorie adoptée par M. Pasteur, et je l'ai
dit. Cette difficnllé existe encore aujourd'hui. Il s'agissait de l'étude compa-
rative des inoculations pratiquées, les unes avec de liés petites quantités
d'agents infectieux, les autres avec de grandes quantités, tant sin* les mon-
tons algériens pourvus seulement de leur iuununité naturelle, que sur ceux
dont l'immunité a été renforcée par une ou plusieurs inoculations préven-
tives. J'ai démontré (et je suis en mesure de rendre ma démoustralion plus
complète) que l'on a bien plus de ch;inces de réussir à produire le sang
de rate complet, c'est-à-dire mortel, avec les inoculations qui introduisent
d'un seul coup dans l'organisme un grand nombre d'agents infectieux.
Comment faire accorder ce fait avec la théorie de l'épuisement? Comment
un organisme, duquel une ou plusieurs cultures antérieures auraient fait
disparaître la plus grande partie des matières nécessaires à la prolifération
des agents infectieux du charbon, se prêterait-il mieux à la pullnlation de
ces agents avec une semence abondante qu'avec une quantité de semence
réduite au minimum? Si la pauvreté du terrain est un obstacle à la culture,
cette cause de stérilité ne devra-t-elle pas se manifester avec d'autant plus
d'évidence qu'on donnera au terrain plus de germes à faire proliférer? Ce
qui se passerait certainement dans un tube à culture ne doit-il pas se
manifester également dans l'organisme animal? Voilà mon objection. Je
l'ai formulée dans une interprétation théorique du fait que j'avais observé
en disant que les inoculations bactéridiennes comparatives avec peu on beau-
coup de virus se comportent chez le mouton algérien comme si les agents
infectieux rencontraient dans l'organisme de l'animal des matières ou agents
contre lesquels les premiers auraient à lutter pour vivre et se multiplier, et
dont ils triomphent plus facilement quand ils sont en grand nombre. C'est
avec le plus grand plaisir que je verrai cette objection écartée de la théorie
adoptée par M. Pasteur, théorie basée sur les faits d'une très séduisante
expérience, à laquelle je n'ai pas ménagé les témoignages de mon admi-
ration. »
( 652 )
M. le Secrétaire perpétuel fait observer que, par une erreur typogra-
phique commise au compte rendu de la dernière séance, on a évalué
à 2 5oo le nombre des éléments de la pile à chlorure d'argent de M. Warren
de la Rue ('). C'est à 25ooo éléments que s'élève If» -..ombre actuel des
éléments de cette pile.
MEMOIRES LUS.
PHYSIQUE, — Sur le plioloplione de MM. Graham B -d el Sumner Tainler.
Noie lue par M. Antoine Bregiet.
« Les appareils photophoniques que j'ai l'honneur de présenter aujour-
d'hui à l'Académie, au nom de M. Graham Bell, servent à transmettre les
sons par l'intermédiaire d'un rayon lumineux. Tandis que le téléphone or-
dinaire nécessite des conducteurs métalliques pour joindre entre elles les
deux stations en correspondance, le pholophone récepteur est tout à fait
indépendant de son transmetteur.il suffit qu'un faisceau de lumière puisse
traverser l'espace d'un poste à l'autre sans rencontrer aucun obstacle
opaque.
» Comme j'ai eu l'occasion de le dire déjà dans la dernière séance,
M. Bell a mis à profit, pour atteindre ce but, au premier abord si peu ac-
cessible, un métalloïde, le sélénium, dont la résistance électrique est plus
faible au jour que dans l'obscurité.
)) La figure ci-contre montre la disposition que MM. Bell et Tainter ont
reconnue être jusqu'ici la plus avantageuse.
» Le tube à l'embouchure duquel on parle est obturé à son extrémité
inférieure par une feuille de verre argenté très flexible, faisant l'office de
miroir, M, et de moins de y^ de millimètre d'épaisseur (^). Sous l'influence
delà parole, c'est-à-dire des vibrations correspondantes de l'air du tube, ce
miroir mince se bombe ou se creuse, devient convexe ou concave. Il en ré-
sidte qu'un rayon de lumière parallèle, provenant d'une source extérieure
et dirigé sur le miroir à l'aide d'un béliostat H, s'épanouira ou se concen-
.(') Comptes rendus, ii octobre 1880, p. SgS.
{') M. Bell s'est servi également de miroirs métalliques, qui sont plus aisés à fabriquer sous
des épaisseurs aussi faibles.
( 653 ^
trera après sa réflexion ( ' ). L'intensité lumineuse qu'il projettera à distance,
sur une surface donnée, changera à chaque instant. Le récepteur de sélé-
nium R subira donc des variations incessantes dans sa résistance, variations
correspondaut à celles de la pression de l'air dans le tube transmetteur :
ce qui revient à dire que la parole sera transmise dans un téléphone cr.li-
naire T placé dans le circuit qui comprpud la pile P et le sélénium.
» M. Bell remarque même que ce genre de transmetteur doit théorique-
ment être d'autant plus parfait que la distance entre les deux postes en cor-
v^
respondance est plus grande. Cela résulte, en effet, de ce que la divergence
et la convergence des rayons s'exagèrent au fur et à mesure que la distance
augmente.
» Dans les expériences auxquelles quelques personnes ont pu assister
hier dans mes ateliers, nous avions di!i avoir recours, en l'absence du soleil,
à la lumière électrique, et la disposition donnée au photophone présentait
une simplicité singulière. Un régulateur Serrin, actionné par une machine
Gramme de petit modèle et muni de son réflecteur parabolique, projetait
dir'ectemeiit ses rayons sur le miroir transmetteur flexible. Celui-ci les ré-
fléchissait à son tour directement sur le sélénium, à travers une distance de
i5"', longueur maxima de la salle dont nous disposions. La pile, dont le
(') Une cuve d'alun C est interposée entre l'héliostat et le miroir n'cepleur, afin d'em-
pêcher ce dernier d'être détérioré par les rayons calorifiques qui accompagnent toujours
les rayons lumineux.
( 654 )
courant local traversait le sélénium et les téléphones, n'était composée que
de 6 éléments Leclanché. Bien que la cinquaiilièine partie de la lumière fût
peut-être seulement utilisée, l'articulation se produisait dans les téléphones
récepteurs d'une façon sinon parfaite, au moins tout à fait démonstrative.
)) M. Bell, que personne ne se refusera jamais à croire sur parole, affirme
que, lorsqu'il a pu se servir du soleil, la voix était transmise avec autant
d'intensité qu'on peut en obtenir à l'aide des microphones les plus perfec-
tionnés, tels que ceux de M. Ader.
» Les expériences faites à Washington ont porté sur une longueur de
21 3™.
» L'idée de reproduire la parole par l'action d'une lumière variable sur le
sélénium est venue depuis longtemps déjà à l'esprit de M. Bell, mais il n'a
voulu rien publier à ce sujet jusqu'à ce que le problème fût pratiquement
résolu.
» A peu près vers la même époque, jNL J.-F. W. ('), de Kcw, M. David
Brown('), de Londres, et M. W.-V. Saigent, de Philadelphie, eurent aussi,
chacun de leur côté, des idées analogues ; mais M. David Brown paraît être
le seul qui ait décrit des méthodes propres à obtenir des résultats de quelque
netteté. M. Bell pense cependant avoir été le seul à concevoir l'idée de re-
produire le son à de grandes distances au moyen d'un rayon lumineux
parallèle, tout en faisant une grande part à son collaborateur, M. Sumner
Tainter, en ce qui concerne la réalisation pratique de ses premiers projets. »
MEMOIRES PRESENTES.
M. L. Pagel soumet au jugement de l'Académie un « Mémoire sur la
règle pour éviter les abordages ».
(Renvoi à la Section de Géographie et Navigation.)
M. MoxDOLLOT adresse une Note relative aux résultats des analyses fajtes
par MM. BouUny et Lulaud sur les eaux minérales artificielles.
(Renvoi à la Commission des Arts insalubres.)
(') Voyez le journal anglais xV«/«/-e, i3juin 1S78.
(') Un travail inédit de M. D. Brown sur ce sujet fut soumis confidentiellement à
M. Bell en octobre iS'jS.
( (3'.5)
COUUESPOIVDAINCE.
M. le SECRÉTAIRE PERPÉTUEL sigiialc, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
1° Un Mémoire de M. Pi. Clausius, imprimé en allemand et intitulé :
« Sur l'emploi du potentiel éleclrodynamique pour la détermination des
forces pondéromotrices et éieciromotrices d.
2° Un Ouvrage de M. L. Buys, intitulé : « La science de la quantité ».
?t° Le troisième Volume des « Recherches ihermochimiques » de
M. TItomsen.
[\° Un Mémoire de M. Gnscheau, intitulé « Etude sur divers cas singu-
liers du mouvement d'un point matériel ».
M. le Secrétaire perpétuel signale également, parmi les pièces impri-
mées de la Correspondance, une Thèse publiée à Baliia, par M. leD"' Agnet'o
Lcile, sur « l'anémie intertropicale » causée par l'anchylostome duodénal.
D'après l'auteur, on guérit cette maladie |)ar l'emploi du suc laiteux de
Gamelleiro, ou figuier sauvage, qui a la propriété, comme le suc de noire
figuier comestible et comme celui de Curica prijinya, de digérer les vers
intestinaux.
M. le Secrétaire perpétuel annonce à l'Académie la perte douloureuse
que vient défaire la Science dans la personne de M. le général Jlberl J.
Myer, chef du Signal Office de l'armée des États-Unis, décédé à Buffalo
(New-York), le 24 août 1880.
M. Gruey se met à la disposition de l'Académie pour l'une des expé-
ditions destinées à l'observation du passage de Vénus en 1882.
(Renvoi à la Commission des passages de Vénus.)
(656 )
ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Études speclroscopiques faites sur le Soleil, à l'Ob-
servatoire de Paris. Note de M. L. Thollox, piésentée par M. l'amiral
Mouchez.
« Au mois de juillet dernier, Ij'ai repris possession de l'installation que
M. l'amiral Mouchez a eu l'obligeance de me réserver à l'Observatoire de
Paris. Mes études sur le Soleil y ont été continuées jusqu'au commence-
ment d'octobre. Les conditions spéciales dans lesquelles j'opère m'ont
fait vivement désirer d'exécuter aussi régulièrement que possible des des-
sins du contour du Soleil, Ce travail aurait offert un sujet de comparai-
son d'un grand intérêt, mais il aurait pu m'empêcher de suivre avec une
attention suffisante des phénomènes qui me paraissent avoir une plus
grande iuiportance. Le Soleil est entré dans une période d'activité dont
il faut tirer le meilleur parti possible. Je me suis donc borné à dessiner les
protubérances qui, par leurs dimensions, leur éclat, leur structure, ont
( 657 )
plus parliciilièicnient allirê mon attcMilion. Ce soiil ces dessins que j'a^
l'honneur de présenter à l'Académie.
» I.A fuj. 2 représente dans ses trois phases principales la protubérance
décrite dyns ma Noie du 3o août, et qui en moins de âenx heures
a pris un développement de plus de 8'. La fig. 3 est la reproduction
d'un phénomène bien remarquable. Le 19 septembre, à midi, une protu-
bérance très brillante se trouvait sur le bord oriental du disque solaire.
En l'observant avec la fente étroite, on voyait dans tontes ses parties la
raie C hérissée à droite et à gauche de traits lumineux. Eu donnant à la
l'ente une largeur de o'°, 001, elle apparaissait tout entière telle qu'elle est
représentée en A. Une colonne de feu rectiligne, extrêmement brillante,
ayant environ 5ooo'*"' de longueur, se montrait, à la partie supérieure, en-
tièrement isolée. Dix minutes après, cette colonne, en s'iufléchissant comme
on le voit en B, avait rejoint le bord du disque. Quelques instants après, tout
avait presque entièrement disparu. La protubérance n° 1 se fait aussi re-
marquer |)ar l'étrangeté de sa forme. Elle ressemble à un gigantesque feu
d'artifice ayant plus de looooo*"" de hauteur. Elle est restée visible pendant
deux jours. Les autres dessins se rapportent à des types déjà décrits par le
P. Secchi.
» De l'ensemble de mes études il résulte que des protubérances ayant
i' de hauteur s'observent fréquemment avec mon appareil. J'en ai vu
plusieurs dépassant 2' et 3' et une de 8'. Si l'on considère en outre que
tout, dans le Soleil, se montre en projection et que noTis ne voyons presque
jamais les protubérances dans leurs vraies dimensions, il faut conclure que
certaines d'entre elles peuvent atteindre presque aux limites de la couronne.
Mais, si l'on constate dans leurs dimensions apparentes des différences
énormes, leur éclat relatifprésente desdiiféreucesqui ne son! pas moindres.
Tandis que les unes sont plus brillantes que le spectre du disque, d'autres
se détachent à peine du fond comme une faible lueur, qui pourtant a des
contours nettement définis et atteint généralement de très grandes dimen-
sions. Quand on observe par un temps favorable, on remarque dans les
protubérances des détails si nombreux et si variables, qu'une reproduction
fidèle par le dessin est tout à fait impossible. La Phologra|ihie seide pourrait'
domier à ces reproductions un caractère vraiment scientifique, \
)) Réservant pour mie prochaine Communication ce qu'il meresleàdire
sur mes autres observations, je crois devoir signaler dès aujourd'hui les
essais que je viens de faire pour déterminer la position del'équateur solaire.
Dans une Note du 16 août, il a été fait mention de deux couj)les de raies
c. r.., liSo, 2- JcmrJ.T,-. (T XCl, N" I !.) 87
Fif;. 3.
i
( G6o )
qui présenteiil des différences d'écart pai-faiteineiU accusées quand on fait
varier la position de l'image solaire sur la fente.
» Il faut dire ici que les dessins accompagnant le texte ne sont pas bien
réussis et ne peuvent donner une juste idée de la netteté du phénomène.
» Voici comment a été faite l'expérience aux premiers jours d'octobre.
Les deux extrémités du diamètre horizontal de l'image solaire étant amenées
successivement sur le milieu de la fente, j'ai déterminé le moment de la
journée où, en faisant passer l'image d'une position à l'autre, les deux inter-
valles n'éprouvaient aucune variation. J'ai trouvé decelte manière que l'axe
de rotation du Soleil était parallèle à rhoi>izon à i''45'°.
» Le miroir dont je me sers se trouvant au sud de l'appareil speclrosco-
piqué, je détermine la relation de l'image solaire en calculant pour i''45"'
la position du diamètre qui, à midi, était parallèle à l'horizon. Soient x
l'angle que fait ce diamètre avec le plan horizontal à l'heure « exprimée en
degrés à partir de midi, >, la latitude du h'eu et o la déclinaison ; je trouve
entre ces quantités la relation
fcos).±sin5) sina
tanga?
( I ijz sin^ cos). ) — sin). cosâ'
qui donne, pour le 2 octobre, à Paris, x = G6°. De là on conclut, en tenant
compte des effets du miroir, de l'objectif servant à projeter, des objectifs
de l'appareil, que le diamètre de l'équateur solaire fait avec le diamètre
parallèle à l'horizon à midi un angle de 24°. D'après les Tables du V. Sec-
chi, cet angle est de 26°. Une différence de 2° n'a pas lieu de surprendre
dans un premier essai, auquel je n'attachais d'autre importance que de
mettre à l'épreuve une méthode nouvelle pour déterminer directement la
direction de l'équateur solaire. Je me propose de continuer ces études à
Nice, en variant mes expériences de toutes manières, ce qui me permettra de
contrôler les résultats obtenus. »
ANALYSE MATHÉM ATiQUi;. — Principes d'un calcul algébrique qui contient, comme
espèces parliculièreSj le calcul des quantités imaginaires et des qunternions ( ' ).
Note de M. Lipsciiitz. (Extrait d'une Lettre adressée à M. Hermile.)
« J'introduis une série de symboles, qui seront appliqués aux quanti-
tés réelles comme facteurs, et je suppose que le signe négatif d'une quantité
(') Voir Comptes rendus, icance da 11 octolire ifciSo, |). 619.
(66f )
réelle puisse être attribué au symbole r('S|M'clif. En y joignant -t- i et — i,je
dénote le nombre 2" de symboles comme il suit,
où les indices d'nn symbole diffèrent entre eux, et où, par nue permutation
quelconque des indices, le symbole se change en lui-même 011 dans le
même symbole pris négativement, selon que la pernuitation est réductible
à un nombre pair ou imj)air de changements de deux indices. Après avoir
multiplié les 2"~' équations du système formulé auparavant par les sym-
i)olcs
Il '|2' ••■» '1?.../)) •••) '.>3...7! •••)
dont les indices correspondent aux indices des facteurs de x,, je les ajoute
ensemble et j'observe que la constitution des expressions permet de repré-
senter la somme à gauche comme un produit symbolique, dont le facteur
premier a la forme
I + ?12^I2 + • ■ • + ')23.../)^-l23...p + • • ^~ '2 3...i7''23...i?
el le facteur second a la forme
où le résultatdela multiplication de deux symboles dépeiul de l'arrange-
ment des facteurs et s'exprime linéairement à l'aide des symboles introduits
par un système de règles déterminées. Pareillement ou pourra représenter
la somme à droite comme un produit dont le facteur premier a la forme
et le facteur second la forme
1 'i2'>l2 — • • ■ '123. ../<'■ 123. ../! + ■ • ■~^ '23...'7''23...7~l~- ■ •'
où les règles de la multiplication des symboles seront déterminées aussi. Le
premier système de règles est le suivant :
'l2'l2^ — ') 'l2:l'i...p'{2 ^^ '3-4...pt ':H .../> ' I 2 = ' I 2.1 4...p> 'a*...?, I ' I 2 ^^ ^23 ...?»
le second système, celui-ci :
'|2'|2^^^ — ^1 'l 2'l2:) l.../) — - — h'i...pi '{ 2'aJ ../J ^^ 'l 23 'I.../7) ' f 2 '3 1 ...?,l '-23. ..q'
» Les deux systèmes présentent les mêmes règles pour la nudtiplication
( 662 )
de deux symboles à deux indices :
^ab^ab ~^ ' ? ^ab^bc — ^ac^ *ab'cd — 'abcd'
» De plus, le premier système indique le résultat de la uiultiplicalion
d'une série quelconque de symboles à deux indices, pourvu qu'en les asso-
ciant on marclie de gauche à droite; le secoiid système indique le résultat
de la multiplication de la même série de symboles, pourvu qu'en les asso-
ciant on marche de droite à gauche, et les deux résultats coïncident. C'est
pourquoi il est permis d'exprimer chaque symbole, par exemple iabcJeO
comme le produit des symboles à deux indices, l'ordre des indices restant
le même :
hibcde/^ 'ab'cd'cf-
» En outre, pour la multiplication de deux symboles quelconques on auia
la règle
lahcdcf 'a'O'c'd't'J' — 'ab ' ca '<■/ 'a' 6' 'e'i/' 't'/' )
par laquelle se trouve remplie la loi associative de Hamilton.
» Après avoir réduit la nuiltiplication des symboles quelconques à la
multiplication des symboles à deux indices, il m'est venu l'idée que l'on
peut aller plus loin et représenter chaque symbole à deux indices comme le
produit de deux signes primitifs. Par là on réussit à exprimer les 2"' sym-
boles à l'aide de n signes primitifs A,, A'j, . . ., X„.
>> A cet elfet, je suppose les équations
'ab = '''a"bi 'ba = ''i",!-
Alors se présentent nécessairement les règles
l'b^u^ — l'a^bi ''aKbKanb= — ', i'„^'b^'b^'c= — ^'a^':'i
de plus, on a
» Maintenant la multiplication des symboles s'exécute par la multiplica-
tion des signes primitifs, et pour celle-là il y a seulement ces deux règles,
que la transposition de deux signes primitifs voisins différents entraîne
l'apposition du facteur — i , et cjue deux signes primitifs voisins égaux doi-
vent être chassés et remplacés par le facteur — i,
M Les signes primitifs forment une série continuelle qui passe de /z = 2 à
une valeur de n quelconque. Pour n = 2, le symbole i est scindé en deux, et
l'on a les quatre unités
( G63 )
Pour n — 3, on a les huit unités du calcul des quaternions ;
— 1, —i = /.:J-,, —j—kji.;,, —k=kji.,.
Pour « = 4i '' y i^ Isî^ seize unités
— I, — /|o=A\A-3, .... — 'r;!:n ^ "2"i^'!""i,
» Passons à notre équation pour le cas général et posons
L = 1 4- /•, /^-J,,, +...+ /?•,/•,... y$>).,o.../,4-...+ /:-J-3...Z-,/),,,..,^ H-...,
A. :^^^ ce , -j- /r I k o if 2 "^ ... -t- A* I kf^ Xf^ ,
Y = j, + X-, k.r. + . . . -h /■, /„ r„.
Parlant, nous avons l'équalion
LX = Yf.,.
» JMainIcnaiit la composition de lieux transformations de la sonniic
cc'^^ 4-... + .r,^ en elle-même peut être représentée par une multi|)licalion.
Soient données — quantités réelles [7.aj, à l'aide desquelles on formera
une transformation de Ui somma j'1 -{-... -\- j-J; d ms la somme sj -H. . . + £|.
Supposons q\ie par la substitution de [j- à 1, de j- à x, de z à j-, on ait M
pour L, M, pour L,, Y pour X, Z pour Y; il vient l'équation
MY = ZAI,.
)/ Après avoir multiplié l'équation précédente par le facteur M, en con-
séquence de la loi associative, on tire de l'équation en question
MLX = ZiM,r,.
» Dans notre système, à une expression L correspond l'expression con-
juguée
oùl'ordiedes signes primitifs est l'inverse. Alors le produit LL' devient
égal au déterminant \1, qui est une somme de 2"~' carrés. En dénotant
( eeft )
par M' l'expression conjuguée à l'expression M, au produit LM est conjugué
le produit M'L', et le produit LMM'L' a la valeur réelle AXA[/..
» Si je ne niesuis pas trompé, l'introduction des signes primitifs contri-
bue à éclMircir la théorie des quantités imaginaires et desquaternions, parce
qu'elle est tirée de l'algèbre des quantités réelles sans aucun tâtonnement. »
ANALYSIi MATHÉMATIQUE. — Sur Ics équatioHS algébriques {*). Noie
de M. E. West, présentée par jM. Yvon Villarceau.
« Les coefficieiils de l'équalion résolvante (6) sont des fondions transcen-
dantes des cocftjcicnis de l'équation proposée; mais, si, au lieu de prendre
pour incoiniue auxiliaire la quantité a, on prend une fonction de cette
quantité choisie convenablement, on peut foire que les relations des coef-
ficients de l'équation i)roposée et de la résolvante soient algébriques.
« Pour cela, en jiortant les diverses valeurs de l'expression (g) de la
racine X dans l'équation (5), ou, ce qui revient au même, dans les expres-
sions des puissances semblables, telles que
(lo) p,-x'; + X'i-H... + x;,
la somme P„ étant donnée en fonction des coefficients de l'équation (i) par
les formules de Newton, on aura à former la puissance n'™° de polynômes
tels que
)) Ici il faut avoir recours aux notations de Wronski; j'adopterai, comme
lui, la notation des factorielles, c'est-à-dire que je ferai généralement
ce qui donne, pour le produit des p premiers nombres,
(il)' i''i' = i.2.3.. p.
Quant à l'expression de la puissance n"'""' du polynôme rt -+- ^ -4- . . . + 1, I,
o,79?.9 0,4635 » » » »
o,84ti 0,5941 0,3459 » » »
0,8753 0,6776 0,4788 0,2776 » »
0,8950 0,7306 0,5647 0,3988 0,23 18 l>
0,9106 0,7694 0,6282 0,4859 0,3435 0,2011
0,9223 0,7988 0,6741 0,5494 0,4247 o,3ooo
'74'
0,9317 0,8212 0,7106 0,6000 0,4894 0,3776 0,2656 o,i54i
» Le procédé que j'ai employé pour mettre en évidence les formes vibra-
toires des pellicules, sans être d'une grande précision relativement aux
mesures, est néanmoins si délicat, par suite de l'extrême sensibilité de ces
lames minces, qu'il permet de constater les effets dus à la variation d'épais-
seur d'une pellicule pendant la durée d'une expérience de deux ou trois
minutes, et même d'évaluer numériquement cette diminution d'épaisseur.
» Lorsque l'on compare les formes vibratoires des surfaces liquides cir-
culaires, de nature quelconque, à celles des pellicules savonneuses, on
trouve des lois identiques pour les deux phénomènes. L'expérience montre
seulement que la largeur des zones est environ six fois plus petite sur les
liquides que sur les pellicules. »
( 669)
CHIMIE MINÉRALE. — Sur la présence du cérium dans le terrain houiller du
bassin de Saint- Etienne. Note de M. 3Iayençon, présentée par M. Bous-
singault. (Extrait.)
« Dans le cours de recherches sur les produits minéralogiques formés
dans les mines incendiées des environs de Saint-Etienne, recherches que
j'ai communiquées à l'Académie ( ' ), j'ai observé des réactions indiquant la
présence du cérium.
, » Ainsi, en électrolysant certaines solutions, particulièrement celles qui
contiennent des fluorures, j'ai obtenu sur le fil négatif de platine un dépôt
métallique brun. Ce dépôt s'oxyde promptement et devient blanc jaunâtre.
En plongeant le fil dans de l'eau froide, l'oxydation se fait lentement, sans
qu'on voie se dégager aucune bulle d'hydrogène; en le plongeant dans
de l'eau au-dessus de 90°, il seproduit une effervescence rapide d'hydrogène.
J'ai conclu de cette dernière expérience que j'étais en présence d'un métal
de la deuxième section, très probablement le cérium.
» J'ai été assez heureux pour découvrir ce même corps en place, dans les
déblais de puits de mines, notamment au puits Devilaine, à Montrembert, et
plus abondamment au nouveau puits Ferouillat, près de la Béraudière. Use
trouve surtout dans^certains rognons lithoïdes de fer carbonate ; quelques-
uns de ces rognons présentent au centre un noyau d'aspect particulier, noir
à cassure conchoïde, ou gris. Ces noyaux rayent le verre, mais n'étincelient
pas au briquet. C'est là surtout que se trouve le cérium. Les corps avec les-
quels il est combiné ne me sont pas encore assez connus, mais la présence
du carbonate de cérium ne me paraît pas douteuse.
» Je décris, dans mon Mémoire, la méthode que j'ai adoptée pour séparer
le cérium des corps qui l'accompagnent, et parmi lesquels se rencontrent
vraisemblablement le didyme et le lanthane. »
PALÉONTOLOGIE. — Sur un Reptile très perfectionné, trouvé dans le terrain
permien. Note de M. A. Gaudry, présentée par M. Alph. Milne-Edwards.
« M. Roche, directeur des usines d'Igornay, auquel en doit déjà
plusieurs découvertes de curieux fossiles, vient de trouver dans le permien
un nouveau genre de Reptile. Il en a fait don au Muséum de Paris. La
(') Comptes rendus, 18 février 1878.
(670)
bête d'Igornay est le plus parfait des animaux qui aient encore été
rencontrés dans les terrains primaires de la France; je propose de l'appeler
Stereoracliis dominans.
» Dans \e Stereorachis, les vertèbres présentent un contraste frappant avec
celles des Reptiles des mêmes gisements. Tandis que, chez V Aclinodon et
VEuchyrosaiirus, les centrums sont composés d'une partie médiane ou bypo-
centrum et de deux pleurncentrums non soudés, chez le Stereorachis les
centrums sont en un seul morceau qui adhère à l'arc neiiral ; la colonne
vertébrale a donc acquis beaucoup plus de solidité : c'est ce qui m'a fait
imaginer le nom de Stereorachis {'). Il faut toutefois noter que les centrums
des vertèbres étaient encore extrêmement creux; leurs faces antérieure et
postérieure étaient tellement concaves, qu'elles formaient deux cônes unis
bout à bout; je ne voudrais même pas assurer qu'il n'y avait pas une per-
foration établissant la continuité de la notocorde : c'est un état analogue à
celui de beaucoup de Poissons.
» Le nouveau genre trouvé par M. Roche présentait une autre marque de
supériorité sur les Reptiles qui vivaient avec lui. Son humérus avait dans
la partie dislale un canal neuro-artériel. Déjà, dans VEuchyrosniirus,
j'avais signalé des rudiments d'arcade indiquant une tendance à la for-
mation de ce canal; dans le Stereorachis, cette formation a été achevée.
Lorsqu'on voit que, outre le canal neuro-artériel, l'humérus avait son épi-
trochlée et son épicondyle élargis comme chez les animaux dans lesquels
les muscles supinateurs et pronateurs ou les muscles extenseurs et fléchis-
seurs ont un grand développement, on est porté à penser que le vieux
quadrupède d'Igornay avait des bras plus perfectionnés que ceux des
Reptiles actuels.
» Le Steteorachis devait être un animal carnassier d'assez grande taille :
une de ses mandibules, bien qu'un peu brisée, mesure'' o™, 18. Les mâ-
choires inférieure et supérieure sont armées de dents coniques, profon-
dément enfoncées dans les alvéoles; leur coupe est à peu près ronde; elles
sont lisses en dehors, à^striicture rayonnée dans l'intérieur; celles qui sont
en avant sont plus fortes que les autres; une dent inférieure a une cou-
ronne haute de o", oSa; une dent supérieure, dont la pointe est malheu-
reusement cassée, devait avoir au moins o™,o4o. Il y a un entosternum
qui rappelle les Labyrinthodontes; il est très large dans son premier tiers
et rétréci en arrière ; il a o™, 1 5o de longueur. A côté se trouve une grande
(') STEpeôç, solide; pâ/iç, colonne vertébrale. J'ai supprimé un h ihns Slereornc/iis,
parce qu'on a l'habitude d'écrire rachis et non rhachis.
( 67. )
plaque osseuse à peu près quadrilatère, longue de o"", i4o sur o",o5o de
large; je suppose qu'elle est riioinologue du coracoïde et de l'omoplate.
Il y a aussi un os courbe que je crois l'homologue du grand os des Poissons
regardé par M. Kitclieu Parker comme une clavicule (épisteruum des
Reptiles ganocéphales). Je dois signaler encore de longues côtes arquées,
formées de deux pièces unies bout à bout, un gros coprolite, des os de la
tête à surface rugueuse et des écailles dures, brillantes, très fines, longues,
aciculées, comme dans V Jrchecjosaurus et V Acl'uiodon.
11 A certains égards, le Stereorachis marque des affinités avec les Ganocé-
phales et avec les Labyrinthodontes. A d'autres égards, il montre des ten-
dances vers certains genres du permien de Russie et du trias de l'Afrique
australe, sur lesquels M. Richard Owen a fait d'admirables recherches et
pour lesquels il a proposé le nom de Tliéiiodonles. Peut-être se rapproche-
t-il encore davantage des animaux de l'Amérique du Nord, tels (\vl Empe-
docles, Clepifdrops, Diineirodon, rangés par M. Cope dans son grotipe des
Pélycosauriens; mais jusqu'à présent je ne connais pas de genre avec lequel
on puisse l'identifier. C'est une chose curieuse de trouver des Reptiles si
nombreux et si variés dans les terrains primaires, qui pendant longtemps
ont paru aux paléontologistes en être presque dépourvus. La découverte
dans le permien d'un Reptile perfectionné comme le Stereorachis ou comme
ceux que M. Cope a dernièrement signalés en Amérique en fait prés;iger
d'autres; ces animaux sont assez loin de l'état initial des Reptiles pour faire
supposer qu'avant eux il y a eu de longues générations d'ancéires et qu'un
jour sans doute on rencontrera leurs restes jusque dans le dévonien. »
PALÉONTOLOGIE. — Sur l'existence d'un Reptile du type Ophidien dans les
couches à Ostrea columba des Churentes. Note de M. H.-E. Sauvage,
présentée par M. Alph. Milne-Edwards.
« Le type Ophidien, dont le maximum de développement est à l'époque
actuelle, semblait apparaître à la base des terrains tertiaires par les Pa-
leophis et les Paleryx découverts par Owen dans l'argile de Londres. Les
Serpents fossiles n'étaient, du reste, connus que par quelques rares espèces
trouvées à Sheppey, dans les phosphorites du Quercy et dans le terrain
miocène de Sansan.
)i Gervais avait figuré, mais sans lui imposer de nom, une vertèbre
d'Ophidien provenant des grès qui, à l'île d'Aix, sont au-dessus des argiles
lignitifères crétacées. Depuis, M. ïrémaux de Rochebrune a recueilli dans
( 672 )
l'étage carentonien, sables à Osliea columba de la forêt de Basseau, dans la
Charente, des vertèbres qui permettent d'affirmer la présence du type
Serpent dès l'époque cénomauienne.
» Ces vertèbres, appartenant à la région moyenne du corps, ont o™,oi3
de haut, o'",oi4 de longueur et indiquent un animal d'environ 3". La
longueur égale la largeur prise au niveau de la zygapophyse costale, de
telle sorte que la vertèbre est forte et trapue. Le condyle articulaire est
supporté par un col très court; la cavité d'articulation est circulaire, ainsi
qu'on le remarque chez les Boédoniens. Le canal neural est étroit comme
chez les Crotaliens, et sa coupe est triangulaire. La face antérieure est large,
la diapophyse et le zygosphène faisant peu de saillie. Comme chez les
Typhlopiens, la parapophyse est réduite à un tubercule peu marqué, qui,
par une ligne saillante, va rejoindre la diapophyse; la zygapophyse est
inclinée de haut en bas, d'avant en arrière et de dehors en dedans. Les
Boas et'les Pythons ont le tubercule d'insertion de la côte placé très près
du bord antérieur du centrum; il en est de même chez le Serpent de la
craie; en examinant en dessus la vertèbre, le tubercule costal apparaît
immédiatement en dehors et un peu en arrière de la diapophyse, rappelant
ce que l'on voit chez l'Achrocorde. Le processus de la neurépine se réunit
à la diapophyse par une ligne peu excavée. La neurapophyse est robuste,
la neurépine est large, assez élevée, aplatie à son bord supérieur, qui devait
donner insertion à un puissant ligament ; celte neurépine occupe la plus
grande longueur du centrum, comme chez les Crotaliens. La face inférieure
du centrum est aplatie, ce qui rappelle la vertèbre des Amphisbœniens ;
on constate également l'absence de tout tubercule hypapophysal, comme
chez les Typhlopiens, qui, on le sait, sont le passage des Ophidiens aux
Sauriens.
M Le Serpent de la craie, le plus ancien, jusqu'à présent, des Ophidiens
connus, présente des analogies trop multiples pour qu'il soit possible de
le rapporter à lune plutôt qu'à l'autre des grandes divisions que l'on
admet pour les Serpents actuels; il indique dès l'époque cénomanienne
l'existence d'un genre tout particulier, que nous proposons de nommer
Simoliopliis, donnant à l'espèce la dénomination de S. Bochebrimi, du nom
du zélé naturaliste à qui est due la découverte de ce type intéressant. »
M. E. Delaurier adresse une Note relative à sa « machine frigo-
calorifique ».
La séance est levée à 4 heures un quart. J. B.
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉA.NCE DU MARDI 26 OCTOBRE 1880.
PRÉSroENCE DE M. UTJRTZ.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — De l'atténuation du virus du choléra des poules ;
par M. L. Pastecr.
« Des divers résultats que j'ai eu l'honneur de communiquer à l'Aca-
démie sur l'affection vulgairement appelée choléra des poules^ je prends la
liberté de rappeler les suivants :
» 1° Le choléra des poules est une maladie virulente au premier chef.
» 2° Le virus est constitué par un parasite microscopique qu'on multi-
phe aisément par la culture, en dehors du corps des animaux que le mal
peut frapper. De là la possibilité d'obtenir le virus à l'état de pureté par-
faite et la démonstration irréfutable qu'il est seul agent de maladie et de
mort.
» 3° Le virus offre des virulences variables. Tantôt la maladie est suivie
delà mort; tantôt, après avoir provoqué des symptômes morbides d'une
intensité variable, elle est suivie de guérison.
» 4° Les différences que l'on constate dans la puissance du virus ne sont
pas seulement le résultat d'observations empruntées à des faits naturels :
l'expérimentateur peut les provoquer à son gré.
C. R., i88o, 2' Semestre. (T. XCI, N" !7.) 89
(674)
» 5° Comme cela arrive, en général, pour toutes les maladies virulentes,
le choléra des poules ne récidive pas, ou plutôt la récidive se montre à
des degrés qui sont en sens inverse de l'intensité plus ou moins grande des
premières atteintes de l'affection, et il est toujours possible de pousser la
préservation assez loin pour que l'inoculation du virus le plus virulent ne
produise plus du tout d'effet.
» 6° Sans vouloir rien affirmer présentement sur les rapports des virus
varioleux et vaccinal humains, il est sensible par les faits précédents que,
dans le choléra des poules, il existe des états du virus qui, relativement au
virus le plus virulent, font l'office du vaccin humain relativement au virus
varioleux. Le virus vaccin proprement dit donne une maladie bénigne,
la vaccine, qui préserve d'une maladie plus grave, la variole. Pareillement,
le virus du choléra des poules présente des états de virulence atténuée qui
donnent la maladie et non la mort, et dans de telles conditions que, après
guérison, l'animal peut braver l'inoculation d'un virus très virulent. La
différence est grande cependant, à certains égards, entre les deux ordres de
faits, et il n'est pas inutile de remarquer que, sous le rapport des connais-
sances et des principes, l'avantage est du côté des études sur le choléra des
poules : tandis qu'on discute encore sur les relations de la variole et de la
vaccine, nous avons la certitude que le virus atténué du choléra dérive du
virus très virulent propre à cette maladie, qu'on passe directement du
premier de ces virus au second, en un mot, que leur nature fondamentale
est la même.
» Le moment est venu de m'expliquer sur l'assertion capitale qui faille
fond de la plupart des propositions précédentes, à savoir qu'il existe des
états variables de virulence dans le choléra des poules : étrange résultat
assurément, quand on songe que le virus de cette affection est un orga-
nisme microscopique qu'on peut manier à l'état de pureté parfaite, comme
on manie la levure de bière ou le mycoderme du vinaigre. Et pourtant,
si l'on considère de sang-froid cette donnée mystérieuse de la virulence
variable, on ne tarde pas à reconnaître qu'elle est probablement commune
aux diverses espèces de ce groupe des maladies virulentes. Où donc est
l'unicité dans l'un ou l'autre des fléaux qui composent ce grou|)e? Pour ne
citer qu'un exemple, ne voit-on pas des épidémies de variole très graves à
côté d'autres presque bénignes, sans que les différences puissent être attri-
buées à des conditions extérieures, de climat ou de constitution des indi-
vidus atteints? Ne voit-on pas également les grandes contagions s'éteindre
peu à peu pour reparaître plus tard et s'éteindre de nouveau?
(675)
» La notion de l'existence d'intensités variables d'un même virus n'est
donc pas faite, à la rigueur, pour surprendre le médecin ou l'homme du
monde, quoiqu'il y ait un immense intérêt à ce qu'elle soit scientifiquement
établie. Dans le cas particulier qui nous occupe, le mystère apparaît surtout
dans cette circonstance que, le virus étant un parasite microscopique, les
variations dans sa virulence sont à la merci de l'observateur. C'est ce que
je dois établir avec rigueur,
» Prenons pour point de départ le virus du choléra dans un état très
virulent, le plus virulent possible, si l'on peut ainsi dire. Antérieurement,
j'ai fait connaître un curieux moyen de l'obtenir avec celte propriété. Il
consiste à aller recueillir le virus dans une poule qui vient de mourir, non
de la maladie aiguë, mais de la maladie chronique. J'ai fait observer que
le choléra se présente quelquefois sous cette dernière forme. Les cas en
sont rares, quoiqu'il ne soit pas très difficile d'en rencontrer des exemples.
Dans ces conditions, la poule, après avoir été très malade, maigrit de plus
en plus et résiste à la mort pendant des semaines et des mois. Lorsqu'elle
périt, ce qui a lieu peu de temps après que le parasite, localisé jusque-là
dans certains organes, a passé dans le sang et s'y cultive, on observe que,
quelle qu'ait été la virulence originelle du virus au moment de l'inoculation,
celui qu'on extrait du sang de l'animal quia mis un si long temps à mourir
est d'une virulence considérable, qui tue ordinairement dix fois sur dix,
vingt fois sur vingt.
» Cela posé, faisons des cultures successives de ce virus, à l'état de
pureté, dans du bouillon de muscles de poule, en prenant chaque fois la
semence d'une culture dans la culture précédente, et essayons la virulence
de ces cultures diverses. L'observation démontre que cette virulence ne
change pas d'une manière sensible. En d'autres termes, si nous convenons
que deux virulences sont identiques lorsque, en opérant dans les mêmes
conditions sur un même nombre d'animaux de même espèce, la proportion
de la mortalité est la même dans le même temps, nous constaterons que
pour nos cultures successives la virulence est la même (*).
(') L'égalité dans la virulence, étant ainsi définie, ne doit pas être considérée comme une
donnée absolue, parce qu'elle se trouve fonction du nombre des animaux inoculés. Que la
mortalité soit la même dans deux séries de dix animaux, notre convention nous invite à
dire que la virulence est la même pour les deux virus inoculés; une différence aurait pu
s'accuser si l'on eût opéré, non sur deux séries de dix animaux, mais sur deux séries de
cent. Que deux virus, inoculés chacun séparément à cent poules, fournissent des mortalités
de soixante sujets dans un cas et de cent dans l'autre : l'épreuve, reprise sur dix, et dix
(676 )
» Dans ce que je viens de dire, j'ai passé sous silence la durée de l'in-
tervalle d'une culture à la culture voisine, ou, si l'on veut, la durée de
l'intervalle d'un ensemencement à l'ensemencement suivant, et son influence
possible sur les virulences successives. Portons notre attention sur ce point,
quelque minime que paraisse son importance. Pour un intervalle d'un à huit
jours, les virulences successives n'ont pas changé. Pour un intervalle de quinze
jours, même résultat. Pour un intervalle d'un mois, de six semaines, de
deux mois, on n'observe pas davantage de changement dans les virulences.
Toutefois, à mesure que l'intervalle grandit, on croit saisir parfois, à cer-
tains signes de peu de valeur apparente, comme un affaiblissement du
virus inoculé. Par exemple, la rapidité de la mort, sinon la proportion
dans la mortalité, subit des relards. Dans les diverses séries inoculées, on
voit des poules qui languissent, très malades, souvent très boiteuses, parce
que le parasite, dans sa propagation à travers les muscles, a atteint ceux
de la cuisse ; les péricardites traînent en longueur; des abcès apparaissent
autour des yeux; enfin le virus a perdu, pour ainsi dire, de son caractère
foudroyant. Allons donc encore au delà des intervalles précités, avant la
reprise et le renouvellement des cultures. Portons leurs durées à trois, à
quatre, à cinq, à huit mois et plus, avant d'étudier la virulence des déve-
loppements du nouvel être microscopique. Cette fois, la scène change du
tout au tout. Les différences dans les virulences successives, qui jusque-là
ne s'accusaient pas ou qui s'accusaient d'une manière douteuse, vont se
traduire maintenant par des effets considérables.
» Avec de tels intervalles dans les ensemencements, il arrive que, à la
reprise des cultures, au lieu de virulences identiques, c'est-à-dire de morta-
lité de dix poules sur dix poules inoculées, on tombe sur des mortalités
descendantes de neuf, huit, sept, six, cinq, quatre, trois, deux, une sur dix,
et quelquefois même la mortalité est absente, c'est-à-dire que la maladie
se manifeste sur tous les sujets inoculés et que tous guérissent. En d'autres
termes, dans un simple changement du mode de culture du parasite, dans
le seul fait d'éloigner les époques des ensemencements, nous avons une
poules seulement, pourra conduire, même dans plusieurs expériences successives, à l'égalité
des virulences, si l'on s'en tient à notre convention sur la manière d'évaluer cette égalité. Or,
nous voyons qu'en réalité elles différeraient dans les rapports de 60 à 100.
Toutefois, il faut adopter une convention, parce que, dans ce genre d'études, on est
forcément limité par la convenance de ne pas pousser trop loin le nombre des victimes et
de ne pas exagérer outre mesure la dépense toujours très grande de ces expériences.
(677)
méthode pour obtenir des virulences progressivement décroissantes, et
finalement un vrai virus vaccinal, qui ne tue pas, donne la maladie bénigne
et préserve de la maladie mortelle.
» Il ne faudrait pas croire que pour toutes ces atténuations les choses
se passent avec une fixité et une régularité mathématiques. Telle culture
qui attend depuis cinq ou six mois son renouvellement peut montrer une
virulence toujours considérable, tandis que d'autres de même origine
seront déjà très atténuées après trois ou quatre mois d'attente. Nous
aurons bientôt l'explication de ces anomalies, qui ne sont qu'apparentes.
Souvent même il y a comme un saut brusque d'une virulence encore fort
grande à la mort du parasite microscopique et pour un intervalle de peu
de durée : en passant d'une culture à la suivante, on est surpris par l'im-
possibilité de tout développement ; le parasite est mort. La mort du pa-
rasite est d'ailleurs une circonstance habituelle et constante toutes les
fois qu'avant la reprise des cultures on laisse s'écouler un temps suf-
fisant.
» Et maintenant, l'Académie connaît le véritable motif du silence dans
lequel je me suis renfermé et pourquoi j'ai réclamé la liberté d'un délai
avant de l'informer de ma méthode d'atténuation. Le temps était un élé-
ment de ma recherche.
» Au cours des phénomènes, que devient donc l'organisme microsco-
pique? Change-t-il de forme, d'aspect, en changeant de virulence d'une
manière aussi profonde? Je n'oserais pas affirmer qu'il n'existe pas cer-
taines correspondances morphologiques entre le parasite et les virulences
diverses qu'il accuse, mais je dois avouer qu'il m'a été jusqu'ici impossible
de les saisir et que, si elles se montrent réellement, elles disparaissent,
pour l'œil armé du microscope, devant la petitesse si grande du virus. Les
cultures sont pareilles pour toutes les virulences. Si l'on croit parfois aper-
cevoir de faibles changements, ils semblent bientôt n'être qu'accidentels,
car ils s'effacent ou se produisent en sens inverse dans des cultures nou-
velles.
» Ce qui est digne de remarque, c'est que, si l'on prend chaque variété de
virulence comme point de départ de nouvelles cultures successives Itiites
à intervalles rapprochés, la variété de virulence se conserve avec son in-
tensité propre. S'agit-il, par exemple, d'un virus atténué qui ne tue plus
qu'une fois sur dix, il garde cette virulence dans ses cultures si les inter-
valles des ensemencements ne sont pas exagérés. Chose également intéres-
sante, quoiqu'elle soit dans le sens général des observations précédentes,
(678 )
un intervalle d'ensemencement qui suffit pour faire périr un virus atténué
respecte un virus plus virulent qui peut bien en être atténué de nouveau,
mais qui n'en meurt pas nécessairement.
» Au point où nous sommes arrivés, une importante question se pré-
sente, celle de la cause de la diminution de la virulence.
» Les cultures du parasite se font nécessairement au contact de l'air,
parce que notre virus est un être aérobie et qu'à l'abri de l'air son dévelop-
pement n'est pas possible. Il est donc naturel de se demander tout d'abord
si ce ne serait pas dans le contact de l'oxygène de l'air que réside l'in-
fluence affaiblissante de la propriété de virulence. Ne se pourrait-il pas que
le petit organisme qui constitue le virus, restant abandonné en présence
de l'oxygène de l'air pur, dans le milieu de culture où il vient de se mul-
'tiplier, subisse quelques modifications qui se montreraient permanentes
quand on soustrairait l'organisme à l'influence modificatrice? On peut, il
est vrai, se demander en outre si quelque principe de l'air atmosphérique,
autre quel'oxygène, principe chimique ou fluide, n'interviendrait pas dans
l'accompUssemenl du phénomène, dont l'incomparable étrangeté autorise
toutes les suppositions.
» 11 est aisé de comprendre que la solution de ce problème, au cas où
elle relèverait de notre première hypothèse, celle d'une influence de l'oxy-
gène de l'air, est assez facilement accessible à l'expérience : si l'oxygène de
l'air, en effet, est l'agent modificateur de la virulence, nous pourrons vrai-
semblablement en avoir la preuve par les effets de la suppression de sa
présence.
» A cette fin, pratiquons nos cultures de la manière suivante. Une
quantité convenable de bouillon de poule étant ensemencée-par notre virus
très virulent, remplissons-en des tubes de verre aux deux tiers, aux trois
quarts, etc., de leur volume; puis fermons ces tubes à la lampe d'émailleur.
A la faveur de la petite quantité d'air restée dans le tube, le développement
du virus va commencer, circonstance qui se traduit pour l'œil par un
trouble croissant du liquide; le progrès de la culture fait peu à peu dispa-
raître tout l'oxygène contenu dans le tube. Alors le trouble tombe, le virus
se dépose sur les parois et le liquide de culture s'éclaircil. Il faut deux ou
trois jours pour que cet effet se produise. Le petit organisme est désormais
à l'abri du contact de l'oxygène et il restera'dans cet état aussi longtemps
que le tube ne sera pas ouvert ('). Que va-t-il advenir cette fois de sa viru-
(') Avec le temps l'aspect des tubes fermés change beaucoup, en ce sens qu'après leur
(679 )
lence ? Pour plus de sûreté dans notre étude, nous aurons préparé un grand
nombre de tubes pareils, et simultanément un nombre égal de flacons de la
même culture, mais librement exposés au contact de l'air pur. Nous avons
dit ce qu'il advient de ces cultures exposées au contact de l'air ; nous savons
qu'elles éprouvent une atténuation progressive de leur virulence : nous n'y
reviendrons pas. Parlons seulement des cultures' en tubes fermés, à l'abri
de l'air. Ouvrons-les, l'un, après un intervalle d'un mois, et après avoir
fait une culture par ensemencement d'une portion de son contenu essayons-
en la virulence, l'autre après un intervalle de deux mois, et ainsi de suite
pour un troisième, un quatrième, etc., tube, après des intervalles de trois,
de quatre, de cinq, de six, de sept, de huit, de neuf, de dix mois. C'est là
que je me suis arrêté pour le moment. Il est remarquable, l'expérience le
prouve, que les virulences sont toujours semblables à celle du début, à
celle du virus qui a servi à préparer les tubes fermés. Quant aux cultures
exposées à l'air, on les trouve mortes ou en possession des plus faibles
virulences.
» La question qui nous occuj)e est donc résolue : c'est l'oxygène de l'air
qui affaiblit et éteint la virulence (' ).
» Vraisemblablement, il y a ici plus qu'un fait isolé: nous devons être
en possession d'un principe. On doit espérer qu'une action inhérente à
agitation ils deviennent pres([ue limpides. Les granulations dans lesquelles se résolvent les
premiers articles du développement initial prennent une réfringence pareille à celle de
l'eau et ne troublent le liquide que d'une manière insensible. Sont-ce de véritables germes
qu'on puisse comparer, par exemple, aux corpuscules germes de la bacléridie charbonneuse?
Je ne le crois pas. Il n'est pas probable que notre |)arasite donne lieu à de véritables germes.
S'il était suivi de germes, on comprendrait difficilement que, soit au contact de l'air, soit en
tubes fermés, il perdît à la longue toute vitalité, toute faculté de reproduction. En outre,
lorsqu'il y a germes véritables, ceux-ci supportent une température plus élevée que l'orga-
nisme en voie de développement, sous sa forme d'articles. Rien de pareil n'a lieu pour
le microbe du choléra des poules. Les vieilles cultures conservées au contact de l'air f je n'ai
pas éprouvé encore les autres) périssent même à des lemjiératures inférieures à celles qui
atteignent les cultures récentes. C'est un caractère habituel du groupe des microcoques.
(') Puisque, à l'abri de l'air, l'atténuation n'a pas lieu, on conçoit que, si dans une cul-
ture au libre contact de l'air (pur) il se fait un dépôt du parasite en quelque épaisseur,
les couches profondes soient à l'abri de l'air, tandis que les superlicielles se trouvent dans de
tout autres conditions. Cette seule circonstance, jointe à l'intensité de la virulence, quelle
que soit, pour ainsi dire, la quantité du virus employé, permet de comprendre que l'atté-
nuation d'un vase ne doit pas nécessairement varier proportionnellement au temps d'ex-
position à l'air.
( 68o
l'oxygène atmosphérique, force naturelle partout présente, se montrera
efficace sur les autres virus. C'est, dans tous les cas, une circonstance digne
d'intérêt que la grande généralité possible de cette méthode d'atténuation
de la virulence, qui emprunte sa v'ertu à une influence d'ordre cosmique,
en quelque sorte ('). Ne peut-on pas présumer dès aujourd'hui que c'est à
cette influence qu'il faut attribuer, dans le présent comme dans le passé, la
limitation des grandes épidémies?
» Les faits que je viens d'avoir l'honneur de communiquer à l'Aca-
démie suggèrent des inductions nombreuses, prochaines ou éloignées. Sur
les unes et les autres, je suis tenu à une grande réserve. Je ne me croirai
autorisé à les présenter au public que si je parviens à les faire passer à
l'état de vérités démontrées. »
PATHOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — Étude expérimentale de l'action exercée sur
l'agent infectieux, par l'organisme des moutons plus ou moins réfractaires au
sang de rate; ce qu'il advient des microbes spécifiques, introduits directement
dans le torrent circulatoire par transfusions massives de sang charbonneux.
Note de M. A. Chauveac.
« Que devient la bactéridie charbonneuse chez les sujets qui résistent
à son influence destructive? Quelles modifications subit cet agent dans ses
caractères zoologiques et physiologiques, dans ses propriétés infectantes ?
En un mot, quelle est l'action de l'organisme doué de l'immunité sur le
microbe spécifique du sang de rate? Deux sortes d'expériences ont été con-
sacrées à l'étude de ces questions. Dans les unes, on a agi sur des animaux
dont la résistance naturelle, renforcée par un certain nombre d'inoculations
préventives, avait été ainsi élevée à un point plus ou moins rapproché du
maximum, et l'on a injecté dans les veines une notable quantité de sang
charbonneux frais, riche en bâtonnets. On a réalisé de cette manière des
( ') J'ai passé sous silence, dans cette Note, une question ardue dont l'étude m'a pris un
temps considérable. Je m'étais persuadé (à vrai dire, je ne sais pourquoi) que tous les faits
d'atténuation que j'observais s'expliqueraient, d'une manière plus conforme aux lois natu-
relles, dans l'hypothèse de mélanges en proportions variables et déterminées de deux virus,
l'un très virulent, l'autre très atténué, que par l'existence d un virus à virulence progressi-
vement variable. Après mètre jiour ainsi dire acharné à la recherche d une démonstration
expérimentale de cette hypothèse de deux seuls virus, j'ai fini par acquétir la conviction
que telle n'était pas la vérité.
( ««' )
conditions de lutte entre un organisme ultra-réfractaire et un nombre pro-
digieux d'agents infectants. Dans les autres expériences, on a pris, au con-
traire, des animaux qui n'avaient subi aucune préparation , et l'on a
cherché à les infecter, avec un très petit nombre d'agents charbonneux,
par les procédés ordinaires de l'inoculalion sous-épidermique ou sous-
dermique. C'est aux premières expériences que cette Note est consacrée.
» Les Iransfusiom de sang charbonneux dont j'ai pu étudier les effets dans
ces expériences ont été faites avec des quantités de sang qui ont varié
entre iS'^'^ et 70*^'=. Le sang était recueilli avant la mort, ou peu de temps
après, et injecté à l'état naturel. Dans une expérience, cependant, il avait
été défibriné avant l'injection. Le nombre des bâtonnets introduits ainsi
dans le sang des sujets d'expérience est prodigieux. D'après les estimations
les plus modérées, il dépassait généralement 200 milliards (aooooo 000 000);
une fois il a égalé 5oo milliards (Sooooooooooo); la plus faible quantité
a été de 12 milliards (12000000000).
» Huit sujets ont été consacrés à ces expériences de transfusion. Tous
avaient déjà été inoculés plusieurs fois par les procédés habituels. Sur trois
d'entre eux, en sus des inoculations à la peau, on avait fait une première
injection intravasculaire avec une petite quantité (i") de sang charbon-
neux riche en agents infectieux. Ces inoculations préalables étaient faites
depuis plusieurs semaines ou même plusieurs mois sur cinq des sujets, dont
la résistance naturelle au sang de rate avait pu être ainsi sensiblement ren-
forcée. Sur les trois autres sujets, elles ne dataient que de quelques jours
et n'avaient pu avoir grande efficacité.
» Effets immédiats de la transfusion. — A peine le sang charbonneux est-il
introduit dans la veine jugulaire que le sujet est pris d'une grande angoisse
respiratoire : tète étendue; lèvres entr'ouvertes, écumantes; muqueuse
buccale un peu cyanosée; expiration plaintive; mouvements du flanc pré-
cipités; le pouls est également très accéléré; stupeur; évacuations alvines
répétées, devenant diarrhéiques. Naturellement ces phénomènes sont d'au-
tant plus marqués qu'on a injecté une plus grande quantité de sang infec-
tieux.
« Recherche des bâtonnets dans le sang. — Un quart d'heure après la
transfusion, on peut trouver des bâtonnets dans le sang tiré d'un vaisseau
de l'oreille, mais ils y sont rares. Dans tous les cas, sans exception, j'en ai
vu le nombre inférieur de beaucoup à celui que j'aurais dû trouver si ces
agents infectieux s'étaient mêlés régulièrement à la masse du sang. De deux
C.R., 1880, 5- Semestre. (T. XCl, K» 17.) 9°
( 682 )
à six heures après l'injection, il n'est plus possible d'en rencontrer, même
quand ils ont été introduits en nombre prodigieux.
» Effets consécutifs. — Un des sujets a pris le sang de rate type. La mort
est survenue en un peu moins de seize heures, c'est-à-dire avec une rapi-
dité tout à fait exceptionnelle. L'autopsie a fait voir dans la rate et le sang
de tous les vaisseaux des quantités vraiment incroyables de bâtonnets char-
bonneux. C'était un des sujets sur lesquels les inoculations préventives
n'avaient pas eu le temps d'exercer une influence sensible et celui de tous
qui avait reçu la plus grande quantité de sang charbonneux (70'='^), mais
non pas le plusd'agents infectants.
» Un deuxième sujet, préparé à la résistance par cinq inoculations anté-
rieures et qui avait reçu GS*^*^ de sang charbonneux, contenant l'énorme
quantité de cinq cent milliards de bâtonnets, mourut encore plus rapide-
ment, car il ne survécut guère que douze heures. Mais il ne succomba pas
aux suites d'une infection charbonneuse vraie : les bâtonnets introduits dans
le sang n'y ont pas proliféré. Ils se sont arrêtés et fixés dans les réseaux capil-
laires, particulièrement ceux du poumon et de la rate, où on les retrouva
à l'autopsie, en nombre paraissant bien petit, par comparaison avec celui
qui existe dans les sujets morts de la vraie fièvre splénique. Sur cet animal,
le sang ne montrait déjà plus de bâtonnets deux heures seulement après l'in-
jection; il devait cependant en rester, car, après la mort, en faisant des re-
cherchei répétées dans les caillots du cœur, on finit par en trouver quel-
ques-uns, qui étaient gros et pâles. Ces bâtonnets, de même que ceux de
la rate et du poumon, avaient conservé leurs propriétés infectieuses : le fait
fut démontré par des inoculations d'essai.
» Sur quatre autres sujets, les bâtonnets introduits dans le sang se sont
comportés de la même manière, mais avec une variante, qui rend l'obser-
vation de ces animaux particulièrement intéressante. Ceux-ci, après avoir
survécu de quarante-six à cent heures, sont morts avec les symptômes d'une
méningite causée par la prolifération toute locale des bactéridies fixées dans le
réseau de la pie-mère. L'autopsie, sur deux de ces sujets, dont la survie n'avait
été que de quarante-six et quatre-vingt-deux heures, permit de retrouver,
mais avec la plus grande peine et après des examens multipliés, de rares
baguettes dans quelques organes parenchymateux, poumon, foie ou rate.
Impossible d'en rencontrer la moindre trace dans ces mêmes organes sur
les deux autres sujets, dont la survie avait été plus longue. Ce n'est donc
que dans la pie-mère que les bactéridies ont trouvé les conditions propres
( 683 )
à leur développement. L'autopsie, pratiquée immédiatement après la mort,
montre ces bactéridies accumulées en grand nombre dans les vaisseaux et
les gaines périvasculaires. Elles se présentent là avec des caractères parti-
culicis fort remarquables : longues, infléchies, même contournées, elles
semblent être en voie de se transformer en mycélium; on en trouve qui
contiennent de véritables spores. L'inflammation que déterminent ces
bactéridies se traduit par de larges ecchymoses étalées, pouvant couvrir en-
tièrement la surface de l'encéphale et se prolonger, par la toile choroïclienne,
sur les parois ventriculaires. On ne trouve de pus nulle part. Ces bactéridies
de la pie-mère ont une grande activité infectieuse; elles font mourir rapi-
dement les sujets d'essai auxquels on les inocule. Les inoculations faites
comparativement avec le sang des autres régions du corps ont toutes échoué
sans exception.
» Enfln, les deux derniers sujets se sont rétablis complètement et four-
nirent plus tard une excellente viande de boucherie, qui fut consommée à
l'Ecole vétérinaire.
» En résumé, voici ce qui arrive aux bactéridies charbonneuses intro-
duites par transfusion du sang dans l'organisme des sujets réfractaires
au sang de rate, quand la résistance de cet organisme est considérable et
renforcée encore par de bonnes inoculations préventives:
)) r° Les bâtonnets introduits dans l'appareil circulatoire ne tardent pas
à disparaître du sang; quelques heures après la transfusion, il n'est plus
possible d'en trouver. Après la mort, la recherche des bactéridies dans le
sang est également infructueuse. Cependant, dans le cas de mort rapide,
les caillots du cœur peuvent en contenir quelques-unes douées de leur ac-
tivité infectieuse.
» 2° Si les bâtonnets disparaissent du 'sang, ce n'est pas parce qu'ils s'y
détruisent ; ils sont arrêtés d'abord dans le réseau capillaire des poumons,
puis dans celui de quelques autres organes parenchymateux, où ils sont
entraînés par le torrent de la circulation générale. On retrouve très faci-
lement ces microbes dans le poumon et la rate, quand l'empoisonnement
déterminé par la transfusion du sang charbonneux est rapidement mortel ;
comme ceux des caillots du cœur, ils jouissent encore alors de leur vitalité
et peuvent être inoculés avec succès.
» 3° Quand l'animal survit plus de trois jours à cet empoisonnement,
les bactéridies disparaissent alors du poumon et de la rate comme elles ont
disparu du sang, et les sujets d'expérience peuvent recouvrer la santé.
B 4° Ainsi, non seulement il ne se fait aucune prolifération bactéridienne
( 684 )
dans les milieux d'élection, la pulpe splénique, le sang, mais les bactéri-
dies introduites par milliards dans ces milieux ne tardent pas à y être dé-
truites, après avoir passé probablement par une série de phases d'activité
infectieuse graduellement décroissante.
» j° L'inaptitude de l'organisme à l'entretien de la vie bactéridienne
n'est cependant pas complète; une région au moins fait exception : c'est
la surface de l'encéphale. Les bactéridies entraînées et accumulées dans
le réseau de la pie-mère peuvent y vivre et s'y développer, en produisant
une inflammation mortelle. Mais le développement s'opère avec des
caractères tout particuliers, élongation et inflexion des bâtonnets, ap-
parition de spores : caractères qui tendent à se rapprocher de ceux de la
prolifération bactéridienne dans les cultures artificielles, ou, après la mort,
sous certaines conditions de température et de milieu, dans les organes et
le sang des sujets qui succombent au vrai sang de rate. Ce sont des ca-
ractères qui ne s'observent jamais penc/anf la nie sur ces derniers animaux ; la
multiplication des bactéridies se fait toujours alors par scission en courts
bâtonnets.
» 6° L'activité infectieuse de ces bactéridies de la pie-mère est considé-
rable et contraste avec la stérilité du sang des autres parties du corps.
Nonobstant, d'après ce qui précède, on ne peut pas considérer comme
absolument parfaite cette singulière réceptivité locale conservée dans un
organisme doué de l'immunité générale. »
MEMOIRES PRESENTES.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les équations différentielles linéaires. Mémoire
de M. Appell, présenté par M. Bouquet. (Extrait par l'auteur.)
(Commissaires : MM. Hermite, Puiseux et Bouquet.)
« L'analogie entre les équations différentielles linéaires et les équations
algébriques a été signalée depuis longtemps. Cependant il y a une partie
des plus importantes de la théorie des équations algébriques qui n'a pas
encore son analogue dans la théorie des équations différentielles linéaires,
à savoir la partie dans laquelle on s'occupe des fonctions symétriques des
racines d'une équation et de la transformation des équations. C'est l'étude
des propriétés analogues des équations différentielles linéaires qui fait
l'objet du présent Mémoire.
685 )
» J'ai en d'abord à m'occiiper de chercher quelles sont les fonctions des
intégrales d'une équation différentielle linéaire qui sont analogues aux
fonctions symétriques des racines d'une équation algébrique. Soient jr^,
y^t • -i Xn les éléments d'un système fondamental d'intégrales d'une équa-
tion différentielle linéaire d'ordre n; les fonctions en question sont des
fonctions algébriques entières de ^',, jj, . . . , /„ et de leurs dérivées, qui se
reproduisent multipliées par un facteur constant différent de zéro quand on
remplace/,, jo, . . ., jn par les éléments d'un autre système fondamental,
c'est-à-dire quand on fait une substitution linéaire de la forme
7,= C,-,z, 4- QjZj -+■... 4- C,„z„ (/=i,2, ...,n).
L'étude de ces fonctions et la recherche de leur expression la plus générale
forment l'objet d'un premier Chapitre.
» Dans le deuxième Chapitre, je démontre le théorème fondamental
analogue au théorème sur les fonctions symétriques des racines d'une
équation algébrique, et j'applique ce théorème à quelques exemples. Le
troisième Chapitre contient les applications du théorème fondamental à la
théorie de la transformation des équations différentielles linéaires.
» Enfin, dans un quatrième et dernier Chapitre, je m'occupe plus spécia-
lement des équations différentielles linéaires entre les intégrales desquelles
il existe une relation algébrique à coefficients constants, et j'indique le
moyen de reconnaître sur l'équation différentielle l'existence d'une pareille
relation. Puis j'applique cette théorie à l'équation différentielle linéaire du
second ordre, et je ramène à des quadratures abéliennes l'intégration de
toute équation différentielle linéaire du second ordre entre les intégrales
de laquelle il existe une relation algébrique à coefficients constants.
» J'ai eu l'honneur de présenter à l'Académie, dans la séance du
2 1 juin i88o, le théorème qui est la base de toute cette théorie. »
M. V. Fatio adresse une Note relative à l'emploi de l'acide sulfureux,
pour la désinfection des objets qui peuvent contribuer à la propagation du
Phylloxéra. L'auteur traite également de l'application de ce même agent
à la désinfection des collections d'Histoire naturejle, etc.
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
M. A. PoMPOsi, M. J. BouGETTE adrcssent diverses Communications re-
latives au Phylloxéra.
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
( 686 )
M. E. Delaurier adresse une nouvelle Note contenant la théorie et la
description de sa « machine frigo-calorifique ».
(Renvoi à l'examen de M. Cornu.)
M. E. Delaurier adresse une Note relative aux propriétés thermo-élec-
triques du sélénium.
(Renvoi à l'examen de M. Edm. Becquerel.)
M. P. DcpcT adresse, par l'entremise de M. le Ministre de l'Instruction
publique, une Note concernant l'utilité que présenterait un établissement
spécial pour les études aérostatiques, créé par l'Etat.
(Renvoi à la Commission des Aérostats.)
CORRESPONDANCE.
M. le Secrétaire perpétuel signale à l'Académie la souscription ou-
verte pour l'érection d'un monument à la mémoire de Spallanzani dans sa
ville natale. Tous les savants qui s'intéressent aux progrès de la Physiologie
expérimentale voudront concourir à une manifestation tardive, mais bien
méritée, en faveur du créateur de cette branche de la Science, en si grand
honneur aujourd'hui.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
1° L'allocution prononcée par M. Edm. Héberlk l'ouverture du Congrès
international de Géologie.
2° Un Volume de M. Àlf. Diirand-Ctaye, portant pour litre : « Le maté-
riel et les procédés des industries agricoles et forestières à l'Exposition uni-
verselle de 1878 ». (Rapports du Jury international, groupe VI, classe 5L)
3° Le n° 13 des « Annales de l'Agriculture », publiées en Italie parle
Ministère de l'Agriculture, et portant pour titre « La pellagra in Italia ».
Ce Volume, adressé à l'Académie par M. Miraglia, Directeur de l'Agri-
culture, est tout entier consacré à la pellagre; il fait connaître l'état actuel
de la maladie en Italie, les causes qu'on lui attribue et les moyens qui
ont été proposés pour en empêcher la propagation.
M. Dumas présente également à l'Académie un nouveau Volume de la Col-
(687 )
lection publiée par l'Académie, à la suite des expéditions scientifiques en-
voyées en j 874 pour l'observation du passage de Vénus. Ce Volume a pour
titre i Lorsqu'on veut recommencer une cuisson, au bout de six heures en-
viron, il n'y a qu'à amorcer l'armature de la sonnerie ou l'armature de
l'électro-aimant polarisé de décliquetage. »
PHYSIQUE. — Sur quelques modifications subies par le verre. Note
de M. J. Salleroiv, présentée par M. Friedel.
« Les dernières Communications de MM. Crafts et Pernet, relatives aux
modifications que subissent les thermomètres quand ils sont longtemps
chauffés, m'engagent à signaler à l'Académie divers faits analogues, qui
faciliteront peut-être l'explication de ces singuliers phénomènes.
» Les industriels me rapportent souvent des thermomètres exactement
construits et dont les indications sont faussées de 8" à 10° et même da-
vantage. Ce sont généralement les fabricants d'encre d'imprimerie, qui
chauffent les huiles à 270° pendant plusieurs jours, pour les rendre sicca-
( «91 )
tives; les fabricants de glycérine, lesrectilicatetirs de benzine, elc, qui tons
soumettent les ibermoniètres pendant longtemps à des températures très
élevées. Mais le verre n'est ])as modifié seulement quand il est chauffé
à 3oo° ; il subit de véritables déformations à des tenq^érdlures beaucoup
plus basses. J'en citerai un exemple : les aréomètres employés dans les
sucreries qui traitent les mélasses par l'osmose sont immergés pendant
plusieurs jours consécutifs dans les osmogènes,au sein d'un liquide cbauflé
à 95°, dont la densité est ioi4 (2° B.) et qui contient : sucre, 1 1 S''' ;
cendres, 91^"^; total, 206^'' par litre. Ces cendres se composent de : chlo-
rure de potassium, 20; sels organiques de potasse, 80-, total, 100.
» Après quelques jours d'immersion dans ce liquide, les aréomètres
sont complètement modifiés; leur poids a diminué, ce qui n'est pas sur-
©^
prenant : j'en ai vu perdre o^'^, 5 à of^^ô dans l'espace de huit jours et ac-
cuser des erreurs en plus de 7° à 8° B. Outre de cette corrosion, le verre
subit une véritable déformation, qui semble due à un commencement
de ramollissement. Enfin, après peu de jours, les flotteurs en verre se fen-
dent et se brisent seuls, accusant ainsi un violent travail intérieur.
» Je mets sous les yeux de l'Académie quelques aréomètres qui ont subi
ces curieuses modifications. Les uns ne sont encore que fendus, mais leurs
fissures présentent une forme bizarre qui, pour tous les aréomètres, con-
serve le même caractère; c'est une sorte de spirale ou volute, un C dont la
tête serait plusieurs fois contournée. Les figures ci-dessus sont les calques
de quelques-unes de ces cassures.
» Les autres sont entièrement brisés, mais on retrouve sur leur cylindre
( G92 1
la fissure arrondie qui a été l'oiigine de la rupture. Enfin les réservoirs de
tous ces aréomètres, primitivempnt cylindriques, sont ondulés et bour-
souflés; l'ajiplication d'une règle droite sur l'une de leurs génératrices ac-
cuse des ondulations, appréciables d'ailleurs au simple toucher. Je dois
ajouter que toutes les natures de verre ne sont pas aussi attaquées les unes
que les autres ; si je ne me trompe, les verres alcalins le sont le plus.
» Il semble donc démontré que, dans certaines conditions ou du moins
dans certains milieux, une température inférieure à 100° suffit poiu' ramollir
le verre et lui faire subir des modifications moléculaires importantes. Peut-
être cette constatation facilitera-t-elle l'explication des déplacements ther-
momélriques ; mais en tout cas elle ajoute une grande valeur aux objections
qui ont été élevées contre l'assimilation des aréomètres aux instruments,
poids et mesures légaux, vérifiés et poinçonnés par le Gouvernement. »
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — De C influence de la lumière sur la germination.
Note de M. A. Papchoîî, présentée par M. Duchartre.
« On sait quelles opinions contradictoires ont été émises sur le rôle de
la lumière dans la germination : les uns, à l'exemple de Miesse, deSénebier,
d'Ingenhousz et de A.-P. de Gandolle, considèrent l'intervention de cet
agent comme défavorable; les autres, au contraire, admettent avec Th. de
Saussure et IMeyen que la lumière est sans effet appréciable sur la marche
du processus germinatif. D'autre part, l'embryon végétal étant presque
toujours dépourvu de chlorophylle jusqu'au moment où s'établit la période
végétative, l'influence de la lumière dans la germination n'est qu'un cas
particulier de son influence générale sur les êtres à protoplasme incolore.
En raison de l'intérêt qui s'attache à cette quesfion, j'ai eu recours à des
méthodes diverses pour en poursuivre la solution.
)) J'ai d'abord employé la méthode directe suivie par tous les expérimen-
tateurs qui m'ont précédé dans cette étude, en me mettant à l'abri, dans la
mesure du possible, des causes d'erreur inhérentes au milieu ou aux graines
elles-mêmes. Pour les premières, j'ai réalisé dans mes expériences compa-
ratives une identité complète des conditions fondamentales de chaleur,
d'humidité et d'aération, ne laissant subsister qu'une seule variable, l'éclai-
rement. Quant aux secondes, j'ai constaté qu'elles étaient loin d'être suffi-
samment connues : ainsi l'on admet généralement, depuis A.-P. de Gandolle,
que les £;rosses graines sont plus lentes à germer que les petites, et cette
( 693)
opinion a été récemment encore affirmée par M.Ch . Darwin , Mes observations
m'ont démontré qu'il n'existait aucun rapport entre le volume ou le poids
des graines et la durée de leur période germinative, soit pour des graines
de la même espèce, soit pour des graines d'espèces différentes, et que la loi
de priorité de germination admise en faveur des graines les plus légères
comporte un nombre d'exceptions tel, qu'il lui enlève toute généralité.
» Malgré la précaution que j'ai prise de ne faire usage que de semences
de la même récolle issues du même pied, souvent du même fruit, d'un
poids et d'un volume identiques, malgré un très grand nombre d'expériences
répétées sur des graines appartenant aux familles les plus diverses et dans
des conditions très variées de température, je n'ai obtenu que des résultats
contradictoires dont il est impossible de dégager une conclusion générale.
Ces faits montrent néanmoins avec quelle réserve doivent être acceptées
dans certains cas les conséquences de recherches ayant pour critérium le
développement apparent de l'embryon. Je pense, en effet, que la com-
plexité du processus germinatif est telle, que l'on ne peut juger du déve-
loppement réel de l'embryon végétal et du degré de son activité physio-
logique par des caractères extérieurs, comme la rupture du spermoderme
et l'issue plus ou moins hâtive de la radicule. Tout me prouve que c'est
là un procédé empirique absolument illusoire dans le cas particulier qui
m'occupe, ce qui explique les résultais négatifs ou discordants obtenus
par les expérimentateurs.
» Cette première tentative ayant échoué, j'ai pris pour base d'une
nouvelle série d'expériences les variations d'un acte physiologique qui
mesure d'une manière précise l'activité germinative de l'embryon végétal
tant qu'il est dépourvu de chlorophylle, c'est-à-dire les variations de la
fonction respiratoire.
» Dans une première série d'expériences faites à la lumière diffuse et à
l'obscurité par la méthode volumétrique et à l'aide d'appareils spéciaux,
j'ai mesuré les quantités d'oxygène absorbé pendant la germination par des
lots de graines identiques, d'égal nombre et d'égal poids, et j'ai été conduit
aux résultats suivants :
» 1° La lumière accélère d'une manière constante l'absorption de
l'oxygène par les semences en germination. Cet avantage en faveur de la
lumière varie du quart au tiers de la quantité d'oxygène absorbé par le lot
maintenu à l'obscurité. Ce fait se dégage très nettement d'un certain nombre
d'expériences où il y a eu de part et d'autre unanimité de germination.
» 2" Il existe un rapport entre le degré de l'éclairement et la quantité
( 694 )
d'oxvgène absorbé. Ainsi celle influence se manifeste très activement quand
le ciel est très pur et que la radiation solaire nous parvient avec son
maximum d'énergie. Toutes les fois que le ciel est brumeux, l'influence
s'atténue de plus en plus et disparaît même avec un demi-crépuscule.
1) 3° L'accélération respiratoire exercée sur les graines éclairées pendant
le jour persiste à l'obscurité pendant plusieurs heures: il semble qu'une
partie de l'énergie lumineuse absorbée par la graine pendant le jour est
emmagasinée par elle et dépensée pendant la nuit. La preuve qu'il en est
ainsi, c'est que les différences volumétriques accusées le matin par les
appareils obscurs sont toujours inférieures à celles que présentent les
appareils éclairés. Bien que l'influence de la lumière se poursuive encore
alors que cet agent a cessé d'agir, elle n'est cependant pas immédiate et ne
se manifeste qu'au bout d'un ou deux jours.
» 4° J'ai noté que les différences entre les quantités d'oxygène absorbé
à la lumière et à l'obscurité ont été plus considérables pour les expériences
faites en hiver que pour celles qui ont été effectuées en été : l'influence
accélératrice exercée par la lumière sur la respiration serait donc plus
intense aux basses températures et s'atténuerait aux températures élevées,
fait qui serait tout à fait conforme aux nécessités physiologiques. »
M. Chasles présente, de la part de M. le prince Boncompagni : i° la
Table fort étendue (p. 947-984) des auteurs cités dans les Bulletins de
l'année 1879; 2° un extrait delà Nouvelle Correspondance mathémalique
de M. Catalan (t. VI, livraison de septembre 1880), concernant les Lettres
de Sophie Germain à Gauss, publiées par M. Boncompagni.
La séance est levée à 4 heures. D.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
OdVBAGES REÇDS dans la séance du 18 OCTOBRE 1880.
Connaissance des Temps pour l'an 1882, publiée par le Bureau des Longi-
tudes. Paris, Gaulhier-Villars, 1880; in-8°-
( ^95 )
Annales des Ponlb et Chaussées. Mémoires et Documents, 1880, septembre.
Paris, Dunod, 1880; in-8°.
La Science de la quantité ; par L. Buts. Bruxelles, C. Muquardt, 1880;
in-8».
Ministère de l'Agriculture et du Commerce. Annales de l'Institut national
agronomique; n° 3, 3^ «nnée, i878-i8'79. Paris, Boiichard-Huzard, 1880;
in-8°.
De l'influence des eaux malsaines sur le développement du typhus exanthé-
matique ; }>ar /e D"^ Robinski. Paris, Asselin, 1880; in-S".
Tlurmochemische Unlersuchuncjen; von J. Thomsen. DritterBand : AJfinitàts~~
phdnomene der Melalle. Lei[)zig, 1875-1880; iii-8° relié.
Ueber die Anwendung des electrodjnamischen Polentials zur Bestimmung der
ponderomotorischen und electromotorischen Kràfte; von B. Clausics. Bonn,
C. Georgi, 1880; br. in-S".
Faculdade de Medicina da Bahia. Tliese para o Doutoramento deJ.-\. Leite
DE Meli.o. Bahia, 1875 ; in-12.
Sopra nuova esperienza di attraziune magnetica. Nota delSocio E. Piazzoli.
Sans lieu ni date; br. in-4°. (Estratta dagli Atti dell' Accademia Gioenia di
Scienze nalurali in Catania.)
OdVRAGES KEÇnS DANS LA SEANCE DO 26 OCTOBRE 1880.
Ministère de l'Agriculture et da Commerce. Exposition universelle internatio-
nale de 1878 à Paris. Rapports du Jury international; groupe Yl, classe 51 : Le
matérielet lesprocédéxdes industries agricoles et forestières, -par M. Alf. Durand-
Clate. Paris, Impr. nationale, 1880; i vol. in-8°, avec Allas in-4°.
Congrès international de Géologie. Ouverture du Congrès. Allocution de
M. Hébert, président (lu Comité d'organisation. Paris, Impr. n.ilionale, 1880;
opuscule iii-8°.
Direction générale des Douanes. Tableau général du commerce de la France
avec ses colonies et les puissances étrangères pendant l'année 1879. Paris, Impr.
nationale, 1880; in-4°.
Théorie complète des occultations, à l'usage spécial des officiers de marine et
des asti onomes; par M. C. Berry. Paris, Gauthier-Villars, 1880; in-4".
(Présenté par M. l'amiral Mouchez.)
Le monde physique; par Am. Guillemin. T.I, 2^ série, livr. 11 à 20. Paris,
Hachette et C'% 1880; gr. in-8°.
( 696 )
Cours de Mécanique appliquée aux construcliom. V'^ Partir : Résistance des
matériaux. IP Partie : Hjdrculicjuc; par M. Ed Collighon. Paris,
Dunofi, 1880; 2 vol. in-8°.
Des paroxysmes en aliénation mentale; par lel)^ Lagardelle. Bordeaux,
Diitliu; Paris, B.izire, 1880; br. 111-8°.
Minislero di Àqricoltura , Indnslria e Commercio. Annali di J(jruoUurn.
N° 18 : Ln pellagra in Ilalia, 1879. l^om;i, 1880; in 8".
Monoglollica. Considerazioni storico-critiche c filosoftche intorno alla ricerca
di una lingua universale; Libro ciel C. prof. G. Ferrari. Modena, Vicenzi e
Nipoti, 1877; in-S".
yicta Societatis Scientiarum Fennicœ; T. XI. Helsingforsia!, MDCCLXXX;
in-4°.
ERRATA.
(Séance du 18 octobre 1880.)
Page 637, liyne 3, au lieu de ( 3'' f^S', 5), lisez |3''i"'35%o)
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉA.NCE DU MARDI 2 NOVEMBRE 1880.
PRÉSIDENCE DE M. EDM. BECQUEREL.
MEMOIRES ET COMMUNICATIOIVS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
PATHOLOGIE GÉNÉRALE. — Nouvelles observations sur l'étiologie
et la prophylaxie du charbon; par M. Pasteur.
« Ce n'est pas devant cette Académie qu'il y a lieu d'exalter la nécessité
des recherches expérimentales pour éclairer les phénomènes naturels dont
les causes nous sont encore inconnues. Alors même que, dans certains
sujets, des solutions pratiques semblent se dégager des faits d'observation
pure, la vérité n'est acceptée et ne devient féconde en applications suivies
que le jour où elle a pour point d'appui des démonstrations rigoureuses.
» La maladie désignée vulgairement sous les noms de charbon, sang
de rate, pustule maligne,. .. est si anciennement connue, que certains au-
teurs sont portés à croire que ce fut une des dix plaies d'Egypte, sous les
Pharaons. Néanmoins, c'est seidement dans le cours de ces derniers mois
que nous avons pu en établir sûrement l'étiologie. Cette connaissance a
fait surgir aussitôt dans l'esprit de tous, comme par une déduction obligée
des faits nouveaux, un ensemble de mesures prophylactiques dont l'ap-
plication, aussi simple qu'efficace, peut faire disparaître le fléau dans un
G. R., 1880, a" Semestre. (T. XCI, N» 18.) 9^
( 698 )
nombre d'années très restreint. Ce ne serait pas la première fois qu'une
maladie se trouverait facilement combattue (je citerai l'exemple de la
gale) à la suite de la découverte de sa véritable nature.
» De divers côtés, j'ai reçu des témoignages rassui'ants sur les efforts
qui seront tentés contre la fièvre charbonneuse par les propriétaires inté-
ressés et par l'administration. S'il fallait ajouter de nouveaux stimulants à
l'urgence des mesures à prendre et convaincre des bienfaits dont elles
seront le point de départ, aucune communication ne serait mieux faite,
pour contraindre l'intérêt bien entendu des cultivateurs de nos départe-
ments où l'affection charbonneuse est enzootique, qu'une Note manu-
scrite qui m'a été confiée par M. Tisserand, le savant directeur du Ministère
de l'Agriculture et du Commerce. Les lectures que j'ai faites récemment
à l'Académie lui ayant rappelé le souvenir de cette Note et son existence
dans ses papiers, il a été assez heureux pour la retrouver. Elle porte la
date : Janvier 186 5. C'est à cette époque, à la suite d'une conversation
qu'il eut avec M. le baron de Seebach, ministre de Saxe à Paris, que celui-
ci lui remit cette Note, tout entière écrite de sa main en langue française.
Les faits qu'elle relate sont une confirmation si éclatante de l'étiologie du
charbon que j'ai exposée récemment, en mon nom et au nom de mes col-
laborateurs, MM. Chamberland et Roux, que je demande la permission
de l'insérer intégralement dans nos Comptes rendus. Elle est d'ailleurs aussi
courte qu'instructive.
Note remise par' M, le baron de Seebach, ministre de Sa.re h Paris [janvier i865).
« En 1845, un nouveau fermier prit l'administration de mon domaine.
» Celui-ci comptait faire des améliorations sensibles, surtout rendre les terres plus fé-
condes par des engrais.
x Dans ces contrées, les terres apportées pendant l'été dans l'étable des moutons, souvent
remuées après avoir servi de litière aux bêtes pendant la nuit et après être restées recou-
vertes par la paille en hiver, servent d'engrais et ont beaucoup d'avantages. Près de la ferme,
il y avait une bande de terrain assez élendue dans laquelle les bêtes avaient été enfouies
depuis des temps immémoriaux. Elle apparaissait au fermier comme particulièrement apte
à être préparée, par le procédé indiqué, pour servir d'engrais.
» Le vieux berger s'opposa à ce que cette terre fût introduite dans l'étable, mais il ne
put obtenir qu'une modification aux dispositions arrêtées, en ce sens que l'on ne com-
mença que par la moitié de l'étable.
» Près de neuf cents bêtes étaient couchées sur la terre ainsi introduite; à côté il y avait
les brebis, et le reste, dans le fond, hors de contact avec les premières. Pendant quelques
jours les pertes n'étaient que normales ; puis une nuit, deux et le lendemain six bêtes cre-
vaient. On attribuait ces pertes à une cause quelconque et on laissait la terre dans l'étable.
( 699 )
Le lendemain matin on trouva quarante-cinq bêtes crevées; une brebis de l'enclos juxtaposé
avait partagé le même sort. Dans le cours de la même journée, cinquante bêtes étaient
crevées.
» Enfin la terre fut extraite de l'étable et celle-ci nettoyée, et une couche de fumier
d'un pied d'épaisseur introduite dans l'étable.Pendant huit jours les pertes furent les mêmes,
et ce n'est qu'alors qu'elles diminuèrent petit à petit. Pendant les quinze premiers jours,
trois cent douze bêtes du premier enclos crevèrent et huit brebis de l'euclos juxtaposé. Dans
la partie qui n'avait aucun contact avec la terre introduite, on n'eut à déplorer aucune
perte.
» La mortalité continua dans des proportions moindres tout l'hiver, de sorte que, jus-
qu'au moment de la toison, quatre cents bêtes étaient crevées. C'est à ce moment que j'ob-
tins par cession l'administration de la ferme.
» Les moutons crevés avaient été enfouis dans le même endroit, et la terre, après avoir
été bien travaillée, avait été employée comme fumier pour une prairie sèche. J'envoie, par
principe, les moutons au printemps sur ces sortes de prairies; je permis donc que les mou-
tons allassent paître sur la prairie ainsi fumée, et d'autant plus facilement qu'il me sem-
blait avantageux d'ameublir ainsi ces terres au moyen des moutons. En huit jours je perdis
treize bêtes, et je ne pus comprendre comment cette terre, ayant été exposée à la gelée et
à l'air et travaillée après avoir été mélangée avec de la chaux et de la cendre, pouvait con-
tenir encore des germes de maladie.
» Afinfde me convaincre encore plus complètement, je choisis dix des plus mauvaises
bêtes, et je les laissai paître exclusivement sur cette prairie. En trois jours j'en perdis trois.
Alors je cessai l'expérience, puisque j'avais acquis la preuve que cette terre contenait encore
des éléments de contagion qui étaient communiqués aux bêtes lorsque leurs nez étaient
restés en contact perpétuel avec elle.
» On a l'habitude dans nos contrées de laisser en été les moutons pendant la nuit sur des
terres que l'on veut préparer pour l'erisemencement. Lorsque les moutons crèvent, ils
crèvent généralement pendant la nuit et sont enfouis sur le terrain même.
» Mon berger avait une réj)ugnance que je qualifiais de superstitieuse pour certains
champs et ne voulait pas y laisser les animaux pendant la nuit. Il prétendait, sans en savoir
la raison, que ces champs étaient malsains. Plus tard j'arrivai à la conclusion qu'il avait
raison et je tâchai de m'en rendre compte.
» Le terrain, au printemps, est très dur et le travail, pour y creuser un trou suffisant
pour y enfouir les bêtes, est très pénible. On le fait par conséquent très superficiellement
et les cadavres sont très facilement mis à découvert par les chiens. Ceci me paraissait fort
dégoûtant et je donnai une bêche à mes bergers afin de les rendre à même de mieux en-
fouir leurs animaux.
>> Un jour, des chevaux attelés à une charrue s'enfoncèrent dans le terrain et furent
aspergés par une matière putride; la charrue mit à découvert les restes d'un mouton en
putréfaction; ceci me dégoûta, et j'ordonnai une vigilance sévère sur la manière d'enfouir
les bétes.
» Le coin du champ où cet incident était arrivé m'est resté clairement dans la mémoire.
Le champ fut ensemencé cette année-là même avec du blé, et l'année suivante avec du
trèfle. A la place en question, le trèfle vint avec profusion et à une hauteur extraordinaire.
Un jour je m'aperçus que ce trèfle avait disparu t je ne doutai pas qu'il u'eût été volé.
» Le lendemain matin, une femme vint en pleurant à la ferme me dire que sa chèvre
était crevée et que sa vache était très malade.
» Cette circonstance m'ouvrit les yeux, et je me rendis aussitôt dans son étable, où je
constatai que la vache avait la maladie de la rate la plus prononcée. Le cadavre de la chèvre
me fut apporté, et je constatai également la même maladie.
» La femme m'avoua qu'elle avait pris le trèfle justement à la place qui m'était restée
dans la mémoire et qu'elle en avait nourri ses deux bétes.
» Il y avait près de deux ans que le mouton avait été enfoui, et le trèfle qui avait poussé à
cette place avait répandu les germes de la maladie.
i> J'ordonnai aussitôt que tous les cadavres fussent apportés à un endroit désigné par
moi, que j'entourai d'un fossé de 2 pieds et d'une barrière.
» Depuis 1854 toutes les bêtes crevées sont enfouies à cette place, et il ne me reste plus
qu'à indiquer les résultats de cette précaution :
.) De 1849 à 1 854 je perdis i5 à 20 pour 100 par an;
" De 1854 à i858, 7 pour 100;
» De 1860 à 1864, 5 pour loo;
» En i863, 3 pour 100. »
)) Tels sont les précieux renseignements que contient cette curieuse
Note. Aujourd'hui nous savons à quoi nous en tenir sur la véritable cause
de l'infection qui s'empara des troupeaux de M. de Seebach. Elle ressort
des faits que nous avons publiés récemment sur la culture du parasite
charbonneux autour des cadavres des animaux enfouis et sur les germes,
nés de cette culture profonde, que les vers, par leurs déjections, ramènent
à la surface de la terre et sur les plantes qui y poussent. Elle ressort égale-
ment de cette décisive expérience où, quatre moutons ayant été parqués
sur une fosse contenant une vache charbonneuse enfouie plus de deux ans
et trois mois auparavant, à 2"" de profondeur, un des quatre moutons
mourait le huitième jour de son habitation sur la fosse, présentant toutes
les lésions du charbon spontané et le sang rempli de filaments du parasite
charbonneux. Je rappelle enfin que, depuis deux ans, toutes les tentatives
que nous avons faites pour donner le charbon à des cobayes, soit avec la
terre de la surface de cette fosse, soit avec les déjections des vers, ont en
des résultats positifs.
» Dans les derniers jours du mois d'aoîit, nous avons, ^M. Chamberland
et moi, reproduit cette même expérience sur quatre nouveaux moutons, en
les faisant parquer sur une fosse toute semblable à la précédente, dans la
même prairie, avec cette seule modification, que des barbes d'orge,
coupées en fragments de o™,oi de longueur environ, furent jetées sur la
terre de la fosse en même temps que la nourriture des moutons. Cette fois,
( 701 )
un mouton mourut le sixième jour et un second le septième jour de leur
habitation sur la fosse. Quatre moutons témoins nourris de la même ma-
nière, parqués à côté, mais non au-dessus d'une fosse, n'eurent aucun mal.
Ces faits avertissent une fois de plus les cultivateurs du danger des ali-
ments piquants, non macérés, quand il y a lieu de craindre qu'ils soient
souillés par des germes charbonneux.
» Dans la Beauce, on a remarqué depuis longtemps que la mortalité se
déclare surtout après qu'on a commencé le parcage des troupeaux sur les
chaumes. Deux circonstances contribuent, dans ces conditions, à une exa-
gération de la mortalité relativement à ce qu'elle est à l'étable. Sur les
chaumes, les occasions de blessures sont plus fréquentes et les moutons
sont à tout moment exposés à rencontrer les sources mêmes des germes de
charbon sur les points où, dans les années antérieures, ont été enfouis des
cadavres charbonneux.
» Quand on envisage les horribles maux qui peuvent résulter de la
contagion dans les maladies transmissibles, il est consolant de penser que
l'existence de ces maladies n'a rien de nécessaire. Détruites dans leurs
principes, elles seraient détruites à jamais, du moins toutes celles dont le
nombre s'accroît chaque jour, qui ont pour cause des parasites microsco-
piques. Comme tous les êtres, ces espèces parasitaires sont à la merci des
coups qui peuvent les frapper. Bien différent est le groupe des affections
qui accompagnent les manifestations de la vie, considérée en elle-même.
L'humanité ne saurait être à l'abri d'une fluxion de poitrine, ni de mille
accidents divers d'où peut naître la maladie avec toutes ses conséquences.
» En ce qui concerne l'affection charbonneuse, je crois fermement à la
facile extinction de ce fléau. Le monde entier pourrait l'ignorer, comme
l'Europe ignore la lèpre, comme elle a ignoré la variole pendant des mil-
liers d'années. »
THERMOCHIMIE. — Sur la chaleur de formation des éthers formés
par les hydracides ; par M. Berthelot.
« 1. J'ai entrepris de mesurer la chaleur de formation des éthers que
les hydracides engendrent par leur combinaison avec les carbures d'hy-
drogène et avec les alcools. Je me suis attaché aux trois éthers méthy-
liques, dérivés des acides chlorhydrique, bromhydrique, iodhydrique, et
aux trois éthers éthyliques correspondants : ce qui fournit les éléments
{ 703 )
d'une comparaison méthodique entre les deux premières séries organiques.
Cette comparaison s'applique à des éthers primaires; elle est complétée par
une étude que j'ai publiée précédemment sur les trois éthers d'un autre
ordre, dérivés de l'union de l'amylèneavec les mêmes faydracides ('). J'ai
pris soin d'ailleurs d'établir les données de mes expériences sur l'état
gazeux, afin de les rapporter aux conditions théoriques les plus nettes.
» Je donnerai d'abord les faits, puis j'en tirerai les conséquences.
» 2. La détermination des chaleurs de formation des éthers d'hydracides
offre de grandes difficultés, tant au point de vue des réactions mises en
jeu que de leur réalisation expérimentale. Les éthers de l'aniylène avaient pu
être formés directement, par l'union des liydracides et du carbure d'hydro-
gène; mais ce procédé n'est applicable ni aux éthers éthyliques, en raison
de la lenteur de la combinaison des hydracides avec l'éthylène, ni aux
éthers méthyliques, le méthylène étant inconnu jusqu'ici. IVunion directe
des alcools méthylique et éthylique avec les hydracides est également
trop lente, à la température ordinaire, pour être effectuée dans un calori-
mètre. Quant aux méthodes de double décomposition, qui m'ont permis
de mesurer les chaleurs de formation des éthers oxaliques et acétiques, et
qui s'appliquent en général aux éthers dérivés des acides organiques ('), je
n'en ai trouvé aucune qui pût être employée pour les éthers d'hydracides,
et cela à cause du caractère mal défini des états finals. Le perchlorure de
phosphore, par exemple, si efficace pour préparer les éthers chlorhydriques,
fournit en même temps des acides éthylphosphoriques, dont la nature est
mal connue et dont la chaleur de formation paraît difficile à déterminer.
On ne saurait davantage recourir aux réactions fondées sur l'emploi simul-
tané du phosphore et de l'iode, ou du brome; toujoin-s en raison de la
formation des composés éthylphosphoreux,mal définie jusqu'ici, chimique-
ment et calorimétriquement.
» J'ai dû recourir à la mesure des chaleurs de combustion des éthers
d'hydracides, conformément à la méthode générale de calcul que j'ai éta-
blie en i865 pour les chaleurs de formation des composés organiques.
» A la vérité, la chaleur de formation des corps est ainsi tirée de la dif-
férence entre des nombres beaucoup plus considérables; ce qui est toujours
un inconvénient. Mais les chaleurs de combustion des composés méthy-
liques et éthyliques ne sont pas assez fortes pour que les limites d'erreur
(') Annales de Chimie et de Physique, 5' série, t. IX, p. agS, et t, XVII, p. i38.
(') Annales de Chimie et de Physique, 5° série, t. IX, p. 338.
(7o3)
atteignent l'ordre de grandeur des quantités que l'on en déduit : incertitude
qui tend au contraire à rendre illusoires la plupart des calculs fondés sur
les chaleurs de combustion des composés organiques renfermant un grand
nombre d'équivalents de carbone.
1) 3. Le principe des expériences étant posé, j'ai procédé à leur réa-
lisation. A ce point de vue, mon détonateur calorimétrique a fourni
des facilités que l'on ne trouve pas dans les méthodes de combustion ordi-
naires. Je doute même que celles-ci soient applicables à la combustion
des éthers d'hydracides, spécialement à celle des éthers bromhydrique et
iodhydrique, en raison de la mise en liberté, souvent simultanée, du corps
halogène, de son hydracide et de l'eau qui s'y combine,
» En procédant par détonation, j'ai réussi à écarter ces obstacles, ou à
en tenir compte, par divers artifices qui seront signalés en leur lieu. Je
regarde cependant comme un devoir d'ajouter que les chaleurs de combus-
tion ainsi déterminées, et par conséquent les chaleurs de formation
que l'on en déduit, n'offrent pas tout a fait le même degré d'approximation
que les chaleurs de combustion des composés formés simplement de
carbone, d'hydrogène, d'oxygène et d'azote; je ne puis garantir que le
soin apporté dans l'exécution de ces délicates expériences.
» 4. Ether méthjlclilorliydrique (chlorure de méthyle), C^H'Cl. — On a
employé ce corps dans l'état gazeux, après en avoir vérifié la pureté par
l'analyse eudiométrique. L'éther méthylchlorhydrique pur doit fournir
et a fourni en effet, dans mes analyses, son volume d'acide carbonique.
» La dose d'oxygène consommée dans l'analyse surpasse légèrement la
dose théorique, parce qu'il se forme toujours un peu de chlore aux dépens
de l'acide chlorhydrique.
» Le gaz employé a été préparé par l'action de l'acide chlorhydrique sur
l'alcool méthylique. On ne doit pas recourir à l'addition de l'acide sulfu-
rique, qui donne toujours naissance à de l'éther méthylique ordinaire.
Quant au chlorure de méthyle du commerce, il renferme diverses impu-
retés qui nous en ont fait écarter l'emploi.
» Les détonations ont été exécutées sur un mélange de l'éther et de l'oxy-
gène (ce dernier en léger excès), au sein de ma bombe calorimétrique en
platine doublé d'acier, à vis-robinet de platine, que j'ai décrite dans ce
Recueil (p. 189 et i^ï,Jîg. 4), instrument qui n'est attaqué ni par le chlore
ni par le brome, ni par les hydracides. Pour les expériences actuelles, on
plaçait à l'avance dans la bombe une ampoule scellée, contenant 'M"^ à 4^''
d'eau et destinée à absorber le gaz chlorhydrique. Avec les éthers iodhy-
( 7"4 )
driqnes cette précaution est superflue, car il ne se produit pas d'hydracide.
Avec les éfhers bromhydriques, l'explosion étant trop faible pour briser
l'ampoule à coup sûr, on a dû introduire l'eau après coup, par la vis, en
profitant de la diminution de pression produite par l'explosion.
» Le poids de l'éther méthylchlorhydrique était compris entre o^"', 269
et o^^agi ; il était déduit de celui de l'acide carbonique. En le comparant
avec le poids de l'acide chlorhydrique étendu, qui demeurait dans la bombe
et que l'on dosait, on en a conclu le poids du chlore mis en liberté; celui-
ci a varié entre 3,3 et 18, 5 centièmes du chlore total. La correction
résultante se déduit de la différence entre les chaleurs de formation de
l'hydracide dissous et de l'eau : elle n'a pas surpassé 0*^°', 8.
» On a trouvé les chaleurs de combustion suivantes, rapportées à So^'', 5
d'éther gazeux et à la réaction :
C^H'CI H- 0« = C-O» -+- HCIgaz + H^O'liquide.
Nombre obtenu Acide chlorhydrique
en présence de l'eau supposé gazeux
(volume constant). (pression constante).
Cal Cal
169.6 i53,2
176.7 160,3
169,6 i53,2
175,6 159,2
Moyenne... 172,9 i56,5
<) D'où l'on déduit :
C'( diamant) + H» + Cl — C= H» Cl gaz, dégage -t- 28'''",5
» 5. Elher mé.lhylbromhydrique, C-H'Br. — Sa combustion produit un
volume égal d'acide carbonique, en absorbant sensiblement 7^'' d'oxygène :
C^H'Br + O' = C=0' + 3H0 + Br.
» La dose d'acide bromhydrique formée est faible, comme on s'en est
assuré par des dosages directs (le brome libre étant dosé par l'acide sulfu-
reux, puis le brome total par le bromure d'argent). Son influence est dès
lors négligeable; surtout si l'on remarque que la chaleur déformation de
l'hydracide étendu ( + 33,5) est 1res voisine de celle de l'eau (+ 34,5).
J'ajouterai que la combustion totale ne s'opère nettement que pour des
proportions voisines des rapports théoriques. Il suffit de doubler le volume
de l'oxygène pour atteindre les limites de combustibilité : tantôt alors 9[
( 7"5 )
mélange ne détone pins, tantôt il brûle incomplètement et en formant des
doses notables d'Iiydraciile.
» On a opéré avec i'élher pesé dans des ampoules (o»'',5io àoB'',53o)
et on a contrôlé le résultat par la pesée de l'ncido carbonique. On a trouvé,
à volume constant, et en tenant compte de la vapeur d'eau :
D'après le poids initial de léllior. D'après le poids liiial de CO'.
182,8 '76,7
181,0 ,80,7
l8l,9
'^ 111,8
Moyenne... 181, 5 179, 3
» La moyenne des deux séries est 180,4 à volume constant. Mais, les
quatre cinquièmes du brome seulement, ou environ, étant gazeux dans ces
conditions, il convient de retrancher — 0,7 pour tout réduire à l'état du
métalloïde gazeux; il faut, au contraire, ajouter -1-0,7 pour l'évaluation de
lachaleur de combustion à pression constante. Celle-ci demeure donc égale
à -I- 180, 4- On en tire :
C'(diamant)-l- ff+ Brgaz = C=H'Brgaz, dégage -1- lyCai^,
» 6. Elher méthjUodhydrique C^H'I. — Sa combustion a lieu nette-
ment d'après l'équation, vérifiée par nos analyses eudiométriques,
CH' I -f- O" = 0== O* + 3 HO + I.
On a trouvé, à volume constant, l'éther étant gazeux (o^^/joo à o«%5oo) :
D'après le poids initial de l'éther. D'après le poids final de CD'.
■85, I 186,7
190,5 ,89,0 ,
» r 86 , o
Moyenne... 187,8 187,5
» La moyenne des deux séries, 187,65, devient -1-188,7 ^ pression con-
stante. Ce chiffre, pour l'iode gazeux, se réduit à -H 1 83, 3; d'où l'on tire :
Cal
C (diamant ) H- H' -M gaz = C'H=I gaz, dégage -1- 14,2
I solide, C'H'I liquide + ,5,0
» 7. Élher élliylchlorhydrique C*H'Cl, — J'ai trouvé, d'après une
C. R., 1880. 2- Semestre. (T XCI, N» 18. ' 9^
( 7o6 )
Note précédente (p. 4^4) :
C« (diamant) -+- H'+ Cl = C'H'Clgaz. ... -f- 38c«',5
» 8. Éthe7- élliflbromliydriqiie C*H'Br. — La détonation de cet éther
développe à la fois du brome, produit dominant, et de l'acide bromhy-
driqne, qui peut s'élever jusqu'à 4° centièmes de la quantité théorique.
Tous calculs faits, voici les résultats obtenus pour la réaction
C*H'Brgaz + 0"= 2C*0' + 5H01iq.-i- Brgaz, à volume constant;
D'après le poids initial de Téther
(0,322 à 0,391). D'après le poids final de CO'.
33o,8 829,5
325,0 »
324,0 325,4
33i,9 33) ,9
Moyenne.... 827,9 828,9
» Pour les deux séries 328,4; soit 829, 5 à pression constante.
C (diamant) + H>-+- Br gaz. = C'H'Brgaz -l-3iC",o
Br liquide, C'H'Br liquide + 33'^>',7
1) 9. Éther iodhydrique C^HH. — La chaleur de formation de cet éther
n'a pas été mesurée par combustion, sa tension étant trop faible. Mais j'ai
opéré par substitution directe, au moyen du brome, et en agissant chaque
fois sur i!\^^ environ d'éther. J'ai vérifié, en redistillant les produits, que
la réaction se passe très sensiblement d'après l'équation
C'B'Iliq. -i- Brliq. r=C'H^Brliq. -4-1 solide. ;
» En tenant compte de la portion d'iode qui demeure dissoute dans l'éther
bromhydrique, ceîteréaction a dégagé H- 9, 71 et + 9,81; moyenne: -f-9,76.
On déduit de là :
C<(diamant)-f- H» +1 solides C'H'Iliq., dégage. .. -4- 28'^'', 9
C»-f-H'-Hlgaz = C'H'Iga7. 4- 22C'i,8
» 10. La réaction précédente, opérée avec un excès de brome, a dégagé
une quantité de chaleur notablement plus grande; ce qui s'explique, at-
tendu que le brome se combine à la fois avec l'iode et avec l'éther brom-
hydrique. La dernière combinaison peut être observée directement. Elle
a lieu sans substitution et avec un dégagement de chaleur capable défaire
bouillir le mélange
C*H'Brliq. -^- Brliq., à 9", dégage : + i'^'',4; Br- : 4-2*^'",3; Br' : + 3*^",o.
( 7<^7 )
Il se forme ainsi des composés analogues aux perbromures et periodures
alcalins (ce Recueil, t. XC, p. 844) et à ceux de l'hydrogène (t. XCI, p. ig5).
)) L'iodure d'éthyléne, traité par 2"' de brome, produit du bromure
d'iode, uni ou mélangé avec un bromoiodure d'éthyléne cristallisée* H' BrI,
volatil vers i65°, corps que l'on isole, après traitement par SO' étendu,
C«H*I' solide -t-Bi=liq.=^C., dit M. Siemens, qui a observé avec soin ces pliénomènes en 1878,
a riss die iimgebende Luft niitsicli fort, und Lildete dadurcli,ùber deni Eergglpfel, einen in
sich von innen nach aussen rotirenden und sich Leim AufsteigenerweiierndenDanipfring. »
Les explosions étaient alors plus fortes qu'en septembre de cette année
f 711 )
ciel. Il est facile de constater qu'ils ne s'enroulent pas autour de cette co-
lonne; rien ne présente la moindre trace de mouvement gyratoire, et
cependant de celte colonne ascendante partent en tous sens des traits de
foudre.
)) Les orages volcaniques ne se produisent que pendant les grandes
éruptions. Ils ne se déplacent pas; c'est toujours de cette colonne ou des
flocons de nuages qui la forment que jaillissent les éclairs, et il y a ceci de
très particulier que leur apparition est intimement liée à la présence et à la
chute de cendres abondantes. C'est ici une règle constante, formulée par
l'éminent directeur de l'Observatoire du Vésuve, M. Palmieri :
» j" Les cendres qui retombent sur le sol sont toujours chargées d'élec-
tricité négative.
» 1° Il n'y a jamais de décharges électriques (elles s'opèrent dans la partie
moyenne de la colonne), à moins que la cendre ne tombe en abondance
des nuages supérieurs (').
» Ainsi, pas de mouvements gyrntoires, immobilité complète de l'orage
volcanique qui reste confiné dans la colonne de nuages ascendants, pas
d'éclairs sans le concours des cendres, -voilà déjà quelques traits qui font,
des orages volcaniques, une classe absolument distincte de celle des orages
solaires, en les identifiant presque avec les effets de la machine d'Armsfrong.
J'ajoute que, si les premiers sont |)arfois accompagnés d'averses qui ra-
vagent plus ou moins les pentes de la montagne, averses qui dans les pays
froids se transformeraient en neige, on n'a jamais fait mention de grêle,
et je nhésite pas à prédire qu'on n'en observera jamais, car la grêle est le
produit de vastes mouvements gyratoires qu'on ne retrouve pas dans les
nuages des volcans.
» Bien que les orages immobiles du Vésuve n'aient, sauf le premier
aspect, presque aucun point de ressemblance avec les orages solaires mar-
chant à grande vitesse, versant sur des espaces énormes la pluie, la grêle
et les foudres, et parfois ravageant le sol par leurs gyrations furieuses, il n'en
est pas moins vrai que les premiers sont des phénomènes météorologiques
intéressants à étudier. On peut compter pour cela sur l'Observatoire du
(') 1° Il fiimo mostra senipre forte eleUricità positiva;
2° La cenere cadentlo siil luojjo délie osservazioni dà elettricità negativa;
3" Le folgori, anche con enizioni fra^'orose, possono mancare. La condizione indispen-
sabile per l'appaiizione délie folgori in mezzo al fiimo è la caduta di cenere copiosa dei
globi superiori al fmno. (// Vesiivio e la sua Storia, Milan, i88o.)
( 7"» ^
Vésuve, établissement unique au monde et bien digne d'obtenir les larges
subventions dont la Science a besoin à notre époque. Tout en admirant le
remarquable ensemble d'appareils séismiques, magnétiques et électriques
enregistreurs de M. Palmieri, je me suis demandé s'il n'y aurait pas
quelque intérêt à étudier directement les traces d'électricité dans les va-
peurs qui s'échappent actuellement de la bouche même du Vésuve, Sans
doute il faudrait pour cela aller poser des appareils spéciaux à a""" de l'Ob-
servatoire, surlebord du cratère, en s'exposant à les voirbriser parquelqiie
scorie retombant de ce côté; mais je me dis qu'à force de persévérance et de
courage M. Palmieri et surtout notre regretté confrère M. Cb, Sainte-Claire
Deville ont bien réussi à y puiser directement des gaz pour en faire l'analyse
chimique. Pourquoi, à leur exemple, n'y puiserait-on pas de l'électricité?
» Toutes les entreprises scienti6ques sont d'ailleurs rendues bien plus
faciles qu'autrefois par l'établissement d'un chemin de fer funiculaire qui
conduit chaque jour de nombreux visiteurs tout en haut du grand cône,
presque au pied du dernier cratère, aujourd'hui comblé, où je me suis pro-
mené sur les laves fumantes et grinçantes. J'aurais voulu me faire hisser
jusqu'au boid du petit cône d'érnpiiou actuel; mais mes guides et moi
nous avons été chassés subitement par une saute de vent qui nous a enve-
loppés dans des bouffées de vapeurs acides. Il a fallu en dégringoler bien
vite en toussant à qui mieux mieux. D'autres plus habiles y pourraient
aller et, en choisissant bien leur emplacement, expérimenter à loisir avec
une longue gaule et un électromètre portatif.
a Quoi qu'il en soit d'une suggestion que je hasarde après coup, j'ai
trouvé qu'il n'y a rien de plus instructif, pour un observateur disposant de
quelques semaines de loisir, qu'une ascension au Vésuve et une visite
détaillée aux Champs Phlégréens.
» Je ne parle pas du géologue, qui se trouve là dans son élément, mais
du géodésien, qui verra combien l'écorce terrestre peut garder de mobilité
en certaines régions, du météorologiste, qui suivra le jeu de forces com-
plètement étrangères au grand moteur habituel de notre atmosphère, de
l'astronome lui-même qui, après avoir contemplé une bonne fois ces
éruptions, ne sera plus tenté d'y chercher des analogies avec les taches du
Soleil ou les cirques de la Lune.
» Pour moi, l'impression qui me reste de ces horreurs de la nature au
milieu du pays le plus splendide qu'on puisse rêver est profonde et inef-
façable. M
( 7'3 )
ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Sur les photographies de nébuleuses;
par M. J. J.VNSSEN.
« M. Draper a annoncé, dans le dernier numéro des Comptes rendus,
qu'il était parvenu à obtenir une photographie de la nébuleuse d'Orion, et
l'éminent auteur annonce qu'il enverra prochainement des détails sur la
méthode employée.
" Je ne suis nullement surpris de ce résultat, eu égard à l'habileté bien
connue de M. Draper, et aussi, il faut le dire, en raison des nouvelles pré-
parations photographiques sèches découvertes dans ces derniers temps.
» Ces nouvelles préparations, qui réunissent les avantages d'une action
lumineuse aussi prolongée qu'on veut, avec une sensibilité supérieure à
celle des meilleurs procédés de la voie humide, ouvrent une carrière nouvelle
à la Photographie, et spécialement à la reproduction des objets célestes que
leur peu de pouvoir lumineux rendaient inaccessible aux anciens pro-
cédés.
» Aujourd'hui la photographie d'une nébuleuse très brillante est relati-
vement facile, si l'on se contente de la partie la plus lumineuse de l'objet;
elle est, au contraire, extrêmement difficile si l'on veut une image com-
plète, comparable aux images données par nos grands instruments. Or,
ce sont nécessairement ces images qu'il faut obtenir si nous voulons prépa-
rer, pour des temps qui ne soient pas trop éloignés, des documents propres
à mettre en lumière ces variations de structure nébulaire dont la dicus-
sion sera si importante pour la connaissance de la constitution de l'univers.
» Mais c'est là un sujet qu'on trouvera bien vaste si l'on considère
d'une part le nombre prodigieux des nébuleuses à reproduire fidèlement,
et de l'autre la rareté des circonstances de pureté atmosphérique qui sont
absolument indispensables pour obtenir des images un peu complètes,
» Il sera donc bien nécessaire que cette étude, capitale pour l'avenir de
la science, soit faite dans le plus grand nombre possible d'observatoires
où l'on s'occupe d'Astronomie physique, qu'on y consacre beaucoup de
temps, de grands instruments et d'habiles observateurs.
» C'est dans la pensée de concourir à une étude aussi importante que
nous préparons à Meudon les éléments d'un travail de ce genre. Le téles-
cope à très court foyer avec lequel j'ai pu obtenir, en 1871, un spectre très
lumineux de la couronne et qui a révélé sa véritable nature, m'a paru un
C. R., 1S80, 2- Semestre. (T. XCI, N» 18.) 94
i 7'4 )
type que je compte imiter en plus grand pour celle étude. La combinaison
d'un instrument extrêmement lumineux, de plaques sèches très sensibles
et d'une limpide atmosphère est la condition première du succès.
» Mais on doit accueillir avec une extrême faveur toute tentative faite
dans une direction si féconde pour l'avenir de la Science. »
ASTRONOMIE. — Observations de planètes et de comètes, faites à l'Observatoire
de Marseille. Communiquées par M. Stephan.
Planète (fî?)» Eudore ( ' ) découverte
par M. Cogg
ia.
Dates.
Heure de
l'obsei'vation
(T.M. de Mars.)
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Octobre
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—2,9896
-0,8534
h
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. 9.41.31
23. 0.46,34
I 00 . 24 . 59 , 1
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Coggia.
Planète (^, découverte par M.
Palisa.
Septembre
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-0,8281
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Coggia.
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96. 5.19,0
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Coggia.
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22. .55. 9,98
96. 14.24,8
— T,oiy5
—0,8298
J
Coggia.
Comète découverte par M. Hartwig le
29 septembre.
Octobre
I . .
. 8.24.25
14.49- '0)58
61 . 6. 21 ,0
+ 1,6945
—0,7063
k
Coggia.
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2.
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i5. 7. 0,67
61.46. 4,3
+ 1,6895
—0,6963
l
Coggia.
0
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8.27.28
i5.38.5o,i3
63.27.27,7
+ 1,6856
-0,7211
m
Coggia.
■'
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. 9. 8.12
16.29. '9»37
67. 10.34,0
+ 1,6733
—0,7420
II
Coggia.
Eudore est le nom de l'une des Hyades.
( 7'5 )
JR.
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Auloiité
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94.34. 6,3
Cat. B. A,
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Cat. B. A.
C
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95.46.45,0
Cat. B. A.
C
23.14.39,97
96.33.43,3
Cat. B. A.
C
23.17.17,59
96.58.38,3
U. S. Cat.
23. 3.52,83
98.48.22,9
Cat. W.
2,3. 4.39,18
99. 16.24,9
Cat. W.
22.59.55, 10
100. 2.1 5, 9
Cat. W.
23. 0. 0,61
100.14. 4,7
Cat. W.
22.57.39,01
96. 5.20,4
U. S. Cat.
14.48. 3,95
61 . 0.19,2
Cat. W.
i5. 7.42,11
61.37. ■^'S
Cat. W.
15.37.42,36
63. 19.22,8
Cat. B. A.
C.
16.26.56,33
67. 9.32,7
Cat. W.
Position.' moyennes des étoiles de comparaison pour
Étoile. Nom de l'éloili'.
a 8123 B. A. C.
h 81 3 { B. A. C.
r 8119 B. A. C.
d 8129 B. A. C.
e 10220 United States C.
/. 23 Weisse(A.C.),U. XXIII
g 36 Weisse (A.C.),H. XXIII
h r 240 Weisse (A.C.), H. XXII
/ 1241 AVeisse(A.C.),H.XXII
/■ 10146 United States C.
/• ioi5-i6Weisse(N.C.),H.XIV
/ 143 Weisse (N.C.), H. XV,
m 5192 B. A. C.
n 774 Weisse (N. C), H. XVI
MEMOIRES PRESENTES.
VITICULTURE. — Sur l'œuf d'hiver du Phylloxéra. Note de M. Valery-
Matet, présentée par M. Ém. Blanchard.
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
c Dans une Note adressée à l'Académie sur la recherche de l'œuf d'hiver
du Phylloxéra en Languedoc (séance du 24 novembre 1879), je disais que
la rareté des gallicoles confirme à la fois les observations qui leur attribuent
l'œuf d'hiver pour origine et la rareté même de cet œuf, tout en prouvant
son existence.
)) Mes recherches ont été continuées cette année, et, sans être arrivé à la
solution complète de la question, j'ai fait néanmoins un grand pas en avant.
