V M \2 J^^ N^ ^^!w ^Sii ^1^ ^K '^'B^ ^ TENUE A DOUAI, EN SEPTEMBRE 1835. Aujourd'htti dimanche , 6 septembre 1855 , environ cent membres arrives a Doiiai pour si(5ger a la 5^ session du Congr^s scientifiqiie de France , se sont reiinis dans la vaste salle des assises , an palais de la Cour Royale *. A une heure apres-midi , M. de Givenchy , secretaire perpetuel de la Societe des Antiqiiaires de la Morinie , designe par lesmembres de la 2^ session, tenue a Poitiers, en septembre 1854, pour remplir les fonctions de Secretaire-general de la 5^ session , a Douai , ouvre la seance par le rapport suivant : Messieurs , « Je croirais abuser des momens de cette nombreuse * Ce palais avait ete mis , par M. le Premier President, a la dis- position du Secretaire-general, avec une grace et une obligeancev dont ce dernier eprouve le besoin de lui temoigner ici sa recon- naissance personnelle. Le Congres a vote , en seance gencrale v des remercimcns a ce venerable magistiat. assemblee , composee d'hommes eclaires veniis desdi- vers points du royaume et de I'etranger , si je venais aujourd'hui , dans un discours acad^miqwe , lui rappeler le but et les avantages des Congros scientifiques , dont nous allons ouvrir la 3^ session. Vous avez appreoi^ sans doute bien mieux que moi , Messieurs , Timportance d© cette institution litteraire , introduite en France depuis deux ans, par notre honorable collegue,M. deCaumontj je me bornerai done a vous rappeler en peu de mots ^ les resultats effectifs que les amis de la seience ont re^ cueillis des voeux emis dans les deux premieres sessions du Congres general, et meme dans le Congres provincial tenu a Douai , en juillet 1854'. > c La premiere session s'est ouverte a Caen , le 20 juillet 1855 ; trois cent seize membres s y sont reunis ou ont adhere aux actes de cette assemblee. La session de Poitiers , en 1854 , a reuni deux cent trente-cinq membres presens, et deux cent quarante et un adherens. > c La session de Caen avait emis le voeu que Ton envoyat des eleves a I'ecole desChartes, aux frais desde- partemens , et qu on soUicitat du mmistre I'envoi de quelques-uns d'entre eux dans les chefs-lieux ou il se se trouve de grands depots d'archives. Cevceuaeterem- pli en partie ; plusieurs de ces eleves ont ete envoyes, dans les provinces ; Poitiers, entr'autres, en recueille deja les fruits, etceux de nos collegues qui habitent cette ville , pourraient vous dire les decouvertes precieuses pour I'histoire de France , duesau travail assidu et eons- ciencieux de M. Redet , envoye par le ministre , en con-, sequence du voeu emis a Caen, *. € Un VQBU analogue a ete emis par le Congres provin-^ cial de Douai : o'etait de voir I'administration departe* mentale oonfier a un conservaleur probe et eclaire , la garde et le classement des archives de la chambre dei^ — 9 — Comptes des comtes de Flandre , deposees dans les salles de Taiicien Mont-de-Piete a Lille. Ce voeii a ete entendu de prime abord , par le respectable adminis- trateur place a la tete de ce departement. 11 a applani toutes les difficultes ; et grace a lui , ce precieiix depot est maintenant confie aux soins d'un savant dont I'eloge est dans la bouche de tous ceiix qui connaissent son hono- rable caractere et son erudition. > cM. le ministre de I'instruction publique a voulu repon- dre d'une maniere plus etendue encore , aux voeux emis par les deux premieres sessions duGongres general ; ila institue pres de lui , un comite d'archives , auquel sont attaches des correspondans pris dans toute la France , charges de signaler au comite I'existence de tous les de- pots d'actes, qu'ils peuvent decouvrir et les manuscrits inedits. Ces correspondans sont charges en outre d'exa- miner les archives , de proposer au ministre les mesures propres a en empecher la degradation ; de lui signaler les documens les plus importans qui seraient de nature k Jeter un nouveau jour sur I'histoire de notre pays ; en un mot , de les utiliser au profit de la science et de les sau- ver de la deterioration et de I'oubli , consequences maU heureuses de nos dissentions civiles. » 4 Le Gouvernement , de son cote, prend des mesures pour encourager et seconder le zele de ces correspon- dans , qui trouvent dans I'espoir de rendre service a leur Patrie , la seule et la plus digne recompense de leurs txavaux , sans^trea charge au tresor public. » < On avait exprime a Caen et a Poitiers , le desir de voir publier des biographies et des bibliographies locales, Peja un assez grand nombre de ces sortes d'ouvrages ont paru ; et j'ai la satisfaction de pouvoir justifier , au- jourd'hui meme , Texactitude de cette allegation , en \QUS annongant que je suis charge par MM. Louandre > — 10 — Dnsevel et Piers , de voiis faire hommage de iroisnouvel* les biographies, d' Abbeville, d'Amiens etde St.-Omer.» « On desirait aussi que les Societes s'occupassent d'line statistique monumentale : M. de Caiimont , que Ton est sur de trouver toujours, la ou il y a des progres k faire faire a la science , a cree la Societe frangaise pour la conservation et la description des monumens histori- ques du royaumc. Des inspecteurs divisionnaires et des inspecteiirs de departement , sont nomm^s dans toutela France , et correspondent avec le bureau central, etabli a Caen. > • Je poorrais encore vous citer plusieurs resultats obtenus par les Congres ; je ne cro>Is pas devoir pousser plus loin cette enumeration. » « Yoici I'arrete pris par Ic Congres scientifique de France , dans sa seconde session , tenue a Poitiers , en septembre 1854, arrete en vertu duquel j'ai I'honneur de remplir pres de vous , Messieurs , les fonctions de Secretaire-general de la 3^ session, » Art. i«r. Le c&ngres scientificjue de France , conformement a I'arrete qu'il a pris a Caen , le 24 juillet 1833 ; portant qu'il tiendra , chaque annee , une session , dans une des principales villes du royaume, et successivemeni d'une ville dans uneautre^ arrete que la 3« session du Congres atira lieu dans la ville de Dauai , departement du Nord. Art. II. Cette o^ session du Congres scientifique de France y s'ouvrira du 5 au 10 septembre 1835. Art. III. M. de Givcnchy , depute du Congres provincial de Douai , est prie de vouloir bien accepter les fonctions de Secre- taire-general de la 3« session du Congres scientifique de France. Art. iy. M. le secretaire-general de la 3® session du Congres scientifique de France, est charge de prendre toutes les mesures couvenablcs pour assurer la tenue de cette session. II est invite notamment a s'entendrc avec la Societe royale et centrale d'agri- culture , sciences et arts de Douai ; a indiquer des secretaires provisoires des sections , a rediger et a distribuer les lettres de convocation ; a former un comite preparatoire dont il prendra I'avis, pour la redaction d'un reglemcnt provisoire , pour la divi- sion en sections , et pour arreter les questions a soumcttre a la decision de la 5® session du Congres , outre cclles qui pourront roster a decider , la presente session terminee , et celles qui sc- raient redigecs par les Congres provinciaux. Art. v. II sera immediatement imprime , a un grand nombre d'exemplaires , un compte-rendu detaille des seances de la 2" session du Congres et des seances de sections , pour en etre adresse un exemplaire a chacun des membres qui y ont assiste ou adhere , et aux Societes savantes qui se sont mises ou qui S0 mettront en communication avec le Congres. Art. VI. La redaction du compte-rendu mentionne ci-dessus, est confiee k une commission , composee du secretaire-general , des membres du bureau du Congres et des bureaux des sections, en residence k Poitiers. La meme commission est chargee de I'execution des mesures arret6es par cette session du Congres , et de I'appurement des comptes. L'excedent des recettes sera reporte a la 3« session du Congres ^Douai. Pour copie conforme k I'original : Le President de la 2« Session du Congres scientifique , te Secrelaire-General , A. DE CAUMONT. DE LA FONTENELLE. < Nous avons, enconseqiience, Messieurs, a nous occu- per de constituer noire bureau definitif : le scrutin vadtre ouvertpour la nomination d'un president et de deux vice- presidens pour cette session. Je vais proceder a I'appel nominal ; deux bulletins serontremis a chacun desvolans; Tun servira a nommer le president , et Tautre les deux vice-presidens. w « Immediatement apres , MM. les secretaires des sec- tions , designes provisoirement par moi , inscriront les noms des membres presens qui desirent faire partie de telle ou telle section ; et domain ces memcs sections ou- vriront leur premiere seance dans les salles qui lour sont ^-12 — destinees , par la formalion , an scrutin , de leurs bu"- reaux parliculiers. > Sur le refus de M. Caiivin , le plus ^ge des membres presens , pour cause d'infirmites , M. Lair, conseillerde prefecture du Calvados, secretaire-perpetuelde la Societe royale d'Agriculture de Caen , est appele a la presidence d'age. MM. Moreau (de Saintes) , Hunault delaPeltrie (d'Angers), et Emmanuel Gaillard (de Rouen), sont appeles a remplir les fonctions descrutateurs provisoires. On procede immediatement a la nomination du presi- dent du Congres : Au premier tour de scrutin , les voix sont divisees entre MM. de la Fontenelle de Yaudore , de Caumont , Duplessis , Le Glay , Lair , baron Mechin, JuUien et le colonel Guingret. MM. de Caumont et Diqolessis qui ont , avec M. de la Fontenelle , obtenu le plus de voix , declarent se desis- ter de toute candidature , soil pour la presidence , soit pour la vice-presidence du Congres. Au second tour , M. de la Fontenelle , conseiller k la Cour Royale de Poitiers , est nomme president. On procede ensuite a Telection des deux vice-pre- sidens : an premier tour de scrutin , M. Le Glay , archiviste general du departement du Nord , est nomme premier vice-president , et M. Emmanuel Gaillard , secretaire perpetuel de TAcademie royale de Rouea , second vice-president. M. Lair , president d'age , invite le& membres du bureau definitif a prendre place au fauteuil. M. de la Fontenelle adresse a I'assemblce une courte allocution pour lui exprimer combien il est sensible a la marque de confiance quelle a bien voulu lui donner.. M. de Caumont demande la parole , et propose de nommer immediatement M. Guizot , ministre de Tins- triiction publique , president honoraire de la 3^ session du Congres , ainsi que cela s'est fait k Caen. L'orateur insiste sur les services rendusa la science par M. Guizot et oomme savant et xiomme ministre; il parle de ses nombreuses et importantes publications , des encoura- gemens qu il n'a cesse d'accorder aux societes savantes , et du monument vraiment national que ce ministre eleve en ce mocnent , en faisant recueillir sur tous les points du royaume , les documens inedits, reiatifs a i'histoire de France. M. de Caumont ajoute : que le nom de M, Guizot place en tete dela liste des membresdu Congres, ne pourra que rekver la dignite de I'assemblee , eni meme temps que cette mesure etaWira entre le gou- vernement et le Congres, des rapports directs,favorables a Tavancement de la science et a Texecution des mesures reclamees par cette compagnie, Cette proposition qui est vivement appuyee, pro- voque quelques explications qui ont ete resolues a la satisfaction des personnes qui les avaient presentees. La proposition de M. de Caumont est mise aux voix et adoptee. Immediatement apr^s , M. le president donne lecture dit reglement provisoire , et appelle la discussion sur chacun des articles. Les articles i , 2, 3, 4 , 5 , 6 , 7 , 8, 9 et 12 , sont fiuccessivement adoptes. Une legere discussion s'engage sur le second para- graphe supplementaire a I'article 11 : ces amendemens sont discutes , et le Congres adopte , a I'unanimite , le reglement dans les termes suivans : Art. !•'. La troisieme session du Congres seientifi^ue d« ^14 — France , s*ouvn'ra a Douai , le dinianche 6 septcmhre , a midi precis, dans la salle des assises du palais de la Cour Royale. Art. II. La seance d'ouverture sera presidee par le doycu d'ftgc des membres presens; trois scrutateurs seront appeles par le secretaire general, pour former le bureau provisoire, conjointement avec lui et le president d'Age. Immediatement aprcs le discours d'ouverture , prononce par le Secretaire-general, il sera procede, au scrutin secret, a I'elec- tion du president et des deux vice-presidens, qui formeront avec le secretaire general, le bureau central definitif. Aussitot le bureau constitue, M. le president invitera MM.Ie^ secretaires designes pour les sections , a enregistrer les noras des membres qui voudront s'y faire inscrire. Art. III. Sont convoques de droit, a cette session , lo les membres lilulaires de toutes les societes scientifiqucs , litte- raires et agricoles , legalement instituees en France ; 2o les prefets et sous-prefets , ainsi que les presidens , conseillers et membres du parquet des cours royales ; 30 les membres de I'universite , regulierement nommes par I'auioriie compelenie* Pourront etre egalcmcnt convoques, les savans francais ou Strangers , distingues par quelqu'ouvrage sur les sciences , les arts, la litterature , I'agriculture et I'industrie , ou notoirement connus pour s'occuper de ces matieres. Art. IV. Nul ne sera admis a se faire inscrire parmi les mem-^ bres du Congres , s'il ne presente au tresorier sa lettre de convocation, ou ne justifie d'une des qualites ci-dessus enoncees* II devra en meme temps , payer sa cotisation , qui demeure fixee , comme a Caen et a Poitiers , a 10 francs et signer le registre , comme preuve d'adhesion au reglement. Une carte sera delivree au membre admis , portant son nom et sa qualite ; il ne pourra eiitrer dans les salles du Congres , sans la presenter a la porte. Art. v. Les travaux du Congrfes seront repartis , comme a Caen et a Poitiers , en six sections , savoir : 40 Sciences physiques , matheraatiques et naturclles, 2° Agriculture, commerce et Industrie. 30 Sciences raedicales. 40 Histoire et archeologie. 50 Litterature , beaux arts et philologie. 6® Sciences morales , economiques et legislatives* Chacjue section a un bureau parliculier compose d'un presi- dent, un vice-president , et au moins deux secretaires. Tout membre du Congres a la faculte de se faire inscrire dans tel nombre de sections qu'il le jugera convenable. line carte speciale lui sera remise a cet effct, pour chacune des sa^lion^ dont il fera partie. Art. yi. Due commission permancnte , composee des mem- bres du bureau central , du president et d'un des secretaire de chaque section , sera iuvestie du droit de statuer , en dernier ressort , sur toutes les propositions et discussions qui pourraient survenir pendant la duree de la session. Elle entre en fonctions aussitot que les bureaux sont constitues. Le bureau central se compose du president du Congres , des deux vice-presidens et du secretaire general. II sera adjoint a ce bureau , sans toutefois en faire partie , un trcsorier charge de la eomptabilite de la 3« session , et un archivisle charge pendant la dur^e de la session , de la conservation des ouvrages dont il sera fait hommage a cette assemblee. Art. VII. II y a deux sortes de seances : I© les seances par- tieulieres de chaque section ; 2» les seances generales , toutes ks sections reunies. Art. vni. Les seances particuli-eres des sections se tiennent dans des salles designees a cet effet. Nul ne peut y assister , s'il n'esl inscrit au nombre des membres de la section , et y prendre la parole, s*il n'en a obtenu la permission du president, a qui appartient , de droit , la police de la seance. Nul ne peut y parler plus de deux fois sur le meme sujct , a moins que la sectioj» consultee n'en ordonne autrement. Art. IX. A Vouverture du Congres , toutes les questions et propositions soumises a son examen , sont reparties par la com- mission permanenle , entre les sections qu'elles concernent spe- cialement ; elles y sont discutees , suivant I'ordre du jour indi- que par le president. La section prononce sur chacune de ces questions ou propositions. Les secretaires font une mention exacle , dans leurs proces-verbaux des debats , ainsi que de la deliberation prise par la section , en indiquant le nombre de voix pour et centre la solution. Ces decisions sont soumises a la sanc- tion du Congres , dans les assemblees generales. Art. X. II y a , chaque jour , une seance generale , toutes les sections reunies. Le secretaire general lit d'abord le proces- yerbal de la seance precedente ; ensuite les secretaires des sec- tiorts (lonnehl successivement lecture des proces-verbaux 8e$ stiances particulieres tenues par les sections , dans la matinee^ Lcs resolutions des sections sont apportees par leurs secre- taires aux assemblees generales : le president donne lecture dfe chaque resolution ainsi votde par les sections , et demande s'il y a opposition. Eh cas d'opposition , le president du Congres met aux voix s'il y a lieu de r'ouvrir la discussion j^enerale; cette question est decid6e a la majorite ftbsolue des sufTrages. Nul ne pent prendre la parole aux seances generales , sans en avoir obtenu la permission du president , a qui appartient de droit , la police de la seance , et ne pent egalemcnt y parler plus de deux fois sur le meme sujet , a moins que le Congres consulte, n'en ordonne autrement. Art. XI. Apres la communication des proces-verbaux, les seances generales sont remplies par des lectures qui , au prea- lable, devront avoir ete autorisees par la commission permancnte, ou par I'une des six sections. Dans ce dernier cas , I'autorisation devra avoir ete prononcee par une majorite formee des deux tiers au moins , des membres de la section presens k la seance. Le president du Congres regie I'ordre du jour des seances generales. On aura recours au scrutin , aux seances generales , lorsque la proposition en aura ete faite par un membre , et appuyee par dix autres , et le mode de scrutin sera egalement adopte dans les sections, quand la proposition faite par un membre, aura ete appuyee par cinq de ses coUegues. Art. XII. Outre les questions et propositions indiquees au programme du Congres , tous les membres ont le droit de lui en presenter de nouvelles ; mais elles devront etre formulees par ecrit , et dcpos6es sur le bureau , en stance generale. Ces ques- tions ou propositions sont renvoyees immediatement a la con*- mission permancnte ; elle les examine eit decide , dans la journee , si elles peuvent etre admises. Dans le cas de I'affimative , elles sont renvoyees immediatement aux sections competentes qui les inscrivent au role. Quelle que soit sa decision , la commission en fait son rapport a la seance generale du lendemain. Sur la proposition de M. de Campigneulles, le Congre's decide que larticle supplementaire suivant , sera ajoute au reglement ; il est ainsi gouqu ; Art. XIII. Lorsque le president du Congres voudra prendre pjrtaux discussions , il dcvra prealablement ceder Ic fauteuil au vice-president , et parler comme membra^ Le secretaire general propose de fixer les heures des seances generales et des six sections, ainsi qu'il suit: La premiere section , Sciences physiques , maihe'ma- iiques et natureUea , tiendra ses seances , de six heures et demie a huit heures du matin, danslasalle du conseil, cntre les deux chaml)re8 civiles. La seconde section , Agrtcullure , Industrie et com" merce , liendra ses seances de sept heures et demie a neufheures, dans la salle de la premiere chambre civile. La sixicme section , Sciences morales , e'conomiques et legislatives, tiendra ses seances de neuf a dix heures et demie , dans la salle de la seconde chambre civile. La quatrieme section, Histoireet arche'ologie , tiendra ses seances de dix heures et demie a midi , dans la salle de la premiere chambre civile. La cinquieme section , Lilte'rature , heaux-arts et phtlologie , tiendra ses seances de onze heures et demie a une heure , dans la salle du conseil. La troisieme section , Sciences mc'dicales , tiendra ses seances , de midi et demi a deux heures , dans la salle des Jures. Le Congres.adopte cette proposition. MM. les secretaires des sections procedent a Tins- cription des membres dans chacune d'elles , leur clas- sement est indique a la table gencrale a la fiudu volume. La seance est levee a cinq heures. DES OUfiSTlONS tNVOYEES A LA 3"* SESSION DtJ CONGRE^ SCIENTIFIQUE DE FRANCE , QUI ONT ETE ADMISES PAR LA COMMISSION d' ORGANISATION. Sciences Physiques , Mathdmatiques et Naturelles^ 40, l)etermmer aUssi rigoureiisement qiie possible, la valeur des caraCt^res zoologiqiies , comme moyen de recortnaitre le niveau geologiqite des formations ? 2«. Les geoiogiiesadmettent qiie les silex pyromaqiies des craies sont dus ailx zoophytes ; les faits observes dans la nature paraissent enharmonie avec cette opinion; il semblerait done demorttre qUe la transformation de ces etres du regno organique , en cette matiere , est exacte. ^En est-il de meme des silex pyromaques du calcaire compacte employes comme pierres a batir ? 50. Quelle est la cause de la formation des couches de charbon mineral , de deux especes tres-distinctes dans line meme mine? — Sont-elles dues a la meme cause modifiee ou a deux causes differentes? — ^A quel mouve- ment interieur est due la position ou horizontale , on inclinee , ou verticale de ces couches? -— Quelle est la cause qui fait que generalement leur direction a lieu du nord au sud , plutot que de Test a I'ouest , sur plusieurs lieues de longueur, et sur une largeur de trois quarts de lieue environ? — Quelle est celle qui a pu produire , outre la direction, Tinclinaison dans les couches qui ne sont pas horiitontales? — A quelleTevolution peut-on attrw — 49-i l)iier le parallelisme dans la succession des coUches de schiste argileux , des bancs de gres schisteux, micaCe blanc meie d'argile , de ceux 4e gres dur , qui sonfc piusou moins regulierement intermediaires ^ depuis la premiere eouche de houille jusqu'a la derniere ; et se retroiivent repetes vingt , vingt-cihq , trente , trente- cinq fois et soiivent m^me davantage , dans le tti^md lieu? — L'epaisseur de ces couches et de ces bancs varie peu. — A quel mouvement interieur faiit-il attfibuei* ie changement de la masse des couches et bancs prece- dens, poUr que la direction, qui etait d'abord Inclinee a rhorizon , se soit ctiangee , h line profondeur quelquefois considerable , en direction horizontale ; puis celle-ci en direction inclinee du cote oppose a la premiere in- clinaisoh , et quelquefois aii lieii de Ce retoiii* ^ en direc-* tion presque perpendiculaire? Cette marche tres-remar- quable , est constante pour i'ensemble des coliches de houille superposeeset de bancs interniediaires. Quelle que soit d'ailleursla direction ou Vindinaison, elle form6 toujours un parallelisme constant , de sorte qlie ces differentes couches et ces bancs presentent des angles aigus ^t obtus , d'im m^me nombre de degres. Un fait bien remarquable dans cette disposition, C'est que I 40. La eouche de charbon ; 2o. Celle de son toit Oil schiste impressioniie ; S®. Le band de gres schisteux noiratre , facilemeht deconiposable ; 4'^. Gelui a graines de mica blanc mele d'argile ; 5^». CelUi de gres pur et tres-dur , se trouvent toujours places dans I'ordre inver- se de la gravite de leurs molecules , c'est4-dire, que les plus pesantes occupent la partie superieure et les plus legers la partie inferieufe* — <■ A quelle cause doit^on at- tribuer les empreintes de capillaires , de fougeres et de voseaux , la plupart exotiques , que Ton rencontre dans le toit des couches de houille , tandis que la eouche de — 20 — honille elle-m^me n'en presente aucune , non plus qno les bancs tie gres qui servent de couverture a celle-ci? — Quelle est la cause qui a donne lieu au sejour des eaux qui se trouvent en amas dans I'interieur des mines , k une profondeur de plus de 6 a 700 metres? Ges eaux^ d'une nature dilFerente a celle des eaux de source , sont isolees , sans communication avec ces dernieres et com- primees entreles bancs, de maniere a exercer une pres- sion tres considerable et telle que ces memes bancs cedent quelquefois h leur effort , lorsque I'exploitation enaete trop rapprochee ; ce qui occasionne I'inondation generale ou partielle des travaux ? 4®. Rechercher des signesplus positifs et plus certains que ceux qui sont connus jusqu ici , du gissement des eaux souterraines, pour obtenir des chances plus proba- bles de succes , dans le percement des puits artesiens. 50. Quelle est la cause de Tabaissement successif , depuis vingt-ans , du niveau des eaux souterraines , de telle sorte que dans de certaines provinces , il est de- venu necessaire d'approfondir les puits tons les six mois? 6<>. Rechercher et etablir T influence des divers rumbs de vents sur la vegetation? 70. Quelle a ete et quelle est encore Finfluence da la personne de Thomme reuni en societe , sur la distri- bution geographique des animaux et sur la destruction de quelques especes ? 80. Peut-on esperer fixer les limites de rhybridation desplantes, soit par Vobservation des faits naturels, soit par des experiences pratiques , et parvenir ainsi a demontrer quelles sont leurs affinites etleurs sympathies? 90. Quelle sont les moeursdes animaux invertebres ? iO**. Quel est le meilleur moyen de detruire le puce- ron lanigere ? Les precedes qui ont ete proposes par h ^2i — Societe d'Agriculture de Caen et par plusieurs autrcs Socieles, ne paraissent pas avoir eu un resultat cwiiplet? MtntUttit Btctmx. i>^ It I Agriculture , Industrie et Commerce* io. Qiielles sont les meilleiires mesures a prendre^ pour ameliorer les races d'animaux domesliques , et pour empeclier qu'elles ne degenerent ? 2o. Quelles sont les nouvelles especes de cultures a introduire dans les terrains sablonneux , exposes aux nitrations interieures des eaux de lamer? ■• 50. Quels seraient lesmoyens a employer pour par- "venir a detruire Tabus , concemant les baux a ferme , connu en differentes parties du Nord de la France , sous les noms de hon et mawcaisgri , droit de marche'y etc. ? 40. Quel serait le moyen d'imprimer a ragricultnre en France , une impulsion generale et uniforme , vers jes ameliorations ; quelle influence le Gouverncment peut-il exercer utilement dans ce sens f 50. Rechercher les moyens. les plus prompts et les plus economiques pour transformer les terrains mareca- geux en terres arables t 6<>. Indiquer quelles sont les especes de sols , dans lesquels le sel marin pourrait etre avantageusement em- ploye comme engrais ; indiquer un moyen de rendre ce sel impropre aux usages domestiques , de maniere a ce qu*on put Texempter d'impot , sans nuire au tresor , pour s'en servir comnie engrais ? 7<>. Recherclier quels seraient les quadrupecles , les oiseaux domestiques , et les poissons des pays etran- gers , qui pourraient hve naturalises en France , et y devenir utiles : emettre le voeii que le Gouvernement prenne des mesures pour les y introduire ? 80. Rechercher un moyen efficace d'amener les cuItU vateurs fran^ais a renoncer au nieme systeme de jachere triennale et a adopter des assolemens raisonnes , aveo prairies artificielles? 90. Determiner les avantages et les inconveniens de la charrue simple et sans avant-train et ceux de la char- rue avec avant-tr^in : indiquer les circonstances ou Tun de ces instrumens doit etre prefere a I'autre? 10^, Emettre le voeu : que le Gouvernement , et par suite, les conseils generaux , etablissent dans cha ,uo departement , une ferme-modele , formant une ecole d'agriculture. Developper , pouv motiver ce yqeu , cette - question : Une ferme-modele peut-elle avoir , relativement aux cornices agricoles , Tinfluence de la theorie sur la prati^ que , et devenir dans, cfiacjue departement , une ecole d'agriculture sur les rapports sulyans : La connaissance exacte des differentes natures des terrains qui composent le departement : fappreciation de I'influence athmos- pherique , le choix des productions les plus necessaires ou les plus avantageuses au commerce du departement : la vente et I'echange des productions des pays circon- Yoisins : les moyens de preserver les produits agricoles de ralteration : les procedes propres a I'arr^ter ou a y remedier : la construction , le perfectionnement ou la ipodification des instrumens aratoires , selon les locali- t^S : I'instruction des domestiques-laboureurs , des ma- pouvriers-agricoles et des ouvriers qui fabriquent ou reparent les jnstrumens aratoires ? li<>. Examiner s'il ne serait pas utile aux progres et h \^ defense des interets de ragriculture , de solUciter du Gouveruement Is^ creation d« chambres d'agriculture — 25 — dont les fonctions aiiraient quelques rapports , en ce qui concerns cette science, avec eelles des ehambres de commerce : entrer dans le developpement des attribu- tions a donner k cette noiivelle institution ? 420. Jmettre 1© voeu : qiie le Gouvernement adopte , dans Tenseignement primaire , des notions elementaires d'agriculture et d economic rurale : developper les motifs qui pourraient I'engager k adopter cette mesijre ? i5o. Developper Tinfluence que pent avoir sur Tagri- culture Qt sur le commerce , retablissement des grandes lignes de communication, par le moyen des, chemins de fer ? d4<>. Rechercher les moyens d^apptlquer avec dcono- mie la navigation par la vapeur , aux barques on bateaux du port de 48 a 80 tonneaux , dans le but d*activer le transport des marchandises , par les canaux ou rivieres Ganalisees, en imprimant a ces barques une Vitesse d'au inoins unelieue k Theure , sans toutefois endommager lesberges? Smmces Me'dicales, ^*^** ^. Qttelssontlesavantagesque lamedecirte-pratiique a pu retirer des revolutions de systemes , qui se sont succede dans la science medicale , depuis la doctrine de Brown jiisqu'a celle d'Hanneman ? 20. Quelle est Tinfluence de la medeeine sur I'liomme eonsidere sous le rapport physique et moral ? 5®. Quelles sont les modiiications apportees par les saisons et les constitutions atmosplieriques dans raction des agens therapeutiques et notamment dans le traite- ment des maladies epideniiques ? * - / ' — 24 — 4^. Quels sont les meilleurs moyens d'apprecier IcS proprietes d'lin agent therapeutique ? QHuatrirme Sfcttoiu Uisloire et Archeologie. i^.ha religion des Gaulois avait-elle puise a la reli- gion egyptienne , avant la conqii^te des romains? 2°. Quels etaient les avantages et les inconveniens dii systeme feodal , et son influence sur la civilisation et le bonheur des peuples ? oo. En vertu de quelle loi , la societe parait-elle , sui- vant les divers degres de la civilisation , tendre d'abord a la formation de grands empires , puis au morcellement en petits etats , puis de nouveau , a la fusion des petites souverainnetes en grands royaumes ? 4<^. Pourrait - on demeler dans la civilisation euro- peenne ce qu elle doit a TOrient et ce quelle tient do rOccident : serait-il possible dc distinguer dans notre civilisation fran^aise, dans nos lois, nos moeurs nos ins* titutions , etudiecs en general et par provinces , ce qui est d'origine gauloise , romaine ou franque ? 5®. Rechercher I'etat des lettres dans le Nord de la France , depuis la conquete de I'Angleterre , en 1066 , jusqu'a la fin du 12^. siecle ? 6^. Quelle etait la destination successive des cryptes^ en d'autres termes, des nombreux soulerrains que Ton trouve particulierement dans les departemens du Pas- de-Calais et de la Somme ; quelle date peut-on assigner a leur construction? 7<^. Rechercher pourquoi , comment , ou et a quelle epoque, out ete fixees les regies de la science heraldique. 8®. Rechercher a quelle epoque on a cesse , dans les ^25 — Gautes , d'employer avec profusion le marbre , dans les constructions publiques et particulieres. 9<^. L'ogive et les colonnettes groupees sont-elles con- lemporaines d'origine , ces dernieres n'ont-elles pre- cede Togive ? lOo. fimettre le vocu : que dans chaque province et ni^me dans chaque ville , il soit public une histoire inonetaire. il". Rechercher les raisons qui firent substituer,sous la seconde race de nos Rois , la fabrication presqu exclu- sive des monnaies d'argent , a celle des monnaies d'or presqu exclusivement employees sous la premiere race. i2o. Existe-il des monnaies romaines , frappees au pays des Nerviens , des Atrebates , Morins ou Menapiens, avec une indication certaine de ce fait ? i5". A't-il reellement existe des monnaies de cuir ? 140. Quelle destination precise peut-on assigner aux Mereaux ; a quelle epoque en remonte I'usage ? 15". A quelle epoque les Comtes de Flandre ont-ils commence a faire battre monnaie ? On croit savoir que leur premiere monnaie d'or date de Louis de Crecy. Literature , Beaux- Arts et Philologie, 1". Quelle est rinfluence respective du caractere des peuples sur les langues et des langues sur le caractere des peuples ; et par suite , en quoi la connaissance des langues peut^elle nous reveler le degre de civilisation et d'intelligence des peuples qui les parlent ? 2o. Pourquoi, dans le developpement de la civilisa- tion fran^aise , le progres de la litterature a-t-il precede la reforme politique ? . 5o. Qiielfe est , en general Tinfluence des revolutions poliliques sur la litterature ? 40. Inviter les societes savantes et les litterateurs , a donner une histoire des Troiiveres du nord de la France, faisant suite a celle qu'a publiee M. L'Abbe de la Rue , sur les Trouveres normands ? 5*>. Quel estretatdelalangueflamandedanslaFIandre frangaise et I'Artois ; a quel point y a-t-elle fleuri autre- fois , comment s'y est-elle insensiblement perdue ; quelle influence a-t-elle exerce sur le developpement intellectuel des provinces oii on la parlail ? 60. A quels ^ignes peut-on reconnaitre qu'une langue est en progres ou en decadence ? 70. Quelles sont les causes qui , depuis le XYII siecle, ont arrele le dcveloppement du genie de Tarchitecture , malgre les progres immenses des autres arts et de I'in- dustrie ? Quels seraient les moyens a employer pour lui rendre tout I'essor desirable ? Sciences Morales , Economiques et Legislatives, lo. Appeler Tattention des membres du Congres sur les nouvelles ameliorations qu il serait utile d'apporter a I'instruction publique en general, et sur-tout a celle des jeunes filles , beaucoup trop negligee jusqu'ici. dans les classes inferieures ? 2<>. Les Hotels-Dieu ne pourraient-ils pas etre diriges dans un but d'amelioration morale des malades qui y sont traites ? 50. Indiquer un plan d'edueation speciale pour les orphelins et orphelines ? 40. Quel est le dcgrc d'ulililc desbanquesdepartemen- — 27 — tales ; quelseraitlemeilleur pland'organisationa adopter? 5<>. Quel serait aussi le meilleur plan d'organisation a adopter pour Ics Colonies interieures , creees dans le but de supprimer la mendicite ? 6*^ , Un impot sur le sucre indigene peut-il 6tre d'accord avec les interets du pays et ceux de son agriculture ? 7^. Indiquer le meilleur regime a adopter , pour pro- curer aux detenus , a leur sortie de prison , les moyens de vivre honnetement , et pour les garantir de la misere qui les ram^ne presqu'inevitablement au mal; rechercher si les moyens d'obtenir ce resultat ne seraient pas : d«. Modification dans le systeme actuel de penalite ; 2o. Amelioration du regime penitentiaire ; 5^. Patronage coUectif sur les individus ? 8®. Quels sont les moyens a prendre , relativement aux forgats liberes , pour leur procurer des moyens d'existence , et garantir la societe des nouveaux crimes qu'ils commettent souvent ? 9°. Quelles seraient les ameliorations a introduire , dans le systeme actuel de I'administration des hospices , des bureaux de bienfaisance , ainsi que dans Tetablisse- ment des salles d'asile , de maniere a en diminuer les inconveniens ; quel serait le meilleur mode a suivrepour I'etablissement et la dotation des ouvroirs pour les enfans de 6 a 15 ans , qui y recevraient une instruction primaire et y apprendraient un metier ? 10°. Quels seraient les meilleurs moyens a employer peur Fentretien et Tamelioration des routes vicinales ? H<*. Rechercher les inconvenienset les avantages des deux systemes de jurandes et maitrises ou de la libre concurrence ? 120. Indiquer les moyens de remplacer avantageuse- ment le mode actuel de perception de I'impot sur les l^oissons, ensupprimantlesexercices, en accordant la libre ^28 — Circulalion , sans diminiier le produit net de cet iinp6t T 150. Existe-t-il une propriete litteraire ; le droit que la loi accorde b. I'auteur , est-U autre chose qu*un privi- lege fonde sur I'equite ? iA^. Dans quels delais et par quelles mesures transi- toires, pourrait-on arriver a faire disparaitre les prohibi- tions et les droits de douanes , qui entraventle commerce dans certains departemcns ? 45<>. Les rem platans jettent dans lesrangs de Tarmee^ nombre de sujets pervertis par les exces memes qu'ils viennent de faire a la veille d'etre re^us , gaspillant , en qnelques jours de debauches , le prix de leur remplace- ment escompte par des usuriers ; ne conviendrail-il pas que nul remplacenient militaire ne fut permis, si le remplagant ne consentait a ce que le prix fiit verse a la caisse des consignations , et rendu incessible et insaissi- sable jusqu a sa liberation , riuteret seid lui en etaal remis chaque annee * ? * Pendant la tenue de la session , plusieurs cnrestions suppler meiitaires ont ete soumises par divers membres a la commission' permanente , instituee en vertit de I'art. 6 du reglement ; plu- sieurs de CCS questions ont ele approuvees pvarcctte commission et renvoyees par elle a Texamen des sections. On trouvera ces questions ct les solutions qui ont ete adoptees pour chacune d'clles , dans Ic cours des proccs-verbaux des sections. TRA.VAUX DES SECTIONS. FffiEMIEEE SECflOM. SCIENCES MATIIEMATIQUES, PHYSIQUES ET N A TURELLES *, STANCE DU LIIxNDI 8 SEPTEMBRE 1835. ;* Presidence deM. Cauvix, naturaliste (auMans), doyen-d'§ge, et ensuite de M. le baron de Chauyenex , capitaine du genie , ( a Arras. ) A six heures et demie la seance est oiiverte. Mw Cauvin , naturaliste au Mans, doyen d'age , occupe le fauteuil. MM. Dournay, directeurdes mines de Lobsann, Lamarle , ingenieur des ponts et chaussees , a Douai * et Riviere , professeur de sciences physiques, al'ecole royale de Bourbon- Vendee , remplissent ies fonctions de secretaires. On procede auscrutin pour la nomination du president. M. Cauvin , ayant obtenu le plus de voix , temoigne h la section toute la gratitude d'avoir pense a lui , et ajoute qu'il serait extraordinairement flatte de diriger Ies travaux , mais que son age avance ne lui permet pas de repondre a pareille marque d'estime ; qu en conse- quence, il prie I'assemblee de porter ses vues sur une autre personne. Par le resultat d'un nouveau scrutin , MM. le baroa * Tout le compte rendu des travaux 4e la premiere section , a ite redige par M. Riviere , Tun des 5ccretaire9.v«^^- ' i f ' tie ChauVenet , capitaine du genie a Arras et Moread^ bibliothecaire a Saintes sont nommes : le premier ^ president de la section et le second , vice-president. M. Riviere fait observer que la nomination des secre-» taires ne doit ctre consideree que comme provisoire , et qu'il serait regiilier de passer ailssitot a un sCrutin. MM. les membaes de la section se levent alors et approuvent^ par acclamation , le choix des secretaires designes a I'avanCe par M. le secretaire-general. M. le baron de Chauvenet prend place au fauteuil et remercie la section des suffrages honorables dont il a dt^ I'objet : des Ce moment , le bureau se trouve definitive-' ment Constitu^. '^ M. de Givencliy , secretaire-general , depose sur le bureau un exemplaire du compte-rendu des travaux de la session precedente du congres , ainsi que les ouvrages olFertsparM. Girardin,professeurdeChimieaRouen, qui exprime son regret de ne pouvoir se rendre au milieu de nous ; puis plusieurs memoires qui sont renvoyes al'exa- men de la section ; enfin , M. le secretaire-general donne communication d'une lettre de T Academic des sciences de Toulouse, qui designe pour la representerau Congres M. Vasse , de St.-Ouen , inspecteur de I'Academie de Douai* M* et Mnie, Cauvin font hommage a la section d'une caisse d'echantillons de roches , mineraux et fossiles des departements de la Sarthe, duFinistere et du Morbihan* M. le president invite MM. Cheveraux , naturaliste , a Evreux, Dournay et Riviere, a examiner ces echantillons et a en rendre compte a la section. M. et M«i6. Cauvin olfrent encore une collection de cryptogamesdu Maine, de la Bretagne et de la Norman- die, ainsi que des phanerogames du Maine. M. le presi- dent prie MM. Hunault de la Peltrie , docteur en mede* — 31 — tine a Angers , Maugin , professeiir de botahiqii6 h I'ecole de medecine de Doiiai , Moreau de Saintes et de Bosny , natiiraliste a Lille , d'en prendre connaissance et de faire un rapport a ce siijet. M. de Caumont , correspondant de I'lnstitut , lit una lettre de la Societe Lineenne de Normandie , ecrite a M. le secretaire-general du congres, relativement a diverses questions d'lin haut interet sur I'histoire naturelle. M. de Caumont annonce qu'il traitera la premiere de ces questions qui est inseree au programme. M. le president trace 1 ordre du jour pour demain , ensuite la seance est levee. SfiANCE Dll MARDI 8 SEPTEMBRE. Presidence de M. le baron de Chauvenet* M. le secretaire donne lectilre du proces-verbal de la seance d'hier : il est adopte sans reclamation. M. le pre- sident propose de regler I'ordre dujour pour les seances suivantes. M. Dournay est charge de faire un rapport sur la notice de M. Mathieu , directeur des mines , au bassiit houiller du Nord , afin d'eclairer les debats lors de la discussion de la 3^. question du programme , remise au dSseptembre. La 4®. question est renvoyee au 9 , apres queiques observations de M. Vasse de St.-Ouen , sur la difficulte d*une solution ; M. Riviere , desirant y repondre , reclame la priorite pour le jour dii rappel de la question. La 5^. question est ajournee au 10 , et M. le president invite M. Vasse de St.- Ouen a prendre connaissance des memoires de MM. Roi et Fleuriau de Belle-Rue , memoires qui se rattachent specialement a la question. Les 6®. et 7^. questions seroiit traitees a leur lour de role. M. Moreau est prie d*examiner la 8«. question et de soiimettre , le 11 , Ics resultats de son travail. M. Macquart, undesauteurs des suites de Buffon , trouve que la 9^. question est immense et devient insoluble en raison de son etendue. Plusieurs membres , parmi lesquels on remarque MM. de Chau- venet , Lamarle et Maugin , tout en appreciant la verite de I'opinion de M. Macquart , pensent que I'auteur de la proposition a envisage seulement des generalites , et demandent en consequence , que M. Macquart veuille bien preparer un aperQU pour le 11. MM. de Caumont et Lair, secretaire perpetuel de la Societe d' Agriculture de Caen , sont charges de donner des eclaircissements sur la 10^. question , dont la discussion ne s'ouvriraque le 10. La commission permanente adresse , apres I'avoir approuvee , une nouvelle proposition que lui a soumise M. de Chauvenet : la section prie I'auteur de la deve- lopper , le 14. M. le president designe M. Arnoult, capitaine d'artil- lerie a Douai , pour faire , le 12, un rapport sur un memoire de M. Damemme de Caen , intitule : De I'Acler et I' Art de la Coutellerie. II designe aussi MM. Moreau , Fabbe Piton - Desprez de Coutances , Potiez - Valery , conservateur du Museum de Douai , et de Rosny , pour composer la commission qui devra se reunir a celle qui sera prise dans la section d' Agriculture , afin de visiter les jardins de M. de Taffin , ainsi que ceux de la Societe d' Agriculture. L'ordre du jour amene la discussion de la l*"e. ques- tion du programme , con^ue en ces termes : < Determiner aussi rigoureusement que possible , la * \aleur des caracteres zoologiques , comme moyen de 1 reconnaitre le niveau geologique des formations ? > iM, de Caumoht developpe par des raisonnemen:* judicieux et cVheureiises citations la question qiril a etu- diee avec divers membres de la Societe Linneenne de Norhiandie , entr'aiitres , M. Eude* Des Longchamps , et se resume ainsi : < on sait conibien la connaissance » des coquilles fossiles prete de secours aux geologues > dans la deterniination des niveaux geologiques et la > classification chronologique des objets : cependant , > plus les observations se sont multipliees , plus on a > vu qu'il etait difficile de determiner d'une maniere > absolue quelles especes peuvent ^tre regardees comme * caracteristiques de chaque rocher. Quelqiies geolo- > gues ont meme pense que les niveaux zoologiqUes ne » sont pas p^rtout paralleles anx niveaUx geologiques , :: • et qu'ils peuvent osciller suivfint les changements qui ; > surviennent dans la nature des couches : en d'autres • » termes qu'on pourrait trouver des fossiles dilFerens » dans des bancs paralleles et geologiqUement identiques; > mais d'une composition mineralogiqUe difFerente , et » des especes semblablesdans des assises dont le niveau » serait analogue : a-peu-pr^s comme nous voyons tons > les jours dans nos mers telles coquilles affectionner > un fondvaseux , telle autre Un banc de sable , d'autres » enfm nese trouver que sUr un fond solide. II importe » done poUr la science de determiner qUelles sont les > especes qui , independamment de I'influence exercee > par la texture des rocbes , peuvent etre regardees > comme caracteristiques de chaque formation. » M. Riviere confirme I'opinion du preopinant : bion plus , il croit que puisqu'il existc des passages insensi- bles d'une roche a une autre , tels que des protogines aux ste'a schistes , etc. , de mcme il doit y avoir des transitions de forme , de facies entre les corps organises fossiles : qu'en second lieu , ces passages , par exemple dansles coquilles fossiles , proviennent soitdei'instabilite , d*etats des milieux dans lesquels vivaient ces animaux , soit aussi d'une multitude d'influences accidentelles ; et qu il est excessivement difficile d'apprecier de semblables resultats , au moyen de ce qui se passe sous nos yeux, car , Tensemble de I'epoque liistorique n'est qu un ins- tant de celle qu'emploie la nature pour arriver a ces modifications. II appuie ces considerations sur les observations qu'il a faites dans diverses localites, principalement aux buttes coquillieres de St.-Michel-en-l'Herne , ou Vostrea edulis se montre sous des aspects si varies qu'on prendrait ces accidents pour des especes differentes. M. Riviere pense done que les naturalistes regardent souvent comme espece reellement distincte , un individu seulement modifie et qu alors il faudrait determiner les differences essentielles entre les especes, pour etablir de veritables caracteres . palwonto-geognostiques. D'autres membres participent k la discussion ; apres quoi M. le president formule le voeu suivant : c Engager les savants a determiner la valeur des caracteres zoolo^ giques et palceontologiques comme moyen de reconnaitre le niveau geologique des formations , et a signaler tons les faits propres djeter quelques lumieres sur cette question, t Le voeu est adopte par la section. M. Yates, secretaire de Tassociation britannique pour le progres de la science , a Cambridge , presente son ouvrage en anglais sur lesterrainsd'alluvions. M.lepresi- dent charge M. deCaumont d'en faire un rapport verbal. M. de Caumont met sous les yeux de I'assemblee sa carte geologique de la Manche , et entre dans des details geognostiques a cet egard^ Laissant de cote les alluvions et les depots tourbeux , , M. de Caumont commence sa revue par un terrain appar- ; tenant a ceux que M. Desnoyers regarde comme plus I i^Ceiits que les terrains tertiaires, et auxquelsil a donnd le nom de quaternaires ; M. de Canmont veiit parler du tttfy espece de pierre coquilliere tres leg^re qui se rencontre dans les communes de St. Eny , Nay-Bohon. Les sables jaunatres et tres fins qui se trouvent associes mi tuC a St.-Sebastien-de-Raids , et dans les communes environnantes, pourraient aussi se ranger dans les terrains quaternaires ; mais ils paraissent plus recents encore que le tuf. M. de Gerville a decouvert en 1825 , un terrain d*eau douce a St.-Sauveur-le-Vicomte. Depuis cette epoque le meme terrain a ete observe par M. de Caumont a Grosville , et tout recemment M. de Gerville en a constate la presence dans de nouvelles localites. Le calcaire gros- sier du cotentin consiste dans des faluns ou marnes calcaires de plusieurs especes , alternant parfois avec des bancs solides , et tellement riches en coquilles , que M. de Gerville est parvenu a en recueillir plus de mille especes , pour la plupart analogues a celles des terrains tertiaires de Paris , de Beauvais et du Hampshire en Angleterre. MM. Boue et Desnoyers ont prouve que le calcaire appele banc des baculistes de Freville, est une espece de craie compacte. La formation qui vient imme- diatement apres la craie est celle du lias; car on ne trouve dans le departement de la Manche ni les argiles ni le coral-rag , ni la grande oolite, nirooliteinferieure. Lelias occupe presque tout le plateau comprisentre Montebourg au nord , le Merderet et I'Ouve au sud et la mer a Test. Le calcaire de Valognes varie depuis le blanc jaunatre jusqu au gris bleuatre ; sa texture est subcristalline ou sableuse ; il contient un assez grand nombre de coquilles fossiles , et des ossements de crocodiles. On rencontre daris la partie nord-est du departement de la Manclie , principalement entre Cherbourg, St.-Pierre, Barfleur et k ^56 — Quettehon , une roche que M. Brognlart a reconniie pour etre de Tarkose. Le red-marle et tres developp^ entre Carentan et le bourg du Pont-Hebert. Le terraitt houillier le oiieux caracterise se montre dans la commune du Plessis. Le gres intermediaire est tres repandu dans lo departement , notamment aux environs de Cherbourg et de Valognes. Dans plusieurs communes des arron- dissemens de Coutances et de Valognes et sur les bords de la Vire, on rencontre des marbres bleuatres , gris ou noirs. Les grauwarkes et lesphylladesoccupentun grand espace. Les mica-schistes entourent les granites et alternent avec eux. Les stea-schistes remplacent les mica-schistes, et accompagnent les syenites et les granites dans la parlie septentrionale. Enfmlesrochersgranitiques se trouvent dans les arrondissements d'Avranches et de Mortain , dans celui de Cherbourg , et entre Coutances , St.-Lo et la mer. M. Riviere , en montrant a la section le catalogue de la Flore vendeenne , tres riche en hydrophilologie , annonce que les recherches en histoire naturelle qu'il avait entreprises dans la Vendee sont terminees, et qu il espere livrer bientot son ouvrage au public. La seance est levee. STANCE DU MERGREDI 9 SEPTEMRRE. Presidence de M. Moreau ( de Saintes. ) II est donne lecture du proces-verbal de la seance du 8 j. il est adopte sans reclamation. M. de Caumont rend compte de I'ouvrage de M. Yates, sur les terrains d'alluvion. M. le rapporteur trouvant Touvrage digne de Tattention des geologues engage la section a en faire un resume dans notre langue ^ M. Dournay a bien voulu se charger de ce travaiK — 57 — L^ouvrage de M, Yates est divise en quatre chapitres : Dans le premier chapitre , rauteiir decrit la marche de la desaggregation des roehes et dependant ; 1" Deschutes oil renversemens violens de grandes masses de roehes stratifiees. 2". Des efFets graduels de la congelation et de I'oxidation. 5*. De la structure de& roehes. II montre que les masses , en se detachant , affectent deux formes prin- cipales , le talus et le cone aigu-. Dansle second chapitre, apres avoir indique la maniere dont se produisent les materiaux qui doivent former les terrains d'alluvion , BI. Yates regarde raction de I'eau comme agent de leur distribution. II suppose d'abord que Teau coule sur un terrain, soit pen incline , soit horizontal, et fait remarquer le changement d'etat des detritus transformes de fragmens angulaires en blocs erratiques (Boulder Stones) en cailloux, gravier, sable et vase. II examine Teffet des torrens charges de cailloux et de fragmens de toute grosseur, resultant de la rupture des roehes sur lesquelles ils sent portes en approfondi&- sant ainsi le lit de ces memes torrens. M. Yates decrit un genre d'alluvion appele par lui Cone obtus ( obtuse Cone ) , et par Deluc, Pain de sucre fort applati , qui se produit lorsque les torrens charges de debris entrent lar teralement dans les vallees , les lacs et les p^laines , et il signale quelques curieuses modifications auxquelles cette forme estsujette. II decrit ensuite la formation des plaines d'alluvion et leursdiverses modifications : 11 essaie de montrer comment les debris peuvent avoir ete dis- tribues sur des surfaces parfaitement planes et a une dis- tance infinie, par des crues et desabaissemensalternatifs des eaux. L'auteur pense que le pouvoir de I'eau pour soulever du fond des corps pesantset pour les metlre en mouvement , augmente a mesure que I'eau devient plus profonde ,^ mais il avoue qu'il lui est impossible do donner la raisbn de pareille loi , ou bien d'cxpliquer — 58 — d'une maniere satisfaisante ce que ce resultat des eanx coiirantes a de rationnel. Dans le 5®. chapitre M. Yates decrit les formes afTectees par le detritus , lorsqu'il est transporte par une eau courante dans le milieu d'lme etendued'eau stagnanie. Sous ce point de vue il explique I'origine des sillons pa- ralleles. ( Parallel roads ) de Glen-Royen ficosse , etles formes des talus submerges que Ton apergoit sur les Lords de quelques lacs. Quand un ruisseau ouune riviere entre dans un lac ou dans toute autre masse d'eau en repos , le detritus tombe dans Teau tranquille de meme qu'il tomberait dans Fair , produisant un cone aigu sous Feau y mais le torrent en rongeant continuellement le sommet du cone , ce dernier prend la forme d'un cone aigu tronque par un cone obtus. M. Yates assure que Fal- luvion a Femboucbure des grandes rivieres est susceptible d'etre amenee a cette forme , modifiee selon les circons- tances , et que sa figure n*est pas reellement un delta comme on le croit generalement , mais un secteur de cercle. 11 parle de la maniere dont les lacs se remplissent de depots , puis il examine le mode de stratification de Falluvion , en faisant observer que les materiaux deposes dans les eaux tranquilles sous les formes decrites , sont probablement arrangees des le commencement en strates fortement inclines , et que les conclusions deduites par les geologues de la grande inclinaison des strates de sedi- ment , sont peut-etre incorrectes dans plusieurs cas. Dans le 4^. chapitre M. Yates rend compte des phe- nomemes produits par la rencontre de deux torrens , et explique la tendance continuelle d'aftiler Fangle de leur confluence. Par les memes principcs il explique la for- mation des barres ( amas de sables de roches , etc. ) a I'embouchure des cours d'eau et determine enfinl'arran- i>'ement des detritus que cos courants y ont deposes. ^ 59 —^' M. Jobard , president honoraire de rAcadeinie de rindustrie fran^aise a Briixelles , presente iin memoire intitule du Logophore , on moyen de propager ies sons a de grandes distances. MM. Lamarle , Piton , Desprez et Vasse de St.-Ouen, sont pries d'examiner ce travail. M. Riviere presente un rapport favorable sur rhom- mage fait par M. et M"*®. Cauvin , en dchantillons de geologic ; et sur la proposition de la commission , la section , par I'organe de son president, adresse des re- mercimens a M. et M"^®. Cauvin *. Uordre du jour appelle la discussion de la 2"ie ques- tion pose eainsi : « Les geologuesadmettentque Ies silex pyromaques des craies sont dus aux zoophiles , » les fails observes dans la nature, paraissent en harmonic aveccetle opinion ; il semblerait done demontre que la transfor- mation dccesetres, du regne organique encetle matiere , est exacte ; en est-il de memo des silex pyromaques du calcairc compactc , employes comme pierres a balir ? M. Riviere fait observer que depuis long-temps on sail que dans la craie , il cxiste des silex pyromaques , provenant directement de corps organiques ; que nean- moins toutes les masses de silex pyromaques ne resullent point d'une semblable transformation ; que celte sorte d'epigenie ou de pseudomorphismezoO'mme'ral,s 3Lpp\iqi\e aussi a d'autres matieres siliceuses des terrains oolitiques et du lias; que de plus, la proportion de telles transfor- mations, n'est pas touj ours en raison inverse dd'anciennete * Roches : granites mica-schistes stea-schistes , gres rouge et vert , porphyre-quarzif^re , eurite rubanee, amphibolite , diorile diverses especes de calcaire , etc. Mineraux : limonite titanate de fer , galene , phosphate de plomb, staiirotide,andalousite, spath-calcaire, quarz,grenat,etc. Fossiles : oursins gryphees , ostrees terebratules planorbes , Jyranees , etc. ^^^ — 40 — de ces terrains , et qu au reste , les exemples freqit^ns demontrent la verite de ces propositions theoriques;- ' M. deCaumontappuiefortement ce que M. Riviere vient de dire , et ajoute qu'il se trouve dans la craie , avec les silex pyromaqiies , des fossilesnullenient transformes en silex. M. Hunaiilt de la Peltrie confirmeles assertions des deux precedents geologues , et pour faire voir combien devrait s'agrandir i'idee qui se preterait a la transforma- tion absolue des zoophiles en silex pyromaques , il ch&^- les assises prodigieuses de silex qui alternent avec la" craie , vers les falaises de Dieppe. Enfin, apres une dis- cussion , eclairee tour a tour par MM. de Caumont ,'^^ Cauvin, Hunaultde la Peltrie, Macquart, Moreau, Vasse de St.-Ouen et Riviere , la session s*arrete a I'opinion suivante : Les masses de silex pyromaques que Ton est etonne de voir quelquefois si grandement et si regulie- rement developpees et dans la craie et dans d'autre* terrains , sont dues a des phenomenes analogues et or-'* dinaires. Des depots alternatifs de calcaire et de silice , accompagnes de matieres etrangcres , se sontsuccede pendant divers pcriodes geogeniques , suivant les regies de stratification que nous apercevons dans les terrains a couches horizontales. Puis, comme accident , des corps organiques ont , par une cause qui ne se trahit point et iavorisee par I'infiltration , attire la silice , disseminee dans le calcaire , et se sont ainsi transformes en silex pyromaque , en silex come (hornstein) , jaspe , etc. On passe a la 4®, question , savoir : Rechercher des signes plus positifs et plus certains que ceux qui sont connus jusqu'ici , du gisement des eaux souterraines > pour obtenir des chances plus probables do succes , dans le percement des puits artcsiens? M. Vasse de St,-Ouen retrace ses observations dove- ^41- loppecsa la seance d'hier, M. Riviere enumere les con- ditions necessaires pour la reussite des puits artesiens , dont voici les principales : 1®. L' existence dansl'endroit ail s'execute le forage, d'un cours ou d'une nappe d'eau souterraine sans solution de continuite , causee soit par un obstacle , soit par la permeabilite des roches , 2**. Le peu d'epaisseur des couches des terrains qui reposent surl'eau. 5". Un reservoir communiquant et superieur an lieude I'essai, ou bien une force agissant de Tinterieur a la surface du globe , ou une pression de la croute ter- restre sur la masse liquide. II termine en disant que , prevoir autant de circonstances, serait, dansl'etat actuel de la science , I'art inconnu du devin ; que cependant , la geologic pourra devoiler beaucoup de secrets et lever ainsi la plupart des doutes. On entend successivement MM. deCaumont, Cauvin, Moreau et Vasse de St.-Ouen. M. Lamarle pense , avec raison , que jusqu'a present, on ne possede point assez de documens , meme pour resoudre a moitie la question ; que devant tout attendre de bonnes observations , il demande qu on engage les savans a se livrer a des recherches sur la conformation , la superposition des terrains et sur les nivellemens des eaux souterraines. La section invite M. Lamarle a rediger sa proposition qu'il formule en ces termes : '-^ « La section reconnait qu avec les connaissances geo- » logiques acquises jusqu'ici , il n'existe point a priori, » de caracteres apparens, quipuissent permettre d'assu- » rer I'existence d'eauxsouteraines jaillissantes dans un » lieu determine ; elle pense que ce probleme n'est pas » susceptible d'une solution generale ; mais que dans » ohaque departement , la confection d'un atlas de cou- » pes geognostiques, formations par formations subqaa- » ternaires , indiquant , pour chaque sondage , le niveau »> Tclatif et I'epaisseur de chaque couche constatcie , — 42—, » poiirrait seule four»ir^ sur cette question, des indi- » cations sati&faisantes. ?i. La section approuve cette proposition. M. de Givenchy , Secretaire^General , qui n'avait p« prendre part a toute la discussion , parce qu'il etait retenu ailleurs par ses fonctions, entre dans quelques details sur une operation relative a un puits artesien ^ qu'il a fait executer a St.-Onier, non dans le but de se procurer de lean , mais au contraire , pour absorber celle d'untorrentsouterraindes 1^^* couches qui inondait une cave. Ge puits artesien fut fore contre sa cave , a 42: metres de profondeur, I'eau s'eleva seulement a une hauteur de 35 metres , consequemment a 7 metres au- dessous du sol superieur. II y fit diriger les eaux du torrent; le puits absorba tout, et depuis , non seulement sa cave , mais celles de toutes les maisons voisines , qui etaient egalement inondees , furent parfaitement desse- chees. Get exemple donna Fidee d'employer le meme precede pour dessecher les marais eommunaux de la ville de St.-Omer , au moyen d'un grand nombre de puits artesiens, ou hoit tout ; mais des circonstances etrangeres empecherent Fadministration municipale de donner suite a ce projet, M. Lamarle rapporte un fait analogue arrive a St. -Denis. M. Yasse de St.-Ouen cite un exemple pour montrer que dans des positions qui paraissent favorables et par leur symetrie et par leur rapprochement de lieux , ou la reussite des puits artesiens a ete complete , on ne doit pas chercher la certitude, mais seulement desprobabilites de succes. Le percementa ete sans reussite dans lapro- priete du marechal St.-Cyr , propriete qui , cependant , est situee a Yilliers , dont la position est semblable a celle de St.-Ouen , et dont la distance , a ce dernier village , n'est que d'une lieuc environ. ^45 — L ordre du jour etant epiiise , la seance est levee* SfiANCE DU JEUDI 10 SEPTEMBRE. Presidence de M. Moreau (de Saintes). La lecture du proces-verbal de la seance du 9 est suivie de quelques observations , relatives a la forme de la redaction des propositions presentees , ou eclairees par la section. Ges observations sont faites par MM, Dournay , Lamarle , Lenglet capitaine du Genie a Douai , Macquart , Mangin , Moreau , Pottiez-Yalery , Riviere , Vasse de St.-Ouen : apres quoi le proces-verbal est adopte. M. Jobard, qui n'avait pu assister aux debats soule- ves sur la question du forage des puits artesiens , com- munique un procede de sondage , pour la recherche des fontaines jaillissantes et celle des mines. Ge moyen parait analogue a celui que les Ghinois emploient depuis un terns immemorial : selon M. Jobard , il serait preferable aux aulres , car , sans mentionner tons les inconveniens auxquels il remedie , en operant a I'aide d'instrumens de percussion appropries aux terrains et suspendus a uno corde ou a une chaine , on atteint a des profondeurs immenses , outre cela I'appareil pent etre mu , soit par des animaux , soit par une machine a vapeur. Un sem- blable procede procurerait done economic de tems , d'argent, etplus de chances de succes. Des 1829, M. Jobard a fore un puits d'essai de soixante quinze pieds dans la Phyllade , aux environs de Marie mbourg , et maintenant des forages commences dans plusieurs villes promettent les succes desires. M. le president designe MM. Lamarle , Lenglet et Riviere , pour prendre connaissance de Touvrage de M. Hervfeii, siir retectricite atmospherique , et d*en rendra> compte a la section. M. le secretaire general, adressea la section, aunom? de la commission permanente, la propositioa suivante, qui avait ete soumise a son approbation par M. Isidore? Lebrun : « que les Societes Savantes de tons les pays ,, » notammcnt les Socictes des Sciences physiques et )) naturellesetablissentrechange regulier deleurs travaux, » que la presse periodique public avec rapidite et dis- 9 cernement , les observations dont I'examen comparatif » pent accroitre la diffusion de ces sciences , principa-. » lement en ce qu'elles ont d'applicable a I'agriculture , » l€s arts et le commerce, w M. Isidore Lebrun , homme de lettres a Paris , et auteur de ta proposition, s'attache a en prouver I'utilite etFinfluencequ'elle doit exercersurFavenirdu commerce J il signale diverses Societes Savantes et certains travaux- dont les noms seuls parviennent jusqu'a nous. L'hiver dernier, ajoute M. Lebrun, presqu'a I'insu du commerce d'Europe y a ete le plus violent qu'ait sirbi depuis 50 ans FAmerique dn nord. C'est senlement le 25 mars que FAcademie des Sciences a regu quelques observations thermometriques , encore etaient-elles inexactes. Les ouvrages de zoologie et de geographie reputent toujours les Canadas riches en animaiix a fourrures , tandis que te commerce n'y en trouve que fort pen; les tribus, indiennes elles-memes disparaissent. De recentes obser- vations qu'ont faites sur elles des Societes Savantes de FAmerique, sont inconnues en Europe. C'est apres avoir conslruit des flottes avec les bois du nord americain, pendant plus d'un siecle que la marine vient de dccouvrir leur inferioi'ite. Le medecin n'a pas ete bien informe des ravages du cholera au-dela de I'Atlanlique , ou ont ete conUrnices les observations sur les terrains que le fleau ^ 45 — jifiecte oil d^laisse. MM. Lamarle, Macquart et Riviere , reconnaissent rimportance de I'extension des liaisons , €orrespondances et publications de cette nature , mais ils entrevoient aussi Timpossibilite d'ariiver a une exe- cution absolue. La proposition mise aux voix est rejetee par la majorite. La commission permanente adresse encore a la section une question soumise a son approbation par M. Lenglet ct congue ainsi : « D'apres Tetat actuel de I'univers , quel » a du etre necessairement son etat primitif? et eH » partant de cet elat primitif, comment les globes ont- » ils du se former et se mouvoir ? quelles sont les causes » de rincandescence des uns, etde I'opacite des autres** Apres quelques mots adresses a I'auteur de la question par MM. Piton-Desprez et Riviere , sur I'impossibilite de trouver une solution reelle en cosmogonie , M. Lenglet dit qu'il se propose de traiter la question , le 13. ; »-|jojfi^ M. Vasse de St.-Ouen fait un rapport sur la S®*, question : « Quelle est la cause de I'abaissement succes- » sif du niveau des eaux souterraines, de sorte que dans » quelques provinces, ilest necessaire d'approfondir les » puits tons les six mois ? » « Cette question , dit M. Vasse , a deja ete agitee et je dois rappeler que la cause en fut attribuee a la dimi- nution des eaux depluie, depuis20ans, dans les environs de la Rochelle. Cette solution. Messieurs, ne pent pas s'appliquer aux autres parties de la France , parce que les diverses observations n'indiquent pas de diminution dans la quantite des eaux pluviales. Je suis done conduit a reprendre la question d'une maniere generale. La cause de I'abaissement successif du niveau des eaux sou-^ terraines ) parait dependre du defrichement des forets. Trois consequences immediates resultent, en ett'et, de ce defrichement : ^otismq d Ces for^ts ne soittirent plus Thumidite des mtages i Ipoiir la repandre en pluie ; le terrain depoiiille, laiss6 coiirir les eaux pluviales siir sa sitperficie , et ne leur presente plus la facilite de s infiltrer dans sa profondeur. La 3™® consequence , c'est que I'evaporation enleve plus facilement I'humidite de la superficie du sol , lorsque la grande vegetation forestiere, ne le defend plus de Tac- tion directe des rayons solaires. ^i :■ EnefFet, Messieurs, depuis Tordonnance de i775 ou 1776, qui favorise les defrichements, un grand nombre de sources ont disparu du pied des montagnes dans le midi dela France, etmalgre les defenses actuelles,Ies defrlche- mens ne sont pastoujours empeches par MM. les maires, qui n'ont pas , a leur disposition , assez de moyens pour €xercer une repression active sur de vastes montagnes. Cette diminution des sources ramene , Messieurs , votre attention sur la conservation des bois, conservation qui se trouve liee aux plus grands interets de la Societe, puisque outre leurs usages generaux , ils determinent la formation des courants reguliers , et que cette regu- larite d'ecoulement favorise la navigation interieure , le commerce,et souvent I'agriculture. La question est assez importante , Messieurs , pour que je ne me borne pas a des idees generales , et pour qne je reclame encore un moment votre bienveillante attention , sur deux cas particuliers qui me paraissent mettre la solution de la question dans tout son jour , et eliminer les difficultes par une disposition locale tres- favorable. Au bord d'une plaine tres-basse et tres-etendue , s'ele*' vent deux coUines appelees les Alpines; les eaux s'en deversent d'un cote , dans la plaine de la Crau d'Arles , et de I'autre, dans la plaine de St.-Remi, plus elevee que la premiere. Ces collines etaient autrefois boisees , et d6 leiir selh sortaititn ruisseau d'eaii vive ; dopilis le defii- cliement , plus de ruisseau , c'est un torrent pendant les orages, c'est un torrent redoutable de 200 pieds de largeur , qui donne passage , en quelques heures , a I'eau qui , autrefois , en s'infdtrant a travers quelques couches calcaires, employait toute I'annde a s'ecouler , et qui porte actuellement la devastation aux lieux m^mes ou le paisible ruisseau rcpandait I'abondance. II est evident, d'apres la disposition des lieux, l®. QAe I'ancien ruisseau qui sortait du sein des Alpines , ne pouvait provenir des lieux circonvoisins , piiisqu'ils sont inferieurs. 2^. Quele deboisement a fait tarir le ruisseau. 3<*. Qu'il a donne lieu a im ecoulement , sur la surface du sol , qui produit le torrent. 'pi^**l^ Ainsi par un deboisement , un torrent a renijplace une source. Je vais citer un autre fait qui tend Encore plus di- rectement a la solution de la question proposee. Une petite colline de quelques hectares a ete defri- chee dans le domaine de la Tour de Suede , pr(^s d6 Frontignan , et le puits du meme domaine a ete prive d'eau. Or I'eau de ce puits ne pouvait pas provenif d'ailleurs, puisqu'il est situe a plus de 50 metres au-dessus du vaste etang de Cette , qui borne d'un cote ledit do- maine , et que de I'autre , aucun changement n'a ete fait dans la plaine sur laquelle domine la seule colline pre- citee , que I'imprevoyance a deboisee, *^ Les resultats se manifestent en grand comme en petit , il importe done que les administrate urs et les particuliers soient de plus en plus eclaires sur la consequence du deboisement , afm de I'eviter dans les cas defavorables. Mais comme I'interet du moment tend sans ccsso a detruire, parce qiie, le combustible pent se changer facilement en valeiir monetaire , le legislateur doit in- ft — 48 — tervcnlr comme protecteiir eclaire des interets geherau^r'^ afin de conserver un approvisionnement indispensable a la prosperite presetite , et a la prosperite de nos der^ niers neveux. C'est aiix proprietaires a donner Fexemple de Tam^*- nagement des bois, en attendant que la legislation puisse tenir lieu dune prevoyance hors de la portee ordinaire du Yulgaire* Voila pourquoi sans doute les anciens p'euples eurent leurs bois sacres ; voila comment ils retinrent dans une crainte religieuse la hache ton jours prete a frapper les geans de la vegetation , et parvinrent a nous transmettre un heritage que, malgre nos efforts, nous ne pourront rendre en aussi bon etat, sur-tout dans quelques parties des provinces meridionales de la France, oil le terrain a ete enleve jusqu au rocher , et oil quel- ques siecles sufliraient a peine pour retablir les forets. Messieurs , en joignant vos observations aux miennes , vous jugerez dans votre sagesse , s'il est convenable d'emettre une opinion a ce sujet , afin que les desastrcs du midi de la France en preservent totalement le nord. » M. Hunault de la Peltrie , qui se propose de presenter a la section un travail sur cette question , demande que la discussion soit remise a demain : cette proposition est adoptee. La seance est levee, SfiANCE DU VENDREDI u SEPTEMBRE 1835, Presidence de M. Moreau (de Sainles). Le proces-verbal est lu et adopts. L'ordre du jour appelle la continuation de la discussion sur I'appauvrissement des sources. M. Hunault de la Peltrie lit un memoire oil sont relatdes les observations — 40 — qii'il fi faites'eri Anjoii, depuis plusieurs annees , et se ijesume ajnsit.*-*; i-c: ;,. •-;';.' .:.'.'.,■..■. i ,\- <, .;: « L'appauvrissfement des sbiircesdans n«$-conlrees , p^sulte d'unfe foiile de causes , et dont voici les princi- pales : La diminution des pluies , des brouillards , des niaiees atmospheriqiies , des rosees et de tousles autres pieteores aqiieux ; la cooperation de la chaleur , la direction de$ vents d'Est, contrairement a ceux d'ouest > Fexhaussernent du fond de la Loire et de ses rivieres affluentes ; la diminution du volume de leurs eaux , le dessechement d'un grand nombre de leurs bras ou che- iials , les travaux de canalisation et d'ecoulement des eaiix; les routes de tqutes especes, les nivellemetis et les travaux qvVilsOnt necessites ; les divisions indefinies de la propriete qui a detruit les bassins d' alimentation et d'ecoulernent , amensigemens bien entendus de la grande propriete , la culture , les dessechemens , les defrichemens du sol , les usines hydrauliques , les puits artesiens, les travaux d' extraction , etc. , etc.)) M. Vasse do St.-Ouen regrette que M. Hunault de la Peltrie n'ait pas apporte sa masse d' observations dans le sein de la commission , chargee de I'examen de la ques- tion , sur laquelle le travail aurait peut-etre jete un nouveau jour , malgre que M. Hunault de la Peltrie ne relate des observations que pour une corttree limitee , et qu il admette des causes que lui , ainsi que la plupart des membres de la section ne reConnaissent point. M. Hunault de la Peltrie repond : « Que cherchaiit > rexa,ct^tu4e^ U a Muse, bjorner a des observations * M. Hunault de la Peltrie, ayant voulu que les causes de I'appauvrissemeiit des sources supposees par lui, fussent consi- gnees au proces-verbal, reste seul responsable de cette insertfjMi. ••)iU8«9 OUpilllJJffUIU'J (UMflKKi .AT> 4. — 80 — • locales, dont cependant les idees theoriques quleil » decoiilent, s'appliquent a un grand nombre de pays. »^ M* Dussausoy , colonel d artillerie a Doiiai , demande h citer des fails a Tappiii de I'opinion de M. Vasse M St.-Ouen. f Les defrichemens , dit-il , operes en France , ont certainement influe sur I'abaissement du niveau des eaux , mais ceux operes dans Test et le nord-est , de I'Europe , particulierement en Pologne et en Russie , y ont peut-^tre encore plus contribue en rendant dominant le vent d'Est, dont M. Hunault de la Peltri^ a parle ; en effet , des 1828 , on a commence d'im- menses defrichemens , parce qu'a cette epoque , les importations de c^reales ont pris beaucoup d'exten* sionenFrance; Thectolitre qu on payait 6 fr. a Odessa; s'est successivement eleve jusqu'a 12 fr. en 1851. II en est resulte qu'un grand nombre de proprietaires de forets ont trouve infmiment plus de profit , a cul- tiver le bl^, qu'^ vendre a bas prix leurs bois. Des-lors ils ont port^ la hache partout , et mis a decouvert una surface considerable de terrain qui absorbaitles rayons solaires. La rarefaction qu'ont eprouvee les couches inferieures de I'atmosphere ou la dilatation del'air dans des lieux ou il avait ete jusque la fortement condense, a du produire , k partir du printemps, le vent d*est qui, d'accidentel quil etait auparavant, est devenu en quelque sorte , vent regnant en ete ; et comme ce vent provient d'un air generalement moins echaufFe qu'il Test en France , il contient moins d'eau en dissolution, et devient de plus en plus sec k mesure qu'il s'avance vers nos regions. II doit done dessecher tout ce qu'il touche, le raisonnement contraire s' applique aux vents sud-ouest. » M. Dour nay communique ensuite une note de M. ^ 51 -- Mathiexi , entre les ascensions, depressions, oscillations baro- > metriques et les quantites de pluie; que de plus, la 1^. qiiantite d'eau tombee n'est pas proportionnelle au J nombre de jours de pluie, car , sous I'equateur, le j^, nombre de jours de pluie pendant une annee, est bien i inferieur a celui des jours de pluie dans les regions j^ temperees, etla quantite de pluie est neanmoins plus grande vers I'equateur. M. Riviere croit que , sous J un point de vue general , il y a beaucoup de causes > naturelles qui concourent a la diminution des sources ; par exemple , celles qui resultent de I'augmentation > progressive de la glace , de la neige vers les p61es et sur les hautes montagnes ; de la decomposition de I'eau par I'oxidation des metaux et la transformation des roches sur la surface du globe et dans Tinlerieur de > la croute solide, etc.; maisque ces causes qui agissenfc I d'une maniere insensible pendant notre vie , ne doivent > point etre prises en consideration relativement a« > cas de la diminution des eaux de sources survenues * depuis peu d'annees , cette diminution etant trop -.52 — » grande et presque siibite. Le defrichement lui paralt; » ail contraire, une cause puissante; en effet, les arbres 9 exercentune action electrique tres-energique surles > niiages , les fixent sur leurs sommets et les forcent d'y > verser leurs eaiix. 11 pense enfin qu'il serait utile de » reunirloutes les causes apprecieesrationnellement, et * de les signaler. » M. Fleuriau de Bellevue, correspondant de FAcademie des sciences a La Rochelle , envoie une notice sur la diminution des eaux de sources depuis 40 ans , et sur les quantites de pluie tombee dans I'arrondissement de cette ville pendant 42 ans, notice qu'il a publiee en partie dans I'Echo Rochellais , du 50 Janvier 4855 , afin de completer celle qui avait ete inseree dans le compte- "rendu de la session precedente du Congres , page 44. II confirme par de nouvelles observations , les resultats qu'il avait deja indiques , et termine en disant : c Qu'il > a pris dans les memoires dupere Cotte (t. 2, p. 268), > sur les observations de ce genre, faites a Bordeaux, > pendant 66 ans,une note qui lui fournit I'occasiond'eta- » blir un rapprochement de quelque importance. 11 y voit » qii'elles datent de 1714 a 1770 et 4776 a 4784 , et » qii'elles presentent une moyenne annuelle hydromelri- » que de 24 pouces 5 lignes ~ ; or, comme les 42 annees » d'observations faites dans I'arrondissement de La Ro- M chelle ne datent que de 4777 a 4795, et de 4810 a ■>i 4854 , et qu'elles presentent une moyenne annuelle » hydrometrique de 24 pouces 6 lignes f^ , qui serait » egale a celle de Bordeaux . sans I'influence des der- M nieres annees seulement , il demande si Ton ne doit 9 pas en conclure qii'un siecle d'observations a prouve » que le fond du golfe de Gascogne , sur le littoral des » departemens de laGironde, de laCharente-Inferieure, ^i« et de la moitie meridionale de la Vendee, re(^.oit en ^55 — » general bien pres de 24 pouces ou de 65 ccntime-f » tres de pluie par annee ? » Dans im voyage que fit M. Fleuriau de Bellevue , aux environs de Toulouse, il apprit qu'on ne s'y plaignait point de la diminution des sources , aussi il ne fut pas surpris de trouver que les observations hydrometriquesn indiquaient pas une dimi- nution des quantites de pluie tombees pendant les dix annees.f(iH(| h^Afii^- -hTH oiyf§ /oiiitomtQ .W M. Roi , ancien magistrat a La RoclielTe , adresse unc notice additionnelle a celle qu'il avait donnee I'annee derniere. II attire toujours I'attention sur les efFets de Findustrie et le deplacement des eaux. Enfin , apres des debats assez prolonges et auxquels participent MM. Arnoult , Dournay , Dussausoy , Hunault de la Peltrie , Lamarle , Lenglet , Moreau , Riviere et Vasse de St.-Ouen , la section repousse comme causes de la diminution des eaux de sources , un grand nombre de celles qui avaient ete supposees , lelles que les ma7 chines a vapeur , les puits artesiens , les routes , etc. , et decide : De signaler , pour le moment les de'frichemens des for^ts et les dessechemens, en re'ponse a la 3^. question; ensuite , sur la proposition de M. Lamarle , elle emet le vceu suivant : « Les effets produits par le de'frichement » des hois et les auires causes de V affaiblissement des » eaux de sources doivent fixer I'attention de Vadminis' » tration puhligMe , sur lemploi des meilleurs moyens » d'ame'nagemens des eaux pluviales et de celles qui sont » fournies en exces par les sources , ete, , pendant les » saisons pluvieuses , pour les faire servir pendant les » longues s^cheresses, » Les travaux de la 2^. section occupant presque tous les instans de M.Lair, Tcxamen de la 10^. question est renvoyee a M. Cheveraux. M. Arnoult lit un rapport sur une notice traitant de I'acier , par M. Damemme. Le rapporteur propose a Isf question de declarer que cette notice contient des ttieo-' ries et relate des faits qui peuvent ^tre utilies aux arts et a rindustrie. La section approuve la proposition. M. Arnoultfait un second rapport sur unouvrage intitule f De Vart de la Coutellerie , par le meme auteur ; il proposed a la section de donner son approbation a I'ouvrage de M. Damemme , et de I'inviter a le rendre public poup I'art de la coutellerie ; la section approuve encore cette proposition. ^ M. Arnoult communique ensuite un procede potir'fe trempe de Tacier , pratique en Syrie , mais peu connii en Europe. Aupres de Damas, se trouve ime manufac- ture d'armes blanches , de glaives et de couteaux que les Turcs portent a la ceinture. Sur le cote dit Mtiment , situe entre deux montagnes , sent eleves deux murs d'environ 5 metres de liaut et 10 metres de long , formant entre eux im angle aigu , dont Tou- verture est tournee vers le nord , I'autre extremite de cette espece d'entonnoir est terminee par une fente de 8 a 10 centimetres de largeur , sur 1 metre 50 centi- metres a 2 metres de hauteur, et fermee par une sou- pape a coulisse , qu on leve et baisse p romptement , all moyen d'un levier ; un etabli est place vis-^-vis la fente ; et sur le cote, existela forge. On ne pratique Toperation de la trempe que par un grand vent du nord ; rouvrier porte la lame toute rouge sur I'etabli et se retire; on leve la coulisse, et le grand volume d'air qui se precipite aussitot par Touverture , refroidit la lame et lui donne une trempe qui n'exige aucun recuit, M, Jobard explique un moyen de son invention pour tremper convenablement et sans recuit des instrumens d'acier , tels que ciseaux , burins, forets , etc. Ce precede consiste a chauffer au rouge blanc la pointe seule des Oiitils , et a les tremper en cet etat • puis on casse aVec une tenaille ou petit marteau, les parties bruiees, dont le grain est tres-grossier ; on ne s'arrete quau point ou le grain devient tres-serre et ou la resistance se fait sentir ; alors on aiguise sur la meule ces instrumens, qui durent fort long-temps. M. Macquart lit une interessante notice sur la O®. question : « Quelles sont les moeurs des animaux invbr- u tebres. » Cette notice se trouve imprimee en entier dans le proces-verbal de la seance generale du dimanche 15 septembre. . ;^{fOiiai!H}) 89imj3mo.u Apres cette lecture , M. Macquart propose k la set;-' lion : « D emettre le va3u que les naturalistes s'occupent » avec plus de zele a explorer les moeurs des animaux » invertebres, dont I'etude est trop negligee. » :aui -a La section adopte cette proposition. ""~~ M. de Rosny fait un rapport favorable sur I'herbier ofFert au Congres par M. et M™^. Cauvin , et demande au nom de la commission dont il est I'orgagne , de voter des remercimens a ces deux naturalistes. La section approuve les conclusions du rapporteur, et prie son president d'etre son interprete aupres de M. et M»»«. Cauvin. * M. le president nomme MM. Arnoidt et Riviere , pour * SARTHE. 'mA^mSy Astrocarpus sesamoides , Dc. Silene conica , Lin. Lupinus angustifolius , L, Lasthrea clandestina , L. Pinguicula lusitanica , L, Quercustora, Bosc, •- ; POITOU. Quercus pubescens , Willd^ Phalangium bicolor , Dc, CHERBOURG. Lagurus ovatus , X. BELLE-ISLE. i<» Asplcnium marinum , L* ■A^U^-^\ ^56 — rendre compte a la section, le premier de la Fonderie , et le second du Museum de la ville de Douai. La seance est levee. van SfiANCE DU SAMEDI 12 SEPTEMBRE. Presidence de M. Moreau (de Saint^^.):^*! Ji^uiUij r»,.T' ir La lecture du proc^s-verbal de la seance :du 4 , les modifications apportees a la redaction de la reponse a la 5?. question ayant absorbe pi-esque tout le terns accorde a la section pour les travaux, terns qui devait etre abreg4 par la circonstance de la fonte des canons , on a remis a domain les questions , rapports , memoire^, qui se trou- '['>.: llt')\.i :) iU;iJ LORIENT. Laminaria phyllitis , Lamour. digitata , Lamour, NORMANDIE. Halymenia palmata , Ag. CHERBOURG. Halymenia lacerata, Duby, BELLE-ISLE. Halymenia punctata , Duby, QUIBERON. Chondrus mamillosus , Gaill. NORMANDIE. Gelidium corneum , Lamour. coronopifolium. Lam, CHERBOURG. Gigartina purpurcscens , Lam, dura , Dcsmor. QUIBERQN , ST.-MALO, Padina pavonia , Lamour, PORT-LOTTIS. Ulva compressa , Lin, CHERBOURG. " Ulva purpurea, j5of A. Mesoglia vcrmicularis , B. coriacea , Ag. Cladostephus spongiosus , Ag^ Ceramium diaphanum , Ag,' ''" Tahrum , Ag, ^ : | setaceum , Dwfty, « — ' — equisetifoliu m, Z>c. coccineum , Dc. PONTIVY. Batrachospermum moniliforme, Both. ' helminthosum, Bory, QUIBERON. Praparnaldla glomerata, Jgf.etc, >paient a Fordre dii jour , et on a decide que la notice de M. Macquart , sur les moeurs des animaux , serait li^ a la seance generale : ensuite la seance a ete levee. ; > ^"''^^'^fiANCE DU DIMANCHE 13 SEPTEMBRE. \f , .':. .it 1)0 Jnfi880*i-PHsidence de M. de Chauvenet (d' Arras. )j|^ ^|^ Le proc^s-verbal de la Seance precedente est lu et adopte. La commission centrale adresse de la part de M. Bichot^ capitaine du genie a Arras , une notice intitulee : De la rc'solution de la trisection de V angle par une courhe Qonstante du 4®. degre', M3I. de Chauvenet , Lamarle et Lenglet sont charges d'en faire un rapport. La section de medecine envoie la question suivante : Indiquer les meilleurs moyens et appareils de sauvetage , propres a porter secours et a sauver la vie aux ouvriers. employes dans les travaux souterrains de mines , en ge'ne'ral , et celles de houilles en particulier, Le rappel de cette question est ajournd jusqu'a V^puisement des autres, M. Peche jeune, naturaliste au Mans, ecrit au Congres pour rectifier quelques erreurs commises par M*^®.^ Cauvin a la 2^. section. M. et M"^®. Cauvin sont pries de prendre connaissance de cette lettre , et de vouloir bien , s'il y a lieu , signaler les irregularites echappees. M. Arnoult rend compte dela visite faite a la fonderie :. onyaremarque entr'autres choseSjl'heureuse application delavapeurcommemoteur des machines a forer. Persuade que tons les membres du congres ont vu avec plaisircou- ler 9 obusiers , dont un doit porter le nom de Congres de. DouAi, M. Arnoult invite la section a voter des remer- cimens a M. Dussaussoy, directeur de la fonderie , pour rempressement qu'il a mis a nous procurer cet imposant spectacle , ainsi qua nous mohtrer en detail le bel eta- blissement place sous ses ordres. - = ^ *'' - ^ ■ Cette proposition est adoptee pafiicclbmation. M. Vasse de St.-Ouen lit un rapport sur le memoire de M. Jobard intitide : Du Logophore, M. Jobard a presente un memoire fort interessant sur le moyen de transmettre la parole a de grandes dis- Votre commission va indiquer les points de difficulte d*une solution qui , en theorie , parait si facile apres avoir rappele le principe et analyse les faits. ^'^ « La loi meme de decroissement de Tintensite du son, 4n raison du quarre de la distance , contient implicite- ment toute la theorie : elle prouve qu'il n y a pas de perte de force , mais que I'effet produit se delaisse, pour ainsi dire , dans la proportion de I'augmentation de la sphere Aerienne mise en vibration, » ^ « L'idee de conserver toute la^ force du son a dona conduit a employer un tuyau qui emp^chat la dispersion de la force oscillatrice des molecules de Fair. C'est ainsi que MM. Biot et Hassenfratz ont ete conduits a faire una experience de laquelle il resulte qu'avec des tuyaux pla- ces dans des circonstanccs favorables , la voix la plus basse se fait entendre a 9S1 metres. M. Jobard a fait dans d'autres circonstances deux experiences qui pre*' sententd'autres resultats. La difference tient evidemment' a ce que M. Jobard, en cherchantasimpiifierles moyens, a accumule des conditions qui devaient aneantir le son.* En effet , I'auteur du memoire a employe le metal 1^ moins sonore et il a place le tuyau de plomb sur un ter- rain dont le contact a produit I'effet d'une sourdine , et a affaibli successivement et a chaque point du contact le peu de vibration dont ce genre de tube eiit ete capable , s il cut ete suspendu librement , » «'La m^me difficulte de vibration se reproduit dans une autre experience de M. Jobard , puisque ses tuyaux de fonte reposaient egalement sur le sol , et qii'en outre lis etaient calfates avec de Fargile, qui rompait encore la continuite d' oscillation. « « Ces deux experiences sont precieuses, parce qu*en cherchant I'economie d' execution , M. Jobard a appris a tenir scrupuleusement compte dfes causes d'affaiblisse- ment de la vibration de Fair dans son contact avecles parois interieures des tuyaux. » <( Pour que I'intensitedu son se conserv^t entierement, il faudraitqueles tuyaux employes eussent le meme degre d'elasticite,le meme degre de sonorite que les molecules de Fair : car dans ce cas seulement, le son se propage- rait conformement a la theorie. Voila ou se trouve la veritable difficulte : dans I'execution , il faudra done tenir compte des pertes d'intensite du son , soit a cause des points d'appui , soit a cause de I'absorption par les tuyaux conducteurs qui ne paraissent pas pouvoir rendre exactement et instantanement toute la force de vibration qu'ils regoivent des molecules de Fair. » « Nous pensons done que , pour approcher le plus possible de la theorie , il faudra , outre la condition d'isolement , trouver le metal et le diametre du tuyau dont la vibration s'accordera le mieux avec celles des molecules de 1 air. » v ,'.•,, ^ « La commission pense que de nouvelles experiences sont necessaires , afin de pouvoir conclure a quelle dis- tance il serait possible de s'entendre. Elle propose nean- moins de voter des remercimens a M. Jobard pour ses communications qui ajoutent a la science et qui metlent s.ur la voie d'une solution pratique satisfaisante. » ,,. Apres une discussion qui s'engage entre MM. Boistel, de Ghauvcnet , Jobard , Lumarle , Riviere et Yasse de St.-Ouen y la section adopte les conclusions dii rappor- teur , et decide en outre qu'il sera insere dans le compte rendu de ses travaux , au moins les parties les plus sail- lantes du memoire de M. Jobard. MEMOIRE SUR •i^Mu-Ail'^ LOGOPHORE DE M. JOBARD. Depuis long - terns on avait fait la remarque que le son se propageait sans affaiblissement sensible a des distances considerables, a travers Fair contenu dans des tubes cy- lindriques,mais on n*a jamais essaye d'en trouver le terme. Cette propriete conductrice n'a pas ete ignoree des anciens : les pretres Egyptiens , au rapport d'Herodote , la mettaienta profit dans leurs mysterieuses initiations : les temples d'Ammon et de Deiphes , I'antrede Tropho- nias, les arbres de la foret de DodOne rendaient proba- blement leurs oracles par des moyens analogues. Dans le moyen-age on en trouve plusieurs traces : le physicien Jorster a decouvertun conduit deLogophore dans I'abbaye de Glocester , une des plus anciennes de TAngleterre. Lors de la demolition de la prison de I'lnquisition a Anvers , on a reconnu dans Tepaisseur, des murs, plu- sieurs tuyaux qui debouchaient dans lescachots : 1^, tandis qn'un moine arrachait au tribunal de la penitence, quelques, avenxauxprisonniers, lesjuges et leurs greffiers enregis- traient dans une autre salle, la confession du coupable. Ceci n'etait comme on voit , que la repetition de roreille de Denis de Syracuse qui , de son lit entendait lesmoindresmurmures des malheureux quiremplissaient ses cachots. Apres avoir servi a la ruse des pretres payens et a la vengeance des anciens tyrans , ce moyeu — 61 — a reQU des modernes , ime destination plus utile. La plu- part des hotels et des grands ateliers d'Angleterre sont munis de speaking , tubes qui servent a donner des ordres dans toutes les parties des plus vastes etablissemens. Au lieu de sonner un domestique pour qu'il monte au quatrieme etage , le voyageur demande directement a roffice ce dont il a besoin , et cela , sans etre force d^elever la voix. La grande manufacture imperiale de draps de St. - Petersbourg possede , dit-on , un de ces tubes qui transmet les ordres du directeur a tous les ouvriers en particulier. Les jnges d'Oldbailey . a Londres , sont en commu- nication continuelle par un tube semblable , et Ton com- mence a sen servir dans quelques hotels de Paris. Tous ces essais et beaucoup d'autres que j 'ignore sans doute, m'ont fait naitre I'idee de verifier jusqu a quelle distance on pourrait iransmettre la voix humaine , et le projet demettre deux villesen communication entr'elles: fai pris pour cela I'avis de tous les physiciens les plus distingues , et je suis reste convaincu de la possibilite de la chose : la voix ne se fit-elle entendre qu a deux lieues , il resterait la ressource des stations intermediai- res , comme dans la telegraphic ordinaire. L'experience de MM. Biot et Hassenfratz , ayant constate que la voix la plus basse sc faisait entendre a la distance de 951 metre , ne peut-on pas raisonnablement en conclure que la voix la plus haute se ferait entendre cent fois plus loin , c est-a-dire, a plus de vingt lieues. Rumfort ^tait d'avis que la voix pourrait etre trans- mise a quelques centaines de lieues. Le professeur Arnott, que j'ai consulte a Londres , est de la meme opinion, depuis qu'il s'est assure qu'a pres de 100 lieues des terres il avait bien reellement entencht , alnsl que tout Tequipage de son vaisseau , le bruit (les cloches que Ton sonnait a la fete patronale d'uue ville de la Terre-Ferme . ^ Ces sons amends par une brise venant de la cote- etaient rassembles et reflechis par une voile concave, vers un point du navire occupe par les auditeurs , ce qui fut Terifie au voyage suivant. 1 i; i^ Une autre fois , il entendit de fautre cote d'un lac , le cri de marchandes d'huitres, dont il se trouvait eloigne de plus de 7 lieues. Le savant Boibbage, apres avoir sonmis la cliose ait calcul , m'a dit, et il a je crois public depuis , qu'il pensait pouvoir faire entendre sa voix de Londres a Liverpool , c'est-a-dire a travers toute FAngleterre , environ soixante-dix lieues. Void les bases d'un calcul semhlahle : Si une voix forte eclatait au milieu des airs , nul doute qu'un auditeur eloigne de cent metres ne I'entendrait tres distinctement. Or, en supposant que la surface de son tympan eut nn centimetre quarre , il y aurait assez d'espace sur la surface d'une sphere de cent metres de rayon pour y placer un milliard de tympans, qui tons, percevraient en meme tems le son transmis par chaque pyramider sonore dont le sommet partirait da centre d'explosion, et qui aurait pour base la surface du tympan. II sen suit done que la voix humaine deploie asses de force pour ebranler en meme terns un milliard de pyramides sonores de cent metres chacune. En supposant que ces pyramides fussent placees bout-a-bout , en les enfermant dans un cylinde , I'imagi^ nation est effrayee par la distance enorme que le son pourrait parcourir de la sorte, s'il n'eprouvait aucun — 65 — affaihlissement , la circonference du globe ne formerait qirune legere fraction ^ de cetle distance. 11 s'agit de trouver maintenant I'espdce et la nature des chances d'aflfaiblissement qui peuvent se rencontrerJ Voici ce que le savant professeur Despretz ecrit a ce sujet , apres avoir soumis ces chances au calcul : « Le son dans un tuyau cylindrique ne doit pas dprou" » ver d'affaiblissement , puisque la couche d'air ebranlee » conserve la meme etendue; c'est , en effet , ce qui est » conforme a I'experience , ainsi , une personne parlant » a voix basse a Touverture d'un tuyau cylindrique , se » fait entendre a une distance considerable. » i On sait qu'un bon porte-voix de trois a quatre pieds; peut se faire entendre a la distance d*une lieue, il fa tout a croire que si le porte-voix ne laissait pas divergei* les sons dans Tespace , et qu'il les conduisit sans perte jusqu a I'oreille de I'auditeur , lis parviendraient beau-« coup plus loin encore. C'est , muni de tous ces documens et appuye sur toutes ces autorites scientifiques , que j'ai tente des experiences dont le succes n'a pas repondu a mon attente , pour avoir neglige un seul point , mais un point capital , qui a peut- 6tre empeche de reussir tous ceux qui ont pu tenter de pareilles experiences avant moi; c'est au celebre Biot que j'en dois la decouverte , comme on le verra dans la reponse qu'il fit a la lettre suivante : ^ ^ LeUre de Fauteur d M. Biot , membre de I'InsHtut a Pang^ifR Le 2 decembre 1833. . ^^ MoNSIEVtt , "I J'ai fait placer environ 600 picds do tubes de zinc de trois pou* ces de diametre dans un vaste atelier, appartenantaM. Cochaux, ingenieur distingue, qui m'a bien seconde dans mes essais. ^ot L'atelier n'etant pas assez long , nous avons rarrtene Ics tube* sur cux-memes , par des coudes a angle droit , nous les avon* fait descendre et monter d'etage en etage pour les conduirc enfin a travers une cour jusquc dans un corps-d^-logis separe. 11 y avait en tout onze coudes rectangulaires ; les tuyaux etaient mal joints, partie etait appendus aux murs , partie couchee sur le plancher. Plusieurs centaines de personnes se sont assur^es que Ton s'entendait parfaitement , meme a voix basse , raalgre les coudes qui devaient , a chaque retour , renvoyer ou annihiler la plus grande partie des rayons sonores , tandis qu'une autre partie s'echappait par les points de reunion qui offraient souvent trois ou quatre lignes d'ouverture. On sait que le son se reflechrt comme la lumiere et la chaleur , en faisant V angle de reflexion egal d, I'angle coincidence. II est done probable qu'il n'arrivait a I'oreille de I'auditeur que quelques rayons diffus et peut-etre pas un milUeme de ceux qui avaient ete emis a I'autre extremite : nonobstant cela , nonobstant le bruit des machines a vapeur , des tours , des limes et des marteaux qui ebranlaient tous les' etages de I'atelier , on pouvait s'entendre et converserjS^n^ e^ei- ver la voix. , ,,1^. <•' n Encourage par ce succes , je fis confectionner quelques miliiers depiedsde tuyaux de plomb que je commencai a faire placer cir- culairement sur le sol de mon jardin , les uns a cote des autres ; mais a peine y eut-il 500 pieds de soudes , que je m'apercus qu'rl failait elevcr la voix pour etre entendu , meme assez faiblement. Je pensai que la position circulaire des tubes etait la cause de cet accident , et j'en (is placer un pareil nombre en ligne droite dans une des allees du jardin botanique ; mais a mon grand eton- nement , les sons rectilignes n'arriverent pas sensiblemeut plus loin que les sons curvilignes. Je mis alors sur le compte du petit diametre des tubes qui avaient moins d'un pouce , ce nouvel incident ; je peiisai m6me que ces petits tubes pourraient bien etre capillaires pour le son et s'opposer a sa libre transmission ; c'etait une nouvelle erreur. Le directeur du gaz , eut la complaisance de mettre a ma dis- position quinze cents pieds de tuyaux en fer fondu de deux pou- ces d'ouverture ; je les fis placer a cote de mes tuyaux de plomb , et a ma grande surprise , le son ne se transmis gueres qu'a envi- ron six cents pieds ; il est vrai que ces tubes n'etaicnt ni visse* niserres a coUet , m^^is sii^plcmenl rapproches et calfates avec dc I'argilc. Ea ces coujonctures , je m'adresse a vous. Monsieur, pour vous faire part de mes essais et vous demander quelques rensei- gnemens sur les votres , ainsi que votre opinion sur les causes( qui s'opposcnt a la reussitc niaterielle ; alors que tous les cal- culs sont si favorables a cctte idee. Serait-il encore vrai , celte fois , que la theorie lamieux basee en apparence , vient echouec quelqucfois centre la pratique. J'ai I'honneur d'etre, .,:;;!■!;•[, ;•■;:,. R^poiue de M, Biot. Mointcl par Clermont-Oise , le 6 decembre. Monsieur, s^ («i>i "J Je vous remercie de m'avoir communique vos experiences sur la propagation du son dans des tuyaux cylindriques ; le but ^'utilite que vous semblez vous proposer , et la connexion dc tes experiences avec ceiles que j'ai faites , me font considerer comme un devoir de vous rcpondre sans retard. ' bans mes experiences , les plus faibles sons ,la voixla plus basse ont ete transmis sans affaiblissement sensible a la distance de 931 metres , et comme je I'ai dit dans mon memoire : leseul moyen de n'etre pas entendu a celte distanee , c'eut ete de ne point pqrler du lout. Vous , au contraire , dans des eprcuvcs multipliees , vous avcz a peine pu propager des sons trcs-forts a une distance beaucoup moindre , ou s'ils ont pu y parvenir , ce n'a ete qu'avec un ex- treme affaiblissement. De la , vous concluez , que la theorie la mieux basee en appa- rence , vient echouer quelquefois contre la pratique; cette con- sequence vraie en general , ne mc parait nullcment applicable au cas actuel ; car il n'est pas question de theorie dans les fails que j'ai observes , et il ne s'cn agit pas davantage dans les votres. C'est done dans la difference des conditions sous Icsquelles ces faits se sont prod^uits , qu'il faut chercher leur apparente opposition. t)*abor(i, le diametrc des tubes doit probableirtent y ^Ydt bcaucoup d'influence. Sccondemcnt , les courbes et retours de tuyaux ne paraissenl pas devoir produire les differences qui se trouvent entre vos resultats et les miens ; dans les experiences que j'ai faites , il y avait de pareils retours . Troisiemement , les tuyau^ sur lesquels j'operais etaient in*- dividucllement assez longs , et sur-tout ils etaient etablis dans un aqueduc oil ils etaient seulement soutenus rfiJ distance en dis^ tance par des supports de pierre qui les isolaienl d'ailleurs com^ pletament du sol. Quatrieraement enfin , aux heures de la nuit oil je faisais mes experiences , la rue situee au*dessus de 1' aqueduc etait presque toujours corapletement calme ; aucun bruit ne s'y faisait enten* dre , auCune \x)iture n'y passait. Ces deux dernieres circonslances me semblent devoir exercef une immense influence sur les resultats ; je ne peux mesurer rinfluence de la derniere * ; (][uant a la precedente , on s'en rend bicn compte. Si les tuyaux ne sont pas isoles du sol par des supports rares , perpendiculaires a leur longueur , les vibra- tions de la colonne aerienne devront se communiquer aux masses environnantes et s'att'diblir en s'y transmettant , jusqu'a bientdt s'eteindre. Je suppose que les deux dernieres causes determinent prin- cipalemcnt la difference de vos resultats et des miens. Sans vou- loir toutefois exclure la dimension des tubes , cherchez a les bannir et parvenez a entendre par le seul fait de la transmis- sion parfaite , car , si vous devez grossir le soil primitif par suite des obstacles que sa transmission eprouve , ils seront toujourS plus forts que lui. Je recevrai avec plaisir , Monsieur , toutes les communica- tions que vous voudrcz bien m'adresser a ce sujet , et je serai toujours cmpresse d'y repondre. J'ai I'honneur d'etre , BIOT. * D'aprcs les experiences faites dans I'atelier ddnt j'ai parle' , aii milieu du bruit de toute espece » il y a tout a croire que celte cause ne pcut exercer aucune influence dangereuse sur la reussite ; il n'ett est pus de mcme quant a risolemcnt des tuyaux. — 07 — ijedre de M. Fhancoecr , Monsieur , Jerccois votre lettre du 2 de ce mois, et je m'empresse d'y r6pondre ; Ics experiences que vous avez faites sur la conductibi- lite da son ont bcaucoup d'interet, elles merltent d'etre connues et j6 me pr*(iposc de leur donner de la publicite. Je ies communi- querai dernain a la Societe ph Ylomali(?[ue; Quant a I'cxperience surlaquello Vous me demandez des rcn- seignemens , Hm'est facile de vous Ies donner complets. Vous trouverez dans le premier chapitre de I'acoustique du traite ele- mentaire de physique de Biot ( tome i^'. , page 355 , de la 2». edition ) , le recit qu'il fait des experiences dont je vous ai parle chez mor. Comme ces tuyaux sont en fonte de for et de grands diametres , il se pcut que vos experiences ne soient pas dc nature a etre com- par^es aux siennes. Au reste , Monsieur , je nVen cntretiendrai lundi , avee Biot , el si sa reponse me parait offrir qiielqu'interet pour vous , je vous laferai connaitre. Je suis beureux , Monsieur de I'occasion qui me met denou- veau en rapport avec une personne que j'estime et qui est si dignc par son noble caractere de la consideration des esprits eclaires. Veuillez, Monsieur , agreer etc, , FRANCOEUR. Dans une rencontre que j'eus depuis lors , avec M. Biot, a rinstitut, il me dit qu'il pensait que Ies tubes en plomb etaient Ies moins favorables a ces sorles d'essais; que le zinc , le fer , le cuivre et tons Ies metaux sonores, etaient Ies plus convenables ; car la voix ne met passeu- lement en vibration la colonne d'air , mais elle y met aussi le tube , et il est positif qu'en appuyant ces tubes sur le sol , c'est mettre une sourdine sur un violon ou un etouffoir sur un piano ; la condition sine qua non de , rdussite , consiste dans I'isolement des tubes m(!lalli(j[ues par faitement joints e?itr'eux, >w»iiH — 68 — M. Blot pense encore ; qu'il se produit dans le tube, des ventres ou des noeuds sonores , comme dans les tnyanx d'orgue , et qu'il faut que le metal jouisse d'une elasticite complete , pour operer la reaction. Le celebre Jacotot , qui n'est pas seulement un philo- sophe distingue , ou un jurisconsulte profond , mais encore un physicien de premier merite , pense que le point d'audition devra se chercher comme on cherchele point de vision dans une lunette d'approche , et par un appareil semblable. Quant au diametre des tuyauxy je pense qu'il doit se rapproclier le plus possible de I'ouverture de la bouche humaine , afm que la colonne d'air regoive toute la puis- sance de la voix. II faut remarquer cependant qu'il ne s'agit point ici d'undeplacement d'air , qui , partant de la bouche de I'interlocuteur , devrait traverser toute la distance quite separe de I'auditeur , mais qu'il ne s'agit au contraire , que d'un simple ebranlement des premieres couches , ebranlement qui se propage de molecule a molecule , sans les faire changer sensiblement de place, telles que ces billes d'ivoire dont on frappe la premiere tandis que la derniere de la ligne seulement, re^oit la totalite dumou- Tement im prime sans deranger les intermediaires. Quel- ques savants ont pense quota sonorite de I'air etait due a mi flu id e electrique ; mai&'dn sait que le son ne se pro- duit pas dans le vide , et ce qu'il y a d'etrange , c'est qu'il ne se produit pas non plus sous la cloche a plongeur , quand I'air s'y trouve comprime par le poids de quelques brasses d'eau et qu'il ne pent plus entrer en vibration. Le son n'est done qu'une propriete des corps , qui se trouvent constamment en rapport avec leur elasticity ; mais il faut qne cette elasticite n'eprouve aucune gene » aucun retard dans la liberie, de ses oscillations. — 69 — Si , a I'epoque descssais de Biot , rindiistrie ue s'^'st point emparee de cette decouverte importante, c'est que sous Tempire , un particulier n'eut pas obtenu I'aiUorisa- tion d'etablir des telegraphes, a Tusage du public ; le fer etait d*ailleurs dun prix trop ^leve; car, on savait a peine fondre un tube de petit diametre , et Ton ignorait I'art de les tirer a la filiere , comme cela se pratique depuis quelques annees en Angleterre , oii Ton tire des tube* en fer , de tout diametre , et de la longueur de 20 a 25 pieds , a un prix moindre que ceux en plomb. Ces tubes sont naunis d'un manchan taraiide qui sert a lesaddition- »er avec la plus grandefacilite^ Le temps est doncvenudefairemi essaidecisifde cette propriete conductrice de Fair , qui vient , comme un auxiliaire , Her les villes et les nations entr*elles et ensei- gner aux peuples qu'il n'y a plusdepatrie que le Globe, et plus d'ennemis que les mechants. Non-seulement le son pent , aux petites distances que Ton a essayees , se transmettre dans des tuyaux sans affaiblissement, mais on a reroarque qu'il s'y transmettait avec une ampliation considerable, L'astronome Bouvart m*a certilie qu im coup de pisto- let tire a I'entree d'un tube, ressemblait , a Tautre extre- mite , a un violent coup de canon ; cela se congoit , puis- qu'un pistolet etant tire a I'air libre , le tympan ne se trouve frappe que par une on deux pyramides sonores , tandis que le tube les rassemble twites, pour les conduire en masse a Foreille de Tecouteur. Je me suis moi-meme assure que le mouvement d'une montre qui n'etait pas sensible a la distance d'un pied , se propageait tout entier dans un tuyau de 30 pieds , sans que la montre touchatau metal dont ellepouvait etre eloignee de plusieurs pouces. J'espere que la lecture de ce memoire engagera quel- qirun X continuor de§ essais dont la rfkissitc n'est presqiw plus problcmaliqiie aiijourd'hni , et ne demaode pas de fonds considerables , puisqiie Ton pent oporer successL- vement , et que Ton est a mcme ,. a cha^qiie instant , do verifier la rcnssite sauf a s'arreter la, oii le son cessQrail, de se faire entendre ; la seule main-d'geuvre necesspire ail phicement et deplacement des tubes pourrait ^tre perdue , et , comme je Tai dit, il sullirait de deux lieues, pourrendre la speculation lucrative et glorieuse. En cas de succes , on ne saurait prevoir quelle revo- lution cette decouverte apporterait sw le Globe , tant pour le commerce particulicr que pourlesgouvernemens. a bon marche'. Ciiaquc gouverneur de province , serait mis en rapport immediat avec la capitale , ainsi qu'avec ses subordonnes. Les courriers , les estafettes , les postes memes dc- yiendraientsuperflues, et les frais de bureaux et dadipi- nistration presque nuls. Les malfaiteurs n'auraient pas fait un quart de lieue , que leur signalement serait a Routes les frontieres , sans avoir besoin de faire ii^onter un gendarme a cheval ; aucun mouyen?ent ne pourrait avoir lieu dans une ville , sans qu'on en eut connaissance a Tinstant , j usque dans le cabinet du mpnarque. Le son parcourant 540 i||etres par seconde * , un or- dre de commerce serait transmis de Bruxelles a An vers en deux minutes , etde Paris a Bcuxelles en un quart ^rhfiure ; Ton pourrait recevoir a Marseille des nouvelles. 4e St.-Petersbourg enmoins de deux heures et demie. S'il y avait des stations intermediaires , il serait loisible * B'apres Galdingham , la vUof?so du son est dc r>oG metres, en^ Janvier , et dc 5r»ii , eii juin , aux Indus oriciitaics. — 71 — a chacun de se servir d*un langage chiffre ou allegoriqwe inintelUgible pour les employes du Logophore . Tous les plans d'execiitia» de cet appareil , ont ete discutes , muris et arretes par des ingenieurs distingues, H n'y a pas, une objection qui n'ait ete levee , pas un obstacle qui ne soit facile a surmonter , rairtorisation du gouvernement de placer le logophore sur le debord des routes royales , a ete accorde , et Ton attend , pour commencer, que la participation des capitalistes qui, tous , comme on pent lepenser, desireraient que la cho&s Sut paracheve ^.avant d'y prendre part. aasARiy. M. Moreau fait un rapport sur les jardins et serres de M. de Taffin, proprietaire a Douai , oncle du Secretaire- general du Congres , et sur ceux de la Socie^te^royale et centrale d' Agriculture du departementduNord. « Mjessieur&» rapporteur de la. commission charge e de visiter les collections des plantes rares de M. de Taffin , je viens rendre compte a la section de son examen rapide. > Yotre commissions' est reunie a celle dela2^. section et a ete de plus accompaguee de divers autresmembres du Congres. En parcourantles distributions de ce vaste mar gasinde Flore, onsedemandait : Comment le fleuriste de Douai, avait recueilli autanld^ richesses dispersces dans les deuxmondes pour les reunirsur lesbordsde la Scarpc? » Ses premieres impressions sont nees de L'heureux melange des especes de vcgetaux , qiie le mois de sep- tembre orne encore de quelque eclat, et parmi.les mas- sifs d' Amelia aux corollespurpurines,sedistinguaient des especes de plantes rares, dont la propagation!,en France, est due aux soins et a la perseverance de M. de Taflin. C'estla qu etaient des Protees, des Ddadrics, des Banckr sies d'especes nouvelles; uncierge peruvien de 20pieds cVelevation , portant a son sommct sa deux ccntiemc corolle.Unc Amaryllis, dontun individu seniblable,veiidu autrefois 2400 francs a une imperalrice , porte le nom iXAmarillis Josephine, > C'est apres avoir satisfait nos yeux a Faspect fie ceis superbes plantes, que le fleuriste de Douai nous conduisit dans un cabinet oil im spectacle nouveau nous reservait d'autres jouissances ; c'etait le Dalhia dans toute sa ma- gnificence; cetteplante admirable, disposee en pyramide, de 10 pieds d'elevation , presentait , par plus de cent varietes , le riche email de ses nuances diverses ; ce bouquet compose parl'habile liorticulteur de cette ville, nous parutun hommage ofFerta laS*'. session du Congres scientifique. » Messieurs, ce serait abuser de vos moments que d'enumerer seulement la centieme partie des vegetauX: remarquables qui sont rassembles dans ces jardins ; je me contenterai de vous citer quelques collections par- ticulieres : La collection des Cyclamen , la collection des Nerium, celle des Alstromeria, celle des Azalea, une reunion de plantes grasses , formee d'Opontia , de Cotyledons , de Crassules, de Ficoides , d' Aloes, etc., au nombre de 280 varietes , et les brillans Camelia , au nombre de 300. » Les serres presentent un autre inter^t; on y trouve ia temperature intertropicale , et c'est sous I'influence de 30 degres de chaleur que vegetent dans les jardins de Douai , les plantes originaires de la zone torride ; 12 varietes de Strelitzia, 160 d' Amaryllis, un grand nombre d'Orcliis, etc., etc. » Que de soins dut prendre riiorticultcur du nord , pour former cette derniere collection ! la moindre Orchidee lui revient aphis de 100 Ir. , ct Ton en comptfe 220 varietes. — 75 — » Je m'aiTetcrai la , Messieurs , j'aiirai trop a dire si jc vdulais entreprendre une description detaillee ; il vous siiffit je pense de eel aper^ii. » Toutefois , je dois ajoiiler que cet etablissemcnt d' horticulture est, dans son genre, I'un des plus coni- plets de France ; il pent etre mis au premier rang aprds ceux de Braxelles et de Oand. Tant de travaux n'ont pourtant coiite que huit annees de soins. Les premiers fleuristes de la capitale , et les botanistes memes du jardin du Roi, viennent ici quelquefois, faire la con- quete d'especes nouvelles. Gloire a notre honorable confrere d'avoir forme sur le territoire frangais , cette belle collection de plantes rares ! Ge modeste botaniste n a voulu accepter le tribut d'eloges que les deux com- missions crurent devoir lui donner , qu'en en deversant une partie sur son premier jardinier Gaspard Calot, sa- vant en horticulture commeen botanique, etqui amerite une mention dans ce rapport. La commission propose a la section de voter a M. de Taffin des temoignages dc satisfaction. » Les commissions se sont ensuite transportees dans le jardin de la Societe royale et centrale d'agriculture , sciences et arts du departement du Nord ; elles n'ont pas moins ete satisfaites du nombre et du choix des especes de plantes qui s'y ^trouvent reunies ; elles out examine avec plaisir la serie des productions vcgetales disposees d'apres la methode de Jussieu , si proprc a B ^ faciliter I'etude de la botanique ; elles se sont convaincues K " qu'ici sont des hommes qui travaillent avec ardeur aux ' progres des sciences naturelles. Les commissions desirent qu'il soitadresse desremer-' cimens au directeurdu jardin de la Socidte d'agriculture, pour les soins qu'il a apporlcs a faciliter aux menibrcs du Congres, I'examcn de rctablissemcnt. — 74 — La section apprmivc la proposition de M. Moreair. M. Lenglct lit mi memoire sui* la cosmogenie , et» captive I'attention de rauditoire. Le but de raiitem* est de dcmontrer mgoweusemcnt des idees,. dont la plivpart, dit-il , ont dcja ete emises, mais san§ etre ^uflisamment etablies. Yoici la serie des propositons developpees par lui : « Tout corps plus echauffe que Tespace, a necessaire- ment perdu du calorique. Une perte de calorique entraine dans les liquidcs un abaissement de temperature. Au contraire , dans une masse vaporisce dpnt la pression H'est due qua sa propre attraction , toute perte de calorique est suivie d'ujie augmentation de temperature , car elle entraine une condensation ; d'oii accroissement de I'attraction , et par suite dc la pression ; d'ou conden- sation nouvelle , condensation qui ne pent s'arr6ter jus- qu'a ce que Tequilibre s'etablisse entre la pression et la force expansive du calorique. Oi; , sous une pressiqn plus forte , cet equilibre ne peut s'etablir qu'a une plus haute temperature , done, en definitive, Taccroissement de temperature resulte de la perte du calorique. » Le spleil est liquide et plus echauffe que Tespace : done il a joui apterieurement d'une temperature supe- i^ieure ; mais quelle que soit la temperature a laquelle uotre imagination ^'arrete , il avait dcja perdu du calo- rique ; done encode, il avait ete precedemment phis echauffe. Nous serious forces de remonter ainsi j[usqu'a une temperature infi.nie , si nous ne rencontrions un point oil la diminution du calorique devait coincider avec line elevation de temperature.. C'est celui de la vaporisa- tion,, nous sommes-dans, I'all-ernative d'admettre que le §oleil et les etoiles ont passe par cet etat , ou d'accorder a cbacun d'eux uiic clialeur inlinie , c'esl-a-dire toiUe la. Qhalcur repandue dans runivers>. ^75 — M Ccs masses vaporeiises avaicnt cHes-niomcs pcrdti du oaloriiquo , en avaient anterieiirement possede davan-i tage ; ce qui suppose un vohime plus grand et ime tem-» perature plus basse ; nous sommes forces de remontei? JHsqu^a la teniperature de Tespace. Mais si en admettant ^etie egalite de temperature, nous supposions les masses en equilibre , il n'y aurait aucune cause , ni de perte dq calorique , ni de condensation ; nous deyons done nous reporter jusqu'au point ou cet equilibre n'existait pas encore ; la matiere \aporeus.e e^ant i5rregu,lieremei\t yepandue dans I'e^pace, » En partant de ee point , voyons comment , d'apres ie& lois connives , d'apres les lois posees par I'auteur dp la nature , le chaos a pu se debrouiller de lui-meme. » L'attraction deyenaijt insensible a de trop grandes distances , les molecules inegalement reparties dans I'es^ pace , ont du se grouper par systemes ou par masses , suivant I'etendue des lacunes qui existaient entre elles. Chaque masse inegalement attiree par les autres , n'a pas du generaXementseperterdirectement vers Tune d'elles, mais s'approoher obUquement de celle dont Fattractiou etait predominante. Ce mouvement d abord accelere , I'a entrainee asse^ loin des autres masses seoondaires, pow* la soustraire presqu'entierement a leur action , il n'est plus reste qu'une Vitesse acquise et l'attraction de l^ masse principale ; of , telles so;it les conditions du mouvement elliptique. » Les parties qui ont forme des masses, ne dilTcraienit pas essentiellement de celled qui ont forme des syst(^mes ; d'apres leur disposition particuliere , elles ont xcx^n des directions assez convergentes pour se rencontrer , mais »c concourant point encore a un meme paint ; la com- binaison de leurs mouvemens a produit la rotation de la Ji^iasse. Des le contact de ces parties , il y a eu qomprcs- ^7G — sion par suite dcis viicsscs acquiscs , d'ou la temperatnre supcrieiire a cello do I'espace , peitc de calorique , con- densation ct angmeniation de temperature. Nous voyons cette vapeurs'echaull'ergradnellemcnten se concentrant, en augmentant de pression jiisqii'a la liquefaction, chan- gement brusque qui a produit une enorme elevation de temperature. » A Tetat liqiiide, toute perte de calorique coincideavec tin abaissement de temperature. On arrivera done a la solidification qui produit un accroissement momentane d'incandescence , suivi d'un decroissement tres-rapide ; aioi*s c'est toujoitrs la m^me surface qui emet le calo- rique , les parties refroidies ne peuvent plus etre rem- placees. » Tons les effets qui viennent d'etre deduits, sont pre- cisement ceux qiie nous avons devant les yeux ; au milicii d'ane infinite de globes lumineux ou refroidis , nous Yoyons des nebuleuses, rcstes de la matiere premiere, a divers degres de condensation et d-incandescenccNous vivons sur un astre refroidi a sa surface , mais qui con- serve encore a son interiear un vaste foyer. Nous avons ete temoins du phenomene de la solidification desastres j car nous avons vu des etoiles briller tout-a-coup d'lin plus vif eclat , et se perdre ensuite par une decroissance tres-rapide. » L'auteuretablit qu aune epoque iiifiniment eloignee,. la distribution de la matiere dans resi>ace , devait s'ecar- tcr infinimentpeu d'une egale repartition; il jette ensuite im coup d'ceil sur lavenirdes mondes, I'espace s'echaufTe par le refroidissement des soleils , et d'autant plus que retlier a vraisemblablement , pour un volume donnc , trcs-peu de capacite pour le calorique. Quand ce refroiflisscment sera complet , la temperature univer- sellc pourra ctrc convenable a la vie animale et vegetale. — 77 — Les astres eteints eiix-mcjncs , pourront dovenir hahi- tables; peut-etre enfiii qaelqiie plKhiomene analogue aux aurores boreales , \iendra-t-il siippleer a leur lumiere. » La section remercie Tauteiir de sa communication , et Tengage' a en donner lecture a la seance genciale. DansTattente denouveaux renseignemens , le rapport de M. Dournay , sur les bassins houillers , est remis. M. Cauvin demande que les ouvrages offerts au Con* gres , soient deposees , apres la cloture de la session , a la bibliotheque de la ville de Douai. La section appuie de son assentiment, cette mesurepratiqueeanterieurement. M. de Chauvenet cede le fauteuil a M. Moreau , afin de developper sa proposition relative aux monographies d*histoire naturelle : < Est-il possible de fixer, enhistoire » naturelle , la valeur du caractere gertcrique , de ma^ » nierea eviterla trop grande multiplication desgenres? » « Vous savez , dit-il , vers quelle confusion on marclie dans Fhistoire naturelle avec la creation journaliere d'un grand nombre de genres nouveaux. Y a-t-il moyen d'ar- reter cette nouvelle invasion faite au prejudice de la simplicite de la science ? Elle tient , il est vrai , a ce que I'organisation particuliere des especes est mieux observee et mieux connue ; mais elle est due encore plus a ce que I'on prend pour des differences generiques , des modifi- cations trop legeresde cette organisation. Pourmettreun frein a unepareille monomanie de paternite de genres, il faudrait que le mot flit d'abord defini rationnellement : Or , c'est precisement cette definition qui n'est pas, selon moi , bienetablie. Chacun regarde, comme impoi'tantes, les petites modifications d'organes qu il apcrgoit le pre- mier , ou qu'il croit apercevoir le premier ; et aussitot, il se met a la recherche d'un nom a donner au nouveau genre qu il cree , d'apres cette modification. * * Je n'ignore pas qu o^ m'objectera que la dassifica- -^ 78 ^ tion et los melliodes naiurelles , ayant , de lear Aatiire , des regies arbitraires , il est bien difficile d'en imposer ime certaine aitx nomenclateurs ; je pense cependant que, puisquouesta peu pres convenu de ce qui doit cbn- duire a former des divisions , deiB classes , des ordres , des families, on pourrait egalement donner, aii caractlere generique , line valeur plus fixe. Voyons ce qui s6H a* etablir les autres coupes d'unis methode natur^U^ de classification zoologiqtte. » On a forme les grandbs divisions sur les caracteres influens qui etablissent , en quelque sorte , ie degre' d'ani- malite''; ainsi , I'e cerveau et le tronc du systeme nJerveux, sont-ils enfermes dans une boite osseuse ? On a les ani- maux vertebres. Sont-ils invertebres ou symetriques par rapport a un axe , mais ayartt les organes des sens et du mouvement dispose's autour d'un centre ? Ce sont des animuux rayonne's, Slls sont invei^tebres symetriques , par rapport a un axe, mais avec le ti*6nc divisd par anneaux et les muscles attaches a Fint^rieur, ils sont dits animaux articules. Enfin, s'ils sont invertebres symetriques, par rapport a un axe sans tronc , divise par anneaux , et les muscles attaches a la peau , ils sont dits animaux moUus- ques. Yoila bien les grandes divisions etablies sur des caracteres positifs , et qui oat pour bases les definitions ci-dessus. > Les classes sont fondees sur I'absence ou la presence des organes principaux de la vie animale , mais noa constitutifs de son animalite ; Exemple : Les Annelides (animanx articules sans pieds articules ou articules a sang rouge) , les Arachneides , ^rlicules sans antennes , a huit pattes , etc , etc. > Les ordres sont etablis sur des differences majeures dans Torganisation des principaux organes de la vie , ou sur I'absence de ces orgaues -, -=-70 — Hxempte : (Cloleopteres, qiiatre ailes, dont deux crns- tacees) , Lepidopteres , quatre ailes couvertes d ecailles colorees , etc. , etc. « Des m6dificalions moins important^s Cflcore dans ces organes , mais qui cntrainent des indiistrics diffe- rfentes et un emploi different de ces organes, constituent les families et les trihus, Mais , Ic genre . sur quelles modifications est-il foride ? de qaelle valeur doivent-etre celles qM seraient a etablir? Je vous avoue qu'en consul- tant les difFei*ens auteurs qtti out eci it stir la matiere et public des melhodes naturelles , j'ai fini par n en savoif rien. Les ailteurs de classifications systematiques avaient slir ceux-ci Tavanta^e de bien d(^fitiir ce qu ils entendaielit par un genfe, Mais aetiieilemeht Chaque auteur a sa maniere de concevoir les coUpes g^neriques ; chaque nomenclateftr a sa difinition .particuliere du caracUre ge'ne'rique^ tres peU Totot conlmuniquee au public; ils en font bien coAAaitre le resultat par la quantite de nouveaux genres qu'ils Creent ; alt reste, rarbitrnire le plus absolu I'egne dans leur etablissenlent. » Prenons quelques exemples : voici comment les Agonwti sont distingues des Olisthopus, ( Les Agonura ont une echancrure au menton , et avec une forte loupe 6n y voit une petite dent au milieu ; les Olisthopus n'ont pas cette petite dent ; voila la seule difference qui etablit le caractere generique. ) Les Polistes ne different des Vespa que parce que la levre superieure est legerement echancree dans les Yespa, et legerement a\ ancee en pointe Chez les Polistes , etc. , etc. Du reste , meme facies^ memes habitudes, memes moeurs, vivant dans les memos lieux ; et ces coupes sont fondees, sur ce qu'il y a une ou deuxou trois epine> au bord du corselet, et celles qui sontetablie* sur ce caractere, que lesantennes sontcour- tes ou plus longues que telle pariie du coips , etc. , etc. — 80 — « Jo voiis fais grace dc tous ces details ; mais avec oette maniere de travailler, le genre dater de Fabricius se divise en 44 on 45 genres; les microstores de Gra- - venliorst , de 17 passent a QQ genres , etc. , etc. Les marchands d'objets d'histoire natiirelle s'empressent d'adopler les nouveaux genres, parce qu ils nous vendent sons trois on qiiatre nonis diffcrens la meme espece. Je connais mieux Tordre des Cole'opteres que les antres , ct j'ai choisi expres mes exemples parmi eux ; mais j'en appelle ici a tous ceux qui s'occupent de botanique et de zoologie ; n'arrive-t-on pas a la confusion avec cette multitude de genres? L'etude de I'histoire naturelle qui etait un delassement , une distraction , ne devient-elle pas un code plus difficile a expliquer que celui de nos lois ? Je sais qu'on ne pent pas mettre dans la difmition des caractcres zoologiques , toute la precision mathema- que ; mais au moins , on pourrait ne pas y laisser subsis- ter un aussi grand arbitraire ; la seule definition que je connaisse un peu positive du caractere generique est de Cuvier; dans une methode naturelle, un genre est, seloa ce grand naturaliste , la reunion des etres voisins qui n'avaient entre eux des differences que dans la moindre partie de leur conformation ; eh bien ! j'adopte cette definition en vous demandant d'y ajouter ces mots , et qui ont les meme mceurs , ou , ce qui revient au meme ,; tin genre , dans une methode naturelle , est selon moi , la reunion des etres voisins qui ont le mSme fades et le^ memes mceurs. Vous remarquerez que j'ai dit : dans une methode naturelle , parce que je suppose toujours qu'on a classe les etres a cote les uns des autres , en plagant successivement toutes les organisations differentes , de- puis la plus composee jusqu a la plus simple , ou reci- proquement , et que , par consequent , le mot facies ^ dans ce cas , signifie non-seulement le premier aspect deriii(ilvidu, mais aiissi une organisation semblable h celle de ses voisins, on n'en differant que par de legeres modi- fications. Mais par le'geres , je crois qu'd faut , d'apres Cuvier, d'apres Latreille, regarder comme telles, toiites COS petites differences qui, ne changeant rien au factes de I'individu , n'apportent d'ailleurs aucune modification dans ses moeurs. Ces deux grands natUralistes que nous avons perdus et que je viens de citer , pensaient bien cerlainement aussi que Ton faisait trop de genres ; car tous deux ont rassemble souvent en un seul , phisieurs genres etablis par leurscontemporains. Latreille sur-tout a diminue de beaucoup les genres de Bonelii. Ne doit-on pas cherclier , lorsqu'on fait une classification , a etre- Utile aux aulrcs et a leur faciliter le travail ? ii'j^ kl > Rien ne me semble plus Oppose a faciliter Tetitde de riiistoire naturelle que de laisser subsister I'abus de Ces formations multipliees de genres. Cette etude ne doit pas se borner a connaitre une seclie et aride nomencla- ture , qui devrait au contraire etre facile pour que I'on puisse porter son attention sur les moeurs , les habitudes et la vie des 6tres qu'on observe ; tandis que dans I'etat actuel de la science , on parait donner beaucoup plus d'attention a la nomenclaturfe qu'a tout le reste* > > Mais memo en adoptant la definition dit genre que j'ai indique plus haut , je sens bien que la dilfiCUlte n'est pas resolue , parce que cliacun continuera a regardei* comme plus ou moins importantes les petites modifica* tions d'organes qu'il remarquera. Je pense donc que la deiinition du caractere generique n'est pas assezfitee, et je sens qu'il est impossible d'en vcjiiir a bOut , aU moins dans f etat actuel de nos connaissinces. Je propose done a la section de decider que la question pres mtee n'est pas actuelloment susceptible de solution , mais qu'il est ik desirer que les monograplici ne forme.it plus autunt 6. — 82 — de genres, et ne les etablissent qu*en se servant de modi- Ocations d'organes, plus importantes que celles qu'ils ont employees souvent jusqu a ce jour. » A la suite d'une discussion , a laquelle prennent part MM. Boistel , Cauvin , de Chauvenet , Faucheux , Mac- quart , Potiez-Valery et Riviere , qui expriment en outre le desir d'etendre la proposition au caractere specifique, la section emet le voeu : e Le congres reconnaissant que » dansl'e'tat actuel de la science, la valeur des caracUres » ge'ne'riques et specifiques n'est pas assez de'termine'e , » demande que les naturalistes ne cre'ent plus autant de » genres et d'especes, et les etablissent sur des differences » d'organes plus importans, » La seance est levee. SfiANCE DU LUNDI 14 SEPTEMBRE, Presidence de M. de Chauvenet. Le proces-verbal de la seance du 15 est lu et adopte. On entend M. de Cheveraux , qui avait ete charge de rendre compte du travail de M. Chanoine d'Avrilly , president de la section d' Agriculture de I'Academie Ebroicienne , sur leMyzoxile. Selon le rapporteur , M. Chanoine, tout en indiquant plusieurs moyens ingenieux et capable&de detruire momentanement lepuceron lani- gere , n'en signale aucun pour aneantir dans une localite cet insecte. Apres une discussion assez prolongee sur la 10®. question ; et a laquelle participent MM. de Chauvenet , Cheveraux , Faucheux et Riviere , la section decide <( d'inviter les Societes Savantes , notamment celles de 5» Normandie , a rechercher les moyens de detruire com- » pletement le Myzoxile ou puceron lanigere. » M. Moreau donne lecture d'une notice relative ^ la I — 85 — 8<>. question : r Pcut-on esperer fixer les Hmites dc » riiybridation des plantes , 8oit par Tobservation des » faits naturels , soit par des experiences pratiques ; et « parvenlr ainsi a demonlrer quelles sont leiirs affinites > et leiirs sympathies ? » « Gnsait, dit-il, quel'hybridation des plantes consisle dans le croisement de deux especes ou de deux varietes, c'est-a-dire , dans une operation par laquelle le pollen d'un individu appartenant a une espece ou a une variete, est porte sur le pistil d'un individu d'une autre espece ou d'une autre variete ; d'ou il resulte un elre nouveau , conservant quelque chose desproprietesetdescaracteres des deux individus qui lui ont donne naissance. a-ll* Les plantes hermaphrodites , reunissant dans la tn^me corolle les deux sortes d'organessexuels , doivent necessairement accomplir Tacte de lafecondation, de maniere a perpetuer Tespece. Les plantes dictynes , mal- gre Tobstacle qui rend facile la transmission du pollen n'atteignent pas moins le m erne but ; la prevoyante na- ture a fournia ces plantes les moyens d'obvier aux incon- venients ; quelquefois les circonstances sont telles que i'hybridation a lieu naturellement ; Ton pent aussi par des moyens artificiels provoquer ce meme phenomene. L'homme , dans ce cas , pent faire surgir des individus liouveaux et creer meme des etres que la nature seulene ^ -produisit jamais. * Ces etres batards, deteriores par cela meme que les L -circonstances qui ont concouru a leur donner la vie , de- rogent aux lois premieres imposees par la nature , ten- dent a se regenerer ; la nature reprend ses droits et I'hybride retourne a son type primitil'. » Mais les plantes hybrides sont des etres feconds ; leurs graines produisent de nouveaux individus ; ces in- dividus peuvent aussi etre fecondes par un pollen etran- -.84 — ger et donner lieu a de nouvelles especes batardes , h ybrides pour la seconde fois , pour la troisieme fois. Oil peut s arreter cette hybridation ? Telle est , je crois , la question. > C'est parmi les individus, quiont le plus d'analogie » que la fecondation qui produit les hybrides, s'opere le plus faciiement ; c'est en vain qu'on chercherait a fecon- der une plante du genre des Gentianes , par une autre du genre des Rosiers , mais en essayant d'elFectuer la fe- condation aumoyen des plantes analogues , on arriverait peut-etre, par des experiences repetees, au but propose. Les experiences auxquelles s'est livre M. Giron de Buza- raigne sur Thybridalion , il y a environ deux ans , n'ont pas ete dirigees de maniere a eclairer beaucoup cette question, el Ton ne peut pas tirer d'inductions de ces re- sultats. » Les plantes a sexes differents sont celles ourhybri- dation artificielle est la plus facile ; M. Giron les a , de preference , fait entrer dans ses essais ; il a choisi des varietes de conge qui sont des plantes monoiques , et des especes de chanvre qui sont dioiques. « Je n entrerai pas dans le detail de ces experiences faites avec le soin le plus parliculier ; je me contenterai d'exposer que M. Giron de Buzaraigne arrosades pistils avec du pollen etranger , delaye dans Feau il couvrit des fleurs femelles avec des fleurs males dune autre va- riele , et obtint des hybrides dont les nouveaux carac- teres organiques tenaient quelquefois de Tune et de I'au- ire espece qui leur avaient donne I'existence, et quelque- fois ne ressemblaient en rien a leur pere et a leur mere. » Plusieurs teniatives ont ete faites sans succes par M. Giron et des graines obtenues des hybrides n'ont pasnicmeleve. Dans son memoire insere dans les an- nales des sciences naturclles , tome xxx , li a donne de i-85 — longs details sur les hybrides ; mais decrire les circonsr tances decette fecondation artificielle , n'est pas fixer les limites de Thybridation , la question ne fiit pas resoliie par le naturalist e. 'P > II est difficile d'entrevoir quel sera le resiTltat de nouvelles observations toucbant I'hybridation naturelle ; on a peu d'occasionsdesaisir , dans leurs marches obscu- res , de tels pbenomenes. J'ai vu pourtant le croisement d'especes s'operer naturellement sur des primeveres : des varietes a fleurs jaunes , placees aupres de varietes violettes , donnerent des graines qui produisirent des hybrides a teinte violacee jaune ; celles-ci placees contre des especes encore violettes , donnerent de nouvelles varietes a teinte plits viol^tte que les premieres ; c'etait une hybride de 2®. generation. € Je n'ai point pousse plus loin riles observations; mais je ne doute pas que j'eusse obtenu I'hybridation dans un nombre iUimite de generations subsequentes ; je pen- serai meiiie que , puisque cette sorte de fecondation ne pent avoir lieu que parmi des congeneres, etmieux encore dans les varietes de la meme espece oil la parite est plus grande , Thybridation s'operera plus facilement encore parmi les hybrides elles-memes qui ont entr'elles plus d'analogie, etsont par consequent plus aptes a produire ce phenomene. L'identite entre plusieurs individws, sera telle , apres un certain nombre de generations , que les caracteres primitifs effaces ne laisseront plus de trace d'hybridation ; et laplante reprendrason rang d'espece. » Des observations sur des faits de cette sorte ne se font pas facilement: car on ne commande pas a la nature, et les phenomenes ne se produisent pas a volonte ; mais en procedant par voie d'expcrience dans I'hybridation artificielle , on arriverait plus tot a des resuUats satis- faisants. M. Giron de Buzaraigne , et avant ltd , M. Des- ^ 86 — fontaines , ont prouve que rhybridation pouvait se pro- duire dans iin grand nombre de cas ; ils n'ont point trace les limites de ce phenomene , et nous ne croyons pus que , dans I'etat de la science , on puisse rien affirmer sur la question. » La lecture de M. Moreau terminee , des debats s'en- gagent entre MM. de Chauvenet , Faucheux , Lenglet et Moreau ; ensuite la section consultee , pense que jusqua present, on manque de fails bien constates pour etablir la limite de I'hybridation des plantes. M™e, Cauvin , en reponse a la reclamation de M. Pesche , s'empresse de rectilier , sous les yeux de la reunion, les fautes qui s'etaient glissees dans une prompte redaction et dans la composition de I'imprimeur. Corydalis claviculata Dc. Tres-commune a Pontivy , d'apres M*"®, Cauvin, mais se irouve a:ussi au Mans , d'apres M. Pesche. Commune sur la cote duMorbihan ct rare au Mans , selon M™«. Cauvin. A Pontivy , par M"®. Cauvin , et au Mans, parM. Pesche. Idem. Au Mans et a Quiberon , inconnue a Pontivy , par M™^. Cauvin. A Pontivy , par M^"®. Cauvin , et au Mans , par M. Pesche. Chrysanthemum segetum X. Une variete connue a Pontivy , n'a pas ete rencontree au Mans parM™^. Cauvin. A Pontivy , a Mamcrs , a Sille par M™«. Cauvin. Au Mans, par M. Pesche, et a Pon- tivy , par M™®. Cauvin. A Pontivy , par M^^^. Cauvin , ct au Mans , par M. Pesche. M. Lenglet fait un rapport tres-favorable sur la reso- Silene nutans £. Lychnis sylvestris Hope, Lotus angustissimus L. Lupinus angustistifohus L. Galium harcynicum Weig. Vaccinium myrtillus Z. Sibhorpia europoea Z. Asphodelus albus Willd. TRISECTION DE L'ANCVLE / 1 r ^^ ^ Iig.5. > / \ 1 o P 9. — S7 — lution du probl^me de la trisection de Tangle , au moyeit d'une courbe du 4^. degre , par M. Bichot , et reconnuo const ante par M. Houdiart , professeur de mathema^ tiqiies au 5^, regiment du genie , a Arras. Diviser Tangle MAN (fig. l^e.) en trois parties egales; Oette question serait resolue , si Ton parvenait a ins- crire dans Tangle une portion de polygone , formee des Irois lignes BG , CD et DE, egales entr'elles et a une longueur quelconque k , et placees de telle sorte que les trois triangles BAG, GAD et DAE fussent iso- celes ; ces triangles seraient egaux entre-eux , comme ayant leurs trois cotes egaux et par consequent aussi les trois angles en A seraient egaux. Pour arriver a ce resultat , remarquohs que la base CD, (fig. 2.) du triangle intermediaire , lorsqu'elle sera dans la position cherchee , sera evidemment perpendi- culaire a la ligne qui divise Tangle en deux parties egales, et de plus coupee en son milieu par cette ligne ; si done on divise Tangle MAN en deux parties egales par la ligne A P , et qu'on lui mene une parallele F G a une distance egale a -^ , on sera assure que le point G devra setrouversur la ligne F G. Si, du point A comme centre, on decrit avec des rayons variables , une serle d'arcs de cercles concentriques o p , o*p* , o"p" etc. ; que des points 0 , o ' , o *' , 0 '" , etc, , ou ces arcs coupent la> ligne AM , pris successive men t comme centres , on decrive avec un rayon constant et egal a &, de nouveaux arcs qui coupent chacun des premiers aux points r , r* , r " , etc. , la succession des points d'intersection sera ; telle que chacun des triangles oAr,o'Ar', o" A r " , etc. etc., dontle sommet est en A, sera isocele , aura un cote appuye a AM , et aura sa base egale a la longueur ^. Si done on reunit tons les pohils, tels que r , r* , r ", r *'* , etc. , par nne combe , rinlersection de cette coiirbe avec G F determinera Is point C ; le point D sera determine par synietrie.ennienantOIsyme- triqiie a GF par rapport a AP, et en decrivant entre les cotes de Tangle a diviser , et avec A C pour rayon , i'arc BCDE; les trois triangles BAG, CAD, DAE , seront alors dans la position cherchee.Le point D aurait pu etro determine directement , comme I'a ete le point C, en faisant a droite de AP une construction exacte- ment symetrique a celle qui a ete faite a gauche. Quoique la courbe r , r ' , r ", etc. , n'appartienne pas a la geometric elementaire , sa construction simple , et a laqiielle on est directement amene sans I'emploi des equations algebriques , met immediatement sur la voie pour decouvrir quelques-unes de ses proprietes ; ainsi , plus les rayons des cercles concentriqncs augmentent , plus la corde constante serapproche, en direction, de la perpendiculaire a AM , cette courbe a done une asymp- tote parallele a AM , et distante de cette ligne de la quantite k , longueur constante de la corde. La direction de cette asymptote indique que la courbe ne saurait manquer de remonter la ligne parallele a celle qui divise Tangle en deux parties egales , et que, par consequent, la solution est toujours possible. L'equation de la courbe dont il s'agit , est , comme on va le voir , assez simple. Supposons qu'on decrive ime serie d'arcs concentri- ques dont le centre soit en un point 0 (fig. 5.) pris sur une ligne OX , et que des points tels que Q , oil ces arcs coupent cette ligne, on decrive avec un rayon constant etegal a k, d'autres arcs qui coupent les premiers en des points tels que M; on demande Tequation qui represente le lieu geometrique de ces derniers points. Soit 0 Torigine des coordoiines , ct OX Taxe des oo , — 89 — ^i —2 —2 —f —2 __? on aura 0 M — M P -i- 0 P , et M Q = M P -f P Q. Soit r le rayon variable qui. dans la figure , est repre- sente par OM ; et OQ le rayon constant represente par k , ces deux equations deviennent : Si entr'elles on elimine r , on aura I'equation de la courbe , qui est alors y» \ ( ^ x* + y^ocY =^ k\ Cette derniere equation , apres en avoir fait disparaitre le radical , se reduit a celle-ci : elle est du 4®. degre , parce quelle est propre a deux courbes symetriqnes. La generalite de Tanalyse , expri- mant simultanement le cas ou les intersections de cercles se font du cote des x positifs , et celui ou elles sont du cote des x negatifs , elle ne contient x^iy qu'a des de- gres pairs : la courbe est done symetrique par rapport aux deux axes ; elle donne facilement les points ou les axes sont coupes par la courbe ; resolue par rapport a x , elle fait voir que x devient infini , lorsque y^r-k. La courbe a done deux asymptotes parallelesa I'axe des a? , ainsi qu'on Tavait deja prevu. 11 est a remarquer que I'equation de la courbe ne con- tient d'autre constante que la quantite k , qui pent etre prise arbitrairement ; done la meme courbe peut servir a la division de tous les angles. L'equation polaire de la courbe , est remarquable par sa simplicite : Soit toujours r le rayon variable , t Tangle qu il fait avee I'axe des x on aura les irois equations. k" z=z y^ -{[r-xY , y zzzr Sin t , x :=. r Cost. En eliminant x ety , on trouve pour I'equation po- laire cherchee ; r' — k^ '<,■■■.,. 2 (1 — Co#<.) — 00 — II est bon d' observer que non-seulement cctte reso- lution est elegante , mais encore que la Constance de la coui4)e conduit a des precedes graphiques tres-simples , puisqu* il suftit d'un rapporteur , construit convenable- ment , pour diviser tons les angles donnes en trois parties egales. La section arrete I'insertion de cette methode dans la publication du compte-rendu des travaux du Congres. Arrive le tour de la discussion sur la 6^. question du programme : o Rechercher et e'tablir I'mfluenee des divers » rumbs de vents sur la vegetation? » Aucun memoire n'etant presente sur cette question , la section croit qu elle est traitee dans beaucoup d'ou- vrages , aussi bien que les connaissances acquises le permettent , et passe a Tordre du jour. M. Riviere donne lecture d'une lettre de M. E. Des- longchamp , secretaire de la societe linneenne de Nor- mandie, qui fournit quelques documens sur la 7®. question : « Quelle a e'te' et quelle est encore Vinfluence de la » pre'sence de Vhomme reuni en socie'te' , sur la distribu- » tion ge'ographique des animaux , et sur la destruction » de quelques especes ? » • A mesure que les populations civifisees se repandent sur les points inhabites du globe , elle emmenent avec elles certains animaux utiles ; c'est ainsi qu'une parlie des animaux domestiques de I'Europe actuelle, tels que " le cheval , I'ane , le bteuf , le coq, etc. , paraissent etre venus des regions centrales de T Asie ; que le cheval et le boeuf , qui peuplent maintenant les plaines immenses du nouveau monde , et qui se repandent egalement dans TAustralie , ont ete amenes d'Europe. D'autres animaux qui , loin d'etre utiles a I'homme , lui sont au contraire prejudiciables , se soni egalement propagcs partout ou ^91 — il a penetre; je citeralcomme exemple, le rat, le siirmii- lot, la souris, la blatte orientale etc. , que Ton rencontre partout oil riiomme a fonde des etablissemens. D'un autre cote , I'homme detruit tous les jours certaines especes qui lui nuisent , et qui etaient indigenes des climats qu'il a envahis ; les loups sont detruits en Angle- terre et diminuent rapidement en Europe , a mesure que la population s'accroit , et que de nouveaux defri- chemens s'efFectuent ; les autres carnassiers , des rep- tiles venimeux , etc. , sont plus ou moins rapidement refoules vers des regions moins habitees. La presence de I'homme a fait egalement fuir certains animaiix , dont il eut pu tirer parti, mais qui ne s'accommodaient point de son voisinage. Les castors, par exemple , ont presque disparu de I'Europe ; en Amerique ils ont considerable- ment diminue , et se retirent de plus en plus devant lui. Sans remonter bien haut dans les ages du monde , sans sortir meme des epoques historiques , de nouveaux faits s*ajoutent a ceux que nous venons d'indiquer. Les auteurs anciens ne mentionnent-ils pas de grands carnassiers , des lions, par exemple , comme existant dans les parties meridionales et orientales de TEurope , et en Asie , ou I'espece n'existe plus. Enfin I'homme a- t-il ete comple- tement etranger a la destruction de quelques grands mammiferes , dont les alluvions modernes et certaines cavernes de TEurope montrent les ossemens parfois reunis a ceux de Thomme lui-meme ? . ni; wq j^ioi La lettre qu'on vient de lire , dit M. de Chanvenet', semble prejuger en partie la question , et decider que partout ou I'homme s'est etabli en force, il a fait succes- sivement disparaitre les animaux sauvages et dangereux ; cette opinion est fondee en partie , mais cependant elle ne doit etre admise que generalement ; car il existe un fait particulier qui ne pcrmet pas d'en faire une regie ^02 — absolue. A la Martinique, rhomme est maitre du terrain, il est en nombre snflisant , il possede des moyens de destruction qu'il doit a son genie , et pourtant il est Woqne dans sa niaison par un ennemi qui ne lui fait pas de grace , et dont les blessures donnent ta mort en sept on hnit minutes : c'est le terrible Trigonocephale ou Vipere jaune des Antilles ; les habitans en sont si sou- vent la victime , que Ton affirme que iO sur 100 des niorts de I'ile, sont dues au venin deletere de ce reptile. Rapide com me la foudre , il se lance , lorsqu'il est love , a one distance double ou triple de sa longueur (il a quel- qnefois 8 pieds) , sa large gueule ouverte h 85 degres , embrasse le membre qu'il veut dechirer ; ses crochets a venin, longs de 46 a 18 lignes, penetrent dans les chairs et y d^posent le germe d'une dissolution organique qui s'opere en pen d'instans. L'homme a du chercher a detruire son ennemi ; mais les lentatives qu'il a faites dans ce but, n'ont reussi qu*en parlie ; et les chasses speciales , I'incendie des bouquets de Cannes a sucre conservees pour cet objet, n'ont produit qii'une diminution insensible. Pendant leur possession accidentelle des Antilles , les Anglais ont introduit, vers 1811, et ont cherche a multiplier la Couresse, couleuvre qui attaque le Trigonocephale et le combat avec succes ; mais ce moyen nouveau n'a pas une grande efficacite contre I'horrible fecondite de ce reptile. Deux ou trois foispar an, dit M. Moreau de Jonnes, lesfemelles jettent dans File 40 ou 50 petits qui sontdeja dangereux a I'epo- qne de leur naissance, et qui rendraient I'iie tout-a-fait inhabitable, si la mere elle-meme ne se chargeaitpasd'en diminner le nombre en devorant ceux quelle rencontre dans les momens qui suivent le port. Le nombre de ces viperes a beaucoup angmente depuis un siecle, et si la progression continue, I'ile devra etre en partie evacuee* .