» Dix bocaux d'éclosion, garnis de racines fortement phylloxérées, ont
été disposés fin juillet dans mon laboratoire. J'ai obtenu ainsi un millier
d'insectes ailés, soit environ deux cents pendant le mois d'août, cinq cents
pendant le mois de septembre et trois cents pendant la première quinzaine
d'octobre. Tous les matins, j'enfermais ma récolte sous une cloche de verre
garnie de jeunes pousses de vigne, et le lendemain les individus les plus
vigoureux étaient mis dans des tubes de verre. Du i^' août au i5 octobre,
six cents insectes environ furent ainsi enfermés dans cinquante tubes, et
( 7'6 )
dès les premiers jours j'eus la satisfaction d'eu voir pondre plusieurs. Les
trois quarts périrent sans avoir voulu ni planter leur suçoir dans les feuilles
ni déposer leurs œufs; mais j'obtins environ cent cinquante pontes, qui
furent mises moitié à l'air libre, moitié dans mon laboratoire, les tubes
étant bouchés avec un tampon de coton.
» Le mois d'août se passa sans une seule éclosion ; le mois de septembre
également. Les œufs, comme dans mes expériences des années précédentes,
étaient secs au bout de quatre ou cinq jours. Le 2 octobre, enfin, j'obtins
un mâle, qui, ne pouvant s'accoupler, vécut plusieurs jours; mais le 6, le
voyant près de mourir, j'en fis une préparation. Le 7, je trouvai une fe-
melle, qui, ne pouvant être fécondée, fut préparée également. Le 10, un œuf
d'hiver était pondu contre le verre, la dépouille de la mère à côté. Du 10
au i5, pas d'éclosion. Le i5, le i6_et le 17, nouvelles éclosions de femelles,
au nombre de quatre. Deux moururent sans avoir pondu; trois effectuèrent
leur ponte le lendemain ou le surlendemain de leur naissance, mais les
œufs, non fécondés, se sont séchés ou ont été préparés.
M II ne s'en est donc fallu que de vingt-quatre heures pour que je pusse
mettre en présence un mâle et une femelle. Ce n'est que partie remise, et
j'espèrebien, l'an prochain, annoncera l'Académie que j'ai obtenu en Lan-
guedoc un œuf d'hiver fécondé.
)) Mes recherches durent depuis trois ans. Celles de celte année con-
firment mes conclusions de l'année dernière. Je disais que l'état hygromé-
trique du pays s'opposait le plus souvent à la ponte des ailés et à l'éclosion
des sexués. Nous voyons celle-ci se produire en octobre quand les mois
d'août et de septembre ne nous en ont pas présenté. Si nous consultons les
observations météorologiques faites à l'École d'Agriculture de Montpellier,
nous en trouvons l'explication. L'état hygrométrique de la première
semaine d'octobre, mesuré au psychromètre d'August, a été en moyenne
de 0,79, celui des vingt premiers jours de 0,72, tandis que la moyenne
de septembre a été 0,68 et celle d'août 0,60. Les jours où j'ai constaté des
éclosions ont tous été des jours de grande humidité. Le 2 octobre, en
effet, nous trouvons 0,76 au psychromètre; le 10, 0,66; le i5, 0,60; le
16, o,85, et le 17, 0,91. Au delà de cette date, la chaleur a sans doute
fait défaut : les œufs qui restaient se sont desséchés. Je n'ai pas non plus
obtenu de pontes d'adés depuis le i4» bien que les éclosions de ces der-
niers aient continué et doivent continuer encore à se produire, les
nymphes étant plus nombreuses que jamais sur les racines.
» Il est donc bien certain que l'état hygrométrique de l'air, en moyenne
( 7'7 )
trop sec chez nous, est le grand obstacle à la production de l'œuf d'hiver.
Dès que les vents de mer, qui soufflent toujours en automne, nous ramènent
aux conditions du climat de l'ouest, nous en voyons se produire.
» De là à l'existence d'un œuf de sexué éclosant en été, dont a parlé
M. Graëlls, il y a loin; mais il est possible qu'en Andalousie les éclosions
estivales soient facilitées par les conditions climatériques. Ne voyons- nous
pas les œufs de Bombyx mori avoir besoin de l'aclion du froid pour éclore
en France, quand, au Bengale, la chaleur humide du pays provoque au
contraire leuréclosion rapide? «
CORRESPONDANCE.
M. le MiMSTRE DE LA GuERRE transmct à l'Académie un Rapport du
service local du Génie, sur un coup de foudre qui a frappé le fort du cap
Brun, près Toulon, le i5 septembre dernier.
(Renvoi à la Commission des Paratonnerres.)
ASTRONOMIE. — Eléments de l'orbite de la nouvelle planète @, découverte
par M. Coggia. Note de M. O. Callandreau, présentée par M, l'amiral
Mouciiez.
« Je me suis proposé de prendre une nouvelle planète et de lui appli-
quer les méthodes de M. Gyldén pour le calcul des perturbations rela-
tives, mon objet étant de tirer tout le parti possible des observations, de
manière à obtenir, en quelques années, une orbite très approchée qui
puisse servir de base à des recherches plus étendues.
» M. Coggia a eu l'obligeance de me communiquer les vingt observations
qu'il a faites du 3o août au Zj octobre. Si l'on ajoute à ces observations
celles de M. Bigourdan, communiquées dans les Comptes rendus, on est
en droit d'espérer une première détermination assez précise de l'orbite.
« Voici les éléments conclus des observations des 3o août, i3 septembre
et 4 octobre; ils seront déterminés de nouveau après l'observation des
étoiles de comparaison :
(7iB)
Éléments de la planète (^ .
@ Époque : Septembre i3,5, T. M. de Berlin.
" / Il
M„= 19.54.41,89
Q^i64. 7.19,05 I Équinoxe et ellip-
7t — Q = i43- 2.38,57 ; tique moyens
i^ II. 6.a4)96 ) 1880,0.
(j) = 19.55.25,42
p= 665", 7647.
» En calculant avec ces éléments le lieu moyen, on trouve
^„-^, =3 -4-0", 04, Do-D, = -)-o",o5. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur la résolution des équations algébriques; exa-
men de la méthode de Lacjrange. Note de M. E. West, présentée par
M. Yvon Villarceau.
. _,_ Y'-n'" +...);
a. p, 7, . . . sont les diverses racines de l'équation a"* — 1 = o. On voit que
cette expression est équivalente à l'expression (i).
» Enfin, eu posant
(4) t'-=.e,
on trouve que la quantité 6" est connue et que 6', 6". . . . , ô''""'' sont les ra-
cines de l'équation résolvante du degré m — i :
(5) 6'"-' — TÔ'"---4-U0'"-' — ... = o.
)i Les coefficients T,U,.. . se déduisent rationnellement de l'un d'eux,
et celui-ci est donné par une équation du degré i . 2.3. . .(?ra — 2), formée
avec les coefficients de l'équation proposée.
» Après avoir donné le moyen de calculer ces coefficients, Lagrange
ajoute : « Il est possible que cette équation puisse être abaissée à un degré
i> moindre, mais c'est de quoi il me paraît très difficile, sinon impossible,
» de juger a priori. »
» Cependant on peut compléter cette méthode.
« Les racines des équations, par leur nature, ne se distinguent générale-
ment pas les unes des autres, puisqu'elles se présentent toutes comme le
résultat d'une même opération; au contraire, elles peuvent se distinguer
par leurs valeurs, mais cela ne concerne pas la question présente. La raison
en est que, dans les conditions du problème qui donne lieu à l'équation
finale dont on cherche les racines, l'inconnue qui produit ces racines peut
être définie par diverses sortes de propriétés. Si la propriété qui définit est
caractéristique, les racines jouissent de toutes les propriétés de la quantité
inconnue; elles ne peuvent pas être distinguées et elles entrent symétrique-
ment dans l'équation; l'équation est irréductible. Si la propriété qui définit
est seulement commune à l'inconnue et à d'autres quantités, toutes ces
( 720 )
quantités sont racines de l'équation; mais ces racines peuvent se distinguer
par groupes correspondant chacun à une propriété caractéristique, celle-ci
définissant spécialement chaque espèce de quantité; l'équation est alors
réductible.
» Cette définition des équations réductibles diffère de celle d'Abel, gé-
néralement reproduite dans les Ouvrages; cette dernière est purement con-
ventionnelle ; elle est relative à la forme des diviseurs de l'équation. On
sait d'ailleurs que Gallois introduit une nouvelle convention : ce sont les
quantités adjointes. Il est clair que la définition d'Abel ne peut conduire di-
rectement à la solution delà question présente, qui a pour objet la nature
même des racines.
» Cela posé, Lagrange montre encore que, si m est premier, les quan-
tités 5', 6", ... ,5'"'^' appartiennent à une seule équation (5), et que par
tous les changements de ces quantités entre elles on ne forme que
i.2.3...(/7i — a) systèmes de racines Jî, tels que l'indique l'expression (3) .
C'est là le point essentiel.
» Il en résulte que l'expression (5) est irréductible; aussi toutes les
quantités 5,6", 0'",... y entrent-elles symétriquement et ne peuvent-elles
être distinguées les unes des autres. L'ordre des accents u'est que relatif,
et tout autre ordre que l'ordre précédent satisfait nécessairement à la
question; ce n'est donc que par l'ensemble des termes que l'expression (3)
donne les quantités a?, par suite du concours symétrique des quanti-
tés 0', 6", Q'", ... : donc les 1.2. 3. . .(/tj — 2) systèmes sont équivalents.
» Ensuite, pour ce qui concerne l'équation auxiliaire du degré
1 . 2 . 3 ... (m — 1) d'où dépendent les coefficients T, U, . . . , si l'on désigne
par R l'une des racines (qui ne sera autre que l'un de ces coefficients),
cette quantité R donnera lieu aux i.2.3. . . (/n — 2) systèmes précédents.
Mais une autre racine R' différente de R, donnant des coefficients T', U', . . .
différents des premiers, donnera aussi des quantités Ôqui différeront des pré-
cédentes. Or ces nouvelles quantités 0 donneraient lieu à 1.2. 3. .(m — 2)
nouveaux systèmes différents de ceux que l'on vient de considérer, et,
puisqu'il ne peut y avoir que ï.2.'i. . .[m — 2) systèmes de racines qui
satisfassent à l'équation proposée, les nouveaux systèmes ne pourront
y satisfaire. Il en résulte que les racines telles que R' de l'équation auxi-
liaire ne jouissent pas des mêmes propriétés que la racine R, simple ou
multiple : cette équation est réductible. Ainsi la quantité R, étant seule de
son espèce parmi toutes les racines de l'équation auxiliaire, doit être don-
née en réalité par une équation du premier degré; par suite, les coefficients
( 72 1 )
T, U, . . . de l'équation résolvante sont des fonctions rationnelles des coef-
ficients de l'équation proposée.
» Je n'ai parlé que des équations dont le degré est premier; mais La-
grange a démontré que, si m est composé de plusieurs facteurs premiers, la
résolution de l'équation se ramène à larésolution de plusieurs équations de
degrés premiers. Il en résulte que, dans tous les cas, les équations algébriques
sont résolubles algébriquement.
» Ainsi, la méthode de Lagrange conduit à ]n possibilité de résoudre al-
gébriquement les équations, contrairement à une opinion reçue. Pour ter-
miner ce qui est relatif à cette possibilité, il reste maintenant à examiner
les principales objections que l'on pourrait y faire, c'est-à-dire à examiner
certaines propositions d'Abel. ■>
ANALYSE MATHÉMATlQur:. - Sur les équations différentielles linéaires à
coefficients rationnels, dont la solution dépend de la quadrature d'une fonction
rationnelle de la variable indépendante et d'un produit algébrique irrationnel.
Note de M. Gôran Dillner, présentée par M. Hermite.
« Posons, dans la formule I(') (2),
(i) M = CB-' ^c{x-b,y^<...{x-~ /^)-^
et, suivant 1 (3),
(2) i' = V.-.V"-)^ - Y"-';
soit, de plus, comme dans la formule I (8), ]3^ = — (/■ ^- 1 , 2, . . . , «j, ou
/?/,, ..., /n„ sont des nombres entiers positifs ou négatifs dont au moins
un soit premier avec n: alors, p{x)" étant une fonction rationnelle de x,
|3 sera une racine de l'équation suivante de degré u par rapport à ^ :
(3) B" — p{x)" — o.
Donc, d'après un théorème connu, toute fonction rationnelle de x et |B,
( ' ) Le signe I se rapporte à ma Note insérée dans les Comptes rendus du 1 1 octobre.
C. R., 1880, a- Semestre. (T. XCI, N" 18.) 9^
7J
( 722 )
j [x, %), peut se mettre sous ta forme
(4) fix, Bj - A, 13"-' + . . . 4- A„_,B + k„
où les coefficients A,, . . . , A„ bont des fonctions rationnelles de x.
» Posons, au lieu de I (6),
(5) -n =ff{x, %)dx =/(a3"-' + ■■■ + A„_, % + K)dx,
d'où l'on tire, à l'aide de la formule (2), les dérivées
j ■/:'^A,|î''-'-4-... + A„_,ÎÎM-A„,
(6) >5"=|3''-'[(,^-i)A,V-hA;]-f-... ^^(A„_,V + A„_,)-!-A„,
où les coefficients de ^"~' , . . . , S, dans toutes les dérivées, sont des fonc-
tions rationnelles de x. Donc, $o> '^\- ■ ■ 1 '^n étant des fonctions ration-
nelles de X, l'équation transformée I (5) sera de la forme
(7) l3''Oo-^l3"-'$.H-.---f-|3<ï>„_,-i-$„^o,
équation qui doit être identiquement satisfaite, d'où il suit que les équations
(8) |U"$o-H$« = o, $, = ... = $„_, = 0
doivent aussi être identiquement satisfaites. Mais chacune de ces n équa-
tions contient un ou plusieurs des coefficients p^, .... p„, qui seront
déterminés comme des fonctions rationnelles de x. En faisant usage de la
formule I(io) et en mettant, d'après (1), |B, = C^B-', une solution par-
ticulière prend, suivant I (4) et 1(5), la forme
ry. as^ rUf^)" '-h...-^-A„.,^■-rA„l^■
En observant que C, -+-... -t- Q, -- o [r -= 1,2,.. , [n — 1)], le produit de
ces n solutions particulières aura la forme
(loj j,j,...j„-A«e"-^'^"^
» Pour une équation du second ordre, remarquons que, en posant
C
A, ^ = —j où B, sera encore un produit algébrique de la forme 1(2), les
solutions particulières prendront la forme générale, l'indice de B étant
supprimé,
;-, =:Ae-^ ^•^ ^ et jr.^Ae'^ ^ •* -^ ,
( 723 )
le produit des deux solutions étant en ce cas
» Les coefficients p, et /j, de l'équation différentielle proposée
T" •" Pi '>' -^ Pi — " seront déterminés par les deux équations données dans
ma première Note, après y avoir remplacé X' par X'h- Aj et X" parX"-!- A'j,
c'est-à-dire par les équations
(s)"+^2 + p.(x'+A2) + (x'4-a,)= + x"4-a;-o
et
p, — Y~h 2{X'-h Ao} = o.
» Remarque I. — D'après ma deuxième Note, insérée dans les Comptes
rendus du 26 octobre, on conclura que, l'indice de racine de la part
irrationnelle du produit B étant inférieur à l'ordre n de l'équation diffé-
rentielle proposée, le nombre de solutions particulières sera le même que
cet indice, et qu'en ce cas les coefficients p,, . . . , p„ poinront être déter-
minés de diverses manières par un nombre égal d'équations. Pour l'équa-
tion du second ordre, si l'on suppose que l'indice de racine soit i, c'est-
à-dire queleproduit B ne contienne aucune irrationnalité.il n'y aura qu'une
solution, et les coefficients p,, ■ ■ ■ , pn seront déterminés de diverses ma-
nières par l'équation (7), après y avoir posé C = o, ou par l'équation
p, + p,{x'-hh,) + (x'+A,)^ + x"H- a; = o,
où X est le logarithme d'un produit algébrique [I (2)] et A, une fonction
rationnelle quelconque.
» Remarque JI. — L'intégrale (9) est la plus générale possible de ce genre
qui puisse engendrer une équation différentielle linéaire à coefficients
rationnels; car, s'il y en avait une plus générale, elle serait nécessairement
de la forme
mais, si les fonctions 7X2
»
(C^H)=
— 3o,5x 2
B
(') L'emploi d'un volume moindre de réactif, ou le simple passage du gaz au travers, ne
donne lieu qu'à une séparation imparfaite de l'o.xyde de carbone.
( 739 )
Clialeui' tU'cagce.
Nom Ju composé. Éléments. Formule. Élat j;a7.eii.\. État liquide.
Éther iiicthylchlorhydrique C'-l- H' H- Cl C-H'Cl -t- 28,5 »
Éthcr mctliylbromhydrique C'+ H'4- Brgaz Cni'Br +17,1 »
Éther méthyliodhydriqiie C + IP -f-I gaz OHn H- 1 4 , 2 W^ ^° ' ' a; q
r 1 sol* —{— I D ^ -3
Éther méthylique 2(C'+lF-+-0) (OWOy +25,4X2
Alcool méthyliqiie (d'après F. et S.). . C'H-H' + 0= (C-H'0=) +53,6 +62,0
Éther éthylchlorhydriqiie C* + H'H- Cl C'H'^Cl +38,5
Éther éthylbroinhydrique C^ + H'+Brgaz C'H'Br 4-3i,o B^l-''+33
Éther éthyliodhydrique C + IP+ Igaz C'H^I +22,8 j ^^ T+ zi
Éther éthylique 2(C'+n'+0) (C'H'O)^ +32,6X2 +36, 0X2
Alcool éthylique C'+R«+0= C'H'O^ +60,7 +70, 5
» II. Relalions entre le dimélhyle cl les composés mélhjiiques. — 1. Ces
relations sont expiimées surtout par des analyses, ou séparation d'éléments.
La transformation du formène en diméthyle a lieupar séparation d'hydro-
gène et suivant les mêmes rapports de volume que la décomposition des
hydracides :
2C'H*= (C=H')=+ H% absorbe — 3iCai,3.
)) Cette transformation s'effectue réellement vers le rouge entre les gaz
libres, comme je l'ai établi par mes expériences, et elle a lieu alors, de même
que les dissociations, en vertu de l'énergie calorifique. La chaleur ainsi absor-
bée n'est pas fort éloignée de celle qui répond à la décomposition du
gaz bromhydrique, suivant les mêmes rapports de voliune :
2HBr=Br'gaz + HS absorbe — 27'^'",o.
» Comparons de plus près ces deux réactions. Elles ont lieu également
au rouge et elles sont limitées l'une et l'autre par des réactions inverses et
effectives : dissociation simple, réversible d'une façon immédiate dans le
cas du gaz bromhydrique, où il n'existe qu'un seul composé; tandis qu'elle
est plus complexe dans le cas du formène, en raison de l'existence des
quatre hydrures de carbone fondamentaux (formène, diméthyle, diméthy-
lène, acétylène), formés suivant la loi des proportions multiples. Chacun
est formé avec absorption de chaleur aux dépens de celui qui le précède,
mais ils sont liés entre eux par un équilibre pyrogéné réversible, en vertu
( 74o )
duquel les quatre carbures coexistent et se régénèrent réciproquement à la
température rouge ( ' ).
» 2. Poussons plus loin ces comparaisons entre le diméthyle et les radi-
caux simples, el évaluons la chaleur absorbée par la séparation des éléments
halogènes, chlore, brome, iode, aux dépens des composés méthyliques ; il
s'agit toujours de réactions réelles, car la régénération du diméthyle peut
être effectuée par les métaux, et elle est dès lors assimilable, à certains
égards, à la décomposition d'un chlorure, d'un bromure, d'un iodure
métallique.
2(C»H'Cl — Cl) =:{C' H' )S absorbe —25,6X2
ajC'H'Br— Br) = (C= H')', absorbe — 14,2X2
2(C'H'I — I) = (C H' )^ absorbe —11, 3X2
Ces chiffres, tons relatifs à l'état gazeux, rappellent encore la chaleur ab-
sorbée dans la décomposition des hydracides, suivant les mêmes rapports
de volumes, soit : —22,0 X 2 pour 2HCI; — i3,5x2 pour 2HBr;
— 1,6 seulement pour 3HI. Ils sont à peine inférieurs à la chaleur ab-
sorbée par la décomposition des chlorure, bromure, iodure d'argent
(29,0; 27,7; 19,7 par équivalent), et plus voisins encore de la chaleur
absorbée par la mise en liberté de poids équivalents des corps halogènes
aux dépens des composés du phosphore (23; i4>2; 3,5), ou de l'arsenic
(20,3; i5,7; 4,2).
M 3. Étendons les mêmes rapprochements à la séparation de l'oxygène
aux dépens de l'oxyde de méthyle, séparation qui n'a pas lieu cette fois
d'une manière directe.
2(C'H'0— 0) ={C'Wy, absorberait... ~44,i ou —22,0 x 2
chiffre un peu inférieur à la décomposition de l'eau gazeuse (— Sg) et voisin
de la chaleur de décomposition des oxydes de plomb (25,5), de cuivre
(21 et 19, 2), de mercure (21 et i5,8), pour chaque équivalent d'oxygène.
M 4. Enfin la séparation de ce radical composé fictif, que l'on admet
dans les alcools, Vhydroxyle, étant ca'culée d'après la chaleur de formation
de l'eau oxygénée hquide, on aurait, en partant de l'alcool méthylique
également liquide,
2(C'H'0= — HO^) = (C'H')', absorbe — 4o X 2
Essai (le Mécanique chimique, t. II, p. 1 13.
( 74' )
Or une réaction analogue effectuée sur l'eau elle-même
2(ll'0' -- HO') = W, absorberait — 45,7 X 2
1 L'ensemble de ces chiffres montre que les relations thermiques, cal-
culées entre le dimélliyle et les composés méthyliques qui le régénèrent,
ne sont pas fort différentes de celles qui existent entre l'hydrogène, ou les
métaux facilement réductibles, et leurs combinaisons binaires. Mais il y a
cette différence essentielle que l'hydrogène et les métaux jouent le rôle
de radicaux, au double point de vue de l'analyse et de la synthèse; tandis
que le diméthyle, formé par analyse aux dépens des composés méthyliques,
ne les régénère point en général par des synthèses directes : c'est un radical
fictif.
» Cependant le diméthyle joue encore le rôle de radical jusqu'à un certain
point vis-à-vis du formène, puisqu'il le régénère au rouge, en vertu d'un
cycle de réactions réversibles. A cet égard, on peut remarquer la transi-
tion qui existe entre les radicaux simples, le cyanogène et le diméthyle. Le
cyanogène, en effet, produit par analyse, régénère par synthèse directe
l'acide cyanhydrique (') et les cyanures métalliques; mais il est trans-
formable, dans certains cas, en composés éthyliques, dans lesquels le carbone
est aussi condensé que dans le cyanogène, et par conséquent deux fois autant
que dans l'acide cyanhydrique. C'est ainsi que l'hydrogénation du cyanogène
par l'acide iodhydrique développe l'hydrured'éthylène, et son hydratation
l'acide oxalique. Néanmoins, la régénération des cyanures est le cas normal
pour le cyanogène, et celle des composés deux fois plus condensés, l'excep-
tion . Pour le diméthyle, au contraire, la régénération des composés condensés
est le cas normal, celle de l'hydrure de méthyle, l'exception.
» in. Relations entre le diméthyle et tes composés élhyliqnes. — 1. Ces
relations sont exprimées par des substitutions et par des combinaisons.
Passons-les en revue. Soit d'abord la formation des éthers d'hydracides
dans l'état gazeux :
C'H«+C1==C'H»C1 +HC1, dégage., -f-54,8
C
GÉOLOGIE. — Recherches sur la craie supérieure du versant septentrional
des Pyrénées; par M. Edm. Hébert.
« Dans ce travail je comprendrai, sous le nom de craie supérieure, toutes
les assises crétacées plus récentes que les calcaires à Hippuriles cornuvac-
cinum, partie supérieure de l'étage turonien. C'est dans la région occiden-
tale des Pyrénées que cette série est la plus complète.
» Les assises crétacées les plus anciennes du groupe que je me propose
de décrire sont, pour cette région, des grès micacés (' ) que l'on rencontre
entre Rébénac et Gan. Une faille considérable, ainsi que je l'ai indiqué en
1867 ("), a relevé, au sud de Rébénac, les couches néocomiennes. Une
épaisse série de marnes schisteuses et de grès micacés se montre au nord
de Rébénac, et on peut l'étudier en détail le long de la route de Gan. On
y reconnaît la succession suivante, de bas en haut :
» a. Marnes schisteuses calcarifères minces, d'une épaisseur encore indé-
terminée.
» b. Grès micacés calcarifères alternant avec ces marnes schisteuses, mon-
trant de nombreuses empreintes de fiicoïdes, des lits de sable et quelque-
fois des grès siliceux dans la partie supérieure de l'ensemble.
» Cesgrès sont visibles sur une distancede S""" perpendiculairement à leur
direction; leur plongement varie de go° à 45° Rien ne prouve qu'il y ait,
soit des plissements, soit des failles. L'épaisseur de ces grès doit donc être
estimée, selon toute probabilité, comme supérieure à 2000™.
» c. Grès siliceux, alternant avec des calcaires marneux et renfermant de
grands inocérames, des nautiles, des fucoïdes, etc. ; étendue horizontale,
environ 1000™; plongement moyen, [\o°; épaisseur plus grande que 5oo".
» d. Banc de brèche, l'^jio.
» e. Calcaire blanc bleuâtre fossilifère à Holasler Bouillei Cott.
(') On a quelquefois considéré ces grès comme appartenant à l'étage cénomanien; mais,
en les suivant à l'est, il est facile de reconnaître qu'ils reposent sur les calcaires à Hippurita
corn uvaccinum .
(') Bulletin delà Société géologique de France, i" série, t. XXIV, p. 335.
( 745 )
» Je laisse de côté l'assise a, dont les caractères ne permettent pas de
fixer la position géologique ; mais b etc peuvent être retrouvées à l'ouest de
Pau, depuis Hasparren jusqu'à la mer. L'identité des couches qui viennent
d'être décrites avec celles qui affleurent sur les bords de l'Océan, entre
Saint-Jean-de-Luz et Bidart, a été reconnue par plusieurs géologues, notam-
ment par ]M. Jacquot, qui en a donné une description ('), Je les ai visitées
moi-même, et j'ai pu voir que cette puissante série de schistes et de grès
se poursuit, en conservant ses caractères, dans la direction ouest un peu
nord, c'est-à-dire à peu près parallèlement à la direction des Pyrénées.
» Très développés au nord et à l'ouest d'Hasparren, les schistes se
montrent à Sare, à Ascains, au pied de la Rhune, d'où on peut les suivre
d'une manière continue jusqu'à Saint-Jean-de-Luz.
» Ce système de calcaire siliceux et de grès à fucoïdes est souvent désigné
sous le nom de calcaires de Bidache,- il est recouvert, à Bidart, par une série
d'assises de marnes et de calcaires marneux à cassure conchoïde, sans
silex, semblables à ceux que nous avons mentionnés prés de Gan, On y
rencontre les mêmes grands inocérames, des ammonites {J. Neubergicus,
Schluter), l'Holaster BouiUei, Cott., commun dans ces couches, qui, par
conséquent, représentent l'assise e de Gan-Rébénac.
» Les assises crétacées de Bidart sont suivies de couches appartenant au
terrain tertiaire; ce sont celles qui constituent les falaises de Biarritz et qui
dépendent de l'éocène supérieur.
» Pour retrouver des assises crétacées supérieures aux précédentes, il
faut se rendre à Tercis, au nord de Dax.
» M. Jacquot a rapproché, avec raison, les couches supérieures de la
craie de Bidart des couches inférieures de la craie de Tercis. Toutefois,
celles-ci sont caractérisées par une faune distincte et constituent une zone
supérieure.
» J'ai cherché à me rendre compte de la succession des assises de la
craie de Tercis et des fossiles qu'elles renferment; j'ai reconnu quelques
horizons bien nets, qui n'avaient point encore été signalés, et qui se mon-
trent dans le même ordre, soit dans les carrières de Tercis (rive gauche de
l'Adour), soit dans celles d'Angoumé (rive droite).
» A. Les couches inférieures sont marneuses, sans silex; elles renferment
assez abondamment : Cyclaster integer, Cott.; Holaster TercensiSj Cott., et,
(') Description géologique des /alaises de Biarritz, Bidart, etc. [Actes de la Société lin-
néenne de Bordeaux, t. XXV).
C. R., 1880, 2' Semestre. (T. XCl, ÏN» 19.) 9^
( 7^6 )
surtout, Micrasler corcolumbarium, Desor, qui forme un petit lit au milieu
de la masse.
» En outre, des espèces moins caractéristiques se rencontrent avec les
pi-écédentes : ce sont les inocérames, Ostrea vesicularis, ananchytes, Poly-
trema sphœra, etc.
» L'épaisseur de cette première assise est de So™ à 60™.
)> B. Viennent ensuite d'autres calcaires marneux, sans silex dans la
moitié inférieure (20™), mais dont la partie supérieure, sur 3o™ à 35" de
puissance, est remplie de nodules siliceux.
» La faune de ces deux parties est sensiblement la même, bien que les
fossiles soient bien plus abondants et plus variés dans la partie supérieure.
Les plus caractéristiques sont la grosse variété d'ananchyte connue sous
le nom cVJn. Beaumonti Bayan, et surtout une nouvelle espèce de Mi-
craster que je désignerai sous le nom de 31. aluricus ('); Baculites ftncej>s
Lamk. se trouve également en haut comme en bas; mais les couches supé-
rieures renferment en grand nombre : nautiles; ammonites, parmi lesquels
A. Neubergicus; scaphites; hamites; Heteroceras [H.pofyplocum); Inoceramus
(/. Goldjiissiatms d'Orb.); /. Gilherti Meek.; ananchytes, nombreuses va-
riétés, parmi lesquelles, outre ÏJ. Beaumonti, se montre abondamment
Â. conica, C/closmilin centralis, Polylrema sphœra, etc.
» Quelques Cyclaster integer et Holaster Tercensis se retrouvent dans ces
couches.
» L'épaisseur de l'assise à Micrasler aluricus est d'au moins 60™. On re-
marquera la présence à ce niveau de quelques Céphalopodes les plus carac-
téristiques de la craie de Haldem, notamment Heteroceras poljplocum et
Ammonites Neubergicus.
» C. L'assise précédente est recouverte par une série de couches non
exploitées, cachées par la végétation et dont les caractères paléontologiques
ne me sont pas connus. Ces couches ont ensemble une épaisseur d'environ
100°.
» D. On voit apparaître, à la suite, des calcaires noduleux gris, sableux,
en général très marneux, peu fossilifères, sauf les ananchytes elV Ostrea vesi-
cularis, qui se trouvent dans toute la craie de Tercis. Épaisseur, environ So";
le plongement est de 80° au nord.
(') Cette espèce se distingue aisément de toutes les autres par sa forme. Très large et dé-
primé en avant, ce Micrasler a le sommet très élevé et excentrique en arrière, les zones
ambulacraires égales et étroites, le sillon antérieur profond à sa base, effacé à la partie
moyenne, et le péristome marginal.
( 747 )
» E, Puis viennent les escarpements d'Angoumé, dont les couches plon-
gent de 75° au nord, sous les assises marneuses du miocène inférieur, et
qui renferment: Naulilus, Fitsits^ Pecten, Oslrea vesicularis jeune; Mi-
craster Tercencis CoU . , a, c ; Micrasler BrongniarliUéh., r; M. subcarmatiis
Gott., ry Laster aquUanicits Des., a, c; Ananchyies semUjlobus Lk., c, c;
A. vulgaris, a, c, etc. Épaisseur, 8"".
« La même craie et les mêmes fossiles existent à l'ouest de la ferme de
Bédat. Ici, les couches sont à peu près verticales; la craie est marneuse,
blanche ou bleuâtre; elle est recouverte par des couches de conglomérats
et de dépôts littoraux prpiianf aiiploi'of";- • - --^-^ -a ou
compacte.
» En résumé, pour la région occidentale du versant nord des Pyrénées,
je distinguerai dans la craie supérieure aux bancs à Hippurites comuvac-
cinum les horizons géologiques suivants, de bas en haut :
» 1° Les marnes et grès à fucoïdes, terminés par les calcaires siliceux de
Bidache et de Gan.
» 2° Les calcaires marneux à Holasler Bouillei de Gan et de Bidart.
» 3° Les calcaires marneux à Micraster corculumbarium de Tercis.
» 4° Les calcaires à silex, avec Ananchyies Beaumonli, Micraiter alii-
ricus et Heleroceras pofyplocuni.
» 5° Une série puissante (100™) de couches peu visibles à Tercis, mais
que nous allons apprendre à caractériser.
» 6° Les calcaires à Micraster Tercensis, Isasler aquUanicus'et Ananchyies
semùjlobus de Bédat et d'Angoumé.
» Sauf la dernière assise, qui est peu épaisse, mais très nettement carac-
térisée au point de vue paléontologique, la puissance de chacune des cinq
autres, surtout de l'assise inférieure, est considérable.
» Si de Tercis on se dirige à l'est-sud-est vers Saint-Sever, on ne tarde
pas à reconnaître que la craie supérieure forme dans cette direction une
saillie dont j'ai déjà eu occasion de parler ('), maissur laquelle j'ai de nou-
veaux documents à fournir.
» Les couches les plus anciennes que j'aie pu voir sont composées de
calcaire blanc, homogène, compacte, exj)loité à Audignon, dans lequel j'ai
constaté la présence de nombreux spécimens de Radioliles lombricalis.
» Vient ensuite un massif de calcaires à silex, plus ou moins dolomi-
(') Bulletin de la Société~^géologique de France, t. V, p. 643; 1877.
( 748)
tiques, en général mal stratifiés, dans lesquels les fossiles sont rares et à
l'état de moules siliceux ; mais, parmi ces fossiles, j'ai recueilli VAnanchytes
Beaumonli, caractéristique des calcaires à silex de Tercis (4* horizon), et
VHolaster Tercensis des troisième et quatrième horizons.
» Ce massif est recouvert directement par des calcaires marneux, bien
stratifiés, riches en fossiles, surtout à Audignou. On y trouve:
Hemipneustes Leymeriei Héb., c; Echinocomus gigas Cott., r; Cydaster
integer Cott., r;Jnanchytes vulgaris, a, r,- Thecidea radiansDeL iuBrong.;
Ostrea Pyrenaica Leym., c; O. larva, d'Orb., c; O. frons, D'Orb., r;
Q ,. x> j,., ., O. „„..• — i^.:^ LU., .., x^,v.-,vt rymnaicaHéh., a, r ;
Neriia (odostoma) ponlica d'Arch., c; Orbiloïdes Gemacica Leym., c; 0. so-
cialis Leym., c; O. Faiijasii, a, c.
» Cette faune indique clairement l'horizon de Monléon et de Gensac.
Sa superposition immédiate aux couches à Ananchyles Beaumonli et Ho-
laster Tercensis et la nature des couches qui la renferment démontrent
qu'elle correspond, au moins partiellement, au cinquième horizon de
Tercis; elle en constituerait la base.
» D'après ce qui précède, nous possédons maintenant des données suffi-
santes pour fixer, avec une grande probabilité, la craie k Ananchyles Beau-
monli de Tercis au niveau de la craie de Haldenfà Bel. mucronala^ c'est-à-dire
au niveau de la craie de Meudon.
M Par suite, les couches à Hemipneustes Pyrenaicus et H. Leymeriei des
Pyrénées doivent commencer la série danienne. Elles ont un certain nombre
d'espèces communes avec la craie de Maestricht (*), àlaquelleM. Leymerie
les rapportait depuis longtemps.
» L'étage garumnien de Leymerie recouvre l'assise précédente dans les
Pyrénées centrales. Il se compose de deux parties : l'une argileuse, sau-
mâtre, à la base; l'autre marine, à la partie supérieure. La première ne se
voit pas à Tercis, mais il y a précisément au point où elle devrait se pré-
senter (n° 5) un espace assez considérable recouvert de végétation. Quant
à la seconde, l'assise n" 6 à Micr aster Tercensis, elle renferme la même faune
à Tercis que dans la Haute-Garonne et l'Ariège ; bien qu'elle contienne
un certain nombre de fossiles qui se trouvent déjà dans des assises plus
(') M. Lory vient de découvrir dans l'Isère, au-dessus des calcaires à Bel. mucronata,
dans une assise remplie d'une espèce d' Orbitoides très voisine de l'O. média de Royan,
deux espèces du cinquième horizon : Nerita pontica et Ostrea larva. C'est une preuve de
plus de la justesse de ce classement.
( 749 )
anciennes; son caractère danien est accusé par la présence de VÀiumchytes
semiglobus, qui occupe en abondance la partie inférieure du calcaire de
Faxo. »
MÉ3I01RES PRÉSENTÉS.
VITICULTURE. — Observations sur le PliyUoxera. Lettre adressée à M. Dumas
par M. Hexxeguy, délégué de l'Académie.
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
« Paris, 28 octobre 1880.
» J'ai profité de mon séjour dans les contrées pliylloxérées du midi de la
France pour me rendre compte de l'état des vignobles et des résultats obte-
nus avec les différents modes de traiteuient employés jusqu'à ce jour.
» Dans l'Hérault, les deux tiers des vignes sont détruits : l'arrondisse-
ment de Béziers seul produit encore du vin; cependant, à Launac, près de
Montpellier, chez M. H. Mares, on trouve plusieurs hectares de vignes
dont l'aspect rappelle celui qu'avaient autrefois les campagnes du Gard et
de l'Hérault. La partie du vignoble qui existe encore ne doit sa conserva-
lion qu'aux traitements réitérés par le sulfocarbonate de potassium. Cette
année, la récolte a été très belle. De vieux ceps, de trente à cinquante ans,
qui l'année dernière encore étaient dans un état de dépérissement assez
avancé, ont repris une végétation très active; ils ont poussé de longs sar-
ments, couverts de feuilles restées longtemps vertes, et donné une grande
quantité de raisins. Les ceps plus jeunes de dix à quinze ans se sont remis
encore plus rapidement. La reconstitution des vignes de M. Mares est vrai-
ment remarquable : si l'on ne voyait les vides laissés par les ceps arrachés
au niveau des taches, on ne pourrait croire que le vignoble est envahi
depuis 18^3 par le Phylloxéra.
» Dans les environs de Béziers, les vignes, en beaucoup d'endroits, sont
encore fort belles et ont donné celte année une abondante récolte; elles
sont cependant toutes plus ou moins attaquées par le Phylloxéra, les taches
deviennent de jour en jour plus apparentes, et, malgré les fumures abon-
dantes, il serait à craindre qu'avant peu l'arrondissement de Béziers, si riche
aujourd'hui, ne fût réduit à l'état dans lequel se trouve le reste du dépar-
tement de l'Hérault. Plusieurs propriétaires prévoyants ont commencé à
traiter leurs vignes et ils ont obtenu des résultats encourageants.
» Près de Capestang, le domaine de la Provenquiére , appartenant à
(75o)
M. Teissonnière, est traité entièrement depuis deux ans par le sulfocarbo-
nate de potassium; sauf sur les coteaux, les vignes sont en parfait état et
portaient cette année des raisins magnifiques. Le traitement a été institué
avant que la présence du Phylloxéra se fût manifestée par l'apparition de
taches; quelques-unes se sont révélées depuis, mais elles ont été circonscrites
et la reconstitution des ceps commence déjà sur certains points.
» J'ai constaté les bons résultats obtenus par le sulfure de carbone dans
le Bordelais, aux environs de Libourne,et chez M. Jaussan, près de Capes-
tang. Dans ce dernier vignoble, le feuillage, d'un beau vert, tranche d'une
façon remarquable sur la teinte jaune des vignobles voisins, dont la moitié,
d'ailleurs, n'existe plus. M. Jaussan ne traite qu'une fois par an, en hiver;
mais, comme MM. Mares et Teissonnière, il traite tout son vignoble.
M Après avoir reconnu les effets des insecticides appliqués en grande
culture, depuis trois ans au moins, sur des vignobles situés dans une région
complètement envahie par le Phylloxéra, je suis entièrement convaincu
qu'on peut sauver les vignes qui ne sont pas encore atteintes par le fléau
et reconstituer celles qui n'ont pas trop souffert.
M Les viticulteurs ont à leur disposition trois modes de traitement, les
sulfocarbonates, le sulfure de carbone et la submersion, dont l'efficacité
ne me paraît plus discutable et dont le prix de revient est largement com-
pensé par le revenu que donne la vigne; mais, quel que soit le mode de
traitement employé, il ne sera efficace qu'autant qu'il sera répété chaque
année, du moins pendant un certain temps, et qu'il sera étendu à toute la
surface du vignoble.
» Il est en effet parfaitement établi maintenant que, par suite de la réin-
vasion d'été et par suite de l'éclosion d'un certain nombre d'œufs d'aptères
échappés à l'action de l'insecticide, les vignes traitées avec le plus de soin
présentent encore en été de nombreux insectes sur leurs racines. Il est
aussi un fait bien connu aujourd'hui et que j'ai pu vérifier plus d'une fois :
c'est que, au moment où une tache apparaît dans un vignoble, celui-ci est
déjà presque entièrement envahi par le Phylloxéra. C'est pour n'avoir pas
tenu compte de ces données, ou pour avoir mal appliqué les procédés, que
beaucoup de propriétaires ont perdu tout espoir dans les insecticides et ont
laissé dépérir leurs vignes.
» Les insecticides ne s'attaquent qu'aux insectes souterrains, et, en sup-
posant que ceux-ci soient complètement détruits par le traitement, l'œuf
d'hiver et sa descendance restent indemnes et sont pour la vigne une nou-
velle source d'infection. L'existence de l'œuf d'hiver étant démontrée d'une
( 75' )
façon certaine dans le sud-onest de la France, il me paraît inadmissible
qu'une phase aussi importante dn cycle biologique du Phylloxéra puisse
manquer dans le sud-est.
» Tl est à remarquer que les ceps du Languedoc, dont les écorces,
formées d'un grand nombre de lamelles, ont une épaisseur considérable,
permettent à l'œuf d'hiver d'échapper aux investigations les plus minu-
tieuses.
» Parmi les divers procédés essayés pour détruire l'reuf d'hiver, celui
qui paraît donner les meilleurs effets consiste à priver la souche des écorces
sous lesquelles l'œuf est pondu.
» Le décorticage des souches, pratiqué chaque année, en même temps
que le traitement au sulfure de carbone^ par M. Sabaté, dans sa propriété de
Cadarsac, près de Libotirne, lui a donné de très bons résultats. Les vignes
de M. Sabaté se distinguent à première vue, par leur végétation luxuriante,
de celles de ses voisins, qui ne font aucun traitement. M. Sabaté fait
observer que les vignes de deux à trois ans ne peuvent être décortiquées
sans danger.
» Un autre procédé, sur lequel l'Académie désirait des informations,
a été proposé par M. Bourbon, de Perpignan. Il consiste à brûler les
écorces des vignes, au moyen d'un appareil qu'il appelle pyrophore.
Cet appareil, portatif, fournit une flamme très vive résultant de la
combustion d'un mélange de vapeurs d'essence minérale et d'air. On
pourrait craindre que le feu , porté directement sur la souche et le
'eune bois, fût nuisible à la vigne; mais en réalité il n'en est rien. J'ai vu, à
Prades et à Largentière, des vignes dont toutes les écorces avaient été
détruites par le feu pendant l'hiver et qui présentaient une très belle végé-
tation. Le brûlage des écorces amène, dit-on, un retard d'une quinzaine de
jours dans le départ de la végétation, ce qui met la vigne à l'abri des der-
nières gelées du printemps. Ce fait, très intéressant au point de vue de la
Physiologie végétale, mérite vérification.
» Le pyrophore n'a pas encore été expérimenté sérieusement contre
l'œuf d'hiver, mais il est appliqué en grand pour la destruction de la pyrale
dans les environs de Perpignan et dans l'Aude; il y donne d'excellenis
résultats. Le traitement des vignes par le pyrophore peut remplacer avan-
tageusement l'ébouillantage. L'action du feu est beaucoup plus énergique
que celle de l'eau chaude ; son application est plus facile et moins coûteuse.
L'œuf d'hiver ne résisterait certainement pas à la température delà flamme;
il serait utile d'instituer des expériences dans des vignobles phylloxérés,
(752 )
pour décider de la valeur du traitement par le feu. Le pyrophore seul
pourrait être aussi employé pour le traitement préventif des vignes mena-
cées, autour des points d'attaque.
» L'attention a déjà été plusieurs fois appelée sur la reconstitution spon-
tanée des vignes pliylloxérées. Cette année, principalement, plusieurs cas
de ce genre ont été signalés; pour ma part, j'en ai observé de fort curieux
dans l'Hérault, l'Ardèche et la Charente. A l'École d'Agriculture de Mont-
pellier, une vigne, abandonnée à elle-même depuis deux ans, a donné celte
année une récolte de raisins. Dans les environs de Cognac, beaucoup de
vignes, qui paraissaient complètement mortes, ont poussé des sarments et
pourront être taillées; les propriétaires, s'imaginant que leurs vignes sont
débarrassées du Phylloxéra, pensent qu'il est inutile de les traiter.
» Les vignes qui semblent ainsi reprendre leur végétation sont loin de
n'avoir plus d'insectes, et cette régénération n'est que momentanée. Si l'on
arrache, en effet, une souche présentant de nouvelles pousses, on constate
que le système radiculaire est à peu près complètement détruit; les grosses
racines sont mortes ou même pourries; les Phylloxéras ont naturellement
disparu de leur surface, mais ils se sont réfugiés sous les écorces de la
partie souterraine de la souche, qui a conservé encore quelque vitalité.
» Si, comme l'année dernière et cette année, les pluies ont été abon-
dantes et ont entretenu dans le sol une humidité suffisante, de jeunes
racines prennent naissance au-dessous du collet de la souche et suffisent à
donner à la vigne la sève nécessaire pour pousser des sarments. Les pUiies
ont aussi l'avantage de contrarier l'essaimage, et partant la ponte de l'œuf
d'hiver. Mais bientôt les insectes qui ont persisté sur l'axe de la vigne se
portent sur les nouvelles racines, y déterminent les nodosités caractéris-
tiques et amènent un nouvel arrêt dans la végétation. En détruisant les
insectes avant qu'ils aient envahi le nouveau système radiculaire, la recon-
stitution de la vigne, qui actuellement ne peut être que passagère, devien-
drait définitive. Loin d'abandonner les traitements, comme le veulent les
propriétaires de la Charente, c'est donc le moment le plus favorable pour
les commencer.
» L'essaimage s'étant produit cette année fort tard et dans de mauvaises
conditions, il est probable qu'il y aura peu d'œufs d'hiver pondus et que,
par conséquent, la propagation du Phylloxéra se fera difficilement. Les
causes qui ont nui à la reproduction de l'insecte ont été, au contraire,
favorables à la reconstitution de la vigne, et les traitements par les insecti-
cides se feront cet hiver dans d'excellentes conditions. »
• 753 ,
VITICIILTURK. — Observations relatives à t'iiifluence exercée par la saison tlcr-
nière sur le développement du Phylloxéra ; remarques sur Cenijilui des
insecticides. Extrait d'une Lettre adressée à M. Dumas par M. P. Boiteau,
délégué de l'Académie.
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
« Viliegougc, le 3 novembre 1880.
» Conformément au désir exprimé par la Commission supérieure du Phyl-
loxéra, j'ai continué mes recherches sur la biologie de cet insecte et l'étude
d'un des principaux moyens de destruction, c'est-à-dire l'action du sulfure
de carbone, combinée avec les badigeonnages de la partie inférieure de la
souche.
» L'étude des insectes sexués et de leur descendance, qui est le seul point
des mœurs encore inconnu dans l'histoire du Phylloxéra, a été gênée à
tel point qu'il m'a été de toute impossibilité défaire une seule observation
valable. Les mois d'août et de septembre, qui sont les seuls dans l'année où
l'on puisse observer cette phase de l'existence de l'insecte, ont été tellement
pluvieux, que les insectes ailés aperçus vers la fin de juillet n'ont pas pu
faire leur ponte, ou, s'ils l'ont faite, les sexués qui devaient en provenir ont
presque tous été détruits. Les feuilles, les écorces et le sol n'ont présenté que
de rares spécimens de ces générations, que l'on ne pouvait apercevoir qu'à
de rares intervalles, et ceux qui parvenaient à un complet développement
disparaissaient bientôt dans les averses qui sesuccédaientà très peu de jours.
La saison s'est complètement passée sans qu'il m'ait été possible d'entrevoir
rien de nouveau, et les lieux d'élection ordinaires présentent très pou
d'oeufs fécondés.
» L'année dernière, les migrations des sexués avaient été fortement eii-
travées, mais on constatait encore beaucoup de leurs produits; cette année,
il est très difficile d'en trouver les traces. Au point de vue de la reproduction
et de la perpétuation de l'espèce, il y a là un fait qui sera avantageux à nos
vignobles, et ces conditions météorologiques, qui ont également nui d'une
manière très sérieuse à la diffusion des aptères, maintiendront les foyers
dans leurs anciennes limites, en même temps qu'il pourra y avoir diminution
dans le nombre des insectes. D'un autre côté, celte hiunidité constante
ayant favorisé l'émission d'un chevelu abondant, on verra, l'année pro-
C. F,., ÎSo, 2 Semestre. (T.XCI.JNo 19.) 99
( 754 )
chaîne, de même qu'on l'a vu cette année, plusieurs vignobles s'améliorer
dans leur état.
» Nous sommes, à l'heure qu'il est, au point où nous en étions l'année
dernière à la même époque, quant à l'étude des sexués.
» Le sulfure de carbone a été employé, pendant l'année qui vient de
s'écouler, sur de larges surfaces relativement aux années précédentes, et,
cette année, les demandes se multiplient avec une telle activité, que des
surfaces étendues seront soumises au traitement de cet insecticide. Mal-
gré les désastres considérables de certaines contrées et les atteintes si cruel-
lement constatées dans presque tous les vignobles, il est certain que la
majeure partie des vignes qui existent encore sera sauvée, ou du moins
conservée pendant de longues années. Le sutfiue de carbone, si redouté, il
y a deux ou trois ans, par nos populations viticoles, tant au point de vue
de ses effets sur les personnes que sur le végétal, entre dans nos mœurs, et,
te qui est d'un bon augure, c'est que le petit propriétaire, le cultivateur
lui-même le demandent et le préconisent. Le besoin de conservation de ce
précieux arbuste est tellement accepté par toutes les classes de la société,
que chacun cherche à employer le moyen qui jusqu'ici a donné les meilleurs
résultats au point de vue de l'économie et de l'efficacité.
» Je ne vois rien à changer dans les observations que j'ai présentées
l'année dernière sur les accidents de mortification que j'avais signalés, si ce
n'est que j'ai pu les constater dans toutes les régions où il m'a été possible
de me transporter. Je répèle donc qu'il faut multiplier le moins possible
les injections, mais que cependant il faut au moins en mettre deux par
mètre carré. Le rayon insecticide efficace ne dépasse jamais, d'après mes
observations, répétées plusieurs fois cette année encore, o'", 35 ou o"',4o.
Le bouchage des trous ne semble guère agir sur l'efficacité de la diffusion et
de la destruction, car des trous laissés ouverts ont donné les mêmes résul-
tats que ceux qui avaient été fermés. Le tassage des ouvertures peut donc
être négligé dans ce qu'il a de trop accentué. Le pied de l'ouvrier suffit
largement à leur occlusion.
» Les opérations à lignes parallèles s'appliquent facilement à tous les
modes de plantation, et elles ont l'avantage de donner le contingent le
plus faible de aioriifications. On doit autant que possible alterner les trous,
de manière à obtenir une diffusion des plus régulières et à pouvoir ainsi
diminuer d'une manière assez considérable les quantités de toxique à em-
ployer. Suivant qu'on emploie la disposition en carrés réguliers ou par
( 755 )
lignes alternes, on peut économiser nu tiers ou un quart de la matière in-
secticide, tout en obtenant les mêmes résultats. Cette dernière disposition
fiiit aussi qu'il n'y a jamais, en présence des ceps et à la plus petite distance,
qu'une seule injection; celles qui sont du côté opposé, par leur alternance,
se trouvent beaucoup plus éloignées.
» Dans la direction des lignes, on place tous les trous à ©'".yo les uns
des autres.
» Dans les vignes plantées au-dessous de ©""(So d'interlignes, une seule
rargée de ti'ous suffit; dans celles qui sont distantes de o"\ 80 à i"',5o, il
en faut deux; dans celles qui se trouvent entre i'",5o et a"", 10, il en faut
trois.
)) La dose par injection varie suivant le nombre de trous qui entrent dans
un hectare, nombre qui peut aller de 20000 à 35 000. La quantité de sul-
fure par mètre carré doit être en mojeiine de iS^' à 20^'. Cette dose est
suffisante l'hiver, et les résultats qu'on obtient en opérant ainsi que je viens
de l'expliquer sont très remarquables. Lorsque les effets sont incomplets,
cela provient surtout de ce qu'on espace trop les trous, ce qui met dans
l'impossibilité d'atteindre les insectes dans tout le cube de terre, quelles
que soient les doses et que le traitement soit simple ou réitéré.
» A cela, il faut ajouter le traitement complémentaire que nous avons in-
diqué l'année dernière, et qui consiste à badigeonner la partie inférieure des
ceps et la base des premières racines avec un mélange de chaux, 5 ou 6 par-
ties, et d'huile lourde de coaltar, i partie, le tout étendu de 8 ou 10 [lar-
ties d'eau. Cette solution doit être employée au printemps, avant le réveil
des hibernants.
» Toutes les fois que ces imiications ont été parfaitement suivies, les
résultats ont été des plus concluants.
» Dans les vignes en bon état, un traitement alterné, de deux ans l'un,
suffit généralement.
» Les vignes traitées par le sulfure de carbone continuent à présenter le
meilleur aspect, comme force dans la végétation, et, d'après ce que nous
avons pu constater en général, et surtout d'après ce que nous a raconté
M. Vimont, d'Éperuay, des résultats d'un traitement opéré en Champagne
sur des vignes non phylloxérées, il nous semble démontré que cet agent
agit fortement en favorisant la végétation. Le même fait a été constaté et si-
gnalé par M. Olivier dans les Pyrénées Orientales. »
( 756 )
HYGIÈNE PUBLIQUE. — Préparation d'une nouvelle subbtance alimentaire,
la imtricine. Noie de M. Ed. Moride. (Extrait.)
(Renvoi à la Commission des arts insalubres.)
« Sachant l'intérêt que l'Académie attache aux questions d'alimentation,
je viens l'entretenir d'un nouveau mode de préparation et de conservation
des viandes, sous un très petit volume et à un état de division extrême.
« Je prépare, avec la viande fraîche, à la température ambiante et sans
employer la cuisson, des poudres de viande dont je dépose quelques
échantillons sur le bureau de l'Académie. La conservation de ces produits
est illimitée, pourvu qu'on ne les expose ni à l'humidité ni à une trop forte
chaleur.
» Mon procédé consiste à faire passer, dans des machines appropriées,
de la viande crue désossée et privée de tendons, avec des substances ali-
mentaires azotées, qui ont la propriété d'absorber l'eau de constitution de
la viande et peut-être de former avec elle certaines combinaisons orga-
niques encore indéterminées. On sèche le tout à l'air, ou dans une étuve
chauffée à basse température; on pulvérise ensuite et on tamise.
>) La poudre qui provient de cette opération est d'une belle couleur,
grise ou jaunâtre et d'un goût agréable. En l'agglomérant avec de l'eau
gommée, de l'albumine ou des graisses, on en constitue des tablettes,
des cylindres et des cubes de tous poids, qu'on peut diviser ensuite,
selon les besoins, pour en faire des potages, des sauces ou des biscuits.
•' Je crois devoir faire, à l'égard de ce produit, les remarques suivantes :
» 1° Cette poudre, à laquelle j'ai donné le nom de nutn'cinej renferme
tous les éléments contenus dans la viande crue, et à l'état où ils s'y trouvent;
cela est si vrai, que le sang transformé en nutricine conserve toutes
ses propriétés de solubilité, de coloration et de coagulation sous l'in-
fluence de la chaleur. La dissolution à froid du sang de la nutricine
n'entre pas en putréfaction; elle se recouvre seulement, au bout de
plusieurs jours d'exposition à l'air, de quelques mucédinées.
» 2" La viande qui constitue la nutricine, n'ayant pas subi de cuisson, est
d'une assimilation plus parfaite que la viande cuite.
» 3° A poids égal, la nutricine est plus azotée et plus nourrissante que
la viande elle-même, puisque, d'une part, elle ne contient ni excès de
graisse, ni tendons, ni peau, ni débris d'os, et que, d'autre part, on rem-
( 7^7 )
|ilacc les ^So^^"' d'eau que l'on a enlevés à i'''-' do viande par 760"' de pain
ou de substances farineuses légèrement étuvées, substances qui con-
tiennent, outre les hydrates de carbone, jusqu'à 2 pour 100 d'azote.
» L'azote de la nutricine s'élève donc à plus de 5 pour 100, quand l'azote
dans la viande fraîche n'est au maximum que de 4 poiu' 100.
» Le même système de conservation, appliqué au sang ou à la viande
de cheval, aux débris des abattoirs, donne des résultats avant;igcux pour
la iiourritin-e des chiens, des porcs, des poulets et des canards. «
M. G. Floquet adresse, par l'entremise de M. Hermite, une Note sur les
équations différentielles linéaires à coefficients périodiques.
(Commissaires : MM. Hermite, Bouquet.)
M. Ch.-V. Zekger adresse, de Prague, une Note sur la loi générale des
mouvements planétaires dans le système solaire.
(Renvoi à l'exTimen de M. Faye.)
M. A. Barthélémy adresse une Note relative à la fécondation dans les
oiseaux de basse-cour.
(Renvoi à l'examen de M. Alph. Milne Edwards.)
Un anonyme adresse, pour le Concours du Prix extraordinaire de six
mille francs, luie Note relative à un nouveau propulseur, avec la devise
« Mieux vaut tard que jamais ».
(Renvoi à la future Commission.)
CORRESPONDANCE.
M. le Secrétaire perpétuel signale, dans la Correspondance, un grand
nombre de nouvelles demandes de graines des vignes du Soudan, annon-
cées par M. Lécard.
M. le Secrétaire perpétuel croit devoir, à ce sujet, donner lecture à l'A-
cadémie du passage suivant, qui forme la conclusion d'une brochure im-
primée à Saint-Louis et récemment adressée par M. Lécard :
« Dans cette trop courte Notice, éci lie sous forêt et en plein Soudan, je crois avoir dé-
montré riniportancc de ma découverte des vignes annuelles du centre de l'Afrique et la fa-
( 758 )
cilité de soumettre ces précieuses plantes à la culture, dans tous les pays qui joiiisstnt de trois
à quatre mois d'une température moyenne de i5° à i6° de chaleur, aussi bien que dans les
paysles plus chauds du globe.... J'emporte du Soudan toutes les graines que j'ai pu recueillir,
pour les céder aux Sociétés, aux établissements publics et aux cultivateurs qui m'en feront
la demande; aucune confusion, aucune tromperie n'est possible : les pépins de mes vignes
ne ressemblent nullement à ceux des vignes connues, personne n'en pourra vendre en mon
nom, nul n'en possède et nul n'en pourra disposer que moi, si ce n'est M. Chantin, mon
correspondant à Paris. J'ai subi des fatigues et des privations inouïes, sans compter d'autres
sacrifices, exposé ma vie et peut-être perdu ma santé pour cette découverte : n'est-il pas
juste que les premiers résultats, certainement les plus minimes, me soient attribués? ■•
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
1° Un nouvel « Album de Statistique graphique, juillet 1880 », par
M. Cliejsson^ et un « Manuel des procédés de reproduction d'écritures et de
dessins à employer dans les Ponts et Chaussées », du même auteur.
2° Les « Annales du Bureau central météorologique de France », pu-
bliées par l'I. Mascarl (année 1878, III : « Pluies en France »)
3" Le Tome IV delà quatrième édition du a Traité élémentaire de Phj-
sique », par M. P.-A. Daguin.
4° Un Volume de M. Marias Fonlane, intitulé « Histoire naturelle, Inde
védique, de 1800 à 800 avant J.-C. » (Présenté par M. de Lesseps.)
5" Une Brochiu'e de M. Mnuiice CItaper, intitulée « Noie sur la région
diamantifère de l'Afrique australe ». (Présenté par M. Friedel.)
6" Un Volume de M. A. Gamcjee, intitulé « A texl-book of the physiolo-
gical chemistry of the animal body ». (Présenté par M. Vulpian.)
7° Deux Bi ochures extraites du Philosophical Magazine et des Proceedings
de la Société royale d'Éditnbourg, et contenant des Notes de sir JVilliam
Tliomson sur diverses questions de Piiysique mathématique.
M. Peruotix, m. V. "Winter se mettent à la disposition de l'Académie
pour les expéditions destinées à l'observation du prochain passage de
Vénus.
(Renvoi à la Commission des passages de Vénus.)
( 759 •
ANAf.YSE MATHÉMATIQUE. — Sur fes équations algébriques; examen des propo-
sitions d'Abel. Note de M. E. Wf.st, présentée par M. Yvon Villarceaii
« Abel a démontré que les équations algébriques ne peuvent, en général,
être résolues algébriquement. Je rappellerai les doutes émis sur cette pro-
position ; à cet effet, il me suffira de citer un passage du Rapport de
M. J. Bertrand sur les progrès les plus récents de l'Analyse mathématique
(1868). On y trouve (p. 10) : « Il est impossible cependant de ne pas citer,
avant de quitter les travaux de M. Hermite, son beau Mémoire sur l'équa-
tion du cinquième degré. Abel, en prouvant l'impossibilité de la résoudre,
semblait avoir mis fin aux recherches sur celte question, si longtemps et si
inutilt^ment abordée. Il n'en a rien été pourtant, et les ressources 6e
l'Analyse mathématique, reconnues insuffisantes sous la forme adoptée
jusque-là, devaient seulement être essayées dans une autre voie. »
» Abel, OEuvres complètes, t. II, p. 191 et 192, indique, pour condition
lie résolubilité des équations algébriques, dans le cas d'un degré premier,
que l'équation auxiliaire de degré i .2.3. . .(m — 2) de la méthode de
Lagrange doit avoir une racine exprimable rationnellement par ses
coefficients.
» J'ai montré, dans une Note précédente, que cette condition est toujours
remplie, puisque celte équation réductible contient une racine dépendant
d'une équation du premier degré, qui est au reste la véritable équation
auxiliaire.
« Il y a erreur dans la conclusion d'Abel, parce qu'il a admis, sans le
démontrer, que l'équation auxiliaire pouvait ne pas admettre de racine
rationnelle. Cette équation, formée d'une façon particulière, ne peut être
traitée comme inie équation générale.
)) On trouve encore ce qui suit, t. l, § IV, p. 21 . Après avoir établi une
suite de théorèmes, Abel admet l'expression
(i) R'"=i';
m est un nombre premier, R une fonction rationnelle des coefficients de
l'équation proposée, c'est-à-dire une funclion symétrique des racines, et f
( 7^" )
une fonction rationnelle des racines. On en conclut
(>'«— R-- o.
Mais il est impossible d'abaisser le degré de cette équation, et la fonclion i>
doit avoir m valeurs différentes. Si m = 5, m doit être un diviseur du pro-
duit I .2.3.4.5; par suite, m ne peut être que 2, 3 ou 5. Il suffit d'exa-
miner le cas de m = 5. En vertu de ce qui a été établi, on a
(3) yR —''0 + /')^' -H ''2'^" -+- ''3'^' + ''-.■^■■''i
et, par là,
L 1 1 1
(4) x = s„ + s,K'-h s^R'-h s^R'-h s,^R';
5„, S,, ... et /■„, /'i, ... sont des lonclions symétriques des cinq quantités j:.
On en tire
(5) s, R"= i;{x, -+- «''^2 -f- a^x, + arx ., -f- axj),
a étant une racine do l'équation «° = i. Cette équation est impossible,
attendu que le deuxième membre a cent-vingt valeurs et qu'il doit étrf
racine de l'équation du cinquième degré
(G) 'J - s\R = o.
1) Le défaut de cette démonstration consiste à supposer que R est une
fonclion rationnelle des coefficients de l'équation proposée; la conclusion
exprime simplement que les racines du cinquième degré ne sont pas, en
général, exprimables au moyen de quantités irrationnelles du premier ordre ;
cette condition appartient aux équations binômes.
» L'expression (i) ne subsiste généralement que si R est une racine
d'une équation du quatrième degré, comme l'indique la méthode de
Lagrange. D'ailleurs Abel énonce la proposition suivante (t. II, p. 190) :
Si une équation irréductible dC un décoré premier (xest résoluble algébriquement,
les racines auront la foime
(7) jr = A + ^R, + Çh, + ...+ ÇK^,
-Il
J étant une quantité rationnelle, et R , , Ro, . . . , R^^, étant racines d^une équa-
tion de degré p. — 1 .
» Ainsi les démonstrations d'Abel ne permettent pas de conclure à
l'impossibilité de résoudre algébriquement les équations. Tl existe encore
( 76' )
d'autres démonstrations de cette impossibilité; je ne puis les passer ici en
revue; ce que j'ai dit suffira, d'autant plus que les travaux d'Abel sont le
point de départ de presque tous les travaux modernes sur les équations
algébriques. Par exemple, pour ce qui concerne la démonstration de
Wantzel, on verrait d'abord l'erreur qu'elle présente au point de vue
logique, puis, au point de vue mathématique, la raison même de cette
erreur.
» Abel a donné une classification des quantités irrationnelles dans les
deux Mémoires déjà cités; cette classification, généralement adoptée, ne
joue aucun rôle dans les démonstrations précédentes : il convient cepen-
dant de l'examiner, parce qu'elle pourrait donner lieu à des confusions.
'' D'après Abel, les exposants radicaux qui entrent dans une expression
irrationnelle doivent être exclusivement des nombres premiers, afin que
l'un de ces radicaux ne puisse être exprimé par d'autres radicaux de la
même expression. Cette condition est restrictive, car le nombre entier qui
forme l'exposant d'un radical n'influe pas sur la nature de la quantité
représentée par ce radical. Pour s'en convaincre, il suffit de voir que, net p
étant deux nombres premiers, le développement de y^a par la formule du
binôme est absolument de même nature que le développement de "\/a; par
suite, il n'y a pas lieu de distinguer ces deux cas. Au contraire, y b -+-\~a
représente une quantité tout autre; si a est une quantité rationnelle, et si
b est ou une quantité rationnelle ou une quantité irrationnelle du premier
ordre, on pourra dire avec Wronski que '\/a est du premier ordre et que
V^ ■+- \(i est du second ordre. Suivant Abel, l'expression
(8) ^2 -I- v/3 — v'2 + v'tt + V^5 -t- 0: 4- \/3 - \,li -^ s^n,
où yâ et y/Ti sont connus, est une irrationnelle du deuxième ordre,
.1 car, outre les radicaux \f^ et \jn, elle ne contient que les radicaux
J.
PdCl,AzH'-l-AzH^ » i5,56; » à 210.
)) J'avais trouvé, dans des expériences antérieures, que :
QQ\ mm o
ZnCl, .V2IP+ AzH' dégage HjQo; sa tension de dissociation est de 760 à 8g.
MgCl,AzH'+ 3AzH^ .. 2 X 13,07 environ; « à 142.
CaCl + AzH» » i4,o3; » versiSo.
» Il y a donc entre les tensions de dissociation et les chaleurs de com-
binaison une relation en vertu de laquelle, sans établir un rapport mathé-
matique simple, les causes du dégagement de chaleur étant trop com-
plexes, on peut dire que les tensions de dissociation sont d'autant plus
( 771 )
faibles à la même température que la chaleur de combinaison est plus
grande. »
CHIMIE ORGANIQUE, — Sur la formation du chloroforme par l'alcool et le
chlorure de chaux; équation de la réaction et cause du dégagement d'oxygène
qui s'y manifeste. Note de M. A. Béchamp. (Extrait.)
« Les auteurs, en général, se dispensent d'expliquer la réaction par
laquelle l'alcool et le chlorure de chaux engendrent le chloroforme. Quant
à ceux qui ont tenté de l'expliquer, ou bien ils ne sont pas d'accord, ou
ils l'expriment par des équations inacceptables....
» Il y a longtemps que, dans mes Leçons à la Faculté de Médecine de
Montpellier, pour la clarlé de l'enseignement, pour l'enchaînement des
idées et pour rattacher la réaction à l'expérience célèbre qui a contribué à
fonder la théorie des substitutions, j'ai essayé de me rendre compte de la
réaction et d'expliquer le boursouflement et le dégagement gazeux qui se
manifestent à un moment donné. Je me suis convaincu que ce gaz n'est
pas l'acide carbonique, n'en contient même pas une trace appréciable :
c'est de l'oxygène presque pur. Ce dégagement peut avoir deux causes,
la réaction même qui fournit le chloroforme, ou une décomposition parti-
culière de l'hypochlorite, ce qui, pour expliquer la réaction, conduit à
deux systèmes d'équations, tous les deux calqués sur celle que M. Dumas
a publiée jadis et qui est dans la mémoire de tous les chimistes ; il se forme
d'abord C''H''0" par la déshydrogénation, sans substitution, de l'alcool;
puis nait le chloral par substitution, et c'est celui-ci qui, en présence de
l'hydrate de chaux, produit le chloroforme.
» Premier système. — Il suppose que la déshydrogénation de l'alcool se
fait parle chlore, comme clans l'équation de M. Dumas, l'acide hypochlo-
reux se décomposant en chlore qui réagit et en oxygène qui se dégage :
1° C'Hf0'+Cl'=2HCl + C«H*0S
2° C, par ces considt'ralions, l;i stabilité de la benzine
et la diff «rence qui existe entre la capncité théorique de saturation corres-
pondant à sa formule (coinposé incomplet du quatrième ordre), qui
devrait comporter l'addition de 8'^i de brome, de chlore, etc., et son
caractère réel de composé en apparence saturé, on ajoutait en i863(p. 12/1):
« Peut-être obliindra-t-on un jour, à côto de la benzine, quatre anij'cs carbures isomé-
riqups, et tels que l'un représente le composé incomplet du quatrième ordie, prévu par la
tli 'orie », les autres étant des rarbures incom])kts du troisième, deuxième et premier ordre,
et même d'un caractère tout à f.iit saturé.
» Les faits qui vont être exposés offrent une vérification singulièrement
ïK'Ue des prévision^; rappelées dms les lignes précédentes.
)) i. Eu eff<'t, M. L. II -nry, de l'Université de Louvain, dans le cours
d'une su^te remarquab'e de travaux sur les composés allyliques et leurs
dérivés, a découvert, en 1872, un carbure d'hydrogène, le dipropargyle, qui
offre précisément la même composition et la même formule que la lien-
zine C'-IP ; son point d'ébullition est voisin (85° au lieu de 8 1 ). Si densité
est notableinenf moindre (o, 82 au lieu de 0,89). Mais les deux corps se dis-
tinguent stirtout par leur capacité de saturation et parleur stabilité. Tandis
que la benzine rappelle par sa stabilité les carbures forméniques (' ) et
n'est pas susceptible de polymérie; au contraire, le dipropargyle, corps
fort altérable, peut fixer jusqu'à 8""i de brome, conforméinent à la théorie,
et il se polymérise aisément, coinme nous le montrerons tout à l'heure. La
constitution relative des deux carbures peut être exprimée par les formules
suivantes :
Dipropargyle C"H'[ — ][ — ][C« H' ( — )( — )]. dérivé de
rhydrurededipropylène:C«H%(C''H«),ouC«H=[H=][H=J[G'H*(H=)(IP)],
Benzine (C'IP) (C'H-) (C'II^), dérivé do
l'hydrure d'éthylèue : C^H=(H=)(H=) (^).
» C'est ce carbure que M. L. Henry a bien voulu mettre spontanément
à notre disposition, avec une libéralité dont la Science ne saurait lui être
(') Cependant elle s'unit directement, dans certaines conditions, au chlore, Cl°, et au
brome, Br% à la façon d'un carbure incomplet du troisième ordre.
(^) L'acétylène lui-même résultant de l'assemblage deux par deux des résidus formé-
niques C'H'-H', et le dipropargyle de l'assemblage trois à trois de ces mêmes résidus, on
voit que les deux carbures isomères ont en définitive les mêmes générateurs éloignés; mais
l'ordre des combinaisons successives est différent.
( 7«5 )
trop iecoiin;uss;inlc. Nous en avons déterminé les chaleurs de combustion
et de formation, comparées avec celles de la benzine.
» 5. La chaleur de combustion de la benzine a déjà été mesurée par
nous [Annales de Chimie et de Plijsiqtte. S'' série, t. XIII, p. i5 ; i8'y8). Celle
sid)stance, phcée sur du coton, était vaporisée dans un courant d'air, et le
mélange enflammé dans une atmosphère d'oxygène, au soin d'une chambre
à combustion en verre. On a dû tenir compte des j^roduits de combustion
incomplète (oxyde de carbone et benzine), le nombre calculé d'après le
seul poids de l'acide carbonique formé étant nécessairement trop élevé.
C'est ainsi que nous avons obtenu 776^°' pour 788' de benzine liquide.
» Nous avons repris cette mesin'e dans la bombe calorimétrique. Le mé-
l.mgp de vapeur de benzine et d'oxygène détone aisément. Mais, contrai-
rement à ce qui arrive pour tous les gaz ou vapeurs étudiés par nous jus-
qu'ici, la combustion n'est pas totale; quelques centièmes de benzine
échappant, comme le montre la comparaison entre le poids initial de la
benzine et le poids final de l'acide carbonique. Il ne se dépose point
de charbon : ce qui nous a permis de tenir compte de la portion incomplè-
tement brûlée, en admettant la f )rmation de l'eau et de l'oxyde de carbone.
C'-Il'gaz -i- 0'°= r)C-0'4- 3II-0- liquide, a dégagé (corrections faites),
790,5; 777,7; 778,3; 781,6; 791,3; 779,7; moyenne: -+- 783'-"',2.
» Le calcul, fiit d'après CO- seul, surpasserait de 10 unités le chiffre pré-
cédent; mais ce calcul est évidemment erroné.
» On tire de là, pour la benzine gazeuse : + 776,0, valeur identique à
celle de la combustion orlinaire; identité accidentelle d'ailleurs, les
limites d'erreur s'élcvant à S'""' ou lo*^''. En définitive :
C"(diamant) -t- IP= C'IFgaz, absorlje . . — 1 1'^'"' , rt. ; liquide : — fî.o.
C'^( charbon) -f- 11'^= C'Ml" gaz, dégage .. . -+- 5'^'',8; liquide : + i3,o.
» La somme des travaux accomplis dans la formation de la benzine de[)uis
les éléments est donc faible; la chaleur dégagée étant positive ou né-
gative, suivant l'état du carbone pris comme origine.
» 6. La combustion du dipropargyle a été exécutée également dans la
bombe calorimétrique. Elle n'est pas non plus complète, quoi qu'on fasse,
et elle donne toujours lien à un dépôt de charbon. Cette circonstance paraît
due à la promptitude avec laquelle le dipropargyle se transforme en poly-
mères sous l'influence de réchauffement (voir plus loin). La comparaison
entre le poids initial du carbure et celui de l'acide carbonique permet d'é-
valuer la portion incomplètement briilée. Dans les meilleures expériences
17«6 )
elle ne surpassait pas 1,9 centième du poids total; mais elle s'est élevée,
dans d'autres, jusqu'à 6 centièmes. Nous avons tenu compte de cette por-
tion, en supposant qu'elle répondait à une portion de carbure dont l'hy-
drogène seul brûle avec formation d'eau et précipitation de carbone : ce
qui répond mieux aux conditions observées. Nous donnons d'ailleurs aussi
la correction faite d'après la même convention que poiu- la benzine. La
moyenne de dix combustions de dipropargyle
C' = H« gaz + O^» = GC'O" + 3H^O= liquide,
a donné -+- 853,6, en admettant que la partie incomplètement brûlée four-
nit du carboneet de l'eau; ou + 842,8, en supposantl'oxydede carbone et
l'eau. Le premier chiffre est évidemment le plus voisin de la réalité. Cette
chaleur de combustion dépasse de près d'un dixième la chaleur de com-
bustion de la benzine. Elle donne pour la chaleur de formation du dipro-
pargyle gazeux
C" (diamant) +H'' = C'4i%'az: — 82,8; C'^ (charbon) —64,8.
» Le dipropargyle est donc formé avec une absorption de chaleur consi-
dérable; de même que l'acétylène (— Gi,t); rallylène(— 46,5); l'éthylène
( — i5,4)> tous comptés à partir du diamant.
» Sa formation au moyen de l'acétylène dégagerait : -h 100'"", 5; celle de
la benzine dégageant presque le double : + I7r,i.
» La transformation même du dipropargyle en benzine: 4- 70,6. Elle
serait accompagnée par un accroissement de densité (o, 89 au lieu de 0,82),
les points d'ébullition différant à peine (81° et 85"^).
» Nous insistons sur le sens et l'ordre de grandeur de ces dégagements
de chaleur, plutôt que sur leur valeur absolue.
» 7. Les essais faits pour changer directement le dipropargyle en benzine
n'ont pas donné de résultat; mais ils ont mis en évidence la grande aptitude
du dipropargyle à se polymériser, conformément à la théorie. Chauffé en
tube scellé à 225°(six heures), dans une atmosphère d'azote, le carbure s'est
changéen un polymère fixe, résineux, insoluble dansl'éther; à peu prèscomme
le styrolène. Ce polymère se décompose et se carbonise par la chaleur, mais
sans régénérer de benzine ; si ce n'est quelque trace obtenue vers le rouge.
A Soo" (une heure), le dipropargyle se détruit avec production d'un grand
volume de gaz et d'une matière charbonneuse, sans benzine. L'acide
nitrique fumant l'attaque violemment, en formant des résines nitrées, sans;
nilrobenzine. L'iode le polymérise, avec production de résines iodées.
( 787 )
Au contact de l'acide sulfuriqiie il noircit et se dissout en grande partie:
l'acide étendu d'eau ne reproduit pas de benzine, mais un hydrate volatil
dont l'odeur se confond avec celle de l'oxyde mésityiique dérivé de
l'acétone.
» 8. En résumé, et d'une manière générale, il y a dégagement de chaleur,
c'est-à-dire perte d'énergie :
» Soit lorsque plusieurs corps distincts se combinent pour former une
substance nouvelle (combinaison proprement dite);
» Soit lorsque plusieurs molécules identiques se réunissent pour former
une substance plus condensée (polymérie);
» Soit enfin lorsqu'un corps doué d'une certaine capacité de saturation
se transforme en un corps isomère de même condensation, mais dont l'apti-
tude à s'unir par addition avec les autres corps est moindre (kénomérie). Il
s'opère alors dans la substance une sorte de saturation interne, qui cor-
respond à l'hypothèse désignée sous le nom d'échange d'alomicilés entre
les éléments. Nos études sur le terpilène, comparé au camphène (' ) et sur le
dipropargyle, comparé à la benzine, donnent à ces notions une base plus
solide et une signification mécanique. On conçoit d'ailleurs que des phé-
nomènes de cet ordre puissent et doivent même se produire dans la forma-
tion d'un grand nombre d'autres composés, tels que les oxydes métalliques
et les corps connus seulement sous un état unique, dont ces phénomènes
diminuent la capacité de saturation ultérieure, prévue par les analogies;
ils jouent un rôle très important dans la variation des propriétés physiques
et chimiques qui accompagnent l'acte de la combinaison. »
CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Sur la papdine. Nouvelle contribution à lliisioire
des ferments solubles; par M. Ad. Wurtz.
a J'ai établi il y a quelque temps que, par sa composition et ses pro-
priétés chimiques, la papaïne, ferment soluble du Carica papaya, se rap-
proche des matières albuminoïdes. Ayant continué mes recherches sur
cette substance, je suis en mesure aujourd'hui de donner quelques détails
sur son pouvoir digestif et d'émettre une idée sur son mode d'action.
Pour apprécier l'énergie de son pouvoir digestif, on a opéré sur un pro-
(') Voir aussi, sur les états du carbone : Annales de Chimie et de Physique, 4° série,
t. IX, p. 476 (1866).
( 788 )
finit qui avait élé purifié par le sous-acétale de plomb et dont l'analyse a
été communiquée antérieurement.
» Dans une expérience, on a fait digérer, avec o?'',! de cette papaine, loo^'^
de fibrine humide délayés dans Soo"^'' d'eau distillée addilionnt e de quelques
gouttes d'acide prussique. Au bout de trente-six heures on a filtré, et l'on
a recueilli un résidu insoluble de dyspeptone pesant a^^S à l'état sec. La
solution peplonique qui précipitait par l'acide nitrique ayant été addi-
tionnée de SooS"^ d'alcool, on a obtenu un abondant précipité de para-
peptone qui pesait après dessiccation 8^', 9. La solution alcoolique a laissé
après l'évaporation et la dessiccation un résidu qui pesait io8'',3 et qui avait
bruni. Ce résidu ayant été repris par l'eau, la solution n'a plus donné de
précipité par l'acide nitrique; évaporée, elle a laissé un sirop fortement
coloré en brun, et qui a laissé déposer des cristaux; ceux-ci ont été essorés et
purifiés par plusieurs cristallisations dans l'eau, avec addition de charbon
animal. On a obtenu ainsi une matière blanche cristallisée en lamelles et
offrant l'aspect de la leucine.
n II résulte de cette expérience que la papaïne avait dissous raille fois
son poids de fibrine humide, dont la plus grande partie a été transformée
en peptone non précipitable par l'acide nitrique, et que, par suite d'une
hydratation complète de la fibrine, il s'est même formé une petite quantité
d'un corps amidé cristallisable. On sait qu'il en est de même dans les
bonnes digestions pepsiniques.
» Dans une autre expérience, oS'',o5 de la même papaïne ont fluidifié
loo^'", c'est-à-dire deux mille fois leur poids, de fibrine humide, sauf un
résidu de dyspeptone pesant 4'^',2 après dessiccation. Ou fait d'ailleurs
remarquer qu'à cette dyspeptone sont toujours mélangés divers débris,
tels que poils, pailles, etc.
» L'énergie de cette action digestive m'a porté à penser qu'à la longue
le ferment, étant de nature albuminoïJe, pourrait opérer sur lui-même, de
façon à s'hydrater. L'expérience a vérifié cette prévision.
)) Lorsqu'on abandonne pendant plusieurs semaines en tube scellé, à 5o°,
une solution aqueuse de papaïne, elle se trouble légèrement et renferme
alors en dissolution un produit plus hydraté que la papaïne primitive. C'est
ce qui résulte des expériences suivantes.
» 3*^' de papuïne purifiée, renfermant, déduction faite des cendres,
Carbone 53,19
Hydrogène 7 > 1 2
Azote 16,4
( 7% )
ont été dissous dans 20'^'^ d'oau et chauffés pendant quinze jours à 5o°; la
solution s'est troublée et a laissé déposer o*^', 064 d'une substance insoluble
renfermant o6'',oo7 de cendres. La solution filtrée, évaporée dans le vide et
précipitée par l'alcool, a fourni i^', 8 d'une papaïne blanche, qui a donné
à l'analyse, déduction faite des cendres,
Cui-bone 5i , 2g
Hytlrogène 7 )02
» L'eau mère alcoolique a fourni o,65 d'un résidu dans lequel il s'est
formé peu à peu des cristaux paraissant identiques avec la matière cristal-
lisée azotée qu'on a retirée du suc de papaya, et sur laquelle on reviendra
prochainement.
» 16', 5 de la papaïne déjà modifiée par l'action de l'eau ont été redis-
sous dans 20"^' d'eau, et la solution a été chauffée de nouveau pendant
quinze jours à 5o°. La solution précipitée par l'alcool a fourni un produit
renfermant, déduction faite des cendres :
Carbone 5o , 46 5o , 52
Hydrogène 7)38 »
» L'eau mère alcoolique, évaporée, a laissé un résidu incristallisable
pesant 0=', 160.
» On le voit, par la seule digestion avec de l'eau à 5o°, la composition
de la papaïne s'est modifiée de telle sorte que le carbone y a baissé de
2 pour 100.
M Cette conclusion a été fortifiée par une nouvelle expérience. 5'=''' de
papaïne, renfeiniant
Carbone 5i ,8
Hydrogène 'j , 2
ayant été chaufiés pendant deux mois à 5o°, avec 10'^'^ d'eau, ont fourni
une papaïne renfermant
Carbone 4958 5o>3
Hydrogène 7,3 'j,4
M A 100" l'action de l'eau sur la papaïne est encore plus prononcée. 4'^'' de
papaïne, dissous dans 45*"^ d'eau, ont été chauffés pendant dix jours à 100°
en vase clos. La liqueur a laissé déposer o^', 084 d'un précipité qui ne
renfermait que oS',ooi5 de cendres. Précipitée par l'alcool, cette solution
C. K.. 1S80, 2' Serr.csLre. (T. XCI, N" 20.) ' ^4
( 790 )
a donné un dépôt brunâtre renfermant, déduction faite des cendres,
Carbone 4? '66
Hydroyène 8,i4
» L'eau mère alcoolique a laissé après l'évaporation un résidu amorphe
pesant i?', 1 14-
» Je mentionnerai, en terminant, d'autres expériences qui jetteront
peut-être quelque jour sur le mode d'action de la papaïne.
» oS%3 de papaïne ayant été dissous dans 5o'='' d'eau, on a fait digérer
dans cette solution io°' de fibrine. Au bout de vingt minutes, on a
exprimé la liqueur et on a soumis la fibrine à des lavages longtemps pro-
longés à l'eau froide. Dans la liqueur obtenue par expression de la fibrine,
on a fait digérer une nouvelle portion de fibrine (iSs'), et au bout d'une
demi-heure on a exprimé cette seconde portion de fibrine, qui a été lavée
comme la première.
» L'une et l'autre portion (la première réduite à 7^'' par un commen-
cement de digestion, la seconde à 14^'') ont été digérées, à 4o°, avec de Veau
pure; l'une et l'autre se sont dissoutes, la seconde laissant un résidu de 4^'
de dyspeptone humide.
» Dans ces deux expériences, les lavages avaient certainement éloi-
gné le ferment dissons, et la fibrine lavée n'a pu être dissoute que par
l'action d'une portion du ferment fixée sur elle, peut-être combinée avec
elle. 3'ajoute que l'eau pure, qui avait ainsi dissous de la fibrine impres-
sionnée par la papaïne, a exercé une action digestive manifeste sur de la
fibrine fraîche mise en contact avec elle. Le ferment fixé sur la fibrine à
l'état insoluble s'est donc redissous par suite de l'hydratation de la fibrine.
» On pouvait objecter que ce ferment est retenu par la fibrine, en raison
de la difficulté de faire pénétrer l'eau pure dans l'épaisseur des flocons.
Pour répondre à cette objection on a fait l'expérience suivante.
» 178^ (Je fibrine ont été divisés aussi finement que possible à l'aide de
ciseaux, puis mis en contact pendant dix minutes à la température ordi-
naire avec une solution faible de papaïne, puis exprimés et lavés pendant une
demi-heure sous un fort filet d'eau, enfin dix fois de suite, et avec exprès
sion,avecde l'eau distillée. La dernière eau de lavage, mise en contact, à4o°,
avec de la fibrine, n'a pas dissous du jour au lendemain la moindre trace
de cette substance. La fibrine ainsi impressionnée et lavée a été mise en
digestion à l^o° avec 75*"^ d'eau pure. Le lendemain, la dissolution était
complète, sauf un résidu de 0^='', 17 de dyspeptone sèche.
( 79' )
» 11 est donc établi que la papaïne commence par se fixer sur la fibrine
et que le produit insoluble, peut-être combinaison de fibrine et de papaïne,
donne par l'action de l'eau les produits sohibles de l'hydratation de la
fibrine, en même temps que le ferment, redevenu libre, peut exercer son
action sur une nouvelle portion de fibrine.
» Cetie action se trouverait ainsi ramenée à celle des agents chimiques
proprement dits, l'acide sulfiirique par exemple, dont de faibles quan-
tités peuvent exercer nne action hydratante, par suite de la formation
éphémère de combinaisons qui se font et se défont sans cesse. »
UKTAhLVKGlE. — Enrichissement des lerresplombeuses,par uncourantd' air forcé.
Note de M. Delesse.
n Aux environs de Génolhac, vers l'extrémité orientale du massif grani-
tique formant la montagne de la Lozère, on a commencé à exploiter des
filons de galène. On y rencontre très fréquemment des terres ferrugineuses,
d'un jaune ocreux, qui contiennent des rainerais de plomb et notamment
du plomb phosphaté, se montrant souvent en prismes hexagonaux d'un
beau vert ; c'est surtout ce qu'on observe lorsque les filons métallifères
sont encaissés dans le granit décomposé. Ces terres ne renferment guère
plus de 7 pour loo de plomb et, par conséquent, elles constituent un mi-
nerai très pauvre ; mais, comme elles sont abondantes, d'une extraction
facile et quelquefois même nécessaire, on a cherché à les enrichir par les
procédés ordinaires de lavage. Malheureusement on n'a pu y réussir et
alors, à l'emploi de l'eau, on a essayé de substituer celui de l'air.
» Quelques expériences sur ce nouveau procédé ont été faites par
MM. les ingénieurs des Mines Julien et de Castelnau, ainsi que par M, Ri-
gaud, exploitant de Génolhac; il n'est pas inutile d'en faire connaître les
résultats.
)) L'appareil employé pour enrichir les terres plombeuses a reçu le nom
de trieur à soufflet. Il paraît devoir être utile dans les pays qui manquent
d'eau, et déjà il a été essayé dans le sud de l'Espagne pour traiter des sco-
ries de plomb qui, en moyenne, contenaienfseulement quelques centièmes
de ce métal; toutefois son emploi a été abandonné. Sans entrer dans les
détails de la construction de cet appareil, il suffira de dire qu'un soufflet
force le vent à travers trois toiles métalliques superposées, dont les dimen-
sions sont respectivement o™,oo4, o™'",5, o™"*,!. Le vent, ainsi parfaitement
( 792 )
divisé, arrive dans une boîte rectangulaire à l'extrémité de laquelle une
trémie débite, d'une manière régulière, les matières pulvérulentes qu'il s'agit
de classer. Ces matières sont mises en suspension dans l'air par les coups
de vent très ra|)ides qui sont produits par le soufflet, et elles s'avancent
peu à peu vers l'autre extrémité de la boîte. Les parties stériles, étant les
plus légères, sont facilement soulevées et entraînées dans le haut par le
vent; tandis que les parties plombeuses, étant plus lourdes, se maintiennent
surtout dans le fond, où l'ouverture d'une vanne permet de les recueillir.
L'appareil fonctionne à peu près comme une sorte de bac à piston dans
lequel l'eau serait remplacée par de l'air.
» Des essais ont été entrepris avec cet appareil par MM. les ingénieurs
de Castelnau et Julien : opérant sur 2™" de terres ocrenses et plombeuses,
ils ont déterminé le poids des divers produits obtenus successivement, ainsi
que leur teneur en plomb et leur teneur en argent.
» Les terres ont d'abord étéséchées, puis classées par grosseurs au moyen
de cribles à mailles carrées de o™,ooi, o™,oo2, o™,oo3, o™,oo4, o™,oo5
de côté. On a traité dans l'appareil seulement les n°*2, 3, 4, 5, parce que
les numéros inférieurs sont trop petits pour que la séparation des parties
métalliques puisse s'opérer convenablement.
» Eu moyenne, ces terres avaient une teneur en plomb de 7, 4 pour looel
une teneur de 8 i8''d'argent au quintal de plomb; mais, après l'opération prépa-
ratoire du criblage, tandis que la teneur en plomb dépassait 9 pour 1 00 pour
le n° 1 et était encore voisine de 9 pour le n°2, elle diminuait au contraire
successivement pour les numéros supérieurs, et même elle devenait moindre
que 2 pour 100 pour le n° 5 : ce résultat doit sans doute être attribué à la
grande friabilité du plomb phosphaté, dont les débris augmentaient dans
les numéros plus petits.
» Quanta la proportion d'argent, si l'on s'en rapporte aux essais, elle a
varié en sens inverse de celle du plomb.
» Citons quelques exemples. Une première opération de triage dans
l'appareil à soufflet a donné environ i4 pour 100 de plomb pour le n° 2
et seulement 10 pour 100 pour le n° 5. Puis, en repassant une seconde fois
dans ce même appareil les poudres enrichies, on a obtenu à peu près
27 pour 100 de plomb pour le riche du n° 2, et 24 pour 100 pour le riche
du n" 5.
» D'un antre côté,, dans toutes les poudres enrichies, si la teneur en
plomb augmente, la teneur en argent paraît diminuer notablement; car,
dans les essais qui viennent d'être mentionnés, la teneur en argent des
( 793 )
poudres enrichies n'a pas dépassé 55^'' au quintal de plomb, tandis qu'elle
atteignait 81^' dans les terres ocreuses sortant de la mine.
B D'après ces résultats, on voit que théoriquement il est possible, par
une série d'opérations, d'enrichir des terres plombeuses et de les trans-
former en minerais marchands au moyen du trieur à soufflet. Mais il faut
observer que les terres dont le grain est très fin ou microscopique ne sont
pas susceptibles d'élre traitées avantageusement dans cet appareil ; et ce
sont malheureusement celles dont la teneur en plomb est la plus élevée.
De plus, la teneur en argent semble diminuer dans la terre enrichie en
plomb.
» On a essayé de traiter dans le trieur à soufflet les minerais de galène de
Génolhac ayant une gangue quarizeiise et dolomitique; toutefois on n'a
pas obtenu des résultats satisfaisants.
» Dans l'état actuel de la métallurgie du plomb, qu'on produit en si
grande quantité et à des prix si bas en Amérique, on peut donc douter que
le procédé devienne véritablement économique. Il faut d'ailleurs ajouter
que les poussières plombeuses auxquelles il donne lieu le rendraient très
insalubre pour les ouvriers et que, à cet égard, il réclame des amélio-
rations.
» Quoi qu'il en soit, le trieur à soufflet mérite d'être signalé comme un
appareil permettant d'opérer par l'air une préparation mécanique et de
classer, d'après leur densité, des matières pulvérulentes qui ne se laissent
pas séparer par l'eau. »
ANTHROPOLOGIE. — Observations de M. de Quatrefages à propos du livre
de M. le marquis de Nadaitlac, inlilulé « Les premiers hommes et tes temps
préhistoriques » .
a Le titre du livre de M. de Nadaillac dit assez quel est le sujet de l'Ou-
vrage. J'ajouterai que le texte répond fort bien à ce que promet ce titre,
quelque nombreux et complexes que soient les faits que l'auteur avait à
résumer. J'ai toutefois à faire une observation relative à ce qu'il dit de la
question de l'homme tertiaire en Portugal.
» M. de Nadaillac rappelle que, à la suite des premières communications
de M. Ribeiro, des doutes sérieux s'élevèrent dans l'espritdediversgéologues,
relativement à Page des couches dans lesquelles avaient été rencontrés les
silex, regardés par le savant portugais comme ayant été taillés par la main
( 794)
de l'homme. Il déclare, en outre, qu'il lui a été impossible de reconnaître
sur ces silex les traces d'un travail humain, et exprime le désir que le pro-
chain Congrès éclaircisse ces diverses questions.
» Ce vœu a été rempli, au moins en partie. La question géologique a été
entièrement résolue. Les géologues du Congrès, qui s'est réuni cette année
à Lisbonne, ont parcouru les terrains sur lesquels les appelaient M. Ribeiro
et ses collègues. Ils ont été unanimes pour les regarder comme miocènes.
» La question anthropologique est moins avancée. Dans l'excursion faite
à Otta par le Congrès, des silex taillés ont été trouvés en place; mais ap-
partenaient-ils vraiment à la formation tertiaire, ou bien avaient-ils été
amenés à la surface du sol par quelque circonstance fortuite ? Les signes de
travail humain que l'on croyait y reconnaître étaient-ils suffisants?
Quelques-uns des juges les plus compétents ont répondu affirmativement,
d'autres négativement; d'autres enfin se sont abstenus. Je suis au nombre
de ces derniers ; mais il me paraît évident que la balance des probabilités
commence à pencher du côté de ceux qui, avec IMM. Ribeiro, Delgado,
Cartailhac, de Mortillet, etc., croient que l'homme existait en Portugal à
l'époque tertiaire. »
TÉRATOLOGIE. — Observations à propos de la publication des n OEuvres
du D' Guérin » [livraisons 1 à 3); par M. de Qcatrefages.
« L'étude des monstruosités a vivement attiré l'attention du monde sa-
vant pendant presque tout le premier tiers de ce siècle. Il en est autrement
aujourd'hui. S'occuper de Tératologie, c'est travailler pour les naturalistes
seuls, et encore bon nombre de ces derniers n'attachent qu'un intérêt
secondaire aux recherches de cette nature. On doit savoir d'autant plus de
gré aux hommes qui se consacrent à ces études, qui touchent, en définitive,
aux questions les plus délicates et les plus générales de l'Embryogénie.
Aussi l'Académie a-t-elle récompensé naguère les travaux de M. Dareste;
elle accueillera certainement avec la même faveur le livre que M. Guérin
publie à ses propres frais.
» Ces deux tératologistes avaient, on le sait, des points de départ diffé-
rents : M. Dareste est essentiellement naturaliste, M. Guérin médecin. Le
premier a cherché à découvrir par l'expérimentation et l'observation directe
l'origine et la marche de la monstruosité; le second a demandé des ensei-
gnements à la dissection minutieuse des monstre.^;, dont il reproduit les
(795)
moindres détails anatomiques dans des Planches lemarquement exécutées.
Cette différence dans les habitudes de l'esprit et dans les procédés d'étude
est peut-être pour une part dans les divergences d'opinion qui séparent les
deux auteurs relativement aux causes de la monstruosité. M. Dareste se
rattache d'une manière à peu près absolue à la théorie des arrêts de déve-
loppement; M. Guérin en appelle jusqu'ici presque exclusivement à une
cause pathologique, à la rétraction musculaire, engendrée elle-même par
une affection du système nerveux. Pour juger cette doctrine, il faut attendre
qu'elle ait été exposée en entier; mais, dès à présent, on peut dire que le
livre de JM. Guérin aura rendu un service des plus sérieux à la Tératologie
en représentant d'une manière remarquable un des côtés de cette Science. »
MEMOIRES LUS.
ANATOMIE ANIMALE. — Sw la disposition des vertèbres cervicales
chez les Chéloniens. Note de M. L. Vaillant.
« La portion cervicale du rachis chez les Chéloniens est toujours con-
stituée par la réunion de huit vertèbres, en considérant les trois pièces
atloïdiennes et l'odontoïde comme n'en formant qu'une, mais ces éléments
peuvent être très diversement agencés, comme en fera juger l'étude des
articulations des cenlrimis, dont seuls il sera question dans cette Note.
» On rencontre là en premier lieu toutes les combinaisons des surfaces
articulaires, car on peut y trouver des vertèbres procœliennes, type le plus
habituel chez les Reptiles, des vertèbres opisthocœliennes, des vertèbres
amphicœliennes, des vertèbres amphicyrtiennes ou biconvexes. La com-
plication plus ou moins grande des surfaces articulaires de ces mêmes
centrums présente en outre des différences physiologiques importantes.
Dans certains cas ce sont des surfaces hémisphériques simples donnant une
sorte d'articulation énarthrodiale ; d'autres fois les extrémités sont élargies
transversalement et même montrent sur l'une des vertèbres deux saillies
hémis|)hériques placées côte à côle, sur l'aulredeuxcotylescorrespondantes ;
dans ce cas, les seuls mouvements possibles étant la flexion et l'extension,
on a un véritable ginglyme.
» Si l'on considère la disposition des surfaces, une seule espèce jusqu'ici,
le Pyxis arachnoides, a toutes les vertèbres procœliennes; le fait est surtout
remarquable en ce qui concerne la vertèbre atlo-odontoïde, laquelle, dans
(79^)
tontes les Tortues étudiées, est aniphicœlienne. Les Trionyx, Cycloderma et
Emyda, c'est-à-dire les genres composant la famille des Trionychidées,
tous très voisins les uns des autres, ont, avec la vertèbre atlo-odontoïde
amphicoelienne suivant le type habituel, sept vertèbres postérieures toutes
opisthocœliennes ; il peut, il est vrai, y avoir donle pour la huitième,
laquelle n'est pas directement en rapport avec le corps de la première
dorsale, ces deux os présentant l'un en face de l'autre des extrémités atténuées
que des ligaments réunissent. La jonction de ces deux vertèbres est uni-
quement effectuée par les apophyses articulaires formant une charnière,
un ginglyme si parfait, que, dans la flexion complète, les faces inférieures
des corps vertébraux s'appliquent l'une contre l'antre.
» Les Chéloniens appartenant aux groupes désignés par Duméril et
Bibron sous les noms de Cliersites, cVElodites cryptodèies et de Tlialassites, à
l'exception des Pyxides citées plus haut, offrent une ou deux vertèbres
amphicyrtiennes occupant des positions différentes suivant les espèces; la
présence de ces centrums biconvexes amène une plus grande variété pour
la disposition des surfaces articulaires des autres vertèbres. Ainsi la Cistude
d'Europe et la Tortue marginée ont deux vertèbres amphicyrtiennes, la
quatrième et la huitième; les deuxième et troisième sont opisthocœliennes,
les cinquième et sixième procoeliennes, la septième est amphicoelienne. Cet
arrangement paraît le plus habituel dans les genres Tesludo, Chludo, Emys,
cependant il n'est pas général. Dans le Tesludo gvœca, le Cinixys Belliana,
YEmys ornata et plusieurs espèces analogues, la première des vertèbres
amphicyrtiennes se trouve avancée au troisième rang; il n'y a qu'une ver-
tèbre opislhocoelienne, laquelle la précède; les trois vertèbres qui la
suivent sont procoeliennes. Enfin sur une espèce indéterminée, mais qui
certainement appartient à l'un des genres précédents, la première des ver-
tèbres amphicyrtiennes se trouve au second rang, directement en rapport
avec l'atlo-odontoïde; les quatre vertèbres suivantes, jusqu'à la sixième,
sont procoeliennes, la septième et la huitième restant, comme dans les es-
pèces déjà citées, celle-là amphicoelienne, celle-ci amphicyrtienne.
» Les Cinosternes, les Slaurotypes, les Émysaures et les Tortues de mer
ne présentent à la région cervicale qu'une seule vertèbre amphicyrtienne,
qui est tantôt la quatrième, Cinosternon pensj'lvanicum, Thalassochefys ca-
rella, tantôt la troisième, Staiiroljpiis odoratiis; tontes les vertèbres qui pré-
cèdent, sauf l'allo-odonloïde, sont opisthocœliennes, toutes celles qui
suivent procœliennes.
» Ces dispositions variées des vertèbres se compliquent encore par la
( 797 )
présence des articulations ginglymoïdes, lesquelles occupent toujours la
partie postérieure de la région, mais en nombre différent suivant l'espèce
que l'on considère. En désignant l'articulation des deux vertèbres consé-
cutives par le chiffre indiquant le rang de la vertèbre antérieure, on trouve
que dans la Cisludo orbicularis, VEinjs onmta, il existe trois ginglymes, arti-
culations cinquième, sixième et septième; il n'y en a que deux dans les
Tesliido man/inata, Testiido cjrœca, Pixis arachnoïdes, Cinosternon jjensjlut-
tikuiii, SUniroljpiis odoralus, articulations sixième et septième. Les Tortues de
mer ne paraissent présenter qu'une articulation giuglymoïdale, la septième,
et, quant aux Trionychida, les uns en offrent deux, Cycloderma Aubryi,
Trionyx cegy/Uiacus, les autres une seule, Trionyx javaniciis, Emyda gra-
nosa. Pour les vertèbres des Trionychidées aussi bien que pour celles des
Thalassites, le mode d'articulation amphiarthrodial avec interposition de
tissu fîbro-cartilagineux très lâche rend souvent difficile l'interprétation de
ces faits, les os secs isolés ne traduisant pns toujours d'une manière exacte
ce qu'on observe sur ces mêmes parties revêtues de leurs cartilages.
)) Ces articulations ginglymoïdes, telles qu'elles viennent d'être décrites,
sont en rapport avec la faculté plus ou moins grande qu'ont les animaux
sur lesquels on les rencontre de replier le cou dans le plan vertical pour
abriter leur tête sous la carapace. Dans les Tortues pleurodères, où ce re-
ploiement se fait dans le sens horizontal, elles font défaut : des ginglymes
latéraux d'une autre nature, résultant de la disposition spéciale des apo-
physes articulaires, les remplacent. Pour ces Tortues, on observe cependant
aux articulations des centrums des faits de même ordre que ceux cités plus
haut, quant au nombre et à la position des corps vertébraux amphicyr-
tiens. Dans la Clielonida longicollis il en existe deux occupant le cinquième
et le huitième rang; les vertèbres 2, 3 et 4 sont opisthocœliennes, la
sixième est procœlienne, la septième amphicœlienne. Chez le Steinolhœnis
castaneuSj, c'est la seconde vertèbre qui est amphicyrtienne; toutes les sui-
vantes sont procœliennes.
» Bien que ces différences dans le mode d'articulation des centrums ne
puissent pas sans doute être regardées comme ayant toutes la même impor-
tance, la position variable de la première vertèbre amphicyrtienne ne
paraissant pas avoir la même valeur physiologique que le nombre des arti-
culations ginglymoidales, il n'en est pas moins singulier de constater ces
variations pour une partie fondamentale du squelette dans l'ordre si naturel
des Chéloniens. Il faut remarquer toutefois que ce groupe renferme des
êtres ayant des manières de vivre très variées et que, par suite de leur
C. K„ J^8o, 2'5eB«i«re. (T XCl, N° 20.) '°^
( 798 )
conformation spéciale, les mouvements des membres étant très limités et le
corps enveloppé d'une carapace rigide, la tête et le cou sont les seules par-
ties qui permettent à ces animaux de se mettre en rapport parle toucher
avec les objets extérieurs. Ces fails seront développés dans un Mémoire, ac-
compagné de Planches, actuellement sous presse. »
PHYSIOLOGIE ANIMALE. — Recherches expérimentales sur la chaleur de l'homme
pendant le mouvement ; par M. L.-A. Boxnal. (Extrait.)
« Dans une Note présentée à l'Académie le 28 octobre 1879, j'ai fait
connaître, d'après mes expériences, les oscillations diurnes et nocturnes
que subit la chaleur de l'homme lorsqu'il est au lit, c'est-à-dire à l'état
de repos complet. Je viens aujourd'hui présenter le résultat de mes re-
cherches sur les variations qu'éprouve la chaleur animale pendant le mou-
vement....
» Mes expériences, poursuivies pendant quatre années et s'élevant à cent
cinquante environ, dont plusieurs ont été faites simultanément sur quatre
sujets, peuvent se résumer dans les conclusions suivantes :
» 1° Tout exercice musculaire, même de courte durée, a toujours pour
conséquence d'élever la température de la chaleur rectale. Cette élévation,
qui dépasse rarement 38", 6, se produit à toute heure du jour et de la
nuit, avant ou après un repas, et quels que soient l'âge, le sexe du sujet, et
les circonstances météorologiques.
» 2° L'augmentation de la chaleur rectale, lorsqu'on passe de l'état de
repos à celui de mouvement, n'est en rapport direct ni avec la durée de
l'exercice ni avec la fatigue apparente se traduisant par des troubles phy-
siologiques.
)) 3° Pour un même exercice, exécuté dans des conditions identiques,
l'élévation de la température rectale peut varier d'un individu à l'autre et
aussi chez le même individu.
)> 4° L'altitude, l'état de l'atmosphère, l'énergie des mouvements mus-
culaires, la nature et l'ampleur des vêtements ont, pour un même exercice,
accompli dans un même temps, une influence très manifeste sur l'élévation
de la chaleur rectale, et surtout sur la rapidité de cette élévation.
» 5° L'absence ou l'abondance de la transpiration n'ont pas une in-
fluence appréciable sur les variations de la température animale pendant le
mouvement.
( 799 )
» 6" Le repos qui succède à un exercice quelconque détermine toujours
un abaissement de la température rectale. Cet abaissement est d'autant
plus grand et d'autant plus rapide que l'exercice a été plus court. Le repos
serait-il le moyen à l'aide duquel l'organisme lutterait contre une trop
grande élévation de la chaleur animale ?
» 7° Tout exercice rapide qui amène une grande accélération du pouls
et de la respiration abaisse la température périphérique (bouche, aisselle,
pli de l'aîne). Celle-ci se relève aussitôt qu'on se repose, et, après un
certain temps, les températures périphérique et rectale s'équilibrent ou
reprennent leur différence normale (o°, a ou o°,3).
X 8° L'amplitude des oscillations de la chaleur rectale pendant le mou-
vement peut atteindre momentanément Sg^jS, comme je l'ai constaté le
i4 novembre i88ochez le coureur Delatouche, surnommé V liomme-clieval,
âgé de trente et un ans; il venait de faire une course de i8'''°,48o en une
heure et demie sans s'arrêter : après cette course, il ne s'est produit d'autre
trouble qu'une élévation du pouls (cent quarante-cinq pulsations), sans
accélération de la respiration.
» 9° Si la température rectale est au-dessous de 37°, fût-ce même 36°,
un exercice modéré (marche de vingt à vingt-cinq minutes sur un plan
horizontal, action de faire sa toilette) la porte à 37°; mais, si la tempéra-
ture est supérieure à 37°, le même exercice ne l'élève que de 0°, 2 à 0°, 4 C.
» 10° Dans une montée rapide, c'est presque toujours après la première
demi-heure que la température rectale est le plus élevée; ensuite, si l'on
continue à monter, elle peut rester stationnaire, s'élever de o°,i à 0",^, ou
même descendre de o°,i à o°,2.
)) 11° Pour un même trajet parcouru dans le même temps, toutes
choses restant égales d'ailleurs, l'élévation de la température rectale est
plus grande et surtout plus rapide si l'on marche sur un plan ascendant
que sur un plan descendant ou horizontal.
1) 12° La gymnastique, dans la position horizontale et limitée aux
meuibressupérieurs, maintient le degré de la température initiale, alors même
que le sujet est vêtu d'un léger maillot de laine et que la salle est à 12° C.
1) i3° La gymnastique, limitée aux membres inférieurs, peut, en trente
minutes, élever la chaleur rectale de 0°, 3 à o'',7, suivant qu'elle est plus ou
moins élevée avant l'exercice.
» i4° Les variations que subit la chaleur pendant le mouvement font
comprendre, en grande partie, pourquoi les divers expérimentateurs qui ont
cherché à établir le chiffre de la chaleur normale de l'homme sont arrivés
( 8oo )
à des résultais parfois si différents, tout en explorant la même région on
une région similaire.
» i5° Les températiu'es centrale et périphérique pouvant présenter entre
elles des écarts très grands, il est indispensable de les prendre à la fois
l'une et l'autre.
» i6° S'il est impossible de nier que l'exercice a toujours pour consé-
quence d'activer la respiration et les combustions internes, il résulte de
mes expériences que l'application rigoureuse des lois de la Mécanique à
l'organisme humain ne paraît pas justifiée. »
MEaiOlRES PRESENTES.
VITICULTURK. — Etudes sur les mœurs du Phylloxéra pendant (a période
d'août à novembre 1880. l^ettre de jM. Fabrk, délégué de l'Académie,
adressée à M. Dumas.
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra).
« J'ai commencé mes observations sur le ravageur de la vigne vers la
fin (lu mois de juillet, c'est-à-dire à l'époque où l'Académie m'a fait l'hon-
neur de me nommer son délégué dans la question du Phylloxéra.
» Mon champ d'études a été le territoire de Sérignan (Vaucluse), l'un
des points les plus maltraités par le fléau, où l'on ne voit plus, au lieu des
magnifiques vignobles d'autrefois, que de rares vignes, souffreteuses, renou-
velées par d'obstinées replantalions à mesure qu'elles périssent.
» Mes recherches n'embrassent encore qu'une période trop courte pour
me permettre des développements circonstanciés, d'où la pratique puisse
retirer quelque fruit. J'ai recueilli des négations encore plus que des affir-
mations; des problèmes ont surgi, des soupçons se sont élevés, soupçons
et problèmes que je vais exposer avec l'extrême réserve que m'impose un
sujet encore enveloppé pour moi d'épais nuages.
» Mon attention s'est principalement portée sur les modes de migra-
tion, de diffusion du parasite. De nombreux tubes de verre, fermés à l'un
et l'autre bout par lui tampon de coton, contenaient chacun un fragment
de racine envahi par le Phylloxéra à divers degrés de développement.
Quelques-uns de ces fragments, les plus menus, étaient chargés surtout de
jeunes et d'oeufs récemment pondus. En peu de jours, dans le courant
(8oi )
d'août, ils se desséchaient, et j'assistais alors, dans la plupart des cas, au
spectacle que voici.
» La population parasite, consistant en jeunes, éclos pour le plus grand
nombre dans le tube, abandonnait l'aride radicelle et se menait à errer
au hasard dans tous les sens de sa prison de verre, avec une activité rendue
plus frappante par l'habituelle immobilité de l'insecte. Cela me rappelait
les allées et venues affairées des jeunes larves de Sitaris et autres Méloïdes,
lorsqu'au printemps elles quittent le gite d'hiver pour se fixer sur la toison
d'un hyniénoplére.
» I! importail de suivre dans leurs moindres détails ces pérégrinations
obstinées, car j'avais évidemment devant moi les tentatives faites par le
parasite en vue d'un déménagement vers un but à déterminer. Je constatais
aussi que la plupart de mes captifs, après avoir longtemps erré, s'insinuaient
dans le tampon de coton terminant de part et d'autre le tube, s'engageaient
dans la masse filamenteuse autant que les forces le leur permettaient, puis
y restaient immobiles, paralysés sans doute par l'obstacle de l'ouate. Si je
remplaçais le coton par un bouchon de liège, c'est dans l'étroite fissure
entre ce bouclion et la paroi de verre qu'ils venaient se loger el se tenir
immobiles, incapables de se porter plus avant.
» Ces faits se passaient en pleine lumière, les tubes étant à découvert
sur une table. La pensée me vint d'expérimenter l'influence de la lumière
et de l'obscurité, pour connaître vers quel but tendait la population en
déménagement. A cet elfe', je choisis le tube le mieux peuplé, celui où les
jeunes pucerons se montrent le plus actifs, et je l'enveloppe d'un cylindre
de papier assez épais pour intercepter toute lumière. Ce cylindre opaque
est un peu plus court que le tube, de manière que celui-ci déborde, mais
par une extrémité seulement, de o"", oo5. Il me suffit de refouler le tube
dans son étui de papier, tantôt dans un sens, tantôt dans l'autre, pour faire
émeiger soit l'une soit l'autre des extrémités, el les soumettre ainsi alter-
nativement à l'influence de la lumière et de l'obscurité. Enfin le tube est
disposé verticalement, le bout éclairé en haut.
1) Armé d'une loupe, je suis les résultats de mon expérience. L'attente
n'est pas longue. Je vois les insectes situés dans la partie du tube obombrée
par l'étui grimper activement sur la paroi du verre, gagner le haut et venir
s'insinuer dans le tampon d'ouate. En peu de minutes, tous sont accourus
à la lumière. Les parasites étant immobiles entre les filaments du coton,
je refoule le tube dans son étui pour éclairer la partie inférieure et
mettre dans l'obscurité la partie supérieure. En ce moment, je ne vois en
( 802 )
bas que quelques retardataires, ou même le plus souvent je n'en trouve
aucun. Toute la population s'était donc portée en haut, là où était le jour.
» Maintenant le jour est en bas : un nouveau déménagement commence,
aussi prompt que le premier. Je vois, à la loupe, les parasites descendre,
émerger de la partie obscure et accourir se blottir dans l'ouate du tampon
d'en bas. Quand l'immobilité s'est faite, nouveau refoulement du tube et
nouveau passage des insectes dans la partie supérieure, à la lumière. Ils
abandonnent leur gîte inférieur actuellement obscur, et reviennent avec le
même empressement au bout supérieur éclairé. Ces migrations tour à tour
dans le haut et dans le bas du tube émergeant de l'étui opaque sont indé-
finiment répétées avec un égal succès de ma part et une égale persévérance
du parasite.
» La direction du tube, qui est la verticale, serait-elle pour quelque
chose dans ces résultats; l'ascension, la descente entreraient-elles dans les
habitudes de l'insecte? Non! Le tube étant disposé horizontalement, avec
chacune de ses extrémités à tour de rôle éclairée, le résultat reste le même.
Les parasites accourent là où est la lumière, et s'y tiennent immobiles une
fois engagés dans l'ouate. Aucun doute, par conséquent, au sujet de la con-
clusion ; les jeunes Phylloxéras, abandonnant leur radicelle desséchée, se
dirigent vers la lumière.
» Une vie souterraine, dans une continuelle et profonde obscurité, ferait
supposer l'absence des organes de la vision ; cependant, si l'on examine le
Phylloxéra au microscope, on lui reconnaît de chaque côté de la tète trois
points oculaires, deux antérieurs juxtaposés, le troisième isolé etpostériein-.
Ces points, sans présenter la savante struclure des yeux de l'insecte destiné
à vivre en pleine lumière, sont du moins analogues aux taches oculaires
des Myriapodes. Le Phylloxéra, dès l'issue de l'œuf, est donc suffisamment
organisé pour se diriger vers la lumière lorsque son instinct le lui com-
mande.
» Que cherchent-ils en venant au grand jour? Mes premiers soupçons
se sont portés sur les parties aériennes de la vigne, feuilles, rameaux,
écorce. Dans un tube, cette fois-ci exposé en plein à la lumière diffuse,
devant ma fenêtre, j'ai introduit un fragment de feuille. Les pucerons
errants ne ,s'y sont pas fixés, pas même parmi le duvet de la face inférieure.
Après vingt-quatre heures d'attente, je les ai trouvés engagés dans le tampon
d'ouate.
» Un lambeau d'écorce n'a pas eu plus de succès; mais une radicelle,
récemment extraite de terre, a fini, non sans longues hésitations de la part
( 8o3 )
de l'insecte, par attirer la vagabonde population. Au bout d'une couple de
jours, mes captifs étaient fixés sur la racine, le suçoir implanté dans la
tendre écorce. D'où cette autre conclusion, qui me semble aussi précise que
la première : les jeunes parasites, abandonnant la radicelle malade, comme
trop aride, impuissante à les nourrir, émigrent en venant à la lumière, à la
surface du sol, pour gagner une autre racine dans le voisinage, au moyen
des crevasses du sol apparemment.
» La persistance du Phylloxéra à s'insinuer aussi avant que possible dans
l'ouate formant mes tubes, ou bien dans l'étroit intervalle séparant le bou-
chon de liège de la paroi de verre, est sans nul doute l'indice des ma-
nœuvres de l'insecte à travers les fissures du sol. Ce tampon d'ouate est
pour l'animal expérimenté ce que serait le sol plus ou moins inculte pour
l'animal agissant dans les conditions naturelles. C'est l'obstacle qu'il faut
traverser pour arriver à la surface.
» J'ajoute que les parasites parvenus à leur développement, trop lourds
apparemment, trop obèses poiu' semblable migration, ne m'ont rien montré
de pareil sur leur racine se desséchant ou pourrissant : je les ai vus inactifs
et se laissant dépérir sans tentatives bien manifestes d'aller chercher em-
placement meilleur.
» Un fait était donc à constater dans les conditions naturelles, fait d'im-
portance majeure : celui des migrations du Phylloxéra venant à la surface
du sol pour redescendre en terre et gagner des racines fraîches. Je sais bien
que semblables voyages ont été constatés par les observateurs qui m'ont
précédé dans cette voie; mais je me suis imposé, comme je l'ai toujours
fait dans mes diverses recherches entomologiques, la loi formelle d'agir
comme si j'ignorais tout. On a ainsi, à mon humble avis, la liberté d'esprit
et la franchise d'allures que réclament les minutieux problèmes des mœurs
d'un insecte.