^95 — C'est a ma connaissance le seiil exemple on rhiimaniifi ait eu le dessous dans sa liitte avec ces animaiixnuisihles; mais comment resister a im ennemi presque toujours cache et a TafFut, lorsquilpossede d'aussi terribles armes. Le venin du Tiigonocephale, si on ajoiite confiance a des experiences recentes dont onannoncel'impression, porte le desordre jiisquesdans I'economie vegetale. On dit avoir fait perirdes mimosapudica etd'autresvegetaux, en les faisant mordre par ce serpent. Ces faits deman- dent confirmation. MM. Clieveraux , Duquesne , administrateur du Musee de Doiiai , Lamarle , Maiigin et Riviere , ajoutent de nouvelles considerations. / MM. de Chauvenet , Dournay, Duquesne et Riviere , prennent successivement la parole sur la question rea- voyee par la section de medecine ; « In iiquer les meilleurs moyens et appareils de saU' » vetage , propres d porter secours et a sauver la vie aux » ouvriers employe's dans les travaux des mines, enge'ne'ral, » et de celles de houille , en particulier. » Cette question etant presentee d'une maniere trpp vague , et la section ignorant dans quel sens elle doit la traiter , declare quelle nest pas susceptible d'une solu- tion precise. M. de Chauvenet communique uneinteressante collec- tion de tableaux synoptiques, pourparvenirpromptement a la determination des especes entoniologiques. M. de Chauvenet avertit qu'il existe un cas d'herma- phrodisme parmi les chevaux du regiment d'artillerie , en garnison a Douai ; il engage done les membres de la section a visiter ce sujet qui , demain , nous sera montre parlesordresobligeantsde M. le colonel de Tournemiae. M. Riviere fait un rapport sur le riche Musee de cette villo , et dont Torigine ne remonte qu'a trente annees. I — 94 — Les collections d*oiseaiix et d'anatomie comparee , ont sur-tout attire ses regards ; aiissi il propose a la section, d'exprimer sa haute satisfaction a MM. les administra- teiirs , ainsi qii'aii conservateur du bel etablissement : Cette proposition est unanimement appuyee. La seance est levee. S£ANCE DU MARDI 15 SEPTEMBRE. Presidcnce de M. de Chauvenet. La lecture du proces-verbal de la seance d'hier est suivie de son adoption. L'ordre du jour rappelle la discussion de la 5^. question du programme. On entend d'abord M. Dournay charge de faire un rapport sur le memoire de M. Mathieu. D'apres des idees generalement admises aujourd'hui en geologic dit le rapporteur , I'ensemble de la formatior des terrains houillers indique une origine mecanique , et la nature delahouille elle-meme, une origine organique; mais quelles sont les lois qui ont preside a la formation des terrains ? Comment expliquer le parallelisme et la direction presque constante des depots formant les terrains, et les differences que ces m^mes depots presentent dans leur inclination et leur puissance ? A quelles causes attribuer la presence de cette enorme quantite de vegetaux fossiles dans les terrains qui enve- loppentles depots de houille , et leur absence totale dans la houille elle-meme ? Quelle est enfin I'origine des amas d'eau que Ton ren- contre a des profondeurs, quelquefois tres-considerables, dans les terrains houillers ? Tel est a-peu-pres le resume de la serie de questions soumises a la l^*"^. section , et pour I'eclaircissement desquclles M. Ch. Mathieu , directeur des mines de — 9S — Douchy (Nord), a envoye une notice sur le bassin houlller du nord de la France. . M. Mathieu, dont le nom se rattache si honorablemeiit avee celui de MM. Tallin et Desandrouin, a la fondation de rindiistrie houillere dans ce pays , malgre la profondc connaissance qu'il a acquise de ces terrains , com me directeur d'exploitation , ressent , en commengant , le besoin d'exprimer la reserve avec laquelle il aborde I'in- tention de jeter qiielques himieres sur des questions qui, sont d autantselon lui, plus difficilesaresoudre, qu'on ne peut mettreles faits en evidence, et qui, tout en pouvant ^tre expliquees d'une maniere satisfaisante dans une lo- calite , no trouveraient point d'application sur une autre. M. Mathieu pense que les couches de charbon pro- viennent de terrains tourbeux, etattribue leur formation a une epoque oil la terre , presentant deja des terrains primitifs etde transition, etait une masse d'eau chargee de limon, qui avait deja acquis assez de consistance pour produire le regno vegetal et le regne animal. Dans cer- taines localites , elle n etait composee que de debris de vegetaux , et surmontee de sables et d'argile. Le poids , la chaleur ou un choc ayant fendu le sol , la partie terrestre le brisa , et une inlinite de pieces s*en- fongerent dans I'abime. Partant de ce principe, M. Mathieu pense que dans la chute des terrains, les amas tourbeux firent des zigzags qu'il attribue a leur flexibilite d'alors ; que les veines qui en sont resultees , ont dii conserver des ponctions identi- ques ; que les brisures ayant eu lieu dans la direction de Test a I'ouest, cette direction doit ^tre celle que les cou- ches ont conservee ; que leur inclinaison doit etre celle qui se rapprochait le plus du centre de la terre ; que la reunion des parties detacheesadii necessairement etablir le parallelisrae que I'on remarque dans les couches plus — 06 — on moins Intermediaires de schisie argileux, de bancs dt gres schistenx, micace-blanc m^le d'argiie,et de ceux de gres diir , qni se trouvaienl repetes un nombre infmi d^j fois dans le m^me lieu. Cette nianiere d'etre a du necessaireriient peii varier ; Tepaissenr , la direction et Tinclinaison devaient repro- duire, pour chaqne Veine, la coucbe de charbon, celle de son toit impressionne , les bancs de gres noir , celui a grains de mica-blanc mele d'argile et celui de gres pur. Ges bancs de gres etant sujets a se decomposer , ont laisse a Teau des oUvertures ou crevasses ou elles sejour- nent, mcnentetdeposentune infinite dechosescurieuses, M. Malhieu explique la difference dans la nature des charbons trouves dans une meme mine , par le change- ment de nature que la tourbe a eproUve , a des distances rapprochees ; enfin il attribue la presence des emp rein tes an mouvement des parties detachees , qui , lancees dans Fabime et entrainant les plantes exotiques dont elles etaient coUvertes, durent rester pendant un certain temps en mouvement ; et durant ce mouvement , la rotation de la terre n'ayant point discontinue , les points de corres- pondance aux surfaces de nos joUrsontdii changer. La reserve memeavec laquelle M. Mathieu aborde ces importantes questions, n'est qU'unepreuvedeladilficulte qu'on a encore a les resoudre d'unemanieresatisfaisante. 11 ne m'appartient pas peut-etrederefuter une opinion basee comme doit I'etre celle de M. Mathieu , sur une longue habitude , une parfaite connaissance de ces ter* rains ; je croiscependant devoir faireremarqUerquelques fails qui semblent pen d'accord avec ceux qui auraient du resulter des les principes que pose M. Mathieu. L'absence de tout debris organique dans les couches de charbon devient un fait inexplicable, dans I'hypothese que ces couches ont ete des masses tourbeuses , c'est-a- — 97 — ^e , dfes aftlas de Vase et de vegetaux de toutes sortes. Ensuite en examinant Fetat sous lequel les empreintes se trouvent dans le toit des depots , on verra que gene- ralement elles sont placees a plat , ayaiit les tiges et les fcuillcs paralleles aux plans de stratification ; qu'il y a lenlin des cas, mais assez rares, ou elles sont placees dans les couches sous differents angles ; enfln d'autres , ou on ies trouve dans des positions Verticales, ayant leurs raci- nes dirigees vers le bas. Les exemples de ce dernier cas sont si nombreux aujourd'hui , qu'on ne peut plus les regarder comme des cas accidentels. II est bien dilfioile d'expliquer ces phenomenes autre* tnent que par une submersion tranquille, line autre difiicultd , ii slipposer que ces Vdgetaux Oilt ete entraines par des courants rapides , c*est que Cf^s effets ont ete produits sur des surfaces immenses , et de plus, que les vdgetaux ont ^proUve treS-peu d'alteration ; leitrs feuilles les plus deliees , les plus delicates sont conserVees d'line maniere etonnante* M. Matliieii suppose que la terre ayant et(5 violemment fendue par une cause interieure quelconque , les parties detachees ont ete lancees dans Tabime ; elles ont done ete soumises a un mouvement resultant cl'iine force plu» ou moins intense , et noii d^me subniersion tranquille :■ or , on salt que les vegetaux d'une nature tendre , sem- blable a celle qu*ont dii avoir les plantes dont on trouve les empreintes dans ces terrains , ^ont tellemenf eiidom- mages, niemepar de faibles cdurans d'eau quilesempor- tent , qu ils devicnnent piecoiinaissables^ Cette remarque parait assez importante pOttr faire adopter avec quelque circonspectiou I'opinion de M* Mathieu , d'apreslaquelle d'autres points , tels que celai principalement du parallelisme constant et reguli^r des 7, -98 — diverses couches qui forment le terrain Iiouiller du Norcf, seraient egalement difficiles a concevoir. Je dois ajouter, Messieurs , que ces observations s*ap- pliquent specialement aux terrains houiilers du nord de la France , et qu'il serait important d'avoir une solution generale et applicable au groupe entier des terrains carboniferes. En consequence, j'ai I'honneur de soumettre h votre approbation la proposition suivante , tout en remerciant M. Mathieu de Tempressement qu'il a eu a donner son opinion : « Les fails cites dans la question n<>. 5, du programme de la section n'etant pas generaux, et ces questions ayant ete traitees avec superiorite , etsous un aspect genera! dans plusieurs ouvrages , le Congres renvoie a I'examen de ces ouvrages , et invite neanmoins les ingenieurs et proprietaires des mines dehouille, a mettrelesgeologues et les naturalistes a meme de repandre le plus de lu- mieresur la parfaite connaissance de ces terrains , soiten leur facilitant Faeces des exploitations , soit en mettant a leur disposition des plans et des objets de collection. » Apres des debats auxquels participent MM. Arnoult , Dournay , Lamarle , Lenglet , Riviere et Vasse de St.- Ouen , la section, sur la proposition de M. Dournay, re- mercie M. Mathieu de sa communication et arrete la re- solution suivante : t Les faits cites dans la serie des ques- 3) tions correspondant au n^, 3 du programme n'etant > pas generaux; de plus, ces questions ayant ete traitees » aussi bien que les connaissances acquises le permet- » tent , la section renvoie a I'examen des ouvrages des » divers geologues, en invitant cependant les ingenieurs, > ainsi que les proprietaires des mines de houille, a met- » tre les naturalistes a meme de repandre le plus de lu- » miere sur la parfaite connaissance des terrains houiilers. » soit en faciiliarit Faeces des exploitatioiis, soit en pro* » curant des plans et des echantillons. » M. Lenglet fait im rapport siir iin oiivrage intitule ; De Ve'lectnctte' atmosphe'rique et de son influence 8ur les phd- nomenes me'te'oriques , par Mi Hervieu ; le rapporteiir termihe en disant i * La tileorie exposee par M. Hervieti , repose siir la dilatation du fliiide electriqiie par la chaleiir , hypothese ^videmriierit inexacte ; car les deux faits dites , a de- faut d'experiencie directe , a Tappui de cette theorie , poiirraient etrC iiiterpretes totit aiitrement * ensitite les explications qiie raitteiir dediiit de ce principe , et la supposition d'lin flux et d'tin reflux periodiqiie d'electri- cite , impliqitent I'assimilation de ce fluide a lin fluide etostique. line telle cOmparaison parait entierement re- poussee par le resiiltat des CalcUls de PbissOn , fet des experiences de Coulomb sUr la distribUtidn de l^electricite dans une sphere. ' » Les bases dii travail de M. ttervieu , etant sujettCs ^ contestation , les consequences qu'il tire de sa theories ingenieUse , il est vrai , ne peuvent etre admises saris reserve ; la section doit done , en I'absence de prcilveS directes, s'abstenir de prendre aucune resolution k regard de cette theorie. >» Les conclusions dU rapporteur sont apprdiivees. M. «fol>ard communique Wue note conCernant I'Endos- mose, comme force occasionnanlla rupture de Tepiderme de certains frUits , tels que les cerises, les prunes , les raisins, etc. Pendant les temps pluvieux , I'eau penetrant k travers la pellicule , rencontre un liquide d'Urie autre nature ^ et agit alors comme Un coin , en eXergant Une pression egale a un trentieme d'atmosphere environ. Peut-^tre , continue M. Jo])ard , que cette force est fa cause aussi de beaucoup de plienomencs mal expliques — ioo— . jiisqu'ici ; par exemple , le gercement des bois de cons* triiction , le renflement des coins , le raccourcissement des cordes , etc. , car I'endosmose agit d'une maniere irresistible , quoiqu elle n exerce son action qua de fai- bles distances. M. Hunault de la Peltrie combat cette maniere d'expliquer le fait , et en cherche la cause dans le refroidissement qu'eprouve Fenveloppe du fruit, prin- cipalement apr^s un orage. MM. Faucheux , Lenglet , Potiez-Valery , Riviere et Yasse de St.-Ouen, ajoutent quelques idees et appuient I'explication de M. Jobard. M. Hunault de la Peltrie developpe la pensee qui Tavait dirige dans sa proposition renvoyee a la 1^^ sec- tion par celle de medecine , et une seconde fois par la commission c entrale : il s'agit , dit-il , de trouver des moyens pour sauver de la mort des mineurs engloutis par descboulemens. He bien ! ne pourrait-on pas em- ployer, a cet effet, desjalonnages a la surface, une sonde artesienne ? Ne devrait-on pas aussi munir chaque ou- vrier , d'une corde , d'un petit outil et d'une substance telle que la gomme arabique , capable d'entretenir la vie pendant plusieurs jours ? M. Riviere repond qi(e le moyen de la sonde artesienne est impraticable , a cause de la lenleur de Toperation, de la difficulte d'aVoir toujours un appareil disponible , et de la nullite des re-» sultals heureux que Ton obtiendrait , mais que la corde, r instrument et la substance nutritive seraient utiles. M. Jobard indique un tuyau en fonte perpendiculaire et plongeant dans le puils , comme procede , pour trans- mcttre aux viclimes la parole , Fair et de la nourriture. Cependant MM. de Chauvenet , Duquesne , Lamarle et Yasse de St.-Ouen , objectent qu'il serait indispensable que le tuyau se trouvat exactement a la place ou le mi- neur aurait etc ensevcli. Je parle , replique M. Jobard , de tubes de 1 a 2 pouces de diametre , qu'on placerait -. 101 — 3anslesbures, et qui, par embranchement, penetreraient j usqu'aux tr avaux . > MM. Dournay , Riviere et Yasse de St.-Oiien , font remarquer que, dans toute exploitation rc^guliere et bien etablie,lescasoulesebouJemenssurprennentlesouvi'iers, sont devenus tres-rares aujourd'hui, par la conduite meme des travaux , attendu que , d'apres un principe fonda- mental , a mesure que le mineur avance la taille , il maintient a son atelier au moins deux issues, sans lesqiK3lles d'ailleurs n'existerait plus I'aerage , indispensable a la respiration de rhomme et a la combustion des lampes ; et qu'enfin , dans les exploitations , on prend toutesles precautions necessaires , non seulement comme mesure de surete , mais encore par obligation prescrite par Tadministration generale des mines ; que cependant il importe de blamer quelquefois la negligence, cause habituelle de ces malheureux accidents. La discussion terminee , la section formule et adopte la proposition suivante : « Le Congres recommande cette » question a Inattention de M. le ministre de I'inte'rieur, 1 a fin que MM, les tnge'nieurs et directeurs des mines , en » fassentlesujet deleur etude, ainsiqu£ deleursollicitude.,* M. Riviere montre a la reunion, sa carte geognostique de la Vendee , executee sur celle de Cassini ; il signale les difficultes d'un semblable travail , et fait promener un instant surlesnombreuses formations du departement de la Vendee les regards de MM. les membres de la section , qui le prient de rediger cet apergu , pour I'in- serer dans le compte-rendu. La geognosie du departement de la Vendee , est aussi variee que difficile a determiner , en raison de I'acces penible de certaines localites , du petit nombre de cou- pes naturelles , de la confusion des roches melees quel- quefois sans ordre^ et s'interrompaiit a de laibles distances. On voit figiirer en premiere ligne , le granit , qui part de Test du departement , forme successivement le sol de Poiirnezeau , l^achaise , Belleville , Aizenay , occupe djverses etendues vers Palliiau , reparait h Tile de Noir-s moutiers , en Bretagne , a Boiirgneuf , i\ Savenay , et plus au nord , pour se perdre enfin sous rOcean. Ce massif n'est qu'une ramification de la grande chaine granitique, qui fournit une bande passant par Montaigu, Cugand , Tiffauges, Mortagne , les Herbiers , Pouzauges, iin des points culminants du departement , qui se conti- nue dans les Deux Sevres , se trabit dans la Vienne , a Liguge, et se rattache a celles du Limousin. On trouve encore plusieurs espaces occupes par le granit mele de kaolin et de pegmatites, et surlequel reposent quelque- jfois le gneiss , le mica-schiste. Le gneiss , accompagne de leptynites, de pegmatites, ^ouvent de la variete graphique avec des cristaux d*or-. those , de 8 ^ 10 centimetres de longueur , est bien developpe sur la cote des Sables d'Olonne , et par son prolongement sous les eaux , va former File Dieu. Dans plusieurs endroits le gneiss est lie a des depots de granit, et le passage d'une roche a I'autre est irrecusable ; de plus , le gneiss est generalement abondant en gisemens, metalliferes. On remarque plusieurs regions de mica-schiste , quel- quefois tres-etendues , et dans lesquelles affleurent de petites masses de hyalomicte , de gneiss et de granit. Ce mica-schiste , d'une infinite^ de nuances et quant au fades et quant a la composition , renferme une foule de mineraux, ainsi que plusieurs roches quarzeuses, entre autres du quarz graphitifere et un quarzite celluleux contenant une substance provenant de Toligiste , et qui neanmoins , ne ressemble point au siderochriste. Le lalc-schiste passant au mica-schiste , au chlorite- — 105 — schiste , au phyllade , etc. , s'observe en divers ILeiix, Deux de ces formations renferment de la limonite exces- sivement riche , et qui , selon la tradition , et h en juger par les scories que j'ai rencontrees , aurait jadis cte exploitee. Des schistes alumineux , siliceux , des phta- nites , des lydiennes , des br^ches , des ardoises , des anagenites, sont generalen^ent subordonnds aux talc- schistes, Les phyllades sont dissdmines sur differens points , et diverses roches leur sont aussi subordonnees ou, coinme I'ardoise , resultent de leur passage. On voitensuite lesstea-schistessouvent feld-spattriques, et passant aux protogines schistoides et porpbyroides. Yers la limite du terrain primitif, aux poudingues qui alternent avec les talc-schistes , les stea-scliistes , les protogines , etc , succede une formation de quarz et de jaspe. Outre les bassins houillers qui se trouvent h Test du departement , j'en ai reconnu un autre ^ I'ouest, et dont I'exploitation fut tentee autrefois , mais dont ii ne reste aucun souvenir dans le pays, Le lias caracterise par des ja&pes , arkoses , oires , dolomies , etc, , forme une ceinture pen large , partant des Sarts , se dirigeant vers Mareil , et se terminant pres destEssarts; on en voit aussi un lambeau h St.-Jean d'Orbetiers; enfin , U donne lieu^ deux petites iles dans les marais. Le calcaire oolitique inferieur constitue le sol de la plaine , dela 11 passe a Niort , Poitiers , Montmorillon , el se continue dans le Berry. Un second massif se trouve a la Gachere , et presque toutes les petites iles des ma- rais sont en calcaire oolitique inferieur, fourni en Vendee^ par une assez grande variete de roches calcaires qui plfrent au palaeontologiste, une ample recolte de fossiles. On distingue le terrain cretace , ainsi que le terrain tertiaire au nord-ouest et au nord du departement. Une bande de gres et de sables entoure a-peu-pres le marais occidental , du cote de la terre. Parmi les depots de tourbes , celui des Granges offre le plus d'interet ; il est forme de fucus, de ceramium , d'ulves , etc. , et contieut des helices , paludines , etc. , associees a des coquilles qui existent dans les marais salans , circonstance qui assigne a ce depot le meme i\ge qu'aux terrains d'alluvion , occupant des espaces consi- derables dans ce departement , ainsi que dans celui des Deux-Sevres et de la Charente-inferieure ; les dunes sont aussi tres-remarquables par leur aspect , leur oasis et leur accroissement. Les porphyres , argilophyres , argilolithes , erites , amphibolites , diorites, eclogites, aphanites, ophiolites, ophicalies, hemitrenes, etc., se montrent souvent en grand, et sur beaucoup de points de la contree. Enfin les psammites , les eupbotides, diverses roches dont je jie parle point , les nombreuses especes mine rales et pal^eontologiques font du departement de la Vendee, une des parties les plus curieuses de la France sous le rapport geologique; c'est meme dans I'ouestde la France, qu'il m*a ete possible , au moyen des faits qui se pre- sentaient k mes yeux , de parvenir ^ pliisieurs resultats importans en geologic : ainsi j'ai distingue normalement et classe plusieurs groupes d'epoques dilFerentes, dansce qu'on nomme vulgairement terrains primitifs et de transition, inferieurs au terrain houiller ; ainsi j'ai donne line explication simple et facile des delaissemens de la pier, de la presence d'ossemens humains et d'objets de I'industriede I'homme, parmi des formations marines. Je regrette que le temps ne me permette pas de dire t^uelques mots sur les nutres branches do Thistoire — i05 — naturelle qui, en Vendee, ne le cedent point a la geologic, en raison des ricliesses qu'elles offrent a Tobservateur*. M. Riviere presente de la part de M. Stievenart , notaire a Douai, un oeuf de poule termine par une espece de cordon ombilical tres gros , il remet ensuile cet ceuf curieux a M. le conservateur du musee de la ville. M™e. Cauvin remercie MM. les membres de la section de I'avoir admise a partager leurs travaux. MM. les membres du bureau , par I'organe de leur president, exprimenttoutleprix qu'ils attachent auchoix dont on les ahonores.MM.Arnoult et Cauvin expriment a leur tour, aux membres du bureau les remercimens que leur vote , d une commune voix , toute I'assemblee. La seance est levee. All heures la section s*est reunie a celle de medecine, pour aller visiter le sujet hermaphrodite ; on a reconnu un chevaldontl'organe genital avaiteprouve une deviation. Les Secretaires de la Section ^ Le President de la Section , A. RIVIfiRE, ( de Paris ). B^n. DE CHAUVENET , LAMARLE , ( de Douai ) . ( d' Arras ) . F. DOURNAY , ( de Lobsann), Le Vice-President , MORE AU , ( de Saintes ) . * L'extrait d'une promenade en Vendee par M. Riviere , sera imprime a la fin de ce volume. ©EUXIEME SECTIOW. AGRICULTURE , INDUSTRIE ET COMMERCE, ^^^m^ SfiANCE DU LUNDI 7 SEPTEMBRE 1835. Presidence de M. Lair ( dc Caen. ) La section , sous la presidence provisoire de M. Lair, doyen d'age des membres presens , s'occiipe immediate* ment de la constitution de son bureau. Au premier tour de scrutin M. Lair, estnomme president, etM. Crespelle- Dellisse , vice-president, MM. Maugin et Numa Grar , designe's provisoire- ment comme secretaires , sont maintenus dans leurs i'onctions. M. Louis de Givenchy , secretaire-general , fait , au nom de M. de la Fontenelle , hommage a la section d'un exemplaire du compte rendu dela 2^, session duCongres scientifique de France , tenue a Poitiers , en septembre 4834. La section remercie M. de Givenchy de cette communication. Le meme membre depose sur le bureau quelques exemplaires du programme des questions soumises a Fattention des membres dela 5®. session du Congres. Le secretaire-general fait ensuite hommage k la sec- lion , de la part de I'auteur, d'un memoire sur les che- mins vicinaux , par M. le comte Borgarelli d'Ison , lu au Congres scientifique de Caen , en jiiillet 1855. Remer- ciments de la part dc la section. Enfln , M, de Givenchy depose sur le bureau pliisieurs me moires ou notices sur lesquels la section aura a deli-* berer , savoir : i®. UnenotedeM. Borgarelli d'Ison > sur la detresse de Tagriculture et la situation du commerce. 20. La copie d'une petition que h Societe d'agricul- ture de la Seine-Inferieure a adressde a la chambre des Deputes, lendant a etablir une ecole d'agriculture pr^s le Conservatoire des arts et metiers, k Paris, 50. Un memoire de M. Godart , medecin-veterinaire a Mons , sur une question posee au programme. La section ayant ensuite regie I'ordre de ses travaux , M. de Caumont propose une serie de questions dont la solution formerait, en quelque sorte, la statistique agricole du nord de la France , et annonce que ce meme travail, qu'il a provoque aux precedens Congres, est surle point d'etre termine pour les cinq departemens qui ferment I'ancienne province de Normandie. Ce travail est renvoye a une commission, M. Emmanuel Gaillard , au nom de la Societe d'agri- culture de la Seine-Inferieure, dontil est le mandataire, lit une copie de la petition que cette Societe a adressee a la chambr^^des Deputes , tendant a ce qu'une ecole speciale d' agriculture fut etablie a Paris , pres du Con- servatoire des arts et metiers , ecole qui serait pour Tagriculture, ce que sont pour certainessciencesles ecoles de Droit etdeMedecine. A I'appui de cette proposition, le meme membre etablitquela jeunesse riche qui aimea prolonger son sejour a Paris et dont tous les individus n'embrassent ni la carriere desarmes ni celle du barreau, etudierait I'art de fertiliser les terres et d'en tirer un ample revenu et s^attacherait ainsi de plus en plus au sol ; ce qui s'opposerait a un morcellement des terres a Vinfini , abus qui, suivant lui , empechant de so livrer a ft -^ 108 — des experiences toiijours coiiteuses et quelqiiefois hasar-' (leases, ne permet pas a ragriciilturede faire les progres qii'on aurait le droit d'esperer , au milieu du mouvement progressif dont sont animees toiites les sciences qui peuventlui preter sonappui. M. de Caumont pense que des ecoles theoriques et pratiques d'agricnlture seraient plus utilement etablies dans les diverses contrees de la France. 31. Isidore Lebrunrepondaux trois points surlesquels a route ta discussion : d'abord, quant au morcellement , il etablit que I'interet particulier fera bientot rassembler en masses plus ou moins considerables , les proprietes lerritoriales trop divisees ; pour I'instruction agricole theorique , il pense qu'il serait convenable de jeter dans Fesprit des jeunes gens , des les classes d'humanites, les germes de Tinstruction agricole ; et quant a une ouplu- sieurs institutions d'agricnlture theoriques , quelques essais ont deja ete tentes sans produire de resultats bien satisfaisans , et ont ete en partie abandonnes. M. Dussaussoy propose de fonder des ecoles departe- Hientales et une ecole centrale d'agricnlture a Paris , laquelle correspondrait avec toutes les institutions pro- \inciales. Plusieurs autres membres obtiennent successivement la parole sur cette proposition. C'est ainsi que M. Hunault de la Peltrie pense qu une institution agricole de ce genre pourrait etre utile , si elle etait coordonnee dansun plan general d'instruction publique. La section adopte enfin la proposition suivante , ainsi redigee par le president : « Emeitre le voeu que des ecoles theoriques et prati- » ques d'agricnlture soicnt institueesdansles diiferontes » contrees de la Fi'ance , avec un ctablissement de memo — i09 — » nature dans le dc^partement de la Seine, etabllssement » qui serait comme un centre d'action et un foyer comr » mun au milieu de tous les autres. » Cette proposition sera presentee k la sanction de Tassemblee generale, dans la seance de ce jour. La seance est levee. SfiANCE DC MARDl 8 SEPTEMBRE, Presidence de M. Lair (de Caen). II est donne lecture du proces-verbal de la se'ance du 7 ; la redaction en est adoptee , apres une observa- tion de M. Hunault de la Peltrie , qui ne donne lieu a aucune rectification. M. Servatius, colonel de gendarmerie a Arras, est prie d'e^caminer le memoire envoye par M. Godart, tnedecin-veterinaire a Mons , sur les meilleurs moyens d'amelioration et de conservation des races de chevaux. M. de Rainneville , proprietaire a Allonville , pres Amiens, fait hommage a la section et a cliacun des mem- bres qui la composent , d'une notice imprimee ayant pour titre : Examen de quelques questions propose'es au Congres scientifique de Douai^ en 1855. M. le secretaire general depose sur le bureau une note de M. Elie Dm, de Parthenay, relative a la fabri- cation du cidre. Cette note qui avait ete adressee a la section des sciences medicales , a ete renvoyee a celle d'agriculture , le sujet quelle traite etant plutot de sa competence. M. Emmanuel Gaillard , de Rouen , est prie d'en prendre connaissance et de faire connaitre son opinion a la section. M. Gadlard propose de s'occuper de la 10^. question agricole du programme , qui presente beaucoup de connexite avec Tobjet qui a donne lieu au voeu emishier par la section, relatif a I'etablissement, dans les diverses — no— conlrees de la France , d'lin certain nombre d'ecoles theoriques et pratiques d'agriculture. Cette proposition etant adoptee , M. Gaillard obtient la parole : il Oppose d'abord le systeme de M. Rainneville, systeme developpe dans la note impriniee > distribuee ad commencement de la seance, aux membres de la section, et qui consisterait dans I'etablissement de petites fermes ou metairies de 12 a 20 hectares ail plus, stiivaritie de- gre de fertilite dU terrain. D'apres M* de Rainneville ^ cest ace systeme qii'est dile la prosperite de la Flandre, dont la riche et merveilleUse agricultttre a servi de mo^ dele a I'Europe. Ce sera ce systeme q(ti proCUrera lirt moyen rapide d'ameliorer les races d'animailx domestic ques , qiiestioii a laqiielle se rattache , soiis le rapport de I'editcation des chevauX , la defense , la liberte et la securite de la France. Ce serait encore le moyen dimpri* mer a ragricilltitre une grande et forte impulsion , si , comme le desire TauteUr , chaqde proprietaire exploitait lui-meme tin petit domaine dans la vue de son avantage? particulier d'abord , et bieritot apres, dans quelque vue d'utilite generale. Au lieu de fonder, a grands frais , des fermes-modeles, M. de Rainneville voudrait quelaferme vraiment modele d'un proprietaire intelligent en re^ut ie titre , et que les cornices agricoles , dont Futile insti- tution devrait etre generalisee , renoUvelassent, sur cette exploitation toutes les experiences reclamees et jitgees miles a la culture locale. M. Gaillar i prcsente contre ce syteme plusieurs objec- tions : il compare d'abord la depense et les produits des grander et des petites fermes. Dans une grande ferme , le travail se fait par un nombre d'ouvriers proportion- nellement moins grand que dans les petites. Dans les grandes cultures , on pent employer des instrumens et des betes a cornes dont il est impossible de se servir dans les petltes exploitallons. Si la France , dans le biit de pour voir a la defense de son territoire et de son honneur , doit songer a I'education des chevaux , il ne faut pas non plus oublier qu'elle est et qu elle doit rester inanufacturiere ; et pour cela , il est necessaire d'entre^ tenir des trcupeaux de betes a laine , ce qui , dans le systeme des petites fermes, devient tout-a-fait impos* sible. Sous le rapport des constructions, il est beaucoup plus economique de conserver les grandes fermes , que de les diviser en petites metairies qui exigeraient de couteuses constructions et de nombreuses reparations ; enfm , suivant I'orateur , les cultures sarclees, veritables sources de prosperite et d'ameliorations en agriculturey sont du domaine des grandes exploitations , plutot qu elles n'appartiennent a la petite ferme. M. Lenglet, capitaine du genie a Douai , fait observer quit est probable que les proprietes divisees coutent moins et produisent plus que les grandes fermes, puisque beaucoup de proprietaires divisent leurs terres pour en retirer un prix de location plus considerable , et que les locataires paraissent neanmoins faire leurs affaires et pourvoir aux besoins de leurs families. M. de Rainneville pense que la question des grandes fermes-modeles on experimentales estmaintenant jugee, et que leur etablissement sur une plus grande echelle , s'il etait possible , n'aurait pas plus de succes que n'eii ont obtenules diverses fermes-modeles qui ontete succes- sivement instituees etqui, pour la plupart, ontete succes- sivement abandonnees. 11 voudrait , comme le represen- tant de la Societe d'agriculture du departement de la Seine-Inferieure en a reconnu I'utilite , que Ton attachal a des fermes deja etablies par des proprietaires , etdans un etat remarquable de prosperite . fermes que , par consequent , on pourrait a juste titre , appeler modeles ^ — H2 — tin certain nombre de jeunes gens qui s^y former^iernt aux bonnes pratiques agricoles , et des eleves laboureurs destines a repandre dans les fermes moyennes quipour- paient s'elever par la suite , de bons valets de charrue. Abordant ensuite la question desgrandeset des petites fermes, Torateur s'attache a refuter la plupart des objec- tions presentees par M. Gaillard , et cherche a demon- trer combien le systeme des petites fermes exploitdes par les proprietaireseux-memes serait utile ala jeunesse riclie qui , arrachee ainsi aux funestes habiudes eta la depravation des grandes villes , irait peu-a-peu se fixer dans les campagnes ou elle trouverait un bonheur plus tranquille , en meme temps qu'elle serait plus utile an pays , en favorisant Tessor de I'agriculture vers les ame-; liorations. Le meme membre examine ensuite la meme question sous le rapport de la culture , par le moyen des boeufs et par I'emploi des chevaux , ce dernier mode> offrant seul , suivant lui, toutes les garanties desirables pour la facilite de la remonte de la cavalerie , dans le cas; d'une grande guerre continentale. C'est ainsi , dit-il, que dans les pays de grande remonte, comme leDanemarck, le Hanovre , le Mecklembourg , etc. , on cultive la terre avec des chevaux a deux fins , c'est-a-dire , propres au tirage et a la selle. M. Gaillard revient sur la question de Veducation des chevaux , sous le rapport de la remonte et de la defense de la patrie , parce que , dit-il , ce seul mot reveille les plus nobles et les plus vives sympathies dans tons les; coeurs veritablement francais. II croit que son systeme des grandes fermes n'empecherait pas les proprtetaires de se livrer a cette branche de speculation qui se lie s-i mtimement a I'economie publique. II etablit qu'il existe plusieurs contrees en France , et notamment la vallee de \a Seine , oil Ton pourrait aussi bien que dansle depar- tement dc TOnie , se livrer avec fruit a la multiplication de la race chevaline , sans toutefois abandonner le sys- teuie de la grande culture avec Temploi des boeufs. M. de Eainneville repond qu'il est impossible que le clieval de remonte soit jamais suilisamment paye pour indemnlser le proprietaire de se& frais , s'il n'est pas eleve a travailler et s'il ne rend pas quelques services a la ferme jusqu'a I'yge de 5 ans , epoque ou il doit seulement en- trer dans la cavalerie. M. Dussaussoy pense a ce sujet que le cbeval qui tra- vaille dans la ferme , est toujours mieux portant , moina expose aux maladies et phis capable de supporter leg fotigues de la guerre , que celui qui est exclusivement eleve en pature. Yu I'importance du sujet et les nombreuses questions soulevees par la discussion , la deliberation est renvoyee a la seance de demain. M. le president invite la section a designer trols de ses membres qui , reUnis a trois atitres nommes par la sec- tion des sciences physiques et naturelles , formeront una commission chargee de visiter les cultures de plantes exotiques de M. de Taffin , ainsi que les collections bo- tanniques de la Societe royale et centrale d'agriculture de Douai , et de faire un rapport a cc sujet. Les membres designes a cet eflet sont : MM. Lair , Gaillard et de Rainneville* Les autres membres de la section sont invites a se reunir a leurs collegues po«t'> visiter ces belles collections. n'»'m'^i'r= aui La seance est levee. , « I SfiANCE DU MERCREUI ^^EPTEMBRE. Presidcnce de M. Lair (de Caen.) ijul ./I Le proces-verbal de la seance precedente, est lu et sidopte sans reclamations. 8. » La section s'occiipe de regler les matieres ^ mettre en deliberation dans la seance de ce jour. Plusieurs membres pensent, que la discussion des deux precedentes questions a suffisamment eclaire les ques- tions qui ont et^ traitees , et desirent voir la section prendre une resolution definitive. M. Hunault de la Peltrie demande que Ton relise le voeu emis par la section , dans sa seance du 7 de cemois. Cette lecture est faite ; M. Dussaussoy resume , en quelques mots , ce qui a ete dit sur les avantages et les inconveniens des grandes et petites fermes. ^, Plusieurs membres obtiennent successivement la pa- role , et parlent sur le meme sujet , sans emettre de vues nouvelles , et ne font que reproduire les argumens employes deja de part et d'autre. M. de Rainneville informe la section que , d'apres la discussion approfondie qui a eu lieu sur le sujet en deli- beration , il ne regarde pas la solution proposee comme incompatible avec son systeme qui pourrait, au contraire, s'y rattacher jusqu'a un certain point. La cloture de la discussion est demandee et prononcee, et la proposition presentee dans la seance du 7 de ce mois, est de nouveau mise aux voix et adoptee a une tres- grande majorite. M. le president de la 6®. section , adresse a la section d'agriculture , etc. , la question relative a I'utilite des banques departementales , etc. , avec priere de vouloir bien I'examiner , et de lui faire connaitre ensuite la reso- lution a laquelle elle aura pu donner lieu. M. lepresidentproposeaM.lebarondeHauteclocque, ancien maire d' Arras , de se charger de I'examen de cette question. M. de Hauteclocque demande si la section d'agriculture nest pas deja suffisamment chargee de boso^ne , et si elle pout ^;tre saisie de Texamen de ques-' lions qui liii seraient renvoyees par les aiitres sections. "[,, MM. Ernest Lattiarleet Servatius, pensent qu'ilest ne«^. cessaire de trailer cette question dans la section ce snjet, U)nt financier qu'il parait , se rattachanl intimement aux interers de I'agriculturie , de Tindustrie et du commerce. M. Crespelle Dellisse, faliricant de sucre debetteraves a Arras , parle dans le meme sens ; en consequence , M. de Rainneville est prie d'exajfniner cette question. J II est donne lecture d'une proposition de M. Isidore Lebrun , renvoyee a la S*'. section par la commission permanente ; elle est ainsi congue : < Qu'une loi de- > lermine enlin , par une classification conforme aux » progres actuels de rindiistrie , I'eloignement des habi- » tations , des manufactures el ateliers , en raison de leur » insalubrite et de rincommodite. Quelle obvie aux > difficultcs incessailtes que le genie militaire oppose k * Texercice du droit de propriete. > Cette proposition est renvoyee a I'examen de M. Dussaussoy. L'ordre du jour appelle un rapport de M. Servatius,^ surlememoirede M. Godart, medccin veterinaireaMons^vs relativement a I'amelioration ot a la conservation de la race deschevaux. M. Servatius , dans une analyse rapide et claire de ce meinoire, nionlre Tauteur passant succos- sivement en revue les principaux points de son sujet ,' s'altachant d'abord a relever les qualites du cheval du Hainault , annonc^ant ensuite que les nieilleurs chevaux de Belgique, proviennent de la province de Namur et du pays Wallon , attribuant la degeneration a trois causes principales, et indiquant ensuite les moyi^'ns d'y remedier. Aprcs avoir signale quelques pi incipes d'une utilite reelle. que renferme ce memoire , M. le lapporteur etablit qu'il contient neanmoins plusieurs propositions dont I'exucti^ — 116 — tude lui paralt au moins contestable j il conclttt, uti consequence , a ce que le memoire de M. Godart , ne soit pas imprime dans le compte-rendu. Ces conclusions sont adoptees. M. de Givencliy demande que le rapport de M. Ser- \atius soit depos^ au secretariat general , pour faire partie de la publication qui suivra la session du Congres. La section decide que ce rapport sera insere dans la proces-verbal de ce jour. c M. Godart est mu , dit M. Servatius , par le desir bien honorable d'etre utile ^ son pays , le Hainaut ; il Teut lui conserver une des principales sources de sa richesse , Televe des chevaux , et detruire les prejuges qui existent dans les campagnes. » M. Godart s' attache sur-tout a relever la valeur du cheval du Hainaut ; il fait valoir ses qualites , ses formes, son utilite moins speciale que celle de beaucoup d autres chevaux. 11 pretend que les provinces frangaises devront toujours dependre , pour leurs besoins , des chevaux brabangons , parce que nos productions ne suffisent pas. Sous ce rapport , M. Godart pent plutot avoir raison , que quand il dit que nous allons acheter les chevaux du Hainaut , parce que nous trouvons en eux la force qui manque aux notres. II declare que nous ne tirons pas de jumens de son pays , et il attribue cela a ce qu'elles ne peuvent s'accommoder de la nourriture forte que nous donnons a nos chevaux. ^' i Je doute que cette idee soit juste, et il a ete assez generalement reconnu qu'une nourriture plus forte sous un plus petit volume , etait ce qui convenait le mieux au cheval. Cependant cequ il dit plus bas pour les poulains, implique contradiction avec sa premiere idee. « llannpnce que la meilleure espece de chevaux, eii^ ^ H7 -i Selgiqtte , est celle de la pravince de Namur , et cfelle des pays Wallons. 1 II trace I'histoire dii clieval , et signale h 1' attention piiblique les caracteres auxquels il faiit reconnaitre la race degeneree, qui est celle qui a pu etablir des preven- tions contre les chevaux du Brabant ; il desire qu'on s'attache a I'eleve simple du cheval de trait , et assure que les Fran^ais viennent les payer assez cher.pouj* indemniser le cultivateur de ses frais. "^l 3|^1 > II veut remedier a cette degeneration qu il vient de signaler et a laquelle il attribue trois causes : l^. Le trop grand nombre de saillies ; 2o. L'union consanguine ; 3^^. Les prejuges des habitants. Les moyens qu'il indique sont des accouplements de chevaux de sa^ng et de confor- mation semblable. Nous pensons que ce princip^ ue&t juste qu autant qu'on est parvenu, coname en Angleterre, a creer une race type ; sans cela on n'arriverait pas a faire disparaitre dans un pays les defauts qui peuvent se rencontrer dans une espece de sang et de conlbrmation semblable. > 11 se montre partisan du systeme des Haras , el en desire Fetablissement dans son pays ; il reclame la une mesure quin'apas en France Tassentiment de tous ceux qui s'occupent de Tamelioration de la race die valine. Dans son idee , et pour n'avoir que de bons etalons de choix , il propose des moyens qui peuvent avoir leur merite, mais qui ne nous paraissent pas compatibles avee Le droit de liberte et de propriete. > II n'estpas d'avis qu'on cherche a obtenir la race des chevaux de selle ; cependant sile gouvernement regardait j-eleve de cette espece comme une mesure d'utilite po- litique , il pense qu'il faudrait a I'avance le disposer a \m genre d'education convenable , et il donne a cet egard des renseignemens utiles , et qui nous ont paru jusjes. > Le memoire de M. Godai r, est ecvit avec simplicite et avec clarte. II renferme pen d'idees neiives, mais il consacredesprincipesd'unc utilite reelle. II y a quelqiies propositions dont I'exactitude serait contestable, je viens de les signaler. » L'eleve des chevnux est, a coup sur, une des questions les plus interessantes de notre economie rurale , j allais presque dire de notre economie politique ; mais je m'ar- rete, parcequeje nesais ou me conduirait une discussion qui deviendrait alors si pleine d'interet , et parce que je ne veux pas donner a ce rapport plus d'etendue que n'en comportent les travaux de cette seance. » Au fait , Messieurs, ainsi que nous I'a dit hier notre honorable collegue , M. de Rainnevifle , 1 eleve des che- vaux interesse notre cavalerie au premier chef, et notre cavalerie est une des colonnes sur lesquelles reposent I'honneur et I'independance du pays. * Le rapport que vous m'avez charge de vous soumet- tre , m'a naturellement amene a prendre connaissance de I'article dans lequel M. de Rainneville a traite la i^^, question que vous avez indiquee dans votre programme. Je regrette que I'auteur n'ait pas juge convenable de se livrer a quelques developpemens plus grands , et n'ait pas approfondi d'avantage une matiere si digne des observations de ceux qui s'occupent d'economie rurale. Nous aurions sans doute dii a son experience et a son amour du bien public, des idees utiles et des ape r^us nouveaux. > Toutefois , je ne puis qu'approuver le voeu qu'il emet : de voir les cultivateurs frangais , dont les travaux d'agriculture ont lieu sur une echclle convenable, appli- quer une race de chevaux egalemcnt propre a la selle et au trait. Nous pensons qu'ils en retireraient un aussi bon usage que de loute autre espece, ct qu'insensiblement , — 119 — en faisant saillir les jumens de cette nature par des che- vaux d'line race plus pure , el qu on designe habiiuelle- ment sous le nom de chevaux de sang , de denii sang ou de quart de sang , on arriverait a ameliorer progressive- ment les races. 3:?^ » Le systeme des primes accordees a la vigueur ou a la Vitesse plutot qu'a des formes souvent trompeuses , nous semblerait un puissant moyen d'emulation et uri vehicule reel ; et sous ce rapport , il ne pourrait qu etre d'une utilite generale de voir le gouvernement et les conseils de departement favoriser les courses publiques, et y attacher des primes. » Les encouragemens accordes aujourd'hui , comme ils le sont , ne nous paraissent nuliement atteindre leur but. » t • M. deTroismarquetspresente ala section, unmemoire sur le meme objet , dans lequel il a traite la question sous les differens points de vue quelle presente. Apres avoir enumere les causes qui tendent a deteriorer de plus en plus la race des chevaux en France , Tauteur in- dique le moyen qui , suivant lui , serait capable de reme- dier aux inconveniens qu'il a siignales. Ce moyen se reduirait a ceci : avoir les etalons les plus parfaits possi- bles, n'admettre ala saillie que des jumens reunissant les meilleures qualites et qui fussent de meme race ou d'especes analogues et susceptibles d'etrecroisfees ave^c avanlage. j,^r-.fi»^wv? iti'^^'r'f Pour atteindre ce but , aucun etalon ne pourrait 6tre employe a la monte , sans avoir ete approuve par I'admi- nistration des ha' as. A cet effet , des inspecteurs par- courraient , chaque annee , les departemens et designe- raient les etalons qui pourraient etre employes a ce service. Ils seraient difficiles et scrnpuleax dans ce clioix; une prime avantageuse serait accordee au proprietaire , — 120 — ^ont Tetalon serait admis ; Ic gouvernement ferait venir des etalonsdespaysquiprodnisentles plus belles especes, et ees etalons seraient repartis dans les departements. Un jury d'examen pour les jumens destinees a etre sailUes, serait etabli dans chaque arrondissement de sous-prefecture; ce jury serait compose d'un inspecteur des haras et de quatre.proprietaires pris dans la localite et possedant les connaissunces neccssaires. I>eux mois avant la monte , ce jury se rendrait dans chaque chef-lieu de canton , ou les jumens destinees a ^tre sailHes , liii seraient presentees. II refuserait toutes celles reconnues impropres a produire de beaux eleves ; le signalement des jumens admises, serait leve soigneusement ; ee signa- lement serait remis au proprietaire avecautorisation de faire saillir la jumentsignalee , mais seulementparTeta- lon qui serait indique , copie de ce signalement avec la designation de Tetalon a employer , serait envoyee aa proprietaire ou depositaire de Tetalon ; tout proprietaire ou depositaire d'etalon qui ne se conformerait pas a ces dispositions serait passible d'une forte amende. 11 ne serait plus accorde de primes aux plus beaux eleves , mais seulement aux plus belles jumens destinees a la reproduction. Ces primes seraient devolues non seu- lement aux jumens reunissant les meilleures qualites , mais encore aux proprietaires qui en presenteraient ua certain nombre. Pendant le temps de la monte, des inspecteurs parcour- raient les arrondissements , afin de s'assurer si les dispo- sitions ordonnees seraient exactement suivies. M. Servatiusobjecteque ce systeme, de meme que celui de M. Godart , porterait atteinte a la propriete , en em- pechant un proprietaire d'user de sa chose comme il I'entendrait ; et par ce motif , il croit devoir s'opposer a son adoption. — 121 — M. de Troismarquets replique que sa proposition n*at- taqiie en rien la propriete , puisqiie , selon liii, tout proprietaire de jumens bonnes ou mauvaises, approuvees ou non , conserverait le droit de les faire saillir par tel etalon qui lui conviendrait , mais qui n'aurait pas re^u i'approbation du gouvernement. M. Servatius voudrait contrairement a Fopinion emise par M. de Troismarquets , que tout proprietaire de jumens fut toujours libre de choisir Tetalon qu'il croirait convenable , que cet etalon fut approuve ou non. M. Numa Grar etablit que la proposition de M. de Troismarquets existe en grande partie dans les regle- ments qui regissent la matiere, mais que ces reglements ne sont pas executes. II apprecie en consequence , cette proposition a laquelle il desirerait apporter les modifi- cations suivantes : 1®. Abaisser le prix de la monte. 2^. Supprimer les primes accordees aux plus belles formes. 5^. Augmenter le nombre des etalons et les fournir meilleurs. a»^ i^rtooii .^ M. Edouard de Cossette demande sur le systeme de M. de Troismarquets quelques explications de detail que Fauteur s'empresse de donner. wbojijiill ' M. de Hauteclocque presente quelques observations a Tappui du systeme developpe par M. de Troismarquets. M. Dupont, avocat, attaque ce systeme, non parce qu'il ne pourrait produire des resultats avantageux, mais parce que , suivant lui , il serait vexatoire et porterait une atteinte manifesto a la propriete ; il demande qu a ce systeme , on substitue la proposition suivante : 'J « Emettre le voeu que les conseils de departement et d'arrondissement consacrent chaque annee , une somme determinee a acquerir des etalons de pur sang, qui . — 122 — seraient distribuos chez les meilleiirs fermiefs , a la condition qu ils n'en seraient que depositaires jusqu'a ce que les ctalons eussent atteint im certain age. La ils seraient a la disposition des proprietaires de jiimens qui, tronvant a les faire saillir gratuitement par de bons etalons, le feraient sans doute. Par ce moyen on obtiendrait des ameliorations progressives. > M. Servatius se reunita la proposition de M. Dupont; il presente quelques observations siir le mode de distri- bution des primes accordees, M. Servatius , insiste pour que les primes, au lieu d'etre accordees aux formes ^t a rdlegance , comme cela a lieu aujourdluii , le soient au contraire dorenavant a la force et a la vitesse , et recommande en consequence les courses publiques. M. de Troismarquets se range, sur ce sujot, a Topinion de M. Servatius. M. Edouard Grar presente une proposition qii*il formule ainsi : i^. Engager le gouvernement a fournir de meilleurs <3taIons, et en plus grand nombre. 2^. Donner grails le droit de saillie aux cultivateurs. 5». Placer les etalons , le plus possible, a portee des cultivateurs. M. de Hauteclocque s'eleve contre le systeme de M. Bnpont, qui, a son tour , soutient sa proposition, M. Isidore Lebrun propose, comme M. Edouard Grar, dediminuerle prix de la monte. II fait connaitre de plus, que les castrations operees sur les chevaux de remonte, pen de tems apres leur admission , ont ete cause d'une grande mortalite parmi ces chevaux, et citeun reglement recent d'adminislration , d'apres lequel les chevaux doivent avoir sul)i la castration avant d'etre presentcs , ce qui , suivant lui , n'attaque nuUement le droit de prop lie te. 5f * Emmanuel Gaillard craint que Ics chevaux cleves a travailler dans les campagnes ne soient trop fatigues ct par consequent impropres a Tamelioration de la race. II voudrait que les etalons fiissent confies a des veteri- naires qui, charges d'une sorte de responsabilite morale, olfriraient , suivant lui , les meilleures garanties pour la conservation de leur sante. M. Hunault de la Peltrie etablit que, d'apres les regies d'une bonne hygiene , tout animal qui travaillera se portera toujours mieux , et sera plus propre a la repro- duction qu'un autre qui sera exclusivement destine a la monte. M. Cornille president du tribunal civil, a Arras, donne quelques explications sur ce qui se passe , relativement a I'objet en discussion, dans le departement du Pas-de- Calais et se rattache au systeme de M. Dupont, combine avec celui de M. Servatius. M. de Troismarquets ajoute quelques mots , et refute les argumens dont on a fait usage contre son systeme , notamment en ce qui concerne le droit de propriete. M. Servatius revient sur Tutilite du travail, et ne congoit pas qu'on puisse equitablement empecher les proprietaires de jumens de les faire saillir par tel etalon qui leur paraitra preferable a tout autre, '-^^^"f^^^^"^^*^- La cloture de la discussion est prononcee. La proposition de M. Dupont , combinee avec celle de M. Servatius, est ensuite mise aux voix par paragraphes, et adoptee par 14 votans contre huit , en ces termes : € Emettre le voeu que les conseils de departement ct d'arrondissement consacrent, chaque annee, une somme determinee a acquerir des etalons de pur sang, ainsi que des taureaux et des beliers de races choisies, qui seraient places chez les meilleurs fermiers , a la condition qu'ils n'en seraient que depositaires jusqu'a cequc cesanimaux eusscnt atteint un certain age. La , ils seraient a ta dis-- position ties proprietaires de jumens , de genisses et de - brebis, qui trouvant a les faii-e saillir gratuitement par des males de bonne race , les prefereraient sans aucim doute. Par ce moyen on obtiendrait des ameliorations progressives, i <> Qu'en outre les primes nc-soient accordees desormais pour les clievaux , qu'a la vigueur et a la vitesse et non a la beaute et a Felegance des formes , comme cela se pratique aujourd'hut. > M. le secretaire-general transmet a la 2^. section une notice de MM. Dournay, freres , sur les produits des;. mines de bitune de Lobsann appliques a divers usages em agriculture. Gette notice est confiise h Fexamen de Ml. de Cossette. La seance est leve'e.. 9Hi^jJ8v STANCE DU JEUDI lO SEPTEMBRE. Presidence de M. Lair ( de Caen. ) Le proces-verbal de la derniere seance est lu et adopte^ moyennant une legere rectification demandee par M. Hunault de la Peltrie. M. Emmanuel Gaillard fait un rapport sur une notice de M. Elie Dru ^ de Parthenay , renvoyee a son examen dans la precedente seance. M. le rapporteur , analysant cette notice , fait remarquer que I'auteur , en parlant des causes qui nuisent a la qualite et a la salubrite du cidre , en a omis plusieurs , dont six , des plus impor- tantes, sont signalees par M. Gaillard lui-meme. Gelles que I'auteur se borne a indiquer sont : 1«. le mauvais clfct produit par une temperature trop fioidc a I'epoque I da brassage ; 2<>, Taction de Tacide malique snr le mnti lage glulieux ; et 5°. la trop grande division du mout au sortirdupressoir. M. Elie Drit propose des methodes et appareils dont il conseille de faire Fexperience. „ En resume , le rapporteur pense que le Congres ije peut examiner ces appareils ni suivre ces experiences?' il ne peut , Ini semble-t-il , que recommander I'expose de M. Dru , a I'altention des fabricateurs de cidre. B'ail- leurs , le Congres saura que M Girardin, savant profes^ seur de chimie industrielle , ^Uouen, s'occupe dun travail complet sur la fabrication des cidres. Toutes les Societes savantes de la Normandie demandentce travail, ety ont concourupar les notes et documents qu'ellesont fburnis ; M Oaillard est bien persuade que M. Girar- din ne negligera pas de prendre connaissance des proce- des indiques par M. Elie-Dru , et d'en tirer tout le parti possible. 11 conclut a ce que la copie de la notice de M. Elie-Dru soit adressee a M. Girardin , par M. le secre- taire-general , et que la notice elle-meme soit imprimee dans le compte rendu. — La section adopte sans discus- sion les conclusions du rapporteur. « L'annee derniere , dit M. Elie-Dru , a la deuxieme session du Congres scienlifique de Poitiers , j'exposai un procede destine au perfectionnement du vin rouge ; ayant depuis ce terns reconnu qu'il pouvait etre employe avec non moins d'avantage a la fabrication du cidre , j6 crois devoir , qaoique tardivement , soumeltre a la session de Douai , ce petit travail , qui peut plus speciale- ment interesser les fabricateurs de cette boisson, dans les contrees du Nord , ou Ton en fait plus generalement usage. « Les causes bien evidentes de Timperfectiondu cidre, dans plusieurs parties de la France sont dues (abstraction --126 — faite de Tetat de maturite et de TespAce de fruit plus oit inoins convenable employe a sa fabricaiion) : i®. » A rinfluence d'une temperature trop froide , a Tepoque ou Ton precede a cette operation ; car il est de fait que le cidre ne subit , le plus souvent , une fermen- tation languissante et incomplete , que parce qu'elle a lieu en saison trop arrieree, oil d'ordinaire les premieres gelees survenant avant le travail developpe , en retart^ dent quelquefois les effets jusqu au printemps suivant. Alors I'alteration de quelques-uns des elemens qui cons- tituent son ferment naturel , perdent , soil par refroidis- sement , soitpar leur precipitation au fond des tonneaux et sur leurs parois, toutmoyen capable de produire dans les liqueurs, cette collision intestinale et cette elabora- tion convenable des parties solides et extractives , sans laquelle elle ne pent acquerir les caracteres essentiels de conservation et de salubrite, .^^ ejcilfWHV) 11 Miiipj" r^ » 2<>. Uaction de I'acide malique sur le mucilage glutineux , quelle comporte a tres-grande dose, la rend filante,huileuse , des qu elle se trouve plus ou moins exposee a Faction de Fair , a une chaleur depassant le 2e degre (R.) € 3<*. La derniere des causes qui ajoute enfm au com- plet appauvrissement de la liqueur , c'est la trop grande division du moiit au sortir du pressoir , dans des vases de trop faibles capacites , son oxigenation , par une exposition trop long-temps prolongee au libre contact de Fair avant la mise en barriques ; toutes ces causes , dis-je, ajoutent a cet etat d'inertie que produit le manque de chaleur interne , lors meme que le liquide se trouve reunir toutes les conditions desirables. « Ces faits, bien connus des fabricateurs de cidre , demontrent assez combien il pent ^tre avantageux a leurs inter^ls dans de semblables eirconstances , de le — 127 — faire cuver en plus grande masse possible , eii se servant de foudres ou tonneaux debout, disposes ainsi que je I'ai indique pour les vins rouges, dans une notice au Congros de Poitiers * ; avec cette difference que , pour remplacer la rape toujours combinee au mout de ces vins, et rendrei les effets du travail a-peu-pres identiques , 11 est indis- pensable pour cette espece de mout , que le reseau soit fixe aux 5/4 de la hauteur de I'appareil , au lieu des 4/5« pour le vin , et de porter lepaisseur de la couche de paille croisee, maintenue par le reseau, a trois ou quatre pouces , au lieu de 4 a 5 lignes enfin de maniere a ce que cette couche de paille puisse faire roffice du fardeair de rape qui accompagne le mout, de vin rouge. On con- cevra que , par ce moyen , le mout quel que soit sort etat de densite et ses autres caracteres , subira , etf masses plus agglomerees a I'abri du contact de I'air et de ses vicissitudes , un travail physiquement identique au celui du vin rouge, faculte qu il ne pent rarement acque-I rir par les causes enoncees, - » , ii/iVi.j] jii, ijoijiu;. « Je ne m'etendrai pas plus !6hgtiet11e^tyotl^'^irouver tout ce que pent avoir d'avantageux cette methode ; j'engagerai seulement les personnes les plus experimen-* „ tees dans ce genre d'industrie , a faire des epreuvos comparatives qui leur demontreront par d'heureux re- resultats , je n'en fais pas le moindre doute , I'exactitude de mes previsions sur ce nouveau mode de confectionne- mentducidre. Je ferai observer aussi, pour plus grande garantie de succes , que cette boisson ainsi traitee , doit etre decuvee en vases seconclaires ou barriques ordi- naires, aussitot la fermentation tumultueuse appaisee , * Voir le Goniptc-rendu de ee Congrcs , deuxienie section , Agriculture , etc. — 128 — sans attendre que toutes les phases dii travail sorehf entierement accomplies , afin que sa continuite , apres cette premiere defecation, favorise la decomposition de ce qui reste de sucre dans le mout , et determine una plus prompte et plus parfaite clarification de la liqueur; » J'ai lieu de croire aussi, que lememe precede peut convenir au gillage de la biere ( la fermentation ), d'une maniere toute aussi favorable en hiver seulement , et notamment dans les lieux trop exposes aux courans d'air et par cela difficiles a etuver , avec cette difference que pour cette boisson , il convient de fixer le reseau et la* couche de paillea moitie de la hauteur du vase, au lieu diii quart pour le cidre. et le cinquieme pour le vin rouge. * Par ce moyen , on obviera aUx dangers des transitions) termomelriques qui surviennent ordinairement pendanp les longues nuits d'hiver , qui refroidissent tellemenb les petits volumes de mout que , quelques moyens que Ton emploie pour entretenir la chaleur necessaire a la continuation du travail , cela devient impossible , par la raison que pour cette derniere boisson , la levure une fois precipitee manque , comme le ferment des liqueurs naturelles en pareil cas , de cette energie necessaire au developpement des mixtes , et ne donne pour resultat , qu une boisson lourde et indigeste , tandis que , par le mode que j'indique, elle ne perd aucun de ses principes essentiels , pourvu qu'elle soit ensuite soutiree en futs d' expedition , des qu'on sapercevra que le chapeau de levure surmontant le reseau , devenant plus compacte ,* * Ce vide est absotuttient necessaire pour la fermentation de la biere , qui acquiert a la temperature la plus ordinaire oil on la met en levure (celle de 18 a 20®. R. ) » un developpement d'un volume a-peu-pres egal a celui de sa masse liquide. I — 129 — s*est afFaisse ail moijis de la moitie de Televation qii'il avail Qcqiiise , a I'apogee dii travail. Ainsi , Ton evitera la reaction de la leviire precipitee au I'ond de la cuve que Ton aura soin de recouvrir avec des couvertiires , soit en laine , soit en poil de bocuf , possedant comme la balle , non-seulenicnt la faciilte isolante , mais encore celle de lie pas laisser combiner a hi levurc quelqiie pen des frag- mens halleux qui ne nuisent, enaucune maniere,au vin et au cidre , auxquels I'addition de fermens artificiels loin d'etre utile, est tres contraire. II en est ainsi de la concentration par 1' ebullition des mouts qui les consti- tuent, et ce, malgre I'opinion de quelques oeneologistes; car j'ai toujours reconnu dans mes epreuves repetees que ce dernier moyen altere scnsiblement Tincarnat et le spiritueux du vin rouge , s*oppose a sa parfaite trans- parence , liii imprime une teinte terne et violacce , un gout siropeux , et enfin line tendance continuelle a r effervescence. > M. Edouard de Cossette, charge d'un rapport sur une notice de MM. Dournay freres , relative a Teniploi en agriculture, Ms produits des mines de bifcume de Lobsann, presente a la section le resuliat de I'examen auquel il s'estlivre. II s'attache particuliercment a faire connaitre divers emploisdubitume mineral etdu mastic bitumineux, les proprietcs hydrolugcs de ces substances ainsi que Icur prix , et conclut qu^', si Texperience vient confir- mer les avantages indiques dans la notice de MM. Dour- nay , Temploi du bitume mineral , ainsi queceluidu mas tic, pourra etre d'une grande utilite dans les etabhssemens d'agriculture etd'industrie sous le rapport des construc- tions, et que ces produits doivent par la se recommander a Inattention des membres de la 2^. section. M. de Rainneville, qui dit avoir einpioyc avec bean- coiip de succes le bitume et le cimenl bitumineux dans 9. --130 — les constriietions rurales,demande a M, Dournay quelssont les avantages des bitumes mineraux compares aiix pro- duits bitiimineux provenant de la distillation des houilles, et quelle est la difference de prix de ces deux substances? M. Dournay repond que le prix des bitumes de Lob- sann est plus eleve que celui des bitumes provenant des houilles ; qu'il ignore si des essais ont ete tentes dans le but de comparer ces deux genres de substances , mais que les bitumes de Lobsann etant depuis long-temps et naturellement mineralises et combines dans leurs prin- cipes , doivent etre d'un meilleuremploi que les bitumes artificiels que fournissent les houilles. M. de Rainneville demande que la section emette le voeu : « Que des essais comparatifs soient entrepris sur » I'emploi des produits bitumineux des mines de » Lobsann et de ceux qui proviennent de la distillation > des houilles. » MM. Lair , Em. Gaillard , Hunault de la Peltrie et Bottin , obtiennent successivement la parole pour de- mander a M. Dournay des renseignemens sur le prix, la nature et le mode d'emploi de ces produits. M. Dournay s'empresse de repondre a ces differentes questions. MM. Servatius, Numa Grar, Maugin et Dournay pren- nent successivement part a la discussion et citent des faits favorables ou contraires»a Temploi des couvertures en bitume. — La proposition de M. de Rainneville est ensuile mise aux voix et adoptee par la section. M. de Rainneville fait un rapport sur la question de Tutilite des banques departementales et sur le meilleur plan d'organisation a adopter. Le rapporteur commence par dire que I'etablissement des banques departementales serait incontestablement utile a la prosperite du com- merce et de Tagriculture , pour diminuer le taux de I'in^ — 131 — ler^t de Targettt et detruire I'usure ; mals il croit, qii'^i iin petit npmbre d'exceptions pres que peuvent offrir quel- qups grandes villes commerQantes et manufacturieres , BDU§ ne §ommes nullemeiit prepares a tirer un parti con- yenable de ce mpyen de credit. 11 importerait done do Cfiipmencer par faire reducaliqn fmanciere de la classe i^ombretise des proprietaires du sol , pour les placer a )a tcte du mouvement industriel. Pour arrivera ce but , Je rapporteur se demande s'il ne serait pas a desirer, .qu au lieu de porter ses vues vers Tetablissement des ban- ques departementales, on les arr^tat sur celui de petites banques rurales, dont un seul proprietan-e serait presque toujoursen etat de faire les fonds. M. Maugin propose que la 2^. section se reunisse a celle des sciences morales et legislaiiveSj pour discuter .^imultanement cette importante question, qui touche de si pres aux interets de Tagriculture , du commerce , de rindustrie, et qui se lie en meme temps d'unemaniere si intime a Teconomie publique. La section adopte cette proposition ; en consequence de cette decision, le meme membre propose qu'il ne soit pas donne suite a la discussion dans la section d'agricul- ture. L'assemblee se trouvant partagee d'opinion a ce sujet , la discussion continue. MM. de Troismar quels , Gaillard , Edouard Grar et de Rainneville parlent successivement , sur la pos- sibilite ou I'impossibilite de falsifier les billets de banque ou effets de commerce tres nombreux , qui seraient mis en circulation par les banques dont on propose 1 eta- blissement. M. de Givencliy , a propos de cette question de falsi- fication , presente a la section un memoire sur un papier, dit «?# sur^Uy et sur une eiicre ditc ehimico-specimut. Ce papier serait propre aux timbres , a rimpression dea effets de commerce et aux billets de ban que, il est fabri- quepar M. Mozard , pres d'Epinal ; M. de Givenchy de- pose sur le bureau plusieurs ccbantillons de ce papier , les uns avec filigranes interieurs , d'autres sans filigra- nes ; il y joint un rapport fait a I'Academie des sciences , sur Tutilite de ce papier. — Get objet est renvoye a Fexa^ men de la l'"^. section, comme etant plus specialement de sa competence. En meme temps M. Hunault de la Peltrie est specialement invite a suivre les travaux de cetle section , relativement a ce memoire. M. Servatius revenant a Tobjet en discussion , pense que la creation d'un nouveau papier monnaie pourrait presenter de graves inconveniens , et cite , a Tappui de son opinion , la crise recente de la banque des Etats- Unis. II admet que cette creation pourrait presenter quelqu utilite , mais il croit que les dangers qu elle ferait naitre surpasseraient la somme de ses avantages. MM. de Rainneville et Gaillard repondent aux objec- tions qui viennent d'etre presentees , et pensent que les crises seraient possibles , mais qu'elles n'ameneraient neanmoins ni faillites ni banqueroutes ; ils citent en preuve de cette assertation , plusieurs faits irrecusables. M. Servatius soutient son opinion , qu'il presente cependant , dit-il , avec le doute que lui inspirent ses connaissances trop peu etendues sur cette matiere. M. de Rainneville croit devoir parler de nouveau pour soutenir sa proposition , qui serait particulierement utile aux interets de Tagriculture. La discussion parait epuisee , et cet objet est defmi- tivement renvoye a I'examen des sections reunies d'agri- culture et des sciences morales. M. Jobard communique une note relative k une plante »— 135 — qui prodult des tubercules feculens qui , siiivant lui , pourraient etrc consideres comme succcdanes de la pomme de terre. M. Jobard n'indiqiie pas le nom de fa plante , mais il joint a sa note , quatre graines de ce vegetal. M. Maugin , d'apres I'inspection de ces grames , croit que la plante indiquee dans la note de M. Jobard , n'est autre que la gesse tubereuse, latyrus tuberosus , que Ton [ trouve croissant naturellement dans plusieurs parties de I la France , et dont on recueille les tubercules , pour les employer comme substance alimentaire. Cette note est renvoyee avec les quatre graines , a Texamen de M. Bottin. La seanee est levee, STANCE DU VENBREDI il SEPTEMBRE. Presidencc de M. Lair (de Caen). Le proces-verbal de la derniere seance est lu et adopte apres une observation de M. Bottin, sur I'identite des bitumes de Lobsann et de Seyssel. M. le president demande si les membres d'une com- mission precedemment nommee pour la question de la statistique agricole , ont termine leur travail. Quclques- uns de MM.lescommissaires demandent que Ton recons- titue la commission , en y pla^ant seulement des per- sonnes du departementduNord.La commission nouvelle est nommee par M. le president , et composee do MM. de Troismarquets , Monnier, Numa-Grar et Dussaussoy. M. le president offre au Gongres , de la part de la Societe d'agriculture de Gaen , les rapports sur la cin- quicme exposition des produits des arts du CaFvados. — 131 — M. Gaillard fait remarquer que M. Lair est le pr6mb'* teiir des expositions departementales ; qii'ila,Ie premier; organise une exposition dans le departement dii Cal- vados. M. le president offre aii Congres , de la part de la Societe d'agriculture de Caen , un jeton en argent. M. Cheveraux offre egalement nn jeton en argent de la Societe centrale d'agriculture de I'Eiire. L'intention de ces societes est que ces jetons soient remis a la Societe d'agriculture de Douai , pour etre ajoutes aux prix a decerner, lors du concours de charrues qui doit avoir lieu procliainement. La section vote des remercimens a MM. Lair et Cheveraux , ainsi qn'aux societes qu ils representent , et ordonne une mention honorable au proces-verbal. M. le secretaire presente a la section une note de M. le comte Borgarelli d'lson , sur la detresse de I'agri- culture etla situation du commerce. M. Gaillard demande que cette note soit rattachde a la 4^. question du pro- gramme , ainsi congue : « Quel serait le moyen d'impri^ » mer a V agriculture ^ en France, une impulsion gene'rale > et uniforme vers les ameliorations ; quelle influence le > Gouvernement peut-il exercerutilement dans cesens? > Le secretaire donne lecture de cette note , ainsi congue : t Messieurs , au moment ou je me presente au milieu de vous * , je sens le besoin de manifester combien j'attache de prix a me compter au nombre des membres d'un Congres que I'amour du bien rassemble , que * M. le comte d'lson pensait pouvoir assister au Congres, mais des affdires dc fAmille Ten ayant empechc, il a envoye a la session, cette note qu'il avail intention dc lire lui-mdmc. — 153 — raccomplissement du bien dirige dans sa marche. S'll suffisait de partager vos principes , et de tendre vers le meme but , pour paraitre dignement au milieu de vous , je pourrais y pretendre ; mais letude , la connaissance , I'observation et une longue experience des fails et des matieres qui vous occupent , sont necessaires pour con- courir aux perfectionneraens que vos nobles travaux ont en vue. Pourriez-vous les attendre de celui qui , devoue des sa plus tendre jeunesse au service militaire , y a passe les vingt plus belles annees de sa vie ? II a du , par , devoir et par position, vivre sans cesse avec les hommes de toute la France ou des nations alliees ; il a dii par- courir les differentes regions de I'Europe , marcher contre les peuples qui les habitent , saisir dans son ensemble une administration composee d'hommes et de choses , de chevaux et de murailles , de vivres et d'ins- trumens de mort ; et reduit par I'immensite du cadre et par les bornes de Tesprit, a Timpossibilite d'approfondir tons les details , il a dti s'habituer a generaliser ses idees, comme on cherche a saisir tout I'univers , lorsqu'on est place sur une montagne , et qu'on apergoit de toute part un horizon sans fin. > Les idees generales ont , il est vrai , Favantage de coordonner les details, de signaler la place qu'ilsoccupent et celle ou ils fonctionneraient plus avantageusemcnt ; mais si Ton ne se livrait qu'a des vues generales , on arriverait bientot a la condition de ces ouvriers , qui connaitraient le plan et Tensemble de I'edilice qu'ils voudraient construire , sans qu'aucun d'eux sut tailler les pierres et les employer. .t>b ^^^w: ,M>-i a«jfli'il > Envisageant ainsi sans illusion , tout ce qui me manque pour marcher de pair avec vous , je ne me snis cependant pas decourage , car j'ai pense que la bonne volonte et le travail remplissent bieudes lacuaes. Passant I — 156 — alors en revue les objets aiixquels jc pounuis luilemetit consacrer mes loisirs , ma pensce est revenue sans cesse a un fait qui , dans notre belle France , domine anjour- d'hui tous les autres en matiere d'economie sociale : ce fait , c'est la detresse de ragricnlture et la prosperile precaire du commerce industricl. » La detresse de ragricnlture est incontestable , il' sullit pour s'en convaincre , d'etablir une comparaison entre les frais qui pesent sur la culture des cereales ou sur I'education des chevaux et du betail , et le bas prix auquel on les livre. Ce bas prix doit frapper d'autant plus qu'il s'etablit a une epoque ou I'abondance du numeraire s accroit sans cesse. La detresse de Tagricul- ture ne tardera pas a atteindre le commerce industriel, car celui-ci s'alimente , en grande partie , des revenus du proprietaire et des benefices du cultivatenr , qui ne peuvent subir une reduction importante et prolongee , sans que les effets s'en communiquent a I'industrie, > L'on me dira peut-etre que le numeraire enleve a laclasse des proprietaires et des agriculieurs, setrouvera ailleurs, et quen resume, il n'y aura pas diminution, mais seulement modification dans la richesse publique. Je repondrai a cela , que la veritable richesse consiste moins dans la quantitc du numeraire , que dans sa cir- culation, parce que c'est vraiment celle-ci qui represents I'abondance des produits et la multiplication des tran- sactions. Ainsi , une piece de cent sous represente cent francs , si elle circule vingt fois ; elle n'en represente que cinquante , si elle ne circule que dix fois dans le mcme temps : Or , voycz de quelle maniere efFrayante la x:ir- culation diminuera, si vous reduisez dans la meme pro- portion que les benefices , les transactions que realise ceile immense population , attachee par la propriete ou par le travail a Tagriculture ! ! ! ^137 — » Le bas prlx des denrees , qui devralt faire Lalsser le prIx de la main-d'oeuvre , ne prodiiit pas ce resultat : car Fouvrier prefereconsacrer moins de jours au travail, plu- t6t que de diminuer le prix de la journee ; il en resulte une plus grande diiliculte a se procurer les bras neces- saires pour I'agriculture , el Tobligation , malgre la dimi- nution des benefices , de les payer toujours aussi cher. » Le I rofit que Touvrier en retire , en fournissant ainsi a sa subsistance avec moins de travail, favorise plutot laparesse que ses inter ^Is, car c'est en vain qu'il pretendrait se soustraire long-temps a la crise de Tagri- culture ; celle-ci doit envelopper tot ou tard toute la France : II est temps d'y penser ! ! » La gravite du mal s'agrandit, a la reflexion que nous sommes entoures d'une barriere de douanes, et dune foulede droits protecteurs, sans lesquels la depreciation des denrees serait plus grande encore. » Notre situation commerciale n'est pas moins efFray- ante, a cet egard, que notre situation agricole. Nous avons pen de produits qui ne redoutent la concurrence etrangere : Si notre agriculture nous defend d'ouvrir nos ports auxcereales de lamer noire ou de la mediterranee; si I'Allemagne rivalise avec bonheur avec nos chevaux normands qui degenerent ; si nous sommes forces de defendre au betail etranger le passage libre des Alpes, nous voyons, d'un autre cote, notre quincaillerie et notre horlogerie repousser celles de la Suisse ; nos ma- nufactures redouter les produits anglais ; nos tissus de laine , dont la matiere premiere est chez nous , reclamer des protections equivalantes aux prohibitions ; le fer enfin, qui procure le pain et Tor, est chez nous de qualite inferieure, etcependant, nous sacrifions a son inferiorite I'avantagc d'en tirer de meilleur, et a meillcur compto , deTetranger. ' ^158 — » Lc consommateur ne se procure ainsi ces objets qua des prix tres eleves ; et comme tout producteup devient a son tour consommateur, il s'en suit que ce systeme force de prohibitions pese plus ou moins lour- dement sur tout le monde. » II est des pays doles d'un fond inepuisable de richesse, a Faide duquel on y repare les breches que pent y ouvrir lasuperiorite de certains produits etrangers. L'Angleterre a ses manufactures de cotonet d'acier, la Suede a ses fers et ses bois ; je voyais nagueres I'ltalie ramener sans cesse a eUe, par Tabondance etla qualite desessoies, tout Tor qu*y pompe sans mesure une domination etrangere. (Ju*avons-nous que nous puissions comparer a cela? Pouvons-nous d'ailleurs esperer d'inonder lesetatsvoisins de nos superiorites, de nos vins, par exemple, quand nous repoussons toutes les leurs? w Trois choses expliquent la situation agricole et commerciale qui nous occupe : la cherte des frais de production , Tinferiorite des produits , la perseverance mal entendue dans des exploitations onereuses. Les questions qu'elles soulevent sont des plus importantes dont le Congres puisse s'occuper : car elles interessent, au plus haut degre, la prosperite de la France; elles sont intimement liees a la liberte du commerce, verslaquelle noire epoquemarche par une pente irresistible. L'enquete commerciale ne laisse aucun doute a ce sujet : on y a vu chaque industrie reclamer le maiiitiGn des prohibitions ou des droits protecteurs pour elle , mais admettre en memo temps leur suppression a I'egard de celles qui lui sont etrangeres. > Ainsi , si chaque industrie , representee dans un Congres par un individu , etait ensuite soumise a 1 e- preuve d'un scrutin sur la question de savoir : si elle jouirait , ou non , de la liberte commerciale , le resultat de cliaque depouillement produirait raffirmative , a Id majorite de toutes les voix , moiiis une. Puis , si par im seul scnitin , on devait decider : si cette liberie serait proclamee en masse pour toutes les industries, le resultat produirait la negative a I'unanimite ; resultat contradic- toire , d'ou nait la preuve evidente que les interets par- tiels sont en opposition avec Tinteret general. Grande et belle est la mission de travailler a retablir I'harmonie entre eux, a faire cesser un etat de choses d^autant moins soutenable qu'il est plus monstrueux. Ce noble but sera completement rempli le jour ou , par I'abaissement des frais de productions , par la multiplication des bons produits ou par des changemens d' exploitation , nous aurons cesse de redouter toute concurrence etrangere. II est done digne du Congres de chercher a Fatteindre , et , a cet effet , j'aiirai I'honneur de lui proposer le deli- beration suivante : > 10. Le Congres de Douai prend en consideration speciale la detresse de Fagriculture et la situation du commerce, > 2o. II encourage, de preference, les essais,les decou- vertes , les inventions , les innovations, les perfectionne- mens ayant pour but ; de reduire les frais de production, d'ameliorer les produits , de changer les exploitations onereuses , et d'assurer ainsi a la France une prosperite generale et durable. > M. le president ouvre la discussion sur cette note de M. le comte d'Ison, reunie a la 4^. question du pro- gramme de la section. M. Gaillard reprend la parole ; il discute et etablit les points suivans : Les principaux negocians d'Elbeuf, reunis a des membres de la Societe d'Agriculture de la Seine-Infc- rieure , apres avoir longuement debaltu la question , se ^ i i^ — sont entcndussnr cc point: qii'il n'y avail pas tie matiercs premieres en France qui, travaillees par des mains franQiiises ne fussent plus cheres qu a I'etranger. Qu'il s'agissait de concilier les interets du manufactu* rier et de I'agriculteur avec ceux des consommateurs , que tel etait le probleme a rcsoudre. A quoi est due cette cherte des produits frangais ? M. Gaillard en cite quelques causes ; sous le rapport des grains , dit-il , pouvons-nous soutenir la concurrence des anglo-americains , des russe& et des cotes de Bar- baric , oil des peuples esclaves cultivent des terres "vierges avec les instrumens aratoires des peuples civi- lises? Quant a la laine , le mouton coute a peine 5 fr. chez I'espagnol , tandis qu'il se vend 15 a 14 fr. aux environs de Paris ; comment alors soutenir la concur- rence etrangere ? M. Gaillard cite aussi I'Dceanie , ou les moutons trouvent dans Ics Savannes une nourriture excellente , sans que Ton doive y consacrer ni soins , ni peines, ni depenses. Ainsi dotic nousne pouvons avoir les matieres premieres a aussi has prix que Tetranger. II faut aussi remarquer , dit M. Gaillard , que lesban- qiies anglaises offrent de I'argent a 2 p. o^o , tandis qu'il e&t reconnu que cliez nous , aucun manufacturier n'a d'ave- nir possible , en empruntant chez le banquier. Une inferiorite que nous donne encore la legislation., consiste dans les lois qui regissent les brevets d'invention, par suite desquelles-nousdevons payer nos machines plus cher que les etrangers. C'est ainsi que M. Collier ^ inventeur dela Tondeuse , la faisait payer mille ecus aux Frangais et quinze cents francs aux Beiges. Ce qui, S3lon M. Gaillard, rend les ouvriers rareset chers , c'est la grande division du sol ; c'est cette division extreme qui comprend,au plus, un tiers degrandesfermes. Mais- noiL< aurions tort de nous en plaindre , puisque c'est h cet elat de clioses qiie nous sommes redevables de la tranqiiillite dont nous avonsjoui^ au milieu des boulever- semens politiques. M. Gaillard dit ensuite : que les consommateurs eux- memes peuvent etre servis par des mesures qui concilie- raientles interets des agriculteurs et dcsmanufacturiers. II voit ces mesures dans la suppression des jacheres et dans la production plus considerable des plantes destinies a la nourriture des besliaux. Un membre ayant fait observer a M. Gaillard qu'il ne parlait pas des fers : Torateur lui repond , qu'en suppo- sant que le fer coutat six fois plus qu'en Angleterre , cela etait un mal , mais pas un mal tel qu'il fallut sacrifler toute notre economic sociale pour le faire disparaitre ; et que d'ailleurs, dans la question desfers, il y avalt peut- etre de ces considerations qui, comme I'a dit M. de Rain- neville , dominent toutes les autres , des considerations politiques ; qu'il etait bien permis de le croire , puisque nous avions vu dans un temps briser des marmites pour faire des boulets. M. Gaillard croit aussi que le bas prix des Vins n'em^ peche pas les proprietaires de faire des benefices , puis- qu onles voit convertir en vignes beaucoup d'excellentes terres. M. Gaillard termine en disant : que , si notre etat social veut I'isolement , il nous faul rester isoles ; il propose au Congres d'adopter le voeu suivant : « 1^. Que les lois economiques du royaume soient basees sur la consideration que la plupart des produits frangais , soit agricoles , soit manufactures , sont plus chers que les produits etrangers. » 2o. Que les lois sur les brevets d'invention soient revisees. » 3<>. Que la cultui^e soit dirigc'e de manicre a pro- — 142 — dniie une plus grande quantite de betail et nioins de cereales. » 40. Que I'etat d'agriciilteur soit tenement honore , par suite des lois et des mesures gouvernementales , que la jeunesse ne songe plus a deserter les fermes pour exercer des professions urbaines. « La suite de la discussion est renvoyee a la seance du lendemain. Apres des explications donnees par M. le president et par M. Jullien de Paris , il est arrete : Qu'en ce qui con- cerne la question des banques departementales, qui doit etre traitee par la section d' agriculture , et par la section des sciences morales , reunies , une commission de huit membres preparera le travail. M. le president designe pour membres de cette commission MM, de Rainneville, Bottin , de Troismarquets et Lamarle, aine. La seance de demain est indiquee pour six heures et demie , afin que les membres de la section puissent assis- ter a la fonte de canons qui doit avoir lieu a la Fonderie , d'apres Tinvitation de M. le colonel Dussaussoy. La seance est levee. SfiANGE DU SAMEDI 12 SEPTEMBRE. Presidence de M. Lair (de Caen). Le proces-verbal de la seance precedente est lu et adopte. M. Gaillard fait observer qu'en attaquant , dans la seance precedente , la legislation des brevets d'inven- tion , c est particulierement contre son peu d'eflicacite pour la protection qu'elle doit aux inventeurs , et contre ce qu'elle a de prejudiciable aux interets publics, qu'il a prelendu diriger cette attaque ; il demande qu'il soit inslitue dans les grandes villes , des societes d'emula- tion iiidiistrielle, qui signaleraient au Gouvernement les inventions d'une ulilite generale , afin qu'elles fiissent jugees par une commission d'liommeschoisis, et qu'elles fussent recompensees proportionnellement a leiir merite. M. Gaillard ajoule : que les inventeurs abusent souvent de la latitude qui leur est laissee par la loi , de prendre des brevets de perfeclionnement pour la plus mince ame- lioration , ce qui leur permet de prolonger leur privilege aux depens de I'industrie. M. de Tourville , avocat au conseil du Roi , a Paris , combat I'opinion de M. Gaillard , en disant qu'il est im- possible de defmir le perfectionnement dans une loi ; que ce qui pent paraitre tres-minime , materiellement par- lant , pent etre d'une tres-haute importance , sous le rapport industriel. Le seul remede consiste dans la pour- suite autorisee par la loi et dans le jugement qui , apres expertise , prononce sur la validite des pretentions de rinventeur. M. Legrand ajoute que , par rapport au droit que s'ar- rogerait une personne qui aurait pris un brevet de per- fectionnement sur rinvention d'autrui , on ne pent avoir nulle crainte , puisque la loi ne permet au possesseur du brevet de perfectionnement de se servir du procede de rinventeur, qu'avec son autorisation, M. Numa-Grar fait remarquer que , lors de la pre- sentation de la loi sur les brevets d'invention, on a agite cette pro^iosition de M. Gaillard ; qu on s'etait demande s'il etait preferable d'iidopter «ne expertise prealabla avec garantie subsequente , ou bien un simple enregis- trement des pretentions des inventeurs , qui devraient alors debattre leurs droits avec leurs adversaires devant les tribunaux , ces tribunaux devant faire faire alors une expertise ad hoc , on s'est arrete a ce dernier parti. M. Numa-Grar pense qu on a agi sagement , en ce qucy — 144-^ dans line commission qui jiigerait les droits des ihven- teiirs, lafaveiir et la camaraderie ne manqueraient jamais d'avoir acces. Les abus de la legislation viennent seule- ment des frais considerables de la procedure ; de sorte que la plus grande partie des inventeurs se ruinent en gagnant leurs proces. II pense que , si un voeu pent etre admis , c'est celui de diminuer les frais de procedure. M. de Rainneville propose alors de faire porter les proces devant le conseil des prud'hommcs. M. de Tourville pense aussi qu une experlise pr^ala- ble n'aurait point de succes ; il'cite , a cette occasion, les conseils de salubrite formes d'hommes honorables , mais qui, ne pouvant etre universels , se laissent aller k des opinions erronees sur les questions qui ne rentrent pas absolument dans Tobjet de leurs etudes ; il pense qu'il ne faut pas d'experts permanents , mais bien , comme Toblige la legislation actuelle , des experts ad hoc, 11 veut aussi que les debats s'ouvrent entre I'inven* teur et les contradicteurs, devant les tribunaux. Quelques membres font remarquer que tout est ren- ferme dans le voeu de M. Gaillard , sur la revision de la legislation ; en consequence , on met aux voix par para- graphes , le voeu emis par M. Gaillard : apres quelques observations de MM. Legrand , de Rainneville , Gaillard et Isidore Lebrun , il est adopte. M. Bottin ofTre a la section une brochure sur Tetat des troupeaux de betes a laine, en France , et lyi rapport sur Texploitation de M. le baron Louis. . La seance est levee. STANCE DU DIMANCHE 13 SEPTEMBRE. Presidence de M. Lair (de Caen.) Le proces-verbal de la seance precedente est lu et adopte. M. Maugin informe la Section qiie la Societe royate et centrale cVagricultilre de Doiiai , qui a ouvert liit concoiirs de charriies , en a fixe Tepoqiie au liindi ii septembre 1855 , a 11 heiires du matin, et precisement pendant la duree de la session du Gongres > afin de don- ner a de concoiirs un nouvel interet ; elle a pense ailssi que la presence de deux mernbres dii Gongres parmi les juges de ce concoiirs, serait un motif d'emulation de plus poiir les concurrens ; en consequence il propose quel la section d'agricillture designe deiix de ses mernbres pour remplir cette mission. M. de Rainneville et M« Crespelle Dellisse veulent bien se charger des fonctions de commissaires. M. Bottin fait un rapport sitr line notice deM. Jobarr!^ relative a une plartte dont la racine offre des tubercules feculens et comestibles , et dont il a offert quelques grai* nes a la section. », 11 resulte de ce rapport , que la plante dont il est question, droit spontanement, et quelle est bien connud dans lapartie nord-estde la France, oii^ suivant les loca- lites , on lui applique les denominations de Meguson ^ Marguson et Macjon , qui toUtes paraissent se rapportei' a un type Unique ; qu'en general , elle n'est pas cultivee, mais qu elle y Croit spontanement ; quonrecueille cette racine pendant les labours d'hiver , et qu'elle est moins un objet de production et de profit qu'un comestible de circonstance , presque de pur agrementet consomme sur-toutparles enfans. M. le rapporteur pense, du reste, que cette plante n'est autre chose que Ic lathgrus tube^ rosus des botanistes, et croit qu'il serait utile den cssayer la culture en grand , non pour remplacer la pommc de terre , ce don de la Providence qu'aucune substance ne suppleera de long-temps , mais pour ajouter , s'il se pent , a la masSe des matieres premieres alimentaires et feculentes* 10« — i4^ — II propose, en outre , que les graines deposees snr le bureau de la section , soient confiees a la Societe d' Agri- Culture de Douai , avec invitation d*en essayer la culture et de la propager , s'il y a lieu. Ces conclusions sont adoptees , apres quelques obser- vations presentees par M. Maugin. L'ordre du jour est la discussion « des moyens propres » a imprimer a Tagriculture , en France , une impulsion » generate vers les ameliorations , et particulierementsur » les meilleures mesures a prendre pour ameliorer les » races d'animaux domestiques , et empecher qu'elles » ne degenerent. » M. de Rainneville rattache toute la question a celle des petites fermes ou metairies dirigees par les proprie- taires , ainsi qua la creation et a la multiplication des comices agricoles. 11 croit que les comices, qu'il appelle de section , ponrraient imprimer ce mouvement pro- gressif d'amelioralion qui, de toutes parts, demande ^ ^tre favorise. Ces comices ne seraient d'abord composes que de trois ou quatre membres , sur la bonne volonte et les himieres desquels on pourrait compter ; ils n'agiraient que dans un cercle assez retreci etcomprenant seulement trois ou quatre communes rurales , formant, en total ite , une population de 3 a 4000 liabitans. Ces comices d'ailleurs correspondraient entre eux , et avec les comices de cantons; ils seraient, pour ainsi dire, attaches a la metairie , vraiment modele d'un proprie- inire intelligent et actif , sur I'exploitation duquel on pourrait se livrer a toutes les experiences reclamees par la correspondance generale des comices, et jugees utiles a la culture locale ; a cette institution se rattachent enfin, suivant lui , toutes les ameliorations possibles en agri- culture. M. Gaillard appuie I'opinion du preopinant , et pense — 14^-* qu*oii arrlverait rapidement , eh agriculture , aux ame- liorations desirees par tous les bons esprits , ameliora- tions qui vont devenir Un besoin qui se fera de plus en plus sentir, au moyen de rctablissement de petitcs fermes et de rinstilution des cornices agricoles* M. de la Fonteiielle parle des bons effets de I'etablis- sement des cornices agricoles en Poitou , oil ils sont formes par canton. Les proprietaires et les citltivateurs qui font partie de ces cornices , ne se contentent pas de reunions steriles pour parler sur I'agriculture , ils se livrent a des recherches pratiques et a des experiences sur le terrain ; ils s imposent des cotisations propor- tionnelles a leurs moyens , pour acquerir des instrumens aratoires modeles ou nouveaux , des types d'animaux domestiques de diiferentes especes,des graines de plantes nouvelles , etc* M. Gaillard soutient la necessite de I'etablissemeilt des cornices de section, qu'il regarde comme preferables aux cornices de canton. Les lumieres qui jaillissent d'une discussion ne sont pas toujours en rapport direct avec le grand nombre des orateurs qui y prennent part ; dans les reunions peu nombreuses , les discussions ne sont gueres que des conversations toujours instructives , ou chacun pent , sans appret et sans art , apporter le fruit de son experience personnelle. 11 est sur-tout important de diviser un canton en plusieurs sections, a cause de la nature du sol, qui varie souvent dans un m^me canton, et dont la connaissance est la base essentielle de toute bonne pratique en agriculture* M. de la Fontenelle ne croit pas qu\tn cornice agricole puisse ctre compose avec avanlage de trois ou qualre personnes seulement ; il faut , srtivant I'orateur , qu'un comice rassemble des liommes de pratique et des thdo- riciens ; s'il ne & y trouve que des praticiens , il est h ^ 148—: craindre qu'ils ne se pr^teiit que diificilement aiix essais, qui seiils , peuvent amener des ameliorations ; d'ailleurs partoiU. la iheorie doit eclairer la pratique : s'il n'y avail que des theoriciens, le danger conlraire serait a craindre ; car la pratique doit toujours venir donner sa sanction k Ja theorie. Mais comment un comice,compose d'un petit nombre de membres , se procurera-t-il les fonds neces- saires? Car on ne fait rien sans argent , pas plus en agriculture qu'en Industrie ; et il est indispensable de faire des sacrifices , si Ton veut parvenir a des ame- liorations de toute espece ; il est sur-tout indispensable d avoir un champ destine aux experiences , et on sait que cette culture experimentale est loin d'etre toujours profitable , et occasionne toujours d'assez grandes depenses. M. de Rainneville donne quelques explications sur sa proposition , et dit que les cornices de section qu'il de- mande , n'excluraient pas les comicesde canton ;iltermine enformulant ainsisa proposition : « Que Ton encourage par > toutes sortes de moyens,la multiplication des comices » agricoles de section , en les reduisant a quelques » membres, et en les attachant k une ferme bien * cultivee. » Cette proposition est adoptee. M. Gaillard propose d'ajouter a ce premier voeu : « Celui » que les differentes parties des constructions rurales , » telles que maisons d'habitation , granges, ecuries , ij etables , I'ournils , pressoirs , celliers , qui seraient » les mieux etablies dans un canton, fassent designees 5) comme modeles aux agriculteurs. » Cette proposition appuyee par M. de Rainneville , qui la developpe et la r^ittache a d'autres idees sur les constructions rurales , est mise aux voix et adoptee. ^ 14 en est de meipe d'un voeu emis par M. Lcquien, dofttj" — 149 — le but serait : < D'augmenter et de multiplier les primers * a distribuer , soil par le GouTernement, soit par les > societes ou cornices agricoles,auxproprietaires d'ani- > maux domestiques , de difFerentes races , tels que tau- f reaux,vaches, beliers, etc., moyen qui, suivant I'auteur » de la proposition , serait tres-puissant pour arriver a > I'amelioration de ces differentes races d'animaux. » Enfin la section terminant tout ce qui a rapport aux moyens d'imprimer h I'agriculture une impulsion gene- rale et uniforme vers les ameliorations , adopte la resolution suivante , formulee par M. de Rainneville : c Emettre le voeu que Ton recommande aux cornices » agricoles de canton ou de section : » i^, L'amelioration et la conservation de toutes les M races d'animaux domestiques. » 2®. L'amelioration des instrumens aratoires et des » modes d'assolement. » 50. L'application de la culture horticole , a Tadour »' cissement des souffrances des pauvres. > 4^. L'alliance eminemment morale du travail agri- r cole et des travaux industriels ; dans tons les cantons » livres aux travaux manufacturiers. > 50. L'alliance des travaux agricoles doux et appro- > pries aux forces des enfans , aux etudes elementaires > dans les ecoles rurales, > La seance est levee. SEANCE EXTRAORDINAIRE DU DIMANCHE i3 SEPTEMBRE. ^ Deuxieme et sixieme sections r^unHeS', Presidence de M. Lair ( de Caen. ) Cette reunion avait pour but de s'occuper de la ques- tion de rimpot siir le sucre indigene , question qui — loO — cmbrasse lc$ interets generaux de ragric«ltiir6 , du com- merce et de rindustrie,en meme temps quelle se raltache a de hautes questions de politique et d'economie sociale. M. Crespelle , d' Arras , obtient la parole el lit un memoire developpe sur cet important sojet. M. Crespelle , apres avoir, pendant tout le temps qu a dure la lecture de son memoire , captive I'attention et rinteret de Tassemblee , se resume en disant : 1^. Que I'etat d'experiences et de recherches dans lequel se tmuve aujourd'hui la fabrication du sucre indigene , pour arriver a un mode uniforme et invariable, ne permet de la ranger qu'au nombre des industries naissantes. 20. Que les immenses services que la fabrication a rendus au pays , et ceux quelle est encore appelee a lui rendre , meritent toute la protection du gouvernement ; que diminuer cette protection , ce serait en m^me-temps porter atteinle a I'agriculture , au commerce et a Findus- irie; qu'il desire que Tonemette le vceu: que cette Indus- trie continue a jouir de la protection et de la liberte actuelle , dont elle a besoin. II est ensuite donne lecture d'un memoire sur le m6me sujet,adress^ au Congres par le comice agricole d' Amiens, Ce memoire qui est ecoute avec le meme interet , et qui captive au meme degre I'attention de I'assemblee, se lermine par les conclusions suivantes : En resume , la culture de la betterave restant libre pendant un certain nombre d'annees , procure a la classe ouvriere , presentement 4,000,000 fr et 10 a 12 millions en expectative ; cette culture fera disparaitre avant pen le tributde 20 a 21 millions d'importation que nous payons a I'etranger pour les bestiuux qu'il nous fournil. Kile tail oxlraire des (piantitps de oharbon qui , sans etl^f , ne seiaient pasconsomnioes. — i5i — Elle met en activite une masse enorme^ de capitaux , en fecondant nos terres. EUe nous assure , pendant la guerre , rapprovisionne- ment d'une denree devenue de premiere necessite. EUe procure deja et procurera au tresor des droits d*enregistrement qui , sans elle , ne seraient pas per^ais. . Enfin elle dote la France, a toujours , d'une richesse sans cesse croissante et inconnue avant elle.Trop d'avan- tages reunis plaident en faveur de la culture des bette - raves , pour que nos legislateurs consentent a la voir se restreindre ou s'aneantir sous le poids d'une taxe , pen productive et si prejudiciable au present, comme h I'ave-. nir de la France. Une discussion approfondie de k question suit la lee-" ture de ces deux memoires remarquables. MM. Gaillard et Degeorge obtiennent successivement la parole , et s'attachent a faire ressortir les immenses avantagesque I'industrie, le commerce, le gouvernement lui - meme , mais sur-tout I'agriculture , sont appeles a recueillir de la fabrication du sucre de betterave en France , et les dangers qu'il y aurait pour tons a arreter I'essor de cette nouvelle industrie , avant qu* elk ait atteint son entier developpement , et qu* elle ait pro- duit tout le bien qu elle est appelee a faire a la France. Ces deux orateurs s^efforcent de piouver qu'il y a avantage pour tout le monde , en laissant la libre culture et la libre fabrication ; qu'il y a,au contraire, danger pour tons a y mettre des entraves , et ils touchent, a ce sujet, la question de navigation et des colonies. M. Jullien , de Paris , parle sur le meme objot et ter- mine par une proposition qui n'est pas adoptee. M. de la Fontenelle pense que le Congres doit formel- lement exprimer son vceu contre Tetablissement de tout impot sur le sucre indigene , jusqu ^ ce c[ue cette Indus- trie ait atteint son entier developpement ; 11 propose en consequence , la redaction suivante : « Emettre le voeu » formel, que, dans Tetat acluel de la fabrication du sucre * indigene en France , cette branche si importante de 1 notre agriculture et de notre Industrie , ne soit , pour J le moment, et jusqua ce quelle ait regu tous les » developpemens dont elle est susceptible , frappee » d'aucun impot quelconque , et quelle continue a jouir » de toute la protection du gouvernement. > M. Hunault de la Peltrie cite quelques faitsparticuliers au departement de Maine et Loire , favorables k cette opinion ; sur quatre fabriques de sucre de betterave qui se sont etablies dans ce departement , une seule jusqu'ici est dans un etat satisfaisant de prosperite. M. le president met ensuite aux voix la proposition de M. de laFontenelle , qui est adoptee a une tres grande inajorite. La section emet ensuite le voeu que les deux m^moires qui ont ete entendus sur la question , soient particulie-* rement recommandes a I'attention du gouvernement , e^ qu ils puissent etre inseres textuellement dans le compte rendu *. La seance est levee. * La commission centrale du Congres a decide que le m^moir6 de M. Crespclle-Dclissc , ne scrait pas reproduit ici textuelle' nfient attendu que ce memoire a d(^jii ete iiriprime separ^ment. PRESEXTjfi AU COXGRES SCIEMTIFIQUE , SEANT A DOUAI , TAl\ LE C0311CE AGRICOLE D' AMIENS , SUR CETTE QUESTION ; « Un t'mpdt sur le sucre indigene peut-il ^Ire d' accord avec les inter ^ts dupays et ceux de son agriculture? » ' On propose aux Chambres de frapper les sucres mdigenes d'une taxe de 20 fr. par 100 kilog. Cette question eminemment agricole appelle Tattention de tons les cornices de France , c'cst a cux de f sire entendre leurs voix dans la chambre elective, c'est a eux de fournir a nos rcpre- sentans les motifs qui doivent faire repousser une mesure qui arretera d'abord et reculera ensuite indefiniment les progres de notre agriculture. Cette question n'est pas seulemcnt agricole ; elle se rattache a des conditions d' economic politique , d'industrie et de gou- vernement. Nous n'elevons pas assez de chevaux pour nos besoins partica- liers et pour le service de nos armees. ;' Tous les ans nous faisons entrer en France des bceufs pour notre subsistance. Enfin , nos troupeaux ne pouvant sufTirc aux besoins de nos manufactures , nous tirons annuellcmcnt du dehors, des mou- tons et des laines, pour les alimenter. Les importations de 1834 font connaitre qu'il est entie pendant le cours de cette merae annee : * 40,000 boeufs ou vaches , a 200 fr.— 8,000,000 fr, 25,000 chevaux , a .... 500 7,500,000 250,000 moil tons ou 25,000 tetcs de betail, en comp- tant 10 moutons pour une tcte. ■- 25,000 moutons a 20 fr. 5,000,000 00,000 20,500,000 Pour memoire : 6,000,000 k. do lainc. Jit les cuirs de iiucnos-Ayres. — 154 — Voilarlonc 20 a 21 millions qui pescnt, a noire delriment,(lan5 la balance conimerci:ile. Co qui, jusqu'a present , s'est oppose a ce que la production s'elevat au niveau dc nos besoins , c'est que notre sol , tout fer- tile qu'il est , nc nous donne pas assez de fourrages pour accroitre sensiblemcnt ccs trois races. Cependant le sol peut Ics fournir , et il les fournira quand la culture alterne aura remplace l:i cullurc triennale. Par I'ancicn mode de culture on ne recolte point de fourrages dans les terres arables. La terre reste improductive un an sur Irois. Quelques cultivateurs ont essaye d'introduire isoleraent le tretle dans la culture triennale , mais ils n'ont pas retire de cette plante et des cereales qui I'ont suivie, tout le profit qu'on doit en attendre : C'est que la production du trefle doit etre la conse- quence de la culture alterne. Pour le demontrer a ceux qui n'ea sont pas convaincus, il fiudrait sortir des bornes dans lesquelles nous devons nous renfcrmcr. Dans la culture alterne , la terre rapporte tous les ans , soft grains , soit fourrages , soit racines. Une parlie de ccs dernieres est utilement appliquec a la nourriture de I'homme. Pourquoi done la culture alterne fail-elle si peu de progrest Deux causes retardent ccs heureux resultats : d'abord, la courte duree des baux , qui ne permettrait pas au fermier de rentrer avec profit dans ses avances ; et secondenient , le manque de capitaux necessaires pour passer d'un regime a un autre. Cependant, malgre ces deux obstacles, quelques proprietaires clairvoyans ont consenti a faire des baux a longs termes. Des hommes doues du double talent agricole et industriel se sont presentes , et ils ont forme des etablissemens pour extraire le Sucre de la betterave. Cette racine ne peut etre cultivee utilement pour le produc- leur , sans une forte fumure dont jouira la cereale qui doit la suivre. Le fumier necessaire a cette culture ne peut etre produit que par I'accroissement des bestiaux. II faut done que le manu- ficturier agricole assure la nourriture d'un plus grand nombre d'animaux que son devancier , sous peine de voir echouer son entreprise. Si le pbmteur de betteraves ne peut reussir dans son exploi- tation , sans augmenter son betail , il en nourrit done , sur la surface qu'il cullivc, plus que ses predeccsscurs, par epnsequcnt — i55 — les cultiTaleurs de betteraves diminuent la masse dcs importa- tions de bestiaux , dans la proportion du nombrc d'hcctarcs qu'iis exploilent. Ce qui vient d'etre dit est exact pour la culture d'une ferme de 100 a 150 hectares. II ne faut pascroire queces etablissemcns soient les seuls qui puissent arriver a la solution du probleme de la diminution des importations. Les plus petits cultivateurs se disposent deja a y concourir ; ils sont meme dans une position moins avcntureuse que le grand fermier. On peut fiicilement demontrer que celui qui consacrera meme un demi hectare a la culture de la betterave , recueillera un benefice sur lequcl il ne comptait pas auparavant. S'il n'y a pas de fabrique de sucre dans ses environs , il pourra faire manger ses racines par petites quantites a sa vache et a son pore , ct si une manufacture est etablie dans son voisinage , son benefice est bien plus certain. 11 recevra le prix de sa betterave immediatement , et sa terre , nettoyee des mauvaises herbes , sera dans la position la plus favorable pour une cereale de printemps. De quelque facon que' le petit cultivateur envisage la culture de cctte racine , il n'y a pour lui qu'avantage plus ou moins grand. Le manque total de cette recolte est un fait extremcment rare. La betterave se cultive sur un grand nombre d'assolemcns ; dans des terres riches et fertilcs , elle peut y etre semee plu- sieurs annees consecutives. Mais n'envisageons que I'assolement de qualre ans , comme etant celui qui se prete le mieux au passage de la culture triennale a la culture alterne. Betteraves ; ce're'ale de printemps ; trefle et ble\ Comparativement a la culture triennale qui ne produisait que ble , avoine et jachere , il est evident que dans I'assolement ci- dessus, vousavez betteraves et Irelle qui n'existaient pas. Pour ne donner a ces produits , par annee , qu une juste appreciation , il ne faudra , en les comparant a la jachere , les compter que pour les 5/4 de leur valeur en poids. L'hectare rapporte, terme moyen 24,000 Kil. de betteravesf dont 7,200 Kil. en pulpes. A deduire 1|4 .... 1,800 Rcste. . 5,400 On estime que dans ralimcntulion dubctail, la pulpc,com- — 156 — paree au fourragc sec, nc represente qu'unqiwrt de son poids > ci pour :i,ioo Kil 1,550 Kil. Lcs deux coupes d'un hectare de trefle sont comptoes pour 4,750 Kil. A deduifc 1/4 commeci-dessus . 1,180 3,570 4,920 Kil. Yoila done en nourriture proprc au betnil ce qu'on retire de Jajicherc cultivec. On pent estimer, tcrtnc moyen , aSKil. la nourriture du bctiiil eu general. Ainsi pour 565 jours il fauluii poids de 2020 Kil, par chaquetete : En divisant par cette som^ me les 4920 Kil. ci-dessus , on nourrira done pendant un an uit animal et 2|3 Nous avons ditqu'un hectare rapportait 24,000 k. de racines; on sait que les extractcurs tircnt , terme moyen , 5 0[0 en sucre, du poids de la betterave : un hectare rend done 1,200 kil. de Sucre brut. La consommatlon de la France , en sucre , est estimee ai •75,000,000 kil., il faudrait done qu'ii fut cultive en betterave? 62,500 hectares pour que la production fut au niveau de la consommation ; et alors, si on multiplic le^ 62,500 h. par l, Sjo qui est ce que chaque hectare arrache a l on sera force de reconnaitre, qu'independemment du plus grand nombre de produits qu'elle met en circulation, clle repand des sommcs considerables dans la classe' ouvriere par les travaux manuels qu'elle comporte. Les colzas , les carottes , les pommes deterre ont besoin d'etre sarcles plusieurs fois. Les betteravesr rcclament les memes travaux ; mais quand ces racines sont re- coltees , il faut encore leur donner de nouveaux soins pour en extraire Ic sucre Les fraisdcsarclage d'un hectare sont evalues a .... 43 fr. ceux d'arrachage a 40 Le rapage de2i,000 kil. , produit d'un hectare , et leur conversion en sucre , exigent 50 ouvriers pendant deux jours ou 100 journees au terme moyen de 1 fr. 10 c. . . . .^ . . . . . . . 110 i\)o fr. — 157- Si done nous crriployons 62,500 hectares a ccltc culture , it y aurait plus tie 13,000,000 fr. distribues danslaclasse ouvrioro; et il est a remarquer que Ic paiemcnt dcs salaires relatifs a la betterave a lieu aux epoques de I'annee oh les autres travaux agricoles sont presque nuls. Les sarclages se font en mai ct juin , avant la coupe des foins j I'arrachage , lerapage et tous les autres travaux d'une rafinerie coramenceiit a la fin dc septembre et finisscnt a la fin de mars. Quelles hcureuses nessources pour les localitcs qui possedent de semblablcs etablissemcns?Etcombien le gouverncmcnt doit proteger un genre^e culture ^^ui occupc si utilement pour eUe et pour lui la population qui s'y livre. Au nombre des avantages que les manufactures de sucrc de betteraves procurent a I'fitat, on doit ajoulcr la quantite consider rabledecharbonde terrequ'ilsconsomment* • • La quantite de combustible employee estcalculee, en general, a raison de 2 1/2 hectolitres par 1,000 kil.de betteraves oueohec- iolitres par hectare ^ ce qui fait pour 62,500 hectares 5,750,000 hectolitres de charbon de terre a sortir dc nos mines ou a Ture venir de Tetranger. Pris dans nos mines , ce charbon a fut vivre pour son extraction les ouvricrs extracteurs , pris k I'etranger , il a paye des droits a I'fitat. On a dit a la Chambre des Deputes que les mnnufactures de Sucre indigene avaient produit en 1854, 25,000,000 kil. de sucre, ce qui signifie , en d'autres termes , que la classe ouvriere a recu 4,014.400 fr. de salaires et qu'il a ete consomme 1,250,000 hectolitres de charbon, II est difficile de croire que devant des resultats aussi posilifs ct devant ceux qu'un prochain avenir nous fait entrevoir ,'on puisse vouloir restreindre ou faire retrogader une Industrie qui se lie par tant de points a la prosperity du pays. •Q.u'oppose-t'-0H a tous ces avantages ? La question maritime. Keduisons la a sa juste valeur ; sans nous prevaloir de ce que la France produit en sucre indigene, disonsqu'il lui faut 75,000,000 kii. pour sa consommation , lesquels sont fournis par les colo- nics entotalile. Ce serait Ic chargement de 125 navires, du port de 500 lon- ■leaux, qui feraient deux voyages par an. Chaque navirenecom- porle pas plus dc 12 hommes d'equipage ;ce serait 1,500 horn- — 158 — mes ;\ 1 ,000 fr. ou 1 r»0,000 fr. depenses ensalaircs qui ne pcuvent entrcr en comparaison avec les 4,000,000 fr. distribues en 1854 en salaircs pour 25,000,000 kil. seulemcnt. On diraquilfauttenir comptc dans la discussion^ des salaires que paient Ics colons aux esclaves pour produire le sucre ; c'est juste sous uncertain rapport ; mais il est bon dc faire remarquer dc quelle espece d'hommes se compose la population dc nog Colonies. Colonies. Blancs. Couteur. Noirs* Bourbon 19,000 Martinique 13,000 Cayenne. ... i ... • . 1,500 Guadeloupe , etc 17,000 6,000 65,000 15,000 92,000 2,200 19,000 12,000 111,000 50,500 55,000 287,000 Total. . . 370,500 Cc serait done a une population blanche de 50,500 individus que seraient sacrifies les importans avantages que la France re- tire deja et doit retirer dela fabrication du sucre indigene. En donnant a cette minime population toute la sollicitude que nous pouvons lui accorder; en lui sacrifiant notre present et notre avenir, pouvons-nous esperer que,pour prix d'une si enorme con- cession , nous lui conservcrons la position qu'elle a aujourd'hui ? La reponse a cette question ne pcut pas lui etre favorable. Tousles jours I'csclavage diminue dans nos Colonies paries affranchissemens ; la marche des choses amenera un peu plus tot , un peu plus tard , la liberte des negres. Le travail de la canne a sucre etant le plus dur de tous les tra- vaux imposes aux esclaves, il est naturel de penser que ceux qui sont etqui serontaflfranchisselivreront a une toute autre culture. Nos lois , les lois angiaises et les lois espagnoles prohibent la traite des negres , la race noire transplantee tend toujours k decroitrc. > — i59 — tc temps n'esl done pas ^loigne oii nos Colonics ccsscronl de pouvoir nous envoyer le Sucre necessairc a noire consommalion *. Cc n'est pas sculement en France qu'il se fabrique du sucre de belterave. Les AUemands et les Beiges s'adonnentacctte culture et acette fabrication queprotegcntleurs gouvervemens. Us ne consentiront pas long-temps a sefournirchez I'etranger d'un produit qu'ilspeuventtirer de leur sol en I'ameliorant ; ainsi nous sommes menaces de nous voir entoures , au nord et a Test , de peuples quiproduiraient lesucreameilleur marche que nous, si nous frappions notre fabrication d'un droit de 20 «[o qui la suspendit. En temps de paix un gouvernemcnt peut , pardescombinai- sons d'un ordre eleve, se resoudre a fortement imposer telle ou telle denrec ; mais le cas arrivant d'une guerre maritime , nous serons prives des sucres de nos Colonies, sans avoir la ressource de celui que nous aurions pu nous menager sur notre propre sol ; alors nous aurons recours aux nations bcUigerantes : elles nous offriront leur navigation, et les sucres par cette voie nous revien- viendront peut-etre plus cher que ceux qui nous seront offorts par TAUcmagne et la Belgique. Deja nous avons a deplorer une importation annuelle de 20 k 21 millions en boeufs,chevaux etc., et ce sera dans un moment cri- tique , quand la France aura besoin de toutes ses ressouces qu'il faudra ajouter a cette importation celle bien plus considerable des sucres que nous n'aurons pas su nous donner. M. le ministre des finances , en s'expliquant ala Chambre des Pairs , sur le desirmanifeste de voirincessamment les sucres in- digenes frappes d'un droit , est convenu que les quantites de Sucre produites avaient paralyse la rentreede 7 a 8,000,000 et que la fabrication de 1854 avait pu s'elever a 25,000,000 kil. II a pro- mis aux Chambres de leur presenter une loi sur cette matiere qui, suivant lui, est herissee de difficultes, si on veut concilier les intc- * II y a quarante ans que les phiianlliropes anglais prechent en favour de la liberie des noirs ; ils savaient que , quand^ la liberte serait donm-e aux esclaves , ii n'y aurait plus do culture de sucrc possible sous les Tropiques : mais I'Angleterre posstkle I'Inde , (lui peut fournir a i'Europe loute sa consommalion. Pour elle , la liberie des nogreSjC'cst le monopole du sucre que la France et le continent lui enlcvent eu fabricant le sucrc indigene, -j^wvy- tftt^ ajn"iCflliBS ol mix du Irosor ; ccpondant il ne "met pas m doti(^ que Ics siicres indigenes ne doivont elre soumis a une taxe. '-*i ' Onconcoit, cncffet, qucce nedoit etre qu'apres unexamcnbien approfondi qu'on poiirra presenter un projetsurcette maticre , doat le but est de couvrir le trcsor de ce qu'on veut nommcr une perte ouun de/ictL Cette question de perte , vue sous des considerations plus elc-* teesji'cn est point une en fealitc ; Ics 8,000,000 fr.dont on parle, yinssent-ils a s'eleveral6 ou 20,000,000, commie cela seraitd desirer , le tresor les percevrait d'une autre facon. Ensupposant que naturellemcnt on laissat la fabrication arri- ter II 50,000,000 kil. ct que la pretendue perte du tresor fut de 10 millions , il lui est ficile , dans I'etat prospcre ou se trouve son credit de sc procurer ces 16 millions pp.r la dette ilottante au taut de o o/o , ce seraitdonc , chaque annce , une prime de 4 a 500,000 fr. accordoe a I'agriculture pour une ariiielioration durable pout le sol et pour les revenus du tresor. Nous avons dit que h culture des bettei^aves ne pouvait prts s'entreprendrc , en grnndc commc en petite culture , sans que la terre augmcntat ses productions , autres mefme que celle de la bcttcrave ; puisque chaque hectare nourrira en sus, au minimum, 1 2/3 dctetedebetail. Les terrcs amcnccs a ce point de fertilite ne retrogradent plus. Le cuttivatcur aura fait de longue main les frais de son materiel ; il jouit de ses avances ct n'a plus qu'a recueillir. II avait , comme nous I'avons dit, a vaincre la double difficulte des baux de courte duric et du manque de capitaux; ce n'est que dans la juste esperance d'etre indemnise par des benefices plus qu'ordinaires en agriculture, qu'il a pu faire les sacrifices conve* nables pour decider le proprictaire a lui accorder un bail de IS ans y au lieu d'un de D.Ce proprictaire, pour sortir de sa routine* a exige un prix plus elevc de ses terrcs, et souvent , pour etre a I'abri d'un delaisscment, a dcmandc une forte avance sur le fermage. Voiia ce qui explique le fait avance a la Chambre haute p'ir M. le baron Thcnard , que dans certaines localites le prix du bail des terres propres a la culture des betteraves a double de valcur. Mais ces terres ne peuvent p^s acquerir une valeur plus grande sans que les droits d'enregistrement des baux et de te vcntc de ces nximes terres en culture , ne soient plus eleves^I^Sf BO. 000,000 ki!. de siicre dont il vient d'etre parle , ne se?ont pa^ cultives sur moins de 40,000 hectares de terre. Si , par le fait de cette culture , les prix des baux doivent doubler , nous laissons aux domanistes a estimer ce que peut valoir pour le fisc ce dotli- blement des baux et la plus value reelle de ces terres dans les transactions de toute esp^ce ; il est pefniis de croire que l6s resultats de ces augmentations de droits s'eloigneraient peu de la valeur des interets que le tresdr aui^ait payes pour remplir le deficit de 16,000,000 fr. Si , a ce qui vient d'etre 4it , bfi ajoute la richesse dont sera dote le sol , tant par les productions de toute espece , en sucre i iesprit, betail , huile, etc., on restera convaincu du bien-etffi general que mene a sa suite le changement de la culture trien- nale en culture alterne. II ne faut pas se faire illusion , jamais 6poque plus opportune n'a ete ofFerte a la culture , pour realiser ce bienfait qui depuis 40 a 50 ans , a eveilie la sollicitude de tous les amis de I'agri- culture. Avoir resolu le probleme du passage de la culture triehnale 4 la culture alterne, ce sera certainement une des plus belles pages de I'histoire des progres que le 19«. siecle aura enfantes. Ne serait-il pas douloureux de voir echapper un tel avenir sdus des considerations d'un aussi faible poids que celles d'un deficit de quelques millions. II faut esp^rer que les raisons que ndus faisons valoir en fa- veur de la cause que nous defendons , cause qui n'est point celle d'une classe d'industriels , mais qui est bien celle de Tagriculture jtrancaise , ne seront pas perdues lors de la discussion pour com* battre le droit qu'on veut mettre sur la production du sucre indigene. En resume , la culture des bettcfaves restant libre pendant un certain nombre d'annees , elle procure a la classe ouvriere pendant les six mois d'hiver presentement 4,000,000 fri et 10 a 12,000,000 en expectative. Cette culture fera disparaltre avant peu le tribut de 20 a 21,000,000 fr. d'importation que nous payons a I'etranger pour les bestiaux qu'il nous fournit. ' Elle fait extraire des quantites de charbon qui , sans elle , ne geraient pas consommees. 11. — 162 — EUe met en activite une masse enorme de capitaux en fecon* dant nos terras. Elle nous assure en terns de guerre I'approvisionnement d'une denree devenue de premiere necessite. Elle procure deja et procurera au tresor des droits d'enregis- trement qui , sans elle, ne seraient pas percus, Enfm elle dote la France , a toujours , d'une richesse sanS cesse croissante et inconnue avant elle. Trop d'avantages reunis plaident en faveur de la culture deS bctteraves pour que nos legislateurs consentent alavoir se res- trcindre ou s'aneantir sous le poids d'une taxe pen productive, et si prejudiciable au present, comme a ravenir de la France. STANCE BU LUNDI 14 SEPTEMBRE. Presidence d'agc de M. Jcllien (de Paris.) Le proces-verbal de la derniere seance est lu , et la redaction en est adoptee sans reclamation. II est donne lecture de trois propositions pri^sentees par M. Charles de Warenghien , qui ont ete envoyees , par la commission permancnte, a Texamen de la deuxiemb section ; ces propositions sont ainsi congUes : « i^, Expvimerle voeuqu'une exposition deSprodaitS » de rindustric eiiropcenne )ait lieu a Paris, cOmme moyen >» d'emulation pour les fabricans frangais , et comme » pouvant Jeter quelque kimiere sitr la question des » modifications a apporter a notre tarif de douanes. » 2«. Exprimer le voeu que des encouragemens soient » accordes a I'introduction et a la culture en t'rance , » des vegetaux exotiques, utiles a I'induslrie ou produi- » sant des substances alimentaires. )) 5<^. Exprimer le voeu que les Coiivertures en chau- » me soient interdites , a Tavenir , par des mesures de » police et de surete ; que des secours sOient accordes > a ceux que leilr position de fortune mettrait dans Tim > possibilite de supporter le surcroit dedepenses, occa- > sionne par un nouveau mode de couverture ; et enfin > que des encouragemens soient accordes aux fabricans » qui fourniraient des pannes au plus has prix. » Les membres presens a la seance se trouvant peu nom- breux , Texamen de ces propositions est renvoye an lendemain. La seance est levee. SfiANGE DU MARDI 15 SEPTEMBRE. Presidence de M. Lair ( de Caen ) . Le proces-verbal de la seance precedente est lu et adopte. i M. de Ilainneville,qiii avail ete charge concurremmcilt avec MM. de Troismarquets , Bottin et Lamarle aine , de s'entendre ayec une commission de la 6®. section , siir la question relative a I'lttilite des banques ddparte- mentales et au meilleiir plan d' organisation a adopter , donne lecture d'une note qui est le resultat de la confe- rence qu'a eue hier la commission a ce sujet* € L'utilite et la puissance des moyens de credit, dit-il, est assez connue dans les villes qui I'exploitent a leur profit ; iiiais les campagnes ne les comprennent pas encore , et i\ serait a desirer, qu'au lieu de nous occuper deretablissementde banques departementales , on avisat a fonder de petites banques rurales , par sections de canton ; ce serait Une des attributions des comices de deuxieme degre , que nous desirons voir s'etablir par- lout. A I'aide de quelques bons memoires, on parviendrait a faire comprendre a urt proprietaire , membre de ces comices, quels services pourraitrendreautourdelui, une petite banque, pour entretenir le travail et detruirel'usure. » Les bases du plan a adopter seraient fort simples ; mais les objections que nous avons recueillies dans la conference d'hier, nous ont cortvaincUs que, dans leslieux oil ces petites banques seraient le plus utiles , le souvenir des assignats et des mandats y ferait assimiler les valeurs fictives mises en circulation; que les catastrophes recentes des banques anglaises et americaines ^ reviendraient a la memoire de plusieurs , et qu'enfin , le danger des abu» qu'en pourrait faire un proprietaire dissipateur , inquie* terait les esprits ; ces considerations nous ont portes a penser qu'il serait convenable de redigerun petit manuei sur I'usage desbanques rurales, et de s'appuyer de Texpe- riwice de faits accomplis et propres a lever ces objections, » Nous vous proposons done, Messieurs , de renvoyer cette question uu prochain Congres , auquel nous espe* rons pouvoip presenter le manuel dont nous venons do parler ». Cette proposition est adoptee sanS discussion. Le m^me membre fait connaitre a la section , qui! i existe sur les frontier es de la Belgique , dans la Prussa Rhenane , une fabrique de sucre dtablie sur line grand© ^chelle , et dont les reglemcns seraient interessans a connaitre , a cause de son organisation interieure et de »a direction morale , d'ou il resulte une amelioration notable pour les nombreux ouvriersqui y sont employes. 11 desire que la section fasse la demande ofliciello de la communication de ces reglemens , au proprietaire' de cet etablissement , par I'entremise de M. Lenz, actuellement present au Congres. Cette demande est vivement appuyee par tons les membres presens. M. Lair annonce qu'il est charge par TAcademie des sciences , arts et belles lettres de Caen , de remettre a la Soeiete d*agriculture , sciences et arts de Douai , une medailte d' argent, destinee au concurrent qui aura obtenu la palme dans le prochain concours de litterature. La section remercie M. Lair de cette communication, L*ordre du jour appelle un rapport de M. Dusaussoy, jjurune proposition de M. Isidore Lebrun , ainsi concue : c Qu une loi determine enfin par une classification » conforme aux progres actuels de Tindustrie , I'eloigne- » ment des habitations des manufactures et ateliers , en j> raisonde leur insalubrite ou de leur incommodite pour » les voisins ; quelle obvie aux difficultes incessantes • que le genie militaire oppose a I'exercice du droit de A propriete. » Le rapporteui* , apres avoir pose en principe la neces- site des servitudes etablies a Tinterieur et a fexterieur des places de guerre , s'attachea demontrer cette neces- $ite par des faits historiques ; il cite , a ce sujet , le siege 4e Lille, en 179?, la defense de Toulon , en 1707 , les campagnes dc Yillars contre Ics allied , pendant les annees4708, 1709, 1710, 1711 et 1712 ; il fait ensuite riiistoriqiie des diffe rentes legislations qui ont snccessi- Yement regie la raatiere jusqu'a ce jour , et termine son rapport par les considerations suivantes : On voit , par I'expose qui precede , combien les ser- vitudes imposees par le genie militaire dans les places de guerre , ont ete I'objet de reclamations de la part des particuliers dont elles froissentles interets, et en meme- temps , combien elles ont attire la sollicitude du Gouver- nement; elles sontenelTet, d'uneutilite reelle ala defense du pays , et Ton sent que I'interet particulier , si sacre qu'il puisse etre , doit ceder a I'interet general. Cen'est done que surja maniere de tracer les zones de servitude qu'il pent y avoir doute , et tout ce que nous pouvons faire a ce sujet , se rcduit a emettre le voeu : « Que ces » zones soient mesurees sur les capitales de I'enceinte et 3) du dehors , de maniere a former , con formement a la 5) loi du 19 juillet 1819 , despolygones , le moins irre- )jf guliers possibles , et non sur des capitales choisies , » comme les circulaires ministeriellesdes 4 Janvier 1824 )) et25 fevrier 1825 , supposent qu'on peut le faire. » M. le baron de Coppens fait observer : que M. le rapporteur ne s'est occupe que de la deuxieme partie dc la proposition de M. Isidore Lebrun , et qu'il a totalement omis ce qui a rapport a la premiere. M. Dussaussoy repond qu'il avait pense que I'auteur de la proposition n'avait paile des manufactures ou ate- liers insalubres ou incommodes , qu'en ce que ces eta- Jjlissemens pouvaient avoir de rapports avcc la defense des places de guerre. La discussion est ouverte sur la 1»®. partie de la proposition. M. de Tioismarquotb , apre^ s'ctre livre a qnelques I -.167 — tonsideralions sur ce qui se passe actuellement , relati- vement k Tetablissement des ateliers plus ou moins insa- lubres ou incommodes , et sur le peu d'importance que Ton semble attacher aux droits des proprietaires voisins qui,suivant lui, ne sont pas sufirsamment represenles ou defendus par les informations de commodo et incommodo lesquelles, trop souvent, ne sont que des formalites illu- soires pense qu'il serait necessaire que, sur chaque de- mande d'etablissement de fabrique ou atelier, ou ouvrit une enquete dirigee de mani^re k proteger plus eflicace- ment les interets des proprietaires voisins de I'etablisse- ment projete. M. Le Glay repond que les garanties ofTertes par les conseils de salubrite qui sont toujours consultes , et dont I'avis est toujours suivi , lui paraissent suffisantes , ces conseils etant generalement composes d'hommes eclai- res , independans , desint(5resses dans la question , et dont la mission, pour la plupart, e^ de veiller a tout ce qui interesse la sante publique; mais il demande que Ton revise le classement des ateliers ou fabriques , a cause des differens procedes ou perfectionnemens qui ont pu s'introduire dans quelques arts , et parce que plusieurs industries ne se trouvent encore comprises dans aucune des trois classes etablies par les ordonnances. Uorateur finit par demander s'il ne serait pas convena- ble de releguer dans les campagnes les grands etablisse- mens industriels , a cause des inconveniens qu'ils pre- sentent au milieu de la population agglomeree des villes, tant sous le rapport de la salubrite , que sous celui du danger des incendies. II cite ace sujet la ville de Man- chester qui , a cause des nombreuses machines a vapeur qu elle renferme , se trouve conslamment envetoppee d'une atmosphere de fumee epaisse , qui est non seule- ment incommode et desagreable,mais qui pent encore etre nuisible a la sante des habilans , la purete de I'air que J*ht)mine respire etant une des premieres conditions de Ja conservation de sa sante, M. Crespelle appuie la proposition de la revision des listes et d'un noiiveau classement des fabriques et ater liers , I'industrie a laqiielle il se livre n'etant pas encore comprise dans les listes primitives ni dans celles qni^ont ete publiees comme supplement ; mais il combat la plu- part des idees emises par le preopinant sur la convenance d'eloigner des villes les grands etablissemens industriels. Tout en concedant que quelques inconveniens sont inhe- rens a la presence des grandes industries au centre des villes populeuses , il fait n^anmoins remarquer combien d'avantagesysont attaches ,puisque c'est dans ces grands ^leliers que la population pauvre trouve en meme-temps du travail et du pain. La presence de ces manufactures estaussi d'un grand interet pour les villes, dont les octrois pergoivent sur les houilles et autres denrees qui y sont ^onsommees , des sonjmes considerables. M. Lair donne quelques explications sur ce qui fut fait a la 1*"®. classification des ateliers insalubres ou in- commodes , et se prononce pour la revision des listes de classement, M. Hunault de la Peltrie pense qu'il serait convenable de releguer les diverses industries dans des quartiersi speciaux et eloignes du centre de la ville ; il croit que cette mesure qui avait lieu autrefois pourrait-etre avan- tageusement renouvelee. 11 cite plusieurs professions insalubres ou incommodes et particulierement celle de poelier et de cliaudronnier qui produisent un bruit assez desagreable pour devoir etre eloignees des habitations. Apres uqe longue discussion , a laquelle prennent part successivement, MM, Lequien, Le Glay, de Warenghien, Maiigin et Crespelle , le president met aux voix la prpr position suivante cjui est adoptee, — 160 — « Le Congres emet le voeii que le classement dcs divers > ateliers ou fabriques insalubres ou incommodes soit » revise, et que Ton y fasse entrer plusieurs industries » qui nesetrouventpascomprisesdansleslistesactuelles; » que de plus le gouvernement encourage les recherches * propres a rendremoins insalubres certainesprofessions t ou etablissemens qui ofFrent des dangers , soit pour f ceux qui y travaillent , soit pour les personnes placees » dans les environs. » M. Isidore Lebrun demande que les formules adoptees pour remission d'un voeu, parlent toujours des mesures legislatives , au lieu d'une espece de renvoi au gouver- jiement ou a Tadministration. M. Hunault de la Peltrie et de Caumont obtiennent ^uccessivement la parole sur cette proposition , qui est ecartee par I'ordre du jour. Une discussion s*engage sur les conclusions du rapport de M. Dussaussoy , toucliant les servitudes imposees par }es places de guerre. M. Lamarle aine propose d'amender de la maniere puivante, le voeu qui termine le rapport de M. Dussaussoy. « Le Congres emet le voeu que la legislation sur les » servitudes imposees, dans I'interet de la defense, soit a » la propriete privee , soit a 1' execution des travaux pu- » blics, soit modifiee de maniere a concilier les exigences » du systeme de defense avec ce que reclament les de- » veloppemens de la prosperite commerciale , et les pro- » gresdel'industrie ». Ilse livre a quelques developpe- piens sur les motifs qui lui paraissent militer en faveur jJeson amendement, quiestensuitemisaux voix et rejeie. M. Dussaussoy soutient les conclusions de son rapport ainsi que le voeu qui en est le corollaire ; sa proposition est adoptee. J^'ordre du jour appelle Ic rapport d'uiie commission — 170 — chargee de se livrer aux rccherches propres a etaWir line sorte de statistiqiie agricole du Nord de la France. M. Dussaussoy annonce que le travail est presque acheve, et qui! seratermine danslecoiirantde lajoiirnee. 11 fait neanmoins observer que le travail sera loin d'etre complet, le terns n'ayant pas permis de donner a ce sujet tous les devcloppemens qu'il comporte , ni de se livrer a des recherclies indispensables. M. Lequien propose de prier la Societe d'AgricuIture; de Doiiai, de vouloir bien se charger de completer ce travail qui pourrait ainsi etre presente a la prochaine session du Congres. M. de Rainneville appuie cette proposition , en demandant que la Societe de Douai soit invitee a s'entendre avec les societes ou comices agricoles ; cette proposition est adoptee. Le meme membre informe la section que \e comice agricole d'Amiens est dans I'intention de correspondre avec toutes les reunions agricoles du Nord de France. La section pense que cette correspondance serait emi- nemment utile aux progres de Tagriculture. Les autres questions ou propositions soumises a I'exa^ men de la section , n'ayant pu etre discutees faute de tems , sont renvoyees au procbain Congres. L'heure de se separer etant arrivee , et cette seance devant etre la derniere de la jection, M. Lair avec une emotion qu'il no pent dissimuler, temoigne a I'assemblee avec combien de peine il voit arriver le moment ou il sera oblige de s'en separer. « Si c'est avec quclqu'hesitation , dit-il , que j'ai > acccpte la mission de presider la 2'^^. section, c'est > avec bien plus deregretsquej'abandonne lapresidence t d'une reunion d'hommes dont les debats toujours. » ecluires out constammcnt excUc son intcret le plusiYif' ^ 171 — » Blon s^joiir aii milieu de voiis , Messieurs , les cgards > dont vous m'avez entoure, laisseront dans mon ccjour » un long etdoux souvenir; puissions-nousnous retrouver 5) en grand nombre au Congres de Blois. » M. de Troismarquets , au nom de la 2^. section , re- mercie M. Lair de la maniere noble et ferme dont il a conduit les debats de cette section. « Si nous avons fait quelque chose en faveur de I'a- » griculture , de Tindustrie el du commerce , dit-il , » c*est sous vos auspices et sous votre direction. Si nos » debats ont ete dignes , c'est a votre experience que » nous le devons et sur-tout a votre ferme te , qui a su » les moderer. Croyez , Monsieur , que si vous emportez » qiielques souvenirs agreables du Congres de Douai , » les Douaisiens et tons les membres de la 2^. section » en particulier , se rappelleront loujours avec plaisir » les seances auxquelles ils ont assiste sous votre pre-^ » sidence. » M. Lair et M. Dehay proposent ensuite de voter des remercimens au secretaire qui se voit force de les consi- gner lui-meme au proces-verbal. La seance est levee. Le President de la Section , Les Secretaires de la Section , G. P. LAIll {de Caen.) MAUGIN {de Douat) , Le Vice-President , Ernejst LAMARLE {de Douai.) CRESPELLE-DELLISSE {d' Arras.) ^/:vjr:L-J:Ui'.'i THOISIKMS; §ECTI©Sr. SCIEXCES MEDICALES. SfeANCE DU LUxNDI 7 SEPTEMBRE 1855. Pr^sidence de M. Hunault de la Peltrie (d' Angers.) La troisi^me section reunie sous la presidence pro-, visoire de M. Dussaussoy , doyen d'age , a constitiie son Jjureau de la maniere suivante : President ; M.Hunault de la Peltrie , d' Angers. Yice-President ; M. le docteur He not , professeur de. chiriirgie , a Lille. Secretaires : MM. Tesse et A, Delanoy , docteurs en jnedecine , a Douai. M. le president ^lii , en prenant place au fauteuil , propose que des remercimens soient adresses a M. la president provisoire : cette proposition est adoptee par acclamation. M. Hunault de la Peltrie se felicite aussi de la marque d'estime qu'il vient de recevoir , et dont il eprouve une vive reconnaissance. M. le secretaire general depose , au nom de M. de la Fontenelle , secretaire general de la 2^. session, un exemplaire du compte rendu du Congres de Poitiers ou la section trouvera d'utiles precedens et les questions sur lesquelles Fattention du Congres de Douai a ete appelee par un renvoi formel ; il presente aussi un me- moirede M. Elie Dru, sur I'expose des causes qui nuisent a la qualite et a la salubrite du cidre , et des moyens d'y remcdier , etc. , etc. M. le president, apres avoir parcouru ce memoire, declare que c'est par erreur qu'il a ete remis a la 5«« section , attendu qu'il est tout a fait de la competence de la 2e, ; il propose , en consequence , que ce memoire soit renvoye a la section d' agriculture , Industrie et com- merce , par I'entremise de M. le secretaire-general. On s'occupe ensuite de I'ordre a mettre dans les tra* vaux, et on decide que I'ordre du jour de chaque seance comprendra alternativement , et autant qu'il sera possi- ble , une question renvoyee par la section de medecine de la seconde Session , et une question soulevee par quelques membres , quand elle aura ete approuvee par la commission permanente. La seance est levee a 2 lieures. SfiANCE DU MARDI 8 SEPTEMBR^. Presidence de M. Hunadlt de la Peltrie (d'Angers.J' Le proces-verbal de la seance precedente est hi et adopts. M. le president de la 6^. section adresse a la section de medecine une question sur laquelle il la prie d'emet- tre son avis. Cette question avait ete inscrite au pro- gramme de la 6^. section, qui I'a renvoyee a la 5^. quelle concerne efTectivement ; elle est ainsi congue ; « Les Hotels-Dieu ne pourraient-ils pas etre diriges > dans un but d'amelioration morale desmalades qui y » sont traites. > On decide que cette question sera examinee dans une seance prochaine. La commission permanente renvoie deux questions proposees par M. Hunault de la Peltrie. La section a pense que I'une de ces questions rentrait dans les attri- butions de la 26. section et la lui a renvoyee. Elle exa- minera en temps utile celle qui a pour objet d'inviter le 1ft Congresa provoqiier la fondation^en France, (Fetablis-* semens mortuaires ., «» I'inslar de ceux qui existent en Allemagne. Personne ne demandant la parole sur la l^^'^. question posee au programme , on passe a la i^^'^, question ren- voyee par le Congres de Poitiefis ; cette question est ainsi congne : € On invite les medecins et les observateurs a > fournir au Congres prochain tons les materiaux qu ils > possedent sur les constitutions physiques et medicales > de leurs localites , avant , pendant et depuis I'invasion 1 du cliolera-morbus. > M. Hunault de la Peltrie repond a cette question par la lecture de la premiere partie d'un memoire sur la constitution medicale de I'Anjou en 1855 et 1854. La seconde partie de ce memoire paraissant devoir eveiller une assez longue discussion , la lecture en est renvoyee a la seance suivante , afin de laisser le tems necessaire pour examiner cette matiere. M. le docteur Maillot lit quelques notes sur les mala- dies du Nord de I'Afrique ; il y est sur-tout question des fievres intermittentes et de la methode employee pour les combattre utilement. I^ section I'ecoute avec un vif interet , etle lui temoigne par I'organe de son president. La seance est levee* ■ SEANCE DU MERGREDI 9 SEPTEMBRE. Presidency dc M. Hbnaultdela Peltrie (d' Angers) . Le proces-verbal de la seance precedente est lu et adopte. La commission permanente renvoie a I'examen de la section une proposition de M. Isidore Lebrun ainsi con- — 17S — ijHe : t au nombre des principales ameliorations que de- » mandent les progreset Texercice de la medecine,pro- » poser la reunion en college des docteurs-medecins > domicilies dans chaque departement , en vue sur-tout » de rhygiene politique*. MM. Maugin et A. Delanoy souuiettent a la section an nom de la Societe medicale de Douai , dont ils sont membpes, deux propositions; Tune relative a la vaccine; Tautre au danger qui resulte souvent pour les enfans nouveau-nes , de leur transport a la mairie et a regiise. Ces questions sont prises en consideration et seront examinees a leur tour. M. Hunault de la Peltrie continue la lecture de son niemoire sur les constitutions medicales de I'Anjou en 4835 et 1854. Ce memoire qui comprend une grande quantity de faits observes avec exactitude et resumes avec clarte , se refuse a une analyse qui d'ailleurs en affaiblirait Tau- torite ; quelques resultats pratiques peuvent seulement etre indiques. Les saisons n'avaient pas ete distinctes et avaient ofFert de grandes variations, des changemens brusques dans les phenomenes atmospheriques ; il y avait bien des orages mais laquantite de pluieelait peu abondante, et la terre Tavait bientot absorbee. C'estapres un orage que des dyssenteries se montrerent en assez grtind nom- bre pour constituer une epidemic ; dans quelques lieiix seulementle cholera succeda a la dyssenterie,M. Hunault examine alors les diverses circonstances qui lui ont sem- ble favoriser le developpement de la forme cholerique. * L'auteur de celte proposition n'a pu venir la defcndre au sein de la section , oecupe qu'il 6tait ailleurs ; il I'a retiree, iH - — 176 — La plupart des medecins presens , MM. Tesse , Cra- mette , Daudejos , Maillot et A. Delanoy repondent a la communication de M. Hunaiilt parl'expose de leurs idees, plus ou moins analogues, sur la matiere en question ; oil s'accorde a reconnaitre Tinfluence puissanie de I'hygien^ sur le developpement , la marche et Tissue du cholera* Aucune decision n'est formulee, et on renvoie a la seance suivante la continuation de Tentretien auquel la lecture de M. Hunault a donne lieu. La seance est levee SfiANCE DU JEUDI 10 SEPTEMBRE. Presidence de M. Hcnault de la Peltkib ( d' Angers. ) Le proces-verbal de la seance precederite est hi et adopte. Plusieurs rectifications soritdemandees par M. Hunault de la Peltrie ; elles sont faites , seance tenante. La commission permanente renvoie a la section del medecine un memoire de M. Mozard sur son papier de surele , et des echantillons de ce papier. Ce memoire avait d'abord ete adresse a la 2^. section qui a demand^ que la section de medecine soumit le papier aux epreu- ves chimiques Gt lui adressat le rapport fait a ce sujet^ La section designe, pour faire fexamen et le rapport^ MM. Delanoy et Faucheux. On conlirji3 a s'occuper des constitutions physiques et medicales observees depuis le cholera-morbus : on entend a cet egard M. le docteurDuchateau, d' Arras, et M. Jobard. Les faits cites par M. Duchateau ont ete pul- ses dans la pratique et viennent confirmer les notions qu'on possede au sujet du cholera. M. Jobard indique un moyen simple et facile dc donner des bains de vapeur — 177 — recommandes quelqiiefois dans le cholera; r^ M. Dusaiissoy remet im memoire sur quelques faiia pratiques qu il a observes pendant les dernieres epide- mies. Ces faits tendent a etablir I'utilite des bains de vapeur administres a une temperature de 58 a 40 degres Reaumur , dans les diverses periodes du cholera. La section cntend la lecture du memoire et remercie M. Diisaussoy de cette communicalion interessante. L'ordrc du jour appelle le vote de la sectioft sur une' proposition, soutenue au nom de la feocietemedicale, par plusieurs de ses membres. On entend MM. Hunault de la Peltrie , Cramette , Daudejos , Jobard , Maillot et A. Delanoy. La resolution proposee estacceptee et for- mulee en ces termes. « 11 est reconnu que le transport des enfans nouveau- » nes a la mairie pour faire constater leur etat civil ; * a I'cglise pour le bapteme ,' est une cause puissante » de mortalite ; la section de m(klecine emet le voeu que » Ton sollicite des autoritescompetentes les moyerts de » remedier a ces graves inconveniens. » La seance est levee a deux heiires et demie. STANCE DU VENDREDI ii SEPTEMBRE. Presidence de M. Hunault de la Peltfrie (d' Angers.