)i Témoin des faits que je viens d'exposer, j'avais la conviction, en agis-
sant à temps, de surprendre l'insecte dans ses migrations sur le terrain. De
la patience et des yeux auxiliaires s'adjoignant aux miens devaient suffire
pour faire de soupçon certitude. Sans tarder, je me suis mis en observation,
ayant pour aides mon fils Emile, et mon gendre, M. Roux, professeur de
Physique, alors en vacances chez moi. Tous les trois, munis de loupes,
couchés à plat ventre, la tète dans le fourré de feuillage qui nous protégeait
contre l'insolation, nous avons examiné le sol autour des ceps, dans les
vignes du voisinage, notamment dans celles qui m'avaient fourni les sujets
d'expérimentation. Nos tentatives se sont répétées à toute heure du jour,
( 8o4 )
dans des conditions atmosphériques très variées, et cela à des intervalles
rapprochés, pendant tout le mois d'août et la majeure partie de septembre.
Notre patience, notre assiduité n'ont abouti à rien : aucun de nous trois
n'est arrivé à voir un seul puceron à la surface du sol, je dis littéralement
un seul. Les fouilles cependant nous les montraient en abondance, jeunes
et vieux, sur les racines des mêmes ceps.
» A ce résultat négatif s'en adjoint un autre, et des deux négations nous
allons voir s'élever un soupçon qui ne manquerait pas d'intérêt si l'avenu-
le confirmait. Voici d'abord l'exposé des choses. Mes éducations au labo-
ratoire se faisaient partie dans des tubes de verre, comme on vient de le
voir, partie dans des flacons et dans des boites en fer-blanc, où je tenais,
au milieu de terre convenablement fraîche, des fragments de racines riches
en parasites. Mes appareils, assez nombreux, devaient bien contenir en tout
un millier d'insectes, à tous les degrés de développement depuis l'œut. Je
ne parle, bien entendu, que de la forme aptère.
» Ce que je surveillais avec le plus d'assiduité, c'était l'apparition de la
forme ailée, qui est incontestablement la forme disséminatrice à de grandes
distances. Suivre les mœurs de l'insecte apte à voler s'imposait à mon
attention comme l'un des points les plus importants du problème. C est
dire que les visites à mes appareils étaient quotidiennes et renouvelées sou-
vent le même jour, en saison favorable, c'est-à-dire en août et septembre.
» D'après mes prédécesseurs, en qui j'ai confiance entière, l'observation
de la forme ailée n'a rien de difficultueux, et, m'en rapportant à ce qu'ils
ont vu, j'attendais, dans mes bocaux, des Phylloxéras ailés en quantité
considérable : mon attente a été complètement déçue. Dans la première
quinzaine d'août, toutes mes investigations n'ont abouti qu'à reconnaître
de bien rares nymphes et finalement de bien rares insectes parfaits. Leur
nombre est présent à ma mémoire : c'est trois, quatre tout au plus. Le
mois d'août s'est écoulé sans m'en montrer davantage; en septembre, je
n'en ai pas vu un seul. J'ai renoncé alors à poursuivre semblable recherche,
la jugeant inutile.
» Est-ce maladresse de ma part? Mes prédécesseurs ont vu, parfaitement
vu, et en grand nombre, à ces mêmes époques d'août et de septembre, ces
pucerons ailés dont je parviens à peine à voir trois ou quatre. Ayant quelque
habitude de recherches analogues dans un monde parfois encore plus petit,
je ne peux croire que mon insuccès ait pour cause l'impérilie. Toute idée
d'amour-propre franchement écartée, je pense que, si je n'en ai pas vu
davantage dans mes bocaux, c'est qu'il n'y en avait pas un plus grand
( 8o5 )
nombre. L'insecte, avec ses fin J* ailes irisées, ses gros yeux noirs, sa livrée
jaune, ne pouvait guère échapper à lui regard liahitué h la loupe. D'où
provient alors cette énorme différence entre les résultats de mes o!>serva-
lions et les résultats de mes prédécesseiu's?
» La même question reparait au sujet de mes vaines tentatives pour
trouver le Phylloxéra ailé sur le terrain des vignobles. Averti de l'époque
favorable par les rares apparitions qui avaient lieu dans mes appareils,
guidé d'ailleurs dans mes recherches par les observateurs qui m'ont i)ré-
cédé, j'ai cherché, en compagnie de mes collaborateurs, la forme ailée au
pied des ceps, sur le sol, à la surface inférieure des feuilles, au soleil et à
l'ombre, par un temps superbe ou par un ciel couvert; j'ai mis à celte re-
cherche tout le temps, toute la patience, tous les soins désirables; et ni
moi, ni mes deux aides, ne sommes parvenus à trouver au milieu des
vignes ui) seul Phylloxéra pourvu d'ailes. D'après les Mémoires que je con-
sulte, l'observation cependant n'a rien de difficultueux en saison propice;
la forme citée n'est pas rare au point d'être introuvable pour qui désire
bien la trouver. D'où provient donc mon insuccès? me demanderai-je
encore une fois.
» Ici trouve place le soupçon que j'ai fait pressentir. Dans le cours de
mes études, j'ai fréquemment interrogé les viticulteurs pour savoir d'eux
la marche du fléau dans leurs propriétés, car ici on ne se lasse pas de re-
planter malgré tous les échecs. Or, il résulte de leur dire, à peu près una-
nime, que la propagation phylloxérienne marche aujourd'hui incompara-
blement moins vite qu'autrefois. Au début, une vigne attaquée en un point
était, l'année suivante, entièrement détruite. Le mal était pour ainsi dire
foudroyant. Aujourd'hui les conditions paraissent changées. Le centre
d'attaque s'étend avec lenteur, et le parasite met des années pour se pro-
pager dans un rayon de peu d'étendue. J'ai particulièrement en souvenir
une vigne dont le point phylloxéré n'a depuis trois ou quatre ans presque
pas progressé. En somme, les cultivateurs paraissent reconnaître un ra-
lentissement formel dans la diffusion du mal.
» Trop nouveau dans Sérignan pour juger moi-même de la marche du
fléau en ce pays, je passerais sous silence ces appréciations des gens de la
campagne jusqu'à vérification de ma part, si elles ne concordaient parfai-
tement avec mes résultats négatifs. A trois, nous n'avons pu réussir à voir
sur le terrain ces migrations dont les éducations en tubes me fournissaient
les indices; à trois, nous n'avons pas vu dans la campagne un seul Phyl-
loxéra ailé ; dans mes bocaux, j'ai obtenu au plus quatre ailés en des con-
C. R., 1880, 2= Semestre. (T. XCI, K° 20.) I06
( 8u6 )
ditions où mes prédécesseurs en ont constaté par centaines. Les migrations,
soit par des insectes aptères mais agiles, soit par des insectes pourvus d'ailes,
seraient donc devenues plus difiicullueuses; et de là résulterait le ralentis-
sement reconnu par les viticulteurs.
» Est-ce une concordance fortuite, basée sur des circonstances qui m'é-
chappent? Ou bien le ravageur de la vigne s'acheminerait-il réellement
vers sa décadence, parce que ses formes disséminatrices ne sont plus dans
des conditions de prospérité ? Des recherches ultérieures, la saison favorable
revenue, dissiperont un peu, je l'espère, l'épais nuage du problème qui
surgit au début de mes éludes, et le soupçon que font naître mes résul-
tats.
» Sur la recommandation de l'Académie, j'avais à m'occuper, d'autre
part, des parasites que peut avoir le Phylloxéra, soit dans le règne végétal,
soit dans le règne animal. Je n'ai rien constaté, dans la végétation infime
des mycètes, qui puisse être de nature à nuire au parasite de la vigne.
Quant an règne animal, un moment j'ai eu de l'espoir.
)) A diverses reprises, j'ai surpris, au milieu des colonies de Phylloxéras,
un acarien transparent comme du cristal et un peu plus petit que son com-
mensal de la radicelle. Je l'ai vu s'insinuer dans les tas de pucerons, bou-
leverser les amas d'œufs, mais sans parvenir à le surprendre plongeant son
rostre soit dans les uns soit dans les autres. Était-ce un parasite du Phyl-
loxéra? Quelque temps je l'ai cru, et d'autant plus volontiers qu'il venait
d'être question à l'Académie d'un autre acarus, un Trombidium, qui loge-
rait ses œufs dans les galles du Phylloxéra et paraîtrait se nourrir en suçant
le corps de ce puceron.
» J'ai donc attentivement surveillé l'acarus hyalin pour savoir de quoi il
se nourrit, sans parvenir à lui voir faire usage de son rostre lorsqu'il dé-
range en passant les tas d'œufs ou de pucerons. Mon attente est enfin de-
venue désappointement complet, car je suis parvenu à élever l'acarus sur
une radicelle à demi pourrie, dépourvue d'œufs ainsi que de Phylloxéras.
L'arachnide s'y est établie! y a prospéré, bientôt entouré d'une nombreuse
lignée. L'acarus en question est donc un simple commensal du Phylloxéra,
et non un parasite ; il s'établit parfois sur la même radicelle que le puceron,
et s'y nourrit de matières décomposées. Je n'en parle que pour épargner à
d'autres peut-être mon propre désappointement. En somme, pour ce qui
concerne les parasites présumés du Phylloxéra, mes observations sont res-
tées jusqu'ici sans résultat. »
( 3o7)
M. A. WERKBRrsoFF aclrcsse un nouveau Mémoire sur les inégalités
séculaires du giand axe dans le mouvement des planètes.
L'auteur avait adressé précédemment, sur le même sujet, lui autre Mé-
moire dans lequel avaient été omis des termes provenant du terme con-
stant de la fonction perturbatrice. En outre, le coefficient qui avait été
trouvé pour l'inégalité séculaire est égal à zéro.
(Commissaires : MM. Puiseux, Bouquet, Tisserand.)
M. R. Pellerin adresse une Note sur le maximum de déviation de l'ai-
guille aimantée par l'action d'un courant électrique.
(Commissaires : MM. Jamin, Edni. Becquerel, Cornu.)
CORRESPONDANCE.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
1° Une Brochure de M. Laguene, intitulée « Notes sur la résolution des
équations numériques ».
2° Un Volume de M. E. Hospitalier, intitulé « Les principales appli-
cations de l'électricité ».
3° Un Volume de M. G. Tissandier, intitulé « Récréations scientifiques ».
4° Un Volume portant pour titre « Exposition universelle de i88o, à
Melbourne. —France. — Notices sur les modèles, dessins et Ouvrages rela-
tifs aux Services des Ponts et Chaussées, des Rîines, des Bâtiments civils
et nationaux, réunis par les soins du Ministère des Travaux publics ». (Pré-
senté par M. L. Lalanne,au nom de M. le Miuistre des Travaux publics.)
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur quelques équations différentielles linéaires.
Note de M. Brioschi. (Extrait d'une Lettre adressée à M. Hermite.)
« Je désire vous communiquer une remarque que j'ai faite ces jours-ci
et qui pourra vous intéresser, si pourtant elle ne s'est déjà présentée à
vous.
» En désignant par z, v deux intégrales particulières des équations diffé-
( 8o8 )
renlielles linéaires
et posant j' = :;(', on obtient
■ g = (3i'-^Q)'|H-(S + '|)r.-(Q-i').',t
» Soit^ = \z. 1 étant une constante; on a
c/u '
P = X%
et l'équation précédente devient
g=(3) = 4-Q)J;+(-|H-.),Q-.X.)r.
» Soit Q = uk^ sn^M ■+- h, h étant une constante ; on aura
du' ^ ' du ^ "
» Or on a
cA' sn u en ;/ dn k ■ — sn u en m dn m
du sn'« — sn'u
, . ,. dy dz dy . ,. , rfi>
en mullipliant i)ar s et en posant -f c — = - Afiau Jieu de z — > on
' ' ' du du du du
trouve que
o = (sn-« — sn-w) y- — [),(sn-« — sn-&))-i-snMcnffdnif — snwcnw dn w]y.
» J'ajoute celte équation, multipliée par p/c'- [p, coefficient numérique),
à la dernière ; on a
('
— = [(p + 2)/t-sn-«-«];^
+ [(4 — p)')^k'^sn-u + (4 — - p)k- suM cnu dn« — /3];^,
en posant
a + 3),^ -h II — pk^ su- w = o,
[3 — aX' + aX/i + pX/t'-sn- w + ^^'-sii w cnw dn w = o.
(2)
( 8o9 )
» Mais h = P sn^ m — [i + lâ); on aura donc
3X^ - (p - i) P- + « - (/s + 2) -'--3— = o,
aX' - (p 4- 2)19. - pil, _ ,-3 - (,= - 4) ' "^ ^-' = o,
en faisant
û = /v-sn-w — — „ î f2, = ^^sn« cnw dn w.
» Si l'on pose p ^ 4, on a l'équation différentielle du troisième ordre de
M. Picard, et, pour p = i, on a celle que vous avezdonnée dans les Comptes
rendus du 5 avril. On voit tout de suite que ces types sont les seids.
)) On a ainsi ce théorème : Une intégrale particulière de l'étpialion dijfé-
rentielle linéaire du troisième ordre (i) est égale nu produit de deux intégrales
particulières de deux équations de Lamé dont pour l'une 11 =^ o, pour l'autre
n = i, et les valeurs des constantes X, m de ces équations soiU données par les re-
lations (2).
» La même propriété a lieu pour les équations d'ordres supérieurs. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur l'équilibre des surfaces flexibles et inextensibles.
Note de M. Lecorivu, présentée par M. Bouquet.
« Lorsqu'une surface parfaitement flexible et inextensible, sollicitée, en
chacun de ses points, par des forces du même ordre de grandeur que les
éléments correspondants, se trouve en équilibre, chaque élément linéaire
est soumis à une force de tension dirigée dans le plan tangent et générale-
ment oblique sur cet élément. On peut désigner la composante de la ten-
sion normale à l'élément sous le nom de force d'arrachement ou de com-
pression, suivant son signe, et la composante tangentielle sous le nom de
jorce de cisaillement. En supposant toutes les tensions rapportées à l'unité
de longueur (comme les forces ap[)liquées, ou forces extérieures, sont
rapportées à l'unité de surface), on voit sans peine que :
» Les forces de cisaillement développées en un point donné sur deux éléments
linéaires qui se coupent à angle droit sont égales.
» La loi de variation des tensions, pour les éléments qui passent par un
même point, est tout à fait analogue à la loi de variation des courbures
normales. En portant sur chaque tangente, à partir du point considéré,
( 8io )
une longueur inversement proportionnelle à la racine carrée de la tension,
on obtient une conique, ou indicatrice des tensions, qui jouit de cette
propriété fondamentale :
» Une direction quelconque et celle de la tension correspondante sont conju-
guées ])ar rapport à l'indicatrice des tensions.
» Par conséquent, il existe en chaque point deux directions rectangu-
laires qui sont perpendiculaires aux tensions correspondantes.
» En traçant sur la surface deux séries de courbes orthogonales, for-
mant un système de coordonnées, et désignant par :
—5 - les composantes, normale et tangentielle, de la courbure d'une des
Ri pi
courbes coordonnées passant en un point;
—, - les composantes analogues pour l'autre courbe;
Rj pj
,- la torsion géodésique, commune aux deux courbes;
F,, Fa, $ les composantes de la force extérieure suivant les tangentes aux
deux courbes et suivant la normale à la surface;
7;,, «2 les forces d'arrachement correspondant aux deux tangentes;
t la force de cisaillement commune aux deux directions;
-^dSf la variation de Un, pour un déplacement ds, effectué sur la pre-
niière courbe, etc.;
j'ai établi, par le théorème des travaux virtuels, les trois équations sui-
vantes :
dn, de
à s, as,
» Ces trois équations sont nécessaires et suffisantes pour l'équilibre. Il
est donc impossible d'éliminer les tensions, comme dans le cas d'un fil
flexible. On s'explique ce résultat en remarquant que, pour maintenir fixe
une surface, il suffît de fixer une courbe quelconque, autre qu'une ligne
asymptotique, et que, par conséquent, il ne peut exister entre les données,
en dehors des conditions relatives aux limites, aucune condition néces-
saire pour l'équilibre.
n,
n.
+
11
P'
= F.,
"1
h
n,
,
nt
= F„
P'
"i
n.
it
=:$.
r/
-r
R.
~
T
( 8ii )
» Les trois équations précédentes, dans lesquelles on regarde «,, n,, t
comme les inconnues, ne diffèrent que jjar les seconds membres de celles
qui définissent les variations subies par --■> --, - dans une déformation
infiniment petite de la surface, et, par suite, dès qu'on a une solution par-
ticulière du problème qui nous occupe, la recherche de la solution géné-
rale est ramenée à l'étude des déformations infiniment petites.
» En posant
, a , a _ . a
n,= «, + ^5 «2=«2-|-^5 < = « + -)
et déterminant la fonction a par la condition
(ce qui exclut le cas des surfaces développables), on peut prendre comme
nouvelles inconnues ?z',, n'j, t' . On fait ainsi disparaître sans difficulté la
composante normale de la force extérieure.
» Après cette transformation, on peut énoncer le théorème suivant :
» Les. directions as)mptotiques sont deux directions conjuguées de l'indica-
trice des tensions.
» Ou, en d'autres termes :
n Les tensions qui agissent sur une ligne asymptotique sont tangentes aux
lignes asymptotiqiies de l'autre système.
)) Rapportées aux lignes asymptotiques, les équations d'équilibre de-
viennent
-"[
dn
siao -T-
-^ -\ h 2 COSO -tJ- + - +-
=/.sin>,
-r-î-H 1-2C0S0 -T^ -t- - -\ —
dtr, p, ' \d(r p/J pi
=y sin'ç,
équations dans lesquelles 9 désigne l'angle des lignes asymptotiques; y -
leurs courbures géodésiques; Ji, rif les composantes normales des tensions
et/,/, les composantes de la force extérieure suivant les tangentes aux
deux ligues asymptotiques.
» On déduit de ces équations, et il est d'ailleurs facile de voir directe-
ment, que les deux fonctions arbitraires introduites par l'intégration ren-
ferment chacune le paramètre de l'une des lignes asymptotiques.
( 8.2 )
» Dans le cas des surfaces réglées, la séparation des inconnues s'efl'ectue
immédiatement, et l'on est amené à intégrer une équation aux dérivées par-
tielles, à une seule inconnue. »
PHYSIQUE. — Sur la compressibililé de roxygène, et l'action de ce gaz sur le
mercure dans les expériences oh ces corps sont mis en contact. Note de
M. E.-H. Amagat,
(c C'est un fait généralement admis, qu'il est impossible de faire avec
exactitude aucune expérience relative à la compressibilité ou la dilatation
du gaz oxygène, ce gaz étant, d'après Regnault, absorbé par le mercure
en quantité appréciable, même pendant le temps nécessaire aux expériences.
Lorsque j'ai fait mes recherches sur la compressibililé des gaz sous forte
pression et à la température ambiante (par comparaison avec l'azote), j'ai
néanmoins tenté l'étude de l'oxygène, pensant que, grâce à la rapidité avec
laquelle je pouvais opérer, j'obtiendrais des résultats au moins passable-
ment concordants : j'ai été assez surpris de ne remarquer aucune absorption
et d'obtenir des séries aussi régulières qu'avec les autres gaz; j'ai donc
donné mes résultats sans insister sur le fait relatif à l'absorption, ayant,
du reste, l'intention de l'examiner plus tard. Toutefois, dans mes nouvelles
recherches à diverses températures, j'ai cru devoir écarter l'oxygène et
même l'air, pensant qu'à des températures un peu élevées il pourrait y
avoir absorption sensible, d'autant plus qu'aux températures intermé-
diaires entre la température ambiante et 100° les séries exigent un temps
beaucoup plus long.
B Je viens de reprendre l'étude du gaz oxygène, afin d'examiner les
conditions physiques dans lesquelles les expériences peuvent être faites
avec succès, et, après quelques essais préliminaires qui m'ont donné, à
I ou 2 centièmes près, les résultats de mon premier travail, j'ai disposé
mon appareil pour opérer, comme avec les autres gaz, jusqu'à 100°.
» J'ai constaté d'abord qu'à la température ambiante le volume de
l'oxygène reste constant, pour des indications identiques du manomètre
à azote, non seulement pendant le temps nécessaire aux expériences,
mais pendant plusieurs jours. J'ai fait, pendant cinq jours consécutifs,
deux séries, matin et soir, sans démonter les manomètres; ces séries sont
(8r3 )
toutes remarquablement concordantes et reproduisent, à moins de i cen-
tième, les résultats que j'ai donnés dans mon Mémoire.
» J'ai opéré ensuite à 5o°, puis à ioo°, et, à ma grande surprise, les
expériences ont présenté la même régularité.
» Je ne voudrais pas affirmer qu'à cette température l'action soit abso-
lument nulle, car le manomètre s'était très légèrement terni à l'intérieur en
quelques points, ce qui n'arrive pas en général avec les autres gaz, si ce
n'est assez souvent avec l'acide carbonique; toutefois, l'appareil ayant été
maintenu deux heures environ à ioo°,je n'ai observé aucune absorption, et,
après avoir ramené l'appareil à la température ambiante (ou plutôt à la tem-
pérature du réservoir qui fournit le courant d'eau), j'ai retrouvé le volume
primitif et fait de nouveau plusieurs séries, qui ont redonné les résultats
des premières. Le gaz a été ensuite essayé dans le manomètre même; il
contenait un peu plus de i centième d'azote.
» J'ignore absolument la cause, peut-être accidentelle du reste, qui a
produit les divergences dont parle Regnault, dans son Mémoire sur la
dilatation des gaz sous des pressions voisines de i""", mais j'affirme que,
dans les conditions de température et de pression dans lesquelles mes
expériences ont été faites, le mercure et l'oxygène, parfaitement purs
et secs, peuvent rester en contact pendant un temps infiniment plus que
suffisant pour opérer sans qu'on puisse constater avec certitude la moindre
absorption.
» Il est bon de remarquer que, en admettant une légère action même
à la température ordinaire, l'absorption peut devenir infiniment moins
sensible sous de fortes pressions, car, pour que la fraction de volume du
gaz absorbé fût la même, il faudrait que la masse de gaz disparue dans
un temps donné fût proportionnelle à la pression (en admettant la loi de
Mariette ), ce qui est peu probable; il pourrait même se faire que le con-
traire eût lieu. Il faut remarquer également que les divergences dont parle
Regnault, sans en assigner la grandeur, portaient probablement sur le
troisième chiffre significatif du coefficient de dilatation des gaz, chiffre
dont je ne puis répondre dans les conditions de mes recherches,
» Les expériences dont je viens de parler ont été faites entre i ro**™ et
/jao"'"; elles m'ont permis de tracer la courbe de l'oxygène à 5o°età loo"; la
compressibilité de ce gaz suit les lois générales que j'ai énoncées dans
mon Mémoire (séance du 3o août dernier). J'ai calculé le coefficient
moyen de dilatation , ,__ entre i4°, 7 et 100°, 2; voici les valeurs de ce
C. R., 1880, 2- Semestre. (T. XCI, N» 20.) I 07
( 8i4 )
coefficient sous les pressions inscrites en atmosphères à la première ligne :
Pressions ii3»"",4 141'"", i 181="", 1 24o''"",9 342'""M 4i8="",9
Coefficients... >> o,oo456 0,00469 0,00477 0,00443 0,00407
/^p à 1 00°, 2 . . » 6430 65i5 663o 6911 71^9
/pcà i4°,7... 4638 4626 4648 47 II 4993 5336
» La troisième ligne du Tableau contient les produits pv correspondant
aux mêmes pressions et à la température de 100°, 2; la quatrième con-
tient les mêmes produits pour la température de i4°,7- »
M. Chevrecl rappelle, à l'occasion de la Communication de M. Amagat,
que M. Diilong avait constaté que, par suite de la formation d'une cer-
taine quantité d'oxyde de mercure pendant l'ébullilion de ce métal au
contact de l'air, cet oxyde restait en partie dissous par le mercure et lui
communiquait la propriété de fournir des baromètres à surface plane. Il
avait fait, à ce sujet, des expériences qu'il considérait comme absolument
concluantes.
INI. DciHAS fait remarquer, de son côté, que les expériences du bénédictin
dom Casbois sur les baromètres à surface plane avaient été répétées par
Lavoisier. Divers baromètres de ce genre, construits de ses mains, existent
encore parmi les instruments que M. de Cbazelles possède. Ils ont conservé
depuis près d'un siècle leurs propriétés, et ils offrent encore aujourd'hui
leur surface plane caractéristique. On sait que le mercure, modifié par le
procédé de dom Casbois, mouille le verre et n'éprouve plus la dépression
capillaire qu'on observe dans les baromètres ordinaires, quand l'humidité
n'intervient pas. Lavoisier a constaté qu'en faisant intervenir l'eau, le baro-
mètre à surface plane se transforme en baromètre à surface convexe. Il paraît
donc certain que, le mercure s'oxydant par l'ébullition à l'air, une partie de
l'oxyde reste dissoute dans le métal, lui donne la propriété d'adhérer au
verre et fait disparaître la dépression qu'on observe dans les tubes capil-
laires, les baromètres ainsi préparés se soutenant tous à la même hauteur,
quel que soit leur diamètre.
Des expériences de M. Regnault, ou pouvait conclure que l'absorption de
l'oxygènepar le merciue se manifestait déjà à des températures plus basses,
et troublait les expériences ayant pour objet de déterminer les changements
de volume produits dans ce gaz par les pressions auxquelles il était soumis.
Si M. Amagat a opéré sur de l'oxygène absolument pur et sec, comme M. Re-
( 8'5)
gnault avait certainement pris les mêmes précautions, la circonstance par
laquelle s'expliquerait la différence des résultats obtenus par notre habile
confrère et par M. Ainagat reste à découvrir.
CHIMIE GÉNÉRALE. — Sur la liquéfaction de l'ozone en présence de l'acide
carbonique et sur sa couleur à l'état liquide. Note de MM. P. Hautefeuille
et J. Ch APPUIS.
« Nous avons constaté qu'une brusque détente de l'oxygène ozonisé dé-
termine la formation d'un épais brouillard, signe certain d'un changement
d'état de l'ozone; mais est-il possible d'obtenir ce corps à l'état de gouttes
liquides persistantes, et l'ozone liquide est-il coloré? C'est ce que nous
avons cherché à savoir, en comprimant, avec les précautions indiquées
dans une Note antérieure ('), de l'ozone préparé à la basse température
que l'on obtient en faisant passer un courant d'air sec dans du chlorure
de méthyle. Ce gaz, comprimé à 200^"" dans le tube capillaire de l'ap-
pareil Cailletet refroidi à — 23°, se colore en bleu de plus en plus foncé à
mesure qu'on augmente la pression, mais ne produit pas de liquide visible
se distinguant du gaz par un ménisque.
» Si l'on place alors la partie supérieure du tube capillaire dans le prot-
oxyde d'azote liquide, l'intensité de la coloration augmente considérable-
ment dans toute cette partie, refroidie à — 88°; la partie inférieure du tube
étant maintenue à — 23°, on peut juger de la différence de nuance et esti-
mer que l'ozone à — 88° est trois ou quatre fois plus coloré que l'ozone
à — 23°. L'intensité de la coloration croît donc quand la température
s'abaisse. Après quelques minutes, les températures des deux portions du
tube sont peu différentes; le gaz paraît uniformément coloré en bleu foncé;
l'ozone est alors emprisonné dans un vase fermé par du mercure solide,
dont le ménisque reste brillant et absolument inatlaqué par l'ozone à
cette basse température. Dans ces conditions, on peut s'assurer que le tube
capillaire ne contient aucune goutte liquide.
)) Ces expériences peuvent-elles faire penser que l'ozone est bleu à l'état
liquide? Cette conclusion serait forcée, car ce n'est pas parce qu'un g.iz
devient plus coloré lorsqu'on le refroidit qu'on peut induire qu'il conser-
vera sa couleur en changeant d'état physique, bien que cependant, pour
(') Comptes rendus, t. XCI, p. 522.
(8i6)
l'acide hypoazotique par exemple, on constate que la couleur de l'acide
liquide et celle de sa vapeur diffèrent d'autant moins que la température
est plus basse.
D Mais nous pouvons essayer de déterminer la liquéfaction de l'ozone
en ajoutant au mélange d'ozone et d'oxygène une forte proportion d'acide
carbonique; cet artifice nous a permis de constater des faits nouveaux.
» L'étude comparative des mélanges d'oxygène avec l'ozone et avec
l'acide carbonique nous a montré que le point de liquéfaction de l'ozone
est peu différent de celui de l'acide carbonique. Ne pouvant accroître assez
la proportion d'ozone dans le mélange pour diminuer le retard considé-
rable qu'une forte proportion d'uu gaz permanent fait éprouver à la liqué-
faction, nous avons ajouté à l'oxygène ozonisé de l'acide carbonique.
» La compression, dans un tube capillaire maintenu à — 23" par du
chlorure de méthyle, d'un mélange d'acide carbonique et d'oxygène ozonisé
à très basse température donne des résultats analogues à ceux qu'on ob-
serve avec les mélanges de plusieurs gaz liquéfiables, mais qui empruntent
ici à la coloration de l'ozone une netteté parfaite.
» Une compression lente permet d'obtenir un liquide se séparant du
gaz par un ménisque; ce liquide n'est pas incolore, comme l'est habituel-
lement l'acide carbonique liquide; il est franchement bleu : sa nuance ne
paraît pas différer de celle du gaz qui le surmonte.
» C'est là un état stable qui persiste tant que les gaz restent sous pres-
sion. Si l'on vient à détendre légèrement les gaz et à les comprimer immé-
diatement, on voit au-dessus du mercure une colonne liquide bleu d'azur,
beaucoup plus colorée que le gaz.
» Le froid de la détente a déterminé un nuage abondant, formé d'acide
carbonique et d'ozone liquides ou solides, car ce dernier corps est alors
refroidi à une température inférieure à son point critique, et l'abondante
liquéfaction de l'acide carbonique produite par la compression recueille
une partie de cet ozone.
» Ce qui prouve que les choses se passent ainsi, c'est que la coloration
du liquide diminue et qu'en quelques minutes le liquide et le gaz reprennent
la même nuance. L'ozone recueilli tout d'abord par l'acide carbonique
liquide se diffuse, l'atmosphère du tube ne contenant pas la vapeur d'ozone
à l'état de saturation.
» De même que la compression d'un mélange d'oxygène, d'acide car-
bonique et de protoxyde d'azote donne un liquide mixte, formé des deux
gaz liquéfiés, celle d'un mélange d'oxygène, d'acide carbonique et d'ozone
( «'7 )
donne un liquide mixte contenant de l'ozone liquéfié; c'est cet ozone qui
colore en bleu le liquide que nous avons obtenu dans nos expériences.
» Ces faits permettent de prévoir'que l'on obtiendrait l'ozone en gouttes
liquides en comprimant, à très basse température, le mélange d'ozone et
d'oxygène préparé à — 88°, dont la teneur en ozone s'élève, d'après nos
expériences, à plus de 5o pour loo, et que dans ces conditions on aurait
un liquide bleu très foncé.
» Les colorations ont déjà été employées en Chimie pour résoudre des
questions controversées : il suffit de citer les expériences de M. H. Sainte-
Claire Deville sur la dissociation du perchlorure de phosphore et de l'io-
dure de mercure. La coloration de l'ozone à l'état liquide et à l'état gazeux
permet de constater que les produits de décomposition de l'acide carbo-
nique par l'effluve contiennent une forte proportion d'ozone : il suffit pour
cela de les comprimer, ce qu'on réalise facilement en transformant le ré-
servoir du tube Cailletet en appareil à effluve dans lequel l'acide carbonique
est soumis à des décharges électriques, pendant plusieurs heures, avant
d'être comprimé. La compression du gaz refroidi à — 23° donne un gaz
aussi coloré que le comporte la teneur en ozone indiquée par M. Berthelot,
et, pour une certaine pression, l'acide carbonique qui n'a pas été décom-
posé se liquéfie et est coloré en bleu.
» Nous établissons donc, sans l'intervention d'aucun réactif, la forte
teneur en ozone de l'oxygène provenant de la décomposition de l'acide
carbonique. Cette conclusion est celle que nous avons indiquée déjà dans
une Note précédente ('); elle est d'ailleurs conforme à l'une des hypothèses
formulées par M. Berthelot sur la nature du produit oxydant formé aux
dépens de l'acide carbonique par les décharges électriques. »
CHIMIE liSDUSTRIELLE. — Sur la fonte malléable. Note de M. L. Forquignox.
« La fonte malléable, découverte en 1722 par Réaumur, n'a été, jusqu'à
présent, l'objet d'aucune étude chimique approfondie. J'ai essayé de combler
cette lacune et d'assigner à ce composé intéressant la place qui lui appartient
dans la série des fers carbures. Les limites imposées à la présente Commu-
nication m'interdisent d'entrer dans le détail des expériences et de citer les
nombreux chiffres obtenus; on les trouvera dans un Mémoire qui paraîtra
1 ' ) Comptes rendus, t. XCI, p. 762.
(8.H)
prochainement. Aujourd'hui, je désire seulement soumettre au jugement
de l'Académie quelques-unes des conclusions que j'en en ai pu déduire.
» Les mesures calorimétriques dues à MM. Troost et Hautefeuille nous
ont appris que la fonte blanche est constituée avec absorption de cha-
leur à partir des éléments. Il en résulte, comme je l'ai vérifié, que, sous
la seule influence d'une température inférieure à son point de fusion, elle
se décompose, elle se carbonise, pour ainsi dire. En même temps que le
barreau s'adoucit, on observe, dans toute sa masse, un abondant dépôt de
graphite.
» Ce graphite est absolument amorphe, même à un grossissement de
4oo diamètres. C'est une variété nouvelle de carbone, caractérisée par son
mode de formation singulier et par les propriétés spéciales de son oxyde
graphitique.
» Les choses se bornent là dans un milieu inerte, dans le charbon par
exemple; si, au contraire, la fonte est eu contact avec une substance ca-
pable de brûler ou d'absorber le carbone, une réaction secondaire prend
naissance. Le carbone libre étant éliminé de la zone superficielle, l'équilibre
déterminé par l'action calorifique se modifie peu à peu. Une portion du
graphite des couches profondes rentre en combinaison et chemine vers la
surface, puis disparaît, reujplacée à son tour par une autre. Le phénomène
se continue de proche en proche, jusqu'à ce que la composition moyenne
du barreau réponde à un certain minimum de carburation du fer, variable
avec les circonstances du recuit. Dans un milieu inerte, la proportion de
carbone qui demeure combinée a pour limite évidemment le maximum de
carburation, ou, si Ton veut, le maximum de solubilité du carbone à la tem-
pérature où l'on opère. Un tel mécanisme rappelle, dans ses traits géné-
raux, celui qui préside à la cémentation; mais il est, au fond, plus com-
pliqué, puisqu'il résulte de la superposition de deux actions chimiques tout
à fait distinctes.
« Une proportion de manganèse, même inférieure à 5 millièmes, entrave
déjà l'adoucissement, qui cesse absolument d'être appréciable dès que la
quantité de ce métal atteint 2 pour 100. La fonte continue bien à perdre
du carbone par oxydation, elle en perd même à peu près autant que lors-
qu'elle est pure, mais le manganèse s'oppose à la production du graphite
et le retient en combinaison dans la masse métallique.
» La chaleur de formation du siliciure de manganèse étant fort grande,
le silicium peut, dans une certaine mesure, saturer le manganèse et rendre
la liberté au graphite. Tout ce système d'explications, en parfait accord
( 8i9)
avec les données thermiques, repose sur les faits suivants, résultant de
mes recherches :
» 1° Une fonte vraiment ni:illéable contient toujours du graphite.
» 2° Une fonte peut perdre du carbone et cependant rester cassante,
s'il ne s'est pas formé de graphite, ou si la quantité de graphite préexistant
avant le recuit ne s'est pas accrue.
)) 3° Une fonte peut devenir malléable sans perdre une portion sensible
de son carbone total (recuits dans le charbon). Le concours d'un agent
d'oxydation n'est donc pas indispensable à l'adoucissement.
» 4° Quand on ajoute du silicium à une fonte manganésifère, elle s'amé-
liore par le recuit.
» J'ai fait des expériences sur l'acier, qui ont confirmé et précisé les con-
clusions précédentes ; elles ont mis hors de doute l'existence du minimum
de carburation, prévu par la théorie.
» Les mêmes expériences m'ont prouvé de nouveau que la décarbura-
tion n'est pas due exclusivement à une oxydation superficielle; elles m'ont
permis d'étudier la répartition du carbone et du silicium, entre les diffé-
rentes zones concentriques d'un même barreau recuit. Ces deux éléments,
et surtout le carbone, varient d'une zone à la suivante, par sauts brusques
et pour ainsi dire en proportions multiples.
» Enfin j'ai observé'avec surprise que l'hydrogène, vers 900°, décarbure
rapidement la fonte blanche. 11 se forme des carbures gazeux, et une cer-
taine quantité d'hydrogène demeure combinée avec le carbone qui reste
dans le métal. L'azote lui-même, le plus inerte de tous les gaz, exerce une
action semblable et tout aussi énergique.
» Je n'ai pu découvrir de relation simple entre la composition chimique
fl'une fonte et la valeur absolue de ses constantes élastiques.
» La charge de rupture augmente avec la durée du recuit, rapidement
d'abord, très lentement ensuite; les allongements, toujours minimes, suivent
une marche analogue, mais, après avoir atteint un maximum, ils tendent à
diminuer un peu. Quanta la limite d'élasticité, elle s'abaisse en général à
chaque recuit.
)) En somme, la fonte malléable apparaît comme intermédiaire entre
l'acier et la fonte grise. Elle s'éloigne de celle-ci par la nature spéciale de
son fjraphile amorphe, ainsi que par sa ténacité plus grande; elle se dis-
tingue de l'acier par ses faibles allongements et sa forte teneur en graphite. »
( 82 O )
CHIMIE MINÉRALE. — Sur la présence du phosphore dans les roches de Bretagne.
Note de M. G. Lechartier.
« L'emploi des engrais phosphatés est entré d'une manière normale
dans les pratiques culturales de la Bretagne; anssi leur efficacité dans les
sols de cette région doit-elle èire considérée comme un fait démontré par
l'expérience. On doit en conclure que le phosphore, indispensable au déve-
loppement des plantes, n'existe pas dans les terrains de la Bretagne en pro-
portion suffisante pour satisfaire aux exigences d'une culture régulière ou
qu'il ne s'y rencontre pas sous une forme telle qu'il puisse être rapidement
assimilé par les végétaux de nos récoltes.
» Dans le but d'étudier la première de ces questions, nous avons re-
cherché dans quelles proportions l'acide phosphorique existe dans les
principales roches de la Bretagne. Nous sommes parti de ce principe que
la couche arable est composée de matériaux provenant de la désagrégation
des roches qui constituent le sous-sol, qu'ils soient restés en place ou
qu'ils aient été transportés à des distances plus ou moins grandes de leur
point d'origine.
» Parmi les roches de Bretagne se placent au premier rang les granits
et les schistes : ce sont eux que nous avons tout d'abord étudiés.
» La méthode que nous avons suivie pour rechercher le phosphore et
le doser est fondée sur l'emploi de l'acide molybdiquc, qui permet de
séparer d'une liqueur acide tenant en dissolution un grand nombre de
bases des quantités minimes d'acide phosphorique. Après sa séparation,
celui-ci était transformé en phosphate ammoniacomagnésien, puis en phos-
phate d'urane, et pesé sous cette dernière forme. Dans le cas particulier du
dosage de petites quantités d'acide phosphorique, les procédés volumé-
triques ne donneraient pas de résultat certain; seul, le poids du phosphate
d'urane calciné fournit des nombres exacts.
» La recherche de l'acide phosphorique a été faite sur lo^"^ de matière.
Les résultats obtenus ont été rapportés au kilogramme.
GKANITS.
Itle-et-F'ilaine.
Acide phosphorique
par kilogramme.
gr
Environs lie Rennes. Buttes de Couasme 0,700
-> Bas-Couasme i ,079
( 8^' )
Acide pliospliorique
par kilogramme.
Sens. Granit friable i , 36u
Conibourg. Granit compacte o,o6S
• Granit en partie désagrégé i ,3Sq
Le Plessis . . i , 1 1 o
Saint-Marc-Leblanc i 5i
9
Mellé 1 ,ooo
» Granit en partie désagrégé m , loo
Vitré ,,oio
Côtci-du-Norii.
Dinan , ^oSg
Languediau i ,nqQ
Morbihan.
Beauséjour i , i5o
Finistère.
Le Conquct 2 , 890
Kernon i , 1 3o
Manc/ie.
Avranches 1 ,880
Environs d'Avranches 3>47o
Iles Chaussey i ,880
» Dans la plupart de ces échantillons, la proportion de l'acide phos-
phorique reste comprise entre i et 2 millièmes.
SCHISTES.
» Ils affectent des formes diverses; souvent gris verdâtre ou gris jau-
nâtre, tendres et feuilletés, ils présentent dans leur couleur toutes les
transitions avec le gris noirâtre ou avec le rouge violacé, en même temps
que leur dureté augmente dans des proportions considérables. Les
scliisles rouges constituent la pierre à cahot employée à Reiuies pour les
constructions.
Ille-et- f Haine.
Acide phosphorique
par liilogramme.
Rennes. Tranchée de la gare. Schiste verdâtre i ,64o
» Boulevard de la Duchesse-Anne i ,940
» Routede Fougères, prisa 4"'au-dessousdu sol 'i79<'
C. K., liSo, r Semestre. (T. XCI, N» 20.) I 08
( 822 )
Acide phosphorique
par kilogramme.
Rennes. Route de Fougères, prisa lo^au-dessousdusol. i ,54o
Bourg-des-Coinptes. Schistes du sous-sol des landes du
domaine de la Mollière o,3go à i ,3oo
Foi et de Rennes. Schiste jaunâtre i , i34
Environs de Montfort. Schiste gris o ,g5o
» Schiste rouge o,ago
» Schiste rouge mélangé de
grauvvacke o,a5o
Pont-Réan-Mah'oche. Grès avec mica o,3oo
Finistère.
Falaises de Brest. Schistes i ,o4o à i ,660
Côtes-du -ISord.
Erquy. Schistes 0,920 à i , 160
» Grès 0,119
n La quantité de phosphate existant dans les schistes n'est jamais nulle,
mais elle est beaucoup plus variable que dans les roches granitiques et,
souvent, notablement plus faible. Tandis que les schistes de teinte grise ou
bleuâtre ont une richesse variant de i à 2 millièmes, ceux qui par leur
teinte rouge violacée et leur compacité se rapprochent de la pierre à
cahot contiennent à peine \ millième d'acide phosphorique.
» Ces faits fournissent une nouvelle preuve de la diffusion de l'acide
phosphorique dans les granits et dans les schistes. De plus, ils montrent
que les terres de Bretagne, qui sont, en général, sensibles à l'action des
engrais phosphatés, peuvent présenter des différences notables au point de
vue de leur teneur en acide phosphorique. Dans les terres qui ont pour
base essentielle les produits du granit désagrégé, la teneur en acide phos-
phorique devra se trouver plus grande et plus régulièrement uniforme
que dans les terrains schisteux. Les sols composés de matériaux provenant
du schiste seront |)lus ou moins riches en phosphates suivant qu'ils
auront pour sous-sol des schistes gris et friables ou qu'ils reposeront sur
des schistes rouges et compactes.
» Nous continuons ces études et nous recherchons dans l'analyse des
terres arables la confirmation de ces premières conséquences des roches
du sous-sul. »
(823)
CHIMIE onGANiQUE. — Sur la composition des pétroles du Caucase.
Note de MM. P. ScHiiTZE.vBEncER et j\. Ioxixe.
Il II V a quelques mois, nous avons entrepris, sur la demande de M. Ra-
gosine, fabricant de produits dérivés du naphte à Consfantinovo (Russie),
des recherches étendues sur la composition des pétroles du Caucase. Les
produits examinés et libéralement mis à notre disposition consistaient en
naphte brut, résidus de naphte après élimination des huiles légères servant
à l'éclairage, huiles d'éclairage dites solaires, bouillant entre 200° et SSo".
)) Dès le mois de juillet, nous communiquions par deux Lettres adressées
à M. Ragosine, en date du aS juillet et du 3o août, les conclusions géné-
rales auxquelles nous étions arrivés, savoir qu'une très not;ible fraction
de l'huile, aussi bien dans les parties légères que dans celles à points d'é-
bullition moyens et élevés, est formée par des carbures de même compo-
sition centésimale, isomères des carbures éthyléniques G"H^" et s'en distin-
guant nettement par l'absence d'affinités chimiques marquées, caractère
qui les rapproche des carbures forméniques €"H^"^^. Le brome, l'acide
sulfurique fumant, l'acide azotique fumant sont sans action sur eux à iroid.
Ces carbures avaient été isolés par un traitement des diverses fractions par
un excès d'acide sulfurique fumant, suivi d'un traitement à l'acide azotique
fumant et froid, d'un lavage à l'eau alcaline, d'une dessiccation sur la po-
tasse caustique solide, et enfin d'une distillation sur le sodium, soit à la
pression ordinaire pour les produits assez légers, soit dans le vide pour les
huiles lourdes.
» L'analyse élémentaire des produits ainsi purifiés a donné les résultats
suivants :
I. — Carhufés distillés à la pression atmosphérique.
112° h ii)°. 128° à iSa". 138" à i.'|2°. 220° à 22')°. 23o° à 282°.
Carbone 86,0a 85,6 85,76 85,79 85,66
Hydrogène i4i'o '4>4 i4,3o i454-^' '4»70
Densité à G" ». » 0,8216 o,832i
Densité de vapeur par
rapport à l'hydrogène. ■• » » » 100,19
m m
II, — Carbures louicls distillés dans le vide sous une pression de 20
250° à 270°. , ,
216° à a.iS". , Au-dessus de 270°.
Carbone 86,28 84,94 85,93 85,33
Hydrogène i3,73 i4,33 i3,99 '3,84
» Une étude plus approfondie de ces carbures complets, évidemment à
chaîne fermée, nous conduisit à les identifier avec les produits obtenus
( 824 )
par Wreden en hydrogénant la benzine et ses homologues par l'acide
iodhydrique.
» Nous en étions là de nos travaux, lorsque nous eûmes communica-
tion des recherches publiées tout récemment par MM. Beilstein et Kur-
batow (Société chimique de Berlin, séance du 8 octobre 1880). Ces savants
n'ont examiné que les parties les plus volatiles d'une variété de pétrole du
Caucase, celles bouillant vers 100°, et sont arrivés à des résultats ana-
logues aux nôtres.
>) Nous étant laissé devancer dans la publication de nos expériences,
nous ne venons pas contester à MM. Beilstein et Ivurbatow la priorité de
la découverte, dans le pétrole du Caucase, des carbures saturés de Wreden.
Nous ferons observer seulement que nos analyses, plus étendues que les
leurs, confirment, en les généralisant, les conclusions des savants russes. Ce
ne sont pas seulement les parties les plus volatiles des pétroles caucasiques
qui contiennent des carbures saturés de la forme G^H'", mais aussi les
parties moyennes et lourdes, celles qu'on ne peut distiller qu'au moyen de
la vapeur surchauffée.
» Nous donnerons à ces carbures, qui forment une série très étendue,
le nom de carbures parafféniques ou de paraffènes.
» L'étude de l'action de la chaleur sur les paraffènes offre de l'intérêt.
On sait déjà qu'au rouge vif ils fournissent en abondance des carbures
benziniques €"H="'-% de la naphtaline et un peu d'anlhracène.
» Au rouge sombre, à côté d'une certaine proportion de paraffènes non
altérés, on trouve des produits qui s'unissent énergiquement au brome, et
que l'acide sulfurique ordinaire convertit en polymères résineux.
» Portés au rouge dans des tubes en fer, leur vapeur donne un abon-
dant dépôt de noir de fumée qui obstrue rapidement le tube. Chose remar-
quable, ce bouchon de noir divisé est très ferrugineux dans toute sa
masse, même au centre. Dans des tubes en cuivre, le même effet n'a pas
lieu.
» Le chlore, en présence d'un peu d'iode, donne des dérivés chlorés peu
stables, qui ne peuvent être distillés sans décomposition, même dans le
vide, et que la potasse alcoolique ou l'acétate de potasse en solution acé-
tique transforme, même à froid, en produits ulmiques bruns.
» Comme MM. Beilstein et Rurbalow, nous avons observé qu'il est dif-
ficile d'isoler par fractionnement des produits définis à points d'ébullition
constants. La cause en est due, sans doute, au grand nombre d'isomères
mélangés et dont on conçoit la possibilité en envisageant ces carbures
comme dérivés de l'hexahydrure de benzine G^W^ par substitution à l'hy-
drogène de résidusforméniques€"H'"^'. Nous sommes parvenus cependant
( 8^*; )
à séparer, à peu près, deux carbures définis, dont l'un bout entre 220" et
222**, l'autre entre aSo" et 232". La densité de vapeur de ce dernier con-
duit à une formule très voisine de G"H^'.
» Nous pensons avoir établi que nos recherches ont marché parallèle-
ment à celles de MM. Beilstein et Rurbalow, et que ces savants ne verront
aucun inconvénient à ce que nous continuions à travailler sur ce terrain
nouveau, qui semble assez vaste pour suffire à l'activité d'un grand nombre
de chercheurs. »
CHIMIE APPLIQUÉE. — Sur tes températures d'inflammation des mélanges gazeux .
Note de MM. Mallard et Le Chatelier, présentée par M. Daubrée.
« A l'occasion d'études sur les explosions du grisou, nous avons été
amenés à faire quelques observations sur les températures d'inflammation
des mélanges gazeux.
» Nous avons fait usage de deux procédés différents :
» Le premier ne peut s'appliquer que lorsque la combinaison est accom-
pagnée d'un changement de volume. On compare les volumes de mélange
détonant et d'air qui remplissent à la même température un pyromètre
en porcelaine. On arrive à comprendre la température d'inflammation du
mélange gazeux entre deux nombres d'autant plus voisins qu'on a réussi à
faire plus petites les variations de température du pyromètre.
» Le second procédé est seul applicable aux mélanges gazeux dont l'in-
flammation n'est pas accompagnée d'une variation très notable de volume.
Dans un four à gaz ou à huile minérale, on place l'un à côté de l'autre
un pyromètre à air et un tube en porcelaine dans lequel on fait passer le
mélange gazeux.
I. — Hydrogène [premier procédé d'observation).
Température
d'inflammation
comprise entre
1" Hydrogène et oxygène (o'", i50, o'",85H ; 56o" et 570°
(o''',3oO, o'",7oH) 55?. et 569
(g"'', 660, o"', 33 H) 53o et 532
2''Hydrogèneetair(o"',7oaireto''',3oHono''',i470,o''',3oH, o'", 553Az :. 552 et 553
• (o'",3oaireto"',7oHouo'",o630,o''',7oFI,o"',237 A7.1. 53o et 570
3° Hydrogène, oxygèneetacidecarbonique(o''',i50, g'", 35H, o"',5oC0' . 502 et 592
(o"'2i,0, o"',49H, o"',3oCO=l. 060 et 595
( 826 )
» I/inflammation, lorsqu'elle avait lieu, se produisait toujours sans inter-
valle de temps appréciable, dès que le mélange était introduit dans le pyro-
mètre.
» On voit que le mélange tonnant d'hydrogène et d'oxygène fait explo-
sion entre 552° et Sôg"; cette température ne s'abaisse que de 3o° an plus
lorsque la proportion d'oxygène augmente de moitié. L'addition de l'azole
au mélange fait à peine varier la température d'inflammation. L'addition
d'acide carbonique augmente un peu, mais très peu, I,. température d'in-
flammation.
II. — Oxyde de carbone (premier procédé d'observation).
Température
d'inflammation
eoDiprisp entre
1° Oxyde de carbone et oxygène (o'", l'ÏO, o''',8jCO) 630" et 65o°
. (o"',3oO,o'",7oCO) 645°et65o°
(o'»,7oO, o''S3oC0) 650" et 680°
2° Oxyde de carbone et air (o''', 70 Air et o''',3oCOoii o'", 147O, o"',3oC0,
o'",553Az) 650° et GSy»
3° Oxyde de carbone, oxygène et acide carbonique (o''',i50, o'",35CO,
o'",5oC0^) 695° et 7i5"
4° Oxyde de carbone, air et acide carbonique (o''',35 Air, o'", i5C0,
oi",5oC0») 715° et 725°
» Le mélange tonnant d'oxyde de carbone et d'oxygène détone à 647°, 5
(à 2°, 5 près); de grandes variations dans les proportions relatives d'oxyde
de carbone et d'oxygène ne produisent que des variations très faibles,
sinon nulles, dans la température d'inflammation.
>) Le mélange avec l'azote ne fait que très peu varier la température d'in-
flammation. L'acide carbonique l'augmente très notablement.
» Combustion lente. — On a observé que la combinaison lente de l'oxyde
de carbone peut se produire à des températures bien inférieures à celle de
la combustion vive.
» A 6i4°, la combinaison d'un mélange de o,3oO et 0,7060 se faisait, dans l'instant
initial, à raison de o, i5 pour 100 à la seconde.
» En réchauffant graduellement le même mélange dans le pyromètre et comparant les
variations de volume du mélange avec celles de l'air d'un pyromètre à air, on a reconnu
que la combustion lente commençait déjà à 477"> s"'' marchait, à cette température, à raison
de 0,1 pour loo environ par seconde.
o En soumettant à la même expérience im mélange de o,i50, o,35C0et o,5oCO', on
a vu la combustion lente commencer à 496".
» Le même phénomène s'observe pour les mélanges explosifs formés par l'hydrogène.
( 827 )
III. — Hjdrogène protocarboné.
» Les mélanges détonants préparés avec ce gaz présentent un phénomène
très intéressant. Non seulement ils sont susceptibles de donner lieu à une
combustion lente, mais encore, lorscpi'ils sont soumis à une certaine tem-
pérature, ils peuvent s'enflammer au bout d'un temps vflria6/ej d'autant plus
long que la température est plus basse. Il n'y a donc pas, à proprement
parler, pour ces mélanges, de température d'inflammation précise et bien
déterminée.
• C'est ainsi qu'un mélange de o ,700 et o,3o hydrogène protocarboné, introduit dans le
pyromètre, n'a fait explosion ( ' ) qu'au bout de quelques secondes à 65o"; i\ 600° l'explosion
ne s'est pas produite du tout, mais il y a eu combustion lente. Dans le tube (second procédé
d'observation) l'inflammation s'est produite à des températures variables, suivant les con-
ditions de l'expérience et sans qu'on puisse bien apprécier les variations de ces conditions,
entre 600° et 760°.
>> Un mélange contenant o,3oO et 0,70 de gaz a fait explosion dans le pyromètre
entre 6^0° et 660°.
» Un mélange contenant 0,90 Air et 0,10 de gaz s'est enflammé entre 780° et 790°.
» L'existence de ce retard apporté à la combustion vive nous avait paru
pouvoir s'expliquer par la décomposition que l'hydrogène protocarboné
subit sous l'influence de la chaleur.
» Cependant nous nous sommes assurés que cette décomposition ne
prend quelque importance qu'à des températures plus élevées que celles qui
produisent l'inflainmation.
» De l'hydrogène protocarboné pur introduit dans le pyromètre est chauffé à 770° : il ne
se produit pas de variation de volume sensible au bout d'un quart d'heure.
» La même expérience est répétée à 962°: au bout d'une minute environ, on constate une
dilatation déplus de 3o pour 100, qui reste ensuite stationnaire.
» Malgré l'incertitude qui règne sur la température d'inflammation d'un
mélange d'air et d'hydrogène protocarboné, nos expériences montrent
clairement qu'elle n'est pas supérieure à 790° et que l'inflammation peut
même se produire à des températures bien plus basses. Ce résultat paraît
en contradiction avec des expériences anciennes et souvent répétées de
Davy, qui a constaté qu'un semblable mélange placé dans une éprouvette
( ' ) Ces explosions sont bien plus violentes que celles des mélanges d'hydrogène et d'oxy-
gène et remontent à travers les tubes capillaires les plus fins.
( 828 )
ne s'enflamme pas sous l'action d'un fer chauffé au blanc; il faut, pour
produire l'explosion, que le fer soit en pleine combustion.
» Le fait constaté par Davy s'explique aisément par nos observations.
Le gaz circulant autour du fer plongé dans l'éprouvette ne subit pas, pen-
dant un temps suffisamment long, l'action de la température. Si au contraire
on fait rendre très lentement le gaz dans un creuset de fer chauffé au rouge
et renversé pour que le gaz soit forcé de rester en contact avec les parois,
on constate que l'inflammation se produit au bout d'un temps plus ou
moins long, suivant que le creuset est plus ou moins chaud. Le temps
nécessaire pour l'inflammation peut dépasser dix secondes. »
PHYSIOLOGIE. — De l'onde secondaire du muscle. Note de M. Ch. Kichet,
présentée par M. Vulpian.
M Dans une Note présentée à l'Académie [Comptes rendus, i6 juin 1879,
p. 1272), j'ai étudié le phénomène de la contracture musculaire consécutive
à une excitation luiique forte. J'ai fait depuis, sur le même sujet, des expé-
riences qui me permettent de préciser la nature de cette contracture.
» Si l'on prend un muscle d'écrevisse, très frais, et tendu par un poids
faible (4^*^ par exemple), lorsqu'on excite ce muscle pendant une ou deux
secondes par des courants d'induction forts et fréquents, on verra le muscle
se relâcher dès que les excitations électriques auront cessé. Cependant ce
relâchement n'est pas définitif. En effet, alors même qu'il n'y a plus aucune
excitation électrique, au bout de quelques secondes de relâchement, le
muscle se contracte de nouveau et revient plus ou moins complètement à
son état tétanique.
» Cette contraction secondaire dure quelquefois près d'une demi-minute,
puis le muscle se relâche, et au bout d'une ou deux minutes il est complè-
tement et définitivement relâché.
» Nous avons donc là ce phénomène remarquable, d'un muscle qui,
après que la contraction a tout à fait cessé, se contracte de nouveau sans
qu'aucune excitation nouvelle vienne déterminer sa contraction.
» Dans certains cas favorables, on voit bien comment se fait cette con-
traction secondaire : c'est par ondes successives, rythmées, progressives.
Aussi proposé-je d'appeler cette contraction du muscle, consécutive à une
excitation forte, onde secondaire du muscle, l'onde primitive résultant évi-
demment de l'excitation électrique qui a provoqué la contraction première.
( .S2() )
» La force avec laquelle s'opère la constriction du muscle dans cette con-
traction secondaire est peu considérable. Aussi le phénomène n'apparaît-il
pas: 1° si l'excitation est faible; 2° si le muscle est fatigué; 3" si le poids est
tant soit peu fort. Même avec des muscles de grande taille, je n'ai jamais
pu inscrire au myographe l'onde secondaire dès que le poids dépassait lo^"'.
» 11 est très probable que, quelle que soit l'intensité de l'excitation, cette
onde secondaire existe. Elle ne se manifeste cependant dans le tracé myo-
graphique que si l'intensité de l'excitation est grande. Si en effet nous sup-
posons que la contraction musculaire primitive a une force cent fois plus
grande que la contraction musculaire secondaire, en diminuant la force de
l'onde primitive on diminuera dans la même proportion la force de l'onde
secondaire, tellement que cette onde sera alors impuissante à faire soulever
au muscle le plus faible poids.
M La contracture précédemment décrite n'est qu'une forme de celte onde
secondaire.
» Cette onde secondaire, faible, persistant une demi-minute après l'exci-
tation électrique, nous explique comment des excitations successives, même
en apparence inefficaces, rendent le muscle de plus en j)lus excitable, ainsi
que je l'ai montré antérieurement {Comptes rendus, 1879, t. LXXXIX,
p. 242).
» En résumé, il y a, après chaque contraction musculaire, une modifica-
tion du muscle telle, qu'il peut, sans excitation nouvelle, se contracter de
nouve.ui. L'onde primitive est suivie d'une onde secondaire. Si celle-ci est
difficile à constater, c'est que, la force du muscle étant alors extrêmement
faible, les poids les plus faibles peuvent masquer le phénomène (' ). »
PATHOLOGIE. — Suila contagion du furoncle. Note de M. E. Trastour,
transmise par M. Marey.
« A l'appui des idées du D' Lowenberg sur la contagion possible du
furoncle d'individu à individu, je puis vous fournir les faits suivants :
') En 1875, une religieuse, atteinte de rhutnatisme articulaire chro-
nique, au plus haut degré d'impotence et d'infirmités, eut un anthrax au
siège. Cinq soeurs se succédaient et souvent se réunissaient auprès de la
patiente, pour faire les pansements, vu la difficulté de la remuer.
[') Travail du laboratoire de M. Vulpian, à lu Faculté de Médecine.
C. K., ibSo. 2' Semestre (T. XCI, N" £0). 1 OQ
( 83o )
» Deux d'entre elles lavaient les plaies et aussi les linges des cataplasmes
qu'on appliquait. L'uue eut de suite des furoncles, excessivement dou-
loureux, aux doigts et à une main; l'autre n'en eut qu'un à un doigt,
mais il dura trois semaines et fut aussi très douloureux, avec fièvre.
» Deux autres sœurs eurent aussi des furoncles, l'une aux deux avant-
bras, l'autre au visage, toujours avec des douleurs très vives et delà fièvre.
» Quand ces accidents me furent annoncés, je fis prendre des précau-
tions dans les soins donnés à la malade, et je condamnai hautement les
cataplasmes, et encore plus le lavage des linges souillés.
» La cinquième infirmière n'eut pas d'accidents du même genre. Elle
raconta qu'ayant, pendant la guerre, à l'ambulance du couvent, soigné
un blessé qui avait un anthrax très grave, elle avait eu mal à tous les doigts.
Par suite de cette expérience personnelle, elle avait pris, celte fois, la
précaution de mettre les linges à tremper longtemps dans un grand bassin
d'eau, et d'employer un morceau de bois pour les secouer dans l'eau et les
nettoyer. »
TRAVAUX PUBLICS. — Sur remploi des machines perforatrices, supprimant
remploi (les matières explosives. Extrait d'une Lettre de M. Biver à M. De-
lcsse(').
« Les machines perforatrices, acluellement en usage pour le creusement
des tunnels et des galeries de mines, mettent en oeuvre des fleurets qui
percent, dans le front d'attaque, un grand nombre de trous cylindriques
légèrement divergents. Ces trous sont chargés à l'aide de matières explosives,
poudre, fulmicoton, dynamite, etc., et ensuite lires par séries : la roche est
ainsi désagrégée, de manière à en rendre l'enlèvement facile; la quantité
de substance explosive varie d'ailleurs suivant la nature de la roche.
D'après des essais faits dans les mines de lignite des Bouches-du-Rhône,
en 1873, il faut l'^^iSy de poudre de mine pour désagréger, dans ce sys-
tème, i"*^ des calcaires lacustres moyennement durs du bassin de Fuveau :
!*'« de poudre de mine développant environ 270 ooc'^s'», il en résulte qu'il
faut 5o490o'*sm pour désagréger i""-' desdits calcaires par l'explosion.
» D'un autre côté, M. J.-D. Brunton croit pouvoir compter, avec sa
(') Voir Comptes rendus, t. XCI, p. SaS : Sur la machine à tunnels de Brunton.
A la page526, 1'= ligne, il Hiut lire 355o''s par décimètre cube au lieu de par mètre cube.
( ^!3, )
machine à tunnels, flans les mêmes calcaires de Fuveau, siu' nn avance-
ment de o"',6o par henre, le tunnel ayant 2™, 20 de diamètre et la machine
recevant 3o chevanx-vapeur de force utilisable; cet avancement corres-
pond à 2'"*',28 désagrégés par heure, tandis que la force de 3o chevaux-
vapeur représente par heure 8100000''^'" : ce serait, par conséquent,
3 55oooo'"-"' par mètre cube de roche désagrégée ou plus de sept fois la
force de la poudre employée au même travail. Il y a donc lieu d'admettre
que la part de force absorbée par les frottements, par les décompositions
de force et par le mode d'agir particulier aux outils de M. Brunton, a été
assez largement prévue.
» On peut faire un rapprochement curieux sur le coût relatif des deux
agents de désagrégation, la poudre et le charbon : i''s de poudre de mine
produit 270000''^ et coûte 2'',5o; d'un autre côté, i''s de charbon fournit
pratiquement, dans une machine puissante et perfectionnée, i cheval-
vapeur pendant une heure ou 270000'^*-'™ deforce mécanique utilisable, et, en
moyenne, coûte seulement o*^"^, o25. On a donc sensiblement la même force
mécanique utilisable pour le même poids des deux substances; mais le
prix de revient de la poudre de mine est le centuple de celui du charbon. »
M. PuisEux fait hommage à l'Académie, au nom de M. John Case)',
d'un Mémoire intitulé On cubic transformations.
« Ce travail étendu, qui a paru dans la Collection des Mémoires de
l'Académie royale d'Irlande, renferme un grand nombre de propositions
intéressantes, relatives à la théorie des courbes du troisième ordre; il
ajoutera certainement à la réputation d'habile géomètre que l'auteur s'est
déjà acquise par ses travaux antérieurs. »
La séance est levée à 4 heures trois quarts. J. B.
( 832 )
BULLETIN BIBLIOGRAPUIQUE.
OoVKiGES RÉÇOS DANS LA SÉANCE DU 1 5 NOVEMBRE l88o.
Description des machines et pwcédés pour lesquels des brevets d'invention ont
été pris sous le régime de la loi du 5 juillet 1 844? publiée par les ordres de M. le
Ministre de i' Agriadlure et du Commerce; t. XIX (l'" et IP Parties), nouvelle
série. Paris, Impr. nationale, 1880; 2 vol. 111-4°.
Exposition universelle de Melbourne en 1 880. France. Notices sur les Dessins,
Modèles et Ouvrages relatifs aux Services des Ponts et Chaussées, des Mines, des
Bâtiments civils et Palais nationaux, réunis par les soins du Ministère des Travaux
publics. Paris, Impr. nationale, 1880; in-8° relié.
Melbourne universal exhibition, 1 880. France. Notices on the Designs, Modets
and Works pertaining to the Services of the « Ponts et Chaussées », the Mines
and the public Edifices and national Palaces, collected by the Ministry of public
TVorks. Translatée! by David Coales. Paris, National Press, 1880; in-8°
relié.
Mémoires et Bulletins de la Société de Médecine et de Chirurgie de Bordeaux ;
année 1879. Paris, G. Masson ; Bordeaux, Féret et fils, 1880; in-8°.
Marius Fontane. Histoir-e universelle. Inde védique [de 1800 à 800 av.
J.-C). Paris, A. Lemerre, 1881; in-8°. (Présenté par M. deLesseps.)
F. MusANY. Le dressage méthodique et pratique du cheval de selle. Paris, J.
Diimaine, 1879; in-8". (Présenté par M. Alph. Milne Edwards.)
F. Mdsawt. Conseils pour le dressage des chevaux difficiles. Paris, J. Du-
maine, 1880; in-8°. (Présenté par M. Alph. Milne Edwards.)
OEuvres du docteur Jvl,t!.s Guérin; 2* et 3'' livraisons. Paris, au bureau de
la publication, rue de Vaugirard, 46, 1880; i vol. in-8°, avec Atlas in-4°.
(Présenté par M. de Quatrefages.)
Note sur la région diamantifère de l' Afrique austr'ale; par M. M. Chaper.
Paris, G. Masson, 1880; in-8°. (Présenté par M. Friedel.)
Bulletin de la Société des Sciences naturelles de Neuchâtel; t. XII, i*^"^ cahier.
Neuchâtel, impr. Wolfrath et Metzner, 1880; in-8°.
De l'utilité de la vérification du lait; par Eue. Marchand. Rouen, impr.
Cagniard, 1880; br. iii-8°.
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 22 NOVEMBRE 1880.
PRÉSIDENCE DE M. EDM. BECQUEREL.
MEMOIRES ET COMMUIVICATlOiVS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
ASTRONOMIE. — Observations méridiennes des petites planètes, faites à l'Obser-
vatoire de Greenwicli [transmises par T Astronome royal, M. G.-B.Aiut)
et à l'Observatoire de Paris pendant le troisième trimestre de l'année 1880.
Communiquées par M. Mouchez.
Correction Correction Lieu
Dates. Temps moyen Ascension de Distance de de
1880. de Paris. droite. l'éphéracr. polaire. l'éphémér. l'observation.
© NÉMÉSIS.
htnshms s O/w 0
Juin. 29 12. 13.34 18.46.19,04 -{- 1,36 116. 56. 58, 4 — o, i Paris.
Juill. 5 11.43. 9 18.40.28,44 H- '-25 117. i5. 8,4 — 3,2 Paris.
6 ii.38.i4 i8. 39.19,88 -+- 1,01 117. 18. 0,0 — 0,5 Paris.
0 Vesta.
Juiil. 5 9.24.44 16.21.40,91 + 1,47 107.13.24,2 +5,8 Paris.
6 9.20.26 16.21.19,23 -f- 1,62 107.17.50,6 H- 6,1 Paris.
C. R., 1880, 2» Semestre. (T. XCl, «"21.) I I O
( H34 )
1880.
Correction
Correction
Lieu
;mp5 moyen
Ascension
de
Distance
de
do
de Paris.
droite.
l'éphémér.
polaire.
l'éphémér.
l'observation
0 Iris.
Juin .
5 ii.5i.i2 i8. '18.32,84
6 11,46.11 18.47.27,51
i5 ii.io.3i 18,37.52,39
27 lo. 3. o 18.26.47,81
3,72
109.27. 0,7
- 5,3
Paris.
3,72
109.26. 18,6
- 2»9
Paris.
■^.79
1 09 . 20 . 1,7
H- 0,6
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109. 12 .35,3
»
Paris.
(ïs) Melpomène.
Juin .
n -
1 1 .42. 1 1
20
6.17.C1
+ 2,97
100. 58. 4>6
+ 0,9
Paris.
28
11. 37. 22
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5 . 2 1 , 3 1
+ 3,i5
101. 7.26,5
+ 0,3
Paris.
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+ 3,14
101.17. 1,1
+ 4,7
Paris.
Août
3
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+ 2,85
102. G. 7,6
4- 3,9
Paris.
4
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58.55,23
+ 2,97
102. 16. i3,6
+ 5,5
Paris.
10
10.44. 9
»9
53.54,36
+ 2,62
(v) Thétis.
io3. 17.43,8
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Greenwich
Août.
4
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+ 0,84
108. 16. 5i , I
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Paris.
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- 7'7
Paris,
Août.
23
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11.52,97
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Paris.
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Paris.
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10. 43. 56
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97.27.47,0
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21
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98.22.33,0
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Paris.
3i
10.26.42
21.
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Paris.
Sept.
I
10. 22.27
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21
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3
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Paris.
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Sept.
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95.38.18,7
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Paris.
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Paris.
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26
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Paris.
27
12,39.32
23,
5 . 59 , 0 1
— 1 ", , G ")
10U.37. 7,3
— j ,0
Paris.
( 835 )
Dates. Temps moyen
1880. de P.iris.
Août lo I2.a5.49
Sept.
Si
I
3
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27
28
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12.21 . 14
12. 16. 38
12.12. 2
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12.12. 8
I o . 3 I . 36
10. 18.20
10. 13.57
10. c).35
Sept. 4 i3. 3.46
24
27
28
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3o
Oct.
II. 17. 27
II. 2.58
10. 58. 9
10.53.21
10.48.34
10.43.48
Sept. 24 1 1.4^. 18
27 I I .28. 18
28 11.23.39
29 11.19. o
30 II.l4.?2
Oct.. I II. 9.44
Sept. 24 11.53. 1 5
27
28
3o
Oct.. I
ii.38.5o
11.34. 2
I I . 24 . 26
II. 19. 38
Correction
Correction
Lieu
Ascension
do
Disl.ince
de
de
droite.
l'éphémér.
polaire.
l'éphémér.
l'observation
0
EuNiKÉ (suite).
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23. 4. 3,28
9
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101.25.27,3
Paris.
23. 3. 23, go
— 12,52
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Paris.
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Paris.
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23.54
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4,01
21 ,82
28,82
36,72
45,69
55,43
58,86
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, 0.20,7
, 2.5o,3
5.14,4
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42.10,7
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53.38,3
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Sept. 3o 11.57.36
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Paris.
Paris.
Paris-
Paris.
Paris.
Paris.
Paris.
Paris.
Paris.
Paris.
Paris.
Paris.
Paris.
Paris.
Paris.
Paris.
Paris.
■19.8
•«9»'
Paris,
Paris.
( 836 )
» Les comparaisons de Vesta se rapportent à l'éphéméride du Nautical
Jlmanac; celles de Camille, à l'éphéméride publiée dans la circulaire
n" 141 du Berlinev Jahrbuch.
» Toutes les autres se rapportent aux éphémérides du Berliner Jahrbuch.
» Les observatious de Paris ont été faites par M. Henri Renan. »
PHYSiQtJE DU GLOBE. — Les soui'ces ihet maies de la chaîne du lilloraldu Venezuela
[Américiue méridionale) . Note de M. Boussixgault.
« La chaîne littorale s'étend, à l'ouest, depuis le cerro de A.vila jusqu'à
Nueva Valencia, où elle se confond avec une ramification de la Cordillère
orientale des Andes. Parallèlement, une ligne de montagnes peu élevées
limite au sud les plaines de l'Apure et de l'Orénoque. C'est à partir du
groupe de collines de Higueroteque commencent les vallées d'Aragua, dont
les eaux, n'ayant pas d'issue vers la mer, forment le grand lac deTacarigua.
» Le massif du littoral est constitué par le granit et le gneiss ; on y con-
naît plusieurs sources thermales, dont les plus importantes par leur abon-
dance et leur température sont celles d'Onoto, de Mariara, près de la ville
deMaracay, et de las Trincheras, située à peu de distance de Valencia.
» L Sources d'Onoto (altitude 696"). — L'eau sort du gneiss de trois
bassins placés au même niveau et donne naissance au ruisseau de Aguas
calientes. J'ai trouvé la température de 44°>5, un thermomètre à l'ombre
marquant 3o°.
j) L'eau n'avait pas d'odeur; les réactifs n'y occasionnèrent aucun pré-
cipité ; 1'", évaporé] à siccité, laissa un faible résidu siliceux ayant luieréac- ,
tion alcaline.
» Du fond des bassins s'élevaient, par intermittence, des bulles de gaz
azote. Le terrain environnant les sources est couvert de blocs de roches
évidemment détachés du sommet de la Cordillère. Un de ces blocs grani-
tiques, de forme hémisphérique, avait 9" de circonférence; des fragments
de gneiss, riches en grenat, sont épars dans la savane; au sitio del cerro
de laPrcnada, cette roche, en place, renferme des amas d'un calcaire blanc
saccharoïde.
» IL Sources de Mariara (altitude 553"). — Ces sources sont à quelques
milles au nord-est de Maracay, près du hameau de Mariara, dans une sorte
d'amphithéâtre en granit renfermant de longs cristaux de feldspath, mêles
à des lamelles de mica argentin ; la roche est liée au gneiss et à un mica-
(837 )
schiste abondant en grenats. Les pics dentelés, de formes bizarres, qui ter-
minent le granit donnent un aspect singulier, on ponrrait dire lugubre, à
la localité nommée le Coin du Diable ( Rincon del Diablo).
» C'est dans cette enceinte que de plusieurs cavités surgit de l'eau à une
température de 36" à 60°; son régime est assez fort pour donner naissance à
la rivière de Aguas tibias. L'eau la plus chaude sort à la partie inférieure;
le thermomètre s'y maintint à G4°; quand on vient de la recueillir, elle
possède une odeur d'acide hydrosulfurique, qui se dissipe par le refroi-
dissement au contact de l'air. Les réactifs y indiquent des traces de sulfates
et de carbonates; évaporée, elle laissa un résidu siliceux ramenant au bleu
le tournesol rougi par un acide. Du fond des posos d'où les sources appa-
raissent on voyait sortir, toutes les deux ou trois minutes, une série de
bulles de gaz azote.
» L'eau de Mariara diffère donc de celle de l'eau d'Onoto par une tem-
pérature notablement plus élevée, par la présence de l'acide sulfhydrique
et, je dois ajouter, par ce fait curieux qu'il s'y développe, malgré une
chaleur de oo" à 60°, deux plantes aquatiques, signalées par de Humboldt,
l'une membraneuse, l'autre à fibres parallèles. La première rappelle VUlva
la byrinthi forma de Vandelli, qu'on rencontre dans des sources chaudes
de l'Europe.
» IIL Sources de las Trincheras, près Ntteva Falencia. — Le lac de Taca-
rigua, dans la belle et fertile vallée d'Aragua, a lo lieues de longueur sur
une largeur moyenne de 2 lieues; sa profondeur varie de 18" à 24™. En
février, sa température, prise à la surface, était de 24°. On peut adopter,
pour l'altitude, SSy""; c'est celle que j'ai trouvée à Maracay, bâtie sur la
plage septentrionale. On y voit de nombreux îlots de gneiss, dont quelques-
uns sont habités, et couverts d'une vigoureuse végétation.
» La ville de Nueva Valencia, peu éloignée des thermes de las Trin-
cheras, est à 5""" à l'ouest du lac; elle fut fondée en i536. Avant d'atteindre
l'état prospère que lui procure la culture du cotonnier et de l'indigotier,
Valencia eut à subir de rudes épreuves, dont quelques-unes appartiennent
aux épisodes les plus dramatiques et les plus terribles de la conquête. Qu'il
me soit permis de les rappeler ici, d'apès Oviedo (').
» Uncaballerobiscayen, Lopes de Aguirre, issu de parents pauvres, mais
nobles, passa en Amérique pour, suivant son expression, y « travailler la
» lance à la main ». Après avoir fait la guerre dans le Pérou, il descendit
(') OviEDO, Historia de la provincia de Venezuela.
( 838 )
le Maragnon, parvint à l'île de Margarila, et de là, par le port de Barba-
ruta, pénétra dans la vallée d'Aragua. A son approche, tous les habitants
de Valencia s'empressèrent de se retirer dans les îles du lac Tacarigua,
emmenant avec eux toutes les embarcations du rivage.
» En entrant à Valencia, le tyran Lopes proclama l'indépendance du
pays et la déchéance de Philippe II. C'est de cette ville qu'il adressa cette
fameuse lettre au roi d'Espagne, qui, dit de Humbolt, peint avec une
effrayante vérité les moeurs de la soldatesque au xvi* siècle. Lopes se
vante tour à tour de ses crimes et de sa piété (').
» Voici quelques passages de cette lettre, imprimée pour la première fois
en 1723 :
«... Nous ne nous regardons ]iUis comme Espagnols : nous te faisons une guerre cruelle,
parce que nous ne voulons pas endurer l'oppression de tes ministres. Je suis boiteux du
pied gaurlie par deux coups d'arquebuse que je reçus dans la vallée de Coquimbo, com-
battant sous les ordres de Ion maréchal, Alonzo de Alvarado, contre François Hernarulez
de Giron, rebelle alors comme je le suis à picsent et le serai pour toujours, car depuis que
ton vice-roi, le marquis de Caùcte, fit pendre nos plus vaillants guerriers, je ne fais pas
plus de cas de tes pardons que des livres de Martin Lutjier. ... J'ai la certitude que peu de
rois vont au ciel; aussi, nous autres, nous nous regardons comme très heureux de nous
trouver ici, aux Indes, conservant dans toute leur pureté les mandements de Dieu....
» ... En sortant de la rivière des Amazones, nous débarquâmes dans une île qu'on
nomme la Margarita. C'est là que nous reçûmes d'Espagne la nouvelle de la grande faction
des luthériens. Cette nouvelle nous lit grand'peur. Nous trouv.îmes parmi nous un de cette
faction; son nom était Monte Verde. Je le fis mettre en pièces, comme de droit; car crois-
moi, seigneur, que partout où je suis on vit suivant la loi....
» En i55g, le marquis de Caùete envoya à l'Amazone Pedro de Ursua, Navarrois; nous
naviguâmes sur les plus grandes rivières du Pérou — Nous avions déjà fait trois cents lieues
lorsque nous tuâmes ce mauvais et ambitieux capitaine. Nous choisîmes pour roi un cava-
llero de Séville, Fernand de Gusman, et nous lui jurâmes fidélité. On me nomma son maître
de camp, et, parce que je résistais à ses volontés, on voulut me tuer; mais, moi, je tuai le
nouveau roi, son capitaine des gardes, son lieutenant généial, son chapelain, une femme,
un chevalier de l'île de Rhodes, deux enseignes et cinq ou six domestiques du prétendu
roi.... Je nommai des capitaines et des sergents; ils voulurent me tuer, mais je les fis pendre
tous. C'est au milieu de ces aventures que nous naviguâmes onze mois jusqu'à l'embouchure
de la rivière. Nous fîmes plus de quinze cents lieues. Dieu sait comment nous sommes sortis
de cette grande masse d'eau !
» Lopes de Aguirre, abandonné des siens, fut tué à Barquisimeto. Au
moment de succomber, il plongea le poignard dans le sein desafilleunique,
pour qu'elle n'eût pas à rougir du nom de la fille d'un traître.
(') HuMBOLDT, Relation liistoriquc du voyage aur régions ëquinoxitites, t. V, p. 234.
( ^M) )
» Dans la croyance des indigènes, l'âme du lyran erre dans les savanes
comme «ne flamme fuyant l'approche des hommes ('). Ce sont des feux
rougeâlres, mobiles, des éclairs sans tonnerre que j'ai pu observer durant
des Jinits sereines, sur les pentes de la Sierra Nevada de Meritla, dans la
direction du golfe ou sac de Maracaïbo.
» En 1578, Valencia courut un nouveau danger: ce fut l'incursion desCa-
ribes de l'Orénoque. Cette horde anthropophage traversa les plaines en re-
montant les rives du rio Guarico, et parvint jusqu'au lac de Tacarigua ;
heureusement elle fut repoussée par la valeur du capitaine GarisGonzalès.
Les descendants de ces mêmes Carihes vivent actuellement dans les mis-
sions comme de paisibles cultivateurs.
» Enfin, un siècle plus tard, en 167S, des flibustiers français saccagèrent
Nueva Valencia, après avoir pénétré dans la vallée d'Aragua par l'ouverture
(abra) que présente la chaîne granitique du littoral. C'est le chemin de
Puerto Cabello. On monte d'abord une pente douce jusqu'à proximité de
la ferme de Barbula où est l'arête de partage; c'est dans un ravin que se
trouvent les sources de las Trincheras, aussi remarquables par leur tem-
pérature élevée que par leur abondance. Le nom de las Trincheras vient
des fortifications que construisirent les flibustiers. La position était bien
choisie. En cas d'une défaite essuyée dans la vallée d'Aragua, la retraite
vers la mer était assurée. Un examen attentif montre que les travaux
avaient été exécutés avec intelligence. Nul doute que, comme moyen
de défense, les aventuriers pouvaient lancer sur les assaillants des masses
d'eau bouillante.
» Les sources forment un ruisseau de S'^àG^de largeur, sur une profon-
deur deo'^jSo; c'est le rio de Aguas Calientes. L'eau chaude jaillit à une
cinquantaine de mètres au-dessus du ravin , de deux cavités ouvertes
dans le granit et du fond desquelles, de temps en temps, sortent des bulles
d'azote.
» Dans l'un des bassins j'ai trouvé pour la température 92°, 2, dans
l'autre 96°, 9.
» Après les sources d'Urijino, au Japon, qu'on assure débiter de l'eau
pure à 100°, celles de las Trincheras seraient les plus chaudes du monde.
» L'eau est douée d'une odeur très prononcée d'acide sulfhydrique,
qu'elle conserve quand elle est refroidie en vase clos, mais qu'elle perd en
se refroidissant à l'air libre; ainsi refroidie, elle est sans savear; les réactifs
[' ) IluMBOLDT, Rvlatinii historique, t. V, |i. 7.15.
( 84o )
y accusenldefaiblesproportions de chlorures et de siilfales;en l'évaporant,
on en retire un résidu de silice à réaction alcaline.
» Avec les moyens dont je disposais, je dus me borner à ces quelques
essais, en regrettant de ne pouvoir faire l'analvse complète d'une source
aussi remarquable, apportant de l'intérieur de la terre, comme toutes les
sources thermales, des substances utiles aux organismes qui vivent à la
surfilée du globe; aussi ce fut avec une bien vive satisfaction qu'en 1878,
lors de l'Exposition internationale, je découvris, parmi les intéressants
produits venus de Venezuela, un flacon contenant une dizaine de litres
d'eau de lasTrincheras, que le commissaire de la république américaine,
qui est un chimiste distingué, M. IMarcano, s'empressa de mettre à ma dis-
position.
» L'eau était bien conservée, à en juger par le gaz sulfbydrique qu'elle
tenait en dissolution ; elle était limpide, reposant sur un faible sédiment flo-
conneux, d'une teinte jaunâtre (').
» Voici le résultat de l'analyse exécutée dans mon laboratoire du Con-
servatoire des Arts et Métiers, et rapporté à i'" de liquide :
er gr
Chlore .... o, o58 Lithine traces
Acide sulfurique o,o34 Silice o, 127
Acideborique 0,000 Oxyde de fer 0,012
Soude 0,066 Acides sulfhydrique, carbo-
Po'asse o, oi4 nique indéieralnés
Chaux 0,01 3 Oxyde de cuivre 0,000
Magnésie o , 006 Arsenic o , 000
i> La silice soluble est relativement en assez forte proportion. Cette pro-
portion dépasse celle que l'on trouve dans les eaux de Plombières, de
Carlsbad et d'Aix-la-Chapelle. C'est, sous le rapport de la teneur en acide
silicique, avec l'eau des geysers d'Islande que la source de las Trincheras
offre le plus d'analogie; comme ces eaux, elle dépose des concrétions sili-
ceuses, aux points d'émission.
» L'absence du cuivre a été admise, après avoir employé pour le décou-
vrir les procédés les plus délicats de l'électrolyse, et c'est à M, L'Hôte,
dont l'habileté comme analyste est bien connue de l'Académie, qu'avait été
confiée la recherche de l'arsenic.
(') Il y aurait à examiner ce sédiment, dans lequel on rencontrerait probablement des.
substances que ne contenait jias l'eau limpide.
( 84r )
» J'ai été surpris qu'une source thermale aussi abondante, placée à
proximité d'une assez nombreuse population, ne fût pas fréquentée par des
malades; est-ce parce que, à l'époque où je m'y trouvais, il n'y avait pas
dans la contrée de médecins qui pussent en recommander l'usage!
» Lorsque je me rendis de Nueva Vaiencia à lasTrincheras, Puerto-t^a- -
bello était encore au pouvoir des Espagnols; le général Paez en faisait le
blocus; l'ennemi, à court de vivres, exécutait de fréquentes sorties pour s'en
procurer; dans cet état de guerre, je jugeai prudent de ne pas emporter
mon baromètre, instrument précieux construit par Fortin, qu'Arago avait
comparé au baromètre de l'Observatoire, et qui aurait pu être endommagé
dans un engagement.
» Je déterminai l'altitude par l'ébullition de l'eau; je trouvai que les
sources devaient être élevées de 3oo™ à SSo" au-dessus de la mer.
» Je mets en regard l'élévation des sources et leur température :
Altitude. Température,
m 0
Onoto 696 44, 5
IMariaia 553 64,0
Trincheras 3oo à 35o"" 96,9
» Ces sources sortent de la même roche, d'ini même massif de mon-
tagnes et dans un périmètre limité; ce qu'elles présentent de curieux, c'est
que, en partant du haut vers le bas, l'accroissement de leur température
serait proportionnel à la différence en altitude : 1° d'augmentation de
chaleur pour une différence de niveau de 6™ à y™.
GÉOGRAPHIE. — Reconnaissance du Napo [Amérique équaloriale).
Note de M. de Lesseps.
« M. Wiener, vice-consul de France à Guayaquil, port de la république
de l'Equateur, vient de traverser en sept mois l'Amérique méridionale
dans sa plus grande largeur, de Quito au Para. Le courageux voyageur a
descendu un des affluents les plus importants de l'Amazone, le Napo,
celte grande rivière découverte il y a trois siècles et demi par Gonzallo
Piznrre et qui sert de limite entre l'Equateur et la Colombie. C'est de ses
bords que partit Orellana pour aller vers la mer, ce qui amena la décou-
verte de l'Amazone. M. Wiener a refait le même voyage, mais avec toute
la précision que comporte notre époque : il a relevé et sondé le Napo,
G. R., i!^8o, 2' Semeslre. (T. XCI, N« 21.) I f I
( H4^ )
reconnu maintenant navigable sur un millier de milles à partir de son
confluent, et il a complété ainsi l'étude d'un itinéraire fort important poiu-
l'avenir, entre Manabi et Peroaté. Une. Lettre qu(^ je reçois de M. Wiener
résume les résultats si intéressants de l'expédilion du hardi explorateur,
qui, malgré ses fatigues, n'hésite pas à retoin-ner h son poste en remontant
le Huallaga, un autre tributaire considérable de l'Amazone.
" Ma mission à travers le Napo est terminée. Je puis dire avec satisfaction qu'elle a
réussi.
• J'ai ouvert la troc/ta de Papalleala .'i Baeza, et, de là au Napo, Je me suis servi d'une
trocha existant encore en partie. J'ai traîné la chaîne d'arpenteur ii travers la forêt vierge,
et puis j'ai fait sur le Napo un travail hydrographique qui permettra de dessiner non seu-
lement le fleuve, mais encore le chenal.
» Comme ce travail a été précédé d'un arpentage de Quito à Nanabi, et que je l'ai con-
tinué jusqu'à Pervonlé sur l'Amazone, dernier point étudié et indiqué sur les Cartes des
pilotes brésiliens, mon expédition, au point de vue géographique, com])lète pour la ])re-
mière fois la mesure de l'Amérique méridionale dans sa plus grande largeur.
» Au point de vue commercial, j'ai [larcouru une grande et belle voie que la nature a
tracée à travers cet immense continent.
» Au point de vue colonisateur, je pourrai fournir, sur une région plus grande que la
France, des renseignements précis, et, dès maintenant, je puis dire que cette région mérite
mieux que le rôle d'un pays de transit. C'est un terrain fécond, sous un climat doux, qui ne
demande qu'à être travaillé pour rendre mille fols la semence qu'on lui confie ; et quelle
semence ! Les exploitations agricoles les plus rémunératrices peuvent y être tentées avec
plein succès : le sucre, le café, le cacao, le caoutchouc, etc. »
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
VITICULTURE. — Sur les traitements des vignes par le sulfure de carbone.
Note de M. P. de Lafitte.
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
« Dans les Mémoires ou articles, déjà nombreux, que j'ai publiés sur dif-
férents sujets qui touchent au Phylloxéra, lorsque j'ai cité une observation
ou une idée, je n'ai jamais omis sciemment d'en nommer l'auteur. Je crois,
par cela même, pouvoir réclamer ce qui semble m'appartenir. Je veux par-
ler ici de la distribution des trous sur le terrain, dans les traitements par le
sulfure de carbone. Voici ce que j'en disais au Congrès vilicole de Cler-
mont-Ferrand, à la séance du matin, le i^' septembre dernier (' ) :
(') Compte rendu officiel publié par la J'igne française, numéro du 3o septembre 1880,
p. 354, colonne 2, en bas.
( 843 )
« Il y a longtemps que j'ai pratiqué elfait connaître un moyen fort sim|)le d'obtenir une
distribution parfaitement régulière des trous sur le terrain. Je nie sers de cordeaux, qui per-
mettent de les distribuer sur des rangées parallèles, et, sur ces cordeaux, je fais des nœuds
simples cquidistants, qui permettent de placer les trous à des distances rigoureusement
égales.... Cha(]ue ouvrier n'a qu'à suivre son cordeau et poser la pointe du pal à côté de
chaque nœud, qui se voit parfaitement.... »
» Celte méthode est décrite dans une brochure publiée au mois d'oc-
tobre 1878,6! signalée dans les Compter rendus (séance du 28 octobre 1878).
Le caractère distinctif en est que la place de chaque trou d'injection se
trouve fixée indépendamment de la position des souches. J'ai essayé, à
Clermont, de faire ressortir les nombreux avantages qu'on y trouve. Ici, il
y a lieu d'en rappeler un seulement :
« 3" On peut ainsi placer chaque trou exactement à hauteur du milieu de l'intervalle
onire deux trous consécutifs des rangées adjacentes. Cette disposition est tellement impor-
tante, que, si on la compare à celle où les trous sont tous à la même hauteur, on peut obte-
nii' avec la première un effet meurtrier aussi énergique (') qu'avec la seconde en rédui-
Siint le nombre des trous dans une proportion considérable. Le calcul prouve que cette
réduction peut être supérieure ait qitari [-] du nombre total (').... »
)) A cùlé des avantages de cette méthode, je ne vois encore à signaler
qu'un inconvénient, tenant à ce fait, découvert par M. Boiteau, que le sul-
fure de carbone exerce une action fâcheuse sur les racines dans un rayon de
o™ 10 autour de la dose toxique. Il arrive très fréquemment qu'une souche
se trouve placée à hauteur d'un trou d'injection, et, si la souche sort de
l'alignement de son rang, et en sort du côté du trou, elle en peut être très
rapprochée : danger qui n'existe jamais quand on règle la position des
trous par celle de la souche elle-même. Le mieux est, je crois, de passer
(') Dans un Mémoire étendu, jirésenté à l'Académie et signalé aux Comptes rendus de la
séance du 7 avril 187g, l'égalité d'effet meurtrier est définie par l'égalité des rayons des
cercles circonscrits aux triangles ayant pour sommets trois tious d'injection voisins, et cette
définition y est justifiée avec des développements qui ne sauraient trouver place ici.
C) Cette réduction varie avec la distance des lignes de trous et la distance correspon-
dante des trous dans chaque ligne, le nombre total des trous par hectare restant rigoureuse-
ment le même, quel que soit le mode de plantation de la vigne, A Clermont, parlant d'après
mes souvenirs, j'ai dit au tiers ou au quart. Depuis, j'ai consulté les Tableaux du Mémoire
précité, qui s'appliquent à tous les systèmes usités de plantation de la vigne, reconnu qu'on
pouvait réduire i)ar{ois de plus du quart le nombre des trous, sans arriver cependant au
tiers, et j'ai rectifié sur ce point le compte rendu du Congrès (p. 355, en bas).
!^) Revue précitée, p. 355, colonne i, en bas.
( W\ )
outre, le danger signalé par M. Boiteau s'étant montré, dans la pratique, à
peu près négligeable.
» J'ajoutais à Cermont :
« Le détail de la méthode pratique a été publié en 1878. Il semble qu'on tourne autour
de la méthode sans vouloir y entrer. Dans une Noie parue dans les Comptes rendus du 4 mai
187g, M. Boiteau explique que, dans les vignes plantées irrégulièrement, il prend une ligne
d'opération ; dans une Note parue dans les Comptes rendus du 26 janvier i88o, il place ses
trous sur des lignes parallèles, comme il l'a expliqué tout à l'heure : encore un pas, et le
progrès sera réalisé ('). »
M La comparaison des dates rapportées dans cette Note suffira pour faire
attribuer à chacun ce qui lui appartient. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur la réduction simultanée d'une forme qua-
dratique el d'une ferme linéaire. Mémoire de M. H. Poixcaré. (Extrait
par l'auteur.)
(Renvoi à la Commission précédemment nommée.)
« Dans un Mémoire précédent [Comptes rendus, séance du i4 juin 1880),
j'ai étudié les questions relatives à la réduction et à l'équivalence des
formes cubiques ternaires. Parmi ces formes, celles de la cinquième et de
la sixième famille sont décomposables en un facteur linéaire et un facteur
quadratique. J'avais donc été conduit à étudier la réduction d'un système
composé d'une forme linéaire et d'une forme quadratique.
» D'après les conseils de M. Hermite, j'ai poursuivi les résultats obtenus
et j'ai cherché à approfondir Tétude des conditions d'équivalence ou des
substitutions semblables de pareils systèmes.
M J'ai laissé de côté les systèmes qui correspondent aux formes cubiques
delà sixième famille. J'ai fait voir seulement que, à la condition de modifier
un peu la définition des systèmes réduits, il n'y avait, quand les invariants
algébriques restaient constants, qu'un [nombre fini de systèmes réduits à
coefficients entiers. En ce qui concerne les systèmes qui correspondent aux
formes cubiques de la cinquième famille, j'ai eu à examiner trois cas.
» Dans le premier cas, on ramène la réduction à celle d'une forme dé-
finie.
(') Page 356, colonne i du compte rendu du Congrès, dans la Revue précitée.
( 845 )
» Dans le deuxième cns, on obtient un nombre fini de systèmes réduits,
parmi lesquels il en est deux que j'appelle exlrêines et dont les coefficients
se calculent très aisément. Il n'y a pas de substitution semblable.
» Dans le troisième cas, le problème se ramène à la réduction d'une
forme quadratique linéaire indéfinie. C'est ce cas qui est le plus intéressant,
parce que c'est le seul où il y ait des substitutions semblables. Y a-t-il
des transformations binaires à coefficients entiers qui reproduisent un sys-
tème composé d'une forme linéaire et d'une forme quadratique? C'est là un
problème qui a été déjà traité par M. Hermite, dans son célèbre Mémoire
sur les formes quadratiques ternaires {Journal de Crelle, t. 4-7), M. Her-
mite a fait voir qu'on pouvait le ramener à la solution en nombres entiers
de l'équation
où G est une quantité donnée.
» C'est aussi à une équation de cette forme que j'ai été conduit, par une
voie toute différente. Mais elle ne m'aurait pas suffi pour trouver toutes les
substitutions semblables, ce qui était mon but, et j'ai dû avoir recours à
d'autres considérations.
» A et B étant des nombres complexes existants, C un nombre com-
plexe idéal, je conviens d'écrire
A = B (mode)
lorsque A — B est divisible par C, et je fais voir que ces congruences com-
plexes jouissent identiquement des mêmes propriétés que les congruences
ordinaires, et en particulier de celles qui sont une conséquence du théo-
rème de Fermât. Je ramène ensuite le problème des substitutions sem-
blables à la résolution d'une congruence complexe de la forme
A'"=i (mode),
qui se traite de la même façon que les congruences ordinaires de la même
forme.
» J'ai donné quelques exemples numériques, et j'ai fait voir, par
exemple, par des calculs très rapides, que la plus simple des substitutions
linéaires à coefficients entiers qui reproduisent le système
est la suivante :
x = Xf+ 5918360^,+ i465i28oz,,
y— ^SoggiiOij-, + 1 129195205, ,
-— 188199207,+ 460992012,.
( 846)
» J'ai fait, en passant, une remarque que je crois nouvelle. Supposons
que i2 soit un entier impair, que a et b soient deux entiers tels que
a- — b-il. =.- 1
et soient plus petits que tous les autres entiers satisfaisant à cette condition,
quec et d soient des entiers impairs tels que
c--d-Li = 4
et soient plus petits que tous les antres entiers satisfaisant à cette condition;
j'ai fait voir qu'on aura
I ^- I = a -h b\iJ.. »
M. D. Cahrère adresse la prenîière Partie d'un Mémoire concernant un
procédé de résolution-d'une équation du sixième degré, dont toutes les ra-
cines sont imaginaires.
(Commissaires : MM. Bonnet, Puiseux, Bouquet.)
M. MoNsiÉJA adresse un Mémoire sur l'origine de l'électricité atmosphé-
rique.
(Renvoi à l'examen de M. Desains.)
M. Ch. Brame adresse un Mémoire portant pour titre ; < Cristallogénie
vésiculaireet encyclide; rayon d'influence ».
(Renvoi à la Section de Physique.)
M. A. Di'MoxT adresse, par l'entremise de M. de Lesseps, un certain
nombre de documents indiquant l'état actuel du projet de canal d'irri-
gation dérivé du Rhône.
(Renvoi k la Commission précédemment nommée.)
CORRESPONDANCE.
M. le Skcrétaihe perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance, deux nouveaux fascicules des « Annales du Bureau cen-
( 84: )
tral météorologique de France », année «879, savoir « I. Étude des orages
en France et Mémoires divers » et « IV. Météorologie générale ».
ASTRONOMIE. — Sur les Tables du mouvement de Saturne de Le Verrier.
Note de M. A. G.4illot, présentée par M. Mouchez.
« M. Hugo Gyldén a publié récemment, dans le Vierteljalirsschrifl di-r
astronomischen Gesellschaft, une Notice consacrée à l'examen des Tables do
Jupiter et de Saturne dues à Le Verrier.
» Dans ce travail, l'auteur indique la correction suivante, qui établirait
un accord beaucoup plus parfait entre les positions observées de Saturne et
les positions théoriques fournies par les Tables :
correction = — 3",f) cosrif)°,o8f/ — 1817,9)].
» Il fait remarquer, en outre, que la période de cette inégalité a sensi-
blement la même durée que celle de la différence : tonrjilude de Jupiter
moins longitude de Saturne,
» Dès la fin de 1876, j'avais averti Le Verrier que l'on atténuerait
considérablement les écarts constatés entre la théorie et l'observation de
Saturne, en ajoutant à la longitude vraie f un terme sensiblement égal à
- 4"sin(Z^- l'"),
l'' et l" représentant respectivement les longitudes moyennes de Saturne
et de Jupiter. Après vérification du fait, Le Verrier crut, comme moi,
y trouver l'indice d'une erreur dans le calcul du coefficient de l'un des
termes avant pour arguments :
Longitude moyenne ?= /^— l'", r -+- Ç cl /'— Ç
Longitude du périhélie et excentricité /' -(- ï ri /' — ï
les seuls par lesquels il paraissait possible qu'il se fut introduit une erreur
aussi considérable dans les termes en Ç de la longitude vraie.
1) Il revit, avec le plus grand soin, le calcul de tous ces termes et, à la
suite de cette revision, fut pleinement convaincu de leur exactitude.
» Il me demanda alors de résoudre à nouveau les équations de condi-
tion, auxquelles donnait lieu la comparaison des observations de Saturne
aux positions déduites des Tables, et de tenir compte de la correction
Ssin(/^- l'") + Ccos(/'— /"),
( 848 )
S et C étant deux inconnues dont la valeur devait résulter de la résolution
des équations de condition. De son côté, il faisait le même calcul, et, ayant
l'un et l'autre successivement tenu compte d'abord de l'ensemble des ob-
servations, puis seulement des observations modernes, nous trouvâmes,
non seulement que nos résultats étaient identiques, mais encore qu'ils
étaient très concordants dans les deux cas. L'écart moyen entre les Tables
et l'observation était considérablement atténué, et les écarts extrêmes
diminués de moitié, en appliquant à la longitude vraie la correction
-3",84bin(/^-/")-o",76cos(^- l"),
et tenant compte d'ailleurs des modifications qui en résulteraient dans la
valeur initiale des éléments, savoir
Longitude moyenne Si =— o ,o25
Moyen mouvement Sn =z — o,o6585
Excentricité Se =4- 0,24
Longitude du périhélie 00' = — '3,7
>' eSu'' z^ — 0)77
L'ensemble de toutes ces corrections donne pour la longitude vraie
âi, = [- o",o25 - o",oG5.85(i' - i85o)] [i + aecos(Z^- w')]
+ o",48sin(/^ -7?^) + i",54cos(/''— ^^')
- 3",84sin(Z^- /")- o",76 cos(^- Z").
Telle est la formule à laquelle s'était arrêté Le Verrier, et qui avait
été déiluite des seules observations modernes (i836 à 1876).
» La Table rectificative, destinée à donner la valeur de cette correction
aux diverses époques, avait été préparée et devait être publiée; mais, au
dernier moment. Le Verrier renonça à celte publication, par les raisons
suivantes :
» 1° Il lui répugnait d'introduire dans ses Tables un terme dont il ne
pouvait justifier analyliquement l'origine dans l'état actuel de la Science.
» -j" Si, à l'aide d'une formule empirique, l'accord s'établissait entre les
observations et les positions fournies par les Tables, celles-ci pourraient
inspirer une sécurité trompeuse aux astronomes, et l'on ne penserait
peut-être pas à chercher la solution de la difficulté présente.
» M. Hugo Gyldén ayant publié le résultat qu'il avait obtenu, lequel est
à peu près identique à celui auquel s'était arrêté Le Verrier, j'ai cru
devoir communiquer à l'Académie les faits que je viens de rapporter. Je
( Ho )
dois ajouter que j'ai été vivement sollicité de le faire par M. Hugo Gyldén
lui-même, à qui j'en ai récemment donné connaissance. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur une propriété des polynômes X„ de Legendre.
Note de M. Laguerre, présentée par M. Hermite.
« 1. Étant donné un polynôme entier F( r), on sait que l'on peut tou-
jours, eu désignant par A, B, ..., H, R, L, ... des coefficients constants,
poser identiquement
F(x) = AX„,+ BXp + ...+ HX,HhKX,HhLX,4-,...
Je supposerai que les nombres entiers m, p, ... soient rangés par ordre
croissant de grandeur; cela posé, on peut énoncer le théorème suivant :
» Le nombre des racines positives de t'étjualian F(.t;) = o, qui sont égales ou
supérieures à l'unité, est au plus égal ou nombre des variations que présentent
les termes de la suite
(i) A, B, ..., H, K, L, ....
» Pour établir cette proposition, je ferai voir que, si elle est vraie quand
la suite précédente prét^cnte (« — i) variations, elle subsiste encore quand
le nombre des variations est égal à «; la proposition sera ainsi démontrée,
puisqu'elle est évidente quand tous les coefficients sont de même signe.
» A cet effet, en supposant que la suite (i) présente /î variations et
que H et R soient deux coefficients consécutifs et de signes contraires, je
F'x]
considère l'expression -^~-> qui s'annule en même temps que r(a?) et de-
meure finie et continue pour toutes les valeurs de x égales ou supérieures
~i) •' d F Ix) f[x] l'i-i 1/ . i-w^ii
a I luiito; en posant ^ = -^^■> on déduit du théorème de Rolle
On a d'ailleurs
/(a:) = 2A(X'„,X,-X:,X,„);
des deux équations
(^'--i)x;, + 2.rX, = />(p + i)Xp
( ') Ici, comme dans tout ce qui suit, je désigne par (k) le nombre des racines de l'équa-
tion « = o qui sont égales ou supérieures à l'unité.
C. R., 1880, 2» Semestre. {"ï. XCi, N»21.) 112
( 85o )
ot
(,r=-i)X; -H2^X; = s{s^i)Xs,
où p désigne un nombre entier quelconque, on détluit
^[(^^-i)(x,,x,-x;x;)]=rp(^^_,)_,(^ + ,)lx,x„
d'où
ou
l-jœ--.)f{x)=xM^\
$(j:) = A[m(/» + i) — ^(^ + i)]X,„ + ...
+ H[/-(r + i)-j(j4-i)]X,.+ Lr/(/4-i)_^(i + i)JX, + ....
Or, si l'on considère les signes des coefficients de cette expression, on voit
qu'ils diffèrent de ceux de la suite (i) en ce que le coefficient de Xj est
annulé et que tous les coeificienis précédents conservent leur signe, tandis
que le signe des coefficients suivants est changé ; la suite de ces coefficients
présente donc exactement [n — i) variations, et l'on a, par hypothèse,
()
HYGIÈNE PUBLIQUE. — Observations sur le rôle attribué au mais, employé comme
aliment, dans la production de la pellagre. Extrait d'une Lettre de M. Fua
à M. le Président. (Extrait.)
« La pellagre existe en Italie et aussi, dit-on, en Roumanie et en Grèce.
Cependant, les chiffres mentionnés par rapport à l'Italie dans la Commu-
nication de M. Faye me paraissent exagérés, malgré leur caractère officiel;
s'ils étaient exacts, tous les hôpitaux de la Lombardie et de la Vénétie ne
suffiraient pas pour donner asile aux soixante-dix mille pellagreux dont il
est question
» La nourriture exclusive des pauvres, en Lombardie et en Vénétie, est
le maïs à l'état de bouillie épaisse (la polenta), et certaines personnes ont
été conduites à attribuer la pellagre à l'usage du maïs moisi, altéré {maïs
guasto des Italiens). Le maïs sain serait, au contraire, à l'abri de tout
soupçon.
» L'idée que la nourriture exclusive du maïs azyme pourrait exercer une
influence fâcheuse, dans l'économie d'individus même débiles, me paraît
être en contradiction avec les faits; car, partout où l'on fait usage de maïs,
c'est toujours à l'état azyme qu'il est mangé, et hors des localités dont nous
avons parlé il n'est point question d'accidents occasionnés par cette ali-
mentation. Le maïs forme aujourd'hui le fond de la nourriture d'une grande
partie de la population nègre du centre de l'Afrique, et aucun des célèbres
voyageurs qui viennent de la parcourir ne signale la pellagre, dont il faut
attribuer la présence à des causes locales. Le peuple napolitain, dont la
nourriture consiste également en maïs, n'offre aucun exemple de pellagre.
Il en est de même en Hongrie, où l'usage du maïs est général.
» Parmi les altérations du maïs, on a surtout signalé, comme jouant le
( 867 )
rôle principal dans la production de la pellagre, celle qui est produite par
des champignons de la famille des Mucédinées ; c'est ce qu'on appelle vul-
gairement le verdet [verderame des Italiens). Ces parasites envahissent
l'embryon du grain de maïs et lui enlèvent la faculté germinative. Il n'est
pas douteux qu'ils ne donnent au maïs des propriétés malfaisantes; mais on
n'est pas d'accord pour reconnaître qu'ils causent la pellagre proprement
dite. J'ai trouvé, dans les grains de maïs ainsi altérés, le Pénicillium glnucuin
et V Asptrgillui glaacus. Peut-être s'y trouve-t-il encore d'autres espèces bo-
taniques. . . .
.. Une deuxième altération se produit lorsque le mais est réduit à l'état
de farine. La matière grasse qui existe en si grande abondance dans ces
"raines (8 à lo pour loo), et qui leur donne leur supériorité sur les autres
céréales, s'oxyde très facilement dans ces conditions et communique à la
farine un goût détestable. Aussi, dans les pays où le maïs est d'un usage
général, ne le livre-t-on à la mouture qu'au fur et à mesure des besoins
de la consommation.
» On connaît une troisième altération du blé de Turquie, mais celle-ci
n'a rien à faire avec celles qui nous occupent : c'est le charbon, Uslilago
Ma/dis. Ce champignon attaque la plante vivante et la fait périr; il ne peut,
dans aucun cas, entrer dans l'alimentation. Enfin, sa parfaite innocuité est
aujourd'hui démontrée.
» .... Le maïs forme, à lui seul, un aliment complet. Le pain n'est point
dans les mêmes conditions, et ne paraît pas pouvoir lui être substitué.
» .... Tout ce qu'on pourrait souhaiter pour enrayer la grave affection
dont il s'agit, c'est qu'une surveillance rigoureuse fût exercée sur la vente
des denrées alimentaires dans les campagnes et qu'on améliorât, autant
que possible, les conditions hygiéniques générales des consommateurs. »
A 4 heures un quart, l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 4 heures trois quarts. D.
( 868 )
BULLETIN BIBLIOGRAPUIQCE.
onvraoes kbçds dans la séance du 1 5 novembre 1880.
(suite.)
Les premiers hommes et les temps préhistoriques; par le marquis deNadaillac.
Paris, G, Massoii, 1881 ; 2 vol. in-8°. (Présenté par M. de Quatrefages.)
Ch. Brongniart et Max. Cornu. Observations nouvelles sur les épidémies
sévissant sur les insectes. Diptères [Scatophagà] tués par un Champignon [Ento-
mophthora). Paris, Chaix, 1879; opuscule in-8°.
Bulletin des Sciences mathématiques et astronomiques; t. IV, mars, avril,
mai 1880. Paris, Gauthier-Villars, 1880; 3 livr. in-8°. (Deux exemplaires.)
Lesrécréations scientifiques, ou l'enseignement par lesjeux; par G. Tiss> an dier.
Paris, G. Masson, 1880; in-8° illustré.
La Physique moderne. Les principales applications de l'Électricité; par E.
Hospitalier. Paris, G. Masson, 1880; in-S*" illustré.
Traité de Pharmacie galénique; par A. Edme Bourgoin. Paris, A. Delahaye
et E. Lecrosnier, 1880; in-8° relié.
Notes sur la résolution des équations numériques ; par M. Laguerre. Paris,
Gauthier-Villars, 1880; br. in-8°.
Etudes statistiques sur l'industrie de l' Alsace ; par Ch. Grad. Colmar,
E.Barth; Strasbourg, Noiriel, 1 879-1 880 ; 2 vol. in-8°. (Adressé par l'auteur
au Concours Montyon, Statistique, 1880.)
Observations mode at the magnetical and meteorological Observatoryat Batavia;
vol. IV. Batavia, Government printing Office, 1879; in-4°.
Historical sketch ofthe progress of Pharmacy in Great Britain; by Jacor Bell
and Th. Beuwood. London, Pharmaceutical Society, 1880; in-8° relié.
Royal Irish Academy. Cunningham Memoirs. N° 1 : On cubic transjorma-
tions; by John Caset Dublin, 1880; in-4°.
Annali dei régi Istituti tecnico e nautico e délia regia Scuola di costruzioni
navali di Livorno ; anno scolastico 1877-78, vol. VII. Livorno, G. Meucci,
1880; in-8°.
Atti délia Societa toscana di Scienze naturali résidente in Pisa. Memorie ;
vol. IV, fasc. 2. Pisa, Nistri, 1880; in-8°.
COMPTES RENDUS
DES SRANCES
DE L'ACADÉMÏE DES SCIENCES,
SÉANCE DU LUNDI 29 NOVEMBRE 1880.
PKÉSIDENCE DE M. EDM. BECQUEREL.
MEMOIRES ET COMMUIVICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. Dumas présente, an nom fie MM. Edouard ei Jales Bioiujniarl, fils de
M. Adolphe Brongniart, l'éminent et regretté doyen de ia Section de Bota-
nique, l'Ouvrage intitulé « Recherches sur les graines fossiles silicifiées des
terrains d'Autun et de Saint-Etienne », auquel il avait consacré les der-
nières années de sa vie.
Les dessins destinés à cette publication avaient été préparés par j\L Bron-
gniart lui-même ou sous ses yeux, M. Cuisin les a traduits en vingt-quatre
Planches d'une admirable perfection. L'Imprimerie nationale, de son côté,
s'est fait un honneur de donner des soins exceptionnels à cette publication,
à laquelle l'Académie avait voulu s'intéresser.
Le concours de MM. Grand' Eury et Renault, collaborateurs de M. Bron-
gniart, a permis de mettre sous les yeux du public les résultats de ses pro-
fondes études. La description des Planches où ils sont consignés avait été
arrêtée par M. Brongniart et renferme sa pensée précise au sujet de la
signification des fossiles qu'il venait d'analyser et de décrire avec une ar-
deur juvénile, émerveillé de retrouver dans ces restes de la flore antique
C. R., i!-8o, 2* Semestre. (T. XCI, N" 22.) I I 5
( 870 )
les détails les plus délicats de l'organisation des plantes vivantes les plus
parfaites,
L'Académie n'a point oublié comment, entraîné par cette ardeur,
M. Brongniart avait été frappé d'une paralysie des muscles de l'œil, à la
suite de trop longues séances consacrées à l'examen microscopique des
tissus des graines fossiles, qui lui révélaient tant de nouveaux aperçus.
Elle n'a pas oublié non plus qu'après avoir découvert dans ces graines
fossiles l'existence d'une disposition ignorée dans les graines des espèces vi-
vantes, celle d'une chambre destinée à recevoir le pollen et dans laquelle,
par une circonstance bien imprévue, les grains de pollen intacts se mon-
trent encore, il fut conduit à rechercher ce détail dans les plantes actuelles,
les graines fossiles qui l'offraient lui avaient paru appartenir à la famille
des Gj'cadées : il eut la satisfaction, à la fois, de confirmer cette attribution
et de retrouver sur le vivant la chambre poUinique, en soumettant à une
analyse exacte des graines de Cycadées fécondées dans les serres du Mu-
séum.
Les résultats surprenants des dernières études de M. Adol|)he Brongniart
faisaient un devoir à ses fils d'en conserver les moindres détails; ils ex-
pliquent le soin pieux qu'ils ont mis à les publier en l'état et dans la forme
que notre illustre confrère leur avait donnée.
M. le PuÉsiDEXT, en mettant ce bel Ouvrage sous les yeux de l'Académie
et en lui assignant une place dausla bibliothèque de l'Institut, ajoute que
les remercîments de la Compagnie seront adressés à MM. Edouard et Jules
Brongniart.
OPTIQUE. — Note relative à un Mémoite sur la vision des couleurs matérielles
enmouvement de rolalion, et des vitesses évaluées en chiffres ou moyen de
l'appareil du général Morin, dit à plateau tournant, pour l' observation des
lois du mouvement ; par M. Chevkeul.
« Malgré l'extrême désir que j'éprouve de présenter à l'Académie un
dernier travail sur la vision des couleurs et d'exprimer ma gratitude à mou
cher confrère, M. Tresca, du temps qu'il a bien voulu me donner pour
déterminer, au moyen de l'appareil du général Morin, les vitesses respec-
tives de rotation de mes cercles complémentaires dans les trois phases de leur
mouvement, je me trouve dans l'impossibilité de faire cette Communica-
tion, car depuis quatre mois environ je suis réduit à un seul aide, main-
( 871 )
tenant loin de Paris, où l'a appelé un devoir de famille. Lundi dernier
encore je pensais présenter aujourd'hui même des figures devenues indis-
pensables à mes dernières recherches, dont, grâce à la découverte du contraste
rotatif, fruit de mes derniers travaux, et à celle de la distinction du noir
absolu d'avec le noir matériel, point de départ de mes travaux sur la vision
des couleurs, je puis en formuler l'ensemble en quelques principes.
» C'est avec la conviction que je ne me fais pas d'illusion sur l'exacti-
tude de mes interprétations, que je tiens à mettre sous les yeux de l'Aca-
démie des figures concernant le contraste rotatif et les contrastes simultanés
de couleurs^ propres à mettre un terme aux opinions erronées que bien des
gens se font de mes travaux sur la vision. Qu'on me permette d'ajouter
que la Suède, dans ces derniers temps, a fait une obligation, aux per-
sonnes désireuses d'entrer dans la marine royale ou d'appartenir à l'admi-
nistration des chemins de fer, d'être porteuses d'un certificat officiel attestant
qu'elles voient bien les couleurs.
» Si des recherches sur la vision des couleurs, continuées pendant
cinquante-six ans, peuvent justifier quelque espérance de ma part, c'est la
pensée qu'elles pourront avoir de l'importance au point de vue de la
sécurité publique, en présentant, dans le joujou que j'ai appelé pirouettes
complémentaires, un moyen que des juges éclairés pourront consulter avec
utilité, j'aime à le croire, lorsqu'il s'agira d'apprécier le langage des cou-
leurs, soit qu'il s'agisse de pavillons de phares, soit de drapeaux-signaux
dans les chemins de fer, chez ceux qui s'en servent ou doivent s'en servir. »
CHIMIE MINÉRALE. — Sur l'oxjdalion spontanée du mercure et des métaux;
par 31. Berthelot.
« 1. C'est une opinion fort répandue parmi les chimistes et les physi-
ciens que le mercure dissout l'oxygène de l'air et s'oxyde peu à peu, dès
la température ordinaire; on citait même autrefois à l'appui une expé-
rience de Boerhaave sur l'extinction du mercure, dans un flacon fixé à une
roue de moulin. La pellicule, sans cesse régénérée, que l'on observe à la
surface des cuves de mercure peut être également rappelée. Toutefois, ces
preuves n'ont pas paru décisives à d'autres savants : la présence de trac( s
de métaux plus oxydables et autres substances pouvant expliquer la for-
mation lente de certains oxydes, étrangers au mercure, et qui en détermi-
( «72 )
Deraient rémulsionnement ; la présence même de l'oxyde de mercure n'a
jamais été démontrée dans cette circonstance.
» Des recherches d'une autre luitiire ayant appelé mon attention sur
cette question, j'ai fait diverses expériences pour préciser les conditions
dans lesquelles le mercure s'oxyde, soit à l'état de pureté, soit en pré-
sence des acides et des métaux alcalins, ainsi que la nature du produit de
son oxydation.
» 2. Du mercure parfaitement pur et sec a été extrait d'une fontaine à
mercure, construite suivant le modèle usité à l'Ecole Normale et au Col-
lège de France ('), puis on l'a placé dans une cuvette de porcelaine rec-
tangulaire, de façon à offrir une surface de 5oo'='' environ. Le métal ne
faisait pas la queue, et un gros tube de verre promené à sa surface ne
lui enlevait rien et n'était pas sali. On a recouvert la cuve avec une feuille
de papier repliée sur les bords, pour éviter la poussière, et on l'a déposée
dans une pièce servant de bibliothèque, à l'abri des vapeurs du labora-
toire. Après vingt-quatre heures, à une température voisine de io°, le
métal était intact et n'abandonnait aucune pellicule au tube de verre;
après quarante-huit heures, le métal commençait à céder au tube de verre
une légère pellicule, et, à partir de ce moment, la formation de la pelli-
cule, enlevée chaque jour, s'est renouvelée continuellement. Eu même
temps, il s'est produit sur les parois de la cuvette, au niveau de la surface
métallique, un enduit noirâtre.
» La pellicule ainsi enlevée a été détachée du tube (-) et placée dans un
petit verre, et l'on a répété l'expérience, de façon à obtenir des pro-
duits représentant une surface d'un demi-mètre carré environ. Cela fait, on
a fait écouler le mercure, qui s'était rassemblé en un gros globule dans le
verre. Il est resté une poudre noirâtre, en très petite quantité. On a jeté sur
(') C'est un grand flacon de verre, dans lequel on introduit, à l'aide d'an entonnoir effilé,
le mercure tiré directennent des potiches d'origine ou purifié d'abord par l'acide azotique
et la distillation. On verse à la surface du métal une couche épaisse d'acide sulfurique con-
centré, qui le dessèche, enlève les oxydes et arrête les poussières. Après un séjour de
quelques semaines, on extrait le mercure par un robinet de verre, placé à la partie inférieure
du flacon. La douille du robinet contient un cylindre de potasse, et la pointe en est effilée,
de façon que l'écoulement ait lieu par un tube capillaire.
(') On peut encore mouiller la pellicule, sur le tube même, avec une goutte épandue
d'acide chlorhydrique; puis entraîner l'acide et le mercure en projetant dessus un peu
d'eau distillée : ce tour de main entraîne moins de pertes sur le protoxyue de mercure'.
( 873 )
cette poudre deux gouttes d'acide chlorhydriqiie pur et concentré, on a
secoué pendant quelques secondes, puis on a ajouté environ i'^" d'eau dis-
tillée. L'eau est devenue louche, par suite de la mise en suspension d'une
poudre blanche de protochlorure de mercure. L'addition d'une goutte
d'ammoniaque a changé ce précipité en un composé noir caractéristique,
lequel a été décoloré par l'acide chlorhydrique, puis reprécipité, sous
forme de sulfure noir de mercure, par nue goutte d'hydrogène sulfuré. Cette
triple suite de réactions ne permet guère, je crois, de révoquer en doute la
présence du protoxyde de mercure dans la pellicule formée peu à peu au
contact du mercure pur et de l'air. La proportion en est d'ailleurs très faible:
je doute que la pellicule recueillie sur une surface d'un mètre carré
renferme plus de i'"^'^ à a^^"" d'oxyde; dose cependant suffisante pour entraî-
ner dans la pellicule un poids de mercure s'élevant à plusieurs grammes.
Cette expérience peut être reproduite indéfiniment, au moyen des pellicules
régénérées chaque jour à la surface du mercure pur exposé à l'air.
1) 3. L'expérience précédente ayant été faite au contact de l'atmosphère,
c'est-à-dire en présence d'un volume d'air illimité, on peut se demander si
l'oxydation du mercure ne serait pas provoquée par quelque trace de
matière étrangère, contenue dans un grand volume d'air. La réponse à cette
objection est facile. En effet, l'oxydation lente du mercure pur s'effectue
également dans les flacons de verre proprement dit, où l'on conserve ce
métal. Je possède deux échantillons de mercure, préparés dans un but spé-
cial et purifiés, il y a quelques années, avec un soin particulier et par les
méthodes les plus parfaites ; ils ont été conservés dans des flacons bouchés
à l'émeri, contenant un cinquième environ de leur volume d'air. Or, dans
l'un et l'autre flacon, le mercure est devenu terne et légèrement adhérent
à la surface du verre; il s'est formé une pellicule noire au contact du flacon
et du métal, c'est-à-dire qu'il y a eu oxydation, même en présence d'un
volume d'air limité et peu ou point renouvelé.
» Mon savant ami, M. H. Sainte-Claire Deville, ayant bien voulu visiter
avec moi des flacons contenant le mercure purifié pour les expériences
qu'il a fait connaître il y a quelque temps à l'Académie et conservé dans la
même pièce que ses balances de précision, nous avons reconnu qu'il s'était
également formé dans ces flacons, au contact du verre et du métal, l'en-
duit caractéristique.
M J'ai encore consulté sur ce point M. Alvergniat, l'habile constructeur
de nos pompes à mercure. Il a consenti à me céder 1200^' de mercure très
pur, extrait directement des potiches de fer d'origine, filtré à plusieurs
reprises, purifié, tel enfin qu'il s'en sert pour la construction des ther-
(874)
momèlres, des pompes et des baromètres. Ce métal, purifié depuis quelques
jours à peine, laissait cependant un enduit à la surface d'un entonnoir de
verre effilé, au travers duquel je l'ai filtré ; j'ai pu déceler dans cet enduit
une trace de protoxyde de mercure. Quel que soit le nombre des filtra-
tions, cet enduit s'observe toujours, d'après M. Alvergniat : c'est, à mes
yeux, un indice de l'oxydation incessante du mercure pur.
» 4. Il résulte de ces faits que le mercure, de même que le fer, le zinc,
le cadmium, le plomb, le cuivre, l'étain, éprouve, au contact de l'air, une
oxydation superficielle, très légère d'ailleurs, et limitée par la difficulté du
renouvellement des surfaces, et par l'absence de contact qui résulte de
l'oxydation commencée. Elle suffit pour former un voile, qui ternit le
métal et qui le protège, lorsqu'il est solide, contre une altération ulté-
rieure. Pour que l'oxydation continue, il faut que ce voile se détache
continuellement, comme il arrive pour la rouille du fer, formée dans l'air
humide, ou pour l'hydrocarbonate de plomb, formé dans l'eau distillée,
ou bien enfin pour le mercure, en raison de sa liquidité.
» 5. Cette oxydabilité s'accorde avec les données thermiques. En effet,
l'oxydationdu fer dégage par équivalent d'oxygène fixé: + 3i^^', g (rouille);
celle de l'étain : + 34*^", g; celle du cadmium : -+- SS*^"', 2 ; celle du zinc :
-t- 41*^"', 8, celle du plomb : 4- 26''", 7; celle du cuivre: H- 2 i''",o (protoxyde);
celle du mercure enfin : +21'^"', 1 (protoxyde). Bien que toute réaction
exothermique ne s'accomplisse pas d'elle-même d'une manière nécessaire,
cependant les nombres précédents mettent en évidence la possibilité d'une
oxydation spontanée des métaux. En fait, tous les métaux précédents se
ternissent à l'air.
M L'oxydation n'est cependant pas appréciable pour les métaux dont
la chaleur d'oxydation est très faible, tels que l'argent ('), par exemple :
ce métal dégageant seulement -+-3*^°', 5, c'est-à-dire un chiffre qui ne
doit guère s'écarter de la chaleur dégagée par le changement d'état phy-
sique de l'oxygène devenant solide. C'est là d'ailleurs un résultat fréquem-
ment observé dans la comparaison d'une même réaction, opérée sur une
série de corps analogues : il arrive souvent que la réaction ne commence
d'elle-même qu'à partir des corps qui dégagent une quantité de chaleur
notable, comme s'il y avait une certaine résistance à surmonter, un certain
travail préliminaire à accomplir pour déterminer les réactions.
M Mais aussi, et c'est là une conséquence nouvelle de la théorie ther-
On sait que ce métal jaunit cependant à l'air libre : ce qu'on attribue à la sulfiiration.
I Essai de Mécanique chimique, t. II, p. (i, 455, 536, etc.
( 87-^ )
inique que nous allons vôritier, la réaction deviendra plus prompte, plus
facile, et même immédiate, si l'on fait intervenir un agent auxiliaire capable
de se combiner, avec dégagement de chaleur, au corps qui doit prendre
naissance ; de telle façon que l'énergie totale mise en jeu dans le phénomène
devienne plus considérable. Les faits attribués autrefois à Vaffinité dite
prédisposante rentrent dans cette interprétation, comme je l'ai montré
depuis i865 ( ' ).
» L'altération du mercure et surtout celle de l'argent par l'oxygène de
l'air, avec le concours des acides, fournissent des applications frappantes
de ces principes thermochimiques. En effet, il suffit de placer le mercure pur
dans un flacon, avec du gaz chlorhydrique renfermant un peu d'air, pour
que la surface du flacon se trouve tapissée, au bout de quelques mois, par
un enduit blanc de protochlorure de mercure. Le gaz chlorhydrique pur, au
contraire, n'agit pas sur le mercure à la température ordinaire, mais seule-
ment au rouge, et d'une façon incomplète (-). A froid, c'est l'oxygène de
l'air qui intervient, avec formation de protochlorure et d'eau :
Hg'+ H Cl gaz -t- O = Hg^Cl -)- HO liquide, dégage -1-53,4
réaction plus efficace que celle de l'oxygène pur sur le mercure, parce
qu'elle fait intervenir en plus la chaleur dégagée par l'union du protoxyde
de mercure et de l'acide chlorhydrique.
» Ij'acide chlorhydrique conLcnlré lui-même attaque le mercure au
contact de l'air. Cette attaque est nulle, c'est-à-dire inférieure à toute limite
sensible, au bout d'une ou deux minutes; mais, si l'on attend quelques
heures, il se forme une dose très appréciable de protochlorure, que l'on
reconnaît en étendant d'eau et traitant par l'ammoniaque ou par l'hydro-
gène sulfuré.
» Dans cette circonstance, on pourrait encore expliquer la réaction en
admettant que le mercure s'oxyde d'abord, puis que le protoxyde se
change en protochlorure. La reproduction incessante des deux réactions
accélérerait la chloruration du mercure, à peu près comme la présence d'un
acide, même fixe, met en évidence la combinaison de l'azote et de l'hydro-
gène sous l'influence de l'étincelle électrique. Mais cette explication ne
parait pas applicable à l'argent.
(') Voir Essai de Mécanique chimique, t. II, p. 454'
(^) Essai de Mécanique chimique, t. II, \^. SaS.
( 876)
M L'argent, en effet, se comporte de même que le mercure. Tandis
que l'argent ne paraît pas oxydable par l'oxygène libre, on sait qu il forme
au contraire une dose appréciable de chlorure, au contact simultané de
l'air et de l'acide chlorhydriqiie gazeux ou concentré.
» Or, l'oxydation directe de l'argent dégagerait seulement + 3'^"', 5,
tandis que sa chloruration, effectuée avec le concours de l'air,
Ag -h HCl ga/, + 0 = AgCl 4- HO liquide, dégage ..... +4''7
» L'acide acétique paraît agir de la même manière. On sait encore, et les
observations de l'économie domestique confirment, que l'attaque de l'ar-
gent, au contact de l'air, a lieu sous l'influence du chlorure de sodium
humide, lequel forme de la soude et du chlorure d'argent, avec un déga-
gement de chaleur très supérieur à celui qui résulterait d'une oxydation
directe :
Ag -I- NaCl dissous 4- 0 = NaO étendue -f- AgCI, dégage +10,6
» Avec le cuivre et l'acide chlorhydrique, au contact de l'air, l'attaque
est si rapide, qu<' l'acide verdit presque instantanément : circonstance dans
laquelle la dissolution de l'oxyde de cuivre dans l'acide accélère le phéno-
mène, à la fois en mettant à nu la surface du métal et en augmentant la
chaleur totale dégagée dans la réaction.
Cu -4- HCl dissous -f- 0 = CuCl étendu -1- HO, dégage -1-26,5
» La préparation de la céruse et du verdet, au moyen du plomb et du
cuivre métallique, avec le concours de l'air et des acides, repose sur des
principes thermochimiques analogues.
M Entre le mercure pur et l'acide sulfhydrique gazeux ou dissous, il
n'y a pas d'action à froid. Mais, si l'air intervient, il se forme rapidement
du sulfure de mercure. Ici, c'est l'hydrogène sulfuré qui est attaqué d'abord
par l'oxygène, avec précipitation de soufre très divisé, lequel agit aussitôt
sur le métal : ce mécanisme, un peu différent du précédent, se retrouve
aussi vis-à-vis de l'argent et d'autres métaux : il repose toujours sur une
suite de réactions exothermiques.
)) On voit par là comment l'oxydation des métaux par l'oxygène de l'air,
oxydation lente dans les conditions ordinaires, et si peu appréciable qu'elle
ne s'oppose pas à l'emploi d'un grand nombre d'entre eux dans l'économie
domestique, n'en est j)as moins un fait très général, activé par l'interven-
tion des acides ('), et qui confirme les règles de la Mécanique chimique. »
(' ) Les alcalis eux-mêmes activent souvent l'oxydation des métaux, en raison des composés
( «77 )
MEMOIRES PRESENTES.
PHYSIQUE. — Sur ta propagation de la lumière. Mémoire de M. Gocy,
présenté par M. Desains. (Extrait par rauleiir.)
(Commissaires : MM. Bertrand, Desains, Fizeau.)
« Ce Mémoire a pour objet l'étude théorique de la propagation de la lu-
mière, dans les circonstances où la source de lumière et les divers corps dont
on a à tenir compte, écrans, miroirs ou milieux transparents, se déplacent
les uns par rapport aux autres, ou varient d'une manière quelconque. Je
me suis proposé principalement de rechercher quelles relations existent
entre la vitesse de la lumière, telle qu'on la mesure par les méthodes di-
rectes, et les autres éléments du mouvement lumineux.
» Dans cette première Partie, nous n'examinerons que le cas où les
rayons gardent une direction constante, mais varient d'intensité, soit que
la source elle-même éprouve des variations, soit qu'elle se trouve éclipsée
par un écran mobile. Ce cas comprend, comme on le voit, la méthode de
Roemer pour la mesure de la vitesse de la lumière, celle de M. Fizeau, et
les observations d'Arago sur les étoiles variables. Nous laissons de côté,
pour le moment, la méthode de Foucault, l'aberration, et ce qui s'y rat-
tache.
» Cette question a été l'objetd'un petit nombre derecherches théoriques.
spéciaux qu'ils forment avec les oxydes métalliques, non sans dégagement de chaleur. Le
fait est bien connu pour le zinc et l'aluminium, et c'est probablement par la formation tem-
poraire de quelque combinaison analogue, soit à froid, soit à la température développée
au moment de l'amalgamation, que sont explicables les observations suivantes. Les amal-
games solides de sodium et de potassium renfermant 5 pour loo de métal alcalin, par
exemple, laissent un dépôt insoluble à la surface du mercure régénéré, lorsqu'on les traite
par l'eau ou par les acides. Si l'on opère peu à peu, en évitant toute élévation notable
de température, susceptible de déterminer une réduction de l'oxyde par l'hydrogène, on
observe que le dépôt est formé par du bioxyde de mercure mélangé d'un peu de protoxyde,
avec l'amalgame de potassium altéré par l'action de l'eau; tandis qu'il est constitué par
du protoxyde de mercure, renfermant un peu de bioxyde, avec l'amalgame de sodium. Si
l'attaque de l'amalgame a lieu par l'acide chlorhydrique étendu, on obtient surtout du
bichlorure dissous, avec le potassium, et du protochlorure en suspension, avec le sodium.
La présence de ces oxydes différents communique des nuances superficielles différente»
aux deux amalgames, le premier étant jaunâtre, le second noirâtre,
C. R., 1880, V Semestre. (T. XCl, N°ii2.) 1 16
( 878 )
Cauchy a exprimé par une intégrale sextuple le mouvement correspon-
dant à un état initial donné dans un milieu quelconque; mais cette formule
n'a été discutée que dans le cas simple où, les équations différentielles du
mouvement vibratoire étant homogènes du second ordre, le milieu est dé-
pourvu de dispersion, et peut-être serait-il difficile d'en faire usage dans les
autres cas. Quoi qu'il en soit, cette discussion n'a pas été faite, et l'on n'a
pas déterminé de quelle manière s'effectue, en général, la propagation de
la lumière. Malgré celte lacune, on parait admettre généralement que, pour
chaque espèce de lumière homogène, la propagation s'effectue partout de
la même manière que dans les milieux dépourvus de dispersion, c'est-à-
dire avec une vitesse bien déterminée et toujours égale au rappori ^, de
la longueur d'onde à la période vibratoire; mais cet énoncé, qui paraît
d'abord presque évident, ne résiste pas à l'examen.
» Considérons, pour fixer les idées, un mouvement se propageant par
ondes planes dans un milieu isotrope transparent, et supposons les vibra-
tions rectilignes et de direction constante. Soient x la distance d'une mo-
lécule quelconque à un plan invariable parallèle aux ondes et situé du
côté d'où vient la lumière, vj le déplacement de cette molécule en grandeur
et en signe. L'équation d'un mouvement simple sera
(i) • rt = asin2ni-
> '
l'amplitude a étant une constante ou une fonction de x et de t. Quoi qu'il
en soit, une onde quelconque se transportera avec la vitesse -; dés lors, il
semble naturel d'admettreque chaque onde emporte avec elle son amplitude,
en sorte que l'amplitude se transporterait aussi avec la vitesse - et la fonc-
tion a serait de la forme/ Ix— -t\.
» Mais cette conservation de l'amplitude individuelle de chaque onde
plane ne paraît naturelle que parce qu'elle a lieu en effet dans les mouve-
ments vibratoires les mieux étudiés, où les équations différentielles se ré-
duisent aux termes du second ordre. Elle n'a pas lieu dans les autres cas,
et chaque onde se propage en général en variant d'amplitude, en sorte que
la vitesse des ondes et la vitesse avec laquelle se transporte l'amplitude
sont deux quantités différentes. On peut en donner un exemple bien
simple.
(879)
» Au mouvement (i),où nous regardons^ comme une constante, joignons
un autre mouvement de même nature, où T et X deviendront T' et X'. Ce
mouvement et le mouvement (i ) seront possibles si, dans chacun d'eux, la
longueur d'onde et la période satisfont à une certaine équation de condi-
tion. Le mouvement résultant sera également possible, en vertu du prin-
cipe de la superposition des petits mouvements.
» En posant
2 I I
/ // 1.
Ï^-F + Î'
1-^1 _I,
a' '/.
son équation peut s écrire
(2) ÏJ = 2rt COS 277 /-(.r — Yt)s\U1K
9
SiT' est très voisin de T, le facteur 2a cos2nk[a: — \t) varie très lentement
par rapport à ô et à Z; il exprime l'amplitude du mouvement vibratoire (2),
dont la période ô et la longueur d'onde /sont sensiblement égales à T et à X.
Cette amplitude est représentée à chaque instant par une sinusoïde qui se
transporte avec la vitesse V, dont l'expression peut s'écrire
dl . .a
d —
» Ainsi, si le milieu est doué de dispersion, l'amplitude se transporte
avec une vitesse qui n'est pas celle des ondes. Chacune des ondes, en mar-
chant dans l'espace, varie périodiquement d'amplitude et s'éteint en des
instants et en des points faciles à déterminer. Rien de tout cela n'aurait
lieu si le milieu était dépourvu de dispersion, et cet exemple suffit à montrer
la nécessité de ne pas se bornera de tels milieux, et de traiter la question
à un point de vue plus général.
» Après avoir examiné quelques mouvements simples et compatibles
avec la constitution d'un milieu isotrope, nous nous occupons des for-
mules générales. La discussion des résultais montre qu'il n'y a pas, pour
une source homogène donnée, une vitesse de la lumière déterminée, et indé-
pendante de la manière dont on fait varier l'amplitude. Mais, dans toute
expérience réali.sable, cette variation s'effectue d'une manière graduelle
et très lente par rapport à la période vibratoire; dans ce cas, les formules
( 88o )
se simplifient et l'amplitude se transporte comme dans un milieu non dis-
persif, mais avec la vitesse (3). C'est donc la valeur du coefficient que les
physiciens nomment vitesse de la lumière.
» Il en résulte que l'indice de réfraction, qui dépend de la' vitesse des
ondes, est lié à la vitesse de la lumière par une relation facile à établir,
qui se réduit à la relation connue si l'on néglige la dispersion. »
M. E. West adresse deux Notes faisant suite à ses Communications
précédentes et portant pour titre « Sur les équations algébriques ; examen
de la méthode de Wronski ».
(Renvoi à la Section de Géométrie.)
M. Michel adresse une Note relative à la transformation qu'a subie
l'étal sanitaire de la ville de Chaumont, par le changement des eaux servant
à l'alimentation.
(Renvoi à la Section de Médecine.)
CORRESPONDANCE.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance, un Volume de M. P. Bert, intitulé « Leçons de Zoologie
professées à la Sorbonne (Enseignement secondaire des jeunes filles). Ana-
tomie, Physiologie. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les équations différentielles linéaires à coef-
ficients périodiques. Noie de M. G. Floquet, présentée par M. Her-
mite.
« Dans une Note récente, j'ai établi qu'une équation différentielle linéaire
homogène P = o, à coefficients simplement périodiques, de période w, ad-
met un système fondamental d'intégrales se partageant en groupes de la
forme suivante,
/ F, (.r ) = (?'■■' ?h(^")>
^^ 1 '
( F,,(a?) = c'-'-[ï,.,,(a7) + ^çx,2('i-) + --- + '=^'""'?w(^)]'
où les 9 désignent des fonctions de période w.
( 88i )
» Je vais montrer que chacun de ces groupes j)eut se remplacer par un
autre de même forme, mais plus simple, en ce sens que, dans ce nouveau
groupe, chaque solution se déduit de la dernière par simple déviation.
» Je démontrerai dans ce but la proposition suivante :
» Si rexptession
est une intégrale de l'équation P = 0, les <\i désignant des fondions de période co,
il en sera de même des v premières dérivées de cette intégrale, prises en considé-
rant eP"^ et les ^{x) comme des constantes.
» Représentons, en effet, ces v dérivées successives par les notations
d/ tPf d'f
dZ^ J?' ■■■' dt-' P»'sqiie/(,r) est solution, f{.r-\- nrx,) l'est aussi, et il en
est de même de
e-'«^py(.x^ + ,i« ) = eP^[<|.„(^) + (a; + « w) 4>,(a;)
-\- {as + nr,))- <\i2(x) + . . . + {ce -i- no^y <\i^{œ)],
quel que soit le nombre entier n. Or on a évidemment
_iw,in r/ . ^ r/ s "" '■''/' {'"•')' d'f f"wV' d'/
e-""'?/ a? + n w ) =f{jc) -\ -f + ^ — '- ^ -^ H h ^ — '— -~L ,
"^ ^ ./ V > I rf.r 1.2 rt i^ I . 2 ... V d.v'
et, cette expression satisfaisant à P = o pour une infinité de valeurs de nw,
les dérivées ^-5 ^^ ••■/-^ sont donc nécessairement des intégrales.
(te (1.1- fl.l' "
» Il resuite de ce théorème que ---5 —r^> •••» —, — sont des intégrales.
' (Ij: dx- dx °
D'autre part, on peut, dans le groupe (i), sans altérer sa forme ni ses pro-
priétés, remplacer chacune des fonctions F,, Fj, . .., Fx_, par une combi-
naison linéaire de cette fonction et de celles dont l'indice est moindre. Or,
d'V
on établit sans peine que -r-^ est une combinaison linéaire de F,, Fj, ....
F),_j. On peut donc substituer au groupe (i) le groupe plus simple
» Je me propose d'indiquer prochainement comment ces considérations
permettent d'obtenir la forme générale des intégrales d'une équation à coef-
ficients doublement périodiques. Une pareille équation, aux périodes w et
c./, admet un système fondamental d'intégrales se partageant en groupes
( 882 )
de la forme (i), où les fonctions «p possèdent la période a et sont en outre
telles que l'on ait
9m,mi^+<"')=^9m.m{^) OU 9, „(.r + 0)') = /l Ç«,„_„ (x) + } C,„,n,i ^fmA^')'
i — n-i-i
la constante k étant la même pour tous les ip d'un même groupe. »
PHYSIQUE. — Sur une nouvelle propriété électrique du sélénium et sui- L'existence
des courants triho-électriques proprement dits. Note de M. R. Bloxdlot,
présentée par M. Jamin.
« J'ai observé une propriété électrique nouvelle du sélénium, laquelle
est mise en évidence par l'expérience suivante. A l'un des pôles d'un élec-
troniètre capillaire, on attache, au moyen d'un fil de platine, un fragment
de sélénium recuit; à l'autre pôle, une lame de platine. Si l'on amène, en
le tenant par un manche isolant, le sélénium au contact avec le platine,
l'électromètre reste au zéro, comme on pouvait s'y attendre à cause de la
symétrie du circuit; mais vient-on à frotter le sélénium contre la surface
du métal, aussitôt l'éleclromètre est fortement dévié : on atteint facilement
une déviation égale à celle que produirait un élément à sulfate de
cuivre.
M J'ai constaté que, ni le frottement de deux métaux l'un contre l'autre,
ni celui d'un corps isolant contre un métal, ni, bien entendu, celui de deux
corps isolants, ne peut produire de charge de l'électromètre capillaire.
» Le courant produit par le frottement du sélénium est dirigé, à travers
l'électromètre, du sélénium non frotté au sélénium frotté. On peut s'assu-
rer que le courant thermo-électrique, obtenu en chauffant le contact sélé-
nium-platine, va du sélénium chaud au sélénium froid dans le circuit
extérieur ; par conséquent, le dégagement d'électricité que j'ai observé ne
peut être attribué à la chaleur qui accompagne le frottement.
» Ce dernier point est important au point de vue théorique. Les cou-
rants que M. Becquerel a obtenus en frottant l'une contre l'autre deux
plaques de métal reliées aux pôles d'un galvanomètre sont toujours,
comme M. Becquerel l'a constaté, de même sens que ceux qu'on produirait
en chauffant la surface du frottement ('). M. Gaugain (-) a cru pouvoir
(') Becquebel, Annales de Chimie rt de Physique, t. XXXVIII, p. 1 13 ; 1828.
(^) Gaugain, Annales de Chimie et de Physique, 4' série, t. V, p. 3i ; i8(i5.
( 883 )
affirmer que ces courants étaient dus à réchauffement produit par la fric-
lion, indépendamment de tout effet direct de celle-ci. M. G. Wiodemann
partage la même opinion ('). Or l'expérience que j'ai faite montre que,
dans le cas du sélénium, l'effet direct du frottement existe certainement;
il est extrêmement probable qu'il en est de même dans le cas de deux mé-
taux, comme l'avait présumé M. Becquerel.
» L'électromètre de M. Lippmann joue, dans l'expérience qui fait le sujet
de cette Note, le rôle d'un galvanomètre d'une sensibilité très grande et
indépendante de la résistance du circuit. Il n'y a pas ici équilibre entre la
force éiectromoirice du ménisque de l'électromètre et celle de la source,
à cause du peu d'électricité produite par cette dernière; la petite quantité
d'électricité à haute tension produite par le frottement se communique au
ménisqiie et, vu la grande capacité de celui-ci, n'en élève que fort peu la
différence électrique.
» Ce dernier fait explique une particularité remarquable que j'ai ob-
servée: si, après avoir obtenu par le frottement une déviation électromé-
trique, on cesse de frotter, la déviation persiste ; cela provient de ce que
le sélénium, qui avait laissé passer l'électricité à haute tension due au frot-
tement, oppose une résistance que ne peut supporter la faible polarisation
du mercure de l'électromètre.
M Le choc et même la pression produisent le même effet que le frotte-
ment, quoique d'une manière moins marquée. »
ClilMIE. — Action du phosphore sur les acides iodhydrique et bromhydrique.
Note de M. AtB. Damoiseau, présentée par M. Berthelot.
« On sait que le phosphore, chauffé à 160" avec une solution d'acide
iodhydrique, donne de l'iodure de phosphonium. Le mécanisme de cette
réaction, signalée par M. Oppenheim (^), est resté jusqu'ici assez obscur; les
faits que je vais exposer fournissent des renseignements précis à son égard.
D'ailleurs, ces faits, comme j'ai pu le constater, ne sont pas particuliers
à l'acide iodhydrique; l'acide bromhydrique donne lieu à des phéno-
mènes analogues.
» l. Jcide iodhj'drique. — Si l'on fait passer sur du phosphore blanc un
M) Galvanismus, t. I, § i68.
(2) Oppenheim, Bulletin delà Société de Chimie, ?" série, t. I, p. i63.
( 884 )
courant de gaz iodhydrique, le phosphore ne tarde pas à fondre, après s'être
recouvert d'une couche rougeâtre de biiodure de phosphore, tandis qu'il
se sublime des cristaux réfringents d'iodure de phosphonium. La réaction
étant des plus nettes, on peut faire absorber complètement le gaz iodhy-
drique par le phosphore. La chaleur dégagée transforme en phosphore
rouge unepetite proportion du phosphore employé; le reste se change dans
les deux composés indiqués. Cette réaction de l'acide iodhydrique sur le
phosphore blanc, en l'absence de l'eau, peut être représentée par l'équation
suivante :
5Ph + 8HI = 2PhH^I-f-3PhP.
» La même expérience, faite avec du phosphore rouge froid ou même
maintenu à ioo°, ne donne qu'un peu d'iodure de phosphonium. Ce der-
nier prend naissance vraisemblablement aux dépens du phosphore blanc
qui souille le phosphore rouge, car sa production ne tarde pas à s'arrêter.
)) Si l'on introduit, à la température ordinaire, quelques fragments de
phosphore blanc dans une solution concentrée d'acide iodhydrique, la
même réaction s'effectue, mais moins rapidement. Après quelques heures,
la liqueur contient un mélange de cristaux rouges d'iodure de phosphore
et de cristaux incolores d'iodure de phosphonium. Le biiodure de phos-
phore ainsi que l'iodure de phosphonium, qui tous deux sont décomposés
par l'eau, restent, en effet, inattaqués dans une solution d'acide iodhydrique
relativement éloignée du point de saturation.
» Si l'on ajoute à l'acide iodhydrique un excès de phosphore, la quan-
tité d'hydracide enlevé à la liqueur étant bientôt considérable, l'eau inter-
vient et la réaction se modifie. Le biiodure de phosphore, en présence de
l'eau, se décompose, et donne de l'acide phosphoreux et de l'acide iodhy-
drique. Ce dernier réagit sur le phosphore, pour produire de l'iodure de
phosphonium et de l'iodure de phosphore qui est aussitôt décomposé, de
telle sorte que Phi' disparaît, et les sels produits de la réaction sont l'acide
phosphoreux et l'iodure de phosphonium. Dans ces conditions, les phéno-
mènes observés seraient donc représentés par l'équation suivante :
2Ph + m 4- 311^0"- = PhH*l -t- PhH'0«.
» L'hydrate d'acide iodhydrique à 3'"''' d'eau se trouve donc absorbé
intégralement par cette réaction. Mais, la composition de la solution sa-
turée d'acide iodhydrique correspondant à une quantité d'eau supérieure
( 88.'; 1
(3°""', 5), la proportion d'eau dans le mélange s'accroît rapidement et la
réaction est limitée par la décomposition de l'iodure de phosphonium.
» Cela explique comment la formule donnée antérieurement par
M.Baeyer,pour exprimer la formation de l'iodure de phosphonium par l'ac-
tion de l'eau sur le biiodure de phosphore en présence du phosphore en
excès, est d'une complication assez grande ; elle représente en effet, non pas
une réaction, mais plutôt une série de réactions, aboutissant à un équi-
libre dans lequel figurent simultanément et les réactifs et les produits
formés.
» Un fait vient d'ailleurs à l'appui de cette manière de voir. En faisant
passer dans la liqueur une quantité convenable de gaz iodhydrique, ou
même en introduisant un peu d'iode et de phosphore, la production de l'io-
dure de phosphonium recommence, et le tout se prend bientôt en une
masse solide d'acide phosphoreux et d'iodure de phosphonium cristallisés.
» On peut utiliser celte réaction pour la préparation de l'iodure de phos-
phonium. On mélange lo parties de phosphore blanc, aussi divisé que pos-
sible, et 22 parties de solution saturée à froid d'acide iodhydrique. Après
quelques heures, lorsque la réaction a absorbé déjà une certaine quantité
d'acide iodhydrique, on ajoute 2 parties d'iode. Bientôt le tout se prend
en une masse de cristaux d'acide phosphoreux et d'iodure de phospho-
nium. On lessive le mélange à la trompe avec une solution d'acide iodhy-
drique, pour dissoudre l'acide phosphoreux, et l'on essore le résidu d'io-
dure de phosphonium. Ce dernier est légèrement teinté de rose, par une
trace d'iodure de phosphore; il est suffisamment pur pour être employé
dans un grand nombre de réactions.
» J'ajouterai que l'action, signalée par M. Op])enheim, du phosphore
rouge à 160" sur l'acide iodhydrique s'effectue également à la tempéra-
ture ordinaire, mais assez lentement. La production des cristaux d'iodure
de phosphonium n'est manifeste qu'au bout de quelques heures.
M II. Acide bromhydrique. — I^e phosphore ne réagit pas à froid sur
l'acide bromhydrique dissous. En opérant en vase clos, dès 100°, et surtout
à 120°, la réaction est rapide et le bromure de phosphonium se sublime à
la partie supérieure du tube. Si l'on a soin de remplir presque complètement
le tube scellé pour éviter, autant que possible, la dissociation de l'hydrate
d'acide bromhydrique par la chaleur, on peut obtenir en bromure de
phosphonium sublimé près du quart du volume de l'acide employé.
» Dans ces conditions, je n'ai pu observer la production de bromure de
phosphore : cela s'explique, le tribromure de phosphore étant détruit dès
G. R., 188a, 2' Semestre. (T. XCI, «0 22.) ' ' 7
( 886 )
la température ordinaire, mais lentement, par une solution saturée d'acide
bromhydrique ('). »
CHIMIE VÉGÉTALE. — De la ivaldiuiiie.'^ote de M. Ch. Tanret,
présentée par M. Berthelot.
« 1 . heSimaba ivaldivin (Simarubées) croît en Colombie, où on le confond
quelquefois, mais àtort, avec le Simaba cedron, de la même famille. Son fruit,
d'une amertume extrême, partage ainsi avec celui de ce dernier la réputation
des propriétés merveilleuses que dans les républiques de l'Equateur on
attribueau cédron et dont plusieurs voyageurs ont déjà entrelenul'Académie.
A la demande de M. Dujardin-Eeaumetz, désireux d'en étudier l'action
physiologique et thérapeutique, j'ai recherché et isolé les principes actifs de
ces deux fruits, qui m'ont été obligeamment fournis par M. Restrepo. Seul,
celui du waldivia a pu être obtenu cristallisé; je l'appellerai ivaldivine.
» 2. Préparalion. — On épuise avec de l'alcool à 70° le waldivia réduit
en poudre très fine, puis on distille. Le résidu, encore chaud, est agité avec
une grande quantité de chloroforme qui s'empare de la waldivine, et la
solution chloroformique, séparée avec soin, est distillée à siccité. On reprend
le résidu par l'eau bouillante qui abandonne par refroidissement la wal-
divine cristallisée. Plusieurs cristallisations et traitements par le noir la
donnent parfaitement blanche.
» Le rendement est très variableselon l'état de maturité et de conservation
des fruits: c'est ainsi que je l'ai vu varier de i à 8 pour 1000.
» 3. Composition. — Les cristaux de waldivine contiennent de l'eau de
cristallisation. Leur composition peut être représentée par la formule
CH-'0=«,5H0.
» Chauffés à 1 10°, ils perdent 10 pour 1 00 de leur poids : la formule exige
9,8. D'autre part, l'analyse du produit anhydre a donné les résultats
suivants:
C.
H.
O.
(') Ce travail a été fait à l'Ecole de Pharmacie, an laboratoire de Chimie organique de
M. Jungfleisch.
Trouvé
I.
54,40
6,22
n.
54,2
6,3
Calculé
pour la formule
C"H='0'".
54
6
39,38
39,5
40
100,00
100,0
100
( 887 )
» 4. Propriétés pliysiqucs. — Lawaldivinecristalliseen prismeshexagonaiix
terminés par une double pyramide hexagonale. Sa densité est dei,46.
Quand on la chauffe, elle perd d'abord son eau de cristaUisation, puis fond
en se colorant vers 23o°; elle n'est pas volatile.
» La waldivine ne jouit pas du pouvoir rotatoire.
» Très peu soluble dans l'eau froide (600 parties à i5°), elle se dissout
dans 3o parties d'eau bouillante ; les acides et les sels augmentent sin-
gulièrement sa solubilité dans l'eau. A iS" elle se dissout dans 60 parties
d'alcool à 70°; mais elle exige 190 parties d'alcool absolu. Le chloroforme
la dissout abondamment. Elle est insoluble dans l'éther.
» Ses solutions aqueuses moussent abondamment par l'agitation. Son
amertume est excessive.
» 5. Propriélés chimiques. — La w^aldivine est neutre.
» Sis solutions aqueuses précipitent par le tannin et l'acétate de plomb
ammoniacal; elles ne précipitent pas par l'acétate neutre ni l'acétate
basique de plomb.
» A froid, les acides sulfurique et azotique la dissolvent sans paraître
l'altérer sensiblement. Elle ne se précipite pas quand on étend d'eau ces
solutions; mais vient-on à les neutraliser avec un bicarbonate alcalin, elle
se dépose en partie si le sel formé n'est pas en assez grande quantité pour
la tenir en solution.
)) La propriété la plus remarquable de la waldivine est la facilité avec
laquelle elle est décomposée parles alcalis. Avec les alcalis caustiques, la
perte de son amertume est presque instantanée ; avec l'ammoniaque et les
carbonates alcalins, la décomposition est moins rapide, surtout à froid; elle
est plus tardive encore avec les bicarbonates alcalins. En même temps que
l'amertume de la waldivine disparait, la liqueur jaunit; elle redevient
incoloresi on l'acidifie. La solution qui contientainsi les produits de décom-
position de la waldivine réduit la liqueur de Fehling et dévie à droite le
plan de polarisation; mais je n'ai pu la faire fermenter, de sorte que je n'ose
affirmer la formation de glucose. Du reste, je me propose d'étudier les
produits de ce dédoublement par les alcalis.
)) 6, En i85i, M. Lewy retira du cédronune matière cristallisée, amère,
qu'il appela cédriiie. Depuis, M. Cloéz reprit cette étude, mais ne put
retrouver la cédrine de M. Lewy ('), et, de mon côté, je n'ai pas plus
réussi à obtenir cristallisé le principe amer que j'ai retiré du fruit du Siinaba
( ' ) Annales des Sciences naturcitcs.
( 888 )
ceciron. Mais, comme il est certain quec'est le vrai cédron que M. Lewy aeu
entre les mains ('), je suis porté à admettre, pour expliquer ces résultats
contradictoires, que les fruits qu'il a traités ont pu se trouver mêlés avec
le waldivia et que c'est ainsi ce dernier qui lui aurait donné les cristaux qu'il
a obtenus. »
CHIMIE. — analyse immédiate des tourbes; leur coiisliUdion chimique.
Note de INI. Ch.-Er. Guigneï, présentée par M. P. Thenard.
« Sous le nom générique de tourbe on comprend des matières fort di-
verses. Nos recherches ont porté sur des tourbes de formation très mo-
derne, de la vallée de la Somme. Ces produits se sont formés sous l'eau,
en présence du carbonate de chaux.
)) Traitées par une petite quantité d'eau dans l'appareil à épuisement
de M. Cloè'z, toutes ces tourbes donnent une solution de couleur ambiée,
contenant les acides autrefois nommés crénirjue et apocrénique par Berzé-
lius. Ces acides rentrent, comme on voit, dans la série des corps humiques
étudiés par M. Paul Thenard. L'eau dissout, en outre, un peu de sulfate de
chaux, mais point de matières sucrées.
» Les tourbes qui preiment naissance dans des terrains granitiques et
sous d'autres climats contiennent beaucoup plus de matières solubles dans
l'eau. Ainsi l'eau des marais tourbeux de Campes (province de Rio, Brésil)
est parfaitement limpide et peut servir à la boisson; mais elle possède une
couleur de café un peu claire. La matière brune qui produit cette colora-
lion donne par l'action de l'eau de chaux des corps bruns insolubles, ana-
logues à ceux de la tourbe des régions calcaires.
» En remplaçant l'eau par la benzine dans le traitement des tourbes de la
Somme, on dissout une matière cireuse peu abondante. Tout récemment,
l'illustre auteur de la découverte des phosphates fossiles en France, M. de
Molon, a trouvé en Bretagne ime tourbe qui abandonne à la benzine et
autres dissolvants analogues une quantité considérable d'une matière rési-
{') M. Lewy cite texUielleraent le Simaha ccdron. D'un autre côlé, à la suite de la Note
de 51. Lewy, M. Dumas Ajouté qu'un voyageur, M. SaillarJ, de Besançon, avait rapporté
une grande quantité de cédron, qui pourrait servir à des expériences cliimiqucs et thé-
rapeutiques. Or, couiine j'ai pu le vériiier sur ces fruits, que RI. le D'' Saillard fils a Lien
voulu me confier, ce cédron est bien le fruit du Siiniiba cédron et non celui du Shiiaba
waldh'in [Comptes tendus, l85i ).
( ««9 )
neuse brune. En distillant celte tourbe dans le vide, sous l'action d'un cou-
rant de vapeur surcliauffée, M. de Molon [obtient une quantité de paraffine
suffisante pour l'exploitation industrielle.
» Employé comme dissolvant, l'alcool à 90° donne avec les tourbes de
la Somme une solution d'un vert très clair qui laisse déposer par le refroi-
dissement d'abondants flocons de cire végétale, identique à celle qu'on
trouve dans les feuilles. Quant à la matière verte, elle a conservé les carac-
tères de la chlorophylle. Bien qu'assez altérable, cette matière se conserve
donc dans les tourbes de formation moderne, du moins en partie.
» Outre les substances précédentes, les tourbes renferment des cjluco-
sides (ou composés analogues), dont la présence est facile à constater.
» La tourbe, finement pulvérisée, est d'abord traitée à l'ébullition par
l'acide acétique étendu d'eau, de manière à enlever le carbonate de
chaux mélangé; puis on lave et on fait bouillir la matière avec de l'acide
sulfurique étendu de dix fois son poids d'eau.
» Après filtration, le liquide est saturé par le carbonate de baryte ou de
chaux. On évapore à sec et on reprend par l'alcool, qui dissout au moins
deux matières d'un goiit franchement sucré, réduisant la liqueur cupro-
lartrique. Ces deux matières peuvent être séparées, l'une étant précipitable
par l'acétate neutre de plomb, l'autre par le sous-acétate.
» Quant à la tourbe qui a subi l'action de l'acide, on la sèche après
l'avoir bien lavée et on la traite par l'alcool, qui dissout d'abondantes ma-
tières résineuses d'un jaune brun, légèrement solubles dans l'eau. La solu-
tion aqueuse précipite le perchlorure de fer en brun foncé, comme certains
dérivés des tannins.
» On pourrait penser que les matières sucrées proviennent de l'action
de l'acide sulfurique sur les matières cellulosiques plus ou moins altérées
que renferme la tourbe; mais il n'en est rien, car on n'obtiendrait pas
dans ce cas des matières résineuses insolubles dans l'acide et solubles dans
l'alcool.
» Ainsi la tourbe contient des glucosides dont il sera possible de déter-
miner la nature, malgré les sérieuses difficultés que présentent les re-
cherches de ce genre.
» Quant aux corps bruns solubles dans les alcalis que renferme la
tourbe, ils seront l'objet d'une autre Communication. Une partie au moins
de l'azote total renfermé dans la tourbe (jusqu'à 3 pour 100) entre dans la
composition de ces matières brunes, qui appartiennent à la curieuse série
des corps bruns azotés si bien étudiés par M. Paul Thenard. »
(890)
GÉOLOGIE. — Sur la géologie du Sahara septentrional. Note de M. J. Roche,
présentée par M. Delesse.
« La mission d'exploration transsaharienne, placée sous la direction de
M. le lieutenant-colonel Flatters, et à laquelle j'étais attaché, est parvenue,
dans un premier voyage, jusqu'au lac Menkhough, dans la vallée des
Ighargharen (longitude, 6°2'E.; latitude, 26°26'), à 800""" d'Ouargla,
point extrême de nos possessions algériennes (longitude, 3°6'E. ; lati-
tude, 3i°58'). Pendant ce trajet, j'ai pu examiner tous les terrains qui
constituent le Sahara septentrional, savoir les terrains quaternaire, crétacé
etdévonien.
» Ouargla (altitude, i6o")fait encore partie du bas-fond qui comprend
la région des Chotts et l'Oued Rhir. A partir de ce point, et dans les direc-
tions de l'est, du sud et de l'ouest, le terrain s'élève constamment en pente
douce. Cette contrée forme une cuvette quaternaire, dont les bords vont
reposer en stratification concordante sur des hamadas ou plateaux crétacés,
dont les altitudes sont de 35o" environ à l'est et au sud, et de 45o™ à
600™ à l'ouest, depuis El Goléali jusqu'au Mzab. Au sud, à 400*"" d'Oiiargla,
dans la région que nous avons explorée, les plateaux crétacés ont seulement
5o'""à loo""" de largeur; ils se terminent par des escarpements de 5o'"à 100™
de hauteur. De larges vallées séparent ces escarpements des plateaux dévo-
niens du massif central Touareg, qui s'élève peu à peu vers le sud, et dont
l'altitude dépasse 800" près de l'Oued ïidjoudjelt, non loin du lac Men-
khough. Le massif central lui-même se divise en plusieurs plateaux, sé-
parés les uns des autres par des vallées remplies d'alluvions et analogues
à la vallée de l'Oued Igharghar.
» Dans les environs d'Ouargla, le terrain quaternaire a une puissance
de près de 100'". Il est formé par des grès à éléments quarizeiix, dont
le ciment est argileux ou calcaire. Vers Ouargla, ces éléments constitutifs
sont des grains roulés de quartz hyalin, ne dépassant pas o'",oo2 ouo"", oo3;
plus au sud d'Ain Taiba (longitude, 3^39' E. ; latitude, 3o''i7'), à El
Biodh (longitude, 3°5o'E.; latitude, 28°3i'), point où finit le quater-
naire, ce sont surtout des fragments plus ou moins arrondis de quartz ou
de feldspath, dépassant souvent o'",oi.
» Les grès sont généralement jaunes. Ils sont tantôt très quartzeux,
tantôt très argileux et d'autres fois très calcaires. Au centre de la cuvette
( 89' )
quaternaire, la partie supérieure de l'étage est ordinairement formée par un
calcaire, parfois tufacé, mélangé de quelques petits grains roulés de quartz.
» Au sud d'Ouargla, sur une longueur d'environ So''", s'étend la région
des Kantras, plateaux séparés par des dépressions de 3o" à 40™ de pro-
fondeur. Là, comme dans les environs d'Ouargla, le terrain quaternaire a
subi de très fortes érosions.
» Des dunes, atteignant jusqu'à 200™ de hauteur, recouvrent une grande
partie de la surface du quaternaire. Je signalerai un fait très important, à
la fois au point de vue du chemin de fer transsaharien et au point de vue
géologique : c'est l'existence, au milieu du grand Erg ou du massif des
grandes dunes, au sud d'Ouargla, entre Ain Mokhanza et El Biodh, d'une
large région plane de 230'^'" de longueur, recouverte seulement de dunes
isolées, parallèles, allongées dans la direction du méridien magnétique
et distantes les unes des autres de plusieurs kilomètres. C'est dans la
partie orientale de cette région que se trouve, dirigé aussi N.-S. magné-
tique, le lit de l'Oued Igharghar, lit sans berges, marqué par des fragments
de lave roulés et par quelques coquilles d'eau douce, cyrènes et planorbes.
Le parallélisme des dunes et de l'Oued Igharghar montre entre ces deux
phénomènes une certaine corrélation.
» Entre El Biodh et Temassinin (longitude, [\°?>']' E. — latitude, 28°G'),le
terrain se compose essentiellement de deux hamadasou plateaux, de 40"""
à 5o'^'° chacun, suivis de deux escarpements, correspondant à deux étages
successifs du crétacé, le turonien et le cénomanien.
» Le premier plateau, dont le sol est recouvert par de nombreux frag-
ments de silex noir et de calcaire dolomitique, se termine par lui escarpe-
ment de 80'", composé d'une corniche de calcaire dolomitique de lo™, cou-
ronnant une masse de marnes blanches, jaunes ou vertes, lui peu gypseuses.
» Le second plateau est suivi d'un escarpement atteignant jusqu'à
100™, composé aussi d'une corniche de calcaire blanc ou jaune, d'environ
20"*, surmontant une grande formation de marnes vertes ou rouges, dans
laquelle s'intercalent des couches de gypse cristallisé.
» Dans le banc calcaire supérieur du second escarpement, j'ai trouvé
un assez grand nombre de fossiles, qui, d'après M. Douvillé, appartiennent
tous au cénomanien supérieur. Ce sont V Oslrea Jlabellata (abondante), VOs-
trea cohimba^VOslrea Coquandi^ V Oslrea Baylei, VHemiasler Bntnensis, VHe-
terodiadema Lybiciim et la Janira œquicoslala. Le second escarpement est
donc cénomanien et correspond complètement à l'étage vu par M. G. Rol-
land près d'El Goléah. Le premier escarpement n'a présenté aucun fossile;
( 89:^)
uiais, d'après sa position et par comparaison avec la coupe donnée par
M. Rolland, je crois pouvoir le rattacher avec certitude à l'époque turo-
nienne.
» Le plateau ou tnsili des Touareg Azgar, dont nous avons suivi le
bord oriental sur une longueur de 200*"", le long de la vallée des Ighar-
gharen, est constitué par des grès quartzeux dont l'extérieur est presque
toujours noir, tandis que la cassure en est souvent blanche ou peu
foncée. Ces grès sont ordinairement cristallins et très durs; parfois ils de-
viennent argileux et même schisteux, et passent à des schistes argileux
micacés. On y rencontre quelques gisements de minerai de fer peroxyde.
Nous avons pu trouver dans ce terrain, principalement dans les schistes
argileux, certains fossiles, un trilobite voisin du Prœlus Cuvieri, un frag-
ment de pigidimn de Calymene? des Leptœna, le Strophomene qiiadrangiilaris,
VAUjpa prisca, VAhjpa relicularis, un fragment d'Orlhis rappelant la Slria-
tiila, un Spirifer voisin du snbspeciosus, une Rliynclionelle du groupe de la
JFalitenbergi. Aucun de ces fossiles n'est ni bien net ni bien caractéristique ;
cependant, de leur ensemble, il semble résulter que le plateau des
Touareg Azgar appartient au dévonien, et peut-être même au dévonien
moyen. Dans le Sahara septentrional, les terrains éruptifs ne sont repré-
sentés que par quelques fragments de lave dans les vallées de l'Igharghar
et des Ighargharen. Ces laves, noires et scoriacées, paraissent provenir
d'anciens volcans situés au milieu du massif central des Touareg.
» Tous les terrains du Sahara septentrional sont en couches à peu près
horizontales, ou du moins fort peu inclinées. De là résulte que les acci-
dents topographiques y sont dus spécialement à de grands phénomènes
d'érosion, qui se sont continués encore au delà de la période quaternaire,
puisque le terrain quaternaire lui-même a subi de très forts ravinements.
» L'étude hydrologique de la région parcourue a donné des résultats
assez satisfaisants. A la base du quaternaire existe une nappe aquifère, qui
affleure dans les chotts d'Ouargla; elle a été recoupée par les nombreux
puits creusés dans les dépressions de la région des Kantras, et se montre
encore dans les deux entonnoirs naturels d'Ain Mokhanza et d'Ain Taiba.
Il est évident que cette nappe aquifère doit se prolonger sur une certaine
distance au delà d'Ain Thaiba, dans la direction d'£l Biodh. Eu outre, la
vallée des Ighargharen et probablement aussi la vallée de l'Igharghar con-
tiennent de l'eau à une assez faible profondem-.
» Enfin, il convient de citer les puits artésiens d'Ouargla et de Temas-
sinin. La nappe artésienne d'Ouargla est le prolongement de la nappe de
( 893 )
l'Oued Rhir; celle de Temassinin, située au milieu des alluvions, paraît
venir du sud, par les vallées de l'Igharghar ou des Ighargharen. »
PHYSIQUE. — Sur quelques phénomènes d'optique et de vision.
Note de M. ïrève, présentée par M. Desains.
i' Certaines considérations théoriques, que j'aurai, vraisemblablement,
l'occasion de développer dans quelques mois, m'ont conduit à constater les
phénomènes suivants :
» Lorsqu'on examine une flamme de lampe à travers une fente fine,
l'éclat de la flamme et les effets de diffraction produits varient beaucoup
suivant que la fente est verticale ou horizontale. Dans le second cas,
l'éclat est beaucoup plus considérable que dans le premier.
» On peut fixer le disque dans lequel la fente est percée au bout d'un
tube noirci de o™, i ou o^'^,2 de longueur, et alors le phénomène présente
un éclat et un intérêt tout spéciaux ('), si le tube renferme un prisme ou
un système de prismes, analogue à celui des spectroscopes à vision
directe. La fente doit être parallèle à la direction commune des arêtes ré-
fringentes de ces prismes. »
M. C. AViDEMANx adresse, par l'entremise de M. Jamin, une Note rela-
tive aux propriétés électriques du papier pyroxylé.
M. E.- J. Maumené adresse une Note relative à l'absorption de l'oxygène
par le mercure. Les différences entre les résultats obtenus par les divers
expérimentateurs seraient probablement dues, selon M. Maumené, à la
quantité plus ou moins grande d'argent que contiendrait le mercure.
M. L. Hrco adresse une Note « sur le nombre 365, comme dérivant de
la décade pythagoricienne ».
M. DcBALEN annonce à l'Académie la découverte d'une grotte préhis-
torique dans le département des Landes.
« Cette grotte, dite du Pape, ouverte au niveau de la vallée, est située à
Brassempouy, dans le domaine de M. dePoudenx. Les premières fouilles ont
(') La grandeur de la différence n'est peut-être pas indépendante de la qualité de l'oeil
de l'observateur.
C. R., i8So, 2- Semestre. (1. XCI, ^>' 22.) 1 I H
( «94 )
fait découvrir quelques rares pièces, semblables à celles du Moustier, et une
quantité assez considérable de silex de la forme de ceux de laMagdeleine,
avec de belles gravures, de nombreux poinçons, dents percées, etc., une
olive en pierre polie, semblable aux pierres de jet des peuplades de la
Nouvelle-Calédonie.
» Les espèces rencontrées au-dessus du niveau de la grotte sont : le
cheval, le renne, le bœuf, le cerf, le loup, la chèvre, le renard, le blaireau,
des rongeurs divers, des ossements de poisson, une dent humaine; dans
les niveaux inférieurs, peu explorés, l'hyène, le cheval, le bœuf, le mam-
mouth, le rhinocéros, le grand chat, le petit ours.
» Dans les débris quaternaires qui tapissent le pied du coteau, on
retrouve les ossements roulés et les dents de toute la deuxième série des
animaux, sans silex taillés. »
A 4 heures un quart, l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 5 heures. J. B.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
OdvEAGES reçus dans la séance du 22 NOVEMBRE 1880.
Ministère de iinstruclion publique. Annales du Bureau central météorolo -
gique de France, publiées par M. E. Mascart; année 1879. I, Étude des
orages en France et Mémoires divers jlY, Météorologie générale. Paris, Gauthier-
Villars, i88o; 2 vol. in-4°.
Projet d'une capitale modèle; texte et plans,pr7r A. Mathieu. Paris, J. Bau-
dry, 1880; in-4° relié.
Projet de canaux maritimes et d'eau douce à travers l'Europe, texte et plans;
par A. Mathieu. Paris, J. Baudi-y, 1880; in-4° relié.
Reclierches géologiques sur les terrains tertiaires de la France occidentale.
Paléontologie; par G. Vasseur : Atlas, PI. IV et V. Paris, 1880; in-4°. (Pré-
senté par M. Hébert.)
Conchyliologie fluviatile de la province de Nan-King et de la Chine centrale ;
par le R. P. Heude. X^ fasc. Paris, F. Savy, 1880 ; in-4°. (Présenté par
M. H. Milne Edwards.)
( «95 )
Annales des Ponts el Chausséa. Mémoires et Documents, 1880, octobre.
Paris, Dunod, 1880; in-8°.
Annales agronomiques; par M. P. -P. Dehérain 3* fasc, octobre 1880.
Paris, G. Masson, 1880; in-8°.
A"" 627. Dépôt des Cartes et Plans de la Marine. Description et usage du petit
cercle méridien portatif ; par M. de Bernardières. Paris, Iinpr. nationale,
1880; in-4°. (Présenté par M. l'amiral Mouchez.)
Etude (le la question de chaleur souterraine et de son influence sur les projets
et s/stèmes d'exécution du grand tunnel alpin du Simplon ; par G. -T. [jOMiUEL .
Lausanne, impr. Corbaz, 1880; br. in-8°.
Esquisse géologique du nord de la France et des contrées voisines; par M. J.
Gosselet; i^'^fasc. : Terrains primaires, texte et planches. Lille, aux Archives
de la Société géologique du Nord, 1880; in-8°.
Notes sur les sables tertiaires du plateau de l'Ardenne; par M. Gosselet.
Lille, impr. Six-Horemans, 1880; br. in-8''.
Etude sur le terrain carbonifère du Boulonnais; par MM. Gosselet et Ber-
TAUT. Sans lieu ni date; br. in-8°.
(Ces trois derniers Ouvrages sont adressés par l'auteur au Concours Bor-
din de l'année 1880.)
The Journal of the Linnean Societj. Botany, n"' 103, 104, 105, 106, 107;
Zoology, n° 80. London, 1879-1880; 4 livr. in-8°.
IVie Transaclions of the Linnean Society of London. Botanj , vol. I,
part. 7, 8, 9; Zoology, vol. II, part I. London, 1879-1880; 4 'ivr. in-4°.
On the physical structure and hypsometry of the Catskill mountain région;
by A. GuYOT. Sans lieu ni date; br. in-8°, avec une Carte (Froin the Ame-
rican Journal oj Science, vol. XIX.)
Sui vasi propri delta Phalaris nodosa. Nota del Socio ordin. G. -A. Pas-
QUALE, adunanza del 2 di ottobre 1880. (Estratto dal Rendiconto délia reale
Accademia délie Scienzefis. e mat, di Napoli.) (Présenté par M. Decaisne.)
Memorie délia Societa degli spettroscopisli ilaliani, raccolte e pubblicate per
cura del prof. P. Tacchini; disp. 7", luglio 1880. Roma, tip. A. Paolini,
1880; in-4°.
Le singole forze délia nalura fisiche, chimiche, vitali, ecc, siccome un semplice
efjelto di moti speciali deli etere, diM. Giordano. Torino, G. Speirani, 1880;
in-8°.
Coralli giurassici dell' Italia settentrionale. Memoria di A. d'Achiardi. Pisa,
T. Nistri, 1880; in-8".
( 896)
OOVRAGES REÇUS DANS LA SÉANCE DD 2C) NOVEMBRE l88o.
Recherches sur les graines jossiles siticifiées ; par Adolphe Brongniart, pré-
cédées d'une Notice sur ses travaux, par J.-B. Dumas. Paris, Impr. nationale,
1880; in-4°» avec portrait et planches chromolithographiques.
Les tarifs des chemins de fer et i' autorité de l'Etat/ par M. L. Aucoc. Paris,
Dunod, 1880; br. in-8°.
Leçons de Zoologie professées à la Sorbonne [enseignement secondaire des
jeunes fuies); par M. Paul Bert : Anatomie, Physiologie. Paris, G. Masson,
1881; in-8°.
Congrès international d' Anthropologieetd' Archéologie préhistoriques. Rapport
sur la session de Lisbonne; par M. E. Cartailhac. Paris, E. Boban, 1880;
in-8°. (Présenté par M. de Qualrefages.)
Annuaire de l'Observatoire royal de Bruxelles. 1881. Bruxelles, F. Hayez,
j88o; in-32.
Mémoires couronnés et autres Mémoires publiés par l' Académie royale de
Médecine de Belgique; collection in-8°, t. VI, 1^ fasc. Bruxelles, H. Man-
ceaux, 1880; in-8°.
Les étoiles et les curiosités du ciel. Supplément à l' Astronomie populaire ; par
G. Flammarion. Livr. i à 10. Paris, Marpon et E. Flammarion, 1880; grand
in-8", illustré.
Texte explicatif du levé géologique de la planchette de Boisschot et d' Aerschot ;
par M. le baron O. van Erteorn. Bruxelles, F. Hayez, 1880; 2 br. in-8°.
Levé géologique des planchettes de la Carte topographique de In Belgique; par
M. le baron O. van Ertborn, avec la collaboration de MM. P. Gogels,
Boisschot, Aerschot, Lierre, Potte et Hetst-op-den-Berg. Bruxelles,
1880; cinq Gartes en une feuille.
Uistory oj norlh ameiican pinnipeds; a monograph ofthe ivalruses, sea-lions,
sea-bears and seuls oj North America; by J. Asaph Allen. Washington,
Government printing Office, 1880; in-8°.
^ bhandlungen der kôniglichen Akademie der TVissenschaften zu Berlin, aus
dem Jahre 1879. Berlin, 1880; in-4°.
Alli del reale Istituto veneto di Scienze, Leltere edArti;t. IV, disp. X; t. V,
disp. I-X; t. VI, disp. I-IX. Venezia, 1877-1880; 19 livr. in-8°.
Memorie delreole Istituto veneto di Scienze, Leltere ed Arti; vol . XX, part. II
et III; vol. XXI, part. I.
Memorie délia Societa degli Spettroscopisti italiani; disp. 6*, giugno 1880.
in-4°- (Deux exemplaires.)
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
■ y o a ^téi^" ■ I
SÉANCE DU LUNDI 6 DÉCEiMBRE 1880.
PRÉSIDENCE DE M. EDM. BECQUEREL.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE,
ASTRONOMIE. — Sur le développement d'une Jonction quelconque du rayon
vecteur dans le mouvement elliptique; par M. F. Tisserand.
« Soient rt, e, Ç, r le clemi-grand axe, l'excenlricilé, l'anomalie moyenne
et le rayon vecteur dans l'orbite elliptique d'une planète; on a, comme on
sait,
- = -^o-t- A, cosÇ +. . . + A„cos7i^ -+-...,
où les coefficients A sont des fonctions de e, qui s'expriment très sim-
plement à l'aide des transcendantes de Bessel.
« Je me propose de trouver le développement correspondant d'une
fonction quelconquey(r) sous la forme
(i) /(/) — Bo + B,cosÇ-f-... + B„cos/2Ç + ....
M Les coefficients B seront des fonctions de a et de e; je vais démontrer
G. P.,, 1880, 3' SiîT.fscre. (T. XCI, N" 25.) I I9
{ «98 )
que l'on a
p\n+ip
(2) iB„= (- i)« ^ -^^^L-^u{u - «)-P-(« + nY->{u + « 4- a^).
,1 = 0
)) Quand on aura effectué le développement de l'expression
u{u — n)"^-P-' {u -h nf-'{n + n -f- 3p)
suivant les puissances entières et positives de h, on devra y remplacer «<'
par œ — rW-^ en désignant par ■ .V la valeur a laquelle se réduit -^.A— >
' da' ° ^ an' ' cli*
quand on y fait r = a. On voit que le coefficient d'une puissance quel-
conque de e dans B„, qui est une fonction de a, se trouve présenté sous
une forme symbolique très simple.
» Pour démontrer cette proposition, je pose
r = a{\ + X),
et j'aurai, par la série de Taylor,
ou bien, symboliquement, d'après nos conventions,
(3)
n— ijl^ i.n^ [n-h 2p — 2.]\ 1.2../1* [n + 2p— 3)1
4 >
OU bleu, en remplaçant les N parleurs expressions (5), k l'aide d'intégrales
définies,
U. = '
n^ [/i -h ip ■
:^kr'-'^-r'-i'^'^h-^(:-T
u' [ti -h op — ! ) ( /; -I- 2/; — 2 )
H :
ri' 1.2
1 \ni2p-a
z
_...].
j» Dans cette formule, le coefficient de z~" dp n'est aulre chose que le dé-
veloppement de
(-
et c'est là le point capital de la démonstration. Ou en déduit aisément
'-^ n^ n -\~ 11) — 1 1 ! 2 r ' \ z ' z n\ z) \ "
» L'intégrale définie qui figure dans celte formule est égale à la partie
indépendanle de z d.uis le développement, suivant les puissances positives
et négatives de z, de l'expression
-"(=-0
=(.-.-=-'.[(,-;i)=-(,^î)=..J-v
on trouve facilement que cette partie indépendante de z est égale à
[n-\'ip — \]\ I ii\"+P-' / u\P
(—i\P A'
! \'-«
,i\"+p-' /
«
•(-')"
(/j + 2/3 — 1)
tty+p f u\p-'
et, en simplifiant cette expression et la portant dans U^, on arrive à
■ 0" I
u„ =
p „>H-v ^!(„_^^,ji
u\n - ny-f-^u + n]i'-\u + « + 2p).
( 9"' )
En portant dans (7), et remplaçant x par — > 00 tombe sur la formule (2),
qu'il s'agissait de démontrer.
» Eu prenant, par exemple, y(/") = -^ on aura zi = 1 , ;^-=:o, ^^' = 0, . . .,
et il en résulte, pour le coefficient A„ de cos«Ç, dans le développement
de :,
a
A„ = - - S {-iY-rr^ — r7(" + 2w);
"'Zj^ ' p\[n-\-p]\^ '^'^
c'est la formule connue.
» Je vais faire une application du théorème précédent au calcul d'une
série de termes dans le développement de la fonction perturbatrice.
» Soient a\ e', 'Ç les quantités correspondantes à (Z, e, Ç pour la planète
perturbatrice, et a"> a; je me propose de trouver, en négligeant l'incli-
naison mutuelle des orbites, les termes indépendants de e' et Ç'; on pourra
ici se borner à la partie principale
^ \'r'-\- r"'— 9.ir'i:os-j
de la fonction perturbatrice, v désignant l'angle des rayons ;• et r'. On
pourra supposer tout de suite r' — a\ et l'on aura, par un développement
connu,
n
A / -xr ]■•
^.-^:
= iQ'") + Q"'cosv-l-Q'-)cos3v + . .
cosv
a
'2
Les termes en cosv, cos2V, ... ne nous donneront rien pour les termes que
nous considérons; nous pourrons donc nous borner à
= iQ'"',
a
T
où
» Telle est, dans le cas actuel, la fonction de /■ qu'il s'agit de développer
en une série procédant suivant les cosinus des multiples de Ç.
» Nous ferons a=— ? et, conformément aux notations en usage,
( 902 )
nous trouverons ainsi
U = a —r- ■> ir = (/. —rr- '
(lu d'j?
» Soit R„ le coefficient cherché de cosnÇ, dans le développement de -•,
lîous trouverons
'<;\"+-/'
/'=' ■
R„=(-i)«^^A^/:P^«(«-/0"^''-'(" + '0''-'(^^
;. = 0
» Telle est l'expression générale cherchée; on en déduit, par exemple,
que le coefficient de y-A . dans le terme en cosÇ, est égal à
» Le Verrier a trouvé, pour ce coefficient, l'expression suivante :
I / ,^^if' ^ „rAiC! .d'U"^ ,d'bW dbW
i44 \ '''■•' ''* ^•'" '■'''• '^^^
Th.
.6«=-^--7«^i-
» On vérifiera aisément l'identité de ces expressions en introduisant nos
notations symboliques.
» On voit que nous avons pu donner l'expression tout à lait générale et
explicite d'iuie classe de termes de la fonction perturbatrice; ce sont
malheureusement les plus simples, et il paraît très difficile d'arriver au
même but pour des termes plus compliqués. »
CHIMIE. — Réaclion spectrale du chlore et du brome.
Note de IM. Lecoq de Boisb.vitdran.
« Quand on observe dans la flamme du gaz, par l'ancien procédé, le
spectre d'une petite perle de chlorure de baryum, les raies propres à ce
composé ne tardent pas à disparaître pour faire place à celles de l'oxyde.
Toutefois, il reste pendant longtempsdu chlore dansla baryte ainsi chauffée.
La destruction du BaCI- ne se complète qu'après sa volatilisation.
» Aussi, en tirant rétiiicelle d'induction sur la petite masse calcinée,
voit-on très nettement les raies nébuleuses propres au BaCP, en outre des
raies étroites du baryum.
(9o3)
)) Pour la reclierclio de traces de chlore on de hrome, voici coninieiit
j'opère :
» Un fil de platine vertical (d'environ f de millimètre de diamètre) est
replié à sa partie inférieure en forme de crochet ou d'U. Sur cette demi-
boucle on fond au rouge blanc o^'',ooi à of^'',oo2 de carbonate de baryte pur,
puis on place dans la courbure du fil une gouttelette du liquide à exa-
miner ('); on évapore à sec, et l'on pousse même pendant un couii instant
la chaleur jusqu'au rouge naissant. La fusion au moins partielle de la masse
est avantageuse, en ce qu'elle lui permet de s'étaler comme uu vernis à la
surface du fil de platine.
» Après refroidissement, un second fil de platine (f de millimètre à
o'",ooi de diamètre) est amené tout près (à o™,ooi ou o'",ooi5) et au-
dessous de la courbure du premier fil, un peu en avant du côté de la fente
du spectroscope. L'étincelle d'induction, non condensée, donne alors un
spectre dans lequel se montrent les raies du BaCl" ou du BaBr".
)) On reconnaît ainsi 3-5^ de milligramme de chlore ou de brome. Nid
doute qu'avec quelques précautions on ne dépasse encore ce degré de
sensibilité, surtout pour le chlore.
» Si, dans un tel essai, la quantité de chlore est uu peu notable, le fil
peut être chauffé au blanc éblouissant pendant plusieurs minutes sans pré-
judice des raies du BaCl', dont on a même souvent beaucoup de peine à
se débarrasser par la calcinatiou prolongée du fil de platine.
» La résistance du Ba Br* à la chaleur parait être notablement moindre. »
NOMINATIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un Cor-
respondant pour la Section de Géométrie, en remplacement de feu M. Bor-
cliarill.
Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 5o, M. Brioschi
obtient 5o suffrages.
M. Brioschi, ayant obtenu l'unanimité des suffrages, est élu Correspon-
dant de l'Académie.
[') Si la l'.iatièro contient des azotates, il ost ulile de chasser AzHO' par SÎI'O', [luis
celui-ci par BaO pur. S'il y a beaucoup d'acide sulfaiique ou de sulfate, on s'en débarrasse
également par BaO.
(9o4 )
MEMOIRES PRESEA'TES.
VITICULTURE. — Stir l'action deTeau^ dans les applications de sulfure de carbone
aux vitjnes phylloxérces. Note de M. J.-D. Catta, délégué de l'Académie.
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
« Dans le Rapport de la Compagnie Paris-Lyon-Méditerranée (1877), °"-*
nous exposions, avec MM. Marion et Gastine, le résultat de nos recherches
sur le sulfure de carbone comme agent insecticide, nous écrivions la phrase
suivante : « Leur rélablissement (des ceps en expérience) s est trouvé considé-
» rablement hâté pai un arrosage pratiqué quelques jours après la dilacération
» des racines et leur aspersion par le sulfure, »
» Les résultats de celte expérience n'ont p;is été contredits jusqu'ici,
mais ils avaient conduit à considérer comme souverainement efficace tout
traitement pratiqué avec le concours de l'eau. Quelques déceptions se sont
produites. La conclusion ne comportait pas, en effet, une telle généralité.
» Nous avons pu arriver à nous convaincre qu'en thèse générale les
applications qui sont suivies par la pluie sont un gage de bons résultats,
mais que celles qui sont pratiquées immédiatement après sont fréquem-
ment nuisibles à la vigne.
» La règle pourrait être plus exactement formulée de lafaçon suivante:
Il ne faut pas que le suljure de carbone se trouve à l'état liquide dans un sol
complètement détrempé par l'eau.
» On sait que l'eau est capable, de dissoudre, d'après M. Dumas,
1,78 pour 100 de sulfure de carbone liquide : un traitement au pal
en terrain mouillé favorise considérablement cette dissolution, puis-
que l'on répartit le sulfure par petites quantités en un 1res grand nombre
de points du sol. Mais la dissolution aqueuse de sulfure de carbone ne
paraît pas nuisible pour la plante.
M M. Dumas s'est assuré^ dès 1876, que si cette dissolution, même éten-
due de neuf fois son poids d'eau, conserve encore des propriétés insecti-
cides incontestables, la vigne n'en souffre pas, même quand elle est con-
centrée. L'eau saturée de sulfure de carbone lui avait offert, en effet, le
résultat suivant :
» On a arrosé avec aSo'''^ de cette dissolution environ, par pot, deux pots
de vignes phylloxérées : l'insecte est mort, et la vigne n'a pas souffert.
( 9o5 )
» Riais M. Dumas ne considère pas cette expérience en pots comme
pouvant contredire celles qui ont été effectuées siu' le terrain; il sait qu'il
faut toujours tenir compte des circonstances et influences, souvent prépon-
dérantes, qn'exercentla nature et l'état du sol, la saison et l'état de végéta-
tion de la vigne, etc.
» Dans l'espèce, le sulfure de carbone recouvert d'eau a pu conserver l'état
liquide, forme sous laquelle il mortifie facilement les racines qu'il touche,
et non se dissoudre dans l'eau, forme sous laquelle il eût été sans danger.
» Quelle que soit l'explication à admettre, voici les faits qui nous ont
permis de poser la règle indiquée plus haut :
» Dans le courant du mois de juillet 1880, nous fîmes exécuter les traite-
ments d'extinction sur la lâche de Saint-Amadou ( Ariège). Cette tache d'ùn-
porlation occupait S""" sur un îlot de vignes de j^^, complèteiuent isolé sur
un petit coteau et formant sensiblement un long rectangle orienté de l'est
à l'ouest. Les opérations commencèrent à l'extrémité ouest, par lui temps
très sec et très chaud. La pluie survint pendant les traitements, elle fut tor-
rentielle avant la fin, et la dernière vigne injectée, celle qui se trouvait à
l'extrémité est (environ a"""), futopéiée alors que le sol était complètement
détrempé et boueux.
B Les effets ordinaires du sulfure de carbone appliqué à haute dose
(140S'' par mètre carré) se manifestèrent dans toutes les vignes traitées, mais
les atteintes furent plus graves à l'extrémité est. A la fin du printemps de
1 880, la visite du vignoble traité était particulièrement intéressante. La vigne
est (a""*) ne présentait pas plus de 10 pour 100 de ceps vivants. Les vignes
ouest, au contraire (S'»''), ne contenaient pas plus de 5 pour 100 de ceps
morts. La végétation y était particulièrement belle.
» Or la composition, la profondeur du sol, l'orientation du coteau,
l'époque et la nature du traitement, tout était identique. Seules les condi-
tions d'humidité avaient varié; seules elles pouvaient être invoquées pour
expliquer la différence d'action : des vignes ayant reçu i/ioB'^ de sulfure
par une grande sécheresse ne manifestaient plus aucune souffrance une
année après ; les vignes ayant reçu la même dose avec excès d'humidité
avaient presque entièrement péri.
» Frappé de ce résultat, nous recherchâmes des effets analogues dans
d'autres localités: nous en trouvâmes dans l'Hérault. Dans les Pyrénces-
Ori(.ntales,où la vigne de M. Vergés du Soler avait manifestement souffert
d'un traitement cultural, nous retrouvâmes la même cause. « Les ouvriers,
» nous disait M. Vergés, étaient obligés de tracer des rigoles pour faire
C. R., 1880, 2- Semestre. (T, XCI, N" 2.".) I 20
(9o6)
» écouler l'eau pendant qu'ils traitaient. » Nous envoyâmes dès lors une
circulaire à tous les délégués départementaux de notre région pour les
inviter à veiller à ce que les injections du sulfure, même culturales, ne se
pratiquassent pas en terrain trop détrempé. Ces messieurs eurent tous dans
cette circulaire l'explication de certains accidents qu'ils avaient observés.
» Nous citerons, sans nous appesantir sur les détails de ces observations,
le.s localités où elles ont pu être recueillies. Dans l'Aude, M. Henrion put
nettement reconnaître l'action nuisible de l'humidité excessive à Rnissac
et à Bize ; en Corse, M. de Peretti l'a constatée à Corte ; dans l'Aveyron,
M. Fabre l'enregistra à Villefranche-de-Rouergue, et enfin M. Tanviray
dans le Loir-et-Cher.
» Ainsi l'action nuisible de l'humidité excessive s'est vérifiée dans les
régions viticoles les plus diverses, depuis la Corse jusqu'en Loir-et-Cher.
Nul doute que certains accidents de végétation arrivés dans le Bordelais ne
doivent être attribués à la cause que nous signalons.
» Les conditions des traitements au sulfiu'e de carbone, traitements qui
rendent tant de services à la viticulture, ne sauraient être trop bien
connues. Tous ceux qui sont appelés à les appliquer devront donc se sou-
venir qu'une humidité légère du sol ou même la pluie survenant après
l'injection, alors que le sulfure est déjà à l'état de vapeur, favorise l'action
insecticide et la reprise de la végétation, tandis quel'introduclion du liquide
sulfacarbonique dans un terrain détrempé constitue un danger pour la
plante. »
VITICULTURE. — Sur l'essaimage du Phylloxéra en 1880.
Note de M. P. de Lafitte, délégué de l'Académie.
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
« Quand on s'applique avec suite à l'étude d'iui sujet difficile et encore
peu connu, il est rare que l'esprit ne soit pas quelque peu en avance sur
les connaissances acquises. Il s'en faut beaucoup que ce soit un mal, sur-
tout quand il s'agit de questions qui n'ont pas le temps d'attendre. Parlant
de déductions parfois prématurées, mais dont il est malaisé de se défendre,
j'écrivais l'année dernière (' ) :
{ ' ) Essai sur la dcstructioii de l 'œuf d 'hiver du Plniloxem de la vigne, p. 55, au milieu
(paru en juillet 1879).
(907)
« Il n'est |)as indifférent de léflécliir à l'avance aux c^nscqucnccs de ces faits (ceux qui,
simplement, ne contredisent à rien de connu) encore à l'état, non d'hypotlièse, mais de
prévision. On jiouna éviter ainsi de négliger, peut-être de ne pas remarquer du tout tel
phénomène, au fond très utile à connaître, mais en apparence insignifiant, parce qu'on n'en
saurait saisir les relations avec d'autres phénomènes qui ne s'offriront que jilus tard, si
ceux-ci n'ont pas été prévus.
» ... A la condition qu'on soit libre de tout parti pris, et qu'on utilise chaque fait bien
observé pour éclairer sa marche, ce souci constant des choses possibles est une méthode
sûre et féconde. «
)) Dans les circonstances présentes, deux failsde cet ordre nie semblent
pouvoir être rappelés utilement. L'étude attentive des travaux de M. Bal-
biani sur le l'hylloxera m'a conduit à énoncer comme une loi, non pas
certaine, mais cxlrèinement probable, que I'ailé ne se rencontre jamais
parmi les insectes de première année ('), j'entends ceux qui proviennent
par générations successives d'un œuf d'hiver, dans l'année qui a vu éclore
cet œuf. J'ai pu invoqtier plus tard, comme une première vérification de
cette loi, ce fait si général, et qu'il est impossible jusqu'ici d'expliquer
d'une autre manière, que la réinvasion d'été ou d'automne, généralement
très abondante après un premier traitement, devient insignifiante à partir
du second (*).
» Le terrain devenant ainsi plus solide, un nouveau pas en avant est
devenu possible. Avec un peu plus de hardiesse dans les déductions, j'ai
énoncé comme prob;ible, ou seulement possible, cette autre loi : Dans la
descendance d'un ailé, (''essaimage est périodique. Comme la période, si elle
existe, est évidemment la même pour tous ces insectes, on peut dire sim-
plement : L'essaimage est périodique. J'ajoutais en terminant :
« Pour des raisons qu'il y aurait abus à rapporter ici, je considère comme très probable
la période de deux ans ('). »
» Il est nécessaire de préciser. J'ai montré, il y a deux ans(''), que la
métamorphose en nymphe ne saurait être attribuée à une cause acciden-
(') Discours sur le Phylloxcia, p. 3'j et 38, et, ii la fin, notes (f/j et (t). — Comptes
rendus, séance du 8 septembre 187g, p. 5o3, au milieu. — Essai précité, p. 55, au milieu.
— Journal de l'Agriculture, numéro du 20 décembre 1879, !'• 47^» '■ '°'
(') Comptes rendus, 8 sepLembre 1879, P' "^°^ ^' 5o^.
(') Essai précité, p. Sg, en bas.
(') Discours sur le Phjllo.rera (paru en octobre 1878), p. 34, !• 3. — Essai précité,
p. 56, au milieu. — J'insiste sur les dates, pour montrer que cette théorie n'est pas faite
après coup, mais qu'elle a précédé les faits dont elle va fournir l'explication.
( 9"8 )
telle, comme serait une nourriture spéciale, mais qu'elle tenait à un prin-
cipe antérieur et inhérent à l'insecte sur lequel elle s'opère. La loi énoncée
exprime que, dans la descendance d'un ailé, la transformation s'accomplira
la seconde année sur tous les insectes qui en sont capables, en sorte qu'il
ne restera plus sur les racines que des individus impropres à la subir eux-
mêmes ou à en transmettre le principe à leurs descendant.--. Ainsi le troi-
sième essaimage viendra, non des aptères qui restent sur les racines après
le second, mais des ailes qui composaient ce second essaimage, comme
ceux-ci sont venus exclusivement de ceux qui formaient le premier.
» Mais, celte période admise pour un moment, il faut bien remarquer
qu'il pourra y avoir simultanément sur chaque vigne deux essaimages in-
dépendants l'un de l'autre et produits par deux essaims dont le second serait
venu une année, ou un nombre impair d'années, après le premier. Pour
abréger, je les nomme essaimage pair et essaimage impair, selon que le mil-
lésime de l'année où ils se présentent est pair ou impair.
» J'ai signalé le parti qu'on pourrait tirer de cette loi, pour la destruction
de l'œuf d' hiver, t't montré en même temps combien la démonstration expé-
rimentale en serait difficile, bien que la nymphe semble assez commode
pour ces recherches (' ). Ce qui serait plus commode encore, ce sont les
galles, si elles n'étaient pas si rares sur les cépages du pays, car les galles
observées une année sont la preuve certaine (') qu'un essaimage a eu lieu
l'aïuiée précédente.
B Deux observateurs, dont aucun assurément n'a lu une seule ligne de
ce que j'ai écrit sur ce sujet, apportent une première confirmation de ces
idées : M. Laliman signale un malvoisie, placé chez lui dans le voisinage
d'un taylor, et qui se trouve couvert de galles tous les deux ans ('); M. Cotte
signale la bisannualilé des galles plusieurs fois observée a. Sorgues, chez M. Vil-
lion (^). Ce ne sont là que deux faits isolés; mais en voici un autre, d'un
caractère très général.
M Au préalable, une courte explication est nécessaire. Il y aurait trois
moyens, différents par leur objet et les procédés à mettre en œuvre,
d'anéantir un essaimage : i" détruire, avant qu'ils aient pondu, soit tous les
(') Essai pi-écité, et ici môme [Comptes rendus, 8 septembre 187g, p. 5o5, I. 9).
(') Réserve faite d'une observation de M. Marion, qui n'auia d'ailleurs que peu d'in-
fluence si elle se confirme [voir son Rapport de 18781.
(') Comptes rendus, 3 août 1880, p. 275, au milieu.
(*) Comptes rendus, 6 septembre 1880, p. 464 > en bas.
( 909 )
allés qui le composent, soit tous leurs enfants, les sexués; a° détruire tous les
œufs d'hiver pondus par les femelles sexuées; 3° détruire tous les j/a/Zito/es issus
de ces œufs d'hiver. Il importe peu que ce soit à un ou à lui autre de ces
trois chaînons qu'on rompe le cycle; potu'vu qu'on parvienne à le rompre,
le résultat sera le même. Et, si l'on renouvelle l'opération avec succès deux
années de suite, les deux cycles seront arrêtés et il ny aura plus d'essai-
mage. Mais il faut se souvenir qu'il restera et pourra rester longtemps sur
les racines des aptères, dont aucun ne subira ultérieurement la transfor-
mation en ailé, h' œuf d' hiver semble pouvoir être détruit assez facilement
et à peu de frais, tandis que les ailés, les sexués^ les gallicoles sont, pour le
moment, hors de nos atteintes; mais il arrive justement que ceux-ci, sur-
tout les derniers, sont directement soumis à toutes les influences météoro-
logiques auxquelles l'œuf d'hiver échappe sous les écorces. Voici ce que
j'écrivais en juillet 1879, et j'arrive maintenant au cœur de mon sujet :
M. Ch.-V. Zexger adresse une Note relative à « la loi générale des mou-
vements dans le système solaire ».
(Commissaires : MM. Lœwy, Tisserand.)
M. A. BouYssY adresse une Note relative à un projet de lunette astrono-
miqne, formée de deux parties à angle droit, avec un prisme à réflexion
totale.
(Renvoi à l'examen de M. Faye.)
M. D. Carrèue adresse la suite de son Mémoire sur la résolution de
l'équation du sixième degré, lorsque toutes les racines sont imaginaires.
(Renvoi à la Commission précédemment nommée.)
MM. Sauvageot et Gauthier adressent, par l'entremise de M. Robin,
une Note intitulée « Les tissus végétaux au contact de l'air, source d'élec-
tricité ».
(Commissaires : MM. Edm. Becquerel, Jamin.)
CORRESPONDANCE.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
1° Un fascicule de la « Description des ossements fossiles des environs
d'Anvers, par M. P.-J. van Beneden (Pinnipèdes et Amphithériens) »;
1° Un opuscule de M. Pr. de LafiUe, intitulé « Essai sur la destruction
de l'œuf d'hiver du Phylloxéra de la vigne ».
( 9'7 )
ASTRONOMIE. — Observalions de la comète d 1880 [Haitwiij), Jaites à
l'Observatoire de Paris [équalorial de la tour de l'Ouest), pnr M. G. Bi-
GouRDAx. Communiquées par M. Mouchez.
« Ces observalions font suite à celles qui sont imprimées dans les
Comptes rendus (t. XCI, p. 610). Elles ont été faites avec un micromèlre à
gros fils.
Dati's.
ISSU.
Cet, 9
10
1 1
12
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H
29
3o
Nov. 3
4
22
27
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Ascension droite.
Déclinaison.
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8
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m s
+ I . 17,80
— 0.27,47
+ I . I , 62
— o.56,4o
H- o . i G , Sg
+ 1.52,88
— i,5i,î8
— 1.38,62
— 0.20,65
— 0.54,02
+ 2. 6,64
— 0.18,19
+ o. 7,27
Loc-
4-
ict. par.
,558)
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,58o)
,544)
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,432)
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^*-
— 5 . 24 , o
— 1.56,4
+ I .23,0
— 5.4056
— I . 36 , 5
+ 5.21 ,0
+ 0.45,6
-f- o. 4, g
— I . i5, I
-+- 2.22,4
— 2.43,5
■+- 4-i'2,5
+ 3.33,9
Com-
positions des étoiles de comparaison.
Ascension droite
Dates. moyenne
1880. Étoiles. 1880,0.
tl D1 S
Cet. q. a 3o43oLalande 16. 36. 58, 10
10. b i448Weisse,H.XVI. 16.47.30,69
11. c i639Weisse,H. XVI. 16.54. i5, 47
12. r/ 3238Arg.-Z. + 19". . 17. 3.25,08
18. e Anonyme 17.35.47
24./ 3362Arg.-Z. + i2<'.. 17.56.25,81
25. g- 6252 Ruiiiker 18. 3.i5,ii
29. h 284 Weisse,n. XVIII 18.13.49,17
30. / 3480 Arg.-Z -MO".. . 18.14.57,0
Nov. 3.7 34224 L.ilunJe iS.24-i7,'6
4. k 52oWeissu,H.XVIII. 18.23.22,24
22. l Anonyme i8.54.5i
27. /'M54oWeisse, H.XVIII 19. 0.57,38
Réduction
au jour.
-4-2,12 -\-\
Déclinaison
moyenne
ISSO.O.
s 0 , ,
-t-1,98 +22. 5.l3,2
+2,o3 +21.10.29,8
+ 2,07 +20.16.41,6
19.37.49,8
+ 15.43.56
+ 12.45.38,9
+ 12 .26.53 , 2
+ 11. 7.32,4
+ 10.50.43
+ 9.45.31,9
+ 9.36.24,7
+ 6.49.14
+ 6.25.57,4
+2,28
+2,39
+ 2,42
+ 2,45
+ 2,45
+ 2,48
+ 2,47
+ 2,53
+2,53
Réduction
au jour-.
+ 4"2
+ 5,1
+ 5,5
+ 6,2
+ 8,3
+ 9,5
+ 10,1
+ 10,6
+ 10,5
+ 10,9
+ 10,7
+ 11,8
+ 11,7
fact. par.
0,704)
o>707)
0,735)
0,720)
0.737)
0,760)
0.771)
0,770)
0.772)
0,768)
0,781)
0,802)
0,802)
Autorité.
Lalande.
Weisse.
Weisse.
Bonn, t, VI.
Eonn, t. VI.
Riiniker.
Weisse.
Ai-jjel. -Zones.
Lalanile.
AVeisse.
Weisse.
( 9'« )
Positions apparentes de la comète
Temps
Dates.
moyeu
Ascension
1880.
de Paris.
droite.
h m s
ta m •
Oct. 9
7.17. 3
16.38.17,38
10
7.16.55
16.47. 5,25
Il
7.52.51
16.55. 19, 16
12
7.23.51
17. 2.3o,8o
i8
7.30. I 3
17.36. 6,2
'•4
7.18.4.
17.58.21,08
9.5
7.42.52
18. I . 9.6 , 25
=9
7 . 12 .22
18. 12. I 3, 00
3o
7.14.13
18.14.38,8
\ov. 3
6.20.58
iS. 23.25,62
4
7. 3.3o
18. 25. 3i, 35
22
7. 1.29
18.54.35,3
OH
6.35.38
19. I. 7,18
Nombre
d
e
Déclinaison.
comparaisons
2 I . 59 . 53 , 4
24
i5
21. 8.38,5
25
20
20. 18. 10,1
18
10
i9.3j,.i5,4
29
18
i5.38.27
12
10
12. 5i. 9,4
3o
20
12.27.48,9
23
16
II. 7.47,9
23
i5
10.49. 38
23
i5
9.48. 5,2
18
10
9.33.51 ,9
on
i
i5
6.53.39
5
10
6.29.43,0
6
: 10
» Remarques. — Les différences ^* — -jV sont corrigées de la réfraction.
» J'ai déterminé, avec l'équatorial, les anonymes e, l respectivement
par rapport auxétoiles 324i Arg.-Zone + i5" et Sggg Arg.-Zone + 6°; j'ai
trouvé ainsi :
Ascension
droite.
Déclinaison.
Nombre
de
comparais
m s
+ 0.54,27
— 2. 0,0
6:5
— i.35,5o
H- 2.55,2
3:5
■^ e — .jl^ 3241 Arg.-Zone + 1 5°
if- 1 — >J. 3g99 Arg.-Zone -1-6°
» Octobre 29. — Observation souvent interrompue par les nuages.
» Novembre 22. — La comète est extrêmement faible, sans concenlralion; elle ne s'aper-
çoit qu'à t'approche du fil. Mesures très incertaines. Même remarque le 27 novembre. »
ASTRONOMIE. — Sur la comète Harhvig [d 1 880) et sur la comète Swifl (e 1 880).
Note de MM. Schulhof et Bossert, présentée par M. Mouchez.
« Comète Hartwig. — Dans deux circulaires de l'Observatoire de Stras-
bourg, M. Winnecke annonçait l'identité probable de la comète décou-
verte par M. Hiirtwigavec les comètes des années i382, i444) i5oG et iB6g,
et attribuait à cette comète une durée de révolution de 62 -^ ans ou d'un
sous-multiple de cet intervalle. MM. Schur et Hartwig, dans l'hypothèse
d'une révolution de 62 ^ ans, ont calculé une orbite de la comète à l'aide
des trois observations des 29 septembre, 1 4 octobre et 24 octobre. La repré-
( 9'9 )
sentntion du lieu moyen a laissé subsister les écarts AXcos(3 = — 27",6
et A,'? = — 28",!, tandis qu'avec l'hypothèse de la parabole l'erreur dans
la latitude du lieu moyen s'élevait à 127". 11 y avait donc toute pré-
somption de regarder comme justifiée l'hypothèse de M. Winnecke.
Mais, i\[. Pelers ayant pu encore satisfaire avec la parabole à trois obser-
vations d'un intervalle de temps aussi grand que celui des éléments ellip-
tiques, il fallait que l'une des observations employées dans l'un ou l'autre
calcul fût erronée. Nous avons entrepris une recherche dans le but de
connaître l'orbite qui représenterait le mieux les observations publiées.
Nous avons calculé une éphéméride rigoureuse avec les éléments de
MiM. Schur et Hartwig, et les observations comparées à cette éphéméride
ont donné les résultats suivants :
Observation-Calcul.
Dates. ,„ ,, Dates.
1880. Liou d'observation. dxcosi. dS. 1880.
Sept, 29 Strasbourg -4-0,89 "*" 7»^ Sept. 3o K.iel.,
3o Strasbourg — o,53 — 64>' 3o Polu..
3o Ivitnismunster . . — n,68 — 8,4 3o Lund.
3o 0'Gyall.i — o,33 —63,5
Oct. I Pola -4-0,53 —49,8 Oct.
I Washington -i-o,?.3 — 47»*^
I ICremsmunsler . . -4-0,09 — 4^''
I Strasbourg -i-i,oi —36,4
I îMarseille -l-o,o8 — 53, o
1 Paris -1-0,40 —43,2
2 Marseille — 0,47 — 42'9
Oct. 8 Marseille — o>73 — Si.g
8 Clinton — 1,43 —48,7
9 Paris — 1,34 — 48,4
9 O'Gyalla ~o,97 ~4*3)6
g Washington. ... —1,63 — 4^,5
10 Rome — I ,88 — 47 ,8
10 Paris —1,85 — 4"^''
10 Clinton — I , 19 — 4*' '9
Oct. 18 Paris — 1>09 — 14)8
21 Kiel —0)47 —46-9
22 Arcetri — 0,90 — 12,0
5.3 Kiel -(-o,i3 — 4,8
Oct. 3o Paris -t-0,92 -4-6,5
Nov. 2 Berlin +1,87 +3o,5
2 O'Gyalla -+-3,78 -1-27,2
2 Leipsic -1-1,87 -^20,6
3 Berlin -f-1,70 -4-45, o
Nov. 2 7 Paris -1-3,42 -4-86,3 Nov. 29 Arcetri.
28 Arcetri +2,40 -(-94 >" 3o Arcetri.
Lieu (l'observation.
Observation-Calcul,
f/a cosô'. dS
-4-0,04 — 5o,7
—0,53 — 34,7
— 1 , 1 1 — 4^,6
AVasbington.
Leipsic
Arcetri
Clinton
Paris
IMarseille.. . .
Washington.
+ 0.79
-1-0,24
-4-0,61
-1-0,35
—0,04
-0,54
—0,44
— 56,6
— 60,7
— 5o,i
— 53,5
— 52,5
— 5o,5
— 54,0
Oct. 1 1
1 1
1 1
1 2
12
i3
'4
Oct. i4
Paris
Washington .
Paris
Paris
Paris
Kiel
Arcetri
Kiel
.37
,58
,28
,70
>39
,20
,4'
,29
- 45,4
— 4l,2
- 44,6
- 45,1
- 36,4
- 35,3
- 3i,4
- 29,1
Oct. 24
24
25
27
Kitl... .
Paris. . .
Paris. . .
O'Gyalla
— o, I I
— o,o5
-t-0,02
-t-i ,00
io>9
1,0
3,2
6,7
Nov. 3
4
4
4
Paris
Leipsic. . .
Dussekiorf.
Paris
+ •,34
+■1,11
4-2,05
-l-i ,oa
~4- 45,2
-f- 26,5
-4- 36,9
+ 48,9
-4-2, o5 -4- g4,5
-107,5
{920)
» Au moyen des observations faites jusqu'au 4 novembre, nous avons
formé cinq lieux normaux. Dans le cours de nos calculs, nous avons pu
ajouter un sixième lieu, grâce à l'obligeance de MM. Tempel et Bigourdan.
Les positions normales sont rapportées à l'équinoxe 1880,0.
Temps moyen de Berlin. iR. (Q,
I. Septembre 3o,25 216.46.59,7 -t-29.28.47,4
II. Octobre 3,o 229. 33. 3 1,0 -+-27.43.38,2
III. 11,0 253. 7.45,4 4-20.35.36,4
IV. 23,5 268.54.56,6 -f-i3. 11.11,3
V. Novembre 3,5 275.57.22,0 -1- 9. 44-55, 6
VI. -^9,0 285. 47-50, 6 -1-6,23.22,4
» En variant les distances à la Terre du premier et du cinquième lieu
de manière à satisfaire le mieux possible aux quatre autres lieux normaux,
nous avons obtenu les éléments elliptiques suivants :
T Septembre 6,923o3, temps moyen de Berlin.
Çl /Î5''i2' l",2 j
■n 8» i' 7",i 1880,0
i i4i°53'37",5 ]
logy 9,549263
i°s^ 9^998697
» Les positions déduites de ces éléments donnent comme résidus de la
comparaison avec les lieux normaux les valeurs suivantes :
Observation-Calcul .
dv. coiS. dS.
Octobre 3,q + 7",4 -f-o",3
11,0 —3,2 —3,6
23,5 -4,8 —5,3
iVovembre 29,0 —2,9 — 3,i
» Ces éléments donnent à la comète une durée de révolution de 1280
années environ; cette durée est bien incertaine. Il est néanmoins peu
probable qu'une révolution de 62 -^ ans soit possible. Nous nous propo-
sons de rechercber procbainement les erreurs que laisserait subsister
cette hypothèse de 62 1 ans, et, dans le cas de son impossibilité, nous
essayerons de déterminer les limites possibles de la révolution.
( 92' )
11 Comète Su'iji. — Les éléments de la comète Swift, déduits des premières
observations, ressemblent tant à ceux de la comète III i86g, qu'on a tout
Heu de conclure à leur identité. Mais la comète a-t-elle accompli dans cet
intervalle une ou plusieurs révolutions? Dans le but de résoudre cette ques-
tion, nous avons entrepris des calculs pour les deux bypothèses de révo-
lution : 5^ ans et ii ans. En comparant les observations publiées avec
une éphéméride, nous avons été conduits à exclure les observations d'oc-
tobre 25 et 28 Boston, et nos calculs sont basés sur les observations
octobre 3i Odessa, novembre 9 Dun-Echt, Paris et Strasbourg, et
novembre 27 Paris.
» Les éléments ci-dessous montrent que l'bypotbèse de 5 \ ans est de
beaucoup plus probable que celle de 1 1 ans. Pour cette dernière hypo-
tbèse, nous donnons deux systèmes d'éléments avec les écarts des lieux
moyens.. De l'examen de ces écarts il ressort qu'en voulant faire dispa-
raître l'erreur en longitude, on augmenterait l'erreur en latitude; c'est
pourquoi nous n'avons pas poussé plus loin l'approximation.
Hypothèse 5 i ans. Hj pothèsc 1 1 ans.
T = 1880 octobre 3i ,5 ï = 1880 octobre 3i ,5.
M = 358° 38' 42", 5 M = 359''i9'45",9 M = Z5çf i^' iQ' o
r = 43° 4'32",9 1 iz = 4?.°a9'i8",6 77 = 42°33' y.",7.
Q=296°5r32",, I '^ '''° ^ = 296" 38' 38", 8 ^ = 296<'28' i3",4
i = 5''23'32", I / = 6° 9' 23", 3 / = 6° 9'4i",3
o = 41° 3'25",o ^ = 5i"2"i'57",4 ^ = 5i''2i'24",o
log« := 0,492684 loga =: 0,693420 logn = 0,693204
rA"cosp„ = — 4", 7 5),"cosp„ = -t-i72",7 ^X"cos!3„ = +92",4
^p„ = +32",5 ^,8,=+ 74", 4 ^3" =+79", 2
i> L'erreur en latitude, quoique sensiblement diminuée dans l'hypo-
thèse d'une révolution de 5^ ans, est encore toujours assez grande et du
même signe que dans la seconde hypothèse, et semble indiquer la possi-
bilité d'iuîe révolution de 3| ans. Mais cet écart peut aussi bien être dû à
des erreurs d'observation.
» Nous nous proposons de continuer nos recherches, lorsque nous
aurons plus d'observations à notre disposition, et d'examiner si les obser-
vations de 1869 peuvent contribuer à la détermination de la durée de la
révolution. »
C. U., 1880, 2« Semestre (T. XCI, N'- 2Ô). 122
( 922 )
GÉODÉSIE. — Sur la méthode employée par cC Aubimson^ en 1810, pour la
mesure des bases géodésiques. Lettre de M. Lacssedat à M. le Secrétaire
perpétuel.
Il Paris, le 4 décembre 1880.
» J'ai l'honneur de vous adresser un renseignement qui me semble pré-
senter quelque intérêt au point de vue de l'histoire de la Géodésie. Vous
jugerez s'il est, en eflet, digne d'être communiqué à l'Académie, qui n'a
jamais cessé de prêter son attention aux progrès d'une science éminem-
ment française, et dont les promoteurs lui ont appartenu pour la plupart.
» Il s'agit de la manière de mesurer les bases.
» On sait que, jusque dans ces derniers temps, les appareils destinés à
la mesure des bases se composaient d'un certain nombre de règles placées
bout à bout, sur l'alignement de la base, et formant ce que les géodésiens
appelaient une portée. La première règle de cette portée était ensuite placée
à la suite de la dernière, et les différentes règles venaient prendre succes-
sivement leur place l'une après l'autre pour former une nouvelle portée.
Les inconvénients de cette méthode sont nombreux : ainsi, les règles ne
pouvaient pas être placées exactement au contact l'une de l'autre, et il fal-
lait mesurer le petit intervalle qui les séparait; les règles, généralement au
nombre de quatre, n'avaient pas rigoureusement la même longuenr, et leur
étalonnage prenait un temps considérable. L'idée d'employer une seule
règle, transportée successivement entre des repères placés sur l'alignement
de la base, a donc été adoptée comme procurant une grande simplification,
en même temps qu'une garantie de précision. La longueur de cette règle
n'était plus comptée entre ses extrémités elles-mêmes, mais entre deux
traits voisins de ces extrémités, et faciles à observer.
» On attribue généralement cette idée heureuseau major piémontaisPorro,
qui était établi à Paris en 1848 ou 1849, et qui la fit connaître en effet vers
celte époque. 3'ai assisté aux explications qu'il donna alors aux officiers
du Dépôt de la Guerre, explications à la suite desquelles M. le lieutenant-
colonel Hossard fit exécuter, en i854, la règle qui a servi, en 1866 et en
1867, à M. le lieutenant-colonel Perrier (alors capitaine), pour la mesure
des bases de Bone et d'Oran.
» J'avais également été témoin de la belle opération faite par les officiers
espagnols, en i858, pour mesurer la base centrale de Madridejos, destinée
à servir de premier côté à la triangulation de la péninsule. Or cette opéra-
tion, dont j'ai eu l'honneur de rendre compte à l'Académie, avait été effec-
tuée avec une seule règle bimétallique, construite par notre grand artiste
(9^3)
Briinner, et nous étions tons convaincus qu'elle était la première qui eût
été entreprise dans le nouveau système dû an major Porro.
» Je crois donc que toutes les personnes qui ont en ou qui auront l'oc-
casion de mesurer des bases me sauront gré de leur indiquer le passage sui-
vant d'un Mémoire de M. d'Aubuisson, ingénieur des Mines, lu à la Classe
des Sciences mathématiques et physiques de l'Institut le 26 mars et le 9 avril
1810, et sur lequel MI\I. Laplace, Biot et Arago avaient fait un Rapport le
22 mai de la même année. Elles reconnaîtront sans doute que la nouvelle
méthode, recommandée désormaisexclusivement,si jene me trompe, parla
Commission géodésiqueinternationale,aétépratiquée,il y a plus de soixante-
dix ans, avec beaucoup d'habileté, par notre compatriote d'Aubuisson.
» Il s'agissait de mesurer, dans la plaine du Piémont, au nord de Tu-
rin, une base destinée à appuyer des opérations trigonométriques ayant
pour objet la détermination de la hauteur du sommet du mont Gregorio,
à l'entrée de la vallée d'Aoste. Voici le passage en question :
Nous mîmes à ce travail tout le soin et toute l'exactitude dont nous étions susceptibles,
et, quoique nous n'eussions que i34 distances ou 670™ à mesurer, et que les piquets eussent
été préparéset alignés d'avance, cette seule opération nous occupa quatre jours ('). »
{') Mémoire sur la mesure des hauteurs à l'aide du baromètre, par M. d'Aubuisson,
ingénieur au corps impérial des Mines,Mnséré dans le Journal de Physique, cahiers de
juin 1810, p. 43. et^illet, p. 5).
( 9^4
PHYSIQUE. — Sur le calcul des hauteurs au moyen des observations baromélriques.
Noie de M. A. Axgot.
« J'ai indiqué récemment (' ) un nouveau moyen de calculer les hauteurs
au moyen des observations barométriques; je demande à l'Académie la
permission de revenir sur ce sujet et de citer quelques nombres qui mon-
treront le degré de précision que l'on peut attendre d'observations de ce
genre.
» Pendant longtemps, ou a vérifié toutes les formules barométriques
au moyen des observations du grand Saint- Bernard. C'était en effet la seule
station élevée où l'on fit des observations régulières, que l'on pouvait, de
plus, comparer aisément à celles de l'observatoire de Genève. Toutefois,
le choix de ces deux stations est loin d'être irréprochable.
» Le couvent du grand Saint-Bernard e^t situé dans un col dominé de
tous côlés et formant un long couloir qui est dirigé du nord-est au sud-
ouest. Quel que soit le sens de la circulation générale de l'atmosphère, le
vent n'y souffle jamais que de l'une ou l'autre de ces deux directions.
C'est ce qui ressort, du reste, de l'examen des observations. Il est donc
impossible de considérer l'air comme étant, au grand Saint-Bernard, dans
des conditions normales et comparables avec celles de Genève.
» D'autre part, les deux stations sont à plus de So""" de distance et sépa-
rées par un massif montagneux énorme, la double chaîne du Buet et du
mont Blanc. I.a pression barométrique réduite au niveau de la mer ne peut
donc vraisemblablement être considérée comme étant la même en ces
deux stations, de sorte qu'une formule même absolument exacte donne-
rait forcément un résultat différent de l'altitude vraie.
» Enfin la région qui comprend Genève et le grand Saint-Bernard est
à peu près en dehors des grands mouvements atmosphériques qui se font
sentir en Europe. La plupart des bourrasques passent, en effet, bien au
nord ou au sud de la Suisse, et, quand par hasard une d'elles aborde ce
pays, elle n'y parvient que très affaiblie. Les hauteurs déterminées par le
baromètre à différentes époques ne doivent donc présenter que des écarts
relativement faibles, et l'on serait conduit par là à attribuer à la formule
une précision que l'on ne retrouverait plus dans des conditions ordi-
naires.
(') Comptes rendus, séance du 12 novembre 1880, p. 85i.
( 9^5 )
» Pour ces raisons, je n'insisterai pas ici sur les résultats qu'ont donnés
mes Tables appliquées aux observations de Genève et du Saint-Bernard.
Je me bornerai à signaler que la moyenne des cinq dernières années a
donné une différence de niveau calculée de 2066"", 2, la différence vraie
étant de 2070"". Dans les mêmes conditions, les Tables de M. Plantamour,
qui comptent parmi les meilleures que l'on ait proposées jusqu'à ce jour,
mais qui obligent à des calculs assez longs, ont donné 2067"", 7. De plus,
l'écart d'une détermination isolée à la moyenne générale est environ trois
fois plus grand avec ces dernières Tables qu'avec celles dont j'ai indiqué
le principe.
» Nous possédons maintenant en France des stations qui sont dans des
conditions beaucoup plus favorables pour l'étude des formules baromé-
triques : telles sont les deuxstations du Puy-de-Dôme, plaineet sommet,
qui sont seulement à 9""" eu ligne droite, et présentent une différence de
niveau de lo^g"^. Le pic du Midi, dont la hauteur est bien plus grande,
aurait été préférable encore; mais il n'existe pas jusqu'ici à la base de sta-
tion dont les observations puissent être associées à celles du sommet.
» J'ai donc calculé au moyen de mes Tables la différence de hauteur
des deux stations du Puy-de-Dôme, au moyen des observations qui y ont
été faites six fois par jour, sans lacunes, en 1878 et 1879. Le Tableau sui-
vant donne, pour chaque mois, la différence entre la hauteur calculée et
la hauteur vraie :
Différence : hauteur calculée, hauteur vraie,
1878. 187U. 1878. 1879-
mm ... ™
Janvier.... -4-i4,6 +0,7
Février.... -)- 8,0 ~^ 1 il
Mars + 6,6 +3,5
Avril — '2,0 +1,9
Mai — 0,6 — 4'^
Juin +4i4 — ^'3
» La moyenne générale des années 1878 et 1879 donnerait seulement une
différence de + 2™,o; dans les mêmes conditions, la différence serait de
+ 5™, 8, si l'on faisait usage des Tables de M. Plantamour,
» La différence de 2" que l'on trouve entre le calcul et la réalité, quoique
bien faible, ne doit même pas être attribuée en entieraux Tables employées.
En effet, les thermomètres ne sont pas exposés aux deux stations dans des
conditions identiques : la nécessité de protéger les instruments contre le
Juillet
+
i»7 -
- 7,5
Août
—
1,0
- 8,5
Septembre..
+
8,4
+ 6,0
Octobre. . . .
—
0,5
+ 10,3
Novembre. .
— :
11,3
+ 12,0
Décembre . .
—
8,7
+ 24,5
( 9^6)
givre et le vent a conduit à abriter les thermomètres du sommet beaucoup
plus qu'ils ne le sont à la station inférieure. Or, pour 1080", une erreur de
température de ■+■ o",! correspond à une variation d'altitude de 4- o™, 4 ; il
suffirait donc d'admettre que la température fût trop élevée au sommet de
o', 2 ou 0°, 3 pour réduire à moins de i" l'erreur de l'altitude calculée.
» Nous avons dit, dans une Communication précédente, qu'un des prin-
cipaux avantages des Tables nouvelles était de permettre d'évaluer a priori
le sens de l'écart qui doit exister entre la hauteur calculée et la hauteur
vraie. On peut le constater sur le Tableau précédent.
» Prenons par exemple la plus grande différence, + 24'°, 5 en décembre
1879. On se souvient que, pendant ce mois, il y a eu inversion complète de
température entre le sommet et la base du Puy-de-Dôme, la différence
moyenne de température étant de 3°,i en faveur du sommet. Taudis que la
montagne se trouvait dans des conditions qui n'offraient rien de particu-
lier, à Clermont-Ferrand, au contraire, la température se tenait bien au-
dessous et la pression bien au-dessus de leur valeur ordinaire pour la
saison.
)) Il y avait donc entre les deux stations une quantité d'air beaucoup
plus grande qu'en temps normal, ce qui doit conduire à une hauteur
calculée trop forte, résultat conforme à celui que nous avons signalé.
» En analysant de même les autres cas où la hauteur calculée s'écarte
notablement de la hauteur vraie, on vérifierait que ces écarts s'expliquent
aisément et auraient pu être prévus d'après les conditions générales de
l'atmosphère.
» Enfin, la variation diurne moyenne de la hauteur est exprimée parles
nombres suivants :
Minuit. 3'' m. h'' m. t)" i"- jMidi. 3'' s. 6° s. gi- s.
-+-3™, 7 +4™, 5 -t-S"",! — o™,6 —2"', 7 — 5">,5 —S"-, 5 -f-o™, 9.
» A l'opposé de ce que donnent les autres formules barométriques, on
trouve donc ici un maximum de nuit et un minimum de jour. Comme nous
l'avons vu, c'est précisément dans ce sens que doit a priori s'effectuer la
varialion diurne. )t
( 9^7 )
PHYSIQUE DU GLOBE. — Siiv la dislribiidon des températures clans les couches
inférieures de l'atmosphère. Note de M. Ch. André.
« Pour étudier en détail le phénomène de l'interversion des températures
avec la iiauteur, j'ai installé, à la fin de l'été dernier, à mi-côte du mame-
lon qui forme le mont Verdun et à l'altitude de 46o" environ, deux sta-
tions thermomélriqnes, l'une au versant nord, l'autre au versant sud. Notre
réseau thermométrique est donc le suivant: Parc, 170"; Saint-Genis, 285";
Verdun, versant nord et versant sud, 4(>o'"; Verdun, sommet, G25".
» Les cas d'interversion sont, en effet, très fréquents, et leur étude com-
plète exige encore du temps. J'en détache quelques faits curieux.
» Il y a eu, dans nos régions, interversion de la température dans les
nuits du 23 au 24 novembre, du 24 au 25 et du 25 au 26, ainsi que dans
la journée intermédiaire du 24, comme le montrent les nombres suivants :
Miiiima. iMasima.
Parc. S<-Genis. Verdun. Parc. S'-Genis. Verdun.
000 O o u
a3 au 24 nov.... +0,9 +1,6 +2,6 i^nov.... +9,6 -1-10,6 -l-ii,4
24 au 25 » .... 4-o,5 -t-5,o -t-6,4 25 » .... H-i6,5 4-i4,7 +12,6
25 au 26 .. .„. -t-0,4 +6,8 -1-6,0 26 . .... -Hi4>i +'4)i ^-l2,o
» Mais, pour les mêmes nuits, les minima des stations à mi-côte sont :
... ., Sommet
Ml côte.
, , „„ de
Ver?, nord. Vers. sud. Verdun.
a n o
23 au 24 novembre -1-3,7 -+-3,8 -1-2.6
?.4 au 25 » +7,5 -+-6,4 -t-6,4
25 au 26 » -t-6,8 4-7,4 +6,0
1) Ainsi, dans chacune de ces nuits, et surtout dans celles du 23 au 24
et du 25 au 26, la température, après avoir crû progressivement depuis le
Parc jusqu'à mi-côte du Verdun, commence alors à décroître et à reprendre
la marche dite normale avec la hauteur. En effet, pour les mêmes nuits, est
minima au Puy-de-Dome et à Briançon sont :
Puy-de-Dôme Briançon
(.467m). (.i9«").
0
23 au 24 novembre — 2,0 — 2,3
24 au 25 » -1-2,0 — i5,o
25 au 26 » -f-3,0 — I j,o
{9=8 )
» Un courant d'air chaud, d'une épaisseur d'environ aSo", se trouvait
donc, dans les nuits en question, intercalé à très peu de distance du sol entre
deux couches d'air plus froides.
» Ce n'est pas d'ailleurs la seule fois que nous ayons observé cet arrêt
dans l'interversion des températures à petite distance du sol.
Mînima
de la nuit.
lo au II novembie
29 au 3o »
S'-Genis.
Mont Verdun.
irc.
Vers, nord
Vers. sud.
Sommet
0
0,4
+ 1,6
0
H-I ,6
0
+ 1,5
0
2,5
+3,4
-1-2,0
-f-7. ,0
+ 2,0
» J'ajoute que parfois la distribution des températures est toute différente.
Mont Verdun.
Mlnîma . .
de la nuit. Parc. S'-Genis. Vers. nord. Vers. sud. Sommet. Briançon.
O O U 0 II 0
24 au 25 août... +12,8 + 9,8 +i4)i +i3,4 +12,7 +'i,4
10 au II sept... +i3,4 +n,5 +i4)7 +i5,5 +i4i7 -+■ 8,4
25 au 26 » ... + 8,4 + 7,6 +10,1 +10,7 + 9,9 + 8,8
3onov. r-'dcc.... + 1,7 — 1,0 + o,5 + i,5 + 3,3 — 0,2
» Dans ces nuits, la température a donc été en décroissant à partir du
Parc jusqu'à Saint-Genis, pour aller ensuite en croissant avec la hauteur
jusque vers le sommet du Verdun et recommencer ensuite à décroître.
» Il résulte de ces faits que, sur une même verticale (nos trois stations
sont assez rapprochées pour qu'on puisse s'exprimer ainsi), la distribution
de la température est, jusqu'à une certaine hauteur, absolument indéter-
minée, des courants d'air chauds et froids et de peu d'épaisseur se super-
posant les uns aux autres dans les régions inférieures de l'atmosphère.
» Le mode de superposition de ces courants est d'ailleurs en relation directe
a.\ec\a situation qu'occupent, par rapport knos régions, les centres de hautes et
basses pressions; il olfre en outre un grand intérêt au point de vue des obser-
vations méridiennes rapportées à des mires éloignées, comme celle que
nous avons au sommet du mont Verdun. On devra, en effet, trouver des
variations considérables dans l'azimut de cette mire, dans tous les cas dont
nous avons parlé.
)) La comparaison de ces azimuts à ceux de la mire à collimateur placée
dans l'intérieur de l'Observatoire nous permettra, je l'espère, de mesurer
bientôt ces phénomènes astronomiquement. »
( fP9 )
PUY:^IQUE. — Sur In radiophonie. Noie de M. E. Mercadier,
présentée par M. A. Cornu.
« J'appelle radiophonie le phénomène découvert récemment par M. G.
Bell, et dans lequel une radiation (telle que celle qui constitue un rayon
solaire), rendue intermittente suivant une période déterminée, produit, en
tombant sur des corps taillés en lames, un son de même période.
» En vue d'une application possible de ce phénomène à la télégraphie
optique, j'ai dû l'étudier de près, et j'ai obtenu des résultats dont voici les
principaux.
» I. La radiophonie ne parait pas élre un effet produit par la masse de ta
lame réceptrice vibrant transversalement dans son ensemble, comme une plaque
vibrante ordinaire. — En effet, une lame quelconque (dans les conditions où
se produit le phénomène) : i° reproduit eg-a/emen/ bien tous les sons suc-
cessifs, depuis les plus graves possibles jusqu'à des sons aigus qui, dans mes
expériences, sont allés jusqu'à 600 à 700 vibrations doubles par seconde,
et cela sans solution de continuité; 2° reproduit également bien des accords
dans tous les tons possibles, variant si l'on veut d'uije manière continue^ en
faisant varier d'une manière continue la vitesse de l'appareil qui produit les
intermittences. Cet appareil est, à cet effet, composé d'une roue en verre à
la surface de laquelle est collé un disque de papier portant quatre séries
d'ouvertures au nombre de 80, 60, 5o, l\o : cela permet, en faisant passer
le rayon lumineux dans les trous d'une série et soulevant le support de la
roue elle-même, de produire les sons successifs d'un accord parfait, et, en
laissant le support de la roue immobile et concentrant à l'aide d'une len-
tille cylindrique la lumière sur les quatre séries d'ouvertures à la fois, de
produire désaccords parfaits plaqués.
» Or aucune plaque rigide vibrante connue n'est susceptible de produire
de tels effets.
» 3° Les sons produits ne changent d'ailleurs ni de timbre ni de hau-
teur avec l'épaisseur et la largeur des lames des récepteurs. Ils ne changent
même pas d'intensité d'une manière sensible avec la largeur et même avec
l'épaisseur dans les lames transparentes, comme le verre et le mica, entre
des limites éloignées qui , pour le verre en particulier, s'étendent de
0™™, 5 à o™,o2 ou o^joS d'épaisseur. Cela m'a permis d'employer des
C. R., 1880, 2' Semestre. (T. XCI, K» 230 ^ ^^
( 93o)
lames réceptrices de i'"^, en particulier des lames de tourmaline de cette
dimension (*).