} Le proces-verbal de la seance precedente est hi et adopte. La discussion est ouverte sur la ^. question du pro- gramme ainsi congue : « Quelle est Tinlkienee de la 5) medecine sur Thomme considere sous le rapport phy- » sique et moral. > M. A. Delanoy fait observer que cette question, soumise a des medecins , ne pent recevoir qu'une solution par-^ tielle, et que cette solution sera attaquablc,- par ce motif » BUr-toiit, qu'on semblerait juger dans sa propre causff, ^n admettant , ce qui est vrai d'ailleurs , les influences Iieureuses de la medecine surl'homme physique et moral; it propose le renvoi aux sections reunies de medecine et dos sciences morales. La question , du reste, lui semble avoir ete traitee plus d'une fois ex professo. MM. Hunault de la Peltrie et Maugin pensent que la question etant posee , on doit la resoudre. Leur opinion elant admise , il resulte , de la discussion a laquelle prennent part MM. Hunaultde la Peltrie, Maugin, Isidore Lcbrun , Faucheux et A. Delanoy « que la medecine , en » perfeclionnant la physiologic , la psychologic et Thy- » giene , en detruisant des croyances populaires , fatalea » pendant plusieurs siecles d'ignorance , a certain ordro 9 de maladies , comme I'epilepsie , la catalepsie , etc » en renouvelant la face de la chirurgie , en appliquant » la gymnastique dans les cas qui la reclament , en ve » nant aider la legislation et I'administration , a rendu 9 d'immenses services a Findividu et a I'espece. » M. Hnnault cite sur-tout les heureux resultats de la science pour les sourds-muets et les alienes. On passe a Texamen d'une question renvoyee a la session de Douai par celle de Poitiers. Cette question est ainsi concue : 6 - On invite les medecins et tous ceux qui s'occupent » d'etudes physiologiques , a rechercher et a signaler )j les avantages que Ton pourraretirer dela phrenologie > pour le perrectionnement de I'education. > M. Hunault de la Pellrie s'appuie sur-tout des diver« gences qu'il a remarquees parmi les membres de h Societe phrenologique de Paris , pour refuser a laph^e nologie le litre de science complete. Plusieurs membres prennent la parole sur la positio de la question. |. ^179 — r M. A. Delaivoy demande que, dans 1 etat encore inccr* tain de la science , la question de I'lUilite possible de la phrenologie ne soit pas resolue d'une maniere negative, M. Maugin propose une solution qui laisse les clioses dans I'etat d'inccrtitude qui sen[)ble s'accorder avec I'etat actuel de la sciertce phrenologiqile. Cette reponse est adoptee en ces termes : « Attendu que la phrenologie n'est pas encore ^tablie » sur des bases sufiisantes , la section renvoie au pro- ^) chain Congres , la reponse h faire a la question qui la » concerne. > Le renvoi a la 4^. session du Congres est prononce, L'ordre du jour de la prochaine seance est fixe. La seance est levee. SfiANCE DU SAMEDI 12 SEPTEMBRE. v ^ Presidence dc M. Hunault de la Peltrie (d' Angers). Le proccs-verbal de la seance precedente est lu et adopte. L'ordre Mu jour est Texamen de la question posee par la Societe medicale de Douai, a savoir: « si les cas de va- •» riole observes assez rarement , il est vrai , chez des > individus vaccines , ne montrent pas que la vaccine » perdsonefTicaciteapresun certain tems, etn'indiquent » pas qu'il faudrait revacciner, quinze ou vingt ans apres > une premiere vaccination. » Une discussion s'eleve a ce sujet, et Ton entend MM. Hu- nault de la Peltrie , Tesse, Daudejos , Gramette , Fau- cheux et A. Delanoy . M. A. Delanoy fait remarquer que ie point essentiel est d'obtenir des parens ou des indivi- dus memes la faculte de reiterer la vaccination , et que si Ton peut arriver a ce resultat sans proclamer des dou- tes , peut-etre dangereux , sur relficacite absolue de la Raceme , on Jevra employer cette methode. II pro^os^ comme une sorte de transaction, et la section adopte fa reponse suivante : a Plusieurs exemples de variole chez des individus » qli'on croyait bien vaccines erigagent la section de » miedecine a pr'oposer de vacciner tine secoflde fois , > apres un certain terns , afin de mettre d'ttne manierfe » plus certaine a Tabfi de toute chance contraire. > M. Tesse oflre a I'examen de la section plusieUrs ing- triimens de chirurgie qii'il a perfectionnes : un bistouri pour le debridement des hernies , un couteau de Richter potlr I'operation de la cataracte modifie, un crochet pour I'extraction des dents avec iln talon qui limite son ouveN ture , des ciseaux Coiides qui rendent plus facile I'ex- dsion de la conjonctive dansles casouelle est necessaire. La section felicite M. Tesse et le remercie de sed communications. La seance est levee. STANCE DU DIMANCHE 13 SEPTEMBRE. Presidence de M. Hunault de la Peltrie (d' Angers.) Le proces-verbal de la seance precedente est lu et adopte , apres plusieurs rectifications faites immediate* ment. M. le president annonce qiiele Congresarenvoyeala section de medecine la reponse quelle a faite a la ques-< tion concernant la vaccine , en I'invitant a y donner une redaction plus explicite et plus claircw La presence de plusieurs membres qui n avaient pas assiste a la seance d'hier , engage la section a r'ouvrir la dicussion sur le fonds meme de la question* MM. Lequien et Hunault de la Peltrie citent des faits assez nombreux , d'oii ils concluenl que la vaccine perd I --i81 — de son efficaeitc apres an certain temps ^ et penj&ent que ces, fails doivent engager a recommander dans ces cir-i. Constances une seconde vaccination. MM. Daudejos , Maillot , Cramette et A. Delanoy , sans nier les faits reconnus , qui sont dans le domaine de la science , pensent que le point en discussion n'est pas encore suffisairijnent eclairci^ etdentandent le rewoi de la question au prochain Congres , € en invitant tons )) les medecitis a reunir de nouveaux dt)cumens a Taide » desquels on pourra determiner les conditions de temps, > de lieux , d'individus et les autres eirconstances d'ou > resulte rinefficacite de la vaccine. » ■ ' La majorite adopte cette resolution. ' M. Hunauh de Pehrie fait connailre deux instrumens qu il a perfectronnes pour faciliter Toperation de lalillio- trftte. Le premier differe des instrumens ordinaires par une vis derappel, quipermetde faire rentrer lesbranches du lithotriteur dans le tube conducteur, sans donner lieu a des secousses nuisibles ; le second est wi lithotriteur urethral, qui donne la facuke de saisip le calcul engage , sans le faire fuir devant Finstrument. M. Jobard* communique plusieurs cas de guerison de contusions suivies d'oedeme : des frictions rapides cfe assez fortes pratiquees selon la direction des poils, etaient le moyen employe. M. Hunault de la Peltrie conGrme les heureux effeks des frictions faites dans la direction des capillaires. M. Lequien remarque que ces moyens sont analogues a la compression mise en usage depuis long-temps, avec des succes bien reconnus. M.. A. Delanoy lit le rapppr t qu^il a fait ayec M . Fauclieux , sur le papier Mozard : les conclusions du rapport sprit ^doptces par la section , et le texte meme du rapport esjirenvpye a la section d agriculture , qui a. voulu s'e- — 18i — dairer du resultat des experiences chimiqiies , avant de hasarder une approbation dont Fautorite serait puissante, Uordre du jour de la seance suivante est fixe, ' La seance est levee. Sf:ANCE DU LUNDI u SEPTEMBRE. PresiUence de M. Cramette , doyen d'Age ( de Douai, ) Le proccs-verbal de la seance precedeute est lu et adopte. M. le president de la section d'histoire naturelle in- forme la section de medecine que demain dans la mati? nee , un cheval dont le sexe parait douteux, sera offert par M. le colonel du 11^. d'artillerie a I'observation des naturalistes ; il invite a designer un ou plusieurs comoiisr saires qui se joindront a ceux que designera la section d'histoire naturelle. MM, Hunault de la Peltrie et A. Delannoy sont pries de representerdanscette occasion la section de medecine. Le nombre des membres presens , diminue par la coincidence a la meme heure d'un concours de charrues, paraissant trop faible pour donner aux resolutions que Ton prendraittoutel'autorite desirable , et M. Hunault de la Peltrie, auteur de la proposition qu'on devait discuter, n'ayant pu venir ni la developper ni la defendre, on decide que I'examen en sera differe jusqu'a la seance prochaine, La seance est levee. SfiANCE DU MARDI d5 SEPTEMBRE. Pr6sidence de M. Hunault he la Peltrie (d'Angers). Le proces-verbal de la seance preccdente est lu et adopte. MM. Hunault de la Peltrie et A. Dolanoy rendent conipte de ce qu'ils onl remarque le matin, a rcxuuxcn du cheval ^ 183 — qu'on avalt soumis a leur observation. II resultc do lour recit,que le sexe du clieval ne pent etre douteux, et qu'unc deviation d'organes est la seule cause des doutes qii'un examen attentif suffit pour lever. Le canal de Fureihre , apres avoir suivi quelques temps sa direction ordinaire, re- trograde lorsqu'il est arrive au milieu desa longueur, ot vientse terminer par un gland assezbien conforme, entre deuxsortes de levres formees par la peau de cette partie quirecouvre le gland dansletatde flaccidile. La peau du scrotum, qui nest point distendue par les testicules restes dansl'abdomen, simule imparfaitement les organes servant a Fallaitemenf . Le caractere du cheval leverait d'ailleurs tons les doutes , s'il pouvait encore en rester quelqu'un ; c'est tout-a-fait celui d'un cheval enlier , dont le voisinage d'une jument eveille bientot I'ardeur. M. Hunault de la Peltrie developpe sa proposition ainsi congue : « Provoquer la fondation en France d'eta- » blissemens mortuaires , a I'instar de ceux qui existent » en Allemagne. » llenum^re les signes de la mort , et , sauf pour les derniers d'entr'eux , montre I'incertitude qui diminue leur autorite. Combien n'est-il pas de mala- dies qui simulent la mort \ Combien d'individus n ont-ils pas ete victimes d'une trop grande precipitation mise a les enterrer ? II rapporte a ce sujet plusieurs exemples que cliaque membrepourrait appuyer de fails. semblables, puises dans les annates de la science ; montre les pre- cautions que prenaient les Egyptiens , les Hebreux , los Remains , en n'enterrant leurs morts qu'apres plusieurs jours ; il conclut a I'adoption du voeu qu'il a propose , et explique comment le transport des morts dans un lieu pourvu de tons les moyens capables de solliciter le rappel a la vie, pent servir a la reveiller, quand elle n'est encore que suspendue , et que la mort est seulement simulee. On entcad a ce sujet , MM. Tesse , Jobard , Daudejos , — 181 — Cramettc, Maillot, Faiiclieux et A, Dclanoy, qui viennent lour a tour insister sur divers corollaires de la proposi- tion. Apres un examen approfondi , le voeu do la section est formule en ces termes : « La section de medecine du Congre^ de Douai, emet » le voeu de voir i » 1®. L'autorite faire executer rigoureusement la V legislation actuelle , sur les inhumations. » « 2®. Le delai prescrit pour ces inhumations pro- » longe de 24 a 48 heures en ete , de 48 a 60 heures en » hiver. » € 50. La creation des medecins Yerificateurs des » deces , generalisee en France. > « 4<>. La creation d'etablissemens mortuaires k Tinsr » tar de ceux qui existent en Allemagne. » Avant de lever cette dernierc seance , M. le president se felicite d'avoir etabli , avec Ics divers membres de la section, les liens d'une nouvcllc confraternite. On lui repond par des temoignages d'estime reciproque , et des remercimens sont votes aux membre^ du bureau. La seance est levee. Les Secretaires de la Section , Le President de la Section , TESSE (de Douai) , HUNAULT DE LA PELTRIJ^ Ar BElAmY {denouai), {d' Angers). Le Vice-President , H£N0T {de Lille), n • archeologie; , histoire, SfiANCE DU LUNDI 7 SEPTEMBRE 1855, ^residence de M. Cauvin (duMans), doyen d'age, ensuite de M. le vice-president Quenson (de Douai.) Apr^s Tappel nominal des membres de la section , lassemblee procede k la nomination de son president definitif. Au depouillement du scrutin , les votans etant, au nombre de 50 , M. le baron de Reiffenberg , recteur de rUniversite de Louvain , obtient 29 voix et M. de la Fontenelle une ; M. le baron de Reiffenberg estproclame president. JL'assemblee passe immediatement a la nomination de son vice-president. 1 v■:i'^r':' Le depouillement du scrutin offrele resultat suivant : votans 51 , majorite 16. M. Quenson conseiller , a 2Q suffrages ; M. Isidore Lebrun , 6 ; M. de Caumont , 2 ; MM. Fougeroux de Campigneulles , Tailliar et Arthur Dinaux , une voix. M. Quenson ayant obtenu la majorite des suffrages , est proclame vice-president, l^'assemblee confume , par acclamation , MM. Arthur Dinaux et Tail- liar , dans les fonctions de secretaires qu'i|s exergaicnt provisoirement. Lebureauetantdefmitivement constituc, M. Cauvin , president d'age, cede le fauteuil a M. Qucn-^ son , vice-president , qui Toccupe en I'absencc de M. le baron de Reiffenberg. . 31. de Giycnchy, secretaire-gencml de lao'^e. session — 186^ (111 Congres offre a la 4®. section ct depose sur le bu- reau , ail nom de M. de la Fontenelle , le compte-rendu du Congres scientifique de la2e. session, tenue a Poitiers. Le redacteur de VEcho du monde savant , fait hom- niage d'un n^. de son journal a la 4®. section. M. Rey envoie un opuscule intitule : Conside'rattons sur I'Hisloire Mone'taire. M. le docteur Lelewel , refugie polonais , auteur d'un ouvrage sur les monnaies du moyen-age , fait hommage a la 4®. section de ses recherches sur les monnaies de& Pays-Bas , fragment important de son grand ouvrage , et qui repond aux questions , 10^. , 11^. , 12e,, 14®. et do®, du programme de la 4®. section. M. le docteur Le Glay olTre a la 4®. section les livres suivants : 1®. Chromque d' Arras et de Cambrai , par Balderic ; 2®. Notice sur les archives de la Chambre des Comptes de Lille ; 5^. Discours prononce' dl'ouverturedes exercices publics de Vc'cole des Sourds-muets de Lille ; 4<*. Notice sur le village d'Esne en Cambre'sis, Tons ces ouvrages sont acceptes par la section , qui en ordonne le depot dans le local designe a cet elFet ,, pour etre communiques , sans deplacement , a tons les membres du Congres. M. de la Fontenelle annonce Ic projet qu'il a de lire une morceau liistorique intitule : Philippe de Comines en Poitou , travail qui fait connaitre des faits curieux et encore ignores sur riiistoireet sur cet historien , homme d'Etat. L'assemblee decide que cette lecture sera pro- poseeau Congres , en assemblee generale. L'ordrc du jour amene la discussion de la 1^® question du program file ainsi coni^ue : « La religion des Gaulois > avait-elle puise a la religion egyptienne , avant la con- )) quote des Romains. » Pcrboiinc n'etant dispose a traiter cette question sur — 187 — laquelle aucun nicmoire n est parvenu au Congres , la section decide que la discussion sera ajournee au samedi 12 septembre. M. Gaillard , de Rouen , a la parole sur la S©. ques- tion : « Quels etaient les avantages et les inconveniens » du systeme feodal , et son influence sur la civilisation » et le bonheur des peuples. » M. Gaillard lit un memoire developpe sur ce sujet im- portant , et combat une opinion emise par M. St.-Marc Girardin , sur I'origine de la feodalite en Normandie , que ce savant professeurde Paris, attribueauxNormanc's conquerants. M. Gaillard prouve que la feodalite re- iponte bien plus haut dans sa province ; qu elle est d'ori- gine Gauloise et Romaine ; son memoire est ecoute avec inter^t par Tassemblee qui en ordonne Timpression , et vu rheure avancee , renvoie au lendemain la suite de la discussion de cette matiere *. La seance est levee a midi. S^^ANCE DU MARDI 8 SEPTEMBRE. Presidence de M. le baron de Reiffenberg (de LQuvain.) M. Quenson, vice-president , cede le fauteuil a M.'Ie baron de Reififenberg, recteur de I'Academie deLouvain. Dans une courte allocution , M. de Reiffenberg re- mercie la section de la haute marque d'honneur et de confiance qu'elle lui a donnee et qu'il ne doit , dit-il , qu a la courloisie des Frangais envers les etrangers. L'ordre du jour appelle la continuation de la discus- sion sur la deuxieme question ainsi concue : « Quels » etaient les avantages et les inconveniens du sysicnic * Voir ci-aprcs dans la sccondc partic le memoire de M. Gajllurd. feodal , et son influence sur h civilisation et le bonheuc des peiiples? Dans la seance d'hier , M. Gaillard s eta it attache i demontrer que la feodalite etait d'origine Gauloise et Ro- maine; dansla seance d'aujourd*huiM. Tailiiar s'applique a prouver que Forigine de la feodalite proprement dit© est postericurea Tetablissement de ladynastie Merovin- gienne dansla Gaule; c'est alors seulement quele fief prit naissance et qu'on admit une distinction entre Val-od , pleine propriete , et le feh-od , propriete recompense^. Suivant lui , les benefices ou concessions de domaines acco^des par les rois franks a leurs Leudes , ou grands officicrs , n'eurent pas meme , dans le principe , le caractere de fiefs. Ce ne fut que plus tard, et sous Karle ou Cliarles-Martel, que les relations de seigneur a vassal' s'etajjjlirent. C'est alors seulement que se forma le verita- ble lien feodal , qui unit thommed I'homme dans un ordre hierarchique. Jusque la les Leudes ou Antrustions honoris de la confiance et de la protection royale ne devaient fidelite qu'au seul roi des Franks , dont ils etaient les premiers , les plus loyaux sujets ; et les benefices dont ils avaient la jouissance n^entrainarent aucuns services , aucuns devoirs determines. Karl-le-Martel qui voulait supplanted la dynastie Merovingicnne , se creer des par- tisans, se les attacker par des noeuds particuliers, couQUt la pensee de modifier,dans spn interet,la constitution des benefices , et de detou^ner a son profit le serment, de fidelite qui n'etait pr6te (ju au souverain ; les domaines donlilgratifiases guerriers ne furent desormais accordes pav lui qu'a la charge de le reconnaitre personnellement pour seigneur, de lui rendre Aomma^e, de lui garder la foi, de faire sous lui et pour lui le service militaire. Ainsi furent crees les fiefs. Des-lors les guerriers qui recevaient les benefices ne furent phis les Leudes ou les fideles du roi, muis les hommes ou les vassaux du puissant seigneur — iB9 -- l^ui les leur concedait. Des ce moment alissi le sernieht iprit une nouvelle forme , et il n'y fiU plils question du monarque. « Je deviens votre homme, a partir de ce » jour , disait le vassal en posant ses mains dans celles > de son seigneur, et je vous serai fidele et loyal envers » et contre tons jusqu'a la mort inclusivement. » — Une foule de circonstances qu'il serait trop long d'enumerer, favoriserent d'une maniere prodigieuse le developpement des fiefs. Par TefTet de sous-infeodations successives et gradttelles,ils fornierent iiiie gratlde cfhairie qui, d'anneau en aniieaii , de serment en sernient , descertdait du eh^f seigneur jusqii'au dernier hommelige. La feodalite devint alors comme une grande li^ue de protection mutuelie , comme une immense association militaire qui, en se plagant en dehors du gouvernement central, en Tattaquant, ein TafFaiblissant saris f;6sse, firiit pa^ I'absorber. Les fiefs primitivement crees dans Tinteret de la race Carlo- Vingienne tournerent ainsi contre elle . — Le sysleme feoddl constamment en progres vers la fin de la seconde dynastie fut consacre definitivement par Tavenement de Hugues Capet. — Apres avoir fixe I'origine et le developpement dii syisteme feodal , M. Tailliar signale les avdntages et les inconveiiiens de Ce regime. II presente comme prin- cipauxavaritagesde la feodalite : 1^*. L'organisationd'une immense hierarchic militaire, formidable pourrepousser les agressions etrangeres; 2^. Larestauration de quelques liens sociaux, resultant des droits et devoirs reciproques du vassal et du seigneur ; 5^. L'institution des cours feodales qui temperent Tabus de la force. Comme inconveniens du systeme, M. Tailliar indique: 10. Le morcellement de la souverainete et les guerres continuelles soit despossesseurs de fiefs contre la royaute, soit des seigneurs entre-eux^ ou contre leurs vassaux,' 2o. Les violences des seigneurs qui mettcnt en poril toutcs — 190 — los'garanlies soclales, et doiit le despotisme est d'aftt^trt plus rude qii'il frappe sans intermediaire sur les popu- lations; 50. L'introduction successive des droits feodaux, ruineux ou bizarres , humilians ou immoraux , qu ils font pescrsur leurs vassaux ; 4<>. Enfin , Tisolement des posses- seurs de fiefs et Uabsence detoute communication , qui ne font que rendre plus epaisses les tenebres oil sont plongees les intelligences. M. Gaillard a la parole sur les observations de M. Tailliar ; il cite des autorites et notammetit Strabon et Cesar , pour prouver que la feodalite est d*origine Gau- loise. Le droit de guerre privee existait sous cette periode ; d'autres principes de feodalite existaient ega- lement. On voit dans le code de Theodose des benefices et des donations militaires. Sousla domination romaine , on cite un due de Mayence , un comte de Strasbourg , qui etaient de veritables beneficiers , ayant des soldats qui contractaient des obligations envers leurs chefs , et ceux-ci envers eux. Les comtes Bretons , Romains, peu- vent aussi figurer comme de vrais grands feudataires. A la verite , ees chefs de la periode Romaine n exer^ient pas le meme genre de puissance feodale que celle qui plus tard s'etendit sur la France ; mais le principe existait de fait , la forme seule changea dans ses deve- loppemens successifs. M. Gaillard se resume en disant que la feodalite n'est autre chose que I'abaissement de la puissance publique devant I'exaltation de la puissance privee. M. Isidore Lebrun a la parole : iltrouve le principe de la feodalite theojratique et politique cheztous les'peuples anciens; onaeu tort, dit-il , de restreindre la discussion a la Gaule ; si Ton avait generalise la question , on eut trouve ce systeme etabli chez les Grecs , par les ccrits d'llomere et de Thucvdide. La feodalite vue de haut , se — mi -^ rencontre cliez la plupart des peaples ncnfs , recemment decouverts , mcme chez ceux de rOccanie , oii les hora- mes ont ete surpris deja divises en castes differentes. La feodalite est done d*origine naturelle et se perd dans la nuit des temps. M. Quenson , canseiller , apres qiielques devcloppe- mens sur la matiere , dit , en reponse aux preopinans , que reporter rorigine de la feodalite au droit natiirel , c*est evidemment en meconnaitre le caractere distinctif ; que c*est aller aussi trop loin, selon lui, que de la repor- ter aux temps des Grecs , des Gaulois ou des Romains , bien qu'elle puisse offrir dans son ensemble des institutions analogues ou derivees ; ilpense avec M. Tailliar que son type particulier et primilif , c'est le benefice (beneficmm) auquel ^viennent s'ajouter sous Charles-Martel les rap- ports de deference , de foi et d'hommage entre le dona- taire et le donateur ; que la feodalite est un fait qui a marche et s'est accompli de lui-meme ; que le regime feodal fixe dans son principe des le 8^. siecle , et s'e- tayant bientat, sous Charles -le-Chauve de I'heredite legale ( qui n'etait elle-mcme , d'apros fedit de 841 , que la sanction de plus d'uu example donue par ces pre- decesseurs) se developpa progressivement. Qu'on fa vu grandir successivement dans ses eifets , atlirer a lui les AUeux , et se completer sous Ungues Capet. Qu*en un mot il faut reeonnaitre que la feodalite, comme orga- nisation soeiale , a commence vers le 6^. siecle , et no s*est accomplie qu'en 1099 , aiix assises de Jerusalem. Telle estropinionde M. Quenson sur rorigine de la feo- dalite. Venant a ses consequences , il lui semble qii'on pent les envisager sous plus d'un aspect different : d'abord quant aux avantages , puis quant aux inconveniens , sans parler des sous distinctions de rapport qu'elles peuvent encore presenter. Mais 11 pense avant tout, que ces ques^ tions out des importances si graves , si distinctes , qii'il serait Utile, pour en faciliter le debat et la solution,d'ex- traire d'un theme aussi vaste , aussi complexe ^ qiielques questions capitales que Ton pourrait successivement livrer a la discussion et au vote de la section'. Cct avis est appuye par plusieurs membres qui deman« dent que Ton divise la question et que Ton s'occupe se- parement de I'origitie des fiefs* M. de Reiffenberg pense que Torigine de la feodalite est la partie importante de la question ; que les avantages et les inconveniens n'en sont que les consequences ; il engage done la section a continuer la discussion sur la premiere etprincipale partie* L'assemblee consultee vote dans ce sens. La discussion est continuee a la seance suivante pour entendre M. de la Saussaye, La seance est levee. gfiANCE Dt MERCREDI 9 SEPTEMRIiE. Presidence de M. de Reiffenberg (de Louvain.) La seance est ouVerte a dix heures et demie ; le pro- ces-verbal de la seance precedente estlu et adopte. M. de la Saussaye a la parole pour continuer la dis- cussion sur la grande question de la feodalite. L'orateur n' en cherchepa&rorigine ailleursque sur le sol frangais; il donne , au systeme feodal en France , trois racines distinctes qui se fortifierent sous les trois periodes Gau- loise , Romaine et Franque. Gesar trouva des Gaulois proprietaires et des Gaulois tributaires soumis , pour ainsi dire , au regime de la gUb^, Les Romains conser- \ Verent ie m^me etat de ehoses en y ajoiitant les beriefldes militaires. Les Franks , apres leurconquete , adopterent le systeme dii peuple vaincn , en le generalisant et eit lui donnant ane sorle dd regularite. La Gaiile , au 5®. et au 6^. siecie , etait parsemee de terrains vagdes, appar- tenant de drditanx rois Merovirigiens, qui les ConCederent a leiirs olFiciers. Les droits feodaux fureint etablis commei (ionditions des concessions faites auX inferieiirs ; souverit des droits n etaient que de simples reserves , commei lei droit de cliasse etde peche est encore aiijoilrd'hiii retenit dans les baux a ferme. Le systeme feodal eitt des avan- tages d'abord , des in(ionvenieris ensiiite ; d'est urie suitel haturelle des institutions quelles qii'elles soierit ; les abus ,finissent toiijoiirs par les denaturer. Ainsi , dii G^. aii ■ll^. siecie, ie systeme feodal presente des avaritages; du 11^. au 15^. , il n'offre plus que des inConveniens^ M. dela Saiissayedonclutendisant, qUelesysteme feodal est siir le territoire franc^^ais , Ie resitltat de trois elemens divers : i®. Telement gau'lois consistant dans la distinc- tion des habitans en proprietaires et en tributaires ; 2o. I'element romain, ou Tintrodiiction des benefices mili- taires ; 5^. relementgermanique fonde sur la redevance militaire , la recommaudation , la colonisation et le con- tours a la defense conimUne. Mi de la Fontenelle a la parole sur la meme qiiestioif : Ce n'estpas, selori liii , la dependance dufaible a I'egard du fort , ce nest pas la puissance du fort sur le faible qiti constitue la fcodalite ;cet etat est I'etat normal des societesj Ce n'est pas I'hereditedupouYoir ; I'heredite se retrouve partoiit. Ce n'est pas la division des classes ; on la ren- contre dans le nouveaU comme dans Ie vieux monde. Ce n'est pas la servitude de la Glebe; Tesclavage existait k Rome. La feodalite , c'est la suprematie du sol sirr ttnei autre partie du sol; ainsi, la terre et la chaumiere du 13, — 194 — proprietairc dii plus bas etage , relevaient de la terre el dii chiUeaii dii simple seigneitr. La seigneiirie simple rele** vait de la chatellenie , la chatellenie de la baroriie , et ainsi de sitite en remontant I'echelle feodale , par Ic comte et le dnc jusqu'ait Roi. Ainsi , celui qui avait la superiorite feodale , ne la possedait pas par lui-meme ; il en jouissait comme possesseurde la terre ou du donjon auquel le droit de puissance etait accorde* A la suite de cette definition , I'oratetir pttise dans I'histoire du Poitou , sapatrie , des exemples et des cita- tions , poUr proUver et corraborer ce qtt'il a avancd precedemment. M. Isidore Lebrun est ensUite entendu. II invoque des autorites d'une haute anliquitepourprouverranciennete de la feodalite ; on la rencontre , selon hti , dans Tori- gine des Socictes ; on I'a trouvee en Oceanie, ou le ter- ritoire est plus morcele entre des chefs puissans , qii' il ne le fut sous les Francs ; et elle est encore aujourd'hui existante chez des peuples, non plus tortt-a-fait sauyages, mais moins civilises que les autres ; comme les Russes,les Tar tares eties Polonais. Quant aux avantages de la feoda- lite, M. Lebrun pensc qu'elle a du en presenter beaucoup, puisqu'elle a dure long-temps , et que les derniers pri- vileges abolis n'en etaient que la suite. M. de Campigneulles prend la parole : Les hommes , dit-il , ne sont pas inventeurs des benefices militaireiS ; ils sont d'origine naturelle : C'est un droit de la guerre. La feodalite est I'effet de la force militaire. L'orateur en fait remonter I'origine a la grande invasion des barbare& du Nord. Apres la conquete , la force s'est organisee , s'est perfection nee comme une de ses consequences. An lieu d'augmenter , la feodalite a commence a decroitre sous Hugues Capet , qui n'etait pas , comme on I'a dit ^ — 105 — tin hsnrpatenr : C'est du moins Topinion de Mably et de Chateaubriand. M. de Reiffenberg , president de la section , resume la discussion : 11 determine la grandeur de la question et nomme les auteurs Frangais et Allemands qui s'en sont oCcupcs ; il enumerie toutes les opinions emises dans la section , et fait remarquer les differences des systemes de tous les orateurs ; il lui semble difficile , au milieu de tantd'opinionsdiverses,habilementpresentees,d'engager la section a prendre une conclujiion* M. Gaillard tient a son systeme qu'il se propose d*ap- puyer de maintes preuves ; il propose , pour le moment, d'engager la section a feonstater que telou tel fait a existe* M. Tailliar demande qu'on pose airtsi la question : « La feodalite a-t-elle existe dans les Gaules , avant ou apres la conquete des Franks ? > M. Quenson propose egalement de nouveau de res- treindre la question. M. Le day declare qu'il est difticile , polir ne pas dire impossible > de fixer des epoques a certains faits et sur- tout a la feodalite ; il propose de renvoyer la question a laprochaine session. La cloture de la discussion est demandee et votee ; la question est renvoyee au prochain Congres. La seance est levee a midi. S£ANCE du JEUDI 10 SEPTEMBRE. Presidence de M. de Reiffenbekg ( de Louvain. ) Le proces-verbal de la seance precedente est adopt(^. M. le president met en discussion la S^, question du programme ainsi con^ue : » En vertu de quelle loi la Soeiete parait-elle , suivant 1 les divers degres de la civilisation , tendre d'abord a — 196 — » la formaliofl^ de grands empires , puis au morcelle- » ment en petits etats , puis de nouveau a la fusion des ^ petites souverainetes en grands royaumes » ? M. Quenson fait remarquer que les termes de cettc question sont si genereux , et reposent sUr un principe si pen prouve jusqu'ici , qu'elle lui semble peu susceptible d'une discussion verbale. Toujours est-il , suivant Uri , qu'il importe d'etablir a pnort , que telle est veritable- ment la lot consfante et ne'cefsaire de toutes les Socie'te'Sf ce qu'il lui parait difficile d admettre , a I'egard sur-toilt de la fusion des petites souverainete's en grands royaumes. Yiendront sans doute pour justifter le principe de I'ac- croissement des empires, les exemplesde ceux d'Auguste, d' Alexandre , de Charlemagne etc. , mais permis aussi de les expliquer par feurs causes particulieres , et de voir dans ces. deux demiers sur-tout Un accident plutot qu'un etat permanent dans la marcbe du monde social ; car la aussi , comme sous Napoleon , le vaste empire est tombe avec le heros. tkt reste , an con^oit tres-biei* la conquete comme element d'^agrandissement , qttoi* qu'elle n'ait pas ^te leseul. Oncomprendtres-bien aussi que le developpement trop etendu des empires soit pour eux une cause d'alFaiblissement etderuine (maints exem- pies en font foi ; ) mais qifen presence de la civilisation qui federalise les peuples , on regarde comme un prin^ cipe arrete en hisloire , la recomposition necessaire efc successive desfttats detruits , en grands empires , c'est la ce qui fait doute ; ce qu'il faudrait cependant etablir avant tout : faute de cette preuve, mieux vaudrait ajour- ner le debat de la question. M. de Givenchy repond : Sans doute , rigoureuse- ment parlant , ce -principe , cette hi , dont I'orateur precedent conteste la realite , n'existe pas dans I'accep- tion ordinaire qu'on attache au mot loi , comme act9 ^ 197 — d'une pumanee supeYieure quiprescrit, Mais si , par cctte expression lot , on entend une regie constante qui preside d la destine'e des empires , et si on I'expliqne dansun sens analogue a celui qii'on donne a ces mols his de VuniverSf (lesquelles ne sont autre chose que le resultat des obser- vations faites surune serie de phenomenes, suivis inva- riablement d'autres phenomenes pareils , ) on ne pent contester qu'il n'existe dans I'hypothese de la question, une serie defaits repetes, une direction presquuniCorme, une tendance sociale continuelle qui signalent des causes preexistantes , dont derivent ces efFets observes par rhistoire : or , ce sont precisement ces causes occultes. que nous sommes appeles a rechercher. Emisagee sous ce point de vue , la question proposee par le programme, presente aux yeux de I'orateur , le plus haut interet , sous le rapport de la pliilosophie de rhistoire. II pense , au surplus, qu'il ne faudrait pas lui donner une extension trop grande , parce qu'elle entrainerait a d'im menses developpemens ; il conviendrait , suivant lui , de la ren- fermer dans un cercle de discussion proportionne a la duree des seances de la section. M. Emiji. Gaillard n'est pas de cet avis ; au lieu de resserrer la question, il croit devoir lui donner plus d'ex- tension , il s'attaohe a demontrer que la puissance des nations depend de I'energie et de la force des institutions militaires , du genie qui les perfectionne et qui les fait mouvoir. Parcourant les annales des peuples, il jette un coup-d'ceil sur les conquetes et les succes guerriers des Perses , des Macedoniens , des Romains et des Francs de Charlemagne, et attribue ces succes a une habile stra- tegic et a une organisation militaire fortemenJ; constitute ; il pense que les peuples entretenus dans des habitudes belliqueuses , doivent necessairement prevaloir et for- mer de grands empires. Quant a la derniere panic dc k — i98 — question relative a la fusion des petites souvcrainetes, ex! grands royaumo!^, il se reserve de I'aborder plustard. M. de Reiffenberg croit devoir sattacher a definir le mot loi, puisque des doutes se sont clevds sur le sens de cette expression, line loi , suivant lui , c'est la liaison necessaire de deuxphenomenes, dontl'un aniene inevi- tablement raiilre , quelle que soit la distance qui les separe ; et cette deflnition se ratlacbe au sens que M. de Givenchy a donne a ce mot ; car, dans la logique de la Providence , les siecles ne sont rien , et les premisses peuvent etre separees de la conclusion par un intervalle immense , sans que cette conclusion soit moins rigou- reuse. Or, c'est une loi de la nature humaine que I'unite : cette loi delate dans rintelligence , elle donne une forme a la pensee , elle dirig^e les actes moraux. Comment pro- cede I'homme ? il transporte dans le monde exterieur ce qu'il trouve en lui-meme ; par consequent , nous tendons a I'unite de toutes les forces de notre etre. Cette loi gemble quelquefois suspendue ; I'unite est quelquefois violee ; mais c'est pour arriver a une unite plus large , plus puissante. Par I'effet de la marche des siecles , les inegalites sociales , les inegalitcs intellectuelles memos disparaissent. Les prejuges qui separaient les peuples, s'aneantissent ; des interets pareils rapprochent des populations autrefois ennemies. Mais, il faut le dire aussijles hommes doues d'un genie original, les hommes superieurs deviennent cbaque jour plus rares. Les grandes miseres physiques ne le sont pas moins. En un mot , I'espece liumaine tend a s'assimiler. Done dans I'avenir, le monde doit devenir une vi^ste confederation ; non pas un empire gouverne par un seul pouvoir , mais une collection de societes marchant dans les mcmes Yoies , voulant les memes choses ; unite qui respecte rindividualite ; mais en lui otant tout ce qu'elle a d'hos- lile et de tranche. — 199— ' M. Lenz adoptant en partie ce que vient d'enoncei* M. de ReifFenberg , se livre neanmoins a des developpe^ mens qui presentent la question sous un autre aspect. Lorsque des conquerants apparaissent , les individualites clomptees par la force , s'efFacent un moment et se courbent sous la loi du vainqueur. Mais plus lard, quand la domination du conquerant se brise a la suite des efforts que font les individualites pour secouer le joug , les petits fitats reparaissent et se font jour. Bientot leup faiblesse et la necessite de se defendre , les portent a s© reunir et a se confondre. Les rapports , les similitudes qui existent entre ces petites nations voisines, provoquent et maintiennent la fusion. A Tappui de ces developpe-f mens, M. Lenz rapporte des fails puises dans I'liistoire, lant ancLenne que moderne ; il ajoute que le lien qui rattache ces nations , doit durer plus long-temps , si les individualites sont moins opprimees , et conservent quel* que liberie d'aclion. M. le conseiller de Warenghien , dans un rapide apergu , examine les principales causes qui contribuent a I'agrandissement des empires. Suivant lui , ces causes agissent particulierement: lo. Quand unpeuple se trouve en contact avec des na^ tions plus petites que lui ; et doit finir par les absorber. 2<>. Quand ces nations ont avec lui des similitudes et des rapports de religion , de moeurs , de langage ; la reunion doit egalement s'operer. 5<>. Lorsqu'une volonte forte et habile (collective ou individuelle ) imprime a la pensee gouvernementale une impulsion energique et perseveranle. M. de la Fontenelle reprenant la question sous le roeme point de vue que M. Quenson , se demande s'il cxisle une loi generale qui impose aux societes ces vicisr §iludes , ces phases diverses , dont il esl parlc dans le *^ 200 -^ programme. Quant a lui , il n^aperc^oit pas cette loi d'uniformile. Les fails qu'on cite peuvent n'etre que des accidents , des exceptions , et non un etat jiormal et habituel, M. Tailliar , tout en avouant que la question est diflw cile, pense quelle n'est point insoluble. Un penple qui est plein de jeunesse , de seve , d'activite , et qui a ea partage une constitution politique fortement organisee, est necessairement porte a agir et a se mouvoir par I'effet de cette vigueur qui surabonde en lui. Se remuer $ans cesse , tendre constamment a se developper et 3'agrandir , c'est la , en quelque sorte, une condition d^ son etre , une loi de son existence , une consequence de ga jeunesse et de sa vitalite. S'd subjugue des nations qui ravoisinent , s'ij les attire a lui , si a raison des rapports de religion , de moeurs , de coutumes , il se confond avec elles , la fusion pent etre durable; mais s'il porte ses armes victorieuses sur des points opposes de la terre , s'U soumet a son empire des nations eloi^ gnees qui different de climat , de culte , d'origine , de caraclere , cette fusion est impossible. La force des armes pent momentanement contenir tons ces peuples, divers ; ils se plient a Tobeissance, paroe que la violence les y contraint ; mais entr'eux point de sympathie , point d'unite , point d'interets communs ; et si la force qui les subjugue yient a manquer, toutes ces peuplades, loutes ces nations relevent la tete et rentrent aussitot dans leur independance. Cest ainsi que les grands em- pires formes par la conquete , se disloquent et arrivent a d'inevitables morcellemens. Mais comme I'esprit de societe ne pent perir , ces elemens un instant separes au milieu du dcsordre qui suit la chute des empires , se rapprochent et se concilient ; ces debris epars se re- joi^ncnt; des nations se reforment et se recomposcnt • — 201 — et suivant les termes m^mes de la question , on voit jB*operer de nouveau , la fusion des petites souverainete'$ en grands royaumes. A I'appui de ces considerations , M. Tailliar cite ce qui est arrive a I'empire d' Alexandre, a Tempire Romain , a celui de Charlemagne ; toutefois il reconnait qu'une foule de causes particulieres peuvent jnfluer sur la formation et la decadence des grands empires. M. Gaillard n admet ni ces raisonnemens ni les conse^ quences qui en derivent. H persiste a penser que le premier et meme le seul element d'agrandissement pour un peuple , consiste dans I'excellence de ses institution* inilitaires. La seance est levee a midi, SfiANCE DU VENDREDI 11 SEPTEMBRE. Presidence de M. dk Reiffenberg ( de Louvain. ) Apres I'adoption du proces-verbal , la discussion est continuee sur la 5^. question congue en ces termes: € En vertu de quelle loi la societe parait-elle, suivant » les divers degres de la civilisation , tendre d'abord a > la formation des grands empires , puis au morcelle-» > ment en petits etats , puis de nouveau a la fusion des 9 petites souverainetes en grands royaumes ? > M. de la Saussaye pense que les institutions sociales $ontsoumisesaumouvement universel qui regit le monde physique. Rien n'est stationnaire dans la nature ; tout nait , se developpe , s'eteint , se renouvelle. Telle est Ja loi qui preside aux revolutions successives des institu- tions sociales. M. dela Saussaye recherche ensuite quels ^ont les moyens materiels etablis par le createur pour le developpement de cette loi; il developpe successivement }es trois propositions suivantes : i^. Les grands empires doivent lenr formation an pouvoir absolu concentre entre ies mains d'un seiil on de plusieurs. 2o. La lutte des dissidcnces populaires contre Tanite monarchiqne , et \e delaiU de cohesion entre des popu- lations differentes, reiinies par la conquete , causent le morcellement des empires. 50. Le pouvoir absolu, source de Tespritde conquete, reconslitue les grands empires , comme il a preside a leur formation. En terminant , M. de la Saussaye reconnait que , s'il est impossible d'echapper a la loi de progres , de chute et de renovation, qui est la lol providentielle, neanmoins apres chaque revolution sociale , la civilisation , un mo- ment arretee dans sa marche , reprend son cours avec de nouveaux avantages. M. Parmentier s'attache a demontrer qu'une double force preside a la destinee des empires,la force physique on materielle et la force morale. A I'enfance des societes, eomme I'cxprime Vico , la force physique , en se de^ ployant a Taide de la conquete, fonde les grands empires et les compose de nations diverses et d'elemens hetero- genes ; mais ces elemens hcterogenes , incompatibles entr'eux , ne tardent pas a se combattre et a se scparer violemment ; de la les morcellemens des empires ; I'his- toire est feconde en exemples de ce genre. Cepcndant il existe une autre force moins destructive , et qui cree au lieu de porter la mort : c'est la civilisation a laquelle le christianisme a tant ajoute. La civilisation , par son influence bienfaisante , tend constamment a retablir k palx et I'unite parmi les hommes. Grace a ses efforts, les barrieres s'abaisscnt, les animosites nationales se calment et disparaissent , et une sorte de confraternite vient iinir tous les pcuplcs. — 203 — M. Bouthors est ensiiite entendu. Suivant lui , une loi imiforme , qui regit les nations comme les individus , domine siir Fhumanite. EUe assujetit tons les etres a des conditions de progres-, de decadence et de renovation. Uauteur de cette loi, c'estla providence. Toutnait pour mourir, tout meurt pour renaitre. Les societes , comme les hommes , passent de I'enfance a la jeunesse, et subis- sent ensuite differentes transformations. Dans leur jeu^ nesse , en vertu de ce principe de vie et de force qui les anime , elles ne tendent qu'au mouvement et sont portees a s'agrandir. Plus tard, un autre esprit les dirige, d'autres necessites les entrainent, etsi des morcellements rompent leur unite , elles tachent du moins de conserver leurs debris , en composant des Etals federatifs. M. Quenson insiste de nouveau sur cette observation : que si la conquete est la loi ordinaire de I'agrandissement , et I'extension , celle de TafFaiblissement et de la mine , il faut aussi placer au devant d'elles , et comme point d'arret a leur action , la marche de la civilisation ; qu'en developpant la preponderance de Findividualite , et en pepandant partout Tunite despensees ,celle-ci tend bien plus evidemment a reunir les peuples en confederations qu arecomposer de grands empires aux depens des autrcs ctats. Qu'advienne , en effet , en Europe , I'esprit de con- quete , tout aussitot la civilisation federative se levera pour le refouler sur son territoire. M. Gaillard, rentrant dans I'opinion emise par M. Par- mentier , etablit une grande difference entre la force brutale et destructive qui subjugue le monde et la force creatrice qui le civilise. Pour assurer la conquete , il suffit qu'un peuple ait de bonnes armees , une tactique habile etinconnue, ou qu'ilinvente des armes nouvelles superieures a celles de ses ennemis. La civilisation au contraire est le fruit de rapports mulliplies entre les peu- — 20i — plesje resullat (lu commerce, de la navigation et descolo-' nies.Le monde esldoiic regipar une double force : Tune , I'd force brutale , produit la conqiiete et par reaction les. morcellemensdes empires qu'elle a formes ; Tautre , la force morale , reunit et reoompose les nations. M. Lenzpense que la quesiion, telle qu'elle est posea dans le programme , depend d'une autre question plus generale qu'il enonce ainsi : « En vertu de quelle loi les )* hommes tendent-ils successivement a s'unir en grands » corps , et a se fractionner ensuite, au moinstempo-* » rairement , pour reoomposer plus tard un nouveau V corps sur des bases plus larges ? La question ainsi posee lui parait immense , parce qu'elle comprend I'his- toire des revolutions politiques, religieuses, morales et intellectuelles des peuples. Pour trouver une reponse satisfaisante , il serait indispensable de constater I'exis-- lence de cette loi , par le plus grand nombre possible de faits incontestes ; et lorsqu'une fois Texistence en, serait prouvee , I'examen de la loi elle-meme fournirait la reponse et la preuve aux trois questions suivantes : io. L'humanite tombe-t-elle d'une perfection primi- tive dans une decadence progressive ? 2'>. Est-elle condamnee a tourner eternellement dans, im cercle de misere dont elle ne pourra jamais sortir ? 50. Marche-t-elle au contraire vers une perfectibilite indefinie ? M. Lenz abordant successivement ces trois questions, combat les ecrivains qui ont resolu affirmativement lea deux premieres et sur la troisieme il pense que l'huma- nite est indefmiment perfectible , et que le christianisme a lui-meme pose la loi du progres social. Ce point etabli. si Ton admet , dit-il , que I'liomme tend sans cesse a la perfection , et que cliaquc progres est une modification ticnsible dc I'etat primitif de la societc , il s'ensuit qu'oa doit regarder comme inevitables ces revolutions dlverses tantot violentes , tant6t paisibles, qui desunissent mo- mentanement le corps social, pour le recomposerde nou- veau, en yfaisant enlrer lelement modifie. M. de Reiffenberg , repondant a uno objection qui a ^te faite contre I'essence de la question ^ convient que cette question est toute metaphysique; mais, dit-il, c'est plutotpour lui une raison de s'applaudir que de seplain- dre; car I'histoire releve immediatement de la philoso- phic. Elle est I'expression des idees dont la philosophie s'occupe ; sans la* philosophie elle ne presente qu'une sterile enumeration de dates, de faits et de noms* M. de Keiffenberg ajoute, qu'apres avoir ecoute attentivement les profonds et judicieux raisonnemens des orateUrs qui I'ont precede , il s'est confirme dans Topinion qu il avait ^mise , oil plutot sa conviction a pris une energie nou- Velle. 11 lui semble que , sauf de legeres modifications , il est d'accord avec tout le monde. Reunissant done les differents points de vue d'oit les preopinants sont partis, sansrenoncer a sonprincipe fondamental, il propose de poser ainsi la/oicherchee, enfaisant remarquer quilest impossible de I'exprimer avec une concision algebrique. « Deux forces gouvernent Tunivers, toutesdeux sub- it ordonneesa la loi supreme de T unite: la force physique » et la force morale ; La force physique se manifesto » d'abord ; vient ensuite la force morale ; mais celle-ci » trop faible d'abord se laisse vaincre, puis, plus heureuso V elle reprend sa revanche ; de sorte qu apres plusieurs » d^faites et plusieurs reactions, oii, quelles que soient » les apparences materielles , sa puissance s'accroit , » tandis que celle de la force physique diminue, I'empire » reste en definitive , a la force morale , et la loi de » Tunite est accomplie : alors plus de conquetes , phis » de Uittos brutales ; le monde presente rharmouiei«x — 206-^ n spectacle d'Etals parfaitement en equliibre par Fetoti- » due dii terriioire , par I'egalite des ressources , par la » similitude des besoins , par la sympathie des idees* a Plusieurs membres penscntquecette solution pourrait ^tre legerement* modifiee dans sa redaction. Elle est renvoyee a Texamen du bureau de la section et son adoption estajournee a demain, a Touverture de la seance. Un membre propose de renvoyer a la 5"^^. section ( beaux arts ) la 8^. question du programme relative au point de-savoir « a quelle e'poque , on a cesse' dans les y> Gaules , d' employer avec profusion le marbre dans les » constructions publiques et particulieres? w Cette pro- position est adoptee et le renvoi prononee. La discussion est ouverte sur la 6"^^. question : « Quelle » etaitla destination successive des cryptes; desnombreux » souterrains que Ton trouve particulierement dans les » departements du Pas-de-Calais et de la Somme; quelle » date assigner a leur construction ? » M. Quenson recherche I'origine des cryptes. II en existait chez les Germains ; dans les guerres , ils s'y reti- raient avec leurs bestiaux etleurs recoltes pourechapper a la fureur de I'ennemi. Les souterrains du Pas-de-Galai* ont ete creuses dans un but semblable. On y retrouve encore des traces nombreuses du sejour d'hommes et d'animaux. M* Quenson fait remonter au 9^. siecle , a Fepoque des terribles ravages des Normands , Forigine de ces cryptes* M. de Givenchy , s'appuyant de Tautorite de Fabbe Lebeuf , assigne aux cryptes la meme origine que M. Quenson. Mais ily a cependant, dit-il, d'autres especes de cryptes oude retraites qui , dans la primitive eglise, servaient aux sacrifices des Chretiens. M. Gaillard dit que , dans son pays ( en Normandie ) , il y a des puits ou d'autres cavites caches dans les forets. fees souterrains allant d'un lieu a un autre existent egak- ment dans presque tons les vieux chateaux. II a vu lui* meme les souterrains de Rou ou Rollon. Sous les Ro- mains , il y avait des reduits de ce genre dans tons les lieux fortifies , et Ton sait aussi de quelle maniere Sabi- nus et Eponine^ du temps de Vespasren , vecurent long- temps dans unsouterraininconnu. Toutefois ces cryptes ne doivent pas 6treconfondues avec les cryptes religieu- ses et les catacombes ou Ton deposait les restes sacres des martyrs. M. Dupont ( directeur de la poste ) , parle des cata- combes de Rome et decelles des localitescirconvoisines; les unes ont servi de refuge aux patres , d'autres sont de veritables habitations avec des portes et des fenetres : telle est notamment celles que renferme la Civita-Cas- tellana. M. Dupont en cite meme qui ont des frontons, des decorations et des peintures. M. de la Fontenelle dil: que dans I'ouest de la France, on ne donne le nom de crypte qu'aux chapelles souter- raines , construites sur les tombeaux des saints. 11 existe bien dans le haut Poitou , des cavernes qui ont pu servir de refuge momentane a la population ; mais elles n'ont point les caracteres particuliers des cryptes du Pas -de- Calais. II en est de meme des cavernes ou souterrains que M. de la Fontenelle a rencontres dans le bas Poitou , dans les contrees qu habitaient les Agesinates. ; , ., M. de Givenchy admet avec I'honorable preopinant , que le mot crypte est plus ordinairement employe pour designer les chapelles souterraines qu'on vient de men- tionner ; mais il soutient que le mot crypte qui vient evi- demment du mot grec krupto, est plus proprea designer des cavites hypogees destinees a servir de retraite cache'e , que le mot souterrain qui est plus general. Les galeries d'une mine de houille , les immenses salles des — 208-- mines de set de Salzburg et autres, sont des soiiterrains, liiais ce rie sont pas des cryptes ; c'est done avec raisort que , dans le cas particulier , on a employe cette deno- mination. II admet en fait qu il y a eil des cryptes dans les Gaules , meme avant i'invasion romaine , beaucoup d'auteurs en parlent ; irtais il pense qile Forigine del celles qui font Tobjet de la question dont il s'agit , ne peut gileres remoriter au-dela dei I'epoque oii les Romainsont commence leUr invasion en France. L'orateuV donne a Tappui de son opinion la description detailleel d'une de ces cryptes , recemment decoitverte a Ervillers, pres de Bapaume , dans laqiielle on reConnait parfaite- ment a qiiel Usage ont ete employees les difFerentes chambres souterraines etablies des deiix cotes de la galerie principale , conduisant a la grande salle habitee? alors par les hommes qui s'y etaient refugies ; les une& servaient a la volaille , d'aUtres Bxtx pores , aiix mou- tons , aux vaches , aitx chevaiix , etc. , etc. , des signes certains , encore visibles, ne peuvent laisser aricune inde- cision sur la destination de chacune d'elles. II est done evident qife cette Crypte a servi de refuge a une ou plu- sieurs families qUi ont voitlit se soustraire au pillage d'en-^ nemis qui envahissaient ce pays ; il est probable que ce fut lors des irruptions repetees desNormands dans le 8®, et le96. siccle.On a meme remarqUe dans la crypte d'Er- yiilers, des ossemensd'animaux, de volailles, etdes traces de clous et de fumee , qui pouvaient faire presumer quelle a pu servir encore de retraite aux paysans , a une epoque plus rapprocheede la notre. M. Quenson formule uae solution , dont Tadoption est remise a demain. La seance est levee. ~ 200 ^ P STANCE Dll SAMEDI 12 SEPTEMBRE. • Presidcnce de M. Reiffenbebg ( dc Louvain. ) Le proces-verbal de la seahce d'hier est adopte, aprc's 'quelques observations de M. de la Saussaye. L'ordre dii jour est Texamen de la solution formulee par M. Quenson , sur la 6^. Question (celle des cryptes ion retraites souterraines. ) M. de Givehcliy declare que Tintentibn de I'auteur de cette question a ete qu'elle flit discutee d'une manierfe plus etendiie que ne semble Tindiqiier la redaction dii programnie : oil a paru vouloir se borner a rechercher I'origine des cryptes des departemens du JPas-de-Calais et de la Somme ; mais il en existe dans beaucoiip d'au- tres provinces ; et puisque la section ne parait pas prepareea elargir ces.recherches, il propose que cetle question soit renvbyee a la prochaine session dii Congres* MM. Quenson et de la Fontenelle desirent qu'elle Soit au moins decidee des a present, pour ce qui regarde l^S departemens du Pas-de-Calais et de la Somme. M. Tailliar dit quelques mots des cryptes dii nord de la France , qui , avant de servir de retraites aiix po- pulations , ont ete des carrieres; les habitans, dans des irruptions soudaines, oiit profite des cavites existantes^, lorsqu^ils n avaient pas le tems d'en cretlser. M. Gaillard parle des invasions diverse^ des Gernyainsy qui remontent a Marc-Aurele , ce qiii reculerait Forigiri'e et Temploi des cryptes. La solution de M. Quensdri modifiee , est mis€ aux Toix et adoptee; elle est ainsi congue : « 1^ destination 3) des Cryptes on plutot des nombreux souterrains qife > Ton trouve dans les departemens da Pas-de-Calais et i) de la Somme, a ete d'abriter lesfiabitans et leurs recol- y) tes contre les intemperies des saisons , et sur-toiit » contre I'invasion des ennemis. — 210 — 1 La date de Torigine des souterrains existans dattf » les deparlemens sus-enonces , ne peut etre fixee avec » certitude a line epoque plus reculee que celle de Tin- > vasiondes Normands, au 9^. siecle.> M. de ReifFenberg annonce que le bureau s'est occupe de nouveau de la 5™e. question, et qii'il s est arret© defmltivement a la redaction suivante : « Deux forces > gouvernent runivers , toutes deux subordonnees a la > loi supreme de I'unite : la force physique quiproduit x> la conquete, et la force morale quideveloppe la civili- » sation. La force physique se manifeste d'abord , vient » ensuiie la force morale; majstrop faible, celle-ci siibit » le joug ; puis , plus heureuse , elle obtient la victoire » a son lour : de sorte qu'apres une alternative de defai- )) tes et de reactions oii , quelles que soient les appa- » rences materielles , sa puissance s'accroit tandis que X celle de la force physique diminite , Fempire reste en » definitive a la force morale et la loi de I'unite s'accom* » plit, Alors plus de conquetes , plus de litttes brutales, » et le monde represente I'harmonieux spectacle d'fitats » p arfaitement en equilibre par I'etendue du territoire, » par Tegalite des ressowrces , par la similitude de& )) besoins et par la sympathie des idees, » Cette rc^daction est definitivement adoptee. M I'abbe Piton-Desprez presente a la section im© communication archcologique sur lesthermes remains, decouverts a Coutances ( departement de la Manche ) , en Janvier lS5o. La section lui vote des remercimens. M. Bouthors ,gre{rier enchef delacour royaled'AmienSy lit un rapport sur les coutumes locales du baiUiage d'A- miens , considerees comme monumens historiques. M- Bouthors a decouvert dans les archives du greffe dont le depot lui est confie , pres de 400 chartes conte- nant la declaration des coutumes locales des com tes , baronies, chiitellenies, seigneuries , vidamees, prieures I et^ciievirlages, situesdans leressort de rancieilbailliage d'Amiens. Toutes ces piece^ inedites sont revetues dc raiUhenticite la plus irrefragable. Elles ont ete redigees en 1507 , par suite d'une mesuro generate ordonnee par le roi Louis }tll , dans le butde fixer le droit coutumier de toute la France et de preparer dans iios lois , cette re forme tant desiree dont notre siecle vient seulement de voir raccomplissement. Cescoutunies jettent un grand jour sur I'histoire de nos provinces au moyen-iige ; c'est peut-6tre pour I'etude des ilia^urs de la Picardie et de FArtois , le document le plus complet et le plus curieux que nous ayons. Lescoutumes des huit prevotes du bail- liage d'Amiens , embrassant I'espace compris entre la Somme et Tournay , etaient primitivement au nombre de430; d'apres le recolement fait par M. Bouthors, sur un inventaire de 1559 , il en a retrouve 558. M. Bouthors signale , dans son rapport, les copies authentiques de trois chartes de communes , en style pi- card , concernant : l^. le village de Marquion , du mois de decembre 1258 ; 2o. le village d'Oisy, du mois de niai 1216 ; 5<^. le village de Riquebourg St.-Vaast , du mois de fevrier 1250; les deux premieres, octroyees par Jehan cbatelain de Cambrai , et la derniere , par Jehan abbe de St.-Yaast d' Arras. La piece la plus importante , signalee par M. Bouthors , estlacopie d'unecharte dont I'original est d'autant plus a rcgretler ^ qu'elle fait remon- terl'origine descoutumes d'Henin-Lietard , a Tan 1045. M. Bouthors cite une serie de coutumes singulieres et feodales , toutes piquantes ou curieuses , tirees des chartes qu'il a analysees. La section ecoute avec la plus grande attention la lecture de ce memoire remarquablc, emet le vo3u qu'il soit imprime dans les memoires du Congres. * * Voir ci-apres ce rapport dans la seconde partie. La seance est levee apres qiielques observations rapMeg de MM. Emmanuel Gaillard et Tailliar , sur rantiqiiit^ et rorigine des communes en Normandie, et dans I'Artois et le Gambraisis. STANCE DU DIMANGHE 13 SEPTEMBRE. PresidenCc de M. le baron de Reijffenberg (de LouvainO Le proces-verbai de la seance d'hier estlu et adopte'* II a ete remis a la section un memoire de M. Caffin de Sapigny , sur les avantages et les inconveniens dU regime feodal. M. Tailliar en presente I'analyse. La sec- tion arrcte qu un apergu de ce travail sera insere dans les memoires du Congres. * M. Spencer Smith a egalement remis line note sup une question renvoyee par le Congres de Poitiers : celle de savoir oil se trouve Vendroit precis de la bataille Ivvre'e en 752 , par Charles Martel aux Sarrasins, La section ecoute avec interet la lecture de cette note ; et attendii que quelques personnes designees possedent sur cette question d'autres renseignemens topographiques plus posilifs , elle renvoie la question au prochain Congres. La discussion s'ouvre sur la l^e. question du pro- gramme. « La religion des Gaulois avait-elle puise a la religion » Egyptienne , avant la conquete des Romains? » M. Quenson a la parole : la question lui paralt pre- senter des difficultes serieuses , et il deplore surtout rincertitucle des documens que nous ont laisses les Romains qui , a part leur esprit de nationalite, n'avaient entrevu la religion Gauloise qu'a travers le prisme de leurs idees religieuses , a-peu-pres comme au moyen- age , on donnait des costumes d'une autre epoque aux * Voir cette analyse dans la seConde partic de ce valurae. — 215-^ Priiides et aux aneicns Bardes, a qui memo un aiUeur dit iS*'. siecle , attiibuait des armoiries ou figuiaiont sur im fond d'aziir , ime couchee de serpents surmontee de gui et de glands de Sinople. — Cependant faiite de mieiix, il Caut user de ces documens , sauf a; les completer ou a les critiquerpap des faitsou des probabilitesliistoriques. Une premiere observation a faire , est que la religion nationale de la Gaule avait ajoute au monotheisme pri- mitif des Druides, le culte de quelques nouveaux attributs dont elle Tavait revetii , et qu'elle avait en outre , facile- ment admis des idoles et des emblemes etrangers. Ainsi, selon de graves autorites, Teutate's ne serait autre que h TaauUs des Pheniciens , et le Thctn. de VEgypte>; VOgmion onHercule Gaulois ySemt le meme que VHer- cule Phenicien , qui lui-meme avait ete emprunte d'une autre religion orientale. E|e plus, parmi les divinites gauloises se trouvait Isis : son existence est pronvee par des statues et des inscriptions,. Mais Cesar n'en parle pas , et les documeps produits ne constatent pas I'intro- duction de ce culte avant Firxvasion romaine ; ainsi il resterait a demontrer par d'autres elemeijs, sa preexis- tence a Tepoque de Cesar. Or , pour etablir ce point , Yoici les documens principaux dont se pre vaut M.Quenson ; io, Un passage de Tacite qui affirme Texislence du culte d'Isis en Germanie, culte dont cet hisjorien u'a pu decou- Yxir Torigine , ce qui tenioigne assez de son anciennete , et qu il indique lui-meme comme apporte de I'etranger; ^o.Les divers etablissemeps formes en Italic par des Grecs qui avajent puise ^ la religion egyptienn^, dont ils transmirent les traditions a la Gaule ; 30. La colonic des Phoceens a Marseille , et cette autre colonic de Doriens , descendue a rembouchure du Jlhone ; 4'<*, h>x frequentation de Marseille par les Gaulois, qui nllaient s'habituer et s'associer a sa civilisation , a son kngage et a ses idees religieuses ; 5<*. Les rapports comnierciaux de la Bretagne et do la Gaule avec Carthage et les Pheniciens ; 6^. Enfin les nombrcuses migrations des Gaulois a travers Tltalie , la Germanic , et jusqu'en Asie. Tons ces divers docnmcns permeltent de croire que la religion des gaulois avait pu puiser a la religion egyp- licnne , memo avant la conquete des romains. M, Lenz dit que la ressemblance de cultes et d'idees religieuses entre des nations eloignees Tune de I'autre, ne prouve pas que leurs cultes se soient melanges. Les Egyptiens ne furent pas les premiers dans la civilisation orientale. Les Indiens les ont precedes , or la langue indienne et la langue teutonique se ressemblent , ce qui ferait croire a des relations bien plus anciennes , qui pourraient meme conduire a admetlre que tous les peu^ pies ont la meme origine et que tous ;, dans le principe , ont eu une religion commune. En partant de cettehypo- tliese , il faut reconnaitre aussi sans doute qu'il existe cntre la Theogonie egyptienne et celle de la Gaule de veritables analogies ; cependant cos deux religions ne sont pas assez bien connues pour qu'on puisse avancer avec certitude , que Tune a puise aTaulre. La question doit done etre ajournee jusqu'a ce quelle puisse etre plus amplement eclaircie par de nouvelles decouvertes ar- cheologiques. M. Tailliar : dit que deux considerations principales le portent a admettre la possibilite , la probabilite meme <[ue la religion Gauloise ait puise , sinon a la religion figyptienne directement , du moins aux religions orien^ tales avanl la conquete de Cesar. Ces considerations sont: i^. Les ra[)ports multiplies des Gaulois avec les autres nations de la tcrre , leurs migrations nombreuscs , Icur — 215 — esprit d'aventure ; et les coloaif s etranjreres qui furent fondees sur le territoire des Gaiiles , notammeni celle des Phoceens a Marseille, 630 ansavant Jesus-Christ. 2o. La facilite du polytheisme a admettre des idoles et des Dieux etrangers, , M. Isidore Lebrun ajoute : qu*a la verite I'existence et la civilisation des Egyptiens etaient assez concentrees ; que leurs idees religieuses etaient peu repandues chez d'autres pcuples, et que les communications avec cette contree etaient peu faciles ; que cependant il n'est ni impossible ni improbable que les Gaulois dissemines partout , se soient procure des traditions religieuses de rOrient. Leurs rapports maritimes , surtoutpar les mers du Nord , ont pu faciliter I'introduction dans les Gaules du polytheisme oriental. M. Gaillard pense que , si Ton reconnait dans la Gaule des traces du culte egyptien , il est plus rationnel de les fixer au 2®. sieclede notre ere qua loute autre epoque. Ce n'est qu'apres la conquete des Gaules par les Romains, que le polytheisme s'y est developpe. Est-ce d'ailleurs en Egypte qu'on est alle chercher des idees religieuses et des divinites ? Suivant Diogene-Laerce , les Druides etaient les Mages de la Gaule ; cette expression indique- rait plutot des rapports avec la religion des Perses. Le Druidisme , importe dans la Celtique des contrees sep- tentrionales de I'Europe , ne remonte pas a pUis de 600 ans avant Jesus-Christ , et il ne porte ni dans son culte ni dans ses doctrines , aucun caractcre egyptien. La colonic de Marseille n estpointegyptienne, maisgrecque. Le seul peuple qui paraisse tenir i& I'Egypte , ce sont les £trusques. Mais les Gaulois , loin d'avoir avec les fitrusques aucun lien de confraternite , leur firent la guerre et n'eurent avec eux aucuns rapports religieux. Tout ce qu'on trouve d'oriental duns les Gaules, se born^ a quelques vestiges dii ciilte d^lsis ; et Ton n*en saurait conclure que les Gaulois oussent, avant la conquete des Remains, puise a la religion egyptienne. M, de la Fontenelle est d'avis que les communications maritimes des Gaulois avec les autres peuples et leurs excursions , tant au nord qu'au midi , avaient pu meme avant Cesar , introduire dans les pays des traditions reli"^ gieusesde I'Orient, eiil conclut dansce sens. Toutefois, il desirerait que de nouvelles reolierches faites avec soin dans divers pays , sur la raythologie gauloise, permissent d'esperer des renseignemens plus certains. II se reserve de presenter apres la discussion , une proposition spe- ciale a cet egard. M. Le Glay a la parole : Suivantlui, la religion figyp- lienne et la religion Gauloise sonttrop peu connuespour qu'on puisse preciser avec certitude ce qu'il y eut de Oommun entre leurs divinites ; ce qui parait certain , c'est que I'Orient , point de depart des nations , a ete aussi I'origine et le berceau de toutes leurs croyances re- Irgieuses , et que \e monotheisme reconnu pour avoir ete la religion primitive de tons les peuples , s'est peu a peu Iransforme cliez la plupartdes nations de I'Orient en theo- gonie multiple et en idolatrie ; c'est en Orient sur-tout que h pensde religieuse se materialisa de bonne heure , et que Timagination et la credulite du vulgaire peuple- lent le mondes d'idoles et d'emblemes de tous genres , empruntes a tous les objets vivants ou inanimes de la creation. Si done on veut resoudre la question, il faut so borner a dire, sans designer I'Egypte nominativement, que I'Orient a propage dans I'Occident la plupart des croyances du polylheisme, M. de la Saussaye exprime le regret de navoir pas su que la question qui s'agile en ce moment cut etc remisa iV la seance d'aujourd'iiui, et de n'avoir pu par conse^ — 217^ qucnt f se preparer a la resoudrc ; il pense que pour la trailer avee methode,il faudrait d'abord bien determiner en quoi consistait la religion des Gaulois, avant Tarrivee iles Romains; distinguer ee qui appartenait au fetichisme primitif , au monotheisme des Druides et au polytheisme Gaulois, qui ne devait etre qu'une adoration des divers attributs personnifies du dieu unique des Druides. Ces attribuls de pouvoir supreme, de force, de courage militaire , de protection , de commerce , lirent croire aux conquerants que les Gaulois adoraient Jupiter , Hercule, Mars, Mercure... Mais est-il bien demontre que les Gaulois adorassent de veritables simulacres de ces differentes personnifications de la divinite? M. de la Saussaye pense que non , et que rien n'autorise suflisam- ment a croire que le Gulte d'Isis et des monumens con- sacres a cette divinite , aient existe dans lesGaules avant la conquete romaine , apres laquelle Isis et son culte s'introduisirent et devinrent tres-populaires dans ce pays. La discussion est fermee ; le bureau de la section pro-^ pose la solution suivante. « Tout porte a croire que meme avant la conqudte » des Romains , la religion gauloise avait puise aux » sources communes des religions orientales , plutot » qu'a la religion egyptienne. » Cette solution est adoptee. M. de la Fontenelle presente ensuite une proposition ainsi con^ue : « Invitertoutesles societes archeologiques » de France, et lesarclieologues en particulier, a s'occii- » per de la mytliologie gauloise locale , afin de pouvoir i> arriver a la connaissance de la mytliologie gcnerale » des Gaules. » La section adoptc cette proposition ; elle renvoie 1^ question a la procliaine session. — 218 — La discussion s'ouvre ensuite sur les questions mone- taires;la dixiemc proposition est adoptee en ces termes: M Emettre le voeu que dans chaque province , et meme » dans chaque ville , il soit publie une histoire mone- » taire. »> La seance est levee. SfiANCE DU LUNDI 14 SEPTEMBRE. Prcsidence de M. de Reiffenberg (de touvain. ) Le proces-verbal de la seance d'hier est lu et adopte'. La discussion est ouverte sur la 11®. question: c Re- > chercher les raisons qui firent substituer, sous la * seconde race de nos rois, la fabrication presqu exclusive » des monnaies d'argent , a celle des monnaies d'or » presqu'exclusivement ejiployees sous la premiere » race? •> M. de la Saussaye regarde comme peu etonnante la circonstance de la multiplicite des monnaies d'or sous la premiere race ; a cette epoque , le systeme monetaire romain s'est maintenu, et Ton sait que les monnaies d'or etaient communes chez les Remains ; ainsi sous la premiere race de nos rois, le tiers de sou dor etaitfrappe d'apres le systeme romain ; plus lard, les monnaies furent battues , suivant un autre systeme qui entraina le chan- gement de metal. En terminant , M. de la Saussaye invite M. Hermand , membre de la Societe des Antiquaires de la Morinie , a developper, au sein de la section, quelques observations qu'illuiacommuniquees en particulier, et dontla justesse I'a frappe. Tons les membresse joignant aM. dela Saus- saye, M. Hermand a la parole: II regrette de n'etre point prepare a traiter la question enoncee dansle programme, question que , dans I'etat actuel des connaissances iiumismatiqucs , il regarde comme insoluble j voulant — . 219 — ' loiUofois deferer a rinvitalion flatteiise de ses collo- gues , il presentera quelques idees , qu'il aiirait desiro poiivoir miirir , et qui n'ont qu'un rapport eloigne avec fe sajet en discussion ; il reclame done I'indulgence de rassemblce: « Les Celtes ou Gaulois, ditM. Hermand, » ont cre^ d'abord un systeme monetaire particulier , » dont Tor ne fut pas exclu ; mais il dut necessairement » le modifier par le contact du type grec, introduit dans h la Gaule par Marseille , et plus tard , par celui du type » remain qui ypenetrapar la Provence avecla civilisation » italienne ; toutefois , ces modifications dans le type et » dans le systeme monetaire gaulois primitif, durent » etre proportionnees , pour les diverses cites de la » Gaule, a leur plus ou moins d'eloignement de ces deux » foyers de civilisation, grecque et romaine , qui, » places successivement dans le midi, laisserent les cites » du nord presqu entierement sous I'empire du systeme » monetaire primitif des Gaulois : ainsi , par exemple , » a I'epoque de I'invasion Romaine , il est tres vraisem- » Liable qu on frappait encore dans la Morinie et dans » les autres cites de la Belgique , les monnaies concaves » a un seul type; en eflfet , on en trouve souvent , meme » en or , dans cette partie de la Gaule , comme en » AUemagne et en Angleterre. » Les monnaies d'or devinrent tres communes lorsque » le systeme monetaire des Remains fut introduit en » Gaule , et pendant toute la periode Gallo-Romaine. i) Nous ferons remarquer en passant, que les tyrans qui »• y parurent durant ce temps , reprirent souvent dans » leurs monnaies quelques-uns des caracteres de barbaric » du systeme monetaire gaulois ; par exemple , le S » retrouve couche dans leslegcndes( ^ ), enestpresque » toujoursune indication. Les Francs et les autres penples » barbares qui succederent aux Romuins dans la Gaule , » y armeretit sans systeme monetaire bien determine jt » lis atlopterent celui des Romains , dans lequel For, » iouait im si grand vole ; aussi trouve-t-on un grand » nombre de monnaies d'or et d'electre des premiers » pois Merovingiens. Mais cette imitation du systeme » monetaire Remain, suivie sous les 5 on 4 premiers » regnes , ne tarda pas a s'afFaiblir; et sous les derniers » rois de la 1 ^e . race , on retrouve une nouvelle propensioa » a retomber , pour les monnaies y dans la barbarie » gauloise , ce que vient encore indiquer le S couche , » qu'on rencontre souventsur les pieces de cette epoque, » Une des consequences naturelles de ce retour au » systeme gaulois , fut encore la diminution de Tor fa^ » brique en especes monetaires , mais non touteibis son » exlusion totale. » L'avenement de la seconde race au trone , ne fut » pas seulement le deplacement d'une famille au profit; » d'une autre famille , ce fut bien plus la consequence i) d'un retour aux idees germaniques, en opposition aux, » idees romaines ou de civilisation , que les princes de » la premiere race semblaient avoir embrassees : aussi » en resulta-t il un changement complet dans le type et ^ dans la forme des monnaies que les Carlovingiens frap-. » perent dans la Gaule, il en resulta aussi I'introductioii » d'une monnaiebarbare, que lesGermains s'etaient creee » dans la partie orientale de ce pays, etquilui etait com-! » mune avec la Germanie. Pourquoi Tor parait-il avoir » ete exclu de ce nouveau systeme ? Je n'en connais au-s 3? cune autre raison nouvelle a apporter , que celle qui » est tiree de Tacite, au dire duquel les germains recber-i V chaient plus volontiers I'argent que I'or. Mais cette » exclusion parait avoir dure aussi long-temps que le » systeme lui-meme , qui se conserva jusq'ics sous le§ » 5 premiers rois dc la 5,^. race, » D Lapensee qui amena les Capetiens siir le trA'neVfill j) celle de la fusion des diverses races qui occupaient \6 » sol gaulois , dans une seule nationalile frangaisc ; aii n moins cette pensee fiit celle des successeurs de Ilugues- » Capet. Aussi vOyons-nous les princes adopter le i) systeme lournois , qui etait la representation de la » nationalite Gallo-Iberienne ou meridionale, et con- » server le Parisis , qui representait la nationalite fran-> » que ou germaiiiqile dans le nord. Avec le systeme » tournois , nous voyons reparaitre Tor monnaye ; mats » I'extreme nord du sol gaulois , la Flandre , par exem- » pie, oil s'etaient plus particulierement concentrees les » peuplades de race franque ou germanique , resta » sous I'empire du systeme Partsis, exprime par le mot » Florin adapte a I'unite monetaire. Et , chose bieii w remarquable , c'est qu'il fallul liri laps de temps bien )) long , pour qiie ce dernifer systeme adoptat Tor mon- )> naye : car , ce fut seulement sous Louis de Crecy , » vers le milieu du 146. siecle , quefurentfrappees des » monnaies d'or en Flandre. » L'assemblee exprime unanimement a M. Hermand , la satisfaction que lui ont causee les observations pleines de justesse , qu'il vient de lire , et qui annoncent autant d'erudition que de rectitude dans le jugement. M. Tailliar a la parole : Lorsque I'Empire romain s'ecroula de toutes parts , dit-il , it avait rassemble dans son sein et surtout a Roiiie, des masses enormes d'or et de richesses. A la prise de tlome par les Vandales et les Goths , en 455 , on mit 14 jours et 14 nuits a charger , surdes chariots innombrables, I'immense quantite d'objets precieux , que recelait la capitale de I'Occident. Suivant Gregoire de Tours , les tresors des rois Franks regor- geaient aussi de monc<,*aux d'or. Be la , la multitude des monnaies d'or frappees sous les rois de la premiere race; llii*en otait plus clememeapresle regno de Chailemagrie, Tor avail cii le temps de se disperser , et d^s-lors les monnaies d'argent durent devenir les plus communes* Les relations que les roisMerovingiensetles principaux Franks etablircnt avec I'Orient, pour se procurer de riches tentures , de la pourpre, des soieries , des etoffes d'un grand prix , et d'autres objets de luxe , contribua peut-^tre aussi a faire passer Tor dans les pays lointains. MM. de la Fontenelle et de la Saussaye font observer que , sous la seconde race , For se donnait au poids , ce qui laisserait penser qu'il n'etait pas alors aussi rare qu'on le croit. M. Jobard dit qu'il se pourrait , qu'a une certalne epoque , et a cause de la difficulte de graver et de trem- per les coins , on n ait pu suflire aux besoins de la consommalion. 11 fallua alors aviserau moyen d'y pour- voir , en ordonnant que les paiemens se feraienl par livres et onces d'or , et que les appoints seuls seraient frappes en argent. Plusieurs membres proposent le renvoi de la question auprochainCongres. Le renvoi est adopte. M. de la Fontenelle annonce a la section qu'il a un tra- vail pretet quivaparaitre, surlesminesd'argentdeMelle, en Poitou , travail qui se rattache a I'histoire monetaire. II est invite a presenter ce travail a la 4® session. M. Ducas ( de Lille ) parle d'une decouverte de nom- breuses pieces en plomb , trouvees recemment a Lille , dans les fondations du pout de Roubaix. La discussion est ouvertesur lad^e. question : << Existe- » il des monnaies romainesfrappeesau pays desNerviens, » des Atrebates , Morins ou Menapiens , avec une indi- » cation certaine de ce fait. » M. Arthur Dinaux pense que , sans pouvoir affirmer qu'il y eut dans ces contreesde grands ateliers monetaires sous la domination romaine, on pent neanmoins supposer que les gouverneurs des provinces avaient de pedt^s fabriques de monnaies destinees a la soldo des troupes que Ton transportait d'un lieu a un autre , suivant les Lesoins du service. Ce qui le prouve , c'est la grande quantite de monies a medailles hors de service , trouves a Famars dans un des egouts du chateau romain. Ces monies servaient a fondre ces medailles baveuses et irregulieres du bas-empire, dans lesquelles Fart est ausst altere que le titre. On en a trouve aux tctes de Trajan ^ de Dece , de Gordien , des deux Philippe , de Severina , etc. Lorsqu'un regne etait fmi , on brisait les types du souverain mort : c'est ce qui fait que les monies entiers sont si rares a rencontrer. M. Arthur Dinaux decrit Foperation materielle a Faide de laquelle on coulait ces monnaies, et il tire sa description de Faspect que pre- sentent les objets trouves. MM. de Givenchy et Hermand appuient ces conjectures qu ils fortiflent par la decouverte de semblables monies a medailles, laite a Brequerecques, faubourg de Boulogne, ancienne position romaine oil Fon trouve souvent des debris antiques. vj .J M. Le Glay propose de renvoyer la question au pro- chain Congres, en la formulant de la maniere suivante : cc Quelques fails semblent faire croire que les armees » romaines avaient a leur suite , des ateliers monetaires » ambulants , sans designation de lieu , et destines a In M fabrication des monnaies necessaires a la soldo des » troupes ; rechercher les faits nouveaux qui pourraient » appuyer cette conjecture. » Cette proposition est adoptee. M. Hermand litunmemoire tres-remarquable etplein derecherchesconsciencieuses, snrForigine des mereaux. Plusieur^membres demandejiit Fimpressionde ce memoire dans le compte-rendu ; M. Hermand repond qn'd fait partie dii 2^. volume des memoires dc la Societe des antiqiiairesde la Morinie, actuellement sous presse et que cc serait uii double emploi inutile. Apres cette lectu^e entendue avec interet par la section , la seance est levee. SfiANCE DU MARDI 15 SEPTEMBRE. Presidence de M. de Reiffenberg (de Louvairi. ) Le proces-verbal deladerniere seance estlu et adopte; La discussion est ouverte sur la 15®. question : « A » quelle epoque les comtes de Flandre ont^ls commence » a faire battre monnaie ? On croit savoir que leur pre- » miere monnaie d'or date de Louis de Crecy. » M. Lenz a la parole. II dit que des actes authentiques prouvent qu'effectiveraent de la monnaie d'or etait frappee en Flandre , du temps de Louis de Crecy ; il cite notam- ment une charte de 1556 , qui constate que ce comte de Flandre envoya a Bruges , une commission charge e de verifier Tetat de I'hotel de la monnaie de Bruges , et des pieces d'or et d'argent qui y avaient etd frappees. La solution de la question, dans ce sens, ne paraissanfc douteuse a aucun membre de la section , la discussion est fermee. M. de Gaumont lit une lettre de Mi Fernel, dans laquelle ce savant exprime le regret de n'avoir pu se rendre an Congres, pour y lire un memoire sur les fosses- Leroy , limitrophes de I'ancienne Normandie , et qui longent ou parcourent les departements dela Seine-infe- rieure , du Calvados et de I'Orne. La section decide qu'il en sera fait mention au proces-verbal ; et que le secre- taire-general sera charge d'ecrire a M. Fernel , pour I'engager a presenter ce travad a la 4®. session. A cette occasion, M. dela Fontenelle dit que du temps dp. la feodalite , II existait , en Poitoii , des separations du meme genre > formees de miirailles on de haies , et destinees a marquer les limites des juridictions des seigneul's. M. Quenson cite d'autres faitsa rappiii de cfdttcf opinion . M. Lenz ajoute qile cos demarcations avaient pour but de prcvenir on de diminner les sitjets de guerre , trop fre^ qnents h cette epoqlie ^ entre les possesseurs de (iefs^ M. Ganvin cite les fosses de Robert le Diable , etablis en 1098 , par Robert II , comte de Bell^me , ponr ga- rantir son fief des attaqiies d'Hdlie de la Fleche , comte du Maine. Ces fosses formaient uh circuit d'environ trois lieues d'etendite. La discussion est oiivertesur la T^.qUestlori: u Iteclier- 5) cher pourquoi , comment , oil et a quelle epoque ont » ete fixees les regies de la science horaldique? » Pour faciliter la discussion sur cette question qiii est complexe , la section decide qu'elle sera divisee en trois parties , savoir : io. Pourquoi les armoiries ont-elles ete inventees ? 2^. Comment les armoiries se sont-elles introduites? 3®. Oil et a quelle epoque les regies de la science heraldique ont-elles ete fixees ? Apres un debat dans lequcl sont succossivement en- tendus MM. de Reiffenberg , de la Saussaye , Quenson , de la Font(^nelle, Tailliaret Le Ver, le bureau propose et la section admet, sans opposition, les solutions snivantes: lo. Pourquoi les armoiries orit-elles ete inventees?— Reponse : « A caiise de la necessrte pour les seigueiirs » feodaux , d'adopter des signes distinctifs- d^iis les » guerres , dans les joiites et les tournois , et aussi dans » la vue de constater I'origine , les droits , les alliances » et les rapports des families. » 20. Comment les armoiries se sont-elles introdui(e&, ^ i5. — S26 — •i— tloponse : « En employant des emblemeset des signed » qui rappelaient le plus souvent un nom , une localite, to tin fait eclatant, ou des habitudes guerrieres. » 50. Oil et a quelle epoqite les regies de Tart lieral-* dique ont-elles cte fixees? — Reponse : « II est probable » que les marques distinclives qui ont servi de base h. » Tart heraldique, se sont manifestees sur divers points » de I'Europe , a pen pres en meme temps , et au retour » des croisades. Rien ne prouve du m^oins qu'on doiVe » reporter a une epoque anterieure, la creation de » ces regies. » M. le comte Joseph Straczewicz offre a la section , im exemplairc de Touvrage intitule : Numismatique du moyen^ 4ge , conside're'e sous le rapport du type , par M. JoAcmirf L*:lewel. La section , aunom duGongres , accueille avec reconnaissance , I'hommage de cette production ti^es- remarquable , quelle croit devoir recommander a I'atten- tion toute particuliere des personnes qui s occupent de cette science. M. de la Fontenelfe , qui vlent de parcourir rouvrage si plein d'interet et si recommandable de M. Lelewef, croit devoir signaler une erreur qu'il a remarquee a la page 55 du torn. 4^^. Le lieusitue en Poitou appele Fw/- taconum, dont parle Gregoire de Tours, et oua ete frap- pee la piece sur laquelle on lit le nom de Teudomer, n esC pas Glief-Boutonne , mais Voutegon, pres Bressuire et Argentan-Chateau , dont il est question dans la notice intitulee : Philippe de Comines en Poitou, Avant de clore cette seance qui est la derniere, M. le baron de Reiffenberg, recteur de I'Academi^ de Louvain, remercie , dans line courte allocution pleine d'expansion et de sensibilite', MM. les membres de cette section, de la bienveillance et de la courtoisie qu* il a trouvees dans- I'assemblee : c'est pour lui un veritable bonlieur , dit-ily ^ 227 -^ cVavoir pii assister aux iravaiix si intereSsants dii Coii- gres , a ses consciencieusos ci paisibles discussions. De retonr dans sa patrie , il s'effoicera deproitver de pliis en plus aux Frangais qui daigneront visiter la Belgique> tons les sentiments de reconnaissance dontilestpenetre. Cette allocution est accUeillie par d'unanimes appIaU- dissertleris. La section^ stir la proposition d*uri membre, vote des reniercimens a M. le president et a MM* les menibres du bureau. La seance est levee* •«1 ol tes Secretaires de la Section , Arthur IHNAllX {de Valenciennes.) TA^}J{,],imideDouai.) ,,Xe President de la Section , B" DE REIFFENBERG {d^ Louvain.) Le Vice -President , QUENSON [de Douai.) "if ^b 111) t)/ijpjM.j<59*i ^)on^i)fhfri jf. Mil ^J)b fW i .'>D 11310/ /'* i f, LITTERATURE , BEAUX ARTS et PHILOLOGIE. SfiANCE DU LUNDI 7 SEPTEMBRE 1835. J>residence de M.de CACMONT(de Caen). La seance est oiiverte a onz:e heures et demie. M. def Warenghieri pere , occupe le fauteuil comme president d'age , et MM. Delage et Parmentier font les fonctions de secretaires provisoires. On precede a la formation dii bureau definitif: M. deCaumont est nomme president, M. Yates , Tice-president ; MM. Delage et Parmentier sont maintenus dans leurs fonctions. M. do Givenchy depose sur le bureau un exemplaire du compte-rendu des travaux du precedent Congres , et deux pieces de vers de M. Le Flaguais , de Caen , intitules Tune : Impressions du present ; I'autre : Les e'preuves de VHu-^ manite. M. de Caumont appelle la discussion sttr la premiere question du programme. Elle est ainsi congue : « Quelle » est rinfluence respective dtt caractere des peuples sur J les langues , et de» langues sur le caractere des peu- > pies ; et par suite, en quoi la connaissance des langues- » peut-elle nous reveler le degre de civilisation et d'in* » telligence des peoples qui les parlent ? » L'importance de celte question amene diverses propo- sitions qui tendent a ce qu elle soit ajournee ou reuvoyee a I'examen de I'un des membres de la section. MM. Jul- lien , Gaillard etCorne sont successivement entendus sur — 229-^ ce point, et la question est renvoyee a rexamcn de M3f . Corne et Gaillard. La 2®. question dont I'objet est de savoir : « Pourquoi » <}ans le developpement de la civilisation fran^aise , le » progr^s de la litterature a devance la reforme poH- » tique > est renvoyee par le meme motif a I'examen de M. Rousseau. Vient la 3®. question , ainsi congue : < Quelle est en > general linfluence des revolutions politiques sur la > litterature ? » La discussion en est remise au len- demain , apres cette discussion , M. Arthur Dinaux lira son memoire sur les trouveres , du nord de la France » qu'il vient de depos.er sur le bureau^ La seance est levee. SfiANCE DU MARDI 8 SEPTEMBRE. ' xjnt aiTctc le developpeinenl du genie de I'architcctui'e, » inalgrc los progres immenses des autres aits etde Tiii- > dustrie? Quels seraient les moyens a employer pout' * lui reiidre tout I'essor desirable ? > La section consullee decide qu'on entendra immedia^ lenient M, Chatelain ; L'orateur examine d'abord I'etat de rarchitecture en Europe , antericurement au 17^. siccle ; a cet effet , il developpe I'esprit d'une association maconnique qui. a pris naissance en Allemagne vers le milieu du 15«. siecle, sous ie nom de francs-macons, « Ceite association, dit^ il, ne ressemblait enrien , dans son principe , a cellc qui est conniie de nos jours, et qui ne s'occupe que d'oeuvre^ de bienfaisance ; elle etait d'abord exclusivement com-' posee d'architectes ou plutot da magom-constructeurs. La superbe tour de la cathedralc de Strasbourg , cons-^ truite de 1275 a 1365 , sous la direction d'Erwin de Steinbach , et de ^^filz de Cologne , fut une des plus belles productions de cette association. Beaucoup d'au- tres edifices religieux furent egalement construits par elle , en Allemagne. Vers le commencement du 17®. siecle , le celebre et infortune Inigo Jones , surnommo le Vitruve dQVAngleierro , fut nomme Grand-Maltre des, franc^-maqoxis , mais a cette epoque desagtreu^e , I'Eu- rope etait dechiree par les qiierellos de religion ; il ne put empecher que des hommes de parti, etraqgers a Tart, ne s'introduisissent en grand nombre dans cette associa- tion, dont les loges devinrcntde veritables clubs politi- ques , ce qui ruina I'instilution ; neanmoins le grand siocle de Louis XiV parait, etdes chel's-d'cjouvre d'archi-, lecture s'elevent de toutes parts et suspendent les funes- les resultuts de la prolanation des loges maconniques. A peine ce prince a-t-il I'erme les yeux, que la decadence — 251 — de ce bel art se manifeste de toutes parts, et la barbarie revient a grands pas. » M. Chatelain attribue cette decadence de Tart , en France , aux hideuses debauches de la regence , aux faiblessesde Louis XV et aux malheursde sonsuccesseur, eomme aussi au vandalisme revolutionnaire. L'art , il est Yrai, semble un instant voulalr renaitre sous Napoleon, mais de facheuses rivalites en arretent I'essor. Telssont en partie les obstacles qui se sont opposes aux progres de rarchitecture monumentale ; mais le plus grand de tons, c'est la loi qui en regit la destinee. L'ora^ teur endeveloppelesdefautset conclutde ce qui precede: Que ies causes qui out arrete I'essor de cet art depuis le d7e. siecle, sont la destruction de la societe magonnique et I'incurie des rois qui so sont succede depuis lors ; que les moyens de reparer le mal sont : 1^. Le maintien de Fecole actu^lle en elaguant d'elle le romantisme ; 2^. la revision des lois existantes qui ouvrent la porte a la fraude et a la deception. Et il terraine enfin par la pro- position suivante : « Le Congres regarde comme un des moyens les plus » propres a rendre a I'architecture tout I'essor desira- » ble , les moyens materiels laisses a I'architecture pour » parfaire les monuments confies a ses soins ; en conse- n quence , il emet le voeu de voir reviser bientot la » legislation relative a I'execution de tons les monu- » ments construits au compte de I'Etat. » M. de Reiffenberg prend ensuite la. parole ; il pense que M. Chatelain aurait pu insister d'a vantage sur les rapports qui existaient entre la franc-maconnerie et la feodalite; il lui semble voir dans la foi religieuse et dans I'esprit communal deux causes de la splendour de I'ar- chitecture au moyen-age; I'orateur attribue la decadence dc l'art a la cessation de ces causes. ^232— - M. Ed. Dpneuville slgnale entre autres vices de la legislation relative a rarcliitectiire , robligation ou sa irouvent lesjeunes architeetes de soiimettrc leurs plans a uncomite ppisparmiles membres derinstitut, liommes respectables suns doute , mais qii'il regarde comme sta- tionnaires et pen propres a a|iprecier un art dont ils n'ont pas siiivi les progres. M. Lenz dit qu a la fin du moyen i^ge , lorsque I'archin lecture vrainient nationale prodnisait ces chefs-d'oeuvre devant lesqiiels naus nous arretons avec etonnement , I'artiste se preparait par de longs travaux dans les ecoles speciales appelees /o^'c^, etablies a Strasbourg et ailleurs. Membre d'une confrcrie independante , I'artiste etait a I'abri des caprices d'un controleur qui n'etait pas initio aux mysteres, 11 recevait des comniunautes religieuses et politiqucs que son genie representait , les moyens d& realiser I'idee qu'il avait con^Aie. Tout ce qu on peutfaire pour i'art , c'est d'ouvrir au genie une ecole oil il puisse essayer ses forces , et de lui donner de I'independance dans la creation , et les moyens materiels de realiser s£^ conception. M. Isidore Lebrun se plaint de Tirregularite des plans proposes. II s'eleve contre la conservation des ecoles. Il pretend qu il est impossible de subvenir aujourd'hui aux depenses qu'entraine I'entretien de nos vastes monu-^ mens, II fait entendre que le developpement de notro architecture ne pent ctpe espere desormais , parce qu'il ne pourrait s'operer qua I'aide d'immenses sacrifices, et que ces sacrifices sont impo,ssibles. 11 aimerait mieux voir employer en faveur des interets prives, des depenses qui ne sont consacrecs qua des oeuvrcs d'ostentation. « Dans notre siecle indu-blriel, dilril, ce sont les routes, los cananx , les chemins de ferqui reclament Tattention, bien loin que nous deYionsepuiser les ressoujccs del'etat — 253 — a elever des monumens remarqiiables , plutot pai^leur somptuosite que par leur lUilite. » M. Deneuville demande que les artistes soient livres a leurs propres inspirations ; 11 ne veut point de commis- sion d'examen centrale et eloignee dii lieu ou s'executent les travaux , mais bien une commission locale. M. Gaillard pense que le genie de Tarchitecture s'est arrete , parce qu'on suit encore aujourd'hui des idees etrangeres a notre epoque. C'est au zele pour la foi reli- gieuse , qu'il faut attribuer Terection de ces beaux mo- numens quifaisaientl'orgueil clii moyen-age. Cette cause inspiratrice n'existe plus denos jours. C'est Tindividualite quidomine aujourd'hui au lieu de I'union , dela coalition qui devrait regner parmi les construction de monumens d'architecture. M. Dupont pretend que I'art de I'architecture n'est nuUement en decadence ; et ilenatteste particulierement les monumens de la capitale, M. de Campigneulles divise la 7^. question en deux par- ties; c'est a la fois pour lui une question de scienceetune question de pratique : sous le premier point ,il confirme ce qu'adit3I. Gaillard, relativement aux causes de la de- cadence de I'art , a notre epoque ; et sous le second ;, il adopte les idees de M. Isidore Lebrun. 11 n'est, selon lui, ni utile , ni possible de donner un nouvel essor a Tarchi-. tecture ; il fautsonger , avanttout, asalisfairelesbesoins de la societe. L'esprit du siecle et nos institutions poli- tiques sympathisent pen avec les progres de I'art ; on ne saurait plus creer les monumens du moyen-age ; car , il serait diflicile que les fortunes privees , qui se trouvent si divisees aujourd'hui , pussent en supporter les frais. M. Brun-Lavainne s'etonne de voir trailer , dans la 5^. section , une question industrielle. L'indastrie , dit-ril , est ce qui tuo les arts muintenant. Y a-t-il ncces- ^254 — slted'encoiiragcrrarcbitecture, pendant que nous voyona lesarchitccics donncr a leursoeuvres, un caractcre oppose a celni qii'elles devraient avoir , et manqiier leur but ? M. Brun-Lavainne cite pour exemple, la Bourse de Paris et regiisc de la Madeleine , qui ressemblo plutot , la pre- miere a uneeglise, Tautre a un theatre. M. Gaillard pense que les orateurs qui ont parle avant lui s'ccartent de la question : Qu'on eleve aujourd'hui des monunients , c'est un fait incontestable ; mais on les eleve mal , on lesconstruit sans gout, avec la plus stricte eoonomie ; M. Gaillard emet le voeu : Qua I'avenir > tons les edifices aientun caractcre vraimcnt monumental, ce qui n'existe pas maintenant. M. Degeorges pense qu'il faut eonserver tout a la fois la libre concurrence et les comites d'examen appelea a controler les projets et le plan d€s artistes ; seulement ii demande que les comites soieftt composes d'homme& anciens et d'hommes nouveaux , afin que I'imaginatioa puisse marcher de concert avec rexperience. La con- currence est utile pour prevenir le gaspillage ; et les. comites, pour regler les inspirations de I'artiste. M. Maniez pretend que ce n'est point Tart de I'archi- tecture qui est en decadence , mais bien le gout du fasto dans les constructions. Selon M. Maniez , I'lnstitution d'un conseil superieur d'examen est bonne , mais les membrcs de ce conseil devraient etre renouveles perio- diquement. M. Deneuville dit que de nos jours , I'inspiration est nulie , tandis qu'au moyen-age , tout etait d'inspiration ; que depuis la renaissance , on n'a fait qu'imiter , que I'induslrie et I'art ne sont pas incompatibles , et qu'ils peuvent se developper parallelement sans se contrarier. M. Gaillard emet le voeu que I'Universite prenne des mesiirespour slimuler le gout de I'etude de Uarchitecturat M. le^ president, 'apres avoir resume la discussion, propose de repondre a la premiere'partiede lu 7^. ques- tion , de la maniere suivante : c Le Gongres signale comme une des causes de la » decadence de Tart de Tarchitecture monumentale » en France , 1«. L'esprit trop imitate ur iVuit des )j traditions de recole ; 2<>. la trop grande parcimonie w dans les constructions monumentales ; S^. enfin le > changement survenu dans la direction des idees rcli^ » gieuses et politiques. » Cette redaction est adoptee. M. Chatelain demande qu'en reponse a la 28. partie de la meme question , on adopte le vote qui termine son me moire. — Adopte, M. de Gaumont donne communication d'une question ^upplementaire , presentee a la commission permancnte, et renvoyee par elle a Fexamen de la section ; elle est concue en ces termes : « Quelle influence Tintroduction des instrumens en » cuivre dans Torchestre a-t-elle exercee, de nos jours, M sur le style des compositions musicales ? ». Cette nouvelle question est renvoyee a Tune des pro^ chaines seances. ^ Parmi les propositions renvoyees en 1854 , par la jiession de Poitiers , a celle de Douai se trouvent les deux suivantes : Premiere proposition faite par M. de Gaumont : « En considerant le morcellement des corps litteraires > resultant de la multiplication des Societcs savantes i) dans les villes les moins importantes , ne serait- » il point opporlun de former 20 grandes Acade- * mies provenciales de premiere classe , ayant chaeime 5> pour ressort , plusieurs departcmens , et divisecs , au « moins en quutre sections indepcndantes les unes des » awtres , ayant leurs bureaux distincts , et pubKant » separcment leurs memo'ires ? » Deuxieme proposition : « Nommer une commission chargee de faire , au pro- » chain Congres , un rapport sur I'origine et les travaux » des diverses Societes savantcs qui existent dans les » departeinens , dont lesnomssuivent : Seine-Inferieure, » Eure , Calvados, Manche, Oise, Pas-de-Galais, Nord^ » Seine, Seine-et-Oise, Eure-et-Loir, Mayenne, Sarthe^ » Indre-et-Loire , Maine -et- Loire, Loiret , Yienne , » Loire-Inferieure , Vendee , Charenle , Charente-Infe- » rieure , Haute-Yienne , Dordogne. » La section renvoie la discussion de la premiere de ce& deux propositions , a une des seances suivantes , et 1^^ seconde , a la 4^. session du Congres. La seance est levee, SEANCE DU MERGREDI 9 SEPTEMBRE. Presidence de M. de Caumont ( de Caen. ) Le proces-verbal de la veille est adopte : M. le baron de Reiffenberg lit quelques stances intitulees : Le Congres Universel. La section decide que la lecture en sera faite en seance generale. M. Arthur Dinaux a la parole pour lire un memoire §ur les trouveres Flamands. La section temoigne a M. Dinaux tout le plaisir que lui a cause cette lecture ; elle exprime le voeu qu elle soitrenouvelee en seance generale. M. Parnienlier fait observer que M. Dinaux parait avoir oublie dans la nomenclature des auteurs qu'il a cites , le nom- d'Adam de le Hale, et dans un apergu rapide et niele de citations t'aites avecgout, il rappelle que ce poete est un de ceux qui ont illustre la Flandre au 15<^. siecle, et qu il croit digne de prendre place parmi les premiers jiuteurs dramatiques en France, — 257 — M. Le Glay s^empresse de faire connaitre que ce n*est J)oint a I'ignorance qii'il faut attribuer le silence de M. Dinaux , sur Adam de le Hahy dont il s'etait occiipe deja "dans un autre ouvrage ; et il cite a ce propos quelqnes particularites biograpliiques sur ce trouvere. M. de ReifFenberg ajoute de son cote quelques nouveaux details sur ce m^me poete. II fait remarquer qu'on pourrait lui contester le titre de createtir de la poesie dramatique dans le Nord de la France , puisqu'il exisle en Flamand lejeu d'Esmore'e que Ton peut croire d'une epoque plus ancienne que lesjeux dAdam de le Hale. M. Isidore Lebrun , apres quelques aper^us jetes sitr I'histoire de Tart dramatique, fait remarquer qu il a existe de tous tems sinon une suite non interrompue de drames proprement dits, du moins un nombre d'essais assez frequents en ce genre, pour qu'^on ne puisse attribuer a tel ou telle merite d'avoir ressuscite Taction dramatique, et il cite a Tappui de son observation, les drames d'une religieuse d* Alsace. M. Le Glay demande que Ton mette aux voix le voetl enoncedansle programme sous le n®. 4; il est ainsi congu. c Inviterlessocietessavantesetleslitterateursadonner » une histoire des trouveres du Nord de la France. » Le voeu est adopte. Personnene se presentant pour traitor la 5®. question, elle est renvoyee a I'une des prochaines sessions: du Congres. L'ordre du joitr appelle ensuite la discussion sur la 5^^. question da programme , ainsi congue : « Quelle est en » general, I'influence des revolutions politiques sur la » litterature? » M. Le Glay dit que cette question a deja ete traitee par M. Come , dans un memoire couronne par la Societe d'Emulation de Cambrai ; il regrette que ce membre ne — 2S8 — Soit pas present a la seance pour la dIsciUor de notlveatt. M. Le Glay croitse rappeler que le fond du uiemoire de M. Corne etait cette idee si connue : c La Utte'rature est V expression de la Soci^te', »— La discussion en conse- quence est ajournee* On passe a la 2e. question dtt programme, dont voici les termes: t Pourquoi dans le developpement de la )) civilisation frangaise , le progres de la litterature a-t^ )) il precede la reforme politique? » M. Rousseau qui s'etait charge de Texaminer, ne la trouve pas clairement posee , et declare ne pouvoiif presenter de rapport sur ce sujet. M. Isidore Lebrun croit trouver la solution de cette question dans la direction imposee aux etudes ; il dit : « Apres la scolastique qui , durant tant de sieclcs les » comprima, Fenseignemertt devint enfin cla&sique; mais > il fut contraint de se borner a etre litterairc , non que J les etudes des anciens ne donnassent point aux esprits » des vues politiques; mais'en dehors de I'ecole et meme * du cabinet, ces vues generenses se trouvaient continu- > ellement comprimeespar les institutions de monarchic » absolue et religieuse. Aussi TEiirope Meridionale » participa peu au grand mouvement intellectuel que « la reforme de Luther imprima dans I'Europe du Nord. » Toutefois ce que nos erudits ne purentdire d'eux-me* » mes, ils Texprimerent par de nombreuses citations des > ecrivains de Rome et d'Athenes. Cependant la France » acquit une litterature a elle ; des lors les esprits ne » purent plus s'occuper exclusivement d'oettvres d'ima- > gi nation. Tacite, encore neglige^ dans les ecoles vers le » milieu du 18^. siecle , ne fut remis en honneur que » par Montesquieu et d'Alembert. Alors vinrent les » economistes et les encyclopedistes. La revolution de » 1789 trouva les esprits generalement imbus des prin- J) dpes de la constitution repnblicaine des romains : at » Ton salt trop quelles fnrent les suites de cette dispo- » sition des esprits a vouloir imiter les theories poiitiqucs )) des Etats de la Grece et de Tltalie ! » , M. Tailliar pense que la litterature en France a fait des progres quand les forces socialesse sont concentrees dans la royaute ; c'est quand Louis XI, scion I'expression de M. de Chateaubriand , a mis le pied sur le cadavre palpitant de la feodalite ; c'est quand les luttcs politiques ont cesse en France , que la litterature a regu un grand developpement ; plus tard les etudes et les discussions philosophiques ont amene la reforme politique. En Angleterre , ajoute-t-il , la lutte ayant continue entre la royaute etraristocratie , il en est rcsulte que le develop- pement de la litterature a ete moins sensible. ' ' M, Le Glay pense que la 2^. question a ete mal posee ; qu'on aurait du demander qitels etaient les rapports dela politique avec la litterature ? II etablit en principe que la litterature a toujours suivi le mouvement de la politique* L'orateur parcouranttoules les modifications qu'a subies la societe, depui&l'etablissementdu Christianisme jusqu a nos jours , trouve que la litterature a constamment suivi le progres et I'etat de la societe ; il faut lire , suivant lui pours' en convaincre, les divers poemes ecritsadifferentes epoques ; et contrairement a I'opinion emise par M. Tailliar , ilajoute : <- La litterature, il estvrai, s'accom- > mode du repos , non de la contrainte ; mais quand il » y a latte , alors la litterature parle, n m" '-^i* M. Gachetpretend que la litterature n'est quela tangue simplifiee et mise a la portee de tout le monde. II y a reforme politique alors que tout peut s'entendre , mai* on doit remarquer que la litterature n'est pas la cause de la reforme politique , qu'elle n'en est que I'instrument. M, Tailliar, repondant a M, Le Glay, dit querab&eneef — 240 — fie liberies politiqiies n'est pas toiijoiirs cOntraire a la litteratiire ; qu'ainsi c est sous Aiiguste etsous Louis XIV quelle fut le plus florissante. II appuie sa proposition par d'autres fails llistOriques. La question ne paraissant pas resolue , la discussion est ajournee au lendemain. La seance est levee. STANCE DU JEUDI 10 SEPTEMBRE. Presidcnce de M. de Caumont (de Caen.) Le proces-verbal de la seance precedente est hi et adopte. L'ordre du jour ramene le debat de la question sui- vante : « Pourquoi dans le developpement de la civili- > sation frangaise , le progres de la litterature a-t-il > precede la reforme politique ? > M. Quenson , conseiller , a la parole. II etablit que la revolution de 1789 fut une revolution de principe ; qu'elle diit etre naturellement preparee par la reforme progressive du langage et des idees ; que la litterature, comme I'expression des moeurs , en dut ^tre I'auxiliaire primitive ; et apres avoir parcouru les variations morales des siecles qui Tont precedee, il ajoute qua la sortie du moyen-age , et lorsque la royaute vim se reposer victo- rieuse sur les debris du systeme feodal , il dut s'operer un temps d'arrel dans Taction de la societe ; que I'intel- ligence alors (d'autant plus active que la lutte politique avail cesse , et que la decouverte de Timprimerie la poussail dans son essor de tout Tenthousiasme qu'elle excitait ) , dut reagir vivement vers letude des belles- lettres , el enfanter naturellement toutes les richesses du siecle de la renaissance. Qu'elle y fat conduite en outre ^ non-seulement par la preponderance d'une monarckie , fiftiiedes arts, et qui, pour completer Toeuvre du polivolr absolu , atiirait tout a ello , mais encore par tout ce qui! y avait,deleger, de chevaleresque encore dans les moeurs et enfin par cebesoin de communication avec les pennies qui, reveillant partout le gout des langues ancienncs, d^vait dpUrer et developper Ja notre en particulier. M. Quenson rappelle , a I'appiii de ces reflexions , les fefforts , les travaux immenses du 16^. siecle dans les beaux arts ; les nOms fameux qu'il a produits , et ces progres etonnants de Fimprimerie qui devaient changer ta face de Fespritliiimain, et preparer pour nous le grand siecle litteraire de Louis XIV ; puis , poursttivant son raisonnement , il ajoute : que le gout de la litteratUre , tout en se developpant , amena par degres celui des etudes serieiises ; qu'ainsi Ton vit au 18<^. siecle la poesie desertee successivemeht pour la philosophic ; qu'alors apparurent silrtoiit les theories gouvernementales , les discussions sur les abus et les reformes poiitiques , et a leur suite dans les esprits, un besoin de changement qui setendit de toutes parts, et amena pour complement la revolution de 1789. M. Gaillard fait remarquer qUe la question est mat posee : car la litterature n'a rien fait , selon Itii , pour la reforme politique , parce qu'il n'y avait rien de com- mun entre elles. Puis entrant dans le champ de la dis- cussion , il pretend qU'au 16^. siecle , il y avait ddja tendance des esprits vers la reforme, temoins les ouvrages de Gentillet , de Bodin , qui renferment toutes ces idees devenues depuis si celebres, voire memo les idees Saint- Simonniennes, Les revolutions poiitiques arrivent, ajoute- t-il , lorsque les constitutions ne sont plus appropriees aux circonstanees qui se produisent , mais non a la suite, et comme consequence des progres de la litterature. Ce »e sont pas^non plus les idees qui ont fait la revolutioit 46. — 24^2 — cle 1789, puisqii'ellcs avaient eu coiirs au 46«. sifecle; elles orit pu y contribucr sans doute , mais sa cause veri- lable , c'est Texistence dans I'etat , d'elemens qui ne se rencontraient pas dans la constitution , et qui pourtant Voulaient s*y introduire. M. le professeur Lenz dit que la littdrature etant I'ex- pression de letat de la Societe , doit necessairement se ressentir du mouvement intellectuel qui amene les revo- lutions ; mais qu'il faut distinguer aussi les epoques bril- lantes de la litterature de ses temps de reforme ; que ceux-ci precedent ordinairement les revolutions ; que celles la les suivent. M. Isidore Lebrun combat les opinions ci-dessus emi- ses ; il ne pent non plus donner son entier assentiment a cette idee , que la litterature soit I'expression de la Societe. Au moyen-age , dit-il , on apergoit toujours la pensee chercliant a se faire jour en depit des efforts faits pour la comprimer ; et Tesprit humain est de nature si pen stalionnaire , que son mouvement n'a pu meme etre arrete completement par la feodalite* MM. Ed. Deneuville , Martel , et Lenz prennent sue- cessivement la parole. M. Quenson , apres avoir ramene la question a son veritable point de debat et de decision , appuie par de nouveaux faits et de nouveaux raisonnemens , I'opinion par lui emise ; il propose en definitive , une solution qui est adoptee dans les termes suivans ; t Si , dans le developpjement de la civilisation fran- » Qaise , le progres de la litterature a precede la re- > forme politique , c'est d abord que , revolution de )) principe , elle avait besoin pour s'operer , d'une re- » forme prealable dans le langage et lesidees ; qu' apres » la chute du regime feodal , lorsque la royaute victo- > rieuse eiit fait tomber les luttes politiques , et se fut » posee ail devant de rintelligence , comme iin princlpo * preponderant et accompli ; celle-ci alors , toiijours » active et libre de son essor par le repos accidentcl de * la societe , provo(|uee d^ailleiirs par les besoins du » langage , la decouverte de Timprimerie , la protection * du trone et enfiii par tout ce qu'il y aVait dans les » moeiirs de leger et de chevaleresque , dut se tourner * plus naturellement versl'etude des belles lettres •, 2o. » que plus lard le gout de la litterature , dut amener > celui des ctudiBs sericuscs , et par suite les discussions > philosophiques qiii , tout en signalantles abuset de- > battant les theories gouvernementales , apporterent 9 dans les esprits un desir de re forme politique dont » la realisation des-lors ne tarda point a s'operer. » M. Yates , depute de la Societe royale de Londres ^ oblige de retourner immediatement en Angleterre , te- nioigne hautement sa reconnaissance a la section dc I'honneur quelle lui a fait , en I'appelant a la vice-prcsi- dence, et ses regrets nombreux de ne pouvoir participer plus long-temps a ses interessants travaux. II emporte avec lui , dit-il , un touchant souvenir de la cordialile frangaise , et cotivie les membres du Congres a la pro- Chaine reunion de Bristol , oii il leur promet de la part de ses concitoyens , les prevenances les plus cordiales , I'accueil le plus confortable. M. de Caumont exprime , h son tour au nom de la section , totites ses sympathies pour les savaiis de I'Angleterre , et prie leur digne re- presentant de redire a ses concitoyens , combien elle a ete flattee de sa preseiice , et combien il lui serait agrca* ble a la fois et Utile de le retrouver au Congres prochain. Yient ensuite le dcbat dela 5^. question du programme, savoir : « Quelle est en general Tinfluence des revolutions » poUtiques sur la litterature ? » M, Corne a la parole : il demontre que la litterature *- 2^4 — 6§t tine puissance immense , aiijourtriiui surtottt (fitd I'imprimei ie et la liberie de la presse lui ont oiivert de iioiivelles ressources ; qu'elle n'est pas simplement un art speculatif , mais que , tournee vers un but social , elle devient nn instrument politique , une arme pourles partis ett temps de revolution ; que lalitterature d'un peuple a tfneeonnexite parfaite avecsa constitution ; que cliaque forme de goflvernement engendre une litterature qui lui est propre. Ainsi , dit-il , dans le gouvernement despotique ou la pensee de I'homme sabaisse , c'estune litterature tiniide , a la quelle le despote daigne faire grace. Ainsi , soifs le gouvernement democratique , il y a pen de gout , mais beattcoitp d'aprete et d'energie dans la litterature. Ainsi , sous la monarchie absolue, la litte^ rature est pleinede gout et de politesse , parce qu'elle est le privilege des hautes classes ; maisalorsc'est exclu- sivement Un art et non plus Un moyen d'agir sur les masses. Enfin sous la monarchie temperee, la litterature perd un peu de sa forme polie , parce qit'elle devient populaire. Apres avoir donne quelqites developpementa a ces diverses idees ; M. Corne termine , en formulant en ces termes , la solution de la question posee : « Les revolutions politiques exercent en gene'ral sur )) la litterature deux inflitences ; Tune passagere, I'autre 51 durable. L'influence passagere , contre-coup de la » commotion du moment , jetie la litterature hors de sa » sphere speculative; elle en fait une force sociale, une )) arme pour I'attaque on la defense des interets et de& » principes compromis dans le conflit politique. La ») litterature perd alors de son caractere propre , pour » s'empreindre d'ideos , et s'animer de passions de cir- » Constance. Les revolutions influent sur la litterature )) d'unc maniere durable , en la forgant de se mettre eu M harmonic avec les institutions politiques qu'elles ont — S45 — » fait surgir. En outre, elles liii creeiit ime forte tendance » ainnover dans la forme, et a exagerer les emotions. » M. Isidore Lebrun adopte en grande partie les idees de M. Corne ; mais il n'admet pas en general que tontes les litteratures soient soumises aux variations qu'il lenr faitsiibir; il cite, pour exemple, la litteralure chinoise qui na ressenti aucun changement notable de la conqncte de la Chine par les Tartares; et celle, en outre, de I'Amerique septentrionale qui, depuis son independairice, ii'a pu acquerir un caractere propre , national. M. Gaillard pense que la litterature n'est reellement que ce qu'on est convenu d'appeler les Uxtes de langue. La litterature d'un peupte ne se compose , dit-il , que des ecrits des auteurs d elite, et nuUement de ceux qui $ont emanes d* auteurs de second ordre, dont les nonis ne restent point dans la memoire des hommes. Ce n'est done qua cette litterature d'elite qu'il faut appliquer la question ; or, suivant lui, le seul effet des revolutions politiques est d'activer I'imagination des hommes cele- bres , de donner un nouveau ressort au genie , mais rien de plusi. Cette opinion est succ^ssivement combattue par M . Ed. Deneuville , Quenson et Maniez.D'apres ce dernier, les institutions font les hommes , comme les idees des hommes a^gissent sur les institutions , et eette reaction naturelle amene inevitablement une influence reeiproque de la litterature sur les institutions, puisque la premiere est I'expression des mocura de la societe. M. Corne repond aussi que les revohitions n'ont pas loujours pour effet d'inspirerdel'energie aux litterateurs; qu'ainsi , apres la revolution fran^aise et sous I'empire , la litterature fut servile , adulatric^ ; que si les mauirs d'un peuple agissent puissamn^ent sur la litterature , lu litterature agit aussi sur les idees politiques ; qu'enliu , -^ 246 — et eommc on I'a proiivc sur la question prccedente, los grands litterateurs preparent les philosophes , et les philosophes les revolutions politiques. M. Gaillard revient a cette idee que les revolutions ajoutent a I'energie de I'esprit humain. Les auteurs les plus remarquables sont venus , dit-il , a la suite des revolutions. Ainsi Pascal et Arnaud avaient retrempe leur ame dans les troubles de la fronde ; Montaigne , avant eux , dans les dissentions de la ligue , et I'influence de la revolution sur la litteraturc a dure sous I'empire, f.n consequence , il propose la solution suivante : « La 5«. section pense sur la 5^. question , que Tin-. » fluence des revolutions politiques sur la litterature , i) est de passionner le langage durant leur cours , puis » d'agir dans les temps calmes qui suivent , comme un » vehicule qui excite les grands ecrivains et ceux qui » veulent suivre I'esprit de leur siecle , de meme que » ceux qui veulent le conibatt^e , toute la litterature » d'un siecle se resolvant par les chefs-d'oeuvre de la » litterature de ce siecle. » M. le president met aux voix cette solution et celle qu'aproposee M. Corne, mais I'adoption en est ajourneo au lendemain. La seance est levee . SfiANCE DU VENDREDI ii SEPTEMBRE. Presidencc de M. de Caumont (dc Caen.) Le proces -verbal de la seance precedente est lu et adoptc, M. le president donnc lecture des solutions de MM. Corne et Gaillard , reunies ct formulees en une seule , f»ur cette o^. question du programme : « Ipwc/Ze est, en w (fe'ne'ral , I'influence des revolutions poHliques sur lu, » UUe'rature ? — 247 — « Lgs revolutions politiqucs durant Iciir cours, jcttent » la litterature hors de sa sphere speculative , et ('ab- » sorbent comme una force sociale dont ellcs ont besoin » pour rattaque et la defense. En general, quand lo » calme renait , il reste au fond des esprits un besoin » de mouvement et d'emotions qui ravive la litterature » d'un peuple , et la pousse aux innovations. Les revo^ » lutions retrempent surtout les grands ecrivains et ceux » qui veulent suivre Tesprit de leur si^cle ou le com- » battre, L'efTet le plus durable des revolutions sur la » litterature , c'est de la forcer de se mettre en bar-* » monie avec les institutions politiques que ces m^mes, » revolutions ont fait surgir. » M. Isidore Lebrun pense qu'on ne pourrait citer de grands ecrivains qui aient acquis leur celebrite en, com^ battantleur siecle. M. Come y repond, en rappelant M. de Chateaubriand qui combattait les idees voltairiennes et irreligieuses , alors qu'elles predominaient. M. Isidore Lebrun doute que Ton puisse considerer cet ecrivain conime ayant lutte veritablement contre Fesprit de son siecle. M. Gaillard dit de son cole que le. caractere particulier de ce siecle est I'indifFerence en matiere de religion , mabdie morale si savaniment e(^ eloquemment signalee par M. de la Mennais. Au demeurant , la redaction proposee est adoptee. M. de Caumont donne lecture de la proposition sui-^ vante , deja discutee dans le Congres de Poitiers et renvoyee a celui de Douai. « Enconsiderant le morcellem^ent des corps Utteraires. » resultant de la multiplication des societes savantes. » dans les villes les moins importantes , ne serail-il » point utile de former virjgt grandes academies pro- » yinciales de premiere classe y ayant chacuue pour ^ 218 -r. » ressort plusicurs (lopartemens , et divisces, au moiiis, )) en quatre sections indepeniiantes Ics unes des autres , » ayant ieurs bureaux distincts , et publiant separement » Ieurs me moires ? » M. Gaiilard s'oppose h cette raesure , il pense que le inorcellement auquel on veut porter remede , est utile : il cite Rouen qui Gontient une foule de societes savantcs, concourant toutes au bien , quoiqne divisees. 11 repousse la centralisation , sous quelque Torme qu elle puisse se presenter , etc. ; en supposant la fondation , a Rouen , d'un Institut normanfj , il en conteste Tutilite ; il veut , en un mot , la republique des lettres. M. de Caumont dit que sa proposition n'avait pas un }jut hostile aux societes existantes, mais tendait a en harmoniser les travaux ; il signale comme un inconve-? nient de la multiplication de ces societes , la difficulte de se procurer les documens qui en sont emanes. M. Isidore Lebrun dit qu il a toujours combattu la centralisation quand elle etait nuisible : e'est pourquoi , il pense que la proposition ne pent etre adoptee telle quelle est. il desire que des correspondances actives soient etablies entre les differentes societes savantes de France et de letranger. M. Maqiez appuie le sentiment de M. Gaiilard ; il veut la liberte ; mai^ il demande qu'on etablisse des comite^ de correspondance entre chaque societe. M. Gaiilard dit que cette correspondance existe , et que M. le niinistre de I'instruction publiquc a demande par une circulaire , aux academies , de correspondre avec lui. M. Isidore Lebrun pense que la circulaire de M. le niinistre aproduit justpi'ici fort peude resultats» puistpic depuis quelle a paru , il n'a ete rieii public par Ic nii- nistre , a moins toutel'ois qu on en attribuc la lautc auj^ %«- 249 — $OGietes savant^s qui auraient fort peu produit ; mal^^ cette derniere allegation serait contraire a la verite. . M. Minart releve cette assertion comme inexacte , et dit que plusieurs socieie§ savantes ont repondu aux demandes du ministre. , M. de Caumont revient sur la proposition renvoyee par le Congres de Poitiers : faciliter Tacquisition des memoires publics par les Societes savantes , classer me^- thodiquement leurs travaux , amener I'liomogeneite dans les documents publics par ces Societes , tel est le but de ia proposition^ M. Come dit que la Societe de Douai entretient une (correspondance fort active , et envoie ses memoires a la jplupart des Societes savantes ; il pense que partotit oil les Societes seront bien organisees , la publicite ne man- quera pas a leurs travaux. MM. de la Saussaye et Quenson appuient Topinion de M. Come. M. de Caumont fait remarquer que les Societes savan- tes ne peuvent pas toujours s'envoyer reciproquement leurs memoires , a cause des frais d'impression , et de transport que cet envoi necessite. M. Lair voadrait que le gouvemement affrancliit des frais de port les ouvrages publics par les Societes savan- tes. Sous le ministere de M. Chaptal, dit-il, ces ouvrages circulaient sans frais. M. Daman pense que la facilite de la fraude rend ce voeu inadmissible. M. Lair ne pense pas que cette cralnte puisse fairc ecarter sa proposition; la fraude serait facilement decoii- verte , grace au tilre des ouvrages et a la scvcrite des inspectcurs: le gouvemement pourrailmemeiiilliger iks peines aux Societes qui se permettraient d'abuser ent a donner la franchise de » port aux Societes scientifiques pour I'envoi reciproque 1) deleurs memoires au moyen du contre-seing du secre- » taire sur I'adresse, qui devrait toujours etre sur bande » etroite. » — Adopte, M. le president lit une proposition de M. Timothee pehay , redigde dans les termes suivans : « Le Congres , dans I'interet de la science , emet le )) voeu qu'une correspondance suivie , et autant que » possible , un echange de memoires s'etablisse entre » les Academies et toutes les Societes scientifiques fraU" » caises et etrangeres. > Cette proposition est egalement adoptee. M. Juliien de Paris , propose a la sectioi? de nommer une commission qui s'entendrait avec une autre commis- sion choisie dans la 6^. section, pour Texamen de cette question : « Existe-t-il une propriete litteraire ; le droit » que la loi accorde a I'auteur , est-il autre chose qu'un » privilege fonde sur requite. « Apres quelquos observations successives de MM. Maniez et Quenson, cette proposition est adoptee ; et la commission nommee par la section se compose de MM. l)iq)lessis , Minart , Isidore Lebrun , Qiienson , TailUar et Jobard. M. de Caiimont lit la question suivantc , ronvoyoe k rexamcn de \i\^^. section: « Quelle influence Tintroduc- » tion des instrumens en cuivre dans I'orchestre a-t^elle » produite sur le caractere de la musique. » M. Brun-Lavainne dit que c'est I'introduction en grand des instrumens en cuivre dansTorchestre qui a change le caractere de la musique; que I'idcede cette introduction nous est venue des AUemands , et quelle a pour conse- quence de substituer les effets d'harmonie a la melodic ; qu ainsi la musique francaise est devenue par cc moyen une musique mixte , tenant a la fois du genre italien et du genre allemand. ^^ M. Grar pense que les Italicns, malgre I'admissiondes instrumens en cuivre dans I'orchestre, n'ont pas neglige la melodic dans leurs compositions , temoin Rossini. M. Brun-Lavainne repond que Rossini est devenu har- moniste de melodiste qu'il etait d'abord ; que dans ses premiers operas en efFet , les instrumens de cuivre ne sont qu'accessoires ; puis ramenant la discussion sur ce point , et developpant son opinion , M. Brun-Lavainne continue en ces termes : « L'emploi des instrumens de cuivre dans la musique remonte a une haute antiquite , puisqu'il faudrait , pour en trouver I'origine , aller au-delade la prise de Jericho. Pour nous renfermer dans leslimites de ce pays , le pre- mier exemple remarquable que nous trouvonsdeTemploi de ces instrumens est le celebre Banquet des vceux , donne en 1455 , par Philippe , due de Bourgogne , dans son palais de Rihour a Lille. La description de ce ban^ quct se trouve dans les memoiresd'Olivier de la Marche. On y voit ligurer , parmi les entremets , un pate conle- mxnivingl'huitmusiciensvivans. L'un deux joua d'uno musette moult nouvellemeni ; d'aulres firent une batiure de Irompeltes ; il est question aussi d'uu kith , d'une dou- M. de Caumont donne lecture de la proposition sui- vante , presentee par M. Lair a la commission perma- nente etrenvoyeeparcelle-ci a I'examende la 5^. section, « L'architecture piivee , militaire et navale a-t-elle » degcnere ou fait des progres depuis le 17^. siecle? » M. Lair declare qu'en prcsentant cette proposition , il n'entend nuUement revenir sur cc qui a ete juge par le Congres , relativement a la degenerescencede Farclii- tecture monumentale en France ; il dcmande a develop- per sa proposition a la seance du lendemain , et il esperef en demontrerTopportunite. La section decide quelle s'occupera do cette discus-* sion a Touverture de la seance du lendemain. Celle de ce jour est levee ^ SfiANC^ DU SAMEDI 42 SEPTEMBRE. Presidcncc dc M. de Caumont ( dcCaen.) ;.. i^ proces- verbal de la seance du 11 est luetadopt^^*.: M. Diipontrappelle a la section que,parmiles questions renvoyees par le Congres de Poitiers,se rencontre celle* ci ; « Qnel est le meilleur mode de propager les beaux arts ? » II demande , en consequence , qu'elle soit ajoutee au programme de la section. — Adopte. M. Lair oblient la parole pour developper la proposi-* tion presentee par lui a la seance de la veille , et concj^ue en ces termes ; c L'architecture privee , militaire et navale , a-t- elle degenere depuis le iT®. siecle ? > II pense que les orateurs qui , dans une seance pre'ce- dente , ont etabli le fait et devcloppe les causes de la degeneration de Tarchitecture religieuse etmonumentale en France , ont apporte , a Fappui de leur opinion , des raisonnemens tres-justes et dont il partage , en grande partie , les consequences ; mais les m^mes orateurs n'ont parle que de rarcbitecture monumentale , et n'ont rien dit de Tarchitecture privee non plus que de cette partie de Tart qui a pour objet les constructions militaires- et navales. 11 regarde done comme utile a la fois et inte- ressant de provoquer la discussion sur ces trois parties de l'architecture en geneml. 11 ne pense jvas qu on puisse eontester , en ce qui concerne le premier de ces trois genres ( les constructions privees), et sous le rapport de Felegance et de la commodite , qu'il n'y ait eu progres reel depuis le 17^. siecle. Que Ton compare , en effet , nos chateaux , nos maisons modernes a celle du 16^. siecle et des terns anterieurs , le progres est manifesto. 11 en est de meme , selon lui , des constructions militai-r res , telles que casernes, arsenaux , prisons , etc. ; ily a plus (car , pour ce 2^. genre d'edifices , c'est a peine si Ton peut trouver des points de comparaison ) : avant le 17^. siecle, ilnexistait que peu ou m^mepasde caser* — sei- nes et d'arsenaux ; et, quant aux prisons , ell<^s nVtaicpt que d'affreux cachots aussi hideux a voir qu'insalubrcsa habiter. La done eneoreil ya eu progres. Maintenant si nous eomparonsles ponts modernes , eelui de Bordeaux, de Tours,nos ponts de fer suspendus (verilables prodiges de hardiesse qui montrent assez Tempreinte du genie ) , avec ces ponts lourds et massifs de nos anciennes cons- tructions ; si nous examinons d'autre part ces magnifiques travaux du port de Cherbourg , d'Anvers , etc. , sans parler de nos modernes constructions navales ; si nous envisageons la multiplicite et I'etat de nos routes nouvel- les , pourrons-nous nier encore que I'art , sous ces rap- ports , n'ait fait de nombreux progres. Ainsi , conclut M. Lair , Tarchitecture privee , militaire et maritime , loin d'avoir degenere depuis le 17^. siecle , a marche au contraire vers le perfectionnement. M. Maniez , dans un rapide apergii , signale la supe'- riorite de nos quais , de nos ports , de nos places publi- ques , etc. , etc. Apres avoir ainsi constate les progres de Tarchitecture civile, il recherche la cause de ces pro- gres ; Tarchitecture , dit-il , comme tous les arts , subit I'influence du siecle : ainsi , elle etait poetique au moyen age , parce qua cette epoque , la vie etait toute de foi et de poesie, et parce que la puissance feodale etreligieuse avaitalors en elle les moyensderealiser les constructions somptueusement monumentales, dont sa position me me lui fesait un besoin. L'architecture actuelle , par une correlation necessaire,dutne prendre de developpemens que dans ce qu elle avait d'utile , c'est-a-dire , que nous n'avons plus place en premiere ligne , ce qui etait d'ex- terieur et de decoration. Le positif du siecle et I'indivi- vidualisme de nos moeurs ne le voulaient pas : et, si nous construisons aujourd'hui , ce n'est presque loujoura que dans un but d'lUilite. L'industrie est la penseo — ^03— . qui domino dans les constructions publiques , comme Ic Comfortable et le bien clrc prive , c'cst-a-dire , la coin- modite de I'habitation , rid(;e qui preside a son edifica- lion. De-la los incontestables progres de rarchitecture civile , industrielle et privce. M. Gailiard demande qu'on ne confonde , en aucunc facon , la proposition presentee par M. Lair , avec celle que Ic Congres a discutce et jugee , il y a peu de jours. « En effet , dit I'orateur , nous n'avons examine alors ^architecture que sous le rapport des constructions reli-' gieuses et monumcntales , et nous avons decide qu'il y nvait decadence. Maintenant on vient nous dire : nos architectes modernes savent mieux construire un port , line caserne , un arsenal , un pont ; ils savent rendre plus elegansa la fois et plus commodes , pour le comfor- table de la vie , nos chateaux , nos maisons de ville , nos kiosques , etc. ; il ne pout y avoir sur ce point la plus legere contestation ; a tel point que je regardc presque comme une chose oiseusc d'avoir mis cette proposition en discussion. Qui oserait nier que les hotels de lachaiis- sce d'Antin et meme les maisons plus modestes de nos industriels de seconde classe , ne soient plus commode- ment distribuees et plus agreables aux yeux du vulgaire, que les vieillcs maisons de notre vieux Rouen, cette noble cite dumoyen-age ? Jelerepete, tout celanepeutdonner matiere a discussion. Le Congres a envisage , il y a quclques jours , I'etat de I'architecture , sous le point de vue le plus elove et le plus important de cet art , je veux dire de ses monumens rellgieux ou publics. Cost , en elFet , la que le genie de I'artiste a toute carriere , et non dans des constructions qui demande seulemcnt ou la soli- dito ou la commodile ou reujolivcmenld'un briUantcoii- fichet. Qui pounait comparer le genie de Michel-Ange , filevant dans les airs la coupole de St. -Pierre , avec le — 265 — lalent , commc architeclc , clu conslriicteitr de la vills. de qiielque modeTne monsignor Komaiii? Mcttez-voiis en parrallele Pcrrault et son admirable colonnade duLoirvre, avec la petite maison construite anx faiixbourgs dc Test*, pour y derober les honteuses debauches de quelque eourtisan effemine ? En deux mots , quel rapport pcut-il exister entre I'austere severite d'un monument et la mi- gnardise d'un boudoir ? Quel est done le but de la pro- position qui nous occupe ? A-t-on voulu consoler nos. architectes modernes du verdict de decadence prononco par le Congres , contre Tarchitecture monumentale , depuis le 17®. siecle ? Soit , j'y cons.ens de grand cfjeur , ie me plais. a reconnaitre que leiu-s ponts sont plus jolis, leurs prisons moins malsaines, leurs petites maisons plus elegantes et plus comfortables , puisque c'est un de leurs titres de gloire auquel on parait tenir leplus ; niais je maintiendrai toujours que pas un d'eux n'a le genie necessaire pour construire une cathedrale telle que cello de Cologne, de Strasbourg , de Paris, de Rouen ou; 4' Amiens,, pas plus qu'un chateau comme Chambord on Versailles , si ce n'est en. les iniitant. Je crois done hi question oiseuse , et je demande I'ordre du jour. M. de Campigneulles croit que se borner a citer des monumens , ce n'est pas avancer dans la discussion. Les arts ne sont pas en decadence , mais prenqcnt des direc- tions nouvelles. Si rarchitecture monumentale docroit depuis le 17^. siecle, depuis lors aussi rarchitecture civile et privee s'est bien elevee. L'architecture monu- mentale est en decadence, parce que les fortunes privces ne suflisent plus pour en faire les irais. M. le president resume la discussion et formule ainsi la rcponse ^ presenter , park section , a rassemblde gcncrale: tt Slle genie a etc sttitionnaire en France , soit» 1© » rapport de rarcliitecture religicuse et monumentale , J il ne I'a pas ete sous celui de rarcluleclure civile , * industrielle , maritime et priveo ; la , au contraire , il * a fait des progres. » Cette redaction est adoptee. M. le president donne lecturxi de deux propositions renvoyees par la commission permaneate , et dont I'uue lui avait ete soumisepar M.Jallien (de Paris) , et Tautre, par M. Dupont (archeologue). Celle de M. Jullien est ainsi congue : cc Quelle est I'influence de la littiraiure pdriodiqtie sut » la litte'rature gdne'rale ? » La deuxieme , ceUe de M, Dupont , est redigee ea ces termes : « Pre'ciser quel est le point d imitation dans les formes » architecturales consacre'es, quisesont transmises depuis » les temps anciensjusqu'd nos jours , et dans I'acception > monumentale , publique etprive'e ? j> M. Dupont explique sa proposition : Notre arcliitec* ture , dit-il , est, et doit dtre necessairement imitatrice; mais il est important de preciser quel est le point d'imi- lation. l\ ne veut pas revenir sur une chose jugee par le Congres de Douai ; il se borne a demander Je renvoi de sa proposition au prochain Congres. Une discussion s'engage entre MM, Timothee Dehay » Maniez , Dupont et Gaillard , sur cette proposition. M, Timothee Dehay propose une nouvelle redaction ainsi congue : « Quelle doit etre , en architecture ,, la limite entre la » creation et Timitation ? » Cette redaction est adoptee, La proposition est rea- \oyeo au prochain Congres. La seance est levee. — 265 — S£ANCE DU DIMANCHE 13 SEPTEMBRE. Presidence de M. de Caumont ( de Caen. ) M. le secretaire-general introduit M. Galle, membre fonde sur I'equite? » M. Gaillard, rapporteur de la commission nommee pour examiner cette question a la parole, il presente , au nom de cette commission, une reponse formulee de la maniere suivante : « En droit naturel , il existe une propriete litteraire; cette proprie't^ a des caracteres particuliers ; le principal de ces caracteres est d'accorder a Vauteur un droit exclusif qui pent itre limite'par le droit civil. » Exposant ensuite ses opinions personnelles sur cette question , M. Gaillard dit : que les ouvrages des grands ecrivains , sont la mise en circulation de leurs droits a la renommee; ce droit des Corneille , des Racine a la Couronne de gloire ne peut-etre limite pendant leur vie, parce qu'il ne faut pas limiter la duree des oeuvres du genie a une partie de la duree de la vie des ecrivains ; parce qu'il ne faut pas que I'auteur de qui emanent ces elucubrations brillantes qui font I'honneur du siecle, soit expose a perir dans le reduit obscur de la misere , chez un peuple glorieuxdesalitterature, ilserait inconsequent et injuste de limiter la propriete du genie. La propriete de certaines oeuvres litteraires doit etre "Viagere ; il est clair que la loi , quand elle est bien fuite , ne peut pas accorder im autre privilege a dcs faiscursdcdietionnaires, par exomi)le;maiscoinmenl refuser desdroitsplusetendus a des hommes de genie? En efFet , ccs auteurs ont tant apportc de gloire a leur nation que celle-ci , par une reconnaissance bien legitime , doit necessairement pro^ longer , meme apresleur mort, le privilege de propriete pendant un certain terns. M. leconseillerQuenson dit quel'onacquiertla propri- ete d'une chose de differentes manieres; entr'autres (ce qui est a la fois do droit naturel comme de droit civil ) ; par Finvention; qu'ainsi, Ton est proprietaire de ses idees , de meme qu'on pent T^tre d'une chose trouvee ou fagonnee; que cependant , comme la pensee est corporellement insaisissable , tant quelle n'a point ete materialisee pai' I'execution ou par son insertion surun corps quelconque, il est vrai de dire que jusqu'alors, elle se perd par remission et appartient a qui yeut s'en saisir , puisque Fauteur n'a rien fait pour en retenir le domaine; que c'est la une distinction capitate dans la question , et qui amene cette consequence que toutes les fois qu'un auteur aura materialise sa pensee par Fecriture ou Fim- pression, elle lui appartiendra exclusivemeat. C'est ainsi que les ecrivains a Rome , en vendant leurs oeuvres au libraire , lui en transmettaient la propriete exclusive ; comme en faitfoi certain passage de Martial qu'il cite, etc.; aussi ajoute-t-il , n'est ce que par tradition des anciens abus du pouvoir sur la liberte d'ecrire que les lois de 1791 , 1795 et 1810, ont de nouveau limite la propriete lilteraire. G'elait , sous les apparences de la concession , im empietement reel apportc a un droit qu'on ne pouvait nKiConnaitre , et dout ccs lois memes sanctionnaient im- plicitement Fexistcncc , soit quaud, en augmentant a p'usicurs reprises la duree do ce privilege, elles le qua- lifiaicnt incoiisequcmiucut de pioprieic , soit quand ellcs. i — 2G7 — tlesignaicnt dii meme nom Ic droit qii'cn 1805 ellcs accordaient aux veuves et aiix heritiers de rauteur siir ses ooiivres posUuimes. M. le conseiller Qiienson refute cnsuite ropinion de M. Gaillard , et conclut a radoption de la solution pro- posee par la commission dont il faisait cgalement partie. M. Maniez dit que la pensee une fois materialisee par I'impression appartient a son auteur; mais la propriete , en droit naturel , ne doit pas s'ctendre au dcla de la vie du proprietaire. Le droit de transmission est un effet du droit civil, le privilege commence done a la mort de J'auteur au profit de ses heritiers. M. Isidore Lebrun etablit, pardes faits historiques, que de droit exclusif des auteurs a la propriete de leurs ou- ^vrages a existe de tous tems ; depuis Herodote lisant a la Grece assemblee aux jeux olympiques, les 9 livies de son histoire, jusqu'a nos jours, personne n'a conteste aux auteurs la propriete de leurs oavrages , qui en effet doit rester incontestable. M. Jobard, de Bruxelles, litsur la question proposee nin memoire deja entendu dans le sein de la commission. Le memoire rempli d'idees saines sur le sujet, et que I'auteur expose avecbeaucoup denettete, de justesseet de precision excite un vif inter^t. M. Maniez persisle dans son opinion. Le droit de pro- priete litteraire est viager pour I'auteur , le droit de transmettre sa propriete ne lui vientpas du droit naturel, mais bicn du droit civil. La propriete litteraire cree tou- joui's , tandis que la propriete matcrielle ne cree pas tonjours. La premiere doit titre recounuc , mais dans I'interet public , elle doit etre restrcinte. M. Parmentier s'eleve centre cette assertion. II sou- tient au contraire que toute propriete est transmissible naturellcmcnt , et qu'udmetlrc la these de M. Maniez , — 268 — cc serait porter la perturbation dans la socicte ; ce serah legitiiner les confiscations. Le droit de transmission est line consequence du droit naturel de propriete ; I'oter au proprietaire , serait oter a la propriete une grande partie de son utilite , de son attrait , ce serait , en quel- que sorte , imposer au pere de familie qui verrait en perspective ses enfans expropries de sa succession , le devoir de les preparer d'avance a la pauvrete , en le& privant et en se privant lui-meme des jouissances que procurent les richesses ; ce serait affaiblir dans I'homme I'amour du travail si puissamment entretenu par I'espe- ranee de transmettre ses biens a ses enfans ; ce serait , en quelque sorte paralyser I'activite humaine. M. Quenson pense que M. Maniez est alle trop loin en assimilant la propriete de I'auteur au droit du pre- mier occupant ; que du moment que la familie eut pose sa case , il s'etablit entre tons ses habitans une co-pro- priete naturelle sur tout ce qui en constituait le domaine; qu'ici d'ailleurs il s'agissait d'un objet mobilier sur lequel la familie conservait la main-mise apres le deces de I'auteur; que si le mode de transmission des succes- sions pouvait 6tre considere comme de droit civil , il etait avant tout aussi dans la nature de Tliomme , d'ac- querir pour transmettre aux siens; que I'art. 4122 du code civil n'avait fait que sanctionner un principe naturel, reconnu egalement par toutes les legislations , en decla- rant qu'on etait cense stipuler pour soi et ses heritiers. Enfin , apres une nouvelle discussion sur la matiere , M. Quenson reproduit cette these qu'en droit civil et en droit naturel , la propriete litteraire existait au profit de I'auteur , avec transmission a ses heritiers , et que c>st par empietement du droit civil qu'on I'a restreinte a un simple privilege. M. dc Gampigneulles cstime que le droit de propriety — 269 — litteraire est aiissi anclen et aussi sacre que tout autre ; que si la loi n*a commence a le consacrer que sous Louis XII , I'usage etait anterieur a la loi. II fait observer d'ailleurs que ce ne fut qu'apres Tinvention de I'impri- merie , qu'on a du sentir la necessite de donner une sanction legale a la propriete litteraire, et de la defendre contre le plagiat devenu plus facile et plus dangereux. II pense que le principe du droit , doit etre reconnu par leCongres, et qu'ilne peutadmettred'autre modification que celle qui serait commandee par Tinteret general ; que tons les interets sont concilies dans la legislation actuelle qui lui parait aussi bonne que possible. M. Minart croit que la question discutee est plutot nne question d'ecole de droit , qu'une question de Con- gres. II reconnait qu'il exi&te veritable ment un droit naturel de propriete litteraire, restreint dans sa duree par le pur droit civil ; mais il demande qu'on passe h Fordre du jour. — ^M. Jobard donne ici lecture d'un me- moire par lui ecrit sur la question , et qui excite un vif interet ; il dit en effet : « Depuis plusieurs annees cctle question est vivement debattue entre les hommes de lettres et ces philanthropes genereux qui trouvent indigne du noble caractere d'auteur de se ravaler au niveau de Vepicier , en debitant au poids ou au volume les fruits sublimes de la pensee , ou les conceptions divines d'un immortel genie. » Corneille , Moliere , Boileau se sont-ils abaisses au point de mettre a prix leurs oeuvres ; ont-ils ranconne les libraires et le public par un vil monopole ? Non ; mais la posterite du grand Corneille demande encore la charite , et celles de Moliere et de Boileau seraient dans le meme cas pcut-etre, s'ils avaicnt eu des enfans. » II est vrai que ta munificence des grands rois de France accordant quelquefois des pensions de 600 livres tournois , et le droit de diner a la table des valets de cour , aux auteurs les plus distingues, sous la condition tacite de consacrer leurs plumes a — 270 — cuflerl cs actions Ics plus ordinaires , ct a palller les plus honteux debonloniens en s'cn faisanl d'oflicc Ics hisloriographes. La vie on la mort dcs poetcs depondail du caprice d'un grand chancelier on d*un garde des sccaux ; les trois quarts des recueils de poesie sont oonsacrcs a tendrc la main ou a rcntcrcier les grands de qnelquc charit6 ; il n'est pas jusqu'au joyeux Scarron qui , ayant recu quclqu'argent d'un prince ctrangcr , Guillaunicde Nassau , lui adresse une longue cpitre dans laquclle il sc plaint en assez mauvais vers de I'abandon oil la France laissc tomber scs poctes depuis la mort du cardinal de Richelieu : Jean Armand mort depuis huit ans Tcnait nos muses bicn vetues Hiilas I aujourd'hui toutes nues , Au moins en habils tort me'chants , Les pauvrettes courent les rues , Les pauvrettes courent les champs , Les seuls ultramontains empoiteut tout notre or... yt jc Ic demandc aux adversaires dc la propriele litterairc , cette existence de I'^crivain d'alors^ etait-elle plus noble, plus libre , plus indepcndante que celle de I'ecrivain de nos jours , que ses talens mencnt aux honneurs , a la fortune , au pouvoir , ctcela, sculement depuis que la convention a reconnu la pro-, priete littcraire ? » Cette reconnaissance fut-elle unc crrcur , les heureux re- sultats que cette erreur a produits meriteraient qu'on la main- lint. En effet , le seul moyen de bien juger un homme , c'est dc lire ses ouvrages ; I'ecrivain se developpe pour ainsi dire, il s'etale lout entier aux ycux du public dans les oeuvres qu'il met au jour. Aprcs avoir lu les ecrits dc la plupart des ministres qui gou- verncnt en cc moment , chacun a du se dire , des letes aussi bien organisces sont capables de conduire unetat; en general il est peu d'hommes au pouvoir , en France , aux £tats-Unis, ct en Angle- tcrre qui n'aicnt commence par se faire connaitre par le journa- lisme politique ou par des publications de quelqu'importance. » Mais bien d'autres raisons militent en sa faveur: la premiere qui est puisce dans le droit naturcl , ct qui ne trouve plus guere de contradictcurs , c'est que , toute invention , toute idee nou- vcllc, est la propriete de cclui qui I'aconcue; de quelqu'ordre dc quelquc nature qu'clle soil j la loi fondamcnlale do la propriete ^ — 271—^ telle ila premier occupant parait aiissi bicn applicable a la pensee , qu'aiix objets maleriels susccptibles de feire I'objet d'un echange ou d'un commerce. » Cependant jc crois qu'il est ncccssairc de parlager la pro- priete en deux especes ; la proprictc materiellc et la propricte intellectuelle. L'une a besoin , dans I'interet de I'ordre ct de la societe , d'etre garantie a pcrpetuile , parce que , s'il en etait autrement, les fermes seraient epuisees et Ics forets ravagees pendant la derniere anneed'un bail ,qui ne serait que temporaire. » La propricte de I'autre au contraire ne saurait se degrader du fait de I'auteur , quand son ouvrage est dans le commerce. » Cette raison , direz-vous , ne justifie pas les gouvernemens d'avoir restreint a un certain nombre d'annees la propricte de la pensee , tandis que les autres proprietes sont eternelles. » C'est que la premiere est susceptible de se changer en mono- pole dans les mains de I'auteur , et qu'il a fallu chercher a rendre ce monopole le plus court possible , tandis que la propricte fon- ciere par exemple , ne saurait jamais donner lieu a aucun mono- pole : en effet , si un proprietaire pretendait vendre son grain et son bois a des prix cxorbitans , I'acheteur n'aurait qu'a passer chez le voisin , mais si le proprietaire d'un livre ou d'une inven- tion brevetee , veut tenir ses prix tres-elevcs, il en est lemaitre. II est meme le maitre de priver le public de I'usage de sa pro- pricte , si cela lui convient , et pent de meme livrcr en mauvaise qualite ce qu'on ne saurait trouvcr meilleur ailleurs. II existe en- core un motif qui n'a jamais etc formule par aucunc personne que je sache , mais qui doit avoir inllucnce , quoiquc d'une maniere vague et occulte , I'esprit du legislateur lorsqu'il a cru devoir changer la propricte de la pensee en un simple usufruit, car c'est a tort que Ton a conserve le nom de propricte a la jouis- sance temporaire d'un objet. » Voici ce motif : » C'est que I'auteur d'un livre ou d'une machine , est loirt d*avoir invente tout le livre ou toule la machine ; souvcnt il ne lui en appartient qu'une trcs-minime portion, et quelques fois mem(5 pas une idee , comme il arrive pour unc compilation ou pour une simple combinaison ou arrangcmcns d'organcs mccaniqucs Connus. » Les auteurs ou inventeurs ont toujours profite dcs travaux de leurs devanciers , tandis que cclui qui trouVe une pierre pre- dense , qui decouvre une ile deserte ou qui s'empare d'un chetat sauvage ou d'une baleine , n'a rien emprunte, c'cst-a-dire qui! ne doit materiellement rien a personne , car la selle ^ le vaisseau et le iiarpon , dont il s'aide pour se creer une propriete , 11 doit les avoir achetes. * » L'auteur , au contraire , s'empare gratuitement des idees de ceux qui I'ont precede , il les fait siennes quelques fois , en les deguisant dc maniere a ce qu'on ne les reconnaissepas , et donne souvent conime ses enfans legitimes, des enfans trouves ou voles sur la voie publique ou dans quelques recoins tres-retires , et connus de pen de personnes. » On a donne pour raison de la restriction tcmporalre appor- tee a la propriete litteraire, qii'il ^urrait arriver qu'un heritier, par un caprice quelconque,s'avisat de priver le public de la jouis- sance d'un bon ouvrage , en s'opposant ace qn'on le reiraprimat. C'est ici de la politique de prevention qa'il faut rejetter jusqu'g: ce qu'on vienne presenter des faits qui puissent la legitimer; c'est une crainte exceptionnelle et que Ton pent trailer de chi^ merique , attcndu qu'il est pen d'heritiers assez ennemis de leur interet et de la gloire de leurs parens , pour s'opposer a la reim- pression d'une oeuvre utile au public : car d'un livre immoral^ impie ou sot,le public n'en a que faire; et il serait heureux que de idles proprietes tombassent dans les mains d'heritiers assez sages et assez desinteresses pour les supprimer entierement y s'il etait possible. » II existe d'ailleurs une loi d' expropriation pour cause d'uti- lite publique, qui serait applicable aux brevets d'invention et a la propriete litteraire , comme elle Test a la propriete fonciere ; seulement il est plus facile d'estimer la valeur de cette derniere , que celle des deux premieres ; et le gouvernement qui s'enga- gerait dans la voie des expropriations industrielles et litteraires ne parviendrait jamais a satisfaire aux exigences presque tou- jours excentriques des auteurs et des inventeurs. II est infini- ment preferable dc laisser a chacun la gestion libre de sa part de propriete , mais toujours sauf le droit du tiers , que la justice et chargee de faire respecter. * S'il est quelqu'un qui vienne m'objecter que I'c'crivain achfete aussi le livre avec lequel il en fait un autre : je lui repondrai que c'est le manuscrit qu'il aurait du acheter pour ^tre dans la nien^e situation. » Une quatrieme raison doit encore cngaget* les g^6uvernc« mens a n'accordcr qu'un usufruit de quelques annees auxauteurs et jnventeurs qui ne font qu'un a mcs yeux : c'est ique le pro- prietairc d'un livre ct cclui d'un objct nouveau brevcte sont les seuls vcndeurs dc ce livre ou de cet objel ; Icur chalandise est immense , elle n'a pas seulemcnt pour borne les frontieres do la nation , elle exploile les deux mondes , la plupart du terns , da moins, tant que Ton n'a pas coniretait a I'c'tranger et le livre ct i'.objet brevetc , ce qui d'ailleurs n'arrive que tardivement. On voit que dans une oussi belle position I'auleur et I'inven- leur pcuvent realiscr d'immenses benefices , non pas en elevant Icurs prix outre niesure, mais en les abaissant aii contraire tenement que les contrefacteurs deSesperent de pouvoir trou- ver quelques avantages en entrant les derniers dans un champ deja moissonnc par jc premier occupant. » Une maxime generalement adoptee en Angleterre , et dont la justesse est tons les jours verifiee par les rlegociants de ce pays : c'est que la petite profite souvent repctee , fait les plus grands benefices parcc qu'ils s'emparent en realitc par ce mbyen , d'un monopole univcrscl et bien autrement durable ; que les quatorze annees de patente qu'o.n accorde aux auteurs et rfux ihventeurs ; car en donnant de semblables droits a ces deux sortes de pro- prieteSj le gouvernement anglais parait les avoir assimilees I'une a I'autre : en efFet , une machine , un livre , un opera ; une sta- tue , un tableau , exigent egalemcnt des etudes prdUminaires du genie , du terns et de I'argent ; leurs auteurs ont done tous les niemes droits ^ j'ose itifime dire , qu'ils ont des droits plus reels a la propricte qu'ils ont creee , que I'hcritier qui , sans peine et sans genie , entre en possession pcrpotuelle d'une propriete fonciere qu'il n'a en rien contribue a former. » Je repete done que la propricte; temporaire ou Vusufruit d'un objet commercial accorde a un seul individii , est Cense devoir lui donner de grands benefices pendant son monopole temporaire , tandis que le proprietaire foncier est soumis k hi plus large concurrence possible : car s'il veut elcver le prix de son grain ^ de son vin ou de son bois , I'acheteur n'a qu'li frap- perchez I'un ou I'autre de ses voisins. Les benefices du pro- prietaire foncier sont a peu pres reguliers etconnus , tandis que c«lui de I'usufruitier littcraire oil de lindustriel ne sauraienfr &e mesurer , et si les proprietaires des bonnes inventions ei^ lirent si raremcnt parti , cela ticnt a des causes que nous 18. -- 274 — ^taminerons aillcurs , mais principalemcnt au peu de duree do Icur patcnte. » Je ferai rcmarquer ici I'anomalie qui existe entre I'usufruit littcrairc que le gouvcrnemcnt garantit sans frais , a I'auteur pendant toutc sa vie ct a ses heritiers 20 ans apres sa mort , ct I'usufruit industricl assimilable en tout cas premier qui n'est pourtant garanti a I'inventeur que pendant 15 ans au plus , ct jnoycnnant finances. Dc sorte qu'il faudrait quasi etre eligible , pour avoir du genie en raecanique, tandis qu'on peut 6trc poete, historion ou romancier , sans payer le cens. » La raison de cetlc anomalic, c'est que les ccrivains ont micux plaide Icur cause que les invcnteurs , car ils sont parfailement en mesure de le faire , maitres qu'ils sont de la prcsse , de la tribune et du ministere , tandis que le pauvre industricl absorb^ dans la combinaison dc ses engrenages et dans le jeu de ses glissieres , perd souvcnt I'usage dc Tecriture ct quelques fois mcme cclui dc la parole. » Je crois devoir donner aux autcurs francais,qui se plaignent des contrefacons, unavis qu'Adam Smitha donne aux industricis anglais : celui de vendre a bas prix , afin de realiser dc grands benefices et d'eloigner les contrefactcurs. Le succes de ces pu- blications a bon marche , les penny magasin anglais et francais sont un exemple frappant du bas prix auquel on peut reduire ua ouvragc depuis I'invcntion des presses cylindriqucs. )) Les ccrivains francais n'ont qu'a tenter aussi d'entrer dans la voie des petits profits multipfies , ils sont assures d'empechet les contrefacons , dont ils se plaignent de la part des Beiges ;■ mais il est trop attrayant pour un imprimeur etranger de voii: qu'il peut confectionner pour 50 centimes un volume que I'au-' tcur vend huit a neuf francs ; qu'ildonnecememelivre pour deux ou trois francs , il y gagnera en fortune et en reputation , tandis que le public dc son cote profitera des lumieres que ce livre> pourra repandrc dans des couches plus basses et plus nombrcu- ses dc la societc. » II serait oiseux de vouloir prouver qu'il existe de droit na- turel unc proprielc litteraire ; on nc prouve pas la lumierc et Tonne prouve plus l' existence de I'air. » La pensce est la premiere propriete que Ton cut dti recon- naitro, et c'cst la dernicre que les gouvcrnements ont reconnue ; mais ce n'est ni unc favcur , ni unc recompense , ni un privilege que la loi concede ; c'estua droit commun cju'elk est appelee a» oiregistrer et a deferidref, cdwinrtcr clt'^le KSit de toute auife pto-* priele. ' ': . » II y a d«s personnes qiii prctcndent qu'onne sauralt etablir unc propriete lilteraire, parcc qu'unc idee une fois emise appar- ttent k lout le rtiDnde : elle hii apparticnt , sans doute , et c'est dans la vuc que tout le monde en profile, que I'autcur la publie; mais 00 ne dispulera pas a I'auleur la propriete du caliier qui forme son manuscril ni celle du volume qu'il a fait executer a ses ' frais; voil^ ce qui conslituc sa veritable propriete, ce qu'il petit vendr^ conime Ic boulanger et le botticr vendent le pain ct Ics bottes qu'iU out «onfectionnes, avec celte difference : que Ic bottler etle bo ulanger n'ont pas invente , commc I'auleur , ' letoffe esscntioUe de lour marchandise : car si vous supprimcz iin auleur vous suppriniez son livre , mais si vous supprimez un botlier el un boulanger , vous ne supprimez ni les bottes ni le pain , vous trouverez la meme qualile de pain et de bottes chez le confrere , landis que vous ne trouverez jamais le meme livre chez un autre auteur. Si I'auleur n'avait pas fail son livre, si rinvenleur n' avail pas fait sa decouverle, la sociele n'enjouirait probablemant pas ; car si llomere n'eut pas fait I'Odyssee , si Arkwrighl n'eut pas fail la mul-jcnny , il est peu probable qu'un ' autre eut produit exactement I'Odyssee , ou la mul-jenny , dans tous les cas , eel autre fut arrive plus lard ; la sociele doit dojic au premier venu la jouissancc de ses travaux au moins pendant tout le temps qui se serait passe entre la venu du premier ct du second inventeur ; I'homme qui tient enclose en son cerveau une bonne idee sans remettre immediatemcnt , fait a la sociele un tort veritable , celui qui I'emet au conlraire lui rend un ser- vice , elce service a droit a certaine recompense ; je dis, a droit, ce qui eloigno toute idee d'un privilege fonde ou nonsur I'equile. « Quand le droit de vivre en travaiilant elait considere comme une concession royale , on eut ete mal venu a invoquer un droit aussi naturel que celui dont il est question dans ce memoire. » Lorsque la Convention nationale cut propose, en 95, un projet de loi relalif a la propriete lilteraire , le depute Lakanal , qui en fut le rapporteur , s'cxprima en ces lermes : » De loutes les proprieles la moins susceptible de contestations, >t celle dont raccroisscmcnt ne peut ni blesser I'egalite repubii- »■ caine , ni donner d'ombrage a la liberie , c'est sans contredit » celle dcs productions du genie ; el si quelque chose peut cton- *mpi e'e&l qu'il aU fallu- reconnaitre cctte propriete, assurer ^ 276 — ft son libre exercice par une loi positive : c'est qu'ane aussi » grandc revolution que la notre ait etc nccessaire pour nous » ramener sur ce point comnie sur tant d'autres , aux simples » elcmcns dc la justice la plus commune. » Par quelle fatalite faudrait-il que I'homme de genie , qui » ronsacre ses vcilles h Tinstruction de ses concitoyens , n'eut a » se promcttre qu'une gloire sterile , et ne put revendiquer le » tribut d'un noble travail ! » « A la suite de ce rapport la Convention rend un decret portant. que les autcurs d'ecrits en tous genres , les compositeurs de niusique , les peintres et dessinateurs , qui feraient graver des tableaux ou dessins , jouiraient durant leur vie entiere du droit exclusif de vcndre ou faire vendre leurs ouvrages dans le terri- toire de la republique , ou d'en ceder la propriete ; la meme loi declara les heritiers proprictaircs des memes droits , pendaut dix ans ; mais par un decret du 5 Janvier 1810 , ce temps fut prolonge jusqu'a 20 ans en faveur des veuves et des orphelins d'auteurs. » Ne serait-il pas de toute justice de donner les memes favours? aux auteurs d'inventions utiles , puisqu'il est evident qu'il y a non seulemcnt analogie,mais la plus parfaite identite entre toutes les ffiuvres du ^cnie,comme nous I'avons demontre plus haul. » Pour mieux prouver que la propriete litteraire n'est point un privilege accorde a ceux qui ecrivent aux depens de ceux qui^ , lisent , nous allons demontrer que Ton trouve dans ce genre de , propriete les memes circonstances que dans toutes les autres pro- prietes incontestees. » Une pensee, avant qu'elle ne soit naturalis^e enun livre, 3^. exige le concours d'une foule de personnes,qui toutes ont contri- bue , moyennant salaire , a la confection de ce livre. Par exemple, le compositeur , le prote , le pressier , le brocheur , le relieur et le tanneur qui lui fournit la peau dont les livres se recouvrent, le boucher qui I'a vendue, le fermier quia nourri le veau, le pro- prietaire qui a loue sa fcrme, ont tous recu une partde la somme qui revient a I'editeur ; le fondeur qui fournit les caracteres, et Jusqu'au mineur qui adccouvert la veinede metal dentils sont composes , le papetier , ses ouvriers , le marchandde chiffons et jusqu'au X miscrables qui les ramassent , recoivent une part du prix du livre qu'ils ont concouru a former , et Ton voudrait que I'auteurde cememe livre n'eut droit a aucune portion de ce prix: cela serait par trop injuste. » Les compositions litteraircs etant le produit d'un travail. — 277 — humatn,doivent assurer dcs moycnsd'existcnccaux productcurs: un avocat vend les produits de la science , un indu Uriel vend Ics pkrodnits de son industrie , pourquoi I'autcur scrait - il prive du droit de vendre de meme Ics produits de son gc'niie ? » Leshomraes, qui selivrent a des travaux liltoraircs , ne sont pas d'une nature difFerente des autres ; ils sont soumis aux memcs besoins et tachent d'y satisfaire par leur travail; mais ils ne s'y livreront point , s'ils n'ont la certitude de rester mailres de Icurs CBuvres et d'en assurer la recompense ; aussi la premiere condi- tion necessaire pour qu'une valeur soit produitc , c'est d'en assurer la proprietc a I'auteur. » Supprimez toute garantiea I'ecrivaki, 6tez les brevets aux industriels , le droit de gravure et de moulage au peintrc ct au sculpteur f. et soyea assure qu'ils cesseront de produire : jctez seulement les yeux sur la Turquie , la Perse et les Indes , oii la propriete de la pensee n'est aucunement garantie , ces contrecs en sont restees a la civilisation de notre moycn-age, comme I'Eu- rope y serait probablement encore, si I'espoir d'obtenirquelqucs privileges particuliers des princes n'eut pas soutenu , dans leurs. travaux , les Jxouimes de genie et d' invention qui surgissent tou- jours en plus grand nombre qu'pn ne le croit au sein de la sociele : on cite Louis XII comme ayant ete le premier roi qui ait accord© des privileges auxauteurs. » Mais la production des ceuvres du g^nie a pris un b|cn autre accroissement,depuis que les lois en ont regie la proprietc pour Ipus indistinctement, et ks economistes assurcnt que les progres observes depuis un quart de siecle , semblent etrc conwic le quarre des ten^s. » II serait desirable que la propriete d*ii»auteur, quel que soit le pays oil il fait imprimer ses ceuvres , fut rcspectec dans les autres , car la pensee ne conaait point de fronticre et passe rapidement d'unpays dans un autre, II en est de meme de tout© invention nouvelle : puisque Vetranger recoit une utilite aussi grande quel'indigenedela publication d'unlivre ou del'inventioo d'une machine , il serait juste qu'il contribuat de meme aux droits d'auteurs , mais loin d'en etre ainsi , I'etranger jouit au contraird d'une contrc-tacon a tresbas prix , U y a done ici uae question inter-national,e a regler. » L'Allemagne vient d'entrer dan5 cettc voije k la sallicitation du celebre Goethe. Cet <^crivain ayant demonlre toute rinjustic(> ^u'il y avait pour ks auteurs nes dans les petites principauldi 4'AlleiTiagnc , de voir leurs ouvrages conlrcfaits on Prussc cl oi Autriche , taiidis qu'ils n'avaiont proprii;le que dans Icur pelil ctat ; obtint pour lui-mcme que la propricle dc ses ouvrajres scrait assurce par toute rAllemnf?ne , quoiqii'il les fit imprimer a Weymar; cc:Uc faveur, qui ne fat d'abord qu'un privilege parti- culier, a etc convertie depuis en droit pour tous Ics auteurs Allemands. » II serait a desirer que I'^s gouverncmcns d'Europe s'enten- dissent pour universaliser ce grand prmcipe de justice , et qu'un ^ivre public, une invention faite dans un pays quclconque, fussenit garantis a I'auteur , par toute I'Europe. La reciprocitc d' encou- ragement qui en resulterait pour les travaux de genie , ferait bientot naitre des prodiges de pcnsee. C'est seulement alors que I'on saurait de quelles mcrveilles le cerveau de rhomme est capa- ^ble^quand la recompense de ses efforts est assurce, quandiji muise d\re finis laborum palma. » ' l A la suite de cette lecture M. jo president met aux voix Ja solution suivante , proposee par la commission : . « En droit naturel, ilexiste une propriete litteraire; w»5cette propriete a des caracteres particuliers ; le prin- » cipal de ces caracteres est d'accorder a Tauteur un droi|; > exclusif qui pent ctre limite par le droit civil. > Cette solution est adoptee. ¥^/l\ s'engage ensuite une discussion au sujet de la centre* fbgon , si funeste aux interets des auteurs. M. de Campigneulles propose de declarer que la legis- Jation actuellement existante et relative a cet objet , est suffisanto. II y a impossibilite de s'occuper aujourd'hni de la question de contre-fa^on , parce qu'on ne saurait imposor a un gouvernement I'obligation de faire respec-r l(»r la propriete litteraire ; cette proposition ne pourraij; 'ctre admise par les gouvernemens otrangers. jr, M. Isidore Lebrunregarde la question commeoiseuse, puisque personne ne contestc le droit de la propriete litteraire. Du reste , il pense que la legislation existante, qui se rapporte a cet objet , ne suffit pas. Apres avoii; /^ipportc r opinion dc plusieurs jiirisconsuUcs qui n'ont: point prononce definitivcment , il croil que cc qui com- pliquait la question , c'est que Ton confpnduit ensemble ^es droits d'auteur. ifd M. Jullien pense qu'on pourrait employer ntilement ^I'intervention des ambassadeurs qui doivent protection a leurs nationaux. 11 voudrait qua cet cgard , les gou- yernemens pusscnt s'entendre pour appliquer generale- ment en Europe , la mesure qu'ont prise les divers gou- v«rnemens en Allemagne , pour garantir aux auteurs des ^tats respectifs , la propriete intacte de leurs ouvrages , ,et prevenir ainsi la contre-fagon. . M. Gaillard proposerait un autre moyen d'empecher lacontre-fagon, savoir iTimprimeur ou I'editeur emploie- xait dans son imprimerie un papier marque d'un timbre sec , avec un fdigrane, desorte que la contre - facofl^ designerait le faussaire. w?jM')I4* M. de Campigneulles fait observer que ce moyen ga- rantirait bien moins encore les auteurs des dangers de ^a contre-fagon que leur sjgnature. Quaiit a la proposi- tion de M. Jullien, il pense que les gouvernemens otran- gers s'entendront bien diflicilement sur uije telle ques- tion , puisque leurs intercts sont opposes les uns aux autres. 11 fait observer que la contrebancic industriella est favorisee par les gouvernemens eux-momes, au pre- judice de leurs voisins , par de fortes primes d'oxpor- iation , et qu'il en est de menie de la contrebande liite- raire ou contre-fa(;.on. II ajoute que les voeux des ccono- mistes pour raffranchissement de toutes les in M. I4C Glay partage cette opinion. 11 voudrait voir l^ /ondation flc journaux purcmcnt crkiqnes , ct qu'oii cncouragcai Ics revues provincialcs a exercer la censurq litterairc avcc scveritc. M. Lcnz fait remarqycr que la pressc periodique est ccrasec sous Ics impots du timbre et de cautionnement , ct que Ic journalistc pcut ctre force dc Iransigcr avcc la justice , pour se procurer Iqs moyens de sa isfaire aux ,^xigences de la loi , ou de sa propre existence ; etilcite, a I'appiii de son observation , les ecrits pcriodiques , ej^ general plus consciencicux. M. de Givencliy ne croit pas qu'on piilsse voir , dan§; rabaissement de I'impot, un remcdc aii raal. Ilyatel ecrivain a gages , qui fait de la critique pour cinq ou si?: journaux. Les dons des auteurs ne s'adressent pas au^ journaux , njals bien aux redacteurs des articles. M. Le Glayditaussi que les journalistes n'en resteront pas moins ce qu'ils sont aujourd'hui , inalgre Fabaisse- inent de Timpot ; et qu'il faut enqouragcr les bons jour- naux critiques , a ne pas s'adresser ai^x feuilles venales. M. de la Fontenelle ajoute que la venalite est poussee par les journalistes , a un point qui depasse toutes les homes ; il en cite un exemple recent qui a rapport au compte-rendu dc la 2^. session du Congres ; compte- rendu a la redaction duquel il a du prendre naturellement la plus grande part , en sa qualite de secretaire-general de cette session. Desirant faire connaitre ce livre au public , il s'est presente au bureau de Tun des journaux ]ion aiissi impertinente devalt otre repoussee comme ellc^ i'ii et^ avec le plus profond mepris, H ^jI) M. de CampigneuUes parle d'autciirs qui vendent m6me leur nom , pour dohner d\i credit a certains ou- Vrages; d'avocats de Paris qui n*ont pas craint de desT ccndreace lionteuxtrafic; ce qu'ilimporteraiide signaler » M. JuUien propose de nommer quatre commissaires p pour formuler uiie reponse k la question proposee.— ^ MM. JuUien, Gaillard, de CampigneuUes etLe Glay, sont? design^s. La seance est levde, ' < SfiANCE DU LUNDI u SEPTEMBJRE. 1 1 Presidence de M. de Cacmont ( de Caen. ) Lc proces-verbal de la stance precedentc est lij et adopte. *■ M. de CampigneuUes a ia parole , comme rapporteur de la commission nommee pour examiner la question discutee dans la seance de la veille, et qui est ainsi congue : « Quelle est I'influence de la littdratyre pdriodique sur » la littcrature generale ? f M. Ic rapporteur debute par prier la section de remar- quor que le rapport qu'U va lire, n*exprime pas toujours, sur Ics egarts de la presse periodique , des opinions qu il parlage entierement ; mais organe de la commission , 11 est dc son devoir de resumer et de presenter a fa sec- tion, un Compendium des opinions emises dans son scin. La commission a ete unariime pour reconnaitre Futile influence que la presse periodique pourrait exercer sur ia litterature generale , si elle se maintenait dans Ics — 284^ borncs d\inc critique sage , modcrec , poKe et surtoiKj eonsciencieuse ; mais il n'esl que trOp vrai qu'il n'en est point ainsi : autant la critique desDussaux, des Hoifman, des Blot , dcs Boissonade qui a place pour un temps le Journal des Dcbats , puis de I'empire , a la tete de toua les journaux liiteraires, etalt savante et de bon ton, autant celle de la plupart des ecrivains qui ont remplace ces hommes distingues , ou qui travaiUent pour d'autres; journaux, est acrimonieuse , p.assionneeourtiensoiigere; lantot prodiguant, avec exageration , ^ de mediocres ouvrages, des louanges achetees par leurs auteurs, tantot livrant a Toubliou poursuivant d'amers sarcasmes^^ Qcux qui n'ontpas ou n ont voulu payer cctodieuxtribut. Si tous ne se livrent pas a cette honteuse venalite , ils se laissent dominer par I'esprit de partji , la camaraderie , ^t semblejit vouloir justifier ce vers celebre ; y Nul n'aura de I'esprit que nous et nas amis^ ' M. le rapporteur se resume en proposant , an nom do la commission , la reponse suivante : M Le Congres estinje que la litterature periodique st, » deja exerce uue grande influence sur la litterature ge- » nerale ; qu elle est destince a en exercer une plus i) grande encore , si elle estbien dirigee. II pense qu'ou » n'aura qu a s'applaudir des eflets de cette influence , if si la presse periodique salt se preserver de cet esprit » de venalite qui tendrait a en faire une oeuvre indus-*' » trielle , et mcme a y introduire la corruption. lil. de CampJigneuUesemct cnsuite le voeu personnel : « Que les journaux qui s'occupent exclusivement de » V'tterature , de science et de beaux arts , soicnt aflran- * cUis^de loutimpot et puis^ent paraitre adesepoq^uea — 285 ""^ » plus rnpprochees que cclles qui leur sent assignees » par la legislalion actuelle. » Ce voeu est adopte , apres quelques debats , ainsi que la reponse qui le precede ; ils devront , Tun et I'autre y Hre soumis a Tassemblee gendrale. M« Gaillard a la parole comme charge d'examiner la ire. question du programme , ainsi congue : « Quelle est » I'influence respective du caractere des peuples surles » langues et des langues sur le caractere des peuples , et > par suite , en quoi la connaissance peut-elle nous * reveler le degr^ de civilisation et d'intelligence des » peuples qui les parlent ? » M. Gaillard ne s'est pas dissimule toute la gravite de la question; aussi nepretend-il pas lui donnerune solution. Definir ce qu on entend par caractere des peuples est chose difficile. 11 faut distinguer le naturel du caractere. Le naturel est le germe heureux ou malheureux que nous apportons en naissant. Le caractere varie, parce qu'il est le resultat du developpement successif de toutes les qualites qui sent en nous. Les peuples ont un caractere ; car ils ont le pouvoir d'etre affectes par les impressions qu'ils eprouvent, mais il n'est pas aussi certain qu ils aient un naturel. Dans les langues , les hommes impriment la trace de leur nature. Le naturel c'estle genie delalangue, c'est I'originalite ; le trait est ce qui trahit le caractere. En comparant les langues, on pent apprendre a connaitre le caractere des peuples qui les parlent. Mais comment les langues ont-elles eu une influence sur le caractere des peuples? Gelte seconde question parait plus insoluble que la premiere. 11 semble a I'orateur que rintelligence des peuples se trahit dans les langues par les idiotismes. La meillieure preuve des divers degresde la civilisatton d'un peuple se puise dans les comparaisons familieres a jga langue : ainsi toute comparaison de I'ancien langage —286— francais se tire tfe la chasse, de la poche , de la vie agricbleg Sous Louis XV , toutes les comparaisons etaicnt tifees des mathemaliques ; et aujourd hui c est des SGienccs,d6 tindustrie qu'on les lire. I M. Le Glay croit qu'il eut ^te convenable d'etablip d'abord de grandes divisions dans les langues avant d'examiner chaque peuple en particulier: savoir entrd les langues teutoniques et les langues latine et grecquei Par les premieres , il aurait caracterise les peuples drf nord, et par les secondes les peuples qui les parlaient.^ 11 aurait reconnu dans les langues teutoniques Tinfluenccy du climat, du sol, des moeurs. Ces langues sont froides/ apres , monosyllabiques. Au contraire, les langues qui derivent du grec et du latin sont polysyllabiqucs, vocales; elles sont en harmonie avec le caractere des peuples qui les parlaient. D'un cote, rudesse, severite; de Tautre, douceur, expansion. L'influence des peuples sur leur langue est beaucoup plus grande que Tinfluence des laugues sur les peuples. Cette reaction de la langue sur le caractere du peuple qui la parle est fort difficile a expliquer. M. Gaillard fait remarquer la prodigieuse richesse de la langue romane , il ne se rend pas compte des raisons qui ont pu rendre si riche , une langue qui s*est formee sans litterature , et qu'un peuple parlait seul au milieu d'aulres peuples qui avaient importe en France , les lan-^ gues du Nord. M. Le Glay fait observer que la richesse de la langue romane , est toute d'emprunt ; quelle la tire des langues du Nord , de la langue romaine et de la langue grecque. M. Gaillard trouvant la question tresdifficilearesoudre, ^ propose de la renvoyer au Congrcs prochain, — Adopte, ^ La seance est ievcc. — 287 — STANCE DI) MAUm 15 SEPTEMBRE. Presidencc dc M. de Caumont (dc Caen.) Le secretaire donne lecture dii proc6s-verbal de la seance de la veille. M. de Campigneulles demande qu'il y soit fait line addition. II rappelle a la section que dans la seance d'liier, il s'est oppose a plusieurs reprises a la double demande faite dans le sein de la section de faire imprimer son rapport sur Tinfluence de la litterature periodique , et d'en renouveler la lecture en seance generale ; que sur I'insistance de la section , il a declare que , s'il etait force d'opter entre la lecture ou Timpression, ilopterait pour la lecture seule. La section fait droit a la reclamatibn '' de M. de Campigneulles. Le proccs-verbal de la seance preccdente est ensuite adopte. L'ordre du jour appelle la discussion sur une question rcnvoyee par la 4^. section, ct concue en ces termes : ^ L'ogive et les colonnettes groupees sont-elles contem- M porainesd'origine; ces derniercsn'ont-elies pas precede » Togive? n ' M. Lenz rend compte a cette occasion d'unedecouverte rccente faite pa^mi les ruines de I'ancienne Abbaye de St.'Bavon a Gand, et qui tendrait a donner a l'ogive et aux colonnettes groupees une origine bien autrement reculee que celle qu'on leur attribue generalement. G'est en effet dans uae construction qui parait, dit-il, appartenir a I'epoque des Francs que Ton a rencontre ces caracteres d'architecture gothique. Des recherchesau surplus nom- breuses et profondes ont etc faites, ajoute -t-il,sur ce sujet important par un archeologue aussi consciencieux qu'e- rudit. { M. Vanlokercn dc Gand ) , et leur publication I^rochaine jettcra inevitublcmcnt dc nouvcUcs lumicres sur la question, * .'i?yi.i» ; — 288^ M.deCaumont declare, que dans ses travaux arclieo- logiques iln'a jamais rencontre de colonnettes groupees dont la dale put rcmonter au terns indiquo par M. Lenz; qu'il en existe un grand nombre dans les monumens du i\^, sieclc ; mais que dansl'eglise presque romaine de Poitiersj comme aussi dans les plus ancienncs basiliques du midi, les colonnettes sont presque toutes detachees.* M. Quenson appuie de quelques observations parti- culieres I'opinion de M. de Caumont. 11 craint que dans le fait rapporte par M* Lenz,il ne se soit glisse quelqu'er- reur ; qu'on ait pris, par exemple, des raccords posterieurs pour urie construction primitive. II fait au surplus remar- qucr que la decouverte signalee^en la tenant pourexacle en fait , ne viderait point encore la question proposee^ puisqu'elle ne deciderait nullement a qui de I'ogive ou des colonnettes groupees appartient la priorite d'origine* La section ne se trouvant pas suffisamment eclairee sur la diificiiite, en renvoie la solution aii prochain Congress M. le president lit Ct met en discussion une autre question egalement renvoyee par la 4®. question , savoir : « Re- » cherclier a quelle epoque on a cesse dans les Gaulesy » d'employer avec profusion le marbre dans les cons- i tructions publiques et particidieres ? o * Note uiterieure de M. de Caumont : Immediatement apres le congres , j'ai eu I'avantage de visiter 16s ruincsde Sl.-Bavon de Gand,avec MM. E.Gaillard,Cheveraux ct Tailliar ; nous avons reconnu que les colonnes de I'eglise ruinee que Ton a dcblayce pres du cloitrede St.-Bavon, amioncent le 12e. siecle ou la scconde moitie du ll«. Cette derniete dale peut egalement convenir a la chapelle octogone qui se trouve du memo cute dans le preau. — Les parties les plus anciennes du cloitre de St.-Bavon sont dans les muraillcs du pourtour, mais on n'y voit point de colonnes ni d'ornements ; ces murs orit ete reparcs a diverses epoques , de sorte qu'il n'est pas facile de distinguer atcC Gcrtitude les parties veritablcment anciennes. , sM. d^ Caiiynt>ttt a observe qtie la plnpart des ^gjises dU lAidi de la France et notammontla cathedrale de Vicnne, ont ^le cotisti'uitcs avec du inarbre enieve aux riiines des edifice s remains, tandis que les cglises dii ceiltre et dii nord de la France ont t)td baties aVec la pierre dii pays. II fait de plus remarquer que le marbre des Pyrenees a servi ^ la construction de plusieurs eglises dtt Calvados. Mais a quelle epoque a-t-on cesse d'employer le marbre dans les Gaules? Cetic question, selbn Iiii, ne peut-etre decidee d'une hiUniore nett^ et surtout generale ; car oii a employe le marbre plus long-tems dans le niidi qtid dans le nbrd d6 la France. II est toute fois certain que depuis I elablissement du cliristianismfe danS les Gaules^ la grandeur des basiliques et des temples s'est opposee a ce qu'on fit servir le marbre a letir construction. En definitive la question n'ayant point et^ resolue , est renvOyjse ^ \a prochaine session. M. le secretaire doririe lecture d'iine petite iiotice de M. VietOr^Godard, membre dc la Societe des Antiqiiaires de louest, intitulee de I' artet desMuse'es. Ce travail qui renferme un aper<^.u des differentcs phases de I'art en Occident, et quelques reflexioris sur la creation mrtderne des Musees, est ecoiitee avec inler^t : en voiei le texte^ -iwO m nr'-rq-'^' •■'• •■■ -N^ .. ..5. il, ,..> Jetons iln coup-d'oeil rapide suf les phases de i'art en Ot(i\- dent , divisant atnsi notre sujct : Art Chtelicn jusq'u'au lee. Steele ; Att Royal depuis le i6^. jus^u'd la fin du i8«. , el lermi- nons par quelques consideraiions sur les Musees. - " «9. --290 — f -jljuand les idoles des vieilles religions du Paganisnfie eurfefit , apres trois siccles , ccssc dc lulter corps a corps avec les mar- tyrs , fatiguecs qii'clles etaient d'un pareil combat , et vaincues^ X)n lesvrt desCcndrcdeleurs trepieds , sortir des temples , bais- «er avec crainte ieur tcte mutilee , et mOurir a I'aiitel ; immense sacrifice ou tous les dieux reunisservirentd'holocauste au Christ vainqiieur. Alors , les oracles et les arts de Tantique culte fiirent licencics du meme coup. Mais la providence , qui veille aux mines , arreta les ravages , car les Chretiens prirent en Veneration des temples , des idoles , et le trepied de Jupiter scrvit d'autcl. Gette contre-revolution s*opera , soit patce que les chretioflis s'-aperf urent que les pierres des monumens ietaient teintes de Ieur sang, ce qui les rendit venerables a leurs yeux ; soit p:irce que , dans Ieur sublime effervescence , lis n'eurent pas le terns de mediter un art nouveau , empruntant , par indi- gence, des temples et des statues au Paganisme. Aussi , (et Cela pent etonner), fut-ce seulement au ll«. siecle que I'architecture devint chretienne par ses omemens. Toutefois dans le laps de tcms du 4«. au il«. siecle, s'il y eut peu de symbolisme Chretien dans les details architectomques , il faut du moins reconnaitre que la forme des eglises cessa d'etre cclle des temples payens ; car , apr^s Constantin , on abandonna generalement le genre d'egHse appel6e Basilique et copi^e sur les anciennes curies ro- maines, et Ton y substitua, vers le 5«. siecle, en Occident, I'eglise en croix-latine * ; en Orient, I'eglise en croix-grecque **. Quant a la statuaire , il est difficile de constater k quelle epoque precise elle fiut Bysantine : au6«. sitcle,la statue eques- tre de Justiniien, stjlon Procope, avait encore Tallure hi^roique , le style byzantin , dont le propre est d'etre maigre et effile , serait done posterieur a cet empereur. Ce style passa en Occi- dent vers les 11®. et IS®, siecles , au retour des Croisades , et vers le commencement du lo^. , au temps de la prise de Cons- tantinople par les Francais et les Venitiens ; ce qui permet d'en placer I'origine , du 6®. au ll^. Ce genre de statuaire est symbolique et Chretien , bicn qu'on I'ait traite de decadence* Les portails des cathedrales d'Angers , de Chartres , de Paris , et de St. -Denis , I'abbaye Royale, sent decores de * Gregoireje Tours , a». liv.— Cap. XVI. Par interpretation, ** Procope StQ.-Sophie de Constant, par interpret, aussi. sMiies de cc lypt. Ainsi Vart chreliort , en Occident , ^rit nai. elle la vit sur la sellette,. assise enlrc le couteau terrible et le marteau des demolisseurs ; ct disons Ic , a sa gloire , ellc eprouva un secret repcntir de taat de m^ux , et rendit , le Sbrumaire , an. Ill , un decret portant que « les ». agens natioaaux et administrateurs de district^^ secaient res- * Voir Lafolie , memoiresstir la statue d'Hear i IVi^^ai-'o" r-294— , >>, p^onsabks des destructions coiivmises dins l-euraFtondissem^nt, » sur les monumens dcs s(;ienccs el dc& arts *. » Juqu'au 18^. siecle , les Cj^lises avaJDiit e.te I'asyle sacre des arts ; depuis Iprs , jusqu'au l^^. siecle, Ics paVus usurpercnt f e privilege. Quels licux allaient done recevoir tant de ruines accumule.es sur le so] dc la France ? Lcs temples , Ics palais 3 unis lis etaient fermes ou (letrui^s : le terns des sanctuaires etait passe, le prestige attache par la foiet par la royaute aux ]|nonumens s'etai.ent evanouis. Pour des ruines privees de leui; existence ideale , que fallait-il ? De vastes mausoles ? non , ^a tombe est trop poetique , Uo^ religieuse. Ce qu'il fallaiU vou^ \e devinez : des Musees , sorte de cabinets anatomiques , oil I'oii cntasse froidement les debris des pcuples et des arts ; char- iiiers, si vous voulez, ou I'antiquaiie s'abat comme le vautour. En France , les Musees des arts datcnt de la revplutiqri , ceux ^u Louvre sont tous poste^rieur^ a cctte grande epoque : Piga- iiiol de la Force , qui ccrivait la description de la France en -1793 , ne dit rien des Musees : Qc silence prou,ve assez qu'il u'eM ^xistait pas, )i ;») L'Encyclqpedie , imprimee en 1779, au mot Musee, rend compte seulement !•* , du Musee d'Alexandrie , qui etait pluto); un lieu de reunion pour les doctes arpis des Ptolemees , qu'imQ collection d'ob]etsd'art. 2« Du Musee d'Oxford , commence, en 1679 j^ et acheve qn 1683. Sans aucup doute , si Paris eAt possede des Musees en 1779., au terns de la redaction encyclopedique , cet ouvrage en eujt fait mention : ce silence est done egalement negatif. Alexandre Lenoir , dans son introduction des monumens fran- fais, apres avoir parle des peintreset des sculpteurs sous Loui3 XV , ajoute quelqiieslignes plus bas : « Paris , dcms ces temps^ » n'avait ni Musees , ni collections publigues ; et il en donne le » motif: les mailves , dit-il , par orgueil , cachaient aux eleven » les chefs-d'osuvre des grands hommes , se dqnnaient seuls pour » modeles el laisaienl de leurs elevcs des esclaves auxquels ils )> faisaienl porter lears livrees. - - L'auteur anonynie dc.! ct:it de Paris en 1780 , cciivaitalprs. « Le Museum du gal eric des tableaux et sculptures appirte- '^ piiUctiu des Ipis. — 295 — » nant aa Roi , doit etrc place dans la partie supciieurc dcs galc^ » ries du Louvre. Peut-etre I'ltalie n'a t-cllc lieii de t'oin|nirabJx> » aux richesses accumulees depuis plusieurs siecles , par les rois » de France. Combien de tableaux et de sculptures oablics V revivront ! combien d'ignores pjaraitront ! cette galerie enlevera » peut-^re a Rome , le sceptre des arts. » L'auteur parle aufutur , il ecrivait cela en 89 : les IMusees sont done posterieurs a cette date. uni m Enfin , si pour completer la masse de nos preuves, nous recou-i rons, aux fondations , nous verrons que le Musee des monumens fcancais * fut ouvert ^u public, le 15 frucUdpr , an III ,celui des antiques du Louvre en 1803; le Musee d'Angouleme egale- ment au Louvre., le 24juillet 1824 ; le Musee E^yptien., Ie4 i^ovembre 1828 ; et celuide I'ecole moiierne, aupalais duLjiixem- })OUTg , le 24 avril 1815.. - oi»s6^ . Sous peu , Versailles aura Ifisien egalement. . I C'est assez de preuves, je crois, pour constater I'origioe recente des Musees en France-. Nous avons vu qu'un de leurs caracteres propres etait la collec- tion: joignons y la publicite el I'arl compare. Quant les artistes au 16«. siecle negligerent la parure des egli* ses pour verser leurs chefs-d'oeuvre d^ins les galuis, Tart dos ce moment, cessa d'etre public; le peuple n'avait pas droit d'entrer dans les galeries royales. La revolution passa, efc dans sa route, creant les Musees, rendit a I'art sa publicite. Le peij^le put efeudier a I'aise etcomp.ref Ije^ monumens. De la comparaison naquit une science , j'oserais dire nouvelle : I'arcbeologie ; sans doute les Caylus , tes Kirker , les Mabillon , les Montfaucon avaient deja puissammenl ebauche la science , mais elle n'etait encore que le gartage d'un petit uom- bre d'adeptes ; les Musees Font rendue vulgaire , ct cette science , ^ vrai dire , sous ce rapport , ne date que du 19^ siecle : en pro- vince les societes d'antiquaires aeremontenfrpasau-dcla. Je pour- j^ais citer en preuve celles de I'Ouestet de Normandie,.el.les Congres scientifiques qui.ne sor^t que d'hier. Par une heureuse fatalite la guerre etrangQre accelerala science archeologique et 1 art compare. Venise, Florence, Rome, Anvers, i;£spagne, payerentalaFmnce leurs tribute en chetVd'ttJuvre-. VApoHon du Belvedere , la Venus de Medicis , le Laocoon , leS chevaux de Venise vinrent decorer Paris, etcent autres merveil- Jes que 1815 nous enleva. L'Egyptc , cette terre mysterieuse et sacree , nous confia ses symboles, ses mqruies, ses hierogliphes , ses sphinx? et tQUS sesdieux. Napoleon opera ce prodige , sa puissante epee toisant les pyramides et remuant les sanctuaires , nous fit voir a travels' trente siecles les nierveilles de I'Egypte. -^ Cette epee la pouvait bien esperer le fourreau d'un Empereuf f A la vue de tous les blqcsde granit , de toutes les statues qu'ellearrachadu desert etdont elleornalesMuseesderEurope, le savoir fut d'abord impuissant : I'hieroglyphe se joua de son investigation , et le sphinx desespera par ses enigmes, Mais un genie patienit ( car c'ctait un genie ) bannit le desespoir , et posant loreille prcs des levres du sphinx , se prit a ecQuter vainement: I'anin^al symbolique se taisait. Fatigue de son silence , Gharapol- Jion n'attend plus , il se leve et le considere ; le sphinx lui rend ses regards. Champollion le nienace ; le sphinx de rester immo- bile. C'etait fait de I'espoir du savant francais , lorsqu'il porta la main sur le front du sphinx et saisit ses bandelettes : alors dompte , I'animal parla le langage perdu de I'antique Egypte , et Champollion pflVit h I'Europe la science des hierpglyphes , et lei ;sphinxfut vaincu par I'OEdipe moderne. De ce moment furent reveles au monde les dieux de Thebes? , dc Memphis et d'Alexandrie , et leqrs statues rangees dans les Musees , selon leurs dates , permirent a I'antiquair^ , aiQSi qa'ai I'artiste , de suivrepar siecleles progres des arts*' '''''" »^^ '''^^^ M. de Caumont annonce que cette seance est la der-» niere de la session , et qii'avantde la clore , ii croit devoir remercier la section de la bienveillance qu'elle lui ji constamment temoignee. II exprime ses regrets de quitter ses collegues , les invite a se rcunir a Blois , et fait sentir cdmiiien il est utile pour les progres de la science, qu*im grand nombrc de mcmbres qui ont assiste a une session j se retrouvcnt a la session suivantc , pour suivre le fil des discussions (jui ont qucbprunalogic entr ellcs» La section vote par acclamation , dcs remercimens a M. de Caumont ainsi qu'aux membres de son bureau. La seance est levee, t^es Secretaires de la Section , Le President de la Section , DELAGE ( de Douai.) A. DE CAUMONT (de Caen.) U' PAftMENHJER {de Douai.) Le Vice-President , I 0 J. YAT^S {de Cambridge.) J U oi^ob noil sis:i4:me sectiom-. ^lENCJSS S^ORALES. r E.CQNOMlQJJEjS Ki:-l.EG|SLATIVEl^ ' ' ; . ■> \ - -., \ . ■ : \ , . :rv^I^V'^^^v. ,;^.I • lSfiAN€E DU LUNDI 7 SEPTEMBRE 1855-. Presidence dje M. Jullien. (de Pari^. ) La seance est ouverte a 9 heur es. La presidence est pravisoireniseat rempjie par- W. (te- la Fontenelie, et \es, fonctiQns, d:e secretaires par M:^. Daman et Pillot. Le bureau est imntediatement coostitue. Son! elus : president M. Jullien (de Paris) ; vice -president W^. €orne , et secretaires MM. Daman et Fillot.„ M. de Givenchy depose alors sur le bureau u« exem-»- plaire du comp,te-reft.du dvk Congres 18^5,, il communi- que en outre : 1®. Un memoire mamiscrit suria t^® . question , con- sistant a appeler Fattention des membres du Congres sur les nouvelles ameliorations qu'il seralt utile d'apporter a I'instruction publique, en general, et surtout a I'educa-^ tion des jeunes filles , beaucoup trap, negligee jusqu'ici dans les classes inferieures. 2o. IHvers ouvrages envoyes par M. Amoros sur la, meme question , et sur rinfluence de la gymnastique pour perfectionner I'education. 30. Un memoire sur la 7^. question, par M. Marquet^ Yasselot. 4^. Un memoire siir la 9^. question, par M. Xfeomss*. _290 — 5**. Un memoire do M. Taverne dc Monld'hivcr* contenant reponse a eette question : « Recherclier les » inconveniens et les avantages dos deux systemes , de » jurandes et maitriscs , et de la libre concui'rence. ' * jf 6®. Un memoire de M. Boucher de Perthes, siir la 14^. question, ainsi con^ue : » Dans quels delais et par quelles mesures transitoires J) pourrait-on arriver a faire disparaitre les prohibitions » et les droits de douanes , qui entravent le commerce .» dans certains departemens? » ? 7". Un memoire imprime de M. le comte de Borgarelli d'Ison , sur les chemins vicinaux. Apres une discussion sans importance , la section s'occupe de la distribution du travail , qui a lieu de la maniere suivante : ?> ji^'^Jn^^H ^ -^^l ;'>i' ^ Demain mardi , on entendra la iedtttre'd'ittt ttieftl^t^ de M. Servatius , sur la 15^. question : ft Les remplagans jettent dans les rangs de Tarmee , » nombre de sujets pervertis par les exces memes qu'ils » viennent de faire , a la veille d'etre re<^us , gaspillant » en quelques jours de debauches , le prix de leur rem- » placement escompte par des usuriers ; ne convien- » drait-il pas que nul remplacement militaire ne fut » permis , si le remplagant ne consentait a ce que le » prix fut verse a la caisse des consignations , et rendu » incessible et insaisissable jusqu'a sa liberation , Fin- »• teret seul lui en etant remis chaqu<} annee ? » ^i»P « M.Cornille demande, et Tassembiee ordonne le renvoi a la meme seance , de la discussion sur la 6®. question , ainsi congue : c Un impot sur le sucre indigene pout-il » etre d'accord avec les interels du pays et ceux de son )) agriculture , » cctte question devant elrc Iraitee par un membre de la Societe d'Arras , qui n'est pus encore arriv©. i ^oiiKtU ^myioi xau latHRwJutri hibwyni 4 MM. Lamarle, freres, veulent bien se charger de faire un rapport a la meme seance , sur le memoire de M. Corgarelli d'Ison , qui traite la 10®. question , relative k I'entretien et a Tamelioration des routes vicinales. La seance du mercredi sera remplie par un rapport de M. Corne , sur la S®. question, congue en ces termes : f Quel serait le meilleur plan d'organisation a adopter » pour les colonies interieures , creees dans le but de » supprimer la mendicite ? » Jeudi, M. Preux fera le rapport du memoire manuscrit sur le Ire. question : « Appeler I'attention des membres » du Congres, sur les nouvelles ameliorations qu'il serait >» utile d'apporter a I'instruction publique , en general ^ » et surtout a celle des jeunes filles , beaucoup trop » negligee jusqu'ici , dans les classes inferieures. » M, Dehay communiquera ensuite le resultat de I'examen , qu'il aura fait des ouvrages de M. Amoros , sur la meme question; enfin M. Gornille rendra compte, ainsi qu'il s'y est engage , de la maniere dont eette question a ete envisagee par I'Academie d'Arras. La seance de vendredi est resei^oe pour la lecture que doit faire M. Marquet-Vasselot lui-meme , du me- moire qu'il a adresse au Congres , sur la 7®, question : « Indiquer le meilleur regime a adopter pour procurer » aux detenus , a leur sortie de prison , les moyens de » vivre honnetement , et pour les garantir de la misere » qui les ramenepresqu'inevitablement au mal; chercher » si les moyens d'obtenir ce resultat , ne seraient pas ; » lo. Modification dans le systeme actuel de penalite ; » 2o. Amelioration du regime penitentiaire ; 5<^. PatrO'« » nage collectif sur les individus. La 8^. question est reunie a la precedente , elle a pour objct de determiner : « Quels sent les moyens a » l)rcudre relutivemcnt anx lorcals liberes , pour iem ~ 501 — » procurer des moyens d'existencc, et garantir la sociele » des nouveaiix crimes qu'ils commettent souvent ? » La seance dii samedi sera consacree an rapport de M. Quenson , charge d'examiner le memoire de M. Thomas; ce rapport embrassera les 5®. et 9^. question* 3e, Question : < Indiquer un plan d' education spe- p ciale pour les orphelins et orphelines. » ■ 9^. Question : « Quelles seraient les ameliorations a » introduire dans le systeme actuel de I'administration 9 des hospices , des bureaux de bienfaisance , ainsi que * dans Tetablissement des salles d'asile , de maniere a » en diminuer les inconveniens ? Quel serait le meilleur » mode a suivre pour I'etablissement et la dotation des » ouvroirs pour les enfans de 6 a 15 ans , qui y rece- » vraient una instruction primaire , et y apprendraient • un metier ? » II ne sera fait aucun rapport sur le memoire dfe Taverne de Montd'hiver , qui traite la 4®. question : « Recherchef les inconveniens et les avantages des deux » systemes , de jurandes et maitrises , et de la librc » concurrence, » cette question ne paraissant offrir aucun interet. ii^y iU - Le memo jour , M. Gaillarcl sera entendu comme rap- porteur de la 12^. question : « Indiquer les moyens de » remplacer avantageusement le mode actuel de per- » ception de I'impot sur les boissons , en supprimant les I) exercices et en accordant la libre circulation , sans » diminuer le produit net de cet impot ? »> Lundi, M. Jobard lira un memoire sur la lo®. ques- tion : " Existe-t-il une propriete litteraire ? Le droit , H que la loi accorde a I'auteur , est-il autre chose qu'un » privilege fondc sur 1 equite ? » Enfm, le memoire de M. Boucher de Perthes, sur la 14®. question , a ete reniis uM. Legrand, qui preseiitera ^502 — son rapport mardi ; cetle question est ainsi pbsee : « Dans quels delais et par quelles mesures transitoires , » pourrait-on arriver a faire disparaitre les prohibitions » et ies droits de douanes , qui entravent le commerce » dans certains departeniens ? » La 2e. et la 4®. question ont ete renvoyees , Tune a la jsection des Sciences Medicales , I'autre a la section d' Agriculture , Industrie et Coinmerce , pour avoir leur avis , ces deux questions se rattachant a leurs attribution^; La seance est levee; STANCE DU MARDI 8 SEPTEMBRE: Presidence de M. Jullien ( de Paris. ) Le proces-verbal de la seance de la veille est hi et adopte avec la reclification suivante : « M. Hunault de la Peltrie sera entendu jeudi sur la 1^®; question. » L'ordre dujour est la lecture dumdmoire deM. Serva- tius, colonel de gendarmerie a Arras, sUr Id iS^. ques- tion: « Les remplagants jettent dans les rangs de I'armee » nombre de sujets pervertis par les exces memes quils » viennent de faire a la veille d'etre regus , gaspillant , » en quelques jours de debauches, le prix de leur rem- » placement escompte par des usuriers; He conviendrait- j) il pas que nul remplacement militaire ne fut permis * » si le remplagant ne consentait a ce que le prix fiit verse » a la caisse des consignations , et rendu incessible et » insaisissable jusqu'a sa liberation , Tinter^t seul lui en » etant remis chaque annee. > L'academie cl'Arras s'est oecupee de cette question ait mois d'aout dernier, ditM. Servatius; les memoires qui iui ont ete envoycs n'ont pas paru remplir le but du programme, et une medaille a titre d'encouragement a MS^^*^"^®"^ acGor Jce. M. Servatius a ensuite present^ — sou- ses propres idees a TAcademie d' Arras , qui Ta prid dd r^diger un systeine d'fensemble. Selon M. Servatius, le remplacement n'est qu'iine fraction dn recrutement ; on fte peiit ameliorer tes conditions de Tun sans toucher a I'autre ; c'est done an recrutement qu'il faut s attaquer , si Voti veut faire quelque chose de bien en matiere de remplacement. j ^r . >iijij Ne faut-il pas se plaindre de ce que le sort dusoldat est reste stationnaire , tandis que les autres classes de la societe ont seiEiti Tinfluence de la civilisation , et n*est-ce pas M'qtt'il faut chercher les motifs de la repugnance des militaires a contracter des rengagemens , soil volontai* rement soit comme remplagants? i^/n-im ixiioq tO L^article 2 de la charte declare que "tons les Franoais contribuent indistinctetnent aux charges de I'Etat ; des !ors la matiere recrutable doit^tre egalement chargee , et le fardeau du service ne doit pas peser sur quelques homtnes seulement , tandis que les autres peuvent s'en exempter. Aussi le tirage au sort n'est- il qu'un jeu immoral, qui frappe les uns sans que les autres soient ou puissent etre atteints ; de la il resulte qu'une partie du contingent part pour I'armee , tandis que I'autre reste dans ses foyers. II faut doncau moins reparer cette ine- galite choquante et assurer au soldat qui a consacre son terns et ses facultes au service du pays , une somme d'argent qui pourrait s'elever au bout de 27 ans, a 9,500 fr. , capital et interets cumules , I'etat devant pourvoir a ses besoins journaliers. La l^e. pensee de M. Servatius avait ete de demander la refonte entiere de la legislation sur le recrutement ; la reflexion lui a fait voir que la loi du 21 mars 1852 pouvait suffire au moyen de la creation d'une agence generale de remplacement , placee sous le controle et la surveillance du ministere de la guerre. Quant a la depense db 6ette ligfcncc , ellc serait pf elevde siir l6s fands Versea a la caisse. Telle est la base du plan adopte par M^ Servatius dans son memoire. Uaiiteur jette un premier coup d'oeil sur la formatiort des armees dont il rappelle la definition , plus ou moins parfait^ , qili en a etd donnee par divers aitteiirs et no* tamment par le general Lamarque. Suivant M. Servatius tine armee est une pitissance dont la force est en raisoii du genie de celuiquilafait agir* La permanence lui parait le plus grand element de sa force et de celle des Eiat^ parce qu'on impose toujours le respect quand On est egalement pret pour la paix et pour la guerre. Ce point parait hors de discussion; aUssi n'a-t-iljet^ toresente que commeunjalon place sur la route a parcoufir- II faut dans une armee des elemens purs et en rappoit avec le but qu'on se propose* Poiir cela des soldats de choix sont necessaires- Apres avoir parcouru les lois diverses qui ont regi U matiere successive ment, M^ Servatius tire cette conse* quence : Qua I'epoque de la revolution , comma sous r empire et depuis , les gouvernarts , quelque nom qu'ils aient donne a la chose, ont adopte le recrutement comme line necessite sociale. La loi de 1818 avait reconnu le! principe de la permanence sous la denomination d^ velerance ; la loi de 18o2 a voulu rendre meilleur le sorli du soldat , en reduisant a 7 ans la dUree du service , qui a du grever ainsi un plus grand nombre de citoyens j ce fut aux depens de Tarmee , qui a , a peine , le tetti^ de former et de discipliner les soldats. Chez un peuple libre la defense du pays ne peUt-etr0 confiee a des mains mercenaires ; mais de la ne resultei pas I'obligation pour chaque citoyen , de passer un terns pins ou moins long sous les drapeaux ; autrement les armees seraient innombrablcs et ruineusespour lesEtats, — 365 — . qiii devralent d'ailleurs, par laforce des clioses, limlt^r J HIT an , aii pliis , le service cffectif de chaque appele. Ainsi chaciiQ ne pent clre force de payer sa dette de la ineme maniere ; il fautdonc pronbncer des exemptions en inatiere cle recrutement. . G'est d'ailleurs a rhomme pris collectivement , que la ispciet^ Si adresse , elle demande que chacun contribue , suivani ses racuUds ctsesmoyeris, a la defense commune^ mais nori pas de la mcme liiQon. L'armee est ttationale au surplus , qiiaiid elle est fcompdsee dfe- regriicoles; il iniportepeu qiie la patrie soit servie par tels ou tels de ses en fans. Le pays se serait vraisemblablemerit nial trotive d'avoip remis son sort a des hommes qui I'ont iiiieux servi eri faisant sa gloire daiis la earriere des sciences, des lettres et des arts • s'il faiit de bons soldats , it faut aussi des hommes eminens dans les contiaissahces humaines : oil iie pourrait arracher ceui-ci a I'etude sans dommage ; inais on peiit employer autre part des bras plus vigoureux ijue les leur? et des courages aussi bien places. Le remplacement est done une mesure sag€l , liberale fet constitutiorinelle. 11 y a eii encore, dit-il , des abus graives dans les templacemens ; mais la faute fist au mode meme dii remplacement , non au principe. Les classes iiitermediaires se rachetent dil service ; dan& les classes infcrieures, ne sont atteints, en general^ . Les reformes pour incapacite de service ; ' '*^o. Les exemptes pour des causes particuUerea;. 'i^ '^'^ 30^ Lesliberes par le sort;; 40. Les remplaces. ^Les soldats recrues et eeux qui pewptoeecaiieBt sans, 9fVoir servi, prendraient le nom de velUes, Ceux qui remplaceraient apm avoir fait un ou plu^'* sieurs conges , ainsi que les engages et les rengages , le-^ aom de vdte'rans. La lecture de ce memoire ayant pris teiu le temps d^ -r-510 — I^ seanoe, une commission de trois membres est nomm^e, sur la proposition de M. Dussaussoy, pour presenter uwx rapport sur oette question importante , a une des plus prochaines seances ; cette commission est composeede ; MM. Dussaussoy , lieutenant - colonel d'artillerie , ^[ Douai; Dehay, secretaire-perpetucl de la Societe han-a^ ^ise de statistique universelle, a Paris; et Lenglet ^I papitaine du genie , a Douai. ^ 4?a seance est levee. STANCE DU MERCREDI 9 SEPTEMBRE. Presidence de M.JuLUEN (de Paris.) .Xa section adopte le proces-verbal de la seance de la veille. L'ordre du jour appclle le rapport de M. Ernest Lamarle, charge d'e^aminer le memoire de M. Bor- garelli d'Ison , sur les chemii\^ vicinaux. J\i. le rapporteur expose que M. Rorgarelli d'Ison attribue I'etat deplor^bje dans lequel se trouvent , en general , les communications vicinales , a Finsuffisance d^ la legislation et des ressources pecuniaires. „La questiqn d'^melioration de ces communications est , suivant I'auteur , un^ question d'argent. D'apres lui,la depense premjere ^er^it, terme moyen, de 20,000 francs par commune, et de 1,000 fr. d'entretien annuel, ce qui ferait pour toute la France une depense premiere de 760 millions , et une depense aonuelle de 58 millions. Les 760 millions se preleveraient, par dixiemes, d an- npe en annee , et quant aux 58 millions d'entretien annuel , les 2/5 en seraicut payes avec l.es ressources actuelles des communes e^ les prestations par charrois eta))lies par la legislation , et que Tauteur propose de fnaiutonir. II restcrait done 11 millions sculemeut d'en- — 5ii — Relativement aiix 14 millions d'cntretion mtfliic^l ct tni capital de 760 milHons a obtenir par dixiemes, I'auteiir necroitpas pouvoir los den>ander a I'agricirfture, incapa- ble , selon Itti , de les donner ; il les demanderail an luidget de Ffitat , non par voie d'imp6t , mais par vole d economie ; la dimintttion de Teffectit' de I'armee, resuL- tat promis par I'etat de paix generale, Iiii offre im moyen naturel d'obtenir cette economic. L'auteur voudrait , au surplus, que Temploi des fonds. ainsi que la reparation et I'entrefcien des communications vicinales , fiit confie a dm commissions speciales etablies 3ur les lieux , et qui sejaient en rapport avec les eonseils administratifs. Apr^s cette analyse dumemoire de M. de Borgarelli d'Ison , M. le rapporteur fait observer que plusieurs des idees emises dans ce memoire lui paraissent admissi- Wes , d^autres sujettes a controverse,. M. le president, , de I'avis.de la section , nomme une comjxiission pour I'examen de ce sujet iniportant. Cetle commission est composee d^ MM. Lamarle ( freres ) , de Rainneville , de Hauteclocque et itithur Dinaux. Le jour oil cette commis^iqn feca son rapport , est fixe a dimancli^. M. Corne , k qui la section ayait renvoye Texamen de h 5®. question du programme , ayant pour objet. de rechercher « quel serait le meilleur plan d'organisation » a adopter pour les colonies iMerieures creenjs dans le » but de supprimer la mendicite » a la parole ;. M. Gorne ftiit observer que , si la creation de colonies interieures est un moyen di^parvenir a rextiuction de h mendicite , ce moyen n* est pas le sewl ; qui! existe. tVabord des moyens preventifs, et que fe principal de ces moyens est, sans contredit, I'education morale des classes. |)auvre&; que si les moyens pj?eventifs ne siiflisem pas , fjomme I'experiencel'atrop mallieiireiisementdemonlrd, ^lors seulement il y a liaii dc recoiirlr aux moy^n^ .^•epressifs , et la colonisation rontrc dans ces moyens. M. Come pense que la colonisiation est preferable a la creation de§ dep6ts de mendicity : la peimibn des men- dians dan§ des ateliers y\q pent rien , selbn lui , ponr leur moralisation ; elle fait, an coniraire, bcancoup pour ^ichever la corruption de ceux a qui il reste quelque chose a perdre. Les travaux agricoles pronneltent d'au- tresresultats. Mais quel est le meilleur mode d' organisa- tion de ces travaux ? En d'aulres termes , qu^l est le meilleur mode de colonisation ? cest une quesfion sur Jaquelle il est indispensable do consulter I'experience. En consequence, M. Corne propose ^ Tadoption de la section la resolution suivante, dans laquelleil a embrasse I'ensemble de la question. V Le plus puissant moyen pour arriver a la suppression » de la mendicity , c'est de m.0[.aliser les classes pau^^ 'r vres , par I'education religieuse. '^ ' » Les sailer d'asile pour I'enfance , les ecoles; , le pa^ 'V* tronage direct des classes riches, la creation des cais- » ses d'epargnes doivent etre les principaux element » de cette education. » , » Les pauvre§ invalided qui , refusant de profiterdes > hospices qui leur serajent ouver^s , les pauvres vali- » des , qui ne voulant pas user des moyens de r travail * mis a leur portee , se livreraient a la mendicite , > . se yerraieqt appliquer U rigqeur des lois penales a exislantes. ^j,,» Le meqdiaiit ya|ide ne pourrait etre prive de sa ^^ libevte ^ que pour etre employe au travail avec part » d^ms les produits. i ^ejs irnvaux d'agriculti^e sont plus propres a ren^ ^51?^ — w dve ail mendiant des habitudes morales , que le lra« I vail des manufactures. » 11 serait desirable qu il seform^surplusieurs points »' de la France dessocietes de bienfaisance pourl'extinc- )) tion dela mendicite ; ellesconsacreraientspecialement » leurs soins h etudier le systeme de colonisation agricole » de repression suivi en Hollande et en Belgique , et a » fonder des etablissemens du meme genre en France ; > si le resultat de leurs etudes etait favorable a ce » systeme , le Gouvernement , a defaut des societes de » bienfaisance , pourrait ^tre invite a faire faire Ceftie » etude par ses agens , et k enpublier les resultats. > La Section consiiltee par M. le President , decide que la discussion sur la proposition de M. Gome s'ouvrira jmmediatement. '1 En consequence, MM. Lebrun , Maniez , Minart ;• Pillot , de Rainneville , Grar (aine) , sont successivement ' entendus, M. Lenz fait observer que le systeme de colo- nisation n'a , sous le rapport moral , produit en Belgi- que , que d'heureux resultats , et qu^il a ete introduit en panemarck , et a ce qu il croit , en Silesie. ** >it '^jhw La proposition est mise aux voix et adoptee Yti1^e it!t^ ' goumise a la sanction du Congres. La seance est levee,- ^"«q ^i'm^mp:^ mioy mmmod ^ SfiANCE DU JEUDI 10 SEPTEMBR]^. * * ^residence de M. Jvllie^ (^£^ff*M«uv;ihn xfj*; La Section adopte le proces-verbal de la seance de la vcille. M. de Caumont presente des observations inieres- santes sur XAssocialion Normande ; il en explique le but Pt les heureux effets , sous le rapport de 1 education --514 — morale des classes inferieures et des habitans des cailK pagnes, ainsi que sous celui de I'agriculture. Sur la proposition de M, Jullien , de Paris , la section emet le vo&u : « Qu'il se forme une association du Nord de » la France , sur le modele de I'Asssociation Normande ; » elle invite les Societes du departemenfe du Nord et du ». Pas-de-Galais k s*unir a ce voeu , et prie les Societes » d'agriculture de l^ouai et d'Arras , de se concerter ». pourposerlesbasesd'organisationde cette Association. M. Gachet , principal du College de liUe, fait homnpiaga a la section desstatutsde trois associations etablies a. Lille , Tune intitulee : Societe de St. -Simon ; I'autre , Societe de St. Jean-Baptiste ; la troisi^me : Societe de St. Blaise : il en sera fait mention au pi;pces-verbal et de-»« pot aux archives. L'ordre dq. jourappelle le rapport de la Commission chargee d' examiner le travail de M», Servatius , sur lesj remplaoemens de Farmer. M^ Lenglet , rapporteur^ a'efprime en ces, termes ;: « Messieurs , il seraiVsuperflu de vous presenter line nouvelle analyse du memoire li;imine«x que vous avez^ ecoute ayeGbeaucQup ti:Qp d'inter^t pour i^ I'avoir pas encore present a votre pens^; Yotre Commission se? bornera a vous. ex^p.oser le petit n,Qnpj3re cl' observations que lui a suggerees li'examen cki sy&teme propose, et a rediger un projet; de resolutio^v. » M. le colonel Servatius admet qui] est peu coftforme^ aux principes de la justrce et de la morale de s*en rap- porter au sort pour imposer h une partie ^ frangais une charge , dontd'autressont exempts : mais le moyen qu'il propose ne fait qu'attenuer les effets de cette injus^ tice , sans les foire entierement disparaitre. La conse- quence logique du principe eiit ete la suppression abso-» h\e du sort et TadmiiisioB de tous les franc^ais validessoiis^ — 515 — les drapeaux , avec une reduclion dans la diiree dii serii- vice. Le mode de remplacement propose eiit d'ailleurs evHe le principal inconvenient de cette reduction. Mais Fauteur a cru devoir faire ceder la rigueur de la logique ^ d'autres considerations : c'eut ete ui| changement plus grand a la legislation actuelle , qu'il eut ete plus difficile de faire sanctionner. Cedant nous-memes a cette consi-r deration , nous pensons devoir nous en tenir a la propo- sition de M. le colonel Servatius : son adoption serait d^ailleurs une transition necessaire pour arriver k la sup- pression absolue du sort , si un examen plus appro fondi en faitconnaitre plus tard la possibility . C'est deja beau- coup , Messieurs , que d'attenuer une injustice , quand on ne peut la reparer tout-a-fait ; que de diminuer les jabus qu'on ne peut faire entierement disparaitre. » La deconsideration attachee au titre de remplagant, rend utile la suppression de ce mot ; mais il y aurait in- convenient , selon nous , a I'adoption des quatre deno- minations proposees pourle classement dessoldats ; elles compliqueraient beaucoup les details de Tadministration et surtout la tenue des registres niatricules en memc- tems qu'elles pourraient Jeter dans I'armee des germes de raesintelligence , par les distinctions qu'elles y eta- bliraient. 4 I * Les exces reproches aux rempla^ans ne sont , pour quelques-uns , malheureusement que tropvrais; mais ils ont paru trop generalises dans le memoire. Cette (classe fournit encore des hommes honnetes et d'excellents soldats. • » La distinction etablie entreles remplacants et los engages oil rengages parait devoir etre suppriin(;e; a moins que I'auteur comprenne seulcment dans cette dor- niere classe , les hommes qui excederaientle nombre nc- pessaire au remplacement. Ainsi tomberait d'elle-mcme — 316-^ celte denomination de remplagant , il n'y aurait plus quo des engagds volontaires. Ne touchant pas immediatement le prix de ce remplacement , ie touchant d'une caisse ei lion d'un individu, enfm no rerapIaQant meme pas un indi^ vidu determine, personne ne pourraitrougir des avantages qu'on attacherait h cette position ; il y aurait m^me en^ core a examiner si Ton nepourraitacGorderaux hommes. designes par le sort , les memes avantages qu aux rem* plaQans ou rengages. Cela leur offrirait une plus grando compensaticm aux chances defavorables du sort. Cetto question pourra rester dans la proposition a soumettr© auministre. . >riiia,...>n n>H;Utji , » Peut-etre encore, y aurait-U quelques modifications, a apporter dans le taux des sommes a payer paries exemp- tes des diflferentes classes ; peut-etre meme une nouvello classe serait-elle necessaire parmi ces derniers pour lea hommes tout-a-fait incapables de payer* C'est ce qn'uii examen plusapprofondi pourrait seul faire decider, Cetie 5^. classe du reste semble avoir ete prevue par M. Ser- vatius , lorsque dans la rdcapitulation des recettes , i| vous a annonce qu'il y aurait a pre voir les i>bancesde non-valeur. Au reste ces details ^'execniion paraissent rentrer tout-a-fait daus le domaine des legislateurs et de ^administration, » La partie la moins agr^able de notre taohe , cette do^ la critique , est maintenant terminee ; el quoiquo noua Be I'ayons pas epargnee , elle n'a pu oceuper wn biei^ grand espace. Quant a leloge , Messieurs , le meilleur que nous puissions faire , celui qui doit plaire le plus k Tauteur , c'est de vous proposer, par les motifs develop^ pes dans son memoire , d'adopler I'ensemblo de soa jiystemc , la generalite de ses vues. Eh ! comment pour- j'iez-vous, Messieurs , refuser de vous associer a des, .idees inspirees par I'amoiu* de lu patrie et de rhumaaite l ~5J7 — Voici le texte du projet de resolution que nous avonS I'honneur de vous soumettre : « La 3e. session du Congres scientifiqUe , reuni a » Douai,croit devoir signaler h la soliicittide du gouver- » nement , les inconveniens suivans : tt io. D'apres le mode actuel de remplacement, une » grande partie des sommes qui devraient servir h ame- » liorer le sort des remplagans, devient la proie de n Tagiotage. » 20. La voie du sort , que designe les soldats , im- » pose a une partie des citoyens , et sans aucune com"* » pensation , une charge onereuse qui devrait etre » repartie entre tous. » 50. Enfin , la position des soldats ainsi designes , » est , sous le rapport des avantages qu'elle peut pre-* i> senter , bien infer; eure k celle que peuvent se creer » la plupart des hommes soustraits an service. C'est ce n que demontre assez Teloignement de la generalite des » citoyens pour la carriere militair e , ou bien peu se » jettent volontairement. 'ifiiilqmimnUim i^ En consequence , et potrr parer h ces incfonve'niens , le Congres recommande a lattention du Gouvernement les mesures suivantes , qui paraissent y remedier. ) soit poitr cause d'incapacite physique, paieront , en » compensation , une somme proportionnee a leur for- >» tune ou a celle de leurs ascendarts. » 2*^. L-admistration de ces fonds sera confieeaune » agence particuliere etindependante, semblable a celles » qui adroimstrent les caisses d'amortissement et des » consignations. Cette agence sera placee sous la sur- » iFeillance immi'diate du ministre de la guerre. » 5<*. Le taux des remplacemens sera ftxe par un ^Sl8 — » leglement d'administration publiqite ; il serd c6rifie a » la mcme agence et reupi aux sommes payees par leh » cxemptes. Cette masse sera destinee a ameliorer la » position des soldats designes par le sort , et celle des » engages on rengages volontaires , par qui seuls pour- » ront s*operer les remplacemens, sauf ie cas d'insuf- ;o fisance. « 4o. Les sommes alloiie6s a ceS deux classes do s, soldats pour chaque annee passee sous les drapeaux , > leur seront definitivement acquises , et ils n*ert pour- .» ront etre prives que pour desertion : ces sommes por*- » teront un interet , qui sera joint au capital, si les » soldats n'usent de la faculte qui leur sera laissee , de » le retirer ; mais ils ne pdurront toucher tirie partie du ^) capital que dans des circonstances determinees. » Le Congres recommande encore a Tattention du » Gouvernement le memoire de M. Ie colonel Servatius, » ou Tutilite de ces mesures se trouve demontree avec » ime clarte et une justesse remarquables ; ce memoire » contient un plan complet d'execution , dont les details » ne paraissent pas moins biens congus que Fensemble , » mais que I'administrtaion seule serait a portee d'ap* » precier d'une manie're certaine. » La discussion s'ouvre immediatement sur le rapport de la commission* ; M. Servatius fait observer que la suppression da lirage au sort , proposee sous forme de doute , par la commission, est impossible. II faudrait, dit-il, que tons les Fran^ais servissent dans larmee ; et cela ne poiirrait ^ire ([u en reduisant a une annee le temps de service de chacun, ce qui serait incompatible avec le besoin d'avoir une armee fortemeut organisee. Relativemcnt aux denominations dtverses par lui don- »ees aux quatre classes de soldats, M. Servatius ny •^519 — attache ailcun prik ; il en consent volontlers la stippres- sion, bien qu'il ne pense pas qu'elles etablissent des distinctions. II ne croit pas qU'il convlendrait d etablir Une classe des exemptes ou libdres moins favorisds de la fortune , lesquels rte verseraient aucnne somme a Tageiice generale ; cela blesserait, dit-il, ie principe d'egalite qui est la base de son projet ; et d'ailleuis la somme qu'il fixe pour les indivldus de la dei*niere classe est trop faible pour pouvoir etre consideree conime trop onereuse pour tel oUvriel* que ce soit ; il y aura d'ailleurs toujours les non-valeurs. MM. Lenglet , Dehay , Bauduiri -, Comille , Hunault de la Peltrie , Legrand , Maniez , Dussaussoy , Minart , Ernest Lamarle , Pillot , Dupont , Arnoiild , prennertt successivement part a la discussion, M. Bauduin voudrait que la desertion ne fut pas la selile cause qui privat le soldat de tout droit a la somme qui devrait lui revenir apres le temps de son service expire , il lui semble qu'il existe certaines peines qui, par leUr gravity devraient emporter !e meme efFet. II lui est repondu que cela est vrai pour les sommes auxquelles le condamne voudrait pretendre , a raison du temps posterieur a sa Condamnation ; mais qu'il y aurait injustice a le priver des sommes acquises pour le temps anterieur ; pareille privation ne semble pouvoir s'etendre qu'au deserteur. M. Legrand pense que, de meme que toute difference de denomination doit disparaitre entre les remplagans et les autres soldats, toute difference dans les peines a infliger aux remplagans et aux autres soldats , doit aussi disparaitre de nos codes. M. Hunault de la Peltrie regardd le projet de M. Ser- Vatius comme portant atteinte a la propriete et a la liberie individuelle, Le projet, dit-il , impose une charge — 320 — pecuniaire aiix exemptes et aux liberes , lesquels cepcii- dant ont , en echange de la charge du service militaire , des charges a supporter dans I'ordre civil, Les re formes pour infirmites ont la charge meme de leurs infirinites. Et quant aux prix du remplacemerit , personne n'a le droit d'empecher le remplagant d'en disposer comme i\ le juge convenable^ M. Servatitis repdnd que , d'apres son projet , le prix ,du remplaeement n'est acquis qu'apres le temps du ser- vice expir^, et quainsi ce nest porter auciine atteinte au droit de propriete , que d'en oter la dispositioft aui rempla^ant avant cette epoque. M. le president met aux voix Tadoption du projet dd la commission , paragraphe par paragraphe. Ces para- graphes sont successivement adoptes avee quelques iegeres modifications dans leur redaction, faites en seance meme a la suite de la discussion. — L'ensemble du vole propose par la commission , est pareillemerit mis auii voix etadopte. M.. le pre's'dent irtdique Fordre du }0ur de demaiii. La seance est levees SfiANCE DU VENDREDI ii SEPTEMBB[. Presidence de M. jBLtiEii ( de Paris. ) Le proces-verbal de la seance precederite est Itt et adopte. M. Preux , a qui ai ete renvoye Texameii dit memoire' de M. Jacquerye , sur Finstruction publique, fait connai- tre sa pensee sur cet ouvrage dans lequel , dit-il , la question soumise a la 6^. session ,ne luisemble pas avoir ^te assez approfondie. Ainsi M. Jacquerye a commence par s'occuper des hommes et des abus plus ou moins gra- ves qui ont pu se glisser dans la noaiination des profes-r S^(trSfj^<;'<^sf tthb Vi^cessite do toiis les temps , reporid M; Prertx , de fUii*e ies meilleiirs choix possibles. Ensiiite ajoute M. le rapporteur ,, M. Jacclnorye avance que le Init des eludes Universitaircs h'est pas rempli , et qu'il faut les porter plus loin pour ceux du moins qui n'ont pu achever leiir education litteraire ; maisc'est line erreur : car renseignement Universitaire ne doit ctre que lecom-, plement de Viftstruetion primaire , et les e coles secQi^Tf^ dairos ^ que le gouvernement va etablir , rempliraient la lacune qui existe reellement entre ces deux modes ^li^^fl tl' M. Dehay » charge defaire connaltre les ouvrages qui ont traite de la gymnastique dans scs rapports avec I'ins- truction publiqiije , lit un rapport que la 6^. section juge etre assez interessant pour qu elle eii dcmatide la lecture en assemblee generale , en exprimaht le desir formel cle le voir iniprimer dans le com pte -rendu des travaux de la S«. session du Congre^ scientifiqiie de France *. La resolution suivante , proposee par M. Dehay , est ensuite adoptee. 10. u Le Cong-res scientifique emet le voeu que Tie » gouvernement declare que la gymnastique esturie par- >; tie esseniielle de Feducation , et qu'en consequence , » il en ordonne I'enseignement dans les colleges et dans » tons les etablissemens d'instructiou pnblique. » 2'<^. « Le Congres manifeste le desir que les peres et » meres de famille , les instituteurs et institutrices,ains? » qiie toutes lespersonnes chargee^ de 1 education de laf jv ji^u'riesse , ehvoicnt les enfants et les eleves des deux <^'*'yoir la seance genetale d-u ii septembre/ 2i. — 322 — » sexes dans les etablissemens gymnastiques , afm d'y » developper entierement leur education physique. M. Hunault de la Peltriepense que ce n'est 1^ qtfune solution donnee a une partie dela question, etilannonce qu'il va la trailer d'une maniere plus generale. La liberte indefinie de Tenseignement , sans controle, sans brevet , lui semble dangereuse ; il croit qu'il fawt apporter des restrictions a cette liberte , sauf plus tard , et , quand I'organisation de Tinstruction publique aura ete bien faite et eprouvee par le temps , a donner aux autres systemes une carriere aussi libre que le compor- tera I'ordre social ; mais pour que Tenseignement ait des bases fortes et solides , il est indispensable , dit-il , qu'il soitremis aux mains de I'Universite et des Academic*. Apres quelques observations de M. Gachet, M. Corne prend la parole. Dans son opinion , ce n*est pas par le faite qu*il faut commencer I'organisation de Fenseignement , mais pas la base : Sans doute on peul bien ameliorer ce qui est , quoique bon , mais il faut se garder de tout detruire pour reedifier, si Ton ne veut pas tomber dans desincon- veniens cent fois pires que ceiix auxquels on veut re- medier. Ainsi nousavonsrinslructionprimaire ; elle a ete bien con^ue , puisqu'elle met les premiers elemens de la civi- lisation , tels que I'ecriture , la lecture et quelques autres enseignemens , a la portee de tous. L'instruclion intermediaire ou secondaire nous man- que ; la est le vide , mais la reforme est prete et nous ne tarderons pas a voir le pays en possession de ce bienfait, Ensuite viendra tout naturellement I'instruction uni- versitaire ou superieure donnee dans le college ; celle- la devra appaitenir surtoul a certJiifles intelligences plus I -- 523 -* «(ev^es , 'S des positions sociales bien entendues. II n^ faut pas croire que Ton emporte des colleges line science veritable , ce n'est qu un moyen d'y ariiver : la , cepen- dant I'ordre des travaux est trop lent , sitrtout lorsqu'ort ne peilt en sortir qu'avec une disposition k appliqiler et flon avec itne instruction applicable ; la fondation des ccoles secortdaires permettra d'abreger le temps que Ton passe au college* Mais ail-dessus des dtudes nniversitaires , it convien^ drait d*etablir des cours plus elcv^s , et presque prati- ques , d'agricitltiire , d'industrie , de sciences economic ques et administratives ; ces cours devraient etre obliga- toires , selon la profession a laquellc Ort se destinerait. M. Hunault de la Peltrie expliqite qu'il ne veut pas tenverser 1' organisation actuelle , ainsi que Fa cru M. Corne. ^ ,^|.,; M. Cacliet est d^avis qile le trop long temps, Consacr^^ aux etudes universitaires , tient a ce que Ton y destine, de trop jeunes eleves , et que la carriere dit droit et de la medecine est assez suivie pour qii' on ne cberChe pas a encombrer davantage les abords de I'instruction ; les hautes etudes , dont M. Corne a couqu la pensee , ne lui semblent poilvoir ^tre credes qu'en dehors des cours des colleges. M. Preiii appelle Tattention de la section siir deux points de I'opinion de M. Corne* En premier lieu , il estime aussi qu il convient d*abre-' ger un peu laduree des etitdes universitaires ; niais il ne croit pas possible de les combiner avec les etudes des ecoles intermediaires, de maniere a ce qite les eleves passent par ces ecoles avant d'arriver aux colleges ; de toute necessite , d'apres lui , les ecoles primaires oil secondaires doivent servir de preparation seulement aus Studies uniyprsitaires , qui exigent aujourd'lmi d'autant plus de temps , qu'elles comprennent des cours de lan- gues etrangeres, de Mathematiques , de cliimie , de physique , d'histoire , etc. Eli second lieu , il faut des intelligences elevees pour les cours superieurs que veut etablir M. Corne ; ces in- telligences la ne sont pas communes partout , et il con. vient , parcela meme, delaisserces grands etablissemens a 1-1 capitale. 11 faut prendre garde , en rapprochant trop ces hauls foyers delumieres des populations de detourner uhe foule de jeunes gens des professions auxquelles ils semblent appeles , et qui auraient fait leur bonlieur ^ pour les faire courir apres une condition plus elevee qui excede leurs facultes , et leur echappe. ''*'MM*reux attaque ensuite, en quelques mots, les pro* positions deM. de laPeltrie, que celui-ci declare ne dilferer que pou des ideesde M. Gome, M. Corne explique qu en recommandant la creation d'un haul enscignement, a la suite des etudes litteraires, il a entendu qu'il n'etait utile de Tetablir que dans les grands centres de lumieres ou se trouvent deja les facultes de droits et de medecine. *>' t^^jnhmmb M. Isidore Lebrun exprim6 la (S*aiflt^ qite les ecoles secondaires ne fassent pas le bien qu'on semble en atten- dre , parce que les parens , dans certaines classes de la Societc , au lieu d'y mettre leurs enfans, continueront a les envoyer dans les colleges ; pour eviter cet inconve- nient, il dcsirerait que les ecoles secondaires comprissent imc partie de I'enseignement des colleges. Apres une discussion , dans laquelle sont successive- menl entendus MM. Preux, Hunaultde laPeltrie, Corne ot Lenglet, M. Ic president met aux voix les propositions (\e M. Ilunault de la Peltrie , qui ont obtenu la priorite , eiqui no sont pas prises en considerat,ion. n ne reste rien a decider , M. Gorne n'ayant piHs jl&rt aux debats que dans I'intention de chei'cliefc,aedaii*er la discussion, ' ^mu ^ '.: .;; La question de M. Isidore Lebrun sur lesk^migrations outre-mer et sur les moyens d'en eviter les suites fa-* cheuses, renvoyee par le precedent Congres , aux sessions* suivantes , sera discutee dimanche , si Fordre du jour le permet. line question de M. Woussen, ayant pour objet :- « D'appeler I'attention des conseils generaux de depar-- » tement ; des conseils d'arrondisscment et des conseils » municipaux , sur Timportance des salles d'asiie pour » Fenfance , et sur la convenance de les multiplier , lo » plus possible , dans toutes les communes de France, » ayant ete renvoyee par la commission centrale, a Fexamen de la 6^. question , ainsi qu'une autre question proposee par M. Lair, en ces termes : « L'architeetufe privee , » militaire et navale, a-t-elle degenere ou fait des pro-« » gres depuis le 17®. siecle. > La discussion de ces questions est ajournee jusqu'apres Fepuisement des tra*- Yaux a Fordre du jour. MM. Stievenart , Preux et Minart sont dcsignes pai^" la section d'agriculture , pour examiner la 4®, question, COHcernant For^anisation des banques departementales. ! rf'jLa seance est levee. .ao»i im- hhriiid «'v/'j>[^) gj.i " sMnce du SAMEi)i^2^^i:p1wmvEv "'^^^=^^' Presidence de M. Jullien ( dc Paris. ) La section adopte le proces-verbal de la seance de 1* veille. * M. Quensou charge d* examiner le memoire de M. Thomas , de Rouen , sur les ouvroirs ,a la pai-ole : M. le rapporteui^ fait observer quQ le travail de M. Thomas §e rattache a la 5®. question du programme et a la 9". — 526 ^ M. Thomas , dit M. lo rapporleur, prend Tenfant 3 2 ans ; il le place dans une salle d'asile jusqu'a 6 ans ; a (i ans , il le met dans une ecole primaire , soit d'enscignei ment mutuel , soit d'enseignement simultane. L'auteiir donne la preference a ce dernier mode , parce que les ecoles en sont dirigees par les freres de la doctrine chretienne , lesquels offrent une plus grande garantie pour Teducation morale des enfants. 11 cite , a I'appui de sa predilection, les villes de Paris , Toulouse , Lyon , Bordeaux , ou les depenses pour les ecoles des freres sont mises au premier rang. L'enfant sort de I'ecole primaire a 15 ans ; et c*esl alors settlement qu'il est place dans les ouvroirs. On aurait pu I'y envoyer plus tot , mais le faible benefice qu'il aurait rapporte a ses parens , n*eiit pas ete com- pense par les dangers auxquels son age Feiit expose , tant sous le rapport moral que sous celui du developpe-^ ment physique. L'ouvroir de M. Thomas est fonde dans les grandes villes ; c'e&t la seulement que se remontre la possibility d'ctablir des genres varies d'indu&trie , et d'obtenir des hommes capables do diriger I'ctablissement. L'ouvroir contiendra neuf ateliers : fun de fonderie , rautredeserrurerie,letroisiemedemenuiserie, etc., etc. Les eleves seront au nombre de 500 ; il y aura des maitres d*art , des chefs d'ateliers et un chef d etablisse- ment. Le travail sera actif ; il commencera a 6 heures du matin , en ete , a 7 heures , en hiver , et il linira a 8 heures du soir ; il ne sera interrompu que par les inters valles necessaires pour la nourritnre et le repos, — Les enfans prendraient leurs rcpas dans I'etablissement ; il n y aurait d'exception que pour ceux qui demeureraient 8 une courte distance. — 527 — C'est la capacite et I'anciennete qui determineraicnt la division du travail entre les eiifans d'un mcmc atelier. L'instruction embrasserait, outre les travaiix d'ateliers, le dessin , la coupe des pierres , le trace des ouvrages , les cours publics du quartier. Le dimanche serait destine au nettoyage des ouvroirs, aux offices religieux , aux promenades et aux visiles des etablissemens publics : la soiree de ce jour serait consa- cree a des lectures et a des conferences sur les arts. L'auteur entre ici dans le detail des moyens d'execution sous le rapport financier. L'etablissement serait construit sur un sol appartenant a la commune , a laquelle on en paierait le revenu ; les frais de construction seraient de 150,000 francs, ceux d'installation de 120,000 fr. : total, 270,000 fr. De ces 270,000 fr. , la commune avanccrait 20,000 fr. , dont on lui paierait I'interet ; les 250,000 fr, res- tants seraient obtenus a I'aide d*actions au porteur , portant interets a 6 p. 0/0 et ne pouvant etre rembour- sees avant quatre ans. Les travaux de letablissement ne pToduiraient , a ce que pense l'auteur , aucun benefice la premiere anpee ; mais le benefice existerait h la deuxieme annee , et il irait en augmentant jusqu'a la 5^. annee , oii il aurait atteint sa hauteur naturelle , qui serait dq 89,700 fr. par an, "• M, le rapporteur pense qne ccs calculs ne sont pcut- etre pas exefljpts d' objections ; l'auteur lui parait avoir omis des causes de dechet qui feraient nccessairement baisser le chiffre du benefice annuel, L'auteur , continue M. le rapporteur , fait sortirl'en- fant de Touvroir , a I'age de 20 ans. xV cet age , Tenfant sera designe par le sort pour le service militaire , ou il re^tera dans la vie civile. Dans ce dernier cas , il sera fiuYner J dans le pi-en?icr , tl le dcviendra ap.r«l;3 le teipps 4e .^pn servicp expire j, Dans cet etat d'oiivrier, son sort est exUcn^cnient precair^ : Pouv le garanLir , aulant que possible, de^ poups de la fortune , I'auteur propose^ i^ne association Cette association aerait composee ,: i^. D'ouvriers payant une cotisation hebdomadaire., 2o. De n^aitres et d'entrepreneurs payant une coti,- |ation liebdornc^daire , mensuelle ou trimestrielle. V;,, 5®. D^ pe^sonnes bienfaisante^ donnant a lassociation une certaine somme pour luquelle elles s^ouscriraient. ^'association serait administree par deux comites : le premier serait compose exclusivenient d'ouvriers ; sa mission serait de proposer les admissions et les fourni- tures de secours. — Le second comite jugerait souve- rainement les p ppositions du premier. 11 serait compos.e d'ouvriers, de mattres et d'entrepreneurs, en riombre egal a celui des ouvvi^rs. On pourrait y adjoindre de^ personnes prises parmi les souscripteurs. Le premier comite aurait encore pour mission de surveiller les Quvriers , de faire les yisites ^a domicile , ,et de proposer , au besoin , ^oit Iqs radiations , soil les retraits de secours. , .^1 fle^tQ prganisatiop semble a M. le rapporteur offrir les garanties desirables. La presence dans les comites , ^es personnes a adjoindr^ aux oqvriers , lui parait . igiir tout prop re ^ rassurer centre la cri^inte d'entreprises ,Q.ui seraient de nulure a comprometlre la tranquillite publlque. Les caisses de secours sont un complement du systeme des c;aisses d'epargne. La question traitee par M. Thomas, est j)lus (itcndue, ^jt M. le rapporteur, (|uc la 9^'. question du programmq, mais elle rembrassc et peut iacilement en offiir la §oIiUion, j^) M. le rapporteur propose a I'adoption de la seclioiv^ la resolulion siiivante : V Lg Congres declare que le menioire de M. Thomas « conlient des vues utiles pour I'avenir de la classe » ouvriere , et qui pourraient etre appliquees , a I'aide » de quelques modifications , aux hospices civils ; ;3 » En consequence, il croit devoir recommander; » surtout en ce qui concerne la necessite de donner de » I'instruction et des principes de morale religieuse aux » enfans avant de les admettre dans les ateliers , a MM. » les ministres de I'interieur , du commerce et de Tins- » truction publique ; aux conseils-generaux de depar- » tementet aux conseils d'arrondissement , ainsi qu'aux » administrations des etablisscmens de bienfaisance et ♦ des hospices. » ^ La discussion s'ouvre immediatement sur la proposition de M. Quenson. M. J.Lebrun la combat : il craint que cette sollicitude trop grande pour les enfans trouves , pour les batards , ne fasse bientot leur condition meilleure que celle des enfans legitimes. M. Lebrun entre ensuite dans quelque observations de details. II regarde le travail de M. Tho- mas comme le r€ve d'un honnete homme , et demande qu'il ne soit pas pris en consideration. M. Maniez ne pense pas qu'une mesure puisse.etre rejetee sous le pretexte quelle serait trop avantageuse; il approuve Tensemble des vues de M. Thomas. M.Gaillard dit qu'une grande plaie des manufactuiM^s, est I'introduction d'enfans trop jeunes , et par suite sans nulle education. Les chefs de manufactures ne peavcnt pas trouver de contre-maitrcs. il vote pour la propo- sition. — 530 — MM. Quenson , Lebriin , Manicz et Pillot , sont sue- cessivement entcndus. l^ proposition de M. Qiiensoft est mise aiix voix et adoptee, M. le president renvoie a Texamen de M. Debay un memoire de M. Pesche , chef de division a la Prefecture de la Sarthe , sur le recrutement de Varmee. M. le president nomme ensuite MM. Quenson, Jobard, Gaillard et Dehay , commissaires , a reflPet d' examiner avec les quatre commissaires de la section de Utteratur^ et beaux arts , la question de propriete litteraire, M. Gaillard a ensuite la parole pour faire son rapport sur Fopinion emise par M. Girard de la Gantrie , sur la 12^. question ainsi congue : « Indiquer les moyens de ■9 remplacer avantageusement le mode actuel de percep- » tion de I'impot sur les boissons, en supprimant lea » exercices ♦ en accordant la libre circulation , sans > diminuer le produit net de cet impot ? » L'impot indirect , dit M. le rapporteur, est dans sa generalite , le meilleur des impot : car , il atteint les objets le plus pres possible de la consoramation et loin de la production. Par la raison inverse , rimpot foncier est le plus mauvais ; telle est I'opinion generale des economistes. L'impot indirect est de plus , d'apres M. le due de Gaete , un vehicule pour le trayaiL M. Girard se plaint que le cabaretiei* paie 50 p. ^/ck au iisc ; il propose de changer le mode de perception existant, et comme I'inventaire est sans contredit la peilleure base de tout impot indirect, M. Girard vou^ drait qu'il fiit appliquee a toutes les matieres , comme il Test aux tabacs. Mais les divers moyens qu'il propose paraissent inexecutables a M. le rapporteur, en suivant Tavis de M. Girard , on iinposerait les vins d'apres leur valeur presumee a raison du terroir ; mais imposer les vius d'apres leur valeur, c'est decourager les bons cruti .^ 531 — en faveur* des maiivais cms. L'impot a la barri^jue favo- rise au contraire , les bons cms au prejudice des mau- vais ; il est done preferable. D'ailleurs le systeme de M. Girard tourne la perception contre le proprietaire pour venir en aide au cabaretier : le premier semble a M. le rapporteur meriter plus de faveur que le second, M. le rapporteur propose en consequence a la section , la resolution suivante : c Engager le gouvernement a faire examiner tout C6 » qui pourrait ameliorer le mode de perception des » contributions indirectes. » La discussion est ouverte sur le rapport de M. Gaillard. M. Maniez ne voit pas que les cabaretiers merilent moins de faveur que le proprietaire. Geux qui vont boire le vin dans les cabarets , dit-il , sont les pauvres , et les pauvres meritent interet. M, Maniez pense au surplus que la resolution proposee par M. Girard , est la seule possible. M. Jobard fait observer que le meilleur impot est celui qui pese sur les objets dont la consommation est un vice : tels que I'eau-de-vie , les billards , les jeux de dominoset de cartes, le tabac nieme dans I'opinion de M. Jobard. Les billards, dit-il, sont imposes a 1000 fr, en Russie. La proposition de M. Gaillard est mise aux voix et adoptee. M. le president indique I'ordre du jour du lendemain, 11 invite les membres de la section a so rendre avant la seance dans le local de la section d'agriculture , oil doit elre traitee la question des sucres indigenes, laquelle fait aussi partie des questions soumises a la 6^. section. M. le president donne ensuite la parole a M. Piliot , secretaire , pour faire lecture d'une proposition de M. — 332 — Ed. Grar , secretaire de la Societe d'AgricttUureidA. Valenciennes. : j; Cette proposition a pour objet retablissement de- caisses de seconds mutiiels entre les ouvriers , et la iojH' mation d'ateliers de travaux et de secours publics. *. Apres la lecture de la proposition , la discussion est puverte. MM. D.ehay , Minart, Numa Grar, sont success sivement entendus, et la section decide que k proposW tion sera renvoyee a I'examen de MM. Corne et Cornille, (jharges de faire un rapport sur uue question analogue. M. le president prend ensuite la parole pou^: ^^^^ii Iqpper une proposition sur les salles d'asile. -r, ,. i La question des salles d'asile, dit M. le president-^ a ete traitee incideniiflent lors de rexanien de la question des colonies agricoles ; elle est asscz importante pour^ etre traitee d'une maniere principale. lls'agit. eneftet,' de la premiere education de I'enfaut , education si^ negligee , si abandonnee jusqu'ici, et neanmoins si in- ' teressante. ' '- Les salles d'asile n'ont ete considerees jusqiiVijoitr- d'hui que cpmme un moyen de soulriger les meres de famille pauvres , eh les debarrassant di*i soin de reur$' erifans, pendant qu'elles vaquaient a leurs travaux jour- ' Kfaliers. GesetablisSemenspourraiehts^etendreaiix classes moyennes et aux classes riches. Les bonnes au^quelli3s, dans ces dernieres classes on confie les enfaris, ne sent pas d'excellentes institutriccs. • M. le president trace ici un tableau de Forganisation generale des salles d'asile, lesquelles produisent, ajoute- l' il , les resultats suivans : Habitude de la proprete par la surveillance exercee sur les enfans ; santc du corps, rcsultat de Texercice ; ordre , discipline , non par relict de la crainte, mais par liimour memc de ges prccieiiscs qualites. D/ms les salles /— 353 — ♦ d'asile , dlt M. le president, il n'y a point de punitiofi , si ce n'est la privation d'y revenir le lendemain ; et cetie privation est pour les enfans la chose la plus sensible. Les salles d'asile semblent avoir realise ce qu'un auteur du 16^. siecle appelait les maisons joyeuses , tandis que les ecoles d'aujourd'hui sont , auxyeux des enfans, une espece de prison. ^'eomuq .a^'jiib ii ■■q Aux avantages de la propret^ , 'de la sante, de I'ordre, il fautajouter la justesse dela voix, des oreilles, produite par Texercice du chant ; la simultaneite des mouvemens, resultat des exercices fails en commun ; Tactivite du corps ; la sociabilite , etc. Au sortir des salles d'asile , les enfans se trouvent en- tierement aptesaentrer aux ecoles et a profiler de toutes les logons qu'ils y recoivent. Du reste , il convient que la direction de ces etablis- semens soit confiee a des femmes. Elles seules sont capables de ces soins tendres et delicats , qu'exige la premiere enfance. La mission de ces femmes de charite, ne se borne pas a Tinterieur des salles d'asile ; elles vont aussi visiter les meres de famille , pour connaitre leurs besoins et les soulager. M. le president propose , en consequence, a I'adoption de la section , un voeu quiappelle la sollicitude surl'eta- Missiettient de salle d'asile. La discussion est ouverte sur la proposition de M. le president. M. le baron de Chauvenet pense qua I'etablissement des salles d'asile , se rattache comme une annexe indis- pensable ,1' institution des jeunes e'conomes. Les dames placees a la tete des salles d'asile , n'ont pas ton jours le loisir et la fortune necessaires pour donner des secours , de tous lesjoursjde tousles instans , aux pauvres qu'elles vont visiter* il convient que des jeunes personnes se ^554 — reiiiiissent, qu*elles travaillent pour lespauvfed, qU^Jlea se cotisent pour leur donner des secours pecuniaires. M*: de Cliauvenet donne des details iriteressans sur une de ces institutions de jeunes economes , etablies dans une ville voisine. M. Dehay ne Croit pas que I'institution des salles d'asild proprement dites , puisse s'etendre aux classes riches > il croit que pour ces classes , la question se ratlacherait plutot au perfectionnement des ecoles. j^nwi.ii M. Pillottrouve de grandes diflicultes dans retablis-f sement de trois sortes de salles d'asile , Tune pour lesi pauvres ; Tautre pour les classes moyennes ; la troisieme, pour les riches. M. Maniez appuie les observations de MM. Dehay et Pillot. Par suite de ces observations , le voeU a adoptei^ par la section , semble devoir etre modifie dans sa redac- tion ; et la discussion est continuee au lendemain. La seance est levee a onze heures. '^^ r S£ANCE! Dll DIMANCHE 13 SEPTEMBRE. ' '''■ ' Presidence de M. Jdllien (de Paris.) Le proces-verbal de la seance precedente est Id et adopte. M. Lamarle pr^sente le rapport de la commission , a laquelle a ete confie I'examen de la 10®. question : « Quels sont les meilleurs moyens a employer pouf Tentretien et I'amelioration des routes vicinales. » La commission commence par declarer qu'il est au-^ jourd'hui universellement reconnu que la legislation! relative a I'entretien et a la reparation des chemins vici- naux doit-etre , non pas modifiee , mais entierement changee. t Toute fois , dan» son opinion , la loi nou- » velle devrait se borner a decider quelques points fon-i — 335 — i damentaux et laisser a des reglemens d'administratiott » publique , le soin d'organiser les details , conforme- > ment aux besoins varies des diverses localites. » En effet , Temploi des ressources , la nature des travaux et les moyens d'execution ne peuventetre soumis a I'empire d*une regie absolue et inflexible partout lo royaume , Forganisation materielle des details doit etre abandonnee a I'appreciation et aux soins des autorites locales ; il ne faudra done dans la loi proscrire aucun mode , mais au contraire , les admettre tous , puisque celui-la meme ; qui aurait ete rejete , pourrait etre le seul dont il fut possible de faire usage dans certaines contrees. La prestation en nature doit 6lve maintenue, et pent meme produire de bons resultats , si on la convertit en taches obligatoires pour remplacer les journees. La commission s'est demande alors comment serait organise Tadministration des chemins vicinaux , et quels seraient les agens d'execution ? La majorite a repousse les maires et les conseils municipaux qui ne sont ni assez fermes , ni assez desinteresses , ainsi que les conseils d'arrondissement , dont Taction ne serait ni assez con- tinue , ni basee sur une connaissance assez approfondie des details de chaque localite ; elle s'est done arretee k la pensee de demander au Congres la creation de com- missions speciales , elues par les proprietaires revetuesi de pouvoirs suffisans pour pouvoir operer le bien. ,. j Un autre voeu sur cette matiere semble a la commis- sion suffisamment motive par le silence des lois et ('in- certitude de la jurisprudence en ce qui concerne le droit sur les chemins vicinaux , quand il est reconnu que les arbres deteriorent les voies de communications et font perdre le fruit des travaux entrepris pour les ameliorer. En consequence , la commission soumet a I'approba- lion du Congres les voeiix suivans ; ^ not*;'}* Que la loi relative aiix chemlns viclnaux s« 1 borrle a ne decider que quelques points fondamehtt^ix i et laisse a des roglemens d'administration publique t, i" approprios aux besoins des localites , le soi^^^'organi- * ser les details. » /li'b gn- . 2o. c Que radministration des chemins vicinaux soil * confiee a des commissions speciales elues par les pro- % prictaires dans les formes determinees par la loi , et: i investies d'un grand pouvoir. » : 5<>. *« Que la prestation en nature puisse etre conver-* > tie en taclies obligatoires. * ^o . « Que la legislation prononce sur le droit do plan- % tation et sur la propriete des plantations existantes » sur les routes vicinales. > M. Lamarle, apres la lecture de son rapport , obtient la parole pour developper son opinion personnelle. II adhere entierement aux vues de la commission et a ses resolutions ; mais il croit, quant a lui, que le Gongres lie doit laisser de vague et d'indecis que ce qui doit etrd approprie aux localites. Apres avoir annonce que les developpemefls , dont il veut entretenir la section , ne s'appliquent qu'au 2^. paragraphs de la proposition de la commission , il eta- blit contrairemeht a I'opinion de M. Vatout, rapporteur de la commission de la chambre des deputes , charge de faire un rapport sur un projet de loi relatif aux chemins vicinaux , que rintervention des proprietaires elus n'est qu'un rouage necessaire assez haut place pour etre degage de tout interet personnel, et assez pres pou^ connaitre et apprecier les veritables besoins. Les com- missions speciales, dont la creation est proposee, repre- senteraient les interets reunis des proprietaires , et feiaient ainsi , pour le pays , le meilleur emploi des ressources dont on pourrait disposer. Elles n agiraient — 557 — pas dans une pensee unique et exclusive de localite, mais pour une circonscription ou pour un district tout entier."^- Mais il convient de donner a cos commissions les moyens de bien faire et de surmonter les obstacles : en consequence, il voudrait voir ajouter ce qui suit au projet de resolution , qu il a ete charge de soutenir. « Les commissions speciales seront chargees de >. Tadministratibn d'une partie du territoire limitee par » des routes royales ou departementales, des canaux ou » des rivieres navigables. » ».f« Leurs attributions seront definies comme il suit : rf'f- io. c Le classement des chemins. > ^ 2o. « Leur police , consideree sous le rapport des*' alignemens et du roulage. > ^'^ 30. La redaction des projets, les marches relatifs a >. Texecution des travaux ; leur surveillance et leur' » reception. » 4^. c< La fixation par chaque commune du contingent » a fournir et des travaux a faire pour Tentretien , lu » reparation et Tamelioration des chemins vicinaux ^ >) sauf les reclamations des conseils municipaux et I'appel » au Prefet, en cas de discord. » 5^. « La proposition d'une cotisation destinee a sup- » pleer a Tinsuffisance des ressources determinees par » la loi de 1824 sur les chemins vicinaux, et s'il est possi- » ble, a la creation de voies praticables en toutes saisons » et servant de debouches. » 6^. < La presentation d'agens-voyers assermentes et » salaries. » « Les actes de la commission seront , en general , » soumis a Tapprobation du Prefet. La proposition des > cotisations devra elre ratifiee par les conseils generaiix ♦ et soumise a la sanction des chambres dans la loi du 22. — 558 — » budget, ainsi que cela se pratique aujoiird'hui potiri » les syndicats. » Surla demande de M. de Rainneville, la section di^cide que Ton votera s^parement sur chaque paragraphe du projct de la coniuiission , et que Ton rattachera au pa- ragraphe 2^ de ce projet, la proposition additionnelle de M. Lamarie. Le premier paragraphe de la resolution de la com- mission est misauxvoixet adopte. Quelques membres , lorsque la discussion sur le 2^ paragraphe. est ouverte , demande nt quel sens la com- mission a voulu attacher au mot proprietaire. M. le rapporteur repond : que la commission a voulu designer par la, tons ceux qui possedent, quelque minime que spit leur propriete, puisqu'elle profile, en proportion de son etendue et de sa valeur , de la viabilite des routes: vicinales ; que cette expression a ete employee a dessein pour exclure les simples locataires , qui ne sont pas proprietaires , et qui d'ailleurs , ont une part d'action par I'election des conseillers municipaux a laquelle ils peuvent participer* La commission a eu en vue d'eloigner surtout les grands fermiers qui, pour conserver leur exploitation a plus has prix , ont soin de s'opposer a Tamelioration des chemins. M. Maniez appuie cet avis, surtout par ce motif que l«s proprietaires seraient doublement representes, par suite de Tinfluence qu'ils exercent sur leurs fermiers , si ceux-ci etaient appeles a voter pour la nomination des membres de la commission que Ton propose de creer. €e paragraphe est egalement adopte. .,Qn passe aux propositions de M. Lamarie. . tM. de Rainneville explique que la commission les avait rejetees, parce que M. Lamarie lui avait propose defaire voter rimpot par les commissions speciales ; du moment oil elleg n'aiiront plus qu'nn droit (le proposition, ilpeftse qii'il n'y a plus (rinconv(Miient a sanctionner les voeux exprimes par M. Lamarle. > . M. de Ghauvenet croit qui! s*elevera des dilFicuItes pour la creation des chemins qui conduisent a des points un peuetoignes, parce qu'ils doivent souvent traverser des proprietesde peu d'etendue, situeessur le territoire, 4e diverses communes qui ne veulent pas concourir a la depense;. . • . , ; .. -^j M. le rapporteur repond que les attributions donneesJ^ auX commissions speciales , qui doivent fixer la part Qontributive de chaque commune , i^emedieront a Tin- convenient sigjiald ; .elles auront en main le poUvoif necessaire pour vaincre la mauvaise volonte et les resis-^ tances mal-entendues. . 1 j^:) yoij^jc iiwi M. Parmentier voudrait que les comtiiissaifes-vciyers fussent pris pdfmi les instituteurs primaires ; ce serait un moyen d'as^uper a ceahdmmes dignesd'interet , une position plus heureuse. 11 lui est repondu que les ag^ns-vbyers doivent elre tout-a-fait hors de la dependance des administrations- c^ommlinalfes ; que ce serait aller contre le but, que de QJiioisir les institnteurs primaires, places en quelque sorte so»s:"k: controle et ratttorite des maires et des conseils^ inunicipaux. j Oi L'ensemblede :1a redaction de M. liSniarle est mis aux Voix par M. le president et adoptee par la section* . 11 en est de meme du 5^. paragraphe du projet de la commission , apres qu'il a ete bien explique et bieit entendu que la prestation en nature , appliquee a une tache obligatoire , n'est qu'uu mode i'acullatif , qu'il fautbien laisser subsister poUr les localites on il sera reconnu le plus avantageux , et quelquefois le seul admissible. itps^.vy- '-i-y^ot t — 540 — Le dernier paragraphe est vote sans discussion, M. le president donne ensuite lecture de trois pro- jets differents de voeux relatifs a la fondation et a la direction des salles d'asile.Ces projets devant etre combi- nes de maniere a ne former qu'un ensemble de resolution, la redaction en est renvoyee a une commission com- posee de MM. de Chauvenet , Dehay , Maniez et Pillot. M. le president remet ensuite a la section un memoire de M. d'Accary de la Riviere , sur les inconveniens et les dangers des <:hemins de fer , par suite du renvoi qu en a fait le secretaire-general , au nom de la commis- sion centrale ; la section d'agriculture , industrie et commerce sera price de vouloir bien examiner ce memoire. La seance est levee. SfiANCE DU LUNDI U SEPTEMBRE. Presidence de M. Jullien (de Paris.) La section adopts le proces-verbal de la seance de la veille. L'ordre du jour appelle le rapport de M. Pillot charge d'examiner un memoire de M. Marquet Vasselot , sur la 7^. et sur la 8^. question du programme , ainsi con^ues : « Indiquer le meilleur regime a adopter pour procurer » aux detenus , a leur sortie de prison , les moyens de > vivre honnetement, et pour les garantir de la misere » qui lesramenepresqu'inevitablementaumal; chercher > si les moyens d'obtenir ce resultat , ne seraient pas : » 40. Modification dans le systeme actuel de penalite ; » 2^. ximelioration du regime penitentiaire ; S®. Patro- i> nage coUectif sur les individus ? » 1 a Q uels sont les moyens a prendre , relativement aux t forrats liberes, pour leur procurer des moyens d'exis- — 341 — » tence et garantlr la Societe des nouveaux crimes qu'ils » commettent souvent ? 3 Le memoire de M. Marquet Vasselot , dit M. le rap - porteur , merite votre attention ; il est le fruit de 25 annees d'experience. M, Marquet Vasselot prend la societe dans Tetat ou elle se trouve : dans cet ^tat , dit-il , I'unique moyen d'arriver a la reforme des detenus , est de trouver un principe regenerateur. Ce principe regenerateur existe , c'est la religion chretienne. n-, u ! Les principes de religion auront ee double avantage de moraliser le detenu et de lui faire trouver sympathie, lorsqua sa sortie de prison , il se trouvera en contact avec des hommes amis de la religion. Jusques la , point de reforme possible pour le detenu , point de protection pour lui a sa rentree dans la societe. Quant aux questions memes du programme , I'auteur ne les resout pas ; il se borne a emettre ces deux idees generales : Ameliorer les moeurs ; perfectionner le re- gime des prisons. M. le rapporteur essaie d'emettre quelques reflexions^ personnelles, en s'appuyant de Tautorite de MM. Faustin Hely et Adolphe Chauveau , dans leur theorie du code penal. Le but des prisons penitentiaires n*est pas , dit-il , de former ^honnetes gens ; ce but serait impossible dans Tetat actuel des choses. II s'agit uniquement d'empecher les recidives. Pour cela , deux m.oyens : Le premier est I'isolement des criminels ; leur simple classification a ete demontree impuissante. Le second est le travail. La societe a le droit de I'imposer. MM. Hely et Chauveau' pensent m^mequ'elle a le droit d'infliger aux condamnes des corrections , s'ils refusent de travailler. M, le rapporteur invoqu^ , a Tappui dc ces deux moyeiis de re forme , I'exemple des Ktals-Unis. Mais comment introduire ces deux moyens dans nos prisons ? II ne faut pas penser a abattre toutes celles qui existent pour en conslruire de nouvclles. Mais en n'appliquant les changemens de construction qu'aux prisons a venir , il est n^anmoins possible d'introduire des reformes dans celles qui existent deja. Dans nos prisons telles qu*elles existent aujourd'hui , les communications entre les prisonniers sont d'une iacilite extreme , et il en resuUe la plus effrayante immo- ralite. M. le rapporteur en retrace le bideux tableau. Le remede serait , dit-il , d'empecher les detenus de causei*-' ensemble pendant le jour , et de les renfermer dans des ' cellules , pendant la nuit. Quant au mode de travail , M. le rapporteur donne la preference aux travaux agricoles , dont les avantages ont ete si bien decrits dans une des precedentes seances. Ces travaux exterieurs sont d'ailleurs commandes par rhumanite meme. Les statisti(|ues etablissent que , dans certaines prisons , les 6/7 des hommes condamnes a dix ans , meurent avant I'expiration de leur peine ; la mor- lalite parmi les femmes , dans le memeespace de temps, est restreinte aux 3/4. On annexerait , autant que possible , des fermes aux prisons. Dans ces fermesseraient employes de preference, les detenus les plus pres de leur rentree dans la societe. C'est a ceux-ci que les graces seraient exclusivement aocordees ; pour accroitre encore leur desir de se corrR^^ ger, ils seraient payes comme des ouvriers ordinaires'^/^ et leur salaire formerait une masse, qui leui* serait reinise a leui- sortie. ^> Uoih id r Si ces deux reformes du silence et du travail, ne pro- ^uisent , pour le moment , d'uulre resultat que d'empo^' oher les recldlvcs , elles promcttcni iin eMn bicn phn heureiix dans ravenir , lorsque les dotenus ne seront pluscesetresprofondement imnioraux que recelent nos prisons , mais qu ils auront regu , a Taide de la religion ehretienne, ces legons (fe morale religieuse, qu'ilsanront pu meconnaitre un instant , mais dmit la trace ne sauraLt s'^tre entierement efFacee de leiir coeiir. Un autre moyen de re forme est Vexemplarite' ot Vvntt- midation. Sans doute la peine infligee au coupable, doit, avant tout , ^tre morale , c'est-a-dire, qu elledoit tendre a inculquerau coupable, la pensee : qu'il estpricipalement condamne , parce qu'il a enfreint un devoir ; maisil faut qu'il sache aussi quit a ^te condamne pour qu'il ne re- commence plus , et qu'il serve d'exempje aux airtres. L©s efFets de I'intimidation ne sauraient etre revoques en doute : les comptes duministere de la justice etablissent qu'en 1851 , le nombre des recidives , dans la premiere annee qui a suivi la mise en liberie , a ete : Pour les formats liberes , de 51 sur ^Jq ; Pour les reclusionnaires , de 52 Pour les condamnes a un an et plus , de 45 Pour les condamnes a unmoisde peine, de 40 C'est-a-dire que le nombre des recidives a ete en yaison inverse de la gravite de la peine.. Mais il ne sufiit pas d'avoir travaille a la reforme du prisonnier pendant sa detention : que va-t-il dev.enir , a sa sortie des prisons ? Nul ne veut le recevoir ; ir aura bientot epuise sa masse , et alors it faudra done qu'il meure de faim , ou qu'il commette de nouveaux me tails ? Ici les diilicultes m'efTraient , dit M. le rapporteur. Etablirez-vous un protectorat ? Mais il y a impossibilite que ce protectorat embrasse tons les condamnes liberes. Vous ferez done unchoix. Votre choixs'arr6tera-t-il sur le§ for^at^ ?Mais nous venous d'etablir que les recidivps — zu^ sont plus nombreuses parmi Ics condamnes a line moiri- drc peine. Un patronage ? niais qui voudra s'interesser a dcs etres incorrigibles? D'ailleurs im patronage serait impuissant: il faut,a I'egard de condamnes libercs , une force de coercition. Yous adresserez- vous au gouvernement ? lui demanderez-vous des ateliers ? Mais quel heureux effet attendre de cette mesure ? et puis de quel droit renfermer des hommes qui ont subi leur peine ? i,i5 Je vois bien ou il faiit tendre , dit M. le rapporteur ; c'est a refondre en quelque sorte le condamne libere , dans la societe , a eteindre la repugnance qu'il inspire ; maisje n'en aper^ois pastrop le moyen. La discussion s'ouvre sur le rapport de M. Pillot. M. Lenz craint que les formes attachees aux prisons n'empecbent les prisonniers de sentir , a leur rentree dans la societe , le bienfait de la liberte ; lis travaillaient a Tagriculture , etant en prison ; ils travailleront de la meme maniere a leur sortie ; la prison ne sera plus pour eux unlieu d'horreur,mais un lieu de refuge oil ilsseront toujours prets a rentrer a la premiere occasion. M. Tailliar croit que I'on pourrait des maintenant em- ployer les condamnes civils aux memes objets de travail que les militaires condamnes aux travaux publics. M. Degeorge cite , a Tappui de cette observation , I'exemple du fort St.-Fran(jois a Aire , ou les militaires condamnes sont occupes avec les plus heureux resultats, a des travaux de terrassement ou autres travaux du gou- vernement. C'est a M. le lieutenant-colonel Delannoy , commandant la place d'Aire , qu'est du cet heureux etat dc chose. MM. Pillot et Maniez sont successivement cntcndus : — 545 — M. Manlez cite la prison de Bethune ou existent des ate* Jiers de travail bien organises. M. Corne adopte les idees generfiles de M. le rappor- teur. Le silence , le travail lui paraissent d'excellents moyens ; mais la difficulte est d'organiser ces travaux. M. Corne , dans des observations qui font une profonde impression sur I'assemblee , fait remarquer que Ton net pent demander ces travaux au gouvernement surcharge et pille de toutes parts. Personne , dit-il , n'est plus mal servi que le gouvernement. Des associations de bienfai-* sance paraissent a M. le rapporteur, pouvoir seules pro- duire le resultat desire. EUes seules aussi pourront pro- curer dans les prisons , cette amelioration morale des detenus , laquelle on attendrait en vain des agents sala-> ries , preposes a leur garde. M. Gaillard remercie vivement M. Corne , au nom de, rhumanitc et du bien public , des vues si pleines de sa- gesse qui! vient d'emettre. II Tinvite de tout son pouvoir a faire participer la reunion generale aux reflexions si vraies qu il vient de faire. M. Gaillard entre ensuite dans la discussion. II revoque en doute I'utilite de Fintimida- lion ; il pense que si les recidives sont en raison inverse de la gravite de la peine , cela pent resulter de ce que, Ton se porte plus facilement a recommencer des debts legers. II fait observer qu'en Suisse , I'opinion se pro- nonce contre les prisons penitentiaires. II enestautre- ment en Amerique , dit-il , mais c'est qu en Amerique , il y a des moyens d'execution qui manquent ailleurs. M. Gaillard se prononce pour les associations. M. Corne invite a formuler un voeu qui resume toute la discussion , soumet a Tadoption de la section la reso- lution suivante : < Prier le gouvernement d'introduirc immediatcment » dans les prisons , des reformes appropriees aux loca- k Ktes et basees siir le principe du travail exterieur : » les principales amelioratbns seraient le silence, I'iso- » lement des prisonniers , on tout au moins Tentiere » separation des deux sexes, qui ne pourraient jamais » etre detenus dans la meme maison, » ' « Em^ttre le voeu que le gouvernement s'occupe du » soin d'assurer du travail aux condanines liberes , au » moins dans la premiere annee de leur liberation , et ^ favorise de tout son pouvoir la creation d'associations » bienfaisantes pour le patronage des detenus et des » condamnes liberes. » Cette resolution est mise aux voix- et adoptee, M. le president consulte ensuite la section pour savoir si elle entend voter I'impression du memoire de M. Mar- quet Vasselot. M. de Givenchy s'empresse de rendre une eclatante justice au travail a la Ibis profond et conscien- cieux de M. Marquet Vasselot , mais il fait observer que ce memoire n'est autre chose que le resume d'un ouvrage d'une bien plus grande importance et beaucoup plus etendu sur la meme matiere , que M. Marquet Vasselot public dans ce moment en 5 voK in- 8^, ; il pense done que I'impression du memoire serait sans objet et qu'il vaut mieux que le public puisse juger les intentions charitables et les savantes meditations de I'auteur, dans Touvrage m^me oii il a pu leur donner tout le dievelOp- pement desirable. Un abrege aussi succinct ne pourrait pas faire apprecier , a sa juste valeur , Fensemble d'ua travail aussi remarquable. La section decide que dans Tinter^tr de M. Marquet Vasselot , son memoire ne sera pas imprime. M. Corne enremplacement de M. Lcgrand , qui est retenu chez lui , a ensuite la parole pour rendre compte de trois ouvrages de M. Boucher de Perthes , sur la 14®. question ainsi Gon(;ue :. « Dans quels delais et par quelles mesurcs transitoi- » res pourrait-on arriver a t'aire disparaitre les prohibi- » tionsctles droits de douanes , qui entra vent lecom- » merce dans certains departemens ? » •''** La liberte du commerce , dit , M. le rapporteur, n'est pas moins d'une saine raison , de nation a nation que d'individu aindividu, EUe est fondee sur la division du travail et la div^'sile des ressources. II est naturelque I'homme s'adresse a un autre homme pour obtenir de ce dernier ce qu'il ne peut produire lui-meme , ou ce qu'il produirait moins bien. ' La liberte du commerce ne peut nuire en aucune circonstance : car si une nation regoit beaucoup de I'etranger , c'est quelle lui donne beaucoup. Cependant le systeme existant en France, est Toppose meme de la liberte. La legislation oppose trois sortes de barrieres : les prohibitions , les droits appeles prohibitifs , parce que leur elevation les rend I'equivalent d'une prohibition meme , enfin les droits moins eleves. M, le rapporteur regarde les prohibitions comme une veritable absurdite , soit quelles frappent les matieres , premieres , soit qu elles attaquent les objels manufa tures. ■-'{ Pour le consommateur , dit-il , le mal est evident ; il paie plus , ce qu'il pourrait avoir pour un moindre prix. Quant au producteur , croit-on que I'avantage soit certain? On se tromperait : car si le producteur n'a pas la concurrence de nation a nation , il a la concurrence d'individu a individu , de ville a ville , de province a province. Sa position d'ailleursdevient toute precaire ; le moin- dre changcment dans un tarif de douanes ;, abut son ^ 548 — Industrie : sa prosperite est factlcc : il nc vit que de protection. ,; Les prohibitions enfm rendent le producteur hostile aux interets du pays ; en effet quand il serait vrai que les prohibitions sont utiles au producteur , I'interet de quelques hommes ne doit pas lemporter sur Finteret de tons sur I'interet du progros et de la justice. C^ producteur ne gagne pas meme ce que le pays perd : car , s'il vend clier, moins habile que I'etranger, il paie cher lui-ineme. II y a jperte.pour tous , perte absolue. La prohibition mele Faction de la loi a des objets qui devraient rester etrangers a la loi. Rien ne doit etre plus libre que les transactions commerciales. Comment la loi y verrait-elle clair? Lesprohibitionssont reclamees par les producteurs qui ont interet a cacher au gouver- nement la verite. Ellesseront done basees sur un etat de choses factices; €t lorsque , t6tou tard, la verite appa- raitra , lorsque les prohibitions devront ^tre levees, il en resultera ime crise eftrayante pour un grand nombre de fortunes. Enfin la prohibition est impuissante.Toujours elle sera eludee; et c'est principalementici, dit M. le rapporteur, qne je suisheureux de pouvoir invoquer I'opinion de M. Boucher de Perthes , qui a pour lui une experience de vingt annees. — Non seulement la prohibition est impuis- sante, mais elle produit une profonde immoralite. Elle fait naitre la contrebande qui demoralise et les hommes ct les enfants, et jusqu'aux preposes des douanes eux- niemes. — Dans ces pays , il y a 1/5 de la population qui se livre a la contrebande ou la favorise. M. le rapporteur applique aux droits prohibitifs ce qu'il vientdedire sur les prohibitions monies. Les droits prohibitifs sur la matiere premiere n'existent pas ailleurs -.540 -- qu'en France. Les etrangers n en congoivent pas les motifs , et la raison en est simple : c'est qu il n y en a pas. M. le rapporteur pense que dans un esprit de grande independance , on pourrait peut-etre desirer Fabolition meme des simples droits de taxe. M. le rapporteur ne croit pas qu'U faille aller jusques la. €es droits doivent subsister , dit-il , parce que le gou- vernement a besoin de ressources , et que d'ailleurs ces droits representent ceux qui sont imposes sur les objets dans I'interieur du royaume. Mais quel sera le taux de ces droits ? II est naturelle- ment determine par le point meme ou s'arrete le benefice de la contrebande. M. le rapporteur lit , a Tappui de cette opinion , un passage du memoire de M. Boucher de Perthes. « En reduisant ainsi les mesures de douanes a de » simples taxes , on aura d'une part , detruit I'esprit » de contrebande ; et d'autre part , on sera dispense » d'entretenir ces armees dispendieuses de douaniers. » Les lignes de douanes ne sont pas seulement des » entraves pour le commerce ; elles sont encore entre » les nations des causes de rivalite , qui finissent par 3> produire la guerre et ses desastres. » 50^i«#\^8ij1ryiq M. le rapporteur lit , en terminant, I'opinion du m^me auteur sur ces visites que se permettent les preposes des douanes , visites alarmantes pour la pudeur des femmes, et qui ne sont pas expressement autorisees par la ioi. Si ces mesures sont jugees necessaires, dit M. Boucher de Perthes , qu'on ose , au moins, les ecrire dans la Ioi. <'f geux pour les producteurs eux-memes que la libre » concurrence , se resout en un veritable impot , el^npit: » a raccroissement des capitaux du pays. j 6m5m » Les prohibitions et les droits prohibitifs doivent »;;etre progressivemeiit abolis ; la re forme doit com- 3? uxencer par les droits qui portent sur les matieres :p premieres. i iKoib to Les droits moderes sur I'importation des prb'diiits » etrangers, peuvent etre conserves comme compen- )> sation de I'impot de consommation etabli sur beau- » coup de produits indigenes , et comme source de » revenus publics. ;,;> » Ces droits doivent ^tre abaisses jusqu'au taux oil la » fraude cessant d'etre profitable , la perception de ces » droits deviendra certaine et facile. 2) Neanmoins, la legislation sur les cereales paraitv » devoir etre maintenue par des motifs d'interet ge-: i> neral. » La discussion s'ouvre sur le rapport de M. Corne. M. Gaillard fait observer qu'il avait precedemmeht< professe toutes les opinions emises par I'honorable rap- . porteur, qu'il a meme fait un memoire en ce sens; mais quedepuis il etait entierement converti. II demande le renvoi de la discussion en seance generale. M. JuUien , de Paris , appuie cette demande. M. Cornille demande que la discussion soit ouverte immediatement ; la demande de renvoi k la seance gene- rale n'a pas de suite. Personne ne demandant la parole , sur le fond de la proposition , M. le president la met aux voix ; elle est adoptee, (vi^.uv i-' ^ 351 — M. Dehay a la parole pour donner lecture du voeit formule par la commission a laquelle avait ete renvoye Texamen d'une proposition sur les salles d'asile. « Le Gongres exprime le voeu i^, que les conseils- » generaux des departemens , les conseils d'arrondisse- >) mens , les conseils municipaux , les societes philan- » thropiques et de charite maternelle, les conseils d'ad- » ministration des hospices et des secours publics , et M surtout les peres et les meres de famille s'occupent » d'encourager et de multiplier , le plus possible , dans » toutes les villes , I'institution des salles d'asile , qui » sont un moyen puissant de regeneration morale et » d'amelioration sociale. 2o. » Que partout oii seront formees des salles d'asi- » les on organise , comme cela a ete fait avec succes » dans quelques villes , des societes de jeunes personnes » dites jeunes dconomes , destinees a confectionner des » yetemens pour les jeunes enfans des classes pauvres ; ; 3o. » Et pour que la methode d'enseignement soit » le plus uniibrme possible dans toutes les salles d'asile » de France , que les directrices soient envoyees , pen* » dant untems determine , dans une ecole centrale de » grande ville pour y faire un no\ iciat ; 4^. » Enfin.,, que les ecoles centrales soient mises » en communication avec une ecole-modele de Paris , » qui les tiendrait au courant de tons les perfectionne- » mens de rexperience. » i]l'jartq i - 'wsq Ce voeu est mis aux voix , et adopte. La seance est levee. ■ SfiANCE DU MARDI 15 SEPTEMBRE. h ^?r"*! '- TPfesidence de M. Jullien ( dc Paris. ) ,. Le proces- verbal de laderniere seance est lu et adopte. M. Corne , a qui a e^e renvoyee une propositon de ILGrar, « tendant a encourager dans Tinter^t des ouvriers, » la crealioii de caisses de secours mutuels et d'ateliers » de travail joint a un bureau de placement , » regrette de n avoir pu assister a la discussion qui a deja ete entamee sur cette question , a Tune des precedentes reunions de la section , et declare ensuite que la matiere ne lui est point assez familiere pour qu'il puisse fortifier ou com- battre les developpemens que M. Grar a donnes a sa proposition. Sur la demande de M. Corne , la section decide que I'examen de cette question et la solution a y donner seront abandonnes aux soins du prochain Congres qui doit se tenir a Blois. . M. Dehay fait ensuite un rapport sur le memoire envoye par M. Pesche « sur le mode de repartition du contin- » gent annuel pour le recrutement de Tarmee. » L'auteur passe en revue les differens systemes adoptes successivement par la legislation , et declare que son intention est d'etablir: que celui qui est en vigueur actuellement , repose sur deux bases essentiellement fausses et vicieuses , savoir : c lo. La moyenne propor- » tionnelle du nombre des jeunes gens appeles, pendant .» un certain nombre d'annees , a fournir le contingent ; >> 2o, L'emploi de la matiere brute , au lieu de celle > qui est reellement disponible , pour sa repartition. > Pour justifier la 1^®. proposition, M. Pesche commence par etablir en principe , qu^il pent arriver et qu'il arrive reellement , qu'une ou plusieurs annees productives parmi celles qui sont appelees a former la moyenne , viennent a forcer cette moyenne au detriment de I'annee sur laquelle on I'applique. Ainsi , dit-il , si dans le cours de quelques unes des annees prises pour calculer la moyenne , le nombre des naissances d'un canton a diminue , il en resultcra une surcharge onereuse pour certaines classes qui appartiennent a ce canton , et pat suite une veritable inegalite dans la contribution au contingent* Plusieurs tableaux sont places ensuite pour justifier cette assertion. Passant a la seconde cause qui , dans son opinion , detruit Tegalite qui doit presider a toutes les operations relatives a cet objet , M. ?esclie la trouve dans les cas d'exemption, on plutot de reforme, qui se reproduisent presque constamment dans les memes lieux et les sur- chargent ainsi, jusqu'a perpetuite ; selon lui , tout ce qui est reconnu avoir droit a la dispense du sei*vice militaire, doit^etre considere comme matiere Inerte et non recru-! table, et ne doit pas entrerencompte danslarepartitibn; il faudrait done commertcer par constater les inaptitudes pour les ddduire du contingent a assigner a cliaqud canton, d'apres le nombre etla valeur deshommes inscrits; Ici encore I'auteur se livre a d^s calculs statistiques poui* prouver qu'en procedant autrement, certains contingents cantonnaux ont ete greves pour Un tems plus ou moins long , et dans une proportion assez notable jusques dans lememedepartement,taridisqued'autresontetefav6rises. ' En resume , M. Pesche , voudrait qUe le Congres exprimat au gouvernement I'opinion qiie les bases qui servent a regler la repartition du contingent annuel pour le recrutement de Tarmee , doivent dtre? changees, et formulat formellement le voeu que la repar- tition n'eut lieu a I'avenir , tant entre les depai^emens qu'entre les cantons , qu'apres vefification des tableaux de recensementet deduction,par lesconseils de revision^ de tons les appeles qui, en conformite de rarticle 15 de la loi du 21 mars 1832, auraientete reeonnus et declares avoir droit a I'exemption. M. le rapporteur, apres avoir ainsi analyse le memoire de M. Pesche , fait eonnaitre a Fassemblee que le proj«t 25 -. 354 — 4t!e Tauteur n*est point nouveau et qii'il a ^te presente pliisieurs fois aux cliambres qui , apres des debatsappro- fondis ont cm devoir lerejeter. Get avis estaiissi le mien, ajoute M. Dehay , et dans la crainte de m'egarer , j'en ai confere avec des hommes speciaux , MM. Dussaussoy , lieutenant colonel d'artillerie , Arnoult , capitaine de la meme arnie et Lenglet, capitaine du genie, qui ont partage et fortifie ma conviction personnelle. La question de la formation des listes, telle que I'a conQueM.Pesche, ferait surgir dans la pratique de grandes difficultes , puisqu'il Bufiirait de la negligence d'un seul canton pour retardep la repartition du contingent de tout un departement. La seconde partie de la proposition de M. Pesche ne serait executable qu au moyen de deplacemens successifs et onereux des conseils de revision ; et , comme dans ce systeme , la visite devrait preceder le tirage , elle aurait pour effet d^ouvrir plus de chances de succes a I'influence des classes riches et puissantes , par cela meme que les exemptions porteraient , non plus sur des homme^ atteints deja par le sort , mais sur des masses entre les- quelles le sort n'aurait point encore designe de victimes, Enfm , ajoute M. Dehay , et cette consideration est tres- grave , I'inspectiou preparatoire et generate aurait cet inconvenient immense de reveler dans les localites , les infirmites de tons les conscrits, infirmites jusqualors inconnues, et qui seraient restees cachees, quant a ceux du moins qui , d'apres la legislation actuelle , sont liberes par cela seul qu'une chance heureuse les a dis- penses de I'impot personnel. II y a un autre obstacle a la prise en consideration du voeu de M. Pesche , dit M. le rapporteur ; il vient de ce que les principes consacres par la resolution du Con- gres , qui a adopte le plan soumis par M. Servatius a la 6^. section , ne peuvent pas se concilier avec la reforms qite velit introduire M. t^esche , dans leslois sUf le recrutement militaire; il fandrait au moins que celui-ci eiit fait mieux qite son devancier , pour que son systeme put obtenir la preference , et il n'en est pas ainsi. En definitive , le Congres ne pent donner sa sanction a deux propositions contradictoires , ni s'exposer a perdre toute I'autorite de ses decisions , en recomman- dant au gouvernement et aux chambres , des plans qiii out ete dej^ examines et ddclares inadmissibles. »■ M. Lenz soiltient les conclusions du rapporteitr : i& principe qui a etc admis et qui doit prevaloir , c'est que la charge dii recrutement doit peser egalement sur toute la matiere recrtttable , etc. La morale , comme requite , fait Un devoir au Congres de repoUsser , dit-il, Ja doctrine contraire que veut faire admettre M. Pesche. M. Ernest Lamarle croit que c'est une erreur d'avancer que les vues de M. Pesehe sOnt en opposition absolue avec celles de M. Servatius , tons deux ayant eu poui' but de ddtruire Tinegalite qui fait la base de la legisla- tion actuelle sur le mode du recrutement militaire ; le projet de M. Servatius est plus complet , il est vrai , mais M. Pesche I'ameliore encore , en demandant de plus que I'egalite soit etablie de canton a canton. Du reste , M. Lamarle ne se dissimule pas que Texecution des theories presentees par M. Pesche , ne sera pas toujours facile , et il s'attache alors a developper les moyens de surmonter les obstacles de pratique , ou du moins d'en diminuer la gravite. M. le rapporteur repond qu'il n'a pas pretendu (ju'il y eut incompatibilite absolue entre les deux pro- jets , mais seulement opposition , puisque M. Servatius j[)art de ce point : que les infirmes et les exemptes doivent contribuer aux charges du recrutement ; landis que M. Pesche veut ^ au contraire , que cette classe de conscrits — 356 — tky participe en rien , et que tout le farcleau du service militaire retombe sur les hommes valides. M. Ernest Lamar le replique qu'il a pris les choses de plushaut, et que les auteurs des deux memoires, frappes tous deux des consequences de la legislation actuelle , qui repartit inegalementles chances du recrutement , ont cherche tous deux a faire disparaitre ce vice. M. Lamarle r^produit sa premiere argumentation , afin d'etablir , qu'en redigeant les listes pour deux annees , il serait possible de remedier aux inconveniens que M. le rap- porteur a signales. M. Lamarle aine , tout en confessant , qu'en elFet , des principes opposes ont guide M* Servatius et M. Pesche , exprime Topinion qu'il y a dans le mode mis en avant par celui-ci, quelques idees utiles dont il serait a propos de chercher a tirer parti. M. le rapporteur declare de nouveau que cette insis- tance lui semble etre sans objet , les pouvoirs legislatifs ayant deja engage la discussion sur le memo terrain que M. Pesche. M. Arnoult affirme que le systeme de M. Pesche n'a point pris place dans les lois de 1818, 1824 et 1832, non-seulement a cause des difficultes d'execution , mais encore par des considerations plus elevees , et surtout parce que les infirmites des jeunes gens devant alors etre rendues publiques , il en serait resulte presque toujours pour les reformes qui, par I'effet du sort, n'au- raient pas du etre soumis a la visite , I'impossibilite de trouverdu travail ou de faire fructifier leur industrie , outre le dcsagrement d'eveiller la malignite sur unetat physique , que Ton aurait pu tenir cache. La section consultee par M. le president , decide que les vceux de M. Pesche ne seront pas pris en consi- deration. — 557 — M. de Campigneiilles demande que Ton s'occupe d'une proposition sur les duels , qui a ete renvcfyee par la commission centrale a la 6^. session. Apres une legere discussion, et quelques observations qui se rapportent a la redaction , la proposition est mise aux voix et votee en ces termes : « Le Congres est d'avis que le duel est reprouve par » la raison , oomme par la morale. » Que le duel es.t un des restes de Tantique usurpa » tion de la force sur le droit , et qu'il ne pent etre » tolere dans un etat, sans danger pour la liberte civile » et politique. » Le Congres invite , en consequence , les moralistes » et les publicistes a eclairer I'opinion sur le neant de » ce prejuge , et a poser les bases d'une bonne legisla- » tion sur cette matiere. » M. de CampigneuUes demande et obtient ensuite la permission de lire une lettre de M. le comte de Sellon , qui propose de mettre en deliberation : i^. Si la peine de mort , quelle qu'en soit la forme , ^st propre a diminuer le nombre des crimes qu'clle eat destinee a reprimer. 20. Quels seraient les moyens les plus efficaces de procurer une paix generale et permanente ? Cette lecture terminee, la section decide q^u'il u'y a, pas lieu a discuter ces questions , attendu que la session du Congres doit etre close aujourd'hui meme. M. le president enumere alors brievement les tjjavaux de la 6^. section , la remercie de la bienveillance qu'elle |ui a temoigne et du concours qu'elle lui a prcle; il pense- que tons ses membrei ont lieu de se feliciter do I'em- ploi qu'ils ont fait de leur temps et de leur participation a des discussions dirigces dans des vues genereuses c!e bien public et de progres spciak Surla proposilion de M. Dehay, la section vote , par acclamation , des reinerciniens a MM. les menibres dti bureau , sur la nianiere dpnt ils ont rejinpU les fono^ tions qui leur avaient etc coniiees. La seance est leveq , et russemblee se separe ypijJi^- dia^ement. y ^,,g JjLc? Secretaires de la section , Le President de la section , '^ PILLOT {de Douai). M. A. JULLIEN {de Pari^)^ PAMAN {de St.-Omer). Le Vice-President , CORNE {de Douai), ^'}^ &iji^i^i^ :.. ?ijn'. SfiANCE DU LUNDI 7 SEPTEMBRE 1835. IPresidence deM, de la FoJiXENELLE , conseiller ala Cour Royalc de Poitiers* La seance est ouverte a trois heares et demie. Prennent place au bureau , MM. de la Fontenelle , president, Le Glay et E. Gaillard , vtce-pre'sidens , L. d& Givenchy , secre'taire-gdne'ral. Le secretaire-general donne leetttre du proc^s-verbat de la seance d'ouverture. M. Chatelain demande et obtient la parole , poiir ex- poser au Congres , qu un proces-verbal doit etre la phy- sionomie exacte de la seance , et que , sous ce rapport , eelui de la seance precedente ne le satisfait pas com- pletement, relative ment a la nomination de M. Guizot , Gomme president honoraire du Congres. M. Chatelain pretend que le Congres a decerne ce titre a M. Guizot , »iinistre , en consideration de ses liautes connaissances et de ses travaux scientifiques- U propose : lo. D'indiquer ce motif dans le proces-verbal. 2^. De nommer, comme vice-presidens honoraires,, HM. Arago et de Lamartine. Ces diff^rentes observations et propositions, engagent Hne discussion a laquelle prennent successivement pac^ MM. Minart , de Caumont , Corne et Dehay. M. le president resume les diverses observations , et wet aux voix la question desavoir : si le Congres accueille — 360 — les additions suivantes au proces-yerbal , demandces ^ar M. Chatelain : 10. Que M. le minislre de Tinstruction publiqne a ete proclame president honoraire du Cangres , en raison de se3 savans travaux comme membre de Tinstitiit. 3^. Que lescrutin secret a ete demande et repousse par la majorite des membres. 5®'. Que la nomination de M. Giiizot a ete faitepar assis et leve. Ces additions sont adoptees , ainsi que le reste du proces-verbal. M. Chatelain declare retirer sa proposition , concer- nant la nomination de MM. Arago et de Lamartine >\ comme vice-presidents honoraires, '^ i M. le president annonce que les comptes de la session du Congres , temie k Poitiers , presentent un excedant de recettes de 150 francs , qui seront remis a M. Daix , Iresorier de la 5®. session ; mention au proces-verbal. M. Mechin , prefet du Nord , temoigne ses regrets de ne pouvoir assister aux seances du Congres , parce qu'il est force de retourner ^ Lille , ou un incendie con-^ siderable a eclate la nuit precedente. jq ^aHtiOit M. le maire de Douai , annonce qu'un concert des eleves de I'Acaden^ie de cette ville sera donne dans la salle de spectacle , mercredi procliain , a 5 heures , et y invite Messieurs les membres du Congres. Remerci- mens, et mention au proces-verbal. Le secretaire-general presenie au Congres les ouvra-? ges suivans , dont on lui fait hommage. 10. tillcnacns . Precis du regime municipal de la Bclgique , avant 1784 » par le meme. 540. Lettre sur la collection des manuscrits de Granvelle, conservee a la bibliotheque de Besancon , par le mime. 55". Rapport au ministre de I'interieur sur la publication des inventaires des archives , par le meme. 56". Memoire sur les BoUandistes et leurs travaux , par le meme. 57". Recherches sur les etabhssemens de charite et d'instruc- tion pubiique du diocese du Mans , par M. Cauvin , du Mans. 58". Essai sur la statistique de I'arrondissement de St.-Calais, par le m4me. 59\ Essai sur la statistique de I'arrondissement de Mamers, par le meme. 60 '. Essai sur la statistique de Tarrondissement de La Ficche, par le meme. 61". Essai sur la statistique de I'arrondissemcut du Mans , par Ic meme. 6?o. Essai sur la statistique da departemenl de la Sarthe i, par le mime. ^3". Extrait des registres de I'Hotel-de'Ville du Mans, par le meme. 64". Examea de quelques questions proposees au Congres scientifique de 1835 , a Douai , par M. de Rainneville. 65". Btistoire des dues de Bourgogne , par M. de Barante , pair 4e France. 3 yoI. , avec des notes de M. de Reiffenberg. 66°. Exposition complete des produits de I'industrie francaise,, faite en 1834 , par MM. de Moleon, Cochaud , Desormeaux. 67o. Documens relatifs au projet de loi sur les douanes , par MM. Cochaud et de Moleon, 68''. Collection des rapports ^eneraux sur les travaux du conseil de salubrite de la ville de Paris , par M. de Moleon. 69". Documens divers sur la panification de la fecule de pomme de terre , par le meme, XOP. Bateau dragueur k vapeur de la ville de Bruxelles , par M. Cochaud. 71°. Tombeau mecanique de M. Pallissard. 72". Souvenirs de Texposition de Douai , en 1835. 730. Description historique et pittoresque du.; depart ement de Ja Somme. 8« livraison. 74". Biographie des hqmmes celebres du departement dela Somme , par M. H. Dusevel. 750. Memoires d^ la Societe des sciences et deslettres deBlois. / 76". Dissertation sur la pile cinq Mars , par M. de laSaussaye* 77", Notice sur le chateau de Ghambord , par lememe. 78'. fitudes sur la legislation militaire,par M.Vierre Legrandy avQcat a Lille. 79". Memoire sur les fromens , par M. Tessier. 80". Opuscules sur les sciences physiques et naturelles , par M. Desvaux , d' Angers. 81". Revue du Nord , publiee sous la direction de M. Brun- Lavainne. 82". Atlas typographique et historique de la ville de Lille, par M. Brun- Lavainne. 83". La Flandre agricole et nianufaOturiere. Jqurnal de I'agri- culture et de I'industrie du nord do la France, par M. Numa-Grar. 840. Societe Royalc d' Agriculture ctde Commerce de Caen. Rapports sur la 5« exposition des produits des arts du Calvados, par M. Lair. .— 565 -^ IJ50. Rapport fait par M. Bordeaux , sur les ecoles grataites d'Evreux. 860. Discours prononc^ k I'occasionde la distribution des prix de I'ecole gratuite d'architecture et de dessin de Poitiers , par M. BabauU de Chaumont. 87°. Precis d'introduction au Cours des sciences physiques de Tecole royale de Bourbon-Vendee , par M. A. Riviere, 88°. Rapport sur I'exploitation du Domaine de M. le baron Louis , a Petit Bry , par M. Bottin. 89". Lyon pittoresque , par M. J. Pollet , architecte en cette ville. 90". Numimastique au moyen-age , par M. Joachim Lelewel, 2 vol. avec atlas. 91'. Tableau statistique et politique des deux Canadas , par M. Isidore LebruH. 92". Histoire des Duels anciens et modernes, par M. de Cam* •pigneuUes. 93«>. Adolphe etMManie, ou la perseverance dans la preniiere communion , par M. I'abbe Auher , directeur de I'ecole clericale de Poitiers. 94". Prytanee fonde a Menars par le prince Joseph de Chimay^ Ife et 2« livraisons. 95". Remarks on the formation of alluvial deposites, By James Tales, 96". Le Pour et le Contre , sur la resurrection des Provinces. 97". Un coup-d'oeil en arriere sur I'etat de I'industrie . avant la revolution francaise. 98o. Notice historique et topographique sur les anciennes vicomtes du Cotentin. 990. Notice sur les produitsbitumineux des Mines de Lobsann. 100". Sur I'etat des troupeaux de betes a laine , en France* 401o. Annales de Hainaut. 102o, Orphfeus. Brochure composee en Anglais. 1030. Reports of the British association , par M. J. Tales. Mention au proces-verbal et d^pot aux archives du Congress Le secretaire-general fait ensuite connaitre les noms de ceux qui , pour divers motifs , ne pourront prendre part aux travaux du Congres. lis expriment leurs regrets, et declarent d'ailleurs qii'ils adherent a cette utile insti- tution. MM. les secretaires des six sections font siiccessivenieiijt connaitre le resultat de leur premiere seance, dans laquelle elles se sont constituees et ont noinme ieurs bureaux definitifs , ainsi qu'il suit. »ll PREMIfiRE SECTION. oj President, M. le baron de Chauvenet. i/ • Vice-President, M. Moreau. ^ ^ Secretaires. MM. Lamarle aine, Riviere et DouRNAt* DEUXIfiME SECTION. ^ President. M. Lair. - Vice-President. M. Crespelle-Dellisse. '^ Secretaires, MM. Maugin et Ernest Laaurle* '^ TROISlfiME SECTION. President. M. Hunault de la Peltrie. ^ , Vice-President. M. Hjenot. Secretaires. MM. Tesse et Delanoyv ^ ? >iyr. QUATRIfiME SECTION. ''f President. M. le baron de ReiffeNrerg* Vice-President. M. Quenson , conseiller. Secretaires. MM. A. Dinaux et Taillar. ClNQUlfiME SECTION. President, M. de Caumont. Vice-President. M. Yates. Secretaires. MM. Hector Parmentier et Delage. — 367 — SIXIfiME SECTION. '^' Pristdent, M. Jullien. il, Vice-Pre'sident, M. Corne. ;{ Seer Hair es» MM. Daman et Pillot. Apres la lecture des proces-verbaux des seances deS diverses sections, M. Gaillard, vice-president, demande la parole : « II expose que les proces-verbaux des seances » quotidiennes lui paraissent trop prolixes; qu'ils ne » devraient etre qu'un resume succinct des travaux du » matin dans chaque section et ne pas entrer dans autant » de details ; que la longueur de ces developpemens , « qui doivent necessairement tendre a augmenter, a » mesure que les travaux des sections deviendront eux- » memes plus importans , finirait par absorber toute la » tenue des seances generates , et n'en laisserait plus » pour la discussion des solutions presentees par ces » memes sections. » Quelques membres repondent a M. Gaillard en sens divers ; on reclame de toutes parts I'ordre du jour. II est adopte. ^ .Doi;3sa /9 i;l ')h r> Le secretaire-general donne lecture d*une proposition adoptee par la d^uxieme section , et renvoyee par elle a la sanction de Tassemblee generate . Elle est ainsi congue: « Le Congres e'met le vceu qu'il soit e'tabli des e'coles the'o^ riques et pratiques d'agriculture , dans les differentei contr4es de la France , avec un e'tablissement de m^me nature dans le d^partement de la Seine , e'tablissement qui serait comme un centre d'action et un foyer commun au milieu de tous les autres. » Cette proposition, d'une haute importance, fait Tobjet d'unelongue discussion; MM. Gaillard, Le Glay,Hunault — 368 — de la Peltrie et Lair prennent tour-a-tour la parole. Le Congres avait d'abord decide qu on s'occuperait imme- diatement de resoudre cette proposition ; mais M. de Rainneville , connu par ses hautes connaissances en agriculture , expose : qu'arrive au Congres apres la seance de la 2^, section , il n*a pu lui communiquer diverses considerations qu il regarde commeimportantes et que I'heure avancee ne lui permet pas de developper ici. En consequence, il demande que la proposition soil renvoyee de nouveau a cette section. M. Lamarle appuie la proposition de M. de feainneville^ et demande que la discussion generate soit ajournee. M. Maugin desire que cette proposition soit egalement renvoyee a I'examen de la section d'economie sociale , en Tinvitant a I'etudier en ce qUi la Concerne. M. GalUard se reunit au vote de M. Lamarle et appuie le renvoi a la 2®. section pour y entendre les develop- pemens de M. de Raiiineville. Apres avoir entendu MM. Pillot, Minart , Dehay et de Campigneulles, M. le president met aux voix la question de savoir : si la discussioil de la proposition , en seance generale,sera ajournee et renvoyee a l*examen de la 2^, et de la 6®. section. L'assemblee ordonne I'ajournement le renvoi aux deux sections prec tdes. Le secretaire-general donne lecture de deux proposi- tions de M. Hunault de la Peltrie , et d'une autre de M. le baron de Ghauvenet. Les deux premieres sent aingi congues : i> ?.54^Vn / f i^.Indiquer les meilleurs moyens et appareils de sau- vetage , propres a porter secours et a sauver la vie aux ouvrters employes dans les travaux souterrains des mines ^n general , et de celles de houille en particulier ? » ^ f 2o. Inviter k Congres a provoquer la fondation en France y (THaUmemens moHuaires , « Vinstar de ceux qui existent en AUemagne ? La troisieme proposition presentee par M. le baron deChauvenet , est celle-ci : « Que le Congres soit appeU a determiner la valeur que doivent avoir les caracteres gdneriques et spe'cifiques, dam tousles ordres du regne animal et du regne ve'ge'tal, afin de ne plus laisser a chaque naturaliste la faculte' de cre'er des genres, en subdivisant a tinfini^ ceux qui existent dejd?* Ces differentes propositions sont renvoy^es arexamen de la commission permanente , en execution de Tarticle ^ISdnreglement. M. Gaillard propose de fixer les heitres des reunions des sections , de maniere a ce que ceUx des membres du Congres qui sont inscrits dans pktsieurs a la fois » puissent assister aux travaux de ces differentes sections. ' On demande la question prealable : elle est adoptee, et la seance est levee a 5 heures. tm>\'i S*5-^NCE DU MARDI 8 SEPTEMBRE* >f> j>ri . -, Presidence de M. de la Fontenelle (de PoitierSi) a** -'iLa seance est ouverte a trois heures et demie. > Prennent place au bureau , MM. de la Fontehelle de Vaudore , president ; Le Glay , Emm, Gaillard , vice-- pre'sidens ; de Given chy , secre'taire-ge'ne'raL Le proces-verbal de la der nlere seance est lu , et la redaction en est adoptee sans reclamation. lo^wy Le secretaire-general annonce que M. le general Ma- rion , commandant I'ecole d'artilleHe de cette ville , Ta charge d'informer MM* les membres d« Congr^, que des exercices a feu auront lieu au Polygone, Ie&9 , li et i4 du mois. Des remercimens sont votes a M. le general Marion ^^ et mention au proces-verbal, '«- "i — 370 — ^ M. Minart informe MM. les membres du Congres , q\\i\ y a en ce moment , dans I'unedes salles des reunions de la Societe royale et centrale d'agriculture du Nord , une exposition des travaux des eleves des differentes Academies publiques de cette ville , et que cette com- jpagnie invite les membres du Congres a visiter cette disposition. ,^ll est vote des rcmercimens,etmentionauproces-verbaU L'ordre du jour appelle la lecture du resultat des tra- vaux des differentes sections. Les secretaires de ces sections donnent successivemeut lecture des proces- verbaux de leurs seances du matin. Apres avoir entendu une partie deceluide la 6^. section, lu par M. Pillot, Tun de ses secretaires, M. Chatelain s'etonne qu'au lieu d'une analyse rapide des travaux, on vienne lire, en assemblee generate , de longs fragmens du memoire, d'ailleurs fort interessant, presente k cette section, par le colonel Servatius , sur la 45®. question de son programme; M. Chatelain s'eleve avec force contre Tabus deja signale, de venir reproduire aux seances generales , ce qu'on a entendu pen d'heures auparavant dans les sections ; ce qui occasionne une perte enorme de temps. II rappelle que la session ne pent durer que dix jours , et qu*un simple resume des travaux des seances du matin devrait; suffire. vt« , Plusieurs orateurs obtiennent la parole pour appuyer on combatlre Fobservation de M. Chatelain. Le president consulte Tassemblee qui ordonne la continuation de la lecture du proces-verbal de la 6®. section. ) ^ imi Le secretaire-general lit la premiere questiott 'if)T*'(i'- posee par le programme , k la premiere section , et la reponse quelle y a faite. * Question. « Determiner , aussi rigour eusemen^ <^uei possible f la vateu/r des caractere$ zootogiques ^ covntfia moyen de reconnaiire le niveaugc'ologique des formations ? » ' Reponse, « Engager les savans a determiner la valcur des ca* tac teres zoologiques et palccontologiques , comme moyen de reconnaitre Ic niveau geologique des formations , et k signaler touslegjaits propresajeterquclqueslumieres surcette question.)* M,. le president met aux voix , et rassemblee adopte ce voeU;elIe en renvoi Fexamen a la 4®. session en 1836. Le secretaire-g<3neral lit encore la premiere partie de la 7®. questiom du programme de la 5®. section eft sa reponse. ..,^^^^^, ,^^ Questiotf. « Qu'etles goni les causes qui , depuis h XVIP, siecle , ont arr^U le ddveloppement du g^nie de V architecture monumentale, malgre lesprogfes immenses des autres arts et de lindustrie ? » Reponse. « l^. L'esprit trop imitateur des traditions de I'ecolc.a . « 20. La trop grande parcimonie dans les constructions monu- ijfventales. » « 30. Enfin , le changement survenu dans la Erection defl, jdeesreligieuses etpolitiques* » ' , ■ M. le president demande ait Cohgres , s'il y a lieii k discuter cette solution , ou s il Fapprouve ? L'assemblee demande la discussion . . , M. Maniez,apres etre entre dans quelquesdeveloppe- mens sur cette reponse , se resume en demandant qu'il soit decide au prealable , si I'art de larchitecture est oil n'est pas en decadence. ,v,| M. L Lebrun s'oppose a cette demande. M. Hunault de la Peltrie opine pour que la discussion • continue, ^•j.j^,^ .'1: ;;I '5sa mh^melb f^\ oJiu^nij mm J M. le colonel Servatius croit qu'i! senrit coitvenabfe que Fun des membres de la 5®. section exposat a lassem- blee , les motifs qui I'ont amenee a reconnaitre qu'il y a decadence dans Tart arcbitecturaU c ^ i v . — 37^ — ' M. E. Gaillard entre dans de longs developpemens qui tendent a proiiver que cet art est effectivement en deca- dence ; il se fonde particulierement sur ce motif : Que le genie ne cree plus rien et se borne a imiter ; il cite de nombreux exemples a Tappui de cette allegation. M. de Givenchy donne lecture de TavisMes Benedictlns fle Solesmes , sur cette question ; il se rapproche de celui de M. Gaillard. "^ MM. LeGlay, de CampigneuUes, Fabbe Piton-Desprez, Chatelain, Brun-Lavainne , Dupont, directeurdespostes Grar, Cornille, deCaumont, Dupont avocat, etCorne] sont successivement entendus , et parlent les uns pour , les autres contre la question soulevee par M. Maniez. Enfin , M. le president met aux voix cette question : « Y a-t'il ounon de'cadence dans Vart architectural ? » < Elle est r^solue affirmativement, a une grande majorite. Revenant ensuite a la solution donnee par la 5®. sec- tion sur la question proposee par le programme , les deux premiers paragraphes sont adoptesapr^s une courte discussion , dans laquelle ont ete entendus MM. Gaillard, Cornille, Isidore Lebrun et Chatelain. ^ Quant au 5®. paragraphe de la m^me solution, une modification est demandee par plusieurs membres. Une discussion s'engage de nouveau ; MM. Maniez , Come , de CampigneuUes, Gaillard, Gachet et Daman, exposent differentes opinions sur la solution de ce 3®. paragraphe. Enfin , I'assemblee I'adopte tel qu'il a ete formule par la 5^. section. Vient ensuite la discussion sur la 2®. partie de cette meme question , ainsi couQue : « Quels seraient les moyens d employer pour rendre ^ Varchiiecture , tout r^ssor desirable* » — 373 — La 5®. section propose la reponse suivante : « Le Congres regarde comme un des nioycns les plus propres a rendre k Varchitecture tout lessor desirable , les moyens ma- I6riels laisses a Tarchitecte , pour parfaire les raonumons confies a ses soins ; en consequence, il emet le yobu devoir reviser bientot la legislation relative a I'execution de tous les raonumens , cons- traits au compte de r£tat. » V Apr^s une courte discussion, cette reponse est adoptee* La seance est levee a cinq heures et demie. SJ&ANCE DU MERCREDI 9 SEPTEMBRE. t Presidfence de M. de la Fontenellb (de Poitiers.) La seance est ouverte a trois heures un quart. *' Prennent place au bureau , MM. de la. Fontenelle , president ; Le Glay , Emmanuel Gaillard, vice-pr^sidens; L. de Givenchy , secrdtaire^^n^ral, 11 est donne lecture du proces-verbalde laderni^re seance. iris-ij-jo'Ti tii sofi^oi^iivu '^iWu^-. t«oismoa M. Isidore Lebrun se plaint dii laconisme dii procSs^ verbal , dans la par tie de la discussion relative h la deca- dence del'art architectural, etdemande quelques chan^ gemens de redaction, Cette proposition est repoussee a une grands majorite; en consequence , le proces-verbal est adopte. ] MM. les secretaires des six sections sont successive- ment entendus: ils font connaitre le resultat des diffe- rentes discussions^ qui ont eu lieu dana le sein de leurs seances du matin. La premiere section propose , sur la 1®. question de son programme , ainsi congue : « Rechercher des signes plus positi(s et plus certains que ceux qui sont connusjusquiciy du gisement des eaux souterraines , pour obtenir des chances plus probables de succes, dans leper cement des puitrs arte'siens ? » — 374 — la rcponse suivante : • « Le Congres reconnait qu'avec les connaissaiiccs g6ologiqueS acquises jusqu'ici , iln'cxiste pas encore a priori des caracteres apparens qui puissentpcrmettred'assurer I'existence d'eaux sou- terraines jaillissantcs dans un lieu determine. II pense que ce probleme n'est pas susceptible d'une solution generale, mais que, dans chaque departement , la confection d'un atlas de coupes g^ognostiques , formations par formations subquaternaires , indiquant , pour chaque sondage , le niveau relatif et I'epaisseur de chaque couche constat6e , pourrait seule fournir , sur cette question , des indications satisfaisantes. » Cette for mule estmise aux voix et adoptee sans aircune observation. La 2e. section propose sur la 4^. question de son pro-* gramme ainsi con^ue : « Quel serait le moyen d'imprimer d V agriculture , en France , une impulsion ge'ndrale et uni forme vers les ame'" liorations ; quelle influence le gouvernementpeut'ilQxercQf utilement dans ce sens? > La solution suivante r. « Emettre le vceu que des ecoles theoriques et pratiques d'a- griculture soient instituees dans les differentes contrees de la France , avec un etablisseraent de meme nature dans le d^par^ lement de la Seine , etablissement qui serait comme un centre d'action et un foyer commun au milieu de tous les autres. » Cette solution est egalement mise aux voix et adopte'6 sans observation. La meme section propose sur la 1^^. question de$bil programme congue en ces termes : « Quelles sont les meilleures mesures a prendre pour amMorer les races d'animaux domcstiques , et pour em" packer qu'elles ne dcgenercni ? » La solution suivumc; .