)) 4° Une plaque fêlée, fendue, de verre, de cuivre, d'aluminium, etc.,
produit très sensiblement les mêmes effets que lorsqu'elle est intacte.
M II. La. nature des molécules du récepteur et leur mode d'agrégation ne
paraissent pas exercer sur la nature des sons produits un rôle prédominant. —
En effet : i° à épaisseur et à surface égales, les récepteurs, de quelque na-
ture qu'ils soient, produisent des sons de même hauteur.
» 2" Quand l'épaisseur des lames réceptrices diminue de plus en plus,
les différences spécifiques qui existent entre leurs modes de production
du phénomène s'atténuent de plus en plus quand on rend identique leur
surface exposée aux radiations, par exemple en les recouvrant toutes d'une
pellicule de noir de fumée.
» 3° L'effet produit par des radiations ordinaires est, toutes choses
égales d'ailleurs, à très peu près le même pour des substances trans-
paientes aussi différentes que le verre, le mica, le spath d'Islande, le
gypse, le quartz parallèle ou perpendiculaire à l'axe.
» Il en est de même quand on emploie des radiations polarisées, à l'aide
d'un nicol par exemple.
M III. Les sons radioplioniques résultent bien de l'action directe des radia-
tions sur les récepteurs. — Car : 1° on diminue graduellement l'intensité du
phénomène en diminuant la quantité des radiations reçues, à l'aide de dia-
phragmes d'ouverture variable.
» 2° En polarisant les radiations et en prenant pour lame réceptrice un
analyseur mince, tel qu'une lame de tourmaline, les sons produits pré-
sentent les variations d'intensité correspondant à celles de la radiation
elle-même, quand on fait tourner le polariseur ou l'analyseur.
» IV. Le phénomène semble résulter principalement d'une action sur la
surjace du récepteur. — Car son intensité dépend beaucoup de la nature de
la surface. Toute opération qui diminue le pouvoir réflecteur et augmente
le pouvoir absorbant de la surface influe sur le phénomène; les surfaces
dépolies, ternes, oxydées, sont les plus convenables.
» L'intensité du phénomène est considérablement augmentée quand on
recouvre la surface de certaines substances noires en poussière ou non.
(') L'intensité des sons est d'ailleurs, pour les lames opaques, d'autant plus grande
qu'elles sont plus minces; le clinquant de cuivre, d'aluminium, de platine et surtout de
zinc, de ^7 de millimètre par exemple, donne d'excellents résultats.
( 93t )
telles que le bitume de Judée, le noir de platine et surtout le noir de fumée;
mais cet effet ne se fait particulièrement sentir que lorsque les lames recou-
vertes sont très minces : ainsi, sous une épaisseur d'environ -^ k ~ c\e
millimètre, on obtient de remarquables effets.
» J'ai construit, en conséquence, des récepteurs radiophoniques très
sensibles à l'aide de plaques de zinc, de verre, de mica, très minces et
enfumées.
)) L'emploi de ces récepteurs sensibles m'a permis d'arriver au résultat
suivant :
» V. Les effets radiophoniques sont relativement très intenses, — Je puis en
effet, actuellement, les obtenir non seulement avec les radiations du Soleil
et d'une lampe électrique, mais avec la lumière oxyhydrique, la flamme
d'un bec de gaz ordinaire, et, par suite, avec les radiations des sources
intermédiaires, telles que lampes à pétrole, spirale de platine rougie par
un bec Bunsen, etc.
» VI. Les effets radiophoniques paraissent être produits principalement par
les radiations de grande longueur d'onde, dites calorifiques. — Pour le démon-
trer, sans m'arrêter pour le moment à l'emploi de cuves remplies de
liquides absorbants, tels que l'alun, l'iode dissous dans le sulfure de car-
bone, etc., dont l'effet ne saurait être bien net, j'ai essayé d'explorer avec
un récepteur sensible le spectre étalé des radiations agissantes. J'y suis
parvenu avec la lumière électrique de 5o bunsens et en employant des
lentilles et un prisme en verre ordinaires ; j'ai reconnu que le maximum
d'effet est produit par les radiations rouges et infra-rouges invisibles; à
partir du jaune jusqu'au violet et au delà, je n'ai pas obtenu d'effet sen-
sible dans les conditions où j'ai opéré. L'expérience a été réalisée, à plu-
sieurs reprises, avec des récepteurs en verre enfumé, en platine platiné et
en zinc à surface nue.
» Je crois devoir signaler les faits précédents, qui m'ont paru certains.
Il me reste encore bien des points à signaler et à éclaircir : ce ^era l'objet
d'une prochnine Communication. »
CHIMIE. — Sur l'existence de combinaisons perboriques. Note de M. A. Etard,
présentée par M. Cahours.
« Dans une précédente Communication, m'appuyant uniquement sur
l'ensemble des connaissances classiques relatives au bore, ainsi que sur
( 932 )
les Mémoires plus récents publiés par Hampe, puis par Conncler sur ce
corps, et par Nilsoii sur le glucinium, j'émettais celte opinion que le bore,
déjà exclu 'de la série du carbone, ne pouvait se placer en tête de celle de
l'aluminium, auquel il ne ressemble en rien. Appliquant la méthode de
classification naturelle de M. Dumas, ou méthode de la plus grande somme
des analogies, selon l'expression de M. Schûlzenberger, j'arrivais à placer
le bore en télé de la série du vanadium, qui présente des propriétés inter-
médiaires entre celles du carbone et du phosphore. En effet, malgré un
écart considérable entre les poids atomiques du bore (ii) et du vana-
dium (5i), ces deux éléments présentent un grand nombre de propriétés
analogues. Cette manière de voir m'ayant conduit à rechercher des com-
binaisons boriques plus oxygénées que Bo^'O', voici les résultats que j'ai
obtenus :
» L'acide borique n'est pas modifié parles oxydants ordinaires; mais,
en employant tui artifice analogue à celui qui sert à transformer l'acide sul-
fureux en sulfate de plomb au moyen de PbO",on arrive à se procurer un
composé plus riche en oxygène que l'acide borique; au moyen du bioxyde
de baryum, par exemple, on obtient un sel renfermant Bo^O'BaH* -t- H-0,
soit Bo'O' BaO + 3H-0, et que j'appellerai perborale de baryum. Pour
préparer ce sel, je suis parti du bioxyde de baryum pur et cristallisé
BaO^, loIl-O de INI. Berthelot. En versant un excès d'une solution saturée
d'acide borique sur cet oxyde bien lavé, on le voit immédiatement foi-
sonner et devenir amorphe. Ce nouveau précipité, lavé avec soin et séché
sur l'acide sulfurique, possède la composition indiquée.
» Le perborate de barj^im est blanc, amorphe, insoluble; il perd 6,3
pour loo d'eau à ioo°, soit i™"'. Au rouge sombre, il se convertit en borate
de baryte Bo^'O'BaO, en perdant 2/1,2 pour 100 d'eau et d'oxygène. Traité
par les acides étendus, il dégage de l'oxygène, avec une légère efferves-
cence, à la manière d'un carbonate. Avec l'acide chlorhydrique concentré
à 4o°-5o°, il y a dégagement de chlore. L'acide fluorhydrique le trans-
forme en BaFl- (47)i de baryum pour 100) et BoFP. Ce sel absorbe très
rapidement l'humidité de l'air, sans tomber cependant en déliqnium; il ne
cède à l'eau aucun de ses éléments.
» Le perborate de baryum peut être considéré comme dérivant de Bo^O\
oxyde correspondant à Va°0\ Le sel barytique que je viens de décrire fait
la double décomposition avec le chlorure cuivrique; il se forme BaCl" et
un précipité ocreux perdant rapidement de l'oxygène.
» Voulant obtenir un autre sel perborique se rapprochant par sa for-
( 933 )
mule des dérivés phosphoriqties et désireux en même temps d'agir sur un
métal qui ne soit pas capable, comme le baryum, de former un peroxyde,
j'ai essayé de préparer le perborate ammoniaco-magnésien.
» Un mélange équimoléculaire de SO'Mg, AzH'CI et AzH' étant addi-
tionné d'eau oxygénée ne donne aucun précipité: il ne se forme donc pas
de combinaison de l'eau oxygénée, telle que MgO-. Les solutions d'acide
borique ne produisent pas non plus de trouble dans ce mélange; mais
les solutions boriques additionnées d'eau oxygénée le précipitent abon-
damment; elles fonctionnent comme acide pcrborique. Le précipité ainsi
formé remonte bientôt à la surf.ice du liquide, porté par des bulles d'oxy-
gène qui se dégagent, et il ne reste finalement qu'ini peu d'hydrate ma-
gnésien. Cette décomposition, qui ne s'arrête qu'au voisinage de o°, ne m'a
pas permis, quant à présent, d'analyser le préci|nté boricomagnésien, dont
la formule devra probablement se représenter par Bo-0*MgO(AzH^OH),
correspondant à celle du sel précédent.
» Cette expérience montre nettement que l'acide borique en présence de
l'eau oxygénée agit comme un acide différent, bien que peu stable : l'acide
perboriqne.
» Ces expériences positives ne sont que le résultat secondaire de la
classification du bore, basée sur l'ensemble de ses autres propriétés con-
nues. »
CHIMIE. — Sii)- les cobaltamines. Note de M. Porcmbaru,
présentée par M. Friedel.
« J'ai préparé un pyrophospliate de purpuréocobaltamine en dissolvant
à chaud aS^'' de chloriu'e purpuréocobaltique Co^(AzH')"'Cl* dans i'"
d'eau contenant So^' de sel ammoniac et 500*^*^ d'ammoniaque, et en
ajoutant à la liqueur un excès de pyrophosphate de soude. Il se sépare,
après refroidissement et repos, de volumineux prismes rouge rubis apparte-
nant au système orthorhombique. Les cristaux sont modifiés sur les arêtes
latérales par une face g' qui les fait passer au prisme hexagonal. Les six
aréles de la base sont modifiées ensemble, et le cristal prend l'aspect d'un
prisme hexagonal terminé à une extrémité par une pyramide et à l'autre
par une base de même section. L'angle du prisme est un angle limite
très voisin de 120°, et, si ce n'étaient les caractères optiques, on serait
( 934 )
tenté de rapporter le cristal au système hexagonal. J'ai pu déterminer les
angles suivants :
0 ;
mm 1 1 9 , 3o
OT,^' ' I 20 . I 5
e- g^ i52. 6
b- ni , l52,35
" Ce sel est très instable Les cristaux se ternissent à l'air, et, sous l'in-
fluence d'une température peu élevée, se décomposent en donnant de
l'ammoniaque, ce qui ne permet pas de doser directement l'eau de cris-
tallisation. J'ai trouvé par l'analyse :
Co I o , ij
AzH= i5,3
Ph^O' 25,11
H'O et oxygène 4S'9
» I,e cobalt (Co = 5g), l'ammoniaque (AzlP = 17) et l'acide phospho-
rique (Ph^O'= 14^) sont donc dans les rapports i:5:i. Ces nombres
conduisent, pour un pyrophosphate, à la formule
Pli=0' [Co(AzH')']^+ iSH^O.
» Le groupement Co(AzH')^" fonctionne comme létravalent et rem-
place H'' dans l'acide pyrophosphorique Ph-O^H*.
» Chauffé avec de l'eau à une température inférieure à 100°, ce corps
se dédouble en un produit soluble qui cristallise en plaques hexagonales
rouge rubis et en un sel très peu soluble, de couleur blanc rosé et cris-
tallisant eu aiguilles microscopiques. Le premier donne à l'analyse :
Co 10,1
A7.H= i4,52
Pli=0> 24,32
ce qui conduit au même résultat que pour le corps précédent. Ce sel
semble être un isomère du premier et s'en distingue par l'apparence des
cristaux (plaques au lieu de prismes) et en ce qu'il ne se dédouble plus
sous l'influence de l'eau chaude. Le second sel, peu coloré et peu soluble,
donne à l'analyse les nombres suivants :
Co 18,2
AzH^ 0.6,1
Ph'O' 33,6
H'O 22,1
( 935 )
» Ces nombres conduisent à la formule
(Ph20')=[Co(AzH')»]^ + 8HHJ.
» Les rapports entre le cobalt, l'ammoniaque et l'acide phospliorique
sont 1 : 5 : 0,7.
» Ces résultats s'expliquent naturellement si l'on admet que le groupe
[Co(AzH')*], que nous représenterons par Ko, est tétravalent. Alors,
comme pour les groupes de carbone condensé, Ko- est hexavalent et Ko'
octovalent.
a Le sel rosé est décomposé, par l'ébullition prolongée au bain-marie,
en sesquioxyde de cobalt et en un autre sel rouge.
» On obtient facilement le chlorure purpuréocobaltique en dissolvant
dans l'eau parties égales de chlorure de cobalt, de chlorhydrate d'ammo-
niaque et un excès d'ammoniaque. On salure la liqueur d'oxygène en fai-
sant passer un courant d'air ou d'oxygène. Le liquide brun, ainsi saturé,
contient une proportion d'oxygène plus que suffisante pour la transforma-,
lion complète du chlorure de cobalt en cobaltamine. En effet, exposé à la
lumière, il se transforme en quelques heures en une solution de ce sel,
dont la formation est accompMgnée d'un dégagement d'oxygène. On pré-
cipite le purpuréo en neutralisant la liqueur chaude par l'acide chlorhy-
drique (*). »
ANATOMIE ANIMALE. — Recherches sur l'anatomie comparée du système ner-
veux dans les divers ordres de la classe des Insectes. Note de M. Ed.Brandt,
présentée par M. E. Blanchard.
« En 1879, j'ai eu l'honneur d'entretenir l'Académie de mes études sur
le système nerveux des Insectes (-). La présente Note contient les princi-
paux résultats de mes recherches comparatives sur le système nerveux dans
les divers ordres de la classe des Insectes.
» Le système nerveux des Coléoptères a été étudié chez un grand nombre
de représentants de diverses familles par M. Em. Blanchard ('). Ce savant
(') Ce liavail a été fait au laboratoire de M. Schiitzenberger, au Collège de France.
(') Comptes rendus, t. LXXXIX, p. ^■]5-^-j'].
{') Annales des Sciences naturelles, 3"= série, Zoologie, t. V, 1846.
( 936 )
est le seul qui l'ait étudié dans son ensemble et ses recherches approfondies
ont enrichi la Science des faits les plus importants, aujourd'hui bien connus
dans le monde scientifique. Mes recherches sur le système nerveux des
Coléoplères ont été effectuées sur deux cent trente-cinq espèces à l'état
parfait et sur trente-six espèces à l'état de larves. Voici les conclusions :
1° Quelques Coléoptères [Rlnzotrogus solstilialis) ont le ganglion sous-œso-
phagien confondu avec le ganglion ihoracique. Les ganglions cérébroïdes
ont toujours des circonvolutions. 2° Il y a de un à trois ganglions ihora-
ciques et, s'il y en a deux ou trois, c'est seulement le dernier qui est toii-
joiu-s composé. 3° Le nombre des ganglions abdominaux est très variable,
de un à htiil; quelquefois il n'y a pas de g.inglions abdominaux séparés,
ils se confondent avec la partie thoracique (Curculionides, Lamellicornes).
Quelquefois les mâles de la même espèce ont plus de ganglions séparés que
les femelles (chez le Diclyoplerus sancjuineus, le mâle en présente huit, la
femelle sept).
» Les principaux vésn\{A\s suv \q s)'slème nerveux des Hyménoplères ont
été publiés en 1875 (').
« Le système netveux des Lépidopicrcs était très peu étudié {-). Je l'ai
examiné sur cent dix-huit espèces adultes et sur quarante-deux espèces à
l'état de chenilles. i°Tous les Lépidoptères ont deux ganglions céjihaliques ;
le ganglion sus-œsophagien est pourvu de circonvolutions. 2° Dans la plu-
part des cas il y a deux masses ganglionnaires thoraciqiies distinctes (iî/io/ja-
locera^ Crepusculariael la plupart des autres groupes); la première est simple,
tandis que la seconde est composée. Quelques-uns ont trois ganglions
thoraciques, tantôt très près l'un del'aulre {Cossus ligniperda^Pygœrabuce'
}ihala), tantôt éloignés (Z}'(yfE»o^ Saia, Ilepialus); une forme intermédiaire se
présente (0/r(jf(n^ Nolodonta, etc.) qui possède deux ganglions thoraciques,
le dernier ayant une échancrure bien prononcée. 3° Toujours il y a quatre
ganglions abdominaux; YHepialus humuli seule en présente cinq.
» Le système nei-veux des Diptères a été étudié dans plusieurs familles
par M. L. Dufour ('), mais dans la plupart des cas les descriptions sont
inexactes. Mes recherches sur le système nerveux des Diptères ont été effec-
tuées sur deux cent soixante-quinze espèces adultes et vingt-neuf espèces de
(') Comptes rendus, t. LXXXIII, p.6i2-6i4; 1875.
(') M. L. Dufour est le seul savant qui ail fait des recherches sur les représentants de
diverses familles {Comptes rendus, t. XXXIV).
(') L. Dufour, Recherches anatoiniqucs et physiologiques sur les Diptères.
(937)
larves ('). i° Les Diptères ont toujours deux ganglions céphaliqnes, bien
séparés l'un de l'autre par de courtes commissures, et le ganglion sus-œso-
phagien a toujours des circonvolutions, a" Il y a tantôt un seul ganglion
thoracique [Mmcidœ, Conopsidœ ,Syrphid(e , Slraliomjdœ)^ tantôtdeux(T'/ier(î-
vidœ, Dolichopodidœ , Xylopliacjidœ , Bibioiddœ); quelques-uns ont trois
ganglions thoraciques [Fungicolœ, Calicifonnia, Pulicida). S'il y a deux
ganglions thoraciques, alors tous les deux sont des ganglions composés ; s'il
y en a trois, alors c'est le dernier seul qui est composé. 3° Le nombre des
ganglions abdominaux varie de i à 8 et les Muscides calyptrés n'ont pas
du tout de ganglions abdominaux séparés, ceux-là étant confondus avec la
partie nerveuse centrale du thorax. Quelquefois le nombredesgnnglionsab-
dominaux varie dans la même espèce selon les sexes : d'après Landois, le
Pulexcanism. en a 8 et 7; d'après mes recherches, c'est le même cas chez le
P. felis et le P. irritons; j'ai trouvé encore que chez le Leptis m. le dernier
ganglion a une échancrure, tandis que chez la femelle il est compacte.
4° Les Diptères ont un ganglion frontal et deux paires de petits ganglions
pharyngiens, mais ils n'ont pas la partie abdominale du système sympa-
thique distincte.
» Le système nerveux des Hémiptères est très peu étudié et les études com-
paratives font défaut. Mes recherches sur le système nerveux des Hémi-
ptères s'étendent à soixante-dix espèces. 1° Quelques Hémiptères n'ont pas
de ganglion sous-œsophagien séparé, ce dernier étant confondu avec la
partie médullaire du thorax. 2° Chez quelques-uns (Pseudoplinnus) il est
séparé et placé, non pas dans la tète, mais dans le thorax. Les circonvolu-
tions des lobes cérébroïdes n'y manquent jamais. 3° Chez quelques Hémi-
ptères, qui ont deux ganglions du thorax, lepremierrésulte d'unefusion du
premier ganglion thoracique avec le ganglion sous-œsophagien. 4° Le
nombre des ganglions thoraciques varie d'un à trois; ainsi Hydrometra, Àcan-
lliia, Nepaeii ont un ; deux se trouvent chez les Penialoma^ Lygœus, etc. ; il
y a trois ganglions thoraciques chez le Pediculus; mais, n'ayant pas de com-
missures, ils setouchent. Le Notonecta présente une forme intermédiaire
ayant seulement un seul vrai ganglion thoracique, qui possède une éihan-
crure très accentuée. 5" Les Hémiptères n'ont jamais de ganglions abdo-
minaux séparés, ceux-là étant confondus avec la partie thoracique du
système nerveux. »
(') Les princip.iiix résultats de mes recherclies sur le sj'stème nerveux des Diptères ont
été lus dans la séance d'octobre 1877 à la Société cntomologique russe.
C. R., 1K80, 2' Semestre. (T. XCI, T\' 23.) 124
(938)
ZOOLOGIE. — Sur une nouvelle forme de Ver vésiculaire, à bourgeonnement
exogène. Note de M. A. Viixot, présentée par M. E. Blanchard,
« La curieuse larve de Téniadé que je me propose de faire connaître
aujourd'hui sous le nom d'Vrocjslis prollfer est, comme les Staphylocystes,
parasite du Glomeris limbatus, Ujais elle présente cette particularité de vivre
chez le même hôte à des degrés divers de développement : à l'état vésicu-
laire proprement dit, libre dans la cavité viscérale, et à l'état de scolex,
enliystée dans le corps adipeux.
» Wrocyslis prollfer, à l'état vésiculaire proprement dit, nous offre à
considérer trois parties bien distinctes : une tête, un corps et une vésicule
caudale. Ces trois parties, qui sont en parfaite continuité de tissus, s'inva-
ginent les unes dans les autres, la tête dans le corps et le corps dans la
vésicule caudale.
» La tête est ovale, plus ou moins renflée latéralement, tronquée en
avant et rétrécie en arrière. Elle porte quatre ventouses et un roslellum
fort long. Ce dernier mérite d'être décrit en détail. 11 est invaginé dans la
tète par son extrémité postérieure et sur lui-même par son extrémité anté-
rieure. Il en résulte que la tête du Ver se termine par une sorte d'enton-
noir d'invagination ayant tout à fait l'aspect d'une ventouse frontale. La
paroi interne de cet infundibulum présente de nombreux plis transversaux
formés par le resserrement des fibres élastiques qui la constituent, et est
armée d'une couronne de crochets si petits, qu'il est impossible de les
compter. Ces derniers sont serrés les uns contre les autres, et il faut, pour
les distinguer, employer un grossissement de 600 à 900 fois; avec des gros-
sissements inférieurs, on ne voit qu'un anneau chitineux, d'un jaune bril-
lant.
» Le corps {receptaculum capitis) est rehé par le cou à la partie postérieure
de la tête. Il est constitué par une membrane fort mince, si étroitement
accolée à la paroi interne de la vésicule caudale, qu'il est difficile de l'en
distinguer. On remarque seulement au-dessous du cou une sorte de bour-
relet formé de cellules embryonnaires comme le parenchyme de la tête. Le
pédoncule qui rattache le corps à la vésicule caudale ne s'aperçoit pas sans
peine, en raison de la contractilité des tissus, de leur transparence et de
l'étroitesse de l'orifice de l'invagination.
') La vésicule caudale est ovale, légèrement acuminée en avant, obtuse
( 939 )
en arrière. Elle est formée, comme à l'ordinaire, de deux sortes d'éléments
anatomiques : d'une couche externe de fibres élastiques entre-croisées, et
d'une coucbe interne de tissu conjonctif. Sa contractilité, qui est très
développée, permet à l'animal de se mouvoir dans tous les sens. Le scolex
n'occupe que les deux tiers de sa cavité, et il existe dans la région posté-
rieure un vide assez considérable.
» Les dimensions des diverses parties du Ver sont les suivantes : cro-
chets, o""",ooi; diamètre de la trompe à l'état d'invagination, o™"", o3 ;
diamètre des ventouses, o"™,o2; longueur du scolex à l'état d'invagina-
tion, o""", 07 ; longueur de la vésicule caudale, o^^jOg ; largeur de la vé-
sicule caudale, o'"'",o6. On peut juger par ces mesures de la petitesse de
notre parasite et des difficultés que ])ré.sente son étude. Sa taille ne dé-
passe pas celle d'un Infusoire, et il est évident qu'il échapperait aux re-
cherches de l'observateur qui ne se servirait point de la loupe et du micro-
scope.
» UVrocysùs proiifer esi, ainsi que l'indique son nom, essentiellement
caractérisé par son mode de multiplication. Ses bourgeons se développent
successivement et se détachent dès qu'ils sont parvenus à maturité. Aussi
ses colonies ne se composent-elles ordinairement que de deux individus
placés à la suite l'un de l'autre : une vésicule entièrement développée en
tête et un bourgeon sous forme d'appendice caudal. Le bourgeon n'est
représenté, au début, que par Tine petite vésicule sphérique, contenant
des éléments cellulaires en voie de prolifération. Il est sessile et en conti-
nuité de tissu par son extrémité antérieure avec l'individu qui l'a précédé
(vésicule parfaite oubourgeon); mais, en se développant, il prend uneforme
ovale et tend à s'isoler de plus en plus. Au moment où apparaissent les
premiers linéaments du scolex, les deux individus ne sont plus reliés l'un
à l'autre que par un étroit cordon. Lorsqu'il se détache, le bourgeon vési-
culairea acquis tout son développement et contient un scolex parfaitement
conformé. Celui-ci ne tarde pas à se débarrasser de sa vésicule caudale* pour
aller s'enkyster dans le corps adipeux de son hôte; mais le scolex, tout en
abandonnant sa vésicule caudale, reste enkysté dans son leceptaculam capi-
tis et ne dévagine point sa trompe. La sortie du scolex peut s'effectuer soit
par la dégénérescence de la vésicule caudale, soit par la rupture du pédi-
cule qui rattache le scolex à la vésicule. Ce dernier mode, que j'ai souvent
observé, me paraît le plus naturel.
» Le scolex, en s'enkystant dans le corps adipeux de sou hôte, ne subit
pas de grandes modifications. Tout se borne à un changement de forme
( 9^»o )
extérieure et à l'épaississemerit de ses téguments. Il devient sphérique, et
les éléments embryonnaires qui constituent la paroi du receplaculum capitis
passent à l'état de fibres élastiques pour remplacer la vésicule caudale
comme organe protecteur.
» VUrocystis pwlifcr a sans doute, indépendamment de son habitat,
beaucoup de rapports avec les Staphylocystes; mais il diffère de ces derniers
par des caractères importants, qui justifient pleinement la création d'un
genre. Chez les Slaphylocjslis, les individus qui constituent la colonie sont
bien plus nombreux, se développent simultanément et ne se séparent pas
les uns des autres lors de leur maturité. Le scolex ne sort pas de la vésicule
caudale et n'a pas sa trompe invaginée sur elle-même.
» Les autres états de cette nouvelle forme de Ver vésiculaire me sont
inconnus et n'ont probablement pas encore été décrits; mais on sait dès
à présent que le scolex qui doit figurer en lête du strobile possède une
longue trompe et une couronne simple de très petits crochets. Quant à
l'hôte définitif, Mammifère ou Oiseau, il appartient certainement à la faune
alpestre. Le Gloméris bordé qui m'a fourni VUrocystis prolifer avait été cap-
turé dans les bois de la Grande-Chartreuse. »
ZOOLOGIE. — Mœurs d'an Poisson de la famille des Silures^ le Callichthys
facialus, Cuvier. Noie de M. Carbonmier, présentée par M. de Quatre-
fages. (Extrait.)
« La famille des Silures est représentée dans les eaux douces de l'Amé-
rique du Sud par plusieurs genres, parmi lesquels se trouve le genre Cal-
lichthe. J'ai en ma possession plusieurs individus de l'espèce dite Callichthe
facié [Callichthys facialus^ Cuvier), provenant de la Plata. Cette espèce est
caractérisée par deux barbillons à chaque angle de la lèvre supérieure,
deux rangées de larges et fortes plaques écailleuses, qui recouvrent les
flancs et interceptent la ligne latérale, et deux nageoires dorsales, dont la
seconde, adipeuse, est munie comme la première d'un rayon osseux.
» Ces Poissons, ainsi que j'ai pu le constater, viennent_ fréquemment faire
provision d'air à la surface de l'eau; mais la particularité la plus intéres-
sante réside dans leur mode d'accouplement et de reproduction.
» Au moment de la fécondation, la femelle rapproche l'une de l'autre
ses deux nageoires ventrales, à la façon de deux éventails ouverts qu'on
réunirait par leurs bords, et forme une sorte de cul -de-sac au fond
(94i )
duquel vient aboutir l'ouverture des ovaires. Les principes fécondants du
mâle se trouvent ainsi emprisonnés dans cette sorte de sac membraneux;
lorsque, quelques instants après, les œufs vont y arriver, ils se trouveront
baignés par un liquide riche en spermatozoaires.
» La ponte se compose de cinq à six œufs, que la femelle conserve pen-
dant quelques minutes dans la ])oche qui vient d'être décrite; puis, elle
quitte le sol pour aller à la recherche d'un endroit propice à leur évo-
lution. Son choix se portera de préférence sur une partie bien éclairée,
paroi en glace d'aquarium ou pierre émergeant de l'eau; elle y nettoie avec
sa bouche une place située au moins à o", lo ou o™,i5 au-dessous du niveau
de l'eau, puis, appliquant son abdomen à cette place, elle entr'ouvre son
sac et fixe ses œufs, qui se collent au moyen de la viscosité qui les enduit.
» Tous les œufs étant déposés, les rapprochements recommencent avec
les mâles et les pontes se suivent ainsi de quarante à cinquante fois dans la
journée : j'évalue le nombre total des œufs émis à deux cent cinquante
environ (').
» Au moment de la ponte, les œufs, disposés par groupes de trois à cinq,
sont d'un blanc laiteux, peu transparents; ils deviennent ensuite jau-
nâtres, et au moment de l'éclosion, c'est-à-dire du huitième au dixième
jour d'incubation, ils deviennent noirâtres : cette coloration est due aux
taches pigmentaires qui recouvrent le corps de l'embryon.
» Au moment de sa naissance, l'embryon est globuleux; on n'y distingue
d'abord que les quatre barbillons; la vésicule ombilicale, demi-transpa-
rente, est peu volumineuse; l'embryon se tient dans la position normale
et non couché sur le flanc, comme la plupart des embryons des autres Pois-
sons. Bientôt apparaissent la queue et les autres nageoires. Ces dernières
évolutions diu'ent en moyenne trois jours, temps pendant lequel ces Pois-
sons mènent une existence indépendante et isolée. Passé cette époque,
c'est-à-dire de douze à treize jours après la ponte, tous ces jeunes alevins
se groupent ensemble et courent sur le fond de l'aquarium.
» La croissance de ce Poisson est peu rapide; il ne devient guère adulte
que deux ans après sa naissance.
» Un fait intéressant à signaler est le changement d'époque de la repro-
duction présenté par notre Callichthys. C'est au mois d'octobre et de no-
vembre qu'il se reproduit à la Plata. Arrivé en Europe, il a passé une
(') Les pontes que j'ai pu observer ont toujours conimencc entre g'" et lo'' du malin,
pour se terminer vers 2'' de l'après midi.
( 942 )
année sans donner de petits. En 1878, les pontes ont eu lieu en août et
septembre. Les produits de cette génération ont pondu, cette année, au
mois de juin. On voit qu'il y a eu là adaptation à notre climat, dont
les températures sont inverses de celles de l'Amérique méridionale. »
CHIMIE VÉGÉTALE. — Nouvelles lechercties sur les Saxifrages. Applications de
leurs produits aux arts et à la thérapeutique. Expériences sur leur culture.
Note de MM. Garreau et Machelart.
« Les Saxifrages, notamment les espèces à tiges frutescentes, fournissant
des produits jusqu'ici inconnus, et pouvant être la source d'applications
avantageuses, tant au point de vue de l'industrie qu'au point de vue de
la thérapeutique, il nous a paru utile de communiquer à l'Académie les
résultats de nos recherches.
» Les souches de ces plantes contiennent : 1° un produit immédiat nou-
veau, bergenin; 2° du tannin; 3° de la fécule; substances que l'on peut
extraire 1° par l'élher aqueux, qui enlève le tannin, 2° en p reprenant le
résidu par l'alcool à 90° bouillant, qui, après concentration, laisse cristal-
liser le bergenin.
» Bergenin. — Après purification, le bergenin se présente sous la forme
d'un corps solide, blanc, transparent, d'une amertume franche comme celle
du café et de la quinine; sa densité est de i,5; il cristallise en tétraèdres,
de sa solution alcoolique, et en prismes à base carrée terminés par un som-
met dièdre, de sa solution aqueuse. Son pouvoir réfringent est considé-
rable; il s'irise des couleurs du spectre sous la radiation solaire. Sa solution
aqueuse est sans action sur la lumière polarisée. Chauffé à i4o°, il perd son
équivalent d'eau et se transforme en un liquide incolore ou d'une couleur
légèrement ambrée, semblable à un vernis qui, en se refroidissant, se prend
en une masse transparente et fixe de nouveau peu à peu, au contact de l'air,
son équivalent d'eau, pour se transformer en tétraèdres dont l'ensemble
constitue une masse blanche pulvérulente.
» Chauffé vers 3oo°, il se décompose en donnant les produits variés des
hydrates de carbone. Brûlé sur une lame de platine, il donne une flamme
fuligineuse et se consume sans traces de résidu. L'alcool à 90°, à la tempé-
rature de 1 5°, en dissout j^ ^^ son poids; l'eau à la même température
en dissout seulement g^; ces liquides bouillants le dissolvent en plus forte
proportion et le laissent cristalliser en partie par refroidissement. Le ber-
(943)
genin rougit faiblement la teinture de tournesol très affaiblie, à la manière
des acides borique et carbonique; mais son action sur cette teinture est
encore moins marquée que celle de ces acides.
» o^', lo réduisent lo'^'' de liqueur cupropotassique, préparée selon la
formule de Fehling; mais cette réduction, quoique très nette, est moins
rapide que celle qu'exerce la glucose.
» Bouilli avec l'acide sulfurique dilué dans deux fois son poids d'eau, il
ne se transforme pas en glucose. Il en est de même avec l'acide chlorhy-
drique étendu, et ne change pas de nature en présence du ferment de bière,
de la synaptase, de la diastase, etc., ni avant, ni après avoir subi l'action
des acides.
» L'acide azotique, à la température de aS", le détruit instantanément;
mais, chauffé avec cet acide dilué, il se convertit en acide oxalique.
» Il s'unit à la potasse, la chaux, la baryte, la magnésie pour donner
naissance à des sels solubles. Il est sans action sur les sels solubles d'argent
et de mercure. Ses solutions aqueuse et alcoolique précipitent en blanc les
acétates neutre et tribasique de plomb, en un sel défini qui se dissout dans un
léger excès d'acétate plombique, sel que l'on purifie par des lavages à
l'alcool à 90°.
)) Le bergenin, cristallisé et séché dans le vide, soumis à l'analyse, a
donné les résultats suivants :
c 47.440
H 5,44°
o 47»' 20
100,000
» Le bergenate plombique, obtenu en ajoutant une goutte d'acétate tri-
basique de plomb à un soluté alcoolique de bergenin, lavé à l'alcool ab-
solu, puis séché à 1 10°, a fourni dans trois analyses successives :
1°. 2°. 3°. Moyenne.
Bergenin 87,660 36,6i4 34,75o 36,i38
Oxvde plombique 62,340 63,386 65,25o 63,862
Eu supposant le sel monobasique, supposition qui semble justifiée par le
peu d'affinité qu'a le bergenin pour les bases, le sel qu'il forme avec
l'oxyde de plomb doit être représenté par
l'q de bergenin 63,07
l't d'oxyde de plomb ii5,5o
2°.
30.
Moyenne.
46,820
47,58o
47,280
5,340
5,540
5,440
47-840
46,880
47,280
100,000
100,000
100,000
( 944 )
et celui diibergenin hydraté par 63,07 + 9, soit 72,07. Or les seules formules
à déduire de ces chiffres sont celle de CH'O' pour le composé anhydre
qu'il forme avec l'oxyde de plomb, et celle de C'H^ 0' = CH^O'HO pour
celle qui le représente à l'état libre et cristallisé.
» D'après les ess;iis que nous avons tentés depuis plusieurs années, le
bergenin constitue un agent thérapeutique important, destiné à combattre
les maladies qui frappent et affaiblissent la résistance vitale. C'est un to-
nique névrosthénique puissant, qui vient, par ses effets thérapeutiques, se
placer entre la quinine et la salicine. Quant à la souche qui le recèle, elle
joint à ces propriétés celle d'un tonique astringent, qu'elle doit à la forte
proportion d'acide quercitannique qu'elle contient.
» Des essais de culture, faits par nous durant six années consécutives,
démontrent que le Saxijraga sibirica, cultivé en terre meuble, telle que celle
qui convient à la culture du lin, de la betterave, de nos céréales, n'exige
que peu d'engrais azotés : cette plante ne produisant abondamment que des
glucosides et des hydrates de carbone, substances dont les éléments sont
empruntes plus abondamment à l'air qu'au sol dans lequel elle végète.
» C'est par le bouturage, fait au mois d'octobre, qu'elle se multiplie et
végète avec vigueur le printemps suivant; mais il faut trois années de cul-
ture pour que son développement soit assez complet et pour qu'on puisse
l'exploiter avec le plus de profit; nos ess;iis démontrent qu'elle donne des
produits largement rémunérateurs en tannin et bergenin, le rendement
annuel des souches sèches pouvant être de 7000''^ à 8ooo''s à l'hectare. Ces
souchesproduisent 258"' de bergenin par kilogramme, soit 20o''s, et du tannin
dont le poids représente le cinquième de celui des souches, soit 1 5oo''=.
» La fécule contenue dans le résidu à peine ligneux de la souche épui-
sée vient s'ajouter à ces chiffres pour une part de 3ooo''s.
)) Mais le tannin et le bergenin se retrouvent dans la plupart des espèces
frutescentes de ce genre, et il est très probable que quelques-unes d'entre
elles donneront des résultats encore plus avantageux, notamment le Saxi-
fraga cordijolia, dont le développement est au moins aussi rapide que celui
de l'espèce précédente.
)i Le Saxijraga crnssifotia donne un rendement plus élevé en bergenin,
celle substance étant contenue dans ses souches et dans ses feuilles, mais
sa végétation est relativement très lente.
>i II y a là, comme on le voit, une culture en grand à entreprendre,
sûrement rémunératrice par le rendement en tannin, en matière féculente,
ei sans aucun doute également avantageuse au point de vue de la fabrica-
(945)
lion du bergenin, dont les propriétés thérapeutiques ne peuvent manquer
d'être utilisées dans l'art de guérir. »
HYGIÈNE PUBLIQUE. — Sur un procédé de conservation des viandes, au moyen
de la dexUine. Note de M. J. Seure. (Extrait.)
' A propos d'une Note récente de M. Ed. Moride sur la préparation
d'une nouvelle substance alimentaire, la nutricine, je demande à l'Acadé-
mie la permission de lui faire connaître le résultat d'expériences auxquelles
j'ai été conduit, il y a vingt mois, en observant que la dexlrine dessèche et
conserve In viande,
» J'ai l'honneur de transmettre à l'Académie des échantillons des pro-
duits que j'avais obtenus.
» Première expérience [échantillon n° 1). — J'ai enfoui une tranche de viande maigre
dans lin lit de de.xtrine. J'adresse à l'Académie les quelques fragments qui me restent du
morceau ainsi momifié. Je me suis assuré, avec le reste, que cette viande, placée dans l'eau,
se sépare de la dexlrine et reprend ses caractères ])hysiques.
« Deuxième expérience [échantillon n° 2). — Viande grossièrement pulpée, mélangée sans
précaution avec de la dextrine, de manière à obtenir une pâte épaisse. Cette pâte s'est
desséchée ù l'air, dans un moule de porcelaiue, où elle est restée jusqu'à ce jour.
Troisième expérience [échantillon n°Z). — Viande finement pulpée, pilée avec de la dex-
lrine et coulée dans un moule. Le résultat a été, comme on peut le voir, un gâteau très
dur, très sec, de bel aspect, bien homogène.
» Ces trois échantillons sont restés, depuis vingt mois, exposés à l'air, sur
une planche, dans le haut d'une armoire. "
MÉTÉOROLOGIE. — Les météores du i4 novembre i88o, observés à Moncalicri
[Italie). Note du P. Dexza, présentée par M. Janssen.
« Le brouillard et les nuages ont euipéché presque entièrement les ob-
servations que nous nous étions proposé de faire dans notre Observatoire,
durant les nuits du 12 au 1 5 novembre, sur l'apparition météorique qui se
produit ordinairement dans cette période.
» Ce fut seulement au matin du i4> le jour le plus important pour l'é-
tude du phénomène, que les nuages et les brouillards commencèrent peu
à peu à s'éclaircir, vers 4*" du matin ; un peu avant 5'', le ciel était de-
C. R., i8Sû. 2« Semestre. (T. XCl, N° 25.) 1 2 3
( 946 )
venu serein et propice pour de bonnes observations. Nous nous mîmes
donc à l'œuvre et nous examinâmes le ciel de S*" à 5''45'", c'est-à-dire
jusqu'au moment où la lumière du jour naissant nous obligea à nous
retirer.
» Les résultats obtenus dans un temps si court furent assez satisfaisants.
Quatre observateurs comptèrent tente-sept étoiles en trois quarts d'heure,
ce qui fait environ cinquante météores à l'heure, c'esl-à-dire plus de douze
météores par observateur, tandis que l'année dernière on n'arriva qu'à
quatre ou six au plus.
» Plus d'un tiers des étoiles apparues, c'est-à-dire treize, appartenaient
à l'essaim des Léonides; elles brillaient toutes dans la région du ciel
placée dans la faux du Lion, dont la position moyenne est
a= 147°, c? = -t- 23";
c'est à peu près la position qui a été déterminée l'année dernière par les
observateurs anglais et américains, ou celle du radiant ordinaire du grand
courant des Léonides.
» Un autre essaim bien défini se montra vers la Grande Ourse. Sept
météores soigneusement déterminés donnèrent, pour radiant de cette autre
pluie, le point
qui se trouve près des étoiles X et jlj!. de la Grande Ourse.
» Les météores de ces deux essaims, et surtout ceux du Lion, ont été les
plus beaux. En effet, des treize Léonides, deux étaient d'une grandeur supé-
rieure à la i"^, deux étaient de i'^'^ grandeur, quatre de 2'', quatre de 3*^ et
seulement une de 4*" grandeur.
». Parmi les sept du second groupe, un surpassait la i"^ grandeur, deux
étaient de 2" et les autres quatre de 3* ou de 4*" grandeur. Aucun des autres
météores ne fut de 1"^ grandeur.
» Dans les Léonides, dominaient la couleur rouge et la couleur bleuâtre;
la couleur des autres était variable entre le blanc et le bleu.
» Plusieurs des premiers étaient suivis d'une queue lumineuse, et
presque tous se montraient par groupes de deux et même plus à la fois.
» Parmi tous les météores observés, le plus beau a été la Léonide ap-
parue à 5'' 23"" dans la constellation de l'Hydre. Son noyau, plus grand
que Jupiter, resplendissait d'une lumière bleuâtre très vive et laissa der-
( 947 )
riére lui une traînée brillante de la même couleur. Les points extrêmes de
sa trajectoire sur la voûte céleste ont été :
Commencement a=:i3i° 3 = — i3^
Fin 2 = 122° 3 — —18".
» Nos observations, bien que peu nombreuses et de courte durée, con-
firment celles qui ont été faites l'année dernière en quelques endroits de
l'Angleterre et de l'Amérique, et montrent que les Léonides ont acquis une
plus grande vigueur dans ces dernières années; nous avons donc tra-
versé une partie, bien que faible, du courant météorique qui nou^ a donné
les spectacles solennels des années 1866-1868. Les autres observations ita-
liennes, qui ne nous sont pas encore parvenues, pourront peut-être donner
un plus grand poids à notre conclusion.
» La lumière zodiacale d'opposition était très brillante vers l'orieut, sur
le fond pur du ciel, s'élevant jusqu'au delà de la queue du Lion. »
M. L. HiTGO adresse une Note « sur l'ensemble des nombres chronomé-
triques 365, 24 et 60 ».
A 4 heures un quart, l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 5 heures. D-
BCLLËTUV BIBLIOGRAPIIIQCE.
Ouvrages rbcds dans la séance dd 6 déckmbrb 1880.
Annales du Musée royal d'Histoire naturelle de Belgique. Description des osse-
ments Jo.^siles des environs d'Anvers; par M. P.-J. van Beneden. T. I, P' Partie
(avec un Atlas de 18 pi. in-plano) : Pinnipèdes ou Ampliithériens. T. II,
F« Partie (avec un Atlas de 3i pi. in-folio) : Poissons et genre Nautile; par
L.-G. DE RoNiNCK. T. IV, IP Partie (avec un Atlas de Sg pi. in-plano) :
Cétacés. T. V, IP Partie (avec un Atlas de 19 pi. in-folio) : genres Gyroceras,
Cyrtoceras, Gomphoceras, etc. ; par l^.-G. de Koninck. Bruxelles, F. Hayez,
1877-1880.
( 948 )
Comptes rendus des Itavaux de la Société des Agriculteurs de France. T. XI>
Annuaire de 1880. Paris, au siège de la Société, 1880; iii-8°.
Catalogue des brevets d'invention; année 1879, n" 12, !"■ Partie ; année 1880,
n"' 4, 5, 6, P^ et IP Parties. Paris, J. Tremblay, 1880; 7 livr. in-8°.
Essai sur ta destruction de l'œuf d'hiver du Phylloxéra de la vigne; par M. P.
DE Lafitte. Agen, iuipr. Lenthéric, 1879 ; br. in-S".
Le Phylloxéra reconnu comme étant l'effet et non la cause de la maladie de
la vigne, etc.; par M. J. Baurac. Bordeaux, impr. Gounouilhou, 1880; br.
in-8^
Les étoiles et les curiosités du ciel; par M. G. Flammarion. Livr. lia 20.
Paris, Marpon et Flammarion, 1880; grand in-8° illustré.
Tlie nautical Almanac and astronomical ephemerisfor Toutes ces eaux sont caractérisées par l'abondance du chlorure de
potassium, dont la proportion n'est pas de beaucoup inférieure à celle du
c'nlorure de sodium.
)) On a vu précédemment que ce même chlorure de potassium abondait
dans les déjections de toute nature recueillies le 4 janvier dernier.
» De même que les cendres rejetées le 4 janvier, celles-ci contiennent
de la pyrite, mais à un plus grand état de division, et sans doute aussi de
formation contemporaine.
» Ce sont manifestement des produits émanant d'un même réservoir. »
(95> )
BOTANIQUE. — Ordre de naissance des épitlels dans l'épi des Lolium;
par M. A. T RECUL.
« Chez les Graminées que j'ai étudiées, le racliis a d'abord un accroisse-
ment de bas en haut; mais plus tard la végétation, devenant de plus en plus
active de bas en haut, prédomine vers le sommet ou phis bas vers la ré-
gion moyenne (voir t. XC, p. 60); il en résulte un ordre variable dans
l'apparition des rameaux. Des individus différents d'une même espèce de
Lolium peuvent présenter les divers ordres de naissance des rpillets; mais,
dans tous les cas, l'accroissement général de l'épi finit par devenir basi-
pète. Si la venue de cet accroissement basipète est très tardive, les rameaux
naissent de bas en haut, et ils s'accroissent aussi successivement de bas en
haut du rachis, jusqu'à ce que, la végétation venant à prédominer près du
sommet, les rameaux supérieurs l'emportent sur les inférieurs, qui n'achè-
vent leur développement qu'après ceux qui sont plus haut placés. Si la
prédominance de la végétation par en haut, qui détermine l'accroissement
basipète, est précoce, ce sont des rameaux de la région supérieure qui
naissent d'abord; tous ceux qui sont au-dessous naissent de haut en bas du
rachis. Toutefois, je n'ai jamais vu le supérieur latéral de chaque série
apparaître le premier de sa rangée; mais c'est quelquefois le deuxième qui
naît d'abord, et souvent le troisième ou le quatrième, à compter d'en haut.
» En observant un grand nombre de jeunes inflorescences, on trouve que
le rameau premier-né de chaque série peut être placé à des hauteurs très
variables ; il peut se trouver près du sommet, ou au quart, au tiers supérieur
du rachis, ou même vers la moitié de la hauteur, ou vers le tiers ou le
quart inférieur et plus bas encore ; mais, de même que ce n'est jamais le
supérieur latéral qui apparaît le premier, de même aussi ce n'est jamais le
plus bas placé de chaque série ; du moins, il est impossible de le prouver,
parce que l'on n'a pas ici de point de repère, comme dans une feuille,
dont la base est nettement déterminée. Au contraire, quand le premier-né
doit se trouver assez haut siu- le rachis, il est aisé de démontrer que des
rameaux naissent au-dessous de lui comme au-dessus, par les états de vé-
gétation des mérithalles qui doivent les produire.
» Je sais bien que l'on essayera d'expliquer les divers états que je viens
de signaler par le mode d'accroissement que j'ai décrit dans les feuilles
pinnées du Galega officinalis ^ etc. On dira qu'il y a là un accroissement pro-
(95^ )
gressivemenl plus grand dans les rameaux de plus en plus haut placés, de
sorte que ces derniers, quoique nés après ceux qui sont placés plus bas,
deviennent graduellement plus grands, ou, ce qui revient au même, parce
que les inférieurs subissent un arrêt ou un ralentissement dans leur végé-
tation.
>) Cette explication est contredite par trois ordres de faits : i° par ce qui
s'accomplit dans le Nardus stricta [Comptes rendus, t. XC, p. 6i et 62);
2° parles états de végétation des mérithalles qui précèdent la naissance des
rameaux; 3° par de jeunes épis dans lesquels l'accroissement basipète n'ar-
rive que tardivement. Pendant longtemps, en effet, tout se fait, chez ces
derniers, de bas en haut ; puis il arrive qu'aussitôt que les épillels supérieurs
sont nés, ceux-ci prennent un plus grand accroissement que ceux qui sont
au-dessous; alors ce sont des rudiments d'épillets insérés un peu au-dessus
de la région moyenne qui sont les plus petits de tous, mais les plus grands
sont encore près de la base de l'épi. Ce n'est donc pas un accroissement
régulièrement croissant de bas en haut qui détermine les formes que j'ai
décrites, ni un ralentissement de la végétation des rameaux inférieurs.
H Voici quelques exemples des états dont je viens de parler. Voyons
d'abord des cas dans lesquels ce sont des rameaux de la région inférieure
qui naissent les premiers.
» Le Loliitm perenne m'a donné des exemples bien instructifs sous ce rap-
port. Dans l'un d'eux le jeune rachis n'avait que i""", 18 de hauteur; il ne
portait de rameaux que sur sa moitié inférieure, qui en avait sept d'un
côté et six de l'autre. C'était le troisième rameau de chaque série qui était
le plus grand; les supérieurs diminuaient graduellement de bas en haut,
les deux inférieurs de haut en bas, et, ce qui étaitbien remarquable, la
moitié supérieure du rachis avait encore huit mérithalles d'un côté, sept
de l'autre, accusés par des bourrelets foliaires semi-embrassants, décrois-
sant de bas en haut et espacés sur l'axe, laissant libres entre eux les espaces
sur lesquels devaient naître les autres rameaux.
» J'ai trouvé des épis de 3""°, 4"'°, 5"'" et G'""" dans lesquels l'accrois-
sement général s'était effectué de bas en haut; l'accroissement basipète
n'était pas encore arrivé. Au contraire, il n'est pas rare de rencontrer des
épis de moins de i""™ dans lesquels ce sont déjà les rameaux supérieurs
qui l'emportent sur les inférieurs, et dont les derniers, ceux qui seront les
j)lus bas placés, peuvent n'être pas encore nés.
» Dans un épi de o°"°,90 de hauteur, qui avait tous ses rameaux nés par
en haut, puisque les glumes de l'épillet terminal étaient apparues, des huit
( 953 )
rameaux existant dans chaque série, c'étaient d'un côté le deuxième et le
troisième rameau d'en haut, de l'autre le troisième et le quatrième, qui
étaient les plus grands. Ceux qui étaient au-dessous décroissaient de haut
en bas.
» Le Lolium perenne mutique ne m'a donné que de rares exemples des
premiers rameaux nés dans la région supérieure du rachis; mais une forme
aristée de ce L. perenne m'a donné d'assez nombreux cas de cet ordre de
naissance des épillets. Dans le L. perenne mutique, c'est dans la région
moyenne que j'ai vu le plus souvent apparaître les premiers rameaux.
» Dans un épi de o™™,'y5 de hauteur, qui n'avait que cinq rameaux
accusés de chaque côté, c'étaient le troisième et le quatrième de chaque
série qui étaient les plus grands. Dans une inflorescence de o°"",4o de
hauteur, qui n'avait que trois rudiments de rameaux apparus de chaque
côté, c'était le médian qui était le plus gros.
)) Je sais bien que de si jeunes inflorescences ne sont pas toujours pro-
bantes, parce que l'on n'est souvent pas sûr que la multiplication continuera
par en bas; mais, quand on les compare à des épis plus développés, à des
degrés divers, et ayant neuf, dix ou onze épillets de chaque côté, et que la
généralité de ces épis a les plus grands rameaux dans la région moyenne,
il est bien vraisemblable que ce sont ces plus grands rameaux qui sont les
premiers-nés.
» Ce que la comparaison de jeunes inflorescences à différents âges in-
dique déjà, la comparaison des mérilhalles dans d'assez nombreux épis
en voie de produire leurs rameaux le démontre directement, souvent avec
la plus grande précision. En effet, on trouve des exemples dans lesquels
des rameaux, soit de la région moyenne, soit de la région supérieure, étant
nés et déjà élevés, ceux qui sont situés plus bas sont de moins en moins
développés, et ceux qui seront plus bas encore sont annoncés par une dila-
tation verticale des mérithalles qui doivent les produire. Le L. perenne
aristé que j'ai cité et les L. italicwn, temulentum m'en ont donné de beaux
exemples.
» Un épi haut de i""",o5, entre autres, de L, perenne aristé présentait
un peu au-dessous du sommet obtus du rachis, de chaque côté, un ma-
melon (vu de profil) naissant, et au-dessous quali-e proéminences beau-
coup plus fortes, représentant des rameaux déjà assez élevés. Plus bas de
chaque côté, il y en avait deux plus faibles, l'inférieure étant la plus petite,
et au-dessous de celle-ci étaient des mérithalles fortement élargis vertica-
lement, mais ne faisant pas encore de saillie qui put justifier le nom de
rameau. Ces mérilhalles étaient seulement préparés à en émettre.
{ 954)
» Le Lolium temulenlum m'a aussi donné des exemples d épis à rameaux
delà région moyenne naissant avant ceux d'en bas et d'en haut; mais il
m'a donné aussi très fréquemment, surtout dans un semis fait tardivement,
de beaux exemples de rameaux supérieurs plus précoces et prédominants
par leur dimension. Cependant le rameau latéral supérieur était ordinaire-
ment un peu plus faible que celiii qui était immédiatement au-dessous. Tous
les autres décroissaient graduellement de haut en bas. Et, dans des épis où
il ne se formait plus de rameaux par en haut, il en naissait certainement
encore par en bas (épis de i"""", lo, o^'^jQo, o'"'",85, o-^^jSo). J'ai dessiné
plusieurs de ces épis de o"'"',8o et o""°,85 seulement, qui ne produisaient
plus de rameaux par en haut, puisqu'ils développaient les glumes et glu-
melles de leur épillet terminal, bien que dans leur partie inférieure il se
formât encore de nouveaux rameaux. Une très jeune inflorescence du même
L. iemulentum, haute de o'""',67, était bien remarquable. Tous ses articles
supérieurs, sauf le dernier, étaient fortement dilatés verticalement du côté
qui devait produire un rameau; mais les rameaux ne commençaient à naître
que sur une face du racliis; les quatre mérithalles les plus avancés s'y
renflaient chacun en une saillie, qui était évidemment le rudiment d'un
rameau. Le renflement le plus considérable était le plus haut placé des
quatre; les trois autres décroissaient de haut en bas. De l'autre côté de
l'épi, les mérithalles correspondants, alternant avec ces renflements, étaient
seulement dilatés verticalement; ils étaient délimités par une ligne droite à
peu près verticale; mais les supérieurs de ces mérithalles étaient déjà beau-
coup plus dilatés que les plus bas placés. Là, il n'était donc pas douteux
que les rameaux naquissent de haut en bas, sauf, je le répète, un supé-
rieur latéral.
» Le Lolium ilalicum surtout m'a donné des résultats très variés et quel-
ques exemples du plus haut intérêt théorique. Il est fréquent de trouver
des épis dont la généralité des rameaux naît de bas en haut, sauf peut-être
l'inférieur, qui n'est jamais trouvé le plus grand de tous; c'est assez sou-
vent le troisième ou le quatrième, parfois même le deuxième d'en bas, qui
est le plus développé. Tous les autres sont d'autant plus petits qu'ils sont
insérés plus haut sur le rachis. Cette dimension relative des rameaux ou
épillets se conserve quelquefois assez longtemps. Ainsi, dans un épi de
4""™, 20, ayant dix-neuf rameaux dans la série A (celle dont l'épillet infé-
rieur est le plus bas sur l'axe) et dix-huit dans la série A', c'étaient le troi-
sième et le quatrième du bas de la série A, et le troisième de la série A',
qui étaient les plus grands. Tous ceux qui étaient au-dessus allaient en
diminuant de bas en haut. Le premier et le deuxième du bas de chaque
(gî'S )
tiérie étaient plus petits que le troisième, mais ils étaient plus grands que
les supérieurs, le terminal excepté. L'épiilet inférieur de la série A avait
o'^'^jag; le quatrième avait o""°,42; le supérieur latéral n'avait que o™"',25;
mais le terminal avait o™'",42, comme le plus grand d'en bas. Un autre
épi de 6""", ayant vingt-cinq épillets dans la série A et vingt-quatre
dans la série A', avait aussi conservé l'accroissement basifuge pour l'en-
semble des épillets latéraux. Les deuxièmes et troisièmes d'en bas étaient
les plus grands des latéraux ; les supérieurs étaient les plus petits.
» Il n'en est pas toujours ainsi. Ce sont fréquemment les rameaux de la
région moyenne qui naissent les premiers, et quelquefois même les rameaux
de la région supérieure. Dans un épi de i™™,oo, les rameaux de la région
moyenne naissaient les premiers ; au-dessus et au-dessous plusieurs rameaux
étaient annoncés par un élargissement vertical des mérithalles, comme j'en
ai cité des exemples. Dans de tels cas, les rameaux de la région moyenne
conservent quelque temps la prééminence; puis, l'accroissement prédomi-
nant par en baut, ils sont dépassés par les rameaux supérieurs.
» Dans d'autres cas, ce sont des rameaux de la région supérieure qui
naissent d'abord ; les inférieurs naissent ensuite de haut en bas, mais je
n'ai jamais vu que ce fût le plus haut placé de chaque série qui naquit le
premier. Ce sont souvent les troisième et quatrième de chaque série (à
coHjpter d'en haut), qui apparaissent d'abord; les deux ou trois situés
au-dessus ne naissent qu'ensuite. A la première phase de leur évolution,
ceux-ci sont toujours trouvés plus petits que les latéraux placés immé-
diatement au-dessous. Dans de tels cas, le terminal est toujours le plus
avancé de tous (' ). Ainsi, dans un épi de i""",65, enlreautres, ayant seize
rameaux de chaque côté, les quinzième et quatorzième de la série A étaient
les plus grands des latéraux, et dans la série A' c'étaient les quatorzième
et treizième; le quinzième et le seizième étaient plus petits que ces derniers,
et tous les inférieurs diminuaient graduellement de haut en bas.
» Outre les preuves déjà énoncées plus haut, qui démontrent que dans
de tels épis l'affaiblissement graduel des épillets inférieurs n'est pas dû à
lui ralentissement de leur végétation, mais à l'ordre de leur naissance, le
Lolium ilaliciim m'en a donné une nouvelle fort élégante et aussi con-
cluante, que voici. Les nombreux rameaux de deux jeunes épis étaient tous
nés de bas en haut, et ils s'étaient accrus de façon que les plus grands
(') Mais, quand les preiniers-iiés sont situés beaucoup plus bas, il peut aiiiver que le
terminal ne soit pas toujours le plus avancé.
( 956 )
étaient à la partie inférieure du rachis; mais, comme d'ordinaire, le plus
bas placé et le suivant étaient moins avancés que le troisième et le qua-
trième de chaque série. Tous les autres allaient graduellement en diminuant
de bas en haut jusque vers les deux tiers de la hauteur de l'épi, où se trou-
vaient lesj)liis petits de tous. A partir de là, les rameaux de la région supérieure
devenaient graduellement de plus en plus grands, mais les plus haut placés de
chaque série étaient moins avancés que les inférieurs. Voici les proportions
exactes de ces rameaux. L'un de ces épis, haut de 2""", 35, avait vingt-quatre
rameaux dans chaque série. Les rameaux de l'un des côtés furent mesurés :
l'inférieur avait o"'™,ioo; le troisième et le quatrième d'en bas avaient
o""",i65; le dix-septième et le dix-huitième avaient seulement o'"",o5o; le
supérieur de chaque série avait o™",o65.
» Ainsi, ce n'était pas le rameau supérieur latéral, le vingt-quatrième,
qui était le plus petit, comme cela aurait dû être si l'accroissement avait
persisté à s'effectuer de bas en haut : c'étaient le dix-septième et le dix-
huitième qui étaient les plus courts, c'est-à-dire des rameaux situés vers les
deux tiers de la hauteur de l'épi. Cela montre que, si dans le premier âge
des rameaux de certains épis les supérieurs sont plus grands que les infé-
rieurs, cela n'est pas dû à un accroissement progressif et continu de la
végétation, se propageant régulièrement de bas en haut, ou à un ralentis-
sement de celle des rameaux inférieurs, de manière à donner une série de
rameaux graduellement plus développés de la base au sommet du rachis,
puisque, dans le cas que je viens de citer, ce sont des rameaux d'un peu
au-dessus de la région moyenne qui sont les plus petits, tandis que les
plus grands sont encore en bas. C'est donc que tout à coup, pour ainsi
dire, une plus grande activité de la végétation est survenue dans la partie
supérieure des épis et a interverti l'ordre de l'accroissement des épillets
rudimentaires.
•) Ce qui arrive ici dans un épi de 2"'", 35 ne survient parfois que dans
des épis de 6™'" et plus, et d'autres fois dans de jeunes rachis encore
dépourvus de rameaux [Nardus slricta, etc.). L'opinion que j'ai soutenue
reçoit donc une nouvelle confirmation. »
(95?)
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur ('orbite que pnrcourl. un point matériel attiré
par un sphéroïde. Note de M. H. Gyldév. (Extrait d'une Lettre adressée à
M. Hermite.)
« Permettez-moi de vous entretenir d'un problème d'Astronomie théo-
rique qui, peut-être, n'est pas entièrement sans intérêt pour vous : c'est la
recherche de l'orbite que parcourt un point matériel attiré vers un sphé-
roïde selon la loi newtonienne. Dans le cas qui touche à l'Astronomie, on
a avec approximation suffisante, pour cette force, l'expression suivante,
[t., 3(1,
jXj étant la demi-différence entre les moments d'inertie, ou, plus exacte-
ment,
p..= i(2C — A — B).
» En supposant maintenant, pour obtenir la solution correspondant à la
première approximation, que le mobile se meut dans l'équateur du sphé-
roïde, on a les équations suivantes (r étant le rayon vecteur et v l'angle
que fait ce rayon avec l'axe fixe des x):
„ d'i> dr dv
dt' dt dt '
d'r (
dfX' U-. Su,
« Si l'on introduit dans ces équations, au lieu de t, une nouvelle va-
riable indépendante u, qui est liée à t par l'équation
dt =yr'^du,
Y étant un coefficient constant à notre disposition, il en résulte
c/(> = y \jcdu,
où l'on a désigné par \fc et h les deux constantes d'intégration.
C. R., i88o, a* Semtstre. (T. XCI, N° 24.); ï ^^
( 95« )
» Supposons que l'orbite soit fermée; alors l'équation
o = 2p., — cr-+- 2 a, / - — Iir^
doit nécessairement avoir deux racines positives. En les désignant par r,
et Tj, on peut mettre
après quoi l'on peut exprimer les coefficients 2/j.-,, c, 2iJ., et h au moyen de
n» ^21 7o ^f V'- ^' ^^^ ^'^^ '^^ ^'^''' qu'on aura
2lU^
Vo
'•,'-2,
C =
('•
+ /-0
7o
-\-i\r.
7m
2^.,=
('■
-h/'o
'7
+ 7o,
h =
V.
pose
J
. _ '■.
my
B Maintenant, si l'on pose
~ I — iiy
et que l'on admette les indéterminées assujetties aux conditions suivantes,
/•, — 7', = nr, — m,
74 '" = 7"")
f =
4
'■.(7.^.-7.)'
il viendra
j ^ snw,
mod^ = —
et, parce qu'on a
r = r,
dntt=
I — 7î sn li'
il en résultera
1. o dn;;' ,
lit = yr- du.
• ^ T n «in //2 U
» Pour donner à celte expression la forme usuelle des intégrales ellip-
tiques, j'introduis deux quantités nouvelles, en posant
( 959)
d'où il résulte
^ _ 7o n
" '~7. '~[sn(/a + K)p'
puis
^^^^ = A=sn(/6o + R)^
» Mais, par la valeur de //, savoir
7. ('•.— '■.)
OU bien
r, — r,
nous aurons
rsn(/(7 + K)"]'_ I _
Lsd(;m + K)J r, \
/■j sn(/(74-K)^ " Lsn(((T-(-R) J
de sorte qu'il vient
y:
/a/-, I
■Kl
» Le coefficient \/c ne peut pas être exprimé rationnellement à l'aide
des auxiliaires a et w, mais on trouvera cependant une formule bien aisée
pour les calculs numériques. En effet, il résulte, après quelques transfor-
mations,
de sorte qu'on peut très facilement calculer la quantité S dans la formule
» Le coefficient 7 peut encore être exprimé de la manière suivante :
7 = i/^^! — ^^"'[sn((7 + w) -l-sn(a — w)j. »
(96o)
NOMEVATIONS.
L'Académie procède, parla voie du scrutin, à la nomination d'un Corres-
pondant pour la Section de Physique, en remplacement de M. Lissajous.
Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 49j
M. Abria obtient 43 suffrages
M.Violle » 3 »
M. Terquem » i »
M. Crova » i »
M. Abria, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est élu Corres-
pondant de l'Académie.
MEMOIRES PRESENTES.
PHYSIQITE VÉGÉTALE. — Applications de la théorie des germes aux cha mpignons
parasites des végétaux ^ et spécialement aux maladies de la vigne. Note de
M, Max. Cornu.
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
« La théorie des germes, à laquelle M. Pasteur a attaché son nom,
a une importance considérable en Agriculture, et, si les prescriptions
qu'elle indique étaient suivies, les cultivateurs en retireraient d'incon-
testables avantages; plusieurs pratiques agricoles y trouvent un fondement
scientifique; cette théorie se présente à nous et s'impose à propos des
sujets les plus divers.
» Dans un très grand nombre de cas, les parasites végétaux qui atta-
quent les plantes de nos climats n'occupent pas définitivement la plante
atteinte, mais ils sont confinés sur des organes, dont la plante peut être
artificiellement ou naturellement dépouillée, recouvrant ainsi la sauté.
» Dans les parties séparées du végétal, le parasite subsiste sans périr, mais
il y est soumis pendant une période plus ou moins longue au hasard des
saisons ; il doit émettre des corps reproducteurs, qui, livrés aux caprices
de l'atmosphère, auront à atteindre et à occuper de nouveau la plante d'où
ils ont été exclus.
(9t" )
» Ce fait se produit de façons diverses :
» A. Le mycélium ne meurt pas; il doit, soit passer l'hiver tel quel,
soit s'accroître encore et donner naissance à des corps reproducteurs nou-
veaux ou semblables aux anciens.
» B. Le mycélium est mort après avoir donné des corps reproducteurs,
qui bravent les conditions défavorables et n'entrent en végétation que dans
la saison propice.
» On pourrait donner de nombreux exemples; mais on peut dire d'une
manière générale que le premier groupe contient des Ascomycètes; le
second les Urédinées, Ustilaginées, Péronosporées, Chytridinées, Myxo-
mycètes et aussi quelques Ascomycètes.
» Il y a une conséquence pratique à tirer des faits qui précèdent.
» A. On peut placer les parties caduques dans des conditions telles, que le
parasite n'y continue pas à vivre ; on supprime ainsi l'ensemencement des
spores au retour de la saison végétative. Dans plusieurs cas, la dessiccation
prolongée seule pourrait suffire, jusqu'au jour où, l'époque de l'évolution
dépassée, le parasite ne peut plus s'accroître et meurt naturellement,
exemple : Phacidiées [Rliytisma acerinum), Dothidéacées [Polystirjma
rubrum) [*), la plupart des Septoriacées, etc.; il faudrait donner de longs
détails que cette Note ne comporte pas.
)) On peut utiliser les feuilles malades (ou toutes les feuilles sans les
trier) à la nourriture des bestiaux, les employer pour les litières, pour la
confection de composts, etc.; mais on doit les traiter de telle sorte que,
quand revient la saison de leur végétation, les spores ne puissent se
disséminer; on les accumulera dans des fosses spéciales, on les recouvrira
de terre et on pourra plus tard répandre ces débris sur les cultures.
M Quand le parasite se montre sur les rameaux, qui ne sont pas naturelle-
ment caducs comme les feuilles, on peut les retrancher, et ces parties cou-
pées pourront être traitées comme il vient d'être dit.
» B. Les autres espèces de parasites ne permettent point des pratiques
semblables; on ne saurait sans danger les employer à la nourriture des
bestiaux, à la confection des composts et des litières. La digestion, la putré-
faction des tissus ne frappent point de mort les spores dormantes, qui
conservent intactes leur propriété germinalive. Après un enfouissement
prolongé, ces spores donnent aisément de nouveaux germes; ou ne peut
('] Comptas rendus, séance du 11 juillet l'a"]"].
( 9^2)
donc sans imprudence utiliser les débris provenant des végétaux malades (').
Il faut détruire ces débris par l'action du feu. C'est une mauvaise économie
que d'employer pour les étables les pailles couvertes de Rouille, c'est mal
comprendre ses intérêts que de faire consommer aux animaux les grains
cariés ou charbonneux, les choux couverts de Cyslopus, les fanes de pomme
de terre péronosporées; les fumiers qui en proviennent peuvent contaminer
au loin les cultures : j'en ai observé des exemples ['^).
» La place manque pour développer les conséquences spéciales pour
chaque groupe de plantes : si l'on ne considère que la vigne, on a affaire à
un cas particulier et curieux.
» La vigne est attaquée par trois parasites principaux, appartenant au
règne végétal et déterminant trois maladies.
» L'oïilium et l'anthracnose n'ont pas de spores dormantes ; leur présence
n'empêcherait pas d'utiliser les débris des plantes. Mais ces deux parasites
demeurent sur les rameaux ; il convient donc, pour s'en rendre maître, de
supprimer la réinvasion par des spores venues de la plante elle-même. On
devra donc enlever les parties malades : pour Voïdiiim, le bois taché; pour
l'anthracnose, les parties cariées. Il conviendra, en outre, de badigeonner
les parties aériennes de l'année avec des produits sulfureux, par exemple des
sulfocarbonates, pour tuer les mycéliums encore vivants.
» Etendu à la totalité du cep, ce traitement aurait l'avantage de détruire,
à la fois, l'œuf d'hiver du Phylloxéra et la Pyrale, ce qui exige souvent une
opération spéciale dans le Midi et dans l'Ouest.
u Les feuilles, les rameaux détachés par la taille, peuvent contaminer
les vignes si on les abandonne sur le sol, à l'humidité, dans des conditions
où les parasites peuvent continuer leur évolution ; il faut donc les recueillir
et les emporter loin des cultures.
» L'existence du Peronospora vilicola commande de les brûler; les cendres
pourraient alors être utilisées comme amendements. Eu les détruisant
ainsi, on empêchera la réapparition des germes dans une proportion con-
sidérable; la préservation sera efficace surtout si l'on prend quelques pré-
cautions pendant les premières années; il ne faut pas laisser les spores
dormantes s'accumuler dans le sol : le mal serait bien plus difficile à
combattre; ce soin se recommande surtout aux viticulteurs possesseurs de
plants fins et délicats (Médoc) ou aux producteurs de racines de choix
(Thomery, Fontainebleau).
(') Voir Comptes rendus, séances du g décembre 1878 et du 12 juillet 1880.
(') Loc.cit., 12 juillet 1880.
( 963 )
» Le sort qui attend ces conseils sera sans doute celui qu'ont eu les
premiers avertissements contre le Peronosporn vUicola, mais le devoir or-
donne de dire ce qu'on pense être la vérité, quelle que soit la manière dont
seront reçus les avis. »
VITICULTURE. — Sur la découverte de l'œitj d'hiver dans les Pyrénées-Orientales.
Note de M. Campana.
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
« J'ai toujours pensé que la différence de climat, qui peut exister entre les
Pyrénées-Orientales et le Libournais, n'était pas une raison suffisante pour
changer les moeurs du Phylloxéra et que, par conséquent, si l'œuf d'hiver
se trouvait sur le bois extérieur chez M. Boiteau, il devait se trouver dans
les mêmes conditions d'habitat dans les Pyrénées-Orientales.
» Partant de ce principe, voici comment j'ai procédé dans la recherche
de l'œuf d'hiver :
» J'ai coupé un très grand nombre de souches, de manière à emporter le
bois de quatre ou cinq ans, 3 'enlevais ensuite les lambeaux d'écorce qui se
soulèvent naturellement, en m'arraugeant de façon que tous les corpus-
cules qui se trouvaient sur ces lambeaux tombassent sur une feuille de pa-
pier blanc, où il était facile de choisira la loupe tout ce qui pouvait res-
sembler à un œuf. Ces objets étaient alors placés sur une lame de verre et
soumis à l'examen microscopique. Pour auguienter le nombre de corpus-
cules à examiner, je frappais à petits coups sur le bois que je venais de dé-
pouiller de son écorce et je recueillais de même, sur du papier blanc, tous
ceux qui tombaient. J'ai été assez heureux pour découvrir de la sorte, dans
les vignes du Soler, entre le 20 et le 3o septembre, trois œufs d'hiver, par-
faitement reconnaissables à la tache rouge et au pédicule de suspension
qui les caractérisent.
» J'avais vu l'œuf d'hiver chez M. Boiteau, ce qui me permettait de le
reconnaître. M. Ferrer, membre du Comité central de vigilance de Perpi-
gnan, n'a pas hésité à le reconnaître aussi. J'envoyai deux de ces œufs à
M. Catta, délégué régional ; malheureusement, ils subirent quelques dété-
riorations en route. Leur caractère restait cependant, d'après ce que m'a
dit M. Catta, suffisamment reconnaissable.
» Je ne doute pas que, par des recherches analogues, on n'arrive à retrou-
ver, ailleurs que dans les Pyrénées-Orientales, des œufs d'hiver, dont le
(964 )
nombre, je dois le dire, m'a paru très restreint, en raison des nombreuses
investigations auxquelles j'ai dii me livrer. »
VITICULTURE. — Sur un procédé de préparation clu sulfure de carbone à l'état
solide, pour le traitement des vignes phylloxérées. Note de M. J. Lafadrie.
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra. )
« Nous solidifions le sulfure de carbone en en faisant une émuision
avec une solution d'algues. L'algue connue sous le nom de mousse du Japon,
thao, singlass, donne un très bon résultat.
» Nous préparons la solution en chauffant avec précaution l'eau conte-
nant la mousse du J^ipon jusqu'à 90°. A cette température, l'eau en dissout
4 pour 100 de son poids environ. Nous laissons ensuite tomber le feu, sans
que la matière se précipite, jusqu'à 35° ou 40°. L'émulsion avec le sulfure
de carbone est faite dans un malaxeur. Il est indispensable que l'action
soit très rapide et le mélange très intime.
» En comptant sur l'emploi de la mousse du Japon pure('), on pour-
rait établir ainsi le prix de revient du sulfure de carbone solidifié :
fr
Sulfure de carbonne, les ioo'>» 5o
Solution de mousse du Japon, les 100'''^ on
contenant 4'''' à ^''' le kilogramme 12
Main-d'œuvre 3
Matière solide ( 100^^ ) 65
» On peut varier la proportion de sulfure de carbone comme on veut,
jusqu'à en mettre 80 pour 100. La consistance du mélange solidifié est
d'autant plus forte que la dissolution y est plus abondante.
» L'évaporation du sulfure de carbone est très lente. Un morceau de
notre matière solidifiée, laissé à l'air pendant deux mois, renfermait encore
une grande quantité de sulfure.
» On pourrait donc obtenir, en enfouissant des morceaux de notre
matière au pied de la vigne, la présence pendant un temps très long de va-
peurs de sulfure de carbone autour des radicelles. Il serait facile de mettre
(* ) La mousse du Japon coûte, en Europe, lorsqu'elle est très pure et comestible, envi-
ron 3'"' le kilogramme ; mais nous obtenons de bonnes solidifications en la mélangeant
avec des algues de prix inférieur, telles que le Fucus crispus.
( 96-'^ )
à la disposition des vignerons des échantillons de richesse différente en
sulfure, et ils pourraient expérimenter eux-mêmes ceux qui conviendraient
le mieux à la nature de leurs cépages et à l'humidité de leur sol, de façon
à éviter tout inconvénient pour la végétation. »
M. Barral adresse, de Bessan (Hérault), une Communication relative
au Plivlloxera.
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra.)
M. E. Hacnet adresse un Mémoire relatif au choléra,
(Renvoi à la Commission du legs Bréant.)
CORRESPONDANCE.
M. F. Le Clerc se met à la disposition de l'Académie pour l'une des
expéditions destinées à l'observation du prochain passage de Vénus.
(Renvoi à la Commission.)
M. Bkioscui, nommé Correspondant pour la Section de Géométrie, adresse
ses remercîments à l'Académie.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
1° La « Revue de Géologie », publiée par MM. Delesse et de Lapparent
(années 1877 et 1878).
2° La 16'' année du « Journal du Ciel », publié par M. Vinol.
3° Des « Recherches statistiques et médicales sur la ville de Cette », par
M. L. Amal. (Cet Ouvrage est renvoyé au Concours de Statistique pour
1881.)
ASTRONOMIE. — Comète Swift [e 1880). Note de MM. ScuuLHoret Bossekt,
présentée par M. Mouchez.
« Dans notre première Note [Comptes rendus, 6 décembre 1880), tout
en excluant la durée de révolution de 1 1 années, nous n'avons pu décider
C. R., ii%0,i' Semestre. {1. XCl, N» 24.) I28
( 966 )
si la comète accomplissait sa révolution en 5^ ans ou en 3| ans. Depuis, nos
calculs ont dissipé ce cloute en attribuant à la comète une durée de révo-
lution de 54^ ans; ils ont, en outre, démontré avec certitude l'identité de
cette comète avec celle de 1869, comète III, découverte par M. Tempel.
» Après avoir calculé une éphéméride à l'aide de nos éléments ellip-
tiques provisoires, nous avons comparé toutes les observations publiées
jusqu'à ce jour et celles communiquées par M. Tempel. Le résultat de
cette comparaison est donné dans le Tableau suivant :
Dates.
1S80. Lieu d'observation.
Oct. i5 Washington.
25 Odessa
Observation-Calcul.
AacosJ. M.
s . "
— I ,06 4-29,5
— 1 ,6 —II ,8
Dates.
1880. Lieu d'observation.
Oct. 25 Boston.
Observation-Calcul .
AxcosJ. Aj.
' " ,
—3,25 -h '] ,G
Oct. 28 Boston.
3i Odessa.
Nov. I Odessa.
-0,90
-0,42
-0,16
-43,4
-i3,5
-3o,3
Nov.
1 Washington.
2 Boston
-0,88
-0,96
-22,2
- 9»'^
A'ov.
7 Washington.
7 Diin-Echt. . ,
9 Dtm Echt. . ,
9 Paris
9 Strasbourg.
-0,22
-0,23
-2,00
-.,54
-2,93
-34,7
-26, 1
-3i ,0
-26,7
-16,5
Nov. 10 Dun-Echt
10 Paris
1 1 Paris
II Cambridge (E. U.
-1,42
-1,46
-0,33
-27,6
-35,0
-26,7
-36,1
Nov. 20 Kiel
20 Wilheiiishaven.
20 Paris
20 Lund
-3,17
-0,48
-0,53
-0,61
10,6
■'9=6
- 4,B
■i3,3
Nov. 2i Lund ^o,i3 -1-37,5
21 Kiel — 0,54 -1-19,7
22 Odessa -1-2,11 -1-6,9
Nov. 25 Paris -t-0,26 -l-io,'") Nov. 27 Paris — 0,10 H- 6,0
Dec. i Arcetri.
2 Kiel. . .
-0,22 -(-21,4 Dec. 3 Arcetri.
-0,63 — 8,0 5 Arcetri.
-1-0,25 — 13,3
-1-0,54 — 2,8
» Nous avons changé l'observation d'Odessa octobre 2 5, oi'i l'étoile
de comparaison était mal identifiée, et nous avons augmenté de i' la
déclinaison de Washington novembre 1 (observation méridienne). Nous
avons exclu les observations de Boston octobre aS («) et 28 [â), de Dun-
Echt novembre 10 (a) et toutes celles du professeur Young, en Amérique.
(967)
» Nous avons pu former les six lieux normaux suivants, rapportés à
l'écliplique de 1 880,0 :
I. Octobre afï.S > = 34 1.46. 254 p = 38. ■39.54", i
II. 3i,5 349.54 •îy.o 43.14.31,3
III. Novembre 9,5 9. 0.49,3 45-59.21,4
IV. 20,5 39.57.40,3 42.56.19,3
V. 26,5 54.26.58,9 37.16.29,8
VI. Décembre 3,5 66.38.3^,7 '29.22.53,7
» En acceptant comme condition le demi-grand axe correspondant à
une durée de révolution de 5| ans, nous avons trouvé le système d'élé-
ments suivants :
Époque Octobre 35,5, temps moyen de Berlin.
M 357''33' 3", 8
7t ^3. ^.^o ,5 \
Q 396.51.35 ,7 > 1880,0
/ 5.23. 0 ,4 )
c 4o'5^-34 jO
Idg « 0,490718
» Les écarts suivants restent dans les lieux intermédiaires.
AAcos/3. A,3.
Il -I- II ,6 — 12,3
m — 5,3 H- 7,1
IV — ".7 + i3,5
V - i3,i + 6,3
» La représentation laisse encore beaucoup à désirer; nous nous propo-
sons de déterminer plus tard les éléments à l'aide des coefficients diffé-
rentiels. »
ASTRONOMIE. — Influence de la pente de réfringence sur la réfraction astrono-
mique. Note de M. S. Glasexapp, communiquée par M. Yvon Villar-
ceau.
« Dans toutes les théories de la réfraction astronomique, on suppose
que les couches atmosphériques d'égale densité sont distribuées en surfaces
concentriques par rapport à la surface do la Terre. Nous nommerons ré-
(968 )
fraction normale^ ou réfraction tabulaire, les valeurs de la réfraction, fournies
par les Tables calculées dans cette hypothèse.
» En réalité, les couches d'égale densité ne sont pas généralement dis-
tribuées en surfaces concentriques par rapport à la surface de la Terre; il
peut donc y exister une pente plus ou moins grande, ce qui dé|)end des
conditions particulières. Nous nommerons simplement pen/e de réfiingence
cette pente des couches atmosphériques.
)) Les observations des températures et pressions barométriques, que l'on
recueille dans presque tous les instituts météorologiques centraux, permet-
tent de tracer, au moins à de certains instants et par de certaines altitudes,
les courbes d'égales densités. Il est clair que, si les couches atmosphériques
d'égale densité ne sont pas concentriques par rapport à la surface de la
Terre, ou autrement, s'il existe une pente de réfringence, la réfraction
réelle différera de la réfraction normale ou tabulaire; de plus, la disposition
de la pente peut faire naître une réfraction latérale, savoir un déplacement
de l'astre en azimut.
» Les causes qui produisent les pentes de réfringence et leurs variations
nous sont très peu connues. Ces questions sont à peine touchées par les
astronomes, et, en général, il faut dire que, de tout ce qui concerne la
pente de réfringence, nous ne connaissons que très peu de chose.
» L'influence de la pente de réfringence sur la réfraction peut être
admise a priori; quant à sa grandeur, elle ne peut être déterminée que par
la voie des observations. La petitesse des grandeurs en question rend le
problème très difficile. Un autre problème; que l'on peut regarder comme
corollaire, nous parait très intéressant, mais plus difficile encore que celui-
ci : c'est d'étudier l'influence de la périodicité de la pente de réfringence,
en supposant qu'elle existe, sur des grandeurs ayant pour période une année
solaire, comme, par exemple, la parallaxe des étoiles fixes et leur aberra-
tion annuelle. Il nous semble très probable que, s'il existe une périodicité
dans les variations des pentes de réfringence, elle se manifestera dans
la détermination des parallaxes des étoiles fixes, ainsi que dans la détermi-
nation du coefficient constant de l'aberration de la lumière.
)) Ayant en vue d'étudier ces questions dans tous leurs détails, nous
croyons devoir prendre la méthode suivante :
)) 1° Déterminer l'influence de la pente de réfringence, au moyen des
observations faites sur différentes étoiles fixes.
» 2° Etudier la loi de la variation de cette influence, en fonction de la
distance zénithale.
(969 )
» 3" Examiner s'il existe quelque période annuelle dans la pente de ré-
fringence, et, dans ce cas, en évaluer la grandeur.
» 4° Etudier quelle influence peut exercer cette variation périodique
sur la parallaxe annuelle des étoiles fixes, ainsi que sur leur aberration.
» 5° Étudier la réfraction latérale.
» Nous sommes certain que l'étude de ces questions en fera naître
quelques autres, dont on n'a présentement aucune idée. C'est par le premier
numéro des points énoncés que nous avons commencé l'étude de l'in-
fluence de la pente de réfringence. Les résultats de cette étude seront ex-
posés dans une Note subséquente. »
GÉOMÉTRIE. — Sur le contact des coniques et des surfaces.
Note de M. G. Darboux.
« M. Ranimera démontré que les surfaces du quatrième ordre douées
d'une conique double peuvent être engendrées de dix manières diffé-
rentes parle mouvement d'une conique variable assujettie à rencontrer en
deux points la conique double. Dans le cas où ces surfaces deviennent des
cyclides, les coniques sont toutes des cercles, et il passe, par conséquent,
dix cercles par chaque point de la surface. Cette propriété des cyclides
m'a toujours paru des plus intéressantes; les nombreuses recherches des
géomètres sur les surfaces des cinq premiers ordres nous ont bien fait con-
naître des surfaces contenant plusieurs séries de coniques, mais aucune
d'elles n'admet un aussi grand nombre de séries de sections circulaires que
les cyclides. Il m'a semblé qu'il y aurait intérêt à démontrer rigoureuse-
ment qu'une surface ne peut admettre plus de dix séries de sections circu-
laires et que les cyclides sont les seules surfaces dans lesquelles ce nombre
maximum de dix séries soit effectivement atteint. Choisissant parmi les dif-
férentes voies qui pouvaient s'offrir pour la démonstration de cette propo-
sition difficile, j'ai étudié le contact d'une conique et d'une surface et exa-
miné en particulier le cas où cette conique est un cercle ('), et j'ai ainsi
obtenu les propositions suivantes, dont la démonstration est aussi facile
que le comporte la nature d'un sujet où l'on a à considérer les dérivées
des six premiers ordres d'une fonction de deux variables indépendantes:
(') M. Transon a publié sur ce sujet deux Mémoires, l'un en i84i dans le Journal de
Liouville, l'autre en i8^o dans les Nouvelles Annales de Mathématiques.
( 970 )
» Si dans une surface (S) on considère toutes tes sections planes passant par
une même droite tangente en un point simple O, te tien des coniques osculalrices
de ces sections à teur point de contact con^mu?i avec la tangente est une surface
du second degré ayant un contact du second ordre avec la sut face (S).
» Étant donnée une surface quelconque (Q) à neuf paramètres, on peut
en général disposer de ces paramètres de telle manière que la surface soit
osculatrice en O à la surface (S) et de telle manière que les trois tangentes
au point triple qu'a la courbe de section des deux surfaces en O soient
confondues suivant une tangente quelconque (T) donnée à l'avance. Dans
le cas où la surface (Q) est du second degré, la tangente (T) ne peut pas
être prise arbitrairement; elle ne peut avoir que trois positions, et alors il
y a une infinité de surfaces du second degré correspondantes à chacune de
ces directions. La théorie du contact d'une surface du second degré avec
une surface quelconque conduit donc à un système de lignes analogues aux
lignes de courbure et définies par une équation différentielle du premier
ordre et du troisième degré en y-- Trois surfaces particulières du second
degré peuvent être considérées comme ayant le contact le plus intime pos-
sible avec la surface proposée.
» Les plans qui coupent la surface (S) suivant des sections planes surosculées
en O par une conique enveloppent ini cône de neuvième classe admettant le plan
tangent en O, pour jdan tangent septuple.
» En dehors des surfaces du second ordre, il n'y a que la surface de Sleiner
et ses variétés et la swjace réglée du troisième ordre qui admettent une infinité
de coniques passant par chaque point de ta surface,
» Il y a en général vingt-sept coniques qui coupeiit la surface (S) en sept
points confondus au point O.
» Les plans qui coupent la surface (S) suivant des sections surosculées en O par
un cercle enveloppent un cône de cinquième classe admettant le plan tangent
pour plan tangent quadruple.
» Le lieu despotes des inversions qui transforment ta surface (S) en une autre
(S'), pouvant avoir au point O', inverse de O, un contact du troisième ordre avec
une surface du secondordre, est une courbe du sixiènie ordre qui est rinverse par
rapport à O d'wre cubique gauche.
» Par chaque point simple O de la surface (S) // passe en général dix cercles
coupant la surface en cinq points confondus. En d'autres termes, il y a dix sec-
tions dont les coniques osculalrices sont des cercles.
» S'ilj' a plus de dix cercles, le point est nécessairement un ouibitic.
( 'J7' )
» Une surface ne peut admettie plus de dix cercles passant en chaque point
sans se réduire à une sphère.
» Les seules surfaces qui admettent dix séries de sections circulaires sont les
cjcUdes.
» Je dirai quelques mots de la démonstration de ce dernier théorème.
On commence par établir que, si en chaque point de la surlace il passe
dix cercles coupant la surface en six points consécutifs, chacun de ces
cercles est nécessairement rencontré en deux points par l'un des neuf
autres. Cette remarque dispense des intégrations qu'il y aurait à faire pour
déterminer la surface, ou du moins elle permet de les effectuer par des
considérations géométriques.
» On en déduit, en effet, que la surface contient deux séries de cercles
C, C, . . ., r, r', ... telles que tout cercle de la première série coupe en
deux points chaque cercle de la seconde.
» On déduit aisément de là que les cercles (C), . -.jlr), . . . doivent être
orthogonaux à une sphère fixe (Ô). Par suite, la surface cherchée est l'enve-
loppe des sphères à deux paramètres variables, contenant l'un des cercles
(C) et l'un des cercles (r). Ces sphères sont orthogonales évidemment à
la sphère (5), et, comme elles coupent la surface cherchée suivant deux
cercles, le lieu des centres de ces sphères doit élre une surface double-
ment réglée, c'est-à-dire une surface du second degré. On reconnaît le
mode de génération des cyclides dû à M. Moutard.
» Pour démontrer quelques-unes des propositions précédentes, j'ai fait
usage d'une forme réduite à laquelle on peut amener le développement de
la coordonnée z d'un point d'une surface quelconque en employant une
transformation homographique. Cette forme est la suivante,
z =xj + x^ + y^ -ir xy^ax"^ + bj^) + u^-[- ...,
et il y a une forme réduite analogue pour le cas des« variables. Elle per-
mettrait de traiter la question des invariants différentiels, qui a fait l'ob-
jet des importantes recherches de M. Halphen; mais j'ai laissé ce sujet
entièrement de côté. »
( 972 )
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur une classe d'éijuations différentielles linéaires.
Note de M. Appell, présentée par M. Bouquet.
« Les recherches de M. Hermite (*) sur l'équation de Lamé, celles de
MM. Picard et Miltag-Leffler (^) sur les équations différentielles linéaires
à coefficients doublement périodiques et celles de M. Fuchs (') sur cer-
taines équations différentielles linéaires peuvent, à un certain point de
vue, se généraliser de la façon suivante.
» SoitF(x, ^) =o une équation algébrique représentant une courbe
d'ordre m et de genrep et contenant un terme en y, et soit
une équation différentielle linéaire dans laquelle ç'i,?'2>-- •,?'/j sont des
fonctions rationnelles de oc et j', jr étant la fonction algébrique de x dé-
finie par l'équation F ^ o. Les coefficients 9, possèdent deux sortes de
points singuliers, à savoir : 1° les points (Iaj'îa) de la courbe F= o, où
certaines des fonctions y,- deviennent infinies; 2° les points critiques de la
fonction algébrique y de x, que nous supposerons distincts des points
(^aj'îa)- Supposons que l'on ait constaté par la méthode de M. Fuchs que les
points (|/,,V3/,) et le point co sont des pôles ou des points ordinaires de la
fonction intégrale de l'équation (i). Soity(x, y') une fonction du point
analytique {^x^j) vérifiant l'équation diflérenlielle (i); marquons dans le
plan représentatif des x les points critiques de la fonction algébrique j
de a:, et voyons ce que devient cette fonction y"(x,jr) quand le point ana-
lytique {x^ij) décrit des cycles simples (Briot et Bouquet, Théorie des
fonctions elUpticjues , p. 170). On démontre d'abord ; 1° que, si le point
(x, j) décrit à la suite les uns des autres différents cycles simples, la
variation éprouvée par la fonction iutégraley(a;,_^) est indépendante de
l'ordre dans lequel ces cycles sont décrits; 2° que, si le point (x, j)
décrit successivement les ^ lacets binaires d'un même système circulaire
de q racines se permutant autour d'un point critique, la fonction /(a;, /)
ne change pas.
( ' ) Comptes rendus, t. LXXXVI.
[») Ibid., t. XC.
(') Journal de Mathématiques pures et appliquées, année 18^8.
( 973 )
» Si maintenant le point {x,y) décrit un cycle simple quelconque, la
fonction y (a:, ^'j deviendra, api>ès un premier tour du point sur le cycle,
J,{x,j-), après un deuxième [ourj2{x,j^),. . . , après un 7i''""'toury„(j?,/).
Puisque ces 7i + I fonctionsy^y, , . . .,y„ vérifient l'équation différenlielle,
elles sont liées par une relation de la forme
(2) Cj{jc,y) + Cj,{x,r) + • • . + C„/„(a-, j) = o.
» On conclut de là, en employant la méthode dont s'est servi M. Picard
dans les Notes citées, que l'on peut trouver des constantes Ao, A,, .. .,A„_,
telles que la fonction
f{x,j) = AoJi'i^f) -H Aj,{x,j) + . . . + A„_,/„_,(x, j)
se reproduise multipliée par un facteur constant quand le point (j[:,j>) décrit
le cycle considéré. On pourra ensuite prendre iy(.r,^) pour fonction inté-
grale et faire pour un deuxième cycle simple une transformation analogue
à la précédente, et ainsi de suite pour tous les cycles simples, de façon à
obtenir finalementune fonctionintégrale i'{x,j') qui se reproduit multipliée
par un facteur constant toutes les fois que le point (x, j") décrit un cycle
simple. ]^es fadeurs ou multiplicateius qui répondent. aux différents cycles
simples peuvent ne pas être tous distincts; on obtiendra des relations entre
eux en faisant décrire des circuits au point {jc, j) et remarquant que la
fonction intégrale ij>(x,7") ne change pas, puisque le point co est un pôle
ou un point ordinaire pour cette fonction. Il résulte de tout ce qui précède
que le nombre des multiplicateurs distincts de tj;(x,^) est égal au nombre
des périodes des intégrales abéliennes de première espèce relatives à la
courbe F = o, c'est-à-dire à 2p.
» Soient u'''(x,j')(i = 1,2,...,/;) les/; intégrales abéliennes normales de
première espèce; considérons les cycles qui donnent les 2p périodes nor-
males, à savoir, pour l'intégrale «''', les périodes
w','' = o, oV,' m O,
W3'' = 2«,-,, o}j'=2a/2
^ir
= 27rv/-i,
. . . ,
<-
.= 0,
<.
= 2 a,,-.
. . . ,
<
= 2a,p;
à ces cycles répondront, pour la fonction intégrale <]^[3C,y)^ 2p multiplica-
teurs |J.,,fJt,2, ... ,/:X2/). le facteur fj-A correspondant au cycle qui donne w'^'.
Soit6(j:,) la fonction 0 de p variables formée avec les nombres a^/j (BnioT,
Théorie des fondions aliélieiuieSjp. ii4), et considérons la fonction
Tf _, .,\ e[u'.'>[x,x) — gi] ■,,,„ .; ix-,:i)+i,ur-:[x.})+...+K„:r.iT,y)
G. R., 1880, 2' Semestre. (T. XCI, N» 24.) I 29
( 974 )
où X,- et gi sont des constantes. Si le point [3c,jr) décrit un cycle donnant
pour les intégrales abéliennes une période à indice impair 2« — i, la fonc-
tion 1{x,y) se reproduit multipliée par e^'"^v/^, et nous déterminerons
les p constantes ).,• de façon que celle exponentielle soit égale à
[i'
I, 2.
■P
Si le point {x,y) décrit un cycle donnant une période à indice pair 2/, la
fonction T[x,j) se reproduit multipliée par l'expression
J U, a„ + !.. o-,, 4-. . .H- »,, tt,„j+ Si
et nous déterminerons les constantes g, de façon que cette expression soit
égale à — (/= i, 2,. . .,/;). Alors la fonclion ^[x,y) 1{x,y) est une fonc-
tien uniforme du point analytique [x^j] n'admettant sur toute la sphère
que des pôles et des points critiques algébriques; elle est donc une fonc-
tion rationnelle de,r etj)' (Briot, Théorie des fonctions abéliennes. Note B),
et, en appelant R(a-,j) cette fonction rationnelle, on a
'i^{x,j)l[x,f) = Vv[x,j),
ce qui donne l'expression analytique de la fonction intégrale <]^[x,y) à
l'aide de symboles connus. Cette fonction ^{x,j) peut se décomposer en
éléments simples comme les fonctions doublement périodiques de seconde
espèce : c'est ce que je me propose d'indiquer dans un Mémoire plus étendu
que j'aurai l'honneur de présenter à l'Académie. »
ANALYSli MATHÉMATIQUE. — Sur Cintêcjralion des équations aux dérivées
partielles du premier oidre. Note de M. J. Collet.
« Les différentes méthodes connues pour l'intégration des équations
aux dérivées partielles du premier ordre, isolées ou simultanées, se ra-
mènent toutes finalement à l'intégration d'une équation de la forme
(i) i(z — p, cLv, — p.2(U\ —,■-. — Pr,(fx„ = o,
les valeurs de pt, /;„, . , . , /)„ étant fournies par n équations distinctes
(2) />^0, /,= 0, ..., Jn=0,
( 975 )
qui sont telles que, au moyen dos valeurs qu'on en lire pour p, , ju, .. . , /»„,
l'expression
( 3 ) p,drt-\- p2 d-^i 4- . • • H-/J« dx„
soit une différentielle exacte quand on y considère z comme une fonction
des variables .r,, ajj, . , ., x,,.
» Pour qu'il en soit ainsi, les fonctions /,, y,, ...,./« sont astreintes à
satisfaire deux à deux à ■ conditions, nécessaires et suffisantes, de
la forme
» Dans le cas où plusieurs équations proposées doivent être intégrées
simultanément, ces relations, convenablement employées, servent à recon-
naître s'il existe des solutions communes à ces équations ('); puis alors,
comme aussi dans le cas d'une seule équation, elles permettent, suivant
diverses méthodes, de compléter le système (2) au moyeu d'équations
convenables.
» Lorsque la fonction z n'entre pas dans ces équations, elle n'entre pas
non plus dans l'expression (3), et le premier membre de l'équation (i) est
une différentielle exacte. M. J. Bertrand a montré, en rectifiant le procédé
défectueux indiqué par Jacobi pour atteindre le même but, que, sans
déterminer en rien la généralité du problème, tous les cas pouvaient se
ramener au précédent par une transformation générale qui, en faisant dis-
paraître la fonction, augmentait d'une unité le nombre des variables. Alais
cette transformation n'est pas indispensable, et l'on peut intégrer en con-
servant la fonction, comme cela a lieu, en suivant les méthodes de La-
grange ou de Cauchy, et même, comme on le pourrait aussi, en suivant
celle de Jacobi.
» Dans ce cas, le premier membre de l'équation (i) n'est plus une diffé-
rentielle exacte, puisque la variable z entre dans les coefficients p,, p^, ...,
Pu; mais l'équation (t) reste intégrable, et nous nous proposons de montrer
qu'alors il existe toujours un facteur d'intégration, les conditions (4) étant
supposées satisfaites.
» On sait que les conditions qui doivent être remplies pour que l'ex-
Comptes rendus, t. LXXVI, p. 1 126; Annnlcs de l'École Normale, t, V, 2'= série.
( 976 )
pression
Xodcvg + X I /,, les conditions
d'existence du facteur deviennent
, e \ api , àpi 7)>fï(-.7)-'?("''7)7°::-'K"'^
■^■'7 )-?l'^''7
4v){^)"''?4"0-~'(-^)©""-(-ï)
II
'i [ ■"' T.
Les expressions de P et de Q sont des fonctions symétriques par rapport
à - et — • Si vous'mettez alors, au lieu de ^{oc. Ë), une fonction rationnelle
vu ' 1 \ / '
de I dont les coefficients soient des fonctions uniformes de oc, vous obtenez
P et O comme des fonctions ralionnelus de - w — et de < ou de -rr— ^ et
^ I' Il vu t i ./ :
dei
1 r[x] I v'ix
- ,,— -4- -/j ,, 4- q, en niellant ?ip = V ix). Les coefficients, dans ces
expressions rationnelles, sont des fonctions uniformes de oc.
)) Soient maintenant, dans l'expression rationnelle çp(x, ^), les coeffi-
cients des diverses puissances de | des fonctions doublement périodiques
de X. Soient, de même, les fonctions /^ et ç de telles fonctions doublement
( 98o )
périodiques de x que le qiiolient -jr]— ! soi! aussi une fonction doublement
périodique. Alors, dans l'équation différentielle x"+ Pz'4- Qz = o, les
coefficients P et Q sont aussi des fondions doublement périodiques. Des
deux expressions -r = 's> i.r, -U — — ^ ix, — | on conclut un système d'in-
tégrales, et ces intégrales ne sont pas en général uniformes. En mettant
f{3c, Ç) = w^, on retrouve immédiatement votre cas, »
PHYSiQUr:. — Réclamation de priorité, au sujet de la loi des températures
d'ébullition correspondantes. Extrait d'une Lettre de I\I. U. Uuhring.
ce Berlin, 5 décembre 1880.
» Dans la séance du 23 février dernier, M. Paid de Mondesir a présenté
un jMémoirc sur la comparaison entre les courbes des tensions des vapeurs
saturées ('). Dans ce Mémoire, M. de Mondesir prend les températures
auxquelles deux vapeurs saturées ont la même tension, ou, en d'autres
termes, les températures d'ébiiUition de deux liquides à la même pression.
Il en déduit la loi suivante, qu'd considère comme nouvelle :
» Lorsqu'on prend des tensions telles que les températures correspondantes de
l'une des vapeurs forment une progression arithméti(pie, celles de l'autre vapeur
formera aussi une progression arithmétique.
)) Je crois devoir faire remarquer que celte loi n'est autre que celle des
températures d'ébuUition correspondantes que j'ai publiée, à peu près deux ans
auparavant, dans l'Ouvrage de mon père (-) et que j'ai formulée (p. 7^)
dans les termes suivants : « A partir des températures d'ébuUition de sub-
stances quelconques, prises comme points de départ, pour une pression
quelconque, comnume à toutes, jusqu'aux températures d'ébuUition pour
une autre pression commune quelconque, les distances des températures
sont des multiples constants les unes des autres ». Donc, si l'on prend les
températures d'ébuUition d'une substance en progression arithmétique,
puis les lempératnres correspondantes d'une autre substance, il faut bien
que les difiércnces de la dernière jjrogression soient des multiples constants
des différences constantes de la première; par suite, qu'elles soient aussi
(') Comptes rendus, t. XC, p. 36o et siiiv.
(') Lois fondciincnialcs de la Physique et de la Chimie rationnelles, Leipzig, librairie de
Fiies; 1878.
( 9«' )
constantes, c'est-à-dire que la seconde progression soit également une pro-
gression arithmétique.
M Or, c'est précisément ce qne M. de Mondesir croit avoir découvert et
ce qu'il donne comme déduit directement des courbes de RegnauU. Ce
qu'il nomme le paramètre, savoir le coefficient constant des différences des
températures d'ébullition pour deux substances, c'est ce que j'ai introduit
(p. 74 de l'Ouvrage cité) sous le nom de fadeur spécifique, facteur que j'ai
calculé pour tous les corps étudiés par RegnauU; je me suis également ap-
puyé en général, pour la vérification de la loi, sur les observations éten-
dues de RegnauU. J'ai pris d'abord (p. 7G de l'Ouvrage) les températures
d'ébullition correspondantes de l'eau et du mercure; j'ai comparé (p. 7g
et suiv.), pour la démonstration ultérieure de la loi, les températures
d'ébullition calculées d'après la loi et celles qui ont été observées pour
plusieurs liquides, tels que l'eau, l'alcool, l'éther, le sulfure de carbone,
l'éther iodhydrique.
» Ce n'est pas seulement mon droit de priorité que je désire ici reven-
diquer : je tiens à signaler aussi cette circonstance significative, que j'ai
donné, dans l'Ouvrage mentionné, toute tine théorie de la loi, avec des
conséquences et des applications pratiques; je suis arrivé enfin à des rela-
tions quantitatives remarquables, entre la loi et la composition chimique
des molécules. '
» Les observations de RegnauU ont été à la disposition de tout le monde,
pendant quelques dizaines d'années, sans que personne avant moi ait trouvé
une loi, soit exacte, soit approchée. Il y a soixante-dix ans environ. Bal-
lon considérait comme égales les différences des températures d'ébullition
pour tous les corps, ce qui ne se trouve juste qu'accidentellement, pour un
petit nombre de corps, et constitue donc un cas spécial de ma loi géné-
rale. Depuis Dalton, rien ne s'est fait, quoiqu'on eût comme éléments les
matériaux accumulés par RegnauU de 1847 à 1862.
» Maintenant que j'ai publié la loi, en mai 187S, dans un Ouvrage que
le commerce a répandu en Allemagne et à l'étranger; que, en outre, la loi a
été formulée dans plusieurs Notes adressées aux Académies et aux savants
de l'Europe, j'ai lieu de m'étonner qu'elle puisse encore être présentée,
par d'autres savants, comme leur appartenant en propre. »
C. R., li^So, •Semeslrc. {T. XCl,ti'"îi.\ I 3o
( 982)
PHYSIQUE. — Sur la radiophonie ('). Deuxième Note de M. E. Mercadier.
« Je suis parvenu, par une mélhode simple, à démontrer que les effets
radiophoniques peuvent être produits par des sources dont l'éclat lumi-
7ieiix intrinsèque est beaucoup plus faible que celui d'une lampe à gaz,
ordinaire, et même par des radiations invisibles uniquement calorifiques.
» A cet effet, j'ai reconnu d'abord qu'on pouvait entendre les sons
radiophoniques provenant des lampes oxyhydriques et des lampes à gaz
sans avoir besoin de lentilles de concentration; il sufBt de les approcher
le plus près possible de la roue interruptrice en verre, en limitant le faisceau
émis à l'aide d'un diaphragme d'ouverture convenable placé très près delà
roue.
» J'ai pris alors un disque de cuivre de o™, 002 d'épaisseur et d'environ
o™,o/|ode diamètre, fixé à quelques centimètres de distance du diaphragme,
et je l'ai chauffé sur la face opposée à la roue à l'aide d'un chalumeau oxyhy-
drique,enménageantgraduellementraccès de l'oxygène. On obtientainsiune
source de radiations d'abord invisibles, mais dont la température peut être
peu à peu portée au rouge sombre et au rouge clair. Or, dans ce dernier
état, on entend très nettement les sons produits par cette source si peu
lumineuse, et, si l'on éteint le chalumeau, on entend des sons d'intensité
décroissante, il est vrai, mais on les entend encore quand le disque est
invisible dans l'obscurité. Ce dernier effet peut être produit d'une manière
continue, en modérant assez la flamme du chalumeau pour que le disque
conserve une température un peu inférieure à celle du rouge naissant. On
peut faire sans difficulté cette observation avec des récepteurs en verre ou
en mica, minces et enfumés, et l'on a ainsi un véritable thermoplione. »
OPTIQUE. — Sur des méthodes nouvelles el économiques de produire des signaux
lumineux inlermillenls. Note de M. E. Mercadieb.
« I^a question des signaux lumineux intermittents présente beaucoup
d'importance dans plusieurs cas, par exemple, celui de la télégraphie
optique; celui des signaux à faire dans la marine pour des manoeuvres ou
pour éviter des collisions; celui des phares à éclipses faites suivant des
(') Comptes rendus, t, XCI, p. gSi.
(983 )
procédés îiiialogues à ceux de la télégraphie électrique Moràe, ainsi que l'a
proposé et (;ut réaliser M. W. Thomson.
» Actuellement, quand on emploie une source lumineuse pour faire les
signaux, on produit les intermittences à l'aide d'un diaphragme mobile
devant la lumière émise d'une manière continue. La source est ainsi inutilisée
pendant les éclipses. Il est facile de calculer qu'en télégraphie optique
ordinaire cette perte de lumière est d'environ 65 pour loo; et si l'on
adoptait pour les phares vui système consistant à envoyer deux fois par
minute un signal représentant, en alphabet Morse, la première ou les deux
premières lettres du nom du phare (ce qui suffirait évidemment pour le
caractériser nettement), on inutiliserait ainsi environ 90 pour 100 de la
lumière continue.
» On peut éviter ces pertes considérables de lumière par des moyens
consistant à n'utiliser la source lumineuse que lorsqu'on en a besoin, à la
produire quand on a à émettre un faisceau lumineux, et à l'éteindre quand
il doit y avoir éclipse, sinon complètement, du moins assez pour que le
contraste entre les rayons émis et éclipsés soit frappant. En d'autres termes,
il faut tâcher de réaliser pour la lumière ce qui se fait avec tant de facilité
pour l'électricité en télégraphie, où l'on ne fait passer le courant que
lorsqu'on veut produire efjeclivement des signaux, tandis qu'on le rompt
dans les intervalles entre les signaux consécutifs.
)» On voit immédiatement que, pour satisfaire à celte condition, il faut
que la source lumineuse employée puisse être rapidement produite avec son
éclat maximum, et aussi rapidement éteinte; ou bien qu'on puisse au moins
faire varier rapidement son intensité d'une quantité considérable, ce qui
pratiquement reviendrait à peu près au même fonctionnement, à l'aide
de moyens mécaniques divers; et même les solutions du problème peuvent
être rangées sous deux catégories générales :
» 1° Celles dans lesquelles on agit pour produire l'intermittence, sur
l'agent même de la combusliou d'où résulte la source lumineuse;
» 2" Celles où l'on agit sur l'agent combustible.
» J'en indiquerai aujourd'hui une seule de la première catégorie, relative
à une source lumineuse intense et déjà connue, qu'on obtient par la com-
bustion du pétrole à l'aide de l'oxygène.
» On opère cette combustion facilement dans une lampe extrêmement
simple, que M. Duboscq a construite il y a déjà longtemps. C'est une lampe
à mèche ronde; au centre et dans l'axe vertical s'élève un tube dont
la partie supérieure, d'un très petit diamètre, vient déboucher un peu au-
{ 98/| )
dessous du plan horizontal contenant l'extrémité de la mèche, qui ne
dépasse guère elle-nième le cylindre qui la contient.
» Le tube central aboutit à un réservoir d'oxygène. En allumant la
lampe et en faisant arriver ainsi au centre de la flamme un jet d'oxygène
convenablement réglé, on produit une flamme qui a la forme d'une sorte
d'ovoïde allongé d'assez petites dimensions, qui est très blanche, et dont
l'intensité se rapproche de la lumière oxyhydrique.
» Celte lampe présente cette propriété remarquable que, malgré la tem-
pérature élevée de la combustion, elle s'échauffe peu, consomme très peu
de pétrole, et ne charbonne presque pas, si bien qu'elle fonctionne pendant
plusieurs journées sans qu'on ait besoin de toucher à la mèche et de renou-
veler le liquide.
» Cela tient à ce que la mèche ne dépasse pas le cylindre qui la contient;
que la flamme intense est produite par la combustion de la vapeur du
pétrole et au centre du bec, de telle sorte qu'elle est séparée de lui par
une couche gazeuse mauvaise conductrice. Il en résulte que, même après
plusieurs heures de fonctionnement continu, il n'y a de chaud dans la
lampe que la partie supérieure du bec.
» De plus, la lampe présente, au point de vue spécial qui nous occupe,
une propriété particulièrement favorable. Lorsqu'on l'allume sans oxygène,
elle donne une flamme fuligineuse qui n'éclaire pas; mais, quand on fait
arriver le gaz, elle prend une intensité rapidement croissante et elle atteint
son maximum dans un temps très coiu't : si bien que, si l'on met la flimme
intense au foyer d'(uie lentille, de façon à produire un faisceau lumineux
parallèle sur un écran éloigné, ce faisceau est très éclairant, tandis qu'il
est à peu près obscur avec la flamme non alimentée de gaz.
» Il en résulte la possibilité de faire varier rapidement son intensité d'une
quantité considérable et, par suite, de l'utiliser économiquement pour
faire des signaux lumineux intermittents.
» Il suffit en effet, pour arriver à ce résultat, de faire dégager l'oxygène
brusquement au centre de la flamme et de le supprimer brusquement.
On peut y arriver de plusieui's manières. Celle à laquelle je me suis arrêté
est la suivante. L'oxygène enfermé dans un réservoir sons une pression
convenable, qui dans mes appareils ne dépasse pas 4™" de mercure, arrive
d'abord à un manipulateur dont la forme est celle d'une clef d'appareil
Morse, à travers un tube en caoutchouc qui, à l'état de repos de la clef,
est pressé dans une sorte de guillotine; puis le tube se continue jusqu'à la
lampe. Lorsqu'on abaisse la clef, la pression sur le tube cesse, et l'oxygène
( 985 )
se rend dans la flamme; quand la clef se relève, le jet d'oxygène cesse ; de
telle sorte qu'on manipule, en quelque sorte, l'oxygène, à l'aide d'une
manœuvre aussi simple que celle qui constitue la manipulation d'un
courant électrique dans le système de Morse.
» La rapidité de celte manipulation est jjIus que suffisante pour les
besoins de la télégraphie optique, eu égard à la persistance des impressions
lumineuses sur la rétine, qui exige une certaine lenteur dans la production
des signaux afin d'éviter leur confusion.
» Ce système a été adapté à des appareils de télégraphie optique, et il a
donné de bons résultats.
» J'indiquerai dans une autre Communication comment on peut ré-
soudre le même problème avec la lumière électrique. »
PHYSIQUE. — Sur le spectie d'absorption de l'ozone. Noie de M. J. Chappuis.
« Dans une Note en date du 20 septembre 1880, nous annoncions, M. P.
Haulefeuille et moi, que l'ozone possède, lorsqu'on l'examine sous une
épaisseur suffisante, une très remarquable coloration bleu de ciel. Cette
propriété nous permettait de penser que ce corps devait donner lieu à un
.«pectre d'absorption et que l'on pourrait, en en dressant une carte, con-
courir utilement à l'étude du pouvoir d'absorption élective de notie atmo-
sphère, problème formulé par M. Janssen, dans une Note à l'Académie
des Sciences (') dans laquelle il s'exprime ainsi :
« Je suis loin d'aUrihucr à la vapeur d'eau rimivcisalité des raies teiluriqucsdu spectre
solaire :j'ai toujours pensé au contraire que tous les gaz de notre atmosphère doivent avoir
leur part dans ce phénomène, part qui, pour certains d'entre eux, sera peut-être fort dif-
ficile à faire, mais qui doit exister en principe. »
)) M. Haulefeuille a bien voulu me laisser le soin de ces recherches, et
ce sont quelques-uns des résultats qu'elles m'ont déjà donnés que je vais
résumer rapidement.
» Le spectre d'absorption de l'oxygène ozonisé par l'effltive électrique
observé à l'aide d'iui spectroscope à un ou deux prismes présente onze
bandes obscures bien nettes dans la partie ordinairement visible du spectre.
» J'ai dressé une carte de ces bandes et je l'ai comparée aux cartes des
bandes telluriques.
(') Comptes rendus, t. LXIII, p. 728.
( 9«<3 )
» J'ai constaté la correspondance d'une bande dans l'orangé avec la raie
a signalée par Angsirôm et dont il faut, d'après lai, attribuer l'origine à
d'autres substances que la vapeur d'eau,
» Sur la carte des raies atmosphériques d'Angstrom est figurée, enire la
raie D et la raie «, une bande qui s'étend de 606 à 61 3 et dont une partie
coïncide avec la bande la plus large due à l'ozone.
» Enfin, Angstrom signale dans le jaune, vers l;i raie D, une bande d'ab-
sorption, toujours visible dans le spectre du ciel pur, qui s'étend de 568 1
3/1812 à peu près et qu'il désigne, d'après Brewster, jiar la lettre à; or,
dans celte même région, se trouve une bande due à l'ozone et qui possède
une partie commune avec cette bande 5.
)) Je poursuis en ce moment ce travail, et je n'ai voulu aujourd'hui que
prendre date, pour me permettre défaire avec tout le soin désirable la com-
paraison directe du spectre solaire avec le spectre d'absorption de
l'ozone.
» La stabilité relative de l'ozone à basse pression et à basse température,
la production presque incessante de ce corps par les décharges électriques,
en font nn élément important des hautes régions atmosphériques; sa cou-
leur bleue joue donc certainement un rôle dans la coloration du ciel.
« La comparaison des spectres permettra d'apprécier la proportion d'o-
zone contenue dans les couches d'air traversées par les rayons lumineux,
et par suite de reconnaître si ce gaz suffit à lui seul pour expliquer le bleu
du ciel, ou s'il n'a qu'une part dans la production de ce phénomène. »
CHIMIE GlJNliRAl.E. — Jctioii de l'acide clilorhydrique sur les chlorures
mélcdliqucs. Note de M. A, Dirru.
« Quand on examine la manière dont les chlorures métalliques se com-
portent au contact de l'acide clilorhydrique dissous, on constate que tous
viennent se ranger dans deux catégories très nettes : les uns se dissolvent
d'autant mieux que la liqueur acide est plus concentrée; la solubilité des
autres diminue au contraire dans les mêmes circonstances.
» Premier cas : 1° Chlorure de mercure HgCl. — Lorsque, à une tem-
pérature donnée, on sature de ce sel des solutions aqueuses d'acide chlor-
hydrique, il se dissout en bien plus grande quantité que dans l'eau pure,
et le poids de chlorure augmente très rapidement avec celui d'acide que
renferme la liqueur. Si l'on cherche à construire la courbe de solubilité.
( 9^7 )
à i6° par exemple, en prenant le poids d'acide dissous dans loo^'' d'eau
comme abscisses, et pour ordonnées ceux de chlorure tenu en solution
par loo^^ de liqueur acide, on voit que cette courbe, très régulière, se
rapproche sensiblement de la droite j = 6,8260;+ 11,604, 'ant que le
liquide ne renferme pas plus de 23 d'acide pour 100 d'eau environ. A
partir de là, les poids de chlorure dissous augmentent encore, à mesure
que la concentration de l'acide employé devient plus grande, mais ils
croissent moins vile que les ordonnées de la droite.