-..^^ wt»i, . —.375 — Emettre le voeuque les couseils de departementet d'arrondis- semenl consacrent , chaque annee , une somrne determiuec a acquerir des etalons , de pur sang , ainsi que des lauraux et des' beliers, de races choisies, qui seraient places chez les mcillcurs fermiers, a la condition que ceux-cin'en seraient que depositaires, jusqu'a ce que ces animaux eussent alteint un certain age. La , lis seraient a la disposition des proprietaires de jumens, de genis- ses et de brebis , qui trouvant a les faire saillir gratuitement par des males de bonne race , les prefereraient sans aucun doute. Par ce moyen, on obtiendrait des ameliorations progressives. » Qu'en outre les primes ne soient accordees desormais , pour les chevaux, qu'a la vigueur et a la vitesse , et non a la beaute et a I'elegance des formes, comme cela se pratique aujourd'hui. » La discussion sur cette solution est demandee et adoptee. Plusieurs membres emettent des opinions di- verses : MM. de Hautecloque , Dupont , Gaillard etGrar presentent successivement quelques observations qui tendent a confirmer la solution proposee par la 2e« section plutot qua la combattre ; q\U est mise aux voix ejL adoptee. lifin mimnni La4e. section propose, etl'assemblee gen^ale addptel le renvoi a la prochaine sessiosn; de la ^^. question de son programme , ainsi congue : f « Quels e'taient les avantages el les tnconve'niens du systeme fe'odal , ainsi que son influence sur la ckilisation et le bonheur des peuples ? » La 6®. section propose sur la 5®. question de son pro- gramme ainsi congue : d .U ^ « Quelserait le meilleurplan d* organisation a adopter pour les colonies inte'rieures , cre'e'es dans le but de sup- primer la mendicite\ » La solution suivante : « Le plus puissant moyen pour arriver a la suppression de la mendicite , c'est de moraliscr les classes pauvrcs par Teducation rcligieuse* — 370—. Les salles d'asilcpour rciU'uice , les ecoles, le patronage direct des classes riches, lacreatioudcscaisscs d'epirgiic doivenl entrer dans ce systeme , comme elenicns dc cctte education. » « Les pauvres invalides qui reCuseraieut de prafiter des hos- pices qui leur seraient ouverts ; les pauvres valides quine vou- draient pas user desmoyens de travail mis a leurportee, et qui se livreraient a la raendicite , seraient passibles de la rigueur de& lois penales existantes. » « Le mendiant valide ne pourrait dtre prive de sa liberie , quo (>our etre employe au travail avec part dans les produits. » « Les travaux de Fagriculture sont plus propres k rcndre au mendiant des habitudes morales que le travail des manufactures. » « II serait desirable qu'il se format sur plusieurs points de la France des societes de bienfaisance pour rextinction de la men- dicite : elles consacreraient specialement leurs soins k dtudier \& systeme de colonisation agricole de repression, suivien Hollande teurs de morale , et que le plus sur, comme le plus » convenable moyen de detruire la mendicite , c'est de t I'attaquer dans sa source , de relever les habitudes et » les moeurs de la classe indigente , de rendre a chaque » homme ce sentiment de fierte naturelle qui doit Tempe- » cher de s'humilier devant son semblable et de lui » tendre une main suppliante. C'est par I'education que » nous voulons tuer la mendicite enlarendantdesormais » impossible, » « Pour donner aux classes indigentes cette education » del'amenous faisonsappela quatre moyensprincipaux: » Nous demandons pour I'enfant du pauvre , des salles »» d'asile , des ecoles ; nous demandons pour lui-meme » et pour ses parens, le patronage direct des classes J) riches , la creation de caisses d'epargncs. « Les salles d'asile sont d'une immense utilito pour la B moralisationdesindigens. Les impressions dujeune ago — 378-. » sont toiites puissantes siir ravenir d'un homme, Eleve » dans la misere , dans la malproprete , sans decence » dans la tenue ni dans le langage , n^ayant sous les yeux » que I'exemple de moeurs grossieres, Tenfant du pauvre » est expose a voir se dessecher en lui le germe des » sentimens eleves. De bonne lieure , il fait dans nos » carrefours, sur les places publiques , sur les routes , 5) I'apprentissage de la faineantise et de rabrutissemeni. » Son education est toute faite pour la mendicite. Au » contraire , eleve dans une salle d'asile , oil les lemons » d'une institutrice pleine de douceur et de discerne- » ment , ou les bons exemples et les encouragemens de » tout genre feconderont en lui les sentimens moraux » et delicats , il prendra une repugnance invincible pour » tout ce qui pourrait le degrader a ses propres yeux. 3) Pourquoi , dans les classes qui ont requ une education » distinguee , les hommes frappes de quelque revers de » fortune , se laissent-ils aller , si la force d'ame et le » sentiment religieux ne les. retiennent, au delire du de- » sespoir, au suicide , plutot que de demander a d'autres^ » hommes le pain de la pitie ? G'esi que 1' education , » plus forte meme que les instincts de la nature , leur a M inspire une insurmontablehorreur pour tout ce qui est » abject et qui avilit. L'education ne sera pas moins » puissante sur les classes pauvres , et quand le regime » des salles d'asile et des ecoles elementaires aura porte 3 ses fruits , il n'y aura pas moins de pudeur et de deli- » catesse sous le miserable habit de Tindigent , que dans » le coeur de I'homme favori de la fortune. Puissent » done des salles d'asile s'elever partout oil la popula- » tion aggiomeree le comporte ! Puisse surtout la ville » de Douai , \ille de lumieres , que le CongrcsVa'pas » dedaigne de choisir pour un de ses centres d'action , » ne pas rester plus long-temps privee d'une institution ^ 579 — to si eminemment utile I C'est mon voeu le plus ardent^ j» Et ici je ne me passionne pas pour une vaine utopie ; f> ce que je preconise , je I'ai vu de pres , je Fai juge , i> j'en ai apprecie les heureux resultats dans une ville » voisine dotee de ce precieux etablissement par une I) bienfaisance aussi infatigable dans son zele , quelle » est noble dans ses intentions. ; 4» J'ai parle des eeoles. Je n'entrerai dans aucun detail » a ce sujet ; car , qui ne sent que le developpement des » facultes morales de Thomme par Tinstruction , en » memo temps qu'il lui fournit des moyens de subvenir » a ses besoins , lui cree aussi une moraliie plus solide , » basee sur la connaissance de ses devoirs et rinstinct » developpe de sa dignite originelle I ^nfit^ koirra^ t ^ » Les classes riches peuvent aussi beaucoup pour » Fextinction de la mendicite , non pas en jetant dedai- » gneusement au pauvre une aumone qui ne fait que » ;4'entretenir dans sa vie oisive et degradee, maisen » lui payant noblement la dette que I'opulence doit a la II misere , que le bonheur doit a I'infortune : je veux » parler de ce patronage moral qui met une famille aisee » en contact avec plusieurs families pauvres ; qui lui en » fait etudier les besoins , prevenir la demoralisation ou » le desespoir , par des conseils et des secours donnes » k propos. Uune et I'autre doivent gagner beaucoup a to ce commerce. Dans I'etat social tel qu'il est , le riche to et le pauvre sont comme deux ennemis qui demeurent » porte a porte, et ne se regardent, d'un cote, qu'avec » haine et envie , de I'autre , qu'avec mepris et crainte. » Rapproches par reffet d'une bienfaisance eclairee , ils » se connaitront mieux , ils s'inspireront confiance ; le » riche deviendra plus indulgent et meiileur , en voyant ,1) des maux qu'il ne soupconnait memc pas ; le pauvre » supportera mieux sa condition , et trouvera plus faci- i) lementle travail dont il a besoin pour vivre, les secours }> moraux qui Tempecheront de choisir la mendicite » pour ressource. Deja les villes ou sont etablies des » salles d'asile, nous offrent le consolant spectacle de ce » patronage du riche envers Tenfant du pauvre. Des » associations de dames et de demoiselles, connues sous » le nom de dames patronesses et de demoiselles dconomes, » etendent sur les enfans qui frequent I'asile , et sur » leurs parens , une sollicitude toucbante qui va recher- » cher les besoins de ces pauvres families , et y pourvoit » avec economic et discernement. La direction donnee » aux enfans est I'objet d'un soin tout particulier ; et » Ton congoit que Fignoble mendicite ne fera jamais de » recrues dans une generation qu'une providence cha- » ritable surveille de si pres et conduit , comme par la » main , de la salle d'asile aux ecoles , des ecoles aux t: ateliers. » L*orateur recommande aussiles caisses d'epargnes, comme un moyen puissant de moralisation pour les classes pauvres. L'economie est presqu'une vertupour Findigent , puisque c'est elle qui le detournera des vices honteux , qui lui permettra d'elever honnetement sa famille , et qui lui donnera un avenir autre que I'hopital et la mendicite. Apres avoir ainsi parcouru les moyens d'education morale pour les indigens , il reconnait qu'il faut encore des hospices pour les infirmes et les vieillards que leurs families sont hors d'etat de soutenir; ilrecon- pait que TEtat et les administrations locales doivent s'occuper avec sollicitude d'augmenter par des travaux d'ulilite publique , les ressources de la classe laborieuse, surtout lorsque les temps sont calamiteux. Enfin , M. Corne lermine ainsi celte brillante impro-^ visaiion : : r; i ^S8i — tt Tous ces moyens employes , si la mendicite n*a » point disparit , elle devient sans excuse , et la repres- » sion legitime. C'est alors que se presente le systeme » de colonisation des mendians. L'experience a prouve » que les maisons de refuge , ou les mendians etaient » employes a des travaux d'atelier, ne faisaient quaug- » menter leur depravation, par suite de leur contact, et » entrainaient FEtat dans d'enormes depenses. Les tra- » vaux d'agriculture , au contraire , sont bien plus » propres a relever ces hommes des habitudes ignobles » qu'ils ont contractees , et les colonies sont les seulsf » moyens de rendre ces travaux possibles. La Hollande » et la Belgique ont tente ce genre d'etablissement , et » dans ces deux pays , l'experience a consacre leur » milite. Des terrains nagueres incultes , ont ete rendus » productifs , et les colons se sont eleves en peu de » temps , de I'etat le plus abject a la dignite d'agricul- » teurs laborieux et honnetes. Deux modes avaient ete » employes concurremment : les colonies forcees et les » colonies libres. Dans les premieres , les mendians » etaient reunis en grand nombre comme dans les depots » de mendicite, et travaillaient a la terre pour le compte » de la colonic. Dans les secondes, les colons dissemines » sur une grande etendue de terrain , pourvus par Tad* » ministration de la colonic , d'une habitation et dii » mobilier d'une petite ferme , n'etaient tenus qua une » redevance annuel , et profitaient de I'excedant du » produit de leurs travaux. Les colonies libres ont seules » prospere , et paraissent le moyen le plus avantageux » d'appliquer les mendians aux travaux agricoles. » Nous faisons des voeux pour que I'administration » cherche a s'eclairer sur ces etablissemens et les im» » porte chez nous , si I'enquete qu'on pourrait faire a » cet egard , en cohfirme les avantages. Esperons qu'ii » tic manqiierait pas en France d'amis de riiumanite qui )) associeralcnt leurs efforts et leur bienfaisance pour la » fondation de ccs colonies. > L'assembiee temoigne par des applaudissemens unani- mes toute la satisfaction que Ini a causee I'improvisatiou brillante de M. Coroe. La discussion sur la solution proposee par la 6®. sec- tion est close. M. le president la met aux voix ; elle est adoptee a une immense majorite. M. de Reiffenberg donne lecture de la piece de vers ^uivante : £t €m%xH yXxduxuU Elles ont croule ces barrieres Qu'elcvait un pouvoir jaloux , Et la haine sur nos frontieres Cesse d'exhaler son courroux, Tonnez , despotes de la terre , Deployez un drapeau sanglant , Yotre ennemi n'est que mon frere ; Jcgemis enlecombattant. Bes heros j admire la gloire , Jc rends hommagc a leur valeur Et Ics acccns de la victoire Font cncor palpitcr mon coeur j Mais un pcuple devcnu sage Eclaircit Ics rangs des guerriers , Certain que les fers du servage Sont plus pesans sous des lauriers. II n'est qu'un besoin pour le monde , Du repos , des moeurs et des lois , Sur eux la liberie se fonde Ainsi que le trone des rois, rfOf-Fi'^l' — 583 ^ Notre cause a tous est pareille p Amis ; il est terns d'y songer : L'hommc dont la raison s'eveille A rhomme n'est plus etranger. Formons une sainte alliance Pour le bonheur du genre humain. Malgre le terns et la distance Tour-a-tour tendons-nous la main. Peut-on asservir le genie Au sol qui d'abord le produit ? Non , non , le monde est sa patrie, £t lui , dans sa course il grandit. Austere savoir , poesie , Beaux-arts , leurs seduisans rivaux , Entrevous plus de jalousie, Vous aussi vous etes egaux. Unis , vous doublez de puissance Et trouvez de nouveaux sentiers , ' ^ ^^ •■ Dnns notre age de renaissance oXAli 'ir,q o;;i }l fant des homraes tout entiers. •* tJ^^ V6r^ sent vivement applaudis. M. Arthur Dinaux a la parole pour lire sa notice sur les Trouveres Flamands *. Cette composition remar- quable est entendue par Fassemblee avec une attention soutenue qui prouve tout I'interet quelle porte a cette lecture. > i La seance est levee a 5 lieures trois quarts. '^* SfiANCE DU JEIIDI 10 SEPTEMBRE. Presidence de M. de la Fontenelle ( de Poitiers. ) La seance est ouverte a 5 heures un quart. ' Prennent place au bureau, M. de la Fontenelle de Vaudore , pre'sident , E. Gaillard , vice-president , L. de Givenchy , secretaire-general, * Voir danls ta seconde partie de cc volume; cette notice de M. Arthur Dinaux. ^^584 — Lc procAs-verbal est In et adopte. II estdonne lecture d'line lettre de M. Desvaiix, secre- taire de la Sociote d'agricullure , sciences et arts d'An- j;ers , qui informe qu'elle sera representee aii Congres par MM. Riviere et de la Pylaie. Les secretaires des sections font connaitre lesresultats deleurstravaiix du matin. Sur la proposition de plusieurs membres , la commis- sion permanente avait admis im voeu supplementaire > non inscrit au programme , et I'avait renvoye a I'examen de la 2^. section , qui Fa formule , ainsi qu'il suit : « Emettre le vceu que des essais comparatifs soient fails mr remploifiesproduits hitumineux des mines deLohsann et de ceux quiproviennent de la distillation des houilles, » Ce voeu est sanctionne par Tassemblee. La o®. section propose et le Congres adopte sans observation le voeu suivant , sur une proposition supple* mentaire presentee a la commission permanente par M. le docteur Delanoy , et renvoyeepar elle a la 5e. section. € II est reconnu que le transport des enfans nouveaU' nes a la Mairie pour (aire constater leur naissance , et d I'dglise , pour y recevoir le haptSme , sont des causes puis^ sanies de mortalite ; en consequence le Congres e'met le vwu que Von sollicite des autorites compe'tenteSf lesmoyens de reme'dier a cesgruves inconvdniens, » La 5®. section propose sur la 2^. question de son programme , qui est ainsi con^ue : € Pourquoi , dans le developpement de la civilisation ftancaise , le progres de la litte'rature a-t-il precede' la re forme politique, » La solution suivante : « Si , dans le developpement de la civilisation francaise , le — 585 — pfogres de Ja litt^rature a preccsde la reforme politique, c*est d'abord que, revolution dc priiicipe , ellc avail besoin pour s'operer , d'une reforme prealable dans le langage et les idees , qu'apr^s la chute du regime feodal, lorsque la royaute victorieuse eut fait tomber les luttes politiques , et se fut pos6e au devant de I'intelligence , commc un principe preponderant et accompli , celle-ci alors loujours active et libre de son essor par le repos accidentel dc la societe , provoqucc d'ailleurs par les besoins du hngagc , la dccouvcrte de I'imprimerie , la protection du trone , et cnfin par tout ce qu'il y avail dans les moeurs , de leger etde chevaleresque , dut se tourner plus naturellement vers I'etude des belles-letlres* » En second lieu , que le gout de la litterature , en se deve- loppant , dnt amener avec lui cclui des etudes serieuses, el par suite les discussions philosophiques qui , tout en signalant lc3 abus el debattant les theories gouvernementales , apporterent dans les esprits un desir de reforme politique, donl la realisatioa des lors ne tarda point a s'operer. » Apres qiielques debats, rassemblee adopte la reponse proposee par la 5^. section , modifiee ainsi qu'il suit : « Si , dans le developpemenl de la civilisation francaise , le progres de la litterature a precede la reforme politique, c'estque la destruction du regime feodal , le repos accidentel de la societe, un reste d« I'esprit chevaleresque et le caractere particulier deS moeurs, durent tourner I'activitede rintelligenceverslahttera- ture ; qu' alors son developpemenl amcna le gotit des etudes se- rieuses , et par suite , des discussions philosophiques qui , tout en signalant les abus etdiscutant les thrones gouvernementales, vinl apporter dans les esprits un desir de reforme politique qui ne tarda pas des-lors a se realiser. » La 6e. section , par I'organe de M. Pillot , Fun de ses secretaires , demande : « Qm le Congres dinette levceu qu'il se forme une asso-^ ciation du nordde la France, sur le modele de V association Normande, et que les Socictes des dcpartcmens du Nord et du PaS'de- Calais soient invitees a s'unir , a cet effel ; quau pre'alable , les Socie'tes d'agriculture de Douai et 25. -"380 — d* Arras soient d^stgne'es pour pre'senter unprojet d'orga- nisativn dc cette association. » Ce voeii est Tobjet d'line discussion. M. de Caumont fait observer que Tetablissement d'unc association sur les memes bases que I'association Nor* mande , exige certaines conditions quin'ont pas ete suf- iisamment indiquees dans la reunion de la 6®. section. Si Fassociation Normande a produit quelque bien , c*est qu'elle a reuni dans son sein I'elite de toutes les classes de la Societe Normande ; les membres du clerge , les magistrats , les agriculteurs , les fabricants , les pro- prietaires ontpreteleur concours auxtravauxde lacom- pagnie. C'est a cette unite de vues et d'actions de tons les Clemens sociaux qu'on pent attribuer la sage direc- tion iniprimee aux travaux de Fassociation , et sa puis* sance pour faire le bien. M. de Caumont craint qu'une commission composee de membres exclusivement choisis dans le sein de deux Societes savantes , nefondentune association s'occupant trop d'etudes speculatives etn'ayant pas tousles moyens .d*action qui seraient necessaires pour contribuer aux progres de la morale publique. En un mot , pour pre- senter I'image de Fassociation Normande , I'association du Nord devrait ^tre composee de membres du clerge > de proprietaires et d'industriels, animes des memes vues. M. Daman est d'avis qu'il faut tenter cette association et que Ton ne doit jamais reenter devant les obstacles qui peuvent se presenter dans ime entreprise dece genre. ' M. Gaillard expose , en principe general , que les 'Academies sont ennemies des innovations , et que Ton doit craindre de leur renvoyer ce voeu , attendu qu'il se- rait dilficile d'en obtenir un resultat ; il conclut en con- sequence , a ce qu'il soit renvoye a la fin de la session. i M. Jiillien dit que Tapparition dit Congres ddns cette ville devait tout nalurellement inspirer aux hommes de ce departemetit la pensee de former iirie association sem- blable a celle de Normandie ; niais il Croit que I'cin ne doit pas se borner a emettre ce voeu pour deujc d^par- temens seulement , mais qu'il serait Utile qu'il fut ^mis pour toute la France ; qite les Societes savantes , en meme temps que lesconseilsgeneraux,doivetltetreappe- lees a faciliter I'execution de cet utile projet. M. Minart s'etonnc que dans un Congres sci6iitifique j I'un des preopinants , iiiembre lui-nleme de pltisieiirs Societes academiques tres recommandables, vierine por- ter contre cessortesde Societes en masse , line accusa- tion qui tendrait a faire presumer qu'elles sont animeesi d'un assez mauvais esprit pour ne pas s'empresser de concourir a tout ce qui peut interesser le bonheur de leurs concitoyens. L'orateur n'hesite pas a declarer haii*- tement que la Societe royale et centrale d'agricultUre , sciences et arts du departement du Nord, seante a Douai, dont il a I'honneur de faire partie , est loin de meriter unsemblable reproclie; qu'il estconvaincu, au cbntraire,. que , dans cette occasion , comme dans toutes celles qm se sont presentees jusqu'a ce jour , elle ferait tons- se» efforts pour concourir a creer cette association surle mo- dele de celle de la Normandie * Combattant ensiirte I'opi- nion de M. de Caumont, l'orateur fait remarquerqueron trouve dans le sein de la Societe de Douai , !es elen>ens que son honorable collegtie a indiques cdmme necessai- res pour r^iissir h etablir cette utile atssociation ; qu'il est certain que Ton aurait le coricoiirs du clerge et que Mgr. I'eveque de Cambrai s'empresserait de seconder , de tout son pouvoir , une Societe dont il est membre ;^ en consequence il conclut a I'adoptiofe du voeu emis pi»r la 6«^. sectiotf . ^ ,^u MM. JulUen , de Caumont et Gaillard , developpent leurs precedens argumens. M. Preux se reun't a M. Minart poiir assurer auCon* gres que la Societe d'agrigulture de Douai fera tous ses efforts pour que le voeu emis par la 6®. section regoive. son execution. M. Cornille croitqu'ily aurait danger ^etendre d'abord le voeu a tous les departemens de la France ; il demande la mise aux voix de la proposition telle qu'elle a ete for- mulee par la 6®. section. Cette demande est appuyee ; M. le president la met aux voix : elle est adoptee. M. le colonel Servatius a lu dans le sein de la 6®. sec- tion, un memoire d'un haut interet, sur la 15®. question du programme de cette meme section , conQue en ces termes : « Les remplacans jettent dans les rangs de Varmie nombre de sujets pervertis par les exces m^mes qu'ils vien- nent de faire , a la veille d'etre requs , gaspillant , en quelques jours de ddbauckes , le prix de leur remplace^ ment escompU par des usuriers, Ne conviendrait-il pas que nul r emplacement militaire ne fut permis, si le rempla^ cant ne consentait a ce que leprixfutversddla caisse des consignations , et rendu incessible et insaisissable jusqu'di sa liberation , VinterH seul lui en e'tant remis chaque anne'e,- » Ce memoire, apres avoir ete renvoye a Texamen d'une commission speciale qui en a fait son rapport , a souleve dans le sein de la section une discussion fort lumineuse et fort animee sur cet important sujet , a la suite de la- quelle la section a decide qu elle presenterait a Fassem- blee generale la reponse suivante a la question precitee: « Lc Congies croit devoir signaler a la soUicitude du gouver- — 589 — nemetil , les inconveniens suivans attaches au mode actuci dc recrutement de I'armee. » 10. D'apres le mode actuel de remplacement , une grande partie des sommes qui devraient servir a ameliorer le sort des remplacans , devient la proie de I'agiotage. » 20. La voie du sort qui designe les soldats , impose a une partie des citoyens , ct sans aucune compensation , une charge onereuse qui devrait dire repartie entre tous. » 30. Enfln , la position des soldats ainsi d6signes , est', sous le rapport des avantages qu'ellepeut presenter , bien inferieure k celle que peuvent se creer la plupart des hommes soustraits au service. Cest ce que demontre assez I'eloignement de la gene- ralite des citoyens pour la carriere militaire , oil bien peu se jcttent volontaireraent. En consequence , et pour parer ices inconveniens, leCongrfes recommande a I'attention du Gouvernement les mesures sui- vantes , qui paraissent y remedier : . » 10. Tous les hommes exemptes du service , soit par le sort ^ soit par suite des dispositions legales , soit pour cause d'incapa- cite physique y paieront en compensation , une somme propor- tionnee a leur fortune ou a celle de leurs ascendans. ' » 20. L'administration de ces fonds sera confiee a une agence particuliere et independante, semblable a celles qui administrent les caisses d'amortissement ct des consignations. Cette agence sera placee sous la surveillance immediate du ministre de la guerre. » 30. Le taux des remplacemens sera fixe par un reglement d' administration publique ; il sera confie a la meme agence et reuni aux sommes payees par les exemptes. Cette masse sera destinee a ameliorer la position, des soldats designes par le sort , el celle des engages ou rengages volontaires , par qui seuls pour- ront s'operer les remplacemens , sauf le cas d'insuffisance. » 40. Les sommes allouees a ces deux classes de soldats , pour chaque annee passee sous les drapeaux , leur seront definitive- ment acquises; et ils n'en pourront etre prives que pour d * jsertion. » Ces sommes porteront des interets qui seront joints au capital , si les soldats n'usent de la faculte qui leur sera laiss^e de les rctirer ; mais ils ne pourront toucher une partie du capital que dans des circonstances determinees. ' » 5,0. Le Gongres recommande encore a I'attention du gou --500 — vernemenl le memoire do M. Ic ooluncl Servalius , ou rutilite d^ ces incsures sc trouve demonlroe avcc une clarle el une jastesse remarquables.Ce ineinqire contient un plan Gomplct d'executlou, dont les details ne paraisscnl pas molns bicn concus que Ven-r semble , mais que radministration seule serait a port6e d'appr^- cier d'une mani^re certaine. » Le Congres sanctionne le voeu emispar la 0®. section^ M, Brun-Lavainne , archiviste de la ville de Lille , donne lecture de la notice suivante , Sur les institutions Communales , au moyen-age : ; < Messieurs , parmi les questions qui ont paru dignes d'etre ofFertcs aux meditations desmembresdu Congres,, je me suis etonne de n'en voir figurer aucune qui eut trait aux institutions oommunales au moyen-age , instir tutions si grandes dans leurs resultats , si varices dans leurs formes , et dont on ne connait encore qu'une faible partie , malgr^ les savantes reclierches des Thierry , des Guizot , de tous ceux qui ont cherche h reconstruir^ J'histoire de France sur sa veritable base. 11 m'est venu » I'idee de presenter quelques eclaircissemens , de rapr porter quelques faits de nature a jeter un pen de lumiere sur celte epoque vraiment organique ou se fit avec tant de labeur, renlantement de la civilisation moderne. Si vous ne jugez pas , Messieurs , cette lecture inopportune , je continuerai. » J'ai dit que Ton ne connait encore qu*une faible partie desi institutions communales au moyen-age ; et en effet , le champ est trop vaste pour qu il soit permis a personne d'en embrasser , meme en projet , toute la recolte. On a retrouve et decrit les diverses phases des communes de Laon , de Soissons , de Cambrai et de plusieurs autres villcs; mais ce ne sontpas sculement des vi|les qui doivent entrer duns la composition de cet immense tableau , des villages monies avaient leur lai pgrite ou tradiiionnelie. Notre savant ami et coUegue — 591 — M . le docteiir Le Glay,vient de publier celles des villages. d'Esne et Walincourt. Precedemment , il avail enrichi pUisieurs reciieils scientifiqiies du fruit de ses recherches sur de semblablessujets. He bien ! nousluidemanderions. s'il croit , ainsi que nous , qu'une vie d'homme suffise a peine pour explorer le rayon pourtant bien circonscrit de notre Flandre ? Tout travail general est done , pour le moment , impossible ; mais c'est a des entreprises partielles qu'il faut demander les moyens d'arriver un jour a celte possibilite. Pres de nous , en Belgique , des hommes devoues , a la tete desquels se trouvent MM. de ReifFenberg et Lenz qui siegent dans cette enceinte , et M. de Warkoenig que nous regrettons de n'y pas voir ^ amassent ence moment des materiaux immenses qui ont deja servi a ce dernier a tracer Yhistoire de la Flandr& par ses institutions , ouvrage , dit-on , d'un haut merite , et dont nous attendons impatiemment la traduction frangaise. Bien pauvre de lumieres aupres de ces doctes ecrivains , j'ai pourtant voulu apporter mon tribut a Foeuvre generale. Jesus-Ghrist nededaigna pas le denier de la veuve ; mon denier h moi , c'est tout le passe de la ville de Lille que je m'efForeo de faire reparaitre a tra- vers le voile dont fes siecles I'ont convert comme un chimiste fait revivre , sur le velin des vieux manuscrits> des caracteres que la main du temps sembiait avoir effaces pour jamais. » On distingue trois sortes de communes : les unes ^taient franches dc toute anciennete ; les aulres avaient eonquis leurs franchises ; d'autres enfm les tenaient par concession ou transaction de leurs seigneurs immediats. La commune de Lille me parait devoir etre rangee dans la premiere de ces trois classes. D'une part , il n est venu jusqu a nous aucune charte d'affranchissemcnt , ni m^me auam indice de quelque valeur , quipuisse montrer ou — 592— a commence son institution comnmnnle ; de I'autre , il n'est pas croyable que , si les privileges de cette ville etaient le fruit de Tinsurrection populaire , on eut laisse au seigneur de la terre une aussi large part que celle que je vais montrer tout-a-l'heure. Toutes les probabi- lites se reunissent done pour faire penser que Lille fut , des I'origine , une colonic libre , soit que Ton fasse hon- ueur de sa fondation au problematique forestier Lyderic du Bucq , ou a Baudouin lY , ou bien a Baudouin V. » Je viens de direqu'iln'etait venu jusqu anous aucune charte d affranchissement de la ville de Lille , c'est qu'en effet,la charte bien connue de la comtesse Jeanne,en 1255, necontient point une concession nouvelle , maisun simple reglement relatif a la composition du corps echevinal. « Nous avons accorde , dit-elle , du consentement des :>} e'chevins , des jure's et de toute la commune de Lille , » que nous devons , chaque annee , au jour de Toussaint, 5> faire les choses qui suivent , savoir : que par nous ou :» par nos delegues , il sera choisi douze echevins , les- » quels nommeront douze jures, puis lesquatrepretres 3> paroissiaux prendront a leur choix , partout dans la » ville , huit hommes sages et integres pour asseoir la )) taille. Les memes cures eliront aussi cinq appaiseurs, >? pour accommoder les querelles particulieres , et les a echevins designeront le Rewart de ramitideiles quatre » comtes de la Hanse , ou tresoriers de la commune. » j^insi qu'on le voit par cette courte analyse , le double principe de la hierarchic feodale et clericale , domine toute cette constitution ; et en cela , elle nous parait encore moins conforme a I'esprit emancipateur (souvent meme turbulent ) du douziome et du treizieme siecle , qu'aux habitudes de subordination des siccles qui les out precedes. Et cepcndant , en depit de cc principe qui, (li3 feudal dcvint monarchique par la suite des temps ; — 595 — endcpitde cettesorte dedependance dune magistratur^ retribiiee , revocable tous les ans , et ne tenant point ses pouvoirs du peuple , on est frappe d' admiration a la vue des actes de courage civique de ce corps, et de la Intte presqu'incessante qu'il soutint jusqu'au seizieme siecle , contre les pouvoirs superieurs ou rivaux , et meme contre les pretentions temporelles de I'eglise. Je n'en citerai que quelques exemples. » En 4429, I'inquisiteur Lambert de Campo fitbruler a Lille quelques heretiques , et voulut confisquer leurs biens , malgre les privileges de la ville qui , dans ancun cas , ne souffraient la confiscation. L'inquisiteur etait soutenu par I'eveque de Tournai et par Philippe , due de Bourgogne , qui tous deux devaient avoir part aux depouilles des malheureux supplicies; mais les magistrats, quoique nommespar Philippe et paries cures , dependans de I'eveque , firent valoir leurs droits avec une energie qui triompha de I'injustice couronnee et mitree ; les biens furent rendus aux heritiers , et Tinquisiteur ne fit plus de proces. > En 1445, les magistrats de Lille firent une ordon- nance par laquelle il etait defendu de couvrir lesmaisons en paille , dans I'interieur de la ville. Nonobstant cette sage delense , plusieurs particuliers qui , sans doute , etaient bien en cour , obtinrent du due de Bourgogne des autorisations specialespoury contre venir. Les eche- vins firent abattre les toitures prohibees ; de la , plainte au due qui , mieux informe du droit qu'avaient les ma- gistrals de faire souverainement toutes ordonnances de police , confirme celle-ci , retire ses autorisations con- traires et loue le corps municipal de sa fermete. > Quelques annees apres , le meme Prince sollicite pour un deses secretaires, battu de la maladie de Mon- seigneur Saint'Ladre, une place dans I'hopital des lepreux, — 504 — fottde pour les bourgeois de Lille ; sa lettre adressee aui niagistrats , et que j'ai inseree Tannee derniere , dans la Revue du Nord , est con^ue dans des termes qu un sous- prefet d'aujourd'hui trouverait sans doute irop humbles pour demander un service a un maire ; et cependant ^ on lit au dos dii titre original : Nonobstant cette lettre , maistre Jehan de Maubeuge ne fut point receu d la bonne maison des bourgeois.. Pour aehever de faire connaitre , en peu de mots , rinstittition de notre magistrature , je dirai que les attri- butions du corps echevinal de Lille etaient a la fois judiciaires et administratives ; que ses jugemens , tant au criminel qu'au civil , etaient execiitoires , nonobstant appel, et qu'il jouissait de I'independance la plus absolue pour tout ce qui concernait la police de la ville et I'em- ploi des deniers comnvunaux. J'ai deja dit par qui les membres de ce corps etaient nommes. Les cures exer^aient leur droit eux-memes ^ et le Souverain par des commissaires qui etaient ordinai- rement le gouverneur de la province et deux ou trois autres, personnes eminentes ea dignite. Aucun cens d'eligibilite n'etait impose aux candidats. Dans ce temps , on n'avaife point encore invente lescapacites politiques qui s'appre- cient par francs et centimes. Les commissaires pouvaient done choisir parmi les citoyens de toutes les classes , des hommes probes , integres , eclaires, qualites insufli- santes aujourd'hui , tant nous avons fait de progres. On exigeait seulement en outre , qu ils fussent natifs de Lille , et la loi excluait les celibataires et ies avocats ; les premiers, parce qu'on les supposait sans doute moins attaches a I'ordre social ; les seconds , parce qu'on no voulait pas qu'ils pussent etre juges de leurs propres clients. » Faisons-nous maiutenant une idee de ce qu'etait la — SOS- bourgeoisie dont nous n'avons jusqu'a present consider© que les chefs. D6s sa naissance , I'enfant d'un bourgeois jouissaii de tous les privileges de la condition de son pere. Toute voie de fait, exercee contre lui, obligeait la commune entiere a en poursuivre la repression , ou bien u en tirer vengeance. Lui-m^rae ne pouvait etre mis en jugement, quelque chose qu'il fit, avant I'age de majo- rite , qui etait fixe, pour les gargons , a 15 ans , et pour les filles , a 11. On voit qne des ce temps-la , le sexe feminin etait precoce *. L'enfant dubourgois ne pouvait perdre sa franchise tant qu'il etait au pain de son pere ou de sa mere, quand meme le pere I'eut perdue lui- meme par condamnation infamante , posterieurement a la naissance de l'enfant ; loi sage et bien opposee au prejuge dont un de nos honorables coUeguesparlaithier. Mais des que le fils du bourgeois etait mis hors du pain paternel , il devait , pour conserver ses droits , relever sa bourgeoisie , c'est-a-dire , se faire inscrire sur le registre aux bourgeois, en payantune legere retribution. Cette inscription ne pouvait lui etre refusee. Lorsqu'un etrangerou homme forain voulait se faire recevoir bour- geois , il fallait , au contraire , qu'il fiit presente aux magistrats qui deliberaient sur son admission. Si la deci- sion lui etait favorable , le Rewart lui disait ces paroles: « Vous voles yestre bourgeois ? — A quoi il repondait : » Voire.-— Dont vos di jou , reprenait lemagistrat, qu'il » vos convient que vous soies manans en cheste ville » estagierement et que vous ne vos partes de le ville pour » manoir se n'est par le consel de le ville ou par le » congiet de sept echevins au mains cnsanle ; et se vous » autrement alies manoir hors de le ville , on ne vous * Ccttc majorite legale futelevee en 1406, a 18 ans pour los gar(;ons , et a 15 pour les filies. . , . ^.,ms ^sm..** . . .. -,. , — 596 — » tenroit mais pour bourgois et si vos escasseroit-oit» » Et se vous yestes de fede mortel , ne bastars , ne en If rames de siervage viers vo signeur ne d* autre choze , » ne elers , vous n'en ares nulle aiuwe de le ville , fors » de pryere. » On voit par cette formule , que le mot manant , devenu de nos jours une injure, designait dans I'origine une condition sociaie assez relevee. Une foule do titres m'ont demontre que cette condition etait celle d'habitant proprietaire ou occupeur titulaire d'une mai- son. D. Carpentier , dans le supplement au glossaire de Ducange , fait d'un manant un homme riche, qui est a son aise. C'est peut-etre outrer la definition ; mais nous voyons du moins qu'a Lille , on a toujours applique les qualifications de manant a I'habitant qui , par sa fortune ou son Industrie , etait susceptible de payer la taille. £tre manant fut long-temps une condition indispensable pour etre recu bourgeois. Plus tard , on se relacha de cette regie : c'est sans doute a cause de cela que , dans, line multitude d'actes du 6®. et du 7^. siecle , on trouve la qualite de manant ajoutee a celle de bourgeois. Plu* sieurs fondateurs d'hospices , qui etaient de riches par- ticuliers , se qualifient dans leurs actes de bourgeois et manant; des administrateurs , des personnageseminens dans la ville , prennent de meme ce double titre ; sans doute afin de distinguer leur bourgeoisie de celle qui , n'etant pas permise par la coutume , ne pouvait etre considered que comme une bourgeoisie batarde ,. obtenue par favour ou par trafic. » » Voici done Tetranger rcQu bourgeois , apres avoir prouve aux echevins qu'il tient dans la ville un manage on etat de maison sufiisant ; que sa femme et ses enfans, s'il en a , mainent , c'est-a-dire , habitent avec lui , et et qu il n est ni clerc , ni serf , ni batard ; apres aussi qu'il apaye pour son entree soixante sous urtesiens, plus — 397—^ sept deniers ait clerc de la ville , et mis en la main dtt Rewart une rente de cinq marcs de fin argent ou un heri- tage de meme valeur , en forme de cautionnement pour garantie de la taille et des autres coutumes de la ville. Qtte maintenant un seigneur de la Chatellenie ou d ailleurs veuille I'attraire devant sa justice feodale pour quelque cause que ce soit , les magistrals y formeront oppositioa et requerront par sonserment le bailli du comte dc Flandre de leur faire rendre leur bourgeois dont ils ferontbieneux-memes justice, s'il y alien. S'il contracte desdettes, etque ses creanciers I'apprehendent au corps, ils ne pourront le tenir prisonnier que dans une maison particuliere , situee sous la juridiclion du comte , et dans laquelle il puisse aller et venir librement pendant le jour. lis ne lui devront fournir pour sa nouiriture de chaque jour qu'un pain d'un denier et de I'eau a discretion ; mais ils ne pourront empecher qu'il ne se procure «a ordinaire plus confortable. lis lui donneront aussi du feu , de la lumiere , un lit de plumes , des draps blancs tousles quinze jours , une courte-pointe , couverture ou tapis pour le garentir du froid , une chaise a coussia, une table avec sa nappe et une serviette pour s'essuyer les mains. Tout ceci vous etonne, messieurs, je I'ai pourtant extrait d'un document irrecusable dont j'aurai I'honneur de vous entretenir dans un instant. » S'il arrive que le bourgeois soit insulte ou altaque dans la Chatellenie , et qu'il puisse le faire savoir aux echevins, ceux-ci s'empresserontd'envoyer a sonsecours; mais si le corps ou les biens du bourgeois sont en peril , le Rewart fera sur le champ sonner la cloche des bans ou' bancloque ; les bannieres de la ville se deploieront aux lieux accoutumes ; tous les bourgeois et manans appa- reilles en guerre, suivant leur elat , accourront sur la place du marche ; les dizainiers assembleront leurs --598 — Immmes , les centeniers leiirs dizalnes , et tons voleront an secoitrs de leiir concitoyen , ayant a leur tete le baill'u 16 chatelain et toiit le corps du magistral a cheval. J ob- serverai en passant que les echevins etaient teniis d'en- tretenir itn cheval pendant tout le tems de leur exercice, et qu'ils ne furent dispenses de cette obligation qu en 1417 , par le due , Jean de Bourgogne* » Mais si le bourgeois ne trouvait pas moyen de faire savoir son danger , ou que I'agression fiit si subite qu'il fut occis, liavre ou affole avant de pouvoir 6tre secouru, c'etait pour la commune un devoir sacre de tirer ven- geance du mefait. C'est ce qu on appelait le privilege des Arsins. Sur la plainte qui leur parvenaii , les eche- vins procddaient a une enquete , et quand le delit parais- sait constant , ils faisaient ajourner le prevenu a leur audience. S'il se presentait, on le jugeait suivanl la coutume ; s'il faisait defaut, ce qui arrivait souvent^ et qu il cut sa maison dans la Chatellenie , on assemblait la commune dans la forme indiquee ci-dessus; on se met- tait en marche, tandis que les cloches de la ville sonnaient par trois fois , et a la fin de la derniere fois , les hommes de la derniere banniere devaient ^tre sortis de la villc. Figurez-vous, maintenant, cette petite armee , marchant 6n bon ordre , sans qu il soit permis a personne de s'ecarter de sa banniere. De graves magistrals la condui- sent. Prcis d'euXse tient le roi des Ribauds , portant une torche allumee. Ils arrivent au domicile du coupable. La , le Rewart hii fait trois sommations a haute voix et de maniere a pouvoir etre entendu de I'huys de devant a I'huys de derricre. Quelques minutes d'un effrayant silence suivent la derniere sommation. Personne ne parait. Alors un murmure sourd commence a circuler parmi cette multitude. L'orage se forme , grossit et eclate en bruyantes acclamations , au moment ou le bailli, prenant ^599 — la torclie des mains dii roi des Ribands, alliime I'incendift qui doit consumer la maison. Ace signal, on seprecipite sur tout ce qui a appartenii al'ennemi de la bourgeoisie* Batimens , meubles , arbres , recoltes , tout est sarte ^ detruit , brule, reduit en cendres ; il ne reste rienqu'un terrain noirci et fumant. La vengeance accomplie,chacuii varetrouver sabanniere, et la commilne revient enordre^ les magistrals veillant avec soinace qu'aucunesviolences> auctines depredations ne soient commises sur la route au prejudice de qui que ce soit. Beaucoup d'ecrivains mo* dernes se sont eleves avec indignation contre cette cou- tume qu'ils ont appelee barbare. II faut n'y voir qu'une necessile des temps. La societe feodale , avec sa puis*- sante hierarchic , offrait une protection a ceux qui y etaient soumis ; mais les communes etaient en dehors de cette societe ; il fallait done bien qu'elles songeassent a %e proteger elles-memes. G'etait toujours une sorte de justice , et elle etait si bien reconnue telle que, malgre les frequ(mtes reclamations des barons de la Chatellenie, le privilege des Arsins , maintenu par de nombreuses ordonnances de nos rois, et par des arrets du Parlement, ne fut jamais explicitement aboli. Quant a I'epoque de son institution, elle echappe a toutes les recherches , et Ton ne pent gueres la fixer qu'au temps ou la feodalite eut re^u ses premiers developpemens. Roisin , qui ecri* vait de 1320 a i540, dit , en rapportant ce privilege dans son recueil des franchises,lois et coutumes de laville de Lille : « Lois est et franchise as bourgois de cheste » ville et a este de si lone temps dont il n est memore » trois cens ans et plus , etc. » « Je viens de citer Roisin , Messieurs , et ce recueil peuconnu, meme a Lille, offre le tableau le plus complet que nous ayons des institutions et des moeurs de ce pays au moyen-age. On y voit,pour ainsi dire, revivre cetlQ — 400^ bourgeoisie si jaloiise de ses liberies, ces magistrals si fermes dans leurs devoirs , ces caracl^res si franchement dessines, qu enles consideranl, onserait tenle de deplorer I'abalardissement de noire race. Ce livre pouvant offrir line foule d'enseignemens utiles , et contenant en outre plus de deux cents charles , la plupart inediles, je viens d'en entreprendre la publication. Quelques exemplaires de la premiere feuille que j'aurai I'honneur de deposer sur le bureau , donneront une idee de Fexecution typo- graphique que je surveille moi-meme avec le plus grand soin: > La, Messieurs, ne se sont pasborneesmesrecherches: apres huit annees de Iravaux , je viens de terminer un atlas historique et topographique de Lille, qui conticnt, outre Fabrege de noire histoire , des plans , de onze epoques dififerentes , et des dessins lithographies de nos monumens anciens et modernes. Le Congres voudra bien me permetlre de lui faire hommage d'un exemplaire de eel atlas, trop heureuxsijepouvaisobtenirlesulFrage d'une assemblee si imposanle. > Celte lecture est entendue avec un vif inleret , et le Congres temoigne sa reconnaissance a M. Brun-Lavainne pour les hommages qu'il lui a ofFerls. L'heure Irop avancee oblige I'assemblee a remeltre a la seance du lendemain la lecture de la notice sur Philippe de Comines, qui doit-etre faile par M. le President. La seancG est levee a six heures moins un quart. SfiANCE DU VENDREDI 11 SEPTEMBRE. Presidence de M. de la Fontekelle (de Poitiers). La seance est ouverle a trois heures et demie. Prennent place au bureau , MM. de la Fontenelle de Waudore , president , Gaillard , vice-president , L. de teivenchy, secre'taire-ge'ne'raL — 401 — Le proces-YcrLal de la dorniere seance est iu et adople. M. le president donne lecture d'line lettre de M. le general Marion , commandant lecolc d artillcrie de iDouai , qui regrette de ne pouvoir, pendant la durce de la session , faire une ecolc de nuit au Polygone , a cause des traVaux que Ton fait a la porte d'Ocre. II annonce qu'une ecold de jour aura lieu, si le temps le permet, hmdi prochain, a sept heures du matin. Des remercimens sont votes a M. le general Marion , pour cette Communi- cation bienveillante* M. Lair annonce qtle le Congros sera informe ultc- Heuremeiit de I'heure a laquelle aura lieU lafonte d'une piece de canon^ qui portera le nom de Congres de Douat. MM. les secretaires des sections lisent snccessivement les proces-verbaux de leurs seances du matin. La 1^®. section propose, sur la 9<^. question de son programme , ainsi congue : e Quelles sont les moeurs des animaux inverte'hrds ? i La decision siiivante | « fimettre le vceu que les naturalistes s'oCcupeflt avec plus de zele a explorer les moeurs des animaux invertebr^s dont I'etu- de est trop negligee. »— Adopted. La m^me section propose egalement , sur la 5®. ques- tion de son programme , ainsi congue : € Quelle est la cause de t' abaissement successif, depuis 'cingt ans , du niveau des eaux souterraines , de telle sorte que dans certaines provinces , il est devenu necessaire d' appro fondir les puits tous les six mois ? » La reponse suivante : o Les effcts produits par Ic defrichcmcnt des bon's, le chan- gemcnt de la direction ordinaire des vents et les aulres causes de 2G. raffaiblissemcnl des caux souterraines doiven't fixer rattentibn de radministration publique, sur I'emploi des meilleurs moyens d'amenagement des eaux.pluviales et de la reserve a faire de I'ex- cedant du produit des eaux,dans les saisons pluvieuses , pour I'utiliser et le faire servir aux besoins de la vie dans les longues secheresses . » — Adopte. Le 3®. section , sur la seconde question de son pro- gramme , ainsi congue : « Ouelie est Vinfluence de la me'decine sur Vhomme , consider e sous le rapport physique et moral ? » Propose la reponse suivante : « La medecine , en perfectionnant la physiologie , la psycho- logie ; et T hygiene en detruisant des croyances populaires fatales> pendant plusieurs siecles d'ignorarice , a certain ordre de mala- dic , comme I'epilepsie , la catalepsie , etc. ; en renouvelant la face de la chirurgie ; en appliquant la gymnastique dans les cas qui la reclament ; en venant aider la legislation et radministra- tion , a rendu d'immenses services a I'individu et h I'espece. » — Adopte. Le Congres de Poitiers avait renvoye a la session de Douai , cette proposition : « Inviter les m^decins et tous ceux qui s'oecupent d' etudes physiologiques , u rechercher et a signaler les avantages que Von pourra retirer de la phr^nologie , pour leperfectionnement de V education, » La 3e. section propose la reponse suivante a cette proposition : « Attendu que la phr^ndlogie n*est pas encore etablie sur des bases suffisantes , le Congres renvoie a la prochaine Session , la reponse a faire a la question qui concerne cette science.)) — Adopte. La 5®. section propose , sur la 5®. question de son programme , congue en ces termes : « Quel est , en ge'ne'ral, Vinfluence des re'voMions poH- iiques sur la litle'rature ? » La solution suivante : « Les revolutions poliliques, duraM leut codrs , jellent la litterature hors de sa sphere speculative , et Vabsorbcnt cornice une force sociale dont elies ont besoiii pour Tattaque ou la defense. » En general', quand le calrae renait, il resfe au fond des esprits un besoin dc mouveinent et d'emotions qui ravive la litte- rature d'un peuple, et la pousse aux innovations ; les revolutions retrempent surtout les grands, ecrivains et ceux qui veulent suivre I'esprit de leur siecle ou le combattre. » L'effet le plus durable des revolutions sur la litterature; c'est dela forcer a se mettre en harmonie avec les institutions politiques que ces memes revolutions ont fait surgir. » Cette solution est adoptee* , ^ La menie section , en reponse a une proposition lup- plementaire faite par M. Lair, et amendee par M. Deha5^, qui a ete admise par la cbmtnission permaneilte , et renvoyee par elle a la 5^. section, propose att Congres d'emettre le voeu suivant : « Qud dans Vinte'r^t ^de la science, une correspondancd suivie , et autant que possible , un e'change de nie'motres s'e'tabltsse entre toutes les academies et socie'te's scienti-^ fiques , franeaises et e'trangeres. » (3«e pour faciliter c^s cornnlunications , MM, les ministres de Vinterieur , des travaux publics ei du com' merce soient prie's d'aviser aux moyens de donher aux socidte's savanteSj la franchise de port daris V envoi quelles se fetont re'ciproquemertt de leurs inemotres , saris le'ser leS inte'rits du tr^^or. » Cette proposition est adopted. La 6®. section , en reponse a la l^^. question de son programme > ainsi congue : « Appeler r attention des membres dii Congres , mr les nouvelles ameliorations qu'il serait utile d'apporter a — 404 — Vinstruciion puhlique en ge'ne'ral , et suriout d celle des jeunes filles , beaucoup trop ndglige'e jusqu^ici dans les classes inferieures, » Propose ail Congres d emettre le voeii suivant : « Que le gouvernement soit invite a proteger la Gymnasli- quc ; qu'il la recommande commc une partie essentielle de I'edu- cation ; qu'il en propagel'enseignement dans les colleges et dans tons les 6tablissemens d'instruction publique ; enfin, qu'il mani- festc le desir que les percsles et les meres de famille , les institu- teurs et institutrices, ainsi que toutes les personnes chargees de I'edueation de la jeunesse , envoient les enfans et les eleves des deux sexes dans les etablissemens gymnastiques , afin d'y de- velopper Icur education. » M. Pillot , au nom de la ^^, section dont il est secre- taire , demande qu'avant de mettre aux voix I'adoption de cette proposition , M. Dehay soit invite h. donner a Vassemblee lecture de quelques extraits du rapport qu'il a lu dans le sein de la 6®. section siir cette importaute matiere. Cette demande est accueillie; M. Dehay prend lix parole en ces termes : , . € II eut peut-etre ete plus rationnel de suivre dans CO travail Tordre des huit ouvrages que vous avez ren^ voyes a mon examen, et de vous fairc un rapport separe sur chacun d'eux ; mais cette marche eut ete fastidieuse pour vous , car pour etre fidele , il etit fallu entrer dans tine foule de details , fort curieux sans doute , lorsqu'il s'agit de les mettre en pratique , tels que ceiix des diffe- Fentes especes de gymnastiques et de leurs diverses^ applications , mais inutiles a expliquer dans ce rapport. J'ai cru preferable d'arriver tout de suite a I'ensemble de ces ouvrages , a I'exposition des principes qui y sont eta- blis jd'examiner en un mot, sieffectivoiaentilssont digne* — 405 — de troiiver unc place , telle minime quelle soit , dans la ' grave discussion qui vous occupe , cette question si importante pour rimmanite , celle des ameliorations qu'il serait utile d'apporter a I'instruction , a Teducation publique. Pour moi , Messieurs , la chose n'etait pas douteuse ; et cependant , je dois le dire , ce n'a pas ete ^ sans quelqu'hesitation que je me suis decide a vous presenter tout d'abord une resolution aflirmative. » La gymnastique , du moins son introduction dans I'education publique , a ete long-temps et est encore aujourd'hui I'objet de critiques ; beaucoup de personnes • qui ne veulent Tenvisager, qui ne I'envisagent reellement ' que superficieilement , n'y veulent voir autre chose que ' des sauts insignifians , que des gambades pucriles, que des exercices dangereux , en un mot , que des tuurs de force qui excitent la surprise sans aucun resultat avan- tageux : Telle , je vous I'ai dit , Messieurs , n'est point ma conviction , telle , je le pense , ne pent etre celle de quiconque lira avec attention les documens que vous m'avez donnes a examiner , et les pieces aulhentiques emanant de tant de citoyens honorables qui y ont consi- gne leurs opinions. Ajoutons que , si la gymnastique a ete I'objet de quelques attaques verbales , de quelques ' critiques de conversation , de quelques declamations injustes , aucun ecrit serieux , aucune objection reelle , n'ont ete publics pour faire connaitre les inconvcniens qti'on voulait bien lui supposer , tandis que beaucoup d'ouvrages ont vu le jour , qui tcndent h prouver son avantage et son utilite. La gymnastique , vous le savez , Messieurs , etait cul- tivee avec soin , et honoree chez les anciens ; elie faisait partie de I'education des hommes libres ; chez les Grecs et chez les Remains , les adolcscens frcquenlalcnt le Gymnase , le Cirque et le Champ de Mars ; les jeuncs gens , les guerrrcrs et presque lous \es citoyens pre;-, jiaient part a ces exercices , afm de devenir plus forts , pUisadroits, plus legers etplus durs a la fatigue. Ces iQoeurs , ces Habitude^ si recQnima.ndables , si utiles sous le ^^apport de la saute publiqu^ , sont peudant long-temps tombees en desuetude ; mais elles ont ete recemment rdtabjies en Suisse , par P^stalozzy , et e» Espagne , par. M. Amoros, qui depuis un certain nombre d'annees, les^ a ^alement introduites en France. Yous n'ignorez pas , Messieurs , qiue toutes les nation^ dii Nov4 out depuis^ quelque temps , admi^la gymnastique dans leurs ecoles , ejt que KAllemagne et particuiierement, le Panemarck, ont voulu quelle fut une partie essenlielle et fondamen- taje de I'education de la jeunesse,.. » Les principes sur lesquels sont fondeesles methodes adoptees et mises en u^age dans ces institutions , ont offert les resjultats les plus heureu3^ et les plus satisfai- faisans poiir I'education. Ces principes veulejit qu'avanj^ I'application,, on etudi^ dXbord le caractere des indi- vidus auxquplpilsdoivent etre appliques, qu*oa enseigne, abien calculer.les facultes pl?ysique^ et morales qu'ils poss^dent , a, augrpenter la puissance de cjelles qui existent , h faire naitre celles qui leur manquent , et a cQrriger les habitudes iituisibles ; ces principes tendent a bannir I'oisivete , e^ faisant en sprte que rfagmn^e. toujours occupe, ne reste ipactif que pendant les heures consacrees au repos dont il a besoin ; ces principes. tepdent a exciter a des actions, diflicil^s , et par cela meme eclatantes , k inspirer des senlimens de cou-, rage et de. securite ; h vaincre les dangers , a se lirer soi-meme des situations perillenses, a voir la mprt sans crainte et a s'endurcir le corps contre la fatigue et la d9^ulcur. V ApreSf cclte enqmcralipn des avanlages qu'offrc la^ gyjMnastique et beauconp d'aiitres qpe je^pcwirrals encare citer , et que vous avez nommes avec njoi , ne pourrait- on pas s'etonner que les peuples modernes se soient si long-temps prives desimmenses bienfaits que toutcs les classes , tous les ages peuvent retirer d'exercices qui developpent a la fpis ractivite physique et intellectuelle des deux sexes ? Je dis intellectuelle. Messieurs, car ces exercices n'ont pas seulement d'action sur le physique , ils servent encore a I'education des sens et dessentimens fldoraux. Qp axecopnu en efFet, depuis letablissement de QCs institutions , que les individus qui en ont suivi avec persistance les lemons , ont acquis en peu de temps une grande justesse dans I'organe de Touie , l^eaucoup de finesse et de precision dans celui de la vue, et un instinct parfait dans Fart ^e calculer et de Un de ces ouvrages s'occupe particulierement du chant rytbmique, conrime moyen gymnaslique; je ne vous arrelerai point sur ce livre qui ne traite que d'une specialile ; mais vous savcz, Messieurs, que le chant sert a obienir le developpement et la force des organes de la respiration etde la voix ; qu il inspire generalement des sentimens de religion , de bienveillanee et de gene- rosite ; que par le moyen des chants religieux et patri-* otiques , on fait naitre I'enlhousiasme dans I'esprit , on eleve et fortifie Tame , on inspire Tamourdela patrie, on habitue a la patience et Ton exerce au courage ; que le rythme qui I'accompagne dispose a phis d'ordre , d'ensemble et de subordination, et que dans mille circonstanccs , la cadence diminue les fatigues ; vous savez tous , Messieurs , que le tambour delasse le soldat et luilait parcourirune grande route avecplus de facilite; et que, grace a la mesure , une jeune personne d'une sante frele et delicate pent , toule une nuit , supporter les agitations d'un bal et les fatigues de la danse. » Que d'utilite que d'avantages je ponrrais cgalement vous taire entrevoir dans la gymnaslique appliquce a Teducation militaire ! Mais je laisse de cote le livre qui traite cette question , il nous mencrait trop loin de noire sujfVt. » Uu autre de ccs ouvrages s'occupe plus particulie- —409 — rcment de la gymnaslique employee a reparer , a Taide de divers exercices, les ecartsindividuels ou les difformitcs de la nature ; cette partie a plus directement rapport a la question de votre programme , qui traite des amelio- rations h apporter dans, I'administration des hospices ; toutefois, elle a une telle connexite avec celle qui nous occupe , qu'elle doit trouver sa place dans ce rapport. Tons les habiles medecins qui ont consigne leur avis dans cet ouvrage , s*accordent a dire que , comme moyen orthopedique , la gymnastique ofFre a I'art de guerir de puissans auxiliaires dans les cas nombreux oil quelques parties du corps prennent une direction vicieuse. Selon eux , beaucoup de maladies qui avaient resiste a tons les remedes connus , ont cede aux exercices gymnasliques. Tons ces exercices determinent d'ailleurs une grande activite dans le systeme musculaire ; c'est ainsi que Ton voit chez les danseurs se developper plusparticulierement les extremites inferieures , chez les porte-faix le cou et les epaules; chez les personnes qui se livrent k I'escrime, les bras ; et chez les sauteurs et les equilibristes , les muscles et meme la colonne vertebrale. < Par la gymnastique encore, et ici nous rentronsplus particulierementdans reducation,lesenfansmoroses ac- quierent Texpansion etl'hilarite naturelles a leur age; les lymphatiques, peuvent obtenir une physionomie expres- sive et un coloris anime ; les faibles enfin peuvent voir rapidemcht se developper eh eux des forces jusqu'alors inconniies: '« Voulez-vous avoir des ames fortes dans des » corps sains , a dit le docteur Pariset, ayez recours aux » salutaires exercices de la gymnastique. » > II est, Messieurs, un autre avantage physique im- portant de la gymnastique , celui do parer a quelques — 4HI0 — habitudes dangerenses, avantages que j*ai du developpe^^ au sein de la 6^. section, que je ne rappelle ici, que parce qu'ayant paru faire impression sur tons ses membres, i\ a pu contribuer a I'adoption de mes conclusions , mais sur les details duquel le Congres appreciera mon silence en seance generafe. » Mais si je crois devoir me dispenser de vous rap^i porterl'empruntfait a ce sujeta M. le docteur Automarchi, je demande la permission d'ajouteraveccememe praticien, que , pour remedier a la faiblesse , a Ye'troitesse et a 1^ mauvaise conformation du thorax chez les femmes surtouj, parmi celles qui habitent les villes , il serart a desirer que les jeunes personnes , libres et debarrassees des corsets dans lesquels on les emprisonne , pussent se livrer aux exercices gymnastiques les plus appropries et les plus convenables h leur sexe ; c'e t en fortifiant leur corps qu'on les rend plus aptes a bien remplir le devoir de mere; la gymnastique developperait avec avantage 1^ beaute de leurs formes , et leurs graces naturelles y gagneraient ; on parviendrait ainsi aux resultats les plus heureux pour 1 education physique et morale des femmes, en les rendant^is agiles, plus adroites plus courageuses, et Ton devrait a la gymnastique un developpement inat- tendu de leurs forces physiques et morales, que I'on^ n'aurait pu obtenir par aucun autre moyen. » Je bornerai la, Messieurs, mon, examen de ce^ ouvrages , je desire vous, avoir penetresde rutilite de, ces ecoles de sante , d'adresse , de force , de courage et de patriotismc. » Cumillc Jordan desirail que la gymnastique devjnt lyic partie esscnliellc de notre education nalionale. >}t Ct^lianift la regai'daitcommeclevantfavoriser kde- veloppement des qualites du corps et de cellesdel'esprk. » J. -J. Rousseau disait que rinflucnce de Texercice s'eiend jusqu a Tame , dont les operations , toutes choses egales d'ailleurs , sont plu^ vigoureuses dans un corps fort et fobuste, » Lord Brougham a dit recemment a son retour en Angleterre, qu'il mettait au premier rang des institutions utiles qu'il a remarquees en France , ceHe de la gymnas- lique appliquee a Teducation des deux sexes. » J'ai cru devoir vous citer ces opinions , je viens , Messieurs , vous demander de joindre votre sanction a celles de ces celebres autorites. » Je termine , Messieurs , et persuade que ce serait rendre un service a I'humanite que de dojmer a la gymnastique toute Fextension don.t eUe est susceptible ; persuade qu'on eyiterait par son emploi les iuconveniens attaches au syst^me actuel d'education sedentaire , et q^ue Ton verrait moius d'eufans tristes et languissans se defor- mer sur les bancs et perdre une sante qui , avec un autre regime , aurait continue a etre bonne et florissante ; persuade enfm, que par ce moyen, Ton parviendrait a former des hommes plus capables de se suffire a eux- memes et de rendre plus de services h leurs semblables, j'ai I'honneur de formuler la resolution qui vient d'etre soumise a la sanction du Congres par la 6^. section , en reponse a la premiere question de son progi^amme. « M. JuUien obtient la parole et lit I'opinion suivante a Vappui de celle de M. Dehay : ft La gymnastique, trop long-temps negligee dans I'educationoiielle n'a €te iniroduite que depuis quclqucs annees , est un apprentissage commun do tons les exer- ciccs necessuires dans les divcrses professions , dans les — 412 — circonstances les plus difliciles , dans les accidens imprc- vus, dans les dangers el dans le cours de la vie. » Elle est line preparation a la natation , a Fescrime , a la danse , aux exercices et aiix evolutions militaires , aux manoeuvres et a tous les genres de mouvemens qui doivent etre rendus familiers aux marins. > Elle dirige le developpement progressif des forces du corps. » Elle augmente la vigueur , la souplesse , I'agilite , Fadresse. » Elle favorise la circulation du sang et des littmeur&, la conservation de la sante , la prolongation de la vie. » Elle donne plus d'energie morale au caractere et a Tame ; plus d activite a I'intelligence , en exergant et en perfectionnant les organes des sens. » Elle fait acquerir a chaque eleve, une telle conscience de ses forces , qu'il n'est plus expose , ni a rester en dega partimidite, ni^vouloiraller au-dela parttemerite : il sail exactement ce qu'il peut, » Elle excite une emulation salutaire qui n'est plus uno rivalite serieuse et dangereuse. » Elle tend a prevenir ou a corriger les habitudes de nonchalance, de mollesse et d'autres plus vicieuses encore. > Elle communique aux enfans des habitudes morales d'ordre , de subordination , d'activite , en les faisant agir et marcher ensemble par une sorte de mouvement militaire rythmique , dans lequel on doit considerer le resultat moral, plutot que Taction purement mecanique rendue commune a tous en m6me temps. Le mouvement general entraine chaque individu. Les actions individuel- les sont tournees au profit de tous. II est des choses qui doivent clrc faites individuellement , pour que chacun oublic sa personnalilc. « Enlia, la gymaustiquc, en formant des hommcs sains, ^443 — vigoureux et adroits , superieurs a la crainte et aiix dan" gers, les dispose a se devouer avec confiance pour saitver la vie a leurs semblables , dans les cas de naufrage, d'in- cendie ou de tout autre accident. > Elle procure a I'etat des defenseurs robustes et intrepides. La gymnastique athle'ttque des anciens se rattachait a des institutions essentiellement guerrieres et barbares. La gymnastique du moyen-dge consistait uniquement dans des exercices chevaleresques , et se rapportait uniquement k la guerre. » La gymnastique moderne des Allemands et des Suisses est trop specialement physique , et ne s'attache gueres qu'a developper les forces du corps. > La gymnastique en faveur de laquelle le Congres emet un voeu soumis au gouvernement, est congue d'une maniere plus large et plus complete. Elle se lie etroite- ment a toutes les branches du developpement physique, moral et intellectuel des enfans. Elle embrasse, cultive , fortifie I'homme tout entier *. » Apres cette lecture , M. le president met aux voix le voeu propose par la 6^. section ; il est adopte. M. de la Fontenelle de Vaudore, president du Congres, donne lecture de la premiere partie de son interessant memoire sur Philippe de Comines ** ; vu I'heure avancee, la suite est remise h la seance generale du lendemain. La seance est levee a 5 heures et demie. * Voir VEssai general d'iducalion physique , morale et iniel" lectuelle, par M. Jullien, de Paris. 1 vol. in-S^. Paris, 1853, Librairie de M. Hachettc, rue Pierre-Sarrasin , n^. 12. ** Ce mepaoire sur Philippe de Comines , s€ tFOuve a I'ap- pendice. SfiANCE DU SAMEDI 12 SEI>TEMBRE. Pr^sidenc'd dc M. de la Fontenelle ( de Poitiers. ) La seance est ouverte a 5 he u res. Prennent place au bureau , MMi de la Fpntenelle de Vaudore , president , E. Gaillard , vice-president , L. de Givenchy , secre'taire-ge'ne'ral, Le proces-verbal dela derniere seance estluetadoptdi. Le secretaire-general exprime, au nom deM, Cardin, membre de la Societe des antiquaires de TOuest , ses regrets de n'avoir pu se rendre au Congres, aux travaux duquel il adhere completement. MM. les secretaires des six sections donnent succcssi- vement lecture des proces-verbaux de leurs seances du matin. Le secretaire-general donne lecture de la decision pro- visoire prise par la commission permanente sur le choix de la ville que le Congres indiquera pour la tenue de la 4®. session du Congres general de France > et sur Fepo- que de Touverture de cette session. c La commission permanente s'est reunie le 11 septembre chez M. le secretaire-general , pour discuter la question de savoir quelle serait la ville que Ton pro- poserait au Congres de Douai , dans sa seance generate du 12 , pour y tenir la 4^. session du Congres scientifi- qiie general de France. La commission permanente > apres avoir examine la question avec beaucoup d'atten- tion , et pese miiremeritles avantageset les iiiconveniens que presentaientles villesproposees par divers membres, pbiiv la lenue de cette 4^ session, s 6st decidee, a Tuna- niiiiite , a donner la preference a la ville deBlois. » En consequence , elle a decide que M. le president de la 5^. session soumettrait , en son nom , la proposi- tion suivante , ^ Tassemblee generale dans sa seance di\ lendemain 12 : > i^. Adopter laville de Blois pour lieu oil se tiendr^ la 4®. session du Congres scientifique de France. » 20. Que M. de la Saussaye , secretaire-perpetuel de la Societe des sciences et des lettres de Blois , soit prie de vouloir bien accepter les fonctions de secretaire- general. » 50. Que cette 4®. session s'ouvrira du l^r, au 15 septembre 1836. ' > A^. Que le reglement adopte par les membres d^ la 5®. session servira provisoirement a la 4®. , jusqu'a t6 qu'elle I'ait adopte ou modifie dans sa seance d'ouver- ture. > M. le president met cette proposition aux voix , au nom de la commission permanente ; elle est adoptee a I'unanimite. M. le President fait connaitre que M. de ReifFenberg, en sa qlialite de Secretaire de la commission royale d'his- toire de Belgique et de plus , charge par TAcademie de Bruxelles , de la representer au Congres , demande au nom de ces deux corps litteraires , de pouvoir , sous les auspices du Congres, entrer en relations direclesavec les differentes Societes savantes de France etde 1 etranger, dont il n'a pas encore I'honneur d'etre le correspondant, afin d'etablir un echange permanent et mutuel de rensei- gnemens relatifs a I'histoire de France et de Belgique , ainsi que des autres pays. Cette correspondance pent ^tre d'autant plus facile que M. de Reiffenberg est auto- rise par son gouvernement a se servir de la voie diplo- matique. L'assemblee ordonne que cette proposition soit consi- gnee au proces-verbal , et que Ton y mentionne egale- ment rinvitation que le Congres fait a toutes les Societes -416 — de France , qui s*occupent plus particuHerement criiis- toire,desemettre en relations avec la commission royale (I'histoire de la Belgique et avec I'Academie royale de Bruxelles*. • M. de Reiffenberg ajoute, qu'a plusieurs reprises, il a ete question d'un Congres scientifique en Belgique , qu'il en propose Un a Bruxelles , au mois de mai prochain , et engage les membres du Congres de Douai , auxquels il sera d'ailleurs adresse des invitations personnelles , a vouloir bit n s'y rendre. • L'assemblee remercie M. de Reiffenberg de cette dou- ble communication et ordonne qu'il en soit fait mention au proces-verbal. La2e. section, sur la 4®. question de son programme, ainsi cbngue : u Quel seraii te moyen d'tmprimer d V agriculture , en France , une impulsion ge'ne'raleet uniforme vers les ame'-^ liorations ; quelle influence le gouvernementpeut-il exercer utilement dans ce sens ? » Propose la solution suivante ; • « fimettre le voeu !<>. « que les lois economiques du Royaumc soient basees sur rimportante consideration suivante , savoir : que la plupart des produits Francais , soit agricoles , soit manu- factures , sont pluschers que les produits ctrangers. » » 20. Que les lois sur les brevets d'invention soient revisees. » » 30. Que la culture soit dirigee de manierc a produire une plus grande quantite de betail et moins de cereales. » « 40. Que I'etat de I'agriculture soit tellement honore par suite des lois et desmesures gouvernementales ; que la jeunesse * Pour employer la vole diplomatique , il suffit d'adfesser a M. Ic baron de Reiffenberg , sous le convert de I'Ambassadeur Bclgc , a Paris , ct Ic double couvert du Ministre des affaire* etrangeres. lie songe pin's axleserter lesTcrraes pour exercer ties prnfe^ons^ urbaines. » f^mmm^ 5sv M. Ernest Lamarle demande la division de ceite reso- lution ; il fait observer que la 6^. section doit s'ocCuper du premier paragraphe dii vceuemis par la^e. section; ii demande en (Jonseqiience Tajournement de la decision du Gongres jusqu'a que Ge la 6®. section aitdonne son optf nion sur ce point important. MM. Isidore Lebrun et Gorne appuient la proposition j4e M. Lamarie. .[ M. le president HietjattJLVOixiajournemenLdfi^iande; 11 feSt adopt^«> -''"'^ ; bTod(i-b;3i?.e)lm60T "9? ODpi?.Vffq ODKil r.i Les trois airtres par^pa|j!ies Je fa ni^me sbl^^^ ^galement mis aux voix et adoptes. ,■ La 4^. section, sur la question de son programme aiiisi conx^ue iiinu i '. Aim ,):« Quelle etait ta destination successive des cryptes , des nombreux souterrains que I' on trouve particulierement dans les de'partemens du Pas-de- Calais et de la Somme? quelle date assigner a leur construction ? » ^* IPropbse la solution istiivante : / « La destination des cryptes ou deS galef ies SOutef raines qii6 Von trouve dans les departemens du Nord de la France , a et^ pirticuHerement de mettre les habitans de ce pays , leufs bes- tiaux , leurs recoltes et leur mobilier k I'abri des invasions de J'ennemi. » La date de Vongine de ces souterrains ne peut dire fixee avec certitude a une epoque plus rcculec que celle de Tinyasion d(^ Normafiids an 9®. si4i<*le. » ^ '4"^* M. Isidore Lebrun demande qite Ton supprime les yhoift&QV ifivasion de^ Iformands, Gette proposition est rejetee ^ et la rdpoHse est adop- tee telle quelle a ete presentee par la 4®. section. ' ^1. — 4i8 -i La meme section , sur la 5®. question de son pro* gramme , congue en ces termes : « En vertu de quelle loi , la sociSte' parait-elle , suivant les divers degre's de la civilisation , tendre d'abord a la formation de grands empires , puis au morcellement en petits etais , puis de nouveau , a la fusion des petites sou-- verainet^s en grands royaumes ? » Propose la solution suivante : ■ « Deux forces gouvernenl runivers, toiltes deux subordon* nees a la loi supreme de I'unite : la force physique , qui produit ia conquete , et la force morale , qui d^veloppe la civilisation. La force physique se raanifeste d'abord ; vient ensuite la force morale ; mais trop faible, celle-ci subit le joug, puis, plus heu- reuse , die obtient la victoire a son tour. De sorte qu'apres une alternative de defaites et de reactions ou , quelles que soierit les apparenccs materielles , sa puissance s'accroit , I'empire rieste en definitive a la force morale , et la loi de I'unite est accomplie. Alors , plus de conquetes , plus de luttes brutales , et le monde pfesente I'harmonieux spectacle d'fitats parfaitement en equili- bre par I'etendue du territoire » par I'egalite des ressourced , par la similitude des besoins , par la sympathie des idees. »,, ^^jj^, Cette solution est adoptee* '' La meme section propose I'impression de I'intdressante notice de M. Bouthors , sur les Coutumes de Picardie et dArtois . — Adopte * . M. Lair a presente le 9 , a la commission permanente, la question supplementaire suivante : « L' architecture privee y militaire et navale , a-t-elle dc'ge'n^reou fait des pr ogres depuis le 17^. si^cle ? » Elle a ete renvoyee par cette commission , a la 5^. section , qui propose la reponse suivante : « Si le genie a ete stationnaire en France , sous le rapport * V^MfiJeUenptice Ma fin du volume/ ' c olloup ofbi ool i'jl die Varchitecture religieusc et monumoiUale , il ne I'a pas ele sous Je rapport de I'architecture civile, induslrielle , maritime et ^privee ; au contraire > il a fait des progres.— Adopte. » .^^ ' Les deuX questions suivliiiles sortt proposees par II In^rae sectibh et renvoyees au Congres de Blois ;^ '-"'^ « 1®. Quel est le meiUeur mode de propageties beaux arts ? i) l ob O'usio'A el laq t}hiiiimti^\ ^& ^^^nm «k1 ' ; ; • „ go , Quelt'eiioti ^tfe^^n u^cMtectufef' ta lifnitdentre iu ere'atiGn et i'imitaiion ? * La 6^ . sedlion , en reponse a la 1 2^ . questidn de son programme , propose le voeii siilvant : « Engager le gouvernement a fair e eoSaminer tout ce qui pour rait ame'Horer le mode de perception des contri-^ buttons indtrec'tes. o ' ' ' L'ordre dii jour est demande et appuye ; cett6 ques- tion est renv6yee a la 4^. session qui se tiendra a Blois, •€nl856. . '■' J^:.:i;ii;' >.:-.'-:.■ - / M. Thomas, de Rolien ; miembre de plusieurs sodietA savantes , a adresse au Congres un memoire tres-detaille sur la 2e. partie de la 9®; question du programme de la 6®. section : . .^:u i. :;:... ...... € Quel serait le meilleur mode d sutvre pour V^iabtis-i sement et la dotation d'ouvroirs pour les en fans de 6 d 15 ans, qui y recevraient une instruction primaire , et y apprendraientunme'tier^ >ri ■n.j aoii^i oj..rrd oiiajqcnoo Ce liieinoire a ete examine par' la 6^. sedtion ; 'elfe propose au Congres de declarer : tt Que le meiribire dd M^ThomasCOntlentdes Vues utiles pour Vavenir de la classe ouvriere , qui pourraient ctre appliquees, a I'aide de quelques modifications , aux hospices civiis. » « Qu' en consequence, le<^ongres croit devoir le recomman -^420 — der , surtoiit en ce qui concerne la necessite de donner de Tins- truction et des principes de morale religieuse aux enfans , aTant de les admcttre dans les ateliers , a MM. les Ministres de I'in- terieur , du commerce , de rinstruction publique ; aux Conseils- g^neraux de departement et aux Conseils d'arrondissement, ainsi qu'aux administrations des etablissemens de bienfaisance et des hospices. » Cette proposition est adoptee. La seance est terminee par la lecture de la seconde par tie du me moire sur Philippe de Comines , dont la premiere partie avait ete lue hier par M. le president. De nombreux applaudissemens viennent lui prouver tout J'interetquacause al'assemblee , cette notice historique. La seance est levee a cinq heures trois quarts. ^'^ ^'^ sfeANCE DU DIMANCHE 13 SEPTEMBRE. Presidence de M. de la Fontenelle (de Poitiers.) La seance est ouverte a trois heures, 4 jib jj'dvi./.l Prennent place au bureau MM. de la Fontenelle de Vaudore,prestc?mf ; Le Glay, E. Gaillard, we-pr6^si(/f«^; L. de Glvenchy, secre'taire-ge'ne'ral. Le proces-verbal de la derniere seance est hi et adopte* M. le president annonce au Congres qu'une ecole d'artillerie aura lieule lendemain matin , au Polygone ,, et qu'un concours de charrues , annonce par la Societe royale et centrale d'agriculture duNord, auraegalement lieu hers la porle d*Ocre. M. Gaillard , vice-president, a la parole pour rendre compte de la visite faite par un grand nombre de membres du Congres a la fonderie , pour etre temoins de la fonte de plusieurs bouches a feu , et parti^ulierement d une piece qui portera le nom de Congres de Douai , en 1855. II lit, dans les termes suivans, le proces-verbal qu'il a redige de cette visite et de celle qui fut faite ensuite ^ Varsenalrtil 'u^*iih.-Ui*^vkiiia^^i , i;ju>i;pa^wjiii;'i:i^ — 421 — « Le douze septembre mil huit cent trente-cinq , ' A huit heures du matin , les membres du Congres sciei^ tifique se sont presentes k la fonderie militaire de DoUai. » M. le colonel Dussaussoy a fait, a Messieurs les mem^- bres duCongres, les honneurs de cet etablissement royal, comme commandant. II les a admis a voir les 4etaijs de la fonte de onze mortiers , obusiers et canons. ,. , ^ ' . Les membres du Gong res , apres avoir vu mettre eri fusion cette lave d'airain qu'ils out vue coulante , et qui Hn jour tonnera pour vaincre nos ennemis ou pour an- Boncer nos fetes, ont regu de MM. les officiers d'artille- rie attaches a la fonderie , I'explication detaillee de tons les procedes dont Fart se sert pour creer une piece de canon. Des remercimens sout dus a M. le colonel Dus- saussoy eta MM. les officiers sous ses ordres , pour leur l^arfaite complaisance et leurs savantes explications. * Au Rombre des choses qui ont speeialement Gxe Tattention des membres presens , sont les fourneaux de ratelier de forage, la machine qui fore les pieces , et ce .feu ardent dont on profile pour operer des cures au moyea de la vapeur dont se couvrent les malades ?.Gumis a Taction de ces especes de douches. » La fonderie renferme treize pieces remarquables^f t anciennes , dont voici la liste : > 4^. Une piece de vingt-quatre en bronze tern^rire , c'est-a-dire contenant une certaine quantite de fer, av^c un renflement du logement du bmilet , coulee a I>ouai en 48^6 , en vue d' experience. » 2*. Une piece de seize, module de Yali^re , diie le Danois , coulee aDouai en 1748. » 5^. Une piece de seize , Napolitaine (Real Marina) , portaal pour devise , sur la volee : Servatur imperium , — 42^—. ayant Ics armesde Naples swrle premier ienfort,et sur la plale-bancledeculasse\]>{ic' ,Ca5tronovaF,Neapolil736, » 4^. line piece dequatre,tres-allongee,oucoulevrine^ portant sur le premier renfort , deux C entrelaces , 3iirmontes d'une couronne de comte, aii-desspiis, des armes ayant une couronne semblable , et sur la plate- bande de culasse , pour inscription : Segurm(^ dormect Qenven 15bo. ' » 5<^. Une coulevrine de quatre , trouvee en Afriqiie , ^ayant sur la volee, les colonnes d'Hercule, surmontees Ae la couronne imperiale, et pour devise : Nee plusultrdy puis en dessous , une coquille de pelerin. > 6^. Une piece de douze napolitaine el sulfura , ayant m^me devise que la piece de vingt-quatre / et autour de ta plate-bande de culasse,' poar inscriptioii : Franco Castronova Panormi, 17 M, ' > 7». Une piece de douze, ayarit sur la volee , ua ecusson , eontenant un croissant place sur deux batons de commandement en croix , et surmonte d'une couronne de due. En desseus de cet ecusson, setrouve la date de 1655, etsur le premier renfort, une tete vue de profiK L'inscription de la culasse est : Baube a Narbonne, » 8°. Une piece de douze, magnifiquement ciselee, portant pour inscription, sur la volee : Armando eardinaly^ due de Richelieu. > 9**. Une pi^ce de quatre, de siege, de la compagnie des Indes, fondue a Douai en 175o. ^ ^ 04) ij» iO<>. Une piece de quatre de campagne , anglais^, fondue en 1795. » i 1^, Une piece francai^o de quatre, modele Valiere, fondue a Douai en i74§, ^ f 12^. Uuc piece dc quatre, ayant sur le premier ' renfort, pour insciiption : Henri de Beaudan , comte d& pQrabere , et sur la plalc-:bamle de culasse : 16^1. — 425— > 15*». Unobiisier anglais coiu't,dii calibre devingt-. quatre , coule en 1797. >^iij. la coulevrine t de quatre , trouvee en Afrique , et qui fiit k Ghai'les- Quint; 5<>. la piece de vingt-quatce, eu.lM'Qnzejte£aa^e>,^ coulee a Douai en 1826. --vp .frf.fA/ h>r. =i?n/'>>t » La gloire do nosarmes et ravancement de la science^ se trouvent egalement interesses-a la conservation de ces pieces, dont le bronze ternaire de Tune inspire 1@ desip de voir fairedes experiences &ur I'emploi possible dufept dans les pieces d'artillerie , moyen qui serait la soui'cel d'une grande economic pour le tresor public* j » Ici nons terminons oe qui concerne la fonderiei'M y M. de Beyniac, commandant de la Place et membre du Gongres, s'etant mis a deux heures, de relev^e, a k tete de ses eolleguesdu Congres, est alle aveceuxvisiteT'^ le superbe arsenal de Douai , remarquable par labeautei de ses divers batiments, et dans lequel il doits'en eleveci de nouveaux qui formerontun des plus beaux ensembles de I'Europe.. 'O-niifi € La vue de cet arsenal fait battrete coeur ; ou so sent > fier de sa patrie;.on se voit appartenir a Tun des plusi grands peuples de ta terre. La que de moyens de guerre, amonceles !.La s'explique facilement renormite du bud- get de la guerre ! Eh quoi ! tani d'armes assemblees et taut d'ateliers J On y dedaigne a dessein le^ nouveaux precedes des arts, et la vapeur, et les mouyemen^ com- bines; on instruix les ouvrier^s miUtaires a tout fairej^ comme s'ils etaient en campagne et devant I'ennemi. , > Ensortantdel'etablissementjUne deputation de mem- "^ bres du Gongres est allee remercier le colonel £vain. L'absence momentanee de.ce digne militaire, membre du — i24 — Congres , s'est seuic opposee a I'effusiow des sentimens parlages par tons. M, le general Marion etM. le capi- laine Arnoult doivent aussi , pour leurs continuelles et aimables attentions, se trouver coinpws dans la gra- titude exprimee par chacun. » Rentres en assemblee generale , les membres du Congres, qm avaient remercie leur aimabie. guide, M. de Reyniac , ont voulu que les sensaxions eprauvees dans lei cours de cette journee , fussent ici reproduites. L'assemblee ordonne que ce proces-verbal sera com* pris dans celui de la seance de ce jour , et vote, a Fima- nimite , des remereimens a MM. les colonels d'artillerie fivain et Dussaussoy, ainsi qu'a M le colonel de Reyniac, commandant d'armes de la place de DouaL » MM. les secretaires des six sections donnent succes- sivement lecture des proces-verbaux de leurs seances du matin. Pendant que M. Maugin lisait eelui de la seconde, M. Galle , membra de I'lnstitut , Academic des beaux arts, est introduit dans la salle ; M. le president I'invite k venir prendre place au bureau. <■ La 4 "^® , section presente et le Congres adopte le voeu suivant , en reponse a une proposition supplementaire soumise par M. le baron de Chauvenet, president de la d^®. section, a la commission permanente, et r^nvoyee par elle a cette meme section , apres Favoir approuvee : « Le Congres reconnaissant que , dans Vetat. actuel de la science , la valeur des caracteres ge'ne'riques et spe'- cifiques nest pas assez de'termine'e , ^met le vceu que les naturalistes ne cre'ent plus autant de genres et d'especes , el les e'tablissent sur des differences d'organes plus im^ portans. » ,La 2**. section , reunie a la 6®. , souniet a rassemblee generale les six votes suivans qui ant rapporl aiix quesW — 425 — tions n<>^. 1,4, 7,8, 9, 10 et 12 du programme de la 2o. section, et au n®. 6 de la 6®.; ils sont successivement mis aux vqix , gavoiciij < vftib ' 10. fimeltre le voeu que W gouvernement encourage par tou- llbutes sortes de moyens la multiplication des cornices agricoles de section , en les reduisant a quelques membres , et en les attachant a une ferme bien cultivee. »— Adopte. « 20. Que I'on recommande aces cornices : 1°. L'ameliora- tion et la conservation de toutes les races d'animaux domestiques; 20. L'amelioration des instrumens aratoires et des modes d'asso- lement ; 50. L'application de la culture horticole a I'adouciss^- ment des souffrances des pauvres ; 40. L'alliance eminemment morale du travail agricole et des travaux industriels dans tons les cantons livres aux travaux manufacturiers ; 50. L'alliance des travaux agricoles doux et appropries aux forces des ef- fans ,. a^ l'etu(jl«^ el^mefit^aire dans les ecoles rurales. »tjp« Adopte. « 30, Multiplier et augmenter les primes a distribuer soit par le gouvernement , soit par tes societes d'agriculture ou par Iqs comices agricoles , aux proprietaires d'animaux domestiques des differentes races , tels que taureaux , vaches , beliers , etc. » —Adopte. « 40. fimettre le voeu fprmel que , dans I'etat actuel de la fabrication du sucre indigene en France , cette branche si im- portante de notre agriculture et de notre industrie , ne soit pour le moment , et JQsqu'ace qu'elle ait recutous les developpemens dont elle est susceptible , frappee d'aucun impot quelconque , et qu'elle continue a jouir de la protection du gouvernement. » Sur ce 4<^. vote , M. Isidore Lebrun demande Fouvep*- ture d'une discussion. Sa demande n'est pas prise en consideration , et le Gongres adopte le 4®. vote. « 50. £mettre egalement le voeu que les deux memoircs pre- senles a la section par M. CrespcUe-Dellise , et par le cornice agricole d'Amiens , qui traitent de I'fttat actuel dc la fabrication du Sucre indigene , soicnt imprimes dans le comptc-rendu , et goicnt particuliercment rccommandcs a laltenlion du gouverne- mcnt. » — Adopte aprcs ime courte observation de M.. Isidore Lcbrun. .,^ « 60. fimcltrc le voeu que les differentes parties des constru«- tioiis rurales , telles qucmaisonsd'habitatipn, granges, ecurics ,, etablcs , fpuriiils, pressoirs, celliers, etc. , qui seraientles micu^ etablis dans un canton , soient designes comme modeles au^ agricuUeurs. ))r:-Adopte. ^^^ La 4^. section propose svr 1% l**^. qii^stipn de soifc programme , a.insi congue :. « La religion des Gaidois avait^ette pui&e d la religioi^ ^gyptienne avant la conqu^te des Romains? » -^^'^ La reponse suiva^nte : ^insi congue : f Emettre le vceu que , duns ehaque province etmdme dans ehaque ville , il soitpubUe une hisioire mone'taire ? a Propose le vote snivant qui est adopte : « Le C9ngres emet le voeu que, dans cbaque province et memq daiischa(j'ue ville, it soil public une hjstoire monetaire. » La ^ofi. seciion, sur la lo)^. question du progranmxe de la 66. section renvoyee par eelie-ci a la S^. , et congue en ces termes : « Existe't'il une proprie'te lilte'raire ; le droit ^ue la hi accorde d I'auteur est-il autre chose qu'un privilege fonde surTe-quite? > '.,n^,i,H Propose la reponse siiivante ? i^> « En droit natural , il existe une propriete litteraire ; cette pra*- priete ades cayacteres particulicrs. Le principal de ces caracteres est d'accorder a Tauteur un droit exclusif qui pcut elre litnitepar le droit civil. » Un membra demande Touverture de la discussion sur (jette reponse. ^'^ M. Maniez appuie cette proposition. M. le president la met aux voix , et elle est adoptee. En consequence , la discussion est ouverte. M. Maniez prendla parole : il recherche d'abord quels sont les caracteres distinctifs du droit de propriete, d'oii emane ce droit et quelle cause le constitue ; il entre dans quelquesdeveloppemens a ce sujet ; ensuiie, apres avoir etabli que les conditions de propriete sont les memes pour Toeuvre litteraire que pour tout autre produit , il fait observer, qu'une difference existe entre la position de I'orateur et celle de Fecrivain , parce que Fun , en liyrant ses paroles a qui veut les prendre , en abaqdonnc _ la propriete au premier occupant , c'est-a-dire , a celui qiii, le premier, les materialise par la reproduction ; tandis que Tautre , en les formulant luj-meme sur le papier , manifeste la volonte formelle de les conservcr defines, Se resumant , il dit : que le droit de propriete en general, et celui de propriete litteraire en particulior, derivent du droit naturel , mais que la transmission par vbic hereditaire de ce dernier droit aiix hdriliers do Tauteur, est un veritable privilege, alorsquilya publi- ' Cf^tion effecluce et partant dcsaisisssmcnt dc raiu.vio — 428 — intcllectuellc , parce que pour ceux~ci, il n'y a point possibilite de communcpossessionduvivantdeJecrivain. M. Isidore Lebrun chercheafaireapercevoirrinutilite de la solution qui , selon lui , n'est d'aucune importance ; il pense que Ton ne pourra jamais punir le plagiat ou la contrefagon ; deja il a emis au Congres de Poitiers son opinion sur cette question qui , en definitive , lui parait oiseuse , et dont on ne devrait pas s'occuper. Unmembre fait observer que le pere, d'apres le droit civil , transmet tons ses biens a ses enfans , mais qu'il ne doit pas en etrede meme d'une oeuvre litteraire. L'homme de genie, dit-il , a seul et pendant sa vie, la propriete de ses oeuvres , mais apres sa mort , elles doivent revenir a I'Etat , et la patrie doit en etre I'heritiere naturelle. 11 pense done que ni les descendans directs, ni les heritiena qollateraux, ne doivfint profiler de la propriete Utteraire des grands hommes. M. Gaillard pense que la question qui occupe main- tenant le Congres , est tros-difficile a resoudre ; il ne partage pas, du reste , Topinion entiere de I'orateur qui Fa precede ; il croit qu'il a exagere le principe qu'il a emis ; I'auteur , dit-il , a sans cesse la main sur ses oeu- vres ; le nom seul est a ses successeurs qui ont droit a une recommandation aupres de I'Etat. M. Le Glay s'etonne des opinions qu'il vientd'entendre, et notamment de celle qu'a emise I'orateur auquel M. Gaillard vient de repondre : ., * .; * < De quel droit, s'ecrie M. Le Glay , vieiidrait-onv > contester aux heritiers d'un auteur la propriete de ses joeuvres ? Un Buffon , un St.-Non, unChoiseul-Goufi^ier, » un Laborde, un Humboldt aura sacrifie la plus grande 1 partie de sa vie et de sa fortune a publier un de ces >jpuvragos qui font epoque ; a en recueillir , a grands frais , les materiaux , ct ses enfans seraicnt prives du 1 droit de tirer panic des travaux de leur pere, comme * une juste indemnite ! Que de pitoyables folliculaires, »' des auteurs de meladrames ou de bouquets aChloris, j^ pretendent leguer leurs frivoles ouvrages a la patrie , 9 ses enfans n'en seront pas plus chagrins ni pluspauvres, * que la palrie n'cn sera fiere ou enrichie ; mais , je le » demaride , si Ste.-Palaye avait cu un flis , aurait-il ete * juste de lui ravir les fruits du zele infatigable de son * illustre pere, qui a employe quatre-vingt-quatre ans a » ses travaux historiques et litteraires , qui a du faire > des voyages dispendieux , des depenses dnormes pour » en reunir les elemens? *t^ '• Ou demande la cloture 'dd la discussion et la mise aux Yoix de la reponse proposee par la section. M. Isidore Lebrun presente un amendement ; MM. de Hautecloque et Cornille demandent la priorite pour For- dredujour. M. de Campigneulles fait observer que s*il y a un amendement propose et appuye, il doit avoir la priorite. On demande de nouveau que la reponse proposee par la 5®* section soit mise aux voix. Plusieurs membres demandent une nouvellc lecture ; le secretaire-general lit de nouveau la reponse. M. Cornille persiste a demander Tordre du jour. M. Jullien propose d'ajouier a cette reponse : que le Congr^s invite le gouvernement frangais a ouvrir des negociationsaveclegouvernement beige, pour empecher les contrefagons. i> goiJaovni M. de Campigneulles demande la priorite pdii'rTaiiilse aux voix de la solution proposee par la 5^. section j MM. Minarf et Tailltar demandent I'ordre du jour. . Le secretaire - general demande la parole pour un rappelau r^glcmcnf ; il s'oppose a Tordre du jour , non qu'il pretende se prononcer pour ou contre la solution , telle qii'elle estformulee par la 5e. section ; mais il pensc qii'enadoptant Tordredu jour, on etablirailun precedent pen obligeant pour la section qui a pris une deliberation; il reconnait a tons les membres du Gongres le droit d'adopter ou de rejeter I'opinion emise par une section, mais ce droit doit s'exercer non par un ordre dujour, qui annoncerait une sorte de dedain pour I'oeuvre de la section , mais par un vote positif d'adoption ou de rejet. Au fond , le rcsultat reste le meme , et la forme parait plus parlementairc; M. liunault de la Peltrie propose le renvoi de cette solution au prochain Gongres. . A la demande generale , la cloture de la discussion est adoptee. M. le president met aux voix la solution pre- sentee par la 5<^. section : la premierejep^e^x^.gsit 4ou-* teuse; a la seconde , elle est adoptee* ,d }<» ^ifnofnouif^f La 6^. section, propose sur la iO^. question de son programme , ainsi congue : .:v « Quek seraient les meiUeurs moyens a employer pour lentretien et rame'lioration des routes victnaks ? » La reponse suivante t « 10. Que la loi relative aui chemins vicinaux se borne a decider quelques points fondamentaux , et laisse a des reglemens d' administration publique appropries aux besoins des localites , le soin d'organiser les details. » « 20. Que radministration des chemins vicinaux soit€onfiee a des commissions spcciales elucs par les principaux proprietaires du meme canton dans des formes determinees pai' la loi, et investies de gran Is pouvoirs ; qu'en consequence j les commis- sions speciales soient chargees de I'adniini.stratien d'une partie dutcrritoirc, limitee par des routes royales ou departementales, des canaux ou des rivieres navigables , avec les attributions suivantes : A. Le classement des chemins. B. La police des chemins , consideree Sous le rapport des , noiiiiio^ ^%"cmcns ct du roulagc.io'^q :ic abuoi-yiq Uffp ^451 — G. La redaction des projets , les marches , relatifsa I'ex^. cutiondes travavix , leur surveillance et leur recep- tion. / B. La fixation , par chaqUe commune , du contingent a fournir et des travaux a fair6 pour I'entreticn , la reparation , et I'amelioration des chemins vicinaux , sauf les reclamations des conseils municipaux > et l^appel au Prefet , en cas de discord. E. La proposition d'une cotisation destinee a suppleer a Vinsuffisance des ressources determinees par la loi «*♦! ", 9iii rde 1824, sur les chemins vicinaux , et aussi s'il est ' -.?/ri'^fi'ni possible, acreer de voies praticables en toutes sai- y,^^|j\:.,.»5 -sons et servant de debouches. i". La presentation d'agens - voyers assermentes et sa- laries. » « 30. Que la prestation en nature puisse etre convertie en tache obligatoire ; « 40. Que la legislation prononce sur le droit de planta- tion et sur la propriete des plantations ej^i^tant, sur les routes vicinales.)) ^j; ^^^ M. Gaillard demande rouverture de la discussion , attendu qu'il est , dit-il, pret a combattre siiccessivement tons les paragraphes du vceu propose par la 6®. section. L'assemblee decide que la discussion ne sera pas ou- verte de nouveau; le vote est mis aux voix et adopte. M. Riviere, secretaire dela 1*'^. section, donne lec^-j ture d'une notice de M. Macquart , sur les moeurs des animaux invertebres. Le Congres en ordonne I'impres- sion , dans le compte-rendu de ses travaux. I^OTICE DE M. MACQLAUT. Quelles sont les moeurs des animaux invertebrds ? « Nous noils bornerohs sur cette question immense , a donner quelques apergus qui peuvent presenter de I'inter^t. I^es moeurs des animaux sont I'ensemble des --452 — Hiibitticlesq^iileur sontnatiirelles, ou fjtuls coAtractent pour poiirv6ir a leiirsbesoins, Suivant les moyens que leiir foitrnissent leurs organes. Les classes superieures , caracterisees par ime colomie vertebrale , ont line intel- ligence qui les fait agir avec discerriement et qui estgene- ralement proportionnee aux degres de Torganisation. Dans les autres , c'est-a-dire dans rimmeuse serie des invertebres , dont I'inferiorite organique suit des degra- gadations infinies pour arriver a son dernier terme , les facultes intellectuelles declinent dians la mSme progres- sion ; cependant comme le dit Cuviei* * : « 11 existe dans ^ un grand nombre d'animaux, et particulieremeiit dans » les invertebres, une faculte diflfe rente de Tintelligence , » c'est celle qu'on nomme instinct. Elle leur fait pro-, * duire des actions necessaires surtout a la conservation » de I'espece , mais souvent etrangeres aux besoins » apparens des individus , qui , pour 6tre aitribuees k » rintelligence , supposeraient une prevoyance et des i connaissances infiniment superieures a celles qu'dri* * peut admettre dans les especes qiti les execufceht, > Elle leur a ete accordee par la sagesse supreme , sa'ns doute pour tenir lieu des legons de I'experience que la' brievete de leur vie ne leur permettait pas d'acquerir. *^ * Voyez le regne animal 1829. t. 1. p. 44. ** Contre ce qui nous parait evident , et malgre Tautorite de ce grand naturaliste , I'existence de I'instinct n'est pas encore universellement reconnue. Recemment encore , M. Fray , dans des considerations physiologiques inserees dans les annales de la societe entoraologique de France, annee 1833, nie I'exis^ tcnce de ccttc f iculle , telle que nous I'admettons , et il rap- porte toutes les actions des animaux a I'intelligence ; mais pour nous demontrerl' unite de cause dans ces actions, il aurait du. prouvcr d'abord qu'elles etaientdela meme nature; que celled «ki cliien , par exemple , qui sail fort bien poufquoi il les fait,- t L'instinct est a certains egards independant de Tor- ganisation , de sorte que les invertebres dans lesquels il parait le plus developpe , ne sont pas les plus avances dans la serie organique ; mais quel que soit le respect que je professe pour le grand naturaliste que je viens de citer , je crois qu'il a manque d'exactitude en disant que : « Les actions produites par l'instinct, deviennent » d'autant plus singuli6res , plus savantes , plus desin- * teressees, que les anittiaux appartiennent a des classes » moins elevees. » Le developpement de cette faculte me parait obeir a une autre loi. Les invertebres, qui ont le corps mou , et dont les membres ne sont pas soutenus par des leviers solides , c'est-a-dire , les animaux inarti- cules sont ceux qui montrent le moins d'instinct , et , comme ils presentent generalement une organisation moins avancee que ceux a corps articule , il en resulte , qua peu d'exceplions pres , cette faculte se manifeste d'autant moins, que I'organisation est moins developpee. > La derniere classe animale, celle des Zoophytes qui comprend les Infusoires^ les Polypes, les Echinodermes et les Vers, en parait totalement denuee, et les moeurs y sont aussi simples que I'organisation. Dans celle des Annelides , I'industrie se borne a vivre dans des trous qu'elles se creusent dans la vase , au fond de I'eau , et d'ou elles font sortir la partie anterieure de leur corps qu'elles agitent sans cesse pour attirer sans doute des particules alimeritaires. Parmi les Mollusques , quoique I'organisation, au moins interne, soit bien plus developpee que dans les classes precedentes, l'instinct ne se manifeste gueres que dans le Byssus que les Acephales savent filer pour se fixer aux differens corps. Les Cephalopodes ont d^rivent de la meme source que cclles de Tabeille , qui ne peut le savoir ; et c'est ce qu'il n'a pas fait. 28. — ^4 — line excretiofn noire qu'ifs emploient potir sie sofistraire a leurs ennemis, en teignant I'eau qui les entoure. L'Argo* ntmlc , de la meme classe , se sert de sa belle coquille comme d\in ieger bateau, et, quand la mer est calme, on le voit naviguer avec grace en se faisant des rames et des voiles de ses lofngs tentacules* » Autant les classes dont nous venons de parler offrerit pen d'inslinct , autant celles qui composent la grande serie des animaux articules, lesCrustaces,les Arachnides et les Insectes, en sontrichement douees et remarquableS par la singularite et la diversity de leurs moeurs. Comme ces elres ont generalement ie corps reconvert d'une enveloppe solide a laquelle s'articulent des membres mus par des muscles puissans, nous ne pouvohs nous refuser a reconnaitre que ce mode d'organisation est favorable au developpement de I'instinct. II parait meme que, plus les organes etablissent de rapports entre ces animaux et les objets exterieurs, plus cette faculte se manifeste. C'est ainsi que les Insectes , pourvus le plus souvent de la faculte des'elever dans les airs, comme de se mouvoir sur la terre et meme quelquefois dans les eaux, ont beaucoup plus d'instinct que les Crustaces prives d*ailes , quoique I'organisation de ces derniers soit d'un ordre superieur a celle des autres, sous le rapport des grands appareils des nerfs , de la circulation et de la respiration. » La diversite qui regne dans toute la creation , n'est nulle part plus sensible que dans I'instinct des Insectes ; elle confond I'imaginalion la plus bardie. Le soin que prennentcespetits etres pour pourvoir a leur subsistance* pour echapper a leurs ennemis , et surtout pour assurer Icur posterite, leur suggere les actions, tantot les plus simples, tantot les. plus compliquees et les plus extraor- diuuires. Cette diversite pent cependant se rapportera — 455^ bin certain no'mbre d'idees m6reS , si j*<3S6 m*exprimer ainsi, quise reproduisent de mille manieres, telles qufe rinstiiict de la sociabilite , celui de la guerre , celui de la maternite, plusoumoins favorises par des organes apprd- pries a chaeiin d'eux ; les modifications de chacun dfe ces instincts paraissent m^me proceder dii simple au compose, comme nous vbyons un type organique, tel que les ailes , passer graduellement de Fetat rudimentaire ,qu'elles presententdans quelques mouches,alagrandeui' et a I'eclat que nous admirons dans le brillant papillon* » L'instinct social ne se manifeste d'abOrd que par la cohabitation des membres d'une meme famille , tels . que les chenilles de nos arbres frliitiers qui se filent liii abri commun ; celles a qui Ton a donne le nom de pro- cessionnaires , marchant sur un seul rang, a lasiiite les , tmes des autres , comme hbiis voyons les Dies saitvages '' fendre les airs dans leurs longues migrations; les Tipulaires se reunissent, le soir, pour celi^brer les beaux jours par des danses aeriennes; les Sauterelles ferment des hordes innombrables qui portent la devastation sllr leur passage. Cet instinct de societe se perfectionne dans d' autres races qui sont donees de I'industrie n^cessaire poiir seconstruire des habitations , et qui vivent en families nombreu&es , composees non seulement de males et de femelles , mais encore d'oltvrieres infecondes, uniquement occiipees dit bien-etre de la societe. d'est ainsi que le& Boirrdons ferment, chaque annee, par la fecondit^ d'tfne seule fenielle, une generation d'une centaine d'individus loges sous terre , dans un simple nid de mousse et quelquefois de cire , dans lequel ils amassent du nfiiel et le pollen des fleurs pour la nourritare des larves. Les Guepes, dans ime societe egalement aunuelle, mais bien plus nombreuse, deploient une industrie lr^& remarquable dans leur» habitations, Gomposeesd'uae epuisse enveloppe etde ^456 — plusieurs g/iteaux de cellules formds de fibres ligneUses* Les Abeilles, tant celebrees, formentdes monarchies d'une duiee illimitee , dans lesquelles on ne sail ce qu'on doit admirer le plus du genie architectural qui preside k la construction de leurs demeures , ou des lois infiniment sages qui assurent Fordre, la sante, la subsistance, Teducationja perpetuite dans Fetat. Les Fourmis enfin, dont on a long-temps loue la prevoyance, forment des republiques egalement perpetuelles , et montrent un instinct plus developp^ encore, sinon par la perfection de leurs travaux,au moins parlesmoyensqu*ellesemploient pour se procurer le bien-etre. Leur nourriture favorite consistant dans la liqueur sucree que les Pucerons et les Gallinscctes secr^tent, et laissent echapper de leurs corps, non seulement elles vont la leur demander, et elles I'obtiennent en les caresssant de leurs antennes , mais elles s'emparent d*eux-memes, les transportent dans leurs fourmilieres , pourvoient k leur subsistance en les plaint sur les racines dont ils tirent les sues , en font, en un mot, leurs animaux domestiques, leur betail nour- ricier. Bien plus, elles savent, au moins dans quelques races, se decharger de leurs travaux sur d'autres individus congeneres dont elles vont hostilement s*emparer dans I'etat de larves ou de nymphes, et qui nourries et elevees par leurs ravisseuses, deviennent dans cet etat d'ilotisme, des serviteurs aftectionnes, charges des soins les plus compliques de la domesticite. » Cette gradation si sensible dans I'lnstinct social des animaux invertebres se manifeste de m^me dans leurs nioeurs guerrieres. A la force ouverte , individuelle, sans ait, employee par une partie des insectes quiviventde pi'oie , tels que les Carabes , les Libellules , les Nepes, les Asiles , sonl subslituees progressivement la ruse , les embuscades , les atlaques combinees. Les Araignees — 457 — tendent tears rets avec un art gradiie, depuis Ics plu& simples precedes jusqu a detonnantes combinaisons. Le Fourmilion , dans la conception de ses treniies insidieu* &es ,dansle&moyens mathemaliques de les creuser,dan& la patience aveclaquelle il attend que saproie y trebuche et lombe entre ses redoutaWes machoires , imite la per- versite humaine dans tons ses raffinemens. Enfin , les troupes des Termes, soit qu elles defenderit leurs foyers contre leurs ennemis , soit qu elles aillent a la guerre , Hiarchant de front , au son d'un sifflement aigu , prece- dees par des ^laireurs dont quelques-uns mcHKtent sur les plantes , d'ou ils dirigent la marche par des signaux, se divisant parfois pour se reunir ensuite *, semblent env* prunter de notre strategic leurs savantes manoeuvres.. > Mais I'instinct le plus general , le plus diversifie ^ eelui dans lequel les insectes deploient les moyens les j>lus ingenieux , o'est eelui de la maternite. Comme la conservation des esp^ces est une des lois les plus im- portantes de la nature, Tintelligence supreme y a pourvu avec une profusion infinie de moyens , suggerant a ces petits ^tres milte precedes , leur donnaott les organes, appropries a toutes leurs industries , et imposant meme aux autres creatures et particulierement aux plantos , des lois speciales en leur favour. C'estainsi que les Cyni- pes ,les Tephrites , les €^cidomyies , introdiusant leurs oeufs, au moyen dotari^res acerees, sous repidecme des tiges et des feiHlles, la seve s'y porte avec surabondance, ©tend le tissu cellulaire et produit une serie considerable et progressive de phenomenes vegetaux , depuis la sim- ple boursouflure des feuilles de nos pechers , jusqu* aux rosettes du saule et aux gattes si regulieres , si elegantes ducb^n^y dans lesquelles lesceufs eclosent etleslarves *^ Voyez lie voyage de Sparmann au cap de Bonne-Esp6rance. trouvent la subsistanee et la securite. Une infinite d^autrcs insectes confienld© mille mani^res , I'espoir de lenrpos- terite a toutes les parties des v^getaiix. La seve s elabore en ecume pour servir d'abriaux |>!etites dgales ; les sues des ovairea et le pollen des fleurs se transforment en miel et en cire pour la nourriture des larves d'Abeilles et la construction de leurs cellules, Les^i:uits offrent k line mukitiKled'autres leurs pulpes nutritives; lesfeuilles sont la proie des Chenilles ; quelques larves de Mouches s^en prenneut au parenchyme seulemeut enminantrin- terieur de k feuille et laissant les membranes des surfa- ces intaetes. Celles d'un graadi nombre d'autres se creu- sent leurs berceaux et trouvent leur subsistanee dans toutes les parties ligneuses ; enfin , les decompositions vegetales , les terroaux, les bouses en recelent une mul- titude , tels que les Scarabees qui Po^ment , pour y en- velopper leurs oeuls, de grosses boules de ces substances que , nouveaux Sysiphes , ils roulent peniblenient dans Jeurs grottes souterraines. » La sollicitude maternelle se manifesto plus encore dans les inseetPs qui destinent a leurs larves une nourri^ tureanimale. Les uns sebornent a deposer leurs oeufssur les cadayres , et c*est le moyen le plus puissant employe par la nature pour en hater la dissolution. Les Hyme- Bopteres fossoyeurs donnent k mort a d'autres insectes et les emportent dans leurs petites cavernes pour servir d'alimensa leur progeniture. Les Ichneumons et les Tachines , deux tribus innorabrables , pendent sur les Chenilles, et les larves vivent en parasites de la substance adipeuse qui y abonde , sans les faire mourir , au moins jusqu'au ievme de leur developpement. Quelques-unes de ces Tachines , mues par un instinct bien plus raffine , donnent pour nourriture a leurs larvos , la proie prepa- yee pour d'autres insectes. C'estainsi qu'au moment ou — 4o9 — les Hymenoptere^ fossoyeurs dontnons vcoons de parFcr, attendu que cette communication est a I'ordre du jour. Plusieurs membres insistent pour que le rapport soit lu auparavant ; M. le president met aux voix ces deux demandes , et Tassemblee decide que le rapport fait a la 5«. section, sera lu d'abord.M.de Campigneulles cede 5u voeu formel de Fassemblee. Ce rapport se termine ainsi : ta 5?. section propose |e vote suivant : « Le Congres estime que la litterature periodique a dew exerr.e une grande influence sur la litterature generale ; qu'elle est destinee a en exercer une plus grande encore, si elle est Lien dirigee. II pense qu'on n'aura qu'a s'applaudir des effets de cette influence , si la presse periodique sait se preserver de cct esprit de venalitc , qui tcndrait a en faire une oeuvre iij- dustrielle , et meme a y introduire la corruption. » Ce rapport et surtout la conclusion qui le termine, ey- citede vives reclamations ensensdivers; un grand nombre de membres sont entendus pourFattaquerou ladefendre. M. Isidore Lebrun qualifie la proposition , quant au fond , de prospectus et le rapport d'invective contre la presse periodique. Mf. le rapporteur, dit-il, nexcepte que trois recueils mensuels des imputations de venalite et de corruption qu'il jette sur toutes les airtres publications deh capitale, soit periodiquessoit qnotidiennes. Quoique tres desinteresse dans la question ainsi posee, M. Isidore Lebrun ne pcut entendre sans rdclamer au nom de la wildet de la justice, attribucr a la majorite des ecrivains, — 443 — les torts de quelqiies iins, qui n'inserent qua prix d*argent des articles louangeurs rediges par les auteurs memes des ouvrages, ou qui vendent leurs noms a des revues , livres » etc. , dont ils ne sont pas veritablement colIaboT rateurs. Est-ce chose digne, alors que la presse, recher- cUee de ceu^; qui la decrient le plus , est menacee par line legislation recente, est-il digne au sein d'un Congres^ de Taccuser d'exces quelle memo a signales ? Qui , la critique a degenere ; oui ,, il est a desirer que des revues §econdent mieux les travaax scientifiques et litteraires,;, inais on pourrait. citer beaucoup d'ecrivains de Paris, consciencieux , bienveillans pour les auteurs, sans etre camarades ni cupides. La proposition avec toutes ses dispositions est inadmissible ; car s'il est desirable d'abord pour le progres des etudes solides , que les, recueils periodiques soient exemptes en tout ou partie de taxe§ onereuses , on doit reflechir aux exigences du budget et a la difficult^ d'etablir des recueils purement scientiQques et artistiques. C'est bien moins par confu- sion ou esprit de parti, que par la force memo des chores, que les leltres, unie$ enfm aux sciences, s'injmiscent aussi dans la politique, qui est, a vrai dire, le rnouvemeut social; et le public probablement delaisserait les revues qui s'abstiendraient absolument de traiter les graves questions qui sont a Fordre du jour , ou mieux a I'ordre du siecle. Un membre demande que ce rapport ne soit pas inn- prime ; ]\li. le president lui fait observer que cette demande est sans objet , puisque personne n'en a re- clame I'impression, et qu'il n'y a consequemment pas lieu a deliberer. De toutes part on demande I'ordre du jourj il est mis aux voix et adopte. La 5^. section demande I'adoption du voeu suivant , qui etait en quelque sorte un appcndice au precedent j il est ainsi congu : mm^ 444 -"-^ « fimcttre le v Ce voeu est adopte. La 6®. section, en reponse a la 7^. et k laS®. qnestion de son programme , ainsi congues : c Indiquer le meilleur re'gime a adopter , pour procurer aux detenus , a leur sortie de prisom, les moyens de vivre honnetement , et pour les garantir de la miser e qui le9 ramene presqu*ine'vitablement au^ mal ; rechercher si le^ moyens d'obtenir ce re'sultat ne seraient pas : !<», Modir fication dans le systeme actuel de penalite ; 2o. Amdiora- iion du re'gime pe'nitentiaire ; 5®, Patronage collectif sur les individus 7 » Quels sont les moyens ^ prendre , relatwement aux for cats libe're's , pour leur procurer des moyens d* existence,, et garantir la socie'^d des nomcaux crimes qu'ils comr mettent souvent 7 > Les votes suivans : « 10. PrierleGouvernementd'introduireimmediatementdans. les prisons des reformes appropriees aux^ locaMtes et basees sur le principe du travail exterieur; les principales ameliorations seraient le silence , I'isolement des prisonniers , ou tout au moins I'entiere separation des djeux sexes , qui ne pourraient jamais etre detenus dans la meme maison. » » 20. fimettre encore le voeu que le Gouverneraent s'occupe du soin d'assurer du travail aux condamnes liberes , au moins dans la premiere annee de leur liberation , et favorise de tjoult'soii pouvoir la creation d'associations bienfaisantes pour le patro- nage des detenus et des condamnes liberes ». Ce double vote est mis aux voix et adopte. La meme section , sur la premiere partie de la 9®,. question de son programme , ainsi congue : « Quelks seraient les ameliorations a introduire dans — 445 — te sysUme actuel de l' administration des hospices , des bureaux de bienfaisance , ainsi que dans V etahlissement des salles d'afile , de maniere a en diminuer les incon- v^niens, » fimet le voeu : » 10. Que les Conseils-gen^raux, les Conseils d'arrondissement, les Conseils municipaux , les Societes philanthropiques et de charitd maternelle , les Conseils d'administration des hospices et des secours publics, et surtout lesperes et les meres de famille s'occupent d'encourager et de multiplier le plus possible , dans toutes les villes , I'institution des salles d'asile comme moyen puissant de regeneration morale et d'amelioration sociale. » « 20. Que, partout ou seront formees des salles d'asile , on organise, comme cela a et6 faitavec succes dans quelques villes, , des Soci«t6s de jeunes personnes , dites jeunes economes , destinees a confectionner des vetemens pour les jeunes enfans de laclasse pauvre. » « 30. Que les directrices soient envoy^es , pendant un terns determine, dans une ecole centrale de grande ville , pour yfaire un noviciat , afin que la methode d'enseignement soit la plus uniforme possible dans toutes les salles d'asile de France. 9 « 40. Enfin, que les ecoles centrales soient mises en com- munication avec une ecole modele de Paris , qui les tiendrait ail courant de tous les perfectionnemens de I'expdrience. » Ce quadruple vceu est mis aux voix et adopte. La meme section, sur la 14®. question de son pro- gramme , ainsi congue ; « Dans quels de'lais etparquelles mesures transitoires , pourrait'On arriver a faire disparaitre les prohibitions et les droits de douanes qui entravent le commerce dans certains d^partemens ? » Propose la resolution suivante : « Les prohibitions et les droits prohibitifs constituent en fi- veur des producteurs indigenes , un monopole injuste pour le consommateur , contraire k la morale publique , et qui , ces- sant bientdt d'etre plus avantageux pour les producteurs eux- — 446 — thSmes que la concurrence , sc resout en un veritable impot , «t nuit a raccroissement des capitaux du pays. « Les prohibitions ct les droits prohibitifs doivent etre pro- gressivement abolis ; la reforme doit commencer par les droits qui portent sur les matieres premieres. « Les droits moderes sur I'importation des produits etrangers peuvent etre conserves, comme compensation del'impot de con- sommation etabli sur beaucoup de produits indigenes , et comme source de revenus publics. Ces droits doivCnt ^tre abaisses jus- qu'au taux oil la fraude cessant d'etre profitable , la perception de ces droits deviendra certaine et facile. Neanmoins , la legisla- tion sur les cereales parait devoir ^tre raaintenue , par des mo- tifs d'interet general. » — Adopte. La seance est levee a 5 heures trois quarts. SfiANCE DE GLOTURE DU MARDI 15 SEPTEMBRE- Presidence de M. de la Fontenelle ( de Poitiers. ) La seance est ouverte a trois heures. '< Prennent place au bureau , MM. de la Fontenelie de Vaiidbre , pre'sident , E. Gaillard , vice-president > L. de Given chy , secretaire-ge'ne'ral, Le proces-verbal dela derniere seance est lii et adopte'. M. de Givenchy demande que les divers hommages faits au Congres , soient deposes a la bibliotheque de la Societe royale et centrale d'^agrioulture , sciences et arts du departement du Nord , seante a Douai. Une discussion s'engage surcette proposition ; M. Mi- nart developpe les avantages qui resulteraient de ce d©- pot a la bibliotheque de la Societe. M. Dehay fait une proposition congue en ces termes- : « lo. Les ouvrages offerts pendant le cours d'une ses- sion sont la propriete du Congres general ; les membres composant cette session , rie peuvent en disposer. » 2<>. Ces ouvrages pouvant ^' re utiles au Congres devront se retrouver partout ou il siegera. lis seront re- — 447 — l«is au iieu de la procbame session pour qu'ils piiissent ail besoin y etre consiiltes. Ce lieu elant ainsi designe comme le depot des ouvrages envoyes et a envoyer au Congres , chacun pourra y adresser , a I'avance , les do- cumens qu'il jngerait susceptiblesd'eclairer les questions du programme, ou toutes autres, d'un interet general. » MM. Maniez , Tailliar , Dupont aVocat , de Campi- gneuUes , tarmentier , Lamarle Ernest , Cornille et d6 Caumont sont successivement entendus : les uns deman- dent que le depot de ces hommages soit fait a la biblio* theque de la ville de Douai , les autres appuient la pro* position du secretaire-general. On demande de toutes parts la cloture ; la priorite pour la mise aux voix est accordee a la proposition de M. Dehay;le premier paragraphe de cette proposition est adopte , tout le reste est rejete. M. le president met ensuite aux voix la question de savoir ou seront deposes les hommages faitsau Congres. L'assemblee decide que ce sera a la bibliotheque de la ville de Douai. MM. les secretaires des six sections donnent successi- vement lecture des proces-verbaux de leurs seances de cloture. M. Hunault de la Peltrie avait soumis le 7 septembre a la commmission permanente , la proposition suivante • € Rechercher les meilleurs moyens et appareils de sdu* veiage , propres a porter secours et a sauver la vie aux ouvriers employes dans les travaux souterrains des mines en ge'ne'ral , et de celles de houille en particulier, » Cette question avait ete approuvee par la commission permanente, et renvoyee a la 5®. section (sciences me- dicales) , qui elle-m^me la renvoya a la premiere section* ^448 — Celle-ci la discuta dans sa seance du 15 , et y repondit en proposant le voeu suivant : « Le Congres recomrriande cette question a I'attention de M. le ministrc de Tinterieur , en le priant d'ordonner k MM. !es ingenieurs des mines , d'en faire le sujet de leurs etudes , et de lui presenter un travail sur cette importante matifere. Le Congres priera egalement M. le minislre de vouloir bien lui donner com- munication du resultat de cette mesure , a une de ses prochaines sessions. » Cette proposition est adoptee et convertie en vote. Le secretaire-general est charge de le transmettre a M. le ministre de Finterieur. La 2e. section fait les propositions suivantes, qui sont adoptees : « 10. £metlre le voeu que le classement des divers ateliers ou fabriques insalubres ou incommodes , soit revise , et que Ton y fasse enlrer plusieurs industries quine se trouvent pas comprises dans les listes actuelles. » « Que de plus , le gouvemement encourage les recherches propres a rendre moins insalubres , certaines professions ou eta- blissemens qui offrent des dangers , soit pour ceux qui y tra- vaillent , soit pour les personnes plac6es dans les environs. » « 20. fimettre le voeu que les zones de servitude des places de guerre soient mesurees sur les capitales de I'enceinte et du dehors , de maniere a former , conformement a la loi du 19 juillet 1819 , des polygenes , le moins irreguhers possibles ,et non sur des capitales choisies comme les circulaires des 4 Janvier 1824 et 25 fevrier 1825, supposent qu'on peut le faire. » « 30. Le Congres renvoie a la prochaine session du Congres , les questions sur les banques departementales et la statistique agricole du Nord de la France , ainsi que toutes les questions renvoyees a Vexamen de la 2®. section , que le temps ne lui a pas permis de trailer dans cette session. » La 3®. section propose le voeu suivant : « 10. Inviter le gouvernement ^ recommander a ses agens gu'ils fassent executcr rigoureusement les lois existantes sur les inhumations. .... .— -w^— ' » ^^. l^invitcra drdoniicr que lo delai prescrit pourles intiu- * lAations sott p^al6iigede94 a 48 hdjures en ete , de 48 a 60 heutesi • enhiver. : Jfffivii;? n?07 s' i-. Vi%>fioO n« l'^« en ,«» jiu» , » 50. Qu'rl soit nomm*^ dans toiis Ics departcmens, uti nnmbrc de medecins vdrlficatcurs dcs deces , proportionne a la mgrtalUe ) moyenne de ehaque localitff.u iiyp H itctb si im^yioiiil ob imii » 40. Qu'ilsoit cree ddg 6taMi's^6nfl^hS riioituairel a ^^^ cciii qui exisient en Alleni^gnc. — Adopte. La^e. secEion propose I'adopuoiidesreponses snivantes aiixdiversesparties de la 7^, question de son programme, ainsi con^Aie : ' '« Hechercher pourquoi, comment, oU et a quelle Spoque, out e't^ fixees les fugles de la science heraldique? » ^M " c" i/»;" Pourquoi te^ dfmoiries ont-elles e'te' invenUes? » « A cause de la necessite, pour les seigneurs feodaux, d'adopter dfes signes distinctifs dans les guerrcs , dans les joutes et les tournois, ct aussi dans la vue de constatcr rorigine , les droits , ItfS alliances et les rapports des families. » ' 4 2^t Comment les armoiries se sont-elles mtroduites? » « En employartt d6s emblemes 611 des signes qui rappelaient le plus souvent un nom, nhe localite , un fait eclatant ou des habitudes guerrieres/ w « 5<>. Ou et d quelle e'poque les regies de tart heraldique ont-elles dte' fixe'es ? » (^ II est probable que les marques distinctives, qui Ont servi de b'ase a I'art heraldique ^ se sont manifesteci* sur divers points de I'Europe, a peu pres en mcme temps, et au rctour des Croisades* . I\ien ne prouve du moins qu'on puisse reporter a une epoque anterieirt-e la creation de ces regies. » LeCongres adopte ees trois solutions. M. de Campigneulles avait presente a la commission permanenle un apergu sur I'etat aciuel de la civilisation universale , a regard des combats singuliers , lui avait soumis un ej^pose ides oaoyens de prevenir les duels et 29, — 4^0 — des considerations sur rinviolabilite de la vie de rhommc; la commission «n a renvoye Texamen a la 6®, section qui propose au Congres le vote suivant : « Le Congres est d'avis : que le duel est reprouve par la raison commcpar la morale ; qu'il est un des restes de Tantique usurpa- tion de la force sur le droit et qu'il ne peut etrelolere dans un £tat , sans danger |K)ur la liberte civile et politique. » colldgues , qui j» ont mis diuis leu rsfotict ions, un zele et une obligeance » au-dessus de tout elogo , pour alleger le poids de If Icelles dont j'etais moi-menie charge ; je saisis meme il« avec empressement cette occasion de leur en exprimer ^ » toute ma reconnaissance. Jetrouve done la proposition » de M. Maniez peuttatteuse pour eux, et je la regarde A en meme lems comme inadmissible, ce que je Vais vous -^»*,^prouver: Quelle est, en elFet, la mission d'une com- » mission d'impression? C'est de reunir les documens .^ j» de la session , de les mettre en ordre , de les publier ; ,»^ et de riBviser la redaction des proces-verbaux des » sections, attendu que dans la rapidite de la discussion il il devient souvent impossible de rendre exactement ,j|, toute la pensee des orateurs; il faut done entrer en I*, relation avec 0UK,|ressaisir leur pensee qui souvent ^Ij^a echappe a I'attention meme la plus scrupuleuse. » Eh bien ! Messieurs , ce mandat , qui peut etre plus gjj^,,a meme dele remplir^ que ceuxquiont assiste regulie- *: rement a toutes les seancesde leur section, avec mission »■ specialed'enpeindrele mieux possible laphysionomie? » Sera-ce des membres qui n'auront peut-etre pas pu J >^ assister a toutes les seances, ou qui, parfois, y se- » ront arrives tard, qui pourraient faire ce travail, tout ^,i»^,de memoire et de conscience? Je ne le pense pas , .;»,, Messieurs, et c'est parce que je suis penetre de cette * .conviction, que je viens vous proposer de composer > votre commission d'impression de MM. les secretaires . » de toutes les sections, reunis an secretaire general , » soils la presidence de M. Le Glay, seul des 5 presidens, » qui habite notre pro\ince. » — 452 — M. Maniez proteste qu il n*a nullement eu !a perisee de censurer les actes de MM. les secretaires a qui il se plait k rendre une eclatante justice, et renonce a sa proposition. M. le president met aux voix celle de M. de Givenchy qui est adoptee k Tunanimite. f M . Lenglet donne lecture d'un memoire qu'il avait deja lu a la 1*"®. section, sur la question suivante, qu'il avait soumise a la commission permanente et que celle-ci , apres I'aYoir approuvee, avait renvoyee a la premiere section ; elle est ainsi con^ue : « D' apres Vetat actuel de I'univers, quel a du itre ne'cessairement son e'tat primitif? Comment les Globes ont-ils du se former et se mouvoir ? Quelles sont les causes de l' incandescence des uns et de Vopacitd des autres? » Le Congres renvoie a la commission d'impression pour decider si le nombre des documens, dont devra se com- poser le compte rendu de cette 3®. section permettra que le memoire de M' Lenglet y soit compris in extenso ou par extraits *. M. deCampigneullesala parole etiit quelques fragmens de son ouvrage encore inedit sur les duels. Get extrait , quelque plaisir qu'en ait cause la lecture , ne sera point imprime dans les actes du Congres , parce qu'il va etre public incessamment par I'auteur , avec le reste de cet important ouvrage , qui contiendra 2 vol. in-8o. M. de la Saussaye, secretaire-general, designe pour la 4^. session, qui se tiendra a Blois, en 1836, demande la parole pour remercier le Gongres de I'honneur qu'il ; l«i a fait , et s'exprime en ces termes : € Messieurs, jesuis profondementtouchede la preuve * Voir ce memoire a rappenclice# — 453— dc confiance dont vous avez bien voulu m'honorer , et a laquelle j*etais si loin de prdtendre , que je ne saurais trouver assez d'expressions pour vous temoigner toute ma gratitude , tous mes remercimens. » Lorsque votre commission me proposa les fonctions de secretaire-general, je dus Fentretenir de mes doutes, de mes craintes sur un avenir que j'aurais voulu voir remettre en de meilleures mains. Depuis , votre bien- veillance est venue m'encourager; je suis devenu fort de vos suffrages , et je me sens plus capable de repondre h cette honorable mission , maintenant qu elle m'a ete confiee. J'emporterai d'ici des traditions difficiles a suivre ; mais vous me permettrez, Messieurs, de compter sur votre concours , d'esperer de vous retrouver tous , un jour , venant sceller a Blois Tunion scientifique entre les provinces du centre et celles du nord de la France. > II me sierait mal do vanter le& moeurs douces et polies des Blesois , leur ancienne reputation d'urbanit& et de ban accueil ; mais je pourrai faire I'eloge de leur patrie, ', > Blois aspire au litre de ville scientifique , et peut-^ ^tre IVt-elle deja merite. Notre ville qui n avait jamais possede d' academic , vient d'en fonder une , douee de^ cette force , de cette energie qui accompagnent touted institution nouvelle ; Blois a repondu des premieres a I'appel des Congres; eUe y a ete constamment repre*r sentee , elle doit etre digne de les recevoir dans ses murs. Je ne rappellerai pas nos anciennes illustrations litleraires; j'ai le bonheur de pouvoir resumer par des noms propres la position intellectuelle du pays; notre ville compte trois de ses en fans parmi les membres du premier corps savant de I'Europe , Blois a donne nais- sance a Tauteur du Cours du droit commercial , Blois est la patrie des deux; Thierry, -^454 — I Notre ville est petite , mais elle est animee par dc grands souvenirs ; I'histoire des Blesois , e'est souvent celle de la vieille France, et vous pourrez j'etudier sur nos moniimens. Dans nos belles campagnes de la Loire s'eleventles cloitres de laGuiche, les tours deLhaumont, les fleches de Ghambord....Etquand nous ouvrirons nos seances dans notre vieille s^alle des etats , quels rappro- chemens se present eroiit en foule a noire pensee !.... La oil siegerent les mefiances royales, les haines du clerge , les fureurs de la ligue , viendront s'asseoir de^ hommes paciiiques , animes des seules passions que donnent I'amour de 1^ science , le desir de concourir a repandre partout les lumieres de la rai&on et de rintelligence. Je DC sais , Messieurs , si la tenue a Blois des e'tats scienti" fiques de France , ne leguera pas a notre yilfels^ p,l^& imperissables souvenirs. » : .•?"??:[ Vorateur est vivement applaudi, et i'assemblee pro- met d'etre fidele au rendez-vous. M, le president prend la parole pour prononcer son discours de cloture en ces termes : , « Messieurs, au moment; oil nous allons clore nos travaux , permettez-mol de y0:US adresser encore quelques mots. II y a trois ans que I'institution des Congres scientifiques , si (econde en resultats en Allemagne, fut importee en France , par mon jeune ami , savant avant I'Sge , M. de Caumont , dont les travaux yelatifsa I'Archeologie monumentale , ontune reputation euro- peenne. La premiere session de cette assemblee, tenue a Caen , en 1 833 , eut un resultat avantageux et le compte-rendu des tra- vaux de cette assemblee fixa I'attention publique. La seconde session du Congres scientifique de France tenue a Poitiers , I'an- nee derni^re , annonca un progres marque ; fen appelte , au volume , tout-Jl-fait substantia , dont la publication est assez ^ecente. Tout ce qui a trait a cette reunion , les questions nora- breuses et fort importantes , pour la plupart , que vous avez deci- decs , et les discussions auxquelles elles ont dpnnelieu prouvent suffisamnient qu'elle marquera parmi les reijnions de eettp espece, / ;iikiA> iiib i^iiii.^ >:- — 455— » Sans vouloir m'etendre , Messieurs , sur Ics resultatis ofete- nus dans cette session , je me bornerai a fixer voire attention sirr quelques-uns des avantages que pr6sentent les Congres. On est arrive d'Angleterre , d'ficosse , de la Belgique , de la Saintonge, du Poitou, de I'Anjou , du Biaisois , du Maine, de la Normandie, de la Picardie et de rArtpis dans la terre de Flandre , geur con- ierer et discuter sur les differentes branches des connaissanc cs humaines. Du choc des opinions jaillit la lumiere. Or , quand ce sont des hommes venus de contrees diverses , qui se-reunis- sent , afin de debattre des points oil souvent les donnees locales sont nec«ssaires pour arriver a la decouverte de la verite, on sent que rutilite d'une reunion de cette espece devient bien plus grande. Mais est-ce tout? Ne dpit-on pas etreconvaincu qu'une reunion d'hommes d'opinions politiques oude nuances d*opinions politiques diff6rentes , dans un temps ou la politique opere tant de divisions , fait arriver aussi a un autre resultat heureux. Oui , quand OH a passe ses journees entieres a travailler ensemble et dans un meme but ; quand on a , plus d'une fois , pris place a la meme table , les preventions s'effacent , on se connait mieux et Fon finitpar s'estimer, pars'aimer. Soutenons done, Messieurs, I'existencedu Congres scientifique de France, qui areuni succes- sivement dans unnt laplupart , sans cette ins- titution , ne se seraient jamais connus. Perpetuons ces reunions qui doivent avoir de si immenses resultats pour I'avenir. » L'assemblee ou nous venous de sieger. Messieurs, est le Congrfes scientifique de France ; mais pour la science cesse Yin- dividualite politique ; il n'y ani Manche , ni Rhin , ni Alpes^. ni Pyrenees pour les differentes branches des connaissances humai- nes. Aussi nous avons vu arriver d'au-defa du d^dreit , M.James Yates , depute pour representer daiw cette enceinte , la Socield formee en Angleterre pour I'avancoment de la science. Nous avons ete assez heureux pour voir sieger parmi nous , plusieurs Beiges de distinction, dont I'un , correspojndant de notre Institut de France , a ete envoye par I'lnstitut de Belgique pour lo repre- senter a notre reunion. Ce concours de Societes etrang^res a nos travaux , est un progres que nous devions indiqucr ic4. De plus , M. le baron de Reiffenberg a donae I'indication d'un Congres Belge,qui se tiendra a Bruxelles, au mois de mai prochain, et pour tequeliljious a deja convoques. Eln retour de la bonne visite de ijosvoisins les Beiges, beaucoup d'eutre nous Francais, s-entpres^ , seront , sans doute , de repondrc a I'invitation qui nous est faite d'un pays voisin. , , » Nous devons des remercimens, Messieurs, a M. de Givencliy, secretaire-general de cette session , qui s'est acquitte avec yp zcle infatigable des nombreux travaux et des immenses details que necessite une reunion dc ce genre. Nous en devons a lacon^- mission prise dans le sein de la Societe academique de Douai , qui a aide a preparer la session. Nous devons aussi exprimer no- ire reconnaissance aux autorites administratives , judiciaires et militaires de cette ville , pour tout ce qu'elles ont fait dans I'inte' retducongres. Nous avons eu a regretter que M. le Prefet du ,Nord , venu tout expres pour assistcr a nos seances , pour con- courir a nos travaux , ait ete rappele au chef-lieu du departement, parun cvenement desastreux, L'homme qui a tant brille a la chambre elective , I'elegaut traductcur de Juvenal aurait, n'en doutons pas , pris une part active aux travaux de la 6^. section et de la section de litterature et beaux-arts , oil est venu sieger un moment un membrede I'lnstitut , M. Galle, I'un des premiers graveurs en medailles, de notre epoque. » Que les dames qui ont assiste a nos seances et qui y ont pris de I'interct , malgrele serieux de la plupart de nos discussions, recoivent ici I'expression de nos remercimens , pour avoir ajoute a I'eclat et auxcharmes de nos reunions iNous, etrangers a la terre de Flandre , nous devons aussi protester du souvenir bien agreable que nous conserverons toujours de I'accueil gracieux et hospitalier qui nous a ete fait par les habitans de Douai. » En finissant , qu'il me soit permis , Messieurs , de vous .exprimer de nouveau toute ma gratitude pour la haute preuve de i^onfiance que vous m'ayez donnee , en m'appelant a presider vos Seances generates et adiriger vos debats. Je conserverai une ctcrnelle reconnaissance de I'honneur que vous avez bien voulu me faire , de la faveur insignc que vous avcz bien voulu m'accor- der. Je qualifierai ainsi votre choix , parce qu'il en etait bien d'autres , plus avances que moi dans la science , qui auraient eu plus de droit a vos suffrages ; mais en me placanl momentancment dans une position si elevec, vous m'avez procure au moins , Ta- v^tage inappreciable d'avoir pour conseils et pour coopcrateurs, deux liommes fournis, Tun par Ihistorlquc Flandre, I'autrepar Terudite Normandie , Ic savant M. le (ilay , I'eloquent M. Emmanuel Gaiilard , bien dignes tons les deux de figurcr au premier rang. — 4'57 — « Des frontieres du Nord , le Congres va se porter au centre de la France, sur les rives riantes de la Loire. Vous avczentendu man honorable ami , M. de la Saussaye , vous inviter tous a assister a notre quatrieme session, et vous protester de son zele. Nous le connaissons assez, vous leconnaissez assez vous-memcs, pour savoirqu'ilrepondra dignement a notre attente. Notre pro- chaifie reunion , n'en doutons pas , sera nombreuse et brillante , et elle remplira tout-a-fait le but que nous nous proposons. Prcnons done Tengagement d'y assister, donnons-nous dpna rendez-vous , dans un an , a Blois. » Messieurs , la 3«. session du Congres scientifique de France est terminee; la 4®. session s'ouvrira, au commencement de septembre 1836 , dans laville de Blois , departement de Loir-et- Cher. La seance est levee a 6 heures et demie. ^ Le President du Congres , DE LA FONTENEJLLE ( de Poitiers. ) .} Le Secretaire- General du Congres , Les Vice-Presidents, L. DEGIVENGHY LEGLAY (rfe Ulle.) '[ ( de St-Omer. ) E. GAILLARD ( de Rouen ^) '■A \ :ji:.-^ j--iiJl^iijj| 3^ ^'j^grfo yoab ifl*>flmf 7. (7oM^W5ja^«».— La cofidefisatiort peut produire dans les ^■*5eTp3 des degagemens considerables de calorique. Onsaitqu'elle peut y devclopper l' incandescence i I'air comprime rapldement allame Tamadou ; des parcclles incandescentes se dctachcnt du fer comprime pari c choc d'un corps plus dur. La quantite totale da caloriquc degage, depend du degre de rapprochement opere dans les molecules , et non de la rapidite avec laquelle il s' opere. Ncanmoins les pctits corps n'arrivent pas jusqu'a I'incandescence quand lis sont comprimes lentement, parce qu'unegrande partie de la chaleurs'y perda mesure qu'elle so degage. Mais si les corps ont une masse et un volume considerables, qui proportion- nent la lenteur des pertes a celle du degagement, une conden- sation peu rapide , peut y determiner une grande elevation de temperature. , <■ ...^r Si done la masse entiere des astres a eprouve d'enormes con- densations , cette cause seule a ete capable d'y developper une vive incandescence. in 8. La liquefaction de la vapeur d'eau degage une quantite de chaleur suffisantc pour clever d'environ 550° la temperature du liquide produit. Le degagement de calorique doit etre vraisem- blablement bien plus considerable, quand des vapeurs, beaucoup plus rares que celle de I'eau , se transforment en liquides plus denses que I'eau liquefiee. Si done une grande partie de la substance des astres a eprouye ce changement d'etat , il a du puissamment concourir avec la con- densation , a elever leur temperature. La solidification , quoique degageant , en general , moins de chaleur que la liquefaction , est une cause trop puissante encore pour etre negligee , dans les astres oil elle a pu se manifester. 9. En definitive nous ne trouvons d'autres causes possibles de la chaleur des astres que la condensation et les changemens d'etat, ou quclques phenomenes accessoires qui accompagnent les precedens , et ne peuvent que concourir avec eux. Chap. IL — Effets des pertes de calorique , dans les differentes classes de corps. 10. Divers elats des corps. — Nous avons a considesrer les corps sous trois etats : I'etat solide , I'etat liquide et celui de fluides elastiques. On distingue ordinaircment deux classes de fluides elastiques, les vapeurs et les gaz. Ceux qu'on appelle gaz , ne sont que des vapeurs plus difficile s a liquetier; nous admettrons neanmoins —465— cette distinction , mais en la modilianl un peu : nous ne desi- gnerons , sous le nom de vapeurs , que les fluides elastiques qui > sous leur temperature et leur pression actuelles , ont deja com- mence ou vont commencer a se liquefief. Les vapeurs encore ^loignees de la liquefaction, suivant, dans leurs tensions, la memo loi|que les gaz eux-memes , il nous est necessaire de les com- prendre sous cette derniere denomination. Ainsi , nous n'altachons a cette distinction des gaz et des vapeurs aucun sens absolu ; et telle substance , appelee vapeur sur la terre , deviendrait pour nous un gaz dans le soieil. 11. Effets des perles de eafvrique. — Toute perte de caloTique amene i6v4demment on abaissement de temperature, dans les soli- des et dans les liquides. II en est de m€me pour ks fluides elas^ tiques renfermes en vases clos. t«Ft L' experience ne nous apprend pas ce qui se passe dans ces fluides , quand ils sont abandonnes dans I'espace , par masses isolees , dont la pression n'est due qu'a leur propre attraction ; mais nous pourrons ie deduire de le«rs proprietes connues. 12. Dans tout fluide elastiqtie , une perte de calorique diminue la tension , sans changer immediatement la pression. Si la masse fluide est isolee et en equilibre , elle doit done se contracter. Chaque touche , ainsi rapprochee du centra , en est plus fotte- mentattiree ; elle exerce , ]par suite , une pression plus forte sur les couches inferieures. Cette augmentation generale de pression dans la masse , tend a y produire une nouvelle contraction , d'ou resulterait encore une nouvelle augmentation de pression. Cette progression ne peut s'arreter , tant que I'equilibre se retablisse entre la pression et la tension du fluide. Toute contraction d'une masse fluide d6gage du calorique ; par la condensation meme si cette masse estal'etatdegaz > par une liquefaction partielle si elle se compose de vapeurs, et enfin par la combinaison de ces deux causes si elle renferme a la fois des gaz et des vapeurs. Ce degagement de calorique se prolonge tant que la masse continue a se resserrer , c'est-a-dire aussi , tant que la tension du fluide soit arrivee a egaler la pression qu'il eprouve. 13. Dans les vapeurs , la tension ne depend que de leur tem- perature. 11 faut done neccssairement une temperature plus elevee , pour que cette tension puisse egaler une pression plus forte. Ainsi , la contraction commencee par une perte de calori- que, ne peut s'arreter, dans une naasse de vapeurs isolee. ^464 — (ju'apres y avoir developpe une temperature supef ieul'e S c^Uc- qyii prcccdait cettc pcrte. . 14. Dans les gaz , la tension depend a la fois de la temperature et de la densite. Pour une temperature donnee , la tension est precisement proportionnelle a la densite ; pour une densite don- nee , la tension s'accroit beaucoup plus rapidement que la tempe- rature. . Faisons d'abord abstraction du degagement de calorique resul- tant, dans une masse gazeuse , de ses condensations successives ; et supposons ces condensations proportionnelles dans toutes ks couches concentriques. Alors la densite , et par suite la tension dcchacune , varieront en raison inverse du cube de son rayon , qui , lui-meme , varie proportionnellement a celui de la sphere fluide. Chaque couche , dans ses positions successives , est attiree en raison inverse du can'ede sa distance au centre , c'est-a-dire en raison inverse du carre du rayon de la sphere fluide. Le poids total supporte par une couche, variera done lui-meme en raison. inverse du carre de ce rayon. La pression , rapportee k I'unite de surface , est egale a ce poids total divise par la surface entifere de la couche , surface qui est proportionnelle a ce meme carre., Done , en definitive , la pression , exercee sur chaque couche ,> varie en raison inverse de la quatrieme puissance du rayon de la * sphere fluide. La diminution du volume tend done , en genial , a imprimer un accroissement plus rapide a la pression qu'a la tension ; et la masse ne pent devoir, le retablissement de I'equilibre entre ces deux forces, qu'a une elevation de temperature. La condensation se prolongera par consequent , dans cette masse , jusqu'a ce qu'ellc y ait developpe une temperature superieure a si tempe-, rature primitive. II en serait encore evidemment de mdrae pour un melange de gaz et de vapeurs *. 15. Nous arrivcns done a cette consequence gen^rale : Dans tout fluide elastique, formant une masse isolee dont la pression n'est due qu'a sa propre attraction , une perte de calorique, par la condensation qu'elle produit , amene en definitive une elevia- * Nous Ti'surons plus guere , par la suite , a considerer se'pare- went ces deux classes de tluidcs elastiques , et il powrra nous arri- ■^er souveut d^ les con prendre sous la denomination generale de vapeurs. iSn defemp^ralure.^^ , dans une telic masse, toiitc acquisition decalorique serait accompagneed'uneaugmen- jtadori de volume , ct d'un abaissement de temperature* r ^ Chap. llh—Mlats anterieurs de I' Univers. — JEtat primitif. 16. £Jfa^ anfmewr rfes as/res.— Tout astre incandescent perd flu calorique. Qu'bn le suppose liquide ou solide, sa temperature baisse ; clle a done ete plus elevee qu'aujourd'hui. Quelle que ^Oit la tempSrature anterieure a laquelle notre imagination s'ar-* tet'e , tant que siibsiste le meme etat > solide ou liquide , nous sommes forces de rcmonter a unc temperature superieure encore; fcar d^ja > au point oil nous le considerons, il eprouvait despcrtes de calorique , et dts pertcs d'autant plus fortes qu'iletait plus ^chauffe* ''i* • ' Nous 5<^i*i9iris iin^i eonduits jusqu'a une temperature infinie , fei'hous n'admettions un etat pour le quel les pertesde calorique 5mprimaient, a la temperature, une progression differente.Suppo- ser a chaque astre unc temperature infniic , serait lui aCcorder tout le calorique reparti dans 1' Univers ; consequence evidem- Vnent absurde> a la quelle nous ne pouvons echapper qu'en admettant la vaporisation.anterieure de sa substance. Pour lies astres aujourd'hui solides, I'^poque de la solidification n'afait qu'interrompre * un instant, la matche a laquelle leur tempetature etait assujettie ; au-dela de ce point , et jusqu'a ce que nous airrivions a la vaporisation -, nous rctrouvons toujours une temperature d'autant plus forte que nous nous reportons viers tine epbque plus reculee* • *''Ainsi*tout astre, aujourd'hui incandescent, s'est precedemment trouve a I'etat de vapeur. It. Temper dlure primitive. — Tant que les masses vapOreuses etaientplus echaufiees que I'cspace, elles devaicnt perdre du calorique ; dohc elles en avaient precedemment possedd d'avan-* tage , ce qui suppose a la fois , dans ces masses j un volume plus grand et une temperature plus basse. A mesure que nous re- tiiontohs pliis haut, nous trouvonsleur temperature moins elevee? (Dt noiis la voyons arriver , dans un temps fini ou infini ^ k egaler celtedel'espace. Nous sommes, en meme temps, conduits jusqu'si une dilatation enormede la matiere; carelle devait rendre latentc, toute la chaleur perdue par les astres depuisdes temps indefinis^ et toute celle qui , encore aujourd'hui , eleve la temperature de ces astres au-dessus de celle de I'espace. 50. — 466 — 18. ilats transttmres. ^Nous sutvons pas II pas les modifica- lionS des masses vaporeuses , tant qu'elles sont d^terminees par Vequilibre dcs forces qui les soUicitcnt ; c'est-2i-dire, tant que ces masses afTectent la forme de globes , s'ecartant plus ou moins d'une sphericite rigoureuse, suivant les forces qui se combinent avec leur propre attraction. Mais , cette distribution de la matiere, par globes vaporeux en cquilibre , peut-elle avoir et^ la distribution primitive ? Peut-elle avoir coincide avec I'egalite de temperature entre la matiere et Fespace ? Ici , nous sommes forces de recourir k des considera- tions d'un ordre different. 19. Toute masse de vapeur doit n^cessairement former un globe , en vertu de son attraction. Mais 11 y a une probability infinie , c'est-a-dire la certitude , que les molecules ne se sont pas trouvees rangees suivant un tel ordre independamment de cette force. Ainsi la forme de globe est un effet. Or, ce qui a une cause ne pent 6tre primitif ; nous sommes done conduits h un etat de I'univers , oil la matiere n'etait pas encore rassemblec par globes. Toute autre forme r^guliere , supposee primitive- ment commune k tons les astres , aurait ^galement centre elle line probabilite infinie. La matiere vaporeuse avant de former des globes , a done ete distribuee dans I'espace , par masses de formes diverses et irregulieres. 20. L'equilibre ne pouvant exister dans des masses irregu- lieres , la force expansive n'y contrebalan^ait pas I'attraction ; et , meme sans y supposer aucune perte de calorique , cette attraction devait sans cesse y rapprocher , plus ou moins direc- tement , les molecules du centre. Chaque etat que nous pouvons imaginer , nous conduit done a un etat anterieur ou les masses vaporeuses occupaient un plus grand espace ; et ou, par conse- quent , elles laissaient entre elies moins de vides. Nous arrivons ainsi jusqu'au point oil toutes les masses etaient en contact, et se confondaient en une masse universelle. 21. Si cette masse universelle avait eu une etendue finie, entouree d'un vide infini, elle n'aurait pu se diviser. Lacouche exterieure n'eprouvant aucune attraction du cole du vide, aurait pese sur les couches interieures en vertu de I'attraction exercee sur elle par la masse entiere , et ces autres couches en trans- mcltant cette pression , y auraient ajoute la force qui les portait elles-memes vers le centre. La matiere universelle , dans cette hypothese , se fut done condensee sans se desunir. — 4^7 — Aa cofllraire MM masse infinie , non homogene , dolt n^cfcs- Sairetnent sc rompre. Chaque molecule entouree de tous cotes : par la matiere , est attiree dans lous les sens. En general , ces attractions divergentes ne doivent pas sie balancer ; mais il y a necessairement des points oil cet cquilibre a lieu. En effet , considerons toutes les molecules situees sur une direction qucl- conque, indefinie ; et decomposons toutes les attractions qu'elles eprouvent , parallelement a cette direction. Par suite de la dis- tribution irreguliere de la matiere , les cotnposantes totales doivent etre , pour des series alternatives de moleculles , dirigees alternativement dans iln sens et dans I'autre ; et deux series consecutives sont necessairement separees par un point qui tend a Tester immobile. Quand les deux series de molecules tendent ^ s'ecarter de ce point , il s'y opere une dilatation qui doit plus tard determiner la rupture. Quand aucontraire elles se tfouvent pressees vers Iui> la condensation s'y accroit de plus en plus. L'etendue infinie de la rtiasse universelle s'accorde done , et petit seule s'accorder^ avet la division actuelle des masses. Ainsi^ les masses irregulieres, detachees, ont ete precedees par une masse unique , infinie , elle-meme irregulierement cOndenseO , et comparable audahos , dont la Genese et la fable s'accordent a faire sortir TUnivets. 