» Or, si, après avoir saturé à froid de bichlorure de mercure lUie li-
queur renfermant moins de 23 d'acide pour 100 d'eau, on la chauffe
légèrement, elle dissout une pins forte proportion de chlorure qui, par le
refroidissement, se dépose en cristaux très nets, octaèdres modifiés ou ai-
guilles, selon le degré de concentration du liquide employé. Si, au con-
traire, on fait passer dans la liqueur un courant d'acide chlorhydrique,
de manière à l'en saturer en présence de bichlorure de mercure en excès,
celle-ci s'échauffe un peu, et la dissolution refroidie laisse déposer au bout
de quelques henres de beaux cristaux prismatiques, transparents et in-
colores, qui peuvent atteindre jusqu'à o™,o3 de longueur. Ces cristaux, ex-
traits de la liqueur mère, s'altèrent rapidement, ils perdent de l'acide
chlorhydrique et deviennent blancs et opaques 5 soumis à l'action de la
chaleur ils fondent, laissent très rapidement dégager de l'acide chlorhy-
drique et donnent un résidu de bichlorure pur; on peut les sécher sur de
la porcelaine dans une atmosphère chargée d'acide chlorhydrique, et leur
analyse conduit à leur assigner la formule Hg Cl, H Cl, analogue à celle du
composé que forme l'iodure de mercure avec l'hydracide correspondant.
» On p?ut obtenir ce composé en versant tout simplement ime disso-
lution concentrée d'acide chlorhydrique sur du chlorure de mercure pul-
vérisé. Celui-ci se prend immédiatement en une masse compacte, et la tem-
pérature s'élève de i2°à i5°; la dissolution saturée d'acide chlorhydrique
et abandonnée à un refroidissement lent donne de belles aiguilles de la
combinaison HgClHCI.
» L'existence de ce sel acide une fois établie, on se rend facilement
compte de ce qui se passe lorsqu'on met un excès de chlorure en contact
avec une solution chlorhydrique : le sel se dissout simplement tant que la
quantité d'acide renfermée dans la liqueur est inférieure à celle qui corres-
pond à la dissociation du chlorhydrate de chlorure dans les conditions de
l'expérience, car celui-ci ne peut se former; les nombres obtenus repré-
sentent alors la solubilité du sel dans des liqueurs plus ou moins chargées
( 98B )
d'acide à la même température. Quand la concentration du liquide devient
telle que le composé HgClHCl puisse se produire, une partie de l'acide
dissous se combine au chlorure de mercure, de telle façon que la quantité
d'acide libre reste constante, et, à partir de ce moment, tout l'acide chlor-
hydrique que l'on ajoute se combine à du chlorure pour former le clilor-
hydrate HgClHCI, qui se dissout, jusqu'à ce que la liqueur en soit saturée.
Or la courbe de solubilité montre que le [)oids de chlorure qui se dissout
quand on augmente de n grammes la quantité d'acide que la liqueur ren-
ferme est supérieur à celui qui se combine avec ces ii grammes d'acide
pour donner les cristaux; on comprend donc que, à partir du moment où le
sel acide peut prendre naissance, l'accroissement des ordonnées pour une
même augmentation d'abscisse doit être plus faible qu'auparavant.
» La même chose a lieu à toute température, et, comme la quantité d'a-
cide libre nécessaire pour empêcher la décomposition du sel acide est d'au-
tant plus petite que la liqueur est plus froide, on obseivera la diminution
de l'accroissement des ordonnées dans une dissolution acide d'autant plus
étendue que sa température sera moins élevée.
» A côté du chlorure de mercure viennent se placer d'autres chlorures,
comme lui très solubles dans l'acide chiorhydrique concentré et suscep-
tibles de former avec cet acide des composés cristallisés décomposables par
l'eau : tels sont les chlorures d'or, de platine, de bismuth, d'antimoine,
qui donnent les combinaisons Au^'CP, IlCl; PtCl-, HCI; Bi = Cl%3HCl;
Sb=CP, 3HCI.
» 2" Chlorure d'arcjent. — Ce chlor(U'e, insoluble dans l'eau, se dissout
au contraire dans les liqueurs chargées d'acide chiorhydrique et en quan-
tité qui croît très régulièrement avec la concentration de la liqueur; la
solubilité, dans une liqueur donnée, augmente du reste avec la température,
et par refroidissement on obtient des cristaux du chlorure considéré; les
dissolutions acides précipitent, quand on les étend d'eau. A coté du chlo-
rure d'argent viennent se placer le sous-chlorure de cuivre Cu-Cl et le ca-
lomel; ce dernier se dissout à peine, même dans l'acide chiorhydrique très
concentré.
» On voit donc, en résumé, que les chlorures dont l'acide chiorhydrique
augmente la solubilité se divisent en deux groupes : les uns, excessivement
solubles dans l'acide concentré, forment avec cet acide des combinaisons
cristallisées; les autres, toujours très peu solubles, même à chaud, ne
donnent, par refroidissement, que le chlorure anhydre considéré. L'élude
des chlorures que l'acide chiorhydrique précipite de leurs dissolutions
( 989 )
aqueuses nous conduira à des remarques du même genre; elles feront
l'objet d'une prochaine Communication. »
CHIMIE MINÉRALE. — Jclion de l'acide Jlitorliydiiqiie sur le bichromale
d'ammoniaque. Note de iM. L. Varexxe, présentée par M. Peligot.
« On sait qu'en traitant par l'acide chlorhydrique le bichromate d'am-
moniaque, on obtient un composé analogue à celui que découvrit M. Peli-
got en faisant agir ce même acide sur le bichromate de potasse. J'ai préparé
le composé correspondant dans la série du fluor.
» Quand on verse sur du bichromate d'ammoniaque, finement pulvérisé
ou en solution chaude et concentrée, de l'acide fluorhydrique en excès,
ou voit la liqueur se foncer rapidement, tout en restant parfaitement lim-
pide. On évapore ensuite très doucement, pour chasser aussi complète-
ment que possible l'excès d'acide, et la liqueur, abandonnée au refroidis-
sement, laisse déposer au bout de quelques instants une infinité de petits
cristaux brillants, enchevêtrés, d'une belle couleur rouge, plus claire que
celle du bichromate de potasse. Ces cristaux égouttés sont repris par la
quantité d'eau chaude exactement nécessaire pour les dissoudre : cette so-
lution fournit par le refroidissement des cristaux très nets de la substance.
L'analyse leur assigne une composition répondant à la formule
AzH'Fl,2CrO' ou AzH'0,CrO%CrO*Fl.
» Ces cristaux doivent être soumis, en même temps qu'une série d'autres
substances analogues que j'étudie en ce moment, à des déterminations cris-
tallographiques dont les résultats seront réunis dans une prochaine Com-
munication,
» Ils peuvent rester assez longtemps exposés à l'air sans subir d'altéra-
tion; cependant peu à peu leur aspect se modifie, ils brunissent légère-
ment; ils attaquent le verre et doivent être conservés dans des récipients
en platine ou en verre soigneusement paraffinés.
» Soumis dans un tube à l'action de la chaleur, ils se décomposent avec
énergie, en laissant pour résidu une poudre vert sale, en même temps qu'il
se dégage un gaz attaquant le verre. L'acide sulfurique les décompose im-
médiatement; il se dégage de l'acide fluorhydrique, et l'acide chromique
devient libre.
» Il s'est présenté dans la préparation de ce sel une circonstance parti-
C. R., 1880, 2- Semestre. (T. XCl, N''24.) l3l
( 99° )
culière. Pendant rébullition du mélange d'acide fluorhydriqneet de bichro-
mate, il s'est produit subitement un dégagement de gaz en bulles extrê-
mement ténues, et les bords du vase en platine dans lequel se faisait
l'opération ont été nettement attaqués, ainsi que la spatule de même métal
qui servait à l'agitation. On percevait en même temps une odeur particu-
lière, ne ressemblant pas à celle du chlore, et qui paraît caractéristique.
Du fluor aurait-il été mis en liberté dans ces conditions, de même que dans
l'action de l'acide chlorhydrique sur les mêmes chromâtes il se dégage par-
fois du chlore? C'est ce que poiuTont peut-être décider des expériences
que j'effectue actuellement, en même temps que je poursuis l'étude des
réactions fournies par les hydracides sur les chromâtes. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur les dérivés chlorés de la slrychnine. Note de MM. Cii.
RiciiET et G. BoucHARDAT, présentée par M. Berthelot.
« On connaît la strychnine monochlorée, préparée par Laurent en 1 848,
et im dérivé plus chloré signalé par Pelletier; mais les propriétés de ces
dérivés n'ont pas été étudiées depuis.
» Nous avons fait passer dans une solution concentrée et tiède de chlor-
hydrate de strychnine une quantité pesée de chlore, soit 2CI pour i™"'
de strychnine : la solution prend une couleur rouge intense. En ajoutant
de l'ammoniaque on précipite un mélange de strychnine, de strych-
nine monochlorée et de produits plus chlorés. Le précipité est repris
par de l'alcool concentré, qui laisse indissoute presque toute la strychnine,
surtout en laissant en contact quelques jours. On sature alors exactement
la solution privée de strychnine par l'acide chlorhydrique, qui ne se com-
bine qu'avec la strychnine monochlorée; on évapore et on reprend par
l'eau, qui ne dissout pas les corps plus chlorés. Le chlorhydrate de strych-
nine monochlorée est très soluble dans l'eau chaude; sa solution, surtout
quand elle renferme des traces de corps plus chlorés, dépose d'abord par
évaporation spontanée des cristaux, puis il se sépare une masse huileuse
qui n'est que du chlorhydrate en surfusion et qui se redissout en entier
dans l'eau. Pour avoir la base pure il est nécessaire de transformer le
chlorhydrate en sulfate, l'acide sulfurique ne dissolvant pas de slrychnine
perchlorée et le sulfate peu soluble cristallisant facilement.
» La strychnine monochlorée est très soluble dans le chloroforme,
l'éther et l'alcool concentré; pour l'avoir cristallisée, il est nécessaire
( 99' )
dVmployer de l'alcool à 50° environ. Sa composition répond à la for-
mule C*^li-'ClAz-0'. Elle se combine aux acides, mais ses propriétés ba-
siques sont peu marquées : ainsi le chlorhydrate neutre, repris par l'eau,
ne se dissout pas en entier, à moins qu'on n'ajoute un léger excès d'acide.
Le chlorhydrate se combine au chlorure de platine en donnant un préci-
pité insoluble, presque blanc, que nous avons analysé.
» La strychnine monochlorée, dissoute dans l'alcool, dévie fortement à
gauche le plan de polarisation [(7.]d= — lo/j", 6; en dissolution dans l'eau
acidulée, son pouvoir rotatoire diminue, tout en conservant le même signe;
dans l'acide sulfurique dilué,'son pouvoir rotatoire n'est plus que
[a]„=-38°,75.
» Ces variations dans le pouvoir rotatoire sont de même nature que
celles observées jadis par A. Bouchardat sur la strychnine. Les réactions sui-
vantes la distinguent nettement. Traitée par l'acide sulfurique et le bichro-
mate de potasse, elle produit une magnifique coloration rouge pourpre,
différente de la coloration gris violacé que donne la strychnine. L'acide
sulfurique mêlé à l'acide nitrique la colore en cerise intense, tandis que la
strychnine ne donne rien.
» Soumise pendant une heure à l'action de potasse alcoolique bouil-
lante, elle se transforme en un sel potassique cristallisant facilement et
décomposable par l'acide carbonique. Il n'y a pas dans cette action
formation de chlorure de potassium; la strychnine monochlorée fixe
seulement S"""' d'eau pour donner un dérivé chloré analogue à la
trihydrostrychnine, préparée par MM. Étard et Gai en faisant agir à haute
température la baryte hydratée sur la strychnine. Nous avons pu, d'ail-
leurs, reproduire facilement la trihydrostrychnine en faisant agir pendant
deux heures la potasse alcoolique bouillante sur la strychnine. La trihy-
drostrychnine chlorée, traitée par l'acide nitrosulfurique, se colore en
violet, tandis que la trihydrostrychnine se colore en rouge garance et la
dihydrostrychiiine en rouge pourpre au début. Ces différents composés,
tout en formant de véritables combinaisons cristallisables avec les alcalis,
possèdent toutes les propriétés des alcaloïdes, se rapprochant en cela de
certains amides.
» La monochlorostrychnine est un poison presque aussi toxique que la
strychnine et lui ressemble beaucoup. A la dose de o^"', ooif), elle a pro-
voqué des convulsions violentes et mortelles chez un chien de g''^. Les phé-
nomènes indiqués par l'un de nous sur les effets de la strychnine à haute
( 992 )
dose sont au moins aussi marqués avec la monochlorosfrychnine. Avec la
respiration artificielle nous avons pu faire vivre vingt heures un chien qui
avait absorbé o^'^, 5 du chlorhydrate.
» En faisant passer à refus du chlore dans du chlorhydrate de strych-
nine refroidi, la liqueur se décolore et il se forme un dépôt blanc si-
gnalé par Pelletier, que nous avons reconnu être un mélange de strych-
nine di et trichlorée ne formant plus de sels définis avec les acides. Pour
avoir la strychnine trichlorée, on lave le précipité avec de l'eau acide, qui
enlève toute la strychnine bichlorée. Le résidu, lavé à l'eau tiède, est dissous
dans l'alcool, d'où la strychnine trichlorée se sépare à la longue et diffici-
lement, sous forme de cristaux microscopiques se colorant à l'air et
possédant la composition C*^H"Cl' Az^O'.
)) La strychnine trichlorée est insoluble à l'eau, soluble dans l'éther et
le chloroforme, peu soluble dans l'alcool froid, ne se combine pas aux
acides, quoique se dissolvant très peu dans l'eau acidulée. Elle ne donne
pas de coloration spéciale par l'acide sulfurique et le bichromate de po-
tasse, se colore en pourpre par l'acide nitrosulfurique. Par l'action de la
potasse alcoolique bouillante, elle fournit aussi un corps se combinant aux
alcalis forts en donnant des sels décomposés par l'acide carbonique, sans
qu'il y ait formation de chlorure alcalin : c'est l'hydrostrychnine tricldorée,
insoluble dans l'eau pure, soluble dans les acides et les alcalis, même l'am-
moniaque, et possédant les réactions générales des alcaloïdes.
» Ces deux corps, la strychnine perchlorée et l'hydrostrychnine per-
chlorée, n'ont presque aucune action physiologique à la dose de o8%5
à 1^'' : c'est là une différence essentielle avec la strychnine monochlorée.
» IjCS eaux de lavage acides de la strychnine perchlorée, traitées par un
excès d'eau qui précipite encore un peu de ce corps, ont été ensuite satu-
rées par l'ammoniaque, et nous avons ainsi recueilli un composé qui,
convenablement purifié par des traitements semblables, possède la composi-
tion C^H^Cl^'Az^O*. Ce corps, quoique soluble assez facilement dans les
eaux acidulées, ne forme pas de sels définis en présence de l'eau. Il cristal-
lise en fines aiguilles dans l'alcool. Ses propriétés chimiques et physiolo-
giques se confondent presque avec celles de la strychnine trichlorée, dont
il se rapproche bien plus que de la monochlorostrychnine. Traité par
la potasse alcoolique, il donne de même une hydrochlorostrychnine.
» Nous avons ainsi pu isoler à l'état de pureté trois composés chlorés
distincts qui conservent à différents degrés les propriétés chimiques de
la strychnine, en particulier celle de fixer les éléments de^l'eausous l'action
(993)
des alcalis, en donnant de nouveaux corps se rapprochant par leurs pro-
priétés de la classe des amides, tout en conservant les propriétés générales
des alcaloïdes qui leur donnent naissance. »
CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Sur [a cause de l'altêraiion spontanée des sucres
bruts de canne. Noie de M. U. Gavon, présentée par M. Pasteur.
« On observe, en général, dans les sucres bruts de canne abandonnés à
eux-mêmes, la transformation d'une partie de leur sucre cristallisable en
sucre réducteur. J'ai fait voir [Comptes rendus, séance du 26 mars 1877)
que cette altération, favorisée par la chaleur et par l'humidité, paraît due
à une fermentation.
» Depuis lors j'ai publié diverses observations [Comptes rendus, séance du
9 septembre 1878; Mémoires de la Société des Sciences physiques et naturelles
de Bordeaux, 2" série, t. II, p. 26 et 3o, et t. III, p. 25) qui établissent que
le sucre réducteur dont il s'agit, inactif sur la lumière polarisée, est décom-
posable en glucose proprement dit et en lévulose. J'ai prouvé, en outre, que
la formation du sucre interverti est toujours précédée de celle de glucose
inactif. M. Ilorsin Déan a confirmé et justifié ce dernier résultat.
» De nouvelles recherches me semblent démontrer que l'altération spon-
tanée des sucres bruts de canne est bien une véritable fermentation. En
voici les principales preuves :
» 1° Tous les sucres de canne que j'ai examinés au microscope ont pré-
senté des organismes de la nature des levures alcooliques, des torulas ou
des moisissures; les sucres colorés et riches en eau, glucose et matières
azotées en renferment plus que les sucres blancs et secs.
» 2° La chaleur et l'humidité augmentent le nombre et la jeunesse des
cellules végétales, en même temps qu'elles favorisent la production du
sucre réducteur.
» 3" Les sucres très riches en glucose contiennent du ferment inversif,
précipiiable par l'alcool et jouissant des mêmes propriétés que le ferment
inversif de la levure de bière.
» 4° Les agents antiferraenlescibles, neutres, empêchent la transforma-
tion du sucre et le développement des organismes microscopiques.
» Ce dernier fait étant une confirmation précieusa des premiers, je rap-
porterai une de mes expériences.
( 994 )
» Le II décembre 1879, je mets ^ ^^ température constante de i^o° des
flacons scellés contenant :
N" 1. loof sucre brut de canne à 2,89 pour 100 de glucose +5" eau distillée.
N" 2. loo'"' sucre Brut de canne à 2,89 pour 100 de glucose H- 5'^'= solution concentrée
de salicylate de soude.
N" 3. loos"' sucre brut de canne à 2,89 pour 100 de glucose -f- 5'^'= solution concentrée
d'acétate de soude.
N° h. loo'"' sucre brut de canne à 2,89 pour 100 de glucose + 5" solution concentrée
d'acétate de potasse.
N" 5. loo^' sucre brut de canne à 2,89 pour 100 de glucose + 5" solution concentrée
de cliloral hj'draté.
N° 6. loo'"' sucre brut de canne à 2,89 pour 100 de glucose +5'^'^ solution concentrée
de borax.
K" 7. loo^"' sucre brut de canne à 2,89 pour 100 de glucose +5" solution concentrée
de bisulfite de chaux.
K° 8. 100^'' sucre brut de canne à 3,89 pour 100 de glucose -4- 5"^ solution concentrée
d'acide sulfureux.
» Ces divers agents sont connus pour leurs propriétés antiseptiques ou
antifermenlescibles.
» Les 17 et 18 janvier 1880, c'est-à-dire après plus d'un mois de séjour
à l'étuve, les sucres sont analysés, et j'obtiens :
N° 1. N» 2. N°3. N»4. K' 5. K- G. K» 7. N- 8.
Sucre crislallisable. . 85, i4 90,24 8g, i4 89,04 89,14 87,66 81,77 76,51
Glucose 6,98 3,09 3,49 3,59 4>25 e,:") 10,53 16,06
» L'acide sulfureux et le bisulfite de chaux ont produit une quantité
notable de glucose, soit par leur acidité propre, soit par la formation d'un
peu d'acide sulfurique.
M Le borax n'a pas manifesté son action antifermentescible, mais il a donné
un résultat curieux à un autre point de vue : il a diminué l'action du sucre
sur la lumière polarisée, tandis qu'il excite d'ordinaire celle de la mannite.
» Les acétates de soude et de potasse, le chloral hydraté, qui n'agissent
que sur les ferments organisés, ont empêché le développement de ces derniers,
sans arrêter l'action du ferment soluble préexistant.
» Le salicylate de soude, qui, au contraire, paralyse à la fois la vie des
ferments organisés et l'action des ferments solubles, a maintenu le sucre
dans son état primitif.
» Cet ensemble de faits prouve donc que les organismes contenus dans le
sucre brut de canne, en se multipliant, produisent du ferment inversif. Ce
(99^ )
dernier transforme alors le sucre cristallisable en sucre réducteur. Jusqu'à
lo ou 12 pour loo, le sucre réducteur est inactif; mais au delà de
12 pour loo, ce qui arrive rarement, il a un pouvoir rotatoire gauche,
dont l'intensité augmente avec le degré d'altération du sucre brut.
M On remarquera que ces résultats peuvent conduire à des conséquences
pratiques de la plus grande importance, soit dans la fabrication, soit dans
le transport ou la conservation des sucres bruts de canne. On emploie, il est
vrai, l'acide sulfureux ou le bisulfite de chaux pour empêcher l'altération
du jus de la canne à sucre; mais il semble que ces agents seraient plus
avantageusement remplacés par le salicylate de soude ou les acétates de
potasse ou de soude. »
PHYSIOLOGIE. — Sur les variations de la sensibilité lumineuse, suivant l'étendue
des parties rétiniennes excitées. Note de M. Aug. Charpextier, présentée
par M. Vulpian.
o Dans les expériences que j'ai eu l'honneur de présenter à diverses
reprises à l'Académie des Sciences touchant la sensibilité lumineuse élé-
mentaire de l'appareil visuel ('), je ne m'étais pas préoccupé de faire va-
rier la surface plus ou moins éclairée que je présentais à l'oeil. J'employais
toujours la même surface placée à la même distance de l'oeil : j'opérais
donc sur une image rétinienne d'étendue constante. Cette image rétinienne
formait un carré de dix-neuf centièmes de millimètre de côté environ. J'ai
pensé qu'il y aurait un certain intérêt à faire varier l'étendue de cette image
et à étudier, s'il y avait lieu, les changements survenus sous cette influence
dans la sensibilité de l'appareil visuel. Suivant ma méthode habituelle, j'ai
donc déterminé, pour des surfaces d'étendue variable, quel était le mini-
mum d'éclairemeni, c'est-à-dire la plus petite lumière par unité de surface
nécessaire pour provoquer une sensation lumineuse. J'ai découpé plusieurs
diaphragmes susceptibles d'être placés sur l'écran antérieur de mon appa-
reil giaduateur et de dessiner des surfaces éclairées de forme carrée et de
côtés très variables, depuis o™'",7 jusqu'à 12'"'"; cela correspondait, dans
les conditions de l'expérience, à des images rétiniennes ayant depuis
o""",o6i jusqu'à i""",o56 de diamètre. Or, tant que le diamètre de l'objet
a été sujjérieur à a™™ (image rétinienne de o""",i76), il a fallu, pour pro-
Voir notamment les Comptes rendus du 18 février 1878 et du 27 janvier 1879.
(996)
voquer une sensation lumineuse, le même éclairement dans tous les cas,
c'est-à-dire pour sept surfaces différentes considérées; mais, au-dessous de
cette étendue, j'ai constamment trouvé, pour six surfaces différentes, que
l'éclairement nécessaire devait êlre d'aiilant plus fort que la surface lumineuse
était moindre^ tellement que le produit de l'un par l'autre était à très peu
près constant.
» Ce fait remarquable m'avait conduit à penser qu'il devait y avoir là
un territoire particulier dans la rétine, territoire auquel il faudrait, pour
être mis en excitation, une quantité de lumière déterminée et indépendante de
L'étendue suivant laquelle elle se disséminerait; en d'autres termes, voici une
étendue de dix-sept à dix-huit centièmes de millimètre dont les éléments
constituants seraient solidaires les uns des autres et où il se ferait de l'un
à l'autre de ces éléments une communication, luie dissémination du mou-
vement lumineux excitateur, c'est-à-dire quelque chose de comparable à
Vinduction lumineuse étudiée par M. Plateau.
» Chose curieuse, ce territoire correspondrait exactement, et par sa po-
sition et par ses dimensions, à la fovea centralisa cette petite partie de la
tache jaune que l'on appelle assez improprement /;om/ de fixation; ce pré-
tendu point a, en effet, un diamètre de dix-huit à vingt centièmes de mil-
limètre environ : c'est le lieu où s'opère la vision directe.
» M:iis ce territoire est-il unique dans la rétine, ou bien, au contraire,
peut-on constater les mêmes faits sur tous les points de cette membrane?
J'ai répété ces expériences dans plusieurs directions de la vision indirecte,
et j'ai retrouvé, là encore, ces deux phénomènes si distincts : i° éclaire-
ment minimum indépendant de la surface, ou sensibilité élémentaire con-
stante, pour toutes les images rétiniennes au-dessus de dix-sept à dix-huit
centièmes de millimètre de diamètre; 2° éclairement mimmum proportion-
nel à la surface, ou sensibilité élémentaire inverse du nombre d'éléments
excités, pour toutes les images rétiniennes au-dessous des dimensions pré-
cédentes.
» Faut-il donc croire à la réalité physiologique de cette apparente divi-
sion de la rétine en sortes de territoires distincts, de fovea centralis ou
excentralis, qui devraient embrasser chacune au moins deux mille cônes
ou bâtonnets ? En tout cas, l'Anatomie ne les a pas encore signalés, et peut-
être faut-il chercher ailleurs une explication des faits si frappants qui pré-
cèdent.
» Ces expériences ont été répétées à de nombreuses reprises sur mes
yeux et sur ceux d'une autre personne non prévenue. Je dois dire qu'elles
( 997 )
sont assez délicates et réclament un appareil d'une grande sensibilité. De
plus, on sait que la sensibililc lumineuse varie suivant l'état de repos ou
de fatigue de l'œil et s'accroît notablement par le séjour dans l'obscurité.
On devra donc faire les expériences avec beaucoup de précaution, et sur-
tout laisser après chaque détermination un temps de repos suffisant pour
que l'cei! puisse s'adapter de nouveau à l'éclairage ambiant, qui doit être
aussi constant que possible. Je me suis servi d'une lampe à huile, système
Carcel, comme source lumineuse. C'est grâce à la fixité suffisante de cette
lumière et à l'observation de rigoureuses précautions expérimentales que
j'ai pu observer d'une façon constante les faits qui viennent d'être ex-
posés. »
ZOOLOGIE. — Recherches anatomiqites sur l'Onchidie (Onchidium, Cuv.,
Oncidiella celtica, Gray). Note de M. J. Joyeux-Laffuie, présentée par
M. de Lacaze-Duthiers.
« Des doutes restent encore sur plusieurs points de l'organisation de l'On-
chidie. Cela s'explique facilement par la difficulté que l'on éprouve à se
procurer ces animaux. On sait, en effet, qu'il n'existe sur les côtes d'Eu-
rope qu'une seule espèce, signalée jusqu'ici sur un seul point du littoral
français par MM. Audouin.Milne Edwards etVaillant. C'estsurcetteespèce,
dont j'ai pu me procurer un grand nombre d'individus, dansles environs de
Roscoff, que j'ai entrepris une série de recherches dont je présente une
partie des résultats à l'Académie.
» Sur la face ventrale de l'Onchidie, on aperçoit vers la partie postérieure
du pied, en arrière de l'anus et de l'orifice génital femelle, une ouverture
située sur le bord du manteau. Cette ouverture circulaire, que l'animal ouvre
et ferme à volonté, fait communiquer avec l'extérieur un organe situé dans
l'épaisseur du manteau. Cet organe, décrit par Cuvier, dans son Mémoire
sur l'Onchidie du Pérou, comme étant un poumon, et sur la natiue duquel
Erhenberg, Milne Edwards et quelques autres zoologistes ont émis des
doutes, pensant plutôt avoir affaire à un organe dépurateur, continue encore
de nos jours à être considéré comme un organe pulmonaire parles derniers
auteurs qui se sont occupés de l'Onchidie (MM. f^. Vaillant et Fischer.)
» Cet organe, de couleur jaune brunâtre, s'aperçoit vaguement par trans-
parence à travers le manteau sur l'animal ouvert; mais, pour piendre une
idée exacte de sa conformation et de sa structure, une dissection délicate
C. R., ibSo, 2' Semestre, (T. XCl, N" 24.) I ^2
(998 )
est indispensable. Il présente deux culs-de-sac situés l'un à droite, l'autre
à gauche dans l'épaisseur du manteau, et réunis à la partie postérieure par
une portion plus étroite à laquelle correspond l'orifice extérieur. Le cul-
de-sac du côté gauche est piriforme, tandis que celui de droite, un peu
plus volumineux, se moule par son extrémité supérieure sur la cavité pé-
ricardique. Si l'on fait une coupe de l'organe, on voit qu'il est constitué
par un tissu présentant des aréoles de forme irrégulière et de dimensions
variables. Chaque aréole est formée par des lames de tissu musculaire, qui
se réunissent irrégulièrement et circonscrivent ainsi de petites cavités com-
muniquant toutes entre elles, et par conséquent avec le milieu ambiant, par
l'intermédiaire de l'orifice extérieur. Les parois de chaque aréole sont tapis-
sées par plusieurs couches de cellules globuleuses, légèrement jaunâtres,
présentant dans leur intérieur une concrétion donnant les réactions de
l'acide urique et recouvertes par un épithélium vibratile. A ces caractères
on reconnaît immédiatement le tissu rénal des Mollusques; c'est dans
l'épaisseur des lames musculaires limitant les aréoles que cheminent les
vaisseaux afférents et efférents de l'organe rénal.
» L'étude du développement fournit également des preuves en faveur
du caractère rénal de cet organe. On le voit apparaître chez l'embryon
près du bord antérieur du manteau, en haut et à droite à côté du cœur,
dans le point où il se montre habituellement chez les embryons des Gasté-
ropodes. Dès qu'il s'est suffisamment différencié, il se présente sous la
forme d'un organe impair creusé d'une cavité communiquant avec le pé-
ricarde et l'extérieur. Les parois sont constituées par une seule couche de
cellules présentant déjà nettement les caractères de la cellule rénale ty-
pique des Mollusques, bien connue des malacologistes. Ce n'est que plus
tard, pendant la période larvaire, lorsque le manteau primordial se déforme
et que les organes se déplacent, qu'il arrive progressivement, par un mou-
vement de rotation, à occuper la partie postérieure du corps chez l'adulte.
» D'après ce qui précède, cet organe doit être considéré comme un organe
rénal et non comme un poumon; du reste, jamais, à aucune époque du
développement, on ne voit se former une cavité pulmonaire. L'embryon
lui-même, par ses différents caractères, ne peut être rapproché d'un em-
bryon de Gastéropode pulmoné et possède, au contraire, par son vélum
très développé, par la forme de son pied, par sa coquille, qu'il abandonne
même avant l'éclosion, etc., une ressemblance remarquable avec les em-
bryons des Gastéropodes non pulmonés.
» Si donc le prétendu poumon n'est autre chose qu'un rein, il est na-
( 999 )
turel de se demander où est le siège de la respiration, et pour cela il fa"t
voir ce qu'est la circulation.
» Le cœur de l'Onchidie est un cœur d'Opistobranche, logé dans une
cavité péricardique creusée aux dépens du manteau et située du côté droit
de l'animal, immédiatement en avant du ciil-de-sac rénal correspondant.
Au ventricule piriforme fait suite une aorte unique, qui se dirige en ligne
droite vers les centres nerveux. Chemin faisant, elle donne des branches
aux organes génitaux et au tube digestif, puis elle traverse le collier
œsophagien entre le centre pédieux et le centre asymétrique. Dans son
passage, elle donne deux petites arlcrioles aux glandes salivaires; aus-
sitôt après elle se divise et fournit trois branches qui vont à la masse
buccale et à la tête, et une plus volumineuse, terminale, qui se recourbe
sous le système nerveux pour pénétrer dans le pied et s'y ramifier (' ).
» Le sang, après avoir parcouru les dernières ramifications artérielles,
tombe dans la cavité générale, incomplètement divisée en deux cavités se-
condaires, par une cloison présentant un grand nombre d'ouvertures et
située en arrière du bulbe buccal. De la cavité générale où il baigne les
différents organes qui y sont contenus, il pénètre par trois séries d'ouver-
tures en forme de boutonnières dans trois grands sinus longitudinaux, un
pédieux situé sur la ligne médiane du pied et deux latéraux placés dans
l'épaisseur des bords du manteau, près de la face interne. De ces sinus laté-
raux partent de nombreux vaisseaux qui se dirigent vers la partie externe
du manteau, où ils se ramifient un grand nombre de fois, en formant un
réseau vasculaire très riche, à mailles étroites, surtout dans les papilles de
la face dorsale (-). Le sang, après avoir traversé ce lacis vasculaire, se rend
dans deux vaisseaux longitudinaux qui se portent à l'oreillette.
» La surface extérieure du manteau et les nombreux prolongements
qui la recouvrent sont évidemment le siège de la respiration. C'est de tout
l'animal la partie la mieux appropriée à celte fonction par sa richesse
vasculaire et par son contact avec le milieu ambiant. Par leur organisation
(') Les vaisseaux arlciiels sont d'un blanc brillant, ce qui permet de les distinguer faci-
lement des autres organes; celte propriété est due à la présence, dans leurs parois, de
grandes cellules renfermant des globules calcaires en solution, qui font effervescence avec
les acides, et non des globules graisseux, comme quelques auteurs l'ont prétendu.
(^) Chaque papille possède un vaisseau afférent et un vaisseau effércnt qui sont réunis
par un grand nombre de fines anastomoses, situées '^seulement à la périphérie de la
papille j le centre n'en possède jamais.
( lOOO )
et par leur grande vascularilé, les papilles dorsales peuvent être comparées
à de véritables branchies.
» Dans une prochaine Communication, j'aurai l'honneur de faire con-
naître à l'Académie les résultats des autres observations que j'ai pti faire,
sur ce curieux animal, dans les laboratoires de M. de Lacaze-Duthiers, tant
à la Sorbonne qu'à Roscoff. »
GÉOLOGIE. — Serpenlines de la Corse; leur âge et leur origine. Note de
M. DiEULAFAiT, présentée par M. Hébert.
K Coupe générale [de bas en haut). — i° Protogyne nettement stratifiée,
soit qu'on l'observe en masse, soit qu'on étudie les détails des bancs.
)) 2° Gneiss identique à tous les gneiss classiques.
» 3° Schistes luisants satinés, type des sléaschistes des Alpes.
» 4'' Calcaire saccharoïde souvent en gros bancs, parfaitement stratifié
et parfaitement défini, appartenant très probablement au carbonifère in-
férieur.
» 5° Schistes plus ou moins talquenx.
» 6° Schistes enveloppant la serpentine avec ses mille variétés.
« 7° Schistes ardoisiers.
» 8° C;ilcaire noir avec traces de charbon.
» 9° D>^pôts de nature variable, souvent gréseux.
» 10° Lumachelle à Avicula contorta, toujours très fossilifère.
» C'est là une succession normale et constante pour la Corse; la seule
exception à signaler est que les serpentines commencent quelquefois plus
bas; mais toutes les serpenlines de la Corse sont plus anciennes que la zone
infraliasique à Avicula contorta.
» Cette conclusion est en opposition absolue avec les idées de tous les
géologues, excepté celles de M. Hollande. Ainsi M. Coquand a publié ré-
cemment un important Mémoire destiné surtout à démontrer que les ser-
pentines de la Corse sont d'âge miocène [Bulletin de la Société géologique^
3" série, t. Vil); il s'appuie, pour établir cette conclusion, sur une coupe
prise à Castitao, dans laquelle le calcaire nummnlilique, très développé en
ce point, serait recouvert par la formation serpentineuse. Mais cette appa-
rence de superposition n'est qu'une pure illusion ; le calcaire nummulitique
est plaqué contre la montagne et ne pénètre nullement dans son intérieur.
En effet, si à partir du calcaire nummulitique on s'avance en suivant la
( lOOl )
bande serpentineiise, le calcaire numniulitique disparait bientôt ; alors on
voit que les assises serpentineuses reposent sur les schistes talqueux n° 5,
et, ce qui est absolument capital, que ceux-ci, à leur tour, ont pour support
les calcaires fossilifères du terrain carbonifère; d'un autre côté, si l'on
s'élève au-dessus des serpentines et des roches vertes, on retrouve la suc-
cession générale que j'ai décrite.
» La formation serpentineuse de la Corse est très développée depuis le can-
ton de Vezzani jusqu'au cap Corse. Quand on suit cette formation dans le
sens horizontal, qu'on la voit occuper constamment le même niveau géné-
ral ; quand on considère que ce grand fait peut être constaté sur une étendue
de plus de 200'^", il est absolument impossible de songer un seul instant à
admettre que les serpentines sont venues s'injecter à l'état fondu dans des
terrains préexistants; tout ce qui pourrait être concédé au point de vue
absolu, ce serait que la serpentine a fait éruption avant l'époque infralia-
sique, puisque sur celte serpentine refroidie la mer est revenue déposer les
sédiments 7, 8, 9 et 10 de ma coupe générale; mais cette hypothèse ne peut
résister un seul instant quand on examine la question sur les lienx. En
effet : 1° des lits très minces de serpentine alternent avec des lits de schistes
et des lits de calcaire également très minces; 2° la composition et la consti-
tution des bancs serpentineux changent d'une manière incessante; 3° des
lits minces et répétés de serpentine offrent ici la composition ordinaire des
serpentines, puis plus loin, sans que les bancs soient interrompus, le cal-
caire, à l'étal de carbonate j arrive, se mêle d'une façon intime à la serpen-
tine, et finit par entrer pour plus de 3o pour 100 dans la constitution de la
roche; 4° o" voit très fréquemment dans les bancs de serpentines des
amandes ou des lentilles de calcaire à peu près pur : les serpentines sont alors
elles-mêmes très riches en carbonate calcaire ; 5" jamais, au contact de la
serpentine et des schistes encaissants inférieurs, on ne peut reconnaître
l'ombre d'une action due à la chaleur; 6° les serpentines renferment tou-
jours 10 à 12 pour 100 d'eau.
» Ces faits et beaucoup d'autres, qu'il serait facile d'énumérer, excluent
d'une manière absolue l'idée que la serpentine puisse être une roche érup-
tive arrivée à l'état de fusion; aussi les géologues italiens, si bien placés
pour étudier les serpentines, ont abandonné l'idée que celte roche soit
une roche ériiptive dans le sens igné du mot. Pour eux, les serpentines
seraient arrivées au fond des mers à l'étal de boues; là ces bones se sont
solidifiées, et peu à peu les matériaux qu'elles recèlent aujourd'hui
ont cristallisé, à froid bien entendu et en présence de l'eau. La serpentine
( 1002 )
dès lors est pour eux une roche essentiellement passive, qui n'a absolu-
ment rien soulevé, qui ne s'est pas injectée dans des terrains préexistants,
mais qui, au contraire, est plus ancienne que les terrains qu'elle supporte.
» Du moment où l'on admet que les serpentines sont arrivées à l'état
de boues, je me demande quelle nécessité il y a de faire venir ces boues de
l'intérieur du globe. Que 1 on se représente une mer dont les parois, comme
c'était le cas pour la Corse, étaient constituées par des roches de la for-
mation primordiale, que certaines parties de cette mer passent à l'état
d'estuaires : il va s'accumuler dans ces estuaires des boues essentiellement
siliceuses, qui, en outre, seront imprégnées d'eaux marines riches en sels
de magnésie dissous. On aura alors des boues réunissant tous les éléments
des serpentines et ayant la composition et la constitution que les géologues
italiens attribuent à leurs boues éruptives. Enfin, comme je l'ai montré et
comme je vais continuer à l'établir, les boues provenant de la destruction
des roches primordiales sont toujours imprégnées de combinaisons métal-
lifères, ce qui est, comme on le sait, le cas pour les serpentines. Quant à
l'accumulation des minerais métallifères dans certaines parties plutôt que
dans d'autres, elle est due à cette circonstance que ces substances, dissé-
minées primitivement d'une manière régulière dans la masse boueuse, se
sont isolées dans des parties limitées, sous l'influence de causes multiples,
mais parmi lesquelles il faut mettre au premier rang le lent passage de
l'eau à travers la masse et surtout l'expulsion de l'excès d'eau à mesure
que les silicates et la magnésie s'unissaient pour former ce que l'on appelle
aujourd'hui la serpentine. C'est ce qui explique en particulier ce fait d'ex-
périence industrielle constaté chaque jour, que les dépôts métallifères liclies
ne se montrent jamais dans la partie compacte de la formation serpenti-
neuse, mais dans les parties extérieures qui sont restées à l'état fragmentaire
ou même à l'état plus ou moins argileux.
» J'arrive donc à ces deux conclusions générales :
» 1° Toutes les serpentines de la Corse sont plus anciennes que la base
de l'infralias à ^vicula contorla.
M 2° Les serpentines de la Corse sont des roches sédimentaires dans la
plus complète acception du mot; elles ont pour origine, de même que les
substances métallifères qu'elles renferment toujours, des vases d'estuaires
dont les matériaux ont été empruntés aux roches de la formation primor-
diale.
» Cette deuxième conclusion pourra être contestée, mais je vais publier
la série des faits géologiques et chimiques qui la feront passer à l'état de
( ioo3 )
vérité démontrée. Quant à la première, elle repose sur la constatation de faits
de l'ordre géométrique le plus absolu; je me tiens dès lors à la disposition
des géologues ou des ingénieurs qui en contesteraient la rigoureuse exac-
titude, et je suis prêt à leur fournir sur les lieux les preuves que les choses
sont bien telles que je viens de les établir. »
M. Hébert, en présentant la Note précédente de M. Dieidafait, croit
devoir faire quelques réserves.
Il partage l'opinion de M. Dieulafait sur l'âge des serpentines de Corse,
qui, comme celles des Alpes, sont de la fin de la période triasique. Il croit,
comme lui, que ces serpentines n'ont point fiiit éruption à l'état de fusion
ignée ; mais, jusqu'à ce'que des preuves concluantes aient établi que ce sont
I)ien des roches sédimentaires, il repousse cette idée. Ses propres observa-
tions le conduisent à penser, comme beaucoup d'autres géologues, que la
serpentine est un produit d'injection de matières plus ou moins fluides ou
boueuses. Les observations de M. Dieulafait ne lui paraissent même pas
contraires à cette manière de voir.
On sait que les serpentines anciennes sont en relation avec des masses
éruptives d'euphotide; aussi renferment-elles ordinairement des cristaux
de diallage. Or, M. Vélain a constaté ce fait sur la serpentine de Corse.
Mais il y a des serpentines plus récentes, celles de l'Apennin, par exemple,
qui se placent à la limite de l'éocène et du miocène ; celles-ci se distinguent
des premières en ce qu'elles sont parfois remplies de cristaux de péridot et
qu'elles ne renferment point de diallage.
La composition des serpentines de Corse vient donc confirmer l'âge
que les observations stratigraphiques de M. Dieulafait assignent à ces
roches.
M. W.-DE FoxviELLE trausmet à l'Académie une série d'articles, extraits
du journal « l'Électricité » et tendant à établir que les phénomènes acous-
tiques signalés par M. G. Bell sont dus à l'action de la chaleur.
D'après M. de Fonvielle, l'explication formulée récemment par M. Mer-
cadier avait été indiquée par une Lettre de M. Dujardin, insérée le 20 oc-
tobre dans ce même Journal. Depuis celte époque, la théorie proposée par
M. Dujardin avait été adoptée par M. de Fonvielle lui-même; il l'avait
appuyée par de nombreux arguments, publiés avant la Note récente de
RI. Mercadier.
( ioo4 )
M. A. Netter adresse une Note relative à la question de l'intelligence
et de l'instinct ciiez les animaux.
M. Cl. Baubet adresse une Note relative à la décomposition de l'eau,
en employant comme électrodes le charbon de cornue ou le graphite.
A 4 heures trois quarts, l'Académie se forme en Comité secret,
La séance est levée à 5 heures et demie. J. B.
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉ,\NCE DU LUNDI 20 DÉCEMBRE 1880.
PRÉSIDENCE DE M. EDM. BECQUEREL.
M. le Président annonce à l'Académie la perle douloureuse qu'elle
vient de faire dans la personne de M. Michel Cliasles, doyen de la Section
de Géométrie.
M. Chasles est mort le samedi i8 décembre. La nouvelle a été transmise
à l'Académie, le jour même, par une Lettre de M. Henri Chasles, son neveu.
Les obsèques doivent avoir lien demain nianii 21 décembre.
M. le Président, après s'être fait l'interprète des regrets de runanimité
des Membres de l'Académie, propose de lever immédiatement la séance.
DISCOIRS PRONONCES AUX FUNÉRAILLES DE M. CHASLES.
AU NOM DE LACADKMIE DES SCIENCES.
« La France perd une de ses gloires, les Membres de l'Académie des
Sciences un ami excellent, dévoué à chacun et à tous, g:>
G. R., 1880, 2> Semestre. (T. XCI, N°2C.) I 35
{ ioi8 )
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur la série de Foitrier et autres représentations
analytiques des fonctions d\ine variable réelle. Note de M. Hermite.
« Les développements des fonctions arbitraires d'une variable en séries
trigonométriques et autres ont été, depuis Fourier jusqu'à notre époque,
le sujet d'un grand nombre de travaux, parmi lesquels doivent être men-
tionnés tout d'abord ceux que notre illustre confrère M. Liouville a publiés
dans le Journal de Malhémaliques , seul ou en collaboration avec Sturm.
Nous rappellerons ensuite le Mémoire célèbre où Dirichlet a donné la pre-
mière démonstration, entièrement rigoureuse, de la série trigonométrique
de Fourier pour le cas des fonctions ayant un nombre fini de maxima ou
minima. M. Lipschitz, dans un travail d'une grande importance, intitulé
De explicatione per séries trigonometricas instituendn funclionum unius variabilis
arbilrarium, et prœcipue earum, quœ per variabilis spatium finilum valorum
maximorum etminimorum numerum habent infinitunij disquisiiio (' ), a ensuite
établi que la formule de Fourier subsiste pour certaines classes de fonc-
tions qui ont un nombre infini de maxima et de minima. Enfin M. Paul du
Bois-Reymond, en donnant d'autres classes de ces fonctions, a fait voir
qu'il existe des cas où la présence de maxima et de minima en nombre
infini rend inapplicable la formule de Fourier.
» Mais on est allé moins loin pour les autres genres de développements,
et, à l'exception de ceux où figurent les fonctions sphériques et les trans-
cendantes de Bessel, la possibilité du développement n'a pu être encore
établie d'une manière suffisamment rigoureuse.
» Dans un Ouvrage que j'ai l'honneur de présenter à rAcadémie(-) au nom
de l'auteur, M. Ulysse Dini, professeur à l'Université de Pise, la théorie de
ces divers genres de développements est traitée, quelle que soit leur diver-
sité, sous un seul et unique point de vue, qui donne à la fois les résultats
de M. Lipschitz et de M. du Bois-Reymond pour la formule de Fourier,
les développements au moyen des fonctions sphériques et des fonctions de
Bessel, ceux dans lesquels figurent les racines d'une équation transcen-
dante sous les signes trigonométriques, et enfin ces nouvelles séries dépen-
(') Journal de Eoichnrdt, t. G3.
(') Série di Fourier e alire rappresentazionl analitiche délie funzioni di una variabile
reale; Pise, 1880.
( loig )
dant des fonctions ellipliques sur lesquelles je m'étais borné à quelques
aperçus dans mes Leçons de laSorbonne. La méthode employée se fonde
d'une part sur la considération des résidus des fonctions uniformes d'une va-
riable complexe et de l'autre sur certaines intégrales définies que M. du
Bois-Reymond a introduites le premier, et avec le plus grand succès, dans ses
belles recherches. C'est à ce savant géomètre qu'est due la remarque im-
portante, qu'il existe un nombre infini de fonctions iy(x, A) telles, que
l'intégrale / o{a', h )dx a. ponv Z; infini une limite déterminée, qui est -f- G
ou — G, suivant que b est positif ou négatif, G étant une quantité indépen-
dante de b. On en conclut que, sons certaines conditions relatives si/{x),
l'intégrale plus générale / f[x)o[x,]i)(lx a pour limite Gf[-\-o) ou
••0
— G/(— o) suivant le signe de ft, en admettant que les quanlités/(+ o)
ouy(— o) aient une signification entièrement déterminée.
» Ces considérations délicates, dues à M. du Bois-Reymond, jouent le
principal rôle dans les démonstrations de la possibilité des développe-
ments, l'emploi des résidus servant à donner, comme Cauchy l'avait
depuis longtemps montré, la forme même des développements. Les ques-
tions si difficiles dont je viens de parler ne sont pas les seules qui
soient abordées par M. Dini. L'auteur, en suivant la voie ouverte par les
beaux travaux de M. Heine, généralise des résultats obtenus par l'éminent
géomètre sur la formule de Fourier; il montre aussi que tous les dévelop-
pements dont il a fait l'étude présentent le même degré de convergence; il
s'occupe enfin des conditions sous lesquelles on peut les différentier ou les
intégrer terme à terme. Cette indication succincte suffira, je pense, pour
appeler l'attention de l'Académie sur l'Ouvrage de M. Dini, où la méthode
et la plus grande clarté se joignent à un talent d'analyste extrêmement dis-
tingué, j
PHYSIQUE. — Sur la vitesse de propagation de la lumière.
Note de M. A. Cornu.
o M. Gouy a publié récemment dans les Comptes rendus (t. XCI, p. 877)
une Note dans laquelle il formule les conclusions suivantes :
« .... (P. 878) On paraît admettre généralement que, pour chaque espèce de lumière
homogène, la propagation s'effectue partout de la même manière que dans les milieux
( I020 )
dépourvus de dispersion, c'est-à-dire avec une vitesse bien déterminée, et toujours égale au
rapport - de la longueur d'onde à la période vibratoire ; mais cet énoncé, qui paraît d'abord
presque évident, ne résiste pas à l'examen. »
» Et plus loin, p. 8-^9 :
» .... Il n'y a pas, pour une source homogène donnée, une vitesse de la lumière déter-
minée, et indépendante de la manière dont on fait varier l'amplitude. Mais, dans touteexpé-
rience réalisable, cette variation s'effectue d'une manière graduelle et très lente par rapport
à la période vibratoire; dans ce cas, les formules se simplifient, et l'amplitude se transporte
comme dans un milieu non dispersif, mais avec la vitesse
» C'est donc la valeur du coefficient que les physiciens nomment vitesse de la lumière. »
» Les physiciens seraient donc encore, d'après l'auteur, à ignorer la
véritable définition de la vitesse de la lumière^ et les méthodes employées
pour déterminer ce coefficient dans un milieu dispersif comme l'air, eu
faisant varier l'iutensité lumineuse, comme dans la méthode de la roue
dentée, donneraient, non pas la vitesse de la lumière, mais une fonction
complexe de la lougueur d'onde et de la période vibratoire.
» Ces conclusions sont complètement inexactes.
» L'erreur de l'auteur provient de ce qu'il a omis de définir ce qu'il
entend par vitesse de propagation et qu'il a substilué des considérations
arbitraires à la définition précise ordinairement adoptée.
» Je pense qu'il n'est pas inutile de rétablir les principes très simples
que la Note de M. Gouy paraît avoir, sans aucun motif, abandonnés ou
méconnus (*).
•» Pour définir la vitesse de propagation d'une onde, les physiciens choi-
sissent le cas le plus simple, celui d'une onde plane, polarisée rectiligne-
ment, qui se i)ropage sans altération dans un milieu indéfini. La condition
à laquelle satisfont les déformations de tous les points du milieu s'obtient
(' ) Par des considérations qui ne sont pas sans analogie avec les considérations actuelles,
l'auteur, il y a quelques mois (Comptes rendus, t. XC, p. 992 et ii2i),a contesté un peu lé-
gèrement la réalité de l'admirable découverte de Frcsnel sur la double réfraction circulaire.
Les conclusions alors énoncées n'ont pas plus de fondement que celles qu'on réfute au-
jourd'hui.
( I02I )
aisément par une démonstration qui en précise bien le sens et qne je rap-
pellerai en peu Je mots.
» Si, à une époque prise comme origine du temps, le milieu est déformé
de telle manière que tous les points situés dans un même plan perpendi-
culaire à l'axe des .r soient écartés de leur position d'équilibre de la même
quantité ii, suivant des droites parallèles, l'écart commun étant d'ailleurs
variable d'une manière cpielconque suivant l'abscisse considérée x», on
aura, en désignant par F(jro) la fonction quelconque représentant la loi
qui lie l'écart à l'abscisse,
» Le système de déformation ainsi défini devra, au bout d'un temps t,
se retrouver identiquement le même, mais transporté d'une quantité h; de
sorte que la même déformation ii correspondra à l'abscisse x-^Xç,-\~ h; et,
comme h est supposé varier proportionnellement au temps, on a
h = at,
a étant un coefficient constant, positif ou négatif suivant le sens du trans-
port, qui représente en grandeur et en sens la vitesse de propagation ; d'où,
substituant oc^^ x — at, il vient la condition cherchée
u = F{x — at).
Si, dans l'intervalle de temps qui s'écoule de t — o h t = t, \c système de
déformations ne restait pas identique à lui-même, on n'aurait plus affaire
à une onde persistante, et la notion simple de vitesse constante de propa-
gation disparaîtrait. D'où il résulte qu'un système de déformations défini
par une équation u = $(a;, t) de toute autre forme ne représente pas une
onde et ne peut fournir aucune valeur de vitesse de propagation, à moins
de nouvelles conventions arbitraires (').
» M. Gouy choisit pour loi de déformation la fonction
/ t x\ . ( t x\
M = asm27:(;^ — -^S + a %\niii\-, — :^\-
Comme elle n'est pas réductible à la forme u ^=Y[x — at), elle ne repré-
(' ) C'est ainsi que Fouiier considère, dans la diffusion de la chaleur, une sorte de vitesse
de propagation ; mais elle se rapporte au déplacement d'une température niaxirauni qui
n'a rien de commun avec le transport d'une onde persistante.
( 1022 )
sente pas une onde persistante et ne peut conduire à aucune vitesse de
propagation : l'exemple est donc mal choisi pour déterminer une telle
vitesse.
M Si la somme des deux termes ne satisfait pas à la condition imposée,
chacun d'eux isolément y satisfait, de sorte que chacune des lois de défor-
mation
, . IT! fit \ „ . 7.nf\'t
Il = n s\n — [- ~x\, «=rtsi!i — (^— X
est capable de donner lieu à une onde se propageant sans altération avec
, X a'
une vitesse égale à - ou -7, d 'après l'identification avec la fornuile F (o^ — rt/).
Comme aucune restriction n'a été faite sur les coefficients de 11' et n" et
que, dans ce genre de déformations, X ou X' représente rigoureusement la
longueur d'onde, T ou T' la période du mouvement vibratoire considéré,
on en conclut que la première des assertions de l'anteur est fausse et qu'au
contraire, même dans les milieux doués de dispersion, la vitesse de pro-
pagation des ondes pour chaque espèce de lumière homogène est parfai-
tement determmee et égale au rapport -•
» Quant à la valeur (3) de la vitesse de propagation V que l'auteur sub-
stitue à -5 elle résulte d'une interprétation arbitraire de la fonction u mise
sous la forme
« = 2«cos27:[^(f,-^)-^(,^-;i)]sin2:i[^(i, + i)-î(l + 5)]
L'auteur, sans paraître se préoccuper que les deux facteurs sont de la
forme F(:k' — at), s'attache surtout au premier, qu'il écrit cos2T:k{x — Yt),
et en conclut la valeur (3) de V donnée ci-dessus; mais il arrive à ce ré-
sultat en adoptant une définition arbitraire de la vitesse de propagation,
définition qui n'est pas explicitement formulée, mais qu'on peut reconsti-
tuer ainsi : dans un mouvement vibratoire dont l'amplitude varie avec le
temps suivant une loi A =J{x — V^), la vitesse de propagation est la vi-
tesse de transport de cette amplitude. En effet, on lit, page 879 :
o .... Ceue amplitude est représenléeà chaque instant par une sinusoïde qui se transporte
avec la vitesse V.
» .... Ainsi, si le milieu est doué de dispersion, l'amplitude se transporte avec une vitesse
qui n'est pas celle des ondes. »
( I023 )
)) Celte dernière phrase montre clairement que l'auteur oppose la vi-
tesse de transport des amplitudes à la vitesse de propagation des ondes.
» Si l'on se reporte à la définition des ondes persistantes, le raisonnement
même employé par l'auteur conduit à la valeur connue - et non pas à V
qu'il tire de sa démonstration. En effet,
" .... Si T' est très voisin do T, lo fadeur 2rt cos27rX (.r — V/) varie très lentement par
rapport à 6 et à / (inverses des coefficients de t et .r de l'autre facteur); il exprime l'am-
plitude du mouvement dont la période 9 et la longueur d'onde / sont sensiblement égales à
T età X. »
» L'amplitude du mouvement vibratoire pouvant être regardée comme
constante pendant un nombre considérable de périodes ou de longueurs
d'onde, la fonction qui le représente rentre sensiblement dans la forme
u = F(x — at), qui caractérise les ondes persistantes; et cela sera d'autant
plus vrai que T' sera plus voisin de T, mais la valeur limite de a est - et
non pas V (').
» Il ne reste donc rien des conclusions de l'auteur contre la signification
du coefficient que les physiciens nomment vitesse de la lumièrej, ni contre
les méthodes expérimentales employées à le déterminer. «
(') Au point de vue expérimental, l'exemple proposé représente \^ interférence de deux
mouvements vibratoires de période différente, ou encore le pliénomène des battements
acoustiques. L'auteur délaisse le phénomène à période courte, qui représente le son prin-
cipal, pour s'attacher à la période secondaire, sorte d'inégalité séculaire, qui constitue le
battement et substitue à la considération de la propagation de la vibration rapide celle du
déplacement des points où l'intensité du mouvement résultant est la même; autrement dit,
la vitesse de propagation des battements à la vitesse de propagation des ondes. Il y a même
une complication de plus, qui rend l'interprétation de V singulièrement obscure: c'est que
l'auteur passe au cas limite où les battements disparaissent, déserte que le phénomène qui
sert de déûnitiou s'est lui-même évanoui.
» Dans le cas des ondes lumineuses qui sont l'objet principal des recherches de l'aulcur,
le choix de ce phénomène d'interférence pour conibaltre les idées reçues est particulière-
ment malheureux; en effet, malgré leurs efforts, les physiciens ne sont, jusqu'à présent,
jamais parvenus à obtenir l'interférence de deux rayons de longueur d'onde différente,
interférence qu'ils auraient le plus grand intérêt à produire, de sorte que le phénomène
sur lequel l'auteur base sa démonstration n'a jamais pu être réalisé.
( ioa4 )
CHIMIE GÉNÉRALE. — Sur les chlorhydrates de chlorures mélalliques et sur
la réduction des chlorures par l'hydrogène; par M. Berthelot.
« 1. C'est une propriété commune à un grand nombre de chlorures
métalliques, et plus générale qu'on ne l'a supposé jusqu'ici, que celle
de se combiner avec les hydracides pour former des composés définis. On
connaît depuis longtemps le chlorliydrate de chlorure d'or, le chlorhydrate
de chlorure de platine. P. Boullay avait signalé autrefois deux chlorhy-
drates de chlorure de mercure ('), dont M. Rindell, savant finlandais, a
repris l'étude dans mon laboratoire, au printemps de cette année : ses ré-
sultats n'ont pas encore été publiés ; mais il me paraît nécessaire de les
rappeler. L'accroissement de solubilité des chlorures de plomb, de cuivre
(sel cuivreux), d'argent, dans l'acide chlorhydrique concentré, semble éga-
lement dû à la formation de composés du même ordre.
)) Or ces chlorhydrates me paraissant jouer Un rôle essentiel dans un
certain nombre de réactions, j'ai été conduit à en reprendre l'étude depuis
quelques mois , au double point de vue chimique et thermique. Le sujet
est riche; car beaucoup de chlorures, bromures, iodures métalliques
s'unissent aux hydracides correspondants, pour former des corps cristal-
lisés, en proportions multiples, souvent hydratés : la chaleur de forma-
tion de ces composés, depuis l'hydracide gazeux et l'eau liquide, ne sur-
passe pas beaucoup d'ordinaire celle qui répondrait à la simple dissolution
dans l'eau de l'hydracide quiconcourt à former le nouveau sel. Tandis que
je poursuivais cette recherche, j'ai appris, par le dernier numéro des Comptes
rendus (t. XCL p. 98G), que M. Ditte, à qui la Science doit tant de tra-
vaux intéressants, était entré de son côté, et à un point de vue différent,
dans une voie analogue. Cette circonstance m'oblige à faire connaître, dès
à présent, une partie de mes résultats.
» 2. Soit d'abord le chlorhydrate de chlorure de cadmium. Une solution
de chlorure de cadmium, saturée à froid, est précipitée par son mélange
avec une solution saturée d'acide chlorhydrique; le précipité formé
d'abord ne renferme guère que du chlorure de cadmium, c'est-à-dire que
(') Jnnales (te Chimie et de Physique, 2= série, t. XXXIV, p. 344; '827.
Il donne des formules qui répondent à alIgCl, H Cl; et 4HgCI, H Cl. Le composé
de M. Rindell renfermait 6HgCI, liCl-f-«HO. M. Ditte annonce HgCl, HCI.
( loaS )
la réaction initiale est à peu près la même que la précipitation du chlorure
de sodium par l'acide clilorhydrique. Mais si l'on fait passer dans la
liqueur un courant de gaz chlorliydrique, le chlorure se transforrne en un
nouveau composé, d'un aspect différent, en cristaux plus durs, plus bril-
lants, et qui peuvent, dans certains cas, devenir volumineux et atteindre
5°"° à 6™™ en tous sens. Ce composé, isolé par décantation et séché rapi-
dement sur une plaque poreuse, renferme l'acide chlorhydrique et le chlo-
rure de cadmium à équivalents égaux (') : CdCl, HCl 4- 7HO.
» Ce corps fume au contact de l'air et perd rapidement de l'acide chlor-
hydrique; en même temps les cristaux deviennent ternes et opaques,
ils sont à l'état de dissociation ; la chaleur les décompose. Cependant
le chlorure de cadmium anhydre, lorsqu'il est fondu dans une atmo-
sphère de gaz chlorhydrique, en absorbe, même à haute température,
quelques ti'aces : ce qui indique que l'intervalle des températures entre les-
quelles la dissociation du chlorhydrate est comprise s'étend depuis la tem-
pérature ordinaire jusque vers le rouge sombre. Je reviendrai sur ce point.
» J'ai mesuré la chaleur de formation du chlorhydrate de chlorure de
cadmium. Il suffit, à cet effet, de le dissoudre dans l'eau du calorimètre et
de comparer sa chaleur de dissolution à celle de ses composants, jointe
à la chaleur dégagée par le mélange des solutions.
» La dissolution du sel (191^'') à 10°, 6 absorbe — i'^'',i6.
M La dissolution du chlorure de cadmium anhydre, à une température
\oisine, dégage +i'^'",5; celle du gaz chlorhydrique : 4-i7'^''',4- D'ailleurs
CdCl(i^'ï = 2'")4-HCl(i^'J= 2'"), à 11°, ont absorbé — o^'',o4.
» Il résulte de ces chiffres que la formation du nouveau chlorhydrate
Cd Cl -4- HCl gaz 4- 7 HO liquide, dégage -f ao*^"',!; eau solide : -f- iS^-^'iO.
Ces chiffres sont très considérables. Ils peuvent être conçus comme répon-
dant à deux quantités : la chaleur dégagée par la formation du chlorhydrate
lui-même, CdCl +HC1, et sa chaleur d'hydratation. La dissociation facile
du composé ne m'a pas permis de l'obtenir anhydre; mais la chaleur
d'hydratation proprement dite ne saurait être regardée comme très no-
table, si l'on observe que la formation de l'hydrate de chlorure de cad-
mium, CdCl + 2H0 dégage seulement +i'''',9, à partir de l'eau liquide;
-4- o*^", 5 depuis l'eau solide. Dans la formation du chloihydrate, les 4- 1 5*^^',o
Analyse. Théorie.
(') Cl total 37,4 37,2
Cl sous forme de HCl 17,8 18,6
C. R., 188a, 5- Semestre. (T. XCI, N» 26.)
l36
( I026 )
dégagées à partir de l'eau solide paraissent donc devoir être attribuées
presque en totalité à l'union du gaz chlorhydrique et du chlorure.
» J'ai également préparé un bromliydrate de bromure de cadmium, en
beaux cristaux, analogues aux précédents.
» L'iodure de cadmium sec absorbe une proportion sensible de gaz
iodhydrique. Le même corps est extrêmement soluble dans une solution
saturée d'acide iodhydrique, et la liqueur refroidie à ~ 25° a déposé un
beau composé cristallin, qui s'est liquéfié sur les plaques poreuses à l'aide
desquelles on cherchait à l'isoler, en laissant quelque peu d'une substance
jaunâtre, cristalline, anhydre, renfermant 5,3 pour loo d'acide iodhy-
drique. C'est l'indice d'un iodhydrate dissocié.
» 3. Le chlorhydrate de chlorure de plomb, signalé par l'accroisse-
ment de solubilité de ce sel dans l'acide chlorhydrique concentré, n'a
pas pu être isolé sous forme cristallisée, même par refroidissement.
» Mais j'ai obtenu facilement un iodhjdrale d'iodiire de plomb cristallisé,
en saturant d'acide iodhydrique la bouillie formée avec de l'eau et de
l'iodure de plomb. Ce dernier se dissout d abord abondamment, la liqueur
s'échauffe, et, par refroidissement, elle laisse déposer des cristaux qui ré-
pondent à la formule suivante (') : 2PbI, HI + loHO.
» Ces cristaux sont jaunes, plus clairs que l'iodure de plomb, avec lequel
leur aspect et leur richesse en iode permettraient de les confondre aisément.
Au contact de l'air et de la lumière, ils perdent de l'acide iodhydrique et
se colorent en rouge, par suite d'une certaine mise à nu d'iode. La chaleur
les détruit, en laissant de l'iodure de plomb.
» Traités par vingt-cinq fois leur poids d'eau, ou davantage, ils se dé-
composent en iodure de plomb insoluble et acide iodhydrique.
» L'expérience faite avec 17^'', gSi et ô^'', ao6, et 400'?'' d'eau à 1 1°, 3, a
donné une absorption de — 3'^''',8 pourôygs^ Par suite
2PbI H-HIgaz + loHO liquide, dégage 4- 23*^°', 3; eau solide : -i- 16,1.
» On remarquera l'absorption de chaleur produite au moment où le com-
posé est détruit par l'eau : absorption atlribuable à la liquéfaction de l'eau
solidifiée dans l'hydrate ; ceci s'applique aussi au composé suivant.
Analyse. Théorie.
I total 55,9 56,1
I SOUS forme de HI. ... . 17 ;9 '8,0
Pb 3o,4 3o,5
( i"27 )
» 4. J'ai également isolé un iodhydrale d'iodure d'argent. Dès i856,
M. H. Sainte-Claire Deville avait signalé en passant {Comptes rendus,
t. XLII, p. 895) l'existence d'un tel composé. L'iodure d'argent se dissout
très abondamment dans l'acide iodliydriqiie; la liqueur obtenue, aban-
donnée à l'air, dégage peu à peu une portion de l'hydracide, et à un
certain moment il se produit de belles lamelles cristallines, transparentes,
répondant à la formule (') 3 Agi, III + i4HO.
M La lumière et l'air les altèrent en les jaunissant. La chaleur régénère
l'iodure d'argent. L'eau les décompose en acide iodhydrique, qui se dissout,
et iodure d'argent, qui se précipite. En présence de 70 parties d'eau à 1 1°, 3,
cette réaction a absorbé : — s'^"',! pour gSSs^ Par suite,
3AgI H- HIgaz + 14HO dégage -t-2i*^^',6; eau solide : + 11 ,6.
)) Ce composé n'est pas le seul : il en existe un autre, extrêmement so-
luble dans l'acide iodhydrique, et qui n'a pu être isolé, même au moyen
d'un mélange réfrigérant. L'iodure d'argent sec lui-même absorbe quelques
traces de gaz iodhydrique (composé anhydre dissocié).
» 5. Les faits précédents suffisent pour montrer la généralité de cet
ordre de combinaisons, formé entre les hydracides et les sels mélalliques
dérivés des éléments halogènes. Ces composés rappellent par leur existence,
aussi bien que par la grandeur de leur chaleiu" de formation, les acides
complexes qui dérivent de l'association de l'acide cyanhydrique et des cya-
nures métalliques (^); ils sont de même les types de certaines séries de sels
doubles. On peut les comparer plus justement encore aux fluorhydrales
de fluorures et aux sulfliydrates de sulfures.
» 6. Si j'insiste sur cet ordre de composés, c'est qu'ils jouent un rôle im-
portant dans lu Mécanique chimique, en raison de leur chaleur de forma-
tion, qui est considérable, et de leur état de dissociation. En effet, la chaleur
de formation des chlorhydt ates de chlorures détermine un grand nombre
de réactions jusqu'ici inexpliquées. Je citerai, par exemple, la décomj)o-
sition du protochlorure de mercure par l'acide chlorhydrique bouillant et
même froid, avec production de mercure métallique et de bichlorure:
Hg-Cl + tiRC\ = HgCl, «HCl -+- Hg.
Analyse. Théorie.
(') Agi 73,5 ,3,6
m excédant 12, 5 i3,3
( = ) Annales de Chimie et du Physique, 5' série, t. V, p. ^ii\ à 470.
( I028 )
» La décomposition du protochloriire de mercure, envisagée isolément,
entraînerait une absorplion de chaleur très notable :
Hg'Cl — HgCl solide -t- Hg liquide, absorbe. . . — çf'\5.
Le protocldorure ne donne aucun signe de dissociation, aux températures
auxquelles s'opère la réaction. Mais ce qui la détermine, c'est, je crois, la
formation du chlorhydrate de chlorure, formation accompagnée par un
dégagement de chaleur supérieur à 9'"', 5 (sel solide), d'après les mesures
inédites de M. Rindell.
» La même interprétation, fondée sur la chaleur de génération de cer-
tains chlorures doubles, rend compte de la transformation du calomel en
sublimé corrosif sous l'influence des chlorures alcalins, transformation qui
a donné lieu, comme on sait, à des empoisonnements.
» 7. La formation des chlorhydrates de chlorures métalliques joue égale-
ment quelque rôle dans la réduction des chlorures métalliques par l'hydro-
gène. La plupart des métaux, mêm-e le cuivre, le plomb, l'argent et jusqu'au
mercure ('), décomposent le gaz chlorhydrique.dans des conditions de tem-
pérature convenables : ce qui s'explique par ce que la chaleur de formation
des chlorures métalliques l'emporte sur celle de l'acide chlorhydrique (en
tenant compte, autant que possible, de l'état gazeux de cet acide et de l'hy-
drogène, comparé à l'état solide ou liquide du chlorure et du métal).
Mais on sait aussi que l'hydrogène réduit en sens inverse un grand nombre
de chlorures métalliques, avec régénération d'acide chlorhydrique et de
métal. L'existence de ces deux actions inverses, réglées par les conditions de
masse relatives et d'élimination des produits, a été signalée dès l'origine de la
Chimie moderne. Elle n'est nullement contraire aux principes de la Thermo-
chimie, à la condition que les actions inverses puissent s'accomplir toutes les
deux avec dégagement de chaleur; c'est-à-dire à partir des produits différents
qui coexistent dans l'état de dissociation (-). Je vais faire l'application de
ces notions à divers cas caractéristiques.
» L'iodure de cadmium, le bromure de cadmium, le chlorure de cad-
mium, chauffés vers le rouge dans un courant d'hydrogène, éprouvent une
réduction partielle, d'ailleurs fort incomplète : il se dégage de l'hydracide,
mêlé avec un grand excès d'hydrogène, en même temps qu'il se sublime du
(') Essai de Mécanique chimique, t II, p. SaS ù SîS.
{') Voir le même Ouvra^je, t. II, p. 627 et 439.
( I029 )
cadmium, mêlé avec un grand excès duchlorure, bromure, iodure mélallique;
le derniers sels contiennent une certaine proportion de sous-sels jaunes
formés simultanément. Ces réductions ne seraient pas explicables par les
chaleurs de formation des sels haloïdes du cadmium, mesurées à la
température ordinaire. Mais il convient d'observer d'abord que ces chaleurs
doivent éprouver au rouge des changements considérables, par suite de
l'état gazeux des sels haloïiles et du métal, et aussi par suite des variations
inconnues des chaleurs spécifiques, variations d'autant plus admissibles
que le chlore et le brome gazeux n'obéissent pas à la loi de Duloug et que
leur densité diminue bien plus vile, à mesure que la température s'é-
lève, que celle des autres gaz, d'après M. V. Meyer.
» Ces réserves faites, disons que les chaleurs de formation de l'iodureet
du bromure de cadmium, quelles qu'elles soient, n'interviennent pas dans la
réduction apparente de ces sels par l'hydrogène. En effet, ces deux sels,
chauffés séparément dans une atmosphère d'azote pur, les conditions étant
les mêmes que ci-dessus, donnent lieu à une séparation très sensible d'iode
libre pour l'un, de brome libre pour l'autre : ils sont dissociés. Dès lors, l'ac-
tion de l'hydrogène s'exerce sur le brome et sur l'iode libres, auxquels
il se combine; elle se borne à en accélérer l'élimination, sans qu'il soit
nécessaire de faire entrer en compte l'énergie nécessaire pour séparer le
brome du bromure, ou l'iode de i'iodure. C'est l'acte de réchauffement qui
fournit cette énergie, comme dans toute décomposition pyrogénée.
» La décomposition du bromure de cadmium ne saurait être qu'activée
par le concours des énergies auxiliaires, dues à la formation de quantités
sensibles de sous-bromure d'une part, et de bromhydrate de bromure
d'autre part, composés qui sont eux-mêmes d'ailleurs en partie dissociés.
De même pour I'iodure de cadmium.
» Quant au chlorure de cadmium, il ne m'a pas fourni de trace de chlore
libre, lorsque je l'ai chauffé dans les mêmes conditions ménagées, au sein
d'un courant d'azote pur. Mais la formation des composés secondaires,
celle du chlorhydrate notamment, aux dépens du chlorure, et l'intervention
de l'énergie supplémentaire qui en résulte sont susceptibles d'expliquer la
réduction partielle observée, conformément à l'équation
aCdCl H- H = CdCI, HCl + Cd.
» Le chlorhydrate ainsi formé ('), si faible qu'en soit la proportion à
(') Sans préjudice d'un sous-chlorure, dont il est parlé pour mémoire, parce que sa
chaleur de formation est inconnue; le rôle de ce corps dissocié serait analogue.
( io3o )
chaque instant, explique la réduction, parce qu'il se décompose à mesure
et se régénère sans cesse, aux dépens de nouvelles doses de chlorure
métallique et d'hydrogène. Les réductions du chlorure de plomb, du chlo-
rure d'argent, etc., par l'hydrogène, paraissent dues à un mécanisme
analogue. Ce mécanisme est très général en Chimie et il montre toute
l'importance de ces composés secondaires et peu stables, dont l'étude avait
été négligée jusqu'à présent. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur une base oxycjénée, dérivée de Valdol.
Note de M. Ad. Wuutz.
« J'ai décrit, il y a quelque temps, sous le nom de dialdane, un pro-
duit résultant de la condensation de l'aldol, et qui dériverait du dialdol,
par perte d'une molécule d'eau (*). Ce produit, qu'il est facile d'obtenir
pur en le fiiisant cristalliser plusieurs fois dans l'eau, ré;igit sur l'anmio-
niaque à ioo°. On l'enferme dans d'épais matras en verre vert, avec un
excès d'ammoniaque aqueuse, et l'on chauffe pendant deux jours au bain-
marie. Le dialdane, peu soluble dans l'eau froide, se dissout d'abord, et
la solution laisse déposer bientôt une matière résineuse incolore. C'est la
nouvelle base. Une portion notable demeure en dissolution dans l'eau et
se précipite lorsqu'on soumet la solution ammoniacale à l'ébullition. Après
le dégagement de l'ammoniaque, on filtre la liqueur bouillante, et l'on
réunit la masse blanche précipitée au dépôt résineux mentionné plus haut.
On dissout le tout dans l'éther, et, après avoir chassé ce dernier, on des-
sèche le résidu dans le vide. La matière se boursoufle et forme, après
dessiccation, une masse transparente et amorphe, qui se détache facile-
ment sous forme d'écaillés ou de lamelles parfaitement incolores.
(') Le dialdane, fournissant un acide nionobasique pai' l'oxydation [Comptes rendus,
t. LXXXIII, p. 1260), ne renferme qu'un seul groupe aldéhydique CHO; il possède pro-
bablement une constitution analogue à celle qui est exprimée par la formule ci-dessous :
Ca=-CH.OH-CU'-CHO, CH'-CH OH-CH' CH.011-CH'-CII.OH-CH=-CIIO
Aldol. Dialdol.
CH^-CH-CH=-CH-Ctl2-CH.0H-CFP CHO.
O
DiaIJaiie.
( io3i )
» On a analysé la matière ainsi obtenue, et qni avait été précipitée
d'abord par l'ébullilioD de la solution aqueuse.
Trouvé. Tliéorio.
Carbone 64 , 7 64 ,8
Hydrogène 9j76 9,4
Azote 1 o , 1 5 ( ' ) 9,4
» Ces nombres s'accordent sensiblement avec la formule G'^P'Az-O',
La réaction qui donne naissance à la nouvelle base est représentée par
l'équation suivante :
Dîaldane.
Cette base est très soluble dans l'eau, dans l'alcool et dans l'éther. La so-
lution aqueuse est très amère et présente une réaction alcaline pro-
noncée. Longtemps abandonnée à elle-même, elle se trouble et laisse
précipiter une matière blanche amorphe, insoluble dans l'eau, qui paraît
présenlerla même composition que la base soluble elle-même. Cette solu-
tion aqueuse possède aussi la propriété singulière de se coaguler par l'é-
bullition; le corps précipité à chaud (et dont l'analyse a été donnée plus
haut) se dissout de nouveau après le refroidissement. Le chlorhydrate de
la base oxygénée a été obtenu de la façon suivante.
» Dans la solution éthérée de cette base, on a dirigé avec précaution un
courant lent de gaz chloi hydrique. On obtient un dépôt incolore, poisseux,
qui, séparé de l'eau mère éthérée et évaporé dans une atmosphère des-
séchée par l'acide sulfurique, se prend en une masse jaunâtre, fendillée, qui
se divise facilement en une poudre grenue : c'est le chlorhydrate; il est
très soluble dans l'eau, déliquescent, et présente la composition suivante,
après avoir été séché dans le vide à 75" :
1. 11. Théorie.
Carbone 5 1,6 5i,n 52,i
Hydrogène 8,55 8,58 8,i
Azote » 7>90 7 1^
Chlore 16, 56 '7,i4 '9>2
» Ces chiffres conduisent à la formule C'H^'Az'O', 2HCI; seulement
(') Il y a lin petit excès d'azote. Un autre échantillon m'a donné 10, 45 d'azote. Le
chlorhydrate sec repris par l'alcool absolu a laissé deux fois une petite quantité de sel am-
moniac.
( io32 )
ceux trouvés pour le chlore ne sont pas corrects : il est possible que
le chlorhydrate perde parla dessiccation une portion de son acide chlorhy*
drique. Un éihantillon provenant d'une autre préparation a été analysé
après dessiccation dans l'acide sulfurique. Chauffé ensuite dans le vide
à 75°, il a perdu 5,8 pour 100 d'eau. Défalcation faite de celte eau, le
chlorhydrate sec renfermait :
Carbone 53 , 5
Hydrogêne 8,1
Azote 8,1
Chlore 17,3
» La solution aqueuse du chlorhydrate présente une réaction acide. Elle
ne précipite pas le chlorure de mercure et donne avec le chlorure plati-
nique un faible précipité possédant l'apparence du chloroplatinate d'am-
monium et provenant sans doute d'une trace de sel ammoniac mélangé.
Avec le chlorure d'or, elle donne un abondant précipité caillebotté so-
luble dans l'alcool.
» J'ajoute que dans une de mes préparations la solution éthérée de la
base brute a laissé déposer des cristaux soyeux très déliés. Je n'en ai pas
recueilli une quantité suffisante pour pouvoir en faire l'analyse.
» On voit que la base oxygénée dérivée du dialdane se rapproche, par sa
composition et aussi par l'amertume de sa solution et de son chlorhydrate,
des bases oxygénées naturelles. Le dialdane est une aldéhyde, et il n'est pas
impossible que des corps de ce genre interviennent dans les synthèses na-
turelles de bases oxygénées. »
PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — Des ejjels de L'arrachement de la partie
intra-cranienne du nerj glosso-pliaryngien. Note de M. Vulpiax.
« On peut, sur le chat, enlever, par avulsion et d'une façon isolée, la
partie intra-cranienne du nerf glosso-pharyngien et le ganglion d'Andersch,
que contient ce nerf ;iu niveau du trou déchiré postérieur. Il est donc pos-
sible d'étudier, à l'aide de ce procédé, l'influence de ce nerf sur la sécré-
tion des glandes salivaires et sur la circulation des diverses régions de la
membrane muqueuse buccale.
» Quels sont, à ces points de vue, les résultats de l'opération dont il
s'agit? Sur des chats ainsi opérés, j'ai soumis à la faradisation l'intérieur
de la caisse du tympan du côté du nerf arraché. On sait que cette faradi-
sation provoque, dans l'état normal, uue sécrétion abondante de la salive
( io33 )
paroticlieiine et de la salive sons-maxillaire (et des autres salives), en
même temps qu'une vive congestion de la membrane muqueuse buccale
du même côté, y compris la membrane muqueuse de la langue, dans toute
l'étendue de la moitié correspondante; je dois, toutefois, faire observer
que les phénomènes congeslifs sont moins nets, chez le chat, pour la mem-
brane muqueuse de la joue et des gencives, et même pour celle delà région
postérieure de la langue, que chez d'autres animaux, que chez le cbien
par exemple. Or, chez les chats sur lesquels la partie centrale du nerf glosso-
pharyngien avait été arrachée depuis sept à quinze jours, la faradisation
de la caisse du tympan, faite à l'aide d'un courant d'intensité moyenne,
pendant dix à quinze secondes, après la mise à découvert et la section du
canal de Stenon et du canal de Wharton, détermine dès les premiers mo-
ments une sécrétion abondante de salive sous-maxillaire, mais est sans
effet sur la glande parotide (côté de l'arrachement). Une rougeur vive se
produit sur la moitié correspondante de la langue, très prononcée dans
toute la partie innervée par le nerf lingual, douteuse dans la région posté-
rieure innervée par le glosso-pharyngien. Si l'on pratique la faradisation
de la caisse du tympan du côté opposé, après avoir mis aussi à découvert
les deux principaux canaux salivaires de ce côté, on constate un écoule-
ment immédiat de la salive sous-maxillaire et de la salive parotidienne.
Quant aux phénomènes vaso-dilataleurs qu'offre la membrane muqueuse
de la cavité buccale, à la suite de cette faradisation, ils sont semblables à
ceux qui se sont manifestés dans l'autre moitié de cette cavité après la fara-
disation de la caisse du tympan du côté opéré. La région postérieure de la
face supérieure de la langue rougit cependant un peu plus nettement du
côté intact que de l'autre côté.
» En somme, la différence entre les résultats de la faradisation, faite
dans les deux cas à l'aide d'un courant de moyenne intensité, consiste à
peu près exclusivement dans l'action excito-sécrétoire de cette faradisation
sur la glande parotide du côté intact, action qui ne se produit pas du côté
où le nerf glosso-pharyngien a été arraché.
» Si l'on fait usage d'un courant de forte intensité, cette différence s'ef-
face, et l'on voit des gouttes de salive sortir du canal de Sténon du côté
opéré, lorsqu'on faradise la caisse du tympan de ce côté; l'écoulement est
toutefois moins rapide que celui qui a lieu du côté opposé.
» Il paraît probable, d'après ces résultats, que le filet du rameau de
Jacobson, qui se rend à la glande parotide, ne subit pas une altération
anatomique notable dans les ramuscules qu'il fournit à celte glande, bien
C. R., i8?o, 2" Semestre. (T. XCI, N" 2G.) ' •^7
( io34 )
que son excitabilité soit'dimiiniée; un examen microscopique, d'ailleurs in-
complet, de ces ramifications, ne m'a pas permis d'y trouver des fibres
altérées.
» La corde du tympan, du côté de l'opération, reste absolument saine;
on n'v constate pas une seule fibre en voie d'altération. Elle ne subit, en
un mot, aucune modification, soit anatomique, soit physiologique.
» L'arrachement du nerf glosso-pharyngien ne paraît pas modifier d'une
façon bien appréciable, chez le chat, l'uifluence des nerfs qui agissent
comme vasodilatateurs directs sur la membrane muqueuse de la cavité
buccale, sauf, bien entendu, ce qui concerne les effets de l'excitation de
ce nerf kii-méme sur la région postérieure de la face dorsale de la langue, »
ZOOLOGIE. — Observations sur quelques animaux de Madagascar ,•
par M. Alph. Milxe Edwards.
« La faune malgache, malgré les nombreuses études dont elle a été
l'objet, est loin d'être complètement connue, et chaque année les voyageurs
qui explorent la grande île africaine nous révèlent l'existence de quelques
espèces nouvelles. Le Muséum d'Histoire naturelle vient de recevoir de Ma-
dagascar une collection fort iinportante et riche en objets rares ou in-
connus; elle lui a été offerte par M. Huniblot, qui a surtout exploré, sur la
côte est, la région comprise entre Foulepointe et le lac d'Alaoutre, De
nombreuses séries de Mammifères et d'Oiseaux, préparés par ce voyageur,
permettent de suivre les modifications dont chaque espèce est susceptible
et auxquelles on attacherait certainement beaucoup trop d'importance si
on les trouvait isolées. L'Indris, le plus grand des Lémuriens, est repré-
senté par un grand nombre d'exemplaires tués dans les mêmes forêts et dans
les mêmes conditions; les uns ressemblent complètement à V Indris brevicau-
datus rapporté par Sonnerai en 1782 et décrit par Et. Geoffroy, d'autres
ont la tète en partie blanche et présentent les caractères assignés par M. Pe-
ters à son Indris mitralus, d'autres enfin établissent un passage entre ces deux
formes extrêmes. Les Propithèques à diadème [Propilhecus diadenia Ben.)
sont loin d'être tous semblables entre eux : on en voit dont la poitrine porte
une large tache brune, quelques-uns ont la partie supérieure du corps d'un
jaune légèrement grisâtre, tandis que d'autres sont d'un gris ardoisé foncé.
Chez les Makis varis [Lemur varias Geolf. ) de cette région, la robe est con-
stamment noire et blanche, et l'on ne rencontre pas la variété rousse désignée
( io35 )
par les zoologistes sons le nom de Lemur niber. Sur un nombre considé-
rable de Makis ordinaires, on peut reconnaître tous les intermédiaires
entre ceux à tète blanche ou Lemur ntbijrons (Geoff. ), et ceux à tète foncée,
appelés, d'après Linné, Lenuirrnongoz; évidemment ils appartiennent tous à
la même espèce. Plusieurs Chauve-;-Souris n'étaient pas connues ; j'indiquerai
d'abord deux espèces remarquables par la complication des appendices cu-
tanés de la face et appartenant au genre Triœnops ; eWes se distinguent du
seul ïriasnops propre à l'Afrique [Triœnops o/er Peters) par la forme lan-
céolée et simple de la feuille centrale du nez et du Triœnops de Perse
(Triœnops persicus Dob.) parla disposition des conques auditives, dont le
bord interne est plus profondément échancré. L'un de ces Tria'uops, que
j'ai désigné sous le nom de T. ritfits, se i-econnait facileuient à la couleur
rousse de son pelage; l'autre [Triœnops Ilumbloti) est un peu plus grand, et
son poil est d'un gris qui rappelle la teinte de nos Rhinolophes. Une très
grosse Chauve-Souris, du genre Scolopliilus {Se. robustus), se distingue de
toutes les espèces déjà décrites; elle est do près d'un quart plus grande que
le 5c. borbonicus; sa tête est relativement plus grosse, Toreillon est long et
effilé, le poil est partout d'un brun fuligineux. Un petit Vesperiis [F. Hum-
bloti, nov. sp.) se rapproche beaucoup du V . minulus, mais ses dimensions
sont plus fortes et ses dernières vertèbres caudales sont complètement in-
cluses dans la membrane interfémorale.
» La liste que je donne ci-dessous des Mammifères rapportés par M. Hum-
blot (') permet de se faire une idée exacte de la répartition des espèces dans
la région explorée par ce voyageur.
(' ) 1. Indris brevicaudatiis (E. Geoff.). — 2. Id. var. iiiitratus (Peters), — 3. Propi-
thecus diadema (Ben.). — 4. Avahis laniger (Jour). — 3. Hapalemur simus (Gray.). —
6. H. olivaceus (Geoff.). — 7. Lcpilemur nuistelinus (Geoff.). — 8. Lernur varius
(Geoff.). — 9. Lemur niongoz (L.), var. albifrons. — 10. Id., var. melanocephala (Gr.).
— 11. Chirogalus médius (Geoff.). — 12. Microcebus rufus (Geoff.). — 13. Phaner fur-
cifer fGerv.). — iV. Cliirom)'s niadagascariensis (Gm.). — la. Pteropus Edwardsii (Geoff.).
— 16. PliyllorhinaCommersoni (G.). — 17. Triaenops rufus (nov. sp.). — 18. T. Humbloti
,nov. sp.). — 19. Vesperus Humbloti (nov. sp.). — 20. Scotophilus robustus (nov. sp.).
— 21. Minioplerus Schrcibersii (Nat.). — 22. Emballonoura atrata (Pet.). — 23. Tapbozous
mauritianus (Geoff.). — 2k. Rhinopoma microi'.hyllum (Geoff.). — 2a. Nycllnomus leuco-
gaster (Grand.). — 26. N. angolensis (Pet.). — 27. Eiiplcres Goudoti (Dog.). — 28. Hemi-
centetes niadagascariensis (Sliaw). — 29. Cryptoprocta ferox (Beun.). — 30. Viverra
Schlegeli (Pollen). — 31. Viverra fossa (Geoff.). — 32. Galidia elegans (Geoff.). —
33. Galidia concolor (Geoff.). — 34. Galidictis striala (Geoff.).
( io36 )
» Les Oiseaux sont très variés; j'en donne aussi rémunération (') et je
n'insisterai que sur ceux qui présentent le plus d'intérêt. 3e citerai d'abord
une grande et belle espèce d'Echassier appartenant au genre Bec-onvert
(' ) 1. Coracopsis obscura (L.). — 2. Psittacula cana (Gin.). — 3. Buteo brachypteriis
(Pelz). — 4. Falco concolor (Teni.*. — 5. Falco zoniventris (Schl.). — 6. Tinniinculus
Newtonii (Gurn.). — 7. Milvus parasitus (Daud). — 8. Baza madagascariensis (Sm.).
— 9. Astur Francesii (Sm.). — ÎO. Elanus cœruleus. — 11. Circiis macroscelis? (New.).
■ — 12. Polyhoroides radiatus (Scop.). — 13. Asio capensis (Sm.). — 14. Asio madagasca-
riensis (Sm.). — 15. Stiix flammca (Lin.). — IG.Coua serriana (Piicli.). — 17. Coua Rey-
naudii (Puch.). — 18. Coua cristata (Lin.). — 19. Coua madagascariensis (Gm.). —
20. Cenlropus madagascariensis (Brisson). — 21. Euryslomus madagascariensis (Lin.). —
22. Leptosomus discolor (Ilerra.). — 23. Biaihypteracias leptosomus (Less.). — 24. B. squa-
migera (Lafr.). — 2o.Atclornis piltoides (Lafr.). — 26. Corythornis vintsioidcs (Lat.). —
27. Ispidina madagascariensis (Brisson). — 28. Merops superciliosus (Lin.). — 29. Capri-
nuilgus madagascariensis (Sganz. ). — SO.C.enarratus (Gray ). — 31.Cypselas parvus (Sch.).
— 32. Upupa epops (L.). — 33. Upupa marginata (Pet.). — 34. Nectarinia souinianga
(Gm.). — 35. N. notata (Mull.). — 36. Neodrepanis coruscans (Shar.). — 37. Zosterops
madagascariensis (Lin.) — 38. Pliilepitta castanea (SIull.). — 39. Hypherpes coralliroslris
(New.). — 40. Ellisia typica (Hart). — 41. E. Lanlzii (Grand). — 42. E. madagascariensis
(Hart). — 43. Motacilia flaviventris (J.Verr.). — 44. Bernieria madagascariensis (Gm.).
— 45. B. zosterops (Sharp ). — 46. Pratineola torquata (Sch.). — 47. Saxicola isabellina.
— 48. Copsycbus albospecularis (Lafr.). — 49. Hypsiputes madagascariensis (Briss.). —
50. Tylas Eduardi (Hart). — 51. Dicrurus forficalus (Lin.). — 52. Artamia leucocephala
(Gm.). — 53. Leptopterus viridis (Briss.). — 54. Cyanolanius bicolor (Lin.). —
55. Mystacornis Crosseleyi (Sli.). — 56. Pseudobias Wardi (Sb.). — 57. Terpsipbone
miitata (Hart). — 58. Campepbaga cinerea (Briss.). — 5D. Calicalicus madagascariensis
(L.). — CO. Vangacurvirostris (Gm.). — Gl.Lantziarufa (Briss.). — G2. Euryceros Prevosti
(Less.). — 63. Ilartlaubia Madagascariensis (L.). — 64. Ploceuspensilis (Gm.). — 65. Sper-
mestes nana (Puch.). — 66. Funingus madagascariensis (L.). — 67. Turtur picturatus
(Tem.). — 68. Margaroperdix striata (Gm.). — 69. Turnix nigricoliis (Gm.). — 70. Por-
phyrio madagascariensis (Gm.). — 71. Fulica ciistata (Gm.). — 72. Gallinula ehloropus
(L.). — 73. Parra albinucha (Geoff.). — 74. Rallus gularis (Cuv.). — 75. Canirallus
grjseifrons (Gr.). — 7G. Bieusis madagascariensis (Verr.) — 77. Mesites variegata (des-
Murs). — 78. Ardea cinerea (L.). — 79. A. purpurea (L.). — 80. A. alba (L.). —
81. A. ardesiaca (Wagl.). — 82. A, podiceps (Bp.). — 83. Nycticorax europaeus (St.).
— 84. Scopus umbretta (Gm.). — 85. Anastomus madagascariensis (nov. sp.). —
86. Platalea tenuirostris (Tem.). — 87. Ibis falcincllus (L.). — 88. Lophotibis cristala
(Gm.). — 89. Himantopuscandidus(Bonn.). —90. Gallinago Bernieri (Puch.). — 91. Cha-
radrius tricoliaris(Vi. ) . — 92. Sarcidiornisafricana (Eyt.). — 93. Nettapus auritus (Bodd.).
— 94. Dendrocygna major (Jerd.). — 95. Anas Melleri (Sel.). — 90. Querquedula
hottentota (Sm.). —97. Aythia nyroca (Gm.). — 98. Thalassoruis leucouola (Gm.). —
99. Podiceps Pcizelnii (Hart.,. —100. P. miuor(L.). — 101. Piotus melanogaster (Gm.).
( 'o37 )
ou Anostomus^ et très différente de l'espèce africaine décrite depuis long-
temps sous le nom de Bec-ouvert à lames (>•/. lameltiger Tem.). Notre
Oiseau est plus petit que celui du continent; son bec est plus faible, moins
arqué en dessus dans le sens de sa longueur et sillonné de ciinnelures
longitudinales et parallèles, d'autant plus profondes que l'Oiseau est plus
avancé en âge. Ces cannelures sont remplacées chez VA. lamclliger par des
stries fines et peu apparentes. J'ai donné à cette espèce si bien caractérisée
le nom d^jJnastomiis mndacjascariensis. La Huppe d'Europe ( Upiipa epops L.)
a été trouvée près de Foulepointe, à côté de la Huppe marginée ( U. margi-
nala, Pelers). Le Traqr.et isabelle [Saxicola ibabeilina, Rupp.) de la côte
est de l'Afrique, et VElanus cœruleus, déjà connu en Afrique, en Asie et en
Europe, ont aussi été tués dans cette région et doivent être ajoutés à la liste
des Oiseaux de Madagascar.
» M. Humblotaégalcment rapporté au Muséum plusieurs animaux vivants
dont les mœurs sont à peine connues. Grâce à ses soins, on peut aujour-
d'hui voir dans notre Ménagerie deux Aye-ayes. L'étude de ce singulier
Mammifère présente une véritable importance, à raison de la singularité de
son organisation et de son extrême rareté. Sonnerat, le premier, découvrit
celte espèce en l'ySo et il déposa au Muséum la dépouille d'un Aye-aye,
qui est resté jusqu'en i844 Je seul représentant connu de ce groupe. A celte
époque notre galerie s'est enrichie d'un second exemplaire, et ce n'est que
depuis quelques années seulement que les grands musées de l'Europe ont
pu S8 procurer cette espèce. Les caractères les plus disparates se trouvent
réunis chez elle et expliquent jusqu'à un certain point qu'elle ait été classée
tantôt avec les Rongeurs, tantôt avec les Quadrumanes.
» Le genre Hapalemiir est représenté maintenant à la Ménagerie par deux
espèces : H.simus (Gray) et H. oliuaceus (Geoff.). Ces derniers diffèrent
beaucoup plus des Makis qu'on ne le croyait. Les conditions dans lesquelles
ils vivent, leur régime, leur voix, leurs allures sont autres. C'est au milieu
des bambous qu'on les trouve; ils se nourrissent des jeunes pousses de ces
plantes, et, quand ils sont au bord de l'eau, ils n'hésitent pas à nager pour
fuir les chasseurs. Ils se tiennent d'ordinaire assis, leurs pattes de devant
rapprochées du corps et leurs mains pendantes ; leur cri est un gémisse-
ment triste, semblable à celui d'un enfant. Ïj Ilapalemur simiis est plus grand
et en quelque sorte plus Maki que ses congénères; ses longues pattes lui
permettent de sauter avec une grande agilité. Il se mêle volontiers aux
Mongous, tandis quel'//, olivaceus semble avoir pour ces animaux une anti-
pathie marquée. Un Chirogale lucijer, des Microcèbes nains et des Makis
( io38 )
de diverses espèces complètent la série des Lémuriens vivants que nous de-
vons à M. Humblot. Je dois mentionner encore une paire de ces Chats plan-
tigrades que les naturalistes désignent sous le nom de Cr/ptoprorta ferox,
plusieurs Genettes de Schlegel, une Galidie élégante et de nombreux
Oiseaux. »
BOTANIQUE, — Ordre de naissance des premiers vaisseaux da7is l'épi des Lolium
(première partie) ; par M. A. Trécdl.
« J'ai déjà noté que le rachis del'épi des Lolium se rattache au lll* type
de structure que j'ai décrit à la page 212 du Tome XG des Comptes rendus.
Ce rachis est comprimé suivant les faces sur lesquelles sont insérés les épil-
lets, mais ces faces sont fortement renflées sur les cùtés, pour constituer
l'enfoncement dans lequel est fixé chaque épillet. Djns chaque côté de ce
rachis comprimé naît d'abord un faisceau principal ou primaire, puis or-
dinairement de chaque côté de celui-ci apparaît un faisceau secondaire.
D'autres faisceaux se montrent ensuite sur les faces; mais il naît en outre
plus tard, surtout dans les côtés dilatés, des fascicules de troisième ordre
plus grêles^ et plus externes que les premiers formés; il s'en développe
aussi quelques-uns en arrière ou en dehors de l'insertion des épillets [Lo-
lium italicum, etc.).
PREMIERS VAISSEAUX DU RACHIS.
» Le premier vaisseau qui apparaît dans le jeune épi naît libre par les
deux bouts, à des hauteurs variables, dans l'intérieur de l'un des deux
faisceaux primaires du rachis. Voici quelques exemples.
« L Un épi de Lolium pereune aislalum, haut de 2""", 35, avait un tel
vaisseau, long de o""", 3o, situé à peu près exactement au milieu de la hau-
teur du rachis.
» n. Un autre épi de Lolium perenne ,\\a\\^ de 2™"", 60, ayant neuf épillets
clans la série A et huit dans la série A', les plus grands étant au milieu,
avait un court vaisseau dans la région moyenne, au niveau des épillets
sixième et septième de la séi'ie A.
» IIL Dans un épi de Lolium femulenlum, haut de 2"™, 25, ayant huit
épillets dans chaque série, il y avait un seul vaisseau étendu dans la région
moyenne, depuis le niveau du cinquième épillet de la série A jusqu'au ni-
veau de l'aisselle du septième épillet.
( 'oSg )
» IV. Dans un autre épi du Loliuin teinulentmn , haut de 2"™,3o,avec
huit épillets dans chaque série, le premier vaisseau s'étendait de la hau-
teur du quatrième épillet à celle du septième de la série A.
» V. Un épi de Loliiim ilaUcuin, haut de 2""",4S, ayant onze épillets de
chaque côté, avait un vaisseau étendu depuis le niveau du deuxième épil-
let de A jusqu'à celui du sixième. Il faut noter que dans cet épi c'étaient
précisément les épillets troisième, quatrième et cinquième d'en bas qui
étaient les plus grands.
» VI. Un épi de Lolium perenne,\\Au\. de 2""", 5o, ayant huit épillets dans
la série A et sept dans la série A', avait un vaisseau dans chacun des deux
faisceaux primaires. L'un s'étendait depuis le niveau du deuxième épillet
d'en bas jusqu'à la hauteur du septième épillet de la série A ; l'autre vais-
seau, plus court, ne descendait qu'au niveau du quatrième épillet de la
série A.
X Dans les exemples qui précèdent, les épis qui n'avaient qu'un seul vais-
seau étaient hauts de a"™, aS à 2""", 60.
» L'époque de l'apparition du premier vaisseau est assez variable dans
le Loliiim italicum. Dans l'exemple n" V, l'épi, haut de 2'^"\[\^, avait déjà
un vaisseau assez long, tandis que des épis de a™"^, gS, 3""", o5, S'^^jSo,
4""", 20, étaient encore dépourvus de vaisseaux. De plus, des épis de la
même espèce, longs de 4°"", 5o, S""", 5o, 6'"'", 6'"-", 60, n'avaient qu'un
seul vaisseau dans chacun des deux faisceaux primaires. Dans l'épi de
6""", 60, ayant vingt-quatre épillets dans la série A et vingt-trois dans la
série A', les deux vaisseaux montaient jusqu'au niveau de l'épillet supé-
rieur de A (le 24*) et ne descendaient que jusqu'à la hauteur duquatrième
épillet de la même série. — Ce sont là des cas rares, dus à la grande vi-
gueur de l'éjn ou de la plante mère. Dans les épis de 5°™, 5o et de 4""", 5o
que je viens de citer, les vaisseaux descendaient déjà au-dessous du rachis,
dans la partie feuillée delà plante mère. Il est très fréquent de trouver des
épis de 2""", 60 à 3""" dont les deux premiers vaisseaux descendent déjà
dans la lige feuillée.
» Là, près de la feuille supérieure, on voit souvent ces vaisseaux venus
du rachis, alors même qu'ils y sont encore simples, se doubler de cellules
vasculaires et commencer les renflements qui doivent s'allier à ceux que
produisent les faisceaux qui se prolongent dans cette feuille supérieure,
pour constituer le plexus vasculaire qui existe en travers de la tige, près
de l'insertion de cette feuille. D'autres fois le vaisseau rachidien descendant
se bifurque ou se trifurque, et les branches se mêlent aux faisceaux de la
( io4o )
tige. On trouve quelquefois un peu plus tard que de ces faisceaux rachi-
diens sont prolongés au-dessous de leur premier renflement, traversent le
mérithallesous-jacent et donnent un second renflement dans le plexus vas-
culaire situé près de l'insertion de la deuxième feuille en descendant. Je
n'ai pas besoin de répéter que des renflements semblables sont produits
aussi dans les autres espèces citées ici (').
» A|)rès la naissance des premiers vaisseaux des deux faisceaux pri-
maires, il apparaît, dans la partie inférieure du racliis, des vaisseaux dans
les faisceaux secondaires de chaque côté. 11 naît d'abord un vaisseau dans
lui premier latéral près de chacun des deux faisceaux primaires, et ces deux
faisceaux secondaires étaient, dans mes préparations, aux côtés alternes
des faisceaux primaires. Il nait ensuite im vaisseau dans chacun des deux
faisceaux secondaires symétriquement placés par rapport aux deux pre-
miers. On a alors, dans la partie inférieure du rachis, six faisceaux pourvus
de vaisseaux.
» J'ai trouvé, libres aussi par les deux bouts, les vaisseaux de ces fais-
ceaux secondaires, mais j'en ai observé également d'assez courts qui dé-
passaient la base du rachis, de façon à laisser dans le doute s'ils avaient
commencé dans le rachis ou dans la tige mère. Il est toutefois bien sûr que
fréquemment ces premiers vaisseaux des faisceaux secondaires commencent
dans le rachis. On peut en obtenir à divers degrés d'élongation, les uns
encore tout entiers dans le rachis, les autres arrivés dans la tige feuillée.
On peut en voir qui sont déjà descendus au niveau de la première feuUle
et qui commencent à se doubler de cellules vasculaires pour constituer
leur renflement analogue à celui qui est indiqué plus haut.
» La partie inférieure du rachis peul donc avoir déjà un fascicule vasculaire
dans chaque faisceau primaire et un vaisseau dans quatre faisceaux latéraux,
quand le haut du racliis n'a encore qu'un seul vaisseau dans chacun des deux
faisceaux primaires et aucun dans les faisceaux latéraux, et pourtant les épillets
supérieurs de V inflorescence peuvent déjà dire pourvus de vaisseaux, tandis que
les épillets inférieurs, beaucoup moins avancés, n'en ont pas encore.
)) L'état que je viens de signaler est le plus fréquent; niais il arrive
(') Jusqu'à présent j'ai montré, dans toutes les espèces que j'ai décrites, les premiers
vaisseaux de l'inflorescence naissant libres à l'intérieur du rachis ; il ne faudrait pas en con-
clure que je pense qu'il en est ainsi dans toules les Graminées. Il y en a, au contraire, dans
lesquelles les premiers vaisseaux montent de la partie feuillée de la tige et pénètrent de bas
en haut à l'intérieur du rachis [Zea3I(tys, Sctnrin gcrmanicn, etc.)
( io4r )
aussi, quoique plus rarement, que les faisceaux secondaires du raclas sont
vasculairement plus avances en luiut ou dans la région moyenne quen bas. Ainsi,
dans un épi de Lolium perenne , iiaut de 8""", ayant cinq épillets dans
chaque série, quatre faisceaux de la moitié supérieure du rachis étaient
pourvus de vaisseaux, bien que dans la moitié inférieure il n'y eût de vais-
seaux que dans les deux faisceaux jjrimaires, qui en avaient deux chacun.
» Dans un autre épi de Lolium perenne, ayant 5™"" de hauteur et sept
épillets dans chaque rangée, ccsl dans la région moyenne du rachis que les
faisceaux pourvus de vaisseaux sont plus nombreux. En bas du rachis il n'y a
qu'un seul vaisseau dans chacun des deux faisceaux primaires, mais plus
haut il y en a deux dans chacun. Vers le quatrième épillet des deux séries,
un vaisseau commence dans quatre faisceaux latéraux. Un peu plus haut,
vers le cinquième épillet des deux rangées, le vaisseau de l'un de ces fais-
ceaux secondaires a déjà cessé, ou plutôt n'est pas encore formé. Près des
épillets supérieiu's, il n'y a de vaisseaux que dans un seul faisceau latéral.
Apparition des premiers vaisseaux dans les rangées d'épillets.
») L'ordre d'apparition des premiers vaisseaux dans les rangées d'épillets
est subordonné autant à l'ordre d'accroissement des rameaux qu'à leur
ordre de naissance.
» Nous avons vu que, dans les Lolium., les premiers épiilets naissent
assez souvent près de la base de l'épi, que fréquemment aussi les premiers
apparaissent dans la région moyenne, tantôt au-dessous du milieu du ra-
chis, tantôt vers le milieu, tantôt au-dessus, plus ou moins près du sommet,
mais qu'assez souvent, dans le dernier cas, un ou deux rameaux seulement,
le supérieur de chaque côté, ou les deux ou trois plus haut placés de
chaque série, sont formés après les premiers-nés dans cette région supé-
rieure, tandis que tous les autres, situés plus bas, naissent successivement
de haut en bas. — Quand les épillets les premiers nés sont placés très haut,
les premiers vaisseaux des épillets naissent ordinairement avec régularité
de haut en bas du rachis. C'est qu'alors, l'accroissement secondaire étant
précoce, les rameaux supérieurs, quoique apparus après les premiers-nés
placés un peu plus bas, se sont accrus plus vite que ces derniers et les ont
dépassés qunnd naissent les premiers vaisseaux. A cause de cela, ceux-ci
se montrent d'abord dans l'épillet terminal, puis dans l'épillet supérieur
de chaque série, et ensuite successivement de haut en bas dans les autres
épillets.
C. R., 1880, 2* Semestre. (T. X.C1, ^° 26.) l38
( 10/42 )
» Dans un épi de Loliitm perenne aristé, haut de 5'"'",5o, ayant douze
épillets dans la série A et onze dans la série A', il n'y a de vaisseaux que
dans l'épillet terminal et dans les deux supérieurs de chaque côté. L'épijlet
terminal contenait un fascicule de trois vaisseaux étendu au-dessous de la
deuxième fleur. Au bas de chacun des deux épillets supérieurs de chaque
série, il y avait un vaisseau sous-glumaire, dont je parlerai dans ma pro-
chaine Communication. Il n'y avait pas de vaisseaux dans les dix épillets
inférieurs de A, ni dans les neuf inférieurs de A'.
» Dans un épi de Loliuin italicum, haut de 7™'°,5o, sans les arêtes, ayant
vingt-deux épillets dans chaque série A et A', l'épillet terminal et le supé-
rieur de chaque rangée avaient o™™, 85 de hauteur, et le plus bas placé de
tous avait seulement 0°"", 20. Les six épillets supérieurs seuls contenaient
des vaisseaux. Il n'en existait pas dans les vingt épillets inférieurs de A,
ni dans les dix-neuf inférieurs de A'.
» Un épi de Loliuin lemulenlum, haut de 7™™ sans les arêtes, ayant sept
épillets de chaque côté, n'avait de vaisseaux que dans l'épillet terminal et
dans les trois supérieurs de chaque série.
» Dans un épi de Loliuin ilalicum, haut de 6™™, ayant treize épillets de
chaque côté, il n'y avait de vaisseaux que dans l'épillet terminal, dans les
cinq épillets supérieurs d'un côté et dans les six supérieurs de l'autre.
» Mais, si les épillets premiers- nés sont plus éloignés du sommet que
dans le cas décrit plus haut, il arrive que ceux-ci sont assez grands pour
produire des vaisseaux quand les épillets supérieurs sont encore trop jeunes
pour en former. Alors les supérieurs n'en donnent qu'un peu plus tard.
Dans ce cas, les vaisseaux apparaissent de bas en haut dans les épillets de
la région supérieure, de haut en bas dans ceux de la région inférieure. Le
plus souvent les épillets d'en bas acquièrent les derniers leurs premiers
vaisseaux. Le plus ordinairement l'épillet terminal a ses premiers vaisseaux
avant tous les autres. Mais, dans certains cas, les rameaux latéraux les
premiers nés sont, sous tous les rapports, plus avancés que le terminal.
C'est ce qui est arrivé dans un épi de Loliuin perenne, haut de 8™™, ayant
sept épillets de chaque côté. C'étaient les épillets quatrième et cinquièuie
de la série A' et cinquième et sixième de la série A qui étaient les plus
avancés. L'épillet terminal l'était moins qu'eux. Les trois épillets les plus
bas placés seuls n'avaient pas de vaisseaux.
» Voici l'exemple d'un jeune épi vigoureux dans lequel l'épillet termi-
nal était vasculairement plus avancé que tous les autres et dans lequel
aussi ce n'étaient pas les épillets supérieurs de chaque série qui produi-
( 1043 )
saient ensuite leurs premiers vaisseaux, mais un épillet plus bas placé. Cet
épi, offert par le Lolium perenne, haut de 5°"", ayant sept épillets dans
chaque rangée, avait deux vaisseaux dans l'épillet terminal : l'un plus
lo!)g- sous la deuxième fleur, l'autre sous la première ou inférieure. L'épil-
let supérieur de chaque série n'avait pas de vaisseaux, et, de tous les épil-
lets latéraux, le sixième de la série A avait seul un vaisseau situé sous la
deuxième fleur.
» Dans un autre épillet de Lolium perenne, haut de ■y""", ayant dix épil-
lets dans chaque série A et A', c'élaient l'épillet terminal et le neuvième
delà rangée A' qui avaient le plus de vaisseaux, puis le neuvième de la série
A, ensuite le huitième et le septième des séries A et A'. Le dixième ou su-
périeur de chaque rangée ne venait qu'après les précédents, puis le sixième
des séries A et A'. Il n'y avait pas de vaisseaux dans les cinq épillets infé-
rieurs de ces séries.
» Ces exemples pourraient être multipliés et variés, mais le défaut d'es-
pace me contraint à être bref et à me contenter de citer quelques cas parmi
les plus simples, c'est-à-dire les plusjeunes. Voici, pour terminer, un exemple
bien remarquable. Il est donné par un épi de Lolium perenne^ haut de
9™™, ayant six épillets dans chaque série. Les épillets de la région moyenne
sont ceux qui ont le plus de vaisseaux, et l'épillet terminal en a moins
qu'eux. Les supérieurs et les inférieurs de chaque série n'en ont pas du
tout. Le tableau suivant résume la distribution des vaisseaux dans les deux
rangées d'épillets.
EPittET TERMINAL : I vaisseeiii.
Nombre
SÉRIE A. des vaisseaux.
Épillet 6" o
» 5" I
» 4' 3
2
o
Nombre
SÉRIE A'.
«les vaisseaux
Épillet
6^..
. . . O
»
5"...
2
i>
4^...
2
>:
3'...,
3
»
2«
2
n
I ^'
0
» Comme on le voit, l'épillet terminal avait un seul vaisseau dans son
axe. L'épillet supérieur de chaque série, c'est-à-dire le sixième, et le pre-
mier ou inférieur, ainsi que le deuxième de la série A, n'avaient pas de
vaisseaux. Le cinquième épillet de la série A avait un seul vaisseau situé
sous la deuxième fleur, dans le troisième mérithalle, et il descendait d;ins
le deuxième, Le quatrième épillet de A avait im vaisseau sous la glume.
( «044 )
un autre sous la première fleur, et un, deux fois plus long que les autres,
sous la deuxième fleur. Ce dernier était vraisemblablement le premier né,
ainsi que nous le verrons. Le troisième épillet de A avait aussi un vaisseau
plus long sous la deuxième fleur, et un plus bas sous la glume. Je le répète,
les deux épillets inférieurs de cette série A et le supérieur n'avaient pas de
vaisseaux.
» Ces quelques mots suffisent pour donner une idée de la position rela-
tive des premiers vaisseaux dans les épillets, sujet que je développerai dans
ma prochaine Communication, qui sera la dernière que j'aie l'intention de
faire à l'Académie sur l'ordre d'apparition des pretniers vaisseaux dans
l'inflorescence des Graminées. »
NOMINATIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un Cor-
respondant, pour la Section de Minéralogie, en remplacement de feu'
M. Miller, de Cambridge.
Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 45,
M. Sella obtient 42 suffrages.
M. Domeyko 2 »
M, Gould I »
M. Sella, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est élu Corres-
pondant de l'Académie.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un Cor-
respondant, pour la Section d'Astronomie, en remplacement de feu M. Alac-
Lear.
Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant ^2,
M. Warren delà Rue obtient. . 4° suffrages.
M. AuAvers i u
M. Gould .... I »
M. Waruen de la RrE, ayant réuni la majorité absolue des suffrages,
est élu Correspondant de l'Académie.
( lo/,,'; )
MEMOIRES PRESENTES.
VITICULTURE. — Observations pour servir à l'élude du Phylloxéra ;
par M. J. LicHTENSTEiN, délégué de l'Académie.
(Renvoi à la Commission du Phylloxéra).
« L'Académie des Sciences a bien voulu me charger de quelques études
sur le Phylloxéra, en me laissant la latitude de les diriger dans le sens
que je croirais le plus favorable. Elles ont porté plus particulièrement sur
les vignobles de l'Hérault, mais j'ai puisé d'utiles enseignements à Lyon,
au Congrès phylloxérique, dans la Gironde et enfin en Espagne, où le
climat permet de plus longues observations, puisque le Phylloxéra s'v en-
gourdit à peine.
» Mes conclusions ne sont pas, hélas! très consolantes. Dans les con-
trées les plus méridionales de l'Europe, le pouvoir reproductif du Phyl-
loxéra est tel, que la lutte directe contre ce fléau paraît presque impossible.
» Peut-on compter, du moins, sur les ennemis naturels du Phylloxéra
pour eniayer ses ravages ?
» Et d'abord, quels sont ces ennemis ? Ils sont assez nombreux, surtout
pour le Phylloxéra aérien.
» Parasites animaux. — i° A côté des galles, et même dans lem- inté-
rieur, on trouve une petite espèce de i/i/v/js (Orthoptère). Les galles qu'il
envahit sont souvent vides d'œufs. Il mange aussi les œufs du Phylloxéra
du chêne. Ce petit insecte jaunâtre, à yeux noirs, est assez rare et une
galle lui suffit. — Très petite aide.
» 2° La cocczne//e à uZ/igt-c^eux/om^s (Coléoplère) dévore très bien, soit
comme larve, soit comme insecte parfait, les Phylloxéras de toutes les
espèces. Elle n'est pas non plus abondante et une seule feuille phylloxérée
suifit à une coccinelle. — Utilité médiocre.
» 3° Lapunaisedesbois(^;if/jocon5ne/norum) se trouve très fréquemment,
à tous ses étatSjSoit sur les feuilles, soit dans les galles du Phylloxéra, qu'elle
suce très avidement. Elle vit également dans toutes les autres galles de
Pemphicjiem ; mais l'abondance de cet insecte vagabond et très commun
n'a qu'une petite influence sur la population d'une galle. — Utilité très
limitée.
B 4° Une espèce d'Hemerobins (le lion des pucerons de Réaumur), de
( io46 )
petite taille, dont la larve est rayée de blanc et de noir, décime quelquefois
la population phylloxérienne d'une feuille. — Son utilité, déjà faible, est
encore restreinte par le fait qu'elle ne souffre pas dans son voisinage une
autre larve de son espèce et la dévore même de préférence aux pucerons.
» 5° La 3Iite rouge [Trombidiumsericeum) ^petite Arachnide qu\ semble vêtue
de velours rouge, se trouve fréquemment partout, dévorant les pucerons
qu'elle rencontre. — Plusieurs de ces Acariens, si vantés, ne sont pas aussi
utiles qu'on le croit et ne sont très souvent fixés à un puceron que pour se
faire transporter par lui d'un lieu en un autre. Ce n'est pas le cas pour le
Trombidium, mais compter sur lui comme aide contre le Phylloxéra serait
presque comme compter sur une araignée pour nous délivrer des mouches.
» Aux racines :
» 6° J'ai élevé une petite espèce de Scymnus (5. bivetrucalus) [Co\èo^.),
d'une larve couverte de poils blancs frisés, trouvée aux racines au milieu
des Phylloxéras; je ne l'ai vue qu'une fois.
» 7° Syrphus sp. ? une larve d'une espèce de mouche appartenant au
groupe des Syrphides (presque tous mangeurs de pucerons) a été trouvée
à Bordeaux.
» Enfin Riley cite trois ou quatre parasites de plus en Amérique qui n'ont
pas été encore signalés en Europe.
» Slais, dans tout cela, il y a si peu d'effet utile à altendre, que je ne
crois pas qu'on puisse se laisser aller à une espérance quelconque de voir
l'un ou l'autre des ennemis du Phylloxéra connus jusqu'à ce jour exercer
une influence appréciable sur la progression du fléau.
» Parasites végétaux. — J'aborde à présent une question à laquelle les
travaux d'un des Membres les plus célèbres de l'Académie des Sciences
donnent une importance capitale,
» Y a-t-il un cryptogame qui attaque les pucerons en général et le Phyl-
loxéra en particulier? Ce cryptogame fuit-il périr le puceron à tous ses âges,
ou bien, respectant les larves, ne ferait-il périr que l'insecte parfait, comme
le fait le champignon de la mouche [Empusa muscœ)! Dans ce dernier cas,
sou intervention perdrait beaucoup de sa valeur.