22. ilatprimilifde tUntv&s.^^i ndus avons Veternite devjtnt nous , nous trouvons encore Tinfini en nous reportant dn arriere. L'epoque a laquelle nous venons d'arriver est a une dis- tance immense, mais non infinie; et taht que nous ne remonterons pas jusqu'a I'infini , nous n'aurons pas reconnu I'etat primitif de rUnivers. 23. ta inatiere qui remplissait tout I'espace , y etait irregu- lierement repartie , et par suite lie pOuvait etre en equilibre^ L'etat de I'Univers devait done varier sans cesse : chaque instant resserrait les parties les plus legeres autour des parties les plus denses , et augmentait ainsi les differences de densites. Chaque etat auquel s'arrete notre pensee , a done et6 neCes^airertient precede d'un etat, oii ces differences etaient moindres, ou la dis-- tribution de la matiere s'approchait d'avantage de I'uniformite, Dans les periodes que nous avons parcourus , les forces agis- saient avec des intensites finies , et n'exigeaicnt que des tems finis pour accomplir leurs effets. Dans le periode auquel nous sommes parvenus , les attractions opposees ^ agissaient sur — 468 — chaque molecule, avec des intensites, gen^ralement d'autani moins diflerentes , que la matiere s'ecartait moins d'une reparli- tition uniforme. Les changemens operes par ces forces , dans la repartition de la matiere , etaient done d'autant plus lents , que nous remontons a une epoque plus reculee.Enfin, ces changemens exigeaient des tems infinis, quand la matiere s'ecartait infiniment peu de I'egale repartition. Nous trouvons ici une de ces series dont les termes s'approchent de plus en plus d'une limite deter- minee , et ne I'attcignent qu'a I'infini. En resum6 , I'etat primitif de I'Univers , presente une egale repartition de la matiere, dans I'espace infini ; mais nous ne ren- controns cet etat qu'a une epoque infiniment eloignee de nous. 24. Chaque rapprochement des molecules elevait la tempera- lure , dans les parties qui se condensaient ; la dilatation I'abais- sait , au contraire , aux points ou se preparait la rupture. L'egalite generale de temperature u'a done pu exister qu'avec I'uniformite de repartition , et remonte par consequent aussi a une epoque infiniment eloignee. EUe n'a eu lieu, en realite, qu'entre les parties de la matiere , et non entre la matiere et I'espace. 25. 11 nous reste a chercher comment , d'apres les lois que nous connaissons , d'apres les lois posees par I'auteur de la na- ture , cet univers primitif a pu s'organiser de lui-meme, el for- mer les mondes tels que nous les voyons. DEUXifiME PARTIE. ORGANISATION DE l'CNIVERS DEDUITB DB L'sTAT PBIMITIF. CHAPITRE PRELIMINAIRE. § !«'. — Definitions , expose de quelques princfpes, 26. Nous n'avons termini qu'une partie facile denotre t^che ; celle qui nous reste sera laborieuse , au moins dans la partie qui eoncerne les mouvemens celestes. Cette question ne pent plus etre resolue par de simples considerations physiques ; elle ren- tre naturellement dans le domaine de I'analyse. Mais, dans son imperfection actuelle , I'analyse ne conduirait, le plus souvcnt, — 469 — qu'a des equations non integrables. Deja dans Ic probleme de$ trois corps on est arrete par son impuissanqc. Nous serous forces^ d'y suppleer, soitparle simple raisonnement, soil pardescalculs indirects, qui, sans determiner le quantum de chaque effiet, nous^ aideront a demeler quelqueslois aux quelles ils sontassujettis. , Si nous ne pouvons toujoxirs atteindre ainsi la rigueur mathe matique , Venchainement de toutes les parties entre elles , et, raccord de leur ensemble avec les faits , acheveront, je crois, de,j dissiper les doutes que quelques points , pris isolement, poutr,. raient pent etre laisser dans les esprits. 27. Definitions. — Des periphrases multipliees eussent ralenti^ notre marche , nous sommes forces, pour les eviter, d'employer, quelques expressions de convention. Commen^ons par indiquer la signiflcation que nous y attach ons. 28. Entre deux masses en presence , I'attraction est recipro- que ; cependant , pour les distinguer , nous appellerons, masses attiree, celle dont nous nous occuperons specialement , et sur la quelle nous voudrons suivre les effets de I'aUraction. L'autre prendra le aom de masse attiranle. • 29. Quenous ayons, ounon, aconsiderer un mouvemont do. translation dans la masse attiree , nous designerons, sous le non» de rayon vecteuv , la ligne qui joint le centre des deux masses. oO. Dans la masse attiree, I'hemisphere tournee vers la massa, attirantc , s'appellera hemisphere 4clairee , Tautre hemisphere, obscure ; sans que nous entendions prejuger V incandescence d&. la masse attirante. 31. Si la masse attiree est de forme allongee , nous conserve- pons le nom d' hemispheres, aux deux parties separees par Ic plaa eontenantsoncentre de gravite, et perpendiculaire a son plus grand diametre, quenous appellerons simplement le gfrand diamelre^ Dans leurs diverses positions , ces deux hemispheres conserve- rent les noms d'eclairec ou d' obscure , tant que ces denomina- tions conviendront a leur plus grande partie.. 52. On manque de mot, en Astronomic, pour designer, en gcr neral , le point d'une orbite le plus voisin de la masse attirante, Le mot perihelie , que Ion cmploie quelqucfois dans cette acccp- iion generale , deviendrait tout-a-fait impropre quand il s'agirait: du mouvement du soleil lui-meme dans son orbite. Un mot nou- vcau nous est done necessaire , nous adopterons celui de perias- tre ;le point oppose del' orbite sera desigpe par le mot apaslre, 35.. Principes,— Les demonstrations incidentes ,, placees dans — 470 — le texte , eussent rendu plus difficile a saisir renchainement des idees /nous Ics rejetons dans les additions qui terminent ce in6raoirc , et nous nous contentons d'exposer succinctcrnent , dans ce preliminaire, les plusessentiels desprincipes surlesqucls nous aurons hesoin de nous appuyer. 34. Une masse fluide , soumise k sa seule attraction , affecte unc forme sph6rique. Si une attraction exterieure vient se com- biner avec la premiere , la masse s'allonge dans le sens ou cette attraction s'exerce , et se contracte dans le :;ens perpendiculaire. 35. Ces effets resultent des differences d'intensite etde direc- tion, de la nouvelle force , par rapport au centre et aux autres points de la masse attiree; ils sont plus sensibles dansl'hemis- phere eclaire que dans I'hemisphere oppose. La premiere s'al^ longeant et se retrecissant davantage , la masse attiree pr^nd une forme analogue a celle d'un oeuf , sauf quant au rapport des axes, qui peuvent varierbeaucoup suivant les circonstances. 36. L'allongement est tres prononce , et la forme ovoidale seni sible , pour une masse dont le diametre moyen est tres grand re-t lativement a la longueur du rayon vccleur. Ces deux effets dimi- nuent avec le rapport de ces deux longueurs ; raais le second beaucoup plus rapidement que le premier , parce qu'il depend de ditlerences secondes. II provient , en effet , principalement de ce que I'attraction , exercee sur le centre , ne differe pas egalement des attractions exercees sur deux points symetriquement places dans les deux hemispheres. La forme ovoidale deviendra done tout-ii-fait inappreciable , quand l'allongement sera encore Ires luarqu^. 37. Si la masse allongee , se trouve , par une cause quelcon- que , ecartee , dans certaines limites , de sa position primitive , elle tend a y etre ramenee , en partie par un mouvement general autour de son centre, en partie par un deplacement r^spectif des Itiolecyles. 38. Faisons d'abord abstraction de ce dernier effet , en suppo- sant un instant la masse solidifiee. Nommons force aeceleralrice angulaire , la force qui produit les accelerations successives de sa Vitesse angulaire. On obtiendrait la valeur de cette force, en divi- sant, la somme des momens dos forces motriccs qui animent toutes |os molecules , parle moment d'inertie dela masse. Pour unc longueur donnec do la masse attiree, la force aecele- ralrice angulaire varie suivant I'angle forme, par le grand diametre, avec le rayou vccteur ; angle que uuus dcsignerons par ic uom --471-- d^ecartement. Cette force varie aussi suivant retcndue dfelamisse i les limites qui correspondent aux ecartemens de 0° et de I80o* en sont seniles independiantes. Les autres , ccpendant , pourront encore ^tre consid6r6es comme telles ; parce que leurs variations sont tres-.faibles , tant que le §rand diaroetre n'atteint pas des longueurs inadmissibles. Nous adopterons done , pour les valeurs de ces limites, celles ^e leurs propres limites »c'est-a-dire , les valeurs dontelles s'ap- prochent, de plus en plus , a mesure que le grand diametre drmi- nue ; mais qui ne sont rigoureusement exactes que lorsque sa longueur devient infiniment petite. On verra que ces vateurs sont encore tr6s approchees,en supposant meme le grand (Mametreegal au tiers du rayon vecteur ; rapport enorme , si Ton juge d'apres les astres d'aujourd'hui , mais qui pourra n'etre pas toujours trop grand pour les masses que nous aurons a considerer. 59. Dans une masse solide, le moment d'inertie ne chaage pas ; la force acceleratrice angulaire variera done precisepatnt suivant la meme loi que la sonHne des momens des forces motri- ces appliquees 5. ses molecules. Cette force est nulle pourun eicar- tementnul; elle augmente successivement jusqu'a I'ecartement de 450. Elle commence ensuite k diminuer , et devient nulle de nouveau pour Tangle de 96<>. Cette position estcelle de I'equilibre instable : aussitot qu'elle est depassee , \e grand diametre , tou- jours rapproche du rayon vecteur , recoit un mottven^ent inverse, c'est-a-dire que la force a change de signe. Elle atteint son maxi- mum negatif quand I'ecartement arrive i 1 350i et redevient nulte de nouveau pour Tangle de 180®. Si , partant de nouveau de Tangle nut, nous ^cartons le grand diametre deTautre cote du rayon vecteur , la masse , dans toutes les positions symetriques h celles que nous venons de parcourir » sera soumise a des forces acceleratrices. anguhires egales et de signes contraires. Ainsi , quand Tangle est nul ou droit , la force accelieratrice angulaire setrouve aux points de transition du positif au negatif; c'est done, dans le voisinage de ces positions, que les variations angulaires produisent les plus grands changemens dans Tiiitcn- site de la force. Vers les angles de 45^ et 135<* , ces changemens deviennent au contraire insensibles. * Nous ejnployons pour les angles la division sexage'simale. 40. Dans chaque instant inlinirneiit petit, la forec acceleratrice angulaire , prise pour I'ensemble d'unc masse fluide, sera evidcm- nient la memo que si cette masse etait salidifiec sous la forino qu'elle affecte en cet instant. Mais , d'un instant a I'autre , elle varic differemment, sous ces deux etats ; parec que, pour la nvisse fluide, le changement dans la disposition des molecules fait varier le moment dMnertie , et fait varier , autren^ent que pour la masse SOilide , Faction de I'attraction exterieure, 41 . Pour deraeler les effcts dus a la fluidite, faisons abstraction du mouvement angulaire general , ou , en d'autres mots , appli- quons, a chaque molecule, une force capable de lui imprimer une Vitesse angulaire egale etcontraire a la vitesse angulaire moyenne. Alors, toutes les forces a considercr , ne seront plus employees qu'^produir<; un changement, dans la position respective des mo- lecules , c'est-a-dire h changer la forme de la masse* Sans suivre pas a pas Taction de ces forces , il est evident, a priori, qu'elles auront pour elfct de rapprocher successivement la forme de la surface de celle qui convient a TequiUbre , en compri- want les colonnes fluides qui la depassent , et faisant refluer Iqs molecules vers les colonnes qui ne s'etendent pas jusqu'a elle. Ainsi , la masse sera deformee , pour reprenclrQ defimtivement la meme forme, mais dans une autre position. On peut admettre encore, a priori, que la force qui tend k pro^ daire cette deformation , atteint son maximum quand la surface du fluide s'ecarte le plus possible de la surface d'equilibre , c'est* a^dire, quand le grand diametre est perpendiculaire au rayon vec-^ teur. Elle est au contraire a son minimum et nulle, quand la sur- face du fluide se confond avec celle d'equilibre, c'est-a-dire, quand le grand diametre fait un angle nul avec le vecteur. Par suite, die n'acquiert pas d'intensite sensible, tant que Vecartement est peu considerable. Nous avons vu que , dans la memo position , la force accelera- Irice angulaire , quoique nulle aussi, loin d'etre a son minimum, se trouve au point ou elle change de signe, au point ou de petites variations angnlaires produisent les plus grandes variations dans son intensite. Cette derniere force agit done sensiblement seule dans les petits ccartemens , et Taction eprouvee par la masse est la meme que si cette masse etait solide. La force de dcformatioii, quand elle commence a devenir sensible, croit d'abord beaucoup moins rapidtMncnt qiie la force accelcralricc angulaire , elle n'atteint ses plus grandes variations que vers la position ou cette ) (^erniere force aileint son tnaximum , et n'arrivc a son maximum qu'au point ou la force acceleratrice angulaire clevicnt nullc de nuuvcau , o'cst-i-dire par un ecartement de 90^. 42. Quand la masse attiree se rapproche de la masse attirantc, sans que les autres circonstances soient changees , la force acce- leratrice angulaire en recoit evidemment un accroissement. L'allongcment de la masse tend egalement a s'accroitre par ce rapprochement. 43. Au lieu d'une masse flaide unique , considerons un sys- teme compose d'une masse principale, et de petites masses cnvi- ronnantes, pour lesquelles une force contrifuge quelconque •remplacerait la force expansive des molecules fluides. II y a , entre ces deux forces , cette difference que la derniere agit dans tons les sens ; elle empeche les molecules , non-seule- ment de se reunir au centre , mais aussi d'arriver jusqu'au rayon vecteur. I^a premiere, toujours directement opposee a I'attraction centrale du systeme, n'apporte aucun obstacle a la force accele- ratrice angulaire, qui tend a rapprocher les masses partielles du rayon vecteur. L'equilibre stable ne peut done avoir lieu tant que tous leurs centres de gravity ne soient ranges sur cette ligne. Du restc, dans les diverses positions du rayon vecteur particulicr, menc, du centre de chaque masse partielle, au centre de gravite du systeme , la force acceleratrice angulaire suit la meme loi de variation que dans les positions correspondantes du grand dia- metre de la masse unique, 44. L'attraction qui produit cette force acceleratrice angulaire, tend, generalement, a eloigner chaque masse partielle de la masse principale. Cette force d'eloignement est a son maximum , quand le rayon vecteur particulier se confond avec le rayon vecteur general ; elle devient nulle pour un ecartement de 54 «, 44' , se change cnsuite en une force de rapprochement , atteint son maximum negatif a 90® , redevient nulle a 125 o, i6' et atteint un nouveau maximum positif a I80o , c'est-a-dire, quand le rayon vecteur particulier se confond de pquveau avec le rayon vecteur general du systeme. Le resultat total de cette force , dans une revolution entierc , etant un cloigncment , nous la designerons sous la detiomiiiation generale de force d'eloignement , exccpte quand nous nous occupcrons specialement du periode pendant Icquel elle devient negative. 45. La force d'eloignement, et la force acceleratrice angulaire. — 474 — <;roissent , toutes choses egales d'aiUeurs , quand le centre da systeme s'approche de la masse attirante. 46. Si, le centre du systeme ne ehangeant pas , Tune de ses masses secondaires s'^loigne de sa masse prinoipale , elle eprou- vera ui\ aceroissement dans la force d'eloignement , el dans le moment de la force qui lend a dinvinuer I'ecartement ; mais , son moment d'inertie, par rapport a la masse principale, augmen- tant en meme tems , on ne voit pas a priori , si force accelera- trice angulaire , qui est le quotient de ces deux momens , doit augmenter ou diminuer. C'est , au reste , ce que nous pourrons nous dispenser de chercher. 47. Nous observons , dans le satellite de la terre , nne partie des effets qui viennent d'etre exposes. La masse lunaire s'est allongee suivant le diametre constamment dirige vers la terre. Mais , sa distance a la terre etant considerable , relativement a I'etcndue de ce diametre , Tallongement est tres-faible, et la forme ovoidale tout-a-fait inappreciable. Ce grand dian^tre est ramene vers la terre , quand les variations seculaires tendent a Ten ecarter. Mais , la faible force qui produit cet effet , n'a pas d'influence sensible sur les librations mensuelles. L'action du soleil, sur le meme astre, en augmentant le rayon moycn dc son orbite , nous doime un exeraple de la force d'eloi- gnement. Cetle action doit nous offrir encore un exempte des effets de la force acceleratrice angulaire. Rigoureusement par- lant , cette force fait varier, a chaque instant, I'aire decrite par la lune autour de la terre ; mais les alternatives, qui en resultent , se compensant, dans I'intervalle d'une revolution, sont habituel- lement negligees. EUes doivent d'aiUeurs etre peu considerable!?. § II. — Formation des hrouillards, 48. Nous aurons frequemment a considerer, dans la suite, Iqs phenomenes produits par la condensation de vapeurs diverses. Ces phenomenes ont beaucoup d'analogie , avec ceux do la for- niation des brouillards daps notre atmosphere. Nous allons essayer d'eclaircir prealablement cette question. 49. Phosphorescence. — hdi vapeur d'eanen se liqu^fiant, de- gage une chaleur, suffisante pour e^ever d'environ 550 degres la temperature de sa masse liquidc , ct plus que suffisante par consequent pour y developpcr I'incandescence. A I'instant oil se forme un globule de brouillard , il emet done , en tous sens , quclques rayons lumiueux ; mais cet eclair disparait aussitot : ^475-. V^au ne pouvant , sous la pression atmosphcrique, roster liquide a la temperature rouge , eprouve instantatiement une vaporisa- tion partielle, qui, jointe a remission operce, lui enleve son iucandesceoce. Le meme ph^nomene se reproduit de tous cotes tant que le brouillard s'epaissit ; il en r^sulte une legere phos- phorescence, qu'on ne doit jamais observer dans les brquillards dont la formation est achevee. 50, Forme vesiculaire. — X^a vaporisation partielle du globule , a lieu nccessairement daps la partie la moins refroidie par remisr sion, c'est-a-dire , vers son centre, Elle dilate I'enveloppe liquide , jusqu'& ce que la pression atmospherique fasse equilibre a la tension de la vapeur. Les globules prennent done la forme vesiculaire. 51. Suspension. — La pesantcur specifique de la vapeur d'eau a 100 degr^s, n'etant que les 0,62 de celle de I'air , les vesicules sont plus legeres que I'ajr tant que leur enveloppe liquide a peu d'epaisseur. Elles pcuvent done s'elever ou se soutenir dans I'at- mosphere a de grandes hauteurs. 52 .Chute, — Les vesicules seresserrent ^mesurequ'ellesperdent du calorique ; une partie de la vapeur interieure , se condense et se joint a I'enveloppe liquide. La densite moyenne etant ainsi augmentee, les globules descendent; et se resserrent encore, par I'accroissement de pression. S'ils n'arrivent au sol avant que leur condensation soit complete, ils se r^unissent pour former des gouttes. Si enfin ces gouttes ont le tems d'acqu^rir une tem- pierature inferieurea celle des couches les plus basses de I'atmos- phere , elles s'y augmentent en s'appropriant la vapeur que leup contact y condense. 53. (7Aa/ewr.— La vapeur des vesicules, preserv^e par un liquide peu conducteur, perd lentement son calorique. Jusqu'a ce que cette vapeur ait entieremcnt disparu, elle est constam- ment ramenee a la temperature de I'ebuUition, par les conden- sations partielles qu'elle eprouve. Ainsi le degagement dc calo- rique doit se prolonger bien plus long-tems que la phospho- rescence. Chap. I«f. — Partage de la maliere universelle en masses vaporeuses. 54. A I'origine , un equilibre general de temperature et de densite , exislait dans la matiere , exccssivemcnt rare , unifonqe- ment repanduc daqs I'cspace iniini. Cet equilibre etait instable : — 476 — le moindrc derangement qu'il put eprouver, etait la cause d*un derangement plus grand , qui tendait a s'augmenter sans cesse : si , par une cause quelconque , la densite s'est trouvee ecartee de runiformite parfaite, les parties les plus denses ont form6 des centres d'attraction , autour dcsquels la matiere tendait a se resserrer de plus en plus , en se dilatantdans les parties deja plus rares. L'equilibre, quoiqu'instablc , etaijjfecomplet etuniversel, il a dtl s'ecoulerun temps infini , avant que des differences apprecia- bles de densite pussent s'etablir entre les diverses parties de la matiere. A quelque epoque determinee que nous arretions notre pensee , ce temps infini etait deja accompli. 55. Neanmoins , si nous voulons eviter ces considerations d'in- fini, nous prcndrons runivcrsal'instant ouces legeres differen- ces commencaicnt a se manifester. Nous pouvons choisirce point de depart , puisque , dans notre marche retrograde , nous y etions arrives , avant de parvenir a une repartition rigoureuse- ment egale de la matiere, Parmi lesfaibles centres d'attraction, resultaos des differences de densite , quelques-uns I'emportaient necessairement sur les centres environnans , et , par cela meme , ils ont du acquerir ensuite une predominance de plus en plus marquee. Leur action prolongee a fini par rompre la continuite de la matiere vaporeuse, et la partager en masses d'une immense etendue. 56. Les actions reciproqucsdetoutes les parties d'une masse ne peuvent produire aucundeplacement dans son centre de gravite. Les centres de gravite de toutes les masses eprouvaient d'ailleurs, en tons sens , des attractions sensiblement egales , quand elles appartenaient a la nxasse universelle sensiblement homogene. Ne pouvant done varier, ni par suite des attractions exterieures, ni par I'effet de leur propre action; ils ont du rester fixes, apres, comme avant la separation. 57. Les intcrvalles , qui s'etablireftt entre les masses , furent long-temps inappreciables par rapport a Timmensitc de ces masses. Ils ne purent empecboj- qu'il se trouvat , dans chacune d'ellcs, un grand nombre de points egalement attires en tons sens. En effot, la fiiblc condensation operee n'avait augmente que bien peu I'attraction centrale. Cct cxcedant a done pu souvent Irouver des compensations dans Tirregularitc generate. Certains points tendant ainsia rester immobiles, tandis que les ^477 — molecules intermediaires , entre eux et le centre , tendaient a sc rapprocher de ce centre , la matiere se dilatait necessairement dans cette intervalle ; ce qui devait finir par amener de nouvelles ruptures. Ici , les centres de condensation ne sont pas rigourcusement les points immobiles ; mais les parties voisines dont I'excedant de densite neutralise pour ces points I'attraction eentrale. Ces cen- tres secondaires doivent eux-memes se rapprocher lentement du centre degravite. 58. La matiere a pu se subdiviser bien des fois de la meme maniere. Cependant cette subdivision devait avoir un terme : les intervalles qui s'etablissaient , entre les masses voisines , apres les ruptures successives , devenaient , toutes choses egales d'ail- leurs , d'autant moins negligeables , par rapport a letendue de ces masses , que cette etendue etait moindre ; I'attraction eentrale de chaque masse devait done , en general , acquerir sur les attrac- tions exterieures, une predominance d'autant plus prononcee que les subdivisions s'etaient plus multipliees. II devait se trouver un terme, oil les inegalites de condensation ne pouvaierit plus com- penser , pour aucun point , cette predominance ; et aucun point, dans la masse , ne pouvait plus alors , rester immobile par rap- port au centre de gravite. Quand enfin tons les centres acciden- tels de condensation se sont trouves attires , par le centre de gravite, avec plus de force qu'ils n'attiraient eux-memes les molecules qui les entouraient , ils n'ont plus determine de rup- ture ; leur influence s'est bornee a accroitre les inegalites de con- densation. Dejalesirregularites, preexistantes a la separation des masses, s'etaient conservees,a leur interieur,comme a leur surface. Toutes ces masses ayant ete contigues , devaient d'ailleurs presenter generalement des formes anguleuses. Peut-etre encore quelques phenomenes electriques ou chimiques , sont-ils venus se joindre a ces causes d'irregularites. Nous voyons done, la matiere vapo- reuse universelle, se distribuer sous ces formes si bizarres et si , indefinissables, qu'on observe encore aujourd'hui dans certaines nebuleuses. 59. L'incandescence se manifestait deja dans toutes ces masses. La condensation , sans doute , etait trop faible pour produire cet eflet , tantque la matiere etait a I'etat de gaz , c'est-a-dirc, eloi- gnee du point de la liquefaction. Mais la plupart des substances repanduGisdans I'univers sonttres-peu volatiles jj et ccUesqui le — 478 — sonlle md{ns,joiii5S6nt encore, vi-aiscmblablcnicnt, deceUepfiJ- prie'te a dcs dcgrcs tres-differens. Lcs condensations siiCcessives n'ont done pu tarder h en amener quelques-unes a I'etat de vapeurs , c'est-a-dlre, au point ou le plus legeraccroissement de pression y determinait la formation de globules liquides. 11 est vMiscrtiblable que , les substances les moins volaliles, doivent gcncralement dcgager le plus de calorique, en se lique- fiant ; puisqu'elles sont les moins denses k I'etat de vapeur. Deja la vapeur d'eau , en se liqueflant , acquiert , pout tin instant , I'incandesccnce. Les premiers brouillards formes dans la ntatiere univei'selle , ont du developper une incandescence bien plus vive. lis ont dii d'ailleurs Conserver VinCandescence , puisqu'ils etaicnt composes de substances susceptibles de reSter liquides a des teniperatures enormes. Cependant , cbaque globule liquide aciqu^rail encore , a TinS- tant de sa formation , une temperature superieure a celle de son Ebullition. II dcvait eprouver utie vaporisation pattielle , qui s'operait necessairement vers son centre. Enfin la forme \esicu- laire qu'il acqu6rait ainsi , lui pertticttait de rester en suspension dans la masse , jusqu'a ce que le refroidissement gradUel ait Condense une certaitie partie de la vapeur centrale. 60. Chaque masse pent acquerir ainsi, au moins daftsqtielques- unes de ses parties , une temperature assez elevee sails eprouver, ensomme, aucuneperte appreciable de calorique. Cat, entouree par d'iutres masses, dohl les interstices sOnt tJouverts par des masses plus eloignees, elle recoit a-peu-pr6s autant de chaleur qu'elle en emet. 11 n'y a de perdu , pour les differentes masses , (}ue les rayons en circulation de Tune a I'autre ; et , vu la grande Vitesse de Ces rayons , its ne forment une quantite de calorique apptt'ciable , que quatid les espaces vides sont devenus tres-consi- d^rables. Les pertes n*ont done lieu d'abOrd, selisibicirient , qUe dans les parties les plus ^chauffees , et au ptofit des patties dont la tempe- ' tatute est moins eleVeeqilfe la lent. ' 61 . Daris cbaque masse,ratttaction centrale tesset rait lentement le volume ; elle augmentaitd'intensitepatchaque tapptochement qu'elle opetait , et tcndait k effacet gtaduellement les ttaces de I'irreigularitc anterieure. Tant que cette irregularite subsistait , tant que la masse ne s'approcbait pas de la disposition convenablc a son equilibre , la fotce expansive de la vapeut tetatdait les pto- gtfcs de la condensation , dans les patties les plus denses et les — 479 — plus echanffees , sans opposer d'obstacle sensible a la contraction generate de la masse autour de son centre. Gelte concentration n'^tait guere retardee que par les attrac- tions exteHetires , qui , peu inferieures d'abord a rattraction centrale , s'affaiblissaient sans cesse , en nreme tems que cetle derniere augmentait d'intensite* Les progres de la concentration , excessivement lents d'abord, doivent done ensuite s'accelerer de plus en plus, jusqu'^ ce que Vequilibfe s'etablisse dans la masse entiere. Alors seulement la condensation commence a pfendre une marche reguliere : elle ne pent plus resulter qu6 des pertes de calorique , qui araenent une diminution dans la tension des vapeuts. Ges pertes, qui deviennent plus considerables , pat Tacctoissement des espaces vides , n'emp^chent pas , cOmme nous Tavons vu, les masses de s'^chauffer sans cesse , en se condensant. Laissons maintenant ces phenomenes continuer leurs progres > et suivons une autre serie de fails. CKap. II. — Premiers mouvemens, 62. Chaque masse, provenant de la premiere division de la ma. tiere , a conserve , comme on I'a vu ^ apres sa separation , la fixite primitive de son centre de gravite. Les subdivisions succes- sives qu'elle a eprouvees ensuite , n'ont pu changer davantage le centre de gravite du grand systeme qui en est resulte. Les masses du second ordre , formees par la division de la pre- cedente , sc trouvaient deja legerement rapprochees entre elles, et eloignees des masses exterieures, par suite de la concentration qui avait eu lieu dans la premiere masse. 11 en resultait une legere inegalite entre les attractions dirigees dans les differens sens. Ainsi, les centres de gravite, des systemes du second ordre, ont du s'eloigner un peu plus de la fixite rigoureuse , que les cen- tres de gravite des systemes du pf emi6r ordre* Les subdivisions successives de la matiere> r^loignaient de plus en pltts> de I'egale distribution dans I'espace.A mesure qu'on des- cend a des masses , ou a des systemes , d'un ordre inferieur , on doit done trouver moins de fixite. 63. Cependant m^me en arrivant au dernier ofdre, C'est-a-dii*e, aux masses qui ne se sont pas subdivisees, on ne doit encore trou- ver que des mouvemens bien lents a leur origine : loutes les attractions ^talent faibles , 5 cause du grand eloignement des W.480 — fcnlres de gravite de ccs masses immenses. D'aillcurs , Ids norrt-f breuscs fissures , qui divisaient la masse univcrscllc , s'elargis ' saienttres Icntement ; et , al'instant oil les dernieres sc soiit for- mecs , la somme des espaces occupes par la matierc , dcvait vrai-t semblablcment I'emporter encore sur la somme des espaces; vidcs^ Lcs diilerences de largeur de ces fissures ne pouvaient done ap^ porter enCore de bien grandcs inegalites entre lcs attractions diverses eprouvces par chaque masse. -^ j , , ^j^^^^ La lenteur des premiers mouvemens devait surpasser enCof^ cclle de la condensation. Car pour que la derniere division s'ope- rat , il fallait qu'a I'instant ou elle eut lieu , la vitesse qui rappro^ chait les masses , fut inferieure a celle qui portait la surface de chacune d'elles vers son centre. C'est ce qui a pu permettre a ce^ masses si voisines, de se mouvoir long-temps Tune vers faulrc, sans se toucher* 64. Chaque masse , en se mouvant suivant la resultante de lou- tes ses attractions , s'approchait plus de I'une des masses environ - nantes , que de toutes les autres ; I'attraction de cette derniere , devait done acquerir de plus en plus d'influence sur la premiere , et finir par exercer sur elle une action tout-a-fait predominantc. Le mouvement de la masse consideree, ne la portait pas en gene^ i-al , directement sur la masse predominantc , mais Ten approchail obliquement par un mouvement accelere. Nous ne nous occupe-^ rons pas , au moins quant a present , du cas ou les deux masses .ont pu se reunir. Le mouvement s'etablissait et s'accelerait, eii m^me tems, dang les autres masses. Leurs positions respectives variant sans cesse, ellcs n'exercaient plus , sur la masse consideree , que des actions variables elles-memes , entre lesquelles les chances de compen- sation se multipliaient a mesure que les deplacemens devenaient -plus rapides. Ne voulant considerer que des efFets generaux , pour lesquels nous admettons la possibilite de quelques exceptions , nous pou- vons negliger toutes ces causes perturbatrices. Nous ferons egalement abstraction du mouvement de la masse predominantc, qui , de son cote , s'avance generalement vers la masse consi- deree par suite de la reciprocite d'action. Reste done, a la masse consideree, une vitesse acquise , gene- ralement peu considerable , dirigee tres-pres de la masse pre- dominantc , et modifiee par I'attraction sans cesse croissante de cctte masse. La masse consideree, que nous appellcrons desor- 1 Wlais masse solaire , doit done se mouvoir darts line orbite ellif)- Itiquc Ires allong^c > dont la masse predominante occupe un des foyers. 65. Tandis que la masse solaii*e s'avancc vers son pMastr^, «lle s'approche de la forme rieguiierc convenable a son equi- libre , celle d'un sph^roide allonge vers la masse attirante , ct plus cffile de son cote que du cote oppose. 66. Si , dans son mouvemenit de translation , la masse solaire iTut restee parallele a elle-meme; ce mouvement eutporte, ert avant du rayon vectcur > rhemisphcre eclaire, et laisse en arriere i'autre hemisphere. Mais, a mesure que son grand diametre s'ecarte du rayon vecteur , I'attraction exterieure tend a I'y ra- mener; elle imprime ainsi ,a la masse solaire j autour de son centre, lin mouvement de rotation , en sens inverse acelui dans lequel s'est opere I'ecartement, et, par consequent, dans le m^me sens (Jue s(>h mouvement de translation. Pour fixer les ideeSj supposOns un observateuf place, au centra de la masse predonlinante , perpendiculairement au plan de i'orbite solaire > et de telle sorte que le mouvement de la masse solaire ait lieu , pour lui , de droite a gauche. Cela est toujours possible , car si , dans une position > I'observateur voyait le mou* vement s'operer de sa gauche a sa droite , etant renverse il le Verrait de sa droite k sa gauche* Parallelement au premier obsefvateur , et dans le m^Jne sens j placons en un second au centre de la masse solaire. L'hemisphere eclaire , porte en avant du rayon vecteur, s'entrouvera ecartd vers la droite de Ce dernier observateur ■, et tendra a o , corre^- poiulant an maximum dc force accelcralricc angulaire. Alors , la vjlesse angulaire do rotation , tendra loujours a sc rapprocher de lavitessc angulaire dc translation : en ellet, quand cette derniere Teniporte sur la premiere , le grand diametre s'ecarte du rayon vectcur , en vertu de leur difference ; ce qui augmente la force acceleratrice angulaire, ct par suite les accelerations de la vitesse angulaire de rotation. Si , au contraire , celle-ci devieut supe- rieure a I'autre , I'ecartement diminue , et , avec lui , la force acceleratrice angulaire ; ce qui tend , encore dans ce cas , a rap- procher les deux vitesses. Mais, malgre cette tendance generale, I'egalite ne pourra s'eta- blir entre ces vitesses qu'a de longs intervalles, et ne subsistera qu'un instant infmiment petit. En effet , elle ne se maintiendrait qu'autant que les accelerations des deux vitesses suivraient la meme progression. Ainsi, pour que cet egalite se conservat, pen- dant toutle periode ou I'acceleration de la vitesse angulaire de translation est croissante, il faudrait que I'acceleration de la vites- se angulaire de rotation, le fut egalement. Or , cette derniere ac- celeration depend de I'intensite de la force accelerat;rice angulaire, intensite qui ne peut croitre constamment sans que I'ecartement s'accroisse de meme. D'un autre cote, une augmentation continue de I'ecartement , suppose une vitesse angulaire de rotation cons- tamment inferieure a la vitesse angulaire de translation. L' egalite des deux vitesses, dans ce periode impliquerait done contradiction. Cette contradiction existerait , a fortiori , si Ton supposait , la superiorite constante , a la vitesse angulaire de rotation. Ainsi , dans ce periode , on est force d'admettre pour cette vi- tesse , une inferiorite generale , qui , sans exclure peut-etre rigoureusement quelques alternatives de superiorite , les rend d'autant moins vraisemblables que I'acceleration du mouvement est soumise a une loi continue. Dans tons les cas , elles ne pour- raient avoir lieu a I'epoque ou la masse solaire arrive a 42^ de son periastre ; car cette acceleration est alors a son maximum. L'or- bite solaire , d'ailleurs , devenant en ce point , deja, peu oblique sur son rayon vecteur , la force acceleratrice angulaire ne doit plus voir que de Tiibles accroissemens , au rapprochement des duex masses; cause d'accroi«sement dont nous avions fait abstrac- tion dans le raisonncmcnt qUi precede. La masse solaire arrivait done a 42o de son periastre , avec une vitesse angulaire dc rotation inferieure a sa vitesse angulaire de translation. Son ecarlemcnt ctait alors considerable; car, il faltait que ia premiere de ces vitesses rt'cut dc fortes accelerations, poui* se rapprocher de la seconde. Cet ecartcment a du s'accroitre en- core , jusqu'a ce qu'il ait amene I'egalite des deux vitesses. Mais , dans cet intervalle , la masse solairc s'avancait toujours vers son periastre , par un niouvemc^nt dc plus en plus rapidci Si done I'egalite s'cst etablie, cntre les deux vitesses^ avant que la masse ait atteintce point de son orbite, dumoins devait-il ensuit^ Ini rester pcu d'espacc a parCourir pour y arriver; elle parcourait d'aiilcurs cet espacc avec son maximum de vitesse ; le temps, em- ploye a cc raouvement , doit done avoir ete tout-a-fail insuffisant pourdetruirerecarlemcnt acquis depuis roriginedumouvement. Ainsi , nous admettrons qu'au moins dans la plupart des syst^- mes que nous pourrions considerer , la masse solaire a dt arriver ^ son periastre avec iiii ecartement notable encore > etvraisem= blablement considerable. 69. Si nous restituons a la masse sa fluidite, les m^mes raisonnc- mens lui seront encore applicablcs , avec quelques modificationSi Eneffet,cette fluidite modifie, sans la dcti-uire, Taction de la forc6 acceleratrice angulaire ; elle y joint , comme nous I'avons dit, uri(i tendance a la deformation , tout-a^ait negligeable pour les pellts ecartemens , mais qui augmente ensuite jusqu'a recarteiilent de 900. La force de deformation , par le changement qu'elle produit daris la disposition respective des molecules, et ihdepeiidamment de tout mouvement general autour du centre, tend constamment, de son cote , a rapprocher le grand diamelre du rayon vecteur. Mais , son action n'est pas instantanee , elle ne bouleverse pas- inimediatement des masses immenses. Scs effets , peu sensible* pour chaque instant , s'accumulent et deviennent consid^abks a la longue. Ainsi , quand le grand diametre setrouveecartedu Myon vec- teur , il n'en est rapproche que graducllement par ceCfe force de deformation. II eprouve, en meriic temps, une diminution dans sa longueur ; puisque la force ri'agit plus, tout enCiere , suivantla' direction de cette longueur. Ce raccourcissem^nt de la masse di- minue les momens que les molecules tendenf a acquerir ulterieu- rement; mais , en meme temps, ilaugriicnte considerablement,, pour elles , la vitesse angulaire qui resultc des momens acquis ; car , pour un moment donne , ces vitesses sont en raison inverse des Carres des distances k I'axe de rotation. — 484 — "Un accroissetnent si rapide paraits'oppOserSiCeqtierecarte- ment dcpasse 45^, et pourrait d'ailleurs encore ramenerle grand diametre , vers le rayon vecteur , qnaud mfime recartement irait bien au-dela decc lerme. Ainsi , notre hypothese , devenue plus vraisemblable par suite de la flutdite, n'est meme plus necessaire pour que le mouvement acquis ne s'aneantisse pas , avant Tar- rivee de la masse au periastre. Dans la masse fluide , comme dans la masse solide , les acce- lerations de la Vitesse angulaire de rotation ne s'accroissent que par I'augmentation d'ecartement. Nous pouvons done conclure de meme , que cette vitesse se trouve inferieure a la vitesse an- gulaire de translation , quand la masse arrive a 42o de son pe- riastre ; et que, par consequent, I'ecartements'accroit encore, au- dela de ce tcrme. Mais , par suite du raccourcissement de la masse , elle a acquis un moindrc moment de rotation que si elle cut ete solide. Les allongemens successifsqu'elieeprouve, quand I'ecartement 'diminue , lui faisant perdre d'ailleurs les vitesses angulaires acquises par des raccourcissemens egaux, I'etatde ijuidite parait devoir , au total , plutot retarder qu'avancer I'epo- que ou I'ecartement deviendra nul. Nous admettrons done encore qu'il ne sera pas entierement detruit a I'arrivee de la noasse de son periastre. Chap. III. — Formation des masses secondaires ettertiaires^ 70. Masses secondaires. — La rotation developpe, dans la masse solaire ,une nouvelle force, la force centrifuge, qui diminue le raccourcissement , pendant le periode ou I'ecartement s'accroH , et augmente I'allongcment pendant le periode oil il decroit. Get allongement diminue I'intensite de I'attraction centrale de la masse, pendant ce dernier periode , et donne , en m^me temps, a la vitesse acquise par les molecules , une composante opposee a cette attraction. Ces causes peuvent done finir par detacher de la masse, Textre- mite qui tend avec le plus de force a s'eloigner du centre , c'est- a-dire , I'extremite de I'hemisphere eclaire. 71 . La meme cause tend a reproduire le meme effet ; et , tani que rallongement s'accroit , de nouvelles parties peuvent se detacher successivement de la masse solaire. 72; Quand une partie renversee se detaehe de la masse , I'extre- niite oppossee peut se trouver, elle-meme , peu eloignee de s'ea sH'parer. Mais , chaque perte de substance deplace le centre de — 485 — gravite die la masse , le rapproche de rextremile conscrv«^c , et diminue la tendance de celte extremile a se detacher. En cffol , par suite de leur rapprochement , qes deux points , s'ils ctaient sans action Tunsur I'autre, tendraient a docrire, autour de la masse predominante , des orbites moins diffjrentcs ; etant lies cntre eux , ils eprouvent done moins de tendance a se desunir. Dans les positions successives du centre de gravite, il existe toujours , entre ce point et I'extremite eclairec , plus de diffe- rences d'attraction et de vitesse absolue , qu'entre le mcme point et I'extremite de I'hemisphere obscur. ^'hemisphere eclaire tepd co.nstamment a s'alionger d'avantage , et c'est elle qui produit toutes les masses secondaires. 73. L'attraction des masses deja detachees, augmente encore I'allongement de la masse s<^laire , surtout dans I'hemisphere qui leur a donne naissance. Malgre leur pctitesse , elles pcuvent avoir, par leur rapprochement , une influence marquee sur ce phenompne. Ne voyons nous pas , en effet , l'attraction lunaire exercer , sur nos marees , plus d'influ^oce que le soleil lui-meme. La diffe- rence des marees n'est pas , il est vrai , sensible entre les deux hemispheres de notre terre ; m^is la lune en est elyigiiee de 60 j^ayons terrestres ; chacune des masses considerees, nc s'eloignait sans doute que d'un tfes-petit nombre de rayons solaires , pen- dant que la masse suivante se disposait a se separer. Nos marees sont d'ailleurs encore attenuees par deux causes ; d'abord la solidite du noyau terrestre ; en second lieu , son mouvcment de irotation, qui empeche leseffets de s'accumuler suiv.^nt un meme diametre de lia masse ^ 74. Chaque masse partielle , avant de se detacher , participait au mouvement geqe ralide femasse solaire autour de son centre ; ce qui lui constituait un mouvement acquis, tant autour de cette derniere masse , qu'autour de son propre centre. Elle avait egalement acquis, la vitesse angulaire generale, autour de la masse predominante. Apres sa separation , la force acceleratrice angulaire agit sur elle , comme sur les molecules de la masse cnliere , ct tend a la rapprocher du rayon vecteur, k mesure que les accelerations , de la vitesse generale du systeme , tendent a Ten ecarter. II existe aussi , pour cette masse partielle , une force analogue a la force de deformation , et que nous avons appciee la force d'eloignpment. De sorte que nous dcvons retrouvcr dans son 4^186 — rayon vcclcur parlirulier , lanl pour son ecartcnient que pour sa Jongueur , dcs variations analogues a cclles que subit le grand djametre de la masse solairelluide. 75. Si I'aire decrite par la masse particlle Cut r<'Slee constantc, reloignemcnt, qu'elle a eprouve en se detachant, etit diminue sa Vitesse angulaire. L'airc recevant toujours de nouveaux accrois- semens , Veloignement attenue au moins , les accelerations de cette Vitesse , et conserve d'abord , au rayon vecteur particulier de la planete, un ecartement superieur a celui du grand diametre (le la masse solaire. Cette difference d'ecartement s'accroit , jusqu'a ce qu'elle ait etabli I'egalite des deux vitesses angulaires; elle commence 9 diminuer ensuitc. Nous trouvons done, dans cette difference raeme, une cause qui tend a I'affaiblir ; ce qui nous pcrmet d'admettre qu'elle rcstera peu considerable, jusqu'a ce que les planetes aicnt de- passe le rayon vecteur. Nous considcrons done, jusques-la, les planetes , comme se maintenant scnsiblcment sur le prolonge- ment du grand diamMre de la masse solaire, et, par suite, comme se tr<^uvant approximativement en conjonction. 76. Masses tertiaires. — Les masses planetaires s'allongent elles-memes, de plus en plus, sous la triple influence, de la masse predominaiite , de lii masse solaire , et des planetes voisincs. Les inemes forces, maintenant toujours, les grands diametres des pla- netes, a-peu-presdiriges sur la ligne qui comprenait tous leurs centres, leurs vitesses angulaires de rotation suivent, a-peu-pres aussi, I'aceeleration generale de leurs vitesses autour du soleil. La force centrifuge, et les differences des attractions eprouvees par les ditfereas points de chaque masse , peuvent done repro- ^uire , dans les planetes formees les premieres , le phenomene qui s'est opere dans la masse principale. Des masses tertiaires s'en ^etachent ; elles restent rangees , ou a-peu-pres , sur la meme ligfle que les masses secondaires ; et la force acceleratrice angulaire , qui les y amene , maintient encore leurs grands dia- metres dans cette meme direction. ■ Ainsi , pour toutes ces masses , secondaires ou tertiaires , les vitesses angulaires de rotation , comme de translation , doivent eprouver , ^-peu'pres les memes accelerations, jusqu'a leur arrivee sur le rayon vecteur. 77. U serait difficile de reconnartre de quel cote , dc leur planete , se spnt formees les masses tertiaires ou satellites. Peut- 1 — 487 — etre a-t-il pu , suivant les circonstances , s'en dclaclicr dcs deux c6t€s;c'cstcette hypothese que nous admettrons, pourembrasser tt)us les cas. 78. Le nombre des satellites detaches , doit etre , toiites choses egales d'ailleurs , d'autant plus grand, pour unc pluiete, qu'elle s'est formee plus tot. Cependant une autre cause peut apporter , a cette loj, quelques exceptions ^ Les masses secon- daires les plus fortes ontdu s'allonger davantage ; les differences d'attraction , et la force centriftjge provenant d'une menie Vitesse angulaire , ont du , par suite, y acquerir plus d'intensile. Entre deux plaiietes consecutives, celk qui s'est detachee la dernieire a done pu, qu toutes ces masses ont acquis des vitesses angulaires de rotation ^ peu differentes de leurs vitesses angulaires de translation ^ et dirigees dans le merae sens , c'est-a-dire , toujours de droite a gauche. Les molecules , de chaque masse , eprouvant a-peu-pr^s le^ memes influences que les parties detachees de ces masses ; les mouvemens de rotation , nous presenteront generalement aussi des elfets analogues a ceux que nous avons rencontres , dans les mouvemens de translation. Nous nous contenterons de les indi- quer succinctement. 97. Masse solaire. — Des que le grand diametre solaire a de-* passe le rayon vecteur, Taction de la masse predominante devient retardatrice , jusqu'a ce que I'ecartement arrive a 90^. Mais> encore ici , la plus grande intcnsite de la force accel^ratrice angu- laire a ete employee a I'acceleration , puisque I'ecartement n'est arrive a etre nul qu'au-dela du periastre. On doit done encore admettre que les momens acquis , depuis I'origine du mouve- ment , ne peuvent 6tre entierement detruits dans ce periode de retardement. La perte d'aire eprouvee , par I'ensemble des moU- cules , pendant ce peiriode, doit meme coincider avec une grande augmentation de vitesse angulaire , parce que , la masse eprouve un raccourcissement considerable , dependant des memes causes qui produisent le rapprochement des planetes. 98. Quant I'ecartement atteint 90° , Taction de la masse pre- dominante , tend a applatirtout-a-fait la njasse solaire , dans le sens de son grand diametre, deja successivement contracte ; et a allonger cette masse , dans le sens perpendiculaire. Mais , il est peu vraisemblable que les deplacemens puissent s'opercr asscz rapidement , dans cette masse immense , pour lui enlever , des- lors entierement, I'allongement qu'elle avait acquis. Ainsi, la masse solaire devra sans doute, ulterieurement eprouver encore quelques alternatives d'accroissemens et de pertes dans les aireS;, — 494 — d'allongemens el dc raccourcissemons. Mais ces alternatives dovront an moins s'aftaiblir, par rcloigncment de la masse pre^ dominaiitc. Lcs planetcsj dc Icur cote, cessent d'etre sensiblement en con- jonclion ; clles opposent un moindre obstacle au raccourcissement dc la masse solaire, a niesure qu'elles s'efcartent da prolonge- metit dc son grand diametre. Enlin , rallongemcnt disparait n^cessairement de la masse solaire, quand toutes lcs actions exterieures sontdevenues insen- sibles. Cette masse , sous Vinfliience de son attraction centrale ct de sa rotation , prend alors la forme d'un spheroide applati vers ses poles et renfie vers son equateur. 99. L'accroissement de vitesse angulaire , amene pir ce chan- gement dc forme, se fait principalement sentir dans la zone ^quatoriale , oil sc repartissent , en vertu de leur force centri- fuge , lcs molecules animees de la plus grande vitessc; Les frot- Icmens etant d'ailleurs tres-faibles , dans les Guides elastiques , cette zone peut conserver quelque terns , une vitesse angulaire bien supcrieure a cclle du noyau. Du resle, la somme des aires decrites par les molecules aulour du centre , est devenue invariable pour la masse ; et sa vitesse moyenne de rotation ne peut plus eprouver de changemens que par les condensations graduelles. 100. Planetes.— Les msisscs qui influent sur chaque planete , sont : ses propres satellites , les autres planetes, la masse solaire el la masse predominante. Chacune de ces masses ^ consideree separement , tendrait a produire , mais dans des periodes diffe- rens , des effets analogues a ceux qui viennent d'etre decrits pour la masse solaire. Sans suivre pas a pas ces eflets compli- qu6s , il est evident quMls doivent diminuer graduellement , et par I'eloignement de la masse predominante> et par la divergence qui s'etablit entre les autres actions. Enfm , ces actions , variables et divergentes , nc produiscnt plus, dans chaque masse, que de faibles marees. L'attraction centrale et la rotation conservant seules une influence sensible , la forme d'un spheroide allonge , se trouve remplacee ^ par celle d'un spheroide applati vers les poles et renfle vers son equateur. L'aire totale de la masse, autour de son centre, est devenu inva- riable. Sa vitesse angulaire moyenne doit s'accroitre encore par la condensation. L'accroissemcnt que vient de recevoir cette vitesse , par le raccourcissement , n'etant pas le meme pour tous; — 495 — les points, la zone equatoriale conscrvera, un certain tempsi encore , une vitesse angulaire superieure a ceVle du noyau. 401. Satclliles. — La diminution graduclle de toutes les attrac- tions , qui agissent sur chaque satellite , y produil des ellets analogues -, en plusieurs points , aux effets observes dans les planetes. Ccpendant , la grande predominance de Taction de sa planete sur toutes les autres actions , etablit ■, entre ces effets , une difference essentielle. Nous pouvons ciler un fait al'appui de cette predominance : Les marees lunaires I'emportent nota- blement sur les marees solaires ; le soleil , quant aux effets qui dependent des differences d'attractions , n'a done , sur les pla- netes , qu'une tres-mediocre influence. Si Taction lunaire est deja predominante sur la terre , de combien plus , Taction de la terre , nedoit-elle pas etre predominante, par rapport a la lune. Dureste, quant a Tintensitc, les actions mutuelles deces deux astres , ne sont plus comparables , aujourd'hui , a ce qu'elles etaient , quand leurs masses , encore vaporisees , occupaient des espaces bien plus etendus. Independamment de cet exemple , On sait que les differences d'attraction sont , en general , d'autant plus sensibles que les masses sont plus rapprochees. Ainsi, la tendance a Tallongement et la force acceleratrice angulaire, produites , dans chaque satellite, par Taction de sa propre planete , sont predominantes sur les forces correspon- dantes dues aux autres masses ; et , en meme temps , bien supe- rieures a celles qui resultent , pour chaque planete , de Taction du soleil. * Or , pour chaque satellite , Taction de sa planete subsiste , et s'accroit meme par le rapprochement ; la diminution de toutes les autres causes , ne tend done pas a operer , dans sa longueur , une contraction comparable a celle qui a lieu dans les planetes. D'un autre cote, la vitesse angulaire de translation du satel- lite , doit , pour se conformer a la loi des durees , cprouver une augmentation bien plus forte que celle des planetes. La vitesse angulaire de rotation , acquicrt done , sur la vitesse angulaire de translation, une bien moindre superiorite , dans le satellite que dans les planetes. Ainsi , quand le grand diamctre du satellite a depasse , dans le sens de sa rotation, son rayon vccteur particiiiier, il s'en ecarte peu rapidemcnt ; et la force acceleratrice angulaire , due ^ ractlon dc sa planete, peut d^truire ce faible excedant de vitcsse; 102. Quand Ics mouvemens de translation se sontetablis d'une nianiere invariable , Ics satellites conservent , eh se condensant , la forme desphcrotdes allonges. La condensation y est plus lente (|uc dans les autres masses j parce que leur attraction centrale est inoins puissante ; cette condensation tend a prodiiire aussi dcs accelerations moins rapides , dans leur vitesse angulaire de rotation , et la force acceleratrice angulaire peut continuer a les dctruirCi Enfin, quand la condensation est arrivee a son ternie , de faibles oscillations , dues aux perturbations subsistantes , vicn- nent encore troubler I'egalite des vitesses angulaires de rotation et de translation. Mais I'allongement , conserve dans la masse t incomparablemcntplus faible qu'a I'etat de vapeur , suffit encore pour ramener > apres un certain terns , ces deux vitesses a leplite. 185. Au total , la condition , pour I'etablissement de cette ega- lite , est que I'inegalite primitive n'ait pas ete assez considerable, pour ne pouvoir etre detruite par la force acceleratrice angulaire. Les satellites presentent , en general , comme on I'a vu j beau- coup plus de chances que les planetes , pour satisfaire a cette condition ;mais iln'est pas evident, qu'ils doivent toujoursneces- sairemcnt la remplir. II ne parait done pas impossible, que^ dans certains systemes , les satellites les plus eloignes de leuf planete , ayent acquis , deflnitivement , une vitesse angulaire de rotation superieure a leur vitesse angulaire de translation. Lesj planetes , les plus rapprochees de leur soleil , pourraient , quel- que fois aussi , pre^enidr I'egalite de ces deux vitesses. 104. Anneaux. —Ue\enons aux astres qui ont acquis, d'abordy une rotation assez rapide pour empecher cette egalite de s'etablir* Les molecules , en s'y rapprochant du Centre , tertdent ti con^ server leurs momens. La vitesse absolue de chaque molecule y tend done a varier , en raison inverse de sa distance a I'axe de rotation ; et la vitesse angulaire , en raison inverse du carre de cette meme distance. La condensation donne , au mouvement de chaque molecule^ une composante dirigeie vers le centre ; mais la resistance , que lui oppose la force expansive du Guide , rend cette composante — 497 — assez faible pour (Ju'oh puisse en Caire abstraction , ©t cohsiderdr ie mouvement comme circulaire. Or , dans le mouvement circulaire , pciiir tin moment dorine , la force centrifuge est en raison inverse du cub^ de la distance a I'axe de rotation. L'attraction , de son cote , ne croit qu'^n raison inverse du Carre de la distance au centre ; Ou de la dis- tance It I'axe de rotation ; car , en su|ipOsartt que la condensatidn s'opere reguliercment , cette dernifere distance resterd , pOur chaque molecule, prOportionnelle a la precedente. Daris la tone equatoriale , la force centrifuge est deja , de beaucOup, plus considerable que dans lereste de la masse. Par la condensation, cette force s'accroit plus rapidement que I'attrab- tion centrale ; elle pent donC , quelquefois , acquerir assez d'intensite poui- lui faire equilibre, malgre la perte d'aire eprouvee par la masse , dans les alternatives qu'elle a subies precedeninient. Cette Zone alors , se soutenant d'elle-meme , est necessairement abandonnee par les couches inferieures , quand dies eprouvent de nouvelles condensations. Elle forme liii anneau , qui continue sa rotation autour de la masse condensee. Les couches inferieures de I'annfeau , aninices d'une rrioindre Vitesse angulaire que les couches superieures , avaient ^ a plus forte raison , moins de force centrifuge. Cette diflFerence de force centrifuge , se conservant , apres la separation de I'anneau , tend a I'etendre dans le plan de son equateur , et a I'aplatir dans Ie sens perpendiculaire, II pourra se diviser plus tard , par I'ett'et de sa propre condensation. Chap. VI.— Progrre* ullerieurs de la condensation. — Liquefac- tion.— Solidification. 105. Noyau liquide. — Dans chaque masse vaporeuse , leS condensations successives suivent , pendant un certain terns, une progression croissante , par suite de I'augmentation de la pre^- sion. JEtles ne cessent d'accroitre I'incandescence i^i astrcs , et leur Vitesse angulaire de rotation. C'est au centre que la condensation s'opere Ie plus rapidement. Les brouillards lumineux , formes dans les autres parties dc \a masse , descendent lentement vers ce point , et finisscnt ,' en s'y accumulant , par y determiner la formation d'un noyau liquide. 106. Changemens dans les vilesses. — ^Les brouillards, venus des parties superieures , tendent a conserver leurs momcns de fotalion ; ou, n'en perdent, du moins , que ce quils a; trans- 52. . — 498 — meltcnt aux couches qu'ils travcrscnt. lis vienncnt done aug mentor sans cesse, la vitesse de rotation des couches inferieures et du noyau. En meme terns , les substances les plus legeres sont forcees, de refluer vers la surface, dont elles diminuent la Vitesse. Cet echange continuel de substances, doit done, au bout d'un certain terns , oter a la surface , sa superiorite primitive de Vitesse angulairc; et lui donner ensuite une vitesse angulaire de plus en plus inferieure a celle du noyau. Cette cause diminue beaucoup les chances de formation d'an- neaux ; el rend surtout , peu probable , la formation successive de plusieurs anneaux dans un meme globe. 107. Progres de V incandescence. Refroidissement. — Le noyau liquide s'accroit successivement aux depens de I'atmosphere. Tant que les pertes de cette atmosphere sont peu considerables , dies n'empechent pas la pression de s'accroitre a la surface du liquide ; car , chaque couche , en se rapprochant du centre , en eprouve une attraction plus forte. Mais il se trouve un point ou, cet accroissement de la pesanteur , quoique tres-rapide , nc pent plus compenser la diminution de la masse atmospherique. La chaleur croissante du noyau , tend d'ailleurs a ralentir les con- densations ulterieures. Enfin les condensations deviennent trop faibles pour compenser les pertes de calorique , et la masse liquide commence a se refroidir. 108. Les mouvemens qui s'operent , dans cette masse ,* trans- mettent le refroidissement de la surface au centre. Les couches refroidies , devenues plus denses , s'enfoncent dans le liquide , et sont remplacees par des parties plus echauftees» Ces echanges , entre les diiferentes couches , n'ont pas lieu instantanemcnt. II est d'ailleurs des dilTerences de densite , qui ne peuvent etre compcnsees par la difference de temperature ; et , sauf par des causes accidentelles, les substances les plus den- ses ne pourront monter jusqu'a la surface, ni les plus legeres descendre Jusqu'au centre. Ainsi , ces deplacemens ne suffiront pas pour conserver , a la surface , une temperature egale k celle du centre ; mais seule- ment pour rendre son refroidissement tres lent. Le contact de cette surface maintiendra I'atmosphere elle- meme , a une temperature moyenne et a une pression , a peu pres constantes. 109. La masse en rotation , conserve^ a I'etat liquide, comme — 400 — & Telat (ie vapcur , la forme d'un sphero'idc , aplali vers ses poles et rcnfl6 vers son equateur. Or , le rayonnenocnt est d'autant plus considerable > que lacourbure est plus prononcee. Le rcfroidis- sementetant , par suite , plus rapide a I'equateur qu'en tout au- tre point ; il doit s'y operer continuellement des condensations devapeurs. Les globules v^siculaires s'y rassemblent en nuages, qui , apres iaVOir ete tenus quclque terns en suspension , finissent par se resoudre en pluie de feu , quand leur condensation est plus avance^i Le vide laisse dans I'atniosph^re , pifir la formation et la chute desnunges , sfe comble, a mesure , par I'affaissement des couches superieures , et par le rapprochement des couches lateralos* Ce mouvement se transmct , de proche en proche , jusqu'au pole ; de sorte que la pression se trouve diminuee , sur toute I'etendue de la surface liquidc , dont la tettciperature moyenne ne varie serisiblement qu'& de longs intervalles. Cette pression n*cst done plus capable de contrebalancer la tension du liquide , dans les points les plus echaufles , c'est-a-dire vers les poleSi II s'y forme des vapeurs nouvelles , qui s'el^vent dans I'atmosphere , jusqu'a ce qu'elleait recu tme e^tpansionsuffisante, pour faire denouveau equilibre a la tension des liquides. L'atmosphfere,ainsielev6e dans les regions polaires> s'ecoulc vers I'equateur , par uncourant sup^rieur. Dans la zone equalo- riale , la chute des liquides precipite , vers la surface, une partie de I'atmosphere, et la refoule vers les poles* L'excedant de la densite atmospherique y dans la partie la moins echauffee ^ con- tribue encore a I'etablissement de ce courant inferieur. Ges effets sont tout-a'fait analogues a nos vents alises , mais de direction inverse. Dans les deux cas,le courant superieurTera- portCj sur le courant atmospherique inferieur , de toute la subs- tance qui retombe condensee dans la region la plus froide. Sur un noyau solide , I'echange de substances , entre les deux regions , doit etre complete par des courans liquides. Dans une masse toute liquide , la surcharge occasionnee sur I'equateur , par les substances qui y tombent condensees, fait simplement refluer les molecules vers les poles , par un deplacement general , peu sen- sible* 110. Les molecules qui s'elevent , dans une atmosphere en rotation , si elles conservaient leur vitesse absolue , perdraient deja une partie de leur vitesse angulaire. Mais, la vitesse absolue tend , elle m^me, a diminuer en vertu du principe de la conscr- — 800 — Yalion des aires. Ainsi , en general , I'evaporation tend k ralentir Jc niouvement des couches superieures de toute atmosphere. Les froUeraens seuls , toujours tr^s faibles dans les fluides elastiques, teudent a retablir, dans la masse, I'^galite de vitesse angulaire. 111. La temperature des astfes incandescens tend a y pro- duire un enorme developpement de I'atmosphere. Les couches superieures , oil la force expansive n'est plus contrebalancee que par une faible pression , y sont exCessivemcnt rares ; ce qui di- minue encore pour elles I'intensite du frottement. Ilfautdonc des temps immenses , pour que , dans de telles masses, la vitesse du noyau se transmette jusqu'aux couches superieutes de I'at- mosphere. D'un autre c6t6 , la perte de vitesse ^prouv^e pat les molecu- les , venues du noyau jusqu'a ces couches, est d'autant plus forte que la distance parcoufue fest plus grande par rapport au rayon du noyau liquide. Enfin , dans les astres incandescens , les pertes ^prouvees par I'atmosphere , dans la zone equatoriale , se reparent aux depens de la region polaire, oil les molecules sont animees d'une vitesse absolue beaucoup plus faible* De toutes ces causes reunies , on peut conclure que , dans uti astre incandescent, la vitesse angulaire, des couches superieures de I'atmosphere , doit etre incomparablement plus faible , qiie celle du noyau hquide. Et que , pat consequent , cette atmos- phere peut s'etendre bien au-dela des limites, qu'elle ne pourrait atteindre, sans etre dissipee par la force centrifuge , si cette diffe- rence de vitesse n'existait pas. C'est ainsi que chaque astre, dans son etat d' incandescence , peut conserver ses parties les plus vo- latiles , qui , plus tard , doivent seules former son atmosphere. 112. Solidification. — Apres d'immenses periodes, le refroi- dissement progressif des astres , les ameine a une temperature telle , qu'une partie des substances qui les composent , ne peut plus y subsister a I'etat liquide. C'esta la surface que tend a s'op6- rcr cette congelation , puisque son refroidissement devance tou- jours celui des couches inferieures. La plupart des corps ont vraisemblablement , comrae I'eau , !a propriete de se dilater pres du terme de la congelation ; ce qui tend a arreter les echanges de substances, entre la surface et les couches inferieures. Tant que ces echanges ne sont que ralentis , le refroidissement superficiel, quoique s'accelerant toujours, suit encore une marche gradueUe. Quandces echanges sont tout- l-fait arretes , ce refroidissemenl ^prouve , pendant qUelques installs , un accroissement ires rapide. Les couches inferieures cle I'atrnosphere y participent ; les vapeurs s'y condensent en abondance , et le noyaq s'enveloppe d'un epais brouillard. 113. Ce brouillard , aussitot forme , arretc le ra^onneraent de de la surface liquide , et les progres du refroidissement s'y trou- ventde nouveau ralentis. L'incandescence se conserve , dans lea couches inferieures du brouillard. Mais elle s'affaiblit de procho en proche , et disparait entierement dans la courhe superieure , oil , rien ne met obstacle au rayonnement , et ou , d'ailleurs , la chaleur du noyau pent a peine arriver., Le refroidissement de I'atraosphere forme sans cesse de nou- veau globules ;ils viennent remplacer ceux qui se deposent , pen a peu , sur le noyau. Le brouillard. epais, produit par le refroidis- sement brusque de la surface liquide , tend done a se perpetuer , quand ce refroidissenient s'est ralenti , en empechant la chaleur du noyau d'arriver jusqu'aux couches superieures de I'atmos- ph^re. L'astre pent rester longj-temps, ainsi , invisible a tons les yeux. 114. La surface liquide , n'epronve , sous ses brouillards , q^ie des variations de temperature tres lentes et sensiblement egales sur toute son etendue. Elle se maintient , par suite , dans uri repos presque absolu , et pent , avant de se solid,ifier, descendre, de plusieurs degres , au-dessous du point de la congelation des substances dont elle est formce. D'un autre c6t6 , la lenteur du refroidissement lui pernjet de se commumq^uer , par le simple contact , a, de grandes profondeurs. Quand done la solidification commence a s'operer en quelquo point, la secousse, qui en resulte , fait congeler en masse la sur- fcice , sur une epaisseur considerable. II en resulte un immense degagement de caloriqoe. La surface avait d'ailleurs conserve , jusques-la , une enorme temperature , pui:?que toutes les subs- lances s'y etaient maintenues a I'etat liquide. Tout nuage so dissipe alors dans I'atmosphere ^ et l'astre apparaitavec un vif eclat. Mais ce n'est qu'une lueurpassagere : la surface se refroidit par une eniission rapide ; ses pertes ne sent plus reparees par le renouvellement de sa substance, mais seulement par le calorique qui se transmet si lentement de molecule a molecule. Un resie d'incandescence est bientot cache par les brouillards qui so rcforment, et l'astre disparait pour toujours; a moins qu'Hn foyer voisin ne I'eclairc de quolques rayons. . i 'r* ^ -cr — 502 — -115. Lcs brouitlards , qui ciiviroimeiil Fastrc solidifi^, no sonl pas etcrnels. lis se deposent , peu a peu , sur le noyau. Cenx qui se reforraent continucllement cSepouillent successivement I'atmosphere de ses parties les moins volatiles. Plus tard , I'eau elle-meme cesse d'y etre uu gaz permanent, Quelqucs parties de cette substance , si volatile , cojnmencent a a se condenser et a tomber sur la surface solidifiec. Elles se vapo- risent aussitot qu'elles la touchent, et contribuent a hater son rcfroidissement. Enfin, sa temperature descend an-dessousdu dcgre d'ebulH- tion de I'eau ; terme tres-variable, d'un astre a I'autre, et meme, dans chaque astre , d'une epoque a la suivante , puisqu'il depend du developpement de I'atmosphere. Alors, les eadx cessent do se vaporiser en touchant la surface. Tandis que la croute solide ne cesse de se refroidir , le noyau liquide , garanti par elle , n'eprouve pas de diminution sensible dans sa temperature ; et conserve , par suite , un volume ^-peu- pres constant, Cette eroute , en se contractant, doit done neces-* sairement se rompre en tous sens. 116. Tant que la vaporisation etait instantan^e , Tatmosphero seule etait agitee ; le calme regnait sur toute la surface solide^ line ere de bouleversemens commence pour elle , aussitot que I'eau pent y sejourner. Ce liquide, s'introduisant dans les fissures, penetre jusqu'au noyau incandescent. Sa vaporisation subite produit d'effrayarites explosions : elle soulfeve ou deprime les parties solides , dont elle envoye m loin des eclats ; fait jaillir des fleuves de la matiere incandescente du noyau , et laisse ce noyau meme , a decouvert en bien des points. 117. La violence de ces revolutions commence a se calmer, quand les eaux ont refroidi la majeure partie des surfaces qui leur sont abordables. Long-^temps encore , ils se reproduisent de loin en loin ; car de nouvelles fissures se ferment , successi- vement , dans les parties recemment solidifiees , et permettent aux eaux de penetrer encore jusqu'au foyer central. Mais , les explosions , qui en resultent, deviennent moins tcrribles et plus rares , a mesure que la couche solide, plus epaisse , leur oppose un plus grand obstacle, Chp. VII. — Parcelles abandonnees auxconfins des syslemes, 118. Quand la vapeur univcrsellc s'est divisee en masses im^ menses, dcsliuees a former Icssystemcs, ces masses ont aban- donne , k leurs confinS , les parcelles ^galement attirees par deux d'entre elles. Ges parcelles, demeur6es pour aiiisi dire indecises, envelappant de tous cotes les grarides masses , devaient ctre Ui- norabrables. 119. Leurs masses etaient trfes-inegales , par suite de I'irre- gularite qui a preside a la division de la matiere. Toutes devaient etre tres-faibles ; car I'attraction des masses voisines n'etait sen- siblement egale que sur une trfis-petite epaisseur. 120. L'egalite des attractions eprouvees , par cette multitude de petites masses , eut-eUe ete d'abord rigoureuse, s'est trouvee necessairement rompue par les deplacemens des systemcs. EUcs se sont done attachees a I'un d'eux , traversant en tous sens le plan de son ecliptique , et rencontrant frequemment les astres qui s^y meuvent regulierement. *" 121. Leurs orbites, comme celles des systemes eux-m6mes» devaient ^re tres-exeentriques. Les mouvemens qu'elles out acquis , autour de leur centre, k leur premier passage au peri- helie , devaient etre diriges dans le meme sens que leur mouvc- ment de translation , et encore a-peu-pres dans le meme plan. Les exceptions a cette loi ne pourraient provenir que d© causes accidentelles^ Ces parcelles n'ont pu d'ailleurs se diviser , a leur premier periheUe,.parce qu'alors , a-peu-pr^s aumeme etat denebulosite que les masses solaires , elles offraient une inferiorite de volume proportionnee a c^Ue de leur masse, et par consequent enorme. 122. Les substances qui composent toutes ces petites masses ne doivent pas diffferer , par leur nature, mais seulement par leur proportion , des substances dont sont formes tous les grands systemes. En effet , ilexiste , dans les fluides elastiques une ten- dance generate a se melanger uniformement : quand toute la matiere se trouvait a cet etat , el s'y trauvdit depuis un temps infini , elle devait done presenter, partout , une composition uni- forme. Les premieres condensations ont derangecette uniformit6 de composition : les brouillards s'accumulaient Icntement , au- tour des centres d' attraction ; et laissaient ,. les substances les plus volatiles , dans les parties qui eprouvaient une dilation. Les parcelles abandonnees, dans les points oil se sont operees les rup- tures , devaient done contenir , en plus grande proportion que toutes les autres masses, les substances ksplus volatiles ; et notamment I'eau et les gaz. Neanmoins , la tension d'aucunc substance a'ctant absolument ^ ,^04 — - nulle ,loulcs doivcnt neccssairement exislei, dans chaque partie separec dc la matifeie universcllc. L'etat pcu avaiicede la conden- sation , ct I'extreme leiHeur du mouvcment des brouillards , ont contribue , d'ailleurs , adiminucr Tinegalite de distribution, des diverses substances , entre les differentes masses, 123. Les parcelles abandonnees aux confins des syst^mes^ n'ont pu eprouver qu'une tres lente condensation , puisque leur attraction centrale es^ excessivement faiblc. Cette cause tend a accroitre encore I'ctendue de leur atmosphere. Cette atmosphere ne pent , sans un enorme deyeloppjcment , contrcbalan(?er , par sa pression , la tension (^es vapeurs , et ce devcloppement mcrae ne peut y produire qu'une pression pen Qpnsiderable encore. Quand cette pression peut determiner dans la masse la forma- tion d'un noyau solidc ou liquide , I'eau doit se maintenir encore presites ne leur est pas plus opposee j puisque la division de la matiere universelle n'a pu resulter que d'une irregul^it^ preetablie. 127. Syslemes slellaires des differens ordres.—^t^ premiere division de k matiere a du produire des masses finies. II n'est done pas impossible que la masse qui a produit la voie lactee ^ soit resultee de la premiere divisioxi de la matiere , ou d'une de ses premieres sous-divisions.. Nous designerons les system^s de cet ordre , sous le nom de systenies polyaslres. Les systcmcs polyastres , les plus rappro- chcs de nous , apparalsscnt sous la forme de pctites nebuleuses , tout-a-fait differentes, par leur aspect, des nebuleuses qui re- sultent de la condensation de la matiere vaporeuse. Les autres systemes polyastres , en nombre infini , n'ont pas encore fait parvenir , jusqu'a nous , leurs premiers rayons luraiueux. 128. Nous avons vu que la fixite du centre de gravite d'uii, systeme , doit s'approcher d'autant plus d'etre rigojireuse , que ce systeme provient d'une division d'un ordre plus eleve. Cepen- dant les grands systenies , provenant dc la p^remiere division de la matiere universelle, ne sont pas eux-memes absolument fixes:, les attractions de deux masses spheriqucs, composees de couches concentriques homogenes , sont les memes que si la masse en- tiere de chacune d'elles etait reunie a son centre dc gravite; mais ce principe n'est plus rigoureusement vjai , entrc deux masses ou deux systemes irregulicrs , lant que leur distance est finic. Abstraction faitc de tout dcplacement dans les centres de gravite des grands systemes , les attractions reciproques de ces systemes ont varie , par les chaogcmeas survenus dans leur forme, et par les mouvemcns etablis dans leurs dernieres sous- divisions. L'attraction eprouvec par chaque systeme, ne pcut done ctre rcstee , mathematiquemcnt , la meme dans tous les sens. Quelle que soit la faiblessc dc ectte cause, son elTet doit tliiir par devcnir sensible ; et , dans un temps incalculable , des ^507 — mouvemens, semblables a ceux des dcrniferes divisions de la mati&re , s'etabliront entre ics systemes polyastres eux-memes , apres s'etre successivement propages aux systemes des ordres intermediaires, Au reste, qaand ces mouvemens auraient acquis, des a present, toute leur intensite, les deplacemens operes a d'aussi grandes distances , seraient encore jnnappreciables , depuis les premieres observations humaines. 129. L' observation fait reconnaitre des mouvemens, entre les parties de chaque systeme stellaire de I'ordre inferieur , c'est- ^-dire , entre les etoilcs partielles qui composent chaque etoile multiple. Deja meme , quelques-uns de ces syst6mes ont montre de legers mouvemens dans leur ensemble. Mais les systemes des ordres superieurs, n'en laissent jusqu'a present appercevoir aucun ; soit a cause de la fiiiblesse reelle de ces mouvemens , soit a cause de la distance a laquelle ils s'operent. 130. iloiles doubles. — Les elemens des etoiles doubles offrent generalement , dans leurs orbites , de grandes excentricites. Cependant nous supposions encore , aux orbites primitives , une excentricite plus grande; et elle devait etre telle, sans doutc, pour determiner la formation des systemes planetaires. * On pourrait , je crois , demontrer que I'excentricit^ a du nota- blement decroitre , pendant les premieres revolutions. Mais le temps et Tespace me manquent pour developper cette nouvelle idee ; je me contenterai d'indiquer quelques elemens de la de- monstration. 131. Quand une 6toile achevant sa premiere revolution, revient pour la premiere fois a son apastre , elle y retrouve , non les masses voisines , mais au moins les centres de gravites des sys- temes voisins, sensiblement aux memes lieux oil elle les a laisses. Pe son cote , sans revenir precisement a son point de depart , elle en approche assez , pour eprouver a-peu-pres les memes attractions qu'en ce point, et pour recevoir, par suite, une * Si I'on observait quelque etoile doiible dont Parbite fut sensi- blement circulaire , oa ne pourrait lui assiguer la meiue orij;iue : elle ne pourrait provenir que d'une nebuleuse unique , coniprenant accidentellement deux centres priucipaux de condensation a-peu- pres egaux , et qui se seraient separes au moment du passage au periastre, par la meme cause qui a sepaic ics plauctcs du leur suleiU sccorwlc vitcssc , clout la coinposaiitc pcrpendiculaire au rayon vecteur, soita-peu-pres egale ^ la premiere. Supposant exacte- mcnt doublee I'airc decrite par cctte etpile autour de son etoile conjugudc , ftiisant en outre abstraction du changement qu'a pu cprouver so^ apaslre , on trouve , par un calcul Ires-simple ^ que sa distance periastre serait deja quadruplee. L'excentricrte de I'orbite serait done notablement diminuee, des laseconde revo- lution , et pourrait diminuer encore pendant quelque autres. On verrait qu'cn outre le grand axe de I'orbite s'avancerait , dans le sens du mouvement , en s'approchant des nwsses qui ont donnc, a ce mouvement, une composante pcrpendiculaire a sou rayon vecteur. Enfin , Ton verrait aussi , que la distance apaslre diminuerait. 152. L'augmentation de la distance periastre a preserve Yes syst^mes planetaires , des violentes perturbations qu'ils eussent ©prouvees, sans cela , achaquc retour au periastre. En effct , la distance d'un systemc planetaire a son etoile conjuguee , etant supposee quadruplee , Tattraction serait reduite au seizicme, cfe les differences d'attractions , qui seules peuvent produire des perturbations dans le systeme , seraient diminuees dans un bien plus grand rapport. 133. Etoiles simples. — II est probable que le nombre des etoiies dedoublees s'accroitra avec le perfectionnement de nos instru- mens. Cependant, on observe aussi des etoiles que rien n'autorise a supposer doubles. Les masses produites par la derniere subdivision de la matiere, n'ont pu , sauf dans des cas tout-a-fiiit exceptionnels , rester im- mobiles ct independantes de toute autre masse. S'il existe des etoiles simples qui aicnt une telle origine , elles doivent etre privees de planetes et de mouvement de rotation. Mais la phi- part des etoiles simples , proviennent, comme les etoiles doubles, de deux masses primitives. On concoit , en effet , qu'avec leurs volumes immenses et la grande excentricite de leurs orbitcs, les mjisses vaporeusQS conjuguees ont du frequemment se heurter a leur periastre. Elles ont alors donne naissance a des systcmes d'organisations diverses , suivant ies circonstnnccs du choc. Quand les centres des deux masses se sont asscz npproches pour que la majeure partie de leur substance rcslat confondue, il en est resulte une etoile simple. Le centre de gravile du systeme , scnsiblcmcnt en rrpos avant. — 509 — le choc , doit y rester encore apres le choC ; de sorte que les ^toiles simples doivent jouir du nrtfime degrie dc fixitc que l6s Centres de gravite des etoiles doubles. 134. Jusqu'a ce que les deux masses fussent tres voisines de leur periastre , leurs orbites , excessivement allongecs , se con- fondaient presque avec leurs rayons vecteurs. Le grand diametre dechaque masse etait intermediaire entre ces deux lignes. Ces deux masses se sont done presentees Tune k 1' autre la pointe en avant , de maniere a se hcurter , eh glissant , Suivant leur plus grande longueur. Chaque masse, apres lecontaCt, tcndait asuivre sonorbite. Un violent mouvement de rotation, dirig6 dans le meme sens que les deux mouvemens de translation , s'est , en conse- quence , 6tabli , dans la partie dont la vitesse a ete attenuee pir le chbc , ou par la penetration des deux substances nebuleuses. En m6nie temps , deux parties ont dvi, g^neralement, se detacher en vertu de leur vitesse aCquise. La resistance opposee a leiir rupture , et I'accroissement de I'attraCtion centrale ont du dimi- Iiuer I'excentricite de leurs orbites , en la laissant cependant en- core tres considerable. Deux enormes cometcs sont done restees liees a ce systeme. Chaque revolution les ramene, depuis lors , au point d'oii elles se sont detachees , sans cependant les mettre en contact avec la masse principale,qui s'est successivement resserree. Une reaction violente anecessairement Suivi la riSuniondes deux masses primitives : le fluide Comprime par le choc , tendait , avec d'autant plus de force, a reprendre son expansion , qu'un enornie degagement de calorique etait result^ de la compression. Cette force elastique , combinee avec une rotation rapide , a du deta- cher des masses partielles , dont les orbites ont pris des inclinai- sons , et des excentricites diverses ; mais dont les mouvefflens ont dd , le plus souvent, conserver le meme sens que la rotation. Quand cette agitation s'est apaisee , de nouvelles parties ne se sont plus detachees que par suite de la condensation ; celles^ dont laforce centrifuge faisait equilibre a Tattraclion, ont ete suc- cessivement abandonnees. Incoherentes entre elles , tant que Li masse a conserve Tetat de nebulositiS irreguliere , elles oiit forme des plart^tes ,gi mouvemens circulaires , et dirige dans le meme sens que la rotation. Ces premieres planetes ont ete priveds de satellites^ quand elles se sont detachees tout-a-fait isolement. ' Plus tard , laniasSe , prenant la forme de spheroide applati , a commence a former des anneaux. Les premiers , encore hetcro- gfenes, ont dO serompre. Leurs parlies^ une fois separees^ n'ont pu sc rcunir , p.ir rattracllon reciproque. EntlTcl , les masses paf^ liellcs , (lont le mouvemcnt etait ralcnti par cette attraction , se rapprochaient du soleil ; celles qui recevaient une acceleration s'en eioignaient au contrairc ; toute rencontre , entre elles , de- Venait done impossible. Elles n'ont pu que tourner lesunes au- lour des autres. Toutes ces parties d'un meme anneau , doivent etre inegalcs > sans doute ; mais ne peuvent presenter I'enorme difference , observese dans notre systeme , entre les planetes et leurs satellites* Du restc , chose remarquable , ces debris d'un , m^rne anneau auraient endore tous leurs mouvemens de rotation ct de translation, diriges dans le raerae sens et dans le meme plan* La grande rapidite de la rotation a pu former ainsi de nombreux flnneaux. Si leur formation s'est continuee aprfesla regularisation de la masse nebuleuse principale, leur homogeneite les a preser- ves , alors, de la rupture. II y a , comme on le voit , bicn plus de chances pour rencontrer des annoaux, autour des etoiles simples^ qu'autour des etoiles partielles qui forment les etoiles multiples, 135. En resume, les systetnes planetaires de ces deux classes de soleils , preseiitent dans leurs constitutions plusieurs analo- gies , mais aussiplusieurs differences essentielles. Notre systeme parait , en tout , conforme a celui des etoiles doubles. Cependant, comment n'a-t-on pu reconnaitre encore , autour de quel astre se tneut notre soleil ? Je ne vols que deux manieres de le concevoir : . ou cet astre est deja eteint ; ou la duree de la revolution solaire est tres longue , et le soleil se trouve dans le voisinage de son apastre , depuis les premieres observations dont on ait conserve lamemoirc. 156. Nebuteus&s.—Qnand la ittatiere etait voisine encore de I'uniformite parfaitc, tous les changemens etaient excessivement Icnts ; ils sont devcnus cnsuite beaucoup plus rapides. De tres legercs differences entre les condensations premieres des diver- ges masses , ont done pu , plus tard , en amener d'enormes entre les etats contemporains dc ces masses* En effet , au milieu d'une infinite de globes lunniineux , ou deja f efroidis, nous appercevons encore quelques nebuleuses ; et leurs etats tres divers nous representent ceux qu'ont traverse sue- cessivement les astres plus avances dans leur formation. Dans les unes , la condensation ne s'est encore operee , sensi- blement, que sous I'influence des centres accidentels d'attraction, resultans de I'irregularite preexistante. Cette irregularile pent n'avoir pas encore cesse de s'accroitre. EUe se montre, dans leurs — 511 — contours , comme dans la distribution interienre de Icur subs- tance. D'autres nebuleuses , plus avancees , attestent Tinfluence de leur attraction centrale , tant par leur forme arrondie , que par leur densite, plus ou raoins regulierement croissante de la sur- face au centre. Quelques-unes presentent , deja , un noyau tres prononce. La plupart deces nebuleuses regulieres, ob^issant a une attrac- tion exterieure , sont plus ou moins allongees. Quelques-unes offrent la forme d'un long fuseau ; forme qu'elles doivent affecter dans le voisinage de leur periastre. La forme ovo'idaie n'y est pas assez prononcee pour avoir ete remarquee ; peut-etre suffirait-il , pour la reconnaitre, de fixer I'attention sur ce point. Au reste, il n'est pas necessaire que la difference des deux hemispheres soit bien marquee, pour determiner toutes les planetes a se former du meme cote. Peut-etre , dans des temps peu eloignes , pourra-t-on voir des parcelles se detacher des nebuleuses les plus allongees. Les nebuleuses , etant tres rares , doivent avoir, generalement, pour astres conjugues , desetoiles dejacondensees. La rotation , fortement accrue dans les autres astres par leur condensation , doit toujours etre tres lente dans les nebuleuses ; mais elle ne pourrait etre absolument nuUe , que si leur masse se portait di- rectement sur I'etoile conjuguee. 137. Les nebuleuses, diVersement condensees, ont deja acquis^ par le rapprochement des molecules , et surtout par la formation des brouillards , un certain degre d'incandescence. Cette incan- descence est d'autant plus vive que la condensation est plus avan- cee ; mais elle est , le plus souvent , tres eloignee de I'eclat des etoiles. 158. Eloiles qui disparaissent. — Acotede ces astres retarda ^ taires , nous en trouvons aussi qui ont devance la marche gene- rale. Deja , nous avons ete plusieurs fois temoins du rare phe- nomene de la solidification des soleils. Les etoiles long-temps observees , qui disparaissent apres avoir eprouve quelque temps un affaiblissement marque , sont celles ou la solidification se prepare , et qui apparaitront encore un instant aux generations futures. Les astres inconnus , qui paraissent tout-a-coup , pour s'evanouirapresavoirbrille d'un eclat passager, sont ceux oil la solidification s'opere, et qui disparaissent pour toujours. Chap. II, — Parties excentriques du sysleme solaire. — Comeles.— Aerolithes isoles. 139. Nous retrouvons , dans les cometes et dans certains aero- Hthes , ies {iarcelles abandohri^es , pat la masse vapareuse d6 notrc solcil , quand die s'est seJDaree des masses voisines. Cellos qui ont assez de volume pour que ieur riiarche puisse i6tre siiivie , lious montreht des orbites tres excentriques et d6 directions tres diverses. Comme Ies fortes rtiasSes qui Ont fornie Ies systemes planetaires , Ies cometes ont dii perdre , depuis leut premiere revolution , une partie de cette excentricite. Mais, Ieur aphelie se rapprochant du sOleil , elles ont fini par ne plus rece- Voir des systemes voisins , que des perturbations insensibles ; et leurs orbites sont devehues constantes. Les parcelles innombrables qui forment les aerolithes isoles, passent invisibles , quand elles ne viennent pas rencontrer notre lerre. Ayarit la meme origine que les cometes . elles doivent decrire des brbiles tout-a-fait analogues. De meme que ces astres, elles ont dii acquerir, a Ieur premier passage au periheliei des mouvemens de rotation diriges dans le m^me sens que leurs mouvemens de translation j g l^'. —Cometes. 140. Queues. — t.'atmbsphere des comMes , repahdiie sym6- triquement autour du noyau , est transparente et invisible , partodt oil elle ne contient que des vapours et des gaz. EUe ne pout devenir visible que dans les points ou quelques vapeurs se Sont liquefiees sous la forme de brouillards. Ces brOuillards , qui rellechissent quelques rayons luminous, sont toujours excbssivemcnt faiblos ; car , lis doivent se propor- tionner , a la rarete de I'atmospbere qui les supporte. lis se ma- nifestent principalement dans la partie la plusfroide , e'est-a-dire du cote oppose au soleil. 141. Les Guides elastiques ne sont pas sensiblement echauffes par le calorique rayonnant qui les traverse ; c'est seulement h la surface du noyau , que I'intluence solaire pout se faire sentir immediatement. Ce noyau solide, liquide, ou simplement forme , lui-meme d'un brouillard , s'echauffe , plus ou moins du cote tourne vers le soLil ; il se refroidit sur la face opposee. Les va- pours , en contact avec cette face , secondensent ; et le vide, qui en rcsulto , se remplit par Taffaissemont des couches superieures et le rapprochement des parties laterales. 142. Chaque couche descendue eprOuve une prossion plus forte que dans la region qu'olle vient de quitter; elle doit done, aussi , eprouver une condensation de ^apeurs. Levidc,deja irwfiio^^'en attgnw^nte, el le bronillard se propage aittsijusqu'^ hi partiesuperiouredc ratmosphcre. . , - uti . Les vesicules dc brouillards , dont Tenveloppe est liquide, doivent acquerir, presque immediatementj une densite nioycnpe ^uperienre a celle, d'uiie atmosphere , eii grande partie roinpo- seedevapeurs.t:es globules creux teiident a descend re desle preniier instant; leur vitesse descendante s'accroit ensuite p^ r.epaississ(Mnent de leiir enveloppe, ilscommuniquent, Ic mouvcr fximl descendarit, a toute lacolonneatmospherique qu'ils travqrr sent. Ce mojiveni< lU, qui tendait deja a s'etablir pouroombler les vides ird'erieurs , peut done acquerir une assez grande intensite. La queue sc contracte vers sa base , parce que chacune de ses couches eprpu>te ^liHt^ii^^us forte pression a mesi||'i& qu,>ljlf •descend. ■..,.. |-.-f,,; .^^r.r.-:. ■ ■■•'■■i-; •? Jup . *45. Le rapprochement lateral setransmet deprocheen pr<»- che , ce qui diininuerait la pression d^ns toute I'atmosph^re , s4 des vapeurs ne se developpaient , en meme temps , a la surface de rhemisphere echauffe. Ces vapeurs , en s' ^levant , eprouvent une nioindre pression ; elles tendent done , non-seulement a conserver leur transpa- rence, maisa dissiper pen a pen les brouillards qui peuvent leur arriverd'ailleurs;. ,; ; i Tandis que la colonne desiiendante sc contracte , les coHcbes inferieures de la masse ascendante, en sonlevant les couches superieures, lesetendent lateralement. C'est pourquoi la partie transparentc de latrrtosphere , avec une base e^ale a celle de la queue , acquiert cependant une etendue bien superienre. 144. Inclinaison de la queue. — On a vu que dans toute atmos- phere , oil des echanges de substances s'operent entre les difle- rentes couches, les couches superieures sont necessairement donees d'une moindre vitesse angUlaire de rotation que les couches infei-ieures. Les parties inferieures de la queue doivent done devancer te<>; parties plus elevees , dans leur inouvement de rotation autour du noyau , et rester elles-memes, encore en arriere , par rap<- portau mouvement de rotation de ce noyau. Or, ce mouvement est dirige dans le meme sens que k mou- eijement de translation. Le mouveitient de rotation est d'ailleurs direct pour la partie opposee an soleil. Ainsi^ la queue doit jncliner constamment vers la region que la eomete vient de quitter, , ■ j ii> L*ia^u'yj^&i^ uii j3 35. Si Ton renconlrak one comfete dont la queue prescntSt unc inclinaison oppos6e , il faudrait en conclure , que , par une cause tout-i-fait exceptionnelle , cette comete aurait acquis un mou- vement de rotation oppose a son mouvement de translation. 145. Inlensile relative des diverses parties de la queue. — Les globules dubrouillard, en vertu de leur excedantde pesanteur specifique , desccndent plus vite que les parties non condensees de la queue. Tendant a conserver leurs aires par rapport au centre , ils acquierent, aussi, plus de vitessehorizontalcqueces parties , elles-memes accelerees. lis doivent done s'accumuler sur la face anterieure de la colonne descendante. Cette colonne tout entiere, acquiert une vitessc do rotation biensuperieureacellede la masse ascendante 'de I'atmosphere, qui,par cela meme qu'elles'cleve,6prouve unralentisscment. Elle se presse centre cette masse et la partage. Les globules , accu- niules sur la face anterieure de la queue, sont successivement entraines par le frottement des parties animees d'une nioindre Vitesse , et , apres avoir parcouru lateralement le contour de la colonne , ils sont rassembles en arriere, par une sorte de remous. Tons n'y arrivent pas; le contact de la masse ascendante les a en partie dissipes. Cependant ils s'y trouvent, encore , en plus grand nombre que sur les cotes, oil il ne font que passer. Le brouillard rassemblc en arriere , continue k s'affaiblir. Lest globules qui se conserveni , descendant toujours plus vite que la masse generate de la colonne , acquierent de nouveau une Vitesse de rotation superieure a la sienne.Ils travcrsent done son interieur, pour se porter encore a sa face anterieure. Leur nombre s'accroit , dans ce trajet , de tous les nouveaux globules qui se forment dans la masse descendante. En resume , les globules de brouillard nc s'arrdtenl que sur les faces anterieure et poslcrrieure de la colonne , ils ne font que parcourir les faces laterales par un nwuvement retrograde , et traverser son interieur par un mouvement direct. Enfin leur nombre est diminue , quand ils s'arretent en arriere , et s'accroil au contraire , quand ils retournent vers la face anterieure. Tous ces points sont evidemment d'accord avec les apparences observees. 146. Cette colonne, qui fend I'atmosphere, trouve, dans la resistance qu'ellc y eprouve , une nouvelle cause de contraction ; ce qui tend a accroitre encore I'inferiorite de son elendue,sur 4;elle de la masse ascendante et transparente. Ic bf ouiilaf d doit acqu^ir plus d'intensite vers la base , (jh*ai la partie superieufe de la queue; par cela m^me que c'est beetle base qu'il est le plus fesserre. u.ui? > Ir jiiji .a^/nj : ; ; 147. Direction de la ^w^we .—Si la Vitesse ftngnlaifede rota- tion de la colonne deseendante , est superieufe a la yitesse angu- laire de translation de la comete < la queUe devance le prolon- gement de soii fayon veCteur ; elle reste en afriefe dans le cas eontfaire. La vitesse de translation etant tres variable d'uti point de I'orbite a Tautre, il pouifa done arriverj que , dans une mema Comete, la queue s'^carte^ successivement , du rayon vecteur, en avant et en arrlere* Tant qiie la queue n'est point entrainee, ainsi, a de trop grandes distan<;es de la direction, suivant laquelle Faffaissement tendrait k s'Operer ; le courant descendant , en vertu des vitesses adquises par ses molecules , se iiiaintient ou il est etabli. Ce courant doit avoir pour base} rhertiisphere obscur^ ou s'operent les princi- pales condensations ; la direction suivant laquelle I'afifaissement tend a s'operer, n'est pas pr^ciserticnt la verticale elevee au milieu de rhemisphere obscur ; mais une ciertaine courbe, dependante des effets combiness ^ de la pesanteur et des vitesses horizontals aCquises par les differentes couches ^ Le courant , selon sa rapi* ditd , pourra se maintenir encore, a des distances plus ou moing grandes de cette courbe > et contiijiuer seul a suppleer aux conr densations qui s'operenti : I jb ^v,u.riii^ • iif u • (^w./hj- ^ , ytu'^i 148. Queues multiples. ^(je^&tiihjiii (Joandle couf ant des- cendant s'€icartera , au-dela de certaines limites , de la direction suivant laquelle raff'aisseitient tendrait k s'operer , si ce courant ft'existait pas ; Faffaissement commencera a s'etablir * suivant cette direction. II se forniera un nOuveau courant qui contribilera de plus en plus avec le premier , a combler les vides formes par la condensation inferieure. Ces deux courants en communication par ieur base, luttentFun centre Fautre; le premier avec les vites-* ses acquises par ses molecules , le second avec des forces accele- ratrices continuellement agissantes. Le premier doit done s'affai- blir deplus en plus , et finir par etre entraine dans le mouvement ascendant de Fatmosphere qui Fentoure. Ses globules de brouil- lard ne tarderont plus ensuite a se dissiper enti^rement. Mais, danscet intervalle, il est possible qu'un ou plusieurs au- tres courants se soient deja efablis. Plusieurs queues pcuvent done existera la fois. Mais Ieur formation ne pent etredetermi- nee que parun mouvement angulaire , de Fatmosphere autourdii — MB— iioyau , Ir^s different du mouvement angulaire de translalioh ; et generalement , sans doute » tres superieur. 149. Le phenomene des queues multiples , dependant unique^ ment de la constitution physique^Je la comete et de ses mouve- inens acquis, doit se reproduirea chacune de ses reapparitions successives ; a moins qu'elle n'^prouve , dans rintervalle , de -violetites perturbations. Mais , il echappe k tios observations , quand la terre est placee de telle sorte que les differentes queues se projettent Tune sarrautre. C'est ce qui a lieu quand noussom- mes pr5s de plan equatorial de la comete , plan qui diifere gene- ralement peu de cdui deson orbile. l* hi)>n- a.' 150. NibulosiU. — Le courant descendant, arretea sabaSe j^^t le noyau , reflue sur toute la surface , en soulevant les couches , deja ecliafiffees par leur contact avec I'hemisphere cclaire» et, par consequent , plus leg^res. Le brouiHard, tiharrie par ce courant, se dissipe , en peu de temps , dans le voisinage de la surface echauffee ; mais se conserve a une certaine hauteur. La nebulo- site forme done une enveloppe sphefique> separee du noyau par line amosphere transparente : elle doit paraitre plus intense a la circonference qu'aupr^sde son centre. 151. Le brouillard s'eclaircit a mesure qu'il si'approche da point le plus directement expose aux rayons solaires ; car il tra- verse une raasSe atmospherique ascendante , et rencontre d'ail- leurs , en s'avancaot , one surface de plus en plus echauffee. En arrivant au tn^me point , les courants divergens , partis de la queue , s'^utrechoquent. Cependant leur vitessen'est pas en- tierement detruite ; ils contribuent , avec I'elevation de tempera- ture , a activer, en ce point , le mouvement ascendant ; et > par suite , a y accelerer encore la vaporisation du brouillard. Le fluide refoule , par le courant descendant , sur tout« la sur- face de I'hemisphere eclaire , tend sans cesse a soulever la nebu- losite ; mais, en meme temps, les globules, qui la composent, ten- dent a descendre , en vertu de leur excedantde densite. Ces deux causes opposees peuvent se contrebalancer a-peu-pres , et main- lenir , pendant quelque temps , la nebulosite, a une hauteur peu variable. Elle traverse ainsi, sans se m0uvoir> les couches atmos- pheriques qui s'elevent. 152. Cependant , la couche inferi€ur6 , s'eChauffe , de plus en plus , par son contact aveC le noyau. II arrive un point ou , le courant descendant , au lieu de la refouler simplement , doit de Houveau im^ irruption soyi? celle cguche j soulevant , a la fois , Khpnrtie transpapeTite et sa nebulosite. Le m6tne phenomerte, s« ifenouvellant a-peu-pres periodiquement , tendrait a former mv Bombre indetini d'anneaux neb«leux , separes par des couches- tTaiisparentes. Mais iln'en peut jamais subsister qii'un petit nom-f bre a la fois ; oar , les brouillards, soumis a une moindre pressioa a mesure qu'ils s'elfevent , s'affaiblissent graduellement et finis-, sent par se dissiper. Qaand il existe plusieurs anneaux a la. fois , on doit , generalement , trouver mojns d'intensite , dans les «iA neaux superiears. Je ne sais si le fait a ete-observe. ib 153. Si la pression atmosphepique est trop faible pour mairt* tenir des liquides a la surface du nosyau , aucun des gobules , formes dans la colonne dcscendante , ne s'y deposera. La vapo- ■risation successive des anneaux, pourraseulesuffire , aloes , »u renouvellement de I'atmosphere , sans cesse attenuee par les condensations. Dans le cas contraire , la vaporisation des liquides 154;- Variations dependante^ de la diMam^ ausoleil. — Qo'and" la cometfi s'approche du soleil . toute sa masse almospherique doit necessairement se dilater. Toug les points de la.spbere sont 'successivement exposes aux rayons solaires , par suite d« ladit ference qui existe, entre les vitesses augulaires de rotation et;de lr«anslat,ion. L'bena.isphere obscur, luirnjeiue, conserve done alors une plus haute temperatpre. JUa condensation s'y opere moins sapidcraent , ct le courant descendant acquiert moins de force. La queue doit done dirainuer en largeur et qu iutensit^^ mais sa longueur doit s'accroitTe avec I'etendue de ratroospbere. Il est possible cependant que cette augmQUifcationde. longueur ne soit pas perceptible , car la rarete du brouillard ^ a la limite supe- rieure de Vatmospljere, peutlefaire ^chapperanos observations. Une diminution generate , dans I'intensite de cje brouillaird i le rendrait necessairement insensible a une plus grands distauce de ectte limite; et pourrait produire, une diminution apparente, dans la longueur de la queue , raalgre son augmentation reejlje. "; Vaffaiblisseraentdu courant descendant, eutraiue nwessaire- nicnt aussi , celui de la nebulpsil^e. 155. Peu apres le passage de la comete a son perihelie , on • Observe des phenomenes inverses : la masse atmospherique se contracte par le refroidissement ; la condensation des vapeurS s'y accelere, la queue augmente *n largeur et en intensite^ Vbemisphere obscur est toujours le plusfroidt Les conde*^^ ^ 518 — sations qui s'y operent , ditniimant la pression , tend^nt a main- lenir ailleurs la transparence (ie I'atmosphere. Cependant, c'esi h la surfoce du noyau que le refroidissement se fait senlir imme« diatement ; c'est la , aussi , que la pression est la plus forte. La surface eclajree ^prouvaut un refroidissement rapide, les vapeurs qui la touchent peuvent n'etre plus capables de resister k la pres- sion atmospherique , malgre I'affaiblissement de cette pression, Les brouiilards qui envelopperont alors le noyau , elargiront sou 4isqi;e apparent, et lui donneront ua contour moins nettoment defini. 156. Ainsi disparaissent, dans les cometes, tousces mouvemeps «ubits , dont la rapidite effraye I'imagination. Toutes ces appa-. rences fantastiques, sont Teffet d'un leger brouillard, qui se forme ou qui se dissipe. 157. Seeteurs It^mineux. — Le phenomenedes secteurs lumi* Ueux est exceptionnel ; on doit done lui chercher une cause acci« dentelle. Si le noyau de la con^ete est entoure d'une croute solide , cetto eroute en se rompant , par le refroidissement , decQuvre la masse incandescepte qui s'est conservee dans son interieur. Les sec-^ teurs eclaires par les fissures , paraissent plus lumineux que les parties eclairees seulement paries rayons solaires. * Cette lumiere accidentelle s'aflfaiblit et disparait rapidement, Dans ces masses, si lentement condensees, lachaleur developpee pe pent 6tre considerable ; elle doit se perdre rapideraent , vu leur petitesse. Une atmosphere , depuis long-temps refroidie , se precipite d'ailleurs incessamment dans la fissure , pour en ressortir tres echauffee, peu de terns doit done suffire pour oter , h la surface decouverte , son incandescence. La duree de cette incandescence sera bien plus courte encore, si I'eau pent subsister liquide, a la surface (}e la comefe. Se precipitant dans les fissures , sa vaporisation instantannee occa- sionnera des secousses , qui pourront brusqueraent fernjer Jes lissures existantes , ou en ouvrir de nouvelles, jLa lumifere des secteurs (Joit evidemment s'aflTaibJir , puis 'V,* Cette explication recemment proposee pour la queue des comejes, est inconciliable avec les circonstances de ce phenomene. Mais elle parait la seule qui i^uisse rendre compte des secteurs , dout la lumiere yieut evidemment du ceutre. — 519 — dl«paraitre bieutot , quarid I'astre s'cloignant du solcil , soii noyau s'entoure d'un brouillard epais. 158. Diversity des comeles. — Les cometes dont la masse est la plus faible , sont celles dont la condensation doit exigcr le plu^ de terns. L'attraction peut n'y avoir pas encore determine la formation d'un noyau ; elles n'offriront , alors , qu'une masse nebuleuse. Quelques cometes peuvent avoir 6te privees, accidentcUement, de leur atmosphere ; par exemple, en passant tres pres d'une planete , ou en traversant I'atmosphere du soleil. Peut etre quelques-unes des cometes les plus fortes, sont- elles arrivees a un degre de condensation tel , que leur atmos- phere soit reduite , aux gaz qui sont permancns sur notre globe]; dansce cas encore, elles n'offriraient qu'une atmosphere inap- preciable, Toutes les cometes sans atmosphere sensible, doiveut etre evidemment privees de queue et de nebulosite. Les cometes , dont le noyau recemment forme conserve encore line forte chaleur , sont peu sensibles a I'influence des rayons du soleil , a moins qu' elles ne passent tres pres de cct astre. Les condensations s'y operero^nt , a-peu-prfes egalement de tous Gotes. EUes pourront 6tre entourees de nebulosites ; mais il ne s'etablira pas de courant descendant sensible , au-dessus de i'hemisphere obscur. Elles seront privees de queue , jusqu'a leur refroidissement , qui ne peut exiger un tems Jtiie;i long, dans ces faibles masses, , , 159. Les cometes sans queue, pourvues a la fois'de noyau et de nebulosite , peuvent n'etre pas encore solidifiees ; et , dans ce cas , elles seront necessairement lumineuses par elles-memes. Celles qui n'oftrent qu'une simple nebulosite , peuvent jouir, aussi, d'un certain degre d'incandesceuce. Les cometes depour- vues d'atmosphere , sont refroidies et solidifiees a leur surface. Le refroidissement doit avoir atteint generalement un moindre degre dans les cometes pourvues de noyau et de queue. Mais Vexistence de la queue ne pourrait se concilier, avec I'incau- descence , que dans les cometes qui passent tres pres du soleil. Dans ces dernieres , I'eau devienc^jait un gaz permttiient ; mais les substances moins volatiles , qui cntreraient comme vapeurs dans leur atmosphere , produiraient encore tous les phenomeiies que nous avons attribues a la vapeur d eau. 160. Independamment des portions de substances qui peuvent etre enlev^cs k quclqucs comHes , pj»r d'adlres ASWcfs ,' H t5Xrsl«J|) pour toutes , une cause permaucnte de diminution dan's Ic \(>lum8 aimospheriqae : le refroklissement graduel do ces asttes , s'ils bnt un noyau ; la condensation de leur masse iicbuleuse, sv Ic Doyau n'y est pas encore forme. Les inlermittences que noil^ observons danscelte diminution, peuvent depondre de plusierft^ causes : parexempje , les fissures formees a lasiirticedu noyaiii solide ; peut-etre aussi la position qu'affecte la q»ieue par. rapport a notre oeil. "u § li.—AeroHlhes^ ' Iq . i ! ■ . . . : i 16^. Lespelites cometes qui viennont freqiie»nment choqaer In terre , ont trop pen de masse pour n'avoir pas conserve lieilr rtatnebuleux. M,o^^ oirJiiq Quand unde ci'S petits globes vaporeux penetrc dansnotrc notre atmosphere , il tend a se resscrrer , deja , par le seul eflet de la pression qu'i| y eprouvc ; nriais il doit , a son mouvemcnt , line contraction bien plus considerable. La resistance de rair ', €nleve coptinuellement a sa surf ice anterieure une partie de sa Vitesse ;sa surface posterieure qui no perd pas immediatemdiii la sienne , tend a se rapprocher des parties qui precedent , ei comprime le fluide interieur. Le globe en fondant I'atmosph^re doit d'ailleurs evidenjment aussi se resserrer lateralement. , 162. Sa condensation croissante developpe , sans cesse , dii Vialorique. Cecalorique se conserve vers le centre , mai.s il se percj rapidement a la surface ; oil , par suite , le*? substances, les moins volatiles , forment bientot des globules liquides. Dans cettefaible masse , dont la rotation s'accroH continuelle- lement par la contraction qu'elle eprouve , la force centrifuge doit I'emporter, de beaucoup, surl'attraction centrale. C'estdonc a la surface que doivent se porter les parties les plus denses. Les globules , qui s'y forment , y soiit niaintenus ; ceux , qui peuvent se fornier au-dessous , sont refoules vers elle. Leur formation rontribue a augmenter la temperature centrale : mais la chaleur < ontinue a se dissiper a la surface. Les globules , par leur refroi- dissement , perdent , peu ^ peu , la forme vesiculaire. Leur accu- mulation doit done, apres un certain temps, former une enveloppe liquide , continue. 160. Le rcfroidissement progressif de I'enveloppe , amene sa solidification. Ce changcmcnt d'etat apporte, dans toute la masse, une nouvelle elevation do temperature. Mais , dans sop nouvel ^tal , Tenveloppc no pout plus , <'omme a Telal liquide, se preter ji rcxpaiisroh du fluidc qu'ellerenferinc. Elle doit dbnc,iussrt4t^ sc rbihpre iivec Iracas *. ] ^ ' 1G4. Chaique eclat poursuit soil yjrbi^e , p^eii rnodiTi^e , sans ^oute , par limpulsion qu'il a recae de rexp.losioti. Quelque^ parccHes du fluide mis en liberie , se logent dans I'espace que \6 solidc tend a laisscr vide derri^re lui , et Vaccompagnent ainsi dans le trajet qui lui reste a parcourir ; mais la majeure partie de cc lluide se dissemine dans I'atmosphere. Cc qui s'en condense , uUerieurement , nepeut plus retomber qu'en poussiere ou en pluie. 165. Composiiiion dcs a^roliihes. — Les petits astres, quiprodui- scnt les bolides parleur rencontre avec notre globe, ont etc sepa- ^-es de la masse universelle , a unc epoque , ou les condensations partielles n'avaient pas encore fortemcnt aitere son homogeneitc primitive. Get astre doit done contenir toutes les substances qui existent dans I'univcrs ; seulement, la proportion des substances volatiles s'y sera augmentee. MaiSjl'aerolithe ne pent contenir que des parties solides. II ne pent meme les contenir toutes. En effet, la tension d'aucune substance n'estabsolumentnulle; il doit doric rester , dans la partie non liqu^fiee, une certaine quantite de tou- tes les substances qui composent la masse. La chaleur developpee par la condensation €tant d'ailleurs enorme , cefte quantite , pro- portionnee a la tension de chacune, peut encore, meme pour les substances les moins volatiles , former leur totalite , si elles sont d'ailleurs tres rares dans la nature. Alors , on pourra seulement en retrouver quelques traces, sur la partie posterieure de I'aero- lithe , si elles sont susceptibles de s'y attacher. Ces traces , prol- viennent de la petite quantite de fluide qui suit l' eclat solide. Elles doivent s'y deposer peuapeu, ^mesure que son mouvement est ralenli par ratmosphere ; mais surtout quand il est brusquement arrete parle sol. *■' Le reste d9 ce fluide se repand dans Vatmosphere , ou sa pre- sence se manifeste par une odeur tres prononcee. Celle du sou'fre y predomine ; parce que cette substance est , a la fois , tres com- mune dans la nature , tre3 volatile et tres odoriferante. ' "^ I * Celte lorniatiou dc spheres creuses ne peut avoir lieu que sou^ Piuftuence d'uiie pressiou exlerieure. Toutes les lois que la coudcii- jriition resi^Uc de rattraction de, la masse ou elle s'^ijef^jf c*>^ ♦jvidemment par le centre quY'llc doit commencei'. ^ 522 — 166. Les a^rolithcs , qui arrivcnt en grand nornbre, clqnise renouvellcnl periodiquemeiit , k certaines epoques de I'annee . peuvent , oftrir la memecompositiQn , et eprouver les meme effcts en arrivant dans notre atmosphere ; mais ils ne peuvent plus etre atliibues k do petites cometes *. Les chutes de poussieres ou de snbstances liquides , peut-etr© meme certains brauillards, peuvent etre , quelquefois, attribues a la partie des bolides qui se dissemine dans ratmosphere. Mais les circonstances qui accompagnent ces phenomenes , obligeront souvent , sans doute , a leur chcrcher d'autrcs causes. Les aerolithes isoles peuvent frapperlaterre suivant des direc- tions tres diverses ; nuais les chances ne sont pas egales pour loutes les directions , parce que les mouvemens de rotation e% de translation dela terre, se combinent, avec le.wQUVeinCntpro- pre des niasses qui la rencontrent. Chap, ill.— J^lanetes et salelliies, , -^67, Distances de^ planele^ au so^c*?.— l**accroissenient rapide de la serie qui exprime les distances des planetes au soleil ^ pourrait , peut-etre au premier abord , paraitre peu conciliable avec la cause assignee , a la formation de ces astres , dans les systeraes doubles. En eflfct, ces distances p,euvent etre repre- sentees par les nombres suivans : 4, 7, 40, 46, 28, 52, 400, 4^6. * Les variations des forces qui ont detaohe les planetes, n'ont pu produire , Immediatement , d'aussi enormes differences ^ entre les distances des planetes consecutives. Mais rappelons- nous que les distances actuelles s^ntj bien eloignees des distances primitives. Les planetes, avec des vitesses angulaires primitives a-peu-pres egales ,^ ont du eprouver des rapprochemens bien differens, pour quelesoarres des temps devinssent proportion- nels aux cubes des grands axes. En faisant abstraction des pertes d'aires eprouvees depuis I'epoque oil nous considerons les vitesses angulaires comme egales , ces planetes ant du se placer defini- tivement , par rapport au soleil , k des distances proportionnelles aux quatriemes puissances de leurs distances primitives. Reciproquement , les distances primitives devaient etre pro- portionnelles aux racines quatriemes de leurs distances actuelles, * Voir Tamiuaiie du bureau dc5 longitudes , du i836. c'est4-dire, qu'elles peuvent etrc representees par Ics nombrc%^ 1.41, 1.63, 1.78, 2.00, 2.30, 2.(19, 34G , 3.74. Ainsi , la distance 4e Mercure au soleil , aurait alors depasse le tiers dc celle d'Uranus ; eMa 4eri« aurait atteint .^es^jiie k moltie de cctte distance. ''» rMMilm -M 'Ai iioMmil^aii ;/()'>!> Les distances de chaque plan&te k la suivante seraient repre^ ^entecs pir les differences successives des memes nombrcs : 0.22, 0.15, 0.22, 0.30, 0.39, 0.47, 0.58, ij Qaoique nous ayons fait , dans ces calculs , abstraction d^ plusieurs circonstances , ils suffisent pour montrer que les dis-* tances acquises par les planetes , sous Tinfluence de la rnassc predominante , differaicnt entrc elles , incomparablement moius que leurs distances actuelles , ct que ces differences primitives pe supposent pas, dans la cause format ric e , des variations iu^^ Traisemblableis. ' .»ii«d&l La serie des distances actuelles est assujettie a une loi refnaW quable ; ses termes suecessifs peuvent elre obtenus , en ajoutant au premier , les produits par 3 , des puissances successives de 2 , depuis la puissance O jusqu'a h puissance 6. l-a regularite de cette loi , sufiirait sculc pour assigner une cause unique et regulifere , a la formation de toutes les parties du systeme. Mais, deja, cette cause nous est revelee par I'uniformite generate des mouvemens j qui ne prescnteut que des anomalies faciles 4 concevoir, ' /■* 168. Anomalies des mouvemens. — La masse solaire a du con- sarver des traces de son irregularite primitive, long-temps encore, apres que I'attraction exterjeure eut commence al'allonger. Les centres accidentels de condensation ont, necessairement, apporte quelque trouble dans I'etabUssement des mouvemens. lis de- vaient rendre irregulieres les surfaces de rupture des masses qui se detachaient , et eloigner plus ou moins leurs centres de gravite du plan decrit par le rayon vecteur. Les attractions du soleil etde la masse predominante,tendaient sans cessea ramener, vers ce plan , le centre de gravite de chaque masse partielle ; la Vitesse acquise le pprtant au-dela , il en resultait une oscillation qui , con^binee avec le mouvement de translation , determinait une inclinajson dans I'orbite. La plus grande longueur des masses irregulieres , au moment oil elles se detachaient ,?ne coTncidait pas generalement avec le plan de I'orbite ; clle ea elait egalement rapprochee. Ce luouve- jfoenfi, entrant coname composante dans lemouvementde rotation, y delerminait aussiune inclinaison. Pour lies satellites dune mome planelc , une cause generate se combinait avec les causiBS accidentelles . parliculieres a chacui* d'eux : linclinaison de la rotation do leur planele , tj2ndait a so. communiquer a leurs orbites , et meme au plan de leur roiation. Ainsi , les satellites d'une meme planete doivent , en general',, presenter moins dc diff(3rence, entre les inclinaison^ de leurs mouvemens , que les satelljtes appartenant a des planetcs diffe- rentcs. Entin , I'inclinaison de la ratation de chaque planete va-, riant successivemcnt par diftierentes causes , les satellites formes, les derniers doivent etre generalement ceux dqnt les prbitcs s'ap-, prochent le plus du plan de son equateur definitif,. 169. Relativement aux planetes , les causes d'anomalies dan§j les mouvemens , devaient etre , en general , d'autantplus fortes ^ que, detachees plus tot dc la masse solaire, elles s'ecartaient moins encore de rirregularit(^ primitive. Les chances de com- pensations, entre ces causes, elaient d'autantplus norabrcuses que la masse etait plus considprablc. Mais, quelle que fut I'irre- gularite des fortes masses , telles que Jupiter et Saturne, il n'en pouvait resulter une grande inclinaisop de leurs orbites : chacune comprenant un tronc complct de la nnsse solaire , et ce tronc ayant m,eme une Ipngueur considerable , son centre de ^ravite ne pouvait etre, debeaucoup, ecartcdu rayon vecteur, par le seul effet de I'irregularite de la section. Au contraire de tres petites planetes , telles que les quatrc planetes telescopiques , peuvent Hre entieremcnt formces de saillies laissees, al'extremite de la niasse solaire, par la rupture qui en avait separe Jupiter. Si, dans une masse aussi etendue , ces saijlies se trouvaicnt preci- s^ment , pres de la circonference de la section , et pres de son rayon perpendiculaire au plan de I'orbite solaire ; leur distance a ce plan devait etre considerable , et , par suite , elles devaient a(5querir une grande vitesse en s'en apprPchant. Sans doute ce rapprochement a commence a s'operer bien avant leur separation; mais aussi, des lors , elles commoncaient a acquerir une vitesse qu'elles devaient conserver cnsuite. " Une composante donnce, perpendiculaire au plan de I'orbite so- laire , doit evidemment produire une inclinaison d'autant plus forte, dans le plan du mouvcmen^, que I'autre composante de la vitesse, est plus faible. Ainsi, toutes choses egales d'ailleurs, les chances d inclinaison des orbites, sont plus fortes, paur Icj^ — 525 — planet«s inferieures , que pour les planetes superieuref>. Mais; surtout , on doit renconlrer de plus grandes inclinaisons, dans les plans de rotation, et dans les orbites des satellites , que dans Jes orbites des planetes. ^..jl70. La comparaison de chaque cas particulier , aVee ces de- ductions , ferait sans doute reconnaitre d'autres causes , dont la combinaison , avec les precedentes , en aurait modifie les effets. La grande inclinaison de I'equateur solaire, par exemple, paraij: devoir etre attribuee a une cause accidentelle : on est conduit a Denser , qu'anterieuresnent ala regularisation de la masse solaire nebuleuse , sa plus grande longueur etait tres inclinee , par rap- port au plan de son orbite. Nous laissons biendcs questions a examiner , sur ce point, comme sur beauconp d'autres ; mais nousne pouvons passer sous silence I'anomalie des satellites d'Uranus , dont les mouvemens sont retrogrades. 1 71 . Les parties extremes de la masse solaire nebuleuse, moins exposees a son attraction centrale , ct d'ailleurs detachees pluS tot , dev^ient offrirune condensation moins avancee, au riioment oil elles onl forme des planetes. Uranus pouvait dohc , conserver encofe son etat de nebulosite irreguliere , quand les parties in- fferieiires de la masse solaire , s'etaient deja distribuees par con chesi-peu-pres homogenes. Les nebuleusesirregulielresprescntent , frequemment, delon- gues trainees , etroites , beaucoup plus denses que les parties voisirtes. Supposons qu'nne de ces trainees ait forme , la partie principale de la masse d'Uranus, au moment oh elle s'estdeta- chee ; suppOsOns encore que la direction generale de cette trainee se soit trouvee a-peu-press perpendiCulaire au rayon vecteur ; et chcrchons d'abord Ce qui serait arrive , si, en meme temps , elle eut ete placee , dans le plan du mouvement solaire. Nous ferons d''ailleurs abstraction des differences existantes , entre les mou- vemens angulaifes de translation , du solefl et de la planete ; c'est-a-dire , que nous considererons le centre de gravite dela planete comme se maintenant sur le rayon vecteur. 172. Le mouvement angulaire du rayon vecteur, ecarte la trainee de la position perpendieulaire , ou nous I'avons supposee d'abord Jcelle de ses extremites ^ qui se troUve en arriere , se rapproche de la partie du rayon vei^teur dont le mouvement absolu est le moins considerable , c'est-a-dire , de la partie du rayoiv vecteur dirig^e vers la masse solaire. --^ . iuinuaifii c^jyaiii.^' e:^ ■ ' A%s8itot que la position do la trainee a ccss6 d'etre pafpehdU cnihife > la force acceleratrice angulaire , de son c6te, tends! rapproeher , du rayon vecteuf , (Jhaque extremity de la masse j enimprimant, acette masse^un mouvemcntde rotation* Dansle* plan6tes normales I'extrerttite , la plus voisine de lattiasse predo- Vninante, est eii avant j elle se trouve en arriere pour Uranus. Lc nrouvehlent de rotatioit y f ecu par cette planete ^ est done de sens oppose a celui des pknetes normales. A mesufe que la trainee s'approche du fayOrt veCteur^ elle S*alionge, en se f essef rant later alerrtent ; (?e quidiminue la vitessc jingularre acquise , tttaintient la masse d'autant plus long-temps expos^e a Taction de la force retardatrice, et lui pefmet d'acque- tir un moment de rotation d'autant plus considerable. Dcis que la trainee depasse le rayon vecteur , la force accelera- trice angulaire agit ,sur elle, dans le meme sens que sufles autresi planeltcs ; et , par consequent, cette force devient , pour elle re* tardatrice. Mais le mouvement de cette trainee pourra-t-il etre annule , avant qu'elle soit redevenue , de nouveau , perpendicu^ iaire au rayon vecteur? D'une part , la force accelelrattice angu- laire a acquis plus d'intensite. Mais , en meme temps deux Causes lendent a altenuer , pour la trainee ^ les pertes de vitesse angu^ iaire ; 1®. La vitesse angulaire du fay on vecteuf s'est augmentee; Ce qui tend a laisser , cette trainee , moins long-temps exposee a Taction de la force retardatrice ; 2®. La diminution qu'eprouvera la longueur de la trainee dans ce seCond p^riode y sera bien plus considerable que Taugmentation eprouvee dans le premier ; car > dans le premier periode,la tendance a la condensation progressive s'opposait a Tallongement ; dans le second periode, au contraire* elle concourt a operer le raccourcissement. Ces deux motifs nous autorisent apenscr que la vitesse angulaire de rotation ne pourra 6tre entierement detruite ^ avant que la trainee soit redevenue perpendiculaire au rayon vecteur. Alors ^ commence, un second periode d'accroissement , pour ces momens de rotation. 175. Nous voyons done se succeder pour Uranus, des periodes analogues , sauf pour k dufee , a ceux qu'ont eprouve les autres planetcs. Cette duree doit-etre beaucoup pluscourte; car , le itiouvement angulaire du rayon vecteur Concourt, ici, avec celui du grand diametre de la planete , a operer les rapproehemens ct les ecartemens alternatifs de ces deux lignes , tandis que pour les planetes normales , ces rapproehemens et ecartemens n'oal — S27 — lieu qu'en vertu de la difference des deux mdmes vitesscs angti* laires. '■'^>' »-^ ^uumvu-ni '>^h.m muI Les conden§iit)to progressives empechfet*oftlr*; Hlrf>^f «» - ? ?-.'? Cette direction inverse dans la Totation d'tlraniis , n'a pu evi* demment influer en rien sur son mouvement de translation, qui se trouve , en effet , dirige dans le merne sens que celui des autres planetes. 175. Les accroissemens des aires et des momens, ont amen^^ dans cette planete, comme dans les autres, des par- celles a se detacher. Ces parcelles avaient acquis , avant leur separation , des vitesses angulaires dirigees , dans le raeme sens et dans le meme plan , que la rotation de la planete. Leurs mou- vemens de translation, etant d^ailTeurs ensuite soumis aux mc^meS alternatives que ce mouvement de rotation , ont du , comme lui ^ conserver une direction opposee a celle de tons les autres tnoji^ yemens. J, Jfe ne sais si Ton a pu constater par fobsetvation le sens de U rotation d'Uranus ; mais il parait indique par la direction deS mouvemens de ses satellites. 176. Ici notre explication est fondee sur une hypothese J rnais il doit en etre de meme pour tons les faits exceptionnels. Les effets generaux tiennenta des lois gen^rales , dont nous pouvons demontrer I'existence a priori. L'anomalie des satellites d'Uranus est bien , sans doute aussi , une consequence necessaire do ce qui existait primitiv^ment , mais non de ce que nous en pouvons connaitre a priori : tout ce que nous pouvons faire , c'est de remonter du fait meme k la cause qui I'a produit. Or, dans cette sorte de deduction , on ne marchc pas toujours ayec la meme ceFlitude , qu'en descendant de la cause a I'eiTp.t t line cause determinee , a , necessairement un effct determine,; tandis que dcs causes difFerentes sont, quelquefois, susceptibles de produire des effets indentiques. Relativement a lanomalie ponsider^ej on pourrait supposer , par exemple, qu'elle n'apas cxiste des I'origine , et qu'elle a ete produite par des perturba- tions ulterieures. II y aurait plus d'une presomption a alleguer contre cette hypothese ; raais peut-etre ne pourrait-on pas 4^- montrer son impossibilite absolue. II suffit, au resle, d'indiquer une cause possible de ranomal^^^ pour qu'elle ne devienne pas une objection jucpnjtr^jlii th^ie generalc, etablie d'ailleurs; .rr?c., 'm .» '- 177. Masses relatives. — Les masses des plancjtes dependent do plusieurs elemens: La longueur du tronc solaire quilps a formees; Bon diametre , et sa densite. . aUdwi ob flBl(| m O'Jnifoni Dans la masse solaire nebuleuse , la densite croissail'comHie la pression, du Centre a la surface. La vapeur , proprement dite , acquerait une densite precisement proportionnelle a cette pres- sion ; mais les globules vesiculaires , en descendant leritement , augmentaient encore la niasse des couches inferieures. Les pari- ties successivement detachees , devaienl done conlenir , sous Un Volume donne , une quantite de substance de plus en plus consi- derable, .i. Les differences de la force ceiitrifuge et les differences de'r^'t- iraction exterieure , acqueraient plus d'intensite , par rapport iaux ditt'erens points de la masse solaire , a ffiesufe qu'elle s'ap- prochait de son periastre. Or, la rupture, qui prbduit une pla- nete , depend a la fois , de cette intensite et de I'allongement de la masse. Un moindre allongement suffisait done pour la deter- miner , quand I'intensite des deux differences devenait plus considerable. Un nouveau trOnc devait done se detacher bien avant que la masse ait repris sa longueur precedehte. Les sur- faces de rupture , plus voisines du centre , pouvaient acquerir un plus grand diametre ; mais la Ibngiieur des troncs devait generalement diminuer. 178. ZJrawMs detache de j'extremite du spheroide , a Feta^jsi diffusde nebulosite irreguliere, n'a forme qu'une masse medio- cre , avecun volume immense. Saturne emporte , avec lui , une moins grande longueur deJa masse ; mais , bien plus voisin du centre, sa coodgnsalion est deja hoaucoup plus avancec , cc qui donnc, a Sa masse, tific grandct sup(?riorile , surlaprecedcntc. Lc tronc qui forme Jupiter est encore de moindre longueur , tilais la superiorite de son diametre pout lui donner un volume €!gal ou supcrieur. Sadensite ejtd'ailleurs bien plus grande : non seulement lapressiony est plus forte; mais les brouillards , qu'il a transmis aux couches inferieures,ont ete en partie remplaces par ics brouillards venus des couches saperieures ; tandis que la masse destinee a former Saturnc n'avait recu que trespeude substances, en compensation des pertes qu'elle avaiteprouveeSi On conceit done encore, pourJupitcr.une masse tres supcrieure a celie de Saturne. 179. Cependant , la ftiasse solaire doit s'apprccher du point ou les forces, qui tendent a operer la rupture , s'accroisscnt avcc Id plus de rapidite. Or , la rupture be depend pas seulement du degre I'allongement, qui tend actreproduit dans la masse sol.iirei mais la fapiidite avcc laquelle cette masse tend a I'acquerir. Unc plus grande rapidite d'allongement accroH bvitesse qui eloigns les molecules du centre ; elle iie laisse plus, aux parlies laterales, le temps de se resserrer , pour maintenir la continuite dans la masse ; elle doit done determiner des ruptures plus frequentes ^ et diminuer encore la longueur des parties qui se detachent. 480. la large surface de rupture laissee apres Jupiter , pre- scntait necessairement denombreuses irregularites. Car les eou-' ches nebuleuses , moins irregulieres que dans les parlies dej;i separ^es , etaient loin d'ollrir encore uoe homogeneite complete. Toutesles parties saillantes de cette surface devaients'allon- ger. Elles tendaicnt , aussi , a se rapprocherdu grand diametre , pour y former une extremite arrondie ; mais il leur fallait un temps assez considerable, pour y arriver , de la circonferenced'une surface aussi etendue. A I'epoque du plus rapide aceroissement des forces de rupture , les saillies les plus prononcees ont done pu se detacher, avant la reunion vers laquelle elles tendaient. Elles ont forme les quatre planeles lelescopiques. Les saillies moins considerables, reunies ensuite, sont restccs^ un pen plus long-temps , attachees a la masse principale , et ont donne naissance a Mars. 181. Les accroissemens de la force de rupture , commeneant a dcvenir moins rapides , la terre a pu comprendre une masse plus forte. Mais , la masse principale avait ete attenuec par la formation des trois premieres planetcs ; cUe avait etc privec , 5i. -sso- snrtnut , de ses parties diflases qui augmentaient immensemenl son volume. Ainsi reduitc , ellc ne pouvail plus donner naissance a des masses comparables aux premieres. Les differences d'attraction et de force Centrifuge Onl pris , ensuile, des accroissemens moins rapides encore ; cause qui ten- dait a faire croitre , de nouveati, la longueur des troncs detaches. Mais ces accroissemens memes , independamment de la rapidite avec laquelle ils ont lieu , sont une cause qui tend a diminuer cetle longueur des troncs. La separation de la terre , a d'ailleurs encore diminue I'etendue de la masse solaire. LeS causes oppo- sees ont done pu se compenser a-peu-pres, et donner k V^nus une masse peu inferieure a celle de la terre. Enfin , les dernieres causes Temportant tout-a-fait , I'inferio- rile de masse s'est trou\ ee bcaucoup plus prononcee dans Mercure, Cet npercu montre , an moins, que, dans notre theorie, les rapports observes entrc les masses des planetes , n'offrent rien qui ne soit \raisemblable. 182. Lot des densUes relatives.— ^ous avons dej& reconnu , quetoutes les substances dune masse nebuleuse doivent sere- Irouver , dans chacune des parties qui s'en separent ; mais , en proportion difl<6rente. II existe toujours , en effet , pour les glo- i>ules vesiculaircs , un degr^ de condensation qui les rend , speci- fiqucmcnt , plus pesans que le fluide qui les supporte : Arrives a ce point , ils doivent s'avancer vers le centre dela masse. l.es brouillards , qui s'accumulaient ainsi dans la partie cen- trale de la masse solaire, y portaient des substances peu volatiles ; el forcaicnt , les plus volatiles , a refluer en partie vers la surface. 185. On doit penser que les substances , dont les molecules eprouvent par la condensation un plus grand rapprochement , sont ainsi resserrees par une force plus grande et, par suite, plus capable de resister alafijrce expansive. Ainsi, les substances les plus denses , a I'etat solide ou liquide , doivent etre generale- nient les moins volatiles ; c'est-a-dire , celles dont la vapeur con- serve le moins de densite sous une pression donnee : la vapeur du Mercure est incomparablement moins dense que celle de I'eau , el cettederniere Test moins que celle de I'alcool. 11 est possible que celle loi presenle des exceptions assez nombreuses ; mais on pent I'admetlre , au moins , pour la plupart des cas. Les m isses , le plus abonJamment pourvues des premiers ^rrouillards formes , devaient done, non-seulement avoir la plus ■ — ooi -^ forte densilefactuelle , hiais encore ^tre susceptil>ies (i'tlcqu^rii- lino plus forle dcnsite dcfinilivc. 184. Ainsi, nous devons gen^ralemont observer, anjonrd'hui , unc densite decrolssante du soleil ailx planetes superieures. Par la meme raison , Ics planeteS doivcnt etre plus denses que leufs satellites ; et , parmi les satellites d'unc meme planete , les plus c'loignes doivcnt avoir la moiridre densite. La lunc a molns dc dehsile que la terre. Je ne sais si I'on a pn evaluerles dcnsiles dcs aiitres satellites. L'observation fait rcconnaitre uijie densite generalement dficrdissantc, des planetes inferieures, aux planetes superieures. Nous nc troUvoris d'exccptions a ceite loi qufe dans Venus et Uranus. 185. Venu.s a sensiblement la meme densite que la terre. Vo^iei comment je puis concevoir cette legere anomalie : Dans un astre a noyau sdlide , qui serait en quelque poiitt prive de son atmosphere, la masse lluide se precipiterait pour combler Ic vide. Dans la masse solaire , toute Guide, les couches supericures , les moins denses , lendaient a produire un eflbt analogue , mais beaucoup plus lent. Chaque fois qu'une planete s'en detachait , ces couches s'etendaient pour recouvrir le Vide ,' et Qe mouvement se propageait , dc proche en proche , jusqu'aii point diametralement oppose. La separation de Mars et des quatre planetes telescopiques, avait peu diminue la longueur da spheroide solaire ; un faible intcrvalle ayantdu, par consequent, s'ecouler, entre leur formation et celle de la terre, I'equilibre n'avait pu se retablir dans la cbuche superficielle de la matsse solaire. Un tems plus considerable a du s'ecouler ensuite avartt la formation de Venus. Les substances legercs de cette couche , sont arrivees en plus grande abondance vers Textrdmite eclairee, et sont entrees en plus grande proportion dans la formation de la nouvelle planete ; cc qui a pu compen>er la plus grande densil6 dcs autres substances qui dnt concouru a cette formation. . 186. L'anomalie du mouvement des satellites d' Uranus , nous a fjit conclurc , qu'au moment ou cette planete rf etc scparee dii soleil, elle se trouvait encore , a I'etat de nebulositc irreguliere. L'anomalie presentee par sa density , nous conduit encore A fa meme consequence. Dans cet etat de condensation peu avancee , imc faible partie de sa substance elait passee a I'efat de brouif- lard ; et sa masse , h peine idcntitiec avee la tmssc sokire ,> dQ — 552 — pouvait lui transmcUre encore qu'une foible partie des brouil- lards formes. La masse dc Safturnc, yrfus cendensee quand elle s'esl detachee, avail forme ct pendu plus de brouilUirds , et par consequent , plus de substances susceptibles d'acejjuerir , a I'etat solidc , unc grande densite. Jupiter , au moment de sa formation , ^tait encore plus con- dense que Saturne. Mais, ea echange des brouillards qu'il avail perdus , il en avail reeus qui s'^taient fiormcs dans la masse supe- rieure. Aussi sa densite definitive surpasse-l-elle de beaucoup celle de Saturne , sans cependant ^alcF encore celle d'Uranus. 187. Le soleil qui a conserve , en pVus grande proportion que toutes Ics planetes , les substances les moins volatiles , etail , toutes choses egalcs d'ailleurs , destine a acquerir une densite plus forte. Mais, d'unepart, a la temperature enorme dont il jouil , il est bien loin encore dfe sa densitie definitive. D'un autre cote , nous lui attribuons , vraisemblablemenl , une densite infe- ricure, a la densite reelle de son noyau liquide. Car nous jugeons, de son diametre , par celui de sa partie lumineuse , et I'incan- descence doit s'etcndre tr^s loin , dans I'atmosphiere qui entoure un tel foyer de chaleur. 188. Atmospheres. — Les gaz encore aujourd'hui permanens sur noire globe , doivent , ainsi que I'eau , se trouver le plus abondammenl repandus , dans les masses qui ont conserve le plus de substances volatiles. C'est done , generalement , dans les planetes superieures , qu'ondoit renconlrer la plus vaste atmos- phere. Les courans observes , dans Saturne el Jupiter, y in- diquenl , en effel , des atmospheres considerables. Je ne sais si Ton a pu rcconnaitre la superiorite de celle de Saturne. Mais elle parait devoir resulter de la meme cause qui a rendu sa densite inferieure a celle de Jupiter. L'atmosphere d'Uranus , doit etre , an conlraire, relativement, naoins etcnduc que les deux precedentes. 189. L'atmosphere considerable de Pallas, s'explique par la meme cause qui a determine, la grande inclinaison de son orbite, ct la petitesse de sa masse. Celle planele formee , dans la surface de rupture laissee par Jupiter, et loin du plan de I'orbile solaire, venail , par consequent , d'un point eloigne du centre de celte surface. Elle doit done conlenir , en grande proportion , les substances volatiles qui composaient , en grande partie , la couchc superficiellc de la masse solaire. CSres , quoiquc bcaucoup plus rapprochco du plaa de Torbite «olairc , pouvait se trouver encore i la circonfcrence de la surface de rupture, et conserver une atmosphere relative, a-peu-prfes «gale a celle de Patlas. L'atmosphere de Vesta est tres-faible, puisqu'on n'a .jpu la rcconnaitre par I'observation. D&s quatre planetes telescopiques, fiUe est celle dont I'orbite estle moins inclin6e , a Tecliptique , et vraisemblablement aussi , au plan primitif de I'orbite solaire. II est done possible que cette planete ait ete formee , non loin du centre de la section , et par suite dans un point oil les substances volatiles entraient en petite proportion. Junon, dont I'orbite est mediocreraent inclinee , peutn' avoir qu'une mediocre atmossphere. Au total , dans les planetes telescopiques , une grande incli- naison de I'orbite entraine , nece;!sairement , une atmosphere considerable. Mais une vaste atmosphere n'exige pas necessaire- mcnt que I'orbite soit tres inclinee. Une cause generale , la faiblesse de I'attraction centrale , tend a augmenter , dans ces quatre planetes , I'etendue de la masse atmosph6rique ; I'eau , en effet , doit y entrer , en totalite ou en grande partie. Cette substance , doit etre tres abondante , dans les ainwspheres de Ceres et do Pallas , et il doit &'y passer , en petit , quelques phenomenes analogues a ceux des cometes. Peut-etre ne sera-t-il pas impossible d'en rcconnaitre des traces. 190. Mars , ayant moins de densile que la terre , prescnte , vraisemblablement dans son atmosphere , une etendue relative superieure, mais une moindre etendue absolue. Sa masse est assez faible , pour que celle de son atmosphere le soit aussi , mais pas assez , pour que I'eau ne puisse rester liquide a la tem- perature ordinaire. Cette planete doit avoir, d'ailleurs, une temperature peu elevee ; ce qui doit y dimjnuer la quantite d'eau vaporlsee^ Les compensations, qui ont amenela densite moyenne de Venus a egaler a-peu-pres celle de la terre , n'ont pu neanmoins donner* a ces deux planetes la memc composition. Venus doit contenir ,. en plus grande proportion que la terre, les substances tres denses et les substances tres legeres ; mais , en moindre propor- tion , les substances de densite moyenne. Son atmosphere doit done etre , au total , plus considerable que la uotrc ; cc q^ue parait couflrnaer I'observation, Mcrcurc \ic pourait devoir unc atmosphere clcndue , qu'a la vaporisation de substances rcslees liqujdes ou solides , dans les autres pianeles. 191. Les satellites doivent avoir entraine , au moment de leur fprmaMpn, une granflequantite de substancesvqlatiles , ctdoivent avoir , generaienieiit, une atmosphere considerable, Dans chaque systeme de satellites , le plus vpisin de sa plapete, pcut seul faire fejtceptiona ce|tc Iqi. On a vu que rafTiiblissement graduel de Tattraction exterieure ^u systeme , a rapproche successivement les satellites de leur planete , et que leur rapprqchemenl totalaetetres considerable. 11 a done pu arriver souvent , que la masse nebule\ise du satel- lite inferieur, s'etendit encore, au-dela des limites oil son attract tion centrale pouvait contrebalancer I'atlractipn croissante de sa plan^tc. Alors il a du abandonncr son extremite la plus voisine decette planete. La partle detachec , n'ayant qu'une (aible vj- lesse angulaire , estalleese confondre dans la masse egalcmen| ncbuleuse de la planete. Le rncme phenomene a pu screpeter un certain nombre de fois , parlesrapprochemens progressifs. Mais , depuis sa separation, le satellite ava^t rassemb^e vers son centre ses substances les moins volatiles et repousse les autres a sa surface. Chaque partie, qui se detachait, lui enlevait done principalemcnt des substances tres volatiles. Le vide qui en resul- tait se remplissait toujours , aux depcns de la couche superieure qui reprenait son equilibrc. Si les pertes se sont multipliees , le satellite a pu se trouver presque eiitieremenl, depouille des subs- tances susceptiblesde kii former , par la suite , une atmosphere. C'est ce qui parait avoir eu Ueu pour notre satellite. Lameme cause explique pourquoi , il n'y a pas plus de diffe- rence , entre la densite de la lune ctcelle de la terre. On ne con- cevrait pas , autrenient , que la densite de ce satellite depassat la densite de Mars. 192. Loides vilesses derolalion. — J^a meme cause, qui aveodu, \ii Vitesse angulaire de rotalix)n des satellites , si inferieure a celje des planetes , tendajt a rendre aussi la vitesse angulaire des pla- netes inferieures , moindre que celle des planetes superieures. Ccpendant, quand la force acceleratrice angulaire n'a pas etc capable d'amcncr les deux vitesses alegalilc , ellc na paseu , en delinilivc , une influence bien considerable. En efl'ol , si elle di- minuail davanlage lesraomens., dans un periode, elides augmen- — - OOO ' tatt , divnntige au5i5i , dans le suivant ; ce qui ctablissiiit une sorte de compensation . Nous trouvons, dans la difference des condensations eproavecs par les diverses planetes , une autre cause qui a concouru, gcne- ralement , avec la precedente ; et qui a , vraisemhlablement » exerce plusd'influence. Elle paraitrait seule pouvoirexpliquer , comment , avec dcs vitesses angulaires primitives sensiblement ^gales , elles ont pu aequerir leurs rotations actucHes. 195. La condensation eprouvee , se mesure parle rapport, de la densite aetuelle a la density primitive. La densite primitive d'une planete depend , principalement , de la pression eprouvee au point ou elle s'est formee ; et cette pression allait en decrois- sant , du centre aux extremit^s de la masse solaire. La densite actuelle , ne depend que de la proportion des diverses natures de substances, entrees dans sa composition. L'on a vu que, plus une planete contenait, en grande proportion, les premiers brouillards formes , plus elle etait susceptible d'atteindre un haut degre de densite. Li proportion desrbrQuiUards decroissait , aussi, du cen-^ ire aux extremites. L'affaiblissement de la pression et , par suite , d^la densite , Suivait , dans la masse nebuteuse du soleil , unaprogression tres papidc , du centre aux extremites. Cette grande rapidite d'affai- blissemcnt, provient de lacombinaisonde plusicurs causes. Elle est, d'ailleurs , observee dans les nebuleuses existnntes.^On con- coit que generalement , elle ne peut-etre compcnsee , par la na- ture moins condensable des substances. Ainsi , la contraction des volumes , et la vitesse angulaire definitive , ont du , en gene- ral , etre d'autant plus fortes , dans les planetes consecutives , qu'elles provenaient de points plus eloignes du centre solaire. 194. La Vitesse angulaire de rotation , se trouve, en effct , bien plus grande , dans Saturne et Jupiter , que dans les quatre pla- netes inferieures , et , surtout , que dans le soleil. Mais , pourquoi I'egalite sensible des rotations de Jupiter et de Saturne ? Pourquoi trouve-t-on encore dans les quntre autres planetes des vitesses angulaires de rotation sensiblement egales entre elles? Pourquoi, enfin , observe-t-on dans le soleil une ififeriorite de vitesse angul&ire , qui parait au premier abord si disproportionnee ? Nous avons deja flit observer , que Saturne n'avait pu rccevoir que tres peu de brouillards de la planete superieure , dont l» ttiasscest faible par rapport a la sienne , et dont la condensation: «e trouvait d'aillcurs pea avaiicee. Au contraire , la masse de Salunie, paraU avoir pu egalcr, ou depasser meme, cellc de Jupi- ter , avaiH de s'etrc depouillee de ses brouillarcjs. Ellc a done pu lui en transtnettre ui^e assez grande quantjte, pqurquecctte derniere planetc eprouvat encore , uUerieurenjent , unecpnden- sation ega|e a celle de Saturne , raalgre lasupenqrite deja exis- Jante dans sa dcnsite. Si la loi dcs dcnsi|,es primitives et des compositions, eut ete re- gulieremcnt observee , dans les quatre dcrnieresplanetcs ; ces ^iJnsites primitives eussent ete croissan^es vers le centre du ^ysteme ; les quantites de substances , susceptibles d'acquerir Vine grande densite , se seraient accrues en meme temps , mais ^Yec naoins de rapidite ; Les contractions eprouvees , et , par suite , les vitesses angulaires definitives eussent ete nioindres pour les planetcs infericures. Mais ces quatre petites planetes » se trouvant tres rapprochees dans la masse solaire, les differences (Jes deux tendances CQntraires ij'y etaient pas assez prononcees, pour ne pouvoir etre compensees par des causes accidentefles ; pt Ton concqit (ju'elles aicnt pu accjuerir dcs vitesses arpeu-pres egales. 195. Le soleil forme des parties , deja les plus cpndcnsees , de sa masse primitive , a du eprouver , dans son volume , une bien inoindre contraction que les planetes. Son enornie teniperature inaintient encore sa densite bien aurdessous de ce qu'elle doit (ievenir. Par ces deux causes , sa vitesse angulaire doit etre bien inferieure aceUe de toutes les planetes. Nous verrqns , cependant plus loin, que la vitesse reellede son noyau est supericure a celle que nous lui attribuons. 196. Anneaux.~VQ[ir qu'un anneau puisse se former , ilfaut que la force centrifuge de la couche superieure , equatoriale > Casse equilibre a I'attraction. Je trouve , par le ca^cul , que la force centrifuge , a I'equateur de Saturne , est , auJQurd'hui , les 0,165 de I'attraction. Supposons, un instant, que la masse yaporeuse decette planete , dans ses condensations successives, ^it conserve constaniment a chaque instant donne , une vitesse angulaire egale pour tous ses points. Daqscette hypothese , la force centrifuge n'eut egale que les 0,09 de Tattraction, a I'epo- quc , Qii I'equateur attcignait la circonference moyenne des an- neauj^. Mais on a vu que chaque masse vaporeuse, en passant dc la forme de spheroide allonge a celle de sphcroide aplati , a du ac(|uerir , daus sa zone equatoriale , uac vitesse angulaire, tres — 557 — supcrieurc a celle des autres couches. Pour que la force ccntrU fuge devinl egale a rattraction , dans celte zone , il lui suflisait d'avoir unc vitesse angulaire , unpeu plus que triple de la vitesse angulaire moyenne. Un allongcmcnt considerable de la masse planetaire n'etait meme pas necessaire , pour que le raccourcisse- inent imprimat , a la zone equatoriale , cet excedant de vitesse angulaire; car , pour une meme molecule , cette vitesse tendait a croitre en raison inverse des carr6s dcs distances successives , de cette molecule au centre. 197. A I'equateur de Jupiter , la force centrifuge n'est que leS 0,087 de I'attraction. Pour qu'un anneau put se former dans cette planete , il etit fallu que la vitesse angulaire de la zone equatoriale , y acquft sur celle du noyau , une superiorite , nota- blemcntplus grande que dans Saturne. II est done peu vraisem- blable que Jupiter ait pu jamais former des anneaux. Leur formation deviendrait encore plus difficile a concevoir dans les autres planetes. Deja, pour Mars, le rapport de la force cen- jttifuge a I'attraction est de 0,0049 ; et ce rapport est raoindre encore dans les planetes inferieures. Enfin , pour le SQleil , ce rapport est inferieur a 0,00002. II est done tout-a-fait invraisemblable que la force centrifuge, d'aucunc zone equatoriale, ait jamais pu faireequilibrea I'attraction. II ne parait done pas possible d'attrjbuer la formation des planetes 4 des anneaux abandonnes par le soleil. Chap. lY,— Soleil. n . 198. Les apparences observees a la surface du soleil, ne sont que la manifestation du refroidissement inegal de sa surface , et des phenomenes qui en resultent. 199. Taches et facules.—Qcsl dans la region equatoriale que s'opere la condensation. Ce changement d'etat , dans des vapeurs deja si echauffees , developpe une vive incandescence ; il se forme de pctits nuages , plus lumineux que le noyau lui-meme , et que Ton nomme facules. 200. Le rayonnement , et le contact d'une atmosphere moins echauffee, leur enlevent peu a peu leur eclat. De nouveaux brouillards venant continuellement s'y joindre , finissent par les transformer en enormes nuages , qui , maigre I'excessive chaleur dont ils jouissent encore , forment des taches sur la surface plus lurnineuse du noyau. C'est ainsi que tout corps en ignition , nous parait noir , si nous I'intcrposons cntre notrc ceil .et le soleil. — ^8 — 301. On voit dcs taches se former, non-seulement aux lieux liidmcs prccedcmincnt occupes par des faciilcs , mais encore danS le voisinage : c'est que ces facules attenaient a des nuages , qui , deja plus refroidls, n'avaient conserve qu'une incandescence egale k celle du noyau. En effet , il doit exister des nuages a cet etat , puisque les facules, ppur se transformer en taches, doivent neces^ sairement passer par tous les degres intermediaires d'incan- descence. Ces nuages invisibles se rencontrent , plus frequemment , aupres dos facules pu des taches , que partout ailleurs ; parce qu'il est dai^s la riatur« de tous les nuages, de tendre a s'agglo- merer. 