» La théorie de l'inoculation de germes cryptogamiqnes à un insecte
pour le détruire ne date pas d'aujourd'hui. Elle a déjà été proposée en
i868 par le D'"Bail, de Posen, qui, allant même plus loin, trouvait dans les
germes du ferment de la levure de bière le mycélium fondateur d'un cryp-
togame qui, opérant le cycle de son évolution biologique par des migra-
tions, sous diverses formes, d'un être animé à un autre, arriverait à devenir
( io47 )
le champignon de la mouche domestique [Empitsa muscœ), forme sous la-
quelle il fructifierait en lançant autour de sa victime une pluie de spores
fécondes.
» Le D"^ Bail vit encore, et depuis douze ans il n'a pas, que je sache,
démontré la vérité de son opinion, et les savants allemands appelés à rendre
compte des travaux de Bail ne paraissent pas lui être favorable.
» Cependant Cohn, Lebert, Hallier et une foule d'autres ont essayé
d'éclairer cette question difficile. Tout récemment, le professeur Hagen,
de Cambridge (Mass.), quoique névroptériste et s'étant très peu occupé
de cryptogames, reprenait l'idée de Bail et la lançait en pâture à l'opi-
nion publique, sans faire lui-même, je crois, des expériences à l'appui.
En général, les insuccès ont été nombreux; mais on a cité une ou deux
réussites d'inoculation, qui nie surprendraient d'autant plus, que, s'd
y a un cycle évolutif, il est évident que la graine, la spore fécondée, ne
reproduira pas fout de suite une autre spore féconde, mais donnera nais-
sance à un ?n/ce/jum qui accomplira son évolution dans les circonstances
voulues par les lois naturelles et ne fructifiera que l'année suivante,
» C'est ce qu'a parfaitement compris un savant français, I\î. A. Giard, à
Lille, qui, en se livrant à une étude sur les cryptogames des insectes, aux-
quels il conserve le nom générique à' Entomophlliora, admet deux états ou
phases dans l'évolution de ces êtres : le premier dur, crayeux, détruisant
les chenilles en hiver, qu'il appelle état de tarichiuin (ce serait la phase
fondatrice); le second friable, cristallin, se répandant en spores lancées
autour des mouches en automne, qu'il appelle état d'empusa (ce serait la
phase sexuée fructifère).
» Dans les cryptogames attaquant les végétaux, on a depuis longtemps
constaté, dans le cours des évolutions biologiques du même champignon,
de très curieuses migrations d'une plante à une autre. L'épine-vinette, par
exemple, sert de berceau à un cryptogame qui doit plus tard se développer
sur les graminées. M. G. Max. Cornu a cité une foule de faits analogues.
» Des cryptogames se développant sur des pucerons existent. lien est
un qui a étécité ancionnement('), et, il y a quelques années, M. le profes-
seur Planchon en découvrit un autre sur le puceron de la vcsce, que
M. Cornu a décrit et publié sous le nom d'EntoinopIttliora Planchonica.
(') £mjmsa iiphiclisUoiîma.mi (B;iil, p. 26). Sur le puceron du cornouiller (Cotoh^ jrv«-
guinea\, c'est le Sc/iizunetira corni, genre bien ])lus voisin des Pcmp/iigicns que le puceron
de la vesce.
{ io48 )
» D'où viennent ces champignons? A quelle phase de leur existence
sont-ils lorsqu'ils attaquent les Aphidiens? Il n'est pas facile de répondre
à ces questions.
» L'inoculation directe de la spore de ï'Einpusa muscœ aux pucerons ne
m'a pas réussi. Je m'y attendais, car, comme je l'ai dit plus haut, la graine
ne donne pas une graine, elle donne une plante qui fournira plus tard la
graine.
» Je crois avoir été plus heureux dans des essais d'inoculation des spores
de VEmpiisa à deux chenilles de grand paon {Bombyx pyri); au moins, peu
de jours après l'opération, le point piqué s'était entouré d'une auréole de
petits points noirs. Mais ces chenilles ont fait leur cocon, et ce n'est
qu'en mai prochain que je pourrai voir si les chrysalides on les papillons
sont attaqués ilu cryptogame (à l'élat Taricliiuni). Si cela était, j'aurais
quelque espoir, par une nouvelle inoculation ou par simple contact, de re-
pro'iuire, sur la mouche, le cryptogame (à l'état Empusa) fructifiant en
automne.
)) Je demande pardon à la Commission de l'Académie d'avoir encore si
peu à lui dire sur »n sujet aussi intéressant; mais ni l'évolution d'un insecte
ni l'évolution d'un cryptogame ne peuvent se suivre et se décrire généra-
lement en moins d'un an. »
M. L. PiLLEiTx soumet au jugement de l'Académie, par l'entremise de
M. du IMoncel, deux Notes relatives à la théorie des forces électromotrices.
(Commissaires : MM. Edm. Becquerel, Berlhelot, Cornu.)
M. E. Préaitbert adresse, par l'entremise de M. du Moncel, des
« Recherches sur la ihermo-électricité », et un « A[)erçu des propriétés de
la matière cosmique».
(Commissaires : MM. Edm. Becquerel, Berthelot, Cornu.)
M. FuA adresse un Mémoire sur les propriétés hygiéniques et écono-
miques du mais.
(Comissaires : MM. Bouillaud, Bouley, Chatin. )
M, S. Clemenceau adresse une Note relative à une pile électrique.
(Renvoi à l'examen de M. Jamin.)
( i"49 )
I\I. A. Netteu adresse une Note relative à la question de l'intelligence
et de l'instinct des fourmis.
(Renvoi à l'examen de M. E. Blanchard.)
M. A. BASiNsoumet au jugement de l'Académie un nouveau système de
chronomètre.
(Renvoi à l'examen de M. Phillips.)
CORRESPONDANCE.
M. le Secrétaire PERPÉTUEL annonce à l'Académie que lalP Partie du
Tome II du « Recueil des Mémoires, Rapports et documents relatifs à l'Ob-
servation du Passage de Vénus sur le Soleil » est en distribution au Secré-
tariat.
Ce Volume contient la fin des Mémoires concernant la Mission de l'île
Saint-Paul : la Météorologie, par M. le D'' PiOchefort, et la Géologie, par
M. C/i. Vélain; les observations de M. Tisseraiidel de M. L. Picard, au Japon ;
celles de M. Héraud, à Saigon ; celles de MM. Jndréet Ancjot, à Nouméa.
M. L. Picard prie l'Académie de vouloir bien le comprendre au
nombre des officiers de marine destinés à faire partie des expéditions pour
l'observation du passage de Vénus, en 1882.
(Renvoi à la Commission du Passage de Vénus.)
M. le Ministre de l'Agriculture et du Commerce adresse, pour la Biblio-
thèque de l'Institut, les Rapports de l'Académie de Médecine sur les vacci-
nations pratiquées en France, en 1877 et en 1878.
ASTRONOMIE. — Délerminalion de la durée de la rotation de la planète Jupiter.
Note de M. Cruls, transmise par S. M. don Pedro et présentée par
Î\I. Tresca.
« La tache, visible depuis quelque temps sur la planète Jnpitcr, est
extrêmement remarquable par la netteté de son contour en même temps
que par sa couleur rouge brun, qui tranche avec celle que présentent les
C. R., 1S80, 2- Semestre. (T. XCI, K" 2G.) ' ^9
( io5o )
autres parties du disque, à l'exception toutefois d'une partie de la bande
équatoriale, dont la teinte s'en rapproche beaucoup. Elle m'a paru très
favorable pour la détermination de la durée de rotation de la planète. Il
est à noter, eu outre, que cette tache paraît douée d'une immobilité à peu
près absolue, circonstance indispensable pour la solution du problème en
question. Par une série d'observations faites avec le plus grand soin et
publiées dans les Montidj Notices of the Royal Astronomkal Society de
janvier 1880, M. Pratt, directeur de l'observatoire de Brighton, a prouvé
que, pendaiït une période s'étendant du 26 juillet au 6 décembre 187g,
la tache était sans mouvement propre appréciable, conclusion entièrement
confirmée par la durée de rotation que j'ai déduite de io83 rotations de la
planète et qui diffère à peine de celle qu'a obtenue l'astronome anglais.
» D'un diagramme exécuté à l'Observatoire impérial de Rio, le 3i juil-
let 1879, j'ai conclu que le centre de la tache se trouvait sur le méridien
central de la planète à 8''35", temps moyeu de Rio. Une observation faite
le 21 octobre 1880 m'a montré cette tache sur le même méridien à S*". Par-
tant de ces données, je trouve que la Terre, dans l'intervalle des deux
observations, a fait 44^ rotations, moins une fraction égale à 0,02^3 1 ro-
tation. D'un autre côté, admettant comme rotation approchée de la planète
Jupiter 9''55™3o% il est facile de trouver que, dans le même temps, cette
dernière planète a fait io83 rotations, plus une fraction de rotation, prove-
nant du déplacement angulaire de la Terre et de Jupiter dans leurs orbites.
Or, le déplacement en longitude héliocentrique de la planète Jupiter entre
les deux observations a été de 4o°5i'37",9, et celui de la Terre est d'une
révolution complète, plus un arc de 8o''37' i3",8. On déduit de là, en
tenant compte des positions respectives des deux planètes aux époques
d'observation, que l'angle compris entre les rayons visuels menés de la
Terre à la planète Jupiter aux deux mêmes époques est de 3i°2o'3o", o, ce
qui représente 0,0861 d'une rotation de Jupiter. Voici, d'ailleurs, les
données fournies par les observations et les résultats qu'on en déduit par
le calcul :
Rotations tei restrcs. Rotations joviennes.
1879. Juillet 31,35764
1880. Octobre 21 , 33333
447>9756c) 1083,0861
On en conclut, pour la durée de rotation de la planète Jupiter, 9''55'"36%
en temps solaire moyen.
( io5i )
» Il est intéressant de comparer ce résultat à celui qui résulte des obser-
vations de M. Pratt, et qui est de 9''55™33%9i, valeur fournie par Sai ro-
tations de Jupiter.
M II semble résulter de la concordance de ces résultats, obtenus dans des
circonstances extrêmement favorables, que la durée de la rotation de la
planète Jupiter peut être considérée comme étant actuellement connue à
une seconde près, c'est-à-dire avec le même degré d'exactitude que la
rotation de la planète Mars. »
ASTRONOMIE. — Sur la comèle Hariivig [d 1880). Note de MM. Schuluof
et BossERT, présentée par M. Mouchez.
« Dans notre première Note sur la comète Hartwig [Comptes rendus,
6 décembre), nous avons donné notre conviction sur l'impossibilité d'attri-
buer à la comète une durée de révolution de62 3^ans. Cette durée de 62 {-ans
avait été indiquée par la supposition que la comète était identique avec
les comètes de i382, i444> i5o6 et 1669. Nous avions, en effet, obtenu le
système suivant parmi nos trois systèmes d'éléments auxiliaires :
T 1880, septembre 6,59700, temps moyen de Berlin.
« 5"27'?.6",i )
Q 44''3i'i7",i 1880,0
i ^i-'So'aS", I ]
loge 9,990271
logry 9>545488
» Ce système laissait subsister dans les six lieux normaux donnés les
écarts suivants :
it *
Septembre 3o,25 0,0 0,0
Octobre 3,o H-' 0,7 —11,0
.) 11,0 — 28,2 — 4659
u 23,5 —Hj^ — 3o,3
JS'ovembre 3,5 0,0 0,0
» ''9)0 -1- ij3 +48,6
» Malgré ces écarts, et en attendant que les nombreuses observations de
la comète soient publiées, ce qui nous permettra alors de déterminer l'or-
bite définitive, nous avons voulu être fixés d'une manière certaine relati-
vement à la durée de révolution de 62 | ans. Nos six lieux normaux ont
( io5i )
été rapportés à l'écliptique, et, à l'aide de la variation du rapport des dis-
tances géocentriques du septembre 3o,25 et du novembre 29, nous avons
obtenu les deux hypothèses suivantes :
I. II.
T Septembre 3o,25 Septembre 3o,a5
M 0.22.28,24- 0.22.26,67
n 5. 6.33,7 ) 5.24.43,4 j
Q 44''7'29,3 / 1880,0 44-3i-3i,7 \ 1880,0
'■ i4i.49'^.o ) '4«'49-29.^ )
a 77.50.53,2 77.52.26,0
logn.... 1,196364 1,196424
hypothèses qui laissent les résidus suivants :
I. II.
à/. A;3. a;. A,3.
Septembre 00, 25... 0,0 0,0 0,0 0,0
Octobre 3,o.... — 7")8 — 3i,6 +32,3 — 25,9
» 11,0.... — 21 3, 3 — 4i)9 +26,2 —86,5
» 23,0.... —137,3 —23,8 + 5,5 —81,5
Novembre 3,5.... — 62,5 —12,3 +14,1 —52,8
, » 29,0..,. 0,0 0,0 0,0 0,0
» Les écarts des lieux normaux changent de signes dans les longitudes
lorsque l'on passe d'une hypothèse à l'autre, mais pour les latitudes les va-
leurs augmentent sensiblement. On pourrait donc rendre très minimes les
erreurs en longitude; mais les erreurs en latitude dépasseraient alors 1',
ce qui est inadmissible. Il faut donc exclure d'une façon absolue la durée
de révolution 62 1 ans.
» Bien que nous ayons trouvé pour la durée de révolution une période
de 1280 ans environ, cet élément est assez incertain pour que nous ne
puissions décider maintenant de l'identité de cette comète avec l'une de
celles citées plus haut, particulièrement avec la comète de i5o6. Ce n'est
que par le calcul définitif qu'on pourra résoudre la question des apparitions
antérieures de la comète. »
( io53 )
ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Observations solaires, faites à l'observatoire royal du
Collège romain, pendant le troisième trimestre 1880; par le P. Tacchini.
« Le nombre de jours d'observation s'élève à 80 pour les taches et
les facules, savoir : 3o dans le mois de juillet, 26 dans le mois d'août et i4
dans le mois de septembre; les résultats obtenus confirment l'accroisse-
ment progressif de l'activité solaire, mentionné dans ma Note précédente.
1880.
Août.
Septembre.
18,04
38,92
0,00
0,00
48,55
43,12
4i,5o
120, 5o
Juillet.
Fréquence relative des taches '0,96
Fréquence des jours sans taches 0,20
Grandeur relative des taches 'Oj'yO
Grandeur relative des facules 3o,4o
» Le nombre des taches a été double de ce qu'il avait été dans le tri-
mestre précédent. Pendant les mois d'août et de septembre, il n'y a pas
eu un seul jour sans taches'. Le nombre des facules a été extraordinaire
pendant le mois de septembre. Quoique le nombre toujours croissant des
groupes de taches solaires empêche de bien distinguer les périodes secon-
daires de maxima et minima, néanmoins la nouvelle série d'observations
semble mettre en évidence, comme celle des trimestres précédents, l'exis-
tence d'intervalles correspondant à peu près à une demi-rotation solaire.
» Le beau temps a même permis d'exécuter un nombre assez grand d'ob-
servations speciroscopiques du bord solaire. En voici les résultats :
1880.
Juillet. Août. Septembre.
Nombre moyen des protubérances par jour. .. . 9,1 7,1 7,0
Hauteur moyenne des protubérances 4'»^ 44>' 44ï^
Extension moyenne des protubérances 3,65 2,73 2,01
» Les observations speciroscopiques montrent donc, ainsi que les autres,
une augmentation dans l'activité solaire, surtout quant au nombre des
protubérances hydrogéniqiies. Quant à la distribution des protubérances,
( io54 )
des facules et des taches solaires, les observations du dernier trimestre
nous ont donné les résultats suivants :
Nombre des protubérances
aux différentes
latitudes hélioceutriques.
Nombre des facules
aux différentes
latitudes bélioeentriques.
, Nombre des groupes
de taches
aux difl'érentes
latitudes héliocentriques.
90 -+-
70
70 + 5o
5o +
3o.
3o •+- 10.
TO
0
0 —
10.
10 • —
3o
3o-
5o
5o-
70
70-
90
86
85
64
i3
12
9'
76
96
90-
70
5o
3o-
■70.
• 5o .
■3o.
10.
o — 10.
2r
O
1
2
*9
r
4
o
18
qo
70-
10 — 60. . . .
3o — 5o g
5o — 70 o
70 — 90 o
70.
5o .
5o + 3o.
3o + 10.
10 o
o — 10.
10 — 3o.
3o — 5o .
5o — 70 .
70-90.
o
o
I
29
4
o
22
O
O
» Pour les taches et les facules, on rencontre donc le maximum de fré-
quence dans les mêmes zones pour chaque hémisphère solaire, c'est-à-dire
entre 10° et 3o", comme dans le trimestre précédent. Pour les protubé-
rances, le maximum de fréquence s'est transporté vers les pôles, entre 5o°
et 70°. Mais, si l'on considère, pour les protubérances, les nombres qui se
rapportent à des zones successives de 10° en 10°, on constate qu'il s'est pro-
duit dans chaque hémisphère, et même pour chaque mois, un maximum
entre So" et 60°, et un autre entre 20° et l\o°. C'est seulement dans le mois
d'août que nous avons observé des protubérances à des latitudes supé-
rieures à 70°; près des pôles, elles ont toujours fait défaut. »
ASTRONOMIE. — Observations de la comète Swijt (e 1880), faites à l'obser-
vatoire royal du Collège romain, par le P. Tacchini.
« J'ai l'honneur d'adresser à l'Académie les observations de la comète
Swift (e 1880) que j'ai pu faire avec notre lunette de 9 pouces (') :
» Pour les détails des observations et réductions, je renvoie au pro-
chain numéro des Aslronomische Nachrichten. »
(') Toutes les observations ont été faites par moi; les calculs de réduction ont été effec-
tués par mon adjoint, M. Milloevich.
( io55 )
Ascension "''" par exemple, tant que cette pression n'est pas atteinte, le gaz afflue
au brûleur; mais, lorsque la pression atteint 5""°, le disque 2 est soulevé
^-rr-.A^ZJ
■Sn.MiAFniiy
par la vapeur et règle récoiilement du gaz. Dès lors la pression reste inva-
riable, quel que soit l'écoulement de vapeur.
» Le levier est gradué en atmosphères, et un simple déplacement du
Fif!. 2.
Soufflerie h vapem- à pression constaiito.
poids 6 change la pression dans la chaudière, en maintenant constante
cette nouvelle pression.
( io65 )
« Cette disposition évite toute surveillance, puisque, si la pression, pour
une cause ou pour une autre, pouvait dépasser la limite qui lui est assignée,
le gaz s'éteindrait.
M J'ai opéré la contre-pression /J«ri/;ipojV/s el non par un ressort quelconque
dont l'élasticité toujours variable peut devenir une cause d'accident. On
pouvait craindre a priori qu'une faible membrane de caoutchouc ne résis-
tât pas à la pression, qui peut être considérable. La pratique a montré
qu'il n'en était rien. D'abord, l'appareil étant placé à distance, la membrane
reste froide ; d'un autre côté, les pressions qu'elle supporte, étant égales sur
ses deux faces, s'annulent sans pouvoir la détériorer. Cet appareil si
simple m'a rendu de grands services. J'ai pu chauffer une petite marmite
de Papin dans laquelle je faisais réagir deux liquides à haute pression, en
évitant tout danger d'explosion et toute surveillance. Ce dispositif pourra
servir à plus d'un chimiste. Je cite, en terminant, une application indus-
trielle de ce régulateur, faite dans les ateliers de mon habile constructeur,
M. V. Wiesnegg.
» Il s'agissait de comprimer de l'air à une pression constante de loo™"
de mercure pour alimenter les chalumeaux de l'atelier. Ce résultat a été
obtenu en entrahiant l'air par un jet de vapeur.
» Le mélange traverse un serpentin refroidi où la vapeur d'eau se con-
dense.
» La chaudière est chauffée au gaz, et, grâce à mon régulateur, la pres-
sion y est maintenue absolument fixe, quel que soit le débit.
» Ce mode de chauffage, en supprimant l'ouvrier chauffeur, n'est pas plus
coûteux pour ces petites applications que le chauffage au charbon. On
n'use, en effet, de combustible que proportionnellement à la quantité de
vapeur dépensée, et on a l'immense avantage d'avoir un instrument tou-
jours prêt à fonctionner.
» M. Wiesnegg construit sur ce principe un petit modèle de soufflerie à
vapeur chauffé au gaz {fuj. 2), qui a déjà rendu de grands services, grâce
à sa mobilité et à sa parfaite régularité. Lorsqu'une chaudière doit être
maintenue en pression de manière à être prête à fonctionnera chaque instant,
ce qui est le cas des pompes à incendie à vapeur, c'est certainement le moyen
le plus simple d'obtenir le résultat désiré, en supprimant l'ennui de toute
surveillance et la possibilité de toute explosion. »
C. R., i!-8o. 2' Remettre. (T.XCI, N» 2G.) I^I
( io66 \
CHIMIE. — Sur im nouveau dérivé du sulfure d'azote. Note de M. Eue.
Demarç/vy, présentée par M. Cahours.
« Le sulfure d'azote soumis à l'action du chlorure jaune de soufre
(S^CP) fournit différents composés, ainsi que Fordos etGélis l'avaient déjà
vu. Ces composés, dont ils se sont contentés de signaler l'existence, méri-
tent pourtant de fixer l'attention par leurs propriétés remarquables. Je me
propose de décrire ici l'un deux, qui se forme lorsque le chlorure de
soufre est en grand excès ; l'action se passe à chaud et, pour qu'elle s'accom-
plisse bien, le chlorure de soufre doit être étendu de son volume de chloro-
forme.
» Il se sépare bientôt, au sein du liquide, une poudre cristalline jaune
dont la proportion augmente rapidement. En l'absence de chloroforme,
elle se séparerait à l'état amorphe et tellement divisée qu'elle remplirait tout
le liquide et l'épaissirait au point de rendre la réaction pénible à achever,
malgré un énorme excès de chlorure de soufre. On entretient le liquide dans
une douce ébuUition jusqu'à ce que la poudre déposée soit bien exempte
de sulfure d'azote et présente une couleur d'un jaune franc.
» Cette réaction a lieu, du reste, avec dégagement de chaleur. La poudre
jaune formée, filtrée à la trompe et lavée au chloroforme chaud, est séchée
dans un courant d'air sec. Elle forme alors un composé jaune d'or, cris-
tallin au microscope, insoluble ou presque insoluble dans la plupart des
réactifs, excepté pourtant un peu dans le chloroforme et surtout dans le
chlorure de thionyle bouillant; elle s'en sépare à froid en aiguilles cristal-
lines légèrement brunâtres. Ce corps présente la composition
S^Az'Cl
et se forme d'après la réaction
3A2-S--+-S^Cl= = 2S"Az'^Ci.
Il parait résister à la chaleur mieux que le sulfure d'azote, et ne s'altère
que très lentement à l'air humide, et point du tout à l'air sec. Il se dissout
dans l'eau en donnant une liqueur jaune, qui ne tarde pas à se troubler en
laissant déposer une poudre noire, soluble dans l'ammmoniaque, avec une
coloration violette et non encore étudiée jusqu'ici. Les alcalis en faible
proportion hâtent cette décomposition.
( '"S? )
» Le produit jaune se dissout dans l'acide azotique pur concentré, avec
facilité et sans réaction chimique apparente. Cette solution, évaporée dans
le vide, sur de la chaux vive et de l'acide sulfurique, laisse déposer des
lames cristallisées assez volumineuses, d'un jaune citron. Purifiées de leur
eau mère par expression dans du papier buvard, ces cristaux présentent
une composition exprimée par la t'ornmle
S"Az*AzO'.
u Ce produit se comporte avec l'eau comme le corps précédent. Il se dé-
compose spontanément après quelques jours et détone assez vivement quand
on le chauffe dans un tube.
» Le chlorure S" Az'CI traité par l'acide sulfurique concentré dégage de
l'acide chlorhydrique et fournit une solution jaune qui se conserve indé-
finiment. Additionnée de quatre ou cinq fois son volume d'acide acétique
cristalUsable, elle laisse déposer de beaux cristaux aiguillés d'un jaune pâle.
Essorés, lavés à l'acide acétique, comprimés entre des feuilles de papier
buvard et sèches dans le vide sur de la chaux et de l'acide sulfurique, ils
présentent le composition
S'Az'SU'H
Ils sont stables et se conservent indéfiniment à l'abri de l'humidité. L'eau
les décompose comme les deux composés précédents.
» U résulte de ce qui précède que le radical S^Az' est susceptible de
jouer le rôle d'une base, ou si l'on veut d'un radical alcoolique (ce qui n'est,
en définitive, qu'une sorte de base très faible ou même indifférente). Sa
constitution, qu'on est tenté de représenter par la formule
(Az = S)^^S-,
semble le rapprocher des sulfines de M. Cahours, par exemple de la tri-
méthylsulfine
(CH')'esS-.
M La stabilité de ce groupement (S'Az') paraît être cause qu'il se forme
dans quelques autres réactions où l'on serait peu enclin à le voir se produire :
par exemple, dans l'action finale du chlorure de ihionyle sur le sulfure
d'azote; mais cette réaction n'est pas encore assez écluircie pour que je
puisse en parler davantage.
» Je désignerai ces corps par les noms de chlorure, d'azotate et de bisul-
fate de thiolritliiazyle, ce qui revient à désigner, pour la commodité du lan-
( io68 )
gage, le radical SAz par le nom de tliinzyle. La justification de cette appel-
lation me semble ressortir de la nécessité de nommer les dérivés dont il
vient d'être question.
)> Si, au lieu de faire agir à chaud le chlorure de soufre sur le sulfure
d'azote, on laisse la réaction s'opérer à froid, il se produit un autre composé
noir dont je me propose de parler dans une prochaine Note. »
CHIMIE. — Sur un hypopliospliile plalineux. Note de M. R. Engel,
présentée par M. Wurtz.
« Aucun sel de platine des acides du phosphore n'est connu. Les hypo-
phosphites de platine notamment n'ont été décrits ni par M. Wurtz ni
par M. H. Rose dans leurs recherches sur les hypophosphites.
» J'ai obtenu l'iiypophosphite platineux par l'action de l'iiydrogène phos-
phore sur le tétrachlorure de platine. En faisant passer un courant d'hy-
drogène phosphore dans une solution aqueuse de tétrachlorure de pla-
tine, il se forme un précipité jaune, s'altérant facilement en brunissant et
se redissolvant quelquefois partiellement pendant les lavages.
» Les nombreuses analyses que j'ai faites de ce composé m'ont laissé
pendant longtemps dans l'incertitude sur sa composition et m'ont d'abord
fait croire à la formation, dans l'action de l'hydrogène phosphore sur le
tétrachlorure de platine, d'un composé analogue aux bases amnioniées du
platine. Après des lavages prolongés, le composé ne renfermait presque
plus de chlore, et j'ai dû considérer ce métalloïde comme ne faisant pas par-
tie du composé, mais bien d'impuretés qui le souillaient.
» Voici quelques-unes de ces analyses, que je donne pour permettre
d'apprécier la nature des impuretés (probablement chlorure et phos-
phure platineux) :
i. II. III.
Pt 63,5 63,4 62,4
Ph 21,6 21,2 20,8
Cl 2,3 o,g 0,2
O et H ( par différence ). . ia,6 i4,5 16,6
100,0 100,0 100,0
» Si, au lieu de faire passer l'hydrogène phosphore dans une solution
aqueuse de tétrachlorure de platine, on le fait agir sur une dissolution alcoo-
lique (alcool à 90°) additionnée de quelques gouttes d'acide chlorhy-
( 'o% )
(Irique el iiiaiiiteiiiie à o", on obtieiil un piécipilé jaune, bien lioinogène,
qui, après avoir été lavé d'abonl à l'alcool, peut être mis en suspension
clans l'eau bouillante sans s'altérer. Le lavage peut donc être complet. Le
composé ainsi obtenu ne renferme plus trace de chlore. Desséché d'abord
à froid, puis à io3°, il a donné à l'analyse les nombres suivants :
CalciUc
pour liypophosphitc
1. II. platiiieux.
Pi 6i 6o,g 60,4
Ph 19 ig,2 18, y
H et 0 20 19,9 20,7
)) La démonstration serait complète s'il m'avait été possible d'isoler l'a-
cide hypophosphoreux ; mais le platine de ce composé n'est précipité ni à
froid ni à chaud par l'hydrogène sulfuré, et je n'ai trouvé aucun autre
moyen de le sépaier sans oxyder l'acide hypophosphoreux.
» Les propriétés de ce composé sont les suivantes :
» Il est insoluble dans l'eau, l'alcool, les acides chlorhydrique, sulfu-
rique, acétique, etc. ; l'acide azotique et l'eau de chlore le dissolvent en
l'oxydant. Inaltérable à 100°, il se décompose à une température plus
élevée, couime les hypophosphites, avec dégagement d'hydrogène phos-
phore spontanément inflammable. Traité par une dissolution de potasse
concentrée et bouillante, il est décomposé. Du platine se dépose et de
V hydrogène se dégage.
» Les propriétés suivantes sont plus remarquables et confirment plus
encore la conclusion prise :
» Mis en suspension dans l'eau, ce composé réduit déjà à froid, et cela
instantanément, les sels d'argent, d'or, de mercure, de palladium. Le sul-
fate de cuivre lui-même est réduit à froid. Après quatre ou cinq minutes de
contact, la réduction est totale et il ne passe plus trace de cuivre à la fil-
tration. Dans ces réductions, l'hypophosphite platineux se réduit lui-même
au moins partiellement.
» Si, après la réduction du sulfate de cuivre par l'hypophosphite plati-
neux, on recueille le dépôt métallique sur un filtre et qu'on le traite ensuite
par l'acide chlorhydrique, il se dégage une petite quantité d'hydrogène et
du chlorure cuivreux passe en solution dans le liquide filtré. Il y adonc eu
formation d'hydrure cuivreux. D'autre part, le platine lui-même se dissout
en partie dans l'acide chlorhydrique, comme s'ily avait eu formation d'un
hydrure platineux analogue à l'hydrure cuivreux.
( Ï070 )
» De ces expériences on peut conclure aussi que l'hydrogène phos-
phore, en agissant sur les sels des métaux réductibles, passe d'abord à l'état
d'acide hypophosphoreux. Si les sels métalliques sont eux-mêmes réduc-
tibles par cet acide, comme le sublimé corrosif, par exemple, on ne pourra
obtenir l'hypophosphite correspondant; mais, en opérant sur dés sels so-
lubles dans l'alcool et à basse température, il est infiniment probable qu'on
obtiendra ainsi des hypophosphites inconnus jusqu'ici. »
CHIMIE. — Sur lesboroUmgstates de sodium. Note de M. D. Klein,
présentée par M. Wurtz. (Extrait.)
« Dans une Communication précédente (ToraeXCI, page lii6), nous an-
noncions que, en ajoutant un excès d'hydrate borique à une solution bouil-
lante de tungstate de soude, et maintenant l'ébullition un certain temps,
il se formait des polyborates alcalins, au nombre desquels figurait le
borax, et des eaux mères tenant en dissolution un sel très dense.
» En soumettant ces eaux mères à une ou deux concentrations succes-
sives par ébullition et refroidissement, on en sépare encore une certaine
quantité de borates alcalins, et l'on finit par obtenir un liquide d'une den-
sité un peu supérieure à 3 (5o™ pèsent iSi^'). C'est une solution d'un
boroduodécitungstate basique de sodium, qui, si l'on prolonge la concen-
tration par la chaleur, cristallise sous forme de cristaux grenus, qu'il nous
a été impossible de purifier de manière à en obtenir des analyses concor-
dantes. Toutefois, nous pouvons dire que leur composition se rapproche
de celle d'un boroduodécitungstate tétrasodique,
» La composition du sel, desséché à 180°, esta peu prés celle du boro-
duodécitungstate tétrasodique privé d'eau de cristallisation.
» Ce sel est excessivement soluble dans l'eau; sa solution saturée est,
comme nous l'avons dit, d'une densité voisine de 3; aussi un morceau de
verre nage-t-il à la surface.
» Cette solution peut se préparer avec la plus grande facilité et à peu
de frais, l'acide borique et le tungstate de sodium étant des produits com-
merciaux usuels; aussi les minéralogistes pourront-ils s'en servir avanta-
geusement pour les analyses par voie de séparation mécanique des roches
pulvérisées ou des sables.
» M. de Marignaca proposé d'employer dans ce but la solution de silico-
duodécitungstate tétrapotassique, M. Scheibler celle de métatungstate de
( I07' )
sodium; mais ces sels sont certainement moins aisés à préparer que celui
que nous venons de décrire.
» La solution du sel obtenu en traitant le tungstate neutre de sodium
par un excès d'acide borique ne cristallise pas mieux par évaporation dans
le vide que par concentration et refroidissement.
» En évaporant dans le vide sur l'acide sulfurique, on obtient une masse
blanchâtre, à consistance de mastic, très dense, très épaisse, qu'on ne peut
filtrer à la trompe.
» Mais, si à cette solution on ajoute un grand excès d'acide chlorhy-
drique froid, il se forme, au bout de vingt-quatre heures, un abondant
dépôt cristallin. En redissolvant ce dépôt dans l'eau et évaporant dans le
vide, on obtient de grandes quantités d'un sel admirablement cristallisé en
prismes hexagonaux, bipyramidés, doués d'un éclat adamantin
r> Ce sel est le boroduqdécitungstate disodique.
» L'acide chroniique et l'acide iodique paraissent former avec les acides
molybdique et tungstique des combinaisons complexes, véritables acides,
analogues à ceux que forme l'acide borique dont nous décrivons en ce
moment les sels.
» Nous comptons en entreprendre prochainement, sinon l'étude com-
plète, du moins la description et la préparation de quelques sels. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur quelques Jails relatifs à la transformation du chloral
en métacltloral. Noie de M. H. Bvasson, présentée par M. Berthelot.
« On sait que le chloral, conservé en vase clos ou scellé, à la lumière ou
à l'obscurité, se transforme, au bout d'un temps variable, en un corps
insoluble dans l'eau et désigné sous le nom de mctacliloral. Cette trans-
formation s'opère quels que soient le soin apporté à la préparation et à la
purification du chloral liquide, et le nombre des distillations qu'on lui fait
subir.
» Or, un premier fait facile à vérifier est le suivant : le chloral anhydre,
quel que soit le nombre de rectifications qu'on lui fait subir, retient des
traces d'acide sulfurique; mais le chloral anhydre débarrassé de ces traces
d'acide sulfurique se conserve indéfiniment à l'état liquide, soit à la lu-
mière, soit à l'obscurité, ou tout au moins pendant quatre années, époque
à laquelle remontent nos expériences.
» Pour enlever au chloral anhydre les dernières traces d'acide sulfu-
( 1072 )
rique, nous avons pensé à l'agiter avec —-^ de. son poids de barytç caus-
tique, grossièrement pulvérisée : le liquide, décanté et redistillé, a pu se
conserver pendant quatre ;innées, et des échantillons envoyés à l'Exposi-
tion de Philadelphie sont revenus sans avoir subi l'apparence d'une trans-
formation. Frappé de ce fait, nous avons institué les expériences suivantes.
Du chloral anhydre ainsi préparé a été placé dans des tubes scellés, partagés
en trois séries : la première renfermait du chloral anhydre; la deuxième,
du chloral anhydre additionné d'une trace d'acide sulfurique mono-
hydraté; la troisième, du chloral anhydre additionné d'une trace d'acide
chlorhydrique. Dans les mêmes conditions, la première série n'a subi
aucune transformation et le point d'ébuUition est resté le même. La
deuxième série s'est troublée au bout de deux mois environ, à l'exposi-
tion à la lumière; au bout de cinq mois, à l'obscurité. La troisième série
s'est troublée au bout de dix mois seulement à la lumière et après dix-
sept mois à l'obscurité. Au bout de deux ans, le chloral anhydre addi-
tionné d'une trace d'acide sulfurique est, à la lumière, transformé presque
entièrement en mélachloral, et l'eau n'enlève au corps solide formé qu'iuie
très faible quantité de chloral sohible. L'acide chlorhydrique, au con-
traire, ne fait éprouver au chloral anhydre qu'une transformation très
incomplète.
» De ces faits, nous pouvons conclure que la transformation du chloral
anhydre liquide C^HCPO* en son polymère solide métachloral
(C*HCPO'^-C*HCPO=)
est due à l'action d'une trace d'acide sulfurique, et que cette transforma-
lion peut être empêchée, ou longtemps retardée, en le soumettant à l'action
de la baryte caustique.
» Nous pensons que l'action mécanique intrinsèque et moléculaire doit
s'effectuer de la manière suivante : l'acide sulfurique, "en si faible propor-
tion qu'on le suppose mélangé au chloral anhydre, se combine à lui et
produit une molécule douée d'une affinité chimique plus grande; mais
cette combinaison, très instable, se décompose à son tour par l'action d'une
deuxième molécule, pour former une molécule double et plus stable, ou
mélachloral. L'acide sulfurique dégagé se recombine de nouveau, et ainsi
successivement. »
107^ )
ClilMIE ORGANIQUE. — Sur les produits d'oxjdation de l'acide cholalique.
Note de M. P. -T. Clève, présentée par M. Wiirtz.
« Les produits qui se forment par l'action des réactifs oxydants sur
l'acide cholalique ont fait l'objet, pendant ces dernières années, des re-
cherches de plusieurs savants, MM. Latschinoff, Destreni, Tappeiner et
Egger. Les résultats obtenus par ces chimistes sont très divergents. M'étant
occupé en même temps qu'eux du même sujet, j'ai trouvé de mon côté
des résultats assez différents.
» Pour l'oxydation, je me suis servi d'une solution froide et étendue de
permanganate de potassium et d'une solution de cholalate sodique pur.
La réduction du permanganate marche d'abord assez rapidement, jusqu'à
ce qu'on en ait ajouté à peu près le double du poids de l'acide cho-
lalique. Après cela la réaction s'affaiblit. Je l'ai alors interrompue; j'ai
séparé le peroxyde et concentré la solution. En ajoutant de l'acide sulfu-
rique étendu en faible excès, j'ai obtenu un corps amorphe, qui forme
après dessiccation des fragments vitreux et 1res électriques. Dans ce pro-
duit j'ai en vain cherché des acides gras. Il ne se forme pas une trace
d'acide acétique si l'on a employé de l'acide cholalique séché à ioo°. Si
l'on soumet à l'oxydation l'acide cholalique cristallisé dans l'alcool, on
obtient plusieurs centièmes d'acide acétique, ce qui prouve que l'acide
cristallisé contient de l'alcool et que l'acide acétique ne provient pas de
l'acide cholalique proprement dit. Il se forme aussi de l'acide oxalique.
En partant de 23s',3 de l'acide séché, j'ai obtenu 2 1^"" d'acide amorphe
et aS'', 324 de C^H^O", ce qui ne correspond pas à 1™"' pour 1™°' d'acide
cholalique. Il est donc évident que l'acide oxalique ne se forme pas direc-
tement de l'acide cholalique. Le produit amorphecontienten majeure partie
un corps qui, à l'état de pureté, forme de petits cristaux brillants, prismes
rhombiques terminés par des plans dôniatiques. Sa composition est
Qsoj^70Qi- _|_ y^^2Q_ L'eay de cristallisation se dégage aisément à 100°.
Avec des bases diverses, ce corps forme des sels, souvent cristallisables, de
la formule C"H''R-0» et C"H"R^O^ C'est alors une espèce d'anhy-
dride d'un acide tribasique.
» En prolongeant l'action du permanganate on obient des produits so-
lides, qui consistent dans le même corps C*''H"'0*', exempt des impuretés
qui empêchent sa cristallisation. Il se forme, en outre, luie quantité notable
G. R., 1880, 2- Semestre. (T. XCI, N" 2C). I^S
( i"74 )
d'acide oxalique et un acide amorphe, très soluble dans l'eau et dans l'al-
cool. Son sel d'argent a donné, par l'analyse, des nombres correspondant
à la formule C-'H"' Ag^O'°. Néanmoins, je n'ai pas encore assez étudié
cet acide pour mettre sa formule hors de doule. Celle que je donne est,
pour le moment, l'expression d'une seule analyse.
)) En soumettant l'acide cholalique à l'action d'un mélange de dichro-
mate et d'acide sulfurique, j'ai suivi le procédé de M. Egger pour ob-
tenir son acide bilique et celui de M. Tappeiner. Je n'ai pu obtenir l'acide
bilique. Au lieu de cet acide, j'ai obtenu le corps C^''H^''0'' -|- 4H-0 et
un acide en aiguilles minces, que je n'ai pu isoler en état de pureté.
» En répétant les expériences de M. Tappeiner, je n'ai trouvé ni de l'acide
acétique ni les acides gras qui, d'après ce savant, se forment par l'oxy-
dation de l'acide cholalique : je suis donc en mesure de confirmer les ré-
sultats obtenus par M. Rutscheroff. Au lieu de l'acide cholestérique de
M. Tappeiner, j'ai trouvé le corps C'^''H'"'0'''. En effet, les produits prin-
cipaux de l'oxydation consislent dans cet acide et l'acide cholanique, dé-
couvert par M. Tappeiner. Les nombres qu'ont fournis mes analyses s'ac-
cordent assez bien avec ceux obtenus par ce savant; mais j'ai des raisons
pour croire que la formule de l'acide cholanique est C^''H'*0' et qu'il est
tribasique.
» Il résulte de mes recherches que l'acide cholalique contient probable-
ment 25"' de carbone, et que ces atomes forment un enchaînement assez
solide. »
PHYSrOLOGlE PATHOLOGIQUE. — Sur l'excrétion, par l'urine, de soufre incom-
plètement oxydé, dans divers états patliologiques du foie. Note de MM. R.
LÉPiNE et Flavard, présentée par M. Vulpian.
« Ronalds [Philosoph. Transact., 1846), et plus récemment MM. Voit,
Schmiedeberg, Meissner, Sertoli, Rulz, Gscheidien, Lœbisch, Munk, Sal-
kowski, Thudichum, etc., ont insisté sur le fait qu'à l'état physiologique
l'urine de l'homme et de plusieurs animaux renferme divers composés
sulfurés dans lesquels le soufre n'est pas à l'état d'acide sulfurique (');
(') Ces composés n'ont rien tle commun avec les acides siilfoconjugués découverts par
M. Baiimann, dans lesquels le soufre est à l'état d'acide sulfurique combiné au phénol, à la
brenzcatechin ou à l'indigo.
( '075 )
mais personne n'a encore recherché ce qu'il advient de ce soufre incom-
plètement oxydé dans les cas où la sécrétion biliaire est troublée.
» Or, tandis qu'à l'état normal l'acide sulfurique préexistant (c'est-à-dire
à l'état de sulfates et d'acides sulfoconjugués) représente plus de 80 pour
100 de l'acide sulfurique obtenu en évaporant l'urine et en calcinant le
résidu en présence du nitrate de potasse et du carbonate de soude, ou,
en d'autres termes, tandis qu'on ne produit, en oxydant complètement le
soufre contenu dans une urine normale, qu'une quantité d'acide sulfurique
inférieure à -jo pour 100 de l'acide sulfurique total, nous avons pu consta-
ter, dans bon nombre de cas d'ictère, que l'acide sulfurique artificielle-
ment produit figurait pour plus de aS pour 100, et parfois même pour
plus de 4o pour 100 de l'acide sulfurique total, le chiffre de l'acide sulfu-
rique préexistant n'étant d'ailleurs pas abaissé par rapport à celui de
l'azote. Dans plusieurs cas de cirrhose atrophique, nous avons aussi ob-
servé un excès relatif de soufre incomplètement oxydé, mais moindre, en
général. Pour cette raison et d'autres encore, nous pensons qu'un obstacle
à l'écoulement de la bile est une condition fort importante pour la pro-
duction de l'excès eu question. Au contraire, dans les cas où la sécrétion
de la bile est réduite au minimum, son excrétion restant libre, il semble
y avoir diminution, dans l'urine, du soufre non oxydé, et augmentation,
par rapport à l'azote, de l'acide sulfurique préexistant. C'est du moins ce
que nous avons pu voir dans plusieurs cas de foie gras, chez des phthi-
siques. »
OPTIQUE PHYSIOLOGIQUE. — Sur la sensibilité visuelle et ses rapports avec la
sensibilité lumineuse et la sensibilité chromatique. Note de M. A. Charpen-
tier, présentée par M. Vulpian.
« Après avoir déterminé, dans des conditions diverses, l'éclairement mi-
nimum que doit avoir une surface lumineuse pour provoquer une sensation
de lumière dans l'œil, j'ai voulu faire la même étude, non plus sur des sur-
faces d'éclairement uniforme, mais en prenant comme objet des points
lumineux séparés les uns des autres par des intervalles obscurs. J'ai dé-
couvert, dans le cours de ces recherches, un fait remarquable, qui m'a
amené à la distinction d'un nouveau mode de sensibilité, que je propose de
nommer sensibilité visuelle.
» L'œil est placé dans une chambre complètement obscure, vis-à-vis du
( 1076 )
verre dépoli qui forme la paroi antérieure de mon appareil à graduer la
lumière (décrit dans des Notes antérieures). Ce verre dépoli constitue une
surface que l'on peut éclairer uniformément et à des degrés divers à partir
de zéro. Dans l'expérience actuelle, ce verre dépoli est recouvert en totalité
d'un écran en papier noir dans lequel on a seulement percé vis-à-vis de
l'œil trois ou quatre petits trous. Pour prendre un exemple : dans un cas
ces petits trous étaient au nombre de quatre, formant les quatre coins d'un
carré de o^jooi de côté; ces trous avaient un diamètre de 2 dixièmes de
millimètre; l'œil était à une distance de o™,2o; ma myopie était exacte-
ment corrigée, du reste mon œil n'est pas astigmate, de sorte que je voyais
très netteinent et sans la moindre irradiation les quatre points en question
quand on les rendait lumineux,
M Or, si l'on règle l'éclairement de ces points de manière à augmenter
graduellement leur intensité lumineuse à partir de zéro, il arrive que pour
un certain éclaireraent minimum on éprouve une sensation de lumière
plus ou moins diffuse. A ce moment, on n'a aucune notion de l'existence des
quatre points. Ce n'est qu'en augmentant notablement l'éclairement de cet
derniers qu'on arrive à résoudre en ses éléments la nébulosité primitive et
à distinguer les points les uns des autres. Il faut depuis deux ou trois fois
jusqu'à dix-huit et vingt fois plus de lumière pour distinguer les points que
pour avoir la sensation lumineuse primitive. C'est là, comme on voit, un
rapport très variable; mais voici de quelle condition dépend celle varia-
bilité.
» Après avoir fait l'expérience une première fois avec l'œil dans ses con-
ditions ordinaires d'activité, c'est-à-dire adapté à la lumière du jour, on la
renouvelle après avoir maintenu l'œil dans l'obscurité pendant cinq mi-
nutes ou davantage; on constate alors: 1° qu'il faut beaucoup moins de
lumière qu'auparavant pour provoquer la sensation lumineuse primitive ;
2° mais qu il faut toujours la même quantité de lumière que dans la première
expérience pour distinguer les uns des autres les points lumineux. Le rap-
port de cette seconde quantité à la première se trouve donc auguienté. On
voit ainsi qu'il varie suivant l'état d'adaptation de l'œil à la lumière.
» J'ai donné précédemment au premier mode de sensibilité, au plus
simple, le nom de sensibilité lumineuse; le serond pourrait être appelé
sensibilité visuelle. Il correspond à la fonction que l'on nomme acuité visuelle,
par laquelle on a la notion de la forme des objets; seulement il s'exprime
différemment: l'acuité visuelle s'exprime par le plus petit angle sous lequel
on puisse reconnaître comme distincts deux points lumineux; la sensibilité
( '077 )
visuelle s'exprimera par la plus petite quantité de lumière qui devra éclairer
ces deux points pour les rendre distincts l'un de l'autre.
» La sensibilité visuelle et la sensibilité lumineuse pouvant varier isolé-
ment correspondent à deux fonctions distinctes. De plus, la sensibilité vi-
suelle, exigeant pour entrer en jeu plus de lumière que la sensibilité lumi-
neuse, correspond évidemment à une fonction plus complexe; c'est là un
fait analogue à celui que j'ai démontré précédemment pour la production
des sensations de couleur,
» Ces expériences, répétées à plusieurs reprises soit sur mes yeux, soit
sur des yeux emmétropes ou sur des yeux myopes exactement corrigés et
non astigmates, ont donné constamment les résultats ci-dessus exprimés.
» J'ai dû me demander, une fois ces points établis, si la sensibilité vi-
suelle exigeait pour sa production plus de lumière que la sensibilité chro-
matique, ce qui était facile à étudier en éclairant les points avec des
lumières colorées. Or, j'ai pu établir sous ce rapport deux ordres de faits :
1° Si les points sont éclairés par une couleur simple, saturée, la couleur
est perçue avant que les points soient distingués, ou plutôt elle est per-
çue avec moins de lumière.
» 2° Si au contraire la couleur est complexe, mélangée de blanc, le fait
inverse peut se produire, et c'est ce qui a lieu, notamment avec la plupart
des verres colorés que l'on trouve dans le commerce.
» Le premier fait est capital; il nous montre que l'on doit distinguer
dans l'appareil visuel plusieurs modes de sensibilité qui sont, par ordre de
complexité : la sensibilité lumineuse, réaction la plus simple de l'appareil
visuel; la sensibilité chromatique, par laquelle nous percevons les cou-
leurs; la sensibilité visuelle, grâce à laquelle nous distinguons les formes.
» En d'autres termes, la première action de la lumière pénétrant dans
l'œil à dose très minime est de produire dans tous les cas tuie sensation
lumineuse diffuse, non différenciée soit comme couleur, soil comme forme;
pour une dose un peu plus forte on a, s'il y a lien, la notion de couleur; et
ce n'est que par une élaboration encore plus complète, nécessitant encore
plus de lumière, que l'on peut résoudre en ses éléments divers l'objet lumi-
neux présenté à l'œil. «
( 1078 )
OPTIQUE PHYSIOLOGIQUE. — De la distribution de la lumière dans le spectre
solaire [spectre des daltoniens). Note de MM. J. Macé et W. Nicati,
présentée par M. Vulpian.
« Après avoir étudié la distribution de la lumière dans le spectre solaire
et mis en évidence, comme on a pu le voir dans notre précédente Note ('),
les différences notables qui se présentent lorsqu'on compare entre eux des
observateurs dont la vision des couleurs est normale, nous nous sommes
proposé d'étudier au même point de vue, et par les mêmes méthodes, divers
daltoniens.
» Nous avons pu effectuer quatre séries d'observations, plusieurs fois
répétées, chacune, de manière à ne laisser aucun doute sur les résultats
obtenus. Ces résultats sont résumés dans le Tableau ci-dessous (^). (Les
expériences relatives au deuxième observateur sont moins précises que
les autres.)
Rapports.
Longueurs il'onJe " r. 1 • .
", , Daltomens pour le rourjc. .^ , • 1 .
en dix-niilliemes Intensités — ^ ~- Daltonien pour le vert
de millimètre. (spectre normal), i" observateur. 2° observateur. 3° observateur. /|* observateur.
0,681 i5,i 0,0828 0,0800 0,0699 "
o,64i III 0,143 o,3i5 0,184 2,71
o,6i3 252 1 j 0,417 "
0,589 7G8 0,527 0,733 0,573 0,767
o,56g 1000 o,83i » » »
o,55o 954 1,355 1,235 1,367 o,56o
o , 534 5 1 3 « » » ■>
0,520 3i4 ')79S '^ill^ "^1047 o,^5ç)
0,507 '^^ ■' 3,125 2,1 32 0,335
0,497 4'ï>3 3,10 2,5oo i>7oo 0,280
0,476 5,47 " " " 0,507
0,458 1,84 4>8o 2,4oo 0,683 o,65o
0,442 0,521 5,1 3 2,575 » ijioQ
0,428 o,i83 » » » 2,128
(' ) Comptes rendus, séance du 1 1 octobre 1880. — Dans ie Tableau publié à cette époque
s'est glissée une erreur d'impression pour l'intensité perçue par le troisième observateur;
dans la région > = oi',6i3, on doit lire i63 au lieu de 16, 3.
[■) Il est à noter que, dans le Tableau publié le 1 1 octobre, nous avons fait figurer direc-
tement les quantités de lumière perçues dans les diverses régions du spectre par les différents
( '079 )
» De l'examen de ces nombres, il résulte les faits suivants :
» 1° Pour trois des daltoniens examinés, la xthion dit rouqe est exlrnordi-
nairement affaiblie. Dans le jaune la vision est à pen près normale, et enfin,
dans le vert, non seulement le daltonien perçoit bien In lumière, mais il la perçoit
mieux que l'œil normal.
» 2° Pour le quatrième daltonien au contraire, la vision du rouge est plus
vive que pour l'œil normal; le jaune est assez bien perçu, tandis que ta sen-
sation du vert estfortement affaiblie. La vision redevient normale dans le bleu
et le violet.
» 3° Entre divers daltoniens de même nature (ne percevant pas le rouge),
il existe, au point de vue de la vision du bleu et du violet, des différences
notables, analogues à celles que nous avons rencontrées entre différents
yeux normaux.
» Des conclusions importantes découlent de ces faits :
» A. Ils établissent d'une manière certaine l'existence contestée des deux
espèces distinctes de daltonisme : daltonisme pour le rouge avec percep-
tion intacte et même exagérée des rayons verts ( i , 2, 3) et daltonisme pour
le vert avec perception intacte ou exagérée des rayons rouges (4).
» B. Ils battent en brèche la théorie des couleurs de Hering, d'après la-
quelle deux substances photochimiques présideraient : l'une à la percep-
tion du ronge et du vert, l'autre à la perception du jaune et du bien ; l'une
des lumières accouplées agissant par destruction ou désassimilalion, l'autre
exerçant un pouvoir régénérateur ou d'assimilation. Celte théorie ne peut
en effet s'accommoder d'un daltonisme pour l'une seulement des deux
couleurs conjointes, à moins que, par impossible, on n'admette que la sub-
stance photochimique a conservé la faculté d'être régénérée par la lumière
alors qu'elle aurait perdu celle d'être détruite par elle ou inversement;
à moins encore, hypothèse plus plausible, que l'on n'admette que les ter-
observateurs. Pour permettre de mieux juger des différences qui existent entre la vue nor-
male et celle d'un daltonien, nous préférons faire figurer dans le Tableau ci-joint les rap-
ports delà quantité de lumière perçue par le daltonien en une région quelconque du spectre
à la quantité de lumière perçue jjar l'œil normal (premier observateur de la Noie précédente).
Il suffirait par suite, pour obtenir la disiribution de la lumière dans le spectre de l'un quel-
conque des daltoniens étudiés, de multiplier les coefficients qui figurent dans le Tableau par
les intensités perçues par l'œil normal, que l'on a reproduites dans la deuxième colonne ver-
ticale. Ces nombres ont été calculés de telle sorte que la somme des intensités perçues dans
tout le spectre fût la même pour chaque daltonien que pour l'œil normal auquel on les
compare.
( io8o )
minaisons nerveuses périphériques ou centrales (rétine ou cellules céré-
brales) ont pu perdre leur sensibilité à l'un des ordres de phénomènes, tout
en la conservant pour l'autre.
» C. Les faits observés, tant pour la vision des daltoniens que pour la
vision normale, nous semblent par contre s'accommoder fort bien de la
théorie des couleurs de Young-Helmhollz. Sans vouloir affirmer que cette
dernière théorie soit la seule possible, nous ferons remarquer avec
Weinhold (') que la théorie photochimique de la vision des couleurs lui
est directement applicable, si l'on imagine dans la rétine trois substances
photochimiques distinctes, correspondant aux trois couleurs fondamentales
de Young ou plutôt de Maxwrell : rouge, vert, violet, et possédant la pro-
priété reconnue au pourpre rétinien de se régénérer constamment d'elles-
mêmes.
PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — Des réaclions de la zone du cerveau dite
motrice, sur les animaux pai'aljsés par le curare. Note de MM. Coitty et
DE Lacerda, présentée par M. Vulpian.
(( L'un de nous a déjà montré que l'on pouvait réaliser diverses condi-
tions dans lesquelles un animal, ayant perdu tousses mouvements spontanés
ou volontaires, conservait encore les phénomènes regardés comme déuion-
stralifs de l'excitabilité de l'écorce grise du cerveau et de sa subdivision en
centres fonctionnels localisés. En continuant nos expériences sur le curare,
nous nous sommes servis de la propriété qu'a cet agent, de supprimer com-
plètement toutes les manifestations cérébrales, alors qu'il laisse encore
intactes les fonctions des centres nerveux sous-jacents. L'animal curarisé,
comme on le sait, perd d'abord ses mouvements volontaires, plus tard ses
mouvements respiratoires, et plus tard encore les secousses asphyxiques
ou réflexes d'origine médullaire. Nous avons donc étudié, sur neuf chiens
et sur deux singes, l'état de l'excitabilité dite corticale à ces diverses pé-
riodes de la curarisation.
» Au moment où l'animal agité de secousses irrégulières est encore ca-
pable de mouvements volontaires incomplets et mal coordonnés, la zone
motrice nous a paru devenir un peu plus sensible à l'électricité : dans plu-
sieurs cas, l'intensité du courant minimum nécessaire pour produire une
[') ff icdemann's Annalen dcr Physik, II, p. 63i.
( io8t )
contraction a légèrement diminué, et clans deux le nombre des mouve-
ments produits par l'excitation du gyrus a augmenté; de plus ces mouve-
ments paraissaient plus amples, plus brusques, modifiés dans leur forme.
» Après ces premiers phénomènes inconstants, ou difficiles à voir,
si la curarisalion n'est pas graduée, l'animai perd complètement ses mou-
vements volontaires des membres, puis de la face; mais, à ce moment, l'ex-
citabilité de la zone corticale dite motrice reste toujours intacte.
» Cette excitabilité persiste complète ou à peu près, même après l'arrêt
des mouvements respiratoires. Ij'animal ne peut plus mouvoir spontané-
ment aucun de ses muscles, pas même le diaphragme; et cependant il reste
capable d'exécuter tous les mouvements que l'on a attribué à la mise en
fonctionnement de l'écorce grise, et à cette période le nombre de ces mou-
vements peut même être plus grand qu'à l'état normal,
» Mais, à cette période aussi, d'autres mouvements persistent, et l'ex-
citation du nerf scialique ou encore l'asphyxie peuvent déterminer des
secousses réflexes, irrégulières, mais très nettes, des membres et de la face.
De même, dans deux cas de contracture des membres antérieurs, consécu-
tive à une ligature médullaire, nous avons vu ces contractures médullaires,
comme les phénomènes d'excitabilité dite corticale, persister après l'arrêt
de la respiration spontanée.
» Tous ces mouvements d'origine médullaire, mouvements réflexes, se-
cousses asphyxiques ou mouvements par excitation corticale, von t disparaître
à peu près en même temps. L'excitation du sciatique cesse d'abord de pro-
duire aucun réflexe, et à ce moment, le pi us souven t, de légères secousses peu-
vent être encore provoquées soit par le sang asphyxique, excitant direct, soit
par l'électrisation du cerveau. Sur le singe même, il nous a semblé que les
mouvements dits corticaux restaient encore possibles après la fin des
secousses médullaires réflexes ou asphyxiques. A ces périodes ultimes, il y
a, il est vrai, modification de la forme et du siège des mouvements pro-
duits : les contractions sont moins amples, et de plus, pour l'asphyxie
comme pour les électrisations du gyrus, elles occupent surtout ou seule-
ment les lèvres, la face, les paupières et quelquefois les peauciers du corps.
Mais toutes ces particularités des phénomènes s'ajoutent à leur évolution,
pour établir que les mouvements d'origine corticale sont modifiés par le
curare comme les autres mouvements médullaires. Les réflexes croisés pro-
duits par l'électrifalion du cerveau restent donc conductibles à travers les
nerfs ciirarisés, longtemps après l'impossibilité des transmissions fonction-
nelles cérébrales et bullaires. Mais il y a bien réflexe et intervention des
C. p.., 680, 2' Se,;:estre. (T. XCI, N" 20.) ^43
( loSi )
cellules médullaires, car après la cessation de la transmissibilité de ces divers
mouvements, corticaux, réflexes et asphyxiques, les nerfs périphériques ou
les fibres blanches médullaires elles-mêmes sont encore assez excitables,
comme nous l'avons constaté dans diverses expériences.
» De même, à ces périodes, et même après que la moelle elles nerfs ont
perdu leur excitabilité, il reste possible de provoquer des troubles divers
et bien connus du système sympathique par l'électrisation du cerveau.
» Tous les phénomènes produits par l'électrisation de l'écorce grise
dépendent donc non du cerveau, mais de l'état des centres nerveux sous-
jacents; et puisque, sur les animaux curarisés, nous les voyons varier
et disparaître avec les autres manifestations fonctionnelles de ces divers
centres, c'est bien sur ces centres médullaires ou même médullo-sympa-
thiques que vient agir directement l'électrisation du cerveau. »
PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — Sur le passaije des globales rouges dans la
circulation lymphatique. Note de M. Laulaxié, présentée par M. Bouley.
<( On sait, par les recherches de M. Colin, et il est facile de s'assurer
que la lymphe qui s'écoule d'une fistule lymphatique conserve indéfini-
ment sa pureté et ne renferme pas de globules rouges. Ceux qu'on trouve
dans le canal thoracique s'expliquent par des reflux du sang vers le canal
lui-même, dont l'appareil valvulaire à son insertion est plus ou moins im-
parfait. D'autre part, la diapédèse des globules rouges a été constatée
maintes fois, et on en a signalé la présence dans les vaisseaux lympha-
tiques provenant de tissus enflammés ou, dans les cas exceptionnels, dans
des vaisseaux lymphatiques très détachés du derme. Ces faits établissant la
possibilité de l'introduction des globules rouges dans la lymphe, il de-
venait intéressant d'isoler le phénomène de toutes les circonstances in-
connues qui interviennent dans les cas pathologiques et de le réduire, par
l'expérience, à un degré de simplicité qui permît d'en saisir les conditions.
» A cet effet, j'établis sur un cheval une fistule lymphatique sur l'un
des vaisseaux satellites de la carotide. Je pratique du même côté la liga-
ture de la jugulaire compliquée ou non de la section du cordon cervical
du grand sympathique. Cette double opération n'est pas toujours suivie
d'oedème; par contre, il peut se produire après la simple ligature de la
jugulaire. Quoi qu'il en soit, dans tous les cas, que l'opération ait eu
ou non pour résultat la formation d'un œdème, elle entraîne nécessai-
( io83 )
rement le passage des globules ronges dans la circulation lymphatique'. Ce
passage ne suit pas immédiatement l'oblitération veineuse : examinée à in-
tervalles très rapprochés, la lymphe conserve sa pureté jusqu'à la douzième
heure environ. A ce momemt, on compte deux ou trois globules rouges
par champ (oculaire 2 quadrillé, objectif 6 de Verick). Deux heures après,
ce nombre s'est élevé au point de devenir égal à celui des leucocytes (20 à
3o par champ). Par un accroissement irrégulier, il atteint à la quaran-
tième heure environ une valeur moyenne dans laquelle il se maintient avec
des oscillations qui peuvent être très étendues. Le Tableau suivant don-
nera une idée de la marche du phénomène.
Globules rouges
par champ.
Quatorze heures après la ligature, on coinptp 4 ^ 5
Seize » » ao à 3o
Dix-neuf » » 3o à 4°
Vingt >. » 5o à 60
Trente-huit » » ■jo à 80
Quarante-trois > " 100 à 1 10
Soixante » " 70 à 80
Soixante-trois » » 100 à iio
» Ce Tableau ne renferme que les termes principaux de la progression;
j'en ai écarté des chiffres excessifs, qui sont dus vraiseiublablement à des
changements insaisissables delà circulalion lymphatique ou sanguine.
» On peut d'ailleurs produire à volonté des variations considérables
dans le nombre des globules rouges : il suffit pour cela de faire manger
l'animal. L'écoulement de la lymphe devient aussitôt très rapide, et brus-
quement le nombre des hématies s'élève à un chiffre double pour redes-
cendre à sa valeur primitive, dès qu'on fait cesser la mastication. Le
nombre des leucocytes reste invariable.
» L'influence de la mastication s'explique naturellement par la surac-
tivité circulatoire qui en est la conséquence nécessaire, de telle sorte qu'on
pourrait concevoir la possibilité de modifier le passage des globules rouges
dans la lymphe en agissant sur legrand sympathique cervical. Cependant,
la section de ce nerf ne m'a pas paru hâter d'une manière sensible l'accès
des globules rouges. D'autre part, ceux que j'ai trouvés dans la lymphe
après la section du grand sympathique, sans ligature de la jugulaire, étaient
trop rares pour qu'on puisse légitimement attribuer leur présence à la dila-
tation vasculaire. Enfin si, dans certains cas, la galvanisation du grand sym-
pathique a coïncidé très nettement avec une diminution considérable du
( io34 )
nombre des hématies dans la lymphe, ce résultat ne se produit pas avec
une régularité et une constance suffisantes pour autoriser des conclusions.
» En résumé : i° L'oblitération des vaisseaux veineux a pour consé-
quence nécessaire le passage des globules rouges dans les vaisseaux lympha-
tiques correspondants.
M 1° Il s'écoule entre le moment de l'oblitération vasculaire et l'appari-
tion des hématies dans la lymphe un temps assez considérable (douze
heures environ), pendant lequel des communications artificielles s'établis-
sent entre les vaisseaux sanguins et lymphatiques, à moins qu'il n'existe,
comme l'affirme M. Sappey, des voies naturelles qui s'agrandiraient sont
l'influence de la stase sanguine.
» 3° Le nombre des globules rouges s'accroît dès leur apparition, jus-
qu'à la quarantième heure environ, pour osciller autour d'une valeur
moyenne (70 a 80 par champ).
» 4° Les phénomènes physiologiques, comme la mastication, qui sont
accompagnés d'une augmentation de la vitesse et de la pression sanguines
exagèrent notablement le passage des globules rouges et restent sans in-
fluence sur le nombre des globules blancs.
» 5° L'influence du système nerveux sur le phénomène est encore à dé-
terminer. 1)
ANATOMIE GÉNÉRALE. — Sur les gaines interne et externe des poils (stratum
vésiculeux, /or/na<(0/i réticutée, lame kératocjène). Note de M. J. Renaut,
présentée par M. Bouley.
« I. Le bourgeon ectodermique piliformateur est constitué par un
cylindre plein de cellules ectodermiques fœtales, sur la paroi duquel la
couche de cellules cylindriques (ou génératrice) du corps muqueux se
poursuit en formant un revêtement continu. Plus tard le fond du germe
pileux devient le siège d'une différenciation spéciale : les cellules généra-
trices végètent de bas en haut suivant l'axe du germe et forment un cône
qui se kéralinise, du centre à la périphérie, par bandelettes d'abord dis-
tinctes, puis fusionnées plus haut en iin cylindre homogène. C'est à ce
cône, qu'une ligne de cuticulisation [ligne de i épidermicule) sépare net-
tement de la masse ambiante du germe, que convient le nom de couche
piligène (Haarbelt). On aurait une idée de la façon dont est alors constitué
le germe pileux en introduisant, dans ime cloche allongée et renversée,
( io83 )
un entonnoir également renversé; cet entonnoir limiterait la couche pili-
géne, et l'espace intercepté entre sa surface et la paroi de la cloche dessi-
nerait une encoche circulaire que je propose de nommer encoche de la rjatne
externe de la racine du poil.
« A la surfiice de la couche piîigène conique, la kératinisation des cel-
lules placées en série s'effectue d'emblée et par bandes, de sorte qu'à sa
base le cône de corne est pénicillé. L'imprégnation cornée, d'abord gra-
nuleuse, commence par le ciment interépifhélial, puis envahit peu à peu
l'exoplasme cellulaire; mais elle n'est jamais précédée de l'atrophie com-
plète des noyaux, que j'ai toujours pu mettre en évidence, même dans
l'épidermicule. Ce caractère est important et ne se retrouve que dans les
productions cornées non desquamantes (ongles, odontoïdes cornées, dents
cornées des Cyclostomes). Après un certain trajet, les bandelettes de corne
se fondent en un cylindre homogène qui est la racine du poil, tandis que
la portion pénicillée appartient au bulbe.
» II. La paroi de l'encoche de la gaîne externe est revêtue, chez le
fœtus de sept mois, par la couche génératrice dans tout son parcours. En
dedans de cette couche existe un slratum de cellules malpighiennes affec-
tant le caractère foetal. Chez l'adulte, les éléments de ce stratum prennent,
en descendant vers le bulbe, une apparence spéciale. Les cellules, tout en
demeurant dentelées, deviennent vésiculenses; leur noyau reste central,
et lendoplasmequi l'entoure est transparent comme du verre. Les éléments
de ce slmluni vésiculeux sont disposés sur deux ou plusieurs rangées; en
devenant de plus en plus internes, ils sont de plus en plus clairs; fré-
quemment leur noyau s'atrophie par dilatation du nucléole. Enfin la gaîne
externe se termine par une rangée de cellules dont le noyau est complè-
tement atrophié et qui, sur le poil émergé, sont toutes disposées comme
des calottes que l'on aurait empilées. Siu' les coupes parallèles à l'axe du
poil elles se montrent donc comme des croissants superposés et à concavité
supérieure. Cette couche sans noyaux est celle de Henle, que l'on rattache
ordinairement àla gaîne interne; elle est la continuation exacte du stralitm
lucidum, comme la gaîne externe est celle du corps muqueux ; elle finit avec
cette gaîne à la pointe de l'encoche : elle est donc vraisemblablement le
résultat de son évolution propre. La gaine externe ne diffère surtout de
l'ectoderme ordinaire qu'en ce qu'elle est dépourvue de ligne granuleuse,
et le produit de sou évolution, la lame de Henle, est formée de cellules à
noyau atrophié, comme celles de l'épiderme parfait.
» III. A mesure qu'elle s'approche du coin qui termine son encoche, la
( io86 )
gaîne externe se modifie. Le stratum vésiculeux prend son développement
maximum au-dessus du coin; puis, quand la gaîne s'engage dans ce dernier,
il diminue de hauteur comme elle. La lame deHenle s'amincit et meurt de
la même façon. Sur ce point de passage, j'ai décou%'ert dans les poils volu-
mineux, tels que les cils, une formation particulière de la gaine externe,
dont les cellules, devenues vésiculeuses jusque dans la couche des cellules
cylindriques, pressent ces dernières et les compriment dans leurs inter-
valles. Les cellules génératrices s'effilent alors sous forme de traits qui
strient obliquement le stratum vésiculeux ; ainsi allongées et réduites, elles
croissent néanmoins, donnent naissance par bourgeonnement à des élé-
ments cellidaires qui se poursuivent dans les intervalles laissés par les cel-
lules vésiculeuses, dont ils sont toujours séparés par une double ligne de
ciment, et constituent enfin un appareil réticulé intercalaire. Les branches de
ce réseau, formées par les prolongements des cellules ramifiées, dessinent
un filet de mailles qui enveloppent le stratum vésiculeux à sa périphérie
et qui, sur nombre de points, le traversent jusqu'à la couche de Henle.
Aucun prolongement de ce réseau ne perce la limitante vitrée du derme
ni même ne s'engage dans son épaisseur. Il ne s'agit ici ni de cellules fixes
du tissu connectif, ni de ramifications nerveuses, mais d'une modification
des éléments de l'ectoderme, rappelant de loin celle que subissent les cel-
lules du sac adamantin pour former la masse muqueuse de Huxley.
» IV. La couche de Henle limite en dedans la gaine externe au niveau
du coin de l'encoche. Entre cette couche et l'épidermicule existe une lame
cellulaire [manteau rouge d'Unna), que je désignerai sous le nom de man-
teau latéral du bulbe. C'est l'origine de la couche de Huxley, seule véritable
gaine interne ou bulbaire de la racine. Ses cellules sont petites, cubiques,
striées finement dansle sens de leur hauteur, et possèdent toujours un noyau
distinct (caractère commun à tous les dérivés de la couche piligène); im-
plantées d'abord normalement à la surface du bulbe, elles se redressent en
remontant le long du cône pileux, s'aplatissent en écailles minces et s'im-
briquent comme les tuiles d'un toit. Chez le foetus de sept mois elles sont
infiltrées d'une innombrable quantité de grains disposés en série dans les
cannelures de leur striation quand elles sont squamiformes et naissant dans
leur protoplasma quand elles sont cubiques au niveau du manteau. Les
grains sont arrondis, de grosseur variable; l'osmium les laisse incolores;
ils ont la réfringence et les réactions de la corne jeune et granuleuse qui
infiltre les cellules du cône pileux, dont le manteau est séparé par l'épider-
micule. La gaine granuleuse commence au point précis oii débute la kératinisa-
( '087 )
tion de ta couche piligéne; elle entoure le poil comme d'un étui tant qu'il est
encore formé de bandelettes cornées distinctes; dès que la tige du poil est
homogène, relui granuleux s'arrête net. La gaine de Huxley dépasse ce ni-
veau de fort peu en devenant absolument incolore; après quoi elle meurt
en s'effilant.
» Le manteau latéral et la lame de Huxley qui lui fait suite paraissent
donc avoir pour fonction de sécréter la corne granuleuse, reprise ensuite
par le cône pileux et jouant un rôle dans la soudure définitive de ses ban-
delettes cornées, jusque-là distinctes. Aussi je considère ce système comme
caractéristique de la kérutinisalion piliformative et je propose de lui réserver
le nom de lame kératogène de perfectionnement (' ). »
ANATOMlE GÉNÉRALE. — Nouvelles recherches sur les organes du tact.
Note de M. L. Ranvier.
« Dans une première Communication (-), j'ai établi que les nerfs se ter-
minent, dans les corpuscules du tact du bec et de la langue des Palmipèdes,
par des disques situés entre des cellules spéciales, disques tactiles et cellules
du tact. Depuis, j'ai étendu mes recherches à d'autres organes : je vais ex-
poser sommairement les résultats les plus importants auxquels elles m'ont
co 1 la (■■'),
» Dans l'extrémité profonde des bouchons épidermiques du groin du
cochon, il existerait, d'après Merkel, au milieu des cellules épithéliales or-
dinaires, des cellules spéciales dans lesquelles les nerfs du tact viendraient
se terminer. En réalité, ces nerfs, après avoir pénétré dans l'épilhélium,
se divisent, se subdivisent et forment, à la surface des cellules de Merkel,
des ménisques qui paraissent semi-lunaires lorsqu'ils sont vus de profil, sur
des coupes faites perpendiculairement à la surface du tégument, étoiles et
anastomosés par lein-s prolongements lorsqu'on les observe de face. Les
(') Travail du laboratoire d'Anatomie générale de la Faculté de Médecine de Lyon.
(') De la terminaison des nerfs dans les corpuscules du tact [Comptes rendus, 1877,
p. 1020).
(') Je publierai l'historique de cette intéressante question, les méthodes de recherche
que j'ai suivies, les détails de mes observations et les dessins qui les représentent, dans un
Ouvrage actuellement sous presse, et qui contient mes Leçons faites au Collège de France
en 1879-1880. Cette Note ne renferme donc qu'une simple Communication préalable.
( io88 )
ménisques tactiles du groin du cochon ont vraisemblablement la même
signification que les disques tactiles des Palmipèdes.
» La terminaison des nerfs par des ménisques tactiles est encore plus
accusée dans les poils à sinus sanguin, qui forment la moustache de la plu-
part des Mammifères. Chacun des nombreux tubes nerveux qui atteignent
la membrane vitrée, dans la région bien connue, traversent cette mem-
brane, gagnent la gaîne épithéliale externe, où ils se divisent en donnant
plusieurs fibres pâles qui s'écartent les unes des autres. Ces fibres dépassent
la première rangée des cellules de la gaîne externe de la racine, puis elles
décrivent une courbe dont la convexité regarde l'axe du poil, et reviennent
vers la membrane vitrée, à la surface interne de laquelle elles donnent nais-
sance à des ménisques tactiles. Ces ménisques sont très nombreux; ils sont
concaves-convexes. Tous ont la même orientation : leur concavité regarde
en bas. Sur une coupe tangentielle du poil, comprenant la gaine épithéliale
externe de la racine, ils forment un ensemble élégant, qui rappelle une
bande d'oiseaux dans le ciel. Ils sont appendus en grand nombre aux rami-
fications d'un même tube nerveux afférent, et concourent à for.uer avec
elles une arborisation terminale d'une certaine étendue.
» J'arrive aux corpuscules du tact de l'homme. Ces organes ont une
structure si complexe, qu'il est bien difficile d'en apprécier les détails et
même la disposition générale, si l'on se contente de les étudier chez l'adulte
à l'aide des divers procédés employés aujourd'hui dans les recherches histo-
logiques. C'est la raison pour laquelle les uns y voient des fibres nerveuses
enroulées en spirales, d'autres des massues terminales plus ou moins com-
pliquées, analogues aux corpuscules de Pacini; enfin, Merkel croit y avoir
observé des cellules du tact, cellules nerveuses sensorielles terminales.
» Cette question obscure est éclairée d'un jour tout nouveau, si l'on
étend les observations au nouveau-né et aux jeunes enfants. Au moment
de la naissance, les nerfs du tact montent dans certaines papilles de la face
palmaire des doigts et se terminent à leur sommet, immédiatement au-
dessous des cellules de la première rangée du corps muqueux de Malpighi,
en formant une arborisation dont les branches, bien que fort distinctes,
sont plus ou moins tassées les unes sur les autres, comme par une poussée
se faisant de bas en haut. A celte époque, l'arborisation terminale qui
représente le corpuscule du tact embryonnaire n'est mélangée d'aucune
espèce d'éléments cellulaires; mais, au-dessous d'elle, il existe un petit
amas de cellules rondes, claires et bien nettes. En poursuivant ces re-
cherches sur des enfants de divers âges, j'ai pu reconnaître les phases suc-
( 'oSc-, )
cessives de la formation des corpuscules du tact, et j'ai été conduit ainsi à
apprécier plus exactement leur structure. Peu à peu, les cellules, amassées
d'abord au-dessous de l'arborisalion terminale, en gagnent les côtés, l'en-
veloppent et s'insinuent entre ses branches. Bientôt le tout se limite, et il
se forme ainsi un lobe du corpuscule du tact. Quelquefois le corpuscule
reste unilobé; mais, le plus souvent, au premier lobe s'en ajoute un second
et même un troisième. Ces nouveaux lobes se forment successivement et
s'organisent absolument suivant le même mode que le lobe primitif.
» Chez les jeunes enfants, ainsi que Langerhans l'a décrit et figuré, les
fibres nerveuses qui entrent dans la composition des corpuscules du tact
sont séparées par des lits de cellules. J'ajouterai que, dans la suite du dé-
veloppement, ces cellules sont refoulées à la périphérie de cliaque lobe, et
que la plupart d'entre elles subissent une atrophie considérable. Ce dernier
caractère conduirait déjà à penser qu'elles ne sont pas de nature nerveuse,
car les cellules nerveuses, bien loin de s'atrophier pendant la croissance,
augmentent progressivement de volume jusqu'au complet développement.
J'ajouterai que je n'ai jamais vu une fibre nerveuse se continuer avec une
cellule des corpuscules du tact; les branches de l'arborisation, après un
trajet sinueux généralement très compliqué, se terminent librement par
des boutons plus ou moins aplatis.
» D'après les quelques faits qui sont consignés dans cette Note, on verra
que j'ai étendu mes recherches à un certain nombre d'objets, suivant en
cela le conseil que Merkel a bien voulu me donner. En revanche, je l'en-
gage à répéter mes observations, et si, au lieu de s'en tenir aux préparations
à l'acide osmique, il consent à employer la méthode de l'or, selon les indi-
cations que j'ai formulées, il sera nécessairement conduit à abandonner
son ingénieuse hypothèse, ou tout au moins à hn' faire subir de grandes
modifications. »
ZOOLOGIE. — Sur les termituiisons nerveuses sensitives, dans la peau de (luelqiies
Insectes. Mole de M. H. Viallaxes, présentée par M. Alph. Milne
Edwards.
« Tous les histologistes qui se sont jusqu'à ce jour occupés de l'étude
des organes du tact chez les Insectes ont cherché ces organes au voisinage
de poils, soies, etc. Bien que ces formations soient assez répandues chez
les Insectes, il n'en est pas moins certain que, chez ces animaux, tous les
C. R., 1880 2' Semestre. (T. XCI, N» 2G.) ' 44
( 109° )
points du corps sont plus ou moins sensibles, là même où il n'existe ni
poils ni soies.
» Je me suis proposé de déterminer, ce qui ne semble point avoir été tenté
avant moi, le mode de terminaison des nerfs sensitifs dans la peau, là ou
il n'existe aucune formation cuticulaire spéciale.
» Ces recherches, entreprises au laboratoire de M. Milne Edwards,
ont eu pour sujet les larves de Diptères appartenant aux genres Musca et
Eristalis.
» La peau de ces animaux se compose d'une cuticule épaisse, ne présen-
tant point ces canalicules poreux qu'on observe si fréquemment chez
d'autres Insectes. Sous la cuticule se trouve l'hypoderine, formé par une
seule assise de cellules aplaties, généralement hexagonales et disposées en
mosaïque assez régulière. Sous l'hypoderme se trouve une couche plus
profonde formée par une mince membrane conjonctive amorphe, dans
laquelle sont plongés des noyaux rares et arrondis. Entre cette couche
conjonctive et l'hypoderme se trouvent des traînées irrégulières de cellules
anguleuses. Des angles de ces cellules partent des prolongements filiformes
qui vont, par un épatement triangulaire, s'attacher les uns à l'hypoderme,
les autres à la membrane conjonctive. Ces cellules sont pourvues d'un
noyau arrondi ; elles possèdent une membrane ; leur protoplasma ne
pénètre pas dans leurs prolongements. Vers la fin de la vie larvaire, elles
se chargent de globules graisseux. Je ne crois pas que dans les téguments
des Arthropodes on ait, jusqu'à présent, décrit d'éléments analogues à ces
cellules.
» Pour reconnaître le mode de terminaison des nerfs dans la peau ainsi
constituée, il convient d'avoir recours à la méthode suivante. Une enveloppe
dermo-musculaire de Musca ou d'Eristalis ayant été fixée par l'acide os-
mique à j^, on plonge la pièce pendant dix minutes dans l'acide for-
mique à ^; on la laisse ensuite macérer pendant vingt-quatre heures à
l'obscurité dans une solution de chlorure d'or à tttW ; la réduction de l'or
s'opère ensuite à la lumière dans l'acide formique à ■-. Sur une pièce ainsi
préparée et débarrassée de la cuticule, on voit, entre l'hypoderme et la
couche conjonctive, ramper un grand nombre de nerfs, tous dépouillés
de leur gaîne de Henle. Les branches émises par ces nerfs s'anastomosent
fréquemment et se renflent en cellules ganglionnaires. Ces dernières sont
toutes multipolaires; elles affectent une forme étoilée et sont nettement
reconnaissables à leur protoplasma fortement coloré en violet et à leur
noyau arrondi et incolore. Ces cellules mesurent en moyenne o"'"',o4;
elles sont très nombreuses. Leurs prolongements sont ordinairement au
nombre de quatre ou cinq ; on n'en compte jamais moins de trois. Parmi
les prolongements, l'un est plus volumineux que les antres; je le nomme-
rais volontiers prolongement centiipète, car, en le suivant, on ne farde pas
à arriver à un tronc nerveux principal. Les autres prolongements sont de
deux ordres, les uns anastomotiques, les autres terminaux : les premiers
servent à anastomoser entre elles les cellules ganglionnaires voisines; les
autres se ramifient une ou deux fois et semblent se terminer librement, en
s'effilant, sous ou entre les cellules hypodermiques.
» Assez fréquemment, les nerfs les plus gros qui rampent sous l'hypo-
derme présentent sur leur trajet un renflement sphérique; cet aspect est dû
à l'existence à la surface du nerf de cinq saillies disposées comme les côtes
d'un melon et séparées l'une de l'antre par un sillon profond. A l'intérieur
de chacune de ces saillies, nous trouvons une masse protoplasmique fusi-
forme, fortement colorée en violet et présentant un noyau arrondi et inco-
lore. C'est là, comme on voit, une forme très curieuse de ganglion nerveux.
» Mais le fait le plus important qui ressort de cette étude, c'est qu'il
existe, sous l'hypoderme des animaux qui nous occupent, un plexus extrê-
mement riche de cellules ganglionnaires, qui d'une part est uni aux centres
nerveux principaux, d'autre part émet des branches nerveuses terminales
sensitives.
» Pour montrer tout l'intérêt qui s'attache à cette observation, il me
suffira de rappeler que des centres nerveux sous-cutanés diffus, tout à fait
analogues, ont été observés chez les INématodes par M. Bùtschli et par
M. Villot. »
ANATOMIE ANIMALE. — Sur les cylindres sensoriels de l'antenne interne
des Crustacés. Note de M. S. Jourdain, présentée par M. Alph. Milne
Edwards.
« Les Crustacés, à peu d'exceptions près, possèdent une double paire
d'antennes. Sur les antennes de la première paire, dites encore antennes
internes, qui sont innervées par les ganglions cérébroïdes, on a signalé
l'existence de poils particuliers, que les anatomistes allemands paraissent
considérer, sans hésitation, comme des organes d'olfaction.
« J'ai fait une étude spéciale de ces poils ou cylindres olfactifs dans un
grand nombre de Crustacés de nos côtes de la Manche. Ce sont les ré-
l '092 )
sultafs généraux de ces recherches que j'ai l'honneur de soumettre à
l'Académie.
» On peut prendre pour forme typique de ces cylindres sensoriels ceux
que l'on rencontre, sans exception, dans les Podophthalmaires.
» Ce sont des poils cylindriques, d'une longueur variable et d'une gra-
cilité extrême (leur diamètre peut être évalué en moyenne à i5//.), qui sont
implantés sur l'antenne interne de la même façon que les poils tactiles, si
répandus dans les Crustacés. Ils sont revêtus d'une mince couche de chi-
tine, se décomposant en un nombre variable d'articles. Leur extrémité
libre, en forme de cône légèrement tronqué, porte un prolongement hyalin,
que je considère comme ini bâtonnet sensoriel. La gaîne articulée du
cylindre montre nu contenu granuleux qui me paraît être une dépendance
de la couche dermique ou chorion. Il m'a été impossible de suivre le ra-
muscule nerveux qui se rend à la base de chaque cylindre au delà de cette
base elle-même.
» J'ai retrouvé des cylindres sensoriels, ne différant pas essentiellement
du type que je viens de décrire, dans les Crustacés oligognathes que j'ai eu
l'occasion d'examiner.
M La répartition des cylindres à la surface de l'antenne interne présente
des variations assez grandes suivant les groupes.
» Avant d'indiquer leur mode de répartition dans les Podophthalmaires,
il est bon de faire cette remarque générale, que dans les cas où l'antenne
interne est composée de plusieurs branches, une seule porte les cylindres
à bâtonnets. C'est celte branche qui, dans les descriptions, quel que soit
son développement relatif, doit être considérée comme principale.
» Dans les Brachyures, la branche principale de l'antenne interne pré-
sente peu de longueur, et se termine par un grand nombre d'articles très
courts, décroissant rapidement de largeur de la base au sommet de cette
portion terminale. Sur l'un des côtés de cette branche, on voit réguliè-
rement implantées des rangées tranversales de cylindres à bâtonnets,
rangées dont la largeur diminue à mesure qu'on se rap|)roche du sommet
de l'antenne, laquelle, comme les trois ou quatre articles de la base, est
dépourvue de cylindres.
» L'ensemble forme une élégante petite brosse, comprimée, à profil
triangulaire, dont les rangs transversaux de poils peuvent se rapprocher ou
s'éloigner, suivant les mouvements eux-mêmes des articles de la branche
antennaire qui les porte.
» Sur l'animal vivant et plongé dans le liquide, cette petite brosse est
( loo'î )
toujours en mouvement. I^a mobilité des articles basilaires de l'antenne
interne est extrême : aussi la voit-on fendre l'eau, sous les inclinaisons les
plus'variées, d'un mouvement brusque et saccadé. Aussitôt qu'une par-
celle d'une matière propre à l'alimentation se trouve engagée dans la brosse
antennaire, les palpes des pattes-mâclioires de la seconde paire la net-
toient fort dextrement eh la faisant glisser entre elles, puis elles portent le
corps saisi dans les voies digestives.
» L'antenne interne jouit d'une exquise sensibilité : au moindre contact,
elle se replie brusquement et s'abrite dans une dépression de la région
frontale, bien connue des carcinologistes.
)) Dans le groupe de transition qu'on a désigné sous le nom d'^?io-
moiires, on retrouve encore la forme en hachette triangulaire de la brosse
antennaire propre aux Brachyures, mais on voit déjà apparaître la dispo-
sition que nous présente l'immense majorité des Macroures.
» Dans les Macroures, l'antenne interne présente, en général, un allon-
gement très considérable, et n'est plus réfractile dans une cavité frontale.
Sur le Crustacé en vie, les mouvements de cet appendice se montrent
beaucoup plus rares, tout en conservant quelque chose de ce caractère sac-
cadé qui frappe dans les Brachyures.
» La branche principale comprend de nombreux articles dont une
portion seulement, la portion basilaire, porte des cylindres à bâtonnet, gé-
néralement disposés en double rangée sur chaque article. Chaque rangée
ne présente qu'un petit nombre de cylindres.
Chez les Oligognathes, les variations dans le mode de répartition des
cylindres sensoriels sont trop nombreuses pour qu'il soit possible de les in-
diquer ici. D'ordinaire, l'antenne interne ne possède point de mouvements
particuliers, et le nombre des cylindres est peu élevé.
» En résumé, les cylindres à bâtonnets qu'on rencontre d'une manière
si générale sur l'antenne interne des Crustacés podophthal maires et oligo-
gnathes ont le caractère incontestable d'un organe des sens; mais, en se
fondant sur leur structure anatomiqiie, indépendamment de toute expéri-
mentation physiologique, on n'est pas en droit d'affirmer que ces cylinrlres
sont affectés à l'olfaction. »
( I094 )
ZOOLOGIE. — Mollusques marins vivant sur les côtes de l'île Campbel'l.
Note de M. H. Filiiol, présentée par M. Alph. Milne Edwards.
« Durant mon séjour à l'île Camphel'l, je me suis attaché à recueillir,
avec un soin extrême, les différentes espèces de Mollusques vivant sur les
côtes. J'ai pu en obtenir un assez grand nombre, et, comme on le verra
en examinant le catalogue suivant, plusieurs d'entre elles se retrouvent sur
des terres de l'hémisphère austral, tandis que d'autres semblent être par-
ticulières à la petite localité que j'ai visitée.
» Céphalopodes. — Ocloptis maorum (Hutton); Pinnoctopus cordiformis
(Quoy).
» Gastéuopodes. — OnchideUa Campbel'li (spec. nov.). Cette espèce,
assez abondante, mesure o'",oo5 de largeur et o"", 009 de longueur. Le
manteau est couvert de granulations brunâtres, et ses bords sont perforés
parles orifices de vingt-liuit glandes. Les OnchideUa patelloides et iiigricans,
qui vivent dans les mêmes mers, n'en présentent que dix-huit.
» Assiminea antipodum ^spec. nov., diUère de VyissimineaPurcliassi, vivant
en Nouvelle-Zélande, en ce que les tours sur cette dernière espèce sont
moins réduits vers le sommet de la coquille, alors que le dernier n'a qu'un
peu plus du tiers au lieu de la moitié de la hauteur de la coquille.
» Eutliria antarctica (Reeve, Concli. /c, f, 3o).
» Buccinum Campbel'li (spec. nov.). Espèce voisine de la précédente,
mais différant par le manque d'échancrure de la portion supérieure de la
bouche. Cohimelle blanche, ainsi que le pourtour de la bouche. Hauteur,
o'", 029 ; diamètre transverse, o™,oi/i.
» Buccinum Veneris (spec. nov.). Hauteur, o™, o/ji; largeur, o™,020.
Epidémie grisâtre, columelle et pourtour de la bouche de la même cou-
leur. Côtes longitudmales naissant du sommet et devenant de plus en plus
saillantes. Sur le dernier et l'avant-dernier tour, on observe des côtes
transversales coupant les précédentes.
» Polylropa striata ['Mariyn).
» Trochus coracinus (Troschet).
» Margatita rosea (Hutton, Man. of the New-Zealand Mollusca, 1880).
» Haliolis Huttoni (spec. nov.). Espèce voisine de VHaliotis gibba, mais
s'en distinguant par la position moins antérieure de son sommet et par la
présence de côtes très fortes, légèrement ondulées.
( ioç)S )
» Paletla lucluosa [Gou\â). — Pale(lafuegensis[Reeve).
» Patella terroiis, s^ec. nov. — Diamètre atitéro-postérieur 0,028; dia-
mètre transverse, 0,02a; hauteur, 0,007. Vingt-deux à vingt-six côtes
noueuses s'irradiaiit du sommet. Les nodulations constituent des lignes
parallèles au bord libre de la coquille.
)) Palella Cnmpbel'li, spcc. nov. Diamètre antéro-postérieur, o,oo5; dia-
mètre transverse, o,oo5; hauteur, o,oo3. Teinte rosée. Sommet corres-
pondant aux deux cinquièmes antérieurs de la coquille. Test marqué de
6nes radiations.
» Lepidopleurus longicymbus [ùe'S\ai\n\.). — Lepidopleurus circumvallalus
(Reeve).
» Lepidopleurus Campbeiii^ spec. nov. — Longueur, 0,017; largeur,
0,008. Couleur jaune clair, dernière valve plus grande que la première,
couverte de lignes concentriques, granulées. Aires latérales marquées de
lignes concentriques, à concavité supérieure.
)) Tonicia linceolata (Frembly). — Tonicia Giyei, spec. nov. — Très
variable comme coloration. Première et dernière valve lisses sur les in-
dividus âgés, granuleuses sur les jeunes. Valves intermédiaires marquées
de lignes concentriques, parallèles au bord antérieur de l'osselet.
» Plaxifora Campbel'li, spec. nov., voisine du Plaxifora biramosus (Quoy),
s'en différenciant par sa couleur verdàtrc, par sa dernière valve couverte
de lignes saillantes, concentriques, par la présence de paquets de poils
très touffus et non binaires.
)) Lamellibranches. — Tapes inlermedia (Quoy). — Kellta anlipodum,
spec. nov. — Espèce voisine du Kellia cycladiformis, s'en distinguant par la
présence de lignes concentriques très régulières.
» Myt'dus magetlanicus (Lamark). — Mytilus chorus (Molina). — Les
Céphalopodes de Campbel'l se retrouvent en Nouvelle-Zélande. Parmi les
Astéropodes, VEuthria antarclica vit aux îles Auckland et Falkland ; le
Polylropa slrkila e^isle en Nouvelle-Zélande, dans le sud de l'Australie, à
la terre de Kerguelen, aux îles Auckland et Chatham; le Trochus coracinus
vit aux îles Auckland ; le Lepidopleurus longicymbus a été signalé aux îles
Auckland et Pitts, en Nouvelle-Zélande; le Lepidopleurus circumvallalus ha-
bite la Nouvelle-Zélande ; le Tonicia linceolata et le Paltlla juegensis ont été
trouvés au Chili. Parmi les Lamellibranches, \e Tapes interinedia est une
espèce néo-zélandaise et le Mytilus magellanicus vit aux îles Auckhind,
Chatham, Kerguelen, en Nouvelle-Zélande, dans le détroit de Magellan, au
Cap; le Mytilus chorus habite la Nouvelle-Zélande et les iles Auckland. »
( i<->96 )
PALÉONTOLOGIE, — Examen de la Jaime marine des sables supérieurs
de Pieirefitte, près Etampes. Note de M. Staic. Meunier.
a La découverte que j'ai faite eu 1878 d'un riche gisement de coquilles
fossiles dans les sables marins supérieurs des environs d'Étamprs a été
l'objet d'une très courte Note insérée dans les Comptes rendus ('). Depuis
lors je n'ai cessé de réunir des matériaux propres à faire connaître d'une
manière complète la faune de Pierrefilte, et plusieurs excursions fruc-
tueuses me montrèrent bientôt que les chiffres donnés dans ma première
publication sont extrêmement au-dessous de la vérité. Les échantillons
recueillis par M. Lambert, juge suppléant au tribunal d'Étampes, et mis
gracieusement |)ar lui à ma disposition, augmentèrent encore le total. Il
ne s'agit plus aujourd'hui, comme en 1878, de 47 espèces de Mollusques,
mais bien de 122.
» Celle faune comprend 3o espèces nouvelles pour la Science, et
leur description, accompagnée de planches, paraîtra dans la prochaine
livraison des Nouvelles Archives du Muséum (-). Voici les noms que je leur
ai imposés :
1. Jouannettia Freinyi.
2. Sphenia staiiqiinensis.
3. Curbulomya Moileti.
k. Macira angulata.
5. Tellina trigoniila.
6. Venus Lœwyi.
7. Cytherea variabilis,
8. Cytherea dubia.
9. Cardiuin staiiipinense.
10. Diplodonla Bezançoni.
IL Diplodonta Decaisnei.
12. Diplodonta scalaris.
13. Lucina acuminata.
14. Arca stampinensis.
15. Spondylus radiatus.
16. Emarginula conformis.
17. Rissoïna cochliarina.
18. Bulla neglecta.
19. Planoibis inopiniUus.
20. Turlîo Ramesi.
21. Cerithiiim undulosum.
22. Triforis tricarinatiis.
23. Fiisus (ilifenis.
24. Fusils iindatiis.
25. Triton Daubrei.
26. Murex Berti.
27. Mure,\ Cottcaui.
28. Murex rhombicus.
29. Buccinuni .\rclianibauUi.
30. Marginella stampinensis.
M Outre ces 3o espèces nouvelles potir la Science, j'ai trouvé à Pier-
(') T. LXXXIX, p. 611.
(=) 2' série, t. III, p. 233.
{ 1097 )
refitte 6 espèces inconnues jusqu'ici clans le bassin de Paris, quoiqu'elles
aient été découvertes dans d'autres localités tertiaires. Ce sont :
Cylherea subarata (Sandb.). Murex ornatus (Grat.).
Eulima subulata (Risso). Colunibella inornata (Sandb.).
Fusus elongatus (Nyst.). Cypraea subexcisa (Braun).
» Parmi les 86 espèces déjà inscrites dans le Catalogue parisien, on
trouve qu'il y en a :
» 68 signalées au niveau de Jeurre et non à celui d'Ormoy;
» 5 signalées au niveau d'Ormoy et non à celui de Jeurre; ce sont :
Cardita Bazini (Desh.). Cerithinm Lamarckii (Brongn.).
Calyptrœa labellata (Desh.). Murex conspicuus (Braun ).
Turbonilla scalaroides (Desli.).
» i3, enfin, signalées aux deux niveaux.
» Outre les Mollusques dont il vient d'être question, j'ai reconnu à
Pierrefitte un grand nombre de fossiles différents. Je citerai des fragments
indéterminables de Polypiers, peut-être le Nummidiles Bezançoni, des per-
forations dues soit à des Spongiaires, soit à des Gaslrochœna,(}ies ossements
divers de VHalUheniim Gueltardij et plusieurs Poissons parmi lesquels,
d'après les savantes déterminations de M. le D'' Sauvage : Lamna ciispidata
(Agassiz), Gcdeocerdo lalidem (Agassiz), Goleocerdo acanlhodon (Lehon),
un Sparoïde voisin des Sargues.
» M. Lambert a soinnis le gisement de Pierrefitte à une savante étude
stratigraphique qui a définitivement fixé cet horizon intéressant, qu'il dé-
signe sous le nom de $nbles à Corbidomyes, à un niveau immédiatement
inférietu' aux sables lilacés à galets.
« Ils occupent, dit-il, au milieu des sables blancs, dits de Fontainebleau,
» un niveau moyen, sensiblement supérieur à celui de Jeurre et de Mori-
» gny, mais bien moins élevé que celui d'Ormoy. »
GÉOLOGIE. — Sur l'âge du soulèvement du pays de Bray.
Note de M. G. Dollfus, présentée par M. Daubrée.
« Lage à attribuer au soulèvement des couches géologiques dans le
pays de Bray, au nord de Paris, a été jusqu'ici incertain. Les écrivains les
plus récents ont supposé que cet accident avait eu lieu aussitôt après le
dépôt du calcaire de Saint-Ouen. Des recherches nouvelles m'ont démon-
C. R., ii8o, a-Jfmfîfrf.CT. XCI,K»26.) '45
( togS )
tré que ce phénomène s'est prolongé plus tard, à la fin de la période ter-
tiaire parisienne. On avait étudié jusqu'ici spécialement le bombement
des couches crétacées dans le pays de Bray, même en s'arrètant à l'Oise;
c'est en poursuivant le prolongement du pli à l'est de l'Oise, dans la région
tertiaire propre, qu'il a été possible de formuler une nouvelle démon-
stration.
» Si l'on suit la voie ferrée entre Survilliers et Orry-la-ville, on y observe
une voûte immense formée par l'élévation régulière et le plongement rapide
au nord des couches du calcaire grossier. Le sommet du calcaire gros-
sier moyen descend de l'altitude de iM"", qu'il a à la gare de Survilliers,
à celle de Sg*" à la fontaine d'Orry, sur un parcours de moins de 4'""-
» En étudiant la colline de Survilliers, on voit, sous le village même,
à iSy'", le contact des sables moyens et du calcaire de Saint-Ouen, et
en traversant le vallon à l'est, à moins de 800", on rencontre le sommet
de la première masse gypseuse à l'altitude de i3o™. Comme le gypse est ex-
ploité en cet endroit sur 10™ au moins et que le calcaire de Sainl-Ouen a
normalement 13"" de puissance dans la région, c'est une chute des
couches de plus de 3o™ sur un court espace. A 5oo'" plus loin, dans une
carrière profonde, la surface de la première masse n'est plus qu'à 120™,
501140™ d'inclinaison sur i3oo'" de distance.
» Le plongement des couches gypseuses mêmes est observable à Survil-
liers et les marnes supérieures en sont également affectées. On retrouve
sur le versant nord de plongement, de l'autre côté de la dénivellation,
toute la série des couches visibles aux environs immédiats de Paris dans
ses plus minutieux détails. Les sables supérieurs et les meulières ont parti-
cipé à ce mouvement de descente, qui a eu lieu dès lors après leur dépôt,
ç'est-k-dire à la fin de la série tertiaire parisienne.
» La voiite du pays de Bray, dans la région tertiaire, ne donne lieu d'ail-
leurs qu'à un accident très limité en largeur, comme déjà à son extrémité
vers l'Oise. A quelques kilomètres du grand pli que nous avons indiqué,
les strates reprennent leur allure sub-horizontale, et à Plailly déjà les
assises gypseuses (122™), quoique relativement trop basses (le Saint-Ouen
monte à i4o™ à Vémars), ont repris leur position horizontale; bientôt après
même elles recommencent leur mouvement lent d'ascension au nord jus-
qu'à leur point maximum, comme vers Pont-Saint-Maxence.
» La réduction qui s'opère dans l'épaisseur même des formations, quand
on s'avance à l'ouest du bassin, indique le rivage probable de l'oligocène
comme orienté de Saint-Christofle à Montjavoult, c'est-à-dire suivant une
( '099 )
ligne qui coupe celle du soulèvement du Biay, sous un angle de So" qui
permet d'en apprécier rindépendance.
M L'exacte correspondance des couches dans tous leurs détails des deux
côtés de l'accident, le mouvement lui-même visible, la parfaite horizonta-
lité première de tout l'ensemble ôtent toute incertitude sur la postériorité
du mouvement. 11 y a même lieu de croire que ce mouvement, qui est
maximum au centre du pays de Bray et ne s'éteint qu'à la Marne, est in-
dépendant de celui qui a relevé toutes les couches tertiaires au bord du
bassin de Paris et qui lui est même postérieur et plus récent.
)i Ceci nous permet de rapprocher plus étroitement ce grand pli du
nord (le Paris des failles de la vallée de la Seine dans l'Euie, qu'on savait
déjà postérieures aux meulières. Il est possible de montrer également que
le mouvement qui a soulevé l'axe de l'île de Wight est relativement récent,
postérieur à la molasse de Montmartre, tout au moins, sinon synchronique
de celui que nous indiquons aujourd'hui pour le nord de Paris; qu'il n'a
pas été lent et continu comme on l'a cru, mais rapide, et qu'il a terminé
la série des dépôts dans celte région. »
GÉOLOGIE. — Sur les schistes cnslallins du Brésil et les terres rouges qui les
recouvrent. Extrait de Lettres de M. Gouceix à M. Delesse.
« Oiu'o-Prelo, mars et avril 1880.
» D'Eschwege, Claussen, Pissis, et en général les géologues qui ont étu-
dié les roches schisteuses associées aux schistes cristallins de la province
de Minas, au Brésil, les ont généralement considérées comme des talcites
et comme des schistes talqueux et chlorités; mais, d'après les renseigne-
ments que vous m'avez donnés, j'ai pu constater que les roches formées
d'hydrosilicates magnésiens sont une exception dans la province de Minas
et que le talc, en particulier, n'y est guère représenté que dans des gise-
ments peu importants de pierre oilaire.
D Considérons, en effet, les roches schisteuses des environs d'Ouro-
Preto, et spécialement celles dans lesquelles se trouvent les carrières de
topazes. Elles sont douces au loucher, se rayent à l'ongle, donnent en gé-
néral une poudre blanche; leur densité est d'environ 2,7. Elles sont
attaquables par les acides. Calcinées dans le tube, elles dégagent de l'eau:
au chalumeau, elles se fritent au rouge vif; et au rouge blanc elles fondent
( I 100 )
en une scorie. Voici la composition que l'analyse m'a donnée pour Irois
de ces roches.
» A. — Roche schisteuse verchitre, très douce au toucher, recouvrant les schistes qui
coniicnaent les topazes.
» B. — Roche onctueuse et écailleiise, donnant une poudre blanche et provenant du
même gisement.
» C. — Roche fibreuse, dans laquelle il y a fréquemment des cristaux pseudomorphiques
de sesquioxyde de fer affectant la forme d'octaèdres réguliers (martile).
A.
B.
C.
Sesqui-
0.\yde
oxyde
de man-
Ma-
Perte
Silice.
Alumine.
de fer.
ganèse.
gnésie.
Potasse.
Sonde.
au ieu .
Somme.
54,1
27,3
7»7
»
0,8
3,0
3,6
3,8
100,3
6., 4
2-2,7
»
traces
.,3
4,2
1,5
3,4
99.2
47.4
3., 2
6,7
s
2,0
4,5
2,7
5,6
100, T
» On voit que ces roches contiennent très peu de magnésie : par consé-
quent, elles ne sont pas talqueuses; elles ont de la potasse ainsi que de la
soude, et, dans certains échantillons, la proportion des alcalis s'est élevée
jusqu'à 9 pour 100. Ce sont donc des schistes micacés.
» Dans la matière verte de certains quartzites micacés des environs
d'Ouro-Preto, j'ai trouvé deux à trois millièmes de sesquioxyde de chrome.
On sait du reste que c'est dans des roches analogues qu'on trouve la
fuchsite, qui est un mica chromifère.
» Sur beaucoup de points de la province de Minas, il existe des dépôts con-
sidérables d'argile rouge, qui sont immédiatement superposés aux roches
schisteuses et micacées qui viennent d'èlre décrites. Certains observateurs
les ont considérés comme des formations d'alluvions; mais il me paraît
qu'ils résultent de la décomposition surplace des roches sous-jacentes.
» Du reste, cette décomposition a lieu rapidement dans un pays à la fois
aussi chaud et aussi humide que le Brésil, et dans lequel la végétation est
par cela même très puissante. De plus, comme les roches schisteuses
sous-jacentes contiennent en abondance des alcalis, la végétation trouve
facilement, dans les produits de leur décomposition, la potasse qui est né-
cessaire à son développement. La chaux lui fait en général défaut ; aussi
observe-t-on que, dans les parties oii il existe des amas de calcaires cristal-
lins intercalés dans les schistes, la végétation devient encore beaucoup plus
active.
» La composition de ces schistes cristallins explique d'ailleurs l'exis-
tence de nombreux gîtes de salpêtre au Brésil ; en elfet, on en trouve à
( i>oi )
Minas, à Goyaz, à Malto-Grosso. Des grottes à salpêtre sont surtout nom-
breuses dans le bassin du Sào -Francisco, et le salpêtre y imprègne l'argile
rouge résultant de la décomposition des roches micacées. Les terrains nitrés
sont également très développés dans le nord de la province, entre l'Ara-
puahy et la Serra das Esmeraldas, qui doit son nom à des gisements de
tourmalines vertes. Le sol y est couvert d'une argile rouge, imprégnée de
nitrate dépotasse, et présente une fertilité exceptionnelle. Le coton y vient
admirablement ; le maïs donne plus de deux cents grains pour un, et
l'élevage des bestiaux y réussit mieux que partout ailleurs. Saint-Hilaire
avait été frappé, comme moi, de cette fertilité. Le climat est à la fois très
chaud et très humide pendant l'été ; et, le sous-sol fournissant de la potasse,
on comprend que ces conditions soient éminemment favorables à la trans-
formation des matières organiques azotées qui recouvrent le sol en com-
posés oxygénés de l'azote, et en définitive en nitrate de potasse, De plus, il
est probable que cette nitrification tend elle-même à favoriser la décom-
position des roches. En tout cas, la décomposition des schistes micacés et
leur transformation en terres rouges se produit avec une grande facilité sous
le climat du Brésil. »
A 4 heures trois quarts, l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 6 heures. J. B.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
OnVRACES REÇUS DANS LA SEANCE DD l3 DÉCEMBRE 1880.
Revue de Géologie, pour les années 1877 et 1878; par M. Delesse et M. de
Lapparent. t. XVL Paris, F. Savy, 1880; in-8°.
Bulletins et Mémoires de la Société médicale des hôpitaux de Paris; t. XVI,
2* série, année 1879. Paris, Asselin, 1880; in-8° relié.
Société des Sciences médicales de Gannat. Compte rendu des travaux de
l'année 1 879-1880. 34'' année. Paris, Delabaye et Lecrosuier, 1880; in-8°.
Journal du Ciel. Notions populaires d' Astronomie pratique; Astronomie pour
tous; par J. Vinot. 16* année, 1880. Paris, cour de Rohan, 1880; in-8°.
( I I 02 )
Cours de Bolaniqite Jossile, fait au Muséum d'Histoire naturelle; par M. B.
Renault. i"année. Paris, G. Masson, 1881; iii-8°.
Pluies et neiges de l'année météorologique 1 87S-1 879. Observatoire de Lyon.
Station de la Téte-d'Or. Lyon, Association typographique C. Riotor, 1880 ;
br. in-8°.
Observations faites à la station du parc de la Téte-d'Or pendant l'année i8']g.
Lyon, fmpr. A. Storck, 1880; br. in-8".
Étude sur les orages à grêle du département du Rhône {\SiÇ)-iS']8); par
M. Ca. André. Lyon, impr. Pitrat aine, i83o; br. iii-S".
A. IMallet. Réiullats obtenus dans l'emploi des locomotives Compound sur les
chemins de fer secondaires. Paris, 1880; br. in-4'' autograpbiée.
Nouveaux trocarls pour la ponction lifpogaslrique de la vessie; par le D'' De-
NEFFE. Bruxelles, H. Manceaux, 1880; br. iii-8".
Rapport présenté à S. Exe. M. le Ministre de l'Agriculture et du Commerce
pir l' Association syndicale de l'arrondissement de Réziers pour la destruction du
Phylloxéra. Campagne 1879-80. Béziers, impr. Granié et Malinas, 1880;
in-4°.
De la cautérisation dans les affections iutra-lhoniciques, et spécialement du
traitement des épanchements pleuréliques par les cautères potentiels; par /eD'' A.
Martin. Paris, iaipr. F. Malteste, 1880; br. in-8°. (Présenté par M. le baron
Larrey.)
Sénégambie. Géographie et topographie ; par M. BoRius. Paris, G. Masson
et Asselin, 1880; iii-8°. (Extrait du Dictionnaire encyclopédique des Sciences
médicales.) (Présenté par M. le baron Larrey.)
Projet d'organisation du service de santé de la Compagnie du canal interocéa-
nique dePanama; par /eD'L. Companyo. Paris, J.-B. Baillière, 1880; in-8°.
The quarterly Journal ofthe geological Societj ; vol. XXXVI, n° 144. Lon-
doii, 1880; iu-8°.
Ouvrages keçus dans la séance dd 27 pécembre 1880.
Annuaire pour l'an 1881, publié par le Bureau des Longitudes. Paris,
Gauthier-Villars, 1881; in-i8.
Ripport présenté à M. le Minisliede l'Agriculture et du Commerce par l'Aca-
démie de Médecine sur les vaccinations pratiquées en France pendant l'année 1 877
et pendant l'année 1878. Paris, Impr. nationale, 1880; 2 br. in-8°. (Trois
exemplaires.)
Recueil des Travaux du Comité consultatif d'hygiène publique de France et
( ii()3 )
(tes actes officiels de l' administration sanitaire, publié par ordre de M. le Mi-
nistre de l'Agriculture et du Commerce ; t. VII et IX. Paris, J.-B. Baillière,
1879-1880; 2 vol. in-B".
Jnnales des Ponts et Cliamsées. Mémoires et Documents j 1880, novembre.'
Paris, Diinod, 1880; in-8°.
Travaux du Conseil d'hygiène publique et de salubrité du département de la
Gironde pendant l'année 1879; t. XXI. Bordeaux, impr. de Lanefranque,
1880; in-S".
Essai sur l'étendue des terrains tertiaires dans le bassin anglo-parisien et
esquisse des terrains tertiaires de la Normandie; jiar M. G. Dollfus. Paris,
J.-B. Baillière, 1880; in-8°. (Présenté par M. Daubrée.)
Association pour prévenir les accidents de machines, fondée sous les auspices
de la Société industrielle de Mulhouse. Rapport présenté à l'Assemblée générale
du 8 septembre 1880, au nom du Bureau de l'Association; par M, Engel
Dollfus. Mulhouse, impr. V' Bader et C'% 1880; br. in-S",
Notice sur les travaux de Thérapeutique du D'' Ch. Brame. Sans lieu ni date;
opuscule in-S".
Les étoiles et les curiosités du ciel. Supplément à l'Astronomie populaire ; par
C. Flammarion; livr. 21 à 30. Paris, Marpon et Flammarion, 1880; grand
in-S" illustré.
L. Bailly. Note sur l'emploi des grands instruments en lachéométrie. — Des-
cription d'un support métallique de jalon. — Type d'aménagement complet des
eaux d'une rivière non navigable ni flottable. Roubaix, impr. Rosoor et Des-
reumaux, 1880; 3 br. grand in-8°.
Manuel prat'ique de l'art de l'essayeur. Guide pour l'essai des minerais, etc.;
par Balling, traduit de l'allemand par le D'' L. Gautier. Paris, F. Savy,
i88r; in-8°.
Annales de la Société d'émulation dadépartement des Vosges, 1880. Epinal,
V. CoUot, Paris, A, Goin, 1880; in-8".
Recherches physiologiques sur le cœur des Crustacés décapodes ; par F. Pla-
TJîAU. Sans lieu ni date; br. in 8"^. (Extrait des Archives de Biologie de Gand.)
Recherches de morphologie, tératologie et tératogénie végétcdes; par le D"' E.
Heckel. Marseille, typogr. M. Olive, 1881 ; br. in-8°.
Aide-mémoire du voyageur; par D. Kaltbrunner. Zurich, J. Wursler ;
Paris, C. Reinvvald, 1881; in-8° relié.
Bulletin de la Société impériale des natur'alistes de Moscou, publié sous la
rédaction du D'' Renard; année 1880, n" 1. Moscou, A. Lang, 1880; in-8°.
Attidella R. Accademiadei Lincei, nnno CCLXXVIII, 1880-81, série terza ;
( iio4 )
Transunti, vol. V, fasc. I, sedula del 5 dicembre 1880. Roma, Salviucci,
1881; in-A".
Série di Fourier e altre rappresentazioni analitiche délie funzioni di ima varia-
bile reale; per Ulisse Dini. Pisa, tipogr. Nistri, 1880; in-8°. (Présenté par
M. Hermite.)
^tti délia R. Accademia délie Scienze di Jbn'»oy vol. XV, disp. 1-8 (no-
vembre 1879 - giugno 1880). Torino, Paravia e O' 1880; 8 livr. in-S".
Bolleltiiiodeir Ossewatorio délia regia Universilà di Toriiio ; annoXlY {iS'Jq).
Torino, Stamperia Reale, 1880; in-4° oblong.
Fragmenta Siluria e dono Caroli Henrici TFegelin. Opus studio Nicolai Pttri
Àngelin inchoatum jussn et impensis Academiœ regiœ Scienlianim Siiecicœ
edendum ciiravil G. Lindstrom. Holmiff, Samson et Vallin, 1880; in-4°.
Results of astronomical observations made al the Radclijfe observatory, Oxford,
in theyeari8']6, etc.;\o\. XXXVI. Oxford, James Parker, 1880; in-8° relié.
The réfutation of darwinisni and the converse iheory oj développement ; by
T. WAaRE^ O' Neill. Philadelphia, Lippincott, 1880; iii-12 relié.
Bulletin of the United States geological and geograpliicvl Survey ofthe terri-
tories; vol. V, number 4, Washington, government printing Office, 1880 ;
in-B».
On the secular changes in the éléments of the orbit 0/ a satellite revolving
about a tidally distorted planet; by G. -H. Darwin. London, i88o', in-4°.
(From the Philosophical transactions oJ the ivy al Society.)
ERRATA.
(Séance du 8 novembre 1880.)
Page 74^, ligne 24, «« Heu de au nord, Usez au sud.
FIN DU TOME QUATRE-VINGT-ONZIÈME.
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
TABLES ALPHABÉTIQUES.
JUILLET — DÉCEMBRE 1880.
TABLE DES aiATIERES DU TOME XCI.
Pages.
AcousTiODE. — Formes vibratoires des pel-
licules circulaires de liquide sapo-sac-
charique; Notes de M. C. Decliwmc. .
GîS et 6G6
Voir aussi Photophonie, Téléplianes.
AÉnosTATioN. — M. P. DiipiiY adresse une
Note concernanirutilité que présenterait
un établissement spécial, créé par l'État,
pour les études aérostatiques 686
AlRATJiosi'UÉBlQUE. — MM. Morié-Davf Q\,
A. Léi'x adressent une Noie sur les
changements de proportion de l'acide
carbonique de l'air Sg
Des bactéries atmosphériques; Note de
M. P. Miqiie/ 6i
— Ammoniaque de l'air et des eaux; Note de
M. J. Léi'Y 9i
Aldol. — Sur une base oxygénée, dérivée
de l'aldol ; par M. Ad. IFurtz io3o
ALU.MIXE. — Sur une nouvelle modification
isomérique de l'hydrate d'alumine; par
M. X). Toininasi j'i i
Ammoniaque. — Ammoniaque de l'air et des
eaux ; Note de M. Albert Lévy g4
Combinaisons du gaz ammoniac avec le
chlorure et l'iodure de palladium ; par
M. IsKinbcrt 7G8
A.NALYSE m.\tiié.matioi;e. — Sur l'intégration
des équations linéaires, au moyen des
sinus des ordres supérieurs; par M. ït'on
Villarceau 1 3
C. R., 1880, a* Semestre. ^T. XCI.)
\
Pafjef.
— Note sur la théorie des sinus des ordres
supérieurs: par M. Yvnn Fillarreau. . . igS
— Sur la théorie des sinus des ordres supé-
rieurs; par M. /. Fnrkas. aog, 278 et 544
— Sur quelques remarques relatives à
l'équation de Lamé; par M. Escary. . . .
40i 102 et i5a
— Intégration d'un nombre quelconque
d'équations simultanées entre un même
nombre de fonctions de deux variables
indépendantes et leurs dérivées partielles
dupremierordre;parM.Z-.-/^. Tiinjuan. 43
— Nouveaux théorèmes sur l'équation indé-
terminée «.c*-i- 6_r' = z''\\tAr\eP.Pépin 100
— M. Landry adresse une Note sur la décom-
position du nombre 2" -i- i i38
— Réponse à une remarque de M. Sylvester,
concernant les Leçons sur la théorie des
nombres de Dirichlet; par M. R.
Dcdckind 1 54
— - Sur la transformation des équations diffé-
rentielles linéaires; par M. Appvll i\i
— Sur une propriété des fonctions et des
courbes algébriques; par M. E. Picard. 214
— Sur une classe d'équations dilïércntielles
liné'ces. — M. le Directeur
de l'École des Ponts et Chaussées trans-
met à l'Académie le manuscrit d'un Mé-
moi re de Sophie Germain sur les surfaces
élastiques 277
— Présentation parM. Chasles àeion «Exposé
historique concernant le Cours de Ma-
chines dans l'enseignement de l'École
Polytechnique » 4 i9
— Sur la part qui revient à Claude de Jouf-
froy dans l'histoire des applications de
la vapeur ; par M. de Lesseps 460
— M. Chasles présente à l'Académie un tra-
vail de M. Aristide Marre, intitulé
« Deux mathématiciens de l'Oratoire » . 478
— Lettre relative aux droits de Ch. Dallery
à l'invention de l'hélice appliquée à la
navigation à vapeur ; par M"" Cl. Claret. 48 1
— M. le Secre'taire perpétuel ^résenle àl'Aca-
déraie une Notice biographique de H. -A.
Weddell, par M. Bug. Fournier, et en
lit un passage 5iG
— Sur l'inventeur des lunettes binoculaires;
par M. G. Govi 547
— M. le Secrétaire perpétuel signale le
premier Volume des « Œuvres mathéma-
tiques et physiques de G. -G. Stokes». 672
— M. Chasles présente à l'Académie, de la
part de M. le prince Boncompagni :
1° la Table des auteurs cités dans les Bul-
letins de l'année 1879; 2° un extrait de
la « Nouvelle Correspondance mathé-
matique » concernant les Lettres de
Sophie Germain à Gauss 694
Hydrologie. — Sur l'établissement du bar-
rage de la Gileppe (Belgique); Note de
M. de Lesseps 1 5 1
Pages.
— La Loire, le Loiretet les courants souter-
rains du val d'Orléans ; par M. Sainjon . . 242
— M. A. Dumont adresse des documents in-
diquant l'état actuel du projet de canal
d'irrigation dérivé du Rhône 846
Hygiè.ne publique. — Sur l'utilité des qua-
rantaines ; par M. de Lesseps 32
— Sur une altération particulière delà viande
de boucherie; par M. Poincaré 177
— Sur les embryons accompagnant les Cys-
ticerques dans la viande du Porc; par
M. Poincaré 362
— Sur l'emploi de l'azotite d'élhyle pour
assainir les locaux contaminés; par
M. Peyrusson 338
— Sur les odeurs de Paris ; par M. H. Sainte-
Claire Dei-ille Sog
— Sur la pellagre en Italie; Note de M. F(7)e. 592
— M. le Secrétaire perpétuel signale le n° 13
des « Annales de l'Agriculture » publiées
en Italie, numéro consacré à l'étude de
la pellagre G86
— Observations sur le rôle attribué au mais,
employé comme aliment, dans la produc-
tion de la pellagre ; par M. Fua 866
— M. Fua adresse un Mémoire sur les pro-
priétés hygiéniques et économiques du
maïs 1048
— Préparation d'une nouvelle substance ali-
mentaire, la nutricine; par M. Ed. Mo-
nde 736
— Sur un procédé de conservation des
viandes, au moyen de la dextrine; par
M. /. Seure 945
— M. Edm. Lippmann adresse un Mémoire
intitulé « De l'alimentation dans le
22" régiment de dragons » 4' 2
I
LyoïCES DE RÉFRACTION. — SuT Une méthode
d'autocoUimation directe des objectifs;
application à la mesure des indices de
réfraction des verres qui les composent ;
par M. Ad. Martin 21g
— Indices de réfraction des dissolutions
aqueuses d'acide acétique et d'hyposul-
Ëte de soude ; par M. Dtunien 323
Insectes. — Des glandes salivaires chez les
Odonates (Insectes névroptères); par
M. iV. Poletaieii 129
Signification morphologique des appen-
dices servant à la suspension des chrysa-
lides ; par M. /. Kunchcl SgS
Recherches sur l'anatomie comparée du
système nerveux de divers ordres de la
classe des Insectes ; par M. Ed. Brandt . 935
Terminaisons nerveuses sensitives, dans
la peau de quelques Insectes; par M. H.
Viallanes 1089
C. R., 1880, 2» Semestre. (T. XCI.)
147
( ")/, )
L
Pages.
LoxGiTUDES. — Dôterminalionde la différence
de longitude entre Paris et Bonn; par
MM. Le Clerc et de Bcniardicres 3G
— Longitude de la côte du Brésil ; par
M. Mouchez G35
Lunettes. — Étude delà variation de la ligne
de visée, faite au grand cercle méridien
del'Observatoirede Paris, au moyen d'un
Pages,
nouvel appareil ; par M. Lœwy 6
Méthode d'autocollimation directe des
objectifs ; par M. Jd. Martin 21g
Sur l'inventeur des lunettes binoculaires;
par M. G. Gnvi 547
M. A. ^o(n',v.fr adresse une Note relative à
un projet de lunette astronomique, for-
mée de deux parties à angle droit 916
M
Machines diverses. — M. Ménard adresse
un Mémoire relatif à des machines utili-
sant la poussée des liquides comme force
motrice i52
— M. E. Ddaiiricr adresse deux Notes
relatives à sa « machine frigo-calori-
fique « 672 et CSC
Manomètres. — Manomètre à tension de
vapeur pour analyser les liquides et
mesurcrlespressions ; parM.X.Pf/T/cr. 538
Mécanique. — Sur l'équilibre des surfaces
llexibleset inextensibles; parM.iffor«H. 80g
— Sur l'orbite que parcourt un point maté-
riel attiré par un sphéroïde; par M. H.
Gyldèn 9 jj
MÉCANiQiE CÉLESTE. — Sur le mouvement or-
bital probable de quelques systèmes bi-
naires du ciel austral; par M. L. Critls. 485
— Sur les Tables du mouvement de Saturne
de Le Verrier; par M. J. Gaillot 847
— Sur le développement d'une fonction quel-
conque du rayon vecteur dans le mou-
vement elliptique; par M. F. Tissemml. 897
— M. F.-J. Te.inr adresse un Mémoire
sur « la densité de la surface do la Terre
et la masse de la Lune, déterminée
par des mesures des axes terrestres
et du pendule 481
— M. Ch.-V. Zenger adresse une Note sur
la loi générale des mouvements plané-
taires dans le système solaire.. . . 757 et 91C
— M. A. fVerehrusnff diévçiiii un nouveau
Mémoire .'■-ur les inégalités séculaires du
grand axe, dans le mouvement des
planètes 807
MÉDAILLES coMJiÉMORATivES. — Lettre adres-
sée à M. le Président par M. de Qua-
tj-efages, à l'effet d'ouvrir une souscrip-
tion destinée à faire frapper une mé-
daille à l'effigie de M. Mdne Edwards. . 187
— Observations de M. le Secrétaire per-
pétuel à l'appui de la Lettre de M. de
Quatrefages 188
MÉDECINE. — M. Larrey fait hommage à
l'Académie d'un discours prononcé par
lui à la Chambre des Députés, à l'occa-
sion du projet de loi sur l'administration
de l'armée i^2
— Observations de M. de Quatrefages à
propos de la publication des « CEuvres
du D' Guérin » 794
— M. le Ministre de l' Agriculture et du
Commerce adresse les Rapports de l'Aca-
démie de Médecine sur les vaccinations
pratiquées en France eni 877 et en 1878. 1049
Voir aussi Pliysiologie pathologique et Vi-
rulentes ( Maladies ) .
Mercure. — Compressibilité de l'oxygène et
action de ce gaz sur le mercure; par
M. Amagat 812
— Oxydation spontanée du mercure et des
métaux ; par M. Berthelot 871
— M. Maumené adresse une Note sur l'ab-
sorption de l'oxygène par le mercure.. SgS
MÉTÉORITES. — Sur une météorite tombée
le 2C novembre 1874 à Kerilis, commune
de Maël-Pestivien, canton de Callac
(Côtes-du-Nord) ; par M. Dauhrée .... 28
— Sur une météorite tombée le C septembre
1 84 1 dans les vignes de Saint-Christophe-
la-Chartreuse, commune de Roche-Ser-
vières (Vendée); par Af. Dauhrée 3o
— Substances adressées au Muséum comme
des météorites, avec lesquelles on les a
confondues à tort; par M. Daubrée... . 197
— Note relative à un bolide observé à Amiens
le 2 novembre; par M. E. du Treux.. . 77O
Météorologie. — M. H. Mangon présente,
de la part de M. Mascart, un Volume
des « Annales du Bureau central météo-
rologique », contenant les observations
pluviométriques de l'année 1878 i3-
— M. le Secrétaire perpétuel signale le
'( Bulletin météorologique du départe-
( '
Papes,
ment do rULVault, année 1879 » Gdg
— M. le Sccrclnirr perpétuel signale, parmi
les pièces imprimées do la Correspon-
dance, deux nouveaux fasricules des
« Annales du Bureau central météorolo-
gique do France », année 1S70 846
— Sur la distribution des températures dans
les couches inférieures de l'atmosphère;
par M. Ch. André 927
Voir aussi Électricité ntnmsphcriquc et
Physique du f;lo/ic.
,5 )
Paires.
MixÉRALoniE. — Sur la présence do cérium
dans lo bassin Mouiller de Saint-ftticnne ;
par M. Mayencon 6Gr)
— Sur la présence du phosphore dans les
roches de Bretagne; par M. Cy. Le-
chartier 87.0
— M. le ISlinistrc du C/»7/ transmet à l'Aca-
démie diverses publications qui lui sont
adressées par M. Domeyko 465
Voir aussi Gcolosric.
N
Navigation. — M. G. Peyre adresse un
projet de navigation sous-marine i52
— M. L. Pagel adresse un « Mémoire sur la
règle pour éviter les abordages » 654
NÉBCLErsES. — Photographie de la nébu-
leuse d'Orion ; par M. H. Draper 688
— Sur les photographies de nébuleuses; par
M. /. Janssen 7 1 3
Nerveux (Système). — Altération des tubes
nerveux et des nerfs cutanés, dans un
cas d'ichthyose congénitale généralisée ;
par M. H. Letoir i34
— Recherches sur l'anatomie comparée du
système nerveux de divers ordres de la
classe des Insectes ; par M. Ed. Brnndt. gSS
— Nouvelles recherches sur les organes du
tact; par M. L. Ram'ier 1087
— Terminaisons nerveuses sensitives, dans
la peau de quelques Insectes ; par M. H.
Viallanes 1089
— Sur les cylindres sensoriels, dans l'an-
tenne interne des Crustacés; par M. S.
Jourdain 1 09 1
Voir aussi Physiologie animale.
Nickel. — Sur un nouveau procédé pour
produire le nickel malléable et à divers
degrés de dureté; par M. J. Garnier.. 33 1
Nominations de Membres et de Correspon-
dants DE l'Académie. — M. Brioschi
est élu Correspondant pour la Section de
Géométrie, en remplacement de M. Bor-
chardl goS
— M. Ahria est élu Correspondant pour la
Section de Physique, en remplacement
de feu M. Lissajous 960
— M. Sella est élu Correspondant pour la
Section de Minéralogie, en remplacement.
de feu M. Miller 1044
— M. JVarren de la Rue est élu Correspon-
dant pour la Section d'Astronomie, en
remplacement de feu M. Mnc-Lear. .. 1044
O
Optique. — Sur les latnpes monochroma-
tiques ; par M. L. Laurent 112
— Sur une nouvelle expérience destinée à
montrer lo sens de la rotation imprimée
par les corps à la lumière polarisée;
par M. G. Govi 517
— Sur la propagation de la lumière; par
M. Gouy 877
— Sur la vitesse de propagation de la lu-
mière; par M. A. Cornu 1019
Oxygène. — Compressibilité do l'oxygène;
action de ce gaz sur le mercure; par
M. Amngat 812
— Oxydation spontanée du mercure et dos
métaux ; par M. Bertlielot 871
— M. ISlminicné adresse une Note sur l'ab-
sorption de l'oxygène par le mercure... 893
OzoNK. — Recherches sur l'ozone; par
MM. P. Hautefcuillc et /. Chappuis. . . 228
— Recherches sur l'effluve électri([ue; par
MM. P. Hautefeuille et /. Chappuis. . . 281
— Sur la liquéfaction de l'ozone et sur sa
couleur à l'état gazeux ; par MM. P. Hau-
tefeuille et J. Chappuis 522
— Recherches sur la transformation de l'oxy-
gène en ozone par l'effluve électrique,
en présence d'un gaz étranger; par
MM. P. Hautefeuille et /. Chappuis, . 762
— Sur la liquéfaction de l'ozone en présence
(le l'acide carbonique et sur sa couleur
à l'état liquide; par MM. P. Hautefeuille
et/. Cha/ipuis 8i5
— Sur le spectre d'absorption de l'ozone;
par M. /. Chappuis 985
ni6 )
Pages.
Paléo-ethnologie. — Sur le gisement de
silextaillésd'ElHassi ;parM.G.7îo//«nr/. 245
— Sur une nouvelle station de l'âge de la
pierre à Hanaoueh, près de Tyr ( Syrie ) ;
par M. Lortet 897
— Observations de M. de Quatiefages à
propos du Livre de M. le marquis f/eA7/-
daillac, intitulé « Les premiers hommes
et les temps préhistoriques 798
— M. Bubalcn annonce à l'Académie la dé-
couverte d'une grolle préhistorique dans
le département des Landes 893
Paléontologie. — Sur les Échinides des
terrains tertiaires de la Belgique; par
M. G. Cottcau 182
— Découverte de Mammifères nouveau.\ dans
les dépôts de phosphate de chaux du
Quercy (éocène supérieur); par M. H.
Filhol 344
— Sur un Reptile très perfectionné, trouvé
dans le terrain perraien; par M. A.
Gaudry 669
— Sur l'existence d'un Reptile du type
Ophidien dans les couches à Ostrœa
Cotiimba des Charentes ; par M. Sauvage. 67 1
Voir aussi Géologie.
Paratonnerres. — M. le Ministre de la
Guerre transmet les résultats des obser-
vations faites, dans les établissements
militaires, sur le fonctionnement des
paratonnerres frappés par la foudre
de 1868 à 18S0 277
Pendule. — Sur le pendule ; Note de M. Paye. y 5
— Nouvelle méthode pour déterminer la
longueur du pendule simple; par
M. G. Goci 103
Pétroles. — Sur la composition des pétroles
du Caucase ; par MM. P. Schiitzenberger
et N. lonine 828
Pharmacie. — M. Vulpian fait hommage à
l'Académie, au nom de MM. E. Pelikan
et /. Trapp, d'un Ouvrage intitulé
« Pharmacopée russe » i83
Photographie. — Photographie de la nébu-
leuse d'Orion ; par M. H. Draper 688
— Sur les photographies de nébuleuses; par
M. /. Jnnssen 7 1 3
— Note sur les transformations successives
de l'image photographique par la pro-
longation de l'action lumineuse; par
^l. J. Ja/issen 12 et 199
— Sur les moyens d'obtenir des épreuves
photographiques en ballon libre; par
M. P. Desmarets 246
Voir aussi Solcd.
Pages.
PnoTOPHONiE. — Sur les expériences photo-
phoniques de M. Al.-Gr. Bell et de
M. S. Tainter; Notes de M. Ant.
Breguet SgS et 652
— Sur les actions mécaniques de la lumière ;
considérations théoriques pouvant servir
à interpréter les expériences réalisées
par M. Gr. Bell; Note de M. Ch. Gros. 622
— M. E. Delaurier adresse une Note
relative aux propriétés thermo-élec-
triques du sélénium 686
— Sur l'application du photophone à l'étude
des bruits qui ont lieu à la surface
solaire; Note de M. Alex.-Gr. Bell... 726
— M. R. Arnoux adresse une Note relative
aux expériences de photophonie de
M. Gr. Bell 786
— M. E. Delaurier adresse une « Étude
critique sur le photophone de M. Gr.
Bell » 776
— Sur la radiophonie; Notes de M. E.
Mercadier 929 et 982
— M. JF. de Fonvielle transmet une série
d'articles tendant à établir que les phé-
nomènes acoustiques signalés par M. Gr.
Bell sont dus à l'aclion de la chaleur. . ioo3
Physiologie animale. — De l'action de la
strychnine, à très forte dose, sur les
Mammifères; par M. Cli. Richet i3i
— Sur les modifications des mouvements
respiratoires par l'exercice musculaire ;
par M. Marey 145
— De l'absorption et de l'élimination des
poisons chez les Céphalopodes; par
M. E. Yung 238 et 3o6
— De l'influence des milieux alcalins ou acides
sur les Céphalopodes; par M. E. Yung. 439
— Vitesse de transmission de l'excitation
motrice dans les nerfs du Homard ; par
MM. L. Frédéricq et G. Vandevelde . . 289
— Études sur la marche de l'homme; par
M. Marey 261
— Sur la source du travail musculaire et sur
les prétendues combustions respira-
toires; par M. A. Sanson 336
— Sur les inconvénients que présente, au
point de vue des réactionsphysiologiques,
dans les cas d'empoisonnement par la
morphine, la substitution de l'aleool
amylique à l'éther, dans le procédé de
Stas ; par MM. G. Bergcron etX. L 'Hôte. Sgo
— Sur l'expérience du grand sympathique
cervical; par MM. Dastre et Morat. . . 398
— Caractères distinctifs de la pulsation du
cœur, suivant qu'on explore le ventri-
( M
Pages.
cule droit ou le ventricule gauche ; par
M. Marey 4t>5
— De l'influence des lumières colorées sur
le développement des animaux; par
M. E. J'i/ng 44°
— Surles nerfs vaso-dilatateurs des parois de
la bouche; par MM. Daslrc et Mnrat. . 44'
— D'un mode particulier d'asphyxie dans
l'empoisonnement par la strychnine; par
M. C/i. Ricliet 443
— Sur la difficulté d'absorption et les efl'ets
locaux du venin du Botlirops jararaca ;
par MM. Coiity et de Lacerda 549
— Sur l'action physiologique du Conium
ninctiliHuni ; par M. Bochefontniiie . . . . 579
— Recherches expérimentales sur la chaleur
de l'homme pendant le mouvement; par
M. L.-A. Bonnal 798
— De l'onde secondaire du muscle; par
M. Ch. Richet 8a8
— Mesure de la dose toxique d'oxyde de
carbone chez divers animaux; par
M. GréhaiU 858
— Des effets de l'arrachement de la partie
intra-cranienne du nerf glosso-pharyn-
gien ; par M. T'idpian i o3a
— Des réactions de la zone du cerveau dite
motrice^ sur les animaux paralysés par
le curare ; par MM. Coatyeide Lacerda. 1080
— Sur le passage des globules rouges dans
la circulation lymphatique; par M. Lan-
lanié 1082
— M. M. Robin adresse une Note relative à
la théorie de la nutrition animale 736
— M. J. Btirl/ié/emy adresse une Note rela-
tive à la fécondation dans les oiseaux de
basse-cour 7^7
— M. L. Nnlanson adresse une Note relative
à la théorie du sommeil 4/8
— M. /. Girard adresse une Note intitulée
« Des causes des pulsations du cœur et
des artères » 557
— M. S. Rosolimos adresse une Note
intitulée « L'occlusion des orifices auri-
culo-ventriculaires; expériences et cri-
tique » 63i
Physiologie pathologique. — Sur l'excré-
tion, par l'urine, de soufre incomplète-
ment oxydé, dans divers étals patholo-
giques du foie; par MM. R. Lépine et
Flamrd 1074
— M. Mourgiie adresse une Note « Sur le
rôle de la phlogose névrasculaire pneu-
mogastriquedanslesmaladiesdu cœur». 412
Voir aussi Firulenlcs (Maladies).
PnvsiOLOGiE VÉGÉTALE. — Époques de végé-
tation, pour un même arbre, en 1879 et
1 880 ; par M. P. Duchartrc 22
'7 )
Pages.
— M. M. Zicglcr adresse une Note intitulée
« Observations faites sur la floraison du
seigle, provoquées par le contact de cer-
taines substances » 68
— Alternance des générations chez quelques
Urédinées ; par M. Max. Cornu 98
— De l'action des températures élevées et
humides et de quelques substances chi-
miques sur la germination; par M. E.
Hcchel 1 29
— Influence de la lumière sur la transpira-
tion des plantes; par M. H. Cornes... 335
— Du pilosisme déformant, dans quelques vé-
gétaux; par M. Ed. Heckel 349
— De l'influence de la lumière sur la germi-
nation; par M. ^. Pâlichon... 692 et 864
— M. A. Barthélémy adresse une Note re-
lative aux particularités offertes par la
végétation des jacinthes, lorsque la
plante est entièrement immergée dans
l'eau 736
Physique dc globe. — MM. Marié-Bavy
et Albert Lévy adressent une Note por-
tant pour titre « Des variations du
temps et des changements de propor-
tion de l'acide carbonique de l'air «... 39
— Sur les causes du magnétisme terrestre;
par M. S. Lemstrom 223
— M. B. Nappée adresse une Note sur les
pressions et les densités de l'air dans
l'a tmosphère , à diverses hauteurs 448
— Tremblement de terre de Symrne, du
29 juillet 1880; par M. Carpentin. . . . 601
— Sur les orages volcaniques; Note de
M. Paye 708
Voir aussi Électricité atmosphérique et
Météorologie.
Physique mathématique. — Méthode syn-
thétique rapide, pour établir les formules
fondamentales relatives auxchangements
d'état; par M. C. Viry 106
— Sur la propagation de la lumière; Note de
M. Gouy 877
— Surla vitesse de propagation de la lumière ;
Note de M. A. Corna 1019
Physique moléculaire. — Sur la constitu-
tion de la matière et l'état ultra-ga-
zeux ; Note de M. Crookes 108
Piles électriques. — Note relative à une
pile électrique à pression; par M. A. -P.
Znzareff 277
— Recherches sur les piles; par M. A. d'Ar-
som'al 284
— Sur un perfectionnement apporté à la pile
Bunsen par M. Azapis ; Note de M. Du-
cietet 325
— M. Ch. Giiérin adresse une Note sur un
procédé pour faire varier la tension des
( "
Pages.
piles 448 et 478
— M. le Président communique à l'Académie
l'état dans lequel se trouve actuellement
la pile auclilorure d'argent de M. AVar-
ren de la Rue SgS et 652
— M. .9. Clemenceau adresse une Note rela-
tive à une pile électrique 1048
Planètes. — Observations méridiennes des
petites planètes, faites à l'Observatoire
de Greenwich ( transmises par l'astro-
nome royal, M. G.-B. Airy) et à l'Ob-
servatoire de Paris pendant le deuxième
trimestre de l'année 1880; communi-
quées par M. Mouchez 402
— Planète 6n), découverte par M. Coggia,
à l'Observatoire de Marseille, le 3o août
1 880 ; Note de M. Stephan 4 Sg
— Observations de la nouvelle planète Cog-
gia @, faites à l'Observatoire de Paris;
par M. Bignunlan 5 1 6
— Observations de planètes et de comètes,
.8)
Pages.
faites à l'Observatoire de Marseille ; Note
de M. Stephan ,117
— Éléments do l'orbite de la nouvelle pla-
nète (J), découverte par M. Coggia;
par M . O. Callandreau 717
— Observations méridiennes des petites pla-
nètes, faites à l'Observatoire de Green-
wich (transmises par l'astronome royal,
M. G.-B. Airy ) et à l'Observatoire de
Paris pendant le troisième trimestre de
l'année 1880; communiquées par M. /l/oî<-
chez 833
— Observations de la planète d 1 880 ( Hart-
wig) , faites à l'Observatoire de Paris;
par M. G. Bignurdan 917
— Détermination de la durée de la rotation
de la planète Jupiter ; par M. C/v/A. .. 1049
Platine. — Sur la dissolution du platine
dans l'acide sulfurique ; par M.Schcii/vr-
Kestncr Sg
— Sur un hypophosphiteplatineux ;parM./?.
Engel 1 068
SÉLÉNIUM. — Application du sélénium à la
construction d'un régulateur photo-élec-
trique de la chaleur pour la cuisson des
vitraux peints; par M. P. Germain... 688
— M. Delaurier adresse une Note relative
aux propriétés thermo-électriques du
sélénium C86
— Sur une nouvelle propriété électrique du
sélénium ; par M. R. Blondlot 882
Voir aussi Phntophonie.
Sels. — Sur les propriétés optiques des mé-
langes de sels isomorphes; par M. H.
Dufet 286
— Influence de la tem.pératuro sur la distri-
bution des sels dans leurs dissolutions;
par M. Ch. Sorct 289
— Sur la décomposition des sels par les li-
quides ; par M. A. Ditte 676
— Sur le rôle du temps dans la formation des
sels ; par M. Berthelot 587
Soleil. — Sur la photographie de la chro-
mosphère ; par M. Jansscn 12
— Sur la cause des spectres fugitifs observés
par M. Trouvelot sur le limbe solaire;
Note du P. Tacchini 1 56
— Résultats des observations de taches et fa-
cules solaires pendant les deux premiers
trimestres de 1880; par le P. TocrA;/;/. 3i6
■^ Observations des protubérances, des fa-
cules et des taches solaires pondant le
premier semestre do l'année 1880; par
le P. Tacchini 466
— Observation d'une protubérance solaire,
le 3o août 18S0; par M. L. Thollon.., 43a
— Sur quelques phénomènes solaires ob-
servés à Nice; par M. L. Thollun 487
— Observations solaires, faites à l'Observa-
toire royal du Collège romain, pendant
le troisième trimestre de 1880; par le
P. Taccldni io53
Voir aussi Spectroscnpie.
Solennités scientifiques. — M. le Maire de
Clermont-Fcnand invite l'Académie à
se faire représenter à l'inauguration de
la statue de Biaise Pascal. M. Cornu ac-
cepte la mission de la représenter i53
— La Société helvétique des Sciences natu-
relles adresse le programme des réunions
qu'elle doit tenir à Brigue (Valais) 278
— M. le Maire de Biais annonce à l'Acadé-
mie que l'inauguration de la statue éle-
vée à Denis Papin dans cette ville aura
lieu le 29 août 364
— M. le J'/-CA7V/c«; annonce à l'Académie que
M. de Lesseps a accepté la mission de la
représenter à l'inauguration de la sta-
tue de Denis Papin 4oi
— I\I. de Lesseps rend compte à l'Académie
de celte cérémonie et donne lecture
du discours qu'il a prononcé au nom de
l'Académie 428
— M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi
les pièces imprimées de la Correspon-
dance, les discours prononcés à l'inau-
( il
P.IffOS.
guration de la statue de Biaise Pascal à
Clermon t-Fcrrand , le samedi 4 septembre
1880, par MM. Mézières, Cornu, Paul
Janet 516
— M. le Sccrctnire perpélitrl signale à l'Aca-
démielasouscription ouverte pour l'érec-
tion d'un monument à la mémoire de
Spallanzani dans sa ville natale CSG
Spectroscopie. — Observation faite sur un
groupe de raies dans le spectre solaire;
par M. X. Thollon 368
— Mesure de l'intensité de quelques raies
obscuresduspectre solaire ;parM.Go«/. 383
— Etude sur les raies telluriques du spectre
solaire ; par M. L. Thullon Sac
— Étude de la distribution de la lumière dans
le spectre solaire; par MM. /. Macé el
fP'. Nicati 623 et 1078
— Études spectroscopiques faites sur le So-
leil , à l'Observatoire de Paris ; par M. L.
Thollon 656
— Réaction spectrale du chlore et du brome ;
par M. Lecoq de Boishaudran 902
— Spectre d'absorption de l'ozone ; par M. J .
Chappuis 895
Voir aussi Chimie et Soleil.
-9)
Pajos.
SpinîROMiiTRE. — Sur l'emploi du spliéro-
mètre; Note de M. Ad. Martin 221
Statistique. — M. C. Mahcr adresse un
Mémoire intitulé « Statistique médicale
de Rochofort en 1 879 » , 39
— M. E. Clément adresse des Tables de l'étal
civil de Valenciennes et plusieurs Ta-
bleaux généalogiques 541
— M. le Secrétaire perpétuel signale l'Album
de Statistique graphique, publié par le
Ministère des Travaux publics 572
Strychnine. — Sur les dérivés chlorés de la
strychnine ; par MM. Ch. Richet et G.
Bouchardat ggo
Voir aussi Physiologie animale.
Sucres.— M. H. Pellet adresse une Note sur
le dosage du sucre cristallisable, en pré-
sence du glucose et de la dextrine 3o8
— Sur l'acide obtenu par M. Boutroux dans
la fermentation du glucose ; par M. Mau-
menc'. 33l
— Sur les matières sucrées contenues dans
le fruit du caféier ; par M. Boussingault . GSg
— Sur la cause de l'altération spontanée des
sucres bruts de canne ; par M. U. Gayon. ggS
Voir aussi Fermentations.
TÉLÉGRAPHIE. — SuT la radiophonie; par
M. E. Mercadier 92g
— Sur des méthodes nouvelles et économiques
de produire des signaux lumineux inter-
mittents ; par M. E. Mercadier 982
— Sur une nouvelle méthode de produire
des signaux lumineux intermittents; par
M. A. Crova 1061
TÉLÉPHONES. — Effets téléphoniques résul-
tant du choc des corps magnétiques; par
M. Ader 1 1 3
TuERMOcnniiE. — Sur quelques relations gé-
nérales entre la masse chimique des élé-
ments et la chaleur de formation de leurs
combinaisons; par M. Bcrthelot 17
— Étude thermique des polysulfures d'ammo-
nium et du persulfure d'hydrogène ; par
M. P. Sabatier 5i
— Sur la chaleur de formation de l'acide
cyanbydrique et des cyanures ; par
M. Bcrthelot ' 79
— Recherches sur les alcalis organiques ; par
M. Berthclot i3g
— Appareils pour mesurer la chaleur de
combustion des gaz par détonation ; par
M. Berthclot 188
— Sur la dissolution du chlore dans l'eau;
par M. Berthclot igi
Sur la préparation du chlore; par M. Ber-
thclot 25 1
Sur les chaleurs de combustion; par
M. Berthclot 256
Recherches sur les chaleurs de combustion
de quelques corps de la série grasse ; par
M. fV. Louguinine 2g7 et 32g
Recherches sur les sels basiques et sur
l'atakamite; par M. Berthclot 450
Contributions à l'histoire des éthers; par
M. Berthclot 454
Sur la chaleur de formation des éthers
formés par les bydracides; par M. Ber- '
thelot 701
Chaleur de formation du sulfure de car-
bone; par M. Berthclot 707
Sur la chaleur de formation du diméthyle,
et sur ses relations avec les séries méthy-
lique et éthylique; par M. Berthclot. . , yZy
Recherches sur l'isomérie : la benzine et
le dipropargyle ; par MM. Berthclot et
Ogier 781
Sur les températures d'inflammation des
mélanges gazeux; par MM. Mallard et
Le Châtelier 825
Sur les chlorhydrates de chlorures métal-
liques et sur la réduction des chlorures
par l'hydrogène; par M. Berthclot 1024
( II
Pages.
Thermométrie. — Sur un nouveau thermo-
mètre à air; par M. A. Witz i64
— Sur l'élévation du point zéro dans les
thermomètres à mercure; par M. J.-M.
Crafls 29 1
— Sur la cause des variations des points fixes
dans les thermomètres; par M. J.-M.
Crafts 370
— Sur les variations du coefficient de dilata-
tion du verre; par M. J.-M. Crafts 4i3
— Sur les variations des points fixes dans
les thermomètres à mercure et sur le
moyen d'en tenir compte dans l'éva-
luation des températures; par M. J.Per-
net 471
— Sur quelques questions thermométriques ;
par M. J.-M. Crafts 674
Tourbes. — Analyse immédiate des tourbes;
ao )
Pages.
leur constitution chimique ; par M. Gui-
gnet 888
Travaux publics. — M. Mangot adresse un
projet de construction de deux tunnels
entre la France et l'Angleterre 4î»4
— Sur la machine à tunnels de Brunton ; par
M. Biver 5a5
— Sur l'emploi des machines perforatrices,
supprimant l'emploi des matières explo-
sive»; par M. Biver 8S0
— M. le Secrétaire perpétuel signale un
Volume portant pour titre : « Exposition
universelle de 1880, à Melbourne. —
France. — Notices sur les modèles, des-
sins et Ouvrages relatifs aux Services des
Ponts et Chaussées, des Mines, etc.. 807
Voir aussi Hydrologie.
u
Uranium et ses composés. — Sur les composés
fluorés de l'uranium; par M. A. Ditte.. ii5
— Sur quelques combinaisons fluorées do
l'uranium avec les métaux alcalins ; par
M. J. Ditte 166
Vapeurs. — Sur la densi té de la vapeur d'iode ;
par M. L. Troost 54
— Observations sur la densité de vapeur de
l'iode; par M. Bert/ielot 77
— Des densités de vapeur du sélénium et du
tellure ; par MM. H. Sainte-Claire Deville
et Troost 83
— Réclamation de priorité, au sujet de la loi
des températures d'ébullition corres-
pondantes; par M. U. Duhring 980
— Régulateur de pression pour les vapeurs;
par M. (VArsonfal io63
— M. Ch. Brame adresse un Mémoire « Sur
les vapeurs de mercure, d'iode et de
soufre, à la température ordinaire »... 4^2
— Nouvelles expériences relatives à l'état
sphéroïdal ; par M. P. -H. Boutigny 208
Ventilation. — M. Krarup~Hansen adresse
une Note relative à une formule de ven-
tilation 68
VÉNUS (Passages de). — M. Ch. Trépied
se met à la disposition de l'Académie
pour l'observation du prochain passage
de Vénus 100
— M. A. Boriiis exprime le désir de faire
partie de la prochaine expédition pour
le passage de Vénus 1 53
— M. Gruey se met à la disposition de l'Aca-
démie pour l'observation du passage de
Vénus en 1882 655
— M. PerroCin, M. f^. fVinter se mettent à la
disposition de l'Académie pour l'obser-
vation du prochain passage de Vénus. . 758
— M. F. Le Clerc se met à la disposition de
l'Académie pour l'observation du pro-
chain passage de Vénus 965
— M. le Secrétaire perpétuel annonce que
la 11° Partie du Tome II du « Recueil des
Mémoires, Rapports et documents rela-
tifs à l'observation du passage de Vénus »
est en distribution au Secrétariat 1049
— M. L. /"('carf/ exprime le désir d'être com-
pris parmi les officiers de marine dési-
gnés pour faire partie des expéditions
destinées à l'observation du passage de
Vénus 1049
Verres. — Sur les variations du coefficient
de dilatation du verre ; par M. J.-M.
Crafts 4i3
— Application du sélénium à la construction
d'un régulateur pour la cuisson des vi-
traux ; par M. P. Germain 688
— Sur quelques modifications subies par le
verre; par M. /. Salleron 690
Virulentes (Maladies). — Nature de l'im-
munité des moutons algériens contre le
(
I I n I
)
I*a(^o5.
1(8
'79
3oi
sang de nilo. Est-co luio iiplitude de
race? par M. ,/. C/uiinvau 33
— Des bactéries alirios|iliériques; Note de
M. P. Mùjii,/ G4
— Surrétiologio du charbon ■,Note(ieM.A?f-
ter/r, en collaboration avec MM. Cliam-
hcrland et Rou.r SG
— De l'immunité pour le charbon, acquise à
la suite d'inoculations préventives; par
M. H. Toussaint. . i "ÎS
— Du renforcement de l'immunité des mou-
tons algériens, à l'égard du sang de raie,
par les inoculations prévenlives. In-
fluence do l'inoculation de la mère sur
la réceptivité du fœtus ; par M. A. Cliaa-
veaii
— Sur la production du charbon par les
pâturages ; par M. Poincaré
— Identité de la sejiticémie expérimentale
aiguë et du choléra des poules; par
M . H. Toussaint
— Note contenue dans un pli cacheté, et re-
lative à un procédé pour la vaccination
du mouton et du jeune chien; par
M. Toussaint 3o3
— Expériences tendant à démontrer que les
poules vaccinées pour le choléra sont
réfractaires au charbon ; par M. Pasteur. 3i5
— Sur l'éliolûgie des affections charbon-
neuses; par M. Pasteur 455
Observations de M. ^o«fer, relatives à la
Communication précédente de M. Pas-
teur 45;
— Inoculation de la morve au lapin ; destruc-
lion del'activilé virulente morveuse par
la dessiccation ; transmission de la morve
par l'inoculation de la salive; Note do
M. Gallier 4^5
— Observations de M. Larrey, relatives à la
Communication précédente de M. Galtier. 477
— &U' la non-récidive de l'affection char-
bonneuse; Note de M. Pasteur, en colla-
boration avec M. Chaniberland 53 1
— Sur la résistance des animaux de l'espèce
bovine au sang de rate, et sur la préser-
vation de ces animaux par les inocula-
tions préventives; par M. A. Chauveau, 648
— De l'atténuation du virus du choléra des
poules; par M. L. Pasteur G73
— Étude expérimentale de l'action exercée
sur l'agent infectieux par l'organisme
des moutons plus ou moins réfractaires
au sang de rate; ce qu'il ad\ient des
microbes spécifiques introduits directe-
ment dans le torrent circulatoire, par
transfusions massives de sang charbon-
neux; par M. A. Cliaut'eau 680
— Nouvelles observations sur l'étiologie et la j
C.R., 18S0, ■' SemKiIre. (T. XCI.)
oo-
3i
prophylaxie du charbon; par M. L.
Pasteur
— De l'inoculation du charbon symptoma-
tique par injection intra-veineuse, et
de l'immunilé conféiéc au veau, au
mouton et à la chèvre par ce procéilé;
par MM. Arloing, Cornevin et Tlimiias.
— Sur la contagion du furoncle; par M. E.
Trastiiur 8>.()
Vision. — Sur la vision ries couleurs; par
M. Clievreul , 1 ti
— Sur la sensibilité de l'œil aux différences
de lumière; par M. Aug. Charpentier. 49
— M. /. Plateau fait hommage à l'Académie
d'une Note portant pour titre « Une
application des images accidentelles ». i52
— Sur la sensibilité dilTérenlielle de l'œil
pour de petites surfaces lumineuses ; par
M. Aug. Charpentier 240
— Note relative à un Mémoire sur la
vision des couleurs matérielles en mou-
vement de rotation, et les vitesses
évaluées en chifîres au moyen de l'ap-
pareil du général Morin, pour l'obser-
vation des lois du mouvement; par
M. Chcrreut 870
— Sur les variations de la sensibilité lumi-
neuse, suivant l'étendue des parties ré-
tiniennes excitées; par M. Aug. Char-
pentier
— Sur la sensibilité visuelle, et ses rapports
avec la sensibilité lumineuse et la sensi-
bilité chromatique; par M. A. Char-
pentier
— Sur quelques phénomènes d'optique et de
vision ; par M. Trêve
Viticulture. — M. E. Turgan adresse une
Communication relative au Phylloxéra.
— M. t/c la JVux, M. Luigi, M. /. Saiole
adressent diverses Communications rela-
tives au Phylloxéra i-li
— M. A. Poirot, M. Mary-Lafon adressent
diverses Communications relatives au
Phylloxéra aoS
— Surle Phylloxéra gallicoleelle Phylloxéra
i'astalri.c; Note de M. Lalimun 275
— M. Th. Engrange, M. E. Monjauze,M.f.
Lalanne adressent diverses Communi-
cations relatives au Phylloxéra 277
— L'Académie reçoit l'annonce d'un Congrès
international pourla destruction du Piiyi
loxera,qui doit s'ouvrir à Saragosse.
— M.^. Lebel, M. /. Bossert, M. Delnias-
Combette, M. île la Nu.v adressent
diverses Communications relatives au
Phylloxéra 3 iG
— Complément de l'évolution biologique
des Pucerons des galles du peuplier
i4ti
995
1073
893
40
arS
[Pemphigits bursarius Linn. ) ; par M. /.
Lichlenstcin SSg
- M. Rntiicr adresse une Note concernant
un moyen de combattre le Phylloxéra
par l'échaudago des vignes, 412
- Le T^ilis Berlandieri, nouvelle espèce de
vigne américaine; par M. /.-i./'/rt«f/(o«. ^1^
- Les ennemis du Phylloxéra gallicole; par
M. Cnxie 460
- M. So/-c/adresse diverses Communications
relatives au Phylloxéra 4G4
- M. C.-F. Frrnay^ M. J.-O. Montignani,
M. Borinardd'Jpolton adressentdiverses
Communications relatives au Phylloxéra. 481
- Sur l'existence, au Soudan, de vignes
sauvages, à tige herbacée, à racines
vivaces et à fruits comestibles; Note de
M. Th. Lécnrd 5oî
- M. C. Przcciszcu'ski adresse une Commu-
nication relative au Phylloxéra 5i5
- Sur les effets produits par la culture de
l'absinthe comme insectifuge et sur son
application préventive contre le Phyl-
loxéra; par M. Pdirot 607
• M. de la Loyère adresse une Note relative
à l'emploi des huiles provenant des
calcaires bitumineux de Seyssel, pour
combattre le Phylloxéra 608
M. A. Gud/niid adresse divers documents
sur les essais faits par lui pour com-
battre le Phylloxéra au moyen du
brome 608
M. J. Lehniann, M. Doublet, M. A.
Laverré, M. H. fFillard adressent
diverses Communications relatives au
Phylloxéra 608
M. le Sccrétfdre perpéliicl annonce qu'il a
reçu un certain nombre de demandes
de plants et de graines de la vigne du
Soudan signalée par M. Lécard 608
M. y. Fatio adresse une Note relative à
l'emploi de l'acide sulfureux pour la
désinfection des objets qui peuvent
contribuer à la propagation du Phyl-
loxéra 685
M. A. Pomposi, l\. J. Bougette adressent
diverses Communications relatives au
Phylloxéra C85
Sur l'œuf d'hiver du Phylloxéra; Note
de M. Falery-Mayet 713
Observations sur lo Phylloxéra; par
52 )
M. Henncguy 740
— Observations relatives à l'influence exercée
par la saison dernière sur le développe-
ment du Phylloxéra; remarques sur
l'emploi des insecticides; par M. P.
Bnitcna 753
— M. le Secrétaire perpétuel, en signalant de
nouvelles demandes do graines des
vignes du Soudan, donne lecture d'un
passage d'une Brochure adressée par
M. Lécard 757
— Études sur les mœurs du Phylloxéra
pendant la période d'août à no-
vembre 1880; par M. Ftibre 800
— Sur les traitements des vignes par lo
sulfure de carbone; par M. de Lnfiite. S4a
— Sur l'action do l'eau dans les applications
de sulfure de carbone aux vignes phyl-
loxéiées; par M. J.-D. Catta 904
— Sur l'essaimage du Phylloxéra en 1880;
par M. P. de Lnfiite 906
— Le Mildew, Perniwspora des vignes; par
M. Max. Cornu 911
— Applications de la théorie des germes aux
champignons parasites des végétaux, et
spécialement aux maladies de la vigne;
par M. Max. Cornu 9G0
— Sur la découverte de l'œuf d'hiver dnns
les Pyrénées-Orientales; par M. Cam-
pana 963
— Sur un procédé de préparation du sulfure
do carbone, à l'état solide, pour le trai-
tement des vignes phylloxérées; par
M . /. Lafaurie 964
— M. Barrai adresse une Communication
relative au Phylloxéra 96")
— Observations pour servir à l'étudedu Phyl-
loxéra; par M. /. Lichtenstein io45
VoLCA?!s. — Produits solides et liquides qui
continuaient à sortir, en avril 1880, d'un
cratère de la Dominique (Antilles
anglaises) ; Note de M. Dnubrée 949
— Sur les orages volcaniques ; Note de
M. Faye 70S
Voir aussi Pliysique du globe.
Voyages scientifiques. — M. Brassard de
Corbigny informe l'Académie qu'il se
met à sa disposition, pour les éludes
scientifiques qui pourraient être exé-
cutées dans l'océan Pacifique par les
officiers placés sous ses ordres 483
Zoologie. — Sur la ponte du Pleurodeles
IVeiltUi; par M. L. Vaillant i-x-,
— Formation de races nouvelles. Recher-
ches d'OstéoIogie comparée sur une race
de Bœufs domestiques, observée en
Sénégambie; par M. A. -T. de Roche-
f II23 )
l\i(;es.
brune 3o4
Compte rendu sommaire d'une explora-
lion zoologique faite dans le golfe de
Gascogne, à bord du navire de l'Étal
le Travailleur; par M. Jlpli. Milne
Edu,'ards 3 1 1 et 355
Sur les affinités du genre Pulygordius
avec les Annélides de la famille des
Opheliitlœ ; par M. A. Giard 34i
Les Étoiles de mer des régions pro-
fondes du golfe du Meiique; par M. Edm.
Perrier 436
Dragages profonds exécutés dans le lac
de Tibériade (Syrie), en mai i88o; par
M. Lorlet joo
Sur l'organisation et le développement
des Gordiens; par M. A. VHht 774
Pages.
— Sur une nouvelle forme de Ver vésiculaire,
à bourgeonnement exogène; par M. A.
nUot '; 938
— Mœurs d'un Poisson de la famille des
Silures, le Cidlicluhys fasciatus Cuv. ;
par M. Carbonnicr 940
— Recherches zoologiques sur l'Oncliidie;
par M. Joyeux-Laffuie 997
— Observations sur quelques animaux de
Madagascar; par M. Alph. Mdne Ed-
wards io34
— Mollusques marins vivant sur les côtes de
l'ile Campbell; par M. H. Fdhol 1094
— M. ^. Ncttcr adresse diverses Notes rela-
tives à la question de l'intelligence et de
l'instinct chez les animaux
■ 411, 556, 1004 et 1049
TABLE DES AUTEURS.
MM. Pages .
ABRIA est élu Correspondant do l'Académie
pour la Section de Physique 960
ACADÉMIE DE STANISLAS DE NANCY (i.')
adresse le Volume de ses Mémoires pour
l'année 1879 4^2
ADER. — Effets téléphoniques résultant du
choc des corps magnétiques 1 1 3
AMAGAT (E.-H.). — Sur la dilatation et la
compressibilité des gaz, sous de fortes
pressions 4'iS
— Sur la compressibilité de l'oxygène, et
l'action de ce gaz sur le mercure 812
AMAT (L.)- — Sur l'intensité de quelques
phénomènesd'électrici té atmosphérique,
observés dans le nord du Sahara 446
ANDRÉ (Ch.). — Sur la distribution des tem-
pératures dans les couches inférieures de
l'atmosphère 927
ANGOT (A.). — Tables nouvelles pour cal-
culer les hauteurs au moyen des obser-
vations barométriques Sji
— Sur le calcul des hauteurs au moyen des
observations barométriques 9^4
ANONYME (u.n) adresse, pour le Concours du
grand prix des Sciences mathématiques,
un Supplément au Mémoire portant [lour
épigraphe « Aii.rilin fitnctioriKm abelid-
nnriim n ^o
MM. Pages.
— Adresse un second Supplément à son Mé-
moire pour le Concours du grand prix
des Sciences mathématiques 465
— .Adresse, pour le Concours du prix extra-
ordinaire de six raille francs, une Note
relative à un nouveau propulseur 757
APPELL. — Sur la transformation des équa-
tions différentielles linéaires 211
— Sur quelques formules relatives aux fonc-
tions hypergéométriques de deux va-
riables 364
— Sur les équations différentielles linéaires. 684
— Sur une classe d'équations différentielles
linéaires 972
ARLOING. — De l'inoculation du charbon
symptomatique par injection intra-vci-
neuse, etde l'immunité conféréeau veau,
au mouton et à la chèvre par ce procédé.
(En commun avec MM. Corncvin et
Tlioinas . ) 734
ARNOUX (R.) soumet au jugement de l'Aca-
démie une Note sur un nouvel instru-
ment de pointage pour les canons 35i
— Adresse une Note relative aux expé-
riences de photophonie de M. Gr. Bell. 736
ARSONVAL (A. d'). — Recherches sur les
piles 284
— Régulateur de pression pour les vapeurs. io63
B
BARBASTE (A.) adresse une Note concernant
la relation entre le rayon et le côté de
l'ennéagone régulier J83
B.\RRAL adresse une Communication relative
au Phylloxéra gGâ
BARTHÉLÉMY (A.) adresse une Note relative
aux particularités offertes par la végé-
tation des jacinthes, lorsque la plante est
entièrement immergée dans l'eau 736
— .\dresse une Note relative à la fécondation
dans le.-i oiseaux de basse-cour 757
BASIN (A.) soumet au jugement de l'Aca-
démie un nouveau système de chrono-
mètre 1 049
BAUDET (Cl.) adresse une Note relative à la
décomposition de l'eau, en employant
comme électrodes le charbon de cornue
ou le graphite 1004
BÉCHAMP (A.). - Sur la formation du chlo-
roforme par l'alcool et le chlorure de
chaux; équation de la réaction et cause
du dégagement d'oxygène qui s'y mani-
feste 771
BECnUEREL (Édm.). - M. le l'rcsulcin
MM. 1'
annonce le décès de M. Borcliardt,Ç.ùT-
respondant pour la Section de Géo-
métrie
— Annonce à l'Académie que M. tle Lesseps
a accepté la mission de la représenter à
l'inauguration de la statue de Denis
Pnjnn^ à Blois
— Annonce à l'Académie que la pile au
chlorure d'argentde M. /^^'rtr/e«rf(? /a i?;/f
comprend aujourd'hui aSoo éléments. . .
— Annonce à l'Académie la perte doulou-
reuse qu'elle vient de faire dans la
personne de M. Michel C/ias/es
BELL (A. Graiiam). — Notes sur ses expé-
riences photophoniques, par M. Jnt.
B/vgiicl i 595 et
— Sur l'application du pholophone à l'élude
des bruits qui ont lieu à la surface solaire
BELLAMY (F.). — Réaction secondaire entre
l'hydrogène sulfuré et l'hyposulfite de
soude 4 ......;.. ;
BERGERON (G.). — Sur les inconvénients
que présente, au point de vue des réac-
tions physiologiques, dans les ras d'em-
poisonnement par la morphine, la sub-
stitution de l'alcool amylique à l'élher
dans le procédé de Slas. (En commun
avec M. L'Hôle.) i , . . ^
BERNARDIÈRES (de). — Détermination de
la différence de longitude entre Paris
et Bonn. (En commun avec M. Le
Clerc.)
BERTHELOT. — Sur quelques relations gé-
nérales entre la masse chimique des élé-
ments et la chaleur de formation de leurs
combinaisons i
— Observations sur la densité de l'iode. . . .
— Sur la chaleur de formation de l'acide
cyanhydrique et des cyanures
— Recherches sur les alcalis organiques. . .
— Appareils pour mesurer la chaleur de com-
bustion des gaz par détonation
— Sur la dissolution du chlore dans l'eau. .
— Sur la préparation du chlore
— Sur les chaleurs de combustion
— Recherches sur les sels basiques et sur
l'alakamile i . . .
— Contributions à l'histoire des élhers. . . .
— Sur le rôle du temps dans la formation des
sels i i .
— Sur la chaleur de formation des éthers for-
més par les hydracides. ;
— Chaleur de formation du sulfure de car-
bone
— Sur la chaleur de formation du diraélhyle,
et sur ses relations avec les séries mé-
thylique et éthylique
— Recherches sur j'isomério : la benzine et
; .126 )
âges.
401
595
ioo5
G"))
yaô
33o
390
36
79
,39
1S8
191
256
45o
454
58;
:i7
MS\. Paces.
le (liproparnyle. (En commun avec
M. Ogier.).\ 781
— Sur l'oxydation spontanée du mercure et
des métaux 8;i
— Sur les chlorhydrates de chlorures métal-
liques, et sur la réduction des chlorures
par l'hydrogène 1024
BERTRAND (J.), à l'annonce du décès de
M. Borchardt, rappelle la place considé-
rable qu'il occupait dans la Science ... 5
— Discours prononcé aux funérailles de
M. Chasles ioo5
— M. le Secrélf/ire perpéit/el annonce à l'A-
cadémie la perte qu'elle vient de faire
dans la personne de M. D.-A. Godron,
Correspondant de la Section de Bota-
nique 408
— Présente à l'Académie une Notice biogra-
phique sur Weddell, par M. Fournicr, et
en lit un passage 5i6
— Signale une erreur commise, à la séance
précédente, dans l'évaluation du nombre
des élémentsde la pile à chlorured'argent
de M. ff arien de ta Rue 632
— Annonce à l'Académie la perte doulou-
reuse que vient de faire la Science dans
la personne de M. le général A.-J, Mycr. 655
— Annonce à l'Académie que la deuxième
Partie du Tome II du « Recueil des Mé-
moires, Rapports et Documents relatifs
à l'observation du passage de "Vénus sur
le Soleil " est en distribution au Secré-
tariat 1049
• Signale, parmi les pièces imprimées de la
f'.orrespondance, divers Ouvrages do
M. Oppolzcr et de M. /'. l'isnni, 40. — Un
Ouvrage do M. Gasclwaii, i53. — Une
brochure de M. £. Gilbert, 278.— Divers
Ouvrages de MM. Goodrcar et Crat,
4 12. — Divers Ouvrages de MM. Henry,
Pnniaiil, Déliais et Marion, 465. —
Divers opuscules de M. Goii, 482. —
Les discours prononcés à l'inauguration
de la statue de Biaise Pascal à Clermont-
Ferrand, par MiM. Méz,ièrcs, Cornu et
Paul Janct, ô\&. — Divers Ouvrages de
MiM. G.-G. Stolxes, Faisan cl Chantre;
r « Album de Statistique graphique »
et le « Bulletin de la Société polytech-
nique militaire », 572. — Divers Ou-
vragesdeMM. Clausius,Buys, Tlioniscn,
Gastlieau et Jgnello Lcite, 653. —
Diveis Ouvrages de MM. Lagucrrc,
Hospitalier, Tissandier et un Volume sur
l'exposition de Melbourne, 807. — Un
Ouvrage de M. P. Bert, 880. — Divers
Ouvrages de MM. Delesse et de Lap-
parent, J'innt et Amat 96 "'
( "
MM. l'uses-
BIGOURDAX (G.). - Observations de la
comète b 1880 ^Sclmeberle), faites à
l'Observatoire de Paris (équatorial do la
tour de l'Ouest). (En commun avec
M. Tisserand.) 71
— Éléments de la comète b 1880 yS
— Éphémérido de la comète b 1880 (Schae-
berle) i53et 609
— Observations de la comète Faye et de la
comète h 1880 (Schaeberle), faites à
rObservaloire de Paris 483
— Observations de la nouvelle planète
Coggia (217), faites à l'Observatoire de
Paris (équatorial de la tour de l'Ouest). 5i6
— Observations de la comète il 1880 (décou-
verte le 29 septembre par M. le
D' Hartwig, à Strasbourg), faites à
l'Observatoire de Paris (équatorial de la
tour de l'Ouest) 610 et 917
BIVER. — Sur la machine à tunnels de
Briinton 5ï5
— Sur l'emploi des machines perforatrices,
supprimant l'emploi des matières explo-
sives 83o
BLONDLOT(R.).— Sur une nouvelle propriété
électrique du sélénium et sur l'existence
des courants tribo-électriques propre-
ment dits 882
BOCHEFONTAINE. — Sur l'action physiolo-
gique du Coniuin luaculatum 579
BOITEAU (P.). — Observations relatives à
rintluence exercée par la saison dernière
sur le développement du Phylloxéra;
remarques sur l'emploi des insecticides. 763
BONNAL (L.-A.). — Recherches expéri-
mentales sur la chaleur de l'homme
pendant le mouvement 798
BONNARD D'APOLLON adresse une Commu-
nication relative au Phylloxéra 481
BOREL adresse une Communication relatives
au Phylloxéra {64
BORIL'S (A.) exprime le désir de faire
partie de la prochaine expédition pour
1 ob-sorvation du passage de Vénus. . . . i53
BOSSERT. —Sur la comète Hartwig (r/ 1880)
et sur la comète Swift [e 1880). (En
commun avec M. Sclmlhnf. ] 918
— Comète de Swift {e 1880). (En commun
avec M. Schidlinf. ) gfiâ
— Sur la comète de Hartwig (rfiSSo). (En
commun avec M. Sclndhof. ] io5i
BOSSERT (J.) adresse une Communication
relative au Phylloxéra 3i6
BOUCHARDAT (G.). - Sur les dérivés
chlorés de la strychnine. (En commun
avec M. Richci. ) 990
BOUCHUT. — Sur un ferment digestif contenu
dans le suc de figuier 67
27 )
MM. PaijM
BOUGETTE ( .1. 1 adresse une Communication
relative au Phylloxéra 685
BOULEY. — Observations relatives à une
Note de M. Pustnir, sur l'étiologie des
affections charbonneuses 437
BOUQUET. — Discours prononcé aux funé-
railles do M. Cliaxles 1008
BOURGOIN (E.). — Action ultime du brome
sur l'acide malonique; bromoforme j2i
BOUSSINGAULT (J.). — Sur la fermentation
alcoolique rapide 37S
— Ce Mémoire est renvoyé à l'examen d'une
Commission 4 ' 2
— Sur les matières sucrées contenues dans
le fruit du caféier 639
— Les sources thermales de la chaîne du
littoral du Venezuela ( Amérique méridio-
nale) 83G
BOUTIGNY (P. -H.). — Nouvelles expériences
relatives à l'état sphéroïdal 208
BOUTMY adresse une Note sur la com|)o-
sition des eaux de Seitz artificielles. (En
commun avec M. Lutaud.) 608
BOUTROUX (L.). — Sur une fermentation
nouvelle du glucose 236
BOUYSSY (A.) adresse une Note relative
à un projet de lunette astronomique,
formée de deux parties à angle droit,
avec un prisme à réflexion totale 916
BRAME (Cii.) prie l'Académie de le com-
prendre parmi les candidats à la place
de Correspondant, pour la Section de
Physique, vacante par le décès de M. Lis-
snjous 1 53
— Donne lecture d'une Note portant pour
titre « Des cyclides et desencyclides».. 408
— Adresse un Mémoire « Sur les vapeurs de
mercure, d'iode et de soufre à la tem-
pérature ordinaire » 432
— Adresse une Note intitulée « Cristallo-
génie : soufre, phosphore » 54;
— Adresse un Mémoire portant pour titre
« Cristallogénie vésiculaire et encyclide :
rayon d'influence » 846
BRANDT(Ed.). — Recherches sur l'anato-
mie comparée du système nerveux dans
les divers ordres de la classe des In-
sectes 935
BREGUET (Ant.). — Sur les expériences
photophoniquesdu professeur Alexander
Graham Bell et de M. Sumner Tainter. Sgi
— Sur le photophone de MM. Graham Bell
et Snmner Tainter Gâa
BRIOSCHI. — Sur une classe d'équations dif-
férentielles linéaires du second ordre. . 317
— Sur quelques équations différentielles
linéaires 807
— Est élu Correspondant derAcadémie pour
( I'
MM. Pages,
la Section de Géométrie goB
BROCA (de) adresse, à l'occasion d'une ré-
cente Communication de M. c/eF/y7;xte/.f,
une réclaniiition de priorité relative à
« l'emploi des objectifs à long foyer pour
le pointage des canons rayés » 68
— Lunette à double efi'ct pour le pointage
des canons à longue portée 5iy
BROSSARD DE CORBIGNY (M. le contre-
A.MIRAL) informe l'Académie qu'il se
28 )
MM. Paftcs.
met à sa disposition pour les étudesscien-
tifiques qui pourraient être exécutées
dans l'océan Pacifique par les officiers
placés sous ses ordres 483
BUISINE (A.). — Action du chlorure
d'éthyle sur les éthylamines. (En com-
mun avec M. Dui'i/lier. ) 173
BYASSON (H. ). — Sur quelques faits relatifs
à la transformation du chloral en méta-
cliloral 1 07 1
CABANELLAS (G. ) . — Sur un nouveau théo-
rème électrodynamique
CALLANDREAU (0. ). — Élémentsde l'orbite
de la nouvelle planète (217 ), découverte
par M. Coggia
CAMPANA. — Sur la découverte de l'œuf
d'hiver dans les Pyrénées-Orientales. ..
CARBONNIER. — Mœurs d'un Poisson de la
famille des Silures, le CalUcliihys fascin-
tus (Cuvier)
CARPENTIN. — Tremblement de terre de
Smyrno, du 29 juillet 1 880
CARRÈRE (D. ) adresse diverses Notes sur
la résolution d'une équation du sixième
degré, dont toutes les racines sont ima-
ginaires 846 et
— Adresse la suite de son Mémoire sur la
résolution de l'opération du sixième
degré, lorsque toutes les racines sont
imaginaires
CATTA(J.-D.). — Sur l'action de l'eau, dans
les applications du sulfure do carbone
aux vignes phylloxérées
CHAMBERLAND. — Sur l'étiologie du char-
bon. { En collaboration avec MM.PnsUar
et Roux)
CHAPELAS. — Sur les étoiles filantes des
9, 10 et 1 1 août 1880
CHAPPUIS (J.). — Recherches sur l'ozone.
( En commun avec M. Haulefeuille . )...
— Recherches sur l'efïluve électrique. (En
commun avec M. HautcfeuUle . )
— Sur la liquéfaction de l'ozone et sur sa
couleur à l'état gazeux. (En commun
avec M. HaïUefcuilte.)
— Recherches sur la transformation de
l'oxygène en ozone par l'eftluve élec-
trique, en présence d'un gaz étranger.
(En commun avec M. H au te feuille.). ..
— Sur la liquéfaction de l'ozone en présence
de l'acide carbonique et sur sa couleur
à l'état liquide. (En commun avec
M. Haulefeuille. )
— Sur le spectre d'absorption de l'ozone. . .
1069.
717
940
601
giG
916
904
86
399
aaS
281
762
8i5
589
CH.^RPENTIER (Aug.). — Sur la .sensibilité
de l'œil aux différences de lumière 49
— Sur la sensibilité différentielle de l'œil
pour de petites surfaces lumineuses... 240
— Sur les variations de la sensibilité lumi-
neuse, suivant l'étendue des parlies réti-
niennes excitées ggS
— Sur la sensibilité visuelle, et ses rapports
avec la sensibilité lumineuse et la sensi-
bilité chromatiqu&i 1075
CHASLES fait hommage à l'Académie de la
deuxième édition de son « Traité de
Géométrie supérieure » 199
— Présente son « Exposé historique Concer-
nant le Cours de Mécanique dans l'ensei-
gnement de l'École Polytechnique»... 449
— Présente un travail de M. Aristide
Marre, intitulé « Deux mathématiciens
de l'Oratoire » 478
— Est désigné pour faire partie du Conseil de
perfectionnement de l'École Polytech-
nique 5 1 5
— Présente, de la part de M. Archer Hirst,
un Ouvrage intitulé On thc comple.rcs
generated hv tn'o corrélative planes . . .. 583
— Présente, de la part de M. le prince JJon-
cnnipagni : i" la Table des auteurs cités
dans les « Bulletins » de l'année 1879;
2° un extrait de la « Nouvelle Corres-
pondance mathématique » contenant des
Lettres de Sophie Germain à Gauss. . 694
CHATIN (J.). — Sur l'embryon cilié de la
Bilharzie 554
CllAUVEAU (A.). — Nature de l'immunité
des moutons algériens contre le sang de
rate. Est-ce une aptitude de race?. ... 33
— Du renforcement de l'immunité des mou-
tons algériens, à l'égard du sang de
rate, par les inoculations prévenlives.
Influence de l'inoculation de la mère sur
la réceptivité du fœtus 148
— Sur la résistance des animaux de l'espèce
bovine au sang de rate et sur la préser-
vation de ces animaux par les inoculations
MM. Panes,
préventives 648
— Étude expériiuenlalodc l'action exercée sur
ragentinfectieuxparrorganisine des mou-
tons plus ou moins réfractaires au sang
de raie, ce qu'il advient des microbes
spécifiques introduits directement dans
le torrent circulatoire par transfusions
massives de sang charbonneux 680
CHEVREUL. — Sur la vision des couleurs. . 16
— Présente l'enquête sur la situation de
l'Agriculture en Fiance en 1879 3i
— Remarques à l'occasion d'une Note de
M. Aimigat sur la compressibilité de
l'oxygène 814
— Note relative à un Mémoire sur la vision
des couleurs matérielles en mouvement
de l'olation, et des vitesses évaluées en
chiffres au moyen de l'appareil du géné-
ral Morin, dit à plalccni tournant, pour
l'observation des lois du mouvement.. 870
CLARET (M"" Ch.). — Lettre relative aux
droitsde Ch. DalUryÀ l'inventiondel'hé-
lice appliquéeà la navigation à vapeur. 481
CLEMENCEAU ( S. ) adresse une Note relati\ e
à une pile électrique 1048
CLÉMENT (E.) soumet au jugement de
l'Académie des Tables de l'état civil de
Valenciennes et plusieurs Tableaux gé-
néalogiques 541
CLÈVE (P.-T.). — Sur le Ihulium 3i8
— Sur l'erbine 38 1
— Sur les produits d'oxydation de l'acide
cholalique 1073
COLLET (J.). — Sur l'intégration des équa-
tions aux dérivées partielles du premier
ordre 974
COMES (H.). — Influence de la lumière sur
la transpiration des plantes 335
CONGRÈS INTERNATIONAL pour la des-
truction du Phylloxéra (l'Académie
reçoit l'annonce d'un), qui doit s'ouvrir
à Saragosse 278
CORNEVIN. — De l'inoculation du charbon
symptomatique par injection intra-
veineuse, et de l'immunité conférée au
veau, au mouton et à la chèvre par ce
procédé. (En commun avec MM. Arlaliig
et Thomas.) 734
CORNU (A. ). — Accepte la mission de repré-
senter l'Académie à l'inauguration de la
statue de Biaise Pascal i ")3
— Sur la vitesse de propagation de la lumière. 1019
Pages
9>"
960
460
I 1 29 )
MM.
CORNU ( Max. ) . — Al teri lanct' des généra lions
chez quelques Uréilinées 98
— Le Mildew, Peronospora des vignes
[Pciùiiospom viticola Berk. et Curt. )..
— .V|)plication do la théorie des germes aux
champignons parasites des végétaux, et
spécialement aux maladies de la vigne.
COSTE. — Les ennemis du Phylloxéra galli-
cole
COTTEAU (G.). - Sur les Échinides des
terrains tertiaires delà Belgique i8a
COUTY. — Sur la difficulté d'absorption et
les effets locaux du venin du Bolhrops
jararaca. (En commun avec M. de
Lacerda. ) 54g
— Des réaclionsdelazone du cerveau dite mo-
trice.iw les animaux paralysés parlecu-
rare. (En coauininuvecM.rfei«C(.'/-(/rt.). 1080
CRAFTS (J.-M.). - Synthèse de l'hexamé-
thylbenzine et de l'acide mehique. (En
commun avec M. Friedul. ) 257
— Sur l'élévation du point zéro dans les
thermomètres à mercure 291
— Sur la cause des variations des points
fixes dans les thermomètres 370
— Sur les variations du coefficient de dila-
tation du verre 4 1 3
— Sur quelques questions thermométriques. 074
CRIÉ (L.). — Contributions à la flore
paléozoïque 241
CROOKES. — Sur la constitutiondela matière
et l'état ultra-gazcui 108
GROS (Ch.). — Sur les actions mécaniques
de la lumière; considérations théoriques
pouvant servir à interpréter les expé-
riences réalisées par M. G. Bell 622
CROVA (A.). — Sur une nouvelle méthode
de produire des signaux lumineux inter-
mittents 1061
CRULS (L. ). — Sur le mouvement orbital
de quelques systèmes binaires du ciel
austral 435
— Recherchesspectroscopiques sur quelques
étoiles non encore étudiées 485
— Détermination de la durée de la rotation
de la planète Ju|)iter 1049
CURIE (Jacques et PinniiE). — Dévelop-
pement, par pression, de l'électricité
polaire dans les cristaux hémièdres à
faces inclinées 294
— Sur l'électricité polaire dans les cristaux
hémièdres à faces inclinées 38
D
DAMIEN. — Indices de réfraction des disso-
lutions aqueuses d'acide acétique et
d'hyposulfite de soude 323
C. U., 18S0, i- Semestre. (T. XCl.;
DAMOISEAU (A.). — Action du phosphore
sur les acides iudhydrique et bromhy-
drique
'4y
883
( "
MM. Pages.
DARBOUX (G.). — Sur le contact des
coniques et des surfaces 9G9
DASTRE. — Sur l'expérience du grand
sympathique cervical. ( En commun avec
M. Mnrat.) SgS
— Sur les nerfs vaso-dilatateurs des parois de
la bouche. (En commun avec M. Mnrat. ) 44 >
DAUBRÉE. — Sur une météorite tombée le
26 novembre 1874 à Kerilis, commune
de Maël-Pestivien, canton deCallac. ... 28
— Sur une météorite tombée le 6 sep-
tembre i84! dans les vignes de Saint-
Cliristophe-la-Chartreuse, commune de
Roche-Servières (Vendée) 3o
— Présente, de la part de M. de Koninrk,
un Ouvrage portant pour titre « Faune
du terrain carbonifère de la Belgique ». 68
— Substances adressées au Muséum comme
des météorites, avec lesquelles on les a
confondues à tort 197
— Présente, de la part de M. de Botella, la
Carte géologique de l'Espagne 776
— Produits solides et liquides qui continuaient
à sortir, en avril 1 880, d'un cratère de la
Dominique (Antilles anglaises) 949
D.WID. — Sur la partition des nombres. . . 621
DECHARME (C). — Formes vibratoires des
pellicules circulaires de liquide sapo-
saccharique 626 et 666
DEDEKIND (R.). — Réponse à une remarque
de M. Srlvester, concernant les Leçons
sur la théorie des nombres de Dirichict. . i54
DELAURIER (E.) adresse une Note relativcà
sa « machine frigo-calorifique » 672
— Adresse une Note relative aux propriétés
thermo-électriques du sélénium 086
— Adresse une nouvelle Note contenant la
théorie et la description de sa « machine
frigo-calorifique » 6S6
— Adresse une « Étude critique sur le pho-
lophone de M. Grnham Bell » 77O
DELESSE. — Enrichissement des terres
plombeuses par un courant d'air forcé. 791
DELMAS-COMBETTE adresse une Communi-
cation relative au Phylloxéra 3 16
DEMARÇAY (E.). — Recherches sur le sul-
fure d'azote 854
— Sur un nouveau dérivé du sulfure d'azote. 1066
DENZA (le P.). — Les météores du 14 no-
vembre 1880, observés à Slonralieri. . . g45
DESMARETS (P.). — Sur les moyens d'obte-
nir des épreuves photographiques en
ballon libre 246
DIEULAFAIT. — Serpentines de la Corse;
leur âge et leur origine 1000
DILLNER (G.). — Sur une classe très éten-
due d'équations différentielles linéaires,
à coefficients rationnels, dont la solution
3o)
MM. Pages,
dépend de la quadrature d'un produit
algébrique irrationnel 616
— Sur la classe des équations différentiellts
linéaires de divers ordres, à coefficients
rationnels, dont la solution dépend de
la quadrature d'un produit algébrique
qui ne contient d'autre irrationnalité que
la racine carrée d'un polynôme entier et
rationnel 687
— Sur les équations différentielles linéaires,
à coefficients rationnels, dont la solution
dépend de la quadrature d'une fonction
rationnelle de la variable indépendante
et d'un produit algébrique irrationnel. 721
DIRECTEUR DE L'ÉCOLE DES PONTS ET
CHAUSSÉES (M. lk) transmet à l'Aca-
démie, pour être replacé dans ses ar-
chives, le manuscrit d'un Mémoire de
Sophie Germain sur les surfaces élas-
tiques , 377
DIRECTEUR GÉNÉRAL DES DOUANES
(.M. le) adresse le « Tableau général du
commerce de la France avec ses colonies
et les puissances étrangères pendant
l'année 1879 » 687
DITTE (A.). — Sur les composés fluorés de
l'uranium 1 1 5
— Sur quelques combinaisons fluorées de
l'uranium avec les métaux alcalins 166
— Sur la décomposition des sels par les li-
quides 376
— .\ction d u chlore et de l'acide chlorhydriiiue
sur le chlorure de plomb 76^
— Action de l'acide chlorhydrique sur les
chlorures métalliques 986
DOLLFUS (G.). — Sur l'âge du soulèvement
du pays de Bray . . . » 1 097
DOUBLET adresse une Communication rela-
tive au Phylloxéra 608
DR.-VPER (H.). - Photographie de la nébu-
leuse d'Orion 688
DUB.\LEN annonce à l'.Académie la décou-
verte d'une grotte préhistorique dans le
département des Landes 893
DUCHARTRE. — Époques de végétation pour
un môme arbre en 1879 et en 18S0. . . 22
DUCLAUX. — Sur les ferments des matières
albuminoïdes. . .y, ySi
DUCRETET. — Sur un perfectionnement ap-
porté à la pile de Bunsen par M. Jzapis. 325
DUFET(H.). — Surles propriétésoptiquesdes
mélanges de sels isomorphes 2SG
DUHRING (U.). — Réclamation de priorité,
au fujet de la loi des températures d'é-
bullition correspondantes 980
DUM.\S. — Observations à l'occasion d'une
Note de M. Amngat sur la compressibi-
lité de l'oxygène 814
( "
MM. Pages
— Prûsenlo, au nom de MM. Edouard et
Jides Brofigiiiii/l.un Ouvnige |iostliume
de M. Adolphe Broitgnitirt, intitulé
« Études sur les graines fossiles siiici-
fiées des terrains d'Autun et de Saint-
Étiennc « 869
— Discours prononcé aux funérailles de
JI. Chtislcs 1012
— M. le Seciétnire pcrpcliœl : Observations
à l'appui de la lettre de M. de Qiiatre-
/«ge.S demandant l'ouverture d'une sous-
cription destinée à faire frapper une
médaille à l'effigie de M. Mdnc
Edu'njds 1 88
— Annonce qu'il a reçu un certain nombre
de demandes de plants et de graines de
la vi.une du Soudan signalée parM. Lé-
card 608 et 767
— Signale à l'Académie la souscription ou-
verte pour l'érection d'un monument à
la Mémoire de Spallanzani dans sa ville
natale 686
— Signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance, les Ouvrages suivants :
un Ouvrage de M. Ge/iocchiy 20B. — Une
Carte des Alpes de M. J. CivUde, 100.
3. )
MM. P.iBCs
— Le « Bulletin météorologique du dé-
parlement de l'Hérault, année 1879» et
une Thèse de M. yFanltmdtin, 608. —
DiversOuvragesdeMM.//t-7;f/Y,Z>"rfl"(/-
Claye, Miraglia et Vélain, 687. — Di-
vers Ouvrages de MM. Cheysson, Mas-
cart, Dfigain, Marins Fontunc, Chaper,
Gamgrc et Tlioinson, 768. — Deux nou-
veaux fascicules des « Annales du Bureau
central météorologique de France », 846.
— Divers Ouvrages deMM./'nn.Be/îerfe/î
et de Lafitte 916
DUMONT (A.) adresse un certain nombre de
documents indiquant l'état actuel du
projet de canal d'irrigation dérivé du
Rhône 846
DUPUY (P.) adresse une Note concernant
l'utilité que présenterait un établisse-
ment spécial pour les études aérosta-
tiques, créé par l'État 886
DU'V1LLIER(E.). — Sur quelques combinai-
sons apparlenantau groupedes créatiues
et des créatinines 171
— Action du chlorure d'éthyle sur les éthyl-
amines. (En commun avec M. BiUsine.) i-'i
EDWARDS (Alph.-Milne). — Compte rendu
sommaire d'une exploration zoologique
faite dans le golfe de Gascogne, à bord
du navire de l'Étal/f TramUleur. 3i i et 355
— Observations sur quelques animaux de
Madagascar io34
EDWARDS (H.-MiLNE) présente, de la part
de M. Henry Germis, le complément du
grand Ouvrage sur « l'ostéologie des Cé-
tacés », par MM. P. Gemiis et fan Le-
ncdcn 58.1
ENGEL (R.). — Sur un liypophosphite pla-
tineux 10G8
ESCARY. — Surquelques remarquesrelatives
à l'équation de Lamé 40, 102 et lO?.
ÉTARD (A.). — Sur la |ilace que lo bore
occupe dans la série des corps simples. 627
— Sur l'existence de combinaisons perbo-
riques 93 1
F
FABRE. — Études sur les mœurs du Phyl-
loxéra, pendant la période d'août à no-
vembre 1 880 , 800
FARKAS (J.). — Sur la théorie des sinus
des ordres supérieurs 209. 278 et 5i4
FATIO (V.) adresse une Note relative à l'em-
ploi de l'acide sulfureux pour la désin-
fection des objets qui peuvent contribuer
à la propagation du Phylloxcra 685
FAYE. — Sur le pendule 7^
— Sur la pellagre en Italie 592
— Présente à l'Académie le Volume de la
« Connaissance des Temps» pour 1882. 633
— Sur les orages volcaniques 708
— Présenter « Annuaire du Bureau des Lon-
gitudes pour l'année 1881 » 1017
PERRIÈRE (E.). — Sur l'orage à grêle qui
a éclaté à Paris le 3o juillet 1880 3o8
FILHOL (H.). — Découverte de Mammifères
nouveaux dans les dépôts de phosphates
de chaux du Quercy (éocène supé-
rieur ) 344
— Mollusques marins vivant sur les côtes de
l'île Campbell 1094
FLAVARD. — Sur l'excrétion, par l'urine, de
soufre incomplètement oxydé, dansdi vers
l II
MM. Pnjes.
étalspalluilngiqupsdiifoie. (En commun
avec M. Lcpinc . ) 1 074
FLOQUET (G.) adresse une Note sur les
équations tlifférentielleslinéairfs à coeffî-
cients péiModiqucs jSj
— Sur les équations différentielles linéaires à
coefTicienls périodiques S80
FON'VIELLE (W. de) — Phénomènes acous-
tiques dus à l'action de la chaleur ioo3
FORgUIGNON (L.). — Sur la fonte mal-
léable 817
FOURNIER (A.) adresse une Note conrernant
la formule du rapport de la circonférence
au diamètre 63 1
FRÉDÉRICQ (L. ). — Vitesse de transmis-
3 p.
MM.
Pages.
sien de l'excitation motrice dans les nerfs
du Homard. (En commun avec M. T'nn-
(Icfclde. ] 339
FRIEDEL (C). —Synthèse de l'hexaméthyl-
bcnzine et de l'acide mellique. ( En com-
mun avec M. J.-M. Crafls. ] 257
FROMENTIN adresse le bulletin officiel de
marche do son « appareil alimentateur à
niveau constant » 5i5
FUA. — Observations sur le rôle attribué au
maïs, employé comme aliment, dans la
production de la pellagre 866
— Adresse un Mémoire sur les propriétés
hygiéniques et économiques du mais... 1048
GAILLOT (A.). — Sur les Tables du mouve-
ment de Saturne de Le Verrier 84"
GALTIER. — Inoculation de la morve au la-
pin; destruction de l'activité virulente
morveuse par la dessiccation; transmis-
sion de la morve par l'inoculation delà
salive 475
GARCIN ( F. ) adresse ime Note sur les pertes
eu fabrication dans l'industrie du vi-
naigre 5jo
GÂRNIER (J.) —Sur un nouveau procédé
pour produire le nickel malléable et à
divers degrés de dureté 33 1
GARREAU. — Nouvelles recherches sur les
Saxifrages. Applications de leurs pro-
duits aux arts et à la thérapeutique.
Expérience sur leur culture. (En com-
mun avec M . MnclicUnt. ) 942
GAUDRY (A. ). — Sur un reptile très perfec-
tionné, trouvé dans le terrain per-
mien 669
GAUTHIER adresse une Note intitulée « Les
tissus végétaux au contact de l'air,
source d'électricité ». (En commun avec
M. Sauvagent.) 916
GAYON (U.). — Sur la cause de l'altération
spontanée des sucres bruts de canne.. 993
GENNADIUS (P. ). — Nouveau procédé pour
la destruction du kermès du figuier
( Ceroplastcs ritsci Linn. ) 914
GÉRARD-LESCUYER. — Sur un paradoxe
électrodynamique 2'26
GERMAIN. — Application du sélénium à la
construction d'un régulateur photo-élec-
trique de la chaleur, pour la cuisson des
vitraux peints 688
GIARD (A.). — Sur les affinités du genre
Polrgordiiis asec les Annélides de la fa-
mille des Uplieliidiv 34 1
GILBERT (Pu.). — Sur une propriété de la
fonction de Poisson et de l'intégration
des équations aux dérivées partielles du
premier ordre 54'
GIRARD (Cil.). — Sur l'utilisation des cris-
taux des chambres de plomb. (En com-
mun avec M. Pahu. ) 570
GIRARD (J. de). — Sur le propylacétal et
l'isobutylacétal 629
GIRAUD (J.) adresse une Note intitulée «Des
causes des pulsations du cœur et des ar-
tères » 557
GLASENAPP (S.). — Influence de la pente
de réfringence sur la réfraction astro-
nomique 9^7
GORCEIX. — Sur les schistes cristallins du
Brésil et les terres rouges qui les re-
couvrent 1099
GOURNERIE (de la) fait hommage à l'Aca-
démie de ses « Études économiques sur
l'exploitation des chemins de fer » 199
— Rapport sur le projet contenu dans les
documents déposés par M. de Lesseps,
pour l'ouverture d'un canal interocéa-
nique à Panama 200 et a64
GOUY. — Mesure de l'intensité de quelques
raies obscures du spectre solaire 383
— Sur la propagation de la lumière 877
GOVI (G.). — Nouvelle méthode pour déter-
miner la longueur du pendvde simple. . io5
— Sur une nouvelle expérience destinée à
montrer le sens delà rotation imprimé(^
par les corps à la lumière polarisée. . . Si;
— Sur l'inventeur des lunettes binoculaires. 547
GRÉHANT. — Mesure de la dose toxique
d'oxyde de carbone chez divers animaux, è'ji
GRUEY se mit à la disposition de l'Académie
pour l'une des expéditions destinées à
l'observation du passage de Vénus
en 1882 "^55
GUÉRIN (Cii.) adresse une Note sur un pro-
•*'M. Pnges.
cédé pour fairo varier la tension des piles. 448
— Adresse un coniplémenl à celte Note. . . . 478
GUIGNARD (L.). - Sur la structure et les
fonctions du suspenseur embryonnaire
chez quelques Légumineuses 3)0
GUIGNET (C.-E.l. — Analyse immédiate des
( ii33 )
MM. Pages.
tourbes; leur constitution chimique... 888
GUILLOUD adresse divers documents sur les
essais faits par lui pour combattre le
Phylloxéra au moyen du brome 608
GYLDÉN(1I.). — Surl'orbite que parcourt un
point matériel attiré par un sphéroïde. 957
H
HAUNET (E. ) adresse un Mémoire relatif au
choléra 9G J
HAUTEFEUILLE (P.). — Recherches sur
l'ozone. (En commun avec M. C/inppiiis.) 228
— Recherches sur l'effluve électrique. (En
commun avec M. Cltnppuis . ] 281
— Sur la liquéfaction do l'ozone et sur sa
couleur à l'état gazeux. (En commun
avec M. Chappuis. ) 522
— Recherches sur la transformation de l'oxy-
gène en ozone par l'eftluve électrique,
en présence d'un gaz étranger. ( En com-
mun avec M. Clioppuis.) 762
— Sur la liquéfaction de l'ozone en présence
de l'acide carbonique et sur sa couleur
à l'état liquide. (En commun avec
M. Chappuis. \ 8 1 5
UÉBEKT (Edm.). — Recherches sur la craie
supérieure du versant septentrional des
Pyrénées 744
— Observations sur un Mémoire de M. Dieu-
liifuit I oo3
HECKEL (E.). — De l'action des temiiéra-
tures élevées et humides et de quelques
substances chimiques (benzoatede soude,
acide benzo'i'que, acide sulfureux) sur
la germination 129
— Du pilosisme déformant dans quelques
végétaux 34g
— Dimorphisme Moral et pétalodie staminale,
observés sur le Convohidus nrvensis L. ;
création artificielle de cette dernière
monstruosité 58i
HENNEGUY. — Observations sur le Phyl-
loxéra 749
HERMITE. — Sur la série de Fourier et
autres représentations analytiques des
fonctions d'une variable réelle ici 8
HUGO (L.) adresse une Note « sur le
nombre 365, comme dérivant de la
décade pythagoricienne » 893
— .\dresse une Note « sur l'ensemble des
nombres chronométriques 365, 24et6o. . 947
I
lONINE (N.). — Sur la composition des
pétroles du Caucase. (En commun avec
M. Scltiïlzeiiberger. ] 823
ISAMBERT. — Sur les combinaisons du gaz
ammoniac avec le chlorure et l'iodure
du palladium 768
J
JAMIN. — Sur les conséquences de l'expé-
rience de MM. Lontin et de Fonvielle. 14
JANSSEN. — Sur la photographie présumée
de la chroraosphôre 12
— Note sur les transformations successives
de l'image photographique par la pro-
longation de l'action lumineuse 199
— Sur les photogr.rphios de nébuleuses. .. . 713
JOUBERT (J.).-^ Sur lus courants alternatifs
et la force électromotrice de l'arc élec-
trique 161
— Sur la loi des machines magnéto-électri-
ques 468 et 493
JOURDAIN (S.). — Sur les lymphatiques
sous-cutanés du Python de Seba 498
— Sur les cylindres sensoriels de l'antenne
interne des Crustacés 1 09 1
JOYEUX-LAFFUIE (J.). - Recherches ana-
tomiques sur l'Onchidie ( Oitchidium
Cuv., Oncidilla celtirti Gray) 997
KLEIN. — Sur l'acide tungstoborique. . . .
— Sur l'acide borodécitungstique et ses sels
K
de sodium ^74
Sur l'acide boroduodécitungstique et ses
( ti34 )
MW. Pages, i MM. Pajoe.
sels de potassium 49S KUNCKEL (J.). — Signification morpholo-
— Sur les borotiingstales de sodium 1070 \ gique des appendices servant à la sus-
KR.A.RUP-HANSEN adresse une Note relative i pension des chrysalides SgS
à une formule de ventilation C8 '
LACERDA (de). — Sur la difficulté d'ab-
sorption et les effets locau.\ du venin du
Buthrops jamraca. (En commun avec
M. Coiuy.) 549
— Des réactions de la zone du cerveau dite
motrice sur les animaux paralysés par
le curare. ( En commun avec M. Coiity. ) 1080
LAFAURIE (J.). — Sur un procédé de pré-
paration du sulfure de carbone à l'état
solide, pour le traitement des vignes
phylloxérées 964
LAFITTE (P. de). — Sur les traitements des
vignes par le sulfure de carbone 842
— Sur l'essaimage du Phylloxéra en 1880. . 906
LAGUANGE (Th.) adresse une Communica-
tion relative au Phylloxéra 277
LAGUERRE. — Sur une propriété des poly-
nômes X„ de Legendre 849
LALANNE (J.) adresse une Communication
relative au Phylloxéra 277
LALIMAN. — Sur le Phylloxéra gallicole
et le Phylloxéra vastcitrix 275
L.\ LOYÈRE (de) adresse une Note relative
à l'emploi des huiles provenant des
calcaires bitumineux de Seyssel, pour
combattre le Phylloxéra 608
LANDRY adresse une Note sur la décompo-
sition du nombre a" -+- 1 1 38
LARREY fait hommage à l'Académie d'un
discours prononcé par lui à la Chambre
des Députés, à l'occasion du projet de
loi sur l'administration de l'armée i52
— Rapport sur le Mémoire de M. le D' Com-
punyo, intitulé a Projet d'organisation
du service de santé du canal interocéa-
nique de Panama » 206
— Observations relatives à un Mémoire de
M. Galtier sur l'inoculation de la morve
au lapin 477
LAULANIÉ. — Observations sur l'origine
des fibrilles dans les faisceaux du tissu
coDJonctif I So
— Sur le passage des globules rouges dans la
circulation lymphatique 1082
LAURENT (L.). — Sur les lampes mono-
chromatiques ua
LAUSSEDAT. — Sur la méthode employée
par d'Aubuisson, en 1810, pour la me-
sure des bases géodésiques 92a
— Discours prononcé aux funérailles de
M. Chasles 1009
LA'VERRÉ (A.) adresse une Communication
relative au Phylloxéra 608
LEBEL (A.) adresse une Communication
relative au Phylloxéra 3i6
LÉCARD (Th.). — Sur l'existence, au Soudan,
de vignes sauvages, à tige herbacée, à
racines vivaces et à fruits comestibles.. 5o2
LECHARTIER (G.). — Sur la présence du
phosphore dans les roches de Bretagne. 820
LE CHATELIER. — Sur les températures
d'indammation des mélanges gazeux.
(En commun avec M. Mallard.) 82J
LE CLERC. — Déterrainalian de la diffé-
rence de longitude entre Paris et
Bonn. (En commun avec M. de Bernar-
dières. ) 36
LE CLERC (F.) se met à la disposition de
l'Académie pour l'une des expéditions
destinées à l'observation du prochain
passage de Vénus 965
LECOQ DE BOISBAUDRAN. — Réaction
spectrale du chlore et du brome 902
LECORNU. — Sur l'équilibre des surfaces
flexibles et inextensibles 809
LEHMANN adresse une Communication re-
lative au Phylloxéra 608
LELOIR ( H. ). — Altérations des tubes ner-
veux des racines nerveuses antérieures et
postérieures et des nerfs cutanés, dans un
cas d'ichthyose congénitale générali-
sée i34
LEMSTROM (Selim). — Sur les causes du
magnétisme terrestre 223
LÉPINE(R.). —Sur l'excrétion, par l'urine,
de soufre incomplètement oxydé, dans
divers états pathologiques du foie. (En
commun avec M. Flavard) 1074
LESSEPS (de). — Sur l'utihté des quaran-
taines 32
— Sur l'établissement du barrage de la
Gileppe (Belgique) i5i
— Sur l'établissement des stations hospita-
lières de l'Afrique équatoriale 36i
— Accepte la mission de représenter l'Aca-
démie à l'inauguration de la statue de
Denis Papin à Blois 4"'
— Rend compte de la cérémonie et donne
lecture du Discours qu'il a prononcé. . 428
— Sur la part qui revient à Claude de
( >'
MM. Pages.
Joiiffnn diins l'Iiisloiie ilo* applications
de la vapeur 460
— Sur les résultais obtenus par M. Roiidaire
dans son exploration des cholts tunisiens
et algériens 538
— Fait hommage à l'Académie de la collec-
tion du <■ Bulletin bimensuel du Canal
interocéanique » 070
— Reconnaissance du Napo ( Amérique équa-
toriale) 84i
LÉVy (Albeiit) soumet au jugement de l'Aca-
démie une Note portant pour titre
« Des variations du temps et des change-
ments de proportion de l'acide carbonique
de l'air ». (En commun avec M. Marié-
Dan- ) 39
— Ammoniaque de l'air et des eaux 94
L'HOTE{L.). — Surlesinconvénientsquepré-
sente, au point de vue des réactions
physiologiques, dans les cas d'empoi-
sonnement par la morphine, la substitu-
tion de l'alcool amylique à l'éther dans le
procédé de Stas. ( En commun avec
M. £crgcron .).. 3go
LICHTEXSTEIN ( J. ) - Complément de l'évo-
lution biologique des pucerons des galles
du peuplier [Prmphigus biirsarius Lin.). 33g
— ' Observations pour servir à l'étude du
Phylloxéra 1045
LIPPMAXN (Edm. ) adresse un Mémoire inti-
tulé 0 De l'alimentation dans le 11° régi-
ment de dragons » 4 '2
35 )
MM. P.Tije».
LIPSCHITZ. — Principes d'un calcul algé-
brique (jui contient comme espèces parti-
culières le calcul des quantités imagi-
naires et des quaternions 619 et G60
LODIN. — Sur les causes d'altération inté-
rieure des chaudières à vapeur 217
LŒWENBEHG (B.). — Recherches sur la
présence de uiicrococcus dans l'oreille
malade; considérations sur le rôle des
microbes dans le furoncle auriculaire et
la furonculose générale; applications
thérapeutiques 555
LCEWY. — Étude de la variation de la
ligne de visée, faite au grand cercle
méridien de l'Observatoire de Paris,
au moyen d'un nouvel appareil 6
LOMBARD adresse, pour le Concours des prix
de Médecine et Chirurgie, un Ouvrage
intitulé « Climatologie médicale » 99
LORTET. — Sur uno nouvelle station de
l'âge de la pierre à Hanaoueh, près rie
Tyr ( Syrie ) 397
— Dragages profonds exécutés dans le
lac de Tibériade (Svrie) en mai 1880. 5oo
LOUGUININE (W.). —'Recherches sur les
chaleurs de combustion de quelques
corps de la série grasse 297 et 3-29
LUIGI adresse une Communication sur le
Phylloxéra 1 5a
LUTAUD adresse une Note sur la composition
des eaux de Seltz artificielles. (En
commun avec M. Boutmjr) (io8
M
MACË (J.). — Étude sur la distribution de
la lumière dans le spectre solaire. (En
commun avec M. Nicati.) 623
— De la distribution de la lumière dans le
spectre solaire (spectre des daltoniens).
(En commun avec M. ff^. Nicnii.) 1078
MACHELART. — Nouvelles recherches sur
les Saxifrages. Applications de leurs pro-
duits aux arts et à la Thérapeutique.
Expérience sur leur culture. (En com-
mun avec M. Garrcau .) 942
MAIIER (C.) adresse un Mémoire intitulé
« Statistique médicale de Rochefort
en 1879 » 3'j
MAIRE DE CLERMONT-FERRAND (M. le)
prie l'Académie de vouloir bien se faire
représentera l'inauguration de la statue
de Biaise Pascal iJ3
MAIRE DE BLOIS (M. le) annonce à l'Aca-
démie que l'inauguration de la statue
élevée à Denis Papin dans cette ville aura
lieu Ifi 29 août 304
MALLARD. — Sur les températures dinQam-
mation des mélanges gazeux. (En com-
mun avec M. Le ChâtcLicr.) SaS
MANGON (H.) présente à l'Académie, de la
part de M. Mijscnri,-an nouveau Volume
des « Annales du Bureau central météo-
rologique » 137
MANGOT adresse un projet de construction
de deux tunnels entre la France et l'An-
gleterre 424
MAREY. — Modifications des mouvements
respiratoires par l'exercice musculaire. i45
— Études sur la marche de l'homme aGi
— Caractères distinctifs de la pulsation du
cœur, suivant qu'on explore le ventri-
culi; droit ou le ventricule gauche io5
.MARIÉ-DAVY soumet au jugement de l'Aca-
démie une Noie portant pour litre
« Des variations du temps et des chan-
gemeiris de proportion de l'acide carbo-
nique de l'air ». (Eu commun avec M. ^.
Léi'y.) 3q
( ii36
MM. Pages.
M.\RTIN (Ad.). — Sur une mélhode d'auto-
collimation directe des objectifs et son
application à la mesure des indices de
réfraction des verres qui les composent. 219
— Sur l'emploi du sphéromètre aai
MARY-LAFON adresse une Communication
relative au Phylloxéra 208
MASCART.— Surl'électricitéalmosphérique. i58
MAUMENÉ. — Sur l'acide obtenu parM..fîo((-
t roux dans la fermentation du glucose. 33i
— Adresse une Note relative à l'absorption
de l'oxygène par le mercure 8g3
MAYENÇON. — Sur la présence du cériura
dans le terrain houiller du bassin de
Saint-Étienne (J69
MÉNARD adresse un Mémoire relatif à des
machines utilisant la poussée des liquides
comme force motrice 1 52
MENGEOT (A.). — Production de cristaux de
sesquichlorure de chrome, de couleur
verte persistante 389
MERCADIER (E.). — Sur la radiophonie.
929 et 982
— Sur des méthodes nouvelles et économiques
de produire des signaux lumineux inter-
mitlents 9^^^
MESNAGER (Cii.) adresse une Note relative
à la théorie des parallèles. 465
MEUNIER (Stan.). — Examen de la faune
marine des sables supérieurs de Pierre-
fitte, près Étampes 1096
MICHEL adresse une Note relative à la trans-
formation qu'a subie l'état sanitaire de la
ville de Chaumont, par le changement
des eaux servant à l'alimentation 880
MINISTRE DE LA GUERRE (M. le) transmet
un certain nombre de Rapports sur le
fonctionnement des paratonnerres frap-
pés par la foudre de 1868 à 1S80 277
— Informe l'Académie que MM. CJiasles et
Perrier sont désignés pour faire partie
du Conseil de perfectionnement de l'École
Polytechnique, au titre de Membres de
l'Académie des Sciences 5i5
— Transmet à l'Académie un Rapport sur
un coup de foudre qui a frappé le fort du
cap Brun 717
MINISTRE DE L'AGRICULTURE ET DU
COMMERCE (M. le) remercie l'Aca-
démie de l'envoi du Mémoire de M. Majc.
Cornu sur le Phylloxéra 5i5
— Adresse les Rapports de l'Académie de
Médecine sur les vaccinations pratiquées
en France en 1877 et 1878 1049
MINISTRE DU CHILI (M. le) transmet di-
verses publications adressées par M. Do-
mcyho, recteur de l'Université du Chili. 465
MIQUeL (P.). — Des bactéries atmosphé-
MM. Pages,
riques 64
MITTAG-LEFFLER. — Sur les équations dif-
férentielles linéaires du second ordre.. 978
MIZON. — Sur le projet d'établissement
d'une station hospitalière aux sources de
rOgboué par le Comité français de l'As-
sociation africaine 4'^i
MONDOLL ^
— Adresse une Note « Sur le rôle de la phlo-
gose névrasculaire pneumogastriquedans
les maladies du cœur » ^ii
MOUTARD. — Sur le contact des coniques
et des surfaces io55
44'
756
333
355
{ "
MM. Pages.
N.4LAXS0N (L.) adresse une Note relative à
la tlK^orie du sommeil 478
NAPPÉE (B.) adresse une Note sur les pres-
sions et les densités de l'air dans l'atmo-
sphère à diverses hauteurs, etuneNuto
sur la puissance des projectiles dans les
armes à feu 4^8
NAVEL adresse quelques considérations sur
les principes des diverses sources d'élec-
tricité 27;
NETTER (A.) adresse une Note intitulée
« Fait expérimental démontrant que,
chez les fourmis, il n'y a ni langage an-
tennal ni échange d'idées » 4"
— Adresse un Mémoire intitulé « Nouveaux
exemples d'erreurs commises par des sa-
vants dans la question de l'intelligence
et de l'instinct chez les animaux, et causes
de ces erreurs » 5 jr)
— Adresse deux autres Notes relatives à la
question de l'intelligence et de l'instinct
chez les animaux 1004 et 1049
M M . l'ajes.
NEYRENEUF. — Sur quelques propriétés des
flammes ^ai
NICATI (W.). — Élude sur la distribuliun
de la lumière dans le S|)ectro solaire.
(En commun avec M. Mme'. ) GiB
— De la distribution de la lumière dans le
spectre solaire (spectre des daltoniens).
(En commun avec M. Mncc.) 1078
NILSON (L.-F.). — Sur le poids atomique et
sur quelques sels caractéristiques de
l'ytterbiiim 56
— Sur le poids atomique et sur quelques
sels caractéristiques du scnndium 118
— Sur le poids atomique et les propriétés prin-
cipales du glucium. (En commun avec
M. Petterfi.snn .) , . 168
— Sur la chaleur et le volume moléculaires
des terres rares et de leurs sulfates. (En
commun avec M. Petters.so/?. ) a3a
NUX (de la) adresse des Communications
relatives au Phylloxéra i5aet 3i6
O
OECHSNER DE CONINCK. — Sur les bases
pyridiques agG
OGIER. — Recherches sur l'isomérie : la ben-
zine et le dipropargyle. (En commun avec
M. Bcrthelot.) 781
P.4BST [K.]. — Sur l'utilisation des cristaux
des chambres de plomb. (En commun
avec M. Girard. ) 570
— Sur l'oxvdaiion de la mannite 728
PAGEL (L. ) donne lecture d'une Note portant
pour titre « Ouvrages sur l'Astronomie
nautique » 3iti
— Soumet au jugement de l'Académie un
« Mémoire sur la règle pour éviter les
abordages » (i )4
PASTEUR (L.). — Sur i'étiologie du charbon.
(Eu collaboration avec MM. Chamher-
Innd et Rniix] .SG
— Expériences tendant à démonlrer que les
poules vaccinées pour le choléra sont
réfractai res au charbon ji5
— Sur I'étiologie des affections charbonneuses. 453
— Sur la non-récidive de l'atrection char-
bonneuse. (Avec la collaboration de
.M. Chnmhcrlnnd. ) 53 1
— De l'atténuation du virus du choléra des
poules G73
— Nouvelles observations sur I'étiologie et
la prophylaxie du charbon G97
PAUCHON ( A. I . — De l'influence de la lumière
C. R., 18S0, i'aem<;/re.(T.XCI.')
sur la germination 69a
— De l'influence de la lumière sur la respi-
ration des semences pendant la ger-
mination 864
PELLERIN (R.) adresse une Note sur le
maximum de déviation de l'aiguille
aimantée par l'action d'un courant élec-
trique 807
PELLET (H.) adresse une Note sur le dosage
du sucre cristallisable en présence du
glucose et de la dextrine 3o8
PÉPIN (le P.). — Nouveaux théorèmes sur
l'équation indéterminée «-r' -h hx'* = z' . 100
— Sur diverses tentatives de démonstration
du théorème de Fermât 366
PERNETl.T.). — Sur les variations des points
fixes dans les thermomètres à mercure
et sur le moyen d'en tenir compte dans
l'évaluation des températures 47 >
PERRIER (EnM.). — Les Étoiles de mer de
régions profondes du golfe du Mexique. 436
PERRIER (F.) est désigné pour faire partie
du Conseil de perfectionnement de
l'École Polytechnique 5iâ
— Fait hommage à l'.\cadémic du troi-
i5o
( ii38 )
MM. Pages,
sièrae fascicule du Tome XI du « Mé-
morial du Dépôt de la Guerre d SSg
— Exploration militaire et géographique de
la région comprise entre le haut Sénégal
et le Niger 5G2
PERRIER (L.). — Manomètre à tension de
vapeur, pour analyser les liquides et
mesurer les pressions 538
PERROTIN se met à la disposition de l'Aca-
démie pour les expéditions destinées à
l'observation du prochain passage de
Vénus "58
PETRIEFF. — Observations relatives à une
Noie de M. Boiirgnin sur l'action ultime
du brome sur l'acide malonique aSa
PETTERSSON ( 0.)- — Sur le poids atomique
et les propriétés principales du glucium.
(En commun avec M ISil.son. ) iGS
— Sur la chalpur et le volume moléculaires
des terres rares et de leurs sulfates.
(En commun avec M. Nilxnri. ) iSi
PEYRE (G.) adresse un projet de navigation
sous-marine iSa
PEYRUSSON. — Sur l'emploi de l'azotite
d'éthyle pour assainir les locaux conta-
minés 338
PICARD (E.). — Sur une propriété des
fonctions et des courbes algébriques. . . 2i4
— Sur une propriété des fonctions uniformes
d'une variable, liées par une relation
algébrique 724
PICARD (L.) prie l'Académie de vouloir bien
le comprendre au nombre des officiers
de marine destinés à faire paitie des
expéditions pour l'observation du pas-
sage de Vénus en 1882 1049
PICARD (P.-A.). — Note relative au mou-
vement alternatif d'une machine ma-
gnéto-électrique, actionnée par le cou-
rant d'une machine dynamo-électrique . 4 "
PIFRE (A.). —Nouveaux résultats d'utilisa-
tionde la chaleursolaire, obtenusàParis. 388
PIGEON (Ch.) donne lecture d'une Note
portant pour titre « Rôle de l'électricité
dans l'organisme animal » 3i6
PILLEUX (L.) soumet au jugement del'Aca-
W5
177
'79
412
VM. Pages
demie deux Notes relatives à la théorie
des forces électromolrices 104S
PLANCHON ( J.-L. ). — Le Fitis Bcrhindicri,
nouvelle espèce de vigne américaine. . .
PLATEAU (J.) fait hommage à l'Académie
d'une Note imprimée portant pour litre
« Une application des images acciden-
telles » 1 52
PLIMPTON (R.-P.l. — Sur les amylamines
de l'alcool amylique inactif 433
POINCARÉ. — Sur une altération particu-
lière de la viande de boucherie
— Sur la production du charbon par les
pâturages
— Sur les embryons accompagnant les cysti-
cer(|ues dans la viande du porc 362
POINCARÉ (H.) obtient l'autorisation de
retirer du Secrétaria t son Mémoire sur les
formes cubiques lernaires et quater-
naires, sur lequel il n'a pas été fait de
Rapport
— Sur la réduction simultanée d'une forme
quailratique et d'une forme linéaire... 844
POIROT ( A. ) adresse à l'Académie une Com-
munication relative au Phylloxéra 208
— Sur les effets produits par la culture de l'ab-
sinthe comme inseclifugeetsurson appli-
cation préventive contre le Phylloxéra.
POLETAIEU (N.). — Des glandes salivaires
chez lesOdonates ( Insectes névroptères ) .
POMPOSI (A.) adresse une Communication
relative au Phylloxéra 685
PORUMBARU. — Sur les cobaltamines gSS
POUPARD adresse une Note relative au trai-
tement des arbres fruiliers atteints par
la gelée dans l'hiver de 1879-80
PRÉAUBERT ( E.) adresse des « Recherches
sur la thermo-électricité » et un « Aperçu
des propriétés de la matière cosmique n.
PRZECISZEWSKI |C.) adresse une Commu-
nication relative au Phylloxéra
PUISEUX fait hommage à l'Académie, au
nom de M. Cnxcy, d'un Mémoire intitulé
« On cubic transfi/rmatinns n
PUJET (A.). — Sur la fonction résolvante
I pe l'équation x'" -^-p.v-i-q = o
C07
129
53o
io48
5i5
83i
611
Q
QUATREFAGES (de). — Lettre adressée à
M. le Président, à l'effet d'ouvrir une
souscription destinée à faire frapper une
médaille à l'effigie de M.Mi/nc Edtvnrds. 1 87
— Observations à propos du Livre de
M. de Nddnillac, intitulé « Les premiers
hommes et les temps préhistoriques » . 793
— Observations à propos de la publication des
CEuvresdu D'' Gwp'm' (livraisons I à 3) 794
QUET. — Le Soleil induirait sensiblement
la Terre, alors même que son pouvoir
magnétique serait simplement égal à
celui de notre globe. Induction de la
Lune par la Terre et variation diurne
lunaire des boussoles terrestres 409
( "39 )
R
MM. Pages.
R.VNVIER (L.). — Nouvelles rpcherches sur
le,* ori,'anes du tact. 1087
RATTIER adresse uiio Note concernant un
moyen de combattre le Phylloxéra par
l'écliaudago des viirnes 4>a
RENARD (Ad.). — Action de i'éleclrolyse
sur la benzine 175
— Sur les produits de la distillation de la
colophane 4 '9
RENAULT (B.). — Sur une nouvelle espèce
de Poroxylon 8C0
RENAUT (.1.). — Sur les gaines interne et
externe des poils [stratum vësiciilcux] ;
formation rétiruli^e ; lame kératogène. . . 1084
RICHET (Ch.). — De l'action de la strychnine
à très forte dose sur les Mammifères.. . i3i
— D'un mode particulier d'asphyxie dans
l'empoisonnement par la strychnine. . . 433
— De l'onde secondaire du muscle 82S
— Sur les dérivés chlorés de la strychnine.
(En commun avec M. Btmchnrdat.). . . 990
RIGHI (A.). — Expériences sur la décharge
dans les gaz raréliés 319
MM. Haiîcs.
ROBIN (M.), adresse une Noio relaiive à la
théorie de la nutrition animale 736
ROCHIÎ (.1.). — Sur la géologie du Sahara
septentrional 8go
ROCHEBRUNE (A. -T. de). — Formation de
races nouvelles. Recherches d'Ostéulogie
comparée, sur une race do bœufs domes-
tiques observée en Sénégambie 3o4
— Étude sur les vertèbres dans l'ordre des
Ophidiens 55i
ROLLAND. — Discours prononcé aux funé-
railles de M. Chaslcs ioi3
ROLLAND (G.). — Sur le gisement de silex
taillés d'El Hassi (Sahara algérien). . . . 245
ROSOLIMOS (S.) adresse une Note intitulée
« L'occlusion des orifices auriculo-ven-
Iriculaires; expériences et critique ».. 63i
ROUX. — Sur l'étiologiedu charbon. (En colla-
boration avec MM. Pasteur Bi Chamber-
lond 86
ROUYER (J.). — Sur un orage observé à
Laigle (Orne) le 6 août 1880 5o3
S.\BATIER (P.). — Élude thermique des
polysulfures d'ammonium et du persul-
fure d'hydrogène 5i
S.4.INJ0N. — La Loire, le Loiret et les cou-
rants souterrains du val d'Orléans 242
SAINTE-CLAIRE DEVILLE. — Des densités
de vapeur du sélénium et du tellure. (En
commun avec M . Troost. ) 83
— Sur les odeurs de Paris Sog
SAIOLE (J. ) adresse une Communication
relative au Phylloxéra iSa
SALLERON (J.). — Sur quelques modifica-
tions subies par le verre C90
SANSON (A.). — Sur la source du travail
musculaire etsur les prétendues combus-
tions respiratoires 336
SAUVAGE (H.-E. ). — Sur l'existence d'un
reptile du typeOphidien dans les couches
à Ostrea columliit des Charentes 671
SAUVAGEOT adresse une Note intitulée «Les
tissus végétaux au contact de l'air, source
d'électrici té » . ( En commun avec M . Gau-
thier. ) 916
SCHEURER-KESTNER. — Sur la dissolution
du platine dans l'acide sulfurique 69
SCHULHOF. — Sur la comète Hartwig
(d 1880) et sur la comète Swift (e 18S0).
(En commun avec ^[. Bossert.) 918
— Comète de Swift (c 1880). (En commun
avec M. Bossert. ] 965
- Sur la comète de Hartwig [d 1880).
(En commun avec M. Bossert. ) io5i
SCHUTZENBERGER ( P. ). — Sur la composi-
tion des pétroles du Caucase. ( En com-
mun avec M. Lmine. ) 823
SELLA est élu Correspondant pour la Sec-
tion de Minéralogie io44
SEURE(J.). — Sur un procédé de conser-
vation des viandes, au moyen de la
dextrine 945
SIRODOT. — Transformation d'une ramifica-
tion fructifère, issue de fécondation, en
une végétation prolhalliforme 862
SOCIÉTÉ HELVÉTIQUE DES SCIENCES
NATURELLES (la) adresse le pro-
gramme des réunions qu'elle doit tenir
à Brigue ( Valais ) 278
SOCIÉTÉ DE GÉOGRAPHIE DE LISBONNE
(la) informe l'Académie de sa nouvelle
constitution 48'
SORET ( Ch . ). — Influence de la température
sur la distribution des sels dans leurs
solutions 289
SORET(J.-L.). — Surlesspectresd'absorption
des métaux faisant partie des groupes de
l'yttria et de la cérite 378
STEPHAN. — Planète (217), découverte par
M. Coggia, à l'Observatoire de Marseille,
( ii4o )
MM. Pages, l MM.
le 38 août 1880 459!
— Observations de planètes et de comètes, I
faites à l'Observatoire de Marseille.
Pafjes.
TACCIIINI (LE P.) . — Surlacausedesspeclres
fugitifs observés par M. Tmm'elnt sur
le limbe solaire i56
— Résultais des observations de taches et
facules solaires pendant les deux pre-
m'ers trimestres de 1880 3i6
— Observations des protubérances, des fa-
cules et des taches solaires pendant le
premier semestre de l'année 1880 466
— Observations solaires, faites à l'Observa-
toire royal du Collège romain pendant
le troisième trimestre 1880 iii53
— Observations sur la comète Swift [e 18S0),
faites à l'Observatoire royal du Collège
romain io54
TANRET. — De la waldivine 886
TCHIHATCHEF (P. de) fait hommage à
l'Académie d'un travail intitulé : « Es-
pagne, Algérie et Tunisie. Lettre à
Michel Chevalier.» 5i3
TEMPEL. — Observations de la comète Faye,
faites à l'Observatoire de Florence-Ar-
cetri 5-3
TERREIL (A.). - De l'acide phylolaccique. 856
TESAR (F.-J.) adresse un Mémoire sur « la
densité de la surface de la Terre et la
masse de la Lune, déterminée par des me-
sures des axes terrestres et du pendule». 481
TUALÉN (RoB.). - Sur les raies brillantes
spectrales du métal scandium 45
— Sur les spectres de l'ytterbium et de
l'erbium 826
— Examen spectral du ihulium 376
THEN.\RD (P.). — Remarques à l'occasion
de la Communication de MM. Curie sur
l'électricité polaire dans les cristaux
hémièdres à faces inclinées 387
THOLLO.X (L.). — Observation faite sur un
groupe de raies dans le spectre solaire. 368
— Observation d'une protubérance solaire le
3o août 1880 43a
— Sur quelquesphénomènes solaires observés
à Nice 487
— Étude sur les raies telluriques du spectre
solairu (Observatoire de Nice) 5ao
— Éludes spectroscopiques faites sur le So-
leil à l'Observatoire de Paris 656
THO.MAS. — De l'inoculation du charbon
syraptomatique par injection intra-vei-
neuse, et de l'immunité conférée au venu,
au mouton et à la chèvre par ce pro-
cédé. (En commun avec MM. Jrloing et
Cornenn . ) 734
TISSERAND. — Observations de la comète
b 1880 (Schaeberle), faites à l'Observa-
toire de Paris ( équatorial de la tour de
l'Ouest). (En commun avec M. G. Bi-
j^oiirilan. ) 71
— Sur le développement d'une fonction
quelconque du rayon vecteur, dans le
mouvement elliptique S97
TOMMASI (D.). — Sur une nouvelle modili-
cation isomérique de l'hydrate d'alumine 23i
TOUSSAINT (H.). — De l'immunité pour le
charbon, acquise à la suite d'inoculations
préventives i35
— Identité de la septicémie expérimentale
aiguë et du choléra des poules 3oi
— Note contenue dans un pli cacheté et re-
lative à un procédé pour la vaccination
du mouton et du jeune chien 3o3
TRASTOUR (E.). — Sur la contagion du
furoncle 829
TRÉCUL (A.). — Exemple remarquable de
foudre verticalement ascendante 4^7
— Ordre d'apparition des premiers vaisseaux
dans l'épi du Leptiuus subidntus 564
— Ordre d'apparition des [iremiers vaisseaux
dans l'inflorescence du Mibora vei/ia. . 642
— Ordre de naissance des épillets dans l'épi
des LoUiwi 95 1
— Ordre de naissance des premiers vaisseaux
dans l'épi des Zo//««i ( i" Partie) io38
TRÉPIED (Ch. ) se met à la disposition
de l'Académie pour l'observation du
prochain passage de Vénus 100
TREUX (E. Dt) adresse une Note sur un
bolide observé à Amiens le 2 novembre. 77O
TRÊVE. — Sur quelques phénomènes d'Op-
tique et de vision SgS
TROOST (L. ). — Sur la densitéde la vapeur
d'iode 54
— Des densités de vapeur du sélénium et
du tellure. (En commun avec M. Sainte-
Claire DeviUe.) 83
TROUVÉ (G.). — Perfectionnements apportés
aux bobines du genre Siemens 48
TURG.\N (E. ) adresse une Communication
relative au Phylloxéra 4°
TURQUAN(L.-V.).— Intégration d'un nombre
quelconque d'équations simultanées
entre un même nombre de fonctions de
deux variables indépendantes et leurs
I dérivées partielles du premier ordre.. 43
( "
MM. Paces.
VAILLANT (L.). — Sur la ponte du Pleii-
rodeles IFoltlii 127
— Sur la disposition des vertèbres cervi-
ciiles chez les Cliéloniens 795
VALERY-MAVET. — Sur l'œuf (l'hiver du
Phvlloxera 710
VANDEVELDE(G.). —Vitesse de transmis-
sion de l'excitation motrice dans les nerfs
du homard. (En commun avec M. Fré-
(léiic(i. ) 23y
VARENNE (L.). — Action du l'acide fluor-
hydriiiue sur le bichromalu d'ammo-
niaque 989
VEUNAY (C.-F.) adresse une Communica-
tion relative au Phylloxéra 481
VIALLAXES (H.). — Sur les terminaisons
nerveuses sensitives, dans la peau de
quelques insecies 10S9
VILL.4RCEAU (Yvon). — Sur l'intégration
des équations linéaires au moyen des
sinus des ordres supérieurs i3
— Note sur la théorie des sinus des ordres
62
.24
4- )
MM. Pa(;e5.
supérieurs igS
VILLE (G.) obtient l'autorisation do retirer
du Secrétariat un Mémoire déposé par
son père, intitulé « Recherches minéralo-
giques sur les puits artésiens de la pro-
vince d'Alger » 465
VILLIERS (A.). — Remarques sur l'éthéri-
fication des hydracides
— Sur l'éthérification de l'aciile sulfurique..
VILLOT (A.). — Surl'organisati(.n et le dé-
veloppement des Gordiens 774
I — Sur une nouvelle forme de Ver vésiculaire
à, bourgeonnement exogène 938
I VIRY (C). — Méthode synthétique rapide
! pour établir les formules fondaraent:des
relativesaux changemenlsd'élat 106
VULPIAN faithommage àl'Académie, au nom
de MM. E. Pelikun et /. Tinpp, d'un
Ouvrage intitulé « Pharmacopée russe ».
— Des effets de l'arrachement de la partie
intra-cranienne du nerf glosso-pharyn-
gien
i83
io3i
w
WARRENDE LA RUE est élu Correspondant
pour la Section d'Astronomie 1044
WEREBRLSOFF (A.) adresse un nouveau
Mémoire sur les inégalités séculaires du
grand axe dans le mouvement des pla-
. nètes 807
WEST (E. ). — Sur les équations algé-
briques 59S et tJG4
— Sur la résolution deséquationsalgébriques;
examen de la méthode de Lagrange. . . 718
— Sur les équations algébriques: examen
des propositions d'Abel 739
— Adresse deux Notes fai.-^ant suite à ses
Communications précédentes et portant
pour litre « Sur les équations algé-
briques; examen de la méthode
de Wronski » 880
WIDEMANN adresse une Note relative aux
propriétés électriques du pa|iier py-
roxylé 893
WILLARD (H.) adresse une Communication
relative au Phylloxéra G08
WINTER se met à la disposition de l'Acadé-
mie pour les expéditions destinées à
l'observation du prochain passage de
Vénus "58
VVITZ ( A. ). — Sur un nouveau thermomètre
à ai r 1 64
WURTZ (Ad.). — Sur la papaïne. Nouvelle
contribution à l'histoire des ferments
solubles 787
— Sur une base oxygénée, dérivée de l'al-
dol io3o
YUNG (E.). —De l'absorption tt de l'élimi-
nation des poisons chez les Céphalo-
podes 238
— Sur l'action des poisons chez les Céphalo-
podes 3oG
De l'influence des milieux alcalins ou
acides sur les Céphalopodes 439
De l'influence des lumières colorées sur le
développemen des animaux 44°
( «142 )
MM. Pajes.
ZAZAREFF adresse une Note relative à une
pile électrique à pressinn 277
ZENGER (Cu.-V.) adresse une Note sur la
loi générale des mouvements planétaires
dans le système solaire 7^7 61 916
MM. Pages,
ZIEGLER (M.) adresse une Note intitulée
« Observations faites sur ia floraison du
seigle, provoquée par le contact de cer-
taines substances d 68
UAUTBIER-VILLARS, IMI-RIMEUR-LIBRAIRE DES COMPTES RENDUS DES SEANCES DE L ACADEMIE DES SCIENCES
Paris. — Quai des Augustins, 55.
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