202. Les nuages i^ouveaux, qui viennent s'adjoindre a ce nuage principal, I'entoureut d'une bordure moins obscure que Ton appelle penombre. Les limites de la peuombre paraissent bieu tranchees , parce qu'a d'aussi grandcs distances , les petiles irre- gularites disparaissent. Nous voyons aussi , dans notre atmos- phere, les nuages epais, qui amenent les oragcs , precedes et suivis de nuages plus legers ; et , les limites qui les separcnt, Uous para^traient eg^lemept tranchees , si nous les observions d'une plus grande distance. 203. Les nuages du soleil ont peu d'epaisseur, relativement a leur etendue ; car chacun , en revenant sur le bord du disque lumineux, nous apparait comme un trait delie. Nous voyons aussi nos nuages n'occuper qu'une coqche tres mince de I'atmospherc, quoique recouvrant souventdcs regions assez etendues. St04. Les facules affectent frequemment des fornries regulieres. C'est ce que nous observons encore, sur la tcrre , pour les nuages Ires legers. Ilsformcnt souvent, entre autres, de longues trai- nees rectilignes , et quelquefois plusieurs trainees paralleles. * 205. Les nuages, tcnus un certain terns en suspension dans latmosphere solaire, fiqissent par tomber en pluie; et la pe- * On ne snpposera pas, sans doutc , qu'en cornnarant !es yapeurs cl ks nuages formes dans le soleil , a ceux que nous voyons sur la lene , nous veuillions attribuer kur formation a fa luemp subs- tance. Si les ek'mens de I'oau peuvent etre unis a la temperature qui existe dans le soleil , ceUe substance y forme un gaz permanent. Mais des substances incomparablement moins volatiksf vaporisces sous une temperature inconiparabkmcnt plus elevee que celle de la terre, doivent produire des elkts aualo^juus a ceux qui resuiteut, I -^550 — nombre , formee des images les plus legers , disparait neces- sairementlademierc. Mais le courant descendant, etabli par la t;|iule de la partiecentrale,finilparentrainerlatotalitedechaque ijuage. 1206. La surface liquide est r^froidie par le contact de ces nou- velles substances ; elle s'enfonce dans la masse , et se trouve r«mplacee par un liquide plus echauffe. Si la chute des miages s'est operee , a-peu-pres en meme tems , sqr toute la zone equa- toriale, I'egalite de temperature se trouve retablie, momentane- ment , sur toute la surface solaire ; et cet astre reste quelque tems sans laches. Mais , le plus souvent , son atmosphere ne se degage que partiellement. 207. Lumiere zodiacale. — Le vide laisse, dans la partie infe- rieurc de I'atmosphere , par la formation et la chute des nuages , se comhle a mesure , par I'affaissement des couches superieures , et le rapprochement des parties laterales. La vapeur descendue , eprouve une pression superieure a celle qu'elle avait a supporter dans une region plus elevee ; elle apporte , d'ailleurs , avec elle une temperature plus basse que celle des parties laterales qui ne se sont pas affaissees. Elle doit done laisser deposer quelquest globules liquides , dont la legerete est proportionnee au pen de densite de I'atmosphere qui les supporte. ) Le brouillard qui en resulte, reflechissant les rayons lumineux envoyes par le noyau , rend visible cette partie de la vaste atmos- phere du soleil ^ et produit autour de son equateur , une aureole dc forme lenticulaire. L'amincissement qu'eprouve la nebulosite, (^ans sa partie supe- rieure , provient de ce que les deux courans polaires , qui la compriment, augrpentent d'impetuosit^ a mesure qu'ils s'elevent. La m6me cause pent empecher I'intensite du brouillard , de decroitre notablemen| vers son sommet. 208, Quand I'atmosphere equatoriale reste quelque temps sans produire de nouveaux nuages , raflaisscment des cou- ches superieures se trouve arrete ; elles s'echauffent pen a peu , et le brouillard doit s'attenuer graduellement. Alors, en eftet. nous voyons la lumiere zodiacale diminuer d'intensite. '^ sur noire globe , de la vaporisation et de la condensation de I'eaiu. Ccpeudant les formes spontanecs offcrles par I'aggloineiation deisj vcsicules , poiuraient etre specifiques ^ de meuie que les fu;ijie$ crisliilliaes all'ectees par les solides. n . ^ 540 -^ tm. Phenomencs polaires.—Ld surtace liquide du soleil nous csl cacliec par unc couche d'atmosphere iiicandescente , et leS vapeurs qui s'y forment dans la region polaire , sont , par suite , dies memos incandescentes. Les courans ascendans qui r^sultent de leur formation , doivent done s'elever , comrae des colonnes de feu , au-dessus de la surface lumineuse que nous prcnons pour le noyau, lis entrainent de ce foyer des substances non sus- ceptibles de rester vaporisees a la temperature plus basse des couches qu'elles traversent. Ces substances doivent done s'y condenser, EUes retombent en vastes flocons et produisent une apparence, queJonh Herschel compare a celle d'une precipita- tion chimique floconneuse. Je ne coroprends pas du reste , assez completement la description qu'il donne de ce phenomene pour en suivre ici les details. Je puis dire seulement encore que les apparences qu'il prpduit doivent s'affaiblir sensiblement , quand I'equateur solaireest reste quelque temps sans taches. Car, alors la pression augmentant dans toute I'atmosphere, I'evaporisation doit se ralentir. Je ne sais si Ic fait a etc observe. 210. Chose remarquable , la limite qui separe la region ou se produit ce phenomene , de la region des taches , se trouve a 30<* de I'equateur solaire. De sorte que la surface d'evaporation , est precisement egale a la surface de condensation. * 211. Vitesse de rotation. — Les nuages du soleil, dej3i supe- rieurs a sa surface lumineuse , sont encore separes du noyau liquide , par I'epaisseur de la couche atmospherique incandes- cente. Cette epaisseur inconnue , est vraisemblablement conside- rable ; carla densite attribuee au soleil , d'apres son diametre apparent, est bien inferieure a ce qu'elle doit etre reellement. J^a diminution progressive de la vitesse angulaire de I'atmos- phere , doit done etre deja considerable a la hauteur ou se trou- vent les nuages. Par suite , en prenant la vitesse de rotation des nuages pour celle du noyau, nous evaluons cette derniere beau- coup tropb as. Rigoureuscmcnt , les premiers nuages observes dans une atmosphere qui en a ete long-temps privee, doivent avoir une^ * Le sinus de 3oo est e'gal a 1/2. La calotte polaire et le tronc compris ciitre ellc et Tequatcur, out done des hauteurs egales. Or , ou salt que les surfaces des troucs d'uuc sphere , sout proporliou- uelles au4 hauteurs di; ces troucs. ^Mi- plus grande Vitesse , que les nuages d'une afmosphere (fcfnife long-temps orageuse. Car, daiw Ics intervallcsde calme, I'dvapo- ration se ralentit , les courans venus des poles s'aftaiblissent , el Tatmosphere acquiert une vitesse de moins en moins diiferentc de celle du noyau. Mais je ne sais si les frottemens atmosphe- riques ont assez d'intensite , pour produire des effefcs appr6- iciables , dans d'aussi courts intervales. 212. Atmosphere.— Vcnorme cKstance a Ltquclle s'etcnd laf lumiere zodiacale,indique dans I'atmospheresolaire une immensef ctendue. Une atmosphere aussi vaste , attirce par une masse aussi forte ^ produit une enorme pression surles couches inferieures ; et peui leur imprimer une grande densite, malgre relevatiowde tempera- ture. Mais les couches superieures , de moins en moins compri- mees, doivent devenir excessivemcnt rares a une certaine distance. Leur resistance peut done ne produire qu'un ralentissemcnt inappreciable , dans les mouvemens (Je Mercure et de Venus , dont les orbites paraissent comprises dans Falfmosphere solaire. II est possible, d'aillcurs, que la vitesse de chaeune de ees planetes, soit peu superieure , a celle de la couche qu'elle traverse. 213. Les couches superieure's de Tatmosphere solaire , par suite de leur faible densite , ne produisent qu'une deviation pen sensible dans les rayons lumineux qni viennent a les traverser. Or, quand on commence a appercevoir les astres , le soleil , d^af assez bassous I'horizon , ne peut plus interposer, entre eux efi notre ceil , que ces couches superieures. La refraction solaire , * done puetre confondue, avec les anomalies dc la refraction pro- duitepar I'atmosphere terrestre. Chap. V. — Laterre. 214. Lc globe sur lequel nous vivons , refroidi a sa surface ^ conserve , encore, sous sa croute soHdc,.un vaste foyer , reste de son incandescence anterieure. Ce feu souterrain , s'agitant sous le sol , ebranle des contrees ; ou , rompant ses entraves , vient embraser les villes , inonder lescampagnes. II a faisse partout des traces des bouleverscmens , plus terribles , qu'il occasion- nait , quand la couche refroidie , moins epaisse , lui opposait un moindre obstacle. Nous trouvons done encore , dans les faits geologiques , une concordance complete avec la theorie. 215. L^s differences de temperature ne produisent, sur laterre^ -.^42 — ricn d'analogue aux queues et aux n^bulositds dcs cdmetes ; parcc que la constitution de son atmosphere , diflfere ^ en un point cssentiel , de celle de ces astres. Elle est , en grande partie , composee de gaz permanens , dont la densite surpasse , de beau coup , celle de la vapeur d'eau ; ce qui permet auX vesicules de brouillard de s'elever ^ au moment memo de Icur formation, pour ne redescendre que dans un etat de condensation plus avanc6. Ce double mouvement , auquel sont assujettis les vesicules, com- plique beaucoup tous les mouvemcns de notre atmosphere ; et empeche des courans descendans de s'etablir en permanence, aux points les plus froids du globe ; c'est-a-dire , aux deux poles. Nouspourrions suivre, ici, tous les phenomenes qui scpassent dans I'atmosphere et a la surface du globe. Mais la plupart d'en- tr'eux ontune explication connue : nous nous restreindronsaux sculs phenomenes generaux que nouscroyons encore inexpliques. 216. Magnelisme ten^eslre.—Le globe terrestre produit sur I'aiguille aimantee , la meme action que produirait un courant electrique dirige de Test a I'ouest, a-peu-pres parallelement a son equateur. II est peu probable que les substances dediflerentes natures soient disposees , a la surface du sol , precisement de nianiere a former une pile. Mais on sait que des substances de meme nature , inegalement echaufifees , produisent aussi , par leur contact, un degagement d'electricite ; et Ton est d'autant plus portea attribuer , a cette cause, I'aimentation du globe, que le mouvement apparent du soleil a lieu , dans le meme sens que le courant presume , et a-peu-pres parallelement. Analisons done les ettets electriques qui doivent resulter , sur le globe terrestre , de Taction des rayons solaires. 217. Considerons une zone comprise entre deux paralleles tres voisins. Chaque zone est partagee en (ranches par les meridiens 5uccessifs. Deux tranches contigues, difFeremment echauffees , operent la decomposition du fluide electrique. L'ensemble des tranches comprises , depuis le point le plus chaud jusqu'au point leplus froid, forme done une sorte de pile; et la zone entiere Con- tient deux piles seniblables,qui sont opposees par les poleS du meme nom. Mais , dans ehaque pile, les elemens ne sont pas separes ; il doit done se produireuneffet analogue a celui qu'onobserve,quand on place , les unes sur les autres , differentes plaques de metaf, sans interposition de drap mouille. Or, on sait qu'alors les deux plaques extremes prennent le meme etat electrique qu« si ellcs etaient en contact immediat. Dc menK la force de chacunc des -845- deux piles c6nsiderees, ne doit depcndrc que de la differencd lU temperature, entre la tranche la plus froide et la tranche la plu$ echauffee ; et , par consequent , les deux piles doivent etre do force egale , quoiquc leurs longueurs puisscnt etre differentes. 218. Deux piles de! force egale , se louchant par les poles du meme nom , ne peuvent determiner un courant voltaique ordi- naire. II est impossible cependant qu'elles n'exercent pas une action sur la distribution de relectricite a la surface du globe. Elles tcndent a refouler , des deux coles , Tun des deux fluides vers le le point le plus froid, et I'autre fluide, vers le point le plus chaud. La repulsion reciproque des mfolecules d'un m6me fluide, I'em- peche , d'ailleurs , de s'accumuler aa point vers lequel il est pousse. Laluttede ces deux forces opposees determine, pour chaque tranche , dans un instant donne , un etal electrique parti- culier ; ctat qui depend de la position de cette tranche , par rap- port aux points le plus ehaud ct le plus froid. Or ces deux points suivent , sans cesse , sur la zone , le mouvenoent apparent du soleil. L'etat electrique de chaque tranche , varie done , aussi ^ a chaque instant ; c'est-a-dire , que I'electricite , qui appartenait a une tranche , se transporte sans cesse a la tranche voisine. 219. Les effets que nous venous de suivre pour une zone , ont lieu egalement dans toutes les autres. II y a done, a la surface du globe , unraouvement general de I'electricite, dirige de Test a I'ouest ; et ce fluide accomplit sa revolution autour de la terre , dans I'espace de 24 heures. 220. Ce courant pent differer , sans doute, du courant vol- taique. Mais , nous voyons, d'une part, qu'il doit necessairemenj exister ; d'autre part , le globe terrestre produit , sur I'aiguille aimantee , le meme eft'et que s'il recelait un courant voltaique ordinaire , dirige dans le meme sens que le precedent. Une forte induction nous porte done a penser que ces deux sortes de cou- rans agissent , de la meme maniere , dans tons les phenomene» d'attraction et de repulsion. 221. On conceit que le courant terrestre no soit pas exacte- ment parallele a I'equateur. Sa direction doit dependre , evidem- ment, de la configuration des continens et des mers, de la nature du sol , et peut-etre meme de la vegetation qui le rccouvre. Elle pent etre influencee , d'un moment a Vautre , par les variations accidentelles de temperature , par le degre d'humidite du sol , par l'etat electrique ou hygrometrique de I'atraosphere, et pap 4'autres circonstaBces encore, ^544 — 222. Pcut-6trc unc experience facile poilrrait-ellc cdhfirmer ccttc explication. 11 faudrait opposer , par les poles de ntOme nom , deux piles cgalcs, formant chacune un demi-cercle, et imprimer, a Icur sysleme, un mouvement rapide autour de la perpendiculairc elevcc , par son centre , sur son plan* Le couranl qu'on obtiendrait ainsi ^ aurait toujoui's une rapi- dilc bien infericure a celle du courant terrestre. II en differerait encore , en ce que le fluide s'y moiivrait avec Ic systcme dcs deux piles, tandis que, dans le courant terrestre, il passe d'un point a I'autre de la substance qui forme les piles. Cette derniere circonstance ne parait pas susceptible d'influcr sur le resuUat. Mais il est possible qu'une grande rapidite soit une condition essentielle pour la production da phenoniene , et Ton ne pour- fait approcher de la vitesse de la terre , dont la surface decrit pres de 500 metres par seconde. II est possible , aussi , qu'on puisse suppleer a la vitesse, par I'intensite du courant ; c'est ec que I'experience seule pourrait decider. 225. Aurores boreales. — Les aurores boreales offrent une cir^ Constance, qui ne parait pas avoir ete remarquee d'une maniere particuliere , et qui renferme , pourtant , la clef de Texplication future du phenomJ'ne : c'est la couronne de feu , qui se forme atf zeriilh de I'observaleur , et « qui est le point central dans lequeV tous les mouvemens d'alentour viennent concourir. » (Physique de Haul.) II resulte de ce fait , que le pbenomene n'a pas de position dcterminee , par rapport a notre globe. C'est un jeu de lumie^rc dont I'apparence reste la meme , pour le spectateur , quel que soit le lieu qu'il occupe. Le pbenomene ne pent, par consequent , s'op6rer que dans un milieu , toujours dispose de meme aussi par rapport au spectateur, quel que soit sa position, ou, en d'autres mots , le pbenomene a lieu dans notre atmosphere. Je ne m'arrete pas a I'objcction qu'on pourrait tirer de la pre- tendue distance a laquelle se passe le pbenomene. Quelle dis- tance , en effet ,n' i«signerait-on pas , au siege del'arc-en-ciel , si on voulait la determiner au moyen de saparallaxe ? Un fait , d'ail- leurs, prouve encore que le pbenomene est tout-a-feit local : une aurore boreale, qui s'etend jusqu'au zenith d'un observateur place en SuMe ou en Norwege, est invisible a 10 ou 15° ea arriere. 224. Les trainees lumineuses , qui partent du segment obscur — 54^ — tl vont converter vers le zenith , 5O0t „ a-peu-pres , dans 6e§ plans verticaux passant par Toeil de Fobservateur. Mais , obser^ vecs d'un autre lieuy elles seraient vues endore, dans des plans sensiblement verticaux. Leur direction reelle est done a-peu- pres verticale. Kqus sommes dottc conduits a admeltre ^ sut une portion da globe, une serie de trainees ^-peu-pres verticales, ascendantes ou descendantes , soil lumineuSfis par elles-memes, soitrefrac" tant ou r^flechissant une lumiere etrangere. A quelle cause attribuer ces trainees ? Trop de notions me tnanquent > pour que j'essaye de le Irouver. II faut , pour espe- fer une solution , connaitfe, non-seulement , toutes les donnees qui ticnnent a h position et au terns; mais , toutes celles aussi que peuvent fournir ies experiences de polarisation, 225. AeroHlhes mutltpks Hi periodiques, — Nous avons dejA parle des aerolithes isoles , qui viennent frequemment frapper la terre , apres avoir parcouru d'immenses orbites, Les aeroli- thes quise montrent, par groupes souvent innotnbrables,et a des 6poques fixes de Vannee , paraissent , conformement a I'opinion de M. Arago , n'etre que des asteroides , qui circulent , par mil- liards , autour du soleil. Leur origine est intimement liee a celle de la terre* 226. Lamati^re , ffleme a I'etat de pz on de brouillatd , n'est pas depourvue detoute adherence. Les planetes n'ont doncpu se separef , du soleil, par une rupture nettement tranchee. Cettct rupture a dft presenter quelq[ue chose d'analogue a ce qu'oii observe dans la rupture des substances visqueuses j une legere trainee de matiere nebuleuse devait lier , chaque planete qui sc detachait , d'abord a la masse solaire elle-mcme, puis a la planete suivante quandelles'est a son tour detacher Tant que les planetesf , sensiblement en COnJontflion ^ s'eloi- ^naient I'une de Tautre , toutes ces trainees se sont allongees a- peu-pres en ligne droite ; soit en restant continues y soit en se divisant. Continue ou divisee , la trainee qui liait , par exemple, la lerre a Venus , s'est etendue en spirale * quand ces deux pla- netes ont acquis des vitessefs angulaires differentes. La force d'agglomeration etant presque insensible , dans cette masse legere , chacune de ses molecules acquerait , a-pcu-pres le mou-' >ement qui devait resulter , de sa vitesse acquise et de I'attraction solaire. Ce mouvement , intermediaire entre celui des deux pla- netes, 9'approchait^ davantage, du niouvcment de la plus voisinc^ — 546 — i.a IraJn^e unique, oii ksirainees parlielles tendaient done aVeli- ri^fdcfJlus en plus. On poiirrait admettre , pour la premiere rupture de la trainee , une«poque plus ou ntioins eloignee ; maison ne peut supposer cettc masse nebuleuse susceptible d'une extension indefinie. II y a done eu , definitivement , division dans la trainee generale. 11 en est resulte une multitude d'asteroides nebuleux , etroits et allonges , circulant dans les intervalles des planetes ; mais plus nombreux dans leur voisinage , oil les trainees primitives de- vaient avoir plus de diametre et de densite. 227. La faible attraction centrale de chaque asterotde a fini par y detruire les differences de vitesses des jmolecules. Alors , il a f esse de s'allonger. L'attraction solaire , agissant plus forteraenl sur son extremite inferieure , a amene sa grande longueur dans la direction du rayon vecteur. Mais , la condensation eprouvee parces masses etant inappreciable, ce commencement de rotation n'en recevait point d'augmentation sensible. Le grand diametre n'a done pu arriver , ensuite , jusqu'a la perpendiculaire au rayon vecteur; el il s'esl etabli un mouvemcnt oscillatoire, qui le rame- nait , toiijours , vers cettc derniere ligne. Ce mouvement s'est perdu , plus tard , dans les perturbations diverses qui le contra- riaient. 11 n'est reste , definitivement, qu'une vitesse angulaire de rotation egale a la vitesse angulaire de translation, 228. Les ast^roides , dont Jes orbites primitives ^taient peu eloignees de cclle de la terre , eprouventde violentes perturba- tions , chaque fois qu'ils se trouvent en conjonction avec elle. Des perturbations successives peuvent amener , ces orbites a passer tres pres de celle de la terre , et enfin, ces masses elles-memesi rencontrer notre globe, 229. Les asteroides provenant de la trainee laissee de Mars a la terre , restent superieurs a cette derniere planete ; et ne peu- vent la frapper que dans I'h^misph^re oppose au soleil , et ,par consequent , pendant la nuit. Leur vitesse angulaire, autourdu soldi, est moindre que cell© lie la terre. Leur rencontre, avec elle, ne peut donC s'opercr, qu'aulant qu'ils la precedent. L'extremite inferieure de Tasteroide, etant la plus voisine de la lerre, en est aussi la plus attiree. Elle est done portee enarrierc. Xe mouvement de rotation , deja existant dans cette masse, est, pour cette partie inferieure, retrograde par rapport au mouve- ment de translation. L'attraction de la terre, dans ce premier — oi7:^ — > instant , accelere done le: n)0uvenient de rotation acquis . pir l,i masse allongee , autour da milieu de sa longueur. Mais ce mofu- vement concourt , avec le mouvement de translation de laierre, a porter, en peu de temps, rextreriiite inferieure de I'asteroide y au-dela de la Hgne qui joint les centres de ces deux masses. L'attraction terrestre tend alors a imjirimer ; au fuseau nebuletlx^ une rotation inverse a la rotation etablie , qui ne peut tarder a etre entierement detruite , par I'accroissementcontinuel decctte attraction. Le mouvement de rotation qui s'etablit ensuite ; iii^ verse par rapport a la rotation primitive de I'asteroide ; I'esi^ aussi par rapport a celle de laterre; '-' La rotation tcndra encore, a changer de direction^ apres que le grand diamfetre sera , de nouveau , arrive sur la direction de la lignedes centres. II s'etablira done ainsi une seried'oscillationSi Les demi-oscillations, pendant lesquelles rextrehiite inferieure est en avant de la ligne des centres , sont les plus courtes ; parcc que, dans cette position > lalighe des centres se rapprochd du grand diametre , en vertu du mouvement de la terre , tandis qu'elle fuit devant lui , dans la position opposee* II y a done plus de chances pour que Fasteroide rencontre la terre dans ccttc derniere position. Occxipons nous, d'abord , de ce cas. i 250. Quand I'asteroide vient toucher I'hemisphere obscarej; H a done sa partie superieure dirigee vers Test. Si Toscillation descendante n'avait pas commence anterieurement, elle ne pour- rait tarder a s'etablir. La partie inferieure tend done a suivrc le mouvement de rotation de la terre ; tandis que la partie supe-i rieure se trouve portee en arriere,tant par la direction actuelle du mouvement oscillatoire, que par rinferiorite du mouvement general de translation de la inasse nebiileuse. Le rapproche- ment , qu'a eprouve I'asteroide par rapport au soleil , tendait a rendre, sa vitesse angulaire de translation^ unpen superieure k celle de laterre ; mais cette masse, qui le suivait, lui a fait eprou^ ver une perte d'aire considerable , qui a du laisser i au total , sa Vitesse angulaire inferieure. Si le point , ou le meteore penetre dans notre atmosphere /. restait , constamment, sur la hgne menee du centre de la terre a une etoile determinee; ce point de penetration devancerait I'etoile , dans son mouvement apparent vers I'occident j car les deplacemens apparens, qui remltent du deplacement de I'obser- vateuf , sont d'autant plus considerables que les objets observes sont plus rapproches, Mais , ce point dc penetration est biew eloigns, de Vextremiie superieure et m^rae dii centre de raste« roi'dc. II participc, dans sa rotation, au mouvement de rexlremite inferieurc ; et tend aussi, quoique moins rapidement, idcvancer le centre. Ce mouvement reel, qui diminue sa vitesse apparente vers I'ouest , pent la rendre egale a celle de la sphere celeste , et montrer, constammentversla meme etoile, I'origine du m^teore. Ce point de penetration ne change , que graduelleiuent , par rapport a la surface superieure de ratmosph&re. La nouvelle substance nebuleuse qui y arrive , tend a renlrer dans le courant descendant , 6tabli par la partie qui la precedait. Gette cause so joint au mouvement rotatoire de I'asteroide , pour empecher sa base de s'ecarter beaucoup d'une meme conlree. 231 . Si I'extremite inferieure de Tasteroide , est en avant de la ligne des centres , quand elle arrive a la terre ; le mouvement de rotation, qu'il recoit, tend a porter cette extremite inferieure vers I'ouest ; tandis que la surface de la terre s'avance , au con- traire , de I'ouest a Test. Le meteore devra done , alors, frapper successivemcnt diflerentes contrees du globe , et laisser sur chacune d'elles des aerolithes peu nombreux. 232. Dans tons les cas, si rasleroide a une longueur assez grande , il ne tombera pas en entier sur la terre. Sa partie supe- rieure , restant en arriere , finira par se s^parer de I'extremite inferieure qu'il abandonne a la terre. Elle continuera a parcourit son orbite, modifiee par I'enorme perturbation qu'elle a eprouvee. Elle devra uUerieurement rencontrer la terre vers le meme point de I'orbite , et par suite a la meme ^poque de I'annee ; mais il parait difficile de reconnaitre, sans le secours du calcul , si , par suite des perturbations qu'elle a eprouvee , elle devra precis6- ment s'y retrouverapres la premiere revolution. 353. Les astero'ides provenus de la nebulosite qui joignait la terre a V6nus , ont cemlinue a decrire des orbites inferieures a celle de la terre ; ils ne peuvent la rencontrer que dans son hemis- phere eclaire , et par suite pendant le jour. Cette rencontre ne pent avoir lieu qu'autanl qu'ils sont devanc^s par elle , car il» ont une vitesse angulaire superieure a la sienne. Du reste , ils recevront encore des oscillations semblables , et produiront des effets enlierement analogues, 234. Ces masses nebuleuses frregulieres, qui traversent notre atmosphere suivant une direction oblique a leur plus grande longueur , doivent s'y diviser , par la resistance et la prcssion qu'elles y eprouvent. Peut-dtre raeme leurs diverses parties — 549 — laissaient-elles, deja, quelque intervalle , avant d'y pdnotrer. Quoiqu'il en soit , ces parties sont aniinees de !a m6me vitcsse angulaire de rotation que la masse enti^re. Cette vitesse s'ac- croit, par la condensation qu'elles eprouvent; et Von voit se repro- duire tous les effetsdeja decrits pourlesaerolithescometaires. Ces derniers ne paraissent qu'isolement , tandis que les aero- lithes planetaires , apparaissent en grand nombre , soit dans une meme region , soit en se dispersant sur une grande partic dc la iurface terrestre. QUATRIfiME PARTIE. ^ EXAT FDTUR DE L UlflVERS. Chap, h'^ .^Changemens dans la temperature et la clarle universelle. 235. Refroidissemeni des soleils. — Tous les astres aujourd'hui a Tetat d'ignition, envoient , sans cesse , du calorique et de la lu- iniere , aux astres dejarefroidis qui les entourent. Des rayons, en nombre incomparablement plus grand , sont par eux lances dans I'espace , oil leur route rectiligne n'aurait pas de termc , s'ils ne linissaient par y rencontrer quelque corps. Apres des temps im- menses , ces pertes reiterees refroidiront done enlin la surface ' J'entreprencls ici de prouver 19. Que la feodalit6 est d'origine gauloise et romaine ; 20. Que , par feodalite , il faut entendre I'abaissement de la puissance puhlique et I'exaltation de la puissance privee : celle-ci tantot protegeant les faibles , et tantot les tyrann|sant ; 30. Que . du 56. au 10^. siecle , chacuii eut besoin d'etre pra- tege par un plus fort que soi , la puissance publique exists^nt k peine ; , « 40. Que les Normands , en s'etablissant sur les bords de la Seine , ont releve la puissance publique de I'etat d'abaissement , oil I'avaient place d'abord la chute de Tempire Romain, et ensuite la decadence successive des deux premieres races de nos rois. Je sais parfaitement que ce systeme est en opposition directe avec celui qui fut soutenu, il y a quelques annees , par un homjne de lettres distingue. Ainsi , M. de St.-Marc Girardin veut que les Normands soient parmi nous je ne dirai pas les promoteurs du systeme feudal , mais ses sQutiens ; il leur attribue la noblesse de >-!"-■• ■ * Vofr ci-dessus |>. 187. ' ^556 — dc race et le droit d'aiticsse ; il leur rcproche d' avoir fortifie , da- veloppc , et prolonge un itat de choses qu'il proclame funeste a rhumanite. Entrons dans I'examen des fails , et voyons ce qu'ils revelent. La noblesse , telle que I'entend M. de St.-Marc Girardin , ne nous est pas venue du Nord. Dans tous les etats Scandinaves , clergi , noblesse , bourgeoisie et pay sans , sont quatre ordres se- pares, mais d'un poids egal. Nulle part on ne respecta davantage les droits de I'espece humaine. En fut-il dem^me dans les Gaules et h Rome, pays de servitude ct meme d'esclavage ? A mes yeux la feodalite durable , une feodalite qui pesa 500 ans sur nos peres , depuis la grande inva- sion des barbares jusqu'a Rolion , cettc feodalit6 , d'origine evi- demraent gauloise et romaine , ne coramenca a faiblir et k sc miner peu k peu que precisement lors de cette invasion nor- mande qu'on dit I'avoir completee et rendue durable. En 831 , Louis-le-Debonnaire se fit representer le polyptique de I'abbaye de Centule ( St.-Riquier en Picardie ) , qu'y vit-il ? Cent nobles, tous nommes, tenant tous du monastere des maisons de campagne , des terres et des rentes en benefice , sous la coa- dition qu'eux et leurs hommes ou soldats feraient le service mili- taire , toutes les fois que I'abbe et ses ofiiciers le requerraient. Aux fetes de Noel, Paques et Pentecote, et aussia la St.-Riquiei:, ces nobles et ces soldats se rendaient a I'abbaye tout armes. Le polyptique detaille les redevances des ouvriers , des negociants et des nobles, et le people parait divise en plusieurs classes. Voila bien , je I'espere , la feodalite tout entiere , mais 80 ans avarit iloUon , et lorsqu'il n'etait pas encore question des Normands, La feodalite , telle que la coocoit le savant professeur parisien , est done une chimere. Pfeffel que Louis XVI ne cessait de consulter sur lesmatieres de droit public , Pfeffel qui servait de guide aux savants auteurs de I'art de verifier les dates, n'hesite pas a dire que le vasselage et tous les mots qui s'y rapportent sont Gaulois. Le Dieu de la guerre chez nosaieuxse nommait Vasse. Les Caletes ( Cauchois) en parlent dans une inscription trouvee dans le Luxembourg. Ce fiirent les Gaulois qui , en vue de la guerre , li^rent \homme a \homme ; dela Vhommage lige et la foi feodale. Au conlraire , les tiefs , les serments et les redevances pro- viciinent des Remains , ainsi que les litres dc due , de comte , de baron , de gentilhomme et d'ecuyer , et les fastueuses qualifica- lions d'illuslreet de clarissime. On trouve dans la nolicc ds Fempire , ces gentils et ces 4cuyers , ( gentiles el scutarn ) dont ii importe de rechercher Uorigine. Pour recruter ses armees , Rome avail fini par demander k la Gaule un cavalier {miles) par circonscription territoriale de taut de charrues de labour. Le riche {persona major) qui possedail une ou deux de ces circonscriptions , envoyait a Tarmee un ou deux gentils , et I'honjme libre moin:! riche, {persona dehilior) se feunissait a d'autres dehiles pour cnvoyer un ecuyer moins bien arrae et moins bien solde que le gentil, Ce genlil , d apres le code Theodosien (I. 7, til. 15) , recevait parfois de veritables fiefs, obligeant la genlilite a porter les armes. Parfois aussi. Ton depouillait de sa terre eette gentflit6 , et on I'abaissait a I'etat de bourgeoisie {curiale) , si elle refusait de marcher a Farraee. Comime ces gentilshommes etaient les hommes par e^Mjellence de chaque pays {pagus) , el que les habitans de chaque pays se nommaient les gens de tel pays , il etait naturel qu'on vit naitre la qualification de gentishomo : chevalerie gallororaaine , source de la noblesse francaise, N'oublions pas , en ellel , que toute perscmne majeure Awaii un caractere prive et une puissance , celle de juger les hommes de son domaine , droit que Cesar montre dtre tout gaulois. Dfes-lors s'explique lacomedie intitulee Querolus, qui fut ecrite du temps de Theodose. Querolus prie son lare farailier de le rendre j?m>' sant et prvve. Le lare demande : Pourquoi puissant ? C'est , dit Querolus, afin que je puisse tuer et depouiller mes voisins. On le voit, I'oppression feodak remonte haul. Ccpendant le lare repond : Tu ne requiers pas fa puissance, mais le droit de pillage ; preuve que la puissance etait naturellement protectriee. Aussi , Gilbert Stuart , I'homme qui a etudie le systeme feodal avec le plus de profondeur, ne balance pas it croire que les droits dus par le vassal , venaient du recours habituel des faibles a la protection des forts. Or, qui , du 5«. au 10*. si^ele , n'avait pas besoin d'un protecteur prive et puissant ? Oil itait la puissance publique ? Quand done fut institue le recours a cette puissance publique » c'est-a-dire quand fut frappe par sa base I'edifice feodal? Ne fut-ce pas quand les Normands instituerenl la clameur deharo , ce cri pousse vers le prince , qui dispensait de toute protection privee et puissante , ce cri qui rendait le prince seul juge de toutes les atteintes portees » la persoruie et a la propri^te , le» -^358 — causes de haro ^tanl constamment et privativement devolaes au due ? Ne semble-t-ii pas vraiment que deja Ton apercoit nettement, I'inanite du systeme anti-normand , invente par M. St. -Marc Girardin ? Et n'est-il pas vrai de dire que le Moyen-agc vit affai- blir la feodalit^ loin de la fortifier ? Abordons maintenant la question du droit d'ainesse , et celle des prejuges de naissancej Le droit d'ainesse est dans les formules de Marculfe , fedig^es, au milieu du T*. siecle , bien long-teraps avant les Normands. On y voit un pere se plaindre de la barbare coutume du pays ^ et , pair uu acte de son expresse volonte , s'eflbrcer d'etablir une egalite contraire au droit commun. Quant a la noblesse de race, la meiileurp preuve qu'il en exis- tait sous les Merovingiens , c'est (lorsqu'ils veulent prendre une compagne) le soin qu'ils apportent a recherchef si elle est de race trfes noble, du tout au moins d'une race (Jui n'a rien d ignoble. Les juridictions sont une autre preuve : sous nos premiers rois, I'arbitre des personnes majeures , c'est le prince ; celui des debiles, c'est le comte. (Capitul. de 755). Dans ce capitulaire les debiles sont formellement distingues des serfs. Le montant de la composition est une troisieme preuve de la distinction des races : lisez le capitulaire de 813 , 11 dit que le coupable de meurlre payera , pour un homme franc ^ 600 sous ; pour un ingenu , 200 ; pour un lete, 400 ; pour un serf, 50. Et si c'est une personne publique, comte , envoye du roi, etc. , la composition sera triple de celle qui est due a raison de sa nais- sance. Cela est-il clair ? . Enfin , ce qni acheve de miner le systeme , qui attribue le prejuge de la naissance aux Normands, c'est ce passage de Sidoine-ApoUinaire. 11 a Fair d'un reglement fait pour les cha- noines , cortites de Lyon* « Les preuves de noblesse du Cote paternel sont,dit-il, les plus » imporlantes, ce qui n'empeche pas cependant qu'on n'ait aussi » beaucoup d'egard aux preuves du cote matcrnel. » Or, Sidoine •Apollinaire etait ne a Lyon en 430 , pr^s de 500 ans avant RoUon. . Mais ♦ il y a plus , les auteurs rapportent de nombreux exem- ples de la fierte que la naissance inspirait a ceux qui pouvaient s'en prevaloir. A la fin de I'empire , la noblesse gauloise , pour se distinguer du peuple , prit la longue chevelure , et ne marcha, — 550 — plus qu'avec ses insignes , marques d'honneur et de chevaleri* qui se retroiivent dans Ics armoiries du Moyen-age ^ adoptceS par !es Normands, vers la fin du 12®. siecle seulement. Les paladins ne quittaient pas leur baudrier , et quand on lit la prise d'artties du jeuue LOuis-le-Debonnaire , on voit que tout le cere- monial Chevaleresque n'a pas 6le cree sous I'influence des Nor- mands. Au 6*. sifecle les avantages de la haissance faisaient obtenir les suffrages du peuple : Simplicius , dit Gregoire de Tours , fut ^levea Tev^ched'Autun, parce qu'il etait dune race noble, et que sa ferame ^tait tr^s noble. Chez les Normands , au contraire j les offices de la maison du due , ne furent acquis aux genlils qu'apres Richard le"". ; car * naturellemeht # les Normands aimaient I'egalitc. C'etait bien different chez les Francs. Si on en croit les eve- ques des provinces de Rouen et de Reims , ecrivant a Louis-le- Germanique , en 858 , les nobles disaient aux rois : Meprisez les ignobles , et ne faites cas que de ceux dont les peres out conquis la France. Charles-le-Chauve , dit une chronique de I'Anjou , voyant que le§ nobles ne montraient de vigueur que contre leur souverain , et se bornaient a etalcr avec ostentation les portraits de leurs aleux , rait sa confiance dans des hommes noiiveaux, et pour prix de leurs services , leur donna , selon I'antique usage de la mo- Uarchie , la noblesse pour eux et pour leurs descendants. Je dis que I'anoblissement fut le droit politique et immemorial du royaume et je m'appuie pour le prouver sur un discours de Fredegonde a deux assassins : « Armez-vouset faites attention que si de braves gens peris- » sent souventala guerre, c'est pour leurs descendants , une » source de noblesse, de consideration et d'opulence, qui effaccnt » les anciennes maisons. » En France , la carriere des honneurs ne fut done jamais fer- mee , et les Normands n'interrompirent pas le droit qu'avait chacun de parvenir aux charges. Car Henri I^"". due et roi , fit comme Charles-le-Chauve , il ne s'entoura que d'hommes noii- veaux; c'est Orderic-Vital qui nous I'apprend, et qui nous doimc le nom de quelques-uns de ces hommes nouveaux. M. St.-Marc Girardinne tient pas comptedeces faits ; il nou* parle de deux classes d'ou il semble qu'on ne pouvait sortir, Tune »ee pour commander , Taatre pour servir. - ' — 560 — ' Renferm^ dans I'etude du droit public de ma province je vois !es choses sous un tout autre aspect; je vois un bourgeois de Caen Jeter le cri de haro sur le corps d'un puissant prince , le conque- rant de I'Angleterre ; les bourgeois de cette raeime ville prendre , ^ous nos derniers dues , le litre de barons d'honneur de Caen , et quand le Journal des Debats m'apprend que le prejuge de la nais- sance protegeait la noblesse au milieu des revokes populaires , Je lis , dans maitre Wace , le discours de paysans qui font com- mune au 10^. siecle. « Nous sommes , dlsent ccs paysans , parlant des qentils , des » hommcs comme ils sont. Nous avons d'aussi grands corps '» qu'eux ; s'ils veulent guerroyer que chsJcun se fasse des » armes », etils citentles nombreuses armes qu'ils employeront. De nos jours , on ne parie que de chevaliers bardes de fer qui dans le Moyen*age commandaient a toute lacontree desarmee* J'avoue que je ne vois pas cela en Normandie , ou, douze fois par an , chaque paysan devait faire la garde au chateau voisin , el s'en rachetail par des compositions, qui donnaient lieu aux nobles de faire faire le service militaire, pour ceux qui preferaient s'en dis- penser. A la verite , les Normands ayaut a s'opposer auX Francais, qui les voulaienl renvoyer en Norwege , ont instilue une foale de fiefsi de haubert ; mais lorsqu'ils n'ont plus eu la crainle dc perdre leur province qu'onl-ils fait? Ils ont divise leurs fiefs en huit membres, ce quiadetruil Torganisation premiere. Des Philippe- Auguste , lousces fiefs etaienldans une complete decadence. Ce: prince voulut compter les bannieres qu*il pouvait leter en Nor- mandie, etiln'entrouva plus que 58. St.-Louis s'apercut que lea fiefs etaient dans la main des roturiers , et loin de s'opposer a ce mouvement heureux , il se borna a exiger un droit de franc fief qui tranquillisait le possesseur ; et,jusques sous Henri III, I'ano- blissement s'est efFectue par le fief } nos rois ont oflFert la noblesse dans cette province pour de faibles sommes ; mais il y avait si peu d*empressement a I'obtenir , tant les aulres classes avaient de poids , qu'on cite le refus d'un richeherbagerdupays d'Auge. J'ai ditque naturellementleshommes duNord aimaient I'ega- lite ; J'aibesoin dele prouver : Or , en 876 , les Normands , alors pirates ^ firent face sur les bords de I'Eure , a une armee francaise. Deux guerriers fran- cais , sachant la langue danoise dirent aux Normands : Quel nom a voire seigneur? el les Normanrls dc repondre : Nul ;carnoiis smnmes egaux. {Dudon de St.-Quentin). Cettc egalite primitive est en cffot la basede laconslilutiort normande. N'empechant pas la formation d'une autorite ducale ^ elleTobligea seulementa rie rien faire que par conseil ; conseil jpour leduc j conseil pour le comte subordohne , conseil pour le moindre baron. Toute la vie se passait en parlements qui se nom- maient Concifes communs , lorsqu'il s'agissait de politique et de religion , et cour quand il etait question de justice. Assis sur leur perrbn, les puissants ecoutaient , au milieu de leur cour, les plaintes de tons contre tous ; la plainte de I'humblQ bourgeois comme celle du plus noble baron. L(3s cours et concihs etaient (les etablissemens, dus a la sagesse des capitulaires de nosrois. Adoptes feiiNormandie , ils secora- poserent de tous ceux quiavaient fiefs de haubert. Cettc division politique M toute une province en pareils fiefs annonce bien des legislateurs qui avaient eu primitivement la guerre pour objet principal ; et cependant la religion avait egalement occupe la pensee des Normands. lisle prouvcirent enAngleterre. Lors de iaconqu^te, sur 60,215 fiefs dechevaliers, on en reserva 28,411 pour les etablissements ecclesiastiques; c'etait travailler contre la noblesse , contre I'inegalite en horreur aux vrais Chretiens, et par consequent pour le peuple et pour la liberte. Dans les assemblees nationales ou conciles communs,leclerge fat toujoursadmis. 1/ar- cheveque de Rouen etait avec Rollon quand lui et ses fidelesde- liberaient sur les propositions de Charles-le-Simple, et cependant ^ il n'y avait la de chretien, ou d'homme pret a le devenirque le due ; la conversion dela masse n'eut lieu qu'en 927 , quinze ans apres I'etablisseraent des hommes du Nord sur les bords de la Seine. Non-seulement le clerge , par ses formes electives , represen- tait la democratic , mais comme les portes des conciles etaient toujours ouvertes , lafoule s'y portait bien plus qu*anos cham- bres et a nos tribunaux ; il s'y faisait meme d'etranges tumultes, et il n'etait pas aise d'y ouvrir des avis impopiilaires, toujours mal recus, au milieu d'un tel anditoire. Examinons la vie politique , en etudiant I'etat des personnes. Voici huitdegres dans Techelle sociale : l^. le due et les siens; 20. les comtes subordonnes dont le nombre etait assez grand ; 50. les bers , barons a gonfanon ou chevaliers a pennon , servant le due ou ks comtes et de leur chef ; c'6taient les vassi des capi- 06. tulaires ; 40. los vavasseurs nobles , tenant leurs biens derinfeo- dation ; c'elaicnt lesrasM/ulecesm^mescapilulaires; aa-dcssous de res gentllshommcs so trouvaient : 5°. les bourgeois qui , de bonne hcurc , et peul-etre toujours , firenl communes en Nor- niandie (Basnage est mon aulorile surce point) ; e^. les paysans- bordiers, vivant dans dcs bordeaux, le long des cheniins,et servant la table ou bord des riches , gens de confiance parmi lesquels se prenaient Ic maire du village , le bailly , les prevosts et lesbedeaux, officiers alors charges de maintenir I'ordre, de veiller sur les corvees , el dc prelever les redevances ; 70. les paysans-colards, artisans travaillanf pourle comptc des seigneurs dans des colages qui cnvironnaient le chateau, dont les alenlours formaient ainsi une sortede bourgade ; 70. les vilains-regardant, hommes cultivant la glebe; 80. les vilains en gros, ainsi nom- mes parce qu'ils faisaicnt le gros travail chcz les riches , dont ils etaient les serviteurs les plusmcprisiss. Point d'csclaves dans cet ordre social , du moins on ne peut en rapporter aucun exemplc clair ct formcl, qui puisse convaincre nosjiirisconsultes. La lerre normande fut toujours, selon eux , une terrc ou il y eut corvees et redevances phis ou moins grieves, mats non hommes vendahles. II y a bien , a la verite , des ventes que Von cite , oil il est question d'un vilain , d'un paysan et nicme d'un bourgeois com- pris dans I'alienation ; mais , quand on examine le contrat , on voit que c'csi la terre ou la maison occupee qui sont vendues , et non rhommc. En elfet, les paysans et les vilains , souleves a la tin du 10". siecle , parlcnt de quitter leurs terres, trop mulcles quits elaieni de charges grieves, mais non de briser leurs chaines. On voit dans Guillaunic de Jumieges, qu'il y avait de ccs paysans qui etaient riches. Basnage a place en Normandie , avant cetle rcvolte de paysans qui faisaienl communes , I'existencc de villes, bourgs et villages reunls par decommuns serments. Le maire de ces villes parait avoir etc I'homme dc confiance de Teveque et du chapitre , ct ce niairc est un reste du majordome des Romains , chef dc la mai- son ; il y a plus , comme infantcric, il y eut de tems immemorial dans les armees normandes , des archers , puis des sergents. On cile les arChers de Rouen ; on cite aussi ceux du Vaudreuil ct meme ceux d'Arquency , qui n'est aujourd'hui et qui ne fiit jamais qu'un village situe prcs d'Andely. Sous quelque point dc vue que Ion se place pour envisager la .,.4. 563 — question , on Voit Taction normande agir en sens! contraire dU systeme feodal , loin de lui pfeter I'appni qu'on suppose. Leduel jiidiciaife appele monomachie ougage de bataille, est une institution tout-a-fait antique, contrc laquelle la religion n'a cesse de lutter. Adopte en Normandie ou Ic due avait son cham- pion (campion) , aussi bien que les plus feligieiises personnes, telles que (es abbes et les abbesses , il y fut bien moins odieux que partout ailleurs. Etienne Pasquier loue les Normands de pennettre, en tous gages de bataille, de parler de paix, et il fallait chcz cux prealablement a toute monomachie le conge de la justice. Voila , Messieurs , quelques raisons qui me font conclure qde la chute des institutions feodales s'est acceleree par la venue des Normands en France. C'etait tout le contingent que je pou- vais apporter dans une discussion qui me parait comprendre une foule d'autres apercu^* IV. Rapport sur les Coulurhes locales du Bailliage d'Amtetis ^ considerees comme documens historiques, par M. Bobthors ** Messieuts , un heureux hasard m'a fait decouvrif , dans leS archives du grefFe dont le depot m'est confie, pres de 400 chartes, contenant la declaration des coutumes locales des comtes , baro- nies , chatellenies seigneuries , vidanies , prieures et echevinages Situesdans leressort de I'ancien bailliage d'Amiens.Toutesces pieces sont originales , inedites et rev^tues de I'authencite la phis irrefragable : elles ont ete redigees en 1507 , par suite d'une me- sure generate ordonnee par le roi Louis XTI, dans Ic butde fixer le droit coutumier de toute la France et dc preparer dans nos lois* cette reforme tant desired: dont notjre sieclc vient seulement de voir I'accomplissement. Ces coutumes, Messieurs , dont jeviens vous signaler I'exis- tence , peuvent jeter un grand jour sur I'histoire de nos provinces au Moyen-8(ge. On y trouve des faits interessans sur la forme et I'administration dc la justice feodalo , sur les droits et les prero- gatives des seigneurs, sur les privileges et le regime interieur des * Voir ci-dessus p. 2ic> et ^iB. — SG4 — Communes. Enfin , c'est peut-etrc , pour I'etudc desmoeursde la Picardic et de I'Artois , le document le plus complet et le plus curieux que nous ayons. J'avais d'abord cu I'intention d'oflrir k la section d'archeologie un inventaire analytique deces eoutumes. Cc travail est tcrmine ; mais le temps m'ayant manque pour la mise au net , je me bornerai a lui presenter un appercu succinct des richesses qu'on peut en exhumer. Le baiiliage d' Amiens etait divise en huit prevotes , savoir : Beauvoisis , Vimeu , FouUoy , Amiens , St.-Riquier , Doullcns , Beauquesne et Montreuil. La prevote de Beauquesne , dans le principe , etait plus etendu queles sept autres puisqu'elle era- brassait , dans son ressort , tout I'espace de pays compris cntre Amiens etTournai , c'est-a-dire non seulement une partie de la Picardie, mais encore toute la province de I'Artois, moins le comle de St. -Pol et empietait encore sur une fraction dela Flan- dre. Mais la funeste bataille de Pavie el le traite de Madrid , en ont detache tout ce qui etait situe au-dcla de I'Authie , de telle sorte que ce dernier demembrement lui a enleve plus des deux tiers de sa juridiction. Ces eoutumes n'ont ete inventoriees , au greffe du baiiliage , que 52ans apresleur redaction. Un inventaire de 1559 en elevele chiftre k 430. Nous n'en retrouvons que 3o8; mais de Cl' nombre il convient encore de retranchercelles qui sont dansunetat de dela- brement tel qu'on doit les considerer , sinon comrae perdues, du moins comme totalementillisibles. Ccpendant , comme les lacu- nes signalees n'existent , en general , que dans les prevotes de Fouilloy et de Beauvoisis , dontles eoutumes sont le plus unifor- mes dans leurs dispositions , ces pertes sont peut-6tre moins im- portantes qu'on ne serait tcnle de le croire. Quoiqu'il en soit , ce qui est conserve ne laisse pas que de former un tout assez com- plet et un ensemble assez satisfaisant. Le depouillementde toutesces pieces a ete pour nous un tres grand travail. Elles sont si volumineuses que le commissairedu roi , Saint-Deliz , charge de les faire publier , declare , dans le proces-verbal do la coutume d'Amicns * qu'il n'a pas cru, en cela, devoir se conformer au voeu des letlres royaux , attendu que la lecture de toutes ces cautumes aurait exige plus de six mois de seances consecutives. * Couliimicr gt'lieral , e'dilioa de i54<>. Peut-etre, Messieurs, ne sera-l-il pas sans utilite de voas don- ner une idee de la maniere doiit est concu notre travail. Nous avoiis adople la division par prevote et I'ordre alphabetique suivi dans I'inventairede 1559 ; nous avons place en marge de chaque rubrique et dans descolonnes separees , divers genres d'enon- ciations que nous avons cru important de separer I'unde I'autre : ainsi , par exemple , dans la colonne la plus voisine du mot sail- lant , nous avons tache de donner une designation caracteristique de la coutume , en mentionnant si elle s'applique a une seigneu- rie ou aun echevinage. Dans une autre colonne ,nous rappelons \e nom du seigneur ou possesseur de la terrc , en 1 507 ; dans une autre , la mouvance , e'est-a-dire le chef-lieu feodal dont la terre releve ; dans un autre , I'etat materiel primitif de la piece ; dans une autre , son etat de conservation ; dans une autre, une aualyse sommaire de ce qu'elle contient de plus interessant ; dans une autre, la date des chartres anciennes qui y sont rappeleesou trans- crites ; cnfin , nous avons consacre une derniere colonne aux; observations. Messieurs , puisque je vous ai parle de chartres anciennes , je vais de suite preciser toutes revelations que j'ai a vous faire a cet egard. En tetc de la coutume d:e Gezaincourt , pres Doullens , on Irouve la copie tcxtuelle d'une chartre en latin , donnec au mois d'avril 1210 , par messire Fretialz , seigneur dudit lieu , au profit des habitans auxquels cette chartre concede des privilpges fort elendus. Xrois autres chartres, porl?ant ^tablissement de commute, flgurentaussi en tetedes coutumes locales de Marquion, d'Oisy €t de Riquebourg-St.-Waast. La chartre de Marquion est du mpis de decembre 1238, celle d'Oisy du mois de mai 1216, et celle de Riquebourg-St. Waast , du mois de fevrier 1250 ; toutes trois sont ecritcs en style Picard , c'est-a-dire dans I'idiome de Beau- m^noiret de Pierre Desfontaines ; idiome qu'onparlait au 15^. siecle , dans toute la France du nord depujs les rives de la Seine etde laMarne , jusqu'aux marches de la Flandre ^V^allonne ct du Brabant, Les deux premieres sont octroyees f jar Jehan , cha- telain de Cambrai , et la derniere par Jehan, abbe de St.-Waai>t d'Arras. Ces chartres , Messieurs , ont ete copiees sur les originaux et en presence des parties interessees. Par consequent foi pleine et cntifere leur est due : on ne peat elever Ic moindrc doiile sur Icur authenticitc. La coutume de la ch&tellenie baronie d'AuxMe-Ch&teau , rap- pclle la chartre de 1244 , et la cession faite par le comte Mathieu de Ponthieu , au comte Robert d'Artois de toute la partie du Ponthieu , situee au-del^ de la riviere d'Authie, vers la Canchc *. La coutunme de I'echevinage de Beauval rappelle aussi la charle constitutive de sa commune , donnee par Hugues de Camp d'Avesnes , au mois de juin I2i9 ; celle d'Epinoy , pres Garvin , une charte de 1571 , confirmative de ses privileges; celle de Thuin-St. -Martin , une chartre du 12 mars 1447 ; celle d'Ardres, une chartre du 2 juin 1402; celle d'Henchin , une chartre du mois de juin 1220 ; enfin. Messieurs, la coutume d'Henin- Lietard , mentionne une chartre qu'il est d'autant plus a regret- ter de voir perdre , qu'elle fait remonter I'origine de ses privi- leges a Ian 1043. Avant d'aller plus loin , permettez-moi , Messieurs, de raettre sous vos yeux le passage de cette coutume qui contient cette enonciation importante. Voici ce qu'on dit dans le preambule : « Ces coustun^es , djsent les declarans , sont conformes aux » privileges accordes par les seigneurs des I'an mil quaranle- » lroi$, depuis confirmes par plusieurs rois de France , comtes » €t comtesses d'Artois , ainsi que cela resuHe de chartres et » lettres confirraatoires reposans saines et entieres en toutes » choses au forme des eschevins qui en ont la garde ct adminis- » tration. » Cc passage de la coutume d'Henin-Lietard tend ^ prouvcr que J'etablissement des communes remonte bien au-deladu 12^. siecle, comme on I'a pretendu et que la commune fut une concession libre des seigneurs avant d'etre le resultat de I'insurrection po- pulaire ; mais le temoignage de graves historieps , et I'impossi- hWhc ou nous sommes de preciser la nature des privileges con^ . cedes , dojvent nous inspircr quelque defiance. W est bien vrai qu'a I'epoque de la redaction des coutumes eu 1507 , Henin- Lietard etait vill^ de loy ct echevinatje ; que les habitans avaicnt cloque de ban et bresleque et generalemcnl lout ce qui apparlicni u corps de loyelville privileyiee , mais qui nous prouvc que * Ctlte ••hnrUe est imprimdc Wans I'liistoirc des comics dc Pon- thieu cl des mjiycuis ci'Abbcvillc , pt»f k" pcie Samson, — 567 — loutes ces concessions deriveiil du tilre origiuaire ? Qui nous dit qu'il nc s'est point glisse une crreur dans lenoncialion ? que Ic mot cent n'est point rcste dans la plume du copiste ? la question ne pourra etre decidoe que lorsqu'on aura retrouve les charlrcs et leaves confirmalives dont nous venons de parlcr. En attendant , nous nous bornons a eraettre un voeu, qui sans doute sera accueilli jivec empressement par tons les amis de la science. Que sont devenues les archives d'Henin-Lietard ? Ont elles echappe au^ guerres desastreuses qui ont fait de Therouanne et d'Hesdin dc5 monceaux de cendres et de decombres ? Ont-elles survecu a J'aneantisseraent des liberies communales ? Ont-elles ete offertes /in holocauste au genie renovatcur qui ordonna les autodafes de 93 ? Ont-elles ete dilapidees par d'inQdeles dcpositaires au proiit du vandalisme industriel? Auraient-elles, a travers tant de vicis- situdes ^ trouvc une planche de salut pour arriver jusqu'a nous ? La possibilite de la destruction de ces precieux documens ne doit point rebuter notre zele. Avec cet esprit de rccherches qui ca- racterisc si bien notre epoque , nous ne dcvons pas perdre I'es- pcrance. 11 y a tant de personnes, dans ce pays , qui s'occupcnt d'explorcr les depots publics ! Qu'elles redoublent d'efforts et , de perseverance : a I'une d'elles est peut-etre reservee la gloire de cctte utile decouverte, Maintenant, Messieurs, j'aborde I'examen descoutumes. Mais ici jc dois faire une distinction entre celles qui concernent les seigneurics et celles qui s'appliquent aux echevitiages. Envisagees par rapport aux seigneuries, c'est-a-dire sous le point de vuc purement feudal , elles deroulent sous vos yeux une muUitudede fails dont la reunion et le rapprochement jettera un grand jour sur des questions encore indecises, Vous y trouvcz la prcuve que c'est la nature de la possession qui fixe I'etat des personnes et que leur condition varic suivantque les possesseurs ticrment fiefs ou roture, paient rentes ou reliefs ; que tons, sans distinction de suzerain , de vassal ou do manant , sont esclaves d,e la glebe , et que les subordonnes obeissent a la loi du soLbjen plus qu'a la volonte du maitre. Vqus y trouvez I'application djiS principes poses par les coutumes generates sur la distinption des justices, avec cette diflierence que la on voit niieux comment se meuven.t et agissent les rouages secondaires de la grande machine foodale. La , vous trouvez des reglemens sur la police des che- mins , des rivieres , des marais , des bois et des garcnnes ; la,, des fojcinulessvr ic.$,f).amg4e jga^r^ ^t dlapiit, qiAPU, adopters siias doutc dans la redaction du code rural ; la , dcs donnccs certaincs pour apprccicr la valcur relative dcs monnaies et des poids et mcsurcs. Pourquoi faut-il qu'a cote de statuts aussi sages , il s'en Irouvc qui degradent I'especc humaiue et la ravalent h la condi- tion dc la brute ! Messieurs , j'ai doute autrefois , jc ne doute plus mainteriant qn'il y ait eu des seigneurs qui se sont arrog6 ie droit de prelibation sur leurs sujettes , et Ic droit , non moins ?tvilissant, de faire baltre les etangs pour empecher les gre- iiouilles dc troubler leur sommeil. Mais , Messieurs , c'est surtout sur les coutumes dcs echevi- nages que j'appellerai votre attention , parce que la , vous voyez la liberte sortir de ses lan^eS(, vous voyez poindre I'aurore des gouverncmens rcpresentatifs. Nous ne poserons point ici dc reg|os fixes sur Velection des echeviris , parce que le raqde de renouvellement des corps de ville variait suivant les localites. Ici, les bourgeois seuls con- courent a la nomination de leurs magistrats. La , ils les elisent concurreminent avec les ofliciers du seigneur. La , les echevins sortans designent ceux qui doivent cntrer en exercice apres eux. De ineme , il n'est pas possible de determiner dune maniere precise les Umites de la competence des echevinages. En general, la connaissance des matieres reelles etaient excluse de leurs attributions. Mais en matiere personnelle, ils avaient des droits plus ou moins restreints suivant les pirconstances. Tantot ils cu- mulent le pouvoir administratif et judiciaire, tantot ils n'ont qu'un, simple droit de justice. Tantot ce droit comprend les cas civils et criminels, tantot il est limite a la connaissance des simples delits et contraventions de police ; de telle sortc qu'on est convaincu que les echevinages ne constituaient pas toujours des communes. En etlet , partout ou les echevins sont les ofliciers du seigneur , pf eposes par lui a la perception des rentes payees a I'administra- lion de sa justice , on ne pent pas les considerer comme lesser prcsen|ans dune comniune. Jc me hate , Messieurs , pour ne point abuser de vos momens , et je vais de suite vous signaler celles qui se distinguent par la bizarrerie de leurs usages. A Aubigny : « Ponr acquerirle droit dc bourgeoisie , il faul y » coucher la premiere nuit dc ses noces , avcc sa femme , faire » appeler les Echevins el constater que les epaux sunt couches ?> ensemble , au memc lit et que rien n'est mis enlre eux deux. » A J>rHcai , petit village aiipres d' Abbeville ; if y a cc{te cou- — ^69 — fume singuliere : « Quand aucundes subjets dii stibjecle dudit » lieu de Drucat so marye , et la feste et noeupches se font audit » lieu de Drucat , le marye ne poeult couchyer la premiere jimyt » avec sa dame de noeupche sans le congie , licence ct auctorite » du seigneur ou que ledit seigneur ait couchye avec ladite dame » de noeupche, lequel congi6 11 est tenu demander au seigneur » ou a ses officiers , pour lequel congie obtenir , ledit mary6 est ^ lenu de baillier un plat de viande tel qui3 on le mange auxdites » naeupches avec deux lots de bruvaige tel que on le boit auxdites » noeupches, et est ledict droit appele droit de cuUage et dicelluy » droit de cullage ledit seigneur et ses predecesseurs ont jouy » de tout temps ct de tel qu'il n'estm^moire du contraire. n. » Item et a ledit seigneur droit que quand il couche et per- » note en son chasteau de Drucat tous les subjets dudit lieusont » tenus battre liaue estant amprcz dudit chasteau pour empes- » cher que les raines et grenouilles facent noise sur peiiie ct » amende de 4 sols parisis. » A Hebuterne : « Qu'il ne soit nul qui escorche chevaulx qui a mette main a pain sur douze deniers d' amende. » A Epinoy , pres Garvin : « Les manans peuvent se donner aide » I'un a I'autre et meme sonncr la cloque sans accord pour resis- » ter anx violences indues et entreprises des forains. — Le Sei- » gneur d'fipinoy ticnt sa seigneurie de la personne du comte et f> non de la comte de St.-Pol. Quand il y a lieu a relief ledit » comte de St.-Pol est tenu venir audevant du Seigneurd'fipinoy » jusques a I'entree du bois de St.-Pol au lieu ou est croissant ); une cer^aine epine et illecq ledit seigneur d'fipinoy doit pre- » senter et delivrer audit comte un blanc fust de lanche et ledit » comte doit tirer de son doigt un anneau a pierre et le poser au a doigt dudit seigneur d'fipinoy. — Plusicurs des deposans qui » sont ou ont ete eschevins se rappellent avoir vu au ferme plu- » sieurs anneaux a pierre qui sont attaches a certain ecrit faisant )) mention de quel comte il provient et a quel seigneur il a etc » delivre. » A Houdain : Il y avait neuf echevins qui se renouvelaient touS les ansa la pluralite des voix , Ic 27e. jour apres Noel. « Le jour )) de I'election les eschevins vieux et ceux qui doivent remonter » en office s'assemblent dans la halle a I'heuredesetoiles au ciel, » avec leprevost. Le prevosts'assied sur son siege judicatoire, les » officiers des seigneur auprez de lui. Aprez se poscntles esche- » vinsanciens sur leur banc. Quanl its sont assis un sergent ap- — 570-^ » porte sur !e bureau uric croix a laquclle est nuise \a remcnibran- » cc ct limagc (le noire Seigneur 3esus-Clirisl. Puis Ic grellier » (ail I'appel en deroulant le billel de papier ou soul iuscrils les » iioras des eschevins nouveaux qui doivenl regner I'annee sul- » vanle. Ensuitc le prevosl les contraint de se mcttre a genoux » flechis , le chef nu, et la main sur la croix pour faire sermcnt » solerinel dcgarderet observer les coustumes. Aprez cetle ce^ » remonie le prevosl se leve de son siege et les ecbevins nou- » veaux et ancicns rcstent un instant ensemble pour se concerler » et aprez qu'ilz se sont consulles lous se Invent , sortent de la }> halle pour allcrretrouver le prevosl etsouper tons ensemble. » — Lelendemain les eschevins nouveaux entrent en exercice. » . ! A Liestres ou Liettrc (chatelienie de Lillers) : « U y a , dit la p coutume, plusieurs tenans ct hostcs qui tiennent du seigneur » en franc-aleu, lesquels sont tenus dc comparoir et eux prcscn- » ter par trois fois I'an au jour des plaids sur le Beaumont dudit » lieu de Liestre sous peine de 5 sols d'amende ; lesdits plaids » sc tiennent par le bailly et hommes du seigneur le prochain » vendrcdy aprez la close Paques les primes , les secondcs l^ » vendredi aprez le vingtieme de Noel, le tout aprez soleilcouche .♦eta I'heure que on voitles estoiles auchiel.— Les saisincs et ,jp,dessaisines des francs aleux se dopnent par les bailly et hommes » feodaux sur leditBeaumont.—Ony fait loutesprinsescalengcs » ctautrc$manieresde justice. — Quant lesdits tenans sedcssaisis- )i sent dc Icurs heritages sur ledit Beaumont un jour dc plaids p ils paient au bailly et hommes 8 deni^rs ; en autre temps ilz ji^.paient 14 sols. « A Eulle fharomc , seigneurie : « Le seigneur poeult faire ur\c w fois I'an tenir les (ranches veriles pour corrigcr ct punir lcsd(^- ^p, linquans, auxquclles franches veriles sont tenus comparoir lous » ceux qui onl manoirs amazes estans sur front dij rue en peine » dc soixante sols. » « De plus il a droit de (iiire publierpar trois fois Tan des plaids » generaux pour ainsi punir les delinquans , auxqueUes plaids >. lous les tenans cottiers soil eu terresahanablesouautres hcri- .1^ tagessont tenuscomparoir en peine de 3 sols parisis d'amende*. j.^ Jcterminc, Messieurs, ces citations, en mettant sous vosycux .? * Les pif»icls gr'ueraux ct les franches veritt's feront Tohjc t d'uiie police specialt; (juc I'aiilcur Jo cc lapporl sc propose d'aditsser in- cesstmmcnt a la socictc des iiiiliquiiiics dc hx Morinic a St.-Omer, — 571 — quclqucs 'passages d'unc coutume qui conccrnc des licux biea prcs dc nous. C'esl des droits des chauoines dc I'cglisc St.-Arae dc Douai que je vais vous cntretenir. Ces seigneurs avaient haute, moycnnc el basse justice en leur eglise , chimelicre, maisons , heri- tages , plaches , pourpris el rues de eux mouvans el tenus, en telle fachon que le comte de Flandres , les hailly et eschevins de Douai ni autre s seigneurs temporels ny ont congnaissance hauteur ni prerogatives. En outre ils percoivent sur toutes les brasseries de la rue St.-Albindechaque brassin un tonnelet de boire nomme franquet. Aumois d'octobre , ilz ont chacun an par toute ladite ville de Douay , les aiforages tonlieux et maltotes depuis nonne sonnee a leur eglise le jour St.-Luc, jusques au lendemain nonne sonnee a leur eglise le jour de St.-Bricc , par don que leur en fist un comte de Flandres nomme Arnoul. Mais voici , Messieurs , qui nous prouve que le chantre du Lu- trin est loin dc I'exageration quand il nous peint I'heureuse con- dition des chanoines : « Dans I'eglise St.-Ame en Douay sontfondees 25 prebendes a » causes desquelles chaquechanoinepossesseura de lui tenu cer- » tain nombre dc terre gissans es terroirs d'Ecourt et Saudemont, » I'un plus I'autre moins ; lesdites terres sont chargees de rentes » en ble et argent qu'on asseoit tons les ans la nuit de St.-Martin, n au son de la cloche , par le recepveur desdits chanoines , le » maire, eschevins et les briefs mazuriers desdites prebendes au- » dit lieu et selon le prix du ble le jour St. -Simon , St.-Jude ;— )) les briefs mazuriers sont 25, nombre 6gal a celui des chanoines; » ilz sont tenus chacun an, envers lesdits chanoines en deux » pastz, lesquels deux pastz ils ont accoustume presenter auxdits » chanoines en leur eglise St.-Ame a Douai assavoir ceiui d'etc » laveillc du jour St.-Barnabe et celui d'hyver la nuit du jour » St. Simon St.-Jude ; et iceux pastz ainsi presenles fairc et ser- » vir.... (les doivent) auxdits chanoines 15 jours aprez ladite )) presentation si ceux-ci le veulent accepter en leur maison et » ccnsc a Ecourt aux frais des hcritiers tenans des mazuriers ; » auxqucls pastz chaque brief mazurier est tenu de y servir son » seigneur chanoine, en tenant I'etricr de son cheval a descendrc » ct a montcr , le servir a table audit past , le logicr lui et son » cheval honncstcment , panser sondit cheval ct le nourrir dc » foin ct avoine. » Messieurs , cc rapide expose pour Icqucl jc vous dcmandc fa- veiir ct indulgence , doit sc rcsscnlir dc la precipitation avcc la- •— 5T2 — quelle je I'ai redige. Je sens qu'il laisse bcaiicoup k desirer el qu'il remplitmal le but que je m'etais propose. J'aurais voulu qu il lut plus complet , mieux Goordonne dans toutes ses parties , plus digneenunmotdevousetrcsoumis. Lehasard, plus que la me- thoJe, m'a guide dans le choij^ des citations : c'est a vous d'appre- cicr Icur importance. V. Analyse d'un memoire adresse au Congros , par M. Bencal Caffin (de Sapigny) , sur Ics avantages el Ics inconveniens dut sysleme feodal. * ( 4^. section , Arch^ologie cl Hisloire^ seance du 15 septembre 1855 ). A I'ouverture de la seance , I'un des secretaires, (M. Taiiiiar), charge par le bureau de la section, de presenter I'analyse d'un memoire adresse au Congres par M. Caffin (de Sapigny) , sur les avantages el inconveniens du sysleme feodal, s'exprime ainsi : Messieurs, toutes Jes questions qui se rattachent a Fexplica- lion et a I'intelligence du systeme feodal , meritent de captiver au plus haul degre I'attention. Les trois seances, que vous avez con- sacrees a la discussion approfondic de I'origine , et des qualites bonnes ou mauvaises de ce regime politique, qui a si long-temps pese sur I'Europe , prouvent assez que vaus avez compris tout i'interet du sujet. Depuis la cloture de votre discussion, ilvous a ele remis de la part de M. Benoit Caffln (de Sapigny) , un nou- Veau memoire sur les avanlages et les inconveniens du systeme feodal. Pour me conformer a la decision de votre bureau , je vais, m'efforcer de vous en offrir un rapide et fidele apercu. Apres avoir jcte un coup d'oeil sur I'origine de Tesclavage dans les anciennes republiques , I'auteur (M. CaiJin) fait ressortir la difference qui separait Tesclavage romaiu du servage germa- nique. A Rome les csclaves 6taient frappes d'une nullite com- plete. Desherites de tpus droits civils et de famille , ils etaient , eux etieursbiens tout a la fois, a la disposition de leurmaitre,. En Germanie et dans les Gaules , la position des serfs etait mcil- leurc. llabiles a succeder a leurs parens lorsqu'ilsdemeuraient dans lameme terre , ils pouvaient aussi , avec le consentemeiil du " * Voir ci-dcssus p. 212. seigneur , aliener , a litre onerciix 6u gratuit , les biens de iijaiii- niorte, dont ils etaient en possession. — De meme que le va^se^ lage , le servage prit souvent sa source dans la necessile pour les faiblcs de sc placer sous la protection des hommes puissans. II valait mieux encore vivre paisiblement serf ou vassal , que d'etre mis a mort ou depouille. Les Franks , lorsqu'ils envahirent les Gaules , y trouverent le servage et le laisserent subsistcr. La conquete ayant mis entre les mains des rois chcvelus de riches et nombreux domaines , ces chefs des Franks en disposerent au profit de leurs Leudcs ou tideles , pour stimuler leur zele et recompenser leur devoue- ment. Toutefois , ces concessions dans le principe ne furcnt gueres, en general, que do simples usufruits, toujours revo- cables. Mais, en 615, lorsque les evdques et les leudes , qui avaient concouru a la chute de la reine Brunehaut, s'assemble- rcnt a Paris, ils obtinrent de Clotaire II que les benefices fussent desormais hereditaires , avec les privileges qui y etaient atta- ches. — 232 ans apres , en 847 , dans une asscmblee tenue a Marsen-sur-Meuse par les trois fils de Louis-le-Debonnaire , Charles-le-Chauve declara que les seigneurs ne seraient phis astreints a suivre le roi a la guerre , si ce n'est en cas d'invasion elrangere , et consentit a ce que les Franks , qui ^ jusque-la n'avaient connu d'autre superieur que le roi , pussent choisir desormais pour leur seigneur , tel leude qu'il leur plairait. On concoit facilement que , dans les provinces eloignees , les posses- seurs de liefs n'hesiterent pas k delaisser le monarque , et a se placer de preference dans le vasselage de quelquc leude puissant de leur pays , dont ils pourraient recevoir une protection plus efiicace et plus prompte. Cette concession imprudente de Charles- le-Chauve porta un coup mortel a la royaute , lui fit perdre toute influence sur les masses et acheva de consohder le regime feodal. Sous ce regime , le roi n'eut plus sur les seigneurs qu'une iUu- soire suprematie , et la feodalite gagnant de proche en proche, ^Unit par tout envahir. L'auteur donne ensuite une idee de I'organisation du systems feodal, dontil signale les imperfections et les abus. II rappelle la misere des habitans des campagnes , et la tyrannic insolente des seigneurs qui, a tons les degres de la hierarchic feodale ^ depuis le grand vassal de la couronne jusqu'au dernier posses- seur d'une parcelle de lerre noble, se montraienl egalement oppresseurs. .bb'6ft ,^l^-h5PN W oillr ^574 — Apres eel expose de la constitution et dcs vices de la feodalite, M. Caffin arrive aux institutions judiciaires du Moyen-age. Tl representc les seigneurs des fiefs , entoures de leurs vassaux , tenant leUrs assises , a plusieurs epoques de I'annee , devant la principale porte de leur chateau , et presidant aux combats judi- ciaires , ordonnes par les juges , pour la decouverte de la verit(^. ■ Un tel etat de choses dura plus de quatre siecles. Par inter- Valles quelques seigneurs se montrerent vertueux, et laisscirent des traces de leurs bienfaits. Mais en general leUrs ecarts et leurs vices firent le malheur des peuples.Les violences,les depredations, les guerres privees , continuelles a cettc epoque , durent aussi laisser croupir dans la plus grossiere barbaric des chefs et des Sujets que dominaient la superstition et I'ignorance. ^'; Sous Ic rcgnc dc Louis-le-Gros et de ses successeurs , la for- mation des communes vient heureusement soustraire au joug feodalde nombreuses populations; et des croisades successives, en debarrassant la royaute de ses plus ardents antagonistes , en inspirant des idees plus genereuses , en ouvrant avec I'Orient de nouvelles relations , coramencent pour le pays une ere de civilisation et de progres. De la, date aussi le retablissement du pouvoir monatchique , et le declin de la feodalite. C'esta Saint-Louis surtout que I'autorite royale est redevable de sa preponderance et de sa force. Les vertus de ce prince , I'habilete de son gouvernement, la sagesse et la haute portee de ses vues politiques augmentent de jour en jour I'ascendant de la royaut6. Parmi les lois qu'il etablit , il faut remaf quer princi- palement lereglement de \aiquarantaine-le-roi,dGSiine a amortir la fureur des vengeances privies , et Finstitutioti des appels qui en reslituant k la royaute un de ses principaux attributs , le droit de justice souveraine, contribue puissamment a enerver la feodalite. Sous Philippe-le-Bel , le pouvoir royal prend de nouveaux accroissemens au prejudice des grands feudataires. Ce prince , d'un caractere despotique et inflexible , s'empresse de ressaisir quelques-unes dc ces eminentes prerogatives , inherentes a I'au- torite supreme et que le souverain seul doit posseder. II s'attri- bue notamment le droit exclusif de battre monnaie; et pour trouver des ressources pecuniaires dans la generosite des com- munes , que leurs chartes exemptent pour la plupart de subsides et d'impots non prevus , il convoque les etats-generaux , oil Ton voil apparaitre Ic liers-etat , ne des Qommums, — 578 — A cetle occasion , Vauteur jolle un coup-d'oeil sur les associa-* lions communales , sur leurs insliliUions et leurs magislralures qn'elles doivcnt tanlol a iciir courage , lantot a la politique dcS rois. A I'imitation dcs princes , Ics seigneurs oclroient de memc a leurs sujels des Charles d'aflVanchissement. Les limiles qu'ils apporlenl a ces concessions , les reserves qu'ils stipulent devien- nenl la source de la majeure parlie des droits fcodaux. M. Caflin parcourt et definil ensuite les droits , les prestations, les charges diverses qu'introduit la fcodalil^ , tels que les privi- leges nobiliaires, le franc-fief, Ic relief, le quint, les lods et ventes , le relrait , le droit d'ainessc , les banalilcs , les corvces , le cens , le terrage ou champart , et les dimes. L'auteur termine a-pcu-prtis ainsi : « Apres I impulsion donnee a la civilisation, et grace a d'heu- reux changements survenus dans les moeurs au 1 i«. siecle, le 15". siecle vcrra naitre des evcnemens , des fails , des dccouvertes qui coopereront prodigicuscmcnt a hater le dcvcloppemcnt du progres social. » VascodeGama double le cap dcBonne-Espcrance. Chrir^ophe Colomb decouvre I'Ameriquc. L'alsacien Jean Gutlemberg in- vente rimprimerie. Cctte dcrniere decouverte, dans les ages qui suivront , contribuera puissammenl a la defense des inlerets et du bien-etredes peuples. Un siecle qui rappellera ceux d' Au- gusta et de Leon X , mais qui aura plus d'influcnce sur Tavenir de rhumanile , le siecle de Louis XIV verra ecloredespoetes , des litterateurs , des savants , des philosophes , dont I'imprime- rie repandraen tous lieux les immortelles productions. Ces chefs- d'oeuvre du genie contiendront le germe de principes et de doc- trines , que les ecrivains du siecle suivant dcvelopperont avec une energie , qui nc sera point toujours exempte de virulence et do passion. Cependant , ils demontrcront que tons lescitoyens doivenl etre cgauxdevant la loi , que chacun , selon I'imporlance desa fortune et de son industrie, doit supporter les charges de» r£lat, el altaqueronl, sous toutes les formes possibles, les vicux abus de la feodalite. Une revolution sociate , que d'autres causes rendront encore inevitable, se manifestera en 1789 , sous les plus brillants auspices ; et dans la celebre seance du 4 aout , on vcrra les descendants des vicux barons feodaux , les hommcs les plus iitcresses au maintien des privileges , en solliciter eux-memes I'abolition. Touchant exemple d'un vcrlueux (iesinlercssement ! Ileurensela France si bicntdt apr^s elle n'oubliail point que la royaule se lie inlimement au bonheur , a la puissance , a la gloire de notre nation , el si dans un entrainement deplorable elle no s'abandonnait aux suggestions d'hommes aveugles euxmemes par un philosophisme delirant I On verra ces novateurs insenses denaturant une revolution salutaire dans son principe , se livrcr a de sanglantes reactions , decreter la spoliation et la terreur , persecuter I'eglise , faire fermer tous les temples, et fonder sur le m^pris des choses saintes , sur les proscriptions et les echa- fauds , un gouvernement odieux , qui ne pouvait avoir qu'une du- ree ephemere. . « Grande lecon , dont profile aujourd'hui I'immense majorite des Francais , en vivant en paix sous la protection de nos lois constitutionnelles , et a I'ombre de nos liberies publiques. » Vl. Notice sur les Trouveres de la Flandre , par M. Arthur DiNAUx , lue en seance generale > le 9 septembre 1835 *. L'enfance ou la jeunesse des peuples a lou- jours des souvenirs attach aiiS j surtout dans les societes qui vieillissent ; et pour une civi- *"-' lisation avance'e , le spectacle meme de la barbarie peut paraitre quelquefois poetique. Bien n'est plus naturel que ce retout vers Ic passe, et c'est ainsi que, dans la vie humaiue, lorsque la froide experience a glace' nos sens et fletri nos cceurs , nous airaons a revenir par la pensce vers Page des illusions et des passions ge'ne'reuses. MiCHAUD , Croisades , livre xxir. . Nous en sortimes encore aujourd'hui a eprouver le regret de n'^tre initie que d'une maniere incomplete dans les secrets de la naissance de notre propre litterature, nous , a qui on n'a presque rien laisse ignorer de toutes les gloires grandes et petiles de la haute anliquite. Assurement , les anciens , dontd'heureuses imi- tations ont fait naitre plus tard tant de merveilles litteraires , nouspresentaient d'utileset parfaits modelesdans tous les genresj * Voir ci-dessusp* 236 et 385« m'xU en se p!iS';ionTiant si vivoment pour les firecs et l6s Latins! ^ donl il n'esl pas pcrmis nu resto (J'ignoror les belles oeuvres , le* peiipies modernes ont peut-^Hre Irop dedaign^ leurs propres antiquites quMls foulaient axm pieds sans les apercevoir , pour s'occuper do preference de cellcs de Rome etd'Alhenes qui, biei\ qii'elles fussent plus eloignees , leur apparaisaient a travers un prismeloujours flatteur^ « Cependant , comme I'a dit un judicieux ecfivain * , la pense des bardes qui , tandis que les Bruides s'occupaient des sacrifices , iramor- talisaientles grandes actions des heros defnnts, par des chansons* dans lesquelles se resumaient toutes les annales de ces peuples. Les chants des Minnesingers chez Ics Allemands ^ ccux de^ Trouv(*res chez les premiers Frangais, sont done les derniers echos de la harpe des bardes. La langue francisque , teutonique , tndcsque ou thioisc, appor-* tc!e dans nos provinces pir les peoples francs , envahisseurs des Gaules , s'y maintint pendant plusieurs sierlos et tant que c.e^ peuples restc5r«?nt attaches a lenrs idoles ; mais a mesure que les tainqucurs , polices par les vaineus , furcni convertis a la religion ♦ Michand , CmisaHes , Jiv. xxti. ** D« moribiu German* Cap. 2 ct 3«. 57, — 878 — 4ii Christ doBl tous les ministres parlaient la langne romaine, k langage tudcsque fut repouss^ vers les embouchures de I'Escaut ct de la Meuse. Celle conquete de la langue romane , mere de la lan^ue fraiir aise , s«r ridiome des vainqueurs ^ fut lente el pro* gressive, car Hariulfe , itioine de I'abbaye de St.-Riquier, aflirmequ'au 42«. siecle, on chantait encore dans toute la Flandre, quicomprenait TArtois, les vers teutoniques composes en riion- «eur de Louis , fils de Louis- le-Begue , en memoire de la vic- toire remportee sur les Norraands en SSI. Toutefois^au commencement de cememe 12«. siecle. Saint- Norbert prechait en roraan dans ces memos provinces , et dea chansons en cette langue y etaient repetees ; puisqu'au dire do iabbe Lebeuf celle sur la conversion de Saint-Thibaut , fils du comte de Champagne , y opera , par imitation , des la fin du 4l«. siecle, la conversion de Saint-Aybert , pretre de Crepin, en HainauL On peut inferer de ces faits que la langue romane rusltque , fille de la langue latine et mere de la langue francaise , dont les traces sont encore aujourd'hui toutes vivantes dans les patois picard et wallon ^ tf a etc gen^ralement iutroduite en Flandre que vers Tan 1100- Les premiers poetes naliouaux qui s'en emparerent ne furent cTabord que de naifs chanteurs des hauts-faits , des gestes et des actes de courage des Flamands ; puis ils forgerent des iucidens romanesques qu'ils firent gouter par le charme du naerveilleux. C'est cc qui a fait dire a un de nos plus ingenieux €crivaius, fin connaiss.eur en linguistique * : « Le poete du JVIoyen-^e s'est done justement appele trouveur^car ildecou- vrait en effet des mysteres d'imagination qui etaient rest6s voil^i pour ies ages precedens , et dont la conquete lui appartenait corame le nouveau monde a Christophe Colomb.Et qu'on ne diso pas qu'ii en perditle fruit pour I'avoir tente avecdes instrument insuIBsans, car ce serait une grande erreur. II est de la nature des iangues de n'etre jamais plus belles et plus poetiquement inspirees,qu'aux jours qui suivent immediatement Icur origiae, ct celle-ci fut bien loin de deroger a cette regie universelle pair tine monstreuse exception. Je suis encore en doutc de savoir si !es hommes en ont parle une seule qui fut plus souple et plus franche , plus energique et plus gracieuse , et si la lyre antique * Cfiarles NodUr , feuili^ d& ^ 380 — ritrti, ct plus souvent Vauditoire f^minin recevait la confidence Ue succes moins sanglans et de plus doux combats. Apres le roman des gestes , le conteou fabliau , tient lerang le plus important parrai les poesies de nos trouveres ; la nous relrouvons ces peintures familieres et railleuses de la vie priv6o qui eurent lant de vogue dans le monde d'alors, que les Italiens des 15*. et 16". siecles , quoiqu'a la lete de la civilisation euro- peenne, ne d^daign^rent pas de les emprunter , de les traduire, et d'en composer de semblables qu'il appelerent Canzone I tv alia francese. Ce sont toutefois ces imitations des Trouveres qui eta- blirent la reputation des nouvetles italiennes , si populaires de- puis , et qui sont le fondement du genre le plus national de Fan- cicnne litterature d'aa-dela les Alpes. Qu'onne s'etonne pas deTamourde nos anc^tres pour les con* tesjoyeuxet devots : aujourd'hui encore Tenfance curieuse de- mande sans cesse a I'aiieul des contes et des histoires ; eh bien I (dans le Moyen-age la societe tout entiere , neuve encore et pour ainsi dire dans les langes, voulait ^tre amus^e par des recits qu'on prenaitle soin de rimer pour les rendre harmonieux et plus frap- pans. Dela celte multitude de contours, qui surgirent aux i2«. et 13«. siecles dans toutes les bonnes villes de la Flandre^ et qui pei- gnirent des mc&urs vraies, tout en racontant des aventures qui no lelaientpas. Au reste I'amour du conte etait tellenaent enfaveur'que les predicateurs recitaient frequemment dans leurs sermons de» histoires profanes et des fables d'Esope^pour r^veiller Tattentioa d'un auditoire un peu frivole. On concoit que dans un temps ou les jeux tranquilles etaient rares , les cartes ignorees , les vivres chers , le theatre inconnu , les conteurs devaicnt etre des personnages importans et appr^- ties. Dans le monde elegant c'^tait un complement d'education fort recherche que de savoir des fabliaux ou des chansons do gestes : le poete Trebor , dans ses enseignemens pour former un jeune gentilhomme, ne manque pas de lui dire , s'il veut faire preuve de-^entillesse et de courtoisie z « Fix , si tu sex contes center , » Oil chansons tie gestes chanter , » ISe telaisse pas Irop proier » Les contes profanes se redisaient tons les jours d« la semaine ; cette journee en ehamlree devdnt les Hames. ( JoiivYilie , hist, de St.-Loilis. } -.581 — mais aux bonnes fttes et aux dimanches, on n'abordtit qae dei\ sujcts sacres , tels que des histoires tirees de la Bible , des rios de saints personnages extraites des legendes et des contes devot* ou le moraliste severe Irouverait cependaut bien des choses k reprendre. Pour nous , nos conteurs les plus gais sont Jefian et Baudoiun de Conde , Jehan Frenoye , Bodel et Courlois d' Arras, Enguer- randd'Oisy. Ilsmarchent en t6te d'une bande joyeuse etnom- breuse qui ne fut pas toujours bien chaste , il faut le dire , dans les compositions rintiees ; mais heureusement que ces chanteurs, tant soit peu dMures dans leurs vers , n'etaient pas tous pour cela licencieux dans leurs moeurs , et plusieurs ont pu dire ave^ Martial i Laseiva est nobis paginal vita proba. . Les contes de nos vieux Trouveres flamands ont quelque cho* Bede traditionnel qui attire naturellement tout I'interet des habi- lans de ces memes contrees, oil ils chanterent il y a tant d'annees. Ces gothiques cantilenes sur I'innocence de cette Genevieve de Brabant * , et sur la niaiserie devenue proverbiale de ce Jehan de Nivelle **, dont les noms ont un reflet de locality que les siecles ti'ont pas encore totalement efface , furent primitivement com^ posees par des poetes du sol , et repetes populairenaent d'%e ea * On connait assex le cantique populaire de Ste.-Gcnevi6v« de« bois , que lous les enfans ont chante cent fois avec leur bonne , et dont ce I'ameux passage sufhra pour reveiller les mcmoires les plu% inflates : fetant comtesse De grand'noblesse , Ne'e au Brabant ' £tait assurement , etc. Le nom du trailre Golo est devenu presque proverbial e» Flandre', ** Dans la farce nouvelle , tres bonne et Jort jojeuse des deuk Savet'ievs a trojs personnages, c'est a savoir le Pauvre , le Riche , Ic Juge , qui date d'environ i5o5 et meme avant , le pauvre ouvro la scene en cliantant les vers suivans qui deja etaieut vieux el papH'« X&is es a cette epoque : Hay avant Jehan de Nivelle , j^i^,-,. Jehan de Nivelle a denx housscam |. Le roi o'en a pas de si hQ9^\KK « Jij^ejasqu'a nos jour* avec de faiblcs muLlificitioi\>. J on appelle atous les souvenirs d'enfance : Ics vieux chants vulg.iires du pays ont un trait indelebiie ; ct ii est peu d'hommes pL;ns:int, qui ne disent, memc dans unage avance , avei: le boa Ua Fontaine , ce roi des conteurs : « Si Peau d'dnc m'tJtolt conte , » J'y prendrois un plaisir extreme » A la suite des contes , viennent les chansons : les chansons comptent parmi les pieces les plus nombreuses des Trouveres arlesiens etflamands ; nous pourrions presque dire en fiisant abstraction de la facilite du genre , qu'elles sont peut-dlre aussl les plus remarquables. Gilbert de BerneviUe , Reg titer de Qiia- regnon , Gaulhier de Soignies , Pierre dou Mesnil et Pierre de Douai, ont une grace, une legerete qui ne sont sans doute pas in- trouvables aujourd'hui dans leur pays natal , rnais qu'on y ren- contre neanmoins difficilement. L'Artois surtout a fourni des chansonniers justement places au premier rang de ceux qui «'adonnerent avec le plus de succes a ce genre delicat et i6ger. Nous ne citerons qM' Audefroy4e-Bastard , d'Arras ; Monicol et Jean Charpentier de la meme ville ; Qaencs et Guiflmime de B^lhune ; Guy et Philippe Pol ,6e St. -Pol ; Jacques de Ilesdin et Adam de Givenchy, Leurs chansons sont en tputdignes d'etre remises en |umiere, et d'occuperlesloisirs de la generation nou- yelle. J'appuierai encore cette proposition de tqute Tautorite de I'opinion d'un ecrivain du meilleur gout , de Charles Nodjer, qui jjisait nagu^res dans un 4e ses spirituelsfeuilletons ; « Eh bien ! » il faut le dire parce que personne ne le diroit (qui se squcie au- y> jourd'hui d'Audefroy-le-Bastard et de Queues de Bethune ?) » Ces Trouveres , que nous ne connoissions pas , ou que nous » ne connoissions gueres , et qui se perdent a nps yeux dans le^ » tenebres du 1^®. et du 13^. siecle n'ont pas ele surpasses n j usqu'a nous er^ grace, en delicalesse , en male et suave har- » raonie. Ce sont des poetes , de vrais et charmans poetes , em- » preinls de tout ce qu'ii y a deplus special dans le caractere p ejlo genie de la nation , et quiconque ne les auroit pas go»ile$ Mais il n^y a pas de semelle , Hay ayant Jchaii de Nivellc ! Rette ehansftn « e'te' raflraiqhie depuis , mnis le iouA «t prc^hf- k)ler»)»n!; Tair sont reiles le» meint^s. — 5S5 — » est Jj*mais indigne d'adresser son cuKe aux Tmiseifran^ois«?i,» Le sentiment de I'amour inspira surtouf les Troaveces chati- sonniers et leur dicta des verst^ndres et galans. « Lesboniiesr » chansons naissent du coeur , a dit Bernard de Ventadour ^ un » des premiers poeles de la Provence , bon juge en parcil i»a- » liere , mais le coeur , qui peat Fanimer, si ce nest ramour...T » Celuiquiaime plus , doit aussi mi eux chanter. » C'estpowr- quoi I'onfut redevableaux dames et aux conrs d'amour qu'elies presidaient, des chants les plus gracieux des Trouveres. Parce que les couri d'amour duNord ont laisse moins de trace* de leur existence quecelles du Midi , parce que leurs arrets ba- dins n'ontpasete reunis en un corps de droit dameret, pour eta- blir la jurisprudence de Tantique galanterre de nos peres , on a cru devoir avaneer que jamais tribunal d'amour n'avait siege sous le ciel nuageux de la Flandre ; on a voulu desheriter notre con- tree de ces traditions chevalecesques et courtoises, qui reposenl agreablcmcnt 1 imagination au milieu de tou^ ces souvenirs, gW rieux sans doute , mais presque toujours sanguinaires , qui n© remplisscnt que trop les annates d'un aussi beau pays. On a pu , a la verite, etre facilement conduit a l-erreur que nous signalons, d'apres le silence garde sur lefait des cours d'amour dfession les enipechait de s'occuper de diveptissemen» profanes,queleslois de Teglise defendaient,et qui repugnaienlli \dt gravile de leurs occupations. C'est a nous aujourd'hui de ravivep <;es souvenirs presqu'eteints , d'en recueiUirles documensepars, et de les presenter comme une peinture fidele des mceurs et d**- la litterijture legere d'un temps deja si loin de nous. Un vieil auteur qae les uns disent avoir ete aumonier d'un roi de France , et que d'autres font chapelain du Pape Innocent IV qui vivait en 1250 , parle de nombreux jugemens rendus en cour d'amour par une comtesse de Flandre au i2<». siecle \ Vilains d' Arras , Trouvere artesien , nous a laisse des pieces de verscouronnees ou adressees aux differens puys d'amour de son pays natal ; dans Fune d'elles , il va merae jusqu'a se f61icfter de les voir briller du nouveau lustre , et il explique le motifde leur fondution qui fut toujours en favour de Famour , de la j[oi0 ' * JUssai surles TVoumvs; etc, par I'abbede la Rue, (,i,g* •-«**. ctde la jcuHesse. Cesl ainsi qu'il scxprime d«iirs 5^011 \iei:x hm « Heau m'est del /ju/ (|uc je vois rt-iloi p , n Poue sosleuir amour , joie et jovcuf, « Fi e:>tabiis , et dp joliietie t:iicti le ¥oi|> « Essauchiev boinenieut. * » Les pwj/A d'amour etablis a Carnbrai , Arras , Lille , Valon <;iennes, Bethune, Toumay et Douai, recevaieut des pieces da vers de leurs rimeurs natioiiaux: et nierwe des poelcs des divers points de la France. Le Trpuvpre Alavd de Caux, daps une pieca galante pii il s'adpesse a ses vers , les engage ainsi a ne pas s'ar^ r^ter dans leurjcourse vers I'Artojs ; ic He ! Stiventois, arriere fen rcvas « Proit oil Artois , ue te vas otaigmit , (c Et ma dame si me salueras. » Outre leurs propres trouveres , les provinees de Flandre , d« Cambresis et d'Artois recurent beaucoup de jongleurs et de me-' nestrels que PhilipperAuguste chassa de sa cour en i 181 ; commo Je regne de ce roi fut long , ils eurent le leins de s'y fixer , et corame le pays etait doux et fertile en beaux castels et en nobles dames, ils ne squgerent gueres plus tard a s'en retirer. Aussi voyons^nous des ce moment les princes tlamands adopter des Trouveres et des menestrels en titre ; Henri III , dit le Debon- naire , due de Brabant , mort en 1260 , poete lui-raeme , avait aupres de lui le fameux Trouvere Adenez , surnomme li Rois ^ parce qu'il etait le chef des menestrels du due; et meme Guil- laume IV , comte de Hainaut et de Hollande , eut a sa cour de Itfons, jusqu'en 1412, un rpi des menestrels npmme Jehans Parians. ** Cette cour de Hainaut , sans etre aussi brillante que celles d'Arles et de Toulouse , 6tait neanmqins galante et poetique; les monumens de nos Trouveres I'attesteut. Un senecbal du comte surtout , probablement issu de I'ancienne famille de Ver? phjrJ , d^^fis laquel|e pet o|fice etai| hereditaire , est .spuverites * Biblioth. du roi , ms. 184 s. tr. 1''. Sc) v^. On y trouvo plusicur.s pieces couionmieii ou a(!ics.sees au piiy d^Arras, ** Les quittauces dps honuraires cle r.tj roi da i/u'/iali c/s , ic- ^osciil tn oiiyiual aux. «;chivt:^ dt la vilk de Muhs, -^585 — fois cHe comme Tarbitre des questions galantcs qui se trouvaieiit «oulev6es dans cette petite cour , et Ion s'en rapportait k son experience et a sa courtoisie pour trancher toutes les difficult^* amoiireuses des nobles preux et des belles chjitelaines de la pro- vince. On peut consulter sur cesquerelles d'amour la jolie piece de vers intitulee : le diet des trots jugemens, etcelle dujugeinens d\}mor s,contenues dans le manusc. de la bibliotheque de Berve, ji". 589 et copiees par La Curne de Sainte-Palaye. On vQit que c'est a tort et nnal-a-propos qu'on a si souvent parle (|e barbarie , de t^nebres du Moyen-age ; pour I'investi- gateur perspverant et heureux , il n'y a gueres de solution de continuile dans I'histoire de I'intelligence huntjaine , et en cher- chant bien, on decouvre toujours , sous la poussiere des si^cleii eteints , quelqucs etincelles qui revelent le feu de I'imagination (de nos peres. Sai)s doute il faut pousser ces recherches dans les recoins les plus obscurs des depots de la science ; car il ne faul pas s'etonner de rencontrer si rarement les vers de nos premier^ poetes dans les bibliotheques publiques du nord de la France ; elles furent presque toutes formees avec celles des cloitres , et pos Trouveres furenf trop malicieux et trop profanes pour qu'oa admit ouvertement leurs qeuvres sur les tablettes des monas- teres ; niais il est d'autres collections publiques et particulieres , riches en productions du Moyen-age , et pour le philologue cou- rageux , les trouvailles prepieuses pe raanqueront pas. Bien avant raoi et mieux que moi , un eloquent ecrivain * en a fait la judicieuse remarque : trop long-temps on fut tente do croire que sous la dure cotte cje maille qui couvrait les hommes 4e fer du Moyen-age , dans ces niassifs castels , derriere ces pnurailles etces tourelles epaisses, qui nous apparaissent encore comme de vieux temoins de Ja barbarie feodale , nulle elegance, |:mlle aniabilite sociaje ne se melait a la rudesse et a la sauvagerie des moeurs ; il n'en est pas ainsi : soit par une tradition perpe- Juee de la vieille societe romaine, soit par cet instinct d'urbanite delicate qui a de tout temps caracterise les habitans qui manierent la languefrancaise, la generalite des oeuvres poetiques de nos prenoiers Trouveres exhale une sor^e de fleur de galanterie , un * M. Vilieninin . Conrs de litteraturc Jran<;aUe du 3Ioj eti-d^e, P«lis , Cia|)clct , i83o , iu'8'*. , t. I '. , p. 3oy« — 586^ j^trfamde malice, qui frappe lout d'abord le lectear In tnoioA rxenc^.CeCte verve sarcasliquc,. ct taut soit pon hirdie,^ deji senia inspirer nos plus aimables conleurs mofJenie* , ct ionff- temps ewcore nos vieux fabliaux formeront uiie source focoiide el loajours ravivee , oil vieiidroiit puiser les jeuues poetes de la civiiisation, Recormaissons aussi , avec I'abbe Massieu *, « que li genera- liew prcsente peut rctirer des ecrits des Trouveres trois sorles d^Dtilkies ;car outre qu'ils ont toujours quclquc chose de bon , et qa'oM! y trouvedes traits dont on peut faire son profit , ils mar- qaeni encore I'etat oil etait notre langue dans le temps oil on les cmaiiosait ; et enfin ils sont pleins de circonstanccs curieuscs qui peovent beaucoup conlribuer al'eclaircissement del'histoire. » Cest surtout aux nobles princes et aux grands seigneurs de?* provinces flamandes que Ton doit les progres et I'universalite do ia poesie dans, ces coiitrees ; tous la protegerent , plusieurs la caltwerent eux-memes avec succe^. Henri , due de Brabant , laissa des chansons reraarquables ; Chreslien de Troyes , un des plos faraeux Trouveres francais , avoue que Phiftppe , comte do Fiandre , lur donna la matiere du poenie de Perceval le Gallois, appele aussi le San-Graal ; et Wenceslas de Luxembourg , due dc Brabant , mort en 1584, s'egaya dans sa jeunesse a faire chan- sons, baiUades , rondeaux ct virelais , reunis depuis ensemblt jpar les soins du gentil Froissart , et conlenus dans Z-e Roman de Meliador , Le Chei'alier au Soleil d'or. Ce demier prince obtint une illustration de plus que tous les atitres; il fut assez bien inspire poor reconnaitre le merite de Jean Froissart et pour s'cn faire le protecteur : il partagera eoaimmortalite. Cest son poete favori, c'est ce Valenciennois celebrc qui vient fermer chronologiqucment la nombreuse liste des Trouveres flamands, depuis le commencement du 12«. siecle Josqa'ala findu 14®., c'est I'ctoile la plusbrillantede cette pleia- de , et celui qui fit f.iire le plus grand pas a I'art d'ecrireet en vers el en prose. Le judicieux Pasquier , dans ses Recherches sur * Jlinoirc de la pocsiejvau^aisc , p. 2og< laWakce* , he manqua pas d'enfaire 1*'obscnatl6h(fes1c i'j». lifecle : « Celuy que je voy , dit-il , avoir grandement advanc6 » ceste nouvelle poesie ( des chants royaux et des ballades , fut » Jehan Froissard et m'estonne comme il n'ait este recora* P mande en cette qualite de poete par Tanciennete : Car autre^- » fois ay-jeveu la bibliotheque du grand roi Francois, a Fontaine- » bleau f un grand tome de ses poesies , dont I'intitulation estoit » telle : Vous devez SQavoir que dedans ce livre sont contenus plU" )» sieurs dicliez ou trailtez amoureux et de moraHle, lesquels sire » Jehan Froissard , prestre et chanoine de Canay , et de la na' » lion de la comle de Hainault et de la ville de Valentianes a faict }> dieter el ordonner a I'aide de Dieu et d' amours , a la contentt » plation de plusieurs nobles et vaillans , et les commenga de » (aire sur Van de grace 1^6^ , et les cloist en Van de grace 1394. r> Le Paradis d' amour , le Temple d'honneur , un traite ou il » loue le mots de may , la Fleur de la Marguerite , plusieurs » lailz amoureux , pastorales , la Prison amoureuse , chansons » royalles en Vhonneur de Nostre-Dame , le dicte de Vespinette » amoureuse , balades , virelaiz et rondeaux , et le playdoyide » la Roze et dela violetle. Je vous ay voulu par expres cotter mot t) apres mot ceste intitulation , d'autant que depuis ce tems-li » toute notre poesie consistoit presque encesmignardises. » Ce sont done les poesies de Froissart , qui , jusqu'au temps d'Estienne Pasquier , c'est-a-dire jusqu'a ce que Malherbe vint , ont donne Ic ton et servi de modeles. Aussi convient-il de faire un temps d'arret devant lui. Les pontes qui le suivirent sont d'ailleurs bcaucoup plusgeneralement connus quoiquepeut-etre moins dignes de I'^tre. Aucun nom plus grand , nul 6crlvain plus populaire , nc saurait clore plus dignement un cortege poetique* Froissart , I'ami des rois dont il ecrivait les annales, Vhonneur du Hainaut dont il rehaussa la gloire , le parangon des poetes da Moyen-age , sentait de son vivant toute sa force et tout son ave- nir : il semble que la prevision ipstinctive dela juste rehabiljta- jtion qu'ij devait obtenir de nos jours , lui ait ete revelee par son genie. C'est du moins ce qu'on decouvre dans ces vers genereux , qneje nepuism'empecher de citer en finissant , debites figure* fncnt , (Jans spn JQict dou florin, par une piece de monnaie re- * ]Livrc 7 , pjiap S. — 588 — trplijee seule. et cachoe au (ond de son escarceUe ,en un anglst 4'H!fi 6<>Mr^c/o(, cornine il le dit naiveintMit : n Tm^i |)i-emierf VQus avtjsfait 1 ivies » Qui ant <;ou«tt' bieii sept cent livrcs w L'argyut avtis vousi mis la bicu ; I w Je Ic prise sur toute rica , » Car IhU eu avis maiuUljyi'ore ^<^^^, w Doiil il s<,'ia encor inemoro » De voMS ens ou temps a veuir , » Et teres les gens souvenir V De vus sens tt de vus doctri^iijs.... * -X\K ft* Vn. Philippe de Comyne ** , m Pp«fow ; par M. de la Fojctb* . MCLL£ pE Vacdore , ConscHler a Cour royale de Poitiers , iv President de lao«. session du Gongres scientitique de France, t^iwtiee lue en seanee §^»erale les il et 12 septembre 1833 *"*. Messieurs , «n ecrivaUi de Paris **** , qui s'occupait, 11 a quel- ques ann^es^ d'un travail qui a rernporte le prix sur les hisloriens ^Fhndre '**** , feisait remarquer que celte province ousereu- russent, dans ces jours heureux, des hommes de science dc tant d€Contrees diverses , avail aelle sieule fourni plus d'historieni que bien des nations de I'Europe. II citait, pour les siecles qui ont precede i'epoque qu'on se plaita considerercomme celle dc la renaissance des lettres en France » un triumvirat d*historiens flamands tellcment remarquable , qu'on n'en rencontrerait peut-etre nulle part aiUeurs , xin autre si imposant. Froissart , j^onstrelet et Coniyne , qui tous trois ontecrit en francais, ense * Poesies de Froissart j le Diet, dou florin , vers igg-^o^. ** On a ecrit le uom du personnage , d'apres sa propre signature. \ *** Voir ci-dessus p. 400 , 4 i3 et [\-jlo. **** M. Charles Durozoir , alors professeur d'Jjisloire an college He F.ouis-!e-Grand , et professeur siipple'ant d'liistoire a la f'acuite des lettres de Paris. ***** Ci^ piix avail e'le propose par la Socicte acadeinique de Camhray , eii i8-i(j. «occfedanl, dans la periode oil cctte langue commencail h sc for^ mer , seront en cflet toujouFs places au premier rang parmi nog chroniqueurs. Honneur a leurs erudite iravaox J Desircux de payer mon tribut, en prenant place dans celte assemblee, formee dans une des cites de la province de Flandre , contrce si essen- tiellement historique , j'ai p6nse que quctcjue chose des travauit quej'ai cntrcpris sur Philippe de Comyne, pourrait interesser, dans lepays meme oil cet historien homme d'£tat , vitle jour. Mais remarquez en meme temps que ce quej'ai a vous soumcttre tient aussi a I'histoire de mon pays , car si le conseiller et i'histo^ riende Louis XI naquit en Flandre , il se fi.\a de bonne heure en Poitou,oiiiiterminasacarriere, dans un age avance. Notez mdme quece quejc veux vous dire est pour moi tout-a-ftut de I'histoire locale, car le chateau d'habitationen Poitoade I'illustre Fbrnand est tout pres de mon manoir maternel , puisqu'ils etaient les don- jons feodauxdcs chefs-lieux actuelsde deux cantons^dans lem^m^ arrondisscment , Argenton-Ch<^tcau et Cerisay*; etjesuis mem© aujourd'hui le delegue au conScil-general de mon departement d© cette derniere circonscriplion. Permcttez-moi cette remarquc ^ Messieurs , elle est ftiite seulement pour demontrcr que mieux qu'un autre peut-etre , a raisoo dela connaissance des Heux , j© pouvais apprecier certains faiUelgestes d'un homme justemeni celebre, pour sa carriere publique , mais pas assez connu, dans c0 quiconcerne sa conduite privee. J'aurai done a invoqucr votre attention, pour I'indication de quelques fails jusqu'iciint^dits, e| pour les consequences qui , suivant moi , en decoukrit tout natu* rellement. Puissiez-vous trouver, danscette position dcchoses, ua motif pour accueillir favorablement le simple extrait que je vieni vous soumettre et qui malheureusemcrtt , a raison de la multij- plicitedes faits,setrouveraavoircncGreuneetendueconsiderable! J'aurais trop a m'6tendre , Messieurs , si je voulais vous retrar cer tous les faits de la vie agitee de Vhomme vraiment reraar- quable, que les evenemens politiques appelerenl dans ma province^ vers la fin du 45*. siecle. Mon projet est de trailer une speciality presque inconnue , je veijx vous^squisser PhiHppe de Comyne en Poitou. Mais ee cadre etant trop vsfste encore, ii y aura n6cessit» " La torre de Vaudorc , fc'simeus€ entrevue de Louis XI et de Oaatlles- le-Temeraire, a Peronrie , et en parlant de Philippe de vCojaafaaci^ Tappelle te sire cTArgenlon, Ceci «st impardonftable , dans aaa auteur aussi instruit que celui a qui nous devons la cr^atdQaa (dm veritable roninn historique. Philippe de Comyne ne devinit s;ia- gneur d'Argenton-Chateau * , et ne put prendre !e nom (d« cctte terre du Poiton , que bien plus tard , apres avoir quitte le service du diic de Bourgogne, et s'^tre attache! a celui de L©im« m. On verra memc bientot que son nouveau nom ou sor nonv^eaai litre , fut a la fois le resultat d'un mari.ige et d'une acqamtiaa. Ettacons done de Quenlin Ditrward , celte grave erreur qnCai appartenait a un auteur poitevin de relever. Avant de faire connaitre les motifs reels qui firent agirtBwt vassal direct du due de Bourgogne , ne et possessiomae (ea» Fiandre , province appartenant alors h ce prince, je doisire- produirc les reproches fails a Philippe de Comyne sur sa dMec- lion , par des auteurs places au premier rang. Le grand Sa-jvaai qui a impose son nom au dernier siecle litteraire ** , ToltaiiTea appele I'bistorien mlnistre de Louis XI , tin cSiibre traiir£ igm ay ant hng-lemps wndu les secrets de la maison de Bourgogme^ passa enfin au service de France. Auparavant MeZeray ^**, av^ dit avee un grand sens, que « si les raisons do Comyne eas&eat » ete honnet«s , il les aurait expliquees, lui qui raisonnalit a j» bien stirtoutes ehoses. H semble que Duclos ""** a approdue XI du pirti qa'il etait possible de tirer , pour la navigation et Ic commerce , de ccs deux localites placccs dans les seigneurics dont on Tavait gratifie , en faisant des concessions et en accord;int dcs exemptions a ceux qui se fixeraient dansces deux villages. Cq n'est qu'ainsi , qu'alors on pouvait creer, dansces temps sj diffe- rens des qotres ; les privileges de localites constituaient le droit comniun , et le defaut de privileges demeurait, on peut le dire, la veritable exception, On etait au mois de decembre 1 472. Le roi et son nouveau con^ seiller revinrent de la cote du Bas-Poitou , a un petit chateau do rinterieur des terres, simple reqdez-vous de chasse etappele a paison de cela, Dine-Chien *, pres le Puybcliart. Comyne rappela la au roi ses remarques , et ce prince si extraordinaire dans sa conduite politique et pourtant sj aclif et si penetrant dans son but , qui tendait a reunir sous sa puissance reelle toute la France morcellee par la feodalite , songea a formuler ce que lui avait conseille squ chanabellan flamand , pour tirer parti de I'heureuse position des Sables et de laChauine d'Olonne. Aussi a Dine- Chien , il ordonna , a la requete du seigneur de Kenescure , que les points en question seraient clos de niurs et de fortifications sous la conduite de ses chambellans les seigneurs de Eressuire et du Fqu, par les habitans qu'il exemplait, a cette condition, de tou^es tajlles et aic|es. La ville dcs Sables d'Olonne , ainsi constituee , le roi y etablit , non pas un niaire , mais comme point de con^nierce , un prevot et quatre jures poqr faire la police , taxer les habitans et imposer les m.archanc|s etrangers. Mais , par conipensation , car ils avaient affaire a un mpnarque qui ne donnait rien pour rien, ils furent assujettis a f;iire le guet , c'est-. Ii-dire a defendre leur cite , en cas de peril evidenC, Ces dispositions eurent des resuUats tres-marques. Le port d'Olonne devint plus tard , d'une grande importance; i\ etait presque toujours encombre de navires **. Apres la decouverte * La seigneurie de Dine-Chien apparienait alors h Pierre Prevost, Se'ne'chal de Mareuil et de la Vieille-Tour , pour le sire de la Trtv inouille. Le lieu ou la charte douton va parler fut donne , n'est pas mentionqe daqs le reci^eil des ovdonuances du Louvre. * Un peu plus tard , et le i8 octobre i474 j Louis XI exempta de droits , pendant vipgt aus , les bles et les vins qqi arrivaient aux habitans des Sables et de la Chaume-d'Olonne par leur port, Une Ipttre adressce en i488 , par Louis dc la Tre'mQuille au roi Gharles VllI , porte de 8o a loo les navirps qui mouillaient auJi Sables -•509 — de rAmerlque , on y arma surtout pour la peche de la morue' , et cette Industrie donna lieu a une legislation particuliere et cu- rieuse que je me propose de publier bientot. Le voyage que Comyne avail fait avec Louis XI sur la cole du Bas-Poitou , lui avail donne lieu aussi de prier le monarque d'augmenter encore ses possessions , tant il etait insatiable. Le prince n'avait , pour ainsi dire , rien k refuser a celui qui lui avail ete autrefois si utile , et dont il esperait loujours tirer uu bon parti. Ce fut encore a Dine-Chien, et apres avoir failles lettres relatives aux Sables et a la Chaun^e d'Olonne , que le roi deelara qu'il entendait comprendre dans le don fail a Comyne , les terres de Bran et Brandois, qui surtout a cause des desseche- mens a faire des relais de raer , etaient susceplibles de devenir d'une tres-grande valeur. Le projet de raariage forme pour Comyne , se realisa a la fin de fevrier 1473. II epousa Helene de Jambes ou de Chambes , fille du seigneur de Montsoreau et de Jeanne Chabot , d'une des plus anciennes et des plus illustres maisons du Poitou. Lecontrat de mariage fut passe a Chinon ,. le 27 du mois indique , et les dis- positions de cet acte meritent d'etre remarquees. D'abord on voit le seigaeur etranger au pays, pourtant place si avant dans la confiance de Louis, et prenant deja le litre de prince , a cause de la seigneurie de Talmont, enloure des conseillers du monarque , qui slipulaient pour lui. Ce sont Pierre DoriolJe , ehancelier de France, Jean Hebert, seigneur de Houssevilier , general des finances, c'est-a-dire, receveur-general , puis Jean Bourron du Plessis - Bourre , Gilles Flamangy et Guillaume de Cerisay * , notaires et secretaires du roi. Ensuite ce eontrat de mariage est en meme'tempsun acte de vente. En effet, le seigneur el la diame de Montsoreau vendent a Comyne et a Helene de Chambes, sa future epouse et leur fille, labaronnie d'Argenton-Chateau etles terres et seigneuries de la Mothe-Coupeau, la Mothe-Boisson, Villebras^ Lairegodeau, le Beugnon en Gatine , Vausselle , Gourge, Pie- cigne , Souvigny , Agenois et la Vacheresse , loutes situees eii d'Olonne , pour aller chereher du sel a Noiymouticrs, dans Pile de Re et a Brouage. * Guillaume de Cerisay ne tirait point son nom de la terre de Cerisay , en Bas-Poitou ^ dont il est q;uestioa au commeucemeut d% cet ai'ticief ^H .Poitou. Ccs possessions provenaient d Anloine d* A'rgcfnloil; # oncle de U dame de Moritsoreau et le dernier de la niaisou d'Ar- gcntori-Chatcau qui ait possede cctte baronnie du Poilou ou (1« la dame Brunissant d'Argenton , mere de ladite dame , ou ehfiq dc Louis Chabpt , seigneur de la Greve. Jfean de Chambei- Montsoreau , frere de la future et llelene , leur soeur amce , c(bi cpoqsa depuis J can de Polignac , seigneur de Randan , %urent a ce contrat. La baronnie d'Argenton et les autres terres vendues •avec elle , le furent pour 30,(i0() ecus dor au coin du roi a 27 s. 6 d. piece , dont 20,000 furent payes comptant. Pour les aulrds 10,000 ecus d'or , le seigneur et la dame de Montsoreau en tin- rent quittes }eur fiile et leur gendre futur , a cause du caution- Dement des cpnseillers de LquIs XI que j'ai poirjmes , et qui en cela agissaient pour Ipur maitre. Jusques-la , ori ne voit point Ja dot que le seigneur et la dame de Montsqreau donnaient h Jeur fille , mais il fut dit que les terres vendues valaient 20,000 ^cus d'or de plus que le prix stipule et que le p^re et la mere de ]a future 4«me de Comyne la dotaient de cettc Valeur. On ajouta que , si elle venait a mourir avant spn epoux , celuirci JQuirait de Routes les terres vendues , mais qu'adefaut d'enfans du manage, dies devajent reyenir a |a raaison de Montsoreau. Le douaire dt }a future etait fixe au tiers du revenu des biens de I'epoux. , On vient de voir que Louis XI avail fait repondre par le chart- celier de France , par le general des finances et par ses secre- taires, du restant a payer sur Je prii^ de la baronnie d'Argenton- Chdteau et des autres terres vendues au prince de Talmont^ c'est }e nom qu'qn dpnnait alors a Comyne ; niais ce prix non pay6 n'etait que le tiers de ce qui avail ete solde comptant. Qui avait done fourni a Comyne ces 20,000 ecus d'or? La France encore pu Louis XI, si on le veut . La preuve de ce versement existe, et il fut fait a Philippe de Comyne par M^. Jean Briconnet , alors general des finances. II est bon de retenir ce nom , car plus tard pn voit celui qui le portait , sorti dune condition moyenne , arriver a une bien haute position. L'extrait du cpmpte de Jean Briconnet porte le paiement fait a Comyne de 41 ,200 fr. pour 50,000 ecus dor dont le roi faisait don a son chambellan , pour les services qu'il lui avait fails , et pvur lui aider a acquerir el achetev de monseignexir de Monlso- raaula terre el seigneur^ed'Argenlon. Plus, le general des finances notait un autre paiement fait a Comyne, de la samme de 400 /?»'»'. ^ue h ro^ lui donne , es\,-\[ (lit , outre scs aulres pcmions , dq»t ^ 601 — lit bienf ails, et eepour lui aider d emmenager le chastel de Berrl/^ d luiapparlenanl. On a vu que la terre de Berrie, en Anjou, provenant aussi de Louis d'Amboise , viconjte de Thouars , avaSt eXe donn^e par Louis XI k Philippe de Comyne, en meme ten^ps ^ue la principaute de Talniont. J'ai le projet de calculer plus tardetd'une maniere exacte , atitant que possible , les differentes vajeurs donnees par Louis XI a Philippe de Comyne , en argent effectif , en pensions , en appointemens d'emplois et en terres , compris celle de Chaillot* Ares Paris , donl il disposa un peu plus tard en sa faveur. Ma!s rout d'abord je dirai ici qu'il s'agit d'une valeur totale d'environ Irois a qualre millions de notre monnaie. Si I'homme valait beau- sa fille , donnait a celle-ci , pour sa portion dans sa succession, I'usufruit reserve' , les terres de Talmont , Bran , Aulonne , Curzon, Chateau-Gauthier, le Cliaume, Jes Sables et Marans.^On voitque ce sonta-pcu-pres toutes les terres dont Loui* XI Youlut plus tard gratifier Philippe de Cumjne. — 604 — eaiculs! Nous croyons travailler dans notre interdt, et nouS agissons centre nous ou contrc Ics notres 1 ' Par naalheur pour lui , Louis d'Amboise ne trouva point dans le malheur d'utilcs lecons de conduite , quoique eette ecole soil soQvent la naeilieure. Lorsque ses immenses richesses lai furent rendues , a lui nagucres detenu e|t prive de tout , elles ne purent ^uilire au luxe effrene et au libertinage scandaleux auxquels il Se livra. Alors , son gcndre , Pierre de Bretagne , devenu due de cette province par la njort sans enfant de son frere , le due Francois * , et la duchesse Franooise d'Amboise de Bretagne , poursuivirent Tinterdiction duvicomte de Thouars, et apres unc Jongue procedure , un arret du Parlement , du %G Janvier 1457 ^ defcndit a Louis cJ'Amboise d'aliener aucune partie de ses biens hi meme de faire aucun contrat , sans I'avis et le consentement de Robert Liboust , president au Parlemsnt , qui lai Cut donne pour conseiljudiciaire. Cette decision ulcera le coeur du vicomtc. Francoise d'Amboise ^iant devenue veuve sans enfant du due Pierre de Bretagne ** fut instammcnt priee par son pere de se remnrier ; elje s'y refusa, et le vicomte de Thouars devint de plus en plus n^econtent d'elle fit de sa soeur. Les instances de Louis XI, qui regnait alors, pour engager la duchesse douairierc de Bretagne a accepter la main du due de Savoie , sonbeau-frere *** , ne produisirent pas plus d'effet, et des tentatives de violence n'amenerent aucun autre resultat. Francoise d'Amboise s'ej^ait voijec a la continence , e{ on a ete jusqu'a dire que son niariage avec Pierre de Bretagne n'en avait ea que le nom. Craignant d'autres voies de fait , plus graves que celjesdont on avait commence a user envers elle, et pour executer du reste , ses projets arretes depuis long-temps ^ elle se fit religicusecarmelite , en 1457 , et ceda tons ses droits aux enfans de sa soeur, les jeunes de la Tremouille ****. Ceux-ci. * Francis, d^c de Bretagne , mourut enjuiliet i45o. ** Mort a Nautes , le 22 scptembre i^Sy. *** Amed»;e IX , fils de Louis , due de Savoie et d'Anne de, .X^usignan a qui elle porta ses droits sqr les layaumes de Chypre et de Jerusalem. Le due Ain- gere de 4000 fr., de tons les biens de sa maison. Apprenan^ ensuite que la nomination d'un conseil judiciaire viciait cqHq do- nation , ie roi fit annuler I'arr^t du Parlcment , qui etablissa^ cette entrave , par arrdt du grand gand Conseil, reridua Saumur^ le 5 septembre 1462. Postericurement plus instruit encore «t averti que la coutume du Poitou , sous Tempire de laquelle &^ Irouvait la plus grandc partie de rimmense fortune du vicomte^ ne permettaitde disposer atitre gratuit, que d' une simple frac' lion de ses biens , I'adroit monarque fit convertir par acte passo devant des notaires de Saumur . le 25 septembre 1462 , la dona? tion entre vifs precedemment fiite , en un acte de vente simulQ dontle prix de cent mille ecus ne devait jamais 6tre paye **. La jouissance des biens vendusparaissait » du reste toujours reset- \ reconnue comme bienheurewse ^ mourut le 4 novembre i4S5 , aii inonastere des Coucts , pres Nantes. * On voit flans Vhistoire du chateau et des sires de Tancarville , par M. A. Deville, de Rouen, que Guillaurae de Harcourt jouissait ^ en 1461 , du chef de sa premiere femme , Peronelle d'Amboise, des lerres d'Amboise ct de Montrichard eu Touraine , et qu'il en fit c'change avec Louis XI, pour la \iconite de Gournay. D'apr^ cela , le monarque ne comptait pas beaucoup sur la re'tenlioii qui avail e'te faite dc la terre d'Amboise , en reslituant au vicomte ;'de Thouars ses aulres possessions. ** L'acle portait quittance de 10,000 ecus qui ne furent poi(U , comptes, ct le 3o du raenie mois, le vicomte reconnut avoir toucln^' le surplus i quoiqu^on ne lui tut probableuienl ricn donue. — 606 — v^e h celui qui semblait se depouillcr de leur propriele , arvec «rj« pension viagere de 4000 fr. Louis d'Amboise mourut au chateau de Thouars , le 24 fevrier 1 469 , et Louis XI fit sur le champ prendre possession de tous ses biens par Jacques de Beaumont , seigneur de Bressuire , charge d'epier le moment du deces du vicomte et d'administrer ses biens. On ne tint aucun compte des reclamations de la vicom- tesse, veuve de Louis d'Amboise* et desenfants de la Tremouille, et la force fut substituee au droit. Peu apres , le roi disposa pour un tems de Thouars en favour d'Anne de B'rance , sa fille , en la promettant en mariage au marquis du Pont** et se reserva en- suite cette si importante seigneurie. On a vu qu'il avail donne une notable partie du surplus des depouillcs de la maison d'Am- boise et notamment Talmont a Philippe de Comyne , a qui jc m'empresse de revenir. Mais cette digression , on le sentira aise- ment , etait indispensable. Le Farlement et la chambre des Coraptes a qui furent presentees leslettrespatentes par lesquelles Louis XI donnait , a Philippe de Comyne , Talmont et les autres terres du Poitou et Berrie en Anjou, refuserent de les publier etenregistrer. Les motifs deces deux cours de justice etaient, d'abord que lafamille de la Tre- mouille s'^opposait k Tenregistrement, en revendiquant la propriete deces biens, ce qui constituait un proces qu'il fallait prealable- ment juger, et ensuite que, si cesseigneuries appartenaient effec- tivement a la couronne , elles semblaient ne devoir pas etre alie- nees, a cause de leur grande importance. Alors pour lever cette difficultele roi ecrivit du Plessis-les-Tours, le 21 fevrier 1473, a ces deux compagnies des lettres closes ou il disait que « par singuliers » services a lui rendus au voyage a Peronne et au voyage de )» Liege , par Philippe de Comyne, qu'il lui avait donne les prin- » cipautes , terres et seigneuries de Talmont-sur- Jard, Aulonne,. » Chateau-Gauthier , Curzon , la Chaume et Berrie , plus Bran » etBrandois. » Ilfinissait par pressor d'enregistrer ces dons ,- * C'elait la derniere fernme de Louis d'Amboise ,. Nicole de Chambes-Montsoreau , si connue par ses liaisons avec le due de Guienne, frere de Louis XII. Eile etait soeur de la dame de Comyne, et elie e^t appele'e Marguerite mal a propos , par quelques auteurs. ** Nicolas , petit-lils du r»i Rene d'Anjou , qui fut due de Lor- raine de i^"]! a. i^'jZ. Anne de France qui lui avait ete promise et qu'il u'epousa pas fut femme de Pierre'de JBourbon, sire de Beaujeu. — 607 — ainsi que les lettres pour la pension de 6000 fr. et ajoulaitun poH scriplum de sa propre main. Ces dep^ches, portees par Guillaumo de Cerisay , secretaire du prince , I'enregistrement fut ordonne , quoiqu'a contre coeur , par les magistrals superieurs du royaume, qui retarderent , autant qu'ils le purent , la formalite alorsnd- cessairepour rexecution de la volonte royale *. Tous les moyens etaicnt bons pour arriver k leurs fins avec des hommes comme Louis XI et Comyne. Les faits que je vais mentionner sont graves , ils incriminent grandcment la memoire d'un de nos rois et de Fun de ses ministres ; mais qu'on se fixe sur mes paroles; elles ont dela portee. Jedirai queje puiseta- ^blir la preuve des imputations que je vais formuler contre eux , de la meme maniere queje serais tenu de lefaire, pour obtenir gain de cause, sans aucune difficulte , dans un proces qui serait actuellement pendant devant un des tribunaux du royaume. En effet , les documens judiciaires destines a faire connaitre la vie privee de Philippe de Comyne n'ont point peri , et je suis par- venu a les retrouver. ** J'ai pour moi des depositions de temoins emanees de ceux-la memes qui jouerent un role dans I'oeuvre d'iniquite que je vais devoiler. J'ai de plus, et ceci est tout-a- fait inedit , des aveux consignes dans des interrogatoires sur tails et articles subis par Comyne lui-meme , et qu'on me passe ces expressions de procedure , puisque j'instruis , en cette par- tie , un veritable proces a sa memoire. J'en ai assez et plus qu'rt n'en faut pour etablir ma conviction, el j'espere la fa4re passer dans I'esprit de ceux qui me font aujourd'hui I'honneur de m'ecouter. En definitive , le principal moyen qu'emploient Louis XI et Comyne , contre la maison de la Tremouille , pour lui ravir rheritage de Louis d'Amboise, etait de soutenir que celui-ei ayant et6 condamne comme coupable de leze-majesle et ses biens ayant ete confisques , ces memes blens ne pouvaient plus appartenir a sesheritiers. Un autre moyen, a I'appui du premier , consistait a ajouter , qu'en tout cas , le vicomte de Thouars e6t-ii * L'enregistrement n'eut lieu au Parlement que le i3 de'cembre 1473, el k la chambre des Comptes seulement le 2 mai i474« ** Thibaudeau , auteur de VAbrege de Vhiuoire de Poitou , en a connu quelques-uns et fait connaitre le brulement des papiers le- la tifs a Thouars , ope're pai; Louis XL ; , r ...,;•, . ^ ; ^^ , ; , ; — 608-- ^t^ releve de ccttc condamnation , ce n'aurait etc que sous }V condition de ne marier sa fiile ainee , et principale hpriti^rja > qu'avec le consentement du roi , et que I'ayant , sans ce cpnsen- tement , unie a Pierre de Bretagne , la restitution demeuraijt nulle et la confiscation reprenait son effet. Or , on I'a dit , il exi^- tait des lettres de Charles VII , qui aneantissaient la corifiscar tion , et il y en avait d'autres qui permettaient le mariage de Francoise avec Kerre de Bretagne.. Mais en detruisant ces pieces originales , la cause des cnfans de la Tremouillc elait perdue , et le niauvais droit I'emportait. Aneantir de pareils acles etait un crime ; mais pour Louis XI ct pour Comyne un crime coutait peu , s'il etait utile a leurs interels , s'il devai^; surtout beaueoup rapporter,- Les lettres dont on vient de parler etaient done d'une bien grande importance. i)eja elles avaient ete remises a Comyne, au moment ou la dotation de Talraont et des autres terres venant de fa maisorf de Thouars , lui avait ete faite. Mais on Sotvait qu'ii en cxistait dc doubles originaux a Thouars. Ces pieces , d' ailleurs , n'ctaient sans doute pas les seulcs qui fussent favorables aux heritiers d^ Louis d'Ambofse. II etait done essentiel de rechercher dans Ic tresor dela vicomte et d'en extraire les fitres qui pouvaient etrc favorables a la cause qu'on soutenait et repousser raction en re- vendkation formee par la famille de la Tremouille de tons les biens poss^des par le dernier vicomte de Thouars. Pour lout terminer , il Mhxi detruire totis ces titres , et on le fit. Mes paroies , sut^ une accusation aussi^ grave que cellc que j^ porte , n'auraienfej^rtmis le poids des expressions employees par les temoins , par Ves acteurs memes de la scene que je vcux faire connaitre. Laisswis done parler Jacques de Beaumont , seigneur de Bressuire , chambellande Louis XI , et place Uhy avant dan« la faveur royalc. II joua le principal role dans beaueoup de mau- vaises actions de ce souverain et surtout dans les intrigues ourdics pour ravir I'heritage de Louis d'Amboise, aux heritiers legitimes de celui-ci. Le sire de Bressuire , en deposant plus lard, dans le^ termes qu'on va donner , le fit sur la foi du serment , d'apres I'ordre de la justice et surtout, dit41, a Cause d'un monitoire por- tantexcommunicationcontreceuxquigarderaient le secret pour lefait qu'il s'agissait d'eclaircir. Que de motifs pour ne pas douler de cette declaration, surtout lorsqu'elle accuse si graiidoment eelui qui la fiiit? Je lis la declaration du seigneur de Bressuii-e, — 609 — « ....*... 'l^e roi lui dit ( les autres deposilions etablissent que » c'est en 1476 ) : Lc sire de la Trimouille plaide contre moitou- » chant Thonais , Talmont et autres seigneuries. Iljaut cjueuous » voyic^ si panni toutes ces lettres (les pa piers demeures au Iresor » de Thouars ) , il rCy en auvait point qui pussent me servir au « proQes. Alois pour s'en assurer, il envoya le seigneur de Bressuire, » Louis Clianibou , les olficiers qui elaieut a Thouars, Louis Tindo )) et le sire de Comyne , seigneur d'Argenton Le deposant se » rappeUequ'iU trouvferent les lettres par lesquelles le roi Charles )) Vli rendait et restituait au feu vieomte de Thouars , la vicomte J) de Thouars et scs autres terres. Cependant a I'egard de la w principaute de Talmont et des seigneuries de Curzon , Olonne , » Brandois et autres , il ne les rendait au vicomte qu'a condition M qu^il ne marier&it point sa fille a quelque personne que ce fut, du )) royaume ou d'autre. Il ajoute qu'on disait que c'e'tait Charles » d'Anjou , comte du Maine , qui avait procure au vicomte de V Thouars la restitution de ses terres. 11 depose encore qu'on trouva » une autre lettre par iaquelle Charles VII permit au feu vicomte w de Thouars de maiier sa fille a feu Pierre , due de Bretagnc \ » ct qu'il avait ou'i dire que le vicomte etait redevable de cette peri- » mission a la feue reine Marie*. Il depose qate les examinateurs u de ces lettres disaient , en les lisaiit : Celle-ci nous est bonne , » celle-ci ne nous est pas bonne. Cette derniere etait celle par la- » quelle Charles "VII perm<,ttait aufeu vicomte de marier sa fille ^ )) telle personne qu'il voudrait. Ces lettres de restitution et por- » mission furent mises entre les mains du seigneur de Bressuire. » Alors Fhilipptf de Comyne lui dit : Le roi veut que ces lettres » soient fetees aufeu , et tout de suite les ayant prises entre ses -n mains, il les y jeta. Jean Chambon** voyaut loule cette manoeu- » vre, la desapprouva en disant : C^est maljait, il nejautpas les j'e- » ter au feu. Dans ce moment , le seigneur d Chambon les retirerent. Le seigneur de Bressuire les porta au roi » qui etait alors a Candes ***. Philippe de Comyne s'y rendit aussi. » Comme ils etaient tous deux en presence du roi , Philippe de Co- » myne lui dit : Sire , vecy M. de Bressuire qui a des lettres qui y> ne servent pas hien anotre matiere. Le roi les prit et les jeta dans * Marie d'Anjou , femme de Charles VII , et mere de Louis XI. ** Le beau caractere de Jean Chambon s'est fait remarquer dans plus d'unecircon stance et son amour de la justice faillitlui couter cher , comme on le verra plus tard. > *** Louis XI etait en etiet a Candes, a repoqueindiquee,d'apres Vttitieraire des roia de France, 59. — 610 — » Ic feu et tlit : Je nc les brule pas^ c'est lejexi, A cette action furenl » presents le sire de Comyne, Louis Tindo, RicharJ'Estivalle, pro- » c«reur de Thouars , Francois Martinet , chatelain de Thouars et » autres. Le roi fit faire serment a tons de ne point reveler qu'elles » eussent e'te jetees au feu , et leur ordonna de se donner bien dq » garde d'en rien dire. Le serment fut garde pendant la yie du roi. » Le seigneur de Bressuire ne I'aurait point revele sans le moni- » toire etc. » Le fait de la destruction des papiers originaux prejudiciables aux interets de Louis XI et de Comyne , op6r6 par le monarque lui-meme , est ainsi etabli par le dire d'un homme extremement marquant , le sire de Bressuire ; mais il resulte encore des depo- sitions de Louis Tindo , seigneur de la Brosse , successivement avocat fiscal , chatelain et senechal de Thouars , et ensuite pre- mier president du Parlement de Bordeaux * , d' Andre Marti- neau , alors chatelain de Thouars et de Raoul Pichon, conseiller au Parlement. Mais ce fait capital est surtout prouve par la de- claration de Richard Estivalle , procureur du roi a Thouars. Elle est si claire et si precise , elle s'accorde tellement avec la version de Jacques de Beaumont , en donnant plus de details , que je ne puis ra'empecher de laisser parler encore Estivalle lui-m^me. « Quelques annees apres, dit-il (apres le don de Talmont et autres » terres fait par le roi a Comyne) , Louis XI e'crivit au seigneur de » Bressuire d'aller le trouver aux Forges , pres Chinon, et d'ame- » ner avec lui les officiers de Thouars. Le seigneur de Bressuire » s'y rendit , accompagne de Richard d'Estivalle , de Me. Louis « Tindo, lieutenant du senechal de Poitou , au lieu de Thouars. A » cetle entrevue se Irouverent M*. Jean Chambon , M«. Regnaut )) des Noyers , procureur en Poitou, M. le mare'chal de Gye ** et * Il dut son rapide avancement a ses complaisances coupables pour Louis XI. Creature du vicomte de Thouars qui lui avait donne sa confiance , il Ten recompensa par la plus noire ingratitude. Je fcrai connaitre en detail la vie de Tindo. ** Celebre par ses fails d'armes , par sa faveur sous Louis XI et , Charles VIII et par sa disgrace sous Louis XII , a raison de la haine que lui portait Anne de Bretagne , dont il arreta les tresors que celte reiue envoyait dans ses etats he're'ditaires , a la mort de son premier epoux. 11 fut exile' a son chateau du Verger , en Anjoii , qu'ii avait fait batir et qui fut detruit en 1780. Il ne reste plus de cette magniiique construction que Je.tombeau d'un chien! Voir k -.611 — » Philippe deComyne. Le roi leur parla alof& du proces pendant » en la court de Parlcment entre Louis de la Tremouille , d'une » part et le procureur du roi el Philipi>e de Corayne de I'autre , » touchant les seigneuries de Talmont , d'Olonne , de Curzon el de » Brandois. 11 leur de'clara qu'il avoit ce proces fort a coeur , et » qu'il vouloit qu'on aliat a Thouars , pour y chercher des litres » qui pussentlui etre favorables dans ct proces. II en donna done » la commission au sire de Bressuire , a Philippe de Comyne , a » Louis Tindo, a Regnaud des Noyers et a Richard d'Estivalls^ lis V s'y l^transporterent accompagnes d*Andre' Marlineau , chatelain » du lieu. Us prirent dans un cofFre , plusieurs litres et papicrs » qu'ils de'poserent dans un sac , et les porterent a I'holel de M", » Louis Tindo, lieutenant du se'neehal de Poitou, au lieu de Thouars, » oil etait loge Philippe de Gomyne. Dans la visile qulis firent des » lettres , ils en Irottvereut une en parchemia , signee de la main J) de Charles YII et d'uii secretaire, et seelle'e du sc«au de ce » prince. EUle contenait la permission accorde'e a feu Louis d'Am- » boisede marier sa lille aine'e avec Pierre , fils du due Jean de » Bretagne , ou lout autre qu'il lui plairait. A la lecture de celte » letlre, on jugea qu'elle pouvait prejudicier au roi et a Philippe }) de Comyne , dans le proces qu'ils avoient avec Louis de la Tri- » mouille , au sujet de la seigneurie de Talmont. En effet , les » lettres de restitution de ce lieu portaient que Louis d'Araboise » ne pourrait marier sa fille ainee ou autre heritier principal , 3) dans le royaume ou ailleurs , sans le conge du roi. Cette lettre » fut porte'e au roi , et demeura aiusi entre les mains du seigneur » de Bres&uire. » Deux jours apres , tous ces fideles de Louis XI retournerenk » aupres de lui a Candes , ou il eloit. 11 lui firent le rapport de ce » quHls avaientfait , en pre'sence de M. le mareehal de Gye. lis lui 5) dcclarerent le contenu de la letlre que le seigneur de Bressuire » avoit entre les mains , en lui disant qu'elle pourroit etre utile au, » seigneur de la Trimouille , dans le proces pour Talmont. Alors » Louis XI leur fit faire serment a tous qu'ils garderoient le secret » sur ce qu'il alloit faire , et lout de suite , prenant la lettre enlre )) les mains du seigneur de Bressuire , il la jela au feu et la fit » bruler , en pr^ferant ces paroles : Ce n'est pas moi qui la drule, » c'e5t lefeu. » II n'y a done pas d^ doute sur le fait doat j'entache la memoire de Louis XI et de Philippe de Comyne. II est prouve jusqu'a ce sujct J. F. BodinJ, JiecJierches sur Angers et le Bas-Anjou yt^ a , p. 67 et s\xh» — 612 — Tevidence, que les pieces favorables a la maison de laTremouille furent brule*5S par Louis XI , a rinstigation dc Comyne. Plus tard nous verrons meme le monarque en faire I'avcu ; mais ce gogue- iiard de prince, qui n' avail pastoujours la vergogne dc cacher ses turpitudes , et qui memo quelquefois en Jfaisait I'objet de ses plaisanteries , alia un jour jusqu'a dire devant sescourtisans, en parlant des lettres de restitution donnees par Charles VII au vicomte de Thouars , qu'elles n'eloient ni en I'air , ni en terre, ni au del. Cette indiscretion donna beaucoup a penser a ceux des personnages presents qui ignoraient cc qui s'ctait passe a Candes. En 1476 * , Philippe de Comyne fut pourvu de la charge de senechal du Poitou , par Louis XI. Le senechal du Poitou rem- placait le souverain dans la province ; il rendait la justice ou la fai- sait rendre sous sa direction; il gouvernait lepays, il disposait des finances dans ccrtaines limites , et il commandait les troupes. On sent, des-lors, ce qu'etait une pareille charge, pour une riche ct vaste contree. Les faveurs royales et surtout les concessions lucratives venaient s'agglomerer sur la lete de Comyne. L'annee suivante il fut fait gouverneur de la ville et du chateau de Chinon , place importante sur les confins de la Touraine , de I'Anjou et du Poi- tou, et pen eloignee de son manoir d' Argenton. Les appointemens (le cet emploi etaient considerables. "* Vers le meme temps, Louis XI commenca a donner a son favori , une somme annuelle (t forte, pour aider a reparer Argenton , dont le chateau fut aiorsengrandepartiereconstruit***.Enfin,il eutaussi une por- tion dans les confiscations prononcecs contre Jacques d'Arma- gnac , due de Nemours. **** L'annee 1477 avait offert a Comyne une ample moisson d'ar- gent ; mais dans cette meme annee et dans celle qui la suivit , il * Par lettres date'es du Plessis lez-Tours , le a4 novembre 1476. •** lis etaient de 1200 liv. par an, ce qui ferait une somme consi- derable , au taux de noire t'poque. On trouve des indications des paiemen« laits a Comyne, pour celte somme, en i477f '49' c' 1492. *■** Comyne recut , poUr eel ob[et , d'apres les comptes de^ tresoriers dc la couronne, looo liv. en i477» i^ne pareille soihnie en 1481 , et autanl en 1482. "*■*** Lellres de Louis XI, datees d'Airas, au mois dc scp- It^mbre »477' i — 645 — j»e cQUvrit de gloire. Je passe son voyage dans les etats du due de Bourgogne pour aider a soumettre a la France les possessions de son ancien maitre, Charles- le-Temeraire , qui justifiant de plus en plus son nom , etait allechercher la mort en Lorraine *. C'esten effetde sa mission a Florence que je veux parler. II s'en acquittadignement, et le succes futcomplet. Les Florentins avec qui ildemeura un an , durent leur independance a I'intervention de I'habile flamand , et les Piazzi , assassins des Medicis recurent la peine due a leurs forfaits. En vain le Pape Sixte IV voulut-il soutenir le parti contraire dont I'archeveque de Pise , Francois Salvrati s'etait montre le chef ; il fut force de ceder , jpt le nom francais brilla, par le courage et I'habilete de Corny ne, d'un grand eclat au-dela des Monts. Le seigneur d'Argenton , de retour de ce voyage a la fin de 1478 , entra de plus en plus dans la faveur de Louis XI. II I'ap- prend lui-meme etilfaitbon a le laisser parler : « Etde lavins , » dit-il , vers le roi nostre maistre, qui me fit bon chere et bon » recueil, et m'enlretins de ses affaires, plus n'avoU fait jamais , » moy couchant avec luy , combien que n'en fusse point dignc et » qu'ilenavoit d'autresplus idoines , mais il estoit si sage que » Ton ne pouvoit faillir avec luy, moyennant que Von obeist a cc » qu'il commandoit , sans y ajouter du sien. » Cette intimite de Louis XI et de Philippe de Comyne devint de plus en plus etroite dans les voyages comme dans la capitale. Celui-ci nousl'apprend encore dans un autre endroit, lorsqu'il dit qu'il a « este avec le roy Louys , demi an sans en bouger ( de » Paris ) , loge es Tournelles , mangeant et couchant avec luy or- » dinairement. » Une autre grande marque de faveur que pent donner un roi a I'un de ses sujets, alors comme aujourd'hui , quoique souvent ce temoignage d'affection soit ruineux pour celui qui le recoit , est d'aller s'etablir chez lui et d'y passer quelques jours. A la fin de 1478, Louis XI ayant fait un voyage aThouars **, se rendit de la a Argenton, chez Philippe de Comyne, qu'il avait fixe dans cette localite , pour etre un de ses points d'appui dans une portion de la France , encore frontiere a raison de I'iudependance de la Bre- tagne. * Tue le 5 Janvier i477« *f Louis XI etaiit la , confirma retahlissement d'un siege royal dans cette viHe, par iellies du i^q dccembie i^'jS, Ce n*etait pas le tout d'avoir detruit les papiers qui assuraient les droits des enfants de la Tremouillc a succeder aux riches pos- sessions de Louis d'Amboise, Icur aieul , il fiillait encore tirer parti de cette destruction d'actes. Un jour Louis XI engagea Chambon a se rendre a Paris, pourpresser lejugement de I'affaire de Thouars, qui lui paraissait tirer en longueur,et le chargea d'in- sister sur la confiscation prononcee autrefois par le Parlement de Poitiers. De tous les anciens ofliciers de Louis d'Amboise, Cham- bon etait sans contredit le plus probe , et il ne craignit pas de direau monarque : « Ah ! sire , vous savez bien quec'est grand » charge de copscience d'avoir brule des lettres qui servoient , » en cette mati^re aux pauvres enfants la Trimouille ; comment » pourrois-je en faire honnetement la poursuite, moi qui scait » qu'elles ont ete brulees ? » Alors le front du vieux roi se con- tracta , ct il repondit durement al'honnete Chambon : « Ne vous » en chaille , dit-il, il faut y aller etnem'enparlezptus. » Le conseiller fut oblige , malgre sa repugnance ct pour sauver sa vie , d'obeir a ce prince despote , pour qui un ordre demise a mort , meme sur un simple soupcon , etait une chose d'habitude. II se rendit a Paris ou il n'eut pas de peine a obtenir , vers le mi- lieu del'annee 1479 * , un arret favorable aux pretentions duroi ct base sur la confiscation. Lavicomte de Thouars fut declaree rdunie a la couronne, et Comyne conserva la possession deXal- mont , de Chateau-Gauthier et de Berrie. Neanmoins le Parle- ment adjugea a Louis de Trcmouille les terres d'OIonne , de Curzon et de la Chaume, par le motif qu'elles avaient ete donnees enmariage a Marguerite d'Amboise , par son pere. L'arret du Parlement qui accordait aux enfants de laTremouille quelques bribes de I'heritage de leurs auteurs maternels , tout en conservant a Louis XI la vicomte de Ttiouars et a Comyne la principaute d6 Talmont, causa encore un vif deplaisir tant au roi qu'a son confident , quine voulait absolument rien perdre de ce qu'on lui avail donne. Celui-ci surtout fut pique au vif. Cette sorte dc souverainelc maritime qu'il voulait se crecr en Bas-Poitou et qu'il s'etaitplu a represcntcra son maitrecomme pouvant former, pour Ic commerce et les ucssechements, une nouvclle Flandre ^ etait de beaucoup rcduite. N'avoir pasOlonnc et la Chaume etnit se priver de ce port ou il comptait attirer tant de navires et oil lis * Lc 21 juillel i479* 1) i-615 — netardferent pas, en effet, a arriver parcentaines ; perdre Bran ct Brandois, ancienne viguerie du Moycn-age , c'etait renoncer a dessecher des marais productifs ; restitaer Curzon etait rcmcttre on point qui offrait les deux avantages signales. La fabrication du sel etait encore une industrie dont la part alTectee au seigneur offrait de bien grands avantages sur ces divers points. Cen'etait plus,du reste, I'execution complete et sans equivalent, des pro- messes faites , et une menace de quitter la France , de la part de Comyne etait beaucoup pour Louis XI , surtout a cette epo- que. Aussi ce monarque mit tout en oeuvre , ainsi qu'on va le voir , pour retabiir les choses dans le premier etat ou il les avait mises. II fit proposer a Louis de la Tremouille de ceder les terrcs dont le Parlemcnt avait reconnu ses enfants proprietaires , pour les terres de Marans , Tile de Re , Mauleon et la Chaise-le- Vicomte , qui venaient aussi de la maison de Thouars , en y joi- gnant Vicrzon etissoudun en Berry. Mais, quoique reduit a une position humble , le gendre de Louis d'Amboise eut assez de grandeur d'ame pour rejeter cette proposition humiliante. Les enfans de la Tremouille entendaient sans doute aussi ce cri de I'honneur qui ne leur permettait gueres de transiger avec les spoliateurs de leur legitime heritage ; mais ils sentaient par avance qu'il ne leur serait pas toujours possible de resis- ter a un adversaire , qui etait en meme temps leur souvcrain et le chef de la nation a laquelle ils se faisaicnt honneur d'appar- tenir. Aussi par acte du 8 mai 1480 * , Louis ** , Jean *** et Jac- ques de la Tremouille firent une declaration dans les termes suivants : « Qu'a cause de la succession de Marguerite d'Amboise, » leur mere , a eux appartient la vicomte de Thouars , la prin • » cipaute de Talmont , Marans , I'ile de Re et autres seigneurics » que le roi nostre sire , des long-temps et du vivant de leur dite » mereapriset tient en sa main et que de present, le * Re^u devant un notaire d'Orleans. ** Ce fut I'homme le plus marqiiant d'une maison iliustre , et on I'a appele le Chevalier sans Reproche. *** Jean de la TremouilUe remplaca , en i 5o5 , sous le titre d'administrateur perpetuel Pierre d'Amboise , eveque de Poitiers. II mourut a Milan , en 1607 , revetu des dignites «le cardinal et d'archeveque d'Aucli, et eut pour successeur dans I'eveche de Poi- tiers , Claude de Husson de Toneie, tils de sa soeur Antoinette de la Tremouille. " s — C16 — i » roi noslre (lit seigneur , a la requeste et poursuite de M essir » PhUippe de Comyiie, seigneur d'Argenton etautres , les veut » contraindrc a taire aucun appointement et k rcnoncer » aux droits qui leur appartienl et pour ce lesfaire pour- » voir d'un curateur, combicn qu'ils soient en la garde dudit » seigneur de la Tremouille, leur pere protestent a Tavance » centre ce qui pourra estre fait » En effet , si Louis XI etait assez habile pour en venir a ses fins avec les autres souverains, a plus forte raison sa politique devait- elle triomphef de ses sujets et surtout de ceux que d«s malheurs avaient mis , encore enfans , a-peu-pr6s a sa discretion. Aussi , voyantque Louis de la Tremouille , le fils aine de Georges , qui avait gouverne son pere , refusait de se preter a ses exigences , il eut recours a un autre moyen. Ses trois fils etaient dans I'age d'entrer au service de I'fitat , et deux d'entrc-eux brulaient de faire la guerre et de s'y distinguer comme leurs parens et leurs amis. Or , le roi declara qu'un refus prolonge de leur part leur fermerait definitivement cette carriere. II y avait bien a reflechir de la part de jeunes coeurs amis de la gloire. lis s'adressferent a des hommes graves auxquels ils tenaient par les liens du sang : ceux-ci les engagerent a ne pas rompre avec I'autorile royale, ce qui aurait ete sacrifier tout leur avenir , et quel avenir que celui qui etait reserve a Louis de la Tremouille 1 * De plus , Louis XI envoya pres d'eux pour assurer de sa protection spe- ciale les jeunes de la Tremouille , s'ils voulaient souscrire a ses demandes , et les menacer de tout son courroux , pour le cas ou ils resisteraient. Les negociateurs etaient des hommes marquanls, savoir : le premier president du Parlement de Toulouse , Frem- berge, maitre des requetes, et deux conseillers au Parlemeat. ** Les paroles portees au nom de I'autorite royale furent ecoutees , et il ne fut plus besom que de chercher des expedients a prendre pour user d'un simulacre de legalite. Mais Louis XI, sur ce point , etait aussi habile que I'aurait ete un vieux praticien. Voici done que, pou? des enfants mineurs qui etaient , comme on disait autrefois , sou's la garde-noble de leur pere , on dirail ■ • * A la bataille de St.-Aubin-du-Cormier , qui assura la Bretagne a la France, il fut vainqueur du prince qui deyait etre son roi du due d Orle'ans , depuls Louis XII. ** Pierre Salac et Pierre Vendre. ^G17 — aujourfihui sous sa tutelle legale , le roi , quoique partie intc'- ressee et comme chef supreme de la justice dans ses etats ^ crea un tuteur special pour cette affaire ; il le prit , il est vrai , dans la fftmille des enfants dc la Tremouillc. Ce tuteur fut leur beau- frere , le Mtard du Maine , seigneur de Maziere et de Sainte- Neomaye , en Poitou , qui avait epouse * leur sasur , Anne de la Tremouille , et s'ctait porte en qualite d'intermediaire aupres du roi. Toujours esl-il que, sous cette autorisation , et d'apres une formule du contrat redigee par Robert de Fauleville , conseiller au Parlcmcnt , charge en dcrnier.lieu de cette affaire , les enfansr de la Tremouille acced^rent aux propositions rejetees par leur pere , et cederent les terres de la Chaurae, Olonne ^ Gurzon; Bran et Brandois a Louis XI , qui leur donna en echange des possessions provenant egalcment de Louis d'Amboise , leur ai'eul, savoir : Marans , I'lle de Re, Mauleon et la Chaise-le- Vicomte. II est vrai que le roi accotdait de plus les terres de Vierzon et d'Issoudun en Berry; mais Ces deux dernieres no furent que promises et jamais livrees. De plus , par cet acte de complaisance , Louis et Jacques de la Tremouille obtinrent d'en- trer, avec la certitude d'un prompt avancement, au service mili- taire de leurpatrie et de leur souverain, et Jean de la Tremouille flit assur<3 d'arriver aux hautes dignit^s de TegUse : telle fut I'amorce dont se servit le vieux roi pour les amener ou il voulait les faire venir. Quoiqu'tl en soit , les terres de la Chaume , Olonne , Curzon , Bran et Brandois etant revenues , ainsi qn'on vient de le voir, k Louis XI, il en fit aussitot et en 1480**, un nouveau don a Philippe de Comyne , et le Parlement et la chambre des Comptes ne firent aucune difficulte pour enregistrer cette liberalite ***. Comyne fait connaitre , dans ses memoires , qu'a son retour d'ltalie , il avait trouve Louis XI excessivement vieilli et affaibli , et paraissant menace d'une forte maladie. Aussi, au moisde mars "1480 , ce prince Se trouvant pre? de Forges , aux environs de Chinon , fut , au moment de son diner , frappe par une premiere attaque d'apoplexie qui lui ota I'usage de la parole et mema toute connaissance au premier moment. On le mit pres dufeiiy * En novembre 1476. ** Par leltres doiine'es a Bruno , 'en msi r48o, *** L'enregisti Client cut lieu au Parlement le dernier juillet i48o et a la chambre des Coiliptes, le 26 aout&nivant. 59*. — CIS — el on lint Ics fenelres fcrmees dont on I'cmpecha d'approchcr , malgrc qu'il parut Ic vouloir. Angelo Catlo , son medecin , qui devint plus lard archeveque de Vienne *, etant arrive, fit ouvrir, pourdonnerde I'air au prince , et il le medicamenta. Alors la parole rcvrnt un pen avec la connaissance , et Louis XI fut en en possibilile de monler a cheval, pour retourner a Forges. Arri- ve la , il fit connaitre , par signes , qu'il Voulait qu'on envoylit chercher Comyne a Argenton , et celui-ci revint en toute dili- gence. Quand le sire d'Argenton fut arriv^ aupres du roi , il le trouva en meilleure position qu'il aurait pu le croire , car il etait a table avec Adam Fumee =**, ancicnneracnt son medecin, et alors maitre des requetes. La parole n'etait presque pas revenue ;mais le prince avail sa connaissance entiere , entendait assez ce qu'on lui (lisail et ne souffrait pas. II fit comprendre par signes k Comyne qu'il follait qu'il couchat dans sa chambre , ce que le favori s'em- pressa de faire. « Jele servis , dit-il , Tespace de quarante jours » a la table et a I'entour de sa personne , comme valet de cham- » bre , ce que je tenois a grand honneur et y etais bien tenu. » On voit que tout etait bon, que lout etait honorable pour Comyne, quand il etait question de capter, de plus en plus, les bonnes gra- ces de son maitre. Celui-ci, ayant recouvre I'usage de la parole, au bout de quelques jours, nevoulut pas quecet hommeatout fair* I'abandonnat un seul instant. Combienle sire d'Argenton devait esperer de tirer parti de tels services pour I'agrandissement de sa fortune , si le roi dont il etait devenu le familier avail pro- longe sa carriere ! II en fut autrement. Kevenu en meilleur etat de sante , Louis XI voulut beaucoup de mal a ceux qui I'avaient empeche d'aller a la fenetre, pour prendre I'air , lors de son attaque d'apoplexie. Ce fut sans doute pour maintenir le principe d'obeissance passive qu'il exigeait , qu'il leur Ota leur emploi etles chassa de sa raaison. Le monar- que rcprit cnsuite a s'occuper des aftaires de I'fitat comme a I'or- dinaire et chargea Comyne de lui lire les depeches qui arri- vaient : car lui-meme etait , on pent le dire avec verite , son seul ministre. Alors le roi sembla revenir unpen a des idees de justice * C'est a lui que Philippe de Comyne a de'die ses me'moires. ** f.a faniille Fumee, qui a marque dans la magistrature et dans les arn)es, est origiuaire du Poilou et existe encore dans celle pro- vince. — 619 — ou d'indulgence , car il fit mettrc en liberie le cardinal de la Bailue qa'il detenait depuis long-temps et avait Ciit nidme ron- ferraer dans una cage dc fer. Ensuite il fut faire un voyage a Pout de I'Arche , en Normandie, pour voir manoeuvrer six mille suisses qui farent les premieres troupes decette nation qui entrercnt au service de France. A son retour de Normandie , Louis XI vint de nouveau ii Thouars, oil il eut une nouvelle atteinte de la premiere maladie qui lui enleva encore la parole , pendant pres de deux heures j op le crut meme mort , car il etait etendu sans donner signe de vj^. Alors les sires de Comyne et du Bouchage , les plus avant dans la favour du roi , le vouerent a Monseigneur St, -Claude. « Inconti- » nent , dit le sire d'Argenton , la parole lui revint et sur I'heurc » alia par la maison tres-foible *. n Comyne gagnait de plus en plus aupres de Louis XL Tombe malade a Thouars, ce dernier ne se trouva pas si bien chez lui » (carils'etait, commeonl'a vu, approprie cette viconite < til y tcnait beaucoup), que chez sonchambellan et conseiller de predilection . II se rendit done a Argenton, a lafin de 1481, accompagne d'Adarn Fumee , de Regnault des Noyers et d'Amys * I'un de ses secre- taires. Jacques Louct *** , d'une famille originaire de la Provence etpasseeau service de la maison d'Anjou , s'y trouva aussi. A Argenton, le roi ne put s'occuper que de peu d'affiiires , car s'il sejourna la un mois , ily fut fort malade ****. D'Argenton-Chateau Louis XI retourna a Thouars oil il cut bientot aupres de luiunecour asseznombreuse comparativement acellequece souverain avait d'habitude. Ony remirquait I'ar- chcveque de Vienne , les eveques d'Alby , de Chalons et de Lombez , le marechal de Gye , les sires de Curton et de Stellaii),. lebailli de Rouen . le secretaire Amys , le secretaire Briconnet ^ quidevintun homme d'une si grande importance sous le regue suivant , Pierre de Sacierges , I'un descomplices de Tempoison- * Comyne nous donne une date pour cetle attajjtie : « Et iiit , ,. )) dit-il , celte seconde maladie i'an i48i« » 'i ** Cette faralle existe encore a Angers sous le nom d'Amys du • JPonceau. *** Cette famille a fourni le jurisconsulte Louet , comnuiilateuc renomme. *-;i5»« Ce fut pendant ce sejour dc Louis XI a Argenton (fie Comyne obtint de nonyeanx fonds poor reparer ou memc pour re ti- dilicr sou chateau* — G20 — nement du due dc Guicnne et qui dcvint dcpuis evequcde Luoon, et les ofliciers dc la Vicomte de Thouars, notammcnt Jean Cham- bondontj'ai fait eonnaitre la conduite honorable. Comynefigu- rait au premier rang dans cette reunion. Beaucoup d'affiiires y furent expediees, ainsi que Ic constatcnL les ordonnances parve- nues jusqu'a nous *. Louis XI tomba encore denouveau m-ilade et tres grievement a Thouars ; il y songea a remplir le voeu qui avait ete fait pour lui et sur lequel ce prince superstitieux comptait surtout pour le re- couvrement de sa sante. Aussi , lorsqu'il fut un peu retabli , il se mit en route de Thouars , pour aller a St.-Claude , en pelerinage. En meme temps il envoya le sire d'Argenton vers la Savoie, com- me pour agircontre les seigneurs de laChambre, deMolanset de Bresse , combien , dit I'envoye lui-mem e , qu'il leur aidoU en secret. Des forces assez considerables furent meme mises a la disposition de Corayne, pour agir contre le sire de Bresse, avec qui ils'accordaU, II eut une entrevue a Grenoble avec le due de Savoie , oil se trouverent d'autres grands personnages. Enfm le sire d'Argenton fut trouver le roi a Beaujeu oii il fut , dit-il » « esbahy de le voir tantmaigreetdcilait ct m'esbahyssois comme » il pouvait aller par le pays , mais son grand cceur le portoit. » A son retour, en 1482 , Louis XI se confina en quelque sorte au chateau du Plessis-lez-Tours , ou il devint plus mefiant que jamais. II n'entre pas dans mon plan de tracer ici toutes les pre- cautions prises par ce prince pour assurer son existence, et d'in- diquer les difficuUes qu'on rencontrait avant d'arriver jusqu'a lui ; on sait quels fruits portaient les arbres qui entouraient sou manoir de predilection ; on connait ses gouts pour les animaux curieux , chevaux , mules, levrettes, levriers, epagneuls , chiens velues et estranges, qu'il faisait acheter dans toutes les parties de I'Europe. Innovant en tout, Louis XI etablit VAngelus et les pos- ies *',et lit venir, par Comyne,des danseurs ct des joueurs d'ins- trumens de musique du Poitou, probablement des environs d'Ar- genton-Chateau , pour charmer ses loisirs et faire distraction a ses noirs soucis. Qui ne connait pas Fair que le poete populaire de notre epoque'** et son compositeur out peut-elre pris dans les * Voir le Hccueil des ovdoiinances du Louvre. ** Cette derniiire citation est contestee a l.ouis XI. *** Berunt'cr. — 621 — chants nationaux de ma province, pour peindre avec un contraste parfait le bonheur calme ct sans ambition des simples villageois , et le caractere ombrageux du Maitre Pierre de Walter- Scott , jdu sombre chatelain du Plessis-lez-Tours ! ■ Rcnferme ainsi dans cette espece de bastille qu'il considerait comme sa place de surete , I'etat maladif de Louis XI se repro- duisit d'une maniere qu'on devait regarder comme permanente et definitive. En vain, envoya-t-il chercher en Calabre Thermite Francois-de-Paule, etle placa-t-il dans son pare, ce saint homme dont il esperait que les prieres lui rendraient la sante , ne put que , I'engager a mettre ordre aux affaires de sa conscience. . Lorsque Louis de la Tremouille eut appris I'etat de maladie et sans ressource de Louis XI au Plessis-lez-Tours, et que les scru- pules qui commencaient a se faire sentir dans son ame , se mani- festaient par des dons multiplies aux eglises , il crut que le mo- ment etait favorable pour lui rappeler son injuste possession de la vicomtede Thouars.HeliedeBourdeilles, archeveque de Tours et depuis cardinal , se chargea de provoquer, chez le prince , la voix du remords.* Lareponse du roi au prelat, telle qu'elle est donnee par un auteur contemporain, par un des historiens du Poitou ** , a toute la couleur du temps et de la verite , et je la conserverai ici. D'abord le ruse monarque repond qu'il n'a point pris les terres et les seigneuries de la maison d'Amboise pour les retenir a toujours ; « Mais vous entendez , ajoute-t-il a I'arche- » veque de Tours , comment les princes du sang m'ont traite , » sous la confiance du due de Bretagne et du feu due de Bour- » gogne. Or , au moyen du parentage et alliance qui etait entre » le feu due de Bretagne et le feu vicomte de Thouars , Loys » d'Amboise, doubtant qu'il fust de sa faction, et que , au moyen » des grosses seigneuries qu'il avait en Poictou es frontieres de » Bretagne , peust entrer en mon royaume , je mis en ma main » ses terres et seigneuries , non pour ies retenir , mais pour les » garderacejeune seigneur de la Tremouille, lequel , a mon » juger.ent, sera Tung des principaulx protecteurs et defenseurs * Si on en croit certains auteurs , une premiere demarche aupres de Louis XI, et pen avaiit sa ruort, aurait e'te saus resullat ; La scconde seule aurait produit son etiet. ** Jean Boucliet , auteur des Aiinalci iV Aquitainc , daus sou P anegyric jdu Chci'alie)- sans licyv ache. — 622 — » de la maison de France ; ct si bicii cntcndez la fin de mon exe- » cution, cc a ele pour le mieulx., a ce que pour Toffense que east » peu comniettre ledit d'Amboise par I'impetuosite des autres » princes de mon san^, cc jcune seigneur ne fust en danger de » perdre le tout, et aussi pour tenir en crainte cet enfant , lequel » par presomption de richesse , pourroit prendre si grant har- » diesse qu'elle tomberoit en irreverence et faction. La jalousie » de ma renommee a tcnu meraoyre au pass6 pour eslire le meil- » leur du present et advenir » « Tousces choses , si en cette consideration Ics avez faites , dit » I'archeveque , precedent de Dieu. Et puisque le dangier de » I'advenir par vous est preveu et passe , me semble que votre » crainte, etattendu que vous estes de vos adversaires le sur- » monteur, devez ouster le moyen que vous doubtez estrenuy- » sible a votre intencion : vous estes debteur a votre vertu , et a » ce vous oblige vostre royalle condition , vous mesraes reparez » ce tort , et ne vous en confiez a ceulx qui n'auront apres vostre » mortmemoire de vous. » Lejour de la justice n'etait pas encore arrive , et le roi , tout en reconnaissant le foiidement des reclamations qui lui etaient ^aites , ajourna la decision de cette affaire. La sante du roi devenait de plus en pius mauvaise , et I'arche- veque de Tours crut devoir, d'apres cette position des choses , reiterer ses instances aupres de lui , en faveur des ueveux du vicomte de Thouars. Cette seconde demarche cut plus d'effet que la premiere , car Louis XI pria le preiat de lui amener dans sa chambre les freres de la Tremouille. C'^tait un bon augure , car , au dire d'un e^rivain poitevin *, aucun des princes lorsn'avoiC entree dans cette chambre. Enhardi par cette faveur et pour pro- liter de I'occasion , I'aine de la maison comm^nca a adresser la parole au roi, en louant sa justice et en rejetant tous les malheurs dont ils avaient ete frappes , sur les mauvais conseils et la calom- nie arrives jusqu'a I'orcille du prince , afin deles depouillerde leur legitime heritage. S'appuyant la de la Icgitimite de leurs droits, Louis de la Tremouille rappela ies services rendus a la France par ses aieux , et oftrit , enjetour de la restitution qu'il sollicitait, un devouement sans borne au roi et aupays,4esa pari et de cclle de ses freres. * J tail Boucliet. — 625 — Louis XI fut louche dc I'accent solennel des paroles d'un jeunc homme comme inspire , ot qui plus tard devait figurer parmi cesherosqui aux divers siecles ont illustre la France. Le re- mords eut enfin acces au coeur d'un vicux prince qui scntait qu'rn approchant de U raort] il. fallait au moins reparer quelqucs-unes des criantes injustices qu'il avail commises *. « Men ami Tri- » mouille , dit-il , au legitime heritier des vicomtes de Thouars, » retirez*vous a voire logis avcc vos freres. J'aybien enlendu » tout ce que vous m'avez diet ; je pourvoierai a voire affaire par » le conseil de M. de Tours , en sorte que vous aurez matiere de » m'appeler roy et pere. » Dans la realite , la determination du monarque etait prise. i)ecidement , il voulait restituer a la maison de la Tremouille ce qu'il lui avail enleve d'une maniere injuste , raais il lui restait a lirer parti de cette justice tardive, pour attacher intimement a son service et a celui de son fils ces jeunes seigneurs et surloutraine d'une maison dont la fortune allait devenir si immense. Louis XI fit done venir une autre fois Louis de la Tremouille pres de lui , et usant de ces paroles flateuscs dont il etait si prodigue , il rap- pela au jeune seigneur qu'a peine a sa sortie de I'enfance , a treize ans , il I'avaitpris a son service , et fut jusqu'a lui dire qu'il avait I'espoir qu'il serait un des soutiens de la France, sous le regno dc son fils Charles. D'autres complimens suivirent ces propos tenus pour stimuler I'ambition du jeune Louis , dont le vieux roi loua I'humilite et la patience. « Mon ami Trimouille, ( finitpar dire Louis XI a Vheritier des vicomtes de Thouars , en le congcdianl), au regard de tes terres de Thouars et autresetant » en Poiclou , j'ai ordonne par mes lettres patentes, qu'elles te * » soient rendues , comme a toy de droict appartient , et dont je » ne vouldrois la retencion. » Malgre tons les torts qu'on a bon droit d'adresser a Louis XI, il faut convenir que son but prononce etait de faire fa France grande et homog^ne, en aneantissant le regime feodal qui la fractionnait. Mais tons les moyens meme les plus reprouves par la morale furent employes par lui pour parvenir au resultat qu'il se proposait. Comyne nous peint la position dc la France comme ires heureuse , lorsque le gouvernement de I'etat et la vie echap- perent a la fois au prince sur qui se reporlaient ses affections. * Pctitot. Mem. sur Vhisl. de rraicc , t. xiv ^624 — Be rappelant la faiite qu'il avail commise au commencement de son regno en chassant Ics vieux serviteurs dc Charles VII, le ills de cclui-ci appela le Dauphin qu'il avait laisse jusques la dans i'isolemcnt a Amboise, et il I'engagea a ne pas I'imiter. Dcja il hii avait fourni I'annec d'auparavant des instructions , ce qui fut , a- t-on dit * la scule attention qu'il ait jamais donnee a I'education de Charles VIII. Comyne se trouva pres'de Louis XI au moment de la mort dc ce prince , et il a fait connaitre les particularites de cet evcnement arrive vers la fin de I'annee 1485 **. II est a remarquer que, danssesmemoires, Comyne ne ditpres- queriendecequi se passadepuislamort de Louis XI ,jusqu'au moment ou Charles VIII , son successeur, entreprit une expe- dition en Italic, qui n'eut lieu qu'environ dix ans apres son avene- mentau trone. Or , dans celintervalle de temps , il sepassabicn des faits dont rhabilechroniqueurn'a point voulu , de par lui , laisser la connaissancea la posterite. Les memoires du sire d'Ar- genton ne sont point en effet des confessions a la raaniere dc St.- Augustin ou de Jean-Jacques Rousseau. Aussi e'est ce qui fait que j'ai tant a ajouter a ce que dit de lui I'ecrivain homme d'£tat dont je m'occupeici. En mourant , Louis XI avait chal'ge de la regenco , pendant la minoritedeson fils Charles VIII , age seulement de 15 ans , la soeur aince du jeune roi , Anne de France , mariee a Pierre de Bourbon, sire deBcaujeu. Louis, due d'Orleans , pretendit que comme premier prince du sang il devait etre declare regent. La dame de Beaujeu declara que les £tats en decideraient et prit neanmoinset par provision le gouvernementde I'fitat. Lefeuroi avait aussi indique au jeune Charles VIII , Etiennc de Veer et Guillaume Briconnet comme des notabilites dans lesquellesil pouvait avoir confiance. Le premier, ne en Languedoc, dans une condition pen elevee, etaitsans doute I'homme de confiance du pere aupres du fils; mais place comme simple valet de chambre de celui-ci , il etait fort cntre dans sa confiance. Nous allons le voir bailli de Meaux et I'un des conseillers dirigeants de ce regno. Le second , que j'ai deja fait connaitre et qu'on appelait d'abord le general Briconnet , ce qui indiquait un receveur-gcneral de cctte epoque, fut bientot principal ministrc, et ayant perdu sa femme, il * u4rt fie f^eH/ier les dates. ** Le samedi 3o aout i483. — 623 — 'flevhU sa6ces^ivemen^ ^v^que de St. Malo , cardinal et archev^- qucde Reims et de Narbonne. Charles VHI sur le trone, le principal obstacle a la restitution fl la maison de la Tremouille des terresprovenant de Louis d'Am- boise , n'exislait plus. Louis XI etait coupable du raefait de la spoliation ; mais a sa mort , ilavait recoramande une remise que iecri de sa conscience lui imposait. Neanmoins malgre les pro- tnesses et les assurances positives donnees par lui , il n'avait rien laissed'ecrita cesujct, commesi ce qu'ilavaitdit dut ledegager sullisamment , sauf a la couronne a garder ce qu'un de scs pos- Sesseurs avait juge bon de prendre. Mais des le nouveau regno commence , les enfants de la Tremouille ne manquerent pas de reprendre leurs poursuites , et le 9 septcmbre 1483 , ^een- quete fut faite au chateau d'Amboise devant le lieutenant du gou- verneur de Touraine , charge par le roi de cette operation, pour recueillir les dernieres paroles du feu roi , relativement a ce qu'il avait fait avec le vicomte de Thouars. Jacques Cotier, premier president de la chambre des Comptes , Jacques d'Espinay , sire de Segre , conseiller et chambellan de Louis XI , Louis de Fon- tenay , vicomte d'Orleans , Jean-Antoine de Jarrye , ecuyer da M. de Beaujeu , Jean Damon , son ecuyer valet de chambre > Pierre Lebach , echanson , Jean de Raffou , son maitre d'hotel et Jean de Launay , son panetier , attesterent que le lundi 28 aout: (ce fut le premier jour dela maladie mortelle ), a environ troisf heures apres-midi , 6tant au Parc-lez-Tours , dans la chambre du roi , ils avaient entendu celui-ci , a son reveil , demander si Etienne de Veer etait la ? Celui-ci s'etant present^ devant Louis Xletluiayantdemande ses ordres , ce prinCe s'exprima ainsr : « Dites a M. le Dauphin que j'ai tenula vicomte de Thouars que j'ai baillee au seigneur de Bressuire en laquelle je n'af aucurx droit , car elle appartient aux enfants de la Tremouille. Je le prie de la leur rendre. Ma conscience en est chargee , afnsi que de Talmont que j'ai bailie au sire d'Argenton. Je lui ai promis 2000 liv. de rente , il est etranger , honnete chevalier et homme debien et m'abien servi. Poitrce, je vous prie , dites a M. le Dauphin qu'il m'cn acquitte et lui bailie lesdites 2000 liv. de ren- te , car je veuil que Talmont leur soit rendu. Je leur laissc assez pour m'acquitter ; ce ne montepas grand chose et est tout ce que en tiens plus ma conscience chargee. » Les deposants ajoutaient que le feu roi , lorsqu'il avait parle ainsi » elait en bonne disposi- tion de sens et enlendemeni et qu'il avait agi sans instigation d'au- 40, --62G — trui. Mais ce qui vinl donner aces t6moignagesle'pluSgran5 poids , fut la propre declaration qu'Etienne de Veer flt dans Ic memc sens. Or , c'etait a lui que Ic prince avail parle ; il avait toute la confiance du roi regnant , et des lors la position des legi- times heritiers du vicomte de Thouars devenait bien favorable. Les charges de senechaux des provinces n'etaient pas alors h vie , et il 5 avait lieu a nouvellc nomination a chaque mutation de souverain. Aussi apres la mort de Louis XI , Philippe de Comyne fut de nouveau nomrae a I'eraploi de senechal du Poitou , par Charles VIII , apres son avenement *. Le seigneur d'Argenton se rendit alors dans cette province pour y recevoir les hommages et les serments au nouveau souverain **. Neanmoins il y a lieu de croire que Ton jugea bientot que la position dans laquelle se trouvaitle sire d'Argenton,toujours aux prises avec la justice , ne lui permettait pas d'en etre le premier interprete dans sa province. Peut-etre sa revocation n'eut-elle lieu , que parce que la faveur dont il jouissait sous le regne pre- cedent, commeneait a I'abandonner. Toujours est-il que Comyne ne tarda pas a cesser d'occuper la place de senechal du Poitou , puisqu'on trouve , des la fin de I'annee 1483 , un autre titulaire de Temploi qui en exercait les actes***. Pendant que Comyne etait en Poitou pour y remplir ses fonc- tions de senechal (et peut-etre I'avait-on eloigae expres) , le^ * Beg. S, Philippe de Comyne, cheYaller, confirme dans Poffice de senechal du Poitou , par lettres d'Amboise du 2 octobre i483 , recu et ayant prete serment le 16 septembre i483, — II y a ne'ces- sairement erreur dans ces dates. ** En novembre i483 , Philippe de Comyne qualifie de seigneur d'Argenton et de Talmont et de chambellan , recut a St.-Maixent I'hommage au roi de la ville de INiort , repre'sentee par Pierre de la Boche , son maire. II fit a cette e'poque , un grand nombre d'autres actes , a raison de ses fonctions de sene'chal du Poitou. *** Non pas Charles d'Amboise que Thibaudeau , Abrege didst, du Poitou , indique comme se'ne'chal du Poitou en i483 , mais le sire de Rambure que D. Mazet , liste des gt^ands Senechaux du Poitou , nomme comme occupant cette place en i485 , ou Yvon du Fou , que Vim'entaire des litres de la uille de Poitiers , place se'ne- ehal sous cette meme anne'e , ainsi que Fiileau , dans sa liste des^ Senechaux du Poitou , inseree dans le Bulletin de la Societe aca- demique de Poitiers, alt\ife'5'(i6s cnfins (i'e " la Tri^'mouiilo fn.irr.haicnt gran dement.- i?e^9 soptfcmlit'e 148f>, Charles VII ctant ;\ Amboise , donna dcs' Icttrcs de restitution ou etaidnt exposes tons Us fails qu'on im- pbtait a Louis XI , nieme ce qui s'ctait passe en dernier lieu pour feliangc , et on disait au grand cohseil , a qui elles etaient tfdrcsseca, qne si la verite de l'expos6 etait proav6e, ilfallaifc' cTohner gain de cause aux reclaiwants. ' Les cnfants de la Tremouille avaient pour adversaire, dans leur' ^roces , Te jprocureur-gcncral , poiir soutenir les droits de la coufonnc malgre Li bonne voTonte du roi , et d'un autre cote , Philippe de Comyne pour les tcrres dont celui-ci jouissail. De plus , Anne de France, dame de Beaujcu, soeur de Charles VIII. etait interVcmie , a raison du don que Louis XI lui avait fait en' joiiissancfe dela vicomte de Thouars ; mais cette princesse , con- riiissartt les intentions de son p^re ii son deces , consentit a sc desister de ses pretention^. * Neanmoins cet acte ne fut pas en- lierehient grattiit : car Louis de la Tremouille s'obligea a rem- bourser a la duchesse de Bcaujeu , 17,000 ecus d'or, qu'on pre- tendit que Louis d' Amboise avait recus de Louis XI, par suite des diflerens traites que le monarqile et le vicomte avaient faits ensemble pour Thouars et ses dependances. ' Le 14 Janvier 1484, s'ouvrircnt a Paris les iltats-Generaux , pour pourvoir aux affaires du rOyaOme , et cette assemblee se prolongea jusqu'au 17 mars. Comyne y assista et fut meme un des douze personnagcs nommes pour composer le conseil donne 5 Charles VlII, qu'on declara majeur. II I'apprend lui-meme dans ses memoires. ** Du restC, il paraitque le gouvernement del'fitat demcura de fait a la dame de Bcaujeu; et pour aug- menter encore sa puissance , le frere ahie de son mari , Jean , due de Bourbon , fut fait conno/able. L'cntree de Comyne au conseil ne plut pas ;i la regente. II ^ siegea pourtarit, et bpina nriemc contre Rcn^^ li, due de Lorraine; qui , commc fds de la fille du bon roi Rene , r^olamait les pays qui avaient appartcnii a celui-ci, et notammont la Provence. Le due sutniauvais gre aii seigneur d' A rgenton de son vote, et ce ^utmemislui, si Ton encroitles memdiresdenotre homme d'fetat liistorien, qui le i)t excliire du conseil, Sihon ostensiblement, dii * Par acte du 5 decembre i4B3 , passe a Cle'ry. ■•** ^*— - •■ - \icQrate dc, Thouars, auquel lipi* jji^ T.fatP^ars J^ur f^yei^t menstre«s plu&ieurs lettres par le seigneur' (jle Bressuire, ^t auires qui en avoientla garde, lesquellcs fureiit mis.es sur une uble aut!il^cha,teau. » lulerroge' si lui qui parle el les dessus dits, eutre autres. leUriis, "Virent pour lors deux, lettres du feu roi Charles , l''uiie de ,1a, rest^|- ' tution faite par le dit feu roy Charles , fiudit feu \loyh ,, vicohite cfe 'Thouars, de la seigneurie de Thalinond et Ghasteau-Gauthier Dit que trois mois a ou environ et apres le renvoi fait par les *geris du grand conseil dupfificipal de la iriati'^ire eii la court de Parlement , touchant les terres dudit feu vicomte de Thouars, mai- .J,i;.e Ktguaultdes, INoyers dit a lui qui parle qu'ii.falloit euvoyer a Paris lei tilicb que lui qui parJe pourioiL avoir touthaut luditc luu- — 63! — tiere et pour ce faire envoya lui qui parle a Montsoreau querir lerf lettres et litres qu'il avoit touchant ladite matiere , lesquelles iui' fureut aporte'es dans un coSre dans la ville de Tours , et les visits ledit des Noyers et rapporta a il qui parle que, entre les lettres estans audit coffre , il avoit trouve unes lettres faisant mention de la resti- tution faite par ledit feu roy Charles audit feu vicomte de Thouars desdites terres de Thalmont et de Chateau-Gauthier ; lesquels ledit qui parle yist et les leust pas au long , mais les fist copier par Puri de ses clercs et n'estoient icelles lettres de restitution verifiees , ni cxpedie'es par la court de Parlement , chambre des Comptes , ni cn forme telle qu'il appartient , ainsi qu'il fut dit a il qui parle , par son conseil, et a par devers lui lesdites lettres et sont lesdites lettres — 637 — )t la rivifere la Seine da cost6 de Normandic. » Tristc pas5e« temps surtout pour un homme d'action comme I'etait Comyne. Ce qui devait faire un cuisant chagrin au sire d'Argenton, etait de voir la fortune toujours croissante de Louis de la Tiemouille , son ennemi declare , qui arrivait a la position la plus brillante. Charge de faire la guerre au due de Bretagne et aux grands qui avaient pris parti avec lui , ce general gagna , le 28 juiliet 1488, la bataille de St.-Aubin du Cormier, oil il prit bon nombre d' An- glais et de Francais qu'il fit aussitot passer au fii de I'epee. Il conserva quelques Francais de marque, et il leur donna a diner avec le due d'Orleansqui devait etre plus tard roi de France, et avecle prince d'Orange. Mais apres le repas, tons a I'exception des deux princes furent impitoyableraent fusilles par celui qui venait de les admettre a sa table. Quelle barbaric 1 A la suite de cette victoire , la Tremouille emporta Dinan , St.f Malo et plusieurs autres places. Le due de Bretagne fut oblige de demander la paix que Charles VIII lui accorda , et il mourut peu apres a Nantes , laissant pour heritiere Anne de Bretagne ^ destinee a occuper le trone de France , comme I'epouse de deux de nos rois , et a amener Tunion de sa province a la couronne. capitaines de ses places fortes, saynir : Merlin de Coudeboeuf, capi-' taine deThouars; Pierre de Salignac , comte de Mauleon ; Pierrer Brosseire , capit. de Craon ; Louis Suriette , capit, de Sainte-Her- mine ; Antoine Menard , capit. de Thalmond ; Adam de Ravenel , capit. de Brandois ; Aubert de Montjouin , gouverneur de I'ile da Re ; Pierre Le Jay , capitaine de Sully ; Guyon de Lalande , capit. de Marceil ; Guillaume Plignault, capit. de Noirmoustiers ; Chariot de Mailli , capit. de Doe , Jean Me'zon , capit. de Rochefort ; Pi( rro Tillon , capit, de la Possonniere ; Odet Estourneaux , capit. da Chateau-Guillaume ; Jean de Marueil , capit. de la Tremoille ; Chariot de la Touche , capit. de I'isle Bouchard ; Liepart de la Jumeliers , chevalier , capit. de Benon ; Tristan de Sazilly , capit. de Chateauneufi Louis de la Cressionnierc, capit. du Buron; Charles de Laage , capit. de Lussac ; Jean Chasteigner , capit. de Maran ; Francois Serpillon , capit. de Chantannay ; Jean Le Jay , Capit de la Basse Guerche ; Jacques Behort^ capit. do Chateau- Gautier ; Guillaume Le Gras, capit. de la Cheze-le-Vicomte; Mathurin Aton, capit, de Lucon et Licnard Jnnger , capitaine de Puybeliard, — Je donne ces noms , parce qu'ils iudiquent plusieurs families encore existantes •, et la nomenclature des places fait connaitre la puis- sance de la maison de la Tremouille , apres le gain de son prpces. ^ 658 —. , Pendant cclte campagne , Ic general de Tarmee victorioiJSC h f"t redige par Pierre de SalignaC , ecuyer , seigneur de St.-Martin , Antoine Berruger , Jacques de Breslay et Jean Pre- vest , conseiliers , en presence de Guischard , d'Appelvoisin , ecuyer , seigneur de la Roche , Jouachim Groussin , Jacques des Touhes , e'cuyer , Rene de JVlaille , ecuyer, Jean de Barron, licencie is lois , Jean Martinet ecuyer et autres. ** On trouve notammcnt le paiement de 4oOo liv. pour cette eause , sur un compte de i485. *** En 1 490' **!»* Voir liv. 6, chap. i3. — 641 — rendles plus grands services en ydejouant une ligue centre la France , el apres la bataille de Fornouc , il assure la retraite de rarraee.Du reste entierement oppose a cctte expedition, Comyne finit par dire/dans ses memoires que toute la gloire de la campa- gne s'en fut en fumee. <;harles VIII * mourut le 7 avril 1498 , a Amboise oil arriva Ic sei ,^neur d'Argenton , deux jours apres revenement. II semblait que celui-cidevait gagnera I'avJ'nement autrone du ducd'Or- leans , dontil avaitetc le partisan en France et a qui il avail ete Ires utile en Italic. II n'cn fut rien , car quand apres un jour dc sejour a Amboise , il fut offrir ses hommages et ses services a Louis XII. « Ceroy nouveau, dit-il, dequij'avois est^aussiprive » que nul autre personne et pour luy avois este en tons mes trou- » bles etpertes : toutefoispour lors neluy en souvint pas fort. » Comyne chercha encore a etre employe sous ce regne ; mais ses demarches furent infructueuses et il se vit force , bien a regrc t sans doute , dese retirer dcfinitivement des affaires et de se li- vrcr au repos. L'histoire y a sans doute gagne les derniers livres dcs memoires de cet habile ecrivain. f/age ne put detruire chez Comyne ce desir de se faire justice7i lui-meme et de ne point tenir compte , malgr6 son ancien titre dc magistral , des prescriptions de la justice. A peu de distance du chateau feodal , ancien chef-lieu de la baronnie d'Argenton-Cha- teau , se trouve un manoir bien plus humble , mais quesespos- sesseurs ont surtout illustre en dernier lieu, par le role brillant et chevaleresque qu'ils ont joue dans les gucrres vendeennes. Cette terre qui a passe a la famille du Vergier ** par un mariage, appar- * Comyne peirit ainsi Charles VIII et inclique comment il agit a son egard : « Ledit roy ne fut jamais que petit hoinme de corps et •>> pen entendu ; mais estoit si bon qu'd n'est point possible de voir » meilleure cre'ature davantage la plus humaine et douce pa- » role , car je croy que jamais a liomme ne dit chose qui lui dust » deplaire et croy que j'ay este Thouime du monde a qui il a » fait plus de rudesse , mais cognoissant que ce feut en sa jeunesse, » et quHl ne venoit point de luy , ne luy en sceus jamais mauvais w gre'. » ** Le petit chateau du Vergier sitae aussi pres de Bressuire , et dont la famille du Vergier de la Rochejacquelein tire son noin , a cesse a son tour de lui appartcnir, par suite d'un autre mariage , et est posse'de aujourd'hui par la maisou de la Haye-iVIontbault. 41. — 642 — lomit alors a la miison Le Mastin, dont I'autre descend , el origi ' naire aussi des environs de Bressuire. Or , le seigneur de la Roohejacquelcin avail dans Tegiise de la paroisse de Voutegon * , lion bien,ancien puisqu'on le Irouve menlionne dans Gregoire de Tours ** une chapclle ou clle assistail a Toffice divin. La aussi on inhumail Ics membres de la famille. II elail pieux et attendrissant de pricr surla lombe de ses aieux ! Aussi pour se confor- mer a I'usagc du siccle et peul-elre par suile de gout pour les beaux arts, Le Mastin avail fait placer a la grande croisee ogivale dosa chapelle et dans lechoeurdereglise, des verres de couleur ou etaient figurees les armoiries de la famille , avec des enjolive- nients curieux. C'etait du reste le droit de ce genlilhomme. Mais pour I'ancicn chambellan etconseiller de Louis XI , le droit elait souvent la force brutalc, etil ne songeait pas que le terns del'ab- solu vouloir n'existail plus pour lui. Toujours est-il qu'un cer- tain jour, en 1502, allant dans I'eglise de Voutegon, Comyne apercutles armes du seigneur de la Rochejacquelein et qu'outre de cc qu'un autre que lui cut fait apparoir la un blason , il brisa de sa propre main les beaux et riches vitraux que son vassal avail fait faire a grands frais , au loin , et qu'on ve- nait voir par curiosile , de plusieurs lieues a la ronde. Alors une plaintc fut portee conlre I'acle do violence du baron a I'encontre (lu haul juslicier, et les choses parurent d'une gravile telle que la seaechaussec du Poitou ordonna I'ajournement devant elle du seigneur d' Argcnton * % el finil par le condamner en des domma- gcs-intcrets considerables, a raison de racle de colere auquel il s'el"it Mvre. Commc on I'a vu, Philippe de Comyne n'avait point eud'enfant nialcdc son miriage avec Helenede Chambes-Montsoreau ; ainsi lo nom de sa ftimillc nc pouvait pas se perp^tuer par lui. II n'avait qu'une fiUe , qui lui elail nee , ainsi qu'on I'a dit , environ un an apres sa ( ondamnation politique. Jeanne de Comyne se trouvait des-lors avoir environ quatorzc ans , a la fin de 1504 , et son pere * Vultaconum. On a battu monnaie dans cc lieu sous la race Mrroviijqiennc. J'ai releve, au sujet d'une tic ces pieces, une erreur tioluippt-e au savant polonais , M. Lelewel quia, mal a propos, place Viiltiiciiiiiim au lieu ou est actuellcrncnt Chef-Boutonne , a I'auire exlri'unto du deparlcraent des Deux-Sevres. ** Dans son cnivrage r^e/a Gloire des mavtyvs, *** Sonl<.'nce Ju Uochars i 5o'i, V — 645 -«» •avait un vif desir de la marier d'une mani^rc conforme a son am- bition , c'est-a-dire de la faire entrer dans quelque grandc maison dont elle devait augmenter I'eclat , en apportant beaucoup d3 richesses. Aussi quandon parla a I'illustre Flamand d'un petit- fils de rh6roiqiie Jeanne-Ia-Boiteuse , depossedee par h maison tic Montfort , du dnche de Bret^igne , malgre tout son courage ; quand il fut question de Rene de Bretagne , conite Penthievro , cette ahiance lui souritextremement. Qui sail, aura-t-il pu se dire, si cette famille souveraine, depossedee d'une des plus vastes et des plus importantes provinces de France , n'y renlrera pas un jour?*Non, la Bretagne devait venir se fondre dans ce grand peuple ; mais par compensation le sang de Comyneetait destine par ce manage projete , a passer dans les veines d'a-peu-pr6s tons les souverains de I'Europe. Le tableau gcnealogique plf ^ e en tete de plusieurs editions de ses memoires etablit cette veritc. Le contrat de manage de Rene de Bretagne et de Jeanne dc Comyne fut passe a Poitiers , le 10 aout 1504. Cette piece de a imprimee ** est tout-a-fait curieuse. On y voit que le prince , on pent luidonnerce titre , puisqu'ii etait d'une maison souve- raine, possedait Boussac, Bredierset I'Aigle, lerres de sa familb paternelle , la maison de Brosse de Boussac , qui a fourni de?? guerriers de marque *** etantentee sur une branche decelle de 'Bretagne, d'oii elle etait sortie par la courageuse Jeanne do 'Penthievre. De celle-ci lui venait le comte de Penthievre et les terres des Essards , Chateaumur , les Deft'ends , la Guierche et Chantoceau , lieu oil son autre aieule , a un degre moins eloigns* q ■ i * Durant les troubles de la ligue, le due de Mercoeut, heritier du chef de sa feiume des droits de Penthievre, futjsur le point de s'cui- parer de la souverainete' de la Bretagne qu'i! gouveruait. Mais il avail afi'aire a Henri IV !,.. ** Dans Vedition en 4 vol. in-8° , des mjmoires de Ph. de • Comyne. '< ' *** io_ Louis de Drosses, seigneur de Boussac, tue a la batallle dc Maupertuis. a", Jean le' de Brosses de Boussac , pelit-fiis du pre- cedent, fait marechal de France en 1426. Jean 11 de Brosses St.- Severe , fils de Jean I" qui se fit remarquer a Formiguy, el qui e'pousa Nicole de Bretagne de Penthievre. Le maii et la femuio vcn- dirent a Louis XI , en 1469 , leurs droits sur ie ducUc de liietague , moyennant 5o,ooo liv* > «,fc 9\A6J»ix»^0') ub stioVaA aoth lioY * Marguerite de CUsson , lillc da connetable * , perp^tra sur Ic due Jean de Bretagne cet attentat si fatal a sa race , ce qui d6? montrcquc Ton nedoit defendre les meilleures causes que par des moycns avoues par la morale. En retour de tant d'avantages, Comync promit a sa fille dix-huit mille ecus d'or a lacouronne. L'expression etait impropre; car la fortune du comte de Penthie- vre etant en mauvais etat , son beau-pere avail deja fait des paie- mens pour lui, et peut-etre, on doit le dire, ce furent ces prets et cette intervention sans doute non desinteressee de Comyne dans Ics affaires du prince breton , qui le determinerent a faire ce mariage. Qui ne connait pas des exemples de traites de cette espece dans bien des classes de la societe ?0n epouse la fille et on se libere ainsi envers le pere. Toujours est-il que le sire d'Argenton , au moment de ce central de mariage , avail deja paye deux mille ecus d'or , pour retirer des mains de la damede Raye ct de son fils la terre de Rye , qui leur avail ete adjug^e ; qu'il en avail compte quinze cents au comte lui-meme , pour acheter de lui et a remere le tiers de la terre de Mortagnc qu'il lui rendait . et qu'il relinl encore mille ecus pour I'obligation de pareille somme qu'il s'etait oblige de payer a monseigneur de Bougemont, fils de monseigneur de Pienes, elait-il dit , pour une creance qu'il avail sur le comte de Penthievre, du chef de Blanche dc Brosse, son aieule malernelle. Le surplus de la dot, se mon- tant a treize mille cinq cents ecus d'or , devail etre paye , savoir : 6658 ecus dans un mois , et le surplus ou 4142 ecus en bijoux , doril I'enumeration est portee dans I'acle. Cette indication n'est pas sans interet : car elle fait connaitre le luxe des grands sei- gneurs au commencement du 16®. siecle. On y Irouve notammenl un rubis balais de haute couleur , taille el carre , de 35 carats , pierre d'un grand prix : car on I'estime mille ecus d'or. Vient une ccinture d'or d'un marc el plus , ayant onze perles de huit carats et dix rubis ; c est un objet d'onze cents ecus d'or ; apres , une croix dc diamanl , facon de Genes oil pendaient deux perles , du prix dc trois cents ecus d'or , et une fleur de lys en diamanl. On nc trouve qu'unc bague d'or , mais elle estgarnie d'un rubis, d'un diamanl et dc six perles, le tout, dit-on, est de grande perfection el vaut six cents ecus d'or. Enfin on parle d'une petite image d'or avecun rubis en pointe etune tabledediamant; d'une boite d'argenl dore de plus de dix marcs et des choses d'argeni * Voir mon histoire du connetable de Clisson, — 643 -*- ensa chambre (dcla future) pesant seize mires. Les f;»con<; ne sont pas comprises dans les estimations , sauf pour la boite , et on garantit les pierreries bonnes et loyales. Dans le cas de nais- sance d'un ouplusieurs fills du sire d'Argenton ct de sa femme , la dot de Jeanne de Comyne devait etre augmentee de cinquanle mille livres. Mais , dans le cas contraire , elle prenait les terres de son pere et de sa mere , meme quand Tun d'eux serait vcnu a se remarier. Son douaire est fixe a quatre miile francs avec re- duction a trois mille , si elle se remariait ayant enfant. Pour ce douaire on lui assigne les terres des Essards , VObtenenere , I'ile de Rye , Chateaumur et Chantoceau. En cas de deces du comte sans enfant, il doit restituer la dot sauf dix mille Ibres pour meubles donnes , et se liberer de cctte meme dot envers son beau-pere et sa belle-mere , en leur cedant les terres de Ghateaumur , les Deffends , la Guerche et Rye , toutes situees en Poitou , et fort a la convenance de Comyne, surtout les troia premieres , tres-rapprochees d'Argenton. Neanmoins il fut dit que Penthievre pourrait les retirer dans un delai de neuf ans. On voit d'apres ces clauses que notre historien en toutes circonstan- ces savaitbien traiter ses affaires. Mais une partie de ceci etait pour le cas oil I'union projetee serait sterile. Le cas contraire arri- vant , et si du mariage, il y a des enfants mdles {que Dieu veuille) dit le contrat , le deuxieme ou tiers fils aura les seigneuries d'Ar • geriton et autres , sans les partager , plus , le tiers de Mortagne dt la seigneurie du Fief-l'fiveque**, engagee par les predecesseurs du comte , s'il est possible de la retirer, pour honor er ladite sei- gneurie d'Argenton, On voit ici la pens6e de Comyne : il veut perpetuer son souvenir dans celui de la terre dont il avail pris le nom , et y attacher un de ses petits-fils. II est a noter qu'Helene de Chambes assista a ce contrat , et stipula avec son epoux , les conditions qu'on vient d'enumerer. Nous trouvons enfin Philippe de Comyne livre toul-a-fait au repos , dans les dernieres annees de sa vie , et recevanti Argen- * J'ignore ou se trouvait celte tcrre dont le nom prx>bablenicnt a ete mal e'er it. ** Le sciijneur du Fief-1'Eveque e'tait un de s quatre barons qui Je- vaient. porter Teveque de Poitiers a sa premiere entree La Molhe , Pun des chefs-lieux de la seigneurie du Fief-l'Eveque , ttait dans la villc do Mauleon et le domaine utde dans la paroisse de Nueil-sous?* Ics-Aubiets. — 64G — Ion-Chateau les hommdges do ses nombrcux vassaux *. II en avail assez fait et pourtant il cut desire en fairc beaucoup plus en- core , commele portait une de ses sentences ; naais comme il Ic disait dans une autre , il avoit voulu alter a la grande mer el la mer I'avoit noye. Depuis quelques annees , notre historien , avait fait Ireve avee les afiiiires publiques , lorsqu'il mourutdans son chateau d'Argenton , en Poitou le 17 octobre i 509 , a I'age de 64 ans. Son corps fut aussitot transfere dans une chapelle des grands Augustinsa Paris qu'il avait fait batir, et place sous un monu- ment oil vinrcnt aussi se reposer peu apres les depouilles mor- telles de sa femme et de sa fille. On n'a pas la date positive du deces d'Helene de Chambes- Montsoreau , dame d'Argenton ; mnis elle survecut peu a son mari : car Jeanne de Comyne qtii ferma les yeux successivement a son pere et a sa mere , mourut le 19 mars 1414. Plus tard, Rene de Bretagne son epoux , mecontent de la cour , prit part a la re- volte du connetable de Bourbon , fut condamne a mort par con- tumace et perdit la vie a la bataille de Pavie. De son mariageavec la (iile du seigneur d'Argenton , il eut deux enfants , Jean de Brosse de Bretagne , comte d'Estampes ** , que le roi Fran- cois I^f. maria avec Anne de Pisseleu sa maitresse , et Charlotte de Brosse de Bretagne , qui epousa Francois de Luxembourg , vicomte de Martigues , gouverneur de la province de Bretagne sur laquelle , du chef de sa femme , il avait des droits pour re- gner. C'est de cette union et par les femmes que descendent tant de tetes couronnees , par les Vendome , ensuite par la maison de Savoie et enfinpar la duchesse de Bourgogne , mere de Louis XV. Ce souverain se trouve avoir Philippe de Comyne pour neuviemeaieul "*. -* Du 28 septembre iSo; , aveu du prieur de la Vacberie avec Tecusson de Comyne.— 7 aout iSog , aveu de Fresne , revetu de la sij;nature de Comyne , etc ** 11 eut pour pte'cepteur Mathieu d' Arras, *** J'ctablis ainsi mes prcuves : i". Philippe de Comyne, marie avec Helene de Chambes Monlsoreau. 20. Jeanne de Comyne, mariee a Rene de Brosse de Bretagne , comte de Penlhievre. S*. Charlotte (le Brosse de Bretagne , comtesse de Penthievre , mariee a Francois de Luxembourg, vicomte de Martigues. 4"* Sebastien de Luxem- bourg, vicomte de Marligius, due dc Pcnlbievrc, marie a Marie de beaucaire-Purgillon. 5". Marie dc Luxembourg de Peulliieyre , — 647 — Je VOUS demande pardon , Messieurs , ponr la longuour do ce travail * qu'il etait bien difficile de reduire. Mon iiileiilion a etc de VOUS faire connaitre & fond ce que fut dans ma province oii il passa une grande partie de sa vie , I'homme d'etat et rhislorien , ne dansle pays oii j'eleve aujourd'hui la voix. C'est surtout sous le rapport prive , sous lequel il n'etait pas encore assesi connu, que j'ai voulu peindre Philippe de Comyne^ et j'ose dire (^ue ^e I'ai mis ^ nu. On dit , en se servant d'une expression triviale , qu'il n'y a pas de heros pour celui qui approche I'homme mar* quant de trop pres. ** Or , si cette verite est par trop etcndue, si clle admet des exceptions , il est encore des figures historiques qui ne redoutent point I'^preuve de I'examende la vie privee , si en France , par exerapTe , Louis IX, Duguesclin etd'aulres sont aussi admirables dans leur interieur que dans leur conduitc politique et exterieure , au moins on est force de convcnir que I'ami, le confident de Louis XI , de meme que son maitre , ne fut pas sans reproche , et doit meme etre considere comme Ic complice dies nombreux mefaits du prince auquel il s'attacha. Les particularites, pour la plupart inconnues, que je viens d'enu- merer , sans parler d'un bon nombre d'autres que j'ai ete obligee de supprimer *** ; les preuves , le mot n'est pas trop fort , que j'ai ete assez heureux pour etablir , completent la demonstration que je voulais faire. J'ai en effet etabli que celui qui , venant de il mariee a Philippe Emmanuel de Lorraine, due de Mercocur et dig Penthi^vre. Go.'Fran^oise de Lorraine de Mercceur, mariee a Cesar, due de Vendome, fils naturel d'Henri IV. 70. Isabelle ou Elisabelk de Vendome, mariee a Charles de Savoie, due de Nemours. 80. Maris Jeanne Baptiste de Savoie, mariee a Charles Emmaniel II , due de Savoie. 9®. Victor Amede'e II, due de Savoie , roi de Sardaigne , marie' h Anne Marie d'Orle'ans, lo®. Marie Adelaide de Savoiu , mariee a Louis de France , due de Bourgogne. 11°, Louis XV , roi de France. • * Ce me'moire a ete moins long a la lecture, faite dans deux •seances, que dans cetimprime' ; mais il y avail necessite , pour la lecture, d'y ajouter quelques developperaents, afin d'en mieux coordonner les parties. ** II n'y a pas de he'ros pour son valet de chambre. . ***0n re'serve beaucoup de fails inconnus pour In nouvellc edi- tion des Memoires de Philippe de Comjnc , dont lo prospectus ua tardera pas a etre public. — 048 — Fbndre oi ctabli en Poltou , fut appelc Ic sire iVAr^enton , s'aiis pouvoir (lenicurer prince de Talmont , ne fut pfis sous le rapport prive , un homme a oiler pour exemplc. Jc I'ai fait voir , comnic ayant quitte ie service de Charles-le-Teineraire , pour se vcndre a Loui? XI , a beaux deniers comptuit>, reiiforces de pensions etde doTts de terres. Je I'ai peint cmployant d'abord avec son royal mailre et ensuite seul , tons les moyens contraires k Te- quite , meme une destruction de litres et la force brutale pour retenirdes biens que les proprieteires legitimes reclamaient. ie I'ai montre violent , emporte , desobcissant aux prescriptions de la justice dont il fut pourtant , longucs annees , le premier inter- preto dans mi province, et allant avec brutalite briser des vitraux armories places avec droit dans une chapclle particuliere et ail choeur d'une eglise. C'en est sans doute trop contre I'homme prive. Mais comme homme public , comme ecrivain, je retrouve dans Comyne le guerrier distingue , le diplomate habile et sur- tout I'ecrivain inimitable qu'on a compare , avec juste, raison a Polybe et meme a Tacite. * Moi , le premier, jo lui paierai mon tribut d'eloges pour ses negociations heureuses et brillantes dans plus d'une circonstance. En jugeant Thistorien , je joins ma faible voix a toutes celles qui ont indique le nom du sire d'Ar- genton , comme celui du peintre ingenieux , du moraliste pro- fond et de I'ecrivain le plus attachant et le plus pur de son epoqufr. Devancant son siecle par son genie et sa connaissance a fond des affaires , on voit le confident de Louis XI , qu'on croirait tout iiat-urellenient ami du pouvoir absolu, ecriredes pages curieuses et etonnantes pour son epoque , on pent le dire , ou se trouvent indiquees les bases du gouvernement representatif , savoir : la reunion periodique des etats generaux , et le libre vote de I'im- pot par les delegues de la nation. Pourtant , je le repete encore * M. Laurentie compare Comyne a Tacite , et c'est Juste- Lipse, sans citer d'autres auteurs, qui le place au-dessus de Polybe, d'autant qu'il n'avait pu connoilre cet auteur ni tel autre. Cettc remarque a trait a ce que notre historien manqua , dit Sleidan, « de » n'avoir este' des sa jeunesse instruit en langue latine , et souvent » deploroit son raalheur en cela. » Mais comme M. Laurentie I'a ecrit dernierement : « Le malheur ne fut pas grand , si Gomines lui V dul Pallure libre de son langage , et si la vivacilc naturelle de ses 3) idties se Lrouya aiusi alliauchie des formes pe'uiblcs dePimitation. » — 649 — une fois rejetons , celte epithete de chevalier sans reproche que nous trouvons placee au bas du portrait de notre historien, dans les editions donnees de ses memoires par cctte famille erudite de Flandrc * dignement representee au Congres de Poitiers et a celui de Douai **. »KUOii ai*iif ^ Gccupe dcpuis long-temps. Messieurs, aecrire la vie etapre- . pirer une nouvelle edition des memoires de Philippe de Comync, de ccthomme si superieur, tenant a la fois a la Flandre et au Poi- tou, a I'une de ces provinces par sa naissance et ses premieres an- necseta I'autreparsonage mur, savieillesseet samort **". J'ai eu a coeurd'esquisser par avance, devant cette nombreuse et stu- dieuse assemblee , quelques-uns des traits de ce caractere si mal jugejusqu'ici. Ah ! si dans mon pays, pres des mines du noble donjon d'Argenton-Chateau , ou Comyne passa une partie de sa vie et ferma les yeux pour ne les plus ouvrir, si sur cette place publique que traversera bientot la nouvelle route destinee a faire communiquer directement la Basse-Normandie avec la Guyenne *"** , on avaitla pensee d'elever un monument en me- moirc de I'homme celebre qui illustra cette localite en en pre-- nant le nom , a la fin du 15«. siecle , je croirais que , pour etre "^ La famiUe Godefroy dont le nom est si connu dans le monde savant. ** M. de Godefroy , ancien sous-pre'fet de Lille , dont s'abstieu- di a ici de donner un e'loge detaille , pour ne pas blesser sa modestie. *** La noiwelle edition des memoires de Philippe de Comjne , precede'e d'une vie de I'auteur et orne'e de gravures ou de lithogra- phies , paraitra dans un seul volume , grand in-S*. et tout-a-fait de luxe, a la fin de 1837. Cette c'dition, plus complete qu'aucune autre sortira des presses du savant imprimeur M. Crapelet , et c'est dire qu'elle ne laissera rien a desirer sous le rapport de I'execution mate- rielle. Ne'anraoins, comme on compte tirer a grand nombre a raisoa des demandes deja faites , ce volume qui repre'sentera les trois ou quatre volumes in-S®. ordinaires des autres editions sera livre a i-x francs pour les souscripteurs seulement. On peut en attendant la distribution du prospectus , adresser ses demandes a M. Crapelet , iiuprimeur , rue de Vaugirard a Paris. "**** La route slralegiquc de Niort a Angers, par Champdeniers* Rressuire et Argenton-Chateau qui remplit la lacune de la ligue dirccte pour uller de Caen a Bordeaux. — 650 — juste , que pouit ^trc dans le vrai , il conviendrait d'ccrirc sur la pierre : A Philippe de Comyne , non comiwe iiomme prive , MAIS A Philippe de Comyne, comme homme de guerre, COMME IIOMME d'EtAT , ET SURTOUT COMME HISTORIEN I J'ai lieud'esperer, Messieurs, que cette appreciation historique obliendra voire entier assentiment. N'en craignez pas la sorte de severite , si elle vous semblc exacte : car , on I'a dit , si on doit des egards aux vivans, on ne doit aux morts que la verite. Four eux commence le legitime domaine de Thistoire. ADOPTJfiES PAR LE CONGRfiS , CLASSfiES M£TH0DIQUEMENT. ": ^MQlW PREMIERE SECTION. I. Lo Congres engage les savans 4 determiner la valeur des caracteres zoologiques et paloeontologiques comme inoyen de reconnaitre le niveau geologique des formationsf, et a signaler tons les fails propres A Jeter quelques lumieres sur cette question. '^'^'"''Bi" ^^^ -'^"^ ^ min^Ayn> lu hui^u i II. Le Congr5s reconnatt qu'aVec'Tes Connaissances g6o'"- logiques acquises jusqu'ici , il n'existe pas encore a priori des caracteres apparens qui ptiissent permettre d'assurer I'existence d'eaux souterraines jaillissantes dans un lieu determine. II pense que ce probleme n'est pas susceptible d'une solution generale ; mais que , dans chaque departe- ment , la confection d'un Atlas de coupes geognostiques , formations par formations subquaternaires , indiquanl , pour chaque sondange , le niveau relatif et I'epaisseur de chaque couche constat6e , pourrait seule fournir, sur cette question , des indications satisfaisantes. III. Les effets produits par le defrichement des bois , le changement de la direction ordinaire des vents et les autres causes de raffaiblissement des eaux souterraines doivent fixer I'attention de I'administration publique sur I'emploi des meilleurs moyens d'am^nagement des eaux pluviales et de la reserve a faire de Texcedant du produit des eaux dans les saisons pluvieuses , pour I'utiliser et le faire servir aux besoins de la vie dans les tongues seche- resses. IV. Le Congres emet le voeu que les naturalistes s'occu- — 652 — pent avec plus de z51e i explorer les mccurs des animaux invertebres , dont Tetude est trop negligee. V. Le Congres reconnaissant que , dans I'etat actuel de la science , la valeur des caracteres gcneriques et specifi- ques n'esl pas asscz determinee , emet le voeu que les na- turalistes ne crcent plus autant de genres et d'esp^ces , et les etablissent sur des difterences d'organes plus imporlans. VI. Le Congres est d'avis que jusqu'a present, on man- que de fails constates pour 6lablir les limites de I'hybrida- tion des plantes. VII. Le Congres invite les societes savantes et notam- ment celles de Normandie a rechercher les moyens de de- truirecompletementle Myzoxile ou puceron lanigere. VIIL Le Congres emet le voeu que M. le ministre de I'inlerieur ordonne a MM. les ingenieurs des mines, de re- chercher les meilleurs moyens et appareils de sauvetage y propres a porter secours et a sauver la vie aux ouvriers employes dans les Iravaux souterrains des mines en gene- ral , et de celles de houille en particulier , et de lul pre- senter un travail sur celte imporlante maliere. Le Congrds priera egalement M. le ministre de vouloir bien lui donner communication du resultat de cette mesure , a une de ses prochaines sessions. DEUXIEME SECTION. Vi'.'JtS *U3« j-'i I. Le Congres emet le voeu qu^il soil etabli des ecoles Iheoriques et pratiques d'agriculture dans les differentes contrees de la France , avec un etablissement de meme nature dans le departement de la Seine , etablissement qui serait comme un centre d'action et un foyer commun au milieu de tous les autres. IL Le Congr6s emet le voeu que les conseils de departe- ment et d'arrondissemcnt consacrent, chaque annee , une sorame determinee A acquerir des etalons de pur sang , ainsi ([uo des taurcaux et des beliers de races choisies, qui seraient places chez les meilleurs fermiers , a la condition que ceux-ci n'en seraient que depositaires , jusqu'a ce que ces animaux eussent alteint un certain age. La, ils seraient a la disposition des proprietaircs do jumcns , de genisses ek de brebis , qui, trouvant a les faire saillir gratuitement par dcs m^les de bonne race , les pref6reraient sans aucun doute. Par ce moyen , on obtiendrait des ameliorations progressives. Qu'en outre les primes ne soient accordees desormais pour les chevaux , qu'a la vigueur et a la vitesse , et non a la beaule et a I'^legance des formes , comme cela se pra- tique aujourd'hui. III. Le Congr^S emet le vceu que des essais comparalifs soient fails sur I'emploi des produits bituraineux des mines de Lobsann et de ceux qui proviennent de la distillation des houilles. , IV. Le Congres 6metle vceu : 1*». Que les lois ^conomi- ques du royaume soient basees sur la consideration que la plupart des produits francais , soil agricoles , soil manu- factures , sont plus chers que les produits etrangers. 2**. Que les lois sur les brevets d'invention soient revisees. 3". Que la culture soit dirigee de manifere a produire une plus grande quantitede betail et moins de cereales. 4". Que I'etat d'agriculteurs soit tellement honore par suite des lois el des mesures gouvernementales , que la jeunesse ne songe plus a deserter les fermes pour exercer des professions urbaines. V. Le Congres emet le vceu que le gouvernement en- courage par toutes sortcs de raoyens la multiplication des Cornices agricoles , en les reduisant a quelques membres et en les attachanl a une ferme bien cultivee. Que Ton recommandea ces Comices : 1**. L'amelioration et la conservation de toutes les races d'animaux domesli- ques; 2". L*amelioralion des instrumens araloires el des modes d'assolement j 3®. L'application de la culture horti- cole u I'adoucissement des souffrances des pauvres ; 4". L'alliance 6miaemment morale du travail agricole et dos — 654 — travaux industriels , dans tous les cantons Uvr6s aiix tra- vaiix raanufacturiers ^ 5". L'alliance des travaux agricoles doiix et appropri6s aux forces des enfants aux etudes ele- mentaires, dans lese'coles rurales. VI. Le Congr^s emet le vceu que les differentes parties des constructions rurales, telles que maisons d'habitation , granges, ecuries, etables, fournils , pressoirs, celliers etc., qui seraient les mieux 6tablis dans un canton , soient desi- gnes comme modules aux agriculteurs. VII. Le Congres emet le vceu que Ton multiplie et que Ton augmente les primes a distribuer , soit par le gouvcr- nement , soit par les societes d'agriculture ou paries corni- ces agricoles, aux proprietaires d'animaux domestiquesdes differentes races, tels que , taureaux, vaches , beliers etc. VIII. Le Congres emet le voeu que le classement des divers ateliers ou fabriques insalubres ou incommodes, soit revise, et que Ton y fasse entrerplusieurs industries qui ne se Irouvent pas comprises dans les listes actuelles. Que de plus, le gouverneraent encourage les recherches propres a rendremoins insalubres certaines professions ou etablisse- mens qui offrent des dangers , soit pour ceux qui y tra- vaillent , soit pour les personnes placees dans les environs. IX. Le Congres emet le voeu que les zones de servitude Qes places de guerre soient mesurees sur les capitales do Tenceinte et du dehors, de maniere a former, conformement a la loi du 19 juillet 1819 , des Polygones, le moins irregu- liers possibles, et non sur des capitales choisies, comme les circulaires des 4 Janvier 1824 et 25 fevrier 1825 suppo- sent qu'on peut le faire. TROISIEME SECTION. ' I. Le Congres , attendu qu'ilest reconnu que le trans- port des enfans nouveau-nes a la mairie pour faire consla- ter lour naissance, et a I'eglise pour y recevoir le bapteme, sont des causes puissantes de mortalite , emet le voeu quo -.655— ^ Ton soUicite des autoritcs comp6tentes les moyens do rcm6-;, diera ces graves inconveniens. ,, II. Le Congres est d'avis que la m6decine , en perfec- lionnant la physiologie , la psychologic et I'hygi^ne , en detruisant des croyanccs populaires fatales , pendant pla-jy sieurs siecles d'ignorance a certain ordre de maladies , comme I'epilepsie , la catalepsie , etc. , en renouvelant la face de la chirurgie, en appliquant la gymnastique dans les cas qui la reclament , envenant aider la legislation et Tad- ministration , a rendu d'immenses services i I'individu et a I'espece. ' ,,^ III. Le Congres invite le gouvernement : 1°. A recom- mander a ses agens qu'ils fassent execuler rigoureusement les lois existantes sur les inhumations. ; ^ 2**. A ordonner que le delai prescrit pour les inhuma- , tions soit prolonge de 24 a 48 heures en 6te , de 48 a 60 heures en hiver. S**. A nommer dans tous les d6partemens , un nomhro de medecins verificateurs des deces , proportionne a la mortalite moyenne de chaque localite. 4". A creer des etablissemens mortuaires a I'instar de ceux qui existent en Allemagne. h QUATRIEME SECTION. I. Le Congres pense que la destination des Cryptes ou plutot des galeries souterraines que Ton trouve dans les departemens du Nord de la France, a ete parlicuHerement de raettre les habitans de ce pays , leurs besliaux , leurs recoltes et leur mobilier a I'abri des ennemis. La dale de I'origine deces souterrains nepeut etre fixeeavec certitude a une epoque plus reculee que celle de I'invasion des Nor-. mands , au 9^ siecle. II. Le Congres emet I'opinion suivante : Deux forces gouvernent I'Univers , toutes deux subordonnecs a la loi supreme de Tunite : la force physique qui produit la con- quete , et la force morale qui devetoppe la civilisation. ' —656 — La force physique se manifeste d'abord ; vicnl ensuito la force morale ; mais trop faible , celle-ci siibit Ic joug , puis plus heureuse , elle oblient la victoire a son tour : de sorte qu'aprfes une alternative de d^faites et de reactions ou , quellesque soientles apparences materielles, sa puis- sance s'accroit tandis que celle de la force physique diini- Due , I'empire reste en definitive d la force morale el la loi de Vunite s'accomplit. Mors plus de conqudtes , plus de luttes brutales , et le monde presente I'harmonieux spec- tacle d'Etats parfaitement en 6quilibre par I'etendue du territoire , par Tegalite des ressources , par la simililude des besoins et par la sympathie des idoes. » lil. Le Congres 6met I'opinion suivante : Tout portc a croire que , meme avant la conquete des Remains , la reli- gion gauloise avait puis6 aux sources communes des reli- gions orientales, plutot qu'a la religion egyptienne en par- ticulier, IV. Le Congres invite toutes les societes archeologiques, de France et les archeologues et particulier, u s'occuper do la mythologie gauloise locale, afin de pouvoir an iver a la confection d'une mythologie gen6rale des Gaules. V. Le Congres 6met le voeu que, dans chaque province, et m^me dans chaque ville , il soit public une hisloire mon6taire. VI. Le Congr6s est d'avis que les armoiries ont ete invcn- tees a cause de la n^cessite pour les seigneurs feodaux , d^adopter des signes distinctifs dans les gaerres , dans les joutes et les tournois , et aussi dans la vue de constater I'origine, les droits, les alliances et les rapports des families; que ces armoiries se sent introduites , en employant des emblemesou des signes qui rappelaient, le plussouvenl, un nom , une locality, un fait eclatant ou des habitudes guer- rieres. Le Congres regarde comme probable que les mar- ques distinctives qui ont servi de base a Tart heraldique ^ se sent manifestoes , sur divers points de I'Europe , a-peu- pr^s en meme temps , et au relour des croisades. Rien ne ^ G57 — prouve da moins qu'on puisse reporter a une epoque ante- rieure la creation de ces regies. CINQUIEME SECTIOIV. t. Le Congres signale comme une des causes de la deca- dence de I'arl^le rarchitecture monumentale en France : 1o. L'esprit Irop imitatcur , fruit des traditions de I'ecole 5 2" La trop grande parcimonie dans les constructions monu- mentales j 3**. Enfin le changement survenu dans la direc- tion des idees religieuses et politiques. Le Congres regarde comme un des moyens les plus propres a rendre a I'archi- teclure tout I'essor desirable , les moyens materiels laisses a I'architecte , pour parfaire les monumens confies a scs soins I en consequence , il emet le voeu de voir reviser bicntot la legislation relative a I'execution de tous les monumens construits au compte de I'Etat. n. Le Congres reconnait que, si dans le developpement de la civilisation francaise , le progres de la litterature a precede la rcforme politique , c'est que la destruction du regime feodal , le repos accidentel de la societe , un restc de l'esprit clievaleresque et le caractore particulier des nrjojurs durent tourner I'activite de I'intelligence vers la litterature; qu'alors son developpement amena le gout des etudes serieuses, et par suite des discussions philosophiques qui , tout en signalant les abus et discutant les theories gouvernemenlales , vint apporter dans les esprits un desir de rcforme politique qui ne tarda pas des-lors a se realiser. IIL Le Congres invite les societcs savantes et les litte- rateurs a donner une histoire des trouveres du Nord de la France. IV. Les revolutions politiques, durant leur cours , jeltent la litterature hor^ de sa sphere speculative , et I'absorbent comme une force sociale dont elles ont besoin pour Fatla- que et la defense. En general , quand le calme renait , il reste au fond des esprits un besoin de mouvement et d'emo- tionsqui ravive la litterature d'un peuple et la pousse aux innovations. Les revolutions retrempent surtout les grands 42. — 688 — ^crivains et ceux qui veulent suivre Tesprit de leur si^cle oil le oomballre. L'effet le plus durable des revolutions sur la litlerature , c'est a la forcer de se mettre en harmonie avec les institutions politiques que ces memes revolutions ont fait surgir. V. Le Congres , dans Tinter^t de la science , emet le voeii qu'une correspondance suivie, et autant que possible, un echange de memoires s'etablisse entre toutes les Acade- mies et societes scientifiques francaises et etrang^res; que pour facililer ces communications , MM. les ministres de rintcrieur , des travaux publics et du commerce soient pries d'aviser aux raoyens de donner aux societes savantes la franchise de port dans I'envoi qu'elles se feront re'cipro- quement de leurs memoires , sans leser les interets du tresor, VL Le Congres reconnait que, sile genie a ete stalion- naire en France sous le rapport de I'architecture religieuse et monumenlale , il ne I'a pas 6te sous le rapport de I'ar- chitecture civile, industrielle, maritime et privee; au con- Iraire il a fait des progres . VIL Le Congres emet I'opinion suivante : En droit naturel , il existe une propriete litt6raire : cette propri6t6 a des caract^res particuliers : le principal de ces caracteres est d'accorder a I'auteur un droit exclusif qui pent elre limite par le droit civil. VliL Le Congres emet le voeu que les journaux, qui s'occupent exclusiveraent de litterature, de sciences et des beaux-arts soient a (Tranchisde tout imp6t,etpuissentparaitre a des epoques plus rapprochees que celles qui leur sont assignees par la legislation actuelle. SIXIEME SECTION. L Le Congres reconnait que le plus puissant moyen pour arriver a la suppression de la mendicite, c'est de moraliser les classes pauvres par I'education religieuse. Les salles d'a&ile pour I'enfance , les ecoles , le patronage direct des classes riches , la creation des caisses d'epargne doivent 6nlref dan* ce systeme , comme elemens de celte c^du- cation. Les pauvres invalides qui refuseraient de profiler des hospices qui leur seraient ouverts j les pauvres validcs qui ne voudi aient pas user des moyens de travail mis a leur portee et qui se livreraient a la mendicite , seraient pas- sibles de la rigueur des lois penales existantes. Le mendiant valide ne pourrait etre prive de sa liberie que poar etre employe au travail , avec part dans les pro- duits. Les Iravaux de ragriculture sont plus propres i rendre an mendiant des habitudes morales que le travail des manu- factures. II serait desirable qu'il se format sur plusieurs points de \i\ France des societes de bienfaisance pour I'extinction de la mendicite : elles consacreraient specialement leurs soins a 6tudier le systeme de colonisation agricole derepression, sjiivi en Hollande et en Belgique^ et a fonder des etablis- semens de meme genre en France , si le resultat dfi leurs etudes et de leurs observations etait favorable a ce systeme. Le gouvernement , a defaut des societes de bienfaisance, pourrait etre invite a faire faire cette etude par ses agens , et a en publier les resultats. IL Le Congres emet le voeu qu'il se forme une associa- tion du nord de la France , sur le modele de I'association Normande, et que les socieles des departemens du Nord et du Pas-de-Calais soient invitees a s'unir a cetelTet;qu'au prealable , les socieles d'agricuUure de Douai et d' Arras soient designees pour presenter un projet d'organisalion de cette association. IlL Le Congres croit devoir signaler a la soUicitude du gouvernement les inconveniens suivans attaches au mode actuel de recrutement de I'armee : I**. D'apres le mode actuel de remplacement, une grande partie des sommes qui devraient servir a ameliorer le sort des remplacans , devient la proie de I'agiotago. 2". La voie du sort qui designe les soldats impose a une -.660 — partie des citoyens et sans aucune compensation une charge onereuse qui devrait etre repartie entre tous. 3<*. Enfin , la position des soldats ainsi designes est , sous le rapport des avantages qu'elle peut presenter , bien inferieure a celle que peuvent se cr6er la plupart des hommes souslraifs au service. C'est ce que d^montre assez Teloignement de la generalite des citoyens pour la carrier© militaire ou bien peu se jettent volontairement. En consequence , et pour parer a ces inconveniens , le Congres recommande a I'atlention du gouvernement , les mesures suivantes qui paraissent y remedier : 1**. Tous les hommes exemptesdu service , soit par le sort , soit par suite des dispositions legates , soit pour cause d'iDcapacit6 physique , paieront en compensation une somme proportionnee a leur fortune ou 4 celle de leurs ascendans. 2". L'ad ministration de ces fonds sera confiee -d une agence particuliere et independante , semblable a celles qui administrent les caisses d'amortissement et des consi- gnations. Gette agence sera placee sous la surveillance im- mediate du ministre de la guerre. 3**. Le taux des remplacemens sera fixe par un reglement d'administration publique; il sera confie a la meme agence et reuni auxsommes payees par lesexemptes. Gette masse sera deslinee a ameliorer la position des soldats designes par le sort et celle des engages ou rengages volontaires , par qui seuls pourront s'op6rer les remplacemens , sauf le .cas d'insuffisance. 4*'. Les sommes allouees a ces deux classes de soldats, pour chaque annee passee sous les drapeaux , leur seront definilivement acquises- et ils n'en pourront etre prives que pour desertion. Ces sommes porleront des interets qui seront joints au capital , si les soldats n'usent de la faculty qui leur sera laissee de les retirer ; mais ils ne pourront tou- cher une partie du capital que dans des circonstances delerminees. --66^1 — 5*. Le Congr^s recommande encore a I'atteniian da gouvernement le me moire de M. le colonel Servatius , oh I'utilitd de ces mesures se trouve demontree avec une elarte et une justesse remarquables. Ce m6moire contientunplan complet d'execution dont les details ne paraissent pas moins bien congus que I'ensemble mais que I'syiministra- tion seule serait a portee d'apprecier d'une mani^re cer- taine. IV. Le CongrSs 6mel le vodu que le gouvernement soit invite a proteger la gymnastique -, qu'il la reeonnaisse comme une partie essentielle de reducalion; qu'il en pro- page I'enseignement dans les colleges el dans tous les eta- blissemens d'iustruction publique ; enfin qu'il manifcste le desir que les p^res et les meres de famille , les instilutcurs et les institutrices, ainsi que toutes lespersonnes chargees de I'education de la jeunesse , envoient les enfanset les eleves des deux sexes dans les etablissemens gymnastiques , afm d'y developper enti^rement leur education physique. V. Le Congr6s declare que le memoire de M. Thomas (de Rouen) contient des vues utiles pour I'avenir de la classe ouvri^re el qui pourraient etre appliquees a I'aide de quelques modifications aux hospices civils Qu'en con- sequence , il croit devoir le recommander , aurtout en ce qui concerne la necessite de donner de I'instruction et dea principes de marale religieuse aux enfans avant de les- admeltre dans les ateliers , a MM. les ministres de rint6- rleur, du commerce etdeTin&truction publique; aux conseils generaux de departementel aux conseils d'arrondissement, ainsi qu'aux administrations des 6tablissemens de bienfai- gance et des hospices. YL Le Congrfes emet le voeu : 1 *. Que la loi relative aux chemins vicinaux se borne a ne decider que quelques points fondamentaux , et laisse a des reglemens d'adminislralioa publique , appropries aux besoins des localites , le soia d'organiser les details. 2°. Que I'administration deschemins. vicinaux soil conr fi.ee a des commissions spociales elues par les priacipau^ — 662 — propridtaires du meme cajilou , dans dcs formes determi- nees par la loi , et investies de grands pouvoirs. Qu'en consequence , Ics commissions speciales sojent cliargees de radministration d'une parlie du territoire, limir tee par des routes royales ou doparlementales , des canau5(L ou des rivieres navigables , avec les attributions suivantes : A Le classement des chemins. B La police des chemins, consideree sous le rap- port des alignemens et du roulago. G La redaction des projets , les m arches relatifs a I'execution des travaux , leur surveillance ct leur reception. I) La fixation, par chaque commune, du contingent a fournir et des travaux a fairo pour I'entre- tien , la reparation et I'amelioration des che- mins vicinaux , sauf les. reclamations des con- seils municipaux , et I'appel au Prefet en cas de discord. E La proposition d'une cotisation destinee a sup- plier a I'insuflisance des ressources determi- nees par la loi de 1824 , sur les chemins vici- naux, et aussi, s'il est possible a creer des voiea, praticables en toules saisons , et servant d© debouches. F La prestation d'agens-voyers assermentes et salaries. 3". Que la prestation en nature puisse etre converlie en tache obligatoire. 4''. Que la legislation prononce sur le droit de plantation et sur la propriete des plantations existant sur les routes "vicinales. VIL Le Congresprie lo gouvernement d'introduire ira- medialement dans les prisons des reformes appropriees aux localites et basees sur leprincipe de travail ext6rieur; les pi incipales ameliorations seraient le silence , Tisolement des prisonniers ou tout au moins Tenli^'re separation des — 665 — deux sexes , qui nepourraient jamais ^tre detenus dans la nieme maison. VIII. Le Congres 6met le voeu que le gouvernement s'occupedu soin d'assurer du travail aux condamnes libe- res , au moins dans la premiere annee de leur liberation , et favorise de tout son pouvoir la creation d'associations bienfaisantes pour le patronage des detenus et des condam- nes lib6res. IX. Le Congres emetle voeu : I**. Que les conseils ge- neraux ,lesconseils d'arrondissement , les conseils muni- cipaux , les societes phiianlhropiques et de charile niater- nelle , les conseils d'administralion des hospices et des secours publics, et surtout les peres el les meres de famille s'occupent d'encourager et de multiplier le plus possible , dans toutes les villes , I'institution des sallesd'asile, comme moyen puissant de regeneration morale ou d'amelioralion sociale. 2". Que partout ou seront formees des salles d'asile , on organise , comme cela a ete fait avec succes dans quelques villes , des societes de jeunes personnes , diles jeunes eco- nomes , deslinees a confeclionner des vetemens pour les jeunes enfans de la classe pauvre. 3". Que les directrices soient envoyees, pendant un temps determine , dans une ecole centrale de grande vilio, pour y faire un noviciat , afin que la methode d'enseii^nc- ment soit la plus uniforme possible dans toutes les salles d'asile de France. 4". Enfin , que les ecoles centrales soientmises en com- munication avec une ecole modele de Paris, qui les tiendrait au courant de lous les perfeclionnemens de I'expecience. X. Le Congres pense que les prohibitions et les droits prohibilifs constituent en favour des producteurs indigenes^ un monopole injustepour le consommateur , contraire a la morale publique , et qui , cessantbientot d'etre plus avan- tagoux pour les producteurs eux-memesque la concurrence, so resout en un veritable impot et uuit a raccroisseincut des capUaux du pays. ^664.- Que les prohibilions et ies droits proliibilifs doiyent dtre progressivemeni abolis ; la reforme doit coramenoer par les droits qui portent sur les raati6res premieres. Que les droits moderes sur rimporlation des produits elrangers peuvent ctre conserves , comme compensation de I'impot de consommation etabli sur beaucoup de produits indigenes et comme source de revenus publics. Ces droits doivent etre abaisses jusqu'au taux oil la fraude cessant d'etre profitable , la perception de ces droits deviendra certaine et facile. Neanmolns, la legislation sur les cereales parait devoir etre maintenue par des motifs d'interet general XI. Le Congr^s est d'avis que le duel est reprouve par la raisou comme par la morale ; qu'il est un des restes de I'antique usurpation de la force sur le droit , et qu'il ne pent ^tre tolere dans un Etat sans danger pour la liberie civile et politique. Le Congres invite en consequence les moralistes et les publicistes a eclairer I'opinion sur le ncant de ce prejuge et a poser les bases d'une bonne legislation sur cette matiere. DEUXIEME ET SIXIEME SECTIONS REUKIES. I. Le Gongres emet le voeu formel que dans Tetat acfuel de la fabrication du sucre indigene en France, cette bran- clie si importante de notre agriculture et de noire industrie ne soit pour le moment , et jusqu'a ce qu'elle ait recu tous les developpemeus dont elle est susceptible , frappee d'au- cun impot quelconque , et qu'elle continue a jouir de toute la protection du gouvernement. IL Le Congres emet le vo'u que les deux memoires pre- sentes a la section par M. Crespelle-Dellisse et par le cornice agricole d'Amicns , qui traitent de I'etat actuel de la fabrication du sucre indigene , soient parliculierement recoaimandes d I'alleution du gouvernement. FROFOSlTIOnS RENVOYEES A LA A*. SESSION DU COIVGRES , PAR LA 5^ , CLASSfiES MfiTHODIQUEMENT. PAEMIERE SECTION. NtAlST, DEUXliME SECTION. 10. Rechercher les moyens les plus propres a etablir une sorte de statistique agricole du Nord de la France. 20. Exprimer le voeu qu'une exposition des produits de I'in- dustrie europeenne ait lieu a Paris , comme moyen d'emulation pour les fabricants francais , et comme pouvant jeter quelques lumieres sur la question des modifications a apporter a notre tarif de douanes. 30. Exprimer le voeu que des encouragemens soient accordes \ I'introduction et a laculture, en France, des vegetaux exotiques utiles a I'industrie ou produisant des substances alimentaires. 40. Exprimer le voeu que les couvertures en chaurae soient interdites a I'avenir , par des mesures de police et de surete ; que des secours soient accordes a ceux que leur position de fortune mettrait dans I'impossibilite de supporter le surcroit de depenses occasionne par un nouveau mode de couverture , ct enfin que des encouragemens soient accordes aux fdbricapts qui fourniraient des pannes a plus bas prix. 50. Quelles sont les nouvelles especes de culture a introduire dans les terrains sablonneux exposes aux filtrations interieures des eaux de la mer ? 60. Rechercher les moyens les plus prompts et les plus eco- nomiques pour transformer les terrains marecageux en terrcs arables ? 70. Indiqucr quelles sont les especes desols , dans lesqucls le ■ scl marinpourraitetreavantageuscment employe comme cMgrais; indiquer un moyen de rcndrccc sel improprc aux usages domes- — G66 — f iques, de mani^rc a ce qu'on put I'exemplcr d*imp6t, sans nuire au Tresor , pour s'en servir cornme engrais ? 80. Examiner s'il ne serait pas utile aux progres et a la defense des interets de Fagriculture de solliciter du gouvernement la creation de chambres d'agriculture dont les fonctions auraient quelques rapports , en ce qui concerne cette science, avec celles des chambres de commerce ; entrer dans le developpement des attributions a donner a cette nouvelle institution ? 90. Developper Tinfluence que pent avoir sur Fagriculture et sur le commerce I'etablissement des grandes lignes de commu- nication par le moyen des chemins de fer? 100. Rechercher les moyens d'appliquer avec economic la navigation par la vapeur aux barques ou bateaux du port de 50 a 80 tonneaux , dans le but d'activer le transport des marchan- dises par les canaux ou rivieres canalisees , en imprimant a ces barques une vitesse d'au moins une lieue a I'heure, sans toute- fois endommager les berges ? TBOISIEME SECTION. 10. Attenda que la phrenologie nest pas encore etablie sur des bases sutlisantes , inviter les medecins et tous ceux qui s'oc < cupent d'ctudes physiologiques a rechercher et a signaler les avantages que Ton pourra retirer de la phrenologie pour le per- fectionnement de I'education. 20. Inviter tous les medecins a reunir de nouveaux documens a I'aidcdesquels on pourra determiner les conditions de temps ^ de lieux , d'individus et les autres circonstances d'ou resulte rineHicacite de la vaccine. 50. Quels sont les avantages que la medecine-pratique a pu retirer des revolutions des systemes qui se sont succedes dans la science medicale , depuis la doctrine de Brown jusqu'a celle d'Hanneman ? 40. Qaelles sont les modifications apport^es par les saisons et les constitutions atmospheriques dans Taction des agens Ihera- peutiques et notamnient dans le traitement des maladies cpide miqucs ? 50. Qaels sont les mcillcurs moyens d'apprecicr les proprietes dun agent therapeutique ? 6". Les ilotcls-Dieu ne pourraient-ils pas etre diriges dans ua but d'ani6lioralion morale des malades qui y sont Iraites ? — 667 — » QUATRIEAIE SECTION. 10. Quels etaient les avantages et les incoiivenicns du sysieme Kodal , et son influence sur la civilisation et le bonheur dcs peuplcs. Rechorcher I'origine de la feodalite ? 2°. Le Congres renvoie a la 4«. session , la question de savoir oil se trouve I'endroit precis de la bataille livree en 732 par Charles Martel aux Sarrasins. ^; 30. Inviter toutes les societes archeologiques de France et les archeologues en particulier a s'occuper de la mythologie gau- loise locale, afin de pouvoir arriver a la connaissance de la mythologie g^nerale des Gaules. 30. Rechercher les raisons qui firent substituer , sous la seeonde race de nos rois , la fabrication presqu' exclusive des monnaies d'argent a celle des raonnaies d'or presqu'exclusi- veraent employees sous la premiere race ? 50. Quelquesfaits semblentfairecroirequelesarmeesromaines avaient a leur suite des ateliers monetaires ambulants , sans de- signation de lieu , et destines a la fabrication des monnaies neces- saires a la solde des troupes ; rechercher les faits nouveaux qui pourraient appuyercette conjecture. 6^. Pourrait-on demeler dans la civilisation europeenne ce qu'elle doit a I'Orient et ce qu'elle tient de I'Occident ; serait-il possible de distinguer dans notre civilisation francaise , dans nos lois , nos moeurs , nos institutions , etudiees en general et par provinces , ce qui est d'origine gauloise , romaine ou franque ? 70. Rechercher I'etat des lettres dans le Nord de la France , depuis la conquete de I'Angleterre , en 1066 , jusqu'a la fin du 128. siecle ? 80. A-t-il reellement existe des monnaies de cuir? CINQCI^ME SECTION. 10. Nommer une commission chargee de faire au prochain Congres un rapport sur I'origine et les travaux des diverses societes savantes qui existent dans les departemens dont les noms suivent : Seine-Inferieure , Eure , Calvados , Manche , Oise , Pas-de-Calais , Nord , Seine , Seine-et-Oise , Eure-et-Loir , Ma- yenne , Sarthe, Indre-et-Loire , Maine-et-Loire, Loiret, Vienne, Loire-Inferieure , Vendee , Charente , Charente-Inferieurc , Haute-Viennc , Dordogne. 20. Quel est I'etat de la langue flamande dans la Flandre frau- — 668 — caise et FArtois , a quel point y a-t-elle fleuri autrefoisi ; comment s'y est-elle insensiblement perdue ; quelle influence a-t-elle exer- cee sur le developperaent intellectuel des provinces ou on la parlait ? 30. Quel est le meilleur mode de propager les beaux arts ? 40. Quelle doit etre en architecture la limite entre la creation et r imitation ? 50. Quelle est I'influence respective du caractere des peuples sur les langues , et des langues sur le caractere des peuples ; et par suite , en quoi la connaissance des langues peut-elle nous reveler le degre de civilisation et d'intelligence des peuples qui les parlent ? 60. L'Ogive et les Colonnettes groupees sont-elles contempo-^ raine d'origine ; ces dernieres n'ont-elles pas precede I'ogive? 70. Rechercher a quelle epoque on a cesse , dans les Gaules , d'employer avec profusion le raarbre dans les constructions publiques et particulieres ? 80. A quels signes peut-on reconnaitre qu'une langue est en progres ou en decadence ? SIXIEME SECTION. 10. Indiquer les moyens de remplacer avantageusement le mode actuel de perception de I'impot sur les boissons , en sup- primant les exercices , en accordant la libre circulation , sans diminucr le produit net de cet impot ? 20. Encourager , dans I'interet des ouvriers , la creation de caisses de secours rautuel et d'ateliers de travail joints a un bureau de placenient. 30. Quelle est I'influence de la civilisation sur la demoralisation des peuples, etde celle-ci sur la civilisation. Y a-t-il co-relation necessaire entre elles ; et dans le cas de I'affirmative, dans quelle proportion s'exerce cette derniere ? 40. Examiner si la peine de mort , qu'elle qu'en soit la forme , est propre a dinrinuer le nombre des crimes qu'elle est destinee a reprimer. 50. Quels seraient les moyens les plus efficaces de procurer une paix gcnerale et permanente ? DEUXIEME ET SIXIEJMB SECTIONS REUNIES. JO. Quel est le degre d'utilite des banques departementales;, quel serait le meilleur pi in d'organisation a adopter ? LISTE t>ES MEMBRES DE LA TROISliME SESSION BTJ CONGRfes SCIENTIFIQUE DE FRANCE *, MM. I. Cauvin, membre de plusieurs Societes savantes, au Mans ( Sarthe ). ( i , ii , iv. ) P. 12, 29, 39, 40, 41 , 53, 55, 57, 77, 82, 105, 184, 225, 363, 364. II. Daix-Deshayes ^ banquier , membre de la Societe royale et centrale d'agriculture , sciences et arts du d^par- tement du Nord , a Douai : tHsorier de cette session du Con- gres. ( il ) * On a sulvi Porclre des inscriptions. Les cliifFres romains indi- quentles sections dans lesquelles chaque membre s'cst fait inscrire, etles chitFres arabes font connaitre les pages du volume ou il est question de lui. La marque * , placee a la suite d\m nom , indique que la personue dont il s'agit a fait prendre sa carte , mais qu'eJie n'a pu se rendre au Con^res. C'est aussi le lieu de dire que bon nombre de membres du Con- pres y sont venus avec la mission d'y repre'senter des Socie'te's savan- tes. La Societe royale des sciences , de V agriculture et des arts , k Lille. M. P. Legrand. — L'Jtcadcmie de Vindustrie agricole , ina- nufactuviere et commerciale , a Paris. M. F. Chatelain. — La So- ciete d'agriculture de la Seine-In/erieure, M. E. Gaillard. — L'Aca- demie des sciences de Toulouse. M. Vasse deSt.-Ouen.— Za Societe d' agriculture et des arts du Calvados. M. Lair. — La Societe phil- harmonique de Caen. M. Lair. — Societe d'agriculture d' Angers, M. Riviere. — Societe frangaise de statistique universelle , a Paris. MM. JuUienetDehay. — Academie royale des sciences de Bruxelles, M. de Reiffenberg. — Societe rojale de Londres, M. James Yates. . — Societe libre d' agriculture , sciences arts et belles du departc- ment de VEure. M. Cheveraux. — L'*Institut historique , a Paris. M. F. Chatelain. — L"" Academie ebro'icienne , a Evreux. M. F. Cha- telain.— Societe des antiquaires de la Morinie , a St.-Omer. MM. Deneuville , R. de Givenchy , Martel , Alex. Hermand , Daman , Beaufort. — Societe d'agriculture de la meme ville. M. Alex. Her- mand.— Societe des arts et belles lettres du Far» M. F, Chatelain, — Academic d' Arras, M, Cornille. — Academie des sciences . — 670— ' HI. Guii\GRET , colonel du 51% regiment deligne, litte- rateur, a Douai. ( v , vi. ) P. 12, 365. IV. PiLLOT , substitut du procureur-general , a Douai , secretaire de la 6". section, a cette session, (vi.j P. 298 313 319, 330, 331 , 334, 340, 344, 359, 367, 368, 370, 385, 404! V. A. Delai^joy , docteur en medecine , a Douai , secre^ taire de la 3". section^ a cette session. ( iii, iv. ) P. 1 72 1 75 176,177,178,179,181,182,184,366,384. VI. Bruneau"*', avocat a la Cour royale de Douai, membre dela Societe royale et centraled'agriculture scien- ces et arts du departement du Nord , et de plusieurs So- cietes savantes , a Douai. VII. Lexglet , capitaine du genie , a Douai. ( i , 11, iii, IV , VI. ) P. 43, 45, 53, 57, 74, 86,98, 99, 100, 111, 310 , 314,319,324, 354,452,458. VIII. Vasse de St.-Oueiv, inspecteur de I'Academie de Douai. ( I , II , IV , VI. ) P. 30, 31 , 39, 40, 41 , 42, 43, 45, 49,50, 53,58,59,98,100, 101. IX. QuENSON (aine) , conseiller a la Cour royale do Douai , membre de la Societe royale et centrale d'agricul- ture du departement du Nord et de plnsieurs Societes sa- vantes , a Douai , vice-president de la 4*. section a cette session. (11 , iv, v , vi. ) P.185, 187,191, 195,196, 199, 203, 206, 208 , 209 , 212 , 225, 227, 240, 241, 242, 245, 249, 250, 266, 267, 268, 288, 301, 325, 329, 330, 366. X. QuEiXSON, Augustin ,juge au tribunal civil d'Haze- brouck ( Nord ) , membre de plusieurs Societes savantes. (IV,V,VI. ) XI. Deneuville , Edouard , negociant , membre de la Societe des antiquaires de la Morinie et de plusieurs Societes savantes , a St.-Omer (Pas-de-Galais.) ( iv , v. , vi. ) P. 232, 233, 234, 242, 245. arts et belles lettres de Caen. MM. A. de Caumont et Lair. — So- ciete centrale des nail/rages^ a Paris. M. F. Chatelain. — Societe des Antiquaires de Normandie , a Caen. MM. Lair et de Caumont. — j4caflemie de Vindustrie agricole, manujactnriere et commerciale , a Paris. M. F. Chatelain. — 671 — XII. Tailliar , conseiller a la Cour royale de Douai membre de plusieurs Soci6tes savantes, d Douai, secretaire de la 4". section a lapresente session. ( iv , v , vi. ) P. 185, 188, 189 , 190, 195 , 200, 201 , 209, 212, 214, 221, 225^ 227, 239, 250, 288, 344, 366, 429, 447. XIII. Mabtel F. , avocat , membre de la Societe des anliqiiairesdelaMoriiiie,^St.-Omer (ii,iv, v, vi.)P. 242. XIV. De GuERivE (le baron), maire de la ville de Douai. ( II. ) XV. Gratet-Duplessis , recteur de 1' Academic de Douai , membre de plusieurs societes savantes , a Douai. (V. )P. 12, 250. XVI. Preux, avocat-general A la Cour royale de Douai, membre de plusieurs societ6s savantes. ( vi, ) P. 300, 320, 321, 323,324, 325, 388. XVri. Lambert , premier avocat-general a la Couc royale de Douai. ( vi. ) XVIII. Lamarle aine, ingenieurdes ponts et chaussee?, a Douai , secretaire de la 1". section a cette session du Con- gres. ( I , ii, v, vi. ) P. 29, 32, 39, 41 , 43, 45, 53, 57, 59, 93, 98, 100, 105, 142, 164, 169, 300, 311,334,336, 338, 339, 356, 366. XIX. Maugin fils , docteur en medecine , a Douai , membre de plusieurs societ6s savantes , secretaire dela 2*. section a cette session. ( i, ii , v , vi. ) P, 31 , 32 , 43 , 93, 106, 130,131 ,145,146,168,171,175, 178, 179,366, 368, 424. XK. Parmeivtier ;, Hector, avocat a la Cour royale de Douai , secretaire de la 5^ section a cette session. ( ii , iv , V , VI. ) P. 202, 203, 228, 236, 267, 297, 366, 447. XXI. Mangel, Eugene, sous-prefet a Douai. ( v , vi. ) XXII. Parmentier, Eugene, proprietairo , a Lallaing (Nord). (II, VI. ) P. 339. XXIII. Duquesne-Dapseivs , proprietairo , administra- teur du Musee , a Douai. ( i. ) P. 93, 100. XXIV. DupoNT , directeur de la poste aux lelties , a Douai. ( I , IV , V. ) P. 207, 233, 264. — 672 — XXV. Dancoisne , numismate , membre de plusieurs S0ci6tcs savantes , a Douai. ( iv , v. ) XXVI. St.-Georges Raivsol * ., doctcur-medecin , d Luoon (Vendee.) XXVII. Spencer Smith ■*", ancien ambassadeur et mem- bre des Communes en Angleterro, membre de la Sociefe royale de Londres, des societes des antiquaires de Londres, de France, de Normandie, de la Morinie, del'Ouest, presi- sident de la Societe linneenne de Normandie , a Caen (Calvados.) P. 212,361. XXVIJI. BoTTiN , secretaire de la Societe des antiquai- res de France , membre de plusieurs socieles savantes , a Paris. ( 1 , 11 , IV , VI. ) P. 130 , 133 , 142 , 144, 145, 164, 365. XXIX. EscALLiER, docteur en medecine, a Douai (iii). XXX. Stievenart , notaire a Douai. ( i , v , vi. ) P. 105,325. XXXI. Faucheux, licencie en medecine , ^ Douai, (i,m.)P. 82, 86, 100,176, 178, 179,181,184. XXXII. Dubois, sous-inlendant militaire, a Douai. (ii.) XXXIII. L. DE Giveivchy , proprietaire , secretaire perpetuel de la Societe des antiquaires de la Morinie, mem- bre de plusieurs societes savantes , vice-president de la 4". section a la deuxieme session du Congres tenue en 1834 , se- cretaire- general pour la presenie session , a St.-Omer. (i, ii, III, IV, V , VI. )P. 7 ,10 ,30,42,106, 107, 116,132, 185, 195,198, 206,207,209,222,223,228, 280, 282, 298, 346, 369, 373, 383 , 400 , 414 , 420 , 440, 44(5, 450 , 452, 456, 457. XXXIV. A. DE Caumoivt , correspondant de I'lnstitut , membre de plusieurs societes savantes, a Caen , secretaire- general de la I'", session du Congres , tenue a Caen , presi- dent de la 2% session , tenue a Poitiers , etc. ( i , ii, iii, iv, V, VI,) P. 8,10 12,13,31,32, 34,35,36, 40,41, 108, 169, 185, 224, 228, 229, 235, 236, 2 JO, 243 , 246 , 247 , 248, 249, 251 , 259 , 265, 281 , 283, 287 , 288, 289 , 296 , : '^79 :^R« '.R7 7RR 29^' 313, 359, 361 , 362 , 363 , 366, 372 , 386, 387, 3 88 442, 447, 454. XXXV. CHAStES * , president de la Soci6te d'agricul- ture de Chartes XXXVI. Delmtre, conservateurdes eaux el for^ts , i Douai. XXX VII. E. BouTON , membre des Academies de Cam- l)rai et de Valenciennes. ( vi. ) XXXVIII. PoTiEZ , Valery ^ conservateur du Musee , membre de plusieurs societes savantes , a Douai. ( i , n , IV, V )P. 32,43,82,100. XXXIX. R. DE GivEKGHY , proprietaire , membre de la Societedes antiquaires de la Morinie , a St.-Omer. (iv.) XL. De Taffiiv , proprietaire , membre du conseil mu- uicipal, a Douai. ( II. ) 32, 71 , 73, 1 1 3. XLI. Fougeroux DE Campigiveulles , conseiller a la Cour royale de Douai , membre de plusieurs societes sa-' vantes,aDouai. (iv,v , vi. ) P. 16, 185, 194, 233,263, 268, 278, 279, 280 , 281 , 283, 284, 287, 357, 365, 36S , 372,429, 441, 442,449,452. XLTI, De Wareaghieiv , ancien maire de Douai , d Douai. ( II , IV , V. ) P. 228. XLIII. De Reyniac , colo.ii^l comnaandant la place de Douai. (IV. ) P. 423 424. '.^^V" v ':^ XLIV. Lequiex, docteur en m^decine, a Douai. (ii, iii J P. 148,168,170, 180, 181. XLV. Bagxeris , doctour en medecine , a Douai. XLVI. De Bailliexcouut , notaire, a Douai. XLVll. Taa]\get , docteur en medecine , a Douai. XLVIIl. Lefebvre de Troismarquets , conseiller a la Cour royale de Douai. ( ii. ) P. 119, 121, 131, 133, 142, 164,166,171. XLIX. DussAUSSOY , lieutenant -colonel d'arlillerie , directeur dela fonderie de canons, a Douai. C i, n, in, iv.) P. 50, 53,57,108,103,114, 115,122, 123,133,142, 165,169,170,172,177,310,319,354,421,424, .. ^^^ ■ 43/ L. DuTHiLLOEUL , biblioth6caire , homme de lettres, I Douai. LI. MiNART, juge d'instruction ^ Douai ,- membre de plusieurs soci^t^s savanles. ( ii , iv , v , vi. )P. 249, 250, 313, 319, 325, 332, 359, 368, 370, 387, 388, 429, 446.^ LII. FouLON , ancien notaire , i Douai. LIU. PoDEViN 0. , bachelier-es-lettres , a St.-Omer. ( V , VI. ) LIV. Tesse , docteur en medecine , i Douai, secretaire de la S**. section a la preesnte session, ( iii. ) P. 172 , 176 , 179,180, 183,184,366. LV. BAUDum , avocat , a Douai. ( v , vi. ) P. 319. LVI. Damemme*, membre du Congrds de Caen. P. 32, 54 J LVII. Debaillon, conseiller a la Gour royale de Douai, a Douai. LVIII. Marion , marechal ~ de - camp , commandant I'dcole d'artillerie , a Douai. P. 369, 401, 424. LIX. Monnier , proprietaire , a Douai. ( n. ) p. 'iss. LX. De Cantin , avocat ,a Cantin. (Nord.) LXl. Leboucq de Ternas , proprietaire , a Douai. LXII. Rousseau , homme de lettres, a St.-George-des- sept-Voies (Maine et Loire.) ( iv , v , vi. ) p. 229, 238. LXIIl. Delage , litterateur et professeur au College royal a Douai , secretaire de la 5^. section , a cette session du Congres. ( ii , iv , v. ) P. 228, 297, 366. LXIV. HuivAULT DE LA Peltrie , docteur-medocin , a Angers , vice-president , secretaire , puis president de la 3®. section ^ a la V". ^ 2^. el 3^ session du Congres ( i , ii , iii ^ iv,vi. )P-1'-^, 30,40,41,48, 49,50, 51,53,100,108, 109,114, 123, 130,132,152,168, 169,172,173, 174 , 175,176,177,178,179,180,181 , 182,183,184,302, 319, 322, 323, 324, 325, 36S, 367 , 367, 363, 371 , 430 , 447. LXV. Rx\ouL DE Barage * , arcbeologue ,a Angers. LXVI. Cauvin (M™^ ) naturaliste au Mans , membre des deux sessions prec^dentes du Congres , (i , iv. ) P. 30, 39,55,57,86,105. ^678 —' LXII. CraMette, docteurenmcdecino, a Douai. ( in ) p. 176, 177 ,179,181 ,182,184. LXIII. A. ScHiRREFF, deLoadres, bachelier-^s-leltres, ADouai. (It, IV , V. ) LXIX. Lair P -A* \ cohseiller de prefecture da Calva- dos , secretaire perpeluel de la Societe d' Agriculture et de commerce de Caen , membre de plusieurs societes savan- tes , a Caen , president de la 2". section , aux trois sessions du Congres. (i, ii,iy,v.)12 , 32, 53 ,106, 109, 113 , 130,134, 149,163 ,168, 170,171, 249, 250,259,260 , 261, 262, 325, 364, 368, 401, 403, 418. LXX. Lebrux , Isidore , membre de plusieurs societes savantes francaises et etrangferes , a Paris , president de la S^. section a la seconde session du Congres (ii , iii , iv , v , VI.) P. 44, 108, 115, 122, 144, 165, 166, 169, 178, 185, 190, 194, 215, 232, 233 , 237, 238 , 242 , 245, 247, 248, <250, 267, 278, 313, 324, 325, 3^9, 330, 365, 371, 372, 373, 417, 425, 426, 428, 429, 442. . LXXr. JuLLiEiv , M. A. , fondateur de la JRevue Ency*- olopidique , membre de plusieurs societes savantes a Paris, 2*. vice-president des deux premieres sessions du Congres , president de la 6^ section a cette session (ii , iv , v , vi.) P. 142, 151, 163, 22y, 250, 264, 279, 283, 298, 302, 310, 313, 314, 320, 325, 334, 340, 350, 351, 358, 362, 367, 387,388, 411,413,429,441. LXXII. Gaillard , E. , secretaire perpetuel de I'Aca- demie royale de Rouen , et mombre de plusieurs societes savantes , a Rouen, 2^. vice-president de la presente session du Congres {1,11, IV , v, vi.] P. 12,107,109,110, 112, 113, 123, 124, 125, 130, 131, 132, 134, 139, 140, .141, ,142, 143, 144, 146, 147, 148, 151, 187, 188, 190, 195, 196, 201, 203, 206, 209, 212, 215,228, 229, 233, '234, 241 , 245, 246, 247, 248, 262, 264, 265, 267, 279, 280, 283, 285, 286, 288, 301, 329, 330, 331,344, 345, 359, 367, 368, 369, 372, 373, 375, 376, 383, 386, 388, 400, 414, 420, 428, 431,440, 441, 446, 450, 457. LXXIH. Lamarle , Ernest , ingenieur des ponfs et cliaussees , u Arras , secretaire de la 2^ section a la presente --676 — session (n, v, vi)115, 171, 300, 310, 311,319,355, 356,366,368, 375, 417,447. LXXIV. Leroy de Bethune , avocat , i Douai, (vi.) LXXV. Piton-Desprez (I'abbe) , profes^eur et archeo- logue , a Coutances (Manche). (i , ii , iii , iv , v , vi.) P. 32, 39,45,210,372. LXXVI. MoREAU , bibliolhecaire , S Saintes , conser- Yateur des monuraens historiques de la Gharente-Inferieure membre de plusieurs societes savantes , mce-president d9 la 1'*. section a la prmnte session, (i , ii , iv.) P. 12, 30, 31, 32, 36, 41, 43, 48, 53, 56, 71, 74, 77, 82, 86, 105. 366. LXXVII. CORNILLE , president du Tribunal civil , sk Arras , membre du conseil-general du Pas-de-Calais, et de plusieurs societes savantes. (ii, v, \i,) P. 123, 299, 300, 319, 332, 350, 372, 388, 429, 447. LXXVIII. Dehay , Timothee , secretaire-perpetuel de la Societe frangaise de Statistique universelle, a Paris, (ii , \ , VI.) P. 171, 250, 264, 300, 310, 319, 321, 330, 331, 332, 334, 340, 351, 352, 354, 358, 359, 368, 403, 404, 446, 447. LXXIX. BoitMART-DEQUERSONNiERE , pFoprletairo ^ Paris. LXXX. GuiLtET , Inspecteur de rinstruclion primaire du Pas-de-€alais (iv , v.) LXXXI. RnriERE , professeur de g^ologie, A Paris , secretaire de la 1 '^ section a la presente session, ( i. ) P. 29, 30,31,33,34, 3G, 37,39,40, 41, 43,45, 50,51,53,55, 59, 82, 90, 93, 98, 100, 101, 105, 365, 366, 384, 431, 440. LXXXIF. CttEVERAUX , avocat , membre de plusieurf societes savantes , a Evreitx. (i , ii , iv.) P. 30, 53, 82, 93, 134,288. LXXXIll. JoBARD , vice-president cle 1' Academic de rindustrie frangaise , membre de plusieurs autres societes savantes , a Bruxellei (Belgique). (i , ii , iii , iv , v , vi.) — 677 — P. 39, 43, 54, 58, 59, 60, 74, 99, 100. 135, 45, 176, 177, 181, 183, 222, 250, 267, 269, 301, 330, 331, 362. LXXXIV. Chatelaiiv , F. , homme de lettres, memhre de plusieurs societes savantes , i Paris , secretaire de la 5^ section a la session de Poitiers^ (i , ii , iv , v , vi.) P. 229, 230, 231 , 235, 359, 360, 362, 370, 372. LXXXV. Daman , avocat 4 St.-Omer , membre de la Societe des Antiquaires de la Morinie , secretaire de la 6*. section a cette session du Congrks, (iv, v , vi ) P. 249, 250, 298,358,367,372,386. LXXXVI. De la Foivte^elle de Vaudore , conseiller a la Cour royale de Poitiers, membre dii conseil-general des Deux-S^vres , et de plusieurs societes savantes, a Poitiers, president de la 4*. section a la premiere session du Congres ienue a Caen en 1833 , secretaire^g^eneral de fa 2". session , et president de la 3«. (i , ii , iv , v , vi.) P. 12, 106, 147, '151,152,186,193,199, 207, 216,217, 222, 224, 225, ^26, 282, 298, 359, 360, 369, 373, 383, 400, 413, 414, 420,426,439,440,454,457. LXXiVIL DouRNAY , directeur des mines de Lobsann (Haat-Rhin). (i , ii , iv , v.) P. 29^, 30, 31 , 3(3 , 43 , 53, "77, 93, 94, 98, 101 , 1 05, 130, 366. LXXXVIII. De Coppens (le baron) , avocat a Arem* bouls-Cappel (Nord). (ii, vi.) P. 166. LXXXIX. MouROiv , litterateur a Sax-sous-Faux. (v.) XC. PAiLLET,pro!e3seurd3mathematiques a Douai. (t). XGI. Giles , professeur de grec , a Doiiai. (iv.) XCII. Arnoult , capitaine d'artiUerie , a Douai. ( i , V,. Ti. ) P. 52, 5-5, 54, 57, 105,319,354,424. XCIII. DixAux , A. , membre de la Societe des Anti- 'quair6s de France et de plusieurs societes savantes , i Valenciennes , secretaire de la 4*. section a la presente scii- iion du Congres. (iv, v.) P. 185, 222, 223^226, 229, 236, '237,311,366, 383. XCIV. Servatius , colonel de gendarmerie a Arras ,. membre de plusieurs societes savantes (i , u , vi.j P. 1:09; — G78 — ^114, 116, 120, 121 , 122, 123, 130, 132 , 299 , 302, 303 , 304,308,314,315,318, 319, 320,354,355,356,370, 371,388. XCV. Crespelle-Dglltsse, fabricanl de siicre a Arras. ( II , V , VI. ) P. 106, 115, 146, 150, 152 , 168 , 170 , 366 , 425. XCVr. De Chauvecvet (le baron) , capitaine dii g6nie , a x\rras , president de la 1". section , a la presente session, (i,ii,iv, V, vi.)P. 29,30,31, 32,57,77,82, 86,91, 93, 100, 105, 333, 339, 340, 366, 368, 369, 424. XCVII, G3LL\ , negociant et liomme de leltres, a Arras. (ll, IV, VI.) XCVIII. De WAREivGinE\ , conseiller a la Cour royalo aDouai. (n , iv, v, iv. ) P. 163,168, 199. XGIX. MAiLtOT , medecin do I'liopital , a Pouai. (m.) P. 174,176,177,181,184. C. Hexot , professeur de chirurgie a Lille , secretaire de la 3^. section a la presente session. ( m. ) P. 172 , 184 ^ 366. CL Becquet de Megille , ancien president de la Societe d'Agriculture , sciences et arts de Douai , a Douai. ( iv.) ClI. De Cossette , Ed. , membre de plusieurs societ6s savantes , a Monireuil ( m , iv , v , vi. ) p. 121 , 124, 129. cm. Le Ver (le marquis), membre de plusieurs soci^- tes savantes , du conseil de la Societe de I'histoire de France, inspecteur divisionnaire des monuraens historiques, au chateau de Roquefort , pr6s Ivetot (Seine-Inferieure • (IV, V, VI.) P. 225. CIV. DupoNT, Alfred , avocat , a Douai. (h , vi. ) p. 121,122,123,319,372,375,447. CV. Wallet , E. , professeur de dessin , a Douai ,' membre de plusieurs socieles savantes. ( iv, ) CVL CiiEMET, membre de rUnivcrsite , a DouaL (v. ) CVIL Carlier , inspecteur des ecoles , a Douai. ( iv. ) CVllI. CoRNE , president du Tribunal de premiere ins- sance , a Douai ^ vice-president de la 6^ section a cette ses^ — ero- sion du Congrh. ( v , vi. ) P. 228,'229, 237, 238, 243, 244, 245 , 24G , 247, 249, 298, 300, 31 1, 312, 322, 323, 324, 325, 332, 345, 346, 350, 351, 352, 358, 359, 367, 372 v 377,380,382,417, CIX. Legrand, Pierre, avocat, secretaire de la Soci6te d' Agriculture, sciences et arts, membre de plusieurs autres societ^s savantes , ^ LiHe. ( v , vi. ) P. 143, 144, 301, 319, 346, 364. ex. Lemoine , avou6^ , a Lille. ( v , vi. ) CXI. BoRGARELLi d'Ison (Ic comte *), colonel d'infan- terie, en retraite, membre de plusieurs societes savantes, a Caen. P. 106, 107, 134, 139, 299, 300, 310, 311. CXII. Le Glay, archiviste-general du departement du Nord, membre de plusieurs societes savantes , a Lille, premier vice-president de cetie session du Congrh gen&ral , de France. ( iii, iv, r , vi.) P. 12 , 167, 168, 186, 195v 216, 222, 237, 238, 239, 280, 281, 282, 283. 286, 359, 362, 367, 369, 373 , 391^ 420, 428 , 440, 441, 451, 456> 457. ^ f'^i>_ CXIIL De Bantei, sous-prefet, 5 Cambrai (Nord). (V.) CXIV. TiRLET , lieutenant-general , inspecteur-g<^neral d:'artillerie , a Paris. CXV. De MoNTOZOi\ (le comte), membre de la cliambre^ des Deputes , a Douai. ( ti. ) CXL Mechin (le baron) , conseill^r d'Etat , pr6fet du departement du Nord. (v.) P. 12, 360 , 456. CXVIL De Tourivemine , colonel d'artilleriie , d Douai. r (T^vi. )P. 93. CXVIIL Lallier , A. , avocat, ^ Cambrai. (v.) CXIX. De Rosny, Julien, numismate a Lille, membre de plusieurs societes savantes ( i , iv. ) P. 31, 32, 55. CXX. LEiVZ,'professeur a I'Athenee de Gand (Belgique y membre de plusieurs soci6tes savantes , a Gand. ( iv , v , VI. ) P. 165 , 199 , 204 , 214 , 224 , 225 , 232 , 242, 282 , 287,288,313,344,354,391. CXXI DucAS, agent de change, membre de plusieurs societes savantes , a Lille, (iv.) P, 222. CXXII. James Yates , seer, t lirc da rassociation bri^ lannique , tenue a Cambridge , en 1 833 , membre de plu- $ieurs socict6s savantes , a l^ondres (Anglelerre) , vice-pre^ iident de la 5*. section a la liresente session. Ci , iv , v. ) P. 34 , 36 , 37 , 38 , 228 , 243 , 297 , 365 , Z6& , 4^,5. CXXIII. De Ramneville , membre du cornice agricole de i'arrondisseraent d' Amiens , et de plusieurs societes savantes , a Allonville ( Sorame. ) ( ii , vi. ) P, 109, 110 , 111, 114,115,118, 129,130, 131, 132,142, 143, 144,145, 146, 148,149, 164,170,311,313,338, 364, 368. CXXIV. DERODE,chef d'institution,tiEsquermes(Nord.) CXXV. BiGANT , conseiiler d la Cour royale de Douai , membre de plusieurs societes savantes, a Douai. (iv , vi.) CXXVI. Degeorge , Frederic , homme de letlres , a Arras. (II, v.) P. 151 ,234 , 344. CXXVII. Lemaistre-d'Anstaiivg , proprietaire. CXXVIII. Lambrecht , proprietaire, avocat , i Douai. (IV, V.) CXXIX. D'Heursel fils , proprietaire , a Douai. CXXX. Reiffenberg (le baron de) , recteur de TUni- versite de Louvain (Belgique) , et do plusieurs soci6teai savantes , -president de la 4^. section a lapresente session du Congres. (iv , v. ) P. 185 , 187 , 192 , 195 , 198 , 199 , 201 , 205 , 209 , 210 , 212 , 218 , 224 , 225 , 226 , 227 , 231 , 236 , 237 , 364 , 366 , 382 , 391 , 415 , 416, 455. CXXXl. Saussaye (Louis de la) , membre de plusieurs societe's savantes , francaises et etrangeres , inspecteur divisionnaire des monuraens historiques , bibliothecairo honoraire , a Blois (Loir-et-Glier) , secretaire de la 4*. sec- tion a la 1'". et a la 2*=. session du Congres , sccretaire-geni- ral designe pour la 4*. session qui se tiendra a Blois , en 1836. (IV. ) P. 192, 193, 201 , 202, 209, 216, 218, 222, 225,249, 364, 415, 452, 457. CXXXH. Yates rM™^; , de Londres. (Angleterre.) CXXXni. De Hauteclocque (le baron) , proprietaire, antiquaire, a Arras. (ii.;P. 114, 121, 122, 3ll, 375,429, — 6S1 — GXXXIV. Leroux-Duchatelet, membre de plusieurs 8ociet6s savantes , a Roeux ( Pas-de-Calais ). CXXXV. Macquart, naturaliste, membre de plusieur* societ^s savantes , a I.estrem ( Pas-de-Calais. ) ( i. ) P. 32 , 43 , 45 , 55 , 57 , 82 , 431 , 439. CXXXVI. Maniez, conseilier-auditeur a la Cour royale de Douai. ( iv , v , vi. ) P. 234, 245, 248, 250, 261 , 267^ 268, 313, 319 , 329, 330, 331, 334, 338, 340, 344, 345, 371,372,376, 427,450,452. CXXXVII. Brun-Lavainne , directeur de la Revue dn Nord , archiviste de la ville, a Lille, membre de plusieurs societes savantes. (iv , v. ) P. 233, 234, 251, 257, 364, 372,390,400. CXXXVIII. Duval * , membre de la Soci6te royale de Medecine , A Paris, et de plusieurs societes savantes ,jpre% sidmt de la 3*. section a la session de Caen , en 1833. i CXXXIX. De Tourville , avocat aux conseils du Roi, a Palis. (II, v.)P. 143,144. CXI. Grar (Numa) , membre de la Societd d*agricul- ture , des sciences et arts de Valenciennes. ( ii , vi. ) R 1 06, 121, 130, 133, 143, 313, 332, 361, 364. CXLI. Grar (Edouard) , avocat , membre de la Societo d'agriculture , des sciences et des arts de Valenciennes. (II , V , Ti. ) P. 122, 131. 251, 332, 352, 372. CXLII. Daudejos, docteur en medecine, a Douai. (in.) P.176,177, 179,181 ,183. CXLIII. Gachet, principal du College de Lille, (v , vi.) P. 239,314,322, 323,372. i CXLIV. Galeron * , procureur du roi ^ a Falaise (Cal- vados) , membre de plusieurs societes savantes^ inspecleur des monumens historiques. P. 361 , 363. CXLV. De Maingoval , capitaine d'artillerie, a Douai, CXLVI. Beaufort , architecte , membre de la Societe des antiquaires de la Morinie , a St.-Omer. CXLVIL De Plazaivet , colonel du genie , a Douai. ' CXLIL BouTHORS , greffior en chef de la Cour royali — 682 — d'Amietis, rnembre de plusieui s soci6t6s savantes a Amiens. (IV, V, VI.) P. 203,210,211 ,418, 5G3. CXLIX. BoiSTEL , avocat , a Arras. ( i , iv , v , vi. ) P. 59 , 82. CL. Hawke * , rnembre do la Soci6te des sciences el arts d' Angers , professeur de langue anglaise , memhre de la seconde session du Congres , 'd Angers. CLI. De!\isart-1)ebray * , proprietaire , a Lille. CLII. DucHATEAU, docteur en medecine , a Arras, (iii.) P. 176. CLIII. Signer (le comte de) , proprietaire , a Laon. CLIV. De Moat d'Hiver , litterateur , membre de plu- sirurs societes savantes, maire a Hersin-Couf igny ( Pas-de- Calais. ) (VI.) 299, 301 . CLV. BoiDiiv , maire de Bethune , membre du conseil general du Pas-de-Calais , k Bethune. ( vi. ) CLVI. Avignon , professeur de mathematiques y aiicol- lege royal de Douai , a Douai. CLVII. Mauduyt*, conservateurdu Museed'histwre jiaturellede Poitiers , membre de la seconde session du Con^ gres , ^ Poitiers. CLVIII. Tratzewitz (le comte de) ^polonais , homme de leltres , a Bruxelles. (iv.) P. 226. CLIX. Dieulot , artiste , a Douai.. GLX. Hermand ( Alexandre ) , proprietaire , membre des societes des antiquaires de la Morinie et d'agriculture de St.-Omer , et de plusieurs autres societes savantes , a St.-Omer. (ii , iv.) P. 218, 219, 221 , 223, 224. CLXI. De Behaghel (Louis) , maire de Bailleul, mem- bre du conseil general du departeraent du Nord. (ii.) CLXIL De Codefroy (Charles) , proprietaire , a Lille , ancien sous-prefet, membre de plusieurs societes savantes, et de la seconde session du Congres tenue a Poitiers, en 1834. CLXIll. Faie , editeur dc divers ouvrages periodiques., a Paris. i]LXIV. Leleu , redactcur en chef de VEcho du Nord , a Lille. i-GSS — CLXV. Hauterive , docteur en m^decine , membrede la Sociele royale de medecine , a Lille. CLXVI. Mermet , membre de la Societe de g^ologie , Sl Paris. CLXVII. MoivNEGOVE (Ed. de), membre de la cbambre des Deputes , de la Sociele des antiquaires de la Morinie , aSt.-Omer. CLXVIII. De Cardin "^ , avocat , membre de la Societ6 des antiquaires de I'Ouest et de plusieurs autres soci^tes savantes , a Poitiers. P. 414. CLXIX. Galle, membre de I'institut ( classe des beaux arts ) a Paris. (v.).P. 265, 424, 456. CLXX. Barault de Chaumont * , juge au tribunal de premiere instance de Poitiers , membre de plusieurs so- ciet6s savantes , secretaire de la deuxVeme section a la deu" «ime session du Congres , a Poitiers, P. 365. Lists DES PERSONNES QUI ONT ADHl^Rfi , MAIS QUI N*ONT PU SK RENDRE A LA 3®. SESSION DU CONGfifeS. MM. i. D'AccARY DE LA RiviERE , proprietairc a Montehuis ^ prcs Montreuil [ Pas-dc-Calais ). P. 540 , 450. 2. Amoros , colonel-inspecteur des gymnases militaires , « Paris. P. 298 , 500 , 561 , 406, 3. Andre , procureur du Roi , a Bressuire. 4. AuBER , directeur de I'ecole Clericale de Poitiers , membre de plusieurs societes savantes , a Poitiers. P. 565. 5. Barante (le baron de) , ambassadeur de France en Rus^ie , auteur de XHistoire des dues de Bourgogne. P. 564. 6. Barrier , docteur en medecine , a Amiens. 7. Bard , Charles- Joseph (de la Cote-d'Or), inspecteur des Boonumens historiques des departemens du Rhone, de risere,etc. 8. Baddrimont , proprietairc , a Valenciennes , P. 361. 9. BfeNARD , intendant-militaire , a Lille. 10. Berthand , professeur de musique , a Arras. P. 157. 11. Berzelius , savant suedois. 12. BicHOT, capitaine du genie , a Arras. P. 57 , 87. 15. Bordeaux, membre de plusieurs societes savantes, h fivreux. P. 365. 14. Bordillon , membre de la Societe industrielle du depaf- tement de Maine-et-Loire , a Angers. 15. Neree Boubee, Tun des directeursde Vichodu Monde Savant , a Paris. 16. Boucher de Perthes , directeur des douanes , membre de plusieurs societes savantes, president de la Societe d'fimulation d' Abbeville. P. 299 , 501 , 346 , 548 , 549 , 561 17. Bouriaud, negociant , tr^sorier de la deuxieme session du Congres , a Poitiers. P. 562. 18. BBEBissoN(de) , membre de plusieurs societes savantes , francaises et etrangeres , inspecteur de I'Association Normande , a Falaise. 19. BaiGUET , A. , inspecteur des monumens historiques des Deux-Sevres , a Niort. 20. Caffin de Sapisny , homme de lettres. P. 212, 575. — 685 — 21 . Cartier , Ed. , ex-caissier de la monnaie de Paris, membrtf de plusieurs sociel^s savanles , k Amboise. P. 361. 22. Cabron du YiLLARDS,docteurenmedecine,aParis. P. 36f. 23. Chanoine d'Avrilly , president de la section d'agricul- lure de FAeademie fibroicienne. P. 82. 24. Chimay (le prince Joseph de) , fondateur des Pry tanee de Menars. P. 365. 25. De la Chouquais, president de la Cour Royale de Caen', membre de plusieurs societes savantes. 26. Delarue , secretaire-perpetuel de la Societe libre d' Agri- culture, sciences, arts et belles lettres du departement de I'Eure, a fivreux. 27. Descoloiubiez , president de la Societe d'Agriculture du departement de 1' Allier , au nom de cette societe , a Moulins. 28. Descordes, premier president a la Cour Royale de Poitiers. 29. DESLONGCHAittPS , E. ^ Secretaire a la Societe Linneeniie de Normandie. P. 33 , 90. 30. Desvaux , naturaliste , men>bre de plusieurs societes sa- vanles k Angers , presideat de la ire. section , a la 2«. session d« Congres. P. 36i , 384. 31. Doublet de Boisthiraut , noembre de la Societe royale des antiquaires de France , et de plusieurs societes savantes , k Chartres. 32. Dru ,. £lie, proprietaire, nvineralogiste k Parthenay, mem- bre de la 2®. session. 33. Dupuis-Vaillant, naembre de plusieurs societes savantes^ i Poitiers. 34. De DuitAzzo. , Charles , bibliothecaire de la ville de Manteaf (Seine et Oise.) 35. Dusevel , Hyacinte » membre du comite historique pre* |e ministere de I'instruction publique , et de plusieurs societe* savantes ,^ a Amiens. P. lo , 564. 36. Duval ,. menrjbre de I' Academic royale de Medecine ^ a Paris. P. 362. 37. Eudes , premier president a la Cour Royale de Rouen , ait nom de cette compagnie. 38. fivAiN , colonel d^arlillerie , a Douai. P. 423 , 424. 59. FfeREY, marechal de camp d'artillerie en retraite, president de la Societe des Antiquaires de la Morinie , au nom de cette societe , a St. -Omer. 40. Ferivel , membre de plusieurs societes savantes . a Neuf- cMtel (Seine-Inferieure) . P. 224. " ' ' ' "^ ' ^C86 — 41. Fleuruu DE Bellevue , ancien depute , correspondant de I'lustitut. P. 51 ,52, 53. 42. FoRTiA d'Urban (le marquis), mcmbre de I'lnstitut royal de France , auteur de plusieurs ouvrages, a Paris. 43. FoucART, professeur de droit administratifala facultedc Poitiers , membre de plusieurs societes savantes , a Poitiers, p. 360. 44. Freslon , A. , avocat , merabre de plusieurs societes sa- vantes , a j\pgcrs. 45. Gachard , archiviste-general de la Belgique , a Bruxelles (Belgique.) P. 363. 46. DelaGantrie, membre de plusieurs societes savantes , a Pqitiers. 47. Germeau , ancien Sous-Prefet, a Douai. 48. GERviNuSjSavant,aVienne (Autriche.) 49. GoDARD , Victor , membre de plusieurs societes savantes , ^Poitiers. P. 289. 50. GoDART , artiste veterinaire , a Mons (Belgique). P. 107, 409 ,115, 116, 118, 120. 51. GiRARDiN, J., professeur de chimie industrielle a I'ecole communale de Bouen. P. 30 , 361 . 52. Grieme , savant , a Vienne (Autriche.) 53. Grille de Beuzelin , antiquaire et dessinateur , a Paris. 54. Grouard (le baron de) , proprietaire , a Douai. 55. GuERANGER (Ic pcrc) , pricur desBenedictins de Solesmes, pres Sable (Sarthe.) 56. GuYONNEAu DE Pampour , autcur d'uu traite theorique et pratique des machines locomotives. P. 363. 57. Hedodin , P. , avocat , membre de plusieurs societes savantes , a Boulognc-sur-Mcr. 58. Herpin , auteur d'unc brochure sur Tenseignement mu- tuel , ies ecoles primaires de campagne , etc. P. 363. 59. Hervieu (I'abbe), officier de FUniversite, a Falaise. P. 99,361. 60. HouDiART , professeur de mathematiques au 3^. regiment da genie , a Arras. P. 87. 61. Humboldt (le baron de) , ministre d'fitat de Prussc , a Berlin (Prusse). 62. Jacquerye , professeur de mathematiques , membre de plusieurs societes savantes, a Armcnti^res (Nord.) P. 320, 321, — 687—' 63. LadoccetTe (le baron de) , vice-president de la Soci^te royale des Antiquaires de France , a Paris. • 64. De Lamartine , Alphonse , de 1' Academic Francaise , membre de la Charabre des Deputes , a Paris, 65. Lecocq , C. , membre de la Chambre des representants de Belgique , a Tournai. 66. Lecointre Dupont, membre deplusieurssoci^tessavantes, francaises et etrangeres , a Alencon. 67 Le Flaguais, Alph., homme de lettres, a Gaen. P. 228, 362. 68 Lelewel, Joachin,auteur d'un ouvrage intitule : la Numis- matique auMoyen-dge, refugie polonais, a Bruxelles (Belgique). P. 186 , 226 , 365. 69. Lepomellec, F. , maire de St.-Bricuc , president de la Society d'agriculture de la merae yille. 70. De Magneville , membre de plusieurs societes savantes , a Caen. 71. Malle , professeur agrege a la Faculte de Medccine de Strasbourg, secretaire-perpetuel de la Societe des sciences, agriculture et arts du Bas-Rhin. 72. MARQUET-VASSELOT,membre de plusieurs societes savantes, directeur de la maison centrale de detention de Loos (Nord.) P. 298,300,340,546. 73. Massardiere (Eugene de la) , litterateur et proprietaire- cultivateur , a Chatellerault (Vienne.) 74. Mathieu , directeur des mines de Douchy (Nord.) P. 31 , 51 ,94, 95,96 ,97 , 98. 75. Mauricheau-Beaupre , president de la Societe d'Agricul- ture , du commerce et des arts de Calais, au nom de cette societe, 76. De Moleon, directeur du Musee industriel, a Paris. P. 364. 77. Mouron-d'Etaulle , president de la Societe Philotech- nique de Calais , au nom de cette societe. 78. O'Sullivan , professeur de langue anglaise au College 3t. -Louis , a Paris. >. 79. Palissard , auteur d'une brochure intitulee : I'umbeau mecanique. P. 364. 80. Pesche jeune , membre de plusieurs societes savantes , chef de division a la Prefecture de la Sarte, au Mans. P. 57 , 86 , 330, 352 , 353 , 354 , 355 , 356 , 450. 81. Piers, Hector, bibliothecairc , membre de plusieurs societes savantes , a St.-Omer. P. 10 , 561. 82. Pley , Augustin, president de la Sociele d'Agriculture de 3t.-0mcr , au nom de cetle societe , a St.-Omer. — 688 — !I3. Pol AiN,L,, president de rAssociation nalionale el con*, servateur des archives de la province de Liege (Belgique.) 84. PoLLET , architecte , a Lyon. P. 365. 85. Predy, president de la Societe royale de I'Ain , au nom de cette societe , a Bourg. 86. De la Pylaie , naturaliste et antiqiiaire , membre de plu* sieurs societes savantes , a Fougeres (Ille-et-Vilaine.) P. 384. 87. Rever , merabre de plusieurs societes savantes. P. 362. 88. Key , membre de la Societe des antiquaires de France , et tie plusieurs societes savantes , a Paris. P. 186. 89. Roy, docteur-medecin, a Melle (Deux-Sevres.) P. 151, 53^ 90. De St.-Germain, membre de plusieurs societes savantes , SiCaen. P. 229. 91. De Salvandy , depute, conseiller-d'fitat , membre da rinstitut et de plusieurs societes savantes , francaises et etran- geres, a Paris. 92. Sellon (le comte de) , fondateur de la Societe de la Paix , de Geneve (Suisse.) P. 357. 93. Serrure , professeura I'Universite de Gand. 94. Spencer, R.-J. , homme de lettres , a Englos , pres Lille (Nord.) 95. Stassart ( le baron de ) , president de 1' Academic Royale des sciences de Bruxelles. 96. Tessier, auteur d'une brochure intitulee \ Memoir e sur les Fromens. P. 364. 97. Thomas , ancien commissaire de marine , membre de plu- sieurs societes savantes , a Rouen. P. 298 , 301 , 325 , 326 , 328 , 529 ,419. 98. TissoT , P.-F. , de I'Academie Francaise, auteur de VHtS' toire complete de la Revolution. P. 363. 99. Trinqcelague , premier president de la Cour Royale de Montpellier , au nom de cette compagnie. 100. Verger, F. , proprietaire-cultivateur , membre de plu- sieurs societes savantes , a Nantes. 101. De Villarcq, sous-directeur d'artillerie , membre de plusieurs societes savantes , a Valenciennes. 102. ViRTH , savant , a Bonn (duche du Bas-Rhin.) 103. Walras , Auguste , auteur d'un ouvrage intitule : De la naliire , de la richesse et de I'origine de la valeur , a fivreux. P. 362. TABLE RAiSOi\I\IEE iDH© miiwaiaiaiss OUVERTURE i>E LA 3^ SESSION DU COIVGRES. . -.-,,.j,,.,1.,....r Biscours du secretaire general, Pag; 7. — Arr^te pris a Poitiers pour la tenue de la 3®. session , lO. — Formation du bureau 4, provisoirCi — Id. du bureau d^finitif. — Allocution du presi- O) dent , 12. — Nomination de M. Guizot , comme president hono- i raire , 13.— Discussion sur le reglenient provisoire , ib. — Di- -' vision en sections, — Ordre du travail ,17. — Programme des questions envoyees a la session , 18. aiBii7iil92L ©IBS SI£(Blf2(Dlia ..WEMifeRE SECTION. — SCIENCES MATH£MATIQUES , PHYSIQUES ET NATURELLES. ■ nn'b I! • . Seance DU 7 septeMbre , 29. — Organisation du bureau de la section , ib. — Communications diverses : lettres ; echantillons de roches , mineraux , fossiles , collection de plantes , 30. Seance du 8 sept. , Si. — Division du travail, i&.— Discussion sur , la determination des niveaux geologiques ,52. — Voeu ,54. — — Presentation d'un ouvrage^ur les terrains d'alluvion. — D'une "^ carle giologique de la Mandhe , ib. — Du catalogue de la Flore Vendeenne , etc. y 56. Seance du 9 sept. . 36.— Rapport sur les terrains d'alluvion , ib. — Presentation d'un memoire , intitule: Le Logophore , 39. Rapport snv les echantillons de geologie > ib. — Discussion sur la question des silex pyromdques. ~ Opinion de la section , 40. — Discussion sur la question du gisemeni des eaux souter- 41. — G90 — rcftne* , i6.— Proposition , 41.— Communications de quelques fails analogues au sujet , 42. Seance du 10 sept. , 43. — Communication d'unprocede de soU" dage ,ib. — Commission pour examiner un ouvrage sur I'elec- tricile almospherique , 44. — Proposition pour un echange res- pectifde travaux entre les Societes savantes , 2*6.— Discussion et rejet , 45. — Presentation d'une question sur \diformalion ei le mouvement des Globes , ib, — Rapport sur la question de ' Yabaissement des eaux iouterraines , ib. SJeance du 11 SEPT. , 48. — Continuation de la discussion sur I'ap- pauvrissement des sources. — Lectures et observations diverses, 49.— Solution et voeu , 53.— 10®. question ajournee. — Rapport sur un memoire traitant de Vacier et sur un autre intitule : De la Coutellerie. — Communications diverses, 54.— Notice sur /es animaux invcrlebre$.--Y(E[i, 55. — Rapport sur VHerbier oiXert au Congres, ib. — Nomination de membres pour rendre compte de la visitc a la Fonderie et au Museum de Douai , ib. Seance du 12 sept. , 56. — Modifications au proces-verbal , etde- cisions diverses , ib. Seance du 13 sept., 57. — Presentation d'une resolution de la (ri- section de V angle par une courbe constante du 4®. degre.—Com^ mission pour Texaminer , ib, — Proposition sur les meilleurs moyens de sauvetage pour les mineurs , ib.—Lelire indiquant quelques erreurs echappees a la precedente session, «i6.— Rap. port sur la visitc a la Fonderie, ib. — Rapport sur le Logophore. —Discussion , 58. — Impression de ce memoire ,59. — Rap- port sur la promenade aux jardins et serres de la Societe de Douai et de M. Taffin , 71. — Presentation d'un memoire sur la Cosmogonie , 74.— Decisions diverses, 77. — Proposition developpee sur les monographiques d'histoire naturelle , ib, — Voeu , 82. Skance du 14 sept. , 82. — Rapport sur les moyens de detruire le myzoxile. — Voeu , ib. — Notice sur Vhybridation des planfes , ib. — Opinion de la section , 86. — Erreurs rectifiees , ib. — Rapport sur la resolution de la triseclion de I'angle , ib. — Opi- nion de la section sur la 5®. question relative a I'influencedes vents sur la vegetation , 90. — Communication d'une lettre sur I'irjfluence de I'homme sur la distribution des animaux , ib. — Considerations diverses , 91. — Ajournement de la proposition sur les moyens de sauvetage des mineurs ,95.— Communica- tions diverses.— Rapport sur le Musee de Douai, ib. StANCE du 15 SEPT. , 94. — Rapport sur la formation des terrains _^9l — .ihouiliers (5«i cfncstlon) , iY>.— Discussion et resolution ,"9«.r- ...Rapport suf Touvrage ay.mt pour tilre : Eleclricile almosph^- rique , 99. ~ Communication d'une note conccrnant VEndos- jSijLose , ib. — Discussion sur la question des appareils de sauvc" Iriiage pour k^ mifieurs , 100,— Proposition , lOl. — Presentation 'd'wne carle geognosliqne de la Vendee , ib. — Communication d'un ffiuf de poule curieux , 105.— Cloture de la s<^ction.— Re- mcrcimens adress^s aux.membres du bureau , ^6.— Opinion de la section sur un cas particulier d'hermaphrodisme , ib. DEUXiEME SECTION. —AGRICULTURE , INDUSTRIE ET COMMERCE. Seance du 7 sept. , 105. — Organisation du bureau. — Hommages et communications diverses: 1^ sur la detresse de I'agricuUure; '^''^o sur V amelioration el la conservation de la race chevaline, ibl ^''^'^Distribution du travail. — Commission pour examiner les ***i[noyens d'etablir une statistique agricole du Nord de la France, 107. — Lecture d'une petition a la Chambre , pour I'etablisse- ment d'une ecole speciale d'agricuUure a Paris , ib» — Discus- sion et adoption d'un vocu sur ce sujet , 1 08. SiTANCE DU 8 SEPT. , 109.— Presentation d'un travail snr plusieurk ^■'questions du programme , et d'une note sur la fabrication du " cidre. — Distribution du travail, ib. — Discussion sur la question des fermcs-modeles , 110. — Nomination de 5 mcmbres pour vi- siter les cultures deplantcs exotiques dc M. Tallin et les col- lections botaniques dela Societocentrale de Douai , 113. Seance du 9 sept. , 113. — Cloture de la discussion sur les fermes^ mofie^cs ,114.— ^Unmembre est charge de fVure un rapport sur Yutilile des banques departemenlales renvoyee a la section par la 0®. , ib. — Proposition pour clablir une classification des manufactures el ateliers insalubres , et obvier aux dijficulles apporiees par le genie militaire ,113. — Rapport sur un me- moire relatifa^ct 'Conservation de larace des chevaux ,ib. — Presentation d'un 2^. mcmoire sur le memc sujet , 119.— Dis- cussion sur cc mcmoire , 120. — Adoption du voeu propose 123. '—Presentation d'une JVo 177. — Discussion sur la question de Vinfluen- ii.ce de la medecine sur I'homme, sous le double rapport physique [ , ft v€t moral , «6. — Opinion de la section, 178. — Discussion sur jeI la question relative aux avantages de la phrenologie pour le -..perfecUonnement de I' education , ih* — Renvoi motive de la question au prochaia Congr&s, 179. /Seance du 12 sept. , 179. — Discussion sur I'utilile d'une seconde ■I ■; .vaccination , ib. — Reponse provisoire de la section , 180. — ,i.;Offre de plusieurs instrumens d^ chirurgie, ib. Seance du 17 sept , 180.— Nouvelle discussion sur In question relative a la vaccine , ib. — Renvoi au prochain Congres , ISL. — Presentation de deux instrumens de chirurgie. — Commu- nications diverses. — Rapport sur le papier Mozard , ib. Sjeance du 14 SEPT. , 182. — Designation de commissaires pour ^ Qvt examiner un cas d'hermaphrodisme dans unchevaldu regiment I d'artillerie engarnisonaDouai ,16. ., ii — 694 — jScAiidEDu 13 SEPT., j82.r--Kappott dela comhiisaion sur Ic cas d'hcrmaphrodisine precitc , i6. — Discussion sur la quesUou relative a la fondatioii d'elablisscmou morluaires , 183. — Yoeu ibrmule par la scctioi^ , 184.— Cloture de la section , ib. '■ QUATRliME SECTION.— fllSTOIRE ET ARCH£0L0GIE. Seance DD 7 SEPT. , 185.— Organisation du bureau, ib. — Com- i raunications : lo. du compte-rendu de la session de Poitiers ; 20. d'un numero de I'i^cho da Monde Savant ;r>o. d'lin opus- ' cule intitule : Considerations sur I'lmtoire montitaire ; 4*. de - recherches sur les monnaies des Puys-Bas ; 5^. de la chro- nique de Balderic, etc. , 186.— Annonce d'un morceau histo- rique sur Philippe de Comyne. — Ajournement de la premiere question : La religion des Gaulois avait-elle puise a la religion egyptiennc avant la conquele des Romains , ib, — Lecture d'un niennoire sur les avantages el les inconveniens du systeme feo' dal , 187. 6eance du 8 SEPT, , 1 87 ^-^ Allocution de M. le president > arrive recemmcnt. — Discussion sur la dcuxieme question et sur •. I'origine de la feodaltle ^ /6.— Observiitions diverses , 192. Seance du 9 sept. , 192. — Continuation de la discussion sur la grande question de lafcodalite , eft.— Adoption d'une propo- sition pour la renvoyer a la prochaine session , 195. Seance DU 10 sept., 195.— Discussion sur la troisieme question : En vertu de. quelle loi la societe parait-elle > suivant les divers degres de civilisation , tendre d'abord a la formation de grands empires , puis au morcellemenl en pelits etats , puis de nouveau a la fusion des petiles souverainetes en grands royaumes ,196. Seance du 11 sept. , 201.— Continuation de la discussion sur la • ■ troisieme question , ib. — Solution provisoire renvoyee au len- demain , 206. — Renvoi a la 5^. section de la huitieme question BUT I' emploidu mar br e avec profusion dans les constructions. — Discussion sur la question relative a la destination des cryplcs existant dans le Pas-de- Calais et la Somme, ib. — Solu- tion provisoire renvoyee au lendemain , 208. Seance du 12 sept. , 209. — Observations diverses sur la question des cryptes, — Adoption de la solution modifiee, eft.— Adoption de la solution presentee la veille sur la troisieme question , 210. — Communication archeologique relative a des Iher' : mes romains, — Rapport sur les coutumes locales du bailliage W Amiens ,ib. .' , ■ ■■■- •;.;;:.• ■■ - . ^695 — I5EANCE DU 15 Sept. , 2l2.--Analyse dun memoire sur les nvan- (agesetles inconveniens du systeme feodal. — CoimnunicatiQii d'une note sarrendroit precis oil Charles Marlel livra balaUle aux Sarrasins en 731. —Renvoi de la question a la 4®. session , ib. — Discussion sur la premiere question : la relujion des (rav- lois avait-elle puise a la religion egyplienne avanl la conqueie des Romains ? — Solution, 217. — Proposition pour inviler tous les archeologues a s'occuper de la mylhologie gauloise locale , a/in depouvoir arriverd la connaissance de la mylhologie gene- rale des Gaules , renvoyee a la 4®. session , ^6.— Discussion sur les questions monetaires.— Adoption du voeu pour qu'il soit publieune histoire monetaire de chaque province ,218. iSeance dd 14 SEPT, , 218. — Discussion sur les raisons qaifirent substituer , sous la deuxieme race de nos rois , les monnaies d' argent aux monnaies d'or , ib. — Renvoi a la 4«. session. — Communications analogues a la question, 222. — Discussion sur la douzieme question ; Exisie-il des monnaies romaines frappees au pays des Nerviens , etc. ? ib. — Renvoi a la 4^. ses- sion de la question formulee autrement , 223»— Lecture d'l^i memoire sur Vorigine des mereaux > ib, STANCE DU 15 SEPT., 224.— Obscrvations sur la question r A quelle ipoque les comtes de Flandre ont-ils commence d [aire batlre monnaie , etc.? ib. — Lettre et communications diverses indi- . quant des fosses , murailles auhaies yCommelimitesdesjuri- diclions des seigneurs, 225. — Discussion snrles regies de la ' science heraldique, — Solution, ^6.— Hommage par M. Lelewel de la numismatique du moy en-age , consider ee sous le rapport du type. — Indication d'une erreur commise par I'auteur , 226.. r-Cloture de la section , 227. ciNQuiEME SECTION. — LITTfiRATUBE, BEAUX ARTS ET PHILOLOGIE. i. :.;/:!■■*- . $EANCEDU 7 SEPT., 228. — Organisation du bureau. — Communi- cations : 10. du compte-rendu du Congres de Poitiers ; 2». de deux pieces de vers : Impression du present ; les Epreuves de I'Humanite, ib. — Distribution du travail pour les premiere,, deuxieme et troisieme questions du programme , 229 . Seance du 8 sept. , 229.— Communication d'un rapport sur I'en- seignement de la musique a Caen , ^6.— Lecture d'un memoir/* sur la decadence de V architecture et sur les moyens dc lui re-^dte ^ 696 -- tire lessor desirable.— hiscassion ,'^2^1. — Solution , 235.— Communication de trois questions relatives : la premiere ,A I'influence de I'inlroduclion des inslrumens en cuivre dans I'or' chestre sur le style des tomposilions musicales ; la deuxieme^ , a la (ondalion de 20 grandes academies provinciales , ib. /la troisieme , a la nomination d'unc commission pour presenter un tableau des travaux de toutes Ics societes qui existent daijs '22 departemens du Nord et de I'Oue^t.— Renvoi au procha^n Congres de cette derniere question , 236, SiiANCE Du9 SEPT., 236. — Lecture de quelques stances intitulee^: le Congres Universel. — Id. d'un memoire sur lesTrouveres \F/awa/irf5.— Observations de quelques membres, «6.— Adop- tion de ce voeu : Inviter les socieles samnies , etc. ,, a rfori-p 'ncr unehistoire des Trouveres du Nord de la France, 237, —Renvoi au prochain Congres , de la cinquieme question, sur I'etat de la langue (lamande , 26.— Ajournement de la question relative a I'influence des rdvolulions. poliliques sur la lillera- ture , 238, — Discussion sur la deuxieme question : Pourquoi dans le developpemenl de la civilisation JranQaise, leproyres de la litterature a^t-il precede la reforme politique ? ib. Seance du 10 sept. , 240. — Continuation de la discussion surla^, deuxieme question, *f>. — Ajournemeot des deux; solutions proposees, 246. Seance du 11 sept. , 246. — Solution definitive. — Observations de quelques membres , 247.— Discussion sur la formation des 20 grandes academies provinciates, ib. — Adoption d'un double voeii : 1°, Pour obtenir la franchise de port dans I'echange que les socieles savantes se font de leurs travaux ; 20. Pour que ect ^change soitlcplusgeneralet le plusregulierpossible,250. — Commission pour examiner la question de propriete litt4- raire , ^■6, — Discussion sur rinfluenee de I'iutroduction des instrumens en cuivre , etc. — Lecture d'un memoire , 251. — — D'une note sur le meme sujet , 257. — Proposition relative k Tarchiteeture privee , etc. , 259. < c;« ^ .x«j3e 7 ua zyfj'Jz. Seance du 12 sept. , 259.— Observation sur la question- relative a la propagation des beaux arts , 2G0. — Discussion de la pro- position sur Velatde I'arcliiledure , ib. — Solution, 263. — "Propositions nouvclles l*^. Quelle est I' inline nee de lalittera' lure pcriodique sur la litterature generate ; "2^ . Preciscr quel est te point d' imitation dans les forirics fir chiteclur ales , etc. ,%lte dcrni^re pi:o|;»oiiiliQn e^l rtavojeea la prociwiuii session dans les termeS sulvans : QuelledoU Stre en architecture , 7a H- mite entre la creation et Vimitalion ? 264. Seance du 13 sept. , 265.— Discussion sur la question de pro- priety litteraire . «6.— Memoire sur ce sujet , 269.— Solution , 278.— Observation sur la contrefaeon des ouvrages , ^6.— Dis- cussion touchant I'influence de la litterature periodique sur la litteratureg6nerale,280.— Commission pour formuler la r^ ■ ponse ,283. .--vim^b Seance du 14 sept. ,283.— Rapport de la commission nommeela veille, eft.— Solution de la question.— Voeu du rapporteur, 284.— Renvoi au prochain Congres de la question relative k ^I'influence du caractere des peuples sur les langueset recipro- quement , 285. Seance du 15 sept., 287.— Observation relative au proces-verbal. — Discussion sur V ogive et les colonneltes groupees, ib. — Renvoi a la prochaine session, 288.— Discussion sur la question de savoir a quelle epoque on a cesse dans les Gaules , d' employer ^ avec profusion le marhre dans les constructions puhliques et particulieres ,ib. — Renvoi a la prochaine session , 289. — Me- - moire sur I'art et les musees, ib. — Cloture de la section. — ^ Regrets des membres en se separant , 296. sixiEMB section.— SCIENCES MORALES, fiCONOMIQUES. ET L£GISLATIVES. SiANCE du 7 SEPT. , 298. — Organisation du bureau.— Communi- cation du compte-rendude la session de Poitiers et deplusieurs . memoires et ouvrages relatifs aux questions 1,3,7,8,9, 10,11, 14 du programme, eft.- Distribution des travaux, 299. SMnce du 8 SEPT. , 302.— Lecture d'un memoire sur lemode de recrutement , 2*6.— Commission pour en presenter un rapport , 510. jSjEANCE DU 9 SEPT., 310. — Rapport sur uu memoire concernai^t les chemins vicinaux , ib. — Commission pour examiner cette question, 511. — Rapport sur lacinquieme question ayant pour objet rextinction de la mendicite , ib. — Discussion et solu- tion , 515. Seance du 10 sept., 315. — Observations sur le but et I'utilite de r Association normande , ib. — Voeu pour I'etablissement d'une association semblable dans le Nord de la France , 514. — Com- munication des statuts de trois associations etablies a Lille , ^* -r- 698 — s—Rapport sur le moraoire relatif atex remplacemens milUaires, 26.— Discussion , 318.— Solution , 52Q. Seaiwe du 11 SEPT. » 330. — Observations surun ^emoire relatif h. Vinsiruclionpublique, ib. — Rapport sur plusieursouvragfe^de gy mnasliq lie. —VctiL , 321.— Continuation de la discussion sur la question de Vinstr^clionpublique, 322.— Ajournement d'une question sur les emigrations oiilr^ mer et d'une proposition concernant les salles d'asile, 325. — Commission pour examiner la question des banques deparlemenlales , ib. Seance DU 12 sept. , 325.— Rapport sur unmemoire concernant ' lesQuvroirs , «6.— Discussion *ur ce su|«t, 529. — Adoption des ' conclusions du rapport, 330. — Communication d'un second memoire siir le recrulemenl de I'armee , i6.— Commission pour examiner la question de propriete litleraire de concert avec la 5®. section, ib. — Rapport sur la question dei'impot des boissons, ib. — Discussion et adoption des conclusions du rapport , 351. •^Ordre du jour pour le lendemain , '/6.— Preposition relative '^'iiVetablissement de caisses de secours mutuels pour les ouvriers, eta la formation d' ateliers de travanx et de secours publics.—^ Commission pour en rendre compte , 552;. — Proposition deve- loppeepourappeler laisollicitude sur les. salles d'asile , ib. — Discussion , 555. Seance du 15 sept. ,554.— Rapport sur VentretienetTameliora' tion des routes vicinales , ib. — Opinion personnelle du rappor- teur , observations diverses , 558. — Adoption des conclusions de la commission et de celles du rapporteur , 559.— -Commu- nication de trois projcts de voeux relatlfs aux salles d'asile, 540. • — Communication d'un memoire siii' les inconveniens'des che- minsdefer ,ib. . . ; STANCE DU 14 SEPT. ,340;— Compte-reiidu d*u» memoire sur le^ theories penitenliaires , ib. — Reflexions du rapporteur , 541. Discussion , 544. — Solution, 345. — Observations diverses con- cernant ce memoire , 546. — Compte-rendu dc plusieurs ouvra- ^ gessurla question rfe^ prohibitions ct des droits de douanes , ib. — Discussion. — Adoption des conclusions du rapport, 550. Voeu concernant la fondation et la direction des salles d'asile , 551. * Seance du 15 sept. , 551. —Renvoi au prochain Congres de la question pour Vctablisscment de caisses de secours mutuels Qic, 352. — Ripportdu second memoire sur le mode derecrutement, 11 — Discussion, 555. — Opinion dc la section sur /e Duel, 357. ^ 699 -* Communication de deux questions sur VefficacUe de lafeiM dc , morl,^t surles moyens de procurer unepaixyenerale , ib. — -jvftQSume des travaux , «Y».— Cloture de la section .'„3t>8. •)3 ASSEMBLIES GENERALES. Seance du 7 sept., 359. — Proces-verbal de la seance d'ouverture. —Observation sur sa redaction. — Proposition dcileux viCes- presideats honoraires. — Discussion , ib. — Adoption dcs addi- tions demandces. — La proposition pour la nomination des deux vice-presidents honoraires est retiree , 560. — Apurcment dti - Conipte de la 2®. session du Gongres, 2*6.— Lettres de M. le Pre- . fet du Nord, qui cxprime scs regrets d'etre force de rctourner ♦ba Lille ; de M. le Maire de Douai. qui invite les membres du ■'■ Congres a un Concert des eieves de I'Academie de ccttc ville , ib. — Ouvrages offerts a la session, ib. — Nombrcuses adhesions ; au Congres, S6S. — Rapport des secretaires de section , 56G. — i ^Proposition pour que les proces-vcrbaux soient moins etendus rcjetce , 367. — Discussion sur le vogu presente par la 2®. sec- tion pour Vetablissemenl d'ecoles Ikeoriques et pratiques d' agri- culture , ib. — Ajournement de la discussion et renvoi de I'exa- menala2«. eta la 6®. section , 568. — Renvoi a la commission permanente de 3 nouvelles questions , ib. — Proposition pour changer les heures de reunion des sections , rejetee , 369. STANCE DU 8 SEPT. , 369. — Invilation pour assister aux divert exercices a feu qui auront lieu nu Folygone , ib. — Id. pour vi- siter I'exposition des travaux des eieves des diilerentes Aca- demies publiques de Douai , STO.^Rapport des secretaires de section. — On demande qu'il ne soit qu'un simple resume des seances du matin. — Rejelc, e6. — Reponse de la 1^0. section a la question relative au niveau geologique des formations. — Elle est adoptee et renvoyee a I'examen de la 4®. section 371. Oiii— Solution de la 5®. section sur la l^e. partie de la question sur t la decadence de ['architecture monumentale , 571.— Discussion etendue , ^6. — Elle est adoptee ainsique le voeu relatif au moyen de rendre a V architecture tout lessor desirable , 372. Seance do 9 sept., 373. — Observation sur la redaction du proces- verbal. — Elle n'est point prise en consideration, ib. — Rjipport des secretaires de section, «/&. — Adoption de la resolution do 1^ li"«. section sur \c gisement dcs eaux soulerraines.— Id. ^'^^^^ — 700 — ' reso'ution de la 2«. section, sur le meilleur moyen d'imprimer d I'agriculiure une impulsion generate vers les amelioralions,ziA» — Discussion sur la resolution de la 2o. section , relative a I'a- milioralion dcs races d'animaux domestiques. — Elle est adop- tee , 375. — Le Congres renvoic a la prochaine session la ques- tion de lafeodalite , ib. — Discussion etendue sur la resolution de la 6®. section , relative au meilleur plan a adopter pour les colonies interieures creees dans le but de supprimer la mendi- ■ cite , 376. — Elle est adoptee , 382. — Lecture d'une piece de vers : Le Congres Universel, ib. — Lecture d'une notice sur les Trouveres Flamands ,383. Seance du dO sept. , 383. — Lettre qui annonce des representans de la Societed'agricultured' Angers, 384.— Compte-rendu des ; travaux des seances des sections. — Adoptiondu voeu delaa®. Ju section, relatif a I'emploi des produits bilumineux des minesde , Zobsann ; Id. du voeu de la 3e. section, relatifaw transport des c nouveaux-nes a I'Eglise et a la Mairie , 2;&. —Discussion sur la reponsede la 5®. section a cette question : Pourquoi le progres . . de la litterature a-t-il precede la reforme politique ? — Elle est -'isdopteeavec modification, 38^. — Discussion sur lapropositon -s >de la 6^. section , relative a la formation d'une association du -i' Nordde la France, 386. — Elle est adoptee, 388. — Adoption de i\- la solution de la e^. section, concernact lemodederecrutement •I elder emplacements militaires , 389. — Lecture d'une notice sur les Institutions communales au Moyen-dge , 390. Seance DU 11 sept. , 400. — Lettre annoncant une ecole d'artil- lerie , avec invitation d'y assister.— Communication relative a la fonte d'une piece de canon qui portera le nom de : Congres deDouai, en 1835.— Rapport des secretaires de section , 401. r"— Adoption du vceu de la premiere section, concernant les : mceurs des animaux invcrUibres , ib. — Adoption de la resolu- tion de la meme section , relative a la cause de I'abaissement successif du niveau des eaux souterraines , 402. — Adoption de la reponse de la 3®. section, relative a I'influence de la medecine suri'homme. — Renvoi au prochain Congres de la question do phrenologie , ib. — Adoption de la resolution de la 5«. section , relative a I'influence des revolutions politiques sur la lillera- lure. — Et d'un double voeu ayant pour but d'etablir un echange lifeciproque de memoires entre les socieles savantes , el la fran- chise deport dans les envois qu'elles se feraient , 403. — La 6« *»"'tion propose ua voeu relatif a V instruction publique ,ib,—^ — roi-. Lecture de (juelqueJ; extraits du rapport sur la GymnasUque 404.— Opinion da president de la section , 411.— Adoption du voeu propose , 413.— Lecture de la premiere partie d'unm6- moire sur Philippe de Comyne , ib. Seance du 12 sept. , 414.— Nouvelle adhesion auCongres. — Les secretaires des sections rendent compte des travaux du matin. — Lecture de la decision provisoire de la commission perma- nente , pour le lieu et I'epoque de la lenue de la 4«. session , ib, — Choix de la ville de Blois , 415.— Proposition , au nom de la commission royale d'histoire de Belgique et de I'Academie de de Bruxelles , d'entrer en relations directes avec toutes les societes savantes de France et de I'etranger , ib. — Annonce d'un Congres beige, 416.— Seconde resolution de la 2® section, relative a I'amelioratioi? de I'agriculture, ib.—Le premier pa- ragraphe est ajourne, lestrois autres sont adoptes , 417. — Adoption de la resolution de la 4^. section , relative a la desH- nalion des cryptes , ^-&.^Adoption de la resolution de la meme section sur formation des grands empires et des petits elats , 418. — Proposition pour I'impression d'une notice snvlescoui tumes de Picardie el d'Arlois , ib. — Adoption de la reponse de la 5®. section a la question d'architecture privee , civile , mari- time et industrielle , 419. — Renvoi au prochain Congres de deux questions ayant pour objet : I'une de determiner le meil- leur mode de propager les beaux arts ; I'autre de preciser la limite , en architecture , entre la creation et I'iraitation , ib.~^ Renvoi au prochain Congres de la question relative a la per- ception des conlribulions indirectes, ib. — Adoption d'une pro- position de la 6®. section, concernant un memoire remarquable sur les ouvriers , 420. — Lecture de la deuxierae partie du memoire sur Philippe de Comyne , ib. Seance du 13 sept. 420. — Annonce d'une ecole d'artillerie au Polygone, etd'unconcours decharrues, ib. — Rapport sur la visite faite la veille a la Fonderie de canons et a l' Arsenal de Douai , ib. — Les secretaires des sections rendent compte des travaux du matin , 424.— Un raembre de I'lnstitut prend place au bureau , ib. — Adoption de 6 votes relatifs a plusieurs ques- tions du programme de la deuxierae section et au no. 6 de la sixieme section , 425-6.— Adoption de la reponse de la qua- trieme section a la question concernant la Religion des Gaulois, 426. — Adoption d'une proposition de la meme section, relative a la myihologie generate des Gaules.—Bi du voeu relatif a la — 702 — publimtton d'hisloires monelaires, ?*6.— Discussion sar l.i qiJcs- tion (le propricle liUcraire , 427. — La resolution de li cin- quiemc scclion est adoptee aprcs une sccondc epreuve , 43o: Adoption dc la resolution de la sixiemc section, relative a , \ amelioration des routes vicinalcs, 45 1 . — Lecture d'une nottek sur les mcnurs dcs animaux invertcbrcs , ib. Skance du 14 SEPT., 459.— Annonce de la cloture de la session pour le Icndcmain , i6.— Les secretaires des sections donnent lecture des proces-verbaux de leurs seances du matin , 440.— Adoption de deux reponses de la premiere scclion , I'une rda- tive a Vhybridation des plantes ; I'aulre a la destruction du myzoxile , 27;.— licnvoi au lendemain dc la proposition relative au depot des ouvrages offerts a la session, 441 . — Renvoi au pro- chain Congres de deux questions relatives : I'une , a la fabri- cation dcs monnaies d'or, puis d' argent sous les deux premieres races de nos rois ; I'autre a Vexistence d'ateliers monelaires a la suite des armees romaines , ib. — On demande la lecture du rapport concernant I'influence de la UUeralnre pvriodique sur la Htterature (/eneVa^e.— Discussion , 442. — Rejet des conclu- sions de la commission , 445. — Adoption du voeu de la cin- quieme section , afin d'obtenir la franchise de tout impot pour les journaux litteraires , 444. — Adoption d'un double vote de la sixieme section , relatif aw regime des prisons et aux mesures a adopter pour procurer des moyens d' existence aux formats liberes, ib. — Adoption d'unquadruple voeu sur lessalles d'asile, 445. — Adoption de la resolution relative aux prohibitions et aux droits de douancs , 446. Seance du 15 skpt. 446. — Discussion sur la question de savoir ou scront deposes les ouvrages offer ts au Congres. — Proposition 10. Pour dpicider que les ouvrages offerts pendant une session sontlapropriete du Congres general. — Adopte ; 2o. Vourquils soient Iransporlcs partout ou le Congres, sicgera. — Rejetc , 446-7.— Choix de la bibliotheque de Douai pour leur depot 447. — Les secretaires des sections rendcnt compte de leurs seances de cloture, ib. — Adoption de la reponse de la premiere section , sur la question des appareils de sauvelage pour les ouvriers mineurs , 448. — Adoption de deux propositions de la seconde section , relatives a Vinsalubrile des fabriques et ateliers , et aux servitudes des places de guerre. — Renvoi au prochain Congres des questions sur les banques departementa- les et sur la statistique agricole du Nord de la France , ib.-^ ^705 — Adoption de la proposition dc la troisiemc section sur les inhumations et -sur la creation d'^'tablissemens mortuaircs •, 449. — Adoption des resolutions de la 4«. section , relatives a la question des regies de la science heraldique , «';&.— Opinion €t voeu du Congres sur le duel , 450. — Renvoi au prochain Congres de deux memoires , I'un : sttr les in-conveniens des chemins de fer ; I'autre : sUr la direction a donncr aux (ravaux des Congres. ^^emoi'f' ^'juteh les questions qui n'ont pu etre traitees,26. — Propr iU pour la nomination d'une commis- sion j)owr surveiller I'impression du compte-rendu , ib. — Dis- cussion.— Designation des secretaires des sections et du secre- taire-general pour ce travail , 452. — Lecture d'un memoire sur Vetatprimilifet sur V organisation de I'Univers , ifi.— Lecture de quelques fragmens d'un ouvrages sur les duels. — Discours du secretaire-general designe pour la 4®. session , ib. — Dis- cours definilifde cloture, par le pr<5sident de la session , 454. — Cloture de la 3®. session du Congres scientifique de France , et annonce de I'ouverture de la 4e. session au raois de septem- bre 1836, 457. == AFFEM©ICE« M^MOSRES ET PIECES DETACIIEES. I. Memoire sur I'etat primitif et surl'organisationde I'Univers, par M. Lenglet , de Douai 458 II. Extrait d'une promenade en Vendee , par M. lliviere. 555 III. Coup-d'oeil sur I'origine et la decadence de la f eodalile , par M.E. Ga«7/arc?, de Rouen 555 IV. Rapport sur leS coulumcs locales du Bailliage d'A miens , considerees comme documents historiques , par M. Bouthors , d'Amiens 565 V. Analyse d'un memoire de M. jBe)ioi^ Caffin , de Sapigny , sur lesavantageset les inconveniens dusystemefeodal. . 572 VI. Notice sur les Trouveres de la Flandre , par M. Arthur Dinaux , de Valenciennes 576 VII. Philippe de Comyne , en Poitou ; par M. de la Fonle- nelle de Vaudore , conseiller a la Cour royale de Poitiers , presi- dent de la 3®. session du Congres scientifique de France. . 588 — 704 — Propositions adoptees par le Congres , class^as melhodic^e^ went .^ ......... . 651 Propositions renveyees h I'examen de la 4«. session , classecs finethodiquement 665 Nomsdes personnes qui ont pris part aux Iravaux du Con- gres * 4 . 669 Noms des personnes qui ont adher6 , mais qui n'ont pu se ren- dre a la 3«. session. . . • . ^ . . . , 684 yiM SB LA yincfl. Page 21 , ligne 4 » «" meme sjsieme , isez an SfSteme. Pag. 29 , lig. 4 » 8 septembre , lisez 7 septembre, Pag. 3o , lig. 7 , membaes , lisez membres. Pag. 4 1 > lig. 3o , Fleuriau de Belle rue , lisez Fleuriau de Belleuue, Pag, 56 , lig. 6 , seance du 4 , lisez seance du 11, Pag. 57 , lig. ao , M. Peche , lisez M. Pesche, Pag. 57 , lig. 22 ; 2^. section , lisez 2*. session* ^^S' 74 » lig' 2 , cosmogenie , lisez cosmogonie, Pag. 124 , lig. 1 3 , bitune , lisez bitume* Pag. 173 , lig. 10 , apres autant qii'il sera possible , ajouter ; line question inscrite au programme* Pag'. 175 , lig. 5 , politique , lisez publique. Pag, 176 , lig. 29 , dans la pratique , lisez dans sa pratique* Pag. 235 , lig. 3a , ftrovenciales , lisez provinciales, Pag, 272 , lig. 16 , rejetter , lisez rejeter. Pag. 377 , lig. 2 et 8 , M, Dusaussoy , lisez M, Dussaussoy, Pag. 3oi , lig, 17 , Taverne , lisez M, Tauerne. Pag. 3 19 , lig. i4 f M. Arnould , lisez M, Arnoult„ Pag. 320 , lig, 22 , septembr , lisez septembre, Pag, 325, lig. 16 , 6«. question, lisez 6«, section* Pag. 329 , lig. 23 , quelque , lisez quelques, Pag, 368 , lig. 24 , le renvoi , lisez ef le renvoi, Pag, 37 1 , lig. 8 , renvoi , lisez renvoie. Pag. 45o , lig, 21 , 4*. section^ lisez 4^. session, Pag. 547 , lig. 22 , obscure , lisez obscur* Pag. 548 , lig, 28 , eprouvee , lisez eprouvees, Pag. 55o , lig. 17 , enferont , lisez ne feront. Pag. 55i , lig. i5 , refw , Jisez regus, Pag. 555 , lig, 26 , place , lisez placee. Pag. 56o . lig, 10 , qensils , lisez gentils, Pag, 564 , lig. 6 , appercu , lisez apergu. Pag. 565 , lig. i3 , wn autre , lisez M«e autre, Pag 568 , lig. 22 , etaieiit excluse , lisez e^ai't exclue, Pag, 573 , lig. 10 , Leudcs , lisez Leudes. Pag. 596 , lig. 4o f avec ce memoire , lisez avec ses memoires* Pag. 642 , lig. 40 , Rochars , lisez 20 mars. ai, Impriinerie de Wagrez aine. al iuiissaoA' iij'